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àUCTOllUM ET OPERLJM
QUI IN HOCCE V0L13IINE COiNTlNEN TUR.
CHARDON.
Histoire des Sacrements.
DIIOUIN.
De Sacramentis in génère.
EDITORES.
Annotationes.
INDEX RERllM.
in via diclA D'Asinoisr, Imrs la barrière d'Enfor,
THEOLOGIE
CURSUS COMPLETUS,
EX TUACTATIBliS OMNIUM l'ERFECTlSSIMlS LlîIQUE HABITIS, ET A MAGNA
PARTE EPISCOPORUM NEGNON THEOLOGORUM
EUROPyE GATHOLICyE,
UNIYERSIM AD HOC INTERROGATORUM , DESIGNATIS
UNICÈ CONFLATUS,
Phirimis annotantibiis presbyteris
ad docendos leviias pascendosve popidos allé posiiis,
ANNOTAVIT VERO SIMUL ET EDIDIT
J.-P. 31*.
TOniUS VIGESIMUS.
HISTOIRE DES SACREMENTS. - DE SACRAMENTIS IN GENERE.
PAPtISIIS,
APUD EDITOREM,
].N VIA GALLICÈ DICTA:
RUE d'amboise, barrière d'enfer.
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/theologiaecursus20mign
SEP 27 1961
CHARDON VITA.
' Chardon (don Carolus) Ivoi-Carignan nalus anno 1695, fralrum Bencdiclinorum ordinem ingressus est
aiino 1712, rlicloricani(jiie ac philosopliiani ncciion ihcologiam cdocuit, quo quidem muiiere à capilulo geiic-
rali Tulli habile anno 1730 orbatus est, eu quùd bulkc Unigenilus rcstitisscl. Groccain linguain, Hcbraicaniqiie cl
Syiiacani callcbat, hislorianique ccclesiasticam appriniè noveral. Ipsius Historia de Sacramenlii, quani dcnuô
typis mandamus juxla Parisiensen» edilionem anni 1745, 6 vol. in-8°, maximâ erudilione elaborata esi : in hoc
nimirùni opère bislorico more confulantiirSacranienlariorum enores, omniquc criminis labe expurgantur fidet
ac praxis Ecclcsi;ç ex merâ factornm cnunliationc nccnon tcmporuni anliquorun» explicalione , unde niirum
in niodinn enieigit, quantùui ad rerum substantiam , egregia sanc priorum simul et rccenliorum seculorum
consensio. lllud opus Italicè translatum esl, Brescia, 5 vol. in-4''. Exslal insuper ancloris ejusdem ma-
nuscripta Historia variationmn in disciplina Ecclesiœ , necnon item manuscriplus Tractalus adversits incredutot
receutiores.
'Il " ^ • '^^^^^^«i
HISTOIRE DES SACREMENTS,
OU DE LA MANIÈRE DONT ILS ONT ÉTÉ CÉLÉBRÉS ET ADMINISTRÉS DANS
L'ÉGLISE, ET DE L'USAGE QU'ON EN A FAIT DEPUIS LE TEMPS DES APOTRES
JUSQU'A PRÉSENT.
^i^ctti^%tmtni.
Le seul titre de cet onvrage pourrait tenir lieu de
préface, si la reconnaissance ne m'engageait pas à
déclarer publiquement que les auteurs dont j'ai tiré
le plus de secours, sont les Pères Morin et Marlène, et
M. l'abbé Renaudot. C'est la lecture des œuvres du
premier, qui m'a fait naître la pensée d'entreprendre
en notre langue une Histoire suivie et détaillée des
Sacrements, en choisissant les principaux faits, que
j'ai tâché d'exposer d'une manière claire et précise ,
autant que chaque sujet me l'a permis. Je me suis
surtout attaché aux auteurs anciens, aux Pères, aux
conciles et aux décrets des Papes, comme aux sources
les plus pures ; et j'ai senti par ma propre expérience
combien les savantes éditions qu'on en a données au
public depuis un siècle, et les dissertations dont on
les a enrichies, sont utiles à ceux qui travaillent sur
les matières ecclésiastiques.
Quelques gens de lettres, que je nommerais volon-
tiers, s'ils m'en avaient accordé la permission, m'ont
aussi beaucoup aidé, en prenant la peine de lire at-
tentivement mon manuscrit, et d'y faire leurs re-
marques.
J'ai eu soin de citer mes garants, et je me suis ap-
pliqué à rendre fidèlement dans mes traductions le
sens des passages que j'ai allégués. J'ai évité les dis-
cussions théologiques, où je ne suis entré que lorsque
je les ai trouvées inséparables de l'histoire. Les termes
injurieux et méprisants sont si contraires à la charité,
qui est la base du christianisme , que pour n'offenser
TU. XI.
personne , j'ai été attentif à les écai ter, même en ré-
futant ceux qui vivent dans une autre communion que
la nôtre , auxquels je n'ai donné que les noms qu'ils
ont pris eux-mêmes.
Je ne me suis pas contenté de représenter les di-
vers changements survenus par la succession du
temps dans l'adrainistralion et l'usage des sacrements
dans l'Église catholique : j'ai de plus fiiit voir de quelle
manière ils s'administrent dans les anciennes com-
munions chrétiennes séparées de la nôtre. Deux mo-
tifs m'y ont engagé : premièrement j'ai clierché en
cela à satisfaire la curiosité du lecteur. On sait que le
récit de ce qui se passe dans les pays fort éloignés
Aiit à peu-près la même impression sur les esprits
que celui des faits arrivés dans les temps reculés.
Ainsi j'ai cru faire plaisir à ceux qui liront cet ouvrage
en leur apprenant ce qui se pratique chez les chrétiens
Orientaux, par rapport à la matière que je traite.
La seconde et principale raison qui m'a déterminé
à cela , est qwe j'ai jugé qu'il était avantageux à l'É-
glise catholique de montrer que les peuples de ces
comnmnions ont conservé les rils essentiels des sa-
crenionls qui nous sont communs avec eux ; rien n'é ■
tant plus propre à convaincre tout esprit raisonnable
que l'Église n'a rien innové en ce genre, que quand on
voit ceux, qui, depuis tant de siècles, se sont séparés
d'elle, convenir dans la pratique des choses qui sup-
posentune mémccréancc.J'espèrcque personne n'aura
lieu d'en douter après la lecture de cell« histoire ;
Il IIISTOIUE DES SACUEJIENTS. îî;
d'aulant plus que, s'il est anivc'; ilans (luclqucs-unes là, selon les occurrences, nie dispensent de faire cè-
de CCS sociétés que Ton y ait aljaiidoiiué sur quelques
points l'ancienne discipline sacramentelle , j'ai pris
soin de fixer l'époque do oc cliangement.
Les avertissements particuliers que j'ai semés çà et
lui-ci plus long. D'ailleurs on n'est pas dans l'habitude
de croire les écrivains sur leur parole, on veut voir
leurs ouvrages, et connaître par soi-même s'ils ont été
i (idèles à leurs promesses.
LirilE PREMIER.
DU BAPTÊME , DE LA CONFIRMATION ET DE L'EUCHARISTIE.
^
I Nous suivons l'ordre marqué dans ce titre , parce
»Hrancionnement ces trois sacremenls se conféraient
tout de suite, et en un seul jour , aux enfants même
à la mamelle. Le premier de ces sacrements donnait |
la naissance et la vie à ceux qui le recevaient, il les j
unissait à l'Église cl à Jésus-Christ, son chef; le se- 1
coud les furiiliail dans celte nouvelle vie ; le troisième ;
les eutrelenail d;ins cet élat, cl les unissait de plus en ]
plus à Jésus-Christ en les remplissant des dons de sa <
grâce. Jsous partagerons ce livre en trois sections: une
pour chacun des sacrements dont nous devons trai-
ter ; et nous partagerons ces sections en différentes
parties , suivant que l'éiendue des matières l'exigera.
Nous avertissons ici que, pour ce qui est de l'Eu-
charistie, nous n'en donnerons l'histoire, et nous ne
la considérerons que connue sacrement, et non comme
sacrifice; c'csl-à-dire, que nous n'entreprendrons pas
;^'expliqner toutes les parties de la liturgie , ou de la
messe , qui l'accompagnent, ni des augustes cérémo-
nies qui élaicnl en usage dans les diverses églises, et
qui s'observaient dans la célébration du saint Sacri-
fice. Tant d'auteurs pieux cl savants ont traité cette
matière, qu'elle est, pour ainsi dire, épuisée; on peut
les consulter. Voyez entre autres les ouvrages qu'ont
donnés là-dessus Genebrard, le cardinal Bona, D.Claude
de Vert, el le P. le Brun. Us sont entre les mains de
tout le monde.
SECTION PREMIÈRE.
HISTOIRE DU SACREMENT DE BAPTÊME.
On ne donnait pas le Baptême indifféremment el
sans précaution à tous ceux qui le demandaient; on
éprouvait long-temps pour l'ordinaire et avec grand
soin ceux qui désiraient d'être agrégés aux fidèles,
avant de leur accorder celle grâce, qui ne pouvait
s'obtenir que par lo Baptême. Ainsi nous diviserons
cette section en deux parties. Dans la première nous
traiterons de ces préparalions au Baptême ou du Ca-
téchuménal. Dans la seconde, nous parlerons du sa-
crement même du Baptême, de ses suites , el de ses
'' effets.
PREMIERE PARTIE.
DES PRÉPARATIONS AU BAPTÊME , OU DU CATÉCHUMÉNAT.
Nous diviserons celle partie en divers chapitres ,
dans lesquels nous tâcherons d'exposer aux yeux du
lecteur ce qui se pratiquait autrefois pour mettre ceux
gui désiraient le Baptême en état de le recevoir avec
les dispositions convenables , et propres à leur attirer
les grâces attachées à ce grand sacrement , aussi bien
qu'à ceux que l'on donnait immédiatement après aux
baptisés. Ces préparations étaient prochaines, ou éloi-
gnées. Nous verrons dans les premiers chapitres,
quelles étaient celles-ci, cl dans les suivants, quelles
étaient les autres. Mais auparavant, disons un mol des
hérésies qui se sont élevées contre ce sacrement.
CHAPITRE PREMIER.
Erreurs qui se sont élevées contre la doctrine catholique
louchant le sacrement de Baptême.
CHRÉTIENS DE S. JEAN.
De tous les sacrements celui dont nous parlons ici
a été le plus violemment attaqué dans tous les temps.
Il faudrait un volume entier pour exposer toutes les
erreurs el les hérésies qui se sont élevées pour anéan-
tir ce sacrement. Comme il est le plus nécessaire de
tous, il semble que le démon ail employé toutes ses
ruses , et ses artifices pour priver les hommes de ce
bien ineffable qu'il a pliî à Dieu de leur procurer, pour
les retirer de la captivité où ils étaient, cl les délivrer
des suites fâcheuses du péché originel. Nous n'entre-
prendrons pas de parler de toutes ces erreurs ; nous
donnerons seulement une idée des principales , et de
celles dont le venin s'est communiqué à plusieurs per-
sonnes, jusqu'à former des sectes qui ont eu quelque
durée.
Des hérétiques qui ont combattu la foi catholique
sur ce point essentiel et fondamental de notre reli-
gion , les uns ont entrepris d'en changer la matière ,
les autres d'en corrompre la forme ; ceux-là d'en nier
la nécessité , ceux ci d'anéantir sa vertu et son effi-
cacité. Les Gnostiques el les Manichéens, dès le com-
mencemeiit de l'Église, se sont déclarés ennemis de
ce sacrement (1). Les premiers , par une fausse spiri-
tualité, rejetant tous les signes sensibles; les derniers,
parce qu'ils considéraient l'eau comme venant d'un
mauvais principe. D'autres hérétiques, suivant la même
maxime , ont aussi rejeté le Baptême. Saint Augus-
tin (2) en parle dans son Livre des Hérésies , et les
nomme Seleuciens et llermians.
La damnable secte des Manichéens , qui a infecté
l'Église depuis Manès jusqu'au quatorzième siècle, et
qui s'est répandue sous différents noms , non seule-
ment dans l'Orient où elle avait pris naissance , mais
dans tout l'Occident , s'est déclarée partout ennemie
(1) Irenseus, 1. 2,c. 18; Epiph. hseresi 34; August.,
lib. de Ha;res «lœresi 46.
(-2) Ih'oresi f)9.
13 RAPTf'ME.
ile ce saercmcnl (1). En France, elle parut en ilivcrs
lo:nps sous les noms de Calarcs, d'Albigeois, de Pé-
irobusiens, elc. En Espagne, de PribcilUai.islcs; en Al-
lemagne, sous celui de lieguards el delie^uiiics; eu Ha-
lle el dans les eudroils dont nous venons de parler,
sous le nom de Bulgares ; d'où est venu en notre langue
ce mol qui marque une injure des plus atroces, et qui
prend son origine de quelques-uns do ces héréliqui'S
venus de Bulgarie, où certains ManichéciiS établis
dans le fond de l'Asie avaient pénétré , ayant été
iransporiéà dans la Thracc par uu empereur Grec.
C'est de là que celle dangereuse peste passa dans la j
Bulgarie, el corrorapil ces peuples nouvellcinenl con-
verlis;el ensuite se répandit insensiblement dans le
reste de l'Occident, où elle a causé la perle d'une inlinilé
d'àmes. Je ne prétends pas que les Priscillianisles
vinssent de cette source : ils élaient bien plus anciens;
mais je parle ici de toutes les branches du Mani-
cliéisme qui ont paru en Occident depuis le commen-
eemeut du onzième siècle.
Une autre espèce de Gnostiques, sectaleurs d'un
nommé Marc, dont ils portaient le nom, corrompaient
la forme du Baptême (^), aussi bien que les Monta-
nistes, qui baptisaient au nom du Père, et du Fils, de
Montan el de Priscille, femme perdue qui suivait par-
tout cet hérésiarque. Il parait, par le septième cancm
du premier concile de Constanlinople (3), que les Sa-
belliens, les Paulianisles, ou seclaleurs de Paul de
Samosate, les Pholiniens , les Eunomiens altéraient
de même les paroles , avec lesquelles le Sauveur a
voulu que le Baptême fût conféré; puisqu'il rejette ce-
lui que ces hérétiques donnaient, el qu'il ordonne
qu'on ne les reçoive dans l'Église que comme on y
recevait les païens. Quelques Ariens el d'autres héré-
tiques changeaient de même la forme du Biptème à
leur fantaisie : c'est ce que Théodorc-!e-Lecteur (I)
témoigne des premiers , et ce qui semble que l'on
peut inférer touchant les autres du huitième canon du
premier concile d'Arles , qui ordoime que l'on inter-
rogera certains Africains, quand ils reviendront à lÉ-
glise, louchant le symbole; el que si l'on reconnail
' qu'ils ont été baptisés au nom des trois personnes de
la Trinité, on les recevra par l'imposition des mains ,
sinon qu'on leur donnera le Baptême. Ces hérétiques
d'Afrique étaient sans doute les Donatislos, les Nova-
liens, et les Sabelliens, dont quelques-uns corrom-
paient la forme du Baptême. Les Sociniens de nos
jours ne changent pas les paroles de ce sacrement,
mais ils ne les croient pas nécessaires (S).
Les Pélagiens, sans rien changer dans la matière
et la forme du Baptême, en ont anéanti la vertu, en
niant qu'il remit le péché originel , dont ils ne vou-
laient point reconnaître que notre nature eùl élé in-
(1) Joan. Exlravag. Sanclà liomanù, etc., in sexto ;
Bibliolh. PP., i. 25, p. 015.
{^) Iren., I. 1, c. 21, et Epiphan., kercs. 37.
Î 5) Basil., epist. 1 ad Anq»hil., c. 1.
4) CoUeclancorum 1.2.
5) Socin., tract. 2 de B;»pl., c. 2.
1-' PARTIE. CllAP. I. ERREURS TOtCIlANT CE SACREMENT. 14
fcctéc, quand on les pressait par ces paroles du Sau-
veur : Si quelqu'un ne renaît de Tcaueldu Saint-Esprit,
il n'entrera point dans le royanme des.cîetix; ils
répondaient que les enfants morts sans Baptême
n'entreraient point, à la vérité, dans le royaume des
cieux ; mais qu'ils ne seraient point privés de la vie
éternelle.
Avant eux les Massalicns on Euchltes, avaient
enseigné que les hommes ne reliraient aucun avantage
du Baptême, el même de l'Encharislie, prétendant,
comme nous l'apprenons de Tliéodoret (1), et de
S. Epiphanc (2) , que l'oraison continuelle dont ils
faisaient profession détruisait le péché jusqu'à la ra-
cine.
Widef, suivant le témoignage de Thomas Valden-
sis (5), a nié de même la nécessité du Baptême pour
le salut, aussi bien que Zuingle , dans son livre de la
vraie cl de la fausse Religion. Calvin (4) convient qu'il
est nécessaire de nécessité de précepte, mais il tâche
de persuader qu'il n'a point la vertu de remettre le
péché originel, soit aux enfants, soit aux adultes.
Outre les erreurs dont nous venons de parler , il
s'est trouvé dans l'Église des théologiens qui, plus
touchés d'une fausse compassion pour les enfants qui
meurent sans Baptême que de la crainte de défendre
i des opinions contraires à l'Ecriture-Sainte, ont sou-
' tenu des sentiments trop hardis surce sujet. M. Tour-
j neli (5) met de ce nombre Cajelan , qui a, dit-il , en-
seigné que les enfants des Chrétiens, auxquels on ne
peut donner le Baptême, peuvent parvenir au salut
par les vœux et par les prières de leurs parents, non
seulement en vertu d'un privilège singulier, mais sui-
vant une loi connnune et ordinaire.
Le pape Pie V fit ôlerde l'édition des Œuvres de ce
cardinal, qui se fit à Rome, ce qu'il avait écrit sar
celle matière- Pigius et Calharin , suivant le témoi-
gnage deBcllarmin (G), ont attribué aux enfants morts
sans Baptême une certaine félicité naturelle, en quoi
ils ont élé suivis par le cardinal Sfondral (7), qui n'a
poiHl craint de dire que ces enfants ne seraient point
exclusdelajouissance des biens naturels ; el que d'être
préservés du péché et du supplice éternel dont ils
auraient élé punis, s'ils fussent parvenus à l'âge adulte,
est un plus grand avantage pour eux que le royaume
des cieux.
Nous ne pouvons omettre, en parlant des erreurs
qui se sont élevées contre la doctrine de l'Église lou-
chant le Baptême, celle de certains auteurs qui ont
égalé le Baptême de S. Jean à celui de Jésus-Christ,
quoique la différence de l'un h l'autre soit si expres-
sément marquée en divers endroits de l'Ecriture , et
que l'apôlre saint Paul ail rebaptisé ceux qui avaient
reçu celui de saint Jean, comme il est rapporté dans
(1) Ub. 2. Ihtrcs. fabul.
(2) Epiphan. h;cresi 80.
(5) Toni. 2 Sacram., c. 96.
(4) •''^, 4lnslilul.,c. 15.
(5) De ..aptisnio, p. 158 et seq. ;
(6) Tom. 4, 1. G, c. 2.
(7) Nodus prjcd. part. 1, § 1, D. 15.
18
les Actes des Apôtres (1). Malgré ces preuves si mani-
festes, les Calvinistes et les Luthériens n'ont point
craint d'avancer que le Daptêmc de S. Jean et celui de
Jésus-Christ étaient les mêmes en substance et en
vertu : c'est ce qu'enseigne Calvin dans son Institution,
1. 4, c. 15, Zuingle et les Ceiituriaieurs, c. 4. Il so
trouve même parmi nos docteurs scholasli(iuos des
auteurs qui ont eu sur cela des opinions singulières,
et entre autres le Maître des sentences (2), qui dis-
lingue en deux espèces ceux qui avaient reçu le Bap-
lêmc du saint Précurseur, dont les uns, selon lui,
mettaient leur espérance dans ce Baptême, et ne con-
naissaient point le Saint-Esprit; et les autres n'y met-
taient point leur confiance, et avaient le boidieur de
croire aux trois personnes de la sainlcTrinilé. Ce fa-
meux théologien, après avoir ainsi distingué ceux qui
avaient reçu ce Baptême, enseigne que les seconds ne
devaient point être baptisés du Baptême de Jésus-
. Christ, dont les premiers avaient besoin pour parvenir
à la grâce d'adopiion.
■i Aujourd'hui encore il est une secte assez nombreuse
qui ne reconnaît point d'autre Baptême que celui de
S. Jean; et comme cette secte est peu connue, nous
nous étendrons un peu plus que nous n'avons fait sur
les autres pour la faire connaître. Le célèbre voyageur
.Tavernier a élé dans le pays où ces demi-chréliens
sont établis, et nous a fait un récit assez détaillé de
leur créance et de leur culte; dans le premier volume
doses Voyages, il les appelle chrétiens de S. Jean , et
dit qu'ils sont en grand nombre à Balsara, ville située
à une demi-lieue de l'Euphrate, du côté de l'Arabie, à
quinze lieues au-dessus du Golfe Persique. Nous trans-
crirons ici une partie de ce qu'il rapporte de ces chré-
tiens de saint Jean. Après avoir remarqué qu'ils sont
répandus à Balsara et dans les villes circonvoisines,
il parle d'abord de leur origine , et dit qu'ils habi-
taient autrefois de long du Jourdain , d'où les mau-
vais traitements qu'ils reçiu-ent des Mahométans les
obligèrent de se retirer dans la Mésopotamie et la
Chaldée, où ils furent quelque temps soumis au pa-
triarche de Babylone, duquel ils se séparèrent il y a
fioixante-dix ans ou environ, et vinrent s'habituer en
Perse et en Arabie, dans les lieux où ils sont à présent,
11 ajoute qu'ils n'habitent ni en ville, ni en village,
qu'il n'y ait une rivière, et que plusieurs de leurs
évêques l'ont assuré que les chrétiens de ces lieux-là
font bien près de 2,500 maisons. Quantàleur créance,
elle est remplie de quantité de fables et d'erreurs gros-
sières : en leur langue ils s'appellent Essen dai Jaya ,
c'est-à-dire, disciples de S. Jean, duquel ils assurent
qu'ils ont reçu la foi, leurs livres et leurs coutumes.
Tous les ans ils célèbrent une fête l'espace de cinq
jours, pendant lesquels , tant grands que petits , ils
viennent à troupes vers leurs évêques, qui les rebapti-
sent du Baptême de S. Jean.
Ils ne baptisent jamais que dans les rivières, et que
<1) Act. c. 19, V. 5.
(2) Lib. l.dist. «.
HISTOIKL DES SACREMENTS. 48
le dimanche seulement. Avant que d'aller au fleuve,
ils portent l'enfant à l'église, où se trouve un évêquc
qui lit quelques prières siu" la tête de l'enl^mt , et de
là ils le portent à la rivière accompagné d'hommes et
de femmes qui entrent dans l'eau avec l'évêque jus-
qu'aux genoux. Alors l'évêque lit de rechef quelques
prière? dans un livre, après quoi il arrose l'enfant
trois fuis d'eau, répétant à chaque fois ces paroles :
Au nom du Seigneur, premier et dernier du monde et du
paradis, le plus haut Créateur de toutes choses. Ensuite
l'évêque recommence à lire quelque chose dans son
livre, pendant que le parrain plonge l'enfant dans
l'eau et le retire aussitôt; et enfin ils s'en vont tous
dans la maison du père de l'enfant, où d'ordinaire le
festin est préparé. Quand on leur dit que la forme de
leur Baptême n'est pas suffisante, parce que les trois
personnes divines n'y sont pas invoquées, ils se dé-
fendent fort mal et n'apportent aucune bonne raison :
aussi n'ont-ils point de connaissance du mystère de
la sainte Trinité ; et ils tiennent seulement, avec les
Mahométans, que Jésus-Chri-st est l'esprit et la parole
du Père éternel. L'aveuglement de ces pauvres gens
est tel que de croire que fange Gabriel est le Fils de
Dieu engendré de lumière, sans vouloir admettre la
génération éternelle de Jésus-Christ en tant que
Dieu. Ils avouent bien qu'il s'est fait homme pour
nous délivrer de la coulpe encourue par le péché,
qu'il a été conçu dans le ventre de la sainte Vierge ;
mais que ce fut par le moyen de l'eau d'une fontaine
dont elle but. Ils croient qu'il fut crucifié par les
Juifs, qu'il ressuscita le troisième jour; et que son
âme montant au ciel, son corps, qui était en terre ,
resta ici-bas. Mais ils corrompent toute cette créance
comme les Mahométans, et disent que Jésus-Christ
disparut quand les Juifs le voulurent prendre pour le
crucifier, et qu'il mit en sa place son ombre sur la-
quelle ils crurent exercer leur cruauté.
Pour ce qui est de l'Eucharistie, quand ils veulent
la célébrer, ils se servent de pain fait de farine, qu'ils
pétrissent avec du vin et de l'huile.... Pour faire leur
vin, ils pi'cnnenl des raisins cuits au soleil, et mettent
de feau dessus, qu'ils y laissent pendant quelque
temps ; c'est de cette sorte de vin dont ils se servent
pour la consécration du calice-. Ils se servent de ces
raisins secs, parce qu'il leiu' est plus facile d'en avoir
que non pas du vin ; les Persans, et principalement
les Arabes, sous la domination desquels ils vivent en
ces quartiers-là, ne leur permettant pas d'en avoir, et
y prenant garde de bien près. Les paroles de leur
consécration ne sont autres que de certaines longues
prières qu'ils font -pour louer et remercier Dieu, bé-
nissant en même temps le pain et le vin en mémoire
de Jésus-Christ, sans faire aucune mention de son
corps et.de son sang : Cela, disent-ils, n'étant pas
nécessaire , parce que Dieu connaît leur inten-
tion. Après toutes ces cérémonies, le prêtre prend
une partie de ce pain qu'il consomme, et distribue le
reste aux assistants.
Pour ce qui est de leurs évêques et de leurs pré-
M
CAPTÈME, — l" i'AliilLi Llivi'. il. DES CATÉCHUMÈNES.
iS
très, quand il on moiiil nii , s'il a un liis , ils rélisent
en sa place, el s'il n'en a point, ils prennent un de ses
plus proches parents qui leur parait le pins capable el
le iiiienx instruit »Ie leur relif^ion ; ceux qui font celte
éicclion l'ont (jnanliîé de prières sur celui qui est
nommé évèquc ou prclre. Si c'csl un cvèque , après
qu'il est rei;u, el «jn'il veut ordonner d'antres prêtres,
il ji'ùne six joins entiers , pendant lesquels il récite
iricessam.uent tles prières sur celui cpii est lait prêtre,
leipiel de son côté jeune et prie pendant ce temps-là.
Tavernier parle ensuite de leurs mariages, qui sont
C(''lébrés par 1 Ovèque , si la fille Csl vierge; sinon un
piètre cil fait la cerémotiie, qui csl précéiléc duliap-
lème, el cotisisie à la;re toucher au\ deux époux les
épaules el !a liiie l'un de l'auire, ei en des jirièresquc
ré\è(pie ré'Ciie a plusieurs reprises sur eux. 11 ajoute •
qu'ils ont des Idocs tres-confuses loucli.ini la créa-
tion, et très-grossiéres sur le bonlieur de la vie fu-
ture, et qu'ils pensent que tous ceux de leur religion
seront s:iiivé5. Ils révèrent beaucoup la croix, en font
souvent le sigi-e , mais d'un autre c6ié leur culte est
mêlé de quri.ii.té de superstitions, surtout ils ont une
certaine ccronion;e qu'ils pratiqucnl avec beaucoup
commençaient à être en quelque façon initiés au
christianisme. Ils dilféraient des premiers à peu près
comme les novices dilfèrent des postulants, qui ne sont
encore en aucune manière agrégés aux eommunau-
lés de moines, dans lesquelles ils souhaitent d'entrer,
au lieu que les novices, sans jouir encore de toutes les
prérogatives de ceux qui ont fait profession, font en
quelque sorte partie de la communauté, dont ils por-
tent les marques. Nous verrons aussi dans la suite que
ceux qui étaient admis dans ce second ordre des ca-
téchumènes, portaient quebiues marques de christia-
nisme.
M. Thicrs dit, dans son Exposition du S.-Sacrc-
ment, c. 8, qu'on les appelait aussi prosternés, ou age-
nouillés, subslrali, (jenufleclenles, parce qu'après avoir
écouté la parole de Dieu, ils se mettaient à genoux,
et participaient en quelque façon aux prières de
l'Église. Le P. Marlène(l) prétend que ce nom n'était
pas attaché à l'ordre qu'ils tenaient entre les autres
calécliûmènes, mais qu'on appelait ainsi ceux du se-
cond ordre dont nous parlons, qui, en punition de
quelques péchés qu'ils avaient commis, étaient con-
\^ damnés à entendre à genoux la parole de Dieu. Enfin
d'appnreil, qu'ils appellent de la V ouïe, el ipii appro- | \q sentiment du P. Morin (2) est qu'on appelait ainsi
les catéchumènes du second ordre et proprement dits,
à cause des pi'ièi-es que l'on prononçait sur eux avant le
sacrifice, et en présence de toute l'église, pendant
lesquelles ils étaient à genoux. Quoiqu'il en soit, nous
laissons cette discussion aux savants : elle n'est pas im-
portante par rapport à la matière que nous traitons,
puisqu'il nes'yagitque d'une simpledénominalion. Le
troisième rang des catéchumènes était celui des élus,
ou compétents, clecti, fowpe/<'/Ues.- c'étaient ceux qui,
après avoir accompli le temps du catéchuménat ,
étaient destinés à recevoir le Baptême à la première
occasion, c'est-à-dire, à Pâques ou à la Pentecôte pro-
chaine. Je sais que quelques auteurs distinguent
en deux classes différentes les élus et les compétents,
entre autres, M. Thiers et le P. Martène (5) ; mais le
P. Morin n'en fait qu'une même classe : en quoi il
paraît plus conforme aux auteurs anciens , qui ont
donné ces noms indifféremment à tous ceux qui, avant
été approuvés et jugés dignes de recevoir le Baptê-
me, pratiquaient, sous la direction des ministres de
l'Église, les exercices propres à les purifier, et les
mettre en état de recevoir ce sacrement. Le P. Mar-
tène et M. Thiers, dans les endroits où ils en parlent,
paraissent embarrassés quand il s'agit de spécifier la
différence des uns aux autres, et l'un attribue aux
compétents ce que l'autre dit convenir aux élus. Il est
certain d'ailleurs que les anciens nommaient compé-
tents ceux qui étaient destinés et approuvés pour re-
cevoir le Baptême, comme il paraît clairement par ce
que dits. Ambroise, dans sa lettre à sainte Marcelline,
qu'il donnait le Symbole aux compétents dans le
c!ic lort lies sacrilices profaiies l:s ont aussi beaucoup
de labiés extravagantes louchant S. Jean el le Bap-
tême que >jue Se'.gueur a reçu de lui. M. Assemani
f.iit aussi menlion de ces chrétiens de S. Jean, dans
une disscriaiion qu'il a publiée loucbanl les Nesto-
loriens de Svne (1). Voilà ce que nous avions à dire
toiuli.ii.i les d.lTereiites erreurs qui ont attaqué la foi
aiisiijcl du lî.îptème. Il est temps à présent d'entrer en
matière, et d'exposer aux yeux des lecteurs ce qui re-
garde ce sarremeni, el les exercices par lesquels on
se préparait à le recevoir.
CUAPITRE IL
Des calécliûmènes, et des diverses classes dans lesquelles
ils étaient distribués. Des avantages dont ils jouis-
saient, el du soin que l'on avait de leur cacher les
mystères de lu Religion.
On appelait calécliûmènes autrefois ceux qui n'a-
vaient point encore reçu le Baptême, et que l'on in-
struisait dans la véritable foi, afin de les disposer à re-
cevoir ce sacrement de l'adoption des enfants de
Dieu. On les distinguait en trois classes. Les premiers
étaient ceux qui, désirant de se convertir de leur in-
fidélité à la foi de Jésus-Christ, écoulaient la parole
de Dieu dans l'église, sans loutel'ois demander le
Baptême : et ils s'appelaient auditeurs, auditores, au-
dienlcs. Les seconds étaient ceux qui, après avoir
écoulé la parole de Dieu, demandaient d'être reçus
au nombre de ceux qui se disposaient à recevoir le
Baptême, et faisaient inscrire leurs noms sur le rôle
des catéchumènes. Ceux-ci étaient nommés catéchu-
mènes proprement, et même chrétiens, parce qu'ils
(1) Toni. 2, part. 2, Bibliolli. orient, , pai
el seq.
609
(I ) De Aiiliq. Eocl. Rilibus, tom. 1, c. 6.
(^2) De Pœnit., I. G, c. I, p. 358.
(.")) Thiers el Mart., locis citatis, et Morin., ibid.
19
HISTOIRE DES SACREMEiNTS.
2Ô
baptislère de réglise, quand on viiiihiulirequelesof- [
ficiers de reniperenr étaient venus pour s'emparer de
réglise. S. Augustin (i) leur applique de nicnie cette
dénominalion, en disant : « Lorsque nous allions aux
( sacrements de celle fontaine, et qu'à cause de cela
f on nous nommait compétents : > Cùm foutis illiits
sacramenla peteremus, alque ob hoc competetUes etiam
vocaremur. Nous aurons lieu dans la suite de parler
au long de ce troisième ordre de catéchumènes. Nous
nous arrêterons donc, dans ce chapitre et les deux ou
irois suivants, à ce qui regarde les catéchumènes des
deux premières classes.
Tout l'avantage des premiers consistait à pouvoir
assister à celte partie de la messe, qu'on appelait
pour cela messe des caiéohumèncs ; et à entendre la
Uecture des saintes Ecrilurcs et les exhortations ou
i semions des évêques qui suivaient presque toujours
la lecture de l'Evangile ; et cet avantage leur éiaii
commun avec les péuiients de la seconde station, dils
audUcurs, avec les juifs, les païens, et même les hé-
rétit[ues, Le sermon étant fini, tous ces gens-là se '
relifaieat, ce que le diacre leur dénonçait solennellc-
^lent, comme on le voit dans les Constitutions aposto-
liques (2), où il est dit : Vévèque fait une cxhoviulïon
au peuple, laquelle éluiU achevée...., le diacre, moulant
fur un lieu élevé , prononce : Qu'il ne se trouve point
ffauditéur ici (c'est-à-dire dans la basilique où se de-
vaient célébrer les saints mystères), point d'infidèles.
Et mjant fuit silence, (juil dise : Catéchumènes, priez.
Ces dernières paroles s'adressent aux catéchumènes
du ^cond rang, sur lesquels on faisait des prières,
^usei bien que sur les énergumènes et les pénitents
de la troisième station ; lesquelles étant achevées, on
les faisait sortir à leur tour : premièrement les caté-
chumènes, ensuite les énergumènes, et enfin les pé-
nitents. Après quoi, les portes élant fermées, on célé-
lirait la messe des fidèles, qui commençait par l'obla-
tion des dons destinés au sacrifice, ou par le Symbole,
dans les églises où il était d'usage de le clianler à la
inesse : ce qui ne se pratiquait pas à Rome avant que
les papes l'eussent introduit, à la prière et sur les re-
nionlrances de l'empereur Henri l".
Nous pourrions apporter un grand nombre de preu-
ves de ce que nous disons ici lonchanl la grâce que
l'Eglise accordait à tous ceux dont npus avons parlé,
d'entendre les lectures saintes, le chant des psaumes,
et les discours des évoques : mais comme nous en
produirons des témoignages ailleurs (5), nous nous
contenterons pour le présent de celui d'un auteur du
quatrième siècle, qui en parle en ces termes. (4) :
Pour ce (jui regarde les catéchumènes , les énergumènes
et les pénitents, la loi de Ut hiérarchie leur permet bien
d'entendre le sacré chant des psaumes et la lecture toute
divine de l'Écriture : mais elle ne les appelle point cn-
(1) DeFide et Oper., n. 9.
(2) Lib. 8, c. 5.
(3) Voyez la troisième section, part. 2, ch. 1, 2,
3, etc.
(4) Dionys., de Hiei^rch. eccles.. c. 5.
suite à la célébration des choses saintes, ni à la contem-
plation de nos mystères, qu'elle ne laisse voir qu'aux tjeux
purs de ceux qui sont justes et parfaits chrétiens. Pos-
side, évêque de Calame, remarque dans la Vie qu'il a
écrite de S. Augustin, que les hérétiques, aussi bien
que les catholiques, se pressaient pour venir entendre
les prédications de ce saint docteur ; et que les Ma-
nichéens même y assistaient quelquefois. On doit dire
la même chose de S. Anibroise, puisque S. Augustin,
dans ses Confessions, rapporte qu'il allait souvent par
curiosité, et pour voir si l'éloiiucnce de ce saint ar-
chevêque répondait à sa réputation, entendre les dis-
cours qu'il faisait au peuple dans l'église, quoique
alors il fût encore manichéen. C'est pourquoi (]uand
Amalarius (I) dit que la coulume étail de chasser les
catéchumènes avant l'évangile, il ne faut pas l'enten-
dre de toutes les assemblées des fidèles dans l'église ,
mais de celles qui se faisaient pour les scrutins, qui,
de son temps et depuis, se faisaient après la mi- ca-
rême.
Quand on est au fait de cette ancienne coutume, oa
n'est point surpris de voir souvent dans les homélies
des Pères les sorties qu'ils font, soit contre les païens,
soit contre les juifs, ou contre les hérétiques ; et
même de les voir entrer en conlroverse avec tous ces
gens-là, et employer plusieurs discours de suite à ré-
futer leurs erreurs, et à les convaincre des vérités
opposées. C'est ce qu'ils font oïdinairement après
avoir expliqué aux fidèles le texte de l'Ecriture Sainte,
connne on le voit dans les Homélies de S. Jean Chry-
sostôme. Les Pères dans ces occasions ne se battaient
pas avec des ennemis imaginaires : ceux contre qui ils
disputaient étaient présents, et souvent ils se conver-
tissaient, quand ces grands évêques leur avaient dé-
sillé les yeux, et fait apercevoir la vérité qu'ils avaient
abandonnée.
D'un autre côié , la présence de ces personnes
étrangères à l'Eglise les rendait extrêmement circon-
spects pour ne rien dire qui leur fit connaître le secret
de lios mystères ; ils en parlaient rarement en leur
présence, et toujours en termes couverts. L'allenlion
qu'ils apportaient sur cela paraît incroyable de nos
jours, où on parle sans circon«;pection de nos mystè-
res devant tout le monde indifféremment, et souvent
en présence des profanes et de gens qui n'ont aucun
sentiment de religion , et cela contre la défense ex-
presse du Sauveur, qui ordonne dans l'Évangile
(Matih. 7, 6) de ne point jeter les pierres précieuses
devant les pourceaux. Défense que nos pères ont tou-
jours enle:uluc dans ce sens qu'il ne fallait pas di-
vulguer nos mystères, ni les faire connailrc aux pro-
fanes, ce qu'ils regardaient comme un précepte d'une
obligation étroite.
Lcurnlleation sur ce point était surtout très-grande
par rapport à l'Eucharistie. Saint Andjroise (2), par
exemple, témoigne que tout le monde ne voit pas la
profondeur de nos mystères, parce qu'ils sont cachés
(1) Lib. 1, ad oITic. Eccles., c. 50-
(2) Lib. 1 Officior., c. 50.
21
DAPTKME. — 1" i'AKllE. CIIAP. II. DES CATECIIL>rF.NES.
par les lévites, de craiiilc qu'ils ne soient vus par ceux 1
qui no, les doivent pas voir. Ne videanl qui videre non
dcbcnl. S. Gaudencedc Brescc (1) déclare qu'il faut
de nécessité découvrir aux néopliyles ce qui ne peut
être expliqué en présence des calécliununes, Quœ
pra'seulibus calecliumcnis, cxplanari non possunl. C'est
sur ce principe que S. Jean Cîirysostôme proteste (2):
Qu'il H II a que les initiés qui sachent de quelle grande
miséricorde, cl de quelle extrême charité le mystère de
l'Eucharistie est rempli, et qu'il voudrait bien parler
clairement de la chose, mais qu'il n'ose le faire, à cause
de ceux qui ne sont pas initiés aux sacrés mystères,,
d'autant que leur présence lui en rendait l'interprétation
difficile, en le contraignant, ou de s'expliquer avec obscu-
rité, ou de découvrir ce qui doit être caché.
Delà viennent ces façons do parler qui lui sont si
fïiiniiiorcs, aussi bien qu'aux autres Pères dans leurs
Homélies : Les initiés savent ce que je dis. Los fidèles
savent ce que je veux dire, i Si les caléclinmènes, dit
( S. Augustin (3), ne m'entendent pas, qu'ils cnaccu-
f sent leur paresse, et qu'ils se hâtent d'arriver à la
€ connaissance de nos mystères, j Y a-t-il lieu d'être
surpris en voyant toutes ces précautions des Pères
pour conserver le secret de nos mystères, d'entendre
les cvêques d'un concile d'Alexandrie (i) se plaindre
amèrement des Ariens, qui avaient parlé des mystères
publiquement, et comme sur un théâtre, en présence des
catéchumènes, et ce qui est encore pire, en présence des
pa'icns, sans faire attention à ce que dit l'Ecriture, qu'il
est bon de tacher le secret du roi. Le pape Jule (5) ne
parait pns moins indigné de ce procédé des Ariens,
qui, dans l'afTairc d'Yschyras, dont ils avaient pris
occasion de calomnier S. Alhanase, en avaient agi de
la sorte. Qui n'aurait horreur, dit-il, de voir traiter une
question touchant le corps et le sang de Notre Seigneur
devant un juge étranger, en présence des catéchumènes.
Non seulement les Pères prenaient ces précautions
lorsqu'ils parlaient publiquement au peuple, ils obser-
vaient la même chose dans leurs écrits, et jusque dans
leurs lettres, et cela à l'égard de tous les autres sa-
crements. S. Cyrille d'Alexandrie (6), écrivant contre
l'empereur Julien, et ayant à parler des mystères du
Baptême, dit : « J'en parlerais si je ne craignais que
I cela ne vînt aux oreilles de ceux qui ne sont pas
« initiés. > El le premier concile dOrangc (can. 19)
porte les choses si loin là-dessus, qu'il fait un canon
exprès pour défendre que l'on souffre en aucune ma-
nière l'entrée des catéchumènes dans le baptistère :
Ad baplisterium catechumeni nunquàm admiltendi. L'é-
vè(iMe d'Eugubio, ayant fait quelques questions au
pape Innocent 1 louchant le sacrement de Confirma-
lion, celui-ci, oprès lui avoir développé ses difficid-
lés, venant aux paroles qui l'ont partie de ce sacre-
(1) Serm. 2 ad Neophyt.
Ci) llom. 7-2 in Matlh., et hom. 40 in 1 ad Cor.
(3) In pMil. lui).
(4) Apud Ath;mas. apol. 2.
(5) Ep. ad Orient, episcopos.
(G) AdversùsJulian., 1. 7.
22
ment, lui dit : « Je ne puis mettre ici les paroles, de
< peur que je ne paraisse plutôt trahir les mystères,
< que répondre à votre consultation.! Verbàdicerenon
posnum ; ne magis tradere videar, quàm ad consultalio-
nem respondcre.
On n'était pas moins attentif à cacher les rits des
autres sacrements aux catéchumènes. Vous avez vu
qu'on ne leur permettait pas même d'être présents
dans l'église quand on faisait les prières sur les péni-
tents. Le concile de Laodicéc (can. lOi) ordoime
expressément ([u'on ne les commencera qu'après tpi'ils
seront sortis. A l'égard -des ordinations sacrées, le
même concile (can. 4) défend de les faire en leur pré-
sence. Non oportere ordinutiones fieri in prœsentià eo-
rum qui audïunt. Enfin la chose n'est pas moins cer-
taine pour ce qui regarde le Mariage et lExtrôme-
Onction, puisqu'on ne célébrait point de mariage sans
oblation, comme dit Tertnllieu (1) : Ecclesia couciliet
matrimonium, et confirmet oblatio; et qu'on n'avait pas
coutume autrefois de donner l'Extrême Onction sans
l'Eucharistie; et immédiatement après, comme le
p. Marlène le montre dans son cinquième livre des
anciens Rits des moines. Or il est constant qu'on ne
souffrait point que les catéchumènes assistassent a
l'oblation des dons destinés au sacrifice, ni qu'ils vis-
sent les sacrés symboles du corps et du sang dcNotre-
Seigneur.
Enfin on ne donnait aux catéchumènes des deux
premières classes aucune connaissance ni du Sym-
bole ni de l'Oraison Dominicale; on ne leur enseignait
l'un et l'autre que lorsqu'ils étaient compétents et
prêts à recevoir le Baptême, de la manière dont nous
le dirons plus bas. Nous voyons encore des vestiges
de ce respect ancien pour le Symbole et la prière du
Seigneur dans l'office de l'Église : car, excepté à la
messe des fidèles, ni l'un ni l'autre ne se prononce à
haute voix ; l'Église interrompt son chant quand il faut
dire les paroles dans lesquelles ils sont conçus, ex-
cepté dans les monastères des anciens ordres, où
; l'Oraison Dominicale se prononce à haute voix, à vê-
■ près et aux matines, que nous appelons aujourd'hui
laudes, pour étouffer, comme dit S. Benoît ("2), les
I divisions qui se trouvent souvent dans les commu-
nautés. El ce saint l'a ainsi prescrit, parce que son
monastère était éloigné du monde, et qu'il n'était
point à craindre que les hommes profanes entendis
sent les paroles de celle divine prière, que le supé-
rieur seul prononce à haute voix dans l'ordre do
S. Benoit. Pour ce qui est des autres offices,, les reli-
gieux suivent la pratique commune de l'Église, de ne
réciter le Symbole et l'Oraison Dominicale qu'à voix
basse, et le corps penché comme pour l'adorer.
Avant de finir ce chapitre, nous donnerons un mo~
dèle des prières que l'on faisait publiquement dans
l'Église sur les catéchumènes du second rang, avant
de les congédier. Les Constiluiions des apôtres les
(1) L. ad Uxorcm, c. 2.
(2) Régula S. Bcnedicli, c. 13.
♦t3
HISTOIRE DLS SACliEME.NTS.
isons doivent être
24
rapportent, el celles que nous y
fort anciennes, quand même on supposerait qu'elles
feraient de l'auteur qui a compilé et ramassé en un
seul corps ces anciennes instructions et constitutions,
connues dès le troisième siècle sons les noms des
apôtres, de S. Ignace, de S. Clément, et que plusieurs
églises ont mises au nombre des Écritures canoni-
ques, puisque ce compilateur doit être au moins de la
lin du quatrième siècle.
Voici ce qui est prescrit là-dessus dans ces consti-
lulions (J) : Tous étant levés, le diacre, montant sur w«
lieu élevé, dira : Qu aucun des auditeurs, qn aucun infi-
dèle ne reste ici. Et ayant fait faire silence, qu'il dise :
Priez, catéchumènes, et que tous les fidèles prient pour
eux avec attention, en disant : Seigneur, ayez pitié. Que le
diacre parle pour eux, en disant : Prions tous Dieu pour
les catéchumènes, afin que le Seigneur, plein de bonté
et de miséricorde, entende leurs prières et leurs suppli-
cations, et que les ayant reçues favorablement, il leur
accorde les demandes de leur cœur pour leur avantage.
Qu'il leur découvre l'évangile de son Christ, qu'il les
instruise dans la connaissance de Dieu, qu'il leur ap-
■prenne ses commandements, qu'il leur inspire une crainte
chaste et salutaire, qu'il ouvre les oreilles de leur cœur,
afin qu'ils s'occupent de sa loi jour et nuit, qu'il les
affermisse dans la piété, qu'il les unisse et les mette au
nombre de ses ouaiUes, les rendant dignes de la régéné-
ration, du vêtement de l'immortalité, de la vraie vie.
Qu'il les délivre de toute impiété, qu'il ne donne point
de prise contre eux à leur adversaire, qu'il les purifie de
toute tache de corps et d'esprit, qu'il habite en eux avec
son Christ, qu'il bénisse leur entrée et leur sortie, qu'il
dirige tous leurs projets à leur avantage. Prions encore !
pour eux avec ferveur, afin que, recevant la rémission de
leurs péchés par le Baptême, ils soient rendus dignes des
saints mystères et de la demeure des Saints.
Après ces paroles, le diacre ajoute ce qui suit : Le-
vez-vous, catéchumènes, demandez la paix de Dieu par Jé-
sus-Christ de vivre tranquillement et sans péché , une fin
chrétienne, el que Dieu vous soit propice ; remettez-vous
par Jésus-Christ entre lesmains de Dieu, seul non engen-
dré, inclinez-vous et recevez la bénédiction. Les constilu-
lions apostoliques ajoutent : Que le peuple sur cha-
cune des choses que le diacre propose , dise : Kyrie
ELEISON, eJ surtout les enfants, xat -ph rràvTWv rà -aiûic/..
Ensuite il est dit : Ceux-ci ( les catéchumènes ), bais-
sant la tête, que celui qui est établi évêque, prononce sur
eux cette bénédiction.
Prière sur les catéchumènes.
Seigneur tout-puissant , incréé, inaccessible, seul vrai
Dieu, Dieu père du Christ votre filsunique, Dieu du para-
clet et Seigneur de toutes choses, qui avezétabli par Jésus-
Christ les disciples pour être les docteurs de la piété, re-
gardez présentement vos serviteurs que l'on instruit de
l'Evangile de votre fils, et donnez-leur un cœur nouveau,
et renouvelez dans leurs entrailles un esprit de droi-
(UUb. 8, c. 5 et 6.
titre, afin qu'ils connaissent et qu'ils accomvlissent votre
volonté avec un cœur plein de bonne volonté ; rendez-les
dignes d'être initiés au saint Baptême , unissez-les à votre
Eglise sainte , et rendez-les participants de vos divins
inystères, par Jésus-Christ notre espérance, qui est mort
pour eux , par lequel vous soit rendu gloire et adoration
dans le Saint-Esprit , dans totis les siècles. Amen.
Cette prière finie , il est marqué que le diacre doit
dire : Sortez , catéchumènes ; et après qu'ils sont
sortis , il ajoute : Priez , énergumènes.
L'extrait que nous venons de donner nous apprend
en même temps el quelles éiaient les prières que l'on
faisait pour les catéchumènes, et la part que le peu-
ple y prenait , et les cérémonies qui s'y observaient.
Ce qui y est dit des enfants qu'on exhorte surtout à
prier est digne de remarque , et doit s'entendre ou
de tous les enfants en général que S. Basile et S.
Chrysostome (i) veulent qu'on fasse prier dans les
les besoins publics; leurs prières îivant une force par-
ticulière pour lU'cliir la colère de Dieu ; ou de ceux
qui, étant abandonnés et orphelins , étaient nourris
des aumônes de l'Église.
CHAPITRE III.
De l'origim^ du catéchuménat. Que le nombre des ca-
téchumènes était très-grand dans les cinq premiers
siècles. Pourquoi. École des catéchumènes , à qui on
confiait leur instruction. Catéchèses. Quelle était la
doctrine que l'on y enseignait.
11 y a eu des catécliumènes dans l'Eglise depuis
qu'elle est formée en corps de religion. Si les apôtres
ont baptisé dans les premiers jours de sa formation ,
des milliers d'iiommes, sans les faire passer par l'é-
preuve du catéchuménat, c'est qu'alors Dieu agissait,
pour ainsi dire, en créateur, pour établir en peu de
temps une société dévouée à son culte et la substi-
tuer à la synagogue, qui l'avait abandonné, en coiispi-
ï rant unanimement contre son Fils. Et comme dans la
première création il a tiré du néant tout ce qui existe,
en un instant , et lui a donné en peu de jours Tordre,
les proportions et rorneiaent qui lui convient , de
même, dans la création du nouveau monde, il a tout
fait en peu de temps. Mais ensuite comme l'ouvrage
: étant achevé, il ne conduit chaque partie de l'univers,
les hommes, par exemple , et les animaux à leur per-
fection que par degrés , Ue même l'Eglise étant une
fois formée , il ne donne pour l'ordinaire les grâces
qui rendent parfaits chrétiens que peu à peu , et
après que l'on s'est préparé avec soin à les recevoir.
C'est pour y disposer que le caléchuméuat a été in -
slilué , et nous n'en voyons point le commeiicemcnl
dans l'Eglise. Teiluilien, qui lleurissait cent ans apn's
les apôtres , en parle comme d'une chose ordinaire
et si bien établie , (jue les hérétiques même avaient
leurs catéchumènes , et il leur fait des reproclics de
ce que, dans leurs assenibléos, ceux-ci éuaient mêlés
indilToiemnient aver ks lidèles, et ne gardaient point
(1) Basil., boni, in fainoin cl siccilatem ; Chrysost.,
boni. 1-2 in \Iallli.
85 BAPTÊME. — I" PARTIE. CHAP.
le rang qui convenait. Je ne puis me dispenser (1), nie
dit-il, de représenter ta manière dont se conduisent les
hérétiques , qu'elle est peu réglée , qu'elle est terrestre ,
qu'elle est humaine; en premier lieu, on ne sait chez
tux qui est le catéchumène, qui est le fidèle: ils s'appro-
chent éijalemenl , ils écoutent et prient pêle-mêle. On ne
remarque en eux ni (iravilé , ni autorité , ni discipline,
tout y répond à leur créance, t Inprimis quis calhecu-
t menus, quis fidelisincertum est; pariter adeunt, pariler
« audiunt, pariler orant. > Voilà pour ce qui regarde
l'antiquité du caléchuraénat, dont on doit , suivant
la maxime si connue et si sage de S. Augustin , faire
remonter l'origine jusqu'aux, apôtres , puisqu'on le
trouve établi dès les premiers siècles dans l'Eglise , et
qu'on ne peut fixer l'époque de son établissement.
Quant aux calécbumèiies eux-mêmes, on ne peut dou-
ter qu'anciennement le nombre n'en fut très-grand ;
et cela pour plusieurs raisons : premièrenient, il est
certain que l'Eglise dans les trois premiers siècles,
étant arrosée du sang des martyrs, était très-féconde,
sunguis martyrum senicn clirislianorum est, disait Ter-
lullien ; et si Dieu la consolait ainsi de la mort de ses
principaux membres , elle ne veillait pas avec moins
de soin pour empêcher que parmi ceux qui se présen-
taient pour recevoir le Baptême , il ne s'y mêlât de
l'ivraie, et que de faux frères ne s'introduisissent chez
elle , pour y pervertir ensuite les autres. C'est pour-
quoi elle les éprouvait et tâchait de s'assurer de leur
conversion, avant de leur accorder cette grâce; suivant
en cela le précepte de l'apôlre S. Jean : Éprouvez
les esprits pour connaître s'ils sont de Dieu , probale
spiriius si ex Deo sunt. [C'est pour cela que le calé-
chuménat a été insiitué.
Quand dans la suite le signe de la croix fut imprimé
sur le front des rois , et que l'on trouva des avan-
tages temporels à faire profession du christianisme ,
comme il arriva depuis la conversion de Constantin ,
il ne faut pas douter que quantité d'hommes charnels
ne s'empressassent d'entrer dans l'Eglise , et c'est ce
qui engagea les évèques à redoubler leur soin et leur
attention pour écarter du troupeau de Jésus-Christ ces
gens qui ne témoignaient tant d'empressement que
par des vues tout humaines, et qui fit que l'on éprouva
plus longtemps les catéchumènes avant de les ad-
mettre au Baptême, ce qui par une suite nécessaire
rendit encore plus grand le nombre de ces candidats
du christianisme.
Outre ces raisons qui nous persuadent de ce que
nous disons ici touchant le grand nombre des cati'chu-
mènes, nous en avons plusieurs autres. Nous apprenons
par les anciennes histoires et par les sermons des an-
ciens évoques , que grand nombre de personnes re-
lardaient pendant plusieurs années leur Baptême, et
quelques-uns même jusqu'à la mort. Et cela se prati-
quait non-seulement par ceux qui sortaient du pa-
ganisme, mais même dans les familles chrétiennes.
Saint Ambroise, par exemple, et son frère Saivre, S.
(1) Terlull,,de Prscscript.hœres., c. 41.
III. ORIGINE DU CATÉCHUMÉNAT. 16
Grégoire de Nazianze, l'empereur Théodose , le jeune
Valentinicu, S. Augustin, etc., sont restes dans le
catéchuniénat jusqu'à l'âge d'adulte.
Saint Martin, Eusèbc, évêque de Césarée en Cappa-
doce , prédécesseurs de S. Basile , quoique gens de
bien, n'ont reçu le Baptême que plusieurs années après
avoir été faits catécliumènes. L'empereur Constantin
et son fils Constanlius n'ont été baptisés qu'à la moit.
On pourrait citer une infinité d'autres exemples sem-
blables qui doivent nous persuader que le nombre
des catéchumènes devait être f«rt grand, et qu'il ne
faut pas s'étonner que les évèques fissent si souvent
des discours pour les presser de recevoir le Baptême.
Nous en avons plusieurs sur ce sujet , de S. Jean
Chrysostôme , des deux SS. Grégoire de Nysse et de
Nazianze, de S. Augustin , et de plusieurs autres.
On voit dans ces discours quels étaient les motifs
qui faisaient ainsi retarder le Baptême à ces gens-là.
Ils étaient bien différents dans les différentes person-
nes ; les uns remettaient ainsi le temps de leur Bap-
tême, pour s'y mieux préparer, et se mettre en état
{ de recevoir l'abondance de grâces que Dieu a attachées
! à ce premier de nos sacrements. Ils craignaient aussi
de perdre l'innocence qu'ils devaient acquérir dans
ce bain sacré, et de courir le risque de ne pouvoir la
recouvrer, ou, pour mieux dire, de ne le pouvoir faire
qu'avec beaucoup de peine. Les pénitents qu'ils avaient
sous les yeux, et les longs et pénibles exercices aux-
quels ils étaient assujettis , leur faisant sentir , com-
bien il est difficile de réparer ses pertes , et de se re-
lever des chutes mortelles après le Baptême.
Quoique TertuUien (1) n'ait jamais nié qu'on ne pût
légitimement baptiser les enfanst, il autorise néan-
moins ouvertement les retardemcnts dont on usait alors
et depuis si communément, lorsqu'il parle ainsi:
C'est pourquoi , suivant les différentes dispositions, la
condition et l'âge de chaque personne, le retardement du
Baptême est plusulile, cl.nct.vtio baptismi itilior est,
surtout à l'égard des enfants , rR.tciPLÈ tamen circa
PARVLLOS.CV»- qu est-il nécessaire d'exposer les parrains
au péril , eux qui peuvent manquer à leurs promesses par
cas de mort , et être trompés par le mauvais naturel de
ceux dont ils se rendent les répondants? Le Seigneur dit,
à la vérité , ne les empêchez point de venir à moi. Qu'iU
viennent donc quand ils sont adultes , qu'ils viennent
lorsqu'ils sont en état d'apprendre, lorsqu'on peut leur
enseigner oii ils viennent. Qu'ils deviennent chrétiens ,
quand ils pourront connaître Jésus- Christ. Pourquo
dans cet âge innocent se hùtent-ils de venir à la rémis-
sion des péchés? On agit avec plus de précaution dans
les choses du monde : on ne confie point aux enfants les
biens temporels, il ne faut pas leur confier les choses
divines. Qu'ils sachent demander le salut , afin que vous
I paraissiez l'avoir donné à ceux qui le demandent, i Sô-
i rint petere salutem, ut petenti dédisse videaris. »
Je sais que plusieurs, tant parmi les hérétiques que
parmi les catholiques, ont pris occasion do ce passage
(1) Lib. de Bapiisrao, c, 18.
*7
HISTOIRE DES SACKEMENTS.
28
de Tcrtullien, pour avancer des erreurs grossières, et i|i prît des hommes, que la haine qu'ils ont courue contre
des opinions irès-fausses louchant le Baptême des
enfanls, entre autres un certain Slork, paysan saxon,
qui a soulevé en Allemagne une muliilude incroyable
de 1,'ens de sa condition, en déclamant en furieux con-
tre le Baptême des enfants; Michel Scrvet cl plusieurs
autres. Parmi les catholiques , Erasme et Louis Vi-
ves (1), n'ont pas assez mesure leurs paroles, en
iraitaul du Baptême des enfants. Mais tout ce qu'on
peut conclure de cet endroit de T(M-lullien, c'est qu'il
îavorise extrêmement les retards dont on n'usait que
trop souvent dans le temps dont nous parlons, et
qu'il n'a peut-être pas peu contribué à autoriser la
conduite de ceux qui différaient si longtemps de re-
cevoir le Baptême.
Outre les motifs dont nous avons parlé , et sur les-
quels s'appuyaient quantité de gens de bien pour dif-
férer leur Baptême , il se trouvait un grand nombre
de personnes qui demeuraient dans l'ordre des calé-
cliumèncs jnsiiu'à la vieillesse, par des vues et des in-
tentions tout-à-fait inexcusables. Je veux dire , qu'ils
demeuraient en cet état pour mener une vie plus li-
bre et plus conforme aux inclinations de la nature :
ear la vie des chrétiens dans ces temps-là, n'était pas
une vie de plaisir et divertissement, elle était sérieuse
et austère. Los clirétiens (je parle du connuun d'cn-
Irc eux) ne se trouvaient point aux spectacles publics,
ils étaient sobres dans le boire et dans le manger,
modestes dans leurs habits, dans leurs manières et
dans leurs paroles. Les jeûnes étaient fréquents chez
eux, on se trouvait souvent aux veilles , et on passait
les nuits entières dans les églises , les jours qui pré-
cédaient les grandes fêtes. Enfin, les clirétiens étaient
rcconnaissables à la vue, par leur manière de vivre,
et on distinguait facilement ceux qui étaient baptisés,
en les comparant avec ceux qui ne relaient pas , et
avec eux-mêmes avant leur conversion. Que cette
femme, disaient les infidèles, était coquetie cl de belle
humeur (2j ! que cet homme était agréable et de bonne
compagnie ! c'est dommage qu'il se soit lArr cuuÉ-
TiEN... MJi hommme, dit 'ïcrluWiei), qui autrefois avait
rùme pleine de jalousie, ne peut souffrir sa femme, de-
puis qu'elle est chrétienne , quelque témoignage qu'il
ait de sa sagesse, et il se sépare d'elle, lorsque ses ac-
tions qui ne respirent que la modestie , ont éteint tous
tes soupçons dont il était agité. Un père qui a long-
temps souffert les désobéissances de son ftls , se résout
de lui ravir l'espérance de sa succession lorsqu'il exé-
cute ses commandements sans murmurer. Un maître
qui traitait doucement son esclave lorsque sa conduite
lui donnnit quelque sujet de défiance, l'éloig)ie de ses
yeux, quand il a toute assurance de sa fidélité. C'est
commettre un crime que de corriger les désordres de
S'i vie par le mouvement d'une sainte conversion à la
foi chrétienne, et le bien qui est produit par un si heu-
reux changement , n'agit pas si puissamment sur l'es-
(l) VitaErasm. perPaulumMcrulam, edit. an. 1607;
Vives in 1. S. Auguslini de Civitale Dei, c. 27.
(2] Terlul. Apol., c. 3.
«OMS. C'est ainsi que la foi des chrétiens se produi-
sait au dehors par des efTets dans toutes les condi-
tions, et fai&^ait remarquer ceux qui en faisaient pro-
fession par une vie uniforme , et par rattachement
aux devoirs de leur étal.
Il ne se trouvait que trop de personnes qui ne vou-
laient pas s'assujettir à ce genre de vie, et qui pour
ne s'y pas engager remettaient leur baptême de temps
à autre. C'est contre ceux-là principalement que les
Pères se servaient de toute leur éloquence pour leur
persuader de quitter leur vie molle et voluptueuse,
et les porter à se préparer à recevoir la grâce de la
régénération.
Mais ce qui est surprenant, c'est que ceux qui re-
tardaient leur baptême par ces vues, croyaient qu'en
le recevant ou dans leur vieillesse , ou à la mort, ils
obtiendraient la rémission de leurs péchés, et qu'ils
entreraient dans le ciel avec ceux qui avaient travaillé
toute leur vie à se sanctifier. Saint Jean Chrysostôme
fait dans ses Homélies tous ses efforts pour les faire
sortir de cet étal d'indifférence, et semble quelque-
fois autoriser la créance qu'ils avaient touchant les
elTets (|u'ils attendaient du Baptême. L'endroit est cu-
rieux (1) et mérite d'avoir ici sa place; il servira au
moins à faire voir l'efficace prodigieuse que les an-
ciens attribuaient au Baptême. Voici ses paroles :
Que ceux qui n'ont point encore (ce signe sacré), ne se
laissent point aller à une vaine présomption : car si quel-
qu'un pèche dans l'espérance de recevoir le Baptême à la
dernière heure, peut-être ne lerecevra-t-ilpas. Et, croyez-
moi, je ne le dirai pas pour vous épouvanter, j'en ai vu
plusieurs à qui cela est arrivé, qui, dans f espérance du
Baptême ayant commis plusieiirs péchés, sont morts frus-
trés de leurs espérances : car Dieu a institué le Baptême,
non pour augmenter mais pour effacer le péché... Après
avoir ntontré qu'il faut aimer la vertu pour elle-mê-
me, et non pour la récompense qui y est attachée, il
continue ainsi : Supposons, si vous le voulez , qu'un
homme qui a commis mille numx reçoive le Baptême à la
mort, ce que je crois ne devoir pas arriver facilement ;
oii va-l-il, diles-le moi? Il sera traité commeun homme à
qui h la vérité on n'imputera point les fautes qu'il a com-
mises,mais il sera, comme il le mérite, sans aucune con-
fiance. Car celui qui ayant vécu cent cms n'a produit au-
cune bonne œuvre, et qui n'a pour tout mérite que de n'a-
voir pas péché, ou plutôt d'être sauvé par pure grâce ;
dites-moi, comment pourra-t-il n'être point accablé de
chagrin, quoiqu'il ne soit pas condamné aux tourments
de l'enfer , quand il verra les autres chargés de tro-
phées et estimés ?
Saint Chrysostôme compare ensuite celui qui a re-
çu le Baplcmc à la mort après une vie lâche et de pé-
ché, et celui (pii a travaillé sérieusement à l'ouvrage
de son salut, à deux soldats, dont l'un, ayant fait plu-
sieurs belles actions, est élnvé aux premières digni-
tés, et l'autre, coupable de plusieurs crimes, demeura
(1) In Ep. ad Hcbr. hom. 13,
feu
lîAPTÈME. — 1" PARTIE. CHAP. 111. ORIGINE DU CATÉCHUMÉNAT.
to
toujours dans son rnngUe BÎmplc soldat, ayant seule- it S. Clément d'Alexandrie, et Origène. Ce dernier fut
ment la vie sauve que ses crimes auraiciil dû lui faire
perdre. Après quoi il ajoute , es parlant de ce der-
nier : // ne pourra supporter te chagrin de se voir en cet
état... étant toujours dans tes derniers rancis, et n'étant
exempt de supplice que par la pure bonté de son géné-
ral, sans qu'il lui en revienne aucun honneur; car quoi-
ique son général lui pardonne et le renvoie absous de ses
{crimes, il vivra dans rignominie. Les autres ne radinire-
Wont pas, puisque quand on use ainsi d'indulgence envers
quelqu'un, on n^ admire pas ceux envers qui on en use,
mais celui qui fait sentir les effets de sa bonté... de quel
ceil donc verra-t-il les autres récompensés pour leurs
belles actions , tandis qu'il n'aura rien qtn mérite récom-
ciiargé de l'instruction des catéchumènes dès Vàge de
dix-lniil ans, iiélaiil encore que laïque , cl celle école
devint si fameuse de son temps, qu'on y venait des
pays les plus éloignés.
Saint Grégoire Tliaumalurge y apprit les premiers
élémenls de noire foi, et y (il des progrès qui le ven-
dirent dans la suite l'admiration de tous les siècles.
Dans l'église de Carlhage, S. Cyprien (1) établit dans
cet emploi un rhéieur nommé Opiat, comme il le
témoigne en ces termes : « Nous avons établi Optât un
i des lecteurs pour être le maîlrodesaudileurs. > Opta-
tum inter ledores, audienlium doctorem conslituimus.
! Le diacre Deogratias remplissait deux cents ans après
pense, et que le salut même auquel il est parvenu ne j la même fonction dans la même église, et ce fut h sa
lui vient que de la seule miséricorde de Dieu? De même
donc que si quelqu'un demande qu'on lui accorde la grâce
d'un meurtrier, d'un voleur, d'un adultère que l'on
mène au supplice, et qu'il l'obtienne, cet homme, quoi-
que délivré du supplice, n'osera pas même lever les yeux,
ainsi celui dont nous parlons n'osera paraître : car ne
vous imaginez pas que tous jouissent de la même gloire,
quoique le bonheur que nous attendons soit appelé
royaume. 11 fait voir ensuite la difl'érence qu'il y a
entre les saints qui sont dans le ciel par celle qui se
trouve dans les cours des princes, où il y a de liauts
et de bas officiers; et par la comparaison que S. Paul
fait enlre les saints, lorsqu'il dit qu'il y a autant de dif- !
férence de la gloire des uns à celle des autres, qu'en-
tre la clarté du ?.o!eil et celle des étoiles. D'où i! con-
clut eu adressant loujoiu's la parole à ces lâches ca-
téchumènes : Quelle sera donc notre consolation, quand
nous verrons les autres briller comme des soleils, tandis
que nous serons comme des étoiles que l'on peut à peine
apercevoir ?
Nous avons vu combien le nombre des catéchumè- j
nés élail grand dans les cinq premiers siècles, et les
raisons qui leur faisaient retarder leur Baptême.
Voyons présentement quel soin l'Église prenait de les
instruire. Outre les sermons des évêques auxtpiels on
leur permettait de se trouver, nous voyons dans les
écrits des anciens, que l'on préposait dans certaines
églises des personnes pour les instruire (nous par-
lons ici des catéchumènes des deux premiers rangs),
que l'on nommait catéchistes, terme qui dans les au-
teurs profanes, et très-souvent dans les auteurs ecclé-
siasli(|ues, se prend pour ceux qui enseignent les pre-
li iers élémenls des sciences. Dans la fausse épîlre de
Clément à Jacques, les catéchistes, «D yMT-nychrs;, sont
distingués des évêques, des prêtres et des diacres.
(Num. 13.)
Dans l'église d'Alexandrie il y avait une école cé-
lèbre de catéchistes, pour instruire ceux (|ui se dispo-
saient à recevoir le Rapième, et de grands hom-
mes en ont été chargés; entre autres PantjTcnus ,
qui était également instruit des sciences profanes et
des divines Écritures, et qui alla ensuite porter l'É-
vangile dans les provinces les plus reculées de l'Asie,
prière que S. Augustin composa son beau Traité deCate-
chisandis rudibus, dans lecpiel il lui donne d'excellen-
tes instructions, pour lui apprendre comment il doit
s'acquitter du ministère dont il élail chargé.
Saint Grégoire de Nysse a écrit un discours sur le
même sujet, pour instruire les catéchistes, et les for-
mer, en leur apprenant comment ils doivent ensei-
gner les autres.
Parmi les dignités de l'église de Constanlinople, le
catalogue des ofliciers met celui des catéchistes , «Ci
y.y.zrr/r,7!)v, dont l'cmploi était d'instruire le peuple et
tous ceux qui quittaient l'hérésie pour rentrer dans
l'Église catholique. Il y a tout lieu de croire que cet
officier élail aussi chargé de l'instruction des infidè-
les qui demandaient le Baptême. Tliéophane fait
mention de cet office, p. 507.
Tout ceci fait voir que l'on confiait cet emploi tan-
tôt à un lecteur, tantôt à un diacre, tantôt à un sim-
ple laïqtic, et que l'on n'avait pas tant d'égard au
rang des personnes dans le choix des catéchistes qu'aux
talents et aux dons particuliers que l'on croyait aper-
cevoir en eux.
Dans certaiuf^s églises cet emploi n'était affecté h
personne en particulier, et on laissait au zèle et à la
prudence de chacun des fidèles ce qui regardait lin-
slruclion des calécliumèucs. Saint Augustin, qui fut
fait catéchumène à Milan, ne fait point entendre qu'il
y eût quelqu'un en particulier chargé de l'instruire.
On ne voit point non plus à Rome le moindre vestige
de ces caléehisles. Saint Cyrille de Jérusalem (2) parle
à tous les fidèles, lorsqu'il dit : « Si vous engendrez
i quelqu'un à Jésus-Chrisl par vos instructions, rendez-
i le attentif, s Ailleiu-s("))illes invite à combattre géné-
reusement contre les ennemis de l'Église, el à prêcher
l'Évangile; il veut surtout que ceux qui ont le talent
de gagner les âmes, y travaillent sans relâche. Mais
ceux qui étaient particulièrement chargés de ce soin,
où il n'y avait ni catéchistes en titre d'office, ni école
des catéchumènes, étaient les parrains el marraines,
qui avaient coutume de former à la religion ceux dont
(1). Ep. 29, cdit.Oxon.
(2) Cyril. Calèches., li, n. 18.
(3) Idem, catcch. 5, n. 15.
31
HISTOIRE DES
ils devaient se rendre les cautions dans le Baptême.
M. Ducange dans son Dictionnaire de la moyenne La-
tinité, sur le mol de ailechizari, dit que Ton conser-
vait encore une ombre de cette ancienne pratique
dans les siècles postérieurs, lors même que Ton ne
préseiilait plus guères que des enfants au Baptême;
les parrains les catéchisant en quelque sorte en leur
imposant le nom, et les offrant au Baptême, après les
avoir fait ainsi catéchumènes. Il cite un jurisconsulte,
qui met en question, si celui qui a ainsi catéchisé un
enfant coniracle afiinilé avec lui; et Matthieu Paris,
qui sur ranin-e 1239 dit, en parlant d'Edouard fils
d'Henri 111, roi d'Angleterre, qu'il lut catéchisé par
un évêque nommé Wautier, baptisé par le légat du
Pape, et confirmé par l'archevêque de Cantorbéri, et '
que cet évèque le leva ensuite des l'onis avec celui
île Londres.
Dansées instructions, on ne découvrait pas aux ca-
téchumènes dont nous avons parlé, le fond des dogmes
de la religion; mais on s'attachait à leur faire sentir
la vanilé du culte des idoles , et l'absurdité de leur
mythologie, aussi bien que de la philosophie profane.
On leur enseignait, outre cela, les précepl<!S moraux
de l'Evangile, et les dogmes généraux de notre reli-
gion , tels que l'unité de Dieu, le jiigiîment universel,
la résurrection générale, et l'histoire de l'ancien et
du nouveau Testament. Mais on ne leur parlait pas du
mystère de la sainte Trinité, ni des autres choses
dont nous avons fait mention dans le chapitre précé-
dent, il n'y avait que les élus, ou compétents que l'on
instruisait; ce qu'il ne faut pas prendre à la riguem-
et sans exception. On était plus ou moins réservé sur
ces points, et la discipline n'était pas là-dessus toui-
à-fait uniforme; puisque S. Grégoire de JS'azianze ,
dans le discours qu'il a fait pour inviter les catéchu-
mènes à faire inscrire leurs noms avec ceux qui de-
vaient recevoir le Baptême, leur explique sur la fin
le mystère de la Trinité et le symbole, en changeant
néanmoins les ternies.
CHAPITRE lY.
De quelle manière, et avec quelles cérémonies on admet-
tait au cutéclinménat ceux qui demandaievt d'y être
reçus.
On examinait avec soin la vie et la conduite de
ceux qui se trouvaient dans les assemblées de l'é-
glise pour y entendre la parole de Dieu , et quand
on avait lieu de croire qu'ils pensaient sérieusement
à se convertir, on leur accordait sans délai la grâce
d'être admis au nombre des catéchumènes propre-
ment dits, que l'on appelait même dès lors chréliens;
par anticipation, réservant le nom de fidèles à ceux
qui avaient été b.^ptisés. C'est ce qui paraît par le li-
tre d'un des plus ancie.-îs ordres, qui porte : Ordo ad
facicndum Clirislianum.
Les rils qui étaient en usage dans les premiers
siècles pour la réception de ces catéchumènes étaient
fort simples. Dans la suite, quand le nombre de ceux
qui embrassèrent le christianisme fut devenu moin-
SACREMENTS. Zi
dre, on y ajouta plusieurs cérémonies que l'on n'a-
vait coutume d'employer autrefois que sur la fin du
catéchuménat, pour servir de préparation prochaine
au Baptême. Il y a même lieu de croire que quand il
ne resta plus que des enfants à baptiser, et que l'on
se fut mis sur le pied de ne pas même attendre pour
cela les jours solennels destinés au Baptême, on con-
fondit , au moins en plusieurs endroits, les exorcis-
mes et les autres pieuses cérémonies , dont on avait
auparavant coutume de se servir dans les scrutins,
avec la cérémonie qui était en usage pour la ré-
ception des catéchumènes.
La manière ancienne de les recevoir était de leur
imprimer le signe deMa croix sur le front, ou de leur
imposer les mains, avec des prières convenables, ou
même d'employer l'un et l'autre ; car cela se prati-
quait différenuncnt, suivant la différence des lieux.
A l'égard du signe de la croix sur le front, S. Au-
gustin rend témoignage en plusieurs endroits (1) de
la pratique qui était en usage sur ce point. Vous navez
pas encore été régénérés par le Baptême, dit-il en par-
lant aux catéchumènes, mais vous êtes déjà conçus dans
le sein de l'Eglise par le signe de la croix. Et aillciu'S,
instruisant un gentil qui vient à l'église , et qu'on est
sur le point de recevoir au nombre des catéchumè-
nes , il lui parle en ces termes : On doit aujourd'hui
vous imprimer sur te front le signe de la croix et de la
passion, dont tous les chrétiens sont marqués. L'évêquc
Sévère (2) parlant des Juifs qui s'étaient convertis à la
vue des miracles opérés par les reliques de S. Etienne,
dit : Aussitôt nous imprimâmes sur leur front le signe du
salut. On peut rapporter pour preuve de cet. usage ce
qu'on lit dans les actes du martyre de S. Quirin : Sa-
voir, que le geôlier sous la garde duquel il était , s'étant
converti , le saint évêque l'exhorta beaucoup , et lui im-
prima le signe de Noire-Seigneur Jésus-Christ, t Et con-
€ signavit eum in nomine Domini Jesu. j Marc, dans la
vie de S. Porphyre de Gaze, parlant d'une certaine
femme , rapjmrte que ses parents allèrent se jeter à
ses pieds, demandant le signe de Jésus-Christ, et que le
saint le leur ayant donné et les ayant fait catéchu-
mènes, les renvoya en paix. Theodorct (3) confirme
dans son histoire ecclésiasti(iue le fait dont il s'agit.
Depuis, ou du moins, dans d autres endroits, on ne
se contenta pas d'imprimer le signe de la croix sur le
front de ceux que l'on admettait au catéchuménat , on
le fit encore sur d'autres parties dn corps. Dans l'an-
cienne liturgie Gallicane, qui était en usage en France
avant que Charlemagne y eût fait sid)Stilucr celle de
Rome , il est marqué que l'on faisait dans cette occa-
sion deux signes de croix, l'un sur le front, l'autre
sur le cœur. C'est ce qui est prescrit dans le manu-
scrit de Bobio, qui a plus de mille ans d'anliquili', e
que le Père Mabillon a fait imprimer dans le preuiici"
tome de son Mttseum Italicum. Dans le missel Golhi-
(1) Aug. 1. 2, de Symbol, ad Catechum., c. 1 ;
et 1. de Catecliizandis rudibus, c. 20.
(2) Sever. cpisc. Ep. n. 12.
(5) Lib. 4 Hist. Eccl., c. 18.
35 BAPTÊME. — I" PARTIE. CIIAP.
que, publié par Joseph Thomasius, il est dit que l'on
doit faire le signe de la croix sur les yeux, sur les
oreilles , sur le nez et sur le cœur. Mais l'ancien ri-
tuel Ambrosien, et celui de Laudi qui est encore ma-
nuscrit, ne prescrivent qu'un seul signe de croix sur
le front, conformément à la plus ancienne pratique.
A l'égard de l'imposition des mains que l'on em-
ployait aussi pour faire catéchumènes ceux qui aspi-
raient à celte grâce, des exemples très-remarqnables
ne nous laissent point lieu de douter de cet usage.
Sévère Snlpicc, dans la vie de S. Martin (1), rap-
porte qu'une multitude incroyable de païens ayant été
touchée , il n'y en eut presque point qui ne crussent en
Noire-Seigneur Jésus-Christ et qui ne souhaitassent de
recevoir rimpoiilion des mains.
Le môme auteur ("2), après avoir raconté comment
saint Martin avait ressuscité un mort en présence
d'un grand nombre d'infidèles , ajoute qu'aussitôt ,
toute cette multitude poussa de grands cris vers le ciel,
confessant Jésus-Christ, qu'ensuite ils vinrent en foule
se jeter aux pieds du saint , demandant avec foi qu'il
les fît chrétiens, fideliter postilantes ut nos face-
RET CHBiSTiANOS, et que sur-le-champ, étant au milieu
de ta campagne, il les fit tous catéchumènes, en leur im-
posant les mains : « Cunctos, imposità universis manu,
< catechumcnos fecit. » Alors, dit S. Sulpice Sévère,
se retournant vers nous, il nous dit : // est bien juste
de faire des catéchumènes en pleine campagne, puisque
c'est là que les martyrs sont d'ordinaire consacrés.
! Nous trouvons cet usage établi dès les premiers
siècles. Le concile d'Elvire (can. 59) ordonne que
l'on impose la main aux gentils, qui, se sentant atta-
qués de maladie , l'auront demandé , pourvu que leur
vie soit honnête. Gentilcs si infirmitate desideraverint
sibi manum imponi; si fucrit eorum vita ex aligna parte
honrsta, placuit eis maman imponi, et fteri chrislianos.
Le premier concile d'Arles (can. 6) établit la même
discipline en ces termes : Nous avons jugé à propos
que l'on imposât la main à ceux qui en maladie veulent
croire. C'est conformément à cet usage qu'au rapport
d'Eusèbe (5), Constantin-Ie-Crand reçut l'imposition
des mains avant d'être baptisé dans le faubourg de
Nicomédie ; ce qui se fit ainsi parce qu'il n'était ca-
téchumène que de la première classe.
I II ne faut pas s'imaginer que ces cérémonies se fis-
sent sans être accompagnées de prières convenables
au sujet ; elles n'allaient jamais sans cela , surtout
l'imposition des mains, qui était d'un usage presque
universel dans les rils et dans les cérémonies de
l'Église, et dont le but et la fin, ou l'intention de
celui (pii la faisait, était marquée et déterminée par
les différentes prières dont elle était comme insépa-
rable. Nous avons différentes formules de celles qui
se faisaient en cette occasion. Nous nous contenterons
ici, pour en donner une idée, de représenter celle qui
était en usage dans nos Gaules, et que nous lisons en-
(i) Vita S. Martini, in c. 10.
(2) Idem. Dialog. 2 de Yirtulibus S. Mari.
(3) Vita Constantin!, 1. 4, c. Gl.
IV. CÉRÉMONIES DU CATÉCHtMÉNAT. 31
core dans l'ancien missel Gallican , dont nous avons
parlé ci-dessus. Celle-ci doit piquer notre curiosité
plus que les autres, puisque c'est celle par laquelle
nos pères ont reçu le premier degré de la sanctifica-
tion.
Ordre ou rit pour faire un chrétien (1).
Dieu , qui confirmez toute charité , qui avez mis la
mort en fuite, nous vous prions de garder l'àmc de votre
serviteur N., afin qu'ayant foulé le diable aux pieds,
vous le fortifiiez , et qu'il reçoive avec la foi le nom de
chrétien , après avoir écarté les ténèbres du premier
père.
Autre oraison.
Dieu, qui réparez ce qui est perdu, et qui conservez
ce qui est réparé : Dieu qui nous avez ordonné de mar-
quer du sceau de votre nom , l'opprobre de la gentilité ,
afin qu'ils méritent de venir m la fontaine du Baptême.
Cette prière n'est point achevée.
Autre prière.
Dieu saint. Père tout-puissant. Dieu éternel, qui avez
fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent,
daignez regarder la prière que je vous fais dans ma bas-
sesse pour votre serviteur N. Confirmez-le par l'invoca-
tion de votre saint nom, faites reluire sur lui la clarté de
votre visage, daignez le bénir et le sanctifier, comme vous
avez béni la maison d'Abraham , d'Isaac et de Jacob.
Assignez-lui un ange de paix et un ange de miséricorde,
qui le conduise ci ta vie éternelle par te secours du Saint-
Esprit , délivrez-le de ta gueule de l'ennemi, et que par
te signe de Jésus-Christ il passe religieusement le temps
de sa vie. Par Notre-Seigneur, etc.
Dieu , qui êtes, qui étiez, et qui demeurez jusqu'à la
fm des siècles, dont on ne connaît point l'origine , dont
on ne peut comprendre ta fin , nous vous prions , nous
vous supplions de conserver l'âme de votre serviteur N.
que vous avez délivré de l'erreur et de la très-méchante
vie des gentils. Agréez celui qui baissant ta tête s'humilie
en votre présence. Qu'il parvienne à ta fontaine de la ré-
génération qui se fait par l'eau et par l'Esprit saint, qui
avec le Père et le Fils vit et règne, etc.
Vous faites le signe de la croix f sur lui , et vous
direz le symbole.
Recevez le signe de la croix, tant sur le front que sur
te cœur, soyez toujours fid'ete. Entrez dans le temple de
Dieu ; quittez les idoles, servez Dieu te Père tout-puis-
sant et Jésus-Clirist son Fils qui viendra juger les vivants
et tes morts , et te siècle par te feu , avec l'Esprit saint ,
dans tous les siècles des siècles.
Telle était la formule de prière qui accompagnait
les rits avec lesquels les catéchumènes étaient reçus
en France avant qu'on y introduisit le rituel Ro-
main (2). Celle des églises d'Espagne, ou pluiôt dos
églises de France dans les pays qui avaient été sou-
(1) Apud Martenel, tom. 1 de antiq. Disciplina,
1 . i. c. 1, art. 7.
(2) Vous la trouverez dans l'Appendice de cette
histoire du Baplèmc , avec une autre tirée d'un an-
< i Ml manuscrit de Gellonne.
35
HISTOIRE DES SACREMENTS.
3S
mis aux Gollis, aussi bien que les autres dans ce H
temps-là, je veux dire dans les sept ou huit prcmicis
siècles, difleraieiil peu do celle-ci ; et toutes, quoiiiuc
différentes à l'égard des expressions, étaient à peu
près les mêmes par rapport au sens. Je n'en excepte
pas même celles de l'Église Grecque. Nous en avons
un modèle dans le premier tome du Père Martene (1),
tiré de leur Eucologe, qui a pour titre : Pricre pour
(aire d'un pa'icn un catéchumène. Il ne prescrit autre
chose , sinon que le prêtre ordonnera à celui qui se
présentera pour le catéchuméiiat de se tenir à genoux
devant l'entrée de l'église, qu'il fera sur lui trois lois
le signe de la croix , et dira une prière assez courte
qui est rapportée : laquelle étant finie, il fait de nou-
veau sur lui le signe de la croix, et inscrit son nou!
avec celui des catéchumènes. Toute la cérémonie se
termine ensuite par une seconde oraison aussi courte
que la première.
Dans la suite on mêla plusieurs autres cérémonies
à celles dont nous venons de parler, comme les exor-
cismcs, les renonciations, et plusieurs autres que l'on
felsait autrefois sur les catéchumènes pour les prépa-
rer au Baptême, tant dans les scrutins, dont nous par-
lerons hienlôt, qu'immédiatement avant de leur con-
férer le Baptême. Mais la plupart de ces céré.monies
n'ont été employées, que lors([ue l'usage était de ne
baptiser presque que des enftints , et cela souvent snns
attendre même le temps destiné au Baptême solennel ;
comme il arriva quand tout le peuple fut devenu chré-
tien et catholique. C'est dans celte situation qu'étaient
les choses en France, eu Italie, en Espagne, en An-
gleterre, dans le huitième siècle, aussi bien que dans
la Grèce, à l'exception de quelques hérétiques détes-
tés de tout le monde. 11 y a donc bien de rajiparence
que l'on confondit alors les rits et les cérémonies qui
se faisaient auparavant en différents temps, et en dif-
férentes occasions ; et que l'on fit tout d'un coup , et
tout de suite ce qui ne se faisait auparavant que sépa-
rément. Ce qui me confirme dans cette pensée, au
moins à l'égard de la plupart des Églises, c'est que
les différents ordres tant Grecs que Latins qui con-
tiennent les cérémonies ad faciemkun calecliume-
nuin, et qui sont chargés de toutes ces cérémonies,
ne parlent que des enfants : et plusieurs même par-
lent de ces enfants comme étant sur le point de rece-
voir le Baptême. Tel est celui de l'Église de Tours,
écrit, suivant le P. Martene, depuis plus de 800 ans,
qui commence par ces paroles : Que le prèlrc décou-
vre la tèle de l'enfant. « Discooperiat caput infantis. t
Celui de l'Église de Beauvais, dont le caractère est
de 700 ans, commence ainsi : // convient en premier
lieu dans le sacremeni de Bap'ême de faire la renoncia-
tion, ensuite de souffler trois fois sur b catéchumène. 11
finit en prescrivant au prêtre de réciter le Credo, en
tenant la main sur la tête de l'enfant. Celui de l'Église
de Soissons , qui est du temps de Nivelon évêque de
celte ville, et qui a pour titre : Ordo ad faciendum ca-
{D De antiq. Ecoles. Kitihus, tom. 1, c. 7, p, fi5.
lechumennm, porte à la fin • Aprh cela le prêtre deman-
dera (incL est le nom de l'enfant. L'ordre des Grecs
rapporte par le même Père Martene, et qui est chargé
dos nunncs , ou semblables cérémonies , a été fait
aussi pour initier les enfants , ce qui paraît par cette
rubrique qu'on lit après les trois exorcismes : Et le
prêtre souffle dans la bojiche, sur le front et sur la poi-
trine de l'enfant en disant.
Il est donc certain que ce qui a fait multiplier les
pieuses cérémonies dans l'occasion dont il s'agit ici,
est que de plusieurs qui se faisaient en différents
temps , on n'en a fait qu'une depuis que la coutume
se fut introduite de ne baptiser presque plus quo des
enfants. Cependant s'il arrivait que quelque infidèle ,
soit du pays, soit étranger, se convertît, on séparait
pour lui ces cérémonies, et nous avons encore des
Ordo où sont marquées les cérémonies qui s'obser-
vaient pour les recevoir catéchumènes, lesquels ne
sont point chargés de toutes celles qui se trouvent
dans ceux qui prescrivent ce qui se pratiquait à l'é-
gard des enfants. J'ai rapporté un peu plus haut ce-
lui des Grecs pour admettre au catéchuménat un
homme qui quitte le paganisme. Le Père Martene,
dans le chapitre que nous avons déjà cité plusieurs
fois, en a publié un autre qu'il a trouvé dans plusieurs
manuscrits, dont le caractère a plus de 800 ans, qui
confirme ce que nous disons. Le litre est : Arf cati-
cuminum de pagano faciendum. 11 y est dit : Quand
vous recevrez un gentil, vous l'instruirez . d'abord par
les paroles divines , et vous lui donnerez des avis sU'
lutaires , touchant la manière dont il doit se conduire
quand il aura connu la vérité. Après cela vous le faites
catéchumène, vous lui soufflez au visage, vous lui faites
le signe de la croix sur le front , et vous lui imposez la
main sur la tète, en disant ces paroles. Suivent deux
oraisons assez courtes , après lesquelles il est dit :
Ensuite après qu'il aura goûté le remède du sel, medici-
NAM SALIS, et qu'il aura fait lui-même le signe de la
croix, vous prononcerez sur lui cette bénédiction. C'est
une prière assez courte qui termine toute la céré-
monie.
C'était ainsi que l'on faisait catéchumènes les
adultes, depuis même qu'on eut multiplié les céré-
monies pour les enfants; et on suivait en cela l'an-
cienne pratiqiie , comme nous ra\ons vu dans ce
chapitre : mais peu à peu on pratiqua la même chose
pour les adultes, que pour les enfants, depuis que
les scrutins furent abolis. Je sais que le P. Martene ,
en parlant de l'ancienne manière de recevoir au ca-
téchuménat, cite des passages de S. Augustin et de
Gennade, dans lesquels ils parlent d'exorcisme et de
renonciation ; d'où il infère que de leur temps cela était
en usage pour initier au catéchuménat, mais il ne
s'est pas aperçu que ni S. Augustin ni Gennade , ne
parlent point dans ces passages de la manière
d'admettre quelqu'un au catéchunvénat , mais seule-
ment de ce qui se pratiquait 5 l'égard des catéchu-
mènes, pour les disposer au Baptême , ce qui est in-
contestable, comme nous le venons dans la suite.
37
CHAPITRE Y.
De la durée du catéclmméml , et de ce qiCon ]-)eniaxt de
ceux qui mouraient en cet élut. Partage de senlimenls
sur ce sujet, cl sur les devoirs quon devait leur ren-
dre après la mort.
Vous avez vu dans le troisième chapitre, que plu-
sieurs dans les cinq premiers siècles ne se pressaient
point de recevoir le Baptême, se contentant de l'état
de catécluimène. Ce n'est point de ceux-ci qu'il
s'agit à présent, mais de ceux qui souhaitaient le Bap-
tême , et le demandaient. Voyons donc combien de
temps on les éprouvait avant de leur accorder la
grâce de la régénération.
Tout ce que nous trouvons là-dessus d'exemples et
de maximes reçues de nos pères , nous persuade en
général que cette épreuve durait autant de temps qu'il
en fallait pour s'assurer ( autant que les honuues le
peuvent ) de la sincérité de la conversion de ceux
qui aspiraient à cette grâce , et ainsi le temps du ca-
téchuménat pouvait être fort long à l'égard de cer-
taines personnes, et fort court à l'égard des autres.
Comme, par exemple , si un gentil venait demander
le Baptême dans un temps que la persécution était al-
lumée, et méprisait tous les périls auxquels la profes-
sion du christianisme allait l'engager ; il ne faut pas
douter qu'on ne lui accordât bientôt cette grâce , l'ar-
deur de sa foi faisant assez connaître que l'Esprit de
Dieu agissait puissamment en lui.
Mais ces exemples n'étalent point communs, et n'a-
vaient point lieu dans les temps oii l'Eglise était en
paix. Quelle était donc la durée du caléchuménatdans
ces temps-là? Le premier concile général de Con-
stantinople ( can. 7 ) , parlant de certains hérétiques
dont il rejetait le Baptême, ordonne qu'ils soient re-
çus quand ils reviendront à l'église de la même ma-
nière que les infidèles , ou plutôt comme les idolâtres,
6>i iù.r.iv.i Ziyitj.ifjc/.. Eu conséqucncc , il veut que le
premier jour on les fasse chrétiens, et le second caté-
chumènes , que le troisième on les exorcise en leur
soufflant trois fois dans le visage, et dans les oreilles,
après quoi il ajoute : i^ous les catéchisons ainsi, et
nous les faisons demeurer longtemps dans féijUse pour
y entendre les Ecritures; ensuite nous les baptisons ,
KKi -Koiiûixt-/ auTcù; xfsvi^îtv sij t^v i/./.iii^Mi, paroles qui
à la vérité marquent que le temps du catéchuménal
était assez long, mais qui n'en déterminent pas la du-
rée.
Le concile d'Elvire a là-dessus quelque chose de
plus positif, et prescrit le temps que les catéchumè-
nes devaient passer dans celle espèce de noviciat du
christianisme, en ces termes : }ious avons jugé à pro-
pos que l'on reçut au Baptême avant le terme de deux uns
expirés , ceux qui se convertissent à la foi , s'ils vivent
bien. L'empereur Justinicn , dans sa Novellc \U ,
\ prescrit le même lerme de deux années pour le ca-
' téchuménat. Les constitutions apostoliques (l) y en
(1) Gonst. Apost. l. 8, c. 38.
cile d'Elvire \
es idolâtres, i
BAPTÊME. - I" PARTIE. CIIAP. V. DURÉE DU CATÉCilUMÉNAT. 38
ajoutent une troisième. Ce que le concil
( eau. i) prescrit aussi pour certains prêtres
qu'il appelle Flamines , sans doute parce que leur
conversion était suspecte , et qu'ils avaient plus be-
soin que d'autres d'êire purifiés par les exercices du
caléehuménal : car on avait égard aux personnes et à
la condition de ceux qui demand:>icnt le Baptême, et
l'on éprouvait plus longtemps ceux qui avaient exercé
des métiers infâmes , par exemple , et qui avaient été
plongés plus que d'autres dans la débauche, ou adon-
nés à des superstitions i)lus dangereuses et plus cri-
minelles, telles que la magie, la divination, et autres
semblables. On se défiait en particulier des philoso-
phes et des gens de lettres ; et ou craignait qu'ils ne
cherchassent à se faire initier à nos mystères plutôt
par un esprit de curiosité pour en découvrir les se-
crets que l'on cachait alors avec soin, que par un
esprit de religion, et par une vraie conversion. De là
vient, au rapport de S. Jérôme (1), qu'Arnobe, qui
enseignait l'éloquence à la jeunesse de Rome , ayant
été averti en songe de demander le Baptême, on ne
voulut point le lui accorder, qu'il n'eùl combattu par
des écrits publics la religion profane , dont il avait
fait profession jusqu'alors.
D'ailleurs , on prolongeait le temps du catcchuraé-
nat à ceux qui se laissaient emporter à leurs passions,
et qui tombaient dans des fautes considérables. C'est
ce que l'on voit dans le canon li du concile de Ni-
cée , qui porte : // a semblé bon au saint et grand con-
cileque les catéclmmènes qui seraient tombés, soient trois
ans entre les auditeurs , et qiCensuite ils prient avec les
catéchumènes. C'est ainsi que pour punition de leurs
crimes, le concile de JNicée relègue les catéchumènes
du second rang oùilsétaientaupremicrdont ilsélaicnt
sortis. Le concile d'Elvire (can. Il) prolonge de cinq
ans le temps de l'épreuve à l'égard des femmes ca-
téchumènes qui seraient tombées dans le péché. Le
concile de Neocésarée enjoint pour pénitence aux ca-
I léchumènes qui auraient péché, d'entendre à genoux
la parole de Dieu , que les aulrcs entendaient sans
doute, ou debout, ou assis (2).
En un mot , on peut dire en général , qu'on ne
i trouve point de règle fixe là-dessus. Chaque Eglise
sans doute suivait ses usages, et cela dépendait beau-
coup de la prudence et de la volonté des évoques ,
qui dans les premiers siècles n'étaient point faciles à
accorder la grâce du Baptême à tout le monde indif-
féremment, craignant, comme dit M. Fleury (5), de
charger l'Eglise de gens faibles et légers, capables do
la déshonorer par leurs chutes à la première persé-
cution. Ainsi on examinait longtemps si la vocation
de ceux qui se présentaient était solide et sincère.
Dans la suite on se relâcha de cette discipline. I.o
concile d'Agde , qui fut tenu en l'an 506 , ordonne
(c. 54) que les Juifs , contre lu perfidie desquels on doit
(1) In Chronico.
(2) Conc. ÏNeoca-s. can. 5, etVcrsionc Iwilori Mcr-
caloris.
(5) Mœurs des chrétiens.
S9 HISTOIRE DES SACREMENTS
prendre des précautions , demeurent huit mois parmi les
cntccliumènes , et que ce temps expiré , si on reconnaît
qu'ils viennent à la foi sincèrement , ils soient admis à la
grâce du Baptême. Ce loinie ii était pas fort long, sur-
tout après rexpcrience que l'on avait, selon les Pères
de ce concile , de rallacliement que les Juifs avaient à
leur superstition : allachenienl qui souvent leur fai-
sait abandonner le clirisliaiiisme après l'avoir em-
brassé. Cependant S. Grégoire-le-Grand (1) permet
que l'on baptise des Juifs du territoire de la ville de
Gergcnli en Sicile, après leur avoir fait pratiquer un
jeûne de quarante jours , pour les préparer à recevoir
ce sacrement. 11 faut croire que ce saint pape était
bien informé de la sincérité de la conversion de ces
infidèles. Depuis nous voyons que l'on abrégea encore
davantage le temps du caléchuménal , c'est ce que
nous apprend l'auteur de la vie de S. Otton de Bam-
bcrg (2), qui raconte de ce saint , qu'ayant instruit
avec soin des mystères de notre religion ceux qu'il
avait convertis dans ses missions en Prusse et en
Poméranie , il les fit jeûner trois jours, après les-
quels , leur ayant dit de se baigner et de se revêtir
d'habits blancs , il les baptisa , n'employant que l'es-
pace de sept jours pour les instruire , et s'assurer de
leur vocation à la foi. Les Bourguignons, s'il en faut
croire Socrate (3), s'étant adressés à un évèque des
Gaules , aprAs avoir jeûné et reçu des instructions
pendant une semaine , furent baptisés le huitième
jour. Aussi ne voyons-nous pas que la foi ait jeté de
profondes racines dans ces peuples, dont on avait hâté
si fort le Baptême. Les Bourguignons furent bientôt
après pervertis par les Ariens ; et les peuples de
Prusse et de Poméranie ont d'abord suivi les erreurs
de Luther, et sont encore aujourd'hui séparés de la
communion de l'Eglise catholique.
H est assez difficile d'allier les retardemens dont on
usait autrefois au sujet du Baptême, soit volontaire-
ment , soit par ordre de l'Eglise , avec l'idée que l'on
avait de sa vertu, et de la nécessité qu'il y avait d'être
initié à ce sacrement , pour parvenir à la rémission
des péchés. Rien n'est plus propre à nous Hure com-
prendre celte nécessité, que la description que fait
S. Grégoire de Nazianze de l'état où il se trouva,
lorsqu'élant sur la mer le vaisseau où il était fut agité
violemment par une tempête qui survint. 11 sortait d'A-
lexandrie où ses parens l'avaient envoyé pour se per-
fectionner dans les sciences, iL n'était point encore
baptisé ; et c'est ce qui le jetait dans une conslerna-
tion qu'il décrit avec son éloquence ordinaire. Il se
regardait comme étant sur le point de descendre tout
vivant dans les enfers, faute d'avoir reçu ce sacre-
ment qui est la porte du salut ; et il regarda depuis
comme la plus grande faveur que Dieu lui eût faite,
la délivrance qu'il lui accorda en cette occasion (4).
40
(1) Lib. 7, episi. 24.
(2) André, abbé du monastère du mont Saint-Mi
chel, près deBamberg.
C5) Uist. eccles., 1. 7, c. 30.
(4) Grcg. Naz. , Carmen de vitâ suà.
Efl'eclivement la plupart des chrétiens étaient per-
suadés que l'on ne pouvait obtenir la rémission des
péchés par d'autres voies que par le Baptême, ou par
le martyre, que l'on appelait le Baptême de sang.
S. Fulgence (1) était dans cette pensée, comme il pa-
raît par ce qu'il dit dans son livre de la foi, adressé
à Pierre, qui, étant sur le point d'entreprendre un long
voyage, l'avait prié de l'instruire des dogmes de la
religion, afin qu'il fût en état d'éviter les pièges que
les hérétiques pourraient lui tendre pour l'engager
dans leurs erreurs. 11 lui parle en ces termes : Sans
le sacrement de Baptême, personne ne peut parvenir ni
au roijaume des deux, ni à la vie éternelle , excepté ceux
qui vcrsetil leur sang vour Jésus-Christ dans l'Eglise ca^
tholique. Gennade (2) enseigne formellement la même
chose, lorsqu'il dit : Baptizatis tantiim iter esse saliitis
credimus. Il ajoute qu'aucun catéchumène , quelque
plein de bonnes œuvres quil soit, ne peut avoir la vie
éternelle sans le Baptême, à moins qu'il ne soit lavé de ses
péchés par le martyre, qui seul peut tenir lieu du sacre-
ment de Baptême, « excepto martyrio ubi sola baplismi
« sacramcnta implentur. >
C'est en conséquence de cette persuasion qu'un con-
cile de Brague (can. 17) défend d'offrir le sacrifice
pour les catéchumènes morts sans avoir reçu la ré-
demption du Baptême, ne voulant pas même que l'on
chante des psaumes pour eux : Necjue psallendi impen-
dalur officium. Saint Jean Chrysoslôme (hom. 69) as-
sure aussi qu'ils ne sont pas dignes que l'on offre pour
eux le saint sacrifice, et qu'il faut les priver de tels
suffrages, excepté celui de l'aumône, qui peut leur
procurer du rafraîchissement après celte vie. Cette
pensée est assez singulière, il est difficile de compren-
dre quel rafraîchissement peuvent espérer ceux qui
sont séparés de Dieu, à moins que ce ne soit celui dont
parle saint Augustin, tU mitiiis ardeant. Les deux
SS. Grégoire de Nysse et de Nazianze (5) sont dans
le même sentiment touchant le salut de ceux qui meu-
rent sans Baptême. Ce dernier se propose l'objection,
disant : Dieu 7i'est-il pas miséricordieux ? certes il con-
naît le cœur des hommes , il approuve leur volonté, et
leur désir tient lieu chez lui de Baptême. A quoi il ré-
pond : Vous me dites là une énigme, savoir, que celui
qui n'a pas Dieu pour sa lumière, soit éclairé par miséri-
corde, et qu'il prétende parvenir au royaume de Dieu par
miséricorde, sans faire ce qui peut l'en rendre digne.
Enfin S. Cyrille de Jérusalem (calèches. 3) assure
positivement que celui même dont la vie est ver-
tueuse, ne peut parvenir au bonheur de la vie future,
s'il ne reçoit le Baptême : Où5è -/.àv Ijûpezài tu, ylvrir»i
TOXi iûyolç, fj-ô ),ocêr) Se Tviv Si uSktOj afpKvnôu. , staslivaeza
Nonobstant tout ce que nous venons de dire, et la
réponse de S. Fulgence (epist. H ) au diacre Fer-
rand, par laquelle on voit que celui-ci doutait du sa-
(1) Fulg. de Fide ad Petnim, c. 3
(2) Lib. de Dom. eccles. c. 74.
(5) Greg. Nyss. Oraiione adversùs eos qtii différant
Baptisnid ; Greg. Naz. Oral, in sanctum lavacrura.
»»
41 BAPTifcME. — r* PARTIE. CHAP
lut d'un catéchumène, qui après avoir passé par Té- 1
preuve des scrutins, avait été baptisé quelques jours
avant Pâques, étant privé de l'usage des sens, plu-
sieurs Pères ont enseigné que le désir de recevoir le
Baptême pouvait suppléer au défaut de ce sacrement,
et ont rendu aux catéchumènes des devoirs de religion
après leur mort, faisant mémoire d'eux dans le saint
Sacrilice : et ce sentiment i'a enlia emporté sur l'au-
tre, en sorte que c'est aujourd'hui une chose décidée
dans l'Eglise.
Saint Ambroise, dans l'oraison funèbre qu'il pro-
nonça à la louange de l'empereur Yalentinien-le- !
Jeune, en présence de ses sœurs, ne Aut point diffi-
culté de dire, en parlant de ce prince qui l'avait appelé
en Gaule pour recevoir le Baptême par son ministère, ,
mais que les artifices du coniteArbogaste avaient fiiit
périr, avant que le saint évoque eût passé les Alpes
pour se rendre auprès de lui, qu'il n'avait pas perdu
la grâce qu'il avait demandée ; sed ille non amisit (jra-
tiam (juam poposcil {]). 11 rend liaison de ce qu'il
avance ; car adressant la parole aux sœurs de ce jeune
prince qui étaient inconsolables de sa mort, et surtout
de ce qu'il n'avait point reçu le Baptême avant de
mourir, il leur parle en ces termes (2) : Mais f en-
tends que voire douleur vient de ce qu'il n'a pas reçu le
sacrement du Baptême ; dites-moi , que pouvons-nous
frire autre chose sinon de demander? or il avait depuis
lomj-lemps te vœu de ce sacrement, et tn'avait fait sa-
voir, qu'avant de venir en Italie, il voulait être initié et
baptisé de ma main; c'était le principal sujet pour lequel
il m'avait mandé. Quoi, il n'a donc pas la grâce qu'il a
souhaitée, qu'il a demandée ? Certes parce qu'il l'a de-
mandée, il l'a reçue, et c'est parce qu'il est dit, que le
juste, de quelque mort qu'il soit prévenu, sera dans le
rafraîchissement.
Le saint évèque, après avoir prouvé par plusieurs
autres arguments ce qu'il vient de dire, prie Dieu de
ne pas séparer ce prince de Gratien, son frère, avec '
qui il assure qu'il vit devant Dieu ; son père et s(m j
frère, dont il avait imité la foi et la piété, ne manquant '
pas d'adresser pour lui des prières très-ardenles à
Jésus-Christ, auxquelles il veut que tous les (idèles joi-
uent leurs vœux dans la célébration des saints mysté- ;
res ; ExtoUile, populi, manus in sancta, uteo saltem mu- \
ncre vicemejus merilis rependamns{'^). Il ajoute, en par-
lant de Gralien et du jeune Yalonlinien: Je ne sépare-
rai point tes noms des deu.v frères, je ne fais point de '
liisiinelion de leurs mérites, etc.
On ne peut pas soupçonner S, Ambroise d'avoir parlé I
^•onlre sa pensée dans cette occasion, en supposant \
juil voulait consoler les princesses, en présence des- j
quelles il a fait ce beau discours, dont nous venons de '
donner quelques extraits. Une telle supposition ferait !
injure à ce grand évoque, dont la gravité et la sainteté '
sont si connues : cependant lui-même est un de ceux qui
(\) Anibros. Oral, fimebri de Obilu Valent., n. 30.
(2) Idem ibid. n. 51.
(ô) Ibid. n. 5C.
V. DCRKE DU CATÉCIIUMÉMAT. ii
ont parlé avec plus de force de la nécessité indispensa-
ble de recevoir le Baptême pour parvenir au salut (1).
Pour([uoi donc parle-t-il si positivement dans, ce dis-
cours du salut de ce prince? c'est sans doute parce
qu'il le connaissait;» fond, parce qu'il savait les saintes
dispositions où il était quand il fut si cruellement mis
à mort ; c'est parce qu'il était bien informé que son
cœur était embrasé d'une très-ardente charité : elle
était telle, comme il le déclare lui-même dans son
oraison funèbre, que le comte Arbogaslc ayant con-
spiré la mort de plusieurs officiers de l'empire, ce
jeune prince s'exposa lui-même à perdre la vie,
plutôt que de souffrir que ces personnes la perdissent
par les artifices et lu violence de leurs ennemis: Quid
iilud qubd mari non timuit ? imb pro ovimibus se obtulit.,.;
occidit itaque pro omnibus quos ditiqebat, etc. (2). Il ne
faut pas douter qu'une telle charité ne puisse suppléer
dans le cas de nécessité au défaut du Baptême; et les
Pères dont nous avons rapporté les passages ci-des-
sus, et qui paraissent opposés à S. Ambroise, tant dans
leurs discours, que dans ce qu'ils pratiquaient à l'é-
gard des catéchumènes, morts avant d'avoir reçu le
Baptême, n'auraient point pensé ni agi autrement que
S. Ambroise dans des ciiconsiances pareilles. Il sem-
ble donc, s'il est permis à un historien de dire quelque-
fois son sentiment sur les faits qu'il rapporte, il sem-
ble, dis-je, que pour concilier S. Ambroise avec lui-
même et avec les autres Pères, on doit dire que le
défaut du sacrement de Baptême ne peut être suppléé
par des dispositions communes et un désir peu ardent
de le recevoir ; mais qu'il le peut être par des disposi-
tions extraordinaires et par une charité très-ardente ;
c'est ce sentiment que le pape Innocent lll et S. Ber-
nard ont depuis expressément autorisé (3).
CHAPITRE VI.
Des préparations procliaines au Baptême, ou des cverci-
ces que l'on faisait pratiquer aux cutécimm'enes coni
pétenls pour les disposer à recevoir ce sacrement. In-
structions qu'on leur donnait alors ; à qui il appartenait
de les donner.
Quand les catéchumènes avaient accompli le temps
prescrit pour les éprouver, qu'ils demandaient le
Baptême, et qu'on les jugeait dignes de le recevoir,
on prenait soin de les y disposer par divers exercices
de piété, et surtout par la pénitence ; c'est ce que
recommande S. Théodore, disciple et successeur de
S. Pacôme, dans une leltrc adressée à tous lesmonc-
stères de son ordre (4) : Que les catéchumènes, dit-il,
qui sont dans vos monastères et qui attendent la terrible
rémission de leurs pécliés, -et la grâce du mystère spiri-
tuel du Baptême, apprennent de vous (juits doivent pteu^
rer leurs vieux péclics et en faire pénitence, et se préparer
(1) Ambios. 1.2, de Abraham, o. 11, n. 8i; Serni
in Psal. 118, n. 1 i ; 1. de Mysleriis, c. 4, n. 20.
(2) Orat. de Obilu Valenlin., n. 7}-J.
(5) Innocent. III., Epist. ad episo. Cremonensem ;
Bernard., tract, ad Ilug. Vicloiinuni.
(4) Epist. Theodori in codice regularum ah Hol-
stenio edilo. ■
^^ IIISTOIUE DES SACREMENTS. H
à la sanctification de leurs àmesd de leurs corps, afin de T] cipiant. > Cette sainte pratique a persévéré dans l'É-
pouvoir supporter la majesté du sang et du corps de Je- I glise jusqu'au douzième siècle. Pour le sixième, nous
sus-CItrist notre Sauveur, auquel on ne saurait même en avons un témoignage authentique dans les lettres
penser sans
frayeur. Voilà de quelle manière ce saint de Grégoira-le-Grand, lequel écrivant au défenseur
abbé voulait qu'on préparât les compélenls qui devaient
être agrégés au corps des fidèles à i'âques prochain.
Saint Augustin témoigne aussi que l'on prenait d'eux
un soin particulier (1).
Saint Cyiille de Jérusalem, dans le discours qui est
à la lèle de ses catéchèses, exhorte ceux qui se dispo-
saient à recevoir le Baptême à Pâques, à s'y préparer
sérieusement pendant le carême : Votre nom, leur dit-
il, est inscrit..; vous avez un assez long intervalle de
temps, puisque vous avez quarante jours pour faire péni-
tence. Dans le discours suivant (2) il explique plus en
détail à quoi ils doivent s'occuper dans cet espace de
temps, il veut qu'ils s'appli(juent au silence, à la prière,
aux lectures de piété. Un ancien auteur, dans un dis-
cours sur le psaume ii (3), adressé aux néophytes,
leur dit : Que fendant tout le carêmeils ont vaqué à l'o-
raison et aux jeûnes, qu'ils ont dormi dans la cendre et
le cilice, cherchant la vie future par la confession de leurs
péchés ; mais qu'ayant versé des larmes, et ayant été
dans la tristesse ils entendront ces paroles . Ceux qui
sèment dans les larmes moissonneront dayis la joie.
Le jeûne surtout a été de tout temps recommandé,
et pratiqué dans l'Église pour se pré|)arer au Baptême.
Nous en avons un témoin qui louche aux temps apo-
stoliques : c'est le martyr S. Justin, qui dans sa
deuxième apologie pour la défense de la Religion, par-
lant de ceux qui doivent être baptisés, dit : On leur
enseigne à prier et à jeûner, à demander à Dieu le par-
don de leurs anciens péchés. Nous joignons nos jeûnes
et nos prières aux leurs ; après quoi nous les menons où.
marquer quehiue chose de plus qu'un jeûne purement
arbitraire; tel que le savant évoque d'Orléans (4) pré-
tend qu'était celui de catéchumènes, II paraît qu'il y
avait obligation pour eux de jeûner et de pratiquer
des mortiOcaiions durant le temps qui précédait im-
médiatement leur baptême ; au moins auraient-ils eu
bien mauvaise grâce de vivre dans les délices pendant
que tome l'Église jeûnait pour eux.
Nous voyons le même usage dans les constitutions
apostoliques (5): Celui qui est initié à la mort de J( sus-
Christ doit d'abord jeûner, ensuite être baptisé. Le qua-
trième concile de Carthage (can. 85) prescrit la même
chose, en ces termes : Que ceux qid doivent être baptisés
donnent leurs noms , et qu'ayant été longtemps éproui'^'^
■par l'abstinence du vin et de la chair, et par de fréqueni^„
impositions des mains, ils soient baptisés, i Baplizandi
« nomen suum dent, et dih abstinentiâ vini et carnium
< ac manûs impositione crebrà examinati Baptismum re-
Faustin, touchant les Juifs qui s'étaient convertis en
Sicile, lui ordonne de convenir avec Tévêque du lieu
touchant le temps auquel on devait les baptiser, sans
attendre la solemiilé de Pâques, à cause du péril du
retard ; ajoutant que l'évèque doit leur imposer pour
cela un jeûne de quarante jours.
Saint Otton de Bamberg , conune nous avons vu ,
faisait aussi jeûner ceux qu'il avait retirés des ténèbres
du paganisme, avant de lesbapliser.
Non-seulement on faisait jeûner les compétents avant
de les initier aux saints mystères du Baptême, et des
autres sacrements que l'on donnait tout de suite. On
recommandait de plus aux personnes mariées de gar-
der la coiilinenee pendant ces jours d'épreuve. Saint
Augustin nous en fournit une preuve sans réplique
dans son livre de la foi et des œuvres (ch. 9) , où ré-
futant ceux qui disaient qu'on devait admettre au
Biiptême tous ceux qui le demandaient iuilillérenuucnt,
et même ceux qui vivaient dans l'adultère, il fait voir
l'absurdité de ce sentiment, en remarquant qu'on
n'admettrait pas même à ce sacrement ceux qui ne
voudraient pas garder la continence conjugale durant
le temps qui précède immédiatement le Baptême :
d'où il conclut qu'il est ridicule de dire que l'on doive
y admettre ceux qui vivent dans le désordre. Quomodo
igilur ad illa sancla, récusons correctlonem adullcr ad-
viitlilur, quo recusans observationem no7i admittiliir
conjitgntiisl Ce temps de continence devait connuen-
cer, comme il est marqué par S. Augustin, dès le jour
que les catéchumènes avaient fait inscrire leurs noms
il y a de l'eau. Ces paroles de S. Justin semblent sur le rôle des élus, ou compétents. Saint Césaire d'Ar-
(1) Aug. 1. de Fide et Oper. c 6.
Cateches. 1, sub nnem,
(3) In Appendice ad tom. 6. S. Aug. novae edit.
(4) Albaspin. 1. 2 Observaiionum d« veteribus
Eccl. Riiibus, observ. 1.
(5) Const. Apost, 1. 7, c. 25.
les (1) recouuuande inslanmient la même chose aux
gens mariés, en ces termes : Avant toutes choses, que
ceux qui se sentent coupables de ces fautes prennent
garde d'observer la chasteté avant le Baptême, et qu'a-
près l'avoir reçu ils s'abstiennent encore quelque temps
des plaisirs, etc.
Une autre chose qui se pratiquait autrefois pour se
disposer à recevoir le Baptême, qui paraîtra fort ex-
traordmaire à ceux qui ont tant d'éloignemenl de la
confession, c'est que l'on exhortait au moins, pour ne
rien dire de plus, ceux qui étaient sur le point de re-
cevoir ce sacrement, à confesser leurs péchés. Ter-
tullien parle de cet usage, en ces termes (2) : Il faut
que ceux qui doivent entrer dans le bain sacré du Bap-
tême, fassent de fréquentes prières, et des génuflexions,
qu'ils jeûnent et qu'ils passent les veilles en oraison, il
faut aussi qu'ils se confessent de toits leurs péchés pas-
sés, afin qu'ils représentent aussi le baptême de, Jean :
i Ingressuros Baptismum orare oportel, cl cmii
i confessione omnium retrb delictorum , ut exponant
< etiam baptismum Joannis. > Rigant, dans sa note
(1) Caesar. Serm. 2^7, in append. 1. 1 S. Aug.
(2) Tertull. de Baptismo, c. 20.
iH BAPTÊME. — r* PARTIE. CIIAP. VI. PREPARATIONS A CE SACREMENT. 46
sur ce passage, explique la conlession doni il s'agit T d.il.s : Convcriissez-vonsdoiic tous, ei confessant vos
ici, en disant quelle est la nit'nie chose que la con-
version et la pénitence. Mais il me parait que c'est
faire violence au texte, que de lui donner ce sens. La
pénitence y est assez marquée par les jeûnes, les
prières fréiiuentes et les génullexions ; il faut donc
que la confession qu'il y joint marque quel([ue autre
chose; d'autant plus que TertuUien ajoute aussitôt
que ceux que S. Jean baptisait confessaient leurs pé-
chés publiquement, et ([ue nous devons nous estimer
heureux de ce que nous ne sommes point obligés dans
celle occasion de confesser publiquement nos turpi-
tudes et nos iniquités : par où il fait entendre qu'il
suffisait de s'accuser en secret des désordres de sa vie
passée : Nobis gratulamlitm exl, si non publicè. confilc-
ninriniquitates aul turpiludinesnoslras.
Eusèbe coiilirme cet usage, en parlant du baplèmc
de Constantin, lorsqu'il dit (1) : que ce prince atjant
mis le genou en terre, demanda pardon à Dieu, confes-
sant ses péchés dans l'église d'un Marlyr, oii il était et
ail il reçut l'imposition des mains accompagnée de la
prière solennelle; c'est-à-dire, qu'il fut fait catécliu- |
mène. Celait une pratique si commune de confesser
ainsi ses péchés, avant d'entrer dans le bain sacré,
que les Pères prenaient soin d'encourager les caté-
chumènes à le faire, en leur représentant l'avantage
qu'ils devaient retirer de cette action si opposée à l'or-
gueil naturel des hommes; c'est ce que fait saint Gré-
goire de Nazianze, en ces termes (Orat. 40) : iVe dé-
daignez pas de eonfesser vos péchés, sachant comment
Jean a baptisé, afin que par la honte que vous souffrirez
en cette vie, vous évitiez celle du siècle futur (car la
lionte est une partie de ces supplices éternels), et
faites connaître que vous haïssez sérieusement et sincè-
rement le péché , en le découvrant, comme étant digne
de honte et de mépris, et en triomphant de lui de cette
manière. M/iaTtetÇiàî/;; ilv.yossv'jy.i TOvr-^iv ky.v.D-zi </.■>,.. Tra-
pv.lii-/ij.v-i7C/.i kÙzy,j /.Kl Ôptay.êsûjaç, wj à^t'av ugpjwj. C'cSt
ainsi que ce saint excite à s'accuser eux-mêmes de
leurs péchés, ceux qui se disposaient à recevoir le
Baptême.
Socrate (2), parlant du rcnvi^rsement du Icniplc de
que les anciens oracles qui' menaçaient d'une ruine
totale ceux qui violeraient la prétendue sainteté de ce
temple, n'en souffraient rien, et qu'ayant confessé
leurs péchés, ils reçurent le Baptême. La coiirlisanc
Thaïs, s'élant convertie et prosternée aux pieds du
bienheureux Nonne, comme il est rapporté dans sa
vie (3), la diaconisse romaine lui dit : Levez-vous, ma
fille, afin que l'on vous exorcise, et confessez tous vos
péchés. Saint Brielle disait aussi, comme il est mar-
qué dans sa vie manuscrite (4-), en parlant à des inli-
(1) Euseb., de Vità Constantin!, 1. à, c. 61.
(2)Ilist. Eccles.,1.5, c. 17.
(3) Apud Sur. 8 octob.
(4) Apud Martene, 1. 1, de anti(j. Kcd. Rilibns,
c. 10.
pécliés, recevez le Baplènie. Et peccata veslra confi-
tentes, Baptismum snscipiie.
Les compétents ou élus que l'on préi)arait par tous
CCS saints exercices à recevoir le Bapléuie, s'appe-
laient coniiunnénicnt chez les Grecs puTtÇcijttevot; soit,
comme quelques savants le prélendenl, à cau.->e que
l'on prenait soin alors de les éclairer louchant les
mystères de noire foi, soil plutôt, comme le. nioniro le
savant éditeur des Calécliéses de saint Cyrille (1), à
cause que les Grecs désignaient ordinairement le
Baplèmc par le terme de lumière; en sorte que dans
leur manière de parler, ces deux mots, fWTiÇo/^evot et
BKTiTtÇiy.svot, étaient synonymes. Ils étaient ainsi nom-
més, parce qu'ils touchaient, pour ainsi dire, au
baptême, et qu'ils étaient en quehine sorle incorpores
à l'Église. Car c'est ce que signifie ce participe présent
du passif que nous ne pouvons exprimer d'un seul
mot, ni en français ni en latin. Ce qui est singu-
lier, c'est que dans l'église de Jérusalem on honorait
même ces catéchumènes du iroisiéme ordre du litre
de Fidèles, qui partout ailleurs éiait réservé à ceux
qui avaient reçu le B iplènie. C'est ce que l'on voit
dans plusieurs endroits des Catéchèses de saint Cy-
rille (2).
On ne confiait pas l'instruction de ces derniers à
toutes sortes de personnes ; elle élait réservée à l'évê-
que qui la leur faisait dans l'église; on se reposait de
ce soin sur un prêtre habile, et dont les talents lui
étaient bien connus, et non sur les catéchistes ordi-
naires, dont nous avons parlé dans le chapitre troi-
sième. Nous avons en eflet peu de sernmns des Pères
sur ce sujet, qui n'aient élé pr.inoncés par des évê-
ques. Saint Ambroise, comme nous l'avons vu ailleurs,
j donnait, ou expliquait le symbole aux compétents.
1 Saint Augustin s'acquittait aussi de celle fonction par
! lui-même depuis son épiscopat, quoiqu'il l'eût fait
; aussi n'étant encore que prêtre ; Valère, son évêque,
I l'ayant chargé du ministère de la parole, ne pouvant
I s'en acquitter comme il l'aurait souhaité, tant à cause
d'un empêchement de langue, que parce qu'il ne par-
^ "ait pas facilement le latin, étant né Grec. A Conslan-
Sérapis, ditque plusieurs alors se convertirenl, voyant t ti„op|e, le patriarche donnait et expliquait le symbole
aux compétents le jour du vendredi saint, montant
pour cela sur la tribune, comme nous l'apprenons de
I Théodore-le-Lectenr(ir!St.,p.5G3).
A Rome, le Pape étant trop occupé durant ce temps,
c'était un prêtre qui donnait le symbole, c'est-à-dire,
qu'il expliquait les articles de la foi chrétienne, conte-
nus dans le synd)ole, car ces termes signifient la même
chose. Jean de Jérusalem, successeur de saint Cyrille,
fusait par lui-même les Catéchèses, suivant le té-
moignage de saint Jérôme (3).
A Antioche , saint Jean Chrysostôme que Flavien
faisait prêcher en sa présence, instruisait aussi ceux
(1) Dissert. 3 de Catecbcs., c. 4.
{2)Procateches. n. C Cat. 1, n. 4. Cal. r>, n. 1.
(3)Epist. 58, iiov. edil.
47 - ÎIISTOIUE DES
qui étaient sur le point de recevoir le Baptême. Nous
avons encore de lui deux discours stn-cc sujet. 11 pa-
raît aussi qu'Eusèbc de Césarée s'était acquitté de
cette importante fonction , avant que d'être évoque.
C'est ce (ju'il remarque dans la lettre qu'il écrivit à
son peuple, dans laquelle, leur proposant le symbole
de son église, il leur dit qu'il leur exprime par là la
foi qu'il avait crue et enseignée étant prêtre et depuis
qu'il était évèque. Les sermons ou catéchèses qui se
faisaient dans ce temps, suivant D. Augustin Toutlée,
dans sa troisième dissertation sur les œuvres de saint
Cyrille de Jérusalem, étaient de trois sortes. Les pre-
mières étaient morales. Dans celles-ci, il avertissait
ceux qui demandaient le Baptême de ne point agir en
hypocrites, mais de se sonder eux-mêmes pour re-
connaître si leur volonté était droite et sincère. Il leur
recommandait aussi de se préparer à cette grâce par
les travaux de la pénitence. Tel est le sujet des deux
premières catéchèses de saint Cyrille et des deux de
SaintChrySOSlÔme, npi? to-Jj y-îz/ovra; j;wrtÇ£(7t)«t, « ccux
quefon doit bientôt baptiser. Saint Augustin a fait aussi
plusieurs discours aux compétents sur le même su-
jet.
Dans les instructions qui suivaient ces premières,
on exposait le symbole aux compétents; nous avons
peu de catéchèses des Pères grecs sur cette matière,
mais les latins nous en fournissent un grand nombre.
Enfin dans les dernières catéchèses, on expliquait
l'Oraison dominicale. Le Père Toultée dit que chez
les Latins, on ne la proposait pas en propres termes aux
compétents, mais en termes équivalents; et que dans
l'église d'Orient on ne leur donnait connaissance de
cette prière qu'après le baptême. Je ne sais quelle
était sur cela la discipline des orientaux; mais pour
ce qui est de l'Occident, la pi atii/ue aijcieime était de
ne point proférer les paroles de la prière du Seigneur
en présence des compétents; elle n'a pas duré long-
temps, puisqu'elle se trouve en propres termes dans
l'ancien missel gallican, avec une courte explication
de chacun des articles qu'elle contient, et qu'on ne
l'avait insérée dans ce missel, ainsi commentée, que
pour servir de modèle à ceux qui étaient chargés de
faire ces instructions : peut-être même ne faisaient-ils
que réciter à leurs auditeurs ce qui est marqué dans
ce livre, dont le manuscrit a plus de mille ans d'anti-
quité, et pour représenter par conséquent ce qui se
faisait dans le septième, et même dans le sixième
siècle. Car il ne faut pas croire que ce qui se lit dans
ces sortes d'ouvrages, ne représente précisément que
les rits et les cérémonies qui étaient en usage dans le
temps qu'ils ont été écrits ; sans doute qu'ils étaient
})lus anciens que ceux qui les ont rédigés pour servir
de règle aux autres. Nous pouvons même faire remon-
ter plus haut cette pratique, puisque nous avons une
homélie de saint Augustin (l),où il explique l'Oraison
dominicale aux compétents : il y rapporte les propres
paroles de cette prière, et les répète même par deux
(1) Serm. 58 in c. C Malth., tom, 5.
SACBE.MENTS. «
fois dans le même sermon. Je ne parle pas ici de
l'exposition abrégée que l'on faisait des sacrements à
ceux qui devaient recevoir le Baptême la veille de
Pâques. Saint Cyrille en fait mention (1), et nous
avons quelques discours de saint Gaudence de Bresse
sur ce sujet.
Voilà à peu près sur quoi roulaient les instructions
ou catéchèses que les évêques faisaient à ceux qui
étaient sur le point d'être agrégés au corps des fi-
dèles. On avait grand soin partout de leur l'aire bien
comprendre la sainteté de nos mystères, et de leur
inculquer les principes de la foi. Mais il faut conve-
nir que de toutes les Églises, celle de Jérusalem était
celle oîi l'on s'appliquait davantage à former ces pro-
sélytes de noire religion ; partout ailleurs on ne faisait
guères qu'uîi discours pour leur expliquer le symbole,
et deux au plus; nous n'avons qu'un seul exemple qui
nous fasse connaître qu'on ait fait sur ce sujet trois
ou quatre instructions : mais dans la première Église
du monde, qui a été le berceau du christianisme, on
employait tout le carême à instruire et à former ceux
qui devaient être initiés à nos mystères ; et nous avons
encore dix-sept catéchèses de saint Cyrille qui ont
été prononcées pour cela. On n'a point d'exenqjles
semblables dans l'antiquité : au moins ne nous reste-t-il
point de monuments dans lesquels on tiouve, réu-
nies en un seul corps, un si grand nombre d'instru-
ctions destinées à former les candidats du christia-
nisme. 11 serait trop long de donner une idée de ce
qui est contenu dans ces catéchèses; mais pour faire
voir combien les instructions que l'on faisait dans
cette conjoncture étaient solides, nous donnerons ici,
pouréchantillon, l'explication de l'Oraison dominicale,
qui s'est conservée dans l'ancien missel gallican :
non que nous la préférions à celle qui se trouve dans
l'ancien ordre romain, mais parce que nous ne dou-
tons pas que ceux pour qui nous écrivons principale-
ment, ne s'intéressent davantage à ce qu'on lit dans ce
missel, qu'à ce qui se trouve dans les autres rituels.
Cette exposition est précédée d'une courte préface
touchant la manière de prier , après laquelle suit l'ex-
plication de chacun des articles de celle sainte
prière.
Exposition de l'Oraison Dominicale, telle quelle se
trouve dans l'ancien Missel Gallican.
€ Notre Père, quiètes aux Cieux.n Ces paroles sont
des paroles de liberté, et ne respirent que confiance.
Vivons donc de telle sorte, que nous puissions être les
enfants de Dieu et les frères de Jésus-Christ. Car avec
quelle assurance celui-là peut-il appeler Dieu son
Père, qui ne fait pas sa volonté? Rendez-vous donc
dignes de l'adoption divine, parce qu'il est écrit : Il a
donné à. tous ceux qui ont cru en lui, la puissance
d'être enfants de Dieu.
« Que votre Nom soit sanctifié. » Non que Dieu soit
sanctifié par nos prières, lui qui est saint : mais nous
(l)Calech. 18, n.32.
49
BAPTÊME. — 1" PARTIE. CIIAP.YII. DES SCRUTINS.
go
demandons que, son nom soit sanctifié en nous : afin
qu'étant sanctifiés par le Baplème, nous persévérions
dans la sainteté dans laquelle nous avons commencé
d'être établis.
• f Que votre règne arrive. > Quand est-ce que Dieu ne
règne pas, lui dont le règne est éternel ? Mais quand
nous disons : Que votre règne arrive, nous demandons
que le règne (pie Dieu nous a promis, et que Jésus-
Clirist nous a acquis par son sang nous arrive.
< Que votre volonté se lasse dans le ciel et sur la
terre.» C'esl-à-dire, que votre volonté se fasse de ma-
nière que nous qui sommes sur la terre, fassions
irrépréhensibicment ce que vous voulez, vous qui
êtes dans le Ciel.
t Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque
jour. » Nous devons ici entendre un pain spirituel. Car
Jésus-Christ est notre pain, lui qui a dit : Je suis le pain
vivant qui est descendu du Ciel. Et l'appelant quo-
tidien, il nous ordonne de vivre tellement dégagés
du péché, que nous soyons dignes de recevoir cet
aliment céleste.
i Et remettez-nous nos offenses , comme nous les
remettons à ceux qui nous ont offensés, s Ceci marque
une condition par laquelle nous devons pardonner à
ceux qui nous ont offensés : sans quoi nous ne pou-
vons obtenir le pardon de nos finîtes , suivant que
le Sauveur dit dans l'Évangile : Si vous ne remet-
tez, etc.
< Et ne nous induisez point en tentation. » Cest-à-
dire, ne souffrez point que nous y soyons induits par
le lenlalcur, et l'auteur de la malice : car Dieu ne
lente personne, mais le diable est un tentateur ; et
c'est pour le vaincre que le Seigneur a dit : Veillez
et priez, pour ne point entrer en tentation.
« Mais délivrez-nous du mal.illdit ceci conformé-
ment à l'Apôtre, qui dit : Vous ne savez ce que vous
devez demander. C'est pourquoi nous devons prier le
Seigneur tout-puissant, que notre Seigneur Jésus-
Christ daigne nous donner par sa bonté, d'éviter les
piégos du démon ; ce que nous ne pouvons faire de
jious-mèmes, à cause de notre fragilité.
CHAPITRE \'1I.
Des scrutins. Ce que c'était. Des exorcistnes qui s'y
faisaient. Combien il y avait de scrutins. Quand
ils ont cessé dans l'Eglise. Traces qui en sont restées.
C'était dans des assemblées que l'on tenait pour
cela dans le bapiislère, et le plus souvent dans lé-
glise, que l'on exposait de la manière que r.ous l'a-
vons dit, le symbole et la prière du Seigneur, soit
tout à la fois, soit à plusieurs reprises, quand celui
qui présidait aux scrutins donnait plus d'étendue aux
explications qu'il faisait. Mais ce qui s'y pratiquait le
plus ordinairement, ou plutôt ce qui s'y faisait tou-
jours, était les exorcisuics par lesquels on purifiait
ceux que l'on préparait au Bapième, et l'on commen-
çait à mettre le diable en fuite, et à délivrer de son
empire ceux que le péché y avait assujélis. On y fai-
sait d'autres cérémonies, dont nous allons parler.
qu! toutes tendaient à la même fin. On appelait les
assemblées où se faisaient toutes ces choses Scrutins^
parce qu'on v examinait la foi, et les dispositions de
ceux qui devaient être baptises. C'est pourquoi oa
ne se contentait pas dt; leur expliquer le Symbole
et l'Oraison Dominicale ; on les leur donnait par
écrit, on les leur faisait apprendre par cœur, on
les obligeait dans les scrutins suivants de les ré-
citer, et d'en rendre compte. On leur faisait aussi
remettre l'écrit qui les contenait , de peur qu'il
ne tombât en des mains profanes : et cela s'ap-
pelait la tradition et la reddition du Symbole. Cette
reddition se faisait ordinairement huit jours après
la tradition ou l'exposition, comme on le voit dans
quelques endroits de S. Augustin (1); mais en cas
que les catéchumènes ne fussent pas encore en état
d'en rendre compte au bout de ce terme, on le
prolongeait. On voit aussi par ce que dit le même
Père, que l'on donnait le Symbole aux compétents
en Afrique, le samedi avant le quatrième dimanche
de carême, et qu'ils le rendaient, ou le samedi sui-
vant, s'ils étaient en état de le faire, en même temps
qu'on leur exposait et donnait à apprendre l'Oraisou
Dominicale, ou le samedi-saint, s'ils ne l'avaient pas
bien appris la première fois.
Dans l'Église Romaine, le jour assigné pour cette
reddition du Symbole, était le samedi-saint, jour au-
quel on devait baptiser ceux qui avaient ainsi rendu
compte de leur foi : cela paraît clairement par le sa-
cramentaire de S. Grégoire, dans lequel est marquée
pour ce jour une prière, Ad redden'es; avec cette ru-
brique, Dicit Dominus Papa posi, pistevis? car on doit
lire ainsi et non pas pistegis, comme il est écrit mal
à propos dans presque tous les livres, c'est-à-dire ; le
Pape dit ensuite : Croijez-vous ? Un matruscrit de S-
Bénigne, de Dijon , donne lieu à cette correction. Ce
mot pistevis, est le mèn^e que -tTreJ^tj. C'était par là
que l'on commençait à interroger ceux qui rendaient le
Symbole. Cette discipline était fort ancienne ; puisque
le concile de Laodicée (can. 46) ordoime que ceux qui
doivent être baptisés apprennent par cœur le Symbole^
et qu'ils le rendent à Cévêque ou an prêtre le jeudi
de la dernière semaine. Car, pour ce qui est des
jours auxquels chacune de ces cérémonies se faisait ,
il y avait une variété infinie. Il y a tout lieu de croire
que l'usage de l'Église Ron)aine de faire faire aux
compétents profession de la foi publiquement, et d'un
lieu élevé, avant que de leur donner le Baplème, était
la même chose que cette reddition du Symbole, ou au
moins en lirait son origine. S. Augustin (2) en rap-
porte un exemple célèbre en la personne d'un nommé
"Victorin, qui enseignait la rhétorique à Rome, avec
grande réputation; il l'avait appris de Simplicien qui
succéda depuis à S. Ambroise, dans le siège de .Milan,
et qui avait contribué à la conversion de cet homme.
Quand riteure de professer la foi fut venue (ce sont les
(>) Serm. 21 j, nov. edit.
(-2) Lib. 8 Confoss., c 2.
SI HISTOIRE DES SACREMENTS
paroles de S. Auguslin), ce qui se fait à Rome en pré-
sence du peuple fuicle par les paroles du Symbole,
qu'on a apprises par cœur, et que l'on prononce d'un
lieu élevé ; les prêtres olfrirent à Viclorin de faire sa
profession de foi en secret ; ce qui se pratique à l'égard
de ceux qui nont point assez d'assurance pour faire celte
action publiquement. Mais pour lui, il aima mieux le
faire en présence de lu sainte multitude.... c'est pourquoi
aussitôt qu'il fut monté pour faire cette déclaration de
sa foi, UT REDDERET, wii cluicun sidvant qu'on le con-
naissait (eli ! qui ne le coniiaissail ^^^l), un chacun se
fit signe mutuellement, et on entendit un bruit sourd
qui marquait la joie des assistants, qui tous proféraient
le nom de Victorin, Victorin ; mais ce bruit cessa bien-
tôt pour donner lieu au silence, et entendre ce qu'il avait j
à dire. Il prononça avec confiance la véritable foi, et i
réjouit les fid'eles qui tous le portaient dans leur cœur, i
Le Symbole que l'on donnail aux conipélciits était j
le même par toute TÉglise avant qu'on en eût dressé j
d'autres que celui des apôtres, comme cela se fit de-
puis dans les conciles de Nicéc et de Constanlinople : j
mais depuis ce temps, dans plusieurs églises, on leur
domia celui de Nicée, qui est le même, pour le fond,
que celui di;s apôtres, dont il développe seulement
quehpies articles avec un peu plus d'étendue. C'est
ce que nous ajiprenons du concile de Conslautiiiople
sous le palriarciie Mennas (act. -4), où il est dit que j
trois conciles généraux ont confirmé le Symbole de |
celui de Nicéc, dans lequel on est baptisé. El ensuite, ]
il n'est pas permis d'opposer de vaines sublililcs à celte
définition de foi, mais il faut adhérer à ce Sijmbole dans
lequel nous sommes tous baptisés, et que le Saiul-Espril
a prononcé par la bouche des 318 Pires de Mcée. On
voit la même chose dans la lettre circulaire de l'em-
pereur Rasilisciue (1), et dans l'édit d'union de Zenon
que nous nommons connnunément l'Ilénotique. A
Rome on s'est servi poin- cela de celui de Constanli-
nople, depuis qu'on eut rédigé par écrit et en un seul
corps les rits et les cérémonies qui s'observaient
dans l'ÉgHse, ce que je crois être arrivé vers la fin
du cinquième siècle. Au moins l'ordre Romain vul-
gaire, et celui de Gélaze, n'en représenlei.-:-ils point
d'autres ; et il prit ensuite la place de celui des Apô-
tres, dans les autres pays de rOccident, où le rit Ro-
main fut introduit, et substili>é à ceux qui étaient en
usage dans ces églises. C'est pourquoi on le tiouve
dans l'ancien pontifical de Salzbourg, dans le premier
ordre du scrutin qui se lit dans un très-ancien ma- j
iiuscril du monastère de S. Guilielme du Désert, et '
dans un antre du monastère de S. Rémi de Reims,
qui, suivant le père Marlène (2), est écrit il y a 900
ans. Avant que Cbarlemagiie eût fait recevoir en
France le rit Romain, on ne donnait point aux com-
pétents d'autre Symbole que celui des Apôtres, (pie
nous trouvons encore aujourd'liui dans l'ancien mis-
sel Gallican, que les recbercbes dbommes savants et
pieux nous ont fait enfin heureusement recouvrer
(i) Apud Evagr. 13,Hist. ceci., c. A; Ibid., c. 24.
(2) De aiiliq. Eccles. discip., I. 1, c 11.
52
après tant de siècles. Le Symbole se donnait en Gaule,
en Espagne, et dans cette partie de fltalie dont Milan
était la métropole , le dimanche des Rameaux ; à
Rome, le mercredi de la quatrième semaine de Ca-
rême. Tout cela paraît par le concile d'Agde, par S.
Isidore, par S. Ambroise, par Tordre Romain. En
Afri(pie, cela se faisait le samedi avant le quatrième
dimanclie de carême, comme nous l'apprenons de S.
Augustin (I).
Les exorcismes étaient la principale chose qui se
faisait dans ces scrutins ; chacune des autres cérémo-
nies n'était point d'un usage universel, mais les exor-
cismes se faisaient généralement et sans exception
dans toute l'Église, comme ils s'y font encore au-
jourd'hui. Gennade nous rend témoignage de l'uni-
versalité de cet usage dans son livre des dogmes de
rp^glise, en ces termes : Nous ne regardons point avec
des yeux indifférents ce que l'Église pratique uniformé-
ment dans tout le monde à l'égard de ceux qui doivent
être bientôt baptisés, t quod circa baplizandos in uni-
i verso mundo sancta Ecclesia uniformiter agit ; i soit
qu'ils soient dans la jeunesse, soil qri'ils soient encore
enfants, quand ils viennent au sacrement de la régéné-
ration, on ne les fait point entrer dans la fontaine de vie,
qu'on n'ait chassé d'eux l'esprit immonde par les cxorcis-
vics et le soufjJe des clercs, i et exsuIflationibusClericorum, i
En effet, nous lisons encore dans tous les anciens
Rituels , tant Grecs que Latins , aussi bien que dans
les modernes, les prières des exorcismes avec les rits
et les saintes cérémonies qui les accompagnaient , à
peu près telles qu'elles sont encore dans nos Pontifi-
caux et nos Rituels. Toute la différence de ceux des
Grecs d'avec les nôtres, c'est que ces prières sont
beaucoup plus longues, et en plus grand nombre dans
ceux des Orientaux que dans les nôtres, comme on
le peut voir en jetant les yeux sur les uns et les au-
tres, dont le Père Martène a inséré des extraits dans
son livre des anciens rits de l'Église. S. Cyrille de
Jérusalem (2) nous décrit les effets des exorcismes, et
la manière dont ils se faisaient, au moins de son
temps, et dans les églises de Palestine : Recevez , dit-
il dans sa Catéchèse préliminaire, les exorcismes , i^a-
y.nr/«ù,- avec affection, car soit que l'on souffle sur wus,
soit que l'on vous exorcise ; cela est propre à vous pro-
curer le salut. Figurez-vous que vous êtes un or altéré
et mélangé de différentes matières... nous cherchons à
avoir l'or tout pur, on ne peut oter l'alliage que par le
feu ; on ne peut aussi purifier l'âme sans les exorcismes.
Us sont divins, étant composés des paroles des divines
Ecritures. On vous a mis un voile sur le visage, afin que
pendant que l'on vous fait les exorcismes, votre esprit
ne se dissipât point, de peur que votre vue étant égarée,
ne fit aussi égarer votre cœur ; lT/.i7ra;TKi so-j -npoiomo-i.
Nous parlerons tout à l'heure de l'état où élaienl
(1) Coiic. Agath. c. 13 -, Isidor., 1. 2 de divin. Ollic,
c. 17 ; Ep. ad Marcellin. sororem, ep. nov. edilioms;
Aug., serin. 213, nov. edit. ; de ecclesiast. Dogmat.,
c. h).
(2) Cyril, pro Catech. n. 9. .
53 BAPTÊME. — 1" PARTIE. CilAP. VII. DES SCRUTINS. 54
les catéchumènes quand on leur faisait les exorcismes, W sainte frayeur avec laquelle les compétents se présen-
aussi bien que des paroles de ces mêmes exorcismes.
"Mais, en attendant , arrêtons-nous un moment aux
cflols que S. Cyrille leur attribue.
Conliiiuant la comparaison qu'il vient de faire, il
poursuit ainsi sou discours (1) : Ayanl un voile sur les
yeux, on n empêche point les oreilles de recevoir le se-
cours saluluire ; car de même que les orfèvres soufflenl
avec de petits inslruiuenis sur l'or qui est caché dans le
creuset, et quen atjilanl la flamme, ils trouvent ce quils
cherchent , de même les exorcismes répandant la terreur
far l'Esprit Saint, pour ainsi dire, brûlant Tàme qui est
dans le corps comme dans un creuset, l'ennemi s'enfuit ,
le salut et l'espérance de la vie éternelle restent, et l'ùme
purifiée de ses péchés reçoit le salut. C'était là la /in
que l'Eglise se proposait et se propose encore à présent
dans les exorcismes qu'elle fait laire par ses ministres,
sur ceux qui sont sur le point de recevoir le Baptême.
Elle veut mettre en fuite les puissances de l'enfer qui
nichent dans les membres de ceux qui ne sont pas en-
core baptisés, comme parle S. Cyrille (2) ; expres-
sion assez extraordinaire, et qui marque l'assujeltis-
semenl au démon, causé par le péché de notre premier
père, qui est tel, que les corps mêmes de ceux qui ne
sont point régénérés par le Baptême, servent de re-
traite aux esprits impurs. EnsiS-o yàp toïî fxs).e7i toï?
vixe-ztpoii t-je^'Jtïsvo-i olI v.nv/.ziit.e.ic/n. Su-jXfÂSi;. AuSsi
S. Augustin (3) tirait-il un puissant argument des
exorcismes contre le dogme impie des Pélagiens qui
niaient le péché originel et ses suites, assurant que
quand même le premier homme n'aurait point péché,
nous naiirions tels que nous naissons à présent.
Les exorcismes, comme dit S. Cyrille, étaient com-
posés des paroles de l'Ecriture, parce que ces paroles
saintes ont une \erlu toute particulière pour mettre
le démon en fuite , la vertu du S. Esprit qui les a dic-
tées étant encore présente dans ces divines expres-
sions. Par là on évitait rinconvénient dans lequel
tombèrent certaines personnes qui, au rapport de
S. Allianase (4), s'étant servies de formules composées
d'autres expressions que de celles do PEcrilnre sainte
pour chasser les démons d'un possédé, ceux-ci se
moquèrent d'elles.
Outre levoile dont parle S.Cyrille, que l'on mettait
sur le visage de ceux que l'on exorcisait, S. Chrysos-
tôine (5) nous fiit entendre qu'ils étaient nu-pieds,
couverts d'un seul habit : Je voudrais vous apprendre
par ce discours, dit-il,... pourquoi ceux que nous in-
struisons, viennent les pirds nuds, couverts d'un seul vê-
tement, et s'approchent ainsi pour écouter la voix de ceux
qui font les exorcismes. Celte pratique avait aussi lieu
en Afrique avec quelques autres particidarilés que
S. Augustin (6) nous rcorésente, et qui font voir la
(1) Cvril. ihid.
(2) Càtech. 20, n. 2.
(3) Epist. ID-i, nmn 40, et alibi.
(i) Epist. i ad Marcell. de Ps. n. 33.
(5) Hom, ad illimiinaiidos.
(6) Lib. 2, de Symbolo ad Catech. c. i.
talent dans les scrutins pour être exorcisés. Qu est-ce,
mes chers frères, que l'on vient de faire sur vous cette
imit ? d'où vient que l'on vous a fait sortir des lieux w-
crels où, vous étiez, pour vous produire à la vue de
niglise, et que là ayant la tête baissée, que vous aviez
élevée auparavant, et les pieds sur un cilice i in humililale
i pedum, cilicio substrato, > vous avez été examinés : le
diable ayant été chassé de vous par l'invocation du nom
de Jésus Christ ? Ces termes, in humilitate pedum, sem-
blent marquer qu'ils étaient pieds nuds sur le cilice :
et Odilbert, archevêque de Milan (1), dans son livre
du Baptême, confirme cette remarque : le 22* chapitre
de cet ouvrage étant intitulé De nuditate pedum. Jean
Diacre, dans sa lettre à Senarius (2), parle aussi de
cet usage. Les exorcismes se faisaient principalement
par les prières, par l'invocation du nom de Dieu,
par celle du crucifié, par le signe de la croix, par le
souille qui marquait le mépris que l'on faisait du dia-
ble, ot la vertu du S. Esprit; par les menaces et les
malédictions que l'on prononçait contre cet esprit de
ténèbres, par l'imposition des mains. Voilà ce qui se
pratiquait , surtout dans les scrutins. A quoi il faut
ajouter la cérémonie de loucher le nez et les oreilles
des catéchumènes, que l'on nommait, l'ouverture des
oreilles. Le Père Martène y joint l'onction, mais si elle
a eu lieu, ce n'a été que dans les temps postérieurs ;
car il paraît par la dixième épilre du pape Sirice aux
évêqucs de Gaule, que fonction ne se faisait que dans
le dernier scrutin , et que les églises de Gaule se
conformèrent à cet usage. C'est ainsi que le Père
Constant (3) explique ce fameux Canon du premier
Concile d'Orange, dont nous aurons lieu de parler
dans l'histoire du Sacrement de confirmation. El ce
savant éditeur des Epitres Décrétales, assure dans une
note, sur un passage de celte épilre du pape Sirice ,
qu'il suffit pour réfuter ceux qui prétendent que l'on
recommençait l'onction dans chacun des scrutins.
Le même auteur enseigne, contre le sentiment de
tous les autres savants , que dans l'Eglise Romaine il
ne se faisait dans les premiers siècles que trois Scru-
tins, ce qu'il appuie de l'autorité du même pape, qui
parle en ces termes dans l'endroit que nous venons
de citer : Si enim chrisma infusum capili gratiam suam
toti corpori impertit, nihilominhs et tertio scrutinioscru-
tatus, si oleo fuerit contactus, non sœpè, sed semel
virtute sua Deus operatur in tempore. Sirice avait dit
immédiatement auparavant : .1 l'égard de l'huile e.ror-
cisée , faut-il prendre tin petit nombre de jours, la pa-
role fait tout en cela. « De oleo exorcizato capiendus ne
i brevis numerusdierum, mullus in hoc proficil sermo.t
D'où le Père Conslant conclut que rnnclion de Thuile
exorcisée taisant partie des rits du troisième scrutin,
et devant être faite le même jour que se conférait le
Baptême, il s'ensuit que dans les premiers temps il
n'y avait point dans l'Eglise Romaine sept scrutins ,
(1) ApudMabill. Analcclorum lom. 4.
(2) Musœi It.d. lom. 1.
(3) Nota in Epist. Syrie, p. G94.
55 HISTOIRE DES
nuis trois seulement, dont le dernier ne se faisait pas
la quatrième férié avant Pâques, mais le Samedi-
Saint. «
II est pourtant certain que depuis on fit sept scru-
tins à liome pendant le Carême, connne tous ceux
qui ont écrit sur cette matière en conviennent. Dans
les Eglises des Gaules il y en avait cincj au temps au-
quel le Missel Gallican, dont nous avons un exem-
plaire, était en usage ; c'est-à-dire dans les septième
et sixième siècles. Dans le premier de ces scrutins,
après les exorcismes, qui ne s'omettaient jamais, on
donnait le Symbole, dont on n'exposait qu'une partie,
réservant l'autre partie pour le scrutin suivant. Dans
le troisième, on récitait aux élus le commencement
des quatre Evangiles. Dans le quatrième, on leur ex-
pliquait l'Oraison Dominicale : et enfin dans le cin-
quième, on leur donnait de nouveau le Symbole. Tout
ceci est tiré d'une remarque du Père Marlène (l), sur
ce qu'il rapporte des icrulins, suivant Kancien Missel
Gallican.
On était en peine de savoir si on faisait les scrutins
avant le Baptême de la Pcnlecùte et de l'Epiphanie,
nous n'avions point de monument qui nous instruisît
là-dessus; mais enfin le même P. Martène, à force de
fouiller dans les bibliothèques, a renconli'é un très-
ancien manuscrit, qu'il appelle Missel du Monastère
de Gellone, qui est celui de S. Guilielme du Désert,
dans le diocèse de Montpellier. Ce Missel marque
trois scrutins avant le Baptême de la Pentecôte, dont
le premier devait se faire sept jours avant cette fête ;
le second, le jeudi suivant ; et le troisième, la veille
même de la solennité. Ce livre en marque autant
pour le Baptême de l'Epiphanie, et même avant Pâ-
ques, il n'en prescrit que trois pour le Baptême des
enfants. On voit que la même chose s'observait à Rome
à l'égard des enfants, par la lettre du Diacre Jean à
Senarius, qui ravaitconsullé sur cette question : pour-
quoi on faisait trois fois les scrutins pour les enfants
avant Pâques. Quare tertio ante Pasclia scrutinenlur
infantes.
C'est ainsi que l'on réduisit le nombre des scrutins,
quand on ne baptisa presque plus que des enfants. On
remettait le Baptême de ceux qui ne périclilaient point
aux prochaines solennités , et l'on faisait encore les
trois scrutins ; mais insensiblement, comme dans plu-
' sieurs églises , la coutume s'introduisit de baptiser
' les enfants aussitôt, ou très-peu de temps après leur
• naissance ; on omit aussi les scrutins dans ces églises,
et on se contenta de faire les enfants catéchumènes ,
, et de les exorciser en môme temps et le même jour.
' Les choses étaient déjà sur ce pied-là dans plusieurs
endroits dès le commencement du douzième siècle,
puisque Uupert de Duitz et Hugues de S. Victor
parlent des scrutins, comme d'une cérémonie qui se
faisait autrefois. Cependant quelques églises conser-
vèrent l'usage des scrutins au-delà de ce temps,
comme il est clair par le témoignage de Guillaume
(i) De aniiq. Eccl. discipl., l.\, c. 10, 12.
SACREMENTS 5(î
Durand, évoque de Mende, qui assure que de son
temps ils s'étaient conservés dans les églises d'Italie,
et quelques autres. Encore aujourd'hui il se fait dans
l'église de Vienne en Dauphiné un scrutin très-solen-
nel, qui est celui que l'on appelait autrefois de rouvert
ture des oreilles, dont l'ordre et les rils sont rapportés
par le P. Martène (1), parmi les pièces qu'il a tran-
scrites et jmbliées dans son livre de l'ancienne Disci-
pline de l'Eglise ; le même auteur dit ailleurs, que
l'usage des scrutins subsiste encore dans l'église de
Liège, où ils se font le mercredi de la quatrième se-
maine de Carême. Vid.ampliss. Collect. lom. 7, p. 19,
note A. On peut dire même qu'il s'est conservé des
traces de cette ancienne et auguste cérémonie dans
ce qui se pratique encore à présent immédiatement
avant la célébration du Baptême : ( c'est ce que re-
marque Pierre Danez (2), êvêque de Lavaur ) la cou-
tume étant avant de baptiser les enfants, de lire l'E-
vangile de S. Marc (c. 10 ), où il est parlé des enfants
que le Sauveur ne voulait pas qu'on empêchât d'appro-
cher de lui. Après quoi le prêtre ordonne aux parrains
de mettre les mains sur la tète de ceux qui doivent
être baptisés, et de réciter en leur nom l'oraison Do-
minicale et le Symbole : ce qui étant fait, le prêtre
les avertit d'apprendre l'un et l'autre aux enfants,
quand ils seront parvenus à l'âge de raison. Telle est
la remarque de cet évêque, dont le livre passait ci-de-
vant pour être d'Etienne Durand. Voilà à quoi se sont
réduits les scrutins : à quoi il faut joindre les autres
cérémonies que l'on observe dans les exorcismes des
enfants; faible reste de celte ancienne discipline,
dont l'origine remonte jusqu'aux temps apostoliques ;
puisqu'Origêue en fait mention dans l'ouvrage contre
Celse (1. 5, p. 141 ), où il dislingue ceux que l'on pré-
parait à recevoir bientôt le Baptême , des autres ca-
lécimmènes, dont il dit qu'ils n'avaient point encore
recule symbole de la purification : par où il entend
les exorcismes qui se faisaient dans les scrutins :
OùôiKU TÔ 5'J//êoXov TOu àno/.e./.c/.fJox.'jOc/.i àvetlvjyoTWv. Ou
avait omis dans une nouvelle édition du Rituel de Pa-
ris, de prescrire que l'on suppléerait les exorcismes
que l'on n'avait pu faire aux enfants prévenus de ma-
ladie et baptisés dans les maisons particulières : mais
un savant homme de nos jours a fait sentir dans un
ouvrage qu'il a composé exprès, les inconvéniens
d'tme pareille omission, et il y a fait voir par un très-
grand nombre d'autorités, tirées tant des Rituels et
Statuts anciens et modernes des différents Diocèses,
aussi bien que par la docCinc des Pères et des Con-
ciles, avec quel soin il fallait conserver ces précieux
vestiges de la croyance et de la discipline de l'Eglise.
Le lecteur curieux peut consulter cet ouvrage qui est
assez connu(5) ; je me contenterai d'appuyer ce qui
B'y trouve établi, en rapportant ce qui est prescrit
sur ce sujet dans les statuts synodaux de Wary de
(1) De anliq. Eccles. discipl., c. 1, aitrib. 12, t. 1.
(2) Lib. 1 de Rit. Eccles., c. 19.
(.5) Duguet, tr. des Exorc.
57 BAPTÊME. - i ' ï>ARTll' . ClIAP
Dom Martin que j'ai ciilrc les mains, cl dont j'aurai
lieu de parler souvent dans cet ouvrage, d'autant plus
([ue je suis peut-être le seul qui les ait. Voici ce que
portent ses Statuts publiés en 1508: Quand un laujuc
baptise un enfant dans le cas de nécessilé, comme quand
on appréhende qu'il ne meure, on apportera cet enfant
à l'église s'il revient en santé , comme cela se doit , afin
qu'il soit oint d'huile sainte et de chrême, et qu'aupara-
vant il soit exorcisé avant d'entrer [dans l'éijlise , lolio
verso 6. i
CHAPITRE VIII. I
!
Des solennités avec lesquelles se faisaient les scrutins.
Messe des scrutins.
Après avoir parlé de ce qui se pratiquait dans les
scrutins, je crois que le lecteur verra avec plaisir l'au-
guste appareil avec lequel se faisait ce que nous avons
vu s'être pratiqué autrefois dans ces assemblées que
l'on tenait exprès pour purifier, examiner, et sonder
ceux que l'on préparait à recevoir la grâce du Bap-
tême. Et comme dans l'Église de Rome ces saintes
cérémonies se faisaient presque toutes dans le scrutin
du mercredi de la quatrième semaine de carême, pour
donner une idée des solennités qui accompagnaient
|es rits qui s'observaient dans celui-ci et dans les au-
tres , nous rapporterons ici ce qu'en dit M. Baillet
dans son Histoire des fêtes mobiles. Nous y verrons
ce qui était en usage dans cette première Église du
monde, suivant qu'il était prescrit dans l'ordre romain
et dans le Sacramentaire de Gélase, d'où cet auteur a
tiré tout ce qu'il rapporte de ces solennités si propres
à inspirer, et aux catéchumènes, et au reste des
fidèles, le respect qui est dû à nos sacrements, et à
faire sentir la grandeur et la sainteté de la religion.
On regardait (ce sont les paroles de M. Baillet que
nous ne ferons guères que transcrire dans tout ce cha-
pitre) le scrutin du mercredi de la quatrième semaine
de carême, comme le modèle de tous les autres : et
l'on avait tellement composé l'office du jour, que tou-
tes les parties avaient un rapport particulier au Bap-
tême, comme nous le voyons encore aujourd'hui dans
ce que l'on en a conservé. La grande cérémonie com-
mençait à midi lorsque l'office do la messe et de vê-
pres ne se terminait encore qu'au soir, et qu'on ne
rompait le jeune qu'après le soleil couché. On l'a de-
puis avancé à neuf heures du matin , lorsqu'on a
avancé l'office à proportion , pour pouvoir finir à No-
ne ou à trois heures après midi. L'acolyte rangeait
devant le peuple tous ceux qui devaient recevoir le
Baptême, mettait les garçons à la droite, et les filles à
la gauche, et prenait leurs noms dans deux listes dif-
férentes. Le prêtre leur marquait le front d'abord
d'un signe de croix avec le pouce , leur imposait la
main sur la tète à tous, leur disant à chacun la prière
des élus; après il leur mettait du sel dans la bouche ,
mais un sel qui avait été béni cl exorcisé en leur pré-
sence : cela se terminait par une bénédiction particu-
lière qui se prononçait sur chacun d'eux ; et cotte
prière faite on les faisait sortir tous de r('i:lisc et de-
Vlll. SOLENNITE DES SCRUTINS. 58
nieurcr hors du vestibule jusqu'à ce qu'on les fît ren-
trer.
Les clercs , en présence des fidèles qui étaient res-
tés , commençaient ensuite l'introït ou 1 entrée de la
messe , où l'on remerciait Dieu de la promesse qu'il
avait faite par son prophète de répandre une eau
pure sur ceux qu'il avait choisis pour être son peu-
ple, etc. L'acolyte rappelait aussitôt tous les caté-
chumènes par leurs noms, le portier les faisait ren-
trer, et, lors(pie les parrains et les marraines les avaient
ramenés, l'acolyte les rangeait comme auparavant,
se contentant de diviser seulement les sexes. Le dia-
cre faisait ensuite fléchir le genou à tout le monde
pour la prière que nous appelons Collecte, et il don-
nait ensuitele signal aux parrains cl aux marraines, (jui
allaient à rinstant marquer du pouce le signe de la
croix sur le fiont de ceux (ju'ils devaient présenter au
Baptême et cautionner à l'église. L'acolyte suivait, et
après avoir marqué aussi tous les catéchumènes élus
du signe de la croix sur le front , il faisait l'exorcisme
sur chacun d'eux à part, ayant la main sur leur tête.
Un antre acolyte venait après lui faire la même chose,
mais avec une prière différente. 11 était suivi d'un
troisième acolyte qui répétait les mêmes choses dans
les mêmes distances. Ce qu'on venait de faire pour
les garçons qui étaient à droite , on le faisait ensuite
pour les filles qui étaient la gauche ; mais si les cé-
rémonies étaient les mêmes, les prières de l'exorcisme
et de la bénédiction étaient difïérenles pour les deux
sexes. Après cela, le troisième acolyte allait aussi
dans les rangs des catéchumènes faire le même signe
de croix sur leur front , et la même imposition sur
leur tête , et finissait cette cérémonie par une prière
qui était commune pour les deux sexes. Nous ajoute-
rons que dans les trois intervalles d'entre les acolytes
et le prêtre officiant , le diacre faisait fléchir le genou
à toute l'assemblée pour faire la prière de la collecte,
et que les parrains et les marraines allaient à chaque
fois devant les acolytes, et le prêtre officiant faire les
signes de croix sur leurs filleuls et ensuite sur leurs
filleules.
Le prêtre étant retourné sur son siège, on lisait
deux leçons, uned'K/.écliiel, l'autre d'Isaïe, avec leurs
graduels. Après on faisait la cérémonie de l'ouverture
des oreilles , \io\iv mettre les catéchumènes en état
d'entendre lÉvangile et le synd)ole de la foi qu'on al-
lait leur exposer. Pendant que les prêtres allaient
d'ordre leur loucher les oreilles, on fai>ait deux le-
çons de l'Écriture, pour demander à Dieu la gnérison
de la surdité des cœurs. La première était prise du
prophète Isaïe , la seconde de l'Epitre de S. Paul
aux Colossiens , et chacune était suivie de son gra-
duel.
La cérémonie de l'ouverture des oreilles étant ache-
vée, on voyait partir de la sacristie quatre diacres
portant chacun l'Évangile de chaque évangéliste en
des volumes séparés , et précédés de cierges cl d'en-
censoirs. Chacun des quatre allait ensuite poser son
évangile sur un des quatre coins de l'autel; avant que
JJ9 HISTOIRE DES SACREMENTS. 60
d'en ouvrir aucun pour en faire la lecture, le prélre il nés qui étaient examinés dans le scrutin et admis au
f;.is;iit un discours aux catécliumènes pour leur ap-
preiidre ce que c'était que l'Évangile , et quels en
étaient les auteurs ; on prenait ensuite rÉvaiigile de
saint Matthieu, dont le diacre allait lire le commence-
nieiit sur le Jul)é, avec un grand appareil de cérémo-
nies. Le prêtre exidiquail ensuite ce que Ton venait
de lire devant toute l'assemblée : le diacre allait pren-
dre consécutivement les autres volumes que le prèlre
expliquait de même , après qu'on en avait lu le com-
mencement. 11 marquait les caractères différents de
chaque évangéliste, et les singularités qui leur étaient
particulières, pour mieux faire goûter les vérités de
l'Évangile aux catéchumènes. Celte exposition de l'É-
vangile était regardée comme la suite des cérémonies
qui se faisaient pour l'ouverture des oreilles des
compétents, et ce n'était qu'un essai pour leur ap-
prendre comment il fallait écouter et expliquer la
parole de Dieu.
Elle était suivie de la tradition du Symbole , qui se
faisait, comme nous avons dit dans le chapitre
précédent, avec ces particularités que dans les villes
où on parlait les deux langues , le grec et le la-
lin , comme à Rome , on s'informait quelle était
la langue que chacun des catéciuiménes par-
lait. Un acolyte allait ensuite prendre dans le par-
quet des garçons un catéchumène de ceux qui
parlaient grec , et l'amenait par le bras gauche de-
vant le prêtre (}ui lui faisait réciter le symbole en
grec par le même acolyte, qui pendant tout ce temps
lui tenait la main sur la tète. Après l'avoir ramené,
il allait au parquet des lilles pour faire la même
chose. On en usait ensuite de la même manière à l'é-
gard des catéchuniènes (jui ne parlaient que latin ; et
après qu'on leur avait récité le Symbole en leur lan-
gue, le prêtre terminait la cérémonie de la tradition
du Symbole qui avait commencé par une belle préface
sur rexceilence de cette formule de notre foi , par un
discours dans lequel il en explitpiait tous les articles
en peu de mots.
On passait du symbole à l'Oraison Dominicale , le
diacre ayant annoncé de <[uoi il s'agissait et imposé
silence à l'ordinaire ; le prèlre faisait à cet égard
comme nous l'avons explicpié ailleurs; et après qu'il
avait cessé de parler le diacre faisait sortir tous les
caléclunnènes de l'église. Leurs parrains les condui-
saient eux-mêmes dehors , ou bien leurs parents ; et
les ayant laissés sous la garde ou la direction de quel-
que inspecteur , ils rentraient dans l'église avec les
aulres fidèles pour assister à la messe.
Après l'Evangile, les parents des catéchumènes, ou
ceux qui élaient retenus pour être leurs parraius, por-
taient leurs offrandes à l'autel; le prêtre en faisait
l'oblation à Dieu, récitait les noms des parrains et des
marraines de ceux qui attendaient hors de l'église ,
dans la commémoration ou le Mémento. Puis à la fin
de l'actiou du canon qui précède imiuédiatrment la
consécration, il récitait les noms de ces catéchumè-
Baptême pour la veille de Pâques. La messe dite, on
faisait rentrer ces catéchumènes pour voir communier
leurs parents et leurs parrains, et pour savoir le jour
du scrutin suivant.
Il faut remarquer que toutes ces clioscs ne se fai-
saient pas ailleurs le même jour, comme nous l'avons
dit dans le chapitre précédent; et en ce cas il y avait
une messe particulière pour la tradition du Symbole.
Cela se pratiquait surtout en France et en Espagne et
dans l'église de Milan.
CHAPITRE IX.
Des préparations plus prochaines au Baptême, ou des
rits qui le précédaient immédiatcmcnl, et surtout de
la renonciation au diable , de l'onction et de la con-
fession de la foi. De quelle manière tout cela se pra-
tiquait dans les différentes églises.
La plu|)arl des choses dont n^us allons parler, se
faisaient le jour même que se donnait le Baptême;
mais avant que de venir à celui-ci , nous dirons
un mot de deux cérémonies qui autrefois étaient
considérées comme des préparations au Baptême, et
que l'on faisait, non tant pour purifier les âmes de
ceux qui devaient le recevoir, que pour qu'ils entras-
sent dans le bain sacré avec plus de décence.
Une de ces cérémonies élait le lavement de la tête,
l'autre était le lavement des pieds. La première se fai-
sait communément le dimanche des Rameaux, qui,
pour ce sujet, est nommé dans l'ordre romain, Capi-
tolavium. Saint Isidore (1) confirme ce que nous disons
touchant celle dénominalion, et rend en même temps
raison de l'instilution de cette cérémonie en ces ter-
mes : Le peuple appelle ce jour Capitolavium , parce
que c'est la coutume de laver alors la tête des enfants qui
doivent recevoir l'onction, de peur que par l'observance
du carême ils n'aient contracté de la saleté. Raban et le
faux Alcuin rendent la même raison de cet usage (2).
C'était par le même moiif que l'on faisait le lave-
ment des pieds , non pas le dimanche des Rameaux,
mais le jeudi suivant, et c'était l'évêque qui avail cou-
tume de faire celle cérémouie. S. Augustin (3) en
parle dans son épitre à Janvier,et ne trouve point de
meilleure raison à rendre de cette pratique que celle
que nous rapporlous : Si vous me demandez, d'ii-ïl, d'où
est venue cette coutume (du lavement des pieds), il ne
me vient rien à l'esprit de plus vraisemblable , sinon
qu'elle a été établie, afin que les corps de ceu.x qui doi-
vent être baptisés parussent avec plus de décence , qu'ils
ne feraient sans cela , ayant été négligés et ayant con-
tracté de la crasse pendant le carême. Il faut remarquer
qu'une des macérations de ce temps déjeune élait de
ne point fréquenter les bains , et qu'elle n'était pas
une des moindres, surtout dans les pays chauds. Dans
(l)Lib. G Elym., c. lS,ol 1. I de divinis Offic., c.
27.(Vovezle pèreMartène, deAntiq.Eccl. Ril., t. I,p.
116.)
(-2) Raban., 1. 2 de Inslit. cleric, c. 33; Alcuin., de
divin. Olïie., de Dominicà Palmarum.
(3) Epist. ad Januar., n. 10 novic edit. 54.
Ci BAPTÊME. — I" PARTIE. CHAP. IX. DES lUIS QUI PKÉCiDAIENT CE SACREMENT. 62
d'autres églises on différait cette cérémonie après le J vers TOccidcnt : mais aussitôt qu'ils l'avaient faite ,
Baptême : c'est ainsi qu'on en usait dans les églises
des Gaules et de la partie supérieure d'Italie. Elle
était très-ancienne en Espagne et se faisait pour pré-
parer au Bapiêrae, puisqu'il en est fait mention au
concile d'E'lvire, can. i8, et qu'il y est défendu de
la faire à l'avenir : Nequc pcdcs connu Invmidi suiit à
sacerdotibus vel dericis; le concile parle en cet endroit
de ceux (pii devaient cire baptisés ; eorum (fui bapti
laiidi smit.
Noui avons parlé ailleurs du dernier scrutin qui se
faisait dans certaines églises le jour du Samedi-Saint,
aussi bien que de la reddition du symbole ou profession
de foi. Mais outre cela, il y avait trois cérémonies
très-importantes qui paitout ('laienl affectées à ce jour,
et préeédaient imuiédialemenl le Baptême, soit qu'il
se donnât à Pàiiucs, à la Pentecôle ou à l'Epiphanie :
c'était la renonciation au diable , l'onclion et la con-
fession de foi que l'on exigeait des catécliumènesdans
le moment qu'ils étaient sur le point d'être plongés
dans le bain sacré.
La renonciation se faisait différemment, suivant les
différents usages des églises, à une ou plusieurs re-
prises ; celle qui est la plus commune dans nos ri-
tuels, et dont Bêde (I) fait mention, se faisait à trois
reprises. Le prêtre disait : Reiwiicez-vous à Satan?
Celui qui devait être baptisé répondait : J'y renonce et
à toutes ses œuvres ; fy renonce, et à toutes ses pompes.
J'y renonce. Dans d'autres endroits cela se faisait à
deux fois. 11 semble que c'était l'usage de l'église de
Milan. Saint Ambroise (2) l'insinue aussi bien que
l'auteur du livre des Sacrements qui porte son nom ;
et aujourd'hui encore dans l'église de Milan cela se
pratique de la sorte, comme on le voit par son rituel.
Dans les constitutions apostoliques (3), il ne se
trouve qu'une seule renonciation , qui comprend
toutes celles qui se faisaient ailleurs à plusieurs re-
prises. Elle est conçue en ces termes : Je renonce à
Satan, et à ses œuvres , à ses pompes, à son culte, à ses
anges, à toutes ses machinations, et à tout ce qui est sous
le ciel. On trouve dans plusieurs autres monuments
cette renonciation exprimée ainsi tout de suite , et
entre autres dans le Missel Gallican , que le savant
Joseph f liomasius a publié. Celui qui va recevoir le
Baplème n'<.'St interrogé qu'une seule fois de cette
sorte : Ileiwncez-vous à Satan , aux pompes du siècle,
et H ses plaisirs ? à quoi il répond une seule fois : J'r
renonce. Il ne faut point chercher d'iiniformilé dans
des choses de cette nature. S. Cyrille de Jérusalem (4.)
fait entendre que l'on faisait dans son église quatre
interrogations, et autant de réponses, et dans l'ordre
du Baptême, qui porte le nom de Sévère, patriarche
d'Alexandrie, on y presciit six renonciations.
Celte rcnoncialiou se faisait tant en Orient qu'en
Occident par les cat(''ehumènes debout et tournés
(\) In cap. 8, ToI)i;e.
(-2) Lib. de mvsiic. "2, I. 1, de Sacram., c. 2
(7}) ( onsl. Apôst., I. 7, c. 41.
(4) Cyril. Calèches, myslag. 1.
ils se retournaient à l'Orient. Saint \mbroise et saint
Jérôme (1) parlent expressément de cet usage, et en
rendent raison. Je ne eiterai (|ue le dernier, dont
voiei les paroles : Cest pourquoi dans les mystèrci nous
renonçons premièrement à celui qui est à l'Occident qm
meurt pour nous avec les péchés ; et nous retournant en-
suite à l'Orient, nous faisons un pacte avec le Soleil de
justice, et nous promettons de le servir. Chez les Grecs,
non seulement le calhécumène se tourne ainsi à l'Oc-
cident, mais il élève ses mains en haut, comme pour
repousser loin de lui satan à qui il renonce : et celte
pratique doit être bien ancienne dans les églises orien-
tales, puisque S. Cyiille en fait mention, aussi bien
que saint Grégoire de ISazianze (2). Vous êtes entré ,
dit le premier de ces pères , dans l'endroit qui sert de
vestibule au Baptistère, et étant tourné vers l'Occident,
on vous a dit d'étendre la main, cl vous avez renoncé à
satan , comme s'il était présent. Micolas Cabàsilas , qui
vivait dans le milieu du quatorzième siècle, dit aussi
dans son exposition de la Liturgie, c. i , que ceux qui sont
prêts à recevoir le Ba|)tême, doivent se défaire de leur
chaussure et de leurs habits, et étant tournés à l'Oc-
cident, étendre les mains et souffler contre le démon,
au(juel ils renoncent. Saint Grégoire de Nazianze dans
le passage cité il n'y a qu'un moment , dit presque la
même chose, à l'exception du souffle. Nous apprenons
par le témoignage d'Alexandre Gaguiti (5), et d'un
autre auteur, qui ont écrit des coutumes des Mosco-
vites , que toutes les fois que les parents rûpondent
pour les enfants aux interrogations que leur fait le
prêtre pour le renoncement, ils crachent à terre.
La cérémonie de la renonciation est si ancienne, que
saint Basile (4) ne craint point d'assurer qu'elle vient
de la tradition apostolique, et qu'elle nous a été trans-
mise sans le secours de l'écriture, et comme de main
en main. Si on en croit saint Jérôme , elle est mar-
(juée par l'Apôtre, dans sa première EpitreàTimoihée
(c. 6, V. 12), quand il lui recommande de travailler à
se rendre digne de la vie éternelle , à laquelle il a été
appelé, ayant si excellemment confessé la foi en présence
de plusieurs témoins. Nous apprenons effectivement
de Terlullien (a) , non-seulement qu'elle était avant
lui établie dans l'Eglise, mais que les apôtres nous ont
enseigné à exiger de ceux qui sont sur le point d'être
incorporés par le Baptême a-.'x membres de Jésus-
Ciirisl, qu'ils renoncent préalalilement au diable, à
ses pompes et à ses anges. Il emploie cet exeni/de
pour prouver que tout ce que Dieu a appris à son
Eglise, n'a pas étéc(>nlié à l'encre et au papier. Ergo
quœramus, dit-il , an et traditio nisi scripla non dcbeat
recipi ? plauè negabimus recipicndam, si nulla exempta^
prœjudicent aliarum observationum , quas sine ulliusl
(1) Ambros., 1. de .Myst-, c. 2, Hieron. in c. G pro-
pheli:v Amos.
(2) Cvril., Catech. \ mvstagogicà, Greg. Naz., oral.
(.3) Alex. Gaguin. in descript. Sarm. Europ.; Sigis-
mond. de Rébus Moseov., c. de Baplismo,
(4) Basil., I. de Spiritu sancio, c. 27.
(o) De Coroiià miliiis, c. 5.
63
HISTOIRE DES SACREMENTS.
<y%
scrtpturœ instrumcnto solius traditionis titulo, et ex'mde
consuetuditiis patrocimo vimUcamus. Denique ut à ba-
ptismale ingrediar, aquamadituri....; sed et sub aliquan-
tb priùs in Ecclesiâ siib aiitistitis manu contestamur 7ios
rennntiare diabolo, et pompœ et angelis e/ws.
Outre la renonciation , on n'omettait jamais , à
moins qu'on n'y fût contraint par une nécessité inévi-
table, de faire l'onction de l'huile exorcisée aux caté-
chumènes avant le Baptême. Dans les églises d'Orient,
on leur oignait tout le corps depuis la lête jusqu'aux
pieds. Saint Cyrille (1) et S. Jean Chrysostôme parlent
de cette pratique comme d'un usage ordinaire : le
premier leur dit , que par cette onction ils sont rendus
participants de Jésus-Christ qui est un olivier fertile,
qu'ils se sont dépouillés pour la recevoir, afin de re-
présenter la nudité de Jésus-Christ sur la croix, par
laquelle il a triomphé de l'ennemi lui ayant enlevé sa
proie : ETra «:io5o6svt£5 è>,aico vilsifssds iizopxiSTixM K7t àx-
fwv rpi^ûv y.opvfi^i sw; tûv /.ârw. Il enseigne de plus,
que celte huile ainsi répandue sur le corps brûle les
démons comme une flamme et les met en fuite, tant
elle reçoit de vertu par l'invocation du nom de Dieu
et par la prière. Saint Jean Chrysostôme (2) compara
cette onction à celle que l'on faisait aux athlètes avant
qu'ils entrassent dans la carrière, et dit qu'elle se fait
de même partout le corps.
Dans l'Éghse latine on se contentait de faire cette [
onction de l'huile exorcisée, d'abord sur la tète seule-
ment; dans la suite on la fit aussi entre les épaules
et sur la poitrine. Cette dernière onction était en usage
dès la fin du cinquième siècle, puisqu'elle est ainsi
prescrite par le Sacramentaire de Gelase et par les
plus anciens pontificaux et rituels. Mais avant ce
temps on ne la faisait que sur la tète, comme il pa-
raît par ce qu'écrit le pape Sirice aux évêques des \
Gaules , à qui il dit que le chrême répandu sur la tête,
répand sa vertu sur tout le reste du corps. Si enini
clirisma infusiim capiti, (jraliam suam toto corpori im-
periit (3). Nous parlerons ailleurs de la consécration de
cette huile des catéchumènes, aussi bien que de celle des
infirmes et du chrême, dont il est parlé si souvent dans
les rituels et les auteurs qui traitent la matière des
sacrements. Mais , avant que de finir ce qui regarde
cette onction, il est bon de remarquer que dans la
France, au moins du temps de Leidrade, archevêque
de Lyon, au commencement du neuvième siècle , elle
se faisait dans les intervalles des renonciations dont
nous avons ci-devant parlé. C'est ce que ce prélat dit
formellement dans son livre du Baptême, chap. 2, et
l'ancien manuscrit de Gellone que nous avons déjà
cité plusieurs fois, confirme cet usage. Dans l'Église
de Rome, cette onction se faisait avant la renoncia-
tion; on le voit par le Sacramentaire de Gelase et
par d'autres pontificaux et rituels. Les Grecs, au con-
traire, ne la faisaient qu'après la renonciation. C'est
(i) Càtech. 2mystagog.
(2) In Epist. ad Coloss. boni. 6.
(3) Syrie. Epist. 10, n. il, nov. edit., Epistolariim
décret, summorum pontificum.
ce qui paraît par ces paroles de Théodoret (I) : Som*
venez-vous de cette sacrée myslagoyic dans laquelle cettx
qui sont initiés reçoivent le chrême, comme le sceau du
parfum spirituel et de la grâce invisible du Saint-Esprit,
après avoir renoncé au tyran et confessé le véritable roi.
Ces paroles semblent mar(|uer qu'en Orient, l'onc-
tion ne se faisait même qu'après la confession de la
foi. Ceiiendant nous avons plusieurs monuments qui
ne laissent point lieu de douter que cette dernière cé-
rémonie ne précédât immédiatement le baptême ; et
même on voit par quelques-uns, que celte confession
se faisait quelquefois par ceux qui louchaient déjà
l'eau sacrée de leurs pieds. C'était la dernière chose
que l'on exigeait de ceux qui devaient être baptisés-
Le diacre Philippe ayant amené à la foi l'eunuque de
la reine Candace (2), et celui-ci lui ayant dit : Voilà de
l'eau, qui empêche que je ne sois baptisé? Philippe
lui répondit : Si vous croyez de tout votre cœur, cela
se peut; l'eunuque ayant fait sa confession en ces
termes : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Bien,
ils descendirent aussitôt du chariot, et le saint diacre
le baptisa. A Timilalion de ce qui est rapporté dans
les Actes, le ministre du sacrement de Baptême inter-
rogeait ceux qui étaient sur le point de le recevoir
louchant leur foi. Et cette interrogation , comme dit
S. Cyprien (Epist. 70), qtii se fait dans le Baptême, est
un témoin de la vérité ; car quand nous disons : Croyez-
vous en la vie éternelle et la rémission des péchés par la
sainte Église? nous entendons que les péchés ne peuvent
être remis que dans FEglise. Nous lisons dans les Actes
du martyre de S. Genès (3), qui en recevant le baptême
par dérision sur le théâtre, fut miraculeusemeiit con-
verti, que l'on interrogeait sur la foi les catéchumènes,
lorsqu'ils touchaient déjà l'eau dans laquelle ils de-
vaient être plongés, puisque ce saint y dit : Aussitôt
que l'eau m'eut touché à nu , et qu'étant interrogé, feus
répondu que je croyais , etc. « At iibi aqua me nudum
i tetigit, et interrogatus me credere respondi,t etc.
S. Denis d'Alexandrie, dans sa lettre au papeXiste (i),
parl.int d'un homme qui avait élé baplisé par les lié-
réiiqucs, dit qu'après avoir entendu les demandes
que l'on faisait dans l'église à ceux qui devaient être
baptisés, et leurs réponses, il voulut recevoir de nou-
veiu le Baptême.
La formule la plus ordinaire des demandes touchant
I la foi que l'on proposait aux catéchumènes sur les
' sacrés fonts, était celle qui est prescrite parlessacra-
niontaires de Gelase et de S. Grégoire et par l'ordre
romain. Croyez-vous en Dieu Père lout-pvissant? —
R. Je crois. Croyez-vous en Jésus-Clirisl son (ils unique
notre Seigneur, qui est né et a souffert? — R. Je crois.
Croyez-vous au Saint-Esprit , la sainte Église catholi-
que, la remission des péchés, la résurrection de la chair?
— R. Je crois. 11 paraît pur S. Ambroise, par S. Cy-
rille de Jérusalem, par celui d'Alexandrie, S. Jérôme,
(1) In Canlica.
(2) Act. Apost. c. 8. {
(3i Act. sincera mart. Ruinart. '■
(i) Apud Euseb. Ilisl. ccclcs., 1. 7, c. 9. (
'€5 BAPTÊME. — II' PARTIE. CIIAP. I. TEMPS AUQUEL SE DONNAIT CE SAClREMENT.
Oplal de Milève (1), que l'on faisait conlcsscr les trois
personnes de la Sainle-Trinilé à trois reprises, pour
répondre à autant d'interrogations. Vous venez de
voir que la formule des sacramcnlaires de Gélasc et
(le S. Grégoire devait être bien ancienne, puisque
S. Cyprien, dans le passage que nous venons de citer
de lui, y fait entrer, aussi bien que ces rituels, la
confession de la rémission des péchés et de la vie
éternelle, ou résurrection de la chair. Mais tout ce
qu'on peut dire là-dessus, c'est que ces formules de
confession de foi que l'on proposait dans cette occa-
sion, étaient plus ou moins étendues, suivant les dilTé-
reuts usages des églises.
Le livre des sacrements de l'Église gallicane con-
tient dans sa formule, tout le Symbole des Apôtres
divisé en diverses interrogations, après lesquelles il
ajoute : Croyez-vous avoir la vie après la mort et
ressusciter à la gloire de Jésus-Christ? Vilam liabere
posi morlcm, in (jloriam Cliristi resurgere. C'est peut"
être une pareille interrogation que l'on fit à un prince
barbare (2) qui entrait déjà dans les fonts sacrés, qui lui
donna lieu de demander à celui qui allait le baptiser,
où était le plus grand nombre des rois et des princes
de sa nation : à quoi celui-ci lui ayant répondu qu'il
ne fallait pas qu'il s'y trompât, que tous ses prédéces-
seurs qui étaient morts sans baptême étaient certai-
nemonl damnés ; il retira !e pied des fonts baptismaux,
et dit : Je ne puis me résoudre à quitter la compagnie
des princes mes prédécesseurs , pour demeurer avec
nn petit nombre de pauvres dans ce royaume céleste
dont vous me parlez.
Quclquelois aussi, on proposait à croire dans cette j
conjoncture, les arliclcs de foi opposés aux erreurs qui
infectaient acluellcment lÉglise dans les pays où se
devait donner le Baptême. Saint Nicel, évéque de
Trêves (3), dans une lettre à l'empereur Justinien, lui
rappelle à la mémoire la profession de foi qu'il a faite
au Baptême, et qui paraît être dans ce goût. Souvenez-
vous, lui dit-il, de ce que vous avez promis au Baptême....
Vous aveiconfessé un Fils, demeurant en deux substances
avec le Père et le Saint-Esprit, et non deux ctiriUs. Il
est aisé de voir que cette profession de foi , telle que
S. Nicet la suppose, si ce n'est pas un commentaire
de la profession de foi ordinaire, a été faite pour l'op-
poser au dogme de Nestorius. Quoi qu'il en soit, la li-
Lerlé que l'on se donnait sur ce point, a donné lieu
aux hérétiques d'engager ceux qu'ils baplisaicnt,
même par serment, à suivre leurs impiétés. L'héréti-
que Eudûxc fit entrer l'empereur Valens dans ce fu-
inesie engagement sur les fonts sacrés; et tout le
'monde sait combien les suites en furent lâcheuses
pour lui et pour toute l'Église. C'est Théodoret qui
nous rend témoignage de ce fait dans son Histoire
Ecclésiastique (4). Saint Epiphanc assure que les
(1) Lib. de Myst. c. o; catech. Smystagog.; lib
lim Joan., c. G5; Dial. advers. Luciferiauos; lib 5
advers. Parmenian. '
I (2) Uathod, roi des Frisons.(V. M.Fleuri sur l'an 7IG )
' (3j ApudChesn. llist. Francor,, tom. 1,
. (4) Uisl. Eccl. Theod., 1. 4. c. 13; lueres. 7G.
:C6
Aëiiens avaient coutume d'en user de même avec leurs
catéchumènes.
Il ne nous reste plus rien à dire sur le sujet dont
nous avons traité dans ce chapitre, sinon deux choses :
la première, qu'autrefois, quand on présentait les en-
fants au Baptême, on ne les interrogeait pas en la se-
conde personne, suivant S. Augustin et le Missel gal-
lican publié par le père Mabillon, mais en la troi-
sième, et le parrain répondait pour eux do même.
Nous interrogeons, dit ce père (1), ceux qui les pré-
sentent, cl nous leur disons: Croit- il en Dieu? etc.
La seconde, que S. Boniface de Mayence voulait
que, quand on proposait dans celte occasion la foi que
devaient confesser les catéchumènes, on le fit en lan-
gue vulgaire, et qu'ils y répondissent de même, cl fis-
sent les renonciations dont nous avons parlé ci-dessus.
C'est ce qui est prescrit dans un des statuts de ce
saint apôtre de rAllemagne, qui est le vingt-septième
de ceux que le père d'Acheri a rapporté de son Spici-
lége; il est conçu en ces termes : Qu" aucun prêtre ne
manque d'interroger ceux qui doivent être baptisés, en
leur langue maternelle, afin qulls entendent ce à quoi
ils renoncent et ce quils confessent; et que ceux qui ne
veulent pas le faire se retirait.
Jusqu'ici nous avons tâché d'exposer à nos lecteurs
de quelle manière on a travaillé dans l'Église à for-
mer au christianisme, ceux qui aspiraient à la grâce
de la régénération. Nous avons lait voir quelles étaient
les préparations éloignées et prochaines par lesquelles
on les disposait à recevoir le bienfait incomparable du
j Baptême; nous les avons, pour ainsi dire, conduits
jusque sur le bord de cette fo'ntaine sacrée qui donne
à l'homme une nouvelle naissance. Il ne nous reste
plus qu'à parler du Baptême en lui-même. C'est ce
que nous allons faire dans la seconde partie de cette
section.
SECONDE PARTIE.
Du temps, du lieu, de la manière dont on a
conféré autrefois le Baptême. Des ses effets,
et de ceux à qui il appartenait autrefois de
donner ce sacrement.
CHAPITRE PREMIER.
Du temps auquel se donnait le Baptême. Que hors rcr-
Idincs circonstances il ne se donnait pas en tout temps
indi/Jercmmenl. En quel temps on le donnait, cl m
quelles circonstances on passait par-dessus la règle or-
dinaire.
On regardait anciennement comme un abus intolé-
rable, la liberté que se donnaient quelques-uns, de
conférer le Baptême indifféremment en tout temps,
même les jours de fêtes solennelles, excepté certaines
d'entre ces fêtes, parliculièrement affectées à la célé-
bration de ce sacrement. C'est ainsi que le pape Si-
rice (2) traite l'usage qui s'était introduit en flspagne,
(1) Epist.OSad Bonifac.
(2) Episl. ad Himer. Tarr., c. 2.
6t
HISTOIRE DES SACREMENTS
66
de conférer le Baptême aux jours des fêles des apô-
tres cl (les UKu-tyrs. Il le réprouve al)Solumcnl, il en
parle comme d'une confusion qu'il faul corriger cl qm
n'est point appuyée sur le foiulemcnl d'une auloilté
légitime, mais sur la seule témérilé de ceux qui mé-
prisent la règle de l'Église. Enlin, il avoue (luil a clé
ému en apprenant ce (pii se passait à cet égard en ce
pays-liS et menace ceux qui ne reviendront point a
la règle commune de l'Église, de les séparer de la
communion du saint Siège. Nunc prcelatam regulam
omnes leiiemil sacerdoles , qui nolunt aposlolkœ pelrœ,
super quam Clirisltis uuivcrsalcm conslru.dt Ecclesiaui,
solidilate divelii.
Il excepte de cette règle commune les cas de né-
cessité, tels que la crainte du naufrage, les incursions
des ennemis, l'appréhension d'être assiégé dans une
ville, et toute maladie qui menace de mort. Aupara-
vant ce Pape, du temps des persécutions, on avait
aussi la coutume de baptiser les catéchumènes sans
attendre le temps prescrit pour cela, (piand on pré-
voyait, ou qu'on était averti par quelques visions cé-
lestes que la persécution allait s'allumer.
Le Pape Sirice paraît aussi excepler les enfants de
la règle ordinaire, et trouver bon qu'on les baptise
aussitôt que les parents les présenteront. Car après
avoir dit que le temps destiné au baptême est celui
de Pâques et de la Pentecôte, il ajoute tout de suit"
qu'on doit secourir h^s enfants qui n'ont point l'usage
de la parole, et il les met sur ce point, dans la même
classe que ceux qui se trouvent dans les cas dont
nous venons de parler. Skul sacmm ergo pasclialcm
revercnliam in nullo dicituus esse viiiiueudam, ita infan-
libus qui nondiim loquipoteruiH per œlatcm, vel liis qui-
tus in quùlibel necessitale opus fuerit. . . omni vulunins
celeritatesuccurri. Ces paroles donnent à entendre que
l'on ne différait point le baptême des enfants, quand j
même ils ne couraient aucun risque de la vie, lors-
que les parents les présentaient, et souhaitaient qu'on ,
leur administrât ce Sacrement : mais ce Pape n'im-
pose pas l'obligation aux parents de les présenter au
baptême aussitôt après leur naissance.
11 ne paraît pas même que ce fût anciennement
l'usage de le faire, outre ce que nous :ivons dit là-
dessus dans le chap. 5' de la première partie, quand
nous avons parlé du grand nombre des catéchumènes
dans les premiers siècles de l'Église. On voit par ce
que disent les Pères, et ce que nous connaissons de
la pratique de ce temps-là, que les parents chrétiens
jie se pressaient pas de faire recevoir le Baptême à
leurs enfants. S. Grégoire de Nazianze (1) conseille
que l'on attende qu'ils aient atteint l'âge de trois ans
avant de les initier à te sacrement , à moins qu'il
n'y ait péril de mort. La raison qu'il en rend, est, afin
qu'ils puissent entendre les paroles mystérieuses , et
y répondre en quelque sorte. C'est en suivant cet
esprit , que l'auteur de la Vie de S. Euthyme (2) ra-
(1) Oral. 40 in sanctum Lavacrum.
(2) Cyril. Scitop. in Vilâ Euthymii.
conte de lui qu'il fut baptisé par Otregus , évèque de
Mélitine à l'âge de trois ans. Cette raison que S. Gré-
goire de Nazianze rapporte pour retarder le Baptême
des enfants, rappelle la mémoire d'un fait célèbre,
dont il est parlé dans la vie de S. Auiand, écrite par
un moine dumonaHérc (1) qui porte aujourd'hui son
nom : savoir, que ce saint faisant catéchumène Sige-
beri , (ils du roi Dagobert, quarante jours après sa nais-
sance, et personne ne répondant Amen, après la prière
qu'd avait prononcée sur lui, Dieu ouvrit miracnleu-'
sèment la bouche de l'enfant, qui répondit à haute
voix et en présence de toute l'assemblée. Amen.
Ceux qui pensaient comme S. Grégoire de Nazianze,
n'étaient point disposés à présenter leurs enfants au
Baptême tous les jours indifféremment, et ne se fai-
saient point sans doute une peine d'attendre les jours
solennels que l'Église destinait à celte grande céré-
monie. Non plus que ceux qui, sans attendre qu'ils
fussent en état de répondre en quelque manière par
eux-mên!cs, remellaienl au moins le Baptême de leurs
enfants à quelques jours après leur naissance. Celte
coutume était si fortement établie chez les anciens,
qu'en plusieurs endroits elle s'observe encore à pré-
sent. Les Grecs, selon le témoignage d'Allatius (2),
ne font baptiser leurs enfants que le huitième jour
après leur naissance. Les Chrétiens Indiens de Cran-
ganor ne les baptisaient que le quarantième jour,
comme nous l'apprenons de la reialion de Joseph
l'Indien, qui a été imprimée à Paris dans le siècle
passé. Sigismond Liber rapporte la même chose des
Moscovites : et Abraham Echellensis (3) dit que cette
contnme est très-ancienne chez les Chrétiens orien-
taux. Dans les Églises de Chaldée on observe la
même pratique à l'égard des enfants mâles, et l'on
ne baptise les tilles que quatre-vingts jours après
qu'elles sont nées , comme nous l'apprenons de Nai-
roni (i).
Dieu même autorisait par des miracles sensibles,
la pratique de ne baptiser que certains jours de l'an-
née. Nous avons un garant au-dessus de tout soupçon
de ce que nous disons ici, en la personne de Pascha-
sin (5), évêque de Lilybéc, en Sicile. Ce prélat, qui a
été le premier légat de S. Léon au concile de Calcé-
doine, écrivant à ce S. Pape qiù l'avait consulté en
A'iô touchant le jour auquel on devait célébrer la fête
de Pâques l'année suivante , rapporte que du temps
du Pape Zozime on lit cette fêle en Occident, en un
jour auquel il ne convenait pas de la célébrer. Et
après en avoir apporté des raisons tirées de la science
des nombres et des supputations , il confirme ce qu'il
avance par un miracle arrive de son temps , et jjour
ainsi dire sons ses yeux. Il y a, dit-il, un petit endroit
(1) Baudemund. nionachusElnonensismouast., in
Vilâ S. Amand.
(2) De Consensu Eccl. Orient, et Occident., c. 8,
n. 2. (Vid. supra, vol. 18 Curs. compl. Tlieol.)
(3) In noiis ad conc. Nicaju. constitutiones Ara-
bicas, c. 10.
(4) Nairon. in Eupliâ catholicre fidei, p. 123.
(n) Inler Epislol. S. Lconis post. 2, in nova edit.
69 BAPTEME. - 11' PARTIE. CHAP. I. TEMPS
silné dans des vioulafiucs escarpées et des bois hrs-cpais,
dans lequel on a hàti une éytise (oïl pauvre. La nuil de
raques les sacres fonts s'y remplissent d'eux-mêmes,
quoiqu'il nij ait ni canal ni eau au voisinage : et te peu
de qens qui s'y trouvent étant baptisés , l'eau se retire
d'elle-même, quoiqu'il n'y ait niconduil, ni issue. Mors,
comme nous avons dil , du temps de Zozime d'heureuse
mémoire, y ayant erreur dans te calcul des Occidentaux,
les leçons qui se font pendant cette sainte nuit étant
achevées, le prêtre attendant selon la coutume Chetire de
baptiser, et l'eau ne venant point jusqu'au jour, ceux qui
devaient recevoir le Baptême se retirèrent. El pour le dire
en peu de mots, la nuit du dimanche qui était le dixième
des calendes de mai, cette fontaine sacrée fut remplie
à l'heure convenable.
Le temps que le Pape Siricc prescrit, comme nous
avons déjà dit, pour la célébration du Baptême, est
celui de Pâques et de la Pentecôte, cl il suit en cela
la discijjliiie de son Église, qui pouvait avoir été éta-
blie par les Apôtres, quoiqu'eux-niémes ne se fussent
point astreints à celte nègle, comme il paraît par plu-
sieurs endroits des Actes. Nous pouvons au moins
faire remonter cet usage jusqu'aux temps apostoliques,
puisqu'il s'observait du temps deTerlullien, et avant
ce Père qui en parle comme d'une discipline à laquelle
tout le monde devait se conformer. La fêle de Pâques,
dit il , noj(5 présente un jour très-solennel pour le Bap-
tême, puisque la Passion du Seigneur, en qui nous som-
mes baptisés, y a été accomplie.... Après cela la Pente-
côte nous donne encore un très-grand espace pour rece-
voir ce bain sacré, t Diem baptismo solemnîorem Pascka
t prœstal, ciim et Pdssio Domini in quà tingimur , ad-
< impleta est.... Ex inde Pemecosle ordinandis lavacris
€ latissimum spatium est. i
Les successeurs de Siricc dans le S. Siège , ont
maintenu avec grand soin celle discipline ; et le Pape
saint Léon ayant appris qu'en Sicile on s'en écartait,
et que Ton célébrait le Baptême la veille de l'Epipha-
nie, en fut d'autant plus touché, qu'il était juste que
les Évoques de cette province qui recevaient l'ordi-
nation du S. Siège à qui ils étaient soumis immédiaie-
niont, n'y ayant point de métropolitains parmi eux, ou
au moins n'y en ayant point qui jouissent des préroga-
tives attachées à cette dignité, se conformassent à la
règle que le S. Siège lui-nicmc suivait si religieuse-
ment. Il en écrivit donc fortement en 447 pour les ra-
mener à l'uniformité de discipline avec l'Éj^lise de
Bome dont leur pays dépendait comme de sa métro-
pole, en qualité de province suburbicaire. Après leur
avoir prouvé fort au long qu'on ne devait baptiser qu'à
Pâques, il ajoute qu'on le peut faire aussi à la Pente-
côte en faveur de ceux que la maladie , les voy.igcs
soit sur terre, soit sur mer, ou quelques autres néces-
sités auront empêchés de recevoir à Pâques ce Sacre-
ment. El eos quos à die Paschœ aut motestia infirmita-
tis, aut longinquilas itincris, aut navigationis di/ficultas
inierclusit {[), etc. Il réfute ciisuile les raisons de ceux
(1) S. Léo, Epist. ad episcopos Sicil. quaj est
Il novae edit.
AUQUEL SE DONNAIT CE SACREMENT. 70
qui donnaient le Baptême à la fête de l'Epiphanie,
parce que le Sauveur avait été baptisé ce jour-là, et
parle de ce fait ooniuic étant incertain. Ce doulc sur le i
temps du Baptême de notre Seigneur est remarquable, '
et n'était pas sans fondement, puisque S. Épiphane (1)
qui vivait encore au comn)enccmcnt du ciniuième
siècle, croyait que Nolro-Seigneur avait été baptisé lu
sixième des ides de novembre. Le Pape Gélase dans
sa Lettre aux Évèqucs dcLucanie, prescrit la même
chose que S. Léon, aussi bien que plusieurs Conciles
de France et d'Espagne tenus dans les cinquième et
sixième siècles (2).
Nonobstant tous ces décrets, l'usage de baptiser en
d'autres temps que celui de Pâques et de la Pentecôte
ne laissa pas de s'introduire, même dans l'Occident,
qui était plus particulièrement soumis au Pape que les
Églises d'Orient, soit en qualité de Palriarclio de cette
partie du monde chrétien, soit parce qu'il était plus
à portée de veiller sur la discipline des Églises de ces
pays. On se mit sur le pied de conférer le Baptême à
la fête de Noël, à celle de S. Jean-Bapiiste, cl à quel-
ques autres. S. Avit, évêque de Vienne, nous ap-
prend, par exemple, dans la Lettre qu'il écrivit à
Clovis, que ce prince fut baptisé à Noël : et ccrlaine-
ment son témoignage sur ce point doit l'emporler sur
celui de Fredegaire et de flincmar (5) ; d'autant plus
qu'il s'accorde avec ce qu'écrit le pape Anastase II
au roi Clovis, à qui il dit : ÎVoms vous congratulons de
ce que vous êtes entré dans ta religion Chrétienne en
même temps que nous avons pris possession du Pontifi-
cat. Or il est certain que ce Pape ne fut intronisé que
peu de jours avant la Nativité. S. Grégoire de Tours (4)
rapporte un fait, lequel, vrai ou faux, prouve que
l'usage de baptiser à Noël était fort commun , savoir,
que Marcellin, évêque d'Embrun, avait bâti un Baptis-
tère , dont le bassin se remplissait tous les ans mira-
culeusement à la fête de la Nativité. S. Grègoire-le-
Grand écrivant à Euloge Palriarihe d'Alexandrie, lui
apprend l'agréable nouvelle de la conversion des An-
glais, et lui dit, qu'Augustin, l'Apôtre de celte nation,
en avait baptisé plusieurs milliers à la fête de la Nati-
vité de Notre Seigneur. Quelques exemplaires du Con-
cile do Gironne ajoutent la fêle de Noël à celles de
Pâques et de la Pentecôte : et le Sacramenlaire du
monastère de Gellone qui est écrit depuis plus de 900
ans, joint à Pâques cl à la Pentecôte la fêle de l'Epi-
phanie, comme un jour alTecté à la célébration du
Baptême; les annales de Fulde et de Metz sur l'an 847
en parlent de même. Enfin on voit la même chos .
dans ce que dit le roi Contran , suivant Grégoire df
Tours (5) , à l'occasion du Baptême de Clotaire, son
(1) Lib. 2 de IIa;rcs. , hairos. 5.
(2) Conc. Gerand. amiof)l7; Aniissiodor. , c. 18,
anu. 578; Mariscon. Il, ami. 585, c. 5.
(3) Frcdegar. Ilist. c. 11; Hincmar. Epist. ad
episc. Franc. , c. 1 i.
(4) Greg. Turon. Lib. de Gloria confessorum,
c. 69.
1 (5) Lib. 8, c. 9.
■Ji HISTOIRE DES SACREMENTS
neveu; et il paraît même que l'on ciondait dès-lors
1^
;sans conivadiclion la liberlé que Ton se donnait là-
Idessus , à !.i fêle de saint Jcan-Baptislc. Car ce roi
étant venu à Paris, dit en i)résence de tout le monde:
On dit (lue ChUpcrk , mon frère, a laissé un (ils m mou-
rant, dont Ci'ux qui sont charcjés de l'élever ont demandé
à la prière de sa mère que je le levasse des Fonts Bap-
tismaux à la fêle de Noél, et cependant ils ne sont point
venus. Ils ni ont prié ensuite qu'il fût baptisé èi Pâques,
et on n'a pus non plus apporté l'enfant. Enfin en troi-
sième lieu, ils m'ont supplié que cela se fit ii la S. Jean,
et il n'est point encore venu.
I Quoique dans la suite on étendît de plus en plus la
liljorlé ([uc l'on se donnait, loucliant le temps de la
'célébration du liaplème ; il faut convenir que Ton re-
garda toujours en Occident les régies que le Pape Si-
rice et S. Léon avaient données sur cela, comme dos
décrets auxquels il n'était pas permis de donner at-
teinte ; car on trouve quelques conciles de France qui
délendcnt de baptiser la veille ou le jour de l'Epi-
plianie, comme celui d'Auxerre de l'an 578. Et dans
le renouvellement de la discipline ecclésiastique, qui
se fit sur la (in du builicme siècle et au commence-
ment du neuvième, sous le règne de Cbarlemagne, on
rappela ces anciennes règles, et on en recommanda
fortement l'exécution , comme on le voit par les ca-
pitules d'Abiton, évoque de Bàle (1), en 822, et
d'IIerard (2) , arcbevèque de Tours , en 858. On ne
s'imagina jamais que le pape Innocent I (3), dans sa
décretale adressée à Yictrice de Rouen, eût rien or-
donné de contraire aux décrets des autres souverains
Pontifes, quoique selon quelques auteurs, il ait insi-
nué que le Baplème se conférait en tout temps, lors-
(pi'il recommande la continence aux Clercs, parce,
dit- il , qu'il ne se passe point de jours qu'ils ne vaquent
à l'oblation du S. Sacrifice, et à l'administration du
Baptême. « Nec prwterit dies, quà vel li Sacrificiis dïvi-
i nis, vel à Baptismatis officia vacent. t Par où ce Pape
a voulu dire seulement, que ce qui doit engager les
clercs à vivre dans un entier éloignement des fem-
mes, est rengagement où ils sont d'oflVir ou de servir
au sacrifice , et d'administrer tous les jours le Baptême
quand il y a péril de mort, soit pour les calécbumè-
nes adultes, soit pour les enfants.
Vers la fin du onzième siècle, et dans le douzième,
l'usage s'établit insensiblement de baptiser les enfants
d'abord après leur naissance; de peur, dit Rupert (4),
d'exposer cette nmltitude infinie d'enfants qui nais-
sent de parents cbrétiens au danger de mourir privés
de ce Sacrement. On remarque néanmoins dans le
même temps que saint Otbon de Bamberg, apôtre de
Poméranie, exbortaitles peuples qu'il avait convertis,
à présenter leurs enfonts au Baptême dans le temps
convenable ; c'esl-à-dire, au Samedi-Saint de Pâques
(1) Spicilegii tom. G.
(2) Herard. Capitula.
(3) Innocent. 1, epist. ad Victric, n. 12, q. 2, in
povà edit. Decrelalium.
(4) De divin. Offic. 1. 4, c. 18.
et de la Pentecôte ; c'est ce que nous lisons dans sa
vie (1). Le Concile de Reding en Angleterre ordoima
aussi (pie l'on réserverait au Samedi-Saint à baptiser
les enfants qui seraient nés 8 ou 10 jours avant Pâ-
ques, à moins qu'ils ne périclitassent. Et le Concile
de Londres de l'an 1257 se crut obligé de proscrir»
l'opinion extravagante de certaines gens, qui s'étaient
imaginé qu'il y avait du danger à baptiser les enf;»nls
le Samedi de Pâques et de la Pentecôte. C'est dans
les îles Britanniques où l'ancienne coutume semble
avoir été le plus tôt abolie; car dès le dixième siècle
elle n'y subsistait plus, comme il paraît par les Ca-
nons faits sous le roi Edgard, en 963. 11 est ordonne
dans le quatorzième à tous les prêtres d'administrer
le Baptême à tous les enfants dans l'espace de trente-
sept nuits depuis leur naissance ; et en même temps
il est prescrit aux parents de ne pas tarder à les pré-
senler à l'évêque, pour recevoir la Confirmalion. Dans
les règlements faits vers ce même tenq)s pour les
prêtres de Nortumberland , il est dit, cli. 10, que les
enfants seraient baptisés avant la dixième nuit qui
suit le jour de leur naissance.
En Orient, on n'observait pas si scrupuleusement la
coutume de ne donner le Baptême solennel que deux
ijj fois l'iimiée. Il semble même que de tout temps c'eût
j été l'usage en ce pays-là de le célébrer à la fête de
rEpipbanie, qui dans ces églises, pendant les trois
II; premiers siècles et au-delà, était la même (pie celle de
la Nativité, qui était séparée de l'autre en Occident de
temps immémorial ; car ce ne fut que dans le qua-
trième siècle que l'on fit à part la fête de Noël en
Orient, S. Chrysostôme ayant beaucoup contribué à
»j cet établissement, qui n'eut pas si tôt lieu en Egypte,
où l'on continua encore quelque temps à réunir ces
deux fêtes que l'on solennisait le sixième de janvier.
On l'appelait la fête des lumières à cause du Baptême
du Sauveur dont on rappelait la mémoire en ce jour.
S. Grégoire de Nice a fait un discours en ce jour
adressé à ceux qui devaient être baptisés. Jean
Moscb (2) parle du baptistère d'un bourg nommé So-
ruba dorit les fonts se remplissaient d'eux-mêmes du-
rant trois beures à l'Epiphanie, et se séchaient ensuite
après qu'on avait baptisé ceux qui se présentaient.
Enfin l'Eucbologe des Grecs assigne ce jour comme
un de ceux qui sont affectés au Baptême solennel.
Il faut que dès les premiers siècles la liberlé sur le
choix des jours de Baptême ait été fort grande on
Orient, puisque, si l'on en croit l'historien Sozomène,
après 'que l'on eut fait la dédicace de la belle église
que l'empereur Constantin avait fait bàlir à Jérusa-
lem, on institua une fête annuelle pour en perpétuer
la mémoire, et que l'on y donnait même les sacrements
du Baptême. Il paraît de plus, par l'histoire de Victor
de Yile (2), que c'était aussi la coutume en Afrique de
conférer le Baptême à l'EiiipIianie.
Après avoir parlé des temps de l'année et des so-
(1) Apud Sur. 2 julii.
(2) Prato spirit., c. 21 i.
(3) De Perscoulione Wandalicà, 1. 2. .
7i BAPTÊME. — ÎI' PARTIE. CIIAl
lennités destinées à la colobralion du B;iplùmc, disons
présentement un mot du temps précis auquel on ad-
ministrait ce sacrement, et tâchons de désigner l'heure
à hiqucUe on le donnait.
Ce qui a été dit en différents endroits de cette his-
toire fait assez connaître que c'était la nuit et durant
les veilles des grandes fêtes que cela se faisait; et
S. Grégoire de Tours le confirme (1. 5, e. H), lors-
que rapportant le Baptême des Juifs convertis par
S. Avit de Vienne il dit : La sainte nuit de la Pente-
côte, après avoir célébré les Vigiles, il se rendit au bap-
tistère, qui était hors des murs de la ville, et là, toute la
multitude {des Juifs) s'étaitt prosternée devant lui, il
pleura de joie, et les ayant lavés dans l'eau et oints du
saint chrême, il les fit entrer dans le sein de l'Église,
toute la ville fut alors illuminée (I. 5, c. 18), etc. Ce
récit fait assez connaître que le Baptême ne fut admi-
nistré à ces Juifs convertis qu'assez avant dans la nuit,
puisque les Vigiles avaient déjà été célébrées : Viyitiis ,
cclebratis. 3Iais je ne sais si l'on ne pourrait pas dire
que dans cette occasion on recula le temps ordinaire ;
car il y a tout lieu de croire que c'était la coutume le
plus communément reçue d'administrer le sacrement
au commencement des Vigiles , après la bénédiction
des fonts, et les autres cérémonies dont nous avons
parlé dans le neuvième chapitre de la première partie.
Ce qui est vrai, c'est que S. Jean Chrysostôme, dans
sa lettre au pape Innocent, parlant du tumulte arrivé
à Constantinople, lorsque les soldats, excités par ceux
de la faction de Théo{)hile, envahirent son église, il
dit qu'ils s'y jetèrent sur le soir du grand sabbat, tt^ô,-
£7~5c«v j.oiTihv T/iî r,ij.ssxi £7rtyivo//.£v^5-, et qu en ayant
chassé tout s(fn clergé, les femmes, qui s'étaient déjà
dépouillées de leurs habits pour entrer dans le bain
sacré, s'enfuirent toutes nues saisies de crainte, ce
qui fait voir que le Baptême se donnait au commence-
ment de la nuit.
Il y a toute apparence que cet usage était le plus
généralement observé, parce que le Baptême et la Con-
lirmalion des nouveaux baptisés devait précéder la li-
turgie, qui était fort longue les veilles des grandes
fêles, et pendant laquelle ils devaient participer avec
le reste des chrétiens aux mystères redoutables.
' La pratique de baptiser la nuit s'est long-temps con-
servée dans la plupartdcs Églises, et même dans quel-
ques-unes jusque sur la fin du onzième siècle, comme
il paraît par l'ordre romain dans l'article où il est
traité de la veille de Pâques, et par Rupert (1). En
cela la chose répondait parfaitement à la figure, puis-
que ce fut pendant la nuit que les enfants d'Israël pas-
sèrent au travers de la mer Rouge pour fuir les Egyp-
tiens, qui, les ayant poursuivis, furent engloutis par
le retour de ses eaux.
Dans la suite, l'heure assignée jiour le Baptême en
certains endroits fut trois heures après ^midi, comme
le montrent ces paroles d'Amalaire (2) : Jl faut re-
marquer que l'heure du jour auquel la sainte Eglise cé-
(i) Lib. 6 Divin. Offic, c. n.
(2)Deeccles. Offic, 1.4, c. 28.
TU. XX.
II. DES BAPTISTERES. ?;
lèbre le Baptême est celle en laquelle l'ange apparut à
Corneille, et lui apprit que ses prierai étaient mo7ilée*
jusqu'au trône de Dieu.
Nous nous sommes un peu étendus sur toutes ces
particularités, parce que les cérémonies de l'Eglise,
surtout celles qui font partie de la célébration et de
l'administration des sacrements, sont saintes, parce
qu'elles sont mystérieuses et remplies de piété, et que
ce sont des prédications muettes par lesquelles les
apôtres et les premiers fondateurs des églises nous
parlent encore tous les jours, nous font connaître nos
devoirs et nos obligations, et nous portent à les ac-
complir. Nous devons donc observer religieusement
les anciennçs cérémonies si elles subsistent encore,
et, si on a jugé à propos de les change)', nous devons
au moins respecter les traces précieuses qui en sont
restées, comme il est arrivé de la plupart, dont on
voit encore les restes vénérables dans ce qui se prati-
que à présent. Si l'Eglise a depuis défendu de baptiser
la nuit, c'est que l'usage des veilles sacrées s'est aboli
depuis long-temps, et qu'il y aurait à présent de Tin-
convénient à baptiser en ce temps.
CHAPITRE H.
Du lieu où se donnait le Baptême. Des baptistères, de
leur forme, des églises baptismales et de leurs préro-
gatives.
Il ne faut pas douter qu'avant que les chrétiens eus-
sent bâti des églises, et du temps des persécutions,
quand on ne s'assemblait que rarement et avec de
grandes précautions, on ne conférât le Baptême par-
tout où l'on pouvait. Depuis même que la paix fut
rendue à l'Eglise, il n'était pas rare de voir bien des
gens se faire baptiser dans le Jourdain. Constantin -
le-Grand souhaita avec ardeur de recevoir le Sacre-
ment de la régénération dans ce fleuve dont les eaux
avaient été consacrées par le Sauveur, comme nous
l'apprenons d'Eusèbe (1) et de Théodorel (2). Dieu
ayant répandu ses bénédictions sur les travaux apos-
toliques de S. Augustin et de ses compagnons en An-
gleterre, ils baptisèrent des milliers d'Anglais dans
différents fleuves, n'y ayant point encore de baptis-
tères où ils pussent célébrer,ce sacrement, comme le
témoigne le vénérable Bède dans son histoire d'An-
gleterre, l. 2, c. 16 et 19. Enfin nous avons des
exemples de Baptême administré aux catéchumènes
confesseurs dans les prisons et dans les maisons par-
ticulières aux malades (3).
Mais, généralement parlant, depuis la ^fin des per-
sécutions des païens, le Baptême s'est donné publi-
quement dans les baptistères des églises, qui étaient
des édifices dont la forme était ronde, et qui étaient
séparés du corps de la basilique et du vestibule qui y
était joint, et placés à main droite de l'entrée du vesti-
bule à quelque dislance, c'est-à-dire, qu'ils étaient,
02.
'3) Vide Act;» SS. Enuiuosi, Eulugii, etc., apud
Kuinarl.
(1) Euseb., lil). 4 (le Vilà Constantini, c.
(2) Theodoret., I. 1 llisl.eccl., c ô2.
75
pour l'ordinaire, du côté méridional de l'église. Nous
disons ordinairement, parce que lion avait coutume
de tourner le fond de l'église à l'Orient, autant que la
situation du lieu le pcnncttaii; mais il y en avait plu-
sieurs autrefois, et il en reste encore quelques-unes qui
sont tournées autrement, soit par la raison que nous
venons de dire, soit parce qu'on avait changé en égli-
ses des temples d'idoles ou des basiliques qui étaient
différemment consUuites, en sorte qu'il y a encore
des églises dont l'entrée n'est point à l'Occident,
comme celle de S. Pierre de Rome dont les autels ne
sont point tournés à l'Orient. Socrate (1) témoigne
aussi que l'autel de la grande église d'Antioche était
tourné à l'Occident; et les portes de la magnifique
église du S. Sépulcre, dont Eusèbe (2) nous a donné le
plan, étaient à l'Orient. S. Paulin, sans s'assujettir à la
règle ordinaire de placer les églises vis-à-vis de l'O-
rient, tourna vers la basilique de S. Félix celle qu'il
bâtit à Noie.
Ces baptistères étaient si grands et si spacieux dans
les grandes villes, que Ton pouvait y tenir de grandes
assemblées. Le concile que tint S. Flavien, dans le-
quel l'hérésie d'Eutiche lut proscrite pour la première
fois, fut tenu dans le baptistère de l'église de Gonslan-
linople, et S. Chrysostôme y tenait ses assemblées
avec quarante évoques, tandis que Théophile et ceux
de sa faction lui faisaient son procès dans le concile
du Chesne. Le P. Mabillon rapporte, dans son voyage
d'Italie, qu'il a vu en plusieurs villes de ces baptis-
tères ainsi séparés des églises, et entre autres à No-
varre, à Rome, à Florence, à Pise, à Parme^ à Pa-
doue et en d'autres endroits. On voit à Tours le
baptistère de l'église de S. Martin qui en est séparé
et qui sert de chapitre aux chanoines. Monsieur du
Gange, dans son Glossaire, nous représente le baptis-
tère de Florence en ces termes : A Florence, à côté
de la grande église, on voit une église bâtie en rond
et dédiée à S. Jean-Baptiste, on l'appelle le Baptis-
tère ; elle est toute de marbre et a des portes d'airain
très-bien travaillées. On voit, au milieu de cette église,
un bossin de marbre très-beau dans lequel on baptise
tout ie monde à Florence. Jean Diacre, dans la des-
cription qu'il nous a donnée de l'église de Latran (3),
remarque aussi que les fonls baptismaux sont de figure
ronde, et placés au milieu du baptistère entre des co-
lonnes de porphyre. La slriiclure de ce baptistère est
aussi en rond, selon le même auteur. 11 y avait ordi-
nairement, dans ces sacrés fonts, des marches qui,
suivant plusieurs auteurs (4), étaient au nombre de
sept, ce qui doit s'entendre de plusieurs endroits et
non universellement.
De ces marches trois servaient pour descendre sur
la quatrième, de dessus laquelle on plongeait les ca-
téchumènes et d'oii on remontait par les trois autres ;
(1) Lib. 5 Hist., c. 22.
(2) Lib. 3 Vitai Constantini, c. 37.
(3J Joan. Diacon., de Ecclesiâ Lateran., 1. 12,.
(4) Theodulph. Aurelianensis, l. 2 de Ban., c. 13;
Hugo Fia vin., in Chron. Verdun.
RISTOIRE DES SACREMENTS. IB
ou bien plutôt cela était ainsi disposé afin que les deux
personnes, je veux dire le prêtre et le parrain qui
tenaient celui que l'on plongeait dans le bain sacré, pus-
sent remonter chacun à part et sans embarras, comme
ils descendaient l'un et Taulre sur la quatrième mar-
che. C'est ainsi, ce me semble, que Ton doit entendre
ce que dit S. Isidore (1) des degrés que l'on pratiquait
dans les fonts baptismaux. Voici ie passage dans le-
quel il explique allégoriquemcnt ces degrés : Foni
autem omnium gtoriarum origo esl, cujiis septew. gradui
simt, 1res iti descensu... très in ascensu... ; seplimus verh
is est qui et quartus, stabilimenlum pedum, etc.
Comme autrefois on ne donnait le Baptême que»
deux ou trois fois l'année, comme nous Tavoiis vu
dans le chapitre précédent, et il se trouvait souvent
plusieurs milliers de personnes à baptiser à la ibis,
principalement dans les grandes villes , il y avait aussi
quelquefois plusieurs fonts baptismaux dans le même
baptistère ; c'est ce que l'on voit encore aujourd'hui
dans celui de Pise, comme le P. Mabillon nous l'ap-
prend dans la Relation de son voyage d'Italie. Anas-
tase-le-Biblioihécaire parle souvent des riches orne-
ments dont les papes enrichissaient les baptistères;
et M. de Fleury, dans son Histoire ecclésiastique, rap-
porte ce que cet auteur en a dit, ce qu'il fait ordinaire-
ment après avoir parlé de la mort des papes qui ont
fait ces présents ; on peut le consulter là-dessus. Pour
nous, nous nous contenterons de dire ici qu'on y éle-
vait des autels pour y célébrer le saint sacrifice et
communier ensuite les néophytes , qui , après avoir
reçu le sacrement de Confirmation, assistaient et par-
ticipaient aux saints mystères. Le pape Ililaire érigea,
dans le baptistère de la Basilique dcCoifisianlin, trois
oratoires ou autels, suivant Anastase, dont le premier
était dédié à S. Jean-Baptiste, ie second à S. Jean l'É-
vangéliste, le troisième à la sainte Croix. Le pape
Symniaque, selon le même auteur, fit fiaire sur la
fontaine sacrée, dans la basilique de S. Pierre, un
oratoire d'argent dédié à la sainte Croix, une confes-
sion et une croix d'or. On voit encore aujourd'hui,
comme le P. Mabillon l'a remarqué, un autel adhé-
rant au baptistère de Pise, et au-dessus de cet auiel
un globe concave, dans lequel, vraisendjlablement, on
gardait l'Eucharistie pour l'usage de ceux qui venaient
d'être baptisés.
Telle était la forme et la situation ordinaire des
baptistères dans les anciens temps. On a depuis con-
verti en églises ou paroisses ces baptistères, qui ordi-
nairement étaient placés auprès des églises cathé-
drales ; c'est pourquoi nous voyons en plusieurs villes
épiscopales des églises de.S. Jean qui sont toutes voi-
sines des cathédrales; telles, sont celles de S. Jean le
Rond à Paris dont la dénomination fait encore con-
naître l'origine, de S. Jean du Cloître à Toul, et de
S. Jean simplement dit à Verdun en Lorraino, qui
touclient presque aux principales églises. Il aura élu
facile de changer en églises ces baptistères anciens^
(1) Isidor., 1. 2 de divin. Oflic, c. 24.
fin- BAPTÊME,
d'autant plus qu'on les dédiait et consacrait quelque-
fois, cl que Ton taisait tous les ans la tète de celle
consécration, qui était même réservée à l'évèquc,
comme il paraît par quelques inonumenls anciens (1).
On voit copcndant quelques-uns des anciens baplis-
lires placés dans rcnceinle des églises, vers la porte
d'entrée, à main gauche. Le même P. Mabillou dit en
avoir vu un à Verccilie situé de celle manière. On
voit, dit-il, à gauche, en entrant dans Téglisc, un
vieux bapiislèrc de marbre (pu a un siège de chaque
côté. Dans les temps postérieurs, je veux dire depuis
les sixième et septième siècles, on ne plaça guère au-
trement les baptistères. On en voit un d'airain Irès-
bien travaillé dans l'église de S. Marc à Venise, il est
dans une chapelle près la por.te qui conduit au palais
du doge, conligu à celte égliss. Je ne sais point que
cela se soit fait autrement depuis, sinon à Bàde en
Suisse, où le baptistère, comme le P. Mabillon dit l'a-
voir vu dans son voyage d'Allemagne, n'est point
placé à la porte de l'église, mais au haut de la nef du
côté du Septentrion, y ayant au-dessus une figure de
colombe suspendue.
Les fonts sacrés étaient communément de pierre,
de marbre ou de porphyre ; on en voit un très-beau
et fort ample de porpiiyrc dans la cathédrale de Metz,
dans lequel on pourrait plonger un enfant, et qui ne
sert plus guères aujourd'hui que pour le baptême de
quelques Juifs qui se convertissent de temps en temps.
La forme ^de ce bassin esl ovale, mais, pour l'ordi-
naire, elle élait ronde, comme on le voit encore dans
ceux des anciens qui restent en Italie. Grégoire de
Tours (2) lidt mention d'un de ces font5 qui était d'un
marbre jaspé et fait en forme de croix.
S. Edmond de Cantorbéry, dans ses Constitutions,
et le concile de Wigorgne, ordonnent que les fonts
sacrés soient de pierre ; mais en même temps ce saint
dit que l'on pourra baptiser les enfants qui périclitent
dans un vaisseau de bois chez leurs parents, à condi-
tion qu'on aura soin de jeter aussitôt au feu les vais-
seaux dans lesquels on aura ainsi administré le sa-
crement.
Dans les premiers siècles, comme l'adminislralion
. du Baptême était une fonction réservée aux évoques ,
1 il n'y avait pour tout le diocèse qu'un seul baptistère
j,| dans l'endroit on ceux-ci flusaient leur résidence, et
'[ il était attaché à l'église principale , où élait le siège
; épiscopal. Il reste encore à présent des vestiges très-
marqués de celle ancienne discipline tant en Italie
qu'en France en certaines villes ; c'est ce que l'on
voit à Florence , à Pise, à Parme, à Padoue, où on
ne baptise les enfants que dans le baptistère de l'é-
glise cathédrale. La même chose s'observe au Puy en
Yelai, et à Quimper en Bretagne. Le même usage avait
lieu aussi à Reims, il y a environ 400 ans; comme
nous l'apprenons de l'ancien Ordinaire , ou rituel de
II* PARTIE. CIIAP. IL DES BAPTISTÈRES. 78
celle église, qui porte dans l'endroit où il parle des rits
du Samcdi-Saini, que la bénédiction des fonts étant
achevée , l'évèque, s'il est prêt pour cela , baptisera
un de ceux qui doivent être initiés au sacrement de
Baptême , et que les prêtres des paroisses baptiseront
les autres , qui seront ensuite confirmés par l'évèque.
Il faut excepter de cette règle la ville de Rome,
dans laquelle, à cause de la multitude prodigieuse de
peuple qui se trouvait dans celle capitale de l'empire,
cl du grand nombre de ceux qui embrassaient la re-
ligion chrétienne; il y a eu dès les premiers siècles,
plusieurs baptistères d.ins les principales églises ;
comme à S. Jean de La Iran , à S. Pierre , à S. Paul ,
à S. Laurent m Daxnaso , à sainte Agnès , à S. Pan-
crace, et en quelques autres.
Dans la suite , quand les peuples de la campagne
furent devenus chrétiens , on érigea aussi des baptis-
tères hors les villes épiscopales ; mais il n'y en avait
pas partout où il y avait ce que nous appelons aujour-
d'hui, cure ou paroisse; et dans les petites villes
même qui n'avaient point d'évêques , et où il y avait
plusieurs curés , le Baptême ne se donnait que dans
le baptistère d'une seule église principale. Ces bap-
tistères ne pouvaient être établis que par l'autorité
des évêques , sur le territoire desquels ces églises
étaient situées ; c'est ce qui est expressément ordonné
par le concile de Vernon (c. 7) sous le roi Pépin , en
ces termes : lit puhlicnm haptisterium ;.: .iv.U.ï ecclesiâ
esse debeat , nisi episcopus conslituerl'. c: : rivochia
est. On appelait ces églises où il y avait d . ;ùs bap-
tismaux, Tiluli baptismales, et elles se nommaient Bap-
tismales , pour les distinguer de celles qui n'avaient
point les fonts sacrés.
Elles n'étaient point en grand nombre , soit à la
campagne , soit dans les villes et les bourgades, comme
il paraît par le canon -48, du concile de Meaux, cl par
Burchard (4), qui dit en propres termes, qu'il ne doit
point y avoir plusieurs églises baptismales dans le
même canton , mais une seule avec les chapelles qui
y sont soumises. Plures baptismales ecclesiœ in unà ter-
minatione cssenonpossunl, sed una tanlummodb cnin siib-
ditis capelUs. C'était le nom que l'on donnait aux égli-
ses qui n'avaient point de fouis baptismaux , on les
appelait chapelles ou oratoires; et il n'était point
permis d'y construire de baptistère , ni d'y établir un
prêtre, cardinal, ou titulaire. S. Grégoire-le-Grand {t^
nous l'apprend dans sa lettre à l'évèque d'Arimini ,
où, parlant d'un oratoire qu'une dame nonnnéeTin)o-
thée avait fait bâlir dans cette ville , il lui dit : Vous
le consacrerez solennellement sans messes publi(iucs, en
sorte qn'à l'avenir on iiy construise point de bapiislèrc >
et que vous n'y établissiez point un prêtre cardinal. Le
même pape (5) avait ordonné la même chose pour un
oratoire bâti à Naples.
Le pape Zacharie suivit la même disposition sur c«
(4) Voyez le Gallia Chrisliana, nov. edit., t. I, et
le Trésor des Anecdotes du P. Marlène, t. 3, p. 157G;
Sidoine Apollinaire, l. 4, ep. L'i.
(2) Lib. i de Gloria mari., c. 23.
(1) Lib.3, c. 22, ex concilio quodam Aquisgra^
nensi.
(2) Lib. 2, Indiclionc 10, ep. 9.
(3) Lib. 8, Indictionc, ep. 3.
71
HISTOIRE DES SACREMENTS.
80'
iijet , dans ses réponses aux capitiilos du roi Pépin. [Il Les moines ont eu aussi des baptistères dans leurs
A présent encore dans la vilie de FJonlcnux, qui est une
des plus considérables de France, dans laquelle il y a
plusieurs cures ou paroisses, il n'y a que trois églises
baptismales ; savoir, la cathédrale dédiée à S. André,
celle de Sainte-Croix de l'ordre de S. Benoît, et celle
de S. Sevcrin.
Les peuples qui s'assemblaient ordinairement dans
ces oratoires ou cbapelles, devaient venir trois fois
l'année dans ces églises matrices, comme il est or-
donné dans plusieurs conciles, et celte sainte insti-
lulion, dit M. Baluzes (1), a duré long-temps dans
l'église, et s'y est conservée jusqu'au onzième siècle.
11 ajoute (ju'il a en main des lettres de Pibon, évéque
de Toul, données en l'an 1079, qui confirment cette
discipline. Cet évêque y dit que l'église de Mung
était anciennement une chapelle dépendante d'une
autre qu'il appelle de Blano : que les habitants de Mung
avaient coutume de se rendre aux fêtes de Pâques, de
Pentecôte et de Noël à leur église matrice, et d'y
offrir les oblati»ns au prêtre de celte église. Il les
dispense de cette sujétion, et leur accorde par cette
charte un baptistère, cl la libre sépulture. Ou voit ici
un exemple de ce que pouvaient les évêques en ces
soiles de matières. Pibon use de son droit, en éri-
geant en église baptismale une chapelle ou oratoire
qui relevait anciennement d'une autre qui lui tenait
lieu d'église matrice, dans laquelle seule, ceux qui
s'assemblaient à cet oratoire pour entendre l'office
divin, devaient porter leurs enfants pour être bap-
tisés.
Les églises baptismales tenaient , comme vous
voyez, un rang distingué entre les autres, et c'est
pourquoi l'empereur Charlemagne ( 2 ) fit une loi,
par laquelle il était ordonné que les dîmes des vil-
lages dans lesquels on établirait de nouvelles églises,
apparliendraient aux anciennes dans le territoire
desquelles elles seraient construites. La même chose
fut ordonnée par Léon lY (3), et Gratien en conclut
que les dîmes ne sont dues qu'aux églises baptisma-
les ; ot Barthélémy de Bresse , qu'il faut toujours
payer les dîmes aux églises baptismales, et non aux
chapelles.
L'auteur qui a fait la description de la province
de Galle (4), dit que les Bretons payaient les deux
tiers des dîmes aux églises baptismales, et l'autre à
l'évêque diocésain. C'est sans doute en vertu de ce
droit attaché aux églises baptismales que les
moines perçoivent les dîmes des églises qu'ils ne
desservent pas, et qui n'étaient anciennement que des
chapelles dépendantes de l'église principale qui était
la leur , et ils ont conservé dans quelques endroits
la plupart, ou au moins une partie, des prérogatives de
ces églises matrices, et ces prérogatives portent aujour-
cl'hui le nom de droits de curés primitifs.
(1) In notis ad capitularia, tom. 2, p. 1064.
(2) In capitul. 1 anni 815, c. 19.
h) ApudGrat. 1691, c. 45.
(4) Giraldus in Descript. Cambriœ, c. 18.
églises par concessions ou privilèges, que la sainteté
de leur vie leur avait acquis. C'était en vertu de ces
privilèges que les monastères de saint Pacôme avaient
ce droit, nous l'avons vu par le beau passage de la
lettre de S. Théodore, que nous avons allégué dans la
première partie de cette histoire du Baptême ; et l'au-
teur de la vie de S. Pacôme (1), qui lui était contem-
porain, nous assure que dans les monastères de l'or-
dre de Tabenno, on y donnait le sacrement de la
régénération aux catéchumènes, après les avoir in-
struits et préparés avec grand soin à cette grande
action. Il est certain aussi, par le témoignage d'Egi-
nard (2), que l'on donnait le Baptême dans l'église
de S. Alban de .Mayence. Vous avez vu la même
chose du monastère de Sainte-Croix de Bordeaux.
Enfin c'est un fait constant que c'était autrefois
la coutume de faire baptiser le Samedi-Saint les en-
fants des nobles du voisinage de l'abbaye de la Chaise-
Dieu, dans le baptistère de cette église. Bertrand, qui
a écrit l'histoire des miracles de S. Robert (3), fon-
dateur de cette maison, était témoin oculaire de cet
usage.
Pour revenir aux églises baptismales et à leurs pré-
rogatives, nous trouvons qu'on les appelait autrefois
Plèbes, à cause de l'alfluence du peuple qui s'y ren-
dait pour s'y acquitter des devoirs du christianisme.
De là vient sans doute le nom de Plebani, que les
curés portent encore aujourd'hui dans certains pays.
On les nommait aussi Oracles, oracula, comme ou
le voit dans les capitules de Pépin (4) roi d'Italie, et
ailleurs. L'empereur Charlemagne ayant égard à la
dignité de ces églises, fit une loi, par laquelle il défen-
dait de les donner en bénéfice à des personnes laïques
cette loi, quiselitdanslescapitulaires de l'an 793, ne
fut point mise si généralement en exécution, qu'il n'y
restât encore des abus sur ce sujet; puisque, comme
il paraît dans un cartulaire du prieuré de Parède, l'é-
glise de saint Bénigne qui avait un cimetière, un bap-
tistère et le droit de sépulture, fut long-temps possé-
dée par des laïques par droit de bénéfice , dont ils se
défirentdu temps du prieur Hugues.
Une autre marque de distinction de ces églises au-
dessus des autres, était que celles-ci étant desservies
par un seul prêtre, on voulait que dans les premières,
il y eût un diacre outre le prêtre ; c'est ce qui est
prescrit dans des anciens capitules tirés de quelques
manuscrits du Vatican et du Mont-Cassin , que le père
Sirmond a fait imprimer. M. Baluze en cite ces pa-
roles dans ses notes sur les capiiulaires : Ut nulla
ecclesia , cujuslibet diœcesis, ubi baptismum sil , presbij-
ter absque diacono reperialur.
Nous ajouterons à ce que nous avons dit dans ce
chapitre touchant les baptistères, que le concile d'Au-
(1) Apud BoUand. 14 maii.
f2) In Annalibus, ad aitiunn 826.
(5) In libro Tripartilo, dist. 1, n. 25.
(4) CodicelegisLongobard. 16. In praîcept. Carolo
III iinp. pro Ecclesia PergaHiensi, apud R. P. Cœlc-
i stinum Capuciimm, Ilist. p. 599.
ir PARTIE. CIIÂP. m. MATlERi: ET FORME DE CE SACREMENT. 8Ï
Terlullien (1) qui touchait aux temps apostoliques.
81 BAPTÊME
xerre défend d'y enterrer personne, tant la vénération
pour ce saint lieu était grande autrefois ; c'était ce
respect qui engageait les évoques à y mettre les reli-
ques des sainis, comme on le voit dans plusieurs en-
droits de l'histoire de S. Grégoire do Tours (1) : ce
qu'il fit lui-même en mettant dans le baptistère qu'il
avait fait construire , des reliques de S. Jean et de
S. Serge niarlyr. Enfin on voit dans les décrets du
dix-huitième concile de Tolède (can. 13) une chose
assez particulière touchant les baptistères; savoir,
que quoiqu'au commencement du carême on fermât
les baptistères, la coutume était en Espagne que
l'évèquc outre cela , mît le scellé sur la porte de sa
propre main, en y apposant son sceau.
CHAPITRE III.
De la manière cTadministrcr le Baptême , ou de la ma-
tière et de la forme de ce sacrement. Que la triple
immersion est d'institution apostolique; jnsqiCà quand
elle a été pratiquée. Du Baptême par infusion , de sa
validité.
Notre-Scigneur a prescrit en peu de mots à ses dis-
ciples la manière dont le sacrement de Baptême doit
être conféré, lorsqu'il leur a dit (2i : Allez, enseignez
toutes les naiions , les baptisant au nom du Père, et
du Fils, et du Saint-Esprit. Dans ce peu de paroles il a
réuni la matière et la forme de ce grand sacrement
par lequel nous devenons chrétiens : le terme bapti-
zantes signifie qu'il faut plonger dans l'eau, comme on
y plonge les étoffes que l'on veut teindre, et marquant
en même temps par ce qui suit, la formule de parole
qui doit accompagner cette action. Terlullien qui
rend ordinairement le terme baptisare qui est grec ,
By-TiTi'Çetv, par celui de lingere , l'a pris dans sa vérita-
ble signification. Aussi depuis les Apôtres jusqu'au
quatorzième siècle et au-delà, on a donné le Baptême,
en y plongeant dans l'eau ceux à qui on l'administrait,
comme nous le verrons bientôt.
Nous avons une preuve authentique de ce que nous
disons ici, aussi bien que des trois immersions qui se
faisaient au nom des trois personnes divines , dans le
cinquantième canon des apôtres, qui dépose du sacer-
doce un évcque , ou un prêtre qui omet dans le Bap-
tême les trois immersions, et qui n'en fait qu'une en
la mort du Seigneur , d Tt,- j-tTzîTrs; n TrpîîSJrspî; iJ.n
ôiV. ^Sa-TtT'/y.Ty. //ïc; /j.-jY,7î'j)i ItlIts/Éî-/;, «//à i-j ^Kartî/zK..
Kv-OvAptiOci. M.Daillé (5) a prétendu prouver que ce ca-
non ne devait point être attribué aux Apôtres, ni à
leurs premiers disciples; à cause de ce nombre ter-
naire qu'il exige dans les immersions du Baplême,
s'imaginant (pie ceux qui l'ont prescrit se sont en cela
éloignés de la gravité et de l'autorité apostolique ; mais
il s'est grossièrement trompé lui-même en cola : et de
tous les canons attribués aux Apôtres, celui-ci est un de
ceux qui viennent plus probablement de leur tradition.
(!) Lib. de Vit. Palrum, c. 7, et lib. 10 Ilisl. Franc,
cap. 31.
(•2) Mallh.c. 28, v. 19.
(5) De Pseudcp.,1. 13, c. 19.
n'entendait point autremeat les paroles du Sauveur que
nous avons citées, et croyait qu'elles renfermaient le
précepte de plonger trois fois dans l'eau ceux qui vou-
laient f;ùrc profession du Christianisme. Christus....
dit-il , et novissimè mandans , ut tinguerent in Patrem ,
et Filium , et Spiritum sanctum, non in unum. Nam nec
semel , sed ter , ad singula nomina in singulas personas
tinguimur.
De plus TertuUien (2) prend occasion de cette prati-
que, et s'en sert comme d'une preuve sans réplique ,
pour faire voir qu'il y a dans l'Eglise des traditions quL
ne sont point dans les Ecritures divines, et qui nous
ont été transmises de vive voix, mettant de ce nombre
le rit dont il est question. Examinons donc , dit-il , si
la tradition non écrite doit être reçue. Certes tious le nie-
rons , si nous n'avons point d'exemples d'autres obser-
vances, qui soient autorisées sans être écrites, sous le
seul titre da la tradition , et l'appui de la coutume. Et
pour commencer par le Baptême , avant d'entrer dans
l'eau nous renonçons au diable , à ses pompes , et à ses
anges, sous la main de l'évêque ; et ensuite on nouz
plonge trois fois , etc. ; c deliinc ter mergilamur. > i
Saint Basile dans son livre du Saint-Esprit ( c. 27 )
parle dans le même sens que TertuUien, cl met comme
lui la triple immersion au nombre des rits qui nous»
ont été transmis par le canal de la tradition aposto-
lique. Il enseigne d'abord, que des dogmes et des usa-
ges qui de son temps étaient prêches et observés dans
l'Eglise, les uns venaient de la doctrine des Apôtres
qui avait été écrite : et les autres nous avaient été
transmis par les" mêmes Apôtres sans le secours de
l'écriture. Il prétend ensnile que les uns et les autres
ont la même vertu pour porter à la piété, et qu'au-
cune personne tant soit peu instruite n'ose y contre- ;
dire. Après s'être ainsi expliqué, il vient à ces choses
qui ont passé des Apôtres jusqu'à nous, sans avoir été
écrites dans les livres sainis, et met de ce nombre les '
trois immersions. Tô ùk rpi? ficA.iz-vi^s.zQ'x.t.-zh-) â^Opuizoj -tzà' :
0=;, etc.£/.:rote;£JTtvpKp»î,-.Jepourraisconfirmercetusa- '
ge par une infinité de témoignages de Pères et de con-
ciles, mais ce serait un ouvrage superflu , ce jioint de
discipline n'étant point contesté, et n'y ayant là-des-
sus aucune variation ; sinon en Espagne où le pape
S. Grégoire (3). permit, pour certaines raisons, de
n'employer qu'une inmi ersion dans le Baptême. La
principale était de s'éloigner en cela des héréliciuos,
qui prétendaient autoriser leurs erreurs sur la Trinité
par celle triple immersion, de laquelle ils inféraient
et tâchaient de persuader aux autres, qu'il y avait trois
substances dans la Trinité. Le quatrième concile de
Tolède, appuyé sur rautorité de ce grand pape, or-
] donna depuis qu'on ne fit qu'une seule immersion dans
I le Baptême. Mais ce changement de discipline ne pa?«^
I pas l'Espagne , et dans le huitième siècle Alcuin (i)
(1) Avers. Prax., c. 2G.
(2) Idem de Coron, militis, c. 3.
(3) Lil). 1 , opist. ii.
(ij Epist. 81 adPaulinum.
à3
HISTOIRE DES SACREMENTS.
Si
le reprocha aux Espagnols dans des termes très- |j fit avec tant de décence et de modestie qu'on ne voit
durs, le regardant comme un atlentat punissable.
AYalalrid Strabon (1) n'en parlait guères mieux. Ce
furent sans doute de semblables invectives qui enga-
gèrent le concile de Vormes de l'an 8G8, à déclarer
innocente celle pratique (2) ; sans cependant l'auto-
riser dans les pays où elle n'était pas encore«reçuc.
La triple immersion continua donc d'avoir lieu dans
toutes les Églises jusqu'au quatorzième siècle. J'ai lu ,
dit le P. Martène (5) , bien des pontificaux et des ri-
tuels manuscrits , tant anciens (juc modernes, et dans
tous, excepté un seul qui était à TusMge de l'église de
sainte Madeleine de Beaulicu; dont le caractère est
à peine de trois cents ans, j'ai trouvé que l'immersion
était prescrite. Le premier monument où cet auteur,
si versé dans L( connaissance des anciens rils de l'E-
glise, sur lesquels il a fait lanl de recherches, ait
trouvé du changement à cet égard , est un concile de
Uavcnne de l'an 1511, qui laisse aux choix du minis-
tre du Baptènie , de donner ce sacrement par immer-
sion, ou par infusion. Cependant celte liberté que le
concile dont nous parlons laissait sur ce point , ne
causa pas un changement bien sensible; puisque,
comme dit M. Baillet (4) , l'usage des trois immer-
sions... subsista dans l'Eglise jusqu'au quinzième siè-
cle; cc:;:me noiis le persuade, dii-il, le témoignage
de GcriO;;. Ilajoute, quelques lignes après, qu'on a vu
des docleu::; soutenir encore (nonobstant ce que S.
Grégoire avait iicrmis aux Ebpagnols) dans le quator-
zième siècle , qu'il n'y avait que la nécessité , ou un
usage généralement reçu dans le pays , qui pût excu-
ser de ne point faire les trois immersions. 11 fallait,
quand , dans la suite on a substitué l'infusion à l'im-
niersion , que l'on répandit l'eau sur ceux que l'on
baptisait avec abondaiice, puisque les statuts syno-
daux de Verdun du commencenient du seizième siècle
la nomment immersion ; immcrsio de aquù. Ils pres-
crivent aussi qu'elle se fera par trois fois , selon l'an-
cienne coutume. FA fuit Irina uquœ immersio de aquâ
benediclâ fonlium super iiifantcm sicut est fieri consue-
tum ab anllquo.
M. Baillet prétend que ce qui contribua à faire enfin
abolir entièrement l'nsage de l'immersion, fut en par-
tie l'embarras nécessaire que causaient les précautions
qu'il fallait prendre dans le baptême des femmes, pour
que la pudeur n'en souffrit rien. Mais cette raison
paraît bien faible et hors de saison, elle aurait eu lieu
tout au plus dans les cinq ou six premiers siècles, où
l'on baptisait quclquerois en \\n seul jour et dans le
même endroit plusieurs milliers de femmes adultes.
Mais dans les quatorzième et quinzième siècles, où dans
les plus grandes villes on n'en baptisait quelquefois
pas une en dix ans, il était aisé de se précautioimcr
là-dessus sans beaucoup de gène.
On avait soin dans les premiers siècles que cela se
(1) Lib. de Rébus ceci , c. 29
h.\ Conc. Worm., can. 5.
(3) De anl, Eccl. Discipl. .cl, arl. \^.
(4) Des fèlcs mobiles; du Samedi-Saint, art. G.
point de plainte surcetarticle, quoique hommes et fem-
mes descendissent nus dans les fonts sacrés. Chaque
catéchumène se dépouillait lui-même , et descendait
dans les fonts soutenu de son parrain avec le secours
d'un diacre ou d'un autre clerc pour la forme. Alors
le prêtre lui faisait la triple immersion ; s'il y avait
deux cuves ou deux fontaines , on baptisait à part les
femmes et les fillcfj qui étaient soutenues par leurs
marraines , mais déshabillées par les diaconisses , ou
d'autres personnes de piété : de telle manière néan-
moins qu'elles avaient toujours le corps couvert , soit
de l'eau pendant l'action , soit de quelque couverture
à l'entrée et au sortir de l'eau. S'il n'y avait qu'une
cuve, on attendait que le dernier des garçons fût sorti,
pour baptiser l'autre sexe. On lit avec édification ce
que rapporte l'auteur de la vie de S. Otbon de Bara-
berg (I) touchant les précautions qu'il prenait pour
mettre à l'abri de tout soupçon la pudeur, tant des mi-
nistres du Baptême, que de ceux qui le recevaient en
foule dans les missions qu'il fit vers la partie septen-
trionale d'Allemagne.
Les Grecs et les Jacobitcs ont conservé jusqu'à pré-
sent la triple immersion : ceux-ci , suivant le témoi-
gnage de Yansleb dans son histoire de l'Eglise d'A-
lexandrie (2) , la font en forme de croix. C'est aussi ce
qui se pratiquait en Occident en plusieurs endroits, de-
puis que l'on ne baptisait plus guère que des enfants.
Cette cérémonie est prescrite dans l'ancien pontifical
manuscrit de Salzbourg , dans lequel il est dit, que le
IMètre doit tourner d'abord la tète de l'enfant qn'ilbaplise
vers l'Orient, tandis que ses pieds sont étendus vers
l'Occident : en second lieu vers le Midi : et enfin vers
le Nord. Encore aujourd'hui le Rituel de l'Eglise de
xMilan , celle de tout l'Occident qui s'est le plus atta-
chée à conserver les anciens rits , ordonne que l'on
plonge trois fois dans les sacrés fonts la tête de l'en-
fant que l'on baptise.
Vous avez vu jusqu'à présent la manière ordinaire
de baptiser dans l'Église, mais il y avait certaines con-
jonctures dans lesquelles il était dillicile, pour ne pas
dire impossible, de la mettre en usage ; comment, par
exemple, plonger tout entier dans l'eau un homme ma-
lade prêt à expirer? ou bien, comment un marlyrren-
fermé dans une prison étroite aurait-il pu trouvcrassez
d'e;iu, pour y plonger ses gardes, ou son geôlier qui se
convertissait, soit à la vue de ses miracles, soit en Con-
sidérant sa patience et son courage? on pourrait propo-
ser plusieurs circonstances équivalentes à celles-ci. Mais
je ne voudrais pas mettre de ce nombre, connue font
quelqiuîs uns , l'embarras prétendu où se trouva S.
Pierre "le jour delà Pentecôte, quand ayant converti
par sa première prédication trois mille personnes il
fut question de les baptiser, connue l'Ecriture (3) sem-
ble marquer qu'ils le furent effectivement en ce jour,
(1) Apud Sur. 2 juUi.
(2) Part. 2, c. 21.
(3)Acl.2, v. 4!.
BAPTÊME. -- II* PARTIE. CIIAP. III. MATIÈRE ET FORME DE CE SACREMENT.
f{5
lorsqu'elle dit, que ce jour-là environ trois mille pe^
sonnes furent agrégées à l'Eglise. Et appositœ siail
in die illàanimœ circiter tria mitUa: car je ne vois pas
que la chose fût fort difficile. L'eau ne manquait pas
à Jérusalem, tous les Apôtres y étaient alors, et pou-
vaient se faire aider par les autres fidèles qui avaient
reçu le Saint-Esprit avec eux dans le cénacle, et ainsi ils
pou^'aient fort bien baptiser ce jour-là ces trois mille
personnes en les plongeant dans l'eau; puisqu'à Con-
sianlinople, dans le temps qu'on enleva S. Chrysoslôrae,
les prêtres de son église avaient baptisé trois mille
hommes la veille de Pâques, sans compter les person-
nes de l'autre sexe, que les satellites de Théophile
mirent en fuite, et obligèrent de se sauver du baptis-
tère lorsqu'elles étaient sur le point de descendre
dans les fonts sacrés, plusieurs étant déjà déshabillées
pour cela.
Mais pour en revenir aux conjonctures dont nous
avons parlé, nous avons des exemples dans l'antiqui-
té , de personnes malades que l'on baptisait sans les
plonger dans l'eau comme les autres, mais par infu-
sion, en leur versant de l'eau sur la tète ou sur le
corps; et entre autres celui de Novatien , qui voulut
depuis usurper le Siège de S. Pierre ; lequel étant
lorabé malade fut baptisé dans son lit. Et quoique
depuis, le pape S. Corneille ait proposé contre lui
plusieurs reproches, on ne voit point que l'on ait ja-
mais révoqué en doute la validité du Baptême qu'il
avait reçu, et qu'on le lui ait donné de nouveau, ce
qu'il aurait fallu faire si on eût douté qu'il fût valida.
Il est vT3ii que ceux qui avaient été baptisés de cette
sorte étaient regardés comme irréguliers, ou incapa-
bles d'être élevés aux ordres sacrés et aux dignités
ecclésiastiques , comme on le voit par le concile Ro-
main sous Corneille, et par celui de Néocésarée (1) :
mais ce dernier déclare expressément valide, ce Bap-
tême que l'on appelait Baptême des Clinicjues, terme
qui vient du mot grec z/îv/7 qui signifie un lit. Eu sorte
que Baptême des cliniques veut dire, le Baptême reçu
par des personnes gisantes au lit. Le concile d'Au-
xerre de l'an ol8('-2),celuide Màcon de l'an 58S, le
quatrième de Paris de l'an 829, conGrment la décision
que celui de Néocésarée avait faite dans son douzième
canon sur ce sujet.
Il est vrai que si on prend trop à la lettre ce que le
pape S. Corneille écrit à Fabius (3) évêque d'Antio-
che louchant le Baptême de Novatien , il semblera
douter de sa validité : mais en considérant de plus
près les reproches qu'il lui fait, il sera aisé de recon-
naître qu'ils ne tombent pas sur cet article. Voici
les paroles qui peuvent faire de la peine : Lorsqu'on
le croijait près de uwurir, et qu'il était couché dans son
Ht, il a reçu le Baptême par itifusion, si cependant on
doit dire qu'il a reçu le Baptême en cet état, sïys -/f?, ).i-
ystv TÔvi TstouTovsD.ïîçjîvKt, subaudi Baptismum : ces pa-
roles semblent marquer un doute touchant la validité
(1) De l'an 314.
(2) Can. 18; Matiscon. conc. II, can. 2, cap. 7.
(3) Apud Euseb. 1. 3 llist. ceci., c. 45.
»8
I du sacrement que Novatien avait reçu, mais outre
que ce doute est levé par le fait, personne, n'ayant
proposé débaptiser de nouveau celui qui l'avait été de
1 cette manière, on voit par la suite du discours, que ce
n'est qu'une façon de parler de ce S. Pape, qui se
j plaint seulement de ce qu'ayant reçu un Bapièn.^ si
imparfait, il avait été élevé au sacerdoce malgré ki
réclamation du peuple et du clergé, contre les règles
de l'Eglise , qui en excluaient les cliniques, non à
cause de l'invalidité de leur Baptême, mais parce que,
! comme dit le concile de Néocésarée (can. 125), c'é-
tait la nécessité qui les avait contraints de le recevoir,
quia non ex proposito fidei illorum, sed ex necessitale
descendit. D'ailleurs Novatien n'avait point reçu, mcuie
étant revenu en santé, ce qui, suivant la règle de l'E-
glise, devait être administré aux néophytes, savoir,
l'onction du chrême, ce qui rendait son Baptême Lien
imparfait, et le privait du don 'du Sahit-Esprit qui
est communiqué par l'évêque, en vertu du sacrement
de Confirmation. Enfin il n'avait pas été préparé par
les exercices ordinaires, et par les saintes cérémonies
qu'on avait coutume d'employer pour disposer au
Baptême : ce qui fait que ce Pape parle de son Ba-
ptême avec une espèce de mépris, qui tombe, non sur
le sacrement en lui-même , mais sur la personne qui
l'avait reçu, et qui, suivant toute apparence, n'en avait
point reçu l'efiet par le défaut de toutes ces choses
dont nous venons de parler.
Un évêque nommé Magnus proposa vers ce temps-
là à S. Cyprien (1) cette question : Si ceux qui n'a-
vaient point été lavés de l'eau salutaire du Baptême ,
mais seulement arrosés, devaient être censés Chrétient
légitimes, t An ncmpe tiabendi sint legitimi Clirisliani
i qui aquâ salutari non sunt loti , sed perfusi. t A quoi
le S. docteur répond (2) avec beaucoup de modestie ,
que suivant son sentiment on doit les tenir pour Chré-
tiens légitimes; il avoue que son sentiment est, qu'ils
reçoivent une moindre grâce que les autres, et qu'ils
leur sont inférieurs, mais il trouve mauvais qu'on leur
donne le nom odieux de cliniques. Enfin il ne prétend
point que son sentiment porte préjudice à celui des
autres évêques qui peuvent, s'ils doutent de la vali-
dité de ce Baptême, donner ce sacrement à ceux qui
l'ont reçu de cette manière , devant rendre compte à
Dieu de la conduite qu'ils tiendront dans cette occa-
sion. C'est ainsi que S. Cyprien parlait dans un temps
où celle question n'avait pas encore élé éclaircie, et
l'Église a suivi depuis son sentiment sur ce point,
quant à la validité du Baptême donné par infusion.
Si dans la suite nous lisons que l'on ait rejeté le
Baptême donné par infusion ou par une seule immer-
sion, comme le premier concile de Consianlinople
(can. 7) a fait de celui des Eunomiens, et le pape Pelage
celui des Bonosicns, connne on le voit par son éciil à
Gaudencc, c'est «lue les uns et les autres avaient cor-
ronipu la forme ordinaire du Baptême. Théodorel (3)
(1) Apiiil Cyjir., cpist. 76, p. 153.
(2) Ibid., p. lî>i et scq.
(3) Lib. 4 lia-rot. Fab-, in p. 3.
87 IllSiUlllI': DES
el S. Kpliipliaii." (I) le icmoigiioni tics premiers, elle
pape Pelage 11 (-2), des anlros dont il dit, qu'ils bap-
tisaient seiileiiient on la mort de Jésus-Clirist : Bapli-
tabant enim solummodù in mortcm Cliristi vnà imtiicr-
éone. Nous ne nions pas néanmoins (ju'ils ne condam-
nent aussi ces hcréliciucs , à cause de la singularité
qu'ils alTectaient dans la manière de donner le Bap-
tême par une seule immersion, mais ce n'est point
pour cela qu'ils le déclarent nul ; puisque quelquefois
on ne pouvait le conférer autrement que par la seule
infusion, comme nous avons vu , et qu'on ne laissait
pas de tenir pour (^hrélicns ceux qui avaient été ainsi
baptisés. Le P. Mabillon, dans son voyage dllalie , a
fait graver la ligure d'un tombeau qu'il avait vu près
de Naples, dans lequel sont représentés deux hommes
nus dans une espèce de cuve dont les bords ne leur
viennent que jusqu'à la ceinture, et l'on y voit on même
temps un laïque qui leur donne le Baptême, suivant
toute apparence , par infusion , n'y ayant pas assez
d'eau pour qu'ils pussent y être plongés, quand même
on supposerait que ces demi-tonneaux en auraient été
remplis. L'on peut conjecturer que ce bassin dans le-
quel ils sont représentés n'était que pour recevoir
l'eau sacrée qu'on leur versait sur la lèle. Les actes
de S. Bacchus le jeune, qui ont été donnés au public
par le P. Combefis, nous mettent sous les yeux le
prévôt de la Laure de S. Sabas tenant en sa main
VUrne vivifumle sur sa tête, et le baptisant ainsi au
nom de la Trinité. Nous pourrions encore alléguer
plusieurs autres exemples de Baptême donné par in-
fusion, dans le temps que la triple immersion était en
usage. Mais nous nous contenterons de ce qui est rap-
porté dans les actes de S. Ludger , par lesquels on
voit clairement que dans les cas (Je nécessité on ne
feignait point d'employer l'infusion pour le Baptême.
Il y est dit que les serviteurs de Dieu ayant été chas-
sés de la Frise, ce Saint ordonna à Bérulène, qui n'é-
tait que laïque , d'aller partout dans les maisons , et
de persuader aux femmes de baptiser leurs enfants
malades en les plongeant, ou en leur versant seule-
ment sur le corps de l'eau qui avait été bénie , en in-
voquant la sainte Trinité. Inlinclos aut superfiisos cum
invocalione sanclœ Trinilalis.
Tout cela montre que les Grecs sont dans l'erreur
s'ils croient , comme l'écrit M. Ricaut (5), que la tri-
ple immersion est aussi essentielle au Baptême que
l'eau elle-même ; sentiment qu'il attribue aussi aux
Arméniens.
/ CHAPITRE lY.
De la bénédiction des fonts , avec quelles cérémonies
elle se faisait dans les premiers siècles, solennités qiCon
y a depuis ajoutées.
On consacrait l'eau destinée au Baptême par la bé-
nédiction et l'invocation du nom de Dieu ; c'est un des
(1) Epiph., hœres. 76.
(2) Décret. Ivon., p. 24, col. 2.
(3) Etal présentdc l'Eglise grecque, p. 1G9 et 425. |
SACREMENTS. U
rils que S. Basile (1) prétend nous être venu des Apô-
tres par le canal de la tradition. Effectivement, nous
voyons que cette coulumc était déjà si bien établie du
temps de S. Cypiien (2), (ju'il en tire un argument en
faveur de son opinion touchant l'invalidité du Baptême
des hérétiques. Il faut donc, dit-il , que les eaux soient
auparavant purifiées cl sanctifiées par le prêtre; afin
quelles puissent, par leur ablution , laver les péchés de
celui qui est baptisé... Mais comment celui-là peut-il
purifier et sanctifier l'eau, qui est lui-même immonde, et
qui n'a point le Saint-Esprit ? < Oportel ercjo munduri
i et sanctificari priîts aquam à sacerdote, ut possit pcc~
< cata liominis qui baplizalur baptismo suo abluere
( Quomodb aulem mundarc et sanctificare aquam polesty
i qui ipse immundus est?... i
Les constitutions apostoliques (5) prescrivent la nia-
uièrc de f;\ire cette bénédiction, et contiennent la prière
avec la(iuclle elle se fait. S. Ambroise (-4), S. Grégoire
do Nysse (5), S. Basile (G), S. Augustin (7), parlent de
telle sorte de ses effets et de la nécessité de l'employer,
qu'ils semblent ne reconnaître dans les causes du Bap-
tême aucune vertu pour nettoyer les âmes de la tache
du péché, sans celte bénédiction. Saint Augustin, en-
tre autres, dit, lorsiju'il en parle dans le sernwn 553,
n. 3 : < Sed quia Baptismus, id est, salutis aqua, non est
I salutis nisi Christi nomine consecrata , qui pro nobis
« sanquinem stium fudit, cruce ipsius aqua sujnalur. Mais
i parce que le Baptême, c'est-à-dire, l'eau du salut,
t n'est point eau du salut , si elle n'est consacrée par
i le nom de Jésus-Christ qui a versé son sang pour
c nous, on y fait le signe de la croix. > S. Cyrille de
Jérusalem (8) relève la force de celle bénédiction ea
des termes si magnifiques , que Ton est porté à croire
qu'il parle en cet endroit que nous allons citer, des
paroles sacramentelles du Baptême, plutôt que de
celles avec lesquelles se faisait la bénédiction de l'eau
des fonts où l'on devait plonger les catéchumènes.
De même, dit-il , que ce qu'on offre sur les autels pro-
fanes, quoique simple de sa nature , devient souillé par
l'invocation des démons : ainsi, dans un sens contraire,
l'eau , qui d'elle-même est un élément simple, recevant
l'invocation de l'Esprit saint, de Jésus-Christ et du Père,
acquiert la vertu de sanctifier. Ces paroles, dis-je, sem-
blent regarder plutôt la forme du Baptême, que celle
de la bénédiction de l'eau avec laquelle il est adminis-
tré. Néanmoins, comme le remarque judicieusement
le dernier éditeur des œuvres de ce saint , elles doi-
vent s'entendre dans ce dcrnivr sens. Car, première-
ment, l'opposition qu'il met ici entre l'invocation des
démons, qui souille les viandes qui leur sont offert os,
et celles de la Tiinilé qui sanctifie l'eau, fait voir que
cette cérémonie a été établie pour cela , au lieu que
(1) De Spiritu sancto, c. 27.
(2) Epist. 70 ad Oxon.
(5) Lib. 7 , c. /i5.
(4) Lib. dcMyst.,c. 5, n. 14 et 20.
(5) Orat. de Bapt. Christi, p. 5G9.
(6) De Spiritu sancto, c. 15.
(7) Lib. G de Bapt., c. 25, n. /iG et 47.
(8) Catcch. 3, n. 5.
39 BAPTÈMK. - II' PAUÏIE. CIlAl'
l'invocation de la Trinité dans la forme dn naplciue ,
se rapporte pliilôi'à la personne que Ton baptise, qu'à
Teau dont clic est bapliscc. De plus S. Cyrille parle
presque en niênics tenues de l'invocalion du nom de
Dieu, par laquelle l'huile exorcisée, et le saint ( lirèiuc
sont saneliliés ; cependant il n'y a pas lieu de douter
qu'en cette occasion il ne parle de la bénédiction de
la matière en elle-même, il en est donc de môme ici.
D'ailleurs, comme nous avons dit ei-dcssus, les Pères
attribuent généralement à celte bénédiction une très-
grande vertu, en sorte qu'ils semblent ne reconnaître
point dans les eaux la vertu de sanctifier sans cela.
Ces expressions des saints ne doivent pas être pri-
ses trop à la lettre; elles marquent seulement que
la bénédiction des eaux produit de très-grands effets ,
et préparent ceux qui y sont plongés à recevoir l'effet
principal qui est opéré par le Baptême. Car de même
que, quand les médecins habiles entreprennent de
guérir quelques-uns d'une grande maladie, ils se servent
de plusieurs remèdes préparatoires qui disposent les
voies à celui qui est le principal, et qui doit emporter le
mal ; de même aussi celle bénédiction des eaux du
Baptême, et toutes les autres dont nous avons parlé
dans la première partie, ont chacune leurs effets par-
ticuliers , et opèrent très-réellement ce à quoi elles
sont destinées ; quoique l'entière et parfaite guérison
soit réservée au Baptême. S. Cyrille altribue à l'eau
ainsi consacrée par la bénédiction , la vertu de puri-
fier le corps et de le sanctifier, en le rendant partici-
pant de la grâce, comme l'âme est régénérée et sanc-
tifiée par le Saint-Esprit et parla foi. Car, comme
l'homme, dit-il, est composé d'àme et de corps , H est
aussi doublement purifié. Ce qui est en lui d'incorporel,
l'est par quelque chose d'incorporel , et ce qui est maté-
riel, l'est par quelque chose de matériel. L'esprit consa-
cre l'àme , cy:v.-/l^ii, afin qu'ayant le cœur purifié par
l'esprit , et le corps lavé par une eau pure, nous appro-
chions de Dieu. Lors donc que vous êtes prêts à descen-
dre dans l'eau, ne la regardez pas simplement en elle-
même, mais attendez le salut par l'opération de l'Esprit-
Saint ; car il est impossible, si l'un ou l'autre manque ,
de parvenir à la perfection. Il prouve ce qu'il vient de
dire parles paroles de Jésus-Christ, et par l'exemple
de Corneille, qui, quoique sanctifié dans l'àme par les
dons du Saint-Esprit, avait encore besoin de l'êlre
dans le corps; « a(in, ajoutet-il, que l'àme étant ré-
I générée par la foi, le corps eût aussi part à la grâce
< par l'eau. > Iva tô; ■/«ux'iî <^«^ ~Ôi ^iîttîcoî à.iu.-/vj'irfiiL^r,i,
fj.na.'j.y.Srj /.'jX rà nStax, ôtà -roO ùoy.zoi tÂ, yi-pnoi. CeltC
manière de penser de S. Cyrille , touchant le double
effet du Baptême sur l'àme et sur le corps, qui s'opère
par l'Esprit et l'eau sanclifiée, n'est point particulière
à ce docteur de l'Église. S. Grégoire de Nazianze (1),
et celui de Nyssc (2) , aussi bien que S. Cyrille d'A-
lexandrie (5), enseignent la même chose.
(1) Oral. iO, r 8.
J2) Orat. de Bapt. Clirisii, p. 309.
(3) Lib. 2 in Jojan., p. 147.
IV. BÉNÉDICTION DES FONTS. 9f
Nous nous sommes un peu étendus sur celte ma-
tière, parce qu'il pourrait venir en pensée à ceux qui
ne connaissent point assez le fond de la religion , et
la vertu des prières de l'Eglise et de l'invocation du
nom de Dieu, et des autres saintes cérémonies dont
nous avons parlé dans celte histoire du Baptême ; que
tant de bénédictions étaient inutiles , puisque le
Baptême remet tous les péchés. Mais il est temps que
nous expliquions comment se faisait celte béuédicilori
des fonts sacrés.
Les passages des Pères que nous avons allégués
dans ce chapitre, montrent que cela se faisait dans
les quatre ou cinq premiers siècles par des rits fort
simples ; nous n'y voyons que la prière employée pour
cela, le signe de la croix, l'invocalion du nom de Dieu,
de la Trinité , de Jésus-Christ. L'auteur des consti-
tutions Apostoliques (1), parlant de cette cérémonie,
dit que le prêtre vient à l'eau, qu'il la bénit, qu'il loue
Dieu , qu'il lui rend grâces , qu'il l'adore : il fait le
détail de tous les motifs qui doivent l'engager à louer
Dieu , et ensuite il ajoute : Qu'il invoque donc le Sei-
gneur avant de donner le Baptême, et qu'il dise. Après
ces mots, suit la formule de prières pour la béoédic-
tion des fonts, qui est conçue en ces termes.
Prière pour la bénédiction des fonts , telle qu'elle se lit
dans l'auteur des conslitulions Apostoliques.
Regardez du ciel , à Seigneur , sanctifiez cette eau ,
donnez-lui une telle grâce et une telle vertu, que ceux qui
y sont plongés, selon qu'il a été prescrit par votre Christ,
soient crucifiés, meurent, soient ensevelis, et ressuscitent
avec lui à l'adoption (ju'il leur a méritée en les faisant
mourir au péché et vivre à la justice.
Quand l'eau que l'on avait bénie , de la manière
que nous avons dit, ne suffisait pas pour la multitude
de ceux qui étaient à baptiser, on en faisait entrer dans
[ les lonts par des canaux, aussitôt après que l'évêfjue
I avait commencé à y plonger les premiers. Quelquefois
celte eau était versée par des cerfs d'argent, quelque-
fois elle y était amenée par des canaux souterrains.
Il est rapporté de divers papes qu'ils ont fait faire des
cerfs d'argent , ou d'antres figures semblables , qui
étaient en même-temps des ornements pour les
baptistères, et qui servaient à conduire ou à verser
l'eau dans le bassin sacré. Le pape llilaire, entre autres
ornements qu'il fit dans diverses églises, s'attacha
surtout à end)ellir le Baplislaire de la basiliipie de
Conslantin. Il y avait , dit .M. de Fleuri , dans ce saint
lieu tme cuve de porphyre et trois cerfs d'argent , qui
versaient de l'eau, chacun du poids de trente livres ;
un agneau d'or et une colondje d'or.
Dans la suite on ajouta plusieurs cérémonies à l'an-
cienne manière de bénir les eaux destinées au Baptême,
elles se faisaient avec grand appareil. Nous en trouvons
le détail dans le Sacramenlaire de S. Grégoire , et ce
que nous y lisons doit être fort ancien , quand même
il'viendrait en partie des additions faites à ce Sacra-
is (I) Lib. 7, c. 18.
9| inSTOIRE DES
nientaire, puisque le manuscrit que le P. Dom
Hugues Menard a donné au public avec ses savantes
noies, a plus de huit cents ans. Nous ferons voir plus
bas en peu de mots , que la plupart des cérémonies
qui y sont prescrites pouvaient être du temps de ce
saint pape. Mais auparavant il faut rapporter toute la
suite de cette cérémonie.
Toutes les leçons , les cantiques , et les oraisons,
sont presque les mêmes que celles que nous disons
encore aujourd'hui le jour du samedi-saint et celui
de la Pentecôte ; lorsqu'elles étaient achevées , on
marchait vers les fonts sacrés en procession pendant
laquelle , tant en allant qu'en revenant,on chantait des
litanies qui se disaient ou à trois , ou à cinq , ou à
sept chœurs, selon que l'assemblée était nombreuse ;
ou se répétaient par deux chœurs jusqu'à troi?, cinq,
et sept ibis : d'où sont venus les noms de (eniaire, de
quinaire, et de septénaire à ces litanies. L'usage le plus
ordinaire des siècles onzième et douzième était de
commencer par la litanie septénaire (1), c'est-à-dire,
qu'on répétait sept fois chaque .invocation en allant
aux fonts; de continuer au) milieu de la bénédiction
par la litanie quinaire qui se répétait cinq fois ; et de
fmir en revenant par la litanie ternaire qui se répétait
trois fois , et qui est presque l'unique manière qui
nous soit restf'e , quoiqu'elle soit même assez mal
observée en plusieurs endroits.
Quand l'évêque ou le célébrant était arrivé dans le
fcaptistâire , il chantait une espèce de préface, après
laquelle , suivant le sacramentaire dont nous avons
parlé, il divisait les eaux avec la main en forme de
croix, et continuant une très-belle prière qu'il accom-
pagnait de temps en temps de signes de croix qu'il
faisait sur les eaux , on enfonçait dans les fonts les
deux cierges avec lesquels on l'avait conduit aux fonts,
en même temps il soufflait trois fois sur l'eau. Et enlin,
prenant un vase d'or dans lequel était le saint chrême,
il en répandait dans le bassm qui contenait les eaux ;
faisant celte effusion en forme de croix , et étendant
les eaux avec sa main , le tout acco-mpagné de trois
belles prières. iYoilà quels étaient les principaux rits
de la bénédiction des fonts. Presque toutes ces reli-
gieuses cérémonies pouvaient être du temps de
S. Grégoire , ou lui-même pouvait les avoir ajoutées
îiux anciennes, pour rendre cette consécration des
eaux du Baptême plus auguste. Nous avons vu que les
anciens se servaient pour cela de la prière, du signe
de la croix , de l'invocation du nom de Dieu : il ne
reste plus que le souffle , et l'injection du chrême et
des cierges dans les fonts. A l'égard du premier ,
c'est une espèce d'exorcisme qui était en usage pour
cela du temps du pape S. Grégoire , puisque S. Gré-
goire de Tours (2) en fait mention aussi bien que du
chrême que l'on répandait sur les eaux. Tune, dit-il ,
cum cxorcwno snnclïftcatam aqtiam, conspersnin desupcr
chrisma onmis populus cum devolionc liaurit. L'auteur
(1) Baillet, Fêtes mobiles, Samedi-Saint.
(2) Lib. i de gloriù mari., c. 24.
SACREMENTS. 92
du livre de la Hiérarchie, ch. 2 et 4, parle non seulement
du mélange que l'on faisait du saint chrême avec l'eau
du Baptême : mais il dit de plus , conformément au
sacramentaire de S. Grégoire , que cela se faisait en
forme de croix. ÔOcv; wiÔi/j-Kt èvtû /.â.r/.priKca BaTiTtTTïjpic;»
tÔ fiSfO'J h' (jzCMpo etSsTt Bo/aîg «ttijjIwv ô It^kfyru. Il ne
reste que la dernière cérémonie des cierges , ou du
cierge pascal, que l'on mettait dans l'eau, dont nous
ne pouvons garantir l'antiquité.
Après le mélange du saint chrême , qui était l'ac-
complissement de toute cette bénédiction, dit M. Bail-
let (i): le célébrant, selon l'ordre romain, allait répandre
de cette eau bénite sur tous les assistants. (Dans le
sacramentaire de S. Grégoire, le Baptême suivait im-
médiatement.) Tous les particuliers avaient ensuite la
liberté d'aller puiser de cette eau dans des vases, et de
l'emporter chez eux pour s'en servir à de pieux
usages : on l'employait dans les maisons et dans les
champs , contre le tonnerre , et les autres accidents
fâcheux. Vous venez de voir, par le passage de S.
Grégoire de Tours que nous venons de rapporter ,
combien celle pratique est ancienne.
Enfin on remplissait de cette eau les bénitiers des
églises pour ceux qui y entraient et qui en sortaient :
Mais il est bon de remarquer , dit encore M. Bail-
let (2) , que l'usage de ces bénitiers était beaucoup
plus ancien que ces cérémonies. Car dès qu'on eut la
liberté de bâtir, et d'orner les églises, on en mit par-
tout dans les veslil»ules, ou aux portes , pour être un
signal de purification à ceux qui s'en lavaient le front
en y entrant, ou un préservatif à ceux qui en prenaient
encore en sortant. L'Église, recevant dans son sein les
gentils convertis à la foi de Jésus-Christ, avait substi-
tué son eau bénite , à l'eau lustrale des païens (3),
qui élait d'un grand usage dans toutes les cérémonies
de leur superstitieuse religion. Tel élait l'usage que
l'on faisait de l'eau consacrée avant qu'elle eût servi
au Baptême ; mais après qu'on l'avait employée dans
ce sacrement, on ne permettait plus d'en emporter, et
on jetait ce qui en restait dans quelque lieu sacré.
C'est ce que recommande expressément S. Edmond
de Cantorbéri dans ses Constitutions. Il ne veut pas
que l'on garde au-delà de sept jours dans le baplislaire
l'eau dans laquelle un enfant a été baptisé : mais il
ordonne , pour le respect du Baptême , qu'on la jette
dans le feu, ou qu'on la fasse couler et se perdre en
terre dans l'église, ou le baplislaire. On a même porté
si loin autrefois le respect pour les eaux ainsi sancti-
fiées, qu'on a défendu en certains temps d'en emporter
ai)rès qu'on y avait répandu el mêlé le saint chrême.
Nous trouvons cela prescrit dans un des capitules de
nos rois rapporté par D. Hugues Ménard (4) dans ses
savantes notes sur le Sacramentaire de S. Grégoire :
ce capitule est le 7S' du sixième livre, il y est dit :
(1) Fêtes mobiles, Samedi-Saint.
(2) Ibidem.
•(3) Synes, ep. 12, Menard. ad Grog. Sacra-
ment. p. 9o.
(4)Noiù 519, p. 5i»0, ftovaj e^il. t. 5,
t)3 BAPTÊME, ir PARTIE
Si tjlièlqû'iift veut prendre te samedi-saini, ou le samedi
ae la Pentecôte, de feau consacrée, pour en asperger les
mnmns , qu'il la prenne avant qu'on y ait répandu le
chrême, t Anle clirismatis injusionem accipiant. >
CHAPITRE V.
Où ron traite en particulier de la forme du Baptême ;
et l'on fait voir que ce sacrement s'est donné de tout
temps dans l'Église sous le nom des trois personnes de
la sainte Trinité. Additions fuites à cette invocation :
diversité dans les formules qui la contiennent, et dans
la manière de la faire. Partage de sentiments sur les
différentes fornudes. Opinions singulières de quelques'
uns sur celte matière.
Nous nous sommes èlcndus, dans les deux derniers
cliapilres , principalement sur ce qu'on appelle dans
les écoles de liicologic , la maiière tant éloignée que
prochaine du Baptême ; mais il nous reste encore
quantité de choses intéressantes à dire sur la forme
de ce sacrement , nous lâcherons de le faire ave(.
d'autant plus de soin , que rien n'est plus propre à
nous Aiirc sentir la nécessité de la tradition pour
expliquer les saintes Écritures , et en concilier les
contradictions apparentes , que ce qui se présente à
dire sur celte imporlanie maiière : il faut donc Té-
claircir de telle sorte , ((uc nous ne trouvions pas ,
comme dit S. Ililaire (1) , les apôtres coupables de
prévarication, pour avoir baptisé sous une autre forme
que celle que le Sauveur leur avait prescrite, et de la-
quelle ils se sont écartés en ajiparence , en ne bapti-
sant qu'au nom seul de Jésus-Christ, comme plusieurs
endroits des Actes des apôlres (2) nous le persuade-
raient, si la tradition ne nous en développait le
véritable sens.
Pour faire coanaîlre ce sens , nous ne fci-ons que
rapporter historiquement, suivant notre méthode,
comment les choses se sont passées à cet égard, de-
puis les temps apostoliques jusqu'à nos jours. Si nous
trouvons les successeurs des apôlres dans m» usage
différent de celui que le icxle des Actes semble l'insi-
nuer, et qu'on ail de loul lenq)S employé l'iiivocaliou
des trois persomies de la sainte Triuiié dans le Bap-
tême, il n'y aura pas lieu de douter que cette forme
n'ailélé enseignée à l'Église par ces premiers maîtres
de notre religion. Or c'est ce qu'il est aisé de prouver.
S. Justin, qui fleurissait dans le second siècle de l'É-
glise, étant mort en 1U3, nous apprend dislinclcmenl
quelle était la forme du Baptême, lorsqu'il parle ainsi
dans sa seconde apologie (5) : Nous sommes lavés dans
l'eau au nom du Père, créateur de toutes choses, et du Sei-
gneur Dieu notre sauveur Jésus-Christ et du Saint-Es-
prit {i:)...on invoquesur celui qui veut renaître, au nom du
Père de tous, et le nom du Seigneur Dieu.. . On purifie celui
CIIAP. Y. FORME DU BAPTEME. H
qui est illuminé au nom dé Jésus-Christ crucifié sous Ponce
] Pilate , et au nom du Saint-Esprit. On ne peut mieux
désigner Pinvocaiioudes troispcrsonnes. Aussi ïertul-
lien (1), qui vivait dans le siècle suivant, reconnait-il
' dans les paroles du Sauveur : Allez, baptisez, etc. Ite ,
docete,eic., la loi qu'il faut observer en conférant ce
sacrement, etlaformequ'il y faut garder, comme ayant
été prescrite par notre législateur. Lex tingcndi im-
: positu est et forma prœscripta: Ite , inquit, etc. S. Cy-
I prien (2) est formel là-dessus. Le Seigneur , dil-il ,
i après sa résurrection a envoyé les apôtres aux nations et
\ ] leur a ordonné de les baptiser au nom du Père , et du
i 4^ils, et du Saint-Esprit, i In nomine Patris, et Filii, et
i Spirilùs sancti baptizare gentilesjubentur. >
Celait sur celte règle que l'on jugeait de l'invalidité
du Baplcmc donné par les hérétiques. Le concile de
Nicée rejette celui des Paulianistes , parce qu'ils ne s'y
conrormaient pas; celui de Laodicée veut, par la
même raison , que l'on rebaptise les montanisles.
Nous pourrions en alléguer plusieurs autres (3) qui ont
suivi la mèiïie conduite , mais nous nous contenterons
de citer le 8' canon du premier concile d'Arles tenu
en 514. Nous avons ordonné, y est-il dit, que si quel-
qu'un quittant l'hérésie revient à l'Eglise , on l'interroge
touchant le symbole; et si l'on voit qu'il ail été baptisé
dans le Père, le Fils, et le Saint-Ëspfiï, qu'on [uiim-
pose sciiiement les mains pour recevoir le Saint-Esprit.
Que si, étantinterrogé, il ne répond point comme il doit
sur la Trinité , qu'on le baptise. Celte invocation des
trois personnes de la Trinilé se faisait dans le Bap-
tême si généralement, que lé plus puissant argument
des Pères qui ont combaltu les hérétiques qui niaient
ré;4alilé des personnes divines, et leur consubstanlia-
lilé, est tiré de cette pratique. C'est là-dessus qu'in-
sislent principalement S. Basile (4) contre les enne^
mis de la divinité du Saint-Esprit, S. Grégoire dû
Nazianze (5) contre les mêmes, el contre les Ariens.
Ceux qui ont quelque teinture de la doctrine de ces
Pères, qui ont lu leurs ouvrages, savent que je ne
dis rien ici que je ne puisse prouver par une infinité de
levn-s passagcSv Les anciens sacramcntaireset P.ituels
nous apprennent la môme chose, cl en même temps
les dinérentes manières dont se faisait cette invoca-
tion , et les paroles qu'on y ajoutait dans certains
temps et certains lieux. Dans l'ancien Missel Gallican
gothique que Joseph Thomasius a publié , la forme du
Baptême est exprimée en ces ternies : Daplizo te , in
nomine Patris, et Filii , et Sj'iritûs Sancti , in remissio-
nem peccatorum , ut habeas vitam œternam. L'ancien
Gallican contient celle-ci : i Je vous baptise , vous
« qui croyez au nom du Père, du Fils, et du Saint-
I Esprit, afin que vous ayez la vie élernollc dans tous
< les siècles des siècles. Baptizo te crodcntcm in no-
< mine...., ut habeas vitam œternam in sccula scculo-
(1) Lib. de Synod., num. 87.
(2) Cap. 2 , V. 28 , c. 8 , v. 12 ; c. 10 v. AS ■ c.
19, v. 5.
(3) Cap. 74, A.
(4j ibid. p. CD. E.
(i) Lib.deBap.,c.l5.
(2) Ad Jubayad., cp. 73, p. 126.
(3) Le 2* concile d'Arles , le premier de Conslanli-
nople.
(4) De Spiritu Sancto, et libro conlr. EUnoiiUUà'
(5) Oralionibus Zj, 30, 37, ^
95
HISTOIRL DES SACREMENTS.
96
t rum. > Celle que nous représente l'ancien Missel
Gallican que le P. Mabillon a trouvé dans un manus-
crit de Bobio , et qu'il a fait imprimer dans son Mu-
séum ItaUcitm (loin, i) est un peu différente de celle-
là. La voici : Je vous baptise au nom du Père, du Fils,
et du Saint-Esprit, qui a uneseule.substance , afin que
vous ayez 'la vie éternelle, et part avec les saints.
Baplizo te.... et Spiritùs Sancti, habentem unam sub-
stantiam , ut habeas vitam œternam , partem cum sanctis.
Le pape Zacbaric (1) défendit de rebaptiser ceux
qu'un prêtre ignorant avait baptisé avec ces paroles :
Bapiizo te in nomïne Palria , et Fiiia , et Spiritùs San-
ctce. Le pape Etienne II , dans une réponse qu'il fit sur
cette matière, étant en France en 754 , approuva de
môme le Baplème donné par un prêtre, en ces termes
rustiques , comme il dit.: In nomine Patris niergo , et
Filii menjo , et Spiritùs sancti mcrgo. Sans doute que
cette décision n'était point venue à la connaissance
de Durand de Mende (2), qui ne craint point d'assurer
que le Baptême donné en cette forme est invalide ;
parce que , selon lui , le terme mcrgo , n'est point sy-
nonyme à celui de baptizo.
Les Grcs énoncent la forme du Baptême, en cette
manière : Leservileur de Dieu N. estbaptisê (BaTiTiÇîTai.)
au nom du Père, amen, du Fils , amen, et du Saint-Es-
prit, amen, à présent et toujours, et dans les siècles des
siècles. Il paraît, par ce que dit Jean Mosch, dans le
cbapilre 176 de son Pré spirituel , que ce n'était ftoint
autrefois le prêtre , mais le peuple et le clergé qui se
trouvait présent qui répondaient ainsi, ainen. Fauste,
Naironus (3) représente la forme du Baptême , qui se
lit dans les Rituels des Jacobites, et des Maronites,
conçue en ces termes : N. est baptisé au nom du Père,
amen , et du Fils , amen , et de l'Esprit vivant et saint en
la vie éternelle , amen.
Dans toutes ces formules que nous avons rapportées
jusqu'à présent, on ne trouve rien qui fasse peine ,
mais on voici quelques autres sur lesquelles les théo-
logiens peuvent former des contestations.
Saint Ambroise, dans le second livre des Sacrements
(cap. 7), semble marquer que l'on baptisait sans que le
prêtre prononçât aucune formule de paroles ; Vous avez
été interrogé, dit-il, croyez-vous en Dieu Père tout-
puissant ? vous avez répondu : Je crois ; et vous avez été
plongé, c est-à-dire, enseveli. On vous ainterrogé ensuite,
croyez-vous en Notre-Seigneur Jésus-Christ et en sa
croix? Vous avez dit: Je crois, et vous avez été plongé
de nouveau, c'est-à-dire, que vous avez été enseveli
avec Jésus-Ctirist , car celui qui est enseveli avec lui
ressuscite avec lui. On vous a demandé une troisième
fois, croyez-vous au Saint-Espriti vous avez- dit : Je
crois, afin que par celte triple confession vous effa-
ciez les fautes que vous avez commises autrefois. Les
éditeurs des œuvres de S. Ambroise disent sur ce
passage que ce père y parle de la confession de la foi
(1) Eoist. adS. Bonifac.; relerlur in ejusVitâ, se-
culo 3 Benedictino , part. 3.
m Rationalisl. 6, cap. 82.
In Enopliâ fidci, part. 2, c. 2.
que l'on exigeait de ceux qui étaient sur le point de
recevoir le Baptême, et qu'il n'exclut pas pour cela la
forme o»"dinaire du Baptême, que le prêtre pronon-
çait en plongeant dans l'eau ceux qu'il baptisait, et
que l'on ne peut inférer que ces demandes et ces ré-
ponses tinssent lieu de cette forme. Mais qu'il me soit
permis de le dire , quelque estime que j'aie pour les
deux savants hommes qui ont travaillé avec tant de
succès àce bel ouvrage, que l'on peut appélerun chef-
d'œuvre en son genre, il me paraît que, dans cette oc-
casion ils font violence au texte, et la preuve qu'ils ap-
portent de ce qu'ils avancent est bien faible. S. Am-
broise, disent-ils, fait assez voir que la forme ordinaire
du Baptême n'a point été omise, puisqu'il dit un peu
après : // a ordonné que nous fussions baptisés en un seul
nom, c'est-à-dire, au iiom du Père , du Fils, et du
Saint-Esprit , etc. Ce passage prouve à la vérité qu'il
faut invoquer la Trinité dans le Baptême, suivant
S. Ambroise , mais il ne montre pas que ces questions
et ces réponses ne puissent tenir lieu de celle invo-
cation, comme semble le prouver l'endroit que nous
avons allégué.
Ce qui me fortifie (1) dans l'opinion que telle a pu
être la pensée du saint docteur, c'est qu'on trouve la
même choscdans leSacramenlaire deCélaseque Tho-
masius a fait imprimer, quoique l'on voie dans ce livre
tous les rits du Baptême décrits avec la dernière exac-
titude. Un manuscrit de la bibliothèque de M. Col-
bcrt,dontle caractère, selon le P. Marlène est de
plus de 800 ans , prescrit aussi la môme chose. Avant
de finir ce qui regarde les diverses formules du Bap-
tême, il est bon de dire encore ici que le P. Marlène
dit avoir vu un Rituel manuscrit du diocèse de Cam-
brai , qui appartient au monastère de S. Nicolas-au-
Bois dans le diocèse de Laon ; le caractère de ce livre
est d'environ trois cents ans, et dans l'endroit où il
prescrit ce qui regarde le Baplème, tant des garçons
que des filles, on ne lit rien aulre chose que ces pa-
roles : In nomine Patris, et Filii, et Spiritùs Sancti ,
amen ; ces mots : Ego te baplizo, y étant absolument
omis.
Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent dans ce
chapitre, montre évidemment que la pratique con-
stante de l'Église a toujours été de conférer le Baptême
au nom des trois personnes adorables de la Triiiilé;
d'où l'on doit conclure, que si quelques pères ont
parlé demanièrc à faire entendre que le Baptême pou-
vait se donner au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ
seulement, on doit les inlcrprélcr favorablement.
Il y a cerlains endroits dans S. Cyprien (2), S. lli-
laire (3) , S. Basile (4.) , qui peuvent faire quel(|iic
peine, niais celui de S. Ambroise, dans son premier
livre du Saint-Esprit, c. 3, est celui qui peut causer le
plus d'embarras ; il s'exprime là-dessus d'une n)a-
nière si équivoque, que le passage où il en parle est,
(1) Voyez l'appendice à la fin de ce traité du Bap-
tême.
(2) Epist. 73.
(3) De Synod., u. 8o.
(4) Lib. 5 de Spiritu sancto, c. 3.
97
BAPTÊME. — II* PARTIE. CIIAP. V. FORMÉ DU BAPTÊME.
de l'aveu de ceux qui ont donné la dernière édition de
SCS œuvres, celui de tous ses livres qui donne lieu à
de plus grandes contestations, en sorte que plusieurs
grands personnages y ont été trompés, et entre autres
Bède (1), le pape Nicolas I (2), Pierre Lombard (3) et
S. Tlionias (4). C'est peut-être le même passage de
S. Ambroise, qui a fait dire à S. Bernard, dans sa
lettre à l'archidiacre Henri (5), qu'il croyait vérilablc-
nicnt baptisé un homme qui l'avait été au nom de
Dieu et de la vraie croix, parce ijuc, dit-il, le son de
la voix li'a pu porter préjudice à la vérité de la f»i et à
la piété de r intention.
Nous laissons aux théologiens à éclaircir ces sortes
de dillicuités qui naissent de quelques passages ob-
scurs des Pères, et M. Tourneli, suivant nous, y a
répondu doctement dans son irailédu Baptême, où
il développe, avec beaucoup de netteté, le sentiment
des Pères, sur les paroles desquels on forme ces difli-
culiés. Il y fait voir clairement que les uns ont été bien
éloignés de croire que le Baptême donné au nom d'une
des personnes de la Trinité était valable;* et il avoue
avec franchise que les autres se sont trompés sur cela,
ne faisant point comme certains petits théologiens qui
donnent la torture aux textes des auteurs pour les
amener, bon gré malgré, à leur manière de penser.
Il ne fait pas même de difficulté d'abandonner le
seniinient du pape Nicolas I et de S. Bernard sur ce
point.
Ce qui a pu donner occasion à l'erreur sur ce point,
est ce que nous lisons dans plusieurs endroits des Ac-
tes des apôtres, que ceux-ci ont conféré le Baptême
au nom de Noire-Seigneur Jésus-Christ; mais il n'est
pas difficile de justifier sur cela les apôtres et ceux
qui ont parlé comme eux. Dans ces premiers temps,
il fallait distinguer le Baptême de S. Jean de celui
que le Sauveur avait institué : et certainement la meil-
leure manière de le faire était d'appeler l'un le Ba-
ptême de Jean, et l'autre le Baptême de Jésus-Christ;
et de dire que ceux qui recevaient celui-ci avaient été
baptisés au nom de Jésus, c'est-à-dire, du Baptême in- I
slitué par l'autorité de Jésus-Christ, lequel se donnait
au nom du Père et du Fils et du S. -Esprit. D'où vient
que le pape Innocent i assure positivement, dans sa
Icllre aux évêques de Macédoine, que ceux dont il est
dit dans les actes qui ont été baptisés au nom du Sei-
gneur Jésus, l'ont été effectivement au nom du Père,
du Fils et du S. -Esprit; et lui-même, quoiqu'il or-
donne que ceux qui quittent l'hérésie des Novaticns et 1
des Montagnards soient reçus par l'imposition des
mains seulement, parce qu'ils ont été baptisés au nom
de Jésus-Christ : Quia quamvis ab hœreticis, tauten in
Christi nomine sunt baplizati; il tenait néanmoins pour
certain que les hérétiques de ces deux sectes avaient
été baptisés suivant la forme ordinaire que Jésus-Christ
(1) In Acluum 19.
(â) Rcspons. ad consult. lOi.
(■)) lu 4 Sent., dist. 3, c. Sedquodelsea.
[i) Part. 7>.
(5) Epist. 403, aliàs 340.
98
a prescrite; et c'est pourquoi il rcnianiue sagement
que le Baptême des Paiilianisles a été rejeté par le
concile de Nicée, parce qu'ils ne baptisaient pas au nom
des trois personnes divines, ce que faisaient les Nova-
ticns. Quia Paulianistœ in nomine Patris, et Filii, et
Spirilûs Sancti, mi/iimè baplizatit, et Novatiani iitdem
nominibus tremendis venerandisque bapliznnl. (Ep. 10 ad
Maccdon., n. 10.)
Ainsi, suivant ce pape et les autres Pères, baptiser
au nom de Jésus-Christ c'était baptiser du baptême
institué par Jésus-Christ ; et cette manière de parler
est si naturelle qu'ils s'en servent eux-mêmes pour dé-
signer le Baptême conféré selon la forme ordinaire,
c'est-à-dire, au nom des trois personnes de la sainte
Trinité. Ceci peut servir de dénoûment à toutes les
diffîcullés que l'on peut former sur ce sujet, tant à l'oc-
casion des passages de l'Ecriture, que de ceux des an-
ciens Pères. S. Pierre ( dit S. Cyprien , en par-
lant de la forme du Baptême) fait mention de Jésus-
Christ, non que le Père fût omis, mais afin qu'on ajoutât
le Père an Fils : < Jesu Cliristi mentionem facit Petrus,
i non quasi Pater omitterctur, sed ut Patri quoque Filius
i adjungerelur. »
C'est par ce principe que l'on réfute aisément ceux
qui, prenant à contre-sens un passage de S. Cy-
prien (I), faute de bien entendre ses maximes, accu-
sent le pape S. Etienne d'avoir enseigné que le Ba-
ptême donné au nom de Jésus-Christ seulement, et à
l'exclusion des autres personnes divines, est bon et
valide. Il suffit de rapporter les paroles de ce saint
pape et le commentaire qu'en fait Firmilien, uni dans
la même cause avec S. Cyprien, pour prouver que
jamais ce ne fut la pensée d'Etienne, dont voici les pa-
roles : Le nom de Jésus-Christ produit de grands ef-
fets..., en sorte que quiconque et en quelque endroit qu'il
soit, est baptisé en ce nom, reçoit la grâce de Jésus-Christ;
sur quoi Firmilien raisonne ainsi : Ils ne croient pas
devoir examiner qui est celui qui a baptisé, parce que
celui qui l'a été a pu recevoir la grâce, en invoquant la Tri-
nité des noms du Père, du Fils et du S. -Esprit. Peut-on
dire rien de plus évident pour justilior ce saint pape, et
en même temps pour montrer que dans le style des an-
ciens, baptiser au nom de Jésus-Christ signifiait ba-
ptiser du Baptême institué par le Sauveur et par l'in-
vocation des trois personnes divines.
Le lecteur voit par tout ce qui a été dit que le Ba-
ptême a toujours élé administré, dans toutes les églises,
sous l'invocalion des trois personnes delà très-sainte
Trinité, et que si quelques-uns ont cru qu'il pouvait
l'être autrement, ils ont élé désavoués en cela, etqiie
leur opinion n'a rien changé dans la pratique de l'É-
glise sur ce point important. S'ils ont décidé quelqiie
chose de contraire sur cela, ce n'a pas été au préju-
dice de la coutume ordinaire de baptiser au nom de
la Trinité, mais pour expliquer ce qu'ils pensaient sur
quelques cas particuliers. C'est ainsi que le concile de
Nîmes, de l'an 1284, décide qu'un enfant a élé vérila-
(1) Epist. 75 ad Jubay., p. 12C.
d9
Ijlcraont baptisé, sî cclnî qui Ini a donne le sacrement
a dit : Je le baptise au nom du Christ. lUipHzo te in no-
|.')j»e Clirisli.
Nous voudrions pouvoir dire la mt-me cliosc de l'u-
uiformité de la pratique, touchant les formules du Ba-
ptême, qui conlicnncnt l'invocalion de la Trinité, et
ce qu'on a pensé de la validité de ce sacrement, con-
féré sous ces différentes formes; mais il n'en est pas
de même : car sans parler des excès impardonnables
auxquels l'esprit de parti, de haine et de fureur ont !
porté les Grecs cl les Latins les uns conlre les au-
tres (1), jusqu'à rebaptiser ceux qui favaienl déjà élé;
excès que les pej-sonnes sages des deux églises, el sur-
tout de rÉglise latine, ont désapprouvé. 11 s'éleva sur ce
.sujet, dans le douzième siècle, une dispute fameuse ; les
UJis soutenant que ces paroles, Ego te baptizo, étaient
de l'essence du sacrement ; les autres enseignant au
contraire que la seule invocation des trois personnes
divines sulTisait pour la validité du Baptême. Ce der-
nier sentiment était celui de Pierre-le-Cliantrc, de
Prévôt {Prœposilivus), de Hugues de S. Victor, du
Maître des Sentences, et d'Etienne, qui fut depuis évè-
qup de Tournai, et qui mourut en 1203. Ceux qui dé-
fendaient le sentiment opposé étaient Maurice, évêquc
de Paris, S. Thomas, dans le siècle suivant, et sur-
tout le pape Alexandre III, dont la décision sur ce
point n'a élé bien connue que depuis que Raimond de j
Pennafort l'eut insérée dans sa colleclion.
Etienne de Tournai ne manquait pas de raisons pour
appuyer son sentiment. Il disait en premier lieu, que
les Pères, quand il avait été question de la validité du
Baptême, ne s'étaient mis en peine que de l'invoca-
tion des trois personnes. Secondement, que c'était une
coutume reçue que, quand les laïques, dans le cas de
nécessite, administraient ce sacrement, ce qu'on ap-
pelait ondoyer, ils se contentaient de le faire en pro-
nonçant seulement ces paroles : In nomme Patns, etc.
Eniin il ajoutait que le Seigneur ne nous avait pas com-
mandé d'user de ces termes, Ego le bapiizo, en don-
nant le Baptême, ni d'autres semblables, mais seule-
ment de conférer ce sacrement au nom de la Trinité ;
et que de môme que, quand Jésus-Christ a dit à ses
disciples, Enseignez toiiles les nations, il n'a pas pré-
tendu pour cela qu'ils disent, lorsqu'ils auraient à
remplir le ministère de la parole de Dieu : Je vous en-
seigne ; ainsi, lorsqu'il leur a ordonné de baptiser en
son nom , son intention n'était pas qu'ils disent : Je
vous baptise, etc. ; l'intention du ministre de ce sacre-
ment, et son action étant assez marquée par toutes
les circonstances qui l'accompagnent.
C'est ainsi que résonnait Etienne, et constamment
ses raisons ne sont point méprisnbles, surtout si on les
joint à ce que nous avons rapporté ci-dessus des dif-
férentes manières de faire l'invocation de la sainte Tri-
nité dans le sacrement de Baptême, et entre autres ce
qu'on lit dans le sacramenlaire de Gélase et le Rituel
(1) Voyez M. Renaudot, de la Perpétuité de la foi
de l'Eglise, l 2, c. 5, p. 120 du t. 5.
HISTOIRE DES SACREMENTS. IpJ
de Cambrai. D'un autre côté raulorité du pape Alexan-
dre III est d'un grand poids, en sorle que les théolo-
giens se sont trouvés embarrassés dans le parti qu'ils
avaient à prendre. Le Père Morin (I), pour se tirer
de cet embarras, a cru devoir prendre nn certain mi-
lieu en disant, que le Baptême, sous l'invocation seule
de la Trinité, était valable avant le décret d'Alexandre^
mais que depuis que celte décision avait été publiée,
il était nul sans ces paroles, Ego te baptizo; comme
autrefois les mariages clandestins étaient valides, quoi-
qu'ils ne le soient plus aujourd'hui, depuis le décret du
concile de Trente qui les condamne : l'Eglise ayant
droit d'apposer certaines conditions et certaines lois
dont l'inobservation entraîne après elle la nullité des
sacrements. Mais M. Tourneli (2) remarque que l'excm-
pic dont se scrl le P. Morin n'a pas ici son application ;
car, dil-il, il y a cette différence entre les sacrements
dont la matière consiste en quelque chose de moral,
et ceux dont la matière est physique, que l'Église à
l'égard des premiers peut mettre des lois ou des con-
ditions dont l'omission rend les ministres inhabiles à
les administrer et les sujets à les recevoir, mais il n'en
est pas de même des autres dont la matière consiste
en quelque cliose de physique, cl la forme dans cer-
taines paroles, tel qu'est le sacrement de Baptême.
Je laisse aux théologiens à éclaircir ces sortes de
dif'ilcultés qui ne sont point du ressort d'un histo-
rien (3). Je remarquerai seulement, avant de finir ce
qui regarde les formules du Baptême, que les Cophtcs
qui n'ont rien pris des Latins, ont la forme exprimée
en la première personne, et ils disent : Je te baptise,
N., au nom du père; je te baptise au nom du Eils; je te
baptise au nom du S. -Esprit, ajoutant amen à chaque
fois. Quelques modernes ont cru que celle forme avait
rapport à l'ancienne hérésie desTrilhcïtes, qui est une
subtilité trop raffinée et inconnue à tous ceux qui ont
écrit contre les Cophtes. Cette répétition de ces pa-
roles : Je te baptise, à chaque immersion, ne les doit
pas rendre plus suspects de croire trois dieux que la
triple immersion; aussi les continuateurs de BoUan-
dus (4), qui ont inséré dans un de leurs volumes une
longue dissertation sur l'Église des Cophtes, justifient
cette formule, comme n'ayant rien qui la puisse ren-
dre suspecte, nonobstant les objections du P. Roderic ,
qui avait été envoyé en ce pays-là en qualité de mis-
sionnaire.
Les Éthiopiens, dont les rits sont presque les mêmes
que ceux de l'Église jacobite d'Alexandrie, ont aussi
la même formule, quoique dans la version latine , qui
a été faite sous Paul III, de leur office du Baptême, et
qui a été depuis inséré dans la bibliothèque des Pères,
elle ait été mise selon la forme latine.
(1) DePœnit., c. 16, 1. 8.
(2) De Bapt., p. 105.
(3) Renaudot, Perpétuité de la /"oj, t. 5, 1. 2
^•i^ Acla SS. Junii. t. 5, app.. p. 128.
ICI
BAPTÊME. - II* PARTIE.
CHAPITRE VI.
Des parrains. Que dh les premiers siccles on en donnait
à ceux qui devaient recevoir le Baptême. Diverses par-
ticularités sur cela. Qu'autrefois il était rare qu'ils
imposassent les noms à leurs filleuls. Que les noms se
donnaient communément aux enfants longtemps avan^
le Baptême. Diverses coutumes des peuples sur le temps
et la maiiière dlmposer les noms aux enfants. Depuis
quand la coutume de les leur imposer au Baptême
s'est établie parmi nous.
Nous ayons eu plusieurs fois occasion de parler des
parrains et marraines, dans la première partie de ceMe
hisloiro, aussi bien que des devoirs auxquels ils élaienl
engagés par cette qualité, mais il nous reste encore
quel(iue chose à dire sur ce qui les concerne, et nous
ne voyons pas d'endroit plus convenable pour en par-
ler que celui-ci, après que nous avons rapporté ce
qui regarde le temps, le lieu, la matière et la forme
du Baptême. On appelait parrains ceux qui présen-
taient au Baptême les personnes qui devaient le rece-
voir, et qui, après qu'elles avaient été plongées, les
recevaient au sortir des sacrés fonts; c'est ce que dit
expressément le sixième concile d'Arles (cap. 27). Et
patrini eos qiios de lavacri fonte suscipiunt, etc.; on les
nommait aussi, pour cette même raison, susceptores;
et parce qu'ils cautionnaient à l'Église ceux qu'ils lui
présentaient pour être associés, par le Baptême, aux
membres de Jésus-Christ, et qtfils se rendaient ga-
rants de leur foi , ils portaient aussi le nom de spon-
sores, c'est celui que leur donne Tertullien (1), dont
le passage fait voir en même temps l'antiquité de cet
usage, et les engagements oîi entraient ceux qui se
chargaient de présenter quelqu'un au Baptême. 11 fait
mention des parrains dans ce fameux passage que nous
avons dc^a allégué, où il tâche de persuader qu'il ne
faut recevoir le Baptême que dans l'âge de raison :
Quid necesse est, dit-il, spoiisores eliam pcriculo ingeri.
On voit l'usage des parrains établi aussi en Orient,
par ce que dit le faux S. Denis (2), qui les nomme
àva5i;^sv,-, terme qui répond au mol latin, susceptores,
Sion voulait dans les premiers siècles que ceux que
l'on présentait au Baptême eussent des parrains qui
répondissent pour eux , à plus forte raison dans les
Icnips postérieurs auxquels on ne présentait plus
guère que des enfants ; car, comme dit fort bien un
, auteur anonyme, dont on lit une homélie dans un
j très-ancien manuscrit de rÉghse de Lyon (5) : Les
j enfants qui ne savent pas encore parler reçoivent la ré-
j mission des péchés par la foi de ceuoc qui les reçoivent
des sacrés fonts : cl certes , ajoute-t-il , il convient que
ceux qui sont souillés par le péché de leur parents selon
la chair , soient sauvés par la foi de leurs parents selon
l'esprit. Aussi voyons-nous que dans la suite on ne se
contenta pas des parrains pour le Baptême , mais il y
en eut encore pour le catéchisme, et la Confirmation;
(1) Lib. de Baptismo.
(2) De cœlesti Hicrach., c. 2 et 7.
(2) In notis Baluzii in capitularia, p. 1178, lom. 2.
CIIAP. VI. DES PARRAINS. 102
en sorte que Jean de Gênes ( loannes de Janun), ju-
risconsulle (1) , propose cclla question : savoir, si le
catéchisme dirimc le mariage contracté; et il y ré-
pond que , suivant la Glose, on contracte compatcr-
nité par le Catéchisme du Baptême et par la Confir-
mation, mais qu'il y a celle dini'Monce entre la coni-
palernité qui vient du Baptême et de la Confirmation,
et celle qui vient du catéchisme, que cette dernière
esl si peu de chose qu'à peine elle empêche de contrac-
ter mariage, au lieu que celle qui vient du Baptême
et de la Confirmation , dirinie celui-même qu'os a
déjà contracté. C'est en faisant allusion à celte prati-
que que Raoul Glabcrtdit, dans la Vie de saint Guil-
laume de Dijon ( num, à) : Il voulut que son fils fût
fait Catéchumène par la main de l'Empereur , ce que le
roi Berenger (que l'on nommait aussi Empereur ) ac-
compUt, et lève l'enfant de sa propre main, lui donnant
le nom de Guillaume, la reine sa femme , l'ayant depiiis
levé des sacrés fonts. Ceci nous fait entendre ce que
signifient ces paroles de Flodoard (2), lorsqu'il dit que
Gerberge, femme du roi Louis d'Outre-mer, lui donna
un fils , qui fut appelé Charles au catéchisme , qui
Carolus ad catechizandum vocatus est.
C'était de plus la coutume de prendre plusieurs
personnes pour être parrains dans ces différentes
occasions, comme le témoigne Higinus (5), à moins
que la nécessité ne contraignît d'employer la même
personne : Ce n'est pas cependant la coutume de Rome,
ditie même auteur, mais on en prend une différente
pour chacune de ces choses, 11 est remarqué aussi dans
la chronique d'Ursperg (ann. 1124) que les pères et
mères ne doivent pas lonir leurs enfants sur les fonts,
mais qu'ils doivent chercher des parrains, sed sibi
patrinos quœrant. Il y avait une telle affinité entre les
parrains et les filleuls , qu'il est ordonné dans les
lois (cap. 79) de Henri 1, roi d'Angleterre, que l'on
paiera au filleul l'ameiuli; , quand on aura tué son par-
rain , et réciproquement que le meurtrier du filleul la
paiera au parrain , à proportion de celle à laquelle il
sera taxé envers le fisc. Qui altcujus fdiolum , vel pa-
trinum occiderit , erga cum et parentes morlui cou-
junctim reus sit, et crescal emendalio secundimi Weram,
sicul Manbota secundiim domimtm. Enfin il est ordonné,
dans plusieurs synodes (4), que l'on prendra plusieurs
parrains et marraines tout à la fois, savoir deux
hommes, et une femme pour lever des fonts un gar-
çon , et deux femmes , et un homme pour lever une
fille.
Il était rare autrefois que les parrains imposassent
les noms à ceux qu'ils levaient des fonts ; quoique cela
ne soit pas sans exemple, le roi Gontrand, au rap-
port de Grégoire de Tours (5) , ayant donné à sou
neveu le nom deClotaire en cette occasion; mais,
(1) Dans le Gloss. de Ducange, sur le mot Caté-
chizari.
(2) InChron., anno 945.
(3) De consecratione , dist. 4.
(4) In Eboracensi, anno 1195, ci; Sailsber. ,
anno 1217, c. 14; Coloniensi, anno 1280, c. 4.
(5) Lib. 10, Hist. Franc. , c. 28.
103:
coin
uicinc souvent que roi) clia
comme nous disons, cela était rare : il n'arrivait pas 1 1
anseât le nom au Baptême, ! i
et eommc vous avez vu , ce n'était pas la coutume
ordinaire, dans les cinq ou six premiers siècles, de bap-
tiser les enfants aussitôt après leur naissance, à moins
qu'il y eût péril do mort. Ainsi ils avaient leurs noms,
tant les eniiints que les adultes, quand on lesprésen-
liiit au Baptême : et c'était l'ordinaire qu'on les leur
laissât. On prenait même les noms des uns et des au-
tres , plusieurs jours avant le Baplcme, pour les ins-
crire dans la matricule de lÉglise. Selon l'ordre ro-
main vulgaire, c'était dans le grand scrutin, dont nous
avons parlé , que les catéchumènes doimaicnt leurs
noms pour être inscrits. Cependant c'était la coutume
àRome du temps deSyrice (1) que cela se fit quarante
jours, et quelquefois plus, avant le jour auquel le
Baptême devait se donnner , ce Pape défendant de
recevoir à la grâce de ce sacrement ceux qui n'auront
point donné leurs noms quarante jours , ou plus , au-
paravant. Qui mite (lies quadraginta , vel eo amptiiis ■
nomcn non dcdcrint. \
Dans l'Église de Jérusalem on prenait les |
noms des compétents au commencement du carême :
f Vous êtes entré , dit S. Cyrille (2) , vous avez été
« admis, votre nom a été inscrit — ; vous avez un
< assez long espace de temps, on vous donne quarante ;
t jours pour faire pénitence. >
On voit par là, et par la demande que l'on faisait ;
de leurs noms aux enfants dans les scrutins , suivant
la remarque de D. Hugues Menard (5), sur ces paroles
du sacramenlaire de S. Grégoire, quis l'ocaris , qu'ils
avaient leurs noms avant le Baptême ; à plus forte
raison les adultes. C'était une pratique des Romains
d'imposer les noms aux garçons le neuvième jour
après leur naissance, et aux lilles le huitième, comme
nous l'apprenons de Macrobe (i) , et ces jours s'appe-
laient dies lustrici qnibus infantes Itistiantur , atque ds
nomina impomintur . Les Grecs, selon Hésychius, fai-
saient cela le dixième jour ; selon Aristoie , le sep-
tième ; et la cérémonie se faisait avec certaines su-
perstitions , en décrivant des cédules sur le foyer ,
d'où vient qu'on les nommait à^ç)i5po,atc<, selon Ja
remarque d'IIésycbius, de Suidas, et de quelques
autres.
C'était aussi la coutume des anciens Francs de ne
donner les noms à leurs enfants que le neuvième
jour. Cela est évident par la loi Salique, dans laquelle
il est dit : Si quii infanlem... natum, antequàm nomen
I liabeal, infra novem noctes occident. Les anciens Chré-
j liens , suivant toute apparence , ont conformé leurs
usages là-dessus, aux superstitions près qu'ils en ont
retrancliées. Les Grecs , encore aujourd'hui, ne don-
nent le nom à leurs enfants que le huitième jour
après qu'ils sont nés , comme on le voit par leur Eu-
(1) Epist. ad Himer., c. 2.
(2) Catech. . c. 3, num. 1.
Cô) Pag. 350 nova; edit., t. 3,
(4) Lib. 1 , Saturnaiium, c. 16.
I
HISTOIRE DES SACREMENTS. i04
chologe. Chez les Moscovites, nn MDPort de Sigis-
mond Liber (1) , on donne le nom aux enfants h' jour
même de la naissance, quoiqu'on ne les baptise
que quarante jours après , à moins qu'ils ne soient
malades.
Puisque nous sommes sur cette matière , je crois
devoir ajouter, pour faire plaisir au lecteur curieux ,
ce que je trouve dans le Voyage de M. Le Gentil ,
touchant le temps auquel les Chinois imposent les
noms à leurs enfants. Lorsqu'un enfant est né, dit-il,
son père lui donne dans le terme d'un mois un petit
nom, SiAOMi.NG {nom de tait) sembable à ces 7ioms di-
minutifs que les Européens donnent à leurs enfants , et
on ne le connaît que sous ce nom pendant son enfance.
Mais quand un enfant commence à s'appliquer à l'étude
des lettres , son père lui donne un nouveau nom , quon
met à la suite du nom de famille (car les Chinois sont
diamétralement opposés en plusieurs choses à nos
coutumes) , ainsi, au lieu que nous disons , par exem-
ple , PiEURE l'Allemaxd , Hs diront , l'Allemand
Pierre Enfin quand un jeune homme est parvenu à
l'âge viril, on lui donne le bonnet viril , el dans celte
occasion , ses atnis lui clioisissent un nom qu'il conserve
toute sa vie. Il arrive même assez souvent qu'ils si-
gnent 'de ce nom leurs lettres et leurs écrits. M. Le
Gentil avait dit auparavant, qu'ils les signaient com-
munément de leurs noms de famille ; quoiqu'on ne
les appelle jamais de ce nom , à moins que celui qui
le fait ne soit fort supérieur en dignité.
Pour revenir à notre sujet , ce que nous avons dit
du temps , et de l'occasion où l'on imposait les noms
aux enfants , n'est pas sans exception. Nous avons
plusieurs exemples de noms donnés au Baptême aux
enfants , et même quelquefois aux adultes , qui quit-
taient dans cette sainte cérémonie celui qu'ils avaient
porté jusqu'alors : mais ce n'était point la règle or-
dinaire. L'empereur Théodose-le-Jeune fit baptiser
Athenaïs, fille d'un philosophe d'Athènes, avant de
l'épouser; et l'évêque Attique dans le Baptême la
nomina Eudoxie , du nom de la mère de l'empereur,
comme nous l'apprend Socrate. Grégoire de Tours dit
d'un certain diacre appelé Waldo, qu'il prit au Bap-
tême le nom de Berleramnus. L'empereur Charlema-
gne (2) étant à Rome en 781 , y fil baptiser son fils
par le pape Adrien , qui lui changea son nom de Car-
loman en celui de Pépin.
On pourrait rapporter beaucoup plus d'exemples
d'enfants nommés au Baptême : ce qui arrivait ordi-
nairement quand il suivait de près le jour de leur
naissance. Mais tout cela ne prouve pas que ce lût la
coutume d'en user ainsi ; et l'on peut assurer, sans
craindre de se tromper, que l'usage de donner le nom
aux enfants dans le Baptême , ne passa en coutume ,
que quand on se fut mis sur le pied de les baptiser
d'abord après leur naissance ; ce qui n'arriva que vers
(1) De rébus Moscoviticis.
(2) Apud Chesn., lom. 2, p. 22, et loin. 3,
p. 183
BAPTEME. — 11* PARTIE. CHAP. VI. DES PARRAINS.
105
le douzième siècle. "Nous apprenons effedivemenl par
los capilulaires de nos rois que depuis niênic que tout
le monde fut devenu cluélien , on ne seii:ilail pas de
faire baptiser les enfants, jusque là que l'on fut con-
traint de faire des lois pour obliger les pères et mères
à ne pas trop différer de procurer à leurs enfants ce
secours si nécessaire , et cela sous peine d'amendes
considérables. Nous en avons une de ce genre dans
les capilulaires de Charlemague, publiés en 789,
dont je rapporterai les termes : Simililer placuit liis
cap'Hidis inserere qubd oinnes infautes hifra anmim ba-
pCiziniiur. La loi ajoute (pie si ou néglige de le faire
sans la permission ou le conseil du prèlre, celui qui
sera dans le cas, s'il est noble, paiera cent sols au
fisc , et s'il est libre , il en paiera soixante : que s'il
est lilus, qui était une condition mitoyenne entre le
libre et le serf, il eu paiera trente. On voit par là que
les enfants n'étant pour l'ordinaire baptisés que quel-
ques mois au moins après leur naissance ( la loi
même n'obligeant pas à aulre chose ) , et que les
noms, suivant la coutume des Francs, se donnant
quelques jours après ; les enfants avaient leurs noms
avant qu'on les présenlil au Baptême. Que si l'on
nous oppose, dit le P. Menard, le trentième canon
Arabe du concile de Nicée, et le passage de la lettre
de S. Denis d'Alexandrie dans laquelle il dit , que les
parents clnéliens donnaient à leurs enfants les noms
des Apôtres ; je réponds, qu'à l'égard de ces canons,
on ne doit y avoir aucun égard, n'étant point aulbcn-
li(pies, et poin- ce qui est de S. Denis, qu'il dit à la
\érilé ce que pratiquaient les pères et les mères
cliréliens diins rinq)Osilion des noms ; mais qu'il ne
dit pas qu'ils le lissent au Baplème. Il appuie son sen-
timent de Tautoriié de Jessé d'Amiens, dans la lettre
qu'il a écrite toucbant le Baptême, où on lit ces pa-
roles : Qu'Us viennent à l'église , la troisième semaine
de Carême , la seconde férié; et avanf- qu'ils y entrent ,
que l'on écrive les noms des enfants. « Scribantnr no-
f mina infantium ab acolijtlio. s
Ce que nous venons de rapporter de S. Denis tou-
cbant la prali(pic des pères cl mères cliréliens , ne
doit s'entendre que de l'Orient tout au plus, où l'on
voit assez àc personnes depuis le quatrième siècle,
porter les noms des Apôtres et des Martyrs ; mais
cela n'avait pas lieu, ou était très-rare en Occident,
soit du temps que les Romains y dominaient encore ,
soit depuis que les barbares s'en furent emparés;
presque tous les noms de ceux dont il est fait mention
dans l'histoire étant profanes. C'était ordinairement
les pères ou les mères qui les donnaient à lem s en-
fants, et ils leur imposaient assez souvent des noms
qu'avaient portés des personnes de leurs familles, qui
s'étaient distinguées par leur mérite, ou bien des
étrangers qu'ils alfectioimaient. C'est ainsi que les ha-
bitants d'Antioche donnaient volontiers le nom de
Melece à leurs enfants , du vivant même de ce S.
évéqud, par l'estime et l'affection qu'ils avaient pour
TH. XS..
106
lui, de quoi S. Chrysostômc (1) les loue beaucoup,
et en prend occasion d'exhorter les Chrétiens à laisser
les noms profanes de leurs aïeux mêmes, et de donner
plutôt à leurs cuianls ceux des Saints, dont l'exemple
leur serve d'aiguillon pour les excitera la vcitu. Ce
fut aussi par amitié pour Robert duc des Français,
que Rollon , le premier fondateur de la puissance des
Normands dans la Ncuslrie, quitta son nom barbare au
Baptême, pour prendre celui de Robert : ce qui arriva
en l'an 91 1 . Ce ne fut que vers la fin du douzième siè-
cle et le commencemenl du treizième, que l'on donna
au Baptême communément des noms de Saints , que
l'on ajouta an nom de famille, du lieu de sa naissance,
ou de son j-ays. C'est ainsi qu'on appelait le Maître
des Sentences, Pierre Lombard , un aulre, Pierre de
Poitiers, celui-là, Pierre AbaiU.rd, celui-ci, Jean Scot,
ou Jean d'I'm, etc. Avant ce temps on ne voit pas
qu'en France, en Italie et en A.'lemagne, on portât
des noms de famille; chacun avait le sien particulier,
et n'en avait qu'un. S. Bcriiaid , par exemple, n'avait
point d'autre nom que . B rnard. Gérard son frère
n'en avait point d'autre (pu-, Crard, et ainsi des au-
tres. Ces noms n'élaieni ; oint des noms de Saints ,
ou au moins, ne leur a^aicui pas été donnés à cause
de quel :|ues saints personicigcs qui avaient pu les por-
,ter, mais cela se faisa.i parle clioix arbitraire des
I parents , qui suivaient sm- cela, p-nu' l'ordinaire , la
maxime dont nous avons parlé ci-Jessus. îl y a pour-
tant lieu de croire que la pieuse coutume de donner
aux enfants, quand on les baptise, les noms des
Saints , alin que b'ur pvote< lioii leur tienne lieu de
sauve-garde , que celle c »i;iume, dis-je, est ancienne
dans quelques Églises d'Occid iiî : puisque, comme
l'enseigne Yisconli d'aprè-, le <éré-inonial de Bérold ,
c'était une ancienne pi;iiiqut' à Milan que l'arclievê-
que baptisât la veille de p-à ;ii;'S iiois enfants, au pre-
mier desquels il donnait ienom de Pierre, au second,
le nom de Paul, et au troisième , celui de Jean. Je
trouve dans le Livre du P. Mcriène (2), des anciens
rils de l'Église, cerLines parlkularilés louchant les
prrrains et man;»incs, ipii me sont échappées, et
que je crois devoir ajouter à ce que j'en ai dit, avant
de mettre fin à ce c ap tn-.
1. Les constitutions apî'Sloliques portent (ju'ini
diacre recevra les h. nimes au sortir des fonts, et une
diaconissc, les fennnes; alin que tout se passe avec
décence. Ceci semble exclure la pluralité des par-
rains que nous avons vue ci-dessus avoir été depuis
en usiige. Le canon 22' du concile de Nicée de la
version arabe, aussi bien que les actes de S. Sébas-
tien, confirmeraient celte discipline, si l'on pouvait
ajouter foi à ces monuments. Mais ce qui csi vrai,
c'e>i que le concileide Metz (cap. 6) de l'an 888 ordonne,
qu'un enfant ne soit tenu sur les fonts que par una
seule persoime, de peur, disent les Pères de ce con-
cile, de donner lieu au diable d'avilir un itil minis-
(1) Hom. inGen. 21.
i (2) Lib. 1 , toni. 1 , c. 1 , art.
lij.
107
tire. Le P. Martène remarque que ce règlement fut
mal observé, cl qu'on multiplia beaucoup les parrains
et marraines peu de temps après : en sorte qu'il y en
avait qnelfiuefois six tout à la fois, trois de chaque
sexe. Ce fut sans doute pour réprimer cet al)us que
l'on lixa, connue vous avez vu au conmiencetnenl de
ce cliapiire, le nombre des parrains et marraines à
trois, en sorte qu'il ne fut pas permis d'aller au delà.
Cette coutume paraît bien établie dès le quinzième
siècle, et s'est observée comniunémcni jusques assez
avant dans le dernier. L'usagf». de donner deux par-
rains et une marraine à un garçon, cl deux marraines
et un parrain à une fdle,aélé long-temps en vigueur,
m'écrit UM de mes amis à qui j'ai communiqué cet ou-
vrage, ei qui a bien voulu me faire part de ses re-
marques; j'ai, ajoule-t-il, un registre des baptêmes
des maisons de Vendôme, de Longueville et de Guise
du quinzième et du seizième siècles, où celte règle
est toujours observée. Elle avait encore lieu en 1G20,
comme cela se voit dans les registres de notre pa-
roisse que j'ai parcourus. Les statuts synodaux de
Wary de Domraartin évêque de Verdun, prescrivent
la même chose, défendant absolument d'excéder ce
«ombre, parce que, disent ils, ce qui est au-delà ne
peut venir que d'un mauvais principe. Nam qiiod am-
plius est à malo esl [folio verso 17).
2. Les excommuniés , les pénitents publics et les
moines ne doivent point faire la fonction de parrain(l).
Cela est interdit à ces derniers par le concile d'.\u-
lerre , en ces termes (c. 20 ) : Il n'est point permis à
un abbé de recevoir les enfants au Baptême, ni aux moi-
nes d'avoir des commères. Cq règlement a été aussi mal
observé que le précédent. Cela esl évident par ce
qui arriva au Baptême de Philippe fils du loi Louis
VU, lequel , suivant le lémoignage de nos hisloriens
(2), eut pour parrains trois abbés, et trois dames pour
marraines. Enlin le concile de Paris de l'an 829, ce-
lui de Metz que nous venons de ciler, cl les staïuts
deS. BonifacedeMayence, ordonnent qu'on n'adniellra
pour remplir cette fonction, que ceux qui sont capa-
bles d'instruire ceux dont ils deviennent, en quelcjuc
sorte, les pères selon la foi. Élie, évêque d'Lsez, en
exclut ceux qui n'ont point reçu le sacrement de Con-
fîrmalion. S. Charles défend aux prêtres de se rendre
parrains. Les statuts synodaux de Verdun font la
môme défense aux religieux profès et aux religieuses,
auxquels, î>joulenl-ils, il est défendu par le droit de
se faire des con)pères et des commères. (Ce sont les ter-
mes.) Ces mêmes statuts interdisent la fonciion de
parrains et de marraines aux enfants, et ils en rendent
celte raison ; qu'il est ridicule que quelqu'un soit
père spirituel d'un autre, quand, selon les lois de la
nature, il ne peut encore avoir la qualité de père. Eu-
fin ils ordonnent que l'on enjoindra aux parrains et
aux marraines d'apprendre à leurs fdleuls ou filleules
l'Oraison Dominicale, la Salutation Angélique et le
(1) Capllular., 1. 6, c. i82, et conc. Paris. VI , 1.
c. 5i.
(2) iiist. Ludov. Vil apud Chesn., tom. i, cap. 7.
HISTOIRE DES S.\CREMENTS. fog
Symbole , quand ils seront en âge de recevoir des io-
structions.
CHAPITRE VU.
Des effets surprenants du Baptême : et en conséquence^
combien lu conduite que l'Église gardait envers ceux
qui le recevaient en maladie était différente de celle
qu'elle tenait à l'égard des fidèles réconciliés en cet
état. Diverses opinions des docteurs de l'école, tou •
chaut lu (jràce coiiférée aux enfants dans ce sacrement.
Baptême sous condition : quand il a commencé.
L'ouvrage que nous donnons étant purement histo-
rique, il ne nous conviendrait pas de traiter dogma-
ii(]uemeni de la vertu et des effets du sacrement de
Baptême. Nous supposons comme incontestable tout
ce que l'Eglise croit et enseigne, tant sur ce point,
que sur tous les antres qui regardent les sacrements;
et notre dessein est seule. lient d'exposer au public de
quelle manière on a dispensé dans tous les temps ces
trésors de grâces, que Dieu a confiés à son Eglise,
C'est surtout dans le Baptême qu'ils sont renfermés.
On remplirait des volumes entiers de ce que les Pères
nous apprennent de l'eflJcace et des vertus de ce sa-
crement : elhî esl telle, qu'elle renouvelle l'homme
enlièremenl, cl que, pour me servir des expressions
Je la Vérité même, elle le fait nailre de nouveau Le
docteur de la loi, à qui le Sauveur a dit celle éton-
nante vérité (i), en fut surpris, et lui dit : Comment
peut naître un homme qui est déjà vieux ? peut-il rentrer
une seconde fois dans le sein de sa mère pour naître en •
core? Mais Jésus-Christ ne raballil rien de ce qu'il
avait avancé; il lui répondit : En vérité, en vérité, je
vous dis que si un homme ne renaît de l'eau et de t'eS'
prit, il ne peut entrer dans le roijaume de Dieu Nico-
dèmc, encore plus étonné, lui ayant demandé com-
ment cela se pouvait faire, Noire-Seigneur se con-
tenta de lui répondre, qu'il ne lui disait que ce qu'il
savait, et qu'il lui rendait lémoignage de ce qu'il
avait vu. C'est ainsi que, sans lui expl.qiier le mys-
tère de celle nouvelle naissance, il lui marquait seu-
lement qu'il fallait qu'il le crût, et qu il attendit de sa
bonté la grâce d'y avoir part.
L'Apôire ne relève pas avec moins de force la vertu du
Baptême, et les avantages incomparables que nous ac-
quérons en le recevant. Par ce sacrement, selon lui (2),
nous sommes lavés de nos péchés et sanctifiés. Nous
sommes sauvés, régénérés, renouvelés. No,;s deve-
nons eiifanls de Dieu, nous sommes revêtus de Jésus-
Christ. Nous recevons, dans celte eau sanclifianie, la
qualité glorieuse d'enfants adoptifs de Dieu, nous de-
venons SCS héritiers, et les cohéritiers de Jésus-
Christ, nous sommes ensevelis avec le Sauveur pour
ressusciter avec lui. Enfin, d'eufanls de colère que
nous étions par noire nature, et par consé(iuent l'ob-
jet de la vengeance de Dieu, nous entrons en société
(1) Joan. 3, V. 3 et seq.
(2) 1 Cor. G, V. H; ad Tilum, 3, v. 5; Galat. 5, ▼«
26 ; Rom. 8, v, 17 ; Rom. 6, v. 5 et 4.
m BAPTÊME. - II* PARTIE. CIIAP.
avec lui, nous avons part à son esprit, à sa grâce et h
son amour. Le baplôme produisant de tels biens,
romnie l'Ecriture nous en assure, qui n'admirera la
pensée extravagante d'un homme, d'ailleurs fort cé-
lèbre (l), qui a écrit qu'il fallait interroger les enfants,
toucliant les vœux et les promesses que leurs parrains
ont faits pour eux au Baptême, et, en cas ([uils refu-
sent de les ratifier, les laisser à eux-mêmes, et ne
les point contraindre à mener la vie de Cliréiiens? Y
a-t-il lieu à la délibération dans une affaire de cette
nature ? délibère-t-on entre la vie et la mort, entre
les ténèbres et la lumière? Si les lois civiles dèlVn-
dent aux citoyens de s'oter à eux-mêmes la vie leni-
porclle, et condamnent cet attentat tomme un crime
énorme; comment l'Kglise pourrait elle souffrir que
ses enfants se privassent eux-mêmes de la vie de
l'àme qu'ils ont reçue dans le sacrement de Baptême;
qu'ils rompissent l'alliance qu'ils ont contiaclée avec
Dieu, et que de ses enfanis et de ses liériiiers, ils de-
vinssent doublement ses ennemis et l'objet de sa colère?
S. Cyprien (-2) rend non-seulcmonl témoignage de ce
que nous avons dit de la vertu et de reflicace du
Bajjtéme , mais il assure qu'il l'a éprouvée en sa per-
sonne. L'endroit est trop beau, et trop inslruclif pour
que nous négligions de le rapporter ici : Lorsque j'é-
tais dans les ténèbres et environné d'une nuit épaisse,
dit-il à un de ses amis, lorsque fêtais chancelant cl in-
certain sur la mer agitée de ce siècle, ne me connaissant
pas moi-même, et éloiqné de la lumière el de la vérité,
il me semblait bien difficile à croire, allendu ma manière
de vivre alors , que par l'indulgence divine on pût re-
naître de nouveau , et que je pusse, étant animé par le
bain salutaire, passer à une nouvelle vie et me défaire
de mes anciennes habitudes, et enfin, que l'homme de-
meurant dans le même corps, changeât d'esprit et de vo-
lonté. Comment un tel changement, me disais-je, serait-il
possible? Conmient peut-il arriver que l'on se dépouille
tout à coup des inclinations qui sont nées avec noits, el
qui nous sont devenues naturelles, ou bien que nous
avons contractées par une longue habitude affermie par
l'âge ? Se peut-il faire que celui qui est accoutumé à la
'\bo7ine chère, qui est revêtu d'habits précieux, qui brille
\ par l'or et la pourpre, apprenne à être sobre, à vivre
; \ruaalement, et à ne rien avoir qui le distingue dans ses
habits ? Celui qui se pluit dans les honneurs et les mar-
j jaei de distinction, ne peut vivre comme une personne
' privée... étant retenu par des attraits si puissants. Il faut
fju'à son ordinaire, il s'abandonne aux plaif,irs du vin,
il faut que Corgueil l'enfle, que la colère l'enflamme,
que son avidité l'inquiète, qu'il se laisse aller à la
cruaulé, et entraîner par l'ambition el l'amour du plaisir.
Je pensais souvent à toutes ces choses en moi-même :
car fêlais retenu et comme lié par les égarements de ma
vie précédente, dont je ne croyais pas pouvoir m'affran-
chir, tant j'étais accoutumé décéder, et, dan s le désespoir
(1) Erasme dans un fragment de leitres insérées
dans l'histoire de sa vie, écrite l'an 1607.
(2) Lib. ad Donat.
VIL EFFETS DE CE SACREMENT.
HO
de pouvoir devenir meilleur, jeme plaisais dans mes maux.
Qui m'éinicnt devenus comme propres cl familiers. Voilà
luio peinluie bien naturelle de l'é-lat où se lrou\ ail nuire
sainl i.vanl le lîiptêine, el des vices diml il allenilait
la guérison par la vorlu de ce grand sacrement.
Voyons présentement les heureux cflt;ls qu'il produi-
sit chez lui : Mais, coiiliuiie ce saiiil, après que, par
le secours de celte eau qui a la vertu de réq-'-ncrer, les
taches de mes péchés passés furent effacées, après que la
lumière se fut répandue sur mon àme ainsi purifiée,
'après qu'ayant puisé du ciel l'Esprit saint, je me trou-
vai changé par une seconde naissance en un nouvel
homme ; je sentis tout à coup, el d'une manière admira-
ble, mes doutes se dissiper. Ce qui était fermé pour moi
me fut ouvert, la lumière succéda aux Inièbres : ce qui
me paraissait difficile auparavant , me parut aisé, et
j'appris que l'on pouvait faire ce que j'avais cru in)pos-
sible. Je reconnus qu'ilre né de la chair, et avoir vécu
dans le péché, était une suite de notre condition toute
terrestre; et que c'était de Dieu que me venait la grâce
de me soitir animé par l'esprit. Vous savez certainement,
el vous reconnaissez avec moi ce que cette mort aux
crimes et cette vie à la vertu nous a àté, et ce qu'elle
nous a procuré. Vous savez tout ceci, et ne le dis point
par un esprit de vanité qui serait odieuse (quoique ce ne
soit point vanité, mais gratitude; quand on attribue
tout à Dieu el non à l'homme) ; puisque c'est par la
foi qu'on ne pèche plus , comme c'était par l'espri
d'erreur attaché à notre nature que jwus avons péché.
C'est de Dieu, dis-je, que nous tenons tout ce que nous
pouvons.
C'est ainsi que cet illustre martyr rond compte des
effets que le Baptême avait produits chez lui, et je
crois que ce qu'il dit là dessus est plus propre à nous
faire com|)renJre les effets et la vertu de ce sacre-
ment, que tous les arguments des théologiens les plus
concluants.
Un autre effet du Baptême non moins remarquable
que ceux dont parle S. Cyprien , est qu'il remet en
même temps la coulpe et la peine duc au lédié, en
sorte que quchpie énormes, el quelque mullipliés
qu'aient été les crimes de ceux qui Oiit reçu ce sacre-
ment, ils sont dispensés d'en faire pénitence. Ceci
parait un paradoxe à Pincrédulilé. Cependant rien
n'est plus sûr, et toute la discii)liiic de l'Eglise sup-
pose ce principe comme une vérité incontestable :
nous allons le faire voir le |)lus brièvement qu'il nous
sera possible. C'était une maxmie établie , que si un
pénilenl lnmbail grièvement nialad •, et (pie sa vie fût
en péril, on lui accordait la réconciliation , el même
l'Eucharistie; mais s'il revenait en santé, il élait
obligé de reprendre le degré et la station de la péni-
tence dans lequel la maladie l'avait surpris , cl de
continuer à expier ses fautes dans Ls exercices labo-
rieux de cet (;lal (1) : au lieu qu'im caléelumiène au-
quel une pareille conjoncture avait fait duimer le Bap-
(1) Voyez l'histoire de la Pénitence, section 3,
part. 2.
ili
HISTOIRE DES SACREMENTS.
ilî
tême, n'élait point renvoyé à la classe des caléchu-
mèncs d'où il était sorti, et jouissait paisiblement de
toutes les prérogatives des autres lidèies. Il est vrai
que le concile de Laodicée (can. 47), veut que ceux
qui sont ainsi baptisés, étant revenus en con^'iles-
cencc, apprennent les principes de la loi , et ([u'on
leur lasse connaître le don divin dont ils ont été ren-
dus participants. Mais il ne les renvoie pas pour cela
au catécbuménat. Il était juste qu'ils s'instruisissent
des mystères qu'on leur avait tenus cacliés avant qu'ils
y lussent iniliés, comme nous l'avons vu dans la pre-
mière partie de cette Histoire; mais il n'était pas né-
cessaire pour cela qu'ils reprissent le rang des
catéchumènes. Les fidèles pouvaient assister aux in-
structions que l'on faisait aux catécbumènes , quoique
ceuv-ci ne fussent pas admis à toutes celles que Ion
pouvait faire aux fidèles.
Sur quel principe était fondée celle conduite? Il
n'y en avait point d'autre que la persuasion où on
était, que le Baptême remettait également le péché,
ot la peine due au péché , c'est-à-dire , que par le
Baptême on était non-seulement revêtu de la justice,
mais que l'on recouvrait encore l'innocence que l'on
il tâche, aussi bien que S. Basile (i) et S. Gré-
goire (2) de Nai'-ianze, de les porter à se disposera re-
cevoir le Baptême, qu'ils différaient souvent jusqu'à la
vieillesse, dans la créance où ils étaient qu'alors ils
recevraient par le moyen de ce sacrement une pleine
rémission de leurs péchés. Celait là une occasion de
leur dessiller les yeux , rien n*élait plus propre à les
délromper de celle créance, si elle avait été mal fon-
dée, que de leur dire , que la preuve du contraire de
ce qu'ils pensaient , élait que l'on faisait accomplir
après le Baptême, aux catéchumènes, la pénitence que
leurs péchés avaient mériiée. Mais on ne trouve rien de
semblable dans ce qu'ils disent pour les exciter à sortir
de leur assoupissement. D'où vient cela? La raison en
est, sans doate , que la courte pénitence que l'on im-
posait aux catéchumènes, avant le Baptême, n'était
que pour les disposer à recevoir plus saintement ce
sacrement, lequel étant une fois reçu, elle n'avait plus
lieu : au lieu que les pénitents étaient obligés à dou-
ble titre à subir les peines qu'on leur im;iosait , tant
pour se disposer à recevoir le fruit de l'-ibsolntion ,
que pour satisfaire à la justice divine, qu'ils avaient ir-
ritée par leurs péchés , qui d'ailleurs étaient incompara-
avait perdue , soit par le péché du premier père , soit blemenl plus griefs dans les Chrétiens, que dans ceux
par ceux que Ton avait commis personnellement. Car qui n'avaient point encore été baptisés,
autre chose est la justice, autre chose est l'innocence : | De plus, on n'a jamais fait difficulté d'accorder aux
et il arrive souvent que les justes sont redevables à la [; infidèles la grâce du Baptême à la mort, et l'on a lou-
justice de Dieu, et soumis à de grandes peines dont jj jours cru que quand ils l'avaient demandé sincère-
leurs péchés précédents les ont rendus dignes, t
L'evemple de David, à qui le Prophète dit que son l
péché lui était remis, en est une preuve : Translatum \
est à le peccatum tuum. Car quoique les sentiments de \
componction, dont il fut touché d'abord, l'eussent ré- j
labli dans la justice , et l'eussent fait rentrer en grâce
ment , et avec vraie confiance , ils obtenaient sur-le-
champ la rémission de tous leurs péchés, et la vie
éternelle, s'ils mouraient immédiatement après l'avoir
reçu. Cela est évident par ce que nous venons de dire.
Il n'en élait pas ainsi des fidèles qui avaient souillé ,
par des crimes , la robe nuptiale dont ils avaient été
avec Dieu , le prophète Nathan ajouta : € Mais , parce [; revêtus au Baptême. Nous montrerons dans l'Histoire
« que vous avez donné occasion aux ennemis du Sci- i' de la Pénitence , que dans les premiers siècles, s'ils
avaient attendu à celle extrémité à recourir à l'Église,
on leur refusait la réconciliation ; et que , si dans la
suite , on la leur accorda , ce n'était qu'après leur
avoir prescrit les exercices pénibles par lesquels ils
devaient expier leurs fautes, s'ils revenaient en sanlé,
et leur avoir fait promettre d'accomplir la pénitence.
Nonobstant tout cela, on doutait fort de leur salut.
Nous pourrions le prouver par une infinité de passa^
ges des Pères : mais ce n'est pas ici le lieu de le faire ,
et nous nous contenterons d'alléguer l'autorilé de
S. Augustin (5), qui en paile ainsi : Si quelquiui
étant réduit à l'extrémité par la maladie, veut recevoir
\ la pénitence, et la reçoil. atissi bien que la réconciliation,
et meurt ensuite , je vous l'avoue , nous ne lui refusons
pas ce qu'il demande, mais nous ne présumotis pas avan-
lafjeusement des suites... : je ne suis pas en assiirance
sur ce qui le regarde. Pourquoi ne suis-je pas en assu-
rance? je pHîS donner la pénitence , je ne puis donner
rassurance : < Pœnilentiam dure possum , securitatem
t gneur de blasphémer contre lui, le glaive ne sortira \
€ po.nt de votre maison , i etc. Les anciens ne pen-
saient pas de même du Baptême ; ils croyaient ferme-
nicnt qu'il abolissait également le péché, et la peine
qui lui est due , soit en celte vie , soit en l'autre. Ca \
que les théologiens expriment par ces termes , le réal i
de la coulpe et de la peine , rcatum pœnœ, et culpœ. \
S. Augustin (1) rend témoignage de cette créance de '
l'Église , lorsqu'il dit, en parlant des catéchumènes f
qui sont à l'extrémité : Fil hoc ubi quemquam forlè \
dies exlremusurgel, ut ad verba paucissima, quibusta-
men omnia continentur, credat , sacramentumque perci-
piat, ut si ex hàc vità migraveril, liberatus exeal à reatu
peccatorum omnium. Yous voyez par ce passage que
l'on n'exigeait des catéchumènes en cet état que la
confession de la vraie foi, et que l'on ne doutait pas
qu'eu mourant en cet état, ils n'entrassent en posses-
sion des biens éternels.
Vous avez vu dans le 5* chapitre de la 1'* partie,
ce que S. Chrysos^ome pensait du salut des catéchu-
mènes, que l'on baptise étant sur le point de mourir :
(1) De Fide et Operibus, c. 6.
(1) Exhort. ad Bapt.
(-2) Orat. 39 et -40.
(ô) Horail. 41, in lib. 50 Hom.
«5 BAPTl'ME. — H' PARTIE. CHAP.
t dure non possum. • Le parallèle i]nc nous venons do
faire de la dilTércnle conduilc que l'Église gardait en-
vers ceux qui denmndaienl le Baptême, et les chré-
tiens (|ui élaienl londu's dans le crime, aussi bien que
les maximos sur losquollcs elle était fondée , sont une
preuve évidente de ce que nous avons dit , ([ue le Bap-
tême remcltail en même temps et le péché et les pei-
nes dues au p.'clié , aussi bien que des autres effets
que rÉi rilnrc lui allribue.
On avait cru jiis(|u"au douzième siècle que ce sacre-
ment opérait également dans les adultes et dans les
enfants, autant que ceux-ci sont susceptibles des dons
de Dieu. Mais connue en ce temps-là on commença à
raisonner beaucoup sur les vérités de la Koligion , et
qu'on voulut pénétrer dans les mystères qu'on s'était
contenté jusqu'alors de croire simplement, on ne
manqua pas de s'égarer dans une matière aussi abs-
truse que colle-là ; on se forma des difficultés, et pour
y répondre on abandonna une partie de la vérité. Le
Maître des Sentences lui-même, qui n'a composé sa
théologie que pour arrêter la curiosité inquiète des
docteurs de son temps et fixer leurs sentiments par
l'aulorité des Pères dont son ouvrage n'est presque
qu'un tissu de leur texte ; le maître des sentences lui-
même (1), dis-jo, n'est pas à l'abri de ce reproche,
puiscpi'il a insiiuu'; que l'homme n'est point juste
formellement par quebjue chose qui lui soit in-
trinsèque, mais seulement par l'amour que Dieu
a pour lui , à peu près couime Pierre est ami de
Jeun , et lui est agréable par l'amour que Jean a
pour lui, sans qu'il arrive chez lui aucun changement;
ce qui avait surtout lieu , selon lui , à l'égard des
enfants.
Cette opinion du maître des sentences fut rejetée
par un bon nond)rc des principaux docteurs de
l'école (2) , qui enseignèrent que les enfants étaient
justifiés dans le Baptême par une grâce intérieure , et
qui leur était propre , quoi(|ue distinguée des actes ;
mais cette difficulté étant aplanie , il s'en éleva une
autre , sur laquelle on disputa beaucoup de part et
d'autre. Il s'agissait de savoir si celte grâce intérieure
qui rétablissait les enfants dans la justice originelle,
éiait une qualité distincte du sujet dans lequel elle
était, et une habitude, habitus, telles que sont les ha-
bitudes acquises de science et de vertu. Dominique
Soto (3) , qui a assisté au concile de Trente , convient
qu'il n'a pas toujours été de foi , et qu'il n'y a pas
même long-temps (jue cet article de doctrine en fait
partie ; mais il prétend en môme temps que ce sen-
timent qui d'abord éiait laissé à la liberté des théolo-
giens, est enfin par degré , gradulhn , devenu dogme
de foi. Du temps d'Innocent III , selon lui, c'était en-
core une opinion libre. C'est là où il fixe la première
époque : il prouve ce qu'il dit là-dessus, par ce qu'a
écrit ce pape, cap. Majores de Daptismo. Ensuite, le
(I) Lib. i Sentent., dist. 17.
(2> Allissiodorensis, 1. 5 Summ. tracl. G, c. 1;
Guiiiem. Paris., l.deMoribns, c. i, etc.
(3j In lib. 4 Sentcntiarum, dist. 0, q. 1, a. 3.
VII. EFFETS DE CE SACREMENT. Ui
pape Clément \ , dans le concile de Vienne , déclara
que c'était le sentiment le plus probable. En dernier
lieu , le concile de Trente lui a donné le caractère de
dogme de foi par le canon 6 de la onzième session.
C'est ainsi que Soto pensait sur cela.
Cependant Melchior Canus qui avait assisté à ce
! concile, aussi bien que Soto, enseigne que l'on peut
encore discuter là-dessus , pour et contre , sans bles-
ser la foi (I). Effectivement on ne voit pas, en pesant
les paroles dont les Pères du concile se sont servis dans
le canon que nous venons de citer, qu'ils aient eu in-
tention de décider celle question qui appartient plus à la
philosophie qu'à la théologie. Ils y définissent, contre
les protestants, que l'hounne estvivifif", non par la
seule imputation des mérites de Jésus-Christ, ni par
la seule rémission des péchés , mais par la grâce et la
charité qui est répandue dans son cœur par le Saint-
Esprit. Définition sage et conforme à ce qu'on a cru
dans tons les temps, touchant la justification des en-
fants dans le Baptême. On y a été persuadé que par
{ ce sacrement ils devenaient le temple du Saint-Esprit
i qui les sanctifiait par sa présence, et les ornait de ses
j dons divins. C'étut dans cetle persuasion que les his-
• toriens ccclésiastiqties racontent du père d'Origène ,
I qu'il baisait quelquefois la poitrine de son fils encore
1: enfant, comme étant le temple du Saint-Esprit, Cet
Esprit divin, selon les Pères, les rend justes en la ma-
nière qu'ils peuvent l'être, et que nous ne pouvons
comprendre à cause de la faiblesse de nos lumières;
comme nous ne comprenons pas comment ils sont in-
justes et corrompus par le péché originel, quoique la
foi nous enseigne qu'ils naissent formellement pé-
■ cheurs et dignes de la colère et de la vengeance de
Dieu.
C'est pour délivrer les hommes, tant adultes qn'en-
fant'i , d'im élat si déplorable , qu'on a toujours été si
attentif dans l'É'ilise à leur procurer le remède salu-
taire du Baptême, et que s'il arrivait que l'on doulâf,
avec fondement , que quelqu'un eût été baptisé , on no
faisait point de difficulté de le baptiser de nouveau,
au hasard même de réitérer le Baptême; plutôt que
i de le laisser privé d'un sacrement si nécessaire.
i Nous avons le canon 6* du concile V de Carthaçre sur
ce sujet , dont voici les termes : Il nous a semblé bon
nue l'on bnplhàt sntis aucun $crupu!e les enfants du
Baptême desquels on n'aurait point de témoins bien sûrs,
et lorsrju'ih ne pourront eux-mêmes répondre des sa-
crements qui leur ont été ~onférés ; car il ne faut pas
que la crainte (de réitérer ce sacrement) les prive de
ce qui les doit purifier. <r Ahsque ullo serupulo esse bopti-
I f zandos. » Ce canon fut publié à l'occasion de la
question que certaines personnes charitables avaient
I proposée aux Pères de ce concile, touchant la ma-
I nièrc dont il eu fillait user à l'égard des captifs que
[ l'on rachetait des mains des barbares. Il fut con-
I firme en l'an 5'25, dans le concile assemblé sous l'évê-
I que Bonifacc. Le pape S. Léon, Théodore, archevêque
i (I) Lib. 7, de Locis Théologie., 2.
{15
de Cantorbéri, Ilervet, archevêque de Reims , [
écrivant à Gui , ou Widon de Rmieii , onl établi la
môme discipline, aussi bien que Grégoire 11, qui dans
une lettre à S. lioniface de Mayence , par laquelle il
résout plusieurs diflicnltés que ce saint lui avait pro-
posées, enseigne qu'il ne faut pas feindre, dans le
doute, de domier le Baptême aux enfants. Voici les
paroles de ce dernier : A Cégard des enfants que l'on a
enlevés à leurs parenls , et que l'on ne sait s ils ont été
baptisés ou non : parce que vous lions avez demandé ce
qu'il fallait faire , la raison, aussi bien que la tradition
des Pères , demandent que vous les baptisiez, s'il n'y a
personne qui rende témoignage qu'ils ont reçu le
Baptême.
C'est ainsi qu'on se conduisait ancicniienicnt dans
de pareilles conjonctures. Dans la suite , soit pour
parer à rinconvénienl de la réitération du nnptênie,
soit pour faire sentir que l'on avait en iiorrour la re-
baplisation , on ajouta à la forme ordinaire du Bap-
tême des termes condiùonnels, tels que sont ceux
que prescrit le pape Jean XXll : Si tu es baptisé, je
ne te rebaptise pas : mais si tu n'es pas encore baptisé, T
je te baptise au nom du Père , etc. Ce qui est porté
dans les statuts synodaux de Verdun semble marquer
que rintention principale de ceux qui se sont servis |,
de cette formule conditionnelle, a été effectivement
de prémunir les assistants contre le dogme impie de
la rebaptisation : car voici ce qui est dit sur ce sujet : l!
Quand un laïque a baptisé un enfant, le prêtre doit ■
interroger celui qui a administré ce sacrement, pour }
apprendre de lui s'il Ta fait en la forme ordinaire.. ;
que s'il y a lieu d'en douter, alors le prêtre doit bap-
tiser l'enfant, en disant à haute voix , et en langage du
pays : Si tu n'es pas baptisé, etc. ; et il en agira de la
sorte, alin que leslaiipies ne croient pas que l'on puisse
rebaptiser deux fois la même personne. El ut audiant |
asiistenles, hoc dicat alla voce et materna, tie laici credant
quod aliquis possit bis baplizan.
Quelques savants (1) ont cru que cette manière de
baptiser sous condition était de l'invention des doc-
teurs seholastiques; mais , comme dit le P. Mar-
lène ("2), ils se sont trompés en cola; puisque l'on
trouve cette forme usitée, dans quelques endroits, il y
a plus de huit cents ans. Isaacde Langres (l) le prescrit
dans ses canons : Quand on doute si quelqu'un a été
baptisé , ou non , il faut absolument lui faire recevoir le
Baptême , mjanl soin cependant de dire auparavant ces
paroles : Je ne te rebaptise pas , mais si tu nus pas été
baptisé, je te baptise au nom du Père , «'te. i His ta-
( menverbis prœmissis; non te rebaptizo ; sed si non-
i diim es baptizatus , etc. » S. Boniface de Mayence
avait déjà ordonné la même chose, connue on le voit
dans ses statuts » que le P. Dacbcri a publiés dans le
neuvième tome du Spicilège.
Outre ces effets du Baptême, dont nous avons pailé,
il en est un autre que nous ne devons point passer
(i) Apud Odoric. Rainald. ad anniim 1533, n. A.
(2) De antiq. eccles. Ritibus, t. 1, c. 1, art. 16.
(3)Tit. 11, c. 17.
HISTOIRE DES S.^CREMENTS. M6
sous silence , je veux dire , «n caractère inefliaçable
qu'il in)prime dans l'àme de ceux qui le reçoivent, en
vertu duquel il ne peut et ne doit jamais être réitéré.
Le concile île Trente l'appelle un signe sacré et invisi-
ble. Je sais (pie ceux qui se sont séparés de la com-
munion de l'Eglise Catliolicpie tonrucnt en ridicule ce
(lu'elle croit là-dessus, iU se moquent de ce signe in-
visible imprimé dans l'àme; mais ils font voir par là
même qu'ils connaissent bien peu la doctrine des an-
ciens Pères , pour les(piels ils témoignent d'ailleurs
avoir de la vénération Oui, les anciens reconnaissent
dans l'àme, et mémo dans le corps, des signes ou des
marques invisibles à nos yeux ; et ils en reconnais-
saient de plusieurs sortes. Je veux le faire voir ici,
parce que cela me donnera lieu d'expliquer encoie un
autre elïel du Baptême, qui a rapport à celui sur le-
quel nous nous sommes principalement étendus dans
ce cha|)itre, el à l'occasion duquel nous awiis exposé
plusieurs points de la discipline de l'Église Le voici.
C'est que les anciens mettaient celte dillérencc entre
le Baptême cl la Pénitence : que celle-ci remettait à
la vérité le péché , quoiqu'avec beaucoup de peines et
de travaux , mais qu'elle n'en enlevait pas les traces ,
les marques ou les vestiges, au lieu que le Baptême,
eff.içait tout généralement, tant le péché lui-même,
que l'impression qu'il avait faite dans l'àme et dans le
corps. La Pénitence fermait la plaie du péché , mais
elle y laissait une cicatrice, au lieu que le Baptême,
en régénérant l'homme et le formant de nouveau, ne
laissait aucune cicatrice de la plaie qu'il s'était faite
en péchant.
Saint Cyrille de Jérusalem (l) explique admirable-
ment cette doctrine. Après avoir exhorté ceux qui
étaient sur le point de recevoir la grâce de la régé-
nération, à ne souiller leur corps par aucun péché , il
les avertit que si les hommes ignorent leurs mauvai-
ses actions, Dieu, à qui ils doivent en rendre compte,
les conn:iit; à quoi il ajoute : « Que la tache des pé-
1 elles demeure ; car de même, dit-il, que si quelqu'un
« a reçu une grande plaie dans le corps , il lui reste
« après sa guérison une cicatrice : ainsi le péché im-
« prime une tache qui affecte le corps et l'àme, et les
i marques des cicatrices demeurent dans l'un et dans
« l'aulre.etne peuvent être emportées que par le Bab-
« lême. » liai cii anuoi oîtwv ky-ctf-nw y-i-JOijn t-j s> xw ^oj/zari'
UTKS.0 yào T:}r,yr,i 7xpoyj»pr,'7it/.7ii SJ TÛ !T'i),u.aTi, zàv ÔifC/.TXtl.x
'/iv/jT-ci Ti;, 0//WÎ h o\j'j-?i fj-hef ciirw x.«î -r, «//apTia Tt/viaisi
Tr,-j 'pDyrr^ xai tÔ o-â//« , xocl /xkJOVTVJ o'i tÙttoi twv ou/wv gv
■KÔLii. C'est ainsi qu'il faut lire, et non pis -/jOwv, cla-
vorum , comme il y a dans quelques éditions : -nsf^iKi-
prjûjrtx.i ôè /j.i-JO'j ànà tûj ).a.iJ.êa.jijroij -va jovTpo-j. S. .^tlia-
nase (2) enseigne la même chose, aussi bien que
S. Grégoire do Nazianze. Le premier met une dilië-
rence entre la Pénitence et le Baptême, qu'il fait coa-
sisler en ce que celui-ci ôte jusipi'aux traces et aïK
cicatrices des péchés , el non pas l'autre. Le second
I assure que les plaies formées par le péché se cicalri-
(1) Calèches. 18, n. 20
(2) Lp. i, ad Serap., n. 13.
lu BAPTÊME. — ir PARTIE. CIIAP
, sent enfin avtc peine; mais qu'il sonbaite pins qu'il
'n'en reste point de vestige , qu'il ne l'espère. C'est
ainsi qu'il s'en explique dans sa quarantième Orahon,
' où, après avoir parlé des larmes et des gémissements
de la pénilenoe, il ajoute ce que nous avons dit : Èç w>
cyvoJ/td7t; yuèv ipj/sTat uiyt;... ûùk /.«i rà; oO/àj ifa/£îpw-
fttj otyaTTTiw r,-J av.
Les anciens docteurs de l'Église n'avaient point de |
notre âme des idées aussi bornées et aussi abstraites
que celles que nous nous en sommes formées. Ils la
croyaient susceptible de bien des clioses qui ne s'ac-
cordent pas avec les principes de noire pliilosopbie
moderne ; ils se moquaient, avec raison, des .spécula-
lions creuses des pbilosopbes, cl ils n'en prenaient
qu'autant qu'elles pon>nenl s'acconnnoder avec l'ana-
logie de la foi et toutes les vérités , sans exception ,
qu'ils avaient reçues par le canal des Écritures cl de
la tradition. Ils croyaient que souvent le péché étant
remis, il en restait des traces et des marques que les
honunes ne pouvaient découvrir, mais qui étaient bien
connues de Dieu et des anges. Ils reconnaissaient de
même que le Baptême imprimait dans les âmes des
Chrétiens un certain caractère ineffi^çablequi serait à
jamais la gloire des uns et la confusion des autres.
C'est ce que nous aurons lieu de prouver dans le cha-
pitre suivant.
S. Cyrille de Jérusalem , celui de tous les Pères ,
avec S. Augustin , qui a le plus répandu do lumière
sur la matière du sacrement de Baptême, fait une men-
tion expresse du caractère qu'il imprime dans les
âmes, et le met parmi les effets qu'il produit, et dont
il fait l'énuméralion. Le Baptême, dit-il (1), est quelque
chose de (jrand , il est le prix de la liberté de ceux qui
étaient en esclavage; il remet les péchés, il donne nue
7Wiivelle nciissance à l'àme : c'est un vêlement de lumière,
c'est un sceau indissoluble de sainteté. S^pa/ij «yta à/a-
rà/vTO,-. Ce saint dit ailleurs (2) que c'est par cette
marque que nous sommes agrégés au troupeau de
Jésus-Christ, (|ue nous le recevons dans le temps que
l'on nous baptise, xarà xatpov Tsû ^u.-K-zi^iJ.oi.TOi, dans le
temps que l'eau lave nos corps , l'Espril-Saint , selon
lui, consacre l'àme, et lui imprime ce sceau sacré : to
fjii iicup ■/.u.do.ip-i TO sùiax, 70 ôè tcvîO//« t:ff>oi.yi^n zr,)
\>.^jy_r,/. Enfln il enseigne ailleurs que ce signe mysié-
. rieux nous met à l'abri des attaques de Satan, qui
s'enfuit quand il le voit. S. Augustin parle souvent du
caniclère , soit en le désignant par ce nom là même ,
soit par qnel(iues autres termes é(|uivak'nts. Je ne
m'arrête pas à rapporter les passages où il en est fait
menlion, parce qu'ils sont fort connus, et cités par
tous les lliéologieiis. J";ijontorai seulement ce que
ceux-ci enseignent communément là dessus, savoir:
que c'est en vertu de ce caractère que le Bjpiênieqiii
a été reçu hors de lÉglise, ou avec hypocrisie dans
l'Église (et qui par conséquent n'a point opéré la sanc-
tification de ceux à qui il a été donné), reprend vie, '
(1) Procatech., n. 16.
(2) Caléch. 1, n. 2; catéch. 4, n. 10- catéch. 3,
H. 4.
. VTII. UNITÉ DU bAPTÈME. 118
se ranime , cl op.^.re , quand ceux-là rentrent A'^tA
l'Église, et que ceux-ci se convertissent sincèrement .
en sorte que les péchés qui ont précédé le Baptême
leur s(mt remis en vertu de ce sacrement, et qu'il ne
leur reste qu'à faire pénitence de ceux qu'ils oulcom
mis depuis. l
CHAPITRE VIU.
De l'unité du Baptême. Que ceux qui ont voulu que l'on
rebaptisât les hérétiques l'ont toujours soutenue. Quel [
était leur sentiment. Tempérament que l'on y a ap-
porté depuis. Qu^on est enfin convenu de recevoir
comme valide le Baptême administré en la forme légi-
time par toute sorte d'hérétiques. En quel temps on a
douté depuis si le Baptême donné par aes infidèles était
valide.
Quoiqu'il y ait eu autrefois des sentiments bien op-
posés dans l'Église au sujet du Baptême reçu dans
riiérésie, et que les uns le reconnussent pour valide,
tandis que les autres le rejetaient, elle réitéraient;
cependant l'idée d'un seul Baptême était tellement
imiiiimée dans l'esprit de tous les chrétiens, qu'on ne
trouve pas qu'aucun catholi.iue l'ail jamais combat-
tue. Les deux partis, opposés dans la différente con-
duite qu'ils tenaient sur ce point, s'autorisaient de cet
oracle de l'Apôtre (1), une foi, un Baptême. Utia fidei,
iinum Baplisma. Et S. Cyprien, qui a soutenu avec
plus de zèle que personne (|u'il fallait donner de nou-
veau le Baptême aux hérétiques qui rentraient dans
le sein de Église , se défend avec force du soupçoa
que sa conduite à cet égard pouvait donner, qu'il vou-
lût introduire la rebaptisation. 11 se plaint dans sa
75" lettre à Jubayen qu'on voulait le rendre odieux en
lui altiibuaiil de vouloir rebaptiser. Invidiâ quâdam
quasi rebaptizandi baptizare posl hostes Dei nefus duci-
tur. El il assure dans la 71' lettre qu'il a écrite à
Quiiitus, qu'il ne rebaptisait point les héréti(iues,
mais qu'il les baptisait : JSon rebaptizari apud nos, sed
baptizari. Les Donatistes eux-mêmes, tout finieux qu'ils
étaient, avaient une secrète horreur, dit S. Augus-
tin (2), d'un nouveau Baptême , et les laïques parmi
eux, (juand on leur en parlait, se frottaient le visage,
dans l'embarras où ils étaient, et avouaient que c'était
la seule chose qui leur déplût dans leur secte. Tant il
est vrai , ajoute noire S. docteur, que tous les hom-
mes, par une secrète inspiration de Dieu, détestent la
réitération de ce sacrement, par lequel nous sommes /
pour toujours consacrés à Dieu.
S. Cyprien était si éloigné de réitérer un Baptême
qu'il eût cru avoir produit quelque effet dans ceux qui ^
l'auraient reçu, qu'il ne désespérait pas même du salut
des hérétiques qui avaient été incorporés à l'Église et
avaient joui quelque temps de ses avantages, quoiqu'il
lût persuadé que li;ur Baptême était absolument nu! :
tant il allrihuail de vertu à riinion que l'on peut
avoir avec les membres de Jésus-Chrisl. Que ftra-l-on
(1) Ephes. 4, V. 3.
(2) L. 5 de Bapt., contra Donat. c, 5.
H9 HISTOIRE DES
dit-il (1), (le ceux qui êiant autrefois revenus à l'Église ,
y ont été reçus sans Baptême? A quoi il répond : Dieu,
par sa puissance, peut leur faire grâce, et ne point refu-
ser les dons de son Église à ceux qui, y ayant été reçus
simplement, y sont morts, elc. S. Augustin (2), rappe-
lant ces paroles du S. martyr, les loue, ci nous dé-
couvre avec sa sagesse ordinaire la raison et le fon-
dement de cette conduite , lorsqu'il dit : Il croyait
pieusement que ceux qui avaient été reçus dans l'Eglise
sans Baptême , selon lui . pouvaient mériter la grâce de
Dieu, et jouir des avaiUiigcs de l'Eglise : tant il était
persuadé des grands biens qui revenaient de l'unité du
corps de Jésus-Christ. « T:iiilii;ii l.oiinm esse unitaiem
< corporis Cliri>li. t
Celait sans doute d; us cet fsprit ijuc S. Denis d'A-
lexandrie (3) consuma l'évèque do Rome de même
nom, pour apprendre de lui s'il devait baptiser de nou-
veau un homme qui demandait ce sacrement avec des
larmes intarissables, as >i!r:int qu'il avait été initié à
ce mystère cliez b> îién'iii|ues avec des paroles im-
pies et pleines de l)l:iS|ilienies. \<;têzixi yào cV.sîvs /.v.l
/SAKifTi/iiKi â) T.nt^Y^çiWjxi. Ce qui arrêtait S. Denis
était, comme il !e dit, que cet Iwmme avait entendu l'ac-
tion de grâce , qu'il (A\.it répondu Amen avec les au-
tres; qu'il ùvjit assisté à la table sacrée; qu'il avait
étendît la vtain pour recevoir la viande sainte, et qu'il
«vait participé an corps et au sang de Notre-Seigneur
Jésus-Christ pendant un fort long temps. Je n'ai osé ,
dit le S. évèque, lui accorder sa demande, lui disant que
la communion dont il av il long- temps joui lui suffisait.
11 ajoute ensuite : Je n'eusse osé le refondre ou le former
de nouveau ( s'il m'est permis d'exprimer ainsi ces ter-
nies , qui ont efiectivemonl ce sens), tîoj yxp «v i^
l-y.oyf,i or.jy.7xivu^si sTtvvi/yv-ïKtjut, mais je lui ai dit de se
rassurer et de participer avec foi et avec une bonne con-
science à nos mystèris. Ct pendant cet homme ne cesse
point de gémir, et il est saisi de frayeur quand il faut
approcher de la sainte tube : à peine même ose-t-il as-
sister aux prières, quelques exhortations que nous lui fas-
sions. C'est ainsi que l'on a toujours pensé louchant
l'unité du Baptême. Voyons présentement quelles
étaient les opinions ([ue Ton a eues autrefois sur la va-
lidité de celui des hérétiques et la différence de con-
duite que l'on a teirae sur ce point.
Tout le monde sait (piel a été en cela le sentiment
de S. Cyprien, et les elForts qu'il a faits pour autoriser
la conduite qu'il croyait devoir garder sur ce sujet. On
n'ignore pas ([ue son opinion était , que le Baptême
reçu hors de l'Église, de quelque manière qu'il eût été
conféré , était absolument nul, et qu'il l'appuyait de
raisons très-fortes , et dont il était difiicile de se dé-
fendre, surtout étant proposées par un homme aussi
éloquent et aussi versé dans l'art de disputer noble-
ment que ce grand homme. C'est un elfet de la provi-
dence de Dieu sur son Église, qu'il se soit trouvé un
homme aussi ferme et aussi attaché à l'ancienne iradi-
(1) Ep. 73 veteris edit.
(2) L. 2 cont. Cresc, c. 55. *•
(5) Apud Euseb., lib. 7 Hist., c. 9.
SACREMENTS. Î2()
tion que le pape S. Etienne, pour empêcher que l'o-
pinion de S. Cyprien ne se répandît et ne prévalût dans
l'Église. Celui-ci s'en tint simplement à l'ancienne cou-
tume de Sun Église, et sa cause l'a enfin cniporlé.
« Qu'on n'innove rien, disait-il, que l'on s'en tienne à
« ce que nos pères nous ont appris. JSihil innovetur
i nisi quod tradilum est. n
11 faut avouer néanmoins que S. Cyprien n'était point
autem- ce celte doctrine, quil l'avait trouvée établie
dans son Église lorsqu'il en prit le gouvernement.
Agrippin, qui avait tenu le siège de Carthage plusieurs
années avant lui , non-seulement avait pensé comme
lui, mais avait décidé dans un concile de plusieurs
évêqncs que l'on devait rebaptiser les héréticiues. 11
en est de même de S. Firmilicn, évèque de Césarée en
Cappadoee, qui, avec grand nombre dévèques d'O-
rient, était dans la même pratique et les mêmes senti-
ments que S. Cyprien (1). Il témoigne les avoir reçus
de ses pères. xYohs ne nous souvenons pas , dit-il , que
cela ail jamais commencé parmi nous , puisqu'on y a
toujours observé de ne reconnaître qu'une seule Eglise de
Dieu, et de n'attribuer le saint Baptême qu'à l'Église. Ce
que nous disons fait voir que le canon 68' des Apôtres,
qui déclare que ceux qui ont été baptisés par les Iiéré-
li(iues ne peuvent devenir ni clercs ni fidèles, peut èlrc
fort ancien, aussi bien que le 40 et i~\ qui disent à
peu prés la même chose , et ils auraient bien pu don-
ner lieu à Firmilicn, aussi bien qu'à d'autres, de pen-
ser comme ils ont fait sur le Baptême donné dans l'Iié-
résie; à moins qu'on ne prétende, comme un éciivain
moderne , que ces canons sont une suite du synode
d'Agrippin, ou peut-être de quelques conciles tenus en
Cappadoee sous Firmilicn : ce que je laisse à examiner
aux savants, au moins duit-on reconnaître que ce sen-
timent a pu avoir lieu avant Teriullien , qui l'insinue
en plus d'un endroit de ses écrits. D'oii vient, dit cet
ancien (2), que chez nous un hérétique estcompand'le à
un paien, et même pire que lui; on ne le reçoit quur
près avoir été purifié par le vrai Uaplêmc, « Etiam per
« baplisma veritatis...., admittilur. t II dit ailleiu'S, en
parlant des hérétiques (">) : Personne ne peut être édifié
par oit il est détruit , pnsonne ne peut êlre éclairé par
celui qui le couvre de ténèbres. Il établit encore plus
fortement ce sentiment dans le livre du Baptême ( c.
lo). Après y avoir enseigné qu'il est un, il ajoute
qu'il faut examiner ce qu'il faut faire à Tégaid des hé-r
reliques ; après quoi il raisonne ainsi : Les hérétiques
n'ont aucune part à notre discipline, eux qui sont étran-
gers à noire égard, étant séparés de notre communion. Je
ne dois point reconna'itre dans eux ce (|^n ni est com-
mandé, parce que nous n'avons point le même Dieu ct le
même Christ. Et par conséquent il n'y a point de liap'.êy.ie
qui soit un , c'est-à-dire , le même, puisque ne rayant
point comme il doit êlre , ils ne l'ont point cerlaineinent.
Ainsi ils ne peuvent le recevoir, parce qu'ils ne l'ont ] oint,
i Quem ciiin rite non habeanl, sine dubio non habent...,
(1) In Episl. inter Cypiianicas 73, nov, cdit.
(2) Lib. de Pudore,"c. 19.
(3) De Frccscript. adversùs haerct.,c. 12.
m BAPTEME. — IV PARTIE. Cil
« ila nec possunt acciperc, quia non liabcnt. >
Ces paroles de Tertullicn semblenl marquer que les
hérétiques de sou temps ne gardaient point la forme
légitime dn Baptême, mais on ne peut le dire de tous,
au moins quant aux paroles avec lesquelles ce sacre-
ment est administré; et néanmoins il parle indistincte-
ment du Baptême des hérétiques qu'il rejette, et cela
par cette raison que l'Eglise est une , et qu'ils en sont
séparés, qu'ils sont étrangers à son égard , etc., ce
•pii regarde également tous les sectaires.
On sentit les inconvénients de cette doctrine , quand
les Donaiistes se furent élevés contre l'Eglise; ces
liéiéliques ne gardèrent point de mesures dans l'ap-
plication qu'ils en firent, et obligèrent enfin les évê-
ques à discuter plus à fond cette matière, qui était
restée dans l'état où l'avaient laissée S. Cyprien et
S. Etienne , qui demeurèrent jusqu'à la mort chacun
dans leur sentiment. Constantin, étant parvenu à
l'empire, assembla à Arles, en l'an 314, un concile
irès-nombreux , où se trouvèrent presque tous les
cvèques d'Occident, On y travailla surtout à éteindre
ce dangereux et funeste schisme qui déchirait les
églises d'Afrique, et pour arrêter le cours des sacri-
lèges que commettaient tous les jours les Donaiistes ,
qui rebaptisaient ceux de l'Eglise catholiipie qu'ils
avaient attirés à leur parti ; il déclara dans son hui-
tième canon , que nous avons rapporté ailleurs , que
l'on interrogerait ceux qui viennent de Ihérésie tou-
chant le symbole :£/ si /"o?t voit, disent les Pères,
quils ont été baptisés dans le Père , le Fils et le Saint-
Esprit , qu'on leur impose seulement les mains pour re-
cevoir le Saint-Esprit ; mais que si , étant interrogés, ils
ne répondent point comme il faut sur la Trinité , on les
baptise. « Qu'od si interroqatus non responderit liane
i Trinitatem , baptizetur. i
C'est vraisemblablement ce concile que S. Augustin
appelle plénier et général , et à qui il attribue la gloire
d'avoir terminé cette grande question du Baptême des
hérétiques. Ce saint travailla infatigablement à rame-
ner au sein de l'Eglise les Donatistes , et employa
toute la sagacité de son esprit pour résoudre les ob-
jections de S. Cyprien contre la validité du Baptême
des hérétiques , aux(iuels , avant lui , on n'avait ré-
pondu que fort imparfailcment. Dieu bénit ses tra-
vaux par la conversion dun très-grand nombre de
schismatiques, et on peut dire que c'est à lui princi-
palement que l'on est redevable des éclaircissements
que l'on a aujourd'hui siu" une question si difficile. Le
concile de ^'icée , qui s'assembla dix ou onze ans
après celui d'Arles , fit aussi un canon sur le sujet du
Baptême des hérétiques, ([ui contribua à ramener les
Orientaux au sculiment que S. Augustin a soutenu
depuis. 11 les distingue en deux classes, dont les uns
ont des sentiments conformes à ceux de Paul de Sa-
mozate , et les autres, au contraire, ne blasphèment
point contre la Trinité. 11 rejette L- Baptême de ceux-
là en même temps qu'il admet celui des autres. Voici
comme il s'exprime sur le premier chef : « A l'égard
de ceux qui paulianisent et qui ensuite revicunenl à
\P. VIII. UNITÉ DU BAPTÊME. m
riiglisc catholique, la règle est établie : il faut abso-
lument les baptiser de nouveau. » Jl-pi tw 'n'/.u/r/.-t-
<sâ.-JTCij s.7-y. TCOTïiuyoyTWV Tr, zkOs/ t/./i E/'> V,7'!« JJ;î; i/t-'-
OsiTV.t, àv«e«7tTiÇeîOai âùrsOi èÇârtavroj. Cc tcmie : CC'llX
qui paulianisent, -rau/tKvijâv-wv, ne désigne p.is l:iiil
les disciples de Paul de Samozate en particulier, ou
ceux qui étaient infectés de la même erreur spécifuiiie,
que ceux en général qui blaspliémaicnt coi:tie I;i
sainte Trinité, et dont le concile déc'are que fe
Baptême est nul. Pour ce qui est des hérétiques de la
seconde classe , il propose pour exemple les héréti-
ques Novatiens , dont il déclare le Baptême valide.
Cette décision n'est pas aussi propre à lever toutes
les diflicultés que celle du concile d'Arles; aussi
voyons-nous que , depuis qu'elle fut publiée , il se
trouva encore en Orient de grands évêiiucs et des
églises entières qui rejetaient le Baptême de certains
hérétiques, quoiqu'il eût été administré suivant la
forme ordinaire et avec l'invocation des trois personnes
divines , ces Pères ne s'arrêtant pas tant aux paroles
qu'au sens qu'elles renferment , et considérant moins
les expressions que la foi des ministres du sacrem.ent.
C'est ce que l'on peut assurer de S. Basile eu particu-
lier (1) , qui rejette le Baptême des hérétiques en gé-
néral ; mais il ne donne pas à ce nom autant d'étendue
que nous lui en donnons présentement , car il distin-
gue en deux classes ceux à qui nous donnons cette
dénomination. Dans la première, selon lui, sont
compris ceux qui sont entièrement séparés de l'Eglise,
et qui ont une créance entièrement diflérente de la
notre. Toù; ttkvts/wî à:r£p;p/;7vvoj5 , z«î /.«r' aùr/iv -zr,»
Ttt-TTtv v.Tzû.).oTpio>ixvjoui. Il appcIlc ccux dc la seconde
espèce schismatiques , lesquels , dit-il , pour quelques
causes ecclésiastiques et des questions susceptibles
d'amandèmcnt , se séparent de l'Eglise catholique ,
zai oti ^rsr.ijy.-za (K7ty.a. Il vcut quc lou rcjeltc abso-
lument le Baptême des premiers , au nombre desquels
il met les Manichéens, les Valentiniens, les Marcio-
nites et les Pépuzéniens, ou Montanistes, parce qu'ils
errent touchant la foi en Dieu , tô ixIj tw Kçpcn/.û-j
-y.jztJùi «T£(;^j«i. Car nos pères , dit-il , ont jugé qu'il
fallait recevoir le Baptême de ceux qui ne s'éloignent
point de la foi, tô //sSèv tôj tt^itcw; rtKps/.eaïvov, par où
il entend la foi en Dieu ou en la Trinité , comme il s'en
explique peu après. Ainsi il tenait pour iml le Baptême
des hérétiques qui erraient sur ce point , quand même
ils l'auraient administré au nom des trois personnes
divines, si leurs paroles ne répondaient pas à leur
vraie signification. C'est ce qui paraît clairement par ce
qu'il dit dans le canon 47", dans lequel il ordonne
que l'on baptise les Encratites, quoiqu'i s assurent
qu'ils sont baptisés au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, parce que , dit-il, ils croyaient Dieu au-
j ' leur du mal.
Pour ce qui e^t de la seconde espèce dhérétitiues,
il admettait leur Baptême, en quoi il s'éloiî^nait de
l'opinion et de la conduite de Firmilicn , son préde-
I
(1) Epist.ad-Amphil., n. 1, p. 2C8 et 209 nov. edit.
1-25
illSTOnUE DES SACREMENTS.
124
ccsscur-, cl de S. Cyprien. Le motif qui le portail à ji personnes divines, que de la prononciation de leurs
a"ir ainsi, était que ces derniers, parmi lesquels il | u(ims adorables; en elFel , après avoir ordonné qu'on
compte les Caliiares et les liydroparastatcs , a
Valent retenu quelque liaison avec l'Eglise, dont
ils avaii>nt conservé la foi sur la Trinité, qui suflisait
pour valider leur Baptême. S. Augustin (1 ) admettait
ausïii celte distinction enlre U-s liérctifiues , lorsqu'il
parle d'eux en ces termes : « Ceux-ci sont avec nous
« en quelque cliose, et dans d'autres il n'y sont pas.
« Et c'est pourquoi nous les exhortons de venir et de
« retourner à nous pour recevoir ce qui leur manipie.»
lu (Itdbusilnm relms nobiscum muit , in quibuscUtin au-
tein nobi6CHin non SHiil , etc. Oplat dit dans le même
sens , que ce qui est décliiré n'est divisé qu'en partie 1
cl non entièrement. Qitod enhn scissuni est ex parte
(livisnm est , non ex loto. Tel est le tempérament que |
S. Basile croyait devoir apporter à la conduite de son
prédécesseur, laissant néanmoins à ciiaque église la '
liberté de suivre son usage sur ce point , pourvu qu'on
envisageât toujours le bien et l'ulililé commune du j
peuple chrétien. i
Ce que nous venons de rapporter du sentiment de
S.Basile, fait assez connaître (pie la question du
Baptême des hérétiques n'élail point encore terminée ;
de son temps en Orient, puisqu'il hlàme, quoi(iu'en
termes respectueux, S. Denis d'Alexandrie d'avoir
pensé autrement sur ce chapitre. Ainsi c'est mal à pro-
pos que quelques savants de ce temps ont cru que le
concile de Nicée avaii mis (in à ceitc dispute par sa
décision. Car qui connaissait mieux que ce grand doc-
teur ce qui avait élé décidé dans ce concile , pour le-
quel il avait une vénération si prol'oLde? Mais ce qui
doit persuader que le règlement de ^'icèe, dont nous
avons parlé , n'a condanmé qu'en partie le sentiment
de S. Cyprien (2) , est que S. Alhanase lui-même , qui
était eu quehiue sorte l'ànie de celte sainte assemblée,
dit (pic plusieurs héréti(iues prononcent les noms des
personnes de la sainte Trinité dans le Baptême, cl que
néanmoins l'eau dont ils lavenl les corj)s est inulile,
parce qu'ils n'oiil pas des sentiments conformes à la foi
sur ce mystère. Oplat de Milève (5), lui qui devait con-
naître parfaitement la décision du concile d'Arles,
duquel il élail à portée, tant par rap.jtorl au temps
que par rapi>ort au lieu , reçoit le Baptême des schis-
mati(pies , mais il rejelte nettement celui des héréli-
(jiies. Dans (rautres endroits de ses ouvrages (-4) , il
paraît admettre tout Biplème donné au nom de la Tri-
nité , pourvu que , de la jiart de celui à qui il est con-
féré , la véritable foi en ce mystère se trouve sans
mélange d'erreur capitale. En quoi, dit l'éditeur des
ouvrages de S. Cyrille dans ses disseriatious |)réiimi-
nair(;s , il semble avoir suivi l'esprit du concile d'Ar-
les , qui veut que l'on s'inh)rnie avec tant de soin de
la loi de celui (pii se présente au Baptême , paraissant
plus altenlif à examiner ce qu'ils pensent des trois
(1) Lih. I de Bapt-, num. 5.
(;2) Orat. 2, num. H et iô.
(5) L. eont. l'arm. n. 12.
(i) Idem. 1. 2 , n. 8 , et 1. j , n 1 et 3.
interrogera sur le symbole ceux qui reviennent de
l'hérésie, il ajoute (pie si l'on rcionnaîl qu'il.> ont été
baptisés dans le Père , le Fils , etc. , manière de par-
ler qui insinue que la confession de la Trinité suffisait
sans qu'il fût nécessaire que le ministre du sacrement
pronon(;àt le nom des trois personnes divines. Car il
ne dit pas si l'on reconnaît qu'ils ont élé baptisés au
nom du Père , etc., mais dans le Père, etc. Je laisse
ceci aux réilexions des savants, et je ne l'ai remarqué
que pour faire voir que ce que nous avons rapporté ci-
dessus de S. Ambroise , du Sacramenlaire de Gélase
cl du Biluel de Cambrai , en parlant de la forme du
Baptême, ne contient rien que l'on puisse, absolu-
ment parlant, taxer d'erreur.
S. Grégoire de Nazianze (I), conformément à ceux
dont nous venons de parler, témoigne approuver tout
homme pour ministre du Baptême, pourvu qu'il fasse
profession de la doctrine catholique. S. Ephem , dans
le discours qu'il a fait à la louange de S. Basile, fai-
sant mention du Baptême que les Ariens administrè-
rent au lils de Valens , qui n'avait que six ans, dit
qu'ils le baptisèrent du Baptême de l'eau, el non de ce-
lui de l'esprit. S. Altère d'Amasée (2) , parlant de
même d'un enfant baptisé par les hérétiipies , assure
ipi'il a élé plongé dans l'hérésie , et qu'en entrant dans
le monde il a d'abord fait naufrage. Enfin S. Epi-
phane (5) nous apprend que quelques catholiques , de
leur propre autorité et contre la coutume de l'Eglise,
rebaptisaient ceux qui quittaient l'arianisme. Cela ,
ajoute-l-il, n\'(ant point encore décidé par le jncjcmcnt
d'un concile universel, pour faire voir que c'est pro-
prement à S. Augustin et aux puissantes raisons dont
il s'est servi pour réfuter la conduite des Donalisles,
louchant ceux qui avaient élé baptisés hors de leurs
sectes, que l'on est redevable de la lumière que l'on
a présenlemeiil sur une matière si épineuse. J'ajo;.le-
rai à cequeje viensdc dire , que S. Cyrille de Jérusa-
lem rejetait ouvertement, aussi bien que ceux dont nous
avons parlé, le Baptême des liéréli(iiies. II s'expli(pie
sans détour là-dessus dans le discours { num. 7 ) (ju'il
a mis à la tète de ses Catéchèses , en ces termes : //
n'ect pas permis de recevoir le bain sacré deux ou trois
fois. Il ntj a qu'un Seigneur , qu'une foi , qu'un Ba-
ptême. Car on rebaptise seulement les hérétiques, parce
que le Baptême qu'ils ont reçu nest point tm vrai Ba-
ptême. Le dernier éditeur des ouvrages de ce l'ère
avoue fianchement qu'il n'a pas de quoi le justifier sur
ce point ; mais , dit il , il aura sans doute corrigé sou
oi»inion au concile général de Consiantinople , auquel
il a assisté, et qui , dans son septième canon , a or-
donné que l'on reçût plusieurs hérétiques sans les
baptiser de nouveau.
Qui)i(;ue le grand argument que S. Augustin avait
(1) Oral. iO, n. 25.
(2i In i'salm. G, monument. Ecçl, Grsecse. Çoiel.
tom.
p. (il.
(.")) Anaeepiialeosin, n. 5, p. 151.
i85 BAPTÊME. — 11' PAllTlE. CIIA
employé fOurréfiiliTcoiix (|iii itc rcco:iiiaissiiionl jioiiil
de B;i|)téiiic dans los secles séparées de rF,L;lis(!, prou
vûl égalomoiil la validilé de teliii ipie les Juil's el les
iiilideles [(ouvaieiil coiiléierdaiis le cas de uéeessilé;
ce dernier iiéaiinioiiis a sotiircrl de plus i^raudesdiUi
cidlés , el S. Aiigiisliii liii-nièine iTosail assurer qu'il
fui valable. Il se propose dans le scectiid livre , tonlre
l'arménien, celle (lucslion, savoir : Si te liuplémc
peut i'he donné par cetii qui n ont jamais été chrétiens.
Sur quoi il répond qu'il ne faut rien décider sur une af-
faire de celle importance f'ins [ uutorilé d^in concile suf-
fisant, et qu'il est dançfere.ux de prononcer quchiue cliose
sur un point (jui n'a été décidé dans aucun concile ré-
gionaire ni plénier. Cependant il dit ce qu'il pense là-
dessus avec sa modeslie accouluniée. Si je me trouvais,
ajoute l-il , dans un concile oit on proposât cette que-
stion , et que , n\i>ianl point à suivre le sentiment de per-
sonne à qui j'aimerais mieux déférer, on me pressa: de
dire le mien , je ng douterais pas que ceux qui ont reçu
te Uaptême sans dissimulation et avec quelque seiU'i-
inent de foi , et ci'M aliqua fide , ne soient vraiment
baptisés , ponva qu'ils raient été avec les paroles i>rescri-
tes par l'Evanqite , en quelque endroit et par quelque
personne que ce puisse être. Tel serait mon avis si j'étais
da)is la disposition oii je me Irojtvnis lorsijue j'écrivais
ceci. On s'est Ciiiformé dans la suite à l'opinion que ce
grand docleiu' propose avec tanl de nsodeslii', connue on
le voit par la répouve dn Pape Nicolas 1" au.x questions
des Bulgares , dans laquelle il dé< lare qu'on ne doit
point Si' niellre en peine de la validilé du Haplènic
donné par un juil' ou un païen , s'il s'est servi des
paroles de l"E< rilurc dans l'aduiinislration.
Ce sentiment ne prévalut pas tout d'un coup; plu-
sieurs, longtemps après S. Augustin , tinrent poiir nul
le baptême donné par les infidèles. On était encore
conmiunément dans celte opinion aux hiii'.iènie et
iiouvième siècles. Le pape Grégoire 11, écrivant à S. i
IJonilace, veut que l'on baptise de nouveau ceux qui j
ont été baptisés par des idolâtres. Eosdem quoque quos
à paganis baplizalos esse asscritis ; si ita liabetur, ut d.;-
vn'o baptizes in nominc Trinitatis mandatiius. On lit
dans le 7* Recueil des cajtilnlaires (iinm. 401), fait
il y a plus de 800 ans par l'abbé Ansegisc , et par Be
noit le Lévite : Prœcipimus ut qui à paganis baplizati
tant, denv'o à Chrisli sacerdotibus baptizeulur in nominc
sanclœ Trinitatis, et postea ab episcopis (rismcnlur ,
quia aliter me Christiani esse nec dici possunt. Le
sixième livre de cette collection (nnm. 9i) contient
une décision encore plus forte; puisqu'il y est ordon-
né , (]uc si un prèlre qui n'élail poinl baptisé le recon-
naît cnsnile, on le baptise, lui, et tous ceux qu'il a
baplisés auparavant. Si quis presbtjter ordiualus , de-
prehenderit se non esse baptizatum , baptizetur et ordi-
netur , iteriim , et omnes quos priiis baplizavit. Bur-
cliard, Yves et Gratien (1) rapportent ce capitule. Il
est aussi cité dans les Oécrétales, I. 3, lit. 45, c. 1.
On voit par là que, depuis S. Auguslm, et même de-
m L. 4, c. 74; part. \ , c. 2G8 ; Grat. 1, p. 91 ,
C. 08, Si presbtjter. ■
P. VllL UNITÉ DU BAPTÊME. 126
\ puis la réponse du pape Nicolas à la consullation des
Bulgares, le senliment loucliant la validité du bap-
tême donné par b-s inlidelcs n'élail pas reçu unani-
nv-nient. Cependant, dès avant ce pape, le concile de
Compiègne de l'an 7i7 l'avait en quel(|ue manière au-
torisé, lorsqu'il avait déclaré (can. 9), qu'on ne de-
vait pas rebaptiser ceux à qui un prèlre non baptisé
avait donné ce sacrement. Voici les termes (-2), u. 9 :
Si quis baplizatus est prcsbijtero non bapiizalo, et
sancta Trinilas in ipso baptismo invocata fuerit, bapliza-
tus est, sicul Sergius papa dixit impositione lumen ma-
nunm ejiscopi indiget. Ceoryius episcopus Homanus, et
Joannes Sacellarius sic senserunl ; c'est-à-dire, si quel-
qu'un a été baptisé par un prê'.re non baptisé, si la
sainte Trinité a été invoquée , il est baptisé , comme le
dit le pape Sergins. H a cependant besoin de iimposi-
tion des main.^ de l'évèque. George , évèque de Rome , et
Jean Sacelluire on! pensé ainsi. Ceci est répété mot
pour mot dans le 5'' livre des Capitniaires, n. G, et
aujourd'hui il ne reste plus de dispute sur cel arliclo
parmi les théologiens catholiques.
CHAPITRE IX.
Dm ministre ordinaire et e.xlraordinaire dit baptême.
Qu'anciennement le ministère était réservé à l'évèque
seul , sa)is la permission spéciale duquel ni les prêtres,
)ti les di'ucres ne pouvaient baptiser. Comment , et en
quel temps les prêtres sont devenus tes ministres or-
dinaires de ce sacrement. Qu'ils devaient s'acquitter
de cette fonction étant à jeun, en linbit ecclésiastique ,
et gratuitement . Ce qu'on pensait du Baptême conféré
par les laïques, et surtout par les femmes, tant en
Orient qu'en Occident.
Dans un état bien policé , il u'apparlient pas à tout
le monde de recevoir quelqu'iiu an nombre des ci-
toyens, cela lie coMvicnl (lu'aiix principaux magistrats
et à ceux à qui ils en oiit doni;é comn.ission. C'est
par le baplènio <pie nous devenons, pour ainsi dire,
citoyens de l'Église : il ne convient donc pas à tous
de donner ce sacrement ; mais aux évètpies qui en
sont les chefs, el à qui il aiiparlicnt d'examiner ceux
qui sont dignes d'y être associés. Aussi l onclion de
baptiser est tellement atl:'.ci!ée à leur dignité sacrée ,
que le Sauveur, en leur donnant la mission en ia per-
sonne des a|)0!res, l'a jointe inséparablement avec
le ministère de la parole par laipielle I Eglise dev.'.it
être édifiée , el se conserver dans toute la suite des
siècles. Allez (2), enseiiTiiez loules les nalio'i;. , los
baptisant: lie, docele omnes génies, baptizaules
eos, etc.
La tradition est conforme à l'Ecriture sur ce i>ii;ii!.
S. Ignace (5), disciple des apôtres, en est un tem:a.i
irrejjrochable. Il n'est point permis , dil-il, de liapli-
ser sans l'évèque. Terlullien (4) s'explique là-dessu.i
encoie plus précisément, lorsqu'il parle en ces le,-
( I ) Vovez le 5" lome des capilulaires , p. 9."8.
(-21 Maith. 28, V. 19.
(.")) Ep. ad Smyran.
[i) Lib. de Bapl., e.17
147 niSTOIRK DES
inos : Lr pouvoir de donner le Baplême appartient au
souverain prèlrc, (jui est l'évoque, ensuite les prêtres , et
les diaircH le peuvent , non pan néanmoins sans l'auto-
rité de révèque. « Duntli (juideni ( baptismi ) jus liabet
t summus sacerUos ; deinde presbytcri et diaconi , non
t tamcn sine cpiscopi auctoritate. t
Il esi iiuiiile de nous étendre davantage à prouver
ce point de discipline qni appartient en même temps
à la loi. Il était si bien gravé dans l'esprit des anciens
fidèles , que si Tévèque ne se trouvait pas dans son
église au jour destiné pour le Baptême, on le différait
jusqu'à son retoiu'; c'est ce qtie l'on voit entre autres
dans Pinslriiclion du clergé d'Edcsse , adressée aux
évêqiies Eusiallie et Mioliiis, laquelle se trouve in-
sérée dans les actes de la dixième action du concile
de Calcédoine. Ils y demandent que l'on renvoie l'é-
vèque Ibas à son église , à cause que la lêle de Pâques
approchait, et que sa présence y élait nécessaire,
tant pour les catéclnsmes , que pour administrer le
lîaplème aux calhécumènes qui en seraient trouvés
dignes. Les clercs d'Jialie, dans la lettre qu'ils remi-
rent aux and)assadeurs des Français qui partaient
pour Conslaiilinople, les priaient d'aider Dacius,
évoque de Milan , qui y élait retenu depuis quinze ou
seize ans , et de faire en sorte auprès de l'empereur
qu'on lui permît de retourner à son église, parce que
la plupart des évèijues qu'il avait coutume d'ordonner
étant morts, une multitude infinie de peuple mourait
sans avoir reçu le sacrement de la régénération. Quia
ciim penè ontnes cpiscopi quos ordinare solet... mortui
sint, immensa populi multitndo sine baplismo morilur.
C'était encore l'usage dans le sixième siècle que les
évê(pies s'acquittassent seuls de ce ministère, ou
qu'au moins, les pasteurs du second ordre ne le fis-
senl que par une permission spéciale de l'évêque.
C'esl ce qu'on doit raisonnablement conclure de ce
qu(i raconte Grégoire de Tours (1), à l'occasion d*une
sédition furieuse que Cluodielde , fille du roi Cliari-
bert , religieuse de Sainte-Croix de Poitiers , excita
contre son abbesse , qu'elle lira de l'église où elle s'é-
tait réfugiée, cl lit mettre en prison , savoir, que l'é-
vêque de la ville, ne sacliant connnent s'y prendre
pour apaiser un lunudle si scandaleux , envoya à
Clirodielde des gens pour lui dire de délivrer l'abbesse,
ou que autrement il ne célébrerait point la pàque, et
ne donnerait le Baptême à aucun catéchumène dans j
la ville. S. Grégoire (2) , qui vivait dans le même siè-
cle que notre historien, écrivit à Romain, exarque de
Ravenne , de renvoyer Blandus, évêque d'Horlense,
sa présence étant nécessaire dans son église, où à
cause de son absence les enfants mouraient sans bap-
tême. Kx quo fit ut infantes pro peccatis absque bap-
tismale moriantut . Un anonyme, dont l'écrit est in-
séré dans le Reçut il de Duchesne , loin. \ , rapporte
\\\\ l'ail singulier au sujet du ministre du sacrement
d(; Baptême , lors'pi'il dit qu'Odile , fille d'Aldrie ou
d'Aticli fut baptisée par deux évoques , dont l'un élait
(1) Lib. 10, lli>t. Franc, c. {6.
(2) Lib. 1, Regist.,ep. 52.
SACREMENTS. i28
Ilérard, évêque de Ratisbonne, et l'autre, Ilidulphe
de Trêves.
Il est évident, par tous ces faits, que l'administra-
tion du sacrement dont nous parlons, élait, dans les
cinq ou six premiers siècles, une fonction réservée à
l'évêque privalivement à tout autre : ce qui n'em-
pêchait pas que quelquefois des prêtres et des diacres
ne le conférassent , même hors le cas d<! nécessité ,
mais toujours avec subordination, ou pour nùeux dire,
avec une permission paiticulière de l' évêque , ce qui
doit s'entendre, non-seulement des prêtres et des dia-
cres en général , mais encore de ceux mêmes qui gou-
vernaient une paroisse , qui étaient allachés à un ti-
tre , ou , pour parler le langage de ce lenq)s-là , des
prêtres et des diacres cardinaux.
C'est par-là que l'on doit concilier les différents
textes des anciens qui paraissent opposés , mais qui
dans le fond contiennent la même discipline. Par
exemple , le pape Sirice , dans sa dixième Lettre dé-
crétale, on dans ses Canons adressés aux évêques des
Gaules , semble faire enlendre que les minisires du
second et du troisième rang étaient en droit de don-
ner le Baptême en vertu de leur ordre : Au temps de
Pâques, dit ce pape, le prêtre et le diacre cliarqés du
soin des paroisses , ont coutume de donner lu rémission
des péchés ( en donnant le Baptême ) et de remjiiir les
fonctions de leur ministère; ils descendent même dans la
fontaine sacrée en présence de l'évèijue. D'un autre c(">ié,
le second concile de Séville (c. 17) , tenu en 019 , d(;-
fend aux prêtres d'entrer dans le baptistère , ou de
baptiser en présence de l'évêque. Neqxœ coram epi-
scopo licere presbyteris in baptisterium introire, nec pré-
sente antistite infantem tingere. Ces deux endroits pa-
raissent établir ou supposer une disposition dill'é-
rente : cependant c'est la même dans le fond. Le Pape
Sirice dit que les prêtres et les diacres donnent au
temps de Pâques la rénnssion des péchés par le Bap-
tême , et en présence même de l'évêque , mais par son
ordre. Le concile de Séville déclare au conlraire ((u'ils
ne le peuvent sans l'ordre ou la permission de l'évê-
que. C'est ainsi qu'il est facile de concilier plusieurs
passages de,-> Pères, qui paraissent ojqiosés sur ce
point. Ceci n'est pas une vaine écliapaloire , la suite
du texte de l'épilre de Sirice montre évidcnnncnl que
c'est là véritablement sa pensée ; car il .njoute immé-
dialement après les paroles que nous avons citées :
Ceux-là ( les prêtres et les diacres ) exercent ces fonc-
tions , mais c'est au nom de l'évêque ; i illi in officio
I sunt , sed illius nomini facit siimma conceditnr. s
Après quoi il dit , quand le péril sera urgent , les prê-
tres ont le pouvoir de donner ce sacrement, ce (pi'il
entend d'un pouvoir ordinaire qu'il refuse aux diacres.
Diaconis vcrb nulla Uceiitia invenitur concessa : il faut,
dis-je, l'interpréter d'un pouvoir ordinane , puisqu'il
est certain (jue, quand une personne est menacée
d'une mort prochaine , les diacres , au défaut des prê-
tres , peuvent et doivent la secourir , et que nous li-
sons même dans les Actes des apôtres qiwls en oui
use ainsi dans certaines circonstances particulières.
429 BAPTÊME. — II' PARTIE. CIIAP.
Noas poumons ciler un beaucoup plus grand nom-
bre de passages des anciens auteurs qui restreignent
de celle sorte le pouvoir de baptiser tant des prêtres
que des diacres, qui dans les cinq ou six premiers
siècles ne pouvaient l'exercer que par nue permission
spéciale de l'évêque , ou dans le cas d'une nécessité
pressante. Ce qui avait lieu, non-seulement à l'égard
dt's uns et des autres en général, mais de ceux mê-
mes qni étaient incardinés ou préposés pour gouverner
une certaine portion du diocèse, et cela quand même
les églises auxquelles ils étaient attachés avaient des
lonls baplismaux. Cette loi obligeait principalement
les diacres, comme on le voit parla lettre décrélale
du pape Gélase aux évèqucs de l'Abruze , de Lucanie
et de Sicile , dans laquelle il dit qu'il n'est pas permis
à un diacre de baptiser sans l'évêque et le prêtre , à
inoins que, ceux-ci étant trop éloignés, il n'y soit con-
traint par la dernière nécessité. On ne pouvait donc
s'adresser aux diacres dans le cas d' un besoin pres-
sant qu'au défaut de l'évêque et des prêtres.
La subordination des autres ministres de l'Église à
l'égard de l'évêque était si bien établie à Rome, pour
ce qui est du baptême , que , dès les premiers temps ,
la grandeur de la ville et la multitude de ceux qui se
convertissaient, ayant obligé d'ériger en titres plu-
sieurs églises , et d'y mettre des baptistères, les car-
dinaux qui desservaient ces églises demandaient en-
core au Pape , dans le douzième siècle , la permission
de donner le Baptême dans celles dont ils étaient ti-
tulaires. Au moins voit-on dans l'Ordre Romain dé-
crit par Benoît, chanoine de S. Pierre en 1145, une
cérémonie qui est un reste de cette ancienne pratique.
11 porte que le Pape descendant aux fonts baptismaux
avec les diacres et les sous-diacres régionnaire-;, les
cardinaux qui, après l'office (du samedi-sai.it) sont
restés au chœur, sortent par la fausse porte derrière
l'abside, et s'en vont h l'église de S. -Venant, ou l'ar-
chidiacre les ayant envoyé chercher par deux person-
nes, le premier d'entre eux est amené en présence du
Pape , suivi de tous les autres. Celui-ci s'incline de-
vant le saint Père par trois fois, et dit : Jubé, domne,
bmedicere , autant de fois jusqu'à ce que le Pape bé-
nisse, en disant : Ite, bapl'nate omnes génies in nomine
P utils, et Filii , et Spiritùs sancli; et alors les cardi-
naux revêtus de leurs habits d'église retournent cha-
cun à leurs titres.
Dans la suite, quand le peuple de la campagne eut
embrassé la religion chrétienne, on fut obligé d'éri-
ger des baptistères, les évêques ne pouvant suffire
seuls à un si pénible travail, et d'ailleurs pour la com-
modité des habitants à qui il aurait été fort à charge
d'apporter de si loin leurs enfants dans la ville épis-
copale pour les baptiser, surtout dans les grands
diocèses de France et d'Allemagne. On fut donc obligé
d'accorder aux prêtres pour toujours , et en vertu de
leurs titres, un pouvoir qu'ils n'exerçaient auparavant
qu'à l'extraordinaire, ou par une permission particu-
lière limitée de l'évêque. Cet usage paraît avoir été
établi dès ie neuvième siècle , à en juger par ce que
IX. MINISTRES DE CE SACREMENT. 150
I dit Théodulphe d'Orléans (I ) ; </«'// est permis aux
prêtres, soit que les évêques soient absents ou présents, de
baptiser et d'oindre les baptisés avec le chrême, pourvu
quil ait été consacré par l'évêque. Théodulphe parie ici
de l'onction du chrême qui se fait au haut de la tête,
in verlice, différente de celle qui se faisait pour la con-
firmation ; et cette réserve était encore un reste de
celle première subordination des prêtres au sujet de
l'administration du baptême. On voit dans le septième,
le dixième et fe douzième ordre romain , que le père
Mabillon a fait imprimer dans son Musœum Itulicum,
que le Pape , après avoir baptisé deux ou trois per-
sonnes, laissait aux prêtres et aux diacres à faire le
reste.
C'est ainsi que par degrés les évêques se sont enfin
entièrement déchargés de cette importante fonction
sur les ministres du second ordre, et que, comme dit
le père Martène (2), une sage-femme baptise un plus
grand nombre de personnes dans les maisons parti-
culières, qu'un évêque dans son église.
Celle de Milan a conservé un reste de l'ancienne
discipline , dont nous avons déjà parlé : les enfants
qui naissent pendant le cours de la semaine avaut
Pâques , et celle de devant la Pentecôte, doivent y
être baptisés la veille de ces deux fêtes par l'arche-
vêque dans la principale église. C'est au moins ce qui
a été ordonné dans le quatrième concile de la province
de Milan : à quoi les évêques de celte assemblée ont
pu êlre excités par l'exemple du grand S. Ambroise,
dont Paulin, auteur de sa Vie, dit qu'il était infati-
gable dans l'exercice des fonctions divines de son minis-
tère, en sorte que cinq évêques, dans le temps qiCil
est mort , avaient bien da la peine à faire à l'égard de
ceux qui devaient recevoir le Baptême, ce qu'il avait com-
tume de faire seul.
Il serait superflu de s'étendre en preuves, pour
montrer qu'autrefois les ministres du Baptême étaient,
et doivent êlre à jeun pour célébrer cet auguste sa-
crement. Nous avons vu ailleurs que toute l'ÉgUse
même jeûnait pour attirer sur les catéchumènes les
regards favorables du Seigneur; S. Justin en rend
témoignage : et d'ailleurs , comme le Baplême ne
s'administrait que les veilles des grandes fêles pen-
dant les onze premiers siècles , il ne se pouvait que
ceux qui le conféraient ne fussent à jeun ; cela a sur-
tout lieu à l'égard de la fête de Pâques, temps princi-
palement desliué au Baplême dans toute les églises du
monde chrétien. Celait, comme dit M. Baillet (5), la
plus importante et la plus indispensable de toutes ,
comme la plus longue et la plus chargée de pratiques, '
joignant innnédialcmont l'office de la grande fête de
Pâques au sien, sur tout lorsqu'elle commençait après
l'heure de Noue , ou vers le coucher du soleil : car
alors elle se continuait jusqu'au point du jour du di-
manche par les fidèles de tout état , la plupart à jeun
du vendredi , et quelques-uns du jeudi-saint , depuis
(i) Lib. deBapt.,c. 17.
(a.) De anliq. Ecl. Kilibus, c. 1 et 3. '' .
(5) Fêles mobiles, Samedi-Saint, § 2. |
4bi
lè souper
niSTOlUE DES SACREMENTS.
431
Dniis les lieux même où les cérémonies
élaicnl plus coiirles, cl où il y avait moins de calé- ■
chumènes à baptiser , on avait grand soin de recom-
mander de no point (inir les oflices de celle céléiirc
veille avant le cliaiil du coq , qui était Tlieurc d'oiïrir
le sacrifice, de communier, et de rompre ensuite le
jeune du carême.
Dans les autres veilles de l'année on retournait
après l'heure de vêpres prendre sa réfection et un
peu de repos, puis on revenait à l'Église : et si l'on en
excepte celles de Nool cl de rEiiiphanie, elles se ter-
niinaienl ordinairement à minuit ; mais celle de Pâ-
ques n'avait point d'interruption, ni de relâche, faisant
passer les fidèles d'un sole'.l à l'autre dans l'église :
et cet usage (|ui n'a cessé chez les Latins que depuis
que l'on a conmiencé les offices de celle grande veiile
dès le malin ou l'heure de tierce du samedi, subsiste
toujours chez les Grecs : car ils passent encore an-
jom-d'hui comme aufrcfois la nuit entière dans l'église
à lire rÉcriluie-Sainle, ou à chauler jusqu'à l'heure de
l'oflice de Pâipies, qu'ils conmienceut même tout de
suite au lever du soleil.
Ce détail des oi)servances de nos pères, pour ce qui
concerne les veilles auxquelles on donnait le Baplôme,
fait voir qu'il aurait été innlile de faire des règlements
pour obliger les minisires de l'Église de n'adminis-
trer ce sacrement qu'à jeun. Aussi n'en trouvons-nous
sur ce point de discipline que depuis que l'on com- |
mença à se mettre sur le pied de bapiiser en tout i
temps. Nous en avons un d'un concile de Rouen (can.
5) de l'an 1075, qui porte qii'inicim prêtre ne baptise un
enfant, sinon à jeun, et revêtu d'aube et d'étole, à moins
qu'il n'y ait une nécessité pressante. Le concile de
Mayence de l'ai! 1549 a renouvelle celle sainte disci-
pline, ordonnant aux curés de, ne baptiser que le ma-
tin pendant ou après l'office, el non point après dîner,
à moins qu'il n'y ait danger éminent. Les slaluls sy-
nodaux de Verdun portenlj^we le Baptême soit admi-
nistré avec beaucoup de révérence et de respect, par un
prêtre, revêtu de son surplis ayant l'étole au cou. Ces l
statuts ne disent point qu'il faut qne le prêlre qui |
administre ce sacrement soit à jeun , ce qui fait voir
que, dès le conmiencement du seizième siècle, on s'é-
tait relâché sur ce point.
Les minisires de l'Église se paraient pour celte
grande cérémonie de leurs habits les plus magnifiques.
Conslanlin-le-Grand, au rapport de Théodorel (I),
avait fait présent à l'église de Jérusalem d'un habit
tissu d'or , afin que l'évoque s'en revêlil lorsqu'il ad-
minislrciait le baptême. Dans la suite on se servit
communément d'habits blancs en celle occasion.
S. Rémi en légua, par son testament, un de celte cou-
leur à son successeur pour cet usage , ampliibaruni
album pasclinlem. Il est nommé ici habit pascal;
parce que c'était suriout à la fêle de Pâques que l'on
conférait le Baptême. Grégoire de Tours, parlant de
S. Nicet, fait aussi mention d'un habit pascal blanc
(1) Lib. 2 Hist. Eccl., c. 27.
qu'avaient coutume de porter les prêtres pendant les
Cèles de Pâques. Vous venez de voir rc que le concile
de Rouen ordonne sur ce sujet; el enfin un ordre Ro-
main très-ancien prescrit qu'après la bénédiction des
fonts , les préires, les diacres, et même les acolytes,
s'il est nécessaire, changent d'habits, qu'ils en pren-
nent de blancs, et propres, et qu'ayant les pieds nus
ils descendent dans les fonts baptismaux jusque dans
l'eau, p(uir donner le baptême. Le surplis a succédé à
l'aube, dont le concile de Rouen vent que le ministre
du Bapiême soit revêtu dans cette fonction.
Mais ce que l'on a principalemenl recommandé à
ceux qui sont chargés de cet important ministère,
c'est le désintéressement. On pourrait alléguer une in-
finité de canons des conciles qui interdisent aux prê-
tres de rien prendre pour l'adminislralion de ce sacre-
ment , sous (|uel(iue prétexte et en que!(iue manière
que ce puisse être. Le concile d'Elvire retrancha l'a-
bus qui s'était déjà glissé en ce temps-là en Espagne,
de laisser dans les fonts quelques pièces d'argent, de
peur, disent les évèques, que les prêtres ne semblent
vendre ce qu'ils ont reçu gratuitement. Le pape Gé-
lase(1) menace de déposition ceux dont la conduite
sur ce point ne serait pas irrépréhensible. Le con-
cile de Mérida (can. 9), célébré vers l'an 686, permet
de prendre ce que les parents offriront en cette occa-
sion ; mais le onzième de Tolède (can. 8), pour couper
la racine aux abus sur ce point, défend même de re-
cevoir ce qui sera offert de bonne volonté. Les staints
synodaux de Verdun font aussi défense aux prêtres
de rii'u exiger pour le B.ipiéme, mais ils permettent
( fol. 7 , recto ) de recevoir ce qui sera offerl suivant
la coutume.
On n'a jamais aboli ces règles , mais sans y donner
atleinle en apparence, on a trouvé des biais pour exi-
ger ce que les lois condamnaient ; ce qui est arrivé
surtout depuis qu'on eut nmlliplié les églises baptis-
males, dont la plupart n'avaient point de revenus, les
dîmes étant affectées aux anciennes églises, ou à celles
de chanoines et de moines. La manière dont on éluda
l'exécution des lois faites sur le sujet dont il s'agit,
est assez plaisante. On convint toujours que ces lois
avaient la même force qu'auparavant, et qu'on ne
pouvait rien exiger pour l'administration du baptême,
mais en même temps, sous prétexte que plusieurs fi-
dèles olTraienl aux prêtres, dans celle occasion, quel-
que présent, on déclara que tous étaient obligés de se
conformer aux louables coutumes; et on alla même
jusqu'à y contraindre par censures. C'est ainsi que
s'est établi l'usage que nous voyons aujourd'hui en
plusieurs endroits.
Tout ce qui a été dit jusqu'à présent dans ce cha-
pitre , regarde les ministres ordinaires du Bap-
lème. 11 est temps de parler des ministres extraordi-
naires , Cl de faire connaître ce que l'on en pensait
anllrcfTiisdansrRp%. Je trouve sur cela de très-belles
choses dihi l'hisioire de M. de Tillemonl, tome neu-
|l ( I ) Ep. ad episcojws Lucan., c. 5.
135 BAPTÊME. — II' PARTIE. CIIAP IX
vicme (p. 32G et 5-27). C'est à roccasiou du daiijjcr do
périr où se trouva S. Grégoire de Naziaiuc , sur la
mer, à son retour dLgyple , que cet auteur s'étend
sur celte matière. S. Git-goire n'c'.ait point encore
baptisé, quand il lui assailli par celte furieuse leui-
pélc , dont il f.iit la description dans le puènic qui
conlieiit l'histoire de sa vie. Il faisait entendre ses
sanglots dans ce péril, bc voyant sur le point d'être
privé pour lonjours de la grâce du Dapténie, sur quoi
M. de Tillenionl dit ; // n'y a poinl d'apparence quil
n'y du plusieurs fidèles dans un vaisseau oii tout le monde
invoquuil Jésus Christ, el le concile d'Ehire avait per-
mis, par so)t irente-liuilième canon , aux laïques nicmcs
de baptiser dans des néccssilés de celle nulure , pourvu
qiiils ne fussent pas bigames, et n'eussent pas violé l'in-
tégri:é de leur Baptême par quelque péché mortel. Ter-
tullien (l) avait Icuu que tout chrétien peut en ce cas
donner ce qu'il a reçu... S. Jérôme (2) suit son expres-
sion et son sentiment; S. Augustin a cru la même chose,
el c'est la doctrine générale de l'Eglise.
Mais il semble que celte validité du Baptême donné
par iwô luujues ne fût pas toui-à-fait recrwiue des Grecs,
puisque S. Basile dit que, selon le sentiment de S. Cy-
prien el de Firmilien, dont il ne s'éloigne pus , il fallait
considérer ceux qui étaient baptisés hors de l'Eglise,
comme baptisés par des laïques , et les purifier pur le
Baptême de l'Eglise. L'histoire d'un Juif baptisé avec du
sable, rapportée par Jean Mosch et par yicéphore, fait
voir que l'égUse Grecque , ou croyait le Baptême des
laïques invalide, ou le laissait croire au peuple, de peur
qu'il n'abusàl de ce sacrement.
Dans l'Occident même, oii nous voyons que la validité
du Baptême des Idiques était reconnue, S. Satyre frère
de S. Ambroise étant dans le danger de périr par un
naufrage, obtint des chrétiens qui étaient dans le vais-
seau qu'on lui donniU l'Eucharistie à porter dans un
mouchoir; mais il attendit à demander le Baptême qu'il
eut abordé : et s'étant rencontré que l'évêque du lieu était
luciférien , il se mit en mer, et alla recevoir le Baptême
en un autre lieu. On ne disait peut-être pas communé-
ment aux laïques qu'ils eussent ce pouvoir, de peur qu'ils
n'en abusassent comme on en a vu des exemples, et ceux
qui n'ignoraient pas ce pouvoir, pouvaient être retenus
par le respect d'une chose si sacrée, crainte d'y faire des
fautes , et noser faire ce qu'ils n'avaient jamais fait , ni \
vu faire à d'autres. S. Augustin (3) même n'ose pas as-
surer si les laïques qui donnent le Baptême dans ces oc-
casions, soiU tout-à-fait exempts de péché.
Quoi qu'il en soit, S. Grégoire dit, qu'outre que les
autres ne craignaient qu'une mort commune , il pleurait
la mort spirituelle de son âme : mais, ce qui peut paraître
incroyable, il donnait des marques si vives de sa dou-
leur , que dans ce danger commun tout le monde se joi-
gnait à lui, et compatissait à son malheur.
Si le respect pour ce sacrement ne permeltail pas
autrefois chez les Grecs que les laïques s'ingérassent
(l)DeBapt.,c. 17.
2) In Luc, \. 2, p. iôî).
(3) lu Par., 1. 5, c. 15, l. 7, p. TJ.
MINISTRES DE CE SACREMENT. 134
de l'administrer, même dans dos cas pareils à celui
dont M. de Tillenionl vient de parler, qn'auraiont-ils
pensé des fennnos sur ce poinl; surtout les consli-
lulions aposloli(nies (pii étaient jilus commos parmi
eux , déclarant que c'est dans elles une présomption
impie et sacrilège que d'entreprendre de donner ce sa-
crement. Cependant les Grecs et les Orientaux sont
revoiius depuis de ce préjugé, et la pkipari d'entre
eux ont cru que, lorsque le j.ét il était urgent, les
laïques ponvaioni administrer ce sacremenl, non seu-
lement validement, mais licitement. Nous en avons la
preuve dans un canon du confesseur Nicépiiore, pa-
triarche do Conslantinople, qui est inséré dai.s leur
Droit canoni(pic(i),oïi il est com|>lé pour le seizième,
il porte ce qui suit : Si l'on trouve des enfants qui ne
soient pas baptisés, dans un lien oii il n'y avait point de
prêtre , il faut les baptiser , que si leur père ou quelque
autre que ce puisse être les baptise, il n'y a poinl de pé-
ché, pourvu que ce soit un chrétien, e; rj Ba-r/jst z«t o
ïoîoi TMTr.p, où/. £7rtv à'/«:Ti«. Glycas atlrihuc ce cancn
à NicépiHu-e, el aux évèrpies qui étaient assemblés
avec lui en concile, mais il le compte pour le cin-
qnante-neu.ième, ce qui est peu iinporianl. Toute la
il!Ûérence qu'il y a entre la manière dont celui ci le
représente, et celle que l'on y.voit d.ins le recueil qui
coniieni le droit des Grecs {i), c'est ([ue cet auteur,
au lieu de ces mots , pourvu qu'il soit chrétien , y niel
ceux-ci, pouvu qu'il soit orlhodo.xe.
Ce mèiue Glycas ne déférait pas sans doute à Tau-
lorité de ^^:céphore et de son concile, puisqu'il semble
adopter la fausse histoire du Baptême dcmné par
S. Athanase encore enfant à d'antres enfants , que
S. Alexandre baptisa de nouveau. Mais l'auteur dont
Glycas a empruulé celte rêverie, avait lui-même mal
pris les paroles de l'inventeur de celte fable, qui dit
seulement qu'Alexandre, ayant fait l'onction à ces en-
fants , les perfectionna en Jésus-Chrisl par le sceau
sacre (5). ToJtou; i-iypC-v.i ôiK zr,; i-j XptTtw s-^pc/.yJC0i
£T£>c(:&)«v. Ce (lui doit s'entendre do la Confirmation cl
non du Baptême. Rulln et Sozomènc en pariant de
ce fait qu'ils croyaient véritable, assinent aussi po.si-
tivcment que le Baptême donné à ces cnl'anls par
S. Athanase n'avait poinl été réitéré. On pense depuis
longtemps dans les communions orientales sur le
sujet que nous traitons ici, do même que dans l'église
Grecque. C'est de quoi on peut se convaincre en jet-
tant les yeux sur ce qu'en a écrit M. Renaudot (4),
que le lecteur studieux peut consulter, s'il le juge à
propos. Si on en croil M. Simon dans son Histoire
critique des dogmes et coutumes des Orientaux , p.
"•i, chez les Géorgiens, le prêtre seul est le ministre
du Baptême, en sorle que faute de prêtre un eiiAuit ,
mourra sans être baptisé : il ajoute que quelques-uns '
niêjne de leurs docteurs enseignent qu'alors le Bap-
tême de la mère suftit pour sauver leidant. .Mais outre
(1) llarmenop, Episl., sect. 5, til. 1.
(2i Aimai., |)art. 5, p. 2U.
|5) Apnil l'Iiocinm, cod. 2,"i8.
['i\ Tome o de la Verpetuité, I. 2, c. 5.
lî)5
HISTOIRE DES SACREMENTS.
i36
nue cet aulcur débile assez souvent dans cet ouvrage >f pour aller aux fonts baptismaux, et révoque venant vers
SCS iuiaginalions pour des faits certains, comme on le
lui a reproché ; il faut se souvenir que quand on a à
juger de la créance d'une communion entière, ce n'est
point sur quelques faits particuliers ni sur ce que
peuvent avoir avancé des gens sans autorité qu'il faut
former son jugement , mais sur les monuments pu-
blics, et sur ce qui tient lieu de loi dans celte so-
ciété, ou sur les écrits de ceux qui s'y sont acquis une
autorité supérieure. C'est sur des pièces de cette na-
ture que M. Renaudot a exposé la créance de ces
peuples, et il n'a jamais nié pour cela qu'il ne se trou-
vât des particuliers chez eux qui avaient des opinions
singulières, et qui tombaient dans des abus très-
grands en matière de discipline.
CHAPITRE X.
Des cérémonies qui suivaient immédiatement te Bap-
tême, et qui étaient en usacje dans les dilfcrentes |
églises. On recherche leur antiquité, et les divers \
changements qui y sont survenus depuis. Explication
(l'un passage di{ficile de S. Ambroise sur le lavement
des pieds.
Le SacTamentaire de S. Grégoire , tel que l'a pu-
blié D. Hugues Ménard , qui représente au moins les
choses telles qu'elles étaient établies dès le huitième
siècle dans toutes les églises qui avaient reçu le rit
Romain, décrit en peut de mots les cérémonies qui se
prali(|uaient immédiatement après le Baptême. Com-
mentons par rapporter ce que nous y trouvons. Aussi-
tôt , y est-il dit , que celui qui a été baptisé est remonté
des fonts, celui qui le reçoit ( le parrain, qui eum susci-
pil) le présente à un prêtre (différent de celui qui a
donné le Baplème , ce qui avait lieu surtout quand il
y avait un grand nombre de personnes à baptiser),
lequel lui imprime avec le pouce le signe de la croix avec
le chrême sur le haut delà tête, en disant : Que Dieu
tout-puissant, Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui
Ca régénéré de l'eau, et de l'Esprit-Saint, et qui Ca
donné la rémission de tous tes péchés , f oigne du chrême
du salut pour ta vie éternelle. R. Amen. Durant ce
temps on continue à baptiser les autres ; et ceux qui doi-
vent les recevoir se tiennent prêts avec des linges entre
leurs mains, et les reçoivent des prêtres qui les baptisent.
L'évêque retourne à la sacristie, attendant là que l'on
lit habillé les enfants pour les confirmer. On n'empêche
pas qu'on leur donne à téter, s'il est besoin avant la
communion. (Le P. Ménard remarque sur cet endroit,
que dans le manuscrit de Ratold, il est porté qu'on
prendra garde que les baplisés ne prennent point de
nourriture avant la communion; et que celui de Reims
prescrit qu'on ne permette point r:ux mères de don-
ner le sein à leurs enfants après qu'ils ont été bapti-
sés , jusqu'à ce qu'ils aient communié. ) Le Sacra-
mcntaire continue : Les baptisés étant habillés, on Us
range suivant l'ordre dans lequel leurs noms sont ins-
crits. On tient les enfants sur le bras droit, et les adultes
mettent un pied sur celui de leurs parr(d)>s. L'école des
(hantres reçoit ordre de chanter lu Utu)4ii uuinahœ
ceux qui ont été baptisés , elc. Suit le rit de la Conlir-
malion dont nous parlerons en son lieu.
Tels sont les rits prescrits par le Sacrameniaire de
S. Grégoire , sur lesquels ils nous faut faire quelques
observations. Ces linges que les parrains devaient te-
nir prêts pour recevoir leurs filleuls au sortir des
fonts , étaient sans doute destinés à les essuyer , et à
les couvrir de telle sorte que la pudeur ne fût point
offensée. Cette pratique était ancienne, et nous voyons
même que l'on conservait ces linges avec soin, conunc
un monument du bienfait signalé que les chréliens
avaient reçu par le Baptême , et comme une marque
de l'alliance qu'ils avaient contractée avec Dieu (1).
Nous avons sur cela un témoignage remarquable de la
lin du cinquième siècle , dans l'histoire de Victor de
Vite , de la persécution des Vandales en Afrique. Cet
auteur rapporte que, comme on appelait par ofdre
tout le clergé pour être exposé aux tourments , le
diacre Muriita se signala entre les autres. Il avait levé
des fonts un nommé Elpidiphore qui avait apostasie ,
et était alors l'officier le plus ardent à faire tourmen-
ter les catholiques. Après que les prêtres et l'archi-
diacre Salutaris eurent été tourmentés, Muritla, qui
était le second diacre parutà son tour : c'était un vieil-
lard vénérable : quand on commença à l'étendre , et
avant qu'il fût dépouillé , il tira tout d'un coup les
linges dont il avait couvert Elpidiphore au sortir des
fonts, et qu'il avait cachés sous ses habits ; et les ayant
étendus devant tout le monde , il dit à Elpidiphore
qui était assis comme son juge : Voilà les linges qui
t'accuseront quand le grand juge viendra, et qui te
précipiteront dans le puits de soufre , parce que tu
t'es revêtu de malédiction en perdant le sacrement du
vrai Baptême et de la foi. Cet homme devint confus
entendant ces reproches, et n'osa rien répondre. On
appelait ces linges sabanum, ou, s«fr«nrt au pluriel ;
c'est ainsi qu'ils sont nommés par Victor , et dans la
lettre du pape Paul .au roi Pépin, dans laquelle il le
remercie de lui avoir envoyé les linges avec lesquels
on avait enveloppé la fille de ce prince au sortir des
fonts, il témoigne les avoir reçus de lui comme un
grand présent.
On attribue communément l'onction verticale au
pape S. Sylvestre, et cela sur le témoignage du Pon-
tifical que les auteurs ont suivi depuis le neuvième
siècle. Cependant je vois que la plupart des savants
n'entrent point dans ce sentiment, il est pourtant
vrai qu'elle est ancienne. Le pape Innocent I" en parle
assez clairement dans sa décrétale à l'évêque d'Eugu-
bio (cap. 5), quoiqu'il ne désigne pas précisément la
partie du corps que les prêtres doivent oindre du
saint-chrême après le Baptême. Car, dit-il, il est per-
7ms aux prêtres, soit en l'absence, soit en la présence de
l'évêque, lorsqu'ils baptisent, cum baptiz.vnt , d'oindre
du chrême ceux qui sont baptisés , mais d'un chrême qui
aura été consacré par l'évêque. Il ne leur est pas permi$
(I) Voyez M. Fleuri, l. 7, p. 25,
J37 BAPTÊME. — II* PARTIE. CtTAP. X. CÉnËMONlES OUI SUIVENT LE BAPTÊME. 138
cependant de leur appliquer celle onction an front ; cela \
n'est diï qu'aux ih'èques, qui donnent le Saint-Esprit, clc.
Ces paroles du pape Imioccnl sont expresses, mais
elles seinUlciit marquer que celle oiu lioii verlicale ne
se faisait par les prêtres, que lorsqu'enx-mèmos don-
naient le nnptênie, et qnVlle s'oniellait quand l'évèque
le conlérail lui- même. Quoi qu'il en soit, il est certain
que ce rit n'était point uuiverstllenient en usage. On
n'en voit pas le moindre vestige dans le sacramcntairc
et le missel Gallican , ni dans le golliiriue qui élait à
l'usage (les rçlises de celle partie des Gaules qui avait
été soumise aux Visigoilis , d'où lui est venu le nom
de missel gothique ; ces livres ne Ibni mention que de
l'oncliou du fronl. Il semble pourlanl que le premier
ConciL dOiange a élaliii ronclion verticale par un
de ces canonï don l nous aurons lieu de |)arlcr avec
plus d'étendue, lorsque nous écrirons l'Iiisloire du sa
crement de Confirmation; en attendant, ce que nous
avons dit ici suffit pour donner une idée de l'origine
de ce rit, qui n'est point connu chez les Grecs, comme
distingué de la Confirmation.
L'habillement dont il est parlé ensuite dans le Sa-
cramenlaire, était l'habit blanc que devaient porter
les néophytes jusqu'à l'octave de Pâques en signe de
joie, pour la grâce dont ils avaient été faits partiel- !
pants dans le Daptéme, cl de l'imiocence qu'ils y '
avaient recouvrée. Tous les auteurs ecclésiastiques
en parlent : et il faut que cet usage soit bien ancien,
puisqu'on le voit élabli dans le temps même des per-
sécutions des païens C'est de quoi nous avons un té-
moignage aulhenli(|ue dans les acles du martyre de
S. Gencs (I) qui lut miraculeusement converti en con-
trefaisant i>')s mystères sur le théâtre pour divertir
les spectaleurs. Ciimque sacranientorum mijsicria com-
pléssent, et indutus vcstibus albis essel, ac vcluti per lu-
dibrinm à iniliilbns raptus. Eusèbe rapporte dans la
vie de Constanlin ("2), qu'ayant reçu le Iiapléme, et
ayant été revêtu dhabils blancs et royaux qui bril-
laient comme la lumière, il fut mis dans un lil très-
blanc, et que depuis ce temps il ne voulut pas même
loucher à sa pourpre. Ceci nous fait souvenir d'un
miracle célèbre qid arriva en Palestine en l'an 419,
sous le consulat de Monaxius et de Plinta, dont S. Au
gustin(5), et le comte Marcellin (i), tout païen qu'il
élail, rendent léuioignage. Savoir, qu'à l'occasion des
tremblements de terre survenus encelemps-là, envi-
ron sept mille personnes, tant Juifs que païens, s'é-
taatfail baptiser, la croix du Sau\eur parut imprimée
miraculeusement sur leurs babils. Oimiiiimque bavtiza-
lorum in tuuicis, crux Cliristi Sulvatoris divinilalis nulu
extemplo impressa refttlsit. Ce sont les paroles de
Marcellin, qui font voir que leurs habits étaient re-
connaissables cl distingués de celui des autres. Dans
la suite on ajouta à la lunifpie ou babil blanc, le chré-
meau, qui depuis a pris sa place. Jcisé d'Amiens,
(1) Apud Ruinart.
h) Lib. 4. c. (i±
i3) Sermone Î9, m 6.
(4) la chronico.
TB. SU
Tliéoduiplie d'Orléans (I), Rab;in (2), l'auteur des di-
vins olfites sous le nom d'Alciiin (3) el plusieurs
autres en font mention, cl le dislii:guent de l'habit
blanc des néophytes. C'était un vêlement de tête que
l'on mctiail sur celle de ceux «pii venaient d'être bap-
tisés immédiatement après que le prélre leur avait l'ait
l'onction verlicale. Les uns l'appellent chappe, cappa,
les autres, casques, r/o/ca, elconuniménient(7insm«/f,
chrénieau. Un anonyme (4) manuscrit de Tours re-
présente le chrémcau comme un iiabil de lin, ay;int
un capuce dont la tète était couverte comme d'une
mitre cousue de fil rouge. Jean Lansperg, chartreux
allemand, parlant de sainte Elisabeth . dit qu'elle fai-
sait avec graiule dévotion de ces sortes de chrc-
meaux pour les pauvres. Dans certains pays orien-
taux , on couronnait de fleurs l(>s néophytes- Sévère
d'Alexandrie (5) le dit expressément, et l'ancien Ri-
tuel des Éthiopiens prescrilce rit. Durand de Monde (G),
parle d'ime cérémonie usitée de son temps, dans l'é-
glise de Narbomie, qui a du rapporta cela, quand il
dit que c'était la coutume dans ce pays-là, de coiilre
sur le haut de l'habit blanc de ceux qui venaient d'ê- •
tre baptisés, une bandelette rouge, en forme de cou-
ronne. La piélé a mis en u-age ces différentes céré-
monies , pour inspirer le respect pour ce grand sa-
crement, et exciter les chrétiens à en conserver le
souvenir. Voilà ce que nous avions à dire , touchant
les fils marqués dans le Sacramcnlaire de S. Gré-
goire, dans l'endroit où il prescrit ce que Ion doit
faire immédialement après le Baptême.
Celte coutume d'orner ainsi la lêle des néophytes
doit êlre ancienne, puisque le sépulcre que le P. Ma-
billon a vu auprès de .Naples , et dont il parle dans
son voyage d'iialie , représente les deux personnes
que l'on baptise par infusion , comme ayant des cou-
ronnes sur la télc. SainlChrysosiôme ne lerait-il point
allusion à cette pratique , lorsqu'il parle ainsi à ceux
qui devaient être baptisés? «Ceux-là coiiiiaissent la
vertu de ce calice , qui sont iiiiliés aux divins mys-
tères ; vous mêmes , vous pourrez la connaî:re dan»
peu. Souvenez-vous donc de moi, quand vous sen-
tirez sur vos têtes celle couronne, plus brillanle que
les rayons du soleil. > Mais outre les rits dont nousve-
ntmsde parler, il yen avait encore (|uelques-uiis usi-
tés dans d'autres églises, dont il n'est point fait men-
tion dans ce Sacramcnlaire, soit qu'ils ne fussent
point pratiqués à Rome , comme il est vrai de quel-
ques-uns , soit qu'ils aient élé omis dans ce livre. El
notre iulcnlion n'est pas de nous étendre sur diverses
pariicularités peu intéressantes, telles que celles qui
regardent la forme et la matière de l'habit blanc des
néophytes, du soin qu'avait lÉglise d'en fournir auJt
(l)dcBaptismo.
{■I) Traet. de Rapt., c. 16.
(3) De Insl.cler.. 1. 1, c. 20; cap. de S;ibbato sanclo.
(4) Apud Ldm. Mari., 1. 1 de aiit. lùrl. Uit., c. 1,
art. 15.
(3) Biblioth. Patrum, loin. G.
(6) Ration. I. 6, c. 8-2.
jlj^ niSTOIRE DES SACnKMENTS. il<^
nauvres et aulrcs semblables; sur lesquelles I'*s 8] et Inminibus cœlesds c/flnVfl/Js ; par où il entend les
b"lciir.s nui xondiont s'iiistniiic penveiil coiisiiUit 1 (■icr;-'cs ;illiiiiiés (iii'ils loiiiiienl ciilre leurs mains, qui
S. hcnis., c. (icU(t})t., liinou. ,y. 1-28 ad FubiuL, Paul,
cp. 1"2 itd Sevei., Cic(i. .V<4i. Oral. 51) insaucla luinina.
Socml., /. 7 llist , c. 17 ; Grcg. Matjn. l. 7, r;). 2i.
Luc lie ces céiéinoiiit-S iloul le SaciMiiu-iilairi; de |
S. Grégoire cl iiresi|uo tous les riuuls ne parlcnl pas ,
élail celle de d();iiier aux néophytes un cierge à la
main. Elle e»t cepeiulaiil irès-aiicienne , et elle s'ob-
servail laiil eu Unenl qu'eu Oceidenl. Saiul Aui-
Lroise (I) la rappelle à la niénioire d'une vierge qui
s'élail cousacrée à Dieu, au milieu dune troupe de
néophytes (pii soiiaieul des eaux sacrées, et qui depuis
a\ait eu le malheur de se laisser corrompre. Vous ne
vous êtes point souvenue, lui dit il, de ce saint jour (/,'
la résuncclioii du Seitjnenr, auquel vous vous êtes offerte
un saint uuld pour y recevoir le voile ; vous vinrcliiez
duns celle cclibre assemblée de l'Iùjlise de Dieu , entre
L'S /l(unbeaux brillants des néopinjtes, « inter luniina j
t iicoplnjioruni splendida ; > iparmi celte troupe de gens
rcvrius d'habits blancs, comme pour aller épouser le roi
cdeste. S. Gré;;oire de Nazianzc (2) découvre les rai-
sons mystérieuses de cet usage, lors(pril dit: Après
le Bipicnie, on vous a amené devant l'autel, cesl un
prélude de lu gloire (tut vous est préparée; le chant des ;
fS'.inmei avec liqucl on vous reçoit, vous annonce d'a-
vance les louanges futures ; les flambeaux que vous allu-
mez, signipenl !a lumière avec laquelle vous devez aller
au-devant de l'époux. Saint Grégoire de Tours (7,) ol J
Foriiinal fi), parlent des flambeaux cl des lampes
que l'on faisail brûler dans loule la ville de Vienne, à
l'occasion du Baplèmc d'une nndiilude de Juifs que
S. Avil (d), évéque de celle ville, avait convertis. Marc
de Gaze, pailaul du Baptême du jeune Théodose dit
que loule la ville de Consiaulinople élail en blanc, ci
qu'il y avail une si grande quantité de cierges , qni'il
semblait que les étoiles fussenl descendues du cirl en
terre. L'aulcur des divins olliies , sous le nom d'AI-
cnii' , marque celle parlieularilé louchant ces cierges ;
qu'on les niellait enirc les mains drs néophvlos,
sans être allumé-;, et que quiind après la liianie , l'é-
cole, des chanlreseuloimait AgnnsDei, un d'enlre riix
dis. lit à baule voix, accendite, allumez, cl qu'abus on
es alluui.iil tous, il MJonle : On mène Ions les jmtrs et
l'éijlise les nouveaux baplizés , étant précédés de la co-
lonne de cire allumée. C'e.^l le cierge pascal, doiii on
fait remouler l'iuslilulion au cinquième siècle, puisque
EnnoJe, évèque de Favie, eu a éeril l'éloge cenl ans
avant S. Grégoire. Le véritable Alcuin dans une lettre
à Cbarlema-jue , nous apprend que les néophytes de
sou tempsavaienl coiuume d'assister au sainl sacrilice
durant les sept jours qui suivaienl leur naplcuie.cn
babils blancs cl avec les lumières de la clarté céleste,
(1) î-ib.de î.apsu virg.jC.S.
(2) Oral de Ha pi.
(:.') Lil). Sllist Franc., c. H.
('V) Lit) 4. Carm.
(o) Ep. ad Arcad. imperatorein apud Baron, ann.
lOi.
claieiil le symlxde de la lumière divine qui éclairait
leius âmes. Amalarius (l) répèie la même clio>.e.
Lue au re cérémonie irès-am ieuue élail le lave-
mcnl des pieds, (|ui se ('.lisait aux neoi)by!cs en [ilu-
sieius endroits après le Baptême cl même après la
Confirmaliou, pour les préparer à la sainte commu-
niou, (;n (pio; les évcipies imilaieut le Sauveur, qui
lava les pieds à ses disciples avaul la cène mystique.
Vous avez vu ailleurs ("2) qu(! celle cérénu)nic était
dans d'autres églses une des préparations au Bap-
tême, ( t qu'elle se faisait le Jendi-Saiul ; nuiis en
Gaule, cl dans ectle partie de l'Italie dont Milan était
i la métropole, elle se faisail, connue nous venons dû
le dire, aiuès le Baptême. Les deux anciens Missels
gallicans (pie le savant Joseph Thoma-.ius a publii's,
ne laissent aucu i doule sur ce sujet. On y lil aptes le
Baptême et l'onction du Chrême, les prières qui ac-
comp.ignaienl celle cérémonie; .Ad luvandos pedes. On
vo/lla mêiuechose dans celui que le père Mabillon (5)
a fail imprimer, où ce rit est prescrit, apiês (jne les
néo|>hyies ont élé revêtus de la robe blanche.
Ponr ce (pii regarde la province de Milan, l'auteur
des Livres des Sacrements, que l'on a attribués long-
temps à S. Ambroise ( i) , nous en rend lemoigu 'ge
en ces termes : Vous êtes remonté des Fonts sucrés ,
qu'a -t on fait'!... le souverain prêtre s'élant ceint, vous
a liivé les pieds. « Succinctus suniinus Sacerdos pi des
i libi lavit. > Ce même aulenr renuuque que cet
usage n'élait point élabli à Borne. S. Ambroise lui-
même parle très-clairemcnl de ce lavement des pieds
(pn suivait Je Baptême, el lui allribue laul de vertu et
de lorce, pour la rémission des péchés, que plusieurs
théologiens sarrèlanl trop à la lettre, y ont élé trom-
pés : enlre aulrcs, Hugues de S.Victor, qui a cru que
le péché originel était remis après le Baplème, en
verlu de ce rit : Lolione peduni peccatum originale di-
milii posi Uaptismum. In Joan. 13. Voici l'endroit, il
est lire du livre des Mystères, ch. 6. Le saiul docteur,
après avoir parlé de ce que Jésus-Christ avaii fait à
ses .\}ioircs avaul la Cène, et de la ré.^islance de S.
l'ierre en ct;tie occasion, .aj ule : Pierre était pur,
mais il devait encore laver la plante de ses pieds ; car il
avait hérité le péché par succession du premier père ,
quand le serpent le supplanta et lui persuada ferveur.
C'est pourquoi on lai lave les pieds afin de lui ôter les
péchés quil u hérités ; car nos propres péchés sont re-
mis par le Baptême. < Ideo planta ejus abluilnr, ut liœ-
< redilaria peccala tollanlur ; noslra enini propria pet
t Baplismum relaxaniur.t Ce texte est dillicile, el on
le doii rapprocher des autres eiulroilsdeS. An Croise,
où il parle de la verlu el des cHets du Baptême, aussi
bien que de ceux où il explique les elïeis du laveincnt
(I) Lib. de ecclcs. Ofnc. , c. 29.
(-2) Voyez le chapitre 9 de la première partie de
celle iiisloire du Baj;lenie.
(5) .Musa-i liai. lom. 1.
(4) Lib. 5 de Sacr., c. 1, n. 4.
Ul
BAPTÊME. — II* PARTIE. CIIAP. XI. SUITE DU MÊME ST JET.
m
des pieds : et alors on verra sans poinc que le saint •■■ fpr;ivaiii c(! lornps les Ciil';!; (s n'ont rî<^n que de dé-
docli'ur, par ces [)Avo\c^, ut liœrcdid-triu pecatta lol-
lanlur, ne veut pas dire <pie celle'céiénionie reniolle
le pcjché originel , mais seulenienl qu'elle donne une
grâce particulière pour rési.sler au\ niouvenicnts de
la concupiscence, qu'il appelle ;;<;V/«i avec rAjiolre,
parce qu'elle vicnl du péclié , cl qu'elle porte au
péclié.
Il est inutile de produire les passages de ce saint, ^
qui prouvent qu'il allribuait au Baplènie la verUi de ^
reinetire le péché originel. S. Augustin s"e l servi
aulrelois de son aulorilé pour en coinaincre les Pé-
lagi'^ns. Nous nous conienleutns do;i<.- de citer un
endroit on il explique ce qu'il pensail de la vertu du
lavement des pieds. Il en parle dans l'exposition du
Psaume 48(uum. 0) , en ces termes : C't.'>// ou/y/ho jj'e
croisquece qm le Pruplicie appelle l'inuiui é du talun, ini-
quUalem cidcanci , marque plulôl le penclianl que nous
avons au péclié, que la coulpe même de nuire péché.
D'où vient que le Seigneur dit avec raiiion... « ttivonn nos
pieds » tifiii tjue nous puissions oler ce penclianl que nous
avons au vice, que nous demeurions fernics dans la vertu,
et que celui qui est dispose à demeurer dans sfs bonnes
résolutions , ne tombe point dans l ccj.trement des pre-
miers parents, et qu'il ne craigne puiui de perdre r héri-
tage, mais qu'il s'attache constumniiiit à la vertu. « Unde
I reor iniquitatem calcanei magis lubricum delinquendi ,
< quàm realwn aliquem nostri esse delicti.... Luvemus,
< inquil,et pedcs, ut calcanei lubricum possimus auferre,
t quo fida slalio possil esse virlulum... et non melual
I lubricum hœrcdituiis », etc.
Toutes ces expressions font voir que S. Ani!)roise,
par ces termes, lubricum detinquendi , lubricum calca-
nei, lubricum hœreditatis, n'entend autre chuse que le
foyer de la concupiscence , qui nous reste après le
Baptême, et qui nous vient du péché originel , d'où
vient (pi'il l'appelle hœreditaria peccala , et (pie dans
le passage que nous avons rap|>orté il enseigne seu-
lement ([ue nous recevons en vertu du hivernent d>'S
pieds les grâces propres à en réprimer les mouve-
ments, et nous soutenir dans la vertu.
CliAPlTKl^ XI. I
Où l'on parle en peu de mots des deux sacrements de '
Confirmation et d'Eucharistie, que l'on donnait aux
néophytes aussitôt après te Bup.ême; de quelques
pratiques et cérémonies, et des instructions qu'on leur
faisait. De la Pàque annoline. [
Le père Martcne (1) met au nombre des cérémo-
nies (pii suivaient immédiatement le Baptême, celle
de donner an nouveau baptisé le baiser au sortir des
Fotit^, ce qu'il croit s'être fait par le prêtre qui ad-
minislrail le sacrement ; mais je ne vois pas que le
fondenient sur lequel il appuie ce sentiment soit bien
sûr. tin effet, il n'en a point d'autre que la Li.-tlre de
S. Cyprien {i) à Fidiis, qui doutait , ou |;lulôl ipii ne
croyait jias que l'on dût baptiser les enfants avant le
huitième jour après leur naissance, et cela sous prétexte
(1) De antiq. Eccl. Rit., c. 1, art. 15.
(|)Ep. 74, e<< Ûxou.
gniii;ii»i, et qu'on a horrt m de les baiser en cet état.
C'était au moins un des m< t.fs q-i'il alléguait pour au-
toriser son opinion. Mai- que prouve celte opinion
de Fidus, et la répons»; de .S. Cyprien, qui la r.j. lie,
cl lui a|»pren(l que l'on n.- (inii p,,i„i :.voir d'horreur
de ce qu'un Dieu a daig;;é <rèer, et que l'on doii, en
baisant ces enfants, envisager la main de Dieu en-
core toute récente qui vi. nt de les form.r? Elle
prouve tout aa plus qm* r.» i donnait encclivemenl le
baiser à ces enfants, qiia.al ils avaient été initiés aux
j mystères, mais pen.lanl la liturgie, el quand tous les
lideles se le donnaient mutuellement, et non pas au
sortir des Fonls. Ci', n'était donc pas tant une céré-
monie du Baptême, qn'u.ie prati(|ue ordinaire dans
les asseniblées qui ic laisaicl pour célébrer les saints
mystères.
j Les néophytes , tant enru,ts qu'.idu!tes , y étaient
admis aussitôt aprè.s le H pième cl la Confirmation,
qu'ils recevaient au sor'ii .les louts, et apiès y avoir
assisté, ils pai tiripaiei.t a l'iioslie vivifiante avec le
reste des lidèles : ani>i \\> ciaie:.! njis en même temps
en possession de tois les biens et les avanlagfs de
l'Eglise. Ce que nous diMins ici et un point de dis-
cipline si connu, ([ue je ne nrélendrai pas à le prou-
ver, d'autant j lu> (p:e j'aurai lieu d'<'n parler dans
ri.istoirc de. sicreinents de Confirmatio.T et d'Eu-
charistie. Il sid'Iii d.M-.-nnfqner ici que tous iis .ivres
qo» irailcnl di-s rits de lEglise jusqu'aux dituzième
et treizième siècles, Iv. | rescrivcnl, et (pie dans cer-
tains lieux relie pi aligne s'est conservée pins long-
temps, et subsiste à prt'.-,ent chez les Grecs et dans
les communions orieniaks. Le R. P. coadjulcuir de
Senones (D. Aiigiisii:i F.ngéj (pii m'a généreusement
commtmiqué piusieur-; remar.|ues qu'il a faites sur
cet ouvrage, d.)iit il s'est donné la peine de revoir le
manuscrit, met celle-ci entre antres si:r cet endroit.
La pratique de commnnir les enfants nouvean-néi
était encore en vifjueiir, non seulement au douzième et
ireizirme siècles, mais elles ob.-crvail à Beaii'ais H n'y a
pas ZWans, comme un le cuit par I en ordinaires de celle
Eglise qui sont de ce temps là , ei de là est venue la
coutume de porter encore aujourd'hui au grand autel un
enfimt nouvenu baptisé, ce qui se pra'iqv.e dans tout le
diocèse de Houcn, cl plusieurs autres. Mauléon (1),
Voyages liturgiques, p. 27.
Cela s'est siiriout ol.'^cr\é par rapport à l'Eucha-
ristie; car pour ce qui est ilc la Coiilinnaiion , elle ne
se donnait am leuin-iiie l inm- d'aiomcnl après le
Baptême <pie (luarul Wi ê(|ue- liapli ail par lui même,
ou que les piètres le faisaieni en sa prési-nce et sous
ses ordres dans l'égiiso où il se tiniivaii actnellcncnt :
ce qui a été en nsagi' très lon-tcmp,, snilont da iS les
villes cl leur banlieue, dont tons les curés, an inoiiii
pour rordinaire, baptisaient autrefois les catéchu-
mènes dans l'église raihèdrale, ou <i^u< celle que l'é-
vêquc avait iiidi(piée ponrrçla. .M..is <,nand le Rap-
lême.se donnait ou en l'absence de Tévèque, ou daiis
(1 ) Le Brun des Marelles.
U3
des lictiT fort (<loip:n(<-; <!(• In ville (<|tis(oj>;ile. on :il-
teiulail (jHi' Ifséiiiic \iiii coiliriiicr les iiéttpliyios, à
qui on ne laissail pas de donner iDUJours la Connnu-
liion.
No» «ciilcmoiililscommnniaicnl le jour de leur Bap-
tême, mais ils le fai aient Ion-, les jours p'iidanl \'"C-
lave de rài|Ui'S , ol ^ans douie de l\ INînlccole s'ils
avaient élé l>apli^és à celte fêle. L Ordre romain et
jiliisieins antres livres ponlilicanx le prescrivenl ainsi.
On cliaiiiait nièine exprès pour enx une nuîsse, dès le
grand matin , pcmlanl l.upitllc ils p;irticipaient aux
saints niysièrt-s. Cetlc praii(|ne de l'.iiie eonimnnier
ions Ks jours les néopliyles élail ancienne : S. Au- '
gnslin nous en fo irnil une pnuve Inrsipie , dans iwi
sermon iiuM lit le jour de l'à(pios, il parle ainsi aux
nouveaux baptisés : Je votu iivais prom* un discours
dans lequel je detais vous crplxiiicr te sacrement de lu
table du Sciijueur, que vous voyez présentement^ auquel
vous av,'z piirlicit)é lu nuit dernière. Vous devez con- ^
naître ce que vous avez reçu, ce que vous recevrez, ce (jue
vous devez recevoir tous tes jours , < quid qnotidiè acci-
t père debeutis. » C'était pour se rendre dignes de re-
cevoir Ions les jours avec fruit le pain de vie (|u'on
leur recommandait de s'appliqMer avec plus d'ardeur
aux cxercifcs de |>iclé, et de s'éloi^niT deloiilc«qui
étail capable de les dissiper cl de leur faire goûler la
vie mondaine. C esl dans et lie vue que le qualricme
concile de Cartliagc (can. 8G) ordonne que tes néo-
plitjtes s'<d)siieuueut pendant quelque temps des repas et
des spidactes , et qn'ih vivent en coniineuce avec leurs
femmes. « Ai'o;>/ij//J uliijunndiu à laulioribus epulis, et
< speclHCulis, e conjugibus abstineant. »
IJ n'était pas aisé de donner rEucharistie aux p^lils
enfants, mnonl à ceux qui ctaienl à la mamelle; il
élail à craindre (piils ne la rcjclasscnt : aussi voyons-
nous qi:e, dès les premiers siè<les, on ne leur donnait
ordinairemenl que le précieux s ing. Le miracle dont
S. Cyprien (1) nous f.iii le ré(it, cl qui élail arrive
sous s(!S yeux , en esl une preuve: Une petite fille
avait reçu dans la bouclie un morceau de pain trempé
dans du vin (pii avait élé oITcmI aux idoles; ses parents
l'ignoraienl , cela s'était f lil par la faute de la nour-
rice. L'enfant éiail dans l'église avec sa mère peiidanl
que S. Cyprien sacriliail l'Iioslie non sanglante :
Quand le sacrifice fut achevé, et que te diacre commenio
à présenter te calice aux assistants , tes autres l'ayant
reçu, il vint à cette petite, qui aussitôt, par un secret in-
stinct de ta majesté divine, détourna ta tête, serra tes lè-
vres , et refusa de boire dans le calice ; le diacre persista
et lui infusa d ins la bouche, malgré sa résistance, quel-
ques gouttes du vin consacré. Incontinent suivirent des
sanglots et des vomissements : t' Eucharistie ne put de-
meurer dans un corps et une bouche souillés. C'est ainsi
que S. Cyprien rapporte ce miracie, qui, comme vous
voyez, n'arriva (pie (jiiand on présenta le calice ado-
rable aux fi lèles ; cepemlaol la couiunmion du calice
suivait celle du précieux corps , suivant l'ordre natu-
rel et l'institution du Sauveur : il iallaii, par conse-
il) Ub, de Lapsis.
IIlSTOmE DES S.\CRtMENTS. 144
queni, que cctlc enfant n'eût point participé h l'cspccô
du |iain.
Dans le XI!* siècle, pour parer aux inaonvénients
de cette conutiunion des eufanls, le prêtre trempait le
«loigi (|;ms le précieuN sang, et le mettait ensuite dans
Il bouche de I enfant, qui le suçait. Hugues de S.-
Victor (!) conseille d'en user ainsi ; et nous voyons
efTirtivemeut que la chose se faisait en cette manière
dans (|u Iques Flglises. L'ancien pontifical d'Apamée
en Syrie, (|ui élail à l'usage de cette l^glise dans le
leuipSfpic les Latin^ étaient en possession de ce pays,
prescrit de communier ainsi les petits enfants, ou
avec une feuille trempée dans le précieux sang, le
prélre disant ces |)aroles : Que le corps avec le sang de
Piotre-Seigneur Jésus-Christ conserve ton àme jiour la
vie éicrnelte. Amen. Lu Orient, suiv.nui le témuignagc
d'.Abraliam Lclullensis. on comnnmie encore les en-
fants avec le doigt trempé dans le piécieux sang, que
l'on leur fait suier. Wansleb dit la même chose des
Jiicobiies , el Naiitunis «les Syriens et des Maronites.
Cabrit 1 Sonile assme néanmoins (pie ces derniers et
les autres Orientaux donnent ^Euclla^i^tie. aux en-
fants, au sortir d(îs fouis, avec une coquille trempée
dans le vin consacré, qu'ils leur font sucer, ce ijui re-
vient au même.
L'usage de donner l'Eucliaristie aux nouveaux bap-
tisés était si ordinaire, «pie des personnes, «l'ailleurs
fort éclairées , croyaienl que ceux qui ne la rece-
vaient pas avitnt la mort penlaient «hî grands avan-
tages, qnoi«prds mouni seul incoolinent après le Hap-
léme. C'est ce «pii parait par la (jneslion «pn; le diacre
Ferrand proposait à S. Fulgence , à l'occasion d'un
jeune esclave noir «pie son maître avait fait instruire
«le la religion, qui avait été fait caiéihumcne , cl qui
ayant é.é saisi d'une grosse fièvre , avait été hap-
lisé, el ciail mort avant de recevoir la sainte Commu-
nion. Sur quoi Ferrand disait : Je demande s'il ne
nuit point aux baptisés de ne point manger ta chair du
Seigneur ni boire son sang, quand ils meurnt .subite'
ment, entre le Baptême et ta Communion? A quoi
S. Fulg 'iice répond : Qu'il ne faut pas se mettre en
peine de ceux qui meurent avant d'avoir reçu te corps et
le sang de Jésus-Clirist. Car cliacun de nous, dit il,
commence à participer à ce pain quand il commence à
être membre du même corps , c'est-à-dire de Jésus-
Christ , ce qui se fait au Baptême. Pour preuve de celte
vérité, dit M. Fleuri (2), S. Fulgence rapporte un
sermon de S. Augustin aux nouv(îaux baptisés. Et
c'est en conséquMice de celle doctrine que l'on a
cesé depuis plusieurs siècles de donner, même aux
enfants, rEucharistie avec le Baptême.
On avait la coutume autrefois, en Occident, dcdon-w
ner aux néopbyti's, après la communion, du lait et di)
miel , pour leur faire entendre que , par les sacre»
ments auxquels ils avaient élé initiés, ils étaient en»
très en possession de la véritable terre promise, dont
la Palestine n'était que la figure. Cette pratique doit
(!) Lib. 1 de Sacram., c 20.
(2) Tome 7 de riiist.ecclés., sur l'an 537, p. 544,
145
BAPTÊME. — \V PAnTIE. CllAP. XT. SUITE HU MEME SUJET.
14«
être fort ancienne, puisque Tcrtiillien o\\ fiil uienliou
en CCS ieinie> (I) : Ter mcnjilamnr, iiide stmccpii lactis
et metlis coiicordiam pmgnslamus. S. Ji'rôuie, dans ^on
Dialogue contre les Lnciféricns, parle ausïi tie cet
usage, et le met onlie ceux qui nous sont veiuis de la i
tradiiion des Apôlres. Ce|i( miaiil le uièuie Père, dans
son (■.oinn)eul..ire sur Isaïi; (cap. 53), ex|)li ,uanl li-s
paroles du propluHc |)ar lesquelles il nous e.^lordoi.né
d'acheter du lait cl du vin, seiultie faire entendre
qu'on ne donnait aux néopliyics en celte occasion que
ces deux choses. Qui iiios in l''ccli'sii Oicidcnl s liodiè
usqiie servalur lit renulia inCliristo vinum laainc tribnu-
tur. Mais cvs paroles ne sont point exclusives; el il y
a lien de croire qu'il insiste sur le lail el le vin seule-
ment, on cette occasion, parc(; que le ttxte sur leciucl
il écrivaU ne Taisait luenlion que de cela.
Quoi qu'il en soil, la conlunie de donner du lail el
du miel aux nouveaux baptisés conti.iua dans l'Eglise
jusqu'au IX* siècle, pui>que Jean, diacre, dans
sa Lettre à Si'nnriiis('2). lui rend raison de celte pra-
tique, sur laijuelle celui ci l'avait interrogé. Il s'in-
troduisit ntènie un abus considérahle sur ce |ioiiit ,
que les évéques d'Afrique se crurent obligés de répri-
mer : dans ipiehpies endroits, on se mil sur le | ied de
mêler le lail el le miel dans le c. lice avec le vin qui
devait être consacré, ce qui est défendu dans le code
des Canons de l'Eglise d'Alri(pie par ce décret (cap.
57) : Nous défendons que l'on n'offre plus à l'avenir,
dans le sticreinenl du corps et du sunq du Seigneur, autre
chose que ce que le Seigneur a donné lui même, savoir,
du pain el du vin mêlé avec de l'e.m. l'our ce qui est
des prémices , ou du miel el du luit qu'on a coutume
d'offrir au Baptême des enfants au jour solennel , quoi-
qu'on le.i offit sur l'autel, qu'ils aient leur bénédicliun à
part, afin qu'ils soient distingues du sarremenl du corps
et du sang du Seigneur. Nonobstant ce décret , il jia-
raîl par la Lettre du diacre Jean, dont nous vciionsile
parler, qvc cet abus ne fut pas silôl extir|:é partout:
car la (luesiion (pie lui l'ail Scnarins siipj o,e qu'il sub-
sistait encore en Italie : Pourquoi, lui dit il, met on
du lail et du miel dans le calice, el l'offre l on le same-
di-saint avec le sacrifice? Dans l'ordre du naptcme à
iusage des Égli>es d'Etbiojiie (3), on remarque la
mène prali|ue, et il va appannce qu'elles l'uni ti-
rée des Jacobiles d'Egypte, au patriarche desquels
elles sont somnises. On voit en elfel (pi'i s en usaient
ainsi dès le huitième siècle, par ce qui est rap[>ortéde
Macaire, évêque do Memphi.-,, (pii vivait en 7o(î, dans
riiisloire de Vansicb.
Ou:rece que nous avons dit des dilTérenls rils el
des diverses pratiipiesnui sinvaienl inunédiaiemenl le
Baptême , il esl bon de remarquer ici (pie les néo-
[ihytes élaienl en singulière vénération, jus(iue là que
quand on voidait obtenir (loelque grâce des em|ierems
et des rois, on se servait d'eux pour en faire la de-
mande. Nous pourrions eu alléguer plus d'un exeni-
(l) De Coron, miiitis, c. 3.
(-2) Musai liai., l. I.
(3) Biblioih. PP., loni. 6.
pie, que l'on trouve dans Ihisioire de rfi;;Iise. On
croyait, d(; plus, que l>ieu aliaehail des bénédictions
parTiculiéi'cs à leur |tréscnce , connue élanl les lein-
I les vivants du S. -Esprit, (ic lut sans doute dans
cette |H>r.tuasi -n ipie, (piand ISélisairc fut sur le point
de partir avec sa floiie pour aller conipiérir l'Afiiipie
sui' les Vandales, l'enqiereur fit amener an bord de la
mer, près du palais, le vaisseau du coimnandanl, et
que là le patriarche Épiphane, ayant l'ail les prières
convenables pour la bénédiction du vaisseau, y cm*
baïqna un sol. lai nouvellement baptise, pour aliirer
sur cette flotte les regards favorables du Dieu des ar-
mées. \
On voit dans l'Ordre romain que c'était l'usage à
Rome de dénoncer scdi nnelîenr ni au P^pe, le j air
de Pà(pies, le nombre de ceux oui avaieir été bapti-
sés la veille, ce (jui se f i^ait en (elle manière :
Quand le S. Père allait en i;roce sion à Sainte Marie,
avec toute sa suite, un notaire, étant debout dans le
lieu nommé Méiulanas, le -alnail cl l"i disait : Au,
nom de Sotre-Seigneur Jésus-Clirist , on a laptisé, la
nuit d'hier, dans l'églite de Sainte Marie, tant d'enfants
mates et tant de l'autre sexe. Ce même jour, on lisait
aussi aux baptisés le commencement de l'Évaiigile de
S. Jean, alin (jifiis coinprisscni le mysleie inell'able
par l(;(pi I L' F.lsde Dieu, s'élanl l'ail (ils de riioinme,
les avait rendus enfanls-de Dieu |iar la régénération.
C'est la remanpie (pi'ont l'aile les derniers éditeurs
des ouvrages de S. Ang istin , sur leSerimui i'ii' de
ce Pcre. Cela se praliipiait aussi dans l'Eglise de Pa-
lis il y a plus de quatre ccnis ans : c'ét; il la coiiliime
de porter les eiiaiits à l'autel après avoir achevé tou-
tes les cérémonies du Baptême , el là de lire sur eux
le même Évangile.
Voilà ce (pie nous avons pu recueillir des rils, des
cérémonies et des pratiipies qui s'ob er\ai ni an icn-
nement, et d-ns les dillérents leiiipi, après le Bap-
tême. Il nous risie à parler des insiruciions (pie Ion
donnait aux néiqdiyies, oij .icenx (pii avaienl été ini-
tiés aux niyslèri'<. On i e »• contentait pas des caié-
cltèseS(|u'oii leur avait l'ai.'es pour !.■» préparer au Bap-
tême, on leur faisait, de plus, d. s insiructions tous
les joins de la sema ne de Pà pics, pour leiird luner
1 exp'icati' Il des myslèie=^^ (pi'oii ne pouvait découvrir
qu'au-x lidèlcs , et pour leur ■. n !aiie coin; rendre la
vertu el 1 1 flicace. On ap|ielail ces discours nvjsla-
gogiques, chez lesGrecs. parce qu'ils c(!nicnaie:il l'ex-
position de nos mystères : nous en avons plu leurs en
ce genre chez l.s Latins, el eiitre autres d," S Gaii-
dence de B:(>sse cl de S. Aiigiislin ; n ais il nous en
reste peu des Grecs, hors les c;n(| Cal'<bèses mysta •
gogiqiies de S ('yrille de .lérnsaleiii, i! n lesquelles 'l
instruit les né(q»!iytes de ce (pii coiici i ne les trois sa-
crements (pi'ils \enaienl de recevoir.
I Dans le premier discoirs, il U-ur parle des céré-
monies qui se fai>aieiii à Jériisaem dans bî piirlique
du bnptistér ', et , en d'auires cndioils, s:r les fcn s
ménii's du Baptême; savoir : des r iionciali mis e! de
. Ja cuulessiou de la foi. Dans le i>cconJ, il tiailc de
^^^ histoire des
l'oncliftn do rhmlc rxnroisoe, ft de. raciiim même du
Bip èine. l>:\n-l('lroisiiin-. J. lontMiondiiS -Ctnêinc^
ou (le la Oou'iriicn'Hi- I-»' 'ju.itruiuc esf (h; FEuciia-
lislio; cl le (•iii(iiii''iiit, <lo la L.lurïtie .'l le la Coinuid-
nion. Ou av:u: M\\i* |>;.ric ae ces inyslérts à ceux qui
devaicM rocovoit le Baplcuifc, mais souimairemonl et
tii peu do iiiots, .Hiii (piiis uiguorasseu' pas cnliere-
iiient ce qu'iis atateul su" le poiu' de recevoir, clou
reinelliùl après Pâques à leuren dorium une plus am-
ple explication, le Drouiier de ces discours fut pro-
noncé !e lendemain de l'àoues, el les oualre autres
les jours suivants. S Cxrille en avait promis un
sixième |)t)ur le samedi, jOur auiiu'l or. incllnl bas
î'Iiahil blanc Dans celui ci, d devail parler de ia ma-
nier- de vivre 'îhrélicmienient ; mais . soil que noire
Sainl i!e Tait point (ait par .]u 'Ique eiupccbement. soil
qu'il so soit jierdti, itous ii'avons plus celte pièce; el
il ne nous reste (pie les cinq d ni nous venons d'ex-
pliquer le suji t, par les(]ucls nous pouvons juger de \
ce qui se praliqnail ailleurs, i.o livre d<! S. Ambroise,
des Mystères, cl ceux d'un ani>iiYiiie, des Sacremenls,
paraissent avoir éié composés des sermons (|u'ils
avaient lails aux néopliytes, 'l Ton y vo.l à peu près
la même mélliode que dans les Discours myslagigi-
ques de S. Cyrille
C'est ainsi que les évèquos -'apidiquaieut à former
ces nouveaux Clirétions : en leur rceummandait de
s'abstenir pendant liuit jours de> bains, des spectacles,
de leurs femmes et des fe^iius, excepté (jne dans
quelques endroits c'était la couinnic (pie les nd(q)liyles
donnasheiil un repas à leurs parrains cl aux nii;iis!res
de rÉglise. comme le léuisi gno S. Grcgnire de Ma- j
ziaiize, Orat 40, in S. IhiinUnio; ce (pii se pratiquait
aussi en France, comme en U- vnii par le 2* concile
de Mayeuce cbap. IG. Anial.iie nous apprend aussi
qu'iîs faisaient des veilles dans l'Église pendant les
liuil jours qui suivaient leur Urquème. Enfin an làcliait ! ;
de leur faire comprendre la gr; ndeiir de l'étal auquel
Dieu les avait apjielés , ci de les exciter à conserver
durant toute leur vie la iiiéiiioire des grâces et des
bienfaits qu'ils venaient de ncrvnir. Les travaux des i
évcqucs en cela n'étaient jias vains. Les fidèles se |
faisaient uu devoir de religinn d»; conserver le souvenir
de ce bienfait signalé : el même ("était une ancienne
coutume de faire lo'is les ans la lete deleur Baplême,
qui s'appelait la Paijue (iiinoline. On iiommail ainsi
cet aniiiveisaiie du fJaplè:ue. parce qu'anciennement,
dit un auteur (I) qui vivait à la lin du onzième si(;cle,
ceux (pii avaient élé baplisi's à Pâques, célébraient
l'anniversaire de l iir ré-(''iii''iaiion l'année suivante,
au jour (pie s'était fait leiii liaplème , qui étant un
jour fixe se trouvait soipeiil éloigné du jour mobile
de Pâques, auquel ils l'aNaient reçu. Par exemple,
nous dirions qne ceux qui ont étj baptisés l'année der-
nière 1740, à Pâques, qui est arrivé le 17 avril , fe-
raient le resie de leur vie celte Pàque annotine le 17
avril , (juelque jour de la semaine qu'il tombât. En
(1) Miend. c. 70. dans M. Baillct, des Fèles mobiles,
Sttus lu tiUe de Pàque unnottne.
SACRE-^ENTo.
àU
I quoi il faut remarquer que, quoiqu'on eûl reçu le Bap-
tême la veille de Pâques, ou complaii cependant du
jour du dimaiiclift de Pâques.
On voit ainsi la raison, dit M. Baillot, qui empêch»*
qu'on ne puisse précisément assignei dans les .fastes
et les calendriers la fête de la Pàque annotiuc , qui
était moins une fêle générale de "'Église, que la fêle
de cliaque baptise en parlicuiier. Cut. pourquoi on
la trouve placée après lediniai!<;'ic: ae i'oclavcde Pâques
dans le Sacramcntairc ancien du pape Célase, et dans
les Calendriers Uomains des builième el neuvième
siècles juibliés par le Père Fronleau, et par Allaliiis,
entre !e il* et li; 25* jour d'avril. Ailleurs ou clioi-
sis ail le samedi de la semaine de Pâques, dit m atbis,
pour célébrei cette fêle, el Ton joignait ainsi Tanni-
veisaire de sou propre Baptême, avcjc 1 octave dit
Baulème des néopliytes de rannée courante, an jour
où ils (piiltaiCiM la robe blaiic';e. Cela se pratiquait
encore au treizième si(";cie, coniine on le voit dans la
Vie de S. Pierre nia.tyr. Enfin dans d'autres endroits
la Pà(pie anuoline se céiébiail dans d'aulres jours. Et
si elle t(Uiibait eu Caiènie, on mécontentait de retran-
cher l'a//c'/«Ja de la messe dePâ(pics que l'on chantait
en celle fête; si on en excepte rÉjiitre, rÉvangile, et
les oraisons ipii élaienl propres. Les baj)lisés pour
qui était la fèie, faisaient avec grande solennité Pof-
frand ; pour le sacrilice : ils étaient accompagnés des
compères de leur Baptême, c'est-à-dire, de leurs par-
rains el de leurs pareiis, surtout lorsiju'ils étaient
encore enfants. Le prèlre disait sur eux le symbole et
faisait encore d'antres cérémonies à l'Eglise, d'où on
allait après le service à un festin que donnaient les
parenls du bapti.-é.
Celle fête de l'anniversaire du Baptême semble
avoir disparu dans l'Eglise av(;c l'usaj^e du Baptôiiie
solennel des Calé( liunièiies au Samedi Sainl, el de la
r> présenlalioiides néophytes en robes blanches durant
la semaine de Pâques. On peut dire néanmoins (ju'elle
n'a pas péri tout à fail avec cet usage, puisqu'il est
reslé une liberté entièie à tous les patticnli .rs de
célébrer la fête aimui Ile de leur Bantème au jour
anniversaire de sa réception , (pii depuis ipiehpies
siècles étant joint à celui de la naissance, ou en étant
peu disl.int, comme vous lavez vu , a élé cause que
l'on a confondu ensemble le jnur anniversaire de la
naissance lemporelle (pie l'on céiébiail autrefois chez
les païens, avec celui du Baptême. C'est ce qui a lait
dire à I)nia.ii(i, vers la lin du treizième siècle, ([ue
l'origine de cette fè!e annuelle du Baptême de chaque
particulier pourrait être venue des Gentils , qui con-
sacraient le jour de la naissance à la Fortune, Genio,
et à Junon : en ([uoi il est visible que Durand s'esf
trompé, comme vous venez de le voir par ce ([ui a été
dit. Ce qui est d'autant plus surprenant, que de son
lemps il en reslait encore des traces assez marquées,
l'office de cette fêle étant toujours le même que celui
du Dimanciie de Pâques, avec ce que nous y avons
remanpié de i)ropre : mais il fait juger qu'csn en avait
déjà perdu l'étimologie, jpuisquau iiuu du taruic
U9 APPENDICE SUR LE DAPTÈME
û'annotin, qui cii l.inpiiifïc do l:i nioyoïiiic l.iliiiil<'^ , ne
voulait ilitL' aiilro tïiosf, qii'aiiiiiirl, mi aniiivoisairc,
il se sert de celui iVniuintiilif, qui si^nilie 1(miI aiiire
cliose. Il y a bien do rapparciice que celle fêle de la
Pàquc aiiitoline teniiinail le leiiips du iié(q)liyiisirie,
qui, selon TApôlrc el le 2* Canon du Concile de Nicce,
rendait inhabiles cenx qui y élaionl encore à recevoir
les ordres sacres. On pcnl le prouver par ce (|iic dit tni
auteur qui vivait sous le p;q)e Daniase, et qui a l'ail
un coninienlaire sur S. Paul, (pii a passé sous le nom
de S. Aniinoise, et dont on croit que le diacre llilairc
est le vériialile auteur. Sur ces paroles de lApôlre,
non neo])litilum , cic.,cel anieiir parle on ces ternies :
Cela est vrai , parce que celui qui est encore neuf dans
la foi a coutume de se laisser emporter à l'orqucil, sur-
tout s'il reçoit C ordre. Car ce changement d'étal, et celte
autorité qu'il acquiert lui enfle le cœur , «7 croit avoir un
mérite qui le ttislingiie des autres. Car voyant que la
150
et par con-^oqnent le néophylismene durait qu'un an.
C'est sans doute sur ceue praliqiie quVlail fondée
la niaxinie que nous trouvons ct.iblic dans |ilnsieiir3
conciies, comme celui d'Arles en laniiée 521, c» le
lr()i>ièmo d'Orléans, qui délindenl Tenlrée des Or-
dres sacrés à ceux qui qniUenl le siècle, à moins (lu'il
I ne se soit passé au moins ini an depuis \v\\r vonveision,
car on ap()elait ainsi le passa-e de Ictat séculier à
l'état cccléaiaslique.
Nisiqu's renalHS fuerit ex ac;uà et Siiiritu sanclo , non
potest inlroirc in regnum Dei. Jojinn. 3, v. JJ.
APPENDICE ,
Contenant im petit nombre de pièces citées ou indiquées
dans cette histoire Uu Uuplénie.
Nous ne rapporterons, comme le litre le porte ,
première année de sa naissance spirituelle on le comble jf qn'nn petit nombre de p.cccs que nous croyons (jue le
d'honneur, i videns enim primo aniio naiivitatis collalum
t in se lionorem, i il s'imagine qu'il n'est pas tant ap-
pelé pour travailler à sa perfection qu'à celle des autres
et qu'il donne plus à la lleligion qu'il n'en reçoit : c'est
ainsi qu'il tombe dans les pièges du diable, qui le voyant
enflé d'orgueil, le précipite. Selon cet écrivain , être
ordoimé la piemière année de sa naissance en Jésus-
Chrisl, et cire ordonné néopliyie , c'est la même chose,
lecteur verra avec plaisir, soit parce (|u'eilcs sont
tirées des anciens Sacramenlaircs ou Missels Gaîli-
cans, soit parce (lu'clles servent à éclaiiv.r (pie'ipies
poinis de discipline sur lesciuels il y a des dii'ticukés
que nous avons loiicliées dans le corps de l'ouvrage.
Nous les rôpimrleroiis en laiin et les traduirons en
français. Le style fait juger de l'âge de ces sortes da
monumcols.
Ordre de l'ancien Missel Gothique publié par le Cardinal Thomasi d'après un manuscrit
ancien de plus de QQO ans. Jl contient la manière d'admettre au calhécuniénat , et a pour
titre: Ordo adClirisliaiiutn faciendura.
Seigneur, daignci bénir cet enfant votre serviicur,
puisque vous ne rejrtez aucun âge ni aucime coudi-
lion , votre Fils bien-aimé Noire Seigneur disant,
n'cmpéebez poinl les enfanls de venir à moi. Qu'ils
soient doue niar(|nés. Seigneur, du signe de la croix,
avant qu'ils connaissent le bien ou le mal el qu'ayant
besoin de votre miséricorde, Us niérilcnl de recevoir
le Baptême en votre nom.
Autre prière.
Recevez le sceau de .lésns-Ciuist, recevez les paroles
divines, soyez éclairé par la parole du Seigneur: parce
que Jésus-Christ vous a confessé aujourd'hui. Par
Noire-Seigneur, etc.
Attire prière.
Je vous marque au nom du Père, et du Fils, et du
Domine, dignare bencdiccre Inde infanîi faumlo ttio
I N.f quoniuni me condilione (juisquam ncc œiute depelli-
\ lur dicente dilectissimo l'iiio tuo Dcmino nostro:jSo-
lite prohibere infautes ventre ad me. lii enim, Domin\
atUequàm bonum nul nuAum scient, crucij inœ vgil'.o
signentur et qui indigent pieiatem, ad sucri noruims lui
Uaplismum percipcre mereantur.
Item colleclio.
Accipe signaculuiu Clirisli, suscipe verba divina., i/<
luminare verbo Domini , quui hudiè confessus C5 )
Cluisto. Per Dominum.
Item colleclio,
Slgno te in nomine Pains, et Filii, et Spiritûs san-
cti, ut sis Christiunus; oeulos, ut videas clarilatem Dd;
alin que vous voyiez la spltnileur de Dieu: les oieilles,
afin (jne vous enleudiez la voix du Seigneur : L- nez.
Saint-Esprit, afin (lue vous soyez chrélirn : les veux, ; ' ,. .. ■ , /
' . I I 1 I ■ ■ 1 '* ('tires, ut audias voceni uonuni ; mires, ut odnres sua ■
vitaiem Christi ; conversns ut coufiieuris Piitrem , et
Filium, el Spiritum suuetum : ror, ut credis ïrinilatcni
alin (iiic voii-i StiUiez la douceur de J'sus-Clirist, «nié- [ . , -, n i, i n ■ , /i, ..;
' > 1 c ,„^^(,pti-;ii:ilem. Pax tecum. Per .lesum i.linMum Donn-
tant convertis, vous confessiez le l'ère, le Fils, e; le l
i uum nvstruni qui cum Paire el Spivila sancto vint, eic.
r Ordo ad faciendum Calecliiimonum ci oilo manu-
*. . .
Il' scrqilis exlr.icliis.
I Ad Calechumeniim ex pagano faciendum.
.; Centilcni homineni ciim susceperis , inpnmls cate-
Saint Esprit : le cœur, afin que vous croyiez la ïiii.ilé
inséparable. La paix soit avec vous. P.ir Jésus-Chrisi,
Noire-Seigneur qui vil et règne, etc.
Ordre pour faire un Cutéclimnrne, tiré de huit ma-
nuscrits d'environ 1)00 ans. Ces manuscrits sont des
monastères de Cellonc, de S. liemy de lîcims, etc.
Quanti TOU§ recevez un paiea , vous l'iûslruisez *A ckitus cum divinis sermonibus, el dus ei monita qacm-
151 HISTOIRE DES
ri'abord par les paroles divines, et vous l'averlissez
de quelle manière il doit vivre quand il aura connu la
vérilé. Apres cela vous le faites caiécliumène, vous
lui souillez sur le visage, vous lui faites le signe de la
croix sur le front ; et lui imposant la uiain sur la
lôle, vous dites ce qui suit. "
Cela suit.
Recevez le signe de la croix tant sur le front que
dans le cœur. Que vos mœurs .«soient telles que vous
méritiez d'être le temple de Dieu, et éutnt entré dans
l'Église, reconnaissez avec joie que vous êtes sorti
des pièges de la mort. Ayez les idoles en horreur, re-
jetez les images des fausses divinités, servez Dieu 1«
Père tout-puissant, et Jésus-Christ son Fils, qui vit
avec le l'ère et le Saint-Esprit dans tous les
siècles, etc.
De même.
Nous vous prions, Seigneur Saint-Père tout-puis-
sant, Dieu éternel, de daigner montrer la voie de la
vérité et de la connaissance de vous-même, à cet
hoiiune votre servile::r qui est errant, incertain et
doutiiux dans la nuit de ce siècle; afin ([u'ayaiit les
yeux du cœur ouverts, il vous recoimaissc un seul
Dieu Père dans le Fils, et le Fils dans le Père avec le
Saint-Esprit, et qu'il mérite de recevoir le fruit de
celle confession, ici et dans le siècle à venir. Par
Notre-Seigneur, etc.
Après quil aura gonté le remhie du sel, et qu'il aura
fuit le signe de ta croix, vous le bénirez en celte
sorte.
Dieu Saint, Père tout-puissant. Dieu éternel, qui
êtes, qui étiez, et qui demeurez jusqu'à la fin : Di u
dont personne ne connaît l'origine, et ne peut com- I
prendre la fin, nous vous suppli(»ns pour votre servi-
teur que vous avez délivré de Terreur de la geniililé
et de la vie très-impure qu'il menait : daignez écouler
celui ()ui s'humilie en votre présence en baissant la
lêle : qu'il parvienne à la fontaine sacrée, afin qu'étant
rené de l'eau et du Saint-Esprit, et qu'étant dépouillé
du vieil licmme, il soit revêtu du nouveau, qui a été
créé selon Dieu, qu'il reçoive le vêtement incorru-
ptible et sans tache, et qu'il mérite de vous servir,
vous qui êtes Noire-Seigneur et notre Dieu. Par.
Ordre du Missel gothique donné par Joseph
Thomasi (1).
Prière pour la bénédiction des Fonts.
Il faut que le commememenl de celte espèce de prê-
tée soit défectueux dans Ict exemplaires d'après
lesquels le cardinal Thomasi l'a copie, et il est difficile,
pour ne pas dire impossible, de le rendre exactement en
français. Je ne traduirai donc que la dernière période,
qui commence par ce mot : Oremus.
Prions donc le Seigneur qu'il veuille bien sanctifier
cette fontaine, afin qu'elle devienne pour tous ceux
{\) Cet Ordo contient toute la suite des rits du
Baptême, avec les formules de prières qui !/•* accom-
pagnent.
- i
SACREMENTS. «62
admodiim vivere debeat posl coqnitam ventatem. El
post hac facis eum calichuminum , exsufflas in fac'iein
ejus ; et fccis ei crucem in frontem et imponens nia-
num luper caput ejus his verbit.
Sequitur.
Accipe signuin crucis tam in fronte quàm in corde.
Talit cslo moribus ut lemphnti Dei esse jam possis, in-
gressusque ecclesiam Dei, evasrsse te laqueos mortis lœ-
tus agnosce. Horresce idola, respue simulacra. Cote
Deum Patrem omnipolenlem, et Jesum Christum Filium
ejus qui vivil cum Paire et Spirtlu sancto per omnia, etc.
Item.
Te deprecamur, Domine snncte, Pater omnipotens,
œtcrne Deus, ut huic famuto luo, qui in secuti hujus
noclc vagatur incertiis et dnbius, viam verilatis et agni-
tionis tuœ jubeas demonslrare qualenits reseratis oculis
cordis sui, te unum Deum Piitrem in Filio, et Filium
in Paire cum Spiritu recognoscal, atqne hujus confcs-
sionis fruclum et h'tc et in fuluro seculo percipere me-
reatur. Per Dominum.
Inde verô pnstquàm gustaverit medicinam salis, et
ipse signavcrit, bencdices eum bis verbis.
Domine sancte, Pater omnipotens, œlerne Dcus, qui
es, et eras, et pcrmancs sine fine : cujus origo nescitur,
nec finis compreheudi potest. Te, Domine, supplices
invocamus super famuhnn luum, quem libt'râsti de er-
rore gentium et comersnlione lurpis'iimà : dignare exaU'
dire ewn qui tibi cerviccs suas humiliât, perveniat ad
lavacri fontcm, ut renalus ex aquù et Spiritu sancto, ex-
po'.iatus velercm hominem, indualur nuvum qui secun-
diim Deum creatus est, accipiat vestem incomiptam et
incontaminatam, tibique Domino Dco noslro scrvire we-
reulur. Per, etc.
Ordo ex Missali Goibiro à Joseplio Tbomaslo.
Collectio ad benedicendos Fontes.
Stantes fratres charissimi, super ripam vitrci fontis
. dduc fis de terra liltori mercaturos sna commercia ;
singuli navigantes puisent mare novum. non virgà, scd
cruce, non lactu, sed sensu, non baiulo, scd sficramcn-
10, locns quidem parvus, sed gralià plcnns benè guber-
natus est Hpirilus sanclus.
Oremus ergo Dominum Deum vostrum vt sanctificel
hune fonlem, ut omnes qui descenderinl in hune fontem.
155 APPENDICE SUR
qui y descendront, un bain de rcgénéraiion pour la
rémission de lous leurs péchés. Par Notrc-Sci-
gneur, etc.
Suit la Prière.
Dieu, qui avez sanclifié la fontaine du Jourdain
pour le salul des cames, faites que l'Ange de votre
sanclifu.ation descende sur ces eaux, arni que, vos
serviteurs en étant lavés, ils reçoivent la rémission
des pécliés, et que renaissant de l'eau et du Saint-
Esprit ils vous servent à jamais. Par, etc.
Consécration.
II est digne, il est juste, Seigneur saint. Père tout-
puissant, Dieu éternel, auteur de toute sainteté. Père
des grâces, qui avez institué un sacrement nouveau
par votre Fils unique Notre-Seigneur et notre Dieu,
vous, dont lEsprit-Saiiua été porlé sur les eaux ol y
a répandu ses richesses, qui avez donné par votre
Ange aux eaux de Bcthsaide la vertu de guérir les
maladies, qui sanctifiez le lit du Jourdain par Jésus-
Clirist votre Fils. Jetez, Seigneur, sur ces eaux pré-
parées pour effacer les pécIiés des hommes, un re-
gard favorahle : envoyez l'Ange de votre miséricorde
sur ces sacrés Fonts ; qu'il lave les taches de la pre-
mière vie, et qu'il vous prépare une petite habitation,
faisant revivre les âmes de ceux qui doivent être ré-
générés ; réparez la nouveauté de ce Baptême. Bé-
nissez, Seigneur, notre Dieu, cette eau, que votre
vertu descende en elle : répandez-y votre Esprit
saint et consolateur, envoyez-y l'Ange de vérité. San-
ctifu'z les eaux de celle fontaine, con^nic vous avez
fait celles du Jourdain, afin que eaux qui y descen-
dront au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
méritent de. recevoir et la rémission du péché et la
grâce du Gainl-Esprit. Par Notre-Seigneur Jésus-
Christ qui est béni dans le Père et le Saint-Esprit dans
lous les siècles des siècles.
Ensuite vous faites le signe de la croix avec le chrême,
et vous dites :
Je l'exorcise, créature d'eau, je l'exorcise, toute
l'armée du diable, toute puissance ennemie, toute
ombre des démons. Je t'exorcise au nom de Nolre-
Seigncur Jésus-Christ de Nazareth, qui s'est incarné
dans la vierge Marie, à qui le Père a tout soumis dans
le ciel et sur la terre : crains et trend)le, loi et
toute ta malice : cède la place au Saint-Esprit ; afin
que tous ceux qui descendront dans cette fontaine y
soient régt'-nérés et reçoivent la rémission de tons
leurs péchés. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ qui
viendra dans le siège de la majesté de son Père avec
ses saints anges, le juger, toi qui es son ennemi, et le
siècle par le feu dans lous les siècles des siècles.
Ensuite vous soufjlez sur l'eau par trois fois, vous y jetez
le chrême en forme de croix, et vous dites :
Infusion du chrême salutaire de Nolriî-Seignenr
Jésus-Chrisl afin que cette eau devienne une fontaine
jaillissante pour la vie éternelle à lous ceux qui y
descendront. Amen.
Lorsque vous baptisez, vout Hnlerrogez, et dites :
LE BAPTÊME.
154
facial cis lavacrum bcaltssimœ regenerationis in remii-
sione omnium pcccatorum. Per.
Collectio sequitur.
Deus, qui Jordanis fontem pro animarum salule san-
clificasti, descendat super aqnas lias aurjelus sanctifica-
tionis luœ, ut quibus pcrfusi fumuli tni accipiant reniis-
sionem pcccatorum, ac rcnuli ex aquâ et Spiritu sancto^
devoti libi scrviant in œternum. Per.
Consecratio.
Dignum et justum est, Domine sancle, Pater omnipO'
tens, initialor sanctorum, clirismatum Pater, et novi per
unicum Filium tuum Dominum et Deum nostrum indi-
tor sacramenti, qui portanlibus aquis Spiritum tuum
sanctum ante divilias mundi largiris ; qui Dcllisaidus
angelo procurante procuras; qui Jordanis alveum, Cttri'
sto Filio tuo dignante, sanctificas : respice. Domine,
super lias aquas quœ prœparatœ sunt ad delenda liomi-
num peccata. Angelum tuœ pictatis liis sacris fontibus
adesse dignare ; vilœ prioris macidas abluat, et panum
liabitaculum sancli/icet libi, procurons ut regencrando'
rum viscera œlerna florescant ; et verè baplismatis novi •
tas reparelur. Benedic, Domine Deus noster , liane
crealuram aquœ et descendat super cam virtus tua; de-
super iufunde Spiritum tuum sanctum paraclelum aU'
gelum verilalis. Sanclifica, Domine, liujus laticis undas,
sicut sauctificàsli fluenta Jordanis ; ut qui in hune fon^
tem descenderint in nomine Patris, et Filii, et Spiritûs
sancti, et pcccatorum vcniam, Spirilùs sancti infusionem
cons'qui mereantur. Per D. IS. J. qui est bcnedictus
apud Palrem et Spiritum sanctum per omnia, etc.
Dehinc faciscrucem de chrisma, et dicis :
Exorcizo te, crealura aquœ; exorcizo (e, omnis exer-
citas diiiboli, omnis polestits adversaria, omnis umbra
dœmonum ; exorciso in nomine D. N. J. C. Nazarœi
qui incarnatus est in Maria Virgine; cui omnia subjecit
Pater in cœlo et in terra. Time et trente, tu et omnis
malitia tua; da locum Spiritui sanclo; ut oinnes qui
descenderint in hune fontem, fiat cis lavacrum baptismi
regenerationis, in rcmissiune omnium pcccatorum. Per
Dominum no^trum Jesum Clirislum, qui ventitrus est in
scdcm majcstalis Patris sui cum sattctis angctis sii.s
judicare le, inimice, et scculum per ignem in secula se-
culorum.
Deinde insufflas in aquam per très vices, et miliis
chrisma in modum crucis, et dicis :
Infusio cltrisniœ snlutaris Domini nosiri Jesu Cliristi,
ut fiai fons aquœ salientis cunctii descendcnlibus in eo ,
in vitum œlcrnam. .4;»^».
Dinn Iiapiizas, interrogas ei, eldicis :
155 niSTOIRE DES
Je le baptise au non» du Pùrc, cl du Fils, et du Saint-
Esprit pour la vie élcrnelle. Amen.
Lorsque vous touchez avec le chrême, vous dîtes :
Jo t'oins (lu clirènie de sainteté.... vêtenienl de
riiunioi ialiti',q"^ Noire-Seigneur Jésus-CZlirist a reçu
le premier de son père entier et sans-taclie , afin que
tu le portes ainsi devant le tribunal de Jésus-Christ,
et que lu vives dans les sièeles des siècles.
Quand vous lui lavez les pieds, vous dites :
Je vous lave les pieds , eomme Notre-Seigncur
Jésus-Clirisl a l'ail à ses disciples ; faites la même chose
aux hôtes et aux étrangers, afin que vous ayez la vie
'élenu'lle.
Lorsque vous le revêtez de l'habit, vous dites :
Recevez Tliabit blanc , et le portez sans tache au
tribunal de Jésus-Christ Notre-Scigneur.
Collecte.
Prions, mes Irès-cliers frères, Dieu Notre-Scigneur
pour ses néophytes (jui viennent d'èlre baptisés , afin
que celui qui les .a régénérés de l'eau et du Sainl-
Espril les revête de la robe salutaire de rimmorta-
lité quand il paraîtra dans sa majesté. Par Noire-Sei-
gneur.
Autre collecte.
Nous vous prions, Seigneur Dieu tout-puissant, de
faire à ceux qui ont été baptisés, et dont Jésus-Christ
est devenu la couronne, à ceux qui ont été régénérés,
et ont reçu l'onction du chrême qu'ils ont demandé,
la grâce de conserver leur Baptême entier jusqu'à la
lin. Par N'otre-Seigneur.
Ordre tiré du Sacramentaire du pape Gélase, par
Thomasi.
Le jour du satucdi les enfants rendent le sunibole.
D'abord vous les catéchisez leur intposant la main sur la
tête , en disant : Tu n'ignores pas Satan, etc. Ensuite
vous lut touchez le nez et les ureilles avec la salive , et
vous lui dites: Ephphcia , ce qui vent dire soyez (mi-
vert en odeur de suaviié, pour loi, Satan, relires-t i,
car le règne de Dieu esl proche.
Ensuite vous lui touchez la poitrine ( avec l'huile
exorcisée ) et entre les épaules , et ayant appelé chacun
par son nom, vous dites :
Renoncez-vous à Salan ? R. J'y renonce. — El à
toutes ses œuvres ? R. J'y renonce. — El à toutes ses
pompes ? R. J'y renonce.
Vous récitez ensuite le symbole en leur imposant la
main sur la tête. Apres quoi l'archidiacre leur dit :
Priez, élus : fléchissez les genoux, terminez votre
prière ensend)Ie, et dites : Amen.
L'Archidiacre les avertit de nouveau , en disant :
Que les Catéchumènes se rclireni , que tous les
Catéchumènes sortent dehors.
Le diacre dit encore : Mes trrs cliers enfants , re-
toiH-nez à vos places : attendant l'iioure qu'il plaira à
Dieu de vous accorder la grâce du lîiplème.
(On lit après cela dans cet ordre ce qui regarde la bé-
nédiction du cierge, les leçons, L's prières et ht consécra-
tion des jonis, après quoi il revient au Daplême, et on y
lit ce qui suit :
SACREMENTS. ^ !5«
Baptizo te un in nomme Patris , et Fîlii , et Spiritûs
$ancli in vitam œlernam. Amen.
Dùni cuui clirisma langis, dicis :
Perungo te chrisma !,nncliiatis... limicani immorlali-
taiis, quà Doiuinns uoster Jésus Clirislus trnditam à Pâ-
tre primus accepit : ut eam inlcgram et illibalam per-
feras unie tribunal Christi , et vivas in iecula seculo-
rum.
Dùm pedes ejus lavas, dicis :
Ego tibi lavo pedes ; sicut D. N. Jésus Christus fecit
discipulis suis , in facias hospittbus et percgrinis ut ha-
beas vitam œlernam.
Dîim vestimentum eis imponls, dicis :
Accipe vc.'ilpm candidnm, qjiam immaculatam perferat
ante tribunal D. N. Jesu Christi.
Colleclio.
Oremus, frntres charissimî, Dominum Deum nostrum
pro neopltitis suis . qui modo baptizati sunt , ut citm in
majestate suà Salvador adveneri!,quos regeucruvit ex aquà
et Spiritu sancto , facial eos ex œteriiilale veslire $alu-
tem. Per Dominum.
Item alla.
Baptizatis, in Christo coronnlis, qtios Dominus noster
à chrisma pelentibus regeneralione do),nre dignalus est,
vrecamnr, omnipotens DckS, ut Daptisnnnn tjuod accepe-
runt , imniiiculalum ipsuia perferant usque in finem.
Per Dominum.
Ordo ex libro Sacramentorum Gelasii Papœ edito ex
codice M S. ann. 900 à Thomasio.
Snhhalorum die, manè reddunt infantes Synibohun.
I Priùs catechizas eos , imposiià super capita eorum
l manu liis verbis : Nec te lalet Satanus , etc. Inde tan-
i gis eis nares et aiiros de spulo, et dicis ad ainem :
I Ephphela, quod est, adapcrire in odorem suavilalis, tu
§ autem cffugare, diubole, appropinquuvit enim rcgnum
" Dei.
Posiea langis ei peeius el inter scapulas de oleo
exorcizato, el vocalo nondnc singulis , dicis :
Abrenuntias Sntanœ ? II. Abrenuntio. — Et omnibus
operibus ejus ? R. Abrenunlio. — Et omnibus pompis
ejus ? R. Abrenuntio.
. Inde verô dicis Syndxdum impositâ manu super
capita ipsorum. Posiea verô dicilur eis ab Archidia-
coiio :
Orale , elccti ; ftectite genua , complète , orationem
veslram in unnm, et dicite : Amen.
Ilerîim adnioiicr.lnr ah arcliidiacono, bis verbis :
Calechumeni recédant , omnes catechumcni exeant
foris.
llerùm dicil diaconus : FiUi chnrissimi , revcrtimi-
ni in locos veslros, cxspectantes horum quà possit clrca
vos Dei gratia Baplismum operari.
il ( Posiea agit ordo ille de cerei benedictione, iectio-
' num el oralioiumi ri^ciiatioiie.cl fontis consccratioae,
i^ (um redit ad Ijapiii^muni, subditque sequeulia.
157
Ensuite, tes Fonta ('tant bc>m, vous buplisez un chacun
en son rang , sous ces interrogniions. )
Croyez-vous en Dieu le Père loiil-; "issanl? R. Je crois.
Croyez vous en Jésiis-Chrisi, son Fils unique, Nolio
Seii^neiir, (lui est né el (|ni a sonflcrl? Je crois.
Croyez vous aussi au Siiini-Ksprit, à la sainte Eglise,
à la rémission des pécliés,àlarésurrecliondela<liair?
U. Je crois.
Ensuite vous te plongez à chaque fois,vous Icplongri
trois fois dans l'eau, aprcsqnoi qurjul Cenfant est remon-
té dcs Fonts, il est marqué du chrême par le prêtre sur
la tête, avec ces paroles :
ÀPPENDlCn SUR LE RArTf-.ME. 158
Inde lien. (li( m fonie. baptizas unumquemque in or»
diiiesiio suit lus iuii rinj^Miionibus. )
Credis in Deum Patrem onuiipotentem ? R. Credo.
Credis in Jesiim Christum Filium ejus unicum, Domi-
nuin nostruni, nutnm, et pussnm ? R. Credo.
Credis et in Spirituni sanction , sa/ictam Ecctesiam ,
remissionem pccculorum , carnis resurreclioneni ? R.
Credo.
Deinde pcr singulas vices, nicrgis cuni tertio in aquâ,
posle.i cimi acced.ril à foule iiifans signalur à Pre-
sbylero in cerebro de cbrisiiiale, bis verbis :
Que Dieu toiil-puissant père de Noire-Seigneur Je- jj ^^^^^ omnipotens, Pater Domini nostri Jesu Christi,
sns-Clirisl qui vous a régénéré de l'eau et de l'Lspril
saint , et ipii vous a donné la rémission de Ions vos
peiliés, vous oigne du cluèiiie de saliil en Jcsus CIn ist
Notre Seigneur pour la vie éternelle. 11. Amen.
Ensuite l'évèque leur donne le Saint-Esprit avec ses ■
sept dons.
{in manuscrit du même sncrnmcntnire de C,clnsc,que
le P. Marlène {\) croit avoir . té < cril il y a DOl» ans, cl
qui se trouve dans ta hlbliolhè,jue de M . de Culbert, con-
tient à peu in es les mêmes choses , après les ejcorcismes
des Fonts, on y lit ce qui snit : )
El avant q' e vous répandiez l'eau sur lui, vous l'in-
terrog z touchant les ptiroles du Symbole, en disant :
Ci's demandes tt inlerrog liions sont les inénws que
qui le regeneravit ex aquà et Spirilu sancto, quique dé-
dit libi remissioncin cmnium peccatorum ; ipse te Unit
chrismatc salutis in Christo Jesu Domino nostro, in
viiam. R. Amen.
Deinde ab episcopo dalur eis Spirilus seplifor-
niis.
( Exsl^l in RililintI;ocâ CoIberli:iâ alius codex ma-
nuseiipliis cjiisdcni libri Saciatnontoruni Gtl:isii ab
I annis ciniicr n n!;<'n!iN Mnilcnii! jiulice exarralus, ia
I qiu) {■.■ièe;id -m vonlinriiiur. Lig< nd:i vcro pr;e c^fieris
f qo;e p ;T('.iniss>ù (cntis liencditlioiie tum exorcismisiu
3 b;ee \(Mba si'<|iinn!ur : )
El anieiiiiàiu pcifiindas eum aquà , inlerrogas ei
celles que nous venons de ri:pporter de l'ordre Celasien, \
publié pur le cardinal Thomasi. Après les demandes cl \
les réponses, suivent ces pin oies :
Et quand vous l'inierrogez vous le plongez à chaque
fois, c'est- à dire, iruis fois dans l'eau.
On lit ensuite dans ce inanuserii tes mêmes choses que \
7WUS venons de rapporter touchant l'onciion du chrême
par le prêtre. Après quoi on trouve ce qui suit :
Ensuile si on a fuit l'obhilion. il faud.u dire lu messe , \
élit communiera. Sinon vous lui donnerez seulement les
Sacrements du corps et du suiig de Jés'S-CinisI en di- \
sant:Um) le coi |)s de .Nntre-Scigneur JésUsCiirislsoil
pour vous l;i vie élcrneile.
Et vous fuites sur lui ta prière, en disant :
(1) Lib. l,loin. 1, p. 173.
verlia Svml) li, diccns :
ll:e bliplizaïukriim iiacrrognlionesresponsionesque
ca-deui simlruni ii* (piasex ordiiie Gclasiimo porTIio-
ni;isium Cardi!i;leni edilo modo relulimus. lias se-
(pinnlur lia e vcrlia.
Kl (ùm inlcrnigtis per singulas vices mergis eum
tertio in aijuà.
Ii:il)cl tlfuique liic codex, quic de infante postquàin
ascendil à fonte , signando cliri-mate per presliyte-
riun in cerebro supcriù.. cxliibuinms. Subjiciltpie se-
qiiiMilia.
1* islia si fiieril oblala. agenda est Missa , et corn-
' mMuicat. Sin aulcm, dabis ei lanlùn» sacramenla cor-
poris et saniinihis Chri-li, diccns: Corpus Doinini
yoslri Jesu Christi sii t'ihi in vilnm œlcrnum.
1 1 Ll dus ei oraliouem. ila dicens :
Cela est suivi de deux prières assez courtes , dans
lesquelles le prêtre demande la santé de celui ipii
vient délre baptisé , citr il s'agit dans cet ordre du
Ripléme d'un malade), comme un le voit par ce cpii
précède.
II y a bien d'autres clioses ù remarquer dans ce
fingmenl que nous représentons.
{. Dans deux manuscrits aussi anciens que celni-ci,
dont l'un e4 de l:i bib io;hèqne du roi , l'autre de
Noyon, après ces paroles : F.l ciim interrvgas, per sin-
gulas vices mergis eum tertio in aquii, on lit celles ci :
his verbis : Baptizo te ili.i in nomine , etc.
2. On y voit que l'on communinil quebpiefois les
nouveaux baptisés bors le lemjis de la messe, snrioul
leb malades dont il s'at^il dans cet ordre , cl pur coo-
il
séqiient que ces colombes que l'on suspendait dans les
bapUstères pouvaient bien y èlrt- non-seul'-menl pour
V servit d'oruiMiienls, et poiir être Iesymb(de duSainl-
hspriî, mais encore pour y renlermer !c saint sacre-
ment à l'usage (fes mal. nies; couinic celles (|ui étaient
•■•nspendues sur les autels le renfermaient certaine-
ment.
5. Enfin ce peu que nous avons rapporté do c»' m.a-
niiscrit prouve (juc l'en < oonnnniail b-s mabnles sons
les deux espèces, < I (|ue n- anm» ins on les exprimait
|»ar le seid terme de CVr/'Ms Domini Nostri fesu Chris-
ti.clc Tant il L'^tvr;liqn■onél;'il persuadé qu'une seule
espèce renferm.iil la réalité et la vertu des denx , et
qne pour en recevoir ui:e seulement , on ne l'Cioait
rien de l'iniéyiiié du sacrement.
HISTOIRE
DU SACREMENT DE CONFIRMATION.
SECTION SECONDE.
CHAPITRE PUKMIER.
Des r'ils essentiels de ce Sacrement , et des di/férenles
formules de paroles qui les accompagnent , tant chez
Us Latins que chez les Grecs et les autres Orientaux.
Partage des Théologiens sur ce point. A quoi nous
devons nous en tenir. De ce qu'on pensait à Rome dans
le dernier siècle touchant les rits de la Confirmation
chez les Orientaux.
Nous ne connaissons personne parmi les anciens lié-
léliincs qui ait abrogé on nié le sacrenicnUieCon-
linnaiion. Il esl vrai que Tliéodorel (1) , en parlant
des Novaiiens , assure qu'ils ne donnaient point le
saint cliréine, et que c'est pourcela que;, lorsqu'ils re-
venaient à l'Eglise, en voulait ipi'ils reçussent l'onc-
lion sacrée. Mais il y a tout lieu de croire que ce sa-
vant évéque s'est trompé en nia, et qu'il a apjiliqué à
toute la secte ce que le pape S. Corneille avait écrit
autrefois à Fabius d'Anliocbe loucliantNovalien. Puis-
que ni saint Pliilaslre, ni saint E; ipliane. ni suint Au-
gustin, qui onl dressé des catalogues des béréliques
et de leurs erreurs , n'attribuent rien de semblable
aux Novariens ; non plus que saint Jean DamascèiK',
ni saint Pacicn qui les ont condjallu par leins écrits.
I C'est aussi mal à propos que quelques-uns accusent
d'erreurs sur ce sujet les Vaudois ; s'ils ont erié, ce
n'était pas en ce (pi'ils niaient que la conlirmalion
fût un sacrement, mais en quo!(ine autn; p:iinl. Il faut
dire la même cliose de Wiclef et desllussiles, (pii ont
suivi ses erreurs, lesquels prétendaient seulement,
aussi bien que les Vaudois, que les minislies oïdi-
nairesdecc sacrement éiaienl les simples prêtres. Les
Lutliérirns et les Calvinistes sont les premiers qui
aient atta(pié de front la doctrine catiioli(iue sur cela;
il est surprenant que, f;iisanl profession de reconnaître
pour dogme de foi ce qui est enseigné dans !a parole
de Dieu , ils aient fermé les yeux jusqu'au point de
n'y point découvrir un sacrement qui s'y fiiit con-
naître p ir des trails si marepiés.
Peut-on en effet rien désirer de pli'.s exprès pour le
désigner que ce que nous lisons dans le cliapilre imi-
tième du livre des Actes, où on voit qucS. Pierre et S.
Jean furent envoyés à Samarie, pour imposer les mains
à ceux que le diacre Pbilippe avait convertis et bapti-
sés , afin qu'ils reçussent le don du Saint-Esprit. La
même cliose s'est pratiquée dans toute la suite des
siècles. Les évoques , à l'imitation des Apôtres , ont
imposé les mains à ceux qui avaient reçu le Baptême,
afin qu'ils fussent par ce nioyen rendus participants
de la grâce 4n Saint-Esprit.
P'erre et Jean, dit saint Cypricn (2), ont suppléé à
(1^ Lib. 3 hîT^rel. Fab.
(2) Episi. 13.
ce qui manquait, en priant cl imposant les mains pour
invoquer et répandre sur eux le Saint-Esprit. Ce qui
se |trati(|ue encore à présent cbez nous . où ceux qui
sont bipiisés dans l'église sont présentés aux prélats
de l'Église ; afin que par noire prière et rimposilion
de nos mains ils reçoivent le Saint Esprit, et soient
porfectiomiés par le sceau du Seigneur : Prœpositis
Ecclesiœ offeranlur, et per noslram orationcm ac munûs
imposiiionem Spiritum sancium consequanlur, et signa-
culo Dominico consummenlur.
Tertullien (1) avant saint Cypricn avait parlé très-
claiiemenl de la Confirntalion . et de rimposilion des
mains avec laquille elle esl administn'e : car après
avoir discouru du Baplême et de ses effets, il la dé-
signe par les rils qui lui sont propres. Il faut rapporter
le passage tout entier , parce qu'il servira à établir
plusieurs poinisdoiil nous allions à Irailerdans la suite.
Etant sortis du bain sacré nous soniines oinls del'liuile
béniie... cette onelion se fait sur le cor|)s, mais elle
piodiiil son effel sur l'àme.... ensuite on nous impose
les mains par la bénédiction, en invoquant et invitant
le Saint-Es|)ril. Le même Père dit ailleurs (2) : Caro
nianûs imposilione adiimbrutur, ul et anima spiritu illu-
minetur.
11 est superflu de rapporter les textes des Pères La-
lins (|ni rendent témoign.age de la vertu de l'imposi-
tion des mains dans ce sacremeni. On les trouve dans
tous les théologiens, et personne aiijonrd'biii ne con-
teste qu'ils n'aient regardé ce rit comme essentiel au
sa( renient dont nous parlons, et qu'ils ne lui allribuent
la vertu d'atlirer le Saint-Esprit sur ceux que l'onpré-
seiilo aux ministres de l'Église pour être rendus par-
faits cbréliens. On peut consulter entre antres saint
Jérôme (5), saint Augustin (4), saint !lilaire(r)), avant
eux le concile d'Elvire. l^es siècles suivants nous four-
nissent une infinité de témoignages de cette discipline.
Je me contenterai pour ce qui esl des ailleurs ecclé-
siasliipies de citer les paroles de deux d'entre eux ;
savoir, saint Isidore, de Séville, et Haban.Le premier,
dans sou livre des divins Offices, dit: Après le Bap-
tême l'évêque donne le Saint-Esprit par l'imposition
des mains. Le second, dont les paroles sont citées par
le maître des semences (6), assure de mèiiie(in'après
que les cérémonies du Ba|)tème sont aciievées, le Saint-
Esprit est donné par l'imposilion des mains du souve-
rain prêtre.
Tout ce qui vient d'être dit fait voir que, quoique ce
rit ne se trouve point piescrit dans plusieurs Uitueb
(I) HeBapt., c. 7 et 8.
("2) Lib. de Besiinecl. carn., c. 8.
(")) Adversùs Lucifer.
{ï) Lib. i:MleT!init.,c. 2r). et l.ô, deBnpt.,c. {G.
{.■)) Ilom. de Pentecost. sub. nom. Ensebii Emis.
(G) Lib. 4 Sent., di^t. 7. Vid. Tlieod., Aurel., 1. de
Bapl., c.lG; Rupert. 1.3, deOpcr.Spiriiùssajicti,c.9.
I6f CONFIUMATIO^. — CIIAP.
anciens à l'iisngft dos Églises d'Oicidcnl, on ne l'onicl-
lail iioinl pour cela dans la |)ra'ii|nc; mais (iiie celle
OMussioii vient de ce <|n'en eis temps- là on ne mar-
qn:iit point les rid)ri(|ne'S pour rordinaire ; de quoi
Ton peut s'assurer, en jetant les yeux snr plnsieurs
des Ordres (pie le V. Marténe a jinldiés. Ce|iendaiil
cette continue n'était point si générale qn'elle ne
soaiïrit ses exceptions : et ce rit se trouve prescrit
dans le Sacraiiienlaire de S Grégoire, donné an pu-
blic par I). lingues Ménard, dans denx niaiin.->crits du
Saeranientalre de Gélise, -dont le car.iclére est de
plus de DOO ans, cl dont l'un est de la bibliotliéqne
du Roi, l'antre s'est trouve à Noyon. On y lit cette
rubri(pic: Ensuite l'évèipie leur donne le Saint Esprit,
et il leur impose les mains, en disant •. Dieit tout-puis-
saiit, etc. Ueiiide ub episcopo datnr eis Spirilus satictus
ad consignandum, et imponit eis maiium in liis verbis :
Deus ominpoiens,eic. Cette jiriére contient rinvocalion
du Saint-Esprit, et on l'y prie de répandre ses dons sur
les n(/uxeau\ b.pti>és. On lit aussi dans le rontifical
mann>crit de Salzltonrjj, qni a plus de GOO ans d'aiiti-
quité, ce qui suit : L'évé(pie venant aux enfants (|iie
l'on vient débaptiser, l'arcliidiacre tenant le clirè-
me il élève les mains et les étend sur la tète, f i-
sanl l'oraison sur eux avec l'invocation dei^ seiit dons
du Saint-Esprit Le Ponlilical Romain, qui est en usage
à présent, prescrit la même chose \ en sorte qu'il est
indubitable que depuis les .apôtres jusqu'à nous ce rit
n'a point soullcrt d'intcrriiplion dans l'Église Occi-
dcnlalc.
'. Nous voudrions pouvoir en dire autant des Églises
d'Orient. .Mais le docte cl laborieux Père .Morin, aussi
bien (pie .M. Renandot, avouent franchement que depuis
plusieurs siècles on ne trouve aucun vestige de l'iin-
l»osilion des mains pour la Conlirmalion, ni dans le';rs
Euc(tloges , ni dans les livres qui traitent de leur riis.
Ce dernier dit à la vérité que dans quelques-uns de
leurs cérémoniaiix elle se trouve prescrite, mais il
convient (pie dans ceux qui sont d'usage public elle
n'y parait mille jiart, et (|iie dans ceux où elle se
trouve elle n'y est pas manpiée comme une parlie
principale, non pas que les Grecs et les autres Orien-
taux ne lui allribiienl une grande vertu, mais parce
qn'elle se trouve dans prcs(pie tous les sacrements,
et qu'en celui de la Coiiliriuaiion, l'onction tient lieu
de .a principale matière. Ce sont les paroles de M.
Rcnaudot, 1. 2 de la Perpét. t. o, c. 12. Il cite outre
cela plusieurs savants honnnes parmi les Grecs mo-
dernes, comme Siménn de Tliessalonique, Gabriel
de Pbiladclpliie, Syrigiis et plusieurs autre?, lesquels
en parlant de ce sacrement, ne font mention que de
la ciirismition.
Cependant il y a lieu de croire que l'imposition des
mains a éié autreH^s en usage dans ces Églisei. S. Cy-
rille de Jérusalem (1) le lait entendre assez claire-
ment, lors(|ue, comparant les figures de l'ancien tes-
tament avec ce qui est arrivé depuis l'avéneinent de
Noire-Seigneur, il dit : Jésus fils de Navé fut rempli
{D Caiech. 16, nurn. 26.
I. RIT5 DE CE SACr.EMENT. i02
de l'esprit de sagesse, .Moisc lui ayant imposé les
mains. Vous \oyez la même (ig ire dans l'ancien et le
nouveau Testament. l'Espril-Saint se donnait du
It'inps (le Moïse |)ar rimi>ositi(Mi des mains, et Pierre
par la même iinposiiion donne le Sailll-E^prit. Vous
recevrez aussi cette grâce, vous qni devez éirc bapti-
sés, et comment, je ne le dis point, car je ne veux
pas prévenir le temps. Kai nirpo; ^là ytipoOeiMi èiÔw»i
-à TtvîOy.a" ij.i'/.'in. /ai «Tti j« tÔv BaTtrtÇi/xtvcjpOàyuv y) yâst;.
Quoi(pie ce passage ne soit point tont-à-faii décisif,
et (pie S. Cyrille dans sa iroisièine Catéchèse niysla-
gogi(pie, qui est toute entière du sacrenieni de Con-
lirmation, ne dise rien de limposiiion des mains, il
n y a guère lieu de douter qu'il n'en parle à cet en-
droit ; d'autant plus (jue nous avons des preuves
(pi'elle était autrefois en usage dans l'Église Grec-
que.
Firmilien de Cappadoce nous en fournit une sans
réplique, lorsque dans une de ses leilres (1), il dit
(pie dans l'Église les é\èques ont le pouvoir de bapti-
ser, d'imposer les mains, et d'ordonner les Minisires;
paroles que toute la suite du discours détermine au
sens que nous leur donnons, et(iu'elle présente natu-
rellement à l'esprii. In Ecdeaià ubi prœsldent majores
natn qui et baplizandi et maiium iinponeudi, el ordinaiidi
possident poft's/a/e/H. L'auteur des Conslilulions Apos-
toli(pies (2) dit de même, en parlant de ré\ê(pie, que
c'est par limposiiinn de ses mains que les fidèles ont
reçu le Sainl-Kspril , tô «yiov 7rv«û,«a « Kvpts; h C^t»
Théndorel est dans le même sentiment, quand il dit
queceux qui sont baptisés reçoivent le Saint-Esprit par
rimposilion des mains des prêtres. Je n'ai pas les ou-
vrages de Tliéodoret. Voici le passage tel que je le
trouve rapporté par M. Toiirncli (5) : Baplizalts per
manum sacerdolalem accipere Spiritum snnctum. Nous
pourrons apporierd'aulres preuves de celancien usage
des Grecs, lorsque nous parlerons de ce qu'on a pensé
autrefois de la Confirmation reçue dans l'hérésie. En
attendant, nous remarquerons ici que l'imposition des
mains est foriiiellement prescrite dans le Rituel des
Nestoriens de Chaldée, dont les piroles sont citées par
M. x\sseniamii, dans sa Dissertation touchant ceux de
cette secte établis en Syrie (loin. 3, part. 2, Diblioth.
Orient., p. 272) .Voici ce (pi'on lit dans ce Rituel. Après
que les enfants de l'un el de l'autre sexe ont été bap-
tisés, on les rhabille et on les amène devant la porte
de l'autel; ensuite le prêtre sort parla porte des Can-
celles, ayant avec lui la croix, l'Evangile, l'encensoir,
les lampes et la corne dans laquelle le chrême est
renfermé, etc. Le prêtre récite celle imposition de
main, c'est-à-dire, cette prière accompagnée de l'im-
position des mains, imposant la main à un chacun,
et dit ... Suit nue longue prière, après quoi le Rituel
continue : il manpie chacun d'eux sur le front avec
le pouce droit depuis le haut jusqu'en bas, et de la
1) Epist. iiiler Cvpriaiiicas 75.
2) Lil). 2.C. ôi."
(à) DeC: nrirm.,p. Vod.
lîîSTOIRE DES SACREMENTS. |64
loi
d )tc •» la cniiolic en disant : un tel est baptise, il ir tingiie discrioment cette onction du front de la vcrti;
estiK'rrrdiiMié, au nom du l'ère, »'lc.
Au iTSic, il faut convouir (\i\c les églisos Orionlales
onl toujours rousidéré Poiu liou du siiiiil chroutt'
comme la p..rlie principale de ce s^ureuicul, el celle
à hiquolli! (Iles ont allribué la venu d'iuipriuier dans
les âmes le sceau du S.-Kspril: en socle «lue depuis
plusieurs siècles ce sacremeiil porte communément
le nom de sacrcmeut du clirénK;, on simpemcnt de
chrême. Il faut, dit le coiuile de Laodicéc, qui fui
tenu au enn>mencenient du qualiième siède, (pie
ceux qui onl élé baptisés soient oinis du elncme cé-
leste, et deviennent ainsi p;irlicii)anis de Jésus Clirisl:
Oportet eosqni illu-iinaiitur post nnplismum inniKii su-
percœlesli chrismule, et case Cliiisli rcgui parlicipes.
S. Cyrille de Jérusalem, dans sa vingl el imième Ca-
léclièsc, nous apprend que rondion se faisait, dans
leUlIfM;, lliniT iiji|M ...w .p.- - ._ - . , .
celte église, non seulement au front, mais aux ored- faire voir ; mais je laisse aux Iheob.gicns ces sortes
cale qui se donnait par les prêtres lorsipi'ils bapti-
saient, la première élaiit réservée à l'évêipie comme
.'lyant la piéémiiience du sacerdoce : Non tamen fron-
lein ex eudcin oleo sigiéure, qnod sotis debeiur efjiscopis
ciim Imdiml Spirilum puruclclum. Ces dernières paro-
les, pour le dire en passant, font voir que c'est mal à
propos (prun savant lionmie du siècN; passé (1) |)ié-
teiidail que ronclion du front ne faisait point partie
essentielle de la Confirmation, et qu'elle pouvait en
èlre se. arce absobmieiit ; ce (pi'il appuyait sur Tau-
torilé du concile d'Orange, de la(|iiel!e il concluait,
oulie cela, que les simples i)rèlres et les diacres
mêmes pouvaient faire ronclion iUi front; mais ce
coiicile n'élaldit rien de sembiahle, quand même on
reliendiail la leçon qui se voit dans les manuscrits
(lu'il allègue en sa faveur, c'est ce qu'il serait aisé de
les, au nez, à la poitrine. Dans d'aulres cndnnls on
la laisail à tous les membres du corps, en (pielipies
uns plus, en d'antres moins. Mais le même saint (I)
fait entendre que la principale oneliou était celle du
front, de laquelle seule il lait quelquefois mention.
Le premier concile de Conslanlinople, dans son sep-
tième canon, ordonne que l'onction se fasse a,! front,
aux yeux, au nez, à la boudie. S. Grégoire de Na-
zianze (2) parle aussi de rouction des yeux : R epà-
pu//v.Tw5i; .y<.-ji.0hTOi. Dans l'Eucl^ologe, p. 5.^0, on
trouve ronclion du front, des oreilles, du rez, <les
yeux, cl des pieds. Dans un autre, p. 500, lo.icl on
des l'ieds est omise, aussi bien que dans un Iroisieme, |
p. S62; mais à la i>lace de celle onction on en sub- ;
stitue d'eux autres, savoir, celle du dedans de la main,
cl de l'endroit du cœur. Dans l'ordre de Sévère d'An- !
liocbe, l'onction sur le front se fait jusqu'à trois i;;is,
et ensnile sur lous les mend.res. Celle onction se i
faisail en forme de croix, non seulemenl cliez les j
Grecs, mais aussi cbez les Lalins, dans les Églises j
desquels nous la voyons établie de tout temps ; mais \
elle ne se faisait parmi ceux-ci que sur le front pour |
la Confirmation. L'onction verlicale, que les prêtres
faisaient au sortir des fonts aux baptisés, n'étant
qu'une cérémonie du Baptême, qui, suivant le senti-
ment de savants bommes, n'était point praliipiée en
Gaule avant le premier concile d'Orange; tenu - i 4il.
\ous avez vu par le passage de Terlnllien, ,,.^devanl
allégué, que non-seulement l'ondion se faisail de son
temps pour la C»nlirmali.m, mais .lu'il allribue à ce
rit la vertu de s.inctilier les âmes. S. Cyprien (5)
pensait de même, comme le inonlreni ces paroles :
11 est nécessaire d'oindre celui qui a éié baptisé, alin
qu'ayant reçu le cbrème, c'est à-dire, l'onction, il
puisse avoir la grâce de Dieu : Viuji qnoqnp. uccesse est
eum qui bupliuilHs slt, ut acccplo chrhmule, id est,
iwiclione, liabcre in se graliam Cliristi possit.
Le Pape lunocenl I {A) en fait aussi menlion, cl dis-
(i) Catecb. 22, n. 7.
(2) Oral, il), p. 292.
(3) Epist. 70.
(4) Epist. ad Décent. Eugub., c. 5.
de discus-ions. Il nous siifiild'ajouler ici (pie lous les
auteuis lalins, les sacranienlaires, les rituels prescri-
vent unirormémcnl l'imction du fronl (juaiid ils trai-
tent du sacreinenl de Condrmalion, en sorte que plu-
sieurs de nosdi'cleiirs scliolasliipies (2) ont enseigné
(pi'elle élail la seule nialiere nécessaire el. csseiilielle
de C(! sacrement.
L'iini>osition des mains et l'onclion dont nous ve-
nonsde parler, n"élaic;iil point des cérémonies muellcs :
elles él ient accompagnées de jiaroles sacrées et
d'une grande verlu pour allirer la grâce el la sancli-
Ucalion à ceux sur (pii on les prononçait; et les an-
ciens avaient nu tel respect jionr ces saintes paroles,
(pi'ds les cacbaienl avec grand soin, cl [irenaient
loutes les mesures qu'ils pouvaient pour empêcher
qu'elles ne vinssenl aux oreilles el à la connaissance
des [irolanes. On remanpie ce respect religieux dans
la lettre du pape S. Innocent (jue nous venons de
ciier : il pirlo la précaulion si loin sur ce point,
qu'après les paroles que nous avons alléguées, il
ajouie immédiatement : Je ne pi.iss die Its [.aroles,
de peur ([ue je ne paraisse plutôt trahir hu m.'Stères
que répondre à une consnll:ilio-u. Verba verb dicerc
non poiisum, ne mcnjis prodcre vidcar quàm nd consul-
lationeni respondere. 11 craignait sans doute que sa
leiue ne tombât entre les mains de (piehpi'a ilre que
celui a (pii il écrivait ; car il n'y a poinl d'apparence
qu'il ail v. tilu les caelier à un évèijue.
Les S.icramcnlaires de Gélase et de S. Grégoire
joi-neiit à l'imposition des mains une prièif^ par la-
quelle on invflipie K s sept d(»iis du Saint-Esprit. Sou-
vent même dans celle prière on ajoutait plusieurs
fois aincn. Par exemple, on priait Dieu de répaadre
sur Icsnéopliyles l'esprit de sagesse cl de conseil, et
on y ;ijO!!lail amen, lespril de science el de force,
amen, cl ainsi des autres. 11 y a lieu de croire que
c'étaicnl les assislanl> qui répondaient «me». Nous ne
savons (pielle élail la i.rière qui accompagnait ce ri4
(2) Le P. Sirmond. .,,».,
(1) Alex.Alens.,p.4, q.24;S.Bonav. in4,dist.7,
S. Thom. 5 pari., q. 72, a. 2, ad 1.
165 CONFIRMATION. — CIIAP.
chez les Grecs lorsqu'il y étail en usage ; nous n'a-
vons poiiiUle n)oiMiiiieiil ((ui nous en instruise. Penl-
être celte prière qui se lit dans leur iMichoIogo, cl
qui précède roiiclicui du cln-ènic, ëlail-rlle cIjc/. eux
un rcsic de celle qui élail jointe aulrclois à i'iniposi-
liiin des ni;iiiis. Scignem-, roi de ions et plein de bonlé,
doiinoz-lui le sceau de volrc Ks|)rit Sainl, loiil puis-
sant et adorable, et la coinnnniion du cor|)s et du sang
précieux de voire Christ. Conservez-le dans la sain-
telé, et conlirniez-le dans la vraie foi.
A présent et depuis (piehpn-s siècles dans l'Eglise
Latine, qu md I evè(pie l'ait roiiclion du saint clirèinc qui
suii riniposilion desnuiins, il prononce ces paroles:
Je le marque du signe de la croix, et je le conlirnie
duclironiediisalul, au nonidu Père, du FilselduSaint-
Esfirit. Sujiw te sigiio crucis, et coxjirmo te clirisniute
salulis, in uoiniiie Puliis, etc. Celte formule n'a pas élé
connnnnément en usage dans nos églises avant W, 12'
siècle; et avant ce lenq»s , les paroles qui ac<"onq)a-
gnaient r(»nclion du chrême élaienl lort dill'érenies
suivaiit les lieux et les temps. L'<U(Iro Ilonniin qui a
élé écrit vers le 8* siècle ne conlienl que celle-ci :
Je le confirme au nom du Père ei du Fils ei du Sainl-
Espril. Amalarius (I) lait meniion d'iiiM,' nuire dans
hKpieile eeliii (pii donnait la Conlirniaiion di^ail seule-
ment en faisant Tonclion : In nomine Putiis, et Filii,
et Spiriiùs suiicti , amen. Suivant le léinoignage d"Al-
cuin, qui écrivait vers Pan 778, la même chose se
pratiquait en France avant que l'on y eût intniduit le
rit Uoinain. On invoquait simplement la Trinité |)en-
dant (pie se faisait la chrismaiion sans y ajouter ces
termes ind.c;ilifs : Signo le, confirmo /e, etc. Dans les
Eglisi-s d'Angleierre, la fornuilc de l'onction ne conle-
nail pas même l'invocation de la sainte Trinité. Un
Ponlifical de celle église qui s'est conservé dans un
manuscrit qui a plus de 800 ans, cl qui appartient à
l'église de Uonen, ne conlienl antre chose que celte
bénédiction : Que le Seigneur Dieu toul-puisant qui a
tout créé de rien, et vous a d:)nné dans le Baptême
son esprit et la rémission dtj ions vos péchés , vous
conserve , amen ; que celui qui a donné cet esprit
sainl à ses di!?tii)Ie3 dans des langues de feu, éclaire
vos cœurs par sa splendeur, et les enflannne sans
ces-.e de son amour, tunen , afin qn'élant purifiés de
tous vices et protégés par son secours de toute ad-
versité, nous deTeni<ms sun temple, amen, et qu'il lui
plaise d'acconq)lir, etc.
LePoniilical dEg!)cit, archevêque d'Yorck, qui vi-
vait vers le milieu du 8* siècle , représente celle ru-
brique en parlant de hmclion du chrême : Ici l'évciiue
doit appli(iuer le chrême au front de cet homme, et
dire : llecevez le signe de la sainte croix par le
chrême dn salut en Jésus-Christ Notre Seigneur pour
la vie élernelle , amen : Accipe tiguum sanctœ crucis
chrismate salulis in Christo Jesu, in vitam œiernani ,
amen. Dans le Sacramentaire de Gélase tel qu'on le
trouve dans quatre manuscrits de plus de 900 ans,
on lit ce qui suit : Postea signal eos in ironie ^ dicem :
(i) Lib. de divin. Ofac, c. 27»
I. RITS DE CE SACREMENT. 1G$
I Sigmun crucis in vilatu œternam. R. Amen. La même
cli(»se se lit à peu près dans un ancien manuscrit de
l'église de Reauvais quia a|»parlenu aulrclois à Roger,
évéïpic et premier comte de cette ville. Dcinde fcciat
crncem in fronte cum clirismate, dicens : Signum Christi
in viiiim œiernani , amen.
Nous avons représenlc ces différentes formules
jointes à l'onction du chicnie d'après les pièces rap-
portées par les PP. Morin et Marlèi.e, afin de remplir
le devoir d'historien ; elles sont propres à faire sentir
quel fond on peut faire sur les décidions de quelques
scolasti(|uos, qui suiv(!nt les divers systèmes qu'ils se
sont fornn';s, entreprennent de déterminer avec une
précision mathémati(pn; quelles sont les paroles de la
forme de clnupie sacrement, et en particulier de ce-
lui-ci, Sans avoir ccnisullé les anciens usages, d'où il
arrive qu'ils rejettent celles que les autres admettent ;
et que si on était obligé de se conformer à leurs déci-
sions, il faudrait considérer comme nuls les sacre-
menls qu'ont reçus nos pères. Alexandre de llalés(l)
témoigne (pie de son lenq)s il y avait de la diversité
dans la forme de la Conlirmalion ; mais celles qu'il
en donne pourexenqde difléraient peu entre elles, et
conlenaienl toutes l'invocation de la sainle Trinité ;
ce (|ui n'enqiêcliait pas que toutes ces variétés , tou-
tes faibles qu'elles étaient, ne doimassent lieu à des
dispuies fort écliaulfées dans les écoles.
Après avoir pailé des diverses formules de îa chris.-
mation qui ont élé en usage dans nos églises , il faut
présentement que nous rendions compte de celles dont
se servaient les églises orientales. Celle que représente
encore aujourd'hui l'Eucliologe des Grecs est très-
ancienne. Elle est la même que prescrit le premier
concile de Conslantinople, can. 7, et qui se lit dans de
Irès-anciens Euchologes : elle consiste en ces paro-
les : Le sceau du don du Saint-Esprit, ijifâyi; owpiaj
7tvcO,(/.«To; àyteu. Ils y joignaient d'autres prières en fai-
sant ronclion sur les divers membres du corps dont
nous avons parlé : mais ces paroles que nous venons
de rapporter étaient et sont proj)rcmenl chez eux la
lorme de ce sacrement , et se prononcent quand on
fait l'onclion du front.
Les autres communions orientales ont leurs formu-
les différentes de celles des Grecs. Les jacol.iies de
Syrie se servent pour l'administration du Bapièine de
l'office qu'ils atliibuonl à Sévère, patriarche d'An-
lioche , dans lequel, après que les rils de ce sacre-
ment sont achevés, on lit une oraison préparatoire ,
laquelle e>t suivie de l'onclion du clirème qui se fait
sur tous les membres en forme de croix , et trois fois
sur le front. Pendant que celle-ci se fait , le prêirc dit
CCS paroles : N. recevez le sceau et le signe du saint
chrême de la bonne odeur de Jésus-Christ notre Dieu
par le sceau de la vraie foi , et par le complément du
gage ou du don du Saint-Esprit pour la vie éternelle,
amen. Dans l'office attribué à S. Basile, qui est aussi
à leur usage pour le Bapiéme des enfants en péril de
mort, on trouve cette forme prescrite : « N. est scellé
1 U) 4 part. Sum., quxst. 9, num. 1.
161
HISTOIRE DES SACREMENTS.
iiof»
avec le clirêmc pour le sceau du don do l.i vie éter-
nelle par le S. -Esprit. I Les jiuoitilcsCopliie-, qui sont
ceux d'Egypte, observent à |icii près la inéiiic chose.
Après que le prêtre a récité quatre or.ii oiis sur l'cii-
fanl baptisé , il lui l'ait Tonciioii en Cornic de croix sur
le front, en disant : L'onction du Saiiil-FCs|iiil, aincn.
Ensuite il la lui fait à la boiiclic, aux or< illfs, aux ge-
noux, aux 1 ieds , aux épaules. Joignant à chacune
de ces onctions des paroles convenables. L'ol'lice du
Baptême à l'usage des églises d'Ethiopie est peu dif-
férent de celui des Coplites , du patriarche des(|U(ls
elles dépendent. Il a été auln^lois tr.iduit et iniprinté
à Rome , et on l'a inséié depuis dans la bibliotliC(|ne
des Pères. Il y est porté que le |)rétre fera l'onction
sur le front des néophytes avec le chrême, en disant:
SU unctio Sphitùs sancli, amen; et qu'ensuite il la fera
aux oreilles et aux lèvres , en prononçant ces paro-
les : C'est le gage du royaume des cicux, amen. Il
ajoute quelques paroles semblables en oignant les ge-
noux et les jambes.
Tels sont les rils et les formules qui ont été usités
de tout temps dans les dilférenles églises du monde,
elle sont encore dans ces grandes communions que
le schisme a séparées de l'Église catholique. Les sco-
lastiques qui pour la plupart n'étaient point instruits
de ces divers usages, cl qui n'établissaient leurs prin-
cipes et leurs conclusions que siu* ce qu'ils voyaient
se pratiquer de leurs temps et dans les lieux où ils
demeuraient , ont beaucoup disputé sur la matière et
la forme de la confirmation , et par une suite néces-
saire de l'ignorance où ils étaient de ces différents
rits , en ont parlé de façon à faire entendre que la
plupart des chrétiens n'avaient plus et n'avaient ja-
jnais eu ce sacrement. Leurs sentiments même étaient
forts partagés. Les uns enseignaient que la seule im-
position des mains avec la prière qui l'acconqiagne en
étaient la matière et la forme. Les autres au con-
traire n'accordaient cette prérogative qu'à l'onction
du Chrême jointe à la formule qui lui est propre. De
ceux-ci, les uns voulaient que l'imposition des mains
ne fut qu'une simple cérémonie. Les autres ensei-
gnaient qu'elle était à la vérité sacramentelle , cl
partie intégrante du sacrement; mais qu'elle n'était
point de son essence; comme la main, par exemple,
dans l'homme fait partie de l'homme , quoiqu'elle iie
soit pas partie essentielle de l'iiomme. D'autres enfin ,
souliennent que limposition des mains et l'onction
>ont toutes deux également matière essentielle mais
prirtielle. De quel côté se ranger dans un tel partage?
Nous ne connaissons point de meilleur parti et de
plus assuré que d'observer religieusement et exacte-
ment tous les rils qui sont en usage dans les lieux
où la providence nous a placés, laissant aux autres à
disputer du plus ou moins de valeur de ces différentes
cérémonies. Voilà , ce me semble, ce qu'on peut fiiire
de mieux et de plus conforme à l'esprit de l'église.
Il reste néanmoins encore une dilliculié sur cette
matière, laquelle embarrasse souvent les théologien-,
es plus habiles et les mieux instruits de la discipline 1£ (1) Pcrpt'f. de la foif tom. 5, p. 175
anciermc et moderne de l'Église C'est Tomission de
celle inq)osition des mains dans ce sacrement , que
nous voyons s'être introduite chez les Grecs et les
autres Orientaux , et qui est très-ancienne, comme
nous l'avons vu. De savants hommes se sont apiibipiés
à lever cette diflicidté, dont ils ont senti tout le |ioids.
Les uns ont dit que rinq)osition des mains s'élail en
(|uelque sorte conservée chez eux, et qu'elle étai»
devenue mie même cérémonie avec l'onction du
chrême sur le fit)nt, qui ne peut se faire qu'en élt-n-
d mt la main sur ia tête de celui que l'on confirme.
D'autres se moquent de cette solution qu'ils traitent
de vaine cchapaioire: puisque, selon eux, on pourrait
dire de même que le baptême se fait par l'impositioa
des mains , l'uifiision de l'eau sur la tête d'un enfant
ne se pouvant faire qu'en étendant la main sur lui.
Cependant on ne doit pas mépriser cette réponse,
surtout, si les Grecs Oht intention, en faisant la chris-
mation d'imp;scr en même temps les mains. Or il
parait qu'ils l'ont effeclivemenl par ces paroles re-
manpiables de la confession de foi de Jean Paléologue.
l'n autre mystère est celui du chrême du sacré par-
fum (I) qui se donne par l'imposition des mains de
rÉvêque qui fait l'onclion. X>/î//îîT/;aiov zo'ù yphiMTOf
ypiCf-JZOi ïTitOiôoTai.
Je me souviens d'avoir lu autrefois dans les ouvrages
posthumes du père Morin ime autre manière de ré-
pondre à cette difficulté qtii me paraît fort ingénieuse,
et propre à tirer d'embarras. Elle est de l'éditeur de
ses ouvrages , et elle consiste à dire que, tant l'impo-
sition des mains avec la prière qui y est jointe, que
l'onction du chrême avec sa fornude, sont chacune
en particulier la matière et la forme complète, ou
pour parler le langage de l'école , adéquates de ce sa-
crement. En sorte (jue , soit qu'on emploie l'un
et l'autre rit ensemble, soit qu'on n'en emploie qu'un,
le sacrement se trouve tout entier et produit également
son effet. C'est aux théologiens à examiner si cette
réponse est aussi solide qu'ingénieuse. M. Tourneli
dit qu'Estius l'insinue, et que le cardinal Bellarmin
la croit probable. Je n)'en rapporte à ceux qui ont
plus de lumières que moi , et je laisse le toul à la dé-
cision du siège apostolique. Quoiiju'il en soil, puisque
dans les dilTérentes réunions de l'Église Grecque avec
la Latine on n'a jamais obligé ceux-là à recevou- de
nouveau la confirmation , ni à changer les lils avec
lesquels ils la dtument , nous devons croire sans
crainte de nous tromper qu'ils donnent validement f o
sacrement. On peut voir, dit M. Renaudot (2), par les
deux dissertations de Holstenius sur la confirmation ,
inquimécs à Rome par les soins du cardinal Frani^ois
Barberin, alors préfet de la Congrégation de propa-
gaiidà Fù/e, etqui était de toutes les autres Congré-
gatioiis, qu'on ne croyait pas à Rome que la confir-
mation des Grecs fût nulle et abusive , puisque ces
(I) Apud Allaiium , I. 3 deConcord.c. 16. (Vid.vol.
18 Cnri.cumpl. Thfol.)
169 CONFIRMATION. — CIIAP. 11.
dissertations furent faites poiirenipècluT divers cliaii-
genieiils proposés pnr des missiuiMiaires peu savaiil-;,
et fort scriipiileiix pour clajjlir en Oriiiil jn^fiu'aux
moindres cérémonies qui sont présentement on us g(î
piirmi nous, et (encore plus hardies piuir condnunier
celles de raucienncÊglisequ'ils ne coiinaissaieiil point.
Arcudius et Allatius iiit jnslilié les Grecs suilisaiii-
ment : M. Ilabert , le P. Sirniond , le V. .Morin , et
tous les plus grands hommes du dernier siècle ont été
dans les mêmes scnlinienls. Ce sont eux qu'il faut
suivre, et non pas dos ignorants desipiels liolsleniiis
a dit avec beaucoup de raison, qu'on devait leur im-
puter le schisme déi)lorable qui a divisé depuis ^i
longtemps les églises d'Orient et d'Occident , à ceux
principalement qui oubliant la charité chrétienne,
veulent par une démangeaison de disputer, mettre
en question toutes les choses (jui se font suivant un
rit dillcrcnt parmi les autres. Tels étaient ceux qui
dans la Dulgaric donnaient laConfu-mation n ceux qui
l'avaient reçue avec le Baptême par les prêtres Grecs.
Ce fut ime des plaintes (lue fit Pliolius contre les
Latins, ajoute .M. Uenaudot , dans sa lettre circulaire
aux Patriarches d'Orient, et elle était forulée en rai-
son, comme le remarque Ilolsteniiis. C'est ce que
font encore présentement ceux qui croient que la
moindie diversité dans les rils renverse la religion.
Avant de terminer ce chapitre il est bon d'avertir
le lecteur que les Anglicans ont conservé jusqu'à pré-
sent une cérémonie qui lient lieu chez eux de Confir-
mation, quoi(jue, selon leur principe j ce ne soit plus
qu'une pure cérémonie vide de grâce , à laquelle ils
donnent néannn>ins le nom de Confirmation. Elle
consiste dans l'imposition des mains de l'évèciue, après
un renouvellement de profession de fui. Le docteur
Hammond a beaucoup écrit pour défendre cet u.sagc
de légiise anglicme contre le niinisire Daillé qui s'en
moque avec les presbytériens, cl qui raisunuc en cela
plus couséquemnieut que les Anglicans en suivant les
principes qui leur sont comnnms. Mais si les Calvi-
nistes suivaient mieux les principes de la réforme, en
retranchant cette inqtosilion des mains, parce «pi'ils
prétendent qu'elle ne produit aucune grâce ni saneti-
flante ni gratuite; l'église anglicane est louable par le
respect (pi'elle a eu pour l'anliipiilé, en conservant
au moins une partie du rit par lei[uel nus pères rece-
vaient le Saint-Esprit, et qu'il est encore à présent
communique aux fidèles dans l'église catholique.
CHAPITRE IL
De la bênédiclion du chrême , de son antiquité , com-
ment elle se faisait tant en Occident que chez les
Orientaux. Messe chrismale. Cette bénédiction se fait
avec grand appareil en Orient. Elle est réservée par-
tout aux seuls évoques.
Le chrême dont nous avons parlé dans le chapitre
précédent n'était point de l'huile ordinaire, mais elle
était bénie et consacrée par la prière sur l'autel même
où se faisait la consécration de l'Euctiaristie. S. Cy-
TH. XX.
BÉNÉmcTioN nu cimtME. m
prion (I) nous apprend cette rircf^nstar.rc , et il ca
cmielnt eonire les liéiéiiqin.-s qu'ils ne peuvent saue-,
tilier celle liude, n'ayant ni églises i.i autels. Sanctim
ficare anteni non potuit olei crcaturam , qui nec ultara
tiabuit, ncc ecclesium. D'où il infère, outre cela, que
ceux qui sont séparés de lEglise ne peuvent avoir
l'onction spirituelle; Ihuile qu'ds emploient aux onc-
tions des baptisés n'ayant pu être sanrliiiée chez eux :
L'nde nec unctio spirilualis cpud liœrelicos potesl esse^
quando ccnitet oleum tanclificdri..,.. apudillos umninb
non posse. Quoi qu'il 6u sbit de ce raisoririeinf^.'it de
S. Cyprien , on y voit (jUft la lj<;iiédietion du clu-ême
était bien établie do son temps : ce qui sufiit i>our le
sujet que nous traitons ici. S.Basile (2) en fait remon-
ter l'origine jusqu'aux apôtres, ainsi (jue la consécra-
tion de l'eau du liiplôm© : el S. Optât de Miîèvc (3)
qui vivait en même temps en Afrique , dit (pio Ihuile
que l'on consacre par la vertu du nom de Christ, qui
veut dire, oint, et qui rnafvine l'onction même, s'ap-
pelle Chrême pour co sujet aprèî cotte consécralioa,
par( c que Chrisma el Chrislm viennent d'une mcine
origine.
S. Cyrille de Jérusalem lui attribue une telle
vertu, qu'il compare cette huile mêlée de baïune après
qu'elle a été ainsi sanctifiée, au pain Encbarislicpio, et
qu'il assure qu'elle opère par la préscnec de la Divi-
nité. Au reste, dit il , ne vous iina;^incz pas que ce
parfum, y^^îv, soit une chose commune. Car de môme
que le pain de l'Eucharistie après l'invocation du
Saint-Esprit n'est plus un pain ftïdinainî , nnis le
corps de Jésus Christ , de même lo saint yiaj l'oiu
n'est plus quelque chose de simplf, ou si Vous vo'ùoz,
de profane , mais un don de Jésus Christ, Xp-.^rcv
yà:i-ijx, et du Saiut-Esprit , qui es>. devenu efficace
l)ar la présence de la Divinité : Itz^ovra -?,i i:jtoD
('ciTr,T5,- î^e^vort/.iv vtvoy.î.c;. Il ajoule , OU l'applique
symlioli(iueincnt sur le front el sur les autres sens,
et on n'oint visiblement que le corps ; mais en même
temps l'àme est sanctifiée par l'Esprit saint el vivi-
fiant. Plusieurs mamiscrils ont -a.poii-!.y.i au lieu de
-aîîu7>. , ce qui signifie que le chrême produit la
présence du Saiiit-Espril , et qui ne prouve pas nuiins
la force et l'cflicace qu'il reç/>it pr la bénétru tion.
Cet éloge (pie fait S. Cyrille de la bénétiii tion du chrême
est si pompeux, que ceux qui nient la pri'soncc réelle
de Jésus-Christ dans l'Eucharistie eu ont tiré des in-
ductions en faveur de leur op nion , mais ils n'ont
point fait d'attention aux expressions dont se sert ce
Père : car en parlant du pain Eucliarisliquo, il dit,
qu'après la consécration, il n'est [dus de paisi simple,
mais le corps de Jésus-Christ. .\u lieu qu'en parlant
du changement survenu à l'huile ainsi sanctifiée , il
se conlcnte de dire qu'elle est devenue un don de
Dieu capable d'opérer la sanctification des âmes. En
un mut il assure de l'un (lu'il a chanué de nature, el
(l)Epist. 70.
(2) De Spiritu sancto, c. 17.
(5) Lib. 7 do Selii^m.
171
il enseigne que l'autre a seulement reçu une vertu
divine : par où il caractérise bien ilifféreniment ces
deux consécrations. Gabriel métropolitain de Phila-
dclpliie qui a composé un beau traité des Sacrements
selon la inéiliodc de nos scolastiques , qu'il avait ap-
prise à Padoue où il avait étudié , a prétendu (jue la
, forme du sacrement de Confirmation consistait dans
j les prières de celte bénédiction du cbrcme : en quoi
l il se rapproclie en quelque l;iÇon du sentiment de
I plusieurs de nos théologiens. En Orient , aussi-bien
1 que dans nos églises, le privilège de la bénédiction du
I chrême avec lequel seul on administre la Confirma-
\ tion, est réserve aux évoques, et même, selon M. Re-
naudol (1), dans le patriarcliat d'Alexandrie depuis
plusieurs siècles elle n'est faite que par le patriarche.
On voit par l'histoire des Jacobites que, suivant l'usage
ancien , les patriarches d'Alexandrie allaient ordinai-
rement passer le carême dans le monastère de S. Ma-
cairc , et (pie le jeudi-saint ils y faisaient la bénédic-
tion du chrême qui était distribué daus toutes les
églises dM-lgvjitc ; et on en envoyait même en Ethio-
pie; car le inolropoiilain , qu'on appelle par abus pa-
triarche, n'avait pas ce droit. Il paraît aussi par divers
endroits de riiisloire Nestorienne que leurs catho-
liques en usaient de même : Plusieurs églises d'O-
rient ont sur cet article une tradition très-apocryplie à
la vêrilé, mais rpii dans sa fausseté conserve les traces
d'une véi ilé fort ancienne C'est que lorsque la femme
poclien sse versa de l'huile précieuse sur les pieds de
Jêsiis-Ciirisi, les disciples en recueillirent une partie,
et qu'avant Iciu' séiiaralion pour aller prêcher l'Evan-
gile, ils partagèrent entre eux ce qu'ils en avaient, et
qu'ils le laissèrent dans les églises qu'ils fondèrent
où on la mêla avec celles qu'ils bénirent, de soric
que jusqu'à ce temps le chrême est comme un re-
nouvellement de cette première liqueur.
! On le prépare tant cliez les Orientaux que chez les
Grecs avec un grand soin, et il y a sur cela un livre
entier qui comprend un grand nombre de prières , les
aromates qui doivent entrer dans la composition , et
la manière de les faire infuser, et de les cuire. Ce
traite regarde l'église Cophie, et il ne contient rien
qui ne soit observé parmi les autres communions. Le
patriarche Gabriel en parle assez au long dans son
r«itucl , de même qu'Abulbircat, l'auteur de la science
ecclésiastique , et divers autres. Outre l'huile et le
baume , ils emploient de la canelle , de certaines
' ^ fleurs que nous ne connaissons pas, de l'ambre, du
\ ] bois d'alocs,qui est le nom que plusieurs donnent à ce
( bois odoriférant si précieux en Orient, des clous de
I girolle, des noix muscades, du spica nardi^des roses
f ; rouges d'Irak , et d'autres choses : et la préparation
^■- s'en fait dans l'église par les prêtres avec beaucoup
de prières. L'Euchologe des Grecs marque jusqu'à 40
espèces d'aromates et de parfums qu'ils font entrer
dans la composition du chrême. A l'égard des céré-
monies qui accompagnent cette bénédiction ou con-
(i) Pcrpêt. de la foi , tom. 5, p. 171 et seq.
niSTOIRE DES SACritMENTS. 173
sécration du chrême, on peut remarquer, dit M. Bail-
let fl), qu'il n'y en a gucresdans l'Église que l'on ait
voidu faire avec plus d'appareil. II n'y avait rien de
plus augdsle chez les Grecs après les rits des redou-
tables mystères. C'est pour cela , ajoute-t-il , que les
patriarches de Constanlinople ont évoqué à eux la
faculté de consacrer le saint chrême. lisse faisaient ac-
compagner dans cette grande cérémonie de leurs mé-
tropolitains , et des évêques leurs suffraganls qui
avaient avec eux une nudiitude de prêtres. Comme il
aurait été incommode d'assembler tant de monde si j
souvent, ils en consacraient à la fois une grande pro- i
vision : ce qui faisait que la cérémonie ne se réitéraii,''
pas tous les ans, et ne pouvait même se faire toujours
le jeudi-saint. Les patriarches de Constanlinople
étaient si jaloux de leur privilège sur ce point , que
l'un d'eux vers l'an 1200, refusa an primat de Bulga-
rie et de Walaquie la permission de faire le saint
chrême. Le roi des Bulgares et des Walaques
s'étant réuni avec ses peuples à l'église Romaine ,
s'adressa au Pape Innocent III , ce que (il aussi le
primat du pays nommé Basile. Le Pape accorda avec
plaisir à tous les évêques de Bulgarie et de Walaquie
la faculté de consacrer le saint chrême, l'huile des
catéchumènes, et l'huile des infirmes au jeudi-saint,
suivant le rit et l'usage de l'église Romaine.
Dans l'église Latine, quoiqu'on ait fait paraître
plus de sinq)licité, moins de frais et de magnilicencc
pour la consécration dont nous parlons, la cérémonie
en a toujours été auguste et fort solennelle. Nous nous
contenterons de remarquer que l'évoque doit être as-
sisté de douze prêtres cl de sept diacres avec autant de
sous-diacrc!^, et d'autres clercs inléiieurs. Ce qui pa-
rait avoir élé formé sur ces temps de l'antiquilé chré-
tienne , où le collège des ministres de chaciue église
calhédiale était composé de douze prêtres , de sept
diacres et d'autant de mineurs pour l'administralion
du diocèse, et le service de l'évêque etdu peuple.
C'est de tout temps que la consécration du chrême
a été considérée comme une fonction réservée aux
évêques, et le 1" concile de Tolède, tenu en iCO
(c. 20), ayant sçu que quehiucs prêtres se mêlaient de
la faire en certains lieux, leur défendil d'entreprendre
ainsi sur le droit et la puissance èpiscopale. C'est une
défense qui avait été faite dans le l*' et le S™* con-
cile de Carthage (2), et qui fut renouvelée encore de-
puis par le pape Gélase I. Il est vrai que, selon ce que
nous apprend Jean Diacre de l'église Romaine, on
voyait encore au neuvième siècle de simples prêtres
faire le saint chrême, mais c'était par une permission
particulière des évêques, et dans l'Afrique, c'esl-à dire,
dans un pays qui, gémissant sous le joug des Sarrasins,
se trouvait dans une grande disette d'évêques.
Il paraît que dans les quatre premiers siècles il n'y
avait point de jour affecté pour cette consécration.
Cha(|ue èvêque choisissait le jour qui lui clail le plus
commode ; (c'est toujours M. Baillet qui parle), il y a
m
1) Fêtes mob., Jeudi-Saint.
2) Carlh., c. 5; Mabil., Mus. lUl., p. 75.
475 CONFIRMATION. — CIIAP. II. Dl'NÉDICTION DU CHREME. Î74
iiii^me "rnnde apparence que l'on ne faisait la Lcncdic- î (iiiaml on ne pouvail coiuliiiro à révcque ceux dont
(ion il.'S huiles et il» Clirèmc qu'à mesure que l on eu
avait l)e>oin. Le 1" concile de Tolède dit (iiie c\'t;iil
une cliose constante et hors de coulcstrtiion (jue révèque
ï pouvait faire le saint chrome en tout temps. 11 ajoiile
I seulement que l'évè(iue parliculier de cha(|uc diocèse
devait envoyer avant le jour de Pà.iues un diacre ou
un sonsdiacre à révèque qui dislrihuail le saint chrême
qu'il avait consacré pour le jour de celle fèic , c'est-
à-dire, saus doute, pour le Baptême que l'on devait
) administrer solennellement la veille. Ce fut apparcm-
la nécessi'.é de la maladie ou la conjonclurc de quel-
que çrand péril avait f.iit accélérer le haiiléme; le
Iii#rc qui leur avait ;'.diiiinislré ce s.icrcnicnt devait
en quelque sorte y suppléer en leur faisant l'onction
vcrlicalo. Le i" concile d'Orange (can. 2), veut pour
ce sujet, qu'aucun des ministres de l'Église tjni ont
reçu le pouvoir de haptiscr, tels q\i'étaient certains
prélrcs et dia( res préposes pour gouverner des pa-
roisses, n'aille nulle part sans porter avec lui le saint
chrême. Nullits ministromm qw baptizmidi recepit
nient au cinquième siècle que l'on s
accoiilnma dans |j' ofjicium, sine cltrismate usquiun progredi débet. Celte
les églises d'Occident à prendre le jeudi de la semaine j
sainte pour celte cérémonie : et la messe que nous en |
trouvons avec la prière de la béiiédiction des huiles |
dans le sacramenlaire qui porte lo nom deCélase, est |
jugée plus ancienne (pie le siècle de S. Grégoirc-lc- |
Grand. L'usage s'élant fortifié passa depuis en cou- !|
tunie, et ensuite en loi. De sorte que le concile de |
Meaux lit un décret l'an 8io (can. 4(i), pour défendre
règle élahlic par les Pères d'Orange, ré, and du jour
sur une difiicnllé qi:e l'on pourrait former à l'occasion
do ce qui est rapporté dans la vie de S. Boniie (1),
cvèquc de Clcrmont , où nous lisons que ce Saint étant
en cliemin rencontra deux éuei gumèncs qu'il confirma
par l'imposition des mains. Sur quiti ceux qui pré-
tendent que la seule matière Cbsenliello de 1 1 confir-
mation est l'imposition des mains pourra icnts'auloriser:
loulévè(|ne de faire le chrême en aucun autre jom- J '"'^'S on peut leur réiioudre qu'il pouvait fort bien y
que la cin(piièmc léric de la grande semaine, qui porte
le litre spécial de la Cène du Seigneur. Cela ne rc- i
gardait encore que la police des églises d'Occident; |
et les papes ont fait connaitre que la diversité qui se I
trouvait à cet égard dans celles d'Orient ne ferait
point d'obstacles à la réunion, dès que l'on forait cesser
les autres sujets de division qui étaient tout anlremcnt
ùrporlanls. D'ailleurs leurs rituels ou cuchologes
leur prescrivaienl le jeuili-saint pour cet office.
11 n'y avr.il d'abord que le saint chrême que l'on se
crut obligé de consacrer le jeudi- saint, et ce ne fut
que la vue d'imc plus grande commodité qui y fit
joindre ensuite la bénédiction de l'huile des infirmes
Cl de l'huile des caléclmmèiies. On préieiid avec fun-
dcmenl que la plus ancienne est celle des infirmes.
Nous voyons en eflét que les bénédictions de la messe
qu'on appelle chrismale , et qui élail la seconde des
trois messes du Jeudi-Saint, commençaienl par celle
de l'huile des infirmes dans les plus anciens sicra-
merdaires de l'Eglise, et l'on s'est fait une obligation
de suivre cet ordre dans la suite des temps. Celait la
1 lins sinqile des bénédictions.
,] Elle était suivie de celle du saint chrême (1),
^( 1 celle-ci de celle de l'huile des caiéchiuuènes que
if on appelle autrement huile exorcisée, d'un nom qui
ï li est propre , quoique l'on exorcise aussi l'huile des
\ ifirmes et l'huile dont se fail le chrême. Celle bé-
nédiction précédée de l'exorcisme est plus ancienne
que celle du chrême dans l'église ; et on ne la voit
pas beaucoup inférieure à celle de l'huile des infirmes.
Il en est souveni parlé dans les écrits des Pères.
Nous avons eu lieu nous-mêmes d'en parler fréquem-
ment dans la premiéi'e partie de la première section
de ce livre.
On regardait l'onction du saint chrême comme une
chose si nécessaire dans les premiers siècles , que
(i) Ménard, ad Greg., p. 75; Robert. Paul, sub no-
tûiiie llug., S. "Viol., 1. 5 de divin. Offic, c. 18.
joindre l'on! lion du chrêiue tpie les minisires |)or-
tiîient avec cuà dans les voyages , comme l'ordonne
le concile dont nous venons de citer les paroles.
Comme l'on portait auirefois grand respect au saint
chrême , et qu'on lui attribuait une irès-grande vertu ,
celle croyai.ce dans cerlains pays, dégénéra en aiius,
et il se trouva grand nombre de personnes siuq)les
qui s'en servaienl comme d'un remède ordinaire con-
tre les ntaladics. Il y eu eut môme qui passèrent plus
loin, cl qui rcn^i)loycreiil dans les maléfices;
abus énormes que plusieurs conciles (2) Aireul con-
traints de réprimer par les peiii'js les plus sévères. Le
l.iS' capiliibiire du livre cinquiè.ne ordonne à ce sujet
aux prêtres de tenir le sa: ni chrême ( nf.'rmé so;:s le
sceau, et de n'en (ionner à personne si us piétcNie de
remède, cl de malé.'ice, cl cela so!:s p ine île déposi-
tion. Presbijlcri sttb sigiHo custodiunl (Itrisiuu, et nitlli
snb prœlexln medkinœ , vd iiutleficii, douars inde prœ-
siimaut ; quod si fcceriiil honore privcn'ttr. Dans le
même livre on décerne une peine bien pbis rigou-
reuse.Car il y csldil, mim. 104, que si un prêtre donne
le chrême pour cn;pcclicr le jugement, ou plutôt pour
empêcher do parvenir à la conniissance des crimes
dont on informe, il sera dépo é, et aura la main cou-
pée ; et manum aniillat. Ce qui fail voir que l'on per-
lait la superstition jusqu'au point de s'imag'ner que
si un criminel trouvait le moyen de se froller avec
le chrême, ou d'en avaler, ou ne pouvait découvrir
ses crimes, quelque enquclc que l'on en fil. C'est
ce que nous apprenons entre autres du concile de
Mayence qui vient d'être allégué. Nam criminososeo-
dcin cliri.^mate uiiclos aut pnlalos ncquaquàm nl!o exa-
mine deprehcndi posse à viullis pnlnbatur. Ce fut c&
moiif qui engagea le concile de Tours du même temps
d'ordonner aux prêtres dans son \ iugtième canon de ne
(1) Act. SS. ord. S. Bened., seculoo.
(2)Conc. Arelal. 6, c. 18;concil. Mogunt.,an.815,
1 c. 27.
I its rrisTOlUE des
point lircr le saint chrome de rnrmoirc dans Inqiiellc j,
on le tenait eiift'rnié, ni d(î le n»ctlre à fi(»i lée de pou-
voir être louclié par persoiîiie. Celle ridicule iniagi-
nalion n'était point encore effacée de l'esprit des j
peuples sur la lin du onzième siède. Car nous voyons
'• dans le recueil de Bnrciiard de Wornis (1), qu'un des
articles sur lesquels on inlerrogoaiidans la conftasion
était celui ci : Avez-voiis hu du chrême pour empê-
cher l'effet du jugement de Die»? Uibisli chrisma ad
iubverteiiduin Dei judicium? Les coiislilulions syno-
dales que publia le savant Isidore Clarius , moine du
Mont-Cassin, et depuis évé ,ue de Foligni, dont I éru-
dition s'était fait admirer au concile de Trente,
font voir (|ue la superstition qui fait abuser du saint
chrême n'était point encore éteinte de son temps en
Italie , et prouvent en mcme-temps le respect qu'il
Toulait que l'on cftt pour ce parfiun san( tifiant. Que
l'on garde honorablement, dil-il, le corps de Noire-
Seigneur dans une boîte propre et honnête, et qu'on
l'enferme sous la clef avec la sainte huile dans un
lieu décent destiné h cet usage; que si quelques pa-
roisses n'ont point le corps de Notre Seigneur, que
Von en use ainsi à l'égard de l'huile sainte , et cela
principalement afm qu'on n'en puisse point emporter
pour s'en servir à des enchantements.
CHAPITRE III.
Du temps et du lieu dans lequel se donnait la Confirma-
tion. Quand , et par quels degrés on a changé Can-
cienne coutume delà donner ausiilôt après le D.iptème.
Nous avons eu lieu ci-devant de parler du temps
auquel on avait coutume de donner anciennement la
Confirmation. Mais comme nous avons traie cette
matière trop succinctement, et seulement par raj)-
port au Baptême dont la Confirmation était autrefois
comme une suite et un complément , il est bon de la |
reprendre ici, et de lui donner quelque étendue.
Les passages de Terluliien, de saint Cyprien et des
autres que nous avons allégués dans le | remier cha-
pitre de cette section, prouvent iiiconlesiablemenl la
coutume ordinaire de ne point séparer la Confirmation
duBaptème.Noiisiryjoindioiisici qu'un Irait d'histoire
dont nous avons pour garant S. Augustin, qui dans
un de ses sermons parle d'un enfant qui ayant éié
ressuscité par les mérites de S. Etienne , fut aussiiôl
apporté aux prêtres par sa mère (car il n'était que ca-
téchumène), fut baptisé, reçut l'onction sainte et l'im-
position des mains, et enfin mourut aussitôt après
avoir été sanctifié par tous les sacrements; baplizalus
est, sanclificatus est, iinctus est, imposila ei manus est,
eomplelis omnibus sacramenlis ussumptus est.
Cet usage continua dans l'Église jusqu'au treizième
siècle, et même au-delà, non que tous ceux que l'on
baptisait reçussent la Confirmation en même-temps
que le Baptême (car la chose était souvent imprati-
cable), mais jusqu'à ce temps , quand l'évéque don-
nait lui-même le Baptême, ou qu'il était à portée du
1) Lib. 19, et can. 3 synodi Tribut.
SACREMENTS. «IS
lieu où il se donnait, et encore plus lorsqu'il se don-
na.t en sa présence, ces deux sacrements étaitnt in-
séparablement unis ensemble, au moins dans la plu-
part des églises. Nous avons dit que la chose était
souvent impraticable ; cl la raison en est claire : car
si un prèlre, par exemple, ou un diacre qui avait reçu
le pouvoir de baptiser voyait u:ie | ersonnc en danger
de mort dans l'fiidroit (|ui lui était confié, ou même
ailleurs, il ne pouvait lui refuser son ministère, même
dans les premiers siècles, il devait lui donner le
Bapicme; mais il n'avait pas le pouvoir de donner
la Ccnfirmalion. Aussi voyons-nous que le concile
d'Elvirc ordonne que ceux qui auront clé ainsi b:i|)li-
sés par les prêtres ou les diacres seront amenés à l'é-
véque pour recevoir de lui la peifcclion.
De plus, (juand on eut érigé des baptistères dans
les églises de la can)pagne, il était impossible que
ceux (jue Ion y baptisait reçussent la Confirmation
en même temps que le Bapiéme, les prcircsqni gou-
vernaient ces églises n'ayant pas le droit de conférer
ces deux sacrements, mais le premier seulement : ce
|touvoir ayant toujours été réservé à l'évéque, surtout
en Occident, comme nous \errons dais la suite de
cette histoire. Quand donc nous disons que la pratique
de d(mner la Conlirnialion en même temps que le
Baptême s'est conservée dans l'Église jnsipi'au trei-
zième siècle, nous voulons dire seidement que l'on
joignait ordinairement ces deux sacrements (inand la
chose se pouvait faire de la sorte, au moins dans la
plupart de nos églises. Pour ce (jui est de celles d'O-
rient vous avez vu dans riiisloire du Baptême qu'elles
obscrvcntencoreaiijouririmi inviolaiilemeiit cet usage.
Le l'onlilical de l'église d'Aiiamce, dont h; manuscrit
est de l'anl 214, conlirme ce(iue nous venons de dire,
lorsqira|)rès tous les rits du Baptême, il prescrit, (pie
si rcvè([uc est présent, il doit aussitôt confirmer avec
le clirème, cl (biiiner la communion, selon la cou-
timie de qu(!l!iues églises. Secundimi cousucludiiicin
qnarumdamecclesiarum. Paroles qui montrent que l'u-
sage dont nous avons parlé, de la manière dont nous
l'avons exi>rK|né, subsi>tait encore dans le treizième
siècle, quoicpi'il lût déjà aboli dans |d'isieurs. Le ri-
tuel manuscrit de l'église de Reims que l'on garde
dans l'abbaye de S. Rémi , (|ui est posiéiieur à celui
dont nous parlons, nKmtreque la même coutume n'é-
tait point encore abolie dans cette église : cl le ponti-
fical de l'église de Noyon, de même que le rituel de
Nivclon, second évêqiie de Soissons, dont le premieî
est à S. Rémi de Reims et l'autre à S. Corneille de j
Compiégne , tons deux , suivant le P. Martène (1), à ]
peu près de même temps que le rituel manuscrit de
Reims , sont des témoins irréprochables (pie toute la
province de Reims ne s'était point départie de l'an-
cien usage, toujours dans le sens que nous avons dit,
si l'évéque était présent. Nous lisons de plus la même
chose dans l'ordinaire de H'glise de Vienne , une des
plus anciennes des Gaules, lequel a été imprimé il y a
environ 140 ans, et dans le missel romain publié cn-
(1) De ant. Eccl. Rit., tom. 1, c. 2, art. i .
177 CONFIRMATION. — CIIAP. III. TEMPS ET LIEU AUXQUELS SE DONNAIT CE SACR. 178
viron cent ans auparavant , et acconinioJé à l'usage
des frères mineurs.
Tons ces lémo gnngcs prouvent sans doute (jue l'an-
cien >isage s'est conservé au-dolà du (reiziènie siècle .
mais ils ne pronvcnl pas qu'il se soil conservé parliml ;
c'est ce que nous ne prétendons pas aussi. Cependant
quoicpi'il se Iroiire des rituels plus anciens (luc
ceux que nous avons cités, qui, en tiaitanl de l'ordre
du r.apièuie, n.- lont aucune nienlinn de la Confirma-
tion, et cnire autres un du monastèrcde Kemiremont
déplus de GOO ans; il ne s'ensuit pas que ancien
usage fut abrogé dans les diocèses d'où ces rituels ou
missels nous viennent : car dans ce temps là comme
tous ces livres étaient manuscrits, il pouvait fort hien
arriver, et il n'v a p;is lieu de douier qu'il n'arrivai
souvcnl,quequandqiielqu'un transcriviiil quehpic livre
de celle espèce, il n'y mît que ce qui était d'usngedans
le lieu et l'église particulière pour laquelle il était des-
tiné; et comme dès avant le temps dint nous parlons
on nejoigniil point, et même on ne pouvait joindre
laCunîirmationauUaptcme dmsles éi,li>es qui élnienl
fort éloignée:, de la ville épiscopale , ou pouvait faci-
leuieiit omettre dans les riluels destinés à ces en-
droits là le rit (le la Coiilirmation, après avoir décrit
ceux qui regardaient le l'aplème.
Cela est d'aiit;.iit plus vrai que dès le quatrième
siècle on séparait l'administration de ces deux sacre-
ments dans les églises où les évêques i:e résidaient
point, et (pii étaient éloigné s du sié^-,'e épiseopal.
C'est en conséquence de cela que S. Jérôme dans
sou dialogue contre les Lucifériens , dit : Je ne nie
pas que ce ne soit la coutume des églises que l'évécpic \
vienne pour invoquer le Saint-Esprit, et imposer les
mains à ceux qui onlété baptisés par les prêtres et par
les diacres dans lesp(!lilesvilb'S éloignées. !Son quidcm
abnuo liauc esse ccclesiariim consnetudiuem ut ad eos qui
longé in ininoribus urbibus per presbijteros et diacoiios
baptizali siint, e])iscopns ad invoculionem Sp'ititùs sancii
niaiiHin impusitnrus exatrrat. Ce dernier mot semble
marquer que les évè(pies se pressaient d'aller donner
la Conlirmalion aux nouveaux baptisés, afin de la sé-
parer le moins qu'il était possible du Ba|)lème auquel
elle était ordinairemet jointe. C'était dans cette vue
que S. CiUbbert, au rapport de IJède (1) , p.ircourait
avec grand soin les paroisses de son diocèse pour con-
férer ce sacrement aux néophytes. Ct... nuper bap'A-
zatis ad accipiendum Spiritùs saucli (jratiam tnantts iin-
poneret. C'est par la même raison que tant de con-
ciles (2) recommandent aux évéqnes de visiter leur
diocèse pour administrer ce sacrement, etaux pi'ètres
de tenir prêts les nouveaux baptisés à le recevoir. Dès
les neuvième et dixième siècles lors même que l'évcqiK!
baptisait par lui-même, ou (jue les |)rêlres le faisaient
en .«-a présence, on commença à séparer dans (picl-
ques églises le sacrement d.' Conrirmation de celui du
JJa|itème ; soit à cause de la multitude de ceux à qui il
(i) VilaS. Cnth., c. 29.
(-2) Suess. ann. lU, can. 4; Cabill. II, ann. 813,
li. Cl alla.
fallait le doimiT, la nuit «le Piques ou de la Penlecôla
ne sullisant pas pour conférer ensemble ces deux sa-
crements, .soil pour quel(|nes autres raisons qui nous
sontiiiConnncs.C'cstccqu'onlildansla vie de S. Udal-
lie (I), évêquc d'Angsbourg, dnni il es» rapjiorté qu'il
avait la eoiilunn; de donner la Confirmation le lende-
main de Pâques dans l'église de Sainte-Alrc , après
avoir célébré la messe. Ilaban qui vivait dans le siècle
précédent , assigne pour celle importante cérémonie
le huitième jmir après le Ba| lême, auquel les Néo-
phytes niellaient bas l'habit blanc. Telle est la règle
qu'il prescrit dans son livre de rinstilution des
c'lercs(2), aussi bien que l'aiiteurdes divins Offices (3),
sons le nom d'Alcuin. Cuillaim.e Durand (4) rend des
raisons mystérieuses de cette pratique qui s'était con-
servée jusqu'à S(Mi temps dans certaines égl >es,dont
on trouve quel(|ues exemples, quoiqu'en petit nombre,
dans le neuvième siè( le.
Il est évident par tout ce qui a été dit jusqu'à pré-
sent dans ce cliapilre, que l'on donnait connnuné-
nient la Conlirmalion après le Baptême le plus tôt que
l'on pouvait jusqu'au douzième et treizième sièi'l< s;
([uoique depuis lengtemps ou ne baptizât guère d'adul-
tes ; et on le faisait amsi, afin , comme dit S. Pierre
l)amien(o), de ne point laisser exposés aux attaques
de l'ennenn du salut ceux qui avaient été régénérés,
contre lesquels S: t n ne cesse de dresser des em-
bûches. Les évêques d'Angleterre avaient si à cœur
de procurer aux enfants nouvellement baptisés les
avantages de ce sacrement , qu'ils ordonnèrent dans
le synode deWigorne de l'an 1240 aux péies et mères
de faire confirmer leurs enfants dans le cours de Tan-
née de leur naissance , sous peine d'être interdits de
l'entrée de l'église ;i)ourvu néanmoins que l'évéque se
fùi trouvé à portée de les confirmer. Celui d'Oxfort de
l'an 1287 condamne les parents à jeûner le vendredi
au pain et à l'eau jusqu'à ce que leurs enfants soient
confir.i;és; et cette peine e>l décernée contre eux
ausbiiôl que leurs enfants .lunmt atteinte l'âge de trois
ans. En «pioi vous voyez que l'on s'était beaucoup
relâché depuis le concile de NVigorne, qui voulait que
cela se fit l'année même de leur naissance. Le concile
de Cologne de l'an 1280 est encore moins exact là-
dessus, puisqu'il exige seulement que l'on fasse bapti-
ser les enfants à l'âge de sept ans , et qu'il en fait une
règle, ne voulant pas qu'ils reçoivent ce sacrement
avant cet âge. En quoi il a été suivi par divers coU'
ciles provinciaux tenus en France depuis le concile do
Trente, enlre autres celui de Tours de l'an io83, ce-
lui d'Aix de 1584, celui de Bourges de la même année.
Celui ci pour obliger ceux qui négligent leur salut
jusqu'à ne se mettre point en peine de recevoir ce sa-
crement, avertit qu'on n'admettra point à la comuiu-
(1) ActaS.Udal., c. 4.
(2) Ldt. 2, c. 5'J.
(5) Kalionarii I. (î. c. 8().
(4) Voyez la vie de S. Faron, évèqiiede Meanx. par
llalitgar, c. 103.
I (5) Serin . de Dedicatione.
179
nion ni au mariage ceux qui ne seront poitil confirmés.
il csl clonnaiU après tout ce qui vient d'être dit que
le calécliisnie du concile de Trente exliorle à altendic
Yb.^e de douze ans pour se présenter à lu Confirma
tien : d'auiant plus que les pères cl mères qui né- î
gligent de procurer ce sacrement à leurs onlanis, K'S :
privent de très-grands avantages, el que s'ilsviinnenl i
à mourir sans l'avoir reçu , ils ne scroiil piS d:>ns le ■
même deL'ré tie pcrfeciion que ceux qui l'auront reçu: |
au moins semble- t-il que c'est ce que Ton dnii cou
dure de ce que dil le docteur Angéliinie. Il faut don-
ner ce sacrement av;int la mort à ceux (jui ne l'ont ;
point encore, afin que dans la résurrection générale ils
paraissent parfaits: Moriluris hoc sucrnmcnltim dandum
esl ul in res^lyreclione ^)erfecli apparennt. Un aulre ■;
grand théologien, Hugues de S. Victor, avait parlé h"»- \
dessus avec encore plus de force, assurant qn'ii y a
bc:\ucoupde i;éril pour une personne de sortir de celle
vie sans être coniirnîéc, non qu'elle doive èlre d;!ni-
nce pour cola, à moins qu'il n'y eût du méiuis , mais
parce qu'elle soullVirait un délrinienl de perfection.
D'où vient aussi, ajoiilc-t-il,que les enliints qui meu-
rent étant confirmés, sont comb'és d'une plus couide
gloire dans l'autre vie, coninie ils reçoivent une plus
grande grâce en celle-ci : Unde eliam pncri confirinati
decedenles majorem gloriam conseqiiunlur sicut et h'ic \
majorem obliiienl gratiam. Ce senlimcil paraît conforme i
aux maximes de l'antijuité et fornié sur ses usages, il
K«^us avons peu de chose à dire touchant le lieu où 1
se donnait autrefois la Confirmation. Je ne vois pas |
qu'il y en eût d'aiïecîé pour cela. Il paraît qu'à cet j
égard il n'y avait point d'autre règle (|ue la volonté de
HISTOmE DES SACREMENTS. 180
du Saint-Esprit qui doit leur être communiqué par ce
sacrement, il faut qu'ils se tiennent à genoux, les mains
jointes sur la poitrine, cliacnn dans son rang, priuit
avec dévotion et crainte de Dieu on silence ; ce qui,
pour le dire à la houle de notre siècle, est conmiuné-
nicnl très-mal observé.
CHAPITRE IV.
De quelques rits el céréinoities moins néccsunires (/;• la
Coufirmallon qui éUiienl en usage, surtout quand on
lu donnait séparément du Baptême, Des dispositions
que devaient y apporter les adultes.
Outre les rits essentiels delà Confirmation, dont
nnui avo;is parlé d ir,s le premier ciuipilre , "bn on
observait encore quelques aulies dont nous devons
rendie coniple, el lâcher de marquer le temps auqui 1
'Ai 01)1 coimncncé d'être usilés. Vous avez vu ci-
devant qu'il y avait des parrains pour la Confirmation :
nous n'en dirons rien davantage, siiiOîi que S. Charles
dans son ciiKiuième conc-l-j défend {«n'en celle occasion
on donne des marraines aux hommes cl des parrains
aux femmes ou aux filles. Il ne veut point non plus
(]u'un vieillard prenne pour parrain un jeune hoininc ;
ce qui en eifel serait toul'à-fail contre la hienséaiice.
Le concile d'Aix que nous avons déjà allégué, prescrit
la môme chose, aussi bien que Gui laume-le-Gouver-
neur, évêquc de S. iîalo, dans ses Slaluls Synodaux.
Celui-ci permet de plus que la môme personne serve
de parrain à deux ou Irois qui doivent être conlirinés en-
semble. Le concile de Paris (Ij de l'an 829, déclare
incapables de cette fonction les pénitents publics. C'était
l'évèque qui conférailce sacrement pour l'oidinaiic, ou 1 a«^-i autrefois la couliune que ceux qui devaient être
dans réi;lise même, ou dans la sacristie, suivant sa
comniodilé. C'est au moins ce qu'on lit dans l'ordre
Romain vulgaire , et nous n'avons rien là-dessus qui
le contredise. Voici ce qu'il porte. L'évèque sort donc
des sacrés fonts, el vient à la sacristie où il a un siège
préparé, ou Lien dans l'église s'il le vent; qu'il s'y
asseye, el quand les enfants seront vêtus , qu'il les
confirme. Le diacre Jean qui a écrit les actes des
évêques de Naples , nous apprend cependant qu'un
évèque de ce lie ville , nommé aussi Jean , qui vivait
au commencemenl du septième siècle, avait fait bâtir
un lieu destiné pour cela, difierent du bapiisièn;, et
que Ton appellail pour cela Conàqnatorlum , dont il
i confirmés poi lassent avec eux une bandelette de loile,
■1 dont on leur envehppait le fionl après que Vvw y
J avait fait fonction du siùnl chrême. 11 faut que cet
i usage soit ancien, puisqu'on le trouve prescrit dans le
I Poniilical dEgberl archevêque d'Yorch, qui est écrit
;| en beaux caractères Sax(!ns, et qui appartient à fé-
f] gUsc dEvreux. Egbert vivait vers le milieu du biii-
I ticme siècle. Selon le concile de Wigorne ( cap. 5 )
I ces bandeleltcs ou bandeaux devaient ôire d'une loile
1 neuve. Le concile de Cologne de fan 12.]0, ordonne de
j plus qu'ils soient d'une loile de lin épaisse, sans nirud,
I cl sans fracture, large de trois doigts, el d'uiie lon-
f gueur convenable, blancs, el propres. L'usage ancien
décrit l'emplaccmenl ; mais de tels bàlin;ents ii'élaient J était de porter ces bandeaux sur le fronl f esiiace de
point ordinaires. Les sacristies anciennes étaient des f sept jours par respect pour le saint cliiême, afin qu'il
endroits propres à ces sortes de cérémonies : dautant | ne s'en perdit rien. Divers auleurs(2) rendent des rai-
plus qu'elles étaient plus vastes que colles que l'on a J sons my.slérieusesde celle pratique, les(inclics je croii
construites dans les sièdesposiérieurs. Celle do sainte '} plus pieuses que solides. Dans la suite on n'eut aucun
Sophie de Constauîinople élaii un édifice si considé- i égard aux raisons mystiques de ces auteurs, qui avaient
rable, que h s Turcs en ont fait leur arsenal, un des j tl't <l>i'i' l';'":''t P"'lci- ces bandeaux l'espace de sept
nlns fournis de f univers. 11 ne nous resie lien à dire 1 j''i"'-i '> cause des seul d ns du S lint-Espril ; puisque
Giir celte matière, sinon que co:inne aulrofois on bnp- li dès le commencemenl du treizième siècle on abrégea
t
lisait les garçons a part, el ensuite les filics cl les ^
femmes, on on usait de même pour la Confirmation. A
Ce que S. Charles dans son cinquième synode a v(mi1u 'i
être observé: ajoutant qu'en attendant le don précieux >î
(1) P.<\rl.1,cap.M.
(2) Anialar. I. l de div. Offic, c. -iO ; Ilng. Vicl. l.
2 de Sacr., p.7,c. 7 ; Joan. Abriiic. in lib. de div.
Oflic.
18 CONFIRMATION. — CIIAP. IV. RITS ET CÉRÉMONIES MOINS NÉCESSAIRES.
182
ce tempsen le réiliiisant à trois jours, comme firent les '
conciles de ^Vig()^ne et de Cologne. Enlin dans le
concile deCiiarires de l'an i5"20, on se contenta que
ceux qui venaient d'être confiniiés conservassent le
bandeau sur le Iront l'espace de vingt-quatre heures;
on rend raison de celle ordonnant c en ces termes : Ne
chrisma possil ab aliis lamj'i ;de peur que leclirêinc ne
puisse être touché par d'autres. Je ne doute pas que \
ce ne soit ce motif (|ui a engagé S. Charles dans son \
cin(|uièmc concile à prescrire ([u'après que lévètiue ;
aura fait l'onction du chrême sur le front, un prêtre ,'
l'essuiera aussitôt avec de la soie, et qu'ensuite un \
clerc lavera l'endroit avec un linge blanc et de l'eau î
tiède, que Ton doit jeller ensuite dans le sacraire du \
baptistère. C'est ainsi que l'usage des bandeaux a enfin
disparu en plusieurs endroits.
Le petit coup sur la joue que l'évèque donne de sa \ Rouen en 1581, ordonnent quel'on tienne exactement
main à ceux qu'il vient de confirmer, est d'un usage \
très récent. Nuns n'en voyons aucun vestige d'.ns les
vieux Itiluels avant Durand de Monde, .qui est le pre- '
mier (pie nous saciiions qui en fasse mcnliiMi. Le ;
Pontifical Romain prescrit de plus à l'évèque de s'in-
former des noms deceux qui sont à confiruier. On les ;
mettait iiièmc[)ar écrit, afin que dans une autre visite i
épiscopale on ne tombât point, faute do colle pré- t
caution, dans l'inconvénicnl de réitérer ce sacrement. \
Il est bon de remarquer, à l'occasion de ce Pontifical, \
une chose qui pourrait causer de l'euibarras aux 1
théologiens. C'est qu'il semble, si on a égard aux ex- [
pressions de celui qui l'a rédigé, que l'essence de la [
Confirmation consiste uniquement dans l'onction du i
chrême; et que l'iniposilion des mains avec Tinvo- \
cation du Saint-Esprit ne liennent lieu que de prépara- |
tion au sacrement : car voici comme il s'exprime. Après \
cette oraison (c'est celle que fait l'évèque tenant ^
les mains étendues sur ceux qui se présentent pour |
être confirmés ) tous étant rangés par ordre, l'Eve- ;
que étant debout, la mitre en tête , il les confirme '
étant à genoux.... leur faisant avec le pouce de la main 3
droite l'onction du chrême, en disant, etc. Ces paro- \
les, comme nous avons dit, pourraient faire peine, si
l'on ne faisait attention qu'elles apparliennent plus à
celui qui a rédigé les cérémonies du Pontifical qu'au
Pontifical même qui prescrit également l'imposition ;
des mains comme l'onction du chrême, et qui n'en
dispense en aucune circonstance.
Nous avons lâché d'exposer le plus exactement
que nous avons pu les dill'éreiils rits qui ont été de
tout temps en usage dans la confirmation, et dont la
plupart subsistent encore à présent : il faut mainte-
nant que nous disions quelque chose dos dispositions
tant intérieures qu'extérieures que l'on exigeait de
ceux qui en âge de raison devaient recevoir ce sa-
cromonl.
A l'égard des premièrcson voulait surtout que ceux
qui atiendaii-nt la descente du Saint-Esprit qui se com-
munique par la Confirmation, travaillassent avec soin
à purifier leur conscience de toute tache de péché, et
que ceux qui se semaient coupables de quelques-uns
eussent soin de les effacer en retournant à la pénitence,
et à la confession. C'est ce qui est prescrit dans les
Constitutions d'Odon évcque de Paris (cap. 4). iJi
confirmandus fueril adutlus, coufuculnr prias et poslca
con/innelur.Lo concile de Cologne {c:\\). 7 ) ordonne
la même chose pour ceux qui on aiieint l'âge de dix
ans, et la même chose est recommandée dans un
grand nombre de conciles tenus dans le seizième
siècle. On voulait de plus que ceux qui recevaionl ce
sacrement en âge de raison fussent suffisannncnt
instruits des principaux mystères de la Religion, et
que qu.tnd on les soupçonnait d'ignorance en ce
point, on les interrogeât pour s'assurer s'ils étaient
instruits de l'Oraison Dominicale , de la Salutation
Angélique, du Symbole cl du Décalogue. Les conciles
piovinclaux de Narbonnc en 1C09., d'Aix en lo87, de
la main à cela.
Ces mêmes Synodes et les autres que nous avons cité,
pour faire connaître quelles sont les dispositions in-
térieures que l'on doit apporter à la percopiion de ce
sacrement, recommandent aussi avec soin à l'égard
des préparations extérieures, que l'oïi soit à jeun. Ile-
rard de Tours le prescrit en ces termes : Vt jcjnni ad
Confirmationem veniaiU perfectœ œtaùs, et moneantur
coufessioties dare priks, ut miindi donum Spiritûs sancti
valeant percipere. Le concile de Troycs de l'an 1400,
ordonne la même chose aussi bien que la |)lupart de
ceux qui se sont tenus après le concile de Trente. On
voulait aussi que la veille du jour de cette importante
action ils se lavassent le front, et qu'ils se fissent cou-
per les cheveux qui leur pouvaient tomber sur les yeux,
afin que rien n'empêchât l'application du saint chrême.
Le concile de Cologne recommande cette pratique dès
le treizième siècle, et le règlement qu'il a fait depuis
là-dessus a été souvent renouvelé.
L'évèque qui conférait ce sacrement devait aussi
être lui-même à jeun, comme cela se pratique encore
aujourd'hui. Le concile de Meaux impose cette loi au
ministre de la Confirmation , aussi bien que celui de
Rouen de l'an 1072, c. 7. Le cérémonial Ambrosien
prescrit aussi à lévêque de se revêtir en cette occa-
sion de l'étole et d'une chappe de couleur blanche, et
de porter sa croix pastorale, la mitre et la crosse. Sui-
vant le Rituel de Milan de Frédéric Dorromée, digne
successeur de saint Charles, la Confirmation doit se
donner dans cette villelescinqjoursdelasemaine delà
Pentecôte en commençant au lundi, et tous lesquar- |
tiers de la ville et de sa banlieue y sont distribués de |
telle sorte que chacun àsonjour puisse se rendre à cet i
effet à la cathédrale, ou dans l'église que l'archevêque r
aura désignée , afin que tout se fasse avec décence, o( I
sans confusion; ce qui serait inévitable sans celte sagt '
précaution dans une ville si grande et si peuplée, à ,
cause de la nmliitudc deceux qu'il faudrait coulirmcr '^
tous à la fois.
i33
ciiArniŒ V.
Qtte l'nn n'a jnmais cru devoir réilcrer la Confirmation
reiue dans IT.ijlise. On examine par lea faits si l'on a
fem^é de même de celle qui avait élé donnée par les
Ilcféiiqucs. Conduite diij'érente sur ce point. Onlculte
de conriiier ces différences. Difficulté d'y réussir.
On a été de loiil Icrnps persuadé dans rÉglise que
r.on-soidi'miMil |iai' le lîaplcnic les (idoles élaieiil con-
sacrés à Dieu irrévocahleiiieiil , mais on a cru de plus
qiw. la Coiiliruialion les consaciail encore d'une nia-
iiière plus parlicidicre : en sorte (pron aurait cru faiic
un sacriléiçc de réitérer celte consécration. C'est pour
désigner ( et étal (pie S. Cyprien dit de ceux (pii reçoi-
vent ce sacrement, (pi'ils sont perfectionnés |)ar le
sceau du Seigneur : Si(jillo Domini consummnri; et que
Terlullien faisant allusion à ce (pii se pralicpie dans
ce sacreiiieiit, assure que le diable qui ( si le singe
de Dieu enrôle ;;u^si ses soldats : Signât ille in fronte
milites suos. S. Auguslin même ci parlant des ell'els
de ce sacrement lui attribue en propres termes celui \
d'iniijrimer le caractère : vous avez été baptisé, vous
ave/, été manpié du caractère du Roi , vous avez com-
luencé i» être uoarri de la lable de votre Roi, signalus
es ne(ji.nli,ractcre.Ccsl aiubl qu'il désigne en peu de
mois les trois sacremcnls qui se donnaient alors com-
munément en même temps.
Les Grecs comme Ifs Latins reconnaissaient ce ca-
raclèrc ineffaçable rpriniprime la Confirmation dans
les ànics. S. Cyrille sur ces paroles du Prophète (I),
impiiKjHÙsli in oleo capnt mcum , en pai'Ic Irès-claire-
nicit. 11 a engraissé votre tète avec l'Iiuile qu'il a
répandue sur votre front par le sceau de Dieu que
vous avez, afin que vous deveniez une expressioii du
sceau , et (pic vous soyez sanctifié pour Dieu. Atà. t^v
gypry.-/i^M riv i/jii TCÙ 0coO, îvK yÉv/) i/.TJ-o>ij.y. cfpc/.yv.Oi
k/M^'M ©ioD. On ne peut rien de plus expressif que
celle manière de parler ; on y voit l'impression d'un
caractère divin et une consécration bien distingeée de
celle du lîaplème : la première nous consacrant à
Dieu piiur cire à lui comme ses enfaiiis, celie-ci
comme ses soldats toujours piêls à combattre les en-
nemis du salui. M:iis qu'est-il besoin d'entasser sur ce
sujet les passages des Pères ? cette vérité se démontre
d'ePe-mêmc : il suf.il pour s'en convaincre de faire
réilexion qu'on n'a jamais réitéré ce Sacrement reçu .
doiS l'Église , comme on réitère, par exemple, la Pé-
nilenee et l'onelion des malades, et même le mariage
HISTOIRE Des S.\CREMENTS. 184
[ ' aujourd'hui parmi nous. Le P. Goar, pour se tirer
d'embarras, répond que le rit prescrit dans l'Eiiclio-
logedonl il s'agit, n'est point p^rtprcmcnl un renou-
vellement du sacrement, mais u-^ image de la vraie
Confirmation. Je laisse aux ihé-r/ogiens à juger de la
solidit(' de et lie ré|)onse; quelle qu'elle soit, il est cer-
tain (pi'il y a tout lieu de douio que ce livre soit de
S. iMclhodius, qui gouvernail ^église de Conslanli-
nople vers le milieu du neuvièm<! siècle : et en ce cas
on ne doit pas y avoir beaiicouj^ <i'égard ; le schisme
ayant alors aveuglé les Grecs, a pu les porter à celte
innovation.
Si on a si religieusement observé de tout temps de ne
point réilérer la Confirmation conférée par les Calho-
liipies, il ne parait pas qu'on en <jlt usé de môme, au
moins géiiéralemeiil, quand c». sacrement avait élé
donné hors rimi é catholique, prrncipalemeiità l'égard
de certains héréiques pour les scrrles desquels on avait
plus d'Iiorreiir. Nous nous contenrerons d'exposer his-
toriquement ce qui s'est passé là-nessus dans les diffé-
reiils temps et dans les difTércnle». Eglises; après quoi
nous y joindrons quehjues réllexitms. Premièrement, il
est incontestable que S. Cyprien A ceux qui étaient
dans la même cause, ne croyaier.t pas que ce sacre-
ment put être valide dans riiérésie. fis en étaient si per-
suadés, (pi'ils croyaient même que le Pape S. Etienne
pensait comme eux sur ce point , et que quand il di-
sait qu'il ne fallait rien innover, mais que sans rebapti-
ser les héiéli(pies, on devait seulement leur imposer
les mains pour la |)éiiitence. Ht munus illi imponalur
in pœnitentiam ; ils entendaient par là tpi'on devait leur
imposer les mains pour la Confirmation. Le saint
évêque de Carthage en prend môme occasion de com-
battre la décision du Pape S. Etienne (i), et forme
entre autres cet argument contre lui, que si on a pu
baptiser quelqu'un hors l'Eglise sans avoir la vraie foi,
et s'il a pu recevoir la rémission de ses péchés, il a pu
aussi selon la même foi recevoir le Saint-Esprit, et il
n'est point nécessaire que lorsfpTil revient on lui im-
pose la main pour le faire participant des dons du
Saint-Esprit , et qu'on le marque : car, ou la foi a pu
faire l'un et l'autre hors de l'Eglise , ou celui qui y
était n'a rien reçu : El non est tiecesse venienli mamtm
imponi, ut Spirilum sanctum conseqnatur, et signetur,
( remarquez celle dernière parole qui désigne visible-
ment le sacrement de Confirmation ) aut ulrutnque
enim ftdes forispotuit, aut tieutriim eorum qui foris fue-
ratuccepit.
après la mort d'im des époux. C'est là une preuve , g Cyirien (2) fait valoir partout le même argu-
piir'anle à hupielle il n'y a rien a reidniuer.
Tout ce (prou y peut raisomiablement opposer, et
que l'on trouve da.is fEuclioluge des Grecs, que l'on
atlribiie à S. M Ihodiiis, qui était patriarche de Con-
stantiiinple en 8il : c'est (pi'il est prescrit de confir-
mer de nouveau les apostats (|ni rentrent dans le sein
de rÉglise dans laquelle ils avaient élé baptisés, et
par coiisé(iuent conlirmés, surtout chez les Grecs où
■;c sucromeiit n'est point séparé du Baptême, comme
,)
(l) Psal. 22, V. 5, calçches. 22, n. 7.
ment, ausi bien que les évêijues assemblés avec lui
d.ins le Iroisième concile de Carthage (3). On le voit
par les avis de Secondien et de Nemesien. Ce dernier
dit en propres termes, en parlant de S. Etienne et de
ceux (|iii pensaient comme lui : Ces gens là reiiten-
denl donc fort mal , (piand ils disent qu'il faut recevoir
les béiéiiques par l'imposition des mains pour le
(1) Episl. 73.
(2^ Kpist. 45. '■
(5) Sul>Cypr.,c. 24, ctcap, 5. ,,
485
CONFIRMATION. — CHAP. V. UtHÉl'.ATION DE CE SACUEMENT.
18^
Saint-Esprit, puisqu'il est manifeste qu'ils doivent re-
naître datis l'Eglise catholique par l'un cl l'autre
sacrement. Cuni manifestum sil ulroque sacrameulo de-
bere eos reuasci in Ecciesià. Ces évèques reganlaionl,
comme vous voyez, ce que S. Etienne avait dit de l'im-
po>iti()n des mains avec laquelle on devait réconcilier
les liérétiques à TEi^lise, comme un aveu qu'il recon-
naissait comme nulle la Confirmation qu'ils avaient
revue, d'où ils iiiléraienl qu'on devait également ré-
ilcrer le Bapième.
On ne doit pas être étonné de voir S. Cyprien, et
tous ceux qui pensaient connue lui touchant la vali-
dité du Baptême reçu hors de l'unité avoir ces senti-
ments sur la Confirmation, et supposer que le Pape
S. Etienne les avait avec eux : ils étaient une suite de
leurs principes. Mais il doit paraître smprenant qu'un
auteur anonyme (1), à peu-près du même temps selon
les meilleurs criti(|Mes, leciuel défend la décision du
Pape contre l'opinion contraire , pense lui-même
que la Confirmation donnée chez les hérétiques est
nulle et doit être réitérée ; et qu'il fasse entendre que
c'était une chose sur laquelle on convenait de part et
irmilre : car voici comme il propose la question dont
on disputait alors. Il s'agissait de savoir si par une
très ancienne coutume et par la tradition ecclésiasti-
que.... ceu\ qui ont reçu le Baptême hors de l'Eglise,
mais au nom de Jésus-Christ, devaient seulement rece- f
voir limposiliou des mains de l'évêque , pour avoir
part à la grâce du Saint-Esprit , et si cette imposition
des mains leur donnait le signe de la foi.... et liœc
nianùs imposilio siguum (îdei iteratum alque conmmma-
ium cis piœstarel : ou bien s'il était nécessaire qu'on
leur réitérât le Baptènie, comme n'ayant rien reçu,
si on ne le leur donnait de nouveau. Vous voyez par ce
discours qu'il ne s'agissait pas de savoir s'il fallait im-
poser les mains pour recevoir le Saint-Esprit, ou, ce qui
est le même, s'il fallait réitérer la Confirmation à ceux
qui rentraient d.ms le sein de l'Eglise , les parties
étant d'accord sur ce point : mais que toute la ques-
tion était de savoir s'il fallait aussi les baptiser de
nouveau : la plupart, du nombre desquels était cet
auteur, le nient, appuyés sur l'autorité de la plus
ancienne coutume et de la tradition ecclésiastique.
Ecs expressions de cet auteur caractérisent trop bien
le sacrement de Confirmation pour que l'on puisse
l'entendre autrement, et surtout les paroles que nous
avons citées, qui sont les mêmes dont S. Cypi ien se
sert jioiir le désigner dans sa 75' lettre : il per uo-
slriim oralionem , ac inanùs iinposilionein Spirilum sun-
cluiii cousequantiir, cl sùjmtculo Dominko consununentur .
Les mêmes paroles se lisent dans les anciens Sacra-
mentaires ("2), où, suivant qu'il est prescrit, l'évêque
.11 a|.pli(iuanl le chrême sur le front, disait . Le signe
de Christ pour la vie élerncUc , siijnnin Clnisli in vitani
ii'ti'rnam, ou bien, sigillat te Deus siyillo fidei suœ in 1
iùHsiqnalione fidei. Les évêcpjes du concile d'Arles
assemblés eu ôli, écrivant au pape S. Sylvestre, lui
(1) Tertull. édit. deRigaut.
(2) Marlène, de aniiq. Ecd. Rit., t. I, p. 2ol.
a; |)renneiit qu'ils ont ordonné que, si un hérétique re-
vient à l'Eglise, on l'interrogera louchant la foi du
Syndjole, et que, si l'on voil qu'il a élé baptisé dans
le Père, le Fils , et le Saint-Flsprit , on lui imposera
seulement les mains : munus ci tantiim impoualitr. C'est
effectivement ce qui est presci il dans le huitième Ca-
non, où après ces paroles, < qu'on lui impose seulement
les mains, • ils ajoutent ,alin qu'il reçoive le Saint-Esprit,
Ht accipiul Spirilum samltim. Il y a bien de l'apparence
que ce concile désigne L rit avec b-quel ou recevait les
hérétiques dans l'Eglise par une de ses parties , sans
exclure l'autre, qui était l'onction du chrême ; puisque
le second concile tenu vers le milieu du siècle suivant
dans la même ville, en parlant des sectateurs de Bo-
nose, et des Ariens , veut, qu'attendu qu'il est mani-
feste qu'ils ont été baptisés au nom de la Trinité , ils
soient reçus , après avoir confessé la vraie foi de tout
leur cœur, avec le chrême et l'imposition des mains.
Bonosiacos qtios siciU Arianos baptizari in nomïne Trini-
lalis numifesltim est , diun interrogati fidem nostram ex
tolo corde confessi fuerint, cuni clirismateet manùs im-
posilione in ecclesiâ suscipi svfficit. Je ne sais si le pape
Sirice désigne de même la manière de recevoir cer-
tains hérétiques dans l'Eglise par un des rils qui
s'observaient en cette occasion , lorsqu'il dit en
parlant d'eux , et entre autres des Ariens, qu'on les
recevait comme les Novaiiens , et autres hérétiques,
par la seule invocation des sept dons du Saint-Esprit,
et l'imposition des mains de l'évêque , selon qu'il a été
déterminé dans le concile; ce qu'observent, ajoute-
t-il, l'Orient et l'Occident. Sirice parce concile en-
tend sans doute celui deNicée, qui dans son huitième
canon, ordonne que les Novatiens seront reçus par
l'imposition des mains : Sanclœ et magnœ synodo visum
est ni iniposilis cis tnanibus sic in clero maneant. Quel-
ques-uns, et entre autres Gralicn, ont mal interprété
ce canon , ayant entendu par cette imposition des
mains, dont il est parlé ici, l'Ordination contre l'es-
prit même du concile, et la pratique constante de
l'Eglise , qui n'a jamais ordonné de nouveau les No-
vatiens : ce qui est si vrai que dans ce même canon,
il est dit que ces schismatiques, quand ils reviendront
à l'unité, resteront dans le rang (ju'ils occupaient dans
le clergé ; en sorte que dans les lieux où ils seront
évêques sans concurrence d'évêques catholiques , ils
resteront seuls évêques , et que ceux qui seront sur-
venus dans une Eglise qui avait auparavant son évêque
ou son prêtre, tiendront le premier rang après lui.
Les successeurs de Sirice dans le Sainl-Siége, tien-
nent à peu près le même langage, touchant la manière
de réiiabililer,etde faire part des dons de la grâce aux
hérétiques qui reviennent à l'unité du Corps de Jésus-
Chrisl , et leurs expressions semblent désigner le sa-
cremcnl de Confirmation. Ceux, dit S. Léon (1) , qui
ont reçu le Baptême des héréliiiues n'ayant point élé
baptisé, auparavant {dans r Eglise callioliquc) doivent
êti e conli. niés par la seule invocation du Saint-Esprit et
l'imposition des mains : Solà invocaiione Spirilùnancti
(I) In Ep. ad Nicelam, 129, c. 7.
m
HISTOIRE DES SACREMENTS.
188
jhîi- tmposUionem inaiiuu))t confmnmidi siiiit. Il dil la
uu'ine clioso dans son Ei)îlre à Ruslùiue (1), et dans
co'lo qu'il a écrile à Neoii. Nous venons ailleurs ce
qce le Pape Innocent a dit sur le même sujet.
Un ancien manuscrit du monastère do GcUone, qui
est du temps de Cliarleniagne, nous représente la for-
mille de rinvocalion du S. -Esprit que Hiisait Tévêque
diiiis celle occasion en imposant les mains, et on ne
peut nier qu'elle ne soit entièrement semblable à
relie qui se faisait en donnant la Confirmation, comme i
(;!i peut s'en assurer en la comparant avec celles que •
Viusporte le P. Marlène(2). Il est bon delà mcUreici. \
Ih'ihUliclion sur ceux qui reviennenl de diverses licn'sies.
iPèrc saint et tout-puissant qui avez daigné tirer des
é .^aremenis de rhérésie votre serviteur, et le rappe-
lle à voire sainte Église, nous vous prions. Seigneur,
(!(' répandre sur lui vclre Esprit consolateur avec ses
sept diins : l'Esprit de sagesse et d-'inlelligencc, l'Es-
prit de conseil et de force, l'Espi il de science et de
) ié'té ; remplissez votre serviteur de l'Esprit de la
I -^inlc du Seiî^nenr >
que l'un ou l'autre étant seul empiojé, faisait le même
effet que quand on les mettait tous deux en usage,
conmie quelques-uns le pensent de la Confirmation,
ou bien (|u'il ne parlait que de la pratique de l'Église
de Rome, el'de celles qui lui étaient pariiculièremcnt
soumises. On est porté à penser la même cbose du
Pape Sirice. Pouvait-il ignorer le T canon du concile
de Consianiinoplc qui est compté pour le second gé-
néral, qui mar(iue dans un si grand détail tout le rit
de l'onction du cbrcine, avec laquelle il vent que l'on
rétablisse les béiéliques dans la communion de l'E-
glise? Je ne puis me le persuader; et je crois que
quand il assure que l'on recevait les béréiiques par
l'imiiosilion des mains, tant en Orient qu'en Occident,
il a désigné le loul par sa partie. 11 est à propos de
produire ici ce c;mio!i, si important au sujet que nous
traitons. « Nous recevons ceux qui, quittant les béréii-
ques, reviennent à la foi orthodoxe de la manière qui
suit : Les Aiiens, les Macédoniens, iesSabbaiicns, les
Novadens donneront des libelles par les(iuels ils ana-
tbémr.liscront ioiilobérésic qui s'éloigne de la croyance
de la sainte église Catholique et Apostolique, après quoi
sit que le pape Sirice et S. Léon n'aient marqué ^ jisrecevronl le sceau, c'est à-dire quils>eronl d'abord
I:i u'.anière de recevoir les hérétiques qui retour
u; ni à ITglise que par un des rits que l'on y em-
I lovait, en disant qu'ils y étaient reçus par l'impo-
siiion des mains accompagnée de l'invocation du
S. -Esprit, soit que le premier de ces papes n'eût
aucun égard à ce qui avait été ordonné dans le pre- \
II ier concile général de Const:\nlin.iple , lorsqu'il :
dil, que l'Orienl et l'Occident observaient de les ré- ,
oints du saint chrême au front, aux yeux, au nez, à la
bouche, aux oreilles, et en leur impnmanl ainsi le
sceau divio, nous disons : soyez marqué du sceau du
don du Saint-Esprit : l\'/.i !7p,;ay(Ç,'oa£vc,«i; il-coi ■/_pio;j.hcui
TTfWTOv tw ôt-yiot [t.'j^^ , ~à -i /j,i7U7Z0J /.at jjï^isc'/i'Çsvtcî
«Ùtoù; 't.i-/oij.Vi' ^-fpv.yii 2wj3îàj ■n.JVJfi.a.-zoi ûr/io'j.
Ce décret du concile de Consianiinoplc a depuis
servi de règle dans les Eglises d'Orient à légard des
lablir dans l'unité du corps de Jé,us Christ par l'im- | j, -,^1^,^,^ ^^^^ ,,,, ,,;,e i-^,, rebapii.ait, cl que
position des mains eU'iavocalion du S.-Espnt, li est i j,^.^ ^,^^^^^..^. ^^^ j^ ^^^^ abjuration de leurs erreurs.
certain que tant en Orient qu'en Occident on leurfai-
snil aussi l'onction du chrême; nous en apporterons
plusieurs exemples dans l'histoire de la Pénitence.' '
En altendaiil, nous dirons ici, pour ce qui regarde |
l'Occident, qu'outre le second concile d'Arles dont fi
nous avons cité les paroles, Fausle de Riez en parle |
expressément (5), aussi bien que Gcnn;ide de Mar- ]
.seille (i). Ce dernier même enseigne do plus, que les 1
ÎMifanls cl les insensés qui ont été baptisés dans les
Vecles hérétiques doivent confesser la foi par la bou-
cl'.e de leurs parrains avant qu'on leur fasse l'applica-
tion du chrême et qu'on leur impose les mains, et
qu'après cela on leur donnera la sainte Eucharistie. Et
.sii' mnnùs împoshione et cimsmale communiti, Euclin-
ou parla liénileiicc, etdonl nous aurons lieu de parler
I avec qnelipie étendue dans le second livre de celle
histoire. Le concile in Trullo répète dans son 97° ca-
non ce 7' de Conslantinople, et n'ajoute ni ne change
rien dans la discipline qu'il a établie pour ce (pii re-
I garde les héiéli pies dont il y est fait mention. L é-
I glise Grcccjue l'a depuis religieusement observée,
1 comme il paraît par la réponse de S. Théodore Stu-
i dite à .Naocrace qui es! insérée dans le recueildu Droit
J Oriental (1), aussi bien que par leurs plus anciens
I catalogues et les anciens manuscrits de la Grolte-
j Ferrée près de Rome, de la Bibliothèque du roi elde
I celle du cardinal Rarberin que le P. Moriu (2) avait
I consultés. Enlin les Grecs, depuis que le schisme a
rhtiœ myslcriis admiltantur. Ce^ auteurs étaient con- | ^^^i entièrement formé, ne se sont point départis de
I cette ancienne coutume, comme on le voit jiar la ré-
ponse de Balzamon à Marc d'Alexandrie. Voilà ce que
rhisloire nous apprend toncliant la manière de ré-
concilier à l'Église certains hérétiques. En quoi o»
remarque une si grande ressemblance avec le rit de
laCiniirniali(m, que de très-savanls hommes ont été
persuadés que l'on considérait autrefois comme nulle
celle (lue les sectaires avaient donnée à leurs néo-
temporains de S. Léon , comme on le sait, ils n'a
vaieiil point établi eux-mêmes l'usage dont ils parlent ; ;,
il n'i'-st pas croyable que ce saint Pape l'ignorât. C'est l
ce (\\û me fait croire (jne quand il parle de l'imposi
tion des mains jointe à l'invocation du S. Esjjrit pour j
iiicorporcr les hérétiques à l'Eglise, il n'exclut pas
''celioM du ('même, à moins que l'on ne veuille dire
{5) Cap. 18. et ep. 155 ad Néon.
(2) De aiit. Eeel. Rit. t. 1, p. '249.
(5) L. de lib. Ârb. c. 17.
(i) De Ecd. Dogm. c. 52.
(1) Jure Orient., 1. -4, p 290.
(-2) De Pœuilenlià i. 9, c. 9.
189
CONFIRMATION. — CIIAP. Y. UEITÉ RATION DE CE SACREMENT.
^oo
pliylcs, et il n'est pas aisé sans doule de eoneilicr les 'M table pénitence. Car dans une de ses lettres dans la-
difficuliés qui résultent de l'exposé de ces faits avec \
la créance commune de l'Église. Le P. Coustaiit (1)
quelle il prétend qu'on ne doit point absolument rece-
voir les Ariens et autics scotblables licrciiques dans
l'a tenté, et nous nous contenterons de faire un ex- Il les honneurs de la cléricature, il parle en ces termes
trait de ce que dit ce savant religieux sur cette ma-
liôre.
« A l'égard du Pape S. Etienne, quelque scnlimcnt
que lui aient supposé les évêques d'Afrique, et l'au-
teur anonyme qui pensait comme lui sur le Baptême
des liérétiques, et qui a défendu sa décision, les pa-
roles de ce saint Pape no doimenl aucun lieu à ce
souiçon; elles sont si mesuré.^s et si exactes, qu'on
n'en peut rien inférer contre la validité de la Confir-
mation reçue dans Diérésie, à moins qu'on ne soit
prévenu , puisqu'il dit senlonienl qu'il faut recevoir '
de leur laïques (1) : Nous les recevons sous l'image de
la pénitence, stib imagiue pœnUenliœ , et ils reçoivent
la sanctification du Saint-Esprit par l'imposiiion delà
main... Comment donc se peut-il faire que nous con-
sidérions comme dignes des honneurs de Jésus-Christ,
leurs prêtres profines, iious qui regardons leurs laïques
comme imparfaits, cl qui, pour les rendre participants
delà grâce du Saint-Esprit, les recevons avec l'image
de la pénitence? Cum pœniteniiœ imagine recipiamus.
Ce raisonnement d'Innocent fait connaître clairement
qu'il considérait cette imposition des mains comme une
ceux qui abandonnent leurs erreurs en leur imposant { espèce de satisfaction, quoi(iu' il l'ajjpelle d'ailleurs ur
les mains pour la pénitence ou en signe de péniience:
ul ci manus imy.onalur in pœnilcnliam. S. Cypiien lui-
même (2), aussi bien que Creseçnt, évêque de Cirte,
un des évêqnes du 5' concile do Cartliage, nomment
ainsi l'imposili n des mains que Ton faisait aux lié-
réiiqucs à leur retour à l'église Calliolique, après
l'avoir abandonnée et y avoir été baptisés. Les pa-
roles du saint martyr sont trop remarquables pour
ne pas avoir place ici. Qnod nos quoquc liodiè ob~
scrvamus, ut qitos constat lîic bnplixntos esse, cl à no-
bis ad liœrcticos transisse , si postuwdinn peccalo suo
cotjnilo, et errore digeslo, ad veritatem et malricem rc-
deanl, salis sil in pccnitentiam mannm imponcre.
* On peut tirer de là un puissant argumei'.î, pour
montrer que Timposition des mains que Ton faisait sur
certains liéréti.'iues nés et élcA'és dans l'hérésie, quand j
ils l'abandonnaient, n'était point une réitération de la
C'anlirmalion : car enfin n(;us n'avons aucun moiiu-
niciit qiii puisse nous faire connaître que riniposiliiiu
des mains que l'on faisait à ces derniers fût d'une
autre nature que celle que l'on faisait aux aposl.^ts qui
riM;lraient en cux-mènies, et à qui on irnp; sait les
mains seulement pour la péniler.ce et non poijr la
Confirmation. Ce sjui est si vrai que, quoique l'on n -
eût les (ioi.alisles dans le rang même ([u'i!s occ!;pai( iit
dans le clergé san<i qu'on pensât jamais à les d-nfirincr
(le nouveau, ou leur imposait néanmoins les mains en
signe de péniience, d'où ils liraient même avantage
contre l'S catholiques à qui ils disaient, faisant : l!u-
sion à l'usage de ce temps- là, de ne point admettre
dans le clergé ceux qui ava'eiil été soumis à la péni-
tente publi(pie. Si donc il f.ut que nous nons repen-
tions d'avoir été contre i'i'^glise et hors de r-Église afin
que nous puissions être sauvés, comiiicnt, après cette
péniience, pouvons-nous demenrcr clercs ou évê;;ucs
parmi vous (5)?
t Le pape Innocent 1 appelle rcllo impo-iiiou des
mains plutôt une im-ge de la péniience qu'une véri-
(!) Dans unedisserlalinn sur le soiilimenl du pape
S. Elienne qui se troîne dans son édition des Décré-
tah'S des Papos, |i. 2-27 et suiv.
(2) E|i. ad (Juinlum.
(3) Apud Aug. ep. olim îiO, nmic ISa, nuni. 4i. | {[) li.noc, ep. 2-i ad Alex., n. 4.
image de la pénitence, parce qu'en imposant ainsi les
mains aux hcrcliiiues, on ne leur enjoignait point les
peines et les macératious ordinaires de la pénitence de
ce temps-là.
€ Le pape Vigile développe encore plus clairement
celte matière dans sa lettre à Profuturus, en distinguant
ceux qui ont été simplement baptisés dans l'hérésie de
ceux qui l'ayant été dans l'Église ont reçu de nouveau
ce sacrement chez les Ariens : Leur réconciliation,
dit-il, se f.iil non par l'imposiiion des mains qui opère
l'invocation du Saint-Esprit, mais par celle qui acquiert
le fruit de la péniience, et qui mérite le rétablissement
de la connnunion. Scd per illamquà pœniteniiœ fruclus
acqttirittir et sanctœ communionis rcstilulio. On dislingue
dans ces paroles du pape Vigile une double imposition
des mains : la première qui n'est qu'une ombre et une
image de celle pénitence si austère et si laborieuse à
laquelle on assujélissait ceux qui avaient souillé par
des crimes la robe de l'iiiuocence dont ils avaient été
revêtus dai-.s le baplème; la seconde qui éiait le com-
mencement de celle même pénitence, ou la cérémonie
par laquelle on imposait aux pécheurs avec la béné-
diction de l'église ces longs travaux par lesquels ils
devaient e?q)ier leurs crimes.
« On peut s'apercevoir aisément de ce que cette be-
nédiciion, dont nous avons donné un modèle ci-dessus,
avait de commun avec celle par laquelle on conlirmail
les néophytes, elcc en quoi elle en dillèrait. Elles con-
venaient entr'elles eu ce que dans l'une et dans 1 aulio
0!» invoquait le Saint- Espiil; car l'Eglise ne croyait
l pas que ce fût assez de réunir ceux qui rentraient dans
i l'unité par un culle purement extérieur, si en même
I temps elle ne se les allachait par des liens inlé-
; rieurs cl spirituels. C'est pourquoi elle invo(|uail le
Saint-Esprit (pii seul peul unir ses membres disper-
sés , et en loruier un corps mysli(|ue uni au chef su-
prême qui est Jé^us-Clirisl. Qu'y a-t-il donc d'étonnant
qu'elle ail invoqué le Saint-Kspril pour produire cet
! elfel? En cela ces deux rits convenaient entr'eux. lU
! dilléraieut en ce que dans la prière qui se faisait pour
les hérétiques repentants, ou demandait qu'ils reçus*
..\
m
seiit le Saint-Esprit qu'ils n'avaient point encore reçu ;
et que dans celle (|iii se faisait pour confirmer les ca-
Iholiqnes, on (ieinanilait qu'il leur fût coninnniiqiié avec
l»lus d'abondance , et que, pour ainsi dire, il fût plus
fdrleinent imprimé dans leurs âmes.»
C'est ainsi que le P. Cousiaiil entreprend de lever
les diUicultés qui se rencontrent sur cette matière, et
j'aurais souhaité qu'il en fût demeuré là. Mjis il ajtuile
une chose qui peut faire retomber dans rincouvénieni
qu'il a voulu nous faire éviter, lorsiju'il insiste sur ce
que, dans la réconciliation des hérétiques, on ne de-
mandait point à Oieu qu'il imprimât dans leurs âmes
le sceau do!it il est si souvent parlé lorsqu'il s'agit du
sacrement de Confirmation. Quoique ce soit là le rit
principal et constitutif de ce saeremeut selon lui,
comme il le prouve p ir S. Cyprieu et par la lettre de
S, Corneille à Fabien, où, eu parlant d.; iN((vatien, il
dit : iVcr/Mf ab episcnpo consignutus est. Hoc auiem si-
gmculo minime perceplo , quomodb Spiritum satictum
poluil ttccipere? Ce raisonnement suppose que l'on ne ,
faisait point l'onction du chrême sur le front à ceux
qui quittaient l'hérésie pour se réunir à l'Église, et ne
peut avoir lieu que pour ju-tilier les éj^lises qui reçoi-
vent les hérétiques par la simple imposition des mains
jointe à l'invocation du Saint- Esprit : mais il n'a au-
cune force à ré^,ard de celles qui joignaient les deux
rils ensemble. Or , cela étant , tout ce que cet habile
théologien vient de dire est de peu d'usage , puisqu'il
est incontestable que dans la plupart des églsis. tant
eu Orient qu'en Occident , on faisait l'onction du
chrême à ceux qui revenaient à l'Église, comme vous
l'avez vu , par ce que la fidélité de l'I.isioire nous a
obligé de rapporter, et comnie nous aurons lieu de
le montrer quand nous traiterons dans l'histoire de la
Pénitence (1) de celle qu'on exigeait des hérétiques,
et des différentes manières de les réconcilier.
L'auteur dont nous parlons a senti les suites de ce
qu'il a dit; et il convient que le concile de Constanti-
nojile a voulu que l'on réitérât la co:^firmation à cer-
tains hérétiques dont il fait le dénombrement. Mais,
dit-il, en Occident on recevait les Ariens par la seule
inqiosilion des mains, selon le témoignage de S. Gré-
goire dans sa lettre à Quirice. Comme ce n'est pas le
lieu de parler ici de ce passage de S. Grégoire, dont
nous traiterons amplement ailleurs (2) , nous ajoute-
rons seulement à ce qui a été dit ci - dessus touchant
la discipline qu'observaient les églises d'Occident pour
la réception des hérétiques, ce que le concile d'Épaune
(can. IG) ordonne louchant les hérétiques qui dans
le péril de mort demandaient à se convertir : savoir,
qu'il est permis à un prêtre dans cette conjoncture de
leur faire l'onction du chrême , que tous ceux qui se
convertiront quand ils seront en santé doivent deman-
der à l'évéque. Preshijtero propter salutem animarum
quam injunctis oplamus desperntis et dccumbentibus
hœreticis , si conversionem subilam petaul , clirismate
iubvenire permittimus. Qnod omnes convcrsuri , si sani
HISTOIRE DES SACREMENTS. 191
sunt , ab episcopo noverint expetendum. Le premier
concile d'Orange (can. Il) établit p-écisément la mémo
discipline. Nous voulons, disent les évoques de ce Sy-
node, que les héiéliqiies qui périclitent, et qui, en cet
étal, désirent devenir catholiques, soient consignés,
coiisifinati, avec le chrême par un prêtre en l'absence
de l'évéque. Walafrid Strabon (I) rend témoignage
aussi que de son temps (au milieu du 9"" siècle) et
avant lui on réc«inciliaii de même les hérétiques par le
chrême et l'imposition des mains. Sed et clirismate et
tnamis imposiiione , quod imper fecliun eral , perfici dé-
bet. Hoc in canonibus et decrelis Palrum frequens ha-
betlir. :v;*î3
Jusqu'à présent nous n'avons traité qu'historique-
ment ce qui regarde la confirmation reçue dans l'hé-
résie. Mais, s'il m'était permis de dire mon sentiment
sur celte matière si embarrassée, j'avouerais franche-
ment que dans la jjluparl des églises on recevait à l'u-
nité catholique certains hérétiques avec les mêmes rits
que ceux du sacrement de Confirmation ; et je dirais
en mênîc temps ipie ce n'était point ce sacrement qu'on
leur administrait, parce qu'en employant ces rils pour
la réconciliation des hérétiques , on n'avait point in-
tention de les confirmer de nouveau , mais seulement
de leur obtenir la grâce du Saint-Esjirit, pour les unir
intérieurement et utilement au corps de l'Eglise. Et
' j'emploierais les mêmes arguments poiu- prouver cela
à l'égard des dunx rils, de l'imposition des mains, et
de l'onction du chrême, (juele P. Constant a employés
' à l'égard du premier setdemenl. Je laisse cette réfle-
xion au jugement des théologiens, auxquels je soumets
volontiers tout cet ouvrage.
CHAPITRE VI.
Par qui le sacrement de Confirmation a été de tout temps
administré dans l' Église tant en Orient qiCen Occident,
Diversité sur ce point. Ce que l'on doit penser de lu Con-
firmation donnée par les prêtres Grecs. Certains
évêques ont troublé mal à propos les Orientaux dans
leur pratique.
Nous apprenons dans l'Écriture la règle qu'il faut
suivre sur celte matière. Le diacre Philippe ayant
converti à la foi les habitants de Samarie, se contenta
de les baptiser, après quoi il se relira. Le bruit e cette
conversion étant venu à Jérusalem, Les apô'.res y en-
voyèrent Pierre et Jean qui leur inq^osèrcit les mains
pour leur communi(iuer le Saint-Esprit C.). Ils auraient
pu députer pour cela quelques-uns d',s prêtres ; mais
ils voulurent en cette occasion a|>p'-endre à toute l'É-
glise la règle qu'elle devait suivre dans la dispensation
de la grâce qui est attachée à ce sacrement , qui est
comme le sceau et la perfection de la sanctification.
Vous avez vu par tous les passages que nous avons
allégués en différentes occasions dans cette section et
dans riiisloire du Baptême, que l'ancienne église s'est
religieusement conformée à cette règle. Les textes de
S. Cyprien, de Tertullien et de tant d'autres, en font
(1) Voyez la 4' section de la Pénitence.
(2) Ibid.
(l)Lib. deUeb. Eccl., c. 26.
(2) Ad. c. 8, V. i4 et scq.
153 CONTmMATÎON. — CitAP. VT.
foi. Il n'esl pas ncccssaiie de les répéter ici, d'auiaiil
plus que la cliose ne pouvait guère être auln-mcnl, n'y
ayant (juo les évèipies, dans ces premiers siècles, ipii
donnassent le Daptènic qui était suivi aussitôt de la
Confirmation. Que si quelque prêtre ou quelque di;icre
doimait de temps en temps le Baptême, ce (pii était
fort rare, on devait amener à l'évèque celui qui avait
été baptisé, a(in qu'il reçût de sa main le sacrement de
Confirmation. Celte discipline fut maintenue p;ir le
concile d'Elvire (can. 58) , qui ordonne que si quel-
qu'un a élc baptisé dans un besoin pressant par quel-
qu'aulre que l"évè(pic, on doit le conduire à l'évèque,
en cas qu'il survive, pour qu'il soit perfectionné par
l'imposition de ses mains. Si supenixcrit , ad cpisco-
pum eum perducul , ut pcr nimiùs imposiiioncm perfici
possil.
On peut dire en général que celte discipline a clé
coîislanuneiil observée jusqu'à présent dans l'église
d'Occident, el n'y a souffert que de très-légères inter-
ruptions. La plus connue est celle qui arriva en Sar-
daigne, où les prêtres s'étaient mis sur le |)ied d'ad-
niinislror la confirmation coniiiK" ministres ordinaires
de ce sacrement. S. Grégoire l'ayant appris , le leur
défendit. Mais, étant depuis informé que cette défense
les av;'.it scandalisés cl causé de l'émotion dans les es-
prits, il le leur permit , ou plutôt il toléra cet abus
pour éviter de plus grands inconvénienis. Ce sont les
inolifs qui engagèrent ce grand Pape (1 ) à user de con-
descendance sur ce point , comme il le lémoiiine à
Janvier, évoque de Cagliari, à (pii il dil, avec sa mo-
destie ordinaire, qu'il l'avait d'abord défendu, suivant
en cela la coulinne de son église ; mais que, pour le
bien de la paix , il leur permet de suivre l'usage qui
avait prévalu cliez eux. Ut presbijtcri etium in froiilibus
baplizatos clirismale taïujere debeanl conccdimus.
Soit qiie l'on donne à ce que fit alors S. Grégoire le
ncm de dispense , soit qu'on le regarde comme une
simple lolérai'.cc , il est certain qu'il n'eut point de
suites en Occident. Los évêques de celte partie si con-
sidérable do l'Église ont maintenu avec soin leins pré-
rogatives à cet égard, et se sont toujours appliqués à
répriuR-r les entreprises téméraires dos prêtres qui
voulaient s'ériger en ministres de la Confirmation.
On remarque cotte atlenlion dans les é\ê(|ues du se-
cond concile de Séville qui fui tenu peu d'années après
la mort de ce saint pape (2). Car ils y défendent aux
prêtres de faire le cbrème, et d'en faire l'onction sur
le front des nouveaux baptisés ; A'ec chrisma conficae,
uec chrismate bap'/natornm frontem signnre {c:in. 7).
Tliéodul|»Iie d'Orléans (3), le sixième concile de
Paris (4) , de l'an 8-27, celui de Meaux , de l'an 845
(can. 44), maintiiu-ent celle discipline. Ces deux con-
ciles ne permettent pas même aux corévèqnes d'exer-
cer celle fonction. D'autres allèrent plus loin , et
ordonnèrent que l'on donnerait do nouveau la confir-
(1) Lib.o episl.
(2) S. Grégoire mourut l'an GOi, et ce concile fut
assemblé en Glii. i
■ (3) De Bapt., c. 17. i
4) Pan. 2. c. 27. '
MINISTRES nE CE S.ACHEMENT. iU
malion.àccuxqui l'auraient reçue d'un corévèque. C'est
ce que lit Isaac de Langrcs, dont voici les paroles : Si
quis HOU ab cpiscopo, xed à corcpiscopo fuc>it coufirma-
tus, rcilerari iiliis bctwdiclionibus débet. On lit la même
ebosc dans un capitnlairc de l'an 803 , dont l'au-
teur (1) témoigne suivre en cela l'autoritc du i)ape
Léon III (pi'on avait consulté sur ce sujet.
L'usage dos Occidentaux sur ce jioinl était si bien
i établi et si connu , que ce fut sur cela que les Grecs
dans le 9* siècle fondèrent un des reproches qu'ils
formèrent contre l'Église Latine, comme on le voit
dans la lettre du pape (2) Nicolas 1, aux évé(|uos des
Gaules, et à llincmarde Reims en parliculicr.que Flo-
i doard nous a conservée dans son histoire de l'église
de Beims. Le pape par cette lettre invitait les évé(|ues
I de l'Église de France , la plus savante qui fût alors ,
à répondre aux objections des Grecs excités par Plio-
lius, qui jetait dès-lors les premières semonces de ce
schisme funeste , qui a depuis divisé l'Église d'orient
de celle d'occident. Quebpies-uns d'entre eux se char-
gèrent de celle importante commission. D'autres con-
fièrent la cause de l'Église au savant Ralram moine
de Corbie. Mais ni ce dernier ni les autres ne s'avi-
sèrent de nier que l'administration du sacrement dont
nous parlons ne fût réservée aux seuls évêques parmi
eux ; et ils défendirent l'usage de leur Église par
l'aniorité de l'Écriture tainle.
Depuis ce temps nous ne voyons pas que les prèlres,
communément , aient donné la Confirmation en oc-
cident du consonlement de l'Église ; et Arcudius est
un homme trop crédule pour l'en croire sur sa parole,
lorsqu'il assure (5) que le pape .\drien M avait per-
mis aux frères-mineurs de donner ce sacrement avec
du chrême consacré par im évêque dans leurs missions
des Indes, lorsqu'il ne se rencontrerait point d'évê-
ques. Cola parait d'autant moins probable , ( quoi<|ue
col autour ajoute que l'original de cette dispense se
conserve dans le monastère de S. François à Séville )
cela j)araîl , dis-je , d'autant moins probable, que le
pape Adrien dans les ouvrages qu'il avait compo-
sés (4), lorsqu'il n'était encore que docteur de Lou-
vain , et qu'il a fait imprimer depuis qu'il fut élevé au
pontificat , enseigne que le pape n'est pas en droii
d'accorder une telle dispense , et que s'élanl objocli-
ce que fit S. Grégoire à l'égard des prêtres de Sai -
daigne, il répond que ce saint Pape n'avait point per-
mis .\ ces prèlres de donner ce sacrement, mais ((u'il
l'avait seulement toléré comme un abus. 11 y a aussi
toute apparence qu'Arcudiiis aura trop facilemoni
ajouté foi au jésuite Louis l'ouseca, qui lui raoonliiii
qu'il avait conféré lui-même ce sacrement dans le
Brésil avec la permission du souverain Ponlilo. Il au-
rait dû lui demander à voir l'original de celle dispen-
se : il aurait sans doute for! l'iiibarrassé ce mission-
naire.
(1) Apnd Baluz., p. 381 . . ■ .i
(-2)l.ib. 3, c. 17.
(5) Lib. 2. de Conf.,c. 15.
(4) (n idesacrnm. ConOrm. , «^
105 HISTOIRE DES SACREMENTS. IJ'.
Cependant l'ou trouve des exemples de ces privi- V antre chose que celle qui se fait S'.ir le froiil par Ic-
légcs accordés à quclciues abbés, el entre aulres à celui
du M(»nt-Cassin, selon la cliroiiique de ce nionasicrc,
page 106, à un abbé de Notre-Dame des Ermites à
qui Paul m donna ce pouvoir en 1557 {GalUu Cliri- des circonstances qui déterminent leurs discours à
veque.
Secondement, si les auteurs eccicbiasliciiies p::r-
leut simplement de ronclion du chrême, sans ajouter
\ tliana nov. edit., l. 5, p. 1020), et à un abbé de S. Ur
' bain dans le diocèse dé Constance, qui reçut le même
privilège pour lui et pour son successeur seulement ,
en récompense du zèle avec lequel il soutenait la foi
catholique, suivant qu il est rapporté dans le nouveau
Callia Cliristiiina, ibid. , p. 1087. Mais tout cela ne
montre pas que les prèlres dans lÉ^lise Latine aient
été en possession de ce pouvoir communément par-
lant. Et tout ce qu'on peut alléguer pour prouver que
les prêtres y ont été les ministres ordinaires de ce sa-
crement est très-faible, et mérile à peine que Ion s'y
ai rèle. Tel est l'argument qu'on lire du 77° canon du
concile d'Elvire, portant que si un diacre gouvernant
un peuple, a baptisé quelqu'un sans évèque ni prêtre, ;
révoque doit lui donner la perfection par la bcnédic
lion. Si qu'is diaconus regens jilebcm s'me cpiscopo tel
presbytero aliquos baptizaverit , episcopns cos pcr bene
personnes eussent été baptisées par un prêlro , elles ■
pour les conlirmer. Mais si cela est ainsi, pourquoi le
concile renvoie-t-il ces personnes à l'cvêque seule- -
l'onciion verticale, on ne peut douter qu'il n'aient en
vue celle qui constitue le sacrement de Confirmation.
La raison de cela est qu'il était assez rare dans les
premiers siècles que les prêtres baptisassent; celte
fonction étant réservée aux évêques, qui, lorsqu'ils
l'exerçaient par eux-mêmes, faisaient l'onctii.n dw
front aux néophytes immédiatement après le Bap-
tèaie, sans que le prêtre fit celle du haut de la tèle,
qui n'a été instituée que pour suppléer au défaut de
l'évèque, et pour servir de sauvegarde aux nou-
veaux baptisés, jusqu'à ce qu'ils eussent reçu le sa-
crement de Conlirmation des mains de l'évèque. La
coutume s'établit depuis de la donner aux néophytes
au sortir des fonts, quoiqu'ils dussent être confirmés
aussitôt par l'évèque.
Le plus ancien monument qui nous soit resté de
cetie piaiique, bien avant Tordre romain et les saora-
dJc/ioHcmper^ceredeteift. D'oùilsconclue.'it quesices 1| mentaires, est le fameux passage de la lettre du pape
Lu'.ocentI à Deceniius. Nous l'avons déjà citéailleurs,
n'auraient point eu besoin du ministère de l'évèque ï et il est bon d'eu dire encore un mot, non sur l'onc-
iion verticale, dont nous avons assez parlé, mais sur
celle du front qu'il semble tellement réserver aux évè-
ment, et non aux prêtres les plus voisins? Cela est || ques, qu'il cxclui absolument les prêtres de cette
donc ce qu'on appelle un argîiment négatif, dont on fj fonction, et lesen déclare incapables: Decousignaiidis
ne peut rien conclure raiiOnnablcnien.t , non jibis que fJ ver'o vifantibus mauifcstum est non iib alio qHàni ab epi-
du 2' canon du concile de Barcelone, au G' siècle,
qui défend aux prêtres de r'i^n exiger de ceux à qui
ils ont fait l'onctinn du clirêmc, sous prétexte du prix
que peut coù'er le peu de baume qui ciitre dans la
composition, puisque, comme nous avons vu plusieurs
fois, les prêtres faisaient, surtout en ce temps-là ,
l'onciion verticale aux néophytes au sortir des fonts
baptismaux.
Puisipic l'ordre des matières nous a ramené à cette
onction verticale, je veux , pour ôter toute ambiguilé
sur cela, rapporter ce que dit le savant Uugues-Me-
nard (1) , afin qu'on ne confonde pas des choses dont
les Pères parlent quelquelbis assez confusément; parce
que l'usage et la pratique de leur temps servaient d'in-
terprétation à leurs paroles. Premièrement il est cer-
tain que quand les Pères qui ont vécu avant le ponti-
ficat de S. Sylvestre , font mention de l'onction du
chrême , ils entendent celle qui se fait au front par
l'évèque, et qui appartient au sacrement de Confirma-
tion, quoique qucbiuclois ils ne la désignent que sous
le nom d'onction de l'huile : car dans ces passages le
terme huile se prend pour le cbrômc ou une huile com-
posée avec du baume. Cette remar(iue a lieu même de-
puis ce temps, pour ce qui regarde les Grecs, lesquels
omettent l'onction verticale qui se fait par le prêtre.
Ainsi quand les anciens docteurs de cette Église par-
lent de ronclion du chrême, ils ne veulent marquer
(l) Not. in 1. Sacr. , tom. 5 nov. edii. Operum S.
Grcg., p. 585.
scopo fiai licere... : nam presbijWri ponlifiraiùs apiccm
non oblinent. Hoc aulem ponlijicmn solis deberi epi-
scopis , non solùm consuetudo ecclesiasiica demon-
stral, veriim elilla lectio Acluum Aposlolornni. Pour bien
entendre ce que ditcepape, et ne le point meitre en
coniradxtion avec le plus illustre de ses succ<îsseurs ( l ) ,
il faut remarquer qu'il écrivait ceci à un évèque voi-
sin dd Uome, dont le pape était métropolitain, et dont
il avait droit par conséquent d'exiger qu'il se confor-
mât en tout aux usages de l'église dont il dépendail.
C'est pounpioi il lui parle de celte sorte; non qu'il
doutât que les j'rétres avec la permission de l'évèque
ne pussent absolument conférer ce sacrement, mais
parce qu'il ne voulait pas qu'on leur accordât celle
permission même à rexlraordinaire ; à plus forte rai-
son que les piètres cf.lreprissent de s'ingérer d'eux-
mêmes dans cette fonction. C'est en ce dernier sens
que le papeGélase dil(2), que les prêtres ne doivent
poinl s'arroger cette faculté, non consignalionis ponli-
l, ficalis cdltibendœ sibimct arripere faeullalcm. M.iis ni
l'un ni l'autre de ces papes n'est contraire à S. Gré-
r goire , qui a cru que les prêtres pouvaient valide-
ment, et même légitimement confirmer, en le faisant
avec une permission spéciale de l'évèque.
Saint Jérôme ( 1 ) a reconnu ce pouvoir dans les prêtres,
lorsqu'il dit (pie si les néophytes ne reçoivent le Saint-
(1) S. Grég.-le-Grand, dans sa lellre à Janvier.
\±) Eu. 1-2, c. 9.
(ô) bial. adv. L'ioif.
197
C0NFIR>fAT10N. — CIIAP. VI. MINISTRES DE CE SACREMENT.
19S
Esprit que par i'imposiiion de la main de révèquc, ^ nicii' dosliities de la f.iciilie nécessaire pour l'admi
cela est insliliié piulô'. poui riionncui du sacerdoce, nislralioi» do
que parce que la ioi le prescrit. Ad honorem polihs
:acerdolii, ptàm aa legis necessiUUcm iinlilulum. Non-
senlcment 3. Jérôme reconnaît dans ics prélrcs le
pouvoir de donner la Conlirmalion; mais ii fait de
plus anlendre qu'on leui permellai* quchpicfois
d'user de ce pouvoir, lorsqu'il dit, dans sa lellrc à
Evangolus: Que lait révèiiuc. excepté Tordinalion.
que le prêtre ne hs^zpo'iui'! Quid ciiim facil exce-
pta ordinalion; episcopv.s quoa preshijter non fa- \
dal?
Le premier coricile deTolt;de(can. 20) semble supposer
cet usage(saiis doute avec la dépendance nécessaireaux ]
évêqucs) quand il interdit aux diacres la faculté de
faire ionclion du chrèmo; et qu'il permet eu même
!empsau prêtre de la faire en l'absence de l'évêque,
ou bien môme en sa présence , si celui-ci le lui ot-
^o\M\c. S tulutiim exl diucomnn non clirismure, sed près-
byterum, absente episcopo, prœsenle verb, si ab ipso
fuerit prœcepluni. Ce n'est pas sans beaucoup de vrai-
.'emblauce que desavan's hommes (I) prennent dans le
/■jiême sens le onzième canon du premier concile
d'Orange, et le seizième de celui d'Epaune, que nous
«vons rapporté sur la (in du chapitre précédent;
aussi bien que ce qui est dit dans le second concile de
Tolède, de Tan 599, cap 2, quand il défend aux évè-
ques de rien prendre pour le prix de la li(|ueur du
cbrème qu'ils donnent aux prêtres pour confirmer les
néophytes : Statutuw est ul citm chrisma prcsbyteris
diœcesanis datur pro confirmandis neoplnjlis, niliil pro
•Âquoris preiio accipialiir.
Il est évide.it parle détail historique que nous ve-
nons de faire, qu'en Occidonl depuis les Apôtres jus-
qu'à nous, les prêtres n'ont point été les ministres
ordinaires du sacrement de Confirmation; (si on en
excepte, peut-être pour un temps assez court, ceux de
Sardaignc) et que de plus il est rare qu'ils aient
exercé cette fonction, même à l'exiraordinaire, avecla
permission ou par le commandement des évoques. Ou
ne peut dire la même chose des églises d'Orient, On
ne peut douter que dans les commeucemenls ce minis-
tère n'y fut réservé aux évoques comme ailleurs. C'é-
tait imc suite de la discipline établie partout pour
.'administration du Baptême, qui n'était ordinaire-
ment conféré que par les évoques aux fêtes solen-
nelles. Saint Chrysostômc fait assez entendre qu'on
ne souffrait pas encore de son temps que les prêtres
.-•.'érigeassent en ministres ordinaires de la Confirma- ;
tion , lorsqu'il dit dans son commenlairc sur lesAc-
.es des Apôtres (2), que les ministres inférieursavaient
reçu à la vérité la puissance de faire des miracles,
mais non celle de donner b; Saint Esprit, ce qui était
affecté aux évêques. Après quoi il ajoute : d'où vient
que nous voyons que les principaux et les premiers,
.<opu?aiîu,-, s'acquitten» de cette fonction. Ce saint ne
croyait pourtant pas que les prêtres fussent absolu-
(1) Entre autres le P. Constant, dans une note sur
la decrétale d'Innocent I à Decentiu"
'i) U^mil. 18.
ce sacromonl, puisqu'il assure dans son
commentaire sur la première Épitrc à Timothée (i ),quc
les évè(iuos ne sont au-dessus des prêtres que paf
ic pouvoi; qu'ils ont de faire les ordinations,
Quoi qu'ii en soit de l'nsage qui régnait sur le fait
dor.i il s'agit ici, dans les temps et les lieux où a vécu
S. Ciirysosiôme, il est certain que dès-lors, ou peu
après, dans certaines églises d'Orient les prêtres élaien'
en possession de conférer la Confirmation assez com-
munément Nous avons pour garants de ce que nous
avançons, premiércmen!, l'auteur du Commentaire sur
les Épîtres de S. Paub que l'on a cru durant tant de
siécieF être S. Ambroisc,. cl qui, comme le montrent
les éditeurs des œuvres de de Pcre , vivait sur la
fin du quatrième siècle. Cet auteur assure positive-
ment qu'à Alexandrie et par toute l'Égypie le prêtre
donne la Confirmation; si l'évêque ne se trouve pas pré-
sent: Apud jEfjijptum prcsbyterî consignant, si prœ-
sens non sil enlscopus. Le second témoin que nous
avons de celle coutunie est S. Augustin, ou pliiiôt
l'ancien auteur des questions de l'un et l'autre Tesla-
nieni, qui a été imprimé dans l'appendice des œuvres
de ce saint {2j. JnAlexandiiù et per totam .^gypium. .:
desit episcopus, consignai prcsbyter ; carc'est ainsi ijv'il
faut lire, et non pas consecral, comme !e nianuj l'ii
de la bibliolliè(pie de M. Colbert en fait foi.
Selon toute apparence, cet usage des églises J'^.igy-
ple se répandit insensiblement dans toutes les autres
de l'Orient, où les prêtres jouissent depuis long-temps
du privilège de donner la Confirmation, comme le Bap-
tême; c'est-à-dire, en qualité de ministres ordi-
naires. Cela était déjà passé en coutume parmi les
Grecs et les Orienlaux dans le neuvième siècle. Nous
l'avons vu ci-devant dans les plaintes de Pliolius coii-
Ire le pape Nicolas là qui il reprociic comme \m at-
tentat sacrilège d'avoir ordonné que l'un confirmerait
de nouveau ceux qui l'avaient été en Bulgarie par i-s
prélrcs Grecs. Les papes innoconl !I! ci IV voulant
aussi introduire chez les Grecs la discipline des Oceidi'ii-
taiixsurcft point, le premier envoya sou décret sur
cela à Couslautinople dans le temps que les Latins m
étaient les maîtres; ie second eu Chypre : mais leurs
ordonnances n'y furent point publiées, de peur de por-
ter ces peuples à des extrémités fâcheuses.
An concilede Florence îo pape Eugène IV demanda
aux Grecs pourrpioi leurs évêques parmi eux ne fai-
saient pas l'onction du cbrème aux néop'ivleS; ol se
reposaient d;; celte tonclioii sur les prêtres, puisque
c'était là une des prérogatives de répisco:al. Siir quoi
l'évêque de Mililènc satisfit sa Sainteté par sa réponse,
tant sur ce point que sur plusieurs anlrcs, comme il
paraît par ces paron-s qu'or, lit à la Un des actes da
Cimcile. L'évêque de .^litilène a résom légitimemcnf
etsuivantles canons ce que lui oui objecte les Latins
excepte ce qui regarde la séparation du mariage quant
au lien, et l'ordination du patriarche hors de Cons-
(I) Ibunil. 11.
(■il In cap. 4 Epist. ad Ephes,
tOÔ HISTOIRE DES SACREMENTS
tanlinople. Ainsi quand même ce que reprochait
Marc d'Ephèse aux Latins d'avoir coulinué de nou-
veau ceux qui ravaiciii éie ciiez les Grecs scraitvrai,
on doit répondre avec Grégoire Prolosincelle, quias-
bislait au concile de Florence en qualité de vicaire du
palriarclie d'Alexandrie, et qui fut depuis lui-même
patriarche de Constanlinople, que celte conduite n'é-
tait point approuvée par le concile, cl qu'on ne doit
point tirer à conséquence les entreprises téméraires
dequchpies ignorants.
La possession dans laquelle sont les prêtres en
Orient d'être les ministres ordinaires de ce sacrement
doit être bien ancienne, puisque, comme dit M. Rc'
naudot Cl), elle est antérieure à tous leurs schismes, et
même aux hérésies de Neslorius et des Jacohitcs.
Cependant il n'y a eu aucune contestation là-dessus,
soit avant le schisme entre les Grecs ei les Latins, soit
depuis, quand il s'est agi de la réunion des deux
églises. Ainsi on ne peut jusidier la conduite de l'ar-
chevêque de Goa Alexis de Menesez, sur ce que dans
le Synode de Diamper il fit une décision (ju'il exé-
cuta sans l'autorité du Saint-Siège, eii faisant donner la
Confirmation à tous ceux qui l'avaient reçue dans les
églises Neslorienncs de Malabar. On doit être surpris
qu'un évêque particulier ait fait de telles entreprises,
surtout après que les papes Léon X cl Clément VU
avaient déclaré qu'on ne devait point troubler les Grecs
dans la pratique de leurs rils. Cependant on a vu de-
puis un Synode du Mo:il-Uéal en Sicile, tenu sons le
cardinal Peretli deMonlalK» archevêque de celte ville,
déclarer que quoique les évêques Latins pussent abso-
lument confirmer ceux qui ont été baptisés, ou qui
ont reçu la Confirmation par les prêtres Grecs, il pa-
raissait néanmoins plus sûr d(.' les confirmer sous con-
dition avec la forme latine. Le pape Urbain VUi en
confirmant les décrets desiS prédécesseurs sur celle
matière, a bien fait voir le peu d'égards que l'on de-
vait avoir pour les ordonnances de ces synodes parti-
culiers qui se sont visiblement écartés dans ces occa-
sions de l'esprit de l'Église, et qui par un zèle ouiré
et sans science ont fait des choses capables d'empê-
cher la réunion des deux églises, qui est le plus grand
bien que puissent désirer en cette vie tous les vrais
enfants de l'Église.
«00
CHAPITRE VU.
Des effets du sacrement de confirmation. De la cfràcc
intérieure, et du don des miracles. Combien ce don
était commun dans les premiers siècles de VEglise.
En quel temps il a cessé de l'être.
Les théologiens n'ont pas beaucoup de peine à mon-
trer aux proiestanls par l'autorité des Pères, qu'outre
le don des miracles, qui était dans les premiers siècles
reffet ordinaire de ce sacrement, il conférait de plus
la grâce intérieure . Je me contenterai, pour faire con-
naître ce qu'on a cru sur cela dans toute l'Eglise, de
rapporter en ce lieu ce qu'en ont dit deux célèbres
auteurs, l'un de l'église d'Orient, l'autre de celle d'Oc-
(1) Perpétuité de la foi, t. 5, I. 2, c.12.
cident. Ces deux auteurs sont S. Cyrille de Jérusalem,
et S. Eucher de Lyon, que j*ai choisis préférablement
aux autres, parce qu'ils caractérisent mieux que tous
les autres la grâce propre de ce sacrement.
La troisième catéchèse mystagogiijue de S. Cyrille,
est toul entière destinée à expliquer les effets que
produit la Confirmation dans ceui: qui la reçoivent.
J'en donnerai un extrait : Vous êtes devenus, dit-il,
en parlant aux néophytes , vous êtes devenus des
christs ayant recule symbole du ^inl-Esprit...; après
que vous êtes sortis du bam sacré, on \o\rà a donné le
chrême, qui est le symbole de celui dont Jésus-Christ
a été oint, qui est le Saint-Esprit...; il a été oint d'une
huile de joie, c'est-à-dire, du Saint-Esprit, qui est ainsi
appelé, parce qu'il est auteur de la joie spirituelle : el
vous, en recevant l'onction du chrême, vous êtes deve-
nus les compagnons el les associés du Christ...; votre
corps a reçu celle onction extérieurement, cl votre âme
a été sanctifiée par l'Esprit saint el vivifiant. On vous a
fait l'onction, preuùèrement sur lefrt-nt, afin de vous
délivrer de la honte que le premier honmie avait mé-
ritée par sa prévaricalion , el qu'il portail partout....
On vous l'a faite sur la poitrine, afin qu'étant couverts
de la cuirasse de la justice , vous vous souteniez con-
tre les pièges du diable : car de même que le Sauveur
après sou Baptême et la descente du Sain'-Esprit sur
lui a vaincu le démon , de même après le sacré Bap-
tême et l'onction mystique, étant revêius des armes
du Saint-Esprit, \oiis ccinballez contre les puissances
ennemies , et vous les terrassez, disant ; Je puis tout
eu celui qui me donne la force, itltZ\,ij.ijofzrr> -nc-'onlUiv
TOÛ kyiov irviùfiaLVOi, tïTasOs Ttfo; tyjv à;Ti/£i,u;y/;v ôùva^atv ,
zaîT«vTv;v xaT«v&)viÇ£ï&«. Saint Cyrille ajoute une chose
remanjuable, el qui doit nous imprimer bien du res-
pect paur ce sacrement. Ayant, dit-il, été rendus di-
; gnes de recevoir ce saint crhême, on vous api»elle chré-
tiens, portant ainsi un nom conforme à votre régénéra-
lion : car avant qu'on vous eût communiqué celle
' grâce , vous n'étiez pas proprement dignes de celte
dénomination; mais vous vous mettiez en devoir de
devenir chrétiens. T«utï5j rT,i TTpo'7y,yopMi xvplo); oh/. ^t«
' àÇist, «//' 5û«ùovTt5 TtpoêctiviETc e'tîTÔ thaï xptaTtKvoi. Notre
saint docteur enseigne ensuite que l'onction que Moïse
; fit à Aaron, et Sadoc à Salomon, l'une pour le sa-
cerdoce, eU'autre pour la royaulé, n'étaient qiieles fi-
gures de celle que les chrétiens reçoivent dans ce sa-
crement, qui les rend en même temps prêtres el rois
d'une manière toute spirituelle. Enfin il apprend aux
nouveaux baptisés que l'onction qu'ils avaient reçue
était une sauvegarde spirituelle pour leur corps , p--
ia/.T/^ptiv, un phylactère el un préservatif salutaire
pour leurs âmes. Tels sont les eU'els de la Confirma-
tion, suivant S. Cyrille, qui a traité exprès cette ma-
tière, était chargé par son évêque d'instruire tant les
catéchumènes compétents avant le Baptême , que les
néophytes après qu'ils avaient été initiés aux sacre-
ments.
Saint Eucher de Lyon (!) ne développe pas cette
1 (1) Homil. de PenJi»'W^p-, Biblioth. PP. t. G, p. Gi9,
201 CONFIRMÂTTON. — CHAF. Vil
matière avec moins de clmté, et insiste principn'c-
mciit sur la vcrln qn'a ce sacronicnl de forlificr les
ànies. Il est bon de icoonler lui même pailor. Quel-
qu'un dit peut-être en lui-même , ipie me sert après
le mystère du Baptême le ministère de celui qui me
confirme? Que votre cliarilc soit attentive.... c'est ce
qu'exige Tin-dre de la milice. Car, quand un général
reçoit (piehpi'un au nonihre de ses soldats, non seu-
lement il lui imprime une marque ( il fail allusion à
la coutume des Homains , de manpier à la main ceux
qui prenaienl parli dans les troupes) mais il leur loiir-
nit les armes conven.iltles. Il en est de même à notre
égard. Celle bénédiction que Ton dc^nne aux baplizés,
est pour eux une défense.... Le Saint-Esprit donc, (lui
est descendu dans les eaux du Baptême pnur loin"
communi(pier la vertu de leur procurer le salut, donne
aboiulammenl dans les sacrés fonts, la grâce de l'in-
iiocence, et dans 1 1 confirmation, une augmentalion
de grâces : in confirmalione auymenlum prœstal ad gru-
tiain. El parce que dans ce monde nous devons nous
trouver din'ant tonte noire vie an milieu de nos eime-
mis invisiitles et des périls , nous sommes rég(''iiérés
pour la vie dans le Baptême , et après leBaplèmc,
nous sommes confirmés poiu" condjattre : confirmanlur
ad piuinmn. Dans le Baptême , nous sommes lavés ,
après le Baplême nous sonmies fortifiés, posl baplis-
mum roboriiiiiiir. Ainsi le bienfait de la régénération
suffit à ceux qui doivent bienlot mourir, mais les se-
cours de la Confirmation sont nécessaires à ceux qui
ont à vivre. C'eU ainsi que ce grand é^èrpie expliipie
les lieureux effets qne produit ce sacrement ; il est
bien juste de s'en raiipnrier à lui sur cette matière ,
plulôt qu'à Calvin et à ses sectateurs.
Je ne cmyais pas m'étendre si f(n'l sur cetie ma-
tière, qui est plutôt du ressort de la théologie que de
riiistoire : mais conmie je m'i'perçois (pie ce chapitre
serait inip long si j'y joignais ce que j'ai à dire lou-
chant le second eflei de la confirmation, je crois qu'il
sera plus à propos d'en traiter à part, et de le mettre
dans quelques articles séparés.
ARTICLF, PREMHCR.
Des miracles et des visions surnaliirelles. Effets ordi-
naires de la Confirmation dans les premiers siixles.
Combien de temps ces grâces ont été communes dans
rÉgtise.
Tous ceux qui n'ignorent pas entièrement lliisloire
de la Religion, savent ce qui se passa à Jérusalem le
jour de la Pentecôte, quand le Saint-Esprit descendit
en forme de langues de feu sur les premiers disciples
du Sauveur, et qu'il leur communiqua non seulement
la grâce sanctilianle, et entre aulres la force et le cou-
rage tout divin dont ils avaient besoin pour renver-
ser l'empire du démon ; mais, outre cela, le don des
miracles et des visions snrnalurelles, des langues et
des guérisons. Le livre des Actes nous apprend au
chapitre 8' que les apôtres communiquèrent ensuite
aux autres par l'imposition des mains ce qu'ils avaient
reçn eux-mêmes; et que celle grâce passa même jiis-
xn. XX.
. EFFETS DE CE SACREMENT. 503
que sur les gentils, qui embrassaient la foi chrétienne.
Ainsi s'accomplit la prophétie de Joël. Dans ces der-
niers temps, dit le S<igncur, je répandrai mon ef^prit
sur toute chair. Vos fils et vos filles propliéliscrûnt ;
vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards au-
ront des songe$ je ferai paraître des prodiges dans
le ciel, et des signes extraordinaires sur la terre. Aussi
voyons nous qu'il y avait quantité de iirophèles dans
ces commeneemenls de l'Eglise, cl de persormes qui
opéraient de-i prodiges et des miracles en tout genre.
Il y avait alors dans l'église d'Anliochc, dit S. Luc (1),
des prophètes cl des docteurs, savoir : Barnabe et
Simon, qu'on appelait le Noir , Lucius-Ie Cirénéen,
Manahen, frère de lait d'ilérode le Tétrarque, et
Saul. Or, peiulant qu'ils sacrifiaienl au Seigneur, et
qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi
Saul et Barnabe, pour l'oeuvre à laquelle je h s ai ap
pelés. Vous voyez ici cinq prophètes dans une seule
ville : encore, n'étaienl-ils pas les seuls , puisque
l'Écriture en parle comme étant seulement du nombre
de ceux qui se trouvaient pour lors à Aniiochc, au
moins suivant noire Vulgato, qui porte : In quibiis
Barnabas, etc., ce qui signifie, parmi lesquels était
Barnabe.
Ce n'élail pas seulement à Antioche que l'on voyai*
des prophètes, il s'en trouvait ordinairement dans
chaque église particulière. S. Paul le témoigne assez,
lorsque, parlant aux prêtres de l'église d'Éphése,
sur le voyage (ju'il avait entrepris de faire à Jéru-
salem (2), il leur dit que son dessein était de se
; rendre en celle ville ; (|uoi(pie dans toute > celles ofi il
\ passait, le Saint-Esprit lui fit coimailre (par la bouche
di's frères qu'il inspirail), que des chaînes et des affli-
j étions lui étaient préparées; c'est ce que Ton voit lui
être arrivé à Tyr (5), où ayant trouvé des disciples,
dit l'historien sacié, nous y demeurâmes sept jours,
et ils disaient par l'esprit à Paul, qu'il n'allât point
à Jérusalem. L'Apôtre, avec ses compagnons, étant
passé de Tyr à Césarée, y logea chez le diacre Phi-
lippe, qui avait quatre filles vierges, qui prophéti-
saient. Là, un autre prophète nonnné Agabus, vint
les trouver, et prédit clairement à Paul les mauvai?
trailements qu'il devait recevoir à Jérusalem.
Ce peu que nous venons de rapporter des Actes
des apôtres , montre évidennnent combien les dons
1; surnaturels du Saint-Esprit étaient ordinaires dans
i ces heureux temps, et pour ainsi dire, po[)ulaires,
puisque Dieu les répandait si abondamment, non seu-
lement sur les simples fidèles, mais encore sur les
personnes de l'autre sexe. Aussi, S. Paul, parle-t-il
dans ses Épîlres des dons miraculeux, comme de quel-
que chose de très-connu, dit M. Abbadie (i). 11 les
appelle les dons du Saint-Esprit, et quehiuefois sim-
plement le S:iint-Esprit. Celui qui voudiait ôter de
ses Épîlres tous les endroits où il en parle, en ôlerait
sans doute une des plus considérables parties. Dans
(1) Act. ch. 13, v. 1 et 2.
2) Act. 20, 23.
5) Act. 2. i. >
303 BÏSTOIRK DES
la promiôre qu'il écrivit aux Corinlhiens (1), vers ]
Tan (le Jésus-Christ, 57, vingt-qualre ans après la
passion du Sauvenr, il leur dit : Or, les dons du Saiiit-
Eii[iiit qui se font ronnaitre au dehors, sont donnés à
chacun pour l'ulililc de l'Église. L'un reçoit du Saint-
Esprit le don de parler de Dieu dans une haute sa-
gesse : un antre reçoit du même Esprit le don de
parler aux hommes avec science : un autre reçoit le
don de la loi par le même Esprit ; un autre reçoit par
le même Esprit la grâce de guérir les maladies ; un
antre, le don de faire des miracles ; un autre, le don
de propîiélie; un autre, le don de discerner les
esprits ; un antre, le don de parler diverses langues;
un antre, le don de rinterpiélalion des langues, etc.
Vous voyez comment S. Paul suppose en passant
ces prodiges comme un fait d'expérience, et que cha-
cun connaissait. L'Apôtre en paile de même dans ce
cha|!ilre (2), à l'occasion de l'union et de la charité
qu'il reconnnande aux Chrétiens, les uns envers les
autres, les exiiorlant surtout à ne mépriser aucun
d'entre eux; même ceux qui paraissent les moindres
de tons, parce que tons sont niemhres du corps my-
stique de Jésus-Christ , et méritent en cette qualité
d'è:rc aimés et honorés. Sur quoi il leur dit qu«
Dieu a clàhli dans son Église plusieurs ordres de dons
cl de i;r;ice«, le tout pour l'utilité commune du corps,
c! non afin que qnnhprun en prenne occasion de s'é-
cver au-dessus des autres. Tous sont-ils apôtres,
•ijonte-t il? tous sont-ils prophètes? tous sont-ils do-
cteurs? tons font-ils des miracles? tous ont-ils la
grâce de guérir les maladies? tous parlent-ils plu-
sieuis langues? tous ont-ils le don de les interpréter?
C'est ainsi (jue S. Paul ne parle qu'indirectement, et
connue en passant, de ces diflércnts dons; et cela fait
bien voir ipie ce fait était d'une notoriété publique.
Que si l'on veut encore une plus grande preuve de
cette vérité, mais une preuve qui me paraît au-dessus
de la snhtihté di-s exceptions, il suffit de considérer
qu'entre ces dons, celui de parler des langues était si
connnini, qu'il survint un grand Ironhle et une grande
confusion dans l'église de Corir.the, à cette occasion ;
parce que ceux (|ui avaient reçu ce don voulant tons
parler des langues étrangères dans l'église , l'assem-
blée n'en était point édifiée. C'est ce qui obligea S.
Paul à leur écrire fortement là-dessus ; et c'est à quoi
il emploie le chaiiilre 14 de sa première Épitre aux
Coriniliiens. Je souhaite, leur dit-il (v. 3), que vous
ayez tous le don des langues, mais encore plus que
vous ayez celui de prophétiser.... aussi, mes frères,
quand je viendrais vous parler des langues incon-
nues, (|uelle uliliié vous apporterais je (v. (j)?... c'est
poinquoi que celui qui parle une langue demande à
I)i«;u le don d'interpréter ce qu'il dit (r. 15).... Je
loue mon Dieu de ce que je parle toutes les langues
que vous j)arlez (v. 18) : mais j'aimerais mieux ne
dire dans l'église que cinq paroles dont j'aurais l'iu-
(A) Traité de la Religion chrétienne, t. 2, c. 12.
(1) Cap. 12, V. 7, 8, 9, 10.
(2) Ibid. u. 28, 2i) ci scq.
SACREMENTS.
%Û^
telligence pour en instruire aussi les autres, que d'en
dire mille en une langue inconnue (v. 19).... Que si
votre Église étant assemblée, tous parlent diverses
langues (v. 23), et que des ignorants ou des inlidcles
entrent dans cette assemblée, ne diront-ils pas que
vous êtes des insensés? Mais si tous propliétisent, et
qu'un inlidèle ou un ignorant entre dans votre assem-
blée, tous le convainquent, tous le jugent : et ainsi
ce qu'il y a de plus caché dans son co-ur est décou-
vert ; de sorte que, se prosternant le visage contre
terre, il adorera Dieu, rendant témoignage que Dieu
est véritablement parmi vous,
S. Paul, après avoir fait sentir aux Corinthiens
combien ils avaient tort d'avoir tant d'ardeur pour
le don des langues, et de le préférer à d'autres, qui,
quoique moins éclatants étaient plus utiles, règle en-
suite la manière dont ils devaient user tant de celui-
ci que de celui de prophétie, afin que tout se fit avec
décence dans leur assemhlée, et qu'il ne s'y passât
rien que d'édifiant, il parle de cela comme de choses
ordinaires, et dont il était de son devoir de régler
l'exercice. Que faut-il d(jnc, mes frères, que vous fas-
siez (v. 26) ? Si lorsque vous êtes assemhlés, l'un est
inspiré de Dieu pour composer un cantique, l'autre
pour instruire, un antre pour révéler les secrets de
Dieu, un antre pour parler une langue inconnue, un
antre pour l'inlerprcler, que tout se fasse pour l'édi-
fication. S'il y en a qui aient le don des langues (v.
27), qu'il n'y en ait pas pics de trois qui parlent une
langue inconnue, et qu'ils parlent l'un après l'autre,
et qu'il y ait quel<iu'un (pii interprète ce (pi'ils auront
dit. Que s'il n'y a point d'interprète (v. 28), que celui
qui a ce don se taise dans l'Église.... Pour ce qui est
des prophètes (v. 29 etseq.), qu'il n'y en ait pas
plus de deux ou trois qui parlent, et que les autres
en jugent. Que s'il se fait quehiue révélation à quel-
qu'un de ceux qui sont assis dans l'assemhlée, que
le premier se taise. Car vous pouvez tous prophétiser
l'un après l'autre, afin que tous apprennent, et que
tons soient consolés ; et les esprits des prophètes
sont soumis aux prophètes. Car Dieu est le Dieu de
paix, et non de confusion et de désordre : c'est ce
que j'enseigne dans toutes les églises des saints.
En vérité il eût fallu que S. Paul fiil le plus insensé
de tous les hommes parlant de la sorte aux Corinlhiens;
s'il n'y avait point eu de ces dons miraculeux parmi
eux, ou sine le croyant pas, il eût cru, en leur par-
lant ainsi , leur persuader qu'ils avaient chez eux des
prophètes en grand nombre, et d'autres doués des
grâces dont il fait mention. Que ceci soit dit en pas-
sant contre les incrédules. Mais faisons surtout atten-
tion à ces dernières paroles de l'Apôtre : Ceit ce que
fetueigne dunt lotîtes les égli$es di$ sainU. Elles mon-
trent évidemment que les grâces dcmt il vient de faire
l'énuniéralion étaient réjianducsdanri chaque église, et
qu'il y prescrivait les mêmes règles qu'il vient do
donner à ceux de Corintl.e, soit pour prévenir les
désordres qui pouvaient s'élever sur ce sujet, soit pour
les réprimer ea cas qu'iU'en fût trouvé de »cml)lables.
io^
CONFIRMATION. — CIIAP. Vil. EFFETS DE CK SACREMENT.
2()G
Ce que l'Apôlre dit aux Galalcs sédiiils par de faux f
apôtres qui voiiU.ii'nl joindre robservalion de la loi à
la grâce de rF-vaii;,'iit', fait bien voir qu'eircclivcinciil
ce don des niiracles nVlaii passculeiiicnl dans réjilise
de Coriullie, puisqu'il le suppose comme une chose si
connue parmi eux (pi'il en lire un argument sans
rcpli(]ue, pour leur prouver combien leur conduite
élait déraisonnable eu ce point. 0 Gabiles insensés,
leur dit-il (c. 5, v. 1), qui vous a ensorcelés pctn- vous
rendre ain^i rebelles à la vérité celui qui vous
communique son esprit (v. 5), et qui fait tant de mi-
racles parmi vous, le fiul-il parles œuvres de la loi, ou
par la lui que vous avez ouï prèclier.
Les grâces surnaturelles coiilinucn'nt duis TEglise
après que les apôtres furent morts. Sùnl Ignace, qui
fut martyrisé huit ans après la mort de S. Jean, qua-
rante après celle des apôtres saint Pierre et sairil
Paul, l'an de Jésus-Ci:ri>t 107, saint Ignace, dis-je,
cet homme si digned'ètre cru sur sa parole, nous reml
témoignage que lui-même élail inspiré de Dieu. Voici
comme il en parle dans sa lettre à ceux de Pliiladel-
pliie (num. 7). Car, quoiqu'il y eu ait qui aient voulu
me séduire selon la chair, ils n'ont point séduit l'es-
prit qui est de Dieu : car il sait d'où il vient et où il
va. 3'ai crié étant au milieu d'eux, jai pailé à haute
voix, écoulez les évéques, les prêtres et les diacres.
Quelques-uns ont soupçonné que je disais cela counne
prévoyant le s< hisme que certaines personnes devaient
introduire. Mais Dieu , pour ijui je suis enchaîné,
m'est témoin que je ne l'ai point connu par les voies
ordinaires; n)ais l'esprit nous crie en disant : Ne
faites rien sans révê(|ue, etc. Le même saint martyr
parle encore plus ouvertement des connaissances sur-
naturelles qu'il avait reçues de Dieu dans sa lettre
aux Tralliens, aux(|uels il dit : Ne puis-je pas vous
écrire des choses célestes? Mais je crains que n'étant
encore que des enfanta (en matière de religion), je ne
vous nuise par là. M^ iù èJvay.Kt rà ir.ojf'^-nc/. v.iàjiat ; CO
qu'il écrit aux Ilomains est une preuve évidinîe de
ce que nous disons des miracles dans ces premiers
siècles. Ils y étaient si communs , que le saint mar lyr
en est en peine , et qu'il appiéliende que les hèles
farouches auxquelles il était tondaiimé ne l'épargnent,
comme elles avaient l'ait quantité d'autres. C'est pour-
quoi il dit: Je les (Intlerai nfni quelles me dévorent
ausailôi el qu elles ne m'épargnent pus comme cfunlres
quelles nont osé toucher.
Après S. Ignace vient Quadral , le prem-'cr apolo-
giste de la Religion chrétienne, qui osa même piésrii-
ter sou éciit pour la défense du christianisme à l'em-
pereur Adrien. Ensèhe (1) nous assure qu'il élait
rempli du don de propliétie aussi bien que les (illes du
diacre Philippe. Nous apprenons la même chose
d'Aslerius Lrhaims aiuieu auteur chrétien. Et certes
on peut croire que ces vierges proj.héiesses ont [tu
vivre juscju'à ce tenqts par ce qu'écrit Polycrale au
Pape Victor. La succession de l'esprit de prophétie
(1) Hist. eccl.3, c. 57, et ex Aslcrio Urbano, I. 5,
C. 17.
pnssa dû Quadrat jusq!;*iiu temps de Mont.in par Am-
niia, autre propliéles.se. C'est ce que nous ap;rejid
.\ppolimaire de .léraple tlonl Eusèbe l'ait uu-nlion (huis
son liisioire eeclésiasiique (I). Car si après Quadrat,
dit il, et .\ieniia de Piiilaliieliihie, les l'emmes qui sont
à la suite de .Montan ont s::cfédé au don de prophétie,
qu'ils nous montrent qui sont ceux qui ont succédé à
.Moiitan el à ces femmes"? t^ar l'Ai^ôtre nous enseigne
qu'il laiit q-ie le don de prii|ihélie deinenre dans toute
l'Fglise jiisqu'à l'avenémeMl du Seigneur. Ces paroi. -s
d'Apollinaire, ou d'un autre ancien auteur (.Milliade)
(ju'il cite, el q;ii avait aussi combattu par S'S écrits
l'hérésie des Moiilau sles, niontrecl é\id.Mnent que
non seulemei'.l le don de propiiélie s'état conservé
sans inlerruplion dans l'Kglise jusqu'à Moiit.in ; mais
qu'il y était tellement établi , (pie l'on ne croyait pas
que l'Eglise pût être jamais sans prophètes; eu sorte
que les Montanistes n'eu ayant point jianni eux qui
.s'atirilinassent ce litre ajirès la mort de.Maxiniilla, les
catholiques en concluaient contre eux (ju'il.-. n'éiaient
|)0inl l'é-lise de D;eU, ôc-t; yà^ Etvai -h Ti^Cir^-i/.à; -/y-pi-
aij.a. £j ■KV.Tç ryj s/././.r,7ic/. fJ-t/pi zf,; TS/tia; tzv.coxjtCc/.; i
Il ne faut pas s'imaginer que l'esprit de prophétie
.•"ùl renfermé dans les seules p(îrsonnes dont nons ve-
nons de faire mentit n d'après ces anciens écrivains.
II y en avait plusieurs autres chez les chrétiens dans
l'intervalle du temps qui s'était écoulé depuis S. Ignace
I jusqu'à Monlan,qi!: coin;i:cnça à pu!)lier ses blas-
phèmes en l'an 171, selon Eusèbe, et (jui, suivant v
M. de Tillemoal (2), n'a pas commencé |)lus tôt , et ne
peut l'avoir fait gfi re plus lard. Saint Polyca: pe, qui
soufiVit le martyre l'an 147, élait au^si prophète.
C'est ainsi que le qualilient ceux qui ont éerit IhistoirG
de son martyre (ôj, et ils ajoutent qu'i/ n'a ritn prédll
qui na'n eu .son accomplissement ou qui ne doive l'avoir
en son temps, i
Mais ponr(pioi nous arrêter à dos p rsonnes parti-
culières? Saint Justin nous assnraiild'ur.e uianièie si
positive que le don des miracles et les grâces surna-
turelles étaient encore si communes de son temps
dans l'Eglise , c'est-à-dire, jusqu'au-delà du milieu
du second siècle, puis;p:e ce saint embrassa le chris-
tianisme, selon .M. de Tillemonl, en l.")5. et qu'il fut
couronné du martyre en 107 ou 1G8. Voici comme il
en parle dans renlrelien qu'il eul avec le Juif Triplion :
Les dons de prophétie se sont conservés chez nous
jusrpi'à présent; ce qui doit vous faire compronlrc
que les prérogatives dont vous jouissiez auticluis nous
ont été transférées. Quelques pages plus bas, il prend
les Juifs eux-mêmes à lémoins de ce qu'il avance en
leur disant : Vous voyez vous-mêmes de vos yeiiï.
(pi'il n'y a point de prophètes parmi vous, comme
autrefois. Mais parmi nous on voit rt des femmes U da
hommes qui ont reçu les dons du Suint-Esprit.
(I) Lib. 5, c. 17.
[l] Tom. i, p. 4.'i7.
^j) Apud Lu>.eD. Uiki. tcc' '. 4, c. I*. ^
207
HISTOIRE DES SACREMENTS.
SOS
11 fallait donc que dans l'eip;\ce de temps dont [
îioiis avons parlé, les dons niiraoïdciix qui élaiciil
dans l'église fussent liicn avérés el bien communs
pour s'en rapporter aux Juifs eux-mêmes contre (pii
noire saint niarlyr disputait, et pour en tirer contre
eux en mème-lenips un art^unient si convaincant el
si favorable an cbristianisnie. Aussi Eusèbe (1) , en
parlant de S. Justin, dit : // écrit que les dons de
prophétie éclatuieut de son temps.
Ce furent même ces fié(|uenls dons du Saint-Esprit
qui donnèrent du crédit à iMonlan et à ses fausses pro-
pliétesses qui s'ellurçaientd'iiniter les vrais propbètes;
car connue on était accoulumé de voir des personnes
divinement inspirées, on ne se délia pas si loi de la
supercherie de ces béiétiques , qui eurent ainsi le
temps, avant qu'on eût découvert leurs arlilices et le :
principe de leur enthousiasme , de pervertir plusieurs
fidèles trop crédules , el de les attirer à leur secle.
C'est Eusèbe qui nous lait faire celte réflexion (2).
Sans parler de quelques personnes parliculién s à
qui Dieu avait fait part des dons surnaturels de pro-
phétie, tels que Méliton de Sardes, el Atlale, un des
martyrs de Lyon, dont il est pailé dans la lettre que
les églises des Gaules éerivircnl à celle de Plirygicî ;
nous avons un lémnin inlinimenl respectable de ce
que nous disons touclianl le don des miracles el des
visions sin-nalurelles en la personne de S. Irénée qui
niourul dans les premières années du troisième siècle
de l'Eglise, c'est-à-dire, en 202, oy peu d'aimées après.
\oici connue il en parle en écrivant contre les héré-
tiques :Or<enx-ci (les eallioliques) ont la connaissance
des choses avant cpTelles arrivent , des visions el des
paroles pfopbéli<iues. Il prend occasion de là de com-
battre les héréti(iues. Où est l'Eglise, là est l'Esprit,
et ouest l'Esprit, là est l'Église et toute grâce. Il avait
dit auparavant : On ne peut faire le dénombrement
des gr.àces surnaturelles que l'Église répandue par
tout le monde a reçues de Dieu au nom de Jésus-
Christ crucilié sous Ponce Pilale, et dont les opéra-
lions se font sentir à l'avantage des nations. El qu'on
ne croie pas que le saint niarlyr parle ainsi sur la foi
des autres; non, c'est sur ce qu'il voyait el enlendail
lui-même qu'il rend ce témoignage. Car nous avons
ouï nous-mêmes dans l'Église, dit- il , plusieurs de
nos frères qui avaient le don de prophétie, qui parlaient
jilusieurs langues par l'opération dw Saint-Esprit, qui
découvraient pour l'avantage des autres ce qui était
caché dans les hommes, et qui annonçaient les mys-
tères de Dieu. Ce passage qu'Eusèbe nous a conservé
est trop considérable pour que nous ne le rapportions
pas tel qu'il est dans l'original. Kal ttcz/wv àxoùs^ev
àSï/cûv ev Tfl Exx/>;!Jta npC9r,zi/.à y</.pltifxa.TU iybi'<à/f xal
n«vT«5«7tats iaycDvTwv ôtà toO IIjeù^uktoj y/woaKtî , xaî
ftoûpia TÔv «vfip&inwv eî; jsavs^àv àyivrwv «ttI tw au,u5sép6vTi,
\i.ci.ï T« /*uoT/pca TOÛ 0îoO èx5tr,70u/xévwv.
(i)nist.eccl. 1. 4, c. 18.
(2) Hist. Eccl. 1. 5, cl; ibid. c. U ;
ibid. e. S.
I
AnTici.!-: 11.
On l'ait voir que dans le troisihne sircle le don des mt-
racles et des visions était encore assez commun dans
l'EijIisc.
Ce «pie nous avons dit (bris l'article précédent est
plus que sulïisant pour montrer combien les grâces
exlérieures et sin-naiurelles qtn étaient, suivant les
protestants eux-mêmes, les effels de la Condrmalion,
étaient coinnuînes, el, pour ainsi dire, iiopulaircs dans
les deux premiers siècles, l'ans le troisième, elles de-
vinrenl plus rares; mais elles ne cessèrent pas d'être
encore ordinaires. Si elles furent m(tins répaïubies sur
la mullilude, elles parurent d'autre part avec plus
d'édat dans plusieurs personnes prixilégiées à qui
Dieu lis connnunii|ua , et qui , s'il nrest permis de me
servir de celle expression, les honoièrent par la sain-
teté de leur vie el la gravité de leurs mœurs.
Le pi«'mier exemple que nous en produirons est
celui de sainte Perpétue, martyre d'Afri(|ue, que l'on
peut regarder comme une véritable proplièlesse. Il est
porté dans les Actes de son martyre, qui ont été : u-
trefois en si grande vénérati(m dans l'Eglise, qu'on les
lisait aux fidèles avec admiration, dans les assemblées
publiques, comme le témoiijiie souvent S. Aiigusiin,
que son frère lui ayant dit : « .Ma sœir, vous êtes déjà
dans les bonnes grâces de Dieu, et si avant, que je
vons prie de lui demander si ceci sera suivi de la mort,
ou non. » Siu" quoi sainte Perpétue, (jni a écrit elle-
même celle partie des Actifs de son martyre, dit : « Et
moi qui savais combien je m'entretenais familièrement
avec Dieu, dont j'avais éprouvé tant de bienfaits, me
confiant en ses promesses, je lui répondis: Demain
je vous en dirai des nouvelles. » Celle sainte soulfiit
ellèclivemenl le martyre bientôt après, l'an 203, ou,
au plus tard, 205 de Jésus-Chrisl. S. Denis d'Alexan-
drie était aussi averti, par des visions surnaturelles et
div'nes, de ce qu'il devail faire dans les occasions. La
persécution s'étant allumée du temps de l'empereur
Pliili|>|>e à Alexandrie, et le petiple de cette ville, le
plus insolent et le plus eni|'orté qui fût alors, s'étant
abandonné à sa fureur contre les cbrélicns. Dieu lui
fit connaître qu'il devait se retirer, et lui fit même
conn.îiire , par une voix extraordinaire, le cheniia
([u'il devail prendre pour ne point tomber enlre les
mains de ses ennemis. C'est ce qu'il raconte lui-
même (1), et dont il prend Dieu à témoin.
Le même S. Denis, dai s une lettre à Philémon, lui
dit qu'il a appris de Dieu, dans une vision, qu'il de-
vail lire les livres des hérétiques , parce qu'il élait en
état de discerner le vrai du faux , el de les réfuter, t
Quiconque a lu les ouvrages de S. Cyprien , sait com- î
bien ce saint, d'un esprit d'ailleurs si solide, était f
favorisé de visions célestes. Elles lui étaient si ordi- 1
naires, qu'il avait coutume d'attendre dans le gouver-
nement de son Eglise et dans l'exercice même ordi-
naire de sa discipline, ce que le Seigneur daignerait
lui faire connaître par cette voie. C'est ce qu'il fit à
(1) Epist. ad Germ.
509 CONFIRMATION. — CIlAl'. Ml.
l'égnrd d'un corlain Piipiaii qui deuiandait d'èire reçu '
à la comiuuiiinn ecclésiaslique; « il faut, dil-il, que
je con-iiilii' preniicreniciil iiioii Seigneur, pour approu-
drc de lui si on doit vous donner la paix , et s'il me
fera coiiuaiire, en vision et par ses averii>senienis,
qti'il faut vous recevoir à la connnunion de son Ejiiise.
('/ priiis Doniiiium inenin consitlam, un libi imcem duii,
cl le ad comnmmciilionem Ecclesiœ suœ admilli snâ
ostmsioneel iidmonilione permiltul. » Il continue : • Car
je me souviens de ce qui m'a été montré, ou, plulôl,
de ce qui a été ordonné au si-rviieiir obéi-sanl cl en-
tièrement dépendant de la v(don'é di\in(! de son mai
tre, qui, entie les autres choses (pi'd a daigné lui faire
connaître et lu révéler, a ajouté ( ce sont sans doute
Icï- paroles de Jésus-Christ qui lui répondait en vision):
« Celui qui ne croit pas à Jésns-Clirist , qui fiit l'évè-
que, comujcncera à croire hus.iu'ii vengera i'évéque. ►
Il fallait i|ue ce saint évéque fût hien acroulumé à
connaître la v<ilonté de Dieu, par la voie de la révéla-
tion, puisqu'il n'ose pas même p- omettre à un hnmnie
repentant de sa faute , de le réialdir dans la C'-unnu
nlon , de peur que Dieu ne lui fit coimaîire ensuite
que cela lui déplaisait. Il en usa de même à l'égard ï
des prêtres qin avaient rétabli dans la commuiiiOu, f
sans son ordic, ceux (|ui dans la persécution a\aienl |
prévariqné : J'en userai , dit-il, selon (pie le Seigneur |
me le fera connaître; il m'ordonne, en altendaiil, de
les suspendre de l'cdilalion du saint saerilice. Vlareà
ttdmonitione, quâ me Douiinus jubel , ut inlerini prolii-
beantur offerrc (Epist. IG).
Noire saint martyr fut averti de la première persé-
cution (pii s'alluma pendant son épiscopal; il en pré-
dit aussi la fin dans le lemps qu'on s'y attendait le
moins, cl il était si sûr de son fait, qu'il voulit (lu'on !
lût aux frères la lettre qui conlenaii cette prédiction. ;
Il se relira duranl celle |)remiere tetni ête, par l'ordre
de Dieu cl vous saurez tout, dil-il à son peuple,
quand le Seigneur, qui m'a ordonné de me retirer,
m'aura ramené vers vous. On était si persuadé que
Dieu l'iiispirail ei rinsiruisail jtar des voies surnalu-
relles de ce qu'il devait faire dans cette conjoncture ,
où sa présence paraissait si nécessaire, qu'on ne ^
voit pas que personne en ait murmuré. ,
Le saint prélat eut enciire une vision (1) , dont l'é- 1
vénement lui fit connaître qu'elle regardait cinq
prêtres rebelles de son Eglise, qui lui avaient été re- |
présentés comme assesseurs des magistrats qui pu- '
bliaienl l'édit de la persécution Enfin l'on sait com- j
ment C! i iliuslre martyr fut averli par un songe
prophétiipic, du temps et du genre de sa mort glo-
rieuse, un an avant (pi'elle arrivai; et on était si
assuré que Dieu lui révélait les choses cachées, qu'on ,
tenait sa mort pour certaine dès le milieu de l'année
à la fin de hunielle il fui conronné. Mcd'io mhUominns
teinpore, dit Ponce, son diacre (2), hmrhicns p'ishio pro
cerlo ab omnibus scicbalur. '
On peut doîic considérer à jusic titre S. Cvj.ricii
(1) Episl.iô. Vid. iiol. Pamelii in banc Episiolom. i
("2) 1-ontius, in Vità T.ypr. t .
KFFEIS DE CE SACKEMENT. 21Û
conmie im proiihéte du troisième siècle. J'y joins S.
(;régoire Tliaumaiurge, quoiipic le savant Dodwel ,
dont nous avons emprunté une grande partie de ce
(|ui fait la matière de ce chapitre, ail peine à lui accor-
der cette qualité , sous prétexte que sa vie n'ayant été
écrite que par S. Grégoire de Nysse , longtemps après
sa tnorl, on ne peut faire de fond sur sa narration.
Mais (pi'il me soit permis de répondre ;i ce que dit
cet auteur, qu'outre que S. Grégoire de Nysse a pu
composer l'histoire , ou plutôt le paucgyrique de ce
saint, sur des mémoires i>lus anciens, outre que le
souvenir d(î cet homme divin était encore tout récent
dti son temps, auquel on voyait une infinité de monu-
ments de ses miracles et de ses grandes actions : il
avait de plus, dans sa propre famille, de quoi s'in-
slruire exactement de ce qui regardait ce grand
homme, ei\ la personne de Macrine, son aïeule pater-
nelle , qui avait élevé et instruit dans la foi son frère
Basile, et sa sœur Macrine, et qui. ayant été instruite
elle-mènu; par les disciples de S. Grégoire Thauma-
inrge, et ceux qoi avaient en le bonheur de vivre avec
lui, avait pu apprendre d'eux toutes les particularités
de sa vie.
Outre ces hommes privilégiés, que le S. Esprit ani-
mait, et à qui Dieu faiisail connaître ses secrets par
des songes et des visions célestes, nous apprenons de
S. Cyprien que ces grâces extraordinaires se faisaient
aus-i sentir quelquefois de son temps â plusieurs en-
sembf' et dans la midtitude. Quelques prêtres ayant
reçu à la communion ceux (jui étaient tombés dans la
persécution, contre les règles de l'Eglise et sans son
ordre , Dieu l'avertit de ce qu'il devait en cette occa-
sion. Le Seigneur, dil-il, ne cesse de nous faire sentir
la rigueur de la censure divine tant le jour que la
nuit ; car, outre les visions qu'il nous envoie la nuit,
les enfants iimocenls qui sont avec nous sont rein|)lii
de l'E-pril-Saint, cl voient comme de leurs yeux eu
extase, entendent et me disent ce dont il plaît à Dieu
de m'avei tir et de m'inslruirc. Prœler uoclurnns enim
viaiones, pcr dics qnoqne vnplclur apud nos pueronmi
innocens œtiis, et loqnUuv ex qnibiis nos Dominus tno-
ncre et insiniere digiuitur. Il y a toute apparence que oc
fut par quelque voie sendilable, je veux dire par
l'impression de l'esprit de Dieu qui se fil sentir sur
plusieurs du ppu|)le, que l< s cvcqnes d'Afritpie furent
avertis de la criiflle perséeulion (jui devait arriver sous
les empereurs Galliis cl Volusien. C'est ce qu'ils font
entendre au Pape S. Corneille , dans la lettre (1) qu'ils
lui écrivirent IN y parlent , en ces termes , à l'occa-
sion de cetix qui étaient tombés dans la persécution
précédente, cl qui avaient pb-iué leur faute, mais sans
en avoir fat aussi long-temps pénitence que les lois ,
dj l'i'lglise l'exigeaien!. Car comme nous voyons que |
le temps d'une :iu!re persécution conimoncc à s'appro-
cher, cl que nous sommes avertis, par de fréqiicnles
cl conliimclles visions, de nous tenir prcis cl aruif's
: our cojiibalirc dans la guerre q;ie rcimenii no-îc dc-
(!) Epi'-t. l", il ei!il.f)\'-P.. c. fi, 7.
m
lîl.STOlPvE DES SACREMENTS.
212
clarc. Et crcbris atque conlhmh cslcnsiouibus admonca-
mur. Pri'piirDn > niissi le jiciiplo <|iio la divine boule a
conlié à nos soins ['.'ir nos cxliorlalioiis, et relirons
dans le camp du St-iguciir ceux qui veulent s'armer cl
demander.: à eonibiillrc. îsous avons cru que d;iiis une
conjoMCinre si pressnnlc, il fallait donner la paix à
ceux (|ui, n'éuint point sortis di; ^E,^lisc après leur
chiite, n'ont i)oiiil cessé de f.iire pénilenee, de gémir,
et de prier Dieu depuis ce leni])s; afin (prils puissenl
se présenter au combat qui leur est préparé, bien mu
nis et bien armés.
La persécution arriva elTeclivcment comme ces
saints évè:jues l'avaient piCiiil, et elle l'iit plus cruelle
que celles qu'ils avaient éprouvées auparavant; l'évé-
nen.eiU vériîi;i ces fiécjnentcs ci continuelles visions qui
la leur av;iienl annoncée. Que peul-cn désigner de
(les dieux, mais des esprits impurs, toirles les fois que
le moindre des chrétiens le leur conuriiindcrait, et (|u'il
consentait qiii- l'on mit à mort ce chrétien, s'il ne ve-
nait à boni de contraindre ces esprits superbes de
l'aire, en présence de leurs adorateurs, cet aveu si
humiliant. Je ne crois pas non plus qu'il eût été de la
prudence de produire en ce temps-là, en favenr de la
rcligio.i, les miracles IVé(pieiils et |)resqiie continuels
qui s'opéraient dans l'Eglise, comme S. Irénée avait l'ait
au|!aravant pour convaincre les hérétiques.
Comme nous n'avons rapporté que peu de choses
de ce saint sur celle inalière dans l'article précédent,
je crois que le lecteur ne sera pas l'àché (pie nous lui
mettions devant les yeux tout ce que ce S. rnarlyr en
a dil dans son second livre contre les hérésies (i).
D'abord il assu e que les prétendus miracles des héréti-
plus fort tt de plus posil.f pour faire voir que dans le | ques ne sont que de vaines illusions du déiiion. Outre
troisième siècle, non seulement il se irouv.it encore f cela, dil-i! , les sect.:teurs de Simon et de Carpocrate,
dans l'Eglise des p rsoiines remarqualjlos par le don il et les an res que Ton dil opérer des choses merveil-
de prophétie, mais que ces grâces surnaturelles se | leuses,tin7M/('s, ne le font point par la puissance divine
répandaieril même queliinefois sur un grand nombre | ni dans la vérité. Ce n'est point non pins pour conlri-
de lidèles lont à la lois. Ceci arriva veis le milieu de | biier au bien des hommes (pi'ils font ces choses ,
ce siècle, puisque Gallus comuicnça à pcrséculer l'E- | mais pour leur perte, et pour les entraîner dans ler-
glise en 25:2. .rcur, ils les font par des illusions uiagiqucs , et par
Oiigène, qui écrivait contre Celse vers ce même | j supercherie , nuisant plus qu'ils n'ap])orlent d'utilité
tem|)s (1), nous rend témoignage de ce que nous di- { | h ceux qui les croient, parce qu'ils les séduisent; car
sons ici. Voici couime il s'explique sur celle matière,
après avoir reniartpié «lue ceux qui n'oiit pas la foi
n'ont rien fait de ^cmul.^ble à ce qu'oui fiil les pro-
phètes, etfjue les Juifs n'en ont pas eu chez eux de-
puis qu'ils ont mis à mort celui (pie les prophètes
avaient prédil- !^es signes du Sainl-Espiit he soi;t fiii
connaiire, dit il, dès (pn; Jésus a connncricé à répan-
dre sa doctrine. Us parurent avec |»lns d'éclat et cji
plus graiid nombre après son ascension. Cela diminua
ensuite : et mijourd'hm encore on en voit des vestiges
ddus un petit nombre de personnes qui ont eu soin de pu-
rifier leurs ànies par lu parole de Dieu, et par Us exer-
cices des œucres qui y sont conformes.
C'est ainsi que parlait Origène dans le 7* livre de
sou ouvrage contre Cel.e, le n\eilleur qui soit sorti de
sa plume. On y voit conuncnl le don des miracles di-
minuail à mesure (pie l'Eglise s'éleiidail et s'aflermis-
sait. Ces gràce^exiiaordinaires , n'étant accordées de
Dieu (jue pour parvenir à celle fin, aussi peut on dire
qu'elles cessèrent ei.lièrement d'être communes et po-
pulaires , à la lin du lroi.-.ième siècle, quand l'iglisc
eut enlin terrassé le démon qtii s'élait déelininé cisn-
Ire elle, avec toute sa fureur, dans la dernière persé-
cniion. Les paroles d'Oii^ène monlrcnt aussi qu'il
s'en fallait beaucoup qu'elles fussent aussi communes
dans le troisième siè( le (|ue dans le précédent; et il
s'est bien gardé de faire, en écrivant conire Celse. le
même défi (pie Terlullien faisait aux païens, dans son
ap'jlogie qu'il publia , selon M. de Tillemont, avar.l la
fin du second siècle , quand il leur disait que les d<;-
mons seraient contrainis d'avouer (]u'ils n'étaient point
ils ne peuvent rendre la vue aux aveugles , ni l'ouïe
aux sourds, ni chasser lous les démons, exceplé ceux
qu'ils envoient eux-mêmes , si cependant ils le font.
Ils ne peuvent guérir ni les malades, ni les boiteux ,
ni les paraliliq'ies,n: ceux qui sont affligé-, dans quel-
(pie partie de leurs corps ; comme il nrrive souvent
parmi nous que tous ceux qui ont des infirmités cor-
porelles recouvrent la santé. Tant s'en faut qu'ils res-
suscitent les morts comme le Seigneur et les apôtres,
et comme il est arrivé très-souvent pour quehpie be-
soin , que nos frères l'ont fait, 7r»//â/.t, , l'aocieime
version , srt'pJAsioiè. C'est ce qui arrive dans les églises
particulières , lorsque tout le peuple le demande par
des jeùm^s et des prières ; car l'esprit est rendu aux
morts , et Dieu l'accorde ainsi aux |U'ières des saints.
Los hérétiques sont si éloignés de pouvoir faire ces
c'ioses , qu'ils ne croient pas même qu'elles soient
possibles.
Dans le chapitre suivant, voulant prouver aux hé-
rétiques que le Sauveur a fait véritablement , et non
en apparence seulement , ce que les évangélisie? ra-
conlent de lui , il parle de celle sorte : Ses véritables
disciples recevant de lui la grâce, opèrent en son nom
diverses merveilles pour l'avantage des autres hommes.
Chacun suivant son don. Les uns chassent très-véri-
tablement les démons , en sorle que ceux qui sont
ainsi délivrés de ces mauvais esprits embrassent la
fui et demenrenl dans l'Eglisi!. Il ajoute ce que nous
avons cité dans le chapitre précédent ;ensuile il con-
[ linue : Les autres guérissent les malades par l'impo-
silion des mains, et les rélablissent en santé. De plus,
(1) En 249, selon Tilicm., nol. 39, p. 773, tom. 2. 'Il (1) Cap. 32 , n. 2 et 53, num. 4, nov. edit.
513 APPENDICE SUR
j comme nous avons dit , les morts sont ressuscili5s et
oiil demeuré depuis plusieurs années avec nous. L'E-
, glisc opère loiilcs ces choses sans séduire personne ,
' sans exiger de l'urgent. Car comme elle a reçu gra-
I luilemcnl, elle donne graluilcmcnl. Elle ne fait rien
de tout c*'la par l'invocalion des anges , par enclian-
temenl, ni en employant de mauvais sccrcls, mais en
adressant à Dieu ses prières purement et à décou-
vert , etc.
Si les dons miraculeux ontccssc sur la fin du troisième
siècle dY'lrc communs cl ordinaires dans l'Eglise, ils
n'y ont point été aholis Cette grâce surnaturelle en
quittant les villes et les assemblés ordinaires des fi-
dèles, se relira, pour ainsi dire, dans les déscris,où les
solitaires en étaient si remplis qu'ils semblaient se
jouer de la nature ; comme nous l'apprenons de saint
Allianase, de Cassien, de Pallade, de S. Jérôme , de
Rufin, cl de quantité d'autres personnages graves et
LA CONFIRMATION. 214
dignes de foi. Quelquefois aussi elle re;^arnis«ail n\
public quand le besoin de rKgli;;e le requérait , s^it
pour la conversion des infidèles , soil pour confondre
les licrétiiiues qui s'ciïorçaient de corrompre sa do-
ctrine. Nous pourrions apporter une inlinilé d'exem-
ples de miracles opérés au milieu des |!enples dans
ces occasions ; mais cela n'esl pas de notre su;et. il
suffit que nous sachions que la vertu de faire des pro-
diges et d'opérer des miracles en tout genre que les
apôtres ont reçue le jour de la Pentecôle, cl (|n'ilsonv
ensuite communiquée aux autres par le sacrement de
Confirmation n'a point abandonné l'Eglise , cl ne l'a-
bandonnera pas jusqu'à la consommalicm des siècles ;
quoique Dieu opère plus rarement des miracles, depuis
que le monde entier est devenu Chrétien.
Accipielis virtutan supervenienlis Spirilùs iancli in
vos. Act. 1 , V. 8.
Qui contient quelques extraits des plus anciens Pontificaux.
Du Pontifical manuscrit de l'archevêque Egbert, qui vivait vers le huitième siècle.
Confirmât io hominum ab cpiscopo dicenda. Quomodo confinnare débet. C'est-à-dire : Com-
ment l'évêquc doit confirmer.
Dieu tout-puissant et cicrnei, qui avez daigné régé-
nérer votre serviteur de l'eau et du Saint-Esprit, el
qui lui avez donné la rémission de tous ses péchés ;
répandez du haut du ciel sur lui les sept dons de votre
Esprit suint. Amen. Donnez-lui l'esprit de sagesse el
d'entendement. Anu'ii. L'esprit de force el de conseil.
Amen. L'esprit de science cl de piété. Amen. Remplis-
sez-le de l'espril de la crainte de Dieu el de notre Sei-
gneur Jésus-Christ, el scellez-le du sceau de la sainte
croix 7 pour la vie élernelle. Amen.
Ici H doit lui appliquer du chrême sur te front et dire :
Recevez le signe de la sainte croix y avec le chrême
du salut en Jésus-Christ pour la vie éternelle. Amen.
Que la paix soit avec vous , et avec votre esprit. Que
vous et avec votre esprit.
, Ensuite il doit réciter cette prière.
I Que Dieu le Père, le Fils, et le Saint-Esprit vous
confirme ; afin que vous ayez la vie élernelle , el que
vous viviez dans les siècles des siècles Qu'ainsi soil
béni tout homme qui craint le Seigneur , que le Sei-
gneur vous bénisse du haut de Sion , cl que vous
puissiez voir les biens qui sont en Jérusalem tous les
jours de votre vie. Que la paix soil avec vous pour la
vie éternelle. Amen.
// faut à présent leur lier le front.
Dieu , qwi avez donné le Saint-Esprit à vos apôtres,
et qui avez voulu qu'il fût connnuni(|i:é au reste des
fidèles par eux et par leurs successeurs, jelez un re- -
gard de boulé sur nous qui exerçons le saint ministère , no.strœ fumntatnm , et prœsta vl eorum enrumque corda
toul indignes que nous eu soyons , et faites que les I quorum ici qunrimi liodic fronlem delinivimus, et signa
cœu; s de ceux et de celles dont nous avons oint le IL cruels confmnavimus , Spiritus sanctus advemens ,
Omnipotens sempiterne Deux, qui rcgenerare digmtut
es hune fnmulum tuum e.T oquà el Spiritu snnclo , qui-
que dedisti ci remissionem omnium peccatorum , tu. Do-
mine, immittein eumse]-'.ormcmSpiriiuin luum sanctuin
de cœlis. Amen. Da ei spirilum sapicnliœ et intcllixnïs.
; Amen. Spirilum couailii et forliiudinis. Amen, ypiri-
tum scientiœ el pietatis. Amen. Jniptc euni spiiiiu ti-
moris Dci el D. N. J.C. et consigna cum .';iguo sunclœ
cru-fcis luœ propilialus in vitam œtcrmim. Aiuea,
Hic débet millere chrisma in frontem ipsius hominis ,
et dicere :
Accipe signum smclœ cru-fcis chrismate salulis ip
Christo Jesu in vitam œlernam. Amen. Pax tecum , et
cum et cum cpiritu tuo.
Posiea banc oralionem recitare débet.
Confirmet te Deus Pater , et Filius , et Spiritus sanc-
tus, ui habeas vitam œlernam , et viras in secnlu secu-
lorum. Ecce sic benediclus omnis homo qui limet Do-
minum , benedical icDominus ex Sion , et videas qnœ
bona sunt in Jérusalem omnibus diebus vitœ luœ. Pas
î tecum in vitam œlernam. Amen.
i
Modo ligandi sunt.
Deus, qui aposloUs luis sarictum dedisti Spirilum ,
et pcr eos eorumquc successores cœlerij (idcHbus iroacn-
dum esse roluis i , rcspice propiiius ad humilitatis
Î15 HISTOIRE DES
front et que nous avons confirmés par le signe de la
croix, soietit embrasés de votre amour par la pré-
sence du Sainl-Esprit qui les rende les temples de vo-
tre gloire en habilaiit dans eux.
Jl faut présentement tes communier et leur faire part du
sacrifice. Suit la bénédiction épiscopide.
Que le Seigneur lout-pui^sanl vous bénisse, lui qui
a tout créé de rien , et qu'il vous accorde dans le Ba-
pièmc et la ConKrmaiion la rémission de tous vos pé-
chés.
Que celui qui a donné le Saint-Esprit à ses disciples
sous la forme de langues de fou éclaire vos cœurs par
sa lumière , et les enflamme porpéluellcmont de son
amour. Amen.
Afin qu'étant purifiés de tous vices , et à l'abri dt;
toute adversité sous sa protection, nous méritions de
devenir son temple. Amen.
Que celui qui vous a créé vous protège contre tous
les mau\ qui vous menacent , cl contre tous les dé-
sordres. Amen. \
Qu'il le. Amen. Bénédiction. Amen.
Autre bénédiction pour la messe après la Confirmation.
Bépanilcz, nous vous en prions, Seigneur, voire
bénédiction sur vos serviteur et vos servantes aux-
quels vous avez accordé les sept donsduS.-Esprit par
notre minisière, et accordcz-lour la grâce et les dons
de cet Es|)ril saint. Anun. Afin que tous ceux qui sont
renés de l'eau et de l'esprit soient toujours sous voire
protection. Amm. Que la charité se répande abon-
damment dans eux par le Saint-Esprit, qu'elle cou-
vre et surpasse la multitude de leurs péchés. Amen.
Qu'ils soient sous votre protection divine afin (pie
tous les péchés s'enfuient d'eux, et qu'ils s'apjili-
quenl toujours à l'observation de vos commandements.
Amen.
Que celui qui a reposé autrefois dans sa gloire sur
les apôtres, se repose sur eux
Qu'il le. Amen. Bénédiction. Amen.
SACREMENTS.
81 G
tempium gloriœ tuœ dignanter in habitando perficiat.
Per.
Modo communicandi sunt sacrificio. Sequitur bene-
diclio episcoj)alis.
Benedicat vos omnipotens Deus , qui cnncta ex nihito
' creavit, et vobis in Baptismale, et in confirniatione re-
missionem omnium peccalorum Iribuat. Amen.
j Quique Spiritum snnctum igneis linqvis suis dédit
I discipulis , corda vestra , ipsius illustratione irradiet ,
' atqiiein sut amorem jngiter accédât. Amen.
I Qnateniis ab omnibus viliis emnndati , ipsius opitula-
tione ab onuiibus adversitalibus defensi tempium iltins ef-
fici mercamur. Amen.
Ille qui vos creavit ab omnibus malis imminentibus
cuslodial , et ab omni pravitale defendat. Amen.
Quod ipse. Amen. Benediciio. Amen.
Alia benediciio ad missani post Confirmationem.
E/j'unde , quœsumus , Domine , super lios famulos
tuos et famulas tuas benedictionem tuam , qnibus per
nos cximium septiformem Spiritum sanctum tnum tra-
dcre voluisti, eisdemque Spirilùs sancti gratium et dona
largire. Amen. Ut quicumque sunt ex aquâ et spiritu re-
naii scmper sinl tua prolectione munili. Amen. Bedun-
del in eis diffusa charitas per Spiritum sanctum , quœ
opcrial ac superel omnem multilndinem peccatorum.
Aniun.
Protège eos et cas prolectione divinâ , ut fugiant ab
eis universa peccata, et tua sludeant semper adiniplere
prœcepla. Amen.
Bequicscat in eis propitius , qui quondam requievit m
apostolis gloriosus.
Quod ipse. Amen. Benedictio. Amen.
ORDRE POUR L\ CONFIRMATION,
Tiré d'un ponlilical manuscrit de Vendôme, ou plutôt
ans, et rue nous traduisons ici en notre langue.
^ L'évéquc rencmt aux enfants, tandis que farchidiacre
tient le chrême , ugant les épaules et les bras enveloppés
de linges, il fail celte oraison sur eux avec l'invocation
de r Esprit à sept dons , ayant les mains élevées et éten
dues sur la tête de tous.
Que le Saint-Esprit vienne sur vous, et que la vertu
du Très-llaiit vous conserve sans péché.
1 Prière.
•: Seigtteur Dieu éternel , qui avez daigné régéné-
rer , etc.
La prière étant finie les diacres demandent les noms
d'un chacun. Alors, que le pontife ayant trempé le pouce
dans le chrême fasse une croix sur leur front, en disant :
Je vous confiritie et vous manpie an nom du Père
du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Que la paix suit
avec vous, et avec votre esprit. ,
i>e vlus, tous étant confirmés, au il dise ces rmrrs.- !
C'est ainsi (pio sera béni l'homme qui craint le Sei-
gneur. Que le Seigneur vous bénisse de Sion, afin que
votre vie. Que le Seigneur vous conserve dans sa très-
sainte crainte, Iniqnivilel règne dans les siècles des
siècles. Que la paix soit avec vous, et avec votreesprit.
De plus, une oraison après la I onfirmation.
Dieu, qui avez domié le Saint-Esprit à vos apôtres
et par eux , etc. '
Que révêque donne la bénédiction à ceux qui ont été
confirmés.
Que le Seigneur qui a tout créé de rien , et vous a
donné dans le baptême la rémission de tous vos pé-
chés vous bénisse. Amen.
Que celui qui a donné à ses apôtres l'Esprit saint
sons la îbnne de langues de feu, éclaire vos cœurs \m
la Imnière de ce divin Esprit, et qu'il les enflamme
coirtinuellenieul de son amour. Amen.
Afin qn'é:aiit purifiés do (nus vices, et défendus par
sa protection de toute adversité , vous méritiez d'être
ses lemplos.
217
EUCHARISTIE. — CIIAP. 1. ERREURS SUR CE SACREMENT.
218
Ordre tiré du Sacremenlaire de Gélase, et de quatre
manuscrits de plus de 900 ans, qu'avait vus le père
Martène.
Vevéqne fait In prière sur eux , faisant le signe de lu
croix avec le chrême sur leur front en invoquant la sainte
Trinité, et il leur donne l'Esprit saini avec ses sept dons.
Dieu loul-puissant Père de iioire Seigneur Jésus-
Ciirisl, qui avez régénéré vos serviteurs de l'eau et de
l'Esprit saint, et qui leur avez donné la rémission de
tous leurs péchés : vous, dis-je , Seigneur, envoyez
sur eux votre Esprit saint consolateur , et donnez-
leur l'esprit de sagesse et d'enlenilenieut, r(S|>ril do
conseil et de force , resi)ril de science et de piété ;
reniplissez les de resjiril de la crainte de Dieu et de
uolre Seigneur Jésus-Christ, et ordonnez qu'ils soient
marqués du signe de la croix pour la vie éternelle.
Par, etc.
Après cela il les marque sur le front avec le chrême ,
en disant :
' Le signe de la croix pour la vie éternelle. llrépond :
Amen.
Que la paix soit avec vous. R. El avec voire esprit.
Ordoex Sacramentario Celasiano, it quatuor manuscri-
ptis annoriim 900 apud lùlmiindum Martene, lA, de
Aniiq. Ecclesiœ [Ulilius, loui. 1, pag. 250.
Dat orationcni ponlifex super eos, euni clirisnsalcfa-
eicns crucem in Cninlihiîs ooriun.cuui InvocaLione S.
Triuilatis, et tradiliis sepliformein S. Spirilùs graliani.
Deus vmnipolens, , pater Domini nostri J . C. qui re-
genrràsti fumulos tuos ex aqnà et Spirilu sancio , qiiicuc
dedisti eis remishionem omnium pcccAorum , tu Domi-
ne, emitte in eos Spiriium sanclnm luum paraditnm, et
da eis spiriium sapicutiœ el inlcllecins, spiriium cun&iUi
et fortiludinifi , spiriium scienliœ cl pîi'latis; adimplecos
spiritu timoris Dei'ct Domini noslri J. C, et jubc ens
consignari signo crucis in vitam œlernam. Amen.
Postea sigi:at eos iii fronte de clirismnle , dicens :
Siqnum CItrisli in vilam œlernam. Respondet. Amen.
Pax lecum. R. /:/ cum spirilu luo.
JLl
HISTOIRE
DU SACREMENT D'EUCHARISTIE.
SECTION TROISIÈME.
La matière du sacrement d'Encliarislic, principale-
ment quant au dogme, a été tellement éclaircie et ap-
profondie depuis Lullier et Calvin , que l'on n'y peut
rien ajouter. Je dis la même chose de l'Eucharistie
considérée comme sacrifice ; et j'ai déjà déclaré ailleurs
que je ne prétendais pas m'engager à en traiter. Je
n'en parlerai donc que comme sacrement, et en simple
historien. .Mnsi je ne m'arrèlerai pas à cx|trK[uer les
rils, les cérémonies et les |)rières de la lilurgie qui
accompagnent 1 1 céléhration dii ^aiiil sacrilicc, encore
moins celle partie de la messe que l'on appelait au-
trefois messe des Caiéchumènes, eiqui seierminaità
rohlaliondesdonsdesliiiés au sacrifice, ou à l'offerloire.
Je ne p:irler.ii que de l'aduiinislralion et de l'usage
de ce irès-augusle .';acrement,el des diverses inanières
dont les chrétiens lui ont rendu de tout temps leurs
hommages .hors l'action du sacrifice.
Cependant comme il y a une liaison très intime en-
tre l'Eucliarislie comuic sacrement et l'Euciiarislie
comme sacrifice, la même élanl en même temps ces
deux choses selon hîs différentes manièr'\s de l'envi-
sager , nous ne pourrons nous dispenser de loucher
quelque cliose do celte lilurgie (jni fusait partie de la
messe des (idèles , puisqu'il faul, (piand liuus ne lo vou-
drions pas, que noiisirailions des dons devinés à cire
la matière de ce sacrement , de leur consécralion , et
de la distrihution qui s'en fiisaitaux fidèles dan; l'é-
glise. Ces trois choses apparlenanl à l'Eucliarislij au-
tant comme sacrementque comme sacrifice de la reli-
gion chrélicmie. Après cela nous nous étendrons sur la
Communion des malades, sur les différents usages
que l'on a fait dans tons les temps de ce sacrement,
et sur les diverses manières dont les fidèles lui ont
témoigné leur respect, et lui ont rendu le cuite qui
lui est dû.
CîIAPITilE PREMIER.
On indique les principsiles erreurs sur rEucharislie.
Quelques particularités louchant Luther el Carloslad.
Epoques des nouveautés introduites sur le sacrement
d' Eucharistie dans le seizième siècle. Véritables causes
des progrès de Luther.
Les Ciiréliens avaicist adoré riv.icliaristic dnraiit
plus de 800 ans sans que personiic se fût avisé de con-
tredire ce cuile qu'on lui rendait, lorsqu'un certani
sopîiisic nommé Je:!n, surnoinmé Erigène, Ecossais
de nation, qui s*él:'.;t inlroiluit à la courde Charlcs-!e-
Cliauve, commença à dogmatiser sur ce ujy.^tère, cl à
avancer des choses inouïes jusqu'alors, en f lisant en-
tendre que tout s'y faisait eu ligure, et non en vérilé,
selon le témoignage du moine Acelin (1). Aldrovalde,
aussi moine du mona-.lèrc de Fleury, fit un rc( ueii
des passages des Pères pour l'oppc^er à ces Jiou-
vcauics, qui n'eurent pour lors aucune suite. Mais
Bercnger, archidiacre d'Angers, homme inquiet, lé'
ger et ploiu de lui-inêmi% s'efforça, dans le onzième
siècle, d'aceréd.ter cet-lc nouveaulé. Il se rélracla
pliisieui'sfois, et relomna toujours à ses erreurs, jus-
qu'à ce (lu'en.'in rentré en lui-même dans sa vieil-
(I) Spiril. f. 1-2.
2!0
HISTOIRE DES SACREMENTS.
220
lessc, H mourut dans le sein de l'Eglise cailioliqiie Tan
4188, si on se npporle à ce q-i'on lit dans un nianiis- ] (h'dirai sans lu'^ilcr de tout ce que j'ai ensoii;iié :j'on
CCS choses pnr ces communes délibcntions, je me
cril de iVglise de S. Martin de Tours. On ne voit pas
que Ik'renger ait formé une sccle (pii ail depuis lui ,
soutenu ses ei reurs, el encore moins (;ui se soil sé-
parée de l'Eglise : cl si depuis les Fclrobnisiens cl les •
Ilcnricicnsonl nié la vérité du corps cl du sang de
Jésus-Christ dans rEuchaiislie, comme le témoigne
l^ierre de Cliuiy, on doit piiilôl allrihuer leurs égare-
ments à U!i esprit de liberlin;ige, (pii leur Taisait re-
jeter tous ou presque tous les sacrements el les pra-
tiques de l'Eglise, qu'à un dessein fixe d'altaqncr ce
sacrement en particulier. On doit porter à peu près
le même jugement des Albigeois qui élaicnt une
branche de l'hérésie des Maniciiéens, la plus aiionii-
nable qui ait paru dans le monde, et qui, en général, ^j
était ennemie de l'Eglise, de ses maximes, de ses
sacrements et de ses praiicpies. Les Yaudois niaient
seulement que les mauvais prêtres pussent consacrer
le corps de Noire-Seigneur, comme le montre M. de
Meaux dans son histoire des Varialiotis.
Ce n'est donc [iroprement qu'au seizième siècle qu'il
s'est lormé une secte qui ait couibaltu de liront le
dogme de l'Eglise catholique sur le sacrement de nos î
autels, el qui ait souleim là-dessus des erreurs capi-
tales. Le premier qui se soit déclaré ouverlemenl là-
dessus a été un nommé Carlostad, archidiacre de Wit-
temberg en Saxe Mais il n'en vint pas d'abord aux
dernières extrémités. En 1521, comme dit M. lios-
suet (I), dont nous tirerons ce qui nous reste à dire
dans ce chapitre, pendant que Luther était caché par .
la crainte de Charles V, qui l'avait mis au ban de
l'empire, il avait seulement ôlé l'élévation du S. Sa- :
crement et les messes basées. Luther en fiU piqué au
vif, non qu'il improuvàt absolument la chose en elle
même, mais parce que, comme il le témoigne dans ;
une lettre qu'il écrivit sur ce sujet, Carlostad avait
méprisé son autorité, et avait voulu s'ériger en nou-
veau docteur. Il reprochait aux aulenis de celte en-
treprise qu'ils avaient agi sans mission. Je les cléj'en-
] drais, disait-il, aisément devant le Pape, nuiis je ne
■ sais comment les justifier devant le diable, lorsifue ce
mauvais esprit à r heure de la murl leur opposera ces
paroles de rEcriture : Toute plante que mon Pire
n'aura point plantée, sera déracinée; et encore : ] Is cou-
raient, et ce n'était pas moi qui les envoyais. Que ré-
pondront-ils alors? Ils seront précipités dans les enfers.
Voilà ce que dit Luther pendant qu'il élail encore
caché. Mais au sortir de Palmos (c'est ainsi (pi'il appe-
lait sa retraite) il s'éleva avec plus de force contre
Carlostad et ceux qui l'avaient suivi. 11 entreprit de
prouver qu'd ne fallait pas employer les miiins, mais
la parole tonte seule à réformer les abus. C'est la pa-
role, disait-il, qui, pendant (|i!eje dormais tranquille-
ment, et que je buvais ma bière avec mon cher M<;-
lancton el avec Amsdorf, a tellement ébranlé la
papauté que jamais prince ni empereur n'en a fait au-
tant.... Au reste, si vous prétendez continuer à faire
(1^ Hist. des Variations, !. 1, p. 44.
ferai ma rétractation, cl je vous laisserai là. Tenez-le
vous dit pour mn; bonne fois; et après tout, quel mal
vous fera lamtîsse papale. Luther, comme vous voyez,
était jaloux de son autorité, et il ne pouvait sonlTrir
([lie pi-rsonne s'en attribuât la moindre partie, quand
uiènie en agissant il aurait suivi dans le fond ses in-
tentions ; c'est ce qui paraît assez dans l'abolition des
messes basses ; car lui-même les prescrivit depuis,
ayant, comme il le <lit, reçu du diable sur celle ma-
tière des éclaircissements el des connaissances qui dis-
si. èrenl ses anciens préjugés. Il fait récit de la
conférence qu'il eut à ce sujet avec ce père du men-
songe (1), et c'est une chose merveilleuse de voir
condjien sérieusement cl vivement il décrit son réveil,
comme en sursaut, l'apparilion manifeste du diable
pour dis|)u(er contre lui, la frayeur dont il fut saisi,
son tremhlemeiil cl son horrible battement de cœur
dans celle dispute ; les pressants arguments du dé-
mon qui ne laissent aucun repos à l'esprit ; le son de
sa puissante voix, ses manières de disputer accablan-
tes, où la question el la réponse se font sentir à la fois.
Je sentis alors, dit-il, comment il arrive si souvent
(ju'on meurt subitement vers le malin, c'est que le
diable peut tuer ou étrangler les hommes, et sans
tout cela les mettre si fort à l'élroit par ses disputes
qu'il y a de quoi en mourir, comme je l'ai plusieurs
fois exi>érinienté. Ces dernières paroles font juger
que Luther avait appris bien d'autres choses du dia-
ble; et il faut sans doute que ce soit lui qui lui ait
peisuadé de nier la transsnbslantialion ou le change-
ment du pain el du vin au corps et au sang de Nolre-
Seignenr dans l'Eucharistie.
Mais pour ce qui est de la présence réelle de Nolre-
Seigncur dans ce sacrenu^nl , jamais cet esprit de
lé;;èbrcs ne put venir à bout de la lui faire cond)at-
Irc. Il l'a toujours soutenue tant contre Carlostad, qui
le premier a altaqué ce dogme de foi , que contre
Zuiiigle et OEcolampade qui l'ont suivi. Il s'engagea
même dans une conférence qu'il eut avec le premier
de la soutenir contre lui, cl ils rompirent à cette oc-
«•asioi!. La chose mérite d'être racontée, pnisiine c'est
l'époque de celte hérésie, cpii deiuis s'est répandue
en Frai'ce , en Suisse , en Angleterre et |dans les
l'ays-Bas.
Carlostad avait été chassé de Wittcmberg , pour
les brouilleries qu'il y causait. Il se relira à Orle-
i I monde , ville de Turingc, où il continua à exciter de
j grands mouvements par ses disputes. Lulher y fut
I e;ivoyé par le prince (l'électeur de Saxe), pour
apaiser le peuple ému. En y alhml il passa par Jene;
il y prêcha en |irésence de Carlostad, (pi'il traita de
sédiliei'A. Celui-ci, au sortir du sermon vint le trouver
à rOi'.rs Noir, où il logeait. Là, parmi d'autres discours,
et après s'être excusé le mieux qu'il put sur la sédi-
litju, Carlostad déclara à Lulher quil ne pouvait souf-
(1) Lib. 4 de Yllist. des Variât., p. 159.
821
EUCHARISTIE. — CIIAP. I. EUUEIJRS SUR CE SACREMENT.
j.n
frir son opinion sur la présence réelle. Liitlicr avec „
un air tlcdaigncux le délia d'écrire contre lui , cl lui
promit un llorin d'or s'il renlreprcnail. Il lira le flo-
rin de sa poche ; (>;irlosiad le mot d;ins la sienne. Ils
louchèrent en main lun de l'autre, en se |iromcltant
nuitiiellement de se faire honne guerre. Luther hnt à
la sanlé de Carloslad et du bel ouvrage qu'il allait
mettre au jour. Cailo>lad lit raison et avec le verre
plein; ainsi la j^ucrre fut déclarée à la mode du pays
le 22 d'août \o-H. L'adieu des combattants fut mé-
morable : Puissai je te voir sur la rone, du Cmlosuid
à Luther, puisses-tu te rompre le cou avant que de
sortir de la ville. J'ai rapporté toutes ces choses
d'après M. Bossuet (1) , sans cil(tr mes garants,
parce que ce savant évè.iue l'a f.iii, et que l'on ne
s'est jamais, que je sache, inscrit en faux contre ses
dlalions, ni même contre la vérité des faits qui y
sont rapportés, lesquels sont tirés des auteurs mêmes
protestants, et des ouvrages de Luther. Carlostad qui
se plaisait si fort dans la dispute et le tumulte, avait
déjà introduit une nouveauté élrangemcnl scar.da-
leuse; car il fut le premier prêtre de quelque répuia-
lion qui se maria, et cet exemple lit des effets suriwc-
nanls dans l'ordie sacerdotal et dans les cloîtres.
Carlostad n'était pas encore brouillé avec Luther. On
se moqua dans le parti même du mai iage de ce vieu.x
prêtre; mais Lutlier qui avait envie d'en faire autant
n'en dirait mol. Il était amoureux d'une religieuse de
qualiié cl d'une beaulé rare qu'il avait tirée de son
couvent. Mais il fallut patienter jusqu'à la mort de l'é-
lecteur Fridéric pour l'épouser: car ces sortes d'alliance
déplaisaient à ce prince. Aussitôt qu'il fut expiré, Lu-
ther, alors âgé de 45 ans, conclut son mariage avec la
Borée (c'était le nom do la religieuse), et un soir, dit
Mclanclon à Camérarius son ami, ayant prié à souper
Poniéranus (c'était le Pasteur), un peintre et un avo-
cat, il lit b'S cérémonies accoutiunées. Mélancton ,
après avoir déploré la foiblessc de Luther (jui ve-
nait de se marier ainsi dans un temps de calamité
publique, ajoute qu'il sait assez que Luther n'est pas
ennemi de l'humanité, et qu'il croit qu'il a été engagé
à ce ni;',riago par une nécessité naturd'e ; qu'il ne faut
donc pas s'élonner que la maguanimilé de Lullier se
soit laissé amollir... que tout ce que l'on peut blâ-
mer d;ins s(.n action, c'est le contre-lemps dans le-
quel il fait une chose si peu attendue, et le plaisir
qu'il va donner à ses ennemis ... Qu'an reste il le
Ivoit tout chagrin et tout lr(ud>lé de ce changement,
et qu'il fait ce qu'il peut pour le consoler.
; C'est ainsi, disait Erasme, à l'occasion du mariage
d'Œoolampade, (jui de moine P.irgidin élait drvcnu
pasteur de Bàlo, fin ils se morlifieut. Ce grand homme;
ne cossaii d'admirer ces nouveaux apôtres , qui ne
manquaient pas de quitter la profession solennelle du
célibat pour prendre des fenunes, au lieu qii2 les
vrais apôtres de Noire-Seigneur , selon la Iradilion de
:ous les Pères, alin de n'èlrc occupés que de Dieu et
Je l'Évangile quittaient leurs femmes pour embrasser
(1) Y. p. 47 de rilist. des Yar., 1. 2. » .
le (éilhat. Il sendde, ajoute t-il agréablement, que la
n'-forme aboutisse à défroquer quelques moines , et à
marier (iu(li|ues prêtres, et cette grande Inigédie se
termine enlin par un événement tout à fait comique,
|)'ii>qiic tout linit en se mariant, comme dans les co-
médies.
Il doit paraître étonnant que des hommes de ce ca-
ractère aient pu entraîner dans l'erreur et dans le
schisme une si prodigieuse quantité de personnes et
iU'iS royaumes entiers. Des gens si méprisables par
euxiiiêmcs, gens sans pudeur et sans éducation de-
vaient porter des marques bien évidentes de la vooa-
lion de Dieu , pour pouvoir être crus sur leur parole
dans une afi'aire de cette impoilaucc. Cependant on
ne \i)]L en eux aucune manjuc de mission soit ordi-
naire , soit extraordinaire. Comment donc tant de
gens seni-és les suivent-ils encore aujourd'hui , et
pourquoi, quand ils ont paru dans le monde, s'esl-on
attaché à eux? 11 est dans la suite des siècles des
i temps critiques : il se fait, s'il m'est permis de ra'ex-
pi imer ainsi , des fermentations dans les esprits , à
peu prés comme dans la matière. Une étincelle qui
ton»be sur une matière combustible bien préjtarée y
cause un grand embrasement; un brasier qui tombera
sur cette même matière, sans être préparée n'y pro-
duira que peu ou point du tout d'altération, et s'étein-
dra de lui même. Ce ne siml ni les vertus, ni les ta-
lents de Luther et de Carlostad, dont je viens de vous
peindre le caractère d'après les Pioteslants, et d'a-
près eux-mêmes , qui ont causé ce grand et perni-
cieux mouvement dont les suites ont été et sont
encore si funestes à tant d'àmes. Les choses se pré-
paraient depuis longtemps à ces mutations. La haine
et le mépris que le clergé s'attirait par ses désordres,
disposaient les esprits à tout ce qui arriva depuis.
Les plus grands hommes aussi bien que les conci-
les du quinzième siècle avaient lâché d'y apporter
j ' quelques remèdes et de prévenir le mal : mais leurs
; tentatives n'avaient point réussi. Le cardinal Julien ea
i prévit les conséquences , il en écrivit au pape Eu-
gène lY (1) él;int légat en Allemagne. Ces désordres
(du clergé) excitent la haine du peuple, lui disait il ,
contre tout l'ordre ecclésiastique, et si on ne les cor-
rige, on doit craindre que les laïcs ne se jetlenl sur
le clergé à la manière des Hussiies , comme ils nous
en menacent baulement. Si on ne réforntait prctuiplf^
ment le clergé d'Alleniagne, il prédisait qu'après l'hé-
résie de Bohême, et quand elle serait éteinte, il s'en
élèverait une .autre encore plus dangereuse. Car on
dira, poursnivait-il, que le clergé est incorrigible, et ^
ne voul point iipporter de remède à ses désordres, on j
se jettera sur nous, quand on n'aura aucune espé-
rance de notie correction. Les esprits des hommes
sont en attente de ce qu'on fera , et ils send)lenl de-
voir bientôt enfanter qiiehpic chose de tragique. Le
venin qn'i s ont contre nous se déclare. Bientôt ils
croiront faire un sacrifice agréable à Dieu en inaUrai-
tanl ou en dépouillant les ecclésiastiques comme des
(l) Episl. 1 ad Eug. lY, iiiler op. Silvii, p. 66.
^23 HISTOIRE DKS SACRLMENTSi.
gens odieux à Dieu et aux hommes, ei iilongés dans i
la doniière extrémilé du mal. Le peu qui rcslc de dé-
votion envers l'ordre sacre achèvera de se piTdre.
On rejeltcra la laule de tous ces désordres sur la cour
de Roaie, ([troii regardera comme la cause de lous les
maux. Ce grand personnage le prenait dans la snile
d'un ion plus iiaul : Je vois, disail-il, que la coignée
est à la laciu;' : l'arbre penche, et au lieu de le soute-
nir pendan! ((u'on le pourrait encore, nous le précipi-
tons à terre. Il voit une prompte désolation dans le
clergé d'Allemagne : les biens temporels dont on vou-
dra le priver lui paraissent connue l'endroit par où le
n)al comniencora : Les corps, dit-il, pénioni avec les
âmes : Dieu nous ôte la vue de nos périh, comme il a
coutume de laire à ceux (ju'il veut punir : le feu est
allumé devant nous, et nous y courons.
C'est ainsi, dit M. Bo^suet (I), que dans le quin-
zième siècle, ce cardinal, le plusgi'and homme de son
lemps (j'ajoiUe, et le plus habile, puiscjue ce fui ci lui
qui répondit le plus solidement a>ix objections des
Grecs au concile de Florence) déplor;iii les m;ui.\ de
l'Eglise , et en prévoyait les suites funestes. Ce sont
CCS maux de l'Eglise, et ia di.^positiou de.^ e^prils ai-
gris depuis longtemps contre ie clergii, (|ui oiit donné
tant do succès aux emportements inse..sés de Luliier,
de Carlostad, de Zuingle, el des autres. Tour m avoir
un excjuple sensible, il suffit de liie l'h.sloire des ré-
volulu)ns de Suèd^' par .M. l'abbé de Veilol. Un y voit
avec indigiuUion, que les hauteurs et l'espiil d nulé-
pendauce de l'arciievéque d'Cpsal d'une part, et de
l'autre l'opposition du der-^é au bien conunuu <le la i
patrie avaient a.lumé une haine inqjlacable contre la ]
jiuissance ecclé»iasii(|ue, qid voui.ul h'asscrvirlcstiois j
autres états du royaume , el avaient disposé les peu
jdes à cnibiasser les nouveautés de Luther, qui ne ces- 1
sait de déclamer contre les ecclésiastiques, et contre
les richesses dont ils étaient en [lossession, et (lui en
Suède plus qn'ailloins les rendaient si iiisolcnls et si
entreprenanls, (|u'on a vu un archcvé(|ue d"L'i).^ai, de
la famille de Bieliiue, après avoir solennellement ex-
comnmnié ie roi (Canulsen), melire bas ses babils
d'église, el jurer qu'il ne les reprendrait pas qu'il ne
l'eûl ciiassé de ses étals ; eu même temps il se revé-
lit d'une cuirasse, se ceignit d'un baudrier, el marcha
à la léte de ceux qu'il avait excités contre son souve-
rain. Ce (pii lui de pliis irisle, c'est que, ccunnie dil le
même histitrien , les autres évèques rimiièient dans
sa révolte, ils prirent les armes pour ilélendie leurs
priviléi^es, et se joignirent ouvertement au parli Da- ^
nuis pour maintenir des princes, qui eu leur absence l
leur abandonnaient lous les honneurs de la souvcrai- j
neié, et une partie même de l'autorité royale : on vit î
en dinérenles occasions ces prélats combattre à la ]
tète des Danois conlre le roi même, de sorle que la
224
CHAPITRE II.
De la matihe du Sucreiiieiit d'Eucharislie, de l'oblatton
qui s'en juisuil tliius l'Eijlise. Manière de [aire celle
oblulion.
autres semblables qui sont proprement la cause des |
maux dont l'Église gémit depuis deux cents ans.
(l)Hisl. des Var. c. i, p. 5, t. 1.
Le Pèie le Brun, qui dans son livre de Texplicaiion
de la Messe, en jiarlant de la liturgie Ambro^ienne,
à l'occasion du cérémonial 'le léglisc de Mil. m, décrit
roUVande avec quenjue étendue, dil que ce détail
pourra trouver sa plac.- en parlant des diLiéreuls rits
de l'oblaiion. Par où il faii enleudre qu'il avait inlen-
lion de traiter de celle malière en p..riitulier , cl de
représenter de suite ce qui se peut dire là dessus. Je
ne sais s'd a exécuté ce de.--sein : je bouhaiteiais (jifil
l'eût lait, cela me dispenserait de le laire moi même,
au umiiis avec quehpie étendue. (Cependant dans iin-
cerlitude où je suis sur ce sujet, je recueillerai (au-
tant (|ue cela entrera dans le dessein que je me suis
proposé) ce (|ue lui-même en a dil dans ses (juatre
volume» de re.vplicalion de la messe, à Toccasion des
didéreiiles liturgies doal il traite; et je tàciierai de
réunir le tout buus un même point de vue suivant celle
méthode, y ajoulantce (jne je trouverai dans les autres
ailleurs. El comme cela aura quelipie étendue , no-
nobslanl le soin que nous avons toujours dans cet
ouvrage d'abréger le plus qu'il nous est possible, nous
diviserons en articles ce que nous avons à dire.
AUTlCLE PRF.MIER.
Par qui et en quel ordre se faisuii autrefois l'oblaiion
tant du puiii que du vin, destinés à être consacrés et
à devenir le corps el le sang de ISolre-Seigneur Jésus-
Clirisl. Oi'servalions el éclaircissemenls sur lu même
niuticre.
Les Catéchumènes et lous ceux qui n'avaient point
droit d'assister à la célébration du saint sacrilice étant
renvoyés, et les portes de la basilique étant fermées,
la messe des lidèles commençail dans les lemps el les
lieux où l'on ne chaulait point le Symliole de la foi ,
ce (jui n'a connnencé en Orient (pie dans le sixième
siècle, et beaucoup plus lard à R me eien Fiance (1).
Dans les piemierà siècles on oftVaii diverses choses
dai/S l'Église, dont les unes étaient destinées à l'usage
du sacrilice, et les autres à celui des minisires de
l'Eglise, el que Ton mellaU aussi sur l'autel. Mais les
5' el 4*" canons des apôtres délendent dy rien offrir
que ce qui devait être la niaiiéiodu sacremenl. cxc; plé
néannioin.-) des épis de la nouvelle récolte el de,'
raisins nouveaux que fou y bénissait, de l'huile pou ;
le luminaire, et de l'encens. Le lroi.-ième concile éi
Carlhage retrancha eticoi'e ces choses de l'oblaiion des
lidèles, ordonnant 'can. 21) que dans la célébralion des
mystères on n'olfrirait autre clios;- que du pain et du
vin mêlé d'eau. Dans la suite il fut réglé que ce ([iii
devait être à l'usage des clercs, des pauvres cl des
guerre civile et la guerre élrangère remplissaient ce |! veuves serait offert à pari devant la messe, ou au
royaume de trouble et d'horreur. Ce sot ces excès et j; moins avant la lecture de l'évangile, cl que ce qui
(l)Cet usage n'a commencé îi Rome que dans le
onzième sieel.;, sur les remoïKranccs el à la prière de
l'emoereur S. Henri.
225 EUCIlAUlSTlli. — CliAP. 11.
devait Aiiro nialiôie du sacrifice serait oiïei l à l'ordi-
naire dans la céréiiioiiic qui a relciiii le miiii d'o/^Vr-
liire ou (Vobluiioit; c'est ce qu'on peut leinariincr
dans l'.égino'.i (1), et dans les Capilulaires d'Ilinc-
m;!r (-2).
On a sans donic voulu relrauclicr par ce moyen les
ahus qui s étaient introduits à. ce sujet, et couper ra-
cine à la vaine gloire de ceux qui, pour s'attirer les
applaudissements de la uuiltitudc, faisaient des dons
oxtraordin.iires à l'autel, pour avoir la sali.-faclion
d'entendre réciter leurs noms par les ministres sacrés,
avec rénuiiieration des choses qu'ils oirraient.
Saint Jérôme parle de cet abus en ces termes (5):
Nous en voyons plusiems (jui oppriment les pauvres
pat leur puissance , ou qui commeltcnl des brigan-
dages , afin de l'aire qiiebiue pari aux pauvres de ce
qu'ils oui volé, el <iue le diacre en récitant les noms
de ceux (|ui fonl roblnlicui, dise : C'e//e-f i ofj're tant.
Celui-ci a tant promis. C'est ainsi (|u"ils se plaisent
dans les applaudissements populaires. Cette folle
vanité n'était point à craindre dans celte occasion,
quand chacun des fidèles ([ui devaieul communier of-
frait seulement le pain et le vin qui élaienl destinés
pour devenir le sacrement qu'il devait recevoir.
Voyons présentement quel était l'ordre de cette
oblation. LUe s'est faite assez communément, selon
le père le Brun jus(iu'au neuvième siècle de la manière
que l'ordre Romain le décrit en ces teinies : Pendant
que le chœur chante l'offerioire avec ses verseis, les
fidèles , premièrement les hommes, et ensuite les
femmes font leur oITiande de pain el de vin sur des
nappes blanches. L'évé(pie recevant ces oblalioris qui
sont mises par un sous-diacre dans une nappe tenue
par deux acolytes , l'archidiacre reçoit lesbureiles,
amulas, en verse le vin dans un grand calice tenu par
un sous-diacre, qui dès qu'il est plein le verse dans un
vase porté par un acolyte • l'oblation du peuple finie,
l'évéque va s'asseoir dans sa chaire, s'y lave les mains,
retourne à l'autel, le baise, y fait une prière, reçoit
en pain seulement l'oblation des prêtres et des dia-
cres, <pii seuls peuvent approcher de l'autel. Telle
était la manière dont se faisait autrefois l'oblation.
l'arçhidiatre ciisuite, suivant l'ordre romain, mettait
sur l'autel autant de dons ollerts, oblatus, qu'il en
fallait pour la communion du peuple, ou bien les pré-
sentait à l'évéque qui les y mettait, et versait à travers
d'un couloir le vin dans le calice dans lequel se devait
faire la consécration. Un sous-diacre allait recevoir du
premier chantre la burette à l'eau , fontem, et venait
à l'archidiacre, qui en versait en forme de croix dans
le calice, el le plaçait sur l'autel devant le Pontife,
auprès des oblations à droite.
Voilà ce qui se pratiquait suivant les ordres Ro-
mains, et qui paraît avoir été en usage jusqu'au neu-
vième siècle dans les églises qui suivaient les rits de
l'Église Romaine. On y peut remarquer d'abord que
(i)L. \ deEccl. Discipl., n. 72 et 73.
(2)Capitul. l,arl. 16.
(3) la Ëzech. c. 18.
IiI.MIERL: DÈ ce SACREMLiNT.
li
226
tous les fidèlra sans exception faisaient leur oblalion
pour le S. sacrilicc, honmies el femmes sans di.^lin-
tion. Les anciennes oras(uis(l) quOi: fait encore
siu' l'oblation aussi bien que celles du Canon su))po-
senl cet usage. Saint Césaire d'Arles (2) disait à cette
occasion : Olfrez les dons ipii doivent être consacrés
sur l'autel. Ceux qui sont en élat de communier doi-
vent ivu'^'w de le faire en participant aux dons oITerts
par les autres. On était même persuadé que celle
oblalion apportait de grands avantag<'S à ceux qui la
faisaient , cl c'est pourquoi le concile de Màcon dij
l'an 583, sachant que plusieurs ne la faisaient point
en fut indigné, el ordonna sous peine d'anatlième ,
(|ue tous les dimanches les hommes el les femmes
olfiiraient du pain el du vin à l'aulel , afin que par
ces oblations ils pussent exiiier leurs péchés, el mé-
riter les récompenses qu'ont eues Abel et les autres
justes qui ont fait à Dieu leurs oiTrandcs. Le concile
de Mayeuce (can. 44) de l'année 815, déclare aussi
que l'oblation est pour les Chrétiens un grand remède
à leurs âmes el à celles de leurs proches. Quia ipsa
oblatio sibi et suis m,ig)ium remedium est unimnrum. On
voit encore aujourd'hui des traces de celle ancienne
pratique dans plusieurs églises de France, mais la
plus marquée est dans celle de Milan, ou l'église en-
treneni une congrégation de dix vie.llards et de
dix femmes âgées, qu'on appelle, rÉiole de S Am-
broise [5j, pour représerier tout le peuple. Deux de
ces vieillards accompagnés des autres, et revêtus
d'habits particuliers présentent le pain el le vin. Le
premier vieillard présente trois hosiies, el laulre une
burette d'aigenl pleine de vin. Deux femmes âgées
ensuite présentent de même le pain el le vin. L'of-
frande se fait ainsi à toutes les fêles solemnelles, soit
qu'elles soient célébrées par l'archevêque, soit par
quehiu'un des chanoines ordinaires. Un concile de
.Mayence cité par Burchard (4) exclut seulement de
l'oblation les fenunes et les filles, qui se trou-
vent d.ins ces sorles de situations (jui sont réglées
par leur sexe ; il les condaume à trois semaines de
pénitence, si elles l'osent faire en cet élat. Les
Capilulaires de nos rois 5) prescrivent aux fidèles
de faire tous les jours leins oblations aux prêtres dans
l'église, ou au-nioins tous les dimanches sans y man-
quer. /•-'/ si quctidiè non potest , saltem dominicà die
absque ullà excusatiutie put. Cette pratique était encore
en usage dans le onzième siècle , et le Pape Grégoire
Vil, la recommande fortement dans un concile de
Lairan (can. 12). Au moins voulait-on que les femmes
le fissent pour leurs maris el pour toute leur famille,
comme on le voit dans les interrogations que faisait
l'évètpje en visitant les paroisses de son diocèse, et
dont Réginon, abbé de Prom, nous a conservé les for-
mules (6).
(1 ) Secret. Domin. o post Pentecost. Qui tibi ojferunt,
(2) Serin. 203 Ap|». oper. S. Aug.
(5) Cer. Amb. 1. i.
(4) Lib. 19, c. 40.
(oj Lib. 6, n. 170. /» j
(6) Lib. 2 de eccl. Discip. . i, j
SS7
riiSTomn dks sacrkments.
in
Une n?ilro ohsorv.ilion qnî so pnvstMitc à l'aire loii-
chaiil la iiiaiiific de laii*- 1 oltlalioii des dons dcslihcs
à devenir le eorps cl le sang de Notre Seipineiir el (|iie
lions avons représenté d'après l'ordre Uoniaiii, est
qne les prêtres el les autres minislres de l'K^lise
faisaieiil Umms olVrandes à l'autel , an lien (pic les
autres lidèles les l'aisaieiil hors du eliœin', ou de la
balustrade qui séparait le clergé du peuple : on sorte
que révè(pu' ou le prêtre oUieiant allait recevoir l'ol-
frande de elia pie lidéle à sa place, vous l'avez vu
dans l'ordre Uoiiiaiu. I^e même usage avait lieu eu ;
France, eomiiie il paraît par les CapiiulaiiiN (I) (pii
ordviMiii'iil (piOii reriiive roltlaliou des lidèles liors
rciieciiile de l'antcl : /•-'/ ni ohlalio //w» foiis nt'pla ultaris
rccipidlin-. Cela s'observait surtout cxacteiiiciil à l'é-
suivanl la règle de GrîmlaTcIeprc^tre nllnit à la petite
l'enêtre des reclus, lacpn'lle prcnail j<»nr dans l't'glise,
pour y recevoir leur offrande. Quoique la règle fût
gi'iicrale pour les laïques, l'empereur en était exccjdé
pour le respect de la souveraine dignllé dont il èlail
revêtu ( I). Il jtorlail lui-même son oirrandeà l'autel,
savoir, le pain (piil avait pétri lui-même, comme il
est rapporté par S. Grégoire de Naziance, de l'em-
pereur Valens. Ce que dit S. Grégoire sur cela ,
mérite ici sa place. L'Eiuinrcnr élavi à Césnréc vint à
ri'ylise le jour de ri'piplKni'w, cuviioinié de tous ses
gtddes, el se mêla, pour In forme, nu peuple catholique,
] (je transcris les paroles de M. FIcnry ) ; quatul il
enletidil le chaut des psnunies, qiCil vil ce peuple iin-
uieuse , el l'ordre qui rèquail dans le smtrtuaire et aux
pard des l'eiiimes, à qui TluMiduIpiie dOrlèaiis (U-feiid J environs, les winislns sucrés plus semblables à des amjcs
d'api)rocl)er de laulel, vmdaiil (pi\'lles lasseiil leurs
oblalious à leurs places dans l'église. Ollon, évé(ine
de Verccil répète moi pour mol les paroles de Tliéo-
dulplie.
Le père Marlèiic ("2) prétend que les mctines cl les
religieuses élaieiit distingués sur ce point des autres
lidèles. Mais il ne paraît pas (pio les passages de S.
Jérôme cl de S. Augustin, sur lescpicls il fonde cette
distinction prouvent ce qu'il avance. Le premier,
dans sa lettre à Ueliodore , dil sculcincnl (pi il csl
menacé de malheur, s'il ne porte pas son oUrande à
l'aulel. Sccuris ad radicem posilnest, si munus ad al-
tare non defero. Mais quand on picndrail ces paroles
dans le sens le plus lillcral, et même dans le sens du
père Martène , que peuvenl-cllcs prouver? S. J(hôme
élail prêtre. Le passage de S. Augustin prouve trop.
H plaint dans sa lettre le sort des lilles consacrées à
Dieu (pie les Lt;irltares avaient emmenées en ca|ili-
qu'ii des hommes; S. liasUc devant l'autel le corps im-
mobile, le regard fixe, l'esprit uni à Dieu , comme s'il
ne fût rien arrivé d'extraordiïiaire; ceux qui Ceuviron-
nuienl ronplis de crainte el de respect. Qutind Valens
vil tout cela, ce fut pour lui un spectacle si nouveau
que la tête lui tourna , et sa vue s'obscurcit. On ne s'en
aperçut pas d'abord : m\is quand il fallut apporter
A j/aUTF.L son OITllANDi: OC'lI. AVAIT FAITE DK SA MAIN,
voyant que personiie ne la recevait suivant la coutume ,
parce qu'on ne savait si saint liasde voudrait l'accepter,
il chancela de telle sorte , que si un des ministres de l'au-
tel ne lui eût tendu la imnn pour le soutenir ; il serait
tombé honleusement. Ce fui après que le grand ïliéo-
dose eut présculé de même son on'rande à l'aulel ,
qu'il lui arriva ce qui esl connu de tout le monde.
L'Iii loire rapporte (2) qu'aiirès celle cérémonie il dé-
ni, lira dans rciiC(Miite du sanctuaire ; sur quoi S. Am-
ludise lui demanda , s'il désirait (pichpie chose , cl que
vile; il les compare aux Irois jeunes hommes doiilil i le prince lui ayant ié|)0iidu qu'il allcndail le temps
csl parlé dans Daniel ; il leur applique les paroles d'A- de la Communion , le S. archevêque lui fit dire par
zarias qui se plaignait qu'il ne pouvait plus oll'rir de || l'archidiacre : « Seigneur, il n'(^sl permis qu'aux mi-
sacrifue an Seigneur. Sur ipioi il dil : lien esl de | lli^lI'es sacréi^ d'êire dans le sanctuaire; soi te/, donc ,
même à l'égard de celles dont il s'agit iians la capli- | el deincnrcz dehoiil avec les autres, la pourpre fail
vite où elles sont. Car, coiiimc ceux-ci élaicnl dans | des princes el non pas des prêtres ; > à quoi ce reli-
iine lerix! on ils ne ponvaicnl sacrilier au Seigneur à l gieux empereur se soumit. Cette coutume de laisser
leur ordinaire , celles-ci de même ne le peuvcnl i approcher les empereurs de l'aulel pour y faire leur
faire , ni oll'rir leur ohlaliou à l'aulel de Dieu. Sic enlm | oltlatioii , passa depuis en loi. Le concile in Trullo en
sunt illiv in terra captivitalis suœ qvomodb eraiit itli in a lit un canon exprès, par leipiel il leur accorde ce pri-
en terra, ubi nec sacrificare morcsuo potercnl Domino, :|] vilége, à l'exclusion de tout autre lanjue.
sicHl lier isla possunt, vel ferre oblulionem ad ultare Dei.
C'est sur ces dernières parolt s (pie l'aiilrtir appuie
son o|iinion , d'où il s'ensuit qu'dies auraient eu aussi
le pouvoir de sacrilier : ce (|ui csl ridicule dans son
sens, mais très-vrai dans le sens de S. Augustin, se-
lon lequel elles pouvaient faire l'un el l'aulie par le
ministère des prèires. Le père Martène avait dans la
même page de ipioi se détromper : car il remarque
hii-mème qu'il csl rapiiorié dans la vie de S. Ber-
noiiard, évê(iue d'ilildeshcim, au dixième siècle, qu'il
alla de l'aulel au lieu où élaieiil les religieuses de
11 ne reste plus, dil le P. Lebrun dans son premier
loincde rLxplicaliondcs cérémonies de la messe , que
quelques vesliges précieux de cel ancien usage , dont
nous venons de parler dans ccl article. A Lyon, aux
fériés du carême , depuis le lendemain du jucmier
dimanche dans r('glise primaliale , les deux premiers
prêtres, un de cliaipie e(')lé du cha'ur, ollrenl le pain
el le vin dont on se sert pour la conséeralioii. En la
célèbre abbaye de S. Vaasl d'Arras, le supérieur, au
nom de tonte la communauté , porte lous les jours à
l'olîi aiide de la messe conveiiluclle , le pain cl le vin
Grandesheini, pour y recevoir leur oblalion ; comme | qui y doivent èlre consacrés, ce qui se fail ainsi : vers
(l)Lib. 5, n. 371.
(2) 2 aul. Ëc«U llit. 1. i,c. 4, art. $
(1) Régula
{"1) Thiiod.
solit. c. i6.
1. 5,c. 1«.
2i9
F.UCIIAIWSTIE. — CIIAP. II. MATIKRK DE Œ SACREMENT.
230
la fin de IV-vangilo , on <l(i Cndu , si on le dil, le m;- '
périciir pivsidiinl au chœur, averli pur le s:i( rislaiii ,
va prt'iMlrtMliniore l'aiilcl un cali<c avec ilu vin , vl
une pillent! siu' larpu Ile est le pain ; il vient ensuite
à l'anlel du eolé de l'éviinf^ih! , où il se lient lour; é
vers le cliœnr, ansi^i Ijieu <|ue le soiis-diacnr (;tii tienl le
d.iiis le ten.ps (pie Ton oiïrait enroro le |)nin et le vin.
Mais cela ne s'in'roduisit (pie dans l(;s temps posté-
rieurs, an moins pour l'endroit de la messe ampiel se
l'ail aujourd'hui c(;lle oirrande ; car d(';s les conuncncc-
menls, o inriie on a \u dans cet article, on of-
liaii «-('paiéiiH-nl dans r(''glise, tout ce (jiii (îtait luî-
calice Cl la patène vide», qui doivent servir ii la A (cssaire pour renlreiien des ministres (!t des pauvn^s
messe. Le C('lél)i:int après avoir dit Orcmns, pixv eiiJe
à baiser au supiiiienr la croix du manipule, (^iidisanl,
paxlccnm, nvcreude potcr. Le mpt-iieur i(J|;ond , c/
cum spirilu luo , et met le pain sur la |)al(iiie, ( t le vin
dans le calice qui sont enlre les mains du sous-diacre.
S'il y a deux messes, ce (pji arrive souvent, le sacri-
Slin , ou en son absence rauuiônier , à la preniiére , '
offre le pain et le vin au nom de ceux qin l'ont fon-
dée, de même que le sujéiieur au nom du couvent,
offre à la messe convcnlucUe. Selon l'ordinaire de \
Narboiine , la communauté de la ville doit fournir tous
les jours à la Cathédrale , le vin pour les messes.
On ne connail |tlus déj^discs où le jX'Uple olfie à h
même messe, le pain et le vin de la conséeralion. La
raison de ce cbangcinent vient de ce que les prêlres
ont cru devoir offrir à l'autel , des pains préparés avec
plus de soin que ceux qui étaient offerts conmiuné-
menl par le p -uple , et de ce (pie les fidèles eut l'ait
des dons considérables à 1 éi^iise , en chargeant les
clercs de tout ce (pji est ntkessairc pour le service di-
vin. Les capilulaircs aiilorisaicnt les donations qu'on
venait apporter à l'aulcl sous ce litre : Je donne et
j offre à Dieu , tout ce qui est écrit dans ce papier, pour
terviruuS. sacrifice, à la sokmnilé des messes, au lu-
minaire , à l'entretien det clercs el des pauvres. Ainsi
quoique le pain destiné à être la matière du sacrifice,
n'ait plus été offert par le peuple, il peut être tou-
jours regardé comme l'offi andre di s (idèles, parce
qu'il vient de leur fondation ou de leurs bieiifails.
Les offrandres en argent ou en autres monnaies ,
qui sont à présent en usag(; dans plusieurs églises, oui
succédé aux anciennes oblalions dont ikjus avons
parlé. On trouve sur cela deux pariieidarilés assez
remarquables dans les statuts synodaux de Wary ,
évêque de Verdun. La première , que c'était la cou-
tume , il y a deux cents ans, de baiser la niaiii du
-, prêtre quand on venait à l'offrande, au lieu de la
i patène que l'on présente aujourd'hui dans noi é;j;liscs.
La seconde , que les lépreux n'éiaient point admis à
baiser la main du céhibranl, maisseulemeni ses pied ;.
Nous ordonnons, portent ces statuts, folio recto GZ,
qu'aussiKH (pi'un homme aura élé condamné comn;e
lépreux, le prélre de la paroisse de lariuclle il e-t,
avertisse le dimanci.e précédent à son pr(jne, les h.i-
bilants de se trouver au service qui doit se chanter
pour lui , selon la coutume, et suivant qu'il est mar-
qué dans le Missel de notre diocè»e, aliii (piils prient
Dieu pour lui. Cependant le lépreux no doit point
aller à l'offrande. Dans qucl(|ues lieux néanmoins , il
y va, mais il doit baiser seulement le pied du prê-
tre , pour ce qui est des autres qui sont sains, ils
lui baisent b main. Ces offrandes se faisaient même
l.(; pain béni est aussi un reste de l'ancien usage. S.
CiT'goire de T(Mirs (1) raconte un fait qui peut bien
conliihuer à éelaircir va\ que nous avons dit au coin-
meneemenl (hî ce clia;.iti(;, nous le rapporUtrons d'a-
près lui, après (pioi, nous y ferons nos K-fltixions. Il
y avait, dit-il , à Lyon , deux époux de famille de
sénateurs, (pii ayant vécu dans le mariage sans lais-
ser d'enfants , laissèrent leurs biens à l'église.
L'homme étant mort, sa veuve , pendant loul le cours
de l'année , ne cessa de s'ap|diquer à la prière , fai-
sant célébrer tous les jours des messes, tnissarum so-
lemnia quolidiè celebruns, et offrant les dons sacrés
pour la mémoire de son mari , espérant de la misé-
ricorde de Dieu, (juc l'oblation qu'elle faisait pour lui
au !-jeigncur, proeiiierail ce jour là da repos à son
; âme. Elle présentait chaque jour un S( plier de vin de
de Gaze, Gazeii vini (2), pour le sacrifice qui devait se
C(''lébrer dans Téglise ; mais un sous-diacre esclave
de son venlre , gardait ce vin pour lui , et mettait à
sa place dans le calice ([u'il oll'iail, un vinaigre très-
fort ; cette femme ne recevant pas toujous la comnni-
nion , muliere non semper ad comnmuicandi tjraliam
acccdente. Elle se leva un jour, suivant sa coutume,
pour l'oflice des matines, lestpielles étant achevées et
la messe cé!ébi(;e, elle s'approcha du breuvage salu-
taire , et elle bût un vinaigre si fort, qu'il lui semblait
qu'on lui cassait les dents.
Ce f..it, comme nous avons dil, renferme plusieurs
particularités inléressantcs; outre l'usage du calice
qui était ah-rs connnun aux simples fidèles avec les
ministres de l'autel, o:i y voit (jne l'oblalion se fais :it
alors parceux-mémcs qui ne devaient point communier.
On y rtiinarque de plus que le calice dans b-qucl l(;s
fidèles participaient au sang préci(;ux éiait différent
de celui dans lequel le prêtre le prenait, autrement le
prêtre se serait d'abord ap"r(;ii de la manreuvre du
sous-diacre, et n'aurait pu souffrir làprcté de cette
lii;ueur qu'il substituait au vin qu'(.ffraii cette pieus(î
femme. Ceci nous fait souvenir , dit le P. Mabiilou ,
d'une réponse du P:ipe Grégoire II à S. Honiface, dans
laquelle il lui dil qu'il n'est pas convenable de mellre
sur l'autel deux ou trois calic(;s pendant la célébra-
tion de la messe ; ce qui fait assez connaître que cela
se pratiquait ainsi dans (|ui bpies endroits. Ces cali(es
sont souvent appelés ministériels, ministcriales , dans
les écrits d'AiiaslIiase ; d'autres les nomment calices
de l'offertoire, offerlorii. Que devenait le vin qui y
était offert quand la persoime qui faisait l'oblalion ne
communiait pas ? C'est une question que se propose
(1) Lib. de Cloriâ Confessorum , c. C5.
ii) C'est l'explicalion que donne à ce mol M. Du-
l caiifc'e dans son Lcxiton.
S51
le P. Mabillon , et à laquelle il no juge p^s à propos
de répondre ; ce que nous n'oi.lrrpiTiKirons pas non
plus , aimant mieux avouer noire ignorance sur ce
lioinl, que de hasarder une réi.onse doni le lecteur ,
pcul-èlre, ne serait pas satisfait, tnlin Ton déctiuvre,
dans ce récit de Grégoire de Tours, la croyance dans j
la(iuolle étaient alors les (idoles, que les oilrandes (pie j
Ton prcsenlail à Taulf I pour les morts procuraient à
leurs âmes le repos après Icfiuel elles soupiraient.
Nous avons dit plus liant dans ce chapitre, que Ks
dons ipie les fidèles faisaient à Dieu dans l'église ,
étaient oflerts avant ou après la céiéhratinn de la
messe, excepté ceux qiii élaiont destinés à être la ma-
tière du sacrilice; mais cela denuinde encore une ex- \
plication. Cela est vrai à régi-.rd de tontes les autres
choses que ron pouvait olîrir à l'église, excepté le pain,
soit usuel, soit celui qui était préparé conmic le pain qui
était destiné au sacrilice ; car ce qui restait de celui-ci
que l'on avait oiiert était distribué par parcelles aux fi-
dèles, après la messe, et on le regardait comme san-
ctifié par la bénédiction du piètre, quoiqu'il n'eût pas
été consacré. Le concile de Nantes (cap. 9), dislingue
nettement ces pains, et veut (pic Ton distribue aux fi-
dèles, par manière d'eulogies , ceux .(lui n"(Uil point
été employés au sacrifice , et (jne celle distribution se
fasse les dimanches et fêles après la messe.
Les Coutume^ de Cluny, écrites par S. Uldaric , |
prescrivent, conformément à cet usage, que les jours
ordinaires on distribuera au réfeclinre les hosties non
consacrées à ceux qui nauiont pas counnunié, el (pie
celte distribution se fera par la main du prêtre célé-
brant , et avant que les rel gieux prennent aucune
nourrilure. Cet usage était plus ancien que rétablisse-
ment de Cluny , connue il iiaraii par la reipièle que
les moines de Fulde préseiiterenl à l'empereur Cii.r-
lemagne, et par le concile d'Aix-la Chapelle (c. 08),
de l'an 817. Dans la suite on substitua de l'argent au
pain el au vin que les laïques avaient coutume d'olïrir
pendant la messe pour le sacrilice, et le prêtre rece-
vait cet argon!, par manière d'aumône. Cette pialiiiue
commença à s'introduire dans le huitième siècle an-
moins pour les messes privées. On en voit des vesti-
ges dans la Uègle de Chrodogiang : mais cet usage
fut blàn\é par les personnes les plus piou.-es el les iilns
éclairées (1), enlr'autros par Walafrid Slrabon dans
son livre de Rébus ecdesiasticis , c. 22, ce qui en re-
tarda l'établissement, qui ne fut poiiit reçu commu-
nément avant le douzième siècle. Cette nouvelle pra-
tique abolit insensiblement l'ancien usage d'ofTrir le
pain cl le vin qui devait servir de malière au sacri-
fice ; ce qui parait évidemment par les donations (pie
l'on commença à faire dès-lors aux églises , de terres
el de vignes dont les fruits devaient être employé^ au
sacrilice de la messe. Colle que fil Charles le-Chauve
aux moines de Saint-Denis, est de cette nature. Il leur
donne une métairie située dans les environs de Paris,
afin qu'ils emploient dix muids devin qu'ils en lireroul
(1) Eugène II, dans un concile de Rome , de l'an
837, c. 17 ; Léon. IV, in synod. iiom.
HlSTOHlt; DES SACREMENTS. 252
ciiaqiie année, au sacrifice qu'ils doivent offrir à Dieu
pour lui et jiour son c|)Oiise
Ceci se faisait non seulement à l'égard des nionas-
lères, mais encore des églises paroissiales, puisque
Philippe, comie de Flandres, légua, en 1180, un
marc d'argenl i)ar année à l'église de Sainie-.Marie
((/(' loïKjo villanj), afin ([u'elle eût de quoi acheter le
pain et le vin du sacrifice. On pourrait rapporler plu-
sieurs autres exemples de ces sortes de donations (pii
font voir que l'ai cieiiiie coiilume de pré-^enter à l'of-
fertoire le pain el le \iii du sacrifice, est abolie depuis
longlemps dans la plupart des églises ; outre celles
qui se font en argent, il s'en est fait encore en d'au-
tres choses.
Edmond du Boulai, dans son Enterrement de Claude
de Lorraine, premier duc de Guise (in-S°, Paris, 1550,
fol. 70 el 71), nous représente une ofi'rande d'une
espèce bien singulière. 11 dit (pie quand on fil le ser-
vice de ce prince, on conduisit du cloître à l'offrande
deux chevaux du défunt. Le [)remier cheval que maî-
irc Hubert de jilaillan chevalier, seigneur de Vaude-
nay , écuyer du duc de Guise , menait par la bride ,
suiw de six pages du feu prince, vêtus de velours noir,
I fut pour le cardinal de Givry qui officiait, el qui était;
': assisté de six évéïpies et de douze abbés, sans les
antres ecclésiasti(pies. Les chanoines de l'église col-
légiale de Saint-Laurent de Joinville, où se fil cet en-
terrement, eurent l'autre cheval, conduit par M. Du-
hainol, autre écuyer de ce prince. Ces deux chevaux
étaient celui d'honneur et celui de bataille. Les épe-
rons, les gantelets, la lance, l'écu, la colle d'armes et
l'épée dn prince furent aussi olferis séparément par
autant de geulilshonimes.
ARTICLE n.
De ce qui se faisait après que le peuple avait fait son of-
frande. Choix des dons, prières, encensements. Clian~
genienl arrivé depuis que les communions cessèrent
d'être aussi fréquentes que dans les premiers siècles.
Pendant que le p'-uple et le clergé faisaient leurs
ohlalions de la manière dont nous venons de le dé-
crire, le chœur chaniail (luelqiios versets des psaumes
pour l'ordinaire. Mais cet usage ne s'est introduit
<ju'au (piatrième siècle ; auparaxanl l'offrande se fai-
sait en silence. Ce fui du temps de S. Augustin qu'on
l'introduisit à Cartilage ; et cet usage fut soutenu par
ce saint docteur (1) contre la critique dun tribun
nommé Hilarus, el se répandit dans toute l'église la-
tine. On appelle offertoire ce qui se chante en cette
occasion par cette raison, selon la remarque de S. Isi-
dore (2) d'Anialaire , cl de Rémi d'Auxerre. L'anli-
phonaire de S. Grégoire marque les versets qui de-
vaient être chantés, dont le commencement, qui était
regardé comme une antienne, élait répété entre les
verscls autant de fois qu'il le fallait pour continuer de
chanter jusqu'à ce que l'olTrande fût finie, et que le
prêtre fit signe de cesser. Il n'y a plus peut-être que
(I) Aug., Retract., lib. 2, cap. 11.
(-2) I.ih 5, cap. 18, Exposit. miss.
!IS5 EUCilÂRISTIE. — CHAP. U. M
régliscile Lyon qui ait consorvé, aux jours solcniiols, i
l'usage de l'aire cliaiileiitliisieiirs vcrsels à lonfrluiro;
présenlomoiil roffraiicle ilu peuple ne se faisant pres-
que plus, les auiivs c;;lises se sont coiiicutées de dire
le cDiuuionceuienl (jui servait d'aiilieiiii.> , si ce n'est
aux messes des inorls auxtpiclli s , eu plusieurs en-
droits, on oITre encore d:i pain el du vin ; dans 1 église
de Tours, ei dans celle de Sainl-Marlin en pariicidier,
on chante encore iU:\\\ antiennes à l'oirerloire dans
certaines fêles. I/oUVande linie , connue poiu' l'ordi-
naire on otlrail l)eauc()ti|) plus de pain t tde vin que les
coninniniauts n'en p(iuv;iie!it coiisninmcr, on ne choi-
sissait des pains qu'autant qu'il élait nécessaire pour la
connnunion, et on les plaçait sur l'autel où ils devaient
être consacrés , où ou les arrangeait en dilîérenles
manières, suivant les divers lieux et les divers temps.
On voit jsar un écrit d'un évèipie d'Espagne (1) ,
non.nié lidelonse, qui vivait au neuvième siècle, qu'en
ce pays, cet arrangement, selon les diilérenles solcn-
iiités, formait la ligure tantôt d'un cercle, tantôt dun
c;irré, tantôt d'iuie croix. Dans les temps postérieurs,
on borna le nombre des pains «pii dt;valent etie oflerls,
à coudilion (|ue si le nombre de cunnnuniants surpas-
sait celui de ces i)ains , on ks partageait pour les
distribuer à la communion. C'est ainsi que l'impéra-
Irce Irène, sur la lin d;i laiilième sièeie , ordonne,
dans les consl.tuli )ns (lu'eile dressa pour un nia.as-
tère de religieuses (pTelle avait fondé, que l'on offri-
rait tous les jours >-e\l pains à !;i divine l.tm-gie (2) ;
un pour JNotre Seigneur, un aulr.- pour la S.iii.tJ-
Vierge , celui-ci pour ses parenis moils , celui-là
pour ses proches et sis cnfiuts, el ainsi de.-, auire».
On faisait pour le vin la niè.ne cliose que ce (pie
nous disons des pains olferts. On en prenait aiilant
qu'il en (iUlait , suivant les fêtes et JcS s(;lennit .s.
pour la connnunion des lidèlcs : je veux dire ([ue
dans les fêles ()rincipales auxquelles (ont le penjde
comnumiail, on en retenait davantage pour le sacri-
lice, au lien (|u'aux moindres sole.inités on en rete-
nait moins, surtout ([uaiid la piété se fut refroidie, el
que les fidèles connnuniércnt p!us rarement. On ver-
sait donc de ce qu'il fallait de vin dans un on plusieurs
calices qui étaient plus ou moins grands, en plus
grande ou moindre (piantilé, suivant ([ue le peuple ou
1( s connnu.iiantb étaient plus ou moins nomi)i'enx.
Mais pour l'ordinaire ily avait plusieurs cali(e> qu'on
appelait ministériels, minislenales , parce qu'ils ser-
vaient à communier les assistants. Les moines du
Mont-Cassin en avaient jusqu'à sept à h fois pour cet
usage du t-mps de l'abbé Oderise, quoique dès lors le
pape Grégoire 11 eût improuvé la pluralité des calices
^iour la comnninio;i, connue il parait par une de .'^es
lettres à saint BonifaccdcMayence. On versait, comme
nous r.ivons dit , le vin dans ces calices par im cou-
loir, afin qu'il ne s'y mêlât point d'ordures, à (puji on
était cxjmsé quand chacun a|»por(ail sa portion de
(1) Apud Mart. de ant. Eccl. Rit., toni. ! , p. 582
el seq.
(2) Typicuniiren. c. 7%i, Analccl, Greg., tom. i.
TF XX. r
\TiERt: DE CE SACREMENT. 234
vin à l'église. Cet usage de passer ainsi le vin s'est
conservé à S. Denis en France, l-es calices dans les-
quels on le versait avaient ordinairement des anses
piirce qu'ils étaient grands et pesants, et que p.ir re
moyen, on les portait el maniait plus aisémiiil, quatiû
il s'agissait de donner au peu|ilc la communion «Itt
sang de Jésus Christ. Il est fait mention de C(.'S(ali«vs
à anses dans le testament de S. Aride (pie le 1>. lUn-
nart a mis à la (in de la vie de ce saint écriie par
Grégoire de Tours. Il l'a tiré»; des archives de S. .Mar-
tin de Tours, et noire hist'irien Français fait men-
tion de ce testament dans le 29' chapitre du îO* livie
de son llisloirc de France. S. Aride, entre autresdons
(pi'il fait àdes lieux saints dont il parle dans ce testa-
ment, donne quaire calices d'argent, dont deux ont
des anses. Calices quatuor argentros ; duo siinl (i>i:aliy
et qui ont coûté 30 sols, comparali sulidis triijiiitu. Oa
conserve encore à présent dans l'abbaye de saint Mansvi.
If's-Toul le calicede S. Gérard, qui a deux anses. Charles-
.Magne donna à l'église de Home vn grand calice avec
des anses, comme Ielémoi,:^nc Anastase-le-Bibliolhé-
cairedansla Viedusainl papeGrégoiri'l'll et Léon IV.
On voit aussi à Saint-Omcr nn calice à deux anses dt^nt
la coupe a plus d'un |)ied de profondeur et presque
autant de dian êlre, ainsi que nous l'aiq)r.'nons du
P.Mar!ènedanssonV()yagi'liltéraire,l.l,part 2, p.I?5.
Le pain destiné à devenir le corps de Nolr.'-Sei-
gnenr se mettait sur un plat que les Latins n.Mume-it
patina, el (pie les auteurs de a moy une laliuiié ap-
pellent piileiia, nom qn'd a retenu jusqu a pré.->cnî. .M ,;$
la patène aulreloi, é.ait bien plus ;ir..nde (pi'à piései.-l,
et il ne faut pas d luter (pie q;iand il y avait ut-î
grande (piantilé de pmis à cm vicier, il n'y e.i cU
plusieurs, comme il y avait plu>ieurs c.il.ces pour its
vin. Saint Aride dnnne aussi par son leslament une
palcie d'argent val int soi.vanti-el-dou/.e sols, pfilo;-i
arcjenlea vidois solidos 72. Elle devait être grande
puisqu'elle valait plus du double ipie les calices. Les
savants nous appreiint'iit ce (|ue valait le sol en ce
temps-là; je n'en paiie pas. J'ajouterai seuiement
que l'on montre dans la cathédrale de Beauvais ui;s
patène ancienne de cristd grande et profonde coim-ie
un bon saladier, ce qui conlirme ce que nous venons
dédire sur ce sujet. La patène et les calices ou le ca-
lice se posaient sur un linge pr(qire distingué des nap-
P"S ordinaires de l'autel. Dans le rit .\mbrosien ou
l'appelle Unceid ou le suaire avec lequel le corps de
Jésus Christ fui enseveli. M.iis il y a plus de 1,000 à
i 200 ans qu'on le nomme corporat. U est aussi
niMiiiné palle du terme l.itin pallium, (|iii signifie man-
teau, et il portail ce nom, parce qu'étant aussi lon^
et aussi large que le dessus de l'autel, on le repliait
sur les dons sacrés pour les couvrir. Le songe qne
S. Grt'goiro de Tours dit avoir eu, suppose cet usaj^e»
et nous apprend de plus (pie ce cor|ioiMl ou palle était
souvent de suie. Je songeais, dit-il, i;ue j'étais dam la
sainte l'asilique oit je célébrais In messe, el que, comme
l'autel avec les ablations était déjà couvert d'une pulUde
I soie, j'aperçus le mHhmlrnmqui entrait, t Cilmqul^jam
233
ÎÎI^TOniE fiE^^ SACREMEiNTS.
2:,3
f altarium ctim olilalionibus pftlliû scrico coopertum
i esset. I Qiic'li|iiefi)is ces pallos do soie clnienl or-
nées d'or cl de pierreries ; ol il y :» loiil lieu docroirc-
) que c'est d'elle que parle S. Aride daus sou leslanieiil,
(fuand après avoir lait luciilion de la patène d'argoil
dont il avait l'ait présent à une église!, il ajo ik; (piil
lui a donné aussi (jualre voiles de soie, c'estaiusi (pie
je rends le lerme, coopcrlorid, dont l'un valait trente
sols et les autres moins, et dont deux élaient tissus
d'or; duo ex ipsis auro suiit fabricdii. il ajoute, ptilhis
corporoles quatuor. Les Cliarlnnix ont retenu l'usage
d'avoir de ces grands cor|)orau\, et ils ue se ^-crveat
point de voile sur le calice non plus que de ce que
nous nommons pâlies aujourd'hui : c'est une reuiar
que de M. de Mauléon (I) dans ses Voyages liliugi
qnes, pag. GO. il ajoute que dans l'église caiiiédrale
de l-yon on pose l'hoslie sur une partie du corporal,
cl que de l'autre partie du même corporal on couvre
le calice. La même chose est prescrite dans lui ancien
ponlilical de l'église d'Orléans, et s'y praliipiiiit'encurc
au seizième siècle, connue il |)arait par un missel
de 150i. Mais comme cela était cinharrassant, surtout
depuis qu'on a fait l'élévation du calice rpie queiipies-
uns voulaient tenir couvert nièmiî eu l'élevanl, on a
fait deux corporaux plus petits, l'im tproii élcnil sur
îaulel, et l'autre plié d'une manière propre à couvrir
le calice. A la place de ce second, on a mis ensniie un
tarton entre deux toiles, alin (pie cela fût rernie et
qu'on le jnit plus comniodémenl, cl on lui a toujours
laissé le nom de palle.
' Tout ceci h\i voir le profond respect que l'on ren-
dait aux dons ofl'erts à l'autel, cl sanctiiiés par l'o-
Llali(ui (prcii avaient l'aile les lidèles, et pai'lenrdesti-
jialion, lîuisrpi'on les couvrait ainsi pour en dérober
la vue aux assistants. On ne iroiive rien des prières
qui accompagnent aujourdliui rohiation du prêtre
dans les plus anciens ordres romains, non plus (pic
Dans la suite on n njoiité les difTércnios pnores (pii
se disent pend.uil l'ohlalion, cl il y avait sur ce poiiil
une très-grande variété dans les anciens missels, tant
sur le niiiîihre de ces prières que sur les lernies dans
liîS(piels el.es étaient conçues, conime on le peut voir
dans le livre ilcs anciens I4ils de 1 Eglise du P. .■\lai-
teiie(l) (pii en rapporte plu^ieur.5. il re'inaripie (|ue
connnuiiémeiil le pi cli c olli ait aiitreruis loiit enseniljle
le pain cl le vin par une seule | rièrc, >ni' (pioi il cite
les missels de pliisieuis église-, « iilre aulres ceux
d'.Viixeîie, de Cliàlons-sur-Mariie, de Lyon, il ajoute
(jiii. n'a trouvé (pie le iniisel de iNachonne (juLit des
prières dislingués p;iur chacune d(s espèces Cela
pouvait vesiir de ce (pie Narboniie élail aulre.'ois du
royaume des Yisigoilis, duii les églises suivaient les
r.ts du missel nioiaiabe dniit on l'ail reiiiunler la pre-
mière origine à S. Isidore de Séville. Car on l.t clans
ce missel les quatre | remières pi ière^ : Suscipc... Ojfe-
riiius... insjnritu. . Veiii, saïuii/icuiur, qui y sont en
subslaiice et pres(pie mol pmr nml depuis plus de
mille ans. El il paraît (jiit l'Egl'se de Home (|iii Vers
la lin du onzièive siècle ôta ce missel aux églises
d'Espagne pour leur donner le romain, empiunta tes
jiiieres de C(î même mi sel ipTelIe supprima. Elle ad-
mit aussi au douzième siècle la prière Suscipc, siiicta
Triiiitus, ipii était en usage à Milan el dans plusieurs
églises de Eiaiice.
Nous avons lemaripié plus haut que l'on inèlail de
l'eau avec le vin dans le eaiiee. Lela se l'ail à riinila-
l lion de Jésus tilirisl, (pii, dois l.i dernière pa^pie qu'il
lit avec ses apôtres, ( onsaera la cowpe jiascale dans
l laipielle, suivai.t le rit des Juifs, il y avait du vin et
I de l'eau. Eu ellel, S. Jeslin, S. Cypiie.i, les IVres du
I troisième concile de Carthage et ceux du concile lu
I 7Vi(//o, aussi bien ipie S irénée mms apprennenl (pie
selon la iraililion le vin que Jésus C.irisl coii-acra était
I mêlé d'eau. Outre cela, les Pèics ont cru devoir mè-
Ires |)rières sur les oblaiions que la secrèle. Le Mi-
crologue, vers l'an 1090, le manpie expresséine.it.
Celle prière, en elfel, exprime roblation de nos dons;
et d'ailleurs elle est csseuliellement dans le Canon.
0*1 ajipelle c. lie prière secrèle p.u- ce qu'elle se dit
secrèlemeiil. Tandis (pie le piètre la rai.-.ait, les lide-
les priaient de leur coté en silence, el deni .lul. lient
que Dieu re(,'ùt f.ivorablenient Icsdons qui élaient sur
l'autel, el (pi'il les mit eu étal de lui cire cux-mênes
|!résentés conime nue lio^lie agréable. Q.ielipies-an^
pjil prétendu (pie l'élyniid >gie de ce nom serièlr, ve-
nait du verbe seccrnere, séparer, mais c'est saiii r.»n-
deuienl. Le I'. Marlène remanpic ipie dans un a.ici n
Sacramentaire maauscr.l de règli>e de Tours, ces
prières sont appelées, non secrètes, mais cachées, «>•
cmiœ, terme qui manpie qu'elles se f,ii,aieiil eu se-
cret, ou à voix basse. C'est aussi de celle sorte (pie
ceux qui ont expliqué les anciens rils ont enteadu le
terme de secrèle.
(i ) Le Brun des Marrettes.
dans les Sacranienlaires de Gélase et de S. Grégoire ; s , ,. ... . ,
° ' I 1er 1 eau avec le vin dans ce saei einent pour deux rai-
et, juscpiau onzième siècle, on ne récitait point d'au-
soiis mystérieuses: la première | oar niar, lier que
le peuple lidèie, représeulé par leaii, e4 uni à Jésus-
Cliri4 cl offert avec lui dans le calice : la seeonde
raismi est pour le;ilé^elller l'eau elle .sai.g ipii sorii-
reiit du coté de Jésii^-Chiisl sur la croix. Te les soi.t
les raisoas (pie h s ['ères remlent de celle iiis iiiition,
e.i averlissant ipi'il faut metire au moins deux l(»is
jdiis de vin (pie d'eau ('2).
Quand lo.it élail ainsi disjiosé sur Iaulel, on lai ait
reneeii emen des oblaiions dans pliisleur> ég ises.
Je dis dans pliLsieuis egii-.es, i ar daus celle de llonic
^'.'. d.iiis d'aiilres (] li suiv.iieiil ses usages, ou neiiciMi-
s:;il p is les d )us olf-rls à i'aiilel. Le .MieroUtgiie (.3) le
(Il cx;ir. ssémeiil ; et Amala re qui a mar(|ué en 800
les nsag.s de 1 église d(; Home dans le prologue de son
liailé des Olliees ecclé ias!i(|ues, dit (pTaprès l'Evan-
gile il ne se lait point d'encensemenl sur l'autel : cc-
p.'iidant il était en usage depuis loiigJcmps dans l'é-
(i) Lib. 1, p. 580 etsc'[.
{-!) Coiic. Tr.biil. eau. i9
(5) lu Obscr^'. eccl., c. 0.
2S7
EÎT.UAHISTIE. — riIAP. II. MATlÈnF. TE Œ SACREMENT. 238
l;m,'C il>' ro.iii ;ncc l<^ vin , (l:tns pliisioiirs oiulrnils,
|)iii ;ipros (|iu' In nies»! clail cniiiiiiciKCO , ri il laiit
< ne (-• llu (Icriiicrc |ii':il i|uc mmI nti moins Je la lin du
(1 iiizii'nic siècle un du ci ininr>ii(-cnionl du su.Nanl,
piiisijne nous voyons f|irclk' se coiiscrvc encore d:ins
l'oiiln' do S. I)oniinii|no , i|ni i'anci pri-c s:ins doulo
de rusîigo do- |iaY> où lilc a coinmci.cé à s'clablir du-
niiil le cours du liciiicinc si. do.
AKTICLE m.
De quelle uianicre S' j't.il l'olid'wn dans la églises
oiicnl.tlcs.
Aulrcfois les j;i"indi's églises dos Grecs élaicnt dis-
tinguées ou II OIS pallies, f;avoir , le vosLlu.le o;i
g'ise de Milan. Le Riiiicl Ainlno ion le i^rosciil
expressôuieiil, cl S. Amlunise (I) l'ul inciilion de ccl
eiicenscniont par ces paroles : i'iiiiinn ncbis qtu (;ue
adolentU'us allaria , saciilichiin de'^eren ibus , iidsi.slut
ttiiijetus. Gl Usage ét;>il an-si élalili d;nis (pu^pies
églises de FiMuce dés le milieu du ncnvième siècle,
quoifpf'alors l'Église Komaiiie ne reùi pas encore reçu,
Cl ipie ces cgli^cs se conroiina>scnl presque en «oui
aux rils Uoniains. On le voil par les capiliiles de
Ilimaiiar (can.li), de Tau 8,V2 , dans lesiiiuls il parle
deTenc» iisnir (pi!- clia(;uccuré dcilavoii' po.ir e. cen-
Scran lemp-i de CÉvangiie, cl quand on a ojj'eil les ubla-
tions à l'autel. liciiinon, cpii a écril sur la fin du neu-
vième siècle, dil aus^i (lu'un concile de Tours aval
ord.nnédVuccnscrlesoblaUonssurraulelàla lin de ! I":>va t-.elMa nef. et le sai.clu.ire : | lésculemo t.
\
r. ff.-rloire. Dans le ouzièiiie siècle, cel i se l'aisaii
presipie parlout , cxceplé à Rome el dans les égli-
ses (|m ne s'écarlaienl eu rien des rils de celle
église Ci).
il ne nous rcsle, pour donner une iîée suffisnnle de
la man ère dont s'est faile r<il.l ilio;, dans réalise d'Oc-
cidcnl, durant onze ou douze cents ans, que de aire
daiisla lauvrcléoù 'a lyraiinie 'es Turcs les réduit, on
se coiileiile pres(pie | arlnut dedi^liugner la nef d'avec
le sanctuaire, qui est séparé jiar unj haluslrade ircs-
liaiile où il y a trois p:iiles. Ce lieu sût, u;ii(iueineut
de fi.ié au SMcrifice , n'est ([ue pour les évé(]Uos, les
prèlrc» cl les diacriS. L'anlel est au milieu cl i>olé.
A gandie . eu enlia t du coté du seplentrion, il va
niei.titn d'un usage (pii se | raiiiiii .il dans les églises | "" lelit aul< 1 a|>pclé prulhesis, la prolliése ou propo-
des Gaules, avant (pie le rit Uouiain y lui a.li. iv Ce; t I siiion, où l'on préjiare le pain cl le vin «lui doivent
S. Germai.., évèque de Paris, (pii i.ous l'apprend dans j dii; c(Uisacré-, cl de r;iulie coté, vers le midi, eu en-
un petit écrit qu'on a trouvé dans le monastère de
S. Martin d'Aulun (ce saint avait été ahbé de S. Syni-
phorien da'is la même vil.e, avant d'être élevé à Tépis-
C(q)al ). Dom MarteiiC a donné, dans le ciuipiièinc lome
du Trésor des anecdotes, cel écril (pu coi. lient une ex-
posil.oii de la mes-e. On y voit (pie, tandis qu'(Mi portait
les oltlations à l'autel, un diacre y portail aussi, de la
liaul, il y a un autre pelil iiiilel p iir les habits cl tout
ce qui doit servir au niinislère sacré.
C'est en cel endroit, qui sert de sacristie, où le cé-
lébrant el le diacie preiiKen; les habits sacrés : el lors-
qu'ils sont habillés, ils vont à la proll.èse. Le diacre
y iiréjaic le |iiiiit dans la i-alèiic, (|:i est un bassin
creux classez graul. Ce p lin est roui o;i carré, et
•cristie, nue b liteen forme de tour dans la(|iielle élail p qnehiuefois eu forme de ciolx à quatre côlés, el avant
la sainte tiu bi.riïl.e. GicgiMie (le '1 < i;is (c 81), cou- 1 '!"''' soit cnil (mi y im|iriiiie une ligure, lede (pie l'ont
lirnic ce que dl S. Germa.n dans le l.vre de la Gl..irc i ^<>""ti>i Anadius et le père Gore, où 1 . n voit le signe
desmai'.yis, lors pj'il parle d'un diacre .ni. apics 1. s j «-'c la croix et les Ie:iies gr(!(Yiii -s KiXCN KA, poiii
lectures pie-crites, le temps du sacrilice éta. larri' é, | sigi'i'^er en abn'gé, Jt%Hs ClnU est lainqneur. Si le
ayant pris e. Ire ses ma. us la tour d.in> hupielle le | 1'=»'" est l'ail en croix , on imprime la figure au milieu
mystère du corj s de Noln-Se gneur état re..f( rnié 1 ^^ '■' <'i"<Ji^>
pour la mettre sur ranlel, elle s'échappa di! ses mains, | Avant de passer ou;re, il csl bon de dir-, pui-que
el se porla d'. Ile-mème à l'anlel, sans (p;e le diacie | •'<"« sien se pn'senK^ de parler des I gure.s (pie pnr-
pùl l'aileindie de la main ii causi! des criiiws dont il | '<-'"" «■"" Orient les pains deslii es à cire con.-.ncrés,
était soiiil.é. Lecià iq'ilur ['..ssinne mm rrliquis leclio- \ 'l'"' <''''"Z les Coiiblcs, ce pain qu'il- a| pclleul coihan,
(1 )it avoir rimpies-ion de douze ( roix icnf nuées clia-
'^:i!!C dans un carré , et dans celui du n ilieii , (pi'ils
uibusquas canon saieidolr.lis invexit (ce:ie Passion élail
les actes du marlyre de S. Polycarpe, dont ou (éle-
hrait h félc), tenii)usad saciificiuniolJereudani ndveni:,
acceitn ue lurre diaconus , in quà inijaleriani duniinici
corporis Imliebalnr, ferre ca'i.it ad ostiuni, hiqressus(ine
teuipliun ut eaui ullari suj)erpo)ieret.
Apres avoir exposé le.s rils de l'oblalion tels (pTils
se soat oliservés autrefois dans les églises d'Oei i(b'iil,
il est temps de passer «n Orieni. M.iis avant de le
faiie, nous remarijucrons eu deux mo'.s, ipie la coii-
ftinie de consacrer le pain el le vin olferls par !e peu-
ple ayaiil cessé, avant (|ue de commeiKcr la nw; se,
on piuta à l'autel, ou aiquè.. de l'ai tiil , le pain il le
vin qui devaient cire consacrés. Oi| lil meiiie le n.é-
(\) lu Luc. c. i.
\t) Le iuux Alcuiiu ch. de Cclebr. missx.
a|q:ell. ni isbodkon, il doit y en avoir une plus grande
(pie les aulrcs. Les douze petites croix représentent
les douze ap("ilres, cl (clIe du mil, eu re|)résente .Ndlre-
Seigueur même ; et ordinairement au bord de ce
corban ils iuipr.meu" en lellrcs coplites «yto,-, «yic,-,
(/./isj RJ^iî-:. Le père Wansleb a diuiiié la première
de ces lig.u«,'s. Le père Sirmond a donné la s(>conde,
dans lexpielles la ;;arlie du milieu csl beaucoup plua
grande el a i.liisienrs cioix.
Revenons aux (incs. Luire plusierrs cérémonies
qui se f iiit à la pro;hèso, nvec diverses lorniulcsde pa-
roles, le prêtre enfonce plusieurs lois dans le pain un
|i( t;l couteau ipùl lient on main cl (pi'ils appellent la
il, saime lance, cl ieUi^jCre à chaque incision dit : Prions
83<J HISTOIRE DES SACREMENTS. Î40
Dieu; après (]\m le prêtre coupe In pièce de croûte 'ij' qui couvraient le bassin et le calice, tire de l'épaule
sur i;ujii.;llo sont les taraclores, en disant : Paire </«c || du diacre le grand voile , l'encense et en couvre les
sa vie aélé ètée de ht terre, el\<i diacre lui disant, im- tf dons. I.e diacre l'ail ensuilc plusieurs |)rièrcs, et le
niolez. Seigneur , il dépose Tliostie dans le bassin en
signe de sacritice, avec certaines paroles. 11 enfonce
ensuite la lance dans le pain, et il dit : Un des soldats
ouvrit son coté, et incontinent il en sortit du sang et de
l'eau. A ces paroles , le diacre met du vin et de IVan
d;'.ns le calice après avoir dit au prêtre, bénissez, Sei- j
gnenr, lo prêtre coupe ensuite plusieurs p:ircelles du
pain eu l'Iionneurde la Saiiile-\iei!;o, des saints, des
évê(]i:es, et \ jr ceux pour qui il veut spécialeniont
prier. Ensuilc le diacre piésonle renccnsair au prêtre
quiencmse les dons e! ce f;ui doit être mis dessus,
entre antres le voile (pii doit les couvrir. Il finit en de-
m-indant à Dieu f|u"il daigne bénir cette oblalion, et
se souvenir de ceux (pi rofirL'nt el poin- qui il l'offre.
Celle préparatio 1 des ihnis paroii rdfiiee commence,
n'est pas d'une haute ;uili(piité, il n'est parlé <le pain |
chœur ré|,ond à chaque monilion par Kyrie eleison, et
par ces mots, accordez-le nous, Seigneur. Cela se ter-
i\iine par la prière de l'oblatioii que le prêtre fait en
secret. Tels sont les rits principaux de Toblaiion dans
les églises soumises au p;itriarclic de Consla!itino;jle ,
et dans les autres églises qui n'y sont pas pr.)|)rem?ut
compi-ises , comme celles de Bulgarie, de Valacliie,
I de Moscovie, ci même bs Melciiiles des autres patriar-
cliats ont quitté b-'iirs anciennes liturgies pour suivre
celle-ci, qui est attribuée àS. (ihrysos.ome. Cabasilas
remanpie (|ue, j^eiidanl celle iiroce.-sion dont nous ve-
nons de palier, les assistants se prosternent devant les
dons sacrés avec beaucoup de respect el de révérence,
priant le prêtre, que dansl'oblatioii des dons, il se sou-
vienne d'eux, zai :Tp57-t'urCJ7lv o-iiv c.iôiï -â'jç /.rùeuj.uëzLa..
M. Uenaudot (1) nous ap|ueinl que les tlopbtrs, les
et de vin ([u'après les lectures cl le renvoi des calé- | Ethiopiens, et les Jacohites de Syrie piaiiiiiieni la
clmnicnesdaiisS. Justin, dans laLiturgiedeS. Jacques, !! même chose , qu'ils fout (piehpie cliosc de semblable
aussi bien que dans les sermons de S. Clirysostôme
lille lie paraît pas non | lus dans S. Maxime, (pii écri-
vait au septième siècle; mais tout cela se faisait cci-
tainenient au douzièn'e : car on le voit dans li liturgie
de Consiantinople Iradnite par Léon Thiisetis avant
Fan il80. il faut même remonter, ajoute le V. le Brun
dont nous avons lié lont ceci, du moins au dixième
sièc'e, parce que les .Moscovites, qui furent coiiTCilis
par les Grecs, et qui reçurent leur bturgie vers l'an
989 font la même chose. Selon S. Germain, celle pré-
paration se faisait avec un peu moins de céiémonie
par un diacre cpii cnu|)ail le pain avec la petite lance.
On voit par la relation (lu Voyage d'Egyple de M. de. Mon-
conis, qu'au monastère du mont Sinaï, où il entendit
tout roni<;e le jour de Pà(p;es, ce ne lut qu'après l'é-
vangile, et après avoir dit (piel(|ues oraisons, (luel'ar-
cbevéïiiie al a à la protlièse où le diacre avait t ut pré-
paré, comme ledit S.Germain. Ce monastère, qui fut
fondé par l'empereur Jusliiùen, cl dont l'ahbé a le
litre d'archevêque , et ne dépend que du patriarche
de Jérusalem, doit avoir conser.é beaucoup d'anciens
usages.
Après cette cérémonie faite à la prothèse, le prêtre
et le diacre vonl à rautel, où, après les prières mar-
quées dans la liuirgie el la lecture de l'évangile, le
prêtre va à la pi othese, précédé du diacre qui porte l'en-
censoir et qui encense les dons. Le prêtre prend le
grand voile, cl le met sur l'épaule gauche du diacre,
lequel prend le ba>siu et le metsur sa lêtc, et tieni en
même temps l'encensoir avec un d(!igt de la main
droite ; le prêlre porle le calice , et étant lous deux ac-
compagnés de clercs qui portent des croix et tout ce
qui peut servir à l'autel , il vont en procession dans la
nef, en disant : Que le Seigneur se souvienne de nous
dans son royaume, maintenant et dans tous les siècles.
Le prêlre elle diacre vonl à l'autel [lar la grande porto
du sanctuaire; et c'est ce qu'on appelle la grande en-
trée, le prêtre met les dons surranlel, il ôte les voiles i[l (2) Renandot', 'jbi(i
à la |trocessiondans laipielle les Grecs p:irt:nt Icsdoiis
d(;stiiiés au sacrilicc, cl que le peuple leur témoigae
la même vénération que dans les églises (|ui recon-
naissenl pour chef le paliianhe de ConslaiiliiKiple :
C(; (pi'il appiiii; du lénioignage de (pianliié de leurs au-
teurs et (le celui des voyageins (pii Oi.t assisté à leurs
messes, il y a seulement celle dilï"ére!:C(ï (pie les Jaco-
!>i:es cnmmenc.'iit lenr litui'gie par celte piéparalion
des dons et l'invoealion , et (in'ils les meiteni sur l'au-
tel avant d(! comnieneer l'oriiie de la messe, au lieu
(pie les Grecs Melchiles ne font cette iiivocaliou et
l'ohlation propienu ni dite (jii'après la lecture de l'é-
vangile, etda.is l'endioil où on le f.iit chozimiis. Car
tout ce que nous avons ra;iiio!-ié des prières el tlescc-
rénionies ipi'ils Ibi.t d'al» r.l à la protluVe ne lient liiMi
que de piéparalion, et n'élaii poini aiiciennemenl en
usage chez eux , y ayant même encore enlre e:;x des
cgli>-es où cela ne se pratique |)as, comme celle du
mont Sinaï, ainsi (]ue nous l'avons remarqué.
Alvarez (cap. 1 1) assure qoe les Klîiiopiens, pendant
celle procession des dons, sonnent leurs clnehcs, et
(pie tous se mettent à g(;noiix. On peut juger de là quel
respect ils ont pour le sacremeni de l'Eucharistie après
qu'il a étéconsacré, puisque, avant même qu'il le soit ,
ils rendent de si grands honneurs aux espèces desti-
nées à devenir le corps et le sang de notre Sei.;neur,
Ces peuples portent le respect pour ces espèces bien
au-delà de celui qu'ils rendent aux images; et parmi
eux c'est un crime énorme de marcher dessus, même
avant la consécration, el on lit dans l'histoire ecclé-
siastiijue d'Alexandrie (2) qu'un évêquc de Saca
bit déposé pour avoir brisé et mis le pied sur une
hostie qui avait été portée à l'autel , sans y avoir été
encore consacrée.
Il y a longtemps que l'on s'est plaint des orientau.v
(I) Tomo I Lilal. 9 Orient., commenl. in Litiirg.
Coph. S. Hasilii, p, 185 el seq.
Ô4!
EUCHARISTIE. — CH\^ 11. M\TIL(IE Dh CE SACREMENT.
i^JO)
sur ce point, el qu'on a regardé comme excessif le 1} qniié , cl comme nous le jtraliquons encore. Ils can
cullequ'iis rendent aux espèces non consacrées, lequel ;
senililc approclicr du culle do l;>tiie, mais ils ont ré- |
po; du qu'ils u'adoiiiionl pitiul parées i^fénudoxious et
el CCS prosler.iements les espèces avant la consccra- j
lion ; (|ue seulemcul ils leur témoignaient un resi cet |
aiilieipéà causi! de la •.^aueli(icalion qu'elles recevaient i
par leur desliualioii, el les prières qiu; le prèlrc avait i
laites sur elles. C'est ain-i (|ue s'en expliipie Gabriel j
de Pliiladelpliie, qui a fait une apologie pou»- jus-
tifier la conluuie des Grecs siu ce ponil. Elle fut im- |
prinu?e à Venise par un lrès-lialii!e homme en grec et !
en lalin avee divi notes Ires-étcndues.SiiuéondrTlies- '
saliuiiqiie aenli'cpris au-si de juslilier l'Eglise Grecque
de^ ri'proilies (pi'on lui l'.iil là-dessus.
JNonolislanl C(sexplie:ilions, nos voyageurs ne lais-
sent pas d'elle scandalisés qu:\nd ils assistent à la
liturgie des orienlaiix , et (pi'ils voient toules les
nianpies de respect qu'ils rendent aux dons pré]>arés
à devenir le corps el lésa g de N(>t e-Scigneur. M. de
Touriiefort, qui assista chez les Arméniens à celle
procession des dons , el qi;i fui témoin de ce qui s'y
passa, eu a par!é aveciudigualion. A /'o^(r/oire, dit-il,
le prêtre va prendre le calice et la pal! ne en cérémonie,
c'est-à-dire, sniri des diacres et dessous-diacres, dont quel -
viennent avec les Grecs et les autres orientaux dans
l'appareil avec lequel, après avoir liic ces dons (lel'ar-
nK)ir(î où ils él;iifnl renferni(;>;, ils k'S porlenl pro- '
cessiomiellemenl à l'aulel, de la manière que le' décrit
M. de Tourueforl.
Je finirai cet article par une rélleNion f;u(; fut le
P. le Hriin sur l'origine du culle que les orieulaux
rendent en celle occasion aux donsdesliné> à devenir
le sacrement d'Eucharistie. Je crois , diiil, pouvoir
remarquer que celle pompe avec laquelle se fait la pro-
cession des dons vient de deux usages très-anciens. Le
premier , de ce que les églises chrétiennes jouissant de la
paix, el voulant relever les cérémonies par des symboles
majestueux , ont repris qui'lqne chose des cérémonies de
ra)icienne loi , el surtout par rapport à la manière
avec laquelle se fiàsaient les ohlalions. Le second usage
qui a pu donner lieu à celte grande vénération des dons
portés ù l'autel, c'est qu on y portait ai:ssi l'Kucharislie
du sacrifice précédenl. C'est ce fjii'on jietit voir dans
l'aneienne lilurgie Gallicane , qui, coiu;ne nous avons
dit en son lieu, ve;;ait des églises d'Orie;;!, S. Potin
{ et S. iréuée à Lyon, S. Crescent à Viei:ne, S. Tro-
pliime à Arles, el plusieurs antres d;' nos premiers
évèques clani orientaux, l.epère le Brun rapporte sur'
qucs-uns portent des flambeaux , et les autres d's plaques 'f cela ce que nous avons dit dans l'arlicle précédent
de cuivre attachées à des bâtons assez longs et garnis de
clochettes qu'ils font rouler d'une manière assez harmo-
nieuse ; le prêtre, précédé des encensoirs et au milieu des
flambeaux et de ces instruments de musique, porte les\
espèces en procession an milieu du sanctuaire. C'esl alors ;j
que le peuple mal insirnit se prosterne el adore les es-
pèces non consacrées, le clergé encore plus coupalde
clia::te à genoux un canli(pie, qui commence: Lecoips
du Seigneur est présent devant nous. Il sen:ble que hîs
Arméniens aient pris celle abominable conlume des
Grecs; car les Grecs par une ignorance inexcusable ,
adorent aussi l(;s espèces avant la consécraiion.
Quoiipril en soit des reproches que .M. deTomneforl
fait ici aux Arméniens, on apeiçoit dans c<^ qu'il dil
ce que le père le l'run exiiose plus au long dans son
troi.-iième touic de ilCxplicalion de la messe, où il
traite foi l au long de la liturgie .\rméuieime , et dont
il est à pioi»os que nous rcprésentiims d'après lui ce
qui regarde l'oblalion des d(uis. On y voit (pi'ils con-
viennent en quelque chose avec les antres orieulaiix , '
dont nous avons parlé, el qu'ils ont d'ailleurs des rils
particuliers qui semblent a|)procher davantage des
usages anciens. Ils en dillèreul en ce (pi'ils n'ont point
comme eux la cérémonie de la prothèse. Us se cou- |
teiilenl depuis un teinjjs immémorial de mettre im-
médialement avant la lilurgie dans une pclite armoire
qui est dans lesanctuaire, l\ gauche, en entrant, le pain
et le vin qui doivent èlre offerts à l'aulel; et ce pain
iienldu don des fidèles. Eu des paroissiens, chacun
;i son tour, offre de la farine pour faire les hosties, et
lu vin pour consacrer. Il n'y a point d'autres prépara-
ious des dons. Le prêtre les olfre à l'autel après les
prières et lesleclures, comme on a fait dans l'anti- !!
du rit de l'oblalion dan-; le> églises des Gaules du
tem|)s de la première race de nos rois, .fe laisse aux '
savanls à juger des rénexions de cet auteur.
ARTICLE IV. i
Du soin avec lequel on préparait autrefois, eion prépare '
encore aujourd'hui le pain (jui doit servir de matière ,
au s.'icrenioit d'Eucharistie. Abus sur ce point dans
quelques églises. Du pain azyme el du pain livé. Quel-
les sont les églises qui mettent en usage le pain azyme, j
et depuis quel temps.
Ou ne peut dtuter que les premiers chrétiens, qui
avaie. t lait de vénération pour le très-auguste sacre-
ment du corps et du sang de JN.jlre-Seigueur, qu'ils
a|)pe!aieiit commuiiémenl les mystères terribles , et
dont ils faisaieiii lenrs plus Chastes délices, n'appor-
tassent un grand soin à préparer ce qui devait servir
de maliere à ce banquet divin. Ils ne se reposaient de
ce soin sur personne, chacun faisait soi-même le pain
destiné à ce sacrifice , et les empereurs même ne se
dispensaient pas de ce devoir , comme vous avez vu
ci-devant par l'exemple de l'empereur Valons. La
reine sainte Radegonde , qui établit son monastère ù
Poitiers sous la règle de S. Césaire , faisait de ses
mains non seulement le pain ([u'elle devait présenler
elle-même aux ministres de lÉglise à l'ollVrluire pour
être consacré, mais elle s'appliquait avec bcaucoupde
dévotion à faire ces pains du sacrifice pour les distri-
buer à b(!aucou|) d'églises: et Eorluiial dit qu'elle y
enqiloya tout un carême, suivant le conseil de S. Ger-
main, dont elle prenait les avis pour sa conduile.
Cette mère de famille dont il est parlé dans la vie île
S.Grégoire, faisait la même, chose. El avant elle,
243
inSTOlRE DKS SACREMENTS.
^4
Caiidido, femme de Trnj;in, maîlrc de la milice (!ii
Icnip* d.' rcmi» rem- V;do<is, |.n>'-ail les iiui.sàmoii
dro le lilé dont la lniiie él.iil de^tinoo à faire le pain
du sacrilicc Jai vii celte illiislri: malKiue.dil l'aliade ^
dans le2'J"tiia|)ilie de rilisloireLansiaqiie. iravailler j
tonle II miil à iiioiidrc cl à faire de ses propres mains
le p lin de rohlalion.
Le concile de Tolède, de l'an 093 (c. G) , biàine forl
les prélres ipii avaient soulferl «ju'on eùl coin é en
rond un uiorceaii d'un pain commun pour rtilîrir à
laiilrl ; et il orJoiine que le pain que l'on pt csciilera
sira cnlicr, pnpre, prép:>ré avec soin , el qu'il ne
sera pas Irop grand, mais nue pelile ol)l;ilioii, sui-
vanl la ( oiilnnu; ecclC'instiqne : Lt non aliler jmnis ùi
alt:iri Domiiii sucerdulati bencd'ulione smicl- ficnndm
p-0})o:i tnr , v.ii meijer el iiilidns, qui ex sti'dio fucrh
pyd'parulns, iicqne grmule ulitiiiid , sed wod'icu liin iim
oblatu On a continué dans les sccles suivai.ts à avoir
celle attention, et on n'a rien épargné pour que le
p \in distn.é à devenir le corp3 du Sauveur ft"i; bien ^
coihlilionné. I.es ireires mêmes ont voulu faire ces
pains, eu les ont f il faire en lem- pré>enee par leurs '
clerc? (I). El rien n'esl plus édilianl que le soin el le
resi CCI avec letpiel les j.remiirs moitiés de Cliini i)ré-
jiaraieiil le blé el la fibrine (2) , et loul ce (|ui était né-
Cissaiie pour faire les paii.s destiné» à être la m;itière
du sacrement. Les c .:'ii(»iii<'s iVvid,eis de la congré-
gation de S. -Victor de Paris (5) n'(ltient pas moins
relgiens sur ce poiiit. Leurs C(H.slituti<>ns (udni;ini< ut
quL- le sacristain fil les liostiis étant rev: 1 1 de l'anbe,
et qu'il cboisil pour cela le IVomeul le plus pur; qu'il
les fit dans un endroit très pr( pre el couvert de lin
g'S. Elles pre>crivaient de plus (pie deux frères le ser-
vissent en C'-tie ociasion.alin qu'il ne fùl piùnl oblige
de l< u( lier autre cliose ipie b-s liosties. L'un de ces
frères div.iil tiiln lei ir le feu, l'autre devait tcn r
rinslnmieiit de Tr dans lequel on cuisait les bc.slics.
Eulin , tout le monde sait qu'on accomiannait c/ez
les moines de Cluiii celle aclion de prières cl de la
récitation des psaumes. Celle altenii<ui religii'use (\\\r
Ton :ip (U- ait à la conlci lion du pai i endiarisliqee
était bien ancienne, piiisipie S. l'acônie, suivant
qu'il est r;)|'porlé -liin» sa \"h\ tradiiite en latin par
Denis-le-IV'i» , avail ordonné aux lièresq'ii hav il
biient à la bonlanpeiie de ne dire aucune paiob; inu-
tile , mais de s'oicuper en eux mêmes des macl -s sa-
lutaire^ di' l'Knilure, quand ils seraient occupés à
faire le pain de fobl.ilioii : Qunido faccmit obluliotws,
cniîHue piiîtc la liaiiiction de Denis, cli. 40 . par où
S. Paeome ei.tend lit le pain destiné au sacrilice.
Coninie il parait \y.\r les cliai ilres 17 el 19 de sa liè^<!e.
Cl coimm- l'a exprn|ué S. Oibtn dans le 28' clr.ip. du
second Tnro de s 's conférences.
Cela fait voir (|ue l«'s orientaux n'o-it pns moins
lémoimié de religion à c.-l ég rd que les occidentaux ;
ils n'ei témoignent pas moins encore aujonrd'Iini. Le
pain encbarisiiipie do It être fait cliez eux de la plus
pure f.ir ne, el leurs caunn. anonymes oidonnenl que
le pièire | rcn !ia le soin d:- choisir les grains ipii doi- /
vciil le composer, qu'il les fiMa moudiiï en sa présen- '
ce, et qu'il en séparera exactement le son. Celte pra-
tiipie à la vérité n'est pas observée généiabiinent :
mais ce cpu' prescr.vini sur ce snjel les con4itutions
de Cyrille, fil> de Lok-bik, palriarclie d'Alexandrie,
est suivi nnivd'sellenien!. Il faut (1), dii-il, (]ue le
pain eoeliaiisii<pie m; soit point cnit ailleurs que dans
le four de I Eglise, et q l'il ne soit ni pétri ni cuit par
u;ic fi nmie ; ipio si (pii !i|n"un fait autrement , il soit
exeommunié.(^i cuit donc ce pain an co n de l'église,
dans une es; èce de sacristie chez les Orientaux , el les
rel lions des voyageurs reuilenl lémoigMage de cet
i!s gc. .Mvarez le i-apperic ainsi des Etliio|iiens, et
M. Heiiandot d:l l'avoir ap|)ris de |>lu.,ii urs éln:ngers
Ncn'is dOrieni en ce p :ys.
Un ' autre chose (jirils observent, esî que le pain
de l'oblalion ne soit cuit que le ji iir n ciik^ qu'il doit
être oll' it , el ils se feraienl un scrupule d'en otfrir qui
eût été cuit de la veill ; c'est ce qu'on voit dans leurs
recueils de c. nous , cl dans leurs autecrs , tels (jnc
rîar>«alibi , l.bnassall , Alnlbireal. (jue cite le même
M. Reiiaiidol, (jiii ajoute ipie cela s'observe également
|iar les Jaeobiiesde Syrie, comme |)ar ceux d Egypte,
par les .Melcliites el les Nesloriens. Le P. le lirun dit
de mè e dis Arméniens, qu'un diacre ou un prêtre
r:<il ie p. in de l'oblatioa la i.nit menie avaiM (;ue de
eéélirer le s.iciifiee, el ipie leurs Ims ies sont rondes,
(iresqiie aussi grandes (]ue les iiôlres,ct pour le moins
de ré;iaisseur d'un écii, et quel(|ueriis plus. Qiiekiues-
iiiis, a joule t-il . y m< lient la ligun' d'un crucifix , et
.l'aiitres y rc] résenlciit un calice d'où l'on voit sortir
le corps d(! Jé>us Clirist.
Nous ne pou^^ ns dissimuler ici un abus énorme qui
s'c^l iiitrodiiil liaiis quebpies-iines dece» (ommunions
orientales, où la coutume est à présenl de mêler un
peu de Si I el d'Imile avec le pain eiicliaristiipic. Cet
abiis a lieu p,;rmi les Jacobil -s ' yriens, à qui ceux
d'Egypte l'oiil rcprocbé smivcnl, sans cependant rom-
pre de C(miumniiui avec eux. Il fa l même qu'il soit
-.mien, |)uis(]ue nous lisons dans l'Iiistoire «les pa-
triarc'es d'Alexandi lequel ilirislodule, qui Pétait dans
1(! 12' siècle, ayant élé ordonné l'an 1 1')7, célébrant un
jour la lilurgie dans une église des Jacobiics de Syrie,
rejeta avec indignation un pain ainsi préparé, qu'une
liersonne puissante lui piései.lait à leur tnanière pour
être ci iis;iCié, cl ipi'il lacliassa de l'église.
Abraba.n Ecliellensis (2) lait remonter l'origine de
c l abus ju qu'il Jaunies lî.radé, un des cbels de la
se< le dos .lacobiles, i;ue Niiéphoredit avoir aussi |)orlc
le nom de L lualc , ou bien jusqu'à Jean liai susbau
(I) Tlu'od. Aurel.. c. Ti.
t (I) Apud Renaud. Cr.nuiient. lilurg. S. Basil., p.
(2J vid • Marl.'de Aiiliq. monacb. Ril. 1. 2, c. 8; J l.'î) ei ^eq. .il, liturg. Orieiil. •^■^■,„a:
Cou 'uei. C.b.n. , t. 4 ; Sp.cil. , p. ilG. ,1: (2) In i.o.is ad llebed. Je.u , el la EutyclilO VUWU-
(3j Lib. Ord. S. \ ici. , c. 2. H cat >.
145 euc:ia:\istie. — c:iap. il
et Faiisic. N:iiroiiiis, inaroiiilc (I) cl prolcssi-ur à
Rome, siiilccllo ()|tiiiioii, (jn'il appuie Jii léiiioii^iiage
du (alécliisiiiedes Jacohiles, dans Irqiiol il osl dit qu'il
s'éleva un dilHirend enlrc les CnpIUes ei le» Syriens m
roceasitm de ce que ceux-ci niélenl du sel et de riiiiile
da.s Tolditlion : ni;i s (pie le S. l'ère I5;irsuss:iii (c'élail
le faux p;ilriar. lie dWiilioelie) composa un livre pour
jusiifier cet usage.
Soilqu; li'S .NV'St!)ric:is aient imité c:i cela les Ja-
cobiles Syrieii-i, soil qu'eux-aièaies soient les au-
teurs de celte pernicieuse praTupie, il est cerlain
qnVIie est en usa;^'e p.irmienx;el les uns et les antres
s'excnseiit vainement en disant qu'ils ne mettent dans
le pain eucliarisliipie qn'aiilaiit d huile cpi'il en faut
pour que la pâle doni il est formé ne s'allaclie |)as à la
main des prêtres lorsfpi'ils la pétrisscnl, et du sel de
nièuic autai.t seul ment (pi'il est nécessaire pour le
faire sentir au gnùl.
Tontes ces coiiiinmiions orientales se servent de
pain levé dans rKiicliarislie, excepté cpichpies-mies
dont nous parierons plus l):is. Mais les églises d"Oe-
cid>'iit ^o.it depuis longleni|); en pos essioii d'em-
ployer le |i:iin azyme. Les Grecs depuis le oiizièn:e
siècle ii'onl ces^é d'en f.iiri; des reproches très durs
auxLalins, qui n'ont point (ru pom' cela devoir chaii-
ger leur u>age rpii était ctnifor.i c à ce ipie le Sci.^'iicnr
Iiii-même avait pratiqué, puisqu'il insliiua ce sacre-
meiii la veille de sa mon, j(Mir (pie l'on immolait
l'agiiean pascal, jo'ir au piel les Juifs devaie..t, sui-
vant la loi, (ilerde: leurs maisons le leviiin. Lc.-> Grecs
se sont eiilin las>és(Ie fiire ce vain rcirocheà l'F.glisc
Latine : et au concile de Florence on ne crut pas de
part el d'autre (pie cette diversité dût être u i ohsla-
cle à la réunion. Depuis ce lenip-, d-'s savaiil-; distin-
gués, tels (pie le père Sirniond, le cardinal Bona, le
V. Malii liin et M. (^iampini se sont appliipiés dans
des oiiviag s entiers à fixer liistcriqncinent l'origine
de Tu a,îe des azymes. Les diiix pic niers, dit le
P. Le IJruii, l'ont pent-Hre trop reculé, el le dernier
l'a peiil-étie |»la(é trop haut, en le faisant rcinunler
jiisi]iran prcinier sièch;.
U ne nous convient pas de discuter ces conjectures,
nous rapporterons seulement quel(pies observalions
que le P. Le IJrnn l'ail sur celle matière, et que nous
adcqilons \ol.iiitiiT~, les Ironvant preS(jne enlièremcnt
co:i!orines à ce que le P. Mahilloii a publié sur celle
question, dans u e s;.v:inle disserlalion qu'il adressa
au cardinal Bona en l'an IG7'2. La première de ces
observalions est ipie l nies les églises Orientales se
sont servies de pain levé, à la messe d .puis les pre-
miers siècles. Il suf.ii pour en cire persuadé desavoir
qu'on reprocbail aux Eliioniles qu'afl'ectaiil suivant
ranci(Mine loi de ne manger que du pain azyme peu-
dniil la semaine de Pà lue-, ils ne fiisiic l ahns TEn-
charistie qu'avec des azymes. La seconde, nw b-san.
ciciis Pèj'cs ei p'nsienrs liturgies élal;lissaiit que
Jéstis-Christ institua l'Eucliarislie après avoir mangé
(i) Euplio ûdei, edil. Romx an. iGOi.
VîlZVxZ DE CE SACREMENT. 24G
1 l'agneau pascal , plusieurs églises orientales ont
I cru (pi'il l'allail, à riinilalion de .lésns-Cbrisl, conSa-
i crer en piin a/.yme, au moins le jeudi-saint, ce qui
I a été releuu jusqu'à présent par les Etlii(q)iér1s,
comme plusieurs auteurs en foui fui, eiilré autres
I .... . ■ (;• . 1
j .M. Liidoliibe (1), qui ne doit pas être suspect sur ce
point.
La troisième observation regarde l'usage des Latins
sur l((piel l'auteur dit qu'ils se sont servis de pain
azyme, n(ui sculemenl (jnelques années avant Michel
Cériraire, mais même avant le schisme de Pholius,
qnoi(pi'il ne reprochai rien à l'Église latine sur cet
ariicle, parce (pi'il élail penl-êlre trop habile pour en
faire lin point de conlroverse. U ajouliî que le Pape
Léon IX, réfutant Michel Céiulaire et les autres
Grecs, regarde l'usage des azymes (onime si ancien,
qu'il traite d'impudence d'avoir osé condamner un
usage élahli, dil-il, par les saints Pères depuis pins
de m. Ile ans, c'e.^l-à-dirc, dejiuis la mort de Jésus-
C risl, il n'est |ias raisonnable d'avancer sans preuves
incniileslables (jne le papeel les autres auteurs latirts,
(pii f lisaient abus des lecherches sur ce point, fussent
asez ig .oranis on assez léinéraires pour avancer que
|i cet usage était de tout temps, s'il n'eût été constant
i (pi'il él.iil si ancien qu'on n'en lr()uvait point le com-
menceinenl. Si aux dix et onzième siècles auxquels
le pape Léon IX a vécu, les azymes étaient en usage
depuis un lemps immémorial, en Italie, ils l'étaient de
nièine en Espagne; car lorsiju'on y fit recevoir le
Missel romain, toutes les églises qui suivaient l'ancien
ril gothique ou mozarabe se servaient de pain azyme,
et elles d.'vaient avoir cet usage au moins d puis
S. Léandre el S. Isidore, son frère, qui réglèrent l'Of-
fice vers la fia du sixiè.ue siècle. Le concile de To-
lède que nous avons cité plus liaul, vient à l'appui de
cette preuve. Enlin, b en des aimées avant Pholius,
des auteurs fort versés dans les usages ecclésiasti-
(pies, parlaient positivement des azymes comme d'une
chose qui n'était point en dispute.
Aleuiii, écrivani aux chanoines de Lyon vers l'an
790, dit el.iiremenl : Pniiis qui consrcralur in corpus
(ibsjue fcrnioilo ntlius allcrius infcclio'iis débet esse
wnmUssiiutts. Voilà nu témoignage précis pour l'église
d Angleterre d'où élail .\lcuin, et pour l'église de
Fr.ince, on il écrivait.
Raban Maur de Mayence qui composa son livre de
l'liisliliili(tn di-s Clercs, l'an 819, ne dit pas inoiiis po-
silivemcnl (uie le pain encharisli(nie doitêtr.e sans le-
vain : Erçio pniiein iiifeniienln\uin et viiium aquu Dnxtiim
in sacram^)ituin Cqrpcris qt S.'wguinis.Chrislisànctfficnri
on;ntct. (ie léinoiu'nan'' de Kabane^t décisif, du moins
pour le>.,éiilises,jil".\ll«mag)ie, et il peut 1 être même
pour ioiil(\s-lps égJises. latines ciu'il connaissait. Il ne
iail au^iiue exception, el ce qu'il est imporlani de re-
mari|iier, c'esl tpi'il ne parle pas si positivement do
rof.ice on de l'ordr,; de l.i messe conforme au missel
romain, llexpos^ cet ordre aux chapitres 5-2et33, et
en le li. i>sanl il dit (\n'\\ s'observe presque dans lout
(1) Comm, in ilist. /Etliiop.
847 HISTOIUE DES SACREMENTS, 248
rJlf'oidcnt, penh :cc\l(i nîsiriction csl juste el romar- » (rElhiopie nu niilrn alms sur cette matière, savoir :
«)).'.:ble parce qu'eri t-UV-t col ordre <le i:i messe n'éliiil j de prendre des niisidS séeliés et de les f;iire tromper
pi'int suivi en Kspngiie ni à Milan. S'il n'a |)as l'ail 1 pendant neuf on dix join\s dans l'eau, cl ensuite d'en
Vifc semblable reslrielioii en parlant dn pain azyme, ! exprimer te vin qui doit être consa<ré dans le calice,
c'rfsl qu'il savait que toutes les égliscsd"Oeoid;nl s'en ! Cet abtrs est, comme vous le voyez, diamétralement
servaient sans cxoe,plion. Ce que nous avons rapporté ^
CJ dessus d» concile de Tolèile, marque assez que le »
p;*,»! que l'on olfrait pour le sacriliee était de figure !
ronde, ce qui était aussi en usage dans l'Orient, i)uis- i
que S. Epipliane, dans son livre intitulé Attcoralitin, \
a; pelle ces p lins tt^jo/tu/osiÔcî;. Po u' ce qui est des \
éj. lises du rit latin, il n'y a aucun lieu d'en douter, on
et: peut voir les preuves dans le P. Mabillon (1). Le
nitime lait voir clairement que ces pains étaient dé-
lit s, et en apporte jiour preuves entre autres, l'usage
f:?',pienl des patènes de verre, grandes et profondes \
qui n'auraient pu contenir un grand nombre de ces 5
prAins sans danger de se briser s'ils avaient été épais
et pesants. Aussi lu vie de S. Waadregisile nous ap- j
pM-U'i qu:>, dès la fin du neuvième siècle, on cuisait ces
pains e:.lre deux f.rs mar(|ué> de certaines figmes.
Les Arméniens et les Maronili s sont les s^-ids dar.s ;
nîrioniqui se server.l de pain azyme dans l'Eucbari- |
si.e; el à dite le vrai, l'oiigine de cet usage parmi l
CiK, ne leur esl po.nl lio .orable. Il y a eependanl '
pl.M.î de 01. ze cents ans que les jiiemiers o:il adapté cet
u>.>ge, car pou: aflermir par des signes e\l('n ursicur
croyance erronée de l'unité de la naluie en Jésiis-
Ctiris!, les Arméniens résolurent de ne se servir que
de pain azyme, et de ne nietlre (|ue du vin sans eau
clans le calice. L'époque de ce ciiangement esl marquée
au dix -septième cbapilre des patriarclies arméniens,
qui est le 17' de l'histore arméiiicmie, où l'on voit
que le patriarche Jean l'établit par l'ordre de liomrir,
prince des Sarrasins, et a^ec l'appui du calife de lUi-
by l ou e ; c:\r du temps d'IIimiar il n'y pouvait avoir
d'autre cai:fe de Babylone que lui-même, qui coiupHt
la Perse sur Isdegerde, le dernier de la race des S is-
saniens, et qui était lui-même le calile ou le lieute-
nant du proplièlc ; car c'était le titre que prenaient
opposé à celui d.'s Arméniens, qui ne niellent point
d'eau dans le calice, elpeut venir en partie de l'igno-
rance de ces p ïuples, et eu partie de la disette de
vin qui est en ce j)ays là.
CHAPITRK in.
De la consécration des espèces.
De toutes les loiimiles des sacrements, celle par
laquelle les espèces du pain el du vin sont changées
au corps el au sang de Noire-Seigneur, a été la plus
révérée des anciens, et sur laipielle ils se sont crus
plus obligés de garder un religieux sileie^e. Aussi
voyons-nous que souvent i'.S; exiiliipient , ou font al-
lusion à diverses pallies de la lilurgie; mais quand
ils viennent aux paroles de la consécration, ou ils les
suppriment eiif.èrCiDent, ou ils n'en parlent qu'en
terni'.s obscurs et généiau?; sa;;s les désigner. Celte
lormule sacrée s'rst transmise de vive voix depuis les
Apôtres jisqu'auqua;rième siècle, aeqe.el un auteur (1)
a donné |Kir éerii, pour la première fois, le canon de
la messe q-;i la conlient, en recommandant do ne le
point rcnilre public. 11 revient à celui que l'on trouve
encore aiij(und'lmi dans l'Eiicologe des Grecs, el ne
ùilîèrc du nôlre, qu'eii ce qu'il place rin\ocation du
Saint-Esprit, par laquelle on le prie de changer les
espèces au corps cl au sang deNotre-Seigneur, après
les paroles avec lesquelles .lésns-Chrisi a institué ce
divin sacrement. Au lieu que, dans noire canon, celte
invocation précède immédiaiemenl le réeil de ces pa-
rides sacrées; cardiez nous le prèire, avant de les
prononcer, fail cette prière : Qiuim ob'ationem, tu Deus,
qua-sHnius, bmedictnm, udscripUau, rataui,ralionubHem,
acceplubUeiiiqite ff.cere dirjueris, ut nobis corpvs et san-
guis fiât dilcclissivii Fitii lui Doiuiïti uostri Ji'suCJirisli.
Dans celle liturgie dont nous venons de parler, au
les successeurs de Mahomet dont Homar étaii le se- c«''l'-»'e. cette invocation se fait après que le prêtre
Coud, ayant succédé à Aboubleve premier calife qui
gouverna les Musulmans après Mahomet, cl pril sou-
lemeiil le nom de Calife.
Le concile in Trullo de l'an 692, condamna les er-
reurs des Arméniens dans le canon 52, tant sur la
personne de Jé-.us-Clirislque surTiisaged;.' ne nKtlre \
que de l'eau dans le calice; mais il ne paraît pas qu'il
ail touché à l'nsrge de se servir de pain azyme dans ■
l'hucliarislie. Il fut seulement défendu dans le onzièuie l
Couon de ce synode de manger les azymes avec les ;
''• cela sous peine d'analbème, par où ces évê- -j
' l'observation de leurs fêtes et de \
"•^la ne regaide pas l'usage '
""charislie.
'^'^n que le
a I rononcé les paroles du Sauveur, et elle est conçue
en ces termes : « C'est pourquoi nous souvenant de
«sa Passion, de sa mort,.... nous vous offrons, à
i vous qui êtes roi el Dieu, ce pain el ce calice suivant
s son ordre, vous rendant grâces par lui d'avoir dai-
( giié nous faire exercer le sacerdoce en votre pré-
« sence. Nous vous supplions de regarder favorable-
« menl ces dons en rbonnenr de .lésus-Christ, et d'en-
«voyer sur ce sacrifice voire Saint-Esprit, le témoin
I des souffrances de Jésus, afin qu'il fasse que ce pain
« soit le coips de votre Christ, ce calice son sang, et que
«ceux qui y participeront soient confirmés dans la
a p'été, obtiennent la rémissiim de leurs péchés, soient
i délivrés des séductions du démon, soient remplis
« du Saint-Esprit, cl puissent en Jésus-Christ mériter
« la vie élerhelle. » Aujourd'hui, el depuis longtemps,
" Crées font à peu près la même prière après avoir
' ' Constil. Aposiol. \
249
ELH.ilARliTIE. — CnAP. III. COiSÉCRATION DES ESPÈCES.
250
récité les paroles évangéliques. « Le prêlre prie Dieu ro leurs auteurs qui les oui expliqués, que ni eux, ni les
< d'envoyer son Esprit saint sur les dons ollerls, et de !
t faire du paiu le corps de Jc'';'is-Clirist et du vin son I
«sang, les cliangeanl par son Sainl-Esptii. > Non-
obstant cette diversité, il n'y a eu autielois aucune .
dispute sur ce sujet. Les Grics et les Latins élai. ni
persuadés que les espèces étaient changés au corps
et au sang de notre Sauveur, en vertu des i)aroles du
canon de la n>esse, sans examiiici' le nionienl précis
auquel se f;iisait cette transniutaiion, ni les jiaroles
qui l'opéraient plutôt les unes que les autres. Les uns
disaient qu'elle se faisait par la prière et l'invocation
du prèlre, les autres disaient qu'elle était l'cliVl des
paroles de Noire-Seigneur, quand il institua cet auguste
sacrement; et ils ne croyaient point que ces diverses
manières de s'exprimer fussent opposées entre elles ,
conmie elles ne le sont pas elTeciivemcni, ce qu'il se-
rait aisé de montrer ; mais nous laissons cela à traiter j
aux théologiens.
Ce ne fut que depuis que l'esprit de chicane se fut |
emparé des écoles cali;oliqncs, que l'on couunença à
disputer là-dessus, et qu'on entreprit do fixer le temps
' autres .Mcleliites, ni les Copliies, ni ceux des autres
I comnumions, aient cru jan;ai.s que les espèces étaient
chani^iios par la seule invocation dont nous parlons.
Nous voyons même (|ne dans le rit des Nesltriiens,
l'invoeaiion dont il s'agit se trouve placée dans la
' première et la principale d,; leurs trois liturgies,
comme dans la notre, avant les paroles<le -lésus-Cln ist ;
au lieu que dans les deux autres, elle lient sa place
j après ces paroles, connue dans l'Eneologe des Ci ces.
j D'ailleurs, il est certain par la tradition des Nesto-
I liens, qu'ils ont toujours reconnu que la vertu de
produire ce cliangenienl était surtout reiifermée dans
les i)aroies de Nolre-Seignem-, et que l'invoeaiion du
Sainl-Espril sur les dmis, soit (ju'elle se fil devant ou
! après CCS paroles, ne leur |)ortail aucun préjudice.
; Les Orientaux seulement oui cru, comme s'explique
; Gabriel, patriarche d'Alexandrie, que la consécraiion
était con.ommée par cette invocation, sans examiner
trop seriipuleusemenl la manière dont il plaît à Dieu
de l'opérer, laquelle est inliniment élevée au-dessus
des lumières de l'es; rit humain. Car, comme les diffé-
précis au(piel se fait la transsubslan'iation du pain et i renies formules, les prières, les bénédictions qui se
du vin. Quelques-uns renn)nlèrenl même plus haut, |' font au Baptême et à la Conlirmation, et dont nous
et prétendirent déterminer la manière dont Notre- || avons parlé au long, ne se nuisent pas les unes aux
Seigneur lui même avait fait ce cliangemeiil dans la j|i autres, et n'enipéebenl pas que la forme essentielle de
cène où il in-.tilua ce sacrement adorable. Ces (pies- {|{ ces sacrements n'ait son ellét; de même dans le sa-
lions fiireiit longtemps agitées dans les écoles et au ;|' cremcnl d'Eucharistie, l'invocation do Saint-Esprit
concile de Florence. On prtssa les Grecs de s'expii- il; sur les dons, n'oie i)oint aux paroles du Sauveur l'elfet
quer sur ce point, ce que lit en leur nom Dessarion, jf' qu'il a voulu (ju'elles eussent pour opérer ce grand
éxèque de Nicée, depuis cardinal de l'Église Romaine, 'i niystère. Ce (pie nous disons est si vrai, que, suivant
par une déclaration authcnticpie (|ue le Père .Mabilion jf le rit des Copbles (ce (jui se pratique aussi chez les
a tiou\ée dans une bibliothèque d'ilalie, el qu'il a fait |' antres Orientaux), (juand le prêtre prononce les paroles
impi iuier dans son Miisciun liulicum. Par celle décla-
ration, Bessarion lève tous les soupçons (jue l'on avait
sur cela, en assurant, le 5 juillet 1458, en piésenoe
du Pape el des prélats du concile: « Qu'ils se sont
i servis des Écritures el des sentences des Pères aux-
i quelles ils veideiit bien adhérer, sachant combien
t l'esprit humain est sujet à s'égarer..., et par ce que
« nous avons r.ppris, ajontet il, des SS. Pères, et en
< particulier de S. Chrysoslôme, qui nous est très-
c connu, que ce sont les parniesdu Seigneur (pii opé-
< renl la transsubstanliati( n, ou le changement du
« pain el d:i vin, au corps cl an sang de Jésus-Christ,
I et que ces pandes divines du Sauveur renferuienl
t toute la verlii delà transsubsianliation. Nous suivons
« nécessairement ce saint docteur el son sentiment;
« nous avons parlé suffisamment de celte question, el
< donné à votre Béatitude des assurances de notre in-
< teiition. Sitbscripluw. Aruoldus i\olani(s. t
Celle déclaraiion des Grecs était sincère (1). Il est
vrai qu'ils ont toujours attribué à l'invocation une
très-grande vertu, et qu'ils n'ont pas cru que l'Église
priât en vain dans ses assemblées pnblicpies en se
confiant aux promesses de sou Sauveur; et on ne
peut montrer ni par lenrs offices lituriiiques, ni par
il) Renaiidol, comment, in lit. Copt. t lit. Orient.
). ms, et seq. J
I de Jé^ns-Christ à hanlo voix, le peuple répond, Amen,
I p:.r acclamalion à chaque parole de l'Evangile en cette
1 manière : // béni!. Amen ; il rompit, Amen ; et le donna
''. à ses disciples , en disant : Ceci est mo)i corps qm est
; rompu et donné pour la rémission des péchés, etc. Amen.
' jSûus Cl oijons qite cela est ainsi. Les Éthiopien-;, qui ont
; eu leur canon des Jacobiles d'Égyp'e , rendent ainsi
j ces dernières paroles : Je le crois et je confesse, cela
1 est vériltiblcment voire corps. Si dans le rit usilé chez
' nous, après avoir prononcé les paroles de Jésus Christ
I qui opèrent le changement des espèces, ou bénit
; l'hostie et le calice par le signe de la croix lorscju'on
i' dil: Ilosliam puram , Ilos'.ium stinclam , etc., (pioi(ine
rien ne soit plus saint que le corps de Notre-Seigiienr,
source de toute sanctilication, pourquoi s'alarmer si
fort de cette invocation du Saint-Esprit que font les
Grecs et presque tous les Orientaux, après que les pa-
roles du Sauveur ont élé prononcées? D'ailleurs les
chrétiens du Levant ne se proposent pas rEiicharislie
; à adorer aussitôt après l'invocation du Saint-Esprit,
el ne prescrivent aucune cérémonie (jui donne à en-
tendre que les dons sacrés aient changé de nature.
En un mol, on ne voit rien chez eux qui dimne lieu
de croire qu'ils considèrent l'invocation comme le
moment précis auquel se fail la transsubsianliation.
'i Voilà ce que nous avions à dire sur le sujet de la
t^l HisTcriK î»l:s
conscornlion, I:)is=;nnt niix niilniirs liliiri,'i(|iies à f. ii-<!
iMi plus ample de. ail de <o qu'on ihmiI diio sur colle
nialière : mais cela snlïil pour le dessein (pic nous
nous sommes |)i«ipo>é Si, a i reslc, \\m l'Oiive que
dans (mis liluigies Syriaiincs les paroles de riiisiiiii-
Ijdu de l'Eucliaiislie se ln»uve;il omises, il ne l'aiil
piiinl s'en étonner; car, counnc reinar(|ue .M. Ilrnaii-
dol, ce n'est pas sur celles-là qu'il fuit ré^^lcr les sen-
timents de ces clircliens Orientaux, d'autant p!ns
([u'elles sont les plus récent s, et (jn'i n doit pliiiôi
altrihiier celte omission h 1 1 l'aule des copistes ipi'à
un dessein prémédilé. Voyez ce qu'il dit là dessus
dans ses observations sur la litnri;ie de S. Jacques.
Nous ajouterons à ce (pie no is avons dit pour ex-
pliquer le sentiment des Oiienlaux à Toccasinn de
ri;iVocation du SainlKspt il sur les dons sacrés, qn'( n
peui porter d'eux le même jugement (|ue des c! ré-
iiens Mozarabes (qui cerlainei enl étaient bien per-
suadés que les paroles du Sauveur concO(naient an
cliange.uent des e-pères eu son corps), (pic dans le
n)isel (le ceux-ci on lit des prières à peu près c.|uiv.i-
le ites à rinvocation des Grées, et que ces prières so;,l
placées après la fornmie de la consécration, ou après
les paroles de Ti slilulion de l'Iùi barislie. Le
cardinal l];)na rapporte pinsienrs de ces prières dans
le second livre (|irii a composé loncbaul la liturgie :
nous en transcrirons ici (pielqiies-u es. Le jnir de
Pâques on dit : Ut hic pniiis ciiin hoc calice in Filii lui
corpus cl sdtKjninem le bciicdicciite diliscdt. Le ^CCAnnï
dimancbe après l'octave de l'Épipbanie, le pièlie di-
sait e ilr'autres ces paroles dans la prière d nt nons
parlons : Quœ'^umns ni obl.ilionem hune Spiritùs lia
pcrinixtione S'inctifices corpus uc sanquitiem lJoiiii)ii
noslri Jesu Chrisii plcità tninsfornuiiione co)ifoi)ies
Que dist'nl les orientaux de plus forl'? >'éinm(iii.s les
cbréliens d'Lspagne n'ont jamais doulé, comme nous
avons déjà dit, (jue les paroles du Sau\eur ne con-
conrnssent à celle iransf rmalioi).
Que si plusieurs d(;s Pères ont dit que le cbang(V
ment qui s'opère dans ce red ailable inystèiese f.iisail
en vertu des prières des p; cires, c'esi que les paroles
divines du Sauveur se trouvaient dans l.i juièie (pie
le prêtre l'ail à l'antel et (prcHes en lont parti.',
comme on le voit dans toutes les lilnrgi(S; mais ils
n'ont jiMuais pensé (pie cela se fil à rexcinsion de ces
paroles sacrées, il ne faut pas croire, connue quel-
ques-uns se le sont imaginé, (in'on ail jamais consacré
les dons par la seule Oraison Dominicale. Ce qw a
donné lien à cette imagination, e>lccqne dit S G-é-
goire dans une de ses lettres (1), que l'on dit l'Orai-
son Dominicale airssitôl après la prière, posl prcccm,
(c'est ainsi qu'il nomme, comme l)i>n d'autres, le ci- i
non de la ines>;e), paiee que c'était la coutume des
apôtres de consacrei' l'boslie de l'obi. ilion à celle seule
prière, quia mos Aposloloruni fuit ni ad ipstim solnui-
nwdo Orulionein {Dvininicuiu) oblalioiiis hosliciin conae-
crarcnt.
{l) Lib. 1.^ epist. 64,
1
S.\CKE'iiL.>f..S. 2"2
llonoritrs d'Anlun (I) et Vabifiid S!ra!;on (2) rnl
éé Iro ! pés parce passage de S. Grégoire; le der-
nier surl(mt, (pii ne craint point d'avancer (jui' les
apôlrcs céléltrj'icnl la litnigi(!, C(inm(; iions faisons
('iKori' à pré:^enl à la misse des Présancliliés du vcn-
(liedi-sainl ; c'esl-à-dire, sans prononcer les paroles de
l'instilnlion. iM.iis ces auteurs ont |iris sans doute de
travers I s p rnlcs du saint pape, parmi l,'S(pii lies le
( ardinal Bona (5), smipçonne que la parlicule s(dum-
inodb s'est glissé<: contre son int.'nliou. Quoiipi'il eu
!-oil, on ne pomia jamais se persuader (pie S. Gjq-
goire ait par!é ain>i à l'exclusion des paroi s sacra-
mentelles et de la mémoire de la mort du Sauveur,
qu'il a recommandé si exprt^ssémenl (pie l'on fit
tiiiiles les fois (jiie l'on célébrerait ce grand mystère.
Il n'e-t pas probable que les ap()!ics aient, mc:;'.e
au conimenc-'meiil, célébré les saints myslèies d'injc
manière :À succincte; cl s'ils l'ont fait qiiebpiefois,
cel.i est arrivé rarement et dans des cas exliaordi-
nainîs : c'était le senliment de S. Cbrysosiôme, qui
dans sa :27' boméiie sur la première aux (iorinlbieiis,
parle en celle s;)iLe de ce (]ne faisiienl les apôtres à
cet (%ard. Quand leti apôlrcs pren ieiit celle sacrée chic,
que faisiienl-ils? Se se rép indaieul-ils pus en prière.'^, et
ne chanlaicnl-ils pas des Ininmcs? Ne vdlUiienl-ils point
et n'expliiiuaienl-ih pas celte dot trine divine et remplie
d.' la vraie philosophie. Procle de Conslantinoiile, suc-
cesseur (le saint Cbrysostôme, dans le livre (;iril a
écrit delà Tradition de lu divine liturgie, est encore
p'us exprès sur cet article. Noire Sauveur, dit-il, ayant
été enlevé au ciel, tes apb'.res, avani de se disperser par
toute la terre, passaient d'ui coinniun accord tout le jour
en priera; el coinnie ils trouvaient de (jvand s consola-
tions dans la ccUbraiion dit sacifice mijs'.ique du corps
e! du sang du Seiqn.ur, ils s'étendaient beaucoup dans
celle action en chauls et en /;^.ro/('>. Car ils croyaient
que c'ctail à cela surtout , et au soin d'enseiqiier, qu'ils
devni ni s'allacher cuinnie aux chattes priitcipalcs. Ils
cniploya'enl donc leur temps avec tjrande joie à célébrer
ce divin sacrifice ; se siuvenuiil sans cesse de ces paroles
da Sejijneur :C?x.\ rst jio.n Coups, et faites ceci en mé-
luuire de moi, etc. C'est pour(;uoi ils chantaient plusieurs
prières avec un cœur conlri: , iniploranl le secours de
Dieu.
.Nons lermiiierons, par ce passnge de Procle, celte
malien; de bi consécration, ii laquelle nous ne croyons
pas devoir donner tant d'étendue.
CHAPITRE lY.
De ta communion qui se faisait pendant la célébration
des s.inls mystères.
L(^ pie'ix et savant cardinal I5oiia (i) a traité (^'Ite
n:a;ière avec tant d'érndiliitn el d'exactitude, que nous
ne f.'iims, i)onr ainsi dire, (pie le ( opier dans ce cba-
pilie;ajonlant seulement, àceipril en a écrit, Icscbo-
(1) Gemma ani i.a', c 8G.
[-1) l>e Ueb. Kcel c. 2-2. ']
(')) Lil». -2 lier. Iiliirg..c. H. |
^i) Lib. 2 Kcr. lilurj;-, c. 17, 18 Cl 19^
253
ELXllARniiK. — CIlAr
SOS qui loi snnt échappées on (jn'il ii'.i pas jugé ii propns
d'iii^éror dans son livro ; et, pour plus piaiide facilité,
lions diviserons ce cliapilre en imis arlieles.
ARTiri.F. pnr.Mîrn.
De l'ordre, du l'uti et de lu posture dans laquelle les fi-
dèles piuticipaieiil au sacremeiil de l' Eucharistie.
Autrefois, avant qne la eoniininiion eoniniençàl, un
r/iaere disait à liante \oi\ ces p irolos icnililcs : Suucta
Sanclis ; comme s'il disait : Hue ceux (pii ne s(»nt pas
saillis se gardent bien d'approcher de ces ledoulahies
nivslércs. Déplus, quand i'évciiuc ou le prèlie distri-
buait le corps de Noire-Soigncnr il dirait , (.or/jws
Cliristi, le corps de Jésus-Christ, et clui (pii le rece-
vait répoiid.iil Amen ; parole par laciuelle il luaniuait
son acquiescement au gr.md ar;icle de foi (oiicliaiit la
présence réelle de Notre S Mgnenr dans ce sacrement.
Celte pr. tique était ét.iblie en Orient comme en 0 ci-
diiil , cl a duré ;.u moins jus(pi'au sixiéaie siècle.
L'auteur d.s (ionstitiilions apostoliques (I) en est un
lénioin antiienliipie pour les Églises d'Orient, lorsqu'il
pari,; en ces termes : Qne Nvé.jue donne ioblat'wn en
disant : Le corps di- Jésus-Cliri l, et que celui qui la re-
çoit dise Amen. Que le di.icrc donne le calice, en disant :
Le SLiug de Jésus-Chribl, breuvage de salut; et quecelid
qui le boii disi Amen. Terluilieii . dans son livre des
S,) cla. les. rend le niêiiie témoignage pour rOccident,
lors pi'il re| rend ceux qui, de la uième houclie, avec
laquelle ils avaient [)rouoncé Amen dans les saints
mystères, faisaienl des acclainalions aux gladiateurs.
Le p pe S. Corneille, en parlant de Novatien, rap-
porte un l'ail de ce scliisniatiipie, (pii prouve la même
chose : c'est dans sa leilre à F.ibieii , évè(|iic d'An-
lioche (2), à ([iii il dit, en lui dépeignant ks mœurs et
la conduite de cet homme superbe , qu'il exigeait de
de ceux à (pii il donnait la communion , un serment
par lequel ils s'engageaient à ne point revenir à l unilé
Calholi(pie ; après (pioi il ajoute : Et au lieu que celui
qui recevait ce pain devait dire Amen , il disait : Je ne
retournerai pis ci après à Corneille. S. Augustin (5),
écrivant contre Faiisle , dit ces belles paroles : Le
sang de Jésus ClirtAl jette un grand cri !>ur la terre, Ivrs-
quapr. s l'avoir reçu on répond Amen, dans toutes Us ««-
tions. Cille réponse, dont parle ce saint ducieur,
suppose q ic celui qui disiribuail disait les paroles
dont nous avons fait mention; aussi bien (pièce pas-
sage (le S. Léon (4) : c Vous devez tellement participer
à II table du Seigneur, que vous ne doutiez nullement
de la vérité du corps et du sang de Jésus-Christ;
car on croit p;ir la foi ce qu'on reçoit pir la bouch •;
1 et ceux-là répondent en vain Amen, qui f rmeiit des
dis|i Iles conire ce qu'ils reçoivci.l.» Il est superflu de
raniassi-r un plus ;,Maiid nombre de passages des Pères
pour prouver cet usage.
Il changea néaiiniinns, comme il est dit ci-dcvaiil,
(I) Lib K, c. \7>.
(-2) E seb., I. 4 lli^t. ceci., c. 43.
(">) I,.b. 1-2. c. 10.
(4) Serm. G de Jejun. sepliir.i monsis, sive serm.
8,9 c. 5
iV. LE LA COMMUNION. 05 1
vers le sixième siècle, si nous nous en rappnrlonsà
Jean Diacre, dans la Vie de S. Crégoire (lib. -2)\
car cet auteur, (|ui ;i vécu assez longiemps après ce
saint pajie , dit, (pi'aii lieu de ces paroles, Corpus
i.ttristi, le piélre, du temps tie S. Grégoire, disaii en
donnani la cominuiiioii : Que le corps de Nntre-Sei-
gnetir Jésus Clirist C(Uis rxe ton àini!. Aleniii, dans le
hiiiiièine siècle, ra[>porle celle formulu : Que le corps
et le sang de N.ilre-Seig:iour Jésus Christ le c(ui-erve
pour la vie élcrnelle. La formule que nous repiéaenie
llelgaiid (la .s la Vie de lloberl , roi de Fr.mce , esl
peu (lillérenle : Que le corps de Nolre-S-'ign ur Jé-
sus-Chrisl soil pour loi le salut du corps cl de l'unie.
Voici l'ordre qie l'on observait pour 1 1 co innion.
D'abord , le célébrant se coinmuni;iil lui-même, en-
siite les évè pies, s'il s'en trouvait «piel pies-uiis de
présents; après cela, les prêtres qui lui avaici.l servi
d'assi-linls, suivant I am ienneté dans raction du sa-
crifice ; puis les diacres , le, sous-diacres , les < l.ics,
les moines, les diaconisscs , les vierges sacrées, el
ciilin le peuple, commença l par les hommes cl fi-
nissant par l's femmes. L'eve;|ue faisait tout cela
étant aidé par les prêtres; et on observait le même
ordre dans la communion du sang |>récienx, avec celte
dilférence, (jue les prêtres le prenaient par eux-
mêmes , 1 s diacres le recevaiênl des prèire> , el que
ceux ci , suivant l'ordre romain et l'Eiicologe des
Grecs, le distribuaient aux aiilres. On i.e communiait
pas Ions les assislanls indJlféremment , on voulait
coiinailre ceux (pii de vaieiil a\ oir pai t à une si grande
grâce, au moins c'éiail l'usage de quelques églises;
d'o:i vient qne dans certaines liturgies on lil ces pa-
roles Connaissez - vous ks uns les autres. Et .injoiir-
d'hni encore, cîiez les Grecs, le prêtre s'informe du
nom de celui ipii est prêlà le recevoir, s'il lui est in-
connu, el l'exprime inénie en la lui donnani ; car il
(lit : Serviteur de Dieu, ÎN., vous recevez le saint
corps el le précieux san^' de Notre - Seigneur Jésus
Christ pour la lé.iiissiou de vos péchés cl la vie éter-
nelle.
Les diacres, h qui radminislralion des biens de
l'Eglise el l'assidnilé auprès des évêipics inspiraient
des seiiliinenls d'orgueil, ont voulu (picbpiefoisclian-
|jfer cet ordrt! de la comniiinion diuil nous venons de
parier; niais les conciles oat eu soin de les répnmer,
el de les réduire au rang(|ui leur convenait; ci en par-
ticulier le grand concile de Nicée, en ordonnant dans
son 18' canon qu'ils co lUiiiassenl après les prêlres,
de la II ain de révê:]ue, ou de celle de> prêtres mêmes
anx(|nels i!s voulaient se préiérer. Per ordiuem crgo
fost presbyteros {iraliam sacrœ rommunionis (;cci]na».t,
aut .'pi copu imt preshijtero p'trngenle. Celle faille, que
les diacres communienl av.int les prêtres, se fiit en-
core anjoiird'hni assez iimimnnémeni le jeiidi--aint,
où le diacre et sous diacre qui servent à raiitel re-
çoivent la coni i:union avant les prèlres qui sont au
c! œur. Cela n'est pas senlement contre cel ancien
canon, mais même contre l'mdre nalurel , et contre
les céiéuioniau.x un peu anciens qu'il a plu à nos n«u«
155
veaux rubricilires de fouler nuv pieds , dit un nulcur
moderne {La Dhcljilinc de l'Kijlise, t. 2, p. 2Gi.). On
voit dans le Pré sphiiucl Aai^Mx Moscii (cap. u!l.) que
c'étail la coulume dans (pielijUi's églises de doiiiicr la
coniniunion aux i)eli:s 1,'aiçons aussilôl après les
clerc-^, et ((u'on les plaeail dans l'église atii)rès de la sa-
cristie.
HiSTOlRi; DES SACKEMENTS. 256
vinces , que l'on fil faire la première communion en
ce temps-là, depuis que l'on s'ét lit mis sur le pied de
ne plus eounnunier les enfants aussitôt après le Hap-
tènie. M. f hi rs s'expriuii; avee justesse (piiiml il dit,
(pie \r:iisend)lableiuenl eette eoulume ét;iil aholie en?
France au douzième siècle dans plusieurs endroits ;•
car on ne peut dire, dans la vérité, (prelle le fût gé-[
Dans d'autres endroits, après que les fidèles avaient ! nérdemeul, p lisque , connue il parait par imc lettre,
communié, ou donnait les restes de l'Eucliarislic à de | de Gilbert de la Porée, évcque de Poitiers, ^^^\■M-\
jeunes enfants innocents. Ce fut au sujel de celle pra-
li'pie qu'il arrivi un miracle siu;n;dé à Con.laMlini)| le,
di temps de l'eniperenr Jusliiiien et du palrian lie \ mais sons l'espèce seule du vin, en quelques cniroits.
Mennas , en la personne du (ils dm» verrier jud', le- | La lettre de ce prélat est rapporté.; dans le premier
quel ayant été jeté par son père dans le fouriiean ar-
d ml où il faisait cuire son verre , en haine de ce qu'il
avait mangé les restes de l'Eucliarislie, et y aynl de-
meuré trois jours sans ressentir aucune diiuleiir au
milieu des flammes, parce que l;i SiiinleVierg- i';ivait
pris sous sa protection (ainsi qu'il l'avoua ensuite lid-
rnême). en fut enliu relire par l;'S clirétiens, qui y ac-
coururent aux cris de sa mère, rpii se converlil à celle
occasion , tandis que le père denieiuM endnic'. (l'e-i
d'Évagre (I) que nons apprenons ce f lil ; el il av;iil
fail tanl de brnil dms le monde , que S. Grégoire de
Tours eu fui iid'ormé, el en a fiit menlii n d;ins son
livre De la (iloire (L's Martips , c. 10. .\icé|)ii(u-e(l) ,
qui raconte la u;ème histoire , aj uile, q-i'élant cnf ii>l
i! a souvent mangé les restes d(; TRucLaristie. U'où
il e>l clair que celle Ciuitume a dm-é à C^>n^tanlinople
au moins jnsipr.iu milieu du sixiè ne siècle, d.ns le-
quel vivaient le palriarche M un (S el Tempère r Js
tinien,et ailleurs, au moins jus(pr..u tiualur/dènie
siècle, fiui esi le u^nps de Nic.éplM)re.
Ou voit en France un usage à peu près semblable
dans le s'xiènie canon du second coiici'i; de Màcon,
tenu en 585, par lecpiel il est ordonné que les merere-
dis el les vendredis on fera venir des enl'anls inno-
cenls, el qu'après les avoir fail jt ùncuon leni' donnera
les restes du sacrifice arro-és de vin. Getusa^e a sub-
sisté ju^(p^au temps de Gharhuuagne ; jtnisque le
troisième concile de Tours, qui fut assemblé sous cet \
empereur en 8!5, défend de distribuer iudiscrèlenient
rEucharislie aux enliuiis et au-c auires personnes
(eau. iO). Ce qni siq)pose (l'i'il leur éiail permis de
la leur donner avec discrétion et jugemeul.
Quoi qu'd en soit, dit M. Tbiers, dans son livre de
rExposilion du Saint Sacrement (c. 7) , il paraît que
cet usage était aboli à Paris, el vraisemblahlemeiuen
plusieurs endroits de France au douzième siècle , vu
qu'Eudes de Sully , qui lut fait évèque de Paris en
1196, défend positivement aux prêtres de son diocèse
de donner en aucune manière aux enfants des hosties,
quoique non consacrées. Le synode du Mans, sous
révoque Maurice, el celui de l>ayiMi\ en iôOO , défcn
ihieu, abbé de Saint Florent, écrite vers le mil'eu de
ce siè(le, on communia. l encore les enfants bajtisés,
tome des Anecdnles du père .Martène , p. 4'2'>. Le
même aulem-, dans son qualriè:ne lonie, p. 1082, a
publié le Mamiel de Henri de Suze , é Cipi '. di; Cisic-
ron , nnu't en 1270 , dans lequel il est ordonné aux
fidèles d'amener les enfants âgés de 7 ans pour rece-
voir la commuii'v.n après qi'iis se seront conlessés :
c'est ce qni est prescrit d.ii;s 1 ; chapitre 10 de ce
manuel, el (| li est coiriorine à ce qie l'on Iroiuedans
la 0-2' h tire du prpc Pascal !I à Ponce, abbé de
l CInni, pir laquelle il ordonne (pie l'on donne le pain
d' l'Eucharistie séparément du vin, excepté aux ma-
lades el aux enfinls.
Après avoir Ir lilé de l'ordre dans lequel on recevait
^ antref)is rEuchari.-^tie, il faul parler du lieu où se fai-
;. sait la conminniiui. La piaTnpie sur ce poini n'était
\ point uniforme dans le même temps. Dans l'Eglise
; Romaine le céiélirant , comme ecla se fait encore au-
jourd'hui parloul , comuMiidail au milieu de l'autel (1),
^ les prêtres autiuir, et les diacres derrière l'aulel , les
' sons-diacres el les clercs à l'entrée du sanctuaire, ou
f dans le ciioéur, le reste des fidèles hors de la balu-
l sirade qui séparait le sanctuaire el le chœur d'avec la
; lud". Il n'y avait (pie les empereurs (pii fussent dispen-
! ses de celW; n'gle , et à qui il fùl piMinis de couiinu-
nier à l'anlel, comme il leur était permis d'y fiireleur
offrande. Le 09° canon du con( ile lu Trullo le près*
cril ainsi. El la même chose s'observait sans doute à
Uomc el enOccidcnl; quoique nous n'ayons point de
monuments qui le itrouvenl t lairemeni , on peut l'in-
férer de l'usage où l'on éiail de recevoir l'oblalion des
princes souverains à l'autel ; car il n'y avait pas plus
I d'inconvénients dans l'un que dans l'an re : el si S.
Ambroisc fit sortir hors de la halusirade l'empereur
I Tliéodose , c'était seulement , comme nous avons dit
I plus baiil , parce que c'était une place affectée aux
eccléîiasiiqucs; mais cela n'empècliaii pas que dans
j le temps de la communion, le prince ne pùl appro-
ciior de l'aulel.
Ce que nous venons de dire élait commun aux llo-
mains et aux Grecs, aussi bien qu'à plusieurs églises
d'Occident , cnlre autres à celles d'Espagne , à quel-
denl aussi aux prêtres de donner aucune hostie con- îl que p.ctile différence près; on le voit par le quatiièine
sacrée aux enfants qui sont an-de.so.is de sept ans. | concile de Tolède (eau. 17), (pii veut que le piètre et
Par ou l'on voit à quel âge on voulait, dans les pro- || le diacre communient à l'aulel, le clergé dans le
(\) Lil). i Ilist. ecd., c. 55.
(2) Lib. 17 IJisl. ecd,, c. 25.
(î) Bona , 1. 2 LU., c.17.
257 EU( [lAUISTIE. — CIIAP
chœur, et les simples liilèlos liors du cliœiir. Le pre-
mier concile de Brague, fit aussi nu slalnl sur cela,
sans doute ponr conserver l'ancienne discipline. Il est
conçi: en ces termes : < Nous avons jugé à projios
f d'ordonner (ju'il ne soit permis à aucun des laïcs,
c soit homme soit femme, d'entrer dans le sanctuaire
f pourconummier, mais aux clercs seulement, cpmmc
t les anciens canons l'ont régL*. > Dans l'Égliso Ro-
maine, tous les fidèles coiiiminiiaienl à leur j)!?i(e ,
le célébrant leiu-doimanl l'espèce du pain, le diacre
cel!e dn vin ; ainsi la communion ne can>ait, |iOur ain^i
diie , aucun niDUM nient dans Tasseinhlée. Il n'en était
pas do même dans l'église d'Afrique; car, (inoi.iiroii y
dislribiuil la couununio.i aux laies hors reuceinte du
sanctuaire, il paraît, par un sermon do S. Augustin,
que L'S (idoles ne la recevaient pas, coiimie à iJome ,
chacun dans sa place, mais qu'ils veuaiciil la lecevoir
aux cancelles qui séparaient le sanctuaire du reste de
réi^iise. C'est ce que srnd)lent marijuer ces i>aroIesdu
S. docteur. Que ceux ijui savent que y.' connais huns
péciiés , ne s'approciicnl pas de la «ommunion de pour
qnils ne soient chassés dc^ cancelles, uc (II' caiicellis
projicianiiir. Mais si on défendait anx simples lidèl s
de passer au-delà de ce teiine pi>ur comnumicr, on
l)ermeltail au\ né phyles, en considération de la nou-
velle régénération qn'ils venaient de recevoir, d'ap-
proclicr de l'ant/l pour ce s .jel. S An.;nsliu le lait
as ez euteudi'o , lors(pi •, leur adressant la i»arole, il
leur i)arlc de cette sorte : Je vous »iq); lie par le nom
de celui qui a été invocpié sur vous, par cet aulel du-
quel vous vous élesappioehé-;, per illud allure itd quod
accissistis.
Ou était moins scrupuleux en Franco. Tout le
monde, tant hommes que fenuues, ailaient à l'aulcl
poiu" y r<ce\oir la conimuiuon. Cela est évident par
le 4* canon dn 2^ con(;iIe de Tours , da.s U^jU^'l il
est dit qui; les laïcs doivent ciile.idre rofiicedans celle
partie de Téglise qui est si parée du ciiu'ur iîc^ chan-
Ires par un hainslie; mais qu'ils ponrro.;l entrer dans
le Saint des saints pour y prier en paiticulicr et ponr
C(munmder, suivant raminnc coutume : il laïcise-
eus altare qu'o sanclti unjslerin cclebnmtur, iiiter clericos,
laiii ad viijilias (juiini ad missns sliire poiilus non linvsu-
mant : sed pars illa (luœ à caiicellis lursiis allare dividi-
tur, clioris lanluni psullenlium paleul cLricorum. Ad
adurandum vcrb cl coinmuuicaudum , luicis et feniinis ,
sicul }Uos est, pateaul Saucla sauctoruin. Ce concile fat
tenu eu 5(i7, la sixième année du roi Charihcit, et
cette couuune dès-lors était déjà anciemie , comme le
marquent ces mois, sicut mos est. \\i\A on |»ent dire
que sur ce point les éjili-es des Ganhs avaient une
discipline didérente des autres. Le même usage est
clairement marqué dans un seinion de S. Cé^aijc
d'Arles, dans la vie de S. .Marcel par Forlunat, el dans
Grégoire de Tours, qui raconte dans son 10' livre
de son Histoire des Français , que Cuiiin évèque
d'Auvergne, ayant cxcomumnié un certain Luialius,
pour les crimes dont il était accusé, celui ci vint se
prosternera ses pieds dajis l'église où le peuple était
lY. DE LA COMMUNION. sgg
I assemblé poin- célébrer la fête de S. Julien , se plai-
gnant d'avoir élé séjiaré de la commmiion sans avoir
été ouï; sur quoi révè(pie lui permit d'assister connue
les antres à la messe. .Mais, ajoute Grég ire de Tours,
I le temps de la communion élantvenu, et Eulaiius s'é-
tant approché de l'autel ; verUiu ubi ad cowmimicaii-
dum ventum est, et Eulaiius ad attarium accessisset ;
I l'évè(|ue lui dit : Le bruit court que vous avez conunis
I un parricide ; pom- moi je ne .sais ce qu'il en est , et
I jeu lai.sse le jugement à Dieu et à S. Julien.
I 11 nous reste à parler dans cet arlicle de la poslnre
j dans laquelle on recevait ancien:. emmi la conmiu-
I n.on. Il n'y a point de doule qu'anirefois dans les
;5 églises d'Orient, on ail coiunmnic debout non seu-
l^ l(un.,-nt les ministres de l'('-glisc , mais aussi les sim-
\ l)les fidèles, c ; (pi'ils f Liaient ponrlanl en baissani un
I peu la (èle el louant les yeux baissés, \m\v léa oigner
j les seulimei.ls d'ad(u-:.tion avec Icsqii, Is ils recevaient
1 celle uoiM-rilure divine , que persimne , comme dil S.
1 Angnsliu, ne doit recevoir sans ra\( ir adoiée aupara-
I vaut. Le cardii.al Boaa (1) ne révo,|ue point en donle
I l'iisîige d s Grecs sur ce poini, non pins que M. lla-
I berl dans .ses n^t s sur le Pontifical des Grecs, et
j M. de Valois dans celles qu'il a l^iites sur le chàpi-
I ire 9 dn septième livre de l'Histoire Ecclésiasticp.e
j d'Eusèbe , oïl est rappoiié un extrait d'ime I tire de
. S. Denis d'Alexandrie, dans leqi.cl il ditd'im iK.nime
\ qui doutait d.'la validi;éde son baptême, qiiil n'avait
\ pas cru devoir le baptiser de nouveau , atiendu qu'il
j avait :!si>lé î>ngte:nps à la laide du Seigneur, qu'il
I l'av.iit reçu dans sa main , clc. Le terme grec ^end)le
i maifpier quebine cho.se de plus que la siniple assi-
I siance, y.v.i-fy.rJ.tr, -0:10.7-0. -w. ; cela n'est pas enlière-
\ nieni déci.sil'; mais ce (jue nous lisons dans Ions les
1 Uiliiels des Grecs , aussi bien que ce qui se pratique
js encore à présont non seidcmenl chez eux, mais en-
I cm; chez les Éihi(q)icns ou Abissins , est une preuve
I Sans fépliiiuo qu'il faut entendre en celte manière
j ce (|ne dil S. Denis, et S. Chrysosiome dans un de ses
I ser ns (2j. M. Snnlh, piélre de l'cgl se anglicane, a
I été témoin oculaire de ce qui se praii(|ue aujounl'lini
I chez les Giecs , et dans une letlre oïi il décrit l'é.at
] de réi^Iise grec(|uc , il y parle en ces termes : Pciiè
i erecli stant , nisi quod percepluri sncrosancta sutubola
I caput el (jciiua inclinant , quo pacto sub utràque specic
I sininl cunmun'cdl populus. Alvarez (5) et Godin (4)
I lémoign.-nt 1 1 même ciicse des Ethiopiens.
|; Le caidinal Bonr, drl avec sa modestie ordinaire à
l'égard des Latins : Je n'ose affirmer la même chose,
car je uc trouve rien dans les onciius auteurs qui ga-
rantisse cet usage, sinon qu encore ovjourd'liui quand le
Pape célèbre lu mesfc solennelle , le diacre ij communie
debout , suns doule par un ancien usage , om.m.no ^:x
VETEni RiTU. Et déplus, ajouie-t-il, /e crois que Us rits
étaient tes mêmes dans les deux églises , en ceci comme
(1) Lib. 2 de I5eb. lilurg., c. 17.
(2) Oral, in encomià pre.senl.
(5) Apiid Cass. in Lilnrtr., c. 11.
* (4) Godin., de Reb. Abyss., I. 1, c. 05,
25'J
en antres cliosfx dnns 1rs cnmmencdmnts. M. Thiers (I)
VMiulrail Ijieii ;i|»i>ii.er ci' .1"^' <'i^ '<'' ^*- s^'^anl cardi-
nal , pu- iiit passage de Tcrlidlicn , lire du livre de
l'Orahoi , cUu\ùlv(i l-i. Mais nu iiid (»ii lit cel endroit
de Tcrlullieii à sa plu'e, il ne paraît pas porter îiatu-
rellenicnl ce sens à l'esprit ; et je crois que ce (pic
nous avons de plus l'on p "Ur autoriser la conjecture
dii cardinal hnna sin- ce point, est (pi'anlrelbis les
moines ciunnnuiiaienl debout , coinini' le inontie le
P. Marlène «lans le C(unnientaiie cpj'il a l'ail sur la
règle de S. Benoît (2).
Saint Odon de CInni , enseigne dans ses conféren-
ces, rpie les anciens, p:)ur niaripier plus de respect en-
vers le mystère inelTalilc de rivicliari tie, n'en ap-
procliaienl qu'à pieds nu^. Je n"ai rien rcmaniuc de
send>!al»le ailleurs, cl si cela s'est ainsi pralupié, c'é-
tait sans doule une coutume locaie cl qui avait lieu
seulemeMl dans qne'qucs monastèies. Mais une anire
prali pie bien certaine, c'est qu'aulrer-is cl encore
aujourd'hui, K; pape coinuiunii; assis aux messes so-
lenni-'les , quand il y oriicie poniincalen.cnt. Le car-
dinal Dona ex|ili(ine en détail la manière donl cela se
fait dans le cliapilre 17 de son second livre d.; la Li-
turgie, après quoi il ajoute qu'd a tiré ce (pi'il a en dil
du cérémonial du pape , qui ddlère |)en de ce qui se il
dans un très-ancien Drdre Romain Ci\;\ ne di>it pas
pTfiaiîrO'orl s; rpieiianl à ceux (pil savcnl qu^ lesapo
1res ont reçu les sacrés mystèies à lal)le à la manière
des Juifs de ce temps-là. c'est à -dire, couchés sur
Ces lits qui environnaient !a table.
ARTICLE II.
Que l'on donnml miàeiiiunneiU aux fidrles le corps de
NoIreSeùjiHur d.nis la main. Trois mumires de leur
'faire prendre le saug précieux. En quel temps on a
• cfssé en Occident de communier les fidèles sous les deux
' esprces.
C'est une cliose si constnite et si connue de tous
■ceux (fui oui (pielipie idée de ranliipiilé ecclésia clique,
qiraii<;ieun<îmeiil les fidèles recevaient dans la mai;i
le corps de Noire-Seigneur, dont ils se commun aient
aussitôt eux-mêmes , qu'il semble iiuilile d'entrer en
preuv(î sur ce sujet. Néanmoins, pour ne rien o i.ollre ,
U' us |)rouverons cel usage par (piebpies passages des
Pères, cl par des faits (pie rilistoire r et lésiastiquc
nuis a conservés : commençons par Tcriu lien. Cet
auteur (5) lait clairement allusion à cette pratique,
lorsqu'il repioclie à certains cliréticiis de fabrnpier
des id. les de faux dieux, et d'oser après cela étendre
leurs n.ains pour y rec(!Voir le corps de Nolre-Sei-
gnenr : Eus mmtus ndmovere curpori Domini qnœ àœ-
moniis corpt.ru conférant.. .ô mnmtspnrcideadœ. S Cy-
prien(i) lait la même allnsin, lorsqu'é» rivant aux
fidelis pour les préparer à soutenir l'ellorl de la
persécution dont on était menacé , il dil : .Meltoiis-
(1) Oiss. sur les autels, c. 17.
(-2) Lib. 27.r.d .
•".) Lib. df Idohnnft . c. 7.
(4) Ep. 50, ad 1 liibarUanos.
r.:.- IDlRl': DES SACRl'MKNTS. 2S0
leur en main le glaive fpir'tuol afin qu'ils fi'jii-
lenl avec courage les sacrifices funestes. Axucmus
d.xicrum ijUidio spiritali. Le mémo père (1) raconte
(pi'uii lionnue qui s'était souillé |)ar un sacrifice pro-
f ne, osa rccc>Oir pirini la foule ce que le prèlro avait
sa( rilié, et que vou'aril louci cr de se-. uia;nslc corps
du Si-'ijini ur, il n'y trouva que de la c ndre. Sumtam
Domiui conlriCturc non potuit , ciiicrcm ferre ne npertis
mun.bns invcnil. C'était encore en faisant allusion à
celte mènie conlume (|iie S. Ainbroise Ci), pour obli-
ger Tbéodose à faire péiiileiice du meurtre de Tbes-
salonique , lui disait : Cninment éleiidrez-V(Uis \(>s
mains qui dégoultent encor : du sang (pie vous avez
injuslemciit répandu ? (^ommeiit avec de telles mains
recevrcz-\ous le C(U'ps du Seigneur?
La même cliosc se piaiicpiait en Orient, comme
nous ra|q)rcnons de S. B.isilc (5). de S. Cbryso-lo-
mc; (4), de S. Cyrille de Jérusalem (5) cl de <piantil<!
daulr -s. .le ne rapporterai que il s paroles de ce derni«'r,
par lcs(pielles il instruit Icn (idcles de la manière de
recevoir ainsi entre leurs mains le corps dtiNotre-Sci-
gneur. ^iiand vous approcbei pour coiumunit r, leur
d'ii-il, il ne faut pas y \eiiir les mains éiendue» ni les
do gis ouvert , mais smiteiianl de l.i main gauche vo-
tre main droite qui doit contenir un si gr.uid Roi, re-
cevez le corps de Jcsus-Clirist dans le creux de voii-e
main, en disant .4;iifH,- alors, apresavoireusi in de sanc-
tifier vos yeux par ralloucnenienl d'un corps si saint et si
\énér.ible, vous y conmiuniciez en le mangeant. .Mais
prenez bien garde qu'il n'en tombe rien, considérant
la perle que vous feriez de la moindre miette, comme
: si vous perdiez queli|irun de vos memlres. Si l'on
' voui donnait de l'or, iiuel soin n'a|ipoilriiez-vous pas
pour K; bien garder et n'en rien perdre ? Quelle pré-
caulion ne devez-vous donc pas avoir pour (|u'il ne
tombe pas la moindre partie d'une chose in'iniuieut
plus précieuse (|ue lor el les diamants.
S. Jean Damascène (ti) recommajule la même chose
en d'autre^ termes , ce ipii fait voir (|ue cet usage
s'était conservé en Orient jusipi'aii liuiticme siècle
aiiipicl Ibrissait ce saint et sav;.iil lioimne. Allons
àJésus-Cliri>.l ,dit-il,a.ecnneardeiite cli.irilé, el mel-
lanl nus mains en l'orme de croix, rece\ons-y le corps
du Crucifié. Le vénérable liêdcqui vi\ail àpeu-('iesen
même lemps, puisqu'il est mort en 755, témoigne la
mèmeciiose p.iur rOccidcnl. Car, décrivant la mort
du moine Celnon. il dil (7), (jue se sentant sur sa fin,
il pria (pi'on lui apportât rLucliaristie, et (jucl'ayant | ri-
seeiilresesmaiii>, quùacceptà in viauu, il demanda aux
assisla;;ts si personne ne gardait de rancune contre
lui. el (pii! s'élant ainsi foiliiié [tar ce viatique, il SO
prépara à entrer dauj une autre vie.
(1) Lib. de Inpsis.
(2) Apiid. Tluod.iret., l.o Ilist. CCcL, C. 17.
(ô) Lp. iSlt. \el. l'dil.
(4) Il .m. -il ad prup. x\lilioch.
(.Si Calech. nivsl.
((>) Lib. 4 (Util, l'idei, c.ii.
{!) Lib. 4 Uisl. Aii^;.,- Cvisi.
SOI EUCIlARISTir. - ClIAP. IV. DP. LA COMMUNION.
Los honimos. oommc vous .nvoz vii.rcrovaieMl TLii-
2G2
{ cliaiislic dans leur main nue; aussi avaiei.l-ils L^rand
. soin, (011. nu.' on le voil dans S. (lliiy oslcnic, dt- l)i< n
laver leiir'> niaiosavaiildcc'oinicunicr : mais 1 s l'i m-
nies di'vaiei.l icci'voir io corps do .Icsns-CinisI .ay ni
[a main ciuvoric d'im linge idanc. Cola élail éial)li en
Fiani'octen Afri(|no, ol passait pour une loi à laqnolJc
iln'élai: pas permis de conlro\(.nir. ( n api elail ec liiig(î
(loniiiiiKtlc. Il n'esl pas poiii.i.->au.\ l'-nimo-, dille Con-
cile (rAiixoire, deroeevoir l'EMiliaii>li.' dans la main,
cesl ainsi (piil s'exprime dans le eamm ob' , eldans le
-42' il s'exprime en (TSiermes : Que cliacpie lemnie,
quan.'! elle conuniinif, ail son dominicale, (juc siipicl-
qu'iMiene l'a point, (pi'elle ne communie poini jusquaii
dimanelu! suivant S. Augnsiiu | reuail oecasion de
ce.le pi" iliipio, d'oxlmrlc r les l'i'mmes à se ci nsorver
if. os ejns (I). nép'inou rapporte co décret on propres
iCfnics, mais il ralliilme an eoi cJe di; Tours Lo
j PèreMarlènc ('i) cnul ijuc l'amion usage avail dès-
lors cessé à Homo ; ei il I,- coi.clui de ce qie S. Gré-
goire {'}) rac.inledu | ajie Aj;ap:t, (pi'il avail ainsi
eounnnn c un sourd et m. iel , mais nu fait no prouve
l>.is nu eliaiigemeul de dixipliue, oi Udiis ne voyons
pas de règlement conlraire à ce i|;i s'(djservail ;»!.-
cieniKMneul avaiil te concile iJe Rouen. La jjratiipic
ancienne sub-islail en l5oème du temps du cardinal
Cusi, qui m.iurut l'an 1401, connue nous lisons dans
une do ses épitrosan clergé et aux savants de ce
royaume ; c'est la seplicint; de ce cardinal, c'est la ci-
lalioudeM.Tliiors.l. I (le l'Expositiuit du S. Sacrement,
chap. 7. Nous no p nivons indiquer lo temps auquel
l. les Orienlanx ont changé l'ancien usage : au reste il
chastes. Connue lesfennues, dit-il, onlsoin d'avoirun || (^.^i certaia quedepuis long-temps il ne s'observe pi
linge propre [loiir y recevoir le c(ups du Sei,4i.ear,(prel- Il p,,„.i eux , el anjonrd'lnii, comme on le sait r
les ail ni aussi le cori)s cha-le ol lecu'in- pur,
Je ne m" arrête jias à la raison (piapporie de celle
pralicpie le P. Ti.éoplnle Rainaud, dans mic disserla-
lionr/.'/,< frétinenlalioit des (enims (1), elle n'eu mérile | à ceux ipii connnu;iie;il, les leur niellant daasià bou
par
j plu-ii uis r( latioiis dos voy:'gcur«, et on parlicnlier,
: connn ■ nous rapprenons d'Allatius (i), ils donnent
on même-temps le cnrps cl le sang de.Notre-S.' gnenr
pas la peiiic : mais j'ajouler ai ï-e ilemeut, avec M. ^
Tliiers (•!), que ce: le manière d ni les lénnues rele-
vaient la communion en Occident n'élail point élablie
eu Orient : qu'au moins les sai. ts Pères et les aulotirs
ecclésiastiques n'en disent rien. Bien l-indecela, le
concile de Conslantinopîe (3) protcstiMpril n'approu-
ve point ceux (pii reçoivent l'Lucbaristic en dos vasos
d'or ou de ([uelqu'au.re matière prccieuso, au lieu de
la recevoir dans leurs maiiiS, parce qu'ils préfi renl
uae (réatnio inanlUiée à la main de l'Ir nime. C'étiil
l'ordre coiiMuimijUi; celui qui avail ainsi reçu la sainte
Eucharistie devait au.ssilot la consonuncr, sincni en
certains cas dont nous parlerons dans la suite, il y a
eu sur cola plusieurs règlements des papes, des con-
ciles et des évèquos ; el il semble (|ue Lieu les ail au-
torisés par le miracle dont parb- Sosonière (4),au su-
jet d'une femme infeclée dos erreurs de Macéionius,
laipielle, pendant ipie S. Jean Chryso.slonie célébrait les
saints mystères, roçi.t, par complaisance poursim ma-
ri, qui éiail orlb^idoxe, l'Encliarislio : mais l'ayant
reti-nnc dans sa main, elle la donna à une servai.le i|ui
la suivait, ol prit eu la place du pain coumnui ; onsnilc,
comme elle vonlul le manger, elle senlit (ju'il s'élail
«.bani;é e.i pioiie. I
Ce rinei:l peut être do semblables abus qui d('lormi-
iicront les prèlais de l'Ég ise à ne 1 1ns donner ainsi
la conununi<Mi dans la main, des (idèlcs. La pre.nicre
C| oipif ijue nous connaissions de cbangciuent (\v dis-
cipline sur ce |)oinl, est un concile de Rouen (c. 2),
leuu sous l'enqicrenr Loni ;-!o-nèboiuiaire. qui ordon-
ne aux prêtres de ee poi ilmetlr(! l'espèce du piin d ms
les mains des (id les, mais de la leur porter à la bou-
che, aussi Iiieu aux hommes qu'aiix femmes. Nulli tuico
àul femiuœ Eudimislinm in muiiibus ponul, sed nuiiuin ,
(I) Cap. 7, p.-2(U.
(-2) De l'expos. du S. Sacreni. 1, 1, c. 7.
(3) In Tritllcc. lUL I
(4) Lib. 8, c. o. li
cIhï avec une cnillicre, le corps de notre Seigneur
éla,\t mêlé avec son sang précieux : il faut pourtant
excepter de celte règliî èoiix qui servent à l'autel : car
M. de Mor.conis {;>) fil témoin que dans le monas-
tère du mont Sinai, l'arelicvèque (pii célébrait la mes-
se consacra le |;ain et le vin dans le calice : il avait
ron.pu le [niii en (pialie morceaux, dOiit il on avait
jelé un dans le calice; puis ayant rompu les trois au-
tres ou petites pièces, il eu mit une partie dans la
paume de sa main, et en donna de même à tous les
olliciants, premièroinenl dans bîiirs mains, et ils l'.'il-
laieiit manger nu [leii retirés, puis ils venaient boire
trois fois diiis le calice. Ce narié lait voir que les
Grecs gardent e::co;e on quelques endroits l'ancienne
coutiniie de communier, au moins à l'égard des nii-
nistri s sacrés, leur meilani d uis la main les particules
du pain qu'ils doivent pre dro. Les Géorgiens la coii-
ser. ont aussi, comme le témoigne Giilanns (hiConci-
li il. Eccl. Rom. cxm Armciià, pari. 1, p. I,"2j. T)c
même que les Nosioi ions de Syrie, qui, comme nons
l'ap; reiious de M. As«é 1 a.:i, da s le 5' tome do ;a
Bililiothèipuî Orientale, part. -1, r». 511, mettent l'En-
cbai'iviie outre les II ains des (idelos qui communient
sons les doux csp;"ces, ol si qu; Iq ;es-niis se sont con-
r rmés à l'usag»! do lE^lise La'iiie, ils sont en petit
nombre; r'iicore ne s'ysonl ils poité- qu'a la :ollici!a-
lioii des missionnaires.
Outre tout ce que nous venons de dire do ranoienne
manière de donner la communion du corps de Nolro-
Soignoiir, il est à reinarquor quaiilrefois, même ilc-
piiis que l'usage des azymes fut devenu ordinairo, ou
plulôl luniiiue en Occide.t dans le sacremonl de
(!) Lii). 1 de eccl. Dise. c. lî)9.
(-2) l>e anl. Ceci Kil. l. 1, c 2, art, 10.
(3) Dial. I. 3. c. 3.
(i) Lib. 3 de Cous. Eccl. Orient, el OccidenU
c. 1.'). ( Vid. v(d. 18 Cuis corn pi. ïlieul. )
(o) Voyez le P. le Ibun , t. :i, p. 465.
26S
/■ ""
l'Euclinristie , on divUnit nsscz conimnnoment le pain
sacré aiu|iicl les Chréliens iiov;iieiil participer; et que
dans rÉgliso de Rome, et peut-être dans bien d'autres,
le prêtre célébrant ne prenait pas le pain entier dans
la communion , mais (pi'il le rompait en plusieurs
parties, doi.t il prenait Tiiiie et donnait Is aulres au
diacre et an sous-diacre ([ui lui servaie;.l à l'antel, quel-
quefois même à des laïcs. La ciirouique de Cassin
nous fournil un exemple fameux de ce (pie nous di-
sons en la personne de Pascal II , qui , après qu'il
cul fait son accnrd avec Tempereur V, sous certaines
conditions, célélia la messe , et en étant venu à la
fraction de l'hostie, en prit une pariie , cl donna
l'autre au prince en dsant ces eflVayautes paroles :
Comme celle partie du corps vi\ iiiaul de Jésus-Clirisl j \
a élé divisée, qu'aiosi celui là soil^éiiaré du r- yaume
de Jésus Christ et de Dieu (;ui ciitreprendra de violer
cet acconnnodemcnl. L'abhé Sugor lait inciilion du
même fait dans la vie de Louis le-Gros; et ce qui est
plus irisle, c'c-l que le Pape ne crut pas dans la suili;
de\oir s'en tenir à îin traité, dont il avait juré io!)-
servalion par ce serment , dont la seule pensée lait
frémir.
H est temps présentement d'exposer la manière
dont les fidèles recevaient la comumnion du sang de
Jésus - Clnisl pendant la célébration di's saints mys-
tères. La plus ancienne manière qui élail connnune
aux églises d'Orient et dOccidenl, é'ail de |)iésenier
aux fidèles le calice dans letpiel était le vin consacré,
et de leur en faire boire. S. Cyprien L- dit clairement,
parlant de cette petite fille à ipii sa nourrice avait mis
dans la bouche <iuelqne chose de ce qui axait été con-
sacré aux id(»les : car il rapporte que le diacre lui
présentant le calice pour lui faire boire, cet enfant le
rejetait. S. Cyrille de Jérusalem (I), celui de tous
les Pères anciens qui est entré dans un plus grand
détail loucbanî les rits des sacrements , nous apprend
que la même chose se pralicpiait en Orient; nous met-
trons encore ici ses paroles, à cause des parlieularités
iniéressanlcs iiu'elles contiennent. Apres avoir ai)isi
communié uu corps de Jésus Clirist , approchez-vous du
calice du sang, non pas en élcndanl les mains , mais en
vous inclinant comme pour l'adorer et lui rendre hom-
mage, en disant Amen ; puis sanctifiez vous par l'attou-
chement de ce sang de Jésus-Christ que vous recevez ;
et pendant que vos lèvres en sont encore trempées , es-
suyez-les avec la main, et portez-la aussitôt à vos yeux,
à votre front et aux aulres organes de vos sens pour les
consacrer, lînfin. attendant la dernière prière du prêtre,
remerciez Dieu de ce qu'il vous a rendus dignes de parti-
ciper à des mystères si grands et si élevés.
Cette manière de donner la communion du sang
précieux élail encore e:i usage en France du lemps de
S. Grégoire de Tours , c'est-à-dire , jusqu'à la fin du
sixième siècle, comme le nu>nlre évidennnent le re-
prochequ',1 failaux Ariens dans son troisième livre de
l'Histoire des Français (c. 51), donlil dil qu'ils avaieiii
(1) Catccb. myslagog. 5.
ÎIISTOIRE DES S.\CREMENTS. sà
cont(nnc de communier les rois d'un calice et le
peuple d'un autre, il ad altarium veiiientes , de alto
calice reges communicenl , de alio populus minur. Ce-
pendant l'usage de prendre la conunnniun du sang
précieux avec un ciiabuneau , dont le bout trempait
dans le calice, et l'autre était dans la bouche da com-
muniant, pouvait dès-lors s'étie introduit à Home. Le
cardinal Bona expose la manière dont cela se faisait à
la messe solennelle d'après uu très-ancien ordre Ro-
main, qui est conforme en cela à ce qui est prescrit
dans le cérénn)nial paj;al. Le lecteur veira avec plai-
sir ce (pi'il eu dit (I.2, c. 17.) : Le Papeayant prislecurps
de Jésus-Christ (ce sont les paroles du cérémonial du
Pape) , révêque cardinal assistant lui présente un cha-
lumeau d'or avec lei^uel il prend une partis du sang,
luiss .Ht le rente pour le diacre cl le sous-diacre. Le peuple
cnunnuniail aussi eu celte manière après les ministres
de l'aulel, comme il est prescrit dans quelques ordres
Romains.
Cette précaution de se servir d'un chalumeau pouf
prendre l'espèce du vin, avait été sans doute suggérée
pour parer aux iiiconvénienis , et empêcher <]ue le
sang précieux ne se répandit. Dans la suite, p uir y
obvier encore plus sûre;r;ent, on se mit sur le pied, en
pl::s:eurs endroits, de donner en une sctde fois les
doux esi'.èces ; ce qui se faisait en mettant dans la
bouche des coiunnusiants un morceau du pain consa-
cré trempé dans le sang précieux. Burcbard (1. 5, c. 9)
cite pour anloriser celle prali(pie uu concile de'loars
qui le dit formellement. Sacra ublat.o intincta esse dé-
bet iii sanguine Lhristi , ut vcraciter presbyter possil
dicere inftrmo : Corpus et sa)tguis Domini projlciat tibi.
Ce conciie ne parle à la vérité (jne de la coinmu..ion
des Piialades; mais siq)posé que la même chose ne se
prali(piài p:.s alors ordinairement à la communion
dans léglise, cet usage ne larda pas à devenir com-
mun aux siiins et aux malaiîes dans certains pays ,
connneen France et en Angleterre. Ernulphe, évêque
de Roebcster, (il un écrit adressé à un nonnné Lam-
bert, pour le soutenir, et la principale raison qu'il
apporte pour cela, est que par -là on empêche plus
stîrement l'cflusioii du vin consacré. Le père Dacheri
nous a donné cet écrit d'Ernulphe dans le second
tome de son Spicilège. Yves de Chartres (1) sctutient
aussi cet usage connue le nteilleur par la même rai-
son , et s'élanl objecté l'autorité d'ui! concile de To-
lède qui le co;;danuie, il répond qtie la déliniiion de
ce concile ne regarde que le prèlie qni ne doit point
ainsi coninjunier; mais non pas le peuple , qui pont
éviter de répandre le précieux sang, peut le faire do
la sortj.
Celle coutume était des longtemps établie en
Orient, connnc en le voit par les reproches (pie le
cardinal Hambcrl en l'ail aux Grecs avec sa vivacité
ordinaire, dans le lemps de sa légation à Constauli-
noplc : mais ces reproches n'ont pas empêché les
[1) Tract, de divin. Offic.
26Î5 nuriiAirsTiK. — nr.p
Cr es do coii'jorvcr cclln prjiliiine , qui a é é aussi
rrçiic Cil |ilii>icm> c I Jr.tiis do l'Orcideni , juMpi'aii
temps ;iii(|iiel la coiiiiniinioii sous les doux espèces a
élé abolie.
Cependant dans d'antres pays on eonservail l'an-
cien usage de donner scpiréiieiil 1rs deux espères.
Le Iroisii'iiie concile de IJiagie (caii. 1) défcnilil ex-
presséineul au\ prcire- ded<»niicr TKuc iar-i>li ' lieui-
pée dans du vin pour coui|»lcnicnl de c(» i.niuniou :
Viiio uHidulnm pro coinplemenlo cnmmumonii porritjere.
L'église Roiniiini', loiijoiu-s allaeliée aux rils ancien^,
iinprouvail ce nouvel usage, connue le icnioigne
l'anlcMir du Micrologne, (jui écrivait p u avant le
d(Mizicnie siècle; el le i'ape Lri)ain liuliîrdil absolu-
ment au concile de Clennont. à moins (pi'il n'y eût
quebiue raison pariicnlière de le perimîllre, itisi per
necessitutem et cantiium : par où il >emhl.' entendre le
cas de maladie ou de faiblesse, telle (pie celle des
enl'antsipii ne peuvent manger de pais; sans être dé-
trempé. Pascal II, danssa léj» nse à Pone,', ahiiéde
Cluni, s'explique pnsilivemenl là-dessus. Ces Papes
vonlaient (|ue l'en observai l'ancien usage, parce qu'il
était plus coni'orme à riiislilulion de riiu'harislic ;
et celle rai-on élail solide cl iligne d'eux ; mais alars
il se Irouvail des gens assez simples p(un' rejeter I n-
sage de douncr le pain consacré tren pé dans le vin,
par c lie plaisante rais >n (jne le Sauveur rayait ainsi
donné à Judas à !a Cène; et Gnillanmede C!ian"peau\,
dans un rr;>gmeut »pie lajyporU; de lui le P. Maiiillou
dans la préface sur le Ir-i-iième siècle Bénédictin,
nous api)read (pu: ce nio if avait porté a r jeler celle
pralipie; ce qui dnit satis dnn:e s'ei.li'ndiC de (piel-
que->-i!ns, et non pas univer>ellemenl : Qrod pcmis in-
linclus proliibilhs eut nccipi, ex friv là ciiusu fuit, scili-
cct pro bucceilà inliuctà quam Dumiiius Judœ ad diitm-
clmtem porrex'U.
• C'est ainsi (pie se forment les opinions popnl i es,
lesquelles n'oiil aucun fondement, el njsonl appuyé s,
pour l'ordinaire, ipie sur de vaines iniaj;iualions. Il
faut ini itre de ce nombre un senlnnenl ix'pandu dans
le liei/.ieme si>e!e loncliant la même iii:.tière, savoir,
que le vi i était coiisaeic | ar le inél mge iViiuc parli-
cule du I ain (pii l'.ivait élé. Ce seniiin.nl avail fiit
de U'is pr< grès, comme le fuit voir b-s Pères Mabil-
lon (I) cl M.;riène 2), (prou en faisait menrhui ex-
presse dans les liluels el les aiilres livres (Ciisage. Je
n'e;i doniicrai p nir exemple (pie le livre nommé l'Or-
din ire de l'Kglise di C isenze , k^piel fut rédigé
en 1-21)5 pu- Luc, archevêque de cet:e ville, il p^ rie ;
Qu'ils prennent le torp> de Notre-S. igneur dans I'. n
droit où d e^t ennservé, (jifils le melli'iil sir I. p i-
lèiie, (piils inelenl ensuite une p rlicule de l'Iio. Le
dans le calice, de sorte que .e \in ^oil coi.sacré
(e"est-à d,r -, c.iangé)en saig : lia ni vinum in sanyni-
uem consecrelii . Le .Mi.^sel d'Auxerre maiinsi rii, ipii
se con>cr\ail dans la bibliuiliC(|.i • du .M. Colluri, et
qui est écrit depuis oOO ans, après avoir parlo du nié-
(1) Prafal. in Ord Uom.
(2) Lib. 1 de anl. Lecl. UU., c. 4, n. 10.
TH. XX,
IV. ni-: L\ COMMUNION. tC.Q
lange du p>iii cdns.cré nvcc le vin d:i;;s le c. bc • ,
aj Mlle : !.à est conmicré le vin p(,r le curpi du Sd-
rjiciir. Qnebpics docles personnages vovantd nibien
celle opinion s'clail répandue, m.reni cniin !a nain à
la plume pour dciroii.pi-rceux qui donnaicnl dans iinc
erreur si gms.sière ; cl entre anires Jacipies de Vi-
iri (I) et Jean Bidellc (2), doiilenrs de Paris sur la
(il du douzième siècle. S. Ber.iard avail dcjii rejelé ce
seii'inient dans sa lettre à Guy, (pii est l.i do* dans se»
œiivr. s.
Quand j'examine d'où pouvait venir cct!e imagina-
tion si o|)poséc an senliinenl connniin de I Lgbsu
loiiclia t ia consé(T.iti(m . je n'en vois point d'aiilrc
cause que la coutume (pii s'éiail introduite bien avant
le doii.'.iènie siècle, de doiuier au peu|)!e la commu-
nion du caliee avec du vin d ns lequel on avait mêlé
ce qui restait du vin consacré , après qec le ( lergé
a\ail communié. Le peuple le recevant cou.me éiant
vérilablemenl le. sang de Jésus Cbrisl, s'éliil ima-
giné que ce sang du Sauve, r mêlé avec le vin non
consacré l'avait réellement changé en sou sang. Lt
peut êlre avait-il formé le même jugenienl ion: liant
le \in dans leiptel on m Uail (juel pies parlicnlcs do
l'bosiie. Celle eoi.ttmie d ni nous parlois est claire-
nieiil marquée dans l'ordic Romain, el dans les cou-
tumes de S. Bénigne de Dijon ; mais jt; ne vois pas
qu'elle ail élé universelle. Fi.rlniial, dans la Vie do
S. Marcel, évêqiie de Paris, sendile i siiiiier qn'ello
élail (b'jà en iisige de son temps, lorsi|u'i! dit que c;^
saint ayant clia; gé de l'eau en vin, n'étant encore (luo
sons-diacre, révè(pie Prudence ordinuia < n' n ver àt
ce vin dans le calic:-. cl qu'il en communiât le pei pie.
Nous avons ex, o^é jus]u'à p^é.^elll la ma.iière do
commu.iier les lidcUïS pendant la cé'ébrali an des
saillis mystères. Les c!u»ses deniciirèrenl à peu près
sur le même pied jnsipi'au douzième siè(;le, auquel
teiiqs on se dcsai continua iu!-en.-.ibleiiieni de doiun^r
la commiiiiian sous les deux espèces. Deux (dioses
coniribuèreni à C(! < hangeincnt de discipline : 1° la
crainte de répandre le préeii nx sang. iiKonvcnieiit
qni alarmait cxlrêmemeiit les fidèles cl le> ministres
de 1 Iglise, et qi'il élail néanmoins d.f.icile de p. rer,
Siirionl aux grandes solemniiés, (jnan.i toul le pi-nple
co iimnniail. Il est souvent pirlé de ce danger dans
les ailleurs de ce leinps là, ( l entre anires dan. un
poème de B id lplie(l 2, c, 18;, abbé de S.-Tron,
tioiil le cardinal Bona a inséré ipiclipi s vers d.ins
son livre de la Lilnrgie. On y voit que cci abbé, ef-
frayé des irrévérences ipii se commella e l de leieps
en lein|)s dans la dispensalion du s;.crenienl de l'Eu-
cbaii lie sons l'espèce du vin, canscille de n Iranelier
la coii,.e aux lideies. El il fut statué pour It même
rai.on dans I ordre de Cileaiix de ne ia donnera au-
cun des moiiuîs, cxccp c aux niiiiistrcs de l'aiiicl re-
xêiiis des habits sacrés, à cause du péril d enuji(»n ;
l'ruptrr penculum 1 1 saniduhun evilmidum.
Lue antre chose qui penlêlrc ne tuulriiiua pas peu
I (I) In lîist. Orrid.. c. 38.
1 I {-!) De divin. OfUc, c. ly.
ta
HISTOIRE DES SACREMENTS.
m
à ce changement fui la rareté du vin dans les pays
du Nord, <|ni se coiivei tirent assez lard, U était en
cffcl bien diHieile que tout ic petiple communiât sous
respèce du vin dans ces régions froides, où souvent
on av;iii bien de la peine d'en trouver, même pour le ^
prèlre à l'autel. Quoi ([u'il en soit, cela se fil, comme î
j'ai dc^à dit, insensiblement et sans bruil ; et on ne
voit aucun acte aulbcnlique qui interdise la coupe
aux lidèles avant la concile de Constance, qui crut
devoir la relranclier. S. Thomas d'Aquin (I), qui vi- :
vait dans un temps où la coutume de communier sous
les deux espèces était presqueabolie parle non-usage,
avait expliqué d'avance la raison foudamenlale de ce ■
règlement du concile de Conslance, et avait élc au- j
devant des objections qu'on pouvait faire pour l'im-
pugner, en disant que la perfection de ce sacrement
ne consistait point dans l'usage qu'en faisaient les fi-
dèles, mais dans la consécration de ce qui en HUt la
matière; et qu'ainsi on ne déroge en rien à sa per-
fection, quand le peuple prend le corps sans le sang,
pourvu que le prêtre q li consacre prenne l'un et
l'aulre.
Tout le monde sait quelle foule de malheurs attira
l'opposition des Bohémiens au règlement fiiit à Cons-
tance. M. Lenfant nous les dépeint avec loule l'exac-
titude possible dans deux ouvrages connus des sa-
vants ; mais dont le second (2) , fruit posthume des
veilles et des travaux de ce savant homme, n'a pas
été amené au même degré de perfection que son his-
toire du concile de Conslance. Le concile de Bàlc
touché de ces maux, et espérant ramener par ce
Hioyen les peuples de Bohème et des provinces voi-
sines, leur accorda l'usage du calice. Mais les brouil-
lejûes survenues cnire ce concile cl le Pape Eugène
empêchèrent que ses bonnes inlenleniions n'eussent
tout reffel qu'on s'ea était promis. Le Pape Pie IV
accorda dans les mêmes vues la coupe aux Eglises
d'Allemagne (5), à la sollicitation de l'empereur Fer-
dinand et des autres princes de rEm|)ire. Ce bon Pape
espérait que celte indulgence ramènerait les esprits
aigris. Copendanl Pie Y son successeur n'entra pas
dans ces vues, el il crut devoir révoquer ce que son
prédécesseur avait fait sur ce point. C'est le cardinal
Boua (jui nous apprend ces derniers faits dans ce
livre, que nous avons si souvent cité.
ARTICLE III.
Que l'usage de cminuiukr sous les deux etpèees pen-
dant la célébration des saints mystères souffrait ses
exceptions. Du citant des Psaumes pendant la com-
muuio.i. En quel temps on s'iist mis sur le pied de
donner la communion aux fidtlcs, hors la messe, sans
nécessité.
Quoique ce fûtTusage ordinaire que tous les fidèles
(1) 3 part., q. 8<>, art. 12, ad. 2.
(2) liisl. du conc. de Baie.
(5) Ce ilLcrel est de i:.a3, et ce Pape avait suivi
^^n cela l'exemple do Paul 111. Palavicin. Ilist. conc.
Trid., 1. 11. Bossuei, lîo la Cunuuunion sous les. deux
espèces.
qui communiaient le fissent en participant aux deux
espèces qnand ils étaient en étal d'assister comme
les autres à la célébration des saints mystères, el que
cette coutume fùl même en quelque manière passée
en loi, comme toutes les autres coutumes louables
dont on ne souITrc pas facilement que les particuliers
se dispensent, celle règle néanmoins sotiffrait ses
exceptions, et l'on n'a jamais cru qu'elle fut indis-
pensable, ni que ceux qui ne recevaient le sacrement
que sous une seule espèce, reçussent moins Jésus-
Christ tout entier que ceux qui le recevaient sons les
deux espèces; car, outre les abslèmes, h qui ime ré-
pugnance naturelle pour toutes sortes de liqueurs
fortes rendait la chose impossibl», nous voyons que
l'on n'y prenait pas garde de si près, puisque les ma-
nichéens à Rome se caelièrent longtemps parmi les
fidèles, quoiqu'ils ne prissent point l'espèce du vin
dont ils avaient horreur, le regardant, suivant les
principes de leur secte, comme le fiel du dragon;
c'est ce que nous apprenons de S. Léon (1).
Cependant il était impossible, quand quelqu'un
manquait à recevoir l'espèce du vin , que l'on ne s'en
aperçut pas ; vous l'avez vu lorsque nous avons exposé
les trois manières dont les fidèles ont reçu la commu-
nion de l'espèce du vin. On pouvait aisément tromper
les ministres de l'Église, quant à l'espèco du pain que
l'on recevait dans la main, el que l'on pouvait par con-
séquent ne pas consumer à l'insu des autres ; mais il
n'en était pas de même de l'espèce du vin que l'on re-
cevait immédiatement dans la bouche. Cela montre
évidemment qu'on n'y prenait pas garde de si près,
el que l'on n'exigeait pas indispensablemenl que tous
communiassent sous les deux espèces , même quand
ils assistaient à la célébration des saints mystères. Si
donc S. Léon (2) ordonna dans la suite que tous com-
muniassent à la manière ordinaire, ce ne fut qu'à cause
de la circonstance dont nous venons de parler, et par
rapport aux Manichéens qui, aflcctant de ne participer
\ qu'à ime espèce , auraient trouvé moyen de se cacher
dans la multitude, si on avait souflerlles exceptions
ordinaires. Le pape Gclasc, pour le moins aussi zélé
(|ue son prédécesseur contre la secte impie des Mani-
chéens qu'il envoya en exil, eldont il fil brûler les livres
devant l'église de Sainle-Marie,comme le rapporte Anas-
lase dans sa vie, renouvela le décret de S. Léon. Voici
comme ils'expli|ue là dessus. Nous avons découvert
que quelques-uns prennent seulement le sacré corps ,
et s'alisliennent du sang sacré; il faut que ceux-là
( puis(iu on les voit attachés à je ne sais quelle super-
sl.lion) prennent les deux parties, ou qu'ils soient pri-
vés de toutes les deux ; parce que la division d'un seul
el même mystère ne se peut faire sans un grand sa-
crilège, ("e texte, comme vous voyez , renferme une
clause qui demande une inlerprélaiion favorable; et
il iiiul sans doute que la division que ce docte Pontife
accuse de sacrilège soit une division affectée , et qui
(1) Scrm. 41, c. 5, qui est -4 de Quadrag.
(2) In decr. Grat. deConst., di'il.i, c. Comperimut, 12.
K}9 EUCHARISTIE. — CllAr.
avait sa s^tVrc* dans la siiperstilion ou i!:m.î l'nvcreion |
qu'avaient les Maniolicens pour le vin; car, comme :
l*inar<jH€ jwdicieusciuonl M. île .Mcaux(t), l'Kijlise
tmiienne a «i peu cru (fue ce fût diciser le vujslèrc que de
»« donner qu'une seule espèce, qu'elle a eu des jours so-
lenn< Is on elle n'a distribué que le corps sacré de Nolre-
iiei(j>ieurdans réqlise. Tel éluil l'office du Veiidrcdi-Sdiul
dans l'église laline, el tel était l'office de l'église ijrecque
dans tous les jours du curènie , « la réserve du samedi el
du dimanche.
Pour commencer par l'église latine, posirsuit ce sa-
vant prélat , nous vo'jous dans l'ihdre Homaiit , dans
Alculn , dans Amalarius, dans l'abbé Hupcrt, dans Hu-
gues de S. Victor ce que notis pratiquons encore aujour-
éi'htti, qu'on ne consan-ml pas le Vendredi-Saint , mais
^u'on réservait pour la communion le corps de No-
tre-Seifinenr consacré le jour précédent. Il est marqué
expressément dans tous ces lieux qu'on ne rcsnviit que
le corps sans réserver le sang , t dont la raison est , » dit
Hugues de S. Victor ([) , « que sous chaque espèce on
( prend le corps cl le sang , el que l'espèce du rin ne se
« peut pas réserver wremcnt. » M. Bo^suel fait v: ir en-
suite (pie d'autres ailleurs pl:is auricns que Ilagues (nil
apporté la même raison de ce qu'on ne réservait pas >
l'espèce du vin : il en joint lui-même quolpies au-
tres, après quoi il continue. Cependant il e^t ctrlain,
par tous les auteurs que nous venons de citer, que le
célébrant, tout lecliTgéet tout le peuple communiaienl
à ce saint Jour,<;l ne communiaienl par coiiséqiieiil
que sous une espèce... Celte coutume était si bien
établie au builiéme siècle, qu'on n'en voit poii.t l'o-
rigine; de sorle que, si ro|)iiiion (uii croit la com-
munion sacrilège sous une espèce avait lie» , il fau-
di ait dire que l'ancienne Église aurait justement choisi
le Vendredi-Saint et le jour de la mort de Nolre-Sei-
gnein-, pour profaner un mystère institué à sa nié- I
moire. On communiait de la même sorle le Samedi-
Saint, puis ;ue d'iui côté il est certain par tous les au-
teuis que le Vendredi cl le Samedi- Saints élaicjit des
jours de communion pour tout le peuple, et que de
rautrc il n'esi pas moins constant ipi'ou ne saciiliail
pas durant ces deux jours : ce qui fait (pi'encore au-
jourd'hui , dans notre Missel, il n'y a point de messe
propre au Samedi-Sainl. Ainsi, on ccminumiail sous la
seule espèce du pain réservé le Jeudi-Saint.
Les Grecs passent encore plus loin : ils ne c«)nsa-
crent point aux jours de jiûnes, afiirde ne mêler pas
à la tristesse du jeune la joie et la ( élébrilé du sacri-
flce : c'est ce qui fait que , dans le carême, ils ne con-
sacrent que le dinianche el le samedi , dans lrs(piels
ils ne jeûnent pas. Ils oirrcnt dans les autres joins le
sacrcmcnl réservé dans ces deux jours solennels, ce
qu'ils appellent la messe inq)arfaite ou la messe des
présanctiliés... L'antiquité de celte observance ne
peut éire eimiesiée, puisqu'elle fut changée an sixième
siècle dans le concile in Trullo ( caii. o2 j. Ou en voit
(i ) Traité de la Communion sous les deux icsoèces
p. IGSelseq. '
(2) Erud. Theol., 1. 3, c 30. I
lY. DE LA COMMUNION. ^0
le fondenicnl dans le ipiatri^mè c^^t:flc de l,aodicée
(can. -49 cl 'il ) , cl il n'y a rien de pins célèbre parmi
les Grecs que C( lie metse des présanciilics. Si l'oa
veut mainicnanl savoir ce qu'ils y oirrent, il n'y a
qu'à lire dans leurs Eucbologes ci dans la Bibliolhc-
qiie des Pères les anciennes litiugies des |it"ésai!Cli-
liés ; (m verra (pi'iis ne réscrveui que le pin s cré
qu'on apitoiie de la sacTislic... cpi'ils niè'e .1 dans du
vin et dans de l'ean non consacrée, cl qu'ils distribtient
enfui à toul le peuple. Ce qu'il y a ici de plus remar-
quable, c'est qu'encore qu'il soit si visible que les
Grecs ne reçoive;il en ce jour que le corps de Noire-
Seigneur, ils ne cliangeiil rien dans les formules or-
dinaires. Les dons sacrés sont toujour-. iioamiés au
pluriel, et ils n'en parlcnl pas m; ins dans leurs priè-
res du corps et du sang... 11 est vr.ii que les Giecs
modernes mctlcnl en forme de croix quel jues gout-
tes du sang précieux dans les parcelles du corps sacré
qu'ils réservent pour tes jours iuivai.ls : mais cett
coutume est nouve'le parmi eux. Le palriarchc Céiu-
larius ne connaissait pas encore cet usage, comn.c on
le voii dans le livre qu'ii a composé pour la dérei.se dr:
l'oflice des présanclifiés (1)... cl on trouve sur les
conciles des notes d'un célèln-e canoniste (i), qui
élait clerc de Irglise de Coiislanlinople , où il est ex-
pressément remarqué que, selon la doclr:i:e du bien-
heureux Jean ( pairiai-tlie de Const. nîinnplc) , il ne
faut point répa idre le sang précieux sur Is présarx-
tiliés qu'on veut réservi* ; et c'est, dit il, la pratique
de notre Eglise. Ainsi les Grecs ont innové sur ce point
aussi bien que dans l'usage où ils soiit à présent dû
mettre le pain sacé sur leipiel ils ont mis quelques
gouttes du «=aiig de Notre-S(!igi:eur sur un réhaud
pour le dc&s»;clier et le réduire <»n poudre, afin de te
réserver lam pour les nuiladcsque pour les prcsaiic-
tifiés.
Nous avons fait ce long extrait du livre de M. Bos-
silot, que nous avons cité, parce que ce (pii y cvt dit
euiie naliirellcmcnt dans cette his:oire, el qu'il y ex-
plique parfailemenl le premier point que ^miis nous
é ions proposé de Iraiier dans ce ciiapilro.
Passons au second (pii regarde le chant des psau^
mes qui accompagnait la communion. Nous n'aurons
pas plus dv. peine que sur le pren:ier. Le P. le Brun
nous dispense de faire d;s reclieœhes laborieuses Ih-
dessus; il les a faites pour muis, ci nous n'aurons
qu'à transcrire ce (pi'ii en a d t dans le pn^mier lomé
de son ex|.i;calion de la messe <3) où, expliquant ces
mots de la rubrique : le prêtre va lire l'antienne appelée
communion, il d.t : c'est un verset ordinairenictil tiré
des psaumes (|ui da»!« le Missel a pour lilre, Comwu-
nio, parce qu'il devait è:rcclianlé pcmiani qu'on don-
nait la conunuuion. Les anciens ordns romains l'ap-
pellent antienne pour la communion, parce qu'on la ré*
pelait alteriialivemeul après cliaipie vi'rscl dn ps.iiim«
dont elle clail lirce, à peu près comme nous disons 4«
(\) Synodic. seii Pa-iidiM^i. Giiil. Bcvoreg.* AQli.
{•i) llarnienop., cp. can., 8ecl. 2 liu H
(5) Pari. 6, art. 1, p. ijyi el seq.
$71 ilISTOIRE DES
\'eiiile e.rullrnius , rt cch clnil conliniic jiisf|irà ce que
le poiilire lit siijne aii\ cliaiilies de d;re Cloria Putri
à 1» fin de lu rommimion du |»eui le. 11 y a lieu de
croire, ajoute le P. le Biuu , que Tusage de chauler |
un psaïune ou quelque verset peiidaiil la conuuuiiion
commença cnOrieiil. Car on v(»il pai rexplicaliou de
la Liturgie par S. Cyrilli-, cpi'en distribuant la coni |
niunion ou cnloudail chanter : Coûtez et voyez combien
le Seigneur et>l doux ; cl les Cousiilulious apostoliques
marquent qu'on devait rlianter le |)s;iuuie 55' dans le-
quel est le verset gn.slute , etc. L'Occident ne d.fléra
pas de suivre cet usage , puiscpie S. Augustin nou;, dit
qu'eu sou temps l'église de Cartilage introduisit l'u-
sage de faire c''anler des liyuines tirées des psaumes
pendant l'oldatiou el |ieiidant la distribution de rLn-
cliaristie. Cet usage de clianler un psaume avec le
Cloria Palri cl l'antienne durait enc()re vers Tan lO'JO,
IvU'sque l'anleur du Micrologue écrivait. Pendant que
tout le monde communie, dit il, on chante l'antienne
qui de là a été appctce Communion , et on ij joint le
psaume avec le Cloria Putri, s'il est )icccssaire. iMais,
très-peu de temps après le Micrologtie, on a regardé
celle antienne, dans plusieurs églises, connue une
liynuie d'iction de grâces (|u'on devait dire ai)rès la
conunnniou. Cesl ainsi qu'en parle Uniier, qui écri-
vait vingt ans après le Micrnioguc. Ilobei l Pullus ou
Hugues de S. Victor eu parle de même, et elle est
appelée pour ce su^el Postcommunion par le pape In-
nocent III , vers la lin du douzième siècle. L'église de
S. Jean »lo Lyon a conservé l'ancien usage. On chaule
encore aujourd'hui aux fêles solennelles la postcom-
niunion avec un versel d'un psaume et le Cloria Patri,
avec répé.itiou de l'antieiiie de la connmmiou en
deux parties , finissant ainsi le cliant de la messe
comme on l'a connnencé, c'est-à-dire, selon le rit
de rinttoit; c'est ce que nous apprend M. de Maii-
Icon , p. 50. Cependant la vraie comnnuiion est l'o-
raison ou cidlecie (jnc l'on a toujours dit pour remer-
cier Dieu du bonheur inelîable d'avoir participé aux
divins mystères , et pour lui demander 1 1 grâce d'eu
conserver en nous le fruit , cl tout ce qui peut opérer
notre sanciincalion. C'est en substance ce que l'on
demande à Dieu dans tontes cis oraisons que nous
avons encore dai.s I.î Missel romain , et qui étaient
comme une récapitulation des prières «pic chacun fai-
sait en ce sens dans lÉglise, après avoir reçu celle
nourriture spirituelle iles Ames qui est donnée aux fi-
dèles dans le sacrenieiit de ri-:ucliari>lie.
Il n'est point nécessaire, après loul ce qui a été dit
dans ce chapitre, do mar uer l'emlroit de la messe où
se doit faire la couununion des fidèles suivant l'ordre
des choses cl l'esprit de l'Lglisc : on l'a vu suffisam-
ment par l(nne la snite de celte histoire de la Counun-
ni(m. Walalrid Sirdton (l) et Guillaume Durand (2)
disent expressément qtie le temps propre pour com-
jnunier, c'est devant la dernière oraison de la messe.
(1) Lib.de Reb. crrl , c. 2-2.
(2) Lrb. i Uaiion. div. oll., c. 54, lit. Ordo mini-
êtrtmfU tacr, commun.
SACREMENTS. l7î
Aussi , dit M. Tbiers (I), le rituel romain de iVini Y,
el prcsipu^ tous les autres qui oui été imprimés depuis
un siècle ordonnenl que les fidèles communieront
avant la postcommunion , à moins qu'il n'y ait quel-
<pjc cause raisonnable (|ui oblige de remettre la com-
munion à un aulrc temps. Si cela se faisait de la sorte
comme aulreluis, les chrétiens ne seraient point privés
<lu fruit «pi'ils doivent allLiidre des oraisons qui se
disent après la comnnmion, lestincllcs n'ont été insti-
luées que pour les communions, selon la remarque du
Micrologne (2) el de Raoul de Rivo, doyen de l'église
Moire Dame de Tongres. Ce qu'il faut entendre aussi
bien des laïques qui commiuiient à la messe que du
prcire qui la dit, ainsi que parle le rituel romain. M.
Tbiers (5} ajoute plusicm-s autres choses pour porter
à rappel''r celle ancienne pratique que le P. Morisi (4)
assure n'avoir été changée que par les n ligieux Men-
diants, en quoi il est suivi par le cardinal Boua. EQec-
livemenl on voil d.ms le nnssel des Jacobins une re-
marque (pii y fui faite en 1254 , par laquelle il est dit
que la comnnmion du peuple se doit faire pendant la
messe , à moins que la multitude des communiants
n'oblige de la remettre après : ce qu'on laisse à la
discrétion du prieur. Les Feuillants, i\u\ sont venus si
longtemps après les Dominicains, ne pensaient point
comme eux sur ce point. Car Ictn- rituel (5) porte ex-
pressément que si quetipTun demande à conununier
devant ou après la messe, celui qui serl à la messe
l'avertira bumblemenl et modeslement «pie cela ne se
doit pas faire sans nécessité «)U grande raison , mais
qu'il faut attendre une autre messe et y conuaunier
incontinent ;«près le prêtre.
L'usage de faire dire le Confiteor pendant la messe,
immédialemenl avant que de commencer, s'esl intro-
duit depuis environ TjOO ans, dit le P. le Riun (G), et
il vient sans doute de la condescendance qu'on a eue
de donner la communion aux fidèles hors le temps du
sacrifice ... au treizième siècle les religieux Mendiants
autorisèrent l'usage de le dire avec les prières de
l'absolution dans le temps même du sacrifice avant
que de donner la commiiniim. Cepeiulant les. coutumes
de Climi et les slaints «les Chartreux «lu même temps
ne faisaient aucune mention de c«)h.'ssion avant le
moment de la connnimion, cl parmi Ic^ Chai lieux en-
core le prêtre .i|irès avoir c«)mmunié «loiine la com-
iimnion sans autre prière que Corpus Domini nostri
. Jesu Ctirikti cnslodiiU te in vitam œternam. Cet en-
droit de la messe est tellement aiïeclé à la conunu-
nion des fidèles sebin l'esprit de l'Eglise niar<iué
par les formules des prières de la poslconimunion ,
(|ui SIlppo^ent que le peuple ou au moins «|uel- ,
«pics mis du iienple o t communié avec le prêtre, i
qu'enciueaujonrd'hui, comme nous l'apprend le cardi-
(1) Expnsil. du S Sicrement, 1. 1, cb. 5.
(2) Tii. Ordo ministrandi sacrani comm.
(5) Do ObsiTV. can. , prop. 25.
(i) L. 8 de Pœnit.. cl).
(.S)L. l.c. n, §4. n. 8. S
(6) Tom. 1, p. C45ei*e(i. '•' t
475 EUCHARISTIE. — CIIAP. V. DE LA
rai Rona (I), dans qnclqnos ('•i^lisos piiiicipalos c'rsi '
la coiiIiiiik; que IfS miiiislrcs i\c l'îiiiU'l coimmiii ciil à
la messe Sylt'niK'llc; eelle coiiiiime s'osl onnscrvc»; :t
Ronio, I iisr.ge qui en avait clé inlerroiiipii ihiiis quel
qiios cgiisi's y ayant été rélahli par un décret de la
vi>ile npnst«li(pie : oc qni s'e-llait Irès-pnidcniine t,
ajoute ce canlinal , de peur (pTini trè -ancien rit de
l'Eglise, sans leqnel on penl à pt-ine entendre les
prières (pie l'on récite tous les jours dans la liturgie ,
ne v'aldilit tout j fait pai' l^; ii.>ii-usage.
En l'abbaye de CInni, non setileineiit les diacres cl
les sous-diacrcs coniin' eiil di; coinnnniier à la nie-se so-
lennelle, mais ils le font sons les deux espèces les félcs
et les dimanches. El dans celle di^S. Denis on observe
exaoïi in'-nl ce qui e>t marqué d:ins le cérémonial ma-
nuscrit, dans le(]iu'l il est piesciil que le diacre et le
sous-diacre prendront la eiunmunion >ons les deux es-
pèces toutes les fêtes du premier et du second ord:c,
aux anniversaires solennels des rois , ions les diman-
ches do rannt'e, et (piand le supérieur célèbre poiu"
quelques raisons extraordinaires ou quel<iues solen-
nités. Le Bnm tome 5, p. 538.
J'ai oublié d^; dire en parlant du temps auquel a été
abrogé rusag;* de donner la conunuiiioM aux simples fi
dèles sons les deux (spèces, qu'il va «Miviron 100 ans
que les Manmitesse sont ci>i;f u-més à l'usage présent de
l'Eglise catholique sur ce point. Je dis depuis environ
cent ans, puisi]tic le P. Dandini, jésuite, dans la rela-
tion qu'il a écriie du temps de ( lément Vl'lde son
voyage du Moni-Liban , ténmigne qu'alurs ils l'admi-
nisiraienl encore sous les deux espèces.
CHAPITRE V.
De la Communion hors les assemblées publiques de
l' Eglise.
Tout ce que nous avons dit dans le cliapitre précé-
dent regarde la Communio.i publique et ordinaire;
mais outre celle-là, il y en a eu de tout temps d'autres
qu'on peut appeler domestiques, et dont nous allons
rendre compte.
ARTICLE PREMIER.
Les fidrtes commuuiaienl atUrefois dans leurs maisons.
Combien cet usage a duré tant en Orient qu'en Occi-
dent.
Les premiers Chréiiens avaient une sainte avidité
de recevoir le pain vivilianlde rEucharistie, et comme
la haine (pi'on leur p riait, et l'attention de leurs en-
nemis à empêcher leurs assem liées de re igion , ne
leur permetlaiont pa-. de les tenir aussi souvent qu'ils
auraient souhaités, ils participaient chez eux à cet e
nourriture sacrée. Cela se prali(piail dè-i les premiers
commencements du chris!ianis;ne, cl lorsque la reli-
gion n'était encore , pour ainsi dire, que dans le ber-
ceau. S. Luc nous rapprend d;ins le livre des actes ^c.
2, V. 46), où il est dit que les disciples allaient toujours
au temple et y persévéraient en prières, et que rompant
le pain dans les maisons ils proiiaienl leur nouriiluie
(l)L.2,c.l7.
COMMUNION HORS DE L'I^CLISÉ.
ÎU
avec joie et sinqilicité île cœur. F'ar ces maisons l'au-
teur sacré entend les m:iiMi.,sp;utnnl. ères des lidèles,
comme lexpliqueiit tous les commenlalent;s, el comme
la suite du leMe le fiit assez entendre.
Les persécutions dont l'KgliM- lut agitée rendirent
«et usage en (piebpie manière néce-saire , el nous le
voyons en eirel observé dans la siiile connue une
coulmne ordinaire. S. Justin, qui vivait peu de temps
après les Apôtres, en parle en ce sens dans l'Apologie
(pi'il adressa au sénat. Il dit qu'après la célébration des
mystères sacrés, l'on réservait(|U(;Iques parties que les
diacres portaienl aux lidèles qui n'avaient pu y as-
sister. C'est dans cei esprit que S. Lucien (I), prêtre
di; l'église d'Autioche, qui fut martyrisé à Nicomédie,
ayant consacré dans sa prison le cor|)s du Fils de
Dieu sur soi eslomae, parce (pi'il n'avait point d'autel,
el l'ayant distribué aux assistants, l'envoya ensuite
aux absents par les mains des diacres.
Loiigteîups avant ce saint, ipii i e souiTiit la mort pour
Jésus Christ qu'au comme;i( e;i:eiil du qna;riéii:e siè-
cle. Toi tuliien (2) avait pirlé de celle |)r:iiiqne comme
d'une chose ordinaire d'ans le livre adres>é à sa femme,
ou entre autres motifs dont 14 se sert pour lui per-
suader ne pas épouser nu jiaïen après sa mort, il lui
(lit, votre mari ne saura ce (pie vous mangez en ca-
chette avant toute autre viande, et s'il le sait il ne
croira pas qi;e ce pain el ce (|ue l'on dit. S. Cy-
priin (.5) raconte à ce suj<îl n>i fait (pii fiit voir com-
bieii il e^t dangereux de s'approcher indignement de
(e mystère ledonlaMe. L'neremme, dii il, ayanl voulu
niivrlr le co lire dans Ie(iuel le Saint du Seigneur,
Sancliim Doniini , était réservé, cl l'ayant voulu tou-
cher avec ses mains profanes, e!le fui épouvantée par
le feu qni en sortit el (pii l'empêcha de prendre le
sacrement. S. ('îéniCiit d'Alexandrie (i) rend aussi
témoignage qu'apiTS (jue quelques-uns avaieiil distri-
bué rLucharistie , on permettait à chacun du peuple
d'en em|)orler une partie
C'était surlniit à l'approche de la persécution que
l'on faisait |»rovision de cet aliment s.icré : car comme
les ennemis du chrislianisme en voulaient surtout
aux pasteurs 'a qui seuls il appartenait de consacrer,
les lidèles appiéhcndaienlavec raison d'en cire privés :
el c'est |)our(i(ioi ils ( n eiii| ortaienl chez eux , alin
de se forlilier tous les jours en le recevant , el de se
préparer ainsi au combat aiupiel ils étaient sans cesse
exposés. Dorothée, é^é(|uede Thessaloni(pie, attaché
au parli des Eulycl.éons ( ignit d'imiter ces anciens
chiéliens , lors|u". yant appris (pie les iég tls du siège
apost' lique venaient à Coiislanlino|)!e, il consacra les
sacremenls en si grande (pianlitc «pril en remplit des
C(nbeilles entières, el les di>lribua au pe iple, affeclanl
de craindre la per>éeution, comme l'éveqiie Jean el li3
prêtre Epiphane récrivirciit au pipe U-rmisdas.
(1) In Artib. S. Luc. ap. Sur. 7 jan.
("2) Lili. "i ti'l Uxorem, c. 5.
(5) Lib. (le Lapsis.
(A) Lib. l Slrom.
«75
HISTOIRE Ï>ES SACUK.Mi'NTS.
27Ô
Vno niitrc raison de ea hp.'Vî^^ était qu'aula'K)is m
m (c'éliiMil tlikiwi IIW5 viH.!, par exenit>le, qu'une s^'ule
messe à laipurlle ions li-s cluélieiis ne poiivaiil nssisler,
011 éiait ()ltlij,'éireiivoyei' aux absonls rKiuli.a-islie ou
par des diacres 011 par quel jncs autres uiiwistrcs uilé-
rioufs : vous l'avez vu ci-»U;vaul des diaei es. Le mar-
tyrologe (18 caleud. st-pl.) nous fournil uii exemple
d'un acolyte (jm fai-ail la uièiuo fonrliou en la per-
soiiiic de T! arcise, qui, iHula;:! ini jour les sacre-
ments du C!;rps de Jésus-(.;iirisl et ne voulant poie.l
découvrir aux païens ce d(uit il élait chargé, eu reçut
tant de coujjs do bàlons qu'il en monrûl. Après les
perséciilions, cet iis:ige devint plus rare, il continua
nJanuKÙns. à avoir lieu, quoique par d'anires raisDUS
que celles que i.ous venons «l'alléguer C'est ce (;ue
nous apprenons de S. Basile dans sa iellre £89' à une
(Jamedu preuiier rang, nonunée César'ic,. dansLiquelle
il dit : l'ous les soliuilrcs (lu'i vivent daiis les déscrls
nmjaut point de prêtres pour leur donner rF.ucImri&lie,
l'oul toujoms. chez eitx et communient de leurs propres
saienl e irer dans les églises des martyrs quand il
leur était arrivé queîiiue accident, tandis (juclles no
craigiiaiinl poiul de recevoir l'Iùicliarislie. J'en a])-
pelle, dii-i", à leur conscience... Pounjuoi n\ nlrent-
i!s j)as dans les églises? Jésu'--Cl)rist est il autre dans
le public que dans la maison? Ce (|ni n'est poii.l per-
mis dans TKglise ne l'esl point hors de l'Eglise, il ne
l'est point dans la maison.
Cel usage était encore en vigueur en Orient dans
I le G" siècle, Aiuisiase-Ie-Ij.bliolhécaire,nous l'apprend
(piand il dit que Pl!ilip|)ique, gendre de l'empereur
Maurice» ayanl été appelé la nuil par ce prince et crai-
gnant pour sa vie, se mnnil du corps de Jésus -Christ
avant d'aller au palais, ce qui suppose (|u'il lo gardait
chez lui. L'histoire de iMoseh montre cl.iirenieEil que
dans le siècle suivant, l'ancienne coulumesnr le point
doi:l il s'agit n'était point encore abolie, mais qu'eau
contraire elle éli't fort ordinaire. J'en rapporterai
deux fai:s d'après }«L Fleuri. l'iès d'Eginc, en Cilicie,
dil-il, il y avait deux styliles, un catholique et un sé-
maùis. De plus, dans la ville d'Alexandrie et dans le ! véricn. Le calholique piia celui-ci de lui envoyer
reste dç l" Egypte^ chaque fidèle garde d'ordinaire chez
soi la connniDiiou^ car d puis que le prêtre, après avoir
célébr le sacrifice, la leur a distribuée, lorsqu'ils prennent
ce quils reioii'cui chez eux de leurs propres mains est la
même chose qn' ce qu'ils ord reçu des mains du prêtre à
l'ég'is ? Et en effci,^ nous voyons qm dans t'cijUs:', hrsjue
le prêtre a nds une partie de l'Eucharistie entre les mains
de chaque fidèle, il d 'pend de celui qui la reçoit de la
j l'Eucharistie de sa comnnmion, ce que l'aiure lit avec
I joie croyant l'avoir gagné à son parti. Le callioTupie
I mit cette Eucharistie dans une chaudière bouillante
chez eux à diverses, fois une partie de ce quils ont reçu : | où elle fondit à l'instant. Un nouiuié Isidore, de la
du prêtre tqul à la fois, ne doivent-ils pas croire que \\ même secte des Sévériens, voyant que sa femme avait
reçu rEueiiaristie cat!ioli(jiie de sa voisine, prit sa
femme à la gorge et la força de rejeter l'I'.ucharistie
I qu'il jela dans la boue, mais un éclaii l'enleva. Deux
j jours ajirès il vit un Ethiopien couvert de haillons qui
I lui dit : Nous sommes tous deux condanmés an même
viunqer^ et c'(&I lui même qui avec ses mains la porte à \ i supplice. Je suis celui qui frappa Jésus-Christ sur la
sa bouche. C'est donc lu même chose quant au pouvoir | joue. Isidore se fil moine et ne cessa toute sa vie de
que l'on a de communi. r, d' recevoir tout à la fois des | pleurer sou péché. Ces histoires, ajoute M. Fleuri,
mains du prêtre plusieurs portions de l' Eucliaris'Je ou 1 piouvcnt au moins la créance de Jean Mosch louchant
de n'en recevoir qu'une seule. Ce que dit S. Basile de 1 lEucliaristie. El moi j'en conclus qu'elles ne prou-
la coutume d'Egypte cl on [arliculier des solitaires, j: vciit pas moins, que, du vivant de cel auteur, la cou-
est fonlirnié par l'alhuie dans so;i Histoire Lauziaqne 'j[ tume de garder rEucharistie chez soi était encore fort
(c. o2 et 0), où il ra[>porte que les disciples de S. Apo
Ion ne prenaient aucune nourriture qu'ils n'eussent
auparavant conununié à rEucharistie de Jésus-Clirist.
Il assure la même < liose des moines de Ni-trie qui vi-
vaient sous le S. alilié Or au nombre d." trois mille, et
il supi Osait la même chose dans la vie qu'il a écrite
de S. Jean Chryso tome, lorsqu'il représente Théo-
phile d'AIex-nidiie faisant mettre le feu aux cellules
des moices en I aine des giands frères, cl brû'ant,
avec les habitations de ces solitaires, leurs livres et
rEucharistie sacrée (pi'ils y conservaient.
Ce n'clail pas seulement en Egypte que les fidèles
jouissaieiilde ce privilège, ils C!i étaient en possessirn
dans d'autres pays de la chrétienté. On le voit par ce
que dit S. Crégoire de Nazianze de sainte Gorgonie,
sa sœur (1), qu'elle l'ut guérie iniraculeuseincnl en
appliquant sur ini mal qu'elle avait la sainte Eucha-
onimaire.
Elle s'est observée jusqu'à présent chez les Grecs
et les Orientaux. On le vtiit dans la Vie de S. Lnc le-
Jeuue (1) qui a jiassé une grande partie de sa vie
dans une sidiluîle de l'Achaïe. Ce saint deninnda à
rarclievèqiie de Corii;ihe de quelle manière il devait
recevoir la communion ; à (pioi ce prélat lui répondit
en lui prescrivanl la manière de le faire avec décence,
el eu observant tout ce qui pouvait contribuer à mar-
quer son respect envers ce divin sacre:;:enl. C'est ce
qu'on peut voir dans les actes de S. Lu3-le-Jeinie que
le père Combefis (2) a donnés au public. Longtemps
après, un palriarche de Conslantinople disait (ô), dans
les statuts (lu'il prescrivit à un nonnné Paul l popse-
pliiu^ de Gallipoli, que l'on versait quehpn^s gouttes
du sang précieux sur le pain divin que l'on portail
dans une boîte l'ort propre à ceux qui, pour vaquer à
ristie trempée de ses lainies; el par S. Jérôme (2) |, dï^.,,^ s'étaient ■ étirés sur les montagnes, ce qui mar
lorsqu'il reprochail à ceriaines personnes qu'elles n'o- .Ij ,.. ., • -, . ..^o ■ -, .,
(I) Oral. fun. de Soro.-e. |î (2) Ton.. 2 Actual. Bibl. PP.
(ù.) Epibl. 50 ad Pammach | (3) Apud Allai, de .Missà pra^.sanct,, C. 4».
EUCHARISTIE. — CIIA?. V. DE LA CO^HIUNTON HORS DE L'ÉCLISE.
277
(\i\o assez que Ton oltservoil rnrnrc, à l'égard des '
anachorclcs, qiicliiiic cliosc de l'amien usage. Janiis
Î7&
forl dans celte occasion, cl un voit plusieurs excm-
jiles du viatique reçu dans l'éj^'lise. Quand ils ne
Nicius de Nëgroponl (1) écrit, conforniémcnt h cela, ; pouvaient le faire, on le leur portait chez eux, et ea
que les ermites avaient a' coutume de porter avec eux
dans le dé><'rl la sainte Eiicliaristie pour la prendre
dans les occasions; et Arcudius Ci) assure que les
moines Grecs la portent avec eux dans leurs voyages,
et la |)renncnt de leurs propres mains quand il leur
jiLu'l. Ahraliani Eehellensis dit une chose peu diffé-
rente de celte pratique, quand, en exposant les rites
de la communion chez les Orientaux il dit, qu'après
que l'on a comnuuiic les assistants dans l'église, on
porte l'Eucharistie aux pâtres et aux autres gens de
la campagne, qui, à cause de leurs affaires ou d ; l'éloi-
gnemenl des lieux, n'ont pu assister à la célébration
des saints mystères.
Cet usage ne s'est pas conservé aussi longtemps
dans les églises d'Occident, et ce qui contribua beau-
coup à l'abolir, furent les règlements du premier con-
cile de Tolède (can.4i) et de celui de Sarngosse
(can. 3) tenus dans le i' siècle, qui, voulant pourvoir
aux abus que les priscillianisles, dont il restait quel-
ques-uns encore dans ces provinces, faisaient de
l'Eucharistie, ordonnèrent à tous lis fidèles, sous
peine d'analhème, de la consumer dans l'églis'^ avant
que d'en sortir, non que les évèques de ces conciles
ce cas on ne leur donnait communément que l'espèce
du priiii, qui est d'un transport plus facile et sujet à
moins d'inconvéïiicnls. Nous en avons un exemple
qui a été souvent proposé dans ces derniers siéf le» en
la personne d'un nommé Sérapion dont parle S. Dcni*
d'Alexandrie dans une lettre à Fabien d'Antiocbe (I).
Cet homme avait été privé de la communion pour
avoir succombé dans la persécution ; il avait fait pé-
nitence de sa faute, il se trouva à l'extrémité; dans
cet étal il envoya demander le saint viatique ; le
prêtre, dit S. Denis, qui ne put le porter lui même,
donna à un petit garçon une petite parcelle de lEu-
charislic qu'il lui ordonna de tremper et de la mettre
ainsi dans la bouche de ce vieillard. Le jeune homme
1 retourné dans la maison , trempa la parcelle de l'Eu-
charistie, et en même temps la fit couler dans la bou-
che de Sérapion, qui, l'ayant avalée, peu à peu rendit
incontinent l'esprit.
L'exemple de S. Anibroise sur ce point est si connu
\ par les disputes de nos controversisies contre ceux
I qui ont abandonné la comnuuiion' de l'Eglise calholi-
i que, qu'il semble inutile de le rapporter. Je ne iaisse-
l rai pas de le mettre ici. Paulin, auteur de la vie de ce
blâmassent ceux qui en faisaient usage dans leurs mai- li grand évêque, raconte que S. Honorât, évè(iue de
sons, mais parce qu'ils voulaient empêcher ces héré-
tiques qui ne la consommaient ni dans l'église ni chez
eux d'en abuser. Eucharistiœ gratiam si quis probatur
acceptant non consumnu'isse in ecclesià, analhema sit.
Nonobstant ce règlement qui ne regardait propre-
ment que les églises d'Espagne, l'usage dont nous
avons parlé ne fut point sitôt abrogé. Il devint pour-
tant fort rare, et nous n'en pouvons produire d'autres
preuves que ce que dit le P. Martène (5), que jusqu'au
douzième siècle et au delà, c'était la coutume de don-
ner aux vierges sacrées, le jour de leur consécration,
UKe hostie entière de laquelle elles se communiaient
elles-mêmes pendant les huit jours suivants, comme
nous le montrerons, ajoute cet auteur, quand nous
traiterons de la consécration des vierges.
Article IL
f>e la Communion des malades. Qu'ils communiaient
quelquefois sous la seule espèce du pain, et d'autres
fois sous toutes les deux, suivant les différentes cir-
constances.
On peut regarder la communion des malades comme
une conmiunion doniestique, qunifin'elle en différât
en quelque chose au moins pour l'ordinaire, et qu'elle
se fit quelquefois dans l'église. Ce cas devait être
assez rare, parce que la maladie ne permet guère à
ceu< qui sont près de mourir de se transporter à un
lieu éloigné de chez eux ; cependant , connue vous
verrez, les chrétiens dévots et fervents faisaient ef-
(1) L. 7, ep. 2L
{2) L. 3 deConcc.SO.
(3)Deant.Eccl. Uii..l.l,c. 5, art. 1,
Yerceil, étant venu trouver son méirnpoliiain pour
lui rendre tous les devoirs d'amitié et d'humanité qui
dépendraient de lui pendant sa maliulie ; et s'éiant
retiré un jour pour le repos de la imit , une voix du
ciel l'avertit que son malade allait expirer, qu'il des-
cendit à l'instant, lui présenta le corps de Notre-Sei-
gneur, et que le saint rendit l'âme incontinent après
qu'il l'eut reçu.
Je sais que quelques Protestants (2) s'efforcent d'é-
luder ce qui résulte de ces faits si naïvement rap-
portés; mais aussi s'en trouve-t-il de meilleure foi
que les autres, qui conviennent que dans ces deux cas
le sacrement ne fut administré |ue sous l'espèce du
pain. Cela avait passé en coutume chez les moines de
Cluni, comme on le voit dan> le livre que S. Uldaric (3)
a composé pour laisser à la postérité la mémoire
des usages qui s'observaient dans ce célèbre monas-
tère. 11 y est marqué positivement que les religieux
infirmes ne recevaient que le corps de Nutre-Seigneur
qu'on leur donnait trempé dans du vin non consacré.
On y voit aussi une coupe dans hxpicUe on le détrem-
pait. Les Grecs qui préparent, d^; la manière que nous
avons dit plus haut, le sacrement qui est destiné à
être le viaticpie des mourants, et qui le préparent '©
jeudi-saint pour tout le re<te de l'année, le détreia-
penl de même aujourd'hui dans du vin ou de l'eau
pour le faire prendre aux malades.
Il ne faut pas douter que dans le temps où les chré-
tiens étaient dans l'usage de porter chez eux l'i'ucha-
(I) Apud Euseb., 1. fi Hist. ceci., e. 41.
(-2) M. Smith., ep. eccl. ,gr. Statu, p. 107, et seq.
(5) Consuet. Cluniac, I. 5, c. 28, t. -i Spicil.
579 HISTOIRE DF.S
lisiii', et (li'Ii ië;rrvcr dnns leurs nmisoiis (h; la ma- -
iiicn- (|(io iMMis venons «le l'cxplifiinT (l;ins Tarlic le
piéré.le.t. ils ne s'en scrvisscnl aussi ponr connnu
nier (0\i\ (|iii éiaionî.cii danger de inorl. soil par
maladie, soil anlr- nienl : or, il esl constant (pic poiu'
rorilinaiic on ne réservait ainsi dans les mai>(»iis
pisrlieiiiières (pie resjjèce du |)aiii, celle du vin, o tre
le danger de rellusion, irélant point de nainre à pou
voir se conserver longlemp>, et d''C(>iniiicnl en si
petite ([i!ai;tilé. Il pareil donc iiidiiliil;d)!e (jue d' tout
temps on a dohiié assez coinmniiénient la comnuiiiion
aux mourants sons la seule cspi^îce du pain.
Cesl de cet usage de porter el de conserver (liez soi
l'Eu haristic que vint un alnisa^-sez commun, el q l'ou
«Hii Isieii de la peiin; ensuite de déraciner, (pie toute;
SOI tes (l« personnes si- donaaieiit la lihi'rlé de porter
rEuelari-lie a Mnaladi.-s, jusipi'aux T'imnes mêmes.
Cela était absoliimenl iitolérahie. siirloul depuis rpio
la p iv a été rendu.- à ^Egli^e, et qu'elle a eu l.i llbcrlé
eiilièr; d'exercer tous les dvoirs du ciille extérieur
de 11 religion. Aussi voyuis ions «pie les conciles d
les évéfpic- oui l'ail des statuts rigoureux pour relia i-
clier liue couluii'.e si aluisive que, la seule néce^silé
p-iil auîn iser. Regiiiou ( 1 ) cile sur (;e suj I un d(î rel
d'un co cile tie Ueiiiis, d >ul voici les termes : // esl
venu à uolfe conimissmce que les prêtres ont si peu de
respec'pour les divins imjslères, qulls duunea'.aux Iniques
et mix femmes te sacré corps de Notre-Seigvenr pour le
porter aux malades.... tcut le monde voit combien c.la
eit horrible et dcteatablc. C'est pourquoi le concile dé-
\ )nl iibsolnment que l'on fasse riot de semblable à l'ave-
nir, et veut que le prêtre communie par lui même les
malades ; anlr mrnt il courra risque d'être déposé Cette
dé ense, (pielque vigoureuse qu'elle so l, ne put arrê-
ter eiilièreinenl le cours de l'alius ipii régna:! sur ce
point. E'arclievèipie Ilincmar, pour le répi'mer, or-
donne dans les ca; ilules qu'il a dressés pour servir
d'éliipielle aux informations que l'on doit faire dans
lesvi lies des paroi-.>es que l'on demande eut autres
clioses, si le prèlre visite le- nialad s, s'il I iir fiil
Tonetion de riinile s;^inle, s'il les communie par liii-
mêineel non par (pielijueauîr •, elcommunicet per se t
non per quemlibe!, s'il commuiiie le peuple, el s'il ne
dot ne iMiini la commuii n à quelipie laïipie | onr la
p'irleren a maison el 'a donner à (pi Iqiie malade iprc
ce puisse èlre; >ier tradat commuïdonem cuiqucm lai-
10, etc. Uéginoii (2) prescrit à peu \ n'S la même du se
imeliant l'enquête q-ii se doit f .'re en la visite épii-
eopale de la v e el de la conduite des curés.
Cet abus re s'élendll guère au-delà du dixième sc-
cle auquel il snlisislail encore en (pie!(pKîs i ndroils.
comme ( n le \oil | ar le- statuts dt; Kali ier (3), é è-
qiie de Yéntiie. insérés daii^ une leltre syn di(pie,
par 1- quell' il instniil son clergé de ses devoirs. Alors
les prêtres d^igés de paro'sses se repo-ére l assiz
coinn.uiiénitiil de l'exerc.eo de j orler la communion
(I ) Lih. 2 de ceci. Discip. c. 120.
(2) ihid I. i.
(5) S. ici. l 2.
SACREMENTS. 280
aux n».'lades sur leurs di.ncrcs. \rus avez vu ci-de-
vant (I) (pie dans les é^li>es matrices ou Irpti^males '
on joignait pour l'ordinaire un diacre au prêlre (pii la
desservait, alin de l'aid r dans ses fonclions : c'était à
ce diacre (|iic Iteaiiconp di' | lêlr.'S c(Miîiaien' ce soin,
et cela était assez conforme à raniieuiie discipline.
Aussi cet limage s't si-il conservé loiglemps dans U^s
comumnaulés, même les plus réglées, et entre a-ilres
chez les Chartreux, dont les anciens statuts portent
que les malades poniroiit recevoir le corps du Sei-
gneur de la main du procureur s'il esl diacre.
Cependa: l dans la suite on voulut relrancher cet
usage, el plusieurs s'élevèrent c iiitre el le traitèrent
d'abus; eiilr'autresGuil!anmc Le Maire, évèque d'An-
gers, qui eu 1273, déleudit expressément aux pivtrcs
dans son synode de laisser exercer celle foncliiin aux
diacr.s. hors le cas de nécessilé. el cela sous peine da
suspense. Le concile de Nîmes de l'an 1282, lit un ré-
glemenl à peu |)rès semblable, avec celle diiïérence
qu'il le periiicl aux diacres, p(uir n (pi'ils aient la per-
mission du prèlre, el même sans |)eriiiis ion. en cas
(jifil se trouve absent ou cmpê<bé, cl (|ue la chose
presse. Il est porié dans deux anciens namiscrils de
ChezaI Benoît (2), qui ciuilieiinenl l'ord.e qu'il faut
(d)sorver dans l\ visite des m:ilades, ((u'uii sous-dia-
cre p(Mlera rKucliarislie, cl qu'un prêlre eu commu-
nier i le malad •. Rcvcimmis présenlemiiit à ce tpie nous
avions commencé de dire louchant b^s espèces sous
lestpielles on donnail le viaîiipic aux moribiuids.
N.>us avons nninlré ci-dcvanl que cela se f lisail assez
' C(uimiuiiémeiil en leur domi/nl seiileinenl l'espèce du
pain. Nous a' rions pu en aj porter d'aulres preuves:
Il ais avec tout cela il faut coiivei:ir (jue la mnnièrc la
nliis ordinaire était celle d«! les co iinuiiier sous les
deux espèces, siirloiil (|iiaiid les niaîade-; éiaienl en
éiai de recevoir l'iin el l'aiire Ou le voit par un an-
cien ma luscritdcS. Reinide Reims, cilé pari). Hugues
Meiiard (3), dans !e(piel on 1,1 pour la com:i;nni m des
m lades l/s deux formuU^s séparément : Corpus Do-
mint uostri Jesn Cbrisli cu$!odiat te in vitum œternam;
vl : Sdtujuis Domini nostri Jcsu Cliris'i rediniit te in
vitmnœlernnm. Léo- zième concile de 'Jolède suppose
que les mourants |ireuai(^nl les deux espèces, lors-
(|'i'expliqnaiit dans le onzième canon du décret du
premier coi cile l'iiu eu celle même ville, par lequel
on déclare séparé» de l'Église ceux ipii ne consomment
pas rE!ichari>lie, il dil ipi'il ne doit s'cnlenilre (pie de
Ceux ijui le piMiveiii , e' non de ceux qui par iiilirmité
ne soni pas eu étal de le fiire, te's ipie sent ceitai-.s
malades: car nui s eu vous vu, (lisent les évéïpies,
qui, ^oullailanl avec ardeur de recevoir le viatiipie de
la communioii, ont rejeié rEiicl:arislie (pie I ■ luêtre
leur avait doiiiiée, ceipi'dsont fail non par iiilidéiilé,
mais parce ipriK n'en pouvaient rien avaler, excepté
ce qui est cfuilcnu dans !.' calic' d'i Seign ur (('est-
à-dire, le sang précieux) : Sed qnbd prœtcr Dominici
(1) Hist. du Raji. put. 2. c 2.
(■.) Ap.id .Mari. I. 2, c. i. ail. 12, p. iiU. '
(5) lu i.ol. ad Sacra.j. p. ôîiO.
sst
EUCHARISTIE. — Cn\P. VI. TEMPS AFFECTÉS A LA COMMUNION
283
Califii hiiHstitm Irndilniii sibi non prssrnt l''.uchnristifini
detjlnlhc. Ces |);ii(ilfs soiil :isst'Z clMires ol iTiiiit p:\>
besoin (le coiuiiu'iiiiiire. Nous avons un o\iMiipli' illii-
Slro (lu viali(iiit! adminislié amis les deux (î pi'c.os d uis
la \it; (le sainte Marie Égypiienno, écrite par S. So-
plironc, (^11 il est dil (jiie /itziiiie r(^s rva hikî partie du
s ng prtîc eux qui avait él(; ci)iisier(i K' .loiidi Saiiil
l»onr le lui purler avec le cnrps de Nolre-Scigmiir,
comme la sainte l'en nvail prié un .in auj aravant. '
Nous avons nièiue des preuves pour laire voir «[u'oii-
Ire \o pain eonsacré(pie \\y.\ n'servailcoinmmiénicni,
tant |)onr la communion des malades (jne po:ir celle
dos nouveaux haplisés, à (jui certaines circo; stances
ne permellaieni p is d'attendre le temps alVecté à la cé-
lébration du lî.iplème solennel; on réservait au^si le ;
sang de Niilie-Sv'ignem- |)oiir servir à cet nage; au
moins cela était prati(iué dans (pielques e droits. Je
mets de ce nombre 1 1 ville de Constanllnvple; et c'est
S. Jean Clirysostôme(l)(|ui nous appread (pie cela s'y
pratiquait : car ce saint évêqne pariant de l'invasiiju
que les soldats firenl danssi n église par les iiitr^gics
de Tlié'pli le d'Alexandrie, il dit (juils cnUTrenl (la |
veille de Pâques) dans les lieux secrets où l'on corj- i
serve l(!S cllOS s saintes , à/À è 6à rà «-/{a «TT^/.rjTO
«î7£/0ivT£; oi îTp/.Tiûr«i, Cl que qucIqucs-iMS d'en- '
tr'eux (pii n'étaient point iniiiés aux saints mystères y
virent ce qui y éiait. Il ajoute, ce qui prouve ce (pie
nous avançons : Le sang très-saint de J(:sus-Clirist fut 1
ré,iandu sur les babi s des soldats, comme on peut '
bien s'ima^^iner dans ua si grand et si clFroyable tu- .
ITlulte , yè -.à ù.-ii.o-.o.-:')) oXij.v. toû <3y^s.ipou.... si; rà twv
T<coti.or,ij.ij(ai sTDZTtÛTw^ E//âTta iXnyyi-'o , ct poiir faire j
voir qu'il ne s'agit pas ici du sang qui venait d'être ,
consacré pendant la célébralion de la liturgie, il dit '
que celte irruption se lit dans le temps que les ca:é- I
cbmnènes étaient sur le point d'entrer dans les Ibnls
sacrés pour y nccvoir le Baptême. Or nous avons ,
montré ci-deianl ([ue l'on célébrait le iJapiême avant
que de commencer la l.tuigie ou l'office qui précé-
dait et accompagniiil la consécration. D'ailleurs les
paroles du saint docteur nianpient assez claireiiient |
que ce sang (pii lut répandu était mis en réserve dans
un lieu secret destiné à cet usage. Ce que dit S. Je- \
r(')mc (2) de S. Exnpère, évèque de Toulouse, qu'il
portait le corps de iNotrc-Seigneur dans un panier d'o-
sier, ct sou sang dans une coupe de verre, fait aussi
cniciidre, ou (pi'il le portail ainsi aux malade<,ou (jii'il
le réservait dans ces vases si vils ayant vendu tout
son bien cl celui de son église pour s;)iilager les mi-
sérables. Il est certain de plus que depuis qu'on | rit
la couiume en ( ertains cndroils, comme nous ra\o:is
exposé dans le ciiapitre précédent, de tremper l'es-
pèce d 1 jKii.i dans le vin consacré, on |»rit aussi celle
de c iiniiunier les malades en cette manière.
il arrivait aiis>i souvent (pie les mal ides commu-
niaient après la messe, suit da::s l'église quand on
pouvait les y transporter, soit dnis leur cliambrc où
(I) Ep. ad limoc. rap.,ann.404.
\±) Lpisl. ud Ku>t.
■ l'on die^sail un aiilel à cet effet ; mais cotte dernière
pr.li(pie était plus rare, et l'on n'en voit que pou ou
poiot d'exemples dans les six ou sept premiers siècles.
Da'is ces deux cas on donnait encore le viatique sous
les deux espèces. Saint Odon nous en rapporte un
exemple eu la personne de Geraud, comte d'Aurillac,
l»oiir l(>(pi(l on célébra la messe après complies, à la
lin de hupielle il n çnt le viatique. C'était une dévo-
lion des personnes de piété de se faire ainsi porter à
j l'ég'ise pour y i^ccvoir les derniers sacrements. Saint
CiH'goin; nous apprend que S. Benoît en usa de la
sorte. 1*0) imi se ad orator'mm fecit, ibique exituni stinm
sucnimciilis Ihniinicis mitniuit. il ajoute même qu'il y
lendit l'esprit en priant au milieu de ses disciples.
Sailli Isidore de Scville (1) y alla aussi pour y recevoir
le viati |ue (pi'oii lui donna sons les deux espèces,
élaiil cniiveri de cendces et de cilice; cette mort ar-
riva en COG.
Sai t Edmond, arcbevêqiic de Cantorbéri , prescrit
dans ses Constitutions (cap. 2,')) la manière dont les|)rê-
ires doivent porter b; \ iaiiipie aux mourants, en ces ter-
mes : Oitiind il faudra porter l'Eucharistie aux malades,
que le prêtre ait une boîte propre el honnête, dans la-
quelle il y ait un linge très-blanc, el qnil porte ainsi le
corps du St'iqnt'ur au malade, mettant dessus (la boite)
un linge blanc ; qu'il soit précédé d'une lanterne, à moins
que le malade ne suit dans un endroit trop éloigné , et
d'une croix, si cela se y"ut, et qu'on ne Cuit point porté
à un autre malade. Qu'il soit outre cela précédé d'une
clochette, dont le son excite la dévotion des fidèles. Qu'il
porte /'Orarinin ou l'élole avec lui, quand il va vers le
malade avec l'Eucharistie, et que le malade, s'il n'est
point éloigné, approche décemment de lui, revêtu d'un
surplis. Le même prélat ajoute que le prêtre doit avoir
un vase d'argent ou d'étain affecté pour cela, qu'il
doit toujours porter à celte occasion, alni de pouvoir
donner au malade , après le viatique, l'eau ou le vin
mêlé d'eau dans le(iuel il s'est lavé les doigts.
CHAPITRE VI.
Des temps affectés et la Communion des fidèles. Variété
de discipline mr ce point
On ne peut douter que dans les premiers siècles la
communion ne fût très -fréquentée. Les fidèles n'ayriiit
tous qu'un cour cl (pi'une àiiie, persévéraient dans la
communion delà fraction du pain, comme dil S. Lue
dans les Actes ; el suivant S. Jiisiin (Apol. 2) el les
(]onstilulions apostoliques (I. 8, c. 20), il est constant
(juc le prêtre, ayant célébré les divins mystères, dis-
tribuait l'iiicliarislie à un cliacnn, soit par lui-même,
soit par les diacres. Non seulement tous ceux qui
avaient assist('; au sacriliee non sanglant partieipaiejit
à la victinn; (pii y avait élé immniolée , mais , comiï>e
vous avez vu ci-devant, ils remporlaienl encore clicz
eux l'our s'en nourrir tous les jours avant que do
prendre le^ autres aliments. C'est ce (jne nous apprend
TerluIIien ; et S. Cyprien conlirme ce que nousdisoiii
(i) Grrg. fiial. 1. 4. . ,
285
HISTOIRE DES SACREMENTS.
984
de la ferveur des premiers chrétiens, cl do celte faim
spirituelle qui les pressait de inan^-er colle cliair vi-
Vifiaiile, faim qui est la iiiarque la pli;s assurée de la
santé de l'homme iulcrieur, comme le dcgoùl et l'in-
diflérence pour elle montre évidemment (jue l'àmecst
bien malade. Nous demandons, dit ce saint do-
cteur (i), que l'on nous donne tous les jours ce pain
(de rEucharistie), de peur que nous, qui sommes en
Jésus-Chml, et qui recevons tous tes jours f Euckaris'Àe
comme une viande de salut, ne soyons séparés du carps
de Jésus-Clirisl, si par quelque grand péché nous sommes
contraints de nous en abstenir, et de ne point participer
à ce pain céleste.
Jusque là cette discipline s'était observée conslam-
nicnt par le seul instinct de la piété des premiers fi-
dèles dins le cours des trois premiers siècles ; mais
ensuite elle passa en loi, comme le montre le dixième
canon des apôtres (i), qui décerne des peines contre
les fidèles qui manquent de communier toutes les fois
qu'ils assistent aux divins mystères. Il faut, y csi-il
dit, séparer de la communion, à^fopiÇnCai yp-n , l'an-
cienne \eTsion,communione privari, nenis-le-Pelit, sc-
(jrcgari oportet, les fidèles qui, venant à l'église et y en-
tendant les divines Ecritures , ne demeurent poinl
pendant la prière et la sainte communion. coM)me
n'étant propr^is qu'à apporter du trouble. Mh ■^^a.fy.ixi-
vo^TKî^ xat T>3 K'/Cci fie-:K).r:pzi. L'ancienne version, nec
sanctam communionem percipiunt. Le concile d'Antio-
che, tenu du temps du pape Jules, renouvela ce rè-
glement dans son second chapitre. E(re( livemenl nous
voyons qu'en plusieurs endroits la coutume de com-
munier tontes les fois qu'on célébrait les saints mystè-
res, c'est-à-dire, presque tous les jours, se conserva
jusqu'au cinquième siècle. Saint Jérôme (3) le dit ex-
pressément de l'Église de Rome. Je sais qu'à Rome
(ce sont ses termes) c'est la coutume que les fidèles
reçoivent toujours, semper, le corps de Jésus-Christ,
ce que je ne blâme ni n'approuve. S. Augustin (4) té-
moigne que de son temps les coutumes sur ce point
étaient dilFérer.tes en Afrique. Ce qui fait voir que
jusqu'au cinquième siècle l'usage de la conimimion
journalière s'était conservé dans certaines églises ; je
dis dans certaines, car il est sûr d'ailleurs par S. Ba-
sile, S. Jérôme et S. Augustin , que l'on croyait en
d'autres endroits devoir en user autrement, et le pre-
mier de ces pères dit de lui-même qu'il ne commu-
niait que deux ou trois fois la semaine.
Pans la suite, le nombre des chréliens négligeants
se nmiliplianl tous les jours, le concile d'.\gde (cap.
18) de l'an 506, pour les faire sortir de ce funeste as-
>oiipissement, se crut obligé d'ordonner , sous peine
irexcommunication à tons généralement, de commu-
nier à Noël, à Pâques et à la Pentecôte. Qui non
communicaverint calhoUci non credanlur, nec inter ca-
(1) De Oral. Dominic.
ci) Ces canons sont au moins de la fin du troisième
fciècle, on du commencement du quatrième.
(3) Episi. Ad Pamniach. '-^
(4) Epist. 52. '
tliolicoi iiabeantur. Ce ddcret du concile d'Agde devint
c(uume une loi dans l'Église. Egbert , an hevcque
d'York (1) le donne sur ce pied-là ; le troisième con-
cile de Tours (can. 50) veut que l'on s'y conforme,
aussi bien que l'évêque \Ylphad (2), dans un écrit
adressé à ses curés. Graiien (3) le cite mal à propos
sons le nom du concile d'Elvire.
Ce règlement ne prouve pas que le gros des chré-
tiens portât alors la négligence jus(|u'au poinl de ne
communier que deux ou trois fois l'année; il fait voir
seulement que dès-lors il s'en trouvait un grand nom-
bre (pii témoignaient trop d'indillérence pour leur sa-
lut, et qui avaient besoin d'être en (juclque sorte con-
traints de rentrer en eux-mêmes, et de s'appliquer à
mériter par leur bonne vie de recevoir plus souvent la
sainte Eucharistie. Les bons chrétiens n'avaient pas
besoin d'être excités à communier irois fois Tan : la
plupart, depuis ce concile d'Agde, le faisaient tous les
dimanches. Théodore, archevêque de Canlorbéri, le
fait îissez entendre, lorsqu'il dit dans ses Capitules
choisis (i) : Les Grecs communient tous les diman-
ches, soit clercs, soit laïques, et celui qui ne communie
pas est excommunié : pour ce qui est des Romains, ceux
qui veulent communient également , simii.iter commu-
nicant : mais ceux qui ne le font point ne sont pas ex-
communiés. Divers capiinlaires de nos rois pres-
crivent la même chose; c'est ce que l'on voit dans le
sixième livre, num. 170. Le 182" du 5" livre ordonne
de plus aux fidèles de communier les jours de bonnes
fêtes, outre les dimanches, à moins qu'on n'ait dé-
fense de le faire.
Du temps de Charlemagne et de Louis-lc-Déhon-
naire, on tenta même de rappeler rancieiine disci-
pline sur ce point comme sur bien d'autres, comme
on le voit dans les auteurs et les règlements de ce
temps-là. .Mais il y a beaucoup d'apparence que peu
de gens s'y conl'ormèrcnt. Cependant il arriva ce que
l'on voit ordinairement, que pendant que les uns se.
souciaient peu de ces beaux règlements, les gens de
bien et de piété s'y conformèrent, et crurent qu'il
était tiUement de leur devoir de communier toutes les
fois qu'ils assistaient an saint sacrifice, qu'ils voulaient
n)ême recevoir la comnumion plusieurs fois par jour,
s'ils assistaient à plusieurs messes. Walafrid Stra-
bon (cap. 22) nous apprend celle particularité. Il en
est, dit- il, qui croient qu'il suffit de communier une
seule fois par jour quoiqu'ils assistent à plusieurs
messes. D'autres au contraire croient qu'il esl de leur
devoir de communier à chaque messe. A quoi cet au-
teur ajoute que son sentiment est qu'on ne doit blâ-
mer ni les uns ni les autres, quorum neutros culpun-
dos existimo.
Ces bons chrétiens pensaient bien différemment de
ces prêtres dont parle le douzième concile de To-
(1) In Excerplis, cap. 58.
(2) Anal'cl. Mabill , t. 4.
(ô) De Coiist., dist, 2,cap. Omnis homo, 21, (Régi-
non, c. lOG, dit la même chose.)
(4) Cap. 12 Spicil., t. 9. ^ '
585
EUCIIAUISTIE. — CIIAP. M. TKMPS AFFECTES A LA COMMUNION.
zm
lède (can. 5) (le r;m GSl, dont il dit: Nous avons |
appris que cerlains prélrcs ne coiunninluicul pas lou-
les les luis qu'ils offroiil le saint saciifice ; mais qui, si
dans un niènic jour i!s s'acquillenl de celle l'onction
plusieurs fois, ne reçoivent la coiniiuuiiou que la
dernière.... Quiconque donc agira de la sorte ci-après,
qu'il saclie qu'il sera suspens resp;\ce d'un an de la
coniHuniionqu'iia néglijjéde prendre si indécenjnient.
Cet ahus a aussi rogné en France, comme le montrent
les plainicsde Fulbert de Ciiartres contre les prêtres
qui, par un remors de conscience, remordenle con-
scieniià, ne communiaient pas toutes les fois qu'ils cé-
léhraienl la m(>s.Sl^
Nous entrerions dans un dcl:iil ennuyeux si nous
voulions rapi orter les variétés iiifiiiies de la disci-
pline des dillërenlos églises , loncliant les jours aux-
quels on prescrivait ou on recommandait la Commu-
nion aux fidèk'S. Dans les \mes, outre les tiois prin-
cipales fèlts dont nous avons parlé , on commimiait
encore ù celle de la Transfiguration, à laquelle on di-
sait trois messes : cela se pratiquait en Espagne.
Dans d'autres , on recommandait de communier le
jeudi, le vendredi et le samedi saints : ceux-ci vou-
laient surtout qu'on communiât les dimuicles de ca-
rême; ceux-là, tous les jours de la semaine de Pâ-
ques. En un mot , il y ava t sur ce point beaucoup de
diversité (1), et cela ne pouvait être autrement dans
une matière de ce gcire.
Ce qtii se fait encore à présent à Verdun le jour du
vendrtdi-saint est un reste de cette ancienne prati-
que ; car ce jour-là , après qu'on a célébré la messe à
l'ordinaire , on verse du vin dans le calice , que les
chanoines et les autres ecclésiastiques viennent rece-
voir, à genoux à côié de l'autel, de la main du célé-
brant; après quoi les aumôniers, les chapelains , et
autres officiers de l'église cathédrale, versent aussi du
vin dans deux ou trois auires (alices, et vont le pré-
senter au peuple, qui se met pour k; receviùr dans h's
chapelles des coll;itéraux , où chacun boit un peu de
oc vin. Celte pratique peut être encore considérée
comme un reste de l'ancienne discipline, de recevoir
l'Eucharistie sous l'espèce du vin ; et ce que prescri-
vent les statuts synodaux du diocèse revient au même,
car 0!i y lit ce qui suit ( fol. reclo 45) : « Les prêtres i|
avertir nt le peuple de ne point venir iumulti;aire- Ij
ment à la Conununion le jour de Pâques , mais avec
hum lité, crainte et dévotion; et , après qu'ils auront
communié le peuple , il est de la décence de donner à
un ciiacun du vin à boire, si on peut en avoir commo-
dément. >
Xonob.tai.t tous ces règlements, la piété se refroi-
Jissait de jour en jour, et l'Eglise , pour arrêter le
rorrs du relâchement , fut er.fin obligée de se réddire
à faire ce fameux règlement du concile de Latran (2),
qui oblige tous les cbrètii>ns à commimier au moins
une fois l'an ; voici ce qu'il porte : i Que les fidèles
(!) Theodulpli. in cap. n. i[ ; Nicol. 1, ad c««
Bnlg. ; Amal. in frag. S|Mcil., t. C.
(i) De l'œnil. et iiemiss.
de tout sexe, quarrd ils seront parvenus à l'âge de
discrétion , confessenl fidèlemeni 1 ours péchés à leurs
propres prêtres, et qu'ils s'appliquent à accomplir la
pénitence qui leiu- sera enjointe, recevant au moins à
Pâques, ad minus in Pasclut, le sacrement d'Eucha-
ristie ; à moins que , jvar le conseil de leurs propres
prêtres, Ils ne croient devoir s'en abstenir pendant un
temps pour quelque cause raisonnable; quo celui qui
y manquera soit interdit de l'entrée de l'Eglise de
son vivant, et qu'à la mort il soit privé de la sépulture
cliréticnne. >
Ce décret du concile de Latran a été inséré dans le
corps du Droit canonique, et les docteurs en cette fa-
culté (I) l'ont expliqué dans leurs ouvrages. Je rap-
porterai iei (luelques-unes de leurs explications : ils
remarquent, 1° qu'eu égard au seul précepte positiC
, de l'Eglise, on y satisfait en communiant une fois au
moins, scinet ad minus, à Pâques , ou an temps pascal,
qui comprend la semaine-sainte et l'octave de Pâques,
le Pape Eugène lY l'ayant ainsi déclaré dans sa bulle
Fide digna; T que celte Communion pascale doit se
: faire dans la paroisic dont on est , comme tous les ri-
tuels et les décrets des synodes le prescrivent unani-
mement, aussi bien que S. Charles dans son second
Concile provincial ; en sorte que le propre pasteur
doit donner la Communion pascale aux malades» quoi-
qu'ils l'aient reçue hors ce temps, à moins quo le
curé ne juge à propos de proroger le temps parce qu'il
prévoit que le malade sera bientôt en état de veoir
lui-même la recevoir a l'église ; ils enseignent 3° que
l'Eglise oblige les fidèles à la Communion annuelle de
manière cependant qu'elle n'y contraint pas, si quel-
qu'un, par le conseil de celui à qui il rend compte de
l'état de sa conscience, juge à propos de s'en abste-
nir pour un temps , pour des causes raisonnables :
iVîsJ forte de cottsilio proprii sacerdolis ob aliqtiam rU'
tionabileni causam ad tempus duxerit abslinendum ;
car, disent-ils, si le pasteur, ou quelque autre méde-
cin des à'îies, juge que cet aliment sacré ne convient
pas à un malade, et qu'il doive plutôt lui donner la mort
que la vie. Dieu nous garde que l'Eglise contraigneses
enfants, en pareil cas, à recevoir la Comnnmion ! elle
aime mieux qu'en s'en abstenant plus longtemiis, ils se
disposent à en approcher dignement, que de ce qu'ils
mangent et boivent leur propre condamnation en la
I recevant avec précipitation. L'Eglise ne veut donc pas
\ <pie ses enfants dillèrent, par indifférence ou par mé-
pris, la Communion au delà de l'année; mais si , par
les conseils d'un directeur prudent , ils s'en abstien-
nent pour s'y mieux préparer et la recevoir ensuite
avec plus de fruit, non seulement elle ne blâme pas '
cette conduite, mais elle l'approuve. Ce que nous di-[
sons est conforme à ce qu'on lit dans les Statuts sy- 1
nodaux de Verdun (fol. verso 44), qui ordonnent aux
curés d'exhorter leurs paroissiens de recevoir au
nmins une fois rEucharislie, à la fêle de Pâques, après
s'être confessés et avoir accompli la pénitence qui
(1) Van Espen , t. 2, part. 2, lit. 1, 1, 2.
28t
HISTOIRE DES SACREMENTS.
288
leur est enjointe, à moins qnc, par leur conseil , ils ne i
iug.'nt h propos de seii :il.sleiiir pour quelque cause
raisonnable, et cela pour un temps seiiloMienl. A' /si
de eorum consitio ob utiquani causam ratiounlein duxc-
rint à tait perccptione abuluieudinn ad leinpus ; antre-
liient , est-il dit , ceux qui négligeront ce devoir n'en-
treront point dans l'église, et seront privés à la mort
de la sépulture ecdésiasiiipie.
Enfin, les canonisles prétendent que l'exconinumi
cation dont sont menacés ceux (jui ne s'accpiitient jas
du devoir de la Conununion pascale n'est pas du nom-
bre de celles cpie l'on nomnuî hilœ sniteiilia', mais de
celles qu'ils ap\)c\\cul ferendœ sutentiœ , ce qu'ils in-
fèrent de la teneur des termes dans le quels le décrc»
est conçu : d'où vient que les synodes parliculiers,
entre autres celui de Maliies, ordonnent (\\\c le cur(
dénoncera à l'évêque ceux ([ui n'auroiil pas f.iii leurs;
Pâques, sans excuse légitime, pour subir la scntonre
et la peine qui est décernée contre e:ix par h concile
deLalran. Ainsi, il n'appirtient p.is aux curés d'exé
cutcr de leur pr()|)re autorité ce qui est ordonné par
le concile, mais ils doivent porter leur plainte à \'é\è
que, et l'aire ensuite ce tpie celui-ci aui a ordonné avec
connaissance de cause : ce qui est d'auiani plus à
propos, qu'ordinairement l'omission de laComuumion
pascale n'est point de notoriété publ que, et encore
moins les causes qui ont pu l'enqiècber, et il n'y a
point de scandr.ie à craindre dans une cliose de cette
nature. En tout cas, il est moins sc:uula!eux de don
ner la sépidlure à celui qui n'a pus reçu la Conimu
nion à l'àqu.s, que d'admettre à la pirticipatiou dt
ce pain sacré un criminel notoire avant qu'il ait pu
bliquement sati-.rait.
Quoique le concile de Lalran ait réglé ce qui re-
garde lesdevoirs indispensables des clirétienstducliai.l
la Communion , il s'est tenu néanmoins depuis des
conciles qui ont cru être en droit d'imposer aux cbré-
liens négligents des lois plus sévères , entre autres
celui de Toulouse de l'année lii'iS, cbap. 13, et celui
d'Albi de l'aimée l'25''2,cliap. 29, riui ordonnent (pi'in
se confessera et ipi'on communiera trois l'ois Tannée,
aux trois principales fêtes. C'est une cliose bien bou-
leuse pour les callioli(pies de faire paraître si peu
d'ardeur pour cette viande sacrée, tandis que, sui-
vant le témoignage de Josopii-l'liidien , les pauvres
cbréliens de Cranzanor reçoivent, ou plutôt rece-
vaient trois fois l'Eucbarisiie par an. Allatius (1) té-
moigne aussi que les Grecs sont r<trt négligents eu ce
point, puisque, selon lui, à l'exceiitiou de peu dejonrs
auxquels ils commimient, suivant la coultnne de leur
Eglise, et surtout du temps pascal , il ne se lait parmi
eux presque aucune ccmnuuniou , et même plusieurs,
en ce temps, s'imaginent avoir satisfait h leur devon-
en prenant de l'eau bénite
(1) Lib. ô de Consens, Ercl. Oeoid. et Orient., c
IS. 'Vid. vol. 18 Tlieol. Curs. compl.)
CHAPITRE VII.
Que du temps des Apôtres on ne recevait l'Evrliaristié
quaprès un repas nommé Agape. De l'ordre qui
s'observait dans ce repas. En quel temps on a fait une
règle de communier à jeun. De quelquea antres dispo-
sitions pour communier. Sévérité avec laquelle on pu-
nissait dans l'église et on punit encore à présent chez
les Orimtaux les irrévérences qui se conimettenl contre
le sacrement d'Eucharistie.
Personne n'ignore que Notre-Seigneur n'institua
le sacrement de son corps et de sou sang qu'après la
Cène légale, et qu'il ne le présenta aux Apôtres qu'a-
près avoir mangé l'agneau pascal : il était juste que
la ligure précédât la réalité. Les premiers cluéliens
suivirent cet exemple. Ils recevaient l'Eucbaristie
ajjrès avoir fait tm repas ordinaire qu'on appelait
Agupe, nom qu'on lui donnait, connue remarque Ter-
luliien ( l ), parce que c'était nu repas de cliarité aiupiel
contribuaient principalement les ricbcs et auquel les
pauvres étaient invites.
Tout se |)assait dans ce repas avec beaucoup de
modestie; la table était frugale, et on n'y souffrait
rien qui ne tendit à l'édiliciUiMi. En un mot c'était un
repas de religion auquel présidait l'évêque, ou quel-
ques uns des prêtres par son ordre, comme nous l'ap-
preîious d) S. Ignace, (pii le dit en proj res termes
danssa!eltreàceuxdcSu)yrne{n.8): lin est point permis
de baptiser sans l'évêque, ni d'offrir, ni d'immoler l'hos-
tie, ni de c'iébrer le repas ; ours Saxô-f èixirùtX'. C'est
aiiisi que ce s;iinl Maityr nonune ce repas ùoyr,:>, fai-
sant sans douti; allusi-Du à ce<iuedit le Sauveur (2):
Quand vous ferez un repus, ccyr,j , appelez les pau-
v:es, les estropiés et les boiteux, etc. El l'allusion est
fort juste, puisque c'était proprement un repas de
cliarité dont la dépense se faisait principalement en
faveur d<.'S | aiivres et d(^ tous ceux (pii étaient dans le
besoin. Cependant dès-lors ces festins portaient le nom
d'ngape, comme le montre le reproclie que fait l'apô-
t'C saint Judeaux corrupteurs de la foi et des mœurs
i|ui s'étaient élevés de son temps d;>ns l'Eglise. Ces
persouues, dit-il, sont la boule et le dé-^bonneur de
vos festins de cliarité, «^ raï,- à'/àrruiî ô//&j; 'jTii'/.ôi;, lors-
qu'ils y mangent avec vous sans aucune retenue; ils
ii'onl soin que de se nourrir eux-mêmes. Ou appe-
lait donc ces festins iudidércmmcnl ouà-zàT/; ou àoy-r,,
comme l'a remar<iué l'empereur Julien à la fin d'un
fragment (pii nous a été conservé; et le premier de
ces noms leur a principalement demeuré dans la suite,
tant c!iez les Grecs (pie cliez les Latins, à cause de
la (iu (|ue l'on s'y prop!)sail, et poiu" laquelle ils ont
éié institués; connue cliez les Lacédémonieus on
nonnnait leurs repas counnuns yiSiT'c, pour, ipO-inx,
selon la remanpiede Porpbyre(3), parce (pieLycurgue
LMulégislaieiU' les avait établis pour entretenir parmi
eux l'au.itié et l'union. Nous voudrions , comme a
1) Apol., c. r.9.
;2) Luc. L4, 13.
(31 4 de Absliu.
589 EUCHARISTIE. ClIAP
faitBnronins(l). pouvoir apporter pour moilèlc deci-s '
l/'Sliiis de cliari.c ce (pic l'Iiiloii racoule de ceux des
Tliérapciilcs; mais ceux de celle >ecle p irlaieiil des
caractères trop marqués de Jiid lïsiiie jioiir i\\)v. nous ks
mettions a» iinnibre des cluéliens ; et un sivanl ma-
gistral (i) a fait voir dans des écrits pul)iics doni j'ai
Iules CMraits dans le Journal des savants, (pie c'élail
mal à propos que S. Jérôme et qneltpies aulres lant
anciens que modernes avaient cru que Pliiion, sous le
nom des Thérapeulos avait peint les mœurs et la dis-
cipline des premiers chrétiens d'Kgypte convertis
par S. Marc. Mais au défaut de IMiilou nous trouverons
de quoi nous dédommager dans Tortnllien, (pii nous
décrit l'ordre et la sainte discipline (pii régnait dans
ces repas. Ce fut la nécessité de repousseï les calom-
,iiics des idolâtres qui ne ressaient d'accuser les clné-
licnsde désordres abominables dans leurs ;issemblées,
qui engagea cet auteur (3) à exposer ce qui se passait
dans ces occasions. Notre Cène, dit-il, fait coniiailre
ce (pfelle est par le nom qu'elle porte : on l'appelle
àyà-/i, ce qui, chez les Grecs, signifie (uuUié : quel-
que dépense qu'on y f.sse; c'est un gain que de la l'aire
pour la piété : puisque nous soulageons par là les pau-
vres, non connue vous qui entretenez une foule de
parasites qui vous font leur cour pour faire bonne
chère, mais parce que nous savons tpie Dieu consi-
dère princi|>alemcnl ceux qui sont dans le besoin.
Si la cause de ce festin est lionncte, jugez par là de
la discipline qui s'y observe, jugez-en par le devoir
de la religion. On n'y soullVe ni bassesse ni immo-
destie. On ne se met point à table que l'on n'ail l'ait
au|»ara\ant la prière à Dieu. On y mange autant qu'il
fani pour apaiser la faim. On y boit autant qu'il con-
vient à des personnes qui aiment la chasteté. On s'y
rassasie de (elle sorle cpie l'iui se souvient qu'il faut
adorer Dieu pendant la miit. On s'y entretient île dis*
cours dont on sait rpie Dieu est le témoin... on y invite
chacun à chanter à la louange de Dieu (|uelipie cantique
lire de l'Écriture sainte ou que S(mi esiril lui fournit.
Vt quisque de Scripluris sanctis vcl de propriu iiigt'iiio
polcsl, pyovucatHV in mcdiian Deo cancre. De là il est
facile de voir comment, il a bu. L'oraison .termine le
festin, on se relire, non p'jur connneltre des meurtres,
non pour courir çà et là, ou s'abandonner à la dé-
bauche, mais pour s'étudier à vivre dans la modes-
lie et avec pudeur, en sorte qu'il semble que l'on soit
venu plutôt pour apprendre à bien vivre que pour se
rassasier.
Telles étaient les agapes ou festins de charilé dans
lesquels on distribuait l'Eucharistie aux (idèles. Les
Corinihiens s'étant écartés de celle sage discipline,
l'Aixîlre S. Paul (4) .es en repril, cl leur cns' igna de
quelle manière ils devaienl se comporler dans me
action si im|V)rlantc. J'apprends prcniièicmeni . leur
dit- il, que lorsque vous vous assemblez dans l'éylise, il
(I) In ann. Christi o7.
i'i) .M. le président Bouyhcr.
5) Apol. c. 51).
i) 1 Cor. IL V. i8,else<i.
VU. DES ACAPE«5. 290
y a diS parlintilés parmi vous : et je le crois en partie ;
car il (nul (pCil ij ait minnedes hérésies... Je vous déclare
donc quelorsipic vous vous assemble:, comme vous (ailes,
ce n'est plus maïujer la Cène du Seigneur, car chacun y
manije le souper qu'il ij apporte sans attendre les aulres :
et ainsi les uns n'ont rien à manger, pcndartt que les
an resfonl bonne chère. N'avcz-vous pas losmaisons pour
y boire et pour y nmnger! Ou mépriscz-wus l'Église de
Dieu ? El voulez- vous faire honte à ceux qui sont pauvres ?
Que vous dirai- je swr cela? \ous louerai-je? non certes,
je ne vous eu loue point. Après, r.\pôtre représente aux
Corinthiens la manière dont le Seigneur a institué le
sacrement d'Eucharistie; cl enpiend occasion de leur
dire de s'éprouver eux-mêmes avant que d'y participer,
de peur qu'en le faisant indignement ils ne mangent
et boivent leur propre cond.unnation.
Tels sont les reproches (pie l'Apôlre l'ail aux Corin-
thiens sur le peu d'ordre qui régiiait dans leurs festins
de charilé (I) ; par oi!i nous apprenons que le repas
l'.récédait la Coninmnion, ainsi que le reconnaissent
li'S plus habiles interprètes et qu'il le faut entendre, à
moins (pi'iiu ne veuille faire violence au texte. 11 est
donc constant que du temps de S. Paul on recevait
rEiicharislie après le repas ordinaire, cl que cet apô-
tre n'y trouvait point à redire* mais il est assez incer-
tain (juand on a clian;:é celle voulume et quelque re-
cherche qui j';iiepn faire, je n'ai pu trouver au juste
quand on a l'ail une règle de ne la recevoir qu'à jeun.
Je sais que S. Augusiin, dans sa lettre 54* à Janvier,
fait remonter cet usage jusqu'au temps des Apôtres ;
mais comme les Père- en matière de faits historiques
n'ont pas plus d'autorité que les autres auteurs, il au-
rait été à souhaiter qu'il en eût apporté quelques preu-
ves, ctr il n'est pis aisé de <Q persuader que les pre-
miers chrétiens comuiuniassent toiijoirsà jeun. 11 était
mèiiic ires-dilTicile ipi'iîs pussent le f.iiredansun temps
où on ne .■>'asseniblail iiu' en caci.ette ou à la dérobée,
dans un temps où il u'y avait point d'heures fi.xes pour
célébrer les saints mys:ères, mais où on s'assemblait
comme on pouvait, et quand l occasion se présentait
do le faire avccnioii.s de | érilelordinaircmcnt lanuit,
comme nous le voyons dans les reproches que les
pa'iens faisaient aux cbrélieiis (2) qu'ils Irailaie.il pour
ce sujet de nation Incifnge, na:io latebtosa et lucifuga.
Tertullien parle (3) aussi d'assemblées nocturnes,
noclurnœ convocaliones. Est il croyable que hu'squ'on
s'assemblait ainsi à l'entrée de la nuit ei souvent ino-
pinément pour célé'irer les saints mystères, ou dans
une maison pailicnlièrcMiu dans un souterrain, tous les
lidèles fussent il jeun, on ipie l'iui refusât la partici-
pation des saillis mystères à ceux qui n'y étaient pas?
Je crois «pie lor.sipie leschiéti lis étaient les maî-
tres de leur temps ils s'abstenaient de toute aulre
viande av;inl l'Eiichaiislie : Tertullien le fait entendre
dans un passage que noua avons allégué ci-devanl (i) ;
(T) Yid. Eslinm in Panlnm, inhunclocum, \
{•!) Apiid .Miiiul. Feli( eiii.
{'^) Ad lxor.,1. :2, ci. '
l-i) Chip. 5, an. 1, - iT... j
^{ HISTOIRE DES SACREMENTS.
Tnajsjoneptiismcpersuaderqirn y eùtunen'-glclixcla- ;
dessus, il i>aiail par les emiroils de S. Ignace cl de j
Tcriiillien, que nous venons de citer, que ces aga|»cs
élaicntdes :issemi*lées de religion, où présidaient les
évèiitres et les prêtres qni y faisaient les tonclioiis de
leur ordre, c'csl-à-dire, qui y sacrifiaient l'iioslie sans
taclie à laquelle tous participaient. Os cantiques
dont parle le dernier de ces Pères, semblent avoir fait
partie de l'oflke de la liturgie, et reviennmi à ce que
S. Paul écrivait aux Corintliiens (!) touchant Tordre
qu'ils devaient observer dans ces sortes d'assemblées.
Quoi qu'il eu soit des conjectures que nous hasar-
dons ici, il est indubitable que, soit (pie la défense de
communier après le repas ait été laite du temps des
Apôtres, soit qu'elle n'ait été faite que depuis, l'usage
de communier en cette manière seconserva long-temps
après en diverses églises, et enir'aatres dans celle
d'Afrique, dont les évèques voulant le retrancher dons
le concile de Carthage de l'an 597, crurent devoir 1.;
laisser subsister pour le jour du Jeudi-Saint, soit par ,
condescendance, soit en mémoire de la Cène Eucharis-
tique, qui avait suivi le repas ordinaire, ^^ous avons
ordonné, diseut-iU dans le canon 29% que les sacre-
ments de rantel ne seraient célébrés quà jeun, excepté le
jour anniversaire de la Cène du Seigneur. Que s'i/ faut
faire la recommandation de quelque défunt après le dî-
ner, qu'on ta fasse par les seules prières, si ceux qui la
foui, ont pris leur repas. Depuis ce temps, et même
dès auparavant, on n'a communié qu'à jeun, pour le
respect dû au sacrement, excepté ce jour, et le casde
maladie. Mais les repas de chanté n'ont pas laissé d'a-
voir lieu en plusieurs endroits, et comme il s'y mêla
ivers abus, on eut bien delà peine dans la suite à les
relranc'ier. On sait combien S. Augustin et S. Aurcle
de Cartilage y travaillèrent. Cependant le principal i
bulquonse proposa d'abord, fut de faire en sorte que
ces repas ne se lissent point dans les églises.
Le cardinal Baronius traite fort bien celle matière ^
dans le premier tome de ses Annales sur l'an 57 de Jésus-
Christ : on y voit que ces festins se faisaient surtout
aux fêles des martyrs et aux anniversaires des morts,
el même aux dédicaces des églises. On connaît assez
ce qm se faisait aux tombeaux des martyrs sur ce su-
jet, l'histoire ecclésiastique est pleine de ces sortes de
faits el des plaintes qu'on en af;iils, depuis (jne les abus
qui s'v commettaient avaient fait prendre la résolu-
tion aux prélats de l'Église de les retrancher. S. Pau-
lin, dans une lettre à Arcthius, gendre de sainte
Paule, loue beaucoup la cliarilé qu'il fit paraître en
donnant un repas à loiis les pauvres de Rome dans
les galeries et autour de l'église de Saint-Pierre, à
Toccasion des funérailles de sa femme Ruiine. Et
S. Grégoire (2) parie du festin qu'il voulait qu'on
donnât au peuple pour la dédicace d-une église de la
Sainte-Vierge dans une lettre au sous-diacpe Pierre (5),
452
(i) 1 Cor., c. l-i,v. -26.
(2) Regisl. 1. 1, ép. 1-i.
(5) Ce sous-diacre était chargé de radministralion
4'une partiedes domaines de l'Eglise Romaine.
à qui il ordiinna de fournir à cette dépense, loi pro-
menant de la déduire sur ses comptes. Il permit
même aux Anglais, afin de les ail rer au christianis-
me, de faire ces repas dans les é-'lises.
Si les premiers chrétiens ne recevaient poit:t l'Ea-
cbarislie à jeun, ils faisaient d'ailleurs tout ce qù dé-
pendait deux pour se rendre dignes de parlieiper à la
nourriture céleste du corps de Jésus-Christ, et on peut
dire en un mot que toute leur vie était ime préparation
continuelle à celle importante action. Tous les vrais
chrétiens dans tous les temps ont fait la même chose; et
les chrétiens orientaux encore aujritird'hui, non seule-
ment ne reçoivait la conmiunion qu'à jeun , mais,
comme le prouve M. Renaudot (1), ils exigent des
personnes marié<îs qu'elles gardent la continence la
veille du jour de la communion , suivant l'esprit de
l'ancienne Église el le conse 1 de l'Apôtre. L'évêque
Sévère, l'un de ceux dont les jacobites respectent le
plus les décisions, prescrit formellement la même
chose. Si (iuelqu''un, dit-il dans son traité du Jeûne,
veut recevoir la sainte communion un certain jour,
il doit s*ab:4enir dû tout commerce avec sa femme
depuis le soir du jour précédent , comme par exem-
ple, s'il veut comumnier la troisième férié, qu'il s'ab-
stienne de sa femme dés le soir du second jour de la
semaine qui est le commencement du troisième. Celte
discipline est ancienne. S. Isidore en parle tomme
d'une chose qui était généralement pratiquée de son
temps, et dont il n'était pas permis de se dispenser.
C'est dans le premier livre des Oflices divins, chapitre
18, qu'il s'explitjiie là-dessus, en disant, que par toute
l'Eglise on reçoit rEiicliarislie à jeun, et que les gens
mariés doivent garder la continence quelques jours
avant de commuiiier ivide Fleuri, t. 7).
LcsOrioiiiaux excluent aussi de la commu:^ion ecrrx
à qui il est arrivé quelque accident la nuit, et cela par
respect pour le sacr«;ment, comme il est porté dans le
monocanon des Syriens. Cependant , Michel de Méli-
cha , un de leurs docteurs, permet à un prêlrc à qui
cela est arrivé, de célébrer la niessc, s'il ne s'en trouve
point d'autres en état de suppléer, à condition qu'il se
lavera le corps, et qu'il se prosternera cent cinquante
f lis, s'il n'a point de femme, «u trois cents fois s'il
en a une. On trouve dans l'Eucologe des Grecs un of-
fice destiné à l'expiation de ces sortes do souillures.
Ils excluent de même de la communion les femmes
qui sont dans leurs règles et celles qui relêve:it
récemment de leurs coi'.ches. On lit sur cela les
décisions de Sévère d'Anlioche el de Jacques d'Édcsse
daiis le monocanon des Syrien^. Ils portent si loin l'al-
tenlion qu'ils ont à se préparer à recevoir ilitmement
l'anguslc sacrement de nos autels, que Gabi ici, fils de
Tarich, dans ses constitutions, défend au prêtre qui
doit célébrer le lendemain , de boire aucimc lii|ueur
qui puisse enivrer depuis le soir de la veille de la li-
lui^ie. Théodore Balsamon, fameux canoniste grec,
ne veut pas même que le jour de la communion on
j (1) Litiirg. orient., dissert, io lit. Copt. S. Basil.
305
EUCIIArxlSTlE. — ClIAP. VU. DKS AGAPES.
291
prenne le bain on qnc l'on s'abandonne nnx ilcii- if tennis luosquo lonl rciin'il contient liVdossus. parce
ces; mais on doil ce jiun--l:'>. dit-il, rendre gr;\ccs à
Dieu pnnr le bienfait qu'on en a reçu. C'est ain.si (jn'il
parle dans sa rO[ionso à Marc, palriarclic d'Alexan-
drie.
La liaison des nialièros demande de nous qu'a-
près avoir parlé des preiiaïalions que Ton exigeait
pour recevoir les saints mystères, nous disions qiiel-
qtio clioso des peines que l'on inllijîcail îï ceux (jui
commett;tiont contre eu\ quelques irrevérciices. Klles
étaient sinères aiurefois, et le sont encore aujmii-
d'bui cliez les Orientaux ; rien n'est plus propre à
nous persuader qu'ils pensent comme nous antres ca-
tholi(iues loucbant la présence réelle. Vous avez vu
ci-devanl ^l) avec (piel soin S. Cv cille recounuanilail
de ne laisser tomber aucune ntielle du pain consacré.
Icrtullien (-1), avant ce saint, avait parle coniornié-
ment en disant: Nous soutirons impatieunncul (pie
l'on fasse tomber à terre quelque ( hose de notre ca-
lice cl de notre pain. Cnlicisct funis nosiii uHijuiil </<-
cuti in liirmn aii.riî' piuiiiiur. Lt Origène ^ô) avait en-
core |Kule plus l'orieineiil Ki-ilessus , en déclarant
coupables, à juste titre, ceux par lu négligence des-
quels cela arrive.
Dans la suite, on ne s'est point contenté de recomman-
der de prendre tt)utes les préeauli<Mis nécessaires poiu'
éviter les irrévérences contre cet auguste sacrement,
et d'en faire voir les fùclicux inconvénients : on a im-
posé de plus des peines rigoureuses à ceux par la
faute on la négligence tlesqncls cela arrivait. Le P.
Martène (l) a donné plusieurs extraits des règlements
qui ont été laits sur ce sujet, soit dans les conciles,
soit dans les anciens livres péuitentiaux ([ui ont taxé
les peines dues à ceux qui se rendaient coupables tle
ces irrévérences, à proportion de ce (juV lies étaient
plus ou moins grainles. Le troisième concile de Bla-
gue entre autres, qui fut célébré en lan 775, après
avoir déploré l'irréligion de ceux qui se servent des
vases sacrés dans les rejias ordinaires, et avoir exa-
géré d'une ntanièro loncliaiile le sacrilège (pi'ils com-
DiolliMil en employant à de p.ireils usages les vases (pii
ont servi it célébrer les saints mystères, et siu' les-
(luels on a invoipié le Saint-Esprit, déclare (ean 3)
que les cleics coupables de cet atleiii.it serinit dépo-
sés ; griiilùs vel olJuii piiiculiiin i.usliiiibil ; et que les
laïques seront soumis à mie exeoniiminicaliou perpé-
luclle. Si de icctilmihus fitirit, perpeluà cicviniiiuiti-
ealioiie diimuetur.
Si on traitait ainsi ceux qui profanaient les vases
sacrés, ipie ne devaient point allenilre ceux qui trai-
laii'Ut indigniMuent ou avec négligence les sacrements
ménu'.s? On Ut dans un ancien penitenliel du inoiias-
liM-c dt! llobio (;>) éerit depuis plus de mille ans, les
peines auxquelles ils sont condamnés ; nous ruppor- ,
(I) Art. id.i cil. \ de cette secl. I
(:i) De cororià iiiilit., c. 3. 1
(3) lioin. 13 il) pmmI. j
(0 Tom. 1 de ant. Eccles. Hit., c. 5, a. -i. n. fl
et se(i. j
(3) Tom. i Musxi liai. |
(pie tout y est exprimé en peu de iiaroles, et que l'on
trouve :Vpeu près les mêmes di>posilion9 dans tous les
règlements de Cette nature rapportés par le P. Mar-
tène, et entre autres dans le penitentiel de Dede, dans
les jcgenieiits du pape C.rt'goire III et dans le peniien-
tiel (rilaiiigaire, évèipie de Cambrai, c. 10. Voici ce
que porte celui deUobio: t Si quelqu'mi perd le sacri-
fice par SI n(>g!igence, qu'il soit mi an en péniienee.
Si (pielqn'nn a négligé le sacriiice et ipi'il ail été con-
sumé des vers, (pi'il soit en |iéinlence au pain et à
l'eau pendant six mois. Ouand un prêtre oiïre ( le sa-
criiice) et (|ue l'Kucliaristie édiappant de ses mains
tombe à terre, s'il ne la retrouve pas, (jn'il balaie la
place, qu'il bnllela balaynre. qu'il enterre les cendres
sons Taiitel, et qu'il fasse pénitence l'espace d'une
demi année : que s'il la retrouve, qu'il fasse de même,
et (pi'il soit en pénitence durant l'espace de quarante
jours. Que si elle tombe senlemenr sur l'autel, (pi'il
fasse I énitence un jmir, que si elle t(niibe à terre,
qu'il lèche la place avec sa langue. Si c'est une table,
(pi'il la lAcle; s'il n'y en a point, qu'il mette une ta-
ble dessus pendant quarante jours, pour que le sang
de Jésns-C.lirist ne soit point Coulé aux pieds. Que s'il
tombe unegonlte de ce sang précieux sur l'autel, qu'il
la suce et (pi'il !-oit trois jours en pénitence ... Si en
portant le calice il eu lépand qucbpic cbose ;\ terre,
(ju'il soitdix joui-s eu pénitence au pain et i^i l'eau. »
C'est ainsi que l'on punissait ceux qui coinmet-
taieiil même par inadvertance quelque irrévérence.
corure cet auguste sacrement , et cela avant quo
Paschase Katberl ei1t composé ce livre fameux dont
les Protestants i léieiuleiit qtu» l'Eglise catholique a
emprimlé son dogme de la présence réelle. Le péni-
tentiel manuscrit de Hoberl chanoine de S. Victor dû
Paris n'est pas moin< sévère ; mais cela ne doit pas
paraiire surprenant î"» ces messieurs qui conviennent
«pie du temps i\c ce dernier la créance de la ptésenco
réelle était établie par toute l'Eglise.
La Ueligioii n'inspin^ pas de moindres précautions
aux Orientaux pom- éviter tout ce qui peut diminuer la
resp(H'l envers ci» divin saerenuMil. Cabriel, (ils d«^.
Taricli, iievent |unnt (jne les jeunes diacres présentent
le calice an peuple (H, de peur que par lri»p de viva-
ciié ou d'inatlenlion, ils ne répandent quelque goutte,
de vin ciuisaeré. Dans les canons qu'ilsaltribueiit aux
,\p(')lres, et dont ils respectvMil exIiVinement les déci-
sions, il est recommande de veiller, avec grand soin,
pour empêcher (pi'aiicun animal immonde ne touche
les espcTCS sacrées (ui (pi'il tombe qiiebpu' chose, par
celle raison (in'ellis sont le corps et le sang de Jt'sns-
Cltrisl : et ensuite : ne lui'prisn point le snntf de Jésus-
Christ, et ne vous rendi t point ronpohtes de ce siukj par
le'fuel vous avez élé rneheté. Dans un d<> leurs livres
(pii contient des ipieslioiis et des rt>jionsesji!ridi(jues,
il est dit (pie celui par In négligence duquel il sera
(I) Apud Uenand. diss. in Lit.Copl. S. Basik, t. I,
lit. or. p. m, el seq.
^:.
296
îrSTOlRK DES SACREMENTS.
«î)6
tombé qiiclfiiie clins- du corps et «lu sang de Notre- i
Seigneur, soiisur l'anicl. soil hors de l'aiilol, soit sur
IcslalMls sacrés, sera coiidainné à une ali' linence de
40 joins, suspendu pour aiituilde len!|)s des fonc-
tions du ministère et de la coniniuinOn, et quM lera
de plus cliatiiie nuit cim|iiaiile prosternations. Miciiel,
evêque de Meliclia, ne vent point ipie celui (pii est
sujet aux vomissenuMils comoiunie, sinon après une
cxpéiience de-iO jours de santé. Lis canonislcs Gncs
ne sont pas moins exacts, connue le monlienl les ré-
ponses de Bal>am(in, patriarclie d'Anlioclie, à Marc
d'Alexandrie. Jean-le-JL-ùneiir, dans le monocanoii et
le pénilenliLl manuscrit, déci'rne nue pénilence de
deux ans contre ceux p.irla négligence desipiels il sera
toml)é(incl|iie clii;se du plat destiné à recevoir les
bos'ies, et du calice dan. le(incl est contenu le sang
précieux; il \eul do plus qu'ils se prosternent tous les
jours deux cents l'ois pour expier celle faute. Si un
animal immonde a touclié aux espèces consacrées, la
pénileiice est de trois ans.
CHAPITRE VIII.
De divers usages de l'Kuclimistie chez les anciens. Les
éi'êiiues se V cm oyaient les mis uiixaulns en signe de
communion. On en tésuiail du sacrifice pricident
pour le suivant. A Rome le Pape l'cnvoijail à loules
les églises titulaires. On la portail dans les voijuges
pour servir de sauvegarde.
Après avoir parlé dans les cli."pitres précédcnls
de la cimimunioii tant commune ipie domestique ,
l'ordre des matières exige que nous tr.iitidns des
diversautrcs u>ages (pie l'on afailaiiircf.ii>de l'auguste
sacreimnl de noire rëdcnijilion, que no'.is en clnr-
chioiis les origines, et que nous exposions les (lia!:ge-
ments qui y sont survenus. Nous eu verroiis (pii ont
subsisté fort long-temps et jusqu'à nos jours, et d'au-
tres au contraire qui ont élé bieiilôl siii»primés, et
aux(piels on a subslilué des pratiques «pii n'avaient
point les mêmes inconvénients que les anciens usages,
dont l'expérience a fait senlir la nécessité ou de les
supprimer ou de les ciianger.
De ce nombre est lacoulimic qu'avaient les évoques
des premiers siècles de s'envoyer riLUrluuislie les
uns aux autres eu signe d'union. Nous la vo^oIis
établie dès les premiers sièi les, et ils l'eiivoyaitMit n<:n
seulement à ceux delenrvoi<inag-\ mais encnreà ceux
qui éiaienl dans des piys fort éloignés de celui où ils
faisaient leur résidence. On le voit par la lettre de
S. Iréiiée au papeViclor, qui menaçait d'excommunier
des évêques d'Asie qui i:e se conlbrmaicnt pas aux
usages de son Église dans la céiébraiion de la pfupie,
mais qui suivaient sur ce point de discipline ce qu'ils
pré endaieiit avoir appris de l'Apôlre S. ioan, |uinci-
pal fondateur des églises d'Asie, on il était mort long-
lemjis après les autres Apôtres. Saint Irénée, qui de
son côté suivait l'iis ge de Rome, mais qui n'osaitcon-
dainner jant de grands hommes qui ne le suivaient
pas, voulant inspiicr au pqu; Victor des senlinienls
plus paciliiiucs, lui représunlc cniru autres choses
qu'en se séparant ainsi ih h coTimuMon des Asiaii-
qnes, il s'éloignciait de li xcnqilede.M s pic.lécesseiirs
qui a>aicnt cinseivé la paixel l'uiiitMi avec leséglises
d'Asie, iioiiobslant celle dillérence de discipline dont
ils étaient bien i;. formés, et (pi'i's sou!iailaien' pou-
voir ramènera rnnifurinité. il ajoute ensuite (I) p;)nr
prouver l'union des cœurs et diS esprits (|iii régnait
entre eux et les évêques d'Asie, quMsIeir envo. aient
l'EiicIiaiisiie : Les prélats, vos prédécesseurs, d\li], ((pii
r.e gaidiiieiit point la coutun:e des Orieiiiaiix, tant
S'U" le jour auquel on devait céléhrr la Pà<jue que sur
le nombie des jours que l'on devait jeûner av.inl cette
lete), envoyaii'nl néanmoins aux évégues de ces églises
(;ui suivaient de;i usages différents rF.ucliansti.',\r.i\ sym-
bole d'un'.on elle plus parfait que les cliiétiens puis-
sent employer.
Je ne m'arrête pas à réfuter l'imaginalion de Rhe-
nanns, que M. de Valois a délruiie dans sa i.ote sur
ce jiassage de S. liénée Ci) : je dini seulement que
S. Jiisliu, dans le passage cpie nous avons cité de lui,
ciinlirme ce que dit ici S. Irénée, et (pi'il nomme,
comme lui, Euchrrislie, le pain consacré q le l'on en-
voyait aux absents après avoir communié ceux qui
avaient assisté à la célébration des s lints mystères :
Kai 'poyr, v.'JTT, /K/.tirKt -kj' r.y.u eùyjx.pi'^Ti.v.. Cet ClIVOi
ne pouvait g-.'.èie se faire sans de grands inconvé-
niciils, surtout dans ces temps de persécution. D'ail-
leurs, depi:is menu que la paix fut rendue à l'Église ,
ce divin sacrement p nivail être exjiosé dans un si
long trajet à de làclieux accidents et à des irrévéren-
ces, quclipies pré» autions que l'on prît pour les parer,
et c'ist pom(]U()i le concile de Laodicée, qni fui tenu
vers le comme. .cernent du qnalr.éme siècle, interdit
Ci't usage.
0.1 déféra presque partout à ce décret du 14* canon
du concile de Laodicée; et on substitua à l'usage de
s'enviyer récqir Kpienient rLiidiarislie celui d'en-
voyer, à ceux avec (|ui on éla'.t | articnl èrement uni,
d s |iains ordinaires qu'on av.il bénis et (jui expri-
ina.ent l'union des clirétiens les mis avec les autres.
Ou apjiclail ces pains Kutogies, à cause de li béné-
dielion (p;e l'on y jo gnait par la prière. S. Grégoire
de N.;ziaii7.e (5) paile des pa ns II lies manpiés d'un
signe de cioix (pi'd avail contmne de béiiir. S. Paulin
envoya ainsi un pain à S. Augustin et un autre à
S. Al.pc, évc(piede T.igaste, en lai étiivanl «lueii le
recevant en esprit de cliari é il en ferait une onlogie.
Les anciennes formules de Marc(dfe (4) non, a|i|)ren-
nent que, justpi'au moyen-âge, les évêques s'en-
voya eut mutucllemenl des lîulogicaux fêles de Noël
et de Pà jnes, «l <tn y lit les lernies dont ils avaient
coutnme de se servir, en se les envoyant ainsi les
uns aux autres, qui sont Lîs mêmes dont on se servait
po:ir les envoyer aux rois, aux reines et aux princes,
à l'exception de quelques expressions qui dosignaieut
(I) Apud Enseb., 1. o IH-t. orcl., c, 24.
l'I) Aiiuot. in KnsL'b. Ilist. ceci.
(.1) Oral. lu. t. 1.
(i) L.2,t. 42, 44 Cl 45.
297 EUCIIAKISTIE. — CHAP. Vlll. DES DIVERS v^SACEiT OE L'EUCIlARiSTiE. 298
CCS dcniiors parliculicroiiicnt. La décicUilc d'Imio- n iimnioii de l'éVèque avec ses iirincipaiix coopéraUnns,
cent I, adressée à DéceiUiiis, cvci|iic d'Engubio, nous
] fait coimaîlre ([iio les papes, eiix-mènies , sVlaient
'confoiiiKs au loiicile de Laodicée qui défend d'en-
voyer loin dii lieu <»m Ton est rEucliarisiie pour niar-
I que de coinniimioii : car ré-poudanl à ce prélat, qui lui
' avait proposf' quchpie claose là-dessus , il lui dit :
Quant au levain , de [mnciito , que nous envoyons le
jour du dimanche aux églises titulaires , pertitutos,
vous nous consultez inutilement , puisque toutes nos
églises sont dans l'enceinte de la ville, et comme les
prêtres à qui elles sont confiées ne peuvent s'assem-
bler avec nous, à cause du peuple, du gouvernement
duquel ils si>nt chargés , ils reçoivent , i)ar les acoly-
tes, le levain que nous avons fait nous-mêmes , fer-
mcntum à uobis confeclwn , afin qu'ils ne croient pas
qu'ils soient séparés de noire connuimion surtout eu
ce jour : ce que nous ne jugeons pas qu'on doive
faire à l'égard des paroisses, parce qu'il ne faut pas
porter loin les sacrements : quia ncc longe portauda
stmt sacmmenta. Nous-mêmes, nous n'en envoyons
pas dans les divers cimetières que les prêtres de ces
lieux n'aient le droit et la pi-rinission de le f;iire. Ces
paroles, t parce quil ne faut pas porter loin les sacre-
i menis, i prouvent en même temps que les papes
se conformaient au décret du concile de Laodicée, ei
que ce levain , dont parle le pape S. Innocent , était
rEucliarisiie ; car si c'eût élé simplement des eulogies,
il n'y avait ni décret de conciles ni inconvénients qui
empêchassent qu'on ne les env )yài loin, juiisque.
comme vous venez de voir , on en envoyait d'Ilalic en
Afri(pie.
Ce terme de fermento ne doit pas non plus êlre tiré
en preuve par ceux qui voudraient faire croire iju'a-
lors l'Église Homaine ne se servuit que de pain levé
dans l'Eucharistie : ce pape ne remploie que pour
faire voir , que comme le levain unit entre elles 1-s
parties de la farine avec laquell • il est mêlé; de même
Jésus-Christ est le principe de l'union .des mend)res
vivants de l'Église entre eux. Et ce terme se trouve
employé, dans l'anliquilé , non seulement pour signi-
fier l'Eucharistie , mais aussi pour désigner Jésus
Chrisi hors de l'Eucharistie. C'est dans ce sens que
les évêques de la Phénicie maritime s'en servaient
eu parlant de Jésus-Christ, lorsqu'ils louent le cou
cile de Calcédoine (1) d'avoir détruit ceux qui, par
une impiété prodigieuse, osaient dire cpie notre fer
ment (Jésus-Chrisl) n'elait point de la Vierge, mère
de bien : Eos qui prodiijiosc non ex Dei génitrice Vir-
gine esse nostrum fermentum credunt, destruxil. L'ordre
Uomain même, qui cerlainemeut n'a élé rédigé que
depuis que dans tout l'Occident on se f;iisail luie règle
(le n'employer, pour le sacrement de nos autels, que
du pain azyme, désigne né;'nmoins souvent l'Kucha-
ristiesons le nom de ferment, comme le P. .Mabillon
l'observe. Elle portait donc ce nom surlout dans celli;
occasion, parce qu'elle était le syndwdo de la corn-
(1) In Encyclio Epistolarum ad Lconem Auguslurn,
codice ap. 37, tom. 4,C(tnc. Labb,, p. 9^20.
TH. %Ti.
et par eux, avec ceux qui étaient sous leur conduite .
Vt se à noslrà communione non judi cent separalos.
Le pajte Innocent ajoute qu'il n'envoyait pas (e
divin ferment aux églises des cimetières, parce qu'il
n'élait pas permis de le porter loin , et que c -^
églises étaient hors de la \ille, les anciens n'ayant p. ■'■>
la coutume d'enterrer leurs morts dans les villes. En
même temps il ne vent pas (pie l'on praticpic la mèn:e
chose à Eugubio , parce qu'il n'y avait point, dans
une ville aussi peu considérable que celle-là , d'église
titulaire autre que celle où était le siège de l'évèque.
Le |)ontincal Romain attribue l'élablissement do
cet usage au pa|)e Melcliiade ; et néanmoins parlant
ensuite du pape Sirice, il semble l'en faiic auteur ;
mais en cela il n'y a point de conirariélé, ou plulôj
il n'y a iju'une contrariété apparente. iMelchiaùe aura
pu l'établir d'abord, et Sirice aura ensiiile renou\elé et
confirmé cet usage. C'est ainsi que le même livre pon-
tifical parlant encore du pape Sirice dit de lui, qti'il
ordonna que les hérétiques seraient reçus et réconci-
liés par l'imposition des mains. Conslituit liœreiicos sub
manûs imposilione recipi et recomiliari. L'auteur do ce
livre, en s'exprimant de la sorte , avait sans doute en
vue la décrétale de ce pape à Himéricus; mais il ne
pouvait ignorer <pie longtemps avant lui son [irédeocs-
seur, S. Etienne, n'eût fait le même réglenu-nl. Nous
apprenons par les anciennes gloses sur les décrétale*
ci'ées par le P. Mabillon (i), (jue les prêtres à qui
cette particule de l'hostie consacrée était envoyée par
révêi|ue, la mettaient dans le calice lorscpi'ils disaient
à la messe : Pax Domini sil semper vobiscum, c'est-à-
dire, dans le même temps auquel on met encore au-
jourd'hui dans le calice la petite particule de l'hoslie.
Si l'usage dont nous venons de parler était le sym-
bole de la communion des évê(ines avec les prêlrcs, et
des uns et des autres avec les fidèles, celui dont il est
l;iit mcnlion dans le iremicr ordre Romain, donné au
public par le P. Mabillon (2), était le syn.ibole de l'U"
nité du sacrement et du sacrifice tout ensemble. Voici
en quoi il consistait : quand l'évèque ou le célébrant
sortait de la sacristie, j)our se rendre à l'autel et y com-
mencer la messe, il était précédé du corps de Jésus-
Christ, que deux acolytes portaient dans une chasse
devant lui ; il allait ainsi jusqu'à l'autel, où, lorsipi'il
était arrivé, il adorait ce divin sacrement, udorubai
snncta, après quoi il commençait la confession. Les
espèces consacrées, qu'on portait ainsi devant l'évo-
(|ue allant à l'autel, avaient clé réservées du sacrifice
|)récédeul à cet elTet, afin de marquer ainsi, d'une ma-
nière sensible, que c'est la même victime qui est of-
ferle dans tous les tcn;pssnr ims autels, et (|ui se per-
pétue dans toute la suite des siècles. Vous avez vu ci-
devant (5) quelque chose de semblable dans nos églises
de Gaule, durant la première race de nos rois: avec
cette différence que l'hoslie consacrée et ré.servée cki
(I) Analecl. J.4, p. 01.
I (2) Musiei liai. t. ±.
(7)) Cbap. '2 de eeliû section, art. J, vers la liiu
10
;o9
HIS'IOIRE Di.S SACllEMEMb.
506
(irri)ior sacrifioc n'élail npporlée àraiilel, par le (lia- 'F gcs auxquels rengageaient ses missions chez les païens :
f 1 .', qu'à rufferloiic. LU»' était donc comme un levain Siii servavil pro viulico dcporlandum.
i iriluel qui conununiqu;:il sa vorui au sacrifice sui-
\;iiil, conune le levain, qui est réservé de la pâle dont
on a fait le pain, c()mniunii|ue la sienne au pain que
ion fait ciisuile. l'ne autre pratique fort ancienne, qui
s'esl conservée jus(iu'à pré^ciil dans l'Église, élail celle
(le porter le corps de Notre-Seigneur avec soi dai;s
les voyages, surtout dans les longs voyages, pour te-
nir lieu de défense et de sauvegarde contre tous les
dangers, tant du corps que de lame, auxquels on est
oxj'Osé dans ces occasions. S. Ambroise (1) nous eu
f. iirnil un exemple fort connu en la personne de Sa-
fyi 0, son fr(Me, qui se trouvant en danger de faire nau-
!r ge sur la mer, et craignant non pas la mnrten elle-
S;èiiie, mais de périr avant que d'avoir reçu le Bap-
Icuus demanda aux fidèles qui étaient avec lui dans le
vais>eau le divin sacrement, non pour en repaître sa
cnnoàité (il n'était que catéchumène), mais pour en
o!>i( nir du secours par sa foi. Ayant obtenu ce (|u'il
dtsiiandait, il se le fil lier au cou dans un mouchoir,
il! oiiirio ; c'est ainsi que les éditeurs de S. Ambroise
entendent ce terme dans cet endroit {linteum ubsier-
g ndœ facicideslinatitm), et sejela ainsi à la mer, ne ciier
( liant pas même quelque planche du navire brisé dont
il pût s'aider, parce qu'il mettait toute sa confiance
dans les armes d-î la foi.
S. Grégoire-lc-Grand rapporte un fait à peu près
semblable, dans le 5* livre de ses Dialogues. S. Biiin,
évèquc de Dorceslre, qu'llonorius envoya dans la
Grande-Bretagne pour y prêcher l'Évangile, reçut de
ce pape la palle sur laquelle il consacrait le corps de
Notre-Seigneur, et dans laquelle lui-même l'envelop-
pait et le portait toujours suspendu h son cou. Celte
pratique s'observait surtout dans les églises Britanni-
ques, d'où elle se répandit dans la plupart des pays de
la chrétienté; comme en Allemagne où S. Bonilace
l'introduisit, ayant ordonné, dans le V de ses Statuts
qui ont été publiés dans le 9* tome du Spicilège, que
les moines n'allassent jamais en voyage sans lEuclia-
ristic, et que les prêtres poitasscnl toujours avec eux,
en campagi'.e, l'huile des infirmes, le chrême et l'Eu-
charistie. Les discii>lrs de S. Colomban établirent
le même usage en France. Ils avaient coutume de con-
server dans un vase, nommé clirismul, une pariie de
l'hostie à laquelle ils donnaient le nom de sacrifice,
et de la porter avec eux dans les voyages; praliciue
que S. Coli.njban av.iit prise du monastèie deBenchor,
en Irlande, oîi il avait été élevé et où elle était en usage,
conune il paraît par la vie de S. Comgall, fondateur
de ce monastère. (Bolland. 9 maii.) Adalbcrl de Pra-
gue, comme nous l'apprenons de l'auteur de sa vie,
ayant offert le divin sacrifice, ordonna ipie l'on ramas-
sât tout ce qui restait après que lui-même et les nou-
veaux baptisés eurent communié, et, l'ayant enveloppé
dans un linge Irès-blanc, il le garda pour lui servir
ïe viatique, c'est-à-dire, pour le |)ôrler dans les voya-
{{} In 1. 4 de Excès. Salyr., n. 45
Ce saint apôtre de la Hongrie, de la Pologne et de
la Prusse où il ^•ou.Trit le martyre, vivait dans le dixième
siècle ; ce qui lait voir que Ion réservait encore coni-
mimémeiil l'Eucharistie à cet usage dans ce lenqjs-là.
Ange Bocca, sacristain du Pape, a montré dans un écrit
cpi'avant et depuis ce temps les papes avaient celle
pieuse coutume:il en rapporte pour exemple Étieimc III,
Etienne V, Grégoire VII, Urbain II, l'ascal II, Gé-
lase II, Alexandre III, qui dans leurs voyages ont porté
1 Eucharistie pendue à leur cou ou sur leur estomac.
Cet usage n'était point particulier aux souverains
Ponllf.s, puisque, selon la rcmanpie de l'auteur de la
vie de S. Thomas de Cantoibéri (1), ce saint, peu
avant que de se retirer en Flandres, allant trouver
Henri 11, roi d'Angleterre, porta secrètement sur soi
le sacré corps de iSolrc-Seigneur, afin de recevoir
une nouvelle force dans le ctiUibat qu'il avait à seule-
nir. Il est rapporté dans la vie de S. Laurent de Du
blin (2), qui vivait dans le même temps que S. Tlio-
mas, que qu ilre prêtres, portant le très auguste Sa-
crement, tombèrent entre les mains des voleurs qui
les dépouillèrent, et qui ayant porté leur audace jus-
ipià toucher, sans crainte de Dieu, ces redoniables
mystères, éprouvèrent bientôt les effets de la ven-
geance de Dieu.
Non seulement les prêtres et les évêques portaient
ainsi avec eux le corjts de Nolre-Seigneiu-, mais les
laijues crurent devoir user de la même itrécaulion
dans leurs voyages : vous l'avez vu dans ces fidèles qui
s'étaient eml;ari|iiés avec S. Salyre, et nous le voyons
encore longtemps depuis. Ile'gaud, moine de Fleuri,
écrit, da!;s la vie du roi Robei t, qu'en quelqu'endroit
qu'il voulût aller, il iaisail prépaier un cliariot pour y
porter la tente du divin ministère, laquelle étant ten-
due à terre on y déposait le corps sacré de Noire-Sel-
gneur, depoiiebaulur ibi Savcta, afin que comme la (erre
esl au Seigneur, avec tout ce (pi'ellf contient, il rendit
à Dieu SCS vœux en tout lieu. S Louis, digne •succes-
seur du trône et de la piété de ce bon roi, porta aussi
avec lui, dans son expédition d'outre-mer, l'Eucha-
ristie, avec la permission de l'évêque de Tusculum,
légat du Siège apostolique, ainsi que le rajiporte Guil-
laume de Nangis (3). 11 sendjie que depuis ce temps
le privilège de porter ou de faire porter ainsi l'Eucba-
risiie en voyage ait été réservé au pape, qui, encore
aujourd'hui, selon la remarque du cardinal Bona (4),
liirs(|u'il entre] rend un voyage hors de Kome, a cou-
tume de poiter rEuciiarislieijui le précède, étant ma-
gnili(iucment accompagnée : sur quoi on peut consulter
l'ouvrage d'Ange Roeca cl de Christophe Marcel, ar-
clievêque de Corl'ou , dans le premier livre des Céré-
monies romaines (5). On voit, dans le livre de celui-
(1) Lib. 1,0. 11.
(;2) Card. Boi.a. 1. 2, ch. 17, p. 485.
3) L. deC^esi. S. Ludov.
4) Lib. 2 Rer. liturg.. c. 17.
.■;^ Spet. 2, 4,5 «t 12.
soi
EUCHARISTIE. — CII\P. IX. SUITE DU MCME SUJET.
502
ci, que dans ces derniers temps on porlait ainsi l'Eu- I
charislie devani le pape dans une caisse que Ton
chargeait sur «n cheval hlanc, niagnirupicnieiit enliar-
naché. Kndii, quoiqu'il semble, comme il vient dèlre
dit, que cette prérogative soit affectée pré>ciilt'ment
aux siuverains Pontifes, dans nos églises d'Occiti<ni,
nous avons encore des exemples de paicils Hiits en
d'autres personnes. Le fameux Savonarole, religieux
de Ponhc de S. Dominiriuo, tenait rEuchari.tiedanssa
main (I), lorsqu'une troupe de gens séditienx, app. lés
Campagnacci, mirent le fou aux portes de léglisc de son
couvent de S Marc, à Florence, el il la prit avant que
d'être arrêté prisonnier, suivant le rapport de J. F. l'ic,
comte de la Mirandc. Les Jésuites, lorsqu'ils sortaient
de Venise, à cause du ditl'érend de la cour de Uome
avec le sénat, avaient chacun une hostie sacrée au con,
pour montrer que Jésus Christ parlait avec eux, ainsi
que nous le lisons dans l'histoire de ce différend.
Cela se fait plus conununément en Orient. Arcu-
dins (-2) dit expressément des moines Grecs, que quand
ils entrepreiment un long voyage, ils portent avec eux
le sacrement d'Eucharistie; et Gabriel Sionite (3) as-
sure que les Maronites, quand ils vont à la guerre on
qu'ils veulent faire qiielqne voyage périlleux et de
long cours, ont soin de l'emporter avec eux, sous la
seule espèce du pain, alin d'y pouvoir participer dans
les conjonctures fâcheuses où leur vie serait en péril.
CHAPITRE IX.
On continue de parler des divers usages de CEucharislie.
Elle était réservée pour être consommée par les prêtres
et même par les évêques pendant les quarante premiers
jours de leur ordination ; pour la communion des
morts , pour être enterrée avec les morts. On s''en ser-
vait pour souscrire la condamnation des hérétiques ,
pour découvrir les vols , pour la dédicace des églises.
Tous les différents usages de rEucharislie dont nous
avons à parler dans ce chapitre, ne sont p.i s égale-
ment louables, quelques-uns incme peuvent être à
juste titre appelés abusifs , puisqu'ils ont éié depuis
retranchés el interdits comn.c tels par les conciles les
plus respectables; mais la (idëlilé de l'histoire ne nous
permet pas de les passer sous silence , d'autant plus
que les abus mêmes servent à faire connaître ce qu'on
pensait touchant ce mystère ineffable. D'aiil'.nrs il ne
faut |)oint juger précipitamment dans ces matières ,
ni regarder comme abusif tout ce qui ne s'accorde pas
avec les coutumes et les maximes qui sont aujourd'hui
répandues parmi nous. Les anciens étaient au moins
aussi religieux que nous envers cet auguste sacrement;
ils étaient pénétrés de sentiments de respect pour lui;
mais ils considéraient pins le culte imérienr que les
apparences, et ils savaient qne c'est surlonl par la foi
et p:ir l'intention du coeur qu'on Ini rend les hommages
qui lui sont dus : ils éunent de plus persuadés que l'é
!1) Thiers, del'Expos. du Saint Sacrement, c. i.
-2) L. 3deSarr.,c. S9.
3) Ep. ad Bertholdura Nihurici inter Âlla'tM èviiV-
micta.
I tat d'humiliation auquel le Sauveur s'est réduit dans
ce saen nuMit d'amour, ne le déshonorait pas plus q.u;
les (q>probres (pi'il a soufferts dînant sa viiî moi tille.
On peut dire, en un mot, (|n'ils regardaient comme l.i
plus grande injure ciu'on lui pût faire celle de le n ( i •
\oir avec une conscieine souillée de criiiK s, el d; îi
une ànie liviée à ses passions. iNons av.'iis cm dcv. ;.'
faire ces remarques à l;i télé de <;e ch;ipilrc , pour pic-
vcnir le lecteur sur ce que nous avons à dire , et lui
laiie cnt(!iidre «pi'il doit suspendre son jugeuient sur
ce qu'il verra [tiali(|ué par des personnes pleines de
piété et élevées aux premiers rangs dan-, l'I glise , qui
ont fait desciioses qui paraissent fort éloignées de nos
mœurs et de notre manière de penser d'aujourd'hui.
L'n usage fort commun autrefois était de réserver
l'Eucharistie pour être consonnnée par lesévéïpiesdii-
rant les quarante jours qui suivaient celui de leur con-
sécration. On le voit dans Tordre R main (1) el dans
le livre des Ofilces divins d'Alcuin. Celui qui était con-
sacré consommait à la messe (pii se célébrait pourcela,
une partie de l'hostie f;ui lui était présenlée par le
pape, el réservait le reste pour conmnimer durant les
quarante premiers jours de sa promotion au poiilili-
cat. On faisait anciennement la même chose dans (juel-
ques provinces de France et peut-être dans tnules,
non seulement à la consécration des évêques , mais
encore à l'ordination des prêtres. Chacun de ces der-
niers réservait une des hosties consacrées de laquelle
ils se communiaient pendant ce temps , lorstpi'ils of-
fraient tous les jours le saint sacrifice- Il paraît au
moins que tel était l'usage de la province de Sens par
le témoignage de Fulbert, évéque de Chartres (2) , qui
nous apprend que les ordinants recevaient à cet ef-
fet des mains de l'évêque une grande hostie. On jicut
encore assurer la même chose de la province de
Reims, puisque cet usage se trouve prescrit dans un
ancien pontifical de l'église de Soissons, qne l'on con-
serve manuscrit, dit le P. M;irlèiie (3), dans le mo-
nastère de S;tint Corneille de Coniitiègne.
; M. de l'Aiibi'spine (4), évcipie d'Orléans, a remar-
qué un autre usage de rEncharistie <iue l'on ne peut
regarder que comme abusif. Celait de donner la com-
muni(>n aux morts (pii n'avaient pu la recevoir pen-
dant leur vie. 11 fallait que cet abns fût commun el ré-
pandu , car nous trouvons plusieurs décrets de con-
ciles , lant en Orient qu'en Occident , faits exprès pour
j le répYimer. Le prenner que nous sachions avoii- été
publié coTitre cet abns, est celui du troisième comitte,
I de Cartilage , assemblé des provinces de Nnmidie, des |
' dent MaiiHtanieS, de là pî-ovince de Tripoli el de ht|
I Consulaire , et auquel ptésidail Anréle , ce J;rand év'}-
! que de Carlhage. Le sixième canon porte défense de
donner ri'uciiaristie aux corps des défunts; car, .ajou-
tent les évêques , le Seigneur a dit : Recevez et man-
(1) Tit. Qualiter eptseopus in Rom. curiâ ordin*'
tur.
(2) Epist. 2 ad Fmat.
(3) De ant. Eccl. Rit. \. 1, t. i,t. 4, â. 2,f . 555.
(A) L. 1 Observ., obscrvaiione 9 et iO,
305
ilISTOlRE UES SACREMENTS.
304
//cï; or les cadavres ne peuvent recevoir ni manger, m S. Ciilhbcit , évêf|iie" de Lindisl'ain en Angleicn-e,
D'ailleurs il est à craindre que les faibles ne s'iuiagi-
ncnt que l'on peut aussi baptiser 1rs morts, lorsqu'ils
verront qu'on leur donne ^Eucllari^lie, cùm Enchn
risliam d'à inorluis animadvertcrit. C'est ainsi qu'on lit
ces dernières paroles dans le manuscrit d'Oxfort ,
quoique, dans quelques autres et dans l'édilion des j
couoiles, on lise : Non dari, selon la remarque du der-
nier éditeur des OEuvres de S. Léon (1). Mais, connue
dit cet auteur, l'uiie et l'autre leçon peut avoir un bon
sens. Cela est clair si on prend le texte comme nous
Tenons de le ci 1er ; et en le lisant de l'autre manière,
ncn darï , cela voudrait dire* qu'il était à craindre que
les chrétiens ignorants voyant qu'on ne donnait pas
l'Eucharistie à ceux qui étaient morts sans Baptême ,
ils ne se missent dans l'esprit qu'on n'en usait ainsi
avec eux qu'à cause qu'ils n'étaient point baptisés,
et que poiu- obvier à cela ils ne les baptisassent.
Le sixième concile de Carthage (eau. 83) confirma
le décret du troisième, acjsi bien que celui qui fut
tenu sous l'archevêque Bouiface, en 525.
Il faui croire (pie cet abus s'étendait aussi en France,
puis(iue le concile d'Auxerrc le prescrivit dans le dou-
zième canon en ces termes : 11 u'esl point permis de
donner ni l'Eucharistie ni le baiser aux morts : non ti-
cet mortuis ncqne Euclinrhlmn neqne osculum dari. Le
concile in Trullo a renouvelé la même défense eu 6iJ2
dans son vingt troisième canon , (pii est conçu pres-
iqn'en mêmes termes (pie le décret du concile de Car-
thage , ce qui lait voir que cet abus avait pénétré jus-
qu'en Orient. Il ne faut pas confondre, comme font
quelques uns, cet abus avec une pratiipie bien diffé-
rente , et que nous voyons avoir subsisté longtemps
après les conciles dont no. .j venons de parler : c'était
celle de réserver rEucliaiistie pour l'enterrer avec les
morts. S. Benoît, au rapport de S. Grégoire (2), en
usa ainsi à l'égard d'un jeune religieux; car ce saint,
ayant a|)pris ipie la terre avait rejelé par deux lois
SOI! corps , il lit mettre cet adorable sacrement sur sa
poitrine et il commanda qu'on l'euterràt en cet état,
après quoi la terre ne le rejeta plus de son sein ,
xîonime elle avait fait auparavant. L'auteur de la vie
de S. Basile , attribuée mal à propos à S. Ampbiloque,
rapporte de ce saint qu'après avoir célébré la première
fois les saints mystères , il divisa le pain eucharistique
eu trois parties , dont il réserva une pour être enterrée
après sa mort. Je ne prétends point justifier ce fait;
je sais que la vie de S. Basile, écrite sous le nom de
S. Ampbiloque, lui est faussement attribuée; mais au
moins ce qui est dit par cet auteur grec, qui est an-
cien . lait voir qut» cette coulnme avait lieu de son
temps dans le pays dans leqiiel il écrivait. Amala-
rius (3), cvêque de Trêves, allègue un passage du
vénérable Bède , dit M. Thiers (4) , par le(piel il paraît
que l'on pratiipia la même chose aux obsèques de
(1) Codex can. Eccl. Boni., adjectus operibus
S. Leoiiis, p. 49.
(2) L. 2 Dial., c. U.
3) L. 4 de Offic. Eccl., c. U.
(4) L. 1 de l'Exp. du S. Sacr., c. 2.
qui mourut l'an C87, selon la chronique de Sigebcrt •
cl il assure que telle était la coutume de l'ÉsIise Ro-
maine, et que les Anglais avaient pu rapprendre de
S. Augustin, leur premier a| (îlre.
Un autre usage de rEiicliari^tie qui doit paraître
bien singulier et inspirer une sainte horreur pour tous
les dogmes pervers qui allèrent le (lép(")t sacré de la
foi que Jésus-Clirist a enseignée à son Église , est ce-
lui de tremper dans le sang du Sauveur la plume avec
laquelle on souscrivait quelquefois la condamnation de
ceux qui se rendaient les auteurs de la mauvaise do-
ctrine ; c'est ainsi (pfeii usa le pape S. Tlu-odore à l'é-
gard de Pirrhus , patiiarclie de Conslanlinople, hnpiel
était venu à Rome et y avait abjuré le menothélisme,
el qui, en étant parti pour se rendre à Rivennes, ne
fut pas plus t()l arrivé en celte ville, (pi'il commença à
enseigner ses premières erreurs. Ce bon pape Ciit si
outré de la fourberie et de rirréligion de cet évêque,
que, comme nous l'apprenons de Paul, diacre d'.\qui-
lée , il assembla un concile dans l'église, sur le tom-
beau du prince des apôtres , el qii' ayant demandé le
calice divin , il mêla le sang '■ ivifiant dans l'encre et
souscrivit la sentence de déposition de Pirrhus. Tliéo-
pliane rapporte le même fait en propies termes d'après
les auteurs grecs qui l'avaient écrit avant lui. Coiic.
LabI)., t. 5, p. 1699.
Nicolas, dans la vie de S. Ignace, patriarche de
Conslanlinople, nous représente un exenij le sembla-
ble : c'est en parlant de Photius, dont il dit (pi'ayant
été averti par les légals de lîome , rempereiir el tout
le sénat , de demander pardon pour être reçu an moins
à la communion laïtpie, il le refusa avec orgueil , ce
(lui lui attira une juste coudamualion. Il fut frappé
d'anathême comme violateur des canons cl iisurp iteur
du sii^ge de Conslanlinople. La semence (jne le pape
Nicolas avait j ronoïKéeconlre lui bit condrinéc par le
synode, et on souscrivit sa coudamualion , dit Ni-
celas , non seulement avec l'encre, mais , ce qui doit
faire trembler, avec des plumes trempées dans le sang
du Sauveur, coinine je l'ai oui assurer à plusieurs per-
sonnes qui en étaient bien iut'orniées.
Ces faits , quelque singuliers qu'ils paraissent, ne
doivent point être l)làinés léméiairemenl. Les saints
qui en ont usé de la seule avaient sans doute leuis
raisons, cl, de plus , nous ne voyons litui en cela qui
soit contraire au respect dû à ce divin sacrement.
Mais je ne sais si on pourrait dire la mêmccli se d'un
autre usage de l'Eucliarisiie dont il est parlé dan; le
quinzième canon du concile de Wormcs , où on
trouve ce qui suit (Ij : // arrive souvent que l'on com-
met des vols dans les monaslires, et que ceux r/i/i en sont
les antciirs sotit inconnus. Ccst pourquoi nous ordon-
nons que quand les frires sivonl obtig's de se purger de
ce soupçon , l'aibé ou quelqxiun de ceux à qui il l'aura
ordonné célèbre la m use en présence de In communauté,
el qu'à la fin tous reçoivent le corps et le sang de Sotre-
(1) Vide notas Baluz in Capitul., p. 1090, t. 2 edi-
tionis in-folio.
•305 EUCHARISTIE. — CHAP. X. I-liU
Seigneur-Jésus-Cluist , afin de fmre conmilie ainsi leur i
innocence. Colle manière de tlétoiiviir les vols ne \y.\-
laîl pas roiUanoui(Hieel elle éuil siijolle à de j,'raiitls
incoiivcnieiils , doiil le principal , sans doule . élail
d'exposer celui ou comx (jui se senlaienl coupables au
danj^ci de coinniellre un liorrible sicrilége, s'ils n'a-
vaieiil pas assez de crainle de Dieu jiour rcconniàiie
leur faute en celle occasion ; ce (pii éiait d'auianl plu.>,
à crai.idre (lu'en le confe.^sanl ils s'exposaioi.l non
seulouieul a la houle d'iui Ici aveu, mais à de rudos
cliàliuieuls. Un aiilre usage de riindianslie (pji a
quel(|ue rapporl à ce que nous venons de dire, etdonl
nous Ausous nicnlion ailleurs dans tel ouvmge, élail
de faire scriminl sur lEucliarislie. Il esl ancien el a
duré forlloi.i; leuips. Un évèque de Beuevenl (1) éianl
venu eu A. glelcrre du Icmps du roi Canul, ely ayant
apporté des reliques qu'il disait être le bras de S. Bar-
lliélcmi, il Passuia en jurant sur le corps el le sang
de Jésus-Cbnst. l.l au qualorzième siècle, le roi d'An-
gleterre Edouard el le [uince do Galles, son (ils, en ju-
rant d'obs rvcr les arli( les dressés à Calais avec le roi
de France, lirent un serment conçu en ces leinies :
Kous Edouard, roid'Angleierre, promettons Cii loyauté,
et jurons sur le corps de Jésus-Christ el sur les évan-
giles qui ci sont, tenir, garder, eiilériner, et accom-
plir toutes les choses et cliacune d'icelles contenues
el écrites en ce prcsenl roie ('■2), etc.
Nous avons vu ci-desani que l'on réservait aussi
rEucliarislie pour la mess • des présancliliés : ainsi
nous n'en parK'i oiis point ici. Mais nous l rioiuerous
celte niatiiMo des divers usages de lEucharislie, par
ce (pie dit le P. Marlèiie (5), qu'aux dédicaces des
églises on prenait tr.is poi lions de l'hostie consacrée
que l'on cnfermail dans l'auiel avec de la chaux. Cet
auteur ajoute, (pie Tano-iyme qui a écrit la vie des
abbés de Marmouliers, raconte que le pape Urbain 11
en usa ainsi lorsqu'il fit la dédicace de l'église de ce
nioiiasiére.
CHAPITRE X.
Du Heu et des vaisseaux dans lesquels on réservait I'Fai-
cliaristie , luul pour la communion des malades, que
pour lu plupart des usages dont il a été parlé da)is
les deux derniers chapitres.
y\. Tliiers a traité celle matière dans son livre de
l'Exposilioir du S. -Sacrement, el dans une disserta-
lion remplie d'érudition , qu'il a faite sur les princi-
paux autels des églises : nous linîrons priiicipalenient
ce ipie nous avons à dire sur le sujet dont il sagil, de
ce drruier ouvrage qui n'a été publié qu'en IGbS,
t'esl-à-dire, neuf ou dix ans après l'aulre, cl dans le-
quel la (piestion est traitée avec plus d'cxactilude el
de précision. Tout le monde co;inail la sagacité de cet
aiiîour pour découvrir les anciens usages en ces ma-
lière^ ; ainsi nous ne pouvons suivre un meilleur guide.
non- ne prétendons pas néanmoins le suivro en tout ,
(1) Amial.liei.cd., t. 5, p. 401.
(2i Maitène, t. 1, p. 440.
(5) Tom. 1 de Uit.. 1. 1, c. 5, a. 4.
OU SK Ul'SEUVAlT I/KUCUAUlSTir.. 50(5
f (!i peut-être serons-nous obligés, ciii:li>' notre in-
clination, d» faire voir qu'il s'est mépris en quelque j
chose. i
Ou ne peut d(tuter ipie dans des choses de cette na '
luie les usages ne fussent fort dllférents, suivant les
lieux et les tenii)s. .Nous lapportcroiis ce ipie nous
trouvons de plus ancien là-dessus; après quoi nous
parlerons de ce qui reste de singulier en ce genre et
de plus approchant de ranti(|uilé, dont on voit en*
coie des traces dans ([uel([ues-une& des principales
églises.
C'est un fait constaté (lu'aulrefois dans l'Orient et
dans nos églises des Gaules , on avait couluine de ré-
server l'Eiicharislie dans une espèce de tabernacle,
fait eu forme de colombe qui élail suspendu sur l'au-
tel. Cet usage, dit le P. le Brun, qui se conserve dans
un grand nombre de cathédrales et d'autres célèbres
églises de France, ne vient pas certainement de
Borne où cela ne s'est jamais fait, mais plutôt de quel-
ques églises d'Orient. Nous lisons effectivement dans
les actes du concile de Constanlinople, de l'an 518,
que les clercs et les moines d'Anlioche se plaignirent
contre l'hérétique Sévère, leur patriarche, de ce qu'il
avait enlevé les colombes d'or el d'argent qui étaient
sur leur autels, el dans leurs baptistères. Les mêmes
plaintes sont rapportées dans le concile de Coiisian-
tinople (act. 5), sous Meimas en 336, et dans le second
concile de Nicée ( act. 5 ), où il esl dit que cet héré-
siari|uealléguait, pour justifier ses \ols el ses rapines,
qu'il ne convenail point de représenter le S.-tsprit
sous la forme de colombe. Ces colombes suspendues
dans les baptistères sur les sacrés fonts, représen-
taient ce qui s'était passé au baptême du Sauveur. Et
celles qui étaient suspendues sur les autels étaient
destinées à contenir l'Eucharistie que l'on r(isei vait
pour les malades. L'auteur de la Vie de S.Basile, sous
le nom de S Amphilo(|ue, qui doit êlre ancien , puis-
qu'Énée, evèque de Paris , qui vivait au 9* siècle, eu
fait mention (1) , rapiiorte aussi de ce saint que ,
divisant l'hoslie en trois parties, il en mit une dans la
colombe d'or qui était suspendue sur l'autel. Éiiée, qui
rapporte cet endroit même, ne devait point trouver cet
usage extraordinaire , puis(iu'il élail tout commun
dans les églises de France avant el après lui. S. Gré-
goire de Tours en parle en quelque endroit de ses
ouvrages : dans le premier livre de la Gloire des Mar-
tyrs ( cap. 72) , il rapporie ce fait : (lu'un soldat ayant
voulu abattre avec sa lance la colombe d'orcpii était
sur le tombeau , et par consé<|uenl, sur l'autel de S.
Denis évoque de Paris, il tomba par lerre, el se
perça les côtés de sa propre lance. Pcrpctmis, prédé-
cesseur de S. Gîégoiie de Totn'S, qui vivait peu après
le milieu du cinquième siècle, donna par son lesla-
meiil , qi;i esl inséré dans le Spieilége, une colombe
d'argent au prêtre .Vir.alai iiis , pour y réserver la
sainte Eiicliarislie, perislerium et culumbam argenlcam
ad repoiituriuin. Dans les anciennes C(-'Uluines du mo-
(1) Spicil. t. 7, p. 81.
S07
HlSiOmr, ITES SA(.îil.MENTS.
iiasicre de Cluni (2) , recueillies par S. Udalric , il '
esl parlé d'une colombe d'or conlinuellemeiil suspen-
due sur l'nuld, dans laquelle on réservait la sainte
Eucliariblie, dit M. Tliicrs dans sa Disserlalion sur
les autels (cap. 2i) , ou piulôl une colombe d'or de
laquelle pendait nno boîle où elle était réscr\ée : car
c'est ce (pie signifient ces paroles, au nioins suivant
mon opinion, in pixide de columbà jugiler dependetile
iuper ullaii. Le P. Mabillon vit dans la sacristie de
Bobio une ancienne colombe de métal, (pii servait
autrefois à conserver l'Eucbarislie; et cet usage,
comme nous le verrons liientôt, devait venir du nio
nastère de Lnxeu, d'où S. Coiomban passa en lt:die.
J'en ai vu une moi-mcnie dans le trésor de l'abbaye
de S. Vaast d'Arras , mais je ne me souviens pas de
(]uell(! matière elle étiit, je sais seulement qu'elle n'é-
tait ni d'or ni d'aigent, et (ju'elle co. tenait une con-
cavité capable de renfermer des bosties à peu près de
la fiirme île celles dont nous r.OJis servons aujourd'hui.
Nous apprenons des coutumes manuscrites de S. Béni-
gne de Dijon , (pie dans ce monastère, c'était aussi la
manière de léserver l'Euciiaristic. Kt encore aiij. ur-
d'bui, d:nis l'iiglise de S. Maiir des Fossés, dit le P.
Martèiic {'2) , on voit une colombe qui est suspendue
sur l'auiel , dans laquelle est enfermé le corps du
Sauveur.
Celte manière de suspendre l'Eucharistie était propre
aux églises de France, mais elle n'a jamais été prati-
quée en Italie , comme le croit le père Mabillon (3) ;
on ne la suspendait pas seulement dans des colombes,
mais encore dans des boîtes de dillerentes matières
plus ou moins précieuses. Hugues de Flavigni [A) ,
rapporte que le roi S. Henri donna au monastère de
S. Vaimedu tempsde l'abbé Richard, uneb(tîted'ony\,
poiu- y réserver le coi ps du Seigoein- suspendu sur
l'autel. Pixid-m unam de oiujciito in quà senarelur
ccrpui Doininicuin dependens super allure.
Cependiint, quoi(preii Italie, on n'ait point eu l'u-
sage de suspendre le corps de Nitre-S.igneur ni dans
des Colombes, ni dans des boîtes, il est certain,
coiimie iM)iis le verrous dan-; la suiliî de ce chapitre,
que l'on y mettait aussi pour or. cment, sur les autels,
des ';oload)es d'or ou d'argent. Mais, avant que d'eu
^ parler, il nous fai;t ercore représenter une autre uia-
nière de garder l'Eui barislie , usitée dans notre
royaume de France. Cette manière était de la mettre
en réserve dans des csp'ces de ciboires (je prends
ce terme dans la signilieaiion qu'il a à prcicnt ) faits
en forme de tour. Il est souvent parlé dans nos au-
•eurs , des tours d(!Stiné(îs à cet usage. Grégoire de
îmirs , eu fait mention dans le premier lirve de la
iioire des Martyrs (cap. 86), en parlant d'un diacre
souillé de crimes, des mains duquel elle échappa
lorsqu'il la p >rl.tit à l'a.ilel. Je sais que M. Thiers (o),
(I) Lib. 1, c. 8, cl 9, et lib. 2, c. 3, t. 4
Spi(
(-2) He ant. Eccl. Rit. 1. l,c. 5, à3.
(5) Ilin. liai ,p. I8l>.
Il) lu ( Ail in. Virdun.
(5) Dissert. des Autels, c. 24.
prétend que cette tour ne renfermait point le corps d..
Noire-Seigneur , mais les vab-es destinés au sacrifice.
Ee P. Mabillon (1) doute aussi qu'elle fût un taber-
nacle où était le divin sacrement; et ce qui a fait
prendre sur cela le change à ces deux habiles anti-
quaires en ce genre , est ce terme (ju'on lisait dans
l'ancienne édition de Grégoire de Tours : Acceptàque
lurri diaconus, in quà ininislerium Domiuici cor ports
liabebutur. Ce term(î , ministerium, se prenant ordinai-
rement, comme ils le font voir, pour les vases, les
babils et les instruments qui servent au sacrifice,
dans le style des auteurs ecclésiastiques de ce temps-
là. Mais la nouvelle édition des œuvres de S. Gré-
goire lève eniièrcnieul celte dilTiculié, puisque le P.
Ruiiiart, qui en est auteur, assure dans une note que
tous les manuscrits qu'il a pu lire portent, mijslerium,
et imn \Miiî ministerium ,-et que S. Odoii, abbé de Cluni,
qui rapporte cet endroit de Grégoire de Tours, dans
le second livre de ses Conférences (cap. 52), l'en-
tend d'un vaisseau qui contenait le corps de Nolre-
Seigueiir ; capsam cnm eorpore Domini Je ne vois
pas où M. Tliicrs a pris ce qu'il ajoute, que S. Gré-
goire dit positivement, que celte tour ne renfermait
pas le corps de Notrc-Seicjnenr. Jolis et relis cet en-
droit, el je n'y aperçois rien de semblable, et je suis
persuadé que, si cet homme si versé daiis la con-
naissance des antiquités ecclé-siastiqnes , avait eu sous
les yeux Tédition des œuvres de ce saint que nous
a donnée le P. Ruinart, il ne l'y aurait pas vu non
pins.
Il e.st parlé ailleurs que dans S. Grégoire de l'usage
de ces tours. S. Renii, archevêque de Reims, ordonna
par son testament (2) , que son successeur ferait faire
un tabcroacle ou ciboire en fonne de tour d'un vase
d'or [K'sanl dix marcs, qui lui avait été donné |»ar le
roi Clovis (ju'il avait baptisé, et dont il avait été le
parrain. Foitunat, évèque de Poitiers (5), loue S. Félix
.iiclievêqne de Bourges, qui assista au (juatrième con-
cile de Paris de Tan 575, de ce qu'il avait l'ail faire
une tour d'or très-précieuse pour niellre le corps de
Jésus-Christ. Frodoard rapporte que Landron, aicbe-
vê(pie de Reims, fit l'aire une tour d'or pour cire
mise sur l'autel de l'église cathédrale do la môme
ville.
Plusieurs papes ont aussi fait faire de ces tours en
bien des églises de Rome, avec des colombes d'or ou
d'argent au-dessus. Innocent I en fit faire une d'ar-
gent avec une colombe de vermeil doré , dans l'église
des Martyrs S. Gervais cl S. Prolais, comnio nous l'ap-
prend Anaslase-loBibliothécaire : Turrcm arqentccr.t'^
cum palenà el columbam dcanralam pondenlem Lbria
iriçjinta. Le pape Hilarus en lit faire une à i»eu prè?
semblable dans l'église de Latran. Enfin l'empereur
Coiislanlin, selon le même auteur, en fil faire une
d'or très-pur enrichie de diverses perles et de pierres
précieuses, avec une colombe de même matière pour
{{) Dissert, de .\zym. et Ferni., c. 8.
(■i) Apud Fr-.doard., l. i Hist. Rem., c. 18.
(5) Lib. 5 Hist. Kern., c. <>,
EUCHARISTIE. — ClIAP. X. LIEU OU SE RÉSERVAIT LEUCIIARISTIE.
SfO
«'poux di^ l'Église et de nos àuies, esl appelé propr»-
iiieiit ihalamus, ou bien ■jza.anfàpioj. liaronius (\)
prt'liïiid que dans l'éi;lise de S. FéliK de Nule , i-1 y en
avait iiii avec colle iii^cripiion au-dessus, de la niai.iéro
([u'elle est rappoilée par S. Paulin :
11 ic locu^ esl vencranda penus iiiw cundilur , et quo
l'iouiilur aima sucri pompa miiiiatirii.
La luur qui contenait le corps de Nntrc-Seigiieur,
et (|iie ce diacte, dont il est parlé dans S. Grégoire de
Tours, apportait à l'aulel, n'était point non plus dans
le corps de la basilique ; car ce saint dit qu'il la porta
à la porte : et (luélant entré dans l'église , elle s'é-
chappa. Ferre cœpil ad oslium, infireasm^que lemplvm ,
ni eam ullari siiperponeret. Aujourd'hui encore, il y a
d'anciennes églises où il n'y a point de tabernacle où
l'on réserve l'Eucliarisiie , entr'auircs celle de Lyon ,
de Vienne, de Besançon ; non plus que chez les Grecs,
doni nous représen lirons , à la lin de ce, chapitre, la
manière de conserver l'Eucliarisiie pour les uialades.
A Verdun, l'Eucharistie pour les malades se réservait
dans une boile que l'on reportait dans le sacraire
ajirès la Kiesse. C'est ce qui était encore en usage
vers le coniuienccment du sixième siècle, comme il
parait par les slaliils synodaux de ce diocèse, dans les-
quels il est dit (fol. reclo 25), que l'on ne garde pas
le carps de Jésus-Christ que Ton réserve pour le»
malades, au-delà de huit jours, sous les peines por-
tées par les canons... et qu'après la messe, on mette
dans une boîte les hosties consacrées à cet usage , et
qu'on les porte dans le sanctuaire où on a coutume de
conserver le corps de Noire-Seigneur, ayant soin de
le faire précéder de lumière dans le trajet ; Et rejwrle"
en quelque endroit d'un vase de cristal destiné à cet 1 ,„,. oj sanctuarium ubi consuetutn est dictum sacraiis-
S09
l'église de S. Pierre. On voit encore à présent de ces '
tabernacles en f(ume de tour. C'est ainsi quo Ion
garde le Saiiil-Sncrenienl à Marmoutiers ; je veux dire
dans une tour d'argent suspendue au-dessus de l'.iuli 1.
Les tabernacles suspendus en forme.de coupe cou-
verte, ont succédé à ces tours dans plusieurs églises.
Dans quelques autres, on a réseuvé le Saint-Sacre-
ment dans de pi lits coffres aussi s\ispendus an dessus
de l'autel. Oi: en voit un de cette forme, (|ui est d'ar-
gent duré par le dedans, dans un prieuré de l'ordre
de Gramniont, proche Chambor, comme le témoigne
M. Tliieis. Enlin les ciboires ou tab rnades dans
lesquels on renfeim'ail le corps de Notre-Seigneur ,
étaient, comme v<mis voyez , de dilîé.enles formes, i
suivant les temps et les lienx ; et il n'y avait pas moins
de variété pour ce qui legarde la matière dont ils
étaient conii>()sés. Il y en avait d'or, d'argent, de
pierres précieuses, comme il a été dit, il y en avait
aussi d'isoire . cl même de bois. On' réservait, il y a
plus de 500 ans, l'Eiicharislit; dans une urne d'ivoire
à Vérone, chez hs chanoines réguliers do S. Léonard,
comme nous rapprenons d'un d'enlr'eux, dont It; père
MabiUon a ciié une lettre dans la reliiion de son
voyage d'Italie. Celui qui a écrit la vie de .'^ainlc
Claire, jiarle aussi d'ime ch.âsse d'ivoire couverte d'ar-
gent, dans laquelle l'Eucliarisiie était conservée; et
Riiperl, abbé de Duits, dans l'histoire do i'iiuendie de
son monaslcro, fait mention d'une boîle de bois, pi-
xidein ligneam , &ius lM\\nil\e était réservée l'e-pècc
consacrée. D'autres mettaient ce sacrement dans des
vaisseaux de verte et de cristal. S. Jérôme le dit de
S. Exnj)ère de Toulouse, et Grégoire de Tours p.n le
usage, qui s'étant brisé en lombanl à terre, fui mira-
culeusement rétabli, et suspendu dans l'éalise en mé-
moire de Cet événement merveilleux : il fut suspendu
sur l'autel. L'historien ne dil pas (juc l'on y conser\âl
la sainte Eucharistie , mais ce qui peul donner lieu à
celte opinion, c'est (|u'il est dit dans les gestes de Gré-
goin; m , qu'il donna un calice d'iirgeul qui élail sus-
pendu à l'abside de l'église, c'est à-dire, sur l'autel,
et qui ne pouvait guère être destiné à d'autre usage
qu'à mettre en réserve l'espèce consacrée.
Tout ce qui a été dit jusqu'ici regarde priucipale-
ment les vaisseaux dans lesquels on metlail et réser-
vait le Sailli-Sacrement. A présent il esl temps de
parler des lieux dans lesquels on le gardait. Nous
avons vu ci-devant qu'il était assez ordinaire de le
suspendre au-dessus des aulcls dans des colombes,
des coupes, des lours, etc. Mai. outre cela, il y .avait
j autrefois d'.inlres endroits où ce divin Saereinenl était
mis en dépôt. La plus aneienno manière élail de le
meure dans de petites chambres qui étaient à côlé des
Églises, ci que l'on a^qielait chez les Grecs, wîto-
fôptcc , chez les Latins , Thalami ou Sacraria, et que
nous nommerions aujourd'hui Sacraires ou Sacristie.
C'est en ce sens, je crois, que l'on doit entendre ce
que dil S. Jérôme; c'est pourquoi le sacraire, sacrarium,
dans lequel gît le corps de Jésus Christ . le véritable
simunt Corpus observari , luniine eum prœcedenle ; et
que là, on l'enferme sous la clé. Les slaliils .«ijoutenl
que l'endroit dans lequel on garde ce précieux tré-
sor, doit être un lieu éminent et honnête, et que si
les facultés de l'Église le permettent , il doit toujours
y avoir devant une lampe allumée.
Dans d'antres é;,'iises , si l'on y réservait l'Eucha-
ristie, ce n'était point sur les | rincipaux autels, mais
on la renfermait dans des armoires à côté des autels
dans des piliers, ou derrière les autels. II se trouve
encore aujourd'hui, quantité de ces armoires dont on
se sert en bien dos lieux pour resserrer les saintes
huiles. Marc-Anl!)inc de Doniinis, archevêque de Spa-
lairo, en Dalmatie, assure qu'il a vu de ces armoires
dans quelques coins ou dans quelques piliers de plu-
sieurs églises anciennes. Eihoio à présoiil, à Saint-
Pierre de Upnie, elle n'est point réservée sur le prin-
cijial aulel, mais dans la chapelle qui est vis-à-vis de
celle de Notre-Dame de l'ilié, et où le pape Sixle IV
a été inhumé. Dans l'église cathédrale do Troyes eu
Champagîie, dans la plupart des églises du Pays-Das,
non |»liis (jue dans l'église collég.ale de Saint-Germain
dépendanlc du Mont-Cassin, le Sainl-Saeremenl n'e^
point non plus réservé sur le principal auiçl ; ?t dç*
(1) Adaim.57,n. 1(«
511 HISTOIRE DES SACKEMENTS.
personiws fort versées dans les rils de l'Église , pré- !
tendent qu'il ne convient pas de céiébi-er la messe
sur les anlc'ls où rejmse le très-Sainl-Sacrement.
C'est ainsi qu'en parle l'anleur du Ccréniotiial des
évoques, dont l'ouvrage a été revu par l'ordre exprès
de Clément Mil et d'Innocent X. Le P. Bartliélt-mi
Gavantus, consulleur de la congrégation des rils, n'a
pas d'autres scnlimenis sur ce sujet. Les anciens,
dit-il (1), ont eu grande raison de nous avertir de ne
pas dire de messes en présence du Saint-Sacrement ,
quand même il serait renfermé dans son tabernacle.
Les prêtres de la mission, dans leur Recueil des di-
verses Rubriques, disent, conformément à cela, que
l'on devrait dans les paroisses mettre le Saint Sacre-
ment dans une chapelle, et y communier le peuple.
J'ai pome à croire que tous les savants doivent en-
trer dans ce sentunent. Il est vrai qu'en plusieur?
endroits, on reservait autrefois l'Eucharislie ailleurs
qu'au gi :ind autel : mais il n'est pas moins certain ,
que dans piusiems aulres, on la mettait aussi en ré-
serve sur l'autel principal, au-dessus duquel elle était
suspendue de la manière que nous l'avons cxi-'osé : et
je crois (|i!e 1 auteur du Cérémonial des évêqnes et
Gavaulus , ont plutôt considéré la pratiijue d'Italie ou
de Home dans ce qu'ils ont avancé, que celle du reste
de l'Église, enlr'autres, des églises d'Orient et de
France, où l'usage contraire a eu lieu assez commu-
nément.
Outre les preuves que nous en avons apportées ,
nous en donnerons encore une qui nous engagera à
expliquer un canon assez difiicile du second concile
de Tours. C'est le troisième de ce synode, sur le sens
duquel les savants sont partages, mais qu'il semble (pie
l'on peut réduire à celui-ci, savoir, qu'il y est ordonné
de mettre le Saint-Sacrement en réserve sous le titre
de la croix qui était, ou suspendue sur rauiel,oii posée
sur le liant de la partie convexe des ciboires qui le
couvraient. Ce canon porte, que le corps du Seigneur
sera mis sur l'autel, non pas au rang des images, mais
sous le litre de la croix. Ut corpus Domini in allmi,
non in iminjinario ordinc , sed sub crucis tilnlo cumpo-
nntur. Il faut remarquer d'abord, pour l'inteliigence
de ce canon, que ces termes hnaginario ordinc, s'en-
tendent de l'ordre dans lequel on arrangeait les
images dans les églises. C'est en ce sens qu'Anaslase
dans la traduction des actes du second concile de Ni-
« ée, emploie ces paroles, inuujinaria pictura.
Il f;iut remarquer en second liou que Binius pré-
lciid que par ce décret il est défendu de placer le
corps de Noire-Seigneur sur l'autel avec les images
que l'on avait coutume d'y mettre, et qu'il est or-
donné de le mettre sous la croix qui répondait au
milieu du même autel. Le docte P. Sirmond (2)
vent au confaire que ce canon n'ordonne rien autre
sinon que le jiain qui doit être consacré ne soit mar-
qué d'aucune autre ligure que de celle de la croix.
Enfin un très-habile homme croit que par ce ca-
(1) Comm. in Rub. miss. Rom., p. 2, lit. 14, n. 1.
(2) Disquis. de Azymo, c. 4.
512
non on règle la manière d'arranger l'espèce du pain
avec le calice dans le temps du sacrifice, en sorte
qu'il ne soit plus permis de le mettre à droite ou à
gauche du coté des images, mais directement sous la
croix au milieu de l'autel.
Après ces observations nous dirons avec le P. Ma-!
billon (1), que l'on ne peut entendre ce canon dans le
dernier sens, puisque chez les anciens le terme d'/.'jt-
charislie ne se preiul que pour l'hostie consacrée, et
(lu'anciennenicnl le pain offerl à l'autel et destiné au
sacrifice, n'était point mis vis-à-vis de la croix, mais
à la gauche du calice, celui-ci étant à la droite de
l'hostie , comme pour recevoir le sang du Seigneur
qui coula de son côté droit. Le Mierologue et
.lean d'Avranches le reconnaissent d'après l'ordre
Romain. Le sentiment de Binius est donc le
plus vraisemblable. Mais il s'y ronconlre deux difli-
cnltés : la première , en quel endroit on plaçait les
images dans l'église en ce temps-là : la seconde, com-
ment on plaçait rEucharisiie sous le litre de la croix
à l'autel, sub crucis litulo in àllari.Le denoûment de
ces deux diflicnllés nous fera entrer dans le vrai sens
du décret du coiicilc de Tours, qui fut tenu en 570,
selon le P. Cabaflut.
Pour ce qui est de la première de ces difficultés, je
ne puis me persuader, dit le P. Mabillon (2), que l'on
nit mis des images sur les autels pendant les dix pre-
miers siècles. Le pape Léon IV nous l'apprend, dans
une homélie, où il parle eu ces termes : Que l'on ne
mette rien sur l'autel, sinon les châsses et les reli-
ques, 011 peut-être, les (juatre évangiles et nue boîte
avec le corps de Nnire-Seigiieur pour le viatique des
malades, et buxida cum corpore Domtni ad viulicum
infirniis (ces paroles ne sont pas favorables au senti-
ment de Gavantus et des autres dont nous venons de
parler) ; le pape continue : Que l'on remelle tout le
resle dans un endroit propre. Ratliier, évêque de
Vérone, répèle les mêmes paroles dans le discours
qu'il fit à son synode. Ou voit cependant dans For-
tunat (3), que l'on mettait quelquefois des fleurs sur
les autels, et Grégoire de Tours rend témoignage
qu'on avait aussi coutume d'y suspendre une croix.
Or, quoique les chasses et les reliiiuaires pussent te-
nir lieu d'images, il est constant néanmoins qu'on n'a
mis les reli(pies et les reliquaires sur les autels tout au
plus qu'un peu avant le neuvième siècle : d'où on a
droil de conclure que du lemiis de ce concile de
Tours, ou n'y mettait point d'images. Dans quel en-
droit donc les mettait-on ? C'était dans les baptistè-
res, dans les sacristies, comme nous parlons aujour-
d'hui, dans les galeries, sur les murailles et aux lam-
bris des églises. Saint Paulin (4) nous apprend que
Sévère fit mettre dans le baptistère la statue de Notre-
Seigneur. Philostorge (5) rend témoignage que la
( \ ) Disq. de Azym. et Ferm. c. 8.
(2) Ibid.
(7) ) Lib 8, caren. 8.
( 4 ) Epist. 12.
(5) llist, I. 7.
EUCHARISTIE. - CHAP. X. LIElJ 01 SE RESERVAIT L'EUCHARISTIE.
51S
statue de Notre-Seigneur qui lui avait été érigée par
l'ilémorroïsse, qu'il avait guérie, et que les païens
avaient mutilée, fut placée par les fidèles dans l:i
diaconie, ou sacristie de la li;isiliiiiie, cl (|uc V.nm lui
rendait le culle <|ui lui ét.iil dû. Enliii, S Paulin,
dans l'endroit que nous venons de citer, et le véuéra-
Ide IJède, dans la vie de Bi>cop, si>n alihé (lil). I) ,
nous as^urcut (|ue l'on attachait les iinairis dans le>
galeries et (|u'on lespeign.iil sur les lanil)ris. Toin- ce
qui est des reliquaires, on les nieliail en ce tcinps-là
ou sous Taulel, ou au-dedans de l'autel, ce que le P.
MabilliMi prouve au long dans sa préface sur le se-
cond siècle Bénédictin.
Après ces éclaircissements, il n'est pas difficile de
dévelo|)per le sens de la pren)ière partie de ce canon
du concile de Tours, qui n'est proprement que néga-
tive. On y voit que quand les pères de ce synode dé-
fendent de placer l'Eucliaristie in imaefinurio online,
ils veulent dire ([u'il ne faut la nietlre ni dans les ba-
ptistères, ni dans les porli({ues, non plus que sous
l'autel, comme les reliquaires, ainsi qu'on avait cou-
tume de faire en quelques endroits. Il ne reste plus
après cela que la seconde dirileullé à expliquei-.
Celle-ci regarde la seconde pariie du déirel du
concile qui est positive, puisqu'il y est ordonné de
mettre l'Eucharistie sous le titre de la croix sur l'au-
tel : ul Ettcliarislia in ultari siib ciiicis litido compona-
tttr. Le titre dr. la croix se prend cerlaineinent iei
pour la croix elle-même (pii était au-dessus de l'au-
tel, suivant le témoignage de S. Grégoire de Tours,
qui dit dans le livre des miracles de S. Jnlien (cap.
45), qu'il y avait une croix d'or très-Lien travaillée
suspendue sur un autel, pendcbat super ipstim altcire I
crux holocrisia eleganli opcre fada. Nous ne pouvons
expli(|uer au juste toutes les différentes manières
dont la croix était suspendue ou souteiuie siw les au-
tels. Mais on peut dire, sans craindre de se tremper,
qu'une manière fort naturelle et sans doute fort or-
dinaire de la mettre sur l'autel, était de la placer sur
le liant de ces ciboires ou hal(la(|uins qin servaient
d'ornements aux autels, et qui étaient en niénie temps
destinés à empêcher (pi'il n'y tondtàt des ordures ou
de la poussière. Il est donc fort naturel de croire que
par le décret de ce concile il est ordonné de réserver
l'Eucliaristie sur les autels, et de la suspendre dans b;
ciboire sous la croix qui en terminait le faite, et (pii
répondait au milieu de l'autel. Les ciboires ou balda
quins (ilaient fort ordinaires, comme reuianpie M.
Ducange, dans son Glossaire, où il dit que l'ordre
Romain les désigne par les mots de lecjumen et d'»)»-
bniculiini altnris. Ils étaient ordinairement soutenus
de quatre colonnes plus ou moins précieuses, aussi
bien que le ciboire lui-même, qui était en forme de
dôme ; quelquefois l'ouvrage était de marbre ou de
porphyre; en d'autres endroits il était d'or et d'ar-
gent, orné di; gravures, d'émail et de pierreries. On
voit dans l'Histoire de l'abbaye du Mont-Cassin, par
Léon d'Oslie (1), qu'il y en avait un d'argent orné
(l)Lib. l,c. 20.
511
d'or et d'émail, sur laulel qu'on avait élevé sur le
lonib.au de -. Benoit. Cet oinement d'autel était or-
dinaire, non seulement dans les églises d'Occident, j
mais encore en Orient, cornuK^ on le voit dans la des- *
eription de l'éiilise de Sainte-Sophie de Conslautino-
ple, donnée par Paul-le-Sil.'nliaire, et commentée par
M. Ducange. Il s'en trouvait tpii couvraient tout l'au-
tel en forme de baldaipiji, dont la partie snpi'ricure
se termin:iit un pen en pointe; c'était là qu'était po-
sée la croix, et tout autour de cette couverture con-
vexe on metl;iit des cierges pour éclairer l'autel cl le
sanctuaire; au moins \oit-o.i dans les coutumes de
Cliuii que cela se faisait dans ce monastère : et Paul-
le Sileniiaire assure que le ciboire de Sainte-Sophie
étiil orné de cierges et de flandjcaux qu'on allumait
les jours d<î fêles et de cérémonies. Le lecteur nous
pardonnera cette petite digresMou sur les ciboires
anciens; l'ordre des matières nous y a engagé. I! est
temps de revenir à notre sujet. Il ne nous resie plus
rien à dire pour donner une idée suffisante de la ma-
nière de réserver l'Eucharistie pour les divers usages
auxquels elle était dest:née, qu'à mettre sous les veux
du lecteur, suivant notre continno, la manière dont
les Grecs la réservent aujourd'hui, afin qu'après lui
avoir représenté les usages anciens, il sadn; encore
ce qui s'observe dans ces églises si éloignées de nous
par la distance des lieux et la différence des prati-
qises. Il |)aiait (pic l'ancienne coniume qui s'observait
autrefois dans ces églises, de réserver la sainte Eu-
charistie dans des cidombes d'or ou d'argent, suspen-
dues sur les autels, est entièrement oubliée dans ces
pay>. Aujourd'hui les Gncs n'ont qii'nn autel dans
chaque église, suivant le témoignage du P Goar(l),ct
ils n'ont sur cet anul ni colombes, ni tabernacles. Ils
réservent dan> la sacristie, le pain consacié pour la
messe des présa: ciliés, et c'est de là qu'i:sle portent
à l'autel avec grand appareil, [jour y célébrercetlc litur-
gie. A l'égaiil de l'Eucharistie destinée à servir de via-
tifpieaux malades, et qui est préparée de la manière que
nous l'avons expliqué ci devant, le même P. Goar (-2)
dit qu'ils la réservent derrière l'autel, dans un lieuap-
|>elé pour cela -yp-wptoj, devant lequel il y a toujours
une lampe allmnée. M. S.-iiith (5) assure aussi (pi'ils
la réservent derrière l'autel dans une boîle renfermée
dans un .sac de soie attaché à la muraille. Mais .M. de
Nointcl (4), ambassadeur du roi à la Porte, témoigne
dans ses relations qu'ils la réservent encore ailleurs.
Dans le monastère de .Mauromale, dit-il, je trouvai
l'Eucharisiie dans une biu'te d'argent ou de fer-blanc
posée sur le coin d'un peiiiauttd qui est celui ou l'on
coiisacre. Dansunc autre âjlise un papas nie la montra
sur un des «H/i/.., d::ns une boite qui me parut d'argent,
avec lin papier (/ui débordait. Etant dans l'église de
Calcédoine, comme je m'informais oii était le S. Sacre-
[\) Not. in Euchol., p. IGet 28.
(•2)lbid.
(.3) In Ep. de Gr. Ecci. Iiodicrno Statu, cdil. 2,
p. \7A)
(il Tom. 7> de la Perpét. de la foi, I. 8, c. 4.
S15
HISTOIRK Dï:S SACIIKMENTS.
3in
ment, un religieux me montra un sac de toile pendu u
un clou, dans lequel il y avait une boUe où était renfer-
mé ce précieux dépôt, ci ayant fait demande à ce reli-
gieux pour quelle raison il ne tenait pas le corps de Jésus
Christ d'une manière et dans un lieu plus piopresjl nie
fit réponse que céiait ta coutume , que rétjUse élaii
pauvre, et que dans celles où il y avait quelqu.s revenus,
on en usait autrement.... Dans une des ilcs appelée
Vrinkipio, un abbé me montra l'Encliarislie dans un pa-
pier fort blanc qui était enfermé dans une boite qu'il tira
du côté droit de l'autel. Dans une autre abbaye de la
même île, je trouvai le S. Sacrement enfermé dans une
boite serrée dans un sac d'étoffe de soie à (leurs d'or et
pendue à «« clou.... En quelques autres églises, je le
trouvai réservé dans une boite ou à côté de l'autel ou sur
f autel. Enfin datis l'abbaye de l'Assomption, je le trou-
vai dans un ciboire dans un coffre enfermé sous la clé.
Celte relation fait assez conniiîlre que les Grecs ne
réservent point le S. Sacrcnicnt avec autant de dé-
cence que l'on a coutume dc^ le l'aire dans rÉgiise la-
tine; ce qui pi-nl venir en parti(; de la pauvreté ex-
trême où les Turcs les ont rétlniis.
Outre cela nous pouvons dire (ju'en général nous
avons surpassé les Orientaux en ce point; et que de
tout temps on a fait paraître dans nos églises beau-
coup de religion envers ce divin sacreuieiil , (pi on a
pris soin de réserver d'une manière qui répiuidit en
quelque sorte à l'auguste majesté du Dieu (pie nous y
adorons. Nous ajouterons à ce (pie nous avons dit là-
dessus dans tout ce chapitre, que la manière dont on
a coutume de le réserver à présent dans plusieurs
églises, enfermé dans une coupe couverte, on un ci-
boire couvert d'un pavillon, doit son origine à l'or-
dre de Cîteaux , dans lequel cela se praiique depuis
fort long temps , avec cette particularité (pie dans les
églises de cet ordre , c'est ordinairement une image
ou statue de la Sainte-Vierge, (|ui soutient de sa main
droite le S. -Sacrement aiii^i suspendu sur l'autel.
CHAPITRE XI.
Dans lequel il est parlé des fêtes instituées en l'honneur
du très-Saint-Sacrement , cl en particulier decelleque
nous nommons la Fête-Dieu.
Nous ne prétendons pas encliérir ici sur ce que tant
d'auteurs exacts et éclairés ont écrit sur cette matière,
et en particulier M. Thiers (1) et M. Raillel (2); c'est,
comme nous l'avons déjà remarqué, l'avanlaf^e que
l'on a en traitant du saeremenl diî l'Eucharislie, dont
on a mis tontes les pariies dans un si grand jour, (|u'il
n'y a qii'à suivre ceux qui nous ont |»récédés. Nous ne
ferons, pour ainsi dire, que copier ce dernier qui a
hii-iiième beaucoup profité des lumières (juc M. Tliiers
avait réjiandues sur cette matière.
C'est eu quelijue manière dans l'inslitmion de cet
auguste sacrement, qui contien', le précieux gage de
l'amour de Jésus-Clirist pour son Église, et qui est
le nœud indissoluble de l'union des membres du corps
(1) L. 3 de l'Exp. du S-Sacr., c. 4 et seq.
(2) fêles niubjles sur la fête du S.-Sacr., §
§2 et 3.
mystique du Sauveur entre eux et avec leur divin el.ef
(|ue l'Eglise a pris sa naissance , cl on peut dire iiicme
(pie la fêle de l'Encliarislie a été perpétuelle dans l'É-
glise, de même que celle de la Trinité; et qu'il n'y a
point eu de jours où on ne l'ail renouvelée. Néan-
moins on en a fait nue fêle particulière dès les pre-
miers commencements de rÉg'ise;elle fut assignée
au jour même de la cène du Seigneur , et célébrée
tous les ans sur le même cours que celle de sa pas-
sion et de sa résurrection qui l'ont suivie immédiale-
menl. On peut dire même que l'union de ces trois
mystères n'en a fait longtemps qu'une fête continuée
sous le nom de Pâques; parce que Jésus-Clirist n'a pas
moins été considéré comme noire Pàijue dans ce sa-
crement que sur la croix et dans sa résnrreclion.
Mais un si grand mystère semblait demander plus
d'étendue qu'un seul jour pour occuper tov le la piélé des
fidèles; surtout le Jeudi-Saint étant un jour si n mpli
de quantité d'autres cérémonies très-importantes ,
qu'on n'en |)ouvait consacrer qu'une assez petite par-
tie à la mémoire du mystère de rEucliaiistie. Néan-
moins on s'en conlenta jusqu'au treizième siècle; et
ce ne fut qu'en 1208, qu'une fille de seize ans eul les
premières visions qui servirent de fondement à l'insli-
tulion de celte fête. Celle fille était la bienheureuse
Julienne du Moiil-Cornillon , religieuse hospitalière
aux portes de la ville de Liège, dont la vie se trouve
rapportée par M. Raillel au cin(puème jour d'avril.
Comme la dévotinn extraordinaire qu'elle avait dès
lors pour l'Eucharistie , la faisait méditer sans cesse
sur ce mystère, elle vil en songe la lune en son i)lein
([ui avait une brèche, ce qui continua encore depuis
de se présentera son imagination pre^-que toutes les
fois qu'elle se menait en oraison. Elle fut deux ans
sans pouvoir faire l'application de sa vision , quoi-
qu'elle en eût demandé souvent rinlerprélalion par
d'ardentes prières. Elle comprit alors que la lune était
J l'Église, cl que la brèche |iouvait marquer le défaut de
la fête du Sainl-Sacremenl qu'elle croyait qui man-
quait dans l'Église. Elle se sentit alors intérieurement
pressée de solliciter auprès de ses ramislres ce qu'elle
croyait que l'esprit de Dieu lui suggérait louchant
rinslitution d'une fête aimnelle; mais elle ne déféra
point à ses senlimenls : elle fut encore près de vingt
ans dans le silence, tàcliPiil de suppléer par le redou-
blement de sa dévotion envers le corps et le sang de
Jésus-Christ à ce que l'Église n'avait pas encore
faii.
Lorsqn'en 12.50, elle fut élue prieure de la maison
du Monl-Cornilloii , elle se sentit plus hardie à se dé-
clarer sur ce sujet. Elle s'ouvrit particulièrement à
Jean , chanoine de S. Martin de Liège, qui s'était
mis en cre^dit dans l'esprit des peujdes , par ro|)iiiioji
que l'on avait de la sainteté de sa vie : et elle lui per-
suada de communiquer la chose aux théologiens et
aux pasleurs. Le chanoine se chargea de la commis-
sion qu'il exécuta avec beaucoup de zcle; il alla par
les eliajtiires, les paroisses et les couvents , où 11 per-
suada une grande piirtie de ceux a qui il en parla.
517
EUCHARISTIE. — CAl'. XI. FÊTES EN L'HONNEUR DU 5.-SACREMENT.
Slf
Entre plusieurs il iiilércssa les trois professeurs dos
doiiiiiiicaius deLiégo, leur prieur cl pmviiK ial, le
frère lingues , dit de S. Clier ou de S. Tiiiciri, <|mi fui
depuis cardinal, l'arcliidiacre de régli>e de Liège
nouimé Jan|iies Paulaléon de Troyes , qui fui depuis
évLMjiie de Verdun , pilriarelie dt- Jérusalem, et cnlin
papcs.uis le nom d'I'rb.iin |V, l'évi-ijucî de ('.aud)rai (1)
el le ( liaueelier de I luiiverMlé de Paris , qui pounail
Lieu avoir été le niémiî que ce prélat. La Mculieureuse
Julienu.', assurée de ra|»probaliou delant de person-
nes de nianpie , (il composer un ollice du Saii.t Sacre-
inonl , dont elle donna l'idée cl le plan , el le fit ap-
prouver di'S principaux lliéclogiens du pays.
Toute l'aflaire ainsi conduite avec autant de pru-
dence que de zèle à iravers diverses difficultés (pie
suscilaienl les personnes mal intcnlionnées, était lieu-
rcusemeni amenée à poinl , lor^(pren I2ili, i evèque
de Liège, lloberl, déclara d.ns son synode Télalilisse-
nienl d'une fêle purliculière du Saiul-Sacrenient ,
dont il ordonna la céléhralion publique et solcnni-lle
par toul son diocèse. Il piescrivil -ni jeûne poar la
veille , el délendil louie u uvrc servile pnur le jour
comme aux dimanches. 11 (il même com|.os(;r plus de
vingt ofliccs propres de la fêle, (pii n'élaienl sans don-
te que des copies de celui que la bienbeun-nse Juli n-
ne avait fait faire. La mal idie rempcclii d'y mi'tlre la
dernière niain par un mandement ([u'il élail sur le
point de publi -r; et il mourut inconliiieul après s'éire
donné la satisfaction de faire célébrer le nouvel office
de la fèlc en sa présence. Les cba:ioines de S.-Marlin
fuient les premiers qui la soleniiisèrent dans la ville
de Lié]j;e, el ils commencèrciit dès l'an li.'û. Cepen-
dant la niorl de l'évêque el les j er.-éciilions suscitées
à la bienlieureu-e Julienne , qui fui obligée de qi il-
ler la ville pour fuir S"s adversaires, el qui niourul
hors de son pays, en 1258, iraversèient lacélébialion
de la nouvelle tëie dans presque tous les autres en
droits de la ville cl du diocèse. Le cardinal ilugues,
qui avait eu connaissance de toute l'affaire lorsqu'il
élail prieur des Dominicains à Liège, élant envoyé
légat du Saiiit-Siége , enlrepril de maintenir cette in-
sliluiioii par un décret qu'il adressa l'an lâoâ, à tous
les prélats el à toul le clergé des provinces de sa lé-
galion. 11 fut secondé deux ans après par le cardinal
Capoccio, qiii lui succéda dans la même légation.
Un an ou deux après l;i moit de la !{. Jiilienn >, une
ncl'.ise de la ville de Liège, non.nnée Eve, qui avait
été sa confidente et qui avait eu beaucoup de pari aix
revélalinns qu'clleavaileiies sur ce sujet, sollicita for-
teimnt l'évèipie Henri, successeur de Robert, de
s'employer auprès du pape pour f lire élablir par tonle
l'Eglise la fête du S. Sacrement, cnnimeelle se faisait
à S. -Martin de Lié^e. L'élévalii.a d'UriiainlV au sou- '
verain poniiiical fut regardée comnie une conjoncture ;
très-favoralile ù celle cnlrepiise, parce que ce jiape .
avail déjà aiiprouvo les vues et les mesures que la D. ■
{\) Giiiard ou Guy de Lion avail été cliancelierde ',
l'éçrliso do Paris avant ([ue d'èlre évèque de Cmn- \
br.ii.
Julienne avait prises pour l'établisscroeot de celte
l'été lors(|u'il était encore an b diacre de l'église de
Liège. On ne fut point trompé dans ce (pi'on s'était
promis de ses bonnes dispositions; mais, ipioiqu'il
ii'eùl pas mal reçu l:i proposition de lévèque de Liège,
lt'Soccu|>ations que lui donnaient d'aulies besoins de
rEgli.se|)lus pressants, lui eussent peul-élre fa l diffé-
rer et remettre l'affaire il ses successeurs, s'il n'y cùl
été déterminé par l'occasion d'un prodige qu'on disnit
être ariivéà IJolsène, au diocèse d'Orvielle. Le prodige
élail d'un corporal qui était demeuré teint et connue
tout eiis:tnglanié par (pielques gouiies ipii étaient
tombées du calice par la négiig''nce d'un prèlre lors-
qu'il disait la messe dans l'égli e de Sainle-Cbiistine.
(i'est au moins la conjeclure de la plupart des écri-
vains de delà les monts qui (uil peut-être vo;ilu igno-
rer un autre motif ipii poiiait le pape à insiiluer celte
fête, el <pii oui cru (juc le prodige était arrivé dans le
temps (|u'Urbain était retiré à Orvielte pour éviter les
vexations et les insultes des Gibelins el de Malnfroi ,
ni de Sicile.
Urbain institua donc la fête du S. -Sacrement, et or-
donna fpi'elle serait célébrée avec toutes les solenni-
tés de celles du premier ordre par toute la terre ; il
lui assigna le jeudi d'après l'octave delà Pentecôte,
parce que c'était le premier jeudi qui fùl libre du
temps pascal , et (pi'il élail à propos d.", ne lui point
donner d'antre jour de la semaine que celui auquel
Jésus-Chrisl avail institué rcucbaiislie. U ténioigue
dans sa bulle que ce qui l'avait porté à faire cet éla-
bli^senuinl élail le désir qu'il avait de confondre la
perfidie des hérétiques ; il n'y dissimule pas ce qui
était arrivé à Liège lorsfpi'il éiait archidiacre de celta
ègli-^e, el il marque assez évidemment que ce qui l'a-
vait (lélerniiné à cela était la révélation que quehpies
personnes caiboliques avaient eue touchant la célébra-
tion d'il e lelle fête ; mais il n'y fait aucune menlion
dti prodige du corporal ensanglanté à Bolsène.
On ignore, l'année el le lieu où la bulle fut donnée ;
mais le bref que le pajic en adressa à Eve, recluse de
S.-Marlin de Liège, est de l'an 12t)i et de la villç
,i'Oi vielle, d:tié du 8 septembre de la quatrième an-
née de son pontificat. Ce pape mourut le second jour
d'octobre suivant , et personne ne s'intéressant sous
ses successeurs à l'exécution de son décret avec lo
z.'le que demandait cet établisseuient, il y eut peu
d'églises, hors celle de Liège, où l'on célébrai la nou-
velle lele, pendant rc>pace de plus de quarante ais.
C'est, sans doute, le sujet du silence de Durand, evè-
que de Meiide , qui , écrivanl vingt-deux ans après l:i
mort dUrltain, n'aurait eu garde de l'onieltre dans lu
suite des fêtes de l'Eglise, si elle avail été observée ci '.
son temps. La fête du Sainl-Sacremenl demeura ainsi
négligée jusipi'au temps du concile géaéral de Vienne,
ipii fut assemblé l'an 151 1 . Ce fut là que le pape Clt'-;
ni' ni V voulant la rétablir, fil reeevoir et confirma l.il
bulle d'inslilulion d'Urbain. Elle fui acceptée pir V-.Ki
les prélats du concile en présence des rois de France,
(l'Ai uhlerreet d'Aragon. Mais raccomplissonienl de
S19
toute l'affaire parut être réservé au pape Jean XXII,
qui succéda, en 151G, à Clément V après une vacai Cr
de plus (le deux ans, et <|"'' P"''''=' '■'^ bnlle d'Urbain IV
revéuie de tontes ses fonnalilés , vers le connnence-
nient de son ponlilicat. On ne coinnionça en Fiance à
célébrer la fête du Samt-Sacreuient que l'an 1318 , et
il en coula encore qnel(|uos années depuis pour en
rendre l'observation générale et uniforme par toutes
les églises du royaume.
L'ofdce du Saint-Sacremont étailjdù au soin de la D.
Julienne, et semblait avoir été divinement inspiré,
lorsqu'on considérait que c'était l'ouvrage d'une lille
et d"uu jeune lioniuic sans lecture et sans expérience,
et que cependant il n'y avait rien de plus beau et de
mieux entendu dans tous les olfieesde l'Fglise. 11 ne
laissa pas de céder ensuite à un autre que l'on disait
être de la compOMtion de saint Thomas. On est per-
suadé qu'il avait reçu du pape Urbain IV la coiuinis-
sion d'y travailler dans le temps qu'il publia sa
bulle; mais il le forma sur l'usage de l'Eglise romaine,
au lieu que celui de la B. Julienne était accordé au
rit de l'église gallicane. Les continnateiirs deBiIlan-
dus avaient cru d'abord i|"C, comme le pape Urbain IV
n'avait fait que suivre l'évê pie de Liège dan^ l'insti-
tution de la léle en la rendant g/'iiérale, de niènie
saint Thomas, au lieu de rien composer de nouveau,
s'était conlenlé de prendre roffice composé par la B.
Julienne et de l'accommoder au rit romain, en y faisant
divers retranchements et quelques additions. Ils
avaient même rendu leurs cimjeclures assez plausi-
))les : ils ont néanmoins jugé à propos deimis de les
abandonner sur les remonlranees de qnelfpies Jaco-
bins de Paris. Mais, sans entrer dans la connaissuice
de leurs m(>tifs, on peut dire que leur réiraclation ne
servira qu'à faire admirer encore davantage cetie
conformilé surprenanle qu'ils avaient trouvée dans
les deux offices. Tout ceci est tiré de M. Baillel qui
cite ses garants.
CHAPITRE XII.
Procession du Sainl-Sacrement. Que celle qui se fait
aujourdliui à la Fête-Dieu ne s'y fuisuit pas au com-
mencement. Que néanmoins il se faisait de ces proces-
sion avant l'inslilulion de cette fêle. De la procession
du jour des Rameaux, et de celle de Pà<iucs.
Monsieur Tliiers ( 1 ) rapporte les opinions difTérenles
d'une infinité d'auteurs louchant le temps aiicpiel en
a couunencé à lain; la proc ssion du S. -Sacrement.
Comme ce livre n'est point un ouvrage polémirpie,
mais purement historique, il ne nous convient pas de
nous étendre à rai.porler ces (q»inions, encore moins
à les réfuter ; il nous suffit d'établir les faits tels que
lions les trouvons attestés par les nieillenrs anlenrs.
Kn suivant ce qui se présenle sur !a «piesiiou dont il
s'agit ici, il semble que Ton |>ei:t assarer sans craindre
de se mé|)reiidre, que la procession du S;dnt-Saoremeni
que nous faisons anjourd'hui à la Fèle-Uicu, ne s'y
faisait. pas autrefois. Une preuve convaincante de ce
(1) J/ib. 2 de l'Exp.du S.-Sacr., c. 1 el seq.
HISTOIRE DES SACREMENTS. 3î0
I que nous disons, est qu'Urbain IV, dans sa bulle Trans-
iturus, par lacpielle il a institué celte fêle, el qui a été
coufirmée par Clément V, an concile de Vienne en
\7}[\, ne dit pas un seul mol de cette procession si
<élèi)ru ; (in'M(|ue d'ailleurs il accorde des imlnlgenees
à tous les fidèles qui, étant véritablement pénitents et
confessés, assisteront aux olfices divins qui se célé-
breront dans les églises pendant l'octave de la Félc-
Dien ; el qu'il y fasse mention expresse des premières
vêpres, des malines, delà messe, de prime, de li(!rce,
de sexle, de none, etc. Est-il croyable (prenlrantdans
un SI grand détail de tous ces exercices de piété, et
(praceordant des indulgences pour chacun en particu-
lier, ileiH omis la procession, si elle eût élé inslilnéc
en même temps que celte fête ? Cela est d'autant moins
vraisemblable que le pape Martin V , dans sa bulle
Inclfabilc Sacramenlum, d[im mai iA^d, quia aug-
menté du double les indulgences d'Urbain IV; et Eu-
gène IV, dans sa bulle Excellentissimo , même jour,
mais de l'an 1435, (pii a encore augmenté du double
celles de Martin V, n'ont pas mampié d'en accorder
à ceux qui assisteraient à la procession, parce que de
leur temps elle se faisait.
Déplus le Pape Urbain, dans le bref qu'il adressa à
Eve, recluse de Liège, (iui,s'inléressail si fort à réta-
blissement de la lèle du S- -Sacrement, l'assure qu'il
en ainslitué la fête, mais il n'y parle point du tout de
la procession. S. Thomas, qui a travaillé à composer
l'office de celte fêle, à la luièredii pape Urbain , et qui
pour lécompense de son travail en reçut une colombe
d'ar^enl, selon Jean i\auclerus(I), ne dit rien de cette
procession dans l'opiiscnk' qui en contient l'office ,
quoi(pril y traite des indulgences accordées par le
pape à ceux qui assisteront aux offices de l'Église du-
laiil l't clàve de celle fête.
Mais encore que la procession de la Fête-Dieu n'ait
pas élé établie par Urbain IV, elle ne laisse pas d'être
ancienne, pnis(pie, pour ne rien dire ici des bulles de
Martin V, et d'Eugène IV, que nousavons déjà citées,
et |ui en parlent en termes exprès, il en est fait men-
tion, dit M. Tbicrs (2), dans une charte manuscrite
intitulé". De Malriculariis Inicis, qui est au Irésor des
litres du chapitre de Chartres, et qui est d'einiron
Fan 1530, dans le concile provincial de Sens de l'an-
née 1520, où il est dit qu'elle semble avoir élé inlro-
dnile dans l'Église par une inspiration de Dieu , et
dans un acte du chapitre de Tournai du jour de l'Exal-
latinn de la sainte Croix, en 1325, dont le même auteur
assure avoir un exlraitenlre les mains, collaiionné sur
le litre original (pii est gardé dans la chambre des
comptes de Lille en Flandre ; d'où il conclut qu'il
doit deuienrer pour constant qu'elle n'est pas si nou-
velle que l'onl assuré Érasme, Cassandre el l'auteur
des anciennes Cérémonies ; el qu'elle n'a pas clé établie
eent ans après la Fête-Dieu, ainsi que le dit Géné-
br.ird, puisqu'elle se faisait au moins dans les Égli-
ses dont nous venons de parler , longtemps avant
(1) Volum. 2 Chronol. général. 43, c. 17,
(2) Ibid.
EL'CIIARISTIR. — CIIAP. XI!. IROCESSlON DU S.-SACREMENt.
321
Tiin 1 i04, qu'elle se (il la première fois à Pavio, selon '
lîossiiis.
Mais en (niel loinps iirccisément elle iirocossion si
céièliie n-l-elle élé iiislidiée? e'esl ce (in'il nVsl pus
aisé tl.» iléierminer. Proiuirieiiient C'"la a pi. se f.iire
pelil à pt lil el irnne manière in^^•nsiltle, comme cela
airive soiiv^iil en nialière di' praliqnes et tle cérémo-
nies. i)"fli7/«;Hrs .liun Diestenins lUems, jiritur dcS.-
Mmtin de Uécjc, estime, (lil M. Thieis. qiCelle a iHè éta-
blie pur le pape Jean XML qui tuourul te quatrième
jour de décembre de l'an 15:)')-, i^nivnut la snpjnitaticm
d'Oiiupfire; el celte opinion est d'autant plus proiable
qu'il est moins facile de la convaincre de {nusseté, au
lieu qu'il n'est pas malaisé d'en convaincre les autres qui
reconnaissent un autre auteur de la procession de la
Fête-Dieu que Jean XXII.
Voilà ce ([irun lionnnc irès-exact et très-laborieux,
qni a beaucoup lra\ aillé à rerlierclier les origines de
lonles les cérémonies i|ni onl rappoi t an cnlledu Très-
Sainl-Sacremeiila pu déconvrirde pins sur là-dt-ssus.
Ce n'esl pas que les processions du S. -Sacrement fus-
sent inconmies dans l'Égliscî en ce temps là; car, sans
parler de celle des présanclifiés, qui ne peut en porter
le nom que trè>-impirfailenu'nl, el de celle céré;iionie
dont il est parhi dans l'ordre Uomain, et dont nous
avons fait mention dans le S*" cliapiire de celle section,
qui ne le mérite guère à plus jusie litre , nous trou-
vons une procession du S. -Sacrement en bonne forme
établie et prati(piée avec I eaucoup de solennité dès
le milieu du on/.ième siècle le jour des Rameaux.
Lanfranc, (\n\ fut de nis arclievéïpie de Canlorl>éri,
qni en marque en détail tontes les cérémonies, les
prières el les stations, ne paraît pas même en avoir élé
l'auteur ; elle pouvait ve.iir de plus loin : elle avait
élé éablie pom- honorer et représenter en quelque
sorte rentrée triomplianic de Je us-Clirist à Jérusa-
lem qni se fil en ce jour, et la description de ce qui se
faisait en celle occasion ne peut qu'édilier le lecteur.
C'est dans les Statuts que cet homme célèbre a faits
pour l'ordre de S. Benoit (sect. i, c. 1), qu'il pre.scril
tout ce qni s'y devait observer, de (pielle manière on
doit porter le brancard ou !a châsse dans laquelle le
corps du Fils de Dieu était renfermé, ce (|uidoit pré-
céder et sinvre ; comme après que l'abbé ou le chan-
tre a commencé l'anlienne Ave liex noster, les deux
prêtres qui portent celle châsse passent an milieu de
tout le clergé, qui fait la génuflexion au S. -Sacrement ;
coninMî Ion fait une station aux portes de la ville ;
comme l'on nwt la cliàssc sur une table couverte d'im
lapis; eidin comme Ton fait cnccre une station à la
porte du monastère. Nous transcririons volontiers
loul ce que le B. Lanfranc a éciit là-dessus, si nous
n'appréhendions de trop allonger ce chajtiire. Mais ce
qu'il y a de remarquable dans cdle proccssio:! est que
la sainte flncharistic n'y était point exposé-' en évi-
dence, mais seulement qu'elle y était renfermée dans
un brancard ou une chasse. Exeaiit saccrdotes albis in-
duli qui portent ferelrum... in quo et corpus Clirisli de-
bel eue reconditum.
5îi
Il se faiienc<ue aujiinrtrhui une semblable proces-
sion à Rouen par li'S IJoinsier-. on confièics de la
confrérie du S. -Sacrement érigée dans l'église mé-
tropolitaine. Elle va de cette église à celle de S.-rCo-
dard avec assez de diligence, et elle en revient d'une
manière pompeuse. M. Farin parle de celte procession
en plusieurs endroi s de son liisloiic de la vilh; de
itoiien. Les Statuts delà confrérie faits en 1527, en
parlent aussi en ces termes:
Soijez certains, seignetirs et dames,
Que tous les ans, le jour des fiâmes,
A minuit, comme est de coutume,
Jl faut que chacun s'accoutume
D'aller vite comme le dard.
De Notre Dame à S.-Codard,
Trcs-liumblement d'un cœur non feint,
Aider à porter le Corps saint.
D'oti il est clair que cette cérémonie se commençait
autrefois à minuit : mainlenanl elle ne se commence
que SIM- la lin d(! matines. M. Tliiers (l)dil l'avoir ap-
pris ainsi par une lettre du H. P. I). François Pomme-
raye, moine béiiédictin de la congrégaii(»n de S. Maur
el auteur de l'Histoire des archevêques de Rouen.
Voici l'extrait de cette lettre qui explique les particu-
larités tant de celte procession (|ue de celle qui se fait
aussi dans la même ville dans la fameuse abbaye de
Sai.t-Ouen : Dans l'Ég'ise cathédrale de Rouen le jour
des Hameaux, avant matines, les sacristes tirent le S.-
Sacrenienl du ciboire oii il est suspendu devant le qrand
autel et le mettent dans un autre ciboire, et non pas dans
un soleil, lequel ciboire ils mettent dans une espèce de
lanterne de verre carrée qu'ils posent sur un brancard
préparé sur une table où le peuple le vient adorer. En-
suite sur la fin de mutines deux prêtres chapelains en
aube et étole viennent pretidre le brancard et le portent
dans ta paroisse de S.-Godard, sans aucun citant. Ils
sont précédés de la croix et des tinterelles ou clochettes
de la confrérie du S. -Sacrement, et d'un grand nombre
de torches allumées, tant de celles que les confrères four-
nissent que d'une douzaine que Mil. du chapitre y en-
voient, et suivis d'une grande midtitude de peuple. Après
que l'on est arrivé à S.-Godard, l'un chante tine messe du
S. -Sacrement.
Dans la cathédrale les rameaux étant bénis , les chû'
nuines viennent dans l'église de Saint-Laurent poiir y
entendre la prédicadon que l'on faisait autrefois sur un
grand lluàlre qui était préparé dans l'aitre ou cimetière
(lui est entre l'église de Saint-Godard et celle de Sai,U-
Laurenl : car ces églif.es sont fort proches l'une de l'autre.
La prédication étant achevée , les deux prêtres qui ont
apporté à Sninl-Godurd le Saint-Sacrement s'arrêtent à
la porte oii l'on dit quelques prières. Ensuite on fait une
procession solennelle depui-' Saint-Godard jusqu'à la
cathédrale. Les rues par oii l'on passe sont tendues de
tapisseries. En chemin l'on s'arrête à un carrefour ap-
pelé la Crosse, l'on y chante le Gloria, laus et honor,
parce qu'autrefois la porte de la ville était en ce lieu-là.
(l)Lib. 4d« lExp., c. 1».
3t3
De sorte que cette procession représente l'entrée triom- '
pliante de y otre-Scujneur dans Jérusalem. On continue
puis après la procession, et le Saint-Sacrement est re-
posé à la catliédratê.
Les religieux de Snint-Ouen font à i-eu près les
mêmes cérémonies dans renccinle de leur monnslère
que celles dont nonsvenonsde parler, iii;iis ils n'y ex-
j posent [)as, non plus que les ciianoines de la ralhé-
Idrale, le Sainl-Sacremenl à découvert. L'nc autre
{procession du Sainl-Sacreniei;t, qui ne cède ijuère en
anliquilé à celle de la Fêle-Dieu, est celle qui se faii
dans plusieurs églises, le jour ou piulôila luiit de Pâ-
ques : Tordre que ron y observe dans l'église Cathé-
drale de Beauvais est prescrit dans un ancien Anli-
plionier qui a été donné par Pierre d'Argilière, sous-
chaulrede celle église, qui mojvnl en 1517, et r;;nlcur
ne prescrit point les cérémoines qui s'y font connue
nouvelles , mais conmie un usage re<;u dans celle
église. Les voici telles qu'elles sont prescrites dans ce
livre (I) : Cette nuit on ne ferme ^wint réglise, et on ne
tonne point à l' heure du coucher . Le dimancne de la Ré-
surrection, on sonne premUrenienl tes petites cloches, et
tout le clergé doit s'assembler à Céglise , puis on sonne
les grosses cloches pour le premier coup de matines , et
alors on ordonne la procession au sépulcre; le curé de
Sainl-Pierrc la condnisa)it, l'évéque ou le prêtre semai-
nter, revêtu d'une cliappe blanche avec Tétule et la mitre,
va à la procession avec tout l'appareil ordinaire, tous les
ecclésiastiques tenant des cierges allumés dans leur
main. La procession étant lien disposée , l'évéque ou le
prêtre semainier entre dans le sépulcre , prend entre tes
mains le a lice ou est le corps dn Seigneur, et après
avoir commencé le lî. Chuistus rfslrgf.ns, le porte au-
tour du chaur jusqu'à l'autel; quatre chapelains velus
de blanc parlent l,' dais ; les autres ecclésiastiques suivent
en chantant le R. Ciihistis RFSiRGr.NS, son V. et sa'ré-
pétitiott. Cependant on sonne toutes les elochrs jusqu'à
la fin de la procession ; l'on doit sortir par la porte, qui
est du côté gauche, en chantant le /î. Cukistls resir
GENS, le V. i>ic\NT MiNC JuDït. La procession étant de
retour au chœur, l'évéque a ant remis le corps du Sei-
gneur sur l'ai tel, chante le Y. Slkrexit Domints df.
SEPiLCRO , et on lui répond : Qii pro mt.is. Ensuite il
dH l'oraison Pr.csta. qi/ESimls, sans Homims vobis-
'rtii , ui Uenedic \Mti> Domino , après quoi il donne la
bénédiction au peuple, et étant de retour à sa place au
chœitr, il commence let mutines.
Là niêuie procession, à peu près , se fait dans les
églises collégiales ei les paroisses de la ville, et dans
qucIques-iMiiS de la campagne du diocèse de Beau-
vais. Elle se fait aussi, et même avec plus de cérémo-
nie , à Laoïi, où on commence à sonner les cloches
pour cela à deux heures ajirès niinnii, avec celte par-
ticularité , que, le célébrant élml onlré dans le sé-
pulcre avec deux anciens chanoines qui ]'aceonq)a-
gnenl, il y prie quelque temps, et que ccpeiidanl deux
diacres étant debout à la porte du sépulcre, chanienl
HISTOIRE DES SACREMENTS. 3Î4
ensemble Ardens est , et qu'un enfant de chœur, qui
est caché cl deboni dans le sépulcre , leur demande :
Quemquvritii? à quoi çci:\-ci répondent : Jesum Na-
zarœnum. El le même enfant de chœur leur ayant
dit : Non est hic, aussitôt les chantres entonnent Sur-
rexit Dominus verè , idleluia. Après quoi l'on chante
Viciimœ Paschnli laudes , avec d'autres répons, et l'on
retourne processioiniellenicnt dans le chœur. C'est
.M. Bélotte qui i!Ous apprend ces détails dans la de-
scription qu'il a faite de celle procession. M. Lveillon,
chanoine d'Angers, assure cpie celle procession se fait
aussi dans l'église caihéilralc de Sois->0!is , après
le troisième répons de matines , et en lail une de-
scription circonstanciée (jue l'on p^ut voir dans
M. Thiers (I).
Enfin, la même chose se fait dans l'église royale et
collégiale de Saint-Quentin en Vermandoi-;, avant les
u;atines, el à Bayeux en Normandie. Autrefois même,
dans l'église pairiarchale de Bourges , les trois der-
niers chanoines étaient habillés en filles .à celle pro-
cession (|ni s'y fail avant matines, et ajirés laquelle on
res-erre l.i (tivine Eiicharistie. Ces trois chanoines re-
piésenlaicnl les trois Marie, et i! y avait de sembla-
bles abus dans quelques autres églises cathédrales ,
cumme dans celle de Beauvais, où une (ille était |)ré-
|)osée pDur garder le sépuh re. Le chapitre lui faisait
donner tons it^s jours un pain.
Ce n'est pas seulement en France que cette céré-
monie de porter ainsi le corps de Notre -Seigneur en
procession !e joiir de Pârpies, après l'avoir tiié du sé-
pulcre, s'est (d)servéc; elle est Irès-ancienne en Al-
lemagne, connue on le voit dans le calécliisme de
Fi ideric Nansea (2)',, évcqiie de Vienne, en Autriche,
où elle est représentée d'ure manière irès-helle et
très-édiliante. Elle conimeiiçail ajirès minuit vers le
point du jour. Elle est aussi décrite dans le Sacerdotal
de l'église romaine et des autres églises , imprimé
à Venise en 1579, ce ([ui lail juger qu'elle était fort
commune dos ce tenip> el auparavant dans les (gliscs
d'Italie. Rien n'est p'iis édi(iant(|ue les rils , les priè-
res, les chants d'allégresse, el les diverses cérémonies
qui se tioiivcnl exactement décrites dans ce livre ,
dont M. Thiers rapporte un grand extrait que l'on
peiil consulter, aussi bien que ce qu'il y a inséré dans
son livre 4' de rExposilion, du Processional di; Fon-
tevraiill, louchant cette même céréinonie. Tout ce
iiu'ou lit là-dessus ne respire qu'une tendre dévotion,
qi'iine s inte joie , (prune humble reconnais ance ;
mais nous ne pouvnns transcr.re tous lesextiails que
M. Thiers a donnés des livres où toi:t cela se Iiouvc
presciil. Il nous suffit d'en avoir donné une idée par
le |teu (pie nous en avons rapporté.
Il cm, dut le chapitre (jui contient les extraits où
ceiti' pieuse céiéniome esi déciite en ces termes :
Voilà ce que j'ai pu remarquer de cette illustre jno-
ccssion, qui a été plutôt établie dans l'Eglise pour re-
présefiter te grand mystère de la résurrection dii Fils de
(fj Thiers, l. 4 de l'Exp, c. 21.
(!) Lib. -Idel'Exp., c. 21.
(2) I! avrtif n<:«isi»» au roncilc de Trente.
^28 EUCHARISTIE. - CIIAP. Mil.
Dieu , et pour faire voir que le jour de Pâques il n'cul
pas (l'WS le lombeau , que pour mcllre en éi'iiUuce le
Sdcreinenl de son corps et de son sang, puisquen effet il
ij a peu de lieux oit il tj soit mis , et que , s il y est mis
rudque part, ce uesl t^uc pour un montent, et pour en
donner aux fidèles une vue passagère et scmbluble à
celle qit'cut de Dieu le prophète Elie sur la montagne
d'ilurcb. I El cccc Doiiiiiius Iransit. >
CHAPITRE X»I.
De Pexposition du Saint-Sacrement. Depuis quel temps
elle a commencé à se faire. On parle à celte occasion
des ostensoires transparents, de leitr antiquité et de
leurs diverses formes. Des cérémonies principales aii.r-
quelles on expose le Saint Sacrement,et, en particulier,
des prières des quarante heures dont on recherche
Corigine el Ls motifs. Des règles qu'il faut garder
dans l'exposition du Saint-Sacrement.
Quoique la procession du Siiint-Sacrement à In Fêle-
Dieu ail, suivant louleappnrence, donné lieu à l'usage
qui esl établi aujourd'hui de le porter en évidence el
de l'exposer dans les églises , il n'est pas aisé de fi-
xer précisémeiil le temps auquel ce second usage a
été reçu , el M. Tliiers (l), qui a fail tant de rcclier-
Ches curieuses là-d>'SsUs, assure posilivemenl que Ton
ne saurait prouver que ces deux cérémonies i eligieuses
aient commencé en même temps; et de plus, qu'il y
a bien de l'apparence qu'au commenccmcni que se lit
la procession de la Fête-Dieu, on n'y portail pas le
Saint-Sacrement en évidence, mais de la manière que
l'on avait accoutumé de le porter dans les autres pro-
cessions dont nous avons parlé dans le chapitre pré-
cédent, où il est certain qu'on le portail couvert el
voilé. Cela paraîtra d'autant plus plausible , ajoute cet
auteur, qnil n'y à pas encore cent vingt ans qu'en toute
la Franconie on le portait renfermé dans une bourse
aux processions du Saint-Sacrement à la Fête - Dieu ,
pratique que l'on avait sans doute commencée dès la pre-
mière institution de ces processions , et que l'on n'avait
pas voulu changer dans la suite des temps pour s'atta-
cher au nouvel usage.
Cependant il faut avouer que l'usage d'exposer le
Saini-Sacrcment esl très-ancien dans certaines églises,
et qu'il ne cède pas beaucoup en antiquité àl'inslilu-
tio;i de la procession de la Fêle -Dieu, (pii, connue vous
avez pu rcnvirqner par ce que nous eu avons dit,
n'a pas conmencéaussitôt que la fête du Saint-Sacre
ment, ni en même temps dans loui les lieux; mais
qui s'csl introduite inscnsihlehient el en diflérciils
temps dans les diverses églises.
Une [irenve sensible de ce (|uc nous avançons lou-
chaiii l'aniiquiléde l'exposition du Saint- Sacrement,
soit dans les églises, soit aux processions, c$l l'usage
de ces tabernacles porl.-itifs que lïon's appelons com-
nninémenl des ostensoires, des nielchisédecs, des so-
leils ou des custodes, dont quelques-uns sont fort an-
(I) Expos., I î, c. l, sub fin.
EXl'OSlTlOiN Ï)U S.-SACKEMENT. 326
ciens, cl approchent assez du temps auquel on a corn*
mencéà faire la procession de la Fêti'-Dicii. Le concile
provincial di; Cologne de l'an lio-2, el rilhislre ar-
cliiiliacte de la inèim* ville, Jcnn Cropiwîr (I), eu font
mention S(Uis le nom de montres (|ui servaient :i l'cx-
position du Saint-Sacrement. Ce concile fait même en-
tendre qu'il yen avait de plu>,ieurs bori<'s. Nous en
trouvons bien avant ce temps. Il y avait aulrefuis un
de ces ostensoires d'argent doré en forme de croix
dans l'église de Noire- Dame de Paris, comme on le
peut voir dans /'//ii^enfajred^s reliques, joyaux, el orne^
ments de drap d'or et de soie, tapisseries, livres, et attires
cho.'ies étant au trésor de l'église de Paris, fait le mer-
credi, onzième novembre li58. Cet inventaire porle :
Jlem une croix d'argent doré que soutiennent deux an-
gels pesant en tout douze marcs, en laquelle on porle le
corps de Notre-Scigneur au jour du Saint-Sacrement,
que doima M. Gérard de Monlagu, chanoine, el deptiis
évcque de Paris. Il reste même des ostensoires en
forme de soleil qui sont fort ancier)S. Ou voit, dit le
lal)orieu.v M. Thiers (2), dans un graduel de la sainte
chapelle (le Paris écrit sur du'vélin, du temps de Louis
XII, qui mourut eu 1515, un de ces soleils déjieinl eu
miniature dans la première lettre de Ylntroïl de la
unisse du Saint-Sacrement. Il y esl représenté porté sur
le> épaules de deux prêtres ou de deux diacres revê-
tus de sonlnm s ronges, de surplis et de chappes. Un
roi marche après accompagné de quelques cardinaux
et de quelques évê(iues; et il y a deux marques in-
faillibles dans la même page aMX(pielles on recomiaît
que ce roi ne peut être que Louis XII. La p:emière
esl un pore-épie que Louis Xil piil pour sa devise,
connne le remarquent plusieurs de nos historiens. La
seconde sont des IL el des AA couronnés avec des
armes, parties de France et de Bretagne; ce qui dé-
signe assurément Louis Xl'I.
On trouve encore de pareilles images de soleils vi-
trés en plusieurs autres vieux graduels au connnence-
meul de l'office du Saint-Sacrement;el il y en a même
de réels et d'elfectifs en quehpies églises, qui sont
encore-plus anciens que Louis XII. Témoin celui des
Céle>tinsde .Marcoussi, qui esl si he:;u el si riche, et
qui Icin- fut donné du temps de Charles YI par leur
fondateur Jean (le Monlagu, grand-mailrc de France,
que le duc de Bourgogne fit décapiter pour crime de
péculal, et frère d(! Gérard de .Monlagu, évè pie de
Paris, dont nous ven<uis de parler. XI Tliiers ne s'est
pasconlenlé de nous donner une description détaillée
de celte p èce curieuse; il en a donné de plus la figure
qu'il a fail graver fort exactement sur un crayon qui
a été fail par le P. procureur des Céleslins de Mar--
coiissi.
Ce soleil a deux pieds de haul. Le pied ([ui sert de
base est de forme ovale, embouti el relevé jiar-dessus.
De ce pied sort mie tige ornée de quatre chérubins
adossés l'un contre l'autre. Elle se termine par ua
(1) Art. 3 Primar. cle Christ, in Eucharist. ador.,
c. 3.0.
r2) Ibid., c. î.
547 HISTOIRE DES
feuillage d'où sortent deux cornes (i'alioiulaiiceel deux
ceps de vigne chargés de grap;ies de r.ùsin el entre-
lacés d'épis de blé ; ces cornes d'aiwndance, qui se
jelleiilàdroitoelàgaucliesoiilienneiit les cepsde vigne
et les épis de blé qui se perdent et sont couverts d'un
nuage. Toute celle partie, savoir, le pied, la tige et
ses branches, et les nuages qui sont d'ar^icnt doré,
s'élève à la hauteur de douze pouces et de trois lignes.
Sur le nuage il y a deux anges debout hauts de cinq
pouces et neuf ligaes, ils sont d'un or très-pur, et
leurs vêtements faits en manière d'aubes. De leurs
mains ils soutiennent un cristal de roche taillé en rond
et en (orme de cylindre, de trois pouces de long sur
trois pouces et demi de diamètre, il est creux par de-
dans, et il n'a que deux lignes d'épaisseur. Les deux
bouts sont fermés par deux plaques d'or gravées de
part et d'autre. 11 y a dans ce croissant une lunule
d'or qui s'emboîte dans un pivot, et dans celle limule
on y niella sainte hostie. Ce cristal est surmonté el
à denli-couvert d'un petit édilice en façon d'église,
tout d'or, de trois pouces et demi de hanl.
Les ostensoires en forme de tourelles, percés à
jour ou transparents, me paraissent encore plus an-
ciens, dilM. Thiers (1), que les soleils viirés. il s'en
trouve de celle espèce faits il y a plus de 300 ans; et
les curieux en peuvent voirchez lesCélestins de Mar-
coussi une très-belle image en minialure renfermée
dans un D, do la hauteur d'un pouce, qui est la pre-
mière lettre de l'oraison du Saint-Sacrement dans un
missel Romain écrit à la main sur du vélin l'an 1374,
comme le témoignent ces paroles : Correclnm et scri-
ptum per me Bnrlholomœum de l'arlholis de Bonomà
scripiorem, 137-i, indiclione 12, lô februar. Jean, due
de Berry, en fit présent à ces religieux, l'an 1408, lors-
qu'il assista à leur premier établissement àMarcoussi
avec Jean de Montagu, leur fondateur.
Elle représente un évè(iue accompagné de deux
acolytes , portant le Saint-Sacrement dans une tou-
relle d'or percée en quatre endroits. Ce qui sans doute
nous marque la manière dont ce mystère adorable était
porté en procession le jour de la Fête-Dieu , â cause
de l'endroit du missel où cette figure se rencontre.
On ne peut pas inlerer de là précisément en quel
temps l'exposition du Saint-Sacrement a commencé
de se faire dans l'Église, mais on voit par tout ce qui
a été dil jusqu'à présent dans ce chapitre, (|u'au moins
en certains lieux , l'exposiiion du Saint-Sacrement a
suivi d'assez près l'établissement de la procession :
car il n'y a pas grand espace de temps entre Jean XXII,
qui l'a établie très- probablement , et qui est mort
en 1353, et le temps auijuel aéiéfaile cette minialure,
qui représente sans doiite ce (pii se passait, au moi; s
dans le pays où vivait celui qui a écrit ei peint ce mis-
sel dont nous venons déparier. Enfin il sen.ble que
ce qu'on peut dire de plus raisomiabU; là-dessus, est
que ne se trouvant, dit M. Thiers, aucun ordre exprès
de l'Église, qui ordonne celte exposition, il faut qu'elle
(1) Art. 3 Prim. de Clirist. in Euch. ador., c. 30.
SACREMENTS. H^
se soit introduite peu à peu par des particuliers quel-
que temps après le milieu du quatorzième siècle.
On expose ordinairement le Saint-Sacrement , au-
jourd'hui, dans les jours de dévotions publiques et
dans les occasions importantes, soit dans les calami-
tés, soit pour oblenir le secours de Dieu dans les gran-
des affaires. C est ainsi qu'on le fit aux états de Blois,
qui connnencèrent par ime procession célèbre du Saint-
Sacrenu'iit, cpii se fit le dimanche, 12 octobre 1.588, et
dont la pi>mp(! et la magnificence est décrite dans le
recueil général de? étals tenus en France sous les rois
Charles VIII, Ciiarles IX, Henri III et Louis Xill. Celle
qui se fit le 20 d'octobre aux états-généraux de
France, lenus à Paris en 1614, sous ce dernier roi,
ne céda point en magnificence el en bon ordre à celle
des états de Dlois. On peut en voir le détail dans le
même ouvrage el dans le récit curieux et circonstan-
cié qu'en a fait M. Florimond Rapine, avocat du roi,
au siège présidid de Sainl-Pieire-le-Moulier , député
du tiers-ordre à cette assendjlée. ).,es dévolions pu-
bli(|ut's sont les temps de jubilés , les indulgences
plénières, les prières publiques qui se font pour dé-
tourner les calamités dont les peuples sont ou affligés
ou menacé^ ; et enlin les prières des quarante heures.
On peut voir ce que dit sur tout cela M. Thiers, dans
tout son quatrième livre de l'Exposition du Saint-Sa-
crement, (in y trouvera une infinité de particularités
cmieuses et intéressantes ;et on y verra entre auires
choses , que les prélats de l'Église, pour la plupart,
n'ont usé que fort sobrement du pouvoir qu'ils ont de
permettre l'expo- ition du Saint- Sacrement dans de
semblables occasions. S. Charles a prescrit sur cela,
à l'occasion des prières de quarante heures, une règle
fort judicieuse, que quantiié de grands prélats ont sui-
vie depuis. C'est dans le rituel Ambrosien (1), où il
distingue de deux sortes de prières de quarante heu-
res : les unes qui se font pour une cause publique et
importante, el les autres pour d'autres causes, et il
permet d'exposer l'Eucharistie à celles-là, et non pas
à celles-ci. Ne quâvis causa, dit- il, Eucliaristia palam
et aperlc exponatur, scd publicâ lantùm, eâque gravi ;
(lins verb de cdusis ortitionem 40 liorarum licebit insti-
luere, sed non sacramcnto aperlè exposito.
II ne me convient pas d'entreprendre de déterminer
ici ce que l'on doit entendre par ces causes impor-
tantes, par lesquelles on ordonne ou l'on célèbre les
prières des quarante heures. C'est aux évêques à ju-
ger de ces choses, à indiquer ces prières, à les insti-
tuer, et à y permettre, s'ils le jugent à propos, l'expo-
sition du Sainl-Sacrenienl , soit dans l'église même cl
sur les autels, soit dans les processions que l'on peut
fiire à cette occasion. Je me bornerai à faire quebincs
remarques louchant l'origine el les diverses sortes de
prières de quarante beun-s, qui sont assurément une
des pratiques des plus dévotes el des plus salutaires
que l'on ail introduites dans ces derniers siècles.
(1) Tit. de sacr. Euchar. de cxponcndà sacra Eu-
char., in Oral. 40 horarum.
ETJCnÂlVTSTTE. — CHAP. Hm. EXPOSITION DtJ S.-SACREMENT. 55»
55a
Les premihes et tes plus andevues que je mclie, dit
M. Thiers, sont celles qui oui élé instituns },(ir le père
Joseph de .Milmi, cnpudn, eu mémoire du séjour que
ISolre-Seigmur fil dans son tom' eau. C'est ce que j'ap-
prends du pire l'ierre de S. Honiuald , fruillanl, dans
son Trésor clironulogniue, ou il dit queu iuuuée IfJ.Mi,
mourut ce reliqieux, qnil truite de qnind et de savant
personnage. Il ajoute qu'on lui donne lu gloire d'avoir te
premier institué l'oraison des quarante lieures, en mé-
moire de celles que Jésus-Christ demeura au sépulcre.
Les secondes sont celles qui se faisaient autrefois tous
tes mois, à Rome, pur trs confrrres de ta confrérie DE
l'Orais.in ou i>F. i.v MouT, à l'imitation du jeune de qua-
rante jours que Notre-Seigneur garda dans te désert, et
des Apôtres aussi bien que des l'ères de ta primitive KgUse, •
qui priaient sans intermisswn ; elles ont été confirmées j
et approuvées par te pape Vie / V, te W jour de no- j
vembre MVM, dans ta huile Divina disponente ci.emf.n- ,
TIA, par l:i(iuflliîil p:ir:»it <jiiecciix (ini él;iici.l iis^ocK'ïJ '
Scelle ionfmi<-, «li'iii i;dèieiil à ce rajiotiuil !eiii lui
permis lie piiiier h; Saiiil-Sacreineiil en prnccsbioii le |
p('iiul.iriiiciliinaiulietîecl.a(]m;mois, ou imaiilre jour, |
au comiiiciKeiiK ni de roiaion des <|ii.iraiilt' heures,
et (|tie Pie IV ne leur fil poinl de répon e snr cet ar
licle. Aussi c s prières ne furenl-elltrs p 'inl éla!)l:es
pour une eau e pul)li(pie. mais seulenienl pour salis-
laire à la dévi lion paiiieuliére de eeux (jui claicnl en-
Irés dan> eelle pieuse assocalioii.
Les lioisienies soni celles *|iii so funl durant toute
rainiéc, jour et nuit >ans dise •niinuation el allernali-
venienl dans les église de Rome, tie .Milan el de |)lii-
sieurs aiit:es ville>. Ce fui Ménienl Mil qui les iiiNli-
lua le i.j de noveniUn; 15!(2, selon li bulle C.ravsel
diulurnœ , à cause des non!. les de noire France, el
pour implorer l'assisiaiice du cul cniiire les liéréli(|ues
el les Turcs. Laerce el Ang:- Cliérui<in , .son lils, lé-
rnoiguenl (pi'elles ont été coiilinuée.> par Paul V, le
di.\ii'me jour dt- mai IGUG ; le Sainl-Sa( renient esl
exposé à K<iue et à Milan pendant ces prièics. El
cela |iarail a sez confurnie aux \nes que l'on a eues
quand on s'est niis sur !e pied ilexposer ce Sacrenienl
adorable, puisipie ces prières dt-s quar nie lieines oui
élé in liliié.s piiu' des iiéees->ilé-. piddiques et pres-
santes. Cependant on eu a f.iil plusieurs fois en
France, couiine .M. Thiers le fait voir dans le neu-
vième chapitre de son premier livre de l'Exposi-
tion, etc., sans qu'on ail pour cela exposé le Sainl-
Sacremeut. On ne Ta pas même fait dans plusieurs
églises du royaume , lorsqu'on faisait des prières de
quarante heures pour iheurcux succès des armes de
sa majesté, el pour la conservation de la vie du roi
Louis XIY, qui éîail si précieuse à l'Éiat. Cela est vi-
sible, dit luujoins .\1. Thiers, par une infinité de man-
denicnis publiés sur ce sujet, el entre autres, par ce-
lui de .M. de i'arlai de Chanvalon, archevêque de Paris,
du 17 mai 1075.
• La quatrième sorte de prières des quMQfttc heures.
■ esl celle qui se lait depuis le dimanche de la Quincpia-
' gésiuie jusqu'au mardi suivant inclusivement. Ces
TH. XZ.
prières ont élé instituées pour les opposer aui dt-lnu-
ches el aux excès qui se commelleni d'ordi aire
durant ce temps, auquel quantité de mauvais(^hrétiens
cherclieiil à se d(;d')mmager, aux dé| eus de leurs
l'inu'S, du jertiie du carême. S. Charles était irès-zélé
pour celle sainte obsc^rvancc. Le savant Augu-lin>
é\è<|ue de Vérone, (|ui était son ami 1 1 qui a é» rit sa
vie, dit de lui qu'il avait trouvé un excellent expédient
pour empèelier le peuple de faire des sottises pt-ndar t
le carnaval : Crtr, i\\\-\\ , tes jours de fêtes on rliautait
des hymnes dans t'»glife , on réjouissait le peuple par
des motets que l'on faisait chanter en musique, on élevait
tes espri:s par des discours conçus en peu de paroles,
mais édifiantes, et par des oraisons jarutaloircs. Il admi-
nistrait lui-même fréquemment le Très- Sainl-Sncremeut
de l' Eucharistie durant ce temps, el avait coitume de le
porter de ses propres mains par toute t'ég'ise ; en sorte
que l'on faisait, .•iurtout en ce temps, la guerre au diatil-.
Le zèle de ce saint archevêque élan d'anianl plus
louaiile dans ceite occasion, (pie les d ssoiulious du
carnaval étaient et sont encere très-gramles en Ita-
lie , el surtout à Milan où elles lrio;ii|)liaiei>t , dit
.M. Gotleau, dans la vie de S. Charles (I), el où elles
commenç lient dès le mois de janvier, et ne finissaient
que la première semaine de ciréine.
S»i..i Charles n'est pas le |»remier qui ail introduit
celle pieuse prati(|uc ; le P. Nicolas Oriandin de la so-
ciété de Jésus rapporte (2) qu'en 15.^(), les Jésuiles
exposèreni le S. -Sacrement à Maccrala, e. Italie, aux
|)rièies des quarante heures, pendant les trois der-
niers jours de carnaval , afin de détourner des spec-
tacles , que la plupart des hahiuiils de la ville as-
sistèrent à ces prières, que r«»a en fil aulaiit les
années suivantes, et qu'enfin l'on pratique la même
chose dans toutes les miisons de leur coiiipag.iie. Ce
fut sans doute à rimitalion de ces religieux , que M.
Benoit, curé de S. ijistaehe de Paris, conf sscur du rù
Ilenri-le-Grand , et nommé par le même loi à i'évé-
cbé de Tnyes, tâchait de détourner le | copie îles
folies du carnaval , en prèc :anl to is les jours pen-
dant ce temps, comme nous l'aiiprenons dans son
(uaison funèbre , (jui fu^ prononcée par. M Cayel , lec-
teur du roi, le 10 de mais de l'an iGuS, dani> lacpielie
ou lit ces paroles ; Et même combien d'années de ses
premières u-t-il élé faisant trois prédicadotis tous tes
jours de dimanches et de fé!cs , et tous les jours encore
une , jusqu'à ne laisser passer les jours qu'on appelle de
carême-prenant? ce quêtes frères Jésuites maintenant
veulent imiter. Qui n'admirerait cela ? Ces dernière»
paroles sont un reste de l'animosité que l'on avait
alors contre les Jésuites : car sans nier que M. Benoît
ait fait ce que son panégyriste dit à sa louange, on
ne peut raisonnablement contester que l'on n'ailprali-
qué dans la société ces prières des quarante heures,
avant ce fameux curé de S. Euslache. i
Si l'on s'était borné à l'usage d'exposer le Saint-
Sacrement dans des occasions semblables à celles
(l)L. l,c.26.
(-2) Lib. lt> Annal, societ. Jesu.
U
331
IIISTOinK (jE> sacrements.
«-ïW«-
S32
«Ion» nous venons de prirler , on anraii agi d'une ma- v loplic Man el , qui de maître des cérciiioiiics aposlo-
iiière plus conforme à lespril de rKj^'IÏM! qui a lon-
joiirs caclié ses iiiysUTcs avec un irès-^'iand soin , cl
SMi-lDiil celui de l'Iùidiarislio, le plus saiiil el le plus
lodoulalile de lous, de peur qu'ils ne vinssent à la
cdunai^sancc des impics, cl ^le ceux qui n'y élaient
|M)inl iiiiliés, ce (|ul esl inévilublc quand Qn expose ce
sacrement à découvert dans nos églises où tout le
monde a aujourd'hui une entrée libre , ou qu"(Mi le
[toile dans les rues et les carrefours des villes , où il
sç peut rencontrer des Juifs, des infidèles, des impies,
elUc ceux mêmes qui blasphèment tous lesjours contre
ce divin sacrement , en particulier. Vous avez vu plu-
sieurs preuves du secret des mystères qu'observaient
nos pères, dans la première partie de l'histoire du
IJaplèuie, ils portaient si loin celte religieuse atten-
tion , (prilrj n'ont pu se résoudre à changer de con-
duite sur ce |)()inl, nonobstant les calomnies atroces
dont les ennemis du christianisme s'elTorçaient de les
noircir , et par lesquelles ils voulaient les rendre
odieux aux peuples, smlout au sujet de l'Enc'aristie.
Ils auraient pu dissiper lonles ces calonmies en s'ex-
j;liijn:int clairement sur ce mystère, ou en le célé-
brant en présence de ceux que l'on voulait prévenir
contre eux ; mais ils n'ont jamais pu s'y résoudre , et
ils ont mieux aimé soiùfrir avec patience durant trois
siècles les itersccutions que la haine des peuples pié-
veniis leur attirail, que de violer le secret des mys-
tères.
Aussi voyons-nous que depuis que l'usage d'exposer
la divine Enchariilie s'est introduit, les souverains
pontifes tt les prélats oiH été fort réservés sur ce point,
et qu'ils ne l'ont permis que pour de bonnes raisons
et larenicnt; ils ont même réprimé souvent l'indiscré-
tion de ceux qui, pour s'acconunoder au goùl des
peuples, SG rendaient trop faciles sur cela, et nnilti
pliaient sans nécessité les processions du S.-Sacre-
nient, ou rexpo>,aienl trop souvent. Cette dévotion
niai entendue est déjà ancienne , et un concile de
Cologne tenu en 1 152, sous le savant cardiiial Nicolas
de Cusa, légat à tiitcre du pape Nicolas Y, en Allema-
gne, et conlirmé par Thierri, archevêque de Cologne ,
« e concile se crut obligé d'y apporter quelque tempé-
rament. Voici ce qu'il porte : Afin de rendre plus
d'honneur nu S.-SMrcmenI, nous ordoimons qu'à l'avenir
il ne soil nuctiuemenl exposé ni porté processionnelle-
nient à découvert en quelque ostensoire et cluir-voi^ que
ce suit, sinon durant la Irès-sainle fèiC du Corps de
.lésus-CItrisl etses octaves; et hors ce temps-là, une
fois l'uifuée seulement, eti chaque ville, en chaque bour-
ijudc , en chaque paroisse ; et ce par une pennission
expresse de l'ordinutre, pour la paix, ou pour quelque
autre nécessité pressante, et qu'alors cela se fasse avec
une extrême révérence et une parfaite dévotion.
Les souverains pontifes ont donné eux-mêmes l'e-
xemple de la réserve ([u'il faut garder en cela, ne
faisant point porter rEucharistie en évidence dans
des occasions très-importantes, telles que celles de
iç;i! !■'• : • ••■ (- :- '■ ■• '<- ■ <^' ;i (li'S enirorevira- Cliri'^-
i(p:es, fut lait archevêque do Corfou, npiis en donne
des preuves en tli\ ors endroits deson traité des sacrées
cérénwiiics de ilùjli^e romaine, qui a éié imprimé à
Venise en lolO, et déilié au pape Léon X ; car au
cliapiiie 5 (le la socciide section dn livre premier, il
léinoigne qu'après le couronneme.nt du Lape il se
fait à Rome une procession solennelle de l'église
de S. Pierre à celle de S. Jean de Latpn, que le
Pape y assiste à cheval, et que le S. -Sacrement y est
porté sons un dais précieux par un cheval blanc, doux
et caparaçonné de rouge, a\ec une clochette fort
claire et bien sonnante perrdne au cou.
Au chapitre 4* de la section sui\aiitc , il décrit une
antre procession solennelle , qui se f.iit jjar- les mes
de lloine après le coiri-onuement de l'empervun- , où
le Pape et l'emiiereur assistent tous deux : le S. -Sa-
crement y eslpoi-ié sur un cheval équipé comme nous
le venons de dire. Cela se (il à IJorrIogiie le 27 fé-
vrier io3'>, lorsque rciiipereiir Charles V y fut cou-
ronné par Cléaient VII . au rapport de Paid Jove (1).
Dans ces occasions le S.-Sacr'ement était enfermé
j dans un petit coffre, et couvert d'un voile de soie, ou
I de quelque antre matière précieuse. Uis arcula jungc-
balur nurea equo ulbo vccta , multis luminnribus circum-
dnta, in quù recondltu fuit Euchnrisli i, et sericeum de-
super nmbraculum ; ce sont les termes de I*ie H,
décrivant son enlrée dans .Mantouc. C'est ainsi qu'en
ont uséles autres papes dans ces occasions.
Les anciennes églises cathédrales, de même que
les plus anciens oïdi'es religieux , tel que celui de S.
Benoît, les Chartreux , cl celui de Cileaux, suivent le
même esprit ; on expose rarement le S. -Sacrement
dans leurs églises. Dans ce'le de S. Jean de Lyon,
peut êti'e la plus ancienne et la | lus rc.speclalde dn
royaume , et celle qui s'est le plirs atlachéj Jr conser-
veries usages anciens , il ne se fait ([u'urre seule pro-
cession du S.-Sacrement dans tout le cours de rannée,
savoir le jour de la Fête Dieu , elle Saint-Sacrement
n'y est exposé que ce jour-là durant la procession, et
durant la i;rand'messe, ensuite de qiroi ou lo porte
dans l'église de Sainte-Croix, qrri esl tout proche, et
où il demeure exposé dirranl l'octave de ceite sainte
fête. M. Cr;,ngier, évè'iuede Treguier, lénroigue aussi
que dai'S l'église cathédrale île Paris, dont il avait été
chanoine, orr resserre le S -Sacrement dans le taber-
nacle immédiaiemcnt après ï'Ite missn est , le jour
même delà Fêle-Dien, et celiri de soir octave. H
ajoute qu'on l'expose derechef pendant vcprcs seule-
ment : que tout le reste de ces deux jours et des autres
de l'octave , on ne l'expose point ; qu'on ne l'expose pas
même lorsque les papes envJent des jubilés à toute la
chrétienté ; qu'on se contente alors de donner toutes Is
marques extérieures de dévotion et d'invitation aux peuples
de venir gagner te jubilé ; qu'un met les plus beaux or-
nements ; qu'on expose les reliques, nn:is qu'il ne s'y
parle point d'exposi:ion du S.-Sacrcmcnt ; que si depuis
(il Lé... z/iiist. Bui temporip.
555 ri!rn\nisTiE. — ciïap. xiv. rr.voTioN eu s.-s.\cr.nMrNT.
534
vingt ang o« n rél('tchét;nrl'iue chose de la prcmia-e exa.- ]
titiide à regard de l ,\rposilio:i dn S.S.ureniciil, on pi'iii
dire {"que l'on ue l'ii jant-.is exposé que pour le roi (fui
le demandiit cxpressàncnt par ini^ lellre de cachet t"
Que ce n\i jamais été sans répugnance , tant de mon-
seigneur CarchJvégui! de Paris^qne de MM. du chapitre,
lesquels ne inamiiiott pus encore de le témoigner cUaqur
fois que l'on demande cela d'eux ; et enfin que c'al-la le
seul cas «hi/mc/ on expose le S.-Sucrenienl a SolreDame
de Paris.
M. tic l;i Croix (I) tomoigiie aussi que ce Ta en
raniiéo Iij-i7 iiii mois doclobic que h proniièro ex-
posilitiii ilii S.-S.icrcmeiil jj décoiivcrl sur le liaiil du
maiUe aniel, se lil eu la calliédiale dr Paris , à mie
oraison de (|iiaiaiile heures, qui l'iil iiidi^inée à cause
du siège de la Uoclielle, n'y ay:!nl jam.iis élé exposé
jusqu'alors, sinon pcndanl la procession de la Fèle-
Dieii, suivaiii ce que nous avons dil ci-devant.
CIIAPITIŒ XIV.
Dans lequel il est parlé de ladévo'ion an S. -Sacrement,
et en particulier de la confrérie dn S.-Sacremenl, et
de l'intention de ceux qui (ont érigée et de ceui qui
y sont entrés les premiers. Pensées judicieuses de
il. Ttiiers sur cela.
li'auilaee avep laquelle Zningle , Calvin , Bèze et
leurs scclaleurs se so.,l élevée lo. ire lo divin Sacio-
njeiijdu corps eldu saiigdeJésus-Clnisla rcveilié le zèle
des pi.faiiM de l'tglise, et k-s a portés à s'a|>pliqiier
avec plus d'ardeur que jamais à rendre cl à l'aire
rendre par loni le nionde à rEuc!iari.>iie le c'u!(o i,u.;
les Clireliens lui doiveul- 0>i a vu dans c<'S der' i-rs
temps des religieuses ajouter aux observances de la
vjë monastique mu cullc particulier di| S.-^>.i('re!oent,
et réparer par Mue adoraiiofi porpélu )|o du Saiivi ur
dans fpl élal le-, blasplièmcs et les iosulles qse ceux
que le diable avait héduils ne t essaient de lui f.ire.
Vfiyez ce qu'en dil le P. IJcIiol dans divers endroils
do i^on Ipsloirc désordres nionasii(pios (!2j. Pocr iniis,
nous passerons à un éiablj.>semeui d'une plus grande
élçiidiu', cl (|ui se trouve à pré-enl lieureusemeni ré-
pandu dans presipie toole> les parties de l'Kglise.Nous
en parlerons d auianl plus volontiers, qu'il (!sl très-
utile et q'i'il peut beaucoup contribuer à élilier les
fidèles , et à a.uguiCiUer Ja dévplioa cl le respect qui
est d|) à ce redontab'e my-iére.
Cet éiablissenienl es! la confrérie du S.-Sncrcmpiit,
qui a élé preniièieinenl érigée à Home dans l'égiise
de Nolre-Uauie de la Minerve des Irèics jréi lienrs,
et i nsuile approuvée cj conîinncc par Paul III à la
soIlicilaliOii des coi.frèrcs qui la conq)osaiç!il alors,
CDiume il parait par la jniile de ce Pape, Dominus
nosler J C-,qui est du lro|Uiéiuc jour Ue novem-
bre l-'vl'J.
.>ous mettrons ici quelqups extraits de cette biilie,
par laquelle on apprend comment s'«>t fwrmée celte
p|cu§e asso/cjalioD, et le l^yt que SC sont proposé ceux
(1) 3 p.. lit. du Prêtre célébrant, c. 18.
(il T. .T cl (i, sub finem.
qui y ont (Hé agrégés pour la proraière fois, ce qui
est il';iulaiit pl:s léeessaire, (pu; toiiles le? antres
couliéries du S. -Sacrement ipii s;; sont formées dans
la suilo dans loiite-i les autre-, parties de la cbréticn-
té , oui été établies sur le modèle de l'arclii-con-
fri'iie de Nnire-Damcdi la Minerve à P.omi,'. S os chers
enfants, «lit le Pape, tons les confrères de la confrérie
du S. -Sacrement , établie en cj:e \ille dans la Minerve
de l'ordre des frères Prèchetirs, nous ayant depuis peu
exposé par la requête qu'ils nous ont présentée, que depuis
peu quelques citoyens de cette ville et quelques autres
fidèles de notre cour, poussés de dévotion, et considérant
que le sacrement de l'Eucharistie n'ttail pas gardé avec
l honneur et te respect qui lui est dû dans les églises
paroissiales de cette ville, et que lorsqu'il fiAlait commu-
nier les malades, il n'y avait ,/«'«« simple chapel iin qui
le leur portât par les rues, sans aueuu honneur ni révé-
rence; et que désirant poi rvoir à cela, autant qu'il leur
était passible , ils auraient r.'glé et établi une société ou
confrérie d'hommes et de femmes , sous l'invocation du
très s tint S crement , dans l'église de ta Minerve, afin
de faire rendre à ce mystère l'Itonneur, le culte et la vé-
néra ion qu'il mérite.
Et pour la direction salutaire et l'accroissement de
ce te confrérie , il a été arrêté, entre autres ctioses , que
les confrères auraient un soin très-particulier que le
S -Sacrement fût gardé tant en l'église de la Minerve,
qu'en chacune des églises p:!roissiales de celte ville avec
la révérence qui lui est due, dans un lieu honnête et lio-
norable , devant lequel il y aurait des lampes allumées
jour et unit, et que si le revenu rf,; ces église-, n' l,:it pas
suffis nit, les confrères fonrniniieut tout ce qui serait né-
ces aire pour cet I, et même pour acheter un dais à cha-
cune desdites ég'ises, duquel on se sei virait quand on en
aurni' besoin pour porter l'l:ueluirislie aux malades.
Il a é é encore arrê é i^ue les curés on les vie-iees de
ces églises fer„ient sonner certains co; p^i de elcc'-e tou-
tes les fois qu'il sérail nécessJe d'administrer le S. Via-
tique à quelque malade et de le lui pn-ter dans sa mai-
son, a (in d'avertir les co:. frères voisins de leurs églises
de venir eux-inê:nes accompagner leir Suuv ur, s',ls
n'ont point d'empêchement légl imc, ou s'ils en ont , de
le faire accompagner par quelques-uns dj le:(rs princi-
p.H.t domestiques jusque dans la maison du m ,lade,
tenant des cierges ou des (lambeaux dans leirs mains.
Il est certain que rien n'.>st plis lon.ibie que cet
élablissemenl. rie:i de |ilus capable de faire resp:>ctcr
la lîeligion. Il est tfiste à la vérité jtoiir l'Eglise qu'il
faille faire, pour parvenir à !a fin qu'on s'y e<t pro-
posée, des ass()ciaiioiiS|)art:cu!ièr(;s ; il est lioi.leux
pour Iv's Cliiéliens et pour les mini.ir.'s di; l'I^glise
(pi'ils ne se portent pas t .ns d'eux ii:èmes à des de-
voirs si Icgilimes: mais dms la misère des temps où
la pieté est si fort refroidie, il est con-olant pour lÉ-
glisc de voir «pic Dieu inspire à (piel nes-iiiis de ses
enfmis un saint cmprc sèment pour contribuer de
j tout leur pouvoir au cul:c de ce divin sacrement, et
a lui fairs rendre le respect qui lui est dû, surtout
quand on le poi le aux malades. Jai élé uioi-mém«
Ï' n lui
fiuan
335
inSTOrRE DES SACREMENTS.
5S!i
Irfs-é'.liné fin ]o v^ynat ainsi porte dims nue ville do ^ tiiaire oh repose rEucliaristîe ; et Con fait tons les
Fhui.iics. a(riiiiip:i;'iiê «l'nii lu»» n(Hnl«ie <rii(Hiiielcs
bonrMMHS i|ni !e cuiiiliisaiciil iiMxteslenicnl, ayanl
cliMCini un llaiil e.m en niain. UiiliC riioniienr (|ne
rmi iciuià.lé> s-CInislen «ellcoccasinn.el l'édilicaluui
I) il)Ii(|nc, « e-i e.iCHie u..e eonsolalioii ponr nu ni(n"i-
Lo.d ijuand il Vdil se< fièrcs s'intéresser à son mal,
cl le visihr < n lel.ii ■ ù il e Innne.
Lr> ;inii('s iniiils |»i>iir les(|iiels le Pape a approuvé
et CdiiliiM.é rélaliloseineiil do l.i cniifrérie dnS.-S;i-
crcnienl. tiesonl jînnes moins inléies-,;iiils que celui
dnil II" :s |iiiil(»iis. Ai'in tjnU soil (jardé duns un lien
lionurabU', d l ce [•o.life, et qu'il y n'U loujuurs decunt
e,l eii'liiit une luinpf ardente, etc. Cependant , dit
Jl. Tlinrs (I ), ne /Vu/M/ pas demeurer d'accord que les
frais tpi se (ont en rctrihulions que l'on donne aux ec-
clésinsliiin s qiit ut.sisienl aux nfjics du S-Sucrenieni,
jours dans nue ville de qraudes dépenses pour l'e.t po-
sition (réqnenle, rf* ce divin nnjs:èrc. Ne vaudr.At-il / as
mieux les employer à la décoration on aux répitratiovs
de églis.sde la cumpqne et de l'achul d<s vaisseaux
sacrés, des meubles et dis ornements dont elles ont si
grand besoin? i\ a ce pas été l'intention de l'eut lll ,
quelles y fussent employées, comme on le peut voir var
les paroles de la bulle que }ious avons rap;.orlé(S?
L'on ne demande pas que ces éq isrs soient superbe-
ment bitties, qu'elles soient richement meublées , r,« elles
s ient magm/iquenient parées. L'on ne demande p.s
qu'il y ait des lubernucles du S. -Sacrement et des aulils
de si grand prix qu'il s'en rcncunt:e m quelques églises,
comme par exem, le, dans elle de S.-LuurenI de l'Ks-
citrial , ou te tubermcle est eslini? à quinze mille écus,
et lu structure dit n.a. re a lel à cinq cei ti miiie écus.
en cierge , en aj.st.ments, en flumbeuux, en bouquets et '\ ainsi que le finoigne M. le Camns, évéque de lUl
en d'antres décor dionsdes églises et des au cis au sujet de
re.ri)0!'i iiiii (réiueiUc du S-Sucre^ncn!, s"nt cause. gêné-
ralemnil pirluni, qu'il nesi pas qirdé dans les lieux
Iwnoratles dcvunt Icsiiuels li y ail toujours une lampe
allumée, et qu'il n'est pus porté aux malades avec les
cérémoniesi't la décence quesuppose la Bulle de P. ul III?
Car a lu »7's(;rr( , aji»ii|t-til, de quelques villes grandes
et opulnles, ou loit on que les prêtres qui le portent aux
maliid s s'iii'iit accompagnés d'un nombre considérable
de fidèles ijui aitiU des flambeaux on des cierges allumés
en leurs m tins ? oii roit-on que le culte qu'on lui rend
dms les rues lorsqu'il est pm-lé aux malades, soil aussi
éclat.nii que cetni qu'on lui rend lorsqu'il est exposé
dans l.s églis s ? souvent on le voit porté par un prêtre
ians dais, sans In^nicre, sans sidte. Dans quelques pa-
roisses il 1/ a un dais à lu vérité, mais ou c'esi pour i s
persimius riches seulement, ou si on le porte indifférem-
ment à ton: le mond- , il n'est point accompagné. Sou-
Vtnt on rencontre Jésns-Cnrist en un équipage indigne
de sa grandeur et de la piété des Chrétiens. A peine le
talue-t on, à peine lui fuit-on place , à peine s' aperçoit-
on qu'il puss...
J'avuue que cela rient en premier lieu du peu de foi
de II plupart des Chrétiens... muis cela vient aussi de ce
que la plupurl des chariiés semblent se terminer à don-
ner des cierges pour être allumés devant le S. -Sacrement
tandis qu'il est exposé sur les autels : car enfin voilà en
quoi on emploie la meilleure partie des aumônes des fidèles
etd^s revenus des fabriques; et tout cela contre l'inten-
tion des premiers auteurs de la confrérie du S. -Sacre-
ment et du Pape qui l'a le premier confirmée.
On ne se met pis en peine comment l'Eucharistie est
logée dans les églises de la campagne...; la plupart de
ses églises sont ou désolées, ou, découvertes, ou sans
lambris, ou sans vitres, ou sans lunnnaire. ou sans li-
vres..; leurs vaisseaux sucrés ne sont que d'étain ou de
cuivre , ou même de plomb en qnelqnes endroits ; leurs
tabernacles sont ou rompus, ou difformes, ou mat ornés ;
ou enfin leurs fabriques n'ont point de revenus pour
entretenir une lampe toujours ardente devant le sanc-
(\) Lib. 5, c. 8. i"
«y-
L'on n'y vut riend'exijuis , rim de rar, rien de pré-
cieux. L'on d: sire stutement qi e les chosts néc.ssdires
au culte de Dieu y soient dnns la proyre é, d^ins la dé-
cence et dans l hunnêielé ou elles doivent être...
lA comment est il possible qie lu plupart (le.i curés de
la campagne sulisfassent à ces oiligations si ligi imes et
si prcASunles, s'ils ne sont seciurus p.ir les libéralit s des
gens de lien qui aiment l'honneur de la maison de I uu?
On ne peut diùcon.eiiir que tous les cln: tiens ne doivent
prendre purt à cet honi.eur et a ce cuite : mais aussi
faut-il demeurer d'accord que les con;rères du S.-Sa-
creme t y en doivent prend e iiivore dtvant..g:', puisque
leur confrérie a été pJnc. paiement itublie pour ce effet,
et non pour procurer l'exposition jréquenle du S -S cre-
meut : puis(pie duns la bulle de Paul lit, il n'est point
dit que rEncItarislie sera exposée en cvid<nce dmis les
églises ou la confrérie sera érigée , muis seulement qu'elle
sera portée une [ois l'année en proces-^ion le lendemain
de tu l' ête-Dieu, sans expliquer si elle y sera portée à
découvert et duns un soLil vi ré , ou dans un cib>iire clos
et fermé, il n'y est point parlé non plus d'exposition du
S.- Sacrement tous les troisièmes dimai dies de ci.aïue
mois dans les églises de leurs confr.rits. mais seulement
qu'ils s'assembleront ers jours-là pour jaire dire des
messes, et qu'à l'élévation du S. -Sacrement, ils auront
des cierges ou des flambeaux allumés dnns leurs mains.
C'est ainsi que M. Tiiiers explique les véritabl(!S
devoirs des conrières du S. -Sacrement , cl likclie de
ramener les choses à l'espril dans l.'qnel crtle louable
association a été formée. 11 dit ailleurs (1) (|ue ces
confréries furent d'abord unifiirmcs, paroe ([u'on les
régla à-peu-près sur la bulle de Paul 111, et sur ce qui
s'observait dans l'églisede Nolre-Damede la Minerve;
mais que dans la suite des temps on s'est fort éloigné *
de ces premiers réglementa et de ces praliiiues origi-j
nale>i, et que l'on trouve mai;. tenant peu de confur-
milé entre les anciennes confiéries du S.-Sacrt'iiieiit,
el la pluiiarl de celles ipn ont été nonvellemeia in-
stituées. 11 en apporte plusieurs preuves, el celles-ci
(1) Lib. 5, c, 9, \ V j
557
EUCHARISTIE. — CHAP. XV. TSACES ABUSIFS DE CE SACREMENT. hZi
ciitrc autres, que le? dcmitTcs ne cou pinnin'nl (|iie
|.;s humm. s. au lieu ,\\i'dU'> d'ivi-iil élr,- pour Iniis l<'s
n.lèles tic l'un ei île ranlie sexe, comme il pnnul par
r»'Xlr:îil que nous avons rapp >ric de h huile do
l'aul 111 , (|ii ■ la plupart t^xpostnl le S.-SatreuuMil, el
eu font la i)ro»»'ssioii loule> les -cmai es, ou tous les
unis, ou de irois mois eu trois mois : au lii'u (pit-
l"ari !ii-(onlVt''ric de .Noire-Dame de la Aliiifrv.-, ne
r.xposf .1 n'eu fait la proccss.ou qu'imc seule fois
l'an éf.
Nous avons emprunté de M. Thit'rs tout ce que
uini> avons dit dans ce cliapiire, el mie l)ouue pari c
de ce ipu» imus avtms avancé dans les demi is de
ccle liisi ire «le rEucliarislie, parce que cel auteur a
beaucoup iravaill.' sur celle malièrc, el qu'il a mérilé
l'a prni»alioii du pieux el savaiil cardinal Bona, qui
élaii lui méuiiî si versé dans la discipline de Peglise,
par rappcu-l au sacrement de rKucli .ri-^lie (I).
Avant ([ii'on eût élalili la contréiie <lu Saint -Sa-
creuienl, les éveques avaient sniii dVmployr Inns les
moyens qui déjieudaienl d'eux pour procurer au cor; s
de Notre Seifîiiei.r, le culte el la rcvércui e (\''\ lui
sont dus.suriout ipiand on le porte aux malades.
N'ius en avons un Itil exemple dans les S;aliils de
AVarv, évéïpie de Verilun (lolio verso 25), par leM|uel$
ou voit qu'il accorde même des indulgences à ceux
qui l'acconpagu. roui eu celto oeca>iou. Voici c-mnie
il s'explicpie là-dessus : Pour exciter les (idrlcs à la d -
volioH envers le Suiiil-Sacreineni, et à lui rendrti l'hun-
neur qui d. pend d'eux, nuus ordonnons., que les pritres
av.rtissent leurs p/n-oissiens les jvurs de ftes, que qu n.d
ils verront pirter le cor,)s de Jésus-i.hrist aux malades ,
ils se mettent nus^iiil à genoix, el quils l'adorent , s-i-
clinnt qn.' ceux q,.i sont vraiment pénitents , €• qui se-
tant confess s , accompnqneront le prêire lorsju'it f ra
cett ' fonction, nrevioiii l'indiJqence de dix jour , s'ils
le font en pL in jour . el celle de vin,it , s'ils le font la
nuit, portant de la lumière soit de diez eux, soit de celle
que quelijues autres leur (ourniront , et celte indulgence
aura lieu et le-(r sen'ira en d duclion des pénitcncet qui
leur ont été imposées : ce que nous leurs accordons en
vertu de noire autorité ordinaire.
CHAPITRE XV.
De quelques usages abusifs de CEucInristie, et en parti
culier de ceux qui ont été inlrodniis dans ces der-
niers temps. Du soin qu'ont eu les prélats de les sup-
primer.
On aliuse des meilleures choses, el l'on en ahuse
loisqu'iHi ne les euq)loie pas aux usages pour lesi|iiels
elles ont été laites ou élahlies. (.'est ce ipii est arrivé
à l'égard du sacr nient de l'Ilncliarislie, «pie l)i; u
nous a dimné pour élre la ntuirrilure de n«»s Ames,
et non pour .s'en servir en de^ choses «pii n'y o..l
(!) Voyez 'a lellro de ce cardinal du 19 août 1752
à la lele «les livre> d' i'Kxpositi iii «In S -Sacreme.,i;
il y l'ail rél«)ge de «et ouviag-- , et réiieile l'auteur
d'avoir bi bien irailé un sujcl qui paraiâsail si slé-
rik.
point de rapport : ce <|ui n«; se peut faire «ans .ibus,
■>url«)ul hirsque ces usages ne sont |ifiiiil approuvés
par l'Eglise. Tt I est celui qin s'était inir"diiil cil
Kranc»' el eu All«^ma:'ne, selon le téuc i;,'uage m- Jac-
ques Sprong<T, di» • iuicaiu ( l ) , et de Henri tuslilor,
de |)ort«'r li; Saint Sacrement iiour apaiser tes \cnls
et li's lempèles.
Celle |Hatii|ue abusive s'émit lelliment n''p;indiic
«lans le «piinzième siécl«>, el p«!ut élre «les aupaia\anl,
«pi'ou en voit des preuves dans «l'anciens i ilucls , ou
celte cérémonie se trouve décrite dans toute s«m éten-
due. M. Ttii«>rs dit en avoir vu un où il était marqué,
«'litre autres cimscs . qui; le préire, a| ré> a\oir lait
c 'rtaines |irière>, tirait le saint ciboir«; du tab inaile,
le |>renait entre ses mains et le portait à la p.irle de
réijlise, où étant arrivé il conjurait bs leinjièU'S en
faisant trois ^igues de croix eu l'air av«'c b' «il.oirc,
birsipi'il pronoii«;ait ces parole-» -f Lhrisius reipial -J-
vincil f et imperal. Friderie .Nausea , évé.iue «le
Viei.ne , ^end)le même aultiriser celle pratiîpj «lans
S! n Caiécbisnie catholique (2). lorsqu'il du qu'eu «piel-
ques eudro ts l'on prodait l'Eiieii: ristie piuir a,.aiser
les touiierres el repousser les tempêtes . paii;e «pi'oii
espère que «.e saciemenl sera un puissant secours
contre les embûches el les enireprises «b-s «lénnms, à
cau^e qu'il coiitient le plus f«»rl ei I • plii> poissa t. le
Seigneur de.^ armées et le r«»i de gloire. Les tle.iX au-
teurs «pie n«ius avons cités l'-tniorisenl encore pins
formellement, loi-squ'ils a>s reiii «piil n'y a pi.int do
mal ni de superstition à .»e servir du Saïul Saci«'ment
pour cet us;;ge, pourvu «pion ne le ptirle pas a décou-
verl, mais re fermé dans le «ibiiire. Cepeiniaiil celle
pralHpie Sllperslitleu^e a été conilaïuné ' par b- trei-
z.éiiie «:«'neile provincial de Milan, en \'~t7>, lequel
défenil, eu termes positifs, aux prein-s , d«' se >crvir
du cib.ie «lù le 1res saint .Sacremoni «It; l'Eucbari lie
est réservé (5), pour «léiournei- les lem, el«s, lo pliiii-s,
les orag«;s, les vents el les grèbes, et leur perni -l seu-
lement d'ouvrir le tabernacle dans leipicl il est sur
l'autel, et de réciter dévotement eu sa présenc«' les
lilanitis cl les autres prières «pii oui été insliliiée> pour
cela. S. (.barks Borrumée oidoiint: presipie 1 1 même
chose dans sou tr*jisiènie >ynode di«)«'é>aiu (4). L'est
aussi ce «ju a fait le cardinal du l'critui, dan» son ri-
tuel d'Evreux de l'année IGO'.i, en es m«»ts : Quand
on sera menacé de queipte tempête , et qu , l'air étant
chargé de nuages épais, on crniudra aiec raison jour les
champs el les vignes, que te pretrt ayant une> lole i.h cou
aille à l'église , el que là , après uvuir prié en silence
uvev tous ceux qui s'y trouve) ont cl allumé les cierges ,
il ouvre , s'il le croit expédient, la porte du inbcrna-
cle; après quoi, quelqua-uns dcmeurnnl en oraison en
présence du Suint-Sucremenl , que le prêtre ei le reste
du cUrgé , dont l'un porte une petite croix , l'autre un
(1)2 pari. Mallei maleficiorum, 42, c. 7.
(2) Lii). G. c. iO.
(.")) fil. 7 «le bis «pi:ead Euciari tiam pertinent.
H) I' II. 2 , § 5, lit. K.xorcismus cont. immmenlein
Umpestatem.
539
tierge nlhivit', un m:^re tcait béml>\ aillent ensemble en ■
récilmil nlimuithenu'iit /<• /wmme MiSr.iu-nK Mnî, Df.is,
vers l'cudroil d'où on est le plus tnniccé , et qu'y imn
aniié il iuoliti' sur m th'H lUninelH d'oU )m puisse ^oîr la,
nuâes prêtes à foudre sur le pnys. Ensuite, nyuni fini le
psaume et dit Gi.niuA PatUI, que tcUS, èi ctin se peut
commodémcul, mettait le fjuon en terre, et que le prêtre
ictonrnaut dn côté d'oii vient lu tempête, comment ci ex-
orcime éuitant pendunt qu'oU sonnera les cloches , Trn
SlGMJ5i tHLcis. Ccsl ainsi que Us plus savants
fvôiiiies vcnl.oiit que Ton conjUle le.-; t('iiipèl(>s et 1rs
oiif.!g.v:s, et non (mi y |toilaiil la sninte Kneliarislic,
te qn'ils ont rêgafJe c<ininié liiiC incver iici: sacri-
lège fi Un abus piiliissablc : d'o-i vient (jtie S. Ftan-
ç(fis lie SiiU'S el }^. (l'Atenlon d'Alex, dans lecrs 1ns-
irnclioiis syiiodîdeâ (1), oitl dcft-ndu céHe itratii;uc
anx pilaires sodS peine (Tcxe nnnimiealioii.
Un aiilre à' ns no.i inni'is cm.d innal le, est eeji i de
ponéf rhiifc!.ari~lio aux inee.dies an de les é;ein re.
Ct^l abn», dit M. Tliieis (2), s*est loiiid ■ dans lÉglise
de|inis fcnvinili einqtlaiite flils par le /èle pou éclairé
d'nn religiens de Tmllrnse, qui l'a rendn pins oïdi-
luiire et pbi-i e(»ii!Tnuii qu'il n'élail aUiaravanl. Elfer-
livehié:.! aviShl ce temps cet nbns iie laissait pa^ d'a-
voir lieti daiis qnelplés coniiées , mais il était plus
rare. On voit qu'il était dé.à éiaMi, pur la question
que pr:'piise Ahdié HvpL'rins d ms son livre de la nia-
ulére détiidier >n t!ico ogie, inq)riiné à Stnsb .urij m
!502; il y demniUle s'il e^t permis d;; se scr\ir de la
Cène du S,Ma;nênr pour éteindre les inceiidieS; queS-
ti(iii qni semble supposer que cela Sli fasdt (piebiuc-
fni>. Ma s (pioi qn'.l en soit, c'est une rontnme (pii est
in-iitileuaiit reçue dans bien des endroit- , de porter
rEiicharislicaux embrasements. Et ii s'est trouvé depuis
quelques années, ilit M. Tbkîrs (ô). des prêtres el des reli-
(jicux(t<sezléin'raires, non seulement pu: r porter ce véné-
rable mtislère aux incendies, mais même pour le jeter au
milieu des je ,r et des flammes: et. ce qui est e>icore un
aulrt: trime, sans en uvoif U permission de leur évéquc.
Cet ftbns serait fort aiicieh, si le passagede Cialier, I.
7, e. 1 , dans lequel il pai !e de ce qni élait airivé à l'in-
ccndif dn menastère de Saint-Jean dii-MiUlier, devait
sclire.e(!mineonlev()ii,dansleU(Cueildel)nc!iesne(-2);
car il y est dit qiïële feu ayant pris aux bâtiments qui
étaient dn temps de rab!)é Guillaimie, c'est à dire, au
cominei.cenienl dn onzième siècle, les frères prirent
lec!néilieau,(7(n"simif/e, < tcpjel'ayam mis au bout d'une
piqiie Oa d'un bâton, ils I éUvèrent coiilre l.'S (lam-
niés qui ne p^!^el1t passer ootie. Cependant , est il dit
en-uite, ce pain du Sexçineur , p.vnîs ii.i.e Dominicus,
s'étiint écliapjié de c tte lique par In riolence du vent ,
fut porté environ à (le)ix milles , oii il s'arrêta sur tu
mdhson d'un certain homme, don il fut reporté honora-
blement au mo.iastère. Si ce passage était bien rap
IIISTOi:it DES SACREMENTS. 5i0
nous parlbiis était bien ancienne et bien autorisée ,
piiisi|U(' dans lé monastère de ('lind , dont rablié
Gîiillainne avait été lifé, on gardait toujours mi cur-
poral, ou cbiémean, chrismale, (< ar ces deux mois
étaient synoniés en cetle occasion) , au coté triniclic
de l'aulel, a(in qu'on l'eût tl)lljunr^ à poiU'c eni:lre les
inc<'ndies. ainsi (pie nous l'apiilvudus d'I'dalriC, (|ni
paile en ces tenues : Major calix cum simplo corporaii
ad missimi, nnm el unum simplum semper jruel ud »;;;/
siram, ut ad maiium esse pos>^^l contra incendia.
Mais à Dieu ne plaise que îious croyions lés moibes
de Ciuni el ceux du monastère de Saint-Jean, gouver-
nés par le vénérable Cuill mine, coupables de telles
iiré.érenccS, et si mal inslniils de Irur devoir en-
vers le Saint Sacrement. Il est cenain (pi'on lie doit
p s lire dans le pa^s:i<;e de Glabcr (pu; imus avons
rap.oité punis Domiiàcus , mais pauuus Dotninicus ,
connue a l'ait lîoiivicr, dans son Histoire de l'abbaye
de H;iii l-Je:iii (lu M ûlier, où, rapjioitaiit ce Ir.ngmcnl
di'l.laber, il cilc, rantius f)omi)iicns. (^e qni convient
l;(\nir np mieiix à la suite du discours; car ces deux
iikUs, panis ille , fcnl enieiHlre (jne c.Uibpie cbose a
précédé, el (pfauparavant il a jiarlé de I Encbarislie ,
dont néanmoins il n'a pas fjiit la moindre mention
auparav;mt. Il est vrai (pi'il avait rapporté un miracle
anpar.ivant; niais danS Cet endroit ^ il parle d'autre
c! ose et il passe aux miracles (pii se faisaient p:T les
coiporaux. Ue chrismale e.iam , dit il, quod à quibus-
dam corporntis appellatur, plurimum expeitum est prœ-
stare remédia. Après ces paroles, il ratoi.le ce qui
s'était itasé au monastèie de Saint Jean, et que nous
venons de iap|»orler. Par on il est clair (pic la snilC du
discours empècbe (pie ces parc es, punis D(.mi)ncus ,
ne se rappnrient au cbiéuie ni on coi|>oial , et (pi'au
c(uitraire ou timne un sens suivi et raisOnnal)le eu
lisant /K/«/n/s hominiens, que flnvèrt munnie Curporate
Dominicum ; coMiirc on appelait aulicf )is Dominicale,
le rmj;e dans le(piel les léimnes recevaient le corps
de Noiie Seignenr.
L(; même Kuperl, dans la relation de rembrasement
de son monastère de Dnits , appuie butemenl netre
coi.j(>ctnre sur la manière de lire le passage de Gla-
bcr, OU plntiH ce qiiil dit cbaiige la conjeclure en
preuve convaincante. 11 raconte (priiii des Irères, ayant
dans celle occasion tiré de la sacri- tie le corporal, cor-
pornle Dominicum , rallaclia au liant d'une pi(pie et se
luésenla devant les nanimes; mais ipie, comme le feu
ne laissait pas de coïKiniier à embraser le monast( re.
il agita violemment c(> corporal au milieti d(>s nammes
comme pour percer le feu, el qn'enlin il lejela avec
le liatim auquel il était allacbé au milieu d'elles. G(>-
pendaiii il ne pal le point du cOrps de Nolre-Seignem
loisfin'ii ra|)porle ceiini arriva de celle pction extrao; -
dinaiic , il se contente d(! dire qu'on re ira ce coi p v
l)lement au n.'O.i./sîrre. si ce passage eiaii oien rap- i ■•■ - ' ■• ■ ■ .
..,,.,-.,• I • , 1^ . i rai sa 11 el entier c(n-'>oridc illœsum et incontamuuUu.u \
porté, il laudrail due que la mauiaicC cuulume dont l '•" ^•' " ^ "^ ' '' " ' "" '"^ , ..
I iguibus. i>- i\n\ fait bien voir que le pain c(msacre n o
(1) Tom. ôSpicil., p. ôHi. I i;,i( point dans ce linge, que le lUème anleur liOrtinio
(•■2) L;b. 7, c. 12. ^
(5) Ibiilein.
(4) ïum. 4 liiâl. Franc.
il SI nleineiil sacrum supclleclilem , parce qu'il était siii
lu i'uutcl dans le leiiips du sacrilice : mais, comme v«it&
m
EUCIIAUISTIE. — CIIAI'. X\. IMAGES ABUSIFS DE CE SACKEMENT.
544
avez vu oi-dcvnta (I) , ce h et;iit iioiiil la contiiiiift ni
à Cluiii , ni Mans le rcsle de la Fiance , de réserver le
corps di! Noire S igiieur dans ces corporaux.
( IcpcMidanl cet u.^age même de jcler ainsi les corpo-
ranx dans le feii ponrcleindrc les incendies a été con-
dnnnie cl déiondii sons peine d'anallièine dansle con-
cile de Salgiinslad en Alli-niaijno , coltiino l'an 10^5
par Aiiiioii, ardievciinf de Mayince. Ce concile parle
avec indignalion de ccnx qui employaient à cet usage
liS corporaux consacrés par l'atioiiclienient tlii corps
de Nolre-Seigncur , et iraile de feins les praires qui le
faisaionl. Couqnestum est in saitclo coucilio de qi.ibits-
dam ilntlissiniix prcshyleris , elc. Quels lernies n'aii-
rail-il donc pas employés pour liiânierla conduite de
ceux qui par une présomplion infiniment plus lémé- l
' qnol()iipfois des choses de celle nature Ires-legitim.--
ment, sans (|ue Ion puisse tirer leur exemple à coij:
séfiut iice. IJ!» ont pu èlre pon>sés à le faire par un
monvcmenl extraordinaire du Saint-Esprit qui voulait
faire paraître la puissance de [>ieu entre leurs mains.
Mais ces mouvements sont rares, aussi i)i<n que les
personnes en (|ui il les opère, et il nap|i;titienl pas
au conniiun des liounnes don avoir de seudjiahles ou
de se les attribuer. Nous avons la prière qui est m
moyen bt-dihairë pour oMenir de Dieu ce qui nous est
nécessaire ; si noire prière est accompagnée de con-
liance, si elle part d'une ÛA vive, ou Dieu éleindra les
eml)rasemonts quand nous aurons recours à lui, on il
nous donnera le courage et la rt^signaiion n«5ctssairi's
pour en tirer des avantages plus considérai.les (jne ne
raire jelleal le corps même de Jésus-Christ dans le feu ^ serait celui de sauver des llammes k-i, Weus temporels
afin de l'éleiudre, et (pielle peine u'aurail-il pas dé-
cernée cmilre eux ?
Toutes les |iers(umcs éclairées soûlent combien il
est contre les règles de portw le SaiHl-S;>crem«nt aux
incendies. S. Charles, le cardinal de l'errou , elles
autres que nous avons cités c.i-devanl , et qui ont dé-
fendu de s'en servir pour arrcler les ouragans en le
tirant de sa place, n'appn uvcraieut pas davantage'
qu'on le porlàt ou qu'on l'exposât à Toccasiou des
cmhraseuunls. Ou voit assez que celle conduite tond
à assiijélir la jiuissance de Dieu à ses caprices , et à
vouloir l'obliger, en quelque façon, à faire des mira-
cles suivant notre faniaisie. C'est tenter Dieu que de
se servir de moyens ijui n'ont poiulde proportion avec
les effets que l'on venl produire : eh ! qui ne sait que
Dieu n'a p:is instiiné l'enchaiislie pour éteindre les in-
cendies, mais pour nourrir nos âmes cl pour sanctifier
nos c(»rps , et nous rendre parlicipauis des biens de sa
grâce? Dailieurs, agir de la sorte , c'eslexposer la foi
des faibles au danger d être ébranlée, et de donler ou
de la puissance de Je us Christ on de sa présence dans
l'Eucharistie-' : car quand ils voient les ministres de
rÉj^lise appoiler le divin Sacrement, et l'opimser à la
violence des flamnn^s, s'il arrive que le feu continue à
faire ses ravages ordiuaiies (connue cela arrive sou-
vent, Dieu n'élaiit point obiij^é à faire des miracles)
ils se persuadent que les prêtres rendant par cette
action Jcsus-Ciiii-.t en quelque sorte garant des dom-
mages que cause le feu, il ne l'a point éleiut; c'est,
dil-oii, ou parce qu'il n'esl |)ointdans le sacrement,
ou parce ipi'il n'a pu eu venir à bout. Si cela u'ébriule
pas la foi des simples, il est au uioin-; à craindre que
cela n'expose le plus saint de nos trysières aux raille-
ries des iuq)ies, et de ceux que leur avei g!enu;i:l a
1>(U les à nier la présence réelle de Jésus-Ci. rist dans
cet auguste Sacrement. Ce (jui est toujo is un tiès-
giand inconvénient. j
On ne doit pas s'autoriser de l'exemple de quelques
saints qui ont peul-èlre fait (piehpielois la mèmecho ;
se : car oulre que louies les aciions des sainis ne sont
pas sauites, il esl certain d'ailleurs qu'ils ont pu faire
(Ij Cliap. 10 de cette section.
i
qui appartiennent a nous mi a nos amis. M. tle llarlai
de Clianvalon a doue eu laison 4e défendre dans son
synode de l'an 1674 de porterie Sacieraentde l'autel
aux incendies , et cela sous peine de t-uspense jp.so
! fdcio , piior tout prc-ti-e.
I 11 s'e^t encore introduit un autre abus dans ces der-
niers temps, qui est de porter le Saim-Sacrcmeni aux
i malades dans leurs maisons pour le leui' faire adorer
seulement. Le Rituel romain de P:iiil V (l)«ii parle
elle condamne en même temps en ces lermes. Il ne
fitnl pas porter le Saint-Sacrement aux malades pour
Vadorer seulement ni pour le leur montrer tons prétexte
de dévotion ou autrement. Les rituels d'Oi h>rrus , de
Kouen, dePaiis et de plusieurs diocèses, pcuieiil la
même défense. Et la chose a été ainsi décidée par la
congrégation des cardinaux inliTprèles du concile c^e
Trente, au rapport d'Emmanuel Sa, dans ses Aphoris-
mes ponr les confesseurs (â^et de Zerola (5>, qui ap-
pelle cette pratique im abux. Voici les paroles du dé-
cret des cardinaux de celle congrégation. // n'est point
permis de porter l' Eucharistie avx malades à qui la vio-
lence du mal ne permet pas de la recevoir , pour la leur
faire baiser en signe de vénération. F.t si cette coutume
s'est introduite dans quelques endroits , qu'elle soit <»»-
tièremcnt abroffée.
Ou doit considérer aussi comme un usage abusif de
rEucliaristie la pratique qui s'était introduite de por-
ter 1 Eucharistie avec soi quand il s'agissait de prouver
sou innocence en passant par le (eu. Cet abus régnait
encore sur la fin du quinzième siècle. Le continuateur
de M. F.eUri rapporte sur l'an l.i98 qu'un dominicain
s'od'rit de passer au travers d'iu\ feu lue i allumé, et
d'eu sortir sain et sairf pour | r»uiver la \éiilé de la
doclriue et la sainteté de Jc'iôme Sa\onarole. <*n ac-
cepta le puti, el un conlelier S'engagea a y passer
aussi peur piouvcr le conîrrire; mais quai.d il fut
question d(>n venir îi l'exéniilirtn. el que le dominicain
se fut dépouillé doses liabiis pour enirer dans h- feu^
le cordelier ajouta <ju"il ne devait p;is porter avec lui
(I) Tit. de Coinm. înfirmorum. t !
(-2) Vi rbo l'.uch-tristia. l
(T)) In \ni\\'i epiM'oporuni V. Eucharistie.
345 llîSTOIKE DI£S SACREMENTS. SU
rEiicIifiristii*, comme il le voulait. Coqiio le (lomiiiioaiii •, roTus. Qi i ma.vdicat mf-aw carnem, tt hibit meom
refiisani de fiiiie, on s'y ojtposa, et cliacuii se lelira |; sangui.nkm , i.n mk ma.m;t, et kco in jllo. Joun. ,
sans avoir rien lail. I; cap. 6, d. ^G et à7. )
Caiio mka vEnÈ kst cibws, et sanguis mf.us verè est
DS L'F.rClIARISTlF..
Quoique lions ne nous soyons propose dans celle llistoiic d/ rEncharistie que d'en tiailer en la considérant
comme sarreineHl seidenient , et non coninie sacrifice, nous croyons cependant Caire plaisir an leclenr de lui
donner ime idée de l'aneienne lilnri^ie g:diieane, qn'il pourra consparer avec li romaine ancie.me , qui a élé
BoiiViul inipriiiici', et celle dont nous nous servons à présent, qui veut de celte dernière.
ihs^e q;llicane , telle qu'elle st, trouve dans un ancien M.ssel gotliitiue, imprimé pir les soinx du cardinal Thomasi.
Pour la (été de S. È:ienne premier martyr.
Préface.
félcbr int aujourd'hui la p ission sublime et respec-
tai le du B. Élieinu!. pr.oiis le Dieu des martyrs, nus
lres-eh> rs Irères, ipie, comme il l'a (ouronné en con-
sidération de si-s mér;tes , il se laisse flécliir par ses
prières , et nous yccarde en toutes choses une peine
laisérici.rdc. l'ar Noiiv-S-i,^neur Jésus-Christ.
Suit la collecte.
Dieu, (jui avez accordé à S. Etienne, votre martyr,
la première place dans le ministère et la primauté
dans le mai lyre, elipiiavez consacré la léle de ce saint
joiir à sa mémoire et à sa jîassion , écoulez lavoi-ahli;-
meiit, Sfigneur, les Innnhies |)rières de votre famille :
accordez-nous h- protect.on particulière de celui d-nt
voas avez re<.n a^ec bonté les prières cpi'il von.> faisait
I our sis em.emis cl pour des pécheurs. Faites qu'.l
tleviemie aussi notre intercesseur, lui qui a supplié
pour ceux qui le persécutaient. Par Jcsus-Christ, etc.
Collecte aprèn les noms.
Dieu toul-p'iissanl et éternel, qui ornez le sacré
corps de voire Ég;lise i)ar les diirérenles vertus des
saints et (jui avez dédié les prémices des niai:tyrs p r
le sang du |;lorieux diacre Étiemie , faites-nous la
place de célébrer avec tout honneur le jour de sa fête :
parce ^\v.e m^us avons confiance qu'il pourra s'em-
j,l -ycr utilement pour vos fidèles, lui qui, imitant la
c!)arilé de notre Seigneur, a siq)plié pour ses .-nneinis.
Faites, par son intercession, que les vivants parvien
nent au salut , et (jue les défunts jouissent du repos
éternel. Accordez-nous cela par, etc.
Collecte pour la paix.
Dieu, de qui vient la charité. Dieu, qui récompen-
sez ceux qui usent d'indulgence , qui avez diumé à
S- Éti une, votre martyr, le courage de souffrir avec
douceur d'être accablé d'une grêle de pierres dans sa !
j-assion , nous nous adrcissons avec ferveur à votre
piété, afin tpie par son intercession vous nous accor-
diez une pleine paix avec la rémission de nos péchés,
pcndani que nous célébrons la mémoire de sa passion.
Par Jéaus-Christ, etc.
Conteslaiio.
Elle répond h notre pr>^face; rt elle précédait immédintemcnt le canon.
Il est digne, il est juste, il est équitable, il est juste ji Di(jnum et justnm est, œqunm et juflum est te lau-
de vous louer, de vous bénir el de vous rendre grâces, | dare, teqne bcnedicere, libi (jra{ia$ agere, Omnipotent
In nutali S. Sicphani proiomartyris.
Pra-latio.
Venerabilem ntqnc sublimem beatissimi mnr'yris Ste-
pliani passionem célébrantes liodiè , Dmm nimtyriim ,
l'ralres churissimi , d' preeemiir, ut sicut illi conlempla-
tione meri oritm suoruni corona>n (lur<' diyiatus est , nabis
q oque plenissimam misericordium ejus preàbiis (lexus in
omnibus largiutur. Per U. xV. J . C.
C (llectiosequitur.
/)e«s, qui snncto Stepliano martijri luo et principa-
tuni in minislerio e! prii.cipem in mnrtyrio Lcum contU'
listi , dum uobis smieli diei ejus festivitatem pro >jus vel
commemoralione vel passione dunasli ; exuudi , quœsu-
mus. Domine, supplices familiœ tuœ preces ; nobit ejus
peculiare prasidium tribue, cujus pro inimicis et peccato-
ribus preces piissinins acceplàsti ; tribue etiam ut pro no-
his intercessor existât (jui pro suis persecutoribus supplia
cuvil. Per Dominum nostrum, etc.
Ccdleclio post noniim.
Omnipotens smpiterne Deus, qui snnctorum virtute
mu'itiplici Ec- lesitr tia' sncrvm corpus exomans. primi-
tias martyrum qloriosi levilœ tui Slepliuni sanjuine dé-
die àsli ; danob's diem nai(dis ejus honore prœripuo ce-
Icbrttre , quia non dilfidimus eum fidelibus luts passe
suffragnri , qui dominicœ charitatis imitalor eliam pro
suis perfecutaribus fuppliciivit. Tribue, qua'sumus, per
inlerventum ipsii'S, ut vivcntes snliitem, defuncti requiem
consiqnuntur œtcrnum. Prœsta per D. .\. Filium
tuum, etc.
Ci'llertio ad pncem.
Deus charitatis indultor, Deus indnhjenùœ munerator,
qui snncto marttjri tua Stepliano in passione largitus es,
ut imbrem lapidnm clementer exciperct, et pro lapidan-
tibus supplicaret ; pietatnn tuam. Domine, subnixis pre-
cibus e,ioramus, ul dum marlyris tui yn^sionem reco'i-
mus , per intercessianem ipsius paris sicuritalem citm
peccatorum nastrorum venià causcqui tnereamur. Per
D. N. J. C.
345 APPENnirE SI
Dieu toiit-puissanl cl élcrnci , Pieu qui vous plonli.'Z
dans l";i^s(Miilil.'e do vos s.iiiils que \(»iis ;i\ez iii:n(|iié>
du sioaii de volii' l»(''iié(li('liiiii, l<'s ;iy«iil ciniisisavim!
la rréaliitii du momie, ol les :iy ml unis à \()lri' Fils
unique par son inc.intalioii cl l:i ii'ilcmp ion qn'il Icni-
a pronirôo par sacioix ; ay:inl fail réi;nr4' en eii\ voiie
Esprit s:iinl, par lequel ils sonl jcirviiins à It glo.ie
d'un heureux marlyre : «-"esi doue a\ec raison qu-- nous
solcnnisons celle fêle, Dieu des verlu>. C". si a ce rai-
son que nous célébrons eu voire Inumeur ce jour >;;-
Clé auquel le sanj; du premier des martyr-. Éiienne
ayaul élé répandu en (émoi^n jre de voiri' vériié, vous
a rendu riionnefr tpii elail t'ù à la niap;uiliciMire de
voire nom : car il esl le premier (pii a;l ennles-é «'e
nom , qui esl au-dessus de lonl i.oiu, el d.<ns lequel
uniquement vous ave/, mis. ô l'ère éli rnel, t ii e les-
pérancc de noire saliil. Il esl celui que vous avez mis
dans voire Église pour y cire im ex 'm[:le éelalanl
propre à alleiinir Imis les lidèles. I! esl le premi ripii,
ajuès 11 passion de Nolri-Seig.eur Jésus- :inisl , a
remporté l;i pilnie de la vi( loiie. C'est lui qui, ayant
été consacré le premier jiar l'inspirai on du S i:i!-^-Spr l
pour le minis!ère. a paru d'aliord liia le comme l.i nei
ge, el ei.suile a élé roui,'i de son sanp;. O ltienlieni(U\
fils d'.\l>r iiam , (pii a élé e preurer imilieurel le
prenii>'r iriuiii «le la d clrineaposloli ueei de la cro:\
du Seigneur, il a mérilé de voir les cieux oinerls, « i
Jésus del.oiil à li driite d- liieii. 11 es' domt jusie (| e
nous l nions un lui lion me eu cnnlessanl \olre no.r;,
ô L)ieulnul-pni>sai;t, qui I aviz appelé à une si gruide
gloire, .\ccordez-noiis son siilîiage par voire ho.ilé,
qu'il soil lel en priant p:»ur ce peuple qu'il élaii |i.rs(| u;
Jésu -Christ le reç.it avec joie, venani cliar.;;é du !i(»-
pliée de son martyre, (jiie les yeux de celui qui, él ml
encore dans mi corps morlcl , ont vu le Fils d.- Dieu
à la diojie de siui Père à l'i.cure di- sa pass'on, s'élè
vent à Dieupoi;r nous. Qu'il nous ohlieuiie cedoiil nous
avons be.soin, lui qui priait pour ses perséciileiiis quand
ils le la idaieni, 6 Dieu saini. Père liml-piissanl, \,:\y
Notie-Seigueur Jésus-Christ voirc Fils, (pii, p )ur nos
péchés, a d ligné naître par nm; vierge en notre chair,
el souHrir la mort pour instruire lesin:>rtyrs p:ir son
exemple, lui à qui lous les a;.ges et les arclianL;cs ne
cessent de chauler ce cauli(|ue : Saii.t, suint, suinl.
Collecte après le Sanclus.
Noire Seigneur Jésus-Christ votre Fils unique e-l
vrainciit saint, vraiment héni. lui cpii a l.iit entier
dans la cour céleste Ftienne, son martyr, lui qui s'csi
levèlu d'un corps inlirmc : et «p>i, avant que de léjian-
drc son sang pour le salut du genre humain, a in^ti-
l!ié ce niy-tcie sacré «|i;c nous sulcumisoiis. Car c'est
lui qui la veille de passion. !
Aprh le mystère. \
Nous faisons donc celt, Seig 'eur, nous observons
ces préce; le>, nouscunléssoiis par ces sacn'es so'en-
niiés la pa siou que vous avez eudui éc eu voii e corps.
Nous vous prions. Dieu loulpiii-.sanl, que conin.c
nous célébrons dans la vérité le Saciciiieui célesie,
U LLiCilAnîSTIE. 546
1 ' s mptirni' Drus . qvi rlnrinrix in cor.vcnlu sanclorum
tuonm. qiios (luti-nwudi (OH.-.tHht.o ou piœi'l.clos spiri-
iiKili in cœli'slihus bt'ucdirtiune sirjnùsli ; quosqu iuige-
iiilii inn pcr assiniii:iio<inii citrnis et criids ndeiuplionem
mnid.'.ti : iii qnihus Sjhlium sfiiicluin luut» rcgnare fe-
(•;.s.'(, pcr qnrm ad fclicis warlijrii (jluriiini picKitis luce
(•.vure vfi.c.Hiil. DUjnè njilur i\\ i , Do)hine virlulum ,
fesla S(ilriini;i:.s < qilur ; lihi l.a.'c dirs wcruln celebralur,
qitii lu'i ti Si pli lui pi hi murHiris lui smiquia in luœ ve-
ritiilis testinioiiinni profiisus , nuiynificiini vominis lui
livnur m nigm.vi . Hic est enim iUius iiominis prinius
confessor quud est supra onine nomen , in quo luiicnm
siitiiti> no^lra' pra'stdiuni, l'atfr <rii'nie. pomi&li. lîic in
Ixii.sin liiù qiuim splrndiduin adcunc^oruni •mimoscon-
lir'niiiidus, unira; liudis prœcessit exciupliim. Uic post
pas ionnn Don.ini nos ri .lisii Ci'risli ticloria; palmam
prinius inviixi . II ic in levilico niinistcrio per Spirituni
suiictuni piiii^ua consccrulustsl; uiv^-o cmtdor. conj'esliin
iniicuil, ni. rhjrii cniore purpinrus. 0 beiudictuin Abrn-
li.ini scinen, apo^toliae doctrinœ el domnicœ crnris prior
oin ,iuni fattus iiiiit.itor et la-is. meritb cœ!os apcrtos li-
dil cl Jfsum sltiiiem à dexlris D i. Diqnè igilur ac juste
liileni sub lui nominis ronfessione laiidunius, oinnipoleits
JJcus qui'in i.d Inn uni (j'uri.in vocure diijnn us es. Suffra-
gla ejiis mbis pro lua ph laie couced,\ tnlis pru liàc plibe
j rccctur, qu.leni illum post iropban vcnlutem exullans
Cliiisu.'ii'xci'iil. llii jro iioiis ocnli sublimenlur qui ad'
Luc in loc inortis corporc consli:uli ,\t.iiilein(id d.xlram
l'ulris niiuin Dii in ipsii pi;s ioiiis lion't viderunl ; ille
pro nobis oilineal qui pcrscculuribus suis dimi tapidiire-
lur orubnt ad tt\ saucie D. us. PuU^r oninipott-ns, per Do-
niiniiin nosimm Jesuin Cliristum Filium tuum, qui pro
< pcccutis nosiris ni:sci ca ue pr virgincm, el pa:i diynalns
est niortcin. iil tmirdjres cuo ]>iiii doccret exemplo. Cui
nicriià oinues angcli tqie urc'iuugeU sine cessatione pro-
cluinunt , diccnlcs : Suiuius , sanclus , sanclus.
Collcclio p'^sl Sancif.s.
Verè sanclu», verè bi'iiedic us Doini;;îis lo^'cr Jefus
Clirist: s unig.'uitus tuus; qui niarlijrcin suiiin Slcplinnuin
Cidcsti^ ai.lœ collcgii uiuiicriivil ; qui curporis sui infir-
niilale.n siiscepil ; priusquian pium sanguin 'm j ro liu-
nicnà suinte funderet, ihj/s/i W'j.j sacrœ solcnin latis iii~
s:ituit. Ipse enini pridic quàin palerclur.
Il Post mysteriiini.
I Hoc ergn fitcinnis, Donii e, liac pra'cepUi scrvaniiis ;
l li.iiir sf.r. / forp ris pnssioncm sacris sotcmn'bus prœdi-
f CuniHs. (.'uœsiinus, oiiinip( tcns Dcus. ut su-ul i\'ritatcin
I s.xrunicnll cœlcJis cxe.juiinur , ipsi iwriliiti corpnris et
547 HISTOIRE DES
nous demeurions altnclics au vrai corps cl au v;ai sang
du Seigieiir. Par, elc.
Prière avant l'Oraiion Dom'mknle.
Etant inslriiils |)ar les exemples du glorieux et 15.
niarlyr Elieune . adressons nos priéic^ ave;; touie liii-
niililé, mes tièâ cliers fières, anU )i éien cl cl à Dieu
légère, alin (|ue noiise.iibiasaiil du feu de son amour,
il nous fasse désirer le martyre : et (|ue nous remplis-
sant du don d'une loi vive et animée, il nous rende les
imitateurs de celui qui a souffert la mon, noa seule-
ment pour s'aeipiérir une i;loire imnioi telle, mais en-
core pom- nous laisser lexeinple de ce (pic nous de-
vons faire. Prions-le (|ue, Cdunne il a doimé à S.
Eticiinela force desouHVir la mort, il lui doi-ne aussi
le désir d'intercéder pour nous, eî ipTil nous peiinelli^
de lui faire sans cesse civile prière (iuM a daigné nous
enseigner lui-même. Nuire Père.
Ainès rOriiison Dominicale.
Délivrez-nous du mal, Dieu tout puissant, et donnez
à ceux qui vous prient un cœur si prc|>;;ré à soufl'rir
tonte chose poar Jésus-Cliri^t (|nenons fassions voir
que ce n'est pas nous (]ui avons manqué au martyre,
mais que c'est le nuulyre qui nous a maïupié. l'ar
Noire-Seigneur, etc.
Bénédiction du peuple.
Dieu qui vous êtes tellement atlaclié vos martyrs
par la charité, qu'ils souliaitaienl de mourir pour vous
poiu' ne pas périr. Amen.
Et qui avez armé saint Elieune dune si grande foi
dans sa confession, qu'il ne craignait point une grélc
de pierres. Avien.
Ecoutez la prière de votre famille qui vous aime, et
qui se réjouit dans relie fêle. Amen.
Que la voix de celui quia prié [lonr ses ennemis en
souffranlle martyre, intercède pour le peuple auprès de
vous. Amen.
Alin qu'obtenant la récompense qu'il demande pour
noii^, le peuple que vous vous èies acquis par lagrà.e
parvienne en ce liea, où le ciel étant ouvert, il vous
a vu dans la gloire. Amen.
Ce que nous vous (uious de faire.
Collecte (ipris l'Encfiariflie.
Dieu, salut éternel, lié atitmie inesliinahle, accor-
dez, nous vous eu pi ions, à tous ceux qui ont parli-
cipi'aiix d)us sacrés, la grâce do devenir saiuis etheu-
reiix. Daignez ie faire.
Fin de lu Messe.
Nous vous rendons grâceSj Seigneur, pour les dons
de \olre miséricorde dont vous ikuis avez comblés,
vous (pii nous sa-iivez par la Nativité de votre Fils, et
qui !!ous soulciu'z par les prières d'Etienne, voire mar-
lyr. Par Notre Seigaeur votre Fils.
S.\CRE.MENTS. 543
snn(juinis Dominici ftrrrcnmus. Per Dominuui noslrum
JciUmCItrisum Filium luum.
I Anie oralio icm Dominicam.
I (îloriosi Levi:œ exeniplis el bentissimi marlyris Sle-
jilt.ini mac/nleriis ins:iiuli, œlcrnc Itefji et Pulii Deo pre-
ceni.f iitres cliiiri.ssimi,cuni omui liumilii/ile junda::ius;
ut duto ucbis fulei cti'ore i\l miincre, ud marUjrii nos
; dcsiderium amoris sui igné succendut, ejusque iniiln:ores
cffianl , qui non soluni pro sui glorià, verum etiani pro
cremplis eruditionis nuitrœ pussionetn sustinuil. Et cui
co.iferre diijnatus esl in ptissiune virlutem, inlercedendi
pro iiods tribunl fucultiitem ; et orationem quam privei-
pere ditjniliis es/, d:circ sine cunctalione permillat.
Pater noslor.
Post Dominicam orationem.
Libéra nos à malo, om\iipolens Deus, et tribue nobis
supplicibus tuis tam promptmn pro Clirislo tuo ad pa-
liendum animum, ul probemtis, 710S non maitijvio, sed
nobis de fuisse murtyriuni. Per Dominum, etc.
Benediclio populi.
Deus, qui tuos martyres ita vinxisti cliaritate, ut
pro te etiani mori cuperoit , ne périrent. Amen.
Et beatiini Step.'iunnm in coifessione ita succensisit
fide, ut imbrem Itipidnm non tinieret. .\men.
Evaiidi precem fumiUiV luœ anuttoris inlcr [esta plau-
dentem. Amen.
Accédât ad te vox illu intcrcedens pro populo, pro ini-
micis quœ orabal in ipso martyrio. Amen.
L'i se obiinentc cl se remuner/mle, perveuint iltitc plebs
acijuisiia per (jralium, ubi te cœlls cpaiis, ipse vidit in
g'oriain. Amen.
Quod ipse prœslare digneris.
('olîeelio post Encliarisiiam.
Deus, percnnissatus, beatiludoimvslimnbilis, da, quœ-
snmus, omnibus tuis, ut qui sancin ac beata sumpserunt
et sancti juyUtr et beuti e^se mereantur. Quod ipse prœ-
stare d'.gneris.
Consimimalio Mi.ssif.
Gratins nqimps tibi. Domine, uiiiltipticatis circa nos
misralionibus tids ; qui et hiHi lui nativilute nos salvas,
et marlyris lui Slepliuui deprccalione sustentas. Per Do-
niinum^ etc.
T
DU SACREMENT DE PÉNITEINCE.
F.os trois premiers sacrements dont nous avons | sus-Christ, pour donner la vie à nos âmes et la leur
parlé dans le tome préoéùeal, oal élé établi, par Je- | conserver; celui dont nous enlrcprenons à préscaUe
549
rÉMTF.NCE. — se:;t. i. cr.xr. i. iiérésH'S TOUt:rj.\:>T ce sacrement. 350
,
donner ri!il:iire sur le nièinc |ilaii que noiis iivcns
suivi dans It's aulrts, a pour (iu le rcl.ihlissonici.l i!t;
la vie 0!i de ki sauté de l'àiiic tju.' le | écl.é a ou eu-
tièremenl dé; mil; o;i alTaihlie.
Nous d.vi^e^ n< ce (;iie nous avons à dire sur ce
sacrenicril eu (|u ilre sections : l)aiis la première qui
fcrvira connie de ju-éludi' à « elli s qui suivent , nous
parlenuis do l'auhuré de l'Kgiiseponr lier ou iibson-
dre le lécluMU- Haiis la seconde nous Iraileroiis de la
confession dos péel es. D^nis la tioisiènie, nous fe:o;is
voir quelle a c;é dans Ions les siècles de l'Ei^lise ce
que les anciens apj'claient raclimi de la pénitence ,
c'est-à-d re, les peines salisractoires et niédi(in;des
que Ton imposait au péelieur pour le dlsposeï- à rece-
voir ralisolutidu, et à le réiall.r dans Ions les droits (pli
lui claieul acquis par le h.iplème , et do.il il éiail dé-
chu par son péché. Enliii , dans h qualiiènie, il sera
qnesti'ii des di:!érentes manière ou lurinnles par les-
qiuîlles les cnin sir; s de l'F.i^îise donnaienl Tabsululiou
aux lidèL's ijui s*él;.iinl sounii- à la poniU'nce.
SIXTION PUEMIÈIÎE.
it L'AUtrniTÉ DE l.'ÉGLISF. POin REMF.TTRE .LES pfCUlf.?,
ET PLMR LKS PÉCHEIRS QLl O.NT VIOLÉ LA SAINTETÉ
DE LELR BAPTÊME. j
Nous voyons cl iriMnent la source et rélablissomcnt
de celte puissance dans ces paroles du Sauveur par-
lant à S. Pierre (l) : Je vous douucrai les des du
royaume des deux; cl tout ce que vous aurez lié sur 1 1
terre sera lié dans le del , et tout ce que vous aurtz
délié sur lu terre sera délié daus le ciel.
Il fait p;irl de la même puissance à tons les auln;s
Apôtres en leur parlai.t en ces termes (2l : Je vous le
dis eu virile, luul ce que vous durez lié sur la terre sera
lié daus le ciel , et ce que vous aurez délié sur la terre
sera délié daus le cii l.
Il leur coulirme la même c'iosp après sa résurroc-
lion siiiva.il l'a|;ôlre S.Jean (5), qui nous a; prend
qu'après qnW lei.r cul parlé, il souffla sur eux et leur
dit : llecevez le Saitil- Esprit , les péchés seront remis à
ceux à qui vous les aurez reuiis, et ils seront retenus à
ceux à qui vous les aurez retenus.
C"esl sur la vériié de ces promesses du Fils de Dieu
qu'est fondé ce trihunal sacré, où des liouunes envi-
ronnés eux-mêmes d'infirmilé connaissenl des fautes
de leurs frères , remédienl aux maladies spirilnelles
des âmes, el enfin réconcilient les pécheurs avec
Dieu.
CHAPITRE PREMIER.
Des hérétiques qui se sont efforcés de détruire ou d'af-
faiblir la puissince que Dieuaduunée à son Eglise de
remettre les péchés.
Tonl ce qiu' nous dirons dans la suite de celJe
Histoire de la Pénilence servira :i établir rantoii;é
quonl reçue les ministres de rÉjjl.se délier el de
(i) Malih.ifî. V. 19.
(-2) ll.id.. 18. 18.
délier les pécheurs : ainsi nous nous conlenicrons
pin-- le p-résenf j avant de parier des liérésics (pii se
soi.l élev(vs C'>n!re cetl>' puissance que Jésus-Christ
a d(Mn ée à lEglisc, d'en laire voir la prr.lique dans
la conduite de S. Paul.
Cet Apolie.aya; l appris qn'il y a- ail àCorintho nn
Ciir('tien (jui avait éjiiui.sé la fenune de son pcre : ce
qui chez les païens nièn-cs parmi les*] ;els vivaient
ces lidèles devait paraiire cxtraoï'dinaire, puiS(pron
avait déleslé .\i.tiochns po' r avoir épousé sa bille-
nu're d'i vivant de sou père Séleucus, fondateni' de la
nnuiarchie desSél'-Micides; cet Apôtre, di-,-je, sachant
cela, en éeiivil foilemenl aux Cmintuiens, (U leur fit
des reproches d'avo'r .sonflVrl palieinmcnl un tel
crime, et di; m; s'être pas afili-és devant Dieu, afin
qu'un tel scandale fût ôlé du milieu d'eux; après quoi
il aj lute dans sa preuuèrc Epilre à cette Eglise (1) :
Pour )uoi étant absent de corps, mais présent en esprit,
j'ai déjà porté ce jucjement comme présent ; qui est que
vous el mon esprit étant assemblés au nom de A olre-Sei-
(jueur Jésus-Christ, celui qui eslcoupable dece crimesoit,
par lu puissance de S otre-Seujneur J ésus, livré au démon
pour mortifier sa chair, afin qxie son ùme soit sauvée au
jour de yolre-Seiijueur Jésus Christ.
Voilà cel lionnne lié par l'Apôtre et les ministres
de lEglitc de Corinthe en présence du peuple qui gé-
missait devant Dieu , el lui demandait avec l.rnies
(in'uii tel scandale n'eût point de suite chez eux, H
ue leur ;.tliràl poii.t les effets de sa colèr-'. Cet 1 omme
fiîl ioi!( li(', il rentra en lui même, il (juilta son crime,
en un mol il lit de dignes fruits de pénilence, il sem-
bla l même p;'rlor son repentir à 1 excès : l'Apôtre en
fut averti , il jegea (pi'il était temps de délier celle
àn;c, el voici conunent il on écrivit aux Corinlhicns
dans rEpîlre suivante (2) : // suffît pour lui (il entend
rinccsiuenx) en l'état oii il est, qu'il ait subi la correc-
tion et la peine qui lui a été imposée , et vous devez plutôt
le truiur maintemint avec indulgence et le consoler, de
peur qu'il ne soit accablé par un excès de tristesse. Ccst
pourquiA je vous prie de lui donner des preuves effecti-
ves de votre charité et de votre amour. C'est pour cela
même que je vous écris, afin de vous éprouver, et de re-
connaître si vous êtes obéissants en toutes choses. Ce
(jue vous accordez pnr indulgence à quelqu'un, je l'ac-
corde aussi : car si j'tise moi-mc.ve d'indulgence, j'en
use à cause de vous an nom et en la personne de Jésus-
Christ, afin que Satan n'emporte rien sur nous; car nous
n'ii;norons pcs ses ruses et ses artifices.
C'est ainsi (pie rinccsineux est délié, son crime est
ef^icé, il est réconcilié à l'Eglise, II rentre dans la
parlicipalion des biens communs aux fidèles, le tenq s
niêine de sa pénitence est abrégé par les niinlstres de
lEglisC, à cause <le l'ardeur ipiil a témoignée dai;s
sou repeniir, les fidehs (pii ont pleuré sa perte se lé-
jonissinl inainlenanl de son réiablissement et lui
deiKicnl des preuves effectives de leur charité.
(!) l Cor.o, V. .^, i, ,5.
(:;i 2 Cor. 2, v. 6, 7, 8, 9. 10, U.
551 HISTOIÎiE DES
J'ai rapporté ceci un peu an long, parce (|nc ilai;s
celle (•c(•:l^i•»<l l'Apôtre a tncé aux niuislres d<-
l'Eglise le niodèlo de In ciimliiile (in'ils doive!. l tenir
à l'égard dt>s grands péclieiMS, el (pu; lians l<s ciii«i
ou six premiers siècles on s'esl conforme d;tns riiu
posilioii de la pénitence cl dans la récincilialioii d.'S
péclicnrs à ce (iii s el:iil f;iil dans celli' nMiconirc. On
pi'iil même jijuiiicr «pie dans la snilr rKglise :i lo i-
jiinrs suivi le nièmc e>pril, comme non^ aurons lieu
de le faire voir dans le cours de celle histoire.
Parlons mainlcnanl eiv peu dft mot> des licréliqnes
qui oui all;u|uc l'auloiité de l'Kglise s; r ce point Le
pieuiier (pie nous coonaissionsiîsl Moolan. I*lir yi^i' n
de nation, ce (pii a lait donner à ses se( lalenrs les
noms de Moutanistes el de l'Mlu\>lirij(jc& (I). Oi
liomme aud)ilioiina répiscojial , el n'ayant pu y pir-
venir, en eut nn exlrènu' dépit.
Cette and)ilioii deré;^lée donna lien ati\ s rpris s
du démon d(»iil il lut possédé, en sorte ipi'd panii
tout d'il I eoiip a<;ilé eonnie ini l'nrieux, sans aucun
usage de raiso.i [-1). Il eonnu: nça à pirler sauN suite
el sans jujjCiiieiil, el ,î d re des «choses sur; rr!;a;iles
el nouve! es. Le dénr n ne posséiiail pas ni'iin>> s:>n
ùuie (pie son ((uiis. Car il | arail |.ar l! ule la su te ipT.I
adhérait à ee (pie cet esprit d erreur lui f.iisail dire.
élanl hien ai-e de passer pour Proplièle el pour un
lionime rempli du Saint Flspril, ou pour le Saint-Ksirii
même Saint Anasiase Si!;aî;e le Ir.iile de map:ieien.
Dieu accord. lit einore alors (5) à l'Lglise plu ieuis
grâce.'' e.xtraiirdina res, oX entre autres I ■ d(Mi de |iro-
piiélie, ce (pii rendait rarlilice du déino:i plus dange-
reux, à cause de la dilliculli» «lu'il y avait d • di cerner
cette fausse pr^iihélie de la vérilahle, ainsi Ton se
trouva fi rt parlagé sur(e sojtl. Quelijues-u.is | re
naicnl Monîan pour ce (pTil était, c'est-fi-'iir'', po:r
un |)os-édé el un iléiinnia(]iie qui iroublail in lili'ni»-ni
les peuples, el s'eirorçaienl di; reiii|ieclier de tarer,
se ress'ii enaii! des cominaihlemeuls il des menaces
de Jésus C!ui->t, par lesrpielles il eo-is a\erlil de jner-
dre garde soigneusemenl aux faux piojiho'.es (jui doi-
vent venir.
Ils remarquaient en effet que celte prélendii ■ [iro-
pliélie de M(Milan était bien dillV rente de celle que
l'Eglise a reçue d- la iradilioii des A;;()li'cs. (lar soii
enlhonsiasme paraissait comme un accès d»; fureur,
et lui ôiail la liber;é de sa raison ; ce ipii ne se irouvaii
point dans aucun des véi ilaides Preplèles son de Tan-
cien, soil (Il ii' iivoan Te^lamenl, les(picls n'ont jamais
perdu l'intelligeiice el la suite di; iems prop lélies.
D'autres aucoutraire, oubliant (pie Jésus-Ciuist nous
a recommaedé de veiller |i0ur n'être pas surpris par
li>s artifices des faux prophètes, se rf'jouis-aient de ce
qu'ils voyaient dans Monlaii, cimine si c'eùl élé un
efful vérilable du Sainl-Espril el de la giàce de la
(1) O; xari 4>pùy«î.
(2) TilleiiiOiil Hisi. Ee( I. , l. 2, p. 410 et seq.
(3) Vers l'an 171, leups au piel Eusè'w. dans sa
Chronique, iixe le commence. neul de l'iiéréoic de
Mon tau.
SA(.RE.\IENTS. 55«
propliétie. Il- iiivilaient même .'i pniler cet es-rit mali-»
cieiix, «lui ravi de se voir foiioré par des Chiétiens,
empbi\ail divers arlilic(;s pour les ironiper.
Un de ces artiliies fui de su ciier deux femmes,
doni l'iiiK! se luunmaii I r .-.(pu- ou Priscilla, et l'autre
.Maximille; il les renii l.l du même esprit d'erreur, et
1rs lit parler -ans jnjjen eut el sans discrélion oenune
Mo.'iîan, el e!les c(nilribiiêreiit à aui;men'er le nom-
bre de ses seeiaieiirs, i|iti se mulliplièrcnl surtout
dans la I*l;i ygie cl dans l'.Vs e où l'on liiii de> conciles
pi iir les co .dam: cr et les leliancber de l'Eglise. Ce
soiil b's premiers i;i:e riiislune de l',!glise nous fas.se
< (» Il ilie a; res celui de Jérisalem sous les Apôtres,
lis aireieie.il le cours du mal en partie, mais non
e;:l.( r. mei.l. 11 pan. il par la b lire i\w: les églises des
Cailles éciivireiil à ceile de IM.rygie, à l'oci asioii des
.Mailyr- de Lyo:i, que le- 'ricins de Mo:)lan avaient
pé. élié dans ce |):iys, el tie[)uis mêim; que les secla-
l> lus de ct^ faux I 11 |)!)èle se fiiienl .«^é; aré.^ de la
ciimn.nniou de l'Eg'i^e caih \\.\\w. , ils s.'etTorfèrent
de .surprendre le l'a e V < lo', lors peiil eliC (pi'ils
le V. uni prè^ d'elle broiii lé a>ee les ' aîholiques de
l'.\>ie sur l.< (eie de Là jues. Il apinou^ait déji les
pro|)' élies d .Mo-ilan , de l'risiine cl de .M.iximille, et
par celle approbalion, dit Teilullieii devi nu .M'Hta-
lanlste (1), il dormait la paix a x églises d'Asie et de
1 brygie. .Vais Prax- as, (;iii \enail d'Asie, cl tpii était
al- rs coi.sidéiable dans Pliglise par la qiialilé de mar-
tyr, lui ayiiit l'ail un faux ia| perl, dit Teiiiillien, de
(es prop.eles cl de I m> é lises (on pour parler |>Ius
vériiablemeiit lui ayin! déeoireil la véiilé), el b.i fai-
sant voir qu'il ne l,'> pouvait apjiiouver sans coi.dam-
iM^r s( s pié.iéeesseurs, i'iibli;.;ea de réiraclrr les lettres
d(! ; alx qu'il avail déjà CiiMivé s ()our les Voiilanisles,
et de cliaiiger !e (!es^ein où il élail de iecc\oir el d'ap-
pnmvcr leurs propbél.es.
Non- i:e nou^ aiielerois pas à raïquirler ici ce qui
no!is reste di? ces propiiélies . i i à exposer loiites les
erre irs de ces sei laircs. Nous d'roiis .seul 'ment que
ce- I.ypocril >s aiïecianl de paraiire pins aesières ipie
ii's autres Ciiiéliens qu'ils Irailaienl dtt Vsijqnhiues ou
d'animaux .ils enseiguércul que l'Eglise avail à la vé-
I iié le pouvoir de rem» lire Ls luoindi (>s péchés, mais
non p is les plus giauds.
Ccsi ce (lue nous apprenons de TerluUien , dans
son li\re de li Piidicilé (c. 2), (pi'il écrivit depuis sa
cliiile (2) : Noua connu' asotis , dit-il , des causes de pé-
nilnice , que nous (tppelons dé ils : nous les divisons en
deux, les nus peitv.nl être remis, les antres ne peuvent
iélfe. Plus bas (c 18) il ajouie qie l'on |)ent r(!cevoir
de l'évèque le pardon des ipoiiidres péchés, et de Dieu
seul le pariioa des plus grands. Ensuile (c !!•) apii's
avoir rapj.oné ipiclques exemples de péchés plus W'
(l) luPiax.r. 1, \).G:i.
(i) C-.iUsas |(e.iilenli;rd licta rondiscimiis. IIicc di-
vidiniu- iii duo- exitus • alia eriinl remissibilia , alia
irr.'iiiissibilia. Lcvioribus deiiclis veniaiu ab episcopo
355 Pf.NITENCE.— SECT. T. CllAP. I. TU-
gcrs, il pnrlr ainsi : On (1) l'cul ohl'vir le p.irdoii di'
ci'ux-ci par la niéd'ia'tou de Jé-^iis-('.!irist cH'ris de son
Père; muis il eu et d'un.res plus <iritiids et pi s dmige-
renx , pour isquels il n'y n point de ptirdon. Tels sont
riiomieide , / idolulii ■ , Ui fraude , /■■ reniement , le blus
pliènie , aussi bien ipie l'iidnlthe et ii farmcation, < l tous
les aniris erinies ]ir.r tesiuels on v:ole le temple de luen.
Tfiiiillifn ilaiis lo iiiè;iie livr- (c 5) a mut pnsiii
voint'iil.(|nc, (ii:ni(|iu; <-ciix f|iii oui cinimiis ces sorli-s
lie criiiH.'s ii'aicnl poii.l tic paix à ailemln; de la pail
d»!S JKtiiiiiics , ils oui fi'i'cnilanl iicii ircspéier iiiisé-
riconle de l>icii, s'ils pcrxîvèn'iil dans les liavaiix île
la péniic: ro : cl si. dit il . ils iit> i c(.'«»iveiil l'oiiil la pa.x
ici bas, iiéaiinioiiis ils ne Sf niciil pii.l ou vain, il-.
ne piTili'i.i ])()iiii li; fiiiild»' Icmiis lia aux , mais ils le
propareil'. Et si liic ptee^n non mctil apud Duminuni ,
non amitiit , sed pra'pa-al (rvctum.
On laisi l donc péiiilcnce di's niine ra|>i!aii\ c!i"Z
les MinlaiiisU's , n-pii-pics (•(Miiiiic clu-z les (lalli li-
ques ,(| i.)iipu' eliez ceux là 0!i i.e dm jaiiiis en ict:.'-
voir l'altsoliiLo:!. Leurs pénilenls . iiicine ordinains ,
ne pas aient pnini le vesilhnit; de rét;li-.c ; mais pour
ce rpii e>l ili' ceux (jai r>'éiaieiil smnllés i ar des crinies
pi s lioJiilil'S , ils !c:ir imiiosaicnl des peines heai!-
coiip pin- dues , el ne S(Mi'.-raieiil pas (juils appn»-
cli isSi'i l de ri'iilréc de Téglise. C'esi ce que le n:eme
Terlnllie.i ixinime en ces leinn-s plrinsd'ém-igit; (r.4):
Pour ce qui est diS antres p(:ssi(,ns fuiieiis s il impies
qui s'exeri eut sni les cori» et les s .re» . et cmitre l s lois
de la nature, non s -n'émeut nous ne smif fions p s que
ceux qui s'// sont l jssés ail. r se tiennent à l'entrée de
l'église . mais nous ne leur permettois pus me. ne d.' se
mettre à l abri des injures de l'air sous le toit de l'église :
parce que ce ae sont pas là des pécl.és ordin ires , mais
des monstres de péchés. * lieliqn :siiuten libidinnm furius
« inipids e in corpora et in sexus ultra jura uainra' , mm
i modo limine , V: ruin etiam omni ecclesin- t cio s<.b:no-
t vemus , (l'iia uou sunt delicla , srd uinnslra. »
Nnnohslaiil ce tiiie mms venons de r: pp rlor loii-
cV.aiil rene;:rd(!b Monlanisti-s. in peut einoïc do;iier
si ce fpii' nous avims dU sur leur nianièn' de se c:in-
duire eiiveiN les pcniienls, n'claii pas cm. sidéré painii
eux pliilôi ciinniifc une allaiie de discipline (pie comme
un point de foi. lu ce qui donne lieu à ce doute smii
ces pandes de Terlnllien devenu Moiilanistc (e.21),
dans le même livre de la Piidicilé : 31ais r Église ,
dites- vous, a la puissance de remettre les péchés. Je le
reconnais moi-même qui ai le Snint-Lsprit , Iquel dit
dans II s nouveaux prophètes : L Eglise peut remettre les pJ-
ehés, muis je ne le ferai pus, de peur que ceux ii qui on
les aura remis n'en cômmelieiit d'autres... L'esprit de v.'-
rité peut donc accorder le pardon aux p cheurs, muis il
ne le veut point, pour ne pas caus'-r la p.rte de plu-
tieurs... C'est pourquoi l'Eglise accordera à la vérit^ le
(I) Moruni ergo crit vcna pcr cxnralorem Pétris
Cliristiim. Siiiil aiileui cl contraria i^lis, u| gnvioia
et exiliosa (pu- vcMiarn non capianl , linmicidiiiin, ido-
lolairia, fraus, ncgatio, lil.i>plieniia, nli(pieei nioecliia
ei foruicalio, et si (jiia alia violalio leinpli Dei.
RÉ?!E=; TOrriT.XNT CE SACREMENT. 554
pardon des prias ; mais l'Eglise qui est esprit par les
hummi's s; in:uels , non pas l'Eglise qii consiste dans la
multitude des évétiues. t Sed liai et . inqnis, poteslalem
« I crlesiu delictu donandi. Iluc ego ma(,is el aguosco
t et dispono, (jhi ipsum Pan cletum in propheiis novis
< hidfo dicentem: l'otcst Ecclesia donare delictum ; sed
i non faiiam . ne cl alla dilinquanl... Ergo Spiritus ve-
1 ri:i:lis potesl quidem iiidulgcie fornicaloiihus veui.m,
* sed cum plurium mulo non mit... El ideb Ecclesia
I quidem dclicta don:.bit ; sed Ecclesia sjiriius per spi-
i riiuaLuit Iwminem , non Ecclesia uutnerus episcopo-
« rum. t
Il paraît par cet endroit de Terln'lifn, qu'il recon-
nais>aii dans l'Kglise un vérilable [louvoir de remettre
les jéei.és, même sans di>lim-ii()n dc^ pinson moins
grands , mais qn'illc nt; devait poi, i s'en servir pour
I e p 'S d iiincr lieu à une l.cence effrénée d.' pécher,
II (| l'elle ne pouvi.il user de ce ponvi ir cpie par le
ii:in..>tcre des Imniifes .spiriluel-, tels qu'il s'imaginait
être ceux ilù sa sih le.
Iji vnda assez loin lia.it Tliérésie des Monlanisles.
Pas oiis pré.sei.lement à celle des Novaliens, qui après
eux sont les seuls qui jusqu'au do.zieaie on trei-
z,cn.e siiile aienl don. é alliinîe à l'.iulorilé (pi'a
i'J glise d<- rrmeitie les pécl.és. .No::s ne parierons de
<el,e >ecle que d'après les sa\anls édilcur» des œu-
vres de S. .\ m liroi.se , i|;ii o.il mis à la teie des livres
il- ce saii.t loncliaui la pén:ti'nce, un avcrtisseun-nt,
d.i. s Icipi ■! ils expliquent lictlcment cl en p u de
n ois I origine, les | rogiès cl I élai de celle hérésie
jiisq :r vir> 1 1 II i du quatrième siècle
Le N \;!liens Inreni ainsi nommes des auteurs de
leur serliî Nnval el Novat en , que piusiciirs des an-
cieas, et si;rlont de> Grecs, i onlondt ni eiisemlde. Le
premier é.ail j rélre de légliM- de (iarll.age, mais ne
p.:rvii.i jamais à la dignilé épisinpale, en «pioi B;'r«>-
niiis, le p. Petau el quelques au res savants se sont
iro;; |.é-. Cel liomnie avait Pesprit in |uiet. turl. nient,
el iJUialtMii de la noint-auié. Il s était joint à Kélicis-
smie, q.;i piéieiulaii qu'on de\ait reeoncilirr à l'Église
« eux qui av.ient &acrilié au.\ idoles, sans les somnellre
à la i é..iien( e ; el alin de faire valoir Popinio i de Fé-
liiissime, il avait employé louie sorie d'artilices pour
relever au diacon.il, sans consuller même son évêiiue
S. (■y|>rieii. U mit lui-même le comble à ce crime, en
eoniunl;anl plusieurs actions lionieuses et cruelles
|)our lesquelles il fui accusé par les frères devant S.
Cyprien ; mais la persécuiion.sélant renou\elée alors
enij cclia qu'on ne put faire les enqnèlis nécessaires.
Noval se ser\il de ce préiexle pour s'enfuira Uome,
où éiaiil arrivé vers le connnencemcnl de l'an 251,
il y trouva le peuple divisé à loccasion de l'élection
lie l'évéque qui devait succéder à S. Fabien, qui venait
dèlrcî couronné du niarlvie.
Les espiils étaient partagés enlre deux prèlres ,
Coi\; ille cl Novalien. Celui-ci élait aliadié aux maxi-
mes des Stoïciens, il avait l'esprit pénétrant, une vaste
érudition el beaucoup d'éloipience : mais outre (ju'il
avait été soumis aux exorcismcs, il avait été baptisé
355 HISTOIRF. HCS SACREVIF.NTft. ÎÎ56
dans son lii, (l:ins nnc dnngoroiisc mnladiccl ii'nvail | piioiosdans leurs ('gliscs'.ri^ qui osl difruilo h croire,
poiiil icçii l'o»<"iii>ii sncrôo lie révôniic, coiiiine celait : snrloiil n'ayaiit pour garant (|iu; Socralc, (i"! l^arait
V i;i coutume aliirs f|iic la Connrinalidn suivit iiiinicdia- i avoir eu heaiicoui) de peuclianl pour ces scelaircs.
I icmenl le napièmo. .NoiJdlislaiil ces délauls révc(|iic ; l'iiisi. insconeiles eon la ér( iil ecltc. héré ie, et pre-
n'avail pas laissé de l'élever au sacerdoce, ce qui avait I sc-rivireiil ce (pi'il fallait ohserver pour recevoir i» la
' beaucoiipdéplu au peuple. C'est pourquoi la plusjjrande 1 coMiiuuiiioii de ri'ii-lise cytix qui s'y réunissaient. Mais
et la plus saine p irlie du clergé cl du p(;iq)le étant favo- | quoicpie les plus savants d'entre les l'ercs écrivissent
rallie àCorneille, lioninic d'une vertu non ccwiinuinc et | contre eux , ils ne laissèrent pas de subsister long-
éiM-ouvé dans tons les degrés delà clériciiturc par on il I tenqis, et de se répandre dans presine tous les en-
avait passé; Novalien, diagrin de ne pouvoir réussir | ilroi:s où l'église callioliijue é;ait ét.d)lie.
dans son dessein andnlienx , résolut en lui-nièmc de | Ceux cpii voudront connaître plus à lond l'Iiérésie
rendre inutile l'élection de Corneille. Pour en \enir | *les Novatiens , peuvent consulier S. Epiplianc, avec
à l)onl, il écrivit contre Corneille- ini libelle |tleiu if les notes et obser\ations du I'. Téiaii , S. x\ugustin ,
de calomnies, cl cnlin prétendit (jue son éeciion | Tiiéodoret dans sou livre des Fahics des liérétirpics;
n'était point légitime, sous prétexte qu'il ne rejetait | S. Jérôme d.ms sa chronique, Cnsèltc , S. Pacien ,
point de sa communion les clnéliciiS qui s'étaient ;| TMiilostorge, etc. Pour mous, nous ne nous étendrions
souillés en offrant de l'encens aux idoles. || p:is davantage sur celle matière, si une d>flieullé qui
11 attira dans sa fiction plusieurs «-l'entre le peuple. i| partage les savants ii leiu' sujet ne nous obligeait de
Noval, ayaiit trouvé une occasion si favorable à ses '| tliic quel(|iie cbose pom réclaircir.
desseins, s<; livra eiitièrement à Novalien : et pour Jj ISous avons dit ci dessus (lue les Novatiens s'étaient
soutenir plus sûrement son parti il (it en sorte, par | trouvés réduits à soutenir (pie tous les pécl.és étaient
son adi esse et ses ailifices , que celui-ci fût ordonne I également irrémissibles , mais que dans la suite ils
évèque de Uonie i>ar trois évcques simj les et igno- || eurent lionle d'une telle cx'ravagance. et (pf.ls se ré-
rants, qu'il avidt allirés jionr ce sujet de la paît e J duisireni à dire que l'Église ne pou ait absoudre des
I crimes énornn;s C'est sur quoi roule la difticulté,
I (pielques-uns prétendant que par ces crimes énormes
j ils n'entendaient cpie i'idolàlrie, rhomicide, et la for-
j nicatiun ; d'autres au contraire soutenant (pie sous ce
j litre ils (On prenaient gé éralcmenl tous les péchés
I mortels, au moins ceux (pii étaient soumis i» la pénî-
i tenco canoniipie ; et c'est ce sentiment (pu paraît la
! plnsconrorme à la vérité.
] Il .'e peut prouver par Socrale, lequ(d rapportant
I ce (pii SI! passa dans l<' con(;ile de Nicée entre Acézc,
éNCcpie Novalien et rcinpeieiu"C(Uistanti;i, dit (l)tpril
' s'efforça de justilier sasedeen présence de ce prince,
par ce qui s'était passé diwanl la pcrséenlionde Dcce,
e! jiar l'autorité de cette ancieime rég'c ou canon,
qu'il rapporta en ces terun-s : Qne ceux ipd après le
Bajitènie étaient tombés dans les crimes ne devaient
! point être reçus à la parlici|)alion des saints mystères,
; (pi'on les devait exhorter à la pénitence sans leur
' l'aire espérer le pardon de la part de> prêtres, mais
seu'ement de la partde Pieu, connm^ n'y ayant que
lui (pn ail l'autorité et ie pouvoir do re.net:re ces sor-
j les de péché-i.
I On voit de plus, par les principes sur lesquels ces
j scbismatiques é:ablissaient leur conduite, et |tar les
|)assages de l'ICcrilure qu'ils eniploy lieiit pour la sou-
tenir, (pi'ils le limitaient rien, ([u'ils ex( luaienl de
la participation (!es saints mystères tou> ceux qui
avaient commis des péeliés à la nio: i, et (pi'ils ne re-
connais^aienl point dans l'Église le pouvoir d"eu re-
mettre aucmi de cette nature. S>ciatedit (piil avait
appi'is cette histoire d'un prêtre Novalien ipii avait
éé an concile de Nicéo avec cet évèipie dont nous
parlons. Il élail foi t jeune quand il y alla, et ne
(rilalit; la | lus méiuisablc, et c'est le premier anli-
pape que !"( n eût vu depuis que la religion chrélienne
fut établie. Novalien donna part de son ordii.ation
aux églises d'AIVlipic cl d'Orient jiar les lettres qu'il
leur adressa, mais elle fut rejetée p.ailoul.
l'n altecdant, pour lendre Corm;iili; odieux, cl
s'attirer du respect par iukî apparence de zèle pour
la discipline de l'Église, il enseignait que l'Église n'a-
vait point le pouvoir de léconcilier ceux (jui étaient
tombés dans la |)erséculi(ui, que l'on dislieguait alors
en trois classes, savoir des libellaiiipies, des apostat ,
et de ceux ipii avaient offert de l'encens aux idoles.
D'abord lui et ses sectateurs s'en tinrent là ; mais
connue ils étaient vivenient pressés par S. Cyprieii et
les auties défenseurs (K; l'Église, qui leur reprocïiaienl
qu'ils ne pouvaient sans inie extrême injustice r. fuser
le |»ai<lon à ceux qui étaient tombés dans la per.-écu-
li(ui, tandis (|u'ils l'accordaient à co[\\ (\\n avaient
commis di s crimes beaucoiq» plus atroces, tels ipie
l'homicide et l'adultère, ils furent réduits à soutenir
que tous l(>s péc'iés étaient également iiiémissibles.
Ceux qui vinrent ensuite eurent honte d'une telle
extravagance, cl il s'en trouva plusieurs (pii reslrei-
gnirent leur sentiment, en disant (pie l'Église ne pou-
\ail absoudre des crimes énormes,
Cettcî apparence de sévérité fut du geût de plu-
sieurs, et leurs [lartisans s'élant mnilipliés et réj)an-
dus, ils piiiciit, pour se distinguer des callndlipie-. \c
nom deCatares, KàOcpci , qui signilie, purs. Socrale a
dressé un ample catalogue des évciiues de celle secte,
dont il parle toujours avanlr.geiisement ; il rapporte
aussi les combats (pi'ils ont soutenus pour la ici de
Jésus-Christ et dit (pi'ils firent paraître tant de con-
stance dans les supplices, q'ie les calholi(pies admi-
rant leur courage souhaitaient de pjemlre par! à Irurs
n> ].h. I.r. 7.
Sr,7 PÉNITHNCE. — SECT. I. CnAP.
inoiinit qnc sou'? rcnipncur Tliéoilosc-lo-Jcnnc. La I
péponseqiie (il rciiijicronr à cci evc |iiccoiifiriiieccqiic
<)niis (lisons. Cm- SocimIc cl Snzonièiic lafoiitiMil que
^' ce priiueiiyaiit l-iiIciuIii |t:iiU'r Acèze, ne put sniillVir
; une romlii.lo (ini IVrmail le »iel ;i Ions les lukliems,
! ol-iiu'il s'oi r;a : Mlcz, Ache, fuites nue i'ciiclle pour vous,
, et montez seul an ciel. Celle iiaioKî ne sérail pas à
propos si les Novaliciisiravaieul rclnsé la récoiieilia-
lion qu'à ceux qui avaient commis les Irois crimes
(ionl nous avons parlé, el elle suppose (pTils en cx-
clnaienl lous cenx qui en avaienl commis do mortels.
Le même Socralc, faisant menlion du diflorcnl
snrvenn entre le [lape S. Corneille el Novatieo, son
comprlitenr, dit (I) qn'ils écrivirent cliacnn de leur
côté des lettres diins les provinces à l'occasion de cenx
qnj élaient tombés dans la persccnlioii. La lettre de
Movatien contenait (|iie ceux qni avaienl commis nn
péclté mortel après le IJaptcme, peccalum ad uwrtcm,
ne pouvaient èlrc reçus à la parlicipation des saints
mystères. Cille du pape (Corneille, au contraire, qm;
Ton ne pouvait pas ôlor l'espérance du pardcm à ceux
qui avaient péché après le Baptême. Par où on voit
que tous deux établissaient leurs sentiments difTéronls,
sur deux priiicipt'S contraires, mais généraux, qui re-
fusent ou accordent le pardon des ] échésconunis aprcs
le Baplème, et que Novatien n'excluait cenx q li
élaioiil tombés dans la persécution (|ue parce qu'il en
excluait tous ceux, qui peccalum ad nio lemfecernnl.
C'est confiHuiéntenl à cela que S. An;.^ns!in dit en
parlant di'cesscliismaliqu(;s,iN refusenlia (lénihuici;,
pœuitentiani denegnnt. Saint Epipliane (h;cres. 59),
marque aussi qu'ils établirent leur schisme S'ir ce
principe général, que les lionmies n'avaient point le
pouvoir de f.iire miséiicorde à ceux qui étaien' looi-
bés après le lîaplème. Cette hérés c revenait aux
principes des stoïciens, d(Mit Novalien laissait profes-
sion, conmie remarques (;ypricn(Ep. .Mjqui pour la
réruler allègue ces paroles du Sauveur, les sniiis n'ont
pas be-foin de médecin, mais les malades, après les-
quelles il ajoute tout de suiti' : Quelle (jiuhison peut
procurer celui qui dit : J». ne prends soin que de ceuxà (;ui
te médecin uesl point nécessaire; paroles qni monirent
que h s Novatieus n'aiipliquaicnl p >int le reniède de
la pénilenre canonique à 'eux (jni élaient lombes dans
quchpi'mi (les grands pècliés, auireiuenl ce serait s;uis
foinh-mcnl (pi'il les leur ferait dire ; car ils auraient
pu faire le dénombrement de lous ceux qui ne sont
point d(! l'espèce de ces trois grands, auxquels ils
amaicnl ajpliqué la médecine sahilaire de la pé-
nilence.
■; Ceux des aulres Pères qui ont combaKu les Nova-
liens jibis cvaclrment nous apprennent la nuMiie
chose. Saint Paeien fKp. 5)dispulanl contre Simpro-
nien, lui fait tenir ce langage : « Mais vous remelKv
t les péciics au |iéiiitent, direz-vous, cependant il n-
« vous est pas permis (le les lui re:nicllre (pic dans le
i baptême. > Sed pœnilenli, inquies, peccata dimiitis,
'.ib. I, c.2.">.
1
TI. SUITE Dr MEME SUJET. jJS
ciun tautuni in baptismale tibi liceal relaxare peccalum.
Saint And)roisc dans le livre de la PéniltMice dit la
même chose (1). Mais ils disent qu'ils défrent au Sei-
(jneur ce qui concerne Ici pénitence , lai à qui seul ils
réservent la puissance de r. mettre les péchés., < Scd
\ aiunl se Domino déferre pœnitcntiam, cui soli remit-
i tendorumcriminum pote talent réservant. >
Tout cela donne lieu de croire (prc les Novatiens
n'admetlai(;nt aucune p(''nilencc canoniipie, et que
s'il se trouve queiipies aiilorités qni semblent insinuer
(pi'ils accordaient la grâce de la ré(.'oi.cilialion pour
cerlains péchés, il y a apparence qiu; ce n'a élé que
bien tard qu'ils se sont trouvés fon es de le dire, ac-
cablés parles preuves des catindiques, ou qu:; ce n'a
élé (pie (piehpies parliculiers, peut élre plus modérés
que les autres, et que les péchés dont ils parlaient
n'étaient que des péchés légers, qni n'étaient point
sujets à la pénitence canonique dans l'Église. D'où
vient que S. A'.ubroise (2) se faisant celle objection,
mais ils disent, qu'excepté les plus qrands crimes, ils ac-
cordent le pardon des plus légers; « sed aiunt se, exce-
t ptis gravioribus criminibus, relaxare veniam levioribus ; i
regarde cela conmie nouveau parmi les Novaliens.
Non hoc quidem... SoviUianus ail. Ce n'est point ce
que dit Novalien.
CHAPITRE 11.
0»^ la rigueur dont quelques églises ont usé ancienne'
ment à l'égard de certains pécheurs à qui on refu-
Sdit il communion, même a la mort, n'a rien de commun
O'^ec tes erreurs des Montanistes et des Novadcns.
Deux choses oui pu contribuer à acrrt'diter celle
hérésie, l'horreur qu'avaient du crime I s Chrétiens
dans ces premiers sièchs, et la rigueur dont usaient
(puil(|ues ('gjises .à Vé'^-.wA de certains pécheurs à qui
elles refusaient les sacrcmcLls ou la lécoKcilialion,
menu} à la mort.
Saint ("iVprien nous apjjrciid dans sa leUie 'o'I' qnc
cette discipline avait élé en vigueur dans certaines
églises d'Arii(pu\ quoitpielh; ne lïil plus eu usage de
s<ui lenqis : ii.ais il a Miin en même lem;.s de nOiiS
avertir que ceux qui en usaient de la smle conser-
vaient la charité et la coinnumion avec ceux {|ui
avaienl plus de compassion i)Om- les pécheurs. Chez
nos prédécesseurs, dit-il ("»), quelquesiins des évêqucs
de cette provi'icc ne crurent pas devoir réconcilier les
c.di Itères et les fornicineurs, mo-chis, mi:is ils fermè-
rent cntihcment la porte de la pcniienee aux adultères.
C.epend.nlihne se s' parèrent point de i:nrscollèiiues,el ne
rompirent point par leur attachement h une discipline si
sévère l'anion catholique, de façon qu'ils se séparassent
de ceux i^ui recevaient les adultères à la pénitence, de-
meurant unis par les sacrés liens de ta concorde tes uns
avec tes autres. < Apud aniecessorcs nnsiros quidam de
•. episcopis islic in piovincià noslrà duidam paeem mœ-
(1) Lib. I,c.2.
(-2) Ibid.
(5) Lp. u2.C'esl la S'j* de Tédilion de d'Oxferd.
559 lîISTO'RE DES
< cliistwn putnvrritut ; non t".men à coopii^co; oruin suo-
« nun colli'jiio rrcesscmni, tint ra'holicœ l'.cclfsiw uni
f tatem vel duritiw, vcl ccnsnrœ suœ ibstinatioue tii^w-
t rtait, ut quia iipud ulios adulteris pax dubiinr, qui
t non dabal de Ecclesià aepiiran lur, mancnlc coticor
( diœ vinrulo et persiverunte cuthoUcœ sncrameitto. »
Sailli Cypiieii no ii(iii< :t|ipr(Miil pniiil ici si ces
ëvéi|iu;s rccrvaicnl :i la iioiiilrnte IfS linmiciiifs cl ceux
qui avaienl sacrilié aux idulcs ; mais il sciiiliic iprils
ne doivent poinl èlre plus iii(liili;eiils envers ceux-ci
qu'envois les adiillères, d'aiilant pins que lui-inème,
suivant l'usage de son temp^ , iraile l'id.là rie de
crime contre Dieu, el l'appelle le Irès-grand <rinie,
crimen maximum, au lien ipie riiimiiride t l i'adullcie
étaient selon lui de moindres crimes, ([n'il nomme
crime co:ilre son frère, crimen iti fra!ieiii.
Les évêqiies du concile d'illvire (1) dans la province
de Béliqiie (2) en K-p:ig:!e, irenrei.l pas mi)in> de
dureté ( s'il m'est permis de me servir île ce leriii' )
el cela paraît surtout à l'égard de ceux ([ni s'étaient
rendus conpahlcs de queliiu'nn des troi^ grands cri-
mes dont iiniis venons de p:irl. r, avec (piel.pie dJIfé-
rciice néanmoins par rapport à radullère, comme
nous verrons bieiuoi. Le premier c.in n d" ce ccn-
Cile. ou attribué à ce cmicile, ( car, sni\;ihl un sa-
vant lioinme de ims jours, c<'s eaiions dKlvire sont
plutôt nue espèce de code on recueil d";iiicieiis c nous
faits dans diverses asseinlilées i c lés ;i>li<pie«. que du
seul concile d tivire. à peu piè- cnmme les camins
que Ton iiotniiie (apostoliques) le piem tîr de ces ca-
nons, dis-je, est eoiiçii en ces lerinc- : Il nous a plu
que quiconque éluut en âqe de r,:i-,o;t el après /.voir
recule P.apUme, irait à un Uv.ple d'.dole pouridolà-
trei-, et aurait lait ce qui est un crime ca; ilat, ne rece-
vrait point la communion même à la mort, i l'ir.cn'l ni
I quicumque post fid^m haplismi s:.tularis aduilà a'tale
I ad lemplum idoli idolutairalurus acres'^ril, el fcer t
t quod est crimen capitule, nec in jine cuiii ad com-
i munioneni suscipere. t
Les auteurs de ces canois élalills^ent la même
chose dans le seco:id. louciianlcetix rpii auront exercé
cette eS|ièce de sacerd ice que les païens appeMei.l,
flnminalus. Et cela par nue raisoa beaucoup plus
forte, parce que, disent ces évèqiies, lems sacriliees
renferment tro s crimes , l'idolâliie, lliomicide el
l'adultère. Dan-, le canon 73* ils ordonnent : Si quel-
que fidèle est d.laleur, el que par ce moijen il fusse pros-
crire ou mettre à mort quelqu'un, nous avons jugé qu il ne
devait pas recevoir la communion même « lu mort. Que
si la chose qiCil aura déférée est de peu d'importance, il ;
pourra recevoir lu communion dans les cinq ans. Ils
font le même règlement dans le canon 75* touchant
les faux témoins qni accusent un évèqne, un prèire |
ou un diacre, et qui ne peuvent prouver leur accusa- i
tien. Or il s'agit de crime digne de niort dans ce ca- :
(1) Elvire est une ville nujonrd'biii ruinée, auprès^
de laquelle a été Iiàlie cel e île Crenade.
(2) La province Bèliqiiecom nu ait r.\nd:ilnnsie, le
royaume de Grenade, el quelques autres provinces
des environs. I
SACREMENTS
360
non. comme i! pnrnil pnr 1*» précédent. Par les e.i-
noiis G' el (i3' ds rernsiiit aii-si la comniimiiin à la
morl .«nx lininicides ipii >e semnl servis de malé.'ices
cl a ceux (pli :'yani coiiimi-. un ad^.lière en amoiit
! lait périr h; Iruil, parce que, disent ct!s anciens évé-
qnes, ils ont c 'in-nis in iloiible criaie: ceiiv-ci, en
ajoutant l'iioinicide à ladullère, reiix-Ià, e!i y ajon-
laiil i'ido'àtrie, c'est la (jiialiticalion qu'ils d.mieiit
aux malélices. Et ils s'expliipieiit de la sorte pour
imihiier seiileimnl qu'ils s( lit indignes de la coin-
miinion, non pour donnera enleiidie que l'atiiiilére ou
la loriiicaiion ne mènteni aucune peine caiio iquc.
Pour ce ipii esidii péciié de la chair, qui est la troi-
sième espèce lies crime- capitaux chez les a,a•ic^^, ils
loni nue dinéreiive qui est digne d- remaïqiitî; car ils
ireNclne..l p-.s pour lo;ijonrs de la CDinmn.iinn ceux
ipii l'ont t iimmis, à iiieins qu'ils iraieinajunle d'antres
crimes, ou q iiIn naienl fait quelque c'iose pire que
radiiliéie. (i'crt ce ipie nims allons vuir par les ca-
nons suivant. Voii i ce ijn'iU disent dans ie ii* : Les
vierq's qui u'(,nl point conservé leur virginité, si elles
épO' s m ceux avec ijui elles ont eu un •v««i'i.js commerce
et ne les id)andiin)tint vuini, yaree quelles noi! point
violé la saimeie des nocx s, après un an de pénitence elles-
d..ivent être rccuncil.ies. Ou bien si elles ont péché av^o
d'antres 'lommes, parce qu elles se sont abandonnées à
l'impadiciié, nous avons ordonné qu'elles ne seraient
ce, ?.(■.•> ri la eommituion au'après avoir cccomi^H légili-
memrnt cinq ans de pénitence, l'ar où on v .il cpie la
lninicaiion maniîcsie est expiée pir cin i ans seule-
nsent lie pé.;itence. Vel .-^i alios eognoverint, e'o quoi
nmcliaia' aint, plaçait per qi.iiKiuennii teinj:ora, acta lé-
gitima pienilentiâ, admit i e.s ad eommuni-jnem.
Mais liiisqce l'on leiomlta.l dansée crime a|).'è« en
avoir lait pénitence, on |erdail, selon ces anciefis
iVres, ton e c>i élance de icicvoir la rommmiion. S»
posl nœni'oiliani l'i erinl mochati, j lacui'. ulterius liii
non esse ilandam romiiiitiiionem {[). De pt'iir, diseni-ils,
(pi'ils iKîsemliii ni vouloir se jouer de ia coiiimniiioa
lin Cl) ps du Seigneur. Se !usi>>se de Duminicà corr.mu-
nione videautur. La ii;éme cl.osc se trouve et ibliet^ans
les canons 7* et 47*.
Ailleurs ces séNcrescnsures des crimes vont aussi
loin ; car ils n'accordent point la communion même
aux mourants, s'ils ont lommis des crimes plus grands
C'i ce genre que la lornicaîioa et l'adnhère. Voivii
comme ils s'en expliquent dans le canon 12* : Une
mère, ou tes parents, ou quelque fuièle que ce soit, s'tli
ont fait métier de prostituer les autres, ne doivent point
recevoir la communion même à l'extrémité de la ne :
parce qu'ils ont fait commerce des corps étrangers, eu
plutôt du leur. « Mater, vel furcn:es, vel qv.a;libet fide-
t lis, si Lnocinium exercuer'il, c'a quod ulienum vendide •
« rit corprs, vel volius stium, j iucuit eam nec in fine
I communionem cxcipere. •
\t;il.i ce que les -ivèques d'Espagne ont ordonné
autrefois louchant la Fénilence, qui semble aulonser
(1) Can. 3 conc. Eliber.
56C PÉNITENCE. -SECT. I. CIIAP
les erreurs des Montaiiistcs et des Novalions, iiqiii on
reproche avec jiisiico imc sévérilé, ou pliitot une du-
re:é excessive; niais il n'est pas dillicile de ju^lilicr
leur foi, et de mouirerqu ils étaient bien éloignés des
erreurs de ces schismaliqucs. Ceux-ci ne laissaient aux
pi'ciieurs aucune espérance de réconciliation , parce
qu'ils croyaient que lÉgiise n'avait aucun pouvoir de
remellre certains péchés : ceux-là au contraire ne
doutaient nullement du pouvoir de l'Eglise à cet égard,
et ne se conduisaient de la sorte que par économie et
par des raisons de i»rudeiice qui nous sont présenle-
jnont incoinuies, et qui pouvaient naître de dillerenles
circonstances, qui, attendu la disposition des esprits,
des temps et des lieux , rendaient nécessaire cette
sévérilé de discipline.
C'est ce qui parait parles termes dont ils se servent.
< 11 nous a semblé bon qu'ils ne reçoivent point la
communion même à la mort, placuit-eos itec in fineac-
cipere comumnionem. > Si l'exclusion leur a paru bonne,
il leur a pu aussi paraître bon de les recevoir. De
plus, ils ajoutent (luelquefois les raisons de police
qui lesonl engagés à user de celle rigueur, t De peur,
disent-ils quehiuefois (1), qu'ils ne semblent se jouer
de la communion.! D'autres fois (2) ils apportent pour
raison le scandale et l'énormilé du crime. Dans le
canon soixanle-cinciuiènie ils ajoutent : De peur que
ceux dont on doit attendre l'exemple d'une bonne vie ne
semblent être les maîtres de l'impiété, et montrer à com-
mettre des crimes, n JSe ab his qui exemplnm bonœ con-
I versalionis esse debent , videnntur magisteria scelerum
c procedere. »
Cela est plus que suffisant pour justifier les évêques
d'Espagne dont nous parlons, touchant la foi ; mais il
n'est pas si aisé de rendre raison pourquoi ils ne se
sont pas conformés au reste de l'Église sur la manière g
de se conduire à l'égard des pénitents, surtout depuis
qu'à roccasion des hérésies des Montanisles et des i
Novalious, celle discipline était devenue uniforme, et
que la coutume de réconcilier ceux qui avaient donné
des marques sincères de pénitence avant la fin de
leur vie, avait comme force de loi dans l'Eglise.
Les plus savants hommes ont été embarrassés sur
ce point , et nous nous contenterons de rapporter en
peu de mots leurs sentiments, sans entrer nous-mêmes
dans aucune discussion, ce qui ne convient point à la
nalure de cet ouvrage, où notre dessein est de rappor-
ter siiuplcnicnt les choses, y mêlant le moins que
nous pouvons nos propres réflexions. Le savant père
Morin (5) dont nous no sommes, pour ainsi dire, que
les cojùslcs dans celte histoire de la l'énilence, croit
qu'il faut placer ce concile un peu avant l'année ioO,
c'est- à-dire, avant l'hérésie des Novatiens, et depuis
le décret du pape Zéphyrin dont parle Tertidiien en
ces termes insultants, au commencement de son livre
le la Puiliciié qu'il composa, comme nous avons déjà
lit, étant Monlaniste, contre le seniinient de l'Église
fl'jCan. G et 53.
(2) Can. 18.
('•) De Pnenit. t. 0, c. 19.
Til. XX.
n. SUITE I)U MÊME SUJET, ' S6i
c:ttli()!i(|ne. Il c>l bon de rapporter ici les paroles de
cet honiUK! encore pins fameux parsa chuledephuable
(|uc par lesrarc^l;ilciils avec lesquels il avait si utile-
ment servi l'Église jus(|u'alors. Le bruit court que le
souverain Pontife, t'évc(iue des évêques, a proposé un édil,
et un édit péremptoire. Je remets les péchés d'adultère
et de fornication à ceux qui auront accompli leur péni-
tence. < Audio edictum esse proposilum , et quidem pe-
t remptorimn; Pontifex scilicet maximus, episcopus
f episcoporum dicit : Ego et mœcliia et fornicationis
1 delicta, pœniteniiù functis dimitto. i Le P. Morin, après
avoir llxé cette époque, ne trouve nulle diflicullé à
concilier les canons du concile d'Elvire avec ce dé-
cret que les évêques d'Espagne ont pris, selon lui, à
la lettre et strictement, sans étendre l'indulgence
au-delà de ce qu'elle porte. C'est-à-dire, qu'ils ont usé
de la plus grande rigueur envers les idolâtres et les
homicides en leur refusant la communion à la mort,
aussi bien qu'à ceux qui auraient ajouté au péché de
la chair quel(|ue circonstance qui le rendrait plusgrief,
conime nous avons vu ci-devanl. Tel est l'expédient
par lequel le P. Morin tâche de répondre à la difli-
cullé dont il s'agit. Mais il est abandonné en cela par
presque tous les savants, et certainement les preuves
dont il appuie son sentiment sont bien faibles.
Le P. Alexandre, pour se tirer de cet embarras,
prétend que les canons d'Elvire ne refusent point
l'absolution aux idolâtres , mais seulement l'Eucha-
ristie, et qu'ainsi ils ne tombent point dans la dureté
des Novatiens. Mais ils ne s'accorderaient point pour
cela avec le décret de S. Cyprien et des autres évê-
ques de son temps , car on ne peut douter que ce
décret n'accordât rEucharislie aussi bien que l'abso-
lution. D'ailleurs, dit M. de Tillemont, je ne crois pas
qu'on puisse montrer qu'on ait rcfiisé l'Eucliarislic
dans l'aniiquilé à ceux à qui l'on accordait, l'absolution
dont l'Eucharistie élait regardée comme le sceau et
l'accomplissement. Le P. Alexandre avoue au moins
que ces deux choses ne se séparaient jamais du temp^
de S. Cyprien. Il s'étend beaucoup pour prouver que
la communion , dans le concile d'Elvire, est l'Eucha-
ristie : mais il no dit rien pour montrer que l'on ac-
cordait l'absolution à ceux à qui on refusait l'Eucha-
ristie.
Le même M. de Tillenionl (1) est du sentiment de
Mendoza, qui met la tenue du concile d'Elvire vers la
fin du troisième siècle ou au commencement du sui-
vant, c'est-à-dire en ôOO ou 501, et il en apporte plu-
sieurs preuves qui paraissent convaincantes , ou qui
prouvent au moins incontestablement qu'on n'en peut
faire remonter l'époque plus haut. Nous ne les rap-
porterons pas ici, de peur de nous écarter de notre
dessein , nous contenlanl de copier ce qu'il dit pour
la justification des pères d'Elviro. Voici ses paroles :
Je ne sais si le plus court ne serait point d'avouer que ,
même après le décret par lequel on avait accordé la paix
et ta conntiunion aux tombés , les évêques d'Espagne ont
(1) Tom. 7 Ilisl. Eccles., p. 712 e! soq.
12
S63
jugé à promis (Ccn IvaUcr (incUjues-utDi avec plus de se- »|
vérité , parce qiCils croyaient ([nelle était plus utile à \
leurs églises , usant de la liberté quant les évêques de
régler les choses de discipline selon qu'ils le jugent plus à
propos pour le salut des âmes que Dieu leur a confiées.
Ils peuvent, dit Baronius, avoir eu de justes raisons d\'m-
ploijer des médicaments plus furls ; car tout ce qui se pas-
sait alors n'est pas venu à notre connaissance , et qui ac-
cusera les élus de Dieu ? Le même cardinal a cru qu'ils
avaient eu une sévérité extraordinaire , et qu'ils avaient
effeclivemenl refusé lu communion aux tombés sans res-
triction. Mais au lieu de les blâmer, il soutient que per-
sonne ne doit être assez hardi pour le faire , et il se ré-
tracte de ce qu'il avait parlé un peu trop librement de ces
très-saints pères, comme il les appelle. Lo cardinal
Bona (l),fnii semble vouloir suivre le sonlimenl du
P. Moriii que nous avons expliqué ci-dessus, place
néanmoins le concile d'Elvire vers la Un du troisièuio
siècle, et par conséquent il doit excuser sa sévérité à j
peu près comme le cardinal Baronius et M. de Til-
lomont. j
On peut appliquer aux églises d'Afrique, dont parle
S. Cyprien dans le passaj'O que nous avons rapporté
au commencement du chaj)itre, ce que nous avons dit
pour justilier les évoques d'Espagne , avec d'autant
plus de fondement que celle rigueur à l'égard de cer-
tains pécheurs était en usage cliez elles avant l'Iiérésie
des Novatiens , et avant que la pratique opposée eût
comme passé en loi.
Mais il est inutile d'en faire rapiilic;itioii aux églises
de Rome, de Carthage etd'Orient,que Terlullien accuse
d'avoir refusé la communion à la mort aux idolâtres
et aux homicides pénitents : car rien n'est si aisé que
de faire voir le contraire de ce que Tertullien leur
impute sur ce sujet dans les ouvrages qu'il a composés
depuis qu'il eut embrassé les erreurs de Montan , et
nous n'avons besoin pour réfuter Terlullien que de
Tertullien lui-même, tant il est sujet à se laisser em-
porter dans la dispute i\ l'impétuosité de son génie.
A entendre cet auteur dans son livre de Pudicitià,
rien ne paraît si certain , puisqu'il argumente très-
souvent de celte sorte contre les catholiques pour prou-
ver fiu'on ne devait point recevoir à la communion
ceux qui s'étaient souillés par le crime d'im|)urelé.
' \ous n'accordez pas la paix et la communion aux ido-
lâtres et aux homicides, pourcpioi l'aceordez-vous aux
impudiques? S'il la faut accorder aux impudiques,
pourquoi pas aux idolâtres et aux homicides? Il se
met ensuite en frais pour prouver que le péché d'im-
purelé n'est pas un moindre crime que les deux antres.
Enlin il termine son livre par ce raisonnement :
Quelque autorité , quelque raison que l'on ail pour rendre
la communion ecclésiastique aux adultères et aux forni-
cateurs , les mêmes doivent nous engager à recevoir les
idolâtres et les homicides qui se repentent. « Quœcumque
t auctor'itas , quœcumque ralio , mœcho et fornicalori
I pacem ecclesiaslicam reddil , eadem debcbil mœcho et
t idololatrœ pœnitentibus subvcnire. »
(1> Eit. 1. l, c. 14, §5.
JllslOlUE Dl.S SAtiKEME.MS. 3Gi
On ne peut rien dire de pln^ positif. Et ( <-pen(ianl rien
n'est plus faux que ce (jue Tei lullicn suiijidse être en
usage dans ces églises : cela parait évidemment, pre-
mièrement p,ar ce (ju'il dit Ini-mème au commence-
ment du livre que nous avons si souvent cité, où il
avoui; qu'il a changé de sentiment sur cette matière ,
et ([u'il se soucie fort peu qu'on l'aecuse de légèreté.
liOrs donc qu'il écrivait le livre de la l'énilcnce, il
pensait diflércmment que lorsqu'il écrivait celui-ci,
où il s'applique tout entier à prouver qu'il y a deux
(îspèces de péchés, les uns rémissiblcs, les autres ir-
rémissibles. Cela |)arail de plus par les passages que
les Catholiques alléguaient contie lui, et auxipiels il
s'efforce de répcuidie, entre autres à celui-ci de saint
,lean (Ep. 1 ), le sang de Jésus Christ nous purifie de
tout péché. IJifiîi peut-(m ntieux s'exprimer là dessus
qu'il avait l'ail lui même au nom de l'Eglise catîioliquc
dans son livre de la Pénitence dont je me conlenic de
rapporter cet endroit? Celui qui a destiné des peines
pour tous les péchés, soit de la chair, soit de l' esprit, sait
de fait , soit de volonté , leur a en même temps promis
le pardon par la Pénitence, a Omnibus ergo deiictis, scu
« carne, seu spirilu, seu fado, seu voluntate commissis ,
i qui pœnam per judicium des inavit , idem et vcniani
« per Pœnilent'iam spoponditi (Lih. de Pœnil. c. A).
Ajoutons à tout cela que dans le li\re même où il
accuse les callioliijues sur ce point, il se contredit
grossièrement , puisque sur la fin il re|)reud les Ca-
tholiques de ce qu'ils accordaient le pardon aux lapses
à la prière des martyrs. Or tout le monde sait, et
S. Cyprien en rend témoignage eu cent endroits de
ses écrits, (pic c'était surtout poiu- ceux cpii avaient
sacrifié aux idoles que les martyrs intercédaient.
Mais en voilà assez là-dessus; revenons maintenant
à ce qui a un rapport plus immédiat au tribunal que
Jésus-Christ a établi dans son Église pour y juger les
pécheurs.
CHAPITRE m.
Le for ecclésiastique n'était point autrefois divisé en
deux comme aujourd'hui. Quelle était son étendue.
Comment les princes l'ont augmenté ou diminué en
différents temps. Ce qui y a donné occasion. En quel
temps il a été divisé en for intérieur et extérieur.
Ouoi(pic les évêques aient inlroduit divers change-
mcnls en différents temps et pour de bonnes raisons
dans la discipline de la Pénitence, ils ont cependant
retenu constamment la juridiction à l'égard de tous
les crimes, soit capitaux, soit moindres ; soit cachés,
soit publies , en vertu de l'aulorilé (pie Jésus-Ciuist
leur a confiée pour lier les pécheurs et les absoudre,
sacrameniellcmeiil : el il n'y eut dans l'Eglise pendant
onze cents ans qu'un seul el même lri!)unal pour con-
naître des crimes ou des fautes plus légères pour en
juger, et apporter les remèdes convenables aux ma-
ladies des âmes.
On ne voyait i)oinl en ce lemps-là deux tribunaux
dont l'mi donnât l'absolution sacramentelle, comme
1 parlent ks lliéoloi^'ieus et les canonistes, et l'aulre
565 PÉNITENCE. — SECT. I. CIÏAP. III.
l'absoliilion de rexcoinnuinieation ; mais il ny avait
qu'une mémo personne, savoir : Tévèque ou le prèlre
qui présidât dans l'unique tribunal de TEglisc, cl qui
exerçât son pouvoir tant à l'égard des cxcoinniuniés
que des autres péclieurs , soit que d'cux-nièuies ils
confessassent leurs crimes, soit qu'ils en fussent con-
vaincus en présence de l'évoque ou du prêtre qui gou-
vernait le peuple cluélien, et enlin de qucliinc manière
que les fautes que cominctlaienl les fidèles vinssent à
la connaissance de celui à qui le salut de leurs âmes
était confié.
Aussitôt donc que celui-ci découvrait les crimes ,
il se mettait en devoir de les punir ; si les coupables
ne s'accusaient pas euxrnèmes, il les averiissait d^:
recoin-ir au remède salutaire de la pénitence; il exa-
minait la nature et les circonstances des délits, et ap-
portait d s remèdes proportionnés aux maux, c'et-à-
dire, qu'il imposait des pénitences plus ou moins
grandes suivant la qualité des fautes. Il examinait en-
suite soigneusement si les pénitents s'acquittaient avec
zèle et exaciiiude des exercices laborieux (|u'on leur
avait prescrits, et s'il voyait qu'on se livrât avec ar-
do'jr aux travaux de la Pénitence, et que les péclicuis
fussent touchés d'une vive componction , il abrégeait
le tenii)s prescrit par les canons pour l'expiation des
criuies, et les recevait i>lus tôt à la communion : au lieu
que s'ils se conduisaient noncbalammenl et n'embras-
saient pas avec une ferveur extraordinaire ces mêmes
travaux, il leur laissait acconi|)lir le temps prescrit par
les canons et les usages dans chaque église, sans en
rien diminuer; et ce terme expiré, il les recevait à la
sainte comnumion , leur remettant leurs pécliés et
n'usant point d'autre formule pour les exconununios
<jue pour les autres, coupables de moindres crimes.
11 est assez inutile de nous mettre en devoir de
prouver ce que nous avançons touchant la manière
dont les pasteurs se conduisaient anciennement à
l'égard de toute soi te de pécheurs, de quelque espèce
de crimes qu'ils fussent atteints : tout ce que nous
dirons dans la suite de ce livre en fera la preuve. Je
me contenterai donc pour le présent de rapporter un
passage de S. Ambroise qui prouvera qu'il n'y avait
qu'un seul tribunal dans l'Kglise , soit qu'on usât de
«pielque espèce de procédure pour découvrir les cou-
pables, soit qu'ils se découvrissent d'eux-mêmes. Et
ensuite je citerai quelques canons des conciles pour
faire voir ce que nous avons dit, que l'évèquo avait le
pouvoir d'abréger le temps de la Pénitence canoniqin;
CD faveur de ceux qui donnaient des marques d'un plus
grand repentir.
Pour ce qui est du premier point, S. Andiroise nous
■n fournira un exemple remarquable (1). C'est dans
son livre adressé à une vierge ipii s'était laissé cor-
rompre. 11 nous y apprend en peu de mots de quelle
manière ceux qui présidaient au tribunal de la Péni-
tence avaient coutume de rechercher , de prouver et
de punir les crimes même les plus cachés. Voici comme
(!) Ambr. I. ad virg. lapsam, c. 16.
. DE FOU ECCLÉSIASTIQUE ANCIEN. SOG
il parle à celle vierge : Il y a environ trois am (junn
bruit sourd s étant répandu sur votre compte , vous pré-
tendiez être entièrement innocente ; vous demandiez pu-
bliquement dans t'i'ylise vengeance de ceux qui avaient
mal parlé de vous. Que d'embarras n'eus-je pas puur lors
à votre sujet ? Que de peines ne sou/frit pas votre père
pour soutenir votre réputation ? Nous n'épargnâmes au-
cune recherche pour découvrir enfin l'auteur de ce mau-
vais bruit : car c'était pour tmus quel'pie chose de bien,
triste , et même d'insupportable , que l'on débitât , ou
que l'on crût qu'une vierge consacrée à Dieu se fût dés-
honorée. Cependant vous n'avez point été touchée dô
cela , et vous n'avez point craint de tenir une conduite
qui réjouit vos ennemis , et qui vous attire l'indiqnalion
de cettx qui travaillaient à rélabiir votre réputation.
< Ciim antc triennium rumor quidam et susarralio de te
« fnisset, tu sinccrilatem prœlcnd.bas ; vindiclamdemu-
« ledicis in ecclesià postulubas publiée. Quos œstus eqo
I snslinui? quos paler tuns pro tuà oplnione suslinuit
< labores , requirentes singulos , singulos astringentes
< ut ad auctorem infamiœ voùremus ? Gruve enim crat
i nobis et intolerabile de Dei virgine turpe aliquid dici
i vel credi. Nec hoc verila es, nec ante oculos liabuisli,
« 7ie veniresinimicistuisgnudium, et eoshabcresinfensos
« qui pro tuà opinione laborabanl. t
Ce seul passage suffit pour prouver ce que nous
avons avancé de l'unique tribunal de l'Kglise. Au-
jourd'hui une pareille affaire serait du ressort du for
extérieur et conlenlieux , roflicial en connaîtrait ;
dans ce temps-îà toutes ces enquêtes ne se liiisaieu».
que pour connaître celui qui avait fait la faute, l'eu
gager à en faire pénitence, et l'absoudre après (|u'k
l'aurait accomplie, et rétablir la réputation cette viergo
à laquelle il avait donné atteinte par ses médisances.
Venons à présent au second point dont nous avons
fait mention ci-dessus, savoir, que les évoques avaient
droit d'abréger le temps de la Pénitence en Aiveur de
ceux qui étaient plus vivement touchés de leurs fau-
tes, et donnaient des preuves plus marquées de leur
douleur.
Quoiju'il y eût des lois tant générales que locales ,
pour ainsi dire, qui réglassent l'ordre et le temps de
la Pénitence; il est cerlain néanmoins que b^s éèqui'S
étaient en droit d'abréger ce temp. , et de Aiire quel-
ques changements dans l'ordre et la manière d'ac-
complir la pénitence canonique. Et cela était fondé
siu-cc qu'ils étaient les successeurs non seulement de
l'anlorité de Jésus-Christ , mais rnoore de sa cbirilé;
et qu'ils se considéraient tout à la ïo'\< comme b-s ju-
ges , les pères et les pasteurs des fidèles confiés à
leur soin. Ceci est important, puisque c'est la source
des indulgences , comme nous parlons aujourd'hui. Il
faut donc le prouver par des amorites auxfiiiolfs il
n'y ait point à répliquer. Voici comme le concile de
Nicée (c. li) s'exprime là-dessus : Quiconque étant pé-
nétré de la crainte de Dieu témoignera par ses larmes, s(t
patience et ses bonnes œuvres, qu'il a changé cffeelivc-
Imenl de vie, sera par le mérite dis prières rétabli dans la
communion , après avoir acromffli h- i^wpa maravé pour
J67 ,. HISTOIRE DES
celle station de la pénitence qu'on appelait des auditeurs.
Outre quil est permis à Cévêque d'en user avec lui avec
plus de douceur. Mais pour ceux qui ne sont pas si tou-
chés , qui s'embarrassent peu de l'état oii le péché les a
réduits, et qui s'imaginent que c'est assez de venir à l'église
pour se convertir , quon ne leur diminue rien du temps
marqué pour la Pénitence, i Quicumque metn et lacry-
t 7nis, et totcrantià , et bonis opcribus conversionem cl
I opère et habitu ostendunt, hi impleto audilionis lem-
€ pore ad quod prœfinitum est , merito oralionum com-
c munionem habebunt , cum eo quod etiam liceat episcopo,
f humaiiius aliquid de islis statnere , > elc.
Le concile d'AiicyrenV'sl pas moins exprès sur cela,
et donne aux évè(ities le droit non seulement de di-
minuer le temps de la Pénitence canonique, mais en-
core celui de la prolonger en cas qu'ils le jugent né-
cessaire pour l'avantage des pécheurs. Nous avons
ordonné , disent ces pères ( can. 5) , dont les canons
sont devenus partie du code général de l'Église , que
les évêques , après avoir examiné la manière de se con-
duire des pénitents, aient la puissance d'user de clémence
ou d'y ajouter plus de temps. Avant toutes choses, qu'ils
examinent la vie qui a précédé et celle qui a suivi , et
qu'après cela ils usent de clémence envers eux. Ce con- '
cile avait établi la même chose dans le second de ses
canons qui regarde la Pénitencedes clercs; il s'expri-
me ainsi : Nous ordonnons que tes évêques, après avoir
e3:anii>ié leur vie , aient le pouvoir d'user de clémence ,
ou de prolonger le temps de la Pénitence. Mais qu'avant
toutes choses ils examinent leur vie précédente et celle
ifu'ils ont menée depuis, et qu'ils règlent ainsi la manière
dont ils doivent user de clémence envers eux.
Ce tribunal sacré qui , dans les premiers siècles,
était occupé par l'évêque environné de ses prêtres
avec qui il composait comme le sénat de l'Eglise , et
.iuqucl présida depuis l'évêque seul , devint si respec-
table aux fidèles à cause de la pureté, de l'équité, de
!a science et de la bonne foi de ceux qui y réglaient
les choses , que tout le inonde s'en rapportait volon-
tiers à eux pour les dilïércnds , même sur les affaires
civiles qui survenaient entre les chrétiens ; en quoi on
■suivait avec plaisir l'intention de saint Paul, qui ne
veut pas que les fidèles aillent plaider devant les tri-
bunaux des juges païens.
Jl arriva même qu'après que les empereurs se fu-
rent convertis à la foi et que les juges et les magistrats
furent devenus chrétiens, la plupart aimèrent mieux
terminer leurs différends par l'arbitrage des évêques,
qui n'étaient que trop occupés de ces sortes d'affaires,
comme S. Augustin s'en plaint souvent, et quePossi-
dius le rapporte dans sa vie.
Les empereurs se tirent aussi comme un devoir
d'étendre l'autorité de ce saint tribunal. Constanlin-le-
Grand fit pour ce sujet un édit célèbre qui se lit à la
fin du code Théodosien, par lequel il permet à tous
les ppuples de porter leurs causes pardcvant les évê-
ques, soit en demandant, soit en défendant, soitavant,
soit après avo' intenté action, pourvu que les juges
n'eussent pas ..ncore prononcé. Il défendit de ]>ius
SACREMENTS. - ' 368
d'appeler de la sentence des évêques, et voulut qu'elle
fût exécutée aussitôt par ses juges et même par les
préfets du prétoire. El voici la raison qu'il rendit d'un
édit si honorable pour l'Église (1) : Car l'autorité sa^
crée de la religion recherche et met au jour plusieurs
choses qu'une prescription de mauvaise foi empêche
qu'on ne puisse évincer en jugement. « Multa enini quce
« in judicio copiosœ prœscriptionis vincula 7wn patiun-
i tur, invesligat < t promit sacrosanctœ religionis aucto-
€ ritas. i Par où l'on voit que ce prince fait allusion
à ce qui se pratiquait j)armi les chrétiens que les
motifs do la religion engageaient à découvrir leurs *
crimes cachés, à en subir la peine , et à réparer de
bon cœur le tort qu'ils auraient pu faire à d'autres.
L'empereur Tliéodose confirma cet édit qui attira une
foule d'affaires aux évêques qui devinrent ainsi juges
des causes civiles, non seulement des chrétiens les
uns avec les autres, mais aussi de celles qui étaient
entres les chrétiens et les païens.
Cependant , quelques années après ces empereurs,
les choses changèrent, et cette grande autorité des
évêques commença à diminuer insensiblement; car
non seulement les chrétiens cessèrent de s'adresser
aux évêques et à l'assemblée des prêtres, pour porter
leurs causes devant les tribunaux des juges laïques,
mais ils y portèrent même les causes ecclésiastiques
qui regardaient les laïques. Les choses allèrent plus
loin, les clercs eux-mêmes s'adressèrent souvent aux
juges séculiers pour en avoir justice.
Les évêques s'opposèrent fortement à ces deux
abus : ils revendiquèrent leurs droits, et défendirent
sévèrement que l'on portât pardevant les magistrats
les causes eccléaiastiques, quoitju'elles regardassent
les laïques, et que les clercs s'adressassent à d'autres
qu'à eux dans leurs affaires de quelque nature qu'elles
fussent. C'est ce que prouvent une infinité de canons
des conciles, et les plaintes que font là-dessus plu-
sieurs des anciens évêques.
Nonobstant cela, les tribunaux séculiers ne furent
point abandonnés, et ceux des évêques n'en furent pas
plus fiéquentés, soit que les chrétiens crussent que ce
que l'Apôlre avait dit touchant les juges de son temps
qui étaient tous païens, ne regardait point ceux du leur
qui étaient chrétiens et souvent gens de bien et éclai-
rés, soit que la C(mfiance que s'étaient attirée les an-
ciens évêques fût diminuée à l'égard de leurs succes-
seurs. Ainsi il arriva insensiblement que les évêques
convinrent ou au moins souffrirent que les causes civiles
et criminelles des chrétiens fussent portées parde-
vant les magistrats ; ils se défirent ainsi volontiers de
cette foule d'alfaires tumultueuses, et ne retinrent que
les causes des clercs et celles des laïques, en tant
qu'elles avaient un rapport direct au spirituel : néan i
moins cette condescendance des évêques n'empêcha
pr.s que les magistrats n'empiétassent sur l'autorité
ecclésiastique, et n'y fissent de grandes plaies, sur-
tout après que l'empereur Justinien eut autorisé par
(l)Co(l. Theod. in fine, le^e 1 de episcopali Jui
dicio.
SC9 PÉNITENCE. - SIXT. I. CHAI'. IM. I>
se» édits le recours aux juges hiiiiucs eu plusieurs
cas.
Les choses luieul à pou près sur ce picd-là jusqu'au
règne (les empereurs Francs, Cliarleniagne,Louis-le-
Dcbonnaire et sesenfanls, quireudireul aux ecclésia-
stiques leur ancienne aulorilé par rapport aux causes
des laïques, et rejoignirent de nouveau le for judi-
ciaire au for péniionlici, au moins dans les Gaules,
rAllemagne cl l'Italie.
Il y avait alorsdeux espèces de crimes, dont les uns
étaient punis par le magistrat, comme le vol et l'Iio-
micide ; les autres ne relaient pas, comme la fornica-
tion et rusiH-e. Dans l'une et dans l'autre, voici com-
ment on se conduisait : dans la première espèce, si
les coupables étaient punis de mort, il ne restait rien
à faire à l'Église que de les réconcilier. Que si on ne
les condamnait point à la mort, on les obligeait de
faire Pénitence publique. Dans la seconde espèce,
l'Ègli^e niellait le pécheur en Pénitence pu!>lique. Il
arrivait même souvent dans ce temps-là, que le cri-
minel condamné par le magistral pour quelque crime
que ce fùl, était soustrait à sa juridiction en recou-
rant à la Pénitence publique. C'est ce que nous pour-
rons voir plus au long dans la suite (l).Ceci était
encore en usage dans le douzièujc siècle, comme il
serait aisé de le prouver par plus d'un exemple, quoi-
qii'après la division de l'empire français et les guerres
civiles survenues dans le 9' et 10^ siècle, les senten-
ces des évêques eu^sent beaucoup moins de poids à
l'égard des laï(pies, dans les affaires civiles.
Mais environ l'an ilOO ou un peu après, l'u-
sage des anciennes pénilenees commençant à s'abo-
lir, l'aulorilé épiscopale devint très-grande en Occi-
dent, par rapport aux affaires civiles des laïques, et
dans ce temps même la théologie scholastique ayant
commencé à s'établir et s'élant emparée bientôt des
écoles, le for pénitentiel commença aussi à être sé-
paré dans la pratique du for judiciaire, et l'un et
l'aiilre fureni confiés à des personnes différentes, alin
que les évèqiies ne fussent point accablés d'une foule
innombrable d'affaires tant des laïques que des ec-
clésiasiiques. Et quoique le for pénitentiel soit bien
au-dessus de l'autre par l'aulorilé dont Jésus-Clirist
l'a fiil dépositaire, par la grandeur et l'excellence du
pouvoir qui s'y exerce, et les grâces qui y sont alta-
cliées , on confia néanmoins le for judiciaire à quelque
prêlre distingué dans le clergé, et qui devait avoir
une prééminence et quelque autorité sur les autres,
tandis que Ton abandonna le for pénitenliel aux prê-
tres ordinaires, surtout à ceux de la campagne et aux
religieux des divers ordres, et surtout des mendiants,
qui offraient charitablement leurs services aux prê-
ires préposés pour la conduite des fidèles dans les
paroisses.
Ce premier prêlre, élant ainsi devenu vicaire de
l'évêque , connut des causes civiles et criminelles des
clercs, et même de plusieurs de celles qui regardaient
(1) Dans la 3' section, part. 3.
\l roil KCCLÉSIASTIQUE ANCIEN. 570
les lai(|ues, et cela avec l'appareil et les formalités du
droit, le bruit el le tunuille du barreau. Il prononçait
seul les censures ecclésiastiques , ou déclarait celles
qu'on avait encourues par le droit, et les faisait exé-
cuter : il en donnait de même rabsolulion, qu'il voulut
être distinguée de celle qui remet les pécliés et la
coulpe, de peur que son tribunal ne se confondit avec
le for pénitentiel et intérieur, et qu'il n'eût à essuyer
les fatigues et les embarras qui seraient une suite de
la confession secrète.
C'est pourquoi on inventa une nouvelle formule
d'absolution de l'excommunicalion, qii était non seu-
lement conçue en termes indicatifs et absolus , mais
dans la(|uelle on ne laisail aucune nicnlion des péchés.
Le cardinal d'Oslie la rapporte tout entière dans sa
Sonune; et il blâme avec Ilainaldus, autre canoniste,
la coutume de certains prêlres qui se servaient encore
d'une forme déprécaloire. Cependant il paraît qu'elle
fut longtemps en usage ; car lîurchard (1) en rapporte
une entièrement déprécative, par laquelle on demande
à Dieu le pardon el la rémission des péchés pour Te.v-
comumnié. Gralien n'en connaissait point d'autre, non
plus que le pape Innocent III (2).
Après celte séparation du for judiciaire d'avec le
pénitenliel ou intérieur, les théologiens de l'école ne
firent point de difficulté d'enseigner que celte autorité
extérieure etjudiciaire,quir*^gle néanmoins, qui étend,
qui restreint l'autorité du for intérieur, pouvait être
confiée à un simple clerc, ou, pour parler selon notre
usage, « un clerc à simple tousure. Quelques-uns même
allèrent jusqu'à dire qu'un pur laïque pouvait en être
revêtu. 11 s'en trouve aussi , quoiqu'en petit nombre ,
quiêtendirent cela jusqu'aux femmes, à qui, disent-ils,
il peut être permis, en vertu des privilèges des papes,
de présider aux assemblées des prêtres, de les gouver-
ner, de les corriger, de les suspendre de leurs ofiices,
de les excommunier et de les absoudre de l'excommu-
nication.
Quelque extraordinaire que paraisse ce sentiment,
il faut avouer néanmoins qu'on y a en quelque manière
déléré en certaines rencontres. Les privilèges en-
tre autres de l'abbessedeFonlevrauld donnent lieu de
croire (ju'on ne l'a pas entièrement rejeté. Mais qui-
conque a le premier avancé ces sentiments, on petit
dire de lui qu'il est auteur d'un grand mal ; c;ir ils ont
été la source de la décadence entière de la juridiclio-i
extérieure de l'Église : puisque les juges laïques en
prirent occasion de se raltribuer, et la retinrent con-
stamment après s'en êlie une fois saisis, surtout après
q< en France les parieii'.enls fin-ent devenus séden-
taires, et qu'ils furent composés de laïques et d'ecclé-
siastiques. Quoi , dirent-ils, nous n'aurons pas droit .
nous qui sommes ecclésiastiques et juges royaux des
cours souveraines , de coiniaîlre des causes dont \m
clerc à simple lonsme a droit de juger ! une femmu
s'allribuera par iirivili'ge ou conression une jnridic-
(l)Lib. tl,e. S.
(-2) Extra, de Scnleiilia e.\com., c. Ao/'ts.
571
IllSiOiKL; OKS SACHEMENTS.
372
crili'ge, s'il s'ingère de coiiiiaîlrc des causes person- I
iiellc» des clercs !
Cet axioiiic dos juriscoiisulles de riin et de l'autre
d: oil est connu do IduI le monde : loul ce qui peut
s'u;quérii" en vertu d un privilège peut se prescrire
paâ' i;ne couluine innncnioriiile. Quidijnid est (luivsibile
prmityio pjteat consueliuliite iniineiuuriali acquiri. Los
cours séculières surent bien s'en prévaloir, el s'attri-
buer inseiisibleniont les causes que Ion portail aupa-
ravant paitlevant les juges ecclésiasliques. Elles Cu-
ront on cela appuyées par les souverains des différentes
jiaiions cln-étionnos, en sorie <pie la juridiclion exté-
rieure de l'Église est aujourd'luii réduite à très-peu de
chose dans tous les étras catholiques, excepté en Po-
logne, où elle est encore à peu près sur le niènie pied
qu'elle était en France dans le iroiziènie siècle.
En voilà assez sur ce sujet, qu'il ne nous convient
pas de traiter plus au long, puis(iue notre dessein n'est
que de faire liiisloire de ce qui s'est passé au sujet du
tribunal de lÉglise qui impose des peines salutaires
aux pécheurs , pour leur laire expier leurs crimes et
les réconcilier avec Dieu , tribunal dont la puissance
et la majesté est bien au-dessys de celui qui ne con-
naît que des affaires civiles et purement lunniines ,
pour le jugement destpiollos l'Apôtre voulait qu'on
s'en rapportât aux plus méprisables d'entre les fi- 1
déles(i).
SECTION SECONDE.
DE LA COXFESSIO.N DES PÉCHÉS ET DE CE QLI \ A
RAPPORT.
Nous n'entreprendrons pas de rapporter tous les
exemples de l'anliquilé, beaucoup moins les autorités
des saints Pères qui prouvent l'usage et la nécessité
delà confession dans le sacrement de Pénitence, pour
parvenir au bieidait de la réconciliation : cela regarde
les théologiens et les controversistes. Pour nous, sup-
posant tous les dogmes conmiunéoienl reçus dans l'É-
glise sur la nécessité de la confession, soit auriculaire,
soit publi(iiie, nous nous aittachcrons à rapporter his-
toriquement les différents usages qui ont été observés
dans les divers temps à cet égard. Mais , avant d'en-
trer en matière, disons un mut de ceux qui oui ensei-
gné quehpie erreur sur ce sujet. Ee P. Martène (2) ra
conte, d'après Pratéolus, au livre neuvième de la vie
des hérétiques, que quehpies-uns d'entre eux, nommés
Jacobites , débitaient qu'il n'était point iiécessaiie de
confesser ses péchés aux prêtres, (pi'il suffisait de les
confesser à Dieu seul
Cette erreur fut , dit-il , lenouvelée stu' la fin du
huitième siècle, par d'autres qui soutenaient que nul
homme, après avoir commis le |iéelié, ne i)Ouvail ni ne
devait se confesser, coiniiie le rappoite le même
Pratéolus en son premier livre. Celle hérésie fut
réfutée dans le même lenqis par Alcuiu , dans une
(1)1 Cor. G, V. i.
(2) Deant. ceci. iVii., l. 2, c. 1
lion presque épiscopalc, el le juge royal deviendra sa- j| lettre aux frèresde la province des Goths, c'est-à-dire,
comme je crois, de la Gaule Narbonnaise , que nous
appelons aujourd'hui LuiHjucdoc. Le bruit court, dit-il
qu'à cause de certaines coutumes qui se sont introduites
parmi vous, aucun laïque ne veut se confesser aux prê-
tres, etc.
Il parait que l'hérétique Adalbert , dont il est fail
mention dans le concile de Home (1), sous le pape Za-
charie, n'estimait pas davantage la confession , puis-
qu'il disait à ceux qui venaient se prosterner à ses
pieds , cl (jui souhaitaient confesser leurs péchés : Je
suis vos péchés , parce que le fond de vos cœurs m'est
connu; c'est pourquoi il nest pus besoin que vous les con-
fessiez : retournez donc dans vos maisons avec assurance
et avec l'absolution de vos fautes passées.
Les Yaudois ou Pauvres de Lyon rejetaient aussi la
confession auriculaire , assurant qu'elle n'était point
nécessaire, aussi bien cpie les protestants. Voyez sur
les Yaudois le livre onzième des Variations de M. Bos-
suot.
On pourrait ajouter à ceux dont nous venons de
parler certains prêtres d'Angleterre, qui vers le com-
mencement du quatorzième siècle prétendaient, par
une ignorance grossière, que la confession en général
(pii se fail au commencement de la messe suffisait pour
effacer les péchés mortels. L'archevêque de Canlor-
béri censura ces ignorants dans les constitutions qu'il
publia en l'année 1528.
CUAPITUE PREMIER.
Qu'il arrivait quelquefois dans les premiers siècles ie
l'Église que ceux qui étaient touchés du regret de leurs
fautes, confessaient même publiquement leurs péchés
secrets. Devant qui se faisait la confession publique.
La confession des péchés est le premier pas que
fait le pécheur pour rentrer en grâce avec Dieu ; elle
est, comme dit S. Césaire d'.Xrles (2), le commence-
ment de la santé de l'àme , initiuni sanitutis est. Les
Grecs rappellent ijy.vosrJTtj, et quelquefois £^o//5/.i7>;7t5;
mais ce terme, qui est passé aux L;ttins, signifie pins
ordinairemcMt, et chez eux et chez les Gi-ecs, loul le
coui's dos exercices laborieux de la Pénitoncc, comme
le monire ft)rt au long le P. Morin (5). Dans la suite,
le lerme d'exoniologèse chez les Latins signifia la
même chose que litanies ou prières publi(|ucs, comme
le témoigne S. Isidore de Séville : mais parmi les
Grecs modernes il se prend très-souvent dans l'an-
cienne signification.
Non seulement on confessait en secret les péchés
cachés , comme les théologiens et nos controversis-
tes ( i) le monlrent par une foule innombrable de passa-
ges les plus formels, et comme le prouve suflisammoiit
ce que rapporte Pau'in dans la vie de S. Ambioise ,
lorsqu'il dit : Que si quelqu'un lui venait confesser .ses
(1) Actione 1.
(2) Serm. 233, in Aiipciid. S. Aug.
(5) De Pœnit., 1. '-i.
(il Voyez, entre autres, Bellarmin , ie P. Alexan-
dre, le Trailé historique de M. P>!iileau. et ceini de d'Ui
Denis de Saiiiie-Marlhe sur la Confessioti.
>75
PÉNITENCE.— SIX r. il. CliAI'. i- DE l.\ CONFESSION PUBLIQUE.
574
fautes, il pleurait de telle sorte qu'il l'oblitje'dt de verser
des larmes; car il semblait qu'il fût tombé avec ceux qui
avaient failli : or, ajoiilc-l-il , il ne parlait des crimes
qu'on lu: avait confessés qu'à Dieu seul, auprès duquel
il intercédait pour les pécheurs. Non sculeineiU, dis-jc,
on coll^e^sait on sccrcl les péclics cacliés, mais il ar-
rivail souvent, penclaiilles six oii sept pic'iiiiorssiècli^s
de l'Église, qu'on les confessait pulili(iuenienl. Celle
pratique a duré i)lu.s longtemps dans lÉglise d'Occi- ,
dent que dans celle d'Orient, comme nous le verrons
ci-après. Mais auparavant il faut prouver qu'elle était
en u<age dans les six premiers siècles.
S. Irénée nous en fournit une jireuve à laquelle il
est difficile de se refuser. Il rapporte, dans son pre-
mier livre contre les liérésies , et après lui S. Eplii-
plians. qu'un certain liéréViar.|ue nommé Marc, ayant
non senlcme .1 engagé q\ielques fennnes dans son hé-
résie, mais leur ayant, par le moyen de quchpies
philtres, inspiré de l'amour pour lui, et les ayant en-
suite corrompues, ces femmes étant revenues à l'É-
glise , avaient publiquement confessé ce qui s'était
passé e;ilrc elles et ce corrupteur. On ne peut douter
que de telles infamies ne fussent fort secrètes : ce-
pendant ces femmes s'en accusent publiquement. Mais
écoulons S. Irénée lui-même : Quod autem Mctrcus
amaloria qnœdam elilteciantia plmrmuca, quibus viueli-
cel earuin corporibusprobrum et contumeliam inférât , si
non omnibus, al certè nonnullis adliibcre solcat , ipsœ
sœpè, ciim ad Dei Ecclesiam rediissenl, confessée snnt ,
seque ab eo corpore contaminatas fuisse, miroque ipsius
anwre exar&isse. Ces dernières |)arolcs sonl dignes de
remarque. On y voit que ces femmes s'accusent, non
seulement des actions honieusi'S auxquelles elles se
se sonl livrées, mais encore des désirs criminels aux-
quels elles s'étaient abandonnées. Miroque ipsius
amorc cxrirsissc. S. Irénée ajoute (lu'un diacre ayant
reçu chez lui ce méchant homme, il corrompit sa
femme qui était très-belle et de hon esprit, et (pie
celte femme l'ayant suivi longtemps , et s'étanî. en-
suite convertie par les exhortations des frères, elle ne
cessa de confesser son crime, pleurant amèrement sa
cliule et les infamies qu'elle avait commises avec ce
magicien.
On trouve, dans l'IIisloire d'Eusèbe (i, un exemple
mémorable qui prouve la même chose. Narcisse, évo-
que de Jérusalem , élail l'ennemi implacable du vice.
Oiiclques honmios perdus et coupabl 's de 1res grands
i rimes, trois surtout, craignant d'être punis canonique-
niciil par ce sainl évèque , intenlércnt contre lui des
accusations calomnieuses et les conlinnèrent par ser-
ine!:!. Qiioi(|ue peu de personnes y ajouUissent foi,
cepe.idanl Narcisse , louché vivement d'une leile mé-
clia;;celé, et d'ailleirs désirant ardemment de vivre en
soliti.de, se retira d.ms un désert, et y p^sssa plusieurs
années inconnu. La vengeance divine éclata contre
ces caloninialeurs : deux d'entre eux périienl misé
lablenient de la manière tpi'iis avaient dit (pi'ils vou-
laient |térir, si ce (pi'ils avançaient n'était pas vrai.
(!j lîi.^t. Eccles., I. G, c. 8, siveO.
I Après cela (faites ;illcntion à ce que (il le troisième
pour expier son crime ), celui qui restait, épouvanlé
par la vengeance divine (lue les compagnons de son
crime avaient éprouvée , confessa pHblicjuement la
méchanceté qui l'avait porté, lui et les autres,. à in-
venter celte calonmie contre son évèque : Ovs/sysï //i>
TOtj -rrâît -rà y.otv^ st^i^iJ v.\j-.'Ai £7/î'.rwpr,//c.« , Cl étant
louché de Dieu il versa tai.l de larmes qu'il perdil la
vue , à quoi il s'était condamné lui-même, si w. dont
il accusait Narcisse, son évèque, n'était pas véiilahlc.
On voit ici un crime caché «t inconnu atout le monde,
que cet honnne confesse publiquenu'iil, pour en oble-
j nir le pardon d(! Dieu et de l'Eglise.
S. Cyprien parle là-dessus d'une manière si pré-
cise, qu'il semble qu'on ne doive rien chercher après
cela : c'est dans son livre De lapsis , c'est-à-dire, de
ceux qui étaient tombés dans la |)erséculi()n. Là, s"a-
dressant à ceux qui s'étaient souillés par des sacrilices
inipies, et qui refusaient néanmoins de se soiuneure à
la pénitence canoni(iue , il leur propose l'exemple de
certaines personnes qui, ayant seulement eu la pen-
sée de sacrifier aux idoles, quoiqu'elles ne l'eussi^nl
pas fait, confessaient néanmoins avec douleur et sim-
plicité cette faute aux prélres, apud sacerdoles Dei.
c'est-à-dire publiquement, piiisqu'au moins c'était de-
vant jjlusieurs prêtres, cl que d'ailleurs si c'eût été
une confession secrète, comme anjourJhui, on n'en
eût rien su , n'éianl pas peimis de la révéler sans le
consentement du pénitent, cl rien n'éianl plus caclk;
que la simple pensée. Voici les paroles de S. Cy-
prien (1) : Combien ceux-là ont ils plus de fui et de
crainte de Dieu , lesquels , quoiqu'ils ne se soient souillés
ni par les Sficrificrs, ni p;n les librlles, s'accusent néan-
moins avec douleur el/unpUcilé aux prêtres de Dieu d'y
avoir seulement pensé, etdéclumjeanl ainsi leur conscience,
cherchent avec empressement le remède salutaire qui doit
guérir leurs plaies, quoiqu'elles soient si peu considéra-
bles, sachant qu'il est écrit qu'on ne se moque point de
Dieu, t Quantiim et fîde majores e! timoré meliorcs suni,
« qui quamvis nullo sacrificii aut libelli fucinorc con-
i striai , quoniam tamen de hoc rel cogilaverunt , hoc
4 ipsuni apud sacerdoles Dei dulenlcr et sjmpliciler con-
« fitenles , exomolocjcsin conscieniiœ fuciunl , salulareni
€ medelam parvis licèl et modicis vulneribus e.vquirunt. >
Il ajoute que celui-là pèche plus grièvement qui, pen-
sant de Dieu comnic d'un honnne, croit pouvoir évi-
ter la peine due à son crime , parce qu'il ne l'a i as
eonunis publiquement. Si non palam crîmcn admis:t.
Après cela, il exhorte un chacun à s'accuser de sc->
fautes, tandis que l'on peut admettre sa confession ,
tantlis que la salisfaclion et la rémission qui lui isi
accordée par les prêtres, est encore agréable au Sei-
gneur. Diini satisfactio et remissio fada per sacerdoles
apud Doiiiinum grata est.
Sainl l'arien, évè(iuede Barcelone, ne laisse aucun
doute là dessus (1). Il s'agissait de certaines gens qui
avaient connnis des crimes, qui à la vérité étaient ve-
(Ij Lib. de Lapsis.
(1) Parti'iii'S. ad i>ienitentes.
575
wus à la connaissance de rt-vèciiie , mais que celui-ci
n'était pas en état de prouver clairement. Que fercz-
vous, leur dil-il, vous qui trowpez le prêtre, ou qui te
couvrez de confusion, et le mettez hors d'état de prouver
par les di/ficultcs oii il se trouve de le faire ? « Quid faciès
« tu qui dccipis saccrdolem, aut non ad plénum scioitem
t probandi difficidtate confnndis? » Knsuilc, après avoir
averti ces personnes dii danger où elles étaient en rc-
l'iisant de découvrir les pLiies de leurs âmes, il ajoute 1
ces paroles qu'il prend de Terlullien : Que si vous ne
pouvez souffrir les yeux de vos frères, ne craitpicz point
les compagnons de votre misère et de vos chutes. Aucun
corps ne se réjouit du mal de ses membres, mais il y
prend part, et travaille avec eux à les guérir, etc. C'est
■pourquoi celui qui ne cache point ses péchés à ses frères,
étant aidé par les vœux et les larmes de l'Eglise, est ab-
sous par les prières de Jésus-Christ. « Qubd si fratrum
< orulos erubescilis, consortes casuum vcslrorum timere
< nolite. i\'ullum corpus memhrorum suorum vexatione
« lœlalur; parilcr dolet, et ad remedium collaborât, etc.
i Atque idcb qui fratribus cuis peccato non latet, Eccte-
1 siœ lacrymis adjulns Christi precibiis absolvilur. » On
voit dans ces paroles du saint évè(iue des personnes
coupables de crimes connus à la vérité jusqu'à un
certain point, mais non publics, comme cela arrive
souvent. Cependant il presse ces personnes à s'en ac-
cuser publiquement dans l'église, el leur fait sentir l'a-
vantage qu'ils tireront devant Dieu de cette accusation
(lue la bonté les empècliait de faire.
L'endroit de S. (Aprien que nous avons allégué
prouve non sculomeiil que la confession publi(iue des
pécliés secrets se faisait quelquefois publiquement dans
les premiers siècles, mais encore qu'elle se faisait de-
vant les prêtres, qui avec l'évèque composaient le sé-
nat de l'Église. Cela est d'autant plus vraisemblable,
qu'il est certain qu'anciennement les évoques ne fai-
saient rien de considérable sans l'avis du clergé, et
surtout des prêtres, comme S. Cyprien le témoigne si
souvent. Or(iui peut douter que la Pénitence publique
no fût une affaire très-importante? C'est pourquoi elle
était imposée en présence des prèiresqui étaient juges
avec lévèque des crimes soit notoires, soit secrets,
qu'on leur confessait volontairement, ou qu'on leur
découvraitde la manière dontilsera parlé ci-après (1).
Une preuve certaine de cette pratique, c'est que dans
qucbpies provinces ecclésiastiques les prêtres don-
naient conjointement avec l'évèque l'alisolnlion aux
ju-cbours (jui avaient acbevé le cours de la pénitence
pidtli(]ue, et par conséquent ils devaient connaître
(juels étaient les crimes dont ils étaient juges avec lui.
C'est ce que nous verrons plus a:»; long dans la qua-
trième section de ce traité. L'évèque avait à la vérité
la principale aulorit(' en cela, mais soit pour l'impo-
silion de la pénitence, soit poiu' la réconciliation de
ceux qui s'y étaient soumis, il prenait ordinairement
l'avis de ses prêtres, des arcbidiacres, des doyens, des
arcbiprêlrcs ; ils examinaient ensemble la nature du
(1) Cliap. 3 et 4.
IIISTOIKI: liLS SACKKMKNTS. 576
délit , ce qui pouvait le rendre excusable ou plus
atroce, et déterminaient de concert les peines que de-
vait subir le pénitent, conformément aux règles près- I
crites par les conciles el aux usages reçus dans leurs
pays.
C'est ce que montre clairement l'exemple du con-
fesseur Natalius, dont parle Eusèbc dans son Histoire
ecclésiastique (1) , lequel se repeniant du péclié qu il
avait commis, vint se jeter aux pieds du pape Zépby-
rin,du clergé et du peuple, pour en obtenir le pardon,
y.u/ÎSy.EVOj ù;:ô T5'jj Tiiôc; 0\j jj.bjo-i tCt-i ij lôt ■/).■/, poi , V.//Ù.
xxi zû-j IkUm-j. Eli! pourquoi du peuple? afin qu'il l'ai-
dât de ses prières auprès deDieu, et lui servît d'inter-
cesseur auprès de l'évèque et des prêtres.
La même discipline se fait souvent remarquer dans
les écrits de S. Cyprien. Un grand nombre de per-
sonnes étant tombées dans la persécution, et voulant
être réconciliées sans passer par les épreuves de la
Pénitence canonique, avaient obtenu des lettres des
confesseurs qui demandaient pour elles grâce aux
évèques; quelques prêtres même du clergé de S. Cy-
prien avaient pendant son absence reçu témérairement
ces pécheurs à la comniunion. De quoi ce zélé pasteur
étant indigné écrivit ainsi à ceux de son clergé (i2) :
Qu'on ne soufj're pas qu'ils offrent (le saint sacrifice)
jusqu'à ce qu'ils (les prêtres) aient rendu compte de leur
conduite devant iious, en présence des confesseurs eux-
mêmes et du peuple, lorsque Dieu nous aura rendus à
l'Église notre mère.
Dans une autre lettre, en parlant de la manière do
recevoir les laps, il dit qu'il veut prendre sur celle
importante affaire l'avis non seulement de son Eglise,
mais encore des évèques voisins, et qu'il veut allendre
que la paix soit rendue à l'Église pour la traiter avec
toute la maturité qui convient. Le clergé de Rome
pendant la vacance du S. Siège entra dans les senti-
ments de S. Cyprien (3). Il veut, comme lui, qu'on at-
tende le rétablissement de la paix de l'Église pour dé-
terminer, avec l'avis et le consentement du peuple qui
éuiit demeuré fidèle, les peines qui seraient imposées
à chacun, suivant la nature et les circonstances de son
crime : il en rend cette raison digne de remarque,
savoir que ce qu'on a établi el réglé ne peut avoir de
force, s'il n'est np|)uyé du consentement de plusieurs.
Quoniam nec firmuni decretum potest esse, quod non
plnrimorum videbitur habuisse consensum.
Finissons ce chapitre par ce que rapporte Eusèbc (i ),
d'après le pape S. Corneille, touchanl quatre confes-
seurs de la loi qui s'étaient laissé séduire par Noval.
Après, dit-il, qu'Us eurent remarqué avec plus d'attention
sfi conduite frauduleuse (de Novat), ses parjures, ses
mensonges, sa dureté indigne de l'humanité, son amiiié
\ feinte el trompeuse, ils l'abandonnèrent et revinrent à l'é-
1. (1) Lih. 5, cap. ultimo.
I (2) Cypr. cp. 10 ad prcsbyl. et diaconos. (C est la
I 16" lettre de l'édilioud'OxIort.)
(5) Epist. (lori Kom. inter Cypriamcas cdit. la
melii 51, ctO\ouiensis 50.
(i) Misl. eccles.,1. <>, 0.35. . )
377 PÉNITENCE. -SFXT. II. CHAP. U. ADOUCkSSE.MENTS A LA CONFESSION PUBLIQUE. 378
glise, oh Us déclarèrent les fraudes et les waléfices de ce ]
méchant homme en présence de plusieurs évèqucs, prêtres
et laïques, s'accusant eux-mêmes avec larmes, et déplorant
avec de grands sentiments de pénitence leur malheureux
sort et leur faiblesse qui les avait séparés pour un peu de
temps de l'iùjlise pour s attacher à ce méchant homme.
On voit ici, aussi bien que par loiil ce que nous avons dit
dans tontcecliapilre, que la confession publique des
péchés se faisait, dans les premiers siècles, en pré-
sence de révoque, du clergé, cl même du peuple, qui
compatissait à la douleur des pénilenis, et joignait ses
prières aux leurs pour obtenir de Dieu et de ses nii-
iiislrcs la grâce de la réconciliation. C'est en faisant
allusion à cette pratiq'ie de son temps que Tertul-
lien (I) exhorte les pécheurs à recourir aux prêtres,
à embrasser les genoux des amis de Dieu , et à sup-
plier les frères de prier pour eux. Presbijteris advolii,
et charis Dei aageniculari, omnibus fralribus Icgationcs
deprecationis suœ injuvgere.
Telle était la pratiijue ordinaire de ceux qui se sen-
taient extrêmement touchés du regret de leurs (luîtes.
Mais ils se portaient d'eux-mêmes à cette huaiilialion,
et on n'y obligeait point ceux qui n'étaient coupables
que de péchés cachés. Il suffisait qu'ils s'adressassent
à l'évèque ou aux prêtres qu'il avait désignés et qu'ils
reçussent d'eux la Pénitence qui devait expier leurs
crimes. C'est ainsi que l'on s'est coniporlé surtout de-
puis la fin du troisième siècle.
CHAPITRE II.
Quels tempéraments on apportait dans la .confession
publique des péchés secrets. Quand la pratique de les
confesser publiquement a cessé dans les églises d'O-
rient. En quel temps elle a été abolie en Occident.
Quoiqu'il ne fut point extraordinaire, dans les pre-
miers siècles de l'Eglise, de s'accuser publiquement
des péchés secrets, comme nous venons de voir, soil
que celte confession se fît volonlairement et par le
propre mouvement de celui qui était coupable , le-
quel parcelle humiliation voulait fléchir la justice de
Dieu ; soil qu'elle se fil par le conseil du prêtre à qui
l'on avait secrètement découvert ses fautes, et qui
quelquefois, pour l'édification publique ou pour d'au-
tres raisons, engageait le pénilent à déclarer en pu-
blic les péchés qii'il lui avait confessés à l'oreille;
l'Eglise, néanmoins, prenait les précautions les plus
sages pour que cette confession ne portât point de
préjudice à ceux qui la faisaient; cl cela était d'autant
plus nécessaire, que sans cela les pénitents se seraient
exposés à la rigueur dos lois civiles, qui condamnaient
à mort ceux qui avaient commis certains crimes sou-
mis à la pénitence publique.
La i>récaulion dont l'Eglise usait à cet égard devint
même plus nécessaire sous les empereurs chrétiens
qui avaient décerné peine de mort contre itliisieurs
crimes qui, sous les princes païens, n'étaient point re-
(I) L.dePœiiit.,c.9.
gardés comme ca|)ilaux. Ainsi on n'obligeait pas, par
exem|)le , les homicides et les voleurs à s'accuser pu-
bli(iuenient de ces péchés, non plus que les femmes
qui étaient lombées dans l'adultère , ou les liummes
qui auraient commis ce crime avec une femme noble
cl beaucoup au-dessus de leur condilion , pour ne
point les exposer à la rigueur des lois et aux autres in-
1 convénients,(pii auraient ('té une suite d'une l'.aieiiledé-
1 daration. Nous pourrions apporter plusieurs pnïuves
I de cette sage attention de l'Eglise ; mais S. Basile
' seul, dont les canons pénilentiaux ont été si célèbres
dans l'antiquité, noussuflira.
I Voici ce qu'il dit là-dessus dans le canon Tti' de sa
j Lettre à Am|;liiloque : Ao.s pères n'ont point ordonné
j qu'on publiât les crimes des femmes qui , touchées de
I Dieu , ou convaincues de quelque manière que ce puisse
!' être, s'accuseraient d' adultère , de peur que nous ne nous
\\ rendions auteurs de la mort de celles que l'on aurait
découvert être tombées dans ce crime. Ils ont ordonné
qu'elles resteraient debout dans l'église, sans participer à
la sainte communion jusquà ce que le temps de leur pé-
nitence fût accompli.
Il y a tout lieu de croire nue , pour parer à un si
grand inconvénient, on ne faisait, au moins d'ordi-
naire, ces sortes de déclarations publiques des crimes
secrets que de l'avis de ceux à qui on les avait dits en
particulier; et c'est ce que semble nous enseigner
Origène dans ce passage célèbre (t),où, après avoir
Ml l'éloge de l'uiiliié de la confession , il .ijoutc :
// ne nous reste qu'à considérer attentivement el à voir
à qui vous devez confesser votre péché. Eprouvez donc
auparavant le médecin à qui vous devez découvrir la
cause de votre mal, qui sache être faible avec les faibles,
pleurer avec ceux qui pleurent... Et s'il vous donne
quelques conseils, suivez- les e.vactement. S'il voit que
votre mal soit tel qu'il ait besoin d'être découvert et
traité en présence de toute l'Eglise , tant pour édifier tes
autres que pour vous procurer à vous-même une guéri-
son certaine, il faut suivre l'avis de ce sage médecin.
« Tantummod'o circumspice diligentiùs cui debeas pecca-
i lum confiteri : proba priits medicum cui debeas causant
« languoris cxponcrc, qui sciât infirmari cum infirman-
i tibus, flerecum pente; ...ita nt demiim si quid dede-
; « rit consilii facias et sequaris. Et si intelle.rerit tahm
« esse languorem tuum, qui in conventu totius Ecclesiœ
« exponi debeat et curari , ex quo fortassis et ca'teri
« wdificentur el tu ipse facile sanari , multà hoc detibe-
« ratione et satis perilo medici illius consilio procuraii-
i dum est. t
On ne pouvait prendre des mesures plus justes cl
des précautions plus sages que celles que prescrit ici
Origène, en suivant l'esprit el sans doute la prali(inc
assez commune de l'Eglise de son temps loucliani la
confession publique des fautes cachées. Cependant ,
dans le quatrième siècle , je veux dire du temps de
Nectaire, archevêque de Conslantinople, il arriva une
chose, au sujet de cette confession, qui eut degran-
(1) Hom.2i:i Ps. 57.
579
HISTOIRE DES SACREMENTS
380
dos siiiics (I;uis l'Eglise; c'est Si)craic et Sozomène |f| des jeûnes et des prières, et «ne autre en pni^lic, qui
qui nous appremienl ce qui se passa en celte occa-
sion. Voici le l'ait ;
Du temps de iNeclairo, une fi inme noiile vint trou-
ver le prêtre pénitencier, et lui confessa dans un
grand détail tons les péchés qu'elle avait commis de-
puis son baptême. Le prêtre lui ordonna de s'appli-
quer aux jeûnes et à l'oraison , afin (pi'oulre la con-
l'ossion de ses pceliés, elle l'it de dignes fiuils de péni-
tence. Mais celte Icmnie allant trop loin dans sa con-
fession ( c'est ainsi que traduit Cliristopliorson , en
quoi il a mieux pris le sens que M. de Valois, qui rend
ces paroles , rj ôè yvj-h Trpiêatvîujy , par eellos-ci , pro-
(fressu teinj)ons, Diniicr) , s'accusa d'un atilre eiinie,
savoir, d'un mauvais commerce qu'elle avait eu avec du discDurs) suivirent l'exemple de Nectaire, et ôtè
im diacre de rE;;lise; ce qui étant déconvcrl, lediacre
fui chassé, et le peuple fui dans une grande émolion.
le même pénilencier lui avait sans doute conseillée.
Mais soil par son imprudencis soit parcelle du péni-
tencier, elle alla trop loin en découvianl le crime du
diacre, ce (pu donna lieu àTabolilion de la cliaige de
pénilencier.
Voyons présentement ce que l'on peut raisonnable-
ment inférer de ce fait, aussi bien que des réllexions
que Socrali! et Sozuniène y joignent. Les Protestants
en concluent, counne nous avons déjii dit, que la con-
fession fut abolie par Nectaire à Eonslantinople et
même dans tout l'Orient à cette occasion ; d'autant
plus que Sozomène dit que presque tous les évêques
(il entend ceux d'Orient, comme il païaît par la suite
rent connue lui le prêtre préposé pour entendre les
confessions des fidèles. Plusieurs auteurs catholiques
iiDU seuleuieut paice que ce crime s'était counnis , prélendenl qu'il résulte seulement du récit de ces
niais encore à cause de l'infamie doul i! couvrait l'E-
glise.
Socraie ajoute (|ue, comme à celte occasion les ec-
cl(''siastiques étaient exjiosés à la risée de tout le
monde, un certain prêtre d'Alexandrie , nommé Eu-
demon, persuada à Neclaiie d'abroger le prêtre péni-
tencier, et de laisser approcher un chacun selon sa
conscience de la participation des sacrements, puis-
qu'on ne pouvait aulremenl délivrer l'Egli-e de pa-
reils opprobres. Il dit ensuite : Lorsque feus appris
Ct^la d'Eitdeiiion , je lui dis : Dieu s(dt si le conseil que
vous avez donné à V évoque est avantageux ou non à Œ-
(jUse ; au reste, il me parait que pur là vous avez donné
lieu à loul le monde de se dispenser de la correction fra-
termlle , et de ne pouvoir observer ce précepte de l'Apô-
tre : Ne communiquez point aux œuvres infructueuses
des ténèbres , mais plutôt reprenez-les.
Sozomène raconte la même chose à quelques cir-
constances près et (jnelques réflexions de sa façon
qu'il y ajoute, et dont les Protestants Irionqilienl,
croyant y trouver l'abolition entière de la confession
sacramentelle. Pour ce qui est des circonstances du
fait, il paraît qu'il esl plus naluielde s'en tenir au
l'apjiort de Socrale, qui savait la chose d'origine, pnis-
<iu"il l'avait ajiprise du i)rêtie Eudemou, qui avait
conseillé à Nectaire d'abroger la charge du prêtre
[wuilencier. Arrêtons nous donc un moment à consi-
dérer ces circonstances, puis nous veri ons ce que l'on
doit conclure du récit de cet auteur, et quelles hu'ent
îes suites de cet événenu'ul.
Premièrement, on voit bien elairemenl dans ce ré-
cil la coidessi(m des péchés faite au prêlrc, et une
confession exacte et circonstanciée. Secondement, on
y voit la pratifpie de ce que nous avons dit (jui se fai-
sait assez ordinairement dans l'Eglise en ce temps,
savoir, qu'après avoir découvert en particulier ses
péchés à un prêtre, on s'accusaii ersuile, suivant ses
avis, de certaines fautes en public; c.ir <tn l'cmrirque
dans ce récit de Socrale deux conh'ssions, une au
prêtre pénitencier, après hxpielie il ijupose pour [)é-
nitence ii celle femme, pour l'expialiou de ses péchés, a
deux hisloiiens, que la pénitence puhliiiue fui alors
abolie dans les églises d'Oi'ienl et surlout dans celle
de Constantiiiojile; d'autres s'en tirent en diflérentes
manières.
Pour ce qui est de moi, j'estime, avec MM. Witasse
et Tournely, célèbres professeurs de Sorbonne, dans
leurs traités de la Pénitence, que ce que l'on doit en
inférer raisonnablement, c'est que Nectaire et plu-
sieurs antres prélats à son exenqjle, abrogèrent la
charge et les fonctions du prêtre pénilencier, qui
avail élé établi dans les églises peu api'ès que l'hé-
résie des Novaliens se hit élevée, el dont le devoir
élail de veiller sur les mœurs des fidèles, avec auto-
rité de recevoir les accusations que l'on portail contre
ceux qui s'étaient rendus cou|iables dcîqnehiue crime,
de confronter le coupable avec les témoins, de le faire
comparaître, elc!
Origène ( I ) semble désigner quelque chose de sem-
blable dans l'Eglise, lorsqu'il dit que chez les Ciiré-
lieiis on constituait certaines |)eisonnes pour s'infor-
mer de la vie et des mœurs de ceux qui s'approchaient
des choses saintes, afin d'éloigner des assemblées pu-
bliques ceux qui comnietlent des actions honteuses.
Ce pénilencier devait aussi entendre les confessions de
ceux qui devaient être soumis à la pénitenee publique;
il devait désigner les péchés qui méritaient celle puni-
lion, avoir l'œil sur les pénitenls, voir s'ils accom-
plissaient exacleinenl la pénitence manpiée par les
canons, etc.
Celte inslilntioii si utile fui abus abolie daiii, les
églises d'Orient, et les choses fiireiil remises sur l'an-
cien pied, c'est-à-dire que l'évêque reprit le soin
qu'il avait confié au prêtre pénilencier, et (pi'il hil
permis dans la snite aux fidèles de s'adresser |)0ur la
confession secrète à ceux des prêtres qu'ils juge-
raient à propos, sans (pi'ai'.cun d'eux en partieiilier
fùl chargé du soin de veiller surles pénileiils, el de
recevoir les aecusations que les Chrétiens avaient
coutume de faire contre ceux dont les ciiuies clair..!
l !) Conl. Cels., I. 3.
Ul l'ÉNITENŒ. -- SECT. II. CHAI'. II. ADOLC
venus à leur oomiaissaiicc, afin ilo les oblij^'er à li's
expier par laréiiileiiee, ce que révèi|ue ne pouvait
faire avec assez d'exacliltiile, à cause de la nuiliiiiide
d'alT.iires dont il élail accai)lé. Il fut permis à un cliti-
cini, comme dit Soeral«. d'approcher des choses saintes
suivant sa voloité et sa conscience. C'est-à-dire (pie I<\s
crimes ] our lesquels ou imposait la |iéiii(eiiee cano-
ni(pie étant iucounus à l'Eglise, et dits en secret au
prêtre, cliacun pouvait iuqKuiénieul s'approcher des sa-
crements, sans accomplir, ni même subir absolument la
péiiiiciice mar([née par les canons ; ce qui ne pouvait
se faire eu suivanlla discipiiiiequiavait été jusqu'alors
en usage dans l'Eglise, soit loucliant la confession
publique des pécliés secrets dont nous avons parlé,
soit loucbautles accusations que le zèle des (idèles
leur faisait intenter contre ceux dont la conduite était
dérangée, de ipioi nous parlerons dans le chapitre |
suivant.
Socrate semble nianiucr celte prati(p!0 de déférer
ainsi les pécheurs au prêtre pénitencier, lorsqu'il dit
à Eudemon que ci-après les Chrétiens ne pourraient
pins reprendre les péchés les uns des autres, et Sozo-
niène conclut avec raison de rabolilion de ces deux
pratiques, tant de celle dont je viens de parler que
de celle de s'accuser publiiiuenient de ses fautes sui-
vant les avis du confesseur ou de son propre mouve-
menl, ([ue de là la licence de pécher devint plus
grande. Car auparavaiil, ajoute-t-il, les péchés étaient
moindres, comme je crois, tant à cause de la honte de
ceux qui s'accusaient eux-mêmes de leurs crimes, quà
cause de la sévérité des juges (jui étaient établis pour
cela.
Il n'y a point lieu de douter que cette conduite de
Nectaire n'ait été funeste à la discipline de la Péni-
tence, par la raison que je viens de dire, plutôt que
par l'abolition du prêtre pénitencier ; mais on en
conchirait mal à propos (|u'i[ abolit en même temps
la pénitence publique, soit iioin- les crimes notoires,
soit pour ceux que la crainte de Dieu faisait déclarer
au prèlre en particulier, et qiù, suivant la règle de
l'Eglise, étaient sujets à la pénilence publi(pie. Il est
surprenant que des lionunes savanis, lelsque !e P. Pé-
lun, aient pu doimer dans ce seniiment, puisque,
comirie remarque judicieusement .M. Tourneiy après
l'auteur de la Vie de S. Clirysoslôme, ce saint, qui a
été le successeur immédiat de Nectaire dans le siège
de Conslantinople, parle de la pénitence publi(pie
comm • étant eu usage de sou temps. C'est ce qu'il fait
en plusieurs de ses Homélies (1), aussi bien que
S. Nil (2), son disciple. La même chose parait encore
clairement par le canon 87' du concile de TruUe et
par Mélhodius (3).
Les chi>ses restèrent sur l'ancien pied dans les
églises d'Occident, et surtout dans celle de Ilome, dit
l'historien So/omme. Efl'eclivemenl nous ne voyons
(I) Chrysosl., Ilom. ." in Epist. ad Ephes. 9, et 12
ad lleb.
(■2) Nil., Epist. ad Cariol.
(o) Apud Coar., p. 890.
SSEMENTS A LA CONFESSION PUBLIQUE. 382
pas qu'il y soit arrivé de cliangemeuts considérables
1()U( liant la discipline de la pénitence avant la fin du
seplièuie siècle. S. Léon, dans sa lettre aux cvèqiies
deCainpanic, qu'il écrivit pour modérer le zèle de
(l'uv (pii contraignaient les péniieuts à s'accuser publi-
(incment eux-mêmes de leurs fautes secrètes, eu esl
un lénioin iriéprochable : cette lettre lut écrite quel-
ques années après le milieu du cin(piième siècle; il y
parle en cette sorte : J'ordonne qu'on abolisse en toute
manière la présomption de certaines gens qui, contre Ut
règle apostolique et contre tout droit, exigent des fidclcs
qu'ils écrireïit dans des libelles , et qu'ils récitent publi-
quement toutes les espèces de péchés , puisqu'il suffit de
découvrir au seul prêtre par une confession secrète, les
péchés dont on se sent coupable. Car quoique l'ardeur
de la foi de ceux qui par la crainte de Dieu veulent bien
souff'rir la confusion publiijue de leurs fautes , paraisse
louable, cependant les péchés de tous ne sont pas tels
que ceux qui demandent la Pénitence n'aient rien à crain-
dre en les rendant publics. Qu'on rejette donc celte mau-
vaise coutume, de peur que plusieurs ne soient détournés
de se servir des remèdes de la Pénitence, en rougissant,
ou en craignant de faire connaître ce qu'ils ont fait à
leurs ennemis, et de s'e.rposer ainsi à la rigueur des lois.
< Prœsumptionem , quam nuper audivi à quibusdam
« illicilàusurpationc comntilii, niodis omnibus constitua
« submoveri; de Pœnitentià videlicel, qiiœ ita à fidelibus
< postulalur , ne de singulorum peccatorum génère , ti-
« bello scripta professio publiée recitetur ; citm reatiis
« conscientiarum sufficiat solis sacerdotibus indicari con-
i fessione secrelà ; quamvis enim plenitudo fidei videatur
t esse laudabitis, quœ propter Dei (imorem apud homines
« eriibescere non veretur , tamen quia non omnium hu-
« jusmodi sunt peccala, ut eaqui Pœnitentiam posnmt,
« non timeant publicare, removeatur tam improbabilis
« consuetudo, ne multi à Pœnitentiœremediis arceantur,
« diim ant erubescunt , aut metuunt inimicis sttis sua
f facta reserari , quibus possint legum constilutione
« percelli. t
€etle lettre de S. Léon nous montre clairement r
premièrement, que la coulume de l'Église ne fut ja-
mais de contraindre les pécheurs à déclarer publique-
ment les crimes pour lesquels ils auraient lieu de
craindre, soit la rigueur des lois, soit quelques autres
inconvénieuts considérables; parce que cela détour-
nerait les fidèles des remèdes salutaires de la Péni-
lence. Secondement, que si.quehpies-uns néanmoins
pour rédili(ali()n des autres, et touchés de com-
poncliou, voulaient déclarer publiquement dans l'église
quelques-uns de leurs péchés, ils feraient une action
louable ; mais qu'on ne doit y contraindre personne.
Enlin nous voyons qu'en ce lenqjs là cette pratique
élail eneoie dans un usage commun, et que même on
portait sur ce poiutlesch scsà desexcèsque ce grand
pape se crnl obligé de réprimer.
Dans la suite, la f<'rveur des chrétiens dinunuant,
et les inconvé..ienls de ces sortes de confessions se
faisant sentir (ie plus en plus, la |)ratiqne s'en abolit
insensiblement. Kl si d;!us les len'.p^ |>oslèrieurs oneil
583
HISTOIRE DES
voil qiieltiues t-xeiiiples , ils sont très-rares, "et on ne
peut dire que la coiilunie de s'accuser ainsi puliliqiie-
Dient des fautes cachées subsistât encore.
En voici quehiues-uns que le lecteur ne sera pas
facile de tiouver ici pour son édificalioii. Polaïuius,
l'vrque de Br;igue , élant au concile de Tolède , que
Ton compte pour le dixième tenu en celle ville en
l'année 006, confessa aux évéques assemblés un grand
crime très-caché, et affirma par serment que sa con-
fession était véritable ; c'est pourquoi il fut déposé de
rt''|)iscopa(.
On trouve dans le moyen -âge plusieurs r.ulres
exemples de confessions faites en même temps à plu-
sieurs prêtres ; ce qui est une espèce de confession
pul)liqne. S. Tliéodard, ou Audard (1), évêque de >«ar-
J)onne, élaularrivé aunionailèrede S. -Martin, au pays
de Chartres, y fut attaqué dune grande fièvre, el sen-
lant que son heure approchait, il appela Tabbé du mo-
nastère el tous les prêtres qu'il avait sous sa conduile,
01 fit devant eux la C(iiifes>ion de tous les péchés qu'il
avait commis , lémoignanl sa douleur par ses larmes
el ses gémissemeiiis.
S. Annon, arclievê(]ue de Cologne (2), quatre se-
maines avanl sou décès fil venir Erphon, abbé de Si-
gebeit, qu'il avait toujours appelé son père à cause de
sa vieillesse vénérable, el avec lui les pères et les frè-
res de quelques autres monastères, au moins au nom-
bre de douze, qu'il fil asseoir près de lui, et auxquels
il exposa tout ce qu'il avait fait durant lout le cours
de sa vie par une confession publique, s'avouanl cou-
pable et pécheur. C'est ce que rapporte lauleur de
l'Histoire de sa vie, 1. 5,c.8.
Orderic Vital, dans son troisième livre , dit de S.
Gérale , ermile, qui vivait vers l'an 1170, qu'il alla
exprès à Rome pour confesser ses péchés en présence
du pape et des cardinaux.
Nous apprenons d'unauleur anonyme, qui est im-
jirimé parmi quelques ouvrages des liisloriens d'An-
gleterre, que le roi Guillaunie-le-Conquérant élant
sur le point de mourir se confessa à hauie voix à plu-
sieurs prêtres ensemble, et en présence des grands du
royaume et de Normandie , de tout ce qu'il avait fait
depuis sa jeunesse jusqu'à sa vieillesse : après quoi il
les supplia de demander à Dieu par leurs prières la ré-
mission de ses péchés , du poids desquels, disait-il, il
se sentait accablé. n-
Malhieu Paris, dans son Histoire d'Angleterre, ra-
conte une chose irès-siiigulière qui revienl à notre su-
jet, savoir que Hugues, évêque de Coventry, qui
mourut en 1198 , étant forl malade el se sentant près
de mourir , appela les personnes religieuses de toute
la Normandie qu'il put faire venir, abbés et prieurs,
et qu'au milieu de cette assemblée il confessa à haute
voix, sans rien dissimnlcr, et avec de grands senti-
ments de douleur, tous les péchés el les crimes qui se
présentèrent à sa mémoire : après quoi les prélats
(1) Acla S. Theod. apud Rolland., 1 maii.
(2) Apud Sur., 4decemb.
SACREMENTS. 3S4
, alors présents lui enjoignirent pour pénitence de d»
I meurcr dans les tourmenls du Purgatoire jus(iu'au
, dernier jugement. Le P. Martène (1) rapporte encore
! d'autres exemples de confessions faites à plusieurs
prêtres ensemble, qui lous donnaient l'absolulion au
pénitent. 1
, L'histoire grecque nous en fournil aussi. Nicéphore
Grégoras (2) décrit la pénitence de l'empereur Michel
Paléologue, qui , se repentant du double crime qu'il
avait commis, savoir, d'une perfidie , et d'avoir crevé
les yeux au fils de l'empereur, vint trouver le pa-
triarche Joseph, à qui il avait coutume de se confesser,
lorsqu'environné de plusieurs évêques et prêli-es, il
célébrait les saints mystères : que là il s'était pros-
terné devant les portes du sanctuaire , et s'était accusé
d'une voix claire el intelligible de ces deux crimes :
qu'après cela le patriarche élant debout , et Michel à
ses pieds, lui avait récilé un écrit conlenant son abso-
lution , ce que firent tous les évêques après lui chacun
en son rang, récitant l'un après l'autre la même prière
sur lui. Ce qui élant fini, le prince s'en retourna
chez lui plein de joie, croyant que celle absolution
l'avait fait rentrer en grâce avec Dieu.
CHAPITRE 111.
Dans les prewiers siècles de l'Eglise on punissait plus
sévèrement ceux qui étaient convaincus de péchés, d'Us
ne s'en étaient pas accusés eux-ntêmes. On regardait
comme un devoir de déférer à févêquc ou au prêtre
celui qui était tombé dans quelque faute considérable.
Que faisait le pasteur si celui dont on lui avait déféré le
crime n'en voulait poi)it convenir.
'■ Les chrétiens des premiers siècles ne connaissaient
point d'autres maux que le vice el le péché : ils en
avaient une telle horreur, que lous en général et en
parliculier travaillaient aie bannir de l'Église; à peu
près comme nous voyons que tous les citoyens con-
courent avec le magistral pour empêcher par de sages
précautions que la peste ne pénètre ou ne se commu-
ni(pie dans l'étal, el que tous contribuent, chacun à
leur manière , à arrêter les vols et les brigandages
dans un pays , les uns en faisant connaître les retrai-
tes des voleurs, les autres en prêtant main-forte aux
officiers préposés pour purger l'état de semblables
pestes. C'est ce qu'ils avaient appris du grand Apô--
tre (5) qui recommande aux fidèles de ne point pren-
dre pari aux œuvres de ténèbres, mais plutôt de les
reprendre , el d'ôler le mal du milieu d'eux , de peur
que comme un mauvais levain il ne corrompe toute li
masse , c'est-à-dire , qu'il ne se communique au rosie
des fidèles comme une maladie contagieuse.
C'esl conformément à ces vues et à ces maximes
que, pour empêcher que le mal ne jetât de profondes
racines , et n'infectât enliéremenl le cœur des fidèles,
les saints Pères et les conciles ont fait plusieurs sla-
d ) Deaul. Ecd. Rit., t. 2, c. 0.
(2) Lib. A, sub fiuem.
(ô) Ephes. .^>, i Cor. 5.
^^^ PÉNITENCE. — SLCT. II. CHAI».
liili cl canons jiar lesquels il osl onlonné que ceux
qm auraient élé convaincus de péchés ou do crimes ,
seraient plus rigoureusement punis que s'ils les avaient
déclarés cux-niémes volonlaircmont , a pou près ooni-
nie nous voyons que cela se praliiiuo eucorc anjuui-
d'iiui dans les monastères bien réglés, suivant la règle
de S. Benoît (cliap. -40) , où l'on s'acaisc yolonlairc-
ment de ses fauies à peine d'en être punis plus sévè- |
renient si le coupable est découvert par une autre
voie (|ue par sa propre déclaration , avec celle diiré-
rence cependant que chez les moines cela n'a lieu que
pour les fautes légères , et sans rapport au sacrement ,
de Péiiiter.ce; au lieu qu'autrefois dans l'Église cette j
règle était pour toutes sortes de Taules , et surtout ;
pour lis plus grandes, avec un rapport marqué au!
sacrement de Pénitence ; je veux dire, que celui qui
était ainsi convaincu élait soumis à la pénitence cano-
nique , et que ce n'était qu'après l'avoir dûment ac- j
compile (pi'il était réconcilié avec Dieu par l'absolution
sacramcnlollo , comme parlent les théologiens.
Il faut nécessairement nous borner en rapportant
les preuves de ce que nous venons de dire , de peur
d'ennuyer le lecteur en laccablanlde citations. Com-
mençons par le concile d'Elvirc : voici ce qu'il on dit
dans le canon 76° : Si qHelquiui s'est laissé ordonner
diacre , et qu'ensuite on découvre quil soit tombé dans 1
quelque péclié digne de la mort éternelle , s'il l'a confessé
volontairement , nous avons jiujé qu'après avoir fait une
pénitence légitime pendant trois ans , il sérail admis à la
communion. Que si quelqu'un l'a découvert , après cinq
ans dû pénitence il recevra la communion laïque, i Qu'od
» si aliquis eum detexit , post quinquennium actâ pœni-
i tentià , accipcre laicam communionem. s Après trois
ans de pénitence le concile rend la communion ecclé-
siastique au diacre qui confesse volontairement son
crime; s'il est convaincu, il est reçu seulement après
cinq ans à la communion laïque , et privé pour tou- '
jours de son emploi. Peut-on rien de plus fort, pour
le dire en passant, pour prouver la nécessité de la
confession, et ce que nous avons avancé ? !
Martin de Bragues a inséré dans sa collection (c. !
2.5) plusieurs canons qui sont une preuve couvain- !
cante de la même maxime réduite en pratique. Je
me contenterai d'en rapporter un seul que Burchard,
Ives de Chartres et Gratien, ont aussi inséré dans .
leurs recueils de canons. Si un prêtre, avant son ordi-
nation, a péché, et qu'ensuite il ait confessé son crime,
qu'il n'offre plus le sacrifice de l'autel, non offer\t ; •
mais que pour avoir marque de la Religion, il porte
encore le nom de prêtre ; que s'il ne l'a point confessé
lui-même, mais en a été publiquement convaincu par
nn autre, qu'il ne conserve pas même le nom de prê-
tre, etc. Uomarquoz qu'il s'agit ici dos péchés secrets
dont on faisait pénitence publique.
S. Grégoire de Nyssc (1) est témoin que la même
discipline était observée en Orient, et nous donne en
même temps les raisons pour lesquelles elle avait
(Ij Ep. ad Loloyum,
111. I)!:S l'KCliÊS iNON AVOLÉS. 58G
é:é ('tablic. C'est dans son épitrc canonique à Lc-
loyus, où il [tarie avec beaucoup de lumière et de
piété des dilléicnts degrés de Pénitence. Lorsqu'il est
quchlion dos péchés do la chair, il s'ox|)rime ainsi :
Il doit y avoir de la dif^'érence à l'égard de ceux qui
sont tombés dans ces sortes de crimes. Celui qui de son
mouvement a déclaré ses péchés, parce qu'il s'est rendu
accusateur de lui même, en découvrant ses fautes se-
crètes, sera traité plus favorablement , comme agant
commencé à apporter le remède à son mal, et donné
des marques de changement. Mais celui qui aura été
découvert ou par quelque soupçon, ou par quelque accu-
sation, et convaincu malgré lui , sera plus longtemps
soumis à la Pénitence, afin quêtant parfaitement purifié,
il puisse être admis à la participation des choses saintes.
Touies les parties de ce passageméritent réflexion; mais
faites seulement attention, je vous prie, à ces paroles :
Mais celui qui aura été découvert, ou par quelque
soupçon, ou par quelque accusation , et convaincu
MALGRÉ LUI, qui nous font voir de quelle manière on
s"y prenait pour obliger les (idèles à expier leurs fau-
tes par la Pénitence. Nous aurons bientôt lieu de
parler de celle pratique. Continuons à faire voir com-
ment on punissait plus rigoureusement ceux qui n'a-
vaient pas d'eux-mêmes confessé les péchés dont ils
se sentaient coupables.
S. Basile, dans sa lettre canonique (cap. 61), veut
que le voleur qui s'est accusé lui-même ne soit éloi-
gné de la communion que l'espace d'un an; mais, s'il
a élé convaincu, qu'il soit deux ans en pénitence; un
an prosterné, et l'autre année parmi ceux qu'on nom-
mait consistants. S. Ambroise (1) dit là- dessus admi-
rablement que celui qui s'accuse ainsi lui-même,
efface par là son péché, parce qu'il s'est accusé avant
que d'autres l'accusassent. Et Paulin, dans la Vie de
ce saint évéque, en parlant de la chariié qu'il faisait
paraître envers ceux qui venaient lui confesser leurs
lautes, ajoute ces belles paroles : Celui qui prévient
ainsi son accusateur, ne lui laisse rien à faire contre
lui, etc. Il brise les dents de l'ennemi prêt à le dévorer
par une funeste accusation. Il entend celle que le dia-
ble formera contre les impénitenis devant le tribunal
de Jésus-Christ. Vocem erip'ii adverscirio, et quasi den-
tés quosdam paratos ad prœdam criminationis infesta',
peccatorum suorum confessionc confringit.
Ces paroles de Paulin ne prouvent pas tant la pra-
tique dont nous traitons ici que la nécessité de la
confession ; mais ce que nous avons dit auparavant
suflil i)loinemenl pour l'établir, et il n'est pas diflicile
après tant de preuves, de répondre à ce qu'on pour-
rait nous opposer, que le troisième concile d'Orléans
(can. 7) décerne les mêmes peines contre les clercs
adultères, soit qu'ils aient été convaincus, soit qu'ils
aient avoué d'eux-mêmes leur crime , en disant que
cet aveu dont parle le concile est un aveu forcé, au-
quel les accusations et les soupçons violents que leur
conduite avaient fait naître avait donné lieu. Celaarrivo
^IjL. ^doPirnil., o. 8. - *-"
387
nisToinr des sacrements.
58*
,ent dans les tribunaux de la justice, et nous ou i» Iticineiit les Cluéiiens de s'y conformer, sous peine
avons un exemple dans le canon IV des Apôlrcs qui
d'èlre punis eux-nic'ines pour a\oir niaiif|Ui'' de clia-
poile : Si un évèque at accusé par des pcrsomics dignes \ lilé envers Iein\s l'rères
r/,,> foi, ses coifrères doivent l\i})peler eu jugement, et
s'il avoue, ou qu'il soit convaincu, quon lui impose lu
peine qu'il mérite. « Et coufessus, aut uygumeulis eon-
t victus fuerit. n
Non seulement le zèle pour la puie»('! des niunns
portait les anciens fidèles à s'accuser eux-mêmes et
les autres des fautes dont ils étaient témoins, ou qui
venaient à leur connaissance, afin (jne révètpic ou !e
prêtre prissent soin de les faire expier aux pcclicuis,
connue nous l'avons déjà dit plusieurs fois dans le
cours de celle histoire ; mais ils regardaient cela
comme un devoir indispensable, prenant à la lettre
ce que Jésus-Chrisl nous enseigne toucliant la cliaritc
fraternelle, c'esl-à-dire, qu'après avoir gardé tons les
degrés de lu correction marqués dans l'Évangile, sui-
vant que la prudence et les circonstances le permiH-
taicnt, ils déféraient enliis à l'Église celui qui avait
prévariipie.
S. Augustin (1), par exemple, fait un devoir aux
fcunni-s chrétiennes de déférer à l'Église les désor-
dres secrets de leurs maris. Je ne veux point, dit-il,
qu'elles soient pati^'ulcs en cela ; qu'elles soient donc
jalouses à l égard de leurs maris, non d'une manièie
humaine , mais spirituellement , pur rapport à leurs
âmes. C'est pourquoi je vous avertis, je vous ordonne,
je vous commande, moi qui suis votre évoque, et Jésus-
Clirist en moi,., ne permettez- point à vos maris de com-
meltre des pécliés de la chair; pnurvoyez-vous contre
eu.r devant l'Église; je ne dis point devant le procon-
sul... mais devant Dieu;... dans tout le reste, obéissec-
leur avec une soumission de servante; mais quand il
C'est dans ce sens que l'on doit prc-ndrc le terme
de 7VJ-:yjo>::ùj;, cotiscius, dans le canon 71° de S. Basile
où il parle ainsi, après avoir fait rénuniéiation de
plusieurs espèces de péchés dans les précédents : Celui
qui saura chacun de ces péchés et ne les aura peint
confessés, mais qui aura été convaincu de les avoir suSy
sera autant de temps en pénitence que celui qui les aura
commis. Halzamon explique mal à propos ce terme
'7iij;-/-jcy/.'j); par cclui de complice, conformément à'I'u-
sage de son temps : en quoi il est contraire à l'esprit
de S. Basile : car outre qu'il y aurait de l'injustice à
sonmeltrii indirréremmenlaux mêmes peines les com»
plices (l'un crime (|ue le coupable, puisqu'il peut se
trouver des circonstances qin diminueraient biaucoup
leurs fautes, telle que la servitude, par exemple, à
l'égard d'une fille que son maître a corrompue; il
est certain d'ailleurs, qu'en prenant ce terme pour
sciens, celiji qui s.vit le crime (jui s'est commis, le
S. Docteur parle dans ce canon d'une manière con-
forme aux maximes et à la coutume de son temps. 11
ne reste aucun doute sur la signification de ce ternie
dans les écrits de notre saint si l'on fait attention
à ce qu'il dit dans ses grandes Règles(l), où il s'ex-
plique en ces termes : Quel que soit te péché dans
lequel on tombe, il faut en avertir le supérieur, soit
ceux qui ont commis la faute, soit ceux qui en ont con-
naissance, ri Tiv.pcf. Twv (TuvsyvwzoTwv, s'ils ne peuvent eux-
mêmes remédier au mat;... que personne donc ne clierche
à caclier la faute d'un autre, de peur qxiau lieu de t'a-
mour qu'il doit à son frère, it ne se rende auteur de sa
perte. Vous voyez ici précisément le même terme
s'agira de cette espèce d'affaires,.... réclamez vos droits. 1 employé pour signitler, non le complice du crime
Si les femmes, selon S. Augustin, sont obligées de ji d'un autre, mais celui qui en a connaissance sans y
déférer à l'Église leurs propres maris qui ont de mau- !| avoir contribué en rien ; ce (pii est bien marqué par
vais commerces, quoique cette délation puisse avoir
de fâcheuses suites pour elles , qui peut douter que
tous les Chrétiens, suivant l'esprit du S. D.icteur, ne
dussent cette charité à leurs frères, y ayant beaucoup
moins d'inconvénients pour eux h découvrir leurs
fautes aux prélats de l'Église?
Ives de Chartres ('2) rapporte dans son décret ce
canon tiré du pénitentiel de Théodore de Cantorhéri ,
dorit le livre est d'une très-grande autorité, ayant
servi de règle pour la Pénitence durant plusieurs siè-
cles dans presque toute l'égliâe d'Occident : Celui
qui aura celé un péclié considérable, et qm ne t'aura
point corrigé, suivant ta règle de t'Evangite, première-
ment en pariiculier, ensuite devant quelques autres, et
qui après cela n'aura point déféré son péclié à l'Eglise,
en cas que cela fût nécessaire, qu'il soit autant de temps \
en pénitence qu'il aura été de temps à garder le silence
sur cela. « Qnanto tempore siluit, tanto pœniteat. ^ Ré-
giuon cl Burcliard coidirment par plusieurs témoigna-
ges celle disciplini\ et l'obligation (iii'onl indispensa-
(l)llom. 49, c. 4 et 5.
[ij Décret, part. 15, 155.
ces termes, s'ils ne peuvent eux-mêmes remédier au
mat.
Vous demanderez ici ce que faisaient l'évêquc; ou le
prêtre, lorsqu'ils soupçonnaient quehprun d'avoir
commis uncrime, ou qu'ils le savaient, soit par quel-
que délation secrète, soit par eux-mêmes, soit enfin
par la confession du coupable qui niait ensuite avoir
confessé son péché, el refusait absolument de subir la
pénilence ?
A quoi je réponds (pie la discipline de ce lemps-Ià
était la même à cet égard que celle d'à présent. Qu'il
ne restait au supérieur en ces cas que la voie de re-
monlrance et d'evhoi'tation pour engager le péchenr
à se soumettre aux peines canoniques. Je ne dérouvre
pas ce pécheur, dit S. Augustin (2), je le reprends en
secret ; je lui mets devant les geux le jugement de Dieu,
j'imprime la terreur dans sa conscience criminelle , je
lui persuade de faire pénitence. Voilà ce qui restait à
faire au paslem- quand il manquait de preuves pour
convaincre pid)llquement le coupable ; quand même
(1) Regul. fusiùs disput. intcrrog. 46.
(2) Serm. l(j de verbo Domini, c. 8.
589 PÉNITENCE. — SECT. II. CilAi*
Il aurait su par lui-même ei vu de ses propres yeux
ce qui s'él;iil pusse de criminel, il ne pouvait retran-
cher le coupable de la comniuiiion des choses saiules,
s'il n'y coiisoiilait. Quoique, dit encore S. Atij,'MS-
tin (1) , ceKe défense d'approcher des choses sahiles ne
cause point la morf au pêcheur, mais lui soit salutaire,
il fallait pour en venir là qu'il avouât volontairement
sa faute, ou qu'il fût convaincu par un jugement, soit
séculier, soit ecclésiastique.
liurchard et Ives de Chartres (2) enseignent néan-
moins, d'après le second canon du concile de Tours,
que le prêtre doit dénoncer publiquement à un pé-
cIk iir qui ii<; veut pas avouer son crinie, qu'il est in-
digne de la (ommunion, et «|u"il mériterait d'en être
prive, jusqu'il ce (|u'il vienne à résipiscence. Mais ils
parlent en cet endroit d'un homme dont le crime a
été déféré à l'Église, contre lequel il y a de forts pré-
jugés, et qui n'a pas succombé dans l'accusation in-
tentée contre lui.
Que si le supérieur ecclésiastique ne connaît le
crime du coupable que par la voie de la confession se-
crète, il ne doit point trouver mauvais, dit le concile
de (>ai'tli;ige (eau. 5), qu'on ne Ton croie pas seul, si
le pénitent nie le l'ait, et refuse d'accepter la péni-
tence canonique. Que s'il dit que sa conscience ne
lui permet pas de communiquer avec cet homme ; les
autres évêques ne communiqueront pas non plus avec
lui , autan! de temps qu'il lui refusera sa communion.
Les évêques d'Afrique ajoutent à leur décision cette
raison digne de leur siigesse. Afin que l'évêque soit sur
ses (jardes pour ne rien dire contre personne dont il ne
le puisse convaincre par d'autres preuves que celle de la
confession secrète, de laquelle Une peut faire usage que du
consentement du pénitent. « Utmagis caveal episcopus,ne
i dical in quemquam , quod aliis dociimentis convincere
i non polest. » Ce règlement est devenu célèbre dans
l'Église, il est rapporté par tous ceux qui ont donné des
compilations ou recueils de canons, comme Burcliard,
évêque de Worms , Ives de Chartres, Gratien , et
même par les canonistcs Grecs, enlr'autres Zonare et
Jialzamou. lia formé la discipline de l'Église sur ce
point, et on en a toujours depuis suivi l'esprit et la
disposition. Ferrant Diacre l'a rendu en abrégé par
CCS termes (3) : Que l'évêque n'interdise point la commu-
nion pour un péché qu'il assure lui avoir été confessé
à lui seul, i Ut episcopus à communione non suspen-
« dal cnm quem nsserit de peccato aliquo sibi soli fuisse
« confessum. »
CHAPITRE IV.
Continuation de la même matière. Que la coutume de dé-
férer les pécheurs aux évêques et aux prêtres s'est con-
servée très- longtemps dans l'Église ; qu'il en reste
encore quelques vestiges aujourd'hui. Du sceau de la
confession sacramentelle.
Outre (pie l'on découvrait autrefois aux supérieurs
ecclésiasiiqiics, par un motif de charité et pour se
(I) Hoiniiià ullimà inleroO.
(i) Burcliard 16, c. 2i : Ivo Carn. p. 10 r. lfJ->
(ôjTit. 2. c. 73. , , —
IN. sLlii- bU MEME SUJET.
500
confoiiner à l'esprit de l'Év;ingi!o et de lEglise, ceux
qui se dérangeaient dans Irur conduite, quand on n'a-
vait pris aucune part à leurs dérèglements, il était de
plus ordinaire que ceux (pii étaient complices de quel-
ques crimes décianssenl (.-n confession les compa-
gnons de leurs désordres , et cela arrivait, comme le
remarque M. Touriioly (1), après le père Moriii , eu
deux cas, dont le premier est de précepte, et est encore
à présent en vigueur dans l'Eglise, et le second est seu-
lement permis et louable , lorque cela se fait par un
vrai motif de charité , et avec toutes les précautions
qu'exige la prudence chrélicnne.
Le premier cas est celui où la confession ne serait
|)oint entière sans la déclaration du complice, c'est-à-
dire, pour parler le langage des théologiens, celui où
les diverses circonstances changent l'espèce du pé-
ché, ou bien enangmenlenl ou diminuent la griéveté,
sans en changer l'espèce.
Le second cas est celui où on déclare au pasteur le
complice du crime que l'on a commis, n'ay;inl en vue
que sa propre utilité , ou l'avantage , soit du complice
lui-même, soit de quelques autres, ou du public.
C'est une chose si notoire que, d;ins le premier
cas, les anciens regardaient comme un devoir de dé-
clarer les complices, qu'il semble superllu d'en raji-
porter des preuves; il suflil pour cela de j«ler les yeux
sur les canons pénitenliaux. S.Basile, par exemple,
dans le canon G7' ordonne que l'inceste commis avec
une sœur soit puni de la même peine que l'homicide.
Dans les canons 75" et 71)" il veut que ceux qui se
laissent emporter à un amour impur pour leurs belles ■
mères et pour leurs sœurs, soient chassés de l'église
jusqu'à ce qu'ils renlrcnl en eux-mêmes, et (pi'rdors
ils pleurent leurs dc'sordres pendant trois ans. Celait
la première station de la rc'iuience , rpuz-.y.j m-îT-
x)«tîTCd. Or, comment ceux (pii entendaient les con-
fessions, soit secrètes, soit publiques de ces sortes de
crimes, qui pour rordiiinire sont exirèuicmcnl jc-
crels, aurai(Mit-ils pu faire lapplication de ces règles
de S. Basile, et d'une iiilinilé d'autres semblables , si
le pécheur n'avait déclaré ses complices?
Quelquefois aussi les tiiconslances reiidcnl les pii-
cheurs moins criminels, et alors il fallait les connailre
pour adoucir les peines attachées par les canons à
ceriaim-s espèces de crimes. C'est ce qwe l'on peut
voir dans liède , (pii , rapportant les anciens canons
dans son livre intitulé des Remèdes des péchés, dit :
Si quelqu'un a ru un mauvais commerce avec sa servante,
(ancillam), qu'il f<(sse pénitence pendant un an, et que dans
ce temps il s'abstienne de sa propre femme; si la chose
c'est faite malgré elle, qu'elle soit pendant quarante jours
en pénitence.
Ce serait en vain que l'on voudrait restreindre ce de-
voir aux seuls péchés publics : car, outre que les canons
ne font point cette distinction , il est parlé distincte-
ment des péchés secrets et cachés dans le concile de,
Tibur, dans celui de Wormes , et dans le pénitentiel
romain. D'ailleurs , ceux qui font ces sortes d'objcc-
(\] De <;onfess., <■. i, I. 1, dc Pœnit.
591
lIISTOliiE DES SACREMENTS.
392
lions ii,'iiorciit iilisoliuiiciit la discipline do TÉglise W comme dit l'Apnlre, aussi bien rjue l*u!tliir;ilion de le
dans les cin([ on six premiers sii'cles , el même dans
les siiivanls. Si dans ce lemps-Ià (lueliiirun eût vécu
dans des désordres publics, cuire que, conformément
au précepte de TApôtre, les fidèles se seraient fait un
devoir de n'avoir aucune communication avec lui , ce
qui était d'usage ordinaire alois ; il est certain , de
plus, que, comme nous avons vu par ce qui a été dit
ci-devant, et, entre autres, par les canons de S. Ba-
sile qu'on vient d'alléguer, Tévêque ou le prêtre pré-
posé pour gouverner quoique portion du troupeau de
Jésus-Christ , n'aurait point ailendn que le péclicur
public fût venu s'accuser de son péclié : il lui aurait
enjoint , après quelques avertissemculs charitables,
de quitter son désordre, el de subir la pénitence mar-
quée par les canons, sous peine d'être exclus de l'en-
trée de l'église.
Pour ce qui est du secoiid cas dont nous avons
parlé, savoir qu'il élail permis, pour sa propre ulililé
el pour le bien public , ou même pour celui du com-
plice, de le découvrir dans la confession au supérieur
ecclésiastique, pourvu que cela se fit par un motif de
c'aarité et avec prudence , nous l'avons suffisamment
prouvé dans le chapitre précédent. Les passages rap-
portés font voir que l'on se faisait autrefois un devoir
de faire connaître aux pasteurs de lÉglise les désor-
dres de ses frères poin* en arrêter le cours. Si dans
la confession on le faisait par celle vue, qui peut dou-
ter que ces sortes de révélations ne pussent être
utiles, tant à ceux qui les faisaient, qu'à ceux dont on
faisait connaître la mauvaise conduite aux pasteurs,
afin que ceux-ci , qui dans les peliles villes el dans
les paroisses des grandes villes connaissaient dislinr-
temenl les fidèles qui leur étaient soumis, arrêtassent
faire, était si bien établie dans l'Eglise , et d'un usage
si communément reçu, qu'il y a duré irès-longlcmp^i
quoique la piété se fût refioidio dans les siècles pos-
térieurs : car nous voyons dans le moyen -âge que
dans les visites épiseopales les arcliidiaores el les ai-
ciiiprèires prévenaient d'un jour ou deux l'arrivée de
l'évèque, cl ordonnaient, sous de grosses peines , à
tous de se présenter à lui; en altendanl ils convo-
quaient les prêtres des lieux, jugeaient cl accommo-
daient les aiïaires de moindre importai'.ce : ensuite
l'évèque, élanl présont et célébrant son synode,
choisissait sept personnes des plus honnêtes gens et
les plus estimées parleur probité. Là, faisant ap-
porter les reliques des saints , il les engageait à
promellre par serment de ne poinl cacher à l'évèque,
ni à celui qui aurait été envoyé de sa part, et à qui il
aurait donné commission d'informer, toutes les fois
qu'ds en seront requis, tout ce qu'ils sauront, ou au-
ront ouï dire , ou découvert de quelque manière,
s'être lait contre la volonté de Dieu et la religion
dans la paroisse ; de n'avoir égard en cela ni à lami-
lié ni à la parenté , mais de découvrir sans crainte ,
et sans être arrêté par promesses, tout ce qui appar-
tient au ministère de l'évèque, et tout ce qu'il doit
juger dans son synode.
Ce serment étant prêté, l'évèque les avertissait de
répondre aux questions qu'il avait à leur faire: Nous
sommes, leur disait il, les ministresde Dieu, nous ne
recherchons poinl vos biens temporels , mais le salut
de vos âmes ; prenez donc garde de ne rien celer,
de peur que votre silence ne soit la cause de votre
perte éternelle. Après cela, il les interrogeait tou-
chant les divers crimes et les vices dans lesquels les
le cours des désordres, el iravaillasscnt à faire ren- paroissiens pouvaient tomber. La première demande
Irer en eux-mêmes ceux qui se perdaient ? car c'est
une maxinie encore reçue aujourd'hui , que l'on peul
faire usage des connaissances acquises par le moyen
de la confession, du consentement de ceux qui se sont
confessés.
Cependant, à dire le vrai, ces sortes de révélations, |
non absolument nécessaires, paraissent fort dangereu-
ses dans le siècle où nous sommes ; et si on y avait
égard , il serait à craindre qu'elles ne dégénérassent
en délations malignes, que le tiibunal ne ferait que
couvrir d'un voile spécieux, en imprudences, en ni<*-
disances très-réelles, très-criminelles et irréparables;
car, ni les fidèles n'ont plus dans leur pénitence celte
pure lumière qui naît de la charité et de la sln)pliciié
chrétienne, ni la plupart de ceux qui sont chargés
d'entendre les confessions, n'ont ni la prudence, ni
la retenue , ni la fidélité nécessaires pour garder à
propos le secret el user bien de ces déclarations , non
plus que toute la venu et le pouvoir nécessaires pour
remédier aux maux qu'on leur ferait connaître.
On abuserait donc à présent de celle conduite an-
cienne ; mais autrefois elle était très-utile, et la pra-
tique de dénoncer aux prélats de l'Église ceux qui
vivaient dans le désordre , hwrdinatî' (tmbv'^niies ,
était telle : Y a-t-il quelque assassin dans celle pa-
roisse qui ait tué quelqu'un d'un propos délibéré , ou
pour satisfaire son avarice, qui ait fait cela à regret,
par contrainte, par hasard, ou par inadvertance, pour
venger ses parents, par ordre de son maître , ou un
maître qui ait tué son serviteur?
II se trouve quatre-vingt-huit demandes de celte
nature dans le décret de Burchard (1), aussi bien
que dans le recueil de Réginon, composé par ordre
(le Ualbod, évèque de Trêves, auquel ce savant abbé
a joint, suivant l'ordre des titres des demandes, di-
vers canons des conciles , par lesquels ou apprend
quelle est la pénitence canonique que mérite chaque
péché. L'un et l'autre ont tiré des actes du concile de
Rouen tout ce qu'ils ont inséré là-dessus dans leurs
couq.ilaiions , et dont nous venons de rapporter un
échantillon , ce qui prouve inconte>>tablement que la
pratique dont nous avons tant parlé dans ces deux
chapitres surtout , était encore assez ordinairement
observée dans le deuxième siècle.
On trouve quelque chose de semblable dans un
ancien manuscrit qui contient les actes d'un concilô
(1) Burch. Décret., lib. 1 , post caputOi,
393 PÉNITENCE. - SECT. 11. ClIAP
(le Mayenca (i), qui fut célébré sous Uaban Maur. Je
u"eu rapporlerai que ces paroles q\n élentlenl à tous
les paroissiens le devoir de découvrir ce qu'ils
conn;»isseiil de désordres dans la paroisse : Quil
engage aussi ions les habitants nobles et non nobles qui
se trouvent sur la paroisse, ou bien sous la religion du
serment, per b.vn.nlm (ur.isTivNrrATis (car, suivant Du-
cauj^e, ce ternie, bannusclirisiidiiiiutis peut avoir l'une
cl laulre signilicalion en pareil cas ), quil ["l) les en-
gage à ne rien célcr des choses susdites, de jieur quils
ne se rendent responsables devant le tribunal de JSotre-
Seigneur Jésus-Christ d'avoir caché de si grands maux.
Quehpies lignes après on lit dans cet écrit : Que si
quelques-unes de ces choses ont déjà été portées devant
l'évéque et terminées par son autorité, et quon découvre
ensuite qu'elles aient recommencé, qu'on les y porte
de nouveau.
La pratique et l'obligation de déférer aux prélats
ceux qui avaient conunis quelques crimes , soit no-
toires, soit secrets , a donc eu lieu dans l'Eglise pen-
dant plus de mille ans. Les évoques exigeaient qu'on
leur découvrit les fautes qui s'étaient commises dans
les paroisses de leur dépendance, et les faisaient expier
par une pénitence convenable à ceux qui en étaient
coupables. Les Pères du concile de Cologne, de Tan
1556, ont tâché de renouveler en quelque manière
cette discipline, puisqu'ils ont joint aux actes de leur
synode ce monument de l'antitiuité dont nous avons
cité quelques paroles, et de la découverte duquel on
est redevable à Rhenanus.
Quoique cet usage ait cessé avec celui de la péni-
tence canonique , nous voyons encore aujourd'hui
quelque chose qui y a rapport , et qu'on peut consi-
dérer comme un reste de cette ancienne discipline , î
dans les visites des archidiacres , et dans les moui- |
toires que l'on publie afm de venir à révélation des i
délits dont on a intérêt de connaître les auteurs
L'usage en est très-fréquent en ce temps, et Tétait j
encore davantage avant le concile de Trente (5), qui
s'est cru obligé d'en réprimer l'abus dans ses chapitres
de la réformalion. L'ancienne pratique dont nous
parlons était plus digne de l'Eglise que ce cpii se fait ;
dans ces sortes de monitoircs, par lesquels l'accusa-
teur et le juge ne cherchent qu'à assurer quelque in- !
térct temporel , au lieu qu'autrefois les évoques et les \
autres supérieurs ecclésiastiques n'avaient en vue, en
recherchant les auteurs des crimes, que leur conver-
sion, se considérant plus comme les médecins de leurs
âmes que comme leurs juges.
Ce qui aujourd'hui parmi nous a plus de rapport à
celte ancienne pratique, est ce qu'ordonnent les Pa-
pes , de faire connaître aux évèques les prêtres qui ,
abusant du tribunal de la Pénitence, sollicitent au
mal les personnes qui s'adressent à eux en confession.
Nous avons sur cela la Bulle de Pie IV, de l'année
1561, el celle de Grégoire XV. Ce dernier , non-seu-
(\) Apud benlimi Rhonanum.
(2) Il est question ici de l'évêque et du préire.
(3) Sess. 23, c. 5.
TH XX.
. IV. SUITE DU MÊME SUJET. 30i
lemenl permet, mais ordonne expressément aux péni-
tents de dénoncer et de déclarer aux ordinaires des
lieux les prêtres qui , en confession , sollicitent ceux
ou celles qui s'adressent à eux à commettre des ac-
tions déshonnêtcs el honteuses , et il porte des cen-
sures rigoureuses contre les confesseurs qui ensei-
gneraient que les pénitents ne sont point tenus de
faire de pareilles déclarations. Les proclamalions qui
se font encore à présent dans certains ordres reli-
gieux, contre ceux qui ont manqué en quelque point
à la règle, el qui se l'ont dans le chapitre en présence
du supérieur el des frères assemblés , sont Irés-an-
cieimcs, et peuvent être considérées comme venant
de celte discipline, qui était autrefois en vigueur dans
l'Eglise.
Cela, non plus que tout ce qui a élé dit, n'est point
contraire au sceau de la confession, dont il est à pro-
pos de parler ici. La loi naturelle et divine prescrit
si étroitement aux prêtres leur devoir là-dessus, qn'il
est rare qu'on y ait contrevenu. L'histoire en fournit
peu ou point d'exemples; et une marque qu'il s'est
trouvé dans la suite des siècles peu de gens qui
aient violé ce sceau sacré, c'est que nous ne lisons
point de lois ecclésiastiques pour punir les prévarica-
teurs en ce genre , avant celle que l'on trouve dans
Gratien et le Maître des Sentences, sous le nom d'un
pape Grégoire , que le P. Morin croit, avec bien de
l'apparence, être Grégoire YII, ou quelqu'aulre à peu
prés de même temps, puis(|u'il ordomie que le prêtre
qui aura découvert le secret de la confession, soit dé-
posé et condamné à faire toute sa vie avec honte des
pèlerinages, ce qui était une espèce de pénitence assez
peu connue dans les premiers temps. IS'am si hoc fe-
cerit , dcponalur, et omnibus diebus vitœ suœ ignomi-
niosè peregrînando pergal (1).
Balsamon, à l'occasion du Concile de Carthage que
nous avons cité plus haut, et qui est une preuve
convaincante de l'obligation de garder inviolableinent
le secret de la confession, raconte que Luc, patriar-
che de Constanlinople, excommunia le supérieur du
monastère du Gérolrophe, ou de l'Hôpilal des vieil-
lards, qui avait élé archevêque d'Héraclée, pour avoir
porté témoignage contre son fils spirituel, ce qui si-
gnifie ici un homme dont il avait entendu la confes-
sion, et dont il avait seulement fait connaître que la
conduite en général élait criminelle. Qu'eût fait ce
patriarche s'il avait clairement désigné le péché de
cet homme? il l'eiit sans doute puni bien plus rigou-
reusement, puisque, comme dit le pape Inno-
cent m (2), celui-là pèche plus grièvement qui révèle le
péché du pénitent, que celui même qui a commis le pé-
ché. ( Graviiis peccat sacerdos qui peccatum révélât ,
i quàm homo qui peccatum committit. j
Le décret le plus authentique que nous ayons là-
dessus est celui du concile de Lalran sous le même
Innocent III; le Canon qu'il a publié à ce sujet est
(1 ) Can. Sacerdos, 2, causa 53, quœsl. 3, dist. 6. '
(2) Innoc. 111. Serni. I do Consecr. Ponlif. max. i
13
5Ô5 HISTOIRE DES SACIŒMENTS. 596
très-connu (i); le voici : Que le prêtre ■prenne bien m crimes, surtout dans l'Église d'Occident, et dans les
garde de ne découvrir U' pécheur en aucune manière, ni siècles qui ont suivi le sixième, puisque, suivant le
par parole, ni par iigne; mais s'il a besoin de conseil, i sentiment d'auteurs (1) très-habiles dans la connais-
qull le demande prudemment sans faire aucune mention ' sance de la discipline ancienne, il était assez ordi-
de la personne dont il s'aijit; parce que celui qui aura uairc de voir des personnes se mettre par un motif
découvert le péché quil aura connu par lu voie de la ' d'humilité au rang des pénitents publics, quoiqu'elles
confession, in pûenitejituli jldicio sibi letectum , i ne fussent coupables d'aucun péché soumis à la péni-
sera par noire ordonnance non-seulement déposé de la \ Icncc canonique.
dignité sacerdotale, mais encore enfermé dans un mo- < I CHAPITRE Y
nastère d'une étroite observance, pour y faire pénitence 1 1 ,» < • > . . .
Ue la mamere de se confesser chez les anaeiis , tant en
Occident qxCen Orient. De la posture du pénitent en
le reste de ses jours.
Tel a toujours été l'esprit de l'Église sur ce secret
qui n'est pas un point de simple discipline et de police
ecclésiastique , mais qui est de droit naturel et
divin; de telle sorte que la confession ne peut avoir
lieu, si ce secret n'est inviolablcment observé. Si
donc autrefois, comme nous avons vu ci-devant, les
chrétiens confessaient publiquement certaines fautes
soumises à la pénitence canonique, ils le faisaient de
leur propre mouvement, ou par l'avis de ceux à qui
ils b'élaient confessés en secret, et il n'y eut jamais de
loi dans l'Église qui les y obligeât.
H est vrai que l'on obligeait plusieurs de ceux qui
avaient commis des péchés secrets d'en faire péni-
tence publique, comme nous avons déjà vu dans cette
histoire , et comme nous aurons lieu de le montrer
plus au long quand nous traiterons de l'action de la
Pénitence ; mais qu'en pent-on inférer contre le se-
cret de la confession? Tout ce qu'on pouvait conclure
alors en voyant une personne au rang des pénitents ,
c'est que tout au plus elle avait commis quelques-uns
des péchés soumis à la pénitence canonique : comme
aujourd'hui quand on voit quelqu'un sortir du tribu-
nal de la pénitence les yeux baignés de larmes, on ne
peut en conclure autre chose sinon qu'il est pécheur :
mais qui est l'homme sans péché, et qui ne soit plutôt
édilié de la pénitence de son frère, que scandalisé de
ses fautes?
D'ailleurs on punissait plusieurs espèces de crimes
à peu près des mêmes peines, c'est pourquoi il de-
liieurait toujours incertain pourquoi celui-ci ou ce-
lui là était en pénitence. Les évéques adoucissaient
les peines suivant qu'ils remarquaient plus ou moins
de ferveur dans les pénitents, ils abrégaient le temps
des différentes stations, ou le faisaient remplir en-
lièrement par la même raison : quelquefois même ils
faisaient omettre quelques-unes de ces stations quand
cela leur paraissait convenable. Ajoutez à cela (jue les
pénitences publiques , en tant que publiques , étaient
les mêmes dans chaque degré. Par exemple , tous les
prosternés étaient également vêtus d'habits sales ou
méprisables , tous fléchissaient les genoux , on impo-
sait les mains à tous, on les faisait sortir tous en
même temps de l'église. Connnent donc aurait-on re-
connu de quel crime ils étaient coupables? Enfin on
ne pouvait pas même conclure en voyant des gens en
pénitence publique, qu'ils fussent coupables de grands
(I) Extra, de pœnil. et Remiss., can. Omnis utritis-
que .'■7">(.s.
cette occasion. De ce qui se pratique encore aujour-
d'hui chez les Crées et autres Orientaux. La Confes-
sion abolie parmi les Cophtes d'Étjtjpte et autres peu-
ples d'Orient; en quel temps s'est fuit ce chumjcmenl.
On a pu voir par ce qui a été dit ci-devant, que la
confession publique se faisait par le pécheur à genoux
ou prosterné en terre , couvert de sac et de cendre ,
en présence de l'évêque et des prêtres , et quelque-
fois même du clergé et du peuple, aux prières duquel
le pénitent se recommandait instamment. Cette disci-
pline était la même en Orient qu'en Occident, il nous
faut parler maintenant de la manière dont se faisait
la confession auriculaire, qui était assez différente de
celle qui est à présent en usage parmi nous.
Quoique les anciens pénitenliaux ne s'éiendent pas
beaucoup sur ces sortes de choses qui étaient de pra-
tique commune et ordinaire, qu'on supposait connues
de tout le monde, et que plusieurs même les omettent
entièrement, ne s'altachanl qu'à prescrire la manière
d'examiner le pécheur, et de lui marquer les peines
que méritaient ses fautes, chacune en particulier, avec
les différentes prières que le prêtre devait faire pour
le pénitent, et les avertissements qu'il devait lui don-
ner : il s'en trouve néanmoins quelques-uns qui entrent
dans quelque détail de la manière dont se fi^isait la
confession, et qui font mention de la posture du péni-
tent et du confesseur dans cette importante action.
Alcuin, précepteur de Charlemagne, qui a fleuri dans
le huitième siècle, a inséré dans son livre des divins
Offices (2) un long chapitre intitulé, in ccrpite jejiinii,
c'est-à-dire, au commencement du jeûne de carême ,
qui peut tenir lieu d'un péniientiel abrégé, et l'on y
trouve plusieurs particularités remarquables sur ce
sujet.
Le pénitent , selon lui , doit approcher du prêtre à
qui il veut faire sa confession avec un air modeste,
faisant paraître l'humilité et la componction dans tout
son extérieur; il doit mettre bas le bâton qu'il tient
à la main (cela doit s'entendre aussi d'une épée et de
toute autre chose qui donne du relief) , st laicus est
dimisso baculo. Le roi Pépin ne dédaignait pas même
d'aller nus pieds trouver saint Viron à qui il se con-
fessait, comme il est r.-îpporté dans la vie de ce
saint (5). Le pénitent étant à portée du prêtre s'iucli-
'i
(1) Le P. Morin et M. Raillet.
("2i Heperilur in tom. 10 Bibliot. Patr«ni.
(5) Apud Bolland. 7 iiuiii.
597 PÉNITENCR. — SECT. lî. CllAP. V. ANCIENNE MANIÈRE DE SE CONFESSER. 598
nail prol'onilcmonl devaiil lui. Alors celui-ci disait des ^} le siwanl IIilario;i, abbc do saiiilc Croix de Jéru&aleni,
prières sur le pcnilent, dont l'autour de cet écrit rap-
porte la formule ; après (|uoi il le l'aibail asseoir jirès
de lui et entendait sa conl'ession. Jnbcal cnin sucerdus
sedere contra se, etc. La confession étant aclievéc , le
de la nieme ville. On y voit presque mot à niot ce qui
se lit dans l'éciit d'AUuin; cl il ne faut pas en être
surpris, puisipic celui-ci était disciple d'Egbcrt, et
'■ qu'il avait puisé, connue il le témoigne lui-mèiuc,
prêtre donnait au pénitent les avis dont il avait besoin, : dans la bibliothèque de ce saint évè(pie la scieiice
et l'inlerrogeait ensuite sur sa foi et siu- sa créai..e. j ' qui l'a rendu si illustre à la cour de Charlemagnc.
(Suivant plusieurs rituels anciens, ces demandes de- \
valent précéder la confession.) Ceci éta4il liiii, poursuit
Alcuin, le pénitent mettant les genoux en terre, éien- ^, des anciens rils de lEglise, que la confession se fai-
dant les mains, et regardant le prêtre avec un visage \\ sait étant assis, et qu'elle élait suivie et précédée
qui marquait la douleur de ses fautes, il le conjurait , ;! de génnllexions et de prostrations tant du pénitent
connue ministre de la réconciliation des honnnes avec
Dieu, d'intercéder pour lui. Ensuite il se prosternait
entièrement en terre, pleurait et gémissait autant que
que dit confesseur même, au moins après la confes-
sion. Cela élait nécessaire en ce temps-là oii les con-
fessions duraient longtemps (n'étant pas aussi Iré-
Dieu lui en faisait la grâce: le prêtre le laissait quelque I qnentcs qu'aujourd'hui,) tant à cause du détail des
temps en cet état le voyant louché de l'esprit de com-
ponction ; après ((uoi il lui ordonnait de se lever et de
se tenir debout et lui prescrivait les jeûnes et les •
abstinences par lesquelles il devait expier ses péchés;
ce. qui étant fait le pénitent se prosicrnait de nouveau
mauvaises actions qui eiait ires-cxact, qu'à Ciuse des
peines que loa imposait suivant les canons à chaque
espèce de péché. D'ailleurs, ceux qui avaient été une
fois soumis à la pénitence publique pour des crimes
; soit notoires, soit cachés, ce qui était ordinaire avant
aux pieds du confesseur, le priant de demandera Dieu j le septième siècle, n'y étaient plus reçus. Ce qui,
pour lui la force et le courage nécessaires pour ac- ; comme vous voyez, rendait la Ct-ifession assez r.ire,
complir la pénitence (pii lui était imposée. Le prêtre ' les chréliens éianl sur leur garde pour ne point toni-
aussitôt récitait plusieurs prières, qui sont manpices ' ! ber dans ce malheur.
au nombre de sept, et dont Alcuin ne rapporte que le
commencement, parce (|u'elles étaient alors connues et
prières achevées il faisait lever le pénilent, se levait
lui même de son siège, scd et ipse smgctl de sedili suo;
el si le temps et le lieu étaient convenables, l'iîn et
l'autre (je veux dire, le confesseur el le pénilent)
étant entrés dans I église , fiéchissant les genoux, ou :
appuyés sur les coudes , récitaient plusieurs psaumes
el prières qui sont ici mar(iucs en délail : avec cet \
avertissement que Ton trouve dans plusieurs autres 1
livres de cette espèce, qu'il ne faut pas prescrire de si [
longs jeûnes aux valets el aux servantes, qu'aux ri-
ches, mais seulement la moitié de ce que l'on enjoint à
ceux-ci , parce qu'ils sont les maîtres de dispeser ,■
d'eux-mêmes.
L'ancien ordre Romain, que l'on trouve dans la
bibliothèque des Pères, contient presque mot pour
mol les mêmes' choses que nous avt-ns rapportées
d'Alcuin , excepté que les prièies et oraisons y sont
tout enlièrcs. On peut voir aussi la même chose
dans le dix-neuvième livre de IJurchard de Wormes,
qui dit l'avoir tiré d'un ancien Pénilculiel Romain ,
et de ceux de Théodore, archevêque de Caniorbéri, et
de Bède: ce qui prouve que celle manière de se con-
fesser était la même dès avant le septième siècle ; car
Théodore (lui vivait en ce siècle ne l'a pas invenlée
sans doute en composant son Pénilentiel, où il a mis
en ordre ce qui se pratiquait de son temps avant lui.
Le père Morin a inséré dans l'appendice de son
Irailé sur la iiénitence un extrait du livre pénilentiel
d'Egberl, archevêque d'York, qui a, dit-il, élé écrit à
Rome, il y a plus de six cents ans, et que luicoramimiqun
11 paraît par tous ces uionumeuls et par plusieurs
autres que l'on peut voir dans le livre du P. Maiiùne
Les moines mêmes en ce t^mps se confessaientas-
! sis, comme le montre le P. Mariène dans son com-
d'un usage ordinaire, étant à peu près les mêmes dans : mentaire sur la règle de S. Reniiîl (I). Cependant les
tons les livres pénilenliaux reçus en Occident. Ces ; enfants chez eux se confess:iienl debout, leurs con-
fessions n'étaiit pas aussi longues que celles dos per-
sonnes avancées en âge. Les seuls Chartreux el les
moines de Grandmonl se confessaient à genoux avant
le treizième sièJe,au(|iiel les sécidiersconnî;eacérent
à se confesser en celle posture : car en ce lenins-là,
comme on n'imposait plus la péailencc canonirpieaux
pécheurs, elqu'on n'exigeait plus deux coinniijiémciit
qu'ils acconq)lissent celle qu'on leur enjiiig .ait .'.vaut
de les réconcilier, il devint imilile, à cauce du court
espace de temps qui se trouvait entre la Irénédiciion
(pii précédait et celle qui suivait la conlessiiui, de faire
asseoir le pénilent, l.i coi..f,ssion élanl devenue p'us
fré(|uente et par conséquent de moindre duiée, et la
pénilence s'imposanl en un moment; auli u qu'aupa-
ravant cela demandait de longues diseii-sions ixiiir ap-
pliquer à ciiaques maux leurs rciiièdes spécifiques qui
élaient maniués dans les livres pénilenliels.
Ce fut donc vers le comniencoment du treizième
siècle que se fit ce changement. Néanmoins Luc, évè-
quedeCozence.nous fournit un oxcniple remarquable
dans la vie de Joachim , abbé de Flore ('i), lecpiel
prouve que la prati(|iie de se confesser assis n'élai
pas encore abolie vers ce temps. J'étais , dit-il , avec
lui un vendredi assis dans le cloître du Sninl- Esprit de
Païenne, quand il fut app, lé au palais pur l' impératrice
Constance qui vouLiit se confesser à lui , il ij alla et la
trouva dans l'éjlise assise dans svn sièfie ordinaire : elle
(I) 5;i capntie.
r2) Apnd nollan.,2 maii.
39d
le fit asseoir snr nn petit sié(je auprès d'elle, ce qu'il fil ;
mais lorsque l'inipéralrice lui eut dit qu'elle vonlail se
confesser , // l' arrêta et lui dit avec autorité : Je
tiens ici la place de Jésus-Clirist et vous de Madeleine
pénitente, descendez, asseyez vous en terre, et confessez-
vous ; autrement je ne vous écouterai pas. Aussitôt
rinipératrice fil ce que l'abbé lui ordonna. On voit pat-
là, «nie , coinine nous Tavoiis icinaniué, la coiilumc
de s'asseoir en se ronfessannrélait pas encore abolie
snr la lin du dotizièn.e siode, aii(]ncl (onips nionrnl
la priiifessedonl on vient de parler. Elle élailfepen-
dant déjà cli;intiée. en ce qn'ani reluis le |)rcire el le
péniieiii éiaienl assis sur ini inèn.e liane, an lieu (pie
l'abbé Jctachim exigeait de rinii'érairicc qu'elle s'assît
à terre : ce (pii ne dJférail pas beaucoup de la cou
lunie qui s'inlnidnisil alors de se confe-ser à genoux.
L'exemple des Cliarircnx H d» s moines de Giand-
nioiit no contribua pas peu à éiablir cet usage. On
pourrait y ajonlcr cclni ilcs moines de Cîieanxqui,
au lapporl de Manri(puî (1), ne se confessaient point
qu'ili n'eusseiil les éj.aules nues, et des verges à la
;iain , dont le confesseur frapj)ait le pénitent avant
«juede rabsoudre. C'est pour cela que ces religi(!ux
je confessaient onlinairenicnt après matines. Manri-
^ue nous apprend cette prati(pie en rapportant les
aclesdeS. Walihon, abbé en Ecosse, qui mourut vers
l'an liOO; il y est dit que ce saint ahbés'élant aper-
<çn que son confesseur ne le fra pail pas assez rn-
denienl a son gié, lui ordoiiua sous peine de déso-
béissanre de ne le pas n^é ager, et de le fiap|>ir
jusqu'à faire sortir le sang. Ce (jn'il faisait plusieurs
fois par jour, justprà fatiguer son confesseur par cet
exercice.
Les Grecs sont encore aujouiiriini dan-; l'usage de
s'asseoir en se conlessaiil (2), connue il [laraîl jiar
une lettre de Léon Allatinséiiiti.'an P. Morin en lOiô,
OÙ il décrit la m.iiiière dont ils se confessent. Celui,
dit-il, qui veut se confes-er va trouver le pi\ tre ou
à l'église ou à la maison, le prêtre orné de l'étole
s'assied sur un bai.c, et le pénitent aupiès de lui. tète
nue et avec respect. Le proue récite (pu'lipies prières,
et ce sont celles (pi'nn trouve dans les |)énilenlianx
■ anciens et modernes, après quoi il l'exborto à con-
fesser sincèrement tons ses pécliés. La confession
étant faite, le piètre interroge le pénitent pour le faire
souvenir des péchés qu'il pourrait avoir oubliés, et
récite snr lui les oraisons propres après la confession :
il lui impose la pénitence , lui donne la bénédiction
et le congédie. Si la pénitence est légère, et que le
pénitent puisse l'avoir accomplie le même jour , il
communie aussitôt : si elle ne peut être accomplie
qu'après quebpies jours, il communie cependant, et
il l'achève ensuite, à moins cpie le confes enr ne reûl
exclu delà participation des sacrements pour nn cer
HISTOIKE DES S.\CREMEiNTS. 40O
nenl communément rabsoliUion après la confe-;sion
mais sans iiorniellie la connnunio 1, sinon à ceux qui
sont exempts des péchés pour lesquels il f.uil une
pins longiK! |)énitence. Voilà C(>(|ue.M. Uonandoi rap-
porte (1) de la pr,ili(piedes Grecs, d'ajirès i.éon Alla-
tiiis,el (pie nous .-nous Iraiiscril tout de suite |io:ir
d(»nner une idée abrégée de tout ce (pii ce passe chez
eux touchant la confession
Simé(»n, archevêque de Tliessaloni(pie (2) , qui est
mort vers l'an 142."), rend tém ignage de la même cou-
liinie de s'as^e lir auprès du piètre pour lui cnnlésser
ses péchés. Il fiul, dit-il, (p:e celui (pii entend les con-
fessions soit assis seul et éloigiié du tnmirte, dans
un lieu respectable et sacré avec crainte et ré^éicnce,
ayaiit le visage serein , el faisant par.itie l.i chaiité
d'Ut il est pénétré par ses gestes et tonte Tatiitmle
de son corps : il faut de même que le pénitent s'as-
soie avec coniiaiiee el cra nie de î>ieu, a\ec lévéïe ce
et piété eu préseace du confesseur, ou pluiôt de
.lésus-Christ à qui il se confes. é en la personne du
prêtre. Le conlésseiir doit aussi l'exhorter à dire tout
sans hésiter et sans rien celer, etc.
Le P. .Moi in (5) dit indislinciemenl des Grecs et des
Latins (pranlrefois chez les mis elles antres, et à pré-
sent encore cl.ez les Grecs, le pénitent se confessait
assis : mais il semble (pi'à ré,-;aid des églises gree-
(pies la conlume n'était p s antrefuis (pie la chose
e fit ainsi. Il paraît par le péait iiliel el un di>cours
de Jean le-Jeùneiir, ipii en est comme l'abrégé, ([u'elle
se faisait debout, el que le pénilent ne s'asseyait au-
près du con essenr qu'après avoir lait la déclaration
do ses l'éehés , et pour recevoir de lui les remèdes
convenables à se- |tlaies, je veux dire, la | eine alla-
eliéc à chacun de ses péchés, ce qui était, comme nous
avons ieniar(|ué ci-devant , d'une asse/. lougue diS'
(Mission.
Mais il ne sera pas inulile de rapporter dans qnel-
(pie délai comment les choses se passaient à cet é,:;ard
d ins le jtemps plus aiicieas chez les Grecs. Nous l'ap-
luendrons par le discour de Jean-le-Jcùiieur iiatriar-
cIk! de Coiislanliiiople; il contient en siibstatic(! ce
(pie doivent faire ceux (pii se co fes eut et il est com-
me l'abrégé de ce (pi'il a expo>é plus au long dans
son livre péniteut-iel. Le P. Morin a fait imprimer
Tun et l'autre à la (in de son traité de la Pénitence.
Voici ce qu'il proscrit là dessus , tant au prêtre qui
entend les confessions (ju'à celui qui veut se confes-
ser. Celui-ci doit faire d'abord trois inclinations à l'en-
trée de l'autel et dire trois fois : Je vous confesse , ô
Seiqneur Dieu du ciel et de la terre, tout ce qui est ca-
ché dans mon cœur. Après cela i! doit se lev( p et se
tenir .leboiil en se confessant. Le prêtre étant aussi
dehonl de son coté doit l'interroger avec nn visage
serein et des manières agréables, jiis(prà lui baiser les
lain temps, ou même pour un lcnq)s considérable, si |j "'i^">-', surtout s'il le voit pénétré de honte et de con-.
le pécheur mérite ce chàlimeiit. Ainsi les Grecs dou-
(1) In Annal. Cister. ad ann. MAI, c. IG, n. 6.
(2) Voyez Bollandus, sur le 5 août , 1. 1, p. 279.
fusion. 11 lui f.iil ainsi diverses questions sur les cspe-
(1) Perpétuité de la foi, toni.5, c.9.
(2) De sacram. Pœnit.
(5) L, idePcenit., c. 20.
m
PÉNITENCE. — SECT. 11. CH\P. V. ANCIENNE MANIÈRE DE SE'CONFESSER.
402
ces de péchés dans lesquels il n lieu de croire (|ne le |1 dil le proverbe : Quaudoque bonus donnitat llomerus
pôiiiieiil peut être lonilié, et cela peut Taid r à s'en
f.oiiveiiir. Le pér.ilciiliel que le P. iMorina public sous
le nom de Jeun-li-Jeûneur, contient quatre vingt-dix
de CCS c|ueslions, dont srins doute K- niinisire de la
pciiiience (iiisail l'usage que la prudence lui suggérait,
suivant la qu lllécl la conililion de ceux qui s'adres-
saient à lui. A|uès (pu! le i énilenl a rép ndu à ces
questions, le prèire lui ordonne de se découvrir, à
moins que ce ne soit une fenune, eùl-ii la lète cou-
verled'iMi diadème. Alors le pénihMil étant à gei-onx
ou prosterné en terre, il prononce sur lui plusieurs
oraisons ; ar leS(pielles il demande la rémission des
péchés dont on vient de s'accuser, lesquelles élaol
achevées, il le fait lever de terre, le fait couvrir et
asseoir avec lui. Là il Tinterroge de quelle péuilence il
est capable, et apidique ainsi à chacune des laiiles,
suivant la force, la condition, le temps et l 'S circon-
stances, les peines mar|;iées dans les livres p^niten-
liaux (jui enlr ni là dessus dans un grand détail. Il ,
esl à remarquer que le péuiîeuliel d(ml nous pai Imis
ici, et qui est très célèbre chez les Cr es, onioiMie,
de même que nous avons vu ci devant se prali-jner en
Occident, (pie l'on impose aux valets et aux servaii \i
tes des peines moindres de moitié (jue celles (jne l'on
imp sa t aux maîtres quoi(iuc coupables des mêmes
fautes.
J'ai donné cette analyse exacie de la manière de se
confesser chez les anciens Grecs, premièrement alin
que le lecteur n'ignorât pas un point si important de
leur discipline, secondement poiu" faire voir qu'autre-
fois parmi eux on se confessait deborii , et (jne le piè-
tre et le l'.éniteulne s'asseyaient qu'après que la con-
fession était faite, et pour inqioser la pé:iilenoe conve-
nable au pécheur; (pn)ique depuis celle coutinue ait
élé changée, et (pie les Grecs aussi bien que les Latins
se S' ient confessés assis, comun; nous l'avons monlré
ci-dessus parle témoignage de Siméou de Tliessaloni-
qiie et celui di; Léon Allalins. Je sais (pie l'on [tour-
rail contester l'aMliquilé du pénitenliel atlrihué à J/an-
le-Jcùneur, parce ipi'il content certaimMuenI p iis;ein\s
rils et us:iges pins récents (pie ce patriarche. .Mais
dans ces sortes de livres d'un usage jonrnalier, il
éiait assez ordinaire (pie ceux qui les décrivaient y
insérassent ce qu'on avait defiuis ajouté aux anciens
usages; et cela n'empêche point qu'ils n'eu contien-
ni'ut de très-.'UH ieiis tels que sont ceux «le la confes-
sion (pie nous avons rapoortés, et ipii dillërent de ceux
dont Siméoii de Thessalonirpie parle dans sou traité
du sacrement de Pénitence. Je suis d'autant plus sur-
pris que le P. Morin n'a point fait alteiilion à cette
diversité (h; rits <hez les Grecs par rapport à la ma-
nière de se conlésser, que c'est chez lui (pie nous trou-
vons les pièces dont nous avons donné l'extrait. Je ne
fais pas celle remarque pour insulter ce savant homme
ù ipii jesuis redevable eu mon partit nlier, mais pour
ne lien laisser échapper à l'exaciiiude de l'histoire.
_, Les plus habiles se Ironipenl quelquefois , cl comme
Le même P. Morin rapporte les paroles d'un ancien
auteur Grec nommé Jean, moine, et qualifié de dis-
ciple de saint Itasile. il traite de l'ordre de la confcs-
si(Hi comme Jean , patriarche d(î Coiistaiilimqile , à
cela i)rès (pi'il est eecorc; plus positifsurla posluredu
pénitent : car, après avoir manpié de quelle manière
le prèlre doit recevoir le pécheur , les cxhoriations
qu'il doit lui faire pour rciicourager à ne rien oiij(.'i!re
dans sa confession, il :ijoule : Qu'il doit avoir soin, si
c'est un liomnie, qu'il se découvre la lôte, et qu'ils ne doi-
vent s'asseoir l'un cl l'autre jusqu'à ce qu'il ait tout con^
fessé en détail, cl avec une scrupuleuse exactitude, et
qu'enfin le pénitent ayant été intcrroqé par le prêtre sur
toutes les espaces de péchés , lui témoigne qu'il ne lui
reste plus rien à dire. Cela fini, siiivaul le môme auteur,
il se prosterne en lei i-e, cl le prèlre ayant fiil sur lui
plusieurs oraisons le fait lever, l'embrasse et lefail as->
seoir près de lui pour examiner, comme nous avons
dil ci-dcSsus, la quantité et la (pialilé des peines (pi'il
doit lui imposer pour satisfaite à la justice divine. Mais
c'en est assez sur cette maiière : voyons présentement
cominriil se fait la confession des péchés parmi les
Orieiit.dix.
La disci|)line des Maroidleseï des autres Orientaux
est assez semblable à celle des Grecs modernes sur ce
p«>int, selon ce que le témoigne Ai,>raham Echellen-
sis au P. Morin à qui il écrit. Quelques-uns se confes-
sent assis, i s autres ci bout, d'autres à genoux. On im-
pose une pénitence secrète pour les péchés secrets ; cl
\ elle consiste ordinairement en cjénuflexions, pèlerinages,
prières, aumônes, etc. ; pour les péchés publics , on en
impose une publique.
Il cite sur ce sujet des constitutions des Maroi.ites
par lesquelles on iccoiinait que le relâchement n'est
pas encore si grand p;iruii eux que les pénitences ne
soient encore fort i ud(>s.
Pour ce qui est des Cophtes, divers ailleurs anciens
et modernes ont avancé (|u'ils ne connaissaient et ne
prati(p!ai(jnl pas la confession des pécliés, ce qu'ils ont
étendu même à tous les Jacobiles. Jacques de Vilry,
dans sim histoire de Jérusalem , dit qu'une de leurs
erreurs esl qu'ils ne confessent itoiiil leurs iiéchésaux
prêtres, mais à Pieu seul el en secrel, metlaut devant
eux de l'encens sur le feu , et s'imaginanl que leurs
péchés monlent devant le Seigneur avec la fumée. Jean
de Mandevilîe qui voyagea presque p:'r tonle la terre,
écrit en 1522 que leur opinion esl (|u'on ne doit pas
se confesser à un homme, mais à Dieu seul. Gabriel
Sioniie el divers autres écrivains disent la même chose,
aussi bien que Thomas à Jésus, qui prétend qre le sa-
crement de Péi-.iience est inconnu à la plupart des
Orientaux.
Les témoignages d'un grand nombre de tl.éologiens
el de canouisles de ces pays allégués par M. Renau-
dol, donneraient lieu de croire que ces anleurs se sont
trompés sur cet arliclc; mais ce savant h<)mme avoue
ijuc celle accusation n'est pas sans fondciiieiit, au moins
403
liLVi
s.cueme:<ts.
m
pour ce qui concerne les Jncobitcs trEgyple, puisqu'on ••t Michel ordonna George. Jean, fils d'Abugalcb,74' pa-
voit deux pairiarclies d'Alexandrie qui onl abrogé la ! triarcbe d'Alexandrie, ordonna Isaac sous le roi La-
confession , cl que parmi les écrits qui nous restent
des anienrs conlenipnrains , il s'en trouve quelques- '■
uns pour ju>lirier cet abus et la superstition ridicule
de l'encensoir. Nous trouvons en cll'ot d;iiis la cliro-
niqucorieniale diuinée au public par Abraham Ecliel- ï
lensis tp e Jean, 72"' putriarciie d'Alex;indric, abrogea
la confession, que Marc, (ils de Zaara son successeur,
confirma cette nouveauté, qui , étant autorisée par le
palriarcbc , commença à avoir force de loi chez les
Jacobites. Abidbircat , auteur qui a soutenu l'innova-
lion de ces (\ou\ prélats, enseigne que la confession
doit se faire lorsque le prêire encciise le peuple en fai-
sant, le lourde Téglise. C'est que, dans leurs liturgies,
les premiers encensen)eiils se font après une oraison
appelée de ^absolution, qui n'est pas fort dilTérentede
celle do. si les Orientaux se servent dans l'absolution
saeranicnlell'.
libela ; et c'est dans cet intervalle de temps, qui com-
prend près de deux siècles, que la confession sur l'en-
ce?isoir peut avoir ('lé introduite.
Macaire fui ordoiuié l'an de Jésus-Christ M 83, et on
marque le règne de Lalibela en Ethiopie vers l'an 1210
ou environ, car on dit qu'il régna quarante ans; cepen-
dant on ne trouve pas à pré.>enl chez ces peuples le moin-
dre vestige de cette supei'slilion.. M vari'Z ni les PP. Jésui-
tes, sur les mémoires desquels le P. Baltazar Telleza
composé son histoire, n'en font aucune mention. M. Lu-
dolf lui-même, qui avait particulièrement éludiécettc
matière , garde là- dessus un proff>nd silence , ce qu'il
n'aurait pas fait certainement s'il eut découvert chez
eux queli'ues restes de cette pratique superstitieuse ,
lui qui semble ne s'être proposé d'autre but dans son
liisloire des Abissins ([ue de les représenter comme
de parfaits Lut'tériens. On ne voit même rien dans
Comme im abus en altii'e un autre, quelques-uns | leurs livres qui donne la moindre lumière sur ce sujet.
crurent que chacun pouvait faire en particulier cette
cérémonie, en menant de l'encens et, d'autres i)arfums
■ sur le feu , et confessant ses péchés sur la fumée. Cet
abus devint très-cominmi , surtout chez les Cophtcs.
Néanmoins il se trouva plusieurs doctes personnages
qui s'y o, poseront f.irtemcnt dans le temps qu'il s'in-
trodui-.it en Egypte , ils prêchèrent avez zèle contre
une si dangereuse innf>vation. M. Renaudot parle sur-
toutd'un religieux prêtre, nonuué Marc, fils d'Eltenbar,
Il faut donc croire que l'usage de l'encensoir a cédé de
puis chez eux à une nouveauté encore plus criminelle ,
siqiposant qu'il eût été pratiqué en Eihiopie. C'est que
pour les grands péchés , principalement pour l'apos-
tasie parla profession du Mahomélisme, les Ethiopiens
onl institué un nouveau baptême le jour de l'Epipha-
nie, par lequel ils croient que les plus grands crimes
I sont remis sans pénitence ; et Alvarez, témoin oculaire
qui le décrit, ajoute que le métropolitain lui avait dit
qui poussa plus loin son zèle pour l'ancienne disci- : que cette coutume avait été introduite par le roi, aïeul
pline. Plusieurs se rendirent ses disciples, allèrent se
confesser à lui, et abandonnèrent la superstilion ridi-
cule de l'encensoir. Le patriarche Marc l'excommu-
nia, mais il continua à prêcher et à écrire contre cet
abus et plusieurs autres, et laissa tant de disciples ,
que ceux (pii parlent avec pins de fureur contre lui,
avouent que lorsqu'il mourut il y avait plus de six
mille religieux qui conservaient sa doctrine.
Michel, patriarche Jacobite d'Antioche, quoique uni
de comnmnion avec ceuxd'Egypte, écrivit aussi contre
cet abus comme plusieurs antres. De là vient cettedi-
versilé de pratiques parmi ceux de celte secte depuis
le douzième siècle, les uns ayant conservé l'ancienne ;
discipline, comme il paraît par des livres de ces der- j;
niers temps qui contiennent l'office de la réconcilia
lion des pénitents ; d'atilres ayant suivi l'abus iniro- '
' doit par les deux patriarches dont nous avons parlé, 1|
ce qui adonné lieu à plusieurs voyageurs, et entre ■
autres à Yansleb , d'assurer que présentement les
Cophtcs ne se confessent point.
Les Ethiopiens, suivant Abuselah, avaient la même
' superstilion de l'encensoir , et il ne faut pas s'en
; étonner, d'autant plus que leurs mélropolitains.ayanf
été ordonnés en Egypte dans le temps que la confes-
sion y avait été abrogée, pouvaient l'y avoir portée.
Car Macaire qu'on suppose être le premier patpiarche
de celui qui régnait alors. Cette fausse persuasion
pouvait d(mc avoir fait oublier la ridicule péniience
de l'encensoir , qui avait été pratiquée du temps
d'Abuselah ; car on ne peut que témérairement, dit
M. Uenaudot, rejeter son témoignage.
Les Portugais trouvèrent la même superstilion de
l'encensoir parmi les Nestoriens de Malabar, selon le
témoignage de l'auteur delà vie d'Alexis de Mcnesés;
sur quoi, dit le même M. Renaudol, tout ce (pie nous
pouvons dire, est que s'ils pratiquaient celle supersti-
lion, elle ne leur était pas venue de leur église, où elle
n'a jamais été connue, puisqu'il ne s'en trouve aucune
irace dans les livres des Nestoriens, mais des formules
d'absolution pour les pénitents.
M. Asscmani dans sa Bibliothèque orientale (I) ,
confirme ce que dit ici ce savant abbé. Il assure que
bien loin d'autoriser cet abus , ils se confessent avec
beaucoup d'exactilude de tous leurs péchés. Voici un
extrait de l'ordre de la confession comme elle se fait
parmi eux, que cet auteur a tiré d'un manuscrit de la
bibliothèque du Vatican. Celui qui veut se confesser
va à l'église : le prêtre se tient à la porte ; le pénitent
la tête couverte , met iin genou en terre , les mains
il croisées sur la poitrine, et les yeux baisses, accuse
ses fautes avec toute la sincérité qu'il doit , déclarant
ingénument et sans détour jusqu'aux plus secrètes \
Jacobile d'Alexandrie qui peut avoir donné lieu au | pensées, et tout le bien et le mal qu'il a fait. Leprêlro
changement de discipline, parce qu'il abrogea plu- |
sieurs rits, ordonna Sévère métropolitain d'Ethiopie : j. (\) T. 2, p. 1"1 et seq.
ion PÉNITENCE. — SECT. II. CHAP. VI. TKMl'S,
ne doit point jeter les yeux sur lui. Après (|ue le \m'--
nllenl a ùil sa confession, le confesseur lui dit: i Gar-
« dez-vous bien de commettre ces fautes à l'avenir. Je
t vous les remets ici , et Dieu vous les remet dans le
c ciel : et parce que vous m'avez découvert ceci, il ne
« sera point découvert au jugrmcui dernier , et vous j
€ n'y serez point condanuié pour cela. >
Le pénitent met ensuite les deux genoux en terre,
ot ayant les mains toujours croisées sur la poitrine, le
confesseur récite le Gloria, des répons r-t des liymnes
qui sont suivis de prières propres pour chaque péché.
Ensuite il étend la main droite sur la tète, récite la
prière qui a rapport à chacune de ses fautes, et lui
impose la pénitence canonique. On réelle le Psaume
Miserere, et entre chaque verset il y a un répons; ce
psaume est suivi d'un autre, d'une antienne, d'une
collecte, etc., d'une leçon de l'Épître de S. Paul aux
Éphésiens, d'une autre tirée de l'Évangile selon S.
Matthieu. Le prèlre impose de nouveau les mains sur
le pénilonl, il lui souffle trois fois au visage en di-
sant : que ce péché soit chassé de ton corps et de ton
âme au nom dn Père, etc. Après cola on chante d'nne
voix lugubre l'hymne de S. Jacques, qui ronmience
par ces mois : i Venez, misérable, répandez des lar-
I mes de pénitence, etc. » L'hymne étant linie, on chante,
Snnctus Deus, et Pater noster. C'est ainsi que se ter-
mine la cérémonie.
CBLVPITRE VI.
Du temps, du lieu et des circonstances particulières dans
lesquelles se faisait la confession des péchés chez les
anciens, et encore à présent chez les chrétiens orien-
taux. Confession à la mort, comment elle se faisait,
Quoi(|u'il fut permis autrefois à tous ceux qui se
sentaient coupables de quelques péchés de venir trou-
ver les prêtres, et de les leur confesser en tout temps ;
quoiijue les jours de dimanches fussent furlont em-
ployés par les ministres de l'Église à enlondre les
confessions des pénitents, comme avait coutume de
faire S. Ililaire d'Arles, suivant le rapport de S. Ho-
norât de Marseille dans la vie qu'il a écrite de ce
saint (cap. 13), tous néanmoins étaient obligés par le
précepte de l'Église de faire leur confession au com-
mencement du carême, soit qu'il tombât le premier
flimanche de la quarantaine, soit qu'il commençât la
qiiaiiième férié, ou le mercredi avant le dimanche.
Ccst ce q\ie l'on peut prouver, non-seulement par
presque tous les anciens livres pontificaux et rituels
écrits depuis plus de huit ou 900 ans, mais encore
par les canons des conciles et les statuts des évèques.
Le concile d'Agde(l) s'exprime en ces termes :
Que tous les pénitents qui doivent recevoir, ou qui ont
reçu la pénitence publique, se trouvent au commence-
ment du carême à la porte de l'église, et qu'ils se repré-
sentent à révêqne de la ville. Le concile de Reims de
l'année G39 semble insinuer la même chose, lorsqu'il
(1) Apud Reginonem, lib. 1, c. 291 ; et Burchard,
L 19, c. 26. ' i .
LIEU, ETC., DE L'ANCIENNE CONFESSION. 406
dé'fend (cap. 8) à qui que ce soit, hormis aux pasteurs,
d'cnlendre pendant le carême les confessions des pé-
nitents ; Rathier, évèque de Vérone, parle plus clai-
rement dans une lettre synodique à ses curés, lors-
qu'il leur dit : Invitez le peuple à venir à confesse le
mercredi avant carême.
Le concile de Meaux de l'an 81d ordonne (cap. 76)
qu'aucun comte ni autre juge ne tienne ses plaids
après la quatrième férié qui est appelée, caput jcjunn,
le commencement du jeûne, en laquelle tous les pé-
nitents reçoivent l'imposition des mains, pour vaquer
uniquement aux exercices de la pénitence et aux di-
vins oflices. Et S. Adelard, abbé de Corbie, dans le
premier livre de ses statuts (1), dispense du travail des
mains le premier jour des jeûnes de carême, afin que
chacun ait le temps de renouveler sa confession. En-
fin dans un ancien ordre de confession qui se trouve
dans un manuscrit de l'église de Tours qui est de la
fin du neuvième siècle , le pénitent s'accuse , entre
autres choses, de ne s'être point confessé en carême,
suivant l'ordre commun. Le concile de Trente (2) a
recommandé et confirmé cette ob.servance, lorsqu'il
dit : A présent on observe avec un très-graiid fruit pour
le salut des âmes la louable coutume de se confesser dans
le temps favorable et sacré de la sainte quarantaine, ce
que ce saint concile approuve comme une chose pieuse et
qiCon ne doit point omettre. Ces paroles, selon le car-
dinal Bellarmin, dans les notes qu'on a trouvées de
lui dans sa bibliothèque, doivent s entendre de la con^
fession que l'on doit faire non à la fin du carême, comme
l'abus s'en est introduit, mais au commencement de ce
saint temps, comme il était autrefois très-bien établi.
Théodulphe, évèque d'Orléans, dans son capitulaire
adressé aux prêtres de son diocèse (cap. 36), prévient
d'une semaine le temps établi dans toute l'église
d'Occident pour la confession péniientielle. // faut,
dit-il, se confess3r aux prêtres, et recevoir la Pénitence
une semaine avant le commencement du carême, et rece-
voir d'eux la Pénitence : » Confessiones sacerdotibus
1 dandœ sunt, et Pœnileniia accipienda. » Il paraît
clairement par tout ce que nous avons rapporté jus-
qu'ici, qu'Irmocent III n'a rien ordonné de nouveau
dans le concile général de Latran, quand il a prescrit
à tous les fidèles de l'un et de l'autre sexe de se con-
fesser au moins une fois Pan, puisque cela était en
usage et passé en loi tant de siècles avant lu" dans
lÉglise.
On trouve même plusieurs évèques qui ont obligé
leur peuple à se confesser trois fois pendant l'année.
Nous avons sur cela un décret de Crodegrand, évèque
de Metz (3), qui était illustre par sa piété dans le hui-
tième et neuvième siècle, où il est ordonné au peuple
de faire sa confession aux prêtres trois fois l'an, c'est-
à-dire, dans les trois carêmes; à quoi il ajoute que
ceux-là feront encore mieux qui le feront plus sou-
vent. Il veut aussi que tous les moines se confessent
3) Rogul. Crodeg. c. 32.
1) Cap. 2Spicileg., t. 4.
2) Sess. 14, c. 0.
407
IHSTOIRK DES SACREMENTS.
403
tous les samedis à lY'vêque ou à leur prieur. Cluelques
églises se confornièrent à ce décret; car dans un
manuscrit de Noyon ancien de plus de 800 ans, et
qui est intitulé, Ordre pour doiuier la Pénitence, Ordo [
ad dandain Pœtiitenliam, on lit ces paroles : Tel est Cor- \
dre de In Pénileiice et de la confession que nous devons
faire devant le Seigneur et ses prêtres, que le peuple \
fasse sa confession trois fois Cun, c'est-à-dire, aux trois
carêmes, que les moines la fassent tous les samedis, cl les
clercs-chanoines, clkrici canomci, tous les troisièmes
samedis, hlU'vêqueou à leur prieur. Le concile de Tou-
louse de l'an 1228 prescrit aussi (can. 5) que l'on se
confesse trois fois l'an, de même que S. Edmond, ar-
chevêque de Cantorbéri, dans ses constitutions, et le
synode de Worcestre de l'an 1240, c. 16. S. Otton,
évêque de Bamberg, exhortait les peuples qu'il avait
convertis à la foi dans la Poméranio, à se confesser et ï
communier quatre fois l'an, comme il est remarqué
par l'auteur de sa vie, que l'on trouve dans Surius.
Le concile de Sens, sous l'archevêque Tr.itand, mar-
que cinq fêtes pendant l'année auxquelles il exhorte
à se confesser, sans parler du temps pascal particu-
lièrement destiné à cette action.
On voit par tout ce que nous avons dit , que la dis-
cipline n'était point uniforme sur ce sujet; mais il ré-
sulte de toutes ces ordonnances que l'esprit de l'E-
glise était anciennement, comme il l'est encore au-
jourd'hui , que l'on ne peut trop recourir au sacrement
de Péailence, pourvu qu'on le fasse avec un esprit de
foi, de piéiéetde componction. Dans l'église de Langres
c'était la coutume au temps des rogations, que le peuple
vînt confesser ses péchés à l'évêque ou à son vicaire,
mais en l'an 1008, Brunonqui gouvernait cette église,
permit qu'on s'adressât pour ce sujet aux moines de
Bèze , et doima pour cela une charte qui se lit dans la
chronologie de ce monastère , qui est imprimée dans
le premier tome du Spicilège de Dom Lue d'Acheri.
Nous ne devons pas omettre ici ce que rapporte :
Egberl archevêque d'York, dans un dialogue touchant
une louable coutume des Anglais; Depuis le temps du
pape V italien et de Théodore, archevêque de Cantorbéri,
la coutume, dit-il, s'était établie et était passée en loi,
ET QUASI LEGITIMA TENEBATiiR, que non-seulcmcnt les
clercs dans les monastères, mais aussi les laïques avec leurs
femmes et toutes leurs familles, allassent trouver leurs
confesseurs , s'occupassent à pleurer leurs péchés , et se
sépai-assent de tout désir charnel pendant les douze jours
qui précèdent la fête de la nativité deNotre-Seigneur, afin
que, s\Hant purifiés par les aumônes ils reçussent avec
les dispositions convenables la sainte communion à cette
grande fêle.
Tout cela fait voir quelle était la pratique de l'E-
glise en général et des différentes églises particulières
au sujet de la confession sacramentelle dans les an-
ciens temps. Mais outre cela, on peut dire que chacun
s'y portait suivant sa dévotion particulière, surtout {
dans les occasions importantes, comme dans lesgrands
dangers, avant que d'entreprendre des voyages de
long cours, avant que d'entrer dans l'état monastique,
avant de s'engager dans l'état militaire, etc.; rappor-
tons des exemples de chacune de ces pratiques.
Saint JeanClimaque (1) recommande la confession |
des péchés à ceux qui sont sur le point d'embrasser
la vie monastique. Avant touleschoses, dit-il, en adres-
sant la parole aux novices, confessons-nous à 7iotre
bon juge, ou à lui seul, ou à tous s'il l'ordonne. C'asl
ainsi que Pallade , en parlant du monastère de Nitrie,
désigne le prêtre qui entendait les confessions des
moines, par le nom de juge. Les Grecs aussi bien que
les Latins le nonnnent ordinairement père spiri-
tuel. On trouve la même pratique établie dans l'ordre
de Cluni et dans celui des Chartreux (2). S. Udalric
rend témoignage de cet usage pour l'ordre de CJuni,
en disant que les novices font connaître en confession
au père abbé tout ce qu'ils ont fait de contraire à leur
salut dans la vie séculière, et les anciens statuts des
Chartreux portent : Nous conseillons et nous avertis-
sons tant les clercs que les laïques, qu'ils se confessent de
tous leurspéchés, an moi)is quand ils entrent dans l'ordre,
et quand le prieur change.
Les anciens recommandaient aussi la confession à
ceux qui étaient sur le point d'entreprendre de longs
voyages ou des pèlerinages en des lieux éloignés. As-
surez votre voyage par la confession , écrit Alcuin à
Dametas. S. Anselme écrit aussi à son frère nommé
Burgundius, qui voulait aller à Jérusalem, qu'il lui
conseille et le prie , s'il fait ce voyage, de ne point
porter avec lui ses pécliés, et de ne point les laisser
au logis , mais de s'en défaire entièrement par une con-
fession exacte et générale de tous ceux qu'il a commis
depuis son enfance jusqu'à présent. Artiiton, évêque de
Bàle, voulait que cette confession se fit , non indiffé-
remment à tout prêtre , mais à son propre pasteur.
Voici comment il s'exprime là-dessus dans l'article
dix-huitième de son Capitulaire (3) : Que l'on dénonce
à tous les fidèles qui par dévotion souhaitent de visiter
le tombeau des apôtres , qu'ils aient à confesser leurs
péchés avant leur départ , parce qu'ils doivent être liés
ou absous par leur évêque ou leur prêtre , et non par un
étranger. « Quia à proprie episcopo suo aut sacerdote
« ligaudi aut exsolvendi sunt , non ab extraneo. »
C'était aussi une coutume reçue assez communé-
ment chez les anciens de se confesser avant de s'en-
gager dans l'élal militaire. Ingiilphe, abbé de Croiland,
nous en assure en ces termes : C'était l'usage en An-
gleterre que celui qui devait se consacrer à une milice
légitime , vînt trouver la veille sur le soir , l'évêque , un
abbé , îin moine ou quelque prêtre ; qu'il lui fit une
confession de tous ses péchés avec des sentiments de
componction, et qu'ayant été absous, il passât la nuit
dans l'église à prier et à s'affliger dévotement devant
Dieu Le lendemain avant d'entendre la messe, il posait
son épée sur t autel, et le prêtre après l'évangile, la lui
mettait au col en le bénissant. Il communiait ensuite à la
messe, et il devenait ainsi soldat. Miles legitimus ma-
(1) Sralv gradii 4.
(2) Apud Ùdaliic, 1. 23, c. 26.
(3) Spicil. tom 0. : ■ ' '■
409 PENITENCE. — SECT. II. CIIAI». VI. lEMi'b. i^TEU, etc., DE L'ANCIENNE CONFESSl 4^0
NERET. Iiigulpiic remarque que cet usage déplaisait w les Acies des Saints du troisième siècle de l'ordre
aux Normands qui conquirent l'Angleterre : cependant
les enfants mêmes des rois se faisaient ainsi recevoir
dans la milice, comme le montre assez Ord(>rie Vital,
qui parlant de la mort de llicliard fils de Guillaume roi
d'Angleterre, dit de lui (1), qu'il mourut avant d'avoir
reçu la ceinture militaire. La mC'mc chose se prati-
quait en France. Nous apprenons par la chronique
de Saint-Denis que Philippe-le-Bel fut fait .«soldat le jour
de l'Assomption de la Vierge, et que lui-même reçut
dans la milice ses trois fils Louis, Philippe et Char-
les, le jour de la Pentecôte, novos milites ordinâsse,
termes qui maniucnt assez une cérémonie à peu près
somhiahie à celle qui s'ohservait en Angleterre dans
cette occasion. Ces princes suivant la chronique de
Rouen (2), ceignirent de l'épce plus de quatre cents
hommes, et Philippe VI, la donna à Jean son fils aîné,
et ordonna plus de quatre cents soldats aux octaves
après la fête de S. Michel, Tan 1332.
Si nos Pères étaient si religieux quand il s'agissait
de prendre le parti des armes, ils ne l'étaient pas
moins dans les dangers éminenls de perdre la vie pour
le service de la patrie. L'auteur qui a écrit des mi- j
racles de S. Berlin, raconte un fait arrivé de son i
temps ; savoir que la ville de S. Omer étant assiégée j
par les Normands, les habitants pour obtenir le se-
cours de Dieu se purifièrent par la confession et la
communion. Le roi Arnoul, selon les aimales de
Fulde sur l'an 895, assiégeant Rome fit célébrer une
messe, et demanda à son armée ce qu'il était à pro-
pos de faire. Ils lui promirent tous fidélité, et se con-
fessèrent publiquement aux pTèires.Coufessionemcormn
sacerdotibus publiée agenles. Guillaume de Malmes
de S. Benoît, par les statuts de plusieurs ordres reli-
gieux. Cette dévotion s'étendait même jusqu'aux
laïques , dont plusieurs ne se lassaient point de
purifier tous les jours leur conscience par l'aveu de
leurs fautes. Jonas, évèque d'Orléans, le témoigne
d'un bon nombre de gens, et Bèdc le conseille : mais
comme remarque le P. Mabillon, l'un et l'autre, en
parlant de ces confessions fréquentes de fautes jour-
nalières, ne font point mention de la confession sa-
cramentelle, mais de celle que les chrétiens se fai-
saient les uns aux autres par un esprit d'humilité,
propre à leur attirer les regards favorables de celui
qui se plaît à combler de ses grâces ceux qui s'a-
baissent devant les hommes. C'est dans ce sens qu'il
entend aussi ce qui est porté par les statuts des Char-
treux (I).
Tout ce que dit le P. Mabillon sur [cette matière
paraît bien prouvé, mais lui-même ne disconvient
pas que quelques-uns ne se confessassent fréquem-
ment aux prêtres des fautes vénielles et journalières,
et qu'ils n'en reçussent l'a-bsoluiion sacramentelle. Il
en donne des preuves, et rapporte sur cela l'exemple
de sainte Ségolène, dont il est dit dans ses Actes (2),
qu'elle confessait avec larmes les péchés les plus
légers sans lesquels on ne peut vivre ici-bas, et que
celui à qui elle faisait sa confession était prêtre et
moine. Parvn minimaque peccata, sine quibits esse non
possumus, ciun gravia deesseut, cum lacrymis confessa
est. C'était sans doute des péchés de cette espèce dont
s'accusait le pieux empereur Louis, surnommé le
Débonnaire, lequel , comme il est marqué dans sa
vie (5), offrait tous les jours à Dieu entre les mains de
bury (.5) loue la piété des soldats Normands, qui avant [ j Drogon, évêque de Metz son frère, le sacrifice de sa
de combattre les Anglais, passèrent toute la nuit à j | confession et d'un esprit contrit et humilié que Dieu
confesser leurs péchés. Le duc Conrad, étant sur le \] "*^ "'ép"se jamais. Aliigaire, dans la vie de S. Pha-
point de livrer bataille aux Hongrois l'an 955, enten- i ''^"' ^^^^ ^"**' '"enlion d'un moine nommé Roigaire,
dit la messe et reçut la communion de la main d'O- Il ^"' '^^^'^^'^ ^^ '"*^'"® ^''^^c (4). S. Philippe, archevêque
delric son confesseur, après quoi il marcha contre
l'ennemi , comme le témoigne la chronii|uc de M;ig-
debourg. C'est sans doute pour cela qu'un concile I
de Bourges, se confessait de même tous les jours
après complies. Et le bienheureux Pierre de Luxem-
bourg (5) se confessait quelquefois trois fois la se-
d'Allemagne, dont les décrets furent confirmés à Lip-
tine, ordonna {A) que te prince aurait dans son camp
un ou deux éi'êques avec leurs chapelains ou leurs prêtres,
et que chaque commandant des troupes aurait un prêtre
qui pût juger des péchés de ceux qui se confcsserMent à
lui, et leur enjoindre la pénitence quils auraient méritée.
Ce que Charlemagnc confirma depuis en insérant
dans ses Capitulaires Ecclésiastiques de l'an 800, le
décret de ce concile.
On voyait même autrefois des personnes pieuses
qui se confessaient tous les jours, d'autres toutes les
semaines. Cela était ordinaire chez les moines,
comme le prouve le P. Mabillon dans sa préface sur
(i) IMst. 1. 5.
0 Apud^Lab.. t. 1 Biblioth. novte.
(5) Lib. 5 de Gcslis Aiiîîlorum. c. 13
(4) Cap. 2. . , o
maine, et souvent tous les jours. Il portait sur cela sa
dévotion si loin, qu'il se relevait de temps en temps
;i la nuit pour se confesser.
On pourrait produire plusieurs autres exemples de
celte pratique, mais en général on peut dire qu'ils sont
rares, et je ne prétends point en conclure qu'ils aient
jamais passé en coutume dans l'Eglise, non plus qno
I l'usage de se confesser toutes les fuis que l'on devait
comumnier , quoi qu'en dise le P. Martène (G). Les
témoignages (piil aiipoile pnur prouver celte maxime
î ne prouvent rien moins : car ils se réduisent Ions à
certaines formules de confession , par lesquelles le
pénitent s'accuse de s'être approché de la sainte table
(1) Slatuta Guigonis, part. 2, c. 11.
(-2) CIi;ip. 2.->.
(5) Apiid Che>n. toni. 2, Hist. Franc.
(4) M;iriini', ihes. Anecdot. l. 5, p. 1931.
(■)) Apuil Bolhiiul. ad dicni 2 jiilii.
(Oi De aniiq. Eccies. Kit., t. 2, 1. i, arX.l. ;
111 HISTOIRE mi
avec un cœur souillé et sans confession : ce qui prouve
biei) que ceu-: qui ne se sentaient pas la conscience
nette devaient se confesser avant que de participer au
corps de Jésus-Christ, mais n'établit nullement la
coutume de se confesser toutes les fois qu'on devait
le recevoir. Si cet usage eût eu lieu aulrel'ois, les
prêtres n'auraient pu suffiic pour entendre les con-
fessions, surtout dans les premiers siècles, où tous les
fidèles, excepté les pénitents, recevaient la sainte com-
munion toutes les fois qu'ils assistaient au saint sa-
crifice.
Avant de finir cette matière, il est bon de remar-
quer qu'il y avait anciennement certains ordres abré-
gés de confession pour ceux qui se confessaient fré-
quemment, comme les moines et autres personnes
dévotes. Le P. Morin, aussi bien que le P. Marlène,
nous en représentent quelipies-uns où le nombre des
psaumes, des cérémonies et des prières est moindre
que dans les ordinaires dont nous avons parlé ci-
dessus, et qui éioieni en usage pour le reste des fidè-
les. En voici un de celle espèce que le P. Marlène a
tiré d'un manuscrit qui a plus de 800 ans, et qui se
trouvait dans la bibliotlièque de M. Colbert. Nous le
rapporterons ici à cause de sa brièveté :
Ordre ou manière de donner la pénitence.
« Vous dites le psaume G tout entier, et outre cela
vous dites Oremus, et vous commeiîcez le psaume
Bcnedic, animr; inea , Doininum, et omnia qnœ, etc.,
jusqu'à renovabilur ut aqmlœjuvenlustiia. Vous dites
le psaume 50.
Suit la Collecte.
Nous prions, mes très-chers frères, le Dieu lout-piùs-
sant et miséricordieux, qui ne veut pas la mort du pé-
cheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive, quil accorde
avec bonté à son serviteur qui est rentré dans la voie
droite, le pardon de ses fautes, et s'il lui reste encore des
plaies causées par les péchés quil a commis depuis son .
baptême, quil daiqne dans cette confession publique le
quérir tellement de ses fautes, qu'il n'en reste pas chez
lui le moindre vesticje.
Les Grecs el les Orientaux ont aussi des lois qui
les obligent à se confesser de temps en temps. Leurs
Eucliologes prescrivent que le prêtre avant de célé-
brer la liturgie se confessera ; sur quoi il n'est pas
dillicile de comprendre, dit M. Reiiaudol (i), que cette
confession ne regarde que les fautes vénielles : car un
lirètre qui en aurait commis d'autres serait obligé de
se séparer du ministère des autels. Les laïques sont
obligés de même de se confesser au moins à Pâques
et à Noël de leurs péchés véniels , et l'absobition est
aussitôt accordée.
Voilà pour les Grecs. A l'égard des Orientaux, on
voit ce qui se pratique eliez eux dans la collection des
canons, que Ton croit pbis ai-ciens que le recueil de
Uarsalibi, métropolitain d'Amide. Le oO° porte : Il
n'est permis à personne de recevoir te corps de Jésus-
(i) Perpét. de la foi, t. 5, 1. 5, c. 9.
S.\CRE.MENTS. 412
Christ le jeudi-saint, à la Pentecôte, ou à la fête de la
Nativité , sans avoir confessé ses péchés. Cette rtglc est
étendue , môme aux ecclésiastiques , par le premier
canon. Barsalibi, (bns sa collection, dit dans le canon
08, que colui qui manquera à ce devoir sera exclu
de la participation des sacrements, à moins qu'il ne
se trouve en voyage, ou empêché par quelque cause
légitime, auquel cas il suffira qu'il se confesse une
fuis. On voit donc, dit .M. Renaudo^, que cette disci-
pline était établie il y a plus de 700 ans, et elle s'est
conservée jusqu'à ces temps, conune parmi nous.
C'est assez traiter du temps et des circonstances
particulières auxquelles se faisait la confession. Par-
lons à présent du lieu où on avait coutume de la faire,
el des bienséances que les miuislres de l'Eglise gar-
daient à cet égard. Le lieu destiné pour entendre les
confessions devait être à portée d'être vu de tout le
monde, surtout ([uaud il s'agissait de celle des fem-
mes, afin d'éloigner tout fâcheux soupçon des mi-
nisires de ce sacrement. S. Edmond de Cantorbéri,
danssesconslitulions (cap. 17), ordonne qu'on enleiide
les confessions des femmes hors du voile et dans un en-
droit public, à la portée de la vue et non de l'ouïe.
Le concile de Beziers(can. 46), en l'an 1240, défend
de même de les entendre dans un lieu caché, ou hors
la portée de la vue. Guigue , ce grand général des
Chartreux, remarque dans la vie de S. Hugues (I),
évéque de Grenoble, qu'il recevait les confessions des
femmes avec autant de |. récaution que de bonté, non
dans des coins ou dans des endroits sccrels et obscurs,
mais dans ceux où il pouvait être vu de toutle monde.
Il leur prêtait, dit-il, familièrement l'oreille, mais il
détournait sa vue d'elles et la portait au côté opposé,
disant qu'il ne fiillait se servir que de l'ouic en ces
occabi ons, pour éviter les pièges du diable.
Un concile de Cologne de l'an 1280 va plus loin.
Il défend, sous peine d'cxconununication, d'entendre
les confessions des femmes dans des endroits obscurs
et ténébreux, et vent que les prêtres, quand ils va-
(|nent à cet exercice, soient assis, revêtus de leurs
surplis ou de leurs cbappes, ayant l'étole par-dessus,
induti super pellictisvel cappà, slolà superposilà. Il porte
la précaution jusfpi'à défendre aux prêtres, môme
sous peine d'excommunication, d'entendre la confes-
sioii d'une femme qui serait seule dans l'église, et ne
veut point (ju'ils vaquent à cette fonction avant le
lever du soleil el après son coucher, sinon dans une
grande nécessité, dans un lieu éclairé et en présence
de témoins.
Tout ce qui vient d'être dit montre clairement qv.c
la confession se faisait dans 1 église et dans un en-
droit ouvert, où tout le monde pouvait être lémoiu
de ce qui se faisait ; cepeiidanl un concile de Paris (2)
de l'an 821), permet, en cas d'infirmité qui emiièche
qu'on ne vienne à réglise, qu'on le puisse faire dans
•les maisons particulières, mais toujours en piésene.e
(1) Apnd Rolland., 13 aprilis.
(2) Part. 1, c. '.G. -j
413 PÉMTENCIL. — SFXT. II. CIlAr. VI. TEMPS, LiKU, r.TC, DE L'ANCIENNE CONFESSION. 411
de témoins qui ne soieiU pas éloignes, non uisi Icsll- | ] rinuque morninlnr. Dans l'aclc d'excommunicalion
portée contre les sujets du comte de Flandres, qui
bus luind procul adslanlibus fuit. C'est dans cet esprit
sans (ioute (\ut' S. Basile, dans ses petilcs règles, s'é-
tanl fait cotte demande : Convient-il, quand une sœur
se co)ij\ssc au prêtre, que l'ancienne -y.'S'jTifv.-<, (je
crois qn'il entend la sni)érienre) soil là présente? ré-
pond : Il sera plus décent cl plus rcli(jieux que la su-
périeure se trouve au lieu oii le prêtre entend la confes-
' sion des sœurs.
^ Examinons présonlemeiU en qiu^l endroit de l'Eglise
se faisait la confession. Le concile de Taris, que nous
venons de citer , l'indicpie lorsqu'il prescrit ce qui
suit : Si les prêtres veulent confesser les reliçiieuses ,
s.vNCTi.MOMAi.F.s,77s ne pourront le (aireque dans l'église,
en présence du suint autel, et de témoins assez proches du
lieu. De là vient que la fornnde de confession d'Egberl
dYork commence par ces paroles: Je confesse de-
vant le Dieu tout-pui&sant , devant le saint autel. Aussi
voyons nous que Pierre Daniien (1) raconte de lui-
même , qu'il entendit la confession de l'impcralrice
Agnès sous la confession secrète de S. Pierre devant
le saint autel , ante sacrum altare. M est de même rap-
porté dans la vie de Herltiold (2), ab!)é lie Gars, de l'or-
dre de Cileaux, qn'ilavait coutume d'entendre les con-
fessions devant l'autel de S. Pierre. Le P. .^lartènecile
vn concile , dont le décret sur cette matière mérite
attention. C'e-l celui de Ueding petite \il!e d'Angle- i
terre sur la Tamise. N(,us avons jugé à propos, esl-il j
dit dans ce décret , d'ordon)ter que les confessions ne se '•
avaient tné Fonlijues archevêque de Reims (l),iî
est défendu à aucun prêtre de recevoii la coidéssion
d<: ces homicides , même lorsqu'ils seraient malades.
Ceci fait voir avec quel soin les malades se confessaient
lorsqu'ils se scnlaienl en danger ; et si dans les siècles
aniériem-s à ceux dont nous avons rapporté les ré-de-
menls sur celle matière, nous ne voyons pas d'exem-
ples de confessions à la mort; c'est que ou ceux qui
ont écrit en ce tenqis oui omis celte circonstance de
la n)orlde ceux dont ils ont p.iric, on bien, c'est que
dans les premiers siècies, les chrétiens vivant plus
saintement avaient moins besoin de ce remède pour
purifier leurs âmes, et que la confession sacramen-
telle des fautes vénielles était assez rare alors.
Avant de finir cet article , le lecteur ne sera pas
fâché de voir de quelle manière se faisait la eonfjssion
dans celle exlrémité. Nous la trouvons décrite dans
le péidientiel d'Egberl d'York sous ce litre : Ordo ad
infirmo Pœnilcnliam dandum : c'est-à-dire, l'ordre de
donner la Pénitence au malade. Voici ce qui est dit
là-dessus : Quand le prêtre entre chez le malade , il
récilepremièremenlles prières marquées pour les in-
firmes. Ensuite il s'adresse au malade et lui demande
pourquoi il l'appelle. Le malade. Pour me donner la
pénitence. Le prêtre. Que le Seigneur Jé^us-Christ
vous accorde le pardon, mais s'il vous renvoie la san-
té, aurez-vous soin de laccomplir? Le malade. Je i'ac-
fisseut que dans un lien publie , exposé à la vue îli complirai. Alors le prêtre fait une croix de Cendre sur
de tous tes paf^sauls et devant rautel , sous peine de nul- il sa poitrine, il met un cilicc sur lui , el dil l'oraison ,
lité de l'absolution. Cependaul les religieux -.wnieMl '^i Deus, qui neminem vis perire, Ole.
coutume de se confesser au cliapiire, comme on le
voit par S. l"da!ric,qni le dil des moines deClunif !.
2, c. 12) par les consiilutions de l'abbaye d'IIirsauge
( I. 1, c. 45) el par quelques autres monuments.
Les Grecs se confessaient aussi autrefois devant
l'aulcl , comme il parait par le péinlentiel deJean-!e-
Jcûncur. Il commence ainsi : Le prélre prend celui qui
veut se confesser el le fait tenir debout devant l'autel :
Quoi(pie nos pères eussent si à cœur que la confes-
sion se fit dans léglise , et dans un lieu où l'on pût
être vu de loul le monde; cependant, comme nous
avons déjà remarqué, ils permettaient que les malades
la fissent dans leurs maisons, el voulaient en cas
qu'ils se sentissent en danger, qu'ils eussent soin d'ap-
peler les prêtres pour leur faire la confession et rece-
voir la Pénitence. C'est dans cet e'^prit qu'un concile
d'Angleterre (3) tenu en l'année 787 déclare que si
'quolipi'un, ce (pi'à Dieu ne plaise , meurt sans Péni- l
jtence ou confession, on ne prie point pour lui. C'est
jdans la même vue que le sixième concile de Parisdé-
Suivenl plusieurs bénédictions avec un averlisse-
mciil au prêtre de donner l'absolution au malade, aus-
silôl (ju'il aura reçu la Pénilence, sans doute à cause
du danger de mort. Celle façon de donner la pénilence
aux nn)urants, qui suppose la confession de leurs pé-
chés, comme le monlrenl les monnmei.ls de ce temps-
là, est assez semblable à celle avec laquelle on donnait
la pénitence publique dans les maisons particulières :
ce qui se faisait quelquefois pour certaines laisous :
el la pénitence reçue de celle sorte s'accomplissait en-
suite à la vue du public.
Ajoutons à ce qui vient d'être dit , ce que le P.
Morin rapporte en substance d'un irès-ancien ma-
nuscrit de Sicile , louchant la pénitence et la confes-
sion des mourants. Il y a (jnelque différence d'avec ce
que nous avons rapporté du Pénilenliel d'Egbei l : il
ne faut pas en être surpris, ces sortes de rits varient
suivant les temps et les pays. Dans celui-ci il est dit
1 ' rpie le prêtre prie en lui-même. 2" Que l'on iVvile
sur le malade prosterné des litanies , des prières, etc.
5" Que le prélre l'excile à entrer dans des senlimenls
.fend qu'on envoie les prêtres de côté et d'autre, parce ' de pénilence et à se confesser; après quoi il rinterro.e
quil arrive souvent que pendant leur absence les fi- '
deles meurent sans confession, snic confessionc....ple- i
(1) Opuse. 56.
(2) Ap(nlSnr., 27ju. .
(3) Conc. Cataclutcnse, c. 2, cap. 29.
sur dilTérenles espèces de pensées. 4" Que le prêtre
el le pénilenl se prosternenl el récitent des psaumes,
qui éianl aehevés, le prêtre l'oint de l'huile sainte au
I Iront, cl le récon( ilie enfin faisant plusieurs prières
(1 ) Apud Chesn., tom. 2 Ilist. Franc, p. 586.
415 HISTOIRE DES hACREMEMS.
par lesquelles il demande à Dieu la rémission de ses ^
péchés, et la parfaite guérisoi» des plaies de son àme.
Après cela, est-il dit, suit la messe que le prêtre
chante pour celui qui s'est confessé à lui. l'ont hoc se-
quittir niissa quam sacerdos pro sibi confessa cunlarc
débet.
On était si bien persuadé dans le septième siècle de
la nécessité de se confesser aux approches de la mort
si on se sentait coupable de quelque i»éché considé-
rable, que nous lisons dans la vie de S. Philihert un
des plus grands ornemenls de ce siècle , qu'il rendit
miraculeusement la parole à un de ses moines, qui dans
sa maladie était devenu muet , afm qu'il fût en état de
faire la confession d'un péché caché dont il n'avait
point fait pénitence. Et qu'ayant obtenu de Dieu celte
grâce, il eut celle confiance que ce religieux étant mort
aussitôt après s'être confessé et avoir reçu la pénitence
de ce péché, en recevrait le pardon de la mi^éiicorde
de Dieu. Ceci est rapporté plus au long dans l'auteur
delaviedecesaint.quelcP. Mabillon assure avoir vécu
en même temps que lui , et dont le nom nous est in-
connu.
CHAPITRE \II.
A qui se faisait la confession des pêches, tant à rordi-
naire que dans les cas de nécessité? Que les moines
ont été autrefois employés à entendre les confes-
sions. Des confesseurs des princes, et des absolulious
réservées au Pape et aux évêques.
Nous avons vu dans les premiers chapitres de celte
section, que dans les premiers [siècles la confession
des péchés, soit publique soit secrète , se faisait à
l'évèque et aux prêtre» ; quehiucfois aux uns et aux
autres en même temps, quchpiofois à révê(|iie seul,
ou au prêlre-cardinal, ou au pénitencier dépulé pour
cela par l'évèque. EfTectivement. c'est à eux privati-
vement à tout autre , que les clefs du royaume des
cieux ont éîc confiées, et il faut être revélu du carac-
tère du sacerdoce pour exercer ce sacré ministère,
avec autfUMiéet eflicace.
Cependant nous lisons que dans le cas de nécessité
et dans un besoin pres-anl, les diacres onl quelque-
fois rempli celle fonction du consentement des évo-
ques. // faut aller au-devant drs besoins de nos frrrcs ,
dit S. ( yprien (1) ; nous pernieltous doue que cmx qui
ont rci 11 des libelles de recommandation des martyrs, et
qui peuvent être aidés par là auprès de Dieu , s'ils vien-
nent à être attaqués de quelques maladies ou infirmités
dcmgereuses, puissent, sans attendre notre arrivée, con-
fesser leurs fautes cmprès de quelque prêtre que ce puisse
être, et même d'un diacre , si le danger est pressant ,
afin que leur ayant imposé la main pour la pénitence, ils
aillent ainsi en paix au Seigneur. « Apud diaconum
« quoque exomolosegim facere delicti sui possint. » De
quelque manière que Ion preiuie ce leruie iVe.romo-
logèse, soit pour l'aclion de celui qui recomt aux
rainislres de l'Église , pour recevoir deux la péuilence
(l)Ep. i3 edil. Pamelii 18 Oxon.
UG
canonique , soit pour la confession même, comme le
terme semble le marquer et la circonstance dont
il s'agit; il est toujours cerlain que ceux r|ue l'on
établit juges des péclsés, doivent les connaîire, et
par conséquent que ceux qui s'adressentà eux, doivent
les leur faire connaître en s'en accusant eux-mêmes.
Que cette remarque soit faite une fois pour tomes.
Le concile d'Elvire établit l:i même disci] liiie on ces
termes (can.32) : Si quelqu'un tombe dans un péché
digne de lamort éternelle, nous voulons qu'il ne fasse la
pénitence que suivant qu'il lui sera prescrit par l'évèque
à qui il doit s'adresser : dans le cas d'une maladie pres-
sante, il faut que le prêtre lui donne la communion , et
le diacre , si le prêtre le lui ordonne. « F.t diaconum si
« jusseril sacerdos. s C'est poul-être suivant l'esprit
des anciens évêques d'Esp.igne, que les Pères du
premier concile du Tolède, relèguent des diacres qui
seront lombes dans quelques désordres, au rang des
sous-diacres, et les privent de la puissance d'imposer
les mains aux pénilenls. Je dis, peut-être, car il y a
ass^ez d'aiiparence que celle imposition des mains des
diacres, dont parlent les Pères de Tolède , est celle
que les diacres faisaient sur les pénilenls prosternés,
avant di- les meltre hors de l'église, comme ils la
faisaient certainement sur les caléchumènes, tandis
qu'on faisait sur eux les prières accoutumées. Quoi
qu'il en soit, d'anciens ordres pénilentiels , tels que
ceux (pie représentent les manuscrits de .luniièges et
deNoyon, rapportés par le P. .Marlène, nous font voir
le même usage , et donnent en même temps la solu-
tion à toutes les difficultés qui peuvent survenir sur
cela entre les théologiens, l'orsqu'ils s'expriment
ainsi : Comme personne ne doit offrir le sacrifice , si-
non les évêques et les prêtres à qui les clefs du royaume
des cieux ont été données, de même personne ne doit
s'attribuer la puissance judiciaire, « sic nec judicia alii
« usurpare debent, » si cependant le cas de nécessité se
rencontre, et qu'il ne se trouve point de prêtre, que le
diacre reçoive le pénitent à la sainte communion. Ce cas
de nécessité devait êire assez fré inent quand le nom-
bre des prêtres était peu considérahle , el qu'il y av;iit
des diacres-cardinaux, incardinaii , ou attachés à cer-
tains canloiis de la banlieue des \il!es ou aux paroisses
de la campagne, connue cela se faisait amielois.
I/usage dont nous parlons a duré longtemps dans
l'église, comme le monlreut diflérents décrets des
conciles et des évêques , et des siècles postérieurs, il
est ordonné , parexeuqile, dans un concile d'York,
que les diacres ne liaplisenl, (ju'ils ne donnent point
le corps de Jésus Christ, ou (piils n'imposent point la
pénitence à celui qui se sera confessé . vel pœniieii-
tiam confitenti imponat , sinon , d.:ns un grand et pres-
sant besoin. Un concile de Londres, de l'an 1200,
leur défend la même chose, sinon , en deux cas, sa-
voir ; l'absence du prêtre , ou le refus insensé qu'il
ferait de baptiser un enfant moribond, ou de donner
la pé.jleiice à un malade.
Laconduile que lièrent lesdiacres, excita conire eux
dans la suite , le zèle des évêques de plus en plus ; ils
417 PÉNITENCE. - SECT. 11. CllAP. MI. ANCIENS MINISTRES DE LA CONFESSION. 418
s'opposèrent do loii:es leurs forées à leiii;, eiilrcprises
aMil)ilietises. .\ous défendons étroitement, ilil Ocloii
(le Paris, dans ses CoiisliliUioiis, que les diacres n en-
tendent aucunement les confessions, sinon , dans une
très-pressante nécessite. 11 rend r.iison de celle dé-
l'cnce : Car, :ijf>ule-l il, ils n'ont point tes cUfs et ne
peuvent absoudre. Dans les tnqnèles que les anlu-
diaeies du diocèse de IJncolne , faisaienl dans le cours
de leurs visites au ireizièine siècle , ils devaie..l s'in-
former si les diacres n'entendaienl pas les confessi ns,
tel andianl confessioncs. Le concile de Worreslre de
Tan PiiO, leur inlerdil (cap. 2G) celle foiiclion
cninnieune iisnrjalion des droits alladiésau sacer-
doce ; ce (lue lit aussi Wantitr, cvè(pic de Dunelnic,
en leur délendanl d'enlendrc les confessions et d'ini-
l)oser la péniiencc; sinon, en cas de maladie in-gcnlede
la part du p'nilent, ou d'absence du prêtre. Le Synode
di- Poitiers do l'an P280, vouianl, comme il dit (cap. 5),
arracliei' entièrement l'abus que lignorancc a inlro-
duil, enjoint aux diacres de s'abstenir d'enlendrc les
confessions , et de donner l'absolulion dans le for
péuilonliel.
De lant de témoignages, il résnlle très-clairement
que les diacres ont enlendu les confessions dans l'église
d'Occidenl (car dans celles d'Orient nous ne trouvons
rien là-dessvis) , jusqu'à la (in du ireizième siècle dans
le cas de nécessité, et même par un très-grand abus
sans nécessité; puis(iuc laul d'évèquos et de synodes
ont pris des mesures et fait tant de défenses pour ar-
rêter le cours de ces désordres, dont se plaint aussi
Guiliaimie , évcquc d'Angers , dans un syoode lenu en
1275, dont les actes se trouvent imprimés dans le on-
zième tome du Si)icilègc de Dom Dacliery.
Non seulemc.ton se confessait aux diacres dans le
cas de nécessité , mais encore aux autres clercs infé-
rieurs, au moins pour ce qui regarde les pécliés se-
crets. Lanfrauc , arclievèque de Canlorbéri , qui est
niorl environ GO ans avant les premiers docteurs de
l'école, distingue, dans un petit ouvrage qu'il a fait
sur la confession, les pécliés eu deux classes, dont
il api)elle les uns cachés et les autres publics, et il
enseigne que les clercs inférieurs peuvent entendre la
confession de ceux-là et en donner l'absoluiion , ré-
servant ceux-ci aux prêtres; il suppose sans doiiie le
cas de nécessilé , quand il aliribue ce pouvoir aux
clercs inférieurs, quoiqu'il n'en parle pas en cet en-
droit. Enfm il ajoute , ce qui est plus surprenant ,
que s'il ne se trouve point d'ecclésiasii(iue à qui l'on
puisse se confesser, on doit s'adresser à un bomme de
bien dans (piel(pie endroit rpt'il soit.
Ce senlimcnl était si répandu alors, et tous les
cbrétiens avaient une si grande idée de la vertu et de
refficace de la confession , que plusieurs des anciens
docteurs scolaslifpies (1) ont enseigné communément
qu'au défaut de prêtres c' d'ecclésiastiques a qui on
(1) Magisl., 1. 4, dist. 17; Albert, in 4, d. 17 ; Ha-
lens. , q. p. Sunnn., (i. 19, membro ; Bonav. , in 4,
d. 17, p. 5, dubio 1 ."et a. 1, q. 1 ; S. Thom., in 4,
(}. 17, q. 5, a. 5.
put so confesser, il fallait s'adresser pour cela à des
lai(pies. Pierre-le-Cliantrc , dans sa Somme 203, se
faii celle question, si on peut, même dans le besoin
pressant, se confesser à un juif qui ne soit pas scan-
dalisé de ce qu'on a à lui dire, et laisse à la conscience
cl à la prudence de la personne ce qti'elle jugera à
propos de faire là-dessus, ajoutant qu'il croit que Dieu
donnera à un homme ainsi touché de repentir les
lumièies donl il aura besoin pour prendre le parti qui
conviendra.
Aussi voyons-nous celle pratique assez communé-
monl reçue dans ce lemps-là et depuis. On lit dans
riiisioire d'Orderic Vital (lib. 7), qu'im cerUiin Kicber
do l'Aigle , de Aquila , ayant éié blessé à la guerre ,
C(mf.ssa ses péchés à ses compagnons, sodalibus suis ;
et dans le dialogue du moine Césaire (1 ), que certains
pèlerins qui passaient au secours de la Terre-Sainle,
ayant élé accueillis d'une lempêle et voyant la mort
comme sous leurs yeux , commencèrent à se confes-
ser les uns aux autres. Le sire de Joinville raconte
\ dans la vie de S. Louis ( cap. 43) , que l'armée ebré-
lienne ayant élé mise en fuite par les Sarrasins , et
l'ennemi s'approcbanl, chacun se confessa au prêtre
qu'il put trouver, et, ([u'cn celte occasion, Gui d'Ébelin,
connélable de Chypre, s'élant confessé à lui, il lui avait
donné l'absolution. 11 est bon de rapporter ici les pro-
pres paroles de cet historien , si connu par sa lidélilé
et par sa candeur. Je ifs, dit-il, un igrand troupeau de
nos gens qui là ctoienl, qui se confessaient à ung religieux de
la Trinité qui étoit avec Guillaume , comte de Flandres.
Mais en droit moij ne me souveiiois alors de mal, ne de
péché que oncques j'eusse fait, et ne pensois sinon à rece-
voir le coup de la mort /i/i eouste moij se agenouilla
M'^ Gui d'Ebelin, conestable de Chypre, et se confessa
à moy ; et je lui donnai telle absolution , comme Dieu
m'en donnoit le pouvoir. On lit de même dans la chro-
nique de Ferdinand (2), roi de Caslille, (c. 7) que les
soldais Espagnols, étant prêts d'en venir aux mains
avec les M.iures, sous la conduite d'Alvare Perez, se
confessèrent, les uns aux prêtres qu'ils purent ren-
cnntrer, les auires chacun à leurs camarades. Louis,
C(unie de Liège, éiant à l'exlrémité, fit venir une
vierge chrétienne, et lui confessa lous ses péchés avec
beaucoup de larmes ; et cela , dit l'auteur dont nous
tenons ce fait (3) , non pour le pardon qu'il put atten-
dre d'elle , mais afin de l'engager par là à prier pour
lui. La remarque de cel auteur fait voir que ce qui se
pratiquait en ce temps-là éiait bien éloigné de l'esprit
des flagellants qui, méprisant l'autorité sacerdotale,
se confessaient aux laïques et en recevaient l'absolu-
tion, comme il est marqué dans la vie de Baudouin de
Luxembourg (4).
Après tout ce qui vient d'être dit, comme remarque
judicieusement le P. Martène , dont nous avons tiré
une grande partie de ce qui a élé rapporté . il n'est pas
(1) Dist. 3. 0. 21.
(2) Apud BoUand., ôOmaii.
(3) Thomas Canprat., 1. de Apibus, c. 53, n. 25.
(4) C. 9, apud Baluz.. Miscellan. t. 1.
419
lilsTOiiiL^ DES SACIIKMENTS.
420
vaille édiliun des (Euvrcs de S. Basile, rend par ces
mois , coram seniorc, c"esl-à-dire, en présence de la
siiix'iiciire. Ce qui est bien difléicnlde ces paroles , à
la supérieure, ou, par la sui)éiieine ; elle pouvail être
préscnle sans èlre à perlée d'eulendre ce que disait au
prèlrc la sœur qui se confessait au prêtre , 7r;i; làv
T.ps'^ëÙTspo-j. Il est vrai que l'ancienne édition avait, Stà,
au lieu de la préposition, /j.s-v.; mais quoiqu'elle fa-
vorise en quel(pic sorte le scnlinient du P.IMarlène,
autre chose est de dire que les sœurs se confesse-
ront au prêtre par la supérieure , ou, par le ministère
de la supérieure ; aulre chose est de dire (pi'eiles se
confesseiont à elle ; surtout S. Basile ajoulaiit dans le
même endroit ces paroles : Elles se confesseront à an
prêtre qui sache la manière d'imposer la pénitence , et de
corriger le vice. D'ailleurs, le Saint défeiid dans ces mê-
mes règles (1) de confesser mcramcntalement ses pé-
chés à d'aulres qu'aux prêtiez, car sur celle question:
Celui qui veut confesser ses pccliés, le doit il faire à tous
indifféremment , et à qui celte confession se doit-elle
faire ? Voici ce (pi'il répond : Il doit vrcessaircment
confesser ses pccliés à ceux à qui est confiée la dispensa-
lion des divins miistcres. Paroles qui font voir combien
S. Basile élait éloigné d'égaler en quelque manière
les lidèiesaux prêtres, en les rendant avec eux. dé-
positaires des secrets de la confession. La manière
dont le P. Mabillon a lu ce passage de S. Basile que
nous avons cilé le premier, et qui se triuive dans la
question liOdespcliles règles de rédilion de Paris
de l'an 1G57, a pn donner lieu aux coiijectures ingé-
nieuses qu'il fait là-dessus. Mais outre que la coi rec-
lion l'aile dans la nouvelle édition lève toute difiicullé;
jiiciu, Il (.-.SI un jj.iiju iiiiui- j je ne vois pas comment il a pu rendre le texte grec de
'alternat de cei laines abbes- fi l'ancienne édition, comme il le fait en le liaduisant
ainsi (2) : Si oportet , ciun aliqua soror confitetur quod'
cumque dclictum suum, etinm matrem monctsterii adesse?
Honeslius milii videlur esse cl ret'ujiosius per senioreni
matrem presbtjter si quid illud sibi videtur statuai ; et
moduni vel tempus pœnilentiœ imponat ad emendulioncm
ejus quà corriqi desiderat ; cm- œlle Iradiiciion n'est
point exacte, ni conforme à celle qu'a donnée l'au-
teur de cette édition. Ceux qui voudront s'en assurer
le pourront aisément eu jetant les yeux tant sur le
texte original que sur la traduction. En voilà assez sur
cet article, sur lequel nous nous sonnnes un peu éten-
du , non pour en prendre occasion de réfuter le P.
Marlène au(piel nous sonmies redevables de quantité
de bonnes choses que nous avons insérées dans
cet ouvrag(î, mais parce qu'il élait important d'é-
claircir le sentiment de S. Basile sur un point de
celte conséquence par rapport au dogme et à la dis-
cipline.
Les évoques sont donc , comme il paraît par toul
ce que nous avons dit jusqu'à présent , ceux à qui
appartient principalement le droit d'entendre les
confessions des pénitents , cl après eux , les prêtres à
surprenant que les abbcsses se soient quehiuefois al- 'j
tiihiié le droit d'entendre les confessions de leurs re-
ligieuses , comme on le peut voir dans la vie de S.
Burgtmdofare (1), et dans la règle d'un mconnu, par
lesquelles il paraît qu'on se confessait aux abbesses
des pcchésles plus graves. La règlede S. Donat (c.25)
send)le les avoir favorisées en cela, en ordonnant que
les religieuses découvriront trois fois chafjue jour leurs
fautes à la supérieure ; et S. Benoit, quand il veut que
les moines déclarent à l'abbé toutes les pensées qui
leur viennent à l'esprit : car la plupart des abbés dans
le commencement de son ordre n'étaient pas prêtres,
et lui-même, selon l'opinion la plus commune, ne fut
jamais élevé au sacerdoce. Mais les abbesses poussè-
rent trop loin les choses, et s'attribuèrent des préro-
gatives dont leur sexe n'est point susceptible , ce qui j
obligea les évêques à mettre des bornes à leurs entre- »
prises téméraires. De là vient que, dans les capitulai- j
res de nos rois (1. 1 , c. 70), il est dit qu'il faut in-
terdire aux abbesses le droit qu'elles se sont arrogé , |
contre la coutume de la sainte Église, de donner des ;
bénédictions et d'imposer les mains , cl nmnùs impo-
sitioncs, ce (pii, suivant toute apparence, signide don-
ner la pénitence ou l'absolution , ce qui emporte né-
cessairement la confession des péchés.
Marc, patriarche d'Alexandrie, n'était pas si scru-
puleux à cet égird , lui qui demande sérieusement à ||
Balzamon , célèbie canonisle Grec de son tenq)S , si ,
lorsque les abbesses demandcnl à l'évêipie la i)ernns- ■
sien d'entendre les confessions , on doit la leur ac- ;
corder , à (pioi Balzamon répond négativement. Nous
avons dans le Droit canoni([ue un décret qui a beau-
coup de rapport à celte matière ; il est du pape Inno
cent Ml qui, informé de l
ses d'Espagne, qui s'ingéraient de bénir leurs reli-
gieuses, de les confesser cl de prêcher pid)liquement,
enjoint aux évêques de \alens et de Biu'gos d'enqjê-
cher ce désordre à l'avenir, et de remédier à un si
grand abus; quoique, dit-il, la B. II. Vierge Marie ait
clé supérieure à tous les ApOlres en dignité et en mé-
rite, ce n'est pas néanmoins à elle, mais aux Apôtres,
que le Seigneur a conlié les clefs du royaume des
cieux (2).
Cependant, dit le P. Marlène, S. Ba>ile dans ses pe-
tites règles, permet àl'abbesse d'entendre avec le prê-
tre la confession des sœurs; ce que ce savant religieux,
aussi bien que le P. Mabillon (5), a cru être renfermé
dans celle règle que nous avons citée dans le chapitre
précédent : mais , qu'il me soit permis de le dire , ils
n'ont point fait assez d'attention aux termes dont se !
sert ce grand docteur de l'Eglise. Car s'éîant jjroposé
I cette (lucsiion , s'il faut que l'ancienne soit présente \
quand une sœur se confesse au prêtre , il lépond , la
confession au prêtre se fera avec plus d'honnêteté et
de prudence en présence de l'ancienne ou la supérieure,
pTà T»ij 7i/psi7êuT£p«j , cc quc D. Gariùcr dans sa sa-
(1) Cap. 8 et 15, apud Mabill., sect. 2, Bened,
(2)C. Nova, 10, extra, de Pœnit. cl Remiss.
(5'' Prœfat. in secul. "î Bened., num, 90.
(1) Brcv. reg., inlcrrog. 288.
(2J Proif. in sec. 5 Bened. n, 9.
m PÉNITENXE. — SECT. II. CHAP. VII. ANCIENS MINISTRES DE LA CONFESSION. 422
qui une portion du peuple fidèle est allribuée pour la
gouveriicrsuivautles règles de l'Evangile; niaiscuinnie
les uns el les autres ne pouvaient seuls porter ce
poids, le peuple chrétien selant niulliplié, et les con-
fessions étant devenues ])lus fréquentes, ils ont asso-
cié les moines à leur ministère , et cenx-ci k-ur ont
été d\in grand secours, et les ont servis utilement.
Si quelques-uns se sont récriés là-dessus, et ont pré-
Icndii que leur profession les rendait incapables de ce
ministère, ce principe ne trouva que peu d'approba-
teurs, les papes et les évêques l'ont même condanuié.
On dit que le pape Boniface IV lit là-dessus un décret
en 610 , dans un concile de Rome, où assista Mellit ,
évèque de Londres, l'tui des apôtres des Anglais ; et le
pape L'rbain II fît certainement la même chose dans
le concile de Nîmes.
Aussi les cvêqucs continuèrent-ils , nonobstant les
oppositions de quelques-uns, à employer les nioi;ies
à entendre les confessions, et ils s'attirèrent tellement
l'affection et la conscience des peuples, que les princes ;
et les seigneurs les clioisirent souvent pour les méde-
cins spirituels de leurs âmes, et pour leui confier les
secrets de leur confiance. Tel fut Thierry , roi de
France (1), <iui avait pour confesseur Ansbert, abi)é
de Fontenelle , qui en G85 fut, malgré toutes ses op-
positions , ordonné archevêque de Rouen. Tel fut
Charles iMartel, prince des Français et aïeul de Cbar-
lemagne, qui confessait ses péchés à Martin, moine de
Corbic, comme nous l'apprenons des annales publiées
dans la bibliothèque du P. Labbé. Tel fut le comte
Walberl, dont il est rapporté dans les actes des Saints
de l'ordre de S. Benoit, que S. Bertin de Sislhiu élait le
confesseur, pater cou fcssioiium. Thierry, abbé de S.Pier-
r-^ de Chartres, élait aussi confesseur de Richard, duc
de Normandie; Avicc, prieur d'un autre monastère,
l'était du comte Leufïoi ; el Lanfranc, du comte Wal-
dèiie , selon le témoignage d'ingulfe. L'empereur
Oihon m se confessait à S. Romuald , et l'impératrice
Agnès , mère de Henri IV , roi d'Allemagne et empe-
reur, avait pris le B. Pierre Damien pour son guide
dans la vie chrétienne.
Depuis l'établissement des religieux Mendiants, les
confessions devinrent plus fréquentes dans les mo-
nastères. Ils obtinrent même pour cela des privilèges
des papes , qu'ils firent valoir , et qui leur allirèrent
les plaintes des évêques et des universités. J'aurai
occasion d'en parler bientôt; en attendant, je renvoie
à M. Vanespen et à M. Tourneli (2) , qui ont traité
l'un et l'autre cette matière avec érudition , celui-ci
en théologien et l'iutre en canoniste. Les Célcstins
étaient bien éloignés de se procurer de semblables
privilèges , eux qui ont ordonné dans leurs anciennes
constitutions manuscrites (c. IG, § 7j, qu'on ne recevra
pas ceux qui se présenteront pour se confesser, à moins
qu'ils n'aient pour cela une permission spéciale de
leurs curés. Les moines de Grammont en étaient en
(1) Vita Ansbert, sec. 2Bened.
(2) De jure Eccl.; de Pœnit., qucest. C, c. 3.
core plus éloignés, leur rcgle (I) ne leur permettant
point d entendre; la confession même de leur père , à
l'article de la mort.
En Orient, les moines furcntencore plus oicnpis des
confessions ((u'on Occident, puisfiui;, connue dit Balza- '
mon en son Supplément (p. 1 1-23), à peine se trouvait- !
il quelqu'un en ce pays-là qui voulût se confesser à un
évêque ou à un prêtre , à moins qu'il ne fût moine.
Cet usage avait tellement prévalu dans ces églises,
que Marc, patriarche d'Alexandrie, entre plusieurs
doutes qu'il propose à résoudre à Balzamon , lui de-
mande si les prêtres qui n'ont pas fait profession de
la vie monastique , peuvent , avec la permission de
l'évêque, entendre les confessions.
Avant de finir ce chapitre , disons un mot des cas
réservés aux évêques et au pape. Nous le ferons sans
entrer dans le détail de ce qui s'est passé .sur cela
dans les siècles postérieurs, connue, par exemple,
l'élablissement des grands pénitenciers dans chaque
diocèse qui s'est fait au 15' siècle, et divers autres
règlements en ce genre, que l'on a jugé à propos de
faire pour le bien de la police ecclésiastique , et que
l'on peut voir dans les livres du P. Thomasoin , de
i'ajicienne discipline de l'Eglise.
Nous trouvons des traces de ces réserves , dans les
anciens rituels manuscrits, oîi on voit que les prêtres
qui entendaient les confessions des pénilenls, même le
joiu' du jeudi-saint, après avoir examiné avec soin
ceux qui étaient dignes de recevoir l'absolution, de-
vaient les piésenter pour cet effet à l'évêque. Pierre-.
le-Chantre, dans sa Souinie des sacre(nent-,rajq3orlc
quelque chose do semblable des uioines : « Il élait
î dit-il, permis autrefois aux frères, d'entendre les
a confessions les uns des autres, mais l'absolution
« était réservée à l'abbé. »
Il y a aussi des exemples de cas réservés au Pape,
il y a plus de 800 ans. C'est ce que l'on peut voir à
l'égard de l'homicide dans les actes des saints de Re-
don, qui se trouvent dans le quatrième siècle des ac-
tes des saints de l'ordre de S. Benoit. Ceux qui étaient
ainsi renvoyés au Pape, lui portaient des lettres de
leur confesseur, par lesquelles on lui désignait les
crimes commis par les pénitents. Que ceux , dit Ri-
chard, éveque de Sarisbury (2), qui sont envoyés au
Pape , portent avec eux des letlrcs qui contiennent
l'espèce du péché et ses circonslances, et qui les ex-
priment suffisamment; ou bien que le prêtre à qui lu
confession a été faite, aille lui-même à Rome.
L'Iiibtoire cccié.siastique nous fournit un exemple
bien plus ancien d'absolution réservée au supérieur.
Un prêtre nommé Jason ayant accusé un antre
prêtre qui s'appelait Lamponien , celui-ci confessa ba
faute, et pour ce sujet fut séparé des assemblées eccié-
siasticpies par Sinésius. Il lémoignait son icpeiilir par
ses larmes et le peuple demandait grâce pour lui, mais
Sinésius, dit .M. Fleuri, s'en tint à ce qu'il avait or-
(1) Reg. Grandimonlens. c.
(2) In Çonslitut. cap. ^28.
54.
433
HlSTOillt DES
donné, et envoya l'autorUé de l'absoudre à la chaire
poiilificale, c■est-à-dire,àTllé<)plliIed^\le\alld^ie.Scu-
Jenlelll il I ermit à tous les prêtres qui se trouveraient
présents de donner lu communion à Lamponien s'il
se trouvait en péril de mort : car, dit-il , personne ne
nioiirra lié anlaiit qu'il est en moi ; mais s'il revient en
santé il sera sujet aux mêmes peines , cl attendra de
votre bonté ( c'est Sinésius qui parle à Tliéophile) la
marque de l'indulgence. Sur quoi M. Fleuri (I) dit ju-
dicieusement, on voit ici une absolution réservée au
supérieur, mêMie par un métropolitain qui avait im-
posé la peine. Ce qui est très-remarquable dans une
pareille circonstance. Car pour des absolutions réser-
vées aux évêques de la pari des prêtres , outre les
exemples que nous en avons rapportés ci-dessus aux-
quels nous aurions pu en joindre un grand nombre
d'autres , c'était anciennement une pratique ordinaire
de réserver aux évêques l'absolution des pénitents pu-
blics.
CHAPITRE VIII.
Que le droit d'entetidre les confessions des fidèles
n'appartenait pas autrefois à tous tes prêtres indif-
féremment. Quels sont ceux à qui il appartient
principalement. Contestations survenues à ce sujet
entre le clergé séculier et les religieux mendiants.
Quoique la puissance de lier et de délier, à laquelle
est attachée celle d'entendre les confessions des fi-
dèles dans le for pénitenliel , soit inséparable du sa-
cerdoce; tous ceux néanmoins qui en sont revêtus ne
sont point en droit de l'exercer. C'est de Jésus-Cinist
que les prêtres tiennent celte puissance, mais c'est à
l'Église à régler l'usage de ce pouvoir, a prescrire aux
prêtres les règles qu'ils doivent suivre dans l'exercice
de la puissance qui leur a été conférée dans leur or-
dination, et à leur assigner les sujets sur lesquels ils
doivent l'exercer.
Dans la primitive Église les fidèles étant gouvernés
par l'évèque conjointement avec les prêtres, c'était à
lui, comme nous l'avons vu ci-devant, et quelquefois
devant lui et toute la communauté des prêtres qu'on
appelait \e sénat ou le presbyte re,{]ue se faisait la confes-
sion. Cet usage, selon la remarque du Père de Sainte-
Marthe (2), de se confesser à plusieurs prêtres en-
semble n'a point été entièrement aboli dans les siècles
suivants. Le P. Mabillon (5) en rapporte beaucoup
d'exemples, et vous en avez vu plusieurs dans celte
histoire de la confession.
Dans la suite l'évèque et le sénat des prêtres étant
trop chargés d'autres occupations, on établit un prêtre
exprès pour cela, dont l'emploi était d'entendre les con-
fessions. C'est ce que nous apprenons de Socrate('4),
qui en parle en ces termes : Depuis que les Novatiens
se furent séparés de rÉgiise à cause qu'ils ne voulaient
point avoir de communion avec ceux qui étaient tombés
(1) Tom. 2 de l'Ilist. eccl., p. 359, in fine»
(2) Traité de la Confession.
(5| Sec. 5 Bened., 1 part., prœf.
U) Lib. 0 Hist. c. ""
19.
SACREMt>TS. ' 424
durant la persécution de Dèce, les évêques ajoutèrent au
canon de rÉgiise, c'est-à-dire, au catalogue des officiers
de l'Église , un prêtre qu'ils établirent pour avoir soin
d'administrer la Pénitence, afin que ceux qui étaient
tombés depuis leur baptême confessassent leurs péchés à
ce prêtre, etc. Vous avez vu dans ce qui a été dit ci-
dessus jusqu'à quel temps la pénitence fut administrée
par ce prèlre pénitencier dans les églises d'Orient, et
à quelle occasion il fut abrogé. Ainsi nous ne nous
élendrons pas davantage ici sur celte matière. Nous
ajouterons seulement (|ue le peuple chrétien s'élant
multiplié, on fut obligé d'établir des prêtres particu-
liers pour gouverner les paroisses , premièrement
dans les grandes villes comme à Rome et à Alexan-
drie, et ensuite dans la campagne. Arius était chargé
d'une portion du peuple fidèle d'Alexandrie ; les prê-
tres cardinaux faisaient la même fonction à Rome.
Depuis cet établissement des curés ou pasteurs par-
ticuliers dans les différentes églises des diocèses, sur-
tout depuis qu'on en eut établi dans la campagne , ce
fut à ces prêtres que les pénitents s'adressèrent pour
la confession secrète, el on ne souffrait pas que d'au-
tres s'immisçassent dans ce ministère, par ce que ces
prêtres faisant leur résidence sur les lieux où ils
étaient établis, et veillant continuellement sur la por-
tion du troupeau qui leur était confiée, ils étaient bien
plus à portée de connaître les fautes des fidèles et d'y
apporter les remèdes convenables; de prendre garde
s'ils s'acquittaient exactement de la pénitence qui leur
était enjointe , et de donner les avis convenables à
ceux qui en avaient besoin.
L'Église a maintenu longtemps celle discipline con-
tre ceux qui par négligence ou autrement voulaient
s'en écarter : nous trouvons sur cela des règlements
dès le septième siècle, puisque dans \m concile tenu
à Reims (eau. 8) en l'an 659, il est ordonné que nul
autre que le pasteur ne reçoive les confessions des
pénitents pendant le carême. Vous avez vu ci-devant
que c'était le temps principalement destiné à la con-
fession. ?iemo tempore quadragesimœ pœnitentium con-
fessiones audiat prœler pastorem. Chrodegaiid (1) dans
le siècle suivant recommande la même chose en ces
termes : Voici l'ordre de la pénitence el de la confession
que nous devons faire également devant Dieu et devant
les prêtres. Que le peuple fidèle fasse sa confession à son
prêtre, suo sacerdoti , trois fois chaque année , etc.
Nous avons ci-devant allégué un passage des statuts
d'Ahylon (2) évéque de Basle, l'un des principaux
ornemenis de l'Église dans le neuvième siècle. 11 porte
sur cela rexacliludesi loiU; qu'il veut que ceux-mênies
qui vont à Rome par dévotion pour y visiter les tom-
beaux des .Apôtres , aient à confesser leurs péchés
avant leur départ : parce que , ajoute-t-il, ils doivent
être liés ou déliés par leur propre évêque ou par leur
propre pasteur, et non par un étranger ; niellant ainsi
le pape lui-même au nombre des étrangers à cet égard.
(1) Régulai c. 23.
(2) Cap. 18. . .
«5 PÉNITENCE. — SECT. II. CÎIAP. VIII. i\ QUI APPARTENAIT LE DROIT DE CONFESSER. -i26
Telle élaiiraliciilioi) de ce grand cvè(|iie à rM.iinlciiir
rancieiiiic disci|dli;c. Quia à proprio episcoj o mit succr-
dole lifjniidi uul cxolvcndi suul, non ub exirunco. Cela esl
d'aiilanl plus reiiianiiiahlc (|irAli\lon availclé lire de
la vie nioiiasiiiiiic pour èlie élevé à réjiiscopal , ayaiil
élé althé de l{icl;eno\v avanl de iiiniilcr sur le siéjje de
BasIe. Celle renianitie regarde égaleinenl Rrgiiion, ab-
bé de !*roiu au diiicèse de Trêves, une des iinnicr-s dii
dixième siècle, lequel, a|)rès avoir parlé de la péniience
publique cl de la couression que l'on dnii faire avaiil
d'y enirer, ajoute (1) : I^ion-senlement celui (jui a com-
mis un péché mortel , mais aussi quiconque se sent cou-
pable (Tuvoir souillé par le péché la rube sans tache
de Jéaus-Clirist qu'il a reçue dans le l'aplcme, doit
être diligent à venir à son propre pasteur, et duil lui
confesser humblement et d'un cœur pur toutes ses trans-
gressions , et tous les péchés par lesquels il se souvient
d'avoir o/jfeusé Dieu.
S. Pierre Dainieu qui lleurissait dans le onzième
siècle n'esl pas moins exprès la- dessus. Voici de
quelle manière il parle de celle obligalir)» dans un
sermon que M. Daillé croil élre de lui, (|U(ii(|ue d'au-
tres l'alli ibuenl à Nicolas, (pii de moini: de Monliéra-
mé devint secrélaue de S. Beruanl : Lorsque vous vous
disposez à sortir de l't.bime de vos vices, ayez avant
toutes choses recours à celui qui est charfjé du soin de
votre âme, et que Dieu a mis sur voire tète. Au reste ne
vous mettez pas eu peine s'il esl ignorant ou indiscret : car
en cela méu:e (que \ous vous adiesserez à luij vous
donnerez des marques de votre humilité, qui doit être le
principe de la confession Que si votre pasteur vous
permet d'aller à un autre, découvrez- lui toutefois aupa-
ravant le secret de votre âme : car vous n'obtiendrez
point parfaitement le salut si vous fugez, ou si vous mé-
prisez celui auifuel vous devez vous attacher, et que vous
étiez obliger d'honorer.
Nous produirons pour preuve de celle discipline,
dans le douzième siècle, ce iiui est rapporlé par lar-
cliidiacic qui a écrillaviede S. Aibeil, m«»inede l'ab-
baye de Crespin eu llainaul ; qie [»lusieurs veiiaienl à
lui pour se confesser, mais qi.'il les renvoyait à leur
évêque. Cependant, conli.ne cet auteur, lorsipid en
voyait d'opiniaires qui juraieulcprilsneconfe'Seraieul
jamais leurs criii'es qu'à lui, il les recevait à la con-
fession, craignant de !e< précipiter par son refus d.ius
le désespoir. Quelques-uns voulurent faire des affaires
au Saint pour cela : mais le pape Pascal II lui ordon-
na d'enlendie les c.uife^sious de tous ceux qui se |)ré-
se;.lera'ent à lui..., e: de leur i.up'ser la péuiieure à
proportion de leurs pécllc^. Le pape lunoceni II lui lit
aussi le même conmiandemcnt.
Ou voit ici que ce pieux solilairo qui ciuinaissail l'es-
prit et la discipline de l'Kijlise. ne s'en éloig:i;iit que
par une es|(èct; de coutiaiute, ei pour uc, poim laisser
périr les âmes deceuv qui s'adressaient à lui. On y voit
de plus (pie quoiqu'il ik'enleudillescoufcssionsipie d.ins
ces circunstances, cela lui ailira des leproclies, et qu'il
(!) L. 1, can. '288.
TH. XX.
OUI besoin d'un cotnmanilemcul exprès des so-iverains
po..lif.s pour en user de la soiic. Tant la ma \iine de
s'adresser à l'évèque ou au ciné, pour la co..fessio:i.
était encore généralement reçue.
Cependani il faut avouer que dès lors on ciMumeii
çail a s'en écarter, et nous iro ivons vers ce temp, la
plusieurse.\emples de personnes qui, en vertu des i er-
missions des papes, prècbaienl et enioiuhdeMl les con-
fessions dans les diocèses élraiigers, cl sans ère atia-
cbés à aucune paroisse. Peut être la prédication de la
croisade donna-l-elle lieuà ce cliangenient. Quoi qu'il
en soit, ce lut pour en arré er les suites que le grand
concile deLatrau fit Icf-mieux décret dont voici Tabru-
gé (T) • Que tous les fidèles de l'tm et de l'autre sexe,
sitôt qu'ils auront atteint l'âge de discrétion, confessent
fidèlement tous leurs péchés à leur propre pasteur , en
particuier, ûu moins une fois chaque année, s'apvliqnant
à accomplir, autant que leur force leur ptrmet, la péni-
tence qui leur < si jointe, et recevant avec respect, au
moins à Pâques, le sacrement d' Eucharistie, s'ils ne s en
abstiennent pjur quelque cause raisonnable par l'avis de
leur pusleur, aulrement que l'entrée de l Église leur soit
défendue pendant leur vie, et qu'ils soient privés de la sé-
pulture des chrétiens après leur mort.
Cette loi, selon la rpm;»rque du R. P. D. Denis de
sainle .Martlie (2), comprend aussi bien ceux qui négli-
gent d'approcher de la sainte communion à Pâques que
ceux qui refusent de se confesser une fois l'année. Elle
est absolue pour la sainte communion, elle ncxt qu'hypo-
thétique et conditionnelle pour la confession : ,i les
fidles qui tte se sentent coupables d'aucun péché mortel
peuvent se contenter de se présenter à leur pas'eur, peur
déclarer l'étal oit ils croient être par la qràre de iJicu,
sans cire obligés à se confesser sacrame.ntalemknt.
Cependant s'ils jugent à propos de le faire, i:s doivent
s'adresser à leur propre pasteur, proprio saccrdoti.
Il semble qu'après une décision si autlic:. tique en
faveur des pasteurs ordinaires toucbant la confession
que les fidèles leur devaient faire au moins à Pâques,
il ne devait jamais y avoir aucune dispute sur cette
matière : mais il n'en fut point ainsi. Ce fut vers ce
lenqis que les ordres .Mendiants des frères Préclieurs
el .Mineurs commencèrenl à |)arallre dans l'Eglise. Ces
religie :x par leur inslitul se destinaient à l'inslruclion
des fidèles que la négligence ou l'ignorance de beau-
coup de pasteurs laiss.iienl sans instruction. Leur zèle
les portail à venir au secours des âmes qu'ils vovaier.t
ainsi abaudouiéfts. Ils s'élaienl mis en élat de leur éii e
utiles : ils s'appliquaient fortement à l'étude, el ils
avaient parmi eux un grand nombre de persennages il-
lustres par leurs talents t'I leurscience. Ils» lurei.l que
Il us ces avanl:^ges l-iir donaaient ilroit d'enirepreu-
J-e de conduire les fidèles dans la voie ilu salut, saiis
a\oir besoin pour cela de l'agrémenldes pasteurs or
dinaiics, eupreii conséquence ils devaient entendre
(1) Can. 21, el 22.
(2) Traité de la Confession, p. 397.
427
HISTOmt: DES SACREMEPsTS. 428
lèpre de la lèpre, à qui les choses les plus difficiles et les
secrets de Dieu ont été découverts. Cou fessez-vous sans
crainte à nous, ci qui on a accordé, comme vous voyez, une
si grande puissance. Il arrivait donc, pountiit lliislo-
licn Anglais , que plmiitirs , surtout des n.ibles et des
les confessions des fidèles, quand même les pasleurs
ïi'a^réeraiiMit point leur service.
msoliiciièrcnl pour cela une bulle du pape Grégoire
IX. Klle '•ildoiméo en faveur des frères Prèclieurs
l'an l-2-i7, cV'Sl-à-dire, douze ans après le concile de iS
Ulian dont nous venons de citer le canon, tellt- bulle J dames, se confasaient aux frères Prèclieurs, méprisant
est adressée à tous les évoques el lesaulressupërieuri J leurs propres pasteurs , et même tes prélats, te qui avilit
ecclésiaslitiues, et le Pape y dit : Nous vous prions et
vousen}oi>jno)>.s de recevoir favorablement les frères de
cet ordre pour la prédication à laquelle ils sont destinés ;
et d'exhorter les peuples, dont vous avez la conduite, à
tes écouter, puisque pir notre autorité il leur est permis
d'entendre les confessions el d'imposer des pénitences, clc.
Cet einprcssi'iiionl des frères PrécUeurs pour la pré-
dicalion el les confessions, aussi bien que la bulle du
Pape qu'ils venaienld'obtenir, déplurent à beaucoup
de personnes sages, si l'on sen rapporte à Maliliicu
paris (l) qui vivait en ce temps-là; el il leur semblait
eue par ces nouveaux piivilé^HiS on troublait Tordre
clabli dans VE-^Vi^a par les saiuls aiôtres el les do-
cteurs des siècles passés, el que Ton délrui ail l'au-
toriié des p;;steias que l'on reudâil ainsi méprisables
aux peuples. Ou s'en p'.a'gnaii baulement, et c'est ce
qui engagea Alexandre de llalez (2) docteur célèbre de
ce temps de prendre la défense des religieux .Mendianls.
Il se propose la question eu ces termes : Quelqu'un
peut-il se confesser, contre la volonté de son pasteur, à
un autre qui soit plus discret ? Il propose les arguments
pour el contre, cl on voit que celui sur lequel insis-
tjtùenl principalement Ctfux qui s'opposaient aux pré-
tentions des religieux Mendianls, était tiré du décrci
du concile de L:Uran, que nous avons rapporté.
pour faire ces.^er les plaiuies sur ce sujet, el les
oppositions que les religieux Mendiants rencontraient
Cil Ângleierre d;mà l'e-écution de leurs privilèges, le
j.ape Ini;ocenl IV donna commission à trois évèqucs
('e ce rovaunie de les y mainieuir , el de s'opposer
extrêmement ta dignité el la condition des Ordinaires et
les affl'igen beaucoup, et non sans sujet Ils voyaient
de plus leurs paroisaiens s^ibandunncr au péché sans
crainte el s /«s pudeur, sachant qu'ils n'auniient point à
rouyir de leurs fautes en les confessant à leurs pasteurs,
ce qui est très- périlleux pour lésâmes; la confusion qui
accompagne la confession des péchés faisant la plus iin-
portunle partie de la pénitence. Ceux qui voulaient mener
une vie licencieuse se disaient les uns aux autres : t ai-
sons ce qu'il nous plaira ; nous nous confesserons à quel'
qucs-uns de ces frères Prêcheurs ou Mineurs qui passe-
ront par ici, que nous u''avons janu.is vus, et que nous ne
reverrons jamais dans la suite. Ccst ainsi quen mépri-
sant les ordinaires et leur correction, les péchés se mul-
tipliaient tons les jour s. Tandis que les choses étaient en
cet état d'agitation, il arriva que quelques-uns des frères
Prêcheurs entrèrent dans l'église de S.-Alban, pendant
que l'archidiacre tenait un synode « l'ordinaire. Ils
avaient entre les mains des copies de leurs privilèges,
et un d'entre eux , qui paraissait (juclque chose de plus
que les autres, fit signe d'un air impérieux quon eût à
écouler sa prédication. V archidiacre lui répondit : Agis-
sez, mon frère, avec plus de modération, attendez un peu
que je vous fasse connaître ce que je pense. Nous qui
sommes simples et accoutumés aux mœurs antiques ,
nous ne pouvons qu'être surpris de cette nouveauté; el il
n'est pas surprenant que de telles nouveautés nous éton-
nent. Pourquoi dites-vous sans pudeur que nous sommes
indignes des emplois qui nous ont éié confiés? Vous vous
imaginez être les seuls du nombre des élus, cependant
foilemenl à ceux qui eulreprendraienl de les troubler | personne ne sait s'il est digne d'amour ou de haine. \ous
dans la jouissance des droits et privilèges que le Sainl-
Sége leur avait accordée, jusqu'à lancer contre eux
rcxconununica'tion, s'ils ne cessaient de vexer ces re-
li.^eux. Maltliieu Paris (5) rapporle les propies paro-
les de la lettre d'innocent IV (4) à ces trois évè.pics;
vous ingérez nowseulcment dans la prédication, mais en-
core dans les conlessions que vous extorquez des fidèles,
en sorte qu'il semble qu'il faudra vous appeler dans ia
suite non-seulement ¥ lèves Prècbeurs , ;h£ijs encore,
Fkéres Com tssi:cus. Mes frères, je ne crois pas qu'il
01 il ajoute que les fièrcs Prècbeurs se semant ainsi : soit èi propos de quitter le certain pour l'incertain, et
: ppuyés par la cour de Rome, monlraienl avec oslcn- { que vous deviez, sans une niùre délibération et sans le
1 îiion ces piiviiéges, el demandaient qu'on en fil la | conseil de votre prieur , prêcher et entendre les confes-
1 dure dans les églises. Si on l'en croil même (car il | sions de ceux sur lesquels l'abbé de ce monastère m'a
|:,raîl aigri contre ces religieux), ils demandaient avec ! préposé. Cela est constant par les décrets qui ont été pu-
iiipudenceàceux qu'ils rencontraient, avez-vous étéà t btiés dans te concile général célébré sous 1 nnocent 1H...,
c.idesseTelsion leur répondait qu'oui, ils reprenaient, | lesriiiels doivent être inviolablement obs rvés dansions
à t,ui? que si on leur disait, à mon pasteur, ils Irai- 1
l iienl le curé d'idiot, qui n'avait jamais étudié dans s
les temps. L'arcbidiacre ayant ainsi pailè ouvr il le Li-
vre, cl (il lire la Décrètale qui contieul le règlement
les écoles de Ibéologie, ni dans celles de droit, qui î du concile de Latrau, tel que nous l'avons rapporte
li'clait p.is capable de résoudre ime seule question, et j- ci-dessus , avec ces paroles qui suivent iniuiédiate-
Uisaient : Venez à nous qui avons appr'is à distinguer la | ment. C'est pourquoi nous voulons que ce décret salu-
\ taire soit souvent publié dans l'église , af.n que pér-
il) Ilisl. An^liic, ad ann. 12.i6.
(2) Part. 4, ([uiesl. IG, de Confest., art. 11.
(5) Loco cilato.
(4) Celle lettre est de l'an 1244,
sonne m puisse s'en excuser sous prétexte d'iguoruuice.
Que si quelqu'un pour de justes raisons veut se confes ■
$er à un prêtre étranger , \lie.\o sacebdoti , qu'il de-
AÎ9 PÉNITENCE.— SECT. II. CIIAP. VIII. A QUI APPARTENAIT LE DUOIT DE CONFESSER. 430
mande auparavant In Dcvmm'wn, et (iiCil l\ibUeune de m (:m\[(i^<\m\9, des lidèles inalgic leurs cures. Clii-
iiiiiil IV, (Iniis la IcUrcadressce, en 12G5, au niiiiisUe
tji'iicr.il cl à loiil rdiilic «les fivies Mineurs, leur ac-
coriU; a:;s>i le pouvoir ilo coule ser niali^jré !ci jiaslcuis
ordii:air(;s. Il cxceple aéatiuioius ( crlaiiis cas réserves
par le druiiel la coiiiuuie, au iioiubic dcMiuclson peut
iiieilrc la coi.fcssioa pascale, (pu csl si [ icciséuicnt
uianpiée dans le concile de L'ilra:!. (/c.^l ainsi que
dans celle dispute lan:ùl les uns l'cuiporiaicni, tantôt
les aulics. Mais , l:tndis que les leli^ficux Mendiants
pré^ala eut à la coin- de Uoine, ils leçun.'nl un échec
en Alleiuagne, où le concile provincial de Strasbourg
lotu" ôla en 1274 tous leurs pouv. irs , sous |>rclcxlc
de procurer la paix de lE^lise, cl i!e laiius quils
avaient fait des privilèges et concessii:ns ipion leur
avait accordés.
Lesdispult's et les dissensions ne c. ssant poiiil entre
le clergé séculier et les moines Meiulianls, le jiapc
Martin IV , qui monta sur le siège apostoUipte
l'an 1281 , donna celle même année ui c coji^iiiulion
j par laquelle il làclia, eu père ci mainn, decondlier
Its diflérends ci les inlérèis des deux partis. Il permit
aux IVèrcs Mineurs d'cniendre les confeshioris des pa-
roissiens , de l( lie sorte néainnoins que ceux ci se-
raient tenus de seçiinfesser à leurs curés une fois l'an,
suivant le décrei du concile génér. 1. Il semidail qu'un
lompcrauient si sage aurait dû m» lire lin à ces en-
nuyeuses disputes; mais point dii tout. Elles s'ccliauf-
lèreni plus que jamais , comme le lémoigne Evrard ,
archidiacre de Haii^bonne (1) ; les évoques cl les curés
prétendant que les (idèles devaient conlesser à leiii-s
pasteurs respectifs les niénies péchés (ju'ils auraient
confessés aux religieux Mendiants; ceux-ci, au con-
Iraire , assurant qu'ils n'y étaient point lemis. Oii
disputa sur ce p.oinl avec ciialeur de pari et d'aulrc,
surtout à Paris, oùlIenri-le-Gran'.l, docteur de lUni-
versité , éia t le principal tenant pour le clergé : et
son propre p'èlre. \ ruopuio SACicr.uori:, pidsiiHi.itlre-
ment il ne peut iid'soiidre ni te lier.
Nous nous sonmies un |)eu clendiis sur celle con-
testation, dont |)arle .Mathieu Paris, parct (pie c'est la
première époque des divisions survenues depuis dans
toute l'Église à ce sujet, ei qu'il ëiait important de
marquer «piels étaient les motifs sur les(piels .s\'ip-
puyaienl les pasioiirs ordinaires pour rejeter les pri-
vilèges (pie la cour de lionie avait accordés aux reli-
gieux Mendiants. Au reste il ne faut pas allrihuer en
général à ces ordres respeclables , les impertinences
que l'historien Anglais raconte de quelipies-uns d'en-
ire eux. il se trouve des imprudents dans les compa-
gnies les mieux composées, telles qu'ètaieni les or-
dres des frères Prêcheurs et des frères Mineurs.
D'ailleurs on vit alors parmi eux des hommes de
haute réputation, (pii piirent la iliune p.iur dèlèiidie
leurs privilèges, dont ils croyaient que l'Église devait
tirer de grands avantages. De ce nombre furent AI-
berl-Ic-Grand.S. Thomas d'Aquin et S. Bonaventure,
qui employèrent tout leur esprit pour défendre une
cause (pii semblait décidée par le décret du concile
Je La Iran.
Je ne m'arrêterai pas à faire l'analyse des écrits
qu'ils composi'irent à celte occasion. M. dcLaunoy,
dans un ouvrage qu'il a |)ublié exprès pour la défense
du décret de Lalnui Cii a donné de longs extraits, où
l'on voit que la principale raison sur laquelle les reli-
gieux Mendiants iiisislaicnt, était que par le terme de
propre prêtre, prvprius sacerdos, on devait entendre
outre les curés , le Pape, et les cvêques chacun dans
leur diocèse, aussi bien que ceux à qui ils avaient
jugé à [iropos de faire part de leur pouvoir d'entendre
les conlessions des paroissiens. Il ne me convient pas
de discuter cette matière qui est du ressort des théo-
logiens et des caiionisles, il me suffit de rapporter en
historien impartial ce qui se passa dans celle fameuse f enfin on conclut ipi'il fallait s'en rapporier sur cela à
la décision du Sainl-Siégo. Lcsé^êipies et tout le vWrgé
dispute.
Elle passa bientôt In mer, et de l'Angleterre on la
vit se iC|iandre dans toute la chrétienté, en France,
en Allemagne, eu Italie; mais la France surtout fut
le théâtre de cette guerre, dont le feu n'est point encore
entièrement éleint dans l'Église. Le jiape Innocent IV,
quinze jours avant sa mort, [iiihlia une constiiuiion da-
tée de Najdes, di. mois de décembre, dans laque'le il
reiraiulic aux religieux Mendia. ils tous leurs |;iivi-
léges contraires au concile de Lalran; el il ordonne que
de France envoyèrent ûa députés à la cour de Komc
ponr st>Iliciler celle afl'aiiv , et liMir assignèrenl pour
les frais cie lenr voyage la tinquièine partie des reve-
nus erclésiastiipies. Mais le pape Nicola> IV, quoique^
tiré de l'ordre des frères .M 'neurs, laissa l'allairc in-:
décise; et elle est encore aujourd'hui en suspi-ns, dit!
Evrard, c'est à-dire, jusqu'à l'an 1292.
Ce n'(''tait pas seiilcment en Fiance, en Ang'eienc
et en Allemagne que le- prélats ol Iï cl rgé saigris-'
ceux qui voudront se confesser à un prêtre étran-er saieul contre les frères Mendiant^; l'Italie n'était point''
en demanderont préalablement la permissiim au pa- exemple de ces dissensions. On le voit par le concile
Slcur ordinaire, ou qu'ils se confessent au moins pic-
mièrcmenl à lui, et en iTçaivenirabsolulion, sans quoi
ils ne peuvent ê.re absous, etc.
Alexandre IV, au contraire, révoqua en partie la
conslilulimi dlnnoccnl IV, .sou prcidécesseiir, dans
deux rescrits, dont l'un est dalé de la première année
de son pontifical , el l'autre de la seconde , et ctm-
damiia ceux qui souicnaieiit que le Pape et les cvêques
ne pouvaient permettre aux religieux d'entendre les
que tint à lîavcimc, en 12(il, Philippe de Foiilainc, ai-
clicvèque de celle ville. Le Pape y demandait des sub-
sides au clergé (2), pour soutenir la guerre contre les
Tailarcs. Au lieu de les lui accoriler, le clergé se i>lai-
l gnil des IVèi os Prêcheurs cl des frères Mineurs, disant
qn'ilsne prêchaient point en faveur des dîmes; qu'ils
(!) In annalihns, ad annum 1287.
(2) loin. 11 Conc. , p. 782; liub. 1. 6, Hist.
p. 455.
451
HISTOIRE DKS SACREMRNTS.
452
recevaient des confessions qni devnieiil èire fuites aux
curés, «loniiaieiil la sé|)tiltiiii' à leurs [)aioissieiis . el
s'allribiialenl la |irc(licalioii à leur prcjutlice : ce qui
jious ein|ièelie, aj(»ul;ii<Mil-ils, de lever le subside d'ar-
gent ordonné contre les Tartares.
D'autres papes, après Nieolas IV, lâchèrent d'a-
paiser ces fàclieuses disputes : tels furent lîoniface Vlll,
L'enoit Xi, CicMuenl V, Jean XXII, el quelques autres
dont les unsélaient plus ou inoinsfavoralilt s aux Men-
diants : mais toutes li'S cou^tituiions (pi'ils firent à ce
sujet ne fiuent (|\ie des remèdes palliatifs , el les dis- |
seuslons, loin dt; s'assoupir, augnicntèienl de p'us eu
plus. Elles furent portées aux dernièn-s extrémilés
l'an 1409 , à l'oecasion d'une huile du pape Aie- |
xandre V, qui accordait aux religieux Mendiants tous
les privilèges qu'ils avaient iravai lé à ohleuir jus(|u'a-
lors. Cette constitution d'Alexandre étant aniiortée à
Paris y souleva les esprits. L'évècpie et ri!niver>iié
s'oppohèrent fortement à sa réception ; et le clergé
choisit de eonocrt le docleur Gerson , pour exposer
publi(piemenl dans l'église les raisons pour lesquelles
OH reliisaitde s'y soumellre. L'Université retranciia de
son corps el desesasscudjiées les religieux Mendiants.
Juscprà ce (pi'ils lissent révoipier celle huile, ou qu'ils
renonçasscnl autlienliquemenl aux privilèges ([u'elle
contenait en leur faveur. C'est peut-èire à cause de
celle 0|tposiii()n (jue la coustiluii(m dont nous parlons
ne se trouve ni dans les ton.'es dea conciles, ni dans
le Bullaire Romain; en sorte (pie nous ne l'aurions pas,
si Luc Wading ne nous l'avait conservée dans se« an-
nales de l'ordre des frères Mineurs, dans lequel le
pape Alexandre V avait éié élevé.
Cette facilité de la cour de Rome à accorder aux
religieux Mendiants les privilèges (|u'ils sollieiiaient ,
lui causa de grands préjudices. On eommenca à dispu-
ter du pouvoir des papes. Ou mil en question s'ils
avaient i'autoriié de dé|iouiller les pasteurs (udinaires
d'une partie des droits desquels ils étaient en posses-
sion : ou examina ju.-qu'où pcuivait aller le pouvoir des
souverains ponliles à cet égard ; el enfin on en vint
jusqu'à soutenir qu'ils n'étaient point en droit de re
trancher les pouvoirs des curés ei des prélats ordinaires,
pour les atirihuer à d'au ns. C'est ce i\\\c. l'cui peut
remarqiuîr dans ce discitm s que Gerson prononça par
ordre de l'Université. L'Évi^ugilc, dit-il en celle ocea-
sion, est la bulle des curés; il s'en suit de là que leur
étal , suivant l'ordre élahli essmlietlrmcut et pour tou-
jours dans rEijUse, csi. de luénie condition que cditi des
prélats cardinaux , des archevêques el même du Pape ,
quoiqu'il ne soit pas si parfait. Il s'ensuit que le Pa\)e ne
-peut détruire ni anéantir cet état, lequel n'est point fondé
sur quelqu'une de ses ordonnances, mais .\ur I'autoriié de
Dieu imniédiulenieni // appartient aux curés d'en-
tendre les confessions lii ensuit qu'aucun de ceux qui
ont obtenu det privilèges (du Saint Siège) ne doit les en-
tendre dans l'cglise paroissiale sans le consentement et
la permission du curé, etc.
L'opposiiion qu'éprouva celle bulle d'Alexandre V
dn la part de l'Université de Paris, aussi bien que les !
troubles (pii sin-vinrenl alors, et qui ne furent termi-
né. (|u'a!i rouelle de Constance, sus|ientlit poiu' quel-
que lenips les poursuites des rehgienx Mi ndiauts, pour
faite \aloir lems privilèges. M;iis,aiirèsque ces grandes
alfaires larent terminées, la dispute recmiinient^a. Ils
obtinrent une bulle du pape Eugène IV, qui leur était
favorable, il est vrai que ce pape ne la publia pas ; mais
Nicol.is V, son suc< essem- , la eonfirma. L'Univer-
silé de Paris , dont les mendues avaieni celle alfaiic
foil à cu'tu-, en fui outrée. Klle nienisca de piivcr les
religieux Mendiants des droits qu'ils "vaieni tomme
faisant jiarlie du corjis de l'Universilé. s'ils ne faisaient
révo(pier cette bulle, ou s'ils en faisaient usage; elle
prêt, ndit que celle C(uishluiion èlail eoiilraireau dé-
cret du concile de L;iti;«n, Oninis uhinsqne sexûs , et
déclara qu'elle était si andalense , (pi elle irnuhlail la
paix el la ciuicorde , (|u'e.le lenversaii Trudre de la
bièrarcliie, elc. C'est ainsi , comme je viens de le re-
maripier, (|ue la co:ir de Rome comprometlail Sun ;'U-
liirilé dans celle allaire.
LUnivirsilé ne s'en tint jras à desimpies menaces;
elle rclrancha elfei liveinenlde son corps les religieux
Mcadiaiils. Ceux-ci emplo èrent en vain loiil leur cré-
dit |)oiir se faire rélablir dans lems |)rérogalives Le
connèlable de France, l'arclievèfiue de lleinis , et l'é-
vcqne de Paris, s'enlremirenl pour c'i\ dans celte af-
faire; mais ils ne piirenl rien ohleuir. L'nniversilé ne
s'engagea à les recevoir de nouveau (pi'à condilion
([u'ils renonceraient à la bulle des |>apes Eugène el
Nicolas V, et qu'ils acquiesceraient à celle de Cal-
liste III, qui révoquait celle d'Eugène. Les religieux
se soumirent à ces C(Uidilio s : m is ou Callisle ne ré-
voqua |(oiul les bulles de ses préiéccsseiirs, ou TUni-
versité, dit M. de Launoy (1), fui lr(uni.ée par une ap-
parence de révocaliim , puisque la bulle de C;dliste ,
loin d'infirmer celle d'Eugène, raiilorise ouvertement.
Les moines , ayant reçu celle bulle , présenlèrenl re-
quête ; Il conseil do roi, demandant (|u'ellt! fiil accep-
tée. LUiiiver^ilé eut rccoursà ses armes ordinaires :
elle priva de nouveau les religieux Mendianis des pri-
vilèges de rUniveisilé, el les iciablit e.ifin après bien
des di pilles , à condilion ipi'ils ne feraient aucun
usage de ceux qui leur étaient accordés par les huUeî
d'Eugène IV, de .Nie lis V et de Callisle III.
Depuis ce temps les dillérenies teiialives que firent
les religieux Mendiants |)oiir faire valoir leur |(iivi-
léges eiirenl peu d'eifel Les choses en vinrent iuseiisi-
bhîineiit au |)()i: l ampiel nous les voy ns aijonrd'hui.
Le synode de Harlem de l'an 1504, clablil (eue disci-
pline, aussi bien que S- Charles dans sou cmcile de
Milan de l'an l.'G.'). en (;es 1er. i es : Ncu.s v n'oiis que
l'on qardcin iolahlenienl la Conf.hlnhon (Ciniuccn' 111,
publiée dans le coniile qcnérnl de Lutraii. qt i l'.rcscrit aux
fidèles de se confesser an moins une fois l'an à leur pro-
pre curé , l'Kopnio pauociio. Le sy oilede Catnhrai de
Tau 1507, ordonne la même eliuse. Le c!cigé de
(I) Dans sa disserlation touchant le sens du canon:
l'iriusqnr se.rûs, p. 2*0 de rédilion in -12.
i'Ti PÉNITFNCE. — SECT. M. CIIAP. iX DtiS
F f.ii)ff\ ilrjis rass'uil)lée de Milim de l'an l."79. Ht ^
ii>;^ •.aiHiiiancc seiidilahlc. V.i (C i|iii e-l plus l'nrl, le
a.'iicili; de Hcims de l'an l.'SÔ, dn,,l los réj;Ii'inL'iils
01)! clé coidiiiiics par le papt; (JiéiJîoiix^ XUI (I ) Je
liiiiiai (.'l; ('lia;iilie en rappoiiaiil les pmprcs Icnnc-.
de ce ciiiicile : Que personne ne s iniuijine qn'il lui soil
piriins desecuiilesser à quel prclre il vondid, tuais il
doit le faire à son propre curé. Que si (jHelqiiuu, pour
di'jusit's raisons, veut confesser ses péchés à un piètre
étranger, qu'il en demande et obtienne la permission de
son propre pasteur, pu squavtreinent il ne peut ni l'ùb-
soudre, ni le lier.
CMAPiTRE IX.
Des confessions générales et par écrit. Que celles-ci
ont été défendues.
On voit peu de bonnes praliiiues dans TEglise (pii
n'aient leurs snurcos, on au nidins leur fondcnienl
dans l'anliipiilé. De ce «lonibieesl la Confession gé-
nérale de Ions les péchés coininis dejuiis Tùge de
raison, (pu anjonid'lini esl as.^ez ordinaire an\ p r-
soiiiies (]ni veulent rentier sérieisenient en (lies mê-
mes et clianger de vie, et (pu, poiu' plus grande sùrelé,
et dans la craiiilc de n'avoir uas apporté à la récep-
tion des sacreiucnls les cndiions n-qnises pour le
faire utilenieal et d une manière di.sne de vrais chré-
tiens, prennent la généreuse résolution de soumettre
do nonv( an aux cliers de rEglisclous les péchés doi.t
ils se sont rt-ndiis coupahles pendant toute leur vie,
»iiu de les ex|)ier par la péniicnce, et de se metîre, |
nuianl(pic réiat d; celle vie le perne', en sùrelé de
conscience. Ji; vais raj'porier eu fa\eur de ces per-
souîies et poiu' les aniuier et consoler, des exemples \
anciens de ces confessions générales.
Le iireniier, ([ue je sache, est celui de cette femme
dont parlent Socrate et Sozon.èie dans les endroits ^
que nous avons cités ci-devant, et qui, suivant ces au |
îciuvs con!'e>sa au p èlre pénitencier tons les péehés |
qu'elle avaii Commis depiiis son /j«/i/(';HC. On poiirraii |
néanmoins éiiiloguer là-dessus, et due (pie c'était |
peut-être h première confession (|u'elle faisait depuis
son hap èuKî, é ant assez ordi.iaire dans Ce temps de
nereeevi ir le liaplèuie qu'assez lard, et la coid'osion
d'ailienrsiiese faisant pasalorsaussi Iréipienunent (pi'à
préseni. Venoi.sdmic à des exemiiles qui aient |)lns
d'analogie avec lescoulmnes de noire temps, el à d(;s
confessions générales de péehés dont ou s'était d(''jà
atxai.-é dans le tribunal de la pénitence. Je crois (pie
loM peut mellrc de ce noudtro, sans crai idn; de se
lioniper, ce que nous ajipreiid Gré.^oirede Tours dans
la vie de S. Arede (2) : Qnafm que nul péché ne ter-
nît sa conscience, il confessa en présence du bienheu-
reux évêqnc Sieéliiis tous les péchés quil avait commis
d.pnis SI premihe jeunesF.c, t omnia aeta adolesccnti(C
i suce, . eic. S. Outïu a emprunté ces mènu'S |)i(r(dcs,
da;;S la vie (pi'il a éerile de S. Eioy (.ï). pour nous
(I) § de l\i'nil.
l'I) A|«ii;l Maitill. Analect . t. 2.
(3) VilaS. Elig.,1. J, c. 7.
CONFESS. GÉNÉRALES ET PAR ÉCRIT. .i3i
faire connaître que ce fut par une semblable confes-
sion que ce saint commença à se 1 vrer eniièremeiu îi
la vie pénitente qn'il mena depuis. L'auteni' anonyme
(le la vit; de S. Tillon, moine de Solniiniac, raconte
la même chose de ''i> saint, (pii vivait du leni|)S.deS.
Eloy, c'csl-à dire, dèi^ le commencemei.l du sepliènic
siècle de l'Eglise.
Non seulement cela se pratiquait (îe temps en temps
par les persoimes pieuses (pii se sent licnl excitées
par des mouvements de pénitence, mais il arrivait
aussi (piehpiefois que les plus sages prélats conseil-
laient d'en user ainsi, et ordoimaieiit celte confession
générale comme un remède nécessaire à certaines
gens, (i'est ainsi qu'en usa rarchcvêque llinciuar à
l'égard du jeune Pépin, autrefois roi dA(piilaine, qui
avait mené une vie pleine de désordres. H faut, dit
lliiicinar (dans un écrit inlitu'é (I) : Conseil louchant lu
Pénitence au jeune Pépin), exhorter ce prince à faire
une confession sincère et e.iacte de tous tes péchés quil a
commis depuis son enfance : .\b ineunte .-ut.vte.
Nous axons vu ci devant que S. Anselme conseil-
lait la même chose à son frère qui se préparait au
voyage de la Terrc-Sainle. Et l'impéralrif e Agnès c.i
donna un exemple édifiait pour toute l'Eglise, dont
nous avons pour g Tant Pierre Damien dans un opus-
cule adressé à cette illustre princesse, où il lui paiie
de celle sorle : M<tis afin que ceux qui vont en foiJ.e
aux tombeaux des Apôtres imitent, pour le bien de leurs
âmes, votre exemple, vous m'avez fait asseoir devant le
saint autel sous la confession secrète de S. Pierre, et là,
commençant avec beaucoup de soupirs et de gémisse-
ments par ce quil vous esl arrivé depuis Cage de cintf
ans, vous nùivcz déclcré toutes vos fautes, comme si S.
Pierre eut é:é présent en persotne, dêieloppanl avec la
dernière exactitude tous tes replis de voire cœur, el dé-
clarant tout ce qui pouvait y (.voir eu de Vuiti dans vos
pensées et de suyerflu dans vos discours. C'est pour-
quoi j'ai cru ne devoir vous imposer aucune autre péni-
tence que de vous dire, faites ce que vous faites, occu-
pez-vous à l'œuvre que vous avez commencée Dès lo
commencement de l'ordre de Cîteaux, les novices
aussiltit après leur conversion devaient confesser à
l'abbé tous les péchés qu'ils avaient commis, comme
témoigne le moine (!ésaire (in Dial., dist. 3, c. \), ce
<|iii doit s'entendre d'une confession générale, dont il
rapporte quehpies exempt s cap. 25 el 25, auxquels
nous en p(mrrions joindre plusieurs autres; mais
nous nous contenterons d'en don er un des plus
édifiants. C'est celui de S. Friderie, évè(pie de Liège,
(pii, étant sur le point d'entreprendre le voyage de Jé-
rusalem, vint trouver Bérenger, abl é de S. Laurent,
et lui fil une co;.fessi(Mi gérérale de sa vie passée,
omnem prœteritam acluum suoruni vitam in confessione
revcluvit : puis, s'élant recomm .mlé à ses pri. res et ;i
C(>lles de Ions ses frères, se mit en cliemiu. Cest ce
<pii esl rapporté dans la vie de ee saint évèipie, que h;
ui;
1) Apud Siriiiond. in Annal, ad capital. Caroh
i.
I'. Mariùnc a inséiocdans sa gronde collection de pic-
ces anciennes {toiii. 4, p. 1027).
Si les conicssions générales ont é'é en usage
MiS in'à présent dans rKgli^-e, il n'en est pas de même
des conlessions par écrit laites à des absents, et des
absolutions (pii les snivaicnt, et dont nous avons plu-
sieurs exemple ^ dans rantiipiilé, que nous rapporte-
rons ici, ntru pour atiloriscr ceux (pii voudraient ;
l'aire de liicine, mais pour rempli»' le devoir d'bisio- \
ïien à (iui rien de ce qui est impoilanl et (pii a un
rapport direct à son sujet ne doit é; bajper. j
Ilobert, évcip'.e du Mans, étant atlarpié d'une ma-
HISTOIKE DES SACREMENTS. ^ÔQ
ceux diMit il s'agit fussent ou excommunies, ou at-
teints de quelques censures que ce puisse élre. Le
fait de l'otamius, évèquc de Drague, dont nous avons
fait mention, a quelipie rapp')rt avec ceux-ci, puis-
(pfil fit sa confession par écrit aux évoques du
dixième concile de Tolède, sans qu'il fùl lui-mcmo
présciil; mais comme le crime dont il s'accusait mé-
ritait, suivant les canons, la déposition, les évoques
le firent venir pour apjtrcndre de lui-même s'il avait
fait cet écrit qui contenait sa confession; et celui-ci
l'iiyanl assuré, ils le déposèrent de l'épisci pat, peine
ipii étant du res'^ort de la juiidiclion extérieure de
1 r.giise, demandait que l'on procédât avec l'appareil
ladie dangereuse et, se croyant près de sa (in, cou
fessa par écrit ses pécliés aux Pères du concile de ■ de colle juridiction, et par consécpicnt qu'on s'assurât
Douzi, qui fut assemblé sous Jean Ylll, en 87-2, et \ du crime de cet évèqne p;>r sa propre bouche, quand
leur deuianda l'absolution, étant éloigne d'eux de '1 la cliose clait f-iisable
vingt milles. Voici les dernières paroles de l'écrit \
qu'il leur envoya c-our cela : J'implore avec des stui
ijlols voire miséricorde, afin que vous me délivriez des \
liens de mes péchés , par le pouvoir qui vous a été donné
du ciel, eUjiie par vos prières vous m'obleniez re,\pia' \
tion de mes fautes, et qu3 je ne sois pas conduit avec ■
tes répronvi's aux enfers, mais que j'entre dans la joie \
céleste avec les bienheureux. Les Pères du concile lui
accordèrent ce qu'il demandait, et li:i envoyèrent une
lettre d'absolulion, cpistola absoluliouis, dans laquelle, '
après avoir parlé delà vertu cl de reriicr.ce de la confes-
sion des pécIiés, ils lui donnent l'absolution en ces ter-
mes, qui sont les mêmes avec lesquels elle est expri-
mée dans rordre romain cl les autres ancieii> livres
péiiitentiaux, lorsqu'il s'agit d'ab-oudrc une persoimc
seub'. après qu'elle s'est confessée. Cest pourquoi, no- ]
tre cher frère et coUèijue, que Nolre-^eitjneur Jésus-
Christ, par la puissance ecclésiastique d-e l'autorité apos
tolique qu'il a donnée à ses disciples et à s:s apô:rcs en ',
leur disant : « Recevez le Saint-Esprit , * etc., et par '■
ses apôtres à leurs successeurs, dont nous tenons la
vlace quoique indignes, ayant reçu de lui par le nom et. .
la diijmté dont nous sommes revêtus la même puissance : \
que Notre-Seignetir, qui a dit à celui qui croirait en lui ,
qu'il vous soit fait selon votre foi; pur lu vertu du '.
Sailli-Esprit qui est la rémission de tous pécliés, vous ,
panlonne tous ceux que votis avez commis, qu'il vous
délivre de tout mal, qu'il vous cons:rve en tout bien,
vous conduise à la vie éternelle et à la compagnie des
saints. Amen.
Le P. Sirmond, dans ses notes sur le troisième
tome des conciles de Gaule, remarque que dans le
même manuscrit l'on trouve une ab olution semblable, î
donnée par l'arclievèquc Ilincmar à îlildebold, évèrpiC ,
de Soissons, qui lavait demaiiilée par lettres, élant
arrêté par la maladie. Le titre de celle absolution est ]\
lei : Lettre exliorlaloire d'ilincmar, métropoiiUdn, à \
Ilildebold, évêque diocésain, retenu par la maladie, par '
laquelle, suivant la demande de ses lettres be co.nfes- '[
sio.N, il l'absout par son autorité el le réconcilie, quoique ■ '
absent. L'on voit dans ces deux faits la confession ji
par écrit cl l'absolution donnée de môme, sans que M
l'on puisse dire avec la nioindrc ombre de raison que 1
Le pape Grégoire VU a souvent donné de ces sor-
tes d'absolutions à des absenls, el ne l'a pas fait sans
connaissance de cause, c'est-à-dire, sans qu'il connftl
par la confession des pénitents les fautes dont il leur
donnait l'absohilioii. Voici ce qu'il écrit ( 1. 1 ep. 54 )
à l'évêqnc de Liiuolne : iVohs avons cru devoir vous
cnvoijer rabsoluticn de vos pécliés , par l'autorité des
apôtres S- Pierre et S. Paul dont nous tenons la place,
pourvu néanmoins qu'en vous appliquant aux bonnes
œuvres cl en pleurant vos fautes vous rendiez votre corps
digne de devenir le temple de Dieu.
Le niêiiio pape (1) écrivant à l'évêque de Liège,
après quelipies plaintes sur ce qu'il a appris qu'il n'é-
tait pas exempt de simonie, el l'avoir exhorté à
extirper la fornication de son clergé, conchil s.i
l.ellrc en ces lermes : /'.'/ parce que vous êtes à l'ex-
trémi:é , touchés de la compassion fraternelle, nous vous
donnons l'absolution par l'autorité des apôtres S. Pierre
et S. Paul , cl prions le Seigneur que par leur interces-
sion Vfus soyez digne d'entrer dans ta compagnie des élus.
Donné à Home le 10 des calendes d'avril , indiet. 15. I!
n'y a guère lieu de douter que ces i\cm\ (îvêques
n'eus ont déclaré au Pape les péchés dont ils se sen-
taient coiq)ables ; car quelle apparence y aiu'ait-il qu'il
leuraccnrdàtl'absiilulion des fuites qu'ils ne lui auraient
pns déclarée en lui deuiandant de les absoudre.
Niuis irouvons encore d'autres exeniples de sembla-
bles absolutions dans les lettres de Grégoiie Vil (â),
telle que celle qu'il envoya à Ali)!!onse, roid'Kspagne,
el aux grands de son royaume, et au duc Giielphe,
qui l'avait servi ulilemcnt contre ses ennemis. El qu'on
; ne vienne pas nous dire ici qu'il ne s'agit pas dans ces
lettres do Grégoire Vil , de l'ahs ilulion des péchés
proprement dits, niais de la remise des peines cano-
niques; ce que nous ai-pelons indulgences.
Celle réponse ne peut avoir lieu , dit le P. Morin ,
surtout à l'égard du Pontife dont il s'agit , liommo
sévère cl zélé pour la itisdpline ecclésiastique , pou.
le rétablissement de laquelle il a tant travaillé, et e-
suyé tant de contradictions. D'ailleurs il ne dit point,
dans ces occasions, qu'il accorde ces absolutions port
(i)Gre<ï. Vlil, 1.2, op. 6!.
(2) Lib^S.ep. !2;1. (> , cp. ii.
157
PENITENCE.
5i:CT. 11. CITAI'. IX. DES
quelques adious rcm.irqiiablcs de picié , cl ne leur r
cujoiiii aucune œuvre de pcniioiice en couipensalion
de riiidu!gonce prélcndueciu'il accorde, ctî (iiiil n'au- i
rail pas maïKiué de fuire suivant l'usage; de ce leuips-
là , s'il cùl élé question d'uno simple iuiliilgenco. Qui
croira cela de Grégoire qui a assemble !«;nl de conciles
pour exlenniner la f.iusse pénitence, cl l'aire revivre
les règles de rancieime? Nous lisons d.ms les actes
d'un concile d'Angleterre, tenu en 7i7, un fait qui, ij
quoique ddVércnt de ceux que nous venons de rappor-
ter , fait voir que ceux dont nous avons l'ail nienlion
pouvaient être assez fréquents en ce temps-là. Der-
nièrement, y est-il dit, un liomme riehe , puissant
dans le sièclo, demandait qu'on lui donnai au plus loi
l'absolution d'un grand crime, assurant , dans ses
lettres, que, suivant le seniimenl de plusieurs person-
nes , ce péché avait clé aul;int expié qu'il le poi'.rrait
èire s'il > n f.iisait pénitence pendant 500 ans; ou bien,
tellement expié, que, s'il avait encore 500 ans à vivre,
il aurait satisfait. Ut si deiuceps vivere possit irecenlo-
ritm anuoium, elc, jiersolulum esset . Cet homme,]
comme vous voyez, demandait par lettres la réeonci- fl
li.ition , et ce n'est pas à quoi s'arrcleni les Pères de i
ce concile, mais à ce qu'd avait avancé qu''il avait |
racheté bien au-delà de ce qu'il devait les péidtences I
canoniques qu'on lui avait imposées , par les graiules S
largesses qu'il avait faites aux pauvivs patu' les cnga- |
ger à jeûner pour lui. Si cet liomuie demaud.iit la j
réconciliation par écrit , pourquoi , dit le P. Morin , il
ne se serait-il p >s confessé de même , si qiiehpic em- |
barras l'eût empcclié de le f.ùre de vive voix ? ji
Nous apporienns pour dernier cxcnqile ce que fil |
S. Thomas de Canloibéri. Ce saint hoinme ayant pro- ||
mis avec l)i<n de la peine et à la sollicitation près- a
sanic des évc pies ei des gnuuls du ro) aume, d'(d)Ser- |
ver les coulumes d'Angle'erre, dont (|uel iues-unes
étaient contraires aux libertés des É^-;lises, se i élira |
de rassemblée tenue à Clarendon potn* ce sujet en
llGi, ci prit le chemin de Vint lieslre; cependant il j
s'éuml une dispute entre ceux de sa suite, dont les '
uns disaient qu'il n'avait pu faire auiiemenl, vu la !
circonstance du leuqts ; les autres téMU)ignaie;it lewr i
indignation lie ce (p;e la liberté ecclé'>iastiiiue péris-
sait par la fantaisie d'un seid bonnuc. Un de ceux-ci, '
qui portail la croix du prélat, parlait avec jibis d'ar- |
diMU' que les autres ^t^ plaignant (pic la puissance se- !
ciilière troublait toul ; (pie l'oîi n'estimait pins ipie '
ceux qui avaient pour les princes une « omplaisance !
sans bornes; et il conclut en disant : que deviendra !
l'innocence? (pii comballra pour elle, ai»rès que le [
chef est vaincu? quelle vertu a gardé celui ipii a per- 'i
du la constance ? à qui en voule/.-voiis. mon (ils, dit \
larebevéqiie? A vous-même, reprit le porte-croix, qui |
avez aujourd'hui perdu voire conscience et votre ré- '
piilation, laissant un exemple odieux à la poslciilé
quand vous avez étendu vos mains sacrées pour pro-
mellifc l'observation de ces coutumes (lcle>tal)les.
Le prélat dit en soupirant : Je m'en repens, j'ai
horreur de la faute, et je me juge désormais indigne |
CONFESS. GÉNÉRALES ET PAR ÉCRIT. 438
des fonctions du sacerdoce, cl d'approcher de celui
dont j'ai si là( bernent Irali l'Eglise : je d(^nieurerai
dans la iristcîsse et dans le s. cnce jusqu'à ce que j\iic
reçu l'iibsolution de Dieu el du Pape. Dès lors il s'iii-i
terdit du service de l'autel, et s'imposa pour pénitence
des jeûnes et des vêtements rudes, et peu de jou- s
après il envoya au Pape en diligence. Le Pape, qni
était pour lors à Sens, et qui avait appris ce qui s'éla l
passé cl la résolulioit de Thomas, avant (pie ceux (pi'. 1
avait envoyés fussent arrivés vers lui, )épondil que
la faute dont il se croyait coupable n'était pas ri
grande qu'elle méritât cette suspension qu'il s'était
imposée à lui niènie, et ajouta : Si doue loua crotji'i
avoir fait quelque chose que la couscieme vous repro-
che, nous vous conseillons, quoique ce puisse êlfV-, de le
confesser à un prêtre sage et discret. Ce qu ayant ffH',
le Seiqneur, qui est plein de uiisi'ricordr, el qui rcqard^
plutôt le cœur que les uclions, vous pardonnera suituul
sa bonté ordinaire. Kl nous, par la confiance que ho«)î
avons dans les mérites des bienheureux apolres S. Pierre
et S. Paul, vous absolvons de la faute que wns avci
commise ; t te ab co quod est cononissuni absolvimus, i
el la remettons à votre fraternité par l'autorité apo>>toH-
que, vous conseillant et vous ordonnant de ne peint vous
abstenir ci-aprcs de célébrer la messe. Voilii encore une
conft'ssion el une absoluliou par écrit dminée à «la
absent, sans qu'il y ait lieu de supposer ici aucune
censure, puisque le Pape dé( lare à l'arch'.'vèipie de
Caiilorbéii que la faute pcuir hiipielle il s'était sus-
pendu bii-wième de la célébration de la sainte messe
ne mérilail pas celle peine, cl ([u'il ne lui ordonne de
rcpreiidro ses biiaiions ordinaires qu'apiès lui avoir
remis sou péché par l'absolution. 11 cslviai (pic le pape
lui conseille de se confesser à un prêtre, mois c'était
sans doute afin qu'on pût lui imposer une pénitence
convenable à sa laiile, et qui m,' poiivaiiètre déleinii-
née (pie suivant les dinércnles cii constances qu'un
absent ne saurait guère counaitre avec toute l'exacti-
tude qui convient.
Plusieurs docteurs scolasliqiies ont mis depuis en
(piestion si la confession el l'absobilion par écrit de-
vaient être censées permises, ou au moins valides ;
et un gratid nond^re d'entre eux ont soutenu l'affir-
maiive. Siiarez (1) lait l'éMuméraîion de ces maîtres
de reçoit;, dont il a suivi lui-même le sentiment ;
mais le pape Clément Mil , craignant avec raison
qu'on ne tirât à conséquence (piebiucs exemples ex-
traordinaires, et qu'on ne fil icseiisiblemenl passer en
coulume ce (pii ne s'était fait que rarement autrefois,
et que par là on achevât d'énerver enlièrcnienl la dis-
cipline de la pénitence qui n'est déjà ([iic trop af[\n-
blie, et dont la confusion salutaire que les pécheurs
re(,'oive!il en s'accusantcux-uiêmcs, fait pallie, défen-
dit, par uiiccoiislitulioiulatéedu20jnillt;t lGU-2,(pron
enseignai à l'avenir iju'il fùl permis de se confesser
par écrit à un prêtre absent, et de recevoir de lui
l'absolution ; et déclara que ce sentiment élail au
(l)Disp. 19, de Forma sacram. Pœnil., sect. 3.
A^) niSTOlKE DES
DKiiiis faux, tûinénirc et scandalcui, ordonnani qu'à
i':ivfiiir (III ne renseignai ni en pnblic ni en particu-
lier, ([(l'on ne le sonlini pas môme connue probable,
(I.ms i|iiel(|ne cas (|nece (lût êlie, el qu'on ne le ré-
duisit point en pi'alii|nc.
Quolipie le Pape, dans ce décret, ne parle pas de
riiivaiidilé de (es sortes de confessions ol aliS(»lii-
tinns, les termes dans lesquels il est conçu font voir
qu'elles sont également invalides et illégitimes, en ce
que ce sage pontife n'exceplt; aucun cas, pas même
celui d'une exirènie nécessité, qui pour l'ordinaire
rend légilini'î ce qui est valide par sa nature.
Qnel.|nes uns, ayant préteinlu depuis que ce senti-
ment n'avait été condamné qu'en tant (|ue la confession
cl l'absolution tout ensemble se feraient par écrit el
entre absents, mais que l'une séparément de l'autre
piMivait se faire légitimement, le même pape déclara,
dans une congrégation du saint oflice, (pTil avait C'ii-
danmé ci;ttc proposition, et ensemble el M'-paiésent,
c'«'st-à-dire, l'une el l'autre partie de la proposition
qni contient le sO!:timent dont il s'agit ici, comme on
le peut voir dans une lettre de Pierre Lombard, ar-
ciievèipie d'Armacb, à Gile Couine, du 0 juin 1G2-4.
Le pape Paul V fit la même cimse le ii juillet de;
l'année 1605, et coiulamna rex[ilicatioii coiiliaire de
Snarez, ordomiant qu'(m billàt du tome 4 de son com-
iM ntaire sur la troisième partie de S. Tbomas, ce
qu'il avait écrit I i-dessus.
Je ne pense pas jpio ces souverains pontifes aient
voulu (pie leurs décrets sur celle matit^re eussent un
cllel rélrcaclif par rapport à ce que nous a\ons vu
êlre arrivé autrefois. Mais depuis (pie l'Église s'est
expliquée là-de^sus d'une manière positive, ce serait
une témérité sacrilège de remeilre eu question ce
qu'ils ont proscrit, el de vouloir soutenir la validité.
Cl encore plus la légitimité de ces sortes de confes-
sions et d'absolutions.
Car, comme remarque judicieusement M. Toiir-
neli (I), (pioique l'Église n'ait pas le pouvoir de clian-
ger la matière des sacien»ents que Jésus Christ a
instituée , elle peut néanmoins apposer certaines
coudiiinns pour l'adminislratinn de ceux donl la ma-
tière consiste dans quelque chose de nujral : condi-
tions dont l'omission rend les ministres iidiabiles à les
conférer el les (idcîes à les recevoir. Il apporte poiu'
exc.nple le sacremcnl du Mariage, dont, <|uti(pie le
co iseiitemenl récii»roque di'S parti, s coulraclantt!s
£oit la matière, selon l'institu ion du Sanvi-nr, il l'a
iicaiiiUdins lellemeut soumis 'n la police el aux lois de
l'Église (je pourrais ajouter cl à celles des |)riuces), qne
leur inobservation niui iidiabiles à contracter mariage.
(;'rst ainsi (pie les mariages clandestins sou! invalides
à jnéscnt. De même, (pioiipie tuiii prêtre dans son
orilinaiion reçoive ta puissance d'absoudre des péchés,
i Kglise cependant prescrit < ertaiiies coudilions, au
d(ifaut descpielUîs les absolutions sonl nulles, par
excnqile, s'il n'est pas approuvé par l'é^èiiue, s'il n'a
(I ) De Pœnii. art. 4 ; de Coud, confcssionis, p. 208
et seq.
bACKEMENlS. ^ 440
point reçu de lui juridiction , etc. Notis avons vu ci-
devanl qu'un concile d'Augleteric déclarait do nulle
valeur les confessions faites dans des lieux obscurs,
Pour(pu)i donc l'Église ne pourrait-elle pas établir qno
la |)ré-ence du prêtre el du pénitent serait si nécessaire
|iour la confession et l'abscdutioi sacramentelle , que
le défaut de celle condition rendît ses ministres iidta-
biles à donner l'absolnlion el les fidèles à se confes-
ser sacramentalement , c'est-à-dire, à faire une con-
fession (jui lasse partie du sacrcmeiil de Pénitence, et
qui les rende propres à recevoir les fruits salutaires
de ce sacrement; mais c'est assez parler théologique-
ment. Venons |irésentemenl aux règles que suivaient
les confesseurs dans l'imposiliou des pénitences.
CHAPir:!:;. i^.
lié lies <\ne suivaient les confesseurs dans rimposilion de
la Péni euce. Des livres f^éiiiteutinux qui étaient au-
trfois en usage, en quoi ils di/j^éraienl des Recueils de
canons et des Sacramentaires , ce que c'était , etc.
Les règles qu'ont suivies nos pères dans l'imposition
des peines dues aux péchés (jne l'on avait confessés,
n'étaient point arbitraires < t laissées à la discrétion
des co ifessenrs, m us elles él lieiil foudétis ou sur les
textes formels de lÉcriture sainte, ou sur les canons
(•es anciens, ou sur les coutunuiS des églises qui fai-
saient remonter leur origine jusqu'aux Apôtres ou à
leurs disciples. C'est ce qu'on |icul voir dans les déci-
sions sur celle matière, que S. Grégoire Tbamua-
liirge donna aux églises de la province du Pont, qui
I avaientconsiilié touclianl la | éailence (pie méritaient
certains crimes (pii s'étaient commis dans ces coi:lrées
à l'occasion d'une iiicutsion que les Golhs el autres
barbares y avaient faite. Ils cxaminaieiit avec soin la
nature . la (pialilé cl les circon>laiices des crimes, et
s'appliquaiciit à y appoi l;r les remèdes convenables,
non en suivant la lumière de leur propre esprit, ou les
préjugés des temps et des lieux , mais en s'allacliant
à l'ancienne tradition, el en ne s'écartant en rien des
iiasimes de l'Éciilnre et des louables coutumes qui se
trouvai(^nt établies dans les dinércutes provinces. La
Leitriî caiioni'pie di; S. Pierre d'Alexandrie, cet illustre
martyr, est nue prcnve de ce que nous disons : on y
voit (pialorze canons pé:iilenlia'ix , dans lesquels il
examine les diverses espèces de jiécliés, el y joint les
p;'ines sabilaires par lesipiellesoii doit les expier pour
être (ligne dr pailiciper avec friiilanx sacré; mystères,
le tout en suivant la liiniièrcdes divines Ecritures, dont
il lire les raisons (pi'd joint à cbacnni' de ses décisions.
Que l'on jette les yiMix sur la Letir,' de S Alhanase à
Riiliiiieu, sur les Éjùlrt^s canoniqies d' S. Basile à
Ampiiilo pie, el (le S.Grégoire de Nysse à Letoyus évo-
que de Mélilinc en Armé/ue, on verra part -ut la même
mélliode ; leurs répon-es sont loiiles fondées sur la
sainte Écriture, sur lescouiuiues el traditions de leurs
églisi-s. S. Basile, après avoir parlé de lui-même avec
beauconp de luodcslii; dans la préface de sa première
Éj itre caiio'.iiipie à Ami)hiluipie, ajoute : Nous avons
été obligrs de considérer avec nuin ce que vous nous avez,
proposé j el de rappeler en notre mémoire ce (f^f non»
iil PÉNITENCE. — SECT. H. CHAI
(itoTiS appris des anciens, et de le comparer avec 1rs choses
qui y onl rapport, zc.i eîti Yi/.o\nv.;j.:t -îic/.ç,-/. twv ::«î75jt;i£0/,
a a</.v/;70»ivat. Dans le troisioiiK* canon , pari. ml di-s
diacn-s (jui sonl loml)C> dans le péilié de la ciiair, il
décide coiirorinénienl aux anciens canons, ôiotj v.^y.v.\oi
is-:i /CL Cil, qu'on doit les déposer cl les réduire au
rang des laïques, sans y ajunierd'anlres peines.
Dans le canon nt-uviènie, apiè,-> avoir discnlé si une
fenune est en droit de (jnilter son mari, parci; qu'il
lui est in'.dele, et apporté quehpu'S pasjages des
saintes Écritures, il décide eidin (lu'elle ne le peut,
parce, dl-il, (pie ce n'est pas la coulunie dans 1 Église
de sou/frir cpi'ede (piitte sou luari, où/, è'xo/'î'' tjû^o h rfî
9\rirfiiî.a. Tri £///.»; 7 ta j-Ttzvi TÔ T^v.^u.Tf.pr,'j.'J.,
Ces sortes de consultations (|ue de grands évêqnes,
tels qn'Auqdiiloque, adressaient à d'autres qu'ils ju-
geaient plus liahiles (pi'eu\, et plus insirnits des ca-
nons el de la discipline de l'Église, font voir avec
quelle circonsp-ction les anciens se conduisaient,
quand il s'agissait de la guérison des Ames l)!e.->sées
par le péché; mais fut- il èlrc surpris que l'on s'a-
dressât pour cela à des particidiei-s ? quand i;ous
voyons que l'on tenait même des conciles pour déci-
der quelles peines mériiaieiit les différentes espoces \
de crimes, quand il arrivait qu'on en commît de ceux
dont les exemples étaient |>lus rares , ou doi:t les cir-
const;uices étaient extraordinaires. Nous avons [lu-
sleurs exemples de ces conciles assemblé- pour dé ider
de ces sortes de (jucslious. Six é^èipies consultèrent
S Cvprien pour apprendre de lui si on pouvait réconci-
lier eu sùrelé au bout de trois ans d; |)énitence, ceux
qui, après avoir souffert des tnurme.its en présence
du magistral et du peiqile en l'ureur, avaient e; (in \
succond)é aux longui'S sonffiances (|ue Is; Proconsul
leur avait fait endurer, et flétri par celle cl ule la
gloire (ju'ils s'étaient acquise dans le premier combat.
Les six évcMpies, dont nous avons par!é, priaient
S. Cyprien d'examiner celle affaire avec ses collègues.
A quoi il leur répondit : Parce que vous m'uvcz écrit
de traiter a fond celte affaire avec mes collrçjues, et
quelU' es', de telle importance qu'elle mérite d'être exa-
minée iniirenicnt et discutée par plusieurs personnes, et
qu'en ce temps de Pâques presque tous les évêqnes sont
à leurs Églibes ; je traiterai de cela avec eux quand ce
temps sera pusse et qu'ils commenceront à venir ici. afin
ijue nous sachions à quoi nous en tenir au sujet de voire
consultation , et que nous puissions vous écrire quelque
chose d'a>isiiré , après qu'il aura été pesé el arrêté par
l'avis de plusieurs évè(jnes. « Il de co (juod consuluislis
« figalur apud nos, el rescribalur vohis firma sentonia,
f multorum sacerdotitm consilio panderaUi. » Vous
voyez par là de quelle imj;orlance S. Cyprien et ces
six évêqnes jugeaient être cotte question.
Ca (liMiius proposa au même Saint nue autre ques-
tion sur la même matière. Il s'ai;issait (b; certains fi-
dèles qui, après avoir eu le malheiu- de suceond)er h
la pei-séciitiou , s'étaient relevés , avaient confessé la
foi, el avaient souffert des tourments pnur sa défense,
leurs biens ayant été confisqués, et eux etivoyés eu
. X. REGLES DE CONFESSION. 442
exil. Ces fidèles, avant de partir pour le lieu de leur
exil, demandaient d'èlre réconciliés. Voici comme
Cahlouius parle à S. Cyprien ( remanpiez , je vous
prie, la relemie et la circonspection de cet é.èque) :
Quoiqu'il me paraisse qu'on doive les recevoir à la com-
munion , cependant je les renvoie à ce qu'il vous plaira
d'en ordonner, de peur que je ne semble prendre témé-
rairement cela sur moi. Si donc vous déterminez là- des-
sus (jnclque chose d'avis commun, écrivez-le moi. S. Cy-
prien répond par la lettre suivante àCaldonius ; il le
loue de ce (pi'il est savant dans les saintes Ecritures,
et de ce (ju'il se conduit avec sagesse et précaution :
Caillé omnia el consulte tjerat. Il approuve ensuite sou
sentiment à l'égard de ces fidèles sur le sujet desquels
i! lui avait demandé conseil.
L'affaire de ceux qui étaient tombés dans la persé-
cution, el (jui, ayant reçu des billets des martyrs,
liriaient qu'on les réconciliai avant qu'ils eussent
acbe\é le temps de leur pénitence, est fameuse en ce
genre, el nous convaincra que les é êques de l'anti-
(piilé n'iMit jantais cru que les peines dues aux crimes
el les remèdes qu'on doit prescrire aux âmes pour les
guérir de la plaie du péché, fussent arbitraires, el ne
dussent pas avoir de proportion avec les fautes com-
toises. Les iirèlres de l'Eglise de Carlbage ayant écrit
sur cela à S. Cyprien, il leur réjiondit : Vous avez
souhaité d'apprendre de nous la manière dont il faut se
conduire en celte occasion. Je crois avoir répondu assez
au long dans mes lettres précédentes sur celte affaire,
savoir, que ceux qui ont reçu des libelles des martyrs , et
qui peuvent être ainsi aidés par leurs prières , s'ils se
trouvenl attaqués de maladies dangereuses, et que le pé-
ril snit immineitî , soient envoyés au Seigneur avec la
paix que les martyrs leur ont promise , ayant fait l'exo-
mulogèse el reçu aupanivanl l'imposition des mains pour
ta pénitence. Foi-r ce qui est des autres, qui n'ont
point reçu de ces billets, parce qu'ils sont en grand
nombre et répandus parlout, S. Cyprien veut qu'ils
altendeul la paix de l'Eglise , qui donne lieu aux évê-
qnes de s'assembler cl de traiter eu présence du cler-
gé el du peiqde ipù est demeuré fidèle dans la persé-
cuiion , l'affaire de leur léeonciliation : Ut prœpositi
cum clero convenientes , pra'sente et slanlium plèbe...
disponcre omnia consilii commuuis religione possimus.
Le clergé de Rnme, [lendani la vacance du S. -Siège,
jugea de même (pi'il fallait traiter celte affiire dans un
concile, et qu;' pour cela ou devait allendreque Dieu
cù: lendu la paix à son Eglise. // nous a semblé, di-
sent à S. Cyprien les iirèfres de celte première Eglise
du UKUide (H, qu'on devait se conduire dans celle af-
faire si imporlanle comme vous avez marqué ; qu'ij Rel-
iait atlendre la paix de l'Eglise, el que les évêqnes , les
prêtres , les diacres , les confesseurs et te peuple fidèle ,
donnant chacun son avis , on traitât ainsi la cause de
ceux qui font tombés. « Deinde, sic collatione consilio-
d rum cum episcopis, presbyleris, diaconis, confessorim
i bus, pariier ac slanlibus Inicis factâ, tapsorum tracta'
(Il iuler ep. Cypriau. 50.
445
Hî.STOlRE LES SACilKMENTS.
m
f re ratisncm. t Ils ajoutent ensuite que loi était aussi
le senlini'înl dos évot|iios voisins do Ronio, et do ceux
que la J'urcur de la porsocution y avait joies. S. Cy-
I ritcnt les crimes tant des clercs que dos laïques : ce
.- ! qu'on poul dire à plus luile raison du premier con-
- f ! cilc
prion reçut celle loiire et eu fil part aussitôt aux cvè
ques d'Afrique et à ses prêtres , comme il parait par
celle qui se trouve immédiatement après celle-ci
dans ses écrits.
Mais, enfin, qu'arriva-l-il quand la paix fat rendue
ii l'Eglise? Le même Père nous Tapprond dans sa
Lettre 55° : La persécution , dit-il, élmit assoupie, et
pouvant nous assembler, nous avons fait ce qui avait été
résolu : nous nous sommes ironv,''s en même lieu ai\c un
grand nombre d'évêques, que leur foi cl la protection du
Seigneur avaient préservés de toute chute. Là, après
avoir proposé les témoignages des Ecritures , pour el
contre , el après avoir longtemps agité la question , nous
avons pris le lempérument d'une salutaire modération;
savoir, que, d'une part, ou noierait point « ceux qui sont
tombés l'espérance de la communion ; et que, de l'au-
tre , on ne se relâcherait pas de lu rigueur de la disci-
pline évangclique, en laissant approcher témérairement
des saints mystères les coupables; mais qu'ils feraient
longtemps pénitence, et qu'on examinerait les causes, les
volontés et les nécessités d'un chacun , selon qu'il est
contenu dans le libelle que je crois qui est venu jusqu'à
vous, « secundimi quod libcllo conlinelur, » dans lequel
nous avons écrit ce qui a été arrêté entre nous sur chaque
point, c ubi singula placitorum capita conacripta sunt. s
S. Cyprien témoigne, dans le même lieu, que S.Cor-
niîillo (il à Home la même chose qu'il avait laite en
Afrique, et qu'il régla dans un concile d'évèques d'I-
talie la pénitence que devaient faire ceux dont il s'a-
gissait, suivant les diflcrenies espèces el circonstances
de leur crime.
Celle atlonlion à appliquer les remèdes convena-
bles à chaque espèce de maux élail si grande, que l'on
composait même dans ces conciles, d'im connuun con-
senlcmont, dos libelles qui conleuaieiit la peiiie que
Ion devait infliger pour cliaque espèce de péchés , |
afin que tous les évêqucs cl les prêtres s'y conformas-
sent dans le tribunal de la Pénitence ; c'est ce que
nous venons de voir dans S. Cyprien. Le libelle qui
avait été composé à celle occasion n'isi p niul veim
jusqu'à nous non plus que bien d'aiilros, sans douie,
qui ont été faits dans ces premiers siècles, et dont
parle S. Basile, dans sa Lellre canonif|ue, comme
nous avons vu ; mais on ne voit p;is une moiiulrc ai-
le nlion à appli |ucr des peim s proportionnées à cha-
que péché dans plusieurs aucie.is conciles, dont les
canons, qui se sont conservés jusqu'à nos jours, ne
contiennent, pour la plupart, (pie lexplicaiion de la
pénilence qu'on devait iiujioser pour les crimes qui se
Oiunnietlaient de te;n|is en temps. C'est ce (ju'oii peut
voir dans les conciles d'Elvire et d'Aiicyre, dont on
peut ^■re que les canons forment comme une espèce
décode pénilentiel : en effet, celui dElvirc conlienl
81 canons, celui d'Aiicyre 2i, (pii près |ue tous rou-
lent sur cette matière. La moitié des canons des
Apôtres regardent aussi les peines différeiitos quemé-
e d'Arles, dont la plupart des canons règlent de
même la discipline de la Pénilence; tant les anciens
évèques avaient à cœur que les prêtres fussent par-
faitement instruits do la manière dont les âmes cor-
r;>nqjnes par lo péché devaient êlre purifiées et pré-
parées à recevoir le bienfait de la réconciliation. Le
zèle dans les pasteurs pour maintenir l'ancienne dis-
cipline de la Péniiciice, cl dans les fidèles pour la
mettre en pr.itiquo, ét:ul cause que les uns el les au-
tres s'adressaient souvent aux Papes dans les cas ex-
traordinaires, les uns pour appreiulre d'eux de quelle
manière ils devaient se conduire à l'égard des pé-
cheurs dans ces occasions difficiles; et les autres,
non pour obtenir dispense des peines canoniques,
mais pour êlre inslruils par ces saints Pontifes de ce
qu'ils devaient faire pour saiisliiire pleinement en celle
vie à la justice de Dieu. C'est ce qu'on peut voir dans
les Décrélalos dos Papes Sirice , Innocent, Céioslin ,
Léon, etc., et dans les Lettres du pape Nicolas I, qui
se plaint qu'il était accablé de la mullitnde dos con-
sultations qu'on lui adressait là- dessus. Les rois eux-
mêmes ne rougissaient pas d'apprendre d'eux com-
ment ils devaient fiure pénitence de leurs désordres :
c'est ce qu'on peut voir par la question que le roi de
France Tliéodebert proposa au pape Vigile , pour ap-
prendre de lui quelle pénitence méritait celui qui avait
épousé la femme de son frère, et à laquelle ce Pape
répondit par une Icilrc adressée à ce roi , que nous
, avons encore dans le premier tome des Conciles des
Gaules sur l'année 558.
C'est sur ces décisions des conciles et des papes,
(jui élaionl elles-mcmcs fondées sur les règles de
lEcrilure sainte et de la tradition apostolique, que
les prêtres qui entendaient les confessions des fidèles
devaient indispensabloment se régler dans l'imposition
lie la I éiiilence, soit publi(iue, soit secrète, qui ne
dinéiaient l'une de l'antre que par la solennilé avec
la(iuelle celle-là était imposée el exécuiée en partie
à la vue de loule l'Eglise. Dans la siiiti-, après le qua-
trième siècle, en Orient, el vers la fin dusoplièmeou
au conunencemenl du builiéme, en Occidenl, quand la
péniieîice publiipie, pour les péchés secrets, eut été
abolie et réservée seulement pour les péchés publics,
afin que les prêtres, à qui les fidèles s'adress;iient pour
l;i confession, eussent des lèglos certaines de coiulnile
dans le tribunal do laPé.iitence. à l'égard des pécheurs
do toute espère qui se présentaient à eux; on composa
des livres pénitoiUiaux qui contenaient, oulre les
prières, les formules et les cérémonies de la confes-
sion el do l'absolulion , toutes les espèces de péchés,
avec les peines par lesquelles on devait les expier: le
lout tiré des canons des conciles et des coutumes auto-
risées dans les principales églises. On trouvait outre
cela datis ces sortes d'ouvrages des exhortations et
des avis propres à faire rentrer les pécheurs eu eux-
mêmes, à leur faire coiinailre l'elalde leur conscience,
et à leur faire concevoir des bcnlimenls de doulettf
445 PÉNITENCE. — SECT. 11. OIlAl». X. REGLES DE CONFESSION.
44G
cl de coiiiponclion; do sorlc qiriiii prclrc, «oit de la
campagne, snil do la \\\U\ «pii ne pouvait avoir lotis
ces rcgleinenls des coniiles (pii uvaieiil prescrit ce
qui concernait la discipline de la pénitence, oti qui
n'avait ni le temps de les lire , ni les fiicidiés néces-
sairas pour se pourvoir de tous les livres où ils se
trouvaient, avait une règle sûre pour se conduire
dans celte action imporlanle, il n'avait (pi'à ouvrir le
pénitenliel, cl i! tiouvail sm-le-ciianip ceijii'il avaîl à
dire et à faire dans l'iniposilion des peines dues aux
pêches qti'on lui avait confesses.
Ces sortes d'ouvrages devinrent bientôt fort com-
muns dans IFglise, et il ne faut pas s'en étonner. Ils
étaient en efl'el plus conunodes pour les confesseurs
que les recueils de canons que l'on a faits en divers
temps, et dont quelques-uns étaient fails avant que
les Livres pénileniiaux fussent en usage. Il est aisé |
de voir combien ils élaient commodes, par la dill'é-
rence des uns aux autres. Ces; recueils renfermaient
les canons sur toutes sortes de matières, rangés diiïé-
remment, comme il avait plu à leurs auteurs. Les
premiers les avaient mis les uns à la suite des autres,
suivant l'ordre des temps où les Conciles avaient été
célébrés : ils y avaient joint de même les décrélales
des Papes suivant l'ordre ciironologique. Ensuite plu-
sieurs compilateurs s'avisèrent de distinguer les ca-
nons des Conciles et les décrets des Papes, ou en
différents titres, sous lesquels ils les rangeaient, ou
en livres, par rapport atix diflcrenles matières, pour
l'éclaircissement desqu-elles ils apportaient les ca-
nons et les décrets qui tendaient à môme lin , y joi-
gnant aussi des sentences des Pères. 3Iais les Livres
péiiilenliaiix i:e rappoitaienldes canons etdcsdécrcls
que ceux qui enseignaienl quelles peines inéritail chaque
péché, y ajoutant de temps en temps quelques paroles,
eu les cliangeanl pour mieux faire rapplicalion de ces
règles: ce que ne faisaienl point les compilaleiu'S d.s
canons. De plus, comtne nous avons dit ci-dessus, ils
renfermaient les coutumes établies dans chaque Eglise,
la manière de se confesser et d'imposer la pénitetice,
les fortnules d'absolutions, et les autres choses dont
nous avons parlé, (ju'on aurait cherohécsen vain dans
les recueils des canons, surtout dans les premiers.
Les Livres pénileniiaux dinéraienl aussi des Ordres
ou Ritiicls qui s'étendaient sur tous les mystères et
ollices de l'Eglise, et prescrivaient h s cérémonies
qu'il fallait observer dans Iciu- céiébialion, mais prin-
cipalement celles (pii élaient pnl)li(|ucs, et soleniic!-
les; laissant à part celles qui se faisaient en particu
lier, aussi bien que les paroles par lesquelles on ad
ministrait lis sacremenls : ils n'entraient dans le
dé'lail de ces choses, qu'autant qu'elles avaient de
rapport avec les offices publies de l'Eglise : c'est
ainsi que, quoique ces livres nomiiîés Ordres, desti-
nés à marquer les rils des offices divins, expli.pia:^
sent avec assez d'étendue les espèces de péchés, et
les vertus qui leur sont opposées, afin que les prélies
fussent en étal de faire aux péailcnls, qui venaient
se confesser, les demandes qui convenaient dans ces |
nrcasions, quoiqu'ils prescrivissent la manière de
faire la confession scciète, parce qu'elle devait, sui-
vant l'ordre commtin, précéder la pid)li(pic; néan-
moins quand on vient à la réconciliation des pénl-
lenls, l(>s ailleurs d(! ces Uiluels, sans faire men •
tioii de la réconciliation des pénitents cpii se faisait
en secret, passent aussitôt aux cérémonies de la
réconciliation publique, suivant en cela le but qu'ils
se sont propo.sé de prescrire tout ce qui a rajiporl
aux offices publics de l'Eglise : tout au contraire
des Livres pénileniiaux où [\m voit surtout ce qui a
rapport à ia confession et à l'absolulion secrète , ne
louclianl que légèrement les cérémonies pidjliques de
la Pénitence qui étaient du ressort des évoques et
d'un petit nombie de piètres, qu'ils déléguaient pour
entendre les confessions publiques, et régler la péni-
lencc de ceux qui l'avaient fiilc, ou qui, s'élant ac-
cusés en secret, consentaient à la recevoir. Ces sor-
tes de Livres péiiitenliaiix devinrent d'un grand usage
chvi les Grecs et chez les Latins, surtout quand les
pénitences publiques furent devenues plus rares, et
qu'on se fit une loi de ne les imposer que pour les
péchés publics. Nous en avons encore un de Jean-le-
Jeûneur palriarchc de Conslanlinople , qui vivait,
comme on sait, du temps de S. Grégoire, dans le si-
xième siècle, et avec qui ce saint Pape a eu de gran-
des conteslalions. En Occident les plus célèbres et les
plus estimés étaient celui de Théodore, archevêque
de Canlorhéri, moine Grec natif de Tharsc en Cilicie,
que le pape Vilalien, dans le septième siècle (1) con-
sacra lui-même, et qu'il envoya en Angleterre, où il
gouverna avec beaucoup de sagesse et de réputation
celle église pendant plus de vingt ans : celui de Hède,
et le péniteiiliel Uoinain. Mais le plus ancien de ceux-
ci esl celui de Théodore, à l'imiiation duquel plusieurs
évê([Uos cl hommes savants en composèrent dans dif-
férents temps, que l'on trouve encore aujourd'hui, soit
inipi illiés, ?oil niann^crils, dans les anciennes biblio-
tlièiju :s, surloiit des églises cathi'd raies.
On recommandait soigneusement aux prêtres de
suivre exacleineiil ce qui était prescrit par ces livres
p.énileniiaux, louchant l'iniposilion de la ix'iiitence,
et on prenait des mesures pour empêcher (prils n'en
suivis-ent de corrompus qui ne joignaient pas à cha-
que péché des peines proportionnées. Le concile de
Tours nous fournit U!i exemple du zèle et de l'alten-
lioii desévê pies en ce genre. Après s'être plaint an;è-
reiiient que quelques prêtres n'imposaient point des
|)énilences, suivant le mérite desTiUles, _;H.r<rt moduin
peccali, ilsajoiilent : C'est pourquoi tl nous a paru coït'
veiuible, (jurind tous les craques se seront assembles dans
le sacre palais, qu'ils indiquent quel livre pénilenliel des
ancier.s on doit suivre préférublement aux autres. < Cu-
1 jus an iquorum liber prnitenlialis polissiniiini sil se-'
i qncndus t C'est dans le même esprit (jiie lecoiicilei
(le Cliàlons-^iir-Saone, assemblé du temps de (?.harle-
magne, ordonne (can. 58) ipie l'on impose la pénitence
(I)L'anGGS.
w
mSTOTRE DLb SACREMENTS.
iiS
à ceux qui auront confessé leurs péchés, ou suivant ce
qui a été réglé var les anciens ra"nvs. un suivatil l'au-
torité des saintes Ecritures, ou suivant lu coutuin.. reaw
dans C Eglise, rejetant absolument et proscrivant les li-
vres qu'Ut nomment pénitentiaux, dont les erreurs sont
certaines et les auteurs incertains. < Repudiatis ac penitiis
i elintinntis libellis quos pœnilenliales vocant , quorum
« sunl cerli errores, incerli auclores. » De peur (iiie Ks
prêtres occupés à ciilciidre les confcr^sions n'éludas-
sent, soil par ignorance, suit par malice, ce qui avait
été réglé dans ces conciles ; celui de Paris ordonne
que chaque évcque recherche avec soin dans son di cèse
ces livres pénilentiels corrompus, « erroné s codicillosdi-
i litjenter perquirat, i cl qu'après les avoir trouvés, il
les jette au feu, t et inventos igni trudat, » afin que dans
ta suite les prêtres ignorants ne trompent plus les hom-
mes. Les Pères de ce concile rendent rai>on de ce
qu'ils viennent d'ordonner en ces ternies : Parce que
par la négligence et l'ignorance de plusieurs d'entre eux
(des prêtres) les crimes de beaucoup de gens sont de-
meurés impunis jusqu'à présent.
11 était aus^i d'usage autrefois que i'évè(|ue dans
rexhnrtalion aux prêtres, par laquelle il teru.inait le
synode diocésain, ou, en son absence, son vicaire
leur recommandât inslainiîient de ne pouil iin|oser
pour les crimes, d'autres peines que celles qui étaieîit
marquées par le |)énitenliel : c'est ce que nous lisons
encore dans Tordre romain et da::S plusiem'S antres
tant ordres que jjonli' eaux, quan.l ils décrivent la ma-
nière di»nl on doit céli'brer ce synode. L:' ncueil d(îs
canons de lléginon coniioence par la ma lière de visi-
ter les égises. Celui qui fait celte fonction l'ail |)!u
sieurs questions qui se trouvent dans cette collecliou.
La 59° est exprimée en ces ternies : Si, Ut quatrième
férié avant carême, le prêlre invite le peuple à se confes-
ser, et s'il impose des pénitences suivant la qn.ililé des
fautes, non suivant sa fantaisie, mais comme il est mar-
qué dans le pénitentiel, i et ei juxla quuiitalen: dclicti
« pœnitenliam injungut, non ex corde suo, scd sicut in
i pœnitentiali scriplum est. >
Entre tous les livres pénitenliaux, ceux qui é' aient
les plus recommandés par 1. -s évoques étaient ceux de
Théodore et di^ Bédé, comme les plus exacts aussi bien
que le pénitentiel romain. C'est ce que l'on voit en-
core dans la demande 98° que l'on trouve tlans le
même endroit de Héginon. La voici telle qu'elle se
trouve adresrée au prêtre chargé du gouvernement
d'une paroisse : S'il a le pénitentiel romain, celui de
Théodore ou celui de llède, afin qu'il interroge les péni-
tents comme il est mm que dans ces livres, et qu'il impose
les peines à ceux qui auront confessé leurs péchés, liur-
chard, dans son recueil de-: canons, écrit environ cent
ans après celui de l'abbé Uéginon, c'est-à-dire, depuis
700 ans, avertit ceux qui doivent recevoir l'ordre de
piètrise, d'apprendre ce (pii leur est nécessaire avant
de recevoir l'imposition des mains de l'évêqinî ; savoir.
le Psautier, le Leetiomiaire avec les Evangiles, le livre
des Sacrements , etc. Outre cela, son pénitentiel qui
doit être composé selon l'autorilé des canons et les sen-
tences des trois pénilenlitiux, de l'évcque Thécdore, des
papes (il entend le pénitentiel de Rome) et du vénéribls
Vù'de; iL'Sfpicls, ronnne on voit [)ar cet endroit, ser-
vaient de modèles à tous ceux que l'on conqiosait de
temps en temps, où Pou maniuail les changemerls
que les temps, le^ lieux el les circonslanees pouvaient
inliodnire. Ces paroles de IJurchard sont tirées en
partie de Dèdc dans sou livre des RtMuedes des pé-
chés, qui est son pénitenliel, où il doinie, c. 1, le
même avis à ceux qui venh'iil entrer dans le sacer-
doce : Qu'Usaient, dit -il, leur péitilcnliel qui soit disposé
en ordre suivant l'autorilé des canons, afin qu'ils y
cherchent ta manière dont ils doivent juger des différen-
tes espèces de péchés. •( Posleà autem suum pœnitenlia-
t I m qui hoc ordiite secundiim cuno)inm ancloritatem
« ordi!iatur,nidiscrelio)iesomniumcaiisriruminvesliget. >
Ce livre éiaitjugé si iiéeessaire, que ceux cpii ame-
naient à la foi les nations idolâtres, leur enseignaient
de quel usage il était. C'est pounju'ii les Bulgares de-
mandaient à iSicolasl un livre pé:ii;eiilie!, et ce pape
leur fît savoir que les évèiines (pic l'on devait leur
envoyer le leur porteraient avec le cahier ijui contient
I les messes de l'année. C'est ce qu'on peut voir dans
1 la réjio.se de ce pape à la (incsiio!i 7')° de.^ Bulgares.
Il répond à la 50° dans la:jiu;l!e ils lui demandaient
quelle iié.iitence devait faire celui qui avait tué un
homme malgrs lui, nolens, ou peut-être, sans en
avoir eu intentio.i. ^'ous a\o>is ordonné ce q:.i eHéttbli
par l»s rèijles saintes, que l'évêque qui t,.t parmi vous
doit toujours avoir chez lui entre les mains. Tant ou ju-
geait inq)nrtant alors d'imposer les pé lilences suivant
les règles des canons reçus dans l'iCglise. C'é'ait pour
maintenir cette discipline, et suivant cette maxime,
qie tant de grands évèiiue-; coinpo érent eux-mêmes
ou des livres pénilentiaux, ou des recueil -; de canons
sur la Pénitence. Témoin P.ahan, ar( hevêque de
I Mayence,qui (it le sii'ii à la prière dOlgaire, afin,
co!3nne il dit en finissant, qu'il eût en main de (pioi
juger les esprits durs et indomptés de celle nation
nouvellement convertie où il se irouvalt, el qu'ils ap-
prissent qu'ils ne pécheraient pas impunément.
Témoin encore llalilgaire, évêiiue de Cambrai, qui,
à la lin de la préf.icequ'u a mise à 1.» tête de son pé-
nitentiel, dit qu'il a mis à la marge le nom des au-
temsdoniil a tiré ces décisions, alin (pie l'on fù' as-
suré qu'elles étaient bien î.uulées, cl riii'on s'y confoniu'il
dans la pratique. Ehbon de ReiniS avait excité cel
évêqne à entreprendre cet ouvrage, les sidns don! il
éta;t chargé ne lui permettant pas de l'entreprendre,
quoiqu'il le jugeât très-nécessaire, à cause que les
prèlr(\s de son diocèse; avaient des livies péuileiitiaux
dillérenls les uns des amres, d(mt les décisions n'é-
taient point appuyées d'autorités sul'lisanles : d'où il
arrivait qu'on /l'apportait point les remèdes convena-
bles à ceux qui avaient rec;un\s à la Pénitence.
Ce fut dans la même vue, et toujours pour régler
les peines dues au péché, qn'lsaac de Laugres composa
, son recueil, que, conune il le dit dans !a préface, il
449 PÉNITENCE. — SECT. III.
lira des staliUs do S. Boail'aco de iMuyeiifc, (jne le
pape Zacliarie avail appnmvé en raiinée 74i, à po-
posc pour être ol)>t'r\é niviolalileiiunt dans luiiie VK-
glise. Cesl par la iiièmc raison ([ne lîincliard (l)évè-
qtio de Wurnies lit ici ample reeneil (pie nous avons
encore , afin, coninie dit ce grand év(}(pie, que le prê-
tre de Jésn^-CliriKt rv(jle tonl, non suivant son sens jnnis
selon lu dis])osilion drs canons , faisant attention à la
diO'crence des sexes, à l\nje, à la pauvreté, à la cause, à
l\'tat, à la personne des pénitents, à la disposition de leur
cœur; et que, tans s'écarter de ces rrijles, il juqe de
tojites chose.f. sii'.v.inl ses lumières, comme un sage mé
dedn; «'esl-à dire, non comme nii médecin ignoranl
el un enipitiipie, (pii he sert du nièaie remède poni'
tous les maux ; mais comme un liabile iiomme, (pti
observe Ions l<;s dilléreuls syniplùmcs des maladies,
riiumeur el le lempéramcnl des malades, cl leur
donne des remi^-des spéciliipies pour leurs maladies.
SolerteradnwnemusductunitjHemque sncerdutem Clr, isti,
ut lion ex suo sensu, sed secunduni canunum slalula et
Iraditiones patrum universn disponal..., et.-, ut sapiens
)nedieus sing:du quœque dijudic.l, iNous nous sonunes
un peu élendiis sur celle malière, parce qu'elle eslin-
léres^ianle, cl (pie ce (jue nous avons dil doit servir
comme de |j;ise el de fondemenl à ce que nous avons
à dire dans la secli n où nous liailerons de raclion
de la péiiilence.
SECTION TROISIÈME.
DL î.'aCT!0N DF. l.\ l'ÉNrrE.NCE, ou Di: LA DISCIPLINE EX-
TÉUUaKE QLE l'eGLISE A OnSERVÉE DKPtIlS LES PRE-
MIERS bitCLES JLSyu'A PRÉSENT A l.'ÉGARU DES PÉ-
CIIEIJRS, TANT CLERCS yUE LAiyCES, POLR LES GtÉRIR
DES PLAIES VU PÉCHÉ, ET LES PLNIR DES FAUTES COM-
MISES DEPUIS LE UAPTÈME.
L'esiinl de l'Eglise esl toujours le même, comme
Ton siil, lUiis sa discipline varie suivanl les (emps ,
les lieux el les occasions, el reçoil divers cliange-
mcnls; c'esl ce (pii esl arrivé loiiclianl lu discipline de
la Pénilence, ipie nos pères oiu loujonis considérée
comme le principal nerf de la police de TÉglibC. Ce»
difléieiils cliangemenls survenus eu divers lenips, ne
scsoiil p:isfails lonl d'un coup, el n'onl point été uni-
versels d'abord : certaines prali(pies ont ce.-.sc les
unes plus lot, les aulres |)lus lard. Celles ci onl élé
abolies dans ceilains pays , landis qu'elles se iiiaiiile-
naienl dans d'autres. Il s'en c^t même trouvé (pii
sont devenues plus rigoureuses dans les siècles posté-
lieui's ipielles n'éia enl auparavant , comme on le
verra par la suile de celle liistoire, ipi(! nous divise-
rons en diflereules parties, à cause de la va le élcn-
diie des matières qu'elle renferme. Comme, suivant
/es remar.pies ipie nous venons de faiio, ces malières
onl tant (b- liaison les unes avec les anlies, (pic l'on
ne peut exaciemenl ks arranger suivanl l'oniie cliro-
nologi(pio, el qu'on sera (dilijié de parler dans cei ta ns
temps de praliipics qui onl duié bien au delà de celui
auquel nous réduirons cliaquc partie ; nous en avcr-
(I)Lib. 1-2, c. 29.
ACTION DE LA PÉNITENCE. ISO
î| lissoi.s i( i afin fpron ne prenne point le cbange là-des-
I sus. Nous làclicions donc de rc fermer en dificrenles
S • • • • ,. ,
t |)arti(s (e (pie nous avons a tiailer, c:i suivanl 1 ordre
'j des l(;nips uu\(piels les princi|iaux cliangcmenls sont
survenus, mais en y mêlant les pratiques (|ui ont eu
lieu dans les temps postérieurs, s'élanl conservée*
plus longlemps (jne les autres sur ce pied-là.
Dans la première partie, nous Iraiicioiis de la dis-
cipline <!e la PénilciKc oliservécdaiis D'igiise depuis les
Apoli( s jiis(praiix liérésies des M(jnlanist(;s cl des
Novalicns.
Ddis la seconde, nous parlerons de la manière
doiiton en a usé envers les pécbenrs depuis ces héré-
sies jusque vers la lin du septième siècle.
La tidi ième i eus représentera ce qui s'est observé
à cet égard depuis ce temps jiisipi'à la fin du onzième.
Ediin, dans la qualrièiir-, n(ms ferons voir par(iuels
degrés el par quelles occas oiis la discipline de la Pé-
nili nce s'est relâchée de|iiiis la lin du onzième siècle
jiis(prau treizième. Nous diviserons chaque partie en
chapitres.
PREMIÈRE PARTIE.
Contenaiil diverses observations sur diffé-
rents points de la discipline de la Pénitence
qui élait en usa^e dans les premiers siè-
cles de l'Église, et surtout depuis les Apô-
tres jusqu'aux hérésies de Montan et de
Novat , des maximes sur la Pénitence re-
çues on ces temps-là, et de quelle manière
on se conduisait dans ces premiers siècle»
envers les pécheurs.
CIIAIMTKE PREMIER.
Des motifs qui engageaient les pasteurs de l'Église à
usa de rigueur envers les pécheurs , el les peuples à
se soumettre à la sévériié de la discipline élablie dans
les prentiers sircles.
Tout le monde sait que l'ancienne pénilence élait
beaucoup plus rigoureuse que celle qui est aujour-
d'hui en usage ; l'on niellait une dinérence totale en-
tre les péchés commis avant le Baptême, et ceux qui
s'étaient commis après avoir violé la sainteté de ce
s icrcnient, ( t foulé aux pieds le sang de l'alliance par
Ie(piel on avait élé réconcilié avec Dieu et purifié de
ses péchés. Ou se contentait , pour les premiers , de
ipielques préparaiions qui précédassent le Baptême;
mais pour les autres, on exigeait de grands el longs
travaux : ce qui a fait donner à la Pénilence, par les
anciens, le nom de Baptême laborieux. Le Baptême
était considéré comme «me espèce de création de
l'homme nouveau, qui se faisait en un inslant, conmie
l'univers a élé en un instant lire du néant : la Péni-
lence était regardée comme une guérison qui ne s'o-
père que petit à petil , et qui demande un longtemps.
Les péiiilenls qu'on avail récoiu iliés dans le péril
de mort, élaicnl obligés, s'ils revenaient en cimva-
lescenee , d'achever le cours des exercices laborieux
qui leur avaient élé imposés. Les catéchumènes , au
"oniraire . baulisés dans cette circonstance, n'étaient
4S(
tODiis h rien", et étaient agfrégés s;tns dislinclion au
nombre des aiilres chrclieiis. On cioyail <m'iui caté-
cliiinièiie, et même mi païen, qui à lailicle de l:i
mort recevait le Baptême qu'il avait demandé, entrait
dans la j()ni>sance du ixtniienr éternel ; an contraire
lin péclienr pénile t. qni dans cette exliémiié deman-
dait d'être réconcilié, ne laissait ancmie assurince de
son saint. Si on Ini d(tnnait les sacrements, on ne
l'assurait pas d'en recevoir les efl'ets ; on nn mot l'E-
glise exigeait des pénitents, pour inarq'ie do leur
conversion, de longs et pénibles travaux; et il fallait
histoiue des sacrements. 454
nous ravona reçue de nos pères tel'e quils l'avaient
rertie des leurs jusqu'à remonter aux Apôlres. Donc
il faut plier noire raison pour la soumeltre à l'aulorilé
des premiers temps , non seulement pour les ducjmes ,
mais pour les pratiques.
Après ce iiréam'jule il entre dans le détail des rai-
sons et des motifs (jui ont eiigagé les anciens pasteurs
à user uo celle rigueur salutaire envers les pécheurs,
et parle en ces termes : Kxaminani les relisons que les
anciens nous ont données de cette conduite sur la Péni-
tence, je les trouve très-solides. Le péeh.é , disent-ils,
est la maladie de t'àme : or les maladies ne se (luérissent
sans do'iie qu'elle eût de bonnes raisons pour en usir
ninsi, rayant fait dès le co.muenccment et dans les | pas en un moment. Il faut du temps pour éloiyncr les
temps où la piété était plus fervente. Nous pourrions f occasions cl dissiper les inuujes criminelles, pour apai^
en rapporter plusieurs et de très-solide*, tirées des l «''' ^'^^ pestions, faire concevoir l'énormité du péclié ,
ouvraîîes des saints Pères. Le troisième livre du | sonder d fond tous les replis d'une conscience , déraciner
P. Moiin est emplové tout entier à mettre dans tout | ^'' »'("nudses habitudes, en acquérir de contraires,
leur jour les rai.ons de ces grands hommes, et les f former des résolutions solules , et s'assurer soi-même de
motifs qu'ils ont eus d'en user ainsi à Tégard des pé- ^" '"'"^''''^ '^' «« conversion. Car souvent un homme se
cheurs; motifs si puissants, que tous les peuples se i fompe sans le vouloir par une ferveur sensible, mais pas-
sont soumis avec une entière docilité à toute la scvé- ^ '"'J"'- ^^ "'H^'"'^'" lonyueur de la pénitence élan propre
rite de l'ancienne discipline , s'eslimant trop heureux 1 à imprimer furtement l'horreur du péché et la crainte de la
de rencontrer celte seconde planche après le naulVagc, | rechute. Cdui qui , pour un seul adultère, se voyait ex-
ainsi que ^ exprime Tertullieu , et de trouver des | dus des sacrements pembiu quime ans, avait le loisir
juovcns sûrs île léparer les pertes que le démon leur p </<? connaiue le crime qu'il avait commis , et de penser
avait fait soulfrir : mais nous n'entreprendrons pas | combien il sérail plus horrible d'être èi jamais privé de
ici de rapporter toutes les raisons sur lesquelles leur | ^« »'«^ ^'^ ^^'^'«- ^'^'/«' 'I"' ^"''' '''""^' '/'-" commettre un
conduite en ceci était fondée, nous nous contenterons | porcil péché ij pensait è, deux fois pour peu qu'il eût de
d'en produire quehpies-unes des principales, que 1 religion , quand il précoi;ait qu'un plaisir d'un moment
M. l'abbé Fleury déduit avec sa précision et sa nel-
leté ordinaire, dans un de ses discours sur l'hisioirc
Ecclésiastiipic; c'est celui qu'il a fait sur ce qu'il avait
écrit des sis premiers siècles de l'Église , et qui s
aurait dès celle vie de si lerribLs suites; ou de faire
i pendant quinze ans une rude pénitence , ou d'apostasier
I et retourner an paganisme (I). L'éclat des pénitences fai-
i sait son effet, non-seulement sur tes pénitents, mais sur
trouve à la tète du huitième tome. Voici les propres I '^« spectateurs : l'exemple d'un seul empêchait plusieurs
p;>rolcs de ce savant historien. Après avoir remarqré | F^'''"' «^' le respect humain venait au secours de la foi.
que ce ,|u'iU rapparié des anciens canons sur la l'é- i On recouvre peu à peu , dit S. Augustin , ce que l'on a
que ce (\u ua rappj
nilence doit avoir étonné les lecteurs , surtout en ce |
que les plus anciens sont les plus rigoureux , et (|uc' |
du temps n»èn»8 des persécutions ce n'était point par iS
Tindu'gence, mai-:p:ir la sévérité des peines qu'on
prétendait retenir les faibles , cl eii avoir conclu que
cette sévérité venait de la IraJiiio:. des Apôtres , et | ''' '^'"'''""' ' '' « proportion que la discipline s'est re
ie par conséuuent c'est notre faute si elle nous na- i '"''''' > ''' '"«""'•« '' ^«'" corrompues. Jamais ,1 ne s'e,
I perdu tout à la fois : car si l'homme revenait aussitôt à
son premier bonheur , il regarderait comme un jeu la
chute morliUe du péché. Que si nous en jugeons par les
effets, nous verrons encore combien celle rigueur était
i salutaire. Jamais les péchés n'ont été plus rares parmi
Ijue par conséquent c est notre tante si elle nous pa
raîl excossivo; il ajoute : Mais, direz-vous , tnir d s y *
mis en pénitence pour un seul péché des ({uiiize el vingt f d'umènes élail plus rigoureux, et les pénitences des bap
est
converti plus d'infidèles que quand l'e.ramcn des caté-
tins, el quelque f As toute leur vie? Les tenir d(rs années
tutières hors la porte d^ l'égliss , expo.^és nn mépris de |
tout le monde : puis d'autres années d:iiis l'église , mais
prasterriés : les obliger à porter des ciliccs, des cendres |
sur la tète , à se Uii.'iscr croître la barbe el les cheveux ,
à jeûner au pain et à l'eau, à demeurer enfermés el re-
noncer au commerce de la vie : n'élail-ce pas de quoi
désespérer les pécheurs , et rendre la religion odieuse?
J'en dirais autant à ne considérer que tes idées ordinai-
res , mais je suis retenu premièrement par les faits que
je vous ai rapportés ; je ne les ai pas inventés, ils ne
me seraient pas même lombes dans l'esprit, ils sont con-
staiils, et vous pouvez les vérifier vous-même. Sur quoi
je rttisomu ain$i : Nous n'avons pas fait noire religion ;
3 lises étaient tes plus sévères. Mous le vogons en petit
I dans les communautés religieuses. Celles qui ont relâché
P leur observance diminuent de jour en jour : quoique te
\ préle.rle du relâchement soit d'attirer plus de sujets , en
s'aecommod.inl à la faiblesse liunnvne. Les maisons les
plus régulières et les plus austères sont celtes oii l'on
s'empresse le plus de trouver place.
Aussi faudrait-il être bien téméraire pour accuser de
dureté ou d'indiscrétion , je ne dis pas tes apôtres inspi-
rés de Dieu, mais S. Cyprien, S. Grégoire Thauma-
turge, S. Basile, et les autres qui nous ont laissé ces
règles de pénitence. A ne regarder que les dispositions
(l) Car un an de souffrance en cette vie frap(ic
plus l'imagination qu'une éternité après la mort.
US5 PÉNITENCE. — SECT. IIJ. î* PART.
naturelles, twus ne cor.uaissons po'ml d'hommes plus
doux , plus uiges, plus polis : la (jri'tce veiKinl par-d(ssus
ne les avait pas ytUcs. Ils se proposaient toujours pour
modèle celui qui est venu sauver les âmes , et non pas
les perdre, qr.i est doux et Inovble de cœur. Les peuples
qu'Us avaient à (jouverner net .ient pas non plus des na-
tions d'ires et sauvaqcs ; c'étaient des Crées et des !io-
mains , dont les mœurs dans la décadence de l'Empire ,
n'étaient que trop amollies par le luxe et la fausse poli-
tesse. D'où venait dune cette rigueur des pénitences? de
l'ardente charité de ces saints pasteurs, accompagnée de
prudence et de fermeté, ils voulaient sérieu^ment la
conversion des pécheurs, et n épargnaient rien pour y
parvenir. Un médecin flullcur, intéressé ou paresseux se
contente de donner des remèdes palliatifs , qui apaisent
la donicur dans le moment , sans fatiquer le malade.
Il ne se met pas en peine s'il retombe fréquemment et
s'il mène une vie languissante , pourvu qu'it soit bien
puijé sans se donner beaucoup de peine, et qu'il contente
les malades dans le moment qu'il les voit. Ln vrai méde-
cin aime mieux n'en traiter qu'un petit nombre et les
guérir. Il examiue tous les accidents de lu maladie, en
approfondit les causes et les effets ; et ne craint point de
prescrire au malade le régime le plus exact et les remè-
des les plus douloureux , quand il les juge propres pour
tarir la source du mal , il abandonne le malade indocile
qui ne veut pas se soumettre à ce qui est nécessaire pour
guérir.
Ainst nos saints évèques n'accordaient la Pénitence
qu'à ceux qui la demandaient et qui témoignaient vouloir
sincèrement se convertir. On ng forçait personne ; mais
ceux qui ne s'g soumettaient pas étant convaincus de quel-
ques péchés scandaleux , étaient exclus de la communion
des fidèles. Quant à ceux qui embrassaient la Pénitence,
tes pasteurs les conduisaient suivant les règles qu'ils
avaient reçues de leurs pères, et qu'ils appliijuaient avec
un grand soin et une grande discrétion selon les besoins
de chacun : excitant la tiédeur des uns , retenant le zèle
des autres; les faisant avancer ou reculer suivant leurs
progrès effectifs , pour s'assurer de leur convecùion et les
préserver des rechutes. Que tout homme véritablement
chrétien juge en sa conscience si celte conduite était
cruelle ou charitable. Aussi ne s'en plaignait-on point,
et vous n'avez vu jusqu'ici aucune pldinle dans les con-
ciles, sinon qu'en quelques églises la pénitence caumen-
çuit à se relâcher : ce que l'on regarde toujours comme
, un abus , etc.
I C'esl aillai qtic ce judicieux liislorien , après avoir
exiiliqiié une partie des raisons sur lesquelles l'iail
fondée la conduite des anciens évè(pies au ^ujel de la
Pénitence, en ajoute deux autres de lui-même » non
moins solides. La première tirée de l'expérience qui a
fait voir clain ment combien ces maximes réduites en
' pratique avaient été avantageuses au peuple chrétien,
dont elles avaient, pour ainsi dire, Ijanni le vice et les
désordres. La seconde tirée de la qualité des méde-
cins des âmes, que les arelens pasteurs prenaieni
volontiei-s, et qu'ils prélériMent, ce semble , à celle
de juges , quoique l'uno -U l'autre leur ronvinsscni
CHAP. I. PES ANCIENNES RIGUEURS. 454
véritablement par rinstilntioii de Jésus-Clirist.
Synesiiis (Ij, imiis apprend encore une autre raison
de la conduite que l'Eglise gardait à l'égard des pé-
cliems ([ni rentraient en eux-mêmes. Il prétend avec
les aulres Pères, que les peines temporelles ont la
Vertu d'expier les crimes , et de nettoyer les âmes des
souillures que ceux qui les ont commis ont eonlruc-
lées. L'occasion qui lui a donné lieu de s'expliquer
là dessus , rend co qu'il dit sur ce sujet assez sin-
gulier.
Un de ses amis nommé Jean était accusé d'avoir fait
assassiner un de ses parents; il se récriait sur celle
accusation qu'il traitait de calomnie , cl demandait à
Syné'^ius ce qu'il devait faire dans cette triste con-
jonclure. Celui-ci lui conseille de se présenter aux
juges lui et ses complices, soit que l'accusation for-
mée contre lui soit fausse, soit (ju'elle soit véritable. Il
veut en ce dernier cas qu'il subisse la peine des lois,
qu'il se lire aux bourreaux , et qu'il prie même les
juges de le condamner aux supplices ((u'il mérite. La
raison qu'il en donne, est ([u'il esta propos qu'il satis-
fasse, plutôt en celte vie qu'après la mort , et aux
hommes et à Dieu , dont la justice est bien plus ri-
goureuse que celle des hommes.
Comme les bourreaux , h-ii dit-il , sont, pour ainsi
dire, les mains des lois, ainsi les lieine.^ font la même
fonction dans l'ordre de la nature. Elles sont coumie
des démons qui purifient ceux qui sont coupables de
crimes. A«:>ov£i £tjt /.xOy.pTY.pioi, elles font le mènjc
effet sur les âmes que les foulons sur les habits sales;
■zwii Tot; Tu-iv.pcii : or, ajoule-!-il , si les habits étaient
capables de soiliment , combien n'auraient-ils point à
souffrir étant foulés , trempés dans le nitre , et déchirés
en tant de manières , quelle douleur n'endureraient-ils
point pour se laver des ordures et des taches invétérées
dont ils seraii'ul souillés? je ne parle pas de ceux dont tes
taches ont en quelque manière passé en nature par ta
longueur du temps ou par la qualité qui leur est propre,
en sorte qu'il est impossible de netlogcr ceux qui en sont
infectés , et qu'ils périssent avant que d'en être purifiés.
Il serait à souhaiter qu'une àme qui se trouve dans celte
circonstance fût corruptible : mais il n'en est pas ainsi.
Les péchés tiennent lieu de ces t.iches ine/façibies , mais
l'ùme ne ressemble pas à cette étoffe sale infectée de ta-
ches : elle est immortelle , et par conséquent, quand cite
a contracté de ces sortes de souillures inhérentes et qui ne
peuvent se laver, elle est condamnée à souffrir une peine
éternelle. Au lien que celui qui est ciràtié en celte vie pour
Us fautes qu'il a commises, peut espérer de guérir du
mal dont il est infecté , l'âme dont les taches sont encore
récentes en pouvant être Lienlôt puri/iée. C'est pourquoi
il faut que /.s coupables subissent la peine qui leur est
due le plus tvt qu'il est possible , et qu'ils se livrent
plutôt entre les mains des bourreaux , qu'entre celles des
démons... pour moi je pense , ou plutôt je vois claire-
ment que l'on é.oule fiivorablement celui qui venge sur
(l! Ep ii. p. I8:2elseq.
ISS HISTOIRE DES SACREMENTS. i56
lui même le mal qu'il a fait... il fnut donc aijir conra- f que et- sniiil (^'t^qne lui iinposfi , pr^ndanl Inquollf» il ne
(jeiiscment . Soyons tjénéieux , cl nicpriAons les plaisirs t (iev;iil point poiltT I;i coiiidiiiie. ol il(!vail jcfiiicr deux
que nous nous sommes procurés pur nos injustiies. I^c 1 fois la sciii;\iiie; ce qu'il exécula (idciciiiciii, ei reçut
rougissons point d'être humilies devant les hommes , | au l>oii( dis si'pt aiMiëcs la conroiiix; de la main di; Ic-
confessons noire crime devant notre juge , et supportons | vèqiic , dont le zcle ardent et la généreuse fcniieié
présentement les peines que nous méritons, pour ne point | lui avait élé si avantageuse , lui ayant fait oxpiei un
encourir celles dont nous menace une colère inexorable, l ciinie (|ui l'aurait infailliblenient précipité dans un
Le plus grand de tous les biens est de ne point pécher, l imillicui' é:erncl.
mais le second après celui-là, est de recouvrer la jus- 1 Ce cliapiire servira comme de préface à ce (ji.o
tice que ton a perdue. Il n'y a rien de plus misérable | nous avons à dire, londiant les saintes pratiques de
qunn homme, qui, après avoir mut fait, vit longtemps \ la PéniteiiCC dans la suite de celle section.
dans l'impuuilé : car il paraît clairement que ni Dieu ni ■
les hommes n'en prennent soin , CiC.
Yoilà d'une part quelles étaient les raisons de la j
conduite des pasteurs envers les pécheurs, lesquelles i
sans doute étaient liès-solidcs, et méritaient bien (pie
l'on y déférât : mais, d'un autre côté, qui n'admirera
cette docilité des peuples qui se soumettaient avec ;
tant de facilité à des travaux si durs et si longs, pour i
expier des fautes que les autres et eux-mêmes, avant |
qu'ils fussent chrétiens, avaient regardées coiiimc
peu de chose. Quand on y fait attention , on ne peut
que Ton n'admire la puissance de la grâce qui fait de
tels prodiges. Qu'y a-t-il en elfel de plus admirable,
que de v(tir des gens, de toute condition , de tout âge,
de tout sexe, s'assujélir à ces longs et l.iborioux exer-
cices de la Pénitence, pendant des sept, des dix et des
quinze années, et cela , à la parole d'un Ih.uime pau-
vre, d'un évèque qui n'avait rien liumaii.ement qui le
fit respecter, qui n'était revêtu d'aucune puissance i
temporelle, qui n'avait au-dehors rien (jui piH impri-
mer de la terreur, ou Hiire naître des espérances
humaines. Il fallait doi;c que l'impression de la reli-
gion , cl le respect que sa vertu inspirait aux fidèles ,
les portât à cette dociliié si étonnante , dont ils pon-
vaient impunément, selon le inonde, se défaire, ou
en retournant au paganisme, dans lequel ils trouvaient
tous les avantages temporels ; ou même en cessant de
se trouver aux assemblées des autres fidèles, sans en
venir à cette extrémité.
Les raisons que nous avons rapportées et d'antres
que nous pourrions encore produire, avaient fait de i
telles impressions sur tous les cœurs, qu'on a vu jus- j
qu'aux plus grands empereurs se soumelire à celte
sévère discipline, et embrasser de bon cœur les tra-
vaux et l'opprobre salutaire de la Péniieiicc. C'est
ainsi que le grand Théodose, le pins grand prince,
après Trajan, qui ait gouverné l'empire Uomain,se
mit au rang des pénitents publics, et arrosa de ses lar-
mes le pavé de l'église , sur lequel il était prosterné
en présence de tout b; peiijde (idèle. C'est ainsi <|ne
l'empereur Louis-lc Débonnaire se soumit aussi pu-
Mit.]uement à la pénitence, qnoi(pril ne l'eût pas même
méritée, tant la crainte de Dieu avait pénétré son cœur.
C'est ainsi, enfin, pimr r:e pas trop nous étendre ,
qu'Edgard , roi d'Angleterre, ayant eu le malheur de ,
se laisser entraîner dans un péché considérable , es-
suya avec humilité les vifs reproches que lui en fit
S. Dunslan, et se soumit à une pénitence de sept ans.
CHAPITRE II.
Que chex. les anciens et avant l'hérésie de Novat , ou
n'employait que trois sortes de peines pour la puni-
tion des péchés, dont deux seulement avaient nu rap-
port immédiat au sacrement de Vénitence. Que les
noms des dijfi renies stations de la pénilencc n'étaient
point en usage avant cette hérésie. Que les clercs étaient
déposés pour les même crimes , pour lesquels les laï-
ques étaient mis en pénitence. Des peines imposées
pour tes tnoindrcs fautes. Que les prêtres pouvaient
impos r celles-ci sans consulter l'évéquc.
La manière de faire pénitence dans les deux pre-
miers sièc'es de l'Église, ne nous est point aussi con-
nue, que l'est celle dont elle se faisait dans les siècles
suivants, parce qu'il nous reste peu de monuments
de ce lemp--lâ qui nous instruisent à fond là dessus,
la plupart des auteurs de ce siècle, s'étaiit plutôt ap-
pli(piés à combattre le paganisme (|u'à nous faire
connaître ce (pii se p:issait parmi eux, dont ils ne par-
laient que dans la nécessité. Cependant, nous ne som-
mes pas entièrement dépourvus de moyens pour con-
naître quelle était alors la discipline de la pénitence,
tant parce <iue nous en trouvons d;iiis les i»lus anciens
auteurs, que par ce que nous en apprennent ceux qui
sont venus après eux.
11 paraît par ce que nous en trouvons dans les uns
et les autres, (p;e les anciens chrétiens distingu lient
les péchés en trois classes, savoir : les péchés légers,
les grands péchés, et ceux qu'ils nommaient très-
grands, ryrftî'/ss/m« ; pour le châtiment et la giiérison
de-quels ils avaient trois espèces de peines ou de re-
mèdes,, qu'ils exprimaient en termes très-simples et
très-conimims. L'habitude dans les moindres péchés
chez eux était pniiii; par la privation de l'Eucharistie.
Les crimes ou les grands |)échés méritaient, à ceux
(|ui les aviiii-nt commis, non-seulemenl d'être privés
de la iiarticipation du saint sacrilice, mais encore d'ê-
tre éloignés de la vue même cl de la présence de ce
mystère, et mitre cela d'être assujélis à des jeûnes
rigoureux et i diverses antres macérations. P(Mir ce (|uï
est de ceux qui s'étaient abandonnés aux dernier» dés-
ordies, aiivsi bien que des iiicorrigib'es et des rél'rac-
laires, nitn-seulemeni on les éloignait de la présence
des mystères, maisde plus on les chassait entièreineiit
des assemblées des fidèles, et on ne leur perinctlait
[tas nu^me l'entrée des églises où ils s'assemblaient.
ïi Les ternies dont on se servait pour exprimer cc3
tël PÉNITENCE. -- SECT. lll. 1" Tv^T. CllAI'. 11. l'ElNES DES l'ËCIlES. m
diflerenccs claiciit, coinine nous avons dit, coniniuns il M;iis, diroz-voiis, de quelle nianic-rr; l'Eglise en usait-
cl lires de l'usage ordinaire. Les Lalins les marquaient , elle dans ces prcniicis temps à l'égaid de ceux qui se
par le terme ubsiinere, pris dans la signitication ac- | trouvaient dans ce cas? L'auteur des Constitutions
tivc. Les Crées employaient celui d'KjJo^i^jtv, qui veut
dire exclure, séparer, ségréger : ternie qui clicz eux
signilic les deu\ premières espèces de i)eines qu'on
imposait aux pécheurs pour les fautes légères cl les
grands péchés, mais dans un sens dillércnl. Celui qui
n'avait commis que des liiutes de la première espèce
participait aux prières publiques de l'Eglise sans par-
ticiper à l'Eucliarislie, en ([uoi il élait ài-oitjuEvo,-, ex-
clu, séparé ou sé(jrétjé. Celui qui avait commis de
grandes fautes était de plus exclu des prières com- |
niunes de l'Eglise. En Occident, pour marquer celle
seconde espèce de pénitence, on se servait encore de j
ces termes : faire la pénitence pleinement, vraiment,
faire la pénitence légitime, la faire autant de temps
qu'il convient. Pœnitentiani agere plenam, icram, Lgl-
timam justo tempore. Les Grecs rexprimaicnt aussi
par ces termes, se repentir, être dans la repeniance,
cire privé de la communion, ce qui s'enlend de la
double comnmnion , tant de l'Eucharislie que des
prières : jUôtkvssîv , Jv tô yîTavota £rvat,«zitv&jv/;TOv eaxt.
Enfin les uns et les autres l'exprimaient par le mot |
si commun parmi eux, è^oiJ.o/.o-/ticOa.i, exomologesim fa
cere. Jusqu'au milieu du troisième siècle, les noms |
des différentes stations de la Pénitence, qui sont de-
nuis devenus si communs, étaient cnlièrement incon- I
nus. On ne se servait pas de ces manières de parler, I
par exemple , qu'il pleure pendant deux ans ; qu'il soit |
trois ans au nombre des auditeurs ou écoutants ; qu'il
soil prosterné quatre ans ; qu'il soit debout ou parmi les \
consistants, un an. Quoique, si on compare lancienne i
coutume avec celle qui a élé depuis élablie, il soit j
vrai de dire que ce qui se pratiquait dans les premiers *
temps revenait aux deux stations du proslernemcnt, ;
qui étaient pour les grandes Aiules, et de la consi- i
stancc , (|ni élait pour les moindres ou les péchés lé- [
gers, levioribus culpis. Mais on ne trouve nulle part s
chez les anciens que l'on ait fait des stations sépa- |
rces des pleurants, flf.ntilm, et des auditeurs ou écou
tantS, .VLDITIOMS.
Avant deiilrer en preuve de ce que nous venons j y exhorte les fidèles à soutenir, à consoler ceux
d'avancer touchant lesdiverses peines afleclées pour les
fautes légères et pour les grands péchés, il est à propos :
d'expliquer le plus brièvement qu'il nous sera possi- '
ble c'e qui regarde la troihiènie espère de peine, dont
nous avons dit que l'on punissait les péchés énormes; ■
cl comment on se conduisait à l'égard de ceux qui
les avaient commis, ou qui étant tombés dans de ;
moindres péchés, y persévéraient opiniàlrémeiit, et '>
étaient réfractaires aux ordres de l'Eglise, à la dis- j
cipline de la(juelle ils refusaient de s'assujciiir. On les
chassait, avons-nous dit, enlièremenl de l'église; et
c'est pourquoi nous avons remarqué que cette espèce
de peine n'avait point un rapport immédiat au sa-
crement de la Pénitence. On appelait cette sorte de
peine en grec xv/jy-ipt-n, qui signilie une entière exclu-
sion de tous les avantages de l'Eglise.
TU. XX.
apostolicpics, qui porte faussement le nom de S. Clé-
ment (1), mais qui a vécu avant S. Epiphane, puis-
que celui-ci en fait mention; cel auleiu', dis-je, qui
nous a conservé beaucoup de précieux restes de l'an-
licitiité, nous assure que celui qui avait élé ainsi chas-
sé de l'église, ou l'abaiidonnait entièrement, ne con-
servant aucim désir d'y retourner; et en ce cas il
élait regardé comme un juif et un païen : ou il lui
restait encore quelque étincelle de religion qui lui fai-
sait souhaiter de rentrer dans l'église; cl alors on lui
permettait de venir aux assemblées des fidèles, pour y
entendre la parole de Dieu, comme on le permellait
aux païens et aux iiilideles. L'évèqiie en même temps
obs(;rvait s'il lénioignail du zèle pour assister aux in-
structions ; il examinait ses mœurs et sa condui-
te, et enfin s'il avait lieu d'en être content, et
qu'il le demandât avec instance , il l'inscrivait au
rang des pénitents, ce qui lui acquérait le druil de
participer aux prières counnuiics de l'Eglise, mais
non pas encore à celle de la liturgie ou du saint sa-
crifice. C'est ce que signifient ces paroles de l'auteur
des constitutions, ch. 41 du liv. 2 : Que s'il est con-
verti, et fait pénitence, vous l'admettrez à la prière. De
là vient que dans l'office de la liturgie, dans ce même
ouvrage {"l), avant toutes les prières, le diacre criait à
haute voix : Qu'il ne se trouve ici aucun écoutant, au-
cun infidèle, ;j.-ri rt? zûj à/.pouy.i,i(,j-j : ce qui signifie en
cet endroit tous ceux qui ne sont pas encore au nom-
bre des pénitents, tels qu'éiaienl ceux à qui l'Eglise
avait accordé cet avantage, et sur qui l'on faisait des
prières, comme sur les calécliuniènes, après lesquel-
les on les congédiait avant l'obl.tion du sacrifice : au
lieu que ceux qui n'élaienl point an rang des pénitents
étaient mis dehors innnédialemenl après les lectures
et l'iusiruction , comme les juifs et les païens, sans
avoir aucune part aux prières publiques.
On ne rompait pas néamnoins avec eux tout com-
merce comme avec les hérésiarques et autres gens de
celte espèce; puisque dans le même livre, c. 40, on
qui
sont ainsi sé|)arés, pour les ramener à eux-mêmes ; et
que Terlullien (3) dit, que c'est un préjugé du juge-
ment futur, que celui qui a péché soit privé de la com-
munion, des prières, des assemblées et de tolt saim
coMMKiicr, avec les autres fidèles. « Summum fuluri ju-
i dicii prajudicium est, si quis ita deliqueril ut à comiiiu-
1 nicatione orationis, et conventùs, omnis sancii coin-
« mercii relcgelur ; t paroles qui fonl enlendre claire-
ment que celle c,xcommuriieali(ui on séparalion ne
s'élenda^t pas an commerce de la vie civile, mais seu-
lement au coimnerce de la religion, des prières, et
de tous les actes qui sont propres par eux-mêmes à
unir les hommes avec Dieu.
(1) Const. apost. S. Clem. 1. -2, c. 30. ,
(:i) Coiisl. Clem. I. 8, e. i.
(5) .\pologe(. c. ôl>.
15 •'
Ihd
HISTOIRE DES SACUEMENTS.
i60
Mais revenons. niiVniUMiaiil ;iii\ deux espèces de pei-
nes dont nous avons dil (juc l'on punissait autrefois
les deux cspèecs de fautes (je veux dire les péeliés lé-
gers d'iiabitnde et les crimes), et dont la punition ap-
parlcnait propi .nient au sacienient de Pénitence,
dont elle faisait partie, soit coiuine satisfaction , soit
comme préparation pour recevoir dignement le bien-
fait de rabsolulion.
Les canons publiés sous le nom des ainUrcs, qui
dès le quatrième siècle passaient pour anciens , et
dont la i)hipart ont été faits dans \e second siècle de
l'Ei^lise et au commencement du troisième, comme il
jiarail par Clément d'Alexandrie, Oi'igènc et Terlul-
lien , qui les connaissaient, et dont cinquante ont été
traduits par Denis-le-Pelit, et insérés dans ce fameux
lecucil de canons, qui a tenu lieu long temps décode
de la discipline dans toute l'église d'Occident; ces
canons, dis-je, nous donneront des lumières sur la
matière di)nt il s'agit, puisque, quel qu'ait élé l'auteur
de ce rccu.'il de canons publiés sous le non des,apô-
ires , il est certain qu'ils nous représentent plusieurs
points de la discipline des trois premiers siècles, de-
puis l'incarnation. Voici ce que nous y trouvons tou-
chant le sujet dont il s'agit.
Dans le troisième canon il est ordonné que l'ôvêque,
le prclrc, ou le diacre, ne chasse point sa femme hors de
citez lui, sous prétexte de piété; que sll te fait, (pCil soil
séparé, «jJsptÇiaôw , que s'il persiste, qu'il soil déposé;
i>.or.ec/.ipd7$u. L'on voit ici deux peines infligées pour
deux fautes diflerenles : la première répond à la cen-
sure que nous appelons aujourd'hui suspension. La
seconde est plus forte , parce que celui contre lequel
elle est portée ajoute à sa faute l'obstination. C'est la
dégradation ou la déposition , qui réduisait le clerc au
rang des laïques. Cependant nous voyons souvent,
dans les canons des aj.otres, que les laïques, soil pour
les grandes fautes, soit pour les plus légères, ne sont
punis que par la séparation, v.-^opliiJM , et cela pour les
mêmes péchés pour lesquels les clercs sont suspendus
ou déposés. Dans le septième canon , par exemple ,
il est dit que les fidèles qui entrent dans l'église , et
qui entemlcnl la lecture des saintes Ecritures , s'ils n'y
demeurent pas pendant la prière et la distribution de
l'Eucharistie, doivent être ségrégés, «îsoptÇsîâai yyr,,
connne causant de la confusion. Ccriainemcnt cette
faute n'était pas du nombre des grands péchés, par
conséquent celte peine doit s'entendre, non d'une ex-
clusion de l'assemblée des fidèles, ou de la parlicipa-
li^ n des prières communes, mais simplement de la
p' valion de l'Eucharistie. Au contraire, dans le canon
^ aranlième il est dil : Hi un Inique ayant chassé sa
unie en épouse une autre , ou prend celle qu'un autre
ira répudiée, qu'il soit ségreyé, ^.'fopt.<;k<:Ooi. Où sans
>ule on doit entendie celle séparation , d'une exclu-
on de prières conmiunes de l'Eglise, qui le mellail
ïu rang des péniienls, dont il devait faire tons les
exercices. On jugeait donc de la différence de ces deux
séparations , par la nature des délits pour la punition
desquels elles étaient imposées, et c'élait l'usage et la
pratique journalière qui réglait cela. Le laïque était
privé de la connnimion pendanl un certain temps peur
les nièmes fautes pour lesquelles le cIimc élait sus-
pendu de l'exercice de ses fondions, et il élaii ré-
duit au rang des pénitents, c'est-à-dire qu'il faisaii la
pénitence canonique, pour les péchés qui alliraient
aux clercs la peine de déposition. C'e>t ce (ju'on va
voir clairement par les canons que nous allons encore
rapporter. Dans le quarante-neuvième il est dil : Si un
clerc s'est moqué d'un estropié , d'un sourd, d'un aveu-
gle , ou d'un boiteux, qu'il soil séparé, à-^optl^içOoi , de
même un laïque, wraJTo,- mA iw./.o-,. La faute ici csl lé-
gère; l'un et l'autro sont séparés, c'est-à-dire que le
Ij clerc est suspendu de ses fonctioiis, et le laïque prive
jj pour im temps de lu communion. Par le canon ciii-
quante-qnalrième, le clerc est déposé cl le laïi|ue en-
core ségrégé , c'est-à-dire mis au rang des péniienls
j! sé;«arés des prières comnumes de l'Eglise ; voici les
termes : Si un clerc jeûne les jours de dimanche ou
les samedis, excepté un seul, qu'il soit dépo.->é, zaOai-
jasiTÔw; si c'est un laïque, qu'il soil sé|)aré, à^opt^iji/w.
Dans le canon soixante-deuxième, la même c).ose esjt
ordonnée contre ceux qui celebrenl les fêles des Juifs
avec eux : car c'était une maxime reçue en ces temps
et dans les suivants , connne nous l'avons vu par un
canon de S. Basile que nous avons cité, que la dépo-'
silion tenait lieu aux clercs de pénitence publique.
Cependant il est à remarquer que cette niaxime
n'avait lien que pour les crimes ordinaires, au moins
!' dans ces prenners siècles, et ceux auxquels ils ne joi-
j gnaient pas la révolte et l'obstination; car quehiue-
fois, quand les crimes élaient jugés énormes, on ne
j se contenlail pas de les déposer et de les réduire ainsi
I à la communion laïque, mais on les privait encore de
la sainte commimion, et même on les chassait enlViro-'
ment de l'église. Les canons que nous allons rapporter,
nous prouvent ces trois propositions. Le dix-huitième
porle : lin évéquc , un prêtre, ou un diacre, qui a été
convaincu de fornication, de parjure ou de vol, sera dé-
posé, mais ne sera point ségrégé, xccûc/ApsicOoi x«î ///j àvo-^
ptÇsaôw, car l'Ecriture dit : « Vous ne punirez pas deux
« fois pour le même crime, \> il en sera de même des uu~\
très clercs. C'est sans doute de ce canon (jue parle
S. Basile dans sa lettre à Anipliilo([ue,où illrailedela
même matière. Ceci prouve noire première proposition.
La seconde se démontre par le canon vingt iroisième:
Si UH évèijue a recours à la puissance temporelle pour
envahir les églises ( l'ancienne version et celle de De-
nis-le-Pelit portent, ccclesiam, uneéglise), qu'il soit dé-
posé et ségrégé, xafiapetcrOw y.vA ù.^'ip'.^k'jfio), avec tous ceux
qui communiquent avec lui. Les anciens avaient iclle-
meiil en horienr cette anibilion qui porte à usurper
l'épi^copal, qu'ils ne se conlcntaienl pas do dé|>(iser
les usurpateurs, mais les privaient encore de la cdui-
munidu laïque.
Enfin, lors(ine b^s crimes étaient énoi'nics, ou qu'on
y joignait la révolte et l'obstination, outre la déposi-
tion, les clercs étaient encore retranchés eniièremeiit
di; la communion de l'Eglise. C'est ee qui paraît par
461 PÉNITENCE. — SECT. III. V PART
les doux cnnons qui préciHIoiU celui que je viens de ci- ^
ter (I) : Si im évéquc , un diacre ou un prclrc est par-
uenu à celte dignité por argent , qu'il soit déposé avec
celui qui l'aura ordonné, et qu'il soit entièrement retran-
ché de la communion. Kai TravrâiraTi sx/stttstOw y.y.i T'ai
xotv6)na,-. Denis- le Pelil \.rM\y\\i, et à communione modis
omnibus (dtscindalur . Le canon vlnjjl imiènie conliiMil la
même disposition conlic ceux (|ni refusenl de se son-
metlre. Si un évèque, tin prêtre, ou un diacre, ayant été
juslemetil déposés pour des crimes notoires , osent s'ini-
viiscer dans le ministirc dont on les a privés, qu'ils soient
entièrement relrancliés de l'Eglise, è/.y.on-i^ûo t:'/.-^7%t:u-
Nons nons sommes un pen étendu sur celle ma-
tière, parce qu'on y voit, dans un des plus anciens
monuments que les temps nous aient conserves, de
quelle manière l'Eglise agissait autrefois pour les pu-
nitions des pccliés , tant des laïqnes que de ceux qui
avaient quelque rang dans le clergé. On y trouve pour
les laïques trois sortes de peines : la séparation de la
sainte Eiicliaristie, la pénitence publique, qui les fai-
sait exclure même des prières de la liiurgie et de l'as-
sistance an saint sacrifice, et le retranchement entier
de toute société en matière de religion. On y voit pour
les clercs, outre ce retranchement, la privation, pour
un temps, de l'exercice de leurs fonctions , la dé|H)si-
tion, et le refus de la communion laïque à laquelle la
déposition les avait réduits.
Nous ne trouvons rien non plus dans les anciens
écrivains de l'église latine , qui marque la distinction
célèbre des quatre stations de la Pénitence. Tout se
réduit cliez eux à celle (|ui répond au pro^ternement,
et à celle des consistants. Teitullien (2) , après avoir
parlé de ceux que l'on chassait entièrement de la so-
ciété des (idèle>, vient à la pénitence ordinaire de son
temps, qu'il appelle cxoinologèse, et qu'il décrit ainsi :
Vexomologèse est la séparation de la communion de
trières et d'assemblée de religion, relegatio ab oratio-
MS coMMUNiCATioxE ET coxvENTLS , pan 6 que effecti-
vement les pénitents étaient mis hors de l'assendilée
des fidèles quand on était prêt à commencer les priè-
res. Il décrit, en |»lusicurs endroits de ses écrits, létal
lugubre dans leipiel ces péniienls paraissaient dans
l'église, et les macérations qu'ils ex(Mçaienl sur eux-
mêmes, cl voilà en quoi consistait la pénitence pro-
jiremenl dite en ce temps-là. Si lui et les autres au-
teurs latins de ces premiers temps pailent de ceux
qu'ils appellent audientes, c'est sans rapport à la pé-
nitence, ilsenlenilenl par là les catéchumènes, les Juifs,
les païens, et tous ceux généralement qui venaient
seulement à l'église pour y enlemlre la pnrole de Dieu,
cl qui se tenaient debout derrière les fidèles dans le
vestibule de l'église. Terlullien (5) nous marque cet
ordre des assemblées de i'Kglise lorsqu'il reproche aux
hérétiques la confusion qui régnait dans les leurs. On
ne peut, dit-il, distinguer chez eux qui est le fidcle ou le
il) Can. apost. ±2.
2) Apol., c. 5!1.
3) Ue Pra.scripl., c. 41.
. Cll.^P. H. PiEINES DES PÈCHES. 4^
ca'échumi'uc, ils vont ensemble aux assemblées de reli-
gion, ILS i:.NTiL..\DENr UNSiMUi.i; la par le de Dieu, rAiu»
TEU ALDitXT, j7:> prient ensemble, même les puïans, s'il j/ en
vient. Ils jetteront aux chiens et aux pourceaux les pier-
res précieuses , quoiqu'ils n'en aient pas de vérittMcs à
jeter. S. Cyprien (I) veul aussi que l'on ba|'li.sc les au-
diteurs dans le cas de mort , |):ir où il entend les calé»-
cliumènes. Audienlibiis... miscricordia non dencgetur.
Dans tous les eajions du concile d'Ehirc, (jui pie&que
tous regardent la pénitence , il n'est fait aucune men-r
liiin des difléienlcs si:. lions de la pénitence. Partout
ils déterminent le lemps de la péniiciice, sui\a!il que
les crimes sonl jdus ou moins grands, cin(( ans, sept
ans , dix aris , etc., après lequel ils ordoimcnl quoa
réconcilie le pécheur, actà légitima poinilentià, ayant
fait la pénitence légitinie. Par où ces évè(pies enten-
dent celle qui se faisait suivant l'usage et les cérémo-
nies ordinaires, avec les ausicrilés et les observances
qui étaient d'usage alors , et que les canons ne pre-
scrivent pas, parce qu'elles étaient assez connues par
la pratique commune des lieux.
M.iis outre celle pénilejicc légitime, il est aussi fait
mention dans ce concile (can. 21) d'une autre espèce
de peine ou censure , que l'on imposait pour leà
moindres fautes , et (pic les canons exprimeiit en ces
termes : Si quelqu'un, étant dans la ville, laisse passer
trois dimanches sans venir à l'église, qu'il s'austienne un
peu de temps, afin qntl se corrige , ou bien , afin qu'il
ne demeure pas impuni, i Parvo lempore adstineat ,
« ul correptus esse videalur . > Ce terme, abslinmt, est
expli ;ué par le canon 50, qui ordonne ce ipii suit : Si
quelqu'un, véritablement clerc ou laiqne, mange avec le$
Juifs, il doit, suivant notre ordonnance, s'abstenir de la
communion. 11 se trouve des cas pour le&ipiels ce con-
cile ordonne la privation de la communion pendant
l'espacede trois ans, n'y ajoutant aucune anlre<iL'u\rc
de pénitence; ce qui est remarquable dans ce concile
et dans les autres de ce temps-là. OiiGlquefois même;
les canons qui imposent cette privation excluent for-
mellement l'autre pénitence; c'est ce que l'on peut
voir dans le 14% où il est dit : Les filles qui n'vnt pas
gardé leur virginité, si elles épousent, et tiennent pour
maris ceux avec qui elles ont eu commerce, seront reçues,
après un an, à la rcconciliution gAiXS pénitence, sine
poe.nitextia. Les Pères de ce coiifile élablissejtt une
autre dilférence entre ces deux genres de peines , sa-
voir, ([ue la pénitence dans les règles, avec tout l'ap-
pareil qui l'accompagnait, et dont nous avons dit un
mot ci-dessus , ne pouvait être imposée que par l'é-
véque, au lieu que l'aulre dont nous venons de parler
était laissée à la disposition des prêtres. C'est ce que
l'on voit dans le canon 52' du mémo concile. Si quel-
qu'un est tombé dans le péché mortel , nous ordonnons ,
que, pour faire pénitence, il s'adresse, non au prêtre ,
mais à l'évêque. {Si quis gravi lapsu in ruivam mortis
ineiderit , plaeuit agere pocnilentitim, non debere apud
presbyterum, sed potiiis apud episcopum).
[i) Epist. lôedil. Pamelii.
463
S. Cypricn et les prêtres de Rome, dans les lettres
qu'ils lui ont écrites, parlent coiitorinéiiieiit, à ce que
nous avons rapporté jusqu'à présent dans ce chapitre,
des pleurs et des sanglots des pénitents , non comme
faisant une station à part, mais comme accompagnant
leur pénitence , dont ils donnaient des marques pu-
bliques dans les assemblées des lidèles , en se pros-
ternant et en fléchissant les genoux , surtout dans le
temps que révèiiuc et les prêtres leur imposaient les
mains, ce qu'ils Taisaient fréquemment en priant pour
eux. Le même S. Cyprien fait souvent sentir la dilfé-
rence des péciiés, en les distinguant en deux classes ,
savoir : les péchés contré Dieu , au nombre desquels
il met l'idolâtrie, les blasphèmes, l'apostasie et autres
semblables qu'il appelle tiès-grands péchés , et ceux
que l'on commet contre les hommes, comme l'homi-
cide , le vol et ceux qui y ont rapport , qu'il appelle
moindres et véniels , non dans le sens que nous pre-
nons ce terme à présent, mais par opposition aux plus
grands. Il ne dislingue la punition des uns d'avec les
autres, que par rapport au plus ou moins de temps, de
travaux , de jeûnes , de macérations et de mortifica-
tions que l'on devait employer pour les expier. Nam
in minoribus pcccatis aganl peccatores pœnitentiam justo
leinpore (1), etc.
Après tout ce que nous venons de dire dans ce cha-
pitre, il est bon d'avertir que, quoique autrefois, c'est-
à-dire, dans le temps dont nous avons parlé, ce que
l'on appelle depuis fletus et audiiio, ne fit point partie
de la pénitence canonique, et que ce ne fût point
comme dans la suite deux stations de la pénitence ;
il est pourtant vrai de dire que ces deux choses avaient
lieu dès lors; la première, savoir : fletus, les larmes,
en ce que l'on ne recevait à la pénitence que ceux qui
demandaient cette grâce avec empressement , et qui
iviarquaient leur douleur par les pleurs et les gémisse-
ments , qui portaient le peuple fidèle à s'intéresser
pcmr eux auprès du Seigneur pour leur obtenir le don
d'une vraie componction, et auprès de l'évêque, pour
qu'il leur accordât la grâce très-estimée alors d'être
r. çus au nombre des pénitents, et de participer aux
prières que l'Eglise faisait pour eux. C'est ainsi que ce
qui se faisait dans les premiers siècles par un mou-
vement volontaire de piété , et par l'instinct naturel
d'un cœur touché du repentir de ses fautes, et qui
connaissait le prix des grâces attachées aux peines
imposées par l'autorité et avec la bénédiction de
IKglise, devint depuis partie de la pénitence canoni-
que, et une des stations par lesquelles on expiait ses
péchés pendant un certain temps marqué par les lois
de l'Eglise. "Vous avez vu ci-devant comment Vaudhion
se pratiquait aussi , sans faire non plus partie de la
pénitence.
CHAPITRE III.
Que les pécheurs demandaient tl recevaient la pénitence
dans un appareil lugubre. De cfuelle manière l'évêque
ou le prêtrr la leur imposait.
Dans les trois premiers siècles on n'accordait pas
(1) Cyp. cp. 10, Pamclù
IIISTOIUE DES SACUEMENTS. 4G4
facilement le droit d'entrer dans la pénible carrière
de la pénitence à ceux (jni étaient conpaiilosdc grands
\ crimes ; on craignait de confier à dos indignes l'excel-
lent don de la pénitence , et les bénédictions dont les
ministres de l'Eglise accompagnaient ce don. C'est
pourquoi on n'y admettait personne qu'il ne l'eut de-
mandé avec de grandes instances, avec larmes el gé-
iKiissements. Tertullien (1) nous reiul témoignage de
ce que nous annonçons ici dans ce qu'il a écrit, soit
lorsqu'il était encore catholique, soit lorsqu'il fut de-
venu montanisle. Nous verrons par ses |)aroIes dans
quel appareil les pécheurs se présentaient autrefois à
l'église pour recevoir la pénitence. Lorsijue vous vous
jetez aux pieds des frères, dit-il en parlant à ceux qui
demandent d'être reçus au nombre des pénilents, et
que vous embrassez leurs genoux, vous louchez Jésus-
Christ, vous le suppliez : quand ils répandent des larmes
sur vous, Jésus-Christ souffre, etc. En parlant de la
patience et de ses effets (2), il dit entre autres choses :
C'est elle qui attend, c'est elle qui désire et qui demande
la pénitence avec instance pour ceux qui doivent un jour
parvenir an salut.
Dans son livre de la Pudicité (c. 1 et 5 ) qu'il a
composé depuis qu'il eut renoncé à la communion de
l'Église catholique, il parle de cette sorte : Nous ar-
rêtons les bigames à la porte, nous ne laissons point
passer outre celui qui s'est souillé par un péché de la
chair ; et ensuite , ridolàtre, l'homicide el C adultère , se
trouvent là, ils sont assis ensemble, revêtus de sacs cl
couverts de cendre, « sedent in sacco, et cinere vihorre-
« scunl. n Ils gémissent également, ils font les mêmes
prières , ils sont également proshrnéa aux genoux ( des
frères), ils invoquent également leur mère {VÉ'^Wse),
I 11 fait ici la description de ce qui se passait, tant dans
! l'Église calholi(|ue que parmi ceux de sa secte ; d'où
! il infère que les Catholiques avaient tort de recevoir
I plutôt les adultères et les furnicateurs que les idolâtres
et les homicides, supposant, contre la vérité , que
l'Église catholique ne voulait point les recevoir à
pénitence, ou au moins à la réconciliation.
S.Grégoire Thaumaturge, décrivant les stations de
la [téiiilence (c. 11 ) , dit (jue celle de ceux qui pleu-
rent, qu'il appelle ■Kpà^-Ac/.vati, est hors de la porte de
l'église, où il faut que le pécheur, étant debout, sup-
plie tous ceux qui y entrent de piier pour lui. Le
clergé de Rome fait allusion à cette piati(|ne, lorsque,
parlant de ceux qui ét;iient tombés duiant la perhéca-
lion, et qui voulaient être reçus d'abord dans l'église,
il dit (5) qu'ils doivent attendre ce que les évêques or-
donneront touchant leur pénitence, et qu'en attendant,
ils frappent , à la bonne heure , aux portes de l'église ,
mais qu'ils ne les rompent pas , qu'il s'approchent du
seuil , mais qu'Us ne le passent pas , qu'ils veillent aux
portes du camp céleste , mais armés de la modestie que
doit leur inspirer leur désertion , qu'il reprennent la
(1) DePœnit., c. 10.
(2) De Patient., c. 1-2.
(3) Apud Cypr., Ep. 31 cdit. Paaiclii, et 50 O.vod.
463 PÉNITENCE. — SECT. III. 1" l'A^l'- <^ll.\
trompette de Icios piièrcs, mais (juils ne fassent point
entendre des sons de guerre, etc.; une prière modeste
leur se>-u avunliujeitse ,... que leurs larmes leur servent
comme d'ambassadeurs, que leurs gémissements et leurs
soupirs leur tiennent lieu d'intercesseurs , elc. il (iillail
que le reste do la vie de ceux qui se présenlaienl
pour la pénilcnce répondil à ces deiiors lugubres ; et
on e\igeail d'eux (ju'ils s'absliussenl des plaisirs or-
dinairos de la vie. C'est ce que nous voyons dans le
li\re de S. Cypricu , de Lapsis , où il eiiseii,'ne coui-
nient ou doit se préparer à recevoir la péiiilencc.
Penserons-nous que celui-là gémisse et déplore iincère-
ment et de tout son cœur ses péchés , quil s'e(]'orce de
se rendre Dieu propice par ses jeunes, ses pleurs et ses
sanglots, qui , depuis le moment qu'il a péché , va tous
les jours aux buins , qui s'engraissant par de grands re-
pas , rend le lendemain les crudités dont il est chargé ,
tandis quil néglige les pauvres avec qui il ne partage
point son boire et son manger ; qui marche avec un visage
gai et serein? comment peut-on dire d'un tel homme qu'il
pleure sa mort ?
C'est ainsi ([ue les anciens ne se contentaient pas
des premières déniarclies des péciieurs, pour leur ac-
conJer la grâce d'èlre admis au rang des pénitents, à
moins que le reste de leur conduite ne répondit à cet
appareil lugubre avec lequel ils demandaient d'être
reçus à pénitence. Nous avons un exemple illustre de
la manière dont ou demandait la pénitence dans ces
premiers siècles de lÉglise , en la personne du con-
fesseur Nalalius , dont nous avons déjà parlé. S'étant
laissé enirainer par les îiéréliqucs à l'appas des hon-
neurs et des richesses qu'ils lui avaient promis , ii
avait été ordonné évoque de leur secte. Jésus-Christ
ne voulant pas que celui ([ui l'avait confessé autrefois
périt uiisérabienient, l'avertit par plusieurs visions
célestes, de faire pénitence de son crime; mais étant
endurci et possédé de l'amour des biens de cette vie,
il s'embarrassait peu de ces averlissemenls, jusqu'à ce
qu'un ange lui déchii a le corps à coups de verges du-
rant toute une nuit. Mors, dit Eusèbe (1), s'étant levé le
matin et couvert de ciliée et de sac, il vint la tête chargée
de poussière, avec une grande douleur et fondant en larmes
se jeter aux pieds du pape Zéplnjrin, il embrassa les
genoux de ceux du clergé et des laïques , de sorte que
toute r Eglise touchée de compassion joignit ses larmes
aux siennes. Cependant , quoiqu'il priât avec de grandes
instances, et qu'il montrât les marques des verges dont il
avait été fustigé , il ne fut enfin reçu à la communion
qu'avec beaucoup de peine.
Celle coutume de faire paraître de la douleur de
ses fautes, et de remprcssemcut pour être reçu au
nombre des pénitents, n'était point de pure cérémo-
nie, mais elle était fondée sur la liadiliou la plus an-
cienne, et jugée si néressaire, que si quehpi'un, tom-
bant malade avant d'avoir demandé la pénitence, et
S(; semant pressé jiar la maladie , demandait d'être
réconcilié, on le lui refusait; au lieu qu'on l'accordait
(I) Ilist. Eccl., 1. o.
P. 111. ETAT LUGUBRE DES PENITENTS. 1G6
à ceux, ou qui s'étaient déjà soumis à la pénitence, ou
qui l'avaient demandée étant en santé. C'est ce que
nousapprenons encore deS.Cyprieu (1) : C'est pourquoi,
mon cher frère , nous avons jugé qu'il fallait exclure de
toute espérance de paix et de communion, ceux qui n'ont
point fait pénitence, ni témoigné par leurs larmes, une
sincère douleur de leurs fautes, s'ils commencent à la
demander dans la maladie, et quand le danger est pres-
sant ; parce que ce n'est pas la repentance de leurs péchés
qui la leur fait demander , mai.i l'approche de la mort
qui les y contraint. Et celui-là n'est pas digne de rece-
voir à la mort celte consolation , qui n'a pas fait réfle-
xion qu'il devait mourir. « Idcirc'o , fraler cliarissime ,
« pœnitentiam non agentes, nec dolorem delictorum suo-
c rum toto corde et manifesta lamentationis suœ profes-
« sione testantes , proliibendos omninb censuimus à spe
« communicationis et pacis , si in infirmitate atque in
i pericnlo cœperint deprecari ; quia rogare illos non de-
€ licti pœnitentia, sed mortis urgentis admonitio corn-
j peltit , nec dignus est in morte accipere solatium , qui
« se non cogilavit moriturum. » Cette rigueur n'avait
lieu que dans les premiers siècles ; depuis on se re-
lâcha sur cet article , comme nous verrons dans la
suite.
Outre toutes ces marques d'humiliation et de tris-
tesse qu'on exigeait des pénitents, c'était encore la
coutume en plusieurs endroits de tondre les cheveux
aux pénitents qui demandaient qu'on leur imposât les
peines dues à leurs péchés. C'est ce que nous appre-
nons entre autres du canon 12' du 3' concile de To-
lède : Quiconque , soit en santé, soit en maladie, de-
mande la pénitence à l'évêque, il faut avant toute chose
que l'évêque ou le prêtre le tonde, et lui fasse changer
d'habit dans la cendre et le cilice , soit que le pénitent
soit sain ou malade, et qu'ensuite il lui donne la péni-
tence. Que si c'est une femme, qu'elle ne reçoive point
la pénitence qu'elle ne soit couverte d'un voile et qu'elle
n'ait changé d'habit. S. Augustin (■2) fiiii allusion à
celte pratique, lorsqu'il dit. : Comme si lorsque nous
tâchons de vous porter à la pénitence, nous vous disions
d'avoir soin de vous couper les cheveux, et non pas d'a-
bandonner vos péchés, d'arracher vos habits plutôt que
vos inauvaises tnœurs. Optât de Milève reproche aux
Donatisles, dans son second livre, de ce qu'ils rasaient
ignominieusement les prêtres qu'ils soumctiaient à la
pénitence. Celle pratiijue était aussi en usage dans
l'église de Milan, comme il paraît par le[discours do
S. Ambroise à une vierge (c. 8) qui s'était laissé cor-
rompre. // faut vous revêtir, lui dit- il, d'un habit de
deuil, et punir sévèrement votre esprit et vos membre.'i.
Que l'on coupe ces cheveux qui, pur la vaine gloire, vnl
donné occasion an péché ; que votre corps soit soumis
aux inacéralions, qu'on en néglige le soin, et qu'il fasse
horreur, étant couvert de sac et de pons&ière.Dnus le cin-
quième livre des Capilulaires (c.2), ilest ordonné quij
les religieuses qui auront mérité la pénitence cano-.
ni(|ue seront rasées. Nouâtes velatœ eùdem pœnitcn
(!) Epist. 12, odit. Pamclii, et lu Oxon
(2) Aug., serni. 5S d^: tenipore.
'4(>7
ii:STO:i;e bEâ' ^'^v-.iJiHïKNiS.
7m conïïn'éâritur , «^ radmUur omncs ccipillï capîit's
eàrniit.
Col nsa!?c né.infnoins, dont nous apnortcrons enonre
quelques preuves ci-après, n'était point universel;
au contraire or. voulait, dans certains endroits, que
les p''Mnleuts laissassent croîlrc leur barbe et leurs
cbe.veux en signe de pénitence , mais en négligeant
d'en prcîiidre soin. C'était l'iisageen France, au sixième
siècle, au moins dans la partie septentrionale , j'en
ai p<Mir garant S. Eloi, évèqui' de Noyoïi, qui, dans
lin de ses st>rnfinns (boni. 11). adresse la parole aux
pénifenls Vh ces lernies : Cest à vous maintenant que
fadrcuae la parole, à voua, dis je, q:e je vois revêtus
di' riiaînt de la pénitence et pleurer vos péchés, ayant
le ■:isoge pâle et les cheveux longs, t furie S'inaiidù et
criite deniisso. » Saint Litlorc de Séville,qni vivait
dans le même siècle, rend lénioignage de la même
praliq.ic, an moins pour une pirtie de l'Espagne où
il vivaU, et où elle était si bien établie de son temps,
que dans le îivre 2' des offices ecclésiastiques, c. 16,
il découvre un sens mystique caciié sous cette prati-
que ; Ceux qui font pénitence, dit il, laissent croître
teurtarbe et leurs cheveux pour faire voir la quantité de
crimes dont la tête du pécheur est appesantie, elc. Ra-
ban M3ur(l), qui copie cet endroit de S. Isidore,
rend parla témoignage qu ' telle était la pratique des
églises d'an-deçà du Rliin et du voisinage.
S. Eloi rend une raison moins rechercbée et plus
naUirelle d'un autre usage qui est d-gne de reniar(pie.
Yoici SCS paroles aux péiiilents : Pourquoi, leur dit-il,
êles-vous placés à main gauche dans l'église'] Ce n'est
pas sans cause que l'usage a établi celte coutume; mais
parce que le Seigneur, dans son dernier jugement, met-
tra les brebis, c'est-à-dire les justes à la droite, et les
boucs, c'est-à-dire les pécheurs à la gtmche. C'est aussi
re(;n Fiinposiiion des mains de l'évêque et du clergé
|)Our la pénitence, ante mununi ab episcopo et clerc
imposilam in pœnilentiam. La réponse de Purpurins,
doni Optai de Milève (12) fait mention, est une [irenvc
évidente de celle coulunie. Cécilien, évêipift de Car-
tilage, cbagrin de voir s'élever un schisme dans l'E-
glise à l'occasion de son ordiriation, que ses ennemis
soutenaient être nulle, parce (jn'elle avait été faite
par Féliv, qu'ils aicnsaient d'avoir livré les saintes
Ecritures pentlant la persécution , s'offrit à recevoir
I de nouveau Pordination, comme si la première devait
, être censée de nul effet. A quoi Purpurins, un des
I chefs des schismatiques, iiomme hardi cl rempli de
I malice, répondit : Qu'il vienne présentement ici pour
qu'on lui impose les mains pour l'épiscopat, et qu'on
lui casse In tête en lui imposant la pénitence. < Et quas-
sctur illi caput de pœniter.tià. j
Ce point de discipline n'esl pas moins évident par
ce que nous trouvons élabli dans les conciles et les
décrélales des Papes (I), où il est défendu de donner
la pénitence par limposilion des mains aux prêtreS
el aux diacres qui seront lombes dans des crimes
qui méritent la déposition ; car si les clercs étaient
exempts de faire la pénitence publique qui s'imposait
de cette sorte , il est clair que cette cérémonie avait
lieu pour les laïques, suivant celte maxime, que les
exceptions prouvent la règle.
Le qiunzième canon du concile d'Agde enseigne
formellement la même chose. Que les pénitents, dans
le temps qu'ils demandent la pénitence , reçoivent du
\ prêtre l'imposition des mains el le ciliée sur la tête,
comme il est établi partout, « sicut ubique constitutum
est ; n que s'ils ont 'gardé leurs cheveux, et n'ont pas
changé d'habits, qu'on les rejette. Ce canon est lépélé
dans les capilnlaires , el se trouve dans Burcliard ,
pour cette raison que les ciliées qui servent d'habits aux.ïl 'ves de Chartres el Gralien.
pénitents se font de poils de boucs el de chèvres : car
le bouc, suivant la loi, devait toujours être offert pour
le péché, elc.
Nous avons exposé jusqu'à présent la manière dont
les pécheurs se présentaient à l'église pour recevoir la
pénitence publiipie, aussi bien que celle dont ils l'exé-
culaieut;carce que nous avons rapporté prouve assez
clairement (pi'ils persévéraient dans cet étal d'humi-
liation dans lequel ils s'étaient présentés. Voyons à
présent avec quelles cérémoniesles piètres leur im-
posaient la pénitence. Nous avons déjà dit quelque
chose de la manière dont elle s'imposait eu |)arlanl
de la confession; mais comme nous nous sommes
surtout éiendu sur la confession secrète et la péni-
lence qui se faisait en paiticulier, il faut expliquer
ici la manière dont on imposait la publique. S. Cy-
|)rien nous apprend que cela se faisait par rinqjosilion
des mains de révècpie et du clergé; c'est ce qu'on
])eut voir dans sa lettre onzième (2), dans la(iuelle il
reproche à cert lins prêtres leur précipitation à re-
cevoir les pécheurs à la paix, avant (pi'ils eussent
(1) De Instit. clerie., c. 29.
(2) De i'cdiliou do Pamelius, et lu de celle d'Oxfort.
Celte impo>ition des mains n'était point séparée de
la prière, par laquelle l'évêque ou le prêtre, el autre-
fois l'évêque avec ses prêtres, demandaient à Dieu,
pour le pénitent, la force et le courage d'accomplir
fidèlement la pénitence qui lui était imposée, et qu'on
lui donnait par écrit, suivant la qualité et les circon-
I' stances qui rendaient son crime plus ou moins atroce,
surtout quand c'était un de ces péchés qui se commet-
tent plus rarement; car pour ce qui est des fléchés
moins rares, quoique très-grands, comme l'adultère,
il n'était point nécessaire de lui prescrire par écrit les
ausléritcs par lesijuelles il de\ait les expier, ni le
temps qu'il devait y employer, cela étant assez cormii
par l'usage ordinaire et la pralicpie jounialièrc. Que
l'imposilion des mains fût accompagnée de la prière
du prêlre, c'est une chose si notoire, qu'il semble être
superflu de perdre le temps à le prouver. Tout le
inonde sait que celle cérémonie était inséparable dt;
la prière, jns([ue-là que l'on confondait (pichpiefois
l'iuie avec l'autre. Qu'est-ce que l'imposition des mains,
dit S. Augustin, sinon la prière que l'on fail sur l'hom-
(1) Coiie. Carlh., can. 1! ; S. Léo, ép. 90, nunc.
'J 2, nov. é(iil.
-469 PENITENCE. — SECT. III. l" PAKT. C11AI>.
me? Mais, pour s'en convaincre dans le cas présent, ;
il suflii de jeler les yeux sur tous les anciens ordres, i
riliioU el sacranicniaircs, où les prières que l'on doil
refiler sur les pcclieurs qui enlraionl dans la carrière
de la pénilencesonl prescrites. J'y ajouterai stMileuH-nl
ce qui esl dit dans un ancien canon qui est rappoi l('
dais le 5° livre des Capiiulaires, c. 52, en ces tenues :
Que le prèlrc donne la pénilcnce suivant la refile canoni-
que à celui qui se sera confessé à lui, s'il a laissé tomber
uéfjlifjenimenl ses cheveux, ou cliamjé d' habit ; eUpCiUui \^
impose les mains selon l'autorité canonique, avec les orai-
sons marquées dans le Sacramentaire pour donner la pé-
nitence. Nous avons dit plus haut, dans le chapitre
sixième de la seconde section , dans quel temps sur-
tout on se présentait pour recevoir la pénitence. Peut- l
être aurons-nous lieu d'en parler encore dans la troi-
sième partie de cette section, et de rapporter plus au
long ce qui se faisait autrefois le jour des cendres, et
,qui est , depuis un certain temps , dégénéré en pure
cérémonie.
En alleudant, nous remarq\icrons qu'il est resté dans
certaines églises quelques vestiges de celte ancienne
manière de recevoir les pécheurs à la pénitence le
mercredi de la Quinquagésime , et qu'on y distingue
les pécheurs des iiuiocents par des niar(]nes particu-
lières.
A Narbonne, par exemple, les pénitents publies
s'abstiennent j)endant tout le carême de l'entrée de
l'église, réduits à réciter quelques prières dans leurs
maisons pendant la célébration de la messe. L'ordi-
naire de Cambray veut que l'évêque nielle un cilice
en la main de chaque pénitent, en hn disant , conlere
cor Itium, etc. Au siècle dernier, à Autun, le; feniiiies
qu'on mettiit en pénitence ce jour-là couvraient leur
tète d'une partie de leur robe , qu'elles relevaient en
forme de sac : c'est ce que témoigne M. de Yerl. Nous
parlerons ailleurs de ce qui se pratique encore à pré-
sent dans l'église de Rouen sur le mémo sujet.
En d'auire? endroits, quoique les pénilciils ne .soient
point dictingués du reste des fidèles da;;s la cé-
rémonie du jour des cendres , on y aperçoit plus clai-
rement les traces de l'ancienne manière d'imposer la
pénitence aux pécheurs. A Avaion, église collégiale du
diorèse d'Autun, les cendres se distiihueat encore à
présent sur les marches ou degrés de la grande porte
de léglise, qui est l'endroit on en effet on couvrait au-
trefois les pénitents de cendres; ce qui se pratique en-
core en d'autres églises (I ). A Évreux, à Orléans, etc.,
c'est encore le pénitencier qui fait la cérémonie des
cendres. A Rome, c'est encore le grand pénilencier
qui les donne an pape. Dans l'église de Sens, on porte
encore aujourd'hni un cilice au bout d'une longue per-
che le mercredi des cendres. Enfin, à Aiitun, c'est un
clerc en soutane et en surplis (\\\\ fait pour tous les
autres le personnage de pénitent. On le chasse de Té- j
glise le mercredi des cendres, et on l'y fait rentrer le
jeudi-saint.
(I) De Vert, t. "2, p. 5T.j et seq,
IV. l'E.MlLNTS ADMIS A L'EUCHARISTIE. 470
CHAPITRE IV.
Que dans les premiers siècles de il.qlise la réconcilia-
tion des pécheurs n'était séparée par aucun espace de
temps de la participation de l'Kncharislie,
Depuis cpie Novat eut publié son hérésie, il était as-
sez ordinaire de melire un esp;in^ de temps entre la
réconciliation et la réeeplion du corps dr notre Sd-
gneur ; il arrivait môme quelquefois que l'on était nn,
deux et trois ans avant que l'on pflt parvenir à ce bicn-
fail : et ceux qui l'atlcndaient étaient oicofrc censés an
nombre dts pc-nitenls, quoique réconciliés et assistant
à tomes les prières de l'Église, même à la célébration
du S. sacrifice. On appelait ceux qui se trouvaient on
cet état les consistants, qui composaient la quatrième
station de la pénitence. Mais auparavant je ne vois pas
que cela ait en lien, et que l'on ait différé la commu-
nion à Ceux qui avaient été réconciliés. Le conlraire
paraît même assez bien établi par ces paroles de
S. Cyprien, qui, parlant de ceux qui se purifiaient par
les exercices de la pénitence, et auxquels il avait jugé
à propos de donner la paix avant qu'ils eussent ac-
compli le temps de leur pénitence, à cause de la per-
sécution que Dicn lui avait fait connaître devoir arri-
ver bientôt , s'explique ainsi , après avoir parlé des
conciles de Rome et d'Afrique, où il avait été réglé
que ceux qui étaient tombés feraient longtemps pé-
nitence, DIU ACERÉ.NT POEMTENTIAM PLENAJI. MaisVUtin-
leuatU la paix est nécessaire non seulement aux infir-
mes (I), mais aux forts, et nous devons donner la paix,
non aux mourants, mais à ceux qui vivent, afin que nous
ne laissions pas nus et sans armes ceux cjue nous exci-
tons et exhortons au combat , mais que nous les munis-
sions de la protection du corps el du sancfde Jésus-Christ.
Et puisque l'Eucharistie se consacre afin qu'elle tienne
lieu de sauve-garde à ceux qui la reçoivent, nous devons
armer de sa protection ceux que nous voulons mettre en
sûreté contre les attaques des ennemis : car comment leur
enseifjucrons-nous et les animerons -nous à répandre
leur sanq pour la confession du nom de Jésus-Christ,
si nous leur refusons son sang, lorsqu'ils sont près d'en-
trer au combat? on comment les rendrous-nons propres
(i boire le calice du martyre, si auparavaiit nous ne les
admettons point, par le droit de la communion, à boire
dans l'Église la coupe du Seigneur?
Il faudrait transcrire toute cette lettre, dans laquelle
on voit partout la même chose. Il n'y parle que tis la
paix el de la communion quo l'on doil , dans la con-
joncture présente . donner non seulement aux mala-
des, connue il avait été arrêté par ces deux conciles
dont nous avens p.irlé, mais encore aux autres , et il
y prend indidéremment les noms de paix, de commu-
nion , et de corps el de sang de Jésus-Clirist jiour la
même chose, non qu'ils signifient formellemenf la mê-
me chose, mais parce qu'ils étaient inséparable» sui-
vant l'nsi'.ge de ce lomps-lîi, h l'égard de cf,ux qui
avaient accomi:li h'ur pénitence, ou à qui '.Eglise fai-
,\ (1) Cypr., episl. M.
471
HISTOIRE DES SACREMENTS.
47^
sait gnVcc à cause do quelques conjonctures pareilles '
à celles dont il s'agit dans cette lettre, '
Tout le livie de Lnpsh de ce saint évêque est écrit
poin- it''[)iiiiier l'audace de certains cluéliens qui, après
être toinlics durant la persécution, avaient reçu des
libelles des martyrs, dans lescpiels se trouvaient or-
dinairement ces paroles, nis paccm damts, 7ious don-
nons la paix à ceux-ci. Parlout on y voit qu'en consé-
quence CCS tondtés piél(;ndaient être reçus à la |)arli-
cipation de l'Eucliaristie, et quoS. Cypiien n'était
occupé qu'à leur faire voir que cette piécipitalion leur
serait luneste, et (ju'il serait honteux à l'Église de
céder à leurs menaces : preuve ceitaine que S. Cy-
prien , cl ceux qu'il combat, entendaient que la paix
ne devait point cire séparée de la récepliou des saints
mystères. Avant d'avoir croie leurs péclics, ils deman- \
dent la paix : cela n'est pas une paix, mais une (juerre,
i non est pax illa, sed bellh ";. î U avait dit aupiu'avant :
Mon de la sainte Eucbaristie , sans y ajouter d'autres
peines, au moins que nous sachions; car cette sous-
iraclioii tenait lieu de pénitence à ceux qui avaient
commis des fautes légères, et ce temps de séparation
étant expiré, ils étaient reçus par l'absolution à la par-
ticipation des divins mystères : au lie\i qu'ici il s'agit
des iiécbcurscpii ont accom|tli le temps de la pénitence
qu'on leur avait prescrit, au bout duquel ils recevaient
en même temps le double bienl'ait de la réconciliation
et de la communion du corps et du sang de Notre-Sei-
gneur.
11 est vrai que ce que nous avons dit précédemment
prouve bien que l'on pourrait séparer ces deux cho-
ses , comme cela s'est fait depuis; mais il ne prouve
1 pas qu'elles fussent sé[)arées dans les deux ou trois
premiers siècles; et ce que nous venons de dire «lans
ce chapilre prouve le conlraire. Passons présente-
ment à une autre matière, et examinons pour quelle
espèce de péchés on prescrivait autrefois le remède
Revenant des autels du di ;\e, ils approchent du sacré
corps du Seigneur avec dt 'nains souillées et infectées | l'e la pénitence publique, et comment ceux qui n'ô-
par la puanteur des sacri,'us profanes. (11 fait ici allu- i t«'''"t Point soumis à cette peine s'expiaient.
sion à la pratique de soi temps , de recevoir l'Eu-
charistie dans la main.) Ces endroits rapprochés
ainsi l'un de l'autre, montrent clairement que, sui-
vant S. Cyprien, ces deux termes, paix et réception de
l'Eucliaristie, étaient é(juivalents |)ar rapport au f;iit.
On voit la même discipline établie par la plupart
des canons du concile d'Elvire où ces lennes donner la
paix, recevoir, donner la communion , se prennent iii-
difléremmei i, aussi bien que celui d'associer à la coni- l
viunion du .-eigneur , poterit domimc.e sociari com- I
MUNiONi, non (lie ces manières de parler signifiassent,
comme nous ^vons déjà remarqué , la même chose ,
mais parce qii )n ne les séparait point alors : sans
quoi les Pères de ce concile auraient parlé très-im-
proprement et auraient tout confondu , ce qu'on ne
peut penser d'hommes aussi respectables. Le canon
76 porte ainsi ; Si c'est un fidèle, après avoir fait péni-
tence Cespace de dix ans, qu'on le reçoive, recipiatur.
Ce qui est la même chose que ce qui se Kt dans plu-
sieurs autres : Après avoir accompli la pénitence lécji- \
lime, qu'on lui donne la communion. < Aelà légitima î
« pœnitentià, communia prœstetur. i El dans le 07" : j
Après dix ans, qu'il reçoive la communion, cnjanl fait la \
CHAPITRE Y.
Que les anciens Pères divisaient les péchés en trois clas-
ses; que ceux de la première classe étaient soumis à
la pénitence publique. Comment on satisfaisait à Dieu
pour les autres. Que plusieurs, autrefois, embrassaient
la pénitence publique par dévotion. Quelle idée on
avait de sa vertu et de son utilité.
Les anciens distinguaient les péchés en trois clas-
ses différentes, aussi bien que les remèdes qu'ils y ap-
portaient. La première comprenait les crimes ou les
péchés énormes, qu'ils appelaient quelquefois simple-
1 ment péchés mortels, d'antres fois canoniques, parce
qu'ils élaient soumis à la sévérilc des canons. La se-
conde renfermait les péchés qui, à la vérité, élaient
mortels par eux-nième- , parce (pi'ils conduisaient à la
mort éternelle ceux ([ui ne s'en repentaient point sé-
rieuscnienl, mais qui élaient moindres que les précé-
dents, qu'ils appelaient gravissima. Les péchés véniels
ou journaliers étaient conqiris dans la troisième classe.
Nous avons déjà fait mention de celle division célèbre
chez les anciens; mais la matière cpii se présente ici
exige de nous que nous la rappelions.
Sous la première classeétaient compris ces trois sor-
pénitence légitime. « Post decem annos aceipiat commu- s tes dépêchés, savoir, ridolàlrie, l'homicide et le pé-
t nionem, actà Icgitinu'i pœnitentiii. » Dans le canon 59
il est ordonné que ceux qui reviennent de l'hérésie,
s'ils s'y étaient jetés d'eux-mêmes , ne recevront la !
communion qu'après une pénitence de dix ans, post
decem annos prœstari communio débet. Ce qui , sans
doute, doit s'entendre de la participation de l'Eucha-
ristie. Que s'ils y ont été entraînés, ap))aremment
par leurs parents ou autrement, sans avoir l'câge de
discernement, ils seront reçus aussilôt , incnnctanler
reripiantur.
Ce que nous avons dit dans ce chapitre n'est point
contraire à ce que nous avons prouvé dans le second
de cette partie , entre autres par le concile d'Elvire,
que l'on punissait les moindres fautes par la souslrac-
ché de la chair, et lem-s différentes espèces: par ex-
emple,sous l'idolâtrie ils comprenaient, non seulement
les sacrifices profanes, mais les augures, les divina-
î i lions, les parjures, les blasphèmes, l'apostasie, eic.
Par le péché de la chair, qu'ils nommaient mœehiu,
ils entendaient, outre l'adultère et la fornication, i)lii-
sieurs autres espèces d'inipnrclé et les péchés contre
nature. Il en élait de même de l'homicide. Vous
avez pu remanpier dans cet ouvrage que Tertullien
insiste souvent sur ces trois espèces comprises dans
la première classe des péchés. Les Pères qui l'ont
suivi en ont aussi parlé fréqiu^mment, comme nous
verrons bientôt. Dans les trois premiers siècles, sur-
tout dans les deux premiers, celte classe élait assez
473 PÉNITENCE. — SECT. III. 1" TAUT.
restreinte ; mais dans la suite on lui donna plus dé- jt
tendue, à mesure que les péchés se mulliplièrcnl,
mais ordiuaiieiiiciit, sons prélexte que les pécliés
auxquelson étendait cestiois espèces yavaioni du rap-
port. C'est ce que nous apprenons de S. Basile, qui
dans le oanon 30' de son Épîlre canonique, avoue
qu'il est le preniiiT qui ail imposé dos peines cano-
ni(pios aux ravisseurs: car voici comme il s'exprime
là-dessus: Pour ce qui c^t des ravisseurs, nous
n avons point d'anciens canons, mais nous propo-
sons noire propre sentiment ; savoir , qu'eux et
leurs complices soient trois ans exclus des prières ,
etc. /Mibit/. jj.ï-j w.'janô) Wf. syouvj, tSiav Ss yv&mKjv à-oivîsâ-
HiOv. Paroles qui confirment ce qur nous avons dit,
que celle classe de grands crimes élail plus res-
treinte dans les premiers temps, par rapport à la
pénitence canonique. Le canon 80' du même saint
prouve la même chose, aussi -bien que l'altcnlion
que l'on avail à chercher (pielque rapport avec les
trois espèces de péchés, dont nous avons parlé, dans
ceux pour lesquels on déterminait, contre l'ancien
usage, des peines canoniques (1). Les Pères, dit-il, ont
passé sous silence la pohjcjamie comme étant plus di(jne
des bêtes que des hommes. Pour nous , nous avuns jugé
quelle était un péché plus grand que la fornication, et
c'est pourquoi il est raisonnable que ceux (jui sont dans
ce cas soient soumis aux canon-'i, c'est à dire, qu'après
qu'ils auront pleuré u}i an, et auront été trois ans pro-
sternés, ils soient reçus. Vous voyez qu'il compare la
polygamie à la fornication, et que c'est en vertu de
cela qu'il la soumet à la pénitence canonique. Il
entend ici par polygamie les mariages qui se con-
tractent après les quatrièmes noces, selon l'inler-
prétation de Balsamon, célèbre canonisle chez les
Grecs.
Saint Grégoire de Nysse(2)nous assure aussi que les
anciens n'avaient point imposé de peines canoniques
pour l'usure, le vol secret et plusieurs autres vices,
sans doute parce qu'ils ne voyaient pas que ces pé-
chés eussent trait à ces trois espèces dont nous par-
lons; ils s'en tenaient littéralement à cette division.
II paraît encore par la lettre canonique de saint
Grégoire Thaumaturge aux évoques du Pont, qu'il y
avait chez eux de très-grands crimes, pour lesquels
les lois et les coutumes n'avaient puint déterminé de
pénitence ; puisque ce saint envoya dans celte pro-
vince un de ses prêtres, pour qu'il vît ceux dont on
devait entendre les accusations, et ceux qui! fallait
séparer des prières de l'Eglise, ce (pii fait voir (|ue le
crime dont il s'agissait n'était point alors soumis à
la pénitence canonique dans la province du Pont:
cependant ce crime était des plus graves, puisqu'il
regardait certaines personnes, qui dans une incursion
de barbares avaient elles-mêmes pilh: leurs conci-
toyens, et relen.'iient ce qu'ils leur avaient enlevé;
mais le vol avail nn)ins de lapporl à ces trois espèces
(l)Caii. 80. epist.ad .\mpliilochiiim, -:,-j -o;vy'/'/.v.v
(2) Ep. ad Eoioyiim.
CHAI'. V. DIVISION DES PÉCHÉS. 47i
de péchés qui seul anciennement étaient soumis aux
lois de la pénitence.
Dans la suite , comme nous avons dit, on joignit à
ces pé'clK'S ceux qui y avaient quehpie rapport (|uoi-
(pTéloigiu', conune vous venez de le voir ; et insen-
siblement on mit dans la nu'nie catégorie généra-
lement tous les grands péchés dont les effets se font
sentir ; car pour ce qui est des péchés de l'esprit, ou
intérieurs, nous ne voyons pas (ju'ils aient jamais été
soumis à la pénitence publique par aucune loi de
l'Eglise. Le premier concile de Tolède nous fournit
une preuve sans réplique de ce que nous avançons,
lorsqu'il dit(c.2) "iVoî/s appelons pénitent celui qui après le
baptême faisant pénitence publiffue on pour un homicide,
on pour divers crimes et de très-grands péchés, étant
revêtu de cilice, est réconcilié au saint autel. tPœniten-
i tem dicimus de eo qui post baplisnmm, aut pro ho-
« micidio, aut pro diversis criminibus , gravissimisque
« peccatis, i etc., paroles (pii fonl voir que dans la suite
sans trop s'arrêter à ces trois espèces de péchés de
la première classe, dont nous avons parlé, on y com-
prenait indifféremment tous les grands péchés, que
l'on soumit à la pénitence canonique.
Avant de prouver ce changement plus au long, je
veux rapporter deux endroits de la lettre canonique
de S. Grégoire de Nysse à Letoyus, qui font voir ce
que nous avons déjà dit du peu d'étendue que l'on
donnait aux péchés de la première classe, qui étaient
ceux pour les(piels les anciens faisaient subir les
peines canoniques. 1' ayant, dit-il , plusieurs péchés
qui sont les suites de la colère et tous très-dangereux;
il a plu à nos pères de ne point en faire une recherche
trop exacte, et de ne se pas mettre beaucoup en peine ,
ni même de prescrire des remèdes propres à guérir les
fautes qui naissent de cette passion, quoique l'Ecrilure
non seulement défende de frapper jusqu'à blesser quel-
qu'un, mais qu'elle interdise toute sorte d'insulte, de pa-
roles injurieuses et toute autre chose semblable que la
colère produit. Mais ils n'ont pris des mesures et des
précautions que contre l'homicide, par les peines qu'ils
ont imposées à ceux qui commettraient ce crime, ?tà '.ùt
£Tuzi;j.ioi-i, ce qui s'entend chez les anciens des peines
canoniques de la pénitence publique. Noire saint évêque
se conforme lui-même à celte ancienne coûtante, et ne
prescrit des pci)tes que pour l'homicide, soit volontaire,
soil involontaire.
L'autre endroit de la même lettre n'est pas moins
remarquable : on y voit ce que nous entreprenons de
prouver, et en même temps rattachement inviolable
de S. (irégoiro aux anciennes règles, quoiqu'il eût de
très-fortes raisons de ne pas s'y conformer si scrupu-
leusement. Il est, dit-il, une autre espèce d'idolâtrie,
car c'est ainsi que le divin Apôtre nomme l'avarice : je
ne sais comment nos pères n'ont prescrit aucun remède
contre ce mal, si/ orô'd-w; à.O-:x-sv:oj Ottô twv Try.T-f^wv
T,;jMJ Tta^ctij-ô/;. Il l'ait voir ici combien ce vice est dan-
gereux, et répèle encore que les anciens n'ont point
statué de peines canoniques pour les guérir. Après
([\un il ajoute .C'est pourquoi celte dangereuse maladie
i75
se répand dans l'Eglise, et on n examine pas si ceux qui »
entrent dans le cleraé. nonl point été souillés de cette \
espèce d'idolâtrie. Mais nous nous imaginons parce que
vos pères l'ont omise, que lu parole sujfit pour la guérir,
et nous ne regardons comme criminels que les voleurs, j
ceux qui déterrent tes morts, et les sacrilé>jes, parce que
la tradition nous a inslimls à cet égard ; quoique, suivant
l'Écriture, l'usure et les autres manières injustes de s'en-
richir soient éqalenwnt défendues. Mais puisque, pour ce
qui nous regarde, les canons ont clici nous une entière
autorité, nous ajouterons à ce que nous avons dit, le juge-
ment des canons sur ce qui est constamment défendu.
Après ces paroles il divise le vol en ses différenles
espèces, cl iiinrqiie les peines par iesijuelles on devait
expier piililiipicjuenl ces séries de péchés. Noire saint
évoque parle sans douie des canons (pii élaienl reçus
dans rOrient, cl des usages des églises de son pays ;
car nous trouvons l'usure expressémeni délendue et
soumise à la pénilCMce canonique avant lui en Occi-
dent, comme il est clair par le canon 20' du concile
d'Elviie que voici. Si on découvre, dit le canon, qu'un
clerc exerce l'usure, nous ordonnons qu'il soit dégradé et
téparé de la communion , t placnit eiim degradari et
f abstineri. » Si on prouve que quelque laique ait com-
mis ce péché, et qu'il ait promis de ne point continuer,
vous jugeons à propos qu'on lui pardonne; mais s'il
persévère dans celte iniquité, vous voulons, qu'il soit
chassé de l'Eglise. „ • ,
C'est ainsi qu'en matière de discipline les choses
varient suivant les diUércnls lieux , et que certaines
lois ont lorce dans un pays, tandis qu'elles sonl incon-
nues dans d'autres, surtout quand ce sont des pays
aussi éloignés les uns des autres que l'Espagne l'esl
de la Cappadoce, où vivait S. Grégoire de Nysse.
Tontes ces décisions des conciles et des Pères dans
leurs épîlres canoniques, font voir tpielles espèces de
péchés étaient autrefois sujettes à la pénitence publi-
que; car il ne s'agit que de celles-là dans la plupart
de leurs canons, par lesquels ils en déterminent le lemps
et la manière. On y voit que le nombre de ces péchés
était moindre autrefois, je veux dire dans les deux ou
trois premiers siècles, que dans les deux ou trois sui-
vants, que diverses raisons ont enfin persuadé à ces
saints évê(|ues de donner plus d'étendue à la première
classe des péchés donl nous avons parlé , et d'y faire
entrer plusieurs de ceux qu'on n'ycomprenait pas au-
paravant; d'abord sous prétexte de l'affinité qu'ils
avaient avec les trois espèces comprises dans celte
classe, et ensuite pour d'autres raisons à peu prés
telles que celles que nous Vciions de voir dans S. Gré-
goire de Nysse; et enfin nous allons voir que pour
arrêter le cours des désordres contre lesquels la péni-
tence secrète était un remède trop faible , on y com-
prit généralement tous les grands péchés , dont les
elTets se produisent au dehors, que l'on soumit in-
distinctement à la pénitence canoni([ue; c'est ce qu'il
faut prouver maintenant, sans entrer dans la question,
si pour être soumis à cette pénitence il fallait qu'ils |
HISTOIRE DES SACREMENTS. -176
fussent publics ou non, "^quesliou que nous examiue-
rons dans le chapitre suivant.
S. Auguitin (1) dislingue les péchés suivant leurs
i diflércnls degrés, en trois classes ; connue nous avons
dit que cela était ordinaire aux anciens : S'il n'y avait,
(.\[[-\\, des péchés si grands qu'ils méritent riiême l'excom-
munication, l'Apôtre ne dirait pas, elc. ; il rapporte ici
ce que dit Tapôlre au-x Corinthiens à l'occasion de
l'incestueux ; après quoi il continue : De même, s'il n'y
en avait d'autres dont la guérison peut s'opérer sans cette
humiliation de la pénitence à laquelle on soumet dcms
l'Eglise ceux qu'on applle proprement pénitents, mais
que l'on peut guérir par le remède de la correction, le
Sauveur ve dirait, pas : Corrigez-le entre vous cl lui
seul, elc... Enfin s'il n'y avait de ces péchés sans lesquels
on ne vit point ici -bas, il ne nous aurait pus donné un
remède journalier dans l'oraison qu'il nous a enseignée,
afin que nous disions , remettez-nous nos péchés, elc.
Voilà, comme vous voyez, les trois degrés de péchés,
bien marqués, et riiumilialion de la péiritenee publi-
que assignée comme le remède ordinaire de ceux de
la première classe. 11 nous reste à voir présentement
quels sont ceux qu'il fait entrer dans cette première
classe, et qu'il appelle gravia, grands péchés.
Il s'explique sur celte matière dans son homélie
1 cinquantième, où, après avoir distingué en [léchés vé-
i.iels et mortels , et avoir parlé des remèdes des
premiers, il ajoute que l'on doit subir l'action de lu pé-
nitence pour les péchés qui sont contenus dans le Décalo-
gue, cl dont l'Apôtre a dit que ceux qui les commettraient
n entreraient point dans le royaume de Dieu. Ce |>assage
semble étendre la pénitence cancinique à tous les pé-
chés mortels ; mais comme il ne s'expli(pie pas assess
là-dessus, cl que l'on poinrait l'enteiulre d'une péni-
tence rigoureuse à la vérité, mais non publique, d'au-
lant plus que S. Augustin, dans ce passage, ne dis-
lingue pas les péchés de la piemière cla>se de cens de
la seconde : nous en allèguen ns un plus clair el qui
sera sans réplique. Nous le trouvons dans le -41'
sermon des Saints. Là, après avoir fait après l'Apôtre
l'énumération des péchés (ju'il appelle capitaux, sa-
voir : le sacrilège, riiomicide , l'adulière, le faux té-
moignage, le vol, les rapines, l'orgueil, l'envie, l'ava-
rice, la colère que l'on retient longtemps; l'ivresse,
s'il arrive que l'cui y tombe souvent; il ])iescrit les
remèdes par lesquels on doit guérir ces maux, en ces
termes : Pour les péchés capitaux, cela ne suffit pas { il
venait de parler de la manière il'exiiii'r les moindres
péchés ) , mais il faut y ajouter des larmes, des sanglots,
des gémissements, des jeûnes ]}rolongés durant plusieurs
jours, des aumônes plus abondctntes : on doit s'éloigner
de soi-même de ta communion , persévérer longtemps
dans le deuil et la tris'csse, et faire même pénitence pu-
bliquement, « pœuitentiam etiam publiée figenles ; » afin
que celui qui s'est perdu en entrainiint plusieurs pur son
exemple, se rachète en les édifiant. Ceci n'a pas besoin
de connnenlaire : on y voit que, dès le cinquièuie
(1) Lib. de Fide el bonis Opeiibus, c, penullimo.
477 PENITENCE,
siècle, on somni'iiait à la pcniiciicc piihliqiio. non- ^
seulcMionl riilolàirie , riioiniciclc et lo péclic do la i
chair, mais généiaiomciit tous les grands péclics, \
surtout si rcvè(|ue ou le prèlre à qui on se confessait, |
le jugeait à prnpos. C'est ce qu'enseigne ailleurs lo j
mèuic saint : car après avoir rapporte d'après l'Apôtre ;
les œuvres de la cliair dont il est (iiit mention dans
l'Epître aux Galates { chap. ^i), el qui s'élendcnl à
presque tous les péchés capilanx, il dit de celui qui en
a conuiiis quelques-uns (I) : Qu'il vienne trouver les
prèlres (ad (nilislites), par qui les clés de V Eglise sont
administrées,... cl qu'il fusse non seulement ce qui peut
être avanldcj'ux à son salut, inais encore ce qui petit être
utile au.v autres par le bon exemple : de sorte que, si son
péché est non seulement capable de lui nuire beaucoup,
mais encore de scandaliser les autres, et que le prélat
juge que cela est expédient pour l'utilité de l'Eglise, il ne
refuse pas de faire pénitence , non seulement au su de
plusieurs, mais devant tout le peuple , et qu'il n'ajoute
point l'orgueil à une plaie viortelle, en voulant ta cacher
par une honte déplacée. « Atque hoc expedire utilitati
t Ecclcsiœ antislili vidcbilnr , in nolilin mullorum, vcl
i ctiam totius plebis agere pœnitentiam, non recusel, non
< résistât. » Ce passage donne du jour au piécédent:
nous y api<rcnons, en le rapproclinit de l'autre, que
quoique tons les grands péchés fussent du temps de
S. Augustin, soumis à la ])énilence puhliqne, on n'exi-
geait pas néannutins toujours des pécheurs qu'ils s'y
soumissent ; qu'on laissait cela à la discrétion du
prêtre à qui s'était l'aile la déclaralion des péchés, qui
irinfligeail celte peine, que lorsqu'il jugeait que cette
salisfaelion serait utile et d'un exemple édifiant pour
toute l'Eglise ; on y voit de plus, que quand les péchés
étaient secrets ou (lu'on n'avait pas de preuves surli-
santes pour en convaincre juridiquement celui qui les
avait commis, on engageait platôt par persuasion le
pécheur à subir celte peine, qu'on ne l'y contraignait
par censure.
Geimade de Marseille, dans son livre des Dogmes
de l'Église (c. 53), nous apprend que la même
maxime et la même discipline avaient lieu de son
temps en France, cVst h-dire quelques années après
S. Augustin. Après avoir parlé des moindres péchés,
et de la manière do les expier , voici comme il s'ex-
plique touchant les autres. Mais je dis ceci de celui à
qui la conscience ne reproche point de péchés mortels et
capitaux, t Scd hoc de illo dico qnem capitalia et mor-
t talia peccutn non mordent. > Que fera-t-il donc,
celui dont la conscience est chargée de ces sortes
de péchés? Car, ajoute t-il, pour celui qui, après son
baptême se trouve chargé de péchés mortels , je l'ex-
horte à satisfaire premièrement par la pénitence pu-
blique {publicâ pœnitenliâ salisfucere), et après avoir été
ainsi réconcilié par te jugement du praire , à recevoir ta
sainte communion, s'il veut ta recevoir autrement qu'usa
condamnation.
S:iint Césaire d'Arles parle dans le même sens dans
SECT. IH. 1" PAllT. CllAP. V. DIVISION DES PÉCHÉS.
478
(1) Ilouiil. uit. iîUer oO.
sa première homélie, où,aprèsavoir instruitson peuple
de la manière de guérir leurs âmes des plaies que
leur font les moindres péchés, il vient aux crimes
dont il l'ail rénmnéralioii , suivant l'ancieime cou-
tume des Pères, dont nous avons déjà parlé plusieurs
fois, après quoi il ajoute ces paroles : Ces crimes et de
semblables {hœc et ejusmodi commissa) peuvent ab-
solument (PKMTis) s'expier par une salisfaelion coni'
mum et médiocre, quoique secrète : mais les grands péchés
exigent de plus grandes attentions, el qu'on y remédie pu-
bliquement, < sed graves causœ graviores et acriores pu-
« blicas curas requirunt, i afin que celui dont la perte a
causé de t'ajpdion à plusieurs, se rachète avec t'édifi-
cation de plus'enrs, etc. Toutes ces autorités prouvent,
ce me semble , d'une manière incontestable que tous
les grands péchés et les crimes atroces, de quchpie
espèce qu'ils fussent, furent enfin soumis à la péui-
leuce publi(jue , que celle-ci devint le remède ordi-
naire de tontes les grandes plaies des âmes, et qu'on
donna , dans les trois siècles qui suivirent les pre-
miers, phis détendue à la première classe des péchés
que l'on ai>pel;iit très-grands; Icscjnels, comme nous
avons vu, étaient soumis à la pénitence pul)li(iue.
Les anciens avaient une telle idée de la fi.'rce et de
l'efficace de ce remède , pour la guérison des âmes ,
qu'il n'est pas rare de trouver i)armi eux des gens
qui, sans avoir commis aucun de ces péchés, pour
l'expiatio)! des(piels elle avait élé établie, la deman-
daient de leur propre mouvement , et s'y assujetlis-
saienlavec joie; c'étailprincipalement dans la maladie
et quand on se trouvait réduit à l'extrémité, que l'on
se dévouait ainsi à la pénitence. Les exemples en sont
fréquents, surtout depuis le sixième siècle, elil ya
tout lieu de croire que cette pratique était plus an-
cienne. On peut mettre au nombre de ceux qui ont
ainsi demandé et reçu la pénitence le référendaire
Marc , dont parle Grégoire de Tours, dans le sixitsne
livre de son histoire, c. 28, lequel, après avoir acquis
do grandes richesses par ses concussions , et se sen-
lanl pressé par la douleur, se (it tondre les cheveux,
itïçiit la pénitence , et rendit l'esprit , caput totondit ,
atque pœnitentiam accipiens, spirilum exlialuit.
Les conciles troisième et quatrième de Tolède font
meniion de cet usage; il est dit dans le douzième
( iiapilre de ce dernier : Quiconque a reçu la pénitence
de l'évéque ou d-i prêtre , soit en santé , soit en maladie,
se fera d'abord couper tes cheveux, si c'est un homme, el,
suivant ce qui est ajouté diins quelques exemplaires ,
chungern d'habit dans le cilice et la cendre , pour rc~
cevoir ta pénitence dans cet état. Que si c'est une
femme, qu'elle ne reçoive point la pénitence, à moins
qu'elle n'<iil changé d'habit auparavant. Le même con-
cile (c. 5) déclare que ceux qui se sont ainsi souii:is
à la pénitence, et qui retournent à la vie du siècle
qu'ils avaient abandonnée, seront coniraii.ts par r<'vè
que de rcu);ilir les engagements qu'ils ont contraciéj
par cette démarche , et (pie si après avoir été av-eriii
de reprendre l'état de pénitents , aufiuel ils s'étaient
assujettis, iis lo icfuscul avec oiislmation , ils se-
479 HISTOIRE DES SACREMENTS
ront regardés comme apostats ci frappés d'analhèino.
Ces règlements du coiirile de Tolède moiilreiU
conil)ieii il était ordinaire de voir des gens demander
la pénitence d'eux mêmes lorscpfils se Ironvaicnl en
danger de mourir, et cela sans qu'ils se coid'es>assent
coupables d'aucun crime, mais par un sentiment de
crainte de Dieu, et de là est venue ensuite la coutume
si ordinaire de prendre l'habit monastique , en mala-
die, pour se consacrer le reste de ses jours à la piini-
lence si on venait à sin-vivre à la maladie. Il airivail
môme quelquefois qu'on la donnait à un mouranl
qui avait perdu l'usage de ses sons, à la prière de ses
amis, qui la denKuidaieiil pour lui comme ime grande
grâce. Cette praliipie devint même si frétpienle en Es-
pagne, que le douzième concile de Tolède (c. 12), tenu
en 08 1 , se orul obligé de réprimer l'abus qui com-
mençait à s'introduire à ce sujet, en défendant aux
prêtres, sous peine d'èlre excomnnmiés pendant un an,
de la donner aux malades qui n'auraient marqué par
aucun signe, soit des mains, ou autrement, désirer de
la recevoir. Cependant ce même concile ordonne que
ceux qui étant en santé auront témoigné quelque désir
de la recevoir , et qui élanl eiisuite tombés malades,
et hors d'étal de la demander par aucun signe, l'auront
reçue, seront obligés d'en remplir les devoirs, quoi-
qu'ils protestent qu'ils ne l'ont ni demandée ni reçue
en coimaissance 11 traite ces persomies d'impruden-
tes , et regarde leurs Ojiposilions en ce point comme
un sacrilège : arjnnt cautiouibns vanis et opposilioiiihus
execrandis , etc. , et la raison que les évèques de ce
concile apportent, pour appuyer une discipline qui
paraît si extraordinaire , est que, comme les enfants
sonl obligés à tenir les promesses de leur baptême,
que d'autres ont faites pour eux , de même le don do
la pénitence qui a été conférée à ceux qui n'en avaient
point de connaissance , doit être inviolablement con-
servé par ceux qui l'ont reçu. Ita et pœnitenliœ donum
(juod nescientibus illabitiir, absque ullà repuijnantiù
inviolabililer In qui illud excepcrint , obscrvabunl.
L'exemple du roi Wamba, dont ce concile jjarle c. 1,
et dont Luc de Thui nous raconte l'histoire, est assez
connu, et fait voir cond)ien cette coutume était aocré-
dilée en Espagne , puisqu'en conséquence de la péni-
tence qu'il avait reçue sans connaissance, il quitta,
soit degré, soit de force, la couronne royale , et se
retira dans un monastère pour acconq)lir la pénitence
qui lui avait été ainsi imposée, quoiqu'il eût toujours élé
un prince pieux, et à qui on ne reproche aucun crime.
Presque loul ce que nous avons dit dans ce chapi-
tre, regarde les grands péchés, et les remèdes qui ont
été en usage dans les premiers siècles pour en guérir
les âmes. Pour ce qui esl de ceux de la seconde
et de la troisième classe, les peines par lesquelles
on les expiait étaient dincrer.lcs, et à peu près les
mêmes que l'on emploie aujourd'hui pour satisfaire
à la justice de Dieu , et préeauiionner les pécheurs
contre les rechutes à l'égaid de toute scirte de
péchés : je veux dire que l'on ordonnait aux péni-
tents la praiitpie des œuvres opposées à celles par les-
480
quelles ils avaient violé la loi de Dieu, on prescrivait
aux avares, par exemple, de faire des aumônes abon-
dantes, aux superbes, des humiliations, etc., de jibis,
on soumettait les uns et les autres à des jeùnos, pro-
pres à réprimer les passions ; et surtout on leur re-
commandait la prière et les autres exercices de piété,
comme de visiter les malades, d'assister les prison-
niers, etc. C'est ce que nous apiu-ennenl presque tous
les Pères, et en particulier S. Augustin, dans les en-
droits que nous avons cités ci-dessus à l'occasion des
grands péchés, dans lesquels, comme nous avons re-
marqué, il traite de ces sortes de péch.és et des remè-
des que l'on devait employer pour les guérir, avant
de parler des crimes. Il est aussi à remarqier que la
pénitence pour les fautes qui n'étaient point soumises
aux peines canoniques ou la |)énilence publique, pou-
vait se réitérer plusieurs fois, au lieu que la péni-
tence proprement dite n'av. il lieu qu'une seule fois,
comme nous le ferons voir bienlôl.
A l'égard des péchés journaliers , que nous appe-
lons aujourd'hui véniels, le remède le plus ordinaire
c'était l'Oraison Dominicale , le pardon des injures et
la componctinn du cœur. C'est ce que nous enseignent
S. Augustin et S. liilairc d'Arles, dans les endroits
que nous avons allégués. Saint Pacien dans le livre
qu'il a écrit pour exhorter à la pénitence , dit (ju'il
faut distinguer quels sonl les crimes cl quels sont les
péchés : il ajoute qu'il faut éviter ceux là comme le
souille des basilics ; que pour ce qui esl des autres ,
auxquels les hommes ne sont que trop sujets, on doit
y satisfaire par des aclions qui y soieiil coiitraires.
Qucire tenacitas, dil-il apparemment, largitate, super-
b'ia liumilitate rcdimetnr, convicium satisfactione pensa-
bitur ; Iristitia jucundilate, asperitus lenitale, gruvilale
levitas , liouesiate pervers'Uas, etc.
C'est par ces peines que l'on satisfait à la justice de
Dieu, tant pour les péchés journaliers que pour d'autres
plus considérables, dans lesquels notre faiblesse nous
entraîne quelquefois, et comme nous avons dit, la
pénitence de ces fautes pouvait se recommence)' plu-
sieurs fois ; car, comme dit Origène (1 ), dans les grands
péchés, on n'accorde qu'une fois ou rarement la péni-
tence. Pour ce qui est de ces péchés communs dans lesquels
nous tombons souvent, on peut toujours en recevoir la
pénitence par laquelle on peut les racheter. 11 faut re-
marquer que quand Origène et d'autres disent que
l'on tombe souvent dans ces sortes de péchés, ils ne
r^ntendeiit pas seulement des chules journalières, tels
que sont les véjiiels , niais des chules qui , quoique
rares chez les bons chrétiens , sont telles néanmoins
qu'il en esl peu qui en soient absolument exempts;
ce que nous entendons des péchés de la seconde classe
dans lesquels ceux mêmes qui craigneal Dieu londiciil,
quoique rarement, en sorte qu'il esl vrai, comme le
dit Origène, que l'on tj tombe souvent, si on l'entend de
la mullilude, dans laquelle il s'en trouve peu qui n'en
aient commis quelques-uns dans le cours de leur vie.
(I) laLevilic, hom. lo in c. 23.
PÉNITENCE. - SECT. Ili. I" PART. CHAP. VI. EXPIATION PUBLIQUE.
CIIAPITUE M.
Que les péchés soumis à lu pénilencc caiioitique s'ex-
pitiieiil publiquement, soit qu'ils fusseut seciels on jm-
blics, avec celle di/)'éreiice que les pécheurs publics et
scmidaleux, aussi bien que ceux qui étuicnl juridique-
ment convaincus de crimes, étaient contraints de s'y
sounictlre par rexcommunication , au lieu que ceux qui
n'avaient péché qu'en secret ne pouvaient ij être eo)i-
traints, sinon par le refus de l'absolution. Que l'Eglise
punit encore aujourd'hui publiquement les péchés
cachés.
On peut distinguer trois sortes de publicité dans
les péolics. La pieniière , lorsqu'on les commet au
vu et au su de tout le monde; telle est celle d'un
concubinai^c public, à laquelle on peut joindre la se-
conde espèce, qui est telle qu'à la vérité le crime n'est
point aper<;u de tout le monde, mais qu'il se trouve
assez d'indices et de témoins pour en convaincre
publiquement le pécbeur. Enfin la troisième espèce
de publicité est celle qui résulte du scandale que le
pécheur donne au\ personnes, par exenijjie , de sa
maison, ou de son voisinage, qui s'aperçoivent bien
que sa conduite en général est déréglée, mais qui ne
sont pas en état d'en administrer les preuves, et d'ar-
ticuler les faits. Cette observation est nécessaiie pour
éviter les équivoques et pour niicu.\ entendre ce que
nous avons à dire dans ce chapitre.
Ce que nous avons dit jusqu'à présent dans cette
histoire de la pénitence, semble établir suffisamment
le point de disci])line dont il est question dans le litre
de ce chapitre , et surtout ce qui a été dit dans les
chapitres premier et troisième de la seconde section,
et dans le précédent. Néanmoins nous ne nous en
contenterons pas , nous y ajouterons de nouvelles
preuves et de nouvelles réflexions. En voici une qui
se présente d'abord. Que l'on considère attentivement |
les anciens canons pénilentiaux, ils imposent des
peines publiques p.our un certain ordre de péchés,
sans distinguer s'ils sont publics ou secrets, preuve,
ce me semble, que ces péchés y étaient également
soumis : car tant de grands bommes qui nous ont
donné ces règles de pénitence , n'auraient point omis
ime distinction si importante, si elle avait eu lieu. Une
seconde réflexion que nous faisons sur ce que nous
avons rapporté ailleurs de ces canons, et entre autres
de ceux de S. Basile que nous avons cités dans le
troisième chapitre de la seconde section, me paraît
encore plus forte pour établir ce que nous avons
avancé. C'est que toute la distinction que ce saint ,
après les anciens, met entre xù ^i^i--','= "uo l'on aura
volontuirenieiit confessés, eî ceux ùoni v,.. '. ':i?a été
convaincu, est (pi'il prcscrif.de Oioiadres peines pour
ceux qui se seront accusés euit-naônies que pour les
autres; et tpi'il abrège le tecaps de la pénitence en
liweur des premiers : niais il prescrit aux uas et aux
autres le'mème genre de peines publiques ou canoni-
ques. Or qui peut douter que l'adoucissement dont il
use envers les pécheurs qui s'accuseraient eux-mêmes
pe s'a(y^'"dàt à ceux dont les péchés étaient ficfrct?;.
482
( ou au moins tels qu'on ne pouvait les en convaincre en
jugement? car .s'ils eussent élé publics des deux es-
^ peces de publicilé dont nous avons parlé, les prélats
de l'Eglise, suivant la coutume de ces premiers temps,
[ n'eussent pis attendu qu'ils s'en confessassent, ils les
auraient aussitôt mis en |)énilence. Enfin une Inrsième
réflexion qui vient naturellement à l'esprit, est fondée
sur ce que nous avons prouvé dans le chapitre précé-
dent, que les Pères distinguaient les péchés eu trois
classes, et que le seul remède qu'ils indiquaient pour
ceux de la première, était la pénitence proprement
dite ou la pénitence publique, connue quelques-uns
le disent expressément : au lieu qu'ils enseignent que
l'on peut satisfaire à Dieu en secret, pour ceux des
deux dernières classes. Si quelquefois ils font mention
du scandale que ces péchés ont causé, outre que ce
scandale ne suppose point que ces péchés fussent
publics en ces deux manières dont nous avons parlé,
il est sûr que ce n'est point sur cette notoriété qu'ils
fondent la manière d'en faire pénitence, mais sur la
grandeur ou la grièveté des péchés. Sur quoi je rai-
sonne ainsi : Serait-il possible que ces hommes si
éclairés, et si zélés pour la dii^cipline de l'Église,
n'eussent point marqué expressément un point de di-
scipline si important, savoir, que l'on devait faire pé-
nitence publique pour les péchés publics, mais qu'à
l'égard des mêmes péchés, quand ils étaient secrets,
on n'y élait point obligé ?
Ces réflexions me paraissent suffisantes pour prou-
ver que l'on imposait autrefois la pénitence publique,
môme pour les péchés secrets du premier ordre ;
mais je ne m'en tiendrai pas là, je veux encore rap-
porter de nouvelles preuves pour établir cette vérité.
Tertullien, dans tout son livre de la Pénitence, est si
occupé à prouver la nécessité de la pénitence publi-
que, pour satisfaire à la justice de Dieu, qu'il semble
avoir oublié qu'il y en eût une secrète. Après avoir
recommandé aux catéchumènes de se préparer au
Baptême par la pénitence, il passe à celle qui a été
instituée pour remettre les péchés commis depuis le
Baptême, et après avoir expliqué, dans le chapitre 9,
la manière de s'en ac(iuitter, et en (pioi elle c(»nsi>le,
il s'attache dans les deux suivants à éloigner les em-
pêchements qui pourraient en délourKer; et premiè-
rement la honte de la confession publique de ses fau-
tes, en ces termes : J'en vois plusieurs qui s'éloignent
de celte bonne œuvre, ou qui la diffèrent de jour en jour,
comme une diffamation d'eux-mêmes, étant plutôt tou-
chés de honte que d'amour pour leur salut : comme ceux
qui étant blessés dans les parties que la nature oblige de
cacher, ne veulent point se mettre entre les mains des
médecins, et périssent ainsi pm- une honte mal enten-
due. De là il passe à une autre chose qui arrêtait
les pénitents, et qui fait voir qu'il ne s'agissait pro-
prement, dans tout ce qu'il recommande, que de la
pénitence publique. Quesi, dit-il, outre cette mauvaise
honte qui les louche davantage, ils craignent encore les
incommodités du corps, s'ils appréhendent de ne plus
fréquenter les bains, d'être couverts d'habits sales, de
IIISTO'.RE DES SACREMENTS. m
ciaii incomiu aux hommes, d'embrasser la pénitence
telle qu'elle était en usage de son temps. Vous avez
perdu voire âme misérablement, vous survivez à vous-
même, vous mrtez l'appareil de vos funérailles, et vous
ne pleurez pas uiuèremeut, vous ne gémissez pas sans
cesse, etc., {el non acriler pUmcjis, non jng.tcr incje-
miscis, elc.j Faites ntie pénitence pleine, donnez des
preuves d'un cœur véritablement touché et d'une ùme
afjVujée. i Acjite pœnitcntinm plenam ; dolentis ac lamen-
« tantis unimi probale maslitiam. i Après ces paroles,
S. Cyprien décrit (ont ra|)paicil Inguhrc de la péni-
tence pul)lique, les prières, les larmes, les veilles, le
sao, la cendre, et lout ce qui caractérise ce qu'on
;ippelait autrefois proprement la pénitence.
Ce que nous vendus d'alléguer de ce saint martyr
paraît d'autant plus fort, que dans lout son traité, ot!i
il s'elï'orce de faire entrer dans les voies du salut deux
483
renoncer aux diverlissemcnls, de se couvrir d'un rude ^^
cilice, d'élrg chargés de poussière et de s'exténuer par les
jemès. Voilà le remède que Tcrlullien prescrit pour
lous les crimes commis depuis le Baptême ; remède
qui n'est anlre chose que la pénitence puhliqiie, comme
il parait par les traits dont il la caractérise. S. Cy-
prien dans lout son traité des Tombés ou des laps (de
L.vi'sis), enseigne la même chose que Tcitullien, son
maître. H y cond)at partout deux sortes de personnes,
dont les unes avaient commis le crime d'idolâtrie el
n'en disconvenaient pas, les autres y étaient tombées,
mais sans en avoir été accusées, ni l'avoir confessé elles-
mêmes. Les premiers sans avoir fait pcnitence, vou-
laient être reçus à la participation des sacrements, et
les demandaient avec arrogance, les autres n'en étaient
point exclus , el ne le pouvaient être. S. Cyprien ex-
horte les uns et les antres à recourir au même re-
mède; et de plus, il apprend aux derniers par quel- l| sortes de personnes, comme nous avons dit, dont les
ques exemples à quels périls ils s'exposent en | unes avaient commis le crime au su de ti.ut le monde,
approchant des saints mystères, avant d'avoir fait une li les autres ne l'avaient connnis (iu'en secret, il ne met
vraie pénitence. i-1 '*"cuiie dilïérence dans les remèdes qu'il prescrit aux
Il rapporte entre antres qu'une femme qui avait sa- Il unes et aux autres. Oi', qui peut douter que la péni-
crifié aux idoles, ou fait quelque crime de ce genre, |i| tence publique ne lût le remède ordinaire des péchés
public s? Il est donc vrai de dire que ciuand même le saint
évêque ne caractérisi-rait pas celle ([u'il conseille ici à
ceux dont les péchés étaient inconnus, par dos traits
qui font voir manifestement qu'il parle de cette péni-
tence, il suffirait pour l'entendre en ce sens qu'il
adressât son discours également aux uns et airx autres.
S. Ambroise, dans le bt'l ouvrage où il combat l'hé-
résie des Novatièns, est si formel sur le point de dis-
cipline dont il s'agit ici, qu'il snfiil seul pour lever tous
les doutes sur cette matière. La dispute contre ces hé <
rétiques ne re^'ardait point les moindres pécl.é-;, dont
ils convenaient avec les catholi{|ues, (pin l'Eglise pou-
vait absoudre; mais les péchés considérables, les cri-
mes dont ils prétendaient qu'elle ne pouvait et ne de-
vait délier ceux qui en étaient coiq)ables, quoicprils
les missent en pénitence publique. Notre saint docteur,
dans le chapitre 16 du premier livre, s'applique à faire
voir le ridicule de ces sectaires, qui se xajuaicnt de
prêcher la pénitence, tandis qu'ils la rendaient iiilViic-
tuense à l'égard des grands |)échés. Après cela voici
comme il leur parle : Si donc il se trouve quel'iu'un qui
étant chargé de crimes cachés {occulta crimina habens)
s'applique avec soin à en faire pénitence, comment en re-
çoit-il ici le fruit si on ne lui rend pas la communion? 11
explicpie tout de suite quelle est la pénitence qu'il en-
idid (pic l'on fasse de ces crimes caclK's. .^6 r^îu'(]f(<c
le coupable espère le pardon ; qu'il le demande avec lar-
mes, avec gémissements, par is pleurs de tout te peuple
fidèle, qu'il supplie qu'on lui pardonne. Et, après qu'on
aura remis une ou deux fois le temps de su réconcUia-
tion, qu'il croie qu'il la demande Ircp î" :'•''• ■■T.i?~i'.'. ';"''-'/
redouble alors ses pleurs; qu'il revienne, qu'il embrasse
et baise les pieds des fidèles, qu'il les arrose de ses
larmea.
Le P. D. Mathieu Petit-Didier, dans ses Remarques
1 sur la Riblioihè([ue des auteurs ecclésiasli(i., do M. Du-
s'étanl approchée des saints mystères avec les autres,
elle avait reçu, au lieu de cette viande céleste, une
épée et un venin mortel, de sorte qu'elle commença
à être agitée furieusement et était prèle à rendre
l'âme ; elle tomba ainsi tremblante et palpitante, ne
pouvant cacher à Dieu le crime qu'elle avait voulu
cacher aux hommes. Il joint à cet exemple celui d'un
hommequi. ayant osé recevoir avec les autres une par-
lie du sacrifice offert par le prêtre, ne le put manger
ni le toucher, et trouva de la cendre entre ses mains
au lieu des espèces eucharistiques. Une femme, comme
il le raconte dans le même livre, voulant ouvrir avec
des mains impures un colfre où elle avait mis, sui-
vant l'usage du temps, la sainte Eucharistie, il en sor-
tit un feu dont elle futsi épouvantée, qu'elle n'osa i>lus
y loucher. Après avoir rapporté ces faits dont il était
parfaitement instruit, il en prend occasion d'exhorter
les uns et les autres indilféremment à se soumettre à
la pénitence. Cowbien en voyoïïs-nous tous les jours,
dit-il, qui, ne faisant point pénitence, et ne s'accusaut
point des péchés dont leur conscience se trouve chargée,
sont remplis des esprits immondes ! Combien en est-il
qui, étant livrés à l'esprit de démence, sont agités de fu-
reur ! Et il n'est pas nécessaire de beaucoup chercher
po7tr savoir ce qui en est, puisque parmi tant de chutes
de nos jours, on en voit partout qui sont ainsi affligés
d'autant de différentes peines que le nombre de ceux qui
sont tombés dans le crime est grand. 11 reproche en-
suite à ceux (pii avaient commis le crime en secret,
de ce qu'ils s'imagiiuMit pouvoir éviter les peines qui
leur sont dues, parce que leur faute n'a point été pu-
blique, si non palam crimcn admisit; il les anime par
l'exemple de ceux qui en ayant eu seulennîiit la pen-
sée, s'en confessaient humblement et avec larmes
aux prclres de Dieu. Aptes (pioi il presse fortement
tant les prévaricateurs notoires (pie ceux dont le crime
rÉ>jiTENi::E, ^ siççT. m. r paut.
ào
j)iii (1;, ouvrage lies-o»liiiic des connnisseiirp, et qu'il
aurait été àsou'.iailor qno l'on eût coiiliiuié, prouve,
par les ténioi{,Miaji;es d'Origèno, ce (juc nous prélen-
dons. Je ne lerai que copier ce qu'il dit bur cette
matière.
Il parle en ces ternies : Je pourrais m'en tenir là, et
j'aurais raison d'en coh( lure qu'on n'a pas bien i)i is le
sens d'Orii^ène, lorscpic 1 On a prclendu qu'il résullait
de SCS ouvrages, que de son lenijts l'on ne faisait [w-
nitence publique que de certains péchés mortels; ou
quand, distinguant les petits péeiiés d'avec les grands,
il ne coinpiait paiiui ceux-ci cpie les plus grands cri-
mes, ei qu'il mettait parmi les pécliés légers une bonne
partie de ceux (fue nous ajipelons aujourd'hui mortels.
Mais je veux pousser plus outre, et faire voir que de
son temps on faisait pénitence publique pour tous les
péchés mortels...
Il y a un endroit, dans l'ouvrage contre Celse, ex-
primé d'une manière à ne pas soulî'rir de répliqi.ie.
C'est au livre quatrième, où après avoir fait voir la
piclé et la pcrlcction des chréiiens, cl après avoir com-
paré la pureté de leur vie avec les désordres et les im-
puretés dans lesquelles vivaient les païens, il ajoute :
Je ne parle point des autrrs péchés qui se commcltenl
parmi les hommes, auxquels sont sujets tous ceux qui ne
sont ni juifs ni chrétiens, et dont à peine se trouvent
exempts ceux qui pas-ient pour philosophes, y en ayant
beaucoup qui portent injustement ce nom. Je passe, dis-je,
sous silence ces péchés qui ne se trouvent pas parmi les
chrétiens , si l'on prend le mot de chrétien dans sa si-
gnification prffjne; ou s'il s'y trouve quelquefois, ce n'est
point parmi ceux qui assistent aux assemblées publiques
(il va ici une faute d'impression que j'ai corrigée) et
aux prières, et qui n'en sont point exclus; si ce n'est
peut-être, ce qui arrive rarement, qu'il s'en cache quel-
qiCun dans la multitude qui soit inco)inu aux autres.
Il paraît parce passage, premièrement, qu'Origène
y parie aussi bien des péchés cachés que des aulres,
puisqu'il dit que ceux qui passaient aux yeux des hom-
mes pour philosophes et éloignés de ces crimes, ne lais-
saient pas de les commettre. Secondemenl, qu'il parle
en général de tous les péchés qui sont opposés au chri-
stianisme et à la qualité de lempie de Dieu, dont il avait
parlé im peu auparavant... Il faut donc avouer qu'il
parle généralement de tous les péchés qui font perdre
la grâce; et, comme l'on ne peut douicr qu'il ne parle
de la péniiencc publique en cet endroit, il faut avouer
aussi que de son temps tou> les péclés mortels y étaient
soumis. Cela ne doit s'entendre tout au plus que de
l^.glise d'Alexandrie, comme nous l'avons fait voir;
quoi qu'il en soit, il résulte de ce que dit cet auteur,
d'ajirès Oiigène, que les péchés secrets y étaient éga-
lement soumis c(unme les notoires et ceux qui avaient
causé du scandale.
H se trouve encore un autre endroit, dans le même
ouvrage, o(i Origèiie (Miseignc la nièuie chose; c:ir
après avoir dit que lorsque les calécliumèncslondjaicnl
(!) Tom.l, p. 226 et seq.
CIIAP. VI. EXPIATION PUBLIQUE. 486
dansquehiues péchés ils étaient exclus des assemblét.s,
ii ajoute, en parlant des lidèlcs : De quelle sévérité
n'use-t-on point parmi nous envers les pénitents, particu-
Ucrcmenl envers ceux qui se sont souillés de quelque pé-
ché d'impureté? Ne les séparons-nous pas de notre com-
munion, nous que Celse ose comparer à des baladins et à
des bou/J'ons? Comme l'école de Pylhayure avi.it accou-
tumé de faire dresser des sépulcres vides à ceux qui avaient
quitté sa discipline et Iranscjressé ses riyles, « cause
qu'elle les considérail comme morts; de même les chré-
tiens pleurent, comme perdus cl comme morts devant
Dieu, ceux qui se sont laissé vaincre par l'impureté ou
par quclifue autre péché; et après (ju'ils sont venus à ré-
sipiscence on les reçoit comme des ressuscites ; mais ce
n'est qu'après qu'ils ont témoiyné une conversion sincère
pendant un plus long temps, que lorsqu'ils ont été reçus
la première fois au nombre des fidèles; encore n'est-ce
qu'à condiiion que, puisqu'ils sont tombés après avoir fait
profession du christianisme, ils ne pourront obtenir au-
cune dignité ni prééminence dans l'Église.
Je n'ajouterai rien à ce passage, dit le P. Petit-
Didier, d'autant qu'il parle assez de lui-mêuie. Eflec-
tivement que pouvait-il y ajoutir pour prouver que
Ton soumellail à la pénitence publi(jue les péchés ca-
chés, comme ceux qui étaient venus à la connaissance
du public , puisqu'Origène le dit formellement des pé-
chés d'impureté et de tous aulres qui donnent la mort
à l'àme, sans faiie la moindre mention de publicité ni
de scandale, ne s'arrètant <|u'à lu nattire du péché
quand elle est telle qu'elle fait déchoir le pécheur do
la qualité d'enfant de Dieu et de vrai chrétien ?
Je I asse sous silence un grand nombre d'autres
preuves de ce genre que l'on peut voir dans le P. Mo-
rin (I ) , pour m'ailaclier à une autre qui n'est pas moins
convaincante, cl que nous fortifierons par des exem-
ples illustres tirés de l'antiquité. Nous avons vu plu-
sieurs fuis dans le cours de cette histoire, et surtout
dans le second chapitre de celle partie, que l'on in-
lligeail aux clercs, etsurtoutaux prêtres et aux diacres,
la peine de déposition pour les mêmes 'crimes pour
lesquels on mettait les laïques en pénitence publiipie.
Il est certain que suivant l'esprit et la coutume de
rE<.;lise, ceux du clergé qui étaient tombés dans quel-
ques crimes capitaux, quoique secrets, devaient se re-
ti4*er du ministère des autels, et ne plus retournera
leurs fonctions; ce qui sans doute est équivalent à la
pénitence publique, qui n'interdisait pas même le re-
tour à la participation des sacrements. Donc on met-
tait aussi les laïques en pénitence publique pour les
crimes cachés qu'ils confessaient aux prêtres. L'au-
teur de la vie comeniplalive (I. 2, c. 7) prouve celte
vérité fort au long, et exagère avec force le crime
des clercs qui, se semant coupables de ces péchés qui
les reiulaient indignesdu ministère de laulel, avaient
la hardiesse de s'en approcher et de continuer leurs
fonctions, arrêtés par des respects humains et par la
crainle de se déshonorer. Saint Basile est un garant
I (I) DePo'.iit. I. 5, c, 10, iZ, 14,
jg^ IIISTOIME DES
sûr de ce qu'enseigne cet luiteiir Jans son canon 09',
où il décide en celte manière. Un lecteur qui aura en
commerce, avant son mariacje, avec me fille qrCii aura
fiancée, sera suspendu pendant un an de ses fondions,
sans quil puisse à l'avenir être promu à un ordre plus
élevé : iJ-i""' àTzpiMuof que si avant les fiançailles il a
eu un commerce secret avec elle,xUipi-/v.iJr,av.i, il n'exer-
ot'ia plus son niinislèrc; il en sera de même du sous-
(iiacrc. Voilà, comme vous voyez, une satisfaction pu-
Llique, et dont tout le monde peut s'apercevoir pour
un péché très-secret. Lecanori suivant n'est pasmoins
propre à faire sentir la vérité de ce que nous avons
avancé : Si un diacre s'est souillé les lèvres (sans doute
par quelque baiser), et qu'il confesse quil a commis
cette faute, il sera inlerdit de ses fonctions, mais il pourra ^
participer aux saints mystères avec les autres diacres :
il en sera de même du prêtre. Que si l'on découvre que
quelqu'un ait passé plus loin, il sera déposé, dans quelque
degré qu'il puisse être. Je laisse ceci aux réilexions du
lecteur, pour passer à des faits connus et certains, qui
prouvent la même discipline.
Nous avons déjà vu ce qui est arrivé à Potamius,
évêque de Brague, qui fut déposé de l'épiscopat pour
un crime très-secret, que l'on n'avait appris que par sa
propre confession. Cet évêque, touché de Dieu, s'était
déjà renfermé l'espace de neuf mois pour pleurer son
péché : cependant les évoques ne laissèrent pas de le
déposer, lui laissant néanmoins l'honneur (1) du sa-
cerdoce, nomen honoris, dont il s'était dépt)uillé par
le crime qu'il avait confessé, quod ipse sibi sui crimi-
nisconfessione jani tuleral, disent les Pères de Tolède.
Mais en même temps ils le condamnèrent à une péni-
tence qui ne devait linir qu'avec sa vie. Nous avons
ordonné, disent ces évéques, par notre autorité, qu'il
soit assujetti aux exercices laborieux d'une perpétuelle
pénitence, croyant qu'il est plus avantageux pour lui de
marcher par la voie rude et douloureuse de la pénitence,
afin qu'il parvienne un jour en un lieu de rafraichisse-
ment , que de l'abandonner à sa propre volonté, qui le
conduirait dans le précipice de la damnation. En con-
séquence de ce décret, Fructueux, auparavant évê-
que de Dumc, fut élu archevêque de Brague dans ce
même concile , et y souscrivit en cette qualité. Ces
pères du concile de Tolède autorisèrent leur conduite
dans cette affaire par un canon fameux d'un concile de
Valence, et dirent qu'ils auraient pu ai)p()rter plu-
sieurs autres règlements des conciles , mais qu'ils les
avaient supprimés de peur de paraître avoir été les
auteurs d'une plus grande rigueur. Ceci se passa l'an-
née 656.
Environ cent cinquante ans auparavant, il arriva
un fait encore plus remarquable que celui-là dans
toutes ses circonstances, et dont Hincmar nous lait le
récit dans la Vie de saint Remy. Génebaud , homme
pieux et savant, avait épousé la nièce de ce saint
archevêque : l'ayant ensuite quittée pour embrasser
la vie monastique, il y vécut très-saintement : ce qui
(1) Ou bien le nom d'évêque , ainsi que traduit
M. Godeau, dans son Histoire.
SACr.EMEiNTS. 488
fit que S. Remy ayant établi un siège épiscopal à Laon,
le lira de sa solitude pour le placer sur ce trône épis-
copal. Etant dans celte place d'honneur, il oublia sa
propre faiblesse; il soudrit que sa femme lui rendit
de fréquentes visites; et Dieu permit, pour le punir
de la trop bonne oitinion qu'il avait de sa vertu, <iuil
eût un conunerce charnel avec celle qu'il ne devait
plus regarder que comme sa sœur. 11 en naquit un
fils, et parce, dit Hincmar, que ce péché n'était point
connu des hommes , de peur que l'on ne conn'il quelque
soupçon si sa femme cessait de lui rendre visite . elle
continua à fréquenter la maison de l'évèque. d'oii il ar-
riva qu'elle eût de lui un second enfant. Alors Géne-
baud, louché du repentir de sa faute, pria S. Remy
I de venir chez lui ; le saint s'y rendit : Il y fut reçu
avec l'honneur qui lui était dû , poursuit Hincmar, el
révêque de Laon le mena dans un lieu écarté de la mai-
son, oii S. liemy lui ayant demandé pour quel sujet il
l'avait fait venir, cet évêque voulut ôler l'étole qu'il avait
au cou, fondant en larmes en jetant de profonds soupirs,
mais il en fut empêché par le saint. Après qu'ils eurent
versé longtemps des larmes ensemble ( car S. Remy
s'était bien aperçu qu'il avait commis quelque crime,
lorsqu'il vit qu'il voulait se défaire de son étole), Gé-
nebaud lui déclara enfin, avec une voix entrecoupée de
sanglots, tout ce qui s'était passé. Le saint archevêque le
voyant ainsi touché de componction, et presque désespéré,
le consola par plusieurs discours touchant la bonté et la
miséricorde de Dieu.
La faute, suivant que le remarque l'historien, n'é-
lail point venue à la connaissance du public, elle n'é-
tait pas énorme : voyons cependant ce que fit S. Remy.
Après l'avoir exhorté, ce sont les paroles d'Ilincmar,
il lui enjoignit «ne pénitence, et ayant fait faire une pe-
tite cellule, avec un lit en forme de tombeau, avec de
très-petites fenêtres, et un oratoire que l'on voit encore
aujourd'hui auprès de l'église de S. Julien, il y enferma
Génebaud; il (S. Remy) gouverna durant sept ans le
clergé et le peuple de Laon comme son propre diocèse,
el venait de deux dimanches l'un célébrer les saints mys-
tères en cette ville. Dieu fit connaître après ce temps à
l'évèque pénilenl que sa colère était apaisée; mais
il ne voulut point sortir de sa retraite , que celui qui
l'y avait mis ne l'en tirât lui-même, ce que fil S. Remy
après en avoir lui-même reçu l'ordre de Dieu par le
ministère d'un ange, et il le rétablit dans les fondions
de sa dignité. Cet exemple si fameux n'a pas besoin
de nos réflexions; il montre trop évidemment que la
pénitence publique était pour les crimes cachés aussi
bien (pie pour les notoires et ceux qui avaient scan-
dalisé le public , quoique pour ceux-ci on y contrai-
gnît les pécheurs sous peine d'être exclus totalement
de la société des fidèles ; au lieu qu'on ne pouvait en-
gager ceux qui avaient commis des péchés secrets, à
les expier à la vue du peuple que par persuasion, en
leur montrant les règles de l'Eglise sur ce sujet, le
péi'il qu'il y avait à ne point se soumettre à une auto-
rité si sainte et si respectable ; et enfin en refusant de
les réconcilier, s'ils ne voulaient point suivre ponc-
tuellement ce que les conciles, les papes cl l'usagQ
480 PÉNITENCE. - SKCT. III. I" TART.
de l'Eglise avaient si saiiileincnl établi pour la guéri
son des àines, cl pour les faire renircr en giàce avec i
Dieu.
L'affaire de Conliiméliosiis, évêque de Riez, qui fui
convaincu d'adiillèrc en jngeincnl, cl déposé dans nu
concile où présidait S. Césairc^; d'Arles, e!>l une preuve
de la niéiue discipline : car qnoi(iue le crime de cet
cvêque fût public, ce ne fui point sur cela que Ion se
fonda poiM' le déposer de l'éiiiscoiiai, mais sur la qua-
lité du péché dans lequel il élail t<im! é. Il paraît, p:ir
les acles de ce concile, que Ion consniin le Tape sur
cette affaire; le souverain Pontife, qui ét:iil alors
Jean 11, a|)prouva ce qui s'était fait dans le coiîcile.
Nous sommes (i[]H(jés, répi ndil-il, de la perte de al
évêque; cependant il faut s'en tenir à la rigueur des ca-
nons ; ccsl pour(;noi nous le suspendons de l'ordre épis-
copal par notre autorité : car il nest pas permis à ceux
qui sont souillés de crimes de faire les fonctions du saint
ininisière. Qu'un le conduise donc dans un monuitère,
oii il se souvienne de pleurer son péché, afin d'en obte-
nir le pardon de Notre- Seigneur Jésus-Clirisl qui est mi-
séricordieux. Ou voit dans la réponse de ce saint pape
qu'il n'insiste point du tout sur la nciloriété du crime
de révèque de Riez ; il ne considère que le crime en
lui-même, et il était si éloigné d'avoir plus dindul-
gence pour ceux qui auraient assez d'adresse pour pé-
clier eu secret, sans que cela vînt à la connaissance
des autres, qu'il ordonne eu même tenqis que l'on
publie les péchés des clercs quand on en aurait con-
naissance, afin que ceux qui seraient peu touchés de
la crainte de Dieu, fussent .m moins rclenus par la
crainte de la diffamation. Si quelques-uns, oubliant
l'ordre sacerdotal , s' abcmdonncnt au crime , que le pu-
blic les connaisse (et corutn personas vulgus coguoscal);
car ils se garderont davantage du péché, s'ils voient que
leurs crimes secrets soient connus des hommes. Mais une
preuve sans réplique que les évèipies dans la condam-
nation de Contiunéliosus ne considérèrent que la na-
ture et la qualité du péclié, sans avoir égard à la pu-
blicité, c'est ce que dit S. Césaire, président du
concile, qui rendant compte du jugement qui avait
été porte, après l'avoir appuyé par l'autrjrité du pape
Jean et de plusieurs canons de conciles qu'il cite,
ajoute : Il est donc tnanifeste, et par les litres des an-
ciens pcres envoyés par le pape Jean , et par le décret
des 518 pères, et par ce qui est contenu dans les canons,
dont on suit la disposition dans les Gaules, que ceux du
clergé surpris en adultère, qui s'en sont confessés eux-
mêmes (aut ipsi confessi), ou qui en ont été convaincus
par d'autres, ne peuvent plus rentrer dans leur digni.é.
Vous voyez la même peine, de quehpie manière que
le crime vienne à la comiaissance de ceux qui doivent
en juger, soit par la voie des témoins, soit par la con-
fession du coupable , aut ipsis confessis. Mais qu'est-il
nécessaire de nous épinser en reclierclies sur celle
matière, puisque jusqu'à présent nous voyons que
l'Eglise s"e^t réservé la puissance d'infliger des peines
publiques pour des fautes secrètes, cl qu'elle l'exerce
lous les jours? Rien n'est plus coiiuu dans les écoles
TK. XX.
ClIAP. VI. EXPI.VTION PUBLIQUE. m
qu'il y a deux sortes de censures; l'une que l'on
nomme ab homine , l'autre, à jure. La différence es-
sentielle cnlre l'une cl l'autre, est que celle-là exige,
avant (pi'on la porte, que h; crime pour letpicl on l'in-
flige suit notoire on pronvt'; lé-gitimemcnt, et qu'outre
cela elle ;iit éié précédée de mouillons, suivant les
formes de droit, au lieu que celle-ci ne requiert rien
de loulcela. Le crime emporte de lui-même la ccn-
sin-e, et la loi publiée tient lieu de monitions. L'Eglise
s'attribue diuic légitimement le pouvoir d'obliger ses
sujets à se i!in;ir eux-mêmes du violcinenl de ses or-
donnances, sans qu'elle ail égard à la publicité des
fautes : de Hiçon que si un crime qui tombe sous la
censure de droit devient public de secret qu'il éiait,
el qu'd soi l déféré au juge, on ne le puiiit pas d'une
peine dilfércnte que celle (jue la loi av;iil déterminée
contre ce même crime , quand il était caché ; mais
que l'on déclare seulement qu'il est condamné par la
loi, cl (pie celui (pii l'a commis a encouru la censure.
A l'occasion de ces principes reçus conimuMément
chez tous les liiéulogiens et les canonistcs, on agite celle
question si l'Église peut porter des censures contre
un péché tout intérieur, qui ne s'est produit au de-
hors par aucun acte; et plusieurs, dont Suarez fait
mention (1), ont soutenu ce sentiment. Tous les autres
prétendent au contraire qu'il faut pour cela que l'acte
Intérieur se soit produit au de!;ors dcquelque manière
que ce soit : ils enseignent d'ailleurs qu'il suffit pour
qu'il soil dans le cas de la censure, qu'outre ce qui
s'esl passé dans l'esprit, on y ait joint l'acte extérieur ;
mais qu'après cela ce péché, soit qu'il soil connu ou
inconnu, public ou caché, tout cela, par rapport aux
censures, n'est qu'accidentel. Par exemple, si un
homme a reçu subrepticement les saints ordres sous
un faux titre, ou un faux dimissoire de son évêque,
on ne s'informe pas si la fraude est publique ou ca-
chée, il est suspens de droit, il doit s'abstenir des
fonctions des ordres. Il en est de même de l'irrégula-
rité el de la déposition ; quoique, suivant les casuis-
les, ce ne soient point des censures: mais qu'importe,
nous ne les considérons ici, aussi bien que les censu-
res, qu'en tant qu'elles sont des peines infligées |)ar
l'Eglise aux pécheurs, en punition de leurs fautes.
Qu'un ecclésiastique ait eu dessein de faire mourir
un homme, el que pour venir à bout de son dessein
il ail fait quelques tentatives, il est déclaré irrégu-
lier, c'esl-à-din;, incapable d'exercer aucune fonction
des saints ordres, soit que ces tentatives soient con-
nues ou non, publii|ues ou cachées : il sufiil qu'il ait
joint au mauvais dessein qu'il avait conçu quelques
démarches pour en venir à l'exécution. Suivrez établit
ce que nous venons de dire, et développe celle ma-
lière avec sa pénétration ordi-iaire, tant dans l'endroit
que nous avons déjà cité, que dans la dispute 51*,
sect. 1, n. G7. Après quoi il prouve que l'Eglise a le
pouvoir de porter les censures contre les crimes ca-
chés, parle décret du concile de Trente (sess. G, 24),
(I) Di^put. 4 de Censuris, sect. H.
iC
?49i HISTOIRE DEi
qni aocnido. ;hix ("vôffiies la racnllé d'absoudre des
siispcnsos onaniriit'sponr ces crimes, elpar le chap.7
de lii session W, oh il leur défend de dispenser de
!"irrc,:n!aiitc edulraclée pour un iiomicide caché. Hu-
lidlin, ancien jin'iscnnsultc el des plus considérés pour
>ioii savoir, eiiseigiu^ la même chose, aussi bien cpie
TJonaciiia (l), ((ni rend sorulenienl raison de celle
discipline en ces termes : Comme ])Our le bon (jonver-
nemeiit de l' Eglise on commande des actes cxtérietirs,
de même aussi on peut en commander d'inlérieurs, sans
lesquels ceux-là ne peuvent subsister, selon leur être mo-
ral ou plujMque. D'où il conelul que l'on pcul à jusic
titre excommunier ceux qui produisent par queUpie
signe extérieur l'hérésie dont ils sont iid'eclés inlé-
ricurement, quoique personne n'ait été présent et ne
l'ait enlcndu, clium uullo audiente vel prœsente.
Ceci étant incontestable et connu de tous les théo-
logien^, il n'est pas moins certain que le chàliment
dont il s'agit dans ces censures, est public et notoire :
ipi'un laicpic, par exemple, soit excommunié de droit,
il est exclu de toute assemblée de religion, il ne peut
plus assister connue les autres lidèles à la messe de
sa paroisse, ni à aucun des autres oITices qui s'y cé-
lèbrent ; tout le monde peut s'apercevoir de leiat où
il se trouve, au moins dans les endroits où il n'y a
qu'une messe les jours de fêtes, ce qui est très-or-
riiiiaire dans la campagne. Cela est encore |ilus sensi-
*J)te à l'égard d'un prêtre, ou suspens ou déposé de
droit, sUYloùt s'il est chargé du soin d'une paroisse,
ou si, en vertu de l'euiphn dont il est revêtu, il doit
lui-même célébrer les saints mystères certains jours
de l'année, du mois, de la semaine, comme cela est
très-ordirairc. Voilà donc une peine pubrujue que su-
rfit un pécheur donl la faute n'est connue que de Dieu
et de lui, el à laipiel'.e il est obligé de se soumeltrc à
îiuiius qu'il ne renonce à loule obéissance qu'il doit
aux ordres de l'Eglise, et qu'il ne renonce au repos
de sa coiiscierice, en méprisant une autoriié si sainte.
Il est vrai qu'on en voit peu aujounrimi, qui, en
exécution des règles re(;.ues dans l'Église, s'abstien-
lïcnt de ces devoirs extérieurs de religion, la ciainte
•de Dieu faisant moins dimpression sur eux que la
lïonle de paraître coupables, s'ils se soumettaient aux
-censures. D'ailleurs la facilité d'en obtenir dispense
et la subtilité de certains docteurs leur donnant le
ïnoyen d'éluder ces lois, en trouvant des biais par
lesquels on laissait subsister en apparence ces mêmes
tols, on n'est jamais dans le cas-de la prévarication.
Trtais qu'importe par rapp<U't à l'affaire dont il s'agit
ici ? il n'est pas question des abus qui peuvent s'être
î^lissés dans l'Église, mais des lois et des règlements
qui y sont reçus et autorisés, cl en vertu desquels,
"«oinrae nous venons de le faire voir, on iidlige des
peines pubrKpies pour des péchés secrets. Et qu'on
ne vienne pas nous dire que les censures donl nous
parlons sont bien différentes des peines sacramen-
telles qui s'imposent dans le for de la conscience :
(I) Puncto 5, n. 4 el 5, eldisp. de Legibus, q- 1,
imnclo ë2, n. 8, 9, et 10.
SACUEMENTS. 492
car, outre que cela ne fait rien contre ce que nous
avons avancé, que l'on peut châtier publi(|uemenl pour
des péchés secrets, et qu'on le fait encore aujoiu'-
d'hiii ; outre que celle pratiipie qui est encore à pré-
sent en vigueur, prouve (pi'elle pouvait avoir lieu au-
trefois, et être d'un usage ordinaire, sans qu'il y eût
rien à craindre pour le secret de la confession : c'est
(|u'il est certain d'ailleurs que les censures, telles
(pi'eiles sont encore présentement ( au nom près qui
est récent, el qui fut inventé dans le temps que l'on sé-
para le tribunal de l'Église en for intérieur el extérieur),
sont les mômes que l'on a iuiposécs autrefois pour
l'expiation des péchés dans le Irihutial de la Péni-
tence, et qui faisaient partie du sacrement, connue
peines salisfactoires, ou qui, au moins, étaient des
conditions essentielles pour parvenir à la réconcilia-
lion sacramentelle. Qu'élait-ce, par exemple, que la
péoilence publi(|ue, sinon une excommunication qui
excluait les pécheurs, non-seulement de la pariicipa-
lion des mystères redoutables, mais encore de l'as-
sislance à la célébration de ces mêmes mystères?
Nous avons vu dans le second chapitre de cette partie
(|ue (|uel(jiiefois même on chassait absolument les pé-
chems de toutes les assemblées de religion, et qu'on
leur fermait les portes des églises. Nous trouvons
de même la suspension pour les clercs dans celte es-
pèce d'inlerdil des fonctions de leurs ordres, dont on
les punissait pour un temps à cause de certains pé-
chés, aussi bien que la dégradation, ou déposition,
dont on vengerait autrefois les grands péchés, dont
ceux du clergé s'étaient confessés, ou dont ils avaient
été convaincus : et le loui par rapport au sacrement
de Péiiitence. Voyez sur cette matière ce que nous
avons dit dans le chap. 3 de la première section, et
dans le cliapitie2 de cette partie de la troisième section.
CHAPITRE VII.
Que dans les premiers siècles on n'accordait qu'une seule
fois la pénitence publique pour les grands péchés, non
plus que la réconciliation solennelle. Adoucissements
de cette discipline : jusqu'à quand elle a duré.
llermas, disciple de S. Paul, dont les écrits ont clé
reçus par quehpies église^ au nombre des écritures
canoniques, et lu» publiquement dans les assemblées
de reiigioii, et qui ont toujours éié regardés de tout
le monde (à l'exception de TcrtuUitii quand il fut de-
venu Monlanisle, el de quelques auteurs des derniers
temps, donl le jugement n'est d'aucun poids) ci>mmc
ayant une irès-grande autorité, tant par rapporta
raiicieiinelé qu'à la sainteté de railleur qui nous a
conservé quantité de précieuses maximes de l'anti-
quité la plus reculée ; ilermas, dis-je, nous rend un
lémoignage fidèle du point de discipline donl il s'agit,
dans son livre intitulé le Pasteur (1) : Seigneur, dit
Hermas à l'Ange qui s'entretenait aveelni. si quel-
qu'un a une femme fidèle et qu'il la surprenne en adul-
tère, pèche-l-il, s'il vil avec elle? A quoi l'Angs lui- ré-
pondit : Tandis qu'il ignore son péché, cet homme qui
vit avec elle n'est point coupable. Mais s Usait qu'elle a
n) Mandat© 4.
493
PÉNITENCE. — SECT. HI. V PAUÏ
péché, si elle na point fuit pcuileiice, et qu'elle conlimie
dans son désordre, il pèche en vivant ovi'c clic, il se rend
conuable et participe à soti crime. Que fera donc cet
homme, dit Ilermas, si elle demeure en cet état? L'Ançie
répond : Quil la quitte et demeure seul. Que si l'uijanl
quittée il en épouse une autre, il tombe lui-même dans
la fornication, moïciiatik. Ilermas dit ensuite à rAnqe:
Que si celte femme quil a ainsi quittée fait pénitence et
veut retournera son mari, celui-ci la rccevra-l-il? L'An.^e
lui répond : Sans doute, et même si son mari ne lu re-
çoit pas, il pèche et pèche grièvement; mais il doit rece-
voir celle qui a fait ainsi pénitence , non souvent, caria
pénitence n'est accordée quune fois aux serviteurs de
Dieu, i Sed débet recipere peccatricem quœ pœriilen-
I tiam egit, sed non swpè, servis enim Dei pœnitentia
i ima est. » Les CalliDliqiiesel le pnpo Zépliyriii oppo-
saient :ui\ Moiilaiiisles ccl oiidioil dllernias «lonimo
un bouclier propre à repousser tous les Irails tlo ces
liéréliques, cl Tertiiliieii, devenu liii-inènic Monla-
niste, s'en scnlail si incommodé, qu'il ne trouvait
point de meilleur parti poiu- s en défendre, que de ré-
voquer en doute l'autorité des livres du Pasteur, et
de parler avec mépris dnn ouvrage qu'il avait lui-
même cité autrefois avec éloge dans le livre de la
Prière. 11 est surprenant après cela que Sixte de
Sienne qui ne manquait pas d'érudition, et celui qui
a eu soin de faire impiimer les ouvrages d'îlermas
dans la IMbliotlièque des Pères, se soient abusés jus-
qu'au point d'accuser l'auleur du livre du Pasteur de
Novalianisme, en quoi ils se sont rendus aussi ridi-
cules qu'Auxilius et ceux dont parle S. Philasire de
Bresse dans son livre des Hérésies (1), qui ont osé
accuser Osiiis de Cordone de la même erreur, à cause
des deux premiers canons qu'il a j)ubiiés à la léte du
concile de Sardique. Erreur dont ils n'ont point craint
de rendre suspect l'auteur même de TEpîire aux Hé-
breux, qui est aujourd'hui reconnue unanimement
dans l'Eglise pour avoir été inspirée par l'f^spril de
Dieu.
! S. Clément d'Alexandrie reconnaît la même disci-
pline dans son second livre des Stromates (2). Là,
après avoir parlé de la pénitence (pii précède le Bap-
tême, et ensuite de la faiblesse de riiomme, de leji-
vie et de la haine du diable contre lui, il ajoute ce
qui suit : Dieu étant plein de miséricorde, a donné à
ceux qui après avoir reçu la foi sont tombés dans le pé-
ché, une seconde pénitence que doit recevoir celui qui,
après sa vocation au christianisme, aura succombé aux \
artifices du démon, il lui reste en cet état une péni- 1
tence qui n'est point suivie d'une autre , ij.iy.) è-i //^Tavîiocv |
àfi.eTot.-j6r,zo.i. Il fait ici l'application du fameux endroit 1
de l'Epîlrc aux Hébreux, à ce qu'il vient de dire, '
après quoi il ajoute : Pour ce qui est des pénitences
qui se succèdent les tines aux autres pour les nouveaux
péchés que l'on commet de temps en temps, elles ne nous
distinguent point de ceux qui nont jamais eu la foi, \
n)Auxiiius, de Ordinal. Kcninosi, 1. I,c. 1:2 et Li ;
Phdaslr. deli;en'sih., p;irt. 5, c. i2.
(2) Paulô anle médium.
CHAP. VU. SL'lTi: m; minime sujet. 49i
! sinon en ce qu elles nous font sentir que nous péchons.
il ajoute un peu après que ce nest qu'une apparence el
non une vraie pénitence, de demander souvent pardon
des péchés que l'on commet souvent. Par ces péciiés il
cnlend, non tout ci; (|ue l'on fait contre les règles,
mais les crimes pour lesquels l"E-lise avait déterminé
les peines par lesquelles ou devait les expier publi-
quement. Tcrlidlien, dans son livre de la Pénilence
qu'il a conqjosé élaiit encore dans l'Eglise cailmllquc,
suppose el établit parloui la même discipline. Après
avoir parlé dans les premiers chapitres de la pénitence
dos caiéehumènes el des effets du Baptême, il passe
dans le septième à la Pénilence qui suit le Ba|)lènic ;
e(, après avoir exhorté par i)lusieurs exemples à lem-
brasscr, il enseigne dans le chapitre 9' la manière de
s'en bien acquitter, et répète ce qu'il avait déjà dit
qu'elle est unique. Voici ses paroles : Hujus igitur
pœnilentiœ secundœ el unins, quanta in arto negolium
est, lantb operosior prubatio est; ut non sola conscien-
lia prœfcratur, sed aliquo etiam actu administretur. \\
avait dit auparavant (1), en parlant de cette pénitence
qui a été instituée pour remettre les péchés commis
d(>puis le Baptême : Je ne puis me résoudre à parler de
cette seconde, ou, pour mieux dire, de cette dernière
espérance, de peur qu'en traitant de cette matière nous
ne paraissions vouloir encore donner lieu au péclié. A Dieu
ne plaise que quelqu'un l'entende ainsi, etc. i Piget se-
i cundœ, im'o jam idtiniœ spei subtexére mentionem. i
Origène (2), après avoir dit (|ue l'on peut toujours
se relever par la Pénitence, des fautes même mor«
telles, pourvu qu'elles ne soient pas du nombre des
crimes capitaux, ajoulo, en parlant de ceux-ci :
Pour ce qui est des grands crimes, on n'accorde la Pé-
nitence qu'une fois, ou rarement, i Jn gravioribus crimi^
tnibus semel tantiim tel raro pœnilentiœ conceditur lo-
« eus. n Le Maître des Sentences, citant cet endroit
(1. 4, dist. 14), omet ces deux mots, vel rar'o, et l'on
trouve à la marge du texle celle remarijue, ita legitur
apud Cyrillum. C'est ainsi qu'on lildans Cyiille. Quoi-
qu'il en soit, dit le P. Morin, je n'ai rien lu de sem-
blable dans les Pères Grecs depuis Origène. Nous ver-
rons ci-après que quoique suivant la règle ordinaire
la porte fût fermée à une seconde pénilence, pnur me
servir des termes de Tertullien, il est néanmoins ar-
rivé, dans quelques occasions, qu'on y admetiail les
pécheurs, et que c'est sans doute pour celte raison
qu'Origène a ajouté ces mots velrar'o, ouraremenl (5).
Lareusalion inlenlée contre S. Jean Cln yso.'lôme.
au conciliabule du Chêne, est encore une preuve ipic
celle discipline était généralement observée dans
l'Eglise. Le sixième article contenait ce qui suit : //
ouvre l'entrée aux pécheurs en disant : Si vous pèche::,
de nouveau , fuites de nouveau pénitence, et toutes fois
que vous pécherez, venez à moi et je vous guérirai. Celle
(I) Terlul. dePœnil., c. 7.
(-2) lîom. 15 in c- "lo- Levil.
(ô) Voyez ce qui est dit ci-dessous de ce texle d'O-
rigène, que je n'avais pas encore découvert ipiand
j'écrivais ceci-
A
49S HISTOIRE DES
accusation loiilc Tatisse qu'elle est fait voir coniliicii la
maxime de ces lemps-ià de ne donner la [)énilence
(|trnm; fois (j'enleiuls la pénitence pniiru|iie , qu'on
aitpiiait prDprenienl parlant, pénitence) était coni-
numéiiient reçue , en sorte ipie Ton regardait connue
un attentat digne des censures les plus rigoureuses
d'y donner atteinte- S. Jean Clirysostôuie offrit ,
comme on sait, de se purger de toutes les ca-
lonmics (|ue ses ennemis avaient inventées contre lui,
et ceux (|ni composaient ce faux concile étaient si per-
suadés du son innocence (pi'ils ne voulurent jamais
l'entendre, <'t lui donner lieu de se juslilier; ce (\m
aurait dû siiflire pour détourner certaines gens d'al-
triliucr à vc saint des sentiments si op| osés à sa
doctrine. Cei)ei)dant il s'est trouvé depuis d'aulres per-
sonnes (pii les lui ont allrilmées, et qui ont enseigné
ellcs-nicnies sur ce fondement une doctrine bien dif-
férente de celle que les anciens nous ont apprise. Mais,
il faut l'avouer , cela s'est lait sans mauvais dessein , j
et ceux qui (uil avancé sur ce fondement des principos
contraires à ceux de l'antiquité , ont été trompés e«ix-
mcnies par une traduction infidèle d'un endroit de S.
Clirysoslôme qu'ils ont trouvé dans le Maître des Sen-
tences (I). Je vais rap|torler celle traduction cl la
comparer avec le texte, eU'on verra du premier coup-
d'œil combien ceux qui l'ont faite se sont grossière-
ment trompcis. Sciendum qubd Inc quidam exurguul ,
horuin vcrbonun occasione pœnitentiam aufereules, quasi
per pœnitenliam non valent peccnlor resurgeve secundo ,
terlio el deïnceps. Verkm etiam in lioc pœnilentiam non
excludil , nec propiliationeni quœ sœpè fit per Pœniten-
tiam, sed secundum Baptismiim ; ce <pii signifie : Cesl
en conséquence de cela que quelques-uns s'élèvent et abo-
lissent la Pénitence, comme si le pécheur par elle ne
■pouvait point après le Baptême se relever une seconde ,
une troisième fois, et encore plus souvent ; 7nais en cela
il n exclut pus la Pénitence ni le pardon qu'on obtient
souvent par elle, il n exclut que le Bap'.ême. Il faut re-
marquer, pour bien entendre de quoi il s'agit, que cet
endroit de S. Clirysoslômft est tiré de son connnen-
taire sur l'Epilre aux Hébreux, où il entreprend d'ex-
pliquer ce fameux passage de l'Apôtre volunlariè pcc-
canlihus nubis,clc. Voici ses paroles bien différentes de
celles que le Maîlre des Sentences nous représente dans
la mauvaise traduction qu'il a suivie. On n'y trouvera
aucune trace dune pénitence canonique recommencée
deux, trois el quatre fois. llâ/t> Jvt«,oô« ^juïv èrrtjsvsvTat
ci zr,-J jy.Er«votav àvatjioOvTC;... ri omj ttjsôj «//.pOTifouâ l'psu-
fiev; OTt cù T/îTiôi Tîtoùrw èvTKûOa toDto oy,7tv, cùèè t/jv /;.£-
Tavoîav y.jv.vpîï, vi tcv 0(oc //ctcvoi'k; sÇi/aT/jtôv, oùèswOîtxc.i
xaTa6«/./£t 2tà tT^; <y.7royvW7£w; tôv i-:nui/.ô-v.. Où/, oùrû;
iyPpài ïTTt T^i (:ta7r,pir/.i T-^; rjusTÉpc;. A).yà ti ; rà tsuripsv
àvatfst /ouTfôv.Où '/Kf. etTrev où/.5Tt lirt //.cTajoî-/. tOSs sO/^Tt
«TTtvapsTti, à//à 6v7l.c'. où/.izi ètti. TouTsirt sTKupài JeuT;-
poiolt/.izi liTi , OuTÎy.j •/y.pzcûzo za)£î.
On voit clairement dans ces paroles du texte, com-
bien elles diffèrent de la traduction dont s'est servi le
Maîlre des Sentences cl plusieurs autres scholasiiques
(1) Lib. 4, dist. 14.
SACHEMENTS. m
après lui. Le texte de notre saint ne dontie pas la
moindre prise aux calomnies que l'on a inienlées an-
Irelois ccuitre lui , cl que ccrlains do( leurs de l'école (
ont rencuivelées sans y penser, en lui allribuani sur
celte traduction défectueuse îles sentinu-nls qu'il n'eut i
jamais. Je vais traduire ici ce passage en notre langue, \
afin que t(Uil le nH)nde puisse en juger, et voir s'il y
lail mention d'une secoiicb", d'une troi ième el de plu-
sieurs autres pénitences. Ici s'élèvent de nouveau con-
tre nous ceux qui ubolisscnt ht pénitence (il eu \cul aux
' Nnvaliens): que répondrons-nous donc (lux uns et aux aU'
très? (Savoir à ceirv cpii lenieltaient de jour en jour
leur baptême, parce (piapiès l'avoir rrçu il n'y avait
! plus de l'émission des pétliés à attendre selon eu\ , et
I à ceux qui prétendaient qui! n'élail point sûr de com-
' muniquer les mystères aux pécbeurs , s'il n'y a point
de pardon à attendri! après la rémission des pécliéj
obtenue parle Baptême.) Que iépondrons-nous,disje,
aux uns et aux autres ? nous leur dirons que l'Apôtre ne
dit point cela da)is cette vue, et qu'il n'abolit point la pé-
nitence,ni le pardon qu'on peut obtenir par son moyen.
Il n'éloigne cl n'accable pas non plus le pécheur par le
désespoir du pardon. Il n'est point ennemi de notre salut.
Mais que veut donc l'Apôtre'l (dans le passage de 1 E-
pîlre aux Hébreux , c. 10;) il déclare qu'il n'y a point
de second baptême : trtr il na point dit : Il Jt'j/ a
point de pénitence , il n'y a point de rémission ,
\ mais : Il n'y a point d' hostie, c'est-à-dire qu'il
n'y a point de second sacrifice de la croix, car c'est
ce qu'il appelle hostie. Si dansipielques au.res endroits
S. Cbrysostôme , pour inviter les fidèles à participer
aux saints mystères, et leur ôler tout prétexte de dif-
férer une action si sainte, leur déclare qu'une prépa-
ration de cinq ou six jours est suffisante , el qu'ils
peuvent pendant ce temps satisfaire à la jusiic^, de
Dieu , el se purifier par les bonnes œuvres; il dit cela
sans préjinJice à la coutume d;î son temps de tenir les
grands pécbeurs plusieurs années en pénitence avant
de les recevoir à la conmiunioii. Il paile dans ces oc-
casions aux pécbeurs de la seconde el de la troisième
classe, dont nous avons fait mention dans les cbapiires
précédents , auxquels la porte de la pénitence était
toujours ouverte. C'est de celle manière <|u'il faut en-
tendre ce que notre saint dit dans son discours sur S.
Pliilogène.
De même, si ce saint docteur dit dans s^n épître h
Tbéodorc , que quand il n'aurait fait qu'une petite
partie de sa pénitence , Dieu ne le laissera pas sans
récouqiense , qu'd n'a jias d'égard au teuq)s , mais à
la disposition du cœur : tout cela ne tend qu'à f.irtifier l
ce moine repentant contre les pensées de désespoir , |
et à lui persuader, ce qui esttrès-vrat,queDieu regarde;
surtout dans le péebeur la douleur intérieure dont ilj
est pénétré, et que quand même il ne lui resterait
point le temps nécessaire pour acbever la pé.iiiencc
canoni(|ue , il n'y a pas lieu pour cela de se défier de
la miséricorde de Dieu, qui sait suppléer à ce qui nous
manque au debors : car, comme dit admirablement ce
grand docteur , où xf''»" "/«p it«oT>|Tt «//à 5MÔin%
i<)7 rÉNITENCr. — SECT. III. 1" PAUT. CII\l>. MI. SUITE DU MÊME SUJET. i^M
^^■/.nu r. //ETKvîiV. y.çi.iry.i, OU jiigc (Ic la pciiilPtire non W coticilo , que liitna quelques égUses d' Espagne on ne fait
par la (inanlili' du temps , niais par la disposition do
Ta me.
Le PèrcMoi'in croit qnc celle dis(i|»line a été en vi-
gueur en Orient jnsrpi'aii quatrième siècle; mais en
Occident, elle s'esl conservée plus longtemps ; clic y
était même plus Mnère qu'elle n'a jamais élé dan > les
églises d'Orient. Cette sévcrilé parait surtout dans les
canons du concile d'EIvire , dont plusicHrs, comme
nous l'avons vu dans le second cliapitre de la pre-
mière section , n'accordent pas même la conimunion
h la mort à certains péclieur!;.
S. Pacien (ep. 5), répondant à un Novatien qui lui
objectait : Que si Dieu ordonne de se repentir souvent ,
il permet aussi de pécher souvent, dit que cet argument
aurait iiuel(|ue force ( par rapport à la pénitence que
l'on faisait dans l'Eglise pour les grands péchés) si la
Pénitence él:iil considérée comme des délices. Après
quoi, faisant l'éannéralion des travaux durs et morti-
fiants qui l'accompagnaient, il ajoute : Il est peu de
gens qui s'acquittent comme il faut de ces exercices la-
borieux, qui se relèvent après leur chute , qui se réta-
blissent après les plaies quils ont reçues, etc., paroles
qui prouvent bien que, suivant l'usage de ce temps,
on n'accorlait pas deux lois la Pénitence pour les
crimes. S. Ambroise (I) est si exprès sur cela, et son
passage e-.t si connu de tous les théologiens, que nous
ne pouvons nous dispenser de le transcrire ici : C'est
avec justice, dil-il, que nous reprenons ceux gui croient
pouvoir faire souvent pénitence... ; car s'ils la faisnienl
véritablement , ils ne croirait ni pas devoir la recommen-
cer, parce que, connue il n'y a qu'un baptême , il n'y a
non plus qu'une péniunce : j'entends celle qui se fait pu-
bliquement ; car pour ce qui est des péi hés journaliers,
notre pénitence doit être quodienne ; mais celle-ci se fait
pour l.s fautrs l'éijères, cclle-lii pour les grandes. « Me-
I rilb reprehendunlur , qui sœpiùs ugcn.lam pveniten-
i liam putant...; nani si vetè agercnt pœnilentiam ,
i iterandam postea non putarent, quia sicut nnnm ba-
I p'isma, ita una pœn'tenlia, qnœ tamen publiée agilur,
« nam quolidiani nos débet pœnitere delicli; srd liœc de-
j lictorum Lviorum , illa gravi rum. t Ces paroles,
pour le dire en passant , doivent f Ire trenddcr ceux
qui ne craignent pas de commelire de ci^s sortes do
pédiés, pinr lesquels rE:.;Iise meilnit awlr.foisen pé-
i"iti-nr-,« pul.li.pie. M;iis cell.s qui suivr-nt sont encore
plus terribles : J'en ai plus vu, dit ce sai,;l docteur,
qui ont conservé leur innocence, que de ceux qui ont fait
pénitence comme on la doit faire. . Faciliiis inveni qui
c innocentiam servuverinl , quèim qui congrue pœnilcn-
« tiani egerint. »
Cetic discipline a é:é religieusement observée dans
l'Eglise d'Occident jusqu'au 7' siècle , comme il est
aisé d en juger par le troisième concile de Tolède, qui
8'est cru obligé de réprimer les abus qui commen-
çaient à s'introduire contre celte religieuse sévérité :
Par ce que nous a':ons appris, disent les Pères de ce
(1) Lib. 2 dePœnit.jC. 10.
point pénitence selon la règle {secundum canonem), mais
tres-mul , de sorte que c.rlaines gens demandent aux
prêtres la réconciliation toutes tes fois qu'il leur plait de
pécher ; pour arrêter une présomption si exécrable, il
est ordonné parce saint concile que l'on donne la péni-
tence suivant lu forme des anciens canons , c'est-à-dire
que le prêtre doit d'abord interdire la communion au pé-
cheur qui se repenl de ses crimes, et le mettre au rang
des autres pénitents, pour recevoir souvent l'imposition
des mains. Ensuite, ayant accompli le temps de sa pé'
nitence suivant le jugement sacerdotal , qu'il lui rende lu
communion. Pour ce qui est de ceux qui, ou durant le
cours de la pénitence, ou après la réconciliation , re-
tournent à leurs anciens péchés , qu'ils soient condamné.';
suivant la rigueur des anciens cations : t Secundim
« priornm canonum teveritatem damnenlur. » Nous ve-
nons de voir quels étaient ces anciens canons, et jus-
qu'où s'étendait leur sévérité à l'égard do ceux qui
retombaient dans les crinics pour lesquels on soumet-
tait les pécheurs à la pénitence publique.
Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent fait voir
que la maxime commune et ordinaire était autrefois
de ne poii.t accorder la pénitence canonique, ni la ré-
conciliation, qui en était le fruit, à ceux qui retom-
baient dans les crimes soumis à celle peine ; mais
cela n'empêche pas que qnchpies églises particulières
u'airnl pi avoir un usage diflërent , et que-(|iielqnes
évê(pies. pour des raisons de prudence , n'aient quel-
quefois pu user de plus diudnlgence envers les pé-
cheurs; car, au rapport de S. Iré é;; (I. 5, c, 4), Cer-
don a fait plus d'une fois l'e.romologèse da son hérésie,
c'est-à-diie qu'il a demandé et obtenu la péniieiice dé
smi apostasie; ce que tén oig:,c aussi Tertnllien, de
Valentin et de Marcion , <lans son livre des Prescrip-
tions (c. ÔO). Le passage d-Origè. c que nous avons al-
légué ci-dessus dénmntre que cela se faisait quelque-
fois, quoique rarement , rarb. pourvu iiéuinsoins que
ce mol ne se scil pas glissé dans le texte (I).
Cette discipline, eounne rmus avons rem.rqiié , ne
sVendit pas au delà du 7' siècle dans l'Egiise d'Occi
d m. où elle a duré le plus long-lemps , et elle tond)a
presque entièrement avec la pénitence pid.lqne, qui
! n"eut plus lieu dans la suite que poin- les |)éi liés pu-
blics. A l'égard des péchés secrets soumis à la péiii-
lence canoni(pie, on continua à les expier à peu près
par les mêmes peines que les canons avaient déiermi-
(I) Le P. Marlène, dans le livre I de aniiq. Eccl
Rililms, uni -1. I. I, c. 2, dit que ces deux mots, v l
rnro, ne se lionvent point dans (b-iix a ciens maiiu-
sciiis d'Oiigène dt; la bUiliollieipio de Marmoiiii r f
dont l'on a pins de 800 ans, et l'autre pins de GOO.' '
n-in pins (pie dans deux autres de .jiimiége<. cl un d»', '■
Saii.lOiien de Koiieii ; (pi'iin anlenr aiiii"vnie, qui ^
écrit un traité de llié..|oi;ie il v a plus de 500 ans, et
dont I- maiiiiserit se conserve à Marmonner, oiiîel ,
aussi bien que le Maître des Senlenres, cesdenv mots,
Vit rarb, dans la eitalioii de cel endroit d'Origèiie. Le
même P. Mailène, pour s'assurer de la manière dont"
le Maiire des Sentences a ciié cet endroit , dit avoir
consulté trois manuscrits de ses ouvrages, où il le cile
partout de iiièiue.
HISTOHll-: DtS SACIIK.MKNIS.
50ft
nées ; mais le tont se faisait en secret et dans le parti- 'Ij
culier. P<tiir ce qui est des |)ccliés publics et scanda-
leux, souuiis depuis le 7* siècle à la pénitence jiubli-
que, non seulement on accordait à ceux qui étaient
tombés (le nouveau après la récoiicilialion la facullé
de recoiiiineiicer la pénitence, mais même on y obli-
geait les pé lieurs. C'est ce que nous voyons dans le
livre 5 des Capitulaircs, cliap. 72 : Ceux, y est-il dit ,
qui retombent fréquemment dans leurs prévarications ,
ou qui rtconimencent lu pénitence à laquelle ils sont
souvent condamnés, s'ils ne s\' [forcent de corriger , par !
une vraie satisfaction , ce qu'ils ont fait de mal , quils
soient réprimés ou condamnés, afin qu'ils corrigent mal-
gré eux ce qu'ils n'ont point volontairement expié. Que
si quelqu'un refuse de le faire, et qu'il soit réfraclairc
mtx ordres de son prélat, qu'il soit excommunié selon le i
mérite de sa faute.
Isaac, évêque de L;mgres, dans ses Capitules pu-
bliés en 874, lait assez connaître la même cliose dans
un des statuts qu'il lit pour maintenir la discipline de
la péiiilonte : Prenez bien garde, dit-il à ceux à qui il
parle., si quelqu'un, après avoir été réconcilié publique-
ment, retombe dans un péché public, afin, que, m'en
ayant averti , je vous apprenne de quelle manière vous
devez vous comporter. 11 ne dit pas positivement qu'il
fallait le somnetlre de nouveau à la pénitence publi-
que , mais cela s'entend assez par la pratique de ce \
temps-là; car c'était alors un axiome reçu comnuiné-
nicnt, qu'il lalKiit expier puliliquement les pécliés pu-
blics, comme ncus le verrons ailleurs. Ce clr.uigc-
mcnl dont nous venons de parler ne s'est pas lait tout
à coup, mais insensiblement, quoiqu'en assez peu de
temps , et il avait été précédé de quelques adoucisse-
ments dont nous aurons lieu de parler dans le cbapi-
tre suivant.
CHAPITRE VIII.
Indulgence dont usait quelquefois l'Eglise primitive
envers les pécheurs pénitents. Libelles des Martyrs.
Egards nue l'on y avait. Haute idée que l'on avait de
leur crédit auprès de Dieu ; chimères de Dodwel sur
ce pouvoir. Abus de ces libelles. En quel taiips ils ont
commencé , et quand ils ont cessé.
De quebjue manière que l'Eglise se conduise avec
ses enfants, soit en usant de rigueur, soit en relâ-
cliant quelque cbose de rexactilmie de la discipline,
elle agit toujours en mère pleine de tendresse, qui
ne cherche (jne leur avantage spirituel , et à les con-
duire à Dieu par le chemin (pic le Sauveur nous a
tracé, fja fin (Hi't'lk' se piopose dans tontes ses prati-
ques, sa discipline et ses léglemenls, n'est autre que
celle-là : pourvu, à l'égard de ce qui regarde les pé-
cheurs et la pénitence (|ui doit ks guérir et les récon-
cilier avec Dieu, qu'elle parvienne à leur inspirer
l'esprit de la véritable conversi(»n , elle se met peu en
peine du reste , et elle n'a jamais soumis les pécheurs
à ces grands travaux et à ces exercices durs, austères
et Immiliants , que dans celle vue. Nous en avons
pai lé jusqu'à présent , et nous aurons lieu d'en dire j
encore quebpie cnose dans la seconde partie de celte
section : mais avant que d'en venir là , examinons un
peu les adoucissements, ou pour parler suivant le
langage moderne , l'indulgence dont elle usait dans
certaines occasions , même dans les trois premiers
siècles; puisque c'est de la discipline de ces premiers
temps dont nous avons fait riiisloire dans celte pre-
mière partie , et ne nous étant étendus au-delà ,
qu'autant que les prali(pies dont nous avons eu à par-
ler se sont conservées dans les tenq)s postérieurs.
Les évèqucs, connue on a pu le voir jusqu'à pré-
sent, ont toujours eu une très-grande autorité à l'é-
gard de la discipline de la pénitence , et ils étaient en
di oit d'en abréger ou d'en prolonger le temps pour de
bonnes raisons. Les règles générales ne les astrei-
gnaient pas de telle sorte, qu'ils ne pussent , (piand la
prudence le leur persuadait, en dispenser en partie.
Ils le faisaient en plusieurs occasions, maisj'en trouve
trois principales dans les écrits des anciens, savoir :
l" la ferveur extraordinaire des pénitents qui les por-
tail à se livrer sans réserve, et à embrasser avec joie
les travaux qu'on leur avait prescrits pour expier leurs
péchés. ■2° L'approche de la perséculion, qui obligeait
les évcqnes de réconcilier les pénitents avant qu'ils
eussent achevé le cours ordinaire des exercices labo-
rieux auxquels on les avait soumis, afin de leur pou-
voir donner la sainte communion, comme un préser-
vatif contre les dangers auxquels les chrétiens étaient
(îxposés pendant ce lemps d'orage. 5° Enfin les recom-
mandations des martyrs , en considération desquelles
on remettait aux pénitents une partie des peines ca-
noniques. Kous parlerons en peu de mots des deux
premiers motifs, (jui ont porté quelquefois l'Eglise
à relâcher quoique chose de la rigueur de la disci-
pline , parce qu'ils sont fort connus, et que l'histoire
nous fournit peu de faits remarquables sur ce sujet.
Mais no'.is nous étendrons sur le dernier, ces recom-
mandations des martyrs et les événements qui sont
arrivés à leur occasion , étant une matière curieuse et
intéressante, (jui entre naturellement dans celle his-
toire de la Pénitence. Nous trouvons l'indulgence
f;;ndée sur le premier motif dont nous venons de par-
ler, dans la conduite (pic tint S.Paul à l'é^^ard de
l'iiicestucux de Coiinthc (I) , (jui après environ un an
de pénitence (car la sec(jnde lettre à cette Église a
été écrite environ un an après la première), fut récon-
cilié par ordre de cet Apôtre, qui rend en même temps
raison de l'inilulgence dont il use envers ce péclieur ;
savoir , l'excessive douleur dont il était péiiétré qui
donnait lieu de craindre (piil n'en fût accablé : A'e
(tbnnduntiori trislitià nbsorbeutnr. S. Clément d'Alexan-
drie, raconte un fait de l'apôtre S. Jean (2), ({ui put
ser\ir d(! preuve à te ipic nous disons. Il avait conlie
à un certain évêque un jeune honiine , afin (pi'il l'ins-
Iruisît et l'élevàl d'une manière clirétienne : ce jenne
homme profita d'abord de la bonne édiiealion ((u'oii
essaya de lui donner, mais ensuite il se pervertit et se
(I) Vers l'an.')?.
t'2j AiHidEuseb.Uist.Eccl. I. 2.
SOI PÉNITENCE. — SI'XT. 111. 1" PAHT- t"
débaucha de telle sorte (lu'il se rendit clicrdo voliiirs.
Le bailli Apolio élaiil allé visilor ot.'t évèt|iio, cl ayant
apprib !c luailieiir du jeune hounue , eu lui vi\ cuifiil
ouché. Sans consulter ni sa faiblesse , ni sou 1,'rand
»ge, il se mit en deviiir d"allfr clierciRTCi lie bi'bis
égarée, et l'ayant vu, il le louisuivit. Le jeune
honnne, toucbé de la leudre chariié du disciple bicn-
ainié du Sauveur , /V»«/'/rtsj>rt, t'/ />«)• ivs larmes et ses
soupirs , salis/il autant (in'il put pour sa faule cl
fut baptisé de nouveau dans l'eau de ses larmes. I^' Apô-
tre de son côté l'assura qu'il obliendrail du Sauveur^
par les prières qu'il ferait pour lui , le pardon de ses
péchés // le ramena à l'Èijiise : il fit à Dieu de
fréquentes prières pour lui , il jeûna avec lui jusquà
s'exténuer , et l'aijant tranquillise par des paroles pleines
d'une sagesse divine , il ne sortit point de cet endroit,
à ce que l'on dit , qu'il ne l'eût rétabli dans l'Église.
Vous voyez ici une pénitence suivie d'assez pivs ilc
la réconciliation; car je crois (|ue c'e>t ce que signi-
lieiil CCS mois , qu'il ne l'eût rétabli dans l'Eglise , mais
la componction exlraordinaire dont Dieu avait louché
ce jeune homme, l'inlérct particulier que semblait y
prendre ce irrand apôtre, elles prières i'crvenles (juil
adressa à Dieu pour lui , ont pu sans donlo niéi iler
que le temps de su |)éiiitence lût abrégé.
Plusieurs conciles , comme ceux de Néocésarée et
de Laodicée, supposent dans les évcques le pouvoir
d'user d'indulgeuce envers les pénitents, en abré-
geant le temp- marqué pour l'expialion des péchés,
ou au moins leur penne: lent d'en user de la sorle. Je
me coiitenleiai d'allé;;uer, pour le prouver, le l"!' ca-
non du concile de Nicée , le plus respectable de tous
ceux qui se sont tenus, jusqu'à présent, depuis celui
des Apôtres. Lesévèijues après avoir ordonné dans ce
canon queles ptrlieurs, doiit il s'y agit, seraient pros-
ternés pendant dix ans, oulro trois ans (]u'ils avaient dû
passer auparavant dans la station dite des auditeurs ,
ajoutent : Mais en tout ceci il convient d'examiner la fin que
se proposiut les pénitents , et l'espèce de leur pénitence :
car pour ce qui est de ceux qui font voir par la crainte de
Dieu dont ils sont pénétrés , par leurs larmes , par leur
patience , par leurs bonnes œuvres , que leur pénitence
est effective, et non apparente seulement, ils pourront,
après avoir accompli le temps fixé par la station des
auditeurs, participer aux prières, et même l'évèque
pourra les traiter encore plus favorablement. .Mais |iour
ce qui i st de ceux qui n'auront pas doimé de sembla-
bles pieuvcs de leur conversion et de Icîir ardeur à
embrasser les travaux de la pénitence, le concile veut
qu'ds renqdissent tout le temps dél rminé jinur satis-
faire à la justice de Dieu par les cxcrcic s laborieux
qui sont prescrits aux péchés.
Le second moiif , comme nous avons dit, de passer
au-des>us de- règles ordinaires en abrégeant le t.niis
de la pénitence, élait l'approche de la p 'r-sécutiou. II
suflil pour prouver de rapporter ce qui se passa à ce
sujet depuis la persécution de Dèce , jusqu'à C(>Ue de
Gallus. Nous avons déjà remarqué (in'mi grand nom- '
Jjre de chrétiens Aireui aballus dans la cruelle perse- ;
ap. mm. indulgence de L'église, etc. b02
"^ cution que l'empereur Dèce suscita à l'Église, et
(pie se sentant ap[)uyés de leur grand nombre , et
de la facililé de qnehpies prètns, piélendiient èlrc
reçus à la counnunion sans passer par les épreuves
ordinaires de la pénitence. S. Cyprien cl le clergé de
Rome s'y opposèrent fortement , aussi bien (|ue le.
pape Corneille, qui fui élu quebpie temps après. Us ne,
i voulurent pas même légler la pénitence des tombés,
que Dieu n'eût rendu la paix a son Église, et ne leur
eiit donné lieu par ce moyen de s'assembler en con-
cil • pour régler celle importante aflaire. S. Cypi'ien
nous rend comple de ce qui fut arrèlé dans les syno-
des tant d'Afrique ipie de Rome, dans ses Lettres ,^2'
et 54'. Voici ce qui a rapport au sujet dont il est
question à présent : // fut ordonné que l'on n'ôle-
ra'it pas l'espérance de la communion à ceux qui
étaient tombés, de peur qu'ils ne s'abandonnassent au
desespoir, si le retour à l'Eglise leur était fermé : que
d'autre part on ne se départirait point de la sainte ri-
gueur de l'Evangile, en souffrant qu'ils passent témé-
rairement à la communion ; nmis que leur pénitrnce du-
rerait longtemps, etc. {sed traiter dur diii pœmtcntia).
Dans la o i% qui est adressée à S. Corneille , il lui
parle en ces termes : .Yohs av'ions résolu ci-devant à
la vérité , mon très-cher frère , après en avoir délibéré
entre nous, que ceux qui avaient été renversés parles
artifices de l'ennemi durant la tempête de la persécution,
et qui s'étaient souillés par des sacrifices immondes,
feraient longtemps la pénitence pleine , et que si le péril
de la maladie élait éminent, ils recevraient la paix quand
ils seraient sur le point de mourir: i Agerent diii pœni-
1 tentiam plenam , et si pcricuhim infirmitatis urgeret ,
« pacem sub ictu morlis uccipercnt. t Rien de [dus au-
thentique que ce qui s'est fait dans cette occasion.
Le évèfpies, après avoir soutenu les efforts des pé-
cheurs rcbelies, qui prétendaient passer au-dessus
des lois de l'Église en rentrant dans son sein sans
subir la péniience, s'assemblent en concile nombreux,
où, après avoir mûrement pesé toute cette affaire, ils
ordonnent enliUjd'un avis commun , qu'ils feraient
une longui! péniience avant de jouir du bienfait de la
lécoiiciiialiou , traheretur diii pœnitentia. Agerent diù
pœnilenliam plenam. Cependant, S. Cyprien ayant ap-
pris par des visions célestes que la persécution allait
recommencer, il reçut à la communion Ions ceux qui
s'éiaicnl so unis à la péniience avant (|u'ils l'eussent
achevé!!, alin, dit-il, de ne point les laisser !ius ex-
posés aux coups de l'ennemi, mais de les fortifier par
la réception du corps et du sang de Jésus -Christ.
Nous avons lajqiorlé ci-dessus le passage- de la Lellre
de S. Cyprien où il rend raison de la conduite (pj'il a
; tenue en celle occasion , et exhorte ses collègues à
faire la même chose.
Que l'on me perineiie i. i de faire une pclile digres-
sion sur ce que dit le P. Morin (I), que les péniien-
ces, même pour les crimes, éiaient fort courtes drjns
les premiers siècles jusqu'aux hérésies de Monlan et
! (I) De Po^nil., 1.1, 0.11,10.. U.
î)03
de Novat , quoique depuis ce premier liércsiarque
jusqu'au second elles fussent d'un peu plus longue
durée, mais (onjours fort courtes en comparaison de
celles qui eincnl liou dans les siècles suivants. Ces ter-
mes de îi. Cyprien que nous venons de citer, paraissent
Lien opposés à ce sentiment. Ce mot, diù, ne marque as-
surément pas un court iniervalle de temps, et ce n'est
point sur les pensées des Novaliens qui cominencèrenl à
paraître alors, que ces deux conciles, dont i:oiis venons
de parler, formèrent leur décision; ce ne fut que sur
laulorité des saintes Écrilines et les nsage^ reçus
dans l'Église, 5m/)<Mm diù ulràque purte prolalis , etc.
De plus S. Giégoire Thaumaturge prescrit dans
la Lettre canoni(|iie des peines très dures et très-
longues aux pécheurs pénitents, il fi.\e même le temps
que l'on doit employer pour expier chaque espèce de
pécliés, et le tout, comme il le dit, suivant l'usage
de son Eglise. Or il est certain qu'il fut fait évèipie
de Néocésarée en 240, on, selon d'autres, en 241,
c'est-à-dire , dix ou onze ans avant que l'iiérésio des
Novaliens commençât à se former, puisque, comme
nous avons vu d;ins le premier chapitre de la pre-
mière section, Novat ne se retira à Uome, oîi il se
joignit à Novalien pour former le schisme et Ihéi é>ie
qui divisa depuis l'Église, qu'en l'année 251. 11 fallait
donc que l'usage de prescriie du longues pénitences
fût reçu dans l'Église avant que la secte des Novaliens
eût paru : car (;uoi(pie, suivant le calcul de M. de
Tillemonl, son épilre canonique n'ait été écrite qu'en
Tannée 258, ses décisions, comme il le dit, sont con-
formes à Tosage de son Église , dont il envoya un
prèlre aux évè(pies du Poat, pour les en iiislruiie.
Ccrlainement ce grand évéque n'avait pas attendu de-
puis 240 jusqu'à 258, à régler la disciphne de la péni-
tence dans son Église , et ne l'avait pas fait, sans
doute, sans consulter les usages reçus dans celles
qui élaicnt ])\m anciennes que (elle que Uieii lui
avait conllée, et dont il était comme le fondateur,
n'y ayant à Néocésarée que 17 chrétiens quand il y
fut étahli évéque. Mais nn aigcmcnl qui nu; paraît
encore plus fort contre !e sentiment du 1*. Morin, c'est
qi:c lui-mènie prétend que le concile d'i.lvire a éié
célébré avant le schisme de Novat, il s'elforco de le
prouver en plusiciu's endroits de son traité de la Pé
uitence , et il le dit foruïellemenl dans la préface qu'il
a mise à la lèledu recueil des livres pénitentianx, qui
est à la iin de son ouvrage. Concilium Elibcrhanum qi>od
meà ijuidein seiitcntià mite sancliiin CyinidKuin cclebra-
lum fuii. Cela étant, n'esl-il pas sinpienant qu'il ait
pu avancer que la pénitence, avant l'héiésie de No-
vat , était cnurte et facile ; puisqu'ancun de ( eux qui
ont quelque teinture de l'anliquilé n'ignore que le
concile d'Elvire est celui de tous qui a été le jdus
sévère, et dont les canons sont plus rigoureux , soit
par rapport à l'espèce delà jénilence, soit par rapport
à SI durée, dont il délermine le temps exactement ,
l'égalant souvent avec la din'ée de la vie des pénitents.
H ne me serait pas difficile de faire voir que les au
loriiés dont le P. Morin veut élaver son sentiment >
HISTOIRE DES S.\CREMENTS. 504
ne le prouvent pas, et que ses arguments portent à
faux : mais je ne veux pas donner à cet ouvrage un air
de controverse qui ne lui convient pas. M. Tourneli,
qui avait bien lu le P. Morin sur la Pénitence, comme
il paraît par tout ce qu'il a écrit lui-même sur ce sacre-
ment, a bien serti qu'en cette occasion il n'était ap-
piiyé que sur des preuves très faibles : car dans sa
première conclusion de l'article 1 , q. 8, de la disci-
pline de l'Eglise, (onie 2 , il se coulenle de dire qu'il
y a lien de conjectm-er qu'avant l'héiésie de .Monlan ,
la pénitence était plus courte qu'elle ne l'a été depuis.
lirevius illud (pœnilontia; lempus) fiissc coujcinnis. 11
est é:oiuiant que des hommes aussi habiles aient pu
s'imaginer que l'Église ail pris des leçons de ces
honnnes superbes el sacrilèges, qui portaient sur leur
front leur condamnaiion, aÙTozaTocxpiTot, comme dit
l'Apôtre (I); et qu'ils n'aient pas senti qu'il est indi-
gne de la majesté de l'épouse de Jésus - Christ ,
de croire qu'elle ait réformé la discipline qu'elle
avait reçue des apôtres touchant la pénitence , à
cause des vains reproches que lui faisaient ces
hommes impies, qui n'ont pas craint de se séparer
de l'imilé, pour se rendre chefs de parti. En voilà as-
sez sur cela ; revenons à notre sujet. ]
Le troisième motif (|ui eng;igeait les évêqucs à rc-
melire aux pécheurs une pa:iie de la pénitence cano-
niiiue qu'ils devaient subir suivant la règle ordinaire,
étaient les rccomuiandaiions des martyrs et des con-
fesseurs. C'était une prérogative qu'on leur accordait
volontiers, mais on gardait certaines mesures, afin
que cela ne dégénérât point en abus, et que la disci-
pline n'en soiifliît point de préjudice. C'est pourquoi
on ne recevait point indistinclenient à la communion
tous ceux qui étaient chargés de ces libelles de re-
commandation, mais les évoques se réservaient le
droit de les examiner, afin (ju'il ne se fil rien d'in-
digne de la grâce (|iie ces saints avaient accordée.
f ("est siiivanl ce principe que S. Cyprien appelle sou-
vent celle grâce le dé,ir des miiriyrs, qu'on exposait
aux évèqnes pour qu'ils l'approuvassent ou le rcstrei-
gnissenl , suivant les dilîérenles dispositions des |'é-
niienls cl les conjonctures du tem]is. Mais comme
souve.J ces niailyis et ces confesseurs ne savaient
I oint écrire, ou ne le i)ouvaient par les précautions
des perséeutt urs , les diacres avaient la charge de vi-
siter les prisons, on ils étaient enfermés, pour fournir
à leurs besoins, recevoir leurs vœiix pour les | é-
chenrs, les porter à l'évèipie, et les avertir des fautes
auxquelles, ou la boulé de leur cœ ir, ou leur Irop
grande faeililé, pouvaient les faire tondjer à cet égard.
Nous appienons tout cela de la lettre 11' de S. Cy-
prien (2) , adressée aux martyrs eux-mêmes. 11 leur
recommande dans celle lettre dexaminer ceux qui se
présouent à eux pour avoir de ces libelles, cl de con-
sidérer alteiil'.vemenl la nature du crime, avant de
leur accorder la grâce c.u'ils dcmand.'nt ; de |)eur que
l'Église W'ail de quoi rougir devant les païens mêmes,
(1) Ep.,ad Tit., c. 3, v. 11.
(2) Cyp. ep. 10,11, 12,15.
505 PENITENCE. - SECT. IFF. V PART. Cil.\l\ Mil. INDULGENCE DE L'ÉGLISE, etc. 50G
s'ils foiU en celle occasionquclqncdjosc iiinl à propos.
Sailli Cypricn (I) veut aussi qu'ils ilésgiionl c.\-
prcsscinciil p:ir leurs noms ceux à (|ui ils (loiinenl ces
SDi'los de lecoinniaiitl, liions. Il se plainl niiKreiueiil,
dans une aiilrc IcUrc, d'un cerlain Lucien , qui , sans
s'a^sujélir à ces saines précautions, avait donné iiidis-
tiucleinenl la paix à tous les lunibcs. « Le inciiie Lu-
< cien, dit-il, a écrit une lellie au nom de tous les
i confesseurs, par laquelle il roui|»t presr|ue enliôre-
< nient le lion de la foi , il atlailtlil la crainte de Dieu,
< le conunandemeiil du Seipieur, la saii.lelé et la vi-
I gueur évangélique, ayant écrit au nom de loin, pour
« donner la paix à tous. » Il ;:piireiid de plus aux niar-
lyrs, dans la onzième lellre , (piels élaienl ceux à ([iii
ils devaient doniU'r ces libelles (|u on Icui' dcniaudait.
« C'est pourquoi je vous prie, leur dit ce grand cvè-
( que, de désigner par leurs noms dans votre libelle
« ceux dont vous voyez, dont vous connaissez, dont
< vous savez (|ue la pénitence est près d'èlre accoin-
< plie , quorum fioiileutiani , satisjaclioui proximam
I conspiciiis, et qu'en celle manière vbus nous envoyez
( des lettres convenables à la fui et la discipline.»
Ce fut lauie de suivre ces avis si sages qu'il s'éleva
alors une espèce de sédition dans l'Église ; le nombre
de ceux qui élaient tombés dans la persécution de
Dèce éiant très-grand, et voulant, à la faveur de ces
libelles des martyrs, être reçus à la communion sans
subir les lois de l.i péuilcucc. Ce Lucien, dont on a
parlé, ne coiilribua pas peu par son impmdince,
pour ne rien dire de jtlus, à faire naiire ce désnrdre,
et pour surcroît de nialbeur, cinq prèlies, (pii élaienl
tombés eux-mêmes dans la pcrsceiilion, Ibmeulèienl |
ce tumulte, en recevant contre l'esprit de I Église cl
rintenlion marquée de leur Évc(|ue ces pécbenrs à la
communion. Mais S. Cyprien ne se rodil pas à li'urs
instances, il méprisa leurs menaces, il lit paraître
dans celte conjoncture ce cour.age sacerdotal, qui faisait
sou caractère parliculicr ; il mainliiit la vigueur de la
discipline conlre hupielle (oui était conjuré, et lança
contre ces séditieux ces foudres d'une éloquence toute
divine que tous les siècles ont adniirés depuis, cl qui
ravit encore aujourd'liui ceux qui lisent les écrits de
cet illustre martyr. Il faut lire sur cela une partie de
ses lettres au clergé de Rome, an pape Corneille, el
aux martyrs eux-mêmes. Tout son traité de Lapais,
roule presque cntièremL-nl sur celle matière. Ou y voit
en même temps et combien on déférait aux rccom-
mandati(ms des confesseurs de la foi, el que l'on
s'oiqtosail fortement à ceux qui en abu-aient. JSons
croyons, dil-il dans ce livre, (pie les mérites des martyr s
peuvent beaucoup auprès du juge (.lésus-Cbrisi), etc.
Mais si quelqu'un s imagine pouvoir donner à tous la ré-
mission de L-nrspéchéi avec uncprécipitulion téméraire, ou
ijinl ose enfreindre Icscommandemcnts du Seigneur, non
f. ulemenl il ne sera d'aucun s.xours aux tond>é^, mais il i
leur nuira beaucoup. 1
Dodwel, dans la dissortalioii toucliaul ces libelles
des niarlvr.s, qui se trouve avec plusieins autres, dans |
(I) Cyp., op. 23. i
I l'appendice des Œuvres de S. Cyprien, de l'édition
d'Aïuvlerdam, assure que ce droit dont jouissaient les
1 martyrs de domier des libelles de C(unuiunion r)u re-
I C(uumand.;lion, était fondé sur deux qualités que l'on
croyait leur convenir : la première, sur ce que les
soniïrances qu'ils avaiont oiidurées pour la foi les
rendaieni prêtres, et qu'en celle qualili'; ils pouvaient
réroncilier les Inumnes avic I)i(;u. La seconde était
celle d'amis ou de favoris de Dieu, auprès duquel
étant puissants ils pouvaient, comme les principaux,
magisirals de l'empire Romain, donner des lois aux
tribunaux inférieurs, el exempter des peines ceux
qu'ils y avaii'iil condamnés suivant les lois. On est
surpris quand on lit de pareils paradoxes, de voir I.i
faiblesse des preuves sur lesquelles il les appuie. Cet
babile bomme est tombé dans le défaut de ceux qui
s'appliquent à une érudition trop recbercliée, qui dégé-
nère en i lées creuses. Ces sortes degens ne sont point
frappes des objets qui se présentent d'eux-mêmes, et
voient clairoment ceux qui n'eurent jamais aucune
réalité. Il eût été à souhaiter que, pour appuyer des
sentiments si extraordinaires, il eût produit quelques
textes de S. Cyprien, du clergé de Rome, ou de
qnclijues autres, qui eussent attribué de semblables
prérogiiives aux martyrs, ou qui eussent au moins
rapporté que quelques antres, comme les tombés, les
leurs atlribi'.aicnl ; mais c'est ce qu'il ne fait nulle
part dans sa dissertation, que l'on peut consulter, si on
le juge à propos. Il insiste beaucoup sur le terme de
prérogative, dont S. Cyprien se sert pour marquer les
égards que méritaient les recommandaiions de ces
saints, el parce qu'il trouve ce même terme dans le
Droit Romain, il fonde là-dessus sa chimère des
I tribunaux inférieurs des évêqnes qu'il soumet à ces
prélendus magistrats souverains. Idées Hnisses et
ridicules, démenties par tout ce que S. Cyprien a écrit
à celle occasion ; par où on voit plus clair que le jour,
que quoiqu'il regardât les martyrs comme les amis de
Dieu, Ci comme des gens qui avaient beaucoup de
crédit auprès de lui, coimne des saints dont les
souffraiifes pouvaient eu quelque sorte suppléer à
celles que mériiaienl les péclieurs, il ne lui est jamais
venu dans l'esprit de regarder leurs libelles de recom-
niaiidalion comme des rescrils de magistrats souve-
rains, auxfpiels il dût déférer sans examen. C'est ce
(lue nous avons vu jusqu'à présent dans les endroits
(pie nous avons rapportés, ou mot à mol, ou en nous
aliacliant seulement au sens.
Mais (lu'ariiva-t-il de ee trouble dont nous avons
parlé? S. CypritMi tint ferme, aussi bien que le clergé
de Rome. Dieu loin de recevoir ces séditieux dans
lÉglise de la manière qu'ils le demandaienl, ils ne
voulurent pas même régler alors la pénitence qu'ils
devaient subir, et les exhortèrent à s'.ippliqiicr d'eux-
mêmes à satisfaire à la justice de Dieu par la patience
et les bnmes œuvres, et à attendre que la paix fiU
remlue à lEglise alin que les évêqiies |)ussenl s'as-
sembler en concile et statuer d'un consentement
unanime touchant la pénitence qu'ils devaient faire, et
»;07 HISTOIRE DES
les égnrtls que l'on devnit avoir en celte occasion
pour li;s recoiiii)i:iii(i;ilioiis dt's martyrs. La paix fut
cfroclivonient i)ieiitùl reiidiio à l'É|^lise, les évèques
s'assembleront ; on tiiit deux conciles, Tnn à Rome,
raiilre en Afriqne sur celte grande affaire, comme
lions l'avons déjà dit plusieurs fois, et voici le résultat
(le ces synodes, par rapport à l'affaire dont il s'agit
ici. Nous le trouvons, non dans le libelle qui fut fait
dans ces conciles pour régler tout ce qui avnil rapport
à la pénitence de ceux (pii élaient tombés en diiTérentes
manières durant la persécution ; car ce libelle n'existe
pins ; mais dans plusieurs lettres de S. Cyprien, par |
lesquelles il puniil (pic Ton eut égard aux reconunan-
dalions des maityrs en deux manières, et par rapport
aux deux états différents des saints et des malades. Il
fut donc arrêté que ceux qui élaient en santé feraient
l'exomologèse, recevraient l'imposition des mains de
lévèipie pour la pénitence, et se meltraiml en devoir
de l'accomplir ; mais qu'en considération des martyrs
le temps en sérail abrégé. C'est ce que nous apprenons
de la leitre onzième de S. Cyprien, où il s'élève avec
force contre les entreprises de certains prêtres qui,
contre la loi de Œvamfile, contre la demande respectable
que vous nous avez faite (il parle aux Martyrs), avant
d'avoir fait pénitence, avant l'exomologèse de ce très-
fjrand péché, avant que l'évêque et le clergé etusent
imposé les mains pour la pénitence, osent offrir la paix
aux coupables et leur donner r Eucharistie.
A l'égard des malades , il fut réglé que, pour l'hon-
neur des marlvis, ceux même qui n'avaient point de
mandé la pénitence étant en santé, s'ils venaient à
l'extrémité, seraient envoyés au Seigneur avec la paix
que les martyrs leur avaient promise, ayant fait l'exo-
mologèse et reçu l'imposition des mains pour la péni-
tence, c'est-à-dire, qu'ils seraient réooncil'és, ce que,
comme nous avons vu (i) , S Cyjirien n';iccordail pas
en ce cas à ceux qui n'étaient point munis de recom-
mandations des martyrs. Le lecteur curieux ne sera
pas fâché d'apprendre ici quand ce privilège des
martyrs a commencé à avoir liiîu dans l'Eglise. Le P.
Morin (2) dit sur ce sujet (pi'il n'a rien lu , avant Ter-
lullien , où il en soit fait mention ; que cependant cela
n'a pas commencé du temps de ce père , puisque celte
jnérogalive des martyrs était très connue de son vivant
dans les églises de Rome et d'Afrique. Voilà tout ce
(juil nous apprend toncliant l'origine de ce piixilége,
M:iis nous pouvons en rapporter des pr()uves pins an-
(iciines que celles que l'on peut tirer des ccriis de
'r.iluilien, et qui feront voir que celte prérogative
{'■"ail reconnue non seulement à Rome et en Afrique,
ii;:îis encore dans les Gaules. Car il parait manifesle-
r.ieul parla lettre que les églises de Vienne et de Lyon
é. rivircnt à celles de Plirygie, pour leur apprendre la
Lienlieurense mort des cln éliciis qui avaient souffert
chez elles, que les martyrs usaient dès lors de ce pri-
vilège. Voici ce que je trouve là-dessus dans M. de
Tillenioiit, tome 5, cliap. 9, p. 17 cl 18 : Ils parlaient
(i) Chap. 3 de celle section.
(2) De Pœnii., I. 5, c. 27, subfinem.
SACREMENTS. 508
; à tout le monde (ce sont les martyrs) avec^ humilité
I comme s'ils eussent fait beaucoup de fautes , et ne par-
: laient point des fautes des autres. Ils ne liaient per-
; SONNE. M. deTilIcmont ajoute de lui-même par paren-
I thèse, en se séparant de sa communion , et déliaient
TOUS ceux (qu'ils pouvaient), etc. Leitr ardente charité
I leur fit entreprendre une guerre spirituelle contre le dé-
mon , afin de forcer ce cruel dragon de leur rendre et de
vomir encore tout vivants ceux qu'ils s'imaginaient avoir
, déjà engloutis et dévorés comme morts.... Ils avaient
pour eux des entrailles de mère , et versaient pour eux
des ruisseaux de larmes , en présence du Père céleste.
Dieu leur accorda leur demande. Les membres vivants de
l'Église redonnèrent la vie à ces membres 7norts. Ceux
qui avaient signalé leur foi par la confession du vrai
Dieu , signalèrent encore leur charité en accordant le
l'ARDox à leurs frères, kyv.z'X,oi-.o , qui avaient renoncé
à Jésus-Christ. El l'Église fut comblée de joie de re-
cevoir viv.nnts dans son sein tous reux qu'elle en
avait d'abord reje^és comme des avortons sans vie,...
et qui se trouvèrent assez de force pmir s'aller présenter
an gouverneur. M. de Tiilcmont dans sa noie sur cet
endroit, p. 599 , tome 3, remarque que comme l'É-
glise ne refusait guère d'accorder ce que les martyrs
lui demandaient, on disait qu'ils donnaient la paix,
lorsqu'ils priaient les évêipies de l'accorder. Il ajoute,
quelques ligues après : Il se peut faire même que dans
quel(]ues occasions ils s'unissaient de communion avec
ceux qui témoignaient se repenlir de leurs fautes,
dans la conli.ince que l'évêque ratifierait ce qu'ils au-
raient fait. Mais de plus les martyrs de Lyon avaient
parmi eux S. Zacliarie,qui étant prêtre, pouvait après
la mort de S. Potin, appuyer par l'autorité de l'Église
les vœux et les désirs des autres martyrs, et délier sur
la terre ceux qu'il jugeait en étal d'être déliés dans le
ciel. Voilà sans doute la prérogative des martyrs bten
reconnue du temps de la persécution arrivée sous Marc-
Aùrèle, sous lequel souffrirent nos martyrs, c'est-à-
dire, en l'année 176 ou 177 , et constatée par des mo-
numents bien authentiques qui nous en instruisent, et
dans lesquels M. de Tiilcmont l'a reconnue, quoiiiu'il
n'y soit pas fail menlion de libelles. Mais la forme n'y
fait rien, quand on trouve le lond des choses. Il est à
croire, comme remarque le P. Morin , que ce privi-
lège et cet usage de déférer , de la manière que nous
l'avons expliqué aux prières des martyrs , n'ont cessé
dans lÉglisc qu'avec les martyrs eux-mêmes. Car pour
ce qui est de ces lettres des confesseurs dont il est fait
menliiMi dans le premier concile d'Arles , c. 9, et dans
celui dElvirc , c. 23, et (pic ces conciles méprisent, ne
' voulant puiiit(pfony ait d'égard, c'était des lettres de
recommandation que certains confesseurs donnaient
de leur propre autorité aux fidèles pour les évè(iues
étrangers , et non des libelles d'indulgences avec qui
elles n'ont rien de commun.
Nous aurons lieu de parler ailleurs (l) des autres
inoiifs qui ont porté les papes et lesévèques à accorder
des indulgences dans les temps postérieurs.
(1) Voyez la quatrième partie de celle secliofî.
SECONDE PARTIE.
DE LA DISCIPLINE DE L\ PÉNITENCE OBSEnvÉE DANS l'É-
GLISE DEPUIS l'hérésie DE NOVAT , C'EST-A-DIRE ,
DEPUIS ENVIRON LE MILIEU DU TROISIÈME SlfcCLE , JUS-
QU'A LA FIN DU SEPTIÈME , ET EN PARTICULIER DE LA
PÉNITENCE DES CLERCS.
Nous avons déjà roninrqué dans la préface de
celte seconde section qu'on ne penl traiter de telle
sorte des pratiques propres à chaque temps , que Ton
n'anticipe ou que l'on ne pousse pas au-delà du temps
dont on se pioniet de parler, ce (pic l'on a à dire, y
ayant plusieurs coutumes ou pratiques qui ont duré
bien au-delà de celui dont on enireprend de parler.
C'est ainsi (jue dans la première partie nous avons eu
lieu de traiter de plusieurs usages qui ont été en vi- ;
gueiir jusqu'au septième siècle; et en ce cas nous ne
devions point couper la matière; il nous suiïisait,
pour remplir le dessein que nous nous étions proposé
suivant le lilre de cette partie, que ces usages fussent
reçus dans les premiers siècles dont nous entrepre-
nions de parler. Nous nous élendrons moins dans
cette partie au-delà du temps que nous avons marqué
dans le litre. Elle sera surtout employée à expliquer
les diverses slaiions de la pénitence , et les exercices
laborieux qui y étaient attachés , soit à chacune en
particulier, soit à toutes en général. Après quoi nous
parlerons de la pénitence propre aux clercs, que nous
avons réservée pour celte partie, afin que l'on jjuisse
voir d'im coup-d'œil ce qui s'est passé à cet égard dans
les beaux siècles de l'Église.
CHAPITRE PREMIER.
Des quatre slaiions delà pénitence en général; quand
elles ont commencé ; dans quels lieux étaient placés les
pénitents dans réglisc; description abrég.'e des an- 1
cicnïies églises. |
C'est proprement depuis le milieu et vers la fin du
:i09 PEMTENCE. — SECT. ill. PART. il. CilAl'. [. STATIONS DE LA PÉNITENCE. olO
liMirs profanes , Grecs ou Latins , et dans les anciens
Lexicons.
Qn("!(pios-uns on! cru (pie S. Grégoire Thniiinatiirgc
avait lait mention de ces qtiatres stations en même
lemps dans son Épîlre canonique; mais il est ccrLiin
que l'eiidroil où on les trouve e.\|.rimés aiijouid'lii!)
d:ms celle épîlre a élé. ajouté par (pielqu'im (pii Ta liiv
de 3 Rasil(!. Ou s'aperçoit de celle addition par la
suite du discours, car ce n'est point un canon , mais
une cxplicaiion. L'aiitenr même de cette addition se
découvre lui-même l(H'Si|u'il parle ainsi, Caudition, dit-
il , paroles (pii font voir qiuî lorsque cet auleiir écri-
vait, il avait dans la pensée le canon de S. Rasile,d*où
il a tiré cotte cxplicaiion, qu'il donne à celui de S. Gré-
goire. Il y a, dit le P. .Moriii, dans la bibliolhèque du
chancelier de France un très-ancien recueil de canons
Grecs compilés parGrégoire, patiianhe de Conslanli-
nople, il y a plus de 800 ans, dans Ie(piel sii trouvent
tous les cinons de S. Grégoire Tliaumaiurge, excepté
celui dont il s'agit. Le même P. Morin fait voir de plus
par plusieurs bonnes raisons que c'est mal à propos
que l'on allribne ce canon à ce saint; mais ce que nous
avons dit doit nous suffire.
Saint Basile est donc le premier qui ait disiinclemeiit
et en même temps fait mention de ces quatre degrés
de la pénitei'.ce. Ceux que nous connaissons avant lui
ayant parlé tantôt de l'un et tantcJt de l'antre, et quel-
quefois de plusieurs ensemble, selon que l'occasion
se présentait, et que les peines qu'ils statuaient contre
les péchés l'exigeaient , mais aucun avant lui ne les
ayant réunis pour la punition du même crime; quoi-
que souvent ils les supposent sans le nommer, jarce
que c'était une chose assez connue par l'usage et la
pratique ordinaire. Nous rapporterons en ce lieu le
canon oG' de S. Basile où on les trouve tous réunis.
Il est conçu en ces termes : Celui qui a fuit un homi-
cide volontaire, et veut en faire pénitence, sera pendant
vingt ans séparé de la communion, tov àytâï/zaro,-, et ces
vingt ans seront disiribucs de cette sorte. Il doit pleurer
troisième siècle, que l'on voit la discipline de la péiii- 1 qmtre ans , hors des portes de l'oratoire, suppliant ceux
tence dans tout son jour. Quand les Église, furent |j '/«' y entrent de prier pour lui, s'accusunt en même
devenues nouibreuses . et (ju'on eut éprouvé pendant |j lemps de son péché. Après ces quatre ans il sera reçu
l'espace des siècles précédents que tous les eflbrts de || «^"'•''e les auditeurs, et sortira pendant cinqans avec eux.
l'enfer pour étouflér le christianisme, et toute la puis- si H passera sept ans avec ceux qui sont prosternés, et sor-
sance des empereurs em|)loyée |)0ur exteriiiiner les || lira après ta prin-e. Durant quatre ans il sera debout avec
adorateurs du vrai Dieu , n'avaient servi qu'à les mul-
tiplier, on régla donc alors l'ordre de la péniience , et
on la distingua en quatre classes, degrés ou stations ;
car ces lt,'rmessonl synonymes, et nous nous eu ser-
virons indifléieniinenl. La première élail des pleurants,
la seconde des auditeurs, la troisième des prosternés,
la (piatrième des comistants. Les Grecs les noniinaient
7:,ci7/./au7(5, àzj.aTi,-. O-OTrrWTt;, et tJttwtu-; IcS Latins,
fletus, auditio, subsfratio , Hconsistenlia. Ce (|ne nous
remarquons ici une fois pour tonies, afin que lor.-qiie
nous citerons des passages, soit des Grecs , soil des
les fidèles , mais il naiini point départ à f ablation. Ce
terme étant expiré , il participera aux sacrements. Voilà
les quatre fameuses stations de pénitence bien mar-
quées , et cela pour le même crime. S. Basile ne les
avail pas inveniées, il les avait apprises de ses piv-
décesseiirs dans l'épiscopat. Nous avons vu dans le se-
cond chapitre de la première partie, que dès les pre-
miers icmi'S de l'Eglise il se prati(|uait quelque chose
(le semblable; mais que toutes ces prali(pies ne fai-
saient point partie de la i;éiiitence canoniiiue, comme
ce'a arriva depuis. Il faut (]ue cela ait élé ainsi réglé
Lalins, on sache ce qu'ils veulent faire entendre par Si vers le milieu ou li fin du iroisième siècle, puisque
ces termes, dont on chercherait en vain la si^nific.-tioii 'fi les conciles d'Aucyre , de Néocésarée et de Laodicée ,
dans loscns des auteurs ecclésiastiques , chez les au- jl et de plus S. GrégoircTliaumalurge parlciU assez clai-
ijH IIISTOIUE DES SACREMENTS
renient delà plupart de ces diflerents dogrés, otqiril,
fonldelonips en temps :»l!iisioii à tons, coniino nous
verrons qnand nous irailerons do chacun en par-
ticulier.
La plupart des canonislos Grecs ont fait des com-
mentaires sur le canon attribué à S. Grégoire Thau-
maturge, dont nous avons parlé, et l'ont expliqué
chacun à leur manière, la plupart conlorniénicnt à
TancicMi usage qu'il rcprésenle cITccliveincnl. On y jj
apprend quelle place occupaient les pénitcnls dans les J
églises ; c'est | ourquoi nous les r.ipporterons , mais
pour en avoir une plusparfaileiulelligence, cxpliipions
nous-mêmes aupaiavaiu eu piMi de mois de (inc!Ie ma-
nière élaienlhàiies lesancieniieséglises.NousIercroiis
d'après M. l'abhé Fleuri dans son livre des .Mœurs des
chrétiens (c^li. 35); nous n'en extrairons (jue ce qui a
rapport au sujet que nous irailoiis à présent dais ce
chapitre et dans les suivants, qu'il serait dilïicile de
bien entendre sans cela.
«L'église, dit cet habile honinio, était séparée
« aillant qu'il se pouvait de tous les bâtiments profanes,
« éloignée du bruit, ei eiiviio iiiée de tous côtés de
« cours, de jardins , ou de bàtimens dépendants de
« l'église même, D'abord on iroiivail un portail on
i premier vestibule par où l'o i entrait dans un péris-
c tyle, c'cst-.à-dire, une cour carrée, environnée de
i galeries couvertes , soulenncs de colonnes , conmie
« sont les cloîtres des monastères. Sons ces galeries se
« tenaient les pauvres , à ()ui l'on permettait de men-
< dier à la porte île l'égr^e ; et au milieu de la cour
i était une ou p!u^ieurs fontaines , pour sl; laver les j|
i mains et le visage avant la prière : les bénitiers leur
« ont succédé. .\u lond était un double vestibule, d'où ;
< l'on entrait par trois pirtes dans la sale ou b.\si-
« liipie, qui é ail le corps de l'église. Je dis qu'il était
4 double , parce qu'il y en avait un en dehors , et un
512
« on en faisait deux pour laisser le milieu libre, et ne
I point cacher raiilel. A la droite de l'évcipie et à la
« gauche du peuple était le pupitre de l'évangile, et
« de l'auire côté celui (h; léiiitre : depuis le p\ipitre
« jusiju'à laulel était la place des chanties qui n'étaient
« que de simples cicrs destinés à celle, fonciion. Dcr-
j rière l'iuitel élait, comme fai dit, la placedes piètres.
« G'é:ail nue voûle pins basse (jne le reste de l'église :
« elle s'ajjpcïlail coiique , comme étant en forme de
« coquille, ou abside, à cause de l'arc qui la terminait
« par devant. On ai'.pelait aussi ce fond de l'église
« tiihuiuil : parce que dans les basiliques profanes
« c'étail le lieu on le magistrat élail assis accompagné
« de ses oflieiers. Ainsi celte partie de la basilicpie
« était plus relevée que le reste, en sorle que l'évèqne
« descendait pour s'apjirocher de l'autel, s
Celle description que M. Fleuri nous donne ici ,
nous dispensera dans la suite de bien des explications
de cérémonies que l'on n'entendrait pas si bien, quel-
que justes qu'elles pussent être, faute d'avoir toutes
ces connaissances ainsi liées les unes avec les autres.
I Venons préscnlemenl au canon altribné à S. Grégoire
I Thaumaturge (I), qui désigiie les endroits affectés à
i chacune des classes de pénitents. La alation aes pieu-
l' ranls, dit ce canon , esl hors la parle de l'oratoire, oii il
\\ faut que se tienne le pécheur , afin d'entjacjer par ses
\ prières ceux qui entrent, d'intercéder pour lui. Celle des
I
auditeurs esl en dedans de la porte dans le narthcx , oii
il faut (jHC le yéchcnr se tienne debout pisquaux uilé-
chunicncs et qu'il en sorle, car celui, dit-ii. (voilà ce
mol qui découvre (pie ce canon n'est pas de S. Gié-
goire) , qui écoule les écritures et les instructions, doit
être chass', et )i'esl pas diqne d'assister aux prières. Le
I prosterncment consiste en ce que celui qui est dawi ce
deqré , étant en dedans de la porte, sort avec les
catéchumènes. Les consistants sont avec les fidèles, et ne
j autre en dedans, qne les Grecs appellaienl «ftr///cr. j| sortent point avec les catéchumènes. Enfin suit la par -
i Près de la basilique eu dehors étaient d'ordinaire i ticipation des sacrements. Ce canon nous apprend, au
< deux hâtiiueiils. Le baptistère à l'entrée , au fond la
( sacristie oa le tr'^cr nommé aussi secretariuni , ou
< diaconicum. Souvent le long de l'é^^lise il y avait des
i chambres ou cellules pour h commodité de ceux
c qui voulaient mé.lilerct prier en paiticuiier; nous
« les appellerions des chapelles.
t La basilique élail [larfagée en trois , suivant sa
» largeur, par deux rangs de colonnes (|ni sonlenaienl
« des galeries des deux côtés, et dont le milieu était la
i nef, comme nous voyous à tomes les anciennes
« églises. Vers le fond à l'Orient élail l'aulel, derrière
< lequel é'.ail le presbytère ou sanctuaire , où les
i prêtres élaii-nl assis piudant l'oflice, ayant l'évêque
I au milieu d'eux, dont la chaijeélaitaiisi toiitau fond
« de la basiliipie et terminail la vue de ceux qui en-
« Iraient i)ar la principale porte. Il y avait devant
« l'antel un retrancheineiit d'une balustrade à jour
moins confusément, la place de clia;pic sialiou «les
pénitents. Nous aurons lieu, en pailanl de cliacnne eu
pai liculier , de nous éelaircir sur cela de plus en plus.
CiiAPiTUE IL
De la première station de la pénitence, ou des pleurants.
Quelle élail lu place qui leur était as'Jgnée , ce
qu'ils II f.isaienl. Quand cette station de la pénitence
a été établie dans l'église.
Noiisavonsvu dans le canon TiG' <le saint Basil;' qu'il
|l;.cc celle classe des lé.^lenls lioi-s la porte de l"('-
glise, ou conmie il s'exprime, liors la porte de l'ora-
toire, l'i'A -i^ OJ,îy.;. Dans le canon 75" il veut de mèiiio
qu'ils soi^'ii! com:nc des mendiants à l.i jtoi le de ia
maison de l'oiaison , -r-^ Ov,;a ^Tî<c£5r/y.:'-,-. (^e qui doil
s'eiîtendre, non delà première porte par on l'on entrait
dans l'elte cour dont n'-ns avons parlé, el (jni faisait
c que l'on peut appeler le chœur ou le chancel; el à j' parlie de l'église , mais de la porle d.- la basilique, et
< rentrée au milieu , était le pupitre ou ambon , qui il du vestibule extérieur dont parle M. Fleuri. Avant
« était une tribune élevée où l'on nionlaii des deux li
< côtés, servant aux lectures publiques. Quelquefois É (1) Ej.'isl. cauonic;c canon n.Uimns. ,
513
PÉNITENXE. — SECT. 111. PART. II. CIIAP. II. STATION DES PLEl'nANTS.
5U
itiêmcqiich sliiion dos iilciir;inls fil partie delà pciii- f c. \Q enseigne l;i même cliose, et dil de plus (ju'ils
Icncc piescrilc p;ir les caïKnis. <ciix (|iii ;iv;\iciil élé
chassés de l'église pour loiiis désordres, cl qui i-oii-
liail;iii'iil d'y rciilrer cl dcmaiidaicnl la ponilciico, ne
poiivaicni avoir enliéo dans Jcj;lise; il y avail pour
eux une pclile clianihrc, un porliqne on (piclipie antre
espace dt!Slinc pour ces gens-là , nièine quand on
lenait, dniuMl les persécnlioiis, lesassoniltiécsde rcii- ;
gion dans les nr.iisonsparlicnlièrcs. et dans les souter-
rains on cryptes. Celle chambre lenùl an li -u où les
fidèles s'as.>cnd)laient, niais die en élail séparée par
un miu" on des ais. Saint Jean Clirysoslôme l'ail alhi- :
sion à cellt; pratique «lans .son sermon 17* sur S. Mal- i
ihivn , lorsîpiil menace en cette sorte cenx qui ne
voidai nt pnini proliter des ri'pioches ipi'il lenr faisait: |
Je vous iHleidiriii rentrée de ces sacres vestibules, et la ;
i
participalion des saints iinjslères, comme aux formcalciirs, j
aux adultères et aux homicides
On 1.0 rendait à ceux ipii étaient dans ce degré de ;
pénilence aucun devoir de piété, on ne leiu' admiiiis-
Ir.iil non senlemenl aucini sacremonl, mais rien (pii
y eût rapport. On ne faisait sur eux aucuae imposition
des mains, aucunes prières expiatoires, ou autres de
cette '^spèce. Le penpit; priait senlemenl Dieu pour
eux en particulier , pour qi«'il hur accordât l'esprit
de pénitence, cl quehpicibis intercédait auiurs d«
révè(pie cl du clergé, afin qu'on les admît dans l'église;
c'esl-à-.dire, qu'on les fit passer dans les autres classes
de la pénilence. L'église dans ses prières pnhiiipies ne
priait Dion pour eux qu'en général, en qualité de pé-
nitents , ils uétaienl point même admis dans l'église
pour y entendre les lectures et les instruclions de
l'évêque, quoiipi'on accordai celte grâce aux Juifs et
aux païens. Cela élait réservé aux andilems qui com- j
posaient la seconde classe des pénilenis. Cependant ;
révêque et les autres ministres du premier rang, l
comme les prêtres et les diacres, examinaient la vie i
de ces pénitents, et la ferveni' qu'ils faisaient parailie, \
afm d'abréger ou de prolonger le temps de celle sla
lion suivant le niérile do chacun. C'est ce que nous ]
apprenons de S. Grégoire dcNy.se, dans su leilre à j
Leloyus, où après avoir inarcpié que riumiicide pas-
sera neuf ans dans chacune des stations de la pénitence
qu'il désigne, il ajoute qu'on ausa égard ;i la ferveur
de sa conversion, de manière qu'au lieu de neidans
qu'il doit être dans chacune des stations, on pourra
ne l'y laisser que six ou sept ans.
Les pleuranls, étant dans un état d'humiliation ,
devaient implorer par leurs prières le secums de
cenx qui entraient dans l'église, on confessant Icms
p.chcs, comme nous voyons ccilains mendiants, qui
pour attirer la compassion des passants, moutronl les
plaies dont ils sont couverts. C'est ce cpio nous avons
vu dans le canon de S. Basile, que nous avons allé-
gué dans le chapitre précédent, iÇa/îcîJwv -i-,-' \ùiv.j
■xei.poiJOiJ.Mi : et dans le canon 75* pai lanl de ces mêmes
penilenis, il vont qu'ils |)rientlesrulèvs (pu enlreiitdans
l'oratoire d'adresser à Dieu de ferventes prières pour
eux. Saint Ambroise, dans son livre de la ï'éniicnce ,
doivent st; jeter aux genoux de cenx qui vont à l'as-
sendili-c, (|u'ils doivent baiser leurs pas, afm do les
avoir pniu' |m()Ic( icius aiq)rès de Dieu. Ad (jcmin le
ipsc woslenias, o.scitlnris vcslitjia, etc. Saint l$cnoil, qui
a inséré dans sa Ile-ilo I(;s maximes les plus pures du
christianisme, et les usages les plu-; approuvés de son
li'inps, élablit dans le chapitre Al une discipline à
pou I rèsseinhlable pour les moines qui auraient com-
mis de grand, s laulos. : Que celui qui pour de ijruiides
fautes est excommunié de l'oratoire et de la table com-
mune , foit prolerué à lu porte de l'oratoire , dans le
temps que l'on y célèbre l'office divin ; qu'il qarde le
silence ot cette posture; que touchant la terre de sa tête
il se jette aux pieds de tous ceux qui sortent de l'éqlise,
et qu'ii continue dans cet étal d'Iiumitialion , jusqu'à ce
que l'abbé juqe qu'il a salisfail. Qu'il vienne quand
celui ci lui ordonnera, qu'il se jette à ses pieds, ensuite
(t cenx de tous les frères, afin qu'ils prient pour lui. etc.
« Deinde omnium vesliqiis frntrum , tu orenl pro co. i
Il proscrit ensuite d'autres humiliations au coiqiable,
après qu'il a é;é reçu dans le chœur, qui ont qnchpie
rapport aux aulrcs stations de la pénitence. C'était
sintoul dans cette piemière station que les pénilonts
paraissaient dans un app.roil lugubre , couverts de
cendre et de ciliée, ayant des habits sales, Icscln vcu.\
coupés ou négligés , suivant les différentes couliuncs
des pays, conuuiî nous l'avons fait voir ailleurs. Eu
un mol, ils y élai(Mil dans un élat et une altitude
propre à exciter la conq)assi(in de tout le monde, el à
intéresser leurs frères dans leur malheur.
S. Jérôme , dans sa lettre trentième à Decanus ,
nous fournil un cxenq)le remarquable de la | énilencc
(iue l'on faisait dans cette station, en la personne de
sainte Fabiole. Celle illustre matrone, issue de ces
grands honnues dont les noms sont si connus dans
l'hisloirc rouiaine, avail quille un mari débauché et en
avait épousé im autre du vivant du premier. Les lois
iuqiériales, mémo dos princes clnélit us, le pcrniet-
laionl, comme le témoignent celles de Tliéodose et de
Valenlinieu I el plusieurs autres. .Mais celle sainte ne
se rassura pas pour cela ; elle eut plus de respect
pour les lois de l'Evangile que pour celles dos Césars.
Elle se présenta , dit S. Jérôme, avant le jour de Pâ-
ques, (i la vue de toute la ville de Rome, devant la basi-
lique de Latran, avec tes pénitents, l'évêque , les prêtres
et tout le peuple fondant en larmes ; elle tj parut ayant
les cheveux cpars, le vi.'iaqe livide, l; cou charqé de pous-
sière... ; elle découvrit sa plaie il tous... ; tout Rome la
vit ayant les habits déchirés, la tête nue, la bouche fer^
mée ; elle n'entra point dans l'église du Seiqneur, elle
se tint hors du camp avec Marie, sœur de M dise, afin
que le prêtre rappelât celle qu'il avait chassée. Elle frap-
pait ce visaqe par lequel elle avait plu à son second
mari; elle haissait les pierres précieuses, elle ne pouvait
jeter les yeux sur les linges fins ; elle fuyait les orne-
ments, elle était «hsm' touchée que si elle eut commis un
adultère, et elle désirait se servir de plusieurs remèdes
pour guérir une seule blessure. Ce sophiste dont parlç
gi5 nisTOinE DES sacueml:.\ts
bocralo, lequel élail tombé durant la peisécnlio)) de '
Julicn-rAposlal, élait animé du même esprit , lorsque
se jclaiit sous les pieds des fidèles qui entraient dans
1 eulise, il leur criait : Foulez-moi au pied comme un j
sel afladi. |
On demeurait dans celte classe des pénitents plus
ou moins , suivant la grièvclé des crimes. S. Ba-
sile (can. 56, et can. 58 et 59), dans une pénitence de
vingt ans, veut cpron en passe quatre dans cette sta-
tion. 11 en presoril aulani pour les aduilères, qu'il ne
condamne (pi'à quinze ans l'e pénitence, et deux pour
les f(>riiica(eurs, dont il fixe la pénitence à sept ans.
S. Grégoire de Nyssc est plus rigide : il condamne
riiomicide à vingt-sept ajis de pénitence, dont il veut
qu'il en passe neuf entre les pleurants. On trouve
beaucoup de variété sur ce sujet; cela dépeiidail des
différentes coutumes des endroits où Ton était, et des
circonstances que pouvaient faire naître les temps et
les lieux où les pénitences étaient quelquefois plus
austères, parce que les pasteurs avaient en vue la
destruction de quelques vices qui y étaient plus com-
muns qu'ailleurs. Cette raison a lieu pour la durée de
la pénitence en général par rapport à certaines espè-
ces de péchés. Pour ce qui regarde cette station dont
nous traitons à présent , autant qu'on peut conclure
des canons de S. Basile , qui ont été les plus célèbres
de tous, il paraît que cette station occupait moins que
le quart du temps prescrit pour tout le cours de la
pénitence.
11 est bon de remarquer ici que, quoiqu'on Occident
les pécheurs se présentassent pour recevoir la péni-
tence, et la demandassent, comme nous avons vu par
l'exemple de sainte Fabiole et par ce que nous avons
cité de S. Ambroise, et que même on les laissât quel-
que temps hors de l'église, on ne voit pas néamnoins
que le flelns ou les pleurants fissent une station à part
qui fil partie de la pénitence canonique. Il n'est lait
uienlion de cet élal comme appartenant proprement
à la pénilcnce qu'après le septième siècle , où nous
remarquons que lefîetus élait quelquefois prescrit dans
la pénitence des péchés publics.
Cet état, comme station réglée et prescrite par les
canons, n'était donc jiroiire (ju'à TEglise d'Oiient.
Voyons présentement dans quel temps il a conmiencé
à être en usage sur ce pied-là. Nous avons déjà re-
marqué que S. Basile, qui le premier (|ue nous sa-
chions, les réunit ensemble distinclemeiil pour la pu-
nition d'un même péeiié , n'en est pas l'invenleur, et
qu'il ne nous a transmis que ce qu'il avait appris de
ceux qui l'avaient précédé. Ou pourrait peul-êire inlér( r
du huitième canou de S. Grégoire Thaumalurge, que
cette station était (léj:i eu usage de sou lemp-i : car il y est
dit que ceux qui ont pillé les maisons, et qui, en ayant
été accusés, seront convaincus , ne seront pas même re-
çus parmi les auditeurs, il fallait donc en ce cas qu'ils
fussent, ou entièrement retranchés de l'église , ou ré-
duits au rang des pleurants. Il n'y a point d'apparence
qu'on les ait rctranciics pour ce ciinie , rpii n'est
Çoial atroce , surtout n'y ayant point de contumace.
5lG
Reste donc qu'ils aient été relégués à cette première
classe dont nous parlons.
Quoique les conciles qui ont précédé S. Basile, n'ex-
priment point ces stations toutes ensemble, parce que
c'élaienldcschosesd'usageque personne n'ignorait; et
qu'ils parlent rarement de celle-ci en paiticulier,
parce (pie l'occasion ne s'en présentait pas souvent :
nous la trouvons pourtant désigi.ée assez clairement
dans le canon il' du concile d'Ancyre qui a précédé
celui de Nicée. Nous rapporterons ce canon d'autant
plus volontiers, que cela nous donnera lieu d'expli-
quer une difliculté qui peut faire peine en lisant les
décisions de ce synode. Il est conçu en ces ternies :
Le saint concile a ordonné que ceux qui ont commis le
crime de bestialité , et qui sont lépreux, ou Tout été ,
prieraient avec ceux qui sont exposés aux injures du
temps, i.MEU HiF.M.VNTKS, x^uic/.^oiJÀKvi. Il s'agit de su-
voir si le terme grec est bien rendu par rinlerprète
Laliii. Nous l'avons suivi nous-mêmes : cependant je
vois ([uc la plupart des interprètes, comme Zoiiare ,
Martin de Braguc, l'Abrégé des canons du pape
Adrien, et de Ferrand, et même de Denis -le Petit, l'en-
lendent dans un autre sens; savoir : que ceux dont il
s'agit dans ce canon prieront avec les démoniaques.
Ce qui aj^puie cette explication est l'usage des Grecs
qui, dans leur Euchologe, ont des prières pour ceux
qui sont agités par les esprits impurs, qui y sont nom-
més s-[x£t/Ji«Çc,u5vou;. Quoi qu'il en soit de ces expli-
cations, elles semblent revenir au même. Le concile
d'Ancyre venait, dans un autre canon, d'ordonner une
très -longue et très-dure pénitence contre ceux qui
étaient coupables du crime dont il s'agit; mais il n'a-
vait point relégué ceux qui en étaient coupables dans
les classes ni des auditeurs ni des pleurants. La circons-
tance de la lèpre, jointe à ce même crime , détermina
sans doute les évêques à mettre ceux-ci dans le même
rang que ceux qui étaient agités de l'esprit impur,
qu'ils semblent distinguer des éiierguniènes ordinaires
qui él;iicnt reçus dans renccinte de l'église; et par
conséquent il faut que ceux qui devaient prier avec
eux en fussent exclus, c'est-à-dire, que le lieu marqué
pour leur pénitence était le même que celui de la
première station.
CHAPITRE IH.
De la seconde classe des pénitents , ou des auditeurs.
Quelle était leur place dans les assemblées de C Eglise,
à quoi ils étaient obligés. Dans quel temps cette sta-
tion a commencé, quelle était peu connue en Occident,
comme faisant partie de la pénitence.
La place destinée à ceux qui étaient dans ce degré
de la lénitence, dont nous avon-. f il meniion dans le
premier chapitre de celte partie, en même temps que
des trois autres , élail à la porte de l'église , dans ce
vestibule qui, comme nous l'avons vu, élait joint à
l'église , ou au corps de la ba!,ilique. On voit encore
aujourd'hui dans les anciennes églibCS de Rome de ces
sortes de portiques ou vestibules qui sont soulenusde
mandes colonnes de marbre, la structure de ces bàti-~
{117 PÉNITENCE. - SECT. lil. PART
nienls fait assez coiinaiire leur aniiiniilc. 11 cm est
qijel(|iies-uns du temps iiiènie de Constantin; les au-
tres penvciil avciii éié eoiisliiiils environ deux siècles
après lui. Cc^ cdilieos (|iii élaicnl plus Idiil-s (|Uc l;ii!,'es,
dans leur diinension, l'urenl pour cela nonnnés parles
Grecs ■Mf.Oi^, ou fende. Lo,> moines Grecs du moyen-
âge donnèrent depuis mai à propos ce nom à ce que
nous :ip|»eloiis la nel' de l"cgli:".o.
Ou voit assez connnuncmeiil en i"r;mcc de ces sor-
tes de vestibules aux portes des églises de la cam-
pagne, oîi les paysans s'asscnd)lenl pour traiter des
aflaires de conununaMlé, et d'autres send)lal)lcs, pour
lesquelles il serait indécent de s'assembler dans les
églises. C'était donc là «|u'étnient autrefois placés les
auditem-s. Les pleurants élaiil dans cette cour dont
nous avons parlé, ou dans le vestibule extérieur, dans
leiiuel on n'était guère plus à l'abri des Injures de l'air.
jMaisce double vestibule n'était ([ue pour les grandes
églises et les grandes viUco. Quand nous disons que
telle était la place des auditeurs ; cela ne doit pas
s'entendre dans une précision matbémati(|ue, et il y a
tout lieu de croire que de temps en lenips , surtout
quand les basili(jues étaient fort grandes , ils y en-
traient, et se tenaient derrière les catécbumènes et
les prosternés au fond de la basilique pour être plus
à portée d'entendre la voix du lecteur qui lisait les
■saintes Ecritures , et de l'évèque qui les expliquait ,
ou faisait quelques instructions morales,
L'état des auditem*» était peu dillei ent de celui des
pleurants, ils n'avaient au-dessus de ceux-ci que la
-place elle privilège dentendre les lectures des sainle-.-
Ecritures, le cliant des psaumes, et les discours de
piélé qui se faisaient dans l'église ; privilège qui leur
était commun avec les Juifs, les païens, les simple;»
caléchuniènes, qui n'étaient point encore conipélenis.
Au reste, on ne faisait point de prières ni d'imposition
de mains sur eux , ils sortaient avec tous ceux dont
nous venons de parler , quand la messe des catécbu-
mènes commençait, c'est-à-dire, les prières, les orai-
'Sons , les impositions des mains que l'on faisait sur
les catécbumènes compétents, et les pénitents de la
troisième classe , qui étaicMit les prosternés , que l'on
mettait deliors à leur tour au commencement de la
messe des lidèles qui contenait les prières litingi(|ues,
et la célébration du saint sacrifice. S. Basile dans le
canon 75% parlant de celui qui était en ce rang, dit;
Qu'il soit ensuite troin ans réduit à la seule ai dition, et
qu'ayant entendu tes Ecritures et la doctrine (il entend
les discours de piélé «[ue l'on faisait dans l'église),
tfti'on le chasse , et qu'on ne fasse point sur lui la prière.
Dans la suite, s'il la demande avec contrition de cœur
avec lar.nes et grande tiumiiité , qu'on l'admette dans
l'ordre des prosternés. Nous avons vu (|ue cet usag(;
d'admeiire même les païens dans l'église , poiu- y en-
tendre avec ceux dont nous venons de parler, les lec-
tures et ies inslruclions , n'était pas nouveau dans
l'Eglise. Nous le trouvons établi dès le lenips des
Apôtres (I), comme on le \oii ciaireraenl dans la pre-
(I) Voyez le c. 2 de la première partie.
IL CIIAP. m. DES AUDITEURS, S18
mière Epitre de S. Paul aux Corinthiens (c. 14, v.
25 et 24), où il parle de cette sorie : Que si, toute une
église étant assemblée en un lieu, tous parlent diverses
langues ; et que des ignorants oii des infidèles entrent
dans cette assemblée , ne diront-il pas que vous êtes des
insensés ? mais que tous prophétisent , et qu'un infidèle
ou un ignorant entre dans votre assemblée , tous le con-
vainquent, tous le jugent , etc. On voit la même chose
dans le dialogue de Lucien inlilnlé Philopalris, dans
lequel il introduit mi chrétien en pariant avec un païen,
et le menant à leglise où il est reçu de tout le monde
avec un visage qui marque de la joie. Le concile de
Cartilage a jugé à |»ropos de niainleiiir cet usage par
le caiimi 82% (pii porte que l'évèque n empêchera per-
sonne d'entrer dans l'église , et dy entendre la parole de
Dieu, soit juif , suit gentil, soit hérétique , jusqu'à la
messe des catéchumènes. Le concile de Valence en Es-
pagne rend raison de cette conduite dans le canon pre-
mier : car après avoir ordonné que l'on lirait les saints
Evangiles avant lolfraiide , anle munerum oblationem ,
on la messe des lidèles , et après les leçons de l'Apô-
tre, il ajoute : Car nous savons que quelques-uns ont
été attirés à la foi par la prédication des évéques.
On a pu remarquer i;ar ce qui a été dit ailleurs (1),
que dans les deux premiers siècles et une partie du
troisième, les pécheurs étaient aussi admis aux lec-
tures et aux instructions de l'Eglise ; mais alors ils
n'étaieni pas encore censés pénitents, et l'audition ne
faisait point une partie de la pénitence canonique. On
ne trouvera pas dans ces temps-là de règlements ou
canons de discipline qui disent, par exemple , comme
on a dit depuis : Vous serez trois ans, deux ans, etc., au
nombre des auditeurs ; après cela on vous fera sortir avec
les catéchumènes. Et si les constitutions de S. Clément
(1. 8 , c. 5) en font liiention , il y a lieu de croire
(juc cela y aura été ajouté dans la suite : comme c'est
assez l'ordinaire dans ces sortes de livres d'un usage
journalier.
On peut dire même en quelque sorte que celle sta-
tion ne faisait point non plus chez les Occidentaux
partie de la pénilence ordinaire; à peine en est-il
fait menlioii chez eux, excepté dans la lettre seplième
du pape Félix III, adressée à tous les évéques, dans
laquelle il statue les mêmes peines contre ceux qui
auront été baptisés, que le concile deNicée avait dé-
cernées contre les tombés : Qu'ils soient, dit-il, trois
ans entre les auditeurs , qu'ils soient prosternés sous la
nuiin des prêtres entre les pénitents pendant sept ans :
qu'on ne souffre en aucune manière qu'ils fassent l'obla-
lion pendant l'espace de deux ans, mais qu'ils soient
seulement mêlés avec les séculiers dans la prière. Hors
ce règlement où il est fait disertcment mention de la
station des audiieiiis , nous n'en trouvons point d'an-
tres. Presque tous les monumenls (jui nous reslenl des
sept premiers siècles ne parlent que de la séparation de
IKiicliarislie pour les pécheurs, quand il e-t question
de la pénitence, ce qui s'étend du proslernement , et
de l'expulsion de l'église dans certains cas. Martin de
(1) Ch. 2 de la première partie.
W9
niSTOlRE Di:S SACREMENTS.
530
. i
Bra-'iic dans sa compihUidn dt-s canons quM lire on
gVMv\o. jtartic des conciles Icmiis en Orinil, uc l'.iit
juiint une slalion particulièn: de /V(iu///;o« , (in;>i(|ir,l
cite des canons <|ni conliennenl celle disposilion , il
Jes acconunode aux usages nçus dans le pays où il
vivait. Cepinilanl il n"esl pus aisé de se pi;rsuailer (jne
celle peine n'ait point clé employée contre les pé-
dicuis dansqiiehpies endroits de l'Occid' ni, où les
canons de Nicée, d'Ancyre, el antres, cpii font de
r;indilion une slalion particulière de la pénitence ca-
jioni(pic, étaient irès-coninis el révérés.
iNous avons déjà reinar(]ué <iu'on n'iinp(isait pas les
mains aux pénitents des deux premières classes; mais
cela doit s'ciUendre de cette imposition ipii se Taisait
tous les jours d'assemblée, avant la messe des fidèles,
car on les leur inipi sait en recevant la l'énilencc,
mais une lois seuleinenl. On ne voit pas mcnu! qu'il y
eut de cérémonies particnlères pour faire p.isst^r un
pénilenl d'im degré inférieur à un supérieur. Quand
le lemps d'une slalion était achevée on passait à l'au-
Ire , à nmins que celui qui y était n'eût mérité , par sa
négligence ou (piehprantre chose, que l'on prolongeât
le temps. 11 est à propos de (aire n-maitpier, outre
tout ce que nous avons dil des deux |)remièics stations
de la péuilence, que. suivant toutes les api»arenccs,
ce n'était pas dans celles-ci (pie l'on inescrivait aux pé-
ciieurs les exercices lahoriiMix attachés à l'élal des |ié-
nilcnls, connue <le jeûner, de coucher sur la dare, etc.
la plupart les pratiquaient d'eux mêmes dans ces pre-
mières classes , mais je ne trouve nulle part, dil le
Père Morin, qu'ds fussent commandés. Tout cela élail
réservé pour la troisième slalion , dans laquelle se
faisait proprement la pénitence expiatoire cl salislac-
loire. Les deux premières stations étant comme des
préparations à la troisième , el connue une humilia-
lion qui disposait les pécheurs à se soumettre à loul
ce qui leur serait pri'scril. Dans la première on les
séparait du reste des lidèles comme des gens infectés,
et capables de porter la contagion dans lÉsilis.;. Dans
la seconde , on les renvoyait pour apprendre les pie-
miers éléments de la religion et de la doctrine cîiré-
lienne, dans les in:>lriulioris qu'on faisait à l'église,
et les lectures (pi'on leur ptMincltait d'y venir écouter.
Et ils étaient censés les ignon.-r, puisqu'ils avaient eu
si peu de soin d'y rendre leur vie conforme.
CHAPITRE IV.
J)e la troisième classe cli-s péiiilents; fiucllc place ils
occitpuiciU dans l\''(jli$e. Comte digression à ce sujet
sur les pupitres ou aniboiis. Quelles peines étaient ini~
posées à < es pénitents. De rimposilion des mains , et
de la prière que l'on faisait sur eux dans les assem-
blées ordinaires <te riùjlise.
Celle slati(»n, dite le prosternemeni, était la princi-
pale de tontes, la plus longue cl la |ili;s lal)orieuS(? ,
<; était là proprement où s'expiaient les crimes par des
peines inqiosées par l'autorité el av( c la bénédiction
de l'Église; peiiies-cpii avaient par ce moyen une vertu
parlicMlière pour expier les péchés et purifier les
âmes; elle était même appelée pniitence simplement,
connue en élanl la pailie cssenlielle el principale.
S. I-îasile, d.iiis son 2:2' cano i , niarqiiani les peines
dn:'s poiM' le péché de simple fornication, dil que la
pénili'nce sera de quatre ans, qui seront di^lribués
de cette soi le. La première année, ils seront cjclus des
prières, el pleureront aux portes de l'église : la seconde,
on les recevra parmi les auditeurs. La troisième, ils se-
ront admis a la pi:.mti:.\civ , ô-yOrt.y.i si,- ixt-.v.>o<.v.> , etc.,
il parle ensuite de la consistance. C'est dans ce même
esprit que les anleiirs Latins, lorsqu'ils font mention
de celle slalion, l'appeileiil simplemenl pénitence, ou
se servent de quelques |!érip!irases qui piésentcnl la
même idée. Plusieurs d'enire eux, s'ils oui à traduire
le même ternie û^oTawit,- dont les Gn;cs se servent
pour désigner celle slalion, le rendent de même L'aii-
It'ur de l'ancienne version des canons traduit le \ l*
de Nicée, sept:m annis inter pœnitentes sint, el Félix III,
inlerpiélanl les nièmes paroles , les rend eu celte
sorle. Septem annis suljaceanl inter pœnitentes sub
iiUDiibus saccrdutnm. « Qu'ils soient prosternés sept ans
a entre les pénitents sous la main des prêtres. » Les pé-
iiilenls, comme nous avons remar(p;é il n'y a qu'un
moment, demeuraient ordinairemenl plus long-leinps
dans celle classe que les autres ; on le voit clairement
dans les canons 5G' el îiT" de S. Basile. Dans le pre-
mier de vingt ans de pénitence qu'il prescril pour
Phomicitle volontaire, il en desiino sepl p.niir celle
slalion ; el dans le suivant , de dix ans de |)énilence
auxquels il condamne les homicides involontaires , il
vent (|u'ils en passent quatre dans la classe des pros-
ternés.
Le lieu destiné pour celle slalion élail l'espace qui
se trouvait depuis la porte de la hasiliipit' jiiscpi'à l'ain-
hon ou pnpiire. Le canon attribué à S. Grégoire
Thaumaturge , nous rend un témoignage anlheiitiquc
de cet usage , aussi bien que Jean , abbé de Rayle ,
Zonareel Ralzamon, sur leon/.ièmeel le douzième ca-
non de Nicée, el sur le (luairième el cinquième d'Aii-
cyre,et plusieurs aulresanciens, cmmne llaiinenopolus
el Gabriel de Phi adeliihie. Les autours modernes les
plus habiles, connue le P. Morin, M. Merbes , le car-
dinal lîoiia , M. S ■helstrate sous-bibliolhécaire du
Vatican , le P. Alexandre, assurent la même chose.
Leuis paroles sur ce sujet sont rapporlées par M.
Thiers (1), à qui nous sommes rediîvables de beau-
coup de recherches curieuses sur les antiquités ecclé-
siasli(pics.
Sur ce pied-là, il me paraît que M- de Fleury, dans
la description des anciennes églises , que nous avons
rapportée dans le premier chapitre de cette parlée,
recule un peu Inp vers l'anlel , l'ambon, pupitre , ou
jubé (car tous ces ternies sont synonymes), «pril h; met
Inqi avant dans l'église en le juignant au chœur ou
chaiicel, qui était une baluslrade qui terminait le
chœur. C'est la seule chose qui soii à réformer dans
le plan des anciennes églises , que ce savant houme
{ 1 ) Dissertation sur les jubés, chap. 2.
1521
PÉNITENCE. — SECT. III. PART. II. C'.IAP. lY. PIlOSTERNEMENT.
522
nous a donné dans son livre des Miviiis des cliréiieiis,
et que nous avons mis sons les ycnx des Iccleurs, afin
qu'ils cnlrassenl plus aisénienl dans l'inlclligence des
choses (|iie nmis avions à dire. Nous y avons Ironvé
jusqu'à préseul les places deslinécs à cliacun des de-
grés de la pénilenee; mais suivant son système nous
serions fort embarrassés de m;in|uer (|uclle élall celle
que devaient occu|)er les |M(isliTiiés. (iar si Tamlior)
terminait le choeur, connue; il rinsinue (s'étant (uriné
sans doute so/i idée sur la plupart de ce (pii nous
reste aujourd'hui d'anciennes églises, où la chose est
sur ce pied-la), où se seraient mis les fidèles , si les
pénitents, les catéchumènes cl les éncrguuiènes de-
vaient occuper la place depuis l'enlrée de la ha-ilique
jusfpi'à rr.mbon ? puisqu'il n'élail pas permis aux sim-
ples lideles de passer au-delà deschanceU, cl de pren
dre place dans le chœur, (pu était destiné piun* les
chantres et les clercs inlerieurs , et qui dans les pre-
miers temps ne devait pas èiie dime grande éten-
due : la |)liq)arl des clercs étant occupés en dillérenl-.
endroits de l'église, chacun an poste (pii hd convenait,
et répandus dans l'asscndilée pour y l'aire observer
l'ordre et la bienséance cmiveiiaide. Il fallait dfinc tpie
celle tribune où se lisaient les saintes Éerilnres, où
l'on chaulait les psaumes, où l'évèque prêchait même
quehpicfois , connue il est rappculé de S. Jean Chry-
sostôme, où se faisaient tant d'autres fondions d.nl
M. Thiers iious instruit dans sa dissertation, l'ùl plus
à portée du peuple, et plus avancée vers l'entrée de
l'église, et (pie le peuple lidèle occupât l'espace qui se
trouvait depuis l'cidroil où elle était placé;-, jusqu'aux
chancels , an delà descpiels il ne lui était pas permis
d'avancer.
Aussi Irouvons-nous que la chose élait telle parce
qui nous re-tc des monnmenls de l'anticpiilé (1), et
ce que nous voyons dai'.s les plus anciennes églises
qui subsisleiil encore à présent. Le cardinal Iîai)soiii,
qui avail élcchanoi.ie de Latraii, rapporte qu'il y avait
autrefois deux jubés de marbres dans le milieu de celle
église patriarchale, pioche del'eiulroit ouest mainte-
nant le tombeau du pape Mariin V. L»; jubé de Sainl-
Pancrace de Uonie esl du coté de l'évangile, dans la iieT;
celui de S.dnl-Aïubroise de Milan, (pii est 1 1 principale
église après la cathédrale, est du côté do ré|>ilre. Celui
de Saint-Sauveur de Kaveiineest du même côté, comme
je l'apprends du voyage manuscrit d'Ilalie de M. Chà
telain (ce sont les parole^ de M. Thiers), (pu dit : Je
vis l'éj^lise mélropolilaine de Saint-Sauveur.. .. la
cliairo qui est entre deux colonnes , dans la nef à
droile , esl d'un fort beau marbre pâle avec un esca-
lier droit de chacpie ccilé... elle avait élé laite pour m
jubé, et l'évangile s'y chante encore en certains jours.
11 est cons:anl d'ailleurs (pie le jubé de Sainle-Sophie
de Conslantiuople, qui a été le pins magnirniuc de tous
les jubés , était au milieu de l'église , vis-à-vis la
grande poi le du sancliiaire. Paul-le Silenliaire , (|ui
vivait du temps de l'empereur Juslinien qm fit bàlir
(1) M. Thiers Dissertation sur le*> jubés , cliop. -2. |
TH. XX.
celle superbe église, en rend un fidèle lémoignngo. cl
M. Ducange, (pii le rapporte, remarque qu'il élaii éloi-
gné de quelque es[>ace de celle port •, et qu'il ne lia-
ver>ait pas, comme la plupart de ceux (|ui nous res-
tent aujourd'hui , toute la face du chœur. Les Grecs
encore à présent , suivaiit le I'. Goard, missiiinnaire
apostoli(pie, ont leurs jubés au niilieudc leurs églises.
Soit vis-à-vis de l'autel principal, soil adroite , sou à
gauche. Que conclurons- nous de tout ce (pu vient d'(i-
tre dit de la situation des jubé->? Nous en concluions
deux chost's seulement : la première, qu'ils élaient
autrefois à pou prés au milie i de la nef, soil (jiril y
en eut deux, un de chaiine ((ilé, soit (pi'il n'y eu ( ùt
qu'un, cl que cet uiii(pie jubé fût an milieu de l'é-
glise, \is-à-vis de la pri; cipale pille du sancinaire,
soit qu'il lût à im des C(")lés du seplenlrion on du midi,
ce qui étant une fois établi, il nei^eia pas dillici e de
trouver dans les églises la plaie d(;s pénitents cl de la
dislingner de celle (pi'oecu; ait h; resle des lidèbs.
Tout ce (pii nous resle de inommients sur le sujet dont
il s'.gil , iKtns rendant lémoignage (pie les pénitents
é:ai:.'iit reh'gué- au fond de l'église, et (pi'ils ne pou-
vaient dépasser rambun , d'où il s'ensiiil que h- le^lc
du peuple s'élendait depuis le jubé jusepi'aux chan-
cels.
Les pénitents n'y élaient pas seuls, et même, dans
les premiers siècles où les crimes élaient rares el les
candidats qui aspiraient après la grâce du baj)!è:ne
élaienl nombreux , on peut dire (pi'il-, ne faisaieii (|tie
la moindre partie de ceux à qui celle place était des-
tinée. Lescaléchiimènes l'emportanl sans do'it.' beau •
coup en nombre sur les pénitenis, d'autant jibis nue
I dans ce temps, presque tous ne recevaient le iîapièmn
'■ qn elaiil adiilles, même ceux qui elaienl nés de parents
i chrétiens, comme on le voit par S. .\mbroiso, S. Gré-
)ire de Nazianze, l'empereur i béodose cl un* infi-
niié d'autres dont on pourrait rapporter les exemples.
C'est pour cela (pi'on appelait messe des catéchu-
mènes pliil()t que des pénitents, celle p.arlie d(! la
messe qui précédait l'oblalion ou l'ofTertoiie, mais
siiiloul celle (pii suivait les leçons des saintes Éeri-
lnres el les instriiclioiis des prél.ils, d ms hKjnelle
1 Eglise faisait diverses prières el génuflexions pour
implorer le secours de Dieu, el obtenir ses grâces
' pour les gens de tout état et en parliculier pour ceux
qui lui apjiarlennienl comme !-cs iiiend)res. Il étai!;
permis aux caléehiimèiies el aux pénilenisde prendre.
pari à ces prières, après (pioi on les mettait dediors ,
comme on y a\ail mis auparavant les and. leurs ; et
non seiilemeiiliuj les chassait de l'é^dise avant que la
messe des (idèles connnençàt , mais en plusieurs e:i-
droils on en chassait encore Icséxergnmiiici , par où
on entendait tous ceux sur qui le démon exeivail vi-
siblement sa puissance, soitcontiniKlIemenl, soil par
iiilervalles. Car, connue dit .M. Thiers, dans son livre
de lExpositiou du Sainl-Sacrement, loni. 1, c. lô : On
noniinait énergiimciics ceux sur lesfiucls le démon avait
quelque puissance et quelque autorité , en quelque ma-
nière que ce frit. Ainsi ceux qui élaienl obsédés, ceux qui
\7
m IIISTOIRK DES SACULMENTS
i'iaient travaillés de terreurs paniques , ceux qui étaient
tourmentés de vaines illusions, et généralement tous ceux
qui s'abandonnaient à l'impétuosité et à la fureur de
■ leurs passions , s'appeluient é.neugumènes dans le lan-
tjage de S. Denis et de quelques autres anciens au-
teurs.
tous ces gens-là étaient donc mis hors de l'église
(|!iand on était sur le point de oonunencer la mft>se
».!es fidèles. Etant sortis, on fermait les portes, et alors
(Ml réoilaii on on ciianiiiit dans la plupart des églises
le Syml)()I(; de la foi , qui éiail comme le signal et le
mot du guet qui réunissait entre eux les fidèles, et
dont on ne domiait point connaissance aux calécliu-
mèncs, avec qui les pénitents et les énergumènes
avaient élé chasses. Si on ne récitait poiat le Sym-
bole de la lui, la messe conmiençail par l'oblalioii des
dons que ceux (jui devaient communier porlaienl eux-
mêmes à l'autel , à laquelle a succédé noire oiïer-
toire. ISous poiirrions prouver ce (pie nous venons de
dire par une iniinilé de passages des Pères et de ca-
nons de conciles, mais ce serait prendre une peine in-
utile, n'y ay nt personne, que je ^:\che, parmi les au-
teurs, qui ait révixjué en doute ce que nous disons. Je
iiu! contenterai doue de quelques autorités cIioisi(.'S.
S. Auibroise dans sa lettre oô" nous inslruil de cet
usage par ce peu de mots qu'il dit comme en passant :
Le jour suivant, c était un dimanche, ctprcs les leçons et
iexhortalion, ayant renvoijc les catéchumènes, je donnuis
le mjmhole à quelques compétents dans le baplidcre. Le
concile d'Epaune, eau. 29 , confirme ce (pii avait été
ré^ié dans celui d'Adge en ces termes : Nous imposons
(;iii\ fidèles qui étaient tombés dans l'Iiérésic) une pé-
nitence de deux ans, avec la condition ci- dessous mar-
quée... qu'ils riient soin de se tenir dans la pluce des
pénitents, et qu'ils y prient avec humilité, et que lors-
qu'on les avertit, ils aient à sortir avec les catéchumènes.
S. Grégoire de Tours (1) nous apprend avec quelle vi- j
gaeur les saints évèques maintenaient celle discipline i ainsi que les anciens appelaient le saint sarri(iec);
524
ordonna aussitôt que tous ceux qui avaient élé condamnés
par l'évèque eussent à sortir. Ce qui étant fait, le saint
évèquc délivra le possédé en faisant le signe de la croix
sous son habit, pour n'être point aperçu et éviter la vaine
gloire... Depuis ce temps le roi devint plus traitable.
S. Grégoire de Tours, après avoir raconté ce fait,
ajoute une chose singulière touchant S. Nicet,que]
n«us mettrons ici , quoi(|u'elle ne ftvsse rien pour le'
sujet présent. Tous Us jours ce saint pontife prê-
chait le peuple, découvrant tes crimes d'un chacun, et
priant sans cesse pour la rémission de ceux qui les avaient
confessés. < Denudans crimina singnlorum, et pro remis-
i sionedeprecans assidue confitentium. » Toutes ces pa-
roles sont remarf|uables : je laisse au lecteur instruit
à y faire ses réflexions.
La pratique dont nous parlons paraît encore maiii-
fesiement dans ce que rapporte S. Grégoire-lc-Grand
de deux religieuses que S. Benoît avait excommu-
niées, et qui étant mortes en cet état avaient été en-
terrées dans l'église. Savoir, que quand les saints mys-
tères se célébraient dans cette église, et que suivant la
coutume le diacre disait à haute voix : Si quelqu'un ne
communie pas, qu'il quitte la place; leur nourrice qui
avait coutume de faire l'oblation pour elhs, lea voyait
se lever de leur tombeau, et sortir de l'église. On voit
dans cette histoire, (pii est rapportée dans le deuxième
dialogue du S. Pape, c. 25, (pie le diacre fiisait ccîliî
dénonciation solennelle avant la messe des fidèles,
afin que ceux à qui la communion était interdite se
retirassent.
11 est clair par tout ce que nous avons dit dans ce
chapitre, que les pénitents de la troisième classe,
outre les jeûnes et les austérités qui étaient enjoints
à chacun, suivant la grandeur de ses péchés, étaient
privés par l'autorité de lÉglise de deux grands biens.
Premièrement des prières eucharistiques, ou de l'as-
sislancc à la célébration des mystères lerri!)les (c'est
dans le sixième siècle. Le roi r/ieo(/orîc (c'est le premier
de ce nom, le fils aîné de Clovis) étant mort, et son fds
Théodebert lui ayant succédé, et faisant plusieurs choses
contre la justice, ou souffrant que l'on en fit, S. Nicet,
évèquc de Trêves, l'en reprenait souvent : un jour de di-
manche, le roi étant entré dans l'église avec ceux que le
naint évêque avait privés de la communion ; les leçons que
l'ancien canon prescrit étant lues , et les dons étant of- I
feris sur l'autel , l'év-que dit : La messe ne sera point
célébrée ici aujourd'hui, à moins que ceux qui sont privés
de la communion ne se rcùrent auparavant. Le roi fai-
sant difiicullé do sortir, un honinic fut saisi tout d'un
coup du dé.noii, dil n.lrc historien , et fit de grands
reproches au roi de ce qu'il n'acquiesçait pas aux
ordres du sainl évèquc. Le roi en fut épouvanté, et de-
manda qu'on chassât cet énergumî ne de l'église ; l'é-
vèque lui répondit : Que ces incestueux, ces homicides,
ces udulières qui vous ont suivi dans ce lieu en soient
chassés , et alors Dieu fera taire ce démoniaque : le roi
(4j lu Yuâ Palrum, c M.
secondement de la participation à ce divin sacremeni;
ce qui leur était commun avec la drrnière classe des
pénitents, comme nous le verrons bitMitôt. Mais ceux-
ci avaient l'avantage d"y être présents, ce qui ne s'ac-
cordait pas aux prosternés, qui étaient ain-i nommés
parce que dans les assembléi's des fidèles l'évèque
leur imposait les mains tandis (pi'ils étaient à genoux
ou |>rosiernés, cérémonie qui sepratiiiuait iniméiliale-
mcnt avant qu'on les mil hors de l'église.
Le canon onzième du 5' concile de Tolède, (pie
nous avons cité ci-dessus , est une preuve de ce
([ue nous disons : Faciat intcr aHos pœnitcntes ad wa-
nûs imposiiionem crebr'o recurrere. Le passage du pape
Félix m , qui est allégué dans le chapitre précédent,
nous apprend aussi la même chose, au si bien que le
concile de Cartliage, i\m ordonne dans son canon 80*
que l'on impose les mains aux pénitents pendant tout
le temps du jeûne. Omni temporejejunii manus pœni-
tentibus à sacerdotibus imponatur. Ce concile veut
même que durant les jours de réjouissance pour l'E-
«lise. comme le temps p:^8cal , dans l<ï*inei on ne ïl<i-
525 PÉNITENCE. — SECT. III. PART. 11. CllAl». V. PKOSTEiiNEMENT. 52o
chls&ait jnmais les genoux à Péglise, les pénilenls les T clioigiis do ce soin, comme nous .aurons lieu de le
flécliissenl : siins douie pour recevoir l'iuiposilion do l';iirc voir d.ins la suite de cel ouvr.'ige. Mais quoique
la main des prêtres. Ce que nous trouvons dans le
canon 8:2', pœnitentes et'iain diebus rcntisiionis gcnna
fleclanl.
Colle imposition des mains n'élait point ime simple
cérémonie muclle : elle ciail acc(im])agnée de di-
verses prières que l'évêque, le clergé et le peuple fai-
saient Sîir les péniieiits. C'est ce que nous apprenons j
du concile de Laodicée, (|ui conlirmc d'aiilotns une \
bonne partie de ce que nous avons écrit dans ce dia
révoque sereposât principalement sur la vigilance de
i'arcliidiacre Cii ce point, quand dans la suite les gons
do la campagne curent eml)iassc le «luislianisnie, les
doyens riuaux et les arclii[!rètres partagèrent ce soin
avoc IfS archidiacres qui ne pouvaient être partout,
surtout dans ces grands diocèses de Franco et d'Alle-
magiie, (jui avaiont trop d elondue pour qu'une seule
p rsonno l'.ùt suffire à tout.
Avant de finir ceciiapitre, il faut dire un mot
pitre et les précédents, en ces termes : llfaul praniè- , de ce en quoi los anciens faisaient consister la péui-
remenl, après les instructions des évèques, faire à pari , i lence. Pour cela nous mellrons ici sous les yeux du
roraison des caléchumènes, et après (juils seront sorlis, ) lecteur ce pende paroles de S. Basile (can. 3):
// fiiul faire celle des pénitents, et ensuite ceux-ci ayant |j Celui qui pour les plaisirs de la chair a méprisé la grâce ,
reçu riniposition des uviins et s'étant retirés, il faudra jj nous donnera une preuve complète du soin </«'// a de
faire celle des fidèles, la première en silence, les deux i $1 gucrison en affligeant et domptant sa chair, en sassu-
aulres de vive voix, après quoi on se donnera la paix, et l jélissanl à toute so^te de travaux pénibles, ei en rcnon-
on fera ainsi la sainte oblalion. On peut envisager f çant aux plaisirs dont il s'était rendu esclave. l(n\U"s ces
comme un commentaire de ces paroles ce qui est rap- |' paroles portent. On y voit que dans l'idée de ces saints
porté dans les constitutions de S. Clément (1. 8, c.5, |i évêqncs, la pénitence n'était point un état do simple
6,7 et les suivants), dans lesquels est représenté || spéculation , mais d'actions cl d'œuvros qui lendaiont
l'ordre des assemblées ecclésiastiques, loi qu'il était, | à abattre le corps, et à bumilier l'esprit. C'o.-i dans
au moins depuis le quatrième siècle. On y voit qu'a- | ce même sens que S. Jean Climaque déiinit la péni-
près la lecture des apôtres et des prophètes, et
l'exhortation de Tévéque, un diacre disait à haute voix
d'un lieu élevé, que les auditeurs et les infidèles se
retirassent. Ceux-ci étant sortis, et l'oraison faite sur
les catéchumènes, on en venait aux énergiimcnes,
après avoir prié pour eux, leur avoir fait des exor-
cismes et les avoir congédiés. Le diacre (ce sont les pa-
roles de celte liturgie) disait: Priez avec attention, vous
qui êtes en pénitence. Faisons des prières pour ceux qui
sont en pénitence, afin que le Dieu de miséricorde leur
montre la voie qu'ils doivent suivre dans cet état, qu'il
agrée leur repentir et leur confession, qu'il brise Satan
sous leurs pieds, qu'il les délivre des embûches du diable
et de ses attaques, qu'il ne permette pas qu'ils pèchent ni
par leurs discours, ni par pensées,m par actions, clc...
Prions encore Dieu pour eux avec plus de ferveur..., afin
que s'éloignant de toute mauvaise action, ils s^ippliqucnt
à toute bonne œuvre, etc... Disons encore pour eux:
Kyrie oleyson, sauvez-les. Seigneur, etc. Vous qui êtes
ressuscité à Dieu par Jésus-Christ, baissez la tête et re
cevez la bénédiction. Que récéque fasse donc roraison
en celte sorte. Suit roraison dont le titre porte : Impo-
sition de la main , et prière pour ceux qui sont en
pénitence. L'oraison finie le diacre ajoute : t Sortez,
i t'oiM qui êtes en péni!ence ; que les autres restent et
< que tous les fidèles fléchissent tes genoux, > etc. Voilà
en peu de mois comment à peu près cela se passait
dans toule l'Église, tant en Orient quVn Occident,
dans les sept premiers siècles de l'Église, à l'égard des
pénilenls de cette troisième station. A «juoi on peut
ajouter qu'en Orient révoque préposait un prêtre [>our
veiller sur les mœurs et la conduite dos pénilenls, ei
s'informer s'ils s'acquittaient comme ils devaienl des
exercices laborieux de cette partie delà pénitence. En
: tence : Un perpétuel et continuel refus de toute conso-
j solatiun que l'on se fait à soi-même , une souff; ance
I volontaire de tout ce qui afflige. Le pénitent, ajoule-t il ,
\ invente contre lui-même df;s tourments ; il refuse sévè-
I remerU à son ventre les aliments, et sen prend sanscesst
; lui-même. Sozomène (I. 7, c. IG) onlre dans quelque
I détail sur les diverses espèces de mortiiicaiions dont
les pécheurs se punissaient eux-mêmes par ranlorité
des pasteurs, loi squ'il dit : Chacun en purliculier de
sa propre volonté s afflige ; ou par des jeûnes, ou en
s'abslenanl de la nourriture, du pain et des autres
choses qu'on lui a prescrites, et attend ainsi le temps
qui lui a été marqué par l'évêque , lequel étant expiré ,
il eht, après avoir acquité cette esprce de dette, absous
et réuni au reste du peuple dans l'église.
CHAPITRE V.
De ta quatrième et derni.'re station de ta pénitence , en
quoi elle consistait. Qui étaient ceux à qui elle coh-
venaii. Eta'ient-'ih mêlés indislinctement avec le reste
des fidèles dans Véglise.
Cette classe de la pénitence , que nous nommons
consistance, terme qui rénond au mot grec <TÙJT«»tî ,
est ai. isi appelée, non que cen.t qui y étaient fussent
obligés de se tenir debout dans l'éijlise , comme le
terme consi slentia semh\c\ç marquer, mais pane qu'il»
avaient l'avantage d'être nuis avec le reste dos lidèiei
pondant la célébration du saint sacrifice. Elle était,
connue nous avons vu , la plus ancieinie des stations,
avec la troisième dont nous venons de paritr, et
nous en avons donné des preuves suriisantcs dans le
d.uxiéme chapitre de la première partie de cetla
section, dans laquelle nous avons examiné qu'elles
étaient les espèces de la pénitence avant la On du
Ckciâent, r'éiaifnt surtout les arrhidiacrp? qni (liaient [ i troi-'^ièinr- nièrl». C^ux <ini ^tai<M)t dan* ce fi»«^rs
82^
HISTOIRE DES SACREMENTS.
m
avaient droit d'assister au sacrifice de nos autels, mais
ils n'av;iieni pciinl celui d'y |iarlici|ier , mm (>liis (|iie
celui d'offrir leurs dons à raiilcl , *•'. leurs noms n'y
étaient point récités, comme ceux des amrcs f:dcl(^s
qui avaient odcrl les dons, et qui devaient participer
:uix sainls niVï^lères , en mangeant la chair de TA- i
I
gneau. Lavanlage qu'ils avaient au-dessus des pros-
ternés, était <le prendre part à toutes les prières de ;
rEgli>e généialeinent et sans exceptidi». C*e>t ce (pic
monlrenl les périphrases dont ^e servaient les anciens,
j)Our e.\i»rinicr eeltc dernière peine que l'on inlli-
geailnux pécheurs. Après avoir parcouru la péiiihle
carrière de la pénlieiice canonique , ou les icnail en-
core qucjipje temps dans celle .><talii:n pour les éprou-
\cr, et s'assurer de leur coiiversion. On craignait, ce
qui n'arrive que trop souvent, qu'après les violents
efforts qu'ils s'étaient faits, pour soutenir les rudes
travaux aux(picls ils avaient été condauniés, i's ne se
relâchassent tout dun coup, ei ne reprissent une vie
molle et pro|)re à les faire rentrer dans celle «|u"ils
avaient nienée avant quMs eussent fait pénitence.
La manière dont les Pères et les conciles parlent
de ce degré delà lénitcnce, fait connaître ce «jue
nous venons de dire des peines et des avantages cpii
y étaient attachés. Le concile de Nicée, c. 2, |)ail;tn(
de certains péc!:é-i, dit : Ayant achevé le temps de
i>'audition , Us auront jnsteinenl part aux prières, £l'/.w;
TM^ixixSij y.otvc.v/>5V5i. Le Concile d'Aueyre, plus ancien
que celui de Nicée, c. i, pnrlc : Fs vus avons jugé qu'il
suit parmi les auditeurs «n an , prosterné trois ans,
qu'il ait part aux prières deux ans, et qu'ensuite il ap-
proche de ce qui est parfait, et ( lune ad id quod perfe-
ctumcst accedere). Par cette ccnuuiinication de prières,
ces conciles entendent celles qui accompagnaient la
célébration du saint sacrifice, dont les pén.tents des
trois autres classes étaient absolument exclus, comme
nous avons vu. Voilà l'avantage que ces ; énitents
avaient au-dessus des autres, par rapport à celte es-
pèce d'excommunication , qui était inséparable au-
trefois de la[)énllence canonique.
Les mêmes conciles ne désignent pas moins claire-
ment la peine qui restaitencore à soidlVir en cei étal.
Le concile de Nicée en fait mention en ces termes ,
dans le canon onzième : Ii.s sekom deux ans sans
FAiRU l'oblation , participants aux prières avec le peu-
ple. Et celui d'Ancyre , c. 5 : Après qu \ls airo.nt
ÉTÉ DEUX ans PROSTERNÉS, (/m'»7s communient la troisième
année sans oblalion ; il avait dit un peu auparavant :
S'ils ont rempli les trois ans de prostration , qtCils
soient reçus sons oblalion , x^pU tt^wtj-o,;*; Zf/Orr-w^ei.'.
Pour bien entendre ceci , il faut rcniari|iier (jue
c'était autrefois la coutume, (jue tous ceu\ (pii assis-
taient au saint saei ifice , tant clercs que lai(iucs ,
offrissent leins présents à Tanlel , et que rolfcrtoiie
ctail une des principales parties de la nu'ssc. Pen-
dant que ces dons s'olfraienl de la sorte , l'on chau-
lait des psaumes ; desquels il nous reste encore un
verset, qui n retenu le nom A' Offertoire, quoi(|ue le
deuple n'offre plus rien , excepté dans les églises de
la canipa-ne , dans lesquelles coite pieuse cérémonie
e'esl mieux (Oii>ervce que dans celés des viles.
1/olIcrluire élan: lini , cl les dons rcçns, un C.isait
l'olilalion de ceux qui dexaienl être consaciés et (pii
étaient pour i'ordin ire; du pain et du vin. Celle
coiUnnie a éé religieusement observé»; dai:s l'église
d'Occident, petidaia l'espace de douze ce:«ts ans; nous
la voy(msl)icn ina:(|uée dans la vie de S. Ambroise,
par le diacre I aulin , (|ui r ipp:)rle (|iie ce saint ar-
chv-vèiiue ne vi idnt point reccv((ii- les dons de lem-
pereiu", qu >i jue se-; ofàeiers (|ui raccompignaient
Il émissent d'ind gnaio;i , quia muv.era imjjcrutoris,
qui se sacrileg'o coinniiscueral, rccipcre noluit. S. Gré-
go re de Naz!an/.e , dans l'tnais «n funèbre de S. Ba-
sile, dit ans.-.i que loisipie l'cnipeieur Valeiis voiil it
offrir à laiitd le pain (pi'il avait fait lui-même de ses
propres mains, ceux du clergé m; voninreiit | oint le
recevoir, sans en avoir obtenu la pcrniiss v.n du saint
prélat.
C'é ail donc un privilège des litleles qui c'aicnl en
|)leineeomuiiiuion avec leurs fr.res d'oUVir leur- dons
à l'autel, et que ces duis ne fussent p;)iiil lejetés;
d'autant plus que ceux de qui on ne retevait pas ces
I rèseius, dont on se servait pour la consécration du
Cl rps cl du sa'g de Jésus Christ, étaient privés du
droit d'y partie iper. Aussi ces termes, comniuiiitiUer
aux pri(re:i sans oblalion, cl ne pas communiquer an
corps et au sawj du Stiureur, soiil-ils é |nivaleiils chez
les Pèies. D'où vient que le concile d'Elvire ordonne
aux évèiiucs de ne point recevoir les présents de ceux
ipii ne communient pas. Kpiscopis pluruii ab eo qui
non co)nmunicat, muncra accipere non debere.
Lu autre avantage dont étaient privés Icsco/i.s/stoji's,
est qu'on n'offrait p linl leurs noms à l'autel, pour me
servir des termes de S. Cyprieu, nondiim offertur
nomen eorum, c'esl-à (lire qu'on ne faisait point mé-
moire d'eux (hîiis faclion du ^aint sacrifice ; (jn'oii n'y
récitait point leurs noms, et ([n'oii ne rollrait point
pour eux en particulier; privilège réservé à ceux (jui
avaient droit de faire leur offnmde à fantel, et de par-
ticiper à Ihostie (jui y éiait immolée. S. Cyprieu nous
rend témoignage de celle discipline dans sa dixième
lettre, dans la(|i!eile il se plaint de quelques piètres,
((ui avaient admis à la c immunion ceux ipii étaient
tombés dnraiil la persécution, et offert leurs i.oiiis à
l'autel. Nondum ad cotnmnnioncm admilinnlur,
et offertur nomen eorum, etc. C'était donc nu pié.dalile
d'èl!*' reçu à la coinuiuirum, [loiir (pie le nom lui of-
fert à raiitel. Cet avaiilage était si considérable , ipio
l'emp. r ur Tliéodose, après la s nglante I ataille où le
tyran Kn^viie fut liéiait, écrivit i\ S. Ambroise pour
le prier d'en readro grâces à Dieu en s')n nom, et de
fane mémoire pailiiulière de lui dans le saint sacii-
lice. A (pioi ce saint p éiat ne mainpia jias. Mais il
faut rapporter 'es pr(q)res p roi. -s du saint, i;ui nous
api.rennent la manière siiignlièie dmil il le fil. Vous
avez cru (il parle à T. éodes ■) , que je devais rendre
qrùces à Dieu pour les victoires que vous avez rempor-
tées. Je le ferai volontiers , comimst^U combien voui le
529 PÉXITENCE. — SECT. III. PAUT.
méritez. Il est cerltiin que l'hostie que l'on offre au Sei-
gneur en voire nom lui est lujr, uble, « ccrtum est p!ut ilmn
i Deu esse Iwsiiiiw . qiœ vistro offertur uonnuc... » Je
vous écris donc ce que j'ai fiiil , vioi qui suis indique de
(elles fondions, cl de rendre dr si ijnmds vœux. J'ui porté
avec uioi à ruulel lu Iritre que votre pié'.é m'a écrite, je
l'ui mise diSsus , je lui h nue en ma main peudunt que
i' offrais le sierifue, nfm que votre foi parlât par ma voix,
et que l'S lellrrs de Cempereur linsscui lieu de CMalion
sneei dotale. On léciin l missi les iidins dos nioris au
sailli >,;itri(ice , cl S. Cyprien priva ilc rcl avaiilage un
liomine, f|ni. malgré les licfoiihes dos évèfincs ses pié-
dc( essciii's, ;iv;iii ; oiimié pour Inleiirde ses e::finls un
do ceux r[ui coinposaienl lo cicrjic de TEglse : Car,
dil il, celui là ne mérite pas d'être nommé à l'autel de
D'uu dans lu priè.e du prêtre, qui a voulu distraire du
yninislère de l'autel Ls prêtres et les ministres de l'aut. l.
Voyez la iolire s()ixallle-^i^iènlc.
Oiilrc ceiiN (pii av: ie .1 |tassé par tous les degrés in-
férieurs de la peu lenoeca:.oiiiine, el (|iii élaieiil ainsi
parvenus à celle dernière stalioM, on y relé^'iiail plu-
sieurs auires porsoiinos; ciilrc aiilrr s ceux ou celles
qui , pour leurs cri nos, anraionl mcrilé de passer
plusieurs années dans les stations ii.férieiiies , m is
qu'un jugeait à propos d'eu dispenser, de peur que col
étal d'une péiiilenco liumilianle el proprement dite,
ne fil iiaiire des son; çoiis (|ui les auraient ex[)Osés à
d exliènies périls. C'est d.ms cet esprit que S. IJ isile
(c. 54), comme nous l'avons dit ailliiirs, ne veut point
que les femmes mariées (|ui Se seront abaiidoaiices à
d'autres, s.iienl réduiles aux disses inlcrieiires de la
pétiileiice, cl iin'il les lait passer lonl d'un coup à la
coiisislance ; i|Uoi(|ue le même saint condan ne les
adultères en général à quinze ans de |éiiileiice, <pi'il
di.>>tribi:e propuiiionncllenieiit dans les quatre sImIIoiis.
On reléguait aussi parm les consisla;il> qui n'( t.tienl
point c»ui5idéiés ainsi rjiu; coiiiii:e pénileiiis ) r '| le
nient dits, ceux (pii n'avaioiil comn.is que des f iiles
légères, ou des péchés moi iris, mais qui n'élaient
point du noiiibie de ceux qui éiaienl soumis à la jié-
nilenee canoiiiiiiic : quand suil'uit ces f:inles ou ces
péchés faisaienl «piel!|He seanihile, el méritaient une
Correction piil)li(pie. Le premier concile d'Arles, cpii
n élé asseiiililé au commencemeni dn qualriéine siè-
cle, nous en fournil la preuve dans le canon onzième.
A l'égard des jeunes filles fidèles, y est il dit , qui se
marient avec des iufi. êtes, il tions a semblé bon qu'elles
s'abstinssent quelque temps de la coti.munion. Dans l'
canon suivant il e^l dil : Pour ce qui est des ministres
qui exercent l'usure , nous a ans jugé à propr.s , suivant
la forme que nous avons reçue de Dieu, iju'ils soient
séparés de la communion. S. Basile iiifli,:;e la même
pi'iue aux iille.squi ^c Sont mariées ni;ilgré leurs |>a-
renls, si eni'iiie 1 -s parents approuvent ce mariage.
Cesl ce qu'on peut voir dans sou canon "i8'. Voyez
aussi ce iy\s nous avons dil sur la même matière, c.
2, p. I, secl. 5.
QneKpiefois aussi on mellait au noml)re des ron-
si&iai.is seuieinent , ceux qui , aiieudu la qualité de
il.CHAl'. V. Ql.\TRIÈME STATION. 53«
' leurs péfliés, auraient mérité une pénitence beauroiip
pi !S rlg'H!l•eu^e, mais liiii avaient piévenu I. s accu-
s;itioii^ (|u'oii aurait pu former contie eux, en décou-
vrant eux-mêmes les plaies (pi'ils s'étaient faites, et
en manpiaiil i>;ir leurs l.irmes, et leur ferveur à eni-
I l)!asser les travaux de la pénilcnec, une gr.inde con-
\ trilion. Mous avons des exemples de celle pral;i|Uô
! dans S. Grégoire Tlianmrilnrge et dans S. Basile. Le
I premier, d;ins son canon neuvième, [larle en celle
! sorte : Si, étant ((ccusés, ils sont convaincus, qu'ilssoient
' comme les autres , au nombre d s proster.m:s Que s'ils
se sont accusés eux-mêmes, et qu'ils aient restitué, qu'ils
soient reçus à la prière. Le second , parlant aussi des
! voleurs, dil dans le canon soixante unième : Que si
I celui qui a volé , touché de repentir, découvre lui même
\ son péché, il sera l'espace d'un an interdit de la commu-
! nion. Mais s'il est convaincu, il sera deux ans en péni-
\ tence, une année prosterné , l'autre consistant : après
i quoi il sera digne de communier.
Outre lous ceux doi l nous venons de parler, le
pape Silice, dans son Épiire déciélale à Himerius, évo-
que de TariTigone, relègue encore au rang des consis-
lanis, pour le reste de leur vie, ceux qui, après avoir
aclievé la pénitence canoniiine, retournaient, contre l'u-
sage de ce lemps-Ià, aux emplois el aux divcrtisse-
meiis qui éiaienl inlerdits aux pénitent-, cl dont nous
aurons lifii de |iarlcr bienlôt. Ce passage esi célèbre,
el il faudra y revenir plus d'une fos • c'est ponniuoi
nous le rapporleions ici tout entier, sans entrer dans
les diflicnllés qu'il conlient, et que nous examinerons
dans l'occasion. Votre charité a cru avec raison devoir
consulter le S. 'Siège touchant ceux qui, agant fait pcni-
tence, retournent, comme des chiens el des pourceaux,
à leurs vomissements el à leurs ordures, s'engageant de
nouveau dans la milice, dans les plaisirs du théâtre, dans
les marii-qes el dans des commerces illicites ( et inhibilos
appelivére concnbilus ), dont l'incontinence est attestée
par la n(n.ss:tnce des enfants qu'ils ont pus dep'iis leur
absolution, et parce que la porte de la pénitence est fer-
mée à ces sortes de gens [de quibusquia j:mi suffugium
non habent prni'.endi ), nous avons ordonné (fu'ils .'oc-
raient seulement unis aux prières des fdèles dans l'église,
assistant à la célébration des saints mystères, quoiqu'ils
ne le méritent pas ; mais qu'ils soient séparés du banquet
de la table du Seigneur, afin qu'étant eu n,oins ainsi pu-
nis, ils se châtient eux mêmes peur leurs faulis, et qu'ils
apprennent aux autres par lei,r exemple, à ne point s'a-
bandonner à de sales plaisirs. Nous voulons cependant,
parce qu'ils sont tombés par la fragilité de ta chair,
qu'on leur donne le viatique à la mort par ta grâce de la
communion ; et nous croyons que l'on doit ol server la
même cliose à l'égard des femmes qui se sont souillées
par de semblables impuretés.
Il est a se de voir q'ie toutes les suites de li péni-
tence (pii influ lit aii-si dans la vie civile, eomme nous
le mo livrons hienlôl, ne regardaient inni au pins que
ceux ipii se In'uvaienl dans l'ordre des consist:inls,
après avoir p;issé par ions on par quel^pies-uns des
auues degrés, aussi bien qu'à l'égard de ceux dont
531 HISTOIRE DES SACREMENTS
parle le pape Sirice, et non ceux qui étaient dans celle
station pour des faules qui n'étaient point soumises à
la pénitence canoiii(pic, et qni n'étaient point consi-
dérés piopreineiit parlant toiniue pénitents dans le
style (les anciens. Les prêtres niénies, sans consul-
ter l'évèque, pouvaient condaumer à cette sorte de
peine.
Il nous reste à examiner quelle place occupaient
dans l'église les consistants. Cerlaincnicnt ils étaient
séparés des autres péuilenls, à qui il n'était pas per-
mis de passer au-delà de l'amljon ou jid)é, comme
nous avoiis vn; mais étaient-ils mêlés sans distinction
avec les antres fidèles ? Les anciens ne parlent point
jislinciement de cela, cependant ils insinuent que la
place qui leur était assignée était séparée de celle des
autres fidèles. C'est ce que je crois apercevoir dans le
canon (|unl!ième de S. Basile, où il parle de Ciux qui
ont contracté ua troisième mariage. // ne faiU pas,
dit-il, leur iiilnrdire tout-à-fail l'entrée de réglhe, mais i
les adnicllre parmi les auditeurs deux ou trois uns; après I
cela on leur accordera la consistance, et lorsquils au- \
mut donné des marques de pénitence, on les rétablira
dans le lieu de la communion , àno/aOtiTÔct tw tstto) t^^ '
xîtvovîK^. Qnoi(pie cet endroit de S. Basile ne lève p;is
832
se faisait d'ordinaire que pour les crimes énormes ou ii
scandaleux. S. Basile est, de tous les l'èi-es, le plus/
exact pour éiironver les pécljcurs, en les faisant passer J
par les din'érenlos stations. Cependant lui même en
omet souvent une ou même deux, quand il prescrit les
peines dues à certains lîécUés. Nous avons rapporté
dans le précédent chapitre un de ses canons, qui est
le quatrième, par lecpiel il n'ordonne, contre ceux qui
ont contracté un troisième mariage, que ^audition et
la consistance. Celui de S. Grégoire Thaumaturge, que
nous avons aussi allégué au même endroit, ordoime
la prostration à certains pécheurs, s'ils ont été con-
vaincus, et la consistance seulement s'ils se sont ac-
cu es eux-mêmes. Ctda est trop évident pour nous y
arrêter davantage, et prouve eu mente temps qu'on
n'obligeait pas toujours les pénitents à passer au degré
qui suivait inunédialement pour monter à un plus
élevé. Les évèques avaient, par exemple, no» seule-
ment le pouvoir, dans de certaines occasions et quand
la prudence le leur suggérait, d'abréger le temps mar-
qué par les canons et la coutume de chaque église
pour chacune des stations de la pénitence, mais en-
core celle de faire onK'tlre aux pénitents quelques-
unes de ces stations; c'est ce qtic nous avons démontré
lonlos les didicuilés, la pratiipie de l'Eglise, dans ces dans le neuviènie chapitre de la preniière partie do
premiers siècles, me fait croire néamnoins que les
consistants n'étaient point nuVés indiirérommt'ut avec
les autres cliréiiens dans les assemblées. Le grand
ordre (p:i y régnait me porte à embrasser cette opi-
nion. Rii n en ellet n'était si réglé que ces sairiles as-
sci»d)'ées. Les hommes y et \ient séparés des femmes,
et n'entraient pas Uième par la même porte; ceux-là
OC; upaient la partie méridionale de l'église, celle-ci le
côté du sepienlrion. Outre cela, les moines, les vier-
ges et les veuves consaciées à Dieu étaient dans les
premières places vers le sanctuaire. Derrière eux
étaient rangés les autres fidèles; les diacres répandus
dans l'église veillaient sur les hommes afin que tout se
passât dans l'ordre et la bienséance convenable; les
diaconesses fa saienl la même chose à l'égard des
femmes. Est-il croyable que dans des assemblées où
régnait un tel ordre on eût souilcrt la confusion dont
nous parlons, et qu'on n'ait pas assigné aux consis-
tants rmc place disting lée de celle des autres fidèles,
mais qu'on ail sonlferl rpi'ils fussent mêlé» indistincte-
nienl avec ceux qui joni>saicut de tous les avantages
de la parfaite communion.
CHAPITRE \L
QiCon n^obligcnit point toujours ceux qui avaient commis
des péchc'i soumis à lu pénitence canonique de passer
p(^r tous tes degrés de cette pénitence. Que l'on passait
souvent d un derjré à l'autre en omettant l'inter mé-
diat. De quelle manière on puniasail ceux qui aban-
donnaient lu pénitence quits avaient commencée.
Noirs avo'is vu, par plusieurs des canons que nous
avons rapportés de tem|)s en temps dans cet ouvrage,
que tous ceux qiïi étaient soumis à la péuilenee publi-
que ne passaient point par toutçs le§ stations, cela ne
la prcn;ière section, smlout par le coircile de Nicée.
11 nous reste à examiner, pour remplir le titre de
ce chapitre, les mesures que l'on prenait pour obliger
ceux qiri s'étaient soumis à la péniterrce pubrnpre de
racconrjdir.ou, ce qui est la nrème chose , de quelles
peines on punissait les déserteurs de la pérrilence. On
m usait avec eux, dans les cinq ou six prcnricrs siècles,
de la manière que le Sauveur l'a prescrit. On se con-
tentait d'avertir le pécheur de son devoir, de lui faire
envisager le danger auquel il s'exposait, en refusant
de se servir du seirl remède (lui lui restât pour se
guérir de ses plaies : on lui faisait comprendre quel
crime c'était de se moquer de Dieu , et de mépriser
l'autorité de son Eglise, qui lui avait prescrit les peines
par lesquelles il devait expier ses |)échés. Que s'il était
sourd à toutes ces remonti-anccs , on suivait à la letti'e
ce que dit le Sauvem- , on le rctraiiçliail enlièrenrent
de la société des fidèles, snivairl ces par-(des de Jésus -
Chr'ist : S'il n'écoute pas l' Eglise, qu'il soit ii voire égard
comme un pàien et un pttblicain. Le pi'cmier concile de
Tours, tenu en 461, ne s'écarte en rien de ce précepte
de l'Evangile lorsfpi'il ordonne (can. 8) , que si quel-
' qu'un , après avoir reçu la pénitence , retourne aux plai-
sirs du siècle, comme un chien à son vomissement, aban-
' donnant la pénitence qu'il a embrassée , il soit séparé de
la communion de l'Eglise et de la société de$ fidèles ( et
à coiivivio fideiium), afin qu'il puisse rentrer en lui-mémi:
par cette confusion , et que les autres soient épouvantés
par ion exemple. Le premier concile dOrléans , qtri
fut assemblé en 5U , me lait croira que cçs paroles
de celui de Tours, à convivio (idelium, que j'ai traduites
!; par celles ci, de la société des fidèles, pourraient bien
• s'entendre des repas et de la table , auxquels on dé-
1 fend dans ce concile , d'admçlUe cçs 4<îseçleurs deJa
SSS PÉNITENCE.— SECT. III. PART. II. Cil
pénitence. Voici le canon onzième tout entÎT : Pour
ce qui est de ceux qui, après avoir reçu In pénitence, re-
tournent à lu vie du siècle, oubliant leur profession, nous
avons jugé à propos qu'ils fussent suspendus de In com-
viunion et des repas de tous les catholiques. Que si quel-
qu'un , après cet interdit , mange avec eux, il sera aussi
lui-même privé de tacommunion. L« concile dfi Vaiinos,
qui fui assemblé en 4(i.";, la qiialriome année du pape
llllariis, can. 3, onlDimc di> même que ceux qui au-
ront reçu pubrupicmcnt la pénitence , et i otoin-neront
à leurs anciennes habitudes et à la vie du siècle , non
souieiiieiit seront privés des sacrements , mais encore
exclus des repas des fidèles.
Jusqu'à la lin du cinquième siècle on n'employa pas
d'autres peines que celles-là , qui sont cITcclivement
les plus grandes que l'Eglise puisse infliger à ses enfants
pour les faire rentrer en eux-mêmes. Mais dans la
suite on lit intervenir la puissance publique pour o!)li-
ger les pénitents à accomplir ce qui leur avait été
prescrit , comme nous le verrons dans la troisiènïc
partie. Dès avant le milieu du 7' siècle les évêques
d'Espagne, qui, depuis la conversion du roi Récaréde,
étaient devenus puissants dans lélat , se servirent de
leur autorité pour obliger les pécheurs à accomplir
malgré eux la pénitence qu'ils avaient reçue. C'est ce
que nous ajiprenons du septième canon du sixième
concile de Tolède , dans lequel les évêques disent ;
Quoique les conciles qui ont été ci-devant céUbrés,n'' aient
pas gardé le silence louchant un si grand crime ( ils
parlent de cetle désertion dont il s'agit ici ), cependant
ta rnison veut que les fréquentes prévarications sur ce
point soient souvent condamnées. C'est pourquoi, attendu
la corruption des mœurs qui règne à présent , qui est
telle que ceux qui , sous un habit de pénitence , viennent
ou sont venus sous la main du prêtre , retournent aux
dérèglements de leur première vie : cette sainte assemblée
ordonne que si quelques personnes libres de l'un ou de
l'autre sexe, ayant vécu sous le nom de la pénitence dans
un habit religieux (je rends ces dernières paroles mot
pour mot, de peur d'en altérer le sens) , entretiennent
après cela leurs cheveux , portent des habits sécul'iers , et
retournent au même genre de v'ie qu'elles avaient quitté,
elles seront malgré elles , inviti , reléguées dans les mo-
nastères pour y être soumises de nouveau aux lois de la
pénitence , et cela par l'évêque de la ville dans le terri-
toire duquel elles avaient changé de vie. Que si cela est
difficile à faire à cause de la puissance dont ces personnes
sont revêtues, alors que ion suive la disposition des an-
ciens canons. Quelles soient tenues pour excommu-
' niées jusqu'à ce qu'elles reprennent l'état qu'elles avaient
embrassé ; laquelle excommunicai'ion s'étendra aussi à
ceux qui , après cet interdit , communiqueront avec elles
Vous avez pu remarquer dans ce canon que les Pères
du concile de Tolède reconnaissent que ce qu'ils ont
statué touchant ceux qui abandonnent la pénitence à
laquelle ils se sont soumis, est nouveau . et (jue leurs
prédécesseurs s'étaient contentés de retrancher entiè-
rement de l'Eglise ceux qui étaient dans ce cas, ElTec-
tjveraent nous ne voyons pas qu'avant ce leuips, on
\P. VIF. DIFFÉRENCE DES PI^NITENTS. ^n
ait fait intervenir la puissance publique pour obliger
les pécheurs , ni à subir la pénitence malgré eux , ni
à la continuer après s'y être soinnis. Si (jnelquefois
de saints évêques ont usé de contrainte pour faire
rentrer les pécheurs en eux-mêmes , c'a été sans sor-
tir des bornes de la puissance que Jésus Cbrisl leur
avait confiée, en les livrant à Satan , comme exécuteur
de; la ve; geance divine, pom' faire mourir leur chair ,
afin de sauver leurs âmes , comme S. Paul en a usé ;i
l'égard de l'incestueux de Corinthc.
S. Ambroise en usa ainsi à l'égard d'un esclave du
comte Stilicon. Voici comme la chose se passa. Cet
homme avait été délivré du démon qui le tourmentait,
et demeurait dans la basilique Amhrosienne. Son
maître qui l'aimait, l'ayant recommandé à S. Am-
broise , on découvrit ensuite qu'il faisait de fausses
lettres pour donner la charge de tribun : en sorte que
l'on arrêta des gens qui allaient exercer en vertu de
ces provisions. Stilicon relâcha à la prière de S. Am-
broise ceux qui avaient été ainsi trompés ; mais il ne
punit point l'esclave , et se contenta d'en faire des
plaintes au saint évêque. Comme cet homme sortait
de la basilique, S. Ambroise donna ordre de le cher-
cher et de le lui amener. Il l'interrogea , et rayani
convaincu de ce crime , il dit : Il faut qu'il soit livré
à Satan pour lu destruction de la chair , afin qu'à l'ave-
nir personne n'ose rien faire de semblable. Aa même
moment , et avant que le saint évêque eût achevé de
parler, l'esprit immonde se saisit de lui, et commença
à le déchirer : de quoi nous fûmes tous fort épouvan-
tés , dit Paulin , qui a écrit la vie de saint Ambroise.
L'histoire ecclésiasti(|ue nous fournit plusieurs aulrcs
exemples semblables ou équivalents jusipie dans ces
derniers siècles , comme il nous serait aisé de le faire
voir.
CHAPITRE VII.
Quelle différence on mettait autrefois entre ceux qui s'é-
taient soumis à la pénitence publique pour des péchés
scandaleux et connus publiquement, et ceux qui s'y
étaient soumis pour des péchés secrets. Que les premiers
étaient inhabiles dans les sept premiers siècles à rece-
voir les saints ordres, et à en exercer les fonctions
après les avoir reçus.
On a pu remarquer par ce qui a été dit ci-devant
que les pénitents publics étaient de plusieurs sortes.
Les uns subissaient cette peine pour des crimes no-
toires et scandaleux, ou dont ilsavaientélé juridique-
ment convaincus. Les autres embrassaient cette hu-
niilialioii pour des péchés secrets et dont ils n'avaient
pour témoins que Dieu et leur conscience, ou, si vous
voulez encore, la personne avec qui le crime s'était
commis, s'il était de nature à ne pouvoir s'être fait
sans complice. Ceux-ci pouvaient se distinguer en
deux classes, dont les uns, soit par l'avis du confes-
seur à qui ils s'étaient adressés, soit d'e^x-mcnjes et
de leur propre mouvement, touchés de douleur de
leurs péchés, les avaient confessés à la face de l'E-
glise, les autres s'étaient contentés d'embrasser la pé-
535
HISTOIKE DES SACREMENTS.
>36
nitence publique sans énoncer H faire connallre pu- ^ encore plusieurs antres différences entre ces deux
c pu- .
blii|iir-njejil quels éuiient les péclié-i pour lesquels ils
TOiilîiienl bien subir cette peine. Enlin il y en avait
encore, qui,safis avoir counnis des pccliés soumis à
]a pénitence canoniipie, mais d'autres, soit vé.iielssoil
morlcls, Cdinine on parle anjoiird'bui, embrassaient
par un zèle extraordinaire ei par une dévotion parti-
culière la pénitence, cl s'assnjétissaient volontiers à
cet état bnniiliant. Ces observations nous conduisent
nalinellenienl à conelm-e que tous ceux dont les pé-
cliés étaient venus à la connaissance du public de-
vaient être traités sur le pied de pécheurs publics.
Voyons donc présentement quelle didérence on met-
lait entre ceux-ci et les autres par rapport à la péni-
tence.
La première qui se présente d'abord, selon le P. flo-
rin, c't'sl celle dont il est f..it mention dans le concile
5*deCartli:ii>(', c. ô'i, et dont tous les compiliieurs de
canons l'ont mention. Vo'ci en quoi elle consiste : Le
pénitent dont le crime est public et notoire, agant frap])é
toute r Eglise ((jubd lotamEcclesiam conimoverit), rece-
vra rimposilion des imiins devant l'absid'. Si donc le
crime pour lc(iuel la pénitence était imposée était ve-
nu à la connaissance du peuple, on imposait solen-
nellement les mains an pécheur pour la pénitence, et
on le réconciliait de même. L'évéqne étant assis au
liant de la nef, devant le sanctuaire, environné du
clergé et en présence du peuple, fa sait cette cérémo-
nie. D'où il s'ensuit que si la confession avait été se-
crète et le péché caché, l'imposition de la pénitence
et la récitncilialion se faisaient en particulier, soii
qn'tilles se fissent certains jours solennels, comme le
jeudi-saint à l'égard de la réconciliation, soit dans d'au-
tres jours.
Le P. Morin (1) met encore cette diiïércnce entre
ceux dont les péchés étaient venus à la connaissance
du public, et ceux dont ils étaient cacliés, que ceux-
ci, après le temps marqué par les canons et par celui à
qui ils s'é'aient confessés en secret, pouvaient être
réconciliés secrètemiMit par l'évêque, ou même par
un piètre, sans aucun ap[)areil de cérémonies pidjli-
qui's; an lieu que ceux-là ne pouvaient l'être que pu-
bliqn 'ment et pendant la célébration de la messe so-
lenne le. Miis il serait à souhaiter (jn'il eût appuyé ce
sentiment de preuves auxquelles il n'y eût rien à ré-
pliquer, et qu'il ne se fût pas contenté de l'établir sur
(les inductions assez éloignées, qu'il lire du canon du
concile deCaribage, que nous venons d'alléguer. Ce-
pendant on ne doit p >inl mépriser h' sentiment d'un
lunnme aussi versé dans la connaissance de l'antiquité
ecclésiastique.
Nous n'insisterons pas davantage sur celle-ci : sa-
voir, que ceux (|ni auraient conunis des péchés notoi-
res recevaient publiquement l'imposition de la péni-
leiice , au lieu que les autres pénitents publics la re-
cevaient secrètement, et allaient se ranger sans céré-
monies au nombre des autres péuiienls. 11 y avait
(1) DePœnit. I. 5, c. 16.
sortes de pénitents, dont nous avons parié quana l'oc-
casion s'en est présentée. Comme par exemple, que
l'on contraignait les pécheurs publics de subir la pé-
niiencecanoniqne. .\n lieu que ceux dont les péchés
étaient secrets l'endjrassaient volonltiremcnl, etc.
Mais passons maintenant à celle que nous avons
annoncée dans le titre de ce chapitre. Le décret du
|)apc llormisdas(ep. 2,')) semble exclure également
des saints ordres tous ceux qui avaient été soumis à
la pénitence publi(|ne, sm-tout si Ton fait allention à
la raison pleine de dignité «pie ce saint pape rend de
son décret. Il est bon de le rapporter ici. Nous défen-
dons non-seulement , dit-il, de consacrer (évêque) au-
cun Inique, mais même que ton élève à ce rang aucun
de ceux qui ont été en pénitence, U qui il n'est pas permis
d'y aspirer. Cest assez qu'il ait obtenu le pardon qu'il a
demandé. Avec quelle conscience celui qui sait qu'il a
confessé son péché en présence du peuple absoudra t il
le coupable ? Q^ii révérera, comme son évêque et son pré-
lat, celui qu'il a vu un peu auparavant prosterné avec
les pécheurs? Celui qui porte sur son front la tache de
sou crime, ne mérite pas d'être revêtu de la dignité toute
sainte et toute pure du sacerdoce. Cette décision, comme
nous l'avons marqué, semble exclure du sacerdoce gé-
néraiemenl tous les péniient» ; et cette confession pu-
blique dont parle ce pape pont rail bien s'entendre, non
dune confession de vive voix seulement, mais d'une
confe>sion par él.U, tel qu'était celui des pénitents
exposés:» la vue de toiue l'Eglise. Et je crois qu'effe-
ctivement ona hien |)U ôter dans certaineséglises aux
pénitents pu!)lics touie espérance d'être élevés au sa-
cerdoct', ou (jn'au moins quand il s'agi->sait du choix
d'un é^è pie, ce n'était pas sur eux ordinairement que
l'on jetait les yeux.
Cependa il comme plusieurs embrassaient par pure
dévotion cet étal buiniliani de la pénilence, les uns
sans avoir commis des péchés qui les y soumissent, les
autres après en avoir commis, mais sans les avoir pu-
bliquement confessés, il ne paraît pas qu'il eut été,
absolument parlant, avantageux pour l'Eglise de les
exi liire également de l'.MiIrée îles saints ordres, ou
d'interdire les fonctions de leurs ordres indistincte-
ment à Ions ceux qui s'étaient soumis à cette péni-
tence. Effectivement il paraît certain, et nous le mon-
trerons tout à l'heure, que rempèclitinent ne naissait
point de la pénilence, mais du crime pour lequel on
y était soumis, dont ceux qui ne le confessaient point
publi(piement, quand il élail secret, étaient censés
exempts suivantcette maxime des jurisconsultes, fpic
l'on duii avoir le mêmeégird pour les choses (pii ne
[taraissenl pas, que pour celli'Stpii ne sont pas. /lor'u»
quœ uon app irent, et quœ non suni, eadem est ratio.
Que si ceux qui se semaient coupables en leur con-
science des crimes pour lesipiels on était exclus des
saillis ordres, ne laissaient pas d'y entrer, ou de con-
linner à en exercer les fondions ; ils avaient Dieu pour
juge de leur conduite , et devaient lui en rendre
coniple; mais l'Eglise ne s'en mêlait pas. C'est ce que
?57 PÉNITENCK.— SECT. III. PART. I. CUAP. Vlll. SUITES DE LA PÉNIT. PUBLIQUE.
>38
le 55* concile de Tolède dit exprossénioiil à la fin du || Ces cvônies, comme vous voyez, font allusion au
.«. . ^ -• :. ^..; .1.;..: l,'. 1 ..:/.. .1... .,^,1 „. . .1.. i' „:i,. .1,, X..i,\.l« „..„ ..« „
W c.inori, ol ce (jiii aviiil élé décidé (jiu'1(|iies sièc les
auparavant par celui de Néocésarée, c. 9, à l'occasion
d'im p-.èlre qui élail lond)é dans un crime, à qui il
laisse l'exercice de ses fondions: i S'il ne conress(î
pas son péclié, cl qu'on ne puisse le cc.nvaimre par
des lénioignages clairs, qubd si ipse non coii/iteulur,
aperlè aulein coiivinci iion poluerit , illins quoqne li fini
polesUis. Ce cpie les Pères du 15' concile do Tolède
éleiidenl àceuxmèmequi sesonl soiunis à la péni
Icnce, en ces lernies : Que si en reccvanl lu pôivlciite,
il dil qu'il n'a point commis de crime morlcl, cl qu'il ca-
che dans sa conscience celui qu'il rouqlt de confesser
devant les hommes, qu'il sache qu'on le remet à sa con-
science. Après quoi ils ajoutent que si dans cet étal il
ose sacrifier, il en rendra compte an Seigneur.
Il n'en étaii pas de nième de ceux qui en se sou-
mclianlà la pénitence avaient déclaré puldi(|ui'mcnl
leurs crimes, lis ne pf-uvaienl plus exercer leurs fon-
ctions s'ils ét.tieul clercs, au iiioi;isdu premii r ordie,
ni entrer d;iMS le clergé s'ils étaient laïqui'S. La se-
conde de ces propositions se prouve évidemment par
le canon 54 du (juatrième concile de Tidède. Ceux qui
étant à iexlrémilé, y esl-il dit, reçoivent la pénitence
sans confesser aucuns crimes manifestes, mais proles-
tant seulement qu'ils sont pécheurs, pourront, s'ils re-
viennent en santé, attendu la probité de leurs ma-urs ,
parvenir aux degrés ecclésiastiques : mais ceux qui en la
recevant con fessent pid'Uquement qu'ils ont commis quel-
que péché mortel , ne pourront jamais entrer dans le
clergé, ni parvenir aux dignités ecclésiastiques, par ce
qu'ils S'î sont notés par leur propre confeshion. Le di-
xième concile de Tolède a suivi cette disposiiion à
l'égard d'un évèque nommé Gaudence, qui s'élaiit sou-
mis à la pénitence étant malade, aynnt ensuite ri'cou-
vré la santé, consulta les évêques de ce concile sur
celte question : S'il pouvait, après avoir re u ta péni
tence, continuer à offrir les saints mystères, et à célé-
brer la messe solennelle à l'ordinaire. A quoi ces évê-
ques, au nombre de 40, suis comi)ter 27 dépulés des
absc::ts, firent cette réponse qui conlirme la première
prop sition que nous venons d'avancer. Savoir, que
ce n"élailpasla j énitence publique en elle-même, mais
le crime seulement, qui reudail irréguliers ou inca-
pables de l'exercice de leurs ordres les ciercsqui étaient
tombés, et que les règles de l'Eglise le leur interdi-
saient quand ils s'en élaient confessés, ou qu'il était
venu par qucIcpTaulre voie à la c<innaiss;uice du [jublic.
Ayant examiné, disent ces évè(iues, les canons sur ce
point, ce saint concile a déclaré qu'ayant rcj u l'absolu-
tion, ilpouvait continuer ses fondions , car si, aj,)utent-
ils, suivant les règles des anciens Pères, ceux qui étant
prêts à mourir reçoivent la pénitence, sans aïoir con-
fessé des crimes manifestes, peuvent parvenir aux digni-
tés ecclésiastiques (pnurvn d'ailleurs qu'ils soient de
bonnes mœurs), combien, à plus forte raison, ceux qui
étant prêtres reçoivent la pénitence doivent-ils continuer
à exercer leurs fondions s'ils ne se sont point noiés eux- i
mêmes, en con fessant des crimes mortels. j
règlement du A' concile de Tolède que nous venons
de ciler. Ce fut par la raison contraire que Polamius,
évê(]ue de Bragne, dont nous avons souvent parlé, fut
dé|iosé. Elcelle discipline était conforme à ce (pii avait
élé déeidé dans le iremier concile de Tolèile, plus an-
cien de 2">,") ans tpie le (piatrième, où il est dit, à l'oc-
casion des pénitents incapables d'entrer dans lesordres
sacrés: Nous partons de ceux qui après le Baptême, ayant
fait la pénitence sons le ciliée pour homicides ou autres
grands'crimcs et péchés griefs, ont élé réconciliés à l'au-
tel. Par ces crimes, le concile enlemi des crimes no-
toiics ou dont les auteurs avaient été convaincus, soit
p;ir des témoignages aiitlientiques, ou par leur propre
confession. Voilà(iuelle était sur ce point la discipline
[ générale d(> l'Eglise, quoi(iue peut-être il y cfil dans
queltpies églises quelques coutumes locales plus sévè-
res. Telles que celle que le pape llormisdas semble
reconnnander, et celle que l'on peut inférer du c. 9 du
concile de Gironne, et du c. 8 de celui de Barcelone,
ce qui est conçu en ces termes: Pour ce qui est de ceux
qui dans la maladie demandent et reçoivent la péniience
du prêtre, si ensuite ils reviennent en santé, qu'ils mènent
la vie de pénitents, excepté l'imposition des mains.
CHAPITRE MIL
Que la pénitence publique avait des suites, par rapport
à la lie civile, dans la plupart des églises d'Occidont.
Que les emplois de ta guerre surtout, les magistratures
elle négoce étaientinterdits aux pénitents publics, aussi
bien que l'usage dumariageàceux qui l'avaient contracté,
et la faculté d'en contracter de nouveaux- Tempéra-
ments que l'on apportait de temps en temps à celte dis-
cipline. Qu'elle n'a jamais été observée en Orient.
Quand elle a commencé en Occident, et quand elle y a
cessé, et comment.
On est si peu accoutumé aujourd'hui à voir des
cliangemeiits remarquables dans la vie des iionmies,
qui soient une suite du repentir des péchés, qu'on ne
peut se ler.'iiaderque la pénitence ait opéré autrefois
des cffeissi surprenants dans la vie ordinaire, et qu'on
est tenié de regaider ce qu'en disent les auteurs mo-
dernes connue dos coules faits à plaisir, ou des rêve-
ries de gens qui sur (pichpics paroles qu'ils ont lues
dans les écrits des anciens, en ont inféré mal à propos
que telle était rancien:;e discipline de nos églises : il
faut donc en venir aux preuves.
Le passage du pape Syrii:e, qui a élé rapporté dans
le chapitre précédent, suppose nécessairement la dis-
cipline dont il s'agit. Ce pape accorde avec peine h
grieiî d assister au saint sacrifice, et diffère jusqu'à
la mort la communion à ceux qui après avoir em-
brassé la pénitence reprennent la ceinture militaire,
l'ré.|ucnlcnt les bains, et contractent de nouveaux
mariag.'s. 11 y joint, àla véiilé, ces paroles, e/ inhibilos
appetivère concubims, mais il est naturel de croire que
ce commerce illicite, dont il parle, n'est elfeclive-
mei.t tel (m'a cause de l'étal de ceux dont il cstques-
B39
HISTOIRE DES SACREMENTS.
S40
lion c'est-à-dire, de Pélat de la pénitence. Car qnelle i cette injure, elles seront également séparées de la eommii-
appîireiice y a l-il que ce ponlife cftl joint ensemble
des choses si diirérenles, dont les nnes soiii bonnes,
ou au moins permises en elles-mêmes, et les anires
sont criminelles el défendues par leur natin-e? D'ail-
leurs ijuand j'accorderais que par ce commerce illicite
et celle inconlinonce dont il parle (il a enlendu le
péché de la chair ), il n'en serait pas moins vrai qui!
reprend el puni' rigoureusemeni les pénitents qui re-
prciuient les armes, ou qui s'eupagenl de nouveau
dans le mariage. Mais il est irès-probable qu'd entend
par ce connuerce illiciie et celte incontinence, l'usage
même du mariage qu'ils avaient contracté avant d'avoir
reçu la Pénitence , ou les secondes noces |iour les
veuves, et le mariage que conlractaienl ceux qui n'y
étaient pas encore engagés. Le troisième coneile d'Or-
léariS, c. 24, établit la même discipline en ces termes :
Si quelqu'un ayant reçu la bénédiction de la Pénitence,
ose reprendre r habit et la milice du siècle ; qu'après lui
avoir accordé le Viatique jusqu'à la mort, il soit puni d'ex-
communication. « Si quis benediclione pœnilentiœ su-
I sceplà,ad sccularem liabitum, mililiamque reverti prœ-
< sumpserit, viatico conccsso usque ad exitum, excom-
( municalione pleclulur. » Le second concile d'Arles
ncsl pas moins exprès là-dessus, c. 21 : Les pénitentes
qui, après la mort de leurs maris, atironlosése remarier,
ou auront eu quelque familiarité suspecte et défendue
avec un homme étranger, seront chassées de l église avec
cet homme {cum eodem abecclesiœ liminibus arceanlur); \
il en sera de même d'un homme qui est en pénitence.
Vous voyez que ce synode punit également les péni-
tents qui passent à de secondes noces, ou qui entre-
tiennent des familiarités suspectes ; qui irétaienl telles,
sans doute , qu'à cause de l'état où ils se trou-
vaient.
Le premier concile de Barcelone interdit aux pé-
n>lents les affaires et les divertissements du siècle,
c. 7,(iuand ilordonue qu'ils ne se trouveront point aux
repas, et ne se mêleront point de négoce {nec negoliis
operam dent in dalis et acccplis) ; mais qu'ils mèneront
dans leurs maisons une vie frugale. Le second qui fut
assemblé dans la même ville enjoint la continence aux
pécheurs pénitents, puisque dans le c. 4, après avoir
parlé des vierges (jui s'étaient revêtues d'un babil
propre aux dévotes, c'est-à-dire, à celles qui avaient
consacré à Dieu leur virginité, il ordonne que si elles
OH ceux et celles qui auront reçu du prêtre la bénédiction
de la Pénitence, contractent volontairement desmariages;
ou si des femmes enlevées par violence consentent tle de-
meurer avec ceux qui les auront ainsi violées, elles seront
avec eux chassées de l'église, et tellement séparées de la
communion des Catholiques, qu'on ne leur laissera pus
même la consolation d'avoir avec eux le moindre entre-
tien. Le concile de Lérida, qui fut célébré en 524,
confirme ce qui vient d'être dit, lorsqu'il parle de
celte sorte, can. 6 : Si quelqu'un a fait violence à une
veuve pénitente ou à une vierge religieuse, et quelles ne
veuillent pas se séparer de celui de qui elles auront reçu
nion et de la compagnie des Chrétiens.
Quoifpie ces usages ne fussent pas passés en loi
dans l'Afrique, il j^araît néanmoins qu'ils y étaient
établis p:irce que dit S. Augustin dans le discour» 58
de Tempore; car voici comme il y parle: Il s'en trou-
vera peut-être quelques-uns qui diront : Je suis engagé
dans l'état militaire ; j'ai une femme ; comment donc
puis -je faire pénitence? comme si lorsque nous tâchons
de vous persuader de faire pénitence, nous vous disions
plutôt de couper vos cheveux que de quitter vos péchés et
de changer d'habits que de mœurs. Saint Amhroise n'en
parle pas non plus connue de pratiques qui obligeas-
sent en vertu du commandement de l'Église, quoiqu'il
les recommande comme des suites naturelles de l'é-
tat des pénitents, à moins ([ue de bonnes raisons n'en
dispensassent. Car voici connue il s'explique là-dessus
dans son second livre de la Pénitence, c. 10: Peut on
s'imaginer que l'on fasse pénitence, lorsque l'on cherche
à acquérir des dignités, lorsqu'on ne s'épargne pas le vin,
que l'on fait usage du mariage? Il faut renoncer au siè-
cle, il ne faut point accorder à la nature ce quelle exige
de sommeil, il faut gémir, etc. Par ces paroles S. Am-
hroise fait allusion à l'usage de son temps, sans le ré-
duire en précepte, quoiqu'il le recommande comme
irès-saint el 1res utile. Mais quelque saint (ju'il fût,
ou pouvait, pour de bonnes raisons, en dispenser cer-
taines personnes. Et c'est ainsi qu'en usa ce saint ar-
chevêque à l'égard de l'empereur Tbéodose à qui il
n'ordoiuia rien de semblable, lorsque |)ar sa fermeté
et son aiit(»rité il l'obligea de se soumettre à la péni-
tence publique.
Cette discipline était si rigidement observée dans
certaines provinces, que l'on refusait même d'admet-
tre à la pénitence ceux qui ne voulaient pas s'enga-
ger à l'observer: c'est ce qui paraît par le second
1 concile d'Arles c. 22, où il est .ordonné qu'on ne don-
! nera la Pénilenceaux personnes mariées, que du con-
sentement des deux parties. Elle 5* d'Orléans, c. 24,
ne veut pas que l'on donne la bénédiction de la Péni-
tence aux jeunes gens el à ceux qui sont mariés, à moins
quelesdeuxparties n'y contentent et qu'ils ne soient par-
venus à un âge mûr. Le concile d'Agde, c. 15, contient
la même disposition, et ne veut pas non plus que l'on
donne facilement ht Péniience aux jeunes personnes
à cause de la fragilité de l'âge, propter œtalis fragitita-
tem. Cette sévérité paraît incroyable de nos jours, el
peut-être s'en trouvera-t-il qui iatr;iiteront d'injuste,
et de contraire au droit que riiomme et la femme ont
acquis réci|»ro(iiienienl l'un à l'égard de l'autre parle
uiariiige. Mais les anciens ne raisonnaient pas de la
sorte. Ils croyaient qu'il était aussi naturel de donner
à une personne dontl'àme avait contracté la maladie
du péché, le temps de se guérir, qu'à celle dont la
sanlé du corps était dérangée par de longs et fâcheux
maux, et (pie comme dans ce dernier cas une femme,
par exemple, n'a pus droitde se plaindre de sonniari,
1 ni de rien exiger de lui, elle ne le pouvait pas non plus
1 dans lepremier. Ce raisonnement paraissait alors d'au-
541 PfeNITEN'CE. — SECT. III. PART. II. CTIAP.
tant plus iiiUurol , qu'il n'était pas extraordinaire
dans le temps dont nous p.irloiis. et même di |i\iis,
d'ordonner la coniinciice aux personnes mariée- pen-
dant des temps considéraliles. Que dis-je, extraordi-
naire ? c'était même une pratiqtie conmninc, comme le
montre évidemment I?è.le dans son Pénilenliel, qui
ne contient que les usagi-s ordinaires de son temps;
il y est dit entre antres, c. 10 : Celui (jui pendani le
caréiut avant Pâques, a commerce av c sa femme, et nu
point vécu en continence, fera un an de pénitence, etc.
La même cl. ose est ordoni.ée pour les trois nuits qui
précèdent la communion. LoPénitcnliol Romain, til. 7,
contient à peu près la même chose.
Cesrèij'les étaient établies généralement pour tous
ceux qui s'étaient soumis à la pénitence publique, soit
que leurs crinns fussent notoires ou cachés, soit qu'ils
eussent commis des péchés que les canons soumel-
laient à la pénitence, soit qu'ils l'eussent embrassée
par pure dévotion : c'est ce (lui paraît par toutes les
autorités que nous avons alléguées, auxquelles nous
en pourrions joindre plusieurs au:res qui ne niellent
point de différence sur ce point entre les pénitents.
Mais les saints qtii les avaient étaldies, ou conlirmées
parleur autorité, savaient en dispenser avec prudence
et le faisaient souvent. S'ils étaient fermes à niainie-
nir la disci| line, ils l'adoucissaient quami la conjonc-
ture et le besoin ou la faiblesic des lidèlesTexigciiient.
Il ne faut pas s'imaginer, par exemple, que quand (m
interdisait le négoce aux pénitents, cela s'eniendit de
ces petits commerces qui font vivre la plupart des fa-
milles, surtout dans les villes, et encore moins, qu'il
ne lût pas permis aux gens de métier d'acheter ce qui
était nécessaire pour le mettre en œuvre suivant leur
profession, et de \ endrc ensuite leurs ouvrages, et d'en
recevoir le prix. .Mais on interdisait ce négoce dissi-
pant qui occupe toute la vie de ceux qui s'y adonnent,
tel qu'est, par exemple, le commerce maritime, qui
engage à de longs et fréquents voyages. Il ne faut pas
croire non plus qu'on ô(àt à un simple soldat qui de-
mandait la pénitence, le seul moyen qu'il eût de sub^
sister en vivant delà paie du prince, quoique do tou-
tes les professions la militaire fùl celle qui était la
plus rigidement défendue aux pénitents. En nu mot
l'esprit de l'Église et sa pratique dans le 4*, 5' et G'
siècle était d éloigner ceux qui étaient soumis à la pé-
nitence autant que cela se pouvait, de tous les em-
pliiis dissipants et hoisorables, pour les tenir dans le
recueillement et l'humiliation : et surtout de ceux qu'il
est difliciled'exerccrsanspéché,àcause des occasions
ùétpientes qui se présentent déniai laire dans ces sor-
tes d'ét;its. Saint Léon dans sa lettre à Rustique de
Narbonne, expliiiue admimblenient cette matière en
j deux mots, lorMpi'd dit : Cependant il est plus avanta-
geux au pénitent de souffrir quelques pertes lemporelUs,
que de i exposer aux périts du négoce, parce qull est
difficile que le péché ne se ylisse dans ce commerce réci-
proque d'achat et de vente.
Ce saint Pape paraît plus rigide à l'égard de la pro-
VIÎI. SUITES DE LA PI^NITE>:CE PUBLlQrE. IMÎ
r-ssiim militaire; car l'évèque de Narbonne lui ayant
propiK^é celle queslion, s'il est permis après la péni-
l'iice d'y retourner : De his qui post pœnilentinm ad mir
lilinnucvertunlur ; il répond : H est entièrement con-
traire aux règles de l'Eglise de retourner à la milice du
Siècle, après l'action de lu pinilence.... ; car celui-là est
(luiagé dt.ns les filets du diable, qui l'est dans lu milica
de ce monde. Ce n'est [astiu'il blâme la profession
mililaire en général, comme il par.it par ce qu'il en-
seigni; ailleurs ; mais il jugi-ait cet état incnnqiatible
avec celui de la pénileiice. Conlrarium est omnino ec-
clesiasticis regulis, posl pœnitenliœ aclioneni redire ad
iiiiHtiam secularem.
Par rapport à la continence des persoimes mariées,
et à la défense de coiiiincler mariage tant que dure-
rait la pénitence, les évètpies de ce temps là savaient
user de sages lenq éraments, ayant égard à l'.àge des
jiénitents et aux diflérentes circonstances. C'est ce
qu'on remarque dans la même lettre dérrétale de
S. Lé<in, oij il réj.ond de cette sorte à la 15' de-
mande touchant ceux qui, après la pénitence , pren-
nent des femmes ou des concubines {De his qui posl
pœnitcnlimn uxores nccipiunt, vel concubinas sibi con-
junguut) : Celui qui étant encore jeune, in adolf.sce.ntia.
co.NSTrrui LS, a fait pénite: ce, pressé par la crainte de
la mort, ou celle de tomber entre les mains des barbares,
et qui ensuite craignant de tomber dans l'incontinence
ordinaire à son âge , s'est marié, de peur de icmber
dans le crime de fornication, scmb'e avoir commis une
faute peu considérable, rem videtlk fecisse ve.m.vlem,
s'il n'a point connu diantre femme que la sienne. F.n
quoi, cependant, nous n'étublissons point une règle
mais nous indiquons ce qui, suivant nous, est plus tolé-
rable. Cir suivant les véritables notions de la pénitence,
rien ne convient mieux à celui qui s'y est soumis {nam
secundiim va-am cognitionem, nihil magis ei congniit,
qui pœnilenliam gessil), qu'une chasteté persévérante de
corps et d'ehprit.
Les paroles de S. Léon sont dignes de toute l'at-
lcntio;i du lecteur : on y voit, d'inse part, quelle était
la lualique ordinaire de son tenips j.ar rapport aux
suites de l'état de la pénitence ; d'un autre côté, on
voit que l'on mitigeait dans les occasions la sévériu-
de la discipline, non en approuvant ce qui se faisais
d-' contraire, m;;is en le tolérant pour éviter de pins
grands incon\énients. .Mais ce qui est encore plus re-
marquable, c'est qu'il semble que S. Léon suppose,
dans tout ce qu'il écrit, que le mariage élait, suivant
la coutume ordinaire de ce temps-là, interdit aux pi-
niient> (à plus forte raison les secondes noces), noii-
soniemenl pendant le cours de la pénitence, moi
nième après, et tout le reste de la vie; d'où il s'ensnii
que les autres choses , dont nous venons de parlci ,
relaient aussi. Tel est le sentiment du P Morin et du
P. Coulant d.iiis ses savantes notes sur les Décret des
des papes. Voyez entre autres ce qu'il dit sur l'article
do 'a déciéîale du p;ipe Siriee à lîimérius de Tarra-
gone. que nous avons rapporte dans le chapitre pré'
cèdent. Il y fémoigne ouvoriement ne ponv<Mr cniror
dans le seiilinieiil de M. l'aLbc Fleuri, (ini se loiirne
de tous côlés, dit il, pour rcslroindre l;i décision du
pnpe Sirlce, au temps Je la péiiilonce scuKnicnt,
contre la lononr niènic de ces paroles. Les évêcines du
sixième ooncile de Tolède, suivant l'esprit de la dé-
crélaledeS. Léon, permetlent aux pénileiils, dans nu
cas pareil à celui qui y esl cnouoé .. de reloniner à
leurs mariages jus(iu*à ce qu'ils aieul acquis la matu-
rité d'âge propre à garder Ja conliiience. licdcal ml
pristinum conjugiimt^ quousque adipisci possil leiiipuns
maturilate continenliœ slalum. Ils élemlent celle indul-
gence aux jeunes femmes comme aux jeimes hommes,
ajoutant qu'ils en usent ainsi sans prétendre affaiblir
la règle générale, mais par économie, et en relâchant
quelque chose de la rigueur de la discipline en celte
occasion. Non quidem yeneraliler et lajilhitè prtvccplum,
sed constat à iiobis pro humauà frnqilitute fuisse indnl-
tum. Tout ceci se trouve renfermé dans le canou 8'
de ce concile.
La rigueur de la pénitence, jointe aux suites (;u'clle
avait par rapport à la vie civile, ét-nit un frein qui re
tenait ce;:x qni se sentaient agiles par leurs pas>ioiis,
et rendait les crimes plus rares. Que si qnchpi'un,
malgré tout cela, se laissait eniraîner dans le péché,
il s'examinaii à loisir avant de s'y soumettre, pour
voir s'il se sentait assez de courage et de bonne vo-
lonté pour cn:rer dans celte pénible carrière, où on
n'enlrait qu'une seule fois. Les évèquos mêmes n'iin-
pronv:iienl pas ces retardenients, pourvu (|u"ils n'eus-
sent point jinur prin< ipe raUacbemenl au péché et le |
mépris de son salut. C'est ce qui paraît par ce que dit
S. Ambroise dans le livre second de la l'énilente. c.
M.ltestplits ainmtfiqeux d'attendre, qimndon nesescnt
pas encore en état de pratiquer les œuvres de pénitence,
de peur de faire d:ns la pénitence luelque chose qui ait
ensuite besoin d'être expié par la pénitence ; puisque si
une fois on s'if est soumis, et qiCon ne s'en soit pas ac'
quiNé comme il faut, on ne retire aucun fruit de la pre-
mière, et on s'ôtc le droit de la reoamiencer. C'était
aussi ce qui faisait que tant de personnes allendaient
à l'exliémilé à demander la pénitence. El de là vient
que nous trouvons tant de canons et de règlements
dans les anciens conciles, et les lettres des papes ci
des évècpies, touchant ceux qui demandaient la péni-
tence en maladie ou dans les grands périls. S. Léon,
par exemple, dans cette même décréiale que nous
avons déj;i citée souvent, en paile et conlirme ce que
nous venons de dire, qu'm ne prenait pas toujours rn
mauvaise part les retardenients dis pécheurs, qui dif-
féraient de sid)ir la j éiiilence canonique. Car étant
interrogé par Husiicine de (pielle manière il fallait se
conduire à l'égard de ceux qni, se sentant pressés par
la douleur, faisaient venir le prèlre pour recevoir la
pénitence, et qui, lorsqu'il était arrivé, sentant quel-
(pi«s soubgements, s'excusaient et ne voulaient pins
la recevoir, répond que celte dissimulation pouvait venir,
non du mépris du remède, mais de la crainte de pécher
plus grièveme>'i ; et il ne veut pas qu'on la leur refuse,
HISTOIRE DES SACREMENTS. SU
s'ils •'» demandent cnsnitc avec plus d'insiancc.
Nous ne voyons pas qin- la pc nil née pnlilique ait
influé sur la vie civile dans les églises d'Oii»!nl. Celte
discipline était propre à celle d'Occident. Outre l'ar-
gument négatif, qui en pareille matière sulïit, on
pourrait im ine produire th s preuves po^ilives de cette |
diversité. Nous en aj pirterons qnehpies-unes en pe-
tit nombre : S. Basile, par exemple, eau. 24', ne veut
pas même que l'on assnjétisse à la pénitence cano-
niipie les femmes couvait. eues d'adullcre, ouq«i s'en
sont confessées d'elles-mènses; à plus forte raison il
ne leur interdit pab l'usage du muiage. Le 25' canon
du même Père est plus fort par rapport au point dont
il s'agit : Celui, dit-il, qui retient une femme qu'il a cor-
rompue, subira, à la vérité, la peine due à son crime,
mais il lui sera permis de garder cette femme. Il est
clair ([u'il n'inlerdil |)as le mariage à celui qni fait ou
a fait pénitence. Dans le canon.snivanl, en parlant de
ceux qui soi:t coii|iables du péché de fornication, il
dit qu'il serait mieux ((u'ils se K'parassei.t; mais s'ils
n'y consentent pas, quils subissent la peine de leurs
péchés, cependant qu'on ne les sépare pas, de peur qu'il
n arrive quelque chose de pis Nous ne tnuivons que le
12' canon de Nicée qui puisse causer quelque em-
barras sur cette matière. Le voici : Ceux qui, ayant
été louches de la grâce, ont fait paraître de l'aideur, et
se sont défaits de la ceinture mililuire, mais qui, retour'
nunt à leur vomissement ont même obtenu p r argent des
emplois militaires, seront dix ans prosternés. Ci lie peut
liii'e que ce concile condamne la guerre en général ;
il regardait donc au nn>iiis, dira t-on, les font lions de
cet étal comme iiicom|ialibles avec celles de la péni-
teuee. Telle, est à peu près l'objection que l'on peut
faire contre ce (pie nous avons dit de la diversité ipi'il
y avail entre les églises (l'Oiienl et celles d'Occident,
|)ar rapport aux suites de la pé.iilence. Mais celte dif
ficullé s'évanouit d'elle-même, si l'on lait allenlion
que le concile parle dans ce canon de certains soldats
(Ml grand nombre, qui, du temps des derniers empe-
reurs païens, comme Maximin Pazia el Licinius, s'é-
taient retirés de p(Mir de se souiller par (piaiililé de
superstilions qui étaient d'usagd dans les armées, e*
qiii, s'ennuyant d'être chez eux à rien faire, avaient re-
jiiis le bardrier, se niellant peu en [teiiie des céiénio-
nies superstitieuses qui éiaienl, dans ce temps, insé-
parables de l'étal militaire.
Si les églises d'Orient n'ont rien prescrit aux péni-
tents qui les retirât du commerce ordinaire de la vie,
soit par rapport aux aiïaires, soit par rapport à la
guerre, soit enfin par rapporta la conlinenee, elles
ont seivi en cela la pratique des tiois promiers siècles
de l'Kglise. Eneflet, nous ne trouvons rien de sem-
; blable dans les canons et les écrits des Pères de ce
lem[)S-là, el ce n'est q!:'aii quatrième siècle de l'E-
gii-e qu'on a doniu' celle éleiidne à la pénitence Vers
le sc|)licme siècle la di'-cipline changea .à cet égard,
' mais le changement qui survint n'en adoucit pas la
rigueur; car depuis ce temps jnsiin'au douzième siè-
[ de, les peines dont nous avons parlé devinrent une
5-iS PÉNITENCE. — ?ECT. III. PART. II. CïlAP
sui;e, non dp l;i péiiilmco |>iiliii<|iic. mais d(!S pccl:cs
niéiiics, snii (|ir.in L'ii fil poiiiu-ncc piililiqiic ou se-
crèlc, C" qui leur doiitail I)i<'ii pliis d clei!diii\ {)uvl-
qiie li-mp-; .ipiès colle dcniirro époqui! les Scohisli-
qiii'S rehli-i'igiiiieiil les ciïels de ci'S crimes a'ix ow-
l)Ociiemeiils de mariage, non ceux qu'ils aiipcilont
dirimaiils, mais ceux qui cmpcelieiildociiilraclor ma-
riage, ([iioi ;nMs i o ii- reiideiil pas nul s'il a élé coii-
iraclé. Ils oui eiisf'igné de plus i|ue les évc(jucs poii-
vaieul di>peuser de ces mqtècliemeiils, el qu'ils le de-
vaieiil liés souveul. Nous verrous dans la partie sni-
vaule JMsipi'oii ou a porlé les choses sur ce sujet
depuis le liuilième siècle.
iMais, avaul de (loir ce cîiapitre, je suis bier.-aisc de
faire remanpier au lectei:r que jusqu'au q'i.jlorzièiue
siècle il s'esl conservé tiaiis Téglise des vosliges a-^sez
éilalaiils de celle ancienne di-.cipliue doiil nous avons
Iraiié dans c.ï clia|)iire. Les docleuis de l'école Irnu-
\aiil dans e décrel di; Gralieu des canons de coiiciles,
dont les uns CiinlenaienI les pi-ines doni nous avons
parlé, les aulres n'eu disaient mol, el n'ayaiil poinl la
criliqne nécessaire pour disceru r en quels icn-.pscl en
quels lieux ces canons avaient élé faits, el par C(»nsé-
quonl ne piu\anl les concilier cnlr'eux, iiivcnlèrent
une troisième espèce do pénitence qu'ils noinmèreut
solennetU{\], la di>lingiianl de la secrèle et de I.i pu-
blique : cl allrihuaul à peu piès les mêmes cITels que
nous avons montrés avcir élé autrefois une suile de la
pénitence pu!)li(pie. Pierre de Poitiers esi le premier
qui ail fait t laiicmont celte dislimlion d.- la pénitence
en trois merahre.'. Il a é!é sni\i eu fiule par tiuis ceux
qui ont écrit après lui dans le treizièm.! siècle. I a so-
lennelle était, .'vcloii ces auteurs, celle que l'évèque
lui-même, ou un prêtre p!c|)0sé par lui cxprcssétiienl,
imposait pour lirs pécliés énormes, tel que le parricide.
La publique pouvait èlre imposée par tout prêtre ap-
prouvé ; et elle consistait , dit S. Kaimond de Pegna-
fort (1. 5 Siimniœ, c. de Pœiiiie)il'!is el lîemissioni-
bus, § G), en liélerinages qui se faisaient par le monde
avec le hourdon et le scapulaire , ou quelques antres
babils afïeetés aux pénilenis. La première s'imposait
au comtneiicemcnt du csrème avec solcniiité, dit le
même auteur; l'auire pouvait s'imposer en tout temps.
Robert de Flames'iourgs, dans son Pénitenliel , après
avoir fait celte distincti'u <le la pénitence en soLn-
vclle el en pnbrupie, aliiil» :e à ia première six eireis,
suivant l'usage de son temps, lesquels étaient une suile
de celle ancienne disCiplim^ dont nous avons parlé, cl
qu'on avait re4rei:ito à celle pénilence solennelle , qui
no dilTérail de la publique que par (jiiel pies cérémo-
nies de plus que l'oa joignait à l'impiKilion de cello-là,
que les pénitents recevaieiii à la vm; de toute lÉglise
et avec plus d'appanil que l'autre : (juoiqiie dans le
fond elles fussent également publiques el excculées à
la viic de tout le monde. Ces ellèls, suivant cet aiileur,
étaienl l'irrégularilé qui mettait ceux qui étaient as-
êujéiis bors d'étal d'être promus aux ordres bacrés ,
(1) Pclr. Piclav., in fine Pœnilenlialis.
IX. PÉNITENCE SECRÈTE ET PUBLIQUE. 5i6
de ne pouvoir être recommencée, d'rinpêcber ces pé-
nilenls do conlracler mariage après le cour> de leur
pénilence, de les obi ger à quitter l'état militaire , de
110 pouvoir varpier aux affaires temporelles, enfin de
ne pouvoir èlre inqiosèe à mi clerc. Celte discipline
se maintint encore quelque temps, jiisipi'à ce qu'enfin
elle cessa entièrement dans le (piatorzieme siècle, avec ,
l'usage de la pénilence publique. Les auteurs qui ont \
écrit depuis ce lemps, n'en parlant plus que comme
une chose de pure spéculation.
CHAPITRE IX.
D'une espèce de pénilence, parue secrèle, parité pu-
blique, qui devint en usage dunsT Église vers la fin du
cinquième et durant le sixième siècle.
Avant que l'iisago de faire lénitence publique pour
les péchés secrets s'.ibolit , il s'introduisit dans plu-
sieurs églises d'Occident une espèce de pé ilence qui
tenait le milieu entre celle qui éiail publique et celle
qui s ' faisait en secret. On iroiive des preuves de cet
usage dans les écries des auteurs de ce temps , (jui
rendent témoignage de celle pratique qu'ils voyaient
s'observer sous leurs yeux. Le cardinal Baronius, sur
rannée 598, rapporte, sur la foi d'un ancien manu-
scrit goiliii|ne, du n)on.".slère do S. Ëmilien en Esjmgnc,
im canon d'un concile de Naiboime (it'esi le sixième
qui fui assemblé en o89), par lecpjcl nous apprenons
de qnolh; manière cette péiiitcuce à denii-publi(pie se
pratitiuail en Espagne, et dans celle partie des Caulos
que pos>édaieiil les Yisigoths : iS'ous avons ordonné,
disi ni l.s évêfpies de ce symide , suivant ce qui a élé
réglé autrefois par les conciles des anciens Pères , que
quiconque des clercs ou des cilogens honorables de la
ville se trouvcrnit coupable el serait relégué dans un mo-
nastère, serait traité par l'abbé de la manière que l'évèque
l'aura prescrit. Que si l'abbé fait autrement , il sera
suspendu pendant quelque temps afin qu'il se corrige,
rno ror.mx.TiONE ; car on n'envoie pas ces personnes dans
les monastères pour y être bien nourries et bien traitées,
mais pottr les corriger, ur EMn.xDF.TiR. Ces paioles non
seulement nous apprennent l'usage dont il s'agit, mais
qu'il n'élail pas mnn eau, puisque ces évêipies assurent
n'avoir suivi dms ce canon que ce qui avait été réglé
par des conciles antérieurs. Sccunditm concilia prisco- j
runi orlbodoxornm decrevit fraternitns , etc. Le même
usage paraîl clairement par le canon seplième du on- |
zièmc concile de Tolède , tenu l'an G75. On porta des
pla iiles à celte assondiléo conirc (piebiues pré'als,
qui, plutôt pour venger leurs injures parliculières que
par un zèle louable, iniposaiont des peines Irop fortes
aux péciieurs. Pour remédier à ces abus, les évêques
ordonnèrent qu'à l'avenir, lorsqu'il se piésenlerail des
occasions de punir pnbli(pici!iont les pécheurs, les
prélais premiraieni avec eux deux ou trois personnes
.-âges et instruites des règles, avec lesquelles ils exa-
mineraient la na'ine du crime et la pénitence qu'il mé-
riie; de lelle sorte néamnoins que s'ils jugent lo cou-
pable digne de l'ex il ou d'être renfermé, ila lamen ut a rC'
^-f/si'i?" rel e.riiio dignum etim e*M qni deliquit, judic'um
547
Histoire des
pecnthre decreverit , ils souscrivent de leurs propres
mains la senlonce qu'ils porlcnl contre lui en |»rcsiMice
de ces Irnis personnes. Il falLiil sans doiile que riiutu-
rité des évoques fût bien grande en Espagne, pour pu-
nir ainsi les pécheurs, soil par l'exil, soit par celle es-
pèce d'eniprisonnenicnl.
L'ancien sacrainentaire romain qui élail en usage
avant S. Crégoire-le-Crand , quoiquil n'ait été écrit
qu'après sa mort, fait mention de cette pratique comme
étant ordinaire , et la rcconmiande comme un usage
louable. Car voici ce qu'il prescrit touchant ceux (pii
étaient en pénitence publique : Vous le recevez (ces pa-
roles s'adressent à l'évéque) la qualrième [crie, le matin,
au commencemcnl du carême; vous le couvrez d'un cilice,
vous priez pour lui, et vous renfermez jusqu'au jour de
la cène du Seigneur, auquel il sera présenté à l'é-
glise, etc. Ensuite, à la tin de la messe du Jeudi-Saint,
on lit ce (pii sinl, dans le même livre : Le pénitent sor-
tira du lieu oii il a fait pénitence, il se présentera au mi-
lieu de r église, prosterné en terre, etc. Le pape Gré-
goire II suppose dans sa lettre à Léon l'isauricn celle
pratique comme une chose connue de tout le monde
et par conséquent ancienne. Or, ce pape fut élu
en 71-i. Voici comme il parle à ce prince touchant la
différence des deux puissances , la temporelle et la
spirituelle : Si quelqnun vous offense, vous confisquez
sa maison , vous lui faites couper la tête, ou vous le re-
léguez bien loin de son pays et de sa famille. Les pon-
tifes n'en agissent pas ainsi; mais, quand quelqu'un a
péché et s'en est confessé , au lieu de ces peines, ils lui
mettent autour dti cou l'évangile et la croix, et ils l'en-
ferment dans le sacraire ou la diaconie de l'église,
comme dans une prison. Là, ils lui font pratiquer des
jeûnes, le font veiller el prier Dieu ; et, après l'avoir Lien
châtié et affaibli par la faim, ils lui donnent le précieux
corps du Seigneur, etc. Ce que dit ici le pape Gié-
goire II se faisait surtout au connnencenicnl du carême,
qui était le temps auquel on renfermait ainsi les péni-
tents jusqu'au Jeudi Saint. Egbert, archevècpie d'York,
qui vivait à peu près au même temps, prescrit la
même chose dans son Pénilenliel.
En l'amiée 742 , il se tint un synode composé des
évêques de France , auquel présida S. Boniface , ar-
cbevê(pie de Mayence. Parmi les décrets de ce concile,
nous en avons un conçu en ces termes : Nous avons
ordonné qu'après ce synode , qui a été tenu le onzinne
des calendes de mai, quiconque des serviteurs ou djs
servantes de Dieu tomberait dans le crime de fornication,
ferait pénitence au pain et à l'eau dans ta prison ; que
siquel'iu'un a été ordonné prêtre, il y demeure deux ans
après avoir été fustigé ; que si un clerc ou un moine est
tombé dans le même crime, après avoir été frappé de ver-
ges trois fois, il soit mis en prison, et qu'il y demeure l'es-
pace d'un an ; que l'on impose la même peine aux rili-
gieuses voilées, el qu'on leur rase tous les cheveux de la
tête. Les décrets de ce synode furent confirmés l'année
suivaniedans celui que l'on tint à Lepiine. La première
partie de ce règlement s'entend en général de tous les
chrétiens; la seconde , des prêtre»; la troisième^ des
SACREMENTS. S48
autres clers et des moines; la dernière, dos filles con-
sacrées à Dieu. Ces peines sont extraordinaires, et no
pouvaient s'infliger en vertu de la seule puissance
ecclésiastique, au moins sans le consentement de ceux
qui avaient commis le crime pour lequel elles son»
imposées. Cependant les évoques de ce concile ne dis-
tinguent pas ceux qui acceptent volontairement cette
pénitence de ceux que l'on y soumet de force. La rai-
son de cette conduite est que ces évoques étaient au-
torisés par le prince Carloman , qui gouvernait alors
en souverain la France orientale, que l'on nommait
alors Austrasie. Dans la suite, la puiss^ince des évêques
s'éiant encore acerue davantage en Occident, ces sortes
de peines devinrent d'un usage commun el ordinaire :
ils la C(mservèrent assez longtemps , essuyant plus ou
moins de résistance de la part des mauvais chrétiens,
et surtout des seigneurs qui élaienl canlonnés dans
leurs châteaux depuis la fin du neuvième siècle jus-
qu'au douzième, et (jui souvent non-seulement se met-
taient peu en peine des censucs des évêques , mais
qui uiéprlsaient n.cme qtielquefois la puissance royale
dont ils s'efforçaient de les soutenir". Ce désordre de-
vint fort commun, surtout depuis la mort de l'empereur
Char!es-le-Chanve , dont la facilité ne contribua pas
peu à affaiblir la puissance royale. Dans les temps
suivants, ces pénitences devinrent en quelque manière
des peines civiles, qui n'eurent plus de ra|,,)ort au sa-
crement de Péiiitenre; mais, dans le temps dont nous
parlons, il n'en élait pas ainsi. Elles étaient des peines
sacramentelles cl satisfacloires pour les pécheurs qui
après avoir confessé leui s crimes ou en avoir été con-
vaincus, les expiaient sous la main des prélats, et en
recevaient l'absolution après qu'ils avaient passé dans
cet étal pénible et humiliant, le temps prescrit par leur
pénitence.
Quoique toutes les preuves que nous avons rap-
portées jusqti'ici pour établir l'usage de celte péni-
tence à demi-publique, soient tirées d'auteurs qui ne
remontent pas au-delà du sixième siècle, il ne s'en-
suit nullement qu'elle ne soil pas plus ancienne; car
outre (pie ces auteurs ne disent pas que cette cou-
ttnne fût nouvelle, et (|u'il ne parait pas qu'ils soient
les inventeurs de cette espèce de pénitence , nous en
trouvons des traces dans le cinipiicme siècle. C'est ce
que semble insinuer S. Augustin, dans le passage que
nous avons déjà allégué (1) ailleurs, dans lequel il
dit : Que si le péché est non seulement tel qu'il nuise
beaucoup à l'àme de celui qui l'a commis , mais qu'il
scandalise les autres, et que le Prélat juge que cela soit
avantageux à l'Eglise, qu'il ne refuse point de faire péni-
tence en présence de plusieurs, ou même de tout le peu-
ple, etc. € In 7wlitià multorum , vel etiam totius plebis
i pœnilentiam agere. » Cette alternative met quelque
dinérence entre ces manières de faire pénitence , cela
insinue une publicité plus ou moins grande. La pre-
mière manière de faire cette pénitence, in conspeclu
multorum, semble faire voir que dès ce temps-là en
(1) Homil. ult. inier 50. »
549 PÉNITENCE. — SECT. III. PART. H
Afrique on reléguait cenaiiis pénitents dans des endroits
destinés aux exercices laborieux de cet état, elque là ils
s'enacciuiltaientbousrinspccliondesporsonnesàquiles '
évêqiies donnaient la coniniission de veiller sur eux,
Cl de lui en rendre compte. L'autre, j« conspectu lo-
tiusplcbis, marque évidemment la pénitence publique
ordinaire en ce temps-là, hKjuelle avait lieu, surtout
quand les pécliés pour ksquels on Timposail avait élé
un sujet de scandale à tout le peuple chrétien.
Le premier concile de Tolède, qui a élé célébré
avant que S. Augustin eût paru dans le monde avec
cet éclat qui l'en a rendu l'admiration , contient cer-
Idines dispositions qui favorisent ce que nous venons
d'avancer, dans le canon 7* il est dit : JSous avons
ordonné que si les femmes de quelques-uns des clercs onl
péché ( de peur qu'elles n aient la licence de continuer
dans leurs désordres), leurs maris se mettent en devoir
<le les garder et de les lier dans leurs maisons, les assu-
jétissanl à des jeûnes salutaires qui ne soient pas capa-
bles néanmoins de leur causer la mort : en sorte que les
pauvres clers se prélent pour cela les uns aux autres tni
secours réciproque, s ils manquent de gens de service en
celle occasion Que d'ailleurs ils ne mangent point avec
leurs femmes qui auront ainsi péclié, à moins qiCaprès
avoir fuit pénitence elles ne reprennent des sentiments de
crainle de Dieu. Si, suivant la disposition de ce con-
cile, les maris pouvaient assujétir leurs femmes à une
pénitence en quelque façon secrète, il y a tout lieu
de croire que l'Kglise en ce temps se servait de son
autorité pour user à peu prés de même à l'égard de
certains pécheurs, que la conjoncture ou d'autres rai-
sons de prudence obligeaient de traiter avec quelque
ménagement. Cet usage de renfermer ceux qui s'exer-
çaient aux œuAres de piété, était d'autant plus pniti-
cable à l'égard des pénitents, que nous voyons qu'on
l'observait en Afrique à l'égard des calécbumcnes.
C'est ce qui parait par ces paroles que leur adresse
S. Augustin, ( I. "2, c. 1, de Symbolo , ad Catecliume-
nos ) : QiCa-l-on fuit aujourd'hui à notre égard, mes
très-chcrs frères? qu'a-t-on fuit celte nuit? on vous a
tirés des lieux secrets, oit vous étiez enfermés, on vous a
produits à la vue de toute l'Eglise : et là, baissant la
tête que vous aviez tenue élevée mal-à-propos, et couchés
sur le cilice. vous avez été examinés, etc. Si on prépa-
rait ainsi les catéchumènes au Baptême , dans la re-
traite et la solitude d'un endroit éloigné du tumulte
ordinaire du monde, je ne vois aucun inconvénient
qu'on ait pu agir de la même manière à l'égard de
certains pénilents dès le milieu du cinquième siècle,
surtout quand je considère que dès le siècle suivant,
cela était passé dans l'usage ordinaire.
CHAPITRE X.
De la pénitence des clercs tant majeurs que mineurs. Que
les uns et les autres ont été soumis à la pénitence
publique pendant les trois premiers siècles. Que de-
puis les clercs du premier ordre en ont été dispensés, '
mais que la même discipline a continué d'avoir lieu à
regard des clercs inférieur», nu mr,-„s ,,.,i,r hs ^rnndK \
ClIAP. X. l'ÉMTEiNCE DES CLERCS. 65d
crimes. Que les moines et les nligieuses n''onl point
été distingués en ce point des simples laïques. Diverses
particularités touchant la pénitence de ces derniers.
Si la discipline louchant la pénitence des évoques,
des prêtres et des diacres, que nous appelons au-
jomd'hui clercs majeurs, quand nous voulons les dis-
tinguer de ceux qui composent le clergé inférieur, a
varié, comme nous le fenms bientôt voir ; ce n'a ja-
mais été que dans la manière de la recevoir et de la
pratiquer, cl non par rappoil aux peines dues aux
crinii'S pour Icsiiucls ils clevaii ut satisfaire à la justice
de Dieu, ce n'a été, dis-je (pie par rapjxut à la ma-
nière humiliante de la recevoir au milieu de l'église,
en présence de tout le peuple, par l'imposition des
mains de l'évêque ; mais jamais on n'a cru qu'ils fus-
sent dispensés de venger sur eux-mêmes l'injui e qu'ils
avaient faite à Dieu en l'offensant, et que la seule dé-
position fût une peine suffisante pour guérir les pi lies
qu'ils s'étaient faites par le péché. C'est confoi nié-
ment à celte maxime que S. Jérôme dans sa qinantc-
buitième lettre au diacre Fabinien qui s'était laisse
entraîner dans le désordre, lui écrii : Je vous ai
exhorté à faire pénitence, et à vous co2ivrîr de cendre et
de cilice, et à vous retirer dans la solitude, à vivre dans
un monastère, à implorer la miséricorde de Dieu par
des larmes continuelles. Si donc on ne tionve pas dans
les canons qui se sont faits sin- celte marère depuis
le quatrième siècle, des peines pour les crimes des
clercs du premier ordre, autres que la dé|)Osilion ou
la suspense, il ne faut pas s'imaginer qu'il n'y en eût
point d'autres; mais on ne fait mcmion que de celles-
là, parce que c'étaient les seules qui fussent publi-
ques.
Montrons présentement que, dans les trois premiers
siècles, on ne mettait point de différence entre la pé-
nitence d"sévèques et des prêtres, et celle des simples
laïques. On en peut voir des preuves dans le chapitre
second de la première partie de celle section, où
nous avons lait voir que pour certains crimes plus
énormes 0!i ne se contentait pas toujours de la seule
déposition, mais qu'on y ajoutait de plus une espèce
d'cxcouununication, qui n'était point distinguée de la f
IxMiilence canonique Mais nous ne nous en tiendrons '
pas là. Nous ferons voir par des autorités irréfra-
gables que telle était la discipline de ces premiers
lemps-là. Le concile d'Elvire entre autres suppose
celte coutume, lorsque dans le canon 7(i* il ordomie : Si
quelque diacre t'est laissé ordonner, etc. , s'il a confessé
volontairement, qu'après avoir fait la pénitence légitime,
l'espace de trois ans, il soit reçu à la communion. Ce
sont les mêmes termes dont ce concile se sert ordi-
nairement pour signifier la pénitence conmmnc, lors-
(pi'il parle des laî(|ues, le{filima pœnitenlia. Le con-
cile de Néocésarée dit équivalemment la même chose,
c. 1 : Si un prêtre a contracté mariage, qu'il soil dé-
gradé; que s'il a commis le crime de fornication, qu'il
soit chassé et réduit h la pénitence ( et ad pœnilent'iarn
rl-'d'irifivf).
55Î
HISTOIRE DES SACREMENTS.
Sîia
Terlullicn dans tout son traité de la Pcniicnrc , dans 1 Si après toiiîcs ces autoviics il reste encore quoique
f lequel il exliorte avec tant d'éloquence < eux qui oui
j)crdu l'innocence de Icin- baplênie i\h\ rec(»iivr(M' par
)(?s travaux et les exercices (le la pénitence oïdinairc
dans réglise, qu'il décrit si palhéliipiemenl, ne fait
aucune distinction sur ce point entre le prêtre et le
laïque ; il n'excepte point les clercs des Innniliaiions
altacliées à cet état auquel il invite tous les pi'clieurs
d'entrer par l'exemple nièuie des rois, connue de
Nabuchodonosor cl des autres.
S.Cyprien dans sa lettre G8', en parlant de Dasilide
qui était un évciiue espagnol , coupable de pécî.és
d'idolâtrie et de blasplième, dit tjit'il s\'tuil dcoiis de
répiscopat pour satisfaire à su conscience, qu'il s'élail
livré à la pénitence ( ad agendam pœniteulium conver-
sum), et quil se croyait fort heureux si on lui accordait
la coninnuiion connue à un làUpie. Un peu ]>lus bus il
ajoute qu'il a été réglé d'un consentement unanime des
évèques, qu'on accorderuil, à la vérité, la lénilencc à ces
sortes de gens, mais qu'on Irur interdit ait l'entrée du
clergé et l'honneur du sacerdoce. « i'.jusmodi liomincs
« ad agendam quidem pœnilenliam posse admitti, j etc.
Le pape S. Corneille dans sa letlre à Fabien d'An-
lioclie, parlant d'un des trois évoques qui avaient or-
doriné Novatien, fait entendre clairement qu'il lit une
satisfaction publique de sa fauie, lorsqn'd dit que
peu à près pleurant amèrement, et faisant la confession
de son péché devant tout le peuple qui intercédait pour
lui, il fut reçu comme laïque à la communion, i^ou.o-
>.ovoûy.svc; ta iovTy.o\j âLiJ.'j.p-:r,ij.%. Ce Icriiie d'cxomoiogcse,
coniinc nous avons vu, signifie souvctut, non seule-
ment la confession des pécliés, nrais l'action même
de la pénitence, et l'acte de soumission avec laquelle
on la recevait dans l'Eglise. L'évè(pie Calédimius ,
comme on le voit dans la 19° letlre de S. Cypri n,
avait demandé à ce saint martyr, quelle conduite il
devait garder à l'égard de ceux qui ayant sacrifié aux
idoles, et s'en étant repentis, avaient ensuiie confessé
génércuscmeni, et avaient soulTerl pour la foi l'exil et
la perte de leurs biens. Parmi ceux dont il était ques-
tion, il se trouvait un prèire nommé Félix. S. Cy-
prien fait une réponse qui suppose l'usage dont il s'a-
git ici, ne faisant aucune distinctiDU entre ce prélre et
les autres au sujet des;uels on demandait s(ui senti-
ment. Elle se trouve dans sa 20' leitre, en ces ter-
mes : Comme ils ont effacé leurs péchés par le secours
du Seigneur, et qu'ils ont lavé la tache qu^ils avaient con-
tractée, par la confession qu'ils ont faite depuis si géné-
reusement, ils ne doivent pins être comme abattus, etc. ,
sous la puissance du diable. < Jacere ultra sub diabulo
t quasi prostrati non debent.i Rajoute : Plut à Dieu que
les autres pénitents retournassent ainsi dansleur premier
état dont le péché les avait fait déehoir ! II est évident
par celte réponse de S. Cyjirieri , (pi'il juge que ces
personnes ne doivent pas subir la pénitence canonique
à laquelle ils auraient été soumis, s'ils n'avaient ré-
paré si avantageusement leurs fautes, el que par con-
séquent le prêtre Félix sans cela y eût été soumis
comnr«e les autres.
douie touchant celle discipline qui assujétissail ceux
du cl.'i'-é à la pénitence pi:bli(pie cgalcnienl comme '
lc-< laï(pii's, la Iclli'e aO' du même saint les lèvera sans *
peine. Elle esi si expresse là-dessus, el le cas y est
si préciséiiKMit marqué, qu'il n'est pas possible de la
méc'imiaîlre. Kous avons lu vos lettres, mon cher
frère, dil-il, pur lesquelles vous nous apprenez que Thé-
rapius, notre collègue, a donné à contre-temps et avec
précipitation la paix à un certain prêtre, nommé Victor,
avant qu'il eut fait la pénitence pleine, el qu'il eùi satis-
fnit au Seigneur Dieu, contre lequel il a péché (ante-
qnàm pœniientiam plcnam egisset). Nous avons été fort
louches que l'on se soit écarté de l'autorité de notre dé-
cret, en accordant ainsi la paix avant que l'on eût plei-
nement et légitimement satisfait, sans que le peuple le
sut el le demandât, sans que l'on fût pressé par la ma-
ladie ou la néeessiié. « Qitœ res nos salis movit, .succes'
t sum esse à decreti nostri auctoritate, ut ante igitimum
4 et / leniun tempus satisfactionis, et sine petitu et con-
« seieniiaplebis,nultà in firmiiate urgente, aut necessitate
t cogente, pax ci concederetur. i Peut-on désigner la
péiiilence publique par des caraclères plus marcpiés?
tous les ternies semblent èire choisis pour cela. Mais
ce qui mérile encore une alleiiliini parliculière, c'est
C(! qu'il dii, (pie celle disci|>liiic avait élé réglée par
l'auloi ilé d'un décret ([ui est sans doute celui dont il
|»ai le dans sa b'I'' et sa oV lellre, qui ne met enîre le
clerc el le laï(|ue aucune dinéreiice touchant la p(;ni-
lence.
Celle discipline cliangca après que les persécutions
des païens fiirei.l Unies, comme nous le prouverons
bienUJl : mais ce cbangemcnl, comme la plupart de
' ceux (le celle espèce, ne se lit pas siibilement cl uni-
versellement, et il en resta des ves^tiges encore long-
temps après dans quelques provinces de la cbrélieii-
lé. Il parail, parle dou/.ième canon du premier con-
cile d'Orange, qu'on accordail encore depuis ce temps
la pénilence canoiTupieà ceux du clergé qui la souhai-
taient. C'est ce ipie signilient ces paroles: pœniten'
liant desiderantlbus clericis non negandam, qui ne peu-
vent s'(3iilendre raisonnablement (pie de la pénitence
publi(pie ou cano!:i(pie ; car qui a jamais refusé aux
clercs la permission de faire iiénilt-ice en leur parti-
culier? Martin de Drague suppose aussi que de son
temps les clercs, même du premier ordre, ét:iieiil en-
Crie soumis à la pénitence pub!i(|uedansquehpies en-
droits, puiscpTil dit, cli. 57 : Si quelque prêtre, (i Ctuse
de ta pénitence publiijuc qu'il a re,ue par l'autorité sa-
cerdiilnle, ou pour antique nécissilé. j. une le dimanche
par une espèce de religion, pro quadam reliciomc, ou
par superstition (car c'esi., à ce que je crois, ce que
^ig..ilieIit ces ternies), qu'il soit anatlième. La coulumc
assez ordinaire en Espagne, aux évèques mêmes, de
se soumettre à la pénitence publique par un esprit de
dévotion, soil qu'ils eussent commis des crimes qui la
niéiilasscnt, soil (pi'ils en fussent exempts, comme
nous l'avons vu ci-devanl par les exemples de Gau-
' ilcnce et de Polamius, évèques de ce pays, confinuG
855 * PÉNITENCE. — SECT. lïl. PART. H.
ce qno nous avons dit, qiit' celte discipline ancienne''
ne s'esl pas (Iiaiigée loiil-à-coiip univcrsollcnienl.
Dans la suiio ce lut une chose assez ordinaire de ren- i
fermer ceux du clergé qui avaienl péché, et de leur
faire expier leurs crimes par celte espèce de péiii- '
lence dont nous avons parlé dans le chapitre précé-
dent, ('/est de celte manière que S. Uenii lit expier à
r<''vèipie de Laon la faute qu'il avait conmiise. Voyez ;
ce que nous en avons rapporté dans le ch. G de la
première partie de celte section. C'est ainsi que Ton
ménageait l'iionnenr du clergé, en n'cx|;Osant pas
ceux qui le composaient à la pénitence publi(|ue ,
comme le reste des fidèles; ce (pi'il faut entendre des
évoques, des prêtres et des diacres. Car pour ce qui
est des autres ministres de l'Église, ils étaient soumis
presque parloiil à la même pénitence que les laïques,
et il n'y avait point sur cela de dillérence entre eux.
Ceci et 1.' changement survenu par rajiport à la péni-
tence des principaux memhres {\u cltMgé, kc démon-
tre évidounnent par le; canon 11 du ciii(|uième concile
de C:irthage, qui est conçu en ces termes : Sous avons
atatiié, lOHclutnl les prêtres cl les diacres, que s'il arrive
(lu'ils soient coiivaiucus de quelques grands péchés, pour
lesquels il faille les éluttjuer du ministère, on ne Umr im-
pose pas les mains comme aux pénitents ou aux fidèles
laïques. S Léon établit clairement la même chose dans
sa lettre à RusTniue de Narhonne, n. 2, lorsqu'il dit :
Il est contraire (i lu coutume ecclésiastique que ceux qui
ont l'honneur du sacerdoce, ow qui sont au rancj des dia-
cres, reçoivent le remède de la pénitence par l'imposition
des mains, pour les crimes qu'ils ont commis : ce qui,
ajoute-t-il, vieiit sans doute de la tradition apostolique:
t Quod sine dubio ex upoitolicà traditionc descendit, a
Ces dernières pamles font voir (pie celle prérogaiive
des prêtres cl des diacres était si bien établie du temps
de ce saint pape dans l'église Romaine et dans colle
d'Italie, et (prelle y élail même déjà si aiiciemic que
cela lui a doniié lieu de croire qu'elle venait de la
tradiiion des apôtres ; ce qui ne peu! avoir lieu, néan-
moins, to.l an plus, qu'à l'égard de l'église de Rome
en particulier. .Mais il est très-probable que S. Léon,
connaissant ce que li; pape Syrice avait écrit sur cela
à llimerius de Tarragone, a c>u qii.- le point de disci-
pline dont parlaii un de ses prédécesseurs, ccnmne
d'un usage ordinaire, avait toujours élé observé dais
l'Église. Voici ce que Syrice écrivit (I) sm- rela en
lannée 5So, et qui semble étendre généralement à
tous les clercs c^; que le concile de Carthage et
S. Léoii n'ont entendu que des principaux membres
du clergé. Sous avons du pourvoir aussi à ce que comme
en n'accorde à aucun clerc de f.ire pénitence, de même
il ne fut jamais permis à aucun laïque d'entrer dans le
ctcrqé, après la pénitence et la réconciliation ; parce
qu'encore qu'ils soient purgés de la contagion des p 'chés:
ceux-là ne doivent cependant point entreprendre d'admi-
nistrer les sacrements, qui ont été comme des vases souil-
lés par les vices. i L'i sicut pœnitenliam agere cuiquam
{\) Epist. ad Himer.,c. 14.
TH. XX.
CHAP. X. PÉNITENCE DES CLERCS. SK4
il c non conceditur clericorum, etc. . Nutla tnmen dcbent
i gerendorum sacramentorum inslrumoiln susciprre qui
t dudum fuerint vasa viliorum. » Le P. Miirin (1) s'ef-
l'orer de l'aire voii' que dans ce décret de Syrice les
minisires inférieurs n'y sont point compris ; mais il est
dillieile d'entrer dans sou scnlinn-nt qtii paraît faire
violence au texle. Lt le P. Coutanl, dans sa noie sur
cet entiroil de la Décrétale de Syrice, eonvient de
bonne foi que les paroles perlent naturellement à
l'esprit le sens contraire à cette interprétation du
P. Morin, puis(pie ce pape défend également et aussi
généralement de soumettre les clercs à la pénitence
publi(pie, tpi'il interdit l'enliéedu clergé aux laïques
qui auront élé soumis à celte pénitence. Or il n'y avait
point d'exception pour le second point, et tous les or-
dres étaient également interdits aux pénitents dans
l'église Romaine, et par conséquent tous les clercs
indistinctement semblent, suivant l'esprit du pape Sy-
rice, avoir élé dispensés de la pénitence publique. Lo
pape Innocent I, dans sa quarantième lettre, nous
rend un témoignage assuié de ce que nous dirons ici
de la maxime de T'égli^e Romaine, en ces termes :
Les canons de Nicée excluent les pénitents des offices les
plus bas du clergé. « Canones apud ISicœam constituti
i pœnitentes etiam ab infim'is officiis clericorum exclu-
<i dunt. r. Le concile qmtrième de Carthage ordonne
la même chose, c. 68, et le pape Gélase, ep. H,
cliap. 2.
On peut dire néanmoins que cette disposition de la
Décrëlale de Syrice na point élé suivie ; nous le ve •
nous de voir par le cin(iuième concile de Carthage et
par S. Léon, qui restreignent ce privilège aux prêtres
et aux diacres; et ce dernier appuie sa décision sur
ce point, de cette parole de l'Écriture, qui ne con-
viendrait nullement, s'il éiait question des ministres
inférieurs, tels que les portiers, les exorcistes, les
acolytes, etc. Si le prêtre pèche, qui priera pour lui?
Le savant éditeur des decrélales des papes ne fait
point aussi difficulté d'avouer (juc le pape Félix II (cp.
15, num. G) s'est éloigné en cela du sentiment de Sy-
rice, soumettant en termes exprès les ministres infé-
rieins à la |:éniience publi(iue (2). Eflectivemenl, ce
pajie, qui succéda à S. Lv^^on environ "l-l ans après sa
nnut, soumet les clercs mineurs, les moines, cl les
personnes du sexe consacrées à Dieu, aux mêmes pei-
nes (pic les simples laï(|ucs : Powr ce qui est des clercs
et des moines, des filles consacrées à Dieu, on des sécu-
liers, nous ordonnons que l'on observe ce qui a été régie
par le concile de Mcée, à l'égard de ceux qui sont tom-
bés. Savoir que ceux qui, sans avoir lieu de craindre, et
sans être menacés d'aucun péril, se sont livrés aux héré-
tiques pour être ri baptisés, si cependant ils sont vraiment
repcnlanls, soient trois ans entre les auditeurs : qu'ils
soient sept ans prosternés entre les pénitents, sous lu
(1) DePœnil., l. i, c. 12
(2) Je inmve celle lel;rede Félix dans les Conciles
du p. Labbé sous le nom de Félix III, et la septième
de ce pape. Le P. Morin la cile de même ; je ne sais
pour(|noi le P. Coulant dit que c'est la quinzième, et
I qu'il l'attribue à Félix IL
18
55S HISTOIRE DE SACREMENTS. S5Ô
main des prêtres, elc. Peut-on mieux caraciériser la m « i<>mT)és dans des fautes considérables. C'est ce qui
pénilencc publique et canonique? Conlbrniément à ï obligea les religieux de Fuhlc d'avoir recours à
celle discipline, S. Isidore évèque de Séville, 1. 2, de
divntis ùfficm. c 16, après avoir dit que Dieu avait « et c'est aussi ce qui donna occasion à la défense que
ménagé après le baptême le remède de la Pénitence
pom* sauver les hommes, ajoute que ç':î été en conser-
i Cliarlemagne, pour réprimer à l'avenir de tels excès,
j fil ce grand prince, dans ses Capitulaircs de l'année
« 700, et à celle du concile de Francfort, tenn cinq
vanl la dignité due aux rangs, en série (j^(e les prêtres et « ans ajirès, oîi Ton condamna ces sortes de suppli- l
les lévites l'accomplissent en secret, mais que tous les au-
tres la fassent publiquement , en présence du prêtre qui
est solennellement debout devant Dieu. Saint Éloi, liom.
15. exhorte indistinctement tous les pécheurs à re-
courir à la pénitence canoniiiue, il n'cxcepie tacite-
ment que les clercs du premier ordre. Ce que je dis
(ce sont les paroles du saint évêque), je le dis à tous,
aux clercs, aux laïques, aux religiettses : Si quelqu'un
se souvient d'avoir commis quelques péchés d'envie, de
médisance, de fornication, d'inceste, de parjure, qu'il
recoure au moins aujourd'hui au remède salutaire de la j
pé7iitence, etc.
Avant que les moines et les filles qui avaient em-
brassé Téial de la virginilé eussent des églises sépa-
rées, soit que celles-ci demeurassent chez leurs pa-
rents, soit qu'elles habitassent plusieurs ensemble
dans des maisons éloignées du commerce du monde,
ceux-ci et celles-là étaient obligés de passer publi-
quement dans réglise par tontes les épreuves de la
Pénitence. Dans la suite les monastères de l'un et de
l'autre sexe s'élant multipliés, et ayant leurs oratoires
particuliers, ils faisaient la même chose dans leurs
oratoires, en présence de la communauté. On trouve
dans S. Jean Climaque, qui a été abbé du monastère
du mont Sinaï vers le commencement du septième
siècle ou la fin du sixième, que dès lors on reléguait
les moines coupables de grands péchés dans un en-
droit destiné aux pénilents, que l'on nommait la pn-
son, où ces pénitents expiaient leurs crimes en diffé-
rentes manières, sous la direction d'un supérieur sage
et discret, qui veillait continnelloment sur eux, et les
encourageait à supporter les travaux attachés à cet
état. Rien n'est si édifiant que ce que ce saint raconte
de ces bienheureux pénitents dans le cinquième degré
de son Echelle spirituelle.
Saint Benoît , qui vivait avant que S. Jean Clima-
que composât le livre dont il s'agit, prescrit dans sa
règle diverses manières de corriger les religieux qui
s'écartent de leurs devoirs : mais il n'y fait nulle part
mention de prison, quoique dans le chapitre 18 il fasse
un (lénombronicnt exact de toutes les précautions et
do ions les di'grés de peines auxquels il veut que l'on
soinnelte les délinquants avant que de les chasser
comme incorrigibles du monastère.
i Mais, dit le P. Mabillon dans tm petit traité qu'il
a f;\ii sur les prisons des ordres religieux, et qui se
trouve parmi ses œuvres posthumes (lom. li,p.
( 5'2I), on ne demeura pas longlcmps dans un si juste
€ tempérament : et la dureté de quelques abbés alla
€ jusqu'à un tel excès (on aurait peine à le croire),
i (ju'ils mutilaient les membres et crcvaienl quelqne-
i fois les yeux à ceux de leurs religieux qui claicnt
« ces, qui ne sont permis que dans les tribunaux sé-
ï culiers ; et Ton réduisit les choses aux termes de
< la règle et à la discipline régulière. Abbates quâlibet
« culpà à monachis commissâ (c'est le règlement du
« concile) tiequaquàm permitlinmscœcare, aut mcmbrO'
« mm debilitatem ingerere, nisi reguluri disciplina; sub-
« jaceant. Ce fut en suite de celle défense que tous les
« abbés de l'ordre, étant assemblés en 817 à Aix-la-
« Chapelle , ils ordonnèrent que dans chaque mo-
« naslère il y aurait un logis séparé, domus semota,
<L pour les coupables, c'est-à-dire, une chambre à feu
« et une antichambre pour le travail. Us défendirent
« aussi d'exposer aux yeux des autres religieux ces
« pauvres misérables tout nus pour être fusiigés, com-
« me il s'était pratiqué auparavant.
« Il paraît, par le premier de ces règlements, que le
« lieu où l'on condamna ces pénitonls était plutôt une
n reiraiie qu'une prisoii, puisqu'il y avait une cliam-
« bre à feu et un laboratoire, et ce règlement est d'au-
« tant plus considérable, qu'il a été fait dans une as-
« semblée de tous les abbés de 1 empire, c'est-à-dire,
< de France, d'Allemagne et d'Italie.
« Le second concile de Verneuil, tenu peu après,
« c'e'st- à-dire, en l'an 844, ne prescrit aucune peine
« corporelle contre ceux qui ayant été chassés du
« monastère pour leur incorrigibilité, retournaient
« d'eux mêmes, mais il ordonne seulement que ceux
« que l'on reprendrait de force, seraient renfermés
d dans des prisons, in crgaslulis, et macérés par des
« pénitences convenables que la piété charitable sug-
1 gérerait à leurs supérieurs , pielalis intuitu conve-
« nientibus macerentur opcribus, jusqu'à ce qu'ils don-
< nassent des marques de leur repentir et de leur
i conversion. Ce qui fait voir l'esprit de l'Église et de
« la religion, qui ne met en usage ces sortes de péna-
I lités que pour porter ses enfants à une correction
« salutaire.
J Dans la suite des temps on inventa une espèce de
<r prison affreuse où l'on ne voyait point le jour, et
« comme elle était destinée pour ceux qui y devaient
« finir leur vie : on l'appela pour ce siijet, Vadein pa-
4 ce. Il semble que le premier qui ail inventé celte
« sorte de supplice teriible a été Matthieu, prieur de
I Saint-Martiii-des-Champs , suivant le rapport de
« Pierre-le-Vénérable, qui nous aj)prend que ce supé-
i rieur, homme de bien d'ailleurs, mais d'une sévéri-
« té outrée, fil construire une cave souterraine en
« forme de sépalcre, où il condamna, pour le reste de
« ses jours, un misérable qui hii paraissait incorrigi-
« ble. Mais quelque respect que j'aie pour la mémoire
8 de ce grand homme, je ne craindrai pas de dire
5o7 PÉNITENCE. — SECT. 111. PART 11.
< f)n'il semble avoir passe, en cela, les bornes de
i I liiinKiiiité.
« Il est vrai que Picrre-le-Vénérable ajonlc que
« celle rigueur ne fui prali(i»ce qu'une Ibis du temps
t de Malliiieu : mais comme ces sortes d'exem|)les sont
i toujours d'une fâcheuse cons«'qMence, d'autres snpé-
< rieurs, moins ciiaritables que zélés, ne manquèrent
« pas d'en user de même à l'égard des religieux con-
I pabies, et celte dureié , tout inluimaine qu'elle pa-
i raisse, alla si luin cl devint si coinnume, qu'elle
i obligea Etienne (I), archevêque de Toulouse, d'en
< porter ses plaintes par son grand vicaire au roi Jean,
« couquesliis de horribili rigore quem monaciti exerce-
« haut adversùs monachos graviter pcccautes, eos conji-
t ciendo in carcerein perpetuum, tcnebroaum et obscurum
i quem vade in page vocilarit. Ce qui mellail le com-
I bleau malheur de ces infortunés, est qu'on leurrc-
i tranchait toute cotisolation humaine, ce qui leur
t était bien aussi insupportable que de ne point voir
< le jour.
« Le roi eut de riiorrenr de celte inhumanité, et,
I touciié de compassion pour ces misérables, il or-
f donna que les abbés et les aulres supérieurs les vi-
« siteraient deux fois par mois, et donneraient, outre
I cela, deux fois pei mission à d'aniros religieux à leur
< choix de les aller voir; il fit expédier sur cela des
. lettres patentes; et quelque effort que fissent entre au-
< très les religieux Mendiants pour faire révoquer cette
I ordonnance, conmie si elle était fort injuste, on les
I contraignit à l'observer exa' lenient : Sa Majesté et
t son conseil estimant avec raison que c'est une chose
€ barbare et inhumaine de priver de toutes consola-
c tiens de pauvres misérables, accablés de chagrin et
f de douleur. > Barbarum enim est incarceralos, et sic
afllictos omni solatio et consortio mnicorum privare.
C'est ce que nous apprenons des registres du parle-
ment de Languedoc en l'an 1350.
t Certainement, > dit le P. Mabillon , dont nous
avons rapporté ce long passage, parce qu'il contient
des choses curieuses et peu connues, et que nous ne
devons plus revenir sur cette matière , « il est bien
I étrange que des religieux qui devraient être des nio-
t dèles de douceur et de compassion, soient obligés
« d'apprendre des princes et de.s magistrats séculiers
c les premiers principes de l'humanité qu'ils devaient
« pratiquer envers leurs frères. > Il ajoute : « Quoique
< cet usage du vade in pacc ait été aboli en partie ,
t il reste encore assez de ces sortes d'abus qui auraionl
t grand besoin de remède. Car n'est-ce pas un abus,
i qu'au lieu de se contenter dans les cas ordinaires
€ d'une justice sommaire, et de ce que l'on peut appren-
« dre de l'évidence du fait, et de l'aveu ingénu d'un cou-
€ pable, on emploie autant de formalités , de prrqui-
< sillons et d'enquêtes, a:i dedans, et même au dehors,
c comme s'il s'agissait d'ini crime de lèze-majeslé ;.u
« premier chef? > etc. 11 se plaint encore de ((uelqucs
(i) Ce fut on l'ainîé' lô'il, nu mois de janvier,
qu'Etienne Aldebrand porta ses plaintes. Voyez M. I
Fleury, in-12, iouie20, pag. lai.
ClIAP. XI. SUITE DU MÊME SUJET. rio8
I' autres abus sur ce sujet, lâchant d':i»iener 1rs clios. s à
: ce point, que les peines que l'on iinjiose aux coupables
chez les moines leur deviennent salalaires,'Ct ne ten-
dent pas tant à les punir et à les chàlii'r, qu'à les cor-
riger, et les faire rentrer eu enx-mènics, en lem' ins-
\ |iirant des sentiments de couiponclioa , et I; s portant
à une véritable conversion, ce qui est le vr;ti esjiritdc
l'Église dans tout ce qu'elle prescrit pour la pénilencc.
Cet esprit régnait dans l'abbaye de S. Vincent de
j Vulturne, et se fait remarquer dans nu de Irurs statuts
qui [)orle que les moines qui ont commis des fautes
grièves devaient jeûner le grand carême au pain , à
l'eau et an sel, excepté le cas de nécessité comme de
[' maladie, de grandes fêles et de voyage. Après la Pen-
I tecôle ils devaient jeûner de même les mercre<iis et
vendredis sans vin jusqu'à la fin de leur pénitence. Le
\ reste de la communauté jeûnait de même tous les ven-
j dredis et s'abstenait de vin , si ce n'est que quelque
H grande nécessité obligeât d'en user antre;nenl, et cela
pour l'expiation des fautes de Icts confrères pénitents.
I Ce règlement est de l'an 75:2. (Yid. cliron. Vullttin.,
p. 554 , apud Murator. toni. 1.)
I
CHAPITRE XL
j Que les clercs déposés pour crimes ne pouvaient , après
avoir accompli la pénitence , rentrer dans l'exercice
de leurs ordres. Adoucissements que l'on a apportés à
cette rigueur , surtout à l'égard des hérétiques qui re-
venaient à l'unité. Comment et par quels degrés on s'est
reUiclié de cette discipline. En quel temps elle a été
enfin presque entièrement abolie.
Si , comme nous l'avons fait voir ci-devant, ceux
qui étaient mis en pénitence publique pour leurs cri-
mes, étaient incapables de recevoir les ordres, à plus
forte raison ceux du clergé qui tombaient dans les
mêmes désordres, devaient-ils être déposés sans espé-
rance d'être jamais rétablis dans l'exercice de leurs
fo!:ctions ; car qui peut doutto- que la mauvaise vie de
ceux qui par leur étal doivent montrer l'exemple aux
autres, ne soit plus criminelle que celle des sintples
laïques qui ne sont point chargés du soiu des irmes
par élat, et dans lesquels le mauvais exemple est
moins contagieux que dans les ecclésiastiffues? Aussi
voyons-nous que jusqu'au ncuvièn;e siècle ceux qui
s'éiaieiit rendus coupables de crimes étaient déposés
sans espérance de pouvoir jamais rentrer dans leurs
fonctions. C'est ce qui est conslaté par une infinité de
monuments aiilhcntiiUes de ces temps-là, dent nous
nous coalenlorons de rapporter un petit nombre.
Le canon G2' des Apôtres ôte à un clerc dcpo-^é pour
crime toute espérance de rétablissement : Si quelque
cire pressé par la crainte d'un juif, d'un gentil ou d'un
liérélique , a renié , si c'est le nom de Jcsus-Clirist, qu'il
roit chassé ; si c'est le nom de clerc (c'esl-à dire, à ce
que je crois, s'il a nié qu'il fût clerc), qu'il soit déposé,
et que faisant pénitence il soit reçu comme laïque.
Celle discipline a été mainteriue par S. Cyprien en
plusieurs occasions importantes, et il en parle avec
I tant de force et de dignité , que l'on voit qu'il la re-
»59
HISTOIRE DES SACREMENTS.
mo
gardait en qiielquo Ciçon comme une cliosc dont on
ne pon»ait se déparlir sans exposer TÉglise à une
ruine certaine. Basilideel Martial, évèqnes espagnols,
ayant été convaincus dn crime d'idolâtrie et de pin-
sieurs autres , avaient été déposés par les évèques du
pays : ils n'acquiescèrent pas à celte sentence , et al-
lèrent à Rome , où , par de Lmx exposés, ils enga-
gèrent le pape S. Etienne à les recevoir à sa commu-
nion. Etant de retour chez eux, ils prétendirent, avec
ces lettres de communion , rentrer dans leurs sièges.
Alors les évêques d'Espagne écrivirent à S. Cypiien
pour lui demander secours en celle occasion. "Voici
ce qu'il leur répondit, ep. 68, par rapport au sujet
dont il s'agit ici. Comme ils se sotit rendus coupables de
plusietirs autres grands crimes, c'est en vain quils veu-
lent usurper répiscopat , puisqu'il est manifeste que des
hommes tels que ceux-là ne peuvent point pnhider à
l'Église de Dieu, ni ne doivent offrir des sacrifices. Sur-
tout depuis que Corneille , notre collègue , prêtre juste et
pacifique, et qui par la miséricorde de Dieu vient d'obte-
nir l'honneur du martyre , a décidé depuis longtemps
avec nous et avec tous les évêqnes du monde, que de telles
gens devaietit être, à la vérité , admis à faire pénitence,
mais qu'ils ne devaient avoir aucune entrée dans le clergé,
et qu'on devait leur interdire tout honneur du sacerdoce.
« Ad pœnitentiam quidem agendum admitti posse , ab
f ordinatione autem cLri , atque sacerdotali honore
i prohiberi
dit- il, tant pour lui-même, qui, ou misérablement aveu-
glé par le diable, ou poussé par les conseils sacrib ges de
certaines personnes, etc., ose s'attribuer le sacerdoce qu'il
a trahi, comme s'il était permis de passer des autels du
diable à l'autdde Dit u. Après avoir dit plusieurs choses
là-dessus avec son éloquence et sa solidité ordinaires,
il conclut enfin en ces termes : Sous devons veiller
avec toute l'attention possible... pour empêcher que de
telles gens, qui ont fuit une chute plus déplorable que
les laïques qui sont Ijmbés, ne s'attribuent encore le rang
du sacerdoce. Que si ta fureur de ces insensés devient
irrémédiable, clc, nous travaillerons à séparer tous nos
frères de la communion oit leur artifice les a engagés,
i Ne adliuc agere pro sacerdote conentur, qui ad nior-
i tis cxtrema dejecti, ultra lapsos luicos ruinœ nnijoris
8 pondère proruerunt. s
Nous avons po'ir témoin de la même discipline,
dans le quatrième siècle, pour l'Occilenl, le pap;' Sy-
rice, dan,-^ l'endroit de son épître à Himéi lus que nous
avons cilé dans le cliapiire piéoédeiil. La raison qu'il
y apporte pour exclure de l'entrée au . ordres l(!S laî-
qiu;s qui oi:télé mis en icnitence, prouve épjaiement
que les clercs, qui ont mérité d'y élre, doiveni aussi
en être exclus. Pour l'Orienl. S. Rasile n<nis doit siif-
! fire dans le canon 5*". lîendant raison pourquoi un
diacre, conpai>Ii' du crime de fornication, est déposé
sans pcrdie le droit de communion , il dit que ceux
qui sont dans l'ordre des luïiues ayant été chassés, peu-
pour ce sujet démis voloiitaircment de l'épiscopat ,
afin de Taire pénitence. Tout cela cependant ne fut
pas capable de le taire lélahiir; Sabin fut mis à sa
place et y fut mainlenu, malgré la surprise que lui et
Martial avaient faite an pape. C'est ce que l'on voit
Ce qui mérite allention , c'est que l'un de ces évè- vent être rét(d)lis dans leur droit; au lieu r,«'i(» diacre,
ques (Basilide) avait avoué ses f.;ules, s"élant même | contre qui on a prononcé sentence de déjosi ion. ne le
peut être, ce qui lui suffit, dit-il, et on ne doit pas le
punir davantage, parce qu'on ne doit plus lui rendre le
diaconat.
S. Grégoire-le-Crand maintint avec vigueur, dans
le sixième siècle, ce qui avail été jusqu'alors ob>ervé
par la lettre du concile d'Afrique, auquel présidait | si rtligiensement; cela paraîi par plusieurs de ses
S. Cyprien, qui est adressée au prêtre Félix et aux I lettres, entiearires par la 5* du quatrième livre crrite
peuples de Léon et d'Astorga , et encoie au diacre | à Vénantius touchant un irétre nommé Saturnin, qui,
Lélie et an peuple de Mérida , n"y ayant point, sui- | après avoir été iri\é du sacerdoce pour un ciime dans
vanl toute apparence , alors de prêtres dans cette I lecpiel il élail t. nibé, avait re; ris les fonctions de son
y\\\e, I ministère. Par celte lettre il lui ordinue, (ju'après
On remarque la même discip'ine dans la plainte que | s'être informé exactement de la vérité du faii . s'il
fait Anlonien à S. Cyprien, de ce que S. Corneille \
avail connnuniqné avec Trophinie. é>êiiue schisuiaii-
que et accusé d'idolâtrie, et l'avait reconnu connue
évêque. A quoi S. Cyprien lui répond qu'il a é:é mal
informé, que Corneille avait, à la vérité, doiuié quel-
que chose à la nécessité pour réimirà l'Eglise les fidè-
les que ce schismalique en avail détachés, mais qu'il
n'y a été reçu hii-nième que connue nu pur laïque,
sic tamen admissus est Tropliimus, ut laicus communicet.
C'est ainsi que cet évêcpie, qui par simplicité avait or-
donné Novalien, fut reçu pir S. Corneille, comme on
le voit dans sa lettre à Fabien d'Anlioche. C'est ainsi
que Fortunatien, évêque d'Assuré en Afri(iue, fut ré-
duit à la communion laïque, comme le témoigne S. Cy-
prien dans sa lettre 64'. Le saint docteur se plaint
amèrement de cet évêque, parce (ju'il prétendait ren-
^ser dans son siège anrès sa eJ»ute. Cela m'a aflligé,
trouve qu'il soit vérital le , il interdise la counmniion
à ce prêtre jusqu'à l'heine de sa mort. Le même saint
écrivant à Constanlius, évêque de M lin, lui dit : Si
on rétablit dans les fonctions de Unrs ordres ceux qui
! sont tombés, la vigueur de la discipline ecclésiastique est
énervée, les méchants, dans la confiance de recouvrer la
I place qu'ils ont perdue, ne craignant plus de concevoir
1 de mauvais désirs. En conséiiueiice, il défend à réNètpic
I de rétablir dans bs foncliiuis du sacerdoce un certain
Amandinus, (pii avail été déposé par son prédéces-
seur; il permet seulement qu'on lui accorde une place
honorable au-dessus des antres nmines dans le mo-
nastère dont il avait été abbé, en cas (pi'il «'en rende
digne en donnant des marques d'uive sincère conver-
sion, il ajoute : Prenez garde qu'à la persuasion de qui
que ce soit, vous ne rétablissiez, dans l'ordre sacré, au-
cu'dc ccvr qui sont tombés, de peur qu'il ne /wrai^t.
î)01 PÉNITENCE. — SECT. III. l'AUT. !
qrte In peine que l'on décerne contre eux ne soit que pour
un lanj's. Il (udoiina à peu près la mémo < liose, é;). l(i,
I. i, à Vé.i:uiliiis, doiii nous vouons do parler, l(»ii-
ciiniil nn dincro albédo Porto- Voiioio, sur la côlc de
Cônes, qui avait n.érilé la déposition, cl lonolmnl dos
sons diacres conpahlos iU' laiitcs, qu'il rédoii poin'
tni! juins à in co;i;nniiiio;i I ï(|ne : .17) olficiu suo irrcvo-
c ■.hiii'.er inter luiras connnunionem accipinut.
\.c papo Joan II, |iroiiocessonr do ce grand saint.
a\nil ginlc la mémo conduite dans TaHairo de ( onlu
moliosiis, cvéquc de liiez. Il conlinna la sciilence (pic
lis cvêqurs tlos Gai:l s avaient j^ronoiicéo eonlro lui,
cl éori\it à S. Césaite d'Arles, à q:i quoiquos-ur.s
soulennic:i! «pi col cvè(pio, après avoir (ail | énilonce,
dovail être rélalili dans son siég •, qu'il était à la vé
rilé affligé de la perle de cri évéqi.e, mais qu'il fal-
Irù! a!)<olumonl suivre 1 1 rigueiu' des canons, riqorem
tmnen ccinonum servare necesseesl. S. Isidore de ?évi!L',
écrivant à Ilrlladius lonchanl un évêquo de Cordrtue
qui était tom' é dans un péolié do la chair, l'avcrlil lui
et ses t ollégiics que cel évéque doit être déposé par
la sei;lei;co do lour synode. Il ajoute ces belles pa-
ro'es : Qu'il sache que celui-là a perdu le nom et la
dignité du sacerdoce qui a perdu le mérite de la suinteié;
c'est pourquoi que, par l'autorité de votre jugement, il
pieiire son crime cl l'Iiomieur du sacerdoce qu'il a perdu
par 5.1 ninucaixe vie.
Celle discipline se conserva sans alteinlc jiisipie
Ition avant dans le linilièmo siècle, connno le montre
la réponse du pape Zadiarie à Pépin, maire du palais,
et aux évétpios de France, cpie l'on trouve avec h s
qiiestioas qni 1 ri avaient été proposées ;lans le pre-
mier lonre des conciles d s Garrics. Voici comme il
parl;\ c p. 2 : Pour ce qui est des évéqne.s, des prêtres
et des diacres qui onté:é condamnés, il a été dit, suivant
l'autorité des saints opôlres, cap. 29, qu'ils ne doivent
plus reittrcr dans l<s fonctions de leur ministère, i qu'od
c pris'.innm ofjicinm usurpare non debeant. » Oarrs sa
oiizièrrio iollre à S. Boniface, il établit la même chose
à l'ôg \r d de certains prêtres coupables d'inrpiélé.
Telle a donc été la discipline de I Eglise, sirr le sirjel
tpie nou-; traitons, depuis les Apôtres jirsqu'ari neu-
vième siècle ; si elle parait sévère aujourd'lini, c'est
qu'on n'a pas les mêmes idéos rjue les anciens de l.i
sainloié du sacerdoce, et que nos pères pensaierrl plus
noblenienl que nous louchant les devoirs des minis-
tres publics de la reliKion. Ils savaient néanmoins
tempérer dans les occasions celte sévérité, ce qu'ils
faisaient surtout en deirx manières. La première, en
conservant à ceux qu'ils avaient déposés et privés des
fonctions de leurs ordres le rang el la préséance ou
les hormeur-s attachés à ccl ordr-e. CesUe qu'ordonne
le coiicrle d'Ancyre, can. 1 el 2, à l'égard de certains
dont les crimes étaient moins énormes. Nous avons
vu, il n'y a qrr'rm momerrt, que S. Grégoire-le Grar:d
avait fait quelipre chose d'approchant à l'égard d'un
piètre déposé. Le carron 7()' dir concile d'Elvire sem-
ble aussi accorder à un diacre déposé le rang de son
ordre, c'esi-à-dire, l'cnlrécdu sanciuaire. La seconde
I. (HA P. XI. SUITE DU MÊME 8LJET.
;.62
manière dont on miligoait quelquefois celle rigueur,
élail <rerrlretenir, arr.x dépens de l'Eglise, ceux des nii-
nislros à qui oir aval iuicrdil l'rrsagi; de leurs lonc-
lioMS. Le concile de Calcédoirre ordonna qu'on usai de
col te indulgence à l'égard de quelqrre,-uns qir'il avait
déposés. Grégoire VII a voulu qu'on usai de cette
bonté errvers ceux rpri n'.ivaiont poinl do quoi subsis-
ter-, nrai>, il n'en est poinl pour lesipjtls l'i gliso ait
l'ail pai-aitio plirs de facilité el de doucMir qiro pour
los béiétiquos, dans le lenip^ même qire sa discipline
était dans toute sa vigueirr. Elle a porté sa condescen-
dance, srrr ce |ioint, au-delà do ce qrr'on poirt s'ima-
giner, après avoir l:i ce que nous venons de rapporter
de ses ma.ximes et de sa discipline, la cliariié et l'a-
mour de l'unité lui faisant en quelqrre ma'rière oublier
ses règles ordinaires quand il s'agissail de réunir au
corps niystiqrre k\m Jésrrs-Clirisl ceirx que la fureur du
schisme ou les ténèbres de l'I.érésie en avaient sépa-
rés. On sirivait on ces tenrps-là celle belle maxime de
S. Arrgustin, /. 2 contra Crescon., c. Il, par laquelle
il rend compte de ciMle comliiile de l'Eglise pir rap-
port au poinl do:.l il s'agit On reçoit ceux du clergé,
dil- 1, selon qu'il parait convenable à la paix el à l'jtti-
lité de l'Eglise; car nous ne sommes pas é vaques pour
mus, mais peur ceux auxquels nous administrons la
parole de Dieu et les sacrements. C'est pcurqnoi nous
devoKs être on ne pas être tels, suivatit que l'exigent les
nécessités de ceux que nous sommes chargés de gouverner
sans scandale, puisque nous ne sommes pas pour nous,
mais pour eux. En un mol, chez ces gi-aids hoinnies,
le salut du peuple élail la L.i suprême (juc l'on suivait
dans les dilïércnls cliangemorris de la discipline, et
ainsi quand il s'agissail norr du péril de celui-ci ou de
colni-là, mais de la perle des peuples entiers que le
schisme on l'iiéré-ie pouvait causer, oir lem| érait
(pielque chose de la rigueur de la discipiirro, afin de
remédier à de plus grands maux par une charité sin-
cère, comme dil le nrême S. Augirstin. il niajoribui
malis sanandis cliaritas sincera subveniat. Ej». 50.
Nous avons un exemple de celle conduite pleine
de sagesse el de charité dans ce qui se passa après la
mort de l'empereur Conslanlius quand la paix fut ren-
due à lÉglise qui avait été si violemment agitée par
la persécution des Ariens. Nous apprenons de S- Alha-
nase coamonl toute l'Église el lui-même se condui-
sirent alors à l'éganl de ceirx qui s'élaierrt laissé en-
trarirer dans l'impiété. C'est dans sa lettre à Uulinieu
qu'il nous instruit de ce qui se passa en ce temps-là;
et nous le rapp;irlerons d'autant plus volontiersi|uola
conduite qire l'on tint alors servit depuis de modèle
quand on se trouva dans des cas à peu près sembla-
bles : ce qui est arrivé plusieurs Ibis dans l'Église.
Voici les paroles de ce défenseur intrépide de la divi-
nité de Jésus Christ. Parce que vous avez souhaité,
comme il coniient à votre pieté, (Papprendre de nous ce
qui a été réglé par les synodes et par toute lu terre, tou-
chant ceux qui ont été entraînés par force sans avoir • té
corrompus par la mauvaise doctrine ; sachez, mon très-
honoré seigneur, que d'abord les violences étant cessées ,
IllSTOHlE DES SACREMENTS. 564
les pécheurs , et permisscnl aux clercs , quelque cou-
pables fju'ils fussent, de reprendre les foiiciions do
Icuri ordres, après qu'ils auraient expié par la péni-
tence les péchés dont \h ét.iionl convaincus; néan-
moins les évèques du neuviénje siècle, qui d'une };art
couiiaissaient les canons qui établissaieul une disci-
pline contraire, et de Taulre ne pouvaient discerner la
fausseté de ces pièces, prirent uwc espèce de uiiHcu
eulie le relàciicnicnl enlier et l'ai lâchement aux an-
ciennes règles. Ils établirent pour maxime que ceux
dont les crimes étaient publics devaient cire dégradés
SUIS retour, au lieu que ceux qui les auraient confes-
sés en secret pouvaient être réiablis, s'ils élaiciU vérila-
Memcnt repeulanls. C'est ce que Rab.>n enseigne au
coniniencenicnl de son i'énilenlicl. Vt lii r/iii di'pre-
licnsi vel capli fnerint publkè in perjurio , fiirlo , atqiie
foruica'iione, et cœteris linjitsmodi criininibtis , scciindiim
sacrorum canonum instimla gradu proprio deponaulnr.
En parlant des autres dont les péchés sont cachés,
après avoir fait menliDU de la manière dont ils doivent
se purifier par la péaiience : sivoir, les jeûnes, les
veilles et les aumônes, etc., il dit : llis cliain gradu
servaio spes venue de misericordià Dei promiltcnda est.
llincmar de Reims, à la lin de son second capitule
aux doyens de son diocèse , enseigne à peu près la
même chose. Voilà ce que les deux plus grands évo-
ques de France, l'ar rapport au soin (lu'ils eurent de
mamlenir le bien, purent faire pour conserver au
moins en partie l'aiicienne discipl ne , ei s'opposer au
relàcliemenl. Mais ce tempérament ne suffit pas pour
en arrêter le cours, surtout ceux (jui étaient intéres-
sés à l'introduire, se sentant appn\és parées fausses
pièces dont personne ne conleslail iùors raiitorité.
Dans le onzième siècle, Pierre Daniien, homme zélé
pour le bien , et dont la science cl la piété lui avaient
S65
i7 SCSI tenu un synode auquel ont assisté des cvêciues
étrumjers. ( Il cnlend par ce synode celui qu'il tint
lui-même à Alexandrie, auquel se trouva, entre autres
éi-rangers, S. Ensèbc de Ycrceil avec les députés de
Lucifer de Cagliari.) Il s en est tenu encore un par les
évéïjues de Grèce, aussi bien que par ceux d'Espagne el
par ceux des Gaules. El ils ont jugé , comme on h fait
voir ici et partout , quil (rdlait pardonner à ceux qui se
sont rendus les chefs de rimpiélé , el qui ont entraîné
les autres dans ta cliuia, s ils font pénitence : mais qu'il
ne fallait pas les admettre dans le clergé. Pour ce qui
est des autres qui par nécessité et par violence on! été
entraînés , ils ont décidé qu'on devait leur pardonner ,
et qu'ils garderaient leurs places dans le clergé , surtout
allant une excuse apparente , car ils assurent qu'ils n'ont
point embrassé l'impiété, mais qu'ils se sont laissé empor-
ter à la v'wlence , et ont mieux aimé porter ce poids sur
leur conscience , que de souifrir que l'on établit à leur
place dans leurs Églises des impies qui les auraient cor-
rompues, et qui auraient infecté leur peuple de leurs er-
reurs. Les évèques d'Afiiipic, pour éteindre le schisme
de:i Donatisles, poussèrent encore plus luin la condes-
cendance dans le siècle suivant ; ils cojiscnlircnt ima-
nimemenl, au nombre de 286, assenil)léj àCailhagc, I
à partager leur autorité avec les évèques de celle sec- •
te, chacun dans la ville où ils élaiei.t établis ; en sorte ;
que le survivant resterait seul évoque, ou même de |
céder enlièremcnl leur siège. Exenqjle rare de delà- |
chôment, el d'un amour tendre pour l'Église, qui les ^
laisail passer par-dessus les lègles ordinaires, pour
procurer des voies de salut à ces implacables ennemis
de la paix , (pii s'efforraieiit, par tonte sorte de moyens,
d'enqièchcr les peuples qu'ils avaient séduits de ren-
trer dans le sein de l'Église. |
il tsl tcuq)S d'exposer aux yeux du lecteur comment |
et dans quel temps l'ancienne discipline, qui excluail |; acquis beaucoup de crédit auprès des papes, travailla
imis 1 fortement à remettre sur pied l'ancienne discipline.
pour toujours les clercs coupables de crimes soum
à la pénitence carionique, de l'exercice de leurs fonc-
tion';, a été changée. Si l'on a fait de temps en temps
quclipies tentatives pour ailaib'ir celle discipline, on
l'.e peut pas dire qu'on ail puhliquemenl avancé et au-
torisé des maximes coiilraires avant le tieuvième siè-
cle. Alors, conuiie on avait déjà fabriqué de fausses
pièces qu'on avait publiées sous des noms respecla-
Lles, les cvê(ptes les plus zélés pour la pureté de la
<]i-c'plinc, n'osèrent s'op; oser ouverlemenl à la pra-
liqiio contraire qui commença à s'introduire, et ne ;|
pouvant arrêter enlièremenl le désordre, qui insensi
blement s'était iistroduil sur ce sujet , ils lâchèrent !|
au moins de sauver du naufrage une partie de ce (ju'ils
ne purent conserver en entier. Ces fausses pièces sur :|
lesquelles s'appnya.icnl iirincipalement ceux qui n'ai-
inaient pas la sévérité de la disci(tiine ancienne, élaieiit ,
une prétendue lettre de Callisle I, et une autre sous j
le nom de S. Silvesire. De phis deux autres, une à |
Secondin sous le nom de S. Grégoire pape, el Tau- .|
tre à Massus sous le nom de S. Isidore. Quoique ces |
pièces, soit corrompues, soit faites à plaisir, ouvris- |
sent rentrée aux saints ordres, généralement à tous )|
Il y réussit même en partie. Le saint pape Léon IX
déclara pu- une lettre à ce même Pierre Damien , que
ceux qui élaienl coupables de certains crimes qui n'é-
taient alors qui; iropcouiuiuns, seraient déchus de tout
grade dans, riV:li'- . "-•^'•^ F''" l''i»l'"'''lé des saint, ca-
nons que par son jugement. Omnes isti....(ib om::ibus
immaculalœ Ecclcsiœ gradibus tam sacrorutn canonum,
quîim nostro judicio , depel'untur. Mais le relâchement
avait g:ig; é de toutes parts ; Léon se trouva lui-même
dans la triste nécessité d'abandonner son décret au
moins en partie. Enfin on fit passer en maxime que
les clercs coupables de crimes, soit publics, soit se-
crets, pouvaient être rétablis dans leurs fonctions
après avoir accompli la pénitence qui leur était impo-
sée. C'est ce qu'un peut voir dans un décret d'un con-
cile d IliLernie cité par Cralien, dist. 8-2 , qui est ap-
puyé uniquement sur la prétendue lettre du pape Pil-
vcsîre qu'on ave-ue êlre contraire aux can.oas des
Apôtres.
Vers le milieu du douzième fiièclc, les docteurs seo-
laslicpies, dislingmuit la pénile;ice solennelle de la
publique, de la manière que nous avons dit ailleurs,
565 PÉNITENCE. — SECT. III. PART. III. ClIAP
enseigiièrcnl que ceux qui avaient été soumis à la
première, ne imuvaient être admis dans le clergé, et
que les clercs à (|ui on ne l'imposait fiu'après les avoir
dégradés ne pouvaient être rél;iblis, mais ces cas élaicnt
exlrcmemenl rires. Aujonnrhui encore, il est plu-
sieurs crimes ijiii l'ont encourir rirrégnlarité , c'est-à-
dire, riucap.Kilé d'enirer dans les ordres , ou d'en
faire les l'ouctions, (juand ou y est entré, soit que ces
crimes soient notoires, soit qu'ils soient cachés, cl
sans les dispenses (pii s'accordent trop facilement,
on verrait encore souvent réduire en pratique quel-
que chose de l'ancienne discipline.
TROISIÈME PARTIE.
LE LA DISCIPLINE OBSERVÉE DANS l'ÉGLISE , DEPCIS LA
FIN DU SEPTIÈME SIÈCLE JLSQl'aU DOUZIÈME , TANT A
LÉGAR» DE LA PÉNITENCE SECRÈTE QUE DE LA PU-
BLIQUE.
Nous allons voir la Pénitence changer de l'ace en
bien des choses, mais on reconnaîtra partout le même
zèle pour punir le crime et le bannir de l'Église ; si
on ne remarque pas, dans les siècles qui ont suivi
ceux dont nous venons de parler, la même discrétion
dans l'imposition des peines dues au péché , il faut
s'en prendre au défaut de lumière de ces tcnipsrlà
et à la grossièreté des peujdes, que les barbares venus
du Nord , et qui avaient inondé l'empire d'Occident,
avalent introduite. Mais les évéques et les princes
aimaient sincèremoni l'Église el haïssaient les vices :
ils les punissaient même au moins avec autant de sé-
vérité que l'on faisait dans les siècles les plus éclairés.
CHAPITRE PREMIER.
Que vers la fin du seplième siècle on commença à suivre
la maxime de n'imposer la pénitence publi(iife (fiie pour
les péchés publics. Que le nombre des pénilents pu-
blia depuis ce temps ne laissa pas d'être fort grand ;
qu'on les distinguait facilement du reste des fidèles. I
Avec quel soin les évêqnes s'attachaient à découvrir tes
coupables el à leur faire subir la pénitence.
Le vénérable Bède, qui n'est mort qu'après l'an 72.j,
est le premier que Ion saciie qui ait ouvertement éta-
bli celle maxime, que la pénitence publique ne devait
s'imposer que pour les péchés notoires et scandaleux ;
c'est ce qu'il fait dans le chapitre 7' de son livre des
Remèdes des Pé( liés, oii, en parlant des prêtres, des
diacres tl des moines, il dit que si quelqu'un d'eux
s'est marié an su du peuple {in conscientià populi),il soit
di'posé , el que s'il a commis un adultère avec une femme
(in conscienliù populi),ausu du peuple, il soit chassé
de l'église, el qu'il fasse pénitence parmi les laïques te
r.'.ste de sa vie. Dans le premier cimpitre du même ou-
vrage, piirnii les averlissemenis qu'il donne au con-
fesseur pour lui appiendre connnetit il doit imposer la
pénitence, il veut qu'il ail égisrd à la notoriété du
crime; ce qui, comme il paraît par Tii^aïe qi-i s'intro-
duisit en ce temps , et qui passa bieiil«>i en pratique
commune el or'inaire, doit. s'entendre en ce sens, que
es crimes publics devaient être punis publiquement,
I. RÈGLES DE PÉNIT. AU VIII' SIÈCLE. 5G6
et que ceux qui étaient cachés devaient être expiés
en secret.
Nous avons vu dans le cliapiln- 7' de la seconde
partie quelque différence entre la pénit nce impo-éo
pour les crimes scandaleux, et ceux qui n'étaiont point
Venus à la connaissance du public. Mais elle ne con-
sistait pas en ce que l'une était pubriipie, et l'autre
secrète , mais dans la manière d'imposer l'une el l'au-
tre, quoiqu'elles fussent également publiques dans
l'exécution. Il n'en était pas de môme dans les siècles
qui ont suivi le seplième ; nous le venons de voir dans
le Pénilcniiel de Bède, qui a été sui\i en cela par Ec-
berl, archevêque d'York, par l'ordre romain et Alcuin,
qui copient tous les mêmes paroles que nous avon.s
rapportées. Dans le cinquième livre des Capiiulaires,
c. 52, il est dit : Si le pécieur s'est confessé en secret
et volontairement, qu'il fasse sa pénitence en secret. Quâ
s'il est convaincu , ou s'est confessé publiquement , qu'il
passe publiquement el en présence de toute l'Église par
les degrés de la pénitence canotiique; et qu'après l'avoir
accomplie suivant l'instilulion canonique , en secret ou
publiquement , il soit réconcilié, et qu'on lui impaire
les mains avec les oraisons qui se trouvent dans le Sa-
cramentaire. Voilà ce qui fut réglé dans l'assemblée
des évoques, de France, tenue au commencement do
l'année 713, à Leptine, oi!i présidiùt Boniface, arche-
vêque de Mayence et légat du Saint-Siège, qui conCrma
les canons qui avaient été publiés dans ce synode.
Isaac de Langres, dans son Recueil, tit. 5, c. 9; le
sixième concile d'Arles, tenu en 813, can. 25, et celui
de Châlons-sur-Saône, qui fut célébré la mêiuc année,
contiennent la même disposition, aussi bien que ce!;ii
de Nantes , dont le canon que nous allons rapporter
fut inséré dans les Capiiulaires de Louis-le-Débon-
naire, 1. 6, c. 96, et renouvelé sous Charles-le-Chauve,
dans l'assemblée de Créci, l'an 857. Ce canon, contre
les ravisseurs du bien d'aulrui , est conçu en ces ter-
mes : Si cela s'est fait publiquement , qu'il fasse pu'j'i-
quement pénitence, conformément aux sai-nts canons; si
c'est en cachette , qu'il fasse pénitence suivant le conseil
des prêtres , etc.
Quoique celle maxime fût aussi répandue et auto-
risée en ce temps-là que vous venez de le voir, cela
n'enqiêchail pas que le nombre des pénitents publics
ne fùl encore fort grai;d alors, puisqu'on y soumcllail
les homicides, que l'on condamnait rarement à mort
eu France, on Italie el en Allemagne, dans le (cmps
de la première el de la seconde race de nos rois , la
coulnme éla'.ii do punir ce crime par dos amendes
pécuniaires, qui allaient tant au prolit du fjsc que ikà
parenls do celui qui avait élé tué. C'est ce que l'on
voit dans les Capiiulaires de Charlcmagnc, de Louis-
le Débonnaire et de ses enfants ; ce qui rendait ces
crimes fort fréquents , surlcut l'usage des duels éiant
fort commun : les nations barbares qui ont onvaîii
l'empire romain l'ayant introduit avec elles dans les
pays dont elles s'étaient emparées. Le rapt dos vierges
ou dos veuves , soit qu'elles y consentissent ou non ,
ou même que les parents trouvassent bon qu'elles so
5^7 HlSTOllŒ DES SACULMtiSTS. 861
mariassent avec les ravisseurs, était aussi soumis à la llT ne fasse sur-le champ l'aumône, pour lui, »isi pro eo
péuilonce publique. La forniralion sous proniesse de
mari.ige, ou aulromeiil, Tadullère. le parjuri', le faux
témoignage, l'ivrogiieric, le vol, rincendio de guelà-
pcus, le soiiilége, et les diverses espèces de supcrsii
lions et d'encliamemi-nls, étaient soumis à la même
peine. Il ( si clair que la |)!npail de ces i»éeliés ne
peuvent guère se c muncttre que cela ne vienne à la
connaissance du puldic, et que par conséquent le
iiomlTe de pénitents publics ne fût encore très-grand.
Mais ce (pii ne conlribuait pas peu à raugmenter, était
l'incesle, sous prélcxle de mariage : car alors on ac-
cordait rarement dispense sur ce point , et les degrés
^de consanguinité ou d'affinité s'étendaient bien plus
loin qu'à présent. En un mol, toutes les fois que quel-
qu'un avait été juiidiquemrnt convaincu de crime en
justice, s'il n'était pas mis à mort, il fallait qii'd subit
la pénitence publique. S'il se relirait dans l'asile de
l'église, pour é\iler le supplice dû à sou crime, les
évéïpies demandaient aux princes qu'on lui épargnât
la vie ou les tourments ; mais il ne sortait point de
l'asile qu'il n'eût promis de faire la pénitcnc^ cmoiii-
que. C'est ce qu'on voit dans le concile de Reims de
l'an 650, c. 7, dont les évèqucs, après avoir assuré la
sainteté des asiles contre ceux qui la violaient, di-
sent : Pour ce qui est de relui qui a clé délivré de la
mort par le bienfait de rÉçiline, qu'il n'ait point la liberté
de sortir quil n'ait promis de faire pénitence pour son
crime , et d'accomplir celle qui lui sera imposée suivant
les canons.
Noi\ seulement le nomi^re des pénitents publics était
encore fort grand d puis le septième siècle, quoiqu'on
ne fil plus pénitence pour les crimes cachés, mais les
pénitents occupaient ime place séparée dans les assem-
blées de l'Eglise, et portiient outre cela des in-uques
extérieures de \e\\r état hors de Péglise, qui les ren-
daient reconnaissables et les distinguaient du reste
des fidèles. Cela est manifeste par ce que l'on trouve
si souvent dans les anciens livres i énitentiaux , en-
tre autres dans lesRomain*, dans les Recueils de Biir-
chard, d'Yves de (Ibartres, part. 10, c. 14. Si quel-
qu'un a tué un péniient public, qu'il soit puni double-
ment, et qu'il ne reçoive la communion qu'à la mort.
Isaae deLaiigres, liv, 1, cl, défend qu'aucun prêtre
ou laïque ne contraigne un pénitent à boire du vin ou à
manger de la chair, à moins qu'il ne paie sur-le-champ
un ou deux deniers pour lui, selon la qualité de la péni-
tence; c'était une aumône qui tenait lieu de compen-
sation de la peine à laquelle le pénitent avait été
condamné. Et non seul'incnt ceux qui le contrai-
f gnaient à prendre ce soulagement étaient obligés it
5 payer cette espèce d'amende, mais encore ceux qui
l'y invitaient sans violence. C'est ce que nous ap-
prenons de l'ancien ordre Romain, dans lequel on
trouve une formule d'exhoitalion que révoque devait
faire aux curés et aux prêtres, après son synode, qui
contient entre autres avertissements celui-ci. Que per-
sonne n'invite un pénitent , nullus pœnitentem invitet,
à manger de la chair et à boire du vin, à moins qu'il
ad piœsens eleemosijnam faciat. Ces sortes d'invita-
tions étaient regardées connue des pécliés si considé-
rables que les évéques et les arcliid. acres dans leurs
visites s'iiiilbrn)aienl exaclemcnl des paroissiens , si
(pielqu'un n'y était pas tond)é. Ces sortes de règle-
ments, dtmt nous pourrions rapporter un plus grand
nombre, font voir ipie ces cas étaient lié pienls, et
par consé(iuent, que les pénitents publics ( laienl en
grand nombre et reconnaissables par quelque mar(|ue
extérieure, qui les disiinguaient des autres fidèles.
Mais (pi'est il besoin de conjecturer sur cela? Bur-
cliard, I. lî), nous apprend ce qui en était, lorsqu'en-
tre les demandes (|ue le confesseur doit faire au pé-
nitent, il y met celle ci : Avez-vous tué ou conseillé de
tuer un pénitent public et qui était revêtu de l'habit que
ceux qui jeûnent le carême ont coutume de porter < et
« in ipso vel habita esset quo soient illi esse, qui carinatn
i jejunant ? » Ce carême (carina) était un jeûne de
quarante jours au pain et .à l'eau, auquel on con-
damnait les pénitents publics, etc.
Une autre chose qui ne contribuait pas peu à mul-
tiplier le mnnbre des pénitents publics, était le soin
et la vigilance des pasteurs à rechercher exactement
ceux qui étaient coupables de crimes soumis à la
pénitence canonique. Ils prenaient pour cela des me-
sures si justes qu'il était difficile qu'ils leur échap-
passent. C'est ce que l'on peut voir dans le chapitre
quatrième de la seconde section de ce livre, dans
lequel nous avons traité de cette matière à l'occasion
du sujet qui se présentait alors. Nous nous conlente-
roe.s donc ici d'ajouter à ce cpii a été dit là-dessus, ce
qu'llinemar de Reims dit aux prêtres de son diocèse
dans K'sCaj itules (pi'il leur adressa la douzième aimée
de son éiùscopat, et qui se trouvent dans le Iruisièine
tome des Conciles des Gaules. Que chaque prêtre ait
un très-grand soin, s'il s'est commis dani, sa paroisse un
homicide public, un adultère, un parjure, eu quelque autre
crime capital et public, d'aller trouver l'auteur de ce
crime ou son complice, aussitôt qu'il le pourra, et qu'il
l'exhorte à renie « pénitence, devant le doyen et ses col-
lègues ; et que ceux-ci rapportent à nos coopérateurs leurs
maîtres qui sont dans lu ville, ce qu'ils auront découvert
et fait : afin que dans l'espace de quinze jours le pécheur
public se présente devant nous, et qu'il reçoive, suivaiit
tes canons , la pénitence piddique avec l'imposition des
7nains. Il veut de plus cpie (luand les prêtres des di-
verses paroisses s'assemblent aux calendes de chaque
nujis, ils confèrent ensemble sur la manière avec la-
quelle chacun s'acquitte de sa pénitence, et qu'ils lui
en rendent compte, alin ([u'il sache quand il doit le
réconcilier. Il menace ceux qui seront i égligenls à
remplir ce devoir, de les interdire et de les faire jeûner
au pain et à l'eau, s'il est instruit par d'antres des
désordres de leurs paroisses, et de les déposer si le
péchem- vient à mourir avant qu'ils aient fait leurs
diligences piuir laverlir de ce qu'il devait faire. Ilé-
rard , archevêque deTuurs, c. i-i, ordonnait à peu
, près la même chose à ses prêtres. Ceriaioemeiil on ne
569 PÉNITENCE. — SECT, III. PART. III. CIIAl
pouvait prendre des précaiilions pins sages pour obli-
ger les pécheurs puld es à réparer par la pénitence
le scandale «in'ils avaient donné; el on ne pcnl (|no
loniT et ailniiror le zèle de ces grands prclals poiu*
n)ain tenir l'aMcienne discipline, el faire cesser les dés-
ordres dans Lurs diocèses.
CHAPITRE 11.
Que l'on conlraignail les yéchcurs publics à subir la pé-
7îitence en deux iiiaiiières, \' par l'excummuiiicaiion,
2" pur lu puissmice sécitlièrc. Jtisquuii i.lluienl ces
deux espi ces de contraintes. Des rits pi.blics (jui s'ob-
Si'rviiicnt i:ans l'action. De lu pénitence, on des difj'c-
rentes stations qui étaient en usage. En quoi ces rils
différaient de ceux qu'on observait dans les sept pre-
miers siècles,
11 ne sulfisait pas d'avoir découvert les personnes
coupables de crimes notoires et capitaux, si on ne
trouvait n>oyen de les leur faire expier eu les assujé-
tissant à la pénitence publique. C'est à quoi les évè-
ques du temps dont nous pari ms s'appliquaient for-
tement. Ils frappaient d'analbème ceux qui refusaient
d'embrasser le seul moyen qu'ils eussent d'éviter la
vengt ance divine (jin' leurs crimes méritaient : en quoi
ils ne se sont punit écartés de l'ancien usage de
l'Eglise; mais cet anatbéme dans les siècles posté-
rieurs avait des suites plus marquées que dans les
premiers. Dans les Capitules qui furent recueillis par
ordre de Cbarlemague , de ceux que son père et son
oncle avaient publiés, on irouve celui-ci (Oipiiular.
l. 7, c. 331), qui est rapporté par Isaac de Langres,
titre 4, c. 14, qui prouve en même temps, et que l'on
anatbématisait les rebelles qui ncvoulaieal point subir
les peines caiioni(|ues dues à leurs crimes, et que cet
inalbèine avait de fâcheuses suites pour le reste de
la vie. Il regarde les incestueux, mais il doit sCntcn-
dre des autres pécheurs à proportion. Il est énoncé
en ces ternies : Que les incestueux, lundis qu'ih demeu-
rent dans leurs désordres, ne soient peint comptes parmi
les fidèles chrétiens, mais qu'ils soient considérés comme
les gentils. Us catéchumènes et les énergumènes (jus-
que-là voilà l'esprit de l'Eglise , comme nous avons
vu dans ce qui a été dit jusqu'à présent) ; qu'Us ne
prennent point leurs repas arec les chrétit-ns, qu'ils ne
mangent ni ne boivent dans le même vase. Qu'ils ne re-
çoivent d'eux ni le baiser, ni le salut....; qu'ils soient ré-
putés du nombre de ceux qui sont agités par l'esprit im
monde, et de ceux dont la vérité dit : S'il n'écoule pas
l'Eglise, etc. Tlié()dul|tbe d'Orléans, c. 2G, ordonne
à peu près la même cbosn des pnrjuros, et Ilincntir
de Beims de tous ceux généralement cpii dans l'espace
de quinze jours ne se soumettront point à la péni-
tence canonique. C'est ce qu'on peut voir dans le troi-
sième tome des Conciles des Gaules. Le pénitcnlii'I
Romain, tit. 1, est entièrement conforme. On privait
donc dans ce temps les pécheurs qui refusaient de se
eervir du remède salutaire de la Pénitence , de tout
commerce spirituel el civil avec le reste des fidèles,
jusqu'à ce qu'ils rentrassent en eux-mêmes, et qu'ils
11. .MODES DE PÉMT. AU VIII' SIÈCLE. 570
se soumissent aux lois de l'Eglise, en se soumettant
à la pénitence canonique.
Que si malgré ces peines qui sont les plus grandes
que l'Eglise puisse inlli^er, ils deiueuraienl endurcis,
ou trnuvaienl nu)yen d'ompécher que ceux 4»vec qui
ils avaient à vivre ne suivissent à leur égard les in-
tentions de l'Eglise, on faisait intervenir la puissance
séculière pour les contraindre de se soiiniellre à la
pénitence canoni(|ue, ei les princes l'employaient vo-
lontiers en cette occasion pour seconder le zèle des
évèpies, en leur laisant part à eux-mêmes de celle
dont ils étaient revêtus, el en ordouiiant à leurs ofli-
ciers de leur prêter main -forte pour faire exécuter les
règles de la discipline ecclésiastique ; ils punissaient
nièine sévèrement ceux qui refusaient leur ministère
aux pasteurs quand ils en élaient requis. C'est ce cpi'il
faul prouver à présent; en quoi nous n'aurons pas
beaucoup de peine, les lois sur ce sujet étant en si
grand nombre (ju'on se trouve plus embarrassé au
choix de celles qu'on doit alléguer qu(î de la recherche
qu'il en faut faire. Le roi Charles le-Cbauve fil celle-
ci dans le concile de Soissons, c. lO de la septième
action, laquelle est rapportée dans les Capitulaires du
même prince, et dans le 3" tome des Ciuiciles des
Gaules sur l'an 854. Que )ios envoyés, missi .NOsrR!(l),
fassent savoir à tons les ministres de l'état, que le comte
el les officiers publics se trouvent avec l'évêque de chaque
diocèse pour l'aider quand il fait sis visites, aussitôt
qu'il le leur aura fuit savoir, et qu'ils contraignent par
l'autorité et la puissunee royale à se soumettre à lu pé-
nitence et à une saiisfaclion convenable, ceux que l'évêque
n'y pourra réduire par l'excommunication.
Que si les comtes ou leurs officiers refusaient opiniâ-
trement leur secours à l'évêque ou à l'archidiacre, ils
élaient eux-uièmes cxcoiiimuniés ju qu'à ce qu'ils
eussent rempli leur devoir à cet égard, et étaient pri-
vés, celui-ci de son comté, et les autres de leurs em-
plois. C'est ce que nous apprenons d'un capilulaire de
Cbarlemagne qui se trouve 1. 7 Capilular., c. 550,
aliàsùùS, et qui est rapporté par Isaac de Langres,
tit. 4, cap. 13. Le même capili le nous instruit de la
manière dont les officiers royau.v toniraignaient ceux
dont nous parlons à subir la pénitence canonique, en
ces lernns : Si quelqu'un, suit libre, soit ecclési 'Stique,
soit quelque personne attachée un fisc, est rebelle à son
propre évêque ou pasteur, ou à l'archidiacre pour quel-
que crime que ce soit, que tous ses biens soient saisis par
le comte et le commissaire de l'évêque {et à misso episco-
pi), jusqu'à ce qu'il obéisse à son évêque, et qu'il fusse ta
pénitence canonique ; que s'il ne se corrige pas encore
après cela, el qu'il diff'ère de faire pénitence, qu'il soit
appréhendé par le comte el mis dans une uide prison,
qu'il soit en même temps privé de la jouissance de son
bien jusqu'à ce (juil obéisse à s n évêque.
LC roi Arnonlil publia une loi célèbre sur ce sujet,
qui contioni une disposition singulière; elle est raj»-
(I) C'étaient des commissaires que les rois de la
seconde raci.' eii\ oyaient d.nis toutes les provinces
pour veiller sur la eunduile diS officiers ordinaire.
:ir^
171
HISTOIRE DES
portée dans le canon 3' du concile de Tibiir, qui fut
cok'hië l'an 895. Voici celle disposition. Il est or-
donné par celle loi que si ceux que le comte veut ar-
rèier, dans le cas dont nous parlons, font résistance
Cl sont tués en se défendant, on n'imposera aucune
pénitence par le jugement des évèqnesàceux ipii leur
auront ôlé la vie, et qu'ils ne paieront p;is au fisc
Tamende pécuniaire (pii est taxée par les lois contre \
ceux qui ont tué qnel(|u'nn. Et prœceplo iiostro Were- j
(jUdi milla ab eis exloniualur composilio. La piélé de i
nos rois les rendait si ailentifs à faire exéculer les i
règles de rÉglisc touchant la pénitence, qu'après la
mort de Louis-le-Débonnaire, les états de ce prince
ayant éié partagés entre ses enfants, ceux-ci, dans une
assemblée tenue en 85!, firent, à la persuasion des 1
évcî|ues, un concordai par lequel ils s'engageaient à
ne pas soulfrir, chacun dans leurs étals respectifs,
ceux qui s'y réfugieraient pour éviter la pénitence ca-
nonique, mais de les en faire sortir au-sitôt qu'ils en
auraient reçu avis de l'évéque du diocèse duquel ils
seraient, afin qu'ils y retournassent et qu'ils y fissent
la pénitence convenalile, pour quelque crime public
que ce fût, ou qu'ils achevassent colle qu'ils avaient
reçue, el de quocnmcjne crim'me publico debilain pœui-
teiitiam suscipial, aitt susceptam, ut légitimé peragat,
compellatur. Celle loi fut renouvelée d'un commun
consentement des rois français, dans l'assemblée de |
Coblentz, l'année 860, et deux ans après, Charles-le-
Chauve se plaignit hautement deLothaire, son neveu,
de ce qu'il domiail retraite dans S(m royaume à im i
seigneur nommé Baudouin, qui avait été excommunié
par les évéques pour le rapt qu'il avait fait de Judith,
sa fille. Il fonde sa plainte sur ce qu'en cela il
violait les conventions qui avaient éléfailes entre les
rois, de ne point permettre que de pareilles g(;ns de-
meurassent dans leurs états, mais de les obliger à rc
tourner pour faire pénitence, et ad pœnitenliain cujen-
(lam, sicut stiitutuin est, redire cogat.
Celait à la prière des évéques que les rois em-
ployaient ainsi leur puissance, afin de contraindre
les pécheurs à se soumettre à la pénitence canoni-
que, comme le fait voir manifestement le canon 10'
du concile de Pavie, dont les évéques supplient le roi
Louis-le-Jeune d'ordonner à ses comtes de leur prêter
secours pour contraindre les incestueux à faire péni-
tence publique. Les évéques de Gaule et de Germanie
prièrent aussi l'empereur, dans l'assemblée de Thion-
\illc, d'ajouter par ses lois une amende pécuniaire
à l'imposition de la pénitence. Ce qu'ils (irenl à l'oc-
casion du meurtre commis conire la personne d'un
('•vèque d'Aquitaine, nommé Jean, dont la mort les
avait extrêmement affligés.
Mais en quoi consislait celle pénitence que les deux
puissances réunies ensemble s'efforçaient avec tant de
zèle de faire accomplir aux pécheurs publics ? c'est
ce qu'il faut exposer aux yeux de nos lecteurs. Il
n'est pas question ici de l'iiuposilion de la pénilence,
dont nous avons parlé ailleurs, il s'agit de l'action de
la pénitence, non en tant qu'on l'accomplissait chez
SACKEMEiNTS. 572
soi et en son particulier, de quoi nous aurons lieu de
traiter ci-après ; mais en tanl qu'elle était exposée à la
vue du peuide et qu'elle se faisait publiquement dans
léglise. Elle se faisait remarquer dans le temps dont
nous parlons, surtout en trois chefs. Il n'éiait point
permis i° à ceux à qui on l'imiwsail d'enlrer dans
l'église pendant un certain intervalle de temps mar-
qué, ils demeuraient à la porle, et y priaient. T Ce
temps étant expiré, on les introduisait solennellement
dans. l'église, où ils demeuraient néanmoins séparés
du reste des fidèles dans un coin vers la porte, expo-
stis à la vue de tout le monde. Après avoir parcouru
cette station, ils étaient admis et mêlés indistincte-
ment ilans l'église avec les autres fidèles, quoiqu'ils
gardassent encore l'habit affecté aux pénitents. On
tiouve ces trois stations dans plusieurs lellresdu pape
.Nicolas I, à qui plusieurs pécheurs de toute la chrétienté
s'adressaient, suivant l'usage de ce temps, soit de leur
propre mouvement, soit que leurs évéques, pour de
bonnes raisons, les renvoy.^ssent à lui pour recevoir
la pénitence due h leurs crimes. Dans celle qu'il
écrivit à l'évéque Rivoiadro, touchant un certain Vi-
mar qui avait tué ses enfants, et qui est rapportée
dans l'appendice des lettres de ce Ponlife, qu'on
trouve dans le troisième tome des Conciles des Gaules
sur l'an 8G2, il est dit : Nous uvotis ordonné quil se
tienne trois ans devant les portes de réylise pour prier,
(juil soit ensuite quatre ans parmi les auditeurs, quil
passe sept ans sans recevoir le corps et le sang de Noire-
Seigneur. Dans une autre lettre à Frotaire, archevêque
de Bordeaux, il prescrit les mêmes stations à un
nommé Burgandus, qui avait pillé les vases sacrés de
l'église, avec cette différence qu'il y en ajoute une
première hors de l'église, extra ecclesiam, qu'il distin-
gue de celle dont nous venons de parler, qui se fai-
sait devant les portes ou à lentrée de l'église, ante
[ores ecclesiœ ; cette lettre se trouve aussi dans le
3" tome des Conciles des Gaules, sous l'an 867. Mais il
paraît que ce pape n'y ajoute cette première station
qu'à cause du sacrilé;^e que renfermait le crime de cet
homme, comme il s'en explique liii-méme en ces
termes : Nous ordonnons qu'il demeure un an hors de
l'église dont il na point craint d'emporter les vases sa-
crés à la manière des paiens.
Les légats du pape Adrien II, dans le huitième con-
cile général, action 9% imposèrenl à ceux qui avaient ,
rendu un faux témoignage conire le patriarche Ignace
une pénitence qui renferme les mêmes rils et les
mêmes stations. Ils ordoimèrent quils demeurassent
deux années hors de l'églis', deux autres années dans
l'église, entendant les divines Écritures, mais sans com-
munier en aucune manicrc, etc. Que les trois autres
années ils se joignissent aux fidèles, et méritassent de
recevoir la divine communion dans les seules fêles du Sei-
gneur. « In solis Dominicis solcmnitatibus. » Le concile
dé Mayence, qui fut asse:nblé en 888, ordomie que
ceux qui ont tué un prêtre soient ein(| ans hors de l'é-
glise, se lenant à la porte pendant qu'on y célèbre les
saints mystères ; qu'après cinq ans ils enlrent dans
S73 PÉNITENCE. - SECT. IH. PART. III. CliAP. II. MODES DE PÉNiT. AU Vlir SIÈCLE. 57 i
1 église sans y coiiiiminier ; qu'ils y soioiil dchoit on- | :,v<c lanl .rapimreil el de dévoiion, sur les péiiitenls
Ire les auditeurs, viU-y uudieules, ou assis quand on ; luosleruc'S, t^'aus toutes les assemblées de leglise,
le leur i)ein»ellra, el qu'après douze ans ils icçoivcnl ; avant la ccléhralion des saints inysièics. Une seconde
Jla communion.
Cette entrée dans.régHsc se faisait avec qucLiuc
solennilé ; il ne leur était pas poimis de l'cnirepren-
dre d'eux-mêmes, il fallait que révè(|ne les y intro-
duisît. C'est ce que nous apprend le concile de Tiliur,
sous le roi Arnould, intjrcd'uUur Ecclesiam inlroduccnle
episcopo. 11 était défendu aux prêtres de s'attribuer
celle antorilésans ordre de l'évèquc, connne témoigne ^
le même concile, c. 20. yullus prcf'bijinoruin (juciMjnum
iiisi jiissu episcopi in ecclesiam inlrodnccre prœsumat,
citi pro aliquo deliclo itlam iugrcdi iion licent. L'entrée
de l'église ne donnait point droit aux j)énitcnts de f=e
joindre aux autres lidc-ks, comme nous l'avons déjà '
rcmaupié, mais ils en devaient èlre séparés el relégués j
dans un coin, vers la porte. Le Pénitenliel romain
(til. I, cap. 22) est formel là-dessus. Vous devez ob-
server, y est-il dit, (juil fuul que vous soyez (il parle au
pénitent) durant l'espace d'un an devant Ut porte de l'é-
glise, vous efforçant d'attirer sur vous la diiineclcincnce. j
Ce temps expiré, que l'on vous introduise dans Céglise,
difl'crence se fuit sentir, en ce que les aut(;urs ou les
canons qui pn^scrivenl ce qui se doit observer par
rapport à i.i pénitence publiiiue ne parient pomt, dans
ce temps, du renvoi des auditeurs el des prosternés,
el ne disent point qu'on fermât les portes de l'église
pour qu'ils n'assistassent point an saint sacrilice. Les
auditeurs du moyen âge étaient dans l'église pendant
qu'on le célébrait, cl ceux mêmes qui élaienl hors dos
portes pouvaient, de l'entrée de ces mêmes portes ou
du vestibule, être eu quelque façon présents au sa-
ciifice de nos autels; ce qui, comme vous avez pu re-
manpier, est diamétralement opposé à ce qui se pra-
tiquait auparavant. Dans quehpies endroits, au lieu de
reléguer les pénitenls dans un coin de l'église, on les
laissait à l'entrée. D'où vient que, suivant la remanjue
de M. de Vert, tom. 1, p. 8, on observait autrefois à
Rouen de reculer la chaire du prédicateur à l'arcade
la plus proche du grand portail, pour donner lieu aux
pénitenls, à qui il étaitdéfendn d'entrer plus avant dans
église, d'écouter la parole de Dieu. Quelquefois même
de façon cependant que vous restiez debout, dans un coin, | on co.-istruisail des autels sous le vestibule pour leur
jusqu'à ce que l'année soit finie. {Tamen in angulo ec-
ctcsiœ stcs.) Burchard (l. 19), après le chapilie cin-
quième, dit la même chose. Le même Pénitentioliros-
cril cinq ans de pénitence, à l'entrée de l'église, pour
celui qui a ôlé la vie à un ecclésiastique. Après ces cinq
ans, vous entrerez, dit-il, dans l'église, mais sans com-
munier, vous tenant debout ou a-isis dans un coin, t Scd
I in ancjulo ecclesiœ stes vel sedeas, etc. » Le Pape
Alexandre II, qui n'a été mis sur la chaire de S. Pierre
qu'en l'an lOCO, prescrit les mêmes rits elles mônies
stations de pénitence à un homme qui avait tué sa
cousine-germaine, et à plusieurs aulres, coupables
d'autres crimes : avec cet e diiïérence, qu'il étend plus
ou moins l'espace de temps ((ue les pénilcnls doivent
passer dans ces diverses classes, à proportion que les
crimes sont plus ou moins énormes. Mais, en général,
le temps de la pénitence était encore fort long de son
temps. Par exemple, il veut qu'un prêtre qui en avait
tué un autre soit trois ans hors de l'église, et sept ans,
inter idiotas, avec le peuple.
Tel.s ont été les rils cl les cérémonies puhlicîuesqui
s'observaient dans le cours de la pénitence canonique,
depuis le connnencement du huitième siècle ou la fin
duseplicnie jusrpi'au douzième. Si nous les comparons
avec ce qui s'observait dans l(;s siècles précédents, j
dont nous avons parlé dan=i les deux premières parties
de celte section, nous lemarqnerons dans ce parallèle
quatre différences bien marquées. La première et la
principale qui se présente d'abord, consiste en ce que
la prostration, substralio, 0-î:;iT«Tt;, qui était la troi-
sième station de laiicicnne pénitence, ne paraît point
avoir été en usage dans le moyen âge, quant aux rils
jet aux cérémonies pnbli(pics qui l'accompagnaient;
puisqij'on n'y fait mention nulle part de l'imposition
des mains et de la prièie qui se faisaieiil auparavant,
faire entendre la messe. Il se voit encore de ces autels
à Noyoïi cl ailleurs, el l'ancien pontifical de Chàlons-
sur Saône en fait mention.
Nous apercevons dans les monuments du moyen
âge une troisième différence encore plus importante,
savoir : que l'on accordait la connnunion aux pénitents
avant qu'ils eussent achevé le cours de leur pénitence,
non pas à la véiité dans la première et la seconde sta-
tion que nous avons expliquée, mais dans la troisième;
non pas aussitôt qu'ils y élaienl parvenus, mais quel-
que temps ou quehpies années aj)rès, plus ou moins,
suivant ce qui était réglé; de façon, cependant, qu'il
n'était pas rare que les pénitenls communiassent dans
cette station plusieurs années avant qu'ils eussent
achevé leur pénitence. Nous apprenons ce point de
discipliiie du concile de Worms, c. 20 du Pénitenliel
romain (til. 8, c. ultimo, et Cit. i, c. 22du concile de
Tibur, c. 5), el de plusieurs aulres, conmie du pape
Nicolas dans sa lettre à liiiicmar, dans laquelle il
permet à un homicide, à qui il prescrit une pénitence
de douze ans, après avoir passé trois ans hors de lé-
glise et deux ans entre les auditeurs, de communier
les sept antres années.
Eiifin une quatrième différence, qui mérite d'avoir
place ici, par rapport à j'appareil et aux rils publics
de la péiiilence canoni pie, consiste en ce que les ha
bits Ingidires el remarquables des pénitents élaienl,
à la vérité, les mêmes dans les deux âges, je veux dir •
dans les sept premiers siècles et dans les suivants, hi s
que les pécheurs recevaienl pidtliquement la pénilonc ( ;
mais ils avaient quelque chose de plus smgulier, dans
les pénilcnls du moyen âge, duianl le c(uirsuiémedc
leur pénitence.
Nous remarquons, dans les lettres des papes qui
renvoicnl aux évêqucs les pécheurs de leur diocèse
575 HISTOIRE DES
qui étaient venus i Rome pour leur demander h péni-
tence, qu'une partie des peines qu'on imposait alors
à CCS personnes, éiait d'aller nn-pieds; do no poii.l
porter do linge, sinon des fcmeianx; d'olre vèlns d'é-
toffes les plus viles el |>('U capables de les inclire à
l'abri des injures de l'air; de ne point aller en voi-
lure, elc: c'est ce que nous apprenons de la Icilredu
pape Nicolas à Rivoladre qno nous a\o.;s déjà citée,
et du concile de Tihur, c. S). Ce n'étuil point une
chose exlra<MNlin:iiitr dans ces temps-là, p isijuecët lit
la coutume les jouis de j( unes et de prières p;d)li-
ques que tous les cliréliens en usassent à |u;u près de
même, an moins le leur pn;scrivait-on , comme le
montre ce que dit Bmcliard , 1. 13, c 7, en parlant
des irois joiu'S des Rogalioiis. Que iicrsoniw en ers jours
n'use d'Iialiits précieux, parce que nous devons (léinirdmic.
le sac et la cendre, elc. Que p 'nonne ne monte à cite- î
i'(d, mais que tous aillent à pieds nus. ;
CHAPITRE III. 1
.1 quelles austérités él(dent (iss}ij tis les pénitents |
pendant les 8' , 9' et 10* siècles. De quelle ma- ij
nière on dislr'.huail alors les diljérentes espèces di ï
peines dont on cliàtiait les pécheurs. Que la discipline |
de ce temps ne cédait point en sévérité à celle des six
ou sept premiers siècles à l'égard de la pénitence pu-
blique.
Après avoii- cxpllipié l'ordre et les rils qui s'ohser-
vaieul dans Taction pnhliijin! de la | énileme depiiis le
liuitième siècle, il faut prcsi'iiteuient jr.rler des ans-
lérités que les pé;iilenls exerç aient ( liez eux et en
particulier, par ordre de l'Église de ce temps-là.
Nous rappoiierons pour cela quehpies exenq)les de
pénitences imposées pour certains crimes, don: il sera
facile de faire l'applicalion aux aiilre> espèces de pé-
chés. On y verra (pichpie dillérence entre les: ncirn-
nes pénitences et celles-ci : mais celte dillérence n'est
pas en ce que les ai.cicnnes étaient |iliis rigonrcu;es
que celles qui ontélé en usage depuis le 7' siècle; au
contraire, on verra que le.^ évèipies de ces temps pos-
térieurs ont encliéii en ce point sm- les anciens.
Le pape Ciégoirelil, répondant à la seplième ques-
tion (|ue lui avait l'aile S. Bnniface, cKiiii se Irouve
dans h; premier teme des Conciles des Gauli s, sous
l'année 738, décide ainsi toncliant la pénitence que
mériient certains homicides. A l'égard de cl'ux qui
ont tué leur prre, leur mère, leur frère ou leur sœur,
nous disons qu'ils doivent passer toute leur vie sans recevoir
le corps du Seigneur, sinon à la mort en forme de viati-
que , qu'ils s'abstiennent aussi de manger de la chair et
de boire du vin durant tonte leur vie. Qu'ils jeûnent la
deuxième, la quatrième et la sixième férié, afin que, pleu-
rant ainsi leur péché, ils puissent en obtenir le pardon.
Le pape Nicolas I imposa à un honmie qui avait tué
un moine j-evèlu du sac(M'(loce douze ans de péni-
leuce qu'il distribue en trois stations, connue nous
l'avons expliqué dans le chapitre précédent; il devait
en passer cinq dans les deux premières, le resie dans
la troisième, dans laquelle il lui permet de commu-
SACREMENTS. 576
nier aux |)rincipales solennités, mais sans offrande.
Après (pioi il ajoute dans la lellre (pfil en écrivit à ,'
[ llincmar de Reims, û» dioeèse du piel élaii ce meur-
trier [tom. 5 Conc. Gall. unn. 8o7) ; !\éunmoins durant
tout ce temps, « veriimtamen omnibus pr.cdiitis tempo-
« ribus, 1. excepté les jours de fé es et de la liésurrcction,
qu'il jeune en tout u'mpsjusrju'à vêpres comme oi carême,
que s'il a un vognge à faire, qu'il ne se serve point de voi-
ture, mrds qu'il le fasse à pied. Il aurait du faire péni-
tence jusqu'à la mort, maii vonsid.'rant sa foi et sa dé-
votion qui l'a fit recourir aux suffrages des saints
apôtres, nous en avons agi ])lus doue ment avec lui. Ces
dernières paroles sont rcmar(pial)les. Ou y voit pre-
niièremenl (pi'il regarde connue un adoucissement
une pénitence très-dure; en second lieu on y remar-
que la prude ce de ce pape, (pii read compte, eu
qiieljui; manière, à l'évè , ne diocésain de ce qu'il a
fait, el des r.dsons (pi'il a eues pour ren.cttre quel-
q;u^ chose de la rigueur de la pé.ileuce, et il l'avertit
tie tout, afin que celui (pii revenait accom|)lir sa pé-
nili'nciî dans son pays ne pût en imposer à son évè-
(\\\o (\\ù était chai';.;é diî veiller siu- lui, el de lui faire
expier S(!s crimes d'une manière pro;ii'e à jui ménlcr
le pardon de Ses fautes.
Nous pourrions transcrire ici plusieurs aiilres let-
tres du même pape, (pii coniienuent les peines qu'il
enjoint à divers | éelieurs, (|ui ne soal i>as moins lon-
gues et rigoureuses (|ue celles-ci à projxu'liou : mais
il est inutile de charger ce livre de tous ces exemples
d ■ pénitence; il nous sullit de faire voir quelle était la
discqiline de la Pénitence dans les siècles dont nous
avons à parler dans ce chapitre. Nous l'avons vu par
la réponse de S. Grégoire \\l à S. Boniface de Mayence,
à l'égard du hnilième siècle, el par ce que nous avons
rapjiorléd '.us le cliipitre premier de celle troisième par-
tie, des règlements faits dans une assend)lée des évè-
ques de France parle même S. Biuiifaee au sujet de la
Péiitlence. Le pape Nicolas 1 nous a instruit de la ma-
nière dont les choses se passaient dajis le neuvième siè-
cle, à (pu)i nous ajouteroi.s ce que les légats du pape
Adrien 11, S(ui prédécesseiu", réglèrent dans le huitième
concile géiiéral, louchant iapinilencequedctvaientfaire
les faux lémoiiis (ju ; Pholius avait produits contre le
paiiiarche Ignace, d:»nl il avait usurpé le siège. Ils
doivent, disent-ils, s'abstenir de vin et de chair pen-
dant quatre ans, excepté les jours de dimanche et les
fêtes du Seigneur. Dans les trois autres années ils doi-
vent mériter la divine communion par les aumônes, les
priires ot les jeûnes, en sorte que trois jours de la se-
maine, savoir, la deuxUme, la quatrième et la sixième fé-
rié, ils s'abstiennent de chair et de vin. '
C'est ainsi que ces légats, à la tète d'un concile g('-
néral, règlent la pénitence des gens qui n'étaient con-
vaiacus que d'un seul crime : pénitence, comme vous
voyez, (jui devait durer sept années entières, et qui
paraît Irès-iigoureuse. 11 semble que nous devrions
nous en tenir là, puisque rien n'est plus authentiipie et
ne nous apprend plus clairement quelle était la pra-
tique ordinaire de ce lenips que ces monuments res-
677 PENITENCE. - SECT. III. PAr,T. III. CIIAP. IIl. AUSTÉRITÉS AtX SifeCLES SUIV. 578
peclal)l<'S. Cependiiiil, pour f.iirc connaîlro plus c:i
(Iclail les iisngcs roçiis (Oinniniiénieiil (Imiis 11- neii
vieille siècle cl liaiis 1.; siiiviiiit, nous copierons ici ce
que les é\è(pa'Silu concile tle Til)ur prescrivciil |toiir
péiiilciK e à celui qui s'est rcuJu coupable duii homi-
cide V(ili)iil;iire.
I>'al)(>rd ces évoques assuriMil qu'ils n'onl ainsi ic^^lc
la péuilciice dont il s'agit, que poni s'accmninoder au
temps et à la faiblesse des lioniines. Après quoi ils
entrent en matière eu cette sorle : Si qnelqn un a com-
mis vototitaiieiitciU un humicidc, qu'on iuiinleidise pen-
dunl quarante jours l'entrée de l'église, et duriint ce
temps, qu'il ne mange que du pain avec du sel . et ne
boive que de l'eau pure, qu'il aille pieds itus, qu'il ne se
serve qued'liubils de lin, sans fénicraux ; qu'il ne porte
point d''(irmes ; qu'il ne se serve point devoi'ire; qu'il
n'npproclie d'aucune fenime, non p s même de la sienne;
qu'il H ait pendat l ces quarante jours aucune communi-
cation a^'ec les chrétiens, non ps même avec les entres
pénients, ni pour le loire, ni pour le manger, ni pour
qnelqn'autre clios'' que ce puisse être. Le concile ajoute
qiiilqucs piéc.iutious à ce qu'il vient d.; régler pour
la péiiiU'uie de c.-s (|uaranle jours, qui est (Oniine le
prélude de celle ipii devait suivre , savoir : que si le
pénitcnla des ennemis, révè|i;e aura soi:i de les ré-
concilier avec lui, de pi ur, s;i!is doute, qu'ils ne l'at-
taquent éiant ainsi dés.irmé, et que s'il c-t mahide
el lie peut soutenir ce ji lim' , on ailendr.i que sa
sanlé s iit réialilii'. Après avoir aiu>i | lévenn les iu-
convéïiieils, il pres( rit de (luelle inauièicî il doit régler
sa vie dans le cours des aimées de sa pénilencc, eu
ces (ernies :
Après ces quarante jovrs , l'entrée de l'églii^e lui sera
inl rdiie pi'udanl l'espace d'unn anné'', durant laquelle il
s'abstiendra de clt.ir ei de vin, d'hydromel e: de bierre
emmiellée, exce\:té les jours de dimanche et fêles chô-
mées; et s'il se trouve à l'avm e ou dans quehjaes grands
voyages, à la cour de son seigneur, ou malade, il lui
sera permis de racheter la troisième , la cinquième férié
el le samedi pour un deni.nde façon néanmoins que des
trois chos' s qui sont interdites , la chair , le vin et l'hy-
dromel, il ne puisse fair- «^^-^ que d'une seule. Mais
quand il sera de retour de son voyage ou rétabli de sa
mulad'ie, il ne pourra racheter ces jours. Ce terme étant
expiré, il Si'ra introduit dam l'église en la manière des \
pénitents. La seconde et la Iroisièmc aniié(! il csl soumis
aux luénies observances; cxceplé (pTon lui accorde la
fiicullé de racheter hs Irois jours dont on vient de
p;irler, lors u;éuie qu'il est chez lui dans sa niai>on.
La (pialrienii;, cinquième, sixième Cl septième, con-
tinue le contile eau. 58, il doit observer ce qui suit.
Qu'il jeune Irois carêmes, un avant traques, s'ahstenunt
de fromage elde poissons gras, de vin, d'h ,dromel et de
bierre emmiellée ; l'autre avant la S. Jean ; que si les
quarante jours ne s' g trouienl pas, il accomplira ce qiî
mcnque aprè^ celte fcte- Dans le troisième carême avant
Noël, qu'il s'ub.itieinic de chair et des trois autres choses
dont nous avons parlé. Pendant ces quatre ans, qu'il
boi*' Il mange ce qu'il jugera a propos le mardi, le jeudi
cl le samedi, cl quil ait la faculté de racheter pour un
denier, o:; sa valeur, le lundi et le mercredi. Pour ce qui
est du vendredi, qu'il l'observe s<>igneusenient. Ces sept
aniu'es étant accomplies, qu'on lui rende la sainte com-
munion comme l'on fait aux pénitents, mokk rOE.MTEN-
TiLM, c'est-à dire , avec les cérémonies qui se prali-
(piaient , eu ce temps, (piand on réconciliait les
piuitenis publies. Le concile de Worins (caii. 50),
qui fut tenu plusieurs années avant celui dont nous
venons de rapporter ce long passage , condamne un
homme (pii a eu commerce avec la fille de sa femme
à trois ans de jeùuc quadragésimal, dont il n'excepte
(pie les j(uirs de fêles. Ce n'était là qu'une partie de la
jiéuilciice , qui devait se continuer encore plusieurs
aulies années, mais avec quehiue adoucissement,
comme nous le venons de voir. Si le concile ne l'ex-
plique pas, non plus que ben d'autres canons de ce
temps, c'est (pie ces sortes de ciioses élaicnt réglées
|)ar l'iisagi!, el le commencemenl de la pénitence
élaiit réglé, le reste était déterminé à proportion.
On ne relâcha rien de celte rigueur dans le dixième
siècle; c'est ce (jue pr-aive évideuimeni le recueil des
cai.oiis fut par l'abbé Réginon à la prière de Ralbode,
évè(pie de Trêves, vers le milieu de ce siècle. On y
voit partout, que quand il s'agit de prescrire la péni-
tence pour divers crimes, il ne s'écarte en rien de ce
qui était eu usage dans le siècle précédent. Pour l'ho-
micide volontaire . par exemple , il iranscrit ce que
nous avons ra|q)or!é des cainuis ciuquauie-cinqnième
el suivants du concile de Tibur, à quelque^ légers
cliangeiiie..ts près , qui ne font rien quant au fond.
C'esl ce que l'on peut voir dans cet auieur, I. 2, c. 5.
Il cummenee par ces paroles, qu'il cite de ce même
conrile, ce qu'il a à dire sur ce sujet. Que la pénitence,
pour l'homicide, ne virie pas comme auparavant; mens
que chaque évêtiue prescrive lamente. Burchard, évéïpie
(le Worms, qui a fait sa conipilalion des canons vers
la lin du dixième siècle ou au commem emcnt du
onzième, est un lémoin irréprochable de ce que nous
disons , coin i c le montre tout ce qu'il a écrit sur la
discipline de la Pénitence. Outre ces deux auteurs,
(pii rendent té iioignage de ce (pii se passait de leur
temps, au sujet de a pénileiice, nous citerons encore
■m concile de Reims, tenu en 9-22. Les évéqiies de
celle iTovince s'étaient assemblés pour consuller
entre eux cl déterminer (piclle satisfaction devaient
faire ceux qui s'étaient trouvés à la guerre (|ui se-
lail allumée onirc (^harles-le-Simple, roi de France,
cl lioberl. Il ne semblait pas qu'une pareille malière
méiilal railenlioii des évèqiies ; cl assurément la
faute (luavaient pu comnieiire ceux qui avait ni eu
part à celle guerre, était Irès-légère siirloiit dans
ceux qui avaient comballu pour le roi Charles. Cepen-
dant ces évéïpies ne laissèrent pas de prescrire iiidis-
lincleinent à tous de jeiiiier trois carêmes, pendant
trois ans, et de ces carêmes ils veulent qu'ils se con-
tentent le lundi, le mercredi et le vendredi, de pain
el d'eau , à moins qu'ils ne rachètent ce jeune par des
1 "'.'«aôiies. Outre cola, ils ordonnent qu'ils jevtnenl tous
579 HISTOIRE DES
les vendredis de l'année, à moins qu'il ne lonilx; une
fêle ce jour-là, ou qu'ils ne soient nmlades, etc.
Le même Iléginoii rap|>orle phisitjurs autres canons
extraits des livies pénitcntiaux , pour apprendre aux
prèties quelle pénitence ils devaient imposer aux pé-
cheurs qui s'adressaient à eux, et, entre autres, c. 15"2,
il soumet à une pénitence de sept ans ceux <pii sor.l
coupables de péelié de simple fornication , et cela en
suivant la disposition d'un concile do Nantes. Ailleurs
il transcrit un règlement d'un concile de Mayence
contre les commerces incestueux depuis le premier
degré de i)arenlé juscpi'au troisième, dans lequel les
coupables sont condamnés , après une longue péni-
tence , à s'abstenir de cliair le reste de leur vie, ex-
cepté les jours de fèics , et à jeûner trois jours de la
semaine. (Vid. Regin., 1. 2, c. 201.)
Nous Unirons ce cliapilre par un exemple illustre
qui nous ajipreudra quelle était encore en ce siècle
la vigueur de la discipliue pénilenlielle. Le roi Edgard
s'étant laissé emporter à uiio passion impure, abusa
d'une lille noble qui était dans nn monastère, et qui,
pour se mettre à l'abri de ses poursuites, avait mis
sur sa tète un voile de religieuse. S. Dunslan l'ayant
appris, dit M. Fleuri sur l'année 969, en sentit une
douleur amère, et vint trouver le roi, qui s'avança
à son ordinaire, lui tendant la main pour le l'aire
asseoir sur son trône ; l'archevêque relira sa main,
cl, regardant le roi d'un œil terrible, lui dit : Vous
osez toucher la main qui a immolé le Fils de la
Yierge avec votre main impure, après avoir enlevé
à Dieu une vierge qui lui était destinée, vous avez
corrompu l'Épouse du Créateur, et vous croyez
apaiser par une civilité l'ami de l'Époux! Je ne veux
pas être l'ami d'un enne:ni de Jésus-Clu'ist. Le roi, qui
ne croyait pas que Dunslan eût connaissance de son
péché, l'ut frappé de ce reproclie comme d'un coup
de foudre. H se jeta aux pieds du prélat , avouant
humblement son crime et lui demandant pardon.
Celui-ci le releva fondant en larmes , et lui imposa
une pénitence de sept ans, pendant lesquels il jeû-
nerait deux jours de la semaine et ferait de très-
grandes aumônes. De plus il lui ordonna de fonder
un monastère de filles pour rendre à Dieu plusieurs
vierges au lieu d'une. Ce que ce pieux prince exé-
cuta fidèlement.
CHAPITRE IV.
Que cette sévérité n coutiuué peiidant le onzième siècle.
Exemples remarquahlos de pénitence imposée dans
ce temps- là. Diverses observations.
Bien loin que la pénitence se soit relâchée pendant
• ce siècle, elle a repris en quelque sorte une nouvelle
vigueur, et on l'a même portée à certains excès qui
ont été ensuite en partie la cause de sa décadence.
C'est de quoi nous raisonnerons dans la suite, après
que nous aurons rapporté simplement et fidèlement
comment les choses se sont passées.
Le cardinal S. Pierre Damien, qui brûlait de zèle
pour robservation de l'ancienne discipline, et en par-
SACREMENtS. gsO
ticulier de celle de la pénitence, a travaillé infati-
gablement non seulemrnt à la mainienir , mais en-
core à bannir les relàclicmcnts qui s'étaient pu in-
troduire à cet égard, et ne s'est servi du crédit et de
l'.ulorilé que sa science et sa vertu lui avaient
acquis auprès des papes que pour cela. Il était né
l'an lOOG, et mourut l'an 1072 ; et par conséquent i^
I est un garant sûr des maximes et des usages de ce
^ siècle. On voit clair comme le jour dans son livre in-
I lilnlé Gommorjnnus, qu'il adresse au pape Léon IX,
j surtout depuis le 10° chapitre, avec quelle sévérité
jj on pimissait les péchés soumis à la pénilence ca-
I noniqne ; il s'y élève avec force contre certains li-
vres pénileiitiaux qui avaient cours de son temps ,
Sur lesquels, dil-il, des hommes perdus se rassu-
raient vainement, in qnibus perdili homines vanâ prœ-
sumptione confidunt. Il prétend que dans ces livres
il se trouve plusieurs falsifications et plusieurs addi-
tions contraires aux canons. Il en apporte plusieurs
exemples, et entre autres ceux-ci : Un prêtre qui n'a
pas fait les vœux monastiques, péchant avec une fille ou
une courtisane , fera pénilence deux ans et trois
carêmes, ne mangeant que du pain sec la deuxième, la
il quatrième, la sixième férié et le samedi. Si c'est avec
I une servante de Dieu, il sera cinq ans en pénitence
Si un chanoine pèche avec une fille une fois, il sera
une demie-année en pénitence. Si cela lui est arrivé sou-
vent, il ij sera deux ans, etc. Aujourd'liui on regar-
derait celle pénitence comme sévère. Cependant
Pierre Damien, après avoir rapporté ces exemples et
plusieurs autres où les peines marquées pour les
péchés ne sont pas moins rigoureuses, poursuit
ainsi son discours : On trouve encore plusieurs autres
faussetés qui ont été, par la malice du diable, insérées
dans les saints canons, qu'il vaut mieux effacer qttc
d'écrire... Cest sur ces rêveries que les hommes char-
nels se rasstirent... mais voyons si cela cadre avec la
discipline des canons.... Qui est assez insensé pour
croire qu'une pénitence de deux ans suffise à un prêtre
coupable de ce crime ? si quelqu'un a la moindre tein-
ture de la discipline de la pénitence établie par l'auto-
rité des canons, ignore-t-il qu'un prêtre qui est tombé
dans le péché de la chair doit -être au moins, saltem,
dix ans en pénitence ; et que deux ans ne seraient pas
même ttn temps suffisant pour un laïque cotipable de ce
Il péché, puisque sa pénitence en ce cas doit être de trois
I ans ? etc. Tel est l'écrit que Pierre Damien adressa
au saint pape Léon IX, qui y eut éi,'ard, et qui fit
en co!)séquence une constitution par laquelle il
dégradait pour toujours certains clercs coupables de
crimes plus atroces, et, usanl de clémence envers ceux
qui étaient moins criminels, voulut bien qu'ils repris-
sent l'exercice de leurs fonctions après qu'ils auraient
fait une pénitence piopoi lionée à la grièvelé de leurs
péchés, et digna pœniteat, neprobrosa commissa fuerinl.
Rien , ce me semble , n'est plus propre à faire voir
cond)ien on était éloigné en ce siècle d'abandonner
l'ancienne rigueur de la pénitence ; snrloiil quand on
considère que ce que Pierre Damien reprend avec
581 PÉNITENCE. — SECT. III. PART. III. ClIAP. IV. PÉNITENCE AU XI' SIÈCLE.
.•)8-2
Avant de qnidcr Pierre Damicn, qui a laiil tra-
vaillé pour faire rc\ivre l'esprit de la l'énitciice, nous
rapporlcntiisici, d'après lui, (/. 6, ep. 32) une chose
(jui fait voir conibiun elle était encore sévèr-e de son
temps. Un jour, étant allé visiter un certain moine
qui était incommodé, il lui conseilla de l'aire sa con-
cession, et, ajoula-t-il, ai qicliiue chose vous empêche
de célébrer la messe, ne fuites point di(jiculté de vous
soumettre aux canons. Celui-ci lui dit qu'il avait fuit con-
naître l'état de sa conscience à plusieurs personnes spi-
rituelles, et qu'on ne lui avait rien prescrit de semblable.
(Remarquez ici en passant l" la conlession en usage
pour les prêtres, qu'un certain auteur célèbre a dil
n'avoir jamais trouvé dans les anciens auleurs ,
2" une confession auriculaire de péchés secrets, pour
lesquels les confesseurs interdisaient queltinefois la
célébration de la messe aux prèlres.) Ce moine de-
manda ensuite qu'on lui apporiïit le corps de Notre-
Seigneur en viatique. Le prêtre approchant avec ses
minisires, poursuit S. Pierre Uamien, le malade tirant
à part un des Frères, lai confessa à l'oreille un tjrand
crime que jlgnore. Aussitôt, ce Frère étonné, et ne sa-
chant (étant ainsi pris au dépourvu) quelle pénitence
lui prescrire, il lui imposa, en lui parlant tout bas à
l'oreille, nue pénitence de quinze ans. En même temps
ce malade ayant reçu les saints mystères de la main du
prêtre, hélas ! je frémis en rapportant ceci, avec ce fiel
l il rendit rame. Remarquez ici une pénitence de
tant de force dans les pénitentiaux de Bède, de Théo-
dore cl dans le Uoniain, et ([u'il traite d'insignes
falsilicalions , p.iraitrait fort dur à présent, et se
trouve même encore dans les exemplaires qui nous
restent de ces livres, qui assignent à chaque espèce
de péch(''s des pénitences pour l'ordinaire et foit
longues et fort rigonrensos.
Le même Pierre Damien fut envoyé avec Anselme,
évêqne de Lucques, par Nicolas H pour réformer les
abus qui s'étaient introduits dans l'église de Milan, et
surtout pour en extirper la simonie et rinconlinence
des clercs. Ils trouvèrent que la mauvaise coutume
s'y éiait glissée de payer une certaine somme d';ir-
gent à l'évèque pour les ordinations. La somme n'é-
tait pas considérable, puisque pour le sousdiaconal
on ne donnait que douze pièces de monnaie qu'il ap-
pelle nummus, et qui était la taxe ordinaire pour la
nourriture d'un pauvre, suivant les livres péidien-
liaux. On payait à proportion pour les autres ordres :
Cela montait jusqu'à ii de ces pièces pour la prê-
trise. Tous étaient coupables. Les clercs pour avoir
donné, l'évèque pour lavoir exigé, suivant une cou-
tume reçue parmi eux. Les deux légats leur (Kirsua-
dèrenl de la quitter et de se soumettre à la pénitence
qu'ils imposèrent de celte sorte aux clercs inférieurs.
Ils leur en enjoiqniient une de cinq ans, de manière
qu'en tout temps ils devaient jeûner deu.v jours de la
SEMAINE, trois jours au pain et à l'eau aux deux carê-
mes de Pâqties et de la S. Jean. Ceux qui avaient | ,,,ii„ze ans pour un crime très-caché, que ce mori
donné plus, devaient être sept ans en pénitence, suivant | bond, s'il était revenu en santé, aurait été oblige
la même forme; après ksquels ils devaient jeûner la | d'accomplir.
si.rième férié le rate de leur vie. Celui, ajoutent-ils, | Alexandre II, qui vivait du temps de Pierre Da-
qui ne peut aisément jeûner, pourra racheter un de ces | mien, et qui monta sur la chaire de S. Pierre, ca
jours en méditant un psautier ou In moitié, y joi- || l'un 1000, n'était pas moins sévère que ce cardinal.
fjnant cinquante gcnufle.rions, ou bien en nourrissant || C'est ce qui parait par plusieurs de ses lettres, où il
un pauvre, et lui donnant une pièce d'aryenl, après lui
avoir lavé les pieds. Outre cela, le seigneur archevêque
promit de les envoyer tous fort loin en pJlerinage, soit
à Rome, soit à Tours. Pour lui, il se disposait à faire
le voyage de S. Jacques, en Espagne. Les légats
av.aienl imposé à cet archevêque, qui s'était pros-
terné et avait confessé son crime, une pénitence de
cent ans, et en avaient en même temps permis le ra-
chat par une certaine somme taxée pour chaque an-
née. C'est Pierre Damien lui-même qi;i nous fait le
récit de ce qu'il avait fait. Lui et son collègue on de-
maïKlèrent la confirmation au pape, et témoignent
craindre, dans l'écrit qu'ils lui adressent pour cela,
qu'il ne trouve mauvais qu'ils se soient conip-rlés
dans cette occasion awc trop de m(Miage:rent. Ecce
omnem discretionis illius ordinan apud Mediolancnsem
Kccli'siam halntum, breviter cxposuimus : adlnic tamen
iiirum Sedis Apostolicœ judicio placeal ignoramus, etc.
Ils assurent qu'ils se sont beaucoup relâchés de la
rigueur des canons, à cause du grand nombre des
coupables, etc. Peiil-on rien de i;lus fort pour faire
voir combien on était éloigné, en ce siècle, des miti-
gations et de tout ce qui pouvait affaiblir la discipline
de la pénitence ?
fait mention des pénitences qu'il avait imposées à des
pécheurs qui étaient venus à lui pour apprendre
comment ils devaient se conduire pour rentrer en
grâce avec Dieu. Ecrivant à Bérenger, évêque de
Bàle, louchant un honune qui s'était confessé d'avoir
coiTompu la fdie de son oncle, il dit : Nous lui avons
prescrit quatorze ans de pénitence, pendant chacun des-
quels il doit jeûner trois carêmes; dans celui d'après la
Pentecôte il passera deux jours de lu semaine au pain
et à l'eau,- trois jours avant celui de l'Avent et du grand
carême, qu'il s'abstienne outre cela de l'entrée de l'é-
glise et de la communion l'espace dé deux ans. C'est ce
que rapporte ivcs de Chartres (;;. [), c. 9). On trouve
dans le même auteur plusieurs autres décisions de
ce pape, non moins rigoureuses {p. iO Deaet., c. itJ,
et ibid. c. U el 29).
Pour ne point trop allonger ce chapitre, je me con-
tenterai de citer ici ce que ce pape écrivit à l'évêquû
de Soissons, el qui se trouve dans le même auteur,
(/;. iO, c. 51). Cet évêque avait prescrit à un homme,
qui avait fait un homicide pendant la trêve de Dion
une pénitence de (rente ans. Celui-ci s'adressa sans
doute au pape pour obtenir de lin que le lenips de sa
pénitence fùt_ abrège, eonime il parait par la lettre dg
58S HISTOiUE I)Eb SACUEMENTS,
ce ponlifo, lîans laqu'îllc il pailc ainsiâ révcque : Nous
uautorisons pis ce que vous avez fait en imposanl tvie
péiiiieiice de trente ans pour un homicide commis pen-
dant la trêve de Dieu ; parce que nous ne trouvons rien
de semblable dans les sacres canons. Cependant. parce
que celle trêve a été établie pur des personnes prudentes
el pieuses pour conserver lu paix dans le peuple, nous
n'improuvoits point ce que uns avez (ait.
Le p.ipe a raison de dire (|u"il ne iroiive lion de
semblable dans les anciens canons. Car celle Irè c
n'avail coniniencë qu'environ vingl ans avant qu'il fùl
élu pour succéder à Nicolas il. Les seigneurs d'Aqui
laine furent les |)reiniers (jni en dressèrent les ton-
venlions, de concert avec les évé(iucs, pour réprimer
les guerres continuelles qui s'allumaient entre eux,
dans ce Icnips où rautorité royale était trop afl^xiblie
pour remédier à ces maux, il fut donc convenu en-
tr'eux, vers l'an 1040, que loules lio>tililés cesse-
raieiit de|iuis vèjires du nsercredi jusqu'au soleil levé
du lundi. Celle trêve fut trouvée si avantageuse,
qu'elle fut e.i peu de temps reçue d.ins le reste de
l'empiie Français; les évèques s'étant accordés entre
eux d'impobcr de rigoureuses pénitences à ceux qui
la viiiieiaienl. Elle fut depuis conlirniée par le l'ape
Lrbain II au concile de Clermoni, et par Alexandre 111
dans celui de Latran qui en prorogea le temps, y
comprenant celui cpii e^t depuis l'Aveut jusqu'à l'oc-
tave des Kois , el depuis la Sepluagésime juscju'aux
octaves de Pâcpies, usque ad octavas Pascliœ.
Quoiipie les papes fussent si exacts ob-ervaleurs
des canons , et si rigidis dans l'imposition des péni-
tences, comme nous I'î'.vo.s vu dans ce ciiapilre et le
piécédeni, néammùns, comme ils adoucissaient quel-
quefois les peines canoniques, ayant égard aux fati-
gues aux .uelles s'éiaient exposés ceux qui leur ve-
naient demander la Pénitence, il arrivait que les
évc(pies de temps en temps n'avaient point d'égard à
l'indulgence dont on avait usé avec eux , tant ils
étaient zélés pour le maintien de la discipline de la
pénitence. C'est ce que l'on voit dans ceux du concile
de Selginstad, qui fut assemblé en l'an 1023, qui lit
ce canon qtii c-l rapporîé par Ives de Chartres, p. 15
et qui est le 18' de ce concile ; il est conçu en ces
termes : Parce que quelqm s-uns sont si insensés, qu'é-
tant coupables de crimes capitaux, ils ne veulent point
recevoir la Péiiitence de leurs pasteurs , s'imaginant |
qu allant à Home, l' Apostolique leur remettra tous leurs
péchés , :'/ a semblé bon à ce concile de leur rendre celte
indulgence inutile : en sorte qu'on leur fasse accomplir
la pénitence qui leur sera imposée par leurs pasteurs ,
siiivanl la qualité de leurs fautes ; et qu'alors ils aillent
à Rome s'ils veulent après en avoir obtenu permission de
leur évéque, qui écrira à l'Apostolique pour l'instruire
de ce qui les regarde. Le même concile défend aux pé-
nitents d'aller de lieu en lieu, cl veut qu'ils fassent
leur pénitence d.ms l'endroit où ils l'onl reçue.
Les évèques d'Espagne n'étaient pas nioins sévères
en ce siècle que ceux de France et d'Italie. Cette se
Î)S4
rërité parait dans les peines qu'ils inOigenl à ceux qui * c-^s;',,.. I.e pape se laissa enfin fléchir; il reçut l'em
mangent avec les Juifs, ou qui habitent avec eux dans
une même maison. C'e>t au concile de Coyac , tenu
en lOoO, qu'ils lirent ce réjjlement, qui défend celle
espèce de société avec les infidèles, après quoi ils
ajoutent : Si quelqu'un viole celte constitution, qu'il
fasse pénitence pendant sept jours ; que s'il refuse de la
faire, si c'est une personne puissante, elle sera privée de
lu communion pendant un an. Si elle est d'un rang in-
férieur , elle recevra cent coups de fouet. Si pour une
faute si légère ces évê(|ues useni de tant de rigueur,
que n'auraienl-ils point fait pour les crimes?
Mais qu'esl-il besoin de rapporter un plus grand
nombre de canons des conciles pour faire voir ([u'eii
ce siècle l'ancidne sévérité de la pénitence s'est con-
servé'^? Il suffit de jeter les yeux sur les ouvrages de
Bnrcliird (jui llorissait au comraencemenl, el d'ives
: de C. allies qui a vécu à la !in du même siècle el au
commencenienl du l'I'. Ces saints el savants évêipies
oui composé leur recueil de canons, principalement
pour aj)prendre aux piètres comment ils doivent im-
poser les pénilences, suivant la qualité de» pécliés, à
ceux ipii s'adressent à eux. C'e>t ce que le premier
témoigne dans sa préface, et tout le livre 19' ne
traite que de cette matière, et tient lieu d'un pénitentiel
complet. Cependant ces deux auteurs ne prescrivent
rien autre chose que ce qui se trouve dans les canons
anciens, dans les livres pénilenliaux les plus approu-
vés el dans les décrets des papes , sans rien relâcher
de ce qui était en vigueur avant eux, ni admettre au-
cune dispense , sinon dans les cas où l'observation
exacte des anciennes règles serait plus préjudiciable
au bien commun qu'avantageuse. C'est ce que lénioi-
gne Ives dans la docte préface qu'il a mise à la tète
de son recueil. Tant il est vrai que jusqu'au douzième
siècle la discipline de la pénitence s'était conservée
da.is sa vigueur.
Les peuples étaient si imbus de celle doctrine , el les
maximes ancieniies élaienl si bien imprimées dans leur
esprit, qu'il iTetait pas même sur, pour les grands ,
de les mépriser, el que ceux qui i.e .se soumetlaieiil
pas vob)..t.iiremenl à la pénitence canonique, y
étaient souvent coiilraints malgré eux. L histoire nous
en fournil plusieurs exemples; mais un des plus re-
1 manpiables est celui de i'empereur Henri 111, dont le
pape Grégoire Vil écrit dans sa 1:^' lettre, l. 4, adres-
sée à lous les évèipies, grands, etc., Qu'enfin il vint de
lui-même dans la ville de Canosse oii nous étions, sans
aucun appareil de guerre et avec peu de gens ; el là pen-
dant trois jours étant à la porte du château , et s'é-
tant défait de toutes les marques de sa dignité, nu-
pieds, et ra'étu d'habits de laine, il ne cessa point
d'implorer avec beaucoup de larmes la miséricorde du
S. Siège qu'il neiil ému la compassion de tous ceux qui
élaienl présents , lesquels intercédèrent pour lui avec
beaucoup de prières et de larmes, en sorte qu'ils s'élon-
nuient de la dureté dont nous usions avec lui, et que quel-
ques-uns s'écriaient que nous ne montrions pas en cette
occasion une sévérité apostolique , mais une cruauté c.^
5gS PbNITENCE. — SECT. lîl. PART. 111.
pereiir à sa coniniuiiion, ei» lovant rexconiniunicalion
qu'il avait iirononcée contre lui. Ll tous ceux (jui
avaient conniiuniqué avec lui pendant qu'il clait ex-
communié, ayant témoigné, dit un historien contem-
porain (1), qu'ils étaient prêts à se soumettre à tout,
Le ]Ui])C ayant séparé les évêques les uns des autres, les
fu enfermer chacun à part dans une cellule, leur interdi-
sant toutes sortes d'entretien entre eux, et leur faisant
donner vers le soir à manger et à boire en petite qtiantité.
Il imposa aussi aux laïques une pénitence convenable ,
ayant égard à l'i'ige et aux forces d'un chacun ; et après
les avoir ainsi éprouvés (judques jours, il leur donna l'ab-
iolution.
Si l'empereur Henri III , le quatrième roi d'Allema-
gne de ce nom, se soumit avec répugnance à la satis-
faction qu'on exigea de lui en celle occasion , aussi
bien que de ceux qui avaient suivi son parti , on ne
peut dire la même chose de Godel'roi, duc de la Basse-
Lorraine, qui édilia l'Église par la pénitence qu'il fit
publiquement du crime auquel l'excès de sa colère
l'avait porté. C'est ce que nous apprenons d'un histo-
rien judicieux de ce temps (2), qui sur l'an IU40 ra-
conte que ce prince ayant fait brûler l'église de Verdun
par ses gens, il en eut peu après un tel repentir, qu'il se
fit fouetter publiquement, et donna une grande somme
d'urgent pour qu'on ne lui coupât pas les clieveux ; il
fournil de plus les dépenses nécessaires pour le i établis-
sement de l'église, et travailla lui-même à faire et à
porter le mortier comme les plus vils ouvriers.
Ces exemples et tant d'auires que nous avons rap-
portés, aussi bien que les canons des conciles, prou-
vent également, et que la discipline de la pénitence
élail encore très-sévère dans le onzième siècle, et que
la pénitence publiijue avait beaucoup d'iniluence sur
la vie civde en ce lemps-là. On irouve dans un concile
de Uonie, tenu en 1U78 sous Grégoire Ml, les suites
de la jiéiiilciice bien expliquées. Nous appelons faus-
ses pénitences, disent les évèques, celles qui ne se font
pas suivant l'autorité des saints Pères, et la qualité des
crimes ; c'est pourquoi toute personne engagée dans la
profession des armes, dans le négoce, ou dans quelque
emploi qui ne peut s'exercer sans péché, (ils entendent
par là les emphjis tumultueux qui ne peuvent que dif-
ficilement s'exercer sans |)éclié , comme nous avons
dit ailleurs,) doit reconnaître quelle ne peut faire une
vraie pénitence.... quelle ne quitte la profession des ar-
mes pour n'y rentrer jamais, sinon par le conseil des évè-
ques pieux pour la défense de la justice, qu'elle n'aban-
donne aussi le négoce et son emploi. Celle discipline
n'était pas nouvelle , connue vous l'avez vu dans le
chapitre 8 de la seconde partie de celle section. Le
concile de Rome n'interdit pus l'usage du mariage à
ceii\ qui y étaient engagés, ni la lacullé d'en con-
tracter à ceux qui étaient libres ; parce (pi'un s'était
relâché sur ce point de diseipline depuis qu<;h|ue
temps, et qu'il n'avait plus lieu alurs, que pour quel-
(1) Lambertus Schaffnaburgensis.
(S) Idem.
CriAP. IV. PÉNITENCE AU XI' SIÈCLE.
1^6
qucs crimes énormes pour lesquels on infligeait cette
peine en la désignant spécialement dans lécrit (jui
contenait la pénitence que devait subir le coupable.
Il est bon de faire (luehiues remarques sur certaines
pratiques de ce temps , que nous n'avons point vu
s'observer dans la pénitence, telle qu'elle était ob-
servée dans les six ou sept premiers siècles de l'É-
glise. La première regarde la disiribulion des jours
de la semaine, dont les uns sont particulièrement
affectés au jeûne, tels que la seconde, la quatrième et
la sixième férié, les trois autres admellejit plus lacile-
i ment des dispenses, même pour ceux qui paréiat sont
condanmés ou engagés à une vie de jeûne et de morti*
licaiion. A l'égard du dimanche et des autres jours de
fêtes, il y a toute apparence que l'on relâchait quelque
chose de l'auslérilé de la pénitence en ces jours-là à
ceux qui y étaient soumis; mais pour les autres jours
de la semaine, nous ne trouvons rien de semblable
dans les monuments qui nous restent des six ou sept
premiers siècles, par rapporta la pénitence canonique.
La seconde observation qui se |)résenle regaide les
trois carêmes, dont il est fait si souvent mention dans
les livres pénitentianxetdans les règlements des papes
et dos conciles, depuis le septième siècle dans rim-
position de la pénitence. Nous ne voyons avant ce
temps en Occident aucune trace de ces trois carêmes,
(pii n'y ont jiiinais élé d'un usage ordinaire, binon pour
les i>énilenls,elquin'y étaient pas même corn iis avant
lepocpie dont nous venons de pailer, C(unii,e il paraît
par le canon 17' du second concile de Tours qui ex-
plique en détail tous les jeûnes des moines, et qui n'en
fiiil aucune mention. 11 est vrai que dans les cajUides
de Benoit-le-Lévite, 1. 6, c. 184, il s'en trouve un qui
prescrit au peuple l'observation de ces trois carêmes,
et de laquelle on parle comme si elle était déjà an-
cienne. Mais outre quel'anciennelé dont il y csl parlé
ne paraît pas devoir remonter bien haut suivanl les
termes de ce capitule'; il est irès-probable, selon le
senliment des plus habiles gens en ce genre , et en-
tre autres du P. Morin {de Pœnil., l. 7, c. Li, p. 409,
colon. 2) que cet endroit est ou supposé ou corrompu.
Quelle est donc l'origine de celle distribution des
jours de la semaine et de ces trois carêmes si célè-
bres dans les livres et dans les c;inons pénitenliaux ?
on peut presque assurer, sans craindre de se tromper,
que l'on doit considérer Théodore de Canlorbéri
comme l'auteur de ces deux pratiques. Cet homme
célèbre ayant composé son Pénilentiel, où il fait snu-
venl mention de cette distribution des jours de la se-
maine, et dos trois carêmes annuels, dans un temps
où ces sortes de livres n'étaient point encore en usage
chez les Occidentaux, et cet ouvrage y ayant été reçu
avec de grands applaudissements, il n'est pas surpre-
na::t que C( lie méthode de partager ainsi les jours
de la semaine se soit inlroUuile parmi eux, et dans la
suite ils y ora même ajouté le samedi.. le dis la même
chose des trois carêmes. 11 avait ajipris l'un et l'autre
de ces usages des Orientaux parmi lequels il était né
B cl avait été élevé. Car chez ces peuples, outre le grand
19
5S7
UiSTOlRE DES SACREMENTS.
S88
carême, on en reconnaissait deux autres qui étaient t|l disposition cl aux mœurs de ceux avec qui ils ont à
■ même chez eux d'un usage ordinaire, savoir : celui
l qu'ils appelaient des Apôlres, qui répond au carême de
's. Jean des Occidentaux, et celui de S. Philippe. Les
^livres tiénitenliaux des Grecs, entre autres celui de
' Jeaii-le-Jeùiieiu-, parlent souvent de celte distribution
,. des joins de la senniine doal il est ici (lueslion, et des
î\ trois caièmes. Il est donc plus (pie probable que c est
d'eux que ïliéodore a tiré ces prati(|ues inconnues
avant lui en Oecidc.it, et qu'elles soûl ainsi devenues
d'un lisage ordinaire dans la pénitei.ce canonique.
Nous avons reuianpié ailleurs un antre cliangcnient
ariivé depuis le septième siècle dans la discipline
de la Pénitence , savoir (pie Ton donnait la commu-
nion aux pénilents avant que le cours de lem-
pénitence fut (ini. Cependant cet usage n'était point
si iniiverscl qu'il nesonllVît des exceptions ; il arrivait
souvent ([US r.ibsolniion et la itarticipalion des saints
mystères ne s'accordait qu'au bout de la carrière, et
même on trouve des cas depuis ce temps pour les-
quils (U! reliisiiil les sacrements aux pécheurs jusqu'à
la mort. Le p:ipe Grégoire iil vent (|u'on use de cette
sévérité à l'égirJ des parricides, comme nous l'avons
vu dans le cliapiire précédent. Dans Ico capilul.dres de
Cliarlemagne e! de s >n lils Louis, I. 6, c. 241, il s'en
trouve un qui ondannie à la même peine ceux <;ui
sont convaincus do (aux lémoignagccontre leurs fi'ères.
Eos qt:i falsafiatjibus capitalia abjecisse convicti fue-
rint, placnil usqnc ad exilum non cominunicarc, et infâ-
mes seniper cxistere. Un concile de Tonl de l'année 859
Slatne la même cho.'^e conlre les perlurbatcurs du re-
pos public, el le pcnilcnliil Romain contre ceux qui
ont l'ail mourir leurs l'enimes, lit. l, c. 11. On trouve
ja même chose dans Burchard conlre les homicides,
1. 6, c. 20 et, 40 el dans le déeret d'îves de Ciiartres,
p. 10, c. 149 et pari- 8, c. 126, aussi bien q"c dans
celui de Gr aien, 53, q. 2, c. 8. Raban dans son Péui-
î,eiiliel, c. 2, prescrit la môme peine conlre les inces-, |
tiieux. Dans le coiuile <le Limoges, qui se tint l'an
103 i, il est (iil (lu'Odilon, abhé de Clnni, consulta le
pa'iie p lur apprendie de lui si un lionnne qui s'était
fait moine d.ms son nnniastère après avoir lue un évê-
qne, pouvait être promu aux ordres. A quoi il répon-
dit qn'd ne le pouvait, el (pi'il devait s'eslinier heu-
reux s'il recevait la conui. union à la mort, in exitu aii-
tem viuv pro niiscyicordià ei vialtcuvi ddur.
CILAPITIIL V.
Diverses wnnirres de [uire pénitence publique, inconnues
aux aiicienu , comme la fldijellalion voluntuire , les
voiinges , les pèlerinages , et la profession mowislique
à laquelle on condainnuii les coupables. Or'Hjine et
progrès de ces nouvelles espèces de pénitences. Plainte
des évèqiics conlre les fréquents voyages des pénitents
à Rome.
Dieu, qui veille toujours sur son Eglise , y suscite
de temps eiiicmps des hommes extraordinaires pour
réveiller la vtligion des peuples, et les laire entrer j
dans la voie de la pénitence. Et il proportionne les |
vues el les vertus d<i. ces personnages célèbres à la
vivie. Ce fui sans doute p(nir cela que le Seigneur
husc la Dominique Lorical on le Cuirassé sur la lin
du dixième siècle el an commencement du onzième.
Il fut ainsi nommé, dit M. Elem-i dans son livre des
mauirs des Chrétiens, c. 02. p. 3J0, parce (ju'il por-
tail sur la chair une chemise de mailles , qu il ne dé-
pouillait que pour se donuer la discipline ; il se la don-
nait si rude et si fréquente, el y joignait tant de jeûnes ,
de veilles, de génuflexions el de toutes sortes d'austé-
rités, que nous sommes effrayés du récit que nous en fait
S. Pierre Dumien, son directeur : lu délicatesse de no9
mœurs a peine à s'accommoder d'une dévoti<jn si sévère,
dont toutefois nous voyons plusieurs exemples dans les
saints de ce. temps-là. Mais il est à croire que Dieu leur
inspira celle conduite, pour le besoin de leur siècle. Ils
avaient à faire à une nation si perverse et si rebelle, qu'il
était nécessaire de les frapper par des objets soisibles.
Les raisonnements et les exhortations élaienl faibles sur
des hommes ignorants el brutaux, accoutumés au sang el
au pillage. Ils n'auraient même compté pour rien des
austérités médiocres, eux qui étaient nourris dans les fa-
tigues de la guerre, et cjui porl^aieut toujours le harnois.
AJaisijuand ils voyaient... un sai)U Dominique Lorical se
mettre tout en sang en se donnant la discipline, ils com-
prenaient que ces saints aimaient Dieu, et qu'ils délestaient
le péché. Ils n'auraient compé pour rien l'oraison men-
tale, mais ils voyaient bien que l'on priait, quand on ré-,
citait des psaumes. Enfin ils ne pouvaient douter que
ces saints n'aimassent leur procliain , puisqu'ils faisaient
pénitence pour les autres. C'est ainsi que M. Fleuri nous
l'ait envisagercc changementde prali(iue, qui surviul eu
ce temps-Ui dans la péuilence canonique. Car non seu-
lement plusieurs, à l'imilalion de Dominique et à
la persuasion de Pierre Dainien,qui avait iort à cœur
de unitre en vogue la flagcllali(m volontaire, em-
brassèrent celte pratique par dévotion; mais elle de-
vint une des peines ordinaires que l'on enjoignait aux
pénitents. Nous apprem)ns l'un et rauuedc Pierre I)a-
nnen lui-même (/. 3,e/;. 19.). A l'iinitalion de ce
vieillard , dit-il , la coutume de prendre la discipline ,
FA(;iE.ND.'E DisciPLh\.€ ( c'cst ainsi (pie dès le commen-
cement on ntHumail celle pratique, qui a conservé ce
nojn jus [u'à présent) s'esi tellement éiublie dans ce
pays, que non seulement /t'.s hommes , mais les femmes
nobles embrassent avec avidité cette espèce de pur-
gatoire. Car lu veuve de Tluébaud, femme noble el
élevée à une grande dignité, m'a dit autrefois qu'elle
avait accompli pur ce moyen une pénitence de cent ans.
Daiisle même tenqJS.rempeceur Henri L faisait volun-
lieis la même pénitence. elRégioard, dans la vie de
S. Aiinon de Cologne (l), témoigne quil ne prit jamais
les ornements royaux {insigni.a regia) quaupnravaiil il
n'en eût obtenu la. permission de quelque prêtre, en se con-
fessant en secrel el en se frapparU par pénitence. Ce fut
ausjsi en ce môme temps que celle pratique s'inliodui-
1 sit dans les mi)u;.slèrcs où elle est denn;urce jus-
f (S) .\\M\ô Siir., 4deernib.
589 PÉNITENCE. — SECT. III. PART. III. CI! \P. V DIVERS GENRES DE PÉNITENCE : !)o
qu'aujourd'hui, y élanl devenue d'ui» usage ordi- | < st-jT», ne fussent louellés de verges à nu, pour loi^rs
Daire.
Ce n'est pas sans raison que nous avons dit que la
prali(iuc des flagollatiDUS volonlaircs s'est inlrodnile
seuleu^eut dans la discipline de la péuilence vers la
fin du dixième ou au commencement du onzième siè-
cle. Car l'usage de (aire fusiij^i-r les pécheurs dans le
cours delà pcnilcnce canonique, est bien plus ancien ,
puisque la règle de S. Coloniban, qui vivait sur la fin du
sixième siècle, punit la plupart des fautes des moines,
par un certain nombre de coups de fouet. Nous avons
rapporté ailleurs d'après Isaacde Laiigres , un décret
du concile des évè(pu^s de Fr.ince, oii présidait S. Oo-
niface de Maycnce, par lequel les moines , les prêtres
et les religieuses, coupables d'un péché de la chair,
sont condamnés entre autres peines à être fustigés.
Le même Isaac , lit. 4 , c. 13, parie ainsi des serfs et
des ecclé;>ia!>ti{pies qui ont commis des péchés sousnis
à la pénitence canonique : Si c'est un serf ou un ec-
cléiiuslique, qriil soit publiquement fouetté et tondu , et
qu'il fusse suivant l'ordre de son évécjue , publiquement
pénitence, suivant les canons.
Avant ce temps-là , le premier concile de Maçon ,
C. 8, avait ordonné (pie les clercs portassent leurs cau-
ses devant les évècpies el les prêtres, sous peine pour
les plus jeunes, de recevoir 59 coups, el pour ceux qui
occuperaient une place plus honorable, d'être eoferniés
pendant trente jours. Le concile d'Agde , en 40(5 , c.
41, veut que si un clerc s est enivré, û soit, stiivant l'or-
drecommun , séparé t\'spa,;e de trente jours de la commu-
nion , ou châtié (tu corps. « Qucm clericlji ebrium esse
« constilerit, ut ordo putilur, 50 dieruni spalio à commu-
( vione statuimus submovendum , aut corpurali subden-
« dum supplicio. » Le troisième concile de Bi-agne ,
eau. 7, défend de frapper les piètres, les abbés el les
diacres, à moins qu'ils ne se soient rendus coupables
de grands péchés.
Nous ne voyoïispas effectivement que l'on ait soumis
à celle peine humilianle les personnes libres ou de
quelque rang , surtout entre les laïques; et dans la
plupart des règlements qui ontéléfails par les rois sur
ce sujet , il n'est guère mention que des serfs , el de
ceux (pi'on appelai! n'ors Coloni , qui étaient, suivant
Ducange. dans son Glossaire, ceux (|ui lenaieni les terres
avec des redevances et des charges (jui les rendaient
peu difféieuls des serfs, entre lesquels et les francs ou
personnes libres , ils tenaient une espèce île milieu.
Le roi (^harles-h-Chauve, ordonna à ses commis-
saires que les maiinis ou seigneurs de ceux qui te-
naient ainsi leurs terres à ferme, n'empêchassent point
les évèques de les faire fustiger \)om leurs crimes ,
tant pour intimider les autres , que pnur les amener
eux-mêmes à résipiscence , et leur faire faire péni-
tence Et celaélait devenu si commun dans l'onzième
siècle et le précédent, que dans la visite des paroisses,
selon Burcliard interrug. 75 , on s'informait si c quel-
< qu'un ne s'ttpposait pas à l'évêque ou à ses ministres,
% pour empêcher que les fermiers et les serfs, co/oni «ut
< crnues.»
Si la pratiipic de chàlier de cette sorte h-s pé-
ch( urs , était connnune avnnl qu'on eût inlrodui: lu-
Siige des llagcllations volonlaires , l'un el l'aulie de-
vinrent extrêmement fréquents , surtout depuis qu'<H»
se fut mis sur le pied de racheter les pcnite. ces Les
moines surtout, n'élant poinl en éial de les rach.-ter
par des aumônes, tant pour eux mêmes que pour les
autres n'avaient point d'auvres moyens de f dre ce ra-
dia! que par les coi p-; de verges qu'ils se lais icnt
donner, ou se doniaient eux-mêmes , par des gé.ui-
llexions, des prosiratio:!S , et des coup, sur la pa une
<le la main, qu'ils nommaient p dmiiiœ , qu'ils rece-
vaient à pîu près comme les écoliers dins les cndd
ges, ou qu'ils se donnaient à eux-mêmes en frappiwit
le pavé de la pamne de la main. ( Voyez Ducmge
sur ce mot palmata.) Les autres, comme nous avons
VH ci-devani, rachetaient ces pénitences pour quel |ues
pièces d'argent. Ainsi cliacun payait à sa m:inièie ,
suivan! celle règle de droii. If. I. 48 , lit 19,1. 1, § 5
qui non liubet inœre suivit in corpore (I),
Une autre espèce de pénitence qui s'introduisit dans
le moyf^n-âge , ce sont les voyages hors de sa patrie ,
et les pèlerinages. De tout temps, ceux qui pensaient
sérieusement à leur salut , sortaient souvent de leur
pays el de leur famille pour vaquer à Dieu , dégagés
de tous les soins domestiques, et se reliraient dans hi
solilude, mais on ne trouve nulle part d.ms les six ou
sept premiers siècles , qu'on ait enjoint aux pécheurs
pour pénitence, de courir par le monde, non plus que
d'aller en pèlerin ige , (iuoiq e dès le commencement
de, l'Eglise on ait fait volontairement et par un c-prit
de dévotion , des voyages piuir visiter les lieux .-.linls
et les tombeaux des Apôtres et Martyrs. Le pénir
tenliel de Bède, prescrit cette peine à un clerc
cou[>able d'homicide, c. 7. Exnl septeni annos pœiitct,
si odii meditalio fuit. Cehn de Théodore condamne ua
évêque pour crime de pédérastie , à vingt ans de \.é-
niience, dont il doit en pisser cinq en jeûnant an p liu
et à l'eau, el à voyager jnsqn'à la fiii de sa vie. C'est
ainsi que !e rapporte le |énilcnticl romain, tit. 5,
c. 2. Qufiiine dans ces livres d'on usag ; ordinaire on
ne puisse pas facileiuenl distinguer ce qui vient
de l'auteur, de C(i (pii a élé ajoiné dans la sniie,
et (ju'on ne piusse par consé(|uenl inférer avec une
assurance entière que celle sorle de pénitence soi'. (
; aussi ancieimc queTliéodore cl Bède, il est vrai p-un- '
tant ((lie cet usage est fort ancien , puisque rempere.u .
Charlemague s'est cru obligé d'en répriinci' le
abus (/. I, c. 79.) Quon m laisse point courir de c-.-.-.
et d'antre , ces gens chargés de fers , qui disent quiU •
sont ainsi vagabonds parce quon leur a imposé c:tte pé-
j nilence : il est plus expédient, s'ih ont commis i/H^'^Hts
crimes énormes , et extraordinaires , (ju'ils demeurent
(1) C'est ainsi que Denis Godefroi rend ces p .rôles-
du Digeste : Prœfecti vel prœsides eis , qui pcennm pe^
cunhiriam egenles cludunt, exercitioncm exiraordinan.iin
i [ inducanl.
m
lllSTOlUK DKb SA(.!iLMENTS.
5r.2
timis ijiu'liiiie l'udi-oil })unr y tvavuilU'r et ij (aire la pé- V coup (h; paiiisans depuis lui. Nous voyons aussi (]iif!
nitence qui leur a été imposée cunonJqm'im'Hl. L^'^ p^'V-
sonnes les plus sensées el les mieux instruites de l'E-
plise, ont blànié, aussi bien que ce grand prince, cette
espèce de pénitence, dont elles sentaient les incon-
hiienls, entre autres rarchevêque Baban , dans son
Pénilentiel , c. 11.
Dans la suite, on apporta quelque correctif à cet usage,
en cliangeanl ces voyages et celte vie vagabonde en
pèlerinage aux lieux saints , coinine à Rome, au tom-
beau des Apôtres, à S.-Martin de Tours et à S. -Jac-
ques , en Fspagne , etc. ; c'est ce que nous avons vu
dans le chapitre précédent, quand nous avons parlé
delà légation de Pierre Damien et d'Anselme de Lu-
ques à Milan. C'est à peu près le temps où les pèleri-
nages ont fait partie de l'action de la pénitence cano-
nique. Et ces pèlerinages avaient succédé à cette es-
pèce d'exil , auquel depuis le septième siècle l'on con-
damnait les pécheurs pour certains crimes. On ne peut
faire remonter cet usage plus haut que ce siècle , ou
au commencement du huitième. Car on ne doit comp-
ter pour rien ces prétendus conciles de Tandat, en
Aivgleterre , que l'on dit s'être tenus veis l'an 500,
dans lesquels on prescrit à un prince et à d'autres
personnes pour pénitence ces sortes de voyages. Ces
conciles ont des marques de su; po>iti()ns si visibles ,
qu'il faut être iuiioranl au dernier point, pour s'y lais-
ser surprendre. L'no de ces manpies, qui saule aux
yeux des moins clairvoyants, est que dans le troisième
de ces synodes l'on renvoie un des pénitents dont il
est question , à l'archevêque de Dole, en Bretagne,
qui y est nommé CornugaUia ; mais qui ne sait que ce
fut du temps de Charles-le-Chauve , que rèvè(pie de
Dôle prit le tilre d'archevêque à l'occasion du comte
Nomenoye, ^' eomenoijus , (\ii\ entreprit de secouer le
joug de la domination française ? C'est ce qui paraît
par la lettre du concile de Soissons , au pape
Nicolas 1 , écrite en l'an 8(i6, à laquelle souscrivirent
Hérard, archevêque de Tours, mélropolitain des évo-
ques de Breiagne, et Vétard , évêiiue de Nantes,
chassé de son Eglise à celle occasion , par le comle
de Bretagne.
La troisième espèce de peine qui devint en ce
même temps partie de la pénitence canonique imposée
par l'autorité de l'Église, fut la retraite dans un mo-
nastère, soit pour on temps, soit pour la vie. Car on
obligeait ([uelquefois les pécheurs à y faire profession.
On prescrit cette pénitence ( /. 6 Capiiular., c. 90)
à celui qui a tué im moine ou un clerc. Qui occident
monachumau clericum, anuarelinquat, el Dco in mo-
nasterio serviat cunctis diebus vitœ suœ, nunquhm ad se-
culum revcrsuniSf el scptem annospublicampœniteutiam
gérai. Ces dernières paroles, el qu'il fasse sept ans de
■pénitence, f(ml voir que l'auteur de ce Capilulaiie ne
pensait pas, comme plusieurs l'onl cru depuis, que la
vie monasli(|ue d'elle-même fût une péniieuce sufli-
santc, poïir effacer tous les péchés, outre laquelle on
ne dût rien exiger des pécheurs. Pierre Damien com-
bat forlement celle opinion, qui néanmoins a eu bei'."
on proposait (pieI(|uefois aux pécheurs repeiilanls l'a
lernative, ou d'accomplir la pénitence canoniciue , ou
d'entrer et de faire profession dans un monastère.
Le pénilentiel romain propose à celui qui a fait
mourir sa femme ce genre de vie comme le plus sm|)-
porlable et le plus salutaire. C'est ce qu'on y lit, lil.
1, c. 11. Le Capitulaire 71 du sixième livre propose
la même chose aux incestueux et aux parricides, eu
ces termes : A l'égard des incestueux et des parricides,
lions voulons qu'ils soient traités, comme il a été jugé
touchant ceux qui ont corrompu la fille de leur belle-mère j
que le mariage leur soit interdit, et qiCils quittent la cein-
ture militaire, el, ou qu'ils entrent dans un monastère ;
ou, s'ils ne le veulent point, qtt'ils accomplissent à plein
le temps de la pénitence canonique. Isaac de Langres
lit. 4, c 5, propose aussi celle aliernalive. Celle es-
pèce de pénitence fut irès-comnmnc depuis le neuvième
siècle jusqu'au onzième, cl nous en pourrions ici pro-
duire plusieurs exemples, comme celui de Pierre Ur-
séolc, duc de Venise, dont il est fiit mention dans ia
vie de S. Bonuiald par Pierre Damien c. 5 ; du comlc
Oliban, ibid. c. 11, et de plusieurs autres. Mais celle
pratique était surtout fort connnune en Espagne.
L'exemple du roi Waniha est trop connu, pour (ju'il
soit besoin de le rapporter ici.
C'étaient les travaux innnciises que les pénitens pu-
blics avaient à supportcr,et le ebangcineni d'étal où
ils enlrail, le(|uel ap;»rochait fort de celui des moi-
nes, qui les rendait plus dociles cl plus disposés à
embrasser la vie monastitjue tout de bon el à s'y con-
sacrer le reste de leur jours.
Est- il étonnant, après ce que nous venons de dire,
que l'on vil, surtout dans le-, neuf, dix el onzième
siècles, les péuilenls courir à Bonie dans respérance
d'obtenir quelque adoucissement à des peines si ri-
goureus'^s. Les gens de toute condition y allaienl dans
celle vue, mais surtout les grands el seigneurs ([ui
voulaient éviter les poursuites (pie faisaient coiiire
eux les évêijues des lieux pour les obliger à satis-
faire à la justice divine pour les crimes dans lesquels
ils s'étaient plon;^és. Ordinairement ils n'oblenaienl pas
des papes ce (|u'ilsse proposaient, les soiiveiains pon-
tilès montrant par leur exemple aux autres évèques
combien on doit respecler les canons. M lis quelquefois
(car enfin la vertu n'est pas inséparablement allacliée
à celle place éminente ), quel(|uefois, dis-je. soit par
leur crédit et leiu's inlrigucs, soit par de faux eximsés
ils réussissaient dans leur dessein, et le Pape leur re-
mettait une partie des peines auxquelles l'usage el les
canons les assujétissaient. Nous avons vu les piécau-
lions que prirent là-dessus les évêques du concile de
Selgunslad. Quand, malgré ces précautions et autres
semblables, les pécheurs obtenaient de Borne ce qu'ils
demandaient contre les canons, il arrivait (piehpiefois
(|ue des évê(pies zélé-; pour l'observilion des règles,
refusaienlde seconfornicranx leilresqui en venaient.
L'historien Osbert(l) nous en fournit un exempte
>\) Apud Surium, die 19 maii.
893 PÉNITENCE. - SECT. IL. PART. HI. CH
célèbre. Un certain comte, dit-il, avait épousé sa pa-
reille ; sailli Dunslan l'avertit plusieurs fois de quitter
celle alliance, el le voyant obstiné dans son criino, il
Kii interdit d'abord reiiirée de l'église, et ensuile l'ex-
c.)njmiitiia pour l'obliger à quitter ce mauvais com-
merce, et à faire pénitence. Ce comte envoya à Rome,
cl on obtint des lellros par losquelb's il était ordonné
à S. Dunslan di- l'absoinlre do celte e\coininunication.
Le saint évèqueiépoiidil (|n'il le forait quand le comte
lui aurait donné dos inaniues d'une véritable péiii-
lence. Cet iioinme voyant la fermeté de l'évêque, par-
lie par pudeur, partie par crainte, quitta ce mariage
inceslncux, et se rcvclit de riiabit de / énitence, cl Duns-
tan présidant au coucile général d\[i!gleterre, oubliant
sa dignité, il vint nu-pied^, revêtu d'habits de laine,
teneinl des verges entre ses mains au witieu de l'assem-
blée et se prosterna aux pieds de Dunstan, pleurant et gé-
missant, oac. C'est ainsi (|ue ce saint, par sa géné-
reuse fermeté, obligea ce seigneur à rentrer dans la
voie de salui, dont sa passion impure l'avait fait
sortir.
Noms ne connaisNons rien en ce genre de plus di-
gne d'iiiienlion par r.ipporlàces pécbeurs qui vou-
laient se soustraire à la sévérité de la discipline en
reoiiuraiit à Uonii\ ([ue ce qui s'est passe au con-
cile dr I,iMio;;os (le l'aïuiée 1051. Le Pape yesi accusé
par ipiolipios évcqucs dn rcnversor la discipline de la
pénilonc: : On allCj;uij cntr'auires pour exemple le
comio d'Auvergne, que le C.ipe avait absous de l'ex-
comniniiicalion lancée contre lui par son évoque, le-
quel s'en était plaint au Pape lui-même; mais celui-
ci lui avait répondu que c'élait sa faute, et qu'il l'aurait
dû avertir de la niaiiiore dont les choses s'étaient pas-
sées, afin que ce comte ne lui en impos.ât pas. Car,
ajoutait le souverain pontife, je proleste à tous mes
confrères répandus par tout le monde, que je veux les
aider et les consoler, plutôt que les contredire. Cette let-
tre étant lue dans le concile, tous jugèrent qu'il n'y
avait aucun reproche à former contre r Apostolique,
et que toute la faute venait de la part de l'évêque d'au-
vergne ou de Clermont.
Il est fait mention dans le même synode d'une au-
tre personne qui avait obtenu du Pape des lettres,
par lesquelles il priait l'évêque d'Angoulêmes de rati-
fier la pénitence qu'il avait imposées à cette personne,
cequç cet évoque refusa tout net, regardant ces letres
comme subreptices. Car, disait-il au porteur de ces
lettres , l'Apostolique me demade ce que j'aurais dil
lui demander. Je ne puis le croire. Cela lui a été extor-
qué et ne vous servira de rien. Et jusqu'à ce que vous re-
ceviez la pénitence de moi ou de l'anliidiacre de cette
église, par mon ordre, vous demeurerez excommunié.
Et aussitôt il le chassa de l'église. Telle était encore
tlans le onzième siècle la sévérité de la pénitence, et
le zèle des évoques, et des papes pour la mainle-
ir.
Il se présente ici une remarque à faire touchant une
expression assez commune, surtout depuis le sep-
tiéiwe siècle. Je ne doute pas que les lecteurs, pour
AP. VI. bIVEUS (.ENIIES DE CAhÊMl. SO^i
la piiiparl, no l'aient déjà faite d'eux-inénics ; mali
il est bon de la mettre ici pour ceux qui n'y ont |.viint
fait attention. C'est que quand il est dit souvent dars
les canons cl dans les auteurs de ci! temps, qu'un évè-
(p"î, parcxemplt!, a ro(;n un pécheur à sa commiinio:»
après l'avoir exhorté à faire pénitence, et l'avoir
excommunié pour son opiniâtreté, celte commu-
nion marque seulement qu'il l'a loçii à pénitence.
C(da est évident par plusieurs auteurs (jue nous avons
allégués, etccs paroles de l'évêque d'Aagoulême le font
assez entendre.
CHAPITRE VI.
i)es différents carêmes que l'on faisait observer aux pé'
nitents, et de ce qu'on leur y prescrivait à faire tant
en public qu'en particulier. Diverses observations sur
différents usages qui ont rapport à celte matière.
Jusqu'à présent nous avons expliqué de quelle ma-
nière les pénitents publics s'acquittaient des exercices
laborieux de la pénitence , tant à la vue du public
qu'en particulier, durant tout le cours de l'année,
depuis le septième siècle jusqu'à la fin du onzième.
Nous avons fait voir les nouvelles espèces de peines
qui ont fait partie de la pénitence canonique en ces
temps; en un mot, ce que l'on a ajouté à l'ancienne
manière de faire pénitence, ou ce que l'on en a re-
traii hé. Il nous resle, pour donner un parfait éclair-
cissciiicnt sur cotte nialière, de parler, avec le plus
de brièveté ([u'il nous sera possible, des exercices de
la pénitence que l'on imposait aux pénitents durant
les carêmes qu'on leur faisait observer. Nous parle-
rons premièrement de ce qui se faisait en public, et
ensuile de ce qui se pratiquait en particulier.
Le pénitentiel romain nous décrit en peu de mots
ce qui se pratiquait au commencement du carêm ; à
l'égard des pénitents publics : il nous apprend qu'on
les présentait à l'évêque en présence du clergé et du
peuple, (pi'on les couvrait de cendre et de cilice, et
qu'on les enfermait jusqu'au jour du Jeudi-Saint, au-
quel on donnait l'absolution à ceux qui avaient achevé
Itf cours de leur pénitence. In ancien manuscrit de
S Bemi de Reims porte la même chose. Ordo agen-
!ib-is publicam pœnitentiani , etc. Ce que l'on doit ob-
server à l'égard de ceux qui font pénitence publique.
Vous le recevez le malin de la quatrième férié, au com-
mencement du carême , et vous le couvrez d'un cilice
avec la cendre que vous lui répandez sur la lèle,... en-
suite vous priez pour lui, et vous l'enfermez jusqu'à la
cène du Seigneur, etc. Celte réclusion, sans doute ,
prenait son origine de ce que nous avons vu ci-de-
vant avoir été pratiqué quelquefois à ré,!;ard des pé-
clieurs publics que l'on renfermait dans les monastè-
res, pour y expier leurs crimes. C'est ainsi qu'on en
usa à l'égard de l'empereur Lonis-Ie-Dêbonnaire, qui,
p:\r la faction de certains évêques qui voulaient com-
plaire à ses enfanls, et surtout à Lolhaire son aine,
enfermèrent ce pieux prince dans le mi naslère de
Saint-.Médard de Soissons, sous prétexte de la péni-
tence publique à laquelle, partie de gré, partie d«
505
HISTOIRE DES SACREMENTS,
596
1
foiO(^, ils lui persuadèrent de se soumettre.
Les péiiiienis, ainsi rcîifiîrii.cs, avaient des sur-
veillants qui examinaient leuroontluile, et s'assuraient
s'ils jeûnaient, veillaient et priaient assidûment comme
il convenait à leur étal. C'était surtout les arclii-
di.icics et les archiprélres qui étaient cliargés de ee
soin, et qui devairnl en rendre compte à Téèque.
C'est ce qui paraît maniresicinent par l'Ordre romain
que nous a donné le P. Mabillon dans le second tome
• de son voyage d'Italie, par le Sacramentaire romain
1 et parle Pénilentii'l dEgberl, qui nous représentent
rmciiidiacrc ou quelqn'antre diacre offrant les péni-
Icnls à l'évoque le jour du Jeudi-Saint, et lui rendant
témoignage de leur pénitence et des preuves qu'ils
onl d(»nnées d'une véritable comiioiiclion , ce qu'ils
ne feraient pas sous les yeux du peuple et du clergé,
si par devoir ils ne s'en étaient pas exactement infor-
més. Réginou cite nn prétendu canon du concile
d'Agde, qui est aussi rapporté par Burcliard, Ives et
Gialien, i)ar le(]ucl nous apprenons comment les cho-
ses se passaient en cette occasion, et qui étaient ceux
qui étaient chargés du soin de veiller sur les pénitents.
Ils doivent, selon ce canon , se présenter à l'évêque
au commencement du carême, tant ceux qui ont déjà
reçu la pénitence, que ceux qui doivent la recevoir :
Ils doivent , dis je, se présenter devant la porte de l'é-
glise , nu-pieds , com'cyts de sacs , le visage penché
vers la terre, se confessant coupables par la tristesse qui
parait dans tout leur ertérienr. Là doivent se tr.uver les
doyens, c'est-à-dire, les arcliiprètres des paroisses et les
prêtres des pénitents, à qui il appartient d'examiner dili-
gemtnenl leur conduite, etc. (^e canon ne parle pointde
réclusion, soit que celte coutume ne fût pas encore en
usai:;e quand il a été l'ail, soit qu'elle ne fût pas d'usage
dans le pays où celui qui l'a aitrihné an concile d'Agde
l'a piiltlié. Eilectivement, on trouve (pielipielois qu'au
lieu de celle espèce de prison on l'on enfermait les I
pcniiiMils au commencement du carême, on se con-
li'nîail de lem- onioimcr de ne point sortir durant ce
temps de leurs paroisses, alin que leurs cinés pus-
sent avoir l'œil sur eux, et s'informer exactement de
la manière dont ils s'acquittaient de leur pénitence.
Cesl ce que l'on voit par le 19* canon du concih- de
S -igunslad : Qu'aucun pénitent, y est-il dit, tandis qu'il
ieiuie son carême {dum carinani snamjejunat), ne passe
d'un lieu à tin autre, mais qu'il demeure dans celui oii il
a reçu sa pénitence, et que son pasteur lui rende témoi-
fjua'je, etc.
On ne trouve eu aucun temps chez les Grecs , ni
diez les Latins, jus(pievers la (indu septième siècle,
que le comiuencemenl du carême, avant Pâques, fût le
temps destiné partie iilièremenl à imposer la pénitence
publique aux pécheurs. Dans le huitième siècle, cet
nsa^e devint ordinaire, cl la qnairièine férié avant le
premier dimanclie de carême, que nous appelons le
mercredi des cendres, fut particulièrement de-linée
il i elle cérémonie. Celte férié , non phis que les au-
tres jo.irs de cette siMiiaine , ne faisaient point encore
partie du carême du temps de S. Grégoire- Ic-Gntnd
dans le sixième siècle, comme il paraît par l'Homé-
lie IG' de ce pape sur les Evangiles, et par S. Isi-
dore ( /. 1 de ecclcsiast. Offic, c. o6). L'Eglise de Mi-
lan a conservé jusqu'à ces di-rniers temps la coutume
de ne commencer le carême (pie le premier dimanche
de la quaiantaine ; et loflice conserve cncoie des
vestiges de celle ancienne pratique, comme on le
voit par la préface et les collectes de la messe du pre-
mier dimanche de carême.
Cependanl rimposition de la pénitence publique
n'était pas tellement afl'ecléc au coinmencenu'nt du
jeûne quadragésiinal, qu'il n'arrivât souvent qu'on
l'imposait en d'autres temps. Outre que le bon ordre
l'exige ainsi, et qu'il n'est p.is croyable qu'on laissât
impunis pendant un long espace de temps ceux qui
s'étaient confessés de crimes soumis à la pénilence
canonique, ou qui en avaient été convaincus; nous
avons ni.'o preuve claire et positive de ce que nous
disons dans le \'i' des capitules d'iliiicmar adressés
aux |)rctres de son diocèse. N(ms en avons fait men-
tion ailleurs. Il leur recommande, s'il se trouve dans
leur paroisse qiieliprim qui soit coupable de crime
capital, de l'aller trouver, et de l'exhorter à venir à
pénitence devant le doyen et ses prêtres et compres-
byteris suis (il entend le doyen rural), afin que dans
Cespace de quinze jours il se présente devant nous, dit-
il, si nous sommes dans notre diocèse, et qu'il reçoive ta
pénitence publique avec l'imposition des mans, suivant
la tradition canoniqus. i Vt infra quindecim dies... pu->
I blicus peccator... juxta traditionem canonicam ptibli-
( cam pœnitcntiam cum mtmùs impositione aecipiat.
H nous reste à voir à (pielles aiisiérilés les pénitents
étaient aslreinls pendant les carêmes qu'on leur
prescrivait d'observer durant le cuirs de leur péni-
lence. Cela variait suivant les lieux et la nauire des
fautes, et le plus ou moins de sé\érjlé des é^èques,
.dont les uns plus que les autres s'attachaient à une
exacte observation des règles. Mais en général l'on
peut dire (pie dans les premières années la pénilence
était pins rigoureuse. Voici ce que prescrit là-dessus
le péniieniiel de Bède dans le chapitre vu, où il fait
la distribution d'une pénitence de sept ans. Chaque
semaine il jeûnera (le pécheur do:l il s'agit en cet en-
droit) trois jours sans boire de vin ni d'hydromel, et sans
manger de chair. Ce jeime sera protouqé jusqu'à vêpres
(c'est à-dire , suivant l'usage de ce temps, jusqu'au
S(nr) , et alors il mangera des viandes sèches : qu'il jeûne
trois carêmes en xérophagie , pendant lesquels il jeûnera'
! trois jours de la semaine jusqu'à nones (c'était trois heii-j
rcs afirès-midi) et trois autres jusqu'à vêpres. Aprèsi
' cela lîôile fait l'énuméralion des jours auxquels lei^
pénitents étaient dispensés de jeûner , qui sont lej
, dimanches, quatre jours à Noël, autant à l'Epiphanie ;
: hiiil jours à Pâques, et quelques fêtes des sainis. A
! (pioi il ajoute : Dans les jours que nous venons de nom-
\ mer , qu'il fasse la charité, soit à des clercs, soit à des
[ laiqucs. Le même Hede . dans le diTuier chapilie ,
pariant du rachat de la pénitence , dit : Celle-ci (h se-
i conde année), (a pénitence sera moins rigoureuse , etc.
891 PÉNITENCE. — SECT. III. PAUT. III. CIIAP. VII. PÉCHÉS PUBLICS ET SECRETS. 598
Celui qui ne peut />/»•<? pénitence de la mnniheque nous rnionl vingt, et ccAn pondunl les trois premières nn
avons dit , dtimiera en aumônes la ^n-emièri' année 23
iols; ponr nue année an pain et à l'ean, qnit donne en
aumônes 22 sols, el q'e chaque sewnine il jeûne une [ois
jusqu'à noues, une nuire fois jusqu^i vêpres, et trois
carêmes. La seconde année il donnera 20 sols Pour la
troisième \Ssols, oic. Ceei prouve doux clioscs : rpie
le jeûne des cariâmes «Mail plus rigonreiiseniciil exigé
qiic celui du reste de i'.nirice, en sorte qu'on ne pou-
vait le r-iilieler ; cl (pie la pénitence était moins duic
à mesure qu'elle approcliait de sa fin.
Quelquefois on imposait pour certains crimes le
'eftnc de pln-ieuis carêmes, itisqn'à quatre el cinq
pour ccrt iiis (rimes, le rcsle de l'ininée en élanl
exempt. Que si ces mêmes crimes étaient consommés,
on y joignait le rcsle de l'aimée. C'est ce qui fut sta-
tué dans une nomiireusc assemblée leiinc à Thionville
sous Cil nlemngiie, comme le rapporte Rurcliard , 1.
G, c. f). Si quelqu'un a calomnié , hlrssé on mutilé nn
sous-didcre , et qu'il en revienne , qu'il fasse pénitence
cinq carêmes , étant dispensé du jeûne le reste des an-
nées que doit durer sa pénitence. Que s'il en meurt,
qu'il jeune les carêmes susdits avec les années suivantes.
Ce qui signifie que cidui qui n'a que mulilé le sous-
diacre ne jeûnera de toute l'année que cinq carêmes,
en ca? qu'il ne meure ])as de ses blessures, mais qu'en
cas de mort, il jeûnera, ouire l'S cinq carêmes, tout
le reste de l'année, autant de lemps que durera sa
pénitence; (pioiqiic non pas si rigidement que durant
le temps d(î ces carêmes.
Les canons qui siiiveiit angmenlenl le nombre des
cjrèmes et des annéi's de jeûnes , si le crime s'est
commis conlie un diacre , nn prêtre ou un évêqiie, le
tout à proportion. Ceci fut conlirmé depuis par le
concile de Tdjur.
Ce que nous venons de dire n'était point ordinaire;
la coutume était d'imposer aux pénitents trois carê-
mes. Dans (piebpies endroits ils étaient aussi rigide-
ment observés les uns que les autres; dans d'antlcs
celui de la Saiîii-.leaii était moins sévère. Dans cer-
tains lieux celui-ci él;iii de vingt jours seulement.
Dans d'autres il dexaii êirc de quaraiiie, eu sorte (jue
si le nombre de ces jo'irs ne se trouvait point avant
celte fêle, on obligeait les pénilenls à les accomplir
après. En un mot, on trouve, comme c'est l'ordinaire
dans ces sortes de cboses, une gramic variété sul- ce
nsiijel , qiiebpie lois n)ême ou ne prescrivait aux péiii-
f lents qu'un seul carême, el alors la péiiilencé élail
beaucoup plus dure, lesauslérilés devant s'étendre sur
tout le reste de l'année, en sorte néanmoins (pie pen-
dant le carême elles fussent plus grandes. Kniin nous
voyons aussi que l'on ne prescrivait (pielquofois que
deux carêmes, (elui rpii précède la lé:e de Pâques, et
celui d'avant Noél. Telle fut la lénitcnce (pre Pierre
Damien et Anselme de Lucques inq)Msêrenl aux clercs
de l'église de .Milan. Ce que iiou5 avons dit du carême
de la Saiiil-Jean doit aus^i s'entendre, au moins pour
certains pays, de celui de Noél. Dans ceux-ci ils ne
-duraient que quinze jours, dans ceu.\-là ils en d
nées de la pénitence; les quatre sniv.mles ils ne com-
prenaient que le nondn-e de (inalor/.c jours , si la pé-
nilence durait sept ans. El il en était sans doute ainsi
dis autres à proportion, suivant le plus ou moins de
durée de la l'énilei.ee.
A 1 "égard du jeûne plus ou moins rigoureux qui
s'o!)servait pendant ces carêmes , soii p uir llieure du
rc] as, soit pour la qualité des aliments d<ml devaient
user les péiiileiils, foit pour lesjnurs pai liculièremcnt
destinés au jeûlie ; mi ne peut douter (pi'il ne se trou-
vât une grande diversité. Il résnlle senlemenl de tout
ce qu'on lit sur ce sujet dans les auteurs el les con-
ciles du moyen .^gc , que ces caièmrs étai iil irès-
rigourcux. Voyez le loeg 'extrait du cnneilc de Tibur
qi;e nous a^'ons rapporté dans le cliapilre iroisièn.C
de cette partie. On y tiouve une idée al!ré,-;é(! de 11
manière dont les pénitents dev.iienl s'ac(;uilter des
devoirs attacliés .à leur élat pemianl ces carêmes , et
même duranl lout le cours de l'année.
CHAPITRE VII.
Que l'on imposait aux pcclic'urs les mêmes peines pour
les péchés secrets que pour ceux qui ét(ti''nl notoires ,
à l'exception de la solennité. Comment et en quel letmps
on s'est relâché sur ce point de discipline.
Celte matière est imporlanie, et quoi(pie ce que
Lons nous proposoii-s ici soil déjà prouvé par avance ,
nouseli apporterons encoi'e dé nouvelles preuves ijiii
ne laisseront aucun doute sur cela Jedisqsie ce point
de la disci|)linc du lenqis doisl nous parlons est déjà
pnnivé : et pour nous en convaincre, nous n'avons
(pi'à relire ou nous rappeler dans la mémoire ce ijuia
é;é dit dans le neuvième cliapilre l'e la secimde sec-
tion où nous avons parlé amplement des livres |éni-
icnliaiix qui devaient servir de lègle à tous les prêtres
cbargés d'entendre les confessions ; du soin que l'on
avait de retirer des mains des ministres de l'Eglise
ceux qui étaient altérés ou corrompus, et qui ne pres-
crivaient |)as pour les pécliés les peines niar-
(piées par les canons. Dans ces livres, do;ii plusieurs
se sont conservés jusqu'à nosjiuirs, lanl imprimés que
mamiscrils, on ne trouve nulle part que les peines as-
sgnées pour les divers crimesqni se C(unmellenl soient
diirérentes quand il s'agit des mêmes pécli-s, soit
qih'ils soient publics , soit (pi'ils soi ni caeliés. On y
fail abslradion de la publicité, on n'y cnn^dèie que
l'espèce et la qualité de la fanle qu'il s'agit d- punir, et
du mal qu'il faut guérir. Toute la dincienee que voiis
remarquez, soil dans les P/'iiiteiiliels , soil dans les
auleurs de ce temps, à cel égard, csl (pi'on imposait
publiquement et avec certaines céiéhu)nies la péni-
tence à eo\\\ dont les pécliés éiaienl noio res el scan-
daleux , et qu'on l'imposait en s- ciel à ceux donl les
fautes éiaienl secrètes. Ces Pénilentiels servaient
comme de manuels, surtout aux piètres de la cam-
pagne, (pir n'avaient pas les moyens de s'instruire de
ne I , la discipline (le la pénitence dans les somces mêmes ,
u- iL ie veux dire dans les canons sans nombre que les con-
S90
ciles, les papes et les docloiirs de l'Eglise avaieni pu-
bliés sur ce poiril. Si on avait laissé à la discnHion des
piôlres d'iiiif oser des pénilenccs à loiir laniaisic pour
les crimes secrets, il était fort inutile de composer pour
eux ces sortes de livres, cl de les leur ri-coium;inder
avec tant de sein , afin qu'ils s'y conformassent dans
rimiosilion de la pénitence. Je dis que ces livres ont
Clé composés princiiialemcnt pour les prêtres. Cela
est é.ideiit par le Pénitenticl romain {lilnlu ullimo ,
c. 2), où nous lisons ces paroles : Nous avertissons un
chacun des prêtres de Jésus- Clirisl, qui »oul instruits de
leurs devoirs, qnils doivent se conduire en toutes choses,
non par leur propre sens , mais suivant les statuts des
canons et la tradition des Pères , faisant attention au
sexe, à Cage, à la pauvreté , à l'état , à la personne de
chacun de ceux qui veulent faire pénitence. Qu'Us con-
sidèrent aussi ta disposition intérieure du pénitent , et,
comme de s«(/w médecins , qu'ils juyent de toute chose
xuivant ces règles, et comme ils croient le devoir faire.
Ces paroles montrent assez clairement, et que ces Pé-
nilenlicls étaient faits pour les prêtres qui entendaient
les confessions secrèies , et (|uo le but (|u"on s'élait
proposé en les leur nictiant entre les mains , était
d'empêcher qu'ils n'imposassent la pénitence autre-
ment que les canons des conciles ne ravalent prescrit,
et que les usages de l'Eglise ne l'enseignaient Les évo-
ques à (pii le pouvoir dimposer la pénitence ptil)li([iie
était réservé et qui l'imposaient à la têle de leur cler-
gé, n'avaient pas le même besoin de ce secours, étant
eux-mêmes s;ivants, et ayant sous leurs mains des
liommes instruits des canons et de la discipline de la
pénitence, dont ils pouvaient prendre conseil dans les
occasions imporianles et les conjonctnres épineuses.
Les livres pénitcntiaux des Grecs prescri.vcnt des
peines conformes aux anciens canons , au moins or-
dinairement : cependant la pénitence publique est
presque abrogée chez eux depuis plus de liuit cents
ans. C'est donc pour les péchés secrets et pour ap-
prendre aux prêtres à imposer des pénitences secrè-
tes, que ces livres sont en usage chez eux.
Mais qu'est-il besoin de nous servir d'inductions
pour prouver le point de discipline dont il s'agit ,
avant sur cela des arguments positifs qui ne laissent
aucun lien à la moindre chicane? Le cinquième livre
des Capilulaires , c. 52 , rapporte un ancien décret
conçu en ces termes : Qu'aucun prêtre n'ait la pré-
somption de juger, saiis ^autorité des canons, des pé
chés de ceux qui se confessent à lui , et quand il impose
la pénitence, suivant qu'il est prescrit par tes canons , l.
chacun de ceux qui lui confessent leurs crimes, qu'il tcvr j
impose tes mains , suivant l'autorité des inêmes canons ,
avec les prières qui se trouvent dans te Sacramctitaire
pour donner la pénitence. Si te pécheur s''esl confessé en
secret , et de son propre mouvement , que cela se fasse
aussi en secret. « Si verb occulte et spontè confessus fue-
I rit , occulté fiât, i Que s'il a été publiquement con-
vaincu, ou s'il s'est avoué publiquement coupable de quel-
que crime, que cela se fasse publiquement à ta vue de
tout le tnonde, et qu'il passe par la degrés de {c jiéni-
HISTOIRE DES SACREMENTS. 600
tence canonique en présence de toute C Eglise. Ce qn** Ce
décret dit de l'imposition et de l'action de la pénitence,
il le dit de l'absolution ou de la réconciliation qui se
donnaient aux pécheurs pénitents par l'imposition des
mains, soit que leurs pét liés fussent publics, soit qu'ils
fussent secrets. Quoniam sine manûs impositione , dit
ce décret , ncmo absoluiur ligalus. Pouvait-on dire
plus clairement et plus pL.silivemcnl que la pénitence
et la réconciliation était l.i niênie, et se donnait de la
même nianière aux pécheurs publics qu'aux autres, à
l'exception de:: ccréiiionies et de la solennité qui ac-
compagnaient l'une et rature quand les péchés étaient
publics , et que le même Sacramenlaire et le même
pénitenticl suflisaient pour Inn et pour Taulre, pourvu
que l'on iirescrivil aux pécheurs publics de faire pu-
bliquement ce que les aiilres faisaient en secret.
L'ancien Pénilentiel romain, tit. 5, c. 2G, aussi bien
que niirchaid et Ives de Chartres , citent un passage
prétendu de S. Augustin, qui revient an nièine, et (\m
fait voir clairement, étant adopté si nnanimi-meiit par
les auteurs du lem|)S dont nous jiai Ions, t|uclle en
était la discipline par rappoi t au snjci dont il est
qiie.sli(tn. Si quelqu'un a coniniis un inceste en sicrel et
qu'il s'en soit confessé de même à un prclie , qu'on lui
indique te remède canonique qu'il devrait subir si son
crime rut été public. Mais parce qu'il ne l'est point, que
le piètre lui donne ronseil, afin que pour le snlut de M)n
âme il se guérisse par une pénitence seoèie, c'est-à-dire,
qu'il avoue de bonne foi (ju'it a péché ynècement, et qu'il
travaille avec soin a se purifier par les jeûnes, les au-
mônes , les veilles et In prière accompagnée de larmes.
Cela sigiiide qu'il laisse à part tout ce (pii Osi luihlic
et solennel, comme de ne pas entier dans l'église, de
porter l'iiahil de pénitents , d'être chassé de l'Kglise
au commencement du carême , de faire des pèleri-
nages et les autres choses qui étaient en usage en ce
temps-là dans la pénitence canonique ; mais (lu'au
reste il fasse tout ce qui est prescrit par les canons
pour l'expiation de son crime.
Parmi les capitulaircs de Charlemagne on lit un
ancien canon, lib. 7, qui non-seulement enseigne en
général que l'on devait satisfaire à Dieu pour les pé-
chés secrets de la même manière que pour les notoi-
res, à la publicité près, mais qui spécifie et caracté-
rise cette péniicncc secrète en ces termes : Si une
femme a commis un adultère et qu'elle vienne se confes-
ser en secret, qu'elle soit sept ans en pénitence , trois au
pain et à l'eau. Pour les autres , te prêtre en disposera
suivant sa prudence et selon qu'u verra qu'elle le peut ,
il lui prescrira les abstinences convenables. Il en sera de
même d'un homme coupable de ce crime, c'est-à-dire,
qu'il ne commutiiera pas pendant trois ans. Voilà la pé-
nitence pour l'adultère secret et confessé en secret.
Voyons présenlenient quelles peines on inflige à ceux
' dont le crime est découvert : le même canon nous
rapiireiulia. Que si xme femme a commis un adultère ,
et que son mari l'ait surprise était publié son crime ;
qu'il la quitte, s'il le veut. Pour ee qui est d'elle, quelle
\ fasse pénitence publionc, comme il vient d'elle dit. Itta
oui
PÉNITENCE. — SECT. 111. PART. 1!1. ClIAP. Vil. PÉCHÉS PUBLICS ET SECRETS.
602
verb secimdiim quod supenùs iuscrtum est, pnhlicè agrit |] so faisait coHo milij^nlion. Un péuitent vint à mus et se
pœnUenliam. Vous voyez cjne la pcnilciico est la iiR-ine
pour les deux cas ; on n'y ajoute que le tonne ]m-
blicè.
Ciirodegand, évèque de Metz, reg. cmwiiic. , c. 50,
veut indistinctement que l'on donne la pénitence coti-
foiinénient aux canons pour les |iécliés dont on s'est
confessé, il ne sépare point en cela les péchés secrets
des publics, mais il dit en «énéral que le prêtre, après
avoir enlendn la confession , doit donner à ceux qui
sont dispo-és à se soumettre à tout, la i)énilence ca-
nonique. Tune da ilU picnilentiam eanonkè mcnsura-
tam. Ce qu'il ne dirait pas s'il s'agissait de péciiés no-
toires; car alors surtout, suivant la discipline du
temps, on aurait contraint le péclieur, par tontes les
voies canoniques et de fait, à se soumettre à la péni-
tence. Et si vult dimittere peccata, fac ei coiifitcri ea
et tune da illi, etc.
Les Capiiulaircs ( 1. 7, c. 204) et Isaac do Langres
(t. !,c. uliinio), nous rendent un témoignage anllien-
liqnedcla discipline dont nous parlons : ils désignent
la confession secrète en disant : Il faut que le prêtre ,
lorsqu'il reçoit la confession de quelque fidèle que ce
puisse être , /(.'/ dewaude premièrement comment il a
commis ce péché, s'il ij est relo)nbé fréquemntcnt, si c'at
de pleine volonté ou malgré lui , si c'est dans l'ivresse
ou à la persuasion de quelqu'un, et quand il aura décou-
vert la racine du mal, qu'il ij applique les remèdes con-
venables. Quels sont ces remèdes? sonl-ils oltaiidor.nés
à la discrétion ou à la fantaisie du prêtre? P()int du \
tout. Il les indi(pie aussitôt. Us doivent être tirés des
canons authentiques et de la doctrine des Pères. Ils
doivent être conformes à la volonté de Dieu. Qualis
ver'o adliibenda sil medicina, secundiim canonuin autlicn-
ticorum, et sanctorum Palrum esse débet iiistilutionem ,
et non secundiim placitum Itominis, sed secundinn Dci
voluntatem.
On voit encore des restes de cette discipline au
commencement du treizième siècle, quoique la péni-
tence en ce temps eût reçu de cruelles atteintes et
fût fort affaiblie. C'est ce que nous apprenons de Ro-
bert de Flamebourg , chanoine de Saint-Victor de
Paris, qui écrivait son Pénilenliel vers l'an 1200, et
qui mourut, dit-on, en 1225, en parlant delà manière
dont se doit conduire un prêtre avec ceux qui s'a-
dressent à lui pour la confession , et l'avoir averti de
ne point imposer de pénitence publique pour des pé-
chés secrets , de peur de découvrir par cette voie le
crime du coupable. Il ajoute : Lors donc qu'il faudrait
imposer hhc pénitence publique et .•solennelle pour un pé-
ché caché, s'il était connu publiquement, ôlez la solen-
nité et enjoignez- lui simplement la pénitence. Il avertit
ensuite qu'il est rare de trouver des gens qui soient
disposés à se soumeltreàces pénitences, parcequ'ellcs
sont fortes et austères. Après quoi il dit : Vous les
mitigercz donc un peu , afin que le pécheur ne soit pas
ssns quelque pénitence. « Tu igilur panlalim cl pr.uluiim
f er.s miligabis , ut aliquam tiabcai pœnilens pœniten-
f lianx. » il explique (fol. 3i, p. I ) do quelle manière
confessa d'avoir corrompu la fille de son oncle; nous lui
enjoignîmes une pénitence de quatorze ans , nous lui
dintes qu'il jeûnât trois carêmes, dans celui d'apris la
l'enlecote, deu.r jour.i de ta semaine au pain et à l'eau ;
dans celui de l'.Avenl, trois ; dans le grand carême, trois,
et qu'il s'absiinl de l'entrée de l'cglise et de la com-
I mu7tion l'espace de deux ans. Quelle rigueur en ce
siècle ! mais ilie n'avait lien (pie pour ceux (pii éiaie'îi
disposés à faire ce que le piêlre croyait leur devoir
imposer conlormément aux canons : s'ils le refu-
saient, la coutume était dès lors d'adinicir la pénitence
et de la mettre ainsi par des tempéraments et des dis-
penses, à la poilée de ceux que leur là' I)elé c! leur
faiblesse rendaient incapables de soutenir celle sé-
vérité. On leur faisait racheter les peines caiionicpies
en différentes manières, et on les commuait en œuvres
de piéié de diverses espèces; telles que celles dont
parle le môme auteur, fol. 58 et seq., p. 2, et celle-ci
entre autres : Pour un jour que vous devez jeûner au
pain et à l'eau, vous chanterez cinquante psaumes à ge-
noux dans l'église s'il se peut, ou au moins dans quelque
endroit convenable. Vous nourrirez un pauvre , et le
même jour, excepté le vin, la chair et le sang, cous
prendrez pour nourriture ce que vous jugerez à pro-
pos.
Robert finit son Péni;entiel en donnant cet avis aux
prêtres, (pii fait voir qu'on s'aîtacliait encore en ce
ti'Hips aiix ri::r;ûmii>s fôg'GS en imposant la pénitence;
mais (in'il fallait que les péiiilents se Iroînasseut dis-
posés à s'y soumettre; restriction auparavar.l incon-
nue et qui a entraîné la ruine entière de la pénitci:ce
canoni(;He à l'égard des péchés secrets, sans parler
des autres causes qui ont contribué à cet entier af-
faiblissement , et dont nous pai Icrons avec étendue
dans la partie suivante. Voici l'avis dont il s'agit : Je
veux vous avertir, ô prêtre, que si par une ignorance
grossière, par négligence ou par faveur, vous punissez le
pécheur à votre fantaisie et sans avoir égard aux ca-
nons, plus ou moins que n'e.viycnt les règles authenti-
ques et canoniques de la pénitence, pourvu que le pécheur
soit disposé à subir la pénitence canonique quelle qu'elle
puisse être, t Dummod'o ipse peccator paralus sit ad
i qua.nlibct canonicam pœnitentiam. » Celui-ci, comme
je crois, se sauvera et sera même délivré du purgatoire ,
après s'être acquitté de la pénitence qui lui est enjointe ;
mais pour vous, vous serez en péril. Car que ponrra-t-on
j lui imputer s'il obéit et se trouve préparé à recevoir In
p'nitence qu'on voudra lui imposer ? Il me semble donc
que je vous donne un bon avis en vous con^vlla^il de f(:ire
tout ce qui dépend de vuus pour persuader au pénitent
de se soumettre à une pénitence canonique et anlhail'.-
que ; alors tout ira bien, et pour vous cl pour lui.
C'est ainsi que l'Eglise s'efforçait de conserver l'an-
cienne discipline delà pénitence, autant qu'il lui éiait
|)ossi!i!c : mais la lâcheté des cinétie.is et le désordre
•éiiéral qui s'était introduit alors Tempoii aient souvent .
La maxime e!e ne jsius suivre la rigueur dos canons a
la Iclire avait prévalu parmi la luullitmie.elobligeait
605
lîiSTOlUE DF.S SACREMENTS.
COJ
les iiîinistros los.plus zélés fil los plus éclairés à céder
et à s'accoiiiniodei' à cet aftaililisscmont général , au
moins à l'égard de la péuileuce secrète , qui était ,
sans comparaison, la plus commune en ce temps; la
pcMiiUMico piil)li(|U(! étant devenue exirèmemcnt rare
do|)"is le douzième siècle. Le relàcliement devint plus
grand en peu de temps, puis(|ue Pierre de Poiliers,
autre clianoine de Saint-Victor de Paris, qui écrivait
quinze ou vingt ans après Uobeit de Flaniebourg, dit
à la lin de soi! l'énileiiliel : // ne paraît pas que pour
les péchés secrets, on doive astreindre le pénitent malgré
lui à quelque genre de satisfaction particulière, mais il
peut la racheter ou la compenser autrement. Il ajoute
tout de suite ce que nous venons de dire louciiant la
pénitence publique ou solemielle. Il nen est pas ainsi
des crimes ynanifestes , comme on le peut voir dans la
pénitence solennelle , qui s'appelle aussi Carême , qui
CARENA DiciTUR, que l'on a coutume d'imposer pour les
crimes les plus énormes, comme pour le parricide , qui
s'étend selon les lois aux persotmes unies de parenté :
en sorte qu'il comprend, non seulement le meurtre du
pire el de la mère, du (ils et de la fille, mais, outre cela,
du frère et de la sœur, et des autres semblables. Il en
est de même de ceux qui sont coupables de moi)idres
homicides, et des autres pénilents publics.
Le même auteur (fol. 9, p. 1) témoigne que c'était
alors la coutume de ne point étendre la pénitence au
delà de sepl ans, à moins que la grandeur du crime et
d'autres circonstances aggravantes ne fissent passer
au delà de ce terme Tel était encore l'état de la pé-
nitence au commencement du Ireizièuie siècle.
CHAPITRE vm.
De l'action de la pénitence chez les Grecs et les autres
communions orientales, depuis le sixième siècle jus-
qu'à présent.
La discipline de la Pénilence a peu varié chez les
peuples orientaux depuis le sixième siècle. Avant ce
temps-là elle était à peu j rès la même parmi eux que
pai mi nous, comme nous l'avons vu dans la première
et seconde partie de cette section, elle est encore à
présent cliez eux bien plus conforme à l'ancien ne
qu'en Occident; et ainsi iio'is pourrioïis dans un seul
chapitre en donner Uîie idée sulfisanle : mais comme
ce cl'.apitre serait nu peu long, s'il comprenait tout ce
que nous avons à dire , nous le diviserons en deux
articles; dans le premier, nous traiterons de l'his-
toire de la Pénitence chez les Grecs, depuis le sixième
siècle; le second comprendra ce qui s'est passé sur le
même sujet parmi les autres chrétiens orientaux.
ARTICLE PREMIER.
Que les ancicmies stations et cérémonies de la Pénilence
étaient presque abolies avant le seplièw.e siècle dans
r Eijlise grecque, que néanmoins les pénitences ij étaient
'ongues cl rigoureuses , el le f^ont encore à présent,
qu'on ne donne la communion (in'apris la pénitence
accomplie , au moins en partie. Des deux absolutions
qui sont en usage chez eux, elc
la dicipline de la pénitence depuis le sixième siècle,
l»uis(|ue ce patriarche était contemporain de S. Gré-
goire-le-Grand. Elle se réduisait aux points suivants.
Premièrement à imposer des péiùlences conl(i»inf.s
aux canons, au moins jjour la plupart, 2" à différer la
participation de l'Eueliarislie jus(|u'à ce que le pé-
cheur eùlaccompb sa pénitence , au moins en grande
partie, (|uoi(pi'inuné(liatement apiès la coidèssion le
prêtre donnât une espèce d'absolution que !e P. Mo-
riu croit être une véritable absolution de lacoidjie du
péché, quoique de savants honunes en doulentet pré-
tendent que ce n'était que des |)rières qui répondaient
à celles que l'on faisait autrefois sur les pénilents en
leur imposant les |)eim;s canoniques par lesipnlles ils
devaient cxiticr leurs péchés, o" Entin, à obliger lesiié-
nitenls coupables de certains crimes de sortirdi; l'égli-
se pendant la célébration du saint sacrifice, et de se
retirer dans le vestibule appelé chez eux nartex, quoi-
qu'ils pussent garder leur |»lacc pendant les autres
parties de l'office de TEglise. C "était connue vous voyez
un reste de l'ancienne pratique, avec celte diUérence
qu'autrefois on contraignait les pénitents à se retirer,
au lieu que depuis le temps dont nous parlons, on leur
ordonnait, à la vérité, mais on laissait cela à leur
conscience. Voilà ce qui regarde la pénitence des
laïques.
Pour ce qui est de celle des clercs, nous remarqtions
dans les livres pénitenliaux des Grecs, que le jirèire
qui devait enlendre la confession de (juelqu'un du
clergé , exigeait préalablement de lui une promesse
par laquelle il s'engageait de (piilter les fonctions de
son ministère, s'il venait à confesser des crime-; qui
méritassent la déposition ou la suspense. Mais ce
clerc, suivant la discipline établie d;ins ces églises,
déposé de cette sorte en punition d'un crime qu'il
avait avoué à son confesseur à l'oreille, n'était point
privé de la communion de l'iMicharislie , cette pre-
mière peine étant censée suffisante. Cela, comme
vous voyez, est assez coidorme à la discipline des
siècles anléiieurs , comme nous l'avons montré ci-
devant. De plus, connue dans ces églises on élève au
sacerdoce les cItcs mariés, ceux-ci sont leims de
(piitter leurs femmes s'ils apprennent (jn'elles se soient
souillées |)ar l'adnlière, et si ajsrès cela ils habitent
avec elles, ils sont interdits des fonctions de hîur
n:iuislère. A cela près, tout est égal entre les laupies
et les ecclésiasliipies. Nous nous élendnuis sui' (jnel-
([ues-uns de ces points, nous arrêtant à ceux qui sont
les plus importants. Voilà en peu de mois qu'elle a
éié depuis le sixième siècii; h", discipline (pii s'est ob-
servée à l'égard de l'action de la pénitence, et qui s'est
conservée presque la même jusqu'à présent. Ainsi ((uoi-
qiie ce que fit Nectaire, patriarche de Conslanlinople,
et (pie nous avons rapporté dans le second chapitre
de la seconde section, touchant le prêtre pénitencier,
n'ait pas eu les suites que les Proteslanls et ([irelipies
uns de nos théologiens s'imaginent, comme il a éié
ficile de s'en convaincre par touie la suite <le cette
Nous apprenons surlout parli' Péuitenlicl de Jean-
Ifi-Jcùneur, patriarche de Couslantinople, quelle était ^ll&Loire, nous ne pouvons nier néanmoins que cette
605 PÉNITENCE. — SECT. III. PART. III. CHA
a. lion de Nrclaire n';til fait iino plaie considciable à •
la discipline d(! la péiiilonce : cl il est à croire que le
proriipl chnii!j;emenl (pie nous apercfvons dans la
discipline péiiilciitielle desOrienlanxa éié iinoMiile de
ce qui arriva alors. Mais la chose n'arriva jtas lout
d'un coup : on n'abrogea pas à la luis louli-s les céré-
monies ci les stations de la pénilonce; cela se fil sans
doute pelil à polil. Nous trouvons eircclivetncnt en-
core trois des célèlires slalions de la pénitence bien
nianpiécs dans le &?' canon du concile de Trulle tenu
en 69:2, ou quelques années après, connue le picicnd
le P. Pélau. Il est vrai que ce synode ne prescrit les
slalions que connue inie règle établie par les Pères,
mais on voit au moins par-la que ces règles n'étaient
pas encore oubliées alors, quoique peut être elles ne
fussent plus pratiquées que fort imparfaitement cl ;
pour corlains péchés énormes. ;
Ce qui nous ilonne lieu de penser de la sorte, et [
que dés lors et auparavant même on ne distingnaii
plus les pénitents en ces différentes classes in Orient, ^
et qu'on avait aboli l'usage d'imposer les mains aux
pénitents et de prier pour eux, c'eslce qu'a éeril S.
Ma.'iime, ce lélébre défenseur de la foi contre l'Iiéié-
sie des Monotliélites , qui vivait après le milieu du
septième siècle : ce saint composa un ouvrage de la
Mystagogie ecclésiastique, dans lequel il explique ]
la liturgie , mais il n'y fait aucune mention de la i
prière et de rimposilion des mains sur les pénitents, •
quoiqu'il parle, c. 14, de la cérémonie de les mettre '■
hors de l'église avant (pie de commencer les prières
qui accompagnaient racîion du sacrilice. C'esl pour-
quoi, sur le chap. 5 de S. Denis, où sont distingués '
les dilTérents ordres des caléclmmèiies , des énergu- ■
mènes cl des pc lilenls, il dit : cet ordre s'observait
du temps de ce l'ère. Et un peu apiès il avertit le ;
lecteur qu'il ne faut plus se mettre (;n peine de cher- i
cher de la difiérence entre ces choses. |
Une autre preuve que ces pieuses cérémonies n'é- i
talent plus d'usage dans les églises d'Orient est (jne '
depuis le sixième siècle on ne trouve dcins aucun
canon des conciles qu'il soii prescrit de demeurer
aulanl de t(^mps , par exemple, parmi les auditeurs,
aillant parmi les prosternés: on n'y voit jamais ces
différents degrés de pénitence spécifiés, et encore
moins la prière et l'imposition des mains sur les pé-
nitents avant la célébration du saint sacrifice. Toutes
les liturgies qui sont en usage chez les Grecs gardent
juii profond silence sur ce point, quoiqu'elles soient
jfort anciennes, quelques-unes ayant été écrites depuis
plus de 800 ans. 11 est évident que du temps de Zo-
nare et de Balsamon l'imposition des mains et la
prière sur les pénitents aNaient cessé depuis long-
temps, et même l'expulsion de l'église, si religieu-
sement observée chez les anciens qui ne pouv:denl
souffrir que ceux qui étaient impurs jouissent même
de la vue des saints my>ières : car ces deux ani(.-urs.
cxpliipianlle canon lO" du concile de Laodicée, où
toutes ces choses sont prescrites, avouent que ces
usages ont cessé dans l'Eglise. C'esl ce que dit Ibr-
P. Vlll. Pl'iNITENCE CHEZ ^,ES GRECS. 60G ■
inellcment l(> premier d'entre eux rpii vivait cent ans
avant lialsamon, dans le commentaire (pi'il fait sur
ce canon : Or, à prcxcnt, pour ce qui est des pénitents,
je uc sais comment ces usnys se sont abolis.
On ne peut tirer à conséquence contre ce que nous
venons de dire, la pénitence qu'imposèrent les légats
dn pape Adrien , dans le concile 8' général, à ceux
qui avaient rendu im fmx lémoignago contre Ignace :
car les difléients digrés on stations dont il y est fait
menlion, sont entièrement du goût de l'église latine, et
telh^s (|u'elles s'observaienl encore alors en Occident;
comme nous l'avons fait voir dans les chapitres 2 cl 3
de C(!ttc partie, où nous avons lapporlé ce que firent
alors ces légats en se conformant aux usages de leur
église.
Expliquons maintenant plus en détail (pielqucs-nns
des points de la discipline de la pénitence, dont nous
avons parlé au coinmeneemenl de cet article. Nous
avons dit que les Grecs accordent aux pénilents
l'absolution aiis.-,il(3l apiTS leur confession , et après
qu'on leur a prescrit les peines par lesipiellcs ils
doivent satislaire à !a justice de Dieu ; c'esl ce qu'on
peut voir dans le Péiiilenlid de Jean-le-Jeû-
neur, et dans celui de Jean Moine , qui se trouve
dans l'appendice de l'ouvrage du P. .Morin sur la Péni-
tence. Celle ab.-oliilion consiste en pliisieui-s prières
que récite le piètre sur le péniteiil, demandani à Dieu
qu'il lui accorde la rémission de ses péchés. Cependant
il ne peut approcher du sacrement du corps et du
sang de Jésus Christ, qu'il n'ait accompli la pénitence
qui lui a été imposée, et qui dure sonvenl plusieurs
années. Il faut même , avant qu'il jouisse de la par-
ticij alion des sainls mystères, qu'il reçoive une se-
conde absolution, (pii consiste de même que l'autre en
une oraison ou prière ([ui tend à demander à Dieu pour
le pé(-heur une parf-iile réconciliation. Cette !)rioie,
dans le Pénitenliel du palriarche Jean , a pour titre :
Prière pour celui qui est lié par te prêtre , quand il est
absous. Les paroles dont cette prière est composée
lép.ondenl au litre : Seiyiieur, délivrez par votre bonté
votre serviteur iS., qui est ici présent, dnjouq auquel il
estassujéti , elc. On trouve la même prière dans l'Eu-
coiogc des Grecs , quoique sons un titre dilTérent :
Prière pour ceux qui sont délivrés de la pénitence qui leur
avait été impos-e. Dans nii ancien niannscrildeLéon Al-
latius, on lit une autre oraison, dcnl le litre est : Anlre
oraison pour délier de la pénitence imposée à celui qui
est excommunié; car c'est ainsi qu'ils nomment souvci.l
la pénitence que l'on donne au péciieiir, canon, pour
marquer (ju'elle doit être conforme aux canons ou aux
règles établies par les Pères et les conciles. Ce litre
appille excommunié celui à qui celle abs(dution est
donnée , parce qu'il esi ?(''paié de la parlieipalion do
!'Ei:cliarislie jusqu'à ce ([uil ait reçu celle seconde ab-
soliilioii, qui, selon les auteurs grecs, réintègre cl per-
fectionne celle qui a été auparavant accordée. Ce fruit
de la seconde absolution est bien marqué par ces ter-
mes dans lesqu' Is la prière qui se trouve dans un
ancien Eu';ologo d'Allaiius est conçue...: Et donne»-
607
lui une parfaite rémission , vous qui ûlea bon et miséri-
cordieux.
Les Grecs avaient surtout un très-gnnd soin que
personne n' «pprochât des saints mys'.èrcs , sans être
bien pré, aie cl purilié de toutes les taches du péché ,
et c'est ce qui les engageait à n'admettre les pécheurs
à la comuiunion , (ju^apros avoir acconqili loule leur
pénitence, au moins pour ronliiiairo. Le pairiaiclie
Jean, dans son Pénilentiel, le témoigne quand il parle
de cette sorte : ^ous déterminons ces différences de pé-
chés et de pénitences pour la communion : car le phis
grand de tous les péchés est de communier indignement.
C'est pourquoi, un peu après ces paroles , parlant de
ceux qui retombent souvent dans les mêmes péchés ,
il ajoute : Ils doivent se confesser toutes les fois qu'ils
retombent : que s'ils ont accompli les pénitences quon
leur a imposées , en sorte qu'il leur soit permis de com-
munier, qu'ils )ie communient pas même alors , juMju'à ce
qu'ils aient profilé et qu'ils puissent faire me communion
vureet sans tache. C'est ainsi qu'ils se conduiront s'ilsont
pitié d'eux-mêmes : car ce n'est que par ce moyen qu'ils
se rendront dignes de la miséricorde de Dieu.
Ce que nous venons de rapporter des pratiques de
l'église greapie , y est encore en usage aujourd'hui.
Nous en avons un lémoiii oculaire en la personne du
P. Gonr, dominicain, qui a sé'ourné longtemps dans
ni' de Chio, cl qui nous apprend en même Icmp^ de
quelle manière les Grecs suppléent en (luel.iue sorte à
la privation de TEucharistie dont les pécheurs sont pu-
nis chez eux. Il l'aul rai»porler ses paroles ( Eucol.
p. (îTS ) : Quoiqu'on n'impose plus parmi eux ( lesGrec.'.)
la pénitence publique, ils interdisent néanmoins quelque-
fois à certains pécheurs la communion pendant iine ou
plusieurs années , après qu'ils ont expié leurs fautes par
la confession. lU consolent ceux qui sont ainsi privés d,-
l'Eucharistie par la communion du pain béni qui en lient
lieu en quelque sorte , et qu'ils nomment pour ce sujet
ivTiSôicîv,- au lieu du sang précieux, ils leur font prendre
de l'eau qui a été bénie à la fêle de la Théophanie : et
c'est le diacre qui la présente à ces pénitents les jours de
communion, à Pâques, à la fêle des apàires S. Pierre
et S. Paul, de l'Assomption , et de la Nativité de notre
Seigneur, ils la boivent avec beaucoup de dévotion ; et
cnjin, la prière que l'on fait sur ceux que l'on décharge de
leur pénitence étant récitée , ils sonl entièrement récon-
ciliés à l'Eglise. Peut-être le pain Léni qui se distribue
les jours de dimanche dans les églises de France, n'a-
t-il été d'abord institué que pour les pénitents dans
l'intention de les consoler en quel(|ue sorte de la pri-
I vation des saints mystères , qui était une suite de leur
état; et cet usage ensuite sera devenu commun à tous
■ les lidèles , comme il l'est chez les Grecs établis à
• Rome, ainsi que le P. Morin nous en assure. Car j'ai
vil, dit-Il, dans leur église, la messe étant achevée ,
que l'on distribuait l'antidorum a la porte méridionale
du sanctuaire , à tous ceux qui en vonlaitMit. Léon Âl-
laiiusdans sa concorde de l'Eglise Orientale avec celle
d'Occident, 1. 5, c. 9, nous apprend que ce pain béni,
qu'ils nonmient Eulogie , est le reste de celui dont on
HISTOIRE DES SACREMENTS. 608
a pris une partie pour la consécration , que tous doi-
vent manger à jeun , et en cas (pie celui qui le reçoit
ail déjà pris quelque chose , il doit le donner à celui
qui est près de lui pour le consommer. Il ajoiiio cpie ce-
lui qui ne peut communier les jours de grandes fêtes,
doit prendre de l'i au (|ui a été bénie le jour de l'Epi-
phanie , autant qu'il peut en tenir dans une coipiille ou
une cuiller. Siméon de Thessaloiii(|ue ( E)tarralione in
S. Lilurgiam, c. 10) rend témoignage de la même pra-
tique, et nous apprend en même temps que ce pain béni
cstceqni reste de celui qu'on a présenté à l'autel, et dont
on a pris le milieu pour la consécration. Il prétend
que ce pain a une vertu toute particulière, à cause des
prières et des bénédictions p;ir lesquelles il a été sanc-
tifié. Balsamon nous rend témoignage d'une autre pra-
tique qui était encore en usage de son temps et qui
est un reste de l'ancienne p nilence publique, savoir
que ceux ipii étaient coupables de grands crimes de-
vaient se retirer dans le nurtex , durant la célébra-
tion du saint sacrifice , c'est-à-dire, dans la nef; car à
présent chez les Grecs, et depuis quelques siècles, ils
donnent ce nom à la partie basse de l'Eglise, qui est
proprement ce que nous appelons nef , et chez eux
les laïques assistent au saint saciilice dans le chœur
avec les chantres et les aunes ministres inférieurs,
(pioiqu'ils ne puissent jamais entrer dans le sanctuaire
nin plus que les clercs inféiieurs. Siniéiui deThessa-
[' Ionique conlirme la même chose dans le cli. 4 du livre
que nous venons de citer : car, parlant du chœur, qu'il
appelle vKô^-, il dit que ceux qui sont tombés dans le
crime n'osent y entrer.
Après ce détail de titres et de pratiques qui ont
rapport à la pénitence, voyons ce <|ui s'est conservé
chez eux de la rigueur de l'ancienne discipline. Pour
s'en former une idée juste, il n'y a qu'à jeter les yeu.x
sur le pénitenliel de Joan-le-Jcûneur. qui a servi de-
puis lui de règle aux confesseurs pour imposer les
pénitences à chaque e-pèce de péohé. Pour peu qu'on
examine ce livre, on verra que la pénitence chez eux
est bien plus rigoureuse que parmi nous, et a plus de
ressemblance avec l'ancienne que celle que nous pra-
tiiiuons. Cependant ils ont eu si à conir d'infliger aux
pécheurs des peines conformes à celles qui sont mar-
quées par les anciens canons, que plusieurs d'entre
eux se sont plaints de ce patriarche, comme s'd éner-
vait la vigueur de la discipline par trop d'indulgence,
et ne veulent pas que l'on s'en rapporte entièrement
à lui, quand il s'agit d'imposer la pénitence, mais que
l'on prenne pour règle les anciens canons. Aussi
appellent-ils encore aujourd'hui la pénitence canon.
Donner le canon chez eux, c'est donner la pénitence
ou la prescrire.
Nicéphore Cartophylax,.daiis une lettre au moine
Théodose, écrite vers le commencement du neuvième
siècle, parlant du pénitenliel de Jean-le-Jeiineur, dit:
Pour ce qui est des canons publics par Jean-le-Jeùneur,
no::s avons reçu ta coutume de modérer la correction
suivant les forces d'un chacun, excepté que nous disons
j aue ce nui lui a '^ar '''e conforme à la discivitne dci
609
PÉNITENCE. — SECT. III. PART. UI. CII.VP. VIlI. PENITENCE CHEZ LES GRECS. 610
canons, ne l'est qu'autant (iti'ilparailra avoir suivi le sen- » père mort. La date de cel cdit est de !'an du monde
liment des Pères. Celle censure indiscrèle fil voir que i 4628, iiidict. 8. Après y avoir condamné les qualrièmes
les Grecs ne se croyaient pas astreints à suivre toujours
lu disposition du pénilentielde ce palriarciie, et qu'ils
aimaient mieux souvent aller jusqu'aux sources.
Le concile de Conslantinople, tenu sous Alexis
Comnène, c'est-à-dire, à la (in du onzième siècle, ne
garde pas tanlde ménagemenl avec Jean : carrépondant
à la onzième des (pjcsiions que lui avaient proposées
quelques moines, et qui ctaienl conçues en ces ternies:
Faut-il, comme r ordonne le Pénitentiel du Jeûneur,
agir canoniquenient ? il dit : Ce droit canonique du
Jeûneur usant d'une trop grande indulgence a perdu
bien des gens : ainsi que ceux qui connaissent le bien et
qui sen écartent, se corrigent. Harmenopule, célèbre
canoniste Grec, accuse aussi souvent le patriarche
Jean de trop de lacilité et d'indulgence. Cependant
il n'est pas rare de trouver dans le pénitentiel de Jean
des pénitences de dix, de douze et de (juinz-eans,
imposées pour certains crimes ; pcnd;int lesquelles le
pécheur est privé de l'Eucharistie, et obligé pendant
tout ce temps à des jeûnes, à des altstinences et à des
prières particulières, qu'il doit réciter tous les jours.
Il a mèiu.'soiii d'ordonner, que l'on donne au péuiient
l'ordre de la vie et des exercices qu'il doit pratiquer,
de peur qu'il ne l'oublie.
Ce (]ui arriva au conrjieucement du dixième siècle,
à l'occasion du qnalriènie inaiinge (le remiicreur
Léon, surnommé le Philosophe, est une preuve incon
leslablc* de l'attachement inviolable des cvèques Grecs
aux anciens c:inons péniti ntianx. Ce prince ayant eu
trois fennnes ditul il n'.ivait point eu d'enl'anls, en
Apres y avoir condamné les quatrièmes
noces comme un crime énorme, il ordonne que si un
homme qui a atteint l'âge de quarante ans contracte
un troisième mariage , quand même il n'aurait point
eu d'enfanl de ses deux premières femmes, il soit
privé pendant cinq ans de la participation des saints
mystères , et qu'on ne pourra lui faire aucune grâce
là-dessus : qu'après celte pénitence de cinq ans il ne
pourra, dans la suite, communier qu'à la fête de Pâ-
ques, y étant disposé par le jeûne du carême. De plus
il ne vent pas que l'on permetle absolument les troi-
sièmes noces à ceux qui ont passé l'âge de 40 ans , et
qui ont des enfants des premiers mariages.
Telle était encore en ce temps-là rattachement des
Grecs à l'ancienne discipline de la pénitence. Ce même
esprit s'est conservé chez eux en quelque sorte jusqu'à
présent. C'est ce qu'il est aisé de voir par ce qu'écrit
Siméon de Thessalonique dans son pénitentiel, en ces
lernies : Q/t'j/s prennent garde (les prêtres) de ne juger
que suivant la règle des canons, de peur qu'en se condui-
sant autrement, ils ne se rendent complices des péchés
des autres. Que personne ne se trompe, s'imaginant être
en état de porter un jugement plus sain que les Pères.
Qui a été plus chaste et plus pur qu'eux, et s'est plus ap'
pliqué à ces choses? De plus, que personne n'affecte de
paraître plus compatissant qu'eux pour les faibles, agis'
sdiil languissnnunent, et se laissant tjmber avec ceux qui
tombent. Qui est assrz présomptueux pour se croire plu$
humain et plus doux que les Pères? quelle autorité au-
ra-t-il s'il les dépouille de la leur, et va contre ce qu'ils
ont statué? Cel auteur ajoute plusieurs autres choses
épousa une f|uatrième dont naquit Constantin, qui lui g d'inie égale force , qui prouvent clairement combien
succéda ensuite. Le patriarche Nicolas ne pouvant | les Giics étaient éloignés de régler leurs jugements,
souffrir que l'on violât ainsi les canons reçus dans les
églises d'Orient, entre autres le 80* de saint Basile ,
assembla un concile et cxcommimia l'empereur.
Quelques-uns des évècpies voulaient que cette excom-
munication fût bientôt levée, mais le patriarche sou-
tenait qu'on ne devait point faire grâce au prince : de
là se forma un sciiisnx-, les uns recevant l'empereur
à leur conunuiiion, les autres refusant de 1 y recevoir,
quoiqu'il le demandât avec de grandes instances,
TTs/Àa Sioylvov zkI -îzc/.px/MJ.oûjzy.. Eidin l'enjpereur irrité
chassa Nicolas de son siège, l'accusant de parjure, et
d'avoir mancpié à la parole qu'il lui avait donnée de
lui remettre la peine canonique, toZ i-i-iy.>.. Il en fil
mettre un autre à sa place, (pi'il prit pour son père
spirituel, et dont il obtinU'indulgence de la peine ca-
nonicpie. Léon élanl mort quelque temps après, son
frère Alexandre , qni lui succéda, rappela Nicolas et
le rétablit sur son siège; le schisme continuant tou-
jours, ceux-ci s'atlachant à Nicolas, ceux-là à celui
qui venait d'être chassé. Alexandre ne ré;;na pas long-
temps, et eut pour successeiu- Constantin son neveu,
qni réunit les évêques entre eux, ayant puîilié de ieiu-
couscntoment un édit canonique, quicoiulannie sous
de grossis peines le crime qui avait donné lieu à tous
ces maux M nyanl obtenu d'eux le p;.i<loii pour iron
I dans le tribunal de la pénitence, autrement que sur
j les canons anciens.
Gabriel, niélro;;olitain de Philadelphe.qui a traité
des sacreujents à la manière des Latins, cliez lesquels
il avait fait ses études, et qui est beaucoup plus récent
que Simé(Hi de Thessaloni(pie, parlant de la satisfac-
tion (/. de Sacram., c. 8), dit qu'elle consiste à accom-
p ir exactement la peine imposée par le père spirituel
(c'est ainsi qu'il nomme le confesseur), selon la tradi-
tion de l'Église et la règle des sacrés canons que nous
ont enseignés tes docteurs de l'église catholique et les di-
vines Ecritures. Enfin jusqu'à présent les Grecs ont
conservé cette discipline : les pénitences chez eux ne
sont point arbitraires ; ils suivent celles qui sont in-
di(juées dans des recueils de canons qu'ils ont pour
cela, et suivant lesquels ils prescriveni au pénitent la?
ma.iière dont il doit expier ses péchés et satisfaire à ■
l la justice de Dieu. C'esi ce que nous ap. rend le Père
ÏGoar dans ses notes sur l'Eucologe des Grecs, p. 078.
dont nous rapporterons les paroles qui contiennent,
sur le sujet dont il s'agit, des choses curieuses el iu-
léressantes. Si les pères spirituels, dit-il,... reconnais^
sent que les fautes dont on se confesse sont légères et
vénielles, ils ne donnent point d'absolution ; mais ils te
4 contentent de donner aniiablewent des avis pieux, et et»
horlent la personne à faire quelque œuvre de dévolwn, lu 1 1
tenvoi;avt ainsi. Que s ils découvrent des péchés mcrWb,
au ils appellent ôa;à7(//«, ils les examinent dans le mo-
nocitnon quils ont à leur portée , et soumellent à la ri-
gueur des peines , suivant ce qui est marqué dans ce
livre, les péchés dont ont s'est accusé. El enfin ils réci-
tent plusieurs oraisons sur le pénitent, par lesquelles ils
demandent pour lui tant la rémission des péchés passés,
que le secours de Dieu pour n'en plus commettre de nou-
veaux. Après cela , ils canonisant loiis les péchés ,
xecvoviÇcufft , c'esl-à-dire , que les ayant cxaiuiiics sul-
vaiil la règle des canons, ils imposent pour péiiileiice j
les peines qu'ils trouvent nianinées par ces mêmes
canons : et c'est pourquoi ils appellent la peine imposée
canon, comnie étant présente par les canons.
ARTICLF. 11.
De rétat de la discipline de la pénitence dans les autres
communions orientales, depuis te sixième siècle jusqu'à
ces derniers temps.
Nous ne pouvons suivre un meilleur guide que M. Uc-
naudol, pour nous nieltre au lait de ce qui s'est passé
et de ce qui se passe encore aujourd'hui , sur le sujet
dont il s'agit, dans ces anciennes communions orien-
tales. On sait combien cet habile homme élail versé
dans l'histoire tant civile qu'ecclésiaslique de ces pays,
dont il possédait les langues à lond ; et combien il
s'est appliqué à connaître les dogmes , la discipline,
leâ rits et les pratiques de ces églises, qu'il nous ap-
prend dans un grand détail dans ses livres de la Per-
pétuité de la foi ; nous ne ferons donc que copier ici
ce qu'il dit en différents endroits du ciniiuième tome,
loucbant l'état de la discipline de la pénitence dans les
différentes communions chrétiennes répandues dans
l'Afrique et l'Orient
« Les Orientaux, autant qu'on en peut juger par les
-f monuments d'antiquité qui nous restent, avaient de
{ pareilles règles (que les Grecs depuis le 0' siècle).
c On ne voit dans leurs histoires et leurs canons au-
I cun vestige de confession faite en public;inaisilpa-
« raît qu'elle a toujours été faite en secret, que toutes
( les instructions faites pour les prêtres leur reciun-
f mandent expressément, et même sous peine de dé-
« p sition,denerévélerpas les péehésqui leur ontété
( dits en confessioii....
) « L'imposition de la pénitence canonique suit im-
■ » médialement la confession dans les pénilcntiaux
1 des églises dOrient , nîais on ne peut dire absnhi-
€ ment que leur usage ait été de donner l'absolution
< aussitôt, car ou pourrait même douter qu'elle ail été
< donnée aussitôt parmi les Grecs. On trouve diverses
« oraisons que le prêtre pronence sur les pénitents
i avant la confession , d'autres après qu'elle a été
« faite , et d'autres après l'imposilion de la péni-
I tence. Elles conviennent toutes d'un même sens,
( qui est de demander à Dieu miséricorde et la sou- ;
< mission des péchés pour le pénitent, et pendant le
€ cours de la pénitence le prêtre en dit de paredles , ;
<( lorsqueceluiquiyesi soumis travaillcà s'enacquilter
HISTOIRE DES SACREMENTS. 612
< La conformité de ces prières avec celles qui se di-
« sent lorsqu'on réconcilie entièrement le pénitent ,
* peut faire croire que les premières coutiemient une
« sorte d'absolution. Cependant elle n'est pas assez
t marquée pour le pouvoir assurer, et elles ont plus
< de conformité avec celles qui se disaient autrefois
I dans l'Église grecque et dans l'Église latine sur les
< pénitents lorscpi'iis se présentaient pour recevoir
< rimposilion des mains des évêques et des prêtres...
« dont il reste encore quelques vestiges dans nos
t offices de la semaine sainte. Mais il y a beaucoup
f plus de vraisendtlance à croire que l'absolution n'a
« été proprement donnée qu'en même temps (pie les pé-
« nitenls étaient admis à la participation de l'Eucha-
i rislie : et il ne paraît pas qu'on puisse prendre dans
c un autre sens ce qui est marqué sur ce sujet dans
i les pénitcntiaux de Baisalibi et d'autres plus an-
i ciens.
I A l'égard des pénitences , les Orientaux , aussi
c bien (jue les Grecs , les appellent canons , parce
î qu'elles ont été formées d'abord sur les anciens ca-
« nous des conciles et des Pères grecs qui se trouvent
< dans les collections arabes et syriaques. C'est pour-
€ quoi Lchmini, Ebnassal et divers caiionisles , non-
f seulement les ont conservéesdans les recueils entiers
« de ceux des conciles, comme des monuments d'an-
< liquilé respectables, mais ils les ont insérées dans
< les abrégés qu'ils en ont fait par lieux communs,
c Cela ne prouve pasqn'ils soient en usage, mais que)-
< ques-uiis de ces canonisles disent qu'ils les rappor-
< tent, afin que les prêtres en étant instruits, s'en ser-
i vent pour faire comprendre aux pénitents combien
t la discipline de l'Eglise est mitigée à leur égard, et
< que ce motif serve à leur faire recevoir et accomplir
« les pénitences qu'on leur prescrit, avec plus de sou-
i mission.
c Outre ces anciens canons, il y en a plusieurs qui
« ne sont pas de la même antiquité , mais qui ne sont
« guère pdus récents que les 8* et 9' siècles, d;ins lesquels
« la face de l'Egli.-e d'Orient fut entièrement changée,
< par la conquête (|ue les M.iboniél.Mis firent de la plus
1 grande partie de l'Asie et de l'Alritpie.Ces canons sont
« tirés de la discipline de ces temps-là ; et une mar-
j i (jue certaine de leur antiipiité , est (pi'ils sont ordi-
< naiiemeni plus sévères que ceux suivant lesipiels la
« pénitence a été réglée depuis plus de six cents ans.
« Ceux-là se trouvent dans la collection de Rarsalibi,
( et il y en a d'autres qui y sont asse/. conformes ,
( mais de l'âge desquels il e.^t difiicile de juger, parée
i qu'ordinairement on les trouve sans noms d'auteurs.
< Ce sont là les règles sur lesquelles toute la discipline
« orientale a été fondée, et on trouve encore un assez
< grand nombre de ces canons pour en faire un ample
< recueil.
€ Après raccomplissement de la pénitence, ou eii-
•t tière ou en partie , car le confesseur a toujours eu
« le pouvoir de la modérer , de l'abréger ou de la
« changer, le pénitent recevait l'absolution, ei était
i admis à la communion, ce qui était le sc'^au de sa
61S PÉNITENCE. — SECT. 111. PART. 111. Cil VP. VIH. PÉNITENCE CHEZ LES GRECS. Ci/^
( pnrfaile et entière réconcilialion. 11 y a dans les ma- ;
< niiscrils un giaïui ii()nil)ii' de prières pour absitudie
[i les péniienis, ei.eoniiiiela plupart de celles qui sont
I dans les pénileniiaux grecs cl latins, elles sont en
t forme dè|iréi aïoire , cl c'est ])ar celle raison (|ue
i quel(nies mis.'^ioiinaires les ont eues pour suspectes
( ou même les ont condamnées,.., i
M. Kenandiit expli(pie ensuite, d'après Barsalihi,
dans son pénilenlici, commeni se fait la confession, et
qui n'esl pas contraire à ce que nous en avons dil dans
la deuxième seclion après Ahraham Eeliellensis. t Le
€ confesseur et le pénilcnl vont à l'Eglise, et le cou- ■
t fesseur s'assied à la porte. Le pénitenl met le genou
< droit à terre, et ayant la icte découverte, les mains
I joinles , et les yeux baissés , il confesse tous ses pé-
f elles saiH en célcr aucun. Le prèlre rinlerroge, après
c quoi il lui fait une courte exliorlaliou, pour lui dire
« que s'il a une ferme résoluliou de ne plus pécher ,
< il (ibliendra de Dieu la rémission ]yàv le ministère sa-
I ceidolal , el (|ue de Icis pécliés ne seront pas révé-
t lés à la coiifHsi(»n au jour du jugement , ni punis
t comme ils acraieul dû relie. Le péuilenl demeure
< cependant à genoux et les mains jointes. L'évèque
€ ou le prêtre disent quelques hymnes , des psaumes
t el d'auV'es prières marquées dans les oflices ; puis
• ils en disent de particulières sur le péuilenl pour
< chaque péché. 11 y eu a de celte sorte plusieurs re-
« cueillies par Denis Barsalibi, el lorsque le prêtre les
f prononce il impose sa main droite sur le pénitent ,
« en quoi on peut remanpier un resle de l'ancienne
i discipline suivant laquelle les pénitents doivent re-
» cevoir souvent l'imposition des mains des prêtres.
I 11 n'y a rien dans ces prières qui puisse nous faire
f couiu'ùlre qu'elles siguiliasseiil l'absolulion, quoi-
« quVl'^.s soient assez semblai)les à celles qui daient
t employées lorsqu'on la donnait, parce que leur sens i
( principal est d'implorer la ir.iséricorde de Dieu sur ;
( les pénitents, afin qu'eu accomplissant les règles de
i l'Église, ils se rendissent dignes de l'absolnlion qui ;
< leur était accordée pleinement, lorsiju'ils étaiciit
< admis à la conununiou. Si cela peut être regardé ;
t comme une absolution préparatoire, c'est une ([ues- '
i lioii que nous ne trouvons pas dans les théologiens ;
i orientaux, qui ont ignoré les snblililés que divers
tliéiilogiens du moyen el du lernier âge, ont appor- '
i (\m fait connaître qu'ils sont pins anciens, et que
« les autres le sont moins, iiKinpie ctrlaine (pi'ils sont
« plus récents , parce qu'il est ordinaire rju'oii se
I relâche. » .M. Ueiiaudol remarque que les Ncsloriens
cl les Eulychieus ou Jacobiles, en se séparant de
l'Église, ne changèrent pas la discipline qui y était
établie, au moins de propos délibéré, et que leurs re-
cueils de canons ne contiennent, pour la plupart, que
ces anciens règlements qui avaient été faits avant
leur entière séparation sur celte matière, dont les
uns sont adaptés aux usages du lemps auquel ils ont
été recueillis, les autres y sonl reiiréseiilés tels qu'ils
ont été faits, plutôt pour montrer au.x prêlres com-
ment ils se de\iaient conduire, que; pour leur pr(;s-
crire des règles auxquelles ils dussent liliéralcmenl
s'allacber dans l'imposilion de la pénitence. H re-
marque de plus que les patriarches de ces dilTércnles
communions, abusèrent souvent de l'auloriié qu'ils
avaient d'abréger le temps de la péiiileiicc, surtout
depuis que les Maliométaus se furent rendus les maî-
tres des peuples soumis à leur autorité. Ils usèrent
de celte espèce diiidulgrnce, tant par ftiiblesse, que
de crainte que les péiiitenis ne se portassent au dé-
sespoir et ne se fissent Mahométans. Cette mollesse
cul de fâcheuses suites, et fut cause que la discipline
de la pénitence se relâcha exlréraeineiit parmi les
Orientaux. < Enfin , dans le douzième siècle , on fit
« quelques nouveaux recueils pour apprendre aux mi-
« uislres de l'Eglise conimeiil ils devaient dispenser
« la grâce de la réconciliation aux pécheurs. Tel fut
i le dessein de la collection de Denis Barsalibi, doat
« il est à propos de donner quelques exemples. Celui,
< dit-il, qui a commis voloiilairemenl îtn homicide en
i ta personne (Cun chrétien, jeûnera 40 jours au pain
i et à l'eau, sans vin et sans huile; il jeûnera de la même
t manière le jeûne de Noël et celui des Apôtres, et pcn-
t dant le carême il le rompra seulement le jeudi et le
€ samedi-sainl, et le jour de Pâques el de I^'oèl, usant
€ de vin el d'huile, cl mamjeanl du poisson. Il passera
< ainsi deux années, jeûnant de cette manière les jeûnes
< ordinaires, excepté les jours marqués. La première
I année, il n entrera point dans l'église, mais il demeu-
« rera à l'entrée, prosternée" Isire, pleurant ses péchés.
« Enfin, il jeûnera les tnercredis et les vendredis tout le
reste de sa vie; el nous défendons, dil le nièuie ca-
f lées dans les écoles sur ccwe matière. Ce que le \ » non, au prêtre de diminuer cette pénitence
I p. Mi>rin a dit des Grecs, qu'ils donnaient l'absolu-
< lion en imposaiil la i)éniicuce, peut avoir rapport
i à ces prièrrs : mais celle conjecture peut souffrir
I quelque difficullé à l'égard des Orientaux, et comme
t nous n'avons pas dans leurs livres les secours né-
t cessaires pour l'éclaircir, nous en laisserons le ju-
c gemeut aux savants. .Vprès celle première action,
t qui esi le fondement de la pénitence canonique, le
c prêtre imposait \o, canon, c'est à-dire, les peines
i prescrites par les canons, pour chaque \)écUé sui-
I vaut sa griéveté. Il resle dans les livres Syriaques
(. et Arabes plusieurs colleclious de ces canons^ avec
celte différence que le-; uns sont plus sévère.-, ce ''
Danc le même pénilenliel de Barsalibi, la simple
« fornicalio'" est punie d'un au de pénitence, pendant
I huiuelle le péclicur est privé de rLucharisiie : jeu-
« nanl, outre les carêmes ordinaires, quelques joi;i's
I < de la semaine, faisant aussi cent génnllcvioiis eu
t proslernemenls par jour, et de plus il donnera aux
i pauvres d.nix deniers d'or. La iiénileiice est doid)!e
j I « pour les adultères. i.Les pénitences pour les autres
. ' esjtèccs de péchés sont à peu près sur ce pied-là, eu
' égard à la grandeur ou à la léi;érclé de la faute à la-
,^j quelle on proportionnait les peines satisfaetuires. M.
j; Kenaudot en rapporte plusieurs cxciui»les qu'on. peuj
1 vo'r l'vn. 3 de la l'erpéluilé, ele. (I. i, c. 2),
glg HISTOIRE DES
« Après coite imposilion des peines canoniques, le
< prélrc (lisail nn oITice d-sliné pour celte fonclion,
« qui a une entière coiilonnilé avec plusieurs qui se
i irouvenl diiiis nos anciens sacranicntaircs avec ce
« lilre : Ordo ad dundam pœnitLnt'w.m, et qui sont
i assez semblables à ceux des Grecs. Voici ce qu'il
< contient. Le prèlre dit d'abord u)ie oraison pour de-
i mander à Dieu qiCil oublie nos pécliés, quil nous com-
« ble de ses miséricordes, el qu'il nous fasse marcher
< dans ses voies. Puis il dit im répons ; le commence-
t ment du psaume 50, deux autres prières au nom du jj
i pénitent : un autre répons et quelques oraisons. En-
f suite te prèlre met de l'encens dans l'encensoir, et
« après les encensements, il dit les oraisons pour les prin-
< cipaux péchés, qui sont marquées dans un livre à part.
t 11 lit une leçon des actes des Apôtres, une de S. J'ic-
t ques, oii il est parlé de la confession des péchés, et une
t troisième de l'épilre aux Epltésiens. Après (iuoi,leprê-
< tre impose les mains sur la tète du pénitent, puis il
i récite une prière au nom du pénitent en forme de con-
i fession. Cette prière (init par une p irticulière pour
i le pénitent, qui se retire alors. Tout ce détail est
f tiré de Barsalibi, et représente ce qui se trouve dans ,
« les autres anlcurs (pii ont parlé de la Pénitence. » ;
M. Renaudot ajoule qu'outre les jeûnes, les pros- j|
ternemenls ou génuflexions que les Grecs nomment |
//sràvîiK, nom que les Syriens et les Arabes nul cou- j|
serve |)om' sifiuifier la même cliose, les aumônes et |
austérités qui l'ont chez eux partie des jeines canoni- '|
ques, ils nvtlent encore de ce nond»ro la rédemption |
des captifs, snrloul pour les grands crimes, et le pé- |
Icrinage de Jérusalem, i C'est ce qui a fait que depuis |
< le commencement de l'empire Mahomélan. toutes i|
i les nations et les sectes y ont eu des églises 1 1 des h
t chapelles ; ce (lui subsiste encore. On trouve dans
1 riiisloire des Jacobites d'Alexandrie, que rien ne
1 les affligea davantage que la défense que firent les
« Francs, lors(|u'ils étaient maîtres de Jérusalem, d'y
< recevoir les Cophles.
t Les canons anciens et modernes ordonnent, ontre
« cela, que les pénitents feront célébrer plusieurs li-
« lurgies, et par conséquent ell s devaient être célé-
I brées durant le cours de la pénitence, puisqu'elle
t était achevée aussitôt qu'ils avaient reçu l'absolution
« et la communion, à moins que par ces mêmes ca-
< nous, on ne leur prescrivit quelque mortificatio:i (|ui
I devait durer encore après, comme il s'en trouve
I des exemples. A ces liturgies, Iç pénitent pouvait
c assister, à moins qu'il n'eût commis de ces grands
« péchés pour lesquels il était exclu duianl quelque
« temps de l'entrée de l'Église. On ne voit pas néan-
< moins de preuve tpi'il y assistât, et cela ne paraît
< pas nécessaire, il sulïisaii (p\M offrit à l'Église ce
c qui était ordonne pour célébrer une liturgie; car
I dès le temps de Barsalibi, la coutume de donner
« pour cela de l'argent en forme d'oimiôiic parait éta
i blie ; c'était donc, à proprement parler, ime messe
« pour le pénitent, qu'il n'aurait pas été permis de
I célébrer s'il n'avait pas été actuellcmeni daiis
SACREMENTS. 61G
( l'exercice de sa pénitence. Car quoiqu'on priât en
I c général pour les pécheurs, c'était comme l'Église
€ prie pour les infidèles. Quand elle recevait Tau-
« mône du pénitent pour célébrer la liturgie, c'était
« un commencement de réconciliation, qui le prépa-
« rait à être bientôt admis à la sainte table. 11 y avait
< ensuite un second degré lorsqu'il offrait à l'Autel
i son offrande et qu'elle était reçue, en conséquence
< de quoi le prêtre le nonnnait dans les dypliques. »
El alors il était censé réconcilié, et pouvait recevoir
la communion, suivant le droit commun.
Li;s auteurs de ces sectes ou communions schisma-
liques couviennent que : « le prêtre a la |)uissance de
« modérer la pénitence, de la commuer en d'autres
« bonnes œuvres , d'en abréger le temps, et de sou-
« lager le pénitent s'il l'en trouve digne. 11 est vrai
« (jue s'ils en avaient usé , suivant les règles très-
1 sages de Michel, patriarche d'Anlioche, d'Ebnassals,
c de Barsalibi, cl de toutes les instructions anony-
i mes, ils ne seraient pas tombés en d'aussi grands
« abus que ceux qui se sont introduits dans la suite,
« et qui même détruisent toute la disci|iline parmi
( les Cophles ; mais nous parlons des règles auxquel-
« les ils sont tenus de se conformer.
Les ecclésiastiques ont surtout abusé du pouvoir
qu'ils avaient de faire racheter une partie de la péni-
tence par des aumônes ; « car, sous ce prétexte, nous
« apprenons, dit M. Renaudot, p. 255, de plusieurs
4 lémoiiis dignes de foi, que sjuvenl toule la péni-
i tence se réduit à C(! qui passe pour aumônes, et qui
« est cependant une taxe et une exaction simoniaqu?,
« que les confesseurs s'ajiproprienl. Ceux qui abu-
« sent ainsi de leur ministère, sont condamnés par
« les docteurs de leur propie Église. » Le même au-
n leur nous apprend que malgré ces abus et plusieurs
autres qui ne sout (|iie irop fréciuents chez ces chré-
tiens d'Orient, les prêtres imposent de rudes péni-
tences, surtout des jeûnes, des prosternements et de
longues prières, que les pénitents ne peuvent ordi-
nairement racheter. Il ajoute a que plusieurs mission-
« naires les ont scandalisés, lorsqu'ils leur ont pro-
« posé, comme un avantage que leur procurerait la
« réunion avec l'Église catholique, l'exemption entière
< de toutes les pénitences. Si par ce moyen, qui n'est
« pas selon son esprit, ils en ont attiré quelques-uns,
s entre autres des prêtres qui auraient dû être séjta-
« rés pour longtemps , cl qui recevaient l'absolution
î dans le moment, celte indulgence a aliéné ceux qui
« ayant de la crainte de Dieu et des moeurs plus ré-
t glées, la regardaient comme un renversement en-
i lier de la j énitence. Lu Jubilé envoyé en Ethiopie,
I fut suivi d'un renversement entier des travaux de
I plusieurs années pour la réunion de cette n:iiion,
€ le métropolitain ayant publié un bai)téme gé: éi al,
« comme devant avoir un plus grand effet pour la ré-
< misioii des péchés. Quoiqu'il y ait peu de pays
« chrétiens où la discipline soit plus renversée qu'en
« Ethiopie; que les ecclésiastiques (jui s'opposèrent
' le plus à la réunion fussent très-ignorants ; que Iç
1 S!7 rfeNtrENCE. ~ SECT. 111. PART. IV. CIlAP,
I désordre fûl général dans la nation, et qne par con-
I sëqiient elle dùl être fort éloignée des senlimcnis
« (jue produit un zèle éclairé pour la discipline ; le
I reprociie que liront les ecclésiastiques aux rnission-
c naires portugais, touchant l'aholilioii de la péni-
c Icnce, porta les peuples à de si grandes extrémités,
« qne le mal a été jusqu'à présent sans remède.
« Il nous reste à parlor de la pénitence des ecclé-
t siastiqiies, laqiielli', suivant les anciens canons ,
< consisiail diiiis la déposilicin, puisipi'on ne les niet-
I lait pas eu pénitence. Celle discipline s'élanl abolie
« peu à peu, se ironva piesque hors d'usage quand
« les éi^Iises orientales subirent le joug lyrannique
« des M;di()inélans.... On peut juger néanmoins que
c les anciens canons n'élaienf. pas enlièrenjoul ou-
t bliés, puisqu'ouire ceux des conciles et des Épîlres
« canoniques insérés dans les ancieimes collections,
« eelies que nous av(ms citées coi me plus anciennes
t que Barsalibi, établissent pour pbisiein'S péchés la
« peine de déposition,... mais il ne s'y trouve qu'un
f petit iiond)re de péchés punis de celle sorte, en quni
< celte disci|)line s'éloignail de l'ancienne, suivant
« laquelle tout ecclésiastique élail déposé pour les
« péchés ca; ilaux qui l'auraient exclu des ordres sa-
< crés avant son ordination.
< Le changement entier lut introduit dans le dou-
f ziénie siècle, et on a sujet de critire (|ue Barsalibi
1 proposa d'abord ce tempérament , et qu'il fut
« approuvé comme prudent el convenable aux circon-
< slances du temps. Ce lut de doubler aux ecclésiasli-
< ques la pénitiMice que Ion imposait aux laï(|ues.
« On ne remarque rien ni dans les canons ni dans
« l'histoire qui soil contraire à cille disposition, ce
t qui peut (aire juger qu'elle a été suivie, d'autant
i plus (pi'il n'y a dans les collections postérieures,
f presfpie aucim canon particidier sur les ecclésiasli-
I ques, t-inon qnel(|iies-uns qui paraissent assez con-
( formes à celle nouvelle discipline. »
Barsalibi avait pu |;rendre ce tempérament des grecs
du moyen âge, chez (pii il s'était inlroduil, comme
nous avoni vu dans le chapitre précédent. Voilà ce
que M. Benaudot nous apprend de la discipline des
églises d Orient louchanl la pénitence. Nous n'a.ons
lail que le transcrire, excepté qu'en quel jues endroits
nous l'avons un peu abrégé, quoique nous ayons mis
des guillemets à la marge, parce que nous nous som-
mes servis de ses paroles, autant (pie la liaison du
discours l'a permis. Dans les endroits où nous n'a-
vons point mis ces marques, nous nous sonimcs con-
lenlés d'en rapporter 1(> sens.
QUATRIEME PARTIE.
PAR QUF.IS DF.CniîS ET PAR QUELLES OCCASIONS LA DISCI-
PLINE DE lA PÉNITENCE s'est RELACHI'jE DEPLIS LA FIN
ru ONZIÈME SIÈCLE JUSQUE VERS LE MILIEU DU TREI-
ZIÈME. ÉTAT DE LA PÉNITENCE DANS LE DOUZIÈME ET
LE TREIZIÈUE SIÈCLE.
Après avoir expliqué avec le plus de neiieié et de
brièveté qu'il nous a éi4 possible comment la disci-
m. XX.
1. PfiNlT. AUX XI*, Xll* ET XIIl' SIÈCLES. 61 8
pline de la pénitence s'est conservée depuis les pre-
miers siècles jusqu'au douzième , ou la fin du précé-
dent, avec les divers changements qu'elle a reçus, il
nous reste, pour remplir nos engagements àcelégard,
à faire voir comment et par quelles occasions elle est
enfin décline de son ancien étal, et a éléamei.ée à peu
près au point où nous la voyons aujourd'hui.
CHAPITRE PRE.MIEB.
Idée abrcyée de t'élal de lu pénitence cnnonique dans cet
temps-là, et des occasions qui ont donné lie" à su dé-
cadence.
Nous avons commencé celte 5' section de l'action
de la pénitence parmi extrait d'un discours de M. l'ab-
bé Fleuri , dans lequel il explique l'étal de la |iéiii-
tence dans les siècles où la piété était la plus floris-
sante el la plus éclairée, cl en fail voir tous les avan-
tages pour le salut des âmes. Nous commencerons
aussi celte quatrième partie , qui est à proprement
parler l'Iiistoiie de la chute de la pénitence canonique,
par quelipies extraits du quatrième et du sixième dis-
cours du mémeauleiir sur le sujet que nous entrepre-
nons de traiter présenlenieni. Il y expliipieen peu de
mots dans quel état se trouvait la discipline de la pé-
nitence dans le douzième et le treizième siècle, et
par quelles voies elle élail déchue de son ancienne ri-
gueur.
Cesl ce qui est arrivé au sujet de la fénilence ca-
nonique. Elle s était conservée, comme vous avez vu,
avec divers cliangements jusqu'au commencemenldu
douzième siècle, tant par la vigilance desévè;piesqne
par la piété de nos rois qui les aidaient de tonte leur
puissance pour Aiire exécuter les lois de TtgUse tou-
chant la pénitence ; lorsque l'on vil , pour ainsi dire ,
toul-à-coup celle discipline salutaire changer de face.
« On tourna, dil M. Fleiiry {dise, l, p. 2i), les péni-
« tences publiques en snp|)lices et en peines lempo-
« relies. J'appelle supplices ces spectacles affreux que
« l'on donnait au jinblic, faisant paraître le iténilent
< nu jns(iu'à la ceinture, avec une corde au cou eldes
î verges à la main , dont il se faisait fustiger par le
i clergé, con;me on fit entre autres à Uaimond le Vieux,
i conile de Toulouse. Je ne doute point (pie ce ne soit
î l'origine des amendes honorables reçues depuis plu-
« sieurs siècles dans les tribunaux séculiers, mais in-
I connues à toute l'anllipiité, el c'est aussi la soiirco
î de ces confréries de pénitenls établies dans quel-
« ques provinces.... ces pénitences éîaieiu plus spé-
1 cieuses ((ue sérieuses, ce n'était pas des preuves de
t la conversion sincère du pécheur, ce n'éiait souvent
i (jue des effets de la crainte de perdre ses biens tem -
« porels. Le comte de Toulouse craignait la croisade
i «pie li- Pape faisait prêcher contre lui... Ce> péni-
j < tences forcées n'élaienl p is durables ; -îa honte que
« l'on y joignait, loin de produire une confusion salu-
î taire, ne faisait qu'aigrir le pé< heiir, et lui fiirecher-
i cher la vengeance de l'affionl qu'il avail reçu. Car,
i comme dil *ainl Chrysostonic , celui qui est insulté
< en devient plus andacionx, il perd le rospec» et m^
20
«19
HISTOIRE DES SACREMENTS.
620
prise celui qui l'insulte. Pour rendre les pénitences
plus sensibles , on y joignait des amendes pécu-
niaires que l'on exigeait avant de donner l'absolution ;
et pourvu qu'elles fussent payées, on passait facile-
ment le reste de la pénitence. Ainsi les pénitences
et les absolutions devinrent des affaires leniporclles
à l'égard des particuliers aussi bien que des princes.
Il ne fut plus question de s'assurer par de longues
épreuves de la conversion du cœur , qui étaient le
but des pénitences canoniques, mais de prendre des
sûretés pour la restitution des biens usurpés ou pour
le paiement de l'amende ; et comme le pénitent ,
principalement si c'était un prince , était pressé de
faire cesser les effets de rexcommunication ou de
l'interdit ; il commençait par se faire absoudre j
en promettant de satisfaire à l'église dans un certain j
terme, sous peine d'être excommunié de nouveau. |
L'exécution manquait souvent, et alors c'était à re- j
commencer.... En même temps s'introduisit l'usage j
même de donner l'absolution dans la pénitence se- !
crête aussitôt après la confession et la pénitence j
imposée et acceptée ; au lieu que dans l'antiquité
on ne la donnait qu'à la lin , ou du moins après
qu'une grande partie de la pénitence était accom-
plie. Ce changement fui fondé sur les raisonnements
des docteurs scolastiques , que l'on ne devait pas
refuser l'absolution extérieure à celui que l'on de-
vait croire l'avoir déjà reçue de Dieu inlérienre-
nient en venu de la contrition qu'il paraissait avoir
dans le cœui ; et qu'étant en état de grâce il ferait
plus facilement les œuvres salisfactoires. Mais il fal-
lait considérer qu'un homme est bien plus excité
par l'espérance d'obtenir ce qu'il désire, que par la
reconnaissance de l'avoir reçu , ou par la lidélilé à
la promesse qu'il a faite pour l'obtenir. Le malade
observe mieux le régime qui lui est prescrit pour
recouvrer la santé, que pour la conserver quand il
est guéri. On voit peu de créanciers qui voulussent
donner quittance par avance sur la promesse que fe-
rait le débiteur, môme avec serment , de payer à
certain terme. D'ailleurs les pénitences, c'est-à-dire,
les œuvres satisfacloires, s'éloignaient de plusen plus
de la sévérité des anciens canons, que l'on ne propo-
sait plus aux confesseurs que comma des exemples
pour les diriger et non des règles pour les obliger....
Quelques docteurs allèrent jusqu'à dire que c'était
judaiser que de s'attacher à la lettre des anciens
canons. On étendit à tous les prêtres le droit qu'a-
vaient toujours eu les évêques de mitiger les péni-
tences soit en les adoucissant, soit en en abrégeant
le temps : enfin, on établit la maxime générale que
les pénitences étaient arbitraires : et, comme dès lors
le nombre des confesseurs était très-grand , il ne
laut pas s'étonner si celle estimation n'a pas tou-
jours été prudente , et si les pénitences sont deve-
nues légères, même après les grands péchés.
« 11 est vrai que la multitude des indulgences et la
facilité de les gagner était un grand obstacle au zèle
des confesseurs les plus éclairés. H était difOcilc de
persuader des jeûnes et des disciplines à un pêcheur
qui pouvait les racheter par de légères aumônes ou
la visite d'une église, car les évêques du douzième
et du treizième siècle accordaient des indulgences
à toutes sortes d'œuvres pies, comme le bâtiment
d'une église, l'enlreiien d'un hôpital , enfin de tout
ouvrage public, un pont, une chaussée, le pavé d'un
grand chemin. (îes indulgences, à la vérité, n'étaieiit
que d'une partie, mais si l'on en joignait plusieurs,
on pouvait racheter toute la pénilence. Ce sont ces
indulgences que le quatrième concile de Latran ap-
pelle indiscrètes et superflues qui rendent méprisa-
bles les chefs de l'Église et énervent la satisfaction
de la pénilence. Pour en réprimer l'abus, il ordonne
que pour la dédicace d'une église , l'indulgence ne
soit pas de plus d'une année, quand même il s"y trou-
verait plusieurs évêques, car chacun prétendait don-
ner l-a sienne. Guillaume, évèque de Paris, dans le
même siècle, nous explique les motilsde ces indul-
gences. Celui qui a le pouvoir d'imposer des satis-
factions pénales, peut aussi les augmenter et dimi-
nuer, selon qu'il le trouve expédient pour l'honneur
de Dieu, le salut des âmes, l'utililé pnbli(jue ou par-
ticulière. Or, il est manifeste qu'il revient plus d'u-
tilité aux âmes et d'honneur à Dieu de la construc-
tion d'une église oii il soit continuellement servi
par des prières et des sacrifices , que par les plus
grands tourments des œuvres pénales ; il est donc
du devoir de l'évêque de les convertir en ces plus
grands biens. Et ensuite il est vraisemblable que
les saints qui ont tant de crédit auprès de Dieu ob-
tiennent de lui de très-grandes indulgences pour
ceux qui les honorent en faisant du bien à leurs
églises où on révère leur mémoire. Quand aux indul-
gences qui s'accordent pour la consiruclion ou la
réparation des ponts ou des chemins, c'est que ces
ouvrages servent aux pèlerins et autres qui voya-
gent pour des choses pieuses, sans compter rulilité
commune de tous les fidèles.
< Ces raisons, si elles étaient solides , auraient dû
1 toucher les saints évêques des premiers siècles qui
i avaient établi les pénitences canoniques : inais ils
€ portaient leurs vues plus loin. Ils comprenaient
J que Dieu est infiniment plus honoré par la pureté
< dos mœurs et la vertu des chrétiens que par la cons-
î truclion et l'ornement des églises malérielîes , le
< chant , les cérémonies et tout le culte extérieur
< qui n'est que l'écorce de la religion, dont l'âme et
t l'essentiel est la vertu. Or, comme les chrétiens,
t pour la pkqiart, ne sont pas assez heureux pourcon-
< server l'innocence baptismale ; ces sages pasteurs,
i instruits par les Apôtres , avaient étudié lous les
« moyens possibles de relever les pécheurs et de les
♦ préserver des rechutes, et n'avaient point trouvé de
« meilleurs remèdes que de les engager à se punir
t volontairement eux-mêmes en leurs propres per-
« sonnes, par des jeûnes , des veilles, la retraite , le
« silence, le retranchement de tous les plaisirs ; d'af-
« fermir leurs bonnes résolutions par la méditat'.oa
621 PÉNITENCE.— SECT. III. PART. IV. CIIAP. i. PÉNITENCE AUX XI* XII* ET XIII* SIÈCLES. 62-2
c des vérités éternelles ; enfin de continuer ces exer-
1 cices pendant Idiiglenips pour s'assurer de la soli-
I dite des conversions. On a beau argunicnler ctsub-
« tiliser, ces pratiques tendaient plus dirccteuicnlau
« salut des àmcs, et par conséfpiejit à la gloire de Dieu,
f que des auniônes pour la décoration des églises.
« Un pécheur véiilablenienl pénilcnl trouve trop lé-
« gères toutes les peines temporelles. Celui qui s'cs-
« time heureux d'en être quitte à bon marché, n'est
« pas converti ; il cherche seulement à apaiser les
« remords de sa conscience el îi sauver les apparen-
f ces. Enfin croyons-en l'expérience ; jamais les chré-
t liens n'ont été saints que lorsque les pénitences ca-
I noni(iucs ont été plus en vigueur : jamais ils n'ont
« été plus corrompus que depuis qu'elles sont abolies.
( Prenons un exemple sensible. Que diriez-vous
< d'un prince qui, par une fausse clémence, offrirait à
t tous les criminels des moyens faciles pour éviter
t le supplice, des amendes modiques, de légères taxes
« pour contribuer aux dépenses de ses bâtiments et à
« l'entretien de ses troupes, une visite l\ son palais,
< quelques paroles de satisfaction , el enfin , pour l'a-
< bolilion de toutes sortes de crimes, quelques années
« de service dans ses armées ? A votre avis , l'état de
t ce prince serait-il bien gouverné? Y verrait-on ré-
« gner l'innocence des mœurs, la bonne foi dans le
I commerce, la sûreté des chemins, la tranquillité
I publique? N'y verrait-on pas au contraire un dé-
« bordement général de tous les vices , une licence
< effrénée , et toutes les plus funestes suites de l'im-
< punilé? L'application est facile... Ce prince, qui fe-
t rait grâce à tous les coupables , userait sans doute
« de son droit, puisque je le suppose souverain ; mais
f il en userait indiscrètement. 11 en est de même des
« indulgences. .Aucun catholique ne doute que l'Église
« n'en puisse accorder, qu'elle ne le doive en certains
i cas, et qu'elle ne l'ait toujours fait; mais c'ef^t à ses
1 ministres à dispenser sagement ces grâces, et n'en pas
i faire une profusion inutile ou même pernicieuse. »
Dans le sixième discours, chapitre onzième, M. Fleuri
parle de la croisade en ces termes : « De toutes les
I suites des croisades, la plus importante a été la ces- !
« sation des pénitences canoniques. Je dis la cessation
f et non pas l'abrogation : car elles n'ont jamais été
« abolies par la constitution d'aucun pape ni d'aucun
t concile : jamais , que je sache , on n'a délibéré sur
t ce point.... Les pénitences canoniques sont tombées
< insensiblement , par la faiblesse des évêques el la
i dureté des pécheurs , par négligence , par igno-
c rance ; mais elles ont reçu le coup mortel , jwiir
< ainsi dire , par l'indulgence de la croisade. .Je sais
< que ce n'était point rinlcntion du p.^pe Urbain ni
« du concile deClermont. Ils croyaient faire deux biens
f à la fois : délivrer les lieux saints, et faciliter la pé-
I nitence à une infinité de pécheurs, qui ne l'au-
j raient jamais faite aiUremcnt. C'est ce que dit S. Ber-
< nard et le pape Innocent 111. Mais il est à craindre
« qu'on n'eût pas assez considéré les solides raisons des
« anciens canons qui avaient réglé 'e temps et les
< exercices de la pénitence. Les saints, qui les avaient
« établis, n'avaient pas seulement en vue de piuiir les
c pécheurs, ils clicrchaient principalement â s'assurer
« de leur conversion , et voidaicnt encore les prccau-
c lionncr contre les rechutes. On commençait donc
( par les séparer du reste dei; fidèles... on les éloi-
< gnaitde l'occasion du péché... les prêtres qui pre-
t naicnt soin d'eux ne man(piaicnl |)as de leur re-
< présenter les vérités capables d'exciter en eux
€ l'esprit de componction, de les consoler, de les af-
t fermir peu à peu dans la résolution de renoncer pour
t toujours au péché, et de mener une vie nouvelle.
< Ce ne fut que depuis le huitième siècle que l'on
< introduisit les pèlerinages pour tenir lieu de saiis-
< faction ; et ils commencèrent à ruiner la pénitence
< par les distractions et les occasions de rechutes,
c Encore, ces pèlerinages particuliers étaient-ils bien
f moins dangereux que les croisades. Un pénitent
< marchant seul, ou avec un autre pénitent, pouvait
« observer certaines r,è^les , jeûner , ou du moins
«vivre sobrement, avoir des heures de recucille-
« ment et de silence, chanter des psaumes, s'occuper
< de bonnes pensées, avoir des conversations édifian-
i tes : mais tontes ces pratiques de piété ne convc-
t naient plus à des troupes assemblées en corps d'ar-
< mée. Au contraire, les croisés, du moins quelques-uns,
« cherchaient à se divertir en chemin faisant, et me-
« naient des chiens et des oiseaux pour chasser ,
< comme il paraît par la défense qui en fut faite à la
f seconde croisade.
1 C'était , pour ainsi dire , des pécheurs tout crus ,
ï qui, sans conversion de cœur et sans préparation
< précédentes , sinon peut-être une confession telle
t quelle , allaient , pour l'expiation de leurs péchés ,
< s'exposer aux occasions les plus dangereuses d'en
< commettre de nouveaux : des hommes choisis entre
< ceux de la vertu la plus éprouvée, auraient en peine
< à se conserver en de tels voyages. Il est vrai que
t quelques-uns s'y préparaient sérieusement à la mort
< en payant leurs dettes, resliliinnl le bien m;:l ac-
t quis, et satisfaisant à tous ceux à qui ils avaient fait
< quelque tort : mais il faut avouer aussi que la croi-
i sade servait de prétexte aux gens obérés poin* ne
c point payer leurs dettes, aux malf.iiteiirs, pour éviter
« la punition de leurs crimes, aux moines indociics.
« pour quitter leurs doîires , aux fenmies perdues,
< pour continuer plus librement leurs désoidios. Car
i il s'en trouvait à la suite de ces armées, et quelques-
f unes déguisées en hommes. Dans l'aimée de S.Louis,
< dans son quartier, près de sa tente, on trouvait des
< lieux de débauches, et il fut obligé d'en faire une ■
< punition exemplaire. Un poète du temps décrivit
< riiistoire du châtelain de Couci, qui partit pour la
< croisade, passionnément amoureux de la feunnc d'un
« gentilhonnne son voisin, c'est-à-dire, emportant la-
« dultère dans le cœur , el mourant dans le voyage ,
« chargea un de ses amis de faire embaumer son
< cœur, el de le porter à sa dame, comme il fit. N'é-
t tail-ce pas là de dignes fruits de pénitence?
625
€ ... Tanf que les croisndos dnrcreni , elles liment
( lieu do pcnilcncc, non seiilcmeiil à ceux qui se croi-
( sèrenl vdloiitaircinciil , mais à tous les grands ] é
t clienrs h ipii les évè(|iies ne donnaic:.! rabsolntion
< qu'à la cliargc de faire en personne le service d(i la
€ Terre-Sainie pendant un certain temps , ou d"y en-
* tretenir im non.bre d'hommes anr.é,. Il semblait
« donc qu'après la fin des croisades on dût revenir
< aux anciennes pcnilences, mais l'usage en était in-
< terrompu depuis deux cents ans au moins, et les
i péiiiiences étaient devenues arbitraires. Les évèques
« n'entraient plus guère dans le détail de l'adininis-
< tralion des sacrements. > ( Vous l'avez pu remarquer
par ce qui a été dit dans le troisième ciiapitre de la ',
première section.) « Les frères Mendiants en étaient [
t les ministres les plus ordinaires; et ces missionnai-
« res passagers ne pouvaient suivre pendant un long
I temps la conduite des pénitents pour examiner le
< progrès cl la solidité de leur conversion , comme
« faisaient autrefois les propres pasteurs : ces reli-
« gieux étaient obligés d'expédier proniplement les
'.pécheurs pour passer à d'autres, i
C'esl ainsi que M. Fleuri nous fait connaître les
vraies causes du relâchement de la discipline canoni-
que , et les moyens que l'on a employés pour la rui-
ner : moyens qui pour la plupart dans leur origine
ne paraissaient pas devoir être suivis des inconvé-
nients que nous avons vus , et d»nl on s'éiait servi
pour de bonnes fins, sans faire allention qu'il était dan-
gereux de loucher à ce qui avait clé si sageiueul réi^lé
par les Pères. 11 en est aussi quelques-uns qui ne
pouvaient naturellement qu'avoir de fâcheuses suites,
comme M. Fleuri le fait voir, quoique des hommes
pieux et qui passaient pour savants les eussent crus
propres à pronurer le salut des âmes, en mettant la
pénitt-nce à portée, pour ainsi dire , des pécheurs les
plus délicats. Mais tous les raisonnements des hommes,
quelque prudents (|u"ils parais--ent , ne sont pas pro-
pres à avancer les affaires de rÉglise. On n'y réussira
jamais qu'ensuivant avec sinqdicilé (autant que le
malheur des temps le peut pernielire) les règles que
les Apôtres et les Pères nous ont enseignées par leur
exemple et par leurs écrits. Vous avez vu par les ré-
flexions de M. Fleuri couiLicn les raisons sur les-
quelles se sont appuyés ceux «pii ont introduit de nou-
velles prali(|ues dans la discipline de la pénitence,
ëlaienl faibles. Ces pratiques étaient boimes et légi-
times à la vérité , surtout dans leur origine , mais il
s'en fallait bien (lu'elles parassent à tous les inconvé-
nients , et qu'elles fussent fondées sur des raisonne-
menls aussi solides que l'étaient celles que nos pères '
avaient établies. A présent, il ne nou> reste qu'à ex-
pliquer liisioriqiiement et un piMi pins en détail l'ori-
gine et le progrès de ces nouvelles pratiques qui ont
donné lieu au lenversement ae la pénil(>nce canoni-
que, aussi bien que les sentiments des docteurs de
l'école qui sont venus à l'appui du changement de dis-
cipline qui arriva dans le douzième et le treizième
siècle.
HISTOIRE DES SACREMENTS. 624
CHAPITRE II.
Du rncitut des pénilcuces, première cause de injfaiblh-
sement de la pénitence canonique, quand il a com-
mencé. Combien il devint commun; dijférenlez ma-
nières de faire ce ncliat.
La première et la ; lus ancienne manière d'adou-
cir la pénitence, et en même temps la première cause
du relàci.emcnl qui s'est introduit dans la police de
l'Eglise siu' ce point, a élé le rachat des peines cano-
niipies que l'un permit. Je suis bien aise d'iiveriir ici
<|ue quand je parle {radoucissements, je ne lenlcnds
point de ceux qui sont une suite du la nature des
choses que la droite raison et la prilicpie continuelle
de Vi glise ont toujours auiori>.ées : tel (pi'élailcelui d';i-
biéger le temps de la pénitence à ceux (|ui s'ac(|uit-
taient avec une ferveur e\lraordin;iire des exercices
laborieux qu'elle prescrit , et qui donnaient tant de
marques n(tn équivoques d'une sincère conversion ,
que les évèques les rélablissaient plutôt que les autres
dans tous les droits ac(|nis par le Baptême. Vous avez
vu, par ce qui a élé dit en dillérenls endroits de celle
histoire, que l'on a usé de tout temps de ccl adoucis-
sement de la pénitence dans l'Eglise. Je parle donc
d'un adoucissement ou d'un relacheinenl de la disci-
pline d'une autre espèce , savoir, du rachat des iiéni-
tences canonii^ues, tels que les jeûnes et les autres
austérités qui en faisaient partie, dont on se rédimait
moyennant qu< bjucs pièces d'argent que l'on dimnait
aux pauvres, quehjues prières particulières, omiucl-
(}ues coups de fouel. Voas avez vu par plusieurs
canons et passages dos auiciirs, que nous avons rap-
portés dans la troisième partie de celle section, com-
menl se fais-ail ce rachat. Vous avez pu reinar jner que
dans les commeneemer.ts on gardait beaucoup de me-
sures pour qu'il ne portât point de préjudice à la
pénitence canonique. On ne le pernu liait jamais , ou
très-rarement, la première année ni dans les trois ca-
rêmes, rarement la seconde cl la troisième aiuiée. Les
années suivantes on faisait là-dessus moins de diKi-
cullé , non qu'on put ra<heter tout d'un coup la péni-
tence d'un an, mais on permettait aisément le rachat
d'un jour séparément pendant la semaine, avec celle
précauti(»n néaniiutins ciue certains joins, connue le
vendredi, ne pouvaient jamais se raclieler. Di- piu'?,
dans les commencements, on ne rachetait |>as la |Ȏni-
teiice entière, mais une |»artie sculen» nt, comme, par
exemple, si un pénilent devait s'abstenir de chair et
de vin ou de liqueurs fortes un certain jour, il pouvait
racheter l'abstinence d'une de ces choses seuleinenl :
en sorte que s'il buvait du vin , il ne pouvait manger
de chair, et récipro(|nement s'.l maeg ait de la chair,
il ne pouvait boire de ^in. (pioi(pril eût demie de ([uoi
nourrir un pauvre ce jour là.
Voilà de (pielle manière on permit d'abord le rachat
des pénitences; mais cr\U\ sage éco oinie ne mî sou
tint pas, les choses tournèrent tout autrenienl que
n'avaient cru ceux cpii avaient inventé celle nouvelle
manière de s'acf|uiller de la pénitence canonique.
1 l>ans In suite , non seulement on racheta les jours ,
«25 PÉNITENCE. — SECT. III. PART. IV.
ni.'iis les mois et les années oiilières loiil à la fois : cl
on (ixa les sommes auxquelles iiKmtaieiil ces radiais.
Vous avez pu voir des exemples de ce que nous di-
Siuis ilans la iroisièm*^ p.irlie. Nous pourrions encore
IM p u'Ier ici des extraits des péuilenli lux et des re-
cueils des canons de Uéi^inon , de R-ncliard et d'Ives
de ('liarlres, dans lesquels on verrait comment se f;ii-
saieiitces radiais, cl les sonnnes auxquelles ils étaient
taxés; m:us cela nous parait inutile, parce qu'il n'y a
rien de (ixe l.>des-iis, ces sortes de choses éianl su-
jèles aux cl;angeinenls et variant aisément, suivant
les leinps et les lieux. Seulement il parait (jue jusqu'au
dixième siècle on ne permcllail ces rachats qu'avec
beaucoup de précautions.
Mais avanl'que de passer outre, examinons en quel
temps eelle pratique s'introduisit dans l'Eglise. Il pa-
rait, par un concile général d'Angleterre, tenu en 747.
auquel I résid iil S. Cutbcrt , an hevè(|ue de Canlor-
béri, qu'elle avait déjà fait quelque pmgrès dans celte
île, puisque ceux ((ui y assistèrent se crurent obligés
de reirancher cet usage comme abusif, par le canon
26* qni y fut publié, dans lequel, après avoir parlé
des aumônes et de la fin que doivent se proposer ceux
qui la font, ils aj<tu;ent ces paroles: Enfin , qiCon ne
fa><se point rauniùne {comme la mauvaise coutume s'en
est iiilroiluilc ) pour diminuer ou changer les peines im-
posées par le prélre , telles que le jeûne et les autres
œuvres saiisfadoires, ruais plutôt pour augmenter la pé-
nitence, afin (fapaiser plus proniptement pur ce moyen
l'indignation de Dieu, etc. // est bon de faire des aumô-
nes jtiurnalières , mi^is pour cel .■ // ne faut point se relâ-
cher de l'abstinence, ni du jeûne une fois imposé suivant
la r'cgle de l'Eglise , sans laquelle les péchés ne peuvent
se remettre. Mais que cela et autres choses semblables
concourent à une plus parfaite expiation des péchés. Dans
le chapitre suivant, les Ptres de ce concile dirent que
la ps:dn)<'die n'a pas été instituée dans l'Eglise pour
donner droit de pécher avec plus de licence, in pour
dispenser d'aucune bomie œuvre , et entre autres de
faire l'aumône. Après quoi ils s'élèvent avec force
contre les riches qui s'imaginent (djlenir le bienfait
de la réconciliation, en ne faisant que peu on point de
pénitence , sous prélcxle qu'en répandant beaucoup
dardent, ils se procurent les jeûnes cl les prières de
plusieurs persfumcs. Il et évident par les paroles de
ce concile, que dès lors, c'est-à-dire, vers le milieu
du liuilième iècle, cette pratique av it dé'à fait quel-
que proiirès en Angleterre. Mais je crois que ce serait
mal à iropos que l'on eu ferait auteur Tln'odore de
Canlorbéri. quoique dans son Pénitenliel elle soit au-
torisée, car il n'y a point d'apparence que Cnlbert el
les autres évè(|U('S d'Angleterre aient censuré si ri-
goureusemenl nue pralifpie (pii devrait son origine à
un homme si c: ièbre, ipii n'é.ail morKpic depuis cin-
quante ans, et il y a tout lieu de croire que ce qui se
trouve dans «on Pénile;:liel , lou haut le rachat des
pénitences , y a été inséré par quehpi'un qui a vécu
dans le temps (pie ci lie pialiiiue avait passé en cou-
luaie dans rE{jlise. On doit dire la iiicnie chose du
CIIAP. II. RACHAT TES PÉNITENCES. 626
Pénitenliel Romain , dans le(piel , après le prolo-
gue d'IIaliigarius , on a ajouté contre son inlenllon
et h(»rs de sa place, comme cela saute aux yeux, co
qui regarde le rachat des péniiences. Il faut donc que
cela se soit inlrodiiit d'abord comme la |)hiparl des
opinions |»opulairesqiii n'ont |)oint d'auteurs certains,
mais qui se ré|)andenl insensiblement, surtout quand
elles favorisent la cupidité.
Quelque effort qu'eussent fait les évégucs du concile
dont nous venons de parler, pour étoulfer cette pra-
ti(|U(', pour ainsi dire dès sa naissance, elle ne laissa
pas de se répandre de plus en plus; elle passa la mer
et se trouva , dès le counnencement du neuvième siè-
cle, établie dans presque toutes les Eglises d'Occident:
mais alors elle y était dans sa pureté de la manière
dont nous venons de l'expliquer. Vous l'avez vu dans
le troisième chapitre de la troisième partie. Pans la
suite , vers la lin du dixième siècle . elle dégénéra en
abus intolérables, car on se mit sur le pied de rache-
ter les crimes à prix d'or et d'argent; en sorte que les
coupables bien souvent, moyennant les sommes qu'ils
répandaient, étaient exempts de faire pénitence. Et ce
mal crut à tel point dans quelques endroits , que les
évêques, soutenus de l'autorité des rois, ordonnèrent
en conciles que l'on punirait les crime» par des amen-
des pécuniaires, au lieu des peines canoniques. C'est
ce que l'on voit avec étonnement dans plusieurs sy-
nodes d'Angleterre, entre autres dans ceux de l'an
958, de 982 el de 1054. La septième loi du roi AlfreiV
et les suivantes, aussi bien que la troisième du roL
Edouard, établissent la même chose. Cette damnable
coutume avait si fort prévalu en Normandie, que dans
un concile de Lisleboime, dont Orderic Vital fait men-
tion sur l'an 1080, la plupart des crimes tant des
clercs que des laïques ne sont punis que par des
amendes pécuniaires. Cet abus avait surtout lieu en
Angleterre et dans les pays soumis à la domination de
ses rois, et a beaucoup contribué à la chute de la pé-
nitence canoiii(|ue.
Celle pratique de racheter les pénitences moyen-
nant quelques aumônes, ou à prix d'argent, qui tour-
nait au profil des ecclésiastiques , n'avait guère lieu
que pour les rii hes ; les pauvres et les moines les ra-
chetaient, comme nous avons dit, par la récitation des
p-aumes , par des coups de fouet ou d'autres coups
(|u*ils recevaient ou qu'ils se donnaient eux-mêmes sui
la paume de la main. Cent sols racheiaieni une année
de I énilence, selon Biirchard clives de Chartres, au-
teurs du onzième siècle. Itéciter tant de fois le Psau-
tier, en se donnant tant de coups, faisait le même
effet. On évaluait ainsi les mois el les années de péni-
tence dans h; onzième siècle, et de là se forma une
nouvelle maxime jusqu'alors inouïe dans l'Eglise, sa-
voir (prune même personne pouvait , en multipliant
les c(»iips de fouets ou de férule, et en rt'citaiit laiit do
fois le Psautier, rachcler cent ans et mille ans do
pénitence. Comme ces évaluations n'avaient de fonde-
ment (pic dans l'imaginalinn de ciMiaines gens, nous
nous dispenserons de les meiire ici. l'our eu donner
627
lîiSTOiKE DES SACREMENTS.
AAfi
peines c:ino!iiques, qu'une compunsalion par laquelle
une idée, nous dirons seulenienl (pie Doniinique-le- /Jl pei
Cuirasse, au rapport de Pierre Daniien, accomplissait i ! on coniniuail les différonls exercices de la pénitence.
en six jours une pénitence de cent ans, en se donnant
la discipline, et eu récitant des psaumes.
Celte manière de supputer les peines canoniques, j
venait sans doute dune coutume qui s'établit vers la
fin du dixième siècle ou le commencement du suivant, |
savoir de taxer séparément chaque péché qu'un
homme pouvait avoir commis, à un certain nombre
d'années de pénitence, en sorte que celui , itar exem-
ple, qui était tombé deux lois dans le péché de forni-
cation, devait faire pénitence deux fols autant de temps
que s'il y était tombé nno fois seulement; s'il avait
commis ce crime dix fois, il devait y être dix fois au-
tant; de manière q;i<^ le nombre des années de péni-
tence par cette siqtputalion montait à des siimmes im-
menses. Jamais les canons anciens n'ont rien établi
de scinblablc. Dans les cas dont nous venons île paiier
et autres pareils, on infligeait aux pénitents des pei-
nes plus dures et plus sévères, non suivant la propor-
tion aritlunélique, mais suivant h géoniétiique ; et
par ce moyen tout pécheur pouvait s'acquitter de la
pénitence qui lui était imposée, quelque énormes et
nombreux que fussent les crimes dont il se trouvait
conpaNe, au lieu que selon cette nouvelle méthode,
plusieurs se trouvaient dans une impossibilité abso-
lue de satisfaire pour leurs péchés, sinon par la voie
de rachat dont nous venons de ])arlcr, et qui fut sur-
tout en vogue en Italie dans le onzième siècle, par le
soin que prit S. Pierre Damien de la répandre et de la
faire valoir, en quoi 11 réussit. Mais ce saint homme
ne prévoyait pas les fâcheuses suites que celte mé-
thode devait entraîner après elle, son zèle pour la
pénitence lui fermant les yeux poin-nc les point voir,
quoiqu'elles se jirésontent assez nainrellemenl à l'es-
pril.
De là vint que pl'.îsieui-s cnircprirL'nt de f.iii'C plu-
sieurs pénitences outre celle qui est jirescrilc par les
canons, tant pour cux-nièmes que pour les autres ; et
qu'o'i accorda outre l'indulgenrc pleaièrc de tous les
péchés, des indulgences de plusieurs aimées. Guil- j|
iaiMoe d'Auxcrro, cl après lui plusieurs doclcurs de
!'éc(>le, ont cru que S. Grégoirc-le-Grnnil avait accordé
«ne indulgence de TiO ans à ceux qui séjourneraient
à Rome pendant le carême, et qui s.' iroiiveraient aux
processions qui s'y font , mais le passage sur k^iucl
ils se fondent, n'est point de ce' saint pape, comme
tous les savants le reconnaissent aujourd'hui ; et une
lelîe profusion d'indulgences est bien éloignée de l'es-
prit et des maximes de ce grand homme.
CHAPITRE iir.
De la seconde el de la Iroisicme cause de la chute de la
pénitence canonique , savoir la croisade et la remise
des peines canoniques, qui se faisait moyennant que
l'on contribuât de ses deniers à quelques ouvrages
pieux.
La croisade qui fut publiéiî sur lu fin du onzième
giède, n'était pas tant une indulgence ou remise des
dont nous avons parlé , avec les fatigues et les tra-
vaux sans nombre , aussi bien (jue la dépense et les
périls qui accompagnaient ce long et pénible voyage :
en sorte que ce voyage tenait lieu de ces actions hé-
roïques pour lesquelles les anciens remcltaient (picl-
(piclbis aux pécheurs les peines canonicpics avec celte
dilTérence, qu'il était difficile aux pécheurs d'éviter les
occasions de chulcs dans une entreprise de cette na-
ture , cl qu'anciennement , et même juscpi'alors , la
milice avait été une des choses que l'on interdisait
aux pénitents. Mais sur la (in dj ce siècle , on crut
que celle défense ne devait avoir lieu que pour les
guerres de chrétiens à chrétiens , et non quand il s'a-
gissait de la faire aux infidèles et aux autres ennemis
de rÉglise. La croisade donna lieu au renouvellement
d'une partie de l'ancienne discipline de la pénitence
(pii élait hors d'usage depuis quatre cents ans, je
veux dire à faire pénitence pui)lique pour les pécVés
secrets, puis qu'une muliilude innombrable de per-
sonnes de tout état n'entreprirent ces voyages ou pè-
lerinages , comme on les appelait alors , qu'en vue
d'expier parcelle espèce de pénilence publique, les
péchés dont ils se sentaient coupables , quoique le pu-
blic n'eût aucune connaissance de leurs laules.
Notre dessein n'est pas de faire ici l'histoire des
croisades, que l'on peut voir dans M. Fleuri, depuis le
treizième tome jusqu'au seizième, et dans celle qu'en
I a composée le P. Maimbourg; mais de marquer en peu
de mots leur origine elles motifs qui ont engagé aies
entreprendre , aussi bien que le rapport qu'elles
avaient avec la jiénilence canonique.
On sait avec quelle dévotion les chiéliens ont visité
de tout temps les lieux saints, mais surtout ceux que
le Sauveur a sanctifiés par sa présence ; plusieurs
même y ont passé toute leur vie, comme sainte Paule
et sa fille la vierge Eusloipiie. Le calife Aron ne crut
mieux témoigner à Ciiarlemagne reslime qu'il faisait
de lui, qu'en lai envoyant les clefs du saint sépulcre.
Dans le dixiènic siècle, les pèlerinages devinrent plus
fréquents que jamais. Les chrétiens allaient en foule
au saint sépulcre; de toutes les parties de la lerre , et
surtout de France, d'Allemagne et d'Italie. Les évè-
(pies et les abbés (luiltaiéiii souvent leurs évêchés et
leurs monnslères pour entreprendre ce voyage , et le
nombre des pèlerins élait si grand, qu'ils composaient
(luelqncfois de petites armées. Enfin , nous avons vu
I ailleurs que ces pèlerinages furent depuis ce lemps
une partie considérable de la pénilence canonique.
Mais jusque vers la fin du onzième siècle , on ne s'é-
tait pas encore avisé de réduire toute la pénilence
canonique à ce voyage , et de mettre les armes entre
les mains des pèlerins, non-seulement pour se dé-
fendre des insultes des infidèles, mais pour les chns-
sir eux-mêmes des pays dont ils étaient les maîtres,
ciiangeant ainsi la défensive en unc.gucrn; offensive,
(;l donnant une absolution générale de tous les pe-
629 PÉNITENCE. -- SECT
cbés à Ions ceux qui s eiirôlcraieut dans celte milice.
Le pape Victor II , auparavant abbé du Moiil-Cas-
sin, est le premier qui ait promis une absolution gé-
nérale de tous les pécliés, à ceux qui foraient h guerre
aux infidèles ; ce pontife eu l'an 1087, poussé d'un
grand zèle d'abatlre les Sarrasins d'Afrique, qui depuis
plus d'un siècle ravageaient l'Ilalie, et qui avaient
entre autres pillé le monaslèie du Mont-Cassin , qu'il
avait fait rebâtir splendidement, assembla, par le
conseil des évoques et des cardinaux , une armée de
presque tous les peuples d'Italie, et leur donnant l'é-
tendard de S. Pierre , avec promesse de la rémissioji
de tous leurs pécbés, il les envoya à celle entreprise.
Ils attaquèrent la ville maritime deMebedia, nommée
aussi Afrique, la prirent, et délirent cent mille Sarra-
sins, et la nouvelle en vint le même jour en Italie, ce
qui passa pour un miracle.
Ce ne fut qu'en 1095, que la croisade fut publiée
par le pape Urbain II , au concile de Clermont , qui
était composé de treize archevêques et de deux cent
cinq prélats portant crosse; d'autres en comptent jus-
qu'à quatre cents. Le Pape après avoir réglé les af-
faires ecclésiastiques, fit un sermon où il disait entre
autres choses : Vous savez , mes frères , que le Sauveur \
du monde a honoré la Terre - Sainte de sa présence ,
qu'il l'a nommée son héritage, et l'a particulièrement \
chérie ; bien quà cause des péchés de ses habitants , il j
rait livrée pour un temps entre les mains des infidèles , I
il ne faut pas croire quil l'ait rejetée. Depuis longues
années, la nation impie des Sarrasins tient tes saints ]
lieux sous une dure tyrannie. Ils ont réduit tes fidèles \
en servitude , et les accablent de tributs et d'avanies , ils \
tes contraignent d'apostasier Le temple de Dim est ,
devenu le siège des démons, l'église (iti saint sépulcre
est souillée de leurs impuretés , les autres lieux saints ■
sont devenus des étables et des écuries. Ils nont pas j
plus d'égard aux personnes , on met à mort les prêtres
et les diacres; dans te sanctuaire, on y corrompt les fem-
mes et tes vierges... Le Pape après avoir ainsi exposé
les motifs qui devaient porter les assistants à entre-
prendre cette expédition, et à tourner contre les infi-
dèles, les armes qu'ils employaient injustement les
uns contre les autres, les exhorte et leur enjoint pour
la rémission de leurs péchés, de compatir à l'affliction
des chrétiens de ce pays-là , après quoi il ajoute :
Pour nous, ayant confiance en ta miséricorde de Dieu ;
et en l'autorité de S. Pierre, nous remettons à ceux qui
prendront les armes contre tes infidèles , tes pénitences
immenses qu'Us méritent pour leur péchés. Et ceux qui
y mourront en vraie pénitence , ne doivent point douter
qu'ils ne reçoivent le pardon de leurs pécliés , et la ré-
compense éternelle. Cependant nous prenons sous la pro-
tection de l'Église et des apôtres S. Pierre et S. Paul,
ceux qui s'engageront dans cette sainte entreprise, etnoits
ordonnons que leurs personnes et leurs biens soient dans
une entière sûreté : que si quelqu'un est assez ttardipour
les inquiéter, il sera excommunié par l'évêque du lieu ,
jusqu'à ta satisfaction convenable , et les évêques ou tes
III. PART. IV. ÏSîTAprnir CROISADE ET REMISE DES PEINES. 65C
ront suspendus de leurs fonctions, jusqu'à ce qu'ils obtien-
nent grâce du S. Siège.
J'ai rapporté, dit M. Fleuri, ce discours, suivant le
récit de Guillaume de Tyr, auteur grave et judicieux.
D'autres auteurs le rapportent autrement , soit que
chacun fasse parler le pape suivant ce qu'il trouvait
de plus vraisemblable, soit que pendant la tenue du
concile il ail fait plusieurs discours sur ce sujet. Ucnii,
moine de S. Ilemi de Reims, qui était présent, dit que
le pape ayant dit à la lin de son sermon , que ceux
qui voulaient entreprendre ce voyage devaient porter
sur eux la ligure de la croix, tous l<;s assistants se
prosternèrent; alors le cardinal Grégoire prononça la
I confession ; et tous frappant leur poitrine, reçurent
l'absolution de leurs pécliés, puis la bénédiction , et
la permission de se retirer chacun chez eux.
Voilà ce qui se passa en celte importante oecasioa
qui eut tant de suites l'espace de deux cents ans;
tels furent à peu près les motifs qui portèrent depuis
les papes à accorder ce qu'on appelle l'indulgence de
la croisade. Car on ne se conlenla pas de donner celte
absolution générale des péchés à ceux qui passaient
en Palestine pour faire la guerre aux Sarrasins : on
étendit cette grâce à ceux qui allaient en Espagne
pour en chasser les Maures, à ceux qui depuis, firent
la guerre aux hérétiques de Languedoc, et à ceux qui
allaient au secours de l'empire de Romanic ou de
Constantinople, qui fut conquis par une armée de
Français jointe à celle des Vénitiens. Enfin cctt«
même indidgence se communiqua non-seulement à
ceux qui élaienl en personne à ces expéditions , mais
encore à ceux qui y contribuaient de leurs deniers.
De là vint la coutume de donner l'absolution avant
l'accomplissement de la pénitence, et même avant
que l'on se fût mis en devoir de raccompiir, sur la
simple promesse de faire le voyage de la croisade. 7J
est vrai que les papes et les évêques faisaient tout ce.
qui dépendait d'eux pour obliger ceux qui avaient pris
la croix à s'acquitter de leurs vœux, mais il n'était
que trop commun de voir bien des gens se mcilre peu
en peine de satisfaire à leurs obligations , après avoir
reçu l'absolution générale; l'histoire ecclésiastique est
pleine de ces exemples , comme on le peut voir dans
celle de M. Fleuri.
Les choses allèrent de mal en pis, dans le treizième
siècle et même dès la fin du douzième ; non-seulement
on accorda l'absolution des péchés à ceux qui fai-
saient, comme on parlait alors, le service de la Terre-
Sainte, mais on appliqua cette indulgence à ceux qui
contribuaient de quelque chose au bâtiment d'une
église , ou de quelque autre ouvrage qui avait rapport
à la religion. Il est vrai que l'on remettait rarement
tous les péchés , ou , pour me servir encore des ex-
pressions des auteurs de ce temps, que l'on accordait
rarement l'indulgence pleine et entière pour avoir
contribué de quelque somme d'argent à la construc-
tion de ces édifices ; on restreignait pour l'ordinaire
cette indulgence à la troisième ou à la quatrième par-
vrélres qtri ne leur résisteront pas vigomeusemenl , se- i|i lie des peines canoniques dues au péchés ; mais par
621 HISTOIRE DES
une autre invention on obtenait facilement l'indul-
gence entière, en contribuant à la construction ou à
Ja rcpar. lion de trois ou quatre de ces ouvrages en-
semble... C'est par le moyen de ces contributions
qu'un bon nomi)rede nos principales églises de France
furent alors bâties ou réparées. Cotie méibode si fa-
cile de raclieler ses péchés, et de se dispenser d'en
faire pénitence, fut tellement du g ûl du peuple, que
^ Maurice, évêque d ' Paris, qui succéda à Pierre Lom-
bard, quoique né de parents pauvres, vint à boni par
cette voie, de bàlir le superlic édifice de la catbédrale
et quatre abbayes. On étendit même l'indulgence à
tous ceux qui contribueraient à la réparation de toutes
sortes d'ouvrages publics, comme ponts, chaussées, etc.
Celte relaxation entière des pénitences canoniques
ne plaisait pas aux plus éclairés. On voit dans un ex-
trait d'un ouvrage manuscrit de Pierre-le-Clianire ,
que ciie le P. Morin, 1. 10. c. 20, les objections qu'ils
proposaient contre cette manière si courte et si facile
d'expier les péchés; il ne parait pas que iui-mème
r;q)prouvâl beaucoup : néanmoins il n'ose, pour ainsi
dire, l'attaquer de front ; il se contente de proposer,
comme en tremblant, les o])jecti<ms de ceux qui l'im-
prouvaienl , et n'a rien de plus plausible à y opposer
que la conlumc (pii s'élail introduite : L'Eglisu ro-
maine, dit-il, remet aux pèlerins d'oulre-mer trois ans,
le jour du J eudiSaint ; deux ans aux autres... ; elle re-
met ce jour là la troisième ou la quatrième partie de la
P'Jnitence à ceux qid vont à la mémoire d'un mnrtip-. Il
ajoute : Les relaxations per.'ionnelles pour de bonnes
raisons sont légitimes, mais non pas les générales. Il
rapporte à cette occasion ce que dit au peuple le pape
Grégoire VIII, après avoir dédié l'église de Bénévem,
qu'il avait fait bàlir : Il est plus sur pour vous de faire
pénitence , que je vous en remette la quatrième ou quel-
que auUe pv.rtie... Il propose ensuite sur celle ques-
tion les différents sentiments et les raisons pour et.
contre, en ces t rnies : Lorsque l'on accorde cette in-
dulgence, quelques-uns disent qu elle n'a lieu qu'a pris
la mort, quand le pécheur n'a pu faire pénitence ; d'au-
tres disent qu'il est aussitôt délivré. Savoir qii.lle opi-
nion est la véritable , consultez le pape ou l'évèque qui
accorde cette relaxation... Nous pouvons aussi confir-
mer ce que nous avons dit, pur ces raisons, quoique fai-
bles : Un prêtre d'un moindre rang allège la pénitence ;
donc, ceux qui sont dans un rang plus élevé peuvent la
•émettre entièrement; mais celui-là ne radoucit que
juandil voit qîielle est au-dessus de la portée du péni-
tent, aimant mieux qu'elle soit suppléée par le Purga-
toire, que d'être entièrement rejetée ici-bas. Il fait aussi
U7ie remise particulière de la pénitence, et non une géné-
rale. De plus, une personne s ipplée à la pénitence d'une
autre ; donc , l'évèque peut faire la même chose. Cela
n'est pas vrai, dira quelqu'un , parce que celui qui sup-
plée ainsi fait une pénitence égale, et il le fait par les sa-
crements et l'autorité de l'Eglise ; mais là, il n'y a point
de peines équivalentes.
On voit par tout ce raisonnement de Pierre-lc-
Cljantre, un des tbéologii.-ns les \>\m habiles et les '
SACHE MENTS.
652
plus pieux de ce temps, c'est-à-dire, de la fin du dou-
zième siècle, combien on se trouvait embarrassé alors
pour jiistilier la pratique si commune des indulgen-
ces, on de la relaxation des peines canoniques, et
combien on avait de peine à les accorder avec l'ana- ;
liigie de la foi et les maximes de la Pénitence, dont '
la mémoire élait encore récente. Cependant, la pra- ■■
tique de rédimer p: r celle voix les peines canoniques
prévalut, et rendit bientôt les pénitences arbitraires.
Le bieidieureux Etienne d'Obasine. qui mourut vers
le milieu du douzième siècle, et dont la vie a été
écrite par un auteur contenjporain, (jue M. B;duze a
domiée au public dans le A' tome de ses Miscellanea ;
ce bienheureux, dis-je, sans être maître en théologie,
s'ex[)liqua bien neltemenl sur cet usage d'accorder des
indulgences pour la conslruction des éjjlises; car l'é-
vèque lui ayant donné des lettres qui contenaient des
exhortations aux fidèles à contribuer aux frais de la
construction de l'église de son monastère, et lui ayant
demandé quelles indulgences il voulait qu'on accor-
dât pour cela, le Saint répondit qu'étant accablés, lui
et ses frères , du poids de leurs péchés , ils n'étaient
l)oinl en état de remettre ceux des autres : Nos, no-
stra adhuc prémuni peccata, ner possumus levure aliéna.
C'est ainsi ipie le fait parler l'auteur de sa Vie, lib. 4,
ei il venait de dire un peu auparavant que , (pioique
levé [ue le pressât souvent de lui permettre de pu-
blier des indulgences pour ceux qui conlribueraienl à
celle bonr)e œuvre , le Saint n'avait jamais voulu y
consentir, et qu'il réiiondit : Nous ne voulons point in-
troduire cette coutume , qui serait scandaleuse pour le
peuple et ignominieuse pour nous.
CHAPITRE IV.
Sentiments des docteurs scolasliques favorables aux
changements arrivés dans la discipline de la Pénitence,
dans le douzième et le treizième siècle.
On co tinua, depuis Pierre le-Ciiantre, à disputer
de la vertu des indulgences , et on se mil sérieuse-
ment en devoir de satisfaire aux objeeiions qui ve-
naii-nt natirellemenl à l'esprit de ceux qui compa-
raient rancie/ine prali(pie et lt!S maximes des Pères,
avec ci'lle grande facilité d'obtenir le pardon des pé-
chés; on cherchait quel pouvait être le fondement do
celle profusion de grâces que les prêtres et les évo-
ques prodiguaient, pour ainsi dire, moyennant ([uel-
que i>eu d'argent, ou quelques œuvres de dévotion
dont la n ilure n'était point incommodée. Les papes,
toujours atiachés à l'ancieime discipline, dont l'Eglise
rom.iine a conservé plus que toutes les autres de pn';-
cieux restes, se trouvant dans l'obligation d'arrèier le
cours de ces abus, restreignirent finduigence plo-
nière à la croisade, et même à celle de la Terre-Sainte
d.ms les connnencenienls ; et le pape Innocent III,
dans le (pi;ilrième concile de Latran , tenu en 1-21"),
dèleiidil sévèremenl ces indulgences indiscrètes et su-
perilnes (pu) quelques prél.its ne craignent point d'ac-
corder, rendant par celte conduite l.s clés de l'E-
glise niéprisai)les, el énervant la satisfaction delà Pé-
nitence : c'est ainsi qu'il s'explique dans bj canon G-2' ;
; P;»ur revenir :iux Misoniiemeiits des docleiirs sco-
lasiiqiies toncliai.l celte nouvelle rn.inière d expier les
peclics, la plupart élablirenl pnur principe que la con-
trition so(dc re.n.-itail les péchés, cl qn- l'absolution
du prêtre ne servait qu'à ratifier ce que Dieu avait
déjà fait intérieurement, et à remettre les peines dues
aux péchés. C'était à peu près le. seuliuient de Hugues
et de Richard de S. -Victor, disciples de Guillaume de
Chanipeaux, qui, après avoir enseigné la philosophie
à Paris, avec de grands applaudissements, se rendit,
étant déjà avancé en âge, disciple d'Anselme de Lion,'
pour étudier sous lui la théologie, et de là revint à
Paris , où il établit le premier une double école de
théologie, dont l'une était dans Paris même , et l'au-
tre dans l'abbaye de S.-Victor, qu'il fonda. Il n'était
pas difficile , comme vous voyez , suivant celle opi-
nion, de concilier la pratique de donner nn'^-"- * ""'
solution après la conlessiou - ^'"^ ^^'''^ ^'*^ ^''"PC"-
ser des peines "" -■■"l"es eu faveur de quelques bon-
no^ vit^uvres, avec la vertu de l'absolution et das
exercici s de la Pénitence. Mais tous n'entraient pas
dans ce sentiment ; plu<;ieurs prétendaient que l'on ne
pouvait être absous devant Dieu, sinui. a,.,.A<; \^ con-
fession cl l'accomplissement de la salisli^ction. C'est
ce que nous apprenons de Gralicn , qui propose les
deux senlimenls, et qui, après avoir bien laisonné
pour et contre, laisse la chose indécise. Le Maître des ]
Sentences, 1. -4, dist. 17, propose de même les deux
sentiments, en ces termes: Quelques-uus diseiii que
personne, sans la confession et les œuvres salisfacloires ,
ne peut être purifié de ses péchés , s'il a le temps de sa-
tisfaire. D'autres enteiyuent qu'avant lu confession et la
satisfaction , les péchés sont remis devant Dieu par la
contrition, si cependant on a le désir de se confesser. Il
embrasse ce dernier sentiment, et s'efforce de le prouver
par divers passages des Pères.
Il est clair qu'avec celte opinion on ne devait point
trouver étrange la relaxation des peines canoniques ,
puis(iu'clles ne servaient de rien pour obl«jnir la ré-
mission des péchés, qui était accordée aussitôt à ceux
qui se repentaient sincèrement de ceux qu'ils avaiint
commis; car c'est sans doute ce qu'ils entendaient
parce terme de contrition ; mais , outre que ce senii-
nient n'était pas universellement reçu et qu'il souf-
frait ses diflicullés, il se présentait par rap|)ort à l'in-
dulgence une objection tirée de colle maxime, avouée
de pari et d'autre, savoir, que le péché doit être puni
de la part de Dieu, ou de la part de l'homme, t Aut
t Deus punit, aut homo. » D«)ù il s'en>uit que si les
hommes accordent une relaxation entière des peines
aux pécheurs, ils tombent en ce cas entre les mains
de la justice vengeresse du Seigneur, et que, par con-
séquent, l'indulgence plénière ne pput avoir lieu. Les
docteurs scolastiques donnèrent la torture à leurs
esprits pour résoudre celle difiiculté : accoutumés aux
subiUité* dQ la philO!>ophie, que l'on avait commence à
lions
Ma
imagniercnl mille solu-
.là celui, a mon avis, qui y répondit le plus so-
hden.cnt fut Alexandre de Ilalès , dont voici les ter
mes (i p. Summœ , q. 23) : On peut dire que quand t.
Pape donne une indulgence plénière, il punit lui- même
en obhgeant l Eglise, ou quelqu'un de ses membres à sa-
lislmrc. Ou bien on peut dire que te trésor de l'Eglise
'im est exposé pour satisfaire en son nom , est composé
principalement des mérites de Jésus-Christ, elc d'oii
Ils ensuit que Dieu punit les péchés qui sont remis par
l indulgence, comme homme et comme Dieu, ensou/franl
et en satisfaisant pour nous . etc. Ce docteur est le
premier qui ait posé pour fondement des induken^*'^
ce trésor de l'Eglise; et celte sol"»:- -" ^^^^'^
très-célèbre, la nb"^— ' '"•^'^'ogiens ayant suivi
son '="•-■ •■ ""■ ^ ^'^"^ ^'"S' débarrassés des difficul-
tés dont ils étaient accablés auparavant. Alexandre
de Halès avait expliqué plus haut en quoi consistait
ce trésor, et avait fait voir qu'il élait composé des
mentes surabondants des membres de Jésus-Christ et
de ceux de ce divm Sauveur.
On voit clairement dans S. Raimond de Pegnaforl
couverte d'Alexandre de Ilalès, quand il s'agissait
d'expliquer quel était l'objet et le fondement des in-
dulgences ; car (I. 3, c. de Pœnilenliis et Remissioni
bus, § 63) il se propose la question : « A quoi servent
les indulgences que l'on accorde pour la construction
des ponts et autres ouvrages semblables? > A quoi U
répond : Les sentiments sont différents. Quelqudi-uyi
disent quelles n'ont lieu que pour les péchés d'ignorance •
d'autres, qu'elles n'ont lieu qu'à l'égard des péchés re-
niels ; d'autres , que quant à la pénitence dont on s'est
acquitté négligemment ; d'autres, enfin, que quant à ta di-
minution de la peine du Purgatoire. Pour ce qui est
de moi, je suis le sentiment commun, qui est qu'elles
onl autant de valeur que portent les termes avec les-
(piels elles sont énoncées, elc. C'est ainsi que les
senliineiils étaient partagés d'abord , mais depuis ils
se sont en quelque façon réunis, à peu de chose près:
tous, à l'exception d'un petit nond)re de théologiens,
convenant que le fondement des indidgences est le
niérittî infini de Jésus-Christ et de ses saints, et que
leur objet esl la remise ou relaxation des peines par
lesquelles les péchés, sans cela, devraient être expiés
par celui qui les a commis et s'est ainsi rendu rede-
vable à la justice de Dieu. Ce qui est snrprennnl,
c'est que Guillaume, évè(iue de Paris, qui vivait en
même temps qu'Alexandre de Ilalès , et Alberl-le-
Grand, qui a suivi à peu de chose près le même sen-
timent , ne fait aucune mention de ce trésor de l'E-
glise, (]uoiqu'il traite fort au long des relaxations de
la pénitence, cl qu'il résolve plusieurs objections qui
se présentent sur celle matière. Il fallait sans doute
que celle solution de Halès ne fùi pas encore alors
assez connue ni assez autorisée.
635
HISTOIRE DKS SACREMENTS.
056
■ ■ r.mn.Uc résolue, on en (it une au- t Mais en voilà assez là-dossus. Parlons prësenlemenl
Celte prennere ^'^':'*^"*^" ,X; "'' ,,,^„,„.t.,e.Grand S de Tétat de la pénitence dans les douzième ei tre.-
••■^ '•"' "'" ^,r:^I'^-^^ë ^!u:^isa,.te. on I .iùn>e sieeles. et e.an.inons ...els étaient les débris de
;,i.ait;ue les pénitences s in.posaienl aux pécheurs,
„ou -seulement pour les punir de leurs pèches, mais |
pour leur servir de remède contre les .naiaa.es de i
l'ànie et pour éteindre les allections dépravées
on concluait que l'indulgence ne dispensait pas d ac-
c.o.nplir les péuitcnces ordinai.-es, et (p.e , par conse-
(Mienl, elles ne servaient de rien. A (p.oi Albert re-
pond que , si le pécheur n'est point tenu, a cause de
1 indulgence, de faii-e la pé.ntencc qu'un confesseur
prudent et discret lui a imposée comme sat.slaclion ,
il 0.1 utile qu-il la fasse pour lui servir de remède et
do préservatif contre les rechutes. El ideb licèt non
tcneatur servare ul salisfaciat pro ream, utile tamen est
'" '^' - ■ ''.^ncinà. 11 semble qu'après des solul.ons
si lieureusement trou.. ., .., ^j^^.^n j,^,s ,. ester de
difficulté sur le sentiment commu.. ^ ....anrsde
l'école qui suivirent presque tous celui du Maître aes
Sentences, que nous avo.is rapporté il n'y a qu'un
moment. Cependant il .ne paraît diamétralement op-
posé à celui des souvciains pontifes, qui, dans les in-
uiiiyciiucsiju us accuiuaiciu, sui luut pour Ics croisadcs,
ne croyaient pas remettre seulement aux pécheurs les
aussi leur donner l'absolution de la coulpe du pé-
ché, comme parlent les théologiens. A reatu absolvere.
Pour vous en convaincre , vous n'avez qu'à relii'c les
termes dont se servit Uibain II au concile deClermont,
suivant Guillaume de Tyr. Le pape Gélase II, écrivant
à l'armée des chrétiens qui assiégeait la ville de Sa-
ragosse, fait entendre assez clairement que telle était
sa pensée, puisqu'il leur dit : Si quelqu'un de vous ayant
reçu la pénitence meurt dans cette expédition, nous l'' ab-
solvons, par les mérites des saints et les prières de toute
r Eglise catholique , des liens de ses péchés. « Si quis
« vestrûm accepta de peccalis suis pœnitentiâ, in expedi-
« tione hàc morluus fuerit , nos euni sanctorum meritis,
( et totius Ecclesiœ calholicœ precibus , à suorum vincn-
« lispeccatorumabsolvimus. » Le pape llonorius III ne
pensait pas dilléremment lorsiiue , dans un sermon
qu'il fit à ^Capoue aux grands et aux gens de guerre
de la Pouille et de la Calabre qui étaient venus pour
le secourir contre Roger, comte de Sicile, il leur dé-
clara, au rapport de Romuald, évêquedeSalerne, dans
sa chroni(iue, que par l'autorité divine et les mérites de
tn B. Vierge Marie et des saints apôtres ^ il les récompen-
serait en donnant la rémission de tons leurs péchés à
ceux qui, ayant reçu la pénitence, tnourraient dans cette
expédition. {Peccala tiniversa remisit.) Il est évident,
par ces paroles qui étaient du style ordinaire des
bulles pour la croisade, que les papes étendaient jus-
qu'au péché, même l'absolution qu'ils accordaient
dans ces occasions et qu'ils ne se contentaient pas de
oommuer les peines canoniques en ces sortes d'expé-
ditions. Je ne vois pas, sur ce pied-là , comment le
sentiment des docteurs de l'école dont nous avons
cette ancienne discipline, dans ces temps fâcheux où
elle s'est si fort allàiblie.
CHAPITRE V.
D'où I Derétat de la pénitence, tant secrète que publique, dans
les douzième et treizième siècles.
Malgi-é ce déluge d'indulgences dans lequel la péni-
tence canonique semblait devoir péiir, malgré les opi-
nions des docteurs scolastiques qui , pour la plupart ,
étaient favorables au relâchement , malgré l'oubli des
canons péniientiaux dans lequel lombè.-ent la plupart
des mi.iistres de l'Eglise, les vertueux d'entre eux
étant occupés à prêcher la croisade , malgré ce mou-
vement généial de la chrétienté qui semblait n'être
occupée dans ces deux siècles qu'au recouvrement et u
la conservation de la Terre-Sainte, et qu'àexlermmer
1 les Sarrasins et les hérétiques parées guerres sacrées;
•" r • ..,.,^^ conserva encore des restes vénérables de
son ancien.ie ui^v...... .^ Quoiqu.e, à dire le vrai , ces
restes, surtout par rapport à la po.--,^,,^^ publique qui
devint alors fort rare, fussent mêlés de traiib c^nn-
gers qui la rendaient plus semblable aux exécutions
des criminels qu'à cette ancienne manière de faire pu-
hiiniiûi»»"» p»i«iiience de laquelle nous avons parte
dans les trois premières parties de celte section. La
pénitence était surtout rigoureuse en ce temps-là con*
lie les hérétiques qui revenaient à l'Eglise en abju-
rant leurs erreurs. Nous nous contenterons d'en rap-
porter un exemple. En l'année 1178, l'hérésie se ré-
pandant de nouveau dans la province narbonoise , on
prit à Toulouse un certain Pierre, connu par son opi-
niâtreté et ses richesses. Cet homme, partie par con-
viction, partie parla crainte de la mort, abjura publi-
quement son hérésie, comme le lénioigne Roger d'Ho-
veden, auteur du temps ; néanmoins il fut condamné
à une pénitence que l'hisiorien que nous venons de
nommer décrit de cette sorte : On amena Pierre devant
une muliiludeinfmie\de qens;on le fit passer nu et déchatisté
par l'entrée de l'église, étant fouetté des deux côtés par
Cévêquede Toulouse et l'abbé de S. Sernin jusqu'à ce
qu'il vînt aux pieds du légat sur les degrés de l'autel. Là
il fut réconcilié en face de l'Eglise , ayant abjiiré toute
hérésie et anathémalisJ tous les hérétiques. Atissiiôt son
bien ayant été confisqué , on lui imposa cette pénitence :
savoir , qu'au bout de quarante jours, abandonnant sa
patrie, il irait à Jérusalem pour y servir les pauvres du-
rant trois ans. Que dans l'intervalle de son départait
irait tous les dimanches à Toulouse, d'église en église, nu
et sans chaussure , étant fouetté de verges. Cum disci-
plinalibus virgis , ce qui pourrait aussi signilier seule-
ment qu'il portait ces verges en ses mains. 0«'// ren-
drait aux églises les biens qu'il leur avait enlevés , qu'il
restituerait les ttsures et les dommages qu'il avait causés
aux pauvres, cl qu'il détruirait jusqu'aux fondements un
château qui lui appartenait et qui avait servi aux héré-
tiques pour y tenir leurs assemblées. La pénitence que
parlé a pu se répandre si fort et prévaloir parmi eux. | l'on imposa à ceux qui avaient contribué en quelque
658
657 PÉMTElNCE. — SECT. III. PART. IV. ClIAP. V. PÉNITENCE SECRÈTE ET PUBLIQUE.
chose au meurtre de S. Thomas de Caiilorbcri, est confiés à ses soins, et que, quand il se présentait sur
I cela (|uclquc diflicuilé, il s'adressait aux évcqiies pour
assez du goùi de celle dont nous venons de laire 1
description.
Le pape Grégoire IX publia, en 1:230 ou pou après,
le recueil des décrélalcs compilées j)ar S. Raymond,
alin qu'on réglât les jugements ecclésiastiques , soit
publics, soit parliculicis, sur ce qui yeslconlcnu. On
voit dans celte collection que quand l'occasion s'en est
présentée il a lait dos réponses conformes aux anciens
canons (ju'il a insérés parmi les luis publiques. Dans
le livre 5, (tit. 12, c. "1), il impose pour l'homicide
cette pénitence, conformément à l'ancien pénitenliel
romain : Vous avez tué un voleur dont on pouvait se sai-
sir sans lui causer la mort, parce quil a été créé à 11-
muije de Dieu ; vous n'entrerez point dans l'église pen-
dant quarante jours; et étant revêtu d'un habit de laine ,
t'OKs vous abstiendrez des viandes et des boissons qui saut
interdites. De plus, vous ne porterez point d'armes et ne
monterez pas à cheval pendant lesdits jours. La troisième,
la cinquième férié et le samedi, vous poury^- '' '
, , ,. , , v/xi/HCS c< de petits puis-
ment de quelques legunir^ ' . ...
, ut; la bierre qui ne soH pas forte. An-
sons, /)"■■- ' ri
'eurs {de Accusât, c. 8) : Vous avez porté une accusation
contre quelqu'un, et par là, vous avez été ta cause de sa
mort. A moins que vous ne rayez fait pour procurer la
paix vous ferez pénitence pendant quarante j^^.., .., «, ;
s'appelle carême [caréna), vivant de pain et d'eau seule-
ment avec tes sept années suivantes. Que si, par votre dé-
lation il a été mutilé seulement , votre pénitence sera de
trois l-arêmes. La même chose est établie contre les
médisants. Ces décisions , et d'autres que nous pour-
rions rapporter, font voir que l'on n'avait pas encore
oublié dans le treizième siècle les règles de la peni-
lence et que le pape Grégoire IX qui vivait dans le j
treizième siècle voulait qu'elles fussent observées,
surtout quand il s'agissait de la pénitence publique,
qui, sous prétexte des croisades , dépérissait tous es
jours la plupart des pécheurs aimant mieux prendre |
partie dans les guerres contre les inlidèles que de su- ,
bir les travaux attachés à cet éial. Voilà une idée |
abrégée des règles que l'on suivait encore, ou au
moins que Ton devait suivre, et que l'on recomman-
dait aux pécheurs convaincus de crimes notoires et
scandaleux. Il reste à examiner l'état auquel se trou-
vait alors la pénitence secrète.
Saint Bernard nous apprend que les ministres exacts
consultaient les anciens canons pour savoir comment
ils devaient imposer la iiénitence aux pécheurs qui
s'adressaient à eux. Ricnin, évéquc de Toul, lui avaii
envoyé un homme coupable d un crime pour qu'il lui
imposât pénitence. La démarche de cet évèque fait
déjà voir que la maxime qui fait envisager les péni-
lonces comme arbitraires, n'était point si générale-
ment reçue, puisque cet évè(iue se délie de ?es pn-
pres lumières eu cotte matière ; ce qu'il ne ferait p.v,
sans doute, s'il eût cru que les peines dont on punit
los péchés étaient à la discrétion du confesseur. Saint
Bernard lui écrivit, ep. 01, qu'il n'avait pas coutume
d'imposer des pénitences, sinon à ceux (lue Dieu a\iui ï
èlio édaiici de ses doutes. Eiilin , il aveilil ré\èque
do renvoyer cet lioinimi à son jtropre pasteur, qMÏ,
sachant les canons, lui impose une pénitence conve-
nable, de peur que, s'il vieni à mourir dans son péché.
Dieu lui redemande compte de son sang.
Cela fait voir que si les gens de bien, en ces temps,
ne suivaient pas les anci(;iis car.ons pénitentiiuix à la
lettre, ils tâchaient au moins d'y rendre leur conduite
conforme en se les proposant pour règles. Ce tempé-
rament parait bien naïvement déiicint dans ce que
dit Robeit Pullns qui fut lait cardinal en l'an 11-44
( lib. Sent. , parte 7 , c. 5) : Si la fragilité du pécheur
est si grande qu'il ne puisse supporter ni la qualité ni
la quantité de la pénitence , il faut chercher quelque
chose qui ne demande point de force, et uni."- ' ' ^
, , ,. . „• . ,, , ~~ oJa^iaclion dont tout
de le aire sonurir. Jl est ■'.- . . , ,
, ..^, ira lier, qui est néanmoins rude.etdau-
IlOillIil/' -III 3
tant pins agréable à Dieu, qu'elle est plus humble; comme
quand une personne prosternée aux pieds d'un prêtre se
présente pour être fustigée à nu. Mais le jeune est de toutes
les peines , dont notre mère la sainte Église châtie les
pécheurs, celle qui cet prjfji-rii.uj.^-.^— * »
plus eslimée généralement. Ces dernières paroles font
voirnnf» r-r» /vnr.iin^l roniiaissait l'esprit de l'Eglise,
puisqucffecliveuîent le jeûne, dans les meilleurs
temps , a toujours été considéré et pratiqué comme
la principale partie de la pénitence. Pierre de Blois ,
qui vivait vers la lin du douzième siècle, veut aussi
que l'on n'agisse ni trop mollement , ni avec trop de
rigueur avec les pécheurs pénitents , mais que l'on
ga'i-de un juste milieu dans l'imposition des pénitences
en suivant la règle des Pères. Médium teneat ( il parle
du confesseur), ne nimia remissio,vd nimia austeritas
sit in eo, cerlumque pœnitentiis modum, ju.xta sanclorum
Pairuminsiltula, prœsaibut. C'est ce qu'il enseigne
dans un petit traité .lu'il a publié louchant la péni-
tence et la salisfaclion que les i)rèlres doivent impc
ser aux pécheurs. Il lit ce petit ouvrage à l'occasion
d'un abbé (lui obligeait ses moines à venir se confesser
à lui el leur imposait des peines trop dures.
I Nous avons fait voir s-ur la lin du 7' chapitre delà
troisième partie de celle section, de quelle manière
la pénitence s imposait par les confesseurs dans le
treizième siècle. Robert de Flamebeurg, pénitencier
de Paris , et Pierre de Poitiers, dont nous avons rap-
porté les passages , nous y apprennent comment ils ,
miti'^eaient les pénitences et les mettaient à la portée
lies pénilenis ; on pi ut les consulter de nouveau. Nous
nous coni. nierons d'ajouter ici ce que nous trouvons
là-dessus dans les ouvrages de S. Uonavenlure qui
fut créé cardinal en 1-27-2. Après avoir dit qu'il sem-
ble (pie la laxalion des peines soit laissée à la discre-)
lien du prêtre, il ajoute : Afin que vous sachiez coni-\^
ment le prêtre doit se conduire , remarquez que regulie-
r.nienl pour l'adultère, le parjure, la fornication, etc.,
,'/ faut imposer une péuilence de sept ans. Et ensuite •.
En ca;,SK/c>.,«( bien cette yc>jle avec ses exceptions, un
659
homni. attentif e^ diligent rourra connartre quelle s.-
tu(act,ouildoit prescrire suivant les canons pénuenltaux;
et le prêtre ne doit pas s éloigner de cette règle , sinon
pour cause. Cest en cela que consiste le pouvoir qu tl a
d\igir selon qu'il le jugera à propos ; cesl-a-dire , qn t/
doit peser pour quelle circonstance , quand et combien
on peut augmenter ou diminuer les peines canoniques.
C'est là ropinion de certains tlicologiens. Tar inallienr
cette opinion.-o.i plutôt te senliinei.t qui est fonde sur
rancicunc prati(iue n'était pas assez commun, puisque,
suivant S. Uainionil, la pliqiarl croyaiei.l i.ulistincic-
ment que les lénilences en générai étaient ai biti aires,
à quoi il ajoutequc la coutuineaulorisaitcelle opinion.
" SECTION QUATRIÈME
DE L'ABSOLUTION OU RÉCONCILIATION DU PÉCHEUR
_ COMMENT, EN «UEL TEMPS, ET AVEC QUELLES CÉ
»■"" -„ ,\ ACCORDÉE DANS TOUS LES TEMPS
DANS L'EGLISE. DE h/i . ^. _ ^^^ ^^^^^^ qu'ELLE
PRODUIT DANS LES AMES.
Il ne'nous reste , après ce que nous avons rapporté
dans les sections précédentes louchant la l'éiiilence ,
qu'à parler de l'absolution , ou de la récoixilialion du
péclieur avec Dieu ci avec l'Église , dont il s'était
iiLiiiicurcii^ïL-nicni sépare par ses désordres pour se li-
vrer au démon, au(|uelappai tiennent tt)utes les œuvres
a. ./.>«, 1. o-K.i. jiioii. uc iri.icur a la un Uf cciiu
liisloire ce que nous avions à dire sur l'absoliilion ,
puis(iu'elle est l'objet et la (in pour laquelle le sacre-
ment de Pénitence a été inslilué, et que toutes les
peines et les travaux auxquels se soumeltf^il ceux qui
veulent rentrer en grâce avec Dieu, ne teiulent qu'à
obtenir la réconciliation.
CIIAPITKK PREMIER.
De la manière dont on a donné rabsolution depuis le
commencement de l'Église jusqu'à présent , tant en
Occident qu'en Orient. Que, jusqu'au treizième siècle,
cela s'est fait par l'imposition des mains et la prière.
Changement arrivé sur ce point. Que les Grecs et les
Orientaux ont gardé l'ancienne pratique. Que la fur-
mule de l'absolution, de l'excommunication était même
autrefois déprécatoire , etc.
Ce que nous avançons, est un fait à présents! avéré
et si reconnu par tous ceux qui ont quelque teinture
de la connaissance de ranti(iuiié (icclésiasticpie, que
les maîtres l'enseignent publi(pieineiit à leurs disci-
ples dans les écoles catholiques. C'est ce qu'a fait, il
y a peu de temps, en Sorbonne, M. Tourneli, dans sa
3* conclusion de la 9' qiuîstion, toni. 2, où il traite de
la furnie du sacrement de Pénitence ; il ne se met pas
même en frais pour prouver qu'anciennement , et
jusqu'au douzième siècle , l'absolution était déjiréca-
loire, et il renvoie pour cela à l'ouvragcî du P. Morin
. sur la Pénitence, où ce point de discipline est mis
dans tout son jour, et démontré par une infinité
d'autorités dans les chapitres 8, 10 et H, du hui-
tième livre. Il se contente d'en rapporter un petit
nombre que nous transcrirons ici. S. .\iiibroiscdii po-
sitivement ( /. 5, de Spiritu sancto, c. 18 ) ([ue
HISTOIRE DÊSSTCREMÏNTS. ^40
hommes prêtent leur ministère pour remettre tes véchés.
Mais ils n'exercenl point un pouvoir qui leur soit pro-
l)ic. Car ce n'est point en leur nom , mais au nom du
Père , du Fils cl du Saint-Esprit (|ue les péeiiés sont
remis. Ceux-ci prient, la Divinité absout, hti rogant ,
Divinitas douât.
S. Léon {ep.S^5,aliàsm ) enseigne formellement
l;i même chose en ces termes : Indulgentia Dei niki
supplicationibus sacerdotum nequit obtineri. Eteiisuile :
Multiim utile est ac necessnrium , ut pcccutorum realus
ante ultimum diem sacerdotali supplicatione sotvalur.
Maisqu'est-il besoin de transciir ici les passages des
Pères? il sullii pour se convaincre de cette vérité,
que la l'orme ancienne de l'absolution était dépréca-
toire , de jeter les yeux sur tous les livres pénilen-
liaux tant grecs que la.ins , sur les Sacramentaircs et
les autres livres qui contiennent les rils et les formu-
les qui étaient en usage dans l'administration de la
Pénitence. Oii'o" l^^s lise et relise tant qu'on voudra,
•■•onyera rien autre chose, quand il s'agit de la
réconciliation ut-:, ... . ,.„.^ ^j^^ p,.ièrc>. quelque-
fois jusiiu'au nombre de 10, 12 ei .« , ^„,, lesiiuelles
l'évèipie ou le prêtre tenant sa main étendue sur k>
tète du pénitent, demandait à Dieu qu'il lui remît ses
péchés et le reçût en grâce
r..i.o .-..iiiusuion des mains était tellement liée avec
la prière dans celle occasion et beaucoup d'autres,
que S. Augustin semble les confondre ensemble, lors-
que parlant de celle qui se fait sur lespénilents, il dit
{ 1.7) de Baplismo c. 6 ) : Il n'en est pas de l'imposition
des mains comme du Baptême qui ne peut se recommen-
cer. Car qu'est-ce autre chose que la prière que l'on
fait sur une personne? ( Quid est eniin aliud , nisi oratio
super liomincm ?) En effel elle est égalemciil prescrite
dans les Sacrainenlaires cl les péiiilenliaux pour la
réconciliation des péiiitents, comme la prière (jui rac-
compagnait. S. Optât fait allusion à celle pratique, lors-
(juc parlant aux Donatisles , 1. 2 , il leur dit : Quand
Vous impose:, les mains , et que vous remettez les péchés.
{ Diiin manus imponilis, et delicta donalis. ) Le qua-
trième concile de Carlliagc, c. 16, ordonne que les
péi'ilents soient réconciliés |;ar rinipositiou des
mains, llcconcilietur per manuum imposiiionem. Le
même canon est répété dans les capitiilaircs, 1. i ,
c. 12, dans les recueils de lléi^inon , de Biircliard,
d'Ives de Chartres et des autres compilateurs. Le
même concile, c. 78, veut que ceux qui ont reçu le
Viaticpie en maladie, reçoivent, outre cela, l'imposition
des mains, sans laquelle ils ne doivent point se croire
absous. Sine quù non se credant ubsolutos. Nous omel-
lons (luaiiti'.é d'autres passages formels , entre aulres
un de S. Léon dans son éiître à Théodore par lequel
il ensciigiie iiue l'o.i est purilié des péchés par les
jeûnes et l'imposilion des mains. Cette prali(|ue d'im-
poser les mains au pénilent (luand on le réecuuirKî ,
s'est conservée jusiprà présent parmi i:ous : et plu-
sieurs conciles provinciaux leiiiis dans ces dernieis
tonip.1 l'oiii recommandée spécialement. II esl fâcheux
\"-, r ,^..^,.^..^ ;es pe m '
nilents sont absous par la prière des prctres. Les || qu'on l'ait omise dans quehiues nouvcau.\ Rituels.
eu
PENITENCE. — SECT. IV. rAHT.
I.a formule déprécaloire a clé seule on usage jnsipio
vers l:i lin du tlou/icnie siècle en Occidei t, |iui.sr|ue
PieiTO-le-(".li:inlr.', (|ui fluiissnil à la lin de ce sièrlc,
n'en re|nés(.'iil(! point d'autres dans la Sonuiic des
Sacrcni -nls cl d- sConseils de râiue, qucrnii conserve
niaiiusr iit.'daMs la l)il)liolhn|uedi;S.Viclor. Guillaume
de Paris, qui écrivail cuvir-n trenlcans a[M(''s lui. lé-
nioigiu' que de son ItMups elle était encore conunn-
iTiiient iisilce. lorsqu'il dit dans son livre des Sacre-
ments, c. 19 : Le Coiifrsfcitr tie prononce point à la
nianihe des jngrs du siècle, nous ^absolvons, nous ne le
condamnons point, mais plutôt H {ail une oraison sur lui
(le péMi((<ni) npn qw^ Dieu lui accorde l'absolution et la
grâce de la sanctification.
Cependant, de son temps et même avant lui, on
commença à mèl.T la forme indicaiivc avec la dépré-
catoire, mais alors cela se faisait rarement. On trouve
les doux forniides rapportée^ dans II Sonun 'd'Alexan-
dre de llalès, contenqwu-ain de Guill; le de Paris :
Absolve le, el : Dominusabsolvat te, etc. Etde llalèsaussi
bien que S. Bonaveniure et quelques arU'--'' se servi-
rent de ces deux fornujle= -"-«fooiulion comme d'un
ddnouemeiii r-'^"' concilier la vertu des clés de
^ l'Egtise avec la néeessiié de la contrition. Néanmoins
cemélangenedurapas longiemps ouau moinson cessa
bienlôl de considérer la lormu iicpiOT>«i<.:..» /,„.„...„
étant seiil." essentielle au sacrement de Pénitence, et
comme ayant la vertu de remettre les péciiés. C'est
ce que nous a|)prcnons de S. Thomas dans un petit
ouvrage qu'il composa contre un certain docteur qui
attribuait à la prière du prêtre la vertu de remettre
les péchés, etqui, pouraut(»riserson sentiment, disait
que trente ans auparavant, la forme déprécatoire était la '
seule dont on se servît, et que Guillaume il'Auxerre,
Guillaume de Paris, le cardinal lingues étaient de ce
sentiment. A quoi S. Thomas ne répond autre chose, [
sinon, qu'il ne sait si ce qu'il dit est vrai, mais (|ue,(iuoi ;
qu'il en »oil, l'aulorilé de ceux qn'ilallégnail en sa fa- !
veur ne pouvait préjudicier aux [larolesdu Seigneur:
Tonlce que vousaurez délié sur la ;crre,He.,ui tm senti-
ment des docteurs régents de Paris, qui décident unani-
mement que sans ces parc'--. Fujote «t.so/i-o, l'absolu-
tion ne peut s(; donner jar la seule forme dépréca-
toire. Numquid... prirjvdicar^ possent communi sen-
tenliœ magislrorum Parisiit r, genliuni qui contrariuni
senliunt? etc- Celte réponse de saint Thomas fait voir
en même temps, et que la forme indicative était fort
récente, puis(|u'il ne contredit pas ce docteur qui pré-
j tendait (pi'il n'y avait pas plus de Irenle ans qu'on
s'en servait, cl que Ton croyait dès lors que la forme
indicative était essenl elle.
Saint Thonia-^, dans cette réponse, ne nie pas que la
forme déprécatoire ne contribue aussi hii-n que l'in-
dicative, àlarémissicm des péc! és.el il insinue même
assez onveriement qu'elle opérait cet elfel aussi bien
que l'autre. Absolutionem non esse per solam d prrc:i-
tivam oral'onem. Mais oa n'en resta pas là. Quelque
temps après on préteiulil que l'on devait attribuer à la
forme indicative, exclusivement à toute autre, la vertu
IV. CHAP. I. DE L'AnSOLUTION. U'i
' de remettre los péchés dans le sacremenlde Pénitence
en sorte, dit le P. Morin, ,pn; l'nsage de la dépréea-
lone cessa dans plusieurs endroits. C'est ce que nous
ai.prenons de François .Maironis, le plus célèbre des
disciples deScot,et que l'on nonnnaii pour sa science
le 1)0. leur illuminé (Uocior illuminaïus). II convient
{in A,di,t. \.i q. I) ,,„e dansq..elques endroits on ab-
solvait encore s..us celle forme : Que Dieu le Père, le
FilsetleHainl-Ksprit vous absolvent ;el s'élant proposé
cela en objection, il y répond en ces termes : Il faut
dire que cela se pratiquait ainsi en Provence, mais cette
forme a été rejetée ou au moins improuvée par les do-
cteurs. C'est ainsi que la lorme indicative a enfin pré-
valu parmi nous.
La grande raison sur laquelle ces docteurs appuyaient
leur sentiment élaii que le prêtre dans le tribunal de la
pénitence, fai-ait la fonction déjuge, d'où ils concluaient
qu il devait prononcer sa seniencp en une forme qui
marquât son autoriiô et son pouvoir; mais cette rai-
son M.u K.mie. Le» juges chez les Romains qui excr-
ç:.ient leur pouvoir sous l'aulorilé de la république ou
des empereurs, et lesemperems eux-mêmes, énon-
çaent leurs soniences en termes modestes, soit p..
condamnant les coupnhio.i, eoii en renvoyant les ac-
cusés; comme le remarque Cicéron (/. 4 academica-
nibus, il rapporte que Lncliis Torquatus prononça la
sentence contre son fils, en ces termes : Non lalem
videri in imperio filmm, quales ejus majores fuissent.
La formule ordinaire avec laquelle on prononçait la
sentence d'absolution contre ceux qui étaient accusés
mal à propos d'avoir fait mourir un homme contre
les b»is, était ordinairement conçue en ces termes :
// paraît qu'il a été tué justement (celui au sujet du-
quel on avait porté raccusation) jure cœsum videri.
Quoi qu'il en soil de ces raisons, l'Eglise a usé da
pouvoir qu'elle a en ces matières, en définissant au
concile de Trente, sess. U, c. 3, que les paroles es-
sentielles de l'absolution sacramentelle sont celles-
ci : Ego te absolvo, etc., et que les prières que l'on y
joint sont bonnes et louables, mais qu'elles ne sont
point la forme essentielle de ce sacrement. M. Toiir-
neli (/0JH.2, q. 9, art. i), dans sa première conclusion,
développe parfaitement celle matière, et fait voir sur
quels fondements la décision du concile est appuyée.
Je me contenierai de rapporter ici les termes de la
conclusion même, laissant au lecteur studieux le soin
de lire les preuves d ml il l'appuie. La forme sacra-
tnenlelle de l'.absolut'on, suivant l'institution de Jésus-
Christ, el la nature du sacrement, est un acte judiciaire,
mais te Sauveur n'a poin. déterminé en quels termes on
devait l'exprimer, absolus ou drprécatoires, ayant laissé
celte détermination à son fùjlise. Ainsi, quant à lu sub-
stance du sacrement, c'est la même chose, soit que la
forme de l'absolution soit déprécatoire ou indicative, sc-
lonqn'il plaira àl'Fglise de le déterminer ; et en tout cas,
il faut s'en tenir à ce iiu'elle aura ordonné là-dessus et
s'y conformer. C'est à quoi nous nous en tenons. Après
cela que celte formule • Ego te abiolvo, etc., soit e^
çij " ^ HISTOIRE DES
même temps h matière et la forme de ce sacrement,
comme prétendent les Scotistcs, ou qu'elle soit seu-
lement la forme, comme le veulent les Thomistes, ce
sont des disputes que nous laissons à ces ilicologiens j
cl dans lesquelles il ne nous convient point d'cnirer. j
Nous les verrons tranquillement vider k-s ditïércnds !
quils ont entre eux.
Les Grecs ont conserve rancienno forme de Tubso-
lution déprécaioire. Outre leurs livres pénilentiaux et ,
leur Eucologe qui en font foi, nous en produirons un
léraoin bien respectable : c'est le pape Clément Vlil ;
qui, dans une instruction qu'il a publiée en 1595, ton- î
chant les rits des Grecs, décide que dans h cas de \
nécessité les prêtres Grecs catlioliques peuvent absoudre
les Latins; qu'ils se servent de la forme d'absolution qui |
« été, dit-il, prescrite dans le concile général de Flo- |
rence (il entend le décret qui fut dressé pour les Ar-
méniens), et qu'ensuite Us «joutenl, s'ils veulent, l'orai-
eondéprécative qu'ils ont coutume de airo^^ieulement pour
la forme de l'absolution. . Dicanl orutionem illam cte-
, precativam, quam pro forma hujusmodi obsolutwms
, dicere tantim consueverunt. . Ce règlement, comme
-^^^ ^_ ^.nfrft que les Grecs ne se servent pour
Tabsoluiion, que d'une forme déprécatoire que le Pape
uns à l'égard des autres, mais il veut qu'à l'égard des
Latins qui en ont une autre, ils emploient la formule
indicative qui est reçue parmi nous.
M. Renaudot, dans le tome 5, 1. i, c. 3, de la Per-
pétuité de la foi, rapporte les formules d'absolution
qui sont en usage tant chez les Jacobites de Syrie que
chez les Nestoi'iens : elles sont toutes déprécatoire?,
cl jointes à rimposition des mains du prêtre sur la
tête du pénitent ; après quoi il parle en ces termes :
Telles sont les oraisons que nous trouvons dans les rituels
de la pénitence, et nous n'en avons vu aucune qui eût
rapport à la forme : Ego le absolvo, qui est en usage
dans l'église Latine. On a vu ce qu'a remarqué le P. Coar
sur les formes grecques, qui sont toutes semblables, sans
que cette différence ait fait douter de leur validité ; les
plusliabilcs Théologiens qui n'ignorent pas que les ancien-
nes formes d'absolution employées dans l'église occidentale
étaient dans le même sens et dans le même style, etc.
Quand M. Renaudot assure qu'il n'a vu aucune
forme dans les Rituels des Orientaux qui eût rapport
à celle des Latins , Ego te absolvo, il enlend par-là
1": Qu'ils n'en ont point qui soit exprimée en la forme
indicative, ou par le conjoiiclif. Ce qui est si vrai que
dans les langues de la plupart de ces peuples, comme
la Syriaque, la Chaldaïque, etc., qui sont dérivées de
rilébrai(iue, et qui en sont comme des dialectes, il n'y
a pas même de présent de rindicalif, ni optatif, ni con-
jonctif ; et que quand ils veulent exprimer l'indicatif des
Grecs et des Latins, ils se servent des participes actifs
ou passifs avec le pronom en sous-enlendant la pre-
mière personne du verbe substantif qui n'est point
non plus dans leurs langues. Ainsi par exemple ,
pour rendre ces paroles : Ego te absolvo, ils ne peu-
^<înt dire que : Ego absolvens te. T : 11 veut dire que
SACREMENTS. 644
la forme d'absolution chez eux consiste en une ou
plusieurs prières, assez longues , de quelques-unes
' desquelles il rapporte les paroles dans le chapitre que
; nous avons cité , se contentant d'indiquer les autres.
S'il y eut jamais un acte juridique dans lÉglise, et
qui requit que l'énoncé en fût indicatif , c'est l'abso-
lulion de l'exconmiunication, qui consiste principa- I
Icment dans le rétablissement d'une personne dans
tous les droits extérieurs attachés à la communion
des fidèles ; depuis longtemps même, l'excommuni-
caiion est un acte judiciaire du for externe séparé de
l'intérieur ; cependant l'absolution ou la révocation de
la sentence d'excommunication se faisait autrefois par
des prières ou en forme déprécatoire , quoique de
tout temps la sentence de l'excommunication ait été
énoncée en termes indicatifs, comme il paraît par
celle qui fat fulminée au concile d'Ephèse contre
Neslorius, dans celui de Calcédoine contre Dioscore
d'Alexandrie, et par la formule d'excommunication
ii».<. Rui-chard et quelques autres nous ont conservée
pour servir uu «-^.lèle dans les occasions. On ne voit
' point de quelle manière i u^,.-^i„tion de l'excommu-
nication était conçu* dans les premiers 3-.i.<.ios. Les
Pères et les canons se contentent de dire que l'on re-
cevra l'excommunié , quand il aura fait lelle et telle
, chose, quand il aura satisfait de telle ou lelle ma-
' nière, sans exprimer la forme dans laquelle celle
absolution élail conçue. Le premier auteur qui en
rapporte les cérémonies cl la formule, au moins lelle
qu'elle était de son temps, est Burchard, évêque de
j Wormes, qui comme nous avons dit, vivait sur la lin
du dixième et au connuencement du onzième siè-
cle, et celte formule est entièrement déprécatoire. La
voici telle qu'elle se trouve dans le 11' livre de cet
auteur : « L'évêque, dit-il, accompagné de douze prê-
tres, doit conduire aux portes de l'église l'excom-
munié repentant, demandant grâce et promettant de
satisfaire. Là, après avoir pris ([uelques précaulions
pour s'assurer qu'il effectuera ses promesses, il est
absous de cette sorte : L'évêque chante les sept psaumes
avec l'Oraison: Dominicale, et plusieurs versets et répons;
après quoi suit l'oraison. Donnez, Seigneur, à cet homme
votre serviteur de dignes fruits de pénitence, afin que
recevant le pardon des péchés qti' il a commis, et pour
lesquels il avait été séparé de votre Église, il recouvre son
innocence. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, elc. > Suit
une autre oraison un peu plus longue ([ue celle-là. En-
suite il est dit : « L'évêque le prenant par la main droite
, l'introduira dans l'église et le rétablira dans la com-
munion et la société chrétienne. > Suit une autre prière,
, laquelle étant achevée, l'évêque lui enjoint une péni-
tence proportionnée à sa faute, et envoie des letires
dans le canton pour noiilierà tout le monde, que cet
homme a été reçu dans la société chrétienne. 11 le fait
' aussi savoir aux autres évêques. Telle était dans le dix
! etlfi onzième siècle la forme d'absolution de l'excom-
I municalion, qui s'est même conservée depuis que le
I for interne a été séparé de l'externe , puisque le pape
1 Innocent 111 {extr. de Sent, excomtn., c. A uobia) n'en
PÉNITENCE. — SFXT. IV. CIÎAP. lî. nI^C0N^^T\T10N DES PI'NITENTS.
645
prescrit point d'nulres, non plus quo Gralion qui
' {causa 11, q. 5, c. 108) rapporte la niêinc que Bnr-
chard. C'est à celle qui se trouve dans Gratien, et
qui ne diffère en rien de celle de IJiircliard, sinon en |
ce que pour abréger il a reiraiRhc quelques oraisons,
que fait allusion le pape Innorenl 111, dans l'ondroit
que nous venons de citer. Los Grecs encore aujour-
d'hui ont une formule d'absolution déprccatoire pour
l'excommunication. Elle se trouve dans l'cucologe
que le père Goar a donné au public p. GGG.
CHAPITRE II.
Que la rcconcilialion des péuitcnls publics se (disait
pendant la messe publique eu présence du peuple qui
joignait ses prières aux leurs pour obtenir cette grâce.
Que la réconciliation secrète se faisait d'ordinaire après
la messe privée. Variété sur ce sujet.
Il nous reste plusieurs indices de cette ancienne cou-
tume dont nous parlons. Saint Léon, entre autres (1)
p. 88 , défend aux corévèqucs de réconcilier pu-
bliquement aucun pénitent pendant la messe. Nec
publiée quidem in missà quemquam pœnitentem reconci-
liare. Le second concile de Seville, c. 7, et celui de
Wornies, c. 8, font en propres termes la même défense.
Avant ce temps les Pères du second concile dcCaribage
en l'année 590, avaient d'un consentement unanime
statué la même chose touchant les prêtres. Ab universis
dictum est vel reconciliare quemquam in publicà
missà presbytère non licere, hoc omnibus placet.
On observait la même discipline dans l'église de Mi-
lan, comme il paraît par le second livre de S. Am-
broise, c. 5, dans lequel il dit : Toutes les fois que l'on
remet les péchés, nous recevons le sacrement de son corps,
afin que son sang opère la rémission des péchés. Ce que
dit ici l'auteur des livres de la Pénitence de la récep-
tion du sacrement du corps de Jésus-Christ ne peut s'ap-
pliquer, suivant l'usage de ce temps, qu'au temps de
l'action du saint sacrilice ou de la messe : il est certain
qu'alors on ne conservait dans les églises qu'une par-
ticule du pain consacré pour communier les malades
en cas de besoin, et que ceux qui étaient en santé ne
communiaient point hors l'action du saint sacrifice. La
coutume de donner la communion dans un autre temps
que celui du sacrilice est récente, et doit son origine aux
religieux mendiants qui l'ont introduite ; elle est même
contraire aux rubriques du rituel romain. Lors donc que
l'auteur , dont nous avons transcrit les paroles , dit
que Ion reçoit le corps de Jésus-Christ toutes les fois
que Ton remet les péchés; c'est la même chose que s'il
disait, que l'on célèbre le saint sacrifice quand on
donne l'absolution aux pénitents. Cette coutume pa-
raît établie dès le temps de S. Cyprien, puisque dans
son traité des Tombés, parlant de l'empressement dé-
placé qu'ils faisaient paraître pour être réconciliés, il
dit : Avant quils aient expié leurs péchés , avant qu'ils
(1) Quelques savants doutent avec raison si cette
lettre est de S. Léon. Mais n'importe que cette pièce
soit fausse ou véritable , il est certain qu'elle est an-
cienne , cl par conséquent propre à prouver ce dont il
s'agit ici.
616
aient fuit rcxotnoingise de leur crime , avant quils aient
purifié leur conscience par le sacrifice et l'imposition des
; mains du prêtre, ils croient avoir la paix quecertaines gens
leur promettent par des paroles trompeuses , etc. t Anlè
i purgalam conscienliam sacrificio et manu succrdotis. i
Ce texte parait fort clair, et pmuve déinoiislrativement
que l'imposition dis niainsqui se faisait pour la réconci-
liation , était acconqwgnée de la célébration du saint
j sacrifice.
j Nous voyons cotte coutume bien établie dans le neu-
vième siècle , et nous en produirons ici un exemple
remarquable , dont nous avons pour garant l'auteur de
la Vie de Louis-le-Débonnaire , qui vivait en même
temps que lui. Il rapporte que ce prince, qui s'était
soumis volontairement à la pénitence publique, dont
ses ennemis avaient pris occasion de le dcixtuiller de
la digr/ité impériale et de le renfermer à Saint-Médard
de Soissons dans une espèce de prison , s'étant évadé
par les moyens que lui fournit un moine de cette ab-
baye , vint à Metz et (ut réconcilié en cette manière.
Le dimanche [suivant qui précédait le carême, dit-il,
Vempereur vint à l'église aussi bien que les évêques et le
peuple qui s'était assemblé , et pendant que l'on célc-brail
la messe sept archevêques firent sur lui sept oraisons pour
la réconciliation ; ce que le peuple ayant vu , // se réjouit
beaucoup du rétablissement de l'empereur, et rendit grâces
Cl Dieu.
Jl est donc constant que la réconciliation des péni-
tents publics se faisait pendant la messe. Les témoi-
gnages que nous venons d'alléguer, auxquels nous
pourrions joindre ceux des anciens rituels, tant ma-
nuscrits qu'imprimés , ne laissent aucun doute sur
cela. Il reste à examiner dans quelle partie de la messe
solennelle se faisait celte réconciliation. C'est sur
quoi il y avait quelque variété, les usages étant diffé-
rents suivant les temps et les pays, et n'y ayant rien
d'uniforme sur ce point dans l'Eglise , au moins sui-
vant quelques auteurs. Car dans cerlains endroils
l'absolulion se donnait après la lecture de l'Evangile,
qui était suivie d'un discours que l'évêque adressait
aux pénitents, comme on le voit par plusieurs des
homélies de S. Eloi , évêque de Noyon. Dans d'autres
elle ne se donnait qu'après la consécration, selon quel-
ques-uns, entre autres le P. Morin ( /. 8, c. li de
Pœnil.). Mais, connue remarque le P. Martène, il
y a louie apparence que ce savant et laborieux auteur
s'est trompé en cela, puisque si les pénitents n'avaient
été absous qu'après la consécration, ils n'auraient pu
communier , la coulunie étant dans les premiers siè-
cles, et même longtemps depuis alors, de n'admettre
à la communion que ceux dont on avait reçu l'obla-
tion , et les pénitents n'ayant point droit de faire leur
ollVande avant qu'ils fussent réconciliés. Aussi les
passages qu'il allègue pour prouver son opinion ne
démontrent nullement ce qu'il prétend, et peuvent
s'entendre sans préjudice du sentiment de ceux qui
croient que cette réconciliation se faisait avant l'offer-
toire , après le sermon de l'évêque. Un de ceux sur
j lesquels il insiste le plus est celui de S. Ambroise qMQ
Q^f HISTOIRE DES
nous venons de citer, dans loqncl il dit qiu; toiiles les
fois ^\\^o !'<»» rcmcl les jicciics , on reçoit le sacrement
du corps de Jésus-Christ , oie.; mais il jv ut si-nilier
seulement que les pénitents recevaient la communion
à la messe au commencement ou avant rofferloire, de
laquelle ils avaient élé réconciliés.
Nous irouvons cn'ectixenient ipie dans presque tons
les anciens pontilicanx , les rituels cl les livies péni-
tenliaux , l'absolution des péniients e.^l maniuée avant
lohlation des dons sacrés ou Toffertoire. C'est ce que
le p. Martène dit avoir lu dans un aiicicn manuscrit
de léglise d'Evrcnx , qui contient le pcuilifical
d'Egbert , arclievè(iue d'York , écrit en letlics saxones
il y a plus de 800 ans. La même chose se lit dans deux
autres manuscrits dont le V. Ménard fait mention. Et
si la réconcilia'ion des pénitents se trouve |)lacée dans
l'ancien ordre romain avant la messe solennelle du
Jeudi-Saint , il est plus que probable qu'elle ne se
trouve là que par anticipation , puisqu'il y est dit que
la cérémonie de la réconciliation solennelle ne com-
mence qu'après l'heure de tierce, et qu'ensuite on
ajoute que cette cérémonie étant achevée, lorsque la
messe commence , les prêtres et les clercs se revêtent
de leurs habits de cérémonies à l'heure de tierce,
pour y assister. Puis donc que la même heure est dé-
signée pour la réconciliation et pour la messe solen-
nelle, il paraît évident que ces deux actions étaient
jointes ensemble et n'en faisaient qu'une, c'est-à-dire,
que l'absolution se donnait pendant la messe. L'an-
cien pontilieal de Toulouse peut répandre beaucoup
de lumière sur ce sujet; on y voit que le jour du Jeudi-
Saint on célébrait trois messes, une pour les pénitents,
pendant laquelle le prêtre qui la disait leur faisait une
exhortation après l'évangile; une autre pour la consé-
cration du chrême , (\u\ y est nommée missa clirismc-
lis , à laquelle les pénitents assistaient avec le reste des
fidèles , et enfin une troisième que l'évèque chantait
solennellement. Et dans celle-ci , après la lecture de
l'évangile , le prélat montait sur rand)ou , le diacre
lui présentait les pénitents prosternés à terre : après
que celui-ci lui avait rendu un témoignage avanta-
geux de leur pénitence et de leur conversion , le |)ré-
lat descendait et allait se prosterner avec ses minist»es
devant l'aulel. Durant ce prosiernement, le clergé
chantait de longues litanies pour les pénitents, lesquel-
les étant achevées, l'évèque retournait à l'ambon, où,
étant monté, il récitait sept oraisons sur les pénilenis
prosternés et les réconciliait de celle sorte. Après quoi
le diacre leur ordonnait de se lever et de se préparer à
la comimmion, à laquelle ils étaient admis aec les
autres fidèles après avoir fait leuroifrande. Toutes ces
cérémonies étant achevées, on chantait l'offertoire et ,
on continuait la messe.
11 résidle de tout ce que nous avons dit jusqu'à pré-
sent dans ce chapitre , que l'absolution solennelle ne
se faisait ordihairenieni que pendant la messe; néan-
moins cette coutume n'était point si universelle qu'elle
ne souffrît des exceptions, et que dans certaines égli- ,
ses elle ne se fit avant la messe solennelle ; car dans
SACREMENTS. 648
nu pontifical de l'église de Lyon, qui , suivant le
P. iMarlènc, a élé aussi à 1 usage de celle de Taren-
taise , nous Irouvons (ju'il est prescrit qn'nn prêtre
doit célébrer le mutin une messe pour les péniients à
un autel qui soit près de la porte de l'église, devant
laquelle ils doivent se tenir modestement, et qu'en-
suite i'évê(ine ayant examiné avec beauonp d'atten-
tion qui sont ceux q-ui sont dignes de la léeoncilia •
lion , il les réconcilie avant la messe. C'est ce que
nous lisons dans le livre, De unliq. Ecdes. IUlib.,
/o»i. 2, /. 1, c. G.
Ce n'était pas seulement les pénitents publies que
l'on récoiiciliait pendant la messe. La réconciliation
secrète se faisait aussi aux messes privées assez ordi-
nairement , ou bien aussitôt après que celui qui faisait
pénitence en secret avait reçu l'absolution ; on célé-
brait la messe pour lui, en sorte que cette absolution
ne composait (|u'uiie même action avec la messe qui
suivait nnmédiatement. D'où vient qu'on lit encore
dans les anciens sacramcntaires, et entre antres dans
celui de Sicile, (jue le P. ALirin a publié : Missa quam
sacerdos pro sibi confesso cantnre débet. Cette messe s'y
trouve etfeclivenient tout entière, et toutes les prières
dont elle est composée ne tendent qu'à obtenir la ré-
mission des péchés pour le pénitent, qui ne peut être
un de ceux qui étaient en péniie.ce publitiue , puis-
que , comme nous avons vu et que nous le montrerons
encore dans la suite, la réconciliation de ceux-ci était
réservée à l'évèque ; de même dans l'ancien pontifical
de Toulouse, outre la messe solemielle pour la ré-
conciliation des pénitents publics, qui se faisait au
Jeudi-Saint, on en trouve deux autres indiquées, que
l'auteur dit êlre dans les sacramcntaires , qui étaient
en usage. Les Grecs et lesOrienlaux conservent encore
des vcbtiges de cette ancienne pratique : nous l'avons
vu, pour ce qui est des connnunions orientales, dans
ce que nous avons rapporté de leur discipline sur la
pénitence dans le dernier chapitre de la troisième par-
tie de la troisième section. A l'égard des Grecs , nous
lisons dans leur Eucologe une prière avant laciuelle
on trouve ce titre et cotte rubrique : Oraisons d'abso-
Itilion de toute malédiction et excommunication que peut
avoir encourue une personne décédée /lui doivent être ré-
citées par l'évèque ou , en son absence , par te prêtre. Or
il faut savoir que ces oraisons doivent êlre lues de cette
sorte : Tous les prêtres qui doivent célébrer les lisent à
Cofferloire avec componction de cœur , et à la grande
entrée , les prêtres sortant hors des cancels avec les dons
sacrés el se tenant debout, l'évèque, fléchissant le ge-
nou , les profère à vo'ix haute et distincte , avec larmes et
componction. Après qu'elles sont achevées , il reçoit les
dons sacrés. On voit par là que c-tte absolution se fait
pendant la liturgie , quand on porte les dons ou obla-
lions de la table de proposition à l'autel , où l'évèque
les reçoit pour les consacrer.
CHAPITRE III.
En quel temps de l'année se faisait la réconciliation des
pénitents ; qu'elle ne se faisait pas partout en même
jour, et qu'on n'y admettait au jour défiqné que ceux
640
PÉNlTLNCb:. — SECT. IV. CIIAP. III. SUITE DU MÊME SUJET.
€50
qui s'étaient acquittés louabieinent de leur pénitence, jm avait clioibi jiour cela le jeudi-saint : d'autres église*
Que ceux qui nélaienl point en pénitence publique
étaient récunciliés en tout temps, etc.
Après avoir, pour ainsi dire, fixe l'iieure a laquelle
se faisait la réconciliation des pénitents, il faut pré-
seulenient en rétrogradant assigner le temps ei le
jour alïeclés à cette importante action. Il ne paraît pas
que dans les trois premiers siècles de l'Eglise il y oui
un jour destines à la réconciliation des pénitents, plu-
tôt (|ue les autres; au moins ne voyons-nous pas que
les auteurs de ce lemps-là qui ont eu lieu de pailcr
souvent de la Pénitence et de la réconciliation des pé-
cheurs, lassent mention d'un jour all'ecté parliculière-
nienl à celte auguste cérémonie, comme il y en avait
dès le conuuencemenl de lÉglise auxquels on domiait
le Baptême, plutôt qu en daulres. Cet argument, quoi-
(jue négatif, ne laisse pas d'avoir sa force. Mais outre
cette preuve, on pourrait en apporter une positive,
tirée de ce qu'Optât de Milève reproche aux Donatis-
les qu'ils faisaient acception des personnes, et que
pour le même prétendu crime ils niellaient les uns en
pénitence l'espace d'un an, les autres moins, et d'au-
tres enfin un jour seulement. 11 est certain d'ailleurs
que ces schismatiques n'avaient poii;t changé les an-
ciens rits qii'ds avaient reçus de l'Eglise catholique,
dont ils étaient séparés, et qu'ils réconciliaient les pé-
nitents pendant la messe, il parait donc constant
qu'on n'attendait pas alors le jeudi-saint, par exem-
ple, pour réconcilier les pénitents, piiis(|ue les Dona-
tisles les reconciliaient le jour même, ou un mois
après leur avoir imposé la pénitence.
Mais si la conlnme de réconcilier les pénitents pu-
blics en nn certain jour de l'année (à moins qu'il n'y
eût péril de mort, ou de puissantes raisons (|ui en
dispensassent), n'était pas établie dans les trois pre-
miers siècles , elle est au moins du quatrième, comme
il paraît par la lettre d'Innocent I à Décenlins, évè-
que d'Engnbio, qui e>t la 2o° de ce Pape dans l'édi-
tion du P. Coulant. A Cégard des pénitents, dit-il, soil
de ceux qui sont dans cet état pour de grosses juules,
soit de ceux qui y sont pour de moindres péchés, la
coutume de l'Eglise romaine fait voir qu'il fdut les ré-
concilier à lu cinquième féric avant Pâques, à inoins
qu'il ne leur survienne une maladie. Cette épîlre d'In-
nocent a été écrite l'an iI6. Dès lors c'était une cou-
tume établie dans l'église de Rome de remettre pour
l'ordinaire la réconciliation des pénitents au jour du
jeudi-saint, comme on remettait le Baptême au sa-
medi d'avant Pâques, et par conséquent il y a tout
In^u de croire que cet usage était au moins du com-
mencement du quatrième siècle, et peut-être plus an-
cien, au moins par rapport an temps de la semaine
qui précède imniédiiitemenl la grande fêle do la Hé-
surrection ; puisque nous voyons que les nations
chrétiennes, à peu près vers le temps du pape Inno-
cent, conspiraient toutes à délier les pécheurs dans ce
temps de grâce, où l'on célébrait le triomphe du Sau-
veur sur la mort et sur le péché.
L'Eglise romaine, comme vous venez ilc le voir,
TH. XX.
faisaient la même chose le jour du vendredi-saint, et
d'autres enfin ou le vendredi ou le samedi-saint. A
l'égard du vendrodi-sainl, c'était le jour alfeclé à cetto
absolution solennelle dans les églises d'Espagne, cl
suivant toutes les apparences dans celle de .Milan.
C'est ce qu'insinue S. Ambroise dans un des ser-
mons (1) qu'il fit sans doute la nuit du jeudi an ven-
dredi-saint, dans lequel il dit, après avoir expliqué les
[iropriétés du coi|, qu'il a exprès prolongé son dis-
cours jusqu'au chant du coq, afin d'obtenir la rémis-
sion de ses péchés, et que son discours finît le jour
que se fait la rémission des péchés. Tempus est quo
celebralur indulgentia peccatorum. Je conviens que ce
passage et quelques autres du saint docteur que nous
pourrions alléguer, ne sont pas absolument décisifs,
et qu'on pourrait les entendre sans que pour cela le
vendredi saint fût le jour de la réconciliation géné-
rale dans la province de Milan, mais ce qui semble
les déterminer à ce sens, c'est que le Missel Ambro-
sien ne contient rien dans l'office du jeudi-sauil qui
ait rapport à l'absolution des pénitents : au lieu que
la messe du vendredi-saint est composée d'oraisons
qui ne tendent pre>que toutes qu'à obtenir pour les
pécheurs l'indulgence et 1.; pardon.
C'était constannneni l'usage des églises d'Espagne
de faire celte réconciliatioi! la sixième férié avant le
dimanehc de l'àiiues. Le qnalrième concile de Tolède,
qui fui tenu en ti33, nous l'apprend clairement par
ces paroles (c. 6 vel 7) : ^'ous avons appris que, dans
quelques endroits, la sixième férié de la Passion de ^o~
Ire- Seigneur, on ferme Us portes des églises, que l'on
n'y fait point l'office, et que l'on n'y prêche point la
passion aux peuples, etc. Il faut ce jour-là prêcher le
mystère de la croix que Xotre-Seigneur a voulu être an-
noncé à toutes les nations. Il faut que tout te peuple de-
mande le pardon de ses péchés à haute voix, afin qu'étant
purifiés par la componction, nous méritions de prendre
part à la joie de la résurrection, après avoir obtenu la
rémission de nos péchés, et de recevoir le mystère de son
sang. Quoiqu'on Occident la pratique ait été différente
l'esp ce de sept ou huit cents ans, elle devint néan-
moms uniforme petit à petit, et tontes les églises se
conformèrenl en ce poinl à l'église de Rome, comme
on le voit par les anciens pontificaux, les sacramen-
taires et les compilateurs de canons, qui presque tous
ont inséré dans leurs collections le décret du pape In-
nocenl ([ue nous avons rapporté.
Les Grecs cnt toujours été dans l'usage de ne faire
la réconciliation solennelle des pénitents que le Ven-
dreili ou le Samedi-Saint. Il sendile que c'est ce dernier
jour ([ue désigne S. Grégoire de Nysse dans sa lettre
à Létoyus, lorsqu'il dit : Les choses iront bien si ce
jour- là nous amenons à Dieu, non seulement ceux qui
sont transformés par la régénération du bain sacré; mai»
si nous conduisons comme par la main à l'espérance qui
sauve ceux qui, par la pénitence, et en rejetant les oeu-
vres mortes, retournent à la voie de la vie. Cet endroit
M) Exnuicri c. ulliino.
24
6M
HI^rOIKE DES SACiifcilEM'S.
6St
Muiis persuade que c'était le joui du Samedi-Saint que
.SL' laisait la réconciliation des pénitents, puisque c'était
ceriaincnient ce jour là que les oaléchuniènes rece-
vaient le Baptême. Lu plainte des moines attachés à
l'hérésiarque Eutychès, que S. Flavien avait excom-
muniés, montre que celle ahsoluiion était accordée
depuis le vendredi jusqu'au jour de la résurrection,
puisqu'ils y disent : Le jour salutaire de la Passion est
arrivé, et la nuU sacrée, et la fêle de la résurrection,
dans laquelleon remet à ftlusieurs pécheurs, suivant Cin-
tention des Pères, les peines qu'on leur avait imposées.
Us portent ensuite leur plainte contre Flavien, qui, en
ces jours sacrés, les avait laissés dans cette excom-
munication ; quoique les empereurs, pour imiter la
conduite de l'Église, ouvrissent les prisons en ce saint
temps. Depuis que la pénitence canonique s'est affai-
blie chez les Grecs, et que l'absolution générale de
la semaine sainte a cessé, il s'est encore conservé
parmi eux des tr-acos de celte ancienne coutume,
comme ou le peut voir dan? leurs pénilenliaux, suivant
lesquels on accorde à ceux qui étaient encore en pé-
nitence la permission de communier à Pâques, dans
certaines occasions, et on leur fait interrompre leur
pénitence pour quelque temps. Ce que nous avons dit
jusqu'à présent regarde surtout les pénitents publics.
(Oar, à l'égard de ceux qui n'étaient condaumés qu'à
«ies peines et des macérations secrètes pour l'expiation
de leurs fautes, ils recevaient l'absolution eu tout
lemps. On peut s'en convaincre facilement en exami-
nant les livres pénitentiaux et les sacramentaircs, lant
les plus anciens que ceux qui appiochenl un peu plus |
' assez communément la communion, et par conséquent
rabsolulion aux pénitents avant qu'ils eussent accom-
pli tout ce qui leur avait été prescrit pour l'expialiou
de leurs péchés, cela ne se faisait qu'après qu'ils
avaient passé plusieurs années en pénitence, chacun
à proportion des crimes dont il était coupable. 11
paraît donc assez inutile de nous étendre ici pour
prouver ce point de discipline. Néanmoins, nous ferons
voir par des monumenls moins anciens que, même
dans les lemps auxquels la discipline péniienlielle
était fort déchue de son ancieime splendeur, on ne
s'était point lelàehé sur ce point, et que l'on examinail
soigneusement les pénilcnls avant de les réconcilierea
ce jour, afin que ceux qui ne s'étaient point acquittés
comme ils devaient des devoirs attachés à leur élal, fus-
sent exclus de la grâce que Ton accordait aux autres.
L'ancien pontifical de Toulouse met clairement
celte distinction entre les pénitents qui se présenteiit
pour élre absous en celle grande fête : car, avanl de
décrire les cérémonies de cette réconciliation, ils'ex-
plicjue eu ces termes : Aussitôt lévèque, se levant, va
vers le vestibule de l'érjUse, accompagné des clercs qui le
précèdent et qui le suiveiU^ et là, s'étant assis, le clergé
étant debout d^s deu-xcàtés^ et s'étant fait rendre compte
de lu conduite de clmcun dos péuiteuts, et de quelle ma-
l nière ils se sont acquiués. de leur pénitence, il fait le
i discernement qui convient dos uns d'avec les autres, et
l'ait placer à muin droite, suivant que le lieu le permet ,
ceuji> qui ddvQut être véconciliés. Après cela iL entre dans
l'église, etc. Dans un autre pontifical plus récent de
i même église, il est \wrUi (pie révécpie sinforme
de notre temps; on y -verra que, quand ils parlent de ^ des prêlres chargés d'enleiidre les confessions des pe-
la réconciliation publique, ils désignent le Jeudi-Saint
pour cette cérémonie : mais que, quand il est question
de l'absolution secrète, qui se donnait à ceux dont la
nilents, de la manière dont ceux-ci ont observé les
pénitences qu'on leur avait prescrites, elqueles prêtres
doivent rendre un compte fidèle des noms des pénilcnls.
pénitence était secrète, il-s ne marquent aucun jour ■: cl des auiices de péniicuce qu'ils ont imposées à cha-
parliculicr. Cependant plusieurs de ceux qui étaient |i
d-ans ce dernier cas, préféraient ce jour à d'autres pour
cun. Ce qui étant fail, l'évêqae avanl sexte exannne,
avec les prêtres, quels sont ceux qui sont dignes d'êlre
recevoir l'absolution. Ils croyaient avec raison que la 1 réconciliés, ou non. Examinai cum saçerdotibus ipsis
gnice de la rémission était plus abondante en ce jour h
et aux autres grandes fêtes de l'année, et les prélats t'
recommandaient aux fidèles de se préparer par la pé- |
nitence à recevoir les sacrements aux fêtes solennel-
les, mais surtout à celle de Pâques, la premithe et la
principale de toutes. Nous en avons rapporté des preu-
ves en quelques endroits de cette Histoire.
il ne faut pas s'imaginer que quoique le Jeudi- Saint
»>u quelqu'autre jour de la semaine sainte fût particu-
lièrement alïeclé à la réconciliation des pénitents, ils
y fussent tous admis indistinctenvent ces jours-là. Ce
serait une erreur grossière, et démentie par tous les
canons et les autorités dos Pères des sept premiers
-siècles de l'Église, qui nous apprennent, comme nous
l'avons vu dans la première et seconde partie de la
troisième section de ce livre, (pic l'absolution no s'ac-
cordait, généralement parlant, quaprésquelo pécheur
avait parcouru la carrière de la pénitence, qui (îiait
souvent de plusieurs années. Vous avez vu même (pu;,
fci df^piiis rp lemps, dans lo moyen-àsc, on doniKiii
diligenter, qui digni sunt rcconciiuiri, qui non. L'ancien
pontifical de Tours ordonne à peu près la même chose.
Dans la bibliothèque de réglise de Kouen , il y a un
sacramenlaire romain dont l'écriture est à peu près
de 400 ans. U y est dit que l'archevêque s'infor-
mera des prêtres quels sont ceux qui méritent l'ab-
solution ; lesquels lui ayant été indiqués, il leur met
la main sur la tète et leur donne le baiser de pai.r, en
leur disant: Pax lecum; ensuite il introduit dans l'é-
glise les uns et les autres. Après quoi le pontifical
ajoute : Que ceux qui sont réconciliés, se tiennent à
main droite dans réglise, et que ceux qui ne le sont pas,
mais qui sont re^us pour un temps dans l'église, occu-
pent lu gauche : et que l'évêque ai^cvi^e les uns et, les
autres d'eau bénite au visage, « Non veconciliati verb,
« sed ad tempus recepti in ecclesiam. t Ce temps était
ordinairement depuis le Jeudi-Saint jusqu'à l'octave
de Pâques; cepen^Janl le rituel de Rouen, dont nous
venons de donner cet ex Irai l, au lieu do l'oelavc de
P.\quos, marque «cllv de la Pentecôte, soit (|ue l'usage
«85 PÉNITENCE. — SECf. IV. CHAP.
lie réalise de lUtuoii fiU diir»'ron4 des antres, soit qn'il
y ail faute dans Je nianuscrit. Celle iiidulgcuco, à l'égard
de ceux qui n'ëtaionl point eiKWc tlisposés à peoevo'r
ni rabsoliuioii iti la coniiiuu>ion , est remarqiiahio, et
fait voir poiir(|»oi, dans les anciens sacraiiioiitaires.poii-
lilieaiM on riliH>)s, oninvilaitlonsles|>écl)eurs,etmènic
<Mi lenr pi-escrivait do se trouver à la eérémonie delà
récoucilialioii générale, à laqitello lw«s avaient pari
eu quelque maiHèiv., coninio nous venons de le voir.
CHAPITRE IV.
Des cérémonies que l'on observait dans la réconciliation
publique du. Jeudi-Saint ; il reste encore à présent des
vestiges de cette ancienne pratique. Delà réconciliation
secrète, tant chez las Grecs que chez les Latins, etc.
Les plus anciens sacranienlaires dans lesquels celle
iniport;uit<i action d« la réconciliation puliliqnedes pé-
nitents est représentée , sont les i)lus simples et les
moins chargés de cércnionios, mais lonles majes-
tueuses, «l dignes d(' la grandeur et do la sainlelé de
rÉglise^ de Jésus -CItrist. Le P. Morin {dePœnit., l. 9,
€>. 49) noHS met sohs les yeux ces augustes cérémo-
nies tirées d'un ancien S!>«ramentaire qui contient-plu-
sieurs choses qui ont été en usage cent ans et plus
a-vant S. Grégoire, et qu'il juge, au style dos discours
et des prièies qui s'y trouvent, être du temps du pape
Sylvestre ou de Iules. Pour moi , s'il m'était permis
de dire mon sentiment, il me semble, en considérant
ce style coupé et ces phrases conrteset jileinesde^cns,
y reconnaître celui de S. Léon ; mais j'.iime mieux
que l'on défère au sentiment d'un homme si vcisé
(lans la lecture des auteurs ecclésiastiques, qu'à mon
opinion. Coq^ui se lit dans ce sacramentairedu P. Mo-
rin est entièrement conforme à ce que l'on trouve
dans ceux de Grimold et de Rodrade, qui ont été publiés
par Paméliuà et par l). Hugues Mainard.
Voici rord*e de cette cérémonie tel qu'il nons y est
dépeint, sous ce titre : Ordo acjenlibus pubticaui pœni-
tentiam. Le pénitent sort de lendroil où il a fait péni-
tence (que l'on me permette ici de faire une réilexion
sur ces paroles qui se trouvent dans tous les autres
sacramentaires et rituels. Il y a tout lieu de croire que
c'était une coutunio jvresque universelle en Occident de
renfermerdans (jucUpies lieux voisins de l'église les pé-
nitents pendant le carême qui précédait imujédiate-
menl leur réconcilialion , alin do les y préparer ; car
il n'y a point d'apparence qu'on les renfermât tous
ainsi, mais seulement ceux qui touchaient au bout de
la carrière; comme on enfermait non pas tous les
catéchumènes, mais seulement les compétents ou
élus, qui devaient être baptisés;» Pâques suivant). Re-
venons à l'ordre delà réconciliation. Lepénilentéiant
sorti de l'endroit où il s'était exercé durant le carême
pour se rendre digne de la réconcilialion, était pré-
senté au milieu de l'église € le corps prosterné en
« terre, i Alors le diacre adressant la parole à l'é-
vêque, lui représentait que le temps de la propiliation
était venu , et il faisait entrer dans son discours , jiar
manière de remontrance et de paoteslaljon, toutes les
coufeidératioiis des mystères qui s«, j-enouvelienl on
. CÉRÉMONIES DU JEUDI-SAINT. «SJ
ces saints jonts, aussi bien rfoe tes gérnlVscnrùttP; de
toute l'assemblée , sous fes yetit do laquelle les pént-
t^nH, ainsi prosternes, deninindaiclit avec hiriïiCS'în
gri\fc de l'absolu lion. Ce di^rotirs, qiit cs't dos p^ffs
l»eaux , étant fini , l'évéqne avirrissait Irs pénilfTlTS lïc /
ne plus reimirncr aux dësordrc's qu'ils avafîéirtt C!4l^îé's '
p;M- tant de travairr. Ai)rc? quoi îl proYiotiCail Sttf 'f^Tst.
sept or.tisons, qui tendent nniqnemciità dfhntmjh^r à
Dieu la réfnission de leirrs péchés, fl parait niièmT;pr\r
le sacrainentaire Ui»nt iious arnns tlré-cecT, et qTir<*st
celui-là même que \e pape Gélase petblia âe^ùs avec
qwhpjes corrections, que ces prières dnbsolutti^n se
faisaient sur chaenn des pénileiHS en parlictrtier Al-
cuin, d'ans son Abrégé, Chrodegand,dans ya régie pr.Bf
les chanoines , c. 28 , et Egbert , archcvèpje d'York,
dans son Pénilcrriiel, pi-éscriveiil la mêuTe dit)se à
<}uelq»e3 psaumes, versets et répons près qu'ils y
ajotitcnl, on qui se disaitmtaussi alors, mais dont cesa-
crainen laire ne Hiit pas mention , parce que c'étaient des
choses dim usage ordinaire et conTrtres de tou t le monde.
Telle était la manière d'absoudre les pénitents pu-
blics à Rome avant S. Grégoire-le -Grand, et dans le pays
d'en-deçà les Alpes, avant que Cliarlem^agne y eât fait
recevoir la réformation de ce saint pape, comme il
parait par les auteurs que nous venons de citer. Dans
la' suite, je ve»x dire après que Ton eut reçu le sïicra-
BM^ntoire de S. Grégoire avec la réformatron du chant
ecclésiastiquequ'il avait faite owprocurée, les égiiscsde
France, d'Allemagne etdes autres parties delOccidenl
s'y conformèrent, quoique avec quelques diversités ;
ohacun ajoutant ou retranchant quelque chosedc ces cé-
rémonies que l'on i>e peut toutes exposer en^étail. Vous
en-avez vu quelques-unes dans le-ehapiireprécédentet
dansd-autresendroitsde cette histoire; nous nous cmî**
tenterons ki de rapporter ce- <^\ est prescrit dans l'an-
cien ordre de la réconciliation des pénitents au Jeudi-
Saint. Cela est d'autant plus à propos, que depuis (ui'on
eut reçu en France le rituel ronK>in,cequi y est prés-
ent devint comme la base de toutes les antres eéré*
moniesque l'on y joignit ensuiîeen diflérentes égiisea.
L'évèque, suivant ce rituel, allait s'asseoira l'eniréo
de iéglisp, les pénitents avec l'archidiacre l'atte-iliinl'
dans le vestibule, éloignés de quelque dislance. Celui-
ci, avant de les présenter à l'évèque, lui atlresse le
nièinc discours dont nous venons de donner l'ab; égé.
Après qnil a cessé de parler, le prélat enlopne l'an-
lieniu; Vemtf., et l'archidiacre du côté des pénifenlë
dit : FuiCHissoxs lks cb.noux. Ce qui étata fait p.r let
pénilent&y ii dit enèuite : L^VEi^yocs. La même chose se
fait une seconde fuis, ei les péiiitents viennent *• placer
au milieu du veHibale ; enfin l'évèque ayant dit livis foii
tout de suite : Venite . venea , et les pénitcnls uiicnit de
nouveau fléchi les chenaux, ils vienmnt se prosierjicr aux
pieds de révèqu^,. ^ s'y tinunent jvsqu'à ce qu'il se lève
de son siéqe, et fasse siqne à un autre diucr.i ; le cUrgé
continuant l'antienne: VeiMtk, fu-k. \ijJ)1TE mf.. timo-
uuii DoMiM DOCLBo vos {vcuei, vies enfauls, éiiuutex-
nwi f je vous apprendrai la crainte du ikiffu^atr) ^ à la-
'^t\'/..'. PU joiyit te psattnu :. Mlnfbicam Domimm .o.msu
655 '"' ..y..- .-.-.T, HISTOIRE DES
TEMPûRE- Pendant le chant de ce psaume, les curés te- '
naiil par la main les pàiilents [à plebisanis), tes présen-
tent à r archidiacre; celui-ci les présente àl'évêque, lequel
les rétablit dans l'église , ou les y introduit. Là étant
prosternés en terre de tout le corps , révèquc dit l'an-
lienne : Cor mundum créa , etc. , avec son répons et le
psaume : Miserere mei, Deus, lequel étant achevé, /V-
vêque se prosterne avec les pénitents dans roratoire : ce-
pendant le chœur chante des lilatiies, lesquelles étant
finies, il dit : Kïrie eleison , Pater , quelques versets
et une courte prière, après quoi il prononce sur les pé-
ïiitenls les prières d'absolution, dont la première com-
mence par ces mois: Adesto, Domine, etc.; ce sont les
mêmes que celles dont nousavons parlé ci-dessus. En-
suite de ces prières il asperge les pénitents d'eau bénite, les
encense, et leur dit : Levez-vous, vous qui dormez , et le
Seigneur vous éclairera. Aussitôt ceux-ci se lèvent , et
ainsi finit la cérémonie. La manière dont s'est faite
autrefois la réconciliation des pénitents publics depuis
S.Grégoire, ou au moins depuis le temps que son sacra-
mentaireaéiéreçu en Occident, a été peu différente de
4jelie-ià dans toutes nos églises.
Dans la suite, la pénilence publique s'abolissant in-
sensiblement, les fidèles prirent la place des péciieurs
pénitents au Joudi-Saint, comme ils avaient fait nu mer-
credi des cendres pour recevoir la pénitcr.ce générale.
Celle dévotion, dit M. Baillct dans son Histoire des
fêtes mobiles, pag. 450, édil. in-8", s'est conliiinéc
jusqu'ici, soit dans les catliédralt- s où les évêques font
le Jeudi-Saint l'absoute générale, et le premier des
prêtres dans les églises des villes, soit au jour de
Pâques même dans les paroisses où le> pasteurs parli-
ïuliers s'acquillent de cette fonction diversement. En
Leaucoup de lieux l'usage est que le prêtre fasse pour
loul le peuple une confession générale de pres(|ue
tous les pécliés qui peuvent se commettre. Les fidèles,
sans craindre que la confusion retombe sur aucun
d'eux en particulier, s'accisent ainsi d'une multitude
de crimes très-énormes qu'ils n'ont jamais commis ,
lécitent les psaumes de la pénitence pour les expier,
et reçoivent ainsi l'expiation que devaient recevoir
les pénitents publics. C'est ainsi que la réconciliation
publique des pénitents est dégénérée partout en pure
cérémonie. Il faut en excepter l'église de Uouen, où il
s'est conservé un reste de l'ancienne discipline qui est
trop beau pour ne pas trouver place dans cet ouvrage.
\oici un extrait d'un mémoire de M. de la Fosse,
grand pénitencier de cette église, de l'an 1673, qui dé-
crit les principales cérémonies qui s'observent encore
tians la réconciliation publique des pénitents le jeudi
absolu. Les pénitents du mercredi des cendres qui ont
été renvoyés pendant le carême, se rendent le jeudi
a5)solu sur les finit beures du matin en la cathédrale
dans la chapelle du pénitentiel. Ils rapportent leurs
cierges qu'on leur avait éteints le mercredi des cen-
dres. Après none le clergé vient processionnellement
en la nef, conduit par M. l'archevêque en habits pon-
tificaux, ou en son absence par le premier du chœur.
Le diacr» fait lecture par la leçon qui commence par ,
SACREMENTS. 650
Adest venerabilis pontifex, etc. Pendant qu'on chante
cette leçon, le bedeau vient prendre les pénitents pour
lesconduire hors de l'église, el pour se rendre ala grande
porte par laquelle ils avaient été expulsés le mcreredi
des cendres , et lorstpie M. l'arelievèque ou rolïiciaut
commence, Venite, que le clergé répète trois fois, on
ouvre la grande porte aux pénitents qui se prosternent
l'un après l'autre devant M. l'archevêque ou l'officiant
qui leur donne le baiser de paix ; et cependant le dia-
cre et le sousdiacre prennent les cierges éteints et les
redonnent aux pénitents qui vont en file au travers du
clergé, pour se placer dans un parquet qui leur est
préparé devant la chaire au haut de la nef, où ils en-
tendent le sermon qui se fait parle pénitencier, ou par
quelque autre connnis de sa part. Après le sermon, que
les pénitents entendent à genoux, les cierges allumés en
main, le chantre commence le psaume G' : Domine,
ne in furore luo , etc., et le clergé présent contiiuic
alternativement les sept psaumes pénitenliaux, à la (in
desquels l'archevêque ou l'ofliciant, précédé de deux
acolytes avec leurs cierges allumés, montent en la
chaire pour faire l'absolnlion générale, connue elle
est prescrite dans le manuel. Les pénitents retomiieiit
ensuite en l.\ chapelle du pénitencier qui les renvoie
en i)aix après un mot d'exhorlalion.
La réconciliation secrète des pénitents se faisait de
même que la pnbli(pic, aux solennilés près, c'est-à-
dire, (jnelle se fai-ait par phisiems pr.èies très-belles,
les mêmes ou éjuivalentes à celles dont nous avons
parlé, jointes à l'inqwsilion des mains, inséparable de
1,1 prièie dans ces occasions. C'est i)ounpu>i ?onvent,
(juand les auteurs de ce leuq)s i»arleul de la manière
de reci>n( Hier les pécheurs, soit en public, soit en
particulier, ils renvoient, pour les prières, aux sa-
cramenlaires qui étaient en usage dans les églises.
C'est ce que nous voyons dans le cinquième lixie des
Capitulaires, c. 25 : Après que ta pénili-nce, y esl-il dit,
est accomplie, selon la règle des canons, qnon réconcilie
le pécheur canoniquement, soit en secret, soil en public, et
qu'on lui impose les mains avec les oraisons contenues dans
le sacrumentaire pour la réconciliation. Celaient donc les
mêmes [trières et la même chose, excepté les riis el les cé-
rémonies publi(|uesque l'on enqiloyait pour l'absolution
des pénitents publics, principalement au Jeudi-Saint.
Nous pourrions nous contenter de ce que nous ve-
nons de dire pour faire connaître les rils qui s'(tbser-
vaient anciennement dans la réconciliation secrète des
pénitents; cependant, pour plus grand éclaircisse-
ment, nous meitrons ici (luehiues extraits des livres
ecclésiastiques dans lesquels elle est repiésenlée.
L'abbé Réginou, dans son premier livre, c. 2U7, après
avoir expliqué ce qui regarde la confession el la péni-
lence secrète, vient enfin à l'absolution qu'il décrit
ainsi -.Alors, que le pénitent se prosterne à terre, et
qu'il dise avec larmes : J'ai péché en cela et en bien
d'autres choses, pur pensée, par parole, par action... Je
me reconnais coupable devant Dieu plus que personne el
je m'en confesse ; je vous prie aussi humblement, à prêtre
de Dieu, d'intercéder pour moi et pour mes péchés '<»•
Cyéi^' PÉNITENCE. - SF.CT. V. CllAP. Y.
prs de notre f^eiqncitr cl Cn'nU'itr, nfin iju'il inmcorde
le pardon de cca crimes. Ensuite, que le prêtre se lève
et qu'il dise le psaume 38", 7»'!/ se prosterne en terre
et qu'il dise celle oraison • Je prie, Seiyneur, voire clé-
mence, etc. Après cela il ajoutera : Que le Dieu tout-
puissant vous aide et vous protège; quil vous accorde le
pardon de vos péchés passés, présents et futurs. Amen.
Régiiioii avcriil qu'il a tiré des livres pénitonliaiix
(le Théodore de Canlorbéii et de lîèdc, cet ordre do
la pénilence et de rabsoliuiori qu'il donne; d'où il
s'ensuit qu'il était comniunénienl observé à quelques
circoiislaures près et quelques prières plus ou moins
longues, dans l'église Latine, au liuiliènic siècle et au di-
xième, auquel vivait cet auteur. La même forme d'ab-
solution se trouve dans Burchard, avec celte différence
que, outre la prière Prccor, Domine, il y en a encore
trois .tulres, par li'Sf|ucllesle |)rètrc demande à Dieu la
rémission des péchés des pénitents. Le mamiscrit de
Sicile en met sept ; cela n'était point déterminé, mais
variai! suivant la différence des lieux. Pans un autre
maniiscrii de l'église de P.ouen, qui contient un saora-
menlaire qui a élé à l'usage de quelque église d'An-
gleterre dans le temps du règne dis Sixons en cette
île, il est prescrit aux pénitents de dire avant l'abso-
lution le psaume 50"; en suite de quoi l'évêque pro-
nonce sur lui les litanies qui sont suivies d'une l'orme
d'alisolulion indicative, après laquelle il fait plusieurs
prières irès-toiichantos pour obtenir de Dieu la rémis-
sion des péchés du pénitent. Ces prières finies, l'évê-
que le prenant par la main le l'ait lever, et lui s'éiant
incliné cjevant l'évêque, celui-ci ajoute une nouvelle
oraison à celle qu'il avait déjà dile pour le pénitent.
Toutes ces prières se trouvent dans les chapitres 30
et 3! du livre 9* du P. Morin sur la Pénitence, où les
lecteurs curieux et les théologiens pourront le con-
sulter s'ils le jugent à propos.
Je crois que ce qui vient d'élre dit est suflisant pour
donner une juste idée de la manière d'absoudre, tant
publique que secrète, qui était autrefois en usage
dans les églises d'Occident. A l'égard do celles d'Orient,
nous n'avons point de monuments qui nous aient con-
servé l'ordre des cérémonies qui étaient en usage dans
ces églises, pour la réconciliation des pénitents pu-
blics; mais il y a tout lieu .de croire qu'il était le
môme que celui que nous représente cet ancien sacra-
mentaire, qui expose ce qui se passait à cet égard dans
l'église romaine; rien n'est plus sin.ipleet pins majes-
tueux que cette forme d'absolution, ni plus conforme
à l'esprit de l'Église. Nous pouvons donc dire des
Grecs ce que nous avons dit des Latins: savoir, que
la réconciliation publique des pénitenls ne différait de
l.T secrète que par rapport aux solennités dont celle-
là était accompagnée , tandis que l'autre se faisait sim-
plement par l'imposition des mains du prêtre, et par
plusieurs prières, dont les nues suivaient immédiate-
ment la confession des péchés (nous en avons parlé
dans le chapitre cinquième de la deuxième section de
ce livre), et étaient comme des préparations à la par-
faite rëroncilialion ; les autres se faisaient quand le
MI.NISTIil'S DF 1 \ iu'(.0\(.II.I\TION. O.'iR
pi-nilent avait aocoin|ili la pt-nilence qui lui avait (■t('
iinpos('('. (/('tait par ces dernières prières qu'il était
parfailcuiciit rckoncilié à Dieu et à l'Église, et qu'il
rentrait dans tous les droits qui sont attachés aux
membres vivants du corps mystique de Jésus-Christ,
puisque c'était par cette dernière absolution , seule-
ment, qu'il acquérait le droit de participer au sacre-
ment de son corps et de son sang, qui est le sceau de
la parfaite réconciliation. La prière par laquelle on
donnait cette dernière absolution, se lit encore dans
le pénitentiel de Jean-le-Jeûneur, sous ce titre : Orai-
son pour délier celui qui se confesse après qu'il a accom-
pli le temps de sa pénitence. On y demande à Dieu de
purilier le pécheur des ordures du péché, et de le dé-
livrer de la pénitence qui lui avait été imposée, aussi bien
I que du péché qui la lui avait fait mériter, etc. Cette
' oraison est pi écédée, dans ce pénitentiel , de plusieurs
] autres, que le prêtre prononçait sur le pénitent aussit(it
j après la confession, et qui expriment le même sens.
Les Grecs d'à présent considèrent cette dernière,
! comme n'ayant d'autre effet que d';.bsoudre le pénitent
! des peines canoniques. C'est ce que Léon Allatius
écrivit au P. Morin, comme il le rapporte dans un petit
écrit (pii se trouve dans l'appendice de S( n traité sur
la Pénitence, il ajoute que l'archevêque de Tréhisond(^
lui avait dit la même chose étant à Paris, et qu'il n'('-
tait pas même nécessaire de demander cette dernière
absolution au prêtre, quand on avait accompli toute
; la pénitence qui avait été imposée, mais qu'il était
' seulement utile cl avantageux au pénitent de la rece-
voir. Tels sont peut-être les sentiments des Grecs au-
! jourd'Inii : mais j'ai peine à me persuader que c'étaient
: ceux de leurs ancêtres ; car enfin pourquoi le prêtre
• demanderait-il à Dieu de délier et de purifier le pé-
! cheur, s'il avait été parfaitement réconcilié immédia-
I tement après sa confession, par les prières d'absolu-
: tion qui la suivaient? pourquoi auraient-ils séparé
I quelquefois un pénitent de la communion durant plu-
I sieurs années, s'ils l'eussent cru entièrement absous
1 des liens de ses péchés? Il y a donc tout lieu de croire
I que cette première absolution n'était que préparatoire ,
I à peu prés comme celles que l'on faisait autrefois sur
les pénitenls avant la célébration du saint sacrifice,
dans lesquelles on demandait à Dieu, en différents
termes, la rémission des péchés de ceux qui étaient
prosternés au milieu de l'assemblée des fidèles. La
réconciliation a plusieurs degrés, ampliits lava me ab
iniquitate meù, etc., et comme la première des sept '
oraisons qui sont marquées dans le sacramentaire dont *
nous avons parlé, pour absoudre le pécheur, n'empê- -
che point l'effet des autres qui la suivent, de même
celte première absolution des Grecs n'empêche poiiit
l'effet de celle qui se donne après avoir accompli la
pénilence, puisque c'est celle qui rétablit le péchetn-
dans la jouissance du plus grand des biens dont Iq
péché l'avait dépouillé.
CHAPITRE V.
Par qui se faisait la réconciliation des pénitenls, tant
secrète que publique. Que cette dernière était réservée
659 lîISTOlRi: DES SACREMENTS
aux évêqnes. Que dmts Véglise d'Afrique, du temps de
S. Cyprien, le clenjc imposait les mains conjointement
avec tévêqtie ; que cette pratique a peu duré. Que dans
ta suite les prêtres ont réconcilié publiquement les pé-
chiurs, même hors te cas de néjcessité.
Le poml 4<è discipline dont il s'agit ici est déjà
proli^¥ iK»r c<S ij^iî a été dit dans les précédents eliapi-
Ires de ooUe seétion, èiiviont dans le second, où nous
avons rapporté les autorités de S. Léon et du second
concile de CàVthngo. D'ailleurs vmis avez vu dans ce
criapîlJ'e et toiis lés àiriï-e's, quand il s'agissait de la ré-
cOiicilialion solennelle , que dans les sacramcntaires
e( l'-s antre^Hvï-eS oùceUe cérémonie est décrite, il
n'est fait mention que de révéque, les prêtres ne pon-
vîiii! rien entreprendre de semblable, sinon dans le cas
de TabsenCfe de Ntêqiie, ôii d'une maladie qui le mît
lier-; d'état de s'acquitter d-e cette lonclion. Car il n'est
nnllément probabltî que dans une pareille conjoncture
on eut remis h Tannée suivante la réconciliation de
660
comme !> s assesseurs de l'évêque, et qui composaient
ce rospoclahle sénat dont Févêque était le clief cl le
président. Le père Morin croit que cela pourrait aussi
s'entendre des diacres , fondé sur ce que nous avons
dit ailleurs, cli. 7, M'condc section, touchant le pou-
voir que révoque leur donnait qucbiuelois de recevoir
les péiiileiits à la conuonuion ,'en cas de nécessité
urgente, mais je ne pense pas que dans l'occasion
dont il s'agit ici, les diacres prissent part à la céré-
monie sainte que Jious venons de représenter, puis-
qu'il s'agit d'une fonction ordinaire et tonte sacerdo-
tale. Nous ne pouvons marquer au juste combien cette,
pratique a 4uré en Afrique depuis S. Cyprien., Tout ce .
que nous savons là-dessus , c'est qu'au commence-
ment du (lualrièioc siècle, elle n'y était plus en usage,
et que le pouvoir de réconcilier les pénitents ptdjlics
était alors réservé à l'évêque privalivemcnt à tout ^
autre : il f.iisail alors seul la cérémonie de l'imposi^
tion des mains avec les prières réconciliatoires. C'est'
ceux qui avàioftt accompli le cours de leur pénitence, | ^c qui pan.ît manifeslemcnl par le se( oiul concile de
et qui g'éfôient préparés durant tom le carême à rc- | Caribage, tenu au conimencemcr.t de ce siècle, dônt^
cevoir cette grâce ; puisque les prêtres pouvaient |j "«"S avons rapporté les paroles dans le second clià •
frtiré celte fonction, même hors le cas de nécessité, ji Pil'"^ de cette section.
Dans la suite on se relâcha de celle rigueur, ell'on
accorda quelquefois aux prêtres de faire celle fonciion,
niènie hors le cas de nécessité. On reslreignil le sens
des anciens cmons qui leur défendaient de s'y ingér
rer sans la permi.ssion de révoque : cnentend;inl celle
perniissioa de celle qui était attachée aux dignités
dont ils étaient i evèlus , ou de celle qui leur venait
par délégation de l'évêque, non une délégation pas-
sagère et pour une seule fois seulement , mais celle
I; qui était en qnehnu; sorte allacbéc à leurs personnes»
L
j et qui ne finissait que lorsqu'elle élail expressénient
révoquée. Le concile de .Meaux célébré en Tan 815,.
accorde cette permission aux coréycques, c 4i, el j.1
letu" donne comme un pouvoir ordinaire, quoiqu'ayec
sul)ordination à l'évêque. loiposilioni pœnitenliœ , au(
pœiiiteiiliuni rcconciliationi per parochiam sccnndùm
mandalum episcopi sui inscrviat.
Dans la suite et sur la fin du douzième siècle, quatid'
on commença à diviser la pénitence en trois espèecs,
avec une permission spéciale de l'évêque, conmio l\
paraît par ce que nous avons rapporté ailleurs (1) d&
S. Cyprien, et par le second concile de Séville tenu
on 619, dans lequel, quoiqu'on se .soit appli<pié à
réprimer les v.nireprises des prêtres qui s'ingéraient
lémérairemeni dans les fooclions réservé(^ aux évè-
qUes, il est dit néanmoins seulement qu'il n'esl point
permis aux prêtres en présence de l'évêque de récon-
cilier les pénitents sans son ordre. Neque.... ticere
cpiscopo.... présente pœmtt'nlem Une pvœcepln epi-
scopi »ut teconcitiare .
Nous apprenons de S. Cyprien que de son ie«ip>;,
el sans doute avîwU lui (car il ne marque mdle pan
qu'il soit auteur de celte pratique), l'évêque n'était pas
le seul qui imposât les mains aux pénitents pour bs
ré'ctiricîlier, mais que le clergé se joijçnail à lui dans
Cette atlguste céréuion're. C'est ce que nous lisons ^j
dans sa dixième lettre, où on se plaiguanl des tombés ||
(OÙ voubiient être absous sans avoir f:Hl préalable- y, . , ^
ment une pénitence convenable, il leur oppose le | en solennelle, en publique el en secrète, les docteurs
zèle de certains chrétiens fervents et pieux, qui ayant
faHpêtUténce pendant nn temps considérable , viennent |
suivant i'brdre de ta discipline à l'exomoloqèse, et nçoi- |
vent par Timposition des mains de l'évêque et du clmjé
le droit de sommunier. « El per manùs imposiiionem I
< epîsdàpi W élleri, jus commttnionis accipitnt. » Dans
la lellré Miivante, il insiste sur le même sujet, en ces
termes : Quoique pour les moindres })échés.-. personne ||
ne puisse Venir à la communion , qn'anparavani l'évêque j
et le clergé ne lui aient imposé les mains , « pins forte j
raison ceux-ci, été. « Nisi priiis xib episcopo et clero |
« maniis fiterit imposita. i
11 est plus i»robable que S. Cyprien dans celle oc
casKMi n'entend pas généraleuient tous ceux qui I
comiwtsâlVnl, mais sciilenient les prêtres. (|Qi.éU»ient
(1) Cbàp. 7 dé la secondé 9ecliofr^'*"H 'î'!' ' ■''•■
enseignèrent connnunémeiif que la réconciliation des
pénitents des deux dernières espèces, élail du rcss(ul
des prêtres (1). El nous voyons encore aujourd'hui
que dans certains diocèses de ce royaume, où il reste
encore une ombre de l'ancienne pénitence publique ,
telle qu'esl celle que l'on fait subir aux (illes qui se
sont laissé corrompre, en les obligeant de se tenir à
la messe de paroisse sous le crucifix un cierge à la
main : nous voyons, dis je , qu'on laisse aux curés h;
pouvoir de les absoudre quand ils le jugeront à propos.
Les Grecs du moyen et du dernier âge entendeni
(1) Outre ce que nous avons dit ailleurs du pouvoir
d'absoudre des diacres, on peul consnller \ine •'i^:'''j-
lalion assez curieuse (iiie D. Gcrvaise, ancien ai)bc de
la Tiappc a itubliée sur ce sujet . dans la vie .le s.
Cvprien . (|u"il a fait imprimer in-l" a l'aris en 171 1,
Il ci ee qn'ii dit sur le même sujet dans celle \\t «neme.
m PÉNITENCE. -SECT. lY. CtîAP. VI. VERTt ET EFFETS DE L'ABSOLUTION.
662
les canons des anciens conciles qui dJ^fendent anx
prêtres d'absondn» les prnilenls pid)lio<; sans la per-
mission de IV'vôtiue, senlt'nieiit de la snlionlinnlion or-
dinaire des prèlres à leurs ('vêqiies , sans la permis-
sion desquels eliez eux comme parmi nous les prtMres
ne peuvent entendre les confessions et absoudre leè
pénitents; c'est :>-dire, à moins, ou qu'ils ne soient
placés de la main de lévèqne dans mi emploi rJuqnel
oefie fonction est attaclK-e, comme est une cure ou le
soin dune paroisse, ou qu'ils ne reçoivent un pouvoir
spécial pour cela , tel qu'est celui que les évèqnes
donnent aux moines, qui, par leur état, ne sont point
chargés de la conduite des âmes. C'est en ce sens que
Daisimion entend les caiioiis des conciles de Carthag^
.sur cette matière.
CHAPITRE VI.
De la verlH et des effets de l'absolution. De ce que les
Pères ont pensé là-dessus. Différentes opinions des
docteurs de l'école sur ce sujet. De leur embarras
pour concilier les effets de rabsolulion avec les dispo-
sitions requises pour la recevoir.
Depuis qu'on eut abandonné les œuvres pénales par
lesquelles les pécheurs se préparaient et se mettaient
en étal de recevoir l'absolution de leurs péchés, on
' duaient que l'ilbsoluiion du prCtrc ne réfiictiail point
les péchés ; mais qu'elle n'était qn'unc dénonciation
jini(li(|ue de la réconciliation qui était déjà faite de
l'homme avec Dieu. Ce qui les avait enlrainés dans ce
sentiment, c'est qu'ils s'étaient persuadé que tout
acte qui ne procédait pas de celte charité cOmmé de
sa source, était de nulle valeur devant Dieu. Ce sen-
timent, com;:;cditle P. Morin dans les premiers cha-
pitres du huitième livre de la Pénitence , dont nous
avons tiré toirt ce que nous disons ici touchant ks.
opinions des docteurs scolasliqucs ; ce àetitimcnt ,
dis-je, fut en vogue durant un siècle dans les écoles.
Dans la suite ces docteurs s'élant aperçus que par là
on réduisait à p?u de chose la vertu et refficr!cit('- du
sacrement de Pénitence, ils clierchèreul un nom qu'ils
pussent donner à tous les bons mouvements et les
pieuses affections qui précèdent cette charité dans les
personnes touchées du regret de leurs fautes.
Ils les appelèrent du nom d'attrition , terme qui fut
introduit dans les écoles au commencement du
treizième siècle. Ce fol Guillaume de Paris qui l'in-
venta, et il fut parfaitement bien reçu par tout ; de
sorte que du temps d'Alexandre de Ilalès il était digà
très-commun ; mais la signification n'en était pas en-
dispiila beaucoup, et chacun raisonna à sa façon sur i core bien fixée. Car comme dans ce temps-là on com-
les dispositions intérieures qnil fallait apporter pour j mcnça à disputer beaucoup dans les écoles touchant
rentrer en grâce avec Dieu, et sur les efléts du sacre- ! les habitudes, de habitibus, quelques-uns mirent colle
ment de pénitence. L'embarras Surtout fut fort grand ■ différence entre l'altrition et la contrition, que ceIle-( i
parmi les docteurs de l'école pour concilier ensemble i était jointe à un amour de Dieu habituel, et que celle-
là vertu de l'absolution avec les dispositions inté- i là n'était accompagnée que d'un amour aclucl. D'au-
rieures que l'on exigeait pour être en état de la re- i très ne se contentèrent point de cette distinction , et
cevoir; et les plus subtils d'entre eux employèrent j prétendirent que la différence entre l'atlrition el la
tout ce qu'ils avaient d'esprit pour trouver un dénoue- | contrition consistait en ce que la première n'était ac-
ment à ce nivud gordien.
Les anciens pensaient sur cela comme pensent en-
core aujourd'hui tous les bons chrétiens el les per-
sonnes les plus simples. Ils croyaient et disaient que
l'effet de l'absolution était le pardon des péchés que
Dieu accordait par la vertu du S. -Esprit qui accom-
pagnait l'action du minisU'c, et qui approuvait et con-
firmait dans le ciel ce que celui-ci faisait en sou nom
sur la terre. Ils croyaient de plus que celle réconcilia-
tion était suivie d'une grâce f)lus:tbondante, el qu'elle
incitait en étal, ceux qui la recevaient, d'approcher
avec confiancf des mystères redoiitabies, et de parti-
t ipcr à la chair vivifiante du Sauveur, de laquelle on
ne peut s'approcher qu'après qu'on est purifié de la
tache du péché. Qu'on lise tant qu'on voudra les
écrits des Pères, on ne trouvera rien autre chose. Ils
ont cru qu'on ne pouvait apporter assez de disposi-
tion pour recevoir une si grande grâce, et c'est pour-
quoi ils y disposaient les pénitents par tous ces saints
exercices dont nous avons parlé dans celle histoire.
Dans le douzième siècle le Maître des Sentences et
ses disciples enseignèrent que celui qui se disposait à
recevoir le sacrement de Pénitence était intérieure-
ment réconcilié avec Dieu, en vertu de la charité (pi'ii
devait avoir, et par laquelle ils entendaient un amour
de Di^i prédominant sur loutes choses, d'où ils con-
compngnée que d'un faible amour de Dieu, au lieu
que la seconde emportait un amour très-grand, ou,
pour parler comme eux, très-intense, ihlensissinmm .
Cependant les scolasliqucs de ce second âge conve-
naient unanimement entre eux que la contrition el
l'altritioii étaient de n)ême espèce, et qu'elles ne dif-
féraient que du plus au moins. De là vint parmi eux
l'axiome, que les pénitents confessiint leurs péchés,
A'tittrits devenaient contrits devant ou après l'absolu-
tion, ou même pendant qu'ils la recevaient.
Alexandre de Ilalès el S. Bonavenlure se servirent
de ce princi; e pour allier la vertu de l'abst-'luiion avec
les dispositions qu'ils requéraient dans le pénitent
pour la recevoir. Car commode leur temps oii joigiuiit
une forme déprécatoire d'absolution avec une indica-
tive, ils enseignèrent que par la première le piètre
obtenait do Dieu pour le pénilenl que lïuttiit il d^vîul
contrit, el par là fût réconcilié avec Dieu , ce qui lui
était ensuite juridiquement déclaré par la forme indi-
cative. Mais comme les théologiens ne furent pas
longtemps dans le sentiment qui allrihuail l'efficace
du sacrement de Pénitence à la forme dépiécaloire, et
que presque tous convinrent unaniniementqu'ellc elajl
toute renfermée dans l'indicative, l'opitiion de ce.1
docteurs ne se soutint pas longtemps , el le déndUe-
ment qu'ils avaient trouvi* pour concilier Li vertu do
663
HISTOIRE DES SACREMENTS.
C64
l'abçolulion avec les dispositions requises pour rece- im Voilà quels furent les sentiments des scoiasliques
voir le sacrement de Pénitence, devint inutile. Il fal-
lut donc avoir recours à une autre solution. S. Tho-
mas, avec la s.agacité qu'on lui connaît, faisant ré-
flexion sur les inconvénients des réponses que Ton
avait faites jusqu'alors dans les écoles à cette dif-
ficulté, en donna dans sa Somme une autre plus ingé-
nieuse et plus solide. Il avait enseigné auparavant,
comme la plupart des autres , que c'était la contrition
seule qui remettait la coulpe du péché, changeant
ainsi la peine éternelle qui >ai est due en peine tem-
porelle (pii était abolie, tant par l'absolution que par
la satisfaclim; mais dans sa Somme, le plus parfait
de ses ouvrages, il expliqua la chose autrement. Il y
enseigna que la coulpe, ou le rcatus, n'était point ef-
facé par la contrition, mais en vertu de rabsolulitm,
quoique cela se fasse aussitôt qu'il y a contrition; et
ceta arrive ainsi, parce que, selon lui, la contrition
est la matière du sacrement de Pénitence, et par con-
séquent concourt, avec l'absolution qui est la forme,
à l'abolilioii de la coulpe du péché qui rend l'homme
digne des peines éternelles. D'où il s'en suit que ce
qui se fait par la contrition est censé être fait en vertu
même du sacrement ; d'autant plus que la contrition
et les autres actes qui font la partie matérielle de ce
sur la veitu et l'efl'et de l'absolution sacramentelle , et
comment ils essayèrent d'accorder ces mêmes clfels
avec les dispositions ipie le |)énitent devait apporter
pour la recevoir dignement. On s'en tint là dans le se-
cond âge de la scolastique ; mais dans la suite on
passa plus loin, car posant pour principe cet axiome,
que le pénitent par la vertu du sacrement d'altrit de-
vient contrit, on alla jusqu'à dire que la douleur des
péchés, ou l'altrition quand elle était accompagnée de
quel(|uc degré d'amour de Dieu, quelque faible qu'il
fût, était .snlïisanie pour obtenir la rémission des pé-
chés ; cette aitrition se changeant en contrition dans
le court espace de temps qui Sj trouvait alors entre la
confession et l'absolution. Il y en eut même qui
osèrent avancer que l'atlrilion ou la contrition pré-
sumée était capable d'obtenir l'effit du sacrement,
pourvu que celui qui l'avait telle crût de bonne foi
être altrit ou contrit, et reçût dans cette disposition
le sacrement de Pénitence.
C'est ainsi (pi'à force de subtiliser, les choses les
plus claires deviennent obscures, et que les disputes
trop échaiiirées répandent des lénèbies sur des objets
qui sont à la portée des plus simp'es qui font usage
de leur raison. Snivons donc sur cette importante ma
.sacrement, n'opèrcnl la rémission des péchés, dans la i ii(\pg gg q^g ^q^s apprenons des écrits des Pères et
loi nouvdle, qu'autant qu'ils ont rapport aux clés de i jg \.^ pratique de tous les siècles. Dédirons avec ar-
TEglise, (jmlenùs ord'umnlur ad ctaves Ecclesiœ
Suivant ce sentiment , quoique la contrition , telle j
que n(uis l'avons représentée, soit incompatible avec i
l'étal du péché mortel et le realns pœnœ œternœ , cela
n'enipêi lie pas (lue ce ne soit en vertu des clés de
'Eglise que le pécheur est délivré de ccreaius ou de
cette obihjatiou, quand môme l'absolnlion ne serais
point encore physiquement existante, car c'est ainsi
que les choses morales agissent, avant même qu'elles
soient présentes , comme la Passion de Jésus-Christ a
agi dès le commencement du monde, quoiqu'elle
n'existât pas encore réellement. De plus on peut dire,
en un certain sens, que dans le cas dont il s'agit l'ab-
solution existe déjà, tant en vertu du vœu de celui
qui a la contrition dans le cœur, qu'en ce qu'étant la
forme du sacrement de Pénitence, elle est en quelque
sorte rendue présente par la contrition qui en est la
mntièvc. C'est pourquoi ce sacrement doit être consi-
déré comme un tout moral, composé de matière et de
■ forme , dont les parties, quoique existantes séparé-
ment, agissent néanmoins conjointement; de façon
que quoiqu'elles aient leur existence en différents
temps , elles sont unies dans rintcntion de Dieu, et
concourent, par la vertu et l'efficace qu'elles ont reçue
de lui, à la production d'un même effet , qui consiste
dans l'application des mérites de la Passion, qui nous
délivre de la coulpe et de la p: iiie éternelle due au
péché. C'est ainsi que le sentiment de S. Thomas, sur
cette matière épineuse, se trouve explicpié dans un
petit écrit (I) que M. l'évcque de Castorie a mis dans
l'appendice de son livre de YAmor pwmicns.
(i) Cet écrit est de M, Arnauld.
deur le bienfait de l'absolution qui nous fait rentrer
en grâce avec Dieu, et préparons-nous y par la prière,
par les aumônes, et surtout par les oeuvres de péni-
tence, sans lesquelles il est impossible que les pé-
cheurs satisfassent à la justice de Dieu, et qu'ils
guérissent les plaies que le péché leur a faites. Ne
craignons point d'en trop faire en ce genre. Nous ne
voyons pas dans toute l'antiquité que l'on ait craint
l'inconvénient de rendre inutiles les clés de l'Église
par la douleur d'avoir olTensé Dieu, et par un désir
sincère de réparer l'injure qu'on a faite à sa divine
majesté en contrevenant à ses ccinmandements.
CHAPITRE TH.
De la récondliulion des hérétiques. Que l'Eglise a tou-
jours agi autrefois avec eux avec beaucoup de dou-
ceur, sinon en certains cas. Quels sont ces cas. Baisons
{juelle a eues pour cela. Que celte réconciliation se
faisait surtout en trois manières. Exception en fcveir
des hérétiques ordonnés que l'on recevait dans le clerqé,
et même dans le rang qu'ils y occupaient aupnrn'
vaut.
Nous ne parlennis de la réconciliation des héré-
tiques qu'autant qu'elle a rapport au sacrement de
Pénitence, ou à l'absolution sacramentelle ; ayant eu
lieu de discuter dans l'histoire du Raptêmc et de la
Confiiniation ce (pii peut avoir trait à ces sacrements.
Quand nous disons ici que nous ne traiterons de celte
réconciliation qu'autant qu'elle a rapport à l'absolu-
tion sacramentelle, il faut l'entendre (piaiit aux effets :
I c'est-à-dire, quant à la jouissance des biens et des
I I avantages que procure Pabsolulion sacramenlelle.
665 PÉMTENCF. - SF.CT. IV. f.llAP. VU. ril'CONCIIJVTION DES HÉRÉTIQUES. 060
Car il ne nous npparlicnl pas d'ciilrcr dans la qiics- [ ' autcm rciuisimits Deo omnipoicttti, in cujux pole.uaie
Mon tiiéologiquo, savoir si ccllo réconciliation ôlait,
proprement par!;inl, snrianiciitcllo ; nous l.iissoiis ces
sortes de inalioivs à discuter aux llici)l"gieiis ; cl elles
ne doivent point cnircr diuis un ouvrage tonl liisio-
rique, où Ton se contente de nippoiler sinipienicnl les
faits et les usages de l'Eglise, qni concernent l'admi-
nistration des sacrements.
On pent dire en général que l'Eglise dans les temps
même que la discipline de la Pénitence était dans tonte
sa vigueur, a fait paraître une extrême douceur en-
vers les hérétiques et l 'S scliismatiques (jui voulaient
rentrer dans son sein. Toute l'histoire de l'Eglise est
une preuve de ce que nous avançons ici, aussi bien
que le beau passage de la lettre de S. Athanase à Ru-
finien, que nous avons cité dans le chap. 9 de la pre-
mière partie de la troisième section de cet ouvrage :
passage cpii coiilien! nnerègl- à lai|nelle l'Kglise s'est
toujours confirmée depuis dans les siècles les plus
éclairés, et qui nous apprend de plus quel était le
sentiment des antres Eglises, qui sur la même ma-
tière pensaient de même que ce grand évoque, et
garJaicnl la même conduite ; Cîi sorte que ceux qui ne
vonlun ni pas s'y conformer, connne Lucifer de Cagliari
et ses seclatiïurs. furent regardés comme scbismati-
ques.
Cela pourrait sufllre pour faire connaître l'esprit et
la conduite de l'Eglise sur ce point. Cependant nous
confirnieions ce qui est dit ici par de nouveaux exem-
ples. Nous trouvons par.iii les lettres de S. Cyprien
celle qu ■ le pape S. Corneille lui écrivit, dans laquelle
il lui apprend que quelques confesseurs s'étanl lai-so
enlraî::er par la faction de Novaiien, demandèrent à
rentrer dans l'Eglise, que quelques-uns des frères
doutaient si l'on devait leur accorder celte grâce;
qu'ils furent pour ce sujet appi-lés devant l'assemblée
des prêtres, et que là ayant été examinés, ils deman-
dèrent qu'on leur pardoimâl et qu'on mît en oubli
tout ce qui s'était passé. Ce qui fut approuvé au grand
contentement de tout le peuple. // se fit, dit ce saint
pape écrivant à S. Cyprien, un grand concours de nos
firres ; on n entendit (jaune voix de tous, qui louaient
liien et qui faisaient paraître la joie de leur cœur par \
l,ursl(n-ines, embrassant ces confesseurs, comme s'ils
étaient sortis de prison ce jour-là. S. Corneille ajoute :
nous croijous, et même nous avons une confiance cer-
tain;', que ceux qui sont encore dans cette erreur revien-
dront bientôt à VEqlise, quand ils verront leurs chefs
réunis avec nous, « ciim auctores sucs viderinl nobis-
cum aqere. » C'était, comme vous voyez, les chefs
de la faction qui rentraient dans l'Eglise. Le pape
S. Corneille ne manquait pas de fermeté et d'allache-
menl à la diseii)line de l'Eglise, non plus que le clergé
de Home qui (|uelque temps auparavant avait [sou-
tenu cette sainte discipline avec tant de force et de
linnière, comme on le voit par leurs lettres à S. Cv-
prien : cependant ils reçoivent ces cor)fcss(>urs sans
les mettre en pénitence, les laissant au jugement do
Dieu. C'est ce que dit le Pape dans celle lelire ; Omnia
sunt omma reservata.
S. Cyprien, bien loin de trouver mauvais ce qui
s'était passé à Komc , écrivit au pape S. Corneille,
lui marquant que c'était avec raison que le clergé et
le peuple s'étaient réjouis du retour des confesseurs à
l'unité de l'Eglise. Nous pouvons juger, lui dit-il,
quelle a été votre joie par celle que nous avons ressentie :
car à l'arrivée de vos lettres qui nous annonçaient cette
bonne nouvelle, tous nos frères se sont réjouis et l'ont reçue
avec les marques de ta plus grande satisfaction. Qn'a-ce
donc été dans l'endroit ou la chose même s'est passée?
Et n'est-ce pas à cause de la qualité de confesseurs
dont ces scliismatiques étaient honorés que l'Eglise a
usé avec eux de celle douceur, puisque S. Cyprien
dans sa lettre 52* témoigne qu'il a reçu de même un
hérétique fameux, nommé Tropbime, qui reconnais-
sait sa faute, et ramenait avec lui en relournaul à
l'Eglise le peuple qu'il en avait malheureusement sé-
paré? Il en avait délibéré avec plusieurs de ces collè-
gues qui furent d'avis de recevoir cet homme, pour
lequel le retour des frères qu'il avait séduits te-
nait lieu de satisfaction. Tractatu ergo illic cum col-
legis plurimis habito, suscrptus est Tropliimus, pro quo
satisjociebat fratrum reditus , et reslituln mullorum
salus.
Le motif qui engageait les anciens à passer par-
dessus les régies ordinaires dans celle occasion, était
celle maxime reçue dans tous les élals bien policés,
que la loi suprême de la république est le salut du
peuple. Salus populi suprema lex esto. On voulait par
là faciliter le retour des brebis égarées, à leur bercail :
et c'est pourquoi on se relâchait de la rigueur de la
discipline envers ces déserteurs, et à plus forte raison
à l'égard de ceux qui étaient nés et élevés dans le
schisme ou l'hérésie.
Saint Augustin développe parfaiiementcelle matière,
et rend raison de la conduitede l'Église dansées rencon-
tres, lorsqu'il dit (ep. 50) : Les diverses maladies font
trouver diljérenls remèdes pour les guérir. Quand dans
ces sortes d'affaires on craint que les dissensions dont on
est menacé ne causent la ruine, non de celui-ci ou de
celui-là seulement, mais des peuples entiers, il faut di-
minuer quelque chose de la sévérité ordinaire, afin qu'une
charité sincère subvienne à de plus grands maux^c\c. De
plus, on espère de guérir plus doucement leurs maladies
quand ils seront rentrés dans le sein de l'F.glis:', l'opi-
niâtreté ne leur ferni.mt plus les tjeux aux rayons de la
vérité. La crainte d'entretenir le schisme déjà formé,
ou le p<'Mil qu'il ne se formât, était donc la raison
fondamentale de cette conduite de l'Église. Dans l'em-
barras oii nous met cette question, dit le même Pèrei///'.
5 contra Epist. Parmcniaui, c. 2), je ne dirai rien de
nouveau ou d'extraordinaire, mais ce que l'Eglise observe
sainement, savoir que qua)id i'ixhrétten qui est dans l'u-
nité de t Eglise est convaincu d'un crime qui le mid
digne d'anathème, qu'on le prononce contre lui, s'il n'y
a point de péril de schisme. Après quoi il ajoute, à la
suite de quelques passages de rEcrilure qu'il a cités,
607
IlIV: îiUi: DKB SAUŒMEiNTS.
m
que lorsqu'il n'y a poiM à craindre de semblable péril, |t par des exercices laborieux. Ces cas éUiieiiL ciilie
1 mais qu'on est assuré que le froment ne sera point enlevé,
le crime étant notoire et 'détesté de tout le monde, en
sorte que personne n'en prend la défense et ne veut se
Séparer de l'Eglise pour en soutenir les auteurs, la dis-
(ijiUncUe l'EijHsene doit point s'endormir, parce qu'alors
il correction des méchants sera d'a\(tant plus efficace
(juc l'on prendra plus de mesures pour afj'ermir la charité.
C(! ([lie S. Augustin dil ici de la corrcclinn de ceux qui
élaient encore dans l'Eglise, doit s'enleiidre à plus lorle
raison de ceux qui en étaient déjà séparés, et dont on
avait lieu d'espérer le retour, en les prenant par les
voies de la douceur. ' ' '
Telles élaient les raisons pleines cïe prlidence qui
portaient ces grands hommes à user de condescen-
dance à l'égard des liéréli(pies , pour ne pas rendre
leurs maux incurables. Jean , abbé de Rayte , disciple
de S. Jean Climaque, nous en rend une autre qui me
paraît fort judicieuse et qui mérite d'èiro remarquée.
C'est dans le Commentaire qu'il a fait sur lesouviagcs
de ce saint. Il avait dit {Scalœgradu 15) qu'un homme
lui ayant demandé quel crime il estimait le plus atroce
après l'apostasie, il lui répondit que c'était Thérésie.
Sur quoi cet homme dit que cependant on punissait
pendant plusieurs années, et que l'on séparait des s&
cremenis ceux qui tond)aieiit dtns le crime de iorni-
cali.)n ; au lifu qu'on recevait les hérétiques aussitôt
(|iri!s renonçaient à leurs erreurs. Sur quoi Jean de
Hayte (I) fait cette réflexion : L'h-^résie, à la vérité, est
un mal qui agit dans l'àme; mais la fornicniion ven'int de
l'élection du libre arbitre de l'âme qui consent au mal ,
répand sa corruption jusque dans le corps. Cependant,
comme les inclinations naturelles ne s'opposent point à
celui qui revient de son erreur, il est purifié totalement
par sa conversion même; mais celui qui vent sortir de
l'impureté a besoin de temps, de larmes et de travail pour
autres, lors(|ue ceux qui avaient abandonné l'Église
pour se livrer aux hérétiques, s'étaient laissé bapti-
ser de nouveau. Le pape Innocent I (ep. 2, c. 8) veut
(jue ceux qui ont commis ce sacrilège ne soient reçus
qu'après nue longue satisfaction. /// si rcsipiscentes et
ruinam suam cogitantes, redire voluerint, sub longà pœnir
tcntiœ saiisfactione admitlendi sunl. Félix 111 (ep. 7,
c. 5) prescrit à peu près la même chose. Le concili*
de Valence en (iaule, c. 3, les traite comme ceux (pii
ont sacrifié aux idoles, et veut qu'ils fassent pénitr>nco
jus(|u'à la mort. Une autre circonstance qui faisait que
l'Eglise usait de toute la sévérité de ses lois, était
lorsque ceux qui demandaient à rep.trer dans sa coni-
mimion avaient séduit les auties, et leur avaient ap-
pris limpiété par leurs discours et par leur exemple.
Elle n'usait guère de miséricorde contre ces chefs de
parti, comme saint Alhanase l'enseigne. S'ils étaient
i en place, élevés en dignité, elle ne les recevait qu'à
I la connnnnion lai(pie, ot soumettait ceux qui n'(''taicnt
I point dans ce rang à une pénitence proportionnée à
I leur crime, snrt<!ul (piand ils ne revenaient à l'Église
s (|ue parce qu'ils se voyaient abandonnés de lems par-
I tisans. L'Histoire e.cJésiaslique est pleine de ces
exemples.
De plus on éprouvait beancoup les Manichéens
qui se convertissaient, surtout leurs élus qui étaient
initiés à letn-s mystères abominables. Les horreurs
qui se prati(piaient dans cette secte donnaient lieu à
ces [irécaulions. On craignait avec raison que la cor-
ruption à laquelle ils avaient pris part et dont ils
étaient infect«''S, ne se communiquât aux fidèles, si on
les recevait a\ant qu'on se fût bien assuré de leur
entière conversion. L'ancien ponlifical romain ra|)-
porte que le pape Syrice avait ordonné qu'ils (nssenl
relégués dans des monastères pour y faire pénitence
guérir la plaie de la concupiscence, et s'éloigner du plai- | ]mq[\'l\ la mort. Cependar.t le pape S. Léon en usa
sir auquel il est porté. Ce commentaire est digne d'ini
disciple de S. Jean Climaque , et fait voir que son au-
teur connaissait à fond les raisons (pii engageaient
l'Eglise à éprouver si longtemps les pécheurs, et à les
purifier par les exercices de la pénitence avant de les
réconcilier. Les péchés de l'esprit ne sont pas moins
grands devant Dieu, que ceux auxquels le corps i)rend
part; mais ceux-ci ont des suites plus dangereuses,
ils laissent après eux des impressions fâcheuses et
capables de troubler l'âme et de la faire retomber dans
ses désordres. Et c'est pourquoi ils demandent plus
di! temps pour être amenés à une parfaite guérison.
La conduite que l'Église gardait dans ces occasions
n'était pas si uniforme qu'elle n'eût ses exceptions ;
et il y avait des cas dans lesquels elle usait de rigueur
conirc ceux qui revenaient à l'unité, les mettant long-
temps en pénitence, et leur faisant expier leurs crimes
(î) Ou bien le célèbre Élie, archevièque de Crète,
puisque l'on trouve sous son nom le Commentaire di^
ï'IùhcUe spirituelle de S. Jean Climaipiedans la bililio-
Clii'ipie du chancelier Séguier ; quoique le père .Mu.'in
le cite sous le nom de Jean, abbé do Raytc.
plus doucement à l'égard de quelques-uns qui se con-
vertirent de son teaips, comme il parait dans sa se-
conde épître aux évèques d'Italie. Il les mil en péni-
tence, maispdur un temps seulement, excepté les chefs
que l'on exila, comme l'ordonnaienl les lois des em-
P"reiu'S. F.tita de voragine impitiatis suœ confessas pw-
tiih'itliam conccdendo, levavimus.
On avait soin aussi de s'informer si ceux qui deman-
daient à rentrer dans l'Église n'étaient point coupables
(le CI imes qui méritassent pénitence, et en ce cas ou
la leur faisait subir; car on était bien éloigné de
cliargrr rÉ!,'lise de mauvais sujets, et on n'a jamais
préU'iuIu autrefois que les déserteurs de la foi de-
meurassent impunis à la faveur d'une abjuration,
lorsqu'ils avaient ajouté des crimes à leur défec-
tion, (^est ce (jue nous apprenons du second concile
de Milève, c. 25, dont les Pères parlent en ces termes :
y uns avons statué que si quelqu'un venant de l'hérésie a
dil avoir reçu pénitence des hérétiques, les évêques ccllhà-
litiurs recherchent dans quel endroit et pourquoi il a été
soumis à la pénitence; afin que lorsqu'ils en auront été
dûment informés ils lui prescrivent te temps conv.iulbic
6()9 PÉNITENCE. — SECT. IV. CHAI'. Ml
pour faire péuitcncc, suivant ta qualité du péché, ou le :
if.concilicnt s'il s'est acquitté de la pénitence qui lui avait
été imposée. Ces paroles font voir que si l'on pardon-
nait aisénuMU l'iiérésie, on n'usait pas de la nionic
indu'gcnce pour les aulres crimes.
Enfin qiianil une sccle était tombée dans le mépris,
qnand elle n'avait plus l'appât île la nonveanlé, quand
sa contagion no se réiiandail plus (car Dien arrête li'S
progrès de l'iiérésie, lui qni a mis des bornes à la
mer; ) alors si quclqn'nn dos fidèles cndjrassait celte
secte, il était rigonrcnsemcTit puni quand, poussé par
les remords de sa conscience, il voulait rentrer dans
le sein de l'Église; d'autant plus qu'alors les raisons
d'écnuDinie dont nous avons parlé cessaient entière-
ment; et c'est peut-être en ce sens qu'il faut entendre
le Oô' canon du concile d'Agde que les Pèi-es d'un
concile de Tolède renouvelèrent, c. 13. Il porte,
Cn^NDEM REDF.VNDI niITICt LT VTEM S.VrXISSE ANTIQIOS
PvTRES. C'est de là aussi que l'on trouve dans les diffé-
rentes parties de l'Eglise tant de variété d:ins la ma-
nière dci-ecevoir les hérétiques; car il arrivait quel-
quefois que cens qni revenaient de la même hérésii;
étaient reçus sans pénitence dans un pays, tandis que
dans d'antres ou les y soumettait, parce qu'il n'était
pas extraordinaire de voir la même secte décriée et
méprisée dans certains endroits, lorsqu'elle était en
crédit dans d'autres et soutenue par la puissance sé-
culière. C'est ce qui s'est vu, par exemple, à rég;ird
de l'Ariaiiisme qni était soutenu en Espagne, en Afri-
que cl ailleurs par les Yisigoibs, les Vandales, les
Bourguignons et aulres barbares, pendant qu'il était
délesté et réduit à peu de chose dans les pays soumis
aux empereurs romains.
En voilà assez sur la conduite <jue l'Eglise a généra-
lement gardée à l'égard des hérétiques qui abjuraient
leurs erreurs. 11 nous resie à décrire la manière dont
on les recevait à la communion ecclésiastique. Par
cette manière j'entends les rits et les cérémonies que
l'on observait dans celte réception. S. Grégoire-le-
Grand nous rend compte de ce qui se pratiquait dans
l'église à cet égard dans sa lettre à Quirin, qui lui avail
fait des questions sur ce sujet Voici les paroles du
S;iiiit qui reviennent à notre sujet [lib. Regisl.^, ep.
Ul): Nous avons appris de ^ancienne institution des
Pères, (lue ceux qui ont été baptisés dans r hérésie au nom
de lu Trinité, doivent, lorsqu'ils reviennent à r Eglise q
être réunia, ou par Conction du chrême, ou par rimposi-
lion des mains, ou par la seule profession de la joi
{autsolà professione fidei). Cest pourquoi l'Occident re-
çoit les Ariens par rimposition de la main, l'Orient par
l'onction du chrême, et on reçoit les ^lonoplnj sites et les
autres par la seule confession de la vraie foi, parce que le
saint Baptême qu'ils ont reçu chez les hérétiques commence
à avoir la vertu de purifier let âmes, qnand ceux là ont
reçu le Saint-Esprit par l'imposition des mains, et que
ceux ci, par la profession de la véritable foi, sont rentrés
dans le sein de l'Eglise. C'est ainsi que saint Gn'goire
nous explique les difféicnles manières de vendre |:i
Kl C0.NCIL1AT<0N DES HÉRÉTIQUES. 6*^
communion à ceux ^ui élaienl st'^réâ de l'JBgiiâe
par rin-résie.
I II semble, en s'arr^nt à la IcUrc de ce que le p^v^c
Syrice écrivit à llimérius do Tarragone, qu'il soil oppo-
sé à S. Grégoire fcur oc qa'il rapporte sur la manière
(ioiil k'S Orientaux adniotlaienl dans I Église Ceux qni
abandonnaient leurs erreurs, puisque Syrice assure
qu'en Orient, comme en Occidcnl, on recevail les
Novatiens et les autres hérétiques par l'imposition des
mains avec l'invocation du Saint-Esprit, et qu'il l'a-
vertit de ne point abandonner cette pratiipie, s'il ne veut
èlrc séi aréde sa communion. Mais si on prend bien le
sens du pape Syrice, on reconnaîtra qu'il n'est point
opposé à celui de S. Grégoire, llimérius l'avait
eonsullé pour apprendre de lui s'il fallait rebaptiser
les Ariens qui conféraient certainement le Baptême
au nom de la sainte TrinUé. La question était im-
portante. C'est à cela que Syr'ice s'auaclia dans su
réponse; il lui enseigne qu'il ne fallait pas donner
nu second Baptême à ceux qui revenaient de cette hé-
ré-Je, et qu'en cela l'Orient et l'Occident étaient d'ac-
cord. Pour ce qui est de la manière de réconcilier les
Ariens à l'Église, ce n'est pas sur (pioi il insiste, et il
regardait comme une chose indifférente que cela se
IV. par la chrismation , comme cela se pratiquait dès
lors en Orient, ou par l'imposition des mains, comme
il était ordinaire en Occident. Et ainsi l'accord qu'il
dit éire ealrc l'OcciJent et l'Orient consiste unique-
ment, selon ce pape, en ce que dans fune et l'antre,
église on ne rebaptisait point les Ariens,
Effectivement, il est constaté par tant do preuves
que la réconciliation des hérétiques se faisait en Orient
par runction du saint chrême devant et après le pape
Syrice, qu'on ne peut avoir là dessus aucun doute
raisonnable. C'est de quoi on peut s'assurer en lisant le
premier canon de la lettre de S. Basile à Ampliiloque,
dans lequel , après avoir partagé en trois classes ceux
qui sont séparés de l'Église cathiilique, dont il dit que
les uns ont rompu toute communion , les autres ont fait
schisme pour des causes et des questions qui [leuvcnt
s'éelaiicir, et qui sont susceplihles île guéi isons ou de
rmièdes, et les iroisièmes sont ceux qni se sont attachés
à quelque prêtre rebelle qni refuse de se souu'.eltre
aux canons et s'atlribne mal à propos le minisière ; il
décide touchant ceux de la seconde classe, dans la-
(luelle il fait entrer les Cathares ou Novaliens, les En-
(i-aliles, les Ilydroparasiales , etc. , tous hérétiques
bien déclarés , qu'i/ faut absolument que ceux qui ont
reçu le Baptême parmi eux soient oints par les mlmstres
fidèles , et qu'ils approchent ainsi des mystères. \\
rend raison de sa décision en disant ipiils n'ont plus
la grâce du Saint-Esprit, qui a été éteinte chez eux par
leur séparation el l'interruption de la succession de celle
grâce. Le second concile de Constanliuople ordonne,
c;m. 7, que l'<in recevra de même les Ariens, les M i-
cédoniens, les Novatiens , les Apnlliiiari-tes. S. Gré-
goire avait donc raison de dire ipie l'on recevail lis
hérétiques en Orient par la chrismation, comme on.K«.
r.ee-ait en Orcident par l'iniposilio!! th's mains dmil
fi7i HISTOIRE DKS
il en faut poinld'auircs prouves que lui-mémo cl lo pape
Syrice, qui rondeiit témoignage, en ce poinl, de ce
qu'ils pratiquaient eux-mêmes, et de ce qu'ils voyaient
pratiquer tous les jours sous leurs yeux, et dont nous
poumons rapporter une infinité do preuves qui sont
Inutiles dans une affaire si claire et si certaine.
Mais il y a une remarque à faire t(»ucliaut cette im-
position des mains : c'est que quelquefois elle est
appelée imposition des mains pour la Pénitence, et !
quelquefois imposition des mains pour recevoir le
Saint-Esprit. In Pœmtentiam. In Spiritum sanctum.
S. Augustin rend raison de celte double expression,
et Ole tous les scrupules de ceux qui sont leulés don-
tendre par celte imposition des mains, ?« Spirimm \
snnciuni, le sacrement de Cnnlirmalion. C'osi dans le |
cinquième livre du Baptême {contra Donat., cap.lô, \
11. 7)3) : S» on n'imposait point la main, dil-il, à celui [
qui revient de tlicrcste, on serait porté à jucjer qu'il est
exempt de tonte faute. On impose donc la main aux héré-
tiques pour les unir AUX membres de l'Église par la cha-
rité, qui est le plus grand des dons du Suint Esprit, \
sans lequel tout ce qui peut être de saint dans Chonime \
ne peut lui servir pour le salut. Ces paroles font voir j
(pie l'on imposait les mains aux héiéliqnes qui se réu-
nissaient à l'Église, poiu" deux tins auxquelles répon-
dait celle double expression : la première, afin (ju'ils
ne parussent j)as innocents, quoiqu'on nsâl de tant de
ménagemen!sàlenrégard;maisquMsfussenten(pielqiie
manière soumis à la pénitence, ou, pour parler connue
le pa|)e Innocent I, dans son Épîire à Alexandre (la
2i° de l'édition du Père Coulant), que leur réconci-
liation portât au nmins l'image de la pénitence, eo-
rum laicos sub inuKjine pa'nitentia'... suscipimus. La se-
conde, afin que la grâce du Saint-Esprit, qui seul j)eut
unir les mend)res de l'Église entre eux et avec leur
chef, leur fût communiquée : ce que le même pape
ajoute tout de suite après ces paroles que nous ve-
nons de ciler : Eorum laicos sub imagine pœnitenliœ,
ac sancti Spiritùs sanctificalione per manûs impositionem
suscipimus.
11 ne faut pas s'imaginer que la clirismation ou
l'imposition des mains qui se faisaient dans ces occa-
sions fussent des cérémonies mnetles; elles étaient
accompagnées de paroles , de prières ou d'invoca- ;
lions. Le second concile général prescrit les paroles
qni se doivent [irononcer en faisant l'onction du
chrême, elle P. Marlène {deantiq. lùrles. Hit., tom. \,
p. 251, et paq. 240 et seqq.), aussi bien que le P. Mo-
rin (rfe Pœnit., l. 0. c. 9 et 10), nous représentent
plusieurs fornndes dépré'caloires qui accompagnaient
l'imposition des mains on la chrismation qni se fai-
saient sur ceux qni renonçaient à l'hérésie , cl ces
fornniles sont assez sendjlablos à celles que l'on em-
Dloyait en conférant le sacrement de Confirmation,
comme l'avoue le P. Coulant dans une dissertation
qu'il a faite pour connaître (lucl était le vrai senti-
ment du pape S. Etienne tonclianl la réception des
hérétiques. Elle se trouve dans l'édition qu'il a don-
née des décrélalesdes papes (/>. 2?>0 et seq.).
SACIlEMEiVrS. 672
I,a troisième manière d'admettre dans l'Église les
hérétiques qui revenaient dans son sein, était la sim-
ple ai>jnralion des erreurs dans lesquelles ils avaient
été engagés, et la pr<)fessi(Ui de la vraie foi; celle-ci
était fort ordinaire. C'e^t ainsi que l'on reçnt an con-
cile de Calcédoine les évèqnes qni avaient autorisé les
erreurs d'Eutiche dans le brigainbige d'Éphèse; c'est
ainsi que les évèqnes d'Afri(iuc offiaient de recevoir
les Doiiatistesen leur abandomiant même leurs sièges,
s'ils voulaient se réunir à l'Église, quoique ailleurs
on les déposât du sacerdoce : enfin c'est ainsi que
l'on recevait les Nestoriens, les Iconoclastes et les au-
tres qui rentraient en eux-mêmes après leurs égare-
menis.
Ce que S. Grégoire répondit à Quirin touchant les
trois manières de recevoir les hérétiques, cl que nous
avons rapiiorté ci-dessus, est donc exaclenieni vrai.
Mais il faut remarquer que quand ce saini pape dit
qne l'Occident recevait les Arions par l'impositiou des
mains, par opposition à la coulumedes Orientaux de
les réconcilier par la chrismation, cela ne doit pas
s'cnlendre de tontes les parties de l'Occidenl sans ex-
ception, puisqu'il est constant (pie de son temps, et
même avant lui, on recevait en France et en Espagne
ces liéréliqucs p:ir r()ncti(m dn chrême. C'est ce (jue
prescrit le second concile d'Arles tenu en -452, c. 16
et 17, touchant les Bonosiens qu'il vent que l'on ré-
concilie par l'onclion dn chrême et l'inqjosition des
mains : Cum chrismate it manûs impositiojie in eccle-
siani recipi sufficit. Le premier concile d'Orange, qui
fut célébié avant celui d'Arles, c'e>t- à-dire, en 441,
veut que si les héréli(ines se tronv.inl à la mort sou-
liaitcnt de devenir catholiques, un prêtre, en l'ab-
sence de l'évêqne, leur imprime le sceau de la foi par
le chrême et la bénédiction : A prcsbijteris cum chri-
smate et benediclione consiqnari placuil. Grégoire de
Tours, dans sou Histoire, nous fournit des exemples
illustres qui prouvent que celte pratique était ordi-
naire. 11 rapporte entre autres qne quand le roi Clovis
endjrassa la religion chrétienne, sa sœur Lantilde qui
était arienne ayant confessé l'égalité des trois per-
sonnes de la sainte Trinité, recMit le saint chrême,
chrismata est. Le même auteur parlant de Gondebaud,
roi des Bourguignons, dit que ce prince ayant re-
connu l'erreur des Ariens par les discours de S. A vit,
il pria en secret ce saint évêque de lui fiiire l'onction
du chrême : Clam ut chrismaretur expeliit.
Dans le livre cinquiènn^ c. 58, parlant d'Ingunde,
tille de Sigebert, qui fut mariée à Lewigilde, fils du
roi d'Espagne, il dit qu'elle pressa , par ses exhorta-
tions, son mari d'abandonner l'hérésie (Arienne) pour
embrasser la foi catlioliiiue : ce qu'il refusa de faire
longtemps , jnsqu'à ce que, touché enfin par ses dis-
cours, il professa la religion calholique et fut appelé
Jean, dans la cérémonie de l'onction que l'on lui fit.
Ac diim chrismaretur Joannes vocitatùs.
Ces exemples , auxquels j'en pourrais joindre plu-
sieurs autres, font bien voir que la chrismation était
la man'u're ordinaire de réconcilier les hérétiques à
673
PÉNITENCK. — SL:CT. IV. CllAP. MI.
rivzliso, iiièinc tlaiis une ii:irlic c(»iisi(lc'r;il)lc de TOfci- '|'
clei;l, (ju(ii(iuc riiniiusilioii dos mains lut ailleurs em-
ployée pour le niènie ellel. Ces églises élaienl en cela
conformes à celles irOricnl , comme nous l'avons vu.
Mais il y a bien de rapparcncc que dans les premiers
siècles, el en Orient cl en Occident, rimjjosilion dos
mains était la seule cérémonie avec huinelle l'ahscilu-
Jion était donnée aux héréliiiues , et (joe c'était ainsi
\|u'on les rétablissait dans la conunnnion calbolitiue.
Ce qui me le persuade, est que Firmilien , évcnuc de
Césaréc en Cappadoce , écrivani à S. Cvpriou, parle
souvent de l'imposition des mains in Spiritum sanclum,
quand il fait mention du retour des liéréticjues à l'E-
glise, el dit qu'il la leur faut l'aire après leur avoir
conféré le Baptême. On ne voit pas même qu'il fasse
mention de l'onction du cbrème dans cette occasion :
non plus (pie S. Denis d'Alexandrie, qui dans l'iiisloire
d'Eusèbe, 1. 7, c. :2, rapportant le différend survenu
cnlre S. Cyi)rien et S. Etienne , ne parle que du
Uaptênie et de l'imposition des mains. Eusèbe lui-
même, dans le même endroit, parlant en son nom,
dit : La coutume était autorisée de nemploijer que l'iin-
position des mains avec la prière pour ces sortes de gens-
là (qui renonçaient à l'hérésie). II faut excepter de la
règle dont on vient de parler, les béréliques ordonnés
dans les soclos (ju'iis abandonnaient pour se réunir à
l'Église callioliq.ie, quand on jugeait à propos de les y
rerevoir avec leurs ordres ou dans quel(|ues rangs in-
férieuis à celui (pi'ils occupaient parmi cciii de leur
secie. C-ar à l'égard de ceux ci , on se conlenlait tou-
jours de la seule profession de foi, et on ne les sou-
nieltait point à l'imposition des mains qui était au
moins une image de la Pénitence.
S. Augusli;i (op. 50) n'est pas contraire à ce que
nous disons, lorsqu'il écrit que par l'anioin- de l'unilé,
on reçoit les évéques ou les clercs scliismaliques dans
leiu' ordre, même après la pénitence; car il n'entend
point parler de la pénitence canonique , mais de la
pénitence évangélique que t;hacun doit faire pour ses
péchés s'il veut être sauvé. Les Donatistes voulaient
prouver à S. Augustin qu'ils n'étaient point si crimi-
nels qu'on le disait; car si nous sonnncs tels, di-
saienl-ils, pourquoi nous recherchez-vous ? pourquoi
ne nous faites-vous pas passer par la pénitence'/ Quarc
apud te vel pœnitcntiam non ayo'.' A quoi réplique
S. Augustin -.Certes, si vous ne faites pémtence ,
vous ne serez point sauvé; car comment pourriez-vous
sentit- de lu joie de voîis voir converti , si vous n'avez de
la dout ur d'avoir été perverti? Par où il est clair que
le saint docteur ne i>arle (pic de la douleur du cœiu-
cl de la pénitence donl Notrc-Seigncur a dit : Msi
pmntentiam egeritis, onmes simul peribitis.
On regardait donc comme clercs ceux que l'on re-
cevait dans le clergé avec leurs ordres, el comme dans
ces lemps-là on n'imposait jamais les mains pour la
pénitence aux clercs qui avaient péché, on ne les leur
imposait point non plus quand , en quittani l'hérésie,
ou les recevait dans le clergé. C'est pouiquoi S. Au-
gustin dit, en ferlant de ceux (jui reveiuiic!:! -Iw
KÉCONCILIATION DES IIÈURTIQIES. 674
schisme ( lib. de Ihipt. vont. Dunatistas , c. l) : On ne
les ordonne point de nouveau (non utiquc rursiis ordi-
nnntur),mais ou ils demeurent dans le ministère qu'ils
avaient déjà, si l'utilité de l'Kylisc le demande, ou s'ils n'y
demeurent point, ils conservent cependant le sacrement
de leur ordination ; et c'est pourquoi on ne leur impose
point lu main parmi les laïques, i et ide'o mauus inter
i laïcos non imponitur. » On ne faisait donc aux clercs
convertis aucime imposition des mains quand on les
admettait dans le clergé , parce que celle imposition,
dans une telle circonstance, était une manpie de pé-
ché, et (pie l'Eglise voulait dissimuler el paraître igno-
rer le |)éché des clercs hérétiques ou scliismaliques
qu'elle recevait dans leurs ordres.
Il faut donc bien distinguer ce que ni M. de Marca,
dans ses notes sur le concile de Clermont , ni le père
Morin, ni les autres n'ont pas distingué, quand ils ont
examiné les canons ou les endroits des Pères qui par-
lent de la réception des Novatiens par l'imposilion des
mains ou la chrismation : car dans ces autorités il
n'est question que des laïques, au lieu que le canon
de iMcée, dont nous aurons occasion de traiter dans
l'histoire des ordinations, ne parle que des clercs.
Par celle distinction, on concilie ce concile avec les
autres antorilés des Pères, avec la pratique de l'É-
glise, qui al irs ne soumellait point les clercs à la pé-
nitence, ni à l'ombre même de la pénitence, el on
réjiond aiséineni aux objections que l'on pourrait for-
mer sur cotte matière.
Le lecteur doit faire aKeiition a la dislinclion que
n >us avons faite des clercs liéiéliqucs qui rentraient
dans le sein de l'Église, en remarquant que nous n'en-
tendions parler que de ceux à qui l'Eglise conservait
un rang dans le clergé : car s'ils abandonnaient une
secie dont le Baptême, par exemjile , fut nul, et par
conséquent l'ordination ; ou bien, si l'Église ne jugeait
pas à propos de leur conserver leurs ordres, alors on
pouvait l(ïs recevoir comme les laïques par l'impositioii
des mains, in pœnilentiam. Comme aussi, si ces clercs
liéié iques se (ioun aient convaincus d'avoir commis
des crimes, qui d'ailleurs les rendissent irrégiiliers :
car alors on ne les recevait point dans le clergé, mais
à la connnunion laïque. Nous en avons des exemples
dans S. Cyprien et ailleurs.
Ces lemarques nous conduisent naturellement à
rintolligence du huitième canon du premier concile
de Nicée, qui prescrit la manière de recevoir les Ca-
thares ou Novatiens dans l'Eglise catholique... iûîfs...
o>T:cyei:.o es tîtoJuîvsjj aircJj '/.ivit-; ij rw /.'/r,:(^. Car CCS
paroles nesignifienl pas que les clercs Novatiens, après
avoir reçu rimposili(ui des mains, resteront dans le
clergé, comme l'insinue la version de ce canon qui est
imprimée à côté dans le troisième tome des Conciles
du père Labbé : Visum est ut iniposilis cis manibus, sic
in clero maneant. Mais elles signifionl seulement que
les clors Novatiens ayant été ordonnés par l'iujposi-
tion des mains (qu'ils ont reçue dans leur secte), res-
teront dans le clergé.
De tout ce (jne nous a\oiib dit dans ce chapitre, il
B78 lllSiUUiL: IJE;
résulte qu'en cette matière de la léconcilialion des
liéréliqucs , il s'est trouvé bien de la variélé. Nous
avons tâché de représenter ce qui était de pratique
ordinaire, mais il ne faut pas douter que sovivcnt on
eu usât diflércmment, d'autant plus qu'en ces sortes
de clioses, l'Église a coutume d'user de beaucoup de
prudence el d'économie, ne cliercliant en tout qu'à
sauver les âmes el à conserver la sainte rigueur de la
discipline autant que le malheur des temps le permet.
CHAPITRE VllI.
De rabsolulioii donnée aux pénîtcnls malades. Diverses
particutarilci touchant la pénitence qui leur était im-
posée. Que du temps de S. Cyprieii r absolution qu'ils
recevaient mettait fin à leur pénitence. Qu'ensuite on
les relégua dans la classe des Consistants. QiCenfin on
tes obligea à rentrer dans la station de la pénitence oii
la maladie les avait surpris.
Quoique nous ayons quel;iue:')is [larlé, dans cette
histoire, de la pénitence des mourants et de l'absolu-
tion qu'on leur donnait ou qu'on leur relusait, suiviuit
les diverses circonstances oîi ils se trouvaient (voyez
entre autres le chapitre 8 de la première pr.rtie de la
troisième section), nous n'avons pu néanmoins entrer
dans tous les détails qui regardaient ces sortes de
pénitents, et nous avons été obligés d'ouiettre plu-
sieurs particularités qui les concernent, de peur dln-
lerrompre trop souvent le fil de notre Lisloire en en-
trant trop avant dans un sujet particuher qui avalises
règles à part. Nous y suppléerons ici, cl nous expli-
querons, au sujet de rabsolution que l'on donnait auv
mourants, divers points de discipline qui ont rapport
à Taclion de la pénitence que l'on exigeait d'eux lors-
qu'ils revenaient en santé.
Ceux dont il est fait mention dans le litre de ce
chapitre sont assez importants et méritent d'être dis-
culés. Nous y disons que du lenqis de S. Cyprien
la réconciliation que l'on accordait à un pénitent en
maladie, le rétablissait pleinement dans la commu-
nion des fidèles, el le dispensait des travaux ordinai-
res de la pénitence. S. Cypiien semble le supposer
comme une chose notoire dans sa lettre à Anloiiien ,
oîi répondant aux plaintes de ceux qui disaient que ce
qui avait été réglé louchant l'absolution qu'on devait
donner aux lombes, quand le péril de mort menaçiiit,
exposait les fidèles à communiquer avec des gens qui
n'ëlaienl point encore purifiés de là souillure de l'i-
dolâtrie, il se contente de dire : Si quelqu'un est atta-
qué de maladie, on vient à son secours {illis subvc'nitur),
comme il a été réglé. Cependant quand la pnix leur a été
accordée, nous ne pouvons pas les su/foquer ni leur (aire
vioteiice pour les faire mourir; comme sll était néces-
saire qu'ayant reçu la paix, ils mourussent. Au conti-aire,
c'est une marque de la bonté l'I de la douceur pattrnelle
de Dieu a leur égard, qu'ils survivent au gage de la paix
qu'ils ont reçu. Si c'eût été alors la coutume d'obliger
ces personnes à rentrer dans les travaux de la péni-
tence , S. Cyprien avait une réponse péremptoire à
faire â ceux qui trouvaient ifes inoonvéïiiptits dans !r
SACUt.MKNTS. HTG
règlement qui avait été fait. Cependant il ne dit i ieii
qui ait rapporta cela. 11 témoigne sinqilemcnl par sa
réponse que ce qui a été f:dt ne peut se rétracter, et
laisse à Dieu le jugement de tout. C'est ce qu'il expri-
me en ces termes dans la même lettre 52' : Si quel-
qu'un nous a trompés par sa dissimulation , que Dieu ,
dont on ne peut se moquer, et qui voit le cœur de l'hom-
me , juge de ce qui est échappé à nos lumières, et qu'il
rectifie lui-même la sentence de ses serviteurs.
Le concile de Nicéc apporta quelque tempérament
à celle facilité en restreignant l'indidgence qui était
la suite de celle absolution accordée en péril de mort.
Il ne veut pas qu'ils jouissent, étant revenus en santé,
de tons les avantages de la réconciliation ordinaire,
ni qu'ils soient encore soumis aux travaux de la péni-
tence, en considération de celle absolution que la né-
cessité a, pour ainsi dire, extorquée à l'Église : mais
il les met dans une espèce de milieu entre ces deux
étals, en les reléguant parmi les consistants, qui «l'é-
taient point, comme nous avons vu , en pleine jouis-
sance de la communion parfaite , ne participant point
aux saints mystères dont ils avaient seulement la vue,
sans y pouvoir prendre pari. Si aniem deploratùs, et
communionem assecutus , rursiis convatuei'il , sit cuvi iis
qui oratiunum sunt tantiim communionis participes. C'est
ce qui esl réglé par le canon treizième, cl (pie le pape
Félix III a suivi dans sa seplièmc lettff;, envers ceux
qui se sont laissé rebaptiser. Que si, dit-il en par-
lant de ceux qui sont coupables de ce crime , quelqu'un
avant d'avoir accompli le temps de sa pénitence , étant
désespéré des médecins , et étant prêt à mourir, reçoit la
grâce de l'a communion, et revient ensuite en saiilé , nous
observerons ce que les canons de Nicée ont réglé sur ce
sujet ; c'est- à- dire, qu'il sera reçu au rang de ceux qui
communiquent seulement par la prière ; jusqu'à ce que
le temps marqué pour sa pénitence soit accompli. . Ser-
« venins in co , quod Nicœni canones ordinavei-unt, ut
« habeatur inter èos qui oratwne solâ communicant ,
s donec impleatur spatiitm temporis eidem prœslitutum. t
On les dispensait donc pour le respect de la comnni •
nion et de l'absolution, des travaux pénibles cl humi-
liants attaches au prosierncmeill et aiix aiilres sta-
tions de la pénileiicc caiionique ; niais 6ï\ môtné temps
pour leur faire voii' qu'ils ne méritaient pas la grâce
qui leur avait été accordée à cause du péril de mort,
on les retenait dans un état qui ne leur pcnneilait pas
d'approcher dèS saints Hiyslèfès cAinme les autres fi-
dèles qui n'avaient rien fiûl qui lés en rendît indignes.
Martin de' lîraguc a inséré ce canon de JNicée quant
au sens dans sa collection, c. 82 , soil que cet usage
fût encore en vigueur de son temps en Espagne , soit
qu'il ail vôiilu seulement faire connaître par-là quelle
était la pratique de l'Église sur ce sujet, dans les
temps nntéii<urs. Ce qui est vrai, c'est que ce milieu
dont nous avons parlé ne se soutint pas long-temps.
Les inconvénients se firent sentir de toutes parts, el
obligèrent les évoques à prendi'e sur ce siijetnne con-
duite moins indulgente. C'est ainsi qu'il arrive soii-
\o\i\ qiio les désordres et l'abus des lois en ciifantenl
677 PÉNITENCE. — SECT. IN. CIlAl'
de nouvelles pour r('piimci" les transgressions aux-
quelles on ne saltentlail pas.
♦H arriva donc que pUreionrs de ceux qui ('taieiil en
|x*iiilonce iMil»li(|»Hî feignaioiil des maladies ou exalte-
raient beaucoup eellrs qui!s avaient cfTeeliveinciil,
alin d'engager les ministres de rKglisc de les absou-
dre, et parce moyen de s'affranehir de ces longs et
rudos travaux auxquels ils étaient condamnés snivaiU
les eajM)ns : ce qui obligea IKglise à clianger sa con-
duile snr va point, et à ordonner que les pénitenls (pii
menacée de mort auraient royu l'absolntion , relonnic
raient, étant revenus en santé, dans le même degré de
pénitence où la maladie les aurait surpris. Celle disci-
pline iiièmc était déjà élablic dans plusieurs endroits
avant le pape lù'lix et Martin de Brague, puisqu'on l;i
trouve prescrite dans la lettrecanoniipiedeS. Grégoire
de Nvsse : car sur la fm il dit généralement : Si qud-
qiCun meurt avant quele temps de sa pénitence soit expiré,
la clémence des Pères ordonne qu'il soit rendu partici-
panl de refj'et des sacrements, et qu'il ncnfreprcnne pas
ce dernier et long voyage sans viatique. Que si après
avoir reçu les sacrements il recouvre la santé , qu'il attende
la fm de sa pénitence, se remettant dans le degré oii il
était avant la communion. Sinésius, en i)areil cas, dit
{ep. Ii7) : Quil soit soumis au.v mêmes peines étant revenu
en santé. Il parle dans cet endroit d'un certain Lanipo-
nieu qu'il avait mis en pénitence, et à qui , étant
pressé par la ma'adie, il accordait la communion.
La même discipline se trouve établie en Occident
dans le quatriènte siècle , puisque dans le quatrième
concile de Carlbage qui fut tenu en 598, et ampiel se
trouvèrent 21 i évêquusde cette florissante Église, il est
dit, c. 7C : Quesile pénitent survit à la réconciliation qu'il
n reçue en maladie, les témoins l'avertissent de satisfaire
à su demande, et qu'il suit soumis aux lois de la pé-
mtenre autant de temps que le prêtre qui la lui a donnée
k jugera à propos. Dans le canon suivant, il est dit que
les pénitents qui en maladie ont reçu le viatique de VEu-
churislio, ne doivent point se croire absous, s ils survi-
vent, à moins qu'ils n'aient reçu l'imposition des mains.
Ln joignant ensemble ces deux canons, on voit claire-
ment que les Pères de ce concile entendent que les
pénitents retourneront à la station du proslernement ,
qui était celle de la pénitence proprement dite, et en
tout sens, connue nous l'avons montré ailleurs (c. A,
sect. 3, part, 'i ).
Les églises des Gaules et d'Espagne étaient dans
le même usage. Cela parait par le canon troisième du
premier concile d'Orange, par le 30* de celui d'É-
paune, et le S' de celui de IJarcelonne. Jo me conten-
terai de rapporter le premier et le dernier de ces trois
canons , parce qu'ils contiennent des dispositions sin-
gidières. Nous avons twuvébon, dit le concile d'Oran-
ge, que l'on communiquât avec ceux qui sortent de cette
vie, ayant reçu la pénitence, mais sans leur faire l'impo-
sition des mains réconc'iluitoire. Cela suffit pour la ré-
conciliation des mourants , suii^nt tes ordonnances des
Pères , qui ont donné aitc raison le nom de Viatique à
celle connnunion. Que, s'ils stimvettt. ih r.e l^vrwrnt .
. Mil. PÉNITENTS MALADES. C78
au rang des pénitents , afin qu'ayant fait voir les fruits
nécessaires de pénitence , ils reçoivent une communion
légitime avec l'iinposilion des mains réconciliutoire. !
« Qu'od si supervixerint,slenl in ord'we pœnitenlium, ut
( ostensis necessariis panilcntiœ fruclibus, legitimam
s communionem cum reconciliatorià manùs imposiiione
« accipiant. » Le concile de Barcelonne vent que tf«.i-
qui demandent et reçoivent la pénitence en maladie, mè-
nent la vie de pénitents s'ils recouvrent la santé, excepté
l'imposition des mains. Qu'ils soient séparés de la com-
munion jusqu'à ce que le prêtre ait approuvé leur con-
dnife. Les Pères de ce concile, comme vous voyez,
tiennent une espèce de milieu entre ce qui avait été
slalué dans le concile de Nicée et ce que d'autres
avaient ordonné depuis; ils ne renvoient pas le jieni-
tent, ou ils n'obligent pas cet honm^.equi reçoit lacom-
nuiîiion à se mettre au rang des pénitents ordinaires,
mais à cela prèsilslui prescrivent les menus exercices.
Nous avons traité celte matière sai;s entrer dans la
question (pie l'on forme louchant ce viatique que les
conciles et celui de Nicée en particulier ( can. 13 )
veulent que Ton donne aux pécheurs qui se trouvent
à l'exlrémilé sans avoir jusqu'alors obtenu la pénitence
ni le pardon de leurs fautes.
Le P. Morin , le P. Lupus , M. de lAubcpine, évo-
que d'Orléans, et quelques autres croient, que ce via-
ti(pie dernier et nécessaire , élaii une absolution des
péchés qui se donnait, et non point l'Eiicharislie, mais
il parait indubitable qu'on ne peut l'entendre (p:e de
l'Eucbarislie : tant parce que l.i notion comnnmc du
mot de viatique a un rapport nécessaire à la lioùrri-
lure et à ce qui tient lieu de subsistance , que parce
que ce terme est toujours ou pi esiiue toujours pris ea
ce sens dans les Pères cl les auteurs cccrésiasii(jnes.
J'en pourrais citer une iiifinilé d'exemides : ni-.is'jo
me bornerai h ce que dit Paulin en parlait lie la iiioiï
de S. Ambroise : Corpus Domini ubi glutiiTt, èinislt'spi-
ritum, bonum viaticum secum ferens.
H est certain d'ailleurs qu'au cinquième siècle on a
eut ndu le canon de Nicée ( 15'), iia ut ii quis è^rcr
ditur ex corpore , ullimo et necessarîo viUtiço non privçt-
tur, delà communion eucharistique : cela est consiant
par l'explication qu'y donne Denis-Ie-Pelit , oblatiouis
particeps factus , et celle signilicalion était fondée sur
l'idée que l'on avait alors delà nécessité de l'Eucbarislie
pour la vie éternelle. Car c'était dans ce sacrement qni
est la perfection et la consommation de tons les antres
que les premiers chrétiens mellaienl l.i principale '
espérance de leur salut, connue dit le docie et pieux
Ilesselius ; ils le considéraient connue le pain de vie,
le symbole, le gage sacré et la semence de la gloire 1
éternelle, comme le sceau de la réconciliation, sans
lequel un honnne ne pouvait èlre ni parfaitement iii-
coriioré à .lésus-Chrisl , ni rétabli entièrement dans
la communion de l'Église ; c'est pourquoi on le don-
nait le dernier à l'entrée et à la sortie de la vie. An
counneiicemcnl de la vie les chrétiens recevaimt
mémo dans l'enfance le lîaptème , la Coulirinal.iun cl
i'Ku.liaii^ii.'. h la fiii on Teur tloi^hâit la Penifence,
C79
UISTOIKE DLS SACilh.MEMS.
630
rExlrèinc-Oiiction et l'Eucharistie comme respéraiicc
cl le sceau du salut.
De plus, si les malades dout il est question n'a-
vaient point reçu l'Eucliaristie dans l'extrémité où ils
claient, pomciuoi le concile de Nicée et les autres de
ce temps-là auraient-ils ordonné qu'ils ne la le-
cevront pas s'ils reviennent en sanlé , mais qu'ils
demeureront dans la consistance, connnuniant ceu-
lement aux prières? Pouvait -on croire que ceux
qui n'avaient point reçu la communion en cet élal,
y prétendraient étant en pleine sanié et en état de
l'aire pénitence? On n"a donc |)u faire ce règlement
que parce que l'on a bien prévu que ceux qui avaient
reçu l'Eucharistie étant désespérés pourraient pré-
tendre se maintenir dans cette possession, ce que
l'on voulait empêcher pour les raisons (pie nous avons
rapportées ci-dessus.
Enfin la sainte Eucharistie donnée à un pénitent
qu'on croit près de mourir, ne portant point on soi
l'absolution des peines canoniques, c'était avec rai-
son qu'après cette grâce on ne laissait pas de le re-
mettre ou dans la pénitence laborieuse, ou dans un
des degrés de la pénitence canoni(|ne; mais l'absolu-
tion que l'on donnait en ce temps-là portant néces-
sairement la rémission de celle peine, connnenl au-
rait-on fait revenir dans la pénilence ceux qui auraient
reçu l'absolution, et les aurait-on éprouvés de nou-
veau s'ils revenaient en santé ?
C'est dans ce sens que l'on doit prendre ce (\u\ esl
dit dïiiiâ le troisième canon du premier concile d'O-
range, qui recedunl de corpore pœnitentià accepta, plii-
cuit &\ne reconciliatoriu mum'is imposilionc cis comimi-
nicaii, etc., aussi bien (pie ce (pie nous venons de
rapporter du concile de Nicée. Mais le P. Morin et
les autres lui donnent la torture pom- le faire venir
àleurs sens, et sont obligés de renverser la signilica-
lion naturelle des mots ; car qu'y a-t-ildc plus natu-
rel que de prendre ici le mot de connnunion pour la
communion eucharisiique, et la récomilialion par
l'imposilion des mains, pour l'absolution? ils sont
contraints de prendre au contraire l'imposition des
mains réconciliatoire pour la communion, et le mol
de communion pour l'absolution. Le coiuile d'Orange
dit que ce qu'il accorde aux pécheurs pénilenls dans
celle extrémité doit suflirc pour leur consolation. Hé
peut-on dire de bon sens que l'absolution des peines
canoniques à nn homme qui va mourir sui'fit pi'ur sa
consolation? la mort n'allail-elle pas l'en dispenser,
et n'était-ce pas au contraire une extrême douleur à
un mourant de se voir privé de la sainte communion
qui faisait l'espérance d'un chrétien?
Ceci suffit pour éclaircir ce que les anciens conciles
ont dit touchant la réconciliation des pécheurs qui
avaient attendu à la mort à demander la pénitence,
ou ceux qui après l'avoir reçue relournaient à leurs
désordres dont ils se repentaient ensuite. Revenons
( à notre sujet. On ne se relâcha point de la rigueur
ancienne dans les siècles suivants, jusque sur la lin
du onzième. Nous pourrions nous dispenser d'en ap-
porter des preuves après ce que nous avons dit dans
la 5' partie de la troisième section, où le lecteur a vu
que bien loin qu'on eût adouci la sévérité ancienne,
on l'augmenta en beaucoup de choses ; néanmoins ,
comme ce qui regarde la pénitence et l'absolution des
malades lail un point particulier de discipline, nous '
ajouterons (piel([ues autorités à ce que nous avons pu
(lire ailleurs sur ce sujet. Il est ordonné (/. 5 Capl-
tiilur., c. Cl) que l'on communiquera avec ceux qui
ayant reçu la pénitence sont sort is de celle vie sans
avoir élé récoHciliés, à cause qu'ils ont honoré la
pénitente. Que s'ils surviveul, est-il dit ensuite, qu'ils
se licnnenl au raïuj des pénitents, afin que dans le temps
marqué ils rcioii'enl la commanioii légitime par l'impo-
sition de. la main de révoque ou d'un prêtre par son or-
dre. Isaac de Langres a inséré ce canon dans son Ke-
cueil {lit. i, c. 10). Le concile de ïribur en 895,
can. ,"i-j et 5G, ne dispense point les pénilenls mala-
des des travaux et des exercices attachés à leur
élal, sinon pendant la maladie durant la(pielle il leur
permet queltpie-; adoucissements, et même de com-
nnier les jeùiies en aunnincs, s'ils sont dans une im-
possibilité absolue de s'en acquitter. Mais sit(jl qu'ils
auront recouvré la santé, il défend ces sortes de ra-
( hais, lléginon a inséré ces canons dans sa CoUeclion
(/.2, c. 7), aussi bien que Bmchard, qui expriment la
dernière période des canons de Tribur par ces paro-
les : Poslquàm... sanilati resliiutus fueril, nullam l'i-
cenliam liabeal redimtudi; c'est-à-dire : Après ([u'il aura
recouvré la sanlé, (pi'il ne lui hoil permis en aucune
manière de racheter les peines qui lui sont imposées.
CHAPITRE IX.
Que l'absolulion se donnait autrefois à ceux mêmes qui
par mnlad'ie étaient privés de l'usaye des sens, ou
tombés en démence. Des conditions que l'on exigeait
pour cela: plusieurs scolusliques ont des opinions
trop dures sur ce sujet.
Nous montrerons ici que dans les premiers siècles
on donnail la réconciliation à ceux qui, étant privés
de l'usage des sens par la violence du mal , n'é'aient
point en élal de la den^ander ni de la recevoir avec la
présence d'esprit (pie le respect pour ce sacrement
exige nalurellemenl ; iiourvu qu'ils l'eussent demandée
ou au commencement de leur maladie , ou peu aupa-
ravant , et que des personnes dignes de foi rendissent
témoignage de leur disposition. Celle condition était
jugée nécessaire pour ceux dont nous parlons , car à
l'égard des lidèles dont la vie était irréprochable , et
de ceux (pu s'étaient soumis jiour leurs désordres à la
pénitence canoni(jue, celte condition même n'élaitpas
absolument nécessaire , puis(iue leur étal parlait pour
eux, et (pi'ils étaient censés vouloir ce qu'ils se met-
taient en devoir de mériter et d'obtenir, les uns par
une vie réglée cl chrétienne, les autres par les travaux
de la pénitence auxquels ils se livraient.
Il n'est donc question ici que de ceux dont la vie
était notoirement déréglée, des excommuniés, des
apostats et autres semblables, (jui touches de repeutir
681
PÉNITENCE. — SECT. IV. CHAP. IX. PENITENTS ALIÉNÉS, etc.
souliailaicnl ou léinoignaiont ilésiror la pénitence cl
l'absolution dans cette exlrcmilé. El je dis que pourvu
.que ces personnes eussent témoigne, un peu avant la
[maladie qui leur avait ôté l'usage des sens , ou au com-
jUiencemenl de celte maladie avant qu'elle les eût
jeonduils à celte extrcuiilé, vouloir recourir à la clé-
iuence de l'Église, ou ne leur refusait pas l'absolution,
pourvu que des gens dignes de créance répondissent
de leur disposition. C'est ce que nous prouverons bien-
tôt. Mais auparavant il fatit faire une remarque sur les
conditions dont nous parlons. Elles étaient co^isidé-
rées comme si nécessaires, que leur déiaul emportait
immanquablement le refus de l'absolution. Il ne suffi-
sait pas que ceux qui se trouvaient dans cet état
eussent , étant en santé , fait connaître qu'ils avaient
le désir de se soumcllre à l'Église : comme la volonté
de l'honmie esl sujette au cliangemenl , à moins qu'ils
n'eussent renouvelé les s:<gnesde leur conversion, et
qu'ils n'eussent demandé celte grâce aussitôt iju'ils s'é-
taient sentis attaqués, et avant que le mal les eût mis hors
d'état de le faire, on leur refusait absolument le bienfait
de la réconciliation , quoiqu'on rendît témoignage de
leurs dispositions précédentes. Les Pères du douzième
concile de Tolède , dont le décret fut renouvelé dans
le treizième, exigent que ceux qui se soumettent à
rÉglise témoignent leur désirpareux-mêmes,au moins
pour ce qui esl delà pénilence publique, que plu-
sieurs dans ce pays demandaient et recevaient d:ins
l'extrémilé de la malailie. Après s'être plaints ([ue plu-
sieurs, ayant reçu la pénitence étant sans connais-
sance , cherchaient des prétextes pour se défaire
de ces engagements, alléguant qu'ils ne l'avaient
point demandée, ni consenti à la recevoir [ugunl cauiio-
nibns vanis.... qualilcr à se lonsurœ vcnerubile siçfmim
excellant, atque liabhum reli(jionïs abjiciant asse-
renies, etc.), ils défendent aux prêtres de donner, par
une entreprise téméraire , la Pénitence à ceux qui ont
perdu le sentiment, et qui ne sont pas repentants , sans
avoir été invités à le faire, on par la prière de celui qui
reçoit la pénitence, ou par quelques signes des mains, i
ou quelques autres équivalents et non équivoques , et ils
infligent pour peine une année d'excommunication à tout '
prêtre qui tiendra une conduite opposée.
11 est certain que ces signes dont parlent ces évêques |
devaient être tels (|u'ils ne laissassent aucun doute lou-
chant les dispositions de celui au(iucl on accordait la
pénitence et l'absolution , et que par conséi|u<Mit ils
précédassent inunédialement l'étal d'insensibilité où
la ntaladie avait réduit ces personnes , et de plus que
! des gens dignes de foi en rendissent témoignage. En
\ ce cas ils ne doutaient pas que l'absolution ne pût re-
I mettre leurs péchés, cl c'est poun|uoi ils la compa-
rent, c. 12 du douzième concile, etc. 9 du treizième,
|au Baptême que reçoivent les enfants, et prétendent
que ceux qui l'avaienl reçue avec la pénitence qui l'ac-
compagnait, devaient observer iuviolableinent les rè-
gles de l'étal auquel ils étaient ainsi engagés. Unde
sicul baplisma, quod nescientibus parvulis sine ullà conten-
tione in fide lantitm proximorum accipilur, ita pœniten- é sunt pietatis conferendn sunt. Les Pères d'Elvi. i'ail
TH V«, M
682
' tiœ donum quod nexcicntibus illubitur, absqueimpugna-
lionc violationis hi qui itlud acccperinl , obseriabunt. Ces
paroles sont très-remarquables, enlre autres celle
comparaison entre la vertu du Baiilême el celle de la
Pénitence, el fonl voir en même temps que pourvu
qu'on fut assuré par le témoignage de gens non sus-
pects de la dernière volonté des malades quels qu'ils
fussent, on ne faisait point de dilliculté de leur donner
la Pénitence et l'absolution.
Le troisième concile de Cartliage, c. 31, iit nn ca-
non exprès pour ouvrir ainsi la voie de réconciliation
à tous les pécheurs qui auraient recours, dans celle
extrémité, à la tendresse el à la clémence de lÉj^lisc.
Que tes malades, y est-il dit, s'ils ne peuvent répondre
par eux-mêmes , soient baptisés , lorsqu'il constera de
leur désir par le téinoignage de leurs proches qui en ré-
pondront à leur propre péril, i JEgrotanles, si per se
i responderc non passant , ciim voluntutis eorum Icsli-
I I monium hi qui sui sunt periculo proprio dixerint ,
I « baptizenlur. » Ce décret est répété dans le concile d'.V-
j IVique.c. 12, et y estentendu également de l'absoluiiun
! comme du Baptême. Dalsamon en commentani ce pas-
^ sage en a mal pris le sens: il s'est imaginé que le pro-
] nom, sui, était le génitif et se rapportait au mot lp-"i.
j monium, d'oùila conclu que les Pères d'Afriqueavaient
I ordonné que les moribonds demanderaient le Baptême
; à leur propre péril ; mais il est visible que c'est faute
; de bien entendre le latin, que les traducteurs Grecs,
I qui ont inséré les canons d'Afrique dans leur recueil
j qui conlieui leur droit canonique, ont interprété ainsi
i celui dont il s'agit, et que sj<i, dans cet endroit, s'en-
tend des parents du moribond, ou de ceux qui l'en-
vironnent dans l'élat fâcheux où il se trouve. Le pre-
mier concile d'Orange confirme celte discipline dans
son douzième canon, et ne met sur ce point aucune
différence entre le Baptême et l'absolution : Celui, dit-
il, (/«i /oa< d'un coup perd la parole , peut , suivant
qu'il a été statué, être baptisé ou recevoir la pénitence,
si d'autres rendent témoignage de la volonté qu'il a eue,
ou que lui-même la fasse paraître par des signes, t Su-
t bil'o obmutescens , prout statulum est, baptizari, aut
t pœnitenliam accipcre polcst , si voluntatis propriœ
€ lestimoiiium aliorum verbis habet, aut prœsentis in sua
t îuitu. » Ce que M. de l'Anbespine, évêque d'Or-
léans, entend des excommuniés, qui peuvent recevoir
non seulement la pénitence en ce cas, mais encore îa
récoticiliation, selon le canon 7G du quatrième cou- f
cile di; Carlhage. j
On étendait par la même raison colle grâce aux i
énergumènes el à ceux qui avaient l'esprit troublé et j
en démence, tant à l'égard du Baptême que de la ré- '■
conciliation. Timoihée, palriarched'Alexandrie, dans sa
lettre canonique, répondant à la question, si un ca-
téchumène agité par le démon pouvait recevoir le B.ip-
tême, étant à l'extrémilé, répoiul aflirnialivemont , et
le premier concile dOrange décide iudi linclemenl du
Baptême el de l'absolution , qu'on ne doit point les
refuser aux insensés, c. 15: Ametilibus quœcumque
683
iiiSTomr. des sachkments.
eu
leurs si rigides observateurs de lo iliscipliiic, veulent,
c. 37, (juc l'on baptise ceux (fui sont tourmentés par /es
i imdins esprits , quand lu maladie les aura conduits à
■ fextrémilé, et que les fidèles qui seront dans le même cas
I reçoivent la communion, i Eos qui ab immundis spiriti-
i I bus vexanlur..., si fidèles fuerint, dandam cis commu-
t nionem. >
Il ne faut donc point réconcilier ceux qui ne témoignent
aucun repentir de leurs désordres, et (jui, avant d'èlro
attaqués par la maladie qui leur a ôlé Tusage des sens,
n'ont fait paraître aucun désir de recevoir celte gr&ce.
Mais quand ils ont fait paraître une volonté sincère de
se corriger , et qu'ils ont demandé le secours des mi-
nistres de rÉglise , il y a de la cruauté , comme dit le
pape S. Célcstin , de la leur refuser, et de ne point ac-
quiescer aux désirs de ceux qui souhaitent ce remède
pour leurs âmes. C'est ce qu'il écrivit airx évèques des
Gaules. Il ajoute: Quovistempore... non est deneganda
pœnilentia poslulanii. Telle a été la pratique de 1 É-
glise depuis plus de mille ans.
Cependant plusieurs théologiens de nos jours, ap-
puyés sur des raisonnements plus subtils que solides,
ont enseigné le contraire , et ont prétendu que l'on
devait priver du bienfait de la réconciliation non seu-
teinent les pécheurs notoires et scandaleux, mais
même les chrétiens ordinaires dont la vie est irrépro-
chable, et ceux qui après avoir offensé Dieu se sont
mis en devoir de satisfaire à sa justice par la péni-
tence, à moins qu'ils ne soient en état de faire les
actes de contriction qui conviennent dans ces occa-
sions , cl de demander par eux-mêmes les sacrements
par sigiic ou par paroles. C'est ainsi que les hommes
sont ingénieux à tourner à leur désavantage ce qui a
été établi pour leur procurer le plus grand de tous les
biens. Les motifs qui leur ont fait embrasser un sen-
timent si dur, se réduisent à deux chefs principaux.
Le premier consiste en ce que , selon eux , le prêtre
qui absout agit en juge qui doit connaître l'objet sur
lequel il doii prononcer sa sentence ; ce qui ne se peut
qnand la personne qu'il s'agit d'absoudre est hors d'é-
tat, parla violence du mal , de faire connaître ses pé-
chés , son désir et ses dispositions présentes : commo
!»i la bonne vie qu'elle a menée , ou les œuvres de pé-
nitence qu'elle a pratiquées si elle est tombée dans le
péché, n'étaient pas des moyens plus sûrs pour juger
du désir et des dispositions de cette personne, que la
demande qu'elle ferait par elle-même des sacrements.
Les Pères ne pensaient pas comme ces théologiens.
Ils faisaient , sans comparaison, plus de fond sur la
bonne vie qui avait précédé la maladie , que sur les
prières et même sur les larmes de ceux qui , à l'ar-
ticle de la mort, demandaient la réconciliation avec les
plus vives instances. Il est vrai ^ju'ils accordaient ce que
ces pécheurs leur demandaient ; mais en leur donnant
les sacrements, ils ne leur donnaient point râssuràncè
d'en recevoir le fruit.
Le second motif qui a engagé ces docteurs à s'atia-
chcr à cette opinion , est que les actes du péitilcni.
sont, selon eux, la matière du sacrement de Péni-
] lencc : d'où ils concluent que ces actes n'ayant pas
lieu par la violence du mal, l'absolution qui en est la
forme ne peut produire son effet. Qui ne voit que c'est
autoriser un sentiment très-diu' et môme préjudiciable
au salut de bien des gens, sur une pure opinion ihéo
logique !
Les Scotistes tiennent un sentiment contraire, et
prétendent que la matière et la forme de te sacre-
ment sont renfermées dans les paroles de l'absolu-
tion. André Croquet et Mathieu Galenins, théolo-
giens célèbres des Pays-Bas, ont enseigné dans leurs
catéchismes que la matière de la pénitence était les
pénitents eux-mêmes. Qui a jamais censuré les sen-
timents des uns et des autres ? Il est permis d'abon-
der en son sens dans ces sortes de matières. Le con-
cile de Trente qui a eu lieu de faire quelques décrets
sur ces sortes de choses, n'en a voulu rien faire, et il
s'est contenté {sess. 14, c. 3) de dire que les trois ac-
tes du pénitent étaient comme la matière du sacre-
ment de Pénitence , quasi maleria , laissant par cette
expression la chose indécise, et la liberté aux théolo-
giens de soutenir sur ce point ce qu'ils croyaient le
meilleur. 11 ne faut donc pas établir un sentiment S\
dur sur un fondement si peu solide, ni nous priver de
la consolation et de l'avantage inestimable dèlaréCoiT-
ciliation et de la réception du corps sacré du Sau-
veur dans cette extrémité , sur de pareils raison-
nements. Car enfin qui n'est pas exposé à ce mal-
heur? et qui peut se promettre d'avoir l'usage de ses
sens et de sa raison dans sa dernière maladie? Mais
je m'aperçois que je sors du caractère d'historien fn
cette occasion. Il faut me le pardonner ; le désir do
revendiquer ce que nos pères nous ont accordé, m'a
fait faire cette digression théologique, et j'ai été d'au-
tant plus animé à la faire, que j'ai vu autrefois déli-
bérer fort sérieusemc.î en ma présence si on devait
donner l'absolutioii et le viatique à un moribond privé de
ses sens, qui avait toujours vécu fort chrétiennement.
Antonin Diana, qui lient l'opinion que nous venons
de réfuter, aussi bien que Gdle Connink, assmcirt
pourtant qu'il se trouve des théologiens qui ensei-
gnent le contraire. Diana met de ce nombre (p. 3,
tract. 3 de Absolutionc moribundi, resolutione 8) llo-
mobon, Molt'essius, le P. Gabriel Lothier, dominicain,
Salmeron, jésuite, et le P. Loup, capuciïi. Il rapporte
les raisons de ces théologiens, qui sont qtfe les mori-
bonds en cet état peuvent penser au salut éternel ,
et avoir quelque attrilion efficace par laquelle ils
soient disposés à recevoir l'absolution sacramentelle,
qui d'attrits les rendra contrits. Antoirré de Litteratis,
dans sa Somme imprimée ^ Rome avec l'approbation
du maître du sacré Palais {p. l, c. 57, n. 7), enscigr.c
que non-seulement le confesseur peut absoudre en ce
cas, mais qu'il le doit, parce qu'il peut arriver, dit-il,
que le moribond soit seulement attrit, et qu'il Tcxpo-
serait à la damnation s'il n'était absous. Quia tanien
contingere potesl moribundum esse tantinn attritum ,
ulide damneiur nisi nbsolvatur. Le Rituel romain, :\\)-
i)c\é Sacerdotale fioiJidmtm, myinmâ on \ti60 {ffd. (>-2),
ÔSS
PENITENCE.
SECT. IV„ CflAP. X. PEXiTENlS MOllTB
G,%
orilonno aussi la mènic cli(is(\ en cas qiio le inahulc
ait app<Ié le prélro avunt qu'il ciit perdu h parole ,
parce qu'un doit le supposer conlril : Débet prœsup-
poni coutiiliis. Il parle ici de ceux qui ont vécu tou-
jours dans le désordre. Car pour ce qui est des bous
oliréliens, il ordonne qu'on leur administre l'absolu-
tion et l'Eutliaiislie, (|Uoi(pi'ils ne laienl pas dciuan-
déc ai\paravaiil, étant prévenus par la maladie qui
leur a ôlc l'usage dos sens ou de la raison.
CHAPITRE X.
Que l'on ne comniunuiitait pus autrefois avec les péiii-
le)ils morts sans avoir reçu l'absolulio)i, surtout dans
l'E(jlise romaine. Quon a ensuite mitigé cette rigueur.
En quel temps. De la condamnation et de l'absolu-
tion 'des morts. Quand elle a commencé dans VÉglise.
En quoi cite consiste. De quelques absolutions ex-
traordinaires et peu usitées.
Nous avons exposé ailleurs les rils et les cérémo-
nies que l'on observait autrefois communément dans
PEglise dans la réconciliation des malades [sect. 2).
Il i:c nous reste, pour mettre lin à cet ouvrage, qu'à
parler de ce qui est annoncé dans le titre de ce cha-
pitre. La matière mérite bien qu'on s'y arrête un peu :
on Y voit combien autrefois on était rigide observateur
des règles de la discipline qui regardaient la punition
des crimes, et avec quelle bonté l'Église par condes-
cendance a ensuite adouci celle ancienne sévérité
pour s'accommoder à la faiblesse de ses enfants. Cé-
lait donc autrefois une règle dans l'Église romaine de
ne point communiquer avec ceux que la mort avait
prévenus av.int qu'ils eussent reçu l'absolution. Ce
n'est pas qu'elle les condamnât pour cela , mais elle
on laissait entièrement le jugement à Dieu qui sem-
biàif se l'être réservé en les tirant ainsi du monde
inopincinent. S. Léon dans sa lettre à Théodore (i),
évê(iuc de Fréjus, rend en même temps témoignage de
cette pratique et des raisons sur lesquelles elle était
fondée. Ecoutons donc ce ({u'il lui en écrit : Si quel-
qu'un de ceux pour lesquels nous prions ne parvient
point au bienfait de la réconciliation présente, par quel-
que obstacle que ce puisse être, la mort l'ayant prévenu
avant qu'il ait pu se servir des remèdes établis pour cela,
il ne pourra recevoir, éiant sorti de celle vie, ce qu'il n'a
pas pu avoir y étant encore. Car il if est pas nécessaire
que nous discutions les mérites et les actions de ceux qui
sont morts de la sorte, puisque Noire- Seigneur, dont les
jugements sont incompréhensibles, a réservé à sa justice
ce qui ne s'est pu accomplir par le ministère sacerdotal,
voulant ainsi nous inspirer une juste terreur de sa puis-
sance, afin que tous en profitent, et que chacun craigne '
ce qui est arrivé à quelques-uns qui ont été ticdes et né-
gligent*. C'est ainsi que ce grand pape s'explique lîi-
dessus, et il conflrme ce qu'il a dit dans la lettre (2)
suivante, la 20' de l'ancienne édition, par cette ma-
xime : JSotts ne pouvons communiquer avec les morts ,
(i) Epist. 83, cap. 5, ultim. edit.
(2) C'est la seconde ..cltre de la dernière édition ,
(tans la réponse à la huitième dcman'lc.
avec qui nous n'avons poitit commmiiijué lorsqu'ils étaient
encore vivants, i A' os autem quibus vivenlibus non coni"
« municnvimus , mortuis conimunicarc non possumus. i
Le i)ape Célasc ne parle pas moins ouvertement sur
le même sujet, en ces termes : Dieu a donc réservé à
son jugement ceux qui ne sont plus sur la terre, et l'É-
glise n'ose s'attribuer ce qui n'a point été accordé aux-
Apùlres, parce que, autre est la cause de ceux qui vivem
encore, autre est celle des morts. Il a\ait dilai!j)arav:inl,
qu'ils ne nous demandent pas le pardon pour les morts.
Ce qu'il nous est manifestement impu.ss!ble d'atcordrr ,
parce qu'il a été dit : i Ce que vous aurez lié sur la
« terre, i etc. (Nec nos jam mortuis veniam prœstare
deposcanl, quod nobis possibile non esse munifeslmn
est, etc.) Ce pape répète à peu près les mêmes ciioses
dans sa lettre aux évêqucs de Dardanie, écrite à l'oc-
casion de ralfairc d'Acacc de Constanlinoplo. Et le
pape Vigile établit les mêmes principes, et les appuie
de raisons semblables, à la fin de son Constitutum,
touchant les trois chapitres , alléguant ce que nous
venons de citer de saint Léon et de Gélase ses prédé-
cesseurs, en faveur de son sentiment.
On voit par là quelle était l'ancienne tradition de
l'Église romaine sur le sujet dont il est ici question.
Mais en matière de discipline il arrive souvent que
les églises en ont de dillérentes les unes des autres.
C'est ce que nous voyons dans rallaire que nous trai-
tons actuellement ; puisque le quatrième concile de
Carthage, c. 79, ordonne que l'on recommande dans
les prières et les oblations la mémoire des péiiileuts
qui ont suivi avec exactitude les règles de lÉglise, si
étant en chemin ou sur mer ils viennent à mourir,
sans que l'on puisse les secourir. Pœnitentes qui at-
tente leges pœnitentiœ exequuntur, si casu in itmere, vel
in mari mortui fuerinl, ubi cis subveniri non potcsl, me-
moria eoruni et orationibus et oblationlbus commende-
tur. Ce canon semble exclure de cette grâce les pa-
resseux et les négligents ; mais il y admet au moins
ceux qui s'étaient jusqu'alors acquittés louablerncnt
j des exercices de la pénitence. En quoi les églises
I d'Afrique suivaient un usage différent de celle de
I Kome.
Les églises des Gaules suivaient sur ce point la
même discipline que celles d'Afrique, comme il parait
tant par le 12' canon du second concile d'Arles , que
par le second du concile de Bazas , qui rend raison de
cette conduite que l'on gardait à l'égard des pénitents^
Voici lies termes dans lesquels ce canon est exprimé :
// faut recevoir Coblal'ion , faire les funérailles, et dans
la suite faire mémoire avec une a/feclion ecclésiasliqua
de ceux qui, pmdunl leur vie agant satisfait pour leur$i
fautes avec un esprit de componction, sont morts inopiné-
ment dans les champs ou en chemin , sans avoir reçu la
communion. Car ce serait contre tonte justice , que l'on
excluerait des choses saintes ceux (jui s'étnnl long-temps
jugés indignes d'y participer , se sont c/forcés par une
pieuse affection de s'en rendre dignes , et qui, pendant
qu'ils travaillaient à se purifier pour cela, sont morts sans
I I recevoir le viatique des sacrements , etc.
- -.4
6S7
Cel iisagfi fut enfin reçu nnivorsollomeiit. cl l'église r
romaine dlo-njénie s'y conforma. Quant anx aiilres
églises, nous en avons un témoignage Ition aiillien-
tii|iie dans le cloii/.ième canon (In onzième concile de
; Tolède, <inr<in voilcjnehs (■\è(iiit'S(i'Es|jagne,aUacliés
; de tout temps à la plus févère disciiiline , préférèrent
\ la doncenr d.mt quelques églises nsaient en ce point,
ià la rigneur ^ne d'antres faisaient paraître. Quoique ,
disent ces prélats , par rapport à ceux qui mjnnl riç.u
i la péuiteiu-e sont sortis de celle vie uvaul que d'élrc ré-
concilies , il y ait des décrets différents , le sentiment de
ceux qui ont réglé ce qui les regarde avec plus de clé-
mence 710US a plu davantage , el nous voulons que l'on
fasse nié:r.oire d'eux d-.ins ri'gtise , et qne les prêtres re-
çoivent l'oblation pour leirs péchés. Il est honcU- remar-
quer que lorsque les Pères de Tolède parlaient des
difTérenls décrets ou usages établis sur celle maliére,
ils avaiciit dajis la pensée ce que nous av^ns rapporté
de S. Léon, dont ils citent l'épilre dans le même
canon.
L'église romaine elle-même , comme nous avons
dit , entra dans la suite dans celte voie de doncenr, et
elle étendit de plus cette grâce à ceux (}ui n'ay;int
point reçu la pénitence , avaient avant de mourir sou-
haité de la recevoir. L'ancien sacramenlaire de S. G: é-
goire, qui appartenait à l'abbé Grimobi , et ([ui a élé
donné an public far Pameliiis , en fait foi , puisqu'on
V lit ce lilre : Messe pour les défunts qui ont désiré la
pénitence, et qui n'ont pu l'obtenir. {Missa pro defunctis
desideranlibus pœniientiuvi , et ih.:''nc conscqiientibus.)
La même ebose se trouve dans un .je- 'îucicn sacra-
mentaire manuscrit fini ap; ai tenait a ^ "'^''•vu , et
que le P. Morin , qui en avait eu con)munic3t ti as-
sure être ancien de plus de 800 aiis. Ces de>. ma-
nuscrits contiennent la messe qui devait être céléb. ^i;
pour eux , et de plus cet averlissemost : Si queUiu^un
demandant lu pénitence perd la parole tandis que le prê-
tre vient , il est ordonné que, s'il a donné des térao-gna ^
ges cor.venables , et que lui-même par quelques mouve-
ments les confirme, le prêtre fasse à son égard tout ce
qu'on a coutume défaire pour les pénitents.
Si on demande quand régliso romaine a cbangé sa
discipline sur ce i.oiul , je crois (jne l'on peut dire sans
craindre de se tro'.uper (jneçaété jieude temps après
le pape Vigile , ou de son temps même : car alors on
tint le ciufiuième concile général, où on disputa avec
beaucoup de cbalenr sur celle qutîslion : si l'on pou-
\ait cond.imiier des personnes après leur mort , et
les analbémaliser pour avoir enseigné une mauvaise
doctrine, quiii qu'elles fussent moru s dans la commu-
nion ecclésiastique. Elle fut Eurtout agilée dans la cin-
quième conférence , dans laquelle Sexlilien, évêqne
Africain, vicaire de celui de Carlbage, soutint l'afiir-
inative, el assura que celte coutume était établie de-
puis long-temps en Afrique , où plusieurs évêipies |
assemblés en concile avaient ordonné qu'on dirait |
anatbème aj-rès leur mort aux prélats qm laisseraient
leurs biens nux béréiiques. Les évéques Grecs, dont
le con«le était prr«?que tout composé, ne pvodiusireiU i
niSTOlRL DES S.\CREMENTS. C??8
en faveur de ce sentiment que qiuMques témoignages
de S. Cyrille et de Uabuia. Le pape Vigile, ipii tenait
pour l.i négative, avait pro luit, pour apfuyer sou si-n-
limenl, de-> autorités en pins grand luunbre , et jilus
décisives . né.inmoins le contraire l'euïporta , et on
mil, pour ainsi dire, sur-le-ebanqi la maxime en exé-
cution, en condamnant Théodore de Mopsuesie et ses
écrits comme béréiiques, elen le retrancbant ainsi de
la communion de l'Eglise dont il avait joui durant
toute sa vie.
C'est ainsi qti'on alla ouvertement contre li maxime^
de S. Léon et des anciens papes, qui avaient pour
principe de ne point avoir d'autre communi«>n avec
les morts que celle qne l'on avait eue avec eux de leur
vivant : principe dont la conséquence manifeste était
de conserver aux morls la même commimion dont ils
jouissaient pendant leur vie. Libéral fait remonter plus
haut celle époque , la fixant au concile de Consianti-
r.ople sous Mennas , qui fut tenu 16 ans auparavant;
puisque, comme il le témoigne, Dreviarti, c. 25, Oii-
gène y fut condamné; ce qui, dit-il, ouvrit la porte
aux ennemis de l'Eglise pour faire condanmer les
morls. Reserato aditu adversariis Ecclesiœ ut mortuus
damnarctur. Le sixième concile général confirma de-
puis cjtle discipline, en disant analhème à plusieurs
évêtpies qui n'avaient point éîé condamnée élant eu
vie. Les évéques d'Occident refusèrent durant plus de
cent ans de se soumettre aux décrets du cinquième
\ concile sur ce point , mais enfin à la sollicitation des
pipes il fui reçu généralen)ent.
De là vint la coutume d'absoudre, après la mort, des
! censures et de l'excommunication, ceux (lui les avaient
3 encourues de leur vivant. Cela était bien naturel , car
si l'Eglise a la puissance de condamner les morts et
de les cbarger d'anaibèmes, elle l'a également de les
absoudre , son pouvoir n'étant pas moindre pour dé-
lier que pour lier les pécheurs. Il faut cependant en-
I tendre celle absolution, non d'une réconciliation pro-
I prement dite, mais d'une réconciliation qui consislait
h leur faire part de tous les avantages siùrituels dont
ils étaient susceptibles , conune de recevoir les obla-
lions faites en leur nom à l'autel , de prier pour eux ,
el de leur rendre tous les devoirs (|ue l'Eglise a cou-
tume de rendre à SCS enfants après la mort : avantages
irès-considérables, et qui peuvent leur élre d'un très-
grand secours devant Dieu , si l'arrél irrévocable de
; leur condaumalion n'est point proivoncé; et qui peu-
vent même les soulager dans ce cas, conune je l'ai lu
; autrefois dans S. Augustin , en adoucissant leurs pei-
nes, et en les rendant moins insupportables.
Tout au contraire, la condanmaliou que l'on pro-
nonce contre les morts , les prive des avantages dont
nous venons de parler. Ainsi, par exemple, si on con-
danmail un évoque après sa morl , comme cela se fil
depuis le cinquième concile général célébi é eii 555 a
l'égiird de ceux qui avaieiit vécu jusqu'à la lin dans la
comnmnion de l'Eglise, on effaçait son nom des dyp-
ti(iues. on n'oflVait pour lui ni prières, ni sacrifices,
«89
PÉNITENCE. - bKCT.lV.
et on Itil dtsail analliéme publiqueineni el on pai li'
culier.
11 s'est trouvé des lliéologicns qui ont cru (juc la
condamnalion et rabsolulioii dos morts 'allaiciU plus
loin, el opéraient aulrcinenl que par voie do siiiïrage,
que nous venons d'expliiiner. C'est ce (piMs onl cru
pouvoir avancer , surtout à l'égard do l'ahisoliiiion ,
fondés sur une réponse du pape Innocent 111 à labhé
de S. André, Exlra. de Seuleiitiù excom. , c. 28, qui
est conçue en ces ternies : On peut cependant cl on
I doit le secourir en lui faisant part du bien fait de t'E(jHse;
en sorte que s'»/ conste de son repentir par des si(jnes
non équivoques, on lui donne, même après sa uwrt ,
rabsolulion. Il ne faut pas croire que ce qui est dit , que
la puissance a été donnée à l" Eglise de lier les hommes si a
LA TERRE , doive empéelier de te faire, comme si l'E-
glise qui lie et délie ceux qui sont sur la terre, ne pou-
vait faire ta même chose à C égard de ceux qui sont en-
sevelis sous la terre : ni que ce qu'on lit , qiiil ne faut
pas communiquer avec un mort , avec lequel on n'a point
communiqué étant vivant, soit un obsUuie à ce que nous
disons : puisque si oh n'a pas communiqué avec cet
homme , on l'aurait dû faire ; le mépris de lu religion ne
l'ayant point empêché d'ÈTRE Ri^co.Ntii lÉ , mais ta Stule
nécessité où il s'est trouvé ; et qu'il est certains cas mar-
qués par les canons, dans lesquels on lit que l'Eglise a
lié et délié les morts. Cette décision d'Innocent 111 n'a
lieu sans doute qu'à légard de l'absolution des cen-
sures, et ne peut s'entendre d'une absolution satra-
menielle et proprement dite des péchés; el ceux qui
veulent l'entendre dans un autre sens font tort à la lé-
putation de ce grand Pape; l'Eglise n'ayant jamais
cru qu'elle eût le droit d'.ibsoudre de leurs pé< liés
ceux qui ont élé présentés an tribunal du souverain
Juge , (|ui a prononcé par lui-même leur sonlenee. In-
nocent 111 s'en explique assez clairement lui-même, en
disant , dans le chapitre qui vient d'ètic cité , (iu'il
arrive quebiuefois que celui que Dieu a lié, est absous
par l'Eglise, et que celui qui est jusliiié devant DicM,
est condamné par la sentence ecclésiasli(pie. Con-
tingit interdum ut qui tig.itus est apud Denm , apud Ec-
clesiam sil solutus : et qui liber est apud Deum , ecctc-
siasticà sit senlentiâ innodatus.
i La foi do l'Eglise sur ce point paraît bien d'stinrtc-
niont dans la réponse que firent les évv ques du con-
cile de Constauliuople de l'an 842 , par la bouche de
MétliOdius, à l'inipcralrice Théodore. Cette princesse
avait assemblé les évoques dans le palais pour le réta-
blissement des saintes images. Ils los rétablirent ell'cc-
• tivemeut; ils conlirmèreut le second concile de Nicéo,
et élurent pour Patriarche le confesseur .Méthodins.
Les choses ayant eu un succès si lu uroux , l'impéra-
Irice dit (1) : Conmie je vous accorde le rétablissemonl
des saintes images , je vous prie de m'aceordiT une
grâce, c'est d'obtenir de Dieu le pardon du péclié q'ic
l'empereur mon époux a commis sur ce sujet. Méllio-
/ dius répondit nu nom de tout le concile : Notic pou-
H) Flcury, tom. 10, p. 403.
CHAH. X. PE.N1TENT5 MO^iS. 6Ô0
' I voir, M^idame , ne s'olriul point ^nr les r.ioMi. iNous
n'avons reçu les clés du ciel que ponr l'ouvrir à ccuX;
qui sont encore eu cette vie. Il e>t viai (|uo nous p tu»
vous aussi soulager les uiorls quand leurs pécliCS
élaienl légers, et (pi'ils «vnt fait ; énil< nce : mais nous
ne i»ouv()n:i absondi-o cens; qiii soni morts dans uno
coiidauMiation manileslo. Limpér.ilrieo reprit : Lors-
que l'emnereiu- mon époux était près de mourir , je lui
représentai le plus foriemenl (ju'd me fut possible, lo»
sni;es ti rri'dcs de sa mort, s'il persi tait dans l'hérc-
' &ie : la privation des prières , les m:!lédiclioMS , le
soulèvement des peuples. Il téuîoigua du repentir , et
demanda des images : je les lui préseî.ttii , il les baisa
avec ferveur, et rendit .^insi l'esprit entre les mains des
anges. Elle confirma ce récit par sermeiil , et les pré-
lats persuadés de sa vertu , sur ce témoignr.ge , et
suî»posé qwe la chose, fût ai. .si , déclarèrent par écrit
que Dieu ferait miséricorde à Tliéopliilc. (i'esl aiissi
que les évêques de ce concile calmèient les inquié-
tudes de celte bonne princesse, sans s*ei'.g:iger à l'ien,
et sans rien faire ni dire de co;i!rairc à \\ Iraditiou
([u'ils avaient reçue de leurs pères sur le point dont il
s'agissait.
Disons présentement un mot de quelques absoi'itions
extraordinaires, et dont l'us ge a é.é rare d;'.ns l'Eglise.
Vou's avez vu da;'.sla seconde seciio:) de et ouviage
des exemples d'absolutions données par écrit, el >ous
avez vu en même temps ce qu'il fallait en penrcr,
aussi bien que des confessions qui se sont laites p«î' la
même voie et qui n:ius fut donné occasion de parier
de ces absolutions. Nous allons en rejirésentcr u s\:-
Ires , dont nous laissons le jugement aux théologiens,
(^e sont des itbsolutions données à jilusieurs absents
loiit à la fois , et qiii n'av:iient pnint élé irécédées du
confes^i!»llS : telle est celle que le pai)e Ciég'.ire Vil
donna à tons ceux qui s'allaclioraient an parti de Ro-
dolphe (|u"il avait déclaré roi d'A!lcma-;ne à la placs
d'Henri IV. Le Pape adres-e son discoirs à S. Pierre
el à S. Paul en ces termes: Afin que Hodolphe gouverna
te rog:inmc d' Allemagne et le défende, lui qui a été élu par
les Alleina)ids,je dunne et j'accorde de votre prtrt à tous
ceux qui lui adhéreront , l'absolniion de tous leurs péchés,
el, meconfiar.l en vous. je leur donne la bénédiction pour
celte vie et pour l'autre. Le niéii'e paoe , 1. G. ep. il) ,
écrivant e.nx frères du monasiore de Mar^i^ille , pour
les tonsuler de l'absence de leur ab'ié qu'il releu.iit à
lîome , leur dit : Var l'autorité du bienheureux Pierre,
prince des apôires.qui nous a été confiée quoiq:t'indigncs,
nous vous promettons le pardon de tous vos yéeliés , cl
vous accordons l'absolution avec la bénédiction.
Ce pa] c n'est pas le seni (pii ail donné de ces sortes
d'ab-.olulions. Pierre, le xénéraù'e abbé de Climi ,
I 4, e|>. "9, en donna une semblable à ses leligieux,
élant absent. En attendant , leur dit-il , je fais , étant
éloigné de vous, ce que je ne pais faire étant présent, el
stiivant le devoir de la charge qui m'a été confiée, nous
vcus absolrons de tous péchés de lu part de Dieu tout-
puissant , créateur de tous, de Notre-Scigneur Jé'<us-
Christ, eic, en tant que nous le. pouvons..., iwus confiant
691
mSTOlRL DES SACREMENTS.
692
dans l'abondance des grâces de celui qui a dit à ses dis- '
ciples : i Tout ce que vous lierez sur la terre, el-c. » Adieu.
Il ne paraît point que ces sortes d'absolutions eus-
sent pour objet rexcomniunicaiion , dont on ne voit
pas la moindre apparence dans les personneà en fa-
veur desquelles elles sont accordées, il ne s'y agit ^
point non plus d'indulgence , les termes dans lesquels |
elles sont conçues n'y ont point de rapport. En-
lin, on ne peut dire qu'elles ne contiennent qu'une
simple bénédiction , et des vœux en faveur de ceux
à qui elles sont adressées.
Qu'est-ce donc que ces absolutions , quel est leur
objet et leur effet ? c'est encore une fois ce que nous
laissons à l'examen et à la discussion des théologiens ;
aussi bien qu'une autre manière d'absoudre qui peut
faire moins de peine, mais dont nous n'entreprendrons
pas non plus de lever les difficultés. Guillaume deMa-
lesburg ( Hist. l. i ) rapporte qu'Henri I , roi d'An-
gleterre étant sur le point de mourir fit venir Hugues,
archevêque de Rouen , afin qu'il l'assistât dans celte
extrémité. Hugues étant arrivé auprès du roi, lui ren-
dit tous les devoirs qui dépendaient de lui , et en ren-
dit compte au pape Innocent H , en ces termes : Nous
vitimes vers le roi , et nous passâmes avec lui trois jours
dans une profonde tristesse. Il confessait ses péchés com-
me nous lui disions, frappait sa poitrine, et renonçait à
ses mauvaises volontés. Il promettait d'amender sa vie
suivant les conseils de Notre-Seigneur et desévêques.Sur
cette promesse, selon le devoir de notre charge , nous l'a- [
cens absous trois fois , et pendant trois jours. ( Tertio
eum , cl per triduum absolvimus. ) Il adora la croix
du Seigneur , et reçut dévotement son corps et son
sang.
Quorum remiseritis pecc\ta remittuntur eis , et
QUORUM RET1NUERITIS RETENTA SUNT. JortH. 20, 22.
APPENDICE SUR LA PÉNITENCE.
Puisque nous avons placé à la fin de chaque sacre-
ment quelques-unes des pièces , dont nous nous som-
mes servis dans le corps de l'ouvrage, et qui nous ont
paru plus importantes , il est juste d'en faire de même
à l'égard de la pénitence , afin que le lecteur ait sous
les yeux les pièces originales , qui l'aideront à se for-
mer la vraie idée qu'il doit avoir d'un sujet si intéres-
sant. C'eslpourquoi nous ferons entrer dans ce recueil
(les monuments de tous les âges de l'Eglise.
Pour représenter la discipline de la pénitence dans
les premiers siècles , nous donnerons la traduciion des
trois lellrcs canoniques de saint Basile, si célèbres dans
ranti(piilé. Pour le moyen-âge, nous donnerons l'ancien
pénitentiel de l'église romaine tiré de ses archives, et
publié il y a environ 900 ans par IIalitgaire,évêque
de Cambrai. Enfin, ])0in- les derniers temps, on trou
vera les statuts synodaux de Wary, évêque de Ver-
dun.
-i
Les trois lettres canoniques de saint Basile,
évêque (le Césarée en C.ippadoce, traduites
de nouveau sur le texte original delà der-
nière édition (1).
Première épître canonique (2), adressée, nussï
bien que les deux autres , à saint AmphilO"
que, évêque d'Icône.
Si, suivant l'Écriture (5), l'insensé est réputé sage
quand il interroge, ilfaul aussi convenir que le sage,
en interrogeant Tinseiisé, lui communique la sagesse.
C'est ce qui m'arrive, par la grâce de Dieu, toutes les
fois que je reçois vos lettres : car les difficultés que
vous me proposez me rendent plus savant et plus in-
telligent. Elles me donnent lien d'apprendre beaucoup
de choses que j'ignorais auparavant ; et la peine que
je prends pour répondre à ce que vous me proposez
me tient en quelque manière lieu de maître. Certes,,
jusqu'à présent ne m'étant point appliqué particuliè-
rement aux choses dont il est ici question , j'ai été
obligé de les étudier avec soin pour les approfondir,
de rappeler dans ma mémoire ce que j'avais oui dire
là-dessus aux anciens , et d'ajouter de moi-même ce
qui peut avoir rapport aux choses que j'avais déjà ap-
prises.
Canon II (4).
Celle qui fait périr son fruit de propos délibéré est
soumise aux mêmes peines que l'bomicide, sans exa-
miner si ce qu'elle portait dans s(»n sein était formé
ou non : car par la peine qu'on lui impose, on ne
venge pas seulement celui qui, selon les lois de la na-
ture , devait naître , mais le crime de celles qui ont
attenté à leur propre vie ; d'autant plus qu'il arrive
souvent qu'elles se donnent la mort en détruisant leur
fruit. A quoi il faut ajouter la mort du fœtus, qui est
une espèce d'homicide, si l'on considère l'intention de
ceux qui la procurent. A la vérité, il n'est pas néces-
saire d'étendre jusqu'à la mort la pénitence de celles
qui se rendent coupables de ce crime, mais il faut
qu'elle dîne l'espace de dix ans. Au reste, on jugera
de leur conversion , non à raison du temps qu'elles
seront en pénitence , mais par la manière dont elles
s'en acquitteront.
Canon III.
Un diacre qui, après son ordination, est tombé
dans le péché de fornication , sera privé de son mi-
nistère ; mais étant réduit au rang des laïques, on ne
(1) Nous ne donnerons de ces lettres que ce qn
concerne la Pénitence, laissant à part ce qui n'y ;
point de rapport, et qui est très-peu de chose en com
paraison du reste. , .
(2) Celle première épître canonique a été écrite en
l'an 574 , elle est la 188' dans la nouvelle édition.
(3' Prov. 17, c. 28.
(i) Le premier canon ne regarde que la ninniere
recevoir dans l'Église les hérétiques des diiïéren
edo
(es
sectes qui reviennent à l'unité, d<Mit les uns sont bap-
tisés de nouveau, les autres sont réconciliés par 1 nu-
position des mains, etc.
€93
APPENDICE SCR LA PÉNITENCE.
694
lui interdira pas la communion ; parce que c'est parmi
nous une ancienne régie , que ceux qui sont ainsi dé-
gradés ne soient soumis qu'à celte peine. Eu quoi,
eonmie je pense, on a suivi celte loi ciablie dès le
commencement : Vous ne punirez pas deux {ois (a même
faute (1). On peut encore rapporter une autre raison
de cette conduite , savoir que les laïques exclus de la
communion des fidèles peuvent y rentrer ; au lieu que
le diacre , ainsi privé de son ministère , subit une
peine qui dure autant que sa vie, ne pouvant recou-
vrer ce dont il a été dépouillé : c'est pourquoi on s'est
contenté de le punir par la déposition. Telles sont les
lois établies. Au reste, le moyen le plus sûr de guérir
la plaie du péché, est de s'en abstenir. Ainsi celui qui,
en se livrant aux plaisirs de la chair, a perdu la grâce,
nous donnera des preuves convaincantes de sa guéri-
son s'il s'applique à dompter sa chair par les macéra-
lions, et à la réduire en servitude en s'abslenant des
plaisirs qui l'ont entraîné dans le péché. 11 fauldonc
que nous sachions Ttui et l'autre, tant ce qui est de la
rigueur de la loi, que ce qui est établi par la coutume :
mais il faut s'attacher à celle dernière, quand on ne
peut suivre la rigueur du droit.
C.VNO.N IV.
A l'égard de ceux qui contractent de troisièmes
noces et au-delà, on a établi les mômes règles que
pour les bigames, proportion gardée. Ceux-ci doivent
être un an en pénitence, suivant quelques-uns, et deux
années selon d'autres. Pour ce qui est de ceux qui se
marient une troisième fois , on les sépare de la com-
munion trois ans, cl souvent quatre. Car nos pères ne
traiuiient plus ces noces de mariage, mais de polyga-
mie , ou plulôt les considéraient comme une fornica-
tion à laquelle on apporte quelque modération. C'est
pourquoi le Seigneur dit à la Samaritaine, qui avait
eu jusqu'à cinq maris : Celui que vous avez n'est point
voire mari (2). Car ceux et celles qui vont au-delà des
secondes noces ne sont pas dignes de porter les noms
de maris et d'épouses. Pour ce qui est de nous, la
coutume de notre Église est d'éloigner pour cinq ans
de la communion ceux qui contractent de troisièmes
noces : ce que nous avons appris, non des canons,
mais de la pratique de ceux qui nous ont précédés.
Cejwndant il ne faut pas leur interdire cnlièrement
l'entrée de l'église; mais ils seront doux ou trois ans
parmi les auditeurs , après quoi on leur permettra
j d'être dans l'église avec les consistants, sans partici-
per à la communion : ensuite, s'ils donnent des mar-
ques de pénitence , on les recevra à la participation
dos saints mystères.
Ca^on V.
Jl faut recevoir les hérétiques qui font pénitence à
la mort; cependant on ne doil pas le faire sans exa-
men, mais après avoir éprouvé si leur conversion est
vcriiable , et si par les fruits de leurs bonnes œuvres
ils ont fait connaître qu'ils ont un vrai désir de se
sauver.
(1) Nah.i,9.
(2) Joan. 4, 18.
Canon YI.
Nous ne devons point tenir pour mariages les al-
liances des vierges (1) sacrées qui se sont laissé
corrompre ; mais il faut absolument les séparer de
ceux avec qui elles les ont contractées. Car, en on
usant ainsi, nous pounoirons utilement à la sûroté de
l'Église, et nous ôterons aux hérétiques le prétexte de
nous calomnier , comme si nous cherchions à attirer
les gens à notre communion en leur laissant la liberté
de pécher.
Canon VII.
Ceux qui se corrompent avec les personnes de leur
sexe, ceux qui commettent le crime de bestialité, les
homicides, les empoisonneurs, les adultères et les ido-
lâtres méritent la même condamnation. C'est pourquoi
gardez à l'égard des uns la même règle qu'à l'égard
des autres. Or il n'y a point lieu de douter qu'il ne
faille recevoir ceux qui auront foit 50 ans {'!) de pé-
nitence pour les impuretés auxquelles ils se sont aban-
donnés lorsqu'ils étaient dans l'ignorance : car cet état
les rend dignes de pardon , aussi bien que la confes-
sion Yolontaire qu'ils ont faite de leur faute, et le long
temps qu'ils ont employé à en faire pénitence. Car ils
ont été livrés à Satan presque pendant l'espace d'une
génération, afin qu'ils apprissent à ne plus commettre
des actions honteuses. Vous pourrez donc les rece-
voir sans différer, surtout s'ils vous touchent par leurs
larmes, et si leur vie les rend dignes de compas-
sion.
Cano.n VUI.
Celui qui dans la colère s'est servi d'une hache
pour frapper sa femme est homicide. Mais vous m'a-
vertissez à propos et d'une manière digne de votre
sagesse, de m'élcndre un peu plus sur celte matière,
parce qu'il se trouve plusieurs différences dans les
choses qui se font volontairement et dans celles qui
se font involontairement. Celui-là, par exemple, n'a^
git aucunement de propos délibéré, qui, jetanl un»
pierre à un chien , ou contre un arbre , atteint un
homme : car son dessein n'était que de se défendre
contre le chien, ou de jeter quelque fruit à bas de
l'arbre , et non de blesser celui qui par hasard s'est
rencontré là. Cela est donc involontaire. 11 en est de
même de celui qui, voulant châtier quelqu'un, se sert
I d'un fouet ou d'une baguette , si celui qui est frappé
vient à mourir : car il faut avoir égard à son dessein,
qui n'était point de lui causer la mort, mais seulement
de le corriger pour les fautes qu'il avait commises. On
(1) J'ai rendu le terme de xavovix.&'j par celui de
vicrfjcs sacrées , suivant en cola la remarque du der-
nier éditeur des Lettres de S. Basile , qui dcmonire
que l'on doit l'interpréter ainsi , et qui prouve que
le Saint, dans ce canon, a abrogé rancicnne coutume,
suivant laquelle les vierges sacjées qui comraclaient
mariage, subissaient seulement la même peine que l'on
imposait :\ i)i bigames.
("2) L'éditeur de S. Basile croit avec raison qti'il y a
faulo dans ce nombre, quoiqu'il se trouve dans tous
les c\onq)iaircs, et qu'il en faut beaucoup retrancher.
Il nioniro que l'espace d'une génération ne s'étendait
. IjAjî pi ioiii,
695
HISTOIRE DES SACREMENTS.
696
pmi encore mcilre au nombre des choses qui «e font «| même corps avec elle ; ol le proplièie Jéréniie (c. 3,
involonlnirement, la défense de celui qui , se ballant , j | v. 1 ) disant que si une femme mariée a commerce avcfi
un autre homme, elle ne retournera point à son mari j
mais qu'elle demeurera souillée pour toujours. 11 es'!
dit aussi (Prov. 12, 22) que celui qui relient chez lui!
luic adultère, est insensé et impie. Or la coutume veut
que les femmes demeurent avec leurs maris, quoiqu'a-
dultéres et débauchés; en sorte que je ne sais si on
peut traiter d'adultère la femme qui habite avec un
mari, dont l'épouse a fait divorce avec lui. Carie crime
en celle occasion regarde celle qui a lompu les liens
du mariage, dont il reste à examiner pourquoi elle
s'est ponée à prendre celte résolution. Car si ayant
été frappée, elle n'a pu souffrir ces mauvais traite-
ments, il était plus ex] édient pour elle de prendre
patience, que de se séparer de son mari. Si elle ne
pfiuvjiii souffrir que celui-ci dissipât son bien, ce n'est
piiint là non plus une raison suffisante. Si c'est parce
qu'il vit dans la débauche, la coutume éiablie dans
l'Église ne Ini permet pas de quitter son mari pour ce
sujel. 11 ne lui est pas même ordonné de se j-éparer du
mari infidèle , mais elle doit rester avec lui à cause
de riricertitiide de l'événement : Car que savez-vous, è
femme, si vous ne sauverez point voire mari? (1 Cor. 7,
15 et 16.) C'est pourquoi colle qui rompt les liens du
frappe fortement de la main ou avec un l)àlon dans
les endroits dangereux celui avec qiii il a querelle ;
mais cela approche du volontaire , car celui qui se sert
de pareilles armes pour se défendre, et qui le fait avec
violence, fait voir qu'il n'a point épargné son ennemi
i'arce qu'il s'était lui-même livré à la colère. Il en est
iie même de celui qui, en pareille rencontre, se sert
Àun bâton trop fort ou d'une pierre trop pesante ;
cola est regardé comme involontaire. Il se proposait
autre chose que ce qui est arrivé : car, à la vérité,
en frappant son adversaire dans la chaleur de la pas-
sion, il lui a Ole la vie, quoique son dessein peut-être
ne fût que de le blesser, et non de le tuer. Mais celui
qui, dans ce cas, se sert d'une épée ou de quelque au- ^
tre chose semblable, n'est en aucune manière ex-
cusable, et surtout celui qui jette une hache après une
personne. Car on ne peut pas dire qu'il l'ait frappée
de la main en sorte qu'il ait pu modérer la violence
du coup; mais, l'ayant lancé, il éiait naturel que la
pesanteur du fer, le taillant de cet instrument, et l'im-
péluosiié avec laquelle il a élé jeté, portassent un
coup mortel. De même, ce qui se fait par les voleurs
et dans les incursions de guerre est absolunicnt vo-
lontaire. Car les premiers, voulant enlever les biens
aux autres, sont bien aises de prévenir tous les moyens j
d'être convaincus de leur crime, et ceux qui font la
guerre n'ont point intention d'épouvanler leurs enne-
mis, ni de les chàlier seulement, mais encore de leur
ôler la vie. De plus, nous mettons au nombre des ho-
micides volontaires ceux et celles qui préparent cer-
tains breuvages qui , étant pris par ceux pour qui ils
entêté faits, leur ôlent la vie, quoique ceux qui les
ont composés n'eussent point celte intention. C'est
ainsi qu'il arrive souvent que des femmes se servent
d'enchantements et de ligatures pour inspirer de l'a-
mour à quelques-uns , et leur donnent des breuvages
qui leur troublent l'esprit. Celles qui , niellant en
usage ces sortes de compositions, sont cause de la
mort de quelqu'un, se rendent coupables d'homicide,
quoiqu'elles n'aient point eu dessein de faire mourir;
et on les met au nombre de ceux qui ont commis vo-
lontairement ce crime, à cause des moyens illiciies et
dangereux qu'elles ont employés pour parvenir à leur
fin. Il faut dire la môme chose de celles qui procurent
des avortemenls , et de celles qui, pour faire périr le
fruit dont elles sont enceintes , prennent quelque es-
pèce de poison. En voilà assez sur cette matière.
Canon IX.
Ce que le Seigneur a prescrit touchant l'indissolu-
bilité du Mariage, qu'il n'est pas permis de se séparer
sinon en cas d'adultère, regarde également les hom-
mes connue les femmes, quand on le prend dans son
vrai sens. Cependant la coutume a introduit sur cela
quelque différence, et nous trouvons que l'on a porté
bien plus loin l'evaclitude sur ce point à l'égard des
feoimcs ; l'Apôtre (i Cor. 6, 16) nous assurant que ce-
ItH qui »« joint ii une femme débauchée, devient un
mariage, est adultère, si elle se marie à un autre :
mais celui qui est ainsi abandonné est digne de par-
don ; et on ne conda'i.ne point celle qui vit conjuga-
lement avec lui. Il n'en esi pas' de même de celui qui
de lui-même quille sa femme pour en épouser une
autre : car il e4 adultère, parce qu'il est cause qu'elle
commet ce crime, et celle qui habite avec lui, en est
aussi coupable, parce qu'elle s'approprie un homme
ipti n'est point à elle.
Canon X.
Que l'on ne contraigne point ne se parjurer ceux
qui ont fait serment de ne point recevoir l'ordination.
Quoiqu'il y ait un canon (1) qui semble les relever de
ce serment, nous avons appris par expérience que
ceux à qui cela est arrivé, ne réussissent pas. Cepen-
dant il faudra examiner l'espèce du serment, les pa-
roles dans lesquelles il a élé conçu, et la disposition
de celui qui l'a fait, sans négliger d'entrer dans le dé-
tail de tout ce qui peut avoir élé ajouté à ces paroles :
après quoi si on ne trouve aucun moyen d'aller con-
tre , il fimdra laisser en paix ceux qui se trouveront
ainsi liés (2).
Canon XL
Un homicide involontaire satisfera abondamment
par une péuitence de onze années. En quoi nous nous
conformerons à ce que prescrit Moïse à l'égard de
ceux qui ont élé frappés à mort, et nous ne regarde-
(1) S iiit Athanase semble avoir suivi ce canon, en
ordonnant Draconce , (|ui avait juré de se retirer si
on l'ordonnait évêciue, à quoi 8. Alhanase ne crut pas
qu'il dOl avoir égard.
(2) Le re>te de ce canon regarde un cas parlicu-
lier, pour la résolution duquel S. Basile fournit un
expédient. Ainsi nous ne le rapporterons pas, parce que
cela n'a point de rapport à la discipline de la Fcni-
tenc«.
097 APPLINDICE SLU l.A l'ENIÏENCF.
r(tns imiiit comme inoiirtricr celui qui a fnpjie un
li:iDime,le(iiiel, après avoir élé blessé, s\'^t mis au lit.
:i la vérité, mais qui ensuite a marché à l'aiilo d'un
.i;iloii. Que si après sa blessure il ne s'est point relevé,
icliii qui l'a fra|ipé sera consiiléré connue bomicide,
ir.ais involontaire, à cause de rintenliun (pTii a eue,
pii n'était point de lui ôter la vie.
Caxon Xil.
Les canons excluent absolument du saint ministère
les bigames.
Canon XIII.
Nos pères n'ont point cru que ceux qui en guerre
avaient ô'é la vie aux ennemis, fussent bomicides : en
quoi, ce me semble, ils ont usé d'indulgence en faveur
de cen\ qui combattent pour la cbasteté et la religion.
Peut-être (1) serait-il à propos de leur conseiller de
s'abstenir durant trois ans de la communion, parce
qu'ils n'ont point les mains pures.
Canon XIV.
Si celui qui s'est enrichi jiar le^ u-ure.s consent de
distribuer aux pauvres les prolits illiciios (pi'il a faits
par celle voie, et s'il se défait de la iiassion davarice,
il pourra (2) être admis au sacerdoce.
Les deux di^rniers cmions de celle leltrc ne rajardenl
point In Pé)iileiice. Ils contiennent sculenienl In résolu-
tion de 'luclqncs diljicultês sur l'ilcrilure- Suinte, (lu'Ani-
philoqne avait projwsces à S. Basile.
Seconde épitte canonique (3) de S. Basile.
Je ne vous ai point envoyé les réponses que j';ù fai-
tes ci-devant à plusieurs questions que voire piéié
m'avait proposées, tant parce que j'en ai été cmpèclié
par une longue maladie, que parce que je nian(|uais
de ^'ens propres à se charger de celte connnis^ion.
Car chez nous il se trouve peu de personnes qui sa-
chent les chemins, et qui soient disposées à enire-
prendredes voyages. C'est pounpioi je vous prie dix-
cuscr le retanlemcnt dont vous cormaissezprésciiteinoiit
la cause. Nous avons admiré eu même tenq)s, elle dé^ir
louable que vous avez d'apprendre, et l'humililé que
vous faites paraî:re, Liquelle vous porto à vou-
loir apprendre, vous à qui le ministère d'instruire les
GO<i
(1) Ce canon n'a point é!é observé, laiit parce qu'il
peut port- r préjudice au bien pulilic. (|iie parce (pTil
esi contraire au sentiment de S. Allianase. (pii,dans
sa lettre à Annis. assure (pi'il est permis par les lois ,
et digne de. louange de luer son ennemi en guerre.
Aussi S. Bisile ne dit l'oinl que ceux (jiii s.mt dan-; ce
^ cas aient souille li'ur conscience par celle action, mais
> seulement qu'ils n'ont point les mains pines, et ne
leur lait point une loi de s'abstenir de la communion,
mais le leur conseille seulement,
j. ' (2) U parait, par ce que dit ici S. Basile, quel'usure
deson temps en Cappadocf n'était point un péché -ou-
mis à la pénitence canoniipie; car en ce cas ceux qui
> en auraient dé coupables, n'auraient |»u être éle». es au
\ sirerdoce. Bal amon croit (|ue la r.iison pour laquelle 1
] ce saint use de celle douceur Ciivers les usuriers, vient |
de ce que les lois civiles autorisaient ces sories de
gains. Cependant le concile de .Nicée (can. 17) . r
donne que l'on déposera de leur ordre les clercs qui
exigent des usures.
(5) Cette leilre a élé écrite l'an 575; c'est la 199'
delà dernière édiiioa.
autres est confié, el à vouloir apprendre de nous qui
sonmies si dépourvus de science. .Mais pui.^iiuc I'.
crainte de Dieu vous porte à faire une chose que peu
de gens daignent faire, nous devons tenter en quel-
(pie manière limpossible, pour satisfaire à ce que vous
désire/ de nous, el concourir à vos bonnes inten-
tions.
Canon XVII.
Vous nous avez demandé si le prê're Bianor peut
cire admis dans le clergé après le serment iju'd a fait.
Je me souviens d'avoir proposé autrefois une règle
commune à tous ceux du clergé d'Aniir)che qui ont
prêté avec lui ce serment : savoir qu'ils doivent s'abs-
tenir des assemblées publiques, mais (pi'ils peuvent
en particulier exercer leur minislère : ce que celui-ci
peui faire avec d'autant plus de liberté, (|ue son sacer-
doce n'est point à Antioclie, mais à Icnne, où il est
venu après avoir quitté celle première villi», comme
vous me l'avez mandé. Vous pouvez donc le rece-
voir fj) en exigeant de lui qu'il lasse pénitence du ser-
ment (pi'il a fait si légèrement devant un infidèle,
n'ayant pas eu le courage de s'exposer ii c faible
danger.
Canon XVIII.
Pour ce qui est des vierges qui ont l'ail profession
(le vivre dans la chasteté, et qui, succombant ensuite
aux passions de la chair, ont violé leins promesses,
nos pères qui .ngissaieni simplemoni el doucement
avec ceux (pii tombaient en faute, ne les ont condan;-
nées qu'à la peine des bigames, el ont jugé (lu'on pou-
vait les recevoir au bout d'un au (2) de pénitence.
Mais il me seud.)le que puis(jiie, par la grâce de Dieu,
l'Église, s'élendaiil tous les jours, devient plus forle,
el que l'ordre des vierges se multiplie, il faut faire
plu? d'alienlion h celle aiïiiirc, et examinei de plus
près les sens de l'Écriture, en comparant ensemble,
autant que nous le pouvons, les textes qui y ont ra'>-
port. Cerlaiucnent la viduitécsl au dessous de la vir-
ginité : par (onséquenl le péché des veuves est beau-
coup moindre que celui des \ierges. rxaminons dune
piéseiiiemciit ce que l'apôtre S. Paul écrit b. '\"\rri)-
t! ée louciianl ces premières, y\idmeltez point , I li
dit-il (1 Cor. t, II), an nombre des veuves, celtes qui
sont jeunes, parce que la mollesse de leur vie les porlj-i.
à secouer lejoug de .Jésus C/irisl. elles veulent se renr,-
rier, .s'eng-igennl ainsi dans lu condnnination pai- leiiote-
ment de la foi, qu'ella lui avaiett donnée nup-rcicnt.
Que si la veuve qui conlreviciU aux pronie.îs&s qu'elle
a faites, se rend si coupable d(!vant Dieu, que doit-on
penser d'une vier;.'e qui est l'épouse de Jésus-C'u i^l
et un vase de saiKlift:.alion oft'eri au Seigneur? i'.\'[
(1) On croit <\un ce prêtre et les autres <Io)!l pnle
ici S. Casile. éîaient du clerg(' d'.\ntinc!ie, qui reron-
r.aissait S. Melèce pour lem- eve(|Me, cl i qui quelque
Arier. puissant avail fait jurer de ne point exercer les
f iiirkoiis do leur i^i/,isièro durant l'ab'^er.co de let-r
évè ;ue (pii éîail en exil.
(2) Saint Basile semb.e ici avoic en vue .'e canon
dixiètnc lu concile d'Ancyre, qui règle eircclivenenl
de ces vierges.
C99
mSTOrilE DES SACREMENTS.
700
un grand péché à une servante même de se marier W parla foi en Jésus-Christ. En général, nous ne jugeons
chindc'siineincnt, de souiller la maison de son maître,
et de (léslioiioror celui à qui elle appartient par une
vie déréglée. Mais c'est bien pis quand l'épouse dé-
lient adultère, et que, méprisant les liens sacrés qui
ïuiiissent à son époux , elle se livre à la débauche. La
rjiivc qui se trouve dans ce cas est condamnée comme
lîne servante qui s'est laissé corrompre : mais la
rii'igc encourt la peine des adultères. Ainsi, comme
LO'js tenons pour adultère celui qui a commerce avec
une femme étrangère, et que nous ne le recevons pas
à la communion , qu'il n'ait renonce à son péché :
nous décernerons la même chose à l'égard de celui
qui retient une vierge consacrée à Dieu, Or il faut établir
avant toutes choses, que Ton appelle vierge celle qui
s'est consacrée volontairement au Seigneur en renon-
çant au mariage, et en lui préférant l'état très-saint de
la virginité. Pour ce qui est des vœux, nous ne les ad-
mettons que quand ils se font dans un âge auquel la |
raison est entière. Car il ne convient point de regar-
der comme irréfragables les promesses que font en ce
gem-e les filles encore trop jeunes : mais pour ce qui
est de celles qui se sont engagées dans cet état à l'âge
de seize ou de dix-sept ans, dont la raison est mûre,
cl qui, après avoir été examinées longtemps, ont
persévéré et prié avec instance qu'on les reçoive, il
faudra les mettre au nombre des vierges, ratifier leurs
promesses, et les punir irrémissiblement, si elles osent
les violer. Ces précautions sont nécessaires, parce que
l'on voit des pères et des mères, des frères ou d'autres
parents, qui, avant làge compétent, présentent des
fille?, qui d'elles-mêmes, et par leur propre inclina-
lion, ne renoncent point au mariage. Ces gens, en
point de ce qui s'est passé dans la vie des catéchu»
mènes. Or l'Église ne reçoit point ces sortes de gens
i sans les baptiser (1) ; il est donc très-nécessaire de
leur conserver les privilèges de la naissance.
Canon XXI.
Si un homme marié ne se contentant pas de sa
femme, a commerce avec une autre, nous le mettons
au rang des fornicateurs, et nous étendons les peines
qui sont dues à ceux qui tombent dans ce péché. Mais
nous n'avons point de règle qui le soumette à la peine
des adultères, s'il a péché avec une femme libre;
parce que la femme adultère, dit FEcrilure (Jer. 3, 1),
demeurera souillée, etueretournera point à son mari. Et
celui-là est uu insensé et un impie (Prov. 18, 22), ^ui
retient une adultère. Mais celui qui sera coupable de
fornication , ne sera point pour cela séparé de
sa femme. C'est pourquoi la femme recevra son mari,
après même qu'il sera tombé dans cette faute ; mais
le mari chassera de chez lui sa femme qui l'aura com-
mise. Il est difficile de rendre raison de cette con-
duite : mais la coutume (2) a prévalu.
Canon XXII.
Pour ce qui est de ceux qui habitent avec des fem-
mes qu'ils ont enlevées, si elles étaient fiancées à
d'autres, on ne les recevra point, que ces femmes ne
leur aient été ôtées et qu'elles n'aient été remises entre
les mains de ceux à qui elles étaient promises , afin
qu'ils puissent, selon leur gré, les garder ou les ren-
voyer. Que si quelqu'un a enlevé une personne libre
de tout engagement, il faut la lui ôter et la rendre à
ses proches , c'est-à-dire à ses père et mère , à ses
agissant de la sorte, ne cherchent que quelques inté- i| frères, ou à tout autre, en la puissance desquels elle
rets temporels. C'est pourquoi nous ne devons point | g^j s'ils consentent à la lui donner, il faut les marier
ensemble : s'ils n'y veulent point consentir, on ne les
recevoir facilement, celles qui sont ainsi présentées,
jusqu'à ce que nous soyons assurés de leur véritable
di-position.
Canon XIX.
A l'égard des hommes, nous n'avons point d'égard
à leurs vœux, à moins qu'ils ne soient agrégés à l'or-
dre des moines, lesquels semblent tacitement avoir
embrassé le célibat. Encore je crois qu'il serait à pro-
pos de les interroger aussi avant qu'ils entrent dans
cet engagement, et de tirer d'eux une déclaration claire
de ce qu'ils promettent, afin que s'ils s'abandimnent
j'.ar la suite aux plaisirs de la chair, et à une vie li-
ceiitieuse , ils soient soumis à la peine des fornica-
teurs.
Canon XX.
Je ne crois pas que l'on doive soimiellre à la pénitence
canonique celles qui dans l'hérésie ayant failA-œude
virginité, lui ont ensuite préféré l'élat du maria.ge.
Car ce que prescrit la loi, elle le prescrit à ceux qui sonl
sous la loi (Rom. 3, 19). Or celles qui ne se sonl pas
encore soumi.-os au joug de Jésus -Christ ne conîiais-
sint point la loi du Seigneur. C'est pourquoi il faudra
les recevoir dans lÉglise, on elles recevront la ré-
mission de ce péché aussi bien que de tous les autres [f cap. 5
; y contraindra pas. Pour ce qui est de celui qui a pro-
curé son mariage avec une femme qu'il a corrompue,
soit par des caresses, soit par violence , il subira né-
cessairement la peine des forniraieurs. Cette péni-
tence doit durer quatre ans. Il faut que ceux à qui
cette peine est imposée soient exclus la première an-
née des prières et qu'ils pleurent à la porte de l'église ,
on les recevra la seconde année parmi les auditeurs ;
; la troisième, lisseront reçus à la pénitence; la qua-
trième, ils auront rang parmi les consistants, sans
faire l'oblation ; après quoi on leur accordera la com-
munion du bien par excellence.
^ ) Cet endroit est obscur. Pour moi, je crois que
I le saint docteur veut din? par ces paroles, qu'il faut re-
garder ceux qui rentrent ainsi dans l'Eglise comme
étant nouvellement nés, et par consé(iuf-nl exempts
des pécdiés de leiu- première vie, qui est regardée
connue n'avar.t point été.
(2) Cette couiimie se troiive autorisée par l'auteur
des Constitutions apostoliques, i. G, c. ii, i)ar le con-
cile de Néocésarée, can. 8, et par celui d'Klvire ,
caii. (55. Cependant S. Augustin enseigne que ladnl-
! tère est une cause légitime de répudier une feainie ,
I mais non nécessaire, "lib. 2 de Coujuyiis adulterims.
îôl
C.VNON XXIII.
A regard de ceux qui épousent les deux sœurs, ou
de celles qui épouseul les deux frères, nous avons pu-
Mié une pclile leltre (1 ) djifil nous envoyons une copie
à votre piété. Mais pour ce qui est de celui qui épouse
la fi'niuie de son fière, il ne recevra point la com-
iiiMiiioii qu'il ne s'en soit séparé.
Canon XXIV.
; L'Apôtre a jugé (l Tim. G, 11) qu'il fallait cesser
' d'assister (2) la veuve qui , étant entretenue aux dé-
pens do lEglise, et du nond)ro de celles qui font pro-
fession de viduité, s'est mariée. Cependant on n'im-
pose pas la même loi aux hommes veufs , qui convo-
lent à de secondes noces ; c'est assez qu'ils subissent
la peine des bigames. Or, la veuve qui , étant âgée de
soixante ans, se fiera remariée, sera privée de la com-
munion, jusqu'à ce qu'elle se soit affrancliic de la pas-
sion d'iuipureié : mais si nous l'avons mise au nombre
des veuves avant ce temps, c'est à nous qu'il faut s'en
premlre et non à celte femme.
Canon XXV.
Celui qui retient pour femme celle qu'il a corrom-
pue, sera soumis à la pénitence que mérite son crime,
mais on lui poiineltra de la garder.
Canon XXVI.
La fornication n'est ni un mariage, ni un commen-
cement de niai'iage : c'est pourquoi si l'on peut sé-
parer ceux qui se sont unis par cette voie, ce sera le
meilleur; mais si absolument ils ne veulent point se
séparer, qu'ils soient soumis à la pénitence réglée pour
les fornicateurs, et <ju'on les laisse vivre ensemble de
peur qu'il n'arrive pis.
Canon XXVII.
J'ai réglé ce qu'il fiillait faire à l'égard d'un prêtre
qui se trouve engagé dans un mariage illicite (5), sans
en avoir connaissance; savoir : qu'à la vérité il gar-
derait son rang parmi les atitrcs prêtres , mais qu'il
s'abstiendrait dos fonctions de son minisièrc. Car c'est l
assez que l'on use d'indulgence envers lui; et il serait
indécent que celui qui doit travailler à guérir ses pro-
pres maux se mît en devoir de bénir les autres, puis-
que la sanctification se communique par la bénédic-
tion. Or, comment celui qui est dépourvu de cette
sanctification à cause de la faute qu'il a commise par
ignorance, en feia-t-il part aux autres? Qu'il ne bé-
nisse donc ni en public , ni en particulier ; qu'il ne
distribue point le corps de Jésus-Christ et qu'il
n'exerce aucun ministère sacré; mais (jue, se con-
tentant du rang d'honneur qu'on lui laisse il
i
(1) C'est la lettre 160 I
^ (2) A la lettre , mépriser. Ce qui en cet endroit
s'eiilondde la ni;inière que nous l'avons rendu, sui-
vant les meilleurs interprètes. :
(5) Mariacje illhile , soit à cause de quelque degré il
de parenté, soit à cause que celle qu'il a épousi'o !
était veuve, ou av:ut paru sur lo lii(';ilre. C'est aiiis
APPENDICE SUR LA PENITENCE
f
702
verse (1) des larmes en présence du Seigneur, afin
d'obtenir le pardon de la faute qu'il a commise sans
le savoir.
Canon XXVIII.
Il m'a pHru que le va-u de s'abstenir de la cliair de
porc était ridicule. C'est pourquoi ayez la bonté de
leur enseigner de ne point s'engager par ces sortes de
vœux et de promesses qui sont impertinentes, puis-
que l'usage d-e ces viandes est indifférent (1 Tint, i,
4), n'y ayant point de créature de Dieu à rejeter,
quand on les prend avec action de grâces. Un vœu de
cette espèce est ridicule, et une abstinence de ce
genre n'est point nécessaire.
Canon XXIX.
Il faut absolimient travailler à guérir ceux qui ,
ayant de l'aulorité, ont fait serment de maltraiter
ceux qui leur sont assiijétis. Or, cette guérison peut se
faire en deux manières : la première en leur ensei-
gnant à ne point faire facilement de tels serments; la
seconde à ne poir.t pci*sister dans nne si mauvaise
résolution. Que celui donc qui, par légèreté, s'est ainsi
engagé, en fasse pénitence, et qu'il ne prétende point
couvrir sa méchanceté du spécieux prétexte de la re-
ligion. Car il n'a rien servi à Hérode d'avoir accom-
pli son sermonl (Matth. 14, 10),' lui qui, pour ne poini
se parjurer, a fait mourir un prophète. Le serment
est défendu en lui-même, à plus forte raison celui
qui a une mauvaise action pour objet : il faut donc
que celui qui l'a fait change de résolution , nu lieu
d'accomplir son mauvais dessein. Considérez, je vous
prie, attentivement l'absurdité de cette conduite. Se-
rait-il à propos, par exemple, que celui qui a juré
d'arracher les yeux à son frère en vînt à l'exécution?
Il en est de même de celui qui aurait lait serment de
tuer quelqu'un, ou de transgresser quelque précepte
de la loi de Dieu : aussi est-il dit (Psalm. 118, 206):
J^ai juré, el je me suis eugarjé, non à commettre le pé-
ché, mais à observer les jugements de votre justice. Car
comme il est convenable de s'affermir par des ser-
ments inviolalilcs dans la résolution d'observei- la loi
de Dieu, de même il est du devoir de rompre tous les
liens qui nous attaciient, en quelque manière ([ue ce
soit, au péché.
Canon XXX.
Nous n'avons point de canon ancien qui règle la pé-
nitence des ravisseurs : c'est pourquoi nous propdsons
notre propre sentiment, savoir : qu'eux et leurs com-
plices soient, durant l'e.^pace de trois ans, exclus dos
prières (2) ; que si le rapt s'est fait sans violence, ctl:!i
qiîi en est coupable ne sera soumis à aucune poii o ,
pourvu qu'il n'ait ér? précédé ni du péché de la chair,
>
(1) Quand S. Basile parle ici de larmes, il ne pré-,
tend pas relécuer ce prèlre dans l;i classe des p!'':i:- '
tenls (lu'on nommait des ph-iiranls; car alors il i>':\h- '
rail pu lui conserver son rang comiiio il fait : ni.îis d
parle des larnu-s de coiupoiiclion qui sft versent c:i la
présence de Dieu.
2) il eiili'nd par ces prières tant celles cpii se fai-
que les canonisles Orecs explKiucnl cet endroit de 1 saieul sur les pénitents, que celles qui accoiup;!;;- Mliwit
S. Basile. î' h liturgie
705
ni du vol. Or, la veuve esi maîtresse d'elle-même, et •
il est en sa puissance de suivre celui qui Ta ravie.
C'est pourquoi en cette occasion nous ne nous em-
barrassons pas de ce qu'elle fait paraître par dissi-
niulalinn, ou des prétextes dont elle se couvre.
Canon XXXI.
La femme dont le mari s'est retiré et a disparu ,
laquelle se marie à un autre avant d'avoir des assu-
rances de la mort du preuiier, est coupable d'adul-
tère.
Canon XXXH.
Les clercs qui ont commis un de ces péchés qui
donnent la mort à l'àme, seront dépo.-ésde leurs or-
dres : on ne leur interdira pourtant point la commu-
nion laitjut', parce qu'il est écrit : Vous ne châtierez
point deux fois pour une même faute (Nah. l, 9).
Canon XXXlll.
Que la femme qui est accouchée étant eus voyage ,
et qui a négligé de prendre soin de son fruit, soit
traitée comme les homicides.
Canon XXXIV.
Nos pères n'ont point ordomié que l'on publiât le
crime des femmes mariées, qui, s'élant laissées aller
à la débauche, s'en sont accusées jtar crainte de Dieu,
ou en ont été convaincues de qut'I(|ue manière que ce |
puisse être , de peur de les exposer à l.i mort , si on
venait à découvrir leur faulc : mais ils ont voulu
qu'elles demeurassent dans la chîssc des consistants ,
sans cnnununier, juscju'à ce ((ue le temps de leur pé-
nuence fût accompli.
Canon XXXV.
A l'égard du mari que sa femme a abandonné , il
fautira faire aliention aux motifs (luVile a eus pour en
agir de la sorte. Que s'il paraît ([u'elle Ta l'ail mal à
propos, on pardonnera au mari ; mais pour elle, elle
sera soumise à la pénitence. En vertu de ce pardon il j
conservera la conumuiidu avec IKglise.
Canon XXXVI.
Les femmes des soldats, qui, ne retrouvant point
leurs maris, en ont pris d'autres, sidtiront les mêmes
peines que celles qui se sîuU mariées pendant l'ab-
sence de leius maris qui étaient en voyage et dont
elles n'ont point altendu le relour. Au reste, la
cause des premières esl plus favorable e| mérite quel-
que indulgence, parce que la prévention e^t plus pour
elles que pour les autres , à cause des dangers de
mort contimu'ls auxquels leurs maris sont ex-
posés.
Canon XXX Vil.
Celui (lui se mariera après (pi'on l'ain-a séparé d'une
femme étrangère (1), sera puni conune coui)ai)le d'a-
dultère , pour avoir eu commerce avec la pren)ière ;
mais on n'aura rien à lui reprocher de ce ({u'il vit
I avec la seconde.
Canon XXX VUI.
Les (illes qui, conîre la volonté de leurs pères, se
(1) J'entends ici, par ce terme de 'emm,' .Hrmigere
«ne femme mariée ^ un autre.
HISTOIRE DES SACREMENTS. 701
sont attachées à ceux qu'elles ont épousés, sont cou-
pables du péché de fornication. Cependant cela est de
nature à pouvoir s'accommoder, si les parents veulent
bien y entrer, et se réconcilier avec elles ; mais qu'on
ne les reçoive point aussitôt à la communion; qu'elles
soient en pénitence l'espace d;- trois ans.
Canon XXXIX.
Celle qui vit avec un adidlère sera regardée aussi
comme telle en tout temps.
Canon XL.
Celle qui, sans attendre le consentement de celui à
qui elle appartient, s'est donnée à un homme, a com-
mis le péclié de la chair. Que si dans la suite elle a
coniraclé un n ariage libre, il sera valide. L'un est
donc fornication, et l'autre un mariage ; parce que les
conventions de ceux qui sont en la puissance d'autrui
s(>'!l de nulle valeur.
Canon XLL
La veuve qui est maîtresse d'elle - même, sera à
couvert de tout reproche , en vivant conjugalement
avec un homme, si personne ne rompt ce mariage ;
puisque l'Apôtre dii (1 Cor. 7, 59) : que si son mari
vient à mourir, elle est libre de se marier à qui elle
voudra, pourvu que cela se fasse selon Dieu.
Canon XLIL
Les mariages qui se font sans le consentement de
I ceux qui ont autorité sur ceux (pii s'y engagent, sont
plutôt des débauches que dos alliances légitimes :
c'est pourquoi ni les enfants de l'amiile du vivant du
père, ni les esclaves sans celui de leurs maîtres, ne
peuvent les contracter sans se rendre coupables. Que
si dans la suite ceux dont ils dépendent y acquiescent,
ces alliances pourront devenir des mariages légi-
times.
Canon XLHL
Celui qui a blessé quelqu'un à mort est homicide ,
soit qu'il ait été l'agresseur , soit qu'il l'ail fait seule-
ment en se défeiulant.
Cano.n XLIV.
La diaconesse qui a commis le péché de la chair
avec un gentil, sera reçue à pénitence (1). Et on ne
souffrira qu'elle fasse son oblation que la septième
aimée; bien entendu qu'elle aura vécu jusqu'alors
dans la chasteté. Mais le gentil qui , après avoir eui-
br.issc la loi , s'abandonne à queNpies superstitions
impies, retourne à son vomissemcn!. Pour ce (jui est
de nous , nous n gardons le corps de la diaconesse
connue ayant été consacré à Dieu : c'est pourquoi
nnus ne permettons pas (pi'elle le lasse servir davan-
tage aux œuvres de la chair.
Canon XLV.
Le nom de clirélien ne sert de rien à celui qui ,
l'ayant reçu, désîionore Je, us-Christ.
Canon XLVL
Celle qui a épousé, sans le savoir, un homme avec
qui sa femme avait fait divorce, et qui a été ensuite
(l) EU ./ewvîcav, cc que nous avons rendu mol poui-
mol : mais en cet endroit la Vhiilcnce marque la
slaùon des prosternés , qui étaient les péiuients pro-
j preincnt dits.
?U5
APPENDICE SUR LV PENITENCE.
706
renvoyée par cel lioninic , prircc (|iic sa première fj affaires ecclcsiasliqucs, que pour rendre visite à mes
femiiio s'esl rco(»ii( iiiée avec lui, est loniiiée dans la
feniicalian, ni;iis par iji-iioraiic*'. ("fsl poiiiipini 0:1 ne
lui inicrdir.i pis le niariajje; il serait pourtant mieux
qu'elle y renonçai.
(Nous ne rapportorniis po-nt le quarante- septième
cnuoii, qui ne regarde (|iie la n)anière de iceoncilier
à l'Eglise certains hérétiques. )
CVNON XLVIÎl
La femme que son mari a abandonnée doit demeu-
rer dans ce étal sans contracter de mariage avec un
autre. Car le Seigneur ayant dit que celui qui quille
sa femme, sinon pour cause d'adullèrc , la fail devenir
adultère (Mattli. 5, 52), lui a interdit la faculté de se
marier à un autre, en la nonniiant ainsi. (>ar comment
se p»»urrait-il faire (pie son mari lût déclaré coupable,
connue étant cause de l'adultère de sa femme dont il
se sépare, et que la femuu- elle-même fût innocente , !
elle que le Seigneur traite d'adultère à cause du ma-
riage qu'elle contracte avec un autre liomnie?
Cano.n XLIX.
L'injure qu'un homme débauclié fait à une personne
du sexe par violence, ne doit point lui être imputée ;
d où vient que l'esclave qui a souflert celle violence
de la part de son maître, n'est point soumise à la pé-
nitence.
Canon L
Nous n'avons point de loi touchant les troisièmes
noces ; c'est pounjuoi ce n'est point en vertu de la loi
que le mariage se contracte une troisième fois. Aussi
considérons-nous ces mariages comme les souillures
de l'Eglise : nous ne les punissons (T) pas néanmoins
publiquement, parce ((u'ils sont encore préférables à
une débauche effrénée.
Troisième épUre canonique de saint
Basile (2).
Comme je revenais d'un long voyage que j'ai fail |
jusque dans le Pont, tant pour y terminer quelques
(1) Il paraît d'abord surprenant que S. Basile dise
ici qu'on ne punit point publiquement ceux qui
passent à de troisième!; r^^^sj, lui qui dans son qua-
trième canon les exclue pour cinq ans de la partici-
pation de l'Eucharistie. Mais on peut aiséinenl lever
celle diflirulté, et faire disparaître celle, contradiction
apparente, si on examine de plus prés ce que vcul
dire le S. docieur, qui en inlerdisarit rEiicbaiistie à
ceux qui sont dans le cas dont il s'agit ici, ne les assu-
jétil poiîit à la pénilencc; proprement dite, rjui était
celle qui se faisait dans la station des pleurants, et
surtout des problèmes, mais les admet d'abord dans
celle des consista, ils, qui devaient s'abstenir de rec(!-
voir les saints mystères, el (|ui n'étaient point regardés
proprement connue pénitents publics, en sorte que
ceux qui n'aTaicnl été n eus (|ue dans ( elle-là, |)ou-
vaienl être reçus dans le cieii^é, et nièine admis au
.sacerdoce, | onivii ipi'il n'y eût point d'obstacle d'ail-
leurs. C'était dans cette classe de pénileuK que s'ex-
piaient les péchés d'iisues el autres s-'iublaliles, qui
n'élaienl point du nombre de ceux pour lesquels on
imposait la pénitence carioni(|ne dans toute son
étendue.
paren's, el (juej'avais d'une part le corps brisé de fa-
li,:,'uc, el de l'antre l'àme accablée de chagrins; ayanl
trouvé à mon arrivée les lettres de votre piélé, jiî ne
les ai pas eues plutôt entre les mains, que je no me suis
plus souvenu de lous mes maux. Il me scnd^Iail enten-
dre votre voix qui m'est si agréable, et voir votre
mam qui m'est si chère, quand je jetai les yeux sur
vos lettres. Vous pouvez juger combien je désire votre
présence par la joie que m'a causée votre lettre, el
plaise à Dieu me faire la grâce de pouvoir en jouir
dans quelque lien où je pourrais me rendre sans beau-
; coup de peines, el que vous nous indiquerez : car il
ne me serait pas diflicile de me rendre à la maison
que vous avez à Euphémiade, cl je le ferais volontiers,
tant pour ni'éloiguer des sujets d'affliction que je
rencontre ici de toute pari, que pour jouir de votre
charité sincère, dont je désire avec empressement la
présence. Peut-être même serai-je obligé d'aller à
Nazianze, à cause de la retraite du très-saint évèquo
Grégoire qlii est arrivée, je ne sais pour que! sujet.
Pour ce qui est de cet homme dont je vous avais moi-
même écrit, et que vous croyiez être tout prêt, sachez
donc qu'étant tombé dans de grandes infirmités,
' el qu'ayant mal aux yeux, ce qui lui vient tant d'une
j ancienne maladie, que de celle dont il a été accablé
j depuis peu, il est devenu absolument incapable de
' toutes sortes d'emplois. Nous n'eu avons pointd'autrcs
' chez nous. C'est pourquoi il serait mieux, quand
même ils laisseraient le tout à notre disposition, de
j ier les yeux sur quelqu'un d'entre eux. Car il y a
lieu de croire que c'est la nécessité qui leur fail tenir
! ce langage, mais que dans le fond ils veulent, ce quils
ont demandé dés le commencement, que l'on mette à
I leur tète quelqu'un des leurs. S'il s'y trouve quelque
néophyte, qu'il soit ordonné, soit que Macédonius y
consente, soit qu'il ne veuille pas y consentir. Pour
vous, prenez soin de le former avec le secours de
Dieu, qui ne vous refusera pas sa grâce dans celte
occasion.
Canox LL
Les canons ont réglé indélinimcnt ce qui regarde
les clercs, en décernant une même punition pour ceux,
d'entre eux qui sont lombes dans le pé<"hé; savoir
qu'ils seraient déposés, soit qu'ils fussent dans les
rangs les plus élevés, soit qu'ils fussent seulement
cl:argés de ces ministères que l'on confie sans l'im-
position des mains.
Canon LIL
Celle qui aura négligé de prendre soin de son frnii,
étant en voy.nge, lorsqu'elle pouvait lui sauver la vie,
subira la peine des homicides, soit qu'elle ail apporté
cette néjjligeiice croyant pouvoir cacher sa faule, soil
que dans celle occasion elle ait agi avec rinhumanité
des lièles. Que si elle n'a pu le couvrir ou à cause que
l'endroit où elle est accouchée était trop écarté, ou
(2) Celle lettre a été écrite lan 5(J5, c'est la 217' j p:"' '^ '^'^'"■"'t *^^ moyens, el qu'il ail péri de la sorte,
de la dernière ^ilion. f il hi>dra oardonner à la mère.
707 ~ HISTOIRE DES SACPxEMENTS.
Canon LUI.
Peut-être que la veuve esclave n'a pas fait une
faute considérable, quand pour se procurer un second
mari elle s'est fait enlever. C'est pourquoi nous ne
devons point entrer dans une alla ire de co genre :
car on ne juge point des prétextes, mais de la vo-
lonté. Au reste, on lui imposera la pénitence des
biganie.s.
Canon LIV.
Je me souviens d'avoir écrit autrefois à votre piété
loucliaul la différence qui se trouve entre les meur-
tres involontaires, et je l'ai lait le mieux qu'il m'a été
possible. Ainsi il ne me reste plus rien à dire sur ce
sujet. Après tout il dépendra de votre sagesse d'é-
tendre ces peines ou de les adoucir, suivant les di-
verses circonstances de l'action.
Cano.n LV.
Ceux qui courront sus aux voleurs, seront séparés
de la communion, s'ils sont laïques ; et s'ils sont
clercs, ils perdront .eur place. Car le Seigneur dit :
Celui qui prend l'épéc, périra par l'épée (Mallh. 26, 52).
Canon LVI.
Celui qui aura commis un homicide volontaire, sera
exclus pour Aingt ans de la communion des choses
saintes. On distribuera ces vingt années de pénitence
en cette sorte. Il sera quatre ans entre les pleurants
hors l'entrée de l'église, suppliant les fidèles qui en-
trent d'intercéder pour lui, et confessant son péché :
après ces quatre ans il sera admis au nombre des
auditeurs, avec lesquels il sortira durant cinq ans :
il fera sa prière pendant sept ans avec les prosternés,
et sortira avec eux : il sera seulement quatre ans dans
la consistance avec les fidèles, sans prendre part
àroblation. Tout cela étant accompli, il participera
aux choses saintes.
Canon LVII.
Celui qui aura commis un homicide involontaire (1)
sera exclus des choses saintes l'espace de dix ans,
qne Ton distribuera en cette manière. Qu'il pleure
deux ans, qu'il soit audilciu- trois ans, prosterné
quatre ans ; il sera durant une année consistant;
après quoi on le recevra à la communion des saints
mystères.
Canox LVlil.
Celui qui est coupable d'adultère, sera séparé quinze
ans de la communion des Scicrements, quatre ans
Pleurant, cinq Auditeur, quatre Prosterné, deux
Consistant, sans conimuiiier.
Canon LIX.
Le fornicateur ne participera point aux choses
saintes durant l'espace de sept années (2). Il en
(1) Il y a tout lien de croire que S. Bar ile dans ce
canon ne parlo pas de toutes les espèces d'iinniicides
iîivolontaires , dont il a fait niculion dans son hui-
tième canon , mais seulement de ceux d(!iil il avait I
dii,dans ce même canon, qu'ils approchaient du vo
lontaire.
(2) Le S. docteur n'avait déterminé dans son canon
22 que quatre années de pénilcice pour les fornica-
leiirs. S'il veut dans celui-ci ([u'elle soit de sept an-
nées, c'est que dans le premier il parle de ce crime
708
passera deux dans le rang dcspicuranls, deux autres
dans celui des auditeurs, deux encore dans celui des
prosternés ; il ne sera qu'une année parmi les con-
sistants, et à la huitième on le recevra à la com-
niunlon.
Canon LX.
Celle qui a voué à Dieu sa virginité et qui a violé
sa promesse, sera soumise à la pénitence prescrite
pour les adultères, et l'accomplira dans le même
ordre. Il en est de même à l'égard de ceux qui, ayant
j fait profession de la vie monastique, sont tombés dans
le péché de la cliair.
Canon LXI
Si celui qui est coupable de vol est touché de re-
pentir, et s'accuse volontairement, il sera exclus seu-
lement pendant un an de la participation des choses
saintes. S'il en est convaincu, sa pénitence sera de
deux ans, dont il passera un dans la station de»
prosternés , et l'autre dans celle des consistants.
Après cela qu'il soit censé digne de communier.
Canon LXII.
Celui qui aura commis des actions honteuses avec
des personnes de même sexe , sera traité de même que
celui qui est coupable d'adultère.
Canon LXIIL
On gardera la même règle à l'égard de celui , qui
qui ayant commis le crime de bestialité, s'en sera con-
fessé.
Canon LXIV
Le parjure sera séparé de la communion pour dix
ans, dont il passera deux parmi les pleurants, trois
entre les auditeurs, quatre prosterné, un dans la
consistance; après quoi, il sera digne de communier.
Canon LXV.
Celui qui se sera accusé de prestiges et de nialé-
(ice , subira les mêmes peines que l'homicide ; et elles
seront distribuées comme il convient à l'égard d'un
homme qui s'est reconnu coupable de crimes si
énormes.
Canon LXVI.
Que celui qui fouille dans les tombeaux , soit sé-
paré de la communion l'espace de dix ans ; deux avec
les pleurants, trois entre les auditeurs ; quatre pros-
terné, une année consistant : après quoi , qu'il soit
reçu.
Canon LXVII.
L'inceste avec une sœur sera puni de la même
peine que Thomicidc.
Canon LXYIIL
Si des parents se marient en degrés que Ton re-
quand il 'se commet par deux personnes libres, et
(jiie dans l'autre il parle de eelui qui se commet avec
des circonstances aggravantes; comme, par exemple,
! quand celui qui a eu ce mauvais commerce, est un
lioitMue marié : ce que notre saint ne traite point
de crime d'adultère, pourvu que C£lle qui est com-
plice dii même péclié, soil une personne libre. Ce a
est évident par le canon 21. Ainsi il n'y a point de
contradiction entre ces deux décisions.
7oa
APPENDICE SUR L\ PÉiNlïENCÉ.
connaisse être prohibés , ils subiront la peine des
adiillères ( I ).
1 Canon LXIX.
Le lecteur qui avant le mariage a commerce avec
sa fiancée , sera , l'espace d'une année , inlerdit de
ses fonctions ; après laquelle, il pourra y rentrer:
mais on ne relèvera pas à un raj)g supérieur; que si
cela est arrivé avant les fiançailles, il sera déposé. La
même loi aura lien pour le ministre (2).
Canon LXX.
Le diacre qui a souillé ses lèvres, et «pii s'est con-
fessé de cette faute, sera interdit de l'exercice de son
ministère; mais il pourra participer aux saints mystères,
avec ceux du même ordre. Il en est de même du
prêtre. Que si l'on découvre que la chose a été plus loin,
ceux qui seiont dans le cas, seront déposés, de quel-
que rang qu'ils soient.
Canon LXXI.
Celui qui aura eu quelque part (3), ou aura concouru
en quelque manière aux péchés susdits, et ne l'aura
point confessé, mais en aura été convaincu , sera au-
tant de temps en pénitence , que ceux qui en sont les
auteurs. ^^
Canon LXXII.
Celui qui s'est donné aux devins , ou autres gens
de cette espèce, pour apprendre leur art, sera en pé-
nitence aussi long-temps que les homicides.
Canon LXXIII.
Celui qui a renié Jésus-Christ, et a violé le mystère
du salut, doit pleurer son crime le reste de sa vie (4),
et en faire pénitence. A la mort on lui donnera les
sacrements, dans ia conliance que nous devons avoir
en la miséricorde de Dieu.
Canon LXXIV.
Dans tous les cas dont on a parlé , celui à qui le
ministère de lier et de délier a été confié , pourra
user d'indulgence à l'égard des coupables qui feront
paraître une douleur plus vive de leurs fautes , et qui
s'en corrigeront : en sorte que s'il voit que les pé-
cheurs embrassent la pénitence avec une ferveur
extraordinaire , il pourra en diminuer le temps, en
(1) Comme il y avait plusieurs degrés d'adultère, il
y avait aussi plusieurs degrés de proximité, et l'on
devait modérer les peines à proportion. C'est ainsi II
que S. Basile condamne à sept ans de pénitence ce- *
lui qui a épousé les deux sœurs, et cette iiénitence I
est la même que cellequ'il avait établie pour un homme t
marié qui avait eu commerce avec une femme '
libre. Au lieu que l'adultère proprement dit, était puni
par une pénitence de quinze ans.
(2) Le ministre se prend ici pour le sous-diacre , et
non pas pour les ministres inférieurs qui étaient pro-
mus à leurs ordres, sans recevoir l'imposition des
mains; puisque ceux-ci ne pouvaient être élevés aux
degrés supéiieurs, dont l'enticie est intcrdile aux lec-
teurs dans ce canon, aussi bien qu'au ininislre dont il 3
y est parié. f
(5) C'est ainsi que je rends le terme îuvsyvwxôj,-, qui
ne dit pas tant que complice.
(4.) Cette pénitence est plus longue que celle que les f
anciens avaient prescrite; mais il était ju.ste de ptniir î
phis sévèrement ceux qui , dans un tcn)ps de paix,
renonçaient à Jésus-Christ.
710
quoi, il n'encourra aucun blâme; l'Ecriture nous
montrant que ceux qui se livrent avec ardeur aux
travaux de la pénitence , obtiennent bientôt miséri-
corde de la bonté do Dieu.
Canon LXXV.
On interdira l'entrée de l'éi^lisc , à celui qui se sera
souillé par un connnorcc infâme avec sa sœur, soit de
père, soit de mère , jusqu'à ce qu'il quitte une vie si
impie et si détestable. Mais après qu'il aura été lou-
ché à la vue d'un crime si effroyable , qu'il pleure pen-
dant trois ans, se tenant debout à la porte de la mai-
son d'oraison , suppliant le peuple qui y entre, afin
que chacun étant touché de compassion s'intéresse
auprès de Dieu , en lui adressant de ferventes prières
pour lui. Qu'il soit reçu trois autres années dans
l'audition, qu'il y entende la lecture des Écritures,
et les instructions, après lesquelles il sera chasse,
et ne sera point admis à la prière; qu'il soit en-
suite prosterné trois ans, pourvu qu'il ait demandé
c^tte grâce avec des larmes, et qu'il se soit humilié
devant Dieu, avec contrition de cœur, et de vifs sen-
timents de son indignité. Après qu'il aura ainsi mon-
tré de dignes fruits de pénitence , il sera admis la
dixième année à la prière des fidèles, sans avoir droit
défaire son offrande; il demeurera deux ans dans
cette classe de consistants, assistant aux prières avec
les fidèles ; après quoi , il sera censé digne de partici-
per aux saints mystères.
Canon LXXYl.
On observera les mêmes règles à l'égard de ccut
qui épousent leurs belles-mères (I).
Canon LXXYII.
Que celui qui abandonne la femme qu'il a légiti-
mement épousée , et qui se marie à une autre , soit ,
suivant la parole du Seigneur, condamné commo
adultère (2). 11 a été réglé par les Pères que ceux qui
sont dans ce cas, pleureraient pendant un an; qu'ils
seraient deux ans auditeurs, trois ans prosternés. Que
la septième année , ils auraient la consistance mêlés
avec les fidèles, et qu'ejifin , après avoir parcouru
tous ces degrés, ils seraient admis à faire leur obla-
tion , pourvu que leur pénitence eût été accompagnée
de larmes.
Canon LXXYllI.
Que la môme chose soit observée à l'égard de ceux
qui épousent les deux sœurs , quoiqu'en dill'ércnts
temps.
Canon LXXIX.
Que ceux qui, par une passion également aveugle
et effrénée, ahiiscnt de leurs belles-mères (rfc la femme
de leur père ), soient soumis à la même peine que ceux
(1) Par belles-mères, S. Basile entend ici les mères
de celles qu'ils ont épousées; ce qu'en latin on rend
par ce mot, uurus.
(2) Pourvu que cetl(; femme qu'il a quitléo ne se
soit point reiulue coupai le d'adultère; car en ce cas
le saint docteur ne l'eût point considéré connue adul-
tère en épousant une autre femme, coinino le croit
Aristène, célèbre caii niste Grec, et le dernier édi-
teur des œuvres du Saint.
7H
HISTOIRE DES SAC!\EMENTS.
715
qui ont un mauvais conunerce avec leurs propres
f sceursM). |
l: Canon LXXX.
I-''
i|. Nos pères ont passé sons sil 'nce la polygamit; ("2) ,
comme étant plus propre aux hèles qu'aux lionnnt's, i
i et entièrement élrangère à la nature lunnaine. Pour
/ (6 qui est de nous, elle nous paraît être un pé<'lié plus !
considérable (pie la l'ornication,; c'est pourquoi il csi I
raisonnable de sounicUre aux canons ceux qui en j
■' sont coupables. 1
Que ces gens-là donc, api es avoir é;é pondant une
année au nombre des pleurants, soient trois ans pro-
sternés, après cela , qu'on les re(;oive.
Canon LXXXI.
Puisque plusieurs, dans nue inclusion de barbares,
ont violé la foi qu'ils devaient à Dieu, ayant fait l;s
mêmes jurements que les idolâtres, et goûté dos
viandes qui leur ont été présenlées dans lt;s temples
des idoles ; nous leur imposerons les mèirics peines
que nos pères avaient staïuées pour ces sortes de cri-
mes, et av.'c la même di^crélion : car, pour ceux qui
ont souffert violence, et ont enduré des supplices, et
qui ensuite ont manqué de courage, parce qu'ils ont
été plutôt entraînés au mal, qu'ils ne s'y sont portés
d'eux-mêmes, ils seront exclus trois ans, deux ans
auditeurs, (rois ans prosternés, et seront ai. .si capa-
Ides de recevoir la communion. Mus pour ce qui est
de ceux qui, sans y être contrainls par de grandes
violences, ont trahi leur foi en [)reiiant part à I;! talde
des démons, et en jurant par les dieux des païens, ils
seront chassés de l'église pendant trois ans, ils se-
ront auditeurs deux ans : ensuite, après qu'ils auront
pirié entre les prosternés l'espace de trois années, et
autantavecles fidèles, ils seront admis à la communion.
Canon LXXXII.
Ceux qui se sont parjurés, y étant contraints par la
violence, seront punis moins rigoureusement : car ils
pourront être revus après six ans de pénitence. .Mais
s'ils l'ont fait sans contrainte, ils seront deux ans
entre les pleurants, deux avec les auditeurs, cinq
prosternés ; et, après en avoir passé deux autres sans
faire l'oblation, priant avecles (idèles, ils seront enfin
admis à la communion du corps de Jésus-Christ,
pourvu qu'ils aient donné des preuves d'une véritable
pénitence.
Canon LXXXIII.
\ Ceux qui consultent les devins, et qui suivent les
I (l) Leurs propres sœins, de père et de mère. Péché
(olus grief que quand il se commet avec une sœur de
'père seulement, ou de mère seulement, tel qn'esl celui
dont il est fait menlinndans le canon G, <»ù il soumet
à la même pénitence ceux (|ui épousent leurs belies-
mères, que ceux qui se souillent avec leurs soeurs de
père ou de mère. Il était juste de {lunir jibis sévère-
,ment ceux qui font une telle injure à leur père.
** (2) Les canonisies Grecs c.oient que S. Basile en-
tend ici par polvgamie les (piatrièmcs noces, qui
étaient défendues par les lois. Mais le dernier éditeur
des letlics de ce Saint croit avoir de bonnes raisons
pour penser que ce canon doit 8'eotendre des troi-
sièmes.
couliunes des païens, ou qui en introduisent quelques-
uns dans leur maison, pour procurer des remèdes à f
leurs maux, el les détourner (par ijuelqucs cérémonies
superstitieuses), seront relégués dans l'ordre des péni-
tents l'espace de six ans; ils |)leureront un an, ils
seront une autre année auditeurs, trois prosternés,
el après qu'ils auront prié avec les fidèles durant un
an, on les recevra.
Canon LXXXI V.
Nous vous écrivons tout ceci, afin de vous donner
lieu deprouver ceux qui font pénitence, et de connaî-
tre s'ils en produisent de dignes fiuits : car, en géné-
ral, ce n'est poiiit p;.r le temps que nous en jugeons,'
mais par la manière doiit on s'en acquitte. Que s'il
s'en trouve quebpies uns (]ui aient de la peine à quit-
ter leurs anciennes b:d)itndes, qui aiinenl mieux sas-
servir aux plaisirs charnels qu'au S 'igneur, el qui ne
veuillent point conformer leur vie à la règle de l'Évan-
gile, nous n'aurons rien de commun avec eux: car, si
nous nous trouvons au milieu d'un peuple désol)éis-
sant el rebelle, nous suivro:is ce que dit l'Écrilure :
Allachez-vous à sauver votre «me (Gen. 19,17). Gar-
dons-nous donc bien de nous perdre avec ces gens-là;
mais craignant le juste jugement de Dieu, et, nous
mettant devant les yeux ce jour terrible aiupiel il
rendra à chacun suivant ses œuvres, prenons garde à
nous, afin de ne point nous laisser entraîner dans la
prévarication, dont les antres se sont rendus coupa-
bles. Si la rigueur (|ue Dieu a exercée depuis peu
contre nous, el si les grandes plaies dont il nous a
frappés, ne nous ont point fait sentir que c'est à cause
de nos péchés que le Seigneur nous a abandonnés, et
nous a livrés entre les mains des barbares (pu ont
emmené le peuple en captivité : si, dis-je, ils ne
comprennent point, après de tels avertissements, que
le peuple a été ainsi dispersé, parce que ceux qui
portent le nom de Chrétiens ont osé commettre de si
gnndsexcès, qui oui attiré la colère de Dieu, qu'y a-
l-il de commun entre eux et nous? Cependant nous
devons les avertir nuit el jour, et en particulier et en
public, sans prendre part à leur méchanceté, en con-
servant un désir ardent de les gagner à Dieu, et de
jes retirer des lacets du diable. Que si nous ne pou-
voiis y parvenir, tâchons au moins de sauver nos
âmes de la damnation éternelle.
l'ancien pémtentiel romain , publié par
Halitgaire, évèque de Cambrai, h la prière
d'Ebon, archevêque de Reims , et imprimé
pour la première fois en 1642 par les soins
de dom Hugues Ménard, sur un manuscrit
d'environ cinq cents ans, mais que le P.
Morin, qui l'avait vu, assure avoir été
copié d'après un autre beaucoup plus an-
cien.
Commence la manière dont les e'véques ouïes
prêtres doivent recevoir les pénitents.
Touto? V . r,;.- que Us Chrétiens ont recour» à la
713 APPENDICE SUR LA PÉNITENCE.
pciiilcncc, nous leur imposons ilcs j. unes, cl nous
714
nous y"]!' moi qui suis piclicnr, afin que je puisse vous rendre de
proiioiis part noiis-nicinos, en jeûnant avec eux une 1^ di(j)ies aclions de grâces, pour m avoir élevé, loul indigne
ou deux semaines, ou autant (pic nos forces nous le
Ipcrmollcnt; aliii que Ton ne nous fasse pas le môme
reproclic, que le Sauveur faisait aux prêtres tics Juifs,
fpiaiid il leur disait : ( Malheur à vous, docteurs de la
loi, qui aggravez le joug des autres, et qui mettez sur
leurs épaules de pesants fardeaux, que vous ne tou-
|; que j en suis, au ministère sacerdotal, cl m'avuir él(éli
I d'ans cet ordre pour vous adorer, et intercéder auprès de
I votre majesté pour les pécheurs, et ceux qui ont ivcoiirs
i à la pénitence. Jlecevez donc, ô Seigneur, qtd voulez
I que tous les hommes soient sauvés, cl viennent ci lu con-
i naissance de la vérité, qui ne voulez point la mort des
cliez pas ujèniedu bout du doigt. «Cependant personne ., pécheurs, mais qu'ils se converlissent , et qu'ils vivent.
ne peut relever celui qui tombe accablé sous le poids
du fardeau, s'il ne se baisse lui-même, et s'il ne lui
tend la
guérir !
souffre de la mauvaise odeur (jui s'en exhale. II en est
de même des prêtres et du pontife, ils ne peuvent
recevez la prière que je fais sous les 7jeux de votre clé-
mence pour v:s serviteurs et servantes qui viennent à la
main : et il n'est point de médecin qm puisse !| Pénitence. Par ISotre-Seigneur Jésus-Christ, ctc
les plaies de ceux qui sont malades, s'il ne [ij Or, celui qui demande pénitence, voyant le pré-
Ire abattu de tristesse, et pleurant pour ses péchés,
il sera plus frappé de la crainte de Dieu, cl aura plus
guérir les plaies que le péché a causées dans l'âme, | d'horreur de ses crimes. Pour vous, quand vous ver-
ni la purifier de cette souillure, à moins qu'ils n'y ap- :^: «'cz un pénitent pénétré d'une vive douleur, et s'exer-
portenl beaucoup de soin, et qu'ils ne piient avec j[i Ç^"t ''^vcc soin dans les pratiques laborieuses, qui sont
larmes. 11 faut donc, mescliers frères, que nous soyons ;^ ""C suite de son état, recevez-le aussilôl. S'il peutac-
très-soigneux à l'égard des pécheurs, parce que nous
sommes membres les uns des autres, et que si un
incmbre souffre, les autres compatissent à sa peine.
C'est pourquoi, si nous voyons quelqu'un qui soit
tombé dans le péché, hàtons-nous de l'inviter à la
pénitence par nos exhortations ; et toutes les fois que
vous donnerez conseil au pécheur, donnez-lui en même
temps pénitence, lui prescrivant les jeûnes qu'il doit
faire, et la manière dont il doit racheter ses péchés,
de peur que vous n'oubliiez combien de jeûnes méri-
tent ses péchés, cl que vous ne soyez obligé de vous
informer de nouveau des fautes qu'il a commises : car
i\ pourrait arriver que le pécheur aurait honle de re-
commencer sa confession, et que par là il se rendrait
plus coupable.
I cnmplir les jeûnes qui lui seront prescrits, ne l'en em-
I pochez pas, mais permettez-les lui : car ceux-là sont
I plus dignes de louange qui s'empressent de se délairc
I du poids de leurs péchés, cl le jeûne est un moyen
I propre à cela. Vous direz donc à celui qui est en pé-
nitence, que s'il jeûne et s'il s'acquitte de ce qu'on lui
aura enjoint, il sera purifié de ses péchés : et qu'au
contraire, s'il retourne à ses premières habitudes, il
deviendra semblable au chien qui retourne à son vo-
missement. Tout péiiiteiit doit donc jeûner non seu-
lement autant que le prêtre le lui a ordonné, mais,
outre cela, après qu'il aura accompli ce que le prêtre
lui avait prescrit, il doit, autant qu'il le jugera à pro-
pos, jeûner les quiUrième (1) et sixiènie fériés. Car,
s'il fait ce que le prêtre lui a marqué, il obtiendra le
Or, tous ceux du clergé, entre les mains desquels i; pardon de ses péchés; mais si, de sa propre volonté
cet écrit tombera, ne doivent ni le décrire, ni le lire, \^ i' jeûne outre cela, il acquerra une grande récom-
mais ceux-là seulement qui doivent en faire usage,
c'esl-à dire, les prêtres. Car, conmie le sacrifice ne
peut être offert que par les évêques et les prêtres
aux(iuels les clés du royaume des cieux ont été con-
fiées, de même le jugement des pécheurs ne peut con-
venir aux autres. Que si l'on se trouve dans le cas de
nécessité, et que le prêtre ne soit point présent, le
diacre alors recevra le pénitent à la sainte commu-
nion. Les prêtres elles évêques doivent donc, comme
il a été dil ci-dessus, s'humilier et prier avec larmes f
' et gémissements, non seulemeîit pour leurs propres
pense, elle royaume des cieux. Que celui donc quia
jeûné tonte la semaine pour ses péchés, mangect boive
le samedi et le dimatiche ce qui con. ient : mais qu'il
prenne garde ffue cela n'aille jusqu'à l'ivresse et à la
crapule, qui sont les sources de l'impureté. D'où vient
que le B. Paul nous recommaiide de ne point nous
Ciùvrer de vin qui porte à la mollesse, no:i j)ar lui-
même, mai-3 par l'abus que l'on en fait en le prenant
en tiop grande quantité.
Ici finit le Prologue.
Si quehin'un ne peut supporter le jeûne, et qu'il ait
péchés, mais encore pour ceux de tous les Chrétiens; | de quoi le racheter, il donnera pour sej)! semaines,
afin qu'ils puissent dire avec l'Apiilre S. Pa\d (2 Cor.
11,19) : Qui est faible, sans que je m'a/faiblisse avec
lui ? qui est scandalisé , sans que je brûle ? Lors donc
que quelqu'un viendra trouver un prêtre pour lui con-
fesser ses péchés, que celui-ci lui dise d'attendre un
peu, jus lu'à ce qu'il entre dans sa chambre pom- prier.
Que s'il n'a point de chambre, qu'il fasse dans son
cœur celte prière :
Seigneur, Dieu tout-puissant, soyez-moi propice, à
TH. XX.
I s'il est riche, vingt sous; s'il n'a p.is de quoi le faire,
I il en donnera dix ; que s'il est fort pauvre, qu'il cii
donne trois. Or personne ne doit être surpris de ce
que nous ordonnons' de donner vingt sous ou moins ,
parce qu'il est plus aisé à un l.onune riche de donner
vingt sous, qu'à un pauvre d'en donner trois. Mais que
chacun considère à qui il doit donner, soit qu'il faille
employer cet argent pour la rédemption des captifs,
soit sur le saint autel, soit pour les pauvres CJiréliens.
(I) C'est ainsi que je rends ces termes, sivc tetta-
das, sive parascevas.
,15 HISTOIRE DES
Au reste sachez, mes frères, que qvaxnd il viciil à vous 1
des valeis, ou des servantes, pour demander la péni- |
tence, vous ne devez point tant les charger, ni leur |
imposer des jei\i»es aussi rigoureux qu'aux riches, |
parce qu'ils ne sont point leurs niailres, et c'est pour- t!
quoi vous ne leur ordoiuicrez que la moitié de ce que
l'on prescrit aiux personnes aisées.
Ici commence la manière de donner la péni^
tence.
Il dit d'abora le psaume trente-septième tout cn-
lier*ï Seigneur, ne me reprenez pas dans votre colère, l
Après quoi il dit :Pno«s; et il récite le psaume cent «
deuxième: Mon unie, bénissez le Sei(jneur, jusqu'à ces :
mots : M a jeunesse se renouvellera comme celle de uiigle.
II dit ensuite le psaume cinquantième : Seigneur, ayez
pitié de moi, jus(iu'à ces paroles : Effacez mes péchés. :|
11 dit après cela le psaume cinquante-troisième: Sei- ^j
gneur, en voire nom , et il dit : Prions. Il dit de plus le
psaume cinquante-unième : Pourquoi vous glorifiez-
vous? \\isqu' h ces mots, les justes le verront, et ils en
auront peur. Ensuite il dit :
Prions.
Seigneur, dont rindulgence est nécessaire à tous les
hommes, souvenez-vous de votre servitetir, qui, étant sur
la terre enviroiiné d'un corps fragile et dans un chemin
glissant, s'est laissé dépouiller de la justice. Accordez-lui
le pardon des fautes qu'il confesse. Recevez sa prière;
afm que comme nos péchés portent témoignage contre j
nous en votre présence , nous soyons délivrés par votre ■
miséricorde.
Autre prière.
Dieu, sous les yeus duquel tout cœur tremble, et toute l
conscience est effrayée , ayez pitié des gémissements de •■
tous, et guérissez leurs plaies, afin que, comme personne
n'est exempt de péché, personne aussi ne soit privé du
pardon. Par Notre-Seigncur Jésus-Christ.
Autre prière.
Dieu, dont la miséricorde est infinie, et la vérité sans
bornes, remettez-nous toutes nos iniquités, guérissez
toutes les languetirs de nus âmes ; afm qu'aymt reçu
les gages de votre bonté, nous nous réjouissions à jamais
dans vos bénédictions. Par Notre-Seigneur
Autre prière.
J'implore, à Seigneur, votre clémence et votre miséri-
corde . afin que vous daigniez remcilre à votre servitair
les péchés et les crimes dont il s'accuse, et que vous lui
en accordiez le pardon , vous qui avez reporté sur vos
épaules la brebis égarée, et qui avez écouté favorablement
la prière du publicain , qui se reconnaissait coupable.
Soyez don:, aussi [cvorable , ô Dieu, à votre serviteur ,
pyé'.cz l'oreille à ses prières, que ses demandes et ses
larmes parviennent jusqu'à vous, et qu'étant rétabli dans
la participation de vos autels et de votre sacrifice, il se
réjouisse de nouveau dans l'espérance de la joie céleste.
Par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-ii.
De plus, l'oraison pour l'iniposiiiori des mains.
Dieu Saint, Père tout-puissant e! éternel , qui, par \
J^giui-Clm.*^ voire Fils, et ISotrc-Sàgncur, avez rlaiiji'é
SACREMENTS. 716
guérir nos plaies , nous vous demandons et nous vous
prions d'écouter favorablement les prières que vos prêtres
humiliés en votre présence vous adressent : remettez à
votre serviteur tous tes crimes et tous les péchés, dont il
s'est rendu coupable, qu'il reçoive le pardon au lieu des
supplices, la joie au lieu de la tristesse, la vie au lieu de
la mort : il est déchu de l'espérance de la gloire céleste ,
mais se confiant en votre miséricorde, qu'il se rende digne
de jouir de la véritable paix, et de parvenir à ta vieéter^
nelle. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-il.
Commence la réconciliation du pénitent en
la cinquième férié, le jour de la cène du Sei-
gneur.
Premièrement il dit le psaume cinquantième, ave
l'antienne : Cor mundum , et la prière : Dieu plein de
bonté, qui avez créé le genre liumain , et qui l'avez ré-
formé par votre grande miséricorde , qui avez daigné me
rendre l'instrument de votre grâce par le ministère sa^
cerdotal , moi , qui le premier de tous ai besoin de votre
miséricorde, (n'ayez point égard {i) à mon indignité),
afin que la clémence du Rédempteur paraisse avec d'au-
tant plus d'éclat, que le suppliant est plus dénué de
mérite. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.
Autre prière.
Dieu éternel et tout-puissant , remettez à votre servi-
teur les pécliés dont il se reconnaît coupable en votre
présence, afin que les fautes dont sa conscience est char-
gée, lui soient moins nuisibles , qtie votre miséricorde ,
dont il attend le pardon, lui sera avantageuse. Par
Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.
Autre prière.
Dieu tout-puissant et miséricordieux , qui accordez lu
rémission des péchés à ceux qui s'en confessent aussitôt,
secourez ceux qui sont tombés , ayez pitié de ceux qui
se reconnçiissent coupables, afin que ceux que leurs pécliés
tiennent enchaînés, soient délivrés par votre grande mi-
séricorde.
Prière sur un malade
Dieu, qui avez prolongé de quinze années ta vie de
votre serviteur Ezécliias, faites lever de ce lit votre ser-
viteur que la maladie y a réduit, et rendez-lui la santé.
Par Notre-Seigncur Jésus-Clirist.
Commence le jugement (2) du pénitent» I.
Si quehiue évéque ou quelqu'un de ceux qui sont
dans les ordres a commis un homicide , si c'est un
clerc , qu'il soit dix ans en pénitence, dont trois au
pain et à l'eau : si c'est un laïque, il y sera trois ans,
et il en passera un au pain et à l'eau : si c'est un sous-
diacre, six ans: un diacre, sept : un prêtre, dix : un
c\ èi|ue, douze. Si quehiu'un a consenti à ce qui s'est
fait, (ju'il soit sept ans en pénitente, dont trois au paiu
et à l'eau. Si un laïque a fait volontairement un lio-
(1) J'ai ajouté ces paroles pour fonner un sens, qui
ins cela i e se trcuvciail p.ss, parce qu'il y avait sans
II
sans cela i e se ircuvciaii p.ss, parif nu u \ inun ^^^iis
doute une faute dans rexemidaire.
(2) -C'esl-à-dire , la règle suivant laquelle les prêtres
doivent imposer les peines dues aux pécliés de ceux
qui 5)'a<'ressent à dix.
717
APPENDICE SUR
niicide, il subira sept ans de pénitence, trois desquels
il sera réduit au pain et à l'eau. Si quelqu'un a éloud'é
\m enfant, il y sera trois ans, dont un au pain et à
l'eau. La même rèj^le s'observera à l'éijard du clerc.
De la fornication, II.
Si quelqu'un a commis le péché do sodomie, qu'il
soi! dix ans en pénilencc, trois au pain et à l'eau. Si
un clerc est tombé dans l'adultère, ayant eu connncrce
avec la femme ou la fiancée d'un aiftre ; s'il est né un
enfant de celle conjonction illicite, qu'il fasse péni-
tence durant sept ans ; si elle n'a point eu de suite,
et que la cbose ne soit point venue à la connaissance
des boinmes, s'il est clerc, il sera trois ans en péni-
tence, dont unau painelàreau;s"ilestdiacre ou moine,
sept ans, trois desquels il jeûnera au pain et à l'eau ;
si c'est un évoque, douze ans , cinq an pain et à l'eau.
Si un clerc d'un. ordre siq)érieur qui est marié a com-
merce avec sa femme depuis sa conversion et sa pro-
motion, qu'il i^aclic qu'il s'est rendu coupable du pé-
cbé d'adultère : c'est pourquoi qu'il fasse pénitence,
comme nous l'avons marqué ci-dessus. Si quelqu'un
a eu un commerce cbarnel avec une religieuse ou une
personne consacrée à Dieu, qu'il saclie qu'il a connnis
un adultère, et c'est pourquoi qu'ils fassent pénitence
chacun suivant l'ordre dans lequel il se trouve, comme
il a été expliqué ci-dessus. Si quelqu'un s'est souillé
par quelque impureté qu'il a exercée sur lui-même,
ou avec une jument ou quelqu'autre animal à quatre
pieds , qu'il fasse pénitence trois ans. Si qucbiu'un a
conçu des désirs impudiques qu'il n'a pu accomplir,
parce que la femme pour laquelle il a de la passion n'a
pas voulu y consentir , qu'il soit une demi-année en
pénitence au pain et à l'eau, et qu'il s'abstienne de
chair et de vin l'espace d'un an. Si un clerc après
s'être voué à Dieu reprend l'habit séculier, retour-
nant ainsi comme un chien à son vomissement , ou
s'il se marie , qu'il fasse six ans de pénitence , dont
trois au pain et à l'eau, et que de plus son mariage
soit cassé. Que s'il refuse de s'y soumettre, le sy-
node ou le siège apostolique, le séparera de la com-
munion des catholiipies. Il en sera de même de la
femme qui se sera consacrée à Dieu, si elle commet
ce crime, elle subira une pareille sentence. Si un
laï([ue pèche en la manière des sodomites ,qu"il soit
en pénitence sept ans. Si quelqu'un a eu un lils
avec la femme d'un autre et qu'il ait ainsi violé le lit
conjugal de son prochain, qu'il s'abstienne pendant
trois ans de viande succulente et de sa propre femme ;
outre cela, qu'il donne au mari de la femme dont il a
ainsi abusé le prix de sa cupidité. Si quelqu'un a voulu
commetire un adultère et ne l'a pu à cause du refus de
celle qu'il a sollicitée, il sera en pénitence quarante
jours. Si quelqu'un a eu commerce avec des fennnes,
si c'est avec des veuves, il fera pénitence un an ; si
c'est avec des iilles, deux ans ; si les parents y con- '
i sentent, que la tille dont il a abusé soit sa femme,
cependant qu'il soit en pénitence un an. Si (pielqu'un
a eu un commerce infâme avec des bêles, qu'il fasse ;
pénilencc un an ; s'il n'avait |)oint de femme, une
LA PÉNITENCE. 718
demi-amiéc. Si quelqu'un a ravi une vierge ou une
veuve, il sera trois ans en pénilencc. Si quelqu';::!
ayant une fiancée, a conunorce avec sa sœur et vil
cependant avec celle qu'il a fiancéo comme avec ^:i
femme, si celle dont il a abusé se doime la iporl par
d sespoir , tous ceux qui ont quelcpie pan dans m»-
fait de cette nature seront réduits dix ans au p.. in
et à l'eau , suivant la règle des canons. Si unefem; c
qui s'est laissée aller à la débauche , a fait mourir s. n
fruit, ou s'est fait avorier, elle doit faire pénitence
jusqu'à la mort : cela était établi autrefois. Mais pour
nous, croyant devoir user d'humanité envers elle,
nous ordonnons qu'elle fera pénitence dix ans , sui-
vant les degrés que la coutume a réglés dans la distri-
bution des peines.
Du parjure, III.
Si un clerc s'est parjuré , il sera en pénitence sept
ans, trois au pain et à l'eau. La pénitence du laïque qui se
trouve dans le même cas, sera de trois ans ; celle du
diacre, de sept ; celle de l'évêque , de douze. Que
si un homme (1) l'a Hiii y étant contraint jiar quelque
nécessité ou par ignorance, qu'il fasse pénitence trois
ans, dont il jeûnera un au pain et à l'eau. De plus
qu'il rende une âme, c'est-cà-dire, (ju'il procure à ses
dépens la liberté à un esclave de l'un ou de l'autre
sexe, et qu'il fasse beaucoup d'aumônes. Si quelqn'nti
a violé son serment par cupidité, qu'il vende tout
son bien, qu'il le donne aux pauvres, qu'il entre dans
un monastère , et que là il serve Dieu jusqu'à la
mort.
Du vol. IV.
Si un clerc a fait un vol capital, c'est-à-dire, de
bêles à quatre pieds, ou s'il a fait brèche à une m:ii-
son, ou bien s'il a pris quelque chose de conséquence,
qu'il soit en pénitence sept ans ; si c'est un laïqu^ ,
il sera cinq ans : un sous-diacre, six ans ; un diati e
sept, un prêtre dix, un évoque, douze. Que s'il n'a
fait que des vols peu importants une fois ou dens-,
qu'il restitue ce qu'il a pris à son prochain et qa'il
jeûne un an au pain et à l'eau. Que s'il n'a pas de quoi
rendre , qu'il soit en [léniience trois ans. Si qiicl-
qu'un a violé un sépujcie, il fora pénilencc pendant
sept ans, dont il jeûnera Irois au pain et à l'eau." Si
un laïque a fait un vol, qu'il rende ce qu'il a pris .'t
qu'il jeûne trois carêmes au pain et à l'eau. S'il n'a
pas de quoi restituer, qu'il fasse pénitence un an et
trois carêmes au pain et à l'eau ; de ] lus qu'il fasse
des aumônes aux pauvres, de son travail, et qu'ainsi
il soit réconcilié à l'autel par le jugement du piè-
tre.-
Du maléfice, V.
Si un homme a nui à quelqu'un (2) par maîéfin^
(1) Un homme, ce qui doit sansdomeêlre enlcndii
de celui qui est dans le clergé, puisune le laïque cou-
pable de parjure, sans iiièuie y avoir été nécessilé, •
n'est condamné qu'à trois ans de pénilence.
(2) C'est auisi que j'ai rendu le terme, pcrdiderit,
oui absolument parlant ne signilie pas faire mourir.
719
il sera en pénitence sept ans, trois desquels il se
contenlcra de pain et d'eau pour sa nourriture. Si
quelqu'un s'est servi de malédce pour insjdrer de
l'amour et qu'il n'ait nui à personne, si c'est un laï-
que, sa pénitence sera d'une demi-année; si c'est un
clerc , elle sera d'un an au pain et à Teau ; si c'est
un diacre, elle sera de trois ans, dont un au pain et à
l'eau ; si c'est un prêlre , de cinq ans , dont deux
HISTOIRE DES bACIlEiïfiNTS. 730
a mangé du sang , ou d'une bête morte d'elle-mènic,
ou de ce qui a été immolé aux idoles, sans qu'il v eût
nécessité, jeûne douze semaines.
Touchant quelques autres points, VII.
Si quelqu'un s'est mutilé quelque membre volonlai^
remem, qu'il soit trois ans en pénitence, dont un au
pain et à l'eau. La même peine est décernée contre
au pain et à l'eau. Que si quelqu'un parce m^
I .,. n celui qui aura procuré volontairement un avorlcment,
a empêché la femme de concevoir, qu'il ajoute à sa
pénitence six quarantaines , de peur qu'il ne soit cou-
pable d'homicide. Si quelqu'un par la voie des malé-
fices a excité des tempêtes, qu'il fasse pénitence sept
ans, dont trois au pain et à l'eau.
Bu sacrilège, VI.
Si quelqu'un a commis un sacrilège , en consultant
les aruspices, ou les augures, ou quelque esprit ma-
lin, qu'il soil trois ans en pénitence au pain et à l'eau.
Si quelqu'un a fait le métier de devin, ce qui est dia-
bolique, qu'il fasse pénitence cinq ans, dont il jeû-
nera trois au pain et à l'eau (1) Si quelqu'un use
de ce ([u'on appelle mal à propos les Sorts des saints,
s'il jette quelque sort, ou s'exerce à la divination,
qu'il fasse pénitence trois ans, un au pain et à l'eau.
Si quelqu'un fait ou rend ses vœux à des arbres ou à
des fontaines, ou s'il fiùl l'un et l'autre hors de l'Eglise,
qu'il fasse pénitence trois ans au pain et à l'eau, parce
que cela est sacrilège et diabolique. Que celui qui
aura bu et mangé ('2) dans ces endroils-là, fasse pé-
nitence un an au pain et à l'eau.
Si quelqu'un, exerçant l'art magi(iue,a fait peitlre
par ses maléfices l'esprit à un homme, qu'il fasse cinq
ans de pénitence , dont un an au pain et à l'eau. Si
quelqu'un a fait des ligatures, ce qui est détestable,
qu'il y soit trois ans, dont un au pain et à l'eau. Si
quelques-uns s'assemblent pour faire un festin dans !|
les lieux profanes, où les païens ont coutume de cé-
lébrer leurs fêles , il nous a semblé bon qu'ils soient
trois ans prosternés, et qu'on les reçoive ainsi (5)
Si quelqu'un a bu ou mangé auprès d'un temple d'i-
doles, si c'est par ignorance, qu'il promette donc
plus recommencer, et qu'il fasse pénitence durant
quarante jours au pain et à l'eau. S'il l'a ftdt par mé-
pris,'après que le prêlie l'aura averti que c'est un
sacrilège, et que c'est communi(juer en quelque sorte
à la table des démons, qu'il jeûne trois quarantaines
au pain et à l'eau. Que s'il l'a fait pour rendre un culte
superstitieux aux démons, qu'il soit. trois ans en pé-
nitence. Si quelqu'im a sacrifié deux ou trois fois aux
démons y étant contraint, qu'il soit trois ans pro-
sterné, qu'il communique deux ans (aux prières) sans
Xaire son offrande, et que lu troisième année il soit
reçu à la participation du bien parfait. Que celui qui
(1) Il y a faute en cet endroit dans l'exemplaire,
et le sens est inlMielligible. Et c'est pourquoi nous
avons passé nue période.
(-1) l'ar esprit du supcrstiiiou, sans doute.
(3) Il y a taule ici dnns rexompifl,'!"'^. C'est pour-
quoi nous avons fait une lacune
et contre ceux qui exercent l'usure en toutes sortes de
manières. Si quelqu'un par autorité, ou poussé par un
j mauvais esprit, s'est emparé du bien d'aulrui, qu'il
\ subisse la môme peine, et que de i)lus il fasse d'abon-
I dantes aumônes. La même chose est ordonnée contre
l celui qui par de mauvaises voies aura réduit un homme
en servitude, ou l'aura vendu (1). Si quelqu'un de pro-
î pos délibéré a brûlé une grange ou une maison , qu'il
I soil soumis à la même pénitence. Si un homme en a
frappé un autre par colère jusqu'à répandre le sang,
ou s'il l'a rendu impotent , que d'abord il paie les
frais (2), et qu'il cherche un médecin. Si c'est un
laïque qui se trouve dans ce cas, il fora pénitence qua-
1 rante jours; si c'est un clerc, deux quarantaines, si c'est
I un diacre, sept mois; si c'est un prêtre, un an. Si un
I clerc va à la chasse , il sera en pénitence un an ; un
I diacre, deux ans; un prêtre, trois ans. Si quehpic
f! ministre de l'Eglise vole ou laisse perdre par sa négli-
3 gence ce qui lui appartient, il fera pénitence sept ans,
jl dont trois au pain cl à l'eau. Si une personne qui a
S plus de trente ans, se corroinpl avec des animaux,
l qu'elle soit en pénitence quinze ans, après lesquels
i elle méritera de recevoir la communion. Ceiendanl
que l'on s'informe de sa conduite pour reconnaître si
elle donne lieu d'adoucir sa pénitence Mais que
ceux qui sont plus avancés en âge, cl yni sont mariés,
fassent vingt-cinq ans de pènilence, de manière qu'a-
près vingt ans, ils soient admis à la communion, et à
faire leur oblalion. Que si quelques-uns étant mariés,
jCt âgés de plus de cinquante ans , tombent dans ce
crime, qu'ils ne reçoivent la comnumion qu'à la mort
en forme de viatique.
De l'ivresse, VIII.
Si quelqu'un s'est enivré en buvant, soit de la bierre,
soit du vin avec excès, contre le précepte du Sauveur
et des Apôtres, s'il est engagé à une vie sainte, il
sera quarante jours en pénitence pour expier sa hule;
si c'est un laïque , il y sera sept jours.
(Ce qui reste du pénilciUiel Romain dans l'exemplaire
que D. Ihujues Ménard a fait imprimer, el après lui le
P. Morin, est si défectueux qu'on ne peut le traduire
que trîs-difficilement en notre langue, et en y laissant
beaucoup de lacunes. Cest pourquoi nous y suppléerons
en quelque sorte en donnant quelques extraits du premier
des trois pénitentiels d'Angers, que le Père Morin a fait
imprimer dans le recueil des pièces qu'il a mises « la fin
(1) C'est ainsi que je rends le terme de Iransmise-
rit , parce (|u'il me semble que c'est le sens le plus
raisontial)le.
(2) Ou V:\m(ii\(\e , Vrierccdem. ''^'
721 APPENDICE SLR I
de son traité de lu Pénitence, et (jui se trouve à ta paye 5'2,
cl suivantes de rappendicc de cet ouvrage, de Védilion
qui s'en est faite à Paris chez Gaspar Mcluias , en
Cdu IGul.
Nous aurions pu nous dispenser de donner cet extrait, ;
ce que nous avons rapporté du pénitenlicl Pioniain sujfi- '
sant en quelque sorte pour nous donner une idée de la i
vumière de faire pénitence dans le moijen-i'uje : puisque le
lecteur peut aisément juger des peines que l'on imposait
pour les autres péchés, par celles qui sont établies dans
ce pénitenlicl pour ceux dont il y est fait mention dans
ce que nous en avons traduit. Mais comme le pénitenliel i
d'Angers contient certaines dispositions particulières,
j'espère que le lecteur me saura bon gré de les lui avoir
mises sous les yeux, et surtout ce qui regarde le rachat
des pénitences qui s'était déjà introduit quand ce livre
a été composé, quoique d'ailleurs il doive être assez cm-
cien, puisque, comme l'assure le P. Morin (I), le plus
récent des papes, dont les décisions y sont rapportées,
est Grégoire III.
(1) Le P. Morin n'avait point vu le manuscrit an-
cien de ce pénilciitiol, mais une copie senlenient, que
M. de Loyauttj, avocat au parlement de Paris, et ci-
toyen d'Angers, lui avait cominuniquée.
Extraits dun ancien pénitcntiel d'Angers.
De l'homicide.
Que celui qui a tué un moine ou un clerc, ne porte
plus les armes, et qu'il entre au service de Dieu (1),
ou qu'il fasse sept ans de pénitence. Celui qui par
Iiaine , ou par le désir d'envahir le bien de son pro-
chain, la fait mourir, y sera trois ans. S"il a conunis
ce meurtre pour venger la mort de son frère, il fera
pénitence un an, et les deux ou trois carêmes suivants
avec les fériés ordinaires (2). Celui qui aura fait un
meurtre dans la chaleur de la colère , ou d'une que-
relle, sera trois ans en pénitence. Celui qui l'aura
fait par hasard , im an : si c'est dans une guerre pu-
blique, quarante jours. Si c'est un esclave qui l'a lait
par le commandement de son maître, -40 jours. Si
c'est un honnue libre qui ait commis un homicide par
ordre de son Seigneur, un an et les deux carêmes sui-
vants avec les fériés ordinaires
Des crimes capitaux.
Je vais donc expliquer les crimes capitaux selon les
canons. Le premier est l'orgueil, l'envie, la fornica^
tion , la vaine gloire, la colère que l'on garde long-
temps, la tristesse mondaine, l'avarice, la gourman-
dise. Saint Augustin y ajoute le sacrilège, c"est-à-
dire, le vol dos choses sacrées, qui est le plus grand
do tous les vols, le culte des idoles, et les aruspices.
Ensuite l'adultère , le faux témoignage, le vol, les
rapinos, l'ivresse fréquente, la mollesse, la sodomie,
la médisance, le parjure. S;iinl Paul, S. Augustin, et
!<s autres saints ont jugé qu'il fallait, pour ces sortes
(l) C'est-à-dire, à ce que je crois, dans un mona-
stèie, pour y pratiquer la règle des moines.
(â) Legiiimis feriis, c'esi-à-dire, les jours de la se-
iiaiue destines pour cela.
\ PÉNlTIiNCE. "^îî
I do crimes, faire d'abondantes aumônes, et jeûner
longtemps- C'esl-àdirc, comme quelques-uns,
croient, qu'il faut pour les crimes capitaux, conmie
pour l'adultère, l'homicide, la fornication, le parjure,
et autres semblables, que le laitpic fasse trois ans de
pénitence, le clerc cinq ans, le sous-diacre six, le
diacre sept, le prêtre dix, l'évêquc douze : que s'il y
a iiabilude, lévêque doit faire quatorze ans de péni- ;
tence, le prêtre douze, le diacre din, le sous-diacre j
sept, le clerc six, le laïque cin([
De la pénitence des clercs.
11 est statue dans le canon des Apôtres que l'évêque,
le prêtre et le diacre, qui ont été surpris en fornica-
tion , en parjure ou en vol , seraient déposés ; mais
qu'ils ne seraient point privés de la communion^
parce que Dieu ne juge point deux fois la même chose.
Si un pontife tombe dans le péché de fornication , il
sera coiulanmé à douze années de pénitence, et il de-
mandera pardon au Seigneur par beaucoup de larmes
et d'aumônes. Sa pénitence sera moindre trois ou
quatre de ces années (1).
1 Quels jours les hommes mariés doivent s'abstenir de
'] leurs femmes.
' Ceux qui sont mariés doivent garder la continence
l quarante jours avant Pâques, et avant Noël, et tous
i les dimanches , îes mercredis et vendredis. De plus,
I depuis que la conception s'est manifestée, c'est- à-
I dire, trois mois avant les couchesde leur femme. Que
i celle-ci, après qu'elic est accouchée, soit trente jours
I sans venir à l'église, si c'est un fils qu'elle a mis au
i monde , et quarante, si c'est une fille. Que celui qui
3 aura eu commerce avec sa femme dans le temps de
1 ses ordinaires, fasse trente jours de pénitence, etc.
■ji Les mêmes règles se trouvent établies ensuite dans
I l'article qui a pour titre : De machinamentis nnilierum,
I avec la peine que méritent ceux qui les transgressent, et
I quelques autres particularités , que nous rapporterons
l] tout de suite.
f. Que la femme vive en continence avec son mari
après qu'elle a conçu, trois mois avant ses couches,
et après ses couches, quarante jours. Ceux qui auront
usé du mariage durant ce temps , seront quarante
jours en pénitence, ou trente, ou vingt. Que les per-
sonnes mariées vivent en continence pendant le ca-
rême, la nuit du dimanche, le samedi , la quatrième
et sixième férié, et les fériés légitimes ; de plus, les
trois nuits qui précèdent la communion. Celui qui ,
durant le carême, aura eu commerce avec sa femme,
et n'aura pas voulu s'en abstenir, sera un an en pé-
nitence, ou paiera une somme à l'église, ou donnera
I aux pauvres la valeur de vingt sous, etc.
Des enfants non baptisés.
Que le père dont le fils est mort sans Baptême,
fiisse un an de pénitence, et qu'il ne cesse jamais de
(1) Il n'est pas aisé d'allier ce statut avec ce qui est
dit d'abord dans cet article, que l'on se contentera de
déposer les clercs qui tombent dans de grands péchés,
sans les priver do la connnnnion. à moins que l'on
n'entende ce qui est dit ici, de la pénitence qui se fait
â. en secret.
'm
HISTOIRE DES
la f.iire. Si un prêtre, à qui il appartenait de donner
le t>. plème, étant appelé pour cela, a négligé de venir,
qu'il soit soumis aux peines que son évèqtie lui infli-
ger!, pour avoir été cause de la damnation de cette
âiiic. Il est de plus permis à tous les fidèles, quand
ils rencontreront quelques-uns en danger de mort et
qui ne soiit point baptisés, de L'ur administrer cesa-
cromcnt, et même il leur est ordonné d'arracher ces
âmes au diable, en donnant le Baptême dans cette
occasion. Il suffira pour cela de les plonger dans l'eau
bénite, ou de leur en verser au nom du Père, du Fils
et d:i Saint-Esprit. 11 faut donc que les fidèles, et
surt:}ut les moines , sachent baptiser , et s'ils entre-
prennent quelque voyage un peu loin, qu'ils portent
avec eux TEucharistie.
Des parjtires.
Celui qui se parjure avec connaissance , y étant
con'.raint par son seigneur, fera pénitence trois ca-
rêmes, et les fériés ordinaires. Celui qui fausse le
serinent qu'il a prêté entre les mains d'un évêque ou
d "un prêtre, sur un autel ou sur une croix consacrée,
sera en pénitence trois ans ; si la croix n'est pas con-
sacrée, il y sera un an. S'il a fait serment entre les
mains d'un homme ordinaire, suivant les Grecs, ce
n'est rien. Celui qui dit que sans le savoir il a juré (i)
pour un coupable, et qui reconnaît ensuite qu'il a
fiiit un faux serment, sera en pénitence un an. Ce
qui suit dtms cet (trticle revient à peu près aux mêmes
choses quitte trouvent ensuite dans un autre qui a pour
titre : De minutis causis (des petites fautes). Nous le
rapporterons tout de suite. Celui qui mange de la chair
immonde, ou de celle d'une bêle qui est morte d'elle-
même, ou qui a éié déchirée par les bêles, fera péni-
tence quarante jours. Si une souris est tombée dans
quelque liqueur, qu'on l'en retire, et qu'on asperge
cette llipieur d'eau bénite , après quoi on pourra en
faire usage. Que si la souris y est morte , que l'on
jette celte liqueur, et que les hommes n'en fassent
point d'usage, soit que ce soit du lait, du miel, de la
bière, ou quelquauire chose s;Mnblable. Que si cette
liqueur, dans laquelle un rat ou une iouris est morte,
est en grande quanîilé, qu'on la purilie avec l'eau
béiiile, et qu'on en use dans le besoin. Si des oiseaux
fieiitenl dans quelque chose de liquide, que l'on ôle
l'oidure, et que l'on purifie avec l'eau bénite ce sur
quoi cette fiente est tombée. Celui qui, sans le savoir,
a\;.l3 du sang avec sa salive, n'en souffre aucun pré-
judice. Celui qui avale de son propre sang, le sachant,
fora pénitence selon la mesure de la pollution qu'il
a Cvntraclée.
De l'ivrognerie.
Si un évêque, ou quelqu'un de ceux qui sont dans
(!) C'était 1;! couînme dans le moyeu-âge de faire
seiiuenl de rinnocenee de ceux dont on épousait les
iiilôièis, (iuand ils étaient accusés, sans «."iiifoiiucr si
cel'ù pour lequel on s'engageait ainsi él;iit ellective-
mo.,i innocent. Souvent même on s'engageait à sou-
te.Tr sa prétendue innocence par le duel, et l'on re-
gardait comme justement accusé celui dont le cham-
pion .succombait dans le combat.
SACREMENTS. 734
les ordres ecclésiastiques, est dans l'habitude de s'eni-
vrer, ou qu'il se délasse de ce vice , ou qu'il soit dé-
j»osé. Si un moine vomit pour avoir bu avec excès,
(ju'il soit trente jours en pénitence. Si un prêtre ou
un diacre est dans le même cas, il y sera quarante
jours, un clerc vingt : les autres disent sept , sans
manger de graisse. Si un laïque s'enivre , il passera
trente jours sans boire ni vin, ni bière, et sans man-
ger de chair : les autres disent quinze. Si un laïque
enivre un homme par malice , qu'il fasse pénitence '
quarante jours, etc..
Des remèdes du pénitent (1).
Que celui qui peut salisf;ure de la manière dont il
est porté dans le pénitentiel, le fasse; ce sera unavan-
' lage pour lui. Que s'il ne le peut , voici le conseil que
; nous lui donnons par la miséricorde de Dieu, Premiè-
rement que le premier jour auquel il doit jeûner au
pain et à l'eau, il chante cinquante psaumes à genoux,
ou soixante-dix sans fléchir les genoux et cela dans
l'église , ou dans quelque autre lieu convenable. Cela
vaut pour un jour. Lu denier vaut également pour un
jour de pénitence , quoiqu'il le distribue à trois pau-
vres. Quelques-uns disent que cent coups en hiver
font la même valeur, ou cent psaumes en été : c'est-
à-dire , qu'en hiver , en automne , et au printemps ,
cent coups seront équivalents à un jour de pénitence,
et en été cent psaumes , ou cinquante coups. De plus
pour un mois de pénitence qu'un homme doit passer
au pain et à l'eau, qu'il chante douze cent soixante-
dix psaumes à genoux , ou mille six cent soixante-dix
sans fléchir les genoux : moyennant cela il pourra
prendre sa réfection à la sixième heure , excepté la
quatrième et sixième férié qu'il jeûnera jusqu'à none ,
et qu'il s'abstiendra de chair et de vin. Pour ce qui
est des autres aliments, qu'il les prenne après qu'il
aura psalmodié. La seconde année, la pénitence sera
plus douce. Depuis Noèl juscpi'à l'Epiphanie, et les
autres jours dont il a été parlé ci-dessus , auxquels on
' ne fait poii.t pénitence , qu'il prenne son repas à l'or-
dinaire.
; Celui qui ne peut faire pénitence de lu manière que
nous avons marquée, donnera en aumône, la jiremière
! année, vingt-cinq sous, et il jeûnera un jour de la sc-
' mairie jusqu'à none , et un autre jusqu'à vêpres , et
! outre cela trois carêmes. Pour la seconde année, il
donnera vingt sous , et pour la troisième dix-neuf, ce
! qui fait soixante-quatre sous. Que ceux qui sont ri- j
i elles, fassent comme Zachée, lorscju'il dit au Sauveur. |
Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pau-
vres, et si j'ai fait tort à quelqu'un je suis prêt à ren-
dre le quadruple. Qu'ils mettent les esclaves en li-
berté, qu'ils rachètent les captifs, et que depuis (ju'ils
ont cessé de pécher, ils ne cessent point de comnui-
nior. Comme dit l'Apôtre, que celui qui pêche par son
corps, soit puni dans son corps; c'est-à-dire. \m- les
^ jeùiK-s, les veilles et les prières. Que celui (|ui se con-
I Ycrtit et qui confesse tout le mal (pf il a fait , soit par
à
I ( I ) C'est-à-dire, dans le style barbare de ce lemps-
I là, de t adoucissement de lu pénilètice.
■723
APPENDICE SUR LA PÉNITENCE.
726
le vol, soit par la fornioalion, par les iDCiisongcs, par les
juremciils, les parjures et autres péchés, cl qui promet
qu'il se corrigera, et que tloréiiavaiit il servira Dieu
le reste de ses jours, soit eu péuilence deux ou trois
ans, suivant le jugement du prêtre. C'est à celui-ci à
penser comment il guérira les âmes , cl comment il
sauvera la sienne, et celle des autres, en enseignant
une saine doctrine, sacliant que s'il se conduit en bon
serviteur, il aiMpicrra un rang distingué auprès de
celui qui est Dieu sur toutes choses, béni dans les siè-
cles des siècles. Aiueit.
S. Boniface a enseigne comment on pont dans une
seule année accomplir la pénitence de sept ans.
Chanter trois jours des psaumes, équivaut à une pé-
nitence de trente jours et trente nuits. Réciter vingt
lois le Psautier, est équivalent à douze mois. Pour un
jour il faut réciter cinquante psaumes, dire cinquante
fois l'Oraison-Doniinicale, et faire autant de prostra-
tions qui accompagneront cette prière. C'est ainsi que
l'on satisfait pour un jour de pénitence. Si quelqu'un
ne veut point psalmodier si longtemps, qu'il se pro-
sterne en oraison cent fois, el qu'il dise, Miserere meî ,
Deiis, et dimilte wilii delkta inea. Celui qui veut con-
fesser ses péchés avec larmes, parce que les larmes
ne demandent pas seulement le pardon , mais le mé-
ritent , qu'il prie un prêtre de chanter une messe pour
lui, à moins qu'il n'ait commis des crimes qui'ontdû
auparavant être lavés par des larmes. Une messe
ainsi chaulée, peut racheter douze jours de pénitence ;
dix messes, quatre, mois; vingt messes, huit mois;
trente messes, douze mois. Si quelqu'un veut confesser
SCS fautes avec larmes, il doit pour une semaine de
pénitence réciter cinquante psaumes de suite, à l'église,
et à genoux. Celui qui ne sait pas même un psaume ,
et ne peut jeûner, doit peser les aliments qu'il prend,
et en donner moitié aux pauvres.
( Les pièces qtie nous avons insérées jusqu'à présent
dans ce recueil, tendent principalement à faire connaître
quelles étaient les peines que l'on infligeait ancienne-
ment aux pécheurs , pour leur faire expier les crimes et
les fautes, dont ils s'étaient rendus coupables. Il est bon
présentement de représenter au lecteur les rits el les céré-
monies avec lesquels on les réconciliait avec Dieu et
avec l'Eglise , après qu'ils avaient achevé le cours de
leur pénitence. C'est ce que nous allons faire, en lui met-
tant sous les yeux deux morceaux de pièces authentiques,
dont le premier contient les rits qui s'observaient dans la
réconciliation publique de:> pénitents, et l'autre ceux qui
étaient en usaqe dans la réconciliation de ceux qui avaient
fait leur pénitence en particulier.
Le premier de ces morceaux sera tiré de la pièce la
plus ancienne et la plus respectable que nous ayons en
ce genre : je veux dire du Sacrameutaire de Célasc, qui
est ainsi nommé, non parce que le pape Gélase est auteur
des cérémonies et des prières qui le composent, mais
parce que ce saint pape a rédigé dans un certain ordre
ces rils el ces prières , y en ayant peut-être ajouté quel-
ques-unes. Cela paraît d'autant plus vraisemblable , que
le style de ces prières est plus pur que celui du pape
Célase , comme le reconnaîtront facilement ceux qui se
donneront ta peine de comparer les autres écrits de ce
pape avec ce que nous allons rapporter. D'ailleurs l'au-
guste simplicité des cérémonies qui y sont prescrites ,
fait assez connaître que ce livre doit cire fort ancien.
Le P. Morin (1) en fait même remonter l'antiquité jus-
qu'au temps du pape saint Silvcstre et du pape Jules. Je
ne prétends pas me rendre son garant sur ce point , mats
je crois que l'on ne risquera rien en assurant que ce que
nous allons rapporter, est plus ancien que Gclase , et
pourrait bien cire du temps de S. Léon. Nous mettrons
le te.vte latin « côté de la traduction que nous en don-
nerons, afin que les savants soient en état de juger eux-
mêmes de la chose , ce qu'ils feront sans doute sans s'ar-
rêter aux fautes que les cavistes ignorants ont répandues
dans ce livre en le décrivant.
Nous avons dit dans l'histoire de la Pénitence ne
quelle manière ce précieux monument de l'anliquilé ia-
crée s'est conservé jusqu'à 7ious ; mais comme plusieurs
de nos lecteurs n'y ont peut-être point fait attention, ou
l'ont oublié , je crois leur faire plaisir en le rapportant
de nouveau ici. C'est aux moines de S. Benoît-sur'
Loire que nous sommes redevables de la conservation de
ce sacrameutaire, qui s'étanl trouvé dans leur bibliothè-
que, quand le cardinal de Beauvais, leur abbé, et frère de
l'amiral de Coligiuj , lu mit au pillage avec tout le reste
du monastère, tomba entre les mains d'un soldat hu-
guenot , qui le vendit à vil prix à une personne qui était
plus capable que lui de juger d^i mérite de cette pièce.
Je lie sais si celui qui fît cette acquisition était le père, ou
l'aïeul de M. Peteau , conseiller au parlement de Paris,
mais ce qui est vrai , c'est que ce dernier en était en pos-
session dans le temps que le P. Morin composait son
grand ouvrage sur la Pénitence (2) , et qu'il le lui com-
muniqua, pour en faire les extraits qu'il jugerait à pro-
pos. Le manuscrit qui contenait ce sacrameutaire , est
écrit, suivant le P. Morin (3) , depuis près de mille ans
en très- belles lettres, et le magistrat à qui il appartenait
le vendit depuis à la reine Christine de Suède , qui le
fit transporter dans sa bibliothèque à Slokolm, d'où elle
l'emporta ensuite , quand , après avoir abdiqué la cou-
ronne , elle se retira à Rome pour y passer le reste de
ses jours. C'est là qu'ayant terminé sa glorieuse vie , elle
légua ce précieux manuscrit, avec le reste de sa biblio-
thèciue à l'Eglise Uomaine. Le pape fit mettre le tout
dans la bibliothèque du Vatican, oii le manustrit dont il
s'agit est encore aujourd'hui, et oii il a été communique
au père Thomasi, depuis cardinal , lequel en a fait
l'usage que l'on sait.
(1) DePœnit.l. 9, c. 50.
(2) In Append., p. t'>-2.
(5) Do Pœnit., 1. 0, c. 30.
727
HISTOIRE DES SACREMENTS.
72S
Extrait (lu sacramontaire de Gélase, qui représente la manière dont on taisait la reconci-
liation publique des pénitents le jour du jeudi-saint.
Ce que nous allons rapporter se trouve dans ce sacramentaire , sous ce titre : Ordo agcntibus
pnblicam pœnitentiam, à la cinquième férié, jour de la cène du Seigneur , après les orai-
sons de la messe de ce jour. ,
Le pénitent sort de l'endroit oit, il avait été enfermé
pour vaquer aux exercices laborieux attachés « so)i état,
on le présente au milieu de l'assemblée des futèles. Là,
tandis qu'il est prosterné de son long en terre, le diacre
adresse }wur lui ces paroles à l'évêqiie: Voici, ô vénéra-
ble ponlife, le temps favorable, les jours de propitialion
et de salut potir le genre liumniii, jours auxquels la mort
est détruite, et la vie commence à naître, jours auxquels
il faut provigner de telle sorte la vigne du Dieu des ar-
mées, en y plantant de nouveaux ceps, que l'on ait soin
de la purger de l'impureté du vieil homme. Il est vrai
que Dieu fait paraître en tous les temps de riches effu-
sions de sa bonté et de sa miséricorde, mais c'est princi-
palement en celui-ci que se fait la rémission des péchés,
et que la cjràce qui régénère paraît avec plus d'éclat, par
la multitude de ceux qui y accourent de toules parts.
LlùjUse se multiplie par le grand nombre de ceux qui
reçoivent une nouvelle naissance; elle prend de nouveaux
accroissements par ceux qui rentrent dans son sein. Les
7(ns sont lavés par feau, les autres par leurs larmes.
L'un côté nous nous réjouissons en voyant ceux que Dieu
appelle de nouveau, et de l'autre la réconciliation despé-
nileuts nous remplit d'allégresse. De-là vient que votre
troupeau, ayant été défiguré par les divers crimes dont
il s'est rendu coupable, en négligeant la pratique des ecm-
mcnuLnienls de Dieu et les bonnes mœurs, se présente :
aujourd'hui devant vous en suppliant, et qu'étant humi-
lié, et prosterné en terre, il crie avec te prophète : J'ai
péché, j'ai commis l'impiété, ayez pitié demoi. Seigneur.
C'est ainsi qu'il se rend docile à la parole de l'Evangile,
qui nous apprend (jue ceux qui pleurent seront consolés.
Ce pénitent, comme il est écrit, a mangé le pain de dou-
leur, il a arrosé son lit de ses lannes, il a alJIigé son
cœur par la componction, et son corps par les jeûnes,
afin de recouvrer la santé de son âme qu'il avait perdue.
Il a eu recours à l'unique refuge qui lui restait, qui est
celui de la pénitence, lequel est toujours utile, et en
particulier à ceux qui s'y exercent, et à tous en commun.
Lors donc que le vénérable ponlife est excité lui-même
il 1(1 pénitence par tant de grands exemples sous les yeux
de toute l'Eglise qui gémit, il proteste et dit : Je reconnais
mes péchés, et ma faute m'est toujours présente, détournez
vclrc visage de mes péchés, et effacez toutes mes iniqui-
tés, rendez-moi la joie de votre assistance salutaire, et
forlifiez-moi par un esprit qui me fasse agir de grand cœur.
Tandis qu'il prie da la sorte , et qu'il implore avec un
cœur louché de douleur la misér'icorde de Dieu, que l'ar-
c'nidiucre continue, cl ajoute ce qui suit : Réparez, ô
ponlife apostolique, ce qui a été détruit et corrompu par
les suggestions nudignes du diable, rapprochez cet homme
vers Dieu par la divine réconciliation , afin que celui pui
ci devant se déplaisait à lui-même à cause de ses fautes,
se félicite de sa réconciliation avec DÎlU dans la région des
vivants, après ([uil aura milieu cel^i qn'lia a donv.é la mort.
Egrodilurpœiiilcnsdc loco, ubi pa3iiilcnliaiii gessit,
et in greinio pnesoiUatur Eccicsia', proslrato oiiiiù
corpore in icrrâ, et postulat in bis vcrbis diaconus :
Adest, ô vcncrabilis Ponlifex, lcni|)us acceptuin, dics
propitialioiiis divins; et salulis bnman;v, qnia mors
interitum, cl vila accipit principiinn, quando in vincà
Doniini Sabaolb, iiovornni palniituni sic facienda est
plantalio, ut purgctur exccralio vctuslatis. Quanivis
eiiim divitis bonilalis, et pictalis Oci nibil icniporis
vaccl, msnc tanicnct Kirgiorest per indidgentian» le-
niissiopeecalorum, elcopiosior per graliani assinDpiio
renascciitiuni. Angeniiir rcgenerandis, crescimusrc-
versis. Lavant arpixs lavant lacrymoe. Inde eslgaudiiun
de vocalionc vocaloiiim; bii;c laHilia de absohilione
poonilciititnn. Inde est qiiôd su] plex grcx liais, po-
slcaqnàm in varias formas ciiniinuui, negleclii inan-
datoruni cœlcslinni, eUnoruni probabiliinii Iransgres-
sione cecidit, liumilialus atquc prostratus proplielicâ
ad Dominuni voce claniel: Peccavi, impie egi, iid-
quitalcmfeci, miserere mcî, Domine; evangelicam vo-
cem non l'rustratorià voce capiens : Rcati qui Uigcnt,
quoniam ipsi consolabuntur ; manducavit, sicut scri-
ptum est, pancm doloris, laerymis slralum suum riga-
vit, cor suum luctu, corpus afflixit jcjuniis, nt anima;
sua; recipcrcl quam pcrdidit sanitatcm. Unicnm i(a-
quc est pocnilcutiyesufl'ragium, quod et singulis urod-
est, cl omnibus in connnune succurrit.
Ilinc crgo dùm ad pœniludinis aclionem tantis ex-
cilatur exemplis, sub cunspectu ingemiscentis Ecde-
siie, vcnerabilis ponlifex prolestatur, cl dicit:lni-'
quitatcs measego cognosco, eldcliclum nienmconlra
meeslsemper. Averle facicni Uiam à peceatis meis,
et omnes iMi(]uilates mcas dcle. Ucdde mibi la;tilian»
salutaris lui, et spiritu principali conlirma me.
Quo ita supplicante, et miscricordiam Dei afflicio
corde poscenle, ileriim arciiidiaconus subjungat, di-
j cens: Uediiitegrain co, apostolicc ponlilcx, quid(|nid
j à diabolo suailenle corruptum est, cl oralionum liia-
rnm patrocinaulibus merilis, per divinac rccoiicilia-
lionis grat^am fac iiouiiiiem proxinunn Doo, ul (|iii
anleain suis sibi pcrversilalibus displiccbat, nunc jam
placcrc se Domino in regione vivorum dcviolomorlis
3 auctore t'raltd'.'lur.
720 Ai>PEND(CE ^.vw .,:v ; ,,:vlif.:,NCi.:. 730
Après cela révoque, ouiitu'Uiiic (iittrc prclre,avcrlil le 1^ Posl hoc adnioiioliir ab opiscopo, sivc nh alio
pcnitenl de ne point retomber, en pcchimt de nouveau,
ians rétat d'où il va sortir.
Pli ère.
Soyez attentif à ntes très-humbles prières, ù Seigneur,
Il écoutez-moi favorablement, moi qui le premier de
tous ai besoin de votre miséricorde, donnez-moi la con-
saccrdolc, m (piod piniiicmlo diltiil, ilcrando non
revocof.
Oratio.
Adoslo, Domino, snpfilicalionihiis noslris, et me,
f|iii cliain miscricordià tuà piimus iiidigco, cleincnler
exaiidi : et qucni non cleclionc merili, scd doiio
fiance de m'acquitter dignement de ce ministère que vous | grali.TC lu;« consliliiisii opcris liiijiis niiiiislniin, da
m\ivez confié, non à cause de mes mérites, mais par | fidiiciani lui niuncris cxcqiieiuli, et ipse in noslro
le don de votre grt'ice, et daignez vous servir de moi '^. niinistcrio (piod lusc pielatis est opcnrc. Vc.v Do-
comme de votre oinintre, pour produire les efj'els de l| iniinun, etc.
votre bonté. Par Noire-Seigneur Jesus-CImst. clc.
Autre prière.
Accordez, novs vous en prions, Seigneur, à cet tiomme i|j
votre serviteur, de dignes fruits de pénitence, afin qu'é-
tant purifié des péchés qu'il a commis par le pardon qu'il
recevra, il soit rétabli dans la communion de votre Eglise,
dont il s'était rendu indigne par sa faute. Par Notre'
Seigneur, etc.
Autre pi'ière.
0 Dieu très bon, qui avez créé le genre humain, cl
qui ensuite par une plus grande miséricorde l'avez ré-
paré, et racheté du sang de votre Fils unique, après que
pur l' envie du diable il était déchu de l'espérance de
Alla oratio.
Pricsta, qurcsumus, Domine, luiic famulo tiio di-
gmim pœnilcnlia; fruetum, ul EccK'sitc sancla; à cn-
f, jus integrilatc deviàrat |)e( ( aiulo, adinissoruni redda-
I lur innoxiu5 veniain consequendo. Pcr Domi-
I nuni, etc.
I
i Alla oratio.
j Deus, lunnani gencris benignissime condilor, et
I misericordissimc refbrmator, qui Iiomincm invidii
l diaboli ab uilcrnilatc dejectum, unici Filii tui san-
guine rcdemisli, vivifica hune fanuilum tuuni , queni
la vie éternelle, rendez la vie à cet homme volrcservileur, | libi nullatcnùs mori dcsideras; et qui non dcrelinquis.
dont vous ne coulez point la mort ; recevez en grâce,
aprîsquil s'est corrigé, celui que vous n'avcz.poinl aban- ;| quASUiuus, Domine, hiijas lamuli lui lacryniosa su-
donné dans ses désoidres. Que ses soupirs mêlés de lur
mes aliirent sur lui les regards favorables de votre clé-
dfivium, assume correclum. Movoant piclalem luain„
spiria. Ta cjus medere vuhieribus, tu jacenli manuni
porrige salularem, ne Ecelesia tua aliquâ sui corpo-
mence, guérissez ses plaies, ô Seigneur, tendez-lui votre Ij risporlioiic vastelur, ne grex tuus dclrimonluni susli-
main, afin que votre Eqlise ne soit privée d'aucun de ses ';-', neal, ne de famille tu;c dannio iuimicus exullet, ne
membres, que votre troupeaune souffreaucnne perle, ijiie à renatum lavacro saiutari uiors sccunda possideat.
l'ennemi ne puisse se réjouir de voir voire famille dimi- [ï ïibi ergo, Domine, supplices prcces, tibi llelum cor-
miée,el que celui qui esl régénéré par le bain salutaire du |a dis efl'uiidiuius, tu parce confitenli, ul bi in hàc mor-
Baptême, ne devienne point la proie de la seconde mort. ''\ lalilatc peccala sua te adjuvante diiloat, qualiler iii
Nous vous o/]'rons donc, ô Seigneur, nos (rcs-fmmbks j tremendi judicii die scnlenliam danmalionis évadât;
prières; nous répandons en votre présence les larmes | et nescial quod lerrct in loncbris, quod stridet iii
qu'une douleur sincère nous fait l'crser. Pcirf/o/7?,'ei i fiamniis, alipie ab erroris via ad ilcr revcrsus jusli-
« celui qui se reconnaît coupable, et que celui qui par
le don de votre grâce déplore ici le malheur qu'il a eu
de vous ofl'enser, évite l'arrêt de condamnation dans vo-
tre terrible jugement. Qu'il ne connaisse jamais par son
crpérience ces ténèbres effroyables et ce feu toujours al-
lumé qui doivent faire le partage dos réprouvés, et qu'é-
tant rentré dans la voie de la justice dont il s'était égaré,
il ne reçoive plus de nouvelles plaies, mais qu'il con-
serve inviolablement ce que vous lui avez accordé par
votre grâce, et ce que vous avez réparé en lui par votre
miséricorde. Par Notre-Seigneur, etc.
Autre piière pour réconcilier un pénilcnl.
Dieu tout -puissant et éternel, remettez par votre
bonté les péchés à votre serviteur, qui se reconnaît cou-
pable devant vous, afin que le péché dont il sent sa con-
science chargée , lui soit moins un sujet de peine, que le
pardon que votre bonté lui accordera , un sujet de joie.
Par Xotrc-Seigneur.
Autre prière. ij
Dieu tout-puissant et miséricordieux, qui accordez le i
furdon des péchés à ceux qui les avouent aussitôt, se- li
l li;v, nequaquàm ullra vuhieribus sauciclur, sed inte-
grum sil ci atqiie pcrpetiiuni, et (iiioc! gralia tua con-
ti'.lil, cl quod miscricordià refui'niavit. l'er Dominuiu
noslriju) .îcsuiu Clirisluui.
Alia oratio ad rcconciliandum pirnitentcm.
OMUiipolenssenipilerne Deus,conlilenli libi Iniic fa-
mulo tuo pro tuà pielalc peccala relaxa, ul non pins ci
! ccal rcalus conscienli;B ad pœnam, (piàm indnlg(Milia
tuai pielatis prosil ad veniam. PcrDominum, elc.
Alia cralio.
Dmnipoicns et u^isericors , qui- pcccalorum iu-
dulgcnliam in confessione céleri posuisli , succurrc
731
courez ceux qui sont tombés, ayez pitié de ceux qui re- ,j
connaissent leurs fautes , afin que ceux qui se trouvent
enchainés par leurs péchés, soient délivrés par votre mi-
séricorde. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Autre prière.
Dieu, qui purifiez les cœurs de ceux qui se reconnaissent
coupables, et qui délivrez des liens de llniquité ceux qui
s'accusent eux-mêmes, accordez le pardon aux coupables
et la guérison aux blessés, afin qu'atjant reçu la rémis-
sion de tous leurs péchés, ils participent dans la suite
aux sacrements avec une dévotion sincère , et ne soient
privés d'aucun des avantages de la rédemption éternelle.
Par notre, elc.
(Suivent les autres prières qui se lisent dans
IllSTOIUE DES SACREMENTS. 732
lapsis, miserere confessis, ut quos delictorum calcna
constringit, niiscratio tuse pielatis absolvat. Per Do-
luinum nostrum, etc.
Alia oratio.
Deus, qui confitenliiun libi corda purificas, et accu-
santes suas conscienlias ab onini vinculo ini(juitatis
absolvis, da iiidulgcntiain reis, et niedicinam iribue
vulncratis, ut, perceplà reuiissione omnium peccato-
runi , in sacramentis tuis sinccrà dcinceps devotione
permaneant, et nuUuni redcmplionis aitcrnae susti-
neanl dctrimenlum. Per Dominum nostrum, etc.
V ordre romain, à V exception de la septième.)
Extrait d'unmanuscrit (l) deVéglise de Rouen,
qui a plus de huit cents ans d'antiquité ,
dans lequel sont décrites les cérémonies et
les prières avec lesquelles se faisait la ré-
conciliation secrète des pénitents.
Commence TabsoUition, que Tévêque doit prononcer
sur une personne qui s'est convertie, et a fait péni-
tence. Que celui qui est sur le point de recevoir celte
grâce, se prosterne devant lautel, et qu'il récite le
psaume cinquantième; que s'il ne le sait pas, qu'il
dise souvent du fond de son cœur : Seigneur, ayez
pitié de moi qui suis un pécheur et votre serviteur;
Que l'évéque fasse sur lui la litanie (2) ; après
quoi suivront ces oraisons :
Prière.
Nous vous absolvons au nom de S. Pierre, dont nous
tenons la place, et auquel le Seigneur a donné la puis-
sance de lier et de délier. Comme donc il vous con-
vient de vous accuser, et à nous de vous remettre vos pé-
chés : que le Dieu tout-puissant soit votre vie et votre
salut, et qu'il daigne vous pardonner tous vos péchés.
Par celui qui vit et règne pendant tous les siècles des
siècles. Ainsi soit-il.
Autre prière.
Seigneur, Père tout-puissant et éternel, qui avez bien
voulu guérir les plaies de nos âmes, nous vous prions avec
instance, et nous vous demandons, nous qui sommes vos
prêtres, quelque indignes que nous en sotjons, de prêter
l'oreille à nos prières. Soyez touché de l'aveu de ses
fautes que fait ce pénitent, pardonnez-lui tous ses crimes
et tous ses péchés. Changez pour lui ses supplices en in- ',
dulgence, la douleur en joie, la mort en vie, afin que ce-
lui qui est parvenu à la haute espérance du royaume cé-
leste, se confiant en votre miséricorde, entre en possession
de la paix, et qu'il puisse mériter les dons célestes. Par
Notre-Seigneur, etc.
Autre prière.
Exaucez-nous, Seigneur, et de même que vousvous.êtes
rendu favorable au publicain, dont les prières et l'aveu
(1) Ce manuscrit vient de quelque église d'Angle-
terre, à l'usage de laquelle il était, avant que les Nor-
mands y fu'isent établis , et dans le temps que les
Saxons y régnaient.
("1) Par litanie on entend ici Kyrie eleison, avec
l'oraisou dominicale, elinême sans celte prière.
de ses fautes ont attiré sur lui votre miséricorde, recevez
aussi en grâce votre serviteur N. , ne rejetez point ses
prières; afin que ne discontinuant point de se confesser
coupable avec larmes en votre présence, et de vous adres-
ser sa prière, il obtienne le pardon, et soit rétabli à la
participation de vos autels, et de vos sacrements , pour
avoir part ensuite à la gloire céleste. Par Notre-Sei-
gneur, etc.
Autre prière
Dieu clément et miséricordieux, qui selon la multitude
de vos miséricordes effacez les péchés des pénitents, et
pardonnez les crimes que les hommes commettent, jetez
les yeux sur votre serviteur, et exaucez celui qui vous de-
mande de toute l'ardeur de son cœur pardon de ses
fautes. Réparez en lui , ô Père très-miséricordieux , ce
qui par mie suite de la fragilité humaine a été altéré ou
détruit par la malice du diable, et rétablissez-le dans
l'unité du corps de votre Église, et l'union avec les mem-
bres qui la composent, en lui accordant la rémission de
ses péchés. Par notre Seigneur, etc.
Autre prière.
Nous vous supplions, ô Majesté toute-puissante, d'ac-
corder miséricordicusement le pardon à votre serviteur
N., qui s'est exercé longtemps dans les travaux d'une
pénitence très-austère, afin qu'ayant recouvré ta robe
nuptiale qu'il avait perdue, il mérite d'être admis au festin
royal, dont il avait été chassé. Par Notre-Seigneur, de.
Autre prière.
Que votre miséricorde prévienne votre serviteur N. et
que toutes ses iniquités soient bientôt effacées par le par-
don qu'il attend de vous. Par Notrc-Seigncur, elc.
Aulre Prière.
Seigneur, soyez attentif à nos supplications, que les
effets de votre miséricorde se fassent sentir sur votre ser-
viteur, guérissez ses plaies, pardonnez-lui ses péchés,
afin que n'ayant plus rien qui le sépare de vous, il puisse
toujours s'attacher à vous. Par Notre- Seigneur, etc.
Les autres oraisons sont dans l'ordre ro-
main, c'est pourquoi nous ne les rapportons
pas ici. Le manuscrit poursuit ainsi ;
Là, l'évéque prenant le pénitent parla main, le fait
lever, et celui-ci, étant debout, s'incline devant le prélat.
Prière.
0 Dieu, "'"''"'■ <l^ l'innocence, qui vous plaît sur
toute chose, qui avez dit autrefois par votre prophète .*
733 APPENDICE SUR LA PENITENCE.
Je l'js, et je ne veux point (a mort du pécheur, viais qu'il
se convertisse et qu'il vive; et ailleurs, dans quelque
temps que le pécheur se convertisse, il vivra et ne mourra
pas. 0 Dieu, qui, selon le Psulmisle, ne virpriscz ja-
mais un cœur contrit et humilie à la vue de ses îh/V/hiVc's,
7WUS vous adressons les prières les plus humbles, ap-
puyés uniquement sur votre bonté et sur vos promesses
et non sur nos mérites; présentez la main de votre misé-
ricorde à voire serviteur N. que nous faisons lever de la
poussière sur laquelle il était étendu, et après l'avoir
purifié de toutes les souillures de ses péchés, conservez-le
dans l'innocence. Car nos églises retentissent de la grâce
que vous avez faite au B. Pierre, le chef de votre apos-
tolat, à qui vous avez conféré la puissance de lier et de
délier, et quoique nous en soyons très-indignes, vous nous
avez établis, par les successeurs de cet Apôtre, pour être
prédicateurs de la vérité et pour la garde de votre trou-
peau, que nous devons conserver en liant ceux qui se dé-
clarent vos ennemis, et en secourant ceux qui se conver-
tissent. C'est pourquoi nous vous prions, ô Seigneur
7wlre Dieu, qui êtes venu en ce monde pour relever le
genre humain qui était tombé et perdu, assistez par votre
grâce à ce que twus faisons ; et parce que sans le secours
qui vient de vous, le ministère des hommes devient in-
utile, mettez vous-tuéme en liberté votre serviteur, et bri-
sez les liens de ses crimes, afin qu'étant déchargé de ce
poids, attaché au service de votre Eglise, délivré des
embûches du diable, et mis en la garde des auges, il
persévère dans la vie nouvelle qu'il va commencer, et
parvienne enfin au royaume céleste. Pur jSolre-Sei^
gneur, etc.
75i
Statuts synodaux de Wary de Dommartin ,
évéque deVerdun. publiés en Van 1508 dans \
son synode diocésain.
Deux clioscs priiicipalomeiit nous engagent à placer
ici celle partie des Staluls de Verdun ; la première est
qu'on y verra ([uels étaient encore les maximes et les
usages pratiqués dans TEglise lans ces derniers lemps,
et que, nonobstant rafl'aiblissement de la pénitence
survcmi depuis le treizième siècle, on en avait en-
core conservé l'espiit et même plusieurs pralicjULS
anciennes. La seconde est ([u'il se trouve, parmi ces
Staluls, une espèce de codcpéniteniiel extrait des an-
ciens, desquels nous avons l'ait plusieurs lois mention,
mais dont nous n'avons pu rapporter qu'un petit nom-
bre de décisions.
Il est bon que le lecteur ait une idée un peu déve-
loppée de ces anciens livres pénitentiels que les con-
fesseurs suivaient autrefois à la lettre, mais qui ne
sont proposés, dans nos statuts, que comme des mo-
dèles que les prêtres doivent avoir devant les yeux,
non pour s'y conformer entièrement, mais pour y ap-
prendre quel est l'esprit de l'Eglise, et pour s'en rap-
procher autant que la faiblesse des chrétiens de ce
temps le peut permettre. Ainsi ces statuts scronl
comme un supplément de la troisième section de celte
bislouedela Pémlt^uice, que nous n'avons pas poussée
au-delà du treizième siècle ; les choses, depuis C'*
ten)ps, étant demeurées à peu près sur le pied qu'elles
sont de nos jours.
('e qui nous a engagé encore à transcrire ces Statuts
dans lapiiriidice de cette histoire de la Pénitence,
("est (|u'ils ne nous sont londj('s entre les mains que
depuis que ce traité a été achevé, et qu'il serait trop
embarrassant pour nous de placer dans les dillérents
endroits les choses que nous en voudrions extraire,
et dont le lecteur sera en état de porter son jugement
(piaiid il sera au fait de ce qui est dit dans ce livre.
De la confession.
Que les prêtres, pour entendre les confessions,
choisissent un lieu éniinent et qui ne soit pas derrière
l'autel, alin qu'ils puissent èlre vus des survenants ;
qu'ils ne reçoivent point non plus les confessions dans
des lieux cachés hors de l'église, sinon dans le cas
d'une grande nécessité ou d'iidirmilé, et qu'ils aver-
tissent souvent le peuple de se confesser, surtout au
commencement du carême.
Que le prêtre, en entendant les confessions, ait un
visage qui se ressente de l'humililé, qu'il ait les yeux
baissés vers la terre, et qu'il ne regarde point indis-
crètement et (réquemnient en face celui qui se con-
fesse, à quoi il doit principalement prendre garde
quand ce sont des femmes qu'il entend en confession.
Qu'il écoute les pénitents avec patience, qu'il leur
promette l'espérance du pardon , s'ils s'abstiennent
de leurs péchés, et s'ils sont repentants et contrits de
ceux qu'ils ont commis.
Que les prêtres se gardent bien de s'informer du
nom des personnes avec les(iuelles ceux qui se con-
fessent ont péché, mais seulement des circonstances
qui aggravent le péché. Qu'ils ne questionnent pas les
pénitents, sinon sur les péchés ordinaires et non sur
ceux qui sont plus rares, à moins qu'ils ne fassent
venir cela de loin, et pour leur apprendre de quoi et
en quelle manière ils doivent se confesser.
Que les prêtres prennent garde de ne découvrir les
pécheurs ni par paroles, ni par signes, ni de quelque
manière que ce soit; mais, s'ils ont besoin de prendre
conseil, qu'ils le lassent avec précaution, sans expri-
mer le nom des personnes, paice que celui cpii aura
découvert le péché qu'il a connu par la voie de la
confession, sera non seulement déposé par noire ju-
gement de l'office sacerdotal, mais, oulre cela, ren-
fermé dans un monastère d'une élroile observance
pour y faire pénitence.
Que les prêtres ne donnent point aux pénitents l'ab-
solution des grands péchés, de majoribus peccatis, tels
que sont l'homicide, le sortilège, le péché contre na-
ture, l'inccsle, la corruption des vierges, le commerce
sacrilège avec les religieuses, l'injection des mains
sur les parents, sur les prêtres, sur les clercs, et sur
tous ceux qui sont engages dans quelque religion, le
violement des vœux, la mondes enfants éloutfés dans
le lit lors(|ii'ils couchent avec les pères et mères, et
plusieurs autres crimes énormes réservés au pape ou
à nous, lesquels seront ci-apr«s plus clairement énon-
cés. Que, s'il k'iy .survient mehiiie doute, ils aient
755 HISTOIRE DES SACtŒMENTS.
toujours soin de consulter des hommes savants, o»
qu'ils renvoient les pciiilenis à nous ou à notre vi-
caire poin- les absoudre.
Le prêtre doit aussi avoir grand soin de demander
à celui qui se confesse s'ij a de la dotilewr des péchés
qu'il a commis, lui disant qu'il ne sentira pas la joie
que produit la conversion, s'il n'a de la douleur d'avoir
mal fait. Il lui demandera de plus s'il est dans la ré-
solution do ne plus pécher dans la suite , cl de faire
pénitence des excès auxquels il s'est laissé emporter.
<)ue, s'il lui répond qu'il ne peut ou qu'il ne veut pas
s'abstenir de pécher à l'avenir, ou bien qu'il veut aban-
donner quelques-uns de ses désordres et demeurer
jlans les autres, le prêtre doit nonobstant cela enten-
dre sa confession , et lui donner conseil sur ses pé-
chés ; mais, avant de le faire, qu'il lui dise doucement :
Mon frère, quand vous donneriez tout votre bien aux
pauvres , et quand vous jeûneriez toute votre vie au
pain et à l'eau , et que vous feriez toutes sortes de
bonnes œuvres, tout cela ne vous servira de rien pour
la vie éternelle, tant que vous demeurerez dans le pé-
ché et la volonté de pécher. Que si, par ces paroles et
autres semblables , il ne peut l'amener à un vrai re-
pentir, il lui donnera conseil sur les péchés qu'il a
confessés en celte manière : Mon frère, je vous le dis,
je vous conseille déjeuner, de prier, de faire l'aumône
et autres bonnes œuvres , afin que par là vous méri-
tiez que le Seigneur vous louche d'un véritable repen-
tir ; quoique , si vous demeurez toujours dans volrc
première disposition, tout cela vous deviendra iimlile,
suivanlle témoignage d'Isaïe, qui dit ([ue celui-là est un
moqueur, et non un pénitent, qui couiinuede faire ce
dont il se rcpent. Après avoir dit ces ciioscs, ([u'i! lui
iasse dire Confiteor Deo, qu'il Jie lui donne pas néan-
moins l'absolution de ses péchés , mais (lu'il lui dise
qu'il ne recevra point le corps de Notre- Seigneur ,
tant qu'il persévérera dans son péché ou dans lu vo-
lonté de leconuneitre. In c. Qiuiiido (juidciu, de Pœu.
et Itcinis. Qu'il ail soin cependant, autant qu'il le
pourra, de ne point l'exposer au péril du désespoir,
comme les Juifs y ont poussé Judas.
Dans l'imposition delà pénitence, les confesseurs
auront égaid au péché, à la mainère dont il a été com-
mis, au icinps, au lieu, à la personne, à la ([ualité cl
à la (piantilé de la f;'.ule, el à la contrition du [;énitent.
Qu'ils n'imposent point des peines trop grandes cl trop
diu'es , mais modérées, en disant au i;éclieui' : Celle
pénitence que je vous enjoins est trop peu de chose;
mais ce que vous ferez de bien au - delà , je vous le
donne encore pour pénitence : au reste absier.ez-vous
du péché autant que vous le pourrez.
{Suivent deux articles, concernant les restitutions, les-
quels ne contiennent rien de particulier ; après quoi les
Statuts synodaux poursuivent en celte manière.)
Qu'aucun pièlre ne soit assez hardi pour célébrer
les n)es::es , quand il aura enjoint pour pénitence d'en
faire dire, de peur qu'on ne croie qu'il l'a fait par in-
lerèl ; que l'on ne célèbre non i>lus aucune messe de
licamcm pour les vivants.
736
li Que tous les prêtres sachent que si l'évêque accorde
I à quelqu'un de ses sujets ( c'esl-à-dirc, de ses diocé-
I sains) le pouvoir de se choisir un confesseur, cehii qu'il
I aura clioisi n'aura pas pour cela la facullé d'absoudre
1 des cas réservés spécialement à Tévêque, à moins que ;
cette clause ne soit expressément marquée dans la -
permission accordée <
Si un pnroissicii veut pour quelque cause raisonna-
ble se confesser à un autre qu'à son pasteur {riuiim suo
sacerdoti), qu'il lui en demande auparavant la permis-
sion , puisque lui - même ne peut l'absoudre ni le
lier, s'il n'en a la permission ou le pouvoir du su-
périeur.
Parce que plusieins soîil fori ignoranls , et ne sa-
I vent pas la manière de se confesser, les curés les en
instruiront publiquement au commencement du ca-
rême Cl en quelques autres temps convenables , leur
disant qu'il faut qu'ils approchent d'un prêtre avec hu-
milité cl révérence ; qu'il fautqu'ils soient à genoux, les
mains joiiites, la tête découverte si ce sont des hom-
mes, et que les femmes doivent être voilées ; qu'ils
doivent connncncer la confession par ces paroles : Je
confesse à Dieu tout-puissant, à la bieidieureuse
Vierge L'arie, el à vous , mon père, que j'ai beaucoup
péché en telle et telle chose, tant de fois, dans tel lieu, -
en tel temps , avec telles personnes. 11 faut avertir les
femmes qu'elles ne se mettent pas vis-à-vis du prêtre^
mais qu'elles aient le visage tourné à côté de lui, de
peur qu'elles ne soient vues en face. Au reste, que les
confesseurs, en écoutant leur confession, se compor-
tent d'une manière si honnête , si sainlc et si reli-
gieuse, que le Père céleste, qui voit les choses les plus
sécrètes , n'en soit point offensé. Il faut aussi les
entendre avec patience et dans un esprit de douceur,
Ks excitant el les avertissant de déclarer nument et
entièrement leurs péchés , d'une manière conve-
nable, et qu'autrement leur confession ne vaudra ritn.
u Cet article porte en marge : 11 sera lu quatre fois
I l'année.
I El parce que la mémoire des hommes csl labile, en
sorte que l'on peut à peine se souvenir de ce que l'on
a fait depuis un mois et moins encore, el qu'il csl dan-
gereux el même dommageable de demeurer longlemjis
dans le péché morlel , puisque les œuvres de charilé
faites en. cet état ne peuvent directement contribuer au
sailli éternel ; voulant pourvoir à ce mal, nous ordon-
nons que ci-après les curés avertissent avec soin, et
exliorlcnt leurs paroissiens à se confesser au moins
aux fêles solennelles , savoir à Pâques, à la Pentecôte,
à l'Assomption de la Vierge, à la Toussaint, à Noël et
au commeaecmenl du jeûne de carême. Nous leur or-
donnons de plus, sous de grosses peuies, de faire des
exhortations tous les dimanches qui précèdent ces so-
lennités, et afin que le peuple se porte avec plus de
dévoiio!! à se confesser, surtout p,u commencement du
jeûne ; afin que leurs jeûnes et leurs antres bonnes
œuvres soi-enl profitables à tous ci à un chacun, nous
. accordons trente Jours d'ind'.<lgcz!ce, qui seront déduits
l| sur les péiiitcnces qui leur auront été imposées, à tous
737 APPENDICE SUR LA PÉNITENCE, ?lâ
ceux qui, ciaiU vrainicul péiiilonis, so seront coufc;- ^ ccriic le salul celte sentence redoutable : Maudit soit
*és en ce jour ou en quelques aiilres dos trois suivants.
y/ est écrit à la mnrcje de cet article : Qu'on le lise au-
l.r.it dû fois qu'il est exprimé par rarlicle.
Ilom, comme il n'est que trop oi'dinaire que dans
riionnno, qui s'acquitte négligemment de l'œuvre de
Dieu. Qu'il en agisse de mcmcconirc l'avarice, l'obli-
gcaiil à faire d'abondantes aumônes ; contre la colère ,
l'cxliorlant à la patience ; contre la gourmandise, à
la Semaine-Sainte, cl snrloullcs trois derniers jours, [ l'abslincnce et à la soi)riélé ; conîre la (léhanciie , au
il se trouve dans l'église une multitude infinie de pa
roissiensqui veulent se confesser, et qu'à cause de celte ]•
foido on ne peut les cntoiulrc comniodémoat tous, ou
bien , si on les entend , les proires sont obligés de les
jiasser légèrement, et ne peuvent ouïr leur confession
les dimanches d
semaine , surtout
ment du carême. Que, s'ils en trouvent quelques-uns
de négligents en ce point , nous jugeons qu'après avoir
; jeûne, aux prières, aux péleiinages, aux disciplines et
aux autres macérations de la chair, imposant toujours
la pcnilencc selon la condition des personnes , ayant
égard aux forces d'un chacun, de peur qu'en assnjé-
tis^ant le pécheur à de trop grosses peines , il ne
entière et les examiner à fond, nous ordonnons a'jso- ij P^^thc plus grièvement en refusant d'acconq>lir sa pé-
lumcni que les curés les exhortent de notre part, tous 11 nilcncc. Car, selon saint Clirysosiômc, il vaut mieux se
e carême , à se confesser avant cette | tromper en inqiosant de moindres peines par miscri-
it s'ils ne l'ont pas fait au commence- 'f corde, que de donner lieu au pécheur d'enfreindre sa
pénitence, en usant avec lui de trop de rigueur : car,
où le père de famille est libéral , récononie ne doit
condaniiié cette paresse, pour ne pas dire ce méi»ris, ij point être trop ménager. Si donc quelqu'un a péché en
ils doivent être punis par des jeûnes et par des aumô- | parlant trop, qu'il satisfasse par le silence ; s'il a passe
nos. Il est dit à la marge : Que l'on publie ces régie- \] les bornes de la modestie dans ses habits , qu'il soit
ments au commencement du carême. ^^1 velu pauvrement; s'il a causé du scandale aux au-
Quc les prêtres annoncent aussi à leurs paroissiens | ti'cs , qu'il les édifie par son bon exemple; s'il a fait
que c'est un grand péché de consulter !es devins, el '[ tort à quelqu'un, qu'il répare le dommage qu'il lui a
d'ajouter foi aux superstitions et à toutes les choses qui | causé.
sont des resles du paganisme. C'est aussi un péché I Et parce que, selon saint Jérôme , in c. Mcusuram,
considérable de faire le loni- dos maisons en cerlains | de Pœn., dis. \, il n'y a point de temps déterminé pour
jours avec des cierges bénits, de passer par le feu ou il h\ pénitence, parce que Dieu ne considère pas le temps,
par l'eau, do se servir de ligature ou de vers supersti- | mais la douleur , nous laissons à la discrétion du con-
tieux pour la guérison des maladies, parce que tout | fesseur le pouvoir d'alonger ou d'abréger le temps de
cela tient du sortilège. Qu'ils nous renvoient , ou 1 la pénitence , eu égard à la contrition de celui qui se
à notre vicaire, ceux qui seront coupables de ces 'fJ confesse, et à la nature de ses fautes. Que cependant
péchés. tî il règle tellement toutes choses, qu'il ait soin de ne
De la Pénitence. | point avilir l'autorilé de l'Église, et de ne point char-
El parce qne la pénitence doit accompagner et sui- | ger sa conscience,
vre la confession, il nous paraît à propos d'ajouter ';] Mais de peur que des, prêtres peu instruits, el igno-
quelque chose à ce Siijet : car, comme les cnlants ne p rant les canons dans lesquels la pénitence est déter-
l-euvcnl parvenir au sa'nt sans le baplèmc , de moine |] minée suivant le droit, ne soient trop précipités
les adultes qui ont violé l'alliance qu'ils ont conlraclée | el n'aillent trop vite, quand il s'agit d'abréger ou do
avec Dieu dans le Baptême, ne peuvent se sauver sans | modérer le temps prescrit par le droit en cette ma-
la Pénitence, au moins sans celle de la contrition. Mais | tièrc, nous avons jugé à propos de joindre ici les ca-
ils peuvent êlre sauvés par le propos, et un désir ar- | nous pénitenliaux , afin qu'ils saciieiit jusqu'où peut
dent de se confesser cl de satisfaire à Dieu. Ainsi, 1 s'élcndre la grâce qu'ils peuvent faire aux pénilcnls ,
connue la vraie pénitence délivre l'homnic de la puis- |; lorsqu'ayanl égard aux circonstances, ils voudront re-
sance du diable , qu'elle le purifie de son péché et le '^' mettre quelque chose des pénitences prescrites par le
réconcilie avec Dieu, nous avons cru devoir ouvrir une jl droit, et que peut-être les larmes el la contrition do
voie aux confesseurs par laquelle ils puissent marcher. | celui qui se confesse les engagera à user de colle in-
Car, comme dans les maladies naturelles, les con- j|
Iraires se guérissent par les contraires, nous (croyons
qu'il en est de même de celles de l'âme.
Que le prêtre enjoigne donc à celui qui ccnfesse sf^s ■
péchés, et qui est dans la résolution de n'y plus retour- |
ncr, une pénitence et une correction opposées aux
fautes pour lesquelles le pénitent doit satisfaire ; qu'il
lui persuade de s'humilier, s'il s'est élevé ; qu'il lui en- ||
joigne de prier ; qii'il lui propose les exemples et les pa- 1 qu'il soit toujours prosterné à la porte de l'église ca-
rotcs de l'Évangile ; que celui qui est le plus grand l tholiquc, cl qu'il rc<;oi\e la communion à la fin de sa
d'entre vous devienne le plus petit ; cl plus vous êtes | vie: s'il ne l'a pas lait volonlairement mais par hasard,
élevé, plus vous devez vous humilier en toutes choses, 'l qu'il soit en pénitence cinq ans
Qu'il lui propose contre la paresse dans ce qui con- l Celui (pii a tué un voleur qu'il pouvait prendre,
dujgcnce, ce q'.ii certainement leur est permis par le
droit, c. Deus qui de Pœn. et Remis , où il est dit que
';" prêtre peut déterminer la pénitence suivant la ipia-
lité de la faute et la conlriiion du coupable.
Le premier canon pénitenliel, ex c. Siquis,/.
Distinct.
Si quelqu'un a commis volontairement un homicide.
7S9
jeûnera au pain et à Feau quaraiile jours, c. 20, de
JJomkhlio.
le prèlie qui tombe dans le péché de la chair, sera
eu pcnilence dix ans, 82 dist., c. Presbijler.
Celui qui prend la femme d'un autre par paroles
de présent, fera pénitence sept ans et quarante jours
au pain et à l'eau, c. 2, de Spons. duor.
Une dévote converse ( devota conversa } de quelque
monaslère, ou une religieuse {mo)ti(dis) , qui commet
le crime de fornication ou qui contracte mariage ,
aussi bien que leurs complices, c'est-à-dire ceux avec
qui elles auront eu cet honteux commerce, feront pé-
nitence dix ans, 27, q. i, Qui devolam.
Celui qui dit la messe cl qui neconuuunie point, un
an, pendant lequel il ne célébrera point. Z>t'CoHsa'.,
dist. 2, c. Rclalum. \
Le prêtre qui enveloppe un mort des nappes de l'au-
tel , sera eu pénitence dix ans et cinq mois. Le diacre
y sera trois ans et demi. DeConsecr. d. 1, c. ]Seino pcr
ignoranliam.
Le faussaire sera au pain et à l'eau toute sa vie. De
verb.sign., \, c. Novimus.
Quiconque se sera parjuré sciemment , sera quarante
jours au pain et à l'eau, eten pénitence les sept années
suivantes. Qu'il ne soit jamais sans pénitence, et qu'on
ne reçoive imlle part son témoignage. Qu'après cela
il reçoive la communion. C. Qiiicunujue, 6, q. 1.
Celui qui oonlracle scieunnent mariage, ou qui a un
mauvais commerce avec deux sœurs ou commères, ou
avec la mère et la ûUe, ou quand le père et le ûls voient
la naème femme , ou bien deux frères : dans ces cas
et autres semblables, les coupables feront pénitence
huit ans. 50, q. 4, c. Si pater, et 51, q. 7, c.Si quis, et
C. seq.
Celui qui par ignorance connaît deux sœurs, ou la
mère et la fille , ou la tante et la nièce , dont l'une ne
sache ce qui s'est passé à l'égard de l'autre , l'un et
l'autre feront sept ans de pénitence; que s'ils l'ont fait
sciemment , ils s'abstiendront du mariage pour tou-
jours.
( Je ne mettrai plus les citations qui sont à la suite de
ces canons pénitentianx , rapportés dans les statuts dont
1 nous transcrivons ici une partie. Ce que nous en avons vu,
I suffît pour donner une idée des sources , dans lesquelles
,' a puisé celui qui a rédigé ces statuts. )
1 Le sacrilège , ou celui (pii aura pollué ie chrême, ou
■ un calice consacré , fira pénitence sept ans. Les deux
premières années il n'entrera point dans l'église , il
n'offrira point jusqu'à la quatrième année , et il s'abs-
tiendra trois jours de chaque semaine de vin et de
chair; il jeûnera et fera quelqu'autre chose.
Celui qui cèle le mauvais commerce ([u'il a eu avec
une femme qui se marie avec son frère , sera en péni-
tence sept ans.
Celui qui a reçu la pénitence solennelle , et qui re-
tourne à son vomissement , dix ans. Soteniniter pœni-
tens , etc.
Celui qui contracte mariage avec une femme avec
qui il a commis un adultère , cinq ans.^^ .^
HISTOIRE DES SACREMENTS. 740
Celui qui connaît une femme adultère pénitente, avant
qu'elle ait accompli sa pénitence, deux ans.
Le prêtre qui assiste à des épousailles clandestins ,
trois ans.
Si le voleur (1) que l'on mène au gibet se confesse,
ou veut se confesser, il sera enterré dans le cimetière,
on priera pour lui , et on lui donnera le corps de Jésus-
Christ.
Que celui qui célèbre sous un rit différent de celui
de sa méln)i)ole, soit en pénitence six mois.
Celui (jui tue sa fenune, ne montera jamaisà cheval,
sinon pour se faire transporter sur un chariot. Il no
coiiiractera point mariage jusqu'à ce que l'espace de
dix ans soil écoulé , il s'abstiendra de vin et de chair,
cl fera quelcjnes autres choses qui sont contenues 55
q. 2, c. Adinonere ,et c. Quicumque.
Le parricide qui a fait mourir sa mère , ne portera
point les armes l'espace de dix ans , et fera pénitence
durant ce temps. 55. c. Latorem, et tant qii'il vivra ,
il sera en pénitence , aussi bien que le meurtrier de sa
femme. C'est donc un plus grand péché . 54, q. i , Non
aff'cramus.
Pour le vœu simple ( que l'on a violé , ) trois ans.
Celui qui blaspliême contre Dieu et les saints, sept
semaines, selon la forme prescrite pour les médisants
(ou ceux qui donnent des malédictions).
Un évêque qui ordonne un clerc malgré lui, et sans
une juste cause , sera suspens l'espace d'une année.
Pour toute sorte de péché mortel notoire (2) , sept
ans. 55, q. 2, c. Hoc ipsum , et § Hoc autem ; ce qui
a lieu , à moins que les canons n'en imposent plus ou
moins , comme on a vu dans ceux que l'on vient d'allé-
guer. Car la pénitence qui n'est point exprimée dans
le droit, est laissée à la discrétion du prêtre , qui doit
se conduire selon les diverses circonstances qui se ren-
contrent en cette matière.
Celui qui brûle une maison ou une grange, trois ans.
Celui qui étant excommunié célébrera, fera pénitence
trois ans , et s'abstiendra de vin et de chair les lundis,
mercredis et vendredis.
Celui qui célébrera étant dégradé , sera privé delà
communion du corps de Jésus-Christ jusqu'à sa mort,
et demeurera excommunié ; il recevra cependant le
viatique avant de mourir.
L'évêque qui ne s'cn)barrasse point de corriger les
abus en matière de simonie, deux mois.
Le prêtre qui est dans le même cas , quatre mois ;
i le diacre trois ; à l'égard des sous-diacres et des mi-
nistres inférieurs, cela regarde le juge qui les punira
comme il le jugera à propos.
Celui qui excommunie injustement , sera suspens
un mois.
Le prêtre qui a commerce avec sa pénitente, ou avec
celle qu'il a fait confirmer , sera renfermé douze ans
dans un monaslère, l'évêque, quinze ans, et la femme
sera mise en religion.
Celui qui scienmient a été rebaptisé , si c'est pour
(1) Cet article est remarquable.
(2) Ceci est remarquable.
741 APPENDICE SUR LA PÉNITENCE
liérésie qu'il l'a fait , sept ans , et il jeûnera la sixième
férlc et trois carêmes au pain et à Tcau ; s'il Ta fait
pour infirmité , trois ans ; si c'est par ignorance, il n'y a
point do péché, mais il ne doit point être pronm aux
ordres , à moins qu'il n'excelle.
' L'évoque , le prêtre , le diacre qui ont été volontaire-
ment rebaptisés, seront en pénitence le reste de leur
vie. Pour ce qui est des autres clercs , des moines et
des religieuses qui ont été rebaptisés par les héréti-
ques, ilsy seront douze ans ; cinq ans parmi les caté-
chumènes, sept ans avec les pénitents , et on ne rece-
vra point leurs oblaiions pcndant.deux autres années.
A l'égard des enfants , après la réconciliation ils
seront rétablis dans la comnmuion.
Celui qui rend un faux témoignage par contrainte ,
dont la mort ne s'ensuit pas , deux ans. S'il le fait de
propos délibéré , cinq ans, comme il est porté dans
le concile d'Elvire et dans une ancienne décrétale. De
Criin. fais, cl, § 1 .
Celui qui étouffe son fds, trois ans , et un an au pain
et à l'eau , s'il est baptisé.
Pour l'adultère , la fornication et l'homicide , sept
ans: 22, q. 1, c. Prœdicandum ^ 33, q. 2, Hocipsum,
et § sequenti.
Celui qui accuse un autre injustement d'un crime
qui mérite la mort , quarante jours au pain et à l'eau,
avec les sept années suivantes. Que si raccusé perd un
membre, pendant trois quarantaines, ou, selon le car-
dinal d'Oslic, pendant trois ans ((/e Accus., c. Accusàsti).
Quelques-uns entendent ceci de manière que le premier
fera pénitence pendant sept ans, en jeûnant chaque
année dix jours au pain et à l'eau et que le second sera
en pénitence trois ans, jeûnant chaque année de ces
trois ans quarante jours. Le glossateur, Speculator ,
qui met cela dans son répertoire , l'entend à la lettre,
car le premier jeûnera quarante jours au pain et à
Teau, soit de suite , soit séparément , et pendant sept
ans il fera pénitence ; non pas cependant au pain et
à l'eau , mais suivant qu'il lui sera enjoint par le prê-
tre. Pour le second , il accomplira trois carêmes , le
premier avant Noël, le second avant Pâques, le troisiè-
me avant la Saint-Jean.
Celui qui a usé de sortilège, fera pénitence quarante
jours.
Celui qui use de l'art magique, d'enchantements et
autres choses de cette nature, et celui qui consulte
les devins, cinq ans.
Le patron qui dissipe les biens de l'Eglise, est ex-
communié do droit un an.
Que celui (jui jure de ne point se réconcilier, fasse
pénitence un an.
L'incendiaire sera un an oulre-nier, ou en Espagne,
{pour II foire la (juerrc aux infidèles), et celui qui lui
relâche quelque chos • de celte peine, est suspens
l'espace d'un an. Aujourd'hui l'absolution de cesgens-
là est réservée au pajte seul.
Celui qui a un commerce conjugal avec sa fille ou
sa sœur spirituelle, est condamné à sept ans de pé-
nitence.
742
Si une goutte du sang de Jésus-Christ est répandue
à terre (1), le prêtre sera quarante jours eu péni-
tence, on léchera la terre, on raclera la table ou la
planche; .s'il n'y a point de plandier, on raclera la
place, on jettera au (en co que l'on on aura, tiré, et la
cendre sera mise on dedans de l'autel. Si cette goutte
du sang précieux tombe sur l'autel, et passe à une des
nappes, ad uniiin pannum , la pénitence sera do deux
jours. Si elle passe à la seconde, elle sera do quatre
jours; si elle atteint la troisième, elle sera de neuf
jours. Si elle vient jus(|u'à la quatrième, vingt. De
Con&ecral., dist. 1 1, c. Si per negligentiam.
Si une souris mange l'Eucharistie par la négligence
du prêtre, quarante jours. Si elle se perd, trente
jours. Si par inadvertance il la laisse lonihcr (dimisil),
quoiqu'il ne soit rien arrivé de funeste, il est suspens
trois mois de son office.
Pour celui qui tue un jUjf ou un païen, quarante
jours.
L'homicide (jui a commis ce crime par nécessité,
mais qui pouvait éviter de faire cette action, fera pé-
nitence deux ans.
L'évêque homicide, quinze ans; il est déposé, élira
en pèlerinage le reste de sa vie. Le prêtre, douze ans,
dont trois au pain et à l'eau. Le clerc et le laïque, sept
ans, trois au pain et à l'eau. 1 dist., c. Si quis homi-
cidium et palea est. Dans une nécessité inévitable, il
n'y a rien quant au péché, mais seulement pour faire
paraître la pureté do l'Eglise (sic. 5i, q. 2, c. In lec-
tum), et pour la précaution : il faut cependant user de
dispense avec lui.
Pour un inceste, ou pour une conjonction contraire
à l'ordre de la nature, ou bien avec des animaux, sept
ans et plus. Le clerc est déposé et le laïque excom-
munié.
Celui qui a un mauvais commerce avec une reli-
gieuse, commet un crime qui renferme presque toutes
les espèces du péché de luxure. C'est un crime d'a-
dultère, puisqu'il est commis avec une épouse de Jé-
sus-Christ, et cette espèce d'adultère est un grand
crime, si l'on considère celui dont cette fille est épouse,
puisqu'il est le Très-Haut, à qui les anges rendent
leurs hommages. C'est une corruption d'une vierge
consacrée à Dieu. C'est un inceste plus énorme que
celui qui se commet avec une femme mariée.... On
peut ajouter que c'est en quelque manière un péché
contre nature, puisqu'il se commet avec une personne
morte et enveloppée dans le suaire ; car les religieu-
ses professes qui gardent parfaitement leur ordre,
portent continuellement le suaire dans lequel elles
sont ensevelies. Il n'est donc point étonnant qu'il
faille imposer une pénitence très-dure aux scélérats
qui ne craignent point de se livrer à ufi tel crime. On
les renvoie à l'évêque pour être absous, et celui-ci
leur imposera, selon les régies du droit, cette péni-
tence. Ils jeûneront quarante jours au pain et à l'eau,
ce que l'on appelle carême (quod carinam vocant)f
i ) Ceci est remarquable.
î/,5 HISTOIRE DES SACREMENTS. 744
avec les sept années suivantes ; et, durant toute leur | Il ne faut pas omettre de remarquer ici que qnaml
vie, ils soroiil réduits au pain et à l'eau les vendredis. [| une pénitence de trois, de sept ans ou de moins, ou
Celui (lui tue un moine ou un clerc, un sous-diacre ig de quarantaines , est imposée par le droit , et qu'il
on un diacre, sera renreriné pour toujours dans un j| n'est pas spécifié de quelle manière un homnic con-
ronastère, sans pouvoir retourner au siècle. 11 fera j| damné de la sorte doit faire pénitence, la détormina-
ipl ans de pénitence publiqtie, cl ne portera point if lion en appartient aux prêtres. Les pénitences étant
ii's armes. 1 arbitraires, comme ilaétédit; c'est donc à faire à
Celui qui se marie dans les jours prohibés par TE- i eux à les assigner aux légitimes fériés, suivant les ca-
gi isc, sera en pénitence un mois, ou on laissera à la | nons.
discrétion du coH/csseîo- la peine qu'il mérilc. % On peut inférer de ces canons pénitentiaiix , de
Le prêtre qui, en se défendant, aura tué un voleur, [j quelle rigueur et de quelles auslériics on usait autrc-
fera deux ans de pénitence. 1 fois envers les misérables pécheurs : mais parce que
Celui qui découvre les péchés de son pénitent, est fe la fragilité et la faiblesse de ceux qui vivent à présent
reh'gué dans un monastère pour y faire pénilence. i| ne peut supporter une discipline si rigoureuse, on a
C. Omnis, de P(cn. et Remiss. Autrefois il devait être :^ permis aux prêtres de modérer ces peines, tant par
en pèlerinage le reste de sa vie. De pœn., dist. 6, c. ;| rapport à leur durée qu'à leur rigueur, ayant égard
S'.icerdos. 1 en cela à la qualité et à la sincérité de celui qui s'ac-
Pour celui qui vomit l'Eucharistie pour avoir trop t[ cuse de ses péchés, en lui représentant néanmoins
bu, si c'est un laïque, quarante jours ; si c'est un | quelle pénitence il a méritée par ses péchés.
î; Et parce que nous voyons que les hommes de tout
k âge se livrent à des passions honteuses, et que cette
I peste est répandue partout : que les prêtres mêmes,
I par ignorance ou par malice, n'imposent pour ces
I sortes de péchés que des pénitences légères, ou n'en
I imposent point du tout , voulant arrêter cette cor-
I ruption et pourvoir au salut de tous, nous ordonnons
I que les prêtres s'appliquent avec soin à rechercher
les péchés les plus connnuns d'impureté et de gour-
mandise , et à en connailrc les circonstances : car
hélas! le genre humain est étrangement défiguré par
ces passions honteuses. Quand donc ils se seront mis au
fait de la qualité des péchés qui viennent de ces sour-
ces corrompues , ils enjoindront à ceux qui en sont
coupables les pénitences ci-dessous marquées, les-
quelles nous avons extraites et recueillies des décrets
publiés dans les conciles des Gaules, à moins qu'ils
ne jugent à propos d'user de quelque indulgence en-
vers les pécheur.^, ayant égard à la qualité du péché
et à la contrition du pénitent : ce qui est laissé à leur
discrétion, comme il a été dit ci-dessus. A la marge il
est dit : Faites attention, lecteur, et lisez cet article
et le suivant qui regardent la manière d'imposer la
pénitence en ce temps. Attende, leclor, et lege istum et
prêtre, soixante-dix ; si c'est un évêque, quatre-vingt
dix ; si c'est un malade, sept jours. |
Pour celui qui ayant juré entre les mains d'un évê- ||
que sur une croix consacrée, se parjure, trois ans. Si |
la croix était non-consacrée, un an. S'il l'a fait par |
ignorance ou par contrainte, trois carêmes. |
Pour celui qui jure à faux, ou qui contraint quel- |
qu'un de le faire, quarante jours au pain et à l'eau, |
et sept ans de pénitence. J
Pour celui qui se parjure pour une personne, pour |
quelque chose, ou par nécessité, trois carêmes ou trois
années, dont une au pain et à l'eau.
Celui qui, contre son serment, conspire contre la |
vie de son seigneur ou contre son royaume, abandon-
nera le siècle et sera toute sa vie en pénitence ; mais
à la fin il recevra la communion avec l'Eucharistie.
L'évêque, le prêtre et le diacre seront dégradés pour
le même crime.
Pour la fausse mesure, trente jours au pain et à
l'eau.
Pour celui qui tue un prêtre, douze ans.
Celui qui par négligence ou par ignorance commu-
î)i(pie avec un hérétique en recevant de lui la commu-
nion ou en la lui donnant, sera en pénitence un an
S'il l'a l'ait sciemment, sept ans. Si sans le savoir il f seqiœntem artictdos pro pœnitcntià lioc lempore ivipo-
îni permet de célébrer dans l'église, quarante jours, is
S'il l'a fait par un respect mal entendu, un an. Si c'a J
Ole pour contribuer à pervertir les autres, dix ans.
Celui qui prend quel([ue chose (pii appartient à
nendà.
Le vice de la gourmandise consiste dans l'excès en
matière du boire et du manger, ce qui arrive on cinq
manières diflérentes. Que le confesseur s'enquièrc
l'église, rendra le quadruple. S'il appartient à quel- ,1! donc du pénitent, s'il est tombé dans ce péché en rc-
<iu';uiirc, le double ; outre cela il fera sept ans de pé- l cherchant des viandes trop délicates et qui engagent
jiiiencc, trois au pain et à l'eau. Si la chose volée est |; dans trop de dépenses; comme ce riche qui se trai-
dc vil prix, et qu'il l'ait volée deux fois, il la rendra, | tait tous les jours splendidement. S'il a pris des vian-
-ct fera un an de pénitence au pain et à l'eau. S'il ne | des, quoique communes, en trop grande abondance,
peut pas la rendre, il sera en pénitence trois ans au ji comme les habitants de Sodome , qui péchaient en
pain et à l'eau. || mangeant trop de pain. S'il a pris sa réfection avec
Celui qui public un ban contre l'évêtiue ou le prê- ïi irop d'avidité, comme Esaii. S'il l'a prise avec trop
tro, et (pii pille lEglisc ou lui fait la guerre, sera I d'appareil, comme les enfants d'Héli. S'il l'a prise
proscrit, dépouillé de tous ses biens, et enfermé pour |. avant l'heure convenable, comme Jonathas. ^«c si
toujours dans un monastère. ji
'Jii
APPENNCK SUR L.\ PÉNITENCE.
746
cela est arrivé, qu'il ravcrtissc de ne le plus faire à
l'avenir.
One Ton lui deinande s'il est enivré, cl si l'ivressi!
1 lui a causé le voniisscnient; s'il l'avoue, il sera enite-
nilence Irois jours, sans manger de chair, sans boire
de vin, el sans cliemisc S'il n'a point vomi étant ivre,
quol(|ues liabilos gens ont eonluine de proscrire en
celle occasion au moins de jcniiorune fois au pain et
à l'eau, pour chaque lois que l'on est tombé dans cet
excès.
Que si quelqu'un en a malicieusement enivré un
autre, qu'il soit en pénitence quarante jours. Que s'il
a conlume de le faire, qu'il soit privédelaconnnunion
jusqu'à ce qu'il s'en repente dignement, el qu'il pro-
nielte de se corriger.
Celui qui, sous prétexte d'amilié, oblige un homme
de senivrcr, sera puni rigoureusement, ou il fera sept
jours de pénitence.
A l'égard du péché de la chair, qu'on s'informe si
le péniient a eu un mauvais commerce avec des fem-
mes prostituées, soit veuves, soit autres ; qu'on lui
demande le nombre de celles avec qui il a eu affaire ;
s'il l'ignore, qu'il le dise au moins à peu près, comme
il le croit.
Qu'on lui demande aussi combien de temps il est
demeiiré dans ce péché, en quel lieu il la commis;
par exemple, si cela est arrivé dans une église ou dans
un cimetière.
Qu'on rinterroge aussi sur la personne, si c'est un
prêtre, ini diacre, un sous-diacre ou un moine.
Sur le temps, si cela est arrivé dans quelques-unes
des principales fêles. Que si cela est arrivé , il est
convenable qu'il jeûne le reste de sa vie à toutes les
vigiles de ces fêles au pain et à l'eau, ou au moins
qu'il rachète ce jeûne, et qu'il le compense d'une ma-
nière convenable [redimal compelenter j.
Il est dit dans le concile de xMeaux que si un laïque
qui n'est point engagé dans le mariage a commerce
avec une femme qui est dans la même situation, il sera
en pénilencc trois ans, jeûnant et s'abslenanl des
viandes communes les 2% 4' et 6' fériés. Que si le
crime se commet avec une veuve, quatre ans.
Que l'on montre aussi à ces misérables qui voient
des prosliuiécs, quel danger ils coui'cnt. Car il en
est peut-êlre qui sont mariées, d'autres qui sont reli-
gieuses, ou qui ont habité avec leurs parents ou avec
des lépreux. Il est donc à craindre qu'ils ne contrac-
tent celle maladie : c'est pourquoi il laul infliger la
peine des adultères à ceux qui s'appiochcnt des fem-
mes inconnues, parce que la plupart sont mariées.
Si quelqu'un élant marié a commerce avec une
femme libre, qu'il fasse pénitence sept ans, jeûnant
la seconde, la quatrième et la sixième fériés, avec le
tcnipéramenl dont nous avons parlé.
Que si un homme marié a connu une femme ma-
riée, comme c'est un pécht'; plus considérable, ils se-
ront aussi soumis à une p3us rude pénitence, parce
que l'un et l'autre ont violé la foi du mariage.
Celui qui a conompu des vierges doit en doter au-
TH. XX.
tant qu'il en aura connu, si ses facultés le permettent,
ou (luehpies pauvres lilles à leur place : au moins, il
doit leur procurer de quoi vivre, ou l'entrée en reli-
gion si elles le desirenl. Outre cela, on lui enjoindra
la péuiltMice maniuee |ioin' les fornieateurs. .S'il ne l'a
fait point, qu'il craigne qu'après Icin- avoir ouvert la
porte du péché, il ne communique el ne partici|)e à
tous ceux auxquels elles s'abandonneront en suivant
le penchant de la nature.
Que l'on nous renvoie ceux (jni coniinetlenl le pé •
ché avec des religieuses, avec leurs parentes ou leurs
allit'es.
Nous lisons qu'il a étc'; ordonné dans un concile de
Uome que, si quelqu'un use du mariage vers le temps
des couches de sa femme, il doit être en pénitence
dix jours au pain el à l'eau. On peut imposer la mémo
pénitence à ceux qui fonl celle action contre l'ordre
de la naliue, quoique sans conunettre le crime de so-
domie, aussi bien que ceux qui s'approchent de leurs
femmes quand elles sont dans leurs règles : il est à
craindre que cela n'ait de fâcheuses suites pour les
enfants qui naissent de parents qui ne prennent point
de précautions là-dessus. La fenune qui na pas fait
connaître à son mari l'élat où elle se trouvait dans
celle occasion, subira la même pénitence.
Tout homme , avant la sainte communion , doit
s'abstenir du commerce conjugal avec sa fenmie Irois,
ou quatre, ou huit jours.
[Suivent dans les statuts certains détails touchant le
péché de mollesse, qu'il est difficile de rendre en notre
langue sans blesser la pudeur. On y voit seulement que
ce péché y es! rigoureusement puni. Après cela on lit les
articles que nous allons traduire, qui ont rapport au
péché d'impureté, à la pénitence des malades et à l'ab-
solution.)
11 faut donc avertir ceux qui sont adonnés au vice
d'impurelé en celle manière. Mon frère , travaillez,
priez, ayez soin d'éviter l'oisiveté, les mauvaises com-
pagnies et les occasions de pécher, c'est-à-dire qu'il
faut se retirer des lieux suspects et de la société des
persomies qui ne sont pas chastes, et avec lesquelles
on peut facilement pécher , car, comme on dit oidi-
nairement, l'occasion fait le larron.
Il est bon de remarquer encore que le prêtre doit
avoir soin de ne point imposer au péniient un joug
qui soit au-dessus de ses forces, (pioiqu'il soit disposé
à s'y soumettre, mais qu'il doit tempérer tellement
toutes choses, que l'écolier, par excmpic, ne soit
point obligé de quitter l'étude, ni l'ouvrier sa profes-
sion, ni le laboureur l'agricnllure, ni tout ae.lrc le
travail légitime auquel il est occupé, non plus que le
soin de sa famille et de sa maison.
Pc plus il ne faut pas soumellre à la pénitence \)u-
blique celui qui n'a jiéché qu'en secret.
Outre cela, le prêtre ûoïl avertir les pénitents de ne
point faire connaître les peines qu'on leur a iin|)osées,
parce <[ue cela peut donner lieu de découvrir leurs
péchés. Cela fait partie de l'intégrité du secrel de la
confession, et doit être exactement observé, à moins
24
747
ce qu'à Dieu ne plaise, que le prêtre n'cûi porté les
pénilents au mal, tiisi, quocl absit, corifessor pœnilen-
tcm ad malum hortalus fuissct.
Il est encore un remède salutaire contre le péché
que nous apprenons de M. Gcrson, et dont les curés
doivent se servir contre ceux qui, par leurs mauvai-
ses inclinations ou par habitude, tombent dans des |
péchés énormes dont ils n'ont point de honte d'assu- ''
rer qu'ils ne peuvent sortir. Les confesseurs doivent
soumettre ces gens-là à quelques peines pécuniaires
toutes les fois qu'ils ton)I)cni dansées péchés; par
exemple, à une amende d'un blanc, ou d'un franc,
selon leurs lacullés; et on éprouvera que ce remède
est très- efficace. Que si après cela ils ne se corrigent l
pas, il arrivera, par un JHS/t' jugement de Dieu, que f
ceux qui ne veulent point se repentir de leurs fautes,
quand ils le peuvent, ne le pourront quand ils le vou-
dront.
Ce qiCil faut observer à Ngard des malades.
Il faut porter les malades à faire une dévote con-
fession de leurs péchés à Tarticle de la mort , et ne
leur point imposer pénitence : qu'on leur fasse en-
tendre qu'il faut qu'ils soient convertis de leurs pé-
chés , tant en général qu'en particulier : non pas ce-
pendant par la crainte de la peine qu'ils ont méritée
en péchant, mais parce qu'ils ont otîensé Dieu, qui est
leur père , leur créateur et leur rédempteur ; qu'on
les engage à supviorter avec joie les douleurs de leur
maladie, tant qu'il plaira à Dieu, qui les traite en cela
comme un bon père, qui se sert du fouet pour châ-
tier ses enfants ; et au lieu de pénitence , que le con- ^
fesseur leur prescrive de faire des aumônes et faire
célébrer des messes, s'il arrive qu'ils viennent à mou-
rir. Que s'ils recouvrent la santé, qu'ils aillent aussi- ;|
tôt trouver le prêtre, pour recevoir de lui la pénitence
qu'exigent leurs fautes. Il est dit à la marge de cet ar-
ticle vers le commencement : Nota PiLcnuA pno im iii-
wis. Que si le malade a demandé le prêtre pour se
confesser, et pour recevoir pénitence, et que celui-ci |
étant arrivé, il vienne toul-à-coup à perdre la parole !|
ou la présence d'esprit, le prêtre, nonobstant cela, \\
ayant égard aux signes qu'il fait, ou au témoignage de
ceux qui lui ont vu donner des marques de repentir,
HISTOIRE DES SACREMENTS. 748
ne doit lui refuser aucun des bons offices que l'hu-
manité prescrit dans cette occasion , l'absolvant et lu
réconciliant , disant pour lui les prières, lui donnant
la croix à baiser, l'enterrant dans le cimetière, et lui
rendant avec affection les derniers devoirs.
Ayant donc imposé premièrement une pénitence]
proportionnée aux fautes à ceux qui se seront con- 1
fessés , et la confession générale à Dieu étant faite,
que le prêtre prononce ces paroles, en inq^osant la
main sur la tête de celui qui s'est confessé : a Que le
Seigneur tout-puissant et miséricordieux te donne l'ab-
solution et la rémission de tous tes péchés. El moi,
par l'autoiité de Notre-Seigncur Jésus-Christ, des BB.
apôtres Pierre et Paul, et en vertu de celle que j'exer-
ce par l'ofiice qui m'est confié, je t'absous de ces pé-
chés, dont tu t'es confessé, et dont tu es contrit,
amen, d Ajoutant que si dans la suite il se rappelle le
souvenir de quelques péchés dont il ne s'est pas con-
fessé, il revienne à lui pour les confesser.
Ce dernier article est jwur tous les pénitenls en (féné-
ral qui so)il en santé, et porte à la marge, absolulio:i se-»
Ion la forme de l'Église. AbsoUuio in forma Ecclesiœ.
Le reste des statuts synodaux ne contient rien aune
chose, sinon les cas réserves à l'évèque, nu nombre de
quarante, dont je rapporterai seulement quelques-uns
qui m'ont paru mériter une attention particidicre, tels
ij que sont ceux-ci :
Onzièmement, le prêtre qui célèbre scieniiicnt.
dans une église, ou dans une paroisse interdite, et qui
bénit les secondes noces.
Quatorzièmement, celui qui contracte clandessine-
ment mariage, et tous ceux qui sciemment y asL-isltnt,
lesquels, selon les anciens statuts synodaux de 1 1 pro-
vince de Trêves, sont liés de l'excoiiimunicatiou.
Seizièmement.... cl celui qui n'étant point ordonné
soiis-iliacre, chante lépitie à la messe soleiinelie re-
vêtu des ornements de cet ordre.
Trente-deuxièmcment... celui qui persévère de»
puis long-temps dans le péché de mollesse.
Trcnte-huitièmeincnt , le prêtre qui a un commerce
hiînteux avec celle ([u'il a baptisée, ou avec celle dont
il a ouï la confession.
Quarantiêmcment.... ceux à qui il faudra imposer
la pénitence solennelle....
HISTOIRE
DU SACREMENT D'EXTREME-ONCTION.
Ce sacrement n'a pas toujours porté le nom d'Ex-
trêmc-Onclion. Ce nom lui est venu de l'abus qui s'est |
introduit, et qui n'est que trop commun depuis quel-
que temps, d'attendre à l'extrémité pour le recevoir,
î^ous découvrirons dans la suite la source de cet abus.
Chez les Latinsondésignait ordinairement ce sacrement
par ces noms, oleum benedictionis, l'huile de bénédic-
tion; oleum sanclum, l'huile &:n\\tG •,sacramentumsacrœ
Vnctionis, le sacrement de l'Onction sacrée, et autres
CHAPITRE PREMIER.
Des rits et des formules de 1" Extrème-Oncùnn, tant chez
les anciens, qu'à présent chez les Orientaux : leur va-
riété n'empêche pas que la chose ne soit la même dans
le fond. On réfute en peu de mots le ministre Dcdllc,
qui tâche de persiiader qu'elle n'est point un des sa-
cremenls institues par Jésus-Christ.
On place fort à propos le sacrement dont il est ici
question après celui de la Pénitence, dont il est pour
semblables. Ees Grecs l'appelaientdemême, â/iov a«tov, jl ainsi dire le complément cl laperfection. -Non-seulement
J'huile sainte, ou bien ■hy:u<x.iov, l'huile avt;c la prière. '^ il donne le dernier degré de perfection au sacrement
Î49
EXTRÊME-ONCTION. — CIIAP. I. RITS ET FORMULES.
750
Je Pénitence, mnis il produit le même effet à regard
de la vie chrélieniio en général ; cette vie devant èlre,
comme dit oxcellonuuenl le concile de Trente (1),
une pénitence perpétuelle. Non modo pœniicnliœ, sed
et loiim clirhtinnœ vita', quce perpétua pœuitcutia esse de-
bel , constinimiilivuin sacrameiUum { Exlrema-Lnclio).
L'apolre S. Jac(|ues en parle discrtement dans son Epî-
tre(;;aliol!(pio(c. 5, v. M, i:i), et en lait sentir tous les
a\anl;\ges, lorsfpi'il dit, adressant la parole aux chré-
tiens en général : QneUjuim parmi vous est-il mcdadc '!
qn'il appelle les prèlrcs de llùilise, et qu'ils prient sur lui,
l'oifiiiaiii d'huile au nom du Seigneur; et la prière de la
foi sauvera le malade ; le Seigneur le soulagera, et s'il a
commis des péchés, ils lui seront remis.
Ce que cet apôtre reconmiande , a toujours clé
pratiqué dans lEglise, autant que les conjonctures
des temps ont jiu le permettre. On n'y a Jamais douté
que la prière des prêtres en celte occasion ne produi-
sît redét principal pour lequel ils la faisaient, je veux
dire la réuiission des péciiés, qui restent encore aux
malados à expier après avoir satisfait à Dieu par la
pénitence. On fondait cette persuasion sur la promesse
de Jcsus-Ciu'isi dont l'apôlrc S. Jacques était le ga-
rant. Origène (2) considérant avec raison ce dernier
sacrement connue une suite de celui de la Pénitence,
l'indique comme un moyen (jne Dieu nous a mis
en main pour nous purifier de nos péchés. S. Jean
Cl'rysostôme (5) se sert du passage de S. Jacques, que
nous avons allégué, pour montrer que les prêtres ont
reçu de Jésus-Christ le pouvfjir de remettre les pé- 'j
elles. Le pape Innocent I, contemporain de ce der-
nier, çn parle encore plus clairement dans sa lettre ii
Déoentius, dont nous aurons occasion de rapporter
ailleurs les piiroles. Il nous sulTit de dire ici qu'il met
rExirème-Oiiction au nombfe des sacrements, lors-
qu'il lui dit qu'on ne doit point la donner aux péni-
tents (non réconciliés), parce que c'est une espèce de
sacrement, quia genns est sacramenli.
Cette onction des malades se faisait par un ou pUi-
si<»nrs orèires. Les Actes des saints nous fournissent
des exemples de lun ci u<^ lo,...^, ,._ ,,^^ ^;_
luels (4), les uns prescrivent qu'elle se fera par plu-
sieurs prêtres, les autres supposent qu'elle n'est faite
que par un seul, suiva.'.t les divers usages des églises
et la commodité des lieux et des temps où l'on se
trouvait. Car il était bien difficile, par exemple, d'as-
sembler plusieurs prêtres dans la campagne pour
rctidre ce dernier devoir aux malades, surUmt dans
le temps que les prêtres n'étaient point en si grand
nombre qu'il l'ont été depuis. Les Actes de la reine
Clotilde portent que le trentième jour de la maladie |
par laquelle Dieu l'appelait à une meilleure vie, elle |
reçut, suivant l'ordonnancre de l'Apolre, l'onction des ■
prêtres, inuncla à sacerdolibus olco sanclo, et qu'ayant
ensuite'participé au corps et au sang de Jésus-Christ
(i) Scss. \i, de Extremà Unctione, in principio.
(2) Hom. 2 in Lcvitic.
(3) Lib. 3 de Sacerd.
(4) Marten.,l. 2, C.7, art. 4.
en forme de viatique, elle quitta ce corps mortel. Il
est dit dans la vie de sainte lluncgonde que, se tour-
nant vers les prêtres qui étaient aiq)rès d'elle pendant
sa maladif, elle leur demanda l'Iniilede l'onction et la
connnunion. Conversa ad eos gui assidebant presbijtero.s,
rtncliouis olcum et communionem cxpelit.
De ces prêtn^s, tantôt l'un faisait l'apitlicalion do
riiuile sainte, tandis que l'autre prononçait la l'ormn!.'
des prières ; tantôt tous cnsendjie faisaient l'onciion
sur toutes les parties du corps auxquelles on ava;)
coulnmc do la faire, et récitaient chacun cette inênur
fornuile ; tantôt enfin les uns oignaient une partie et
les antres une antre, et récitaient les prières conve-
nables et prescrites pour l'onction de ces didéients
endroits du corps.
On ne croyait pas néanmoins qu'il fût de l'essence
de ce~ sacrement, que celle onction se fit par plii-
sicuis prêtres, quoiqu'on crût que cela était plus con-
venable et plus confurme au précepte de l'apôtre S.
Jacques^ comme on le peut voir dans S. Tliomas (I).
Nous avons plusieurs exemples aiicicns de l'Exirême-
Onclion administrée par un seul. C'est ainsi qu'Ar-
tè!;;e, dont il est parlé dans Grégoire' de Tours (2),
éiaiil attaqué de la fièvre, et visité par S. Népotien ,
reçut de lui TOnotion sainte. C'est ainsi que S. Eugendc
la reçut d'un des frères, ab uno de (rairibus, comme
il est porté dans sa Vie (5). Nous aurons occasion d'en
rap^iortcr encore d'autres exemples.
Vous avez vu ci-devant (4) que la matière qui ser-
vait à ces Oïictions dans nos églises d'Occident, était
de rimile bénite à ce^ effet par les évêcpies le jour du
Jeudi-Saint, en même temps que le chrême et l'huile
des catéchumènes : et notre coutume sur ce point doit
être bien ancienne, puisque le pape Innocent 1 la
prescrit comme une pratique usitée de tout temps
dans l'église de Home, l;;rsqne répondant à la coiisul-
lalion de Décenlius, évêque d'Eugubio, il lui dit qnil
est permis au r.rêlres d'administrer ce sacrement avec
de l'huile qui aura été bénite par levêque.
A l'égard des parties du corps auxquelles on faisait
l'ai^Iicationde cette huile bénite, c"est sur quoi il y
Dans ceux- ci elle s'èfifti^:3PUe^^^^^ étales lieux.
de parties, dans d'autres sur un très-petit nomlTre.
En général, on peut dire qu'elle se faisait j rincipalc-
monl sur les organes des sens, comme le nez, les
oreilles, la bouche, les yeux. Mais, encore une fois, il
est inip;)ssible de rien déterminer sur ce point de la
discipline sacramentelle, tant elle a varié. On a
même des exemples d'onction faite à des malades
sur une seule partie du corps. S. Eugende, entre an-
tres, comme nous l'apprenons de ses actes, ne fut
j oint' qu'à la poitrine. Ajoutons à cela que cette onr
tion ayant pour lin, quoique non principale, la guén-
son de la personne malade, on la faisait surtout, ai..
(1) L. 4 contra Génies, c. 85.
(2) L. l,c. 41, Hist.
Ch\ Rolland., 1 januarii.
(4) Sect. 2, c 2, Hist. de la Confirmalion.
751
moins en j)lusiours églises, à la partie ainigée cl
dans laquelle était le siège du mal.
On peut vérifier ce que nous avons dit jusqu'à
pré enl, en jetant les yeux sur les divers lituels
qui contiennent l'ordre de rExIrênieOnclion. ils
sont rapportés par le Père Martène dans le second
lonic des anciens Kits de Tliglise (1). Durand (2) re-
marque que (|uelqnes-uns de son tenq)S enseignaient
que Ton ne devait point l'aire ronelion aux épaules,
parce qu'on l'avait faite au baptême, et que celui qui
avait élé confirmé ne devait point être oint sur le
front, mais anx tempes ; de même que l'on ne de-
vait point oindre le dedans des mains des prêtres,
mais scnlemenl le dessus, à cause de l'onction que
l'évcque leur avait faite au-dedans de la main à leur
ordination. Nous ne voyons pas sur quoi sont fon-
dées ces décisions et quelques autres qui ont rapport
à 1,1 même matière , et dont Durand fait mention
dai's lendroit indiqué ci-dessus. Ainsi nous croyons
que, sans y avoir égard, chacun doit suivre en ce
génie ce qui se trouve établi et autorisé par les ri-
tuels, et l'usage de l'église où il se trouve.
Pendant que le minisire de ce sacrement fait les
onctions, il prononce certaines paroles, que les sco-
lastiques appellent la forme de rExtréme-Onction.
('es paroles, dans certains rituels, sont énoncées
d'une manière absolue ; dans d'aulres, elles sont en
foriàie déprécatoiie ; dans d'aulres enfin, elles sont
partie déprécatoires, partie absolues. Ce qui donne
bien de l'exercice aux docteurs de l'école qui dispu -
lent entre eux, et subtilisent sans fin sur ces ma-
tières, qu'ils connaissent peu pour l'ordinaire, et sur
lesipielles ils se sont formé des principes et des axio-
mes fondés ordinairement sur ce qu'ils voyaient pra-
tiquer de leur temps et dans les lieux où ils vivaient :
d'où vient que souvent leurs principes se contredisent,
parce que la pi'ati(|ue était dillérentc dans les diffé-
rents endroits. S'iU eussent consulté les monuments
ecclésiastiques plus anciens qu'eux, et les eussent
comparés les uns avec les autres, il leur eût été fa"
cile de se réunir, en doimant un peu phis |(^éi'>i'.Y^'jj^^
leuçâ.^^pwrytt'^qiiê^Te mode ces formules fussent ex-
primées, pourvu que le tout se fil au nom du Sei-
gneur, comme le prescrit l'Apôtre, i'mjcnles eum in
nomine Domiiii.
Jusqu'à présent nous avons exposé aux yeux
du lecteur la manière dont on a aul refois adminisiré
rENtrême-Onction en Occident. Voyons présentement
comment la même cliose se fait dans les Eglises d'O-
rient, qui mettent, comme nous, l'onction des mala-
des au nombre des sept sacrements, et qui, comme on ne
les en soupçonnera pas, ne l'ont point lait sans doute
par complaisance pour l'Eglise catliolique, dont quel-
ques-unes de ces communions sont séparées malheu-
reusement depuis plus de mille ans.
(n C. 7, art. -L
(â) L. 1 Kalion., c. 8.
lllSTOinE DES SACREMENTS. 75S8
M. l>enaudol(I), à qui l'Église el les savants sont si
lediivahles pour les laborieuses recherches qu'il a
faites stu'ces matières, nous instruira de la créance
de ces églises , et de ce qui s'y pratique. Nous ne fe-
rons cpie transcrire ici ce qu'il dit sur ce sujet dans ie
chapitre S(!cond du cinquième livre , qui a pour titre :
Des Cércinonics (jue les Grecs et les Orientaux pratiquent
pour l'' Extrême-Onction, i Ces cérémonies , dit-il, cou
« sistent dans un plus grand appareil de rits et de
« prières, qu'on n'en a observé dans rOceideiit. E'office
« se fait ordinairement par sept prêtres, et en cela
i ils prétendent pratiquer littéralement ces paroles de
8 S. Jacques, inducat presbijteros , etc. » (Nousavons
vu que dans nos églises plusieurs prêtres faisaient
souvent cette cérémonie ). i Si néanmoins le nombre
« de sept prêtres ne se trouve [las , cinq ou trois cé-
« lèbrent l'office de la même manière ; et on ne voit
« pas qu'ils le fassent célébrer par un seid.
« Comme, suivant la discipline d'Orient , on n'at-
« tend pas que le malade soit à l'extiémilé pour lui
« administrer les saintes huiles, cette cérémonie se
« célèbre Irès-spuvent dans les églises , où il se fait
« porter. » ( Nous verrons ci-après qiic cela se faisait
aussi dans l'église latine assez fré(iuemment. ) î On
(I lient faire néanmoins tout rofiice dans la maison
« du malade , (piand il n'est pas en état d'être trans-
« porlé.
1 On prend de l'iuiile ^.l'olive, on la met dans une
( lampe à sept branches, et le plus ancien des sept
« prêtres dit des prières et des bénédiclions ; ensuite
i on fait l'onction sur le malade en diverses parties
« de son corps, après avoir allumé la première bran-
« che, et ainsi des autres, el en continuant les prières
« cl faisant le signe de la croix. C'est sur ce fonde-
t ment que Thomas à Jésu et quelques autres ont
« écrit (pie les chrétiens Orientaux n'administraient
« point l'Exlrême-Onction aux malades , mais qu'ils
c les frottaient avec l'huile d'une lampe, parce que ni
« lui, ni de pareils écrivains , n'avaient poinl con-
« suite les gens du pays, et encore moins les livres
, ,ioc x~i: • • — ^-^ ""' ^^^ uiiice. Voici comme
« il est prescrit dans le Rituel du patriarche des
« Cophtes, Gabriel. On emplit de bonne huile de Pa-
« lesline une lampe à sept branches , qu'on place de-
« vaut une image de la sainte Vierge, el on met au-
« près rÉvangilc et la croix. Les prêtres s'assemblent
« au nombre de sept , mais il n'importe (pi'il y en ait
t plus ou moins. Le plus ancien commence l'oraison
« d'action de grâces qui est dans la Liturgie de S. Ra-
« sile; il encense avant la lecture de l'épitrc de S.
î Paul ; puis ils disent tous : Kyrie eleison , l'Oraison
«Dominicale, le psaume trente-unième, l'oraison
t pour les malades, qui est aussi dans la liturgie, et
« les autres particulières mar(|iiées dans l'office de
« rExtrême-Onction. Quand il les a achevées, il al-
« lunie une des branches, faisant le signe de la croix
« sur l'huile, el cependant les autres chantent de$
(I) T. ;idela Po/ie/., 1.5, c. I,2ct3, . • .^
753
EXTRÉME-ONCTlON. — CHAP. 1. RITS ET FORMULES. 1U
t psaumes. Aprôs qu'il a adiovô les autres oraisons
< pour les in:il;ui(;s , il lil la leroii do l'Epilic eallioli-
i que (h; S. Jaccpics eu ooplilo , diinl la lecture se l'ait
1 eiisuilt- en arabe; puis Saiictiis , Cicria Palri, l'o-
t raisou de l'f'vnngile , un psiunuc (pi'il dil allcrnali-
I veuicut avec nu autre itrètro ; juiis uu évangile (;n
c loplile et eu arabe, les trois oraisons qui suivent
< dans la liturgie, une au l'ère, l'autre pour la paix ,
« une autre générale , le symbole de Nicée et l'orai-
« son qui le suit.
i Le second prêtre commence après par la béné-
« diction de sa brandie, en l'aidant le signe de la croix,
« et il ralliune : puis il dil l'Oraison Dominicale cl
i le reste à peu près comme le premier. Les autres,
< selon leur rang, font les mêmes prières ; de sorle
« que l'on dit dans cotte CiM'énionie, comme remarque
«l'auteur de la Science ccclésiasti(|uc , sept leçons
« desÉpilres, sept des Evangiles, sepl psaumes et
€ sepl oraisons particulières, outre les communes li-
« rées de la liturgie.
< Lorsque tout est aclicvé, celui pour lequel se fait
« la bénédiction de la lampe , si ses forces le lui per-
< mettent, s'approcbe , cl on le fait asseoir ayant le
t visage tourné vers l'Orient. Les prêtres mettent le
« livre des Evangiles c'evé sur sa tête , et lui impose
< les mains ; le j)lns ancien prêtre dil les oraisons
« propres, puis ils font lever le malade , ils lui don-
c nent la bénédiction avec le livre des Évangiles, et |
« on récite l'Oraison Dominicale. Ensuite on ouvre le
« livre, et ou lit sur lui le premier endroit sur lequel
« on tombe. Ou récite le Symbole et trois oraisons ,
i après lesquelles on élève la croix sur la tête du ma-
i lade, cl en même temps on prononce sur lui l'abso-
t lution générale, qui se trouve dans la liturgie.
1 Si le temps le permet , on dit encore d'autres
« prières, et on fait la procession dans l'église avec la
« lampe bénite et des cierges allumés, pour demander
t à Dieu la guérison du malade, par l'intercession des
« martyrs et des autres saints. Si le malade n'est pas
« en état d'aller lui-même près de l'aulcLon substl-
€ tue une personne à sa place. Après laprocession.les
< prêtres fout les onctions sur le malade, puis ils se
« font une onction les uns sur les antres de celte bulle
« bénite, et ceux qui y ont assisté reçoivent aussi une
« onction; mais ce n'est pas en la manière qu'elle se
i fait sur le malade.
« Tel est l'usage prescrit parle Palriarclie Gabriel
» pour l'église jacobite d'Alexandrie , et il est pareil-
« lement prouvé par les témoignages d'Ebéuassal et
a porcelui d'EcInuini,.. Les Jacobilos Syriens ont des
« rits et des prières assez semblables , dont nous ne
c rapporterons pas le détail, puisque les différences
4 qui s'y rcncoutrent, et celles de roffice grec ne sont
« pas essentielles ; et les Etliiopicns eu ont nue con-
i forme à celui d'Alexandrie. »
Tout ce ril est tiré du grec qui en est comme l'ori-
ginal, et qui a été approuvé au concile de Florence,
dans lequel il ne parait pas même que l'on eu ait dis-
liuié quand on s'est luii de communion. Les Grecs y
ont dé'claré (|u'ils reconnaissaient le sacrement dEx-
Irêute-Onction, et il était de notoriété publique (piils
le célébraient de la manière (pi'ils l'observent cncure
pré.'îentemeut, sur (pioi on ne leur a formé aucune
(lil(icult(', ce qui csl une marque qu'on ne les croyait
iMiint con|>ables sur ce point. Le décret d'Eugène
poinles Arméniens ne détruit pas ce que nous disons,
puis(pie jamais les Grecs ne l'ont comuj, et (pi'il n'a
(île fait (pi'après leur dépari, et (|ue sans entrer dans
la discussion de Taulorilé qu'il doit avoir, il ne peut
pas déroger à celle du décret général. C'est sur ce
dernier cpie fut fondée l'union que les Grecs rompirent
depuis : il contient ce ([ue l'on propose à ceux qui re-
noncent au scbismc , el ou ne les examine pas sur
l'autre qui ne les regarde point.
Ce qui pourrait faire plus de peine dans le rit des
Grecs et des Orientaux , c'est qu'ils n'emploient pas
pour les onctions des malades de l'buile bénite par les
évoques , mais celle que les prêtres bénissent eux-
mêmes dans la célébraiion de ce sacrement. Mais le
P. Goar , dans ses notes sur cet endroit de l'Euco-
loge , termine cette difliculté, en citant l'inslructiou
dressée pour les Grecs par Clément Vllf, où il est dit
qu'ils ne seront point obligés dans les lieux où ils sont
souinis aux Latins , de prendre l'huile bénite par le
diocésain, parce qu'ils en font la béiiédiclior., suivant
un ancien usage, dans le temp.i même qu'ils l'admi-
uistrcnt : Cùm cjusmodi olea ab sis in ip&à oleoium et
sacrainentoriun cxhibilioiie ex veieri ritu conjicimitur ac
benedicantur. Ce Pape a raison de dire que cette cou-
tume est ancienne chez les Gro'. , puisqu'elle était
déjà établie parmi eux au septième < ècle , c< licnc
nous l'apprenons d'un capitukire nunu.>crl: a? ' béo-
dore de Canlorbéri , qui n'igncrait ce/ti.ir,euierit pas
les rits des Grecs, étant né Grec et r es- versé d'uis
la discipline des deux églises. Selon les Gréa. Jit- il, //
est permis au prêtre... de (uire le civéwe voir les
malades , si cela est nécessaire. Chez les Romairs , cela
ne leur est pas permis, mais à iévèque seul.
Le P. Goar, pour ne rien laisser de douteux sur
cette matière, se met en devoir de satisfaire même
aux objections des théologiens les plus prévenus eu
faveur des principes qui s'enseignent communémeut
dans les écoles, suivant lesquels , lui el Arcudius font
consister la forme de ce sacrement tel qu'il se d.ime
chez les Grecs, en une des oraisons qui conuueuce
par ces mots : rtr-rsp </.yic, 1'«t/:£ tûv ■ijyCtj : Père suint ,
médecin des «mes , etc.; cette raisou expliquant ies
principaux ellèts qu'on attend de ce sacrement, qui
sont la 'éinission des péchés et la guérison du corps
Il semble, après toutcequi vient d'être dil, qu'on ne
devrait pas s'arrêter à ce qu'a écrit le ministre Daillé,
pour montrer que l'Onelion des malades ne doil pa être
mise an nombre des sacrements. 11 ne me serait jias
difficile de faire sentir le faible de ses arguments, et de
faire voir que plusieurs d'entre eux sont de purs so-
pbismes, (|ue les dialecticiens appellent, de fuUo sup-
poncnte, et entre autres celui où il dil que les auteurs
des six premiers siècles, lorsqu'ils décrivent les cir-
755 IIÏSTOIUE DES
conslanrcs de In mon des personnes pieuses, ne i'onl i '
jamais metUion de celte Onction ; puisque vo\is avez
déjà vu qu'il eu est parlé dans la Vie de la reine Clo-
thilde , et d'autres dans S. Grégoire de Tours. Mais
laissant à part les autres objections de cet auteur, sur
lesquelles la nature de cet ouvrage et les bornes que
noi:s nous sommes prescrites ne nous permettent pas
de nous étendre, je répondrai seulement à celle qui
paraît la pins plausible.
Cette objection consiste en ce (ju on ne voit nulle
part qti'il soit fait jnentionde rExtrème-Onclion dans
le.'j aiiiciirs du second et du troisième siècle, dans
Icsq'.iels on trouve d'ailleurs ce qui concerne les
aiilrcs sncremenls; et que, depuis les persécutions
d:r::S le quatrième siècle , on ne voit pas que les gens
de Lien , doi;t la mort est rapportée , aient reçu ce
sacrement.
Cette objection, je l'avoue, est spécieuse pour ceux
qui ne connaissent pas l'état des cboscs et les maxi-
mes de ces siècles , mais nous espérons la dissiper
f::cilemci!t par quelques rédéxions sur l'un et sur
l'aiilre. Premièrement les anciens avaient pour maxime
-de ne parler de nos mystères que lorsque la nécessité 5
les y contraignait, et rien ne les obligeait à parler de \
celui-ci qui n'était point connu des infidèles , et sur
lequel ils ne formaient point d'accusation contre TE- ;^
glise. Si les Pères ont parlé dans ce temps dos autres ||
sacrements de la manière que nous l'avons vu jusqu'ici,
c'a été ou pour réfuter les calomnies des r.aïens , ou
pour instruire les catéchumènes ; cl dans ces deux
cas, il n'était point nécessaire qu'ils parlassent de ce
sacrenicnt, que les premiers ne cominissaient pas, cl
dont on avait tout le temps d'instruire les seconds
lorsqu'ils seraient dans l'église. Mais il Calliiii leur
parler nécessairemen!. du Baptême, de la Confirn^Uion
et de l'Eucbarislie; parce qu'ils devaient recevoir ce:>
trois sacrements en un même jour, et à leur entrée
dans l'église.
Secondement il y a bien de l'appareiicc que dans
les trois premiers siècles on ne donnait que i arement
l'Extrême-Onclion aux malades : cl cela pour deux
raisons. La première est qu'il était presque impossilile
dans le temps que les chrétiens étaient mêlés avec les
païens , d'administrer ce sacrement sans l'exposer à
la vue des infidèles; ce que nos pères regardaient
comme un horrible sacrilège : car d'ordinaire il s'en
trouvait toujours dans la même fan)ille qui étaient
encore païens , ou au moins qui n'étaient pas encore
initiés à nos mystères. Si le mari était chrélien , la
femme élaii infidèle , et réciproquement. Si l'un
et. l'autre étaient chrétiens , leurs enfants , ou
leurs esclaves , ou leurs domestiques , ou leurs
voisins étaient encore païens, et par conséquent
empêchaient qu'on ne pût faire celle cérémonie, qui
demande du temps et de l'aide pour mettre le ma-
lade en état de recevoir les Onctions. D'ailleurs les
ministres de l'Eglise se seraient beaucoup exposés en
cette occasion, en allant ainsi de maisons en maisons, ]p
et c'est ce que ne permettait pas la prudence chré
SACREMENTS. 756
tienne. Nous voyons même que, pour éviter cet incon-
vénient, on permettait aux chrétiens demporier
l'Eucharistie dans leurs maisons pour s'en communier
eux-mêmes, soit en santé, soit en maladie. La se-
conde raison qui persuade que l'on ne donnait que
rarement ce sacrement dans les premiers siècles,
c'est qu'il n'est pas absolument nécessaire connue les
autres. On peut l'omettre sans préjudice du saint. Si
les chrétiens dans ce temps-là se mariaient souvent
sans recevoir le sacrement de Mariage , comme lors-
qu'ils s'alliaient avec des infidèles , pourquoi n'an-
raienl-ils pas omis de recevoir rExtrème-Onclion,
qui n'est pas plus nécessaire pour le salul aux malades,
que le sacrement de ^Mariage à ceux qui entrent dan?
cet état? Cela est d'antanl plus vraisemblable, qu'il
paraît que les grâces attachées à la bénèdiciion nup-
tiale, sont au moins aussi nécessaires aux personnes
mariées, que l'Extiême-Onction l'csl aux malades.
Les choses étant sur ce pied dans les trois premiers
siècles, il n'est jias siu'prenanlque dans le suivant on
ait encore négligé de recevoir ce sacrement; c'était
une suite de l'étal où on s'était trouvé : mais bientôt
après on mit les choses sur un autre pied, et les fidèles
profilèrent de tous les avantages que l'Eglise leur
l'ouriiissail, en se munissant de ce sacrement aux
approches de la mort. Ajoute/ à tout ce (jui vient
d'être dit, que l'on n'a pas écrit tout ce qui s'est
passé, et (pie les monuments dans lesquels il a pu
être écrit, se sonl peut-être perdus; d'où vient que
nous ne trouvons point d'exemples d'Onction des
malades dans les trois premiers siècles, quoiqu'elle
n'y fût pas ignorée , comme il paraît par le passag(;
d'Origène que nous avons indiqué, cl par celui du
pape Innocent I, que nous rapporierons ci-après, dans
lequel il est parlé de l'OiiCtion des malades comme
d'une clîose ordinaire , et par conséquent pratiquée
longtemps avaia ce pape.
CHAPITRE 11.
Diverses parliculdyilés loucliuul f Exlrème-Oncùon. Elle
se donnait ordinaircinoit avant le vialinuc; ju^^qn'ù
(juand CCI us:'(ii'ii'cf:l conservé. Elle se donnait rinchjue-
fois durant plusieurs jours consécutifs. Seitlinienl des
premiers docteurs scolasti<iues sur la réitération de ce
sacrement.
Nous avons tant de monuments qui prouvent in-
conleslablement qu'autrefois on donnait, pour l'ordi-
naire, l'Extrême Onction avant le viatique, que, pour
éviter la prolixité, nous serons obligés de nous restrein-
dre à un petit nombre de preuves incontestables, tirées
tant des exemples que nous fournit l'histoire, que des
livres ecclésiastiques, dans lesquels sont prescrits les
rils des sacrements.
L^'S Actes de S. Tresan (1), prêtre, qui vivait dans
le p:\ysde Reims, au sixième siècle, portent expressé-
ment qu'il reçut llmile di la sainte réconcihntion avec
une contrition humble et sincère..., ce qui étant fait, il
(1) Bolhmd. Tfehruar.
757 EXTRÊME-ONCTION. — CI1A1>. II.
demanda le vUilifiue. {Qiiic ])ost(juàm cxplcvU, vialicum
pcliit.)
Théoilore de Canlorbcrirciulrn (cmoignagc pour le
siècle suivant. Il fini l, (Vil- \l, dans son Pénilenliel,
ijnc les nntlddes, lorsfiiuls se trouvent m péril de mort,
(lemnudenl à se confesser... ; (juils reçoivent t onction de
i' huile suinte, sHiva)ii tes statuts de s Pères,\et la com-
munion du viatique, i Sacra unctione olei inuncti... com-
t nnuiioHC viatici re/iciantur. t
I)ède, dans ses Semonces (1) insérées dans la col-
lection de Kéginon, parle conforniémeiU : Après que le
malade aura reçu l'onction sacrée, qu'on lui donne aitssi-
tôt le corps ct'le sang de Notre-Seifineur. Lni-mênio, au
rapport de Guillaume de Malesburi [i), ayant A)il venir,
dans sa dernière maladie, toute la coninuuiauté, re-
çut d'abord ronclion et ensuite la communion. Le con-
cile d'Aix-la-Chapelle, de l'an 85G, c. 5, et celui de
Mayeiicc, de l'an 817, c. 2G, prescrivei'.t la mènie
cliosç. Cliarlemagnc, selon le moine d'Angoulèmc, qui
a écrit sa vie, après avoir clé cint de. riiidie sainte
par les évoques, et avoir reçu le viatique, rendit l'es-
prit. Oleo sancto inunctus abepiscopis, et viatico sump-
to..., obiit.
Ilincmar de Reims, dans son 10" Capitulaire, or-
donne aux prêtres de visiter les malades, de les oindre
de riuiile sainte, et de les communier par eux mêmes.
Ralhier de Vérone, dans le dixième siècle, ordonne
de même, dans sa lettre synodique, adressée aux prê-
tres de son diocèse (3) de visiter les malades, de les
réconcilier, de leur faire l'onclion de riuiile sainte, et
de les communier de leur propre main. Oleo sancto
inungite, et propriâ manu communicate. On voit la
même discipline observée dans le onzième siècle ; c'est
de quoi rendent un témoignage bien authentique les
actes du pajic Léon IX, dans Icsquds nous lisons (4),
que voyant une multitude d'évêques, d'abbés et de
fidèles qui s'étaient rendus auprès de lui, sur la nou-
velle de sa maladie, il ordonna qu'on lui fit l'onction
sacrée en leur présence; ce qui l'ayant rempli de joie,
il reçut ensuite la communion du corps et du sang du j
Seignetir.
La Règle des chanoines réguliers, de Pierre De Ho-
ncstis (5), prescrit que si on voit la maladie empirer,
les prêtres aspergent d'eau bénite les malados, qu'ils
leur fassent l'onction, et qu'ils les munissent du corps
cl du sang de Jésus-Christ. Le roi d'Angleterre,
Henri I, au douzième siècle, se sentant attaqué de la
maladie dont il mourut, se confessa, suivant Orderic
Vital (G), reçut la pénitence et l'absolution dos prê-
tres, l'onction de l'huile sacrée et la communion vivi-
fiante, après quoi il se rcconmianda h Dieu. Oleo san-
ctœnnctionis delinitus, et Eucliaristiàrefeclus, etc. Enfin
on voit par les Actes de Sle Elisabeth, épouse de Louis,
landgrave de liesse, que celte praticpie était encore
(1) L. 1, c. 119.
(-2) L. 1 Ili.t. G, 3.
(.3) Spicil.l. "2.
(i) Wirbert. Archidiao., 1.2, c IG.
(:>) L. 2, c. 2-2.
(6j Lib. 15.
DIVERSES PARTICULARITÉS. 7S.9
ordinaire dans le treizième siècle, puisqu'il y est dit,
qu'après avoir fait l'onction au prince son mari, on lui
donna le viati(|ue du sacré corps de Jésus-Christ. Per-
aclà unctione, sacrosancli corporis Domini nosiri Jesu
CInisti viaticum tradiderunt. Presque tous les anciens
rituels manuscrits qui me sont tondjés entre les mains,
dit le P. Mariênc (1), confirment cet usage; il s'est
même conservé jusqu'au connnenccmcnl du seizième
siècle, puisque le C(''rénioiiial des Rénédictins, de la
congrégation de Rursfeld, en Allemagne, imprinn'» dans
le monastère d'Egmond, au diocèse d'Utrech, en 1502,
prescrit encore que les malades recevront l'Extrême-
Onction avant le saint viatique; c'est ce que l'on voit
dans le chapitre 59', qui a pour titre : Quo ordine tel
ritu inunfjatur et communicetur infirmus. M. de Launoy,
dans son traité de l'Onction des malades, pag. 525 et
seq., donne des extraits des rituels de plusieurs églises
de France, par lesquels on voit que l'usage de donner
le sacrement de rExtrème-Onction avant le saint via-
tique s'est conservé dans ces églises au-delà du milieu
du siècle dernier. Le lecteur peut consulter cet auteur,
et s'assurer par lui-même de ce que nous disons.
Cela suffit sans doute pour montrer que la pratique
ordinaire était telle que nous l'avons représentée. Nous
ne disconviendrons pas, néanmoins, qu'elle ne sou flrit
ses exceptions, et que quelques églises n'observassent
un usage contraire. C'est ce qu'insinue Césaire d'Arles,
lorsque reprenant ceux qui cherchaient à guérir leurs
maladies par des enchantements, il dit: Ne serait-il
pas mieux et plus avantageux pour eux qu'ils vinssent à
l'église, qiiils y reçussent le corps et le sang de Notre-
Scigneur, et qu'ils se fissent oindre, eux et les leurs, de
l'huile bénite, selon que dit l'apôtre S. Jacques, et qu'ils
reçussent, par ce moijen, non seulement la santé du corps,
mais encore la rémission de leurs péchés? « Corpus et
x sanguinem Christi acciperenl, oleo henedicto se et suos
« fideliter perungerenl? d Hérard, archevêque de Tours,
fait aussi entendre, dans son Capitulaire (n. 21), que
les malades recevaient en viatique le corps de Notre-
Seigneur, avant l'onction, lorsqu'il dit que ceux qui
sont attaqués do maladie doivent, sans différer, être
réconciliés, recevoir le viatique et la bénédiction de
riiuile sacrée. Ut in infirmitate positi absque dilatione re-
concilienttir, et viaticum viventes accipianl, et benedi-
ctione sacrati olei non careant. Isaac de Langres, avant
lui, s'était presque servi des mêmes termes (2). Ce
qui fait voir que la continne opposée n'était poinl, ab-
solument parlant, reçue partout.
Il parait même, par le Pontifical, manuscrit de
S. Prudence, évèque de Troyes, qui est en fort beaux
caractères, et qui a appartenu autrefois au monastère
de .Monslier-Ramé, dans le même diocèse, qu'on lais-
sait à la discrétion du ministre do donner rExtrème-
Onction aux malades, devant ou après le viatique;
car je crois que c'est ce que signifie ce qui est dit des
doux connnunions, dont l'une précède l'Onction, et
l'autre la suit. Après quelques prières que l'évèque ou
(1) T. 2 deanl. Eccl. Rit., p. 108.
(2) CupiUd., t. Il, c. 25.
759
HISTOIRE DES SACREMENTS.
7C0
le .prêtre doit faire sur le malade, il est porté dans ce
rituel: Hincdetiir communioinfirmoUadiccndo. « En-
I suile, que ron donne la communion au malade, en di-
i sani : Que le corps et le sany de yolre-Seujneur Jésus■
^ Clirisl, » etc. Le rit de rOiictioii est luaniué ensuite,
après quoi il est dit: llis explclis, comniunicet eum.
On ne communiait pas les malades deux fois sur-!o-
(iianip. Que signifie donc celte double connnunion '.''
Je ne puis rien imaginer autre chose, sinon qu'en cas
que le malade n'eût pas reçu le viatique d'abord, ce
rituel prescrit le temps et la circonstance dans laquelle
i! comnmnicra, après l'onction de l'huile sainte. Le
P. Mabillon (1) dit avoir vu, dans la bibliothèque des
frères Mineurs , à Sainte-Croix de Florence, un Pon-
tifical manuscrit, dans lequel l'onction des malades est
prescrite après la communion. On pourrait encore
ajouter quelques exemples à ceux qui viennent d'être
rapi)ortés ; mais ce ne peut empêcher que l'on ne puisse
regarder l'usage de donner le viatique après l'Exirème-
Onction, connne la pratique universelle de l'Église
autrefois, quoique, comme nous avons remarqué, elle
souffrit quelques exceptions.
On voit aussi, par d'anciens rituels, que l'on réité-
rait l'onction aux malades pendant sept jours consécu-
tifs. Cela est prescrit, entre j)lusieurs autres, dans un
rituel de Tours, dont le caractère fait connaître qu'il
a été écrit il y a plus de 800 ans. Un autre, de Notre-
Dame de Reims, et un troisième de la Ribliothèque
du roi, n. 4208, à peu près de même âge, selon le
P. Martène, contiennent la même chose, aussi bien
que le Pontifical de Salzbourg et un manuscrit de
S. Victor, d'environ 500 ans, sans parler de quelques
autres. Cela se trouve réduit en pratique , en la per-
sonne de S. Rembert, archevêque de Hambourg, dont
il est dit dans sa Vie, écrite par un auteur contempo-
rain (2), que le septième jour avant sa mort, l'on com-
mença à lui faire ronction sacrée, et qu'il reçut ce remède
salutaire, avec la communion du corps et du sang deJé-
sus-Chriit, tous les jours, jtisqu'èi celui auquel il rendit i
l'esprit à Dieu.
Cela fait voir quel fond on doit faire sur l'opinion
de Geofiroi de Vendôme, de Thiébaud, abbé de Sainte-
Colombe de Sens, et de quelques autres auteurs du
douzième siècle, qui ont enseigné qu'on ne devait pas
plus réitérer l'onction des malades, non seulement
dans la même maladie, mais pendant toute leur vie,
que le Raptême, la Confirmation, l'Ordination et l'onc-
tion des vases destinés à la célébration des saints mys-
tères. Nous ne voyons pas où ces auteurs ont puisé
cette doctrine ; aussi s'est-il trouvé, de leur temps,
des personnages illustres qui ont réfuté cette opinion,
et, entre autres, Pierre-le-Vénérable, abbé de Cluni,
dans une lettre adressée à Thiébaud, qui est la septième
dy cinquième livre, et le Maître des Sentences, dans
son quatrième livre.
Tous les théologiens qui sont venus ensuite, se sont
fl) Itin. ital.,p. 104.
[i) Secul. 4 Renedict.
attachés an sentiment de ces derniers, et ont ensei-
gné communément que l'on pouvait réitérer l'Extrême-
Onction , au moins dans les différentes maladies.
Qiicl([ues-uns cependant ont modifié ce pouvoir, en
disant que cela se pouvait faire seulement quand ces
différentes maladies arrivaient en différentes années ,'
et non pas quand la même personne tombait plusieurs
fois dans des maladies périlleuses durant le cours de
la même année, comme dit Durand de Mende (I). Je
laisse aux théologiens à examiner sur quoi est ap-
puyée cette décision , aussi bien que ce qu'ajoute le
même auteur, que si un homme a reçu l'Exlrême-
Onction par le ministère d'un évêque , il ne doit plus
par respect pour son caractère la recevoir de la main
d'un prêtre.
CHAPITRE III.
On continue de parler de quelques particularités qui con-
cernent ^administration de l" Extrême-Onction. Von
découvre les sources de l'abus qui s'est introduit d'at-
tendre à l'extrémité à recevoir ce sacrement , et l'on
représente le détail des cérémonies do)tt il était acconi'
pagné anciennement.
Il était assez ordinaire autrefois de se faire poricr
à l'église , ou d'y aller soi-même si l'on pouvait, pour
recevoir l'Extrême-Onction. Vous l'avez vu par le
passage de S. Césaire d'Arles , que nous avons cité
plus haut. Ce saint y suppose que cette pratique était
comuiune, lorsque, pour détourner son peuple d'avoir
recours aux enchanteurs dans leurs maladies, il leur
dit , qu'ils feraient beaucoup mieux d'aller à l'église ,
et de s'y oindre de l'huile sainte , dont ils recevraient
du soulagement dans le corps et dans l'ame. Quanib
reclius et salubrius erat ut ad ecclesiam currerent. C'est
en conséquence de cet usage que les anciens Statuts
des religieuses de l'ordre de Senqiringham fondé par
le bienheureux Gilbert (-2) , ordonneiit que Ton ait
soin qu'il y ait dans l'église , in ecclesià , ou dans l'in-
firmerie , un lieu destiné à faire les onctions aux re-
ligieuses malades. 11 est aussi rapporté dans les Actes
de S. Oswald, évêque d'Angleterre, qu'étant rentuédans
l'oratoire , et ayant ajipelé les frères , il les exhorta à
lui administrer l'Extrème-Onction. Régressas in orato-
rium, convocatis fratribus, hortatur eos impendere sibi
miuisterium sacrœ unclionis.
Nous apprenons par là que les malades ne rece-
vaient point toujours ce sacrement, couchés dans
leurs lits , comme cela se fait pres(pie toujours à pré-
sent , et nous savons d'ailleurs par plusieurs rituels
rapportés par le P. Martène (5) , que, lors même que
les malades recevaient lExtrème-Onction dans leurs
maisons, ils la recevaient très-souvent à genoux ou
I assis. C'est ce qui est prescrit principalement dans
I celui de Salzbourg qui porte*: Que le malade se mette
à genoux, qu'il se tienne à la droite du prêtre, et que
l'on chante l'antienne : Guérissez-moi, Seigneur, etc.,
(1) L. 1 Ration, c. 8.
(2) Monaslic. Anglic. t. 2 , p. 773.
(5j T. 2,c. 7, art. 4. .. ^;
761 EXinÈME-UiNCTION. — CllAl
el sic (leclal (jenxio. sua qui est tauyuidus , etc. (1).
Nous lisons aussi dans la Vie de S. Ollioii de Bam-
Lerg , qu'il recul ce sacreiuenl, ciaul, non couclio,
mais assis, non jacendo , sed sedcndo.
Celle manière do recevoir le sacronicnlde TOnclion
sacrée, serait plus conlornie à l'espril de l'Kglisc, el
marquerait plus de respect pour une cérémonie si
sainte et si utile à nos âmes. Mais pour la pratiquer,
il ne laudrail pas allendre à la dernière extrémité
pour demander ce sacrement , comme on ne fait que
trop comnninémcnt aujourd'hui. C-e qui est bien op-
posé à l'intention de rÉglisc , comme vous avez pu
vous en convaincre par toutes les observations que
nous avons faites dans ce cbapilre cl dans le précé-
dent : puis(iue tout ce qui y est rapporté , suppose
que le malade avait encore (piebpies forces , et sur-
tout, qu'il jouissait d'une parfaite liberté d'esprit ; au
lieu qu'à présent on allend qu'il soit à demi-mort , cl
que pour l'ordinaire, il n'a pas toute la présence d'es-
prit nécessaire pour recevoir l'Exlrème- Onction
connne il le devrait , et en retirer les avantages
qu'on a lieu den espérer cl pour i'àme el pour le
corps.
Mais d'où vient cet abus? Comment un si grand
changement a-l-il pu s'introduire? Nous pouvons en
manjucr deux causes. La première, est l'opinion qui
s'était répandue dans le troisième siècle (nous ne sa-
vons par quelle voie), que les malades qui avaient
reçu ce sacrement ne pouvaient plus, s'ils r-ccouvraienl
la santé , faire aucun usage du niariage, manger de
la chair , el marcher les pieds ims. Nous apprenons
d'un concile d'Angleterre (2) , que de faux docteurs
répandaient ces opinions parmi le peuple ; el les
évèques, pour les déraciner, déclarèrent qu'ils déles-
taient el excommuniaient ceux qui en étaient les au-
teurs. Celle décision ne put arrêter le cours de la
superstition; puisque le synode d'Oxford (cap. G),
plus de quarante ans après, en parle encore connue
d'une chose qui avait de dangereuses suites , cl qui
détournail le peuple de recevoir ce sacrement, cl
qu'il ordonne aux prèlres préposés au goavcrnemeiit
des paroisses , d'instruire le peuple sur cet article.
Voici les paroles dans lesquelles s'exprime le synode :
Parce que queUiucs luitjues ignorants ont de mauvais
sentiments loucliant ce sacrement (rExlrème-Onclion)
en sorte cju ils l'ont tellement en horreur , qu'à peine ils
veulent le recevoir à l'extrémité, croijaut follement
qu'après l'avoir reçu il ne leur eut plus permis de man-
ger de lit chair, de marcher nu-pieds, el d'avoir un com-
merce légitime avec leurs femmes ; nous ordonnons aux
prêtres des paroisses de prêcher le contraire , quand ils
apprendront qu'une telle hérésie s'est répandue en quelque
endroit. Ce n'était pas seulement en Angleterre, que
celle opinion populaire avait fait du progrès, elle avait
passé la raer, el s'élail établie en France, ou au moins
en Normandie (3), comme le montrent les Statuts de
(1) Sur. -ijulii, 1. 4, c. i.
(2) Synod. Wigorn. , c. 19, ann. I"2i0. 1
(5; Conc. Nonn., p. 258. |
111. SLITE DL .ME.ME SUJET. 70"2
Pierre de Collcmicu , archevêque de Rouen, qui con-
tiennent à peu près la mémo chose que ce que nous
venons de rapporter du synode d'Oxford. Celle faussa
opinion subsistait encore en partie sur la fin du quin-
zième siècle. Cela i)arait dans ce que nous lisons dans
les Statuts synodaux de Verdun , imprimés au coin-
nuMiccment du siècle suivant. Car ils portent, après
avoir prescrit ce qui regarde ce sacrement : Que les
prêtres apprennent au peuple que l'on peut licitement
réitérer l'ExIrâme-Onclion , quand dans la suite il sur-
vient des maladies mortelles; el que l'on peut apris
l'avoir reçue, user légitimement du mariage, si l'oxi re-
vient en santé. Paroles , qui font assez entendre (pi'a-
lors la fausse opinion dont nous venons de parler,
n'était point encore effacée de l'esprit des peuples.
La seconde cause de l'abus dont nous parlons, et
qui n'a pas moins contribué à l'établir, est l'avarice
honteuse des prêtres, qui exigaient lanl de choses de
ceux à qui ils donnaient ce sacremcnl, qu'ils mettaient
les pauvres dans l'inq^ssibililé de le recevoir, et
déiouiiiaieiit les autres du dessein de le demander.
Ueinier, de l'ordre des frères Prêcheurs, qui a vécu
après le milieu du li'cizième siècle , fait mention de
ce désordre , et attribue à la rapacité des ecclésiasti-
ques le peu d'usage que l'on faisait de ce sacrement :
car il remarque dans son cinquième livre contre les
Waudois , qu'ils l'avaient rejeté, parce qu'on ne le
donnait qu'aux riches, quia tanlitm divitibus dalur , et
qu'on ne le donnail à ixMsoime sans payer. Il ajoute
ensuite qu'effectivement quelques-uns disaient : qu'on
ne devait donner ce sacrement à qui que ce soit, à moins
qu'il ne pût avoir au moins deux vaches : ce qui scan-
dalisait extrêmement les pauvres. « Itemprœdicantqui-
<f dam nnlli sacramentum hoc debere dari, nisiqui possit
« habere saliem duas vaccas , s etc. Ils disent de plus
qu'i/ faut au moins dou:.e lumin(dres pour l'Onction.
Guillaume-le-Mairc, évêi|ue d'Angers, dansses Sta-
tuts synodaux (1) de l'an 1294, censura fortement
ces maximes si scandaleuses et si préjudiciables
au bien des âmes. A'oiis avons appris de personnes di-
gnes de foi , dit-il , que l'on néglige de recevoir ce sa-
crement, sans lequel, comme disent les saints, il est
dangereux de sortir de celte vie; ou, pour parler plus
véritablement, on se dispense de le recevoir à cause
de la rapacité cl de l'avarice des prêtres qui, lorsqu'il
s'agit de l'administrer, font des e.vactions nouvelles el
insolites, demandant les linges sur lesquels le malade
est couché , tandis qu'on lui fait t'Onelion, C'est par
ces moyens que Ton s'est mis insensiblement sur h-
pied de ne demander rExlrênie-Onclion qu'à la der-
nière cxlrémilé , tant pour éviter les frais , que les
inconvénients dont nous avons parlé plus liant, el
qu'une fausse opinion dont le peiq^le était imbu, fai-
sait regarder comme inévitables à ceux qui revenaient
en santé. Cette coutume abusive s'élant ainsi établie,
on n'a pu encore venir à bout de la corriger, quoi-
(pi'on en ait l'ail cesser la cause. Elle n'était oas en-
(I) Spicil. t. H,
«^63 HISTOîKi": DES
corc eniiôreiiionl abolie dans certains cnUroils vers le
coiunieiiocniciililii seizième siècle, car on y exigeait
une espèce de salaire pour la peine que Ton s'était
diiniiée en admiiiislrant ce sacrement. Cela est clair |
par les Statuts synodaux de Verdun , dans lesquels il |
est dit, {fol. 3G verso) que le prêtre fera dévote- '5
ment les onctions , après avoir dit les psaumes de ]p
la Pénitence avec les litanies et les oraisons accoulu- ilj
mées. Ccpendanl, ajontcïit les Statuts, il n'exigera p
rien pour cela , (nf après avoir aclie.é la cérémonie, ||
à moins que, suivant la coutume, on ne lui doive quel- [If
que cliose pour ses peines. ISec propter hoc alicjidd
exhjat , nisi post facliim pro lubore aliquid et coisiictu-
(t'nie debenlur.
Si est temps de donner une idée des cérémonies qui
accompagnaient auirel'ois Tadminislration du sacre-
ment de rOnelion des malades, et des prières (jui s'y
récitaient. Nous tirerons ce (pu; nous avons à dire
là-dessus du plus ancien monument qui nous reste,
savoir d'un Ponlilical manuscrit d'Angleterre , que
ron conserve dans le monastère de Jumièges, et dont !|
le caractère montre qu'il a été transcrit il y a envi- |
ron 000 ans. Quand les prêtres, y est-il dit, auront j
été invités à venir visiter un malade , et lui faire fOnc- ||
lion , que celui qui est digne de faire cette fonction , se |
revête d'un surplis ou manteau ( super liumerali), d'une |
aube et d'une étole..-., que le diacre qui porte le texte <î
de l'Evancjile et l'huile des infirmes , s'habille aussi avec
les céroféraires chacun selon leurs ordres. Qu'un céro-
firuirc porte de la main droite un cierge , et de la gau-
che tui encensoir avec de l'encens. Etant ainsi liabiltcs,
quand ils seront sur le point d'entrer dans la maison du
malade, que le prêtre tienne en sa main gauche le
livre qui contient les oyaiso)is de cet office, et qu'il fasse
ie signe de la croix de la droite, afin qu'il puisse faire |
avec toute humilité et crainte de Dieu ce qu'il aura corn- 1
vieneé. En entrant qu'il dise cette aniienne : i Que /« ;|
« paix soit dans cette maison et avec tous ceux qui j|
« l'habiienl , que la paix soil sur ceux qui y entrent cl
i qui en sortent. >
Le prêtre, élant encore à la porte, faisait une prière
qui est marquée. S'avançant ensuite vers l'eau bénite,
il en faisait l'aspersion en disant l'antienne Asperges
me. Ai>rès cila, il approcliait du ni:dade avec une ex- ||
trênie douceur, disait une oraison après l'aspersion de ||
l'eau bénite, et une autre devant le lit du malade avant 'g
que de lui parler. Ens'.iile se niettant à genoux devant i|
le malade^ et s'inclinanl, il lui disait -.-Pourquoi, mon !|
frère, nous avez-vous appelésl Celui-ci répoisdait: Afin \j
que vous daigniez me donner l'onction. Alors le r.rètrc
devait l'instruire, en peu de mots, avec grande dou-
cem-, et lui dire : Préparez-vous à faire une bonne con-
fession, et oisuite vous recevrez l'onction. Si c'était' un [|j
séculier, il lui disait : Donnez ordre aux aff'aires de votre |
vudson, et si vous avez du ressentimiut coitlrc quelqu'un, |
pardoiinez lui, afin que, par la clémence du Seigneur, j|
.vous receviez, en vertu de cette onction, la rémission de il
vos péchés. Suivait une prière f(U-t courte; et alors le i||
malade se confessait. On disait lu litanie avec les capi- 1
SACREMENTS. 76i
tules el l'oraison , une antienne qui commence par
ces mots : Angélus Raphaël. Après cela se faisait
l'onciion aux sourcils, aux oreilles, au nez, aux lè-
vres, au cou, aux épaules, à la poitrine, aux mains et
aux pieds. Cette onction se faisait en forme de croix,
et à chacune on joignait une prière convenable , qui
commençait par ces mots : Ungo te, oculos tuos, etc.,
par exenq)le, qui était suivie d'une antienne ou d'un
psaume. Il est surtout recommandé d'oindre la partie
aflligée , ou celle dans laquelle est le principe du
mal.
Après toutes ces onctions et ces formules , le Pon-
tifical porte : On fait ceci , afin que si les cinq sens de
lespiit et du corps se trouvent infectés de quelque
tache, ils soient guéris par ce remède divin. Enfin la
céiémonie finit par huit ou neuf oraisons, par les-
quelles on demande à Dieu pour le malade la rémis-
sion des péchés et le rétablissement de sa santé. Tous
voyez , par ce qui vient d'être dit , que la cérémonie
devait durer longtemps ; mais les bons pasteurs trou-
vent toujours le temps fort court, quand ils l'emploient
à prier, à sanctifier et à consoler ceux que Dieu a
confiés à leurs soins.
CHAPITRE IV.
A qui et par qui le sacrement de l' Extrême-Onction doit
être conféré suivant l'esprit de l'Eglise. On justifie les
Orientaux de l'erreur qu'on leur impute sur le sujet de
ce sacrement.
L'apôtre S. Jacques désigne bien clairement les su-
jets à (pii on doit administrer l'Onction , lorsqu'il dit,
infirmaiur quis in vobis? paroles qui manjuciit évidem-
ment que cela ne regarde pas les sains , n)ais les ma-
lades, quand même ceux qui sont en sauté devraient
mourir bientôt par sentence du juge, ou seraient dans
un danger émincnt de perdre la vie, comme sont ceux
qui sont sur le point de combattre les emiemis en ba-
taille rangée. Aussi ne voyons-nous pas que l'on ait
jamais doniié ce sacrement à ceux qui éîaient simple-
ment dans les circonstances dont nous venons de i>ar-
ler , mais seulement à ceux dont la maladie paraissait
dangereuse, soit par la nature du mal , soit p<»r quel-
que fâcheux symptôme (\m survenait, et qui donnait
lieu d'en appréhender les s;iiles.
Ce ([ue raconte Hugues de Flavigny (i) , d'Odile ,
fille du comte Heriman et deMatbilde, laquelle reçut
rExtrcme-Onction dans le monastère de S. Vanne de (
Verdun , des mains de l'abbé Richard , (pioiqu'elle ne
scnlît aucune douleur et qu'elle iiarûl en sanlé, n'est
pas contraire à ce que nous disons ici ; car cet auteur ,
avait dit :\uparavanl, qu'élant venue le mercredi avant'
Pàipics à ce monastère, ce saint abbé lui avait prédit ■
([u'elle mourrait le lendemain. Ce qui sans doute ne 1
serait point arrivé, s'il n'y eut point eu chez elle quel- \
que principe de mort procliaiiie, que celle sainte fille
ne connaissait et ne sentait pas, mais que Dieu avait
fait connaître surnalnrellemcnt à l'abbé Richard. Ce
(1) Chronic. Virdun., p. 107^
765
EXTRÊME-ONCTION. — CIlAf . IV. SUJETS ET MINISTRES DE CE SACREMENT. 766
qui la détermina à repasser sa vie dans l'anicrlumc de
son âme, el à recevoir à la messe du jcudi-siiinl U-s
sacreiiienls viiifutiils , après qn'eile cul été ointe de
riiuile suinte, ce qui fut suivi de (luelqncs douleurs
qui la firent retourner dans sa cellule , où elle rendit
l'esprit entre les bras de Tliomme de Dieu , coucliée
sur la cendre el le ciliée.
Si S. Jacques exclni de ce sacrement ceux qui sont
en santé, il n'en exciul pas moins ceux qui ne so:it
coupables d'aucun pécbc, tels que sont les enf.mis et
les néophytes; et nous n'avons aucun exemple d'Kx-
trèmc-Onctioii donnée aux nouveaux baptisés, tandis
qu'ils portaient encore l'Iiabit blanc. On voit même ,
dans la vie de l'abbé Adelard, écrite par Pascliase llad-
berl son disciple, et depuis son successeur, que l'on
doutait que l'on dût faire recevoir ce sacrement à ceux
dont la vie avait été si pure, qu'on ne les croyait cbar-
gés d'aucun péché : car il rapporte que l'évoque liilde-
man, ayant appris la maladie de l'abbé, vint àCorbie ,
cl que s'ctant informé s'il avait reçu Tonciion de
l'huile bénite, que le R. apôtre a ordonné que l'on
fasse aux malades, les frères lui demandèrent s'il
voulait qu'on la lui fît, quoique nous sussions cerlai-
iiemenl , dit Paschasc, qu'il n'était point chargé de
péchés, (juein procul clubio sciercnuus peccatorum oneri-
btis non (leliiteri. Mais le saint abbé ne pensait pas
comme eux; et levant les yeux au ciel, il demanda
avec instance qu'on lui fil cette onction. Les moines
de Corbie n'auraient point fait celte demande à leur
abbé, si c'eût été en ce temps-là la coutume d'admi-
nistrer ce sacrement à tons les chrétiens indiiïérem-
nient, el même à ceux qui , ayant mené une vie sainte
et pénitente, devaient cire regardés comme entière-
ment im»occnts devant Dieu. C'était donc alors un
usage assez ordinaire de ne point donner ce sacre-
ment à ceux de la sainteté desquels on avait une es-
pèce d'assurance ; et c'est sans doute en partie pour
cela que nous ne voyons aucun vestige de ce sacre-
ment daiis quantité de vies des saints, dont la mort a
été rapportée par ceux qui en ont écrit les histoires ,
cl entre autres par Giégoire de Tours, qui, en faisant
le détail des circonstances de la mort de plusieurs
saints, ne fait nulle part mention de ce sacrement.
Aussi S. Antoine de Padoue disait-il, peu de temps
avant sa mort, qu'il n'avait pas besoin de l'Exlrèuic-
Onciion, ainsi qu'il est rapporté dans sa Yie, que Bol-
landus a donnée au public , dans le second tome des
Saints du mois de juin, p. 713.
Pour ce qui est de l'âge auquel on doit faire cette
onction , les statuts d'Eudes, évoque de Paris, elceiix
de Simon et de Galon , légats du jiape Innocent III,
prescrivent qu'on doit la faire à tous ceux qui ont at-
teint l'âge de discrétion. Ce qui paraît conforme à
l'esprit de l'Eglise, puisqu'à cet âge les enfiuils sont
capables de pécher, et par conséquent de recevoir un
sacrement établi surtout pour effacer les péchés dont
cet âge est plus susceptible. Cependant on trouve
d'autres auteurs, entre autres Durand de Mendc (1) el
(1) Raiional. 1. i, c. 8, n. 25.
Frédéric Nausea (1), évoque de Vienne en Autriche,
qui, pour je ne sais quelle raison, reculent le temps de
la réception de ce sacrement jn-;<|u'à l'âge de dix-lmit
ans, et même ce dernier niar(|ue que celui à (pii on
l'administrera , doit avoir au moins cet âge, (((I mi-
nus.
Les Statuts de l'église de Paris , publiés en l'an
1557 , défendent que l'on donne ce sacrement aux
jeunes gens privés de l'usage de la raison, aux furieux,
aux imbécilles. Ceux de Vaillant de Guisié, évè(|ue
d'Orléans, en 1587, en excluent, outre ceux-ci, les cri
mincis condamnés à mort, les jeunes gens qui n'ont
point encore fait leur première conununion, el ceux
qui sont en démence, et qui n'ont jamais demandé
l'Exlrême-Onclion. G. LeGouverneur, évéquedeSaint-
Malo , en exciul seulement les fous qui n'ont jamais
eu l'usage de la raison , parce qu'ils n'ont pas pu pé-
cher.
Plusieurs auteurs ont accusé les Grecs el les autres
Orientaux de grands abus à légard de ce sacrement.
Nous en avons déjà dit qtielquc chose dans le premier
chapitre, lorsque nous avoiîs traité des rils de l'onc-
tion des malades, qui sont en usage parmi eux; mais
comjnc ce qu'on leur reproche tendrait, s'il était tel
que le supposent plusieurs écrivains, à anéantir le sa-
crement de l'Onction des malades dans ces commu-
nions , nous sommes obligés de loucher ce qui regarde
les sujets à qui on dit qu'ils confèrent l'Exlrcme- Onc-
tion, et à faire voir que ceux qui leur font ces repro-
clics, ne connaissaient pas assez ce qui se passe à cet
égard parmi eux.
On les accuse d'administrer ce sacrement aux sains
comme aux malades , parce que les prêtres, après
l'avoir donné aux malades, se font des onctions les
uns aux autres, et ensuite à ceux qui se trouvent pré-
sents ; mais il paraît, par ce que dit là-dessus M. Re-
naudol (2), que c'est à tort que l'on conclut de là
qu'ils donnent ijidifi'éremmcnl ce sacrement à ceux
qui sont en santé comme aux infirmes. Cet auteur, si
versé dans la connaissance des r'.ts de ces commu-
nions orientales, nous apprend que le malade ou nom
duquel on bénit l'huile ou la lampe, est le seul sur le-
quel on fait les prières conformes à l'intention de l'Egli-
se, et on ne les dit pas sur les autres ; mais com.ne ce
sacrement n'est pas seulement pour demander à Dieu la
(jncrison des infirmités corporelles, et que sa principale,
destination est la rémission des péchés; que par une an-
cienne discipline il y a plusieurs occasions oii l'absolu-
tion des pénitents, quand ils on! commis de trcs-(irands pi
elles, aussi bien que celle des hérétiques, ou réputés 'e's,
se fait par l'onction Jointe aux prières; les Oriinl<.ux
ont cru aisément que r huile bénite par tes cérémonies s:i-
crées pouvait être utile pour leur attirer quelque béi:é-
diclion temporelle ou spirituelle. Cest par ce motif qu'a-
près ta cérémonie faite sur le malade, it^ ont ta dévotion
de refcvoir l'onction de l'huile (jui reste, mais sans au-
cun dessein de recevoir le sacrement.
(l)Catechi>m. 1. 3, c. 107.
(2) L. 5 dcia Pcrpél., c. 3.
Ï07
nisToiuK nts sacrements.
7G8
La preuve en est claire , puisiiiic ccrlKineincut ils »<? i|
demandent pas la (luérison (juand ils se portent bien, r/xi
esi un des effets que peut produire le sacrement; et que i
l'antre, qui est la rémission des péchés, ne peut non plus
leur venir en pensée, comme si pur celle onction ils les
effaçaient de même que par le sacrement de Pénitence :
car dans tous les offices de T Extrême -Onction Grecs, Sy-
riens, ou Cophtes, il est marqué que ce malade, avant que
de la recevoir, aura confessé ses péchés oux prêtres; ce
qui fait voir que les péchés qui devaient être expiés /j.r la
confession, par les peines canoniques, et ensuite par
l'absolution sacerdotale, ne leur paruissent pas effacés
' par celte onction. En Eyiipte, oii parmi les Cuphtes la
pénitence canonique a été abolie pendant un temps, on
ne trouve pas qu'aucun de ceux (jui l'ont altacjuée, comme
Michel Métropolitain de Damiette, et quelques autres,
(lient dit que celte onction suffisait. Elle n'est pas mar-
quée dans les Rituels comme faisant partie de Coffice, et
elle n'a aucune oraison particulière. On la doit donc re-
garder con.me une pratique semblable en son ijenrc à
fdusieurs autres que la dévotion a introduites, comme
est celle de donner aux assistiails, après la lilur(iie, ce
qui reste de pain offert à l'autel, dont on a tiré la partie
qui a été consacrée. On la distribue à ceux qui n'ont pas
communié, avec de l'eau bénite, comme on donne, en
d'autres occasions, de l'eau qui a été bénite pour le Uap-
tème. I
Si ilans la suilc ce qui clail d'abord iniioceiil est tlé-
généié en abus, cela s'est l'ail sans aiilorité, et on ne
Irouve rien dans ics livres aiilbenti([nes qui coniien-
iienl les rils et les usages de ces peuples, qui établisse
autre cliose que ce que nous venons de ropiésentcr
d'après M. lîenaudot. Aussi Arcudius et le I*. Goar
ont-ils entrepris de les juslilier sur ce point.
M. Tourneli (!) n'était point informé sans doute de
ces particularités du rit des Grecs, que nous appre-
nons de M. llenaudot, puisqu'il suppose, lorsqu'il veut
aussi les disculper sur cet article, qu'ils font absolu-
lueul les uiènics céiénionies et les niènies prières sur
les sains que sur les malades, quand ils leur font
l'onction dont nous avons parlé. Ce qui fait qu'il se
retranche à dire que nonobstant cela, ils ne donnent
pas l'Extrènie-Onction à ceux qui sont en santé, par-
, ce qu'ils n'agissent pas de la même manière, et que
tant ceux qui la font que ceux qui la re<;oivcnl, n'ont
pas l'iiiiention de recevoir ou de domier ce sacre-
ment. Ce qu'il confirme par ce qui est rapporté de la
manière dont les Grecs recevaient autrefois les liéré-
liqucs quand ils revenaient à l'Eglise, y employant
les mêmes rils, la même forme, la même matière et
le même ministre (jue pour la Conlirmation : cepen-
dant, dit-il, ce n'était point un sacrement, parce que
l'inlenlion était dillérente. Je ne voudrais pas garan-
tir ce raisonnement de .M. Tourneli : il me paraît que
l'on juge de l'intention par l'aclion (au moins en ce
genre) et non de l'action par l'intention. Que Calvin,
par exemple, qui était prêtre, eût dit qu'il n'ontcn-
(1) De Extrem. Uucl., p. 58, l. 5, del'œuit.
dait pas consacrer le corps de Jesus-Cbrisl, qu'il eût
(lit (pi'il ne voulait pas ofl'rir le saint Sacrifice comme
l'Eglise, qu'il eût même ajouté, comme il n'y était que
trop disposé, rpi'il détestait ce sacrifice : je ne doute
pas néanmoins que s'il se fût servi de la même matiè-
re et de la uênie forme que celle dont l'Eglise sc.scri,
il n'eût vérilablemcnt consacré ; cl je crois (|u'il se
trouvera peu de lliéologiens qui pensent autrement.
Il faut donc en revenir à ce que dit M. llenaudot, pour
just.ifier les Orientaux. Celte réponse est plus courte,
plus facile, et fondée sur la connaissance de leur rils
et de leurs usages.
Nous n'avons presque rien à dire touchant le mi-
nistre de ce sacrement. Le lecteur a vu que confor-
ménicnt aux paroles de l'apôtre S. Jacques, les prêtres
l'ont toujours administré dans rÉglise;ct cet usage y
était si bien établi, que Decenlius, évêque d'Eugubio,
doutait même que les évoques pussent l'administrer
par eux-mêmes, sur quoi il coiisulîa le pape Inno-
cent 1, (jui leva facilement ses doutes là-dessus, en
lui disant quel' apôtre n'avait parlé que des prêtres, parce
que les évêques, étant occupés de quantité d'autres affai-
res, ne peuvent aller voir tous les malades : 7nais au
7TS/t', ajoute- l-il, si l'évêque lejicul ou s'il juge 'a propos
de le faire, il lui est permis de les bénir et de leur faire
l'onction du chrême, Itii à qui il appartient de le faire.
Tout ce qui peut f.tire quelque embarras là-dessus,
ce sont ces paroles de la même décrélale : Quod non
est dubiu)n de jidelibus œijrotis accipi, vel intell'uji de-
bere (locuni sancli Jacobi) qui sancto oleo chrismalis
pcruniji possunt, quod ab episcopo confeclum, nonsoliim
sncerdolibus, sed et omnibus u'.i CJtrislianis licet, i)i suà
nul in suorum necessitale umjendum. Je dis que ces pa-
roles peuvent faire queliiue embarras, parce qu'elles
semblent faire entendre qu'il était permis aux fidèles
de s'oindre de cette huile faite et consacrée par l'évo-
que, et d'en oindre les autres dans leurs maladies.
.M. de Tillemont (I) ne voyait point d'autre sens à
donner à ces paroles ; mais il semble qu'étant par
elles-mêmes assez équivoques, il vaut mieux les en-
tendre conformément à la tradition el à la pratique
constante de l'Église , qui a toujours confié ce mini-
stère aux prêtres et aux évoques. Ainsi, je rendrais
ce texte en Cette sorte : // ne faut pas douter que [ce
passage de S. Jacques) )ie doive s'entendre des fidèles
malades, lesquels peuvent être oints de cette huile sainte,
qui a été consacrée par iévê(iue, et qui doit être employée,
non seulement pour les prêtres, mais pour tous les Chré-
tiens, tant dans leurs maladies que dans celles de leurs
proches.
CHAPITRE V.
Des marques de,pénilence qui accompaqnaient la récep-
tion du sacrement de f Onction des malades. En quoi
elles consistaient. Jusqu'à quand l'usage de la cendre
et du ciliée dont on couvrait les malades , s'est con-
servé, cl qui sont ceux qui ont le plus contribué à
l'abolir.
Nous ne pouvons mieux lermincr l'histoire des
(1) T. 10, p. 665.
760 EXTRÊME-ONCTION. — CIIAP. V. ACCESSOIRES DE CE SACREMENT
770
deux sacrcmenls de Péniicnce et d'ExtrcmeOnclion,
qu'en niellant sous les yeux des leeleurs les pieuses cé-
rémonies qui accoinpagnaienl ces sacrenicnls, quand les
fidèles les recevaient à l'approche de la mon. Elles ne
resitiriiieiil que lesseiiliments dune sincère pénitence,
cl ne pouvaienl être considéiées que coiunie les mar-
ques sensibles d'un cœur contrit cl humilié. Les
Chrétiens autrefois croyaient que la meilleure ma-
nière de se préparer à comparaître devant le redou-
table Irihunal de Jésus-Christ , était la Pénilencc, et
les plus sainis étaient ceux qui en élaienl les plus con-
vaincus.
Sulpice-Sévère, dans une Icllrc à Rassula, sa belle-
mère , décrivant les circonstances de la mort de
S. Martin, lui dil, entre autres choses : t\'sl pourquoi,
(jUGiquil fût depuis (juclques jours consumé par l'urileur
de la fièvre, Une cessait point de s'appliquera Dieu, et,
passant les nitils en veilles et en oraisons, il obli(jeail
ses membres, fatigués et abattus , à seconder son esprit.
Etant couché sur la cendre et le cilice dans son lit , et
ses disciples faijant prié de souffrir que l'on mil quelque
peu de paille sous lui, il leur répondit : Mes oifinits, il ne
convient pas à un Chrétien de mourir autrement que sur la
cendre, et je pécherais sijt: vous donnais l'exemple du con-
traire. « Nondecet, inquit, fdii, Cliristianumnisi incinère
t inori ; ego si ainul vobis exempluui relinquo, ipse pecca-
« vil T> Sur quoi , M. Delaunoy (1) dit ces belles pa-
roles : Je laisse à tous ceux qui portent le nom de Chré-
tiens, à méditer et à approfondir ces paroles ; pour moi,
ajoute-l-il, je l'avoue franchement, elles me font grande
peur. En elï'et, on voit ici , non seulement rexemjjle
édifiant d'un honmie de Dieu qui meurt dans le sein
de la pénilencc , mais on y voit de plus que c'était
une coutume établie parmi la plupart des Chrélieus,
de mourir en pénitence ; que selon S. Martin ils ne
devaient point monrir autrement , et que lui même
aurait cru se rendre coupable , s'il en avait agi d'une
autre manière.
Cette pieuse coutume passa depuis en loi dans plu-
sieurs endroits de la chrélienlé , et devint en quelque
sorte une partie du rit du sacrement d'Extrème-Onc-
lion. Nous avons rapporté ailleurs (-2) ce que prescrit
sur cela le Poiililical d'Egbcrt, arcliexèque d'York,
par où l'on voit que dès lors, en Angleterre, ceux qui
.recevaient i'Extrème-Onction étaient couchés sur la
cendre et revêtus de cilice.
Un ancien ordre romain manuscrit de la bil»liotliè-
que de Corhie, celui de Ralhold , et un troisième, de S.
Rémi de Reims, prescrivent la même chose, comme
la remarqué D. Hugues Ménard dans ses notes sur le
Sacramentaire de S. Grégoire. Dans le second de ces
^manuscrits (ui lit ce qui suit : Tel est l'ordre de l'On-
' clion des malades. Le prêtre dit au malade : Pourquoi,
mon frère, m\ivez-vous appelé? Celui ci répond : Pour
que vous me donniez VOnction. Le prêtre lui dit : Que
le Seigneur Jésus-Christ vous donne la véritable Onc-
(i) De sacram. Unclionis iniirnmrum, p. 574.
(2) Dans le chap. U de la secl. 2.
tion.... Que s'il jette les yeux sur vous cl vous guérit,
garderez-vous cette Onction ! Il répond : Je la garderai.
[ Alors le prêtre fait ime croix avec de la cendre sur sa
i poitrine, et met le cilice dessus, en disant, etc.
j Eu pontiiical nuuiuscrit de l'c'glise de Cambrai ,
I le(piel est aussi très-ancien, contient le même rit, et
[ de |)lus les oraisons i)0ur la bénédiction des cendres
I et du cilice , dont on couvrait le malade avant de lui
' administrer l'onction. M. Delaunoy (1) a donné de
longs extraits de ces manuscrits, aussi bien que des
rituels cl autres livres de cette espèce dont nous al-
lons parler; c'est pourcpioije me contenterai de dire
ce qu'ils contiennent par rapport au sujet (pie nous
traitons, sans citer les textes, sinon très- rare-
ment.
Les niar(iues de pénitence (pie donnaient les chré-
tiens à la mort, et sur le point de recevoir les derniers
sacremcnls , étaient difrérentes en quel(|ue chose ,
suivant les difl'ércnts endroits : nous allons rapporter
ce qui se pratiquait dans les diverses églises. On voit
Il dans le Manuel de l'église de Monde, qui fut imprimé
1 en 1327, la bénédiction des cendres et du cilice dont
I on couvrait ceux qui allaient recevoir l'Extrême-Onc-
1 lion. Dans celui de Noyon, de l'an 1560, sous le titre
!ii Ordo Extremœ i'nclionis (Manière de donner rExtréme-
Onction), après (pfon a rapporté ce que doit faire le
prêtre en entrant dans la maison du malade à qui il va
administrer ce sacrement, il est dit qu'il doit demau'
der au moribond s'il veut recevoir l'onclion ; à quoi
celui-ci ayant répondu (|u"oui, le prêtre le prie de ré-
citer le Synd)ole, ou en cas qu'il ne le puisse, quel-
que autre pom- lui; ce qui étant fait, il lui met le ci-
lice sur la tête en forme de croix, et de la cendre sur
la poitrine, en disant : Humiliez votre corps et votre
âme dans la cendre et dans le cilice, au nom du
Père, etc.. Amen. Suit la cérémonie de l'onction.
Celle manière d'administrer l'Exlrême-Onclion se
trouve autorisée par le Manuel qui fut composé par
ordre du synode de la province de Reims, en 1585,
et pour l'usage des églises qui dépendent de celte
métropole : car après avoir prescrit la même chose
que nous venons de rapporter du Manuel de Noyon ,
on y lit CCI averiissement si sage : Cette cérémonie à
cause de son anlicpiité, ne doit point être omise dans
les endroits où elle est en usage. Hœc cœremonia vbi
est in usu, non débet omitti propter antiqnilatem.
Dans quehpies endroits, après que le malade avait
re(,^u le Viatiiiue, et avant de recevoir l'Extrême-Ou-
ction, on faisait sur sa poitrine une croix avec de la
cendre béniie, et après l'onction on lui mettait le ci-
lice ou bien le capuce sur la lêtc. C'est ainsi qu'on en
usait dans le diocèse de Vannes, coimne il parait p;«r
le MaiHiel do cette église, de l'an 1500. Ou aspergeait
ce capuce d'eau bénite, el en le niellant sur la tête du
malade, on disait : Revêtez-vous de l'habit blanc au
! nom (lu nouvel homme qui a été créé dans la justice et
(1) DeSacr
cdi(. in-8'.
am. Extroina} Unclionis , p. 547 et seq.,
771 HISTOIRE DES S
la saiulelé de la vérilé, qui est Jcsus-Cltrist Nolre-Sei-
tjticur, iiiii vil cl rè(jne, etc.
A Uoiieii et à Evrcux (1), dans le seizième siècle,
en avait coutume de répandre de la cendre en forme
de croix sur la poitrine du malade sans le couvrir de
cilice : celle cérémonie se faisait avant qu'on lui ad-
ministrât rExlrèmc-Onclion, cl après qu'il avait reçu
le Viatique. Elle était accompagnée de celte formule :
Houvenez-vous, 6 homme, que vous iiêtes que poussière,
el que vous retournerez en poussière.
A (".onlanccs, cela se faisait, non siu' la poitrine,
mais sur la lèlo du malade : col» se pratiquait encore
au commenccmenl du siècle dernier , comme on le
voit par le Manuel de celte église, imprime en 1609.
Suivant le Manuel du diocèse de Limoges , qui fut
publiée en loo5 , après que le malade avait reçu le
suint Viatique et rOnclion,on le revêtait d'un cilice,
et on jetait sur lui des cendres bénites , le lout ac-
compagné de formules de paroles édifiantes. Cette
aspersion de cendres se faisait jusqu'à trois fois, el en
forme de croix.
Ailleurs, le malade après l'onction el la commu-
nion se revêtait d'un cilice, nuns saiis qu'on jetât de
la cendre sur lui. On trouve celle cérémonie prescrite
dans le livre des divins OITices , qui porte le nom
d'Alcuin, cl par conséquent clic doit être ancienne.
Celle qui suit l'est au moins autant, pour ne pas
dire davantage : elle consiste à tirer le malade de son
lil après qu'il a reçu les derniers sacrements , et à le
coucher sur un cilice couvert do cendrcà bénites. On
trouve ce rit prescrit dans trois anciens ponlilicaux [
manuscrits, dont le jiremier se garde dans la biblio- '.
llièque des frères Prêcheurs de la porte Saint-Jac- |
ques, à Paris. Ce livre, après la bénédiction des cen-
dres el du cilice, porte ce qui suit : Alors qu'on étende
un cilice à terre, cl que le prêtre fasse une croix dessus
avec la cendre bénite, qu'il l'asperge d'eau bénite, et que
l'on mette le malade dessus. Que l'on fasse aussi une
croix sur sa poitrine, que l'on lui fasse l'aspersion d'eau
bénite, el qu'on lui dise : SoiiVKNLZ-vous, etc. Le prê-
tre bà dit encore : Celte cendre et ce cilice qui sont des a
[f
• iiarqucs de votre pénitence , par laquelle vous vous pré- ;
! pari'z à comparaître au jwjement de Dieu, vous plaisent-
ils? Le malade répond, cela me plaît. Les deux autres
Pontificaux , dont l'un est de la bibliothèque de Ri-
cbelieu, el l'autre a été à l'usage de l'église de Laon,
contiennent les mêmes dispositions.
Celle pieuse cérémonie est très-ancienne , comme
il a été dit, et élaii autrefois très-commune dans l'É-
glise et surtout dans les monastères. S. Hugues (2) ,
abbé de Cluni , en Hiit une règle générale pour tous
les religieux de son ordre, lorscju'il ordonne que les
valets qui gardent les religieux malades, aient soin
lorsqu'ils les verront à l'extrémilé, d'étendre un ci-
lice à terre, d'y répandre de la cendre en forme de
(1) Rituels de Rouen de l'an 15 ii et de 1586 ; ce-
lui (i'i.vrcux (le i.^iii (le looii.
{t) Sla(;;i. :•. "i-î.
AGREMENTS. 77-2
croix, eide les y placer. L'daici»; (1) rend témoignage
du même us;ige, dans le livre où il décrit les coulinnes
de Cluni, et qu'il adresse à Guillaume , abbé d'Ilir-
saugc en Allemagne. Getauleur vivait en môm<! temps
que S. Hugues, et il avail été envoyé en Allemagne
pour y réformer les monastères qui voudraient se
conformer aux usages de Cluni. Pierre-le-Vénéra-
ble (2), qui a aussi été abbé de ce monastère , décrit
en ces ternies le lieu où l'on plaçait les moribonds en
celte occasion: llij aà Cluni, au milieu de l'infirmerie,
un endroit capable de contenir un corps; c'est là oii on
met les frères qui sont ci l'extrémilé, pour y rendre l'âme
mr la cendre et sur le cilice.
Le fameux Lanlranc, la plus grande lumière de l'É-
glise dans le onzième siècle , lequel avanl d'être ar-
chevêque de Cantoi béri , avail élé successivement
prieur du Bec et abbé de Saini-Éiienne de Caen , or-
donne la même chose dans les règlements qu'il lit
pour ses religieux (5).
Les Charlrcux , dont l'ordre commença à s'établir
vers ce lemps-lâ, étaient trop avides d'humiliations et
d'austérités , pour ne pas embrasser celle-ci. Aussi
Guigne, le premier auteur de leurs Siaïuts (c. 15), en
fit-il une règle pour eux, ordonnant qu'aussitôt qu'un
frère serait à l'exlrénnlé on le mît sur la cendre bé-
nite, pour y rendre les dentiers soupirs. Ripsère, un
de ses successeurs, fil le r.iêuic régleinenl , qu'il cul
soin de faire confirmer par le chapitre général de l'an
1259.
Les anciens Us do Cîlcaux prescrivent la même
chose (c. 98) : Quand quelqu'un sera près de la mort ,
qu'on le mette sur un sac, sur lequel on aura répandu de
la cendre en forme de croix , avec une natte on un peu
de paille.
Cette pieuse cérémonie néiait pas S'ulemeal c)a
blic dans les monastères ; ceux mêmes qui n'étaient
point moines avaient coutume de mourir en cet état :
outre plusieurs exemples que nous pourrions rappor-
ter, et dont nous citerons seulement <]uc!(pies-uns ci-
après, S. Pierrele-Vénérable nous rend lénioignage
que telle était de son temps la pratique ordiii.-iirc des
Cliréùcns. C'est ce que l'on peut voir dans le premier ^
livre des Miracles (cap. A), où en parlant d'an certain
prêtre nommé Gilbert , qui s'était retiré dans le mo-
nasière de Sainl-Jean-d'Angély, il dit qu'élanl tombé
grièvement malade, il fut mis par les frères sur un ci-
lice couvert de cendres, suivant la coutume des Chré-
tiens, et surtout des moines. Sicul mos est Cliristia-
iiorum, el nmximè monuchorum.
Ou ne doit donc pas être surpris de ce que fit le roi
Louis-le-Gros , cl que nous avons rapporté d'après
l'abbé Suger, auteur de la Vie de ce prince , non plus
que de ce qui est dit par Guillaume de Nangis, dans la
Vie de saint Louis, en 1271, qu'étant à l'extrémilé il
se fit coucher sur de la cendre répandue en forme de
croix , pour y expirer.
(1) L. 3, C.29.
(2) L. 1 C-i Mirac, c 19.
(5) Décret, c. 23.
775
EXTRÊME-ONCTION. — CIIAP. V. ACCESSOIRES DE CE SACREMENT.
774
On raconte de Ilonri III, roi d'Angleterre, une il] Ce
chose encore plus merveilleuse. Ce prince , dans la ma- ' dr<
ladie dont il est mort , après avoir confessé tons ses
péchés , preiiiièrcnu'iit on socivl , puis en piii)lic de-
vant tous les prélats et les relii-'ieux qui étaient pré-
sents et en avoir reçu l'absolution , leur dit de le tirer
du lit par une corde qu'il s'était mise au cou, et de le
traîner jusque sur un lit de cendres qu'il s'était pré-
paré. On exécuta ses ordres; on le mit sur la cendre
avec deux grosses pierres , l'une à la tôle et l'autre
aux pieds ; après quoi , ayant reçu le corps et le sang
de Jésus-Christ, il rendit son âme à Dieu, en 1272.
Qui croirait que cette pieuse cérémonie aurait com-
mcnié à s'abolir ciiez les moines et surtout chez les
chartreux , les plus austères de tous, et parmi lesquels
elle était passée en loi , le règlement qui la prescri-
vait ayant été condrmé par un de leurs chapitres gé-
néraux? Cependant c'est ce qui est arrivé. Ces reli-
gieux ne se sont pas conlonlés de l'omettre et de la
négliger , ils l'ont abolie tout d'un coup , ayant fait un
règlement exprès pour cela. Ceci arriva du temps de
D. François Dupuis, prieur de la Grande-Chartreuse,
qui , dans la troisième compilaliop. des Statuts de l'or-
dre (cap. 11 ), ne craignit point d'abroger <;etle disci-
pline en disant : Que le malade élant près de sa fin , ne
soit point mis sur la cendre bénite , comme l'ancien sta-
tut le prescrivait, de peur d'accélérer sa mort ; mais que
l'on jette seulement un peu de cendres sur le lit dans le-
quel il est couché.
L'inconvénient qui fait tant de peur à ce général des
chartreux n'avait point touché une infhiilé de reli-
gieux, tant de son ordre que des autres, qui avaient | (,, ^^/«^.^y, dans l'éiable (de Botbléem), vous fasse j
pratiqué jusqu'alors cette sainte cérémonie. Les rois ,.,„-,,, ^,^^,„^ ;,„• ,,,,^ ,,„ ^^,„,. ^^„„... ^^ /^„,,^;^. , ^,
__- > 1 ..1 :_»., „:„.'„:„..„„ A 1 ,;.„.- : I '
eux-mêmes , dont la vie est si précieuse à leurs états,
ne s'en étaient pas mis en peine , et des chrétiens de
tout sexe et de toute condition n'avaient point craint
par là que Ton pût les accuser davoir accéléré Tiieure
de leur mort. D'où vient donc que ce chartreux , dont
la vie devait cire une mort continuelle , témoigne tant
de crainte à la vue de a moment heureux, qui doit
être le commencement de sa véritable vie? Il ne pa-
raît pas qu'il fût bicii pénétré de ces belles paroles de
Terliillien (1) : La pénitence est la vie, lorsqu'on là
préfère à la mort. Pœnitentia vila est, citni prœponilur
inorli.
Quoi qu'il en soit, il ne faut pas douter que Texcm-
ple des chartreux n'ait beaucoup contribué à faire
abroger cette discipline dans les lieux où elle était en
usage. Mais cela ne se fit pas tout d'un coup. Nous
connaissons encore beaucoup d'églises où la cérémo-
nie dont il s'agit a continué de s'observer depuis
D. Dupuis, qui vivait du temps do François I".
i Elle était encore en vigueur dans quelques endroits
du diocèse de Nîmes après l'année 1355, comme on
le voit par le Manuel de celle église publié en ce
temps-là; car il porte expressément : C'est la coutume
dans quelques endroits de tirer le malade de son lit , et
de le ccuclia- sur la cendre et le cilice avant qu'il meure.
{\) DcPœnit., c. 4.
Ce rituel prescrit ensuite la manière de bénir la ccn-
e cl le cilice, et la formule des prières que l'on
doit employer pour cela. Ce que fait aussi le Manuel
de l'église de Monde de l'anné.' 1550.
On lobsorvait aussi à Venise il u'y a j ;ïs longtemps,
puisque l'on trouvo dans le Manuel qui fut imprimé
en 155.5, la bénédiction des cendres, sur lesquelles le
malade doit être placé, et du cilice dans lequel son
corps doit être enveloppé après la mort. Ce sont les
termes de ce manuel; et il y a lieu de croire que cet
usage d'envelopper les corps morts dans les ciliées,
sur lesquels on avait couché les malades, avait aussi
é!é pratiqué en France : car j'ai vu moi-même un
corps mort aiusi cnvclo|>pé, lorsqu'on aplanit, il y a
quelquesaimées, le lorrain du jardin du monastère de
Saint-Vanne de Verdu:i. Je l'.e sais s'il s'en trouva
plusieurs ainsi couvcrls de ciliées ; mais en passant
par-là, je me irouvai à Touverture d'un tombeau très-
bien maçonné, dont on tira un corps enveloppé d'un
rude cilice depuis les pieds jusqu'à la tète , et que
l'on transféra avec d'aulrcscadavres dans un lieu dé-
cent, où on les rassemblait tous.
Ce Manuel de Venise, après l'exorcisme des cen-
dres, porte ce qui suit :
La bénédiction du cilice.
Suit la prière p.jui' cette bénédiction. Après quoi il
I est dit : Ayant aspergé les cciidres et le cilice d'eau
l bénite, qu'il (le prêtre) mette l'un et l'autre sur le
malade, où môme sur le mort , et qu'il dise l'oraison
I suivante : Que le Seigneur vous couvre du vêtement de
salut, et que celui qui a voulu être couvert des vêtements
pa-
fin
que, comme il vous a fait revêtir de cet itabil mâjmsable
[ au dehors, il vous couvre du vêtement de rimnwrlalitc
et de la joie. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc. La
prière finie, le prêtre répand la cendre sur le malade,
et lui met le cilice, etc.
Celle discipline s'est conservée dans quelques dio-
cèses de France jusqu'au-delà de l'année 1578; car
nous lisons dans im livre intitulé : l'Institution des curéSy
que Pierre, archevêque de Vienne, fit imprimer en ce
temps-là à Lyon , ce tilre : La bénédiction des cendres
et du cilice, sur lequel le moribond demandera qu'on
l'éiende. Ce livre conlient les mêmes choses qui sont
prescrites dans le Manuel de Venise.
Tout ce que nous avons dit jusqu'à présont, prouve
inconteslablement que les fidèles en beaucoup d'en-
droits de la chrélienlé avaient coutume de donner des
marques éclatantes de pénitence à la mort, et en quel-
ques diocèses devant ou après , ou même pendant
qu'on leur administrait le sacrement d'Exlrème-Onc-
lion, et on peut dire que la cérémonie dont nous avons
parlé, on faisait partie en quel(|iu' sorte dans ccrlaines
églises : car nous ne prétendons pas que cola se fit
partout, et bien moins encore que celte cérémonie lût
une partie essentielle de ce sacrement. C'était une
coulume louable qui s'observait en certains lieux, tan-
dis qu'elle était inconnue en d'autres. C'est aiusi quq
lu
HISTOIRE DES SACREMENTS.
ne
l'É^liso biillc comme rôpousc dos Citiiliqnes par celle [|I sienne. Ilolsleniiis assure que celui dont iums allons don-
a"réable variélc que Ton remaniue dans sa disci-
pline.
La praliquc dont il s'agil, avait lieu on Occident, et
ne l'avait pas eu Orient, où on n'en voit aucune trace,
dit M. Delaunoy. Il ne parait pas même (|u'ellc fût re-
çue dans les églises d'Allemagne , au moins du temps
de Burchard de Wornics (I), (pii décrit au long la ma-
nière d'administrer l'Onclioa des infirmes, sans faire
aucune mention de cendre ni de cilice. Cet auteur
vivait au commencement du onzième siècle : et de-
jRiis ce temps nous ne voyons pas ([ue la cérémonie
dont nous avons parlé, ait élé en usage dans ce pays-
là ; si ce n'est sans doute dans les monaslères des
cliarlreux et des cisterciens, dont la discipline devait
être uniforme dans tout l'ordre; puisque ces religieux
dès le commencement de leur instilut AJvaienl en con-
grégation , étant gouvernés par un supérieur i^énérai,
et par des chapitres qui s'assend)laient de tous les
lieux et les provinces, où ils avaient des éiablissc-
nients.
Nous n'avons point de preuves non plus que celle
cérémonie s'observât eu Espagne. Mais il paraît par
un ordre Romain manuscrit de la biblioibèque de Cor-
bie, qu'elle était pratiquée en Italie, ([u oicprelle ne se
trouve pas prescrite dans celui qui a été imprimé. Le ||
manuel de Venise, que nous avons cité, appuie suffi-
samment notre conjecture. 11 y a lieu de croire qu'en
Angleterre cela se faisait aussi assez communément,
le Ponlilical d'Egbert d'York, qui y devait être Irès-
connu, le prescrivant. Cependant M. Delaunoy dit
avoir lu un Pontifical de l'église de Cantorbéri, écrit
il y a plus de GOO ans, dans lequel il n'en est fait au-
cune mention. C'est ainsi qu'il arrive souvent en ma-
tière de discipline, que la même chose est religieuse-
ment observée dans quelques églises d'un même pays,
tandis qu'elle est inconnue dans d'auUes. En France
même, où ce rit a été plus long-temps et plus univer-
sellement observé, il est certain qu'il y avait des
églises, où il n'avait pas lieu, comme le montrent
clairement les anciens rituels de ces églises.
Unga>:t eum in nomine Domini. Jacob, c. 5, v. 14.
APPENDICE
DU TRAITÉ DE LEXTRÊME-ONCTIO.V.
Je ne donnerai ici qu'une seule pièce qui contient l'or-
dre qui s'observait , il y a plus de huit cents ans , dans
Y administration de ce sacrement. Elle se trouve dans un
manuscrit très-ancien que le P. Morin appelle Ma-
nuscrit de Sicile, et dont le savant Luc Holslcnivs, alors
bibliothécaire du cardinal llarberin , et depuis sous-bi-
i) liottiécaire du Vatican, avait envoijé des extraits au
i'. Morin en l'an IGil. Cette dénomination vient à ce
manuscrit de ce qu'il avait élé trouvé dans une biblio-
thèque deCatane, ville de Sicile , et apporté de là avec
un autre au cardinal Barberin, qui les fil placer dans la
(I) Décret. 1. 18.
ner l'extrait, avait plus de six cents ans d'antiquité , et
(juil était écrit en caraclères lombards; et comme il y a
plus d'un siècle qu'Holstenius rendait ce témoignaqc, et
que d'ailleurs ces sortes de livres contiennent, non seule-
ment les rils et les prières (jui étaient en usage dans le
temps qu'ils ont été écrits ou copiés, mais encore ce qui
était d'un usaye antérieur , nous ne craignons pas de
trop avancer, en disant que ce que nous allons ici tra-
duire nous apprend de fjitelte manière on conférait l' Ex-
trême-Onction il y a plus de huit cents ans.
De la manière de faire l'Onction à un malade.
Avant que défaire l'Oiiclion à un malade, il faut,
avant loules clioscs, qu'il confesse tous ses péchés à
Dieu, et en même temps au prêtre chargé de la con-
duite de la paroisse (I) dans laquelle il se trouve, et
qu'il reçoive de lui une pleine réconciliation, afin (pic
les ulcères de ses péchés étant plus ouverts par la
confession qu'il en aura faite, rOuclion spirituelle
produise des efl'eis plus salutaires en desséchanl la
pourriture cachée de ses vices. Alors que les prèlres
conunencont par lui faire rasi)ersion de l'eau et du
sel, et qu'ils la fassent en disant 1 antiemie. Asperges
me, Domine, avec le psaume, Miserere mei, Deus. Que
Ton dise aussi la prière , ci-dessus marquée , sur le
malade et sur sa maisoii ; ensuite que l'on dise celle
qui suit :
Prière.
Seigneur Dieu, qui avez dit par votre apôtre (-2) :
« QueUju'un parmi vous est-il malade? qu'il appelle les
t prêtres de l'Eglise, et qu'ils prient pour lui, l'oignant
'i d'huile au nom du Seigneur, et la prière de la foi
« sauvera le malade, le Seigneur le soulagera ; et s'il a
i connnis des péchés ils lui seront remis; » guérissez,
nous vous en prions , ô Rédempteur du genre humain,
les langueurs de ce malade par la grâce de votre Esprit
saint. Appliquez le remède à toutes ses plaies, renultez-
lui SCS péchés, et bannissez de lui toutes les douleurs
dont son cwur et son corps sont affligés. Rendez- lui par
voire miséricorde une pleine santé, tant au dedaiis (ju'au
dehors , afin qu'étant rétabli par votre grâce , il reprenne
l'exercice des devoirs de piété.
Qu'ici le malade se mette « genoux, qu'il se tiome à la
droite du prêtre , et que l'on chante cette antienne.
Guérissez, Seigneur, ce malade dont les os sont
ébranlés , et dont lïime est dans un grand troid)le ;
tournez-vous vers lui , et guérissez-le ; arrachez son
âme àlairort. Seigneur, ne le reprenez point dans
votre fureur. On cliantera une seconde fois l'an-
tienne.
Prière.
Prions le Seigneur Jésus Christ, et supplions-le
avec instance qu'il daigne visiter par son saint Ange
son sr^rviteur N...., le remplir de joie et le foftilicr.
Lui q\ii règne, etc.
(1) C'est ainsi iiuc je rends ces deux mois, suo »a-
cerdoti.
(2) Ep. .Jacob. 5, 14, 15.
?77 APPENDICE SLR LTXTnKME-ONCTION
Antiev.nr. Le Seigtnnir a parlé ainsi à ses disciples :
Chassez les (léiimiis en ir.on ii<in, impose/ vos mains
sur les malades, el ils rceouMeroul la sai.lé (Psalm.
Deus deoniin Doiuiims.)
'. Quiti tous les prélres imposent les wai»s nu mniade
pussi bien que leurs ministres , pourvu nénnmoins que
l'évê(juc l'ordonne ou le permette ; ear tel est l'ordre
prescrit par les canons.
Prière.
Dieu, qui ne veniez poinl la mort du pécheur,
mais (|n"il se eonvcrlissc eJ qu'il vive, remotlez Ions
les péchés à eel homme qui se convertit de tout
son cœur, et accordez-lui la grâce de la vie éter-
nelle.
Suit rantienue.
Secourez ce malade, ô Scigiicnr, el appliquez lui le
remède spiiilncl, alin (pi'a\ant recouvré si première
santé, il vous rende des actions de i;iàces. (Le
psaume, Ad Dominwn, ciim tribularer , cUmuni , avec
Cloria.)
Prière.
Prions Noire-Seigneur pour noire frère, qui est
Tort pressé par le mal dont il est allaipié. afin (|ue
le Seigneur daigne lui faire part des v> mèdes sa-
I vous puissiez surmonter les puissances de l'air- Au.r,
!l ux. J'oins vos yeux de l'huile sanclilice an nom du
S Père, du Fils el du S. Lï-prit, alin nue Inules k> l'aiilcs
(pie vous avez commises par des rogaids illicites
soient expiées par rapplicalion de celle huile. Aux
oreilles en dehors et en dedans. J'oins \os oreilles a\cc
celte huile sacrée au nom du Père, du Fils et du S.-
Kspril, afin que ce remède spirituel lasse disparaître
les I échés que vous avez contractés par le plaisir d.j
l'ouïe. .4m nez en dedans et au dehors. Je oins votre nez
de l'huile sacrée au nom i\u Pcre, du Fils et du S.-
EsiTit, atiii que ce remède spirituel vous purifie des
fautes que vous avez commises par l'odorat, t'ont
vous avez fait usage inutilement. Aux lèvres ejité-
ricures Je vous oins au.\ lèvres au nom du Père, du
Fils et du S. Lspril, alin que par la divine clémence
c lie onction vous purifie des péchés que vous axez
commis, soit en vous réjiandanl en paroles inutiles,
soit en en proférant de criminelles. Par, etc. Au cou.
Au nom du Père, du Fils et du S.-E-prit, «pie celle
onction de l'huile sanctifiée serve à purifier votre
esprit cl votre corps, et vous tienne lieu de préserva-
tif el de défense contre les traits empoisonnés des
esprits malins. Par, etc. .1 la gorqe. Je vous oins à la
lutains, et que celui ipii lui a donné la vie lui donne j gorge de l'huile sainte au nom du Pcre, du FilM-i du
la sanié. i| S.-liisirit, afin que l'esprit immonde ne trouve ain un
Dieu (pii avez préparé an genre humain le remède a, lieu de retraite dans vos membres, ni dans la nioelle
du sailli el le don de vie éternelle, conservez à voire \ de vos os, ni dans aucune joiiiture de vos membres;
serviteu' les d<iiis des venus, et faites qu'il reçoive j' qu'au contraire la vertu du Christ Très-llaui J:aliiie
non seulement la gués isoii du coips, mais encoïc celle l chez vous, et que, par l'eflet de ce myslèie, par l'oi c-
de l'àme. Par Noirc-Seigncur. !| tion de cette huile sacrée et par notre prière, éiant
Que chacun des yrélrcs oiqne le malade de l'huile \ guéri jiar la vertu de la Sainte-Triiiilé, vous méritiez
sanctifiée, en la lui appliquant, en furme de croix, sur j de recevoir voire première sanlé. Au cœur. J'tiins
le cou, sur la gorge, sur la poitrine, entre les cpai.les, et l l'eiidroit du cœur de l'Iuiile divinement sanctifiée en
de dou'cur ; de plus ^ vertu du don céleste qui nous a éié atlrihiié au nom
dans l'cndnit ou il ressent le plus
aux organes de» cinq sens de nature, aux sourcils, aux
narines tint au dedans qu'au dehors, à l'extrémité su-
périeure des oreilles, aux lèvres en d> hors, un dehors de
lu main, afin que s'il a contracté quelques souillures par
les cinq s'us du corps et de l'esprit, il soit guéri pur ce
remède spirituel , et qu'il reçoive la miséricorde du Sei-
gneur. Lors donc que le prêtre oint le malade, qu'il ré-
cite celle prière en faisant cette cérémonie lentement.
Soyez présent, Seignenr, à ce ipie font vos servi-
teurs, et loopérez avec vos minisires, afin que lors-
qn'en exéciiiion de vos commandements, lious impo-
sons les mains à voire servileur en roignant de l'Iinil •
sacrée, nous ressentions l'ellèl d- veln; préseï ce , et
qu'il soil par la gr.i<e de voire Esprit saii.t délivré de
toute langueur el de lonle faihlesse, q.iM soii rempli
de vigueur el léUihli en sanlé; qu'il quille le lit où la
maladie l'avail attaché, qu'il élève son visige et sou
esprit vers vous, ipii éies le si>uver.;in niéilecin , ci
qu'il rende de dignes loiiaiges à voire roin pour la
sanlé i,uil aura recouvrée. Par Noire-Seigneur, elc.
Suit l'onction à la tête.
J'oins votre tète de l'Imile sanctifiée an nom du
Père, du Fils el du S.-Esprit, alin que comme un
soldat que l'on a oint pour le préparer au combat.
TD. IX.
de la Saii le-ïriniié, afin qu'elle daigne, en vous gué-
rissant au dedans et au dehors, vous vivifier. «île «jui
conserve l'ules les Cl éalures, elles empêche de rc-
louiner dans leur i.éanl. A la poitrine. J'oins vi tre
poiirine de l"hnile san tifiée au nom du Père, du Fils
et du S. Esprit, afin qn'élanl mu i de cette oiictioM,
vous soyez en état de repousser 1 s traits enflainiuéi
des ennemis. Aux épaules. J'oins ces épaules , ou
l'eiitre-deiix des épaiiies, de Ihiiile sacrée, au nom du
Pèr-, dn Fils el du S.-Esprit, afin qu'étant muni de
tous cô!éx de la proteciion de l'Esprit saint, vous
puissiez résister follement aux efioi Is des démons qui
vous I mcciit leurs Irails. el les repousser par la force
q'ie vous rcîccvrez du secours céleste. .Aux mains en
rf //ors. J'oins ces mains de l'Iiuile sacrée, an nom du
Père, du Fils cl du S. Espril, afin qu'en vertu de
celle onction teules Ii'S failles «pie vous avez cfiiil-
mises, jmr des n-nvres défendues ou mauvaises, vous
siiieul |iardoi.nées. Aux piids p.r dessus. J'oins ces
pieds de l'huile hénile, au nom du Père, du Fils et
du S.-Es|;ril, afin que toutes Un fautes où vois êtes '
touillé, par des démarches superflues et mauvaises, (
vous soient remises en vertu de celte oiicticn. A l
l'< ["'.iclr^it oii la douleur $e fait le plu* sentir. Je vous
770
niSTOlUE DES SACREMENTS.
liÙ
oins de Tliuile sainte, an nom du Pèro, du Fils et du ;
] diminulion de ses forces amène à sa fin ; éteignez en
lui le l'eu des passions et de la fièvre ; énions>»ez les
traits cuisants des douleurs et des vices ; faites cesser
les tourments des maladies et des cupidités ; dissipez
en lui l'enflure de l'orgueil et la crainte excessive ;
délivrez le des ulcères et de la pourrituie de ses vi-
ces ; guérissez ses entrailles et la uiaLulie ([ui se fait
sentir jusque dans son cœur et la moelle de ses os ;
cicatrisez ses plaies; prêtez lui secours dans les pé-
rils dont sa vie est menai ée ; ré|)rimez ses ancien-
nes et violentes passions (I) ; accordez-lui lémis-
S.-Esorit, suppliant sa miséricorde de bainiir de vous
ies douleurs et les iiiconnnodilés du corps, et de vous ■
rendre la force et le salut, afin que, par ropération de
ce sacrement cl noire prière, vous recouvriez votre
première, et même une plus forte santé. A loutes les
jointures. Je vous oins de l'Iinile sainte, en invoquant j
la souveraine majesté, (lui a ordonné au prop'.iète Sa-
muel de consacrer David roi par rOnction. Opérez
donc, ô huile, créature de Dieu, au nom du Père
tout-puissant, et que l'esprit immonde ne trouve au- i
cune retraite dans les membres de cet homme, dans \ sioii de ses péeliés , et que \oUc miséricorde le con-
la moelle de ses os, et dans aucune jointure de ses i serve de telle sorte, que par votre assistance !a santé
membres; mais que la vertu du Christ, Fils du Très- \ ne le corrompe |)oint, et (jue la maladie ne le con-
Ilaut (t la sanctification du S.-Esprit habile en lui. \ duise point à sa fin ; mais (|iie celle onction sacrée de
Autre formule. Je vous oins, au nom du I*ère,du Fils | l'huile soit un pronipl remède à son mal, cl la réiuis-
ct du S.-Esprit, de l'huile sainte et consacrée , a(in | sion qu'il souliailt de ses péchés,
que cette onction vous donne, par la vertu du S.- | Suit nue hymne.
Esprit, la santé du corps et de Yùme, pour la remis- l II csl bon démettre le texte original de celte hymne qtie
sion de tous \os péchés et la vie éternelle. Amen. \ nous traduirons en prot^e seulement. Les connaisseurs
Autre [ormule. Uecevez la santé au nom du Père, du | verront par lit qu'il doit être ancien et qu'il a dû ctre
Fils et du S.-Esi)ril ; que cette onction par le signe ] composé dans le temps que la lungue lutine n'était point
de la sainte croix, par l'imile sanclif:ée, et par le don I encore enliirement tombée en décudence, ou au inoint
de l'Esprit saint, vous donne la santé.
Prière.
Seigneur Dieu, notre Sauveur,'qui êtes le vrai salut,
et qui remédiez à tous nos maux, qui nous avertissez
l,ar\o:re Apôtre d'oindre avec l'huile ceux qui sont !
malades, et d'implorer en même temps pour eux votre ;
miséricorde , jetez les yeux du haut du ciel sur votie \
serviteur N., et l'établissez en santé, après l'avoir châ-
tié, celui que la langueur conduit à la mort, et que la
Christ, (j. i ctcs le véritable médecin des hommes, par
qui le l'ère céleste ijuér.t nos maux, soyez favorable à la
piière que votre peuple vous adresse.
Nous vous supplions pour ces infirmes que la mala-
die réduit en ce triste 'état, daignez les guérir et bannir
les maux dont i.s sont al]ligés.
Vous avez fait paraître autrefois votre puissance, en
délivrant de la fi vre la belle-mire de S. Pierre , que sa
ni itudie tenait au lit, en guérissant le fils d'un petit roi
et le serviteur du centurion.
Faites aujourd'hui la même chose; guérissez les ma- i
ladies des corps et celles des âmes . afin que les douleurs \
qe ressentent ceux qui sont ainsi affligés ne leur devieii- ^
lient point inutiles.
lienUcz la vigueur au peuple languissant, faites couler
tur eux avec abondance vos injhiences salutaires, et leur
rendez les forces que la maladie leur a ôlées.
Il est temps, Seijneur, qu'ayant pitié de leurslarmes,
vous apportiez le remède aux maux de ceux pour qui
nous pricns, et que ce malade éprouve les effets de votre
main bienfaisante.
Que tout accès capable de donner la mort, que toute
\ frise qui augmente la douleur cessent, que la vigueur de
dans le renouvellement qui s'en est fait du temps de
l'empereur Charlemugne; puisiiue , depuis lui , le lan-
gage barbare qui s'était introduit ne permettait pas que
l'on composai des hymnes d'un style tel que celui-ci.
Cela prouvera que les rits et les formules de l'Extrême-
Onction que nous rapportons ici doivent être assez aw-
ciens.
(l) Il y a ici trois ou quatre mots iniulelligibles.
Christe, cœlestis medicina Patris ,
Verus l;uman;e medicus s .lotis,
Pro lide plcbis precibus potenter
Pande l'avorem.
En nobis infroios libi supplicamus ,
Qmos no( ens pestis vale:udo quassat,
L't pins morbo reh^ves jacentes,
Qm) I atiuntiir.
Qui poiestaie nianifeslus cxias,
Mox socrnm Peiri léh. ibus jacentera,
Regnli prolcni, puerumque salvas
Ccnturionis.
Corpoi inn morbos animamque sana,
Yulncra quassans adliibe medelam,
Ne sine fructu cruciatus urat
Corpora nostra.
Fcrto languenli populo vi;,'orem,
Ef.lue largam populo salulcm,
Pri'stinis more sulito reformaus
Yiribus ;cgros.
Jam, Dius noster, misorante fletu,
Pro quibuste nunc petimus medere,
Ut tuam cunctis recubas medelam,
Sentiat a-ger.
Omnis impulsus perimens recédât,
Omnis incursus crucians liquescat,
781 ORDRE
la santé, après laquelle le malade aspire, succède à l'in-
firmilé dans laquelle il se trouve.
Afin que ceux qui saveut profiter de ces maux, entrent
dans le royaume de Dieu, chargés des fruits des afflic-
tions par lesquelles vous les avez éprouvés ici-bas.
Gloire soit au Père et au Fils qu'il a engendré , aussi
bien quà celui qui est égal à tous les deux; (jue les deux
vous bénissent, vous qui avez trois noms et une seule
divinité.
Amen.
782
Vigor opiala; rccrect salutis,
iMciiibra (Jitlenlis.
Qiio pcr illala mala dùn» icrunlur,
Eruditoruin numéro decori,
Coiiipolcs inircnlsocianlc fruclu,
Uegn;i poloiuin.
Gloria Palri geiiitnnque proîi,
Et til)i conipar iilriiisque semper,
Noniine irino, Deilale soli,
Sidéra clament.
Amen.
Prière.
Que le Seigneur soit propice à ce malade en lui rc-
niellaiit lotis ses péchés el en guérissant toutes ses
langueurs ; qu'il rachète sa vie de la mon clernelie,
et qu'il accomplisse pour le bien ses désirs, lui, qui
seul vit et règne dans la Trinité , dans tous les siècles
des siècles.
Autre prière.
Dieu , qui exercez toujours un empire de douceur \
sur vos créatures, prêtez Toreille à nos prières , et
regardez favorablement voire serviteur N. travaillé |
par la maladie; visitez-le, en lui faisant pari du salut
Notrc-Seigneur, etc
Autre prière.
Dieu des vertus célestes, qui chassez des corps hu
votre serviteur, afin qu'étant délivré de ses maux et
ayant repris ses forces, il bénisse votre saint nom en
santé.
Autre prière.
Dieu saint, Père tout puissant et éternel , qui affer-
missez la faiblesse do noire nature par la force qu'y
répand voire bénédiction, cl faites subsister nos corps
et nos membres par les secours que voire l>onlé nous
procure : jeiez les yeux sur votre serviteur N. , afin
qu'élant délivre de lous les embarras que cause la ma-
ladie, il soil rétabli dans sa première sanlc. Par No-
Irc-Seigueur, etc.
{Après cela, que le prêtre donne au malade la corn-
et appliquez-lui le remède de la eiâcc céleste. Par i . ■ . ■ i c - . •■/ r
t't ^ ^ ^^^ ^ g avi. v». ^.oii. munion du corps el du sang du Seigneur , et qu il fasse
lu même chose durant sept jours; tant par rapport à la
i communion que par rapport aux autres devoirs, si la né-
cessité le demande.. En ce faisant , Dieu rendra la santé
mains toute langueur cl toute infirmité par la puis- au malade; et s'il est dans !e péché, il le lui pardonnera,
sance de votre commandement, assistez avec bonté I couime dit l'Apôtre.)
LIVRE DEUXIEME.
HISTOIRE
DES SACREMENTS DE L'ORDllE ET DU MAllIAGE.
Les deux sacrements dont nous avons à traiter dans
ce livre, el surtout le premier, renferment bien des
difficultés el des points de doctrine el de discipline
très-imporiants que nous lâcherons d'édaircir, en
prenant pour guides dans nos recherches les auteurs
les plus savants, les décrets des papes et des conciles
et, enfin, les exemples dos saints qui ont vécu dans
les diilércnls âges de l'Eglise. Le tout sera partagé en
trois sections que nous diviserons en diirérenl -s par-
ties, suivant que l'exigera l'ordre et l'étendue des
matières.
DE L'ORDRE,
OU DES ORDINATIONS SACRÉES, ET DES DIVERS DEGRÉS DE LA HIÉRARCHIE
ECCLÉSIASTIQUE.
On peut dire que le sacrement de l'Ordre e>t le
fondement de la religion chrétienne. Car il ne peut y
avoir de religion sans |irélre el sans sacrifice, cl c'est
ce sacrement qui procure à l'Église les ministres dos
choses saintes, les médiateurs entre Dieu el les hom-
mes, les sacrificalcm's qui immolent riIo->lie sainte el
vivifiante qui a succédé à tous les sacrifices de l'an-
cienne loi. C'est ce sacrement qui donne aux hom-
mes le pouvoir de remettre les péchés , et de réconci-
lier lis pécheurs avec Dieu , qiù perpétue le sacer-
doce clirétie.i en le faisant passer d'âge en âge. C'est
ainsi qu'il a élé transmis des apôlres qui en possé-
daient la plénitude, jusqu'à ceux qin en sont revèlUK
aujourd'hui par une succession non inlerrom|)ue, et
c'est en vertu de cela que l'Église chrétienne est ap»
pelée Aposloli^iue.
783 niSTOIliE l>h:s SACUE.MKNTS
Les Grecs nomment pour rordinaire ce sacrcinenl
ytiporo-^'x, terme formé de deux mots >/jù«; -zii-zu , »iiii
signifie étendre la main ; et cela pour deux raisons.
La première, parce que c'était l'usage chez les Grecs,
dans les assemblées du peuple, de donner son suffrage
p.tnr les éleclions des magistrats en élevant ou éleii-
d int la main , et que la même chose se pralicjuail dans
les éleclions des nunislres de l'Église. La seconde,
parce (pie c'était en imposant on étendant les njains
-^iir oeii\ qui avaient été élus pour le sacré minislère,
qu'on leur en conférait la puissance. Ou trouve ce
terme pris en ces deux sens en deux endroits du nou-
veau Testament (1), et il est consacré dans tons les
t'iicologcs des Grecs et dans les écrits des Pères ;
excepté dans le faux S. Denis, qui adectc partout de
grands ternies, et qui laisse à part ceux qui sont
reçus dans l'usage ordinaire comme triviaux et indi-
gnes d'un homme qui avait entrepris de traiter de la
célesie hiéraroliie, quoique, dans le fond, il ne dise
que des choses communes et ordinaires en termes
empoulés , et de la plupart desquels il est le premier
inventeur , au moins quant à l'application qu'il en
fait. I
Nous appelons Ordre ce que les Gnxs désignaient '
parle terme de ytipc^sjlx. Cependant Ordre, Ordo ,
marque plutôt l'état, la dignité, la condition des per-
sonnes, qu'une action ou une consécration par la-
quelle on les fait passer à cet état ; et le terme d'Or-
diiiniion , qui sigi-ifie cette action , serait plus co ive-
na!)le et plus naturel. Quand on dit, par exemple,
l'ordre des sénateurs , l'ordre des chevaliers, ordo se-
untoritis , ordo equestris , cela marque l'étal et le rang ',
des personnes , et non l'action par laquelle on les y 1
place. Quand dans notre langue nous disons les trois
ordres, nous entendons par là le clergé, la noblesse et
le peuple. Le sacrement dont nous avons à traiter ne
consiste pas dans l'éial des personnes , mais dans l'ac-
tion et les rits par lesquels on les consacre , et on les
fait passer à l'état du sacerdoce et aux divers minis- |
téres qui y ont un rapport plus ou moins éloigné. j
(l'est en ce sens principalement que nous traiterons
du sacrement de l'Ordre, quoique nous devions aussi
parler do l'ordre ecclésiastique, en le considérant
romnie un étal particulier ; da quoi nous ne pouvons
guère nous dispenser, puisqu'il faudra expliquer les
devoirs et les fonctions auxquels sont destinés ceux
qui reçoivent les divers-'S consécrations qui ont été de
tout temps en usage dans l'Église. Ainsi nous divise-
rons celte histoire eu irois parties.
Dans la première, nous parlerons de ce qui précède
rOrdination, et nous ferons diverses renrarques lou-
chant l'âge, le temps, le lieu, les (jualités des person-
nes destinées à recevoir les ordres sacrés : ce qui
nous donnera lieu de parler des ordres mineurs et
des devoirs qui y étaient attachés , comme étant une
préparation aux ordres supérieurs.
D:>ns la seconde, nous traiterons des rits et des for-
78*
mules de l'ordination des niioistres sacrés, je veux
dire des évèfpies , des préires et des diacres ; ce qui
nous donnera lieu de faire Tliistoire des diverses er-
reurs et des questions qui ont été agitées sur ce point.
Enfin nous expliquerons , dans la troisième, ce qui
r(g;irde les devoirs et les |)rérogalivesallacliés à elia-
cun de ces trois ordres, et la subordination des per-
sonnes engagées dans cet étal les uns aux autres.
Vous voyez par là que , dans la première partie de
celle l.isloire , il sera traité de ce qui éiail rerpiis pour
faire que l'ordination fût légilime et canonique. Hans
la seconde, de ce (pii la rendail valide, et que la troi-
sième contiendra ce (pii regarde la iiiérarchie ecelé-
siaslitpie; non que nous voulions y faire entrer loni
ce qui a rapport à celle matière, cela nous mèm nit
trop loin, mais nous louclieions les questions les plus
curieuses et les moins connues.
PREMIÈRE PARTIE.
(l)Act. U, V. 25; 2 Cor., c. 8. *9.
DE CE Ql I r'RECtDArr L ORDINATION Dr S MINISTUF.S SA-
CRÉS. DES ÉLECTIONS CANONIQIESDU TEMPS DE l'ORDI-
NATION , DE l'âge DES ORDI.NANDS, DES DONNES OU
MAUVAISES QUALITÉS QUI LES PENDAIENT DIGNES OU
INDIGNES DE RECEVOIR LES ORDRES. DU CHOIX ET DE
l'ordination des clercs INFÉRIEURS, ET DES DEVOIRS
ATTACHÉS A LEURS ORDRES , ClC.
CIlAI'iriŒ PREMIER.
Du nombre et de la disiiuctio7i des divers ordn's, tant en
Orient qu'en Occident, de ta distinction des ordres sa-
cres ; de C''ux à qui un n'attribue pas ce titre. Depuis
quand te sous-diaconal a été mis au nombre des or-
dres sacrés.
Tous ceux qui étaient dans le clergé n'étaient point
pour cela dans les ordres. On reconnaissait ancienne-
ment plus ou moins d'ordres ecclésiastiques, suivant
les divers lieux cl les dilléients leinp-. Le (pialiiènic
concile de Cartilage, qui maripie dans ui\ grand dé-
tail les rils et les formules avec lesquels chacun des
ordres devait être conféré, en compte Lcuf : savoir
des évêqiies, des prêtres, des diacres, des sous-dia-
cres, des acoljies, des exorcistes, des lecteurs, des
portiers et des chantres, qu'il appelle Psalmisiœ Lo
concile de Rome, que l'on dit s'être tenu sous le pape
S. Sylvestre, en compte autant, et ne diffère ilu con-
cile de Cartilage qu'en ce qu'au lieu des chanires il
met custodes marlijruni , les gaidiens des niailyrs.
Les Maronites admellenl aussi neuf ordres ; mais ils
1;'S coinpteul b en diffé!e:nment, c mine on le \oit
dans le livre qui contienl hhs rils d.-s ord iiilions, cir
ils composent ce iiombie des chanires . des lecteurs,
des sous diacres , des d. acres , des archi iiacres , des
prêtres, des archiprêlres , des corévèques cl des évê-
qiics. Aujourd'hui , dans nos églises , on a réduit le
nombre des ordres à sept, celui des chanires ayant
été supprimé; et l'épiscopal n'éuuit considéré que
comme un même ordre avec la prêlrise , et designé
j par le nom commun de sacerdoce; quoique, comme
viOMS verrons ci-aprè?, les évêques aiont do tout temps
7Aî
ORI>RE.— 1" PARTlt. CllAP. I. NOMURK Kl DISTINCTION DES ORDRES.
7S0
reçu iiiie consécralion parlicnlièrc qui se fait avec
plus d'appareil (|iie l'ordiiialioii des prclrcs, cl (|iroii
ait jamais doiilc que Cette bcnédieti ,n ne donnai des
gràios piriii ulicies et mi pouvoir plus étendu que
celui de la prèlrise.
Pour ce qui est des Grecs, ils n'ont que cinq ordres,
savoir, l'épiscopat , la prèlris-e, le dia'onal, le sous-
diaconat et celui de lecieur. S. Maxime , dans son
Commenlairc sur S. De.is, cli. 5, ne reconmiîi (pie
ces ciufi ordres . aussi bien (jiie Paetiymères sur le
incnic endroit. El l'on ne voit point d'ordination potu*
les exorcistes dans les Con>liliilions apostoliques , où
il est traité de l'oidinaiion des ministres de 1 l^j^lisc,
1.8. F,e liuilicme concile général , action 10,c. .'i,
parlint des divers degrés de déricalure par les(picls
doivent passer régid.èrenieul ceux (|ui parviennent
à l'épiscop.il, ne compte de même ipie les cpiatie or-
dres dont nous venons de parler , répisc(qial faisant
le cinquième. Le pape Innocent IV, en l'an 12.')4,
tenta, dans une lellre à lévêqne de Tuscnlnm, S(ui
légal en Cli\pre, d'anu-ner les Cirées à l'usage des
Latins sur ce point, mais ininilement ; ils ^)'ell sont
tenus à l'ancienne pralicpie qnils conservent encore
que, dans un autre sens, on puisse dire que ces ordres
soni d'insiilnlion apo$toli(pie et mémo divine, en ce
que Jésus Christ, en rendant les .\pôtri-s les maîtres
d'établir dans son I^glist; la disciplini; qu'ils jugcraitnl
par l'inspiration di' son Esprit être la plus (((uveiiable
et la plus pr<q)re an bon g<tuvernenn>nt du peuple fi-
dèle cl au ministère des choses saintes , leur a per-
mis, cl même eu qiielipie manière ordomié.d'iustiluer
aulaiii de ministres qu'il serait nécessaire jiour rem-
plir les diUérenles fonctions auxquelles ils les aipi.'l-
leraient.
Ou peul dire même , connue ont prétendu quelipies
docteurs scolastiques, que la cérénUMiie par laqu«;llc
l'Eglise confère cliacim île ces ordres est un s.k re-
nient , aussi bien que les rits et les furmllll•^ par les*
quels le prêtre ou le diacre sont oiilunnés; puisque
le Sauveur, en laissant au\ A|iolieset à leurs succes-
seurs le pouvoir d'établir des niinislrcs ii-férieiiis
avec cerlaines cérémonies, n'a pas voulu sans donle
que la forme de Inir institution pour des minislères si
saint> lût une pure cérémonie vide de grâce, mais
qu'il s'rsl engagé par là , en queltpie sorte, à répan-
ilre sm ceux qui seraient canoiiitiuement aiipelé? à
anjonrd'lmi. ce ipii fait voir eombien on doit faiie î res lonctions des grâces proportionnées à leurs eivi-
pi n daltcnlion à ec (pie dit (labriel de IMiiladeliiliie,
qui l'ail mouler jusqu'à sept le nombre des (u'dies ce-
clésiasti(pies chez les (irecs. S. F'pipluuie (h iiean-
moins parle enc<ne d'exorcistes, d'interprètes des lan-
gne>,(le porliers. et de ceux (pii axaient soin d'en^e-
vel.r li's niort.>. Mais on ne voit pa> ijue d.ins l'eylise
gre(;(iue ceux qui élaicnt chai};és de ces foiielions
aient fait pariie du clergé; (|iioii|ue l'on ne piiihse
nier que dans qnehpies ecdroils (piel jiics-uiis dCiitre
eux n'aient pu être considérés comnie élaiil de l'or- \ ne voulons point nous engager, la nature de cet ou
ploi^ , et à leur eu faire remplir dignement toutes les
fonctions. Ainsi ces questions sur lesquelles on a Mi-
pul('* et on dispute encore avec lanl de chai- ur dans
les écoles, si les ordres mineurs sont d'iusiitulion di-
vine, si ce sonl des sacrements, sont pr^quemenl des
ipiestions de mots (jue l'on peul résoudre fai ilemeiil
eu les envisageant sous les difl'érenls asp(^cts qu'elles
pn^sentcnt, et en prenant les choses plus ou moins à
la rigiii-nr. Questions, au reste, dans les(iuelles nous
die ecclésiasli(pie. Car on peut dire vérilablemeni (jne
sur celle matièie il y a eu beaucoup de \aiiéié d.ins
les diver es é}.di es et dans les temps dinéit;nls, et
qu'on a établi cesordies mineurs. (|ui tous soni ren-
fermés émineinniciil dans U\ diaconat, suivani le be-
soin (pie l'on en a en et (pie ro( c.ision s'est |iM'seiiléc. i
En seule ipie, dans les égll^es moins nombreuses, |
les diacres remplissaient tes loiiciioiib de loiis ces
ministres iulerieuts, (|ui auraieui(''ié inutiles et même
à charge an C( mmeiucment de l'Église, cl duis les
ICiips et les lieux où les chrétiens élaienl en petit
nombre. Aiissi, dans la primitive Église, ne voyons-
nous I as ce grand nombre de ininislres de l'Eglise et
de lanl d'ordres dinërenis. On n'y reconnait que les
évéques, h s prêtres el les diacres , comine dit le pa|)e
Llrba n II, dan-, un concile du Rénévenl (i) , elles
Apo:res n'ont f.iil d'ordonnances touchant les minis-
tres d';."É;lise, (|ue celles ipii les regardenl. Jlos si-
qi.idein solos priinilivtt tegiluv liabuissc Ecclesm ; super
lus sotis pra'Ci'plKin apostuliciim liabeiuus.
Ce (pie dit ici ce pape esl tres-véritable dans le
Sens qu'il l'a dit, que les Apôtres ne m-us ont point
laissé d'ordoiiuances sur les ordres mineurs; quoi-
(l)IiiExposit. fiîei, c. 21.
(2) Apud. Ivon., iii Decrelo, part, o, c. 72. i
vrage ne nous le permettant pas.
Autrefois, tous les ordres dont nous venons de par-
ler élaienl indifféremment appelés sacrés, comnie re-
marque D. Hugues Ménard ; mais à présent on ne
doime ce litre qu'à ceux que l'on nomme ordres tiui-
jeurs , du n(Mnbre des iu(ds on a mis de tout temps les
trois ordies dont il est fait menlion expresse dans les
écrits des Apôtres , savoir, l'épiscopal, la prêtrise el
le diaconat , ou , pour parler le langage d'à-présent .
le sacerdoce el le diaconat. Le sons-diaconat, qui
n'était anciennement qu'un ordre inférieur, ayanl él('
depuis réputé ordre majeur, a été aussi honoré du titre
d'ordre sacré. Mais en quel temps? c'est sur quoi je
vois les savants partagés.
Le P. Morin(l) croilquccet ordre, qui n'a été établi
dans l'Eglise (jue vers la lin du second iiècleoii pendant
le troisième, a été mis au rang des ordres sacrés, il y
a plii> de 800 ans. el ce qui l'a déierminé à entrer dans
ce sentiment, c'est «pi'il a vu dans d'anciens rituels
l'ordination de-» sous-diacres jointe à celle des autres
ministres supérieurs, et séparée de celle des intérieurs ;
et ((u'ontre cela, ces livres prescrivent que cette or-
dination se fera à raniol. Mais, dit le père P. Mar-
(1) De sacris ordin. , part. 59 , exercit. 12, c. 5 .
! n. 7.
787
«oiio ( I ). si ccHc raison est valahle , il f;uit dire qiio la '
cil(l^t• f'st plus ancienne que le suppose te P. IMorin :
car j'ai vu, ajonlc-l-il, des rilneis éciils il y a pins de
900 cents ans, dans lesquels le même ril est prescrit.
C'est donc pins tard que le sous-diaconat a été mis au
nombre des ordres majeurs et sacrés, et certainement
sur la fin du onzièn\c siècle, il n'était poinlencore ré
puté tel, puisque dans le coiicile de Bénévent, qui futas-
semblé en l'an 1091 , clauqiiel présidait le pape Urbain II,
I il fut ordonné que personne ne fût pronni à l'épiscopat
qu'il n'eu! auparavant vécu louabiementdans les ordres
sacrés. Or nous ap])elons ordres sacrés, est-il dit en-
suite, le diaconat et la préirise. Sacras auteiu ord'uies di-
chiiuSfdiaconalum et presbyteralum. 0\i ne pont rien dé-
sirer de plus chiir sur le sujet dont il est ici question.
Aussi Hugues de S. Victor (^),qui florissait cinquante
ans après ce concile , témoigne que de son temps le
sou-diaconat était encore au rang desordes inférieurs,
et IMiilipne, abbé de Bonne-Espérance, de l'ordre de
Prénioiilré, danssot! Iraiîédc la Conlinenee des Clercs
(cap. \0'), enseigne positivement la môme chose, en
ces termes : Ces deux , les prêtres el les diacres , sont
lionorés des ordres sacrés. {Sarris ordinibus d'icunlur in-
signili...) Mais, outre ceux-là , il en est d'autres qui
sont occupes au miui.slère des autels , et so]il ordonnés
pour cela par les évoques , desquels quoiqu'on ne puisse
tiier qu'ils aient «n deqré de sainteté , on n'appelle pas
néanmoins ordres sacrés ceu.v qui leur ont été conférés.
Ce fut assez peu de temps après Pliilippe, abbé du
monastère dont nous venons de parler , que le sous-
diaconat fut mis au rang des or(/;e.s sacrés, puisque
Pierrc-b>Clianlre , qui mourut en 1197, dit en ternies
exprès (ô) que dejinis peu on avait établi que le sons-
diaconal serait un ordre sacré. De novo inslitutunisub-
diaconatum sacrum ordineni. Ceci fait voirque le p.ipe
Innocent ill est tombé dans une erreur de fait, qn;ind il
a assmé (4) que le pape Urbain 11 était l'auleur de cette
discipline; il y a plus (rapparence que c"e>t lui-même
qui i'a établie en décidant la que.'^tion su'" laquelle les
sentiments étaient encore partagés, et en rendant gé-
néral et uniforme partout ce qui auparavant était di-
versement observé, ce qu'il fit en permettant que l'on
pût choisir les sous-diacres pour évêques , également
comme les prêtres el les diacres. |
Quand nous avons dit qu'il n'y avait que cinq or-
dres chez les Grecs , et sept chez les Latins , nous |
n'avons pas j retendu que le clergé chez les uns et les j
autres ne comiM'it que ceux qui étaient engagés dans
ces ordres ; nous savons qu'outre ceux-ci , il s'en [
trtinvait ini grand nombre d'autres qui étaient censés !
faire pariie du clergé , mais ils n'étaient point pour
cela engagés dans les ordres : c'étaient des officiers |
destinés à certains emplois el à certaines fonctions qui
avaient rapport ausQrvice delEglise, ou des évêques, i
mais qui n'étaient point initiés aux saints ordres ni
(1)U. d,c. 8. art. 1.
(2) L. 2, de Sacr.. pnrt. 7>, e. 13.
(3) lu libro de Verbo mirif.
(i) L. 1 Décret., c. Miramur.
HISTOIRE DES SACREMENTS. 733
ordontiés à cet effet. Ils étaient seulement désignés
par l'évêque, mais ils ne recevaient point l'ordination.
La fausse lettre de S. Ignace à ceux d'Antiochc, le
concile de Laodicée, can. 2i, et celui de Chalcédoine ,
can. 2, font mention d'un grand nombre de clercs de
celte espèce, et le nombre en devint encore bien plus
grand dans la suite ; ils étaient inmintiiculés ou coin- '
pris dans le canon de l'Eglise, et jouissaient même |
en partie des privilèges du clergé sous les empereurs '
chiéliens, mais ils n'étaient point initiés aux ordres.
Ils étaient officiers de l'Eglise, et non les ministres des
choses saintes. Tels étaient chez les Grecs les portiers,
les chantres , les exorcistes , et ceux qui étaient des-
tinés à prendre soin de la sépidtnre des morts , outre
cela les défenseurs , les économes et quantité d'au-
tres, dont il est fait mention dans le droit oriental et
dansCodin (I).
Saint Basile distingue ces officiers do l'Eglise des
clercs pro[irement parlant, en disant de ceux-ci qu'ils
sont Ij êaOyôi, et les autres iv uav;p£7tV.. Les uns étaient
constitués en dignité; les antres étaient appliqués au
service de l'église. Et la différence essentielle des
uns d'avec les autres , c'est ([ne b'S officiers de l'é-
glise étaienl revêtus de leurs emplois par une simple
dép'.itatiou de l'évoque , ce qu'ils exprimaient par le
terme îr,c«6à/).s7e«t , c'esl-à-dire, promouvoir , et que
les autres étaient ordonnés , ce qu'ils marquaient par
celui de yncczoizij. Nous aurons lieu de traiter bientôt
plus amplement de cette différence.
De ces emplois , les uns étaient affectés à ceux qui
étaient honorés de saints ordres, les autres à ceux qui
n'y étaient point initiés. Et de ces premiers qu'ils
nommaient âpyyjn/.ix, les uns étaient exercés par des
prêtres, les autres par des diacres, el d'autres enfin
par des lecleins. Le grand économe , par exemple ,
le grand sacellaire, le cartophylax , étaient dia-
cres. Le catéchiste , l'aumônier , les supérieurs des
hôpitaux, etc., étaient prêtres. Mais ils n'étaient point
ordonnés pour ces emplois, ou pour ces dignités; on
les joignait seulement au caractère du sacerdoce ou
du diaconat dont ils étaient revêius, et cela dépendait
(le la disposition de l'évêque ou du patriarclic. Mais
outre ces emplois honorables et ces dignités, il y avait
des offices remplis par des personnes qui n'étaient
point entrées dans les ordres sacrées, soit supérieurs
soit inféiienrs. Et comme ces emplois étaient plus
pénibles que les premiers , et moins honorables , on
les exprimait par le nom de cm/.ojix . qui signifie mi-
nistère : cependant ni ceux-ci , ni ceux-là , n'étaient
point donnés en vertu de l'ordination. Comme, che?
nous, la dignité d'archidiacre, d'archiprèlre, de
doyen, de trésorier, et toutes les autres dignités des
églises cathédrales et collégiales, ne sont point att:i-
cliées inséparablement à l'ordrequereçoiventceux qui
en sont revêtus, et qu'on ne considère point comme
proinus aux ordres ceux qui sont employés dans des
ministères plus laborieux et plus bas , tels que les
' Mi Do Offic. aulse ConslanlinopoHt.
789
ORDRE. — r* PARTIK. CIIAP. H. MINISTRES INFERIEURS.
700
gardiens des églises, qu'on fl|ipel;nl niiln>fi)is œdiiui ,
ou mansionarii , les sonneurs, les bedeaux cl antres
bas officiers des églises.
CHAPITRE H.
Des ministres inférieurs de l'Kylise, de la forme de leur
ordination, des d.voirs attachés à leurs ordres, et de
la di/J'crencc quil ij avait entre la manière de conférer
les ordres mineurs chez les Grecs et chez les Latins.
D'oM peut venir cette différence.
Après avoir parlé du nombre des diflërcnls ordres,
et de ce qui les distingue les uns des autres , je crois
devoir exposer la niaitière dont on lésa cnnféiés,
tant en Orient qu'en Occident : ce qui est d'autant
plus à propos, que, coinnienous verrons daiis la suite,
on exigeait régulièrement do ceux qu'on élevait aux
ordres supérieurs, qu'ils eussent passé par ceux-ci, et
qu'ils en eussent rempli les devoirs sans reproche
M. Fleiiii, dans son livre de rinsliliition au droit
Ecclésiastifiue (1), liaite cette maiièruavic bi-auconp
de lumière ; nous ne ferons presque que le transcrire
ici pour ce qui regarde les rils de ces ordinations , et
les devoirs attaches à chacun de ces ordres dans l'é-
glise d'Occident. Vaici ce qu'il dit sur cela : Les por-
tiers étaient plus nécessaires du temps que tout le monde
unit ainsi ceux qui ciaienl i)l(is propres à l'élude, et
qui pouvaient devenir prêtres. Leur fonction a tou-
jours éré nécessaire , piMS(|ue l'on a toujours lu dans
l'église les écritures de; l'ancien et du muivcau Testa-
ment, soit à la messe, soit aux auires ufliccç, princi-
palement de la nuit. On lisait aussi des lettres des
autres évcques, des actes des martyrs; et ensuite di-s
Homélies de:-. Pères, c(unnie on f;iit encore. Los lec-
teurs étaient chargés de la garde des livres sacrés,
ce qui les exposait fort pendant les pcrséi ntions. La
formule de l'ordination' qui est tirée, ans>i bien que
celle des autres ordres inférieurs, du quatrième con-
cile de Cartilage, pi>rle (piils doivent lire pour ceKii
qui iirèche, et chanter les leçons, bénii- le pain elles
fruits nouveaux; l'évcque les exhorte à lire fidèlcmct
et à pratiquer ce qu'ils lisent, et les mel au rang de
ceux qui aduiini<trcnt la parole de Dieu. La fonctioti
de clianier les leçons, se f.iil aujourd'hui ir.iiifféiem-
ment par loutessorles de clercs, même par des prêtres.
11 n'y a plus que des prêtres qui lassent celle d'exor
i ciste, encore ce n'esl que par conmiission pailiculièra
de l'évèque. Ce qui vient de ce qu'il csl rare qu'il y
^ ait des possédés, et qu'il se commet quebiuefois des
I imiiostures, sous piéuxte de possession du démon;
I ainsi il est nécessaire de les examiner avec beaucoup
Il était pas chrétien, afm d'empêcher les infidrlcs d'entrer p ^e |.rudence. Dans les premiers temps les posse^si.ms
dans réglise , de troubler l'office et de profaner Us mys- j éiaienl n-équenles, surtout entre les païens , et pour
tères. Ils avaient soin de faire tenir chacun en son rcmg, | ,„arqner un plus grand mépris de la puissance du
le peuple sépiré du clergé, les hommes des jhnmes; et de j ,]i;,i,ie , on donnait la charge de les ciiasser à un des
I plu-, bas ministresde l'Église. C'étaient eux aussi (|iii ex-
! orcisaienlles catéchumènes. Le poMliiicat marque pour
i leurs l')!.clions. d'avertir le peuple que ceux qui ne
I cominunicnl point fassent place aux autres. Ce qui est
I unesnitedecequ'ilsfaisaienlpulrefois tant à l'égard des
I catécbutnènes que des énergumènes . qu'ils faisaient
sortir de l'c-glise avant l'oblation d s dons sacrés. 11 est
aussi marqué qu'ils doivent verser de l'eau pour le
ministère, imposer les mains sur les posséilés. Ou
leur recommande de plus , d'apprendre les exorcis-
mes par cœur, et on leur aitribue même la grâce de
guérir les maladies. Ce qui s'entend surtout de celles
qui sont causées par l'oi'.éralion du démon.
Les acolytes étaient de jeimes hommes, entre vingt
et trente ans, destinés à suivre toujours l'évèque, et
être sous sa main. Ils fais dent ses messages et por-
taient les eulogies. Ils portaient même l'Eucharistie
dans les premiers temps, comme vous l'avez pu voir
dans notre blsioire de l'Eucharistie ; ils servaieut
même à l'autel sous les diacres, cl avant qu'il y ett
des sons-diacres, ils en faisaient les fondions. Le pon-
tifical, à présent, ne leur en donne point d'autre que
d ' pculer le chandelier, allumer les cierges, et préjja-
rer l'eau et le vin pour le sai rilice. Le concile de
Cartilage (can. 6) prescrit la forme de leur ordination ei
ces termes : Quand l'évèque ordonne l'ucohjte, qu'il lui
enseiqne de quelle manière il doit se conduire dans s )n
emploi , mais qu'il reçoive le chandelier avec un cierge
de la main de Carchidiacre, afin qu'il sache qu'il est de.:-
tiné à allumer les cierges dans l'église : qu'il reçoive U):e
faire observer le silence et la modestie. Les fonctions
marquées par l'instruaion que leur donne l'évèque à l'or-
dination , sont de distinguer les heures de la prière :
garder fidèlement l'église, avoir soin que rien ne s'y
perde, ouvrir et fermer à certaines heures l'église et la
sacristie, ouvrir le livre à celui qui prêche. En leur don-
nant les clefs de l'église , il leur dit : Gouvernez - vous
comme devant rendre compte à Dieu, des choses qui
sont ouvertes par ces clefs.
Or, pour le dire une fois pour toutes, ces formules
des onlinatiiuispour les ordres iiilei leurs, au nombre
desquels nous mettons le sous-diaconat, suivant l'an-
cienne discipline dont nous donnons l'histoire, sont
Irès-vée.érables , puisfpi'elles sont toutes rapportées
dans le quatrième concile de Carlhage, tenu du temps
de S. Augustin , l'an 598. C'est aux portiers à avoir
soin de la netieté et de la décoration des églises, et
j'assend)lant toutes ces fonctions, on voit qu'ils avaient
de quoi s'occuper. Cet ordre se donnait à des gens
d'un âge assez mùr, pour le pouvoir exercer. Plusieurs
y demeuraienl toute leur vje , quelques-uns deve-
naient acolytes, ou même diacres. Quelquefois on
donnait cette chargi; à des laïques , et c'est à présent
le plus ordinaire de leur en laisser lis fonctions.
Les lecteurs étaient souvent plus jeunes que les
portiers, car c'était le premier ordre que l'on donnait
aux enfants qui entraient dans le clergé. Ils servaient
aussi de secrétaires aux évcques et aux prêtres, et
s'instruisaient en lisant et écrivant sous eux ; on for-
Ci) Première partie, c. 6 et 7. i
701
HISTOIRE DES
burette vide pour y verser le vin aestiiié a l'Eucharistie
(lu sang de Ji'sits Christ.
l/oii a njiHJîo pliisi(Mirs cérémonies à ronlinalion
(les soiis-tIia< rcs, surloiil (icpuis que ccl tmlre a été
c )iisi(léré comme nu di'S ordres majeurs. Ils se pros
u'ineiil avec ceux f|ui doi eiil recevoir le diacoîial cl
' I prêtrise, et on cliantc; pour eux le-; lit mies co iimi'
p Mir les antres. Anlrefois cela se Tiisail avec moins
d"a|)pareil pour leur ordination. Voici ce (|iren dit le
concile de ('.arlliagi{can. 5): Le soMS-rfJ«cre,;)arcc </«"j7«e
reçoit point dans son ordination Cimposilion des mains ,
recevra la patène et le adice vide de It main de réeéqne,
la burette avec de Ceau , la serviette et C essuie -main s de
celle de l'archidiacre. A présent e;icore , d;ius Téglise
I.iline on nMmpose pas la main au sous-diacre , mais
revenue lui mel en main le calice vide avec la patène
cl tous les ornements qui convieimenl à son oidre. Il
lui doime ensuite le livre des épîlresavec le pouvoir
de les lire dans l'église. Ainsi le ministère des sous-
diacres est réduit au service de l'auiel , et à assisier
révè(pie ou le prèlre dans les grandes céiémonies.
Anlrefois ils éiaienl les secrélaires des évè(|ues, qui
les onij-loyaienl dans les voyages et les négociatii>ns
ecclésiastiques : ils étaient cliargés des aumônes et de
l'adminislraiion du leniporel, el, hors de l'égli e , ils
faisaient ks mêmes fonctions (|ue les diacres. Ou voit
p.ir les lettres du p.ipe S. GiéjÇoire, que celait ordi-
naireme.l aux so;is-Jiacres que l'on conliail, d.;ns l'K-
glise romaine , l'adminislraiion des patrimoines de S.
Pierre, dans les diverses parties de la chrélienié où
ils étaient situés, et «pie, non seulement ils régissaienl
ces biens sous l'autorité des papes, mais qu'ils exécu
laienl encore leurs ordres, par rapport à des affaires
ccclésia.--li(pies trés-imporlantes, telles que la correc-
tion des abus dans 1 -s provinces où étaient ces biens,
rassemblée des conc L'S , les avertissements qu'ils
étaient cliargéi de donner aux évèipies louclianl leur
conduite , el les avis qu'ils donnaient an Pape sur ce
qui se p.is^ait dans les pays où ils se Ir.mvaient. Voila
quels étaient aiitn'fois les cinq ordres inférieurs du
clergé dans l'église latine , quelle éiail la forme de
leur ordination, les devoirs et les fonctions doni
étaienl chargés ceux qui y étaient appelés.
Il y avait dans les premiers temps plus de ces
■\iioiu(lies offu iers que de clercs s(q)érieurs. Lorsque
le pape S. Corneille fut élu l'art 254, l'église Homaine
avait eu tout 132 clercs : 44 prêtres el 108 mini>lros,
savoir, 7 d acres, 7 sous-diacres, 42 acolytes. 52 tant
exorcistes (pic porliers : ce sont 94 de ces moindres
clercs. Le nombre en a augmenté beaucoup depuis
<]onslantin, el pendant 4 ou 500 ans , les églises con-
tiiiuèrciit d'être magnificpiemciil servies. Le partage
cl la dissipation des biens des églises a fait cesser ce
grand nombre d'officiers : l'usage frécpiciil des messes
basses a fait nmliij)lier les prêtres el les aulels, sans
qu'il ait été possible de nmltiplier à pnqxu'lion les
clercs nécessaires j)our les servir ; ainsi on s'est ac-
coulumé à voir les églises mal servies, el à ne regar-
der presque plus la réception de ces ordres, surtout
SACREMENIS. 79î
des quatre premiers, que comme une formalité néces-
saire pour arriver aux ordres sacrés.
Toutefois, dit M. Kleiiri (I), il ne faut pas croire que
tes saints ijui ont (jouverné l'KijHse pendant les premiers
si f des se fussent amusés à de petites choses, eu réylant
avec tant de soin tout son extérieur. Ils avaient compris
rimportuncc de to.t ce qui frappe nos sen.'i, comme la
beauté des lieux, l'ordre des assemblées, le silence, le
chaut, la majesté des cérémonies. Tout cela aide même
les plus spirituels à s'é!ever à Dieu , et est absolument
nécessaire aux gens grossiers, pour leur donner une
grande idée de la religion, et leur en f ire aimer T exer-
cice. Quand }ious voyons que le temple de Jérusalem
éluit servi tour à tour par tant de milliers de lévites, et
que le service s'y faisait avec tant de pompe et de majes-
té , nous derons avoir une extrême C(mlusion de voir les
églises oii re^tose le corps de Jésus Christ si mid servies,
en comp'iraison de ce temple oit u'éuiit que l'arche d'al-
liince; et même du second temple où elle n'était plus.
Tout ce qui distingue chez, les Grecs l'ordination
des clercs inléiieurs, c'est -à-dire, des lecteurs el des
sous diacres, de «elle «les autres, c"e>t «pie ceux-ci
I sont ordoi.nés dans le sanctuaire, el en préence de
l'autel, et «pie ceux-là le sont ou à b sacristie, ou à
rentrée de li pi te ^cl^telltrion le (piicemmuni<|iie du
cliuMir à celle parie de l'église «pi'ils aj pelleni à
liréscut »«;7t.'X, etipii réjiond à notre nef ; c'c-^t ce que
l'iin apprend de Siméon de Tliessahmique (2), qui le
dit ex; ressèment après tous les cucologes anciens
et m«)dernes, dans lescpids il est prescrit «pie l'on fera
les oïdinilion. «I«'s prêtres, deî diacies el des évo-
ques devant l'auiel, et pendant l.i messe solennelle;
an lieu <|ue les autres doivent se faire avant «jue la
messe soit r:«)mniencée, ou dans la sacristie, ou loin
de l'autel hors du sanctuaire. Il faut «|u«î cet usage soit
bien ancien, puisiju'iin des reproches que les ennemis
de S. CI:ryN«)sH)me formèrent contre lui , était qu'il
avait fait des ordinaliiuis de prêtres el de diacres hors
la présence de l'autel. Ce «pi'ils n'auraient pas man-
«pié de lui objectera l'égaril des ordinations (^esantres
ministres de lE^lise , si c'eût été la coutume de les
faire aussi dans le sanctuaire.
Ce (jui pioive ranli(piité de cette discipline, c'est
que la même chose s'observait autrefois dans l'église
Latine, niin senlemenl pour les «)rilrcs mim urs, mais
encore pour le sous-dia«onal, comme on le voit par
l'auteur du Commentaire sur 1 s É[iîtres de S. Paul,
que l'on a cru si longtemps être S. Ambr«)i.se, el «p.i
n'est guères moins ancien que ce saint. Cet écrivais
dit, en elTei, à rocc.isi«m de ce «pii est marqué dans
l'Épître à Timoliiée sur les ordinations, que les mi-
nistres inférieins ne rcç«>ivenl point loidination en
' l'réseiice de; l'autel, parce qu'ils ne sont poiul établis
pour servir «lans la célébration des saints mystères.
Unde nec ordinationem ante ahare assequuntur, eb qubd
nec mysleri'.s ministrure statuuntur. Sur «pioi Anialaire
(!) Instit. au droit ceelésiest. , c. 6.
(2) Initio ir;xi «le sacr. Ordinalionibns. (V d. Mo-
rin., «le sacr. Ordinal., part. 5, cxcrc. U, c 5.)
•795 ORDRE. — I" PARTIK. f.IlAP
reii nrqiie (I) que, selon S. Ainbroise , les ordres in-
loiit'iiis au (li.ici)ii:il fl à la prèlrisc «loivoiil èlre coii-
léiés Ik'is la |iré-<'nee di; TaiiU'l, ilcvivil lequel, quand
{"évèijne se jnoslenie nvant de {uire l'ordiiutlwn, nul mi-
tre lie duil se piuslerner avec lui que ceux qui doivent
être promus au sncerdoce el nu dimoiiat.
Aiiiahiire, en parvint do la suric, (ail al'iision à co
(lui M i)rarn|iiail df son Irriips, el enrorf à pi est ni,
qiia;id on fail l'onlinalidn dos niiiiislies du picinicr
rang C:ir la eéiém<»nie (•oninience par les litmies,
dnranl I sqin-lles Icvèiino céloliraiil <l les ordinants
soiil proslm.és : avec celte diiréience (praulrefois cela
ne se l'aisail (pie pour la collai. on des ordres majeurs,
savoir depuis le diaconat iiulusivemenl jusqu'à IV'pi-
scopal : an lien qii à présent elle se fail aussitôt après
rnidinalidii des acolytes. Ralold décrit les rils des
ordiiialions coiiftirinéineiit à ce qne nous venons
de rapporter d"Ani:il:iire , aussi bien que le Sacra
iHenl.iire de l'abbé Constantin , «pii ne marque les
litanies et les pro leri:emcnls qu'airès l'ordinalion
des soiis-(li:icres. L'anci'O Saerainentaire de Sens , et
celui qui a été publié par D. Hugues M.iinard contien-
nent la même disposition. On rajterçoit aussi d:ns
ce'ui (In pape Gélase, qui, apièsa^oir prescrit les rils
des ordii aliitiis des diacres, des prêtres et des évê-
qnes , met séparément celle des sous-diacres et des
antres clercs inférieurs. On peut observer la même
chose dans le manuscrit du Vatican, que l'on trouve
imprimé parmi les Œuvres de S Grégoire : car après
avoir prescrit les rils de rordination des son>-diacres
et des antres clercs mineurs, on trouve snns un tilre
à part celle dt^s antres ministres de rÉ;;lise (pii sont
présentés à l'évoque célébrant par rarcliidlacro, après
que la mes^e est commencée. Ce manu-cril du Vati-
can a quel ;iie cliose de particuiier rpii lui est (om-
niiin avec un autre très ancien du moii:>slèrt! de Cor-
bie : car il contient an couimencemenl ce titre, on
plutôt C't avertissement, d'où on peut inférer ce que
nous disons ici ; il est conçu en ces termes : La pro-
motion aux principaux grades se fait avant r Kvan<jile ,
et on donne les moindres aprls la communion, les jours
de dimanche s'il est nécessaire : mais les ordres majeurs
se cotif rent aux satnedis de douze leçons et aiix Quatre-
Temps seulement.
Si les Grt^cs convenaient autrefois avec les Latins
loucbant le lien et les circoii>lauces dans lescpiell s ils
donnaiont le sons-diaconat et les ordres mineurs,
pour les distinguer des ordres supérieurs; ils dillé-
raienl el diirèroul enc(iriî à présent dans le ril de l'or-
dination, les premiers ayant donné de tout (emps le
sons-diaconat .-t l'ordre do lecteur par riinposilioii des
mains, comme on le voit parles (■ou-tilulidiis aposto-
liques, par S. Denis et ses inleiprèlos, el jtar l ms les
cueologes anciens el moderm's ; et les autres les ayant
conférés de temps imméinorial par la porrection des
instruments propres à l'exercice de chacun des ordres,
comme il esl clair par ce cjui a été dit dans oc clia-ii-
(1) L. 2 (le div. Olfic., c. G.
II. MLMSTRCS INFERIEURS.
794
ire. h'on peut venir une différence si marquée? Il y
a toute appa'ciice que les Orientaux ayant appris des
Ap<itres (pu; les ordinations des évèques, des prêtres
et dos diacres se laisaienl par rin,p(»silion des mains,
ils auront étendu aiiv auirtîs ordres «pie le besoin a
l;iil ét:iblir depuis, ce q'i'ils savaient avoir été prati-
(pié par les premiers fondateurs de la religion, qui
oui en cela imité les Juifs (pii élablissaieia aiiiM les
cluîfs des synagogues ; el <iue les Occidentaux , à la
réserve peut ctrc de quebpies églises , auront suivi ,
dans leur mai.ière d'(»rdonner les ministres inférieurs
de l'Église, ce qu'ils voyaient se l'raiiquer tous les
jours dans la création des magistrats que les empe-
reurs envoyaient dans les province? |iour les gouver-
ner. Ce (pii .se faisait en leur donnant les marques
extérieures de la dignité donl ils étaient revêtus, l/esl
ainsi que Trajan , au rapportée Dion, établisi-anl nu
préièl du prétoire, lui disait : Recevez celle épée , dont
vous vous servirez pour moi, si je commande comme je
dois, ou lien que vous tournerez contre moi , si f abuse
de mon autorité. Quand ceux à (pii les empereurs coii-
liaiont les magislralnres étaient abseiils , el (pi'ils ne
pouv;iient leur mettre en main les marques el les sym-
boles de l'iiulorité dont ils les revêtaient, ils leur
adressaient, pour suppléer à cette formalilé, des co-
diciles qui , ontre les paroles j»ar lesquelles ils les in-
siiluaieiil, el les averlisscnienîs touchant la manière
doiil ils devaient se coiuliiire d-ms leurs emplois, con-
tenaient eiicore l'image des marqntss et des symboles
de la I uissance et de la dignité qu'ils recevaient , et
qu'ils avaienl coutume de porter sur eux, ou de faire
porter devant eux par des licteurs, comme les liaclies
el les faisceaux de verges dont les consuls , les pré-
teurs et les autres ofliciers étaient précédés, quand ils
paraissaient en public. Les marques de la puissance
des magi-irals étaient peintes sur ces codiciios , par
hîsquels le prince créait les niagislrits , comme on le
voil par les Novelles de Juslinien (I). La notice de
rempire doiin(;e au public par le savant Pancyrole
ro|iré>enle encore quels étaient les divers symboles
(pii distinguaient les magistrats les uns des autres.
C'est (loue à l'imiiation de ce qi:i se passait à cet égard
(pie l'on créait , dans | resfiue tontes les églises d'Oc-
cident , les moindres officiers destinés au service de
lÉglise, en leur mrii;Mit en nain, pour manpie du
ininislèro (lu'oii leur conliait , les choses dont ils de-
vaient i)rendre soin, et les avertissant de quelle ma-
nière ils devaient s'acipiitter de leurs emplois.
Je dis dans pres(pio toutes les églises d'Occident,
car on ne peut l'a-biirer de toutes sans exception, et il
y a toute aiiparence (jue jnsipùui milieu du septième
siècle cette manière d'instituer les ministres infé-
rieurs de l'Eglise n'élail point reçue dans la plupart
des (églises d Espagne. C'est ce qu'on peut, ce sem-
ble, raisonnablemenl inférer du si.ièmc canon du
buiiièine concile de Tidéde de l'an 650. «pii porte ce
qui suit : Mous avons appris que quelques sous-diacres,
(1) Novell. 2'.. s; peiiultimo, novell. 2o et 26.
■795
TilSTOmt. i)KS SACllEMENTS.
796
après qiiils sovt parvenus à ce decjrc, non srulcmoil ri- r vcniiont d'êlre ordonrii's. C'est ainsi qu'nprès lei»
vent marUiilemcnt aoec leurs femmes, (jnohjnU soit écril
que ceux qui portent tes vases du Seitjneur se purifient,
mois encore, ce qui est honteux, qu'ils passent à de se-
condes noces, assurant que cela leur est permis, parce \
quils ne savent s'ils ont reçu la bénédiction de l'évêqiie. \
Cesl pourquoi nous ordonnons, afin qu'il ne leur reste
aucun prétexte pour s'excuser à l'avenir, que l'évêque, 1
dans leur ordination, leur donne, avec la bénédiction, i
les instruments ou les vases destiiiés à leur ministère, ;
comme cela se pratiquait anciennement dans certaines
églises, et que la tradition l'a établi : « Ut cinn ii sub- \
t diacones ordinantur, cum vasis ministerii benedictio [
< ris ab episcopo detur, sicut in cjuibusdam ecclesiis ve- i
f tustas tradit, et sacra diqnoscilur consuetudo snbstrarc !
< protata. » Ce concile n'annulle p;>s les ordinations
faites anlérieiiremenl sans la cérémonie de la porrec-
lion di^s inslrnmcnls; mais il veut (pi à l'avenir on
n'en fasse point sans cela, et qu'on se conforme à
l'usage reçu dans les autres églises. Ce (pji prouve
qu'auparavant on ordonnaii les soiis-diaeres dans ce
pays, c'est-à-dire, dans l'Espagne et dans la partie
des Gaules soumise aux Visigollis, assez communé-
ment, par la seule prière, jointe peut-être à l'impoli
lion des mains, comme cela était d'usage en OricMit.
Ji' joins à l'Espagne la partie des Gaides soumise aux
Yisigoths, parce que dans ce concile, (pii élait com-
posé de 52 évêques, sans les procureurs des absinls,
il s'y en trouvait de ce pays. '
Dans la suite les Gre.s et les autres Orientaux se
sont mis eumme nous sur le pied de mettre aussi en-
tic les mains de ceux qu'ils ordimnenl les insiru-
nients propies à cliaciin des ordres qu'ils cnnlèri-nl;
nK'.is avec cette dillétcme, (pie celle cérémonie ne se
fail (liez eux qu'après que rordinalion est achevée :
au lieu que parmi nous, c'est par celte céréinonie-là
même que l'on ordonne les sous-diacres , et tous
ceux qui sont au dessous. C'est ce (pii parait p.ir toiiîe
la suite des rits de leurs ordinations; et ce qui est
jnème expressément nianpié dans quelques-uns de
leurs eucologcs , et dans un entre autres de la bi-
Miollièque du roi, qui nomme toujours yjtpo-:o-j-r,0h-:e4
eux à qui on présente ces instruments de leur mi-
nistère. Siméon de Tiiessaloni(p!e (1) dit aussi (pie
lévètpie en nse ainsi avec eux parce qu'ils sont de-
venus les ministres des choses (pii sont manpiées par
ce qu'on leur met en main, omoioùtu-j '.z^\jy-h/.-ni ehv.t.
11 est donc certain que cela ne se fait chez les Grecs
qu'après l'ordination, et pour mettre d'abord dans
l'exercice de leurs ordres ceux (pii viennent do les
recevoir. C'est ciimme mie espèce de iirise de posses-
sion de l'honneur et de l'emploi (pic l'on vient de leur
conférer. M se trouve même, dit le Père Morin (-2),
di'ux eucologcs très-anciens, dont l'un est delà bi-
bliothèque Barberine, qui, au lieu de la porrection
des instruments, ne font mention que de l'exercice
que l'on faisait faire de leurs emplois à ceux qui
(1) Tract, de sacr. Ord., c. 2.
(2) De Ordinal., exercilal. M, c. 3.
rits d(! l'ordination du sons-diacre il y est dit -.Après
que l'on a répondu Amen, celui qui a été fait »ons-dia-
cre, ô yz-j6/j.E-joi ÙTcôià/svoî, dit trois fois : t Quiconcitte
t est fidèle, » etc., et donne à laver à l'évêque qui l'a
ordonné.
C'est en l'entendant de la sorte que nous avons dit
ci-devant que les Grecs ont de tout tem|is donné, et
donnent encore à présent, les ordres de soiis-dia-
cr(>s et de lecteurs, qui sont les seuls ordres miiuuirs
qu'ils aient chez eux, par la seule imposition des
mains. Au reste, cette cérémonie qui les r.ipproclie
un peu de nos usages ne doit pas être fort ancienne
en Orient, puisque ni les constitutions apostoliques,
ni le faux S. Denis, qui exposent dans un grand
détail tous les rits des ordinations, ne font aucune
mention de celte porrection, non plus que les deux
anciens eucologcs manuscrits dont nous vem ns de
parler. Il faut donc que celle cérémonie se soit in-
troduite insensiblement, et soit venue de celle dont il
est fait mention dans ces eueologes , qui prescrivent
que l'on fera d'abord exercer les fonctions de leurs
ordres à ceux qui les auront reçus, comme pour les
mettre en possession de la dignité dont ils viennent
d'être revêtus. A peu près comme, suivant les lois ci-
viles, on entre en posse sion d'un bien vendu ou
donné, ou même d'une dignité, en recevant ou lou-
chant les instruments, ou en exerçant l'oflice dont on
est investi. Par exemple, la loi porte (1) que celui à
(pii on aura remis les clés des greniers dans lesquels
sont renfermés le fromentonhîs autres choses (|u'il aura
achetées, en acfpierra aussitôt le domaine et en sera
en jiossession : Quo facto, confcslim emptor dominium
et possessionem adipiscitur.
C'est assez paih-r des ordres mineurs; il est temps
de venir aux autres (jue nous avons principalement
en vue dans ce traité, étant les seuls que Jésus-Christ
a, proprement parlant, institués, et dont les rits jiar
les([uels ils sont conférés méiiient ajuste titre le nom
de sacrement de l'Ordre, dont nous avons entrepris
de faire l'histoire. Mais avant d'emrer dans le détail
de ce qui a un rapport plus immédiat à ces ordres,
nous ne pouvons nous dispenser de parler de la ton-
sure cléricale, (pii est aujourd'hui, dans l'église lalinej
rentr(''e de tous les ordres ecclésiastiques, et nous
espérons en traiter de telle manière, ipie le lecieur
ne se repentira pas d'avoir lu ce que nous en dirons
dans le chapitre suivant.
CHAPITRE III.
De la tonsure cléricale. De son antiquité, de ses figures
en divers temps et en divers lieux. Qu'autrefois elle
ne se donnait pas séparément des ordres ; iiuaiid et
à quelle occasion la coutume contraire s'est intro-
duite.
t Dans les premiers siècles, dit M. Fleuri {'2), il
I n'y avait aucune distinction entre les clercs et les
(1) L. 74, ff. do contrabcndà Einplioiie.
(2) Institution au droit canonique, part. 1,
C.&.
•797 ORDRE. — I" PARTIE. CllAP
I laïques, quant aux chovciix, à Ihabil, et à (ont
« l'extérieur : c"cûlélé s'exposer .sans besoin à la per-
€ scculiDn, qui était lonjovis plus cruelle contre les
I clercs que contre les simples (icitics : et tons
< avaient un extérieur si niodesle, (jn'il était digne
I des clercs. Depuis que l'Église fut en liberté ils
f gardèrent l'Iiabit ordinaire des Romains, qui étaient
i vêtus de long, portaient les clieveux fort courts et
< la bari)e rasée. I.es barbares (|ui ruinèrent l'i-nipire
« romain étaient d'une figure toute dilléreute; les ba-
« bits courts et serrés, les cbeveux forts longs, quel-
< ([iies-uns sans barbe, quelques-uns avec de grandes
I barbes. Les Romains en avaient borrcur, et comme
i dans le temps où ces barbares s'établirent, tous les
c clercs étaient Romains, ils conservèrenl soigneuse-
« ment leur babil qui devint l'babil clérical ; en sorte
c que quand les Francs et les autres barbares furent
t devenus cbrétiens, ceux {|ui entraient dans le clergé
« faisaient couper leurs cbeveux et prenaient des lia-
< bits longs. Vers le même temps, |)lusieurs d'entre
( les évè(iues et les autres clercs, prirent l'babit que
I les moines portaient alors, comme plus confoiaie
i à la modestie cbrétiemic ; et de là vient, à ce que j
« l'on croit, la couronne cléricale : car il y avait des
< moines qui se rasaient le devant de la tête pour se
€ rendre niéprisables. Quoi qu'il en soit , la couronne |
I était déjà en usage, et d.'pui^ loDgtiMnps, du temps |
€ de Bède, qui vivait au liuiliènic siècle, i
C'est ainsi (|ue M. Fleuri dit en abrégé une partie
de ce qui regarde celle matière, mais il nous faut ét-
irer dans un plus grand détail. Il a raison de dire que
d'avoir la tête rasée était une cbose ignominieuse et
qui rendait méprisable, c'était même une marque
d'esclavage chez les anciens Grecs et Romains, d'où
vient que Aristopbane (!) reproclie à im bomme de
condition servile de ce qu'il poilait des cheveux,
tizeiTx. ôyjra oîD^o; &j mij.-,,) t/;tç. Piiiiosliate (2) rap-
porte (l'Appollonius de Tyane, que Te : j)oreur Domi-
tien l'ayanlfait mettre en prison, lui lit tondre les che-
veux et la barbe pour le couvrir d'ignominie. S. Cyprien
(5) dit la môme cbose de plusieurs Chrétiens condam-
r.és aux mines. Cela était même passé en proverbe.
En sorte que dans le langage ordinaire, toudre un
homme, signifiait se moquer de lui : ■Kpusîpi'.-j roù^
7r).sx;tt5//?. C'est en ce sens qiie Lucien (i) lait celte
raillerie piquante à Jupiter : I'ojjs qui exh'rmiiicz les
géants et qui domptez les Titans, vous étiez assis tandis
que l'on vous tondait.
Les preniiers Chrétiens , et surtout ceux qui com-
posaient le clergé, n'avaient donc garde d'alTecler
de se tondre les cheveux d'ime manière qui les ren-
dit remarquables, comme dit M. Fleuri , mais et les
i clercs elles laïques faisaient paraître une très-grande
modestie, et pour retrancher toutes les occasions des
\ains ajustements qu'afTeclent les mondains dans leur
(1) In Avibus
(2) Lib. 7.
(5J Kpist. 77.
l'i) In .Myantrop.
. III. TONSURE CLÉRICALE. 7S3
clievelure , ils portaient les cheveux fort courts : et
c'est à quoi les exhortait S. Clément (1), ou plutôt
l'auteur des Constitutions .Apostoliques; elTcitullien
(2) fait de sanglants reproc lies aux homn)es ipii, pour
plaire aux personnes du sexe, |irenaient soin d'ar-
ranger leurs cheveux, d'en changer la couleur et de
s'arracher les poils de la barbe.
Quand le temps des i>ersécutions fut passé, la plu-
part des Clirélieiis n'étant plus attachés à cette an-
cienne sévé. ité, on distinguait les personnes qui fai-
saient profession de piété par le peu de suin (|u'elles
prenaient de leurs cheveux, et comme les ministres
de l'Eglise étaient les plus parfaits d'entre eux, il ne
faut pas douter que pour marquer le mépris qu'ils
faisaient des vanités du siècle, ils ne portassent les
cheveux fort courts; cl que ceux qui s'engageaient
dans le clergé, qui était un état de perfection, ne
commençassent à porter cette marque de la vie ascé-
tique, si juscpi'alors ils avaient vécu de la jiianière
ordinaire aux gens du monde. C'est ce que fait en-
tendre S. Grégoire de Nazianze (5), lorsqu'il repro-
che à certaines personnes qu'elles n'apportaient point
d'autres dispositions pour entrer dans la charge pa-
storale que celle de tondre une clievelure, à l'entretien
et à l'ornement de laquelle elles s'étaient honteusement
appliquées jusqu'alors. Cyrille, auteur de la Vie de
saint Euthyme, rapporte aussi qn'Otreyus, évêque de
Mcliliiie, qui vivait du temps du grand Tliéodose,
ayant b;iptisé ce saint, lui coupa les cheveux et le mit
au nombre des lecteurs.
Cela Hut voir que la Tonsure clérieale est fort an-
cieime.Mais celte Tonsure n'avait rien d'affecté dans
les (juatre et cinq premiers siècles, cl elle était iilulôt
une marque de modestie et de mépris des vanités du
siècle, dans les ministres de l'Église, qu'un signe qui
les distinguât de toutes les autres personnes pieuses,
à peu près comme, aujourd'hui encore, les babils mo-
destes <l:^ns les laïques de l'un et de l'autre sexe, dis-
tinguent ceux qui sont touchés de Dieu et qui n'aiment
point le monde de ceux qui sont livrés aux vanités du
siècle, sans qu'en cela il y paraisse rien d'affecté et
d'extraordinaire. S. Jérôme, qui connaissait également
les usages d"0( ( ident eomnie ceux de l'Orient où il
avait passé la meilleure partie de sa vie, nous rend
témoignage de celle médiocrité, en ce genre, recom-
mandée aux Clercs, qui sans s'adonner au soin d'en-
tretenir leurs choYoux, ne devaient point non plus se /
(aire remarquer en les coiq>ant de trop près. C'est en '
expliquant le chapitre H' d'Ézéchiel qu'il en parle en
ces lermis : .1 l'égard de ce qui suit (dans le texte du
Pnq)lièle) qu'ils iw rasent point leurs tètes, et qu'ils )i'en-
tretiennenl point leurs cheveux, mais qu'ils les tondent ;
on II voit clairement que nous ne devons point nous raseï
la tète comme les prêtres d'Isis et deSérapis, ni laissn
trop croître nos cheveux, comme les hommes mfius, les
barbares, et les soldais, mais que tout l'extérieur des prè-
(1) Lib. 1, c. 3
(2) Lib. <le Ciiltu femin. c. 8.
{:>) Oral. 28.
799 fllSTOlUE DES SACREMENTS.
très doit être honnête, « sed tit honeslus habitussficcrdo
i tunt fncic demoustretur, > etc., suivant re qm isl dit,
qu'il ne faut pas se rendre la tête cliauveen la rasiiul. ni
la tondre de si presque nousresstmhlions à ceux (jui sont
rasés : muis il f nt que les cheveux soient assez grands pour
que la peau ne paraisse pas. Le qualriome citncilc île
Carlhngc exprime eiuleux mois ce que S. Jérôme vioiil
de nous expliquer plus au loiig,l()rsqu'il dii (caii. 44):
Clericus ncc comam nulriat nec barbam.
Le^ nmiiies ne se cnireiil pas obligés de s'eiifenner
dans les bornes de ce sage lempéranienl. rliisieiirs
d'entre eux pour s'ailirer le mépris du monde ou se
rasaient eniièrement la lèle, ou laissaieni croilre exces-
sivement leurs clieve :x et leurs barbes. Quoitiue leur
étal de retraite cl de renoncement parfait au monde
pûl excuser ce qu'on aurait jusiemeni blâmé d;ins les
ecclésiasliipies qui devaient vivre avec les autres hom-
mes, S. Jérôme néanmoins, qui était morne lui-même,
n'approuvait pas ces singidarités. Voici ce qu'il en
écrit ;\ IMluslrc vierge Eustochium (1) , dont il était
le directeur et le maître. Mais de peur que je ne semble
parler seulement des femmes, évitez aussi ces hommes
que vous voyez enchaînés, qui portent de long$ cheveux
comme les femmes, contre le précepte de l'Apôtre, qui
ont des barbes comme les boucs, des man'euux noirs, et
qui vont les pieds nus malgré les rigueurs des sai-
sons.
Les choses restèrent en l'état que nous venons de
représenter depuis S. Jérôme jusque vers la fin du
cin(|uième siècle, ou le commencement du G', autpiel
temps les ministres de ^Égli^e commencèrent non
seulement à porter une Tonsure plus apparente, mai»
encore à se couper les cheveux eu cerck' ou en Ibruit
de couronne. Cet usage est clairement marqiié par
l'ancien auteur de la \'ie de S. Géry , que M. liaillci
dit être assez exuct, et qu'il assure avoir vécu un siè-
cle environ après la mort du Sainl. Cet écrivain rap-
porte que Magnerio, évêque deTrèves, faisant la vis le
de son diocèse, vint à Yvoix (petite ville de ce diocèse,
située maintenant dans le Luxembourg Français, sur
la rivière de Chiers) et qu'ayant appris du curé, et des
autres ecclésiasti(iues du lieu, quelle était la vertu et
le mérite de Géry, (ils de Gaudeuce <i d'Arislidiole,
tous deux de race noble et aiici Mine, il lui donna la
tonsure cléricale de ses propres niains, priant pour lui,
et que, l'ayant orné de la couronne royale et sacerdo-
tale, il le consacra pour toujo rs au service de Dieu.
Gaugericnm suis manibus fusa super eum benedictione
(otondtsse, regiâque et sacerdotali coronà Domino perpé-
tua famulaturum insigntsse. C'est ainsi (jue .s'exprime
celiù qui a écrit sa vie qui se trouve dans Surins. S.
Géry fut faitévèquede Cambrai vers l'an 580, ol par
consé(|uent ce qui vient d'être dit doit s'élre p;issé vers
le milieu du sixième siècle, puisqu'il était fort jeune
quand l'évéque Magnerie fit cette première visite ; et
que le même prélat quelques années après étant re-
venu à Yvoix (que l'on nomme aujourd'hui Carlgnan)
(1) Ep. deCustodià virginilatis. | ,
aoo
••l ayant a|)pr!S les progrès qu'il faisait dans la vertu,
l'ordonna Diaciedc légliso n.èiut! d'Yvoix. où il s'ac-
qnilla Ictiigtfuipsdes devoirsdece ministère avec beau-
coup de jinrelé et de /.èle avant qiKî demonti'i- sur la
ciiaire éj)iscnp;ilc de Cambrai , où il fui appelé par les
\œiix du clergé i;l du peuple (|ui le dciuandèrcnl pour
paslenr à Clnldebcrl II, roi i\c l'rance (|ui régnait eu
Ansirasie. Je prie le lecteur de me pardonner si je nie
suis un peu trop éti-ndu >[iv le fait tlont il s'agit ici,
j'ai cru devctir cela à un sainl illu-tredont j'ai l'hon-
neur d'èlre couipaliiole, el que j"invo(|ne Ions les jours
commi-moii proiecleur et nnui palr(»n.
La manière d(»nt Grégoire de Tours (I) ch'-crit la
naissance de S. iNicel, évèipie de Trèvt's, qui arriva
eu r.mnée o6G, prouve lemèine u?>age. S. Sicel, dit il,
fut désig)ié l^lere dès sa naissance ; car, (juand il cul été
mis au monde, toute sa léle, comme c'est l'ordinaire des
enfants nouveau - nés, parut su)is poil, excepté un cercle
de petits cheveux qui étaient autour en forme de couronne
cléricale. < Incircnilu verbmodicornmpilorum ordoap-
€ paruit, nt putares ab eisdem coronam clerici fuisse si-
« f/«rt/«m.rCet endroit est si évident pour montrer (|ue
dès le milieu du sixième siècle les clercs étaient dis-
tin,:,'ués par une c(uir<ume de cheveux, qu'on ne peut
lien désirer de plus lorl pourconsiater cet usage, ipn
est cncnn^ appuyé par Sidoine .Appollinaire, (|ui, par-
lant de l'évéque Germaniciis, dit de lui, qu'il avait
l'habit élroil et b-s cheveux coupés en cercle. Ycstis
ad.stricla... criais in rotœ spericm arcisus.
La tonsure dont nous venons d<' parler était bien
plus grande que celle (pie les ecclésiasli(pies portent
à présent, et ressemblaii d.ivanlage à celle des moines
qu'à celle que l'on v(»ii u-ilée chez les clercs. Elle oc-
cupait tout le haut de la tète el se terminait par un
cercle de clieveiix. (ii'est en cette forme ipie le qua-
trième concile de Tolède, tenu en l'année G33. veut
(Can. 41) qiuî les clercs soient tonsuré-;. Que tous les
clercs, ^\\l-\\,les leclears, les diacres it les prêtres aient
tout le dessus de la tète tondu, laissant seulement aiides-
sous une coiironne, non comme ont coutume de faire les
lecteurs dans la province de Galice, où iisont de grands
cheveux comme les laïques, n ayant de tondu qu'un petit
endroit en forme de cercle au-dessus de la télc : car cette
maniirede porter la tonsure a été jusqu'à présent celle
des hérétiques. S. Isidore de Séville et le concile d'Aix-
la-Ch.ipelle recommandent la mêiiie forme de tonsure,
aussi bien que quantité d'autres auteufv» (jiii en font
une obligation élroiie. Les uns sctiitenaienl qu'elle a'e-
vait être telle pour représenter la couroime d'épines
que les soldats mirent par dérision sur la lèle du Sau-
veur ; les autres prétendaient qu'elle marquait le
royaume et le sacerdoce, parce que les rois portaien/
à leur tète un cercle d'or pour marque de leur dignité,
et (|ue les prêtres dans rancieime loi avaient la tète
ornée d'une tiare. D'autres enfin enseignaient que
celte couronne était la manpie de l'empire que les
clen s devaient exercer sur leurs passions, et que ce
(I) Vike Palrum c. 17.
m
ORDUK. — I" PARTIK. ClIAÎ . Wi. TuNSlUE CLÉRICALE.
sot
rclr.inchomcnt dos clicveiix ligiirail le rotr.iiicliL-m ni
lies désirs illiciies.
Les lUileiirs occlésia tii|uos di'pnislc Imilit'Miicsit'cle
parli'iil soiivoiilel amiilemcnl do tes sii,'iiilic;HioMS
niysli(|iios de la loiisiiro cléricale, ci ils en dislingiieiit
de trois sdrles, ou de trois formes dillcieiiles qui
étaient alors en usage en difl'érents pays ; dont la pre-
mière est celle que nous venons de décrire, et (pTils
appelaient la tonsure de S Pierre. La seconde était
^( elle des inniin'S Grecs et Orientaux, qui se faisaie il
tontire enlièrenn'nt la lèle sans réserver ce cercle de
diiveiix (jne les clercs i)'tiiaienl dans \r> S'iue tout
rO( cillent : celle-là s'appelait alors la tonsure de S.
Paul, cnnuiie I.- témoigne Rè le ilans le -4* livre de sou
(^liarleniagiie un exenipl lire de la Rible. M. Baluze a
fait dessiner cetie image dans ses imlcs sur tes capi-
tiilaiies de uns ri>is d'après un ancien manuscrit do
lé.lise de S. Etienne de Met/., (|ui a passé en 1673
! dans la bil)liotliè(|ue de M. Ci-lbert. Un missel de
l'écamp , écrit il y a environ iOO ans, un ponlilical
manuscrit de l'église de Senlis, qui appartenait à
Pierre de Trigni, évèque de celte ville, qui mourut eu
15'iG, un missel de l'église de Poitiers, que l'on cnn-
si rve chez les cordeliers de Tours, et [ilusieurs autres
rilnels (jue le P. Marléne a vus représenlent tnus la
lonsiire cléricale à peu près de la même manière,
(^et a nlcur rappiute de plus les règlements de plusieurs
ioiicilcs des ireizième, quatorzième et quinzième siè-
Vitalien avant résolu d'envover le uiitine Théodore
Cl! An!;leleii'e pour y gotivciiier l'église de Canlorhéri, qu'ont fait aussi [dusienrs évèques jusqu'au siècle
T
histoire des Anglais, c. I, où il rapporte (pie le pipe clés (|ui maintiennent cet usage, et infligent diverses
peines aux ecclésia>liques qui s'en écartent. Ce
il fui d'al> rd ordonné sous-diacre, mais qu'il attendit
quatre mois, jus(pi'à ce que ses chi'veux eussent cru,
afin qu'oui pût les lui couper en forme de couronne :
car, ajonte-t-il. il avait la tonsure de S. Paul à la ma-
nière des Orienlauv. lUihurnl euini totisuram more
OrieutiiHid)! s ncii P..nli (ijiosloli. LfS anciens Rrcloiis
qui, après rpie les Saxo s et les Anglais se fiueiit éia-
blis dans la plus gr mdeet la meilleure partie de l'Mir i
pays, s'étaient retirés dans la piovince de Galle d'au
jonrd'hiii, les Écossais, ou Ilibi'rnais rpii étaient les i
Irlandais d'à présent, et les Pietés qui habilaienl l'E-
cosse, avaient une tonsure d'une autre forme, et ne
po^laiel^i pas la couronne entière, mais seidement nn j
demi-cercle de cheveux sur le devant de la tète. Ils
avaient tout le devant de h lèle rasé eu l'orme de do-
ini cercle qui s'ciendait depuis une oreille jusqu'à l'au-
tre, le derrière de la tète étant couvert de cheveux,
eu sorte qu'ils resseudjlaienl en cela à ceux qui sont
naturellement chauves, et cprilomère appelle pour ce
sujet 5-[Trîzv/2o,-. (ilabilloit. Prœfat. in sccul. 5 Jieiie
dictin., ]Hi(j. 9.) Ou eut bien de la peine à les rame-
ner à l'iinirormilé sur ce iioint, et on traita de ce point
de discipline, comme d'une alfaire capitale. Les con-
ciles, les rois et h^s évèqiUN la prirent loi t à cœur, sur-
tout en .\iigleteire. On peut voir ce qiu; Rède (1) rap-
porte touchant celle dispute qui dura fort longtemps.
Les .\nglais attribuaient par dérision la tonsure des
Écossais à Simou-le-Magicien, ap|iclant la leur celle
de S. Pierre, aliii de la reiidie odieuse au peuple par
ceconir.isle. Lesdis;intes sur cette matière passèrent
jus lu'en rraucc, où on agit contre S. Colomban et ses
discijiles ipii élai ;i.l tonsuré^, à la manière des Bre-
ton-;.
Ou \nii pu- d';inciennes images que la couronne,
telle que la |)res(ril le (pialrième concile «le Tolède
(pio i.ou< avons cité ci des-us, et Ciîlle iiiani re de
linsiiii r les ilercs, ipii consiste- à porter lo:il le haut
de la tèlcî rasé, avec un drcie de cheveux un peu au-
dessus des oreilles, s'esl maintenue longtemps dans
nos E.^lix'S. C'est ainsi qu'est représenté Vivien, ablié
de S. .Martin de Tours avec ses chanoines, ofl'rant à ,
(I) Lib. D. Hist. Angl.
passé. Le dernier dont il cite (I) les statuts sur ce sujet
est M. de Solminiac, évèipie de Cahors. Ils sont
de IG58, et porieal : Les ecdésiastUfues porlerout la
tonsure large ?t apparente, chacun selon rordrc où il
sera \promu, portant de petits rabats, le poil court, les
or tilles découvertes.
Autrefois comme encore à présent dans les églises
d'Orient, on ne séparait point la tonsure de la récep-
tion des ordres, ou ne connaissait point d'ecclésias-
ti(|ues à simple lonsiire qui sont si couununs parmi
nous, et snrloul en France, où la tonsure est un litre
suffisant jiour posséder les béné'ices les plus opulents.
La tonsure faisait partie de la cérémonie par laquelle
on coulerait à quehpi'un les pie niers ordies de la
cléricatme. Tous les cucolo^es des Grecs anciens
et modernes rendent encore témoignage à cette dis-
cipline, on peut les voir dans le P. Morin. On tond,
y est-il d l, en forme de croix celui à qui Ton donne
l'ordre de lecteur, et aussitôt l'évèrpie lui impose les
mains. Cet usage, qui nous était autrefois cmumun
avec eux, est atteste par une infinité d'auteurs do
l'une et de l'autre église, et il était autrefois ordinaire
d'initier les enfants à l'ordre de lecteur. Théodore{2),
par exemple, dit de lui-même qu'il a lu publi(piemcnt
les éciidires dans l'église élaiil enc<»re enfant, et
l'auteur de la Vie de S. Just (5), évèque de Lyon, té-
moigne que quand ce Saint se relira dans les S' lilu-
des d'Egypte, il n'était accompagné que d'un jeune
girçoii. pmruin, nommé Viateur, qui faisait dans
l'église la fonction de lecleiir. On lit aussi dans l'his-
toire de la persécntiou des Wandales de Vidor de
Vile (I 5), que quand les clercs de Cartilage furent
exilés au nombre de cinq cents, il se trouvait
parmi eux quantité d'eiilanis qui étaient lecleur> de
celle il iistre C;ilise Les décrétales des papes et les
dc'crets des conciles supposent cette discipline. Qtn-
conqne. <lil le pape Siiice(4). veut se dévouer au service
de l'Eg'isc, doit recevoir le Baptême, et être associé au
(1) Oeaniiq Eccl. Ril,, toui. 2, I. 1, c. 8, art. 7.
(•2) In viià Zi'iionis.
(5) .•\pud Su<-., 2, sept.
(4)Ep. l,c.8. '
803
nombre des lecteurs nvant l'une de puberté, clc. Le
papo Zozimc (1) dil dans le niêine sens : Qui est assez
présomptueux pour vouloir enseigner les mitres aviint
d'avoir appris? quil s'accoutume à vivre dans le camp du
Seigneur, qu'il apprenne à servir d'abord dans le degré
de lecteur, qu'il ne s'imagine pas qu'il soit au-dessous de
lui de devenir par degré exorciste, acobjle, sous-diacre,
diacre, et cela suivant les temps et les interstices mar-
qués par les anciens. Le troisième concile de Carlhage
suppose (can. 19) de nicnie que cpiand on offiait les
ciifaiils pour les melUe dans le clergé, on les (trdon-
nail leclcurs aussilùl en les y admettant. Il nous a
semblé bon, disent les Pères de ce concile, que l'on
oblige les lecteurs, quand ils seront parvenus à l'âge de
puberté, ou à se marier, ou à faire profession de conti-
nence.
On était anciennement si éloigné de tenir pour
clercs ceux qui n'étaient point initiés aux ordres, que
l'on a queliim-rois doulé si ceux (\m n'avaient reçu
que les moindres ordres devaienl èlre censés du
clergé : le tioisièmc concile de Carlhage prononça
en leur faveur dans son canon 21, leur pcrmellanl
d'en porter le nom. Clericornm noinen ctiam leclores,
psalmislœ et osliarii retineant. Et S. Isidore dit abso-
lument (2), quand il counncnce à parler des cleics,
que l'on appelle ainsi ceux qui sont ordonnés pour
quelques degrés du minislèrc ecclésiastique. Ensuite
parlant de tous les degrés de la ciéricalure il garde
un profond silence sur ceux qi-.o nous appelons au-
jourd'hui sinqjlement clercs , quoiqu'il traite des
moines, des vierges, des veuves, et de tons les étals
qui composent l'Eglise. 11 est vrai qu'il fail aussi
mention de la tonsure, mais ce n'est point coumie
d'une cérémonie à part, ni connue d'ime cliosc qui
constitue un état : il la considère seulement comme
étant commune à tous le? ordres, et propre à ceux
qui se sont particulièrement consacrés au culte de
Dieu.
Si vous demandez en quel temps on a commencé
à donner la lonsiue à part dans l'Eglise Latine, et
quand la ciéricalure sépniément des ordres a fail un
état distingué , je vous répondrai avec le V. Morin (5),
(1) Episl. 1,c. 10.
1 (2) Inilio 1. 2 de Offic. eccles.
I (5) De sanctis Ordin., part. 5, exerc IS, c. 5. Le
Père Mabillon. dans sa préface sur le troisième siècle,
des Actes des Saints de son ordre, préiend (|iie celle
prali(pie est plus ancienno, et il m apporti; pour
])reuve entre autics, ce qui est rapporté de l'aul, é\è-
(pie (le Mérida, qui vivait dans le se|itiènie siècle, le-
quel, suivant un diacre; de son église nommé aussi
Paul, ordonna que l'on loiuiil son noveu, fils de sa
sœur, appelé Fidèle, après quoi le faisant passer par
tous les degrés, il le lit diacie. Or, ajoute le P. Ala-
Lillnn, (]uoi(ju"il soit vrai de dire que la tenture se
donnait ordinairement avec les premiers ordres sur
la lin du sixième siècle, il est pourtant certain qu'en
ce tenqts, recevoir la tiuisure et èlre lait clerc était
uni' même chose. D'où vient (pie les moines à cause
de la tonsure qu'ils avaient reçue de la main de leins
abliés étaient censés clercs. Le même auteiu- f il voir
( Prœfat.insecnl.ô, png.9 <t 10 ) que les simples
prêtres jusqu'au dixième siècle doimaient la tonsure
cléricale, et il en rapporte même plus d'un exemple
IIISÏOIUE DES SACREMENTS. S04
que cela a pu co-mmencer dès la fin du septième siè-
cle, à l'occasion de quantité de gens de bien qui of-
fraient leurs enfants tout jeunes à l'Eglise, et priaient
les évêques de prendre soin de leur éducation et de
leur instruction : ce que firent volontiers les évêques
qui considéraient cette jeunesse comme un séminaire
qui leur fournirait des sujets propres à remplir les
places vacantes du clergé. Ils faisaient donc élever
ctis Ciifanls avec grand soin, ils leur donnaient pour
maître un sage vieillard, etc'étail assez communément
l'archidiacre qu'ils chargeaient de cet emploi; ils lîs
logeaienl dans la maison de l'évéché, et les faisaient vi-
vre dans une grande discipline; ou bien ils confiaient
leur éducation à des moines dont ils connaissaient la
charité et les talents : et, comme grand nombre de ces
enfants étaient encore hors d'éiat, à cause de la fai-
blesse de leur âge, de s'acquitter des fonctions atta-
chées aux divers ordres, ils ne laissaien» pas de les
tonsurer pour marque de leur consécration, et de
leur doimer l'habit ciérical, afin que leurs parents, les
voyant en quehpie sorte consacrés à Dieu , ne pen-
sassent plus à les retirer du service de l'Eglise. Nous
pourrions dire bien des choses sur ces écoles de clercs
d'oîi sont sortis tant de grands évêques; mais cela nous
mènerait trop loin, et nous écarterait de notre sujet.
Nous nous contenterons, pour prouver ce (pie nous
avons dit, de rapporter la formule de la cérémonie de
la tonsure, qui se trouve dans un ancien ordre Romain
écrit il y a 800 ans ; elle est conçue en ces termes :
Seigneur Jésus-Christ, qui êtes notre chef et la couronne
de tous les saints, regardez sur l'enfance de votre scr-
vileur N ., etc. n Super infantiam famuli tui, eic. > Le
lilre de cette prière confirme encore ce que nous di-
sons : car il porte: Oratio ad puerum lonsurandum.
Plusieurs autres anciens rituels contiennent la même
chose, et voilà sans doute l'origine de la céiémonic
de la tonsure donnée séparément des ordres.
Longtemps après on se mit sur le pied de laire
pour les adultes ce qui ne s'était fail d'abord que pour
les enfants, surtout quand les évêques, étant devinius,
soit par eux-mêmes, soit par leurs officiers, les juges
de presque toutes les alfaires civiles et criminelles des
clercs, furent bien aises de grossir le nombre de
ceux qui déjjendaient immédiatement d'eux. Grand
nombre de gens prenaient en ce temps la tonsure
pour jouir des privilèges de la cléricatin-e, comme
d'avoir leuis causes commises devant le juge d'Eglise,
de ne pouvoir être poursuivis par le juge laïque,
(ptelqiie crime qu'ils eussent commis (1) ; de ne
jiouvoir être battus sous peine d'excoumuniication ,
d'être exempts de taille, etc. Ces privilèges avaient
tellement accru le nombre des clercs (pie plusieurs
engagés dans les liens du mariage, et qui ne diffé-
raient en rien ni pour les moeurs, ni pour les ser-
vices qu'ils rendaient à l'Eglise, des autres habitants
des lieux, portaient le nom de clercs mariés. On
de lai(|ues qui l'ont donné à d'autres, qui par là de-
venaient clercs.
(1) Fleuii, ïnslit., au droit eccl.,\).ï,c. '^,
m ORDRE. - 1" PARTIE. CIIAP. IV. QU
trouve un accord fait, en V:u\ 13-20, entre la commune
le Meaux et les clercs mariés, par lequel ceux-ci sont
îxemplés de |)ayer ^la laille ; mais non pas leurs
feninies (!). Dans la suilc on a rolrantlié ces privilè-
ges : et ccsl ce qui a fait que ci-s clercs maries ont
disparu presque partout; et surtout en France, où on
ne les coimaît plus que par quelques vieux titres qui
en font mention.
CllAPITllE IV.
Des qiialilés que devaint avoir ceux qiCon élevait aux
ordres sacrés, cl des défauts dont ils devaient être
exempts. On ne faisait pas anciennement d'ordinations
vagues.
Personne ne doit s'ingérer de lui-même au service
public de l'Église, mais chacun doit être appelé de
Dieu. La vocation se connaît par le jugement de l'évé-
quo (2j, et par le lénn)ignage de toute l'Église. Aussi
dans les premiers siècles, les évèqncs n'ordonnaient
que ceux dont le mérite était connu : souvent s-ur les
pressantes instances du peuple , et toujours de son
conscnlemejit. On ne s'informait pas trop de la volonté
de ceux que l'on ordonnait, et quelquefois on leur fai-
sait \io!ence pour vaincre leur liumililé.
Alio de mieux connaître le méiite, on suivait exacte-
ment les règles que donne S. Paul , de ne se point
presser d'imposer les mains, pnurne point participer
au péelié d'aulrui , de ne point élever au sacerdoce un
néopiiyie, c'est-à-dire, un iiou\cau diréiien, de peur
qu'il no s'enflât d'orgueil. Si l'on passait quelquefois
sur celte règle, comme il est arrivé de temps en
temps, c'était par des raisons toutes pariiculières, soit
à cause de l'éminence de la vertu de ceux que l'on
élevait ainsi au sacerdoce, soit parce que Dieu avait
fait connaître à l'Église par des signes surnaturels
que c'était sa volonté que dans ces occasions on les
choisît. C'cùt ainsi que S. Anthroise fut ordonné;
ayant été élu quoiiju'il ne fût encore que catéchumène,
il fut ordonné peu de jours après son Baptême.
Les clercs devaient être choisis entre les plus saints
des laïques ; c'est ponniuoi les canons excluaient du
clergé tous ceux (|ui étaient sujets à qnel(|ue re-
proche. Aussi l'Apôtre veut-il que l'évèque et le
diacre soient irrépréhensibles (5), et en bonne répu-
tation , même chez les infidèles. On rejetait donc
ceux (|ui après le Daptéine étaient tombés dans quel-
que crime , connue l'hérésie , ou l'apostasie , llionii-
cide, Tadultèrp, quoiiiu'ils en eussent fait pénitence ,
et eussent éié réconciliés à l'Église ; parce que la mé-
moire en reste toujours, et que l'on a droit de les
croire plus faibles que ceux dont la vie est entière.
En un mot, suivant l'ancienne discipline, ceux qui
avaient été mis une fois en pénitence publique, ne
pouvaient jamais être ordoimés. Cette discipline est
attestée par tous les Pères et les auteurs ecclésiasti-
ques, par Origènc, par S. Cyprien, par les papes Sirice
(1) Gloss. de Ducango, sur Icmol Clerici conjuqati,
(2 Fleuri, ibid., c. i et 7.
(3) 1 Tim. 3, 7, 10;Tit. i, 6, 7.
ALITÉS REQUISES POUR L'ORDRE. 806
et Itmocenl I, par S. Gri'goire, par S. Isidore de Sé-
ville, cl par les décrets des conciles des huit premiers
siècles. Nous avons traité cette matière assez au long
dans l'histoire de la Pénitence eu parlant de celle que
l'on imposait aux clercs. On peut voir ee que nous
eu avons dit , et ladoueissement (pi'on apportait
(p elqucfois à cette règle, en permettani de promou-
voir aux ordres sacrés ceux qui en recevant la péni-
tence publique n'avaient confessé aucun crime. Nous
avons cité sin- cela le l)V canon du (juairièine concile
de Tolède qui le dit formellement. Mais, connue vous
voyez, cela ne fait rien contre la règle générale qui
exclut des ordres sacrés ceux qui se sont rendus cou-
pables do crimes. Car on devait présumer (j-ue ceux
i|ui nîcevaicnt la pénitence sans s'accuser de crimes
en étaient exempts, et ne s'y étaient soumis que par
un mouvement particulier de dévotion .. et par esprit
d'hinnililé.
On compte encore pour irréguliers, car c'est ainsi
(|ue l'on nomme ceux qui sont exclus des ordres : on
compte, dis-je, pour irréguliers, ceux qui ont tué
quel(|u'un par accident, involontairement, ou pour
une juste défense ; ceux qui ont | orté les armes
même en guerre juste ; ceux (pii ont causé la mort d'un
criminel, soit comme parties, soit comme juges, ou
autres ministres de justice. Encore (|u"ii n'y ail point
de crime à tout cela, ilya (|ucl(|ue chose de contraire
à la douceur de l'Église, qui abiiorrc le sang (1). Les
bigames sont encore irreguliers : et on nomme biga-
mie en cette matière, non pas le crime d'avoir deux
lenimes à la fois, mais les secondes noces, ou le ma-
riage avec une veuve (2), et en un mol avec toute
femme qui notoirement n'est pas vierge. On a regardé
tous ces mariages comme ayant quelque tache d'in-
continence et de faiblesse.
Une aulre espèce d'irrégularité (5) suivant l'an-
cienne discipline est d'avoir été baptisé en maladie ,
ce qui était frétpreutd ans les premiers siècles, où plu-
sieurs différaient leur Baptême pour pécher avec plus
de liberté. On les appelait cliniques, comme qui dirait
chrétiens du lit ; et on les reg.irdail comme faibles
dans la foi , et dans la vertu. Ceux qui sont chargés
de grandes dettes et d'affaires embarrassantes, soit
pour avoir manié les deniers publics , ou autrement,
sont encore irréguliers (i), parce que ceux qui servent
Dieu, doivent, comme dit S. Paul, être dégagés des
alfaiies du monde. L'igiu»rance aus.-i est un obstacle
il l'ordination, mais différemment selon les ordres.
Pour entrer dans le clergé il suffisait de savoir lire et
écrire : un lecteur devait entendre ce qu'il lisait (5),
ini prêtre devait être capable d'instruire. Voilà les
irrégularités (pii vii'nncnt de l'àme et des mœurs.
Il y en a qui viennent du corps et de la naissance :
l'Eglise n'observait pas et n'observe pas encore loulcs
1) Dist. 50, c. 8, ex Martini Bracar., c. 20.
2) Dist. 20.
(■■^>) Dist. oi, c. 3, ex conc Cart. I, c. 8.
(A) Innocent., ep. 2. Greg., 1. 2, epist. 02.
(ri) Hilar. Papa, ep. 2.
807
ccNcs qui sont marquées dansTanc icinic loi ; elle les
lircnail pour des synibi.lcs des dcfauls Si.iriliwls : elle
haiTélailseideuiciilîiuxdcraiilsqni ivi dciil iiic:i|):\I):<'S
des fondions , eoniuie élrc sourd, uiurl on ;iv(iinl<: : et
à ceux (|ui lendciil nn Iminnie ^i dill-inK!, (|n:iii lieu
d"alliier le resiK*eldu ix-uple, il c;insci:iii du sciuididc.
Ponr les euiuiqiies , ils pe .vent enlieidans UvcItMgé
s'ils sont l<'ls sans qu'il y ail de ItMir fai le : mais s'ils
se soûl niulilés , ils sont in éguliers. Le zèle de la
pureté a été auirtfois si grand, (pi'd poilail plu ienis
chrétiens juscpi'à cet excès. Gcnéialcrnrnl on compte
pour irréguliers, tons ceux qid se soûl umli es de
quelque partie du corps cpie ce soit. On rappune aux
défauts corporels la démence, et la possession du dé-
mon (I), qui rendent inégulier pour toute sa vie celui
qui en a été ui;e fois afili|^é.
Quant à la naissance, tous ceux qui ne sont pas
nés eu légitime mariage sont inégnlieis (2) ; parce
que quelque innocents ipi'ils soient, ou ne peut les \oir !
HISTOmî:: uns SACREMENTS. 808 »
' sauce spirituelle et la validité des sacrements ne rc (
ç' il anrin.c a Icii.le de r.ndiguilé du mmistie.M xime
''rès-véïiiahle, mais dont on ne doil pas c< iclnre ,
dit .M. Mciiri (I), (pi'il soit moins à désirer da-
V ir des clerc> les plus veilneuv (pi"il soil possible
Qnoiqnc les prêtres ne perdent rie.i de leur pouvoir
essentiel, [im.r n'être pas vertueux, ils perdent beau-
coup de lenr aniorilé : et, à Pexceplion des formides
de prières et des cérénu)nies extérieures, ils ne peu-
vent s';ic(piitliT de leurs fonctions, sans plusieurs
vertus, surtout sans nue grande cliarilé.
Cependanl il faut avouer que dans les derniers
siècles, on s'esl souvent contenté pour les ordin;itions,
qn'il n'y <;ùt point d'inégnlarités formelles. On a
même inHivé le moyen de faire que les irrégularités
ne fussent pas des obstacles invincibles : lui en a dis-
pensé d'abord après coup, p uir ne pas déclarer nulles
des ordinations douteuses ou viiieuses. Eiisn le on en
a doimé la dispei se ponr parvenir à l'ordination; et
sanssesouvenirducrime, donl ils sont le frnil. Leçon- | enfin elles se sont rendues très-communes. La dis-
ciledeMeaux(can.Gi),de l'an 84'), excepte néanmoins
de celte règle le cas de nécessité, c'est à-dire, le besoin
de ministres dans l'Église , et te mérite dis ingué des
personnes nées de celte sorte ipii les rend dignes d'en-
trer dans le clergé, nonobslanl ce défaut. Les esclaves
sont aussi irréguliers (5) ; mais c'est principalement
pour ne pas les ôler à lenr mail i es. Les religieux ne
peuvent être non plus ordonnés sans le consentement
de leur supérieur.
Tous ceux en qui se rencontrait quelqu'une de ces
irrégularités étaient exclus des ordres, et on prenait
grand soin de clioisir entre ceux qui eu étaient
exempls. Les Apôtres ponr faire les premiers diacres
entre tant de sainis (pii conq)osaient lÉglise de .lérn-
salem , choisirent sept hommes, à qui le peujde ren-
dait bon témoignage, pleinsdu Sainl-Espril et de sa-
gesse, et S. Etienne en particulier était plein de fui,
de grâce et de force, et faisail de grands miracles.
S. Cyprien, 200 (4) ans après, pour récompenser les
confesseurs qui s'étaient le plus signalés dans les
lourmenls, les honorait de la cliargc di; lecteurs.
Depuis qu'il y eut des moines, ou b-s tirait souvent de
leurs solitudes, pour les faire servir dans l'Eglise, à
cause de leurs excellentes vertus : et on a pratiqué
de tout temps d'élever de jeunes enfants dans la piété
afin de les former de bonne heure à la vie cléiicalc.
Tant l'on a été persuadé que l'on ne doit pas faire
clercs les premiers venus, mais les choisir entre les
chrétiens les plus parfaits.
On s'est relàclié depuis cinq ou six cents ans de celte
pratique. Il y a eu des iemj)s mi érables où les évè-
ques ont été obligés de se conlenter d» s sujets les
moins indignes plutôt que de laisser les églises aban-
données : el la multitode des clercs indignes a fait
appuyer fortement sur celle maxime : que la puis-
(1) Dist. 33, c. 94; conc. Amv|. ||| , c. G.
(2) Dist. r.G, L'rban. Il, in conc. Clar., c. 11.
i7i) Can. 82 Apost.
(4) Cypr., epist. 33.
pense la plus préjudiciable à rÉi;lise a éié celle du
crime. Car dans C'S derniers temps ()u a souvent reçu
dans le clergé ceux qui avaient commis des péc'iés
notables et publics, sous prétexte qu'ils en avaient
fait pénitence , et sous le méuu' prétexte on a rétabli
dans leurs fonctions des clercs criminels. Nous voyons
dans Grali II (2) ce qui seudde autoriser ce genre de
dispense-». .Mais les trois pièces sur le-(pielles il se
fonde principalement pour enseigner (|ne l'fui peut
rélabl.r les ( lercs ciiminels, sont une fausse déerélale
du pape Calixte I, mi passage très snsiiect de la lettre
deS. CiégoireàSecimdin (3), et contraire àcin(|autres
lettres du même S Grégoire, el à la discip ine de son
siècle el du suiv.nl : la troisième pièce est une lettre
de S. Isidore de Séville, (|ui n'est guère plus certaine.
(Cependant celle dispense une fois aiimi.^e, a ouvert la
porle pour recevoir dans le clergé, on y lélalilir,
même ceux qui n'ont point l'ail de véritable pénitence.
Il ne suffisait pas autrefois aux évoques de rencontrer
un honnne verlnenx , et pro| re à travailler au salut
des ànu'S pour l'ordonner, il fallait de plus que l'É-
glise en d'il besoin. Carc'élait une règle générale de
ne faire des clercs qu'.à mesure (|u'ils étaient néces-
saires pour L' service de l'Église; soit pour servir
partout 011 révê(pie les appliquerait , soil pour être
ailacbés iiim litre , c'esl à-dire , à un certain lieu.
Ainsi lors(prou ordonnait queliprmi , on le nu^ttait
aussitôt en possession de sa ch.trge, lui en faisant
commencer r« xercice. comme on fait encore pour l.i
fiuiue dans l'oidinalion des ministres inférieurs. On
le metlail sur le calalogiiede l'Église, ri on lui don-
nait, par mois ou par jour, les dislril)ntious régbies
pour son Ordre, de >orte q«i'il recevait en même lenqiS
l'Ordre, l'oflice et le bénélice. Celle règle s'observe
encurcî pour les évèques ; on n'eu ordonne poiia ipio
: ( n Loeo cilato.
(2) Dist. 50, c. 14, 10.
(3) L. 7, ep. 54, cp. 20; 1. 4, ep. 10, 17; 1. C,
f op. .59.
£09 ORDRE. — 1" PARTIE. CII.VP. V.
pour remplir une église vacante. Qiianl aux prêtres
el aux autres clercs, on faisait déjà des urdinalions
vagues en Orient dès le cinquième siècle. C'est piuu-
quoi le concile de Calcédoine ( can. G ) dclèndil d'en
ordonner aucun , que pour quelque église de la ville
ou de la campagne, el déclara nulles les ordinations
Tagues et absolues.
Cette discipline s'est conservée jusqu'à la fin du on-
lième siècle , où nous voyons qu'il est encore recom-
mandé d'ordonner toujours un clerc pour le mèuïc
titre où il a été attaché d'abord (1). Mais dans le
donzièma siècle, o use relùclia de celte régie, en mul-
tipliant extréuiemenl les clercs, parce que les
particuliers cliercliaient à jouir des privilèges de
la cléricature, el lesévéqucsà étendre leur juridic-
tion. Comme un des pins grands désordres qui venaient
de ces ordinations vagues était la pauvreté des clercs
qui les réduisait à faire des métiers sordides, ou à
mendier honteusement, on crut remédier au concile
dtf Lalran sous Alexandre III , en cliargeart l'évéque
de faire subsister celui qu'il ordonnait sans titre, jus-
qu'à ce qu'il l'eût pourvu de quelque place dans
l'Église, et qu'il lui donnât un revenu assuré.
On trouva encore un autre remède ; car sur une
mauvaise explication du canon de Calcédoine, on éta-
blit qu'un clerc pourrait être ordonné sur le titre de
son patrimoine (-2) ; c'est-à-dire, qu'il n'étail point né-
cessaire qu'il eût de reveim ecclésiastique, ni de
place certaine dans aucune église, pourvu qu'il eût
un patrimoine suffisant pour sa subsistance. Ces re-
mèdes ont eu peu d'effet. Plus un clerc est pauvre,
moins il est en état de contraindre son évèque à lui
donner sa subsistance, et le litre patrimonial a été
fixé à une somme très-n»odique. Parles ordonnances
de France, il suffll d'avoir cinquante livres de rente.
A Paris et dans plusieurs autres diocèses, 150 livres.
Le concile de Trente (sess. 21, c. 2 ) a rappelé
l'ancienne discipline, en défendant de promouvoir
aux ordres sacrés aucun clerc séculier, qu'il ne soit
possesseur paisible d'un Lénélice suffisant . pour sa
8ub--.islance honnête, ne permettant les ordinations
sur patrimoine ou pension, que quand l'évéque le ju-
gera à propos pour la nécessité ou commodité de
l'Église. Ainsi il marque le Lénélice, comme la règle,
el le patrimoine comme l'exception. Et ailleurs (sess.
23, res. c. 16) il ordonne, en exécution du concile
de Calcédoine, que personne ne soit ordonné, sinon
pour l'uiiliié et la nécessité de l'Église, età la charge
d'être destiné à un lieu particulier, où il exerce sa fonc-
tion, elqu'il ne puisse quitter sans congé de son évèque.
CHAPITRE V.
De rage requis pour recevoir les ordres sacrés; des intersti-
ces que l'on gardait entre les ordinations. De l'omission
de certains ordres, qui n'empêchait pas que la promotion
à un plus liant rang ne fût canonique. Pourquoi.
Nous avons parlé ci -dessus (5) de l'âge requis pour
(1) In Synod. Claromont. c. 13.
(2) GIdss. in c. 1 , disf. 7, in verbo posscisioms.
(5) Cbap. 2 de cette section.
TO. KX.
AGE REQIIS POUR LES ORDRES. 810
la réci^ption des ordres mineurs. Nous n'ajouterons
riiiià ce (|ni a été dit sur cela, sinon que la loi de
.Jusiinien (1) qui vent que les lecteurs ne soii'nt point
ordonnés avant l'âge de vingt-deux ans, n'eut point
son eiïel , comme vous l'avez pu remarqnei* parce
qui aéié dit dans le chapitre 3 et en dautios occa-
sions. Ce même prince (2) avait lixé à l'âge de vingt-
cinq ans le temps de recevoir le sous-diaconat, ce
qui n'a pas été mieux observé , puisque le concile de
Trulle (can. 15), et depuis, le concile de Rouen (can.
5j de l'année 1074, prescrivent seulement que les
sous-diacres aient atteint l'âge de vingt ans ; en quoi
ils sont conformes au second de T(»léde (can. i), qui
fut assemblé du temps même de Jusiinien , avant le
milieu du sixième siècle. On trouve même des règle-
ments de Synodes (.") qui permettent d'ordonner les
sous-diacres à l'âge de quatorze ans, et lluguoa de
Saint-Victor (4) témoigne (pie cela était assez ordi-
naire de son temps. Ce qui ne doit pas paraître sur-
prenant, le sous-diaconat n'étant point encore alors
reconnu pour ordre sacré.
Il y a eu moins de diversité dans l'Église (5) à l'é-
gard de l'âge requis pour les ordres majeurs, la plu-
p:trldes anciens canons ayant fixé à 25 ans l'âge au-
quel on doit donner l'ordre de di.icre et à 50 , celui de
la prêirisc, àmoinsque de puissantes raisons nobligeas-
sent à passer sur cette règle; et ces raisons étaient
ou la disette de ministres pour desservir les é'Iises
qui était quelquefois causée par les guerres et les
troubles de létal, ouïe mérite extraordinaire des
personnes que l'on voulait placer dans ce rang d'hon-
neur. Cette discipline s'est maintenue bmg-lemps
dans l'Eglise nonobstant les malheurs des temps.
On la voit recommandée par le (luatoiziéme canon
du concile de Conslantinople, dit , in Trulto, dans
le septième siècle , et pratiquée dans le onzième
par S. Bennon, évèque de Misnie, qui fut , suivant
l'auteur de sa Vie, rapportée dans Surius , au 22
d'avril, ordonné diacre à 25 ans, et prêtre à trente.
S. Bernard dans le siècle suivant re.^arde conme une
dispense des règles ordinaires ce qui arriva à S. Ma-
lachie, qui fut ordonné prêtre à l'âge de 25 ans, ce
qu'il attribue laKl au zèle de celui qui lui imposa les
mains qu'au mérite de l'ordinand. C'est ainsi qu'il
en parle dans la vie qu'il a écrite de ce saint, lingues
de Saint- Victor, ami el contemporain de S Bernard,
témoigne aussi (g) que telle était la discipline de ce
siècle. L'église romaine qui ne manquait pas
de sujets propres à remplir les places va-
Il) Novellà 123.
(2) Ibid.
(5) Conc. Melph., ann. 1089, c. 4.
(i) L. 2 de Sacr., part. 5, c. 21.
(5) Conc. Caribag. 111 , c. 4; Tolet. II. c. 1 ; Tolet.
IV. can. 20; Excerp. Egberti, cap. 95; M.irl. Brac,
Capilul. 20; Bonifae papa,apu,l Giat. d. 78: Zachar.
papa , op. 12 ad B >nif. Voyrz la vie de S. Tliéodoro
Sicé'ito, apuil Boil. 2 :ipiii.:"(lc S- EpiplLine de F^ivio
apiid Ennod., etc.
(6) L. 2 de Sacr., p. 5 , r -Jl.
2(5
j^jj IIISTOIRE DES SACREMENTS. 812
cailles d;ii s le clergé , le jKilai» de Lalrau cUuil un i| qu'il reçoive ainsi ta bénédiction du diaconat sil lu mé-
f-éîiitnnirc oii se fonnaiciTl inic infiniic d'exeellcnls | rite. Il demeurera cinq ans dans cet ordre, s'il s'y conduit
su'eis, paraît avoir clé pliîs rigide que les autres sur | saqemcnt : ensuite de quoi, ayant donné des preuves de
ce point, le pape Sirice ( cp. 1 ) voulant que les dia- ^^ sa foi dansions ces degrés, il méritera d'être promu
ci^s ne fussent point ordonnes avant l'âge de trente
ans, les prêtres avant la Ircnlc-cinquièinc année, et
les évêques avant la qiiaranlc-oinquicmo. Le pape
Zo/.ime dans sa prennère épître prescrit presque
la même chose, et S. Césairc d'Arles , au rapport
de CNT>t'icn qui a écrit sa Vie, suivait religieusement
cette règle, n'ayant jamais ordonne de diacre qu'il
n'eût atteint l'àgc de 30 ans.
Les Coiislitulions apostoliques (1) dcfer.dcnt d'or- j|
doiuier un évoque avant la cinquantième année de j
son âge, om ï).kt70-) èr&j -x'.jzry.oizv.f et la raison qu'el-
Icb en donnent, c'est qu'alors les hommes ont en
quelque sorte passé les saillies de la jeunesse, et
sont à l'abri des soupçons et des hruiis fâcheux qui
se répandent souvent contre la réputation des person-
nes en place. S. Boniface avait en yne cette ordon-
nance, sans doute, lorsque S. Yillibrod voulant l'or-
donner évèque, il le refusa, en lui disant qu'il n'a-
vait point encore cinquante ans accomplis, comme
l'exigeait la règle canonique ; c'est ce que nous ap-
prenons de l'auteur de sa Vie. Cette règle néanmoins
n'a pas été communénîent suivie, quoiqri'ellc se trouve
aussi prescrite dans les canons dHyîteniie (2), et
que S. Grégoire-le-Grand, dans ses Dialogues (3) l'in- ij
sinue, en faisant allusion à ce qui est dit dans le li-
vre des Nombres, que les lévites depuis l'âge de cin-
quante ans auront la garde des vases sacrés. La rè-
gle générale était que l'évèque devait être âgé de 30,
35, ou 40 ans, et si S. Eleuthère d'Illyrie , comme
nous l'apprenons de Nicéphore (4), a été ordonné évo-
que à l'âge de vingt ans, et S. Rémi de ; cims à vingt-
deux , c'est leur vertu prématurée qui a fait passer
par-dessus la règle. Au reste, ce qui arrive rarement
ne doit pas passer pour règle dans l'Église, comme
dit excellemment S. Grégoire-le-Théologien (orat. 59),
I A l'égard des interstices que l'on gardait entre les
ordinations, la règle la plus ordinaire et la plus géné-
ralement reçue était celle que prescrit le papeZozime
dans sa lettre ( cap. 3 ) à llésychius, évoque de Sa-
lone, puisqu'on la trouve à la tèle de l'office des or-
dinations dans presque tous les anciens sacramen-
taires manuscrits , suivant la remarque du P.
! Martène (5). Voici les paroles de ce pape : 7/
Jaul observer les temps pour cliaque degré. Si quel-
qu'un s'est dévoué au ministère de l'Eglise dès son en-
fance, quil demeure au rang des lecteurs jusqu'èi l'âge
de vingt ans. Que si, étant en âge mûr, il désire d'entrer
dans ce servite atissitôt après son Baptême, qu'il soit
cinq ans au rang soit des lecteurs, soit des exorcistes,
qu^après cela il soit acolyte ou tous-diacre quatre ans ; et
i\)-h.%c. 1.
(2) Spicil. 9, p. À.
(3) L. % c. 2.
f4) liist. 1. 5, c. 29.
(.'.) L. 1, c. 8, a. 5.p. 277.
I au sacerdoce : d'oii, si par ses bonnes mœurs il s'en
I rend digne , il pouira espérer de pnrl'etiir an sou-
II vcraitipfonHfiC<n,{<i^ci:l-'à-â\rc, h l'épiscopat ).
Tels étaient les degrés })ar oii il fallait passer, cl
Il les interstices qu'on devait garder suivant les règles
ordinaires que nous pourrionsconhrmcr par plusieurs
autorités que nous supprimons. Nous remarquerons
seulement qu'il n'était pas nécessaire, même en sui-
vant l'exactitude des règles, de passer par tous les de-
grés de la cléricature sans exception, et qu'il suffisait
que Ton eût exercé quelque temps les fonctions d'un
ou de deux ordres inférieurs, au nombre desquels je
mets le sous-diaconat, qui dans ces temj>s-là était ré-
puté tel, et que l'on pouvait recevoir indifféremment
comme celui d'acolyte, dont les fonctions étaient pres-
que les mêmes. Quelquefois on exigeait de ceux qu'on
élevait au sacerdoce qu'ils eussent exercé tous les or-
dres mineurs ; mais généralement parlant cela n'était
pas requis, et même le concile de Sardique ordonne
(eau. 10) seuicmentqu'onne fasse point un évèque (ju'il
n'ait exercé auparavant le ministère de lecteur, de
diacre et de prêtre... Non priiis constituatnr ( episco-
pns ), quàm lectoris, et diaconi, et presbytrri, minislc-
rhnn peregerit. C'est en ce sens que les canons ordon-
nent si souvent que ceux qu'on élève à la prêtrise ou
à l'épiscopat, passeront par tous les degrés de la cléri-
cature. C'est pour témoigner leur respect pour ces règles
si saintes et si sages, que ceux mêmes que Ton élevait
presque tout d'un coup aux premières dignités du
clei'gé, comme S. Ambroise et S. Théodore Sicéote,
exerçaient pendant quelques jours tons les emplois
des moindres ordres, avant de recevoir le sacer-
doce, comme fit le saint archevêque de Milan,
dont Paulin, son diacre, rapporte , dans ta vie qu'il
en a écrite ( num. 9 ), qu'après son haptème il remplit
tous les devoirs ecclésiastiques, et que le huitième
jour il fut ordonné évèque avec rapplaudisscmcnt de
tout le monde.
On abrégeait même quelqiTefois le temps des inter-
stices quand la nécessité le demandait. Le pape Gé-
I lase, sizélé d'ailleurs pour la discipline ecclésiastique,
I fut obligé d'user de condescendance en ce genre, y
|; étant contraint par les ravages des guerres qui avaient
privé les églises de ministres; mais il n'accorde celle
dispense qu'à condition que quand les choses seront
rétablies sur un meilleur pied, on reviendra à l'exac-
liiude des canons. Voici comme il s'exprime là-des-
sns(i ) : Si quelqu'un après avoir' pratiqué la vie monasti-
que entre dans le clergé, qu'il !>oit fait aussitôt lecteur,
notaire, ou bien défenseur ; qu'après trois mois il soit
acolyte, surtout s il a Cage compétent. Que le sixième moii
ilreçoivele nomde sous-diacre : si sa conduite est loua
ble et que l'on remarque en lui une volonté sincère descr
vir l'Église, qu'on le fasse diacre le ueuxn vie mois ; ti
(1) Kp.9, cap. 1.
8T3 ORDRE. — 1'* PARTIE. CIIAP. Y.
iju enfin l'année expirée il soit élevé au sacerdoce. Ce
pape ne veut pascjuo Ton se presse si fort puiir ceux
qui sortent du iiiuaile pour entrer dans lo clergé, et il
n'accorde (prà rcgrel celte dispense aux moines à cause
delà misère des teuips, comme nous venons de le dire,
et à condition qu'elle ne sera point tirée à conséquence
pour lavenir, à moins que l'on ne se trouve dans un
c;is pareil h celui où étaientccs églises à qui il adresse
celle Iclire.
Ellcctivcmenlce n'a jamais été qu'avec une extrême
répugnance que l'Église s'est relâchée de la rigueur des
règles sur le sujet des interstices, et encore plus sur
l'omission de certains ordres, de la manière que nous
l'avons expliqué, mais surtout sur dos ordres majeurs.
Elle a soufl'ert impatiemment ces ordinations qu'on
appelle, per saltum, et quand elle s'est déterminée à
en faire, c'a toujours été pour de puissantes misons
que nous aurons lieu d'exposer bientôt, ou Lien clic
a regardé comme un désordre l'abus que quelques évo-
ques commettaient sur ce point. Cela est pourtant ar-
rivé plusieurs lois, ei nous avons des exemples de
prêtres ordonnés sans avoir été auparavant diacres,
el même d'cvêques qui n'avaient point reçu l'ordre
de la prêtrise. Il faut rapporter des exemples de l'un
el de l'autre.
Le premier qui se présente est celui de saint Cy-
prien qui fut prêtre et évêque sans avoir passé par
les ordres inférieurs. Le diacre Ponce le fait assez en-
tendre lorsqu'il parle de cette sorte de la promotion
de ce grand évêque. En sortant de l'erreur du paganis-
me, sa foi était aussi mûre dans ses commencements que
celle des autres après qu'ils ont fait de grands progrès :
la grâce ne souffrit chez lui aucun retardement. Je dis peu,
il reçut aussitôt la prêtrise el le sacerdoce (presbyteriuni
et sacerdotium statini accepil). Car qui aurait pu ne pas
confier tous les degrés d'honneur à un tel homme ? Jl a
fait bien des choses n'étant encore que laïque , il en a
bien fait étant prêtre. Si on pèse attentivement ces pa-
roles, on reconnaîtra aisément que saint Cyprien n'a
pas passé par les degrés ordinaires de la cléricaturc
pour parvenir au sacerdoce. Ponce se contente de re-
lever ce qu'il a fait n'étant encore que laïque , et ce
qu'il a fait depuis son sacerdoce. H n'eût pas manqué
sans doute de louer également ce qu'il eût fait élatit
diacre , s'il eût exercé les fonctions de cet ordre qui
étaient les plus laborieuses en ce lemps-là , et celles
qui exposaient davantage à laperséculion. Son silence
i là-dessus paraît décisif, sans parler de la manière dont
il s'exprime en général. Saint Augustin fut de même
tout d'un coup élevé au rang des prêtres; écoutons ce
qu'en dit l'évêquePossidius auteur de sa Vie (cap. 4) :
Dans ce temps Vatère était évêque de l'église d' Il ippone,
et la nécessité demandant alors que l'on y ordonnât
un prêtre , il en parlait au peuple de Dieu. Aussitôt les
catholiques, sachant le genre de vie que saint Augustin
s'était proposé de suivre , mirent tes mains sur lui tan-
dis qtCil élail tranquille et mêlé parmi le peuple , ne sa-
chant ce qui devait arriver. Or, il avait coutume, n'étant
que Icâque, comme il nous disait souvent , de s'éloigner
IGE liEQUlS POUR LES ORDRES. 8U
n seulement des églises qui manijuaienl d'évêques. Jb le
prirenl donc , et, suivant lu coutume , le présentèrent à
l'évèquc pour l'ordonner, clc. Cependant il pleurait uinè^
renient .-quelques-uns, comme il nous l'a rapporté de;:uis,
le consolant et lui disant que te rang de prêtre rap-
prochait de l'cpiscopat. Si saint Augustin eût été dia-
cre , il n'eût poiiit été mêlé indistinctement avec le
peuple, et il n'auniil pas eu lieu de changer souvent
de demeure pour éviter l'épiscopal : le diaconat élant
un litre qui demandait résidence dans l'endroit auquel
il était altaclié. Saint Paulin fut à peu près ordonne
de la même manière à Barcelone, par la violence du
peuple, qui le présenta à i'évêquedans le temps qu'il
ne pensait à rien moins.
Tliéodoret , dans son Philolé (c. 13) nous fournit
plusieurs exemples de solitaires que de saints évêqucs
ont tout d'un coup ordonnés prêtres. Celui du saint
moine Macédonius mérite surtout attention à cause
des particularités qu'il renferme. Flavien, évoque d'An-
tioche, lui manda de se rendre auprès de sa pcrsoiine,
sous prétexte de se purger de quelques accusations
intentées contre lui ; mais véritablement dans l'in-
tention de l'élever au sacerdoce. Macédonius vint
trouver l'évèque : Le sacrifice mystique étant proposé,
il l'amena à l'autel , et le mit au nombre des prêtres.
L'office étant fini , quelqu'un lui dit ce qui était arrivé ,
car il l'ignorait entièrement, et aussitôt H se mit en co-
lère, dit bien des injures à tous ceux qui étaient présents,
et les poursuivit avec son bâton. Est-il possible que ce
bon solitaire, s'il eût été lecteur ou diacre , ne se fût
pas aperçu qu'on rordoimait prêtre , se voyant oiivi-
ronné des diacres, des prêtres et de tout le clergé qui
assistaient à cette cérémonie '? 11 n'y a point d'appa-
rence qu'il eût été si neuf en ces matières. Copendaiit
il l'était à tel point que huit jours après , qui élait un
dimanche , Flavien l'ayant envoyé chercher sur sa
montagne pour prendre part, en sa qualité de prêtre,
à la célébration du saint sacrifice, il répondit à ceux
qui étaient venus pour cela : JS'êles-vous pas contents
de ce qui a été fait ? Voulez-vous encore me faire prêtre
une seconde fois ? Et ceux-ci lui disant qu'on ne pouvait
faire deux fois ta même ordination, il ne se rendit pus et
ne voulut point venir à la ville, jusiiuà ce qu'avec le temps
ceuxavecquiil vivait plus familièrement l'eussent inslruii
là-dessus. Telle était la simplicité de ce saint honime.
qui menail la vie la plus austère depuis plus de
soixante ans. Simplicité qui ne convient en aucune
manière à un homme qui eût été initié aux saints or-
dres.
On lit aussi dans la Vie de saint Aulregesile (1), évê-
que de Rourges , qu'il fut lait prêtre sans avoir été
ordonnédiarre, carilyesl ditqu'élant alléà Auxerre,
le bienheureux Aunarius, évêque de celte ville, lui cou-
pa les cheveux et l'ordonna sous-diacre, et qu'ensuite
étant allé rendre visite à Aihérius , évêque de Lyon ,
ce saint évêque le reçut avec grande joie, el l'onlo!.-
na prêtre et abbé de saint Nicet, évêque et confesseur.
(1) ApudSur.,20 raaii.
gl3 niSTOIRE DES SACREMENTS. 8f9
Ces exemples suffisent , ce me semble, pour montrer -ii liiudc de gens armés, il reçut la consécration épisco-
qiie l'on a fait autrefois des ordinations de prêtres qui
n'avaient jamais été diacres.
Voyons présentement si on peut dire la même chose
de la prêtrise à réi^ardde Tépiscopal: lePèreMorin(l)
ne croit pas qu'il y ail aucun exemple d'évèque or-
donne avant qu'il eût été préalablement prêtre. Nul-
Itmi exlal exemplum episcopatùs non presbtjlero collait.
Il est étonnant qu'un homme qui avait passé la meil-
leure partie de sa vie à feuilleter les monuments ec-
clésiastiques ait pensé de cette manière. LePèreMar-
lène (2) lait voir clairement que cela s'est fait plu-
sieurs fois, et voici les preuves qu'il en apporte. Pre-
mièrement, le pape Céleslin , dans sa décrétale aux
évêqucs des provinces de Vienne et de Narbonne, se
plaint (5) de ce qu'on avait ordonné chez eux des évê-
ques , contre les décrets des Pères , qui n'avaient été
initiés à aucun des ordres ecclésiastiques. Ordinatos
verb (jnosdani episcopos qui millis ecclesiasticis ordini-
hiis nd tanlœ dignilatts faslhjium fueranl instituti....di-
scimus. Ce pontife, après avoir l'ait sentir Tinconvé-
niont de celte conduite , ajoute ces paroles , qui font
voir que ceux dont il parle n'étaient pas même dans
]o clergé avant leur ordination pour l'épiscopat, mais
i]o put s laïques : Sed jam non sntis est taicos ordinare,
qnos iiulltis ficri ordo pennittit, etc.
C'est sans doute cet abus qui a donné lieu à Pho-
Ihius (i) de reprocher aux Latins que l'on erdonnait
chez eux des diacres évèques sans qu'ils eussent reçu
l'ortlre de la prêtrise. Le moine Halramn, dans sa ré-
ponse aux Grecs (5) , traite ce reproche de mensonge
cl d'imposture ; mais Enée, cvêque de Paris, ne dés-
avoue pas la chose et lâche de l'excuser en disant ,
que tout l'hoimeur des moindres rangs se trouve
renfermé dans ceux qui sont plus élevés ; à quoi il
ajoute que ceux qui ordonnenl évoque un diacre sans
donner auparavant l'ordre de prêtrise {prœlermissà be-
ncdictione presbijterali), sont peul-ctre dans le sentiment
de saint Jérôme qui assure, sur CépUre à Tite, que l'of-
fice du prêtre participe en quelque chose au ministère
épiscopal. Nous n'examinons pas ici la solidité de celle
réponse; il nous suffit qu'elle constate le fait dont il
s'agit , car enlin il n'y a point d'apparence qu'Enée
eut pris ce biais, s'il eût été certain que cela ne se pra-
ti(iii;iit point dans l'église latine.
L'hisioire de l'intrusion du pape Constantin dans le
Saint-Siège, telle qu'elle est rapportée par Anastase-le-
Bililiotliécaire, est encore une preuve que l'on omet-
tait quelquefois Tordre de prêtrise, quand il s'agissait
de consacrer quelqu'un évêque. Constantin, selon lui,
fut d'al)ord fait clerc, c'est-à-dire, lecleur, par Geor-
ge, évêque de Prœneste. Le lendemain malin , qui
était un lundi, il fut ordonné sous diacre et diacre par
le même évêque ; cl enlin le dimanche suivant , s'é-
lant rendu à la basilique de saint Pierre avec une innl-
(l) Desacr. Ord., exercit. 9, c. 9.
h) L. de ant Eccl. Rit-, c 8, a. 3.
J3J Kp. 2, e. 7».
h) Apud Nicolaum papam, ep. 70.
|5) L. i cont. o|tp. Grrcc, c 8.
pale par trois évêques. Dans tout ce récit, par lequel
Anastase rend compte dans un grand détail du temps,
du lieu et des ministres de l'ordination de cet intrus,
désignant les ordres qu'il avait reçus, il ne fait aucune
mention de la prêtrise, ce qui porle à croire qu'il ne
l'avait pas reçue eiïectivement , car il est très-proba-
ble que celui qid s'était fait ordonner diacre et sous-
diacre , n'eûl point négligé de se faire aussi doimer
l'ordre de la prêtrise , s'il l'eût cru nécessaire pour
donner à son intrusion un air de canonieité. Ce qui
fortifie la preuve que nous tirons du récit d'Anastase,
c'est que, dans le concile que tint à Rome le pape
Etienne III, après la déposition de Constantin , il fut
défendu, sous peine d'anaihême, d'élever au pontifi-
cat aucun laïque, ni tout autre de quelque ordre qu'il
fût , à moins qu'ayant passé par les différents degrés
de la cléricature, il n'eût été fait diacre ou prêtre-car-
dinal , diaconus aut presbyler-cardinalis factus [uerit.
Celte alternative semble confirmer ce que nous avons
dit à l'occasion de l'ordination de Constantin, comme
il est aisé de le remarquer, aussi bien que ce qui fut ré-
glé dans la treizième action de ce synode , que ceux
que Constantin avait consacrés évêques retourneraient
au rang qu'ils avaient auparavant dans le clergé , soit
qu'ils fussent prêtres ou diacres, si quideni priiis pre-
sbyteri fuerunt, aut diaconi.
Il est vrai que dans ce concile on déclara nulles les
ordinations faites par Constantin, mais ce ne fut pas
parce qu'elles étaient faites, per saltum, ce fut seule-
ment parce qu'elles avaient été faites par un intrus et
un usurpateur du siège apostolique. Nous ne voyons
pas non plus que les auteurs que nous avons rapportés
aient regardé comme invalides ces sortes d'ordina-
tions, quoique, régidièrement parlant , elles fussent
illégitimes et contraires à la police de l'Église ; sur-
tout quand on conférait à quelqu'un l'épiscopat avant
qu'il eût été ordonné préalablement prêtre. On n'était
pas si sévère à l'égard des ordinations de prêtres qui
n'avaient jamais été diacres. On croyait que certaines
circonstances pouvaient les rendreexcusables.Jenesa-
che pas, par exeuïple, que l'on ail jamais blâmé ceux
qui ont élevé de celle manière saint Cyprien et saint
Augustin au sacerdoce. Ce qui les faisait regarder
comme légitimes, était le zèle et l'empressement du
peuple qui les choisissait et les présenlait à l'évêque
pour être ordonnés. On était persuadé que ce choix
si subit et si désintéressé ne se faisait pas sans une
conduite particulière du Saint-Esprit, surtout quand
il touibaii sur des personnes d'un mérite au-dessus du
comnmn.
Ce qui , au fond , justifie ces sortes d'ordinations ,
c'est que les ordres supérieurs renferment éminem-
ment le pouvoir des inférieurs , comme dit Enée de
Paris, tous les ordres ensemble ne faisant qu'un seul
sacrement, et ne renfermant qu'un même pouvoir au-
quel ou participe plus ou moins, suivant le degré au-
quel on est élevé. L'épiscopat contient la plénitude da
\:\ |.nivN.rii.i' '1(1 Miinisièr»', eiCléfii.-istique , et ccuv qui
S17 ORDRE. — J" PARTIE. CllAP. \1.
sont subordonnés à l'évêque, possèdent chacun une
portion plus ou •moins grande de ce ministère , selon
le rang qu'ils ont dans la liiéraichic.
Une aulre raison (\n\ justilic celle conduite dans
certaines occasi(tns, c'est que colle gradation d'or-
dres , établie dans l'Église pour |>arvonir au sacer-
doce, n'a été insiiluée que pour former des minislrcs
capables de servir nlileincnt le peuple de Dieu, et
pour amener au degn- de perfection qui leur convient
ceux qui sont destinés à enseigner et conduire les an-
tres. Ainsi quand on trouve des bonunes tout formés,
remplis de l'esprit de Dieu, el doués des lalenls pro-
pres à la conduite des âmes, on peut auel(|uefois les
élever aux premiers rangs sans les faire passer par
ks degrés inférieurs. Régulièrement parlant pour qu'un
homme de guerre soil bon général d'armée , il fani
qu'il ail passé par tous, ou par la plupart des degrés de
la milice. (Les Pères mêmes se servent souvent de
celle comparaison dans l'affaire dont il s'agit ici.)
Mais il sj trouve de temps en temps des hommes ex-
traordinaires, qui sans avoir passé par les dcg:és or-
dinaires, sont, pour ainsi dire, des généraux-nés.
Tel était ce Lacédémonien Xanlippus, ([ui se trouvant
par hasard à Carthage dans le temps que celle répu-
blique élait aux abois , el engagée dans la guerre la
plus fi^cheuse et la plus cruelle qu'elle eut jamais sou-
tenue, se mit à la téie de leurs troupes, et défii leurs
ennemis. Tel fut Ambroise Spinola, qui, dans ces
derniers lemps devint loiil-à-coup général des trou-
pes du roi d'Espagjie dans les Pays-Bas, et qui s'ac-
quiila de cet important emploi avec le succès et la
supériorité que l'on sait.
CHAPITRE M.
Du lemps et du lieu auquel ou célébrait les ordiunt'wtis.
Le pape Gélase (ep. 9, c. Il) explique en détail
tout ce qui concerne le temps des ordinations sacrées,
dans la lettre décréiale aux évêqnes de la partie mé-
ridionale de l'Ilalie. Les ordinations des prêtres et des
diacres, dil-il, ne doivent se faire qu'en certains temps
et en certains jours. Qu'ils sachent donc qu'elles ne doi-
vent se faire qu'au» jeûnes du quatrième mois, du sep-
tième et du dixième : au commencement de celui de ca-
rême et à la semaine médiane le samedi au soir. C'est
ainsi que ce pontife marque non seulement le temps
des ordinations, mais encore le jour et l'heure.
Celle règle a été depuis suivie exactement par tous
ceux qui ont eu à cœur la discipline ecclésiastique ,
comme on le voit dans tous les anciens ponlificaiix
manuscrits, par le c ncilc de Rome (can. Il) sous le
pape Zacharie, et par l'hisloirc des évêqnes de Metz
écrite par Paul Diacre, qui, en parlant de Clirode-
gand, dit, qu'il consacra plusieurs évêqnes en divers
lieux , des prêtres et des diacres, suivant la coutume
de l'église romaine , aux samedis des Qualre-temps.
Les pontificaux font rarement mention de la semaine
médiane, dont parle Gélase, mais les auteurs en par-
lent de temps en temps, et entre autres, Suger, abbé
de S. Déni*, qui raconte de lui-même, dans la Vie di'
Ti:.MPS ET LlKl DES ORDINATIONS. 818
Louis-le Gros, qu'il fut ordonné prêtre le samedi de
la médiane.
L'Eglise a choisi exprès le jeûne des Qualre-temps
pour les ordinations, alin que les fidèles prient plus
eriicacemeut pour le succès d'une affaire si impor-
lante. Ouelqnes auteurs prétendeul {|n'avanl le pape
Gélase les ordinations se faisaient dans tous les temps
de l'année; mais il n'y a point d'apparence que ce pape
soit l(î premier qui ail fait celte loi, el la manière dont
il s'exprime ne le donne point à entendre. Ives de
Chartres (I) croyait même que celle coutume venait
des temps apostoliques, aussi bien qu'.Amalaire (2),
qui remarque avec raison que le Livre Pontifical, at-
tribué vulgairement à Damas, marque an mois de dé-
cembre toulos les ordinations faites par les anciens
papes, sans doute parce que dans ce mois il se ren-
conlrait un des Qualre-temps de l'année. Ce i|ue
nous disons regarde surtout l'ordre de la prêtrise et
du diaconat, auipiel on a joint depuis le sous-diaco-
nal quand il a été mis an nombre des ordres sacrés.
Car pour ce qui est de rordin:\lion des évèquos elde
celle des clercs initiés aux ordres mineur-;, elle se
faisait en tout temps, pourvu qu'elle se fil un jour de
dimanche. Mais on était si exact à l'égard de la prê-
trise cl du diaconat , que S. Boniface de Mayonce
ayant été dans la nécessité d'en ordonner dans d'au-
tres temps, se crut obligé d'en demander pardon ati
pape Zacharie (ep. i2) qui le lui accorda volontiers.
Quand le pape Gélase assigne le temps de l'ordiua-
lioji au soir du samedi, il le l'ail iiarcc que la vigile
qui commençait au soir du samedi se terminait au
malin du dimanche, d'où vient que la plupart des an-
ciens disent que les ordinations sacrées se faisaient
le dimanche. On peut remarquer cet usage dans ])lu-
sieurs des lettres de S. Léon, el entre autres dans
celle qu'il écrivit à l'empereur Marcien, dans laquelle
il se plaint d'Analolius de Constantinople, qui ne sa-
chant, ou oubliant la Iradition apostolique, (ce sont ses
termes) avait ordonné prêtre rarchidiacrc Aélins un
vendredi ; ce qu'il devait faire ou le samedi au soir,
ou le dimanche de grand malin. Cel usage continua
long-temps après S. Léon, comme on le voit clans les
actes des saints de Redon (5) , on il est rapporté que
J le moine Condeluc disait : Je suis venu au monde un
jour de dimanche, j'y ai été baptisé, et j'ai reçu le même
I jour le degré du sacerdoce. Lu concile de Rouen do
l'an 1072 maintint (can. 8) celle discipline, un de ses
canons avant pour titre : Que l'on confère les ordres
sacres à jeun , ou après le samedi , ou le matin du di-
manche. [Ut ordines sacri post diem sabbati, tel die.
Dominico manè jejunii à jejunantihus conferantur.) Le
concile de Clermonl coulirma la même chose quelque
temps après, el Rupert, ablié de Ouitz, dit (4)(|ue les
sacrements des ordinations sont attribués au jour du
dimanche, se faisant la veille de ce jour : cl qu'il est
(I) Ep. r)8 nd capllnlum Eccl. Senon.
(-2) L. 2dediv. Oflic, c. I.
(Ti) L. 2, cap. 5.
{',) L ôdediv. 0(T.. c. 8.
8i9
niSTOIRE DES SACREMENTS.
820
permis de les célébrer tant le soir du s:iraedi que le f cela eût été, comme il ledit, Amalaire qui vivait avant
matin du dimanche, pourvu que ceux qui les font et
ceux qui les reçoivent soient à jeun. Tout cela mon-
tre combien on s'est écarté do l'ancienne règle sur
ce point : les ordinations se faisant aujourd'hui le sa-
medi au matin.
Ces samedis auxquels se célébraient les ordina-
tions portent pour titre dans tous les plus anciens sa-
cramenlaires, in XII lectionibus, a\i\ douze leçons.
Les anciens qui ont traité des divins oflices apportent
diverses raisons de ce titre : Amalaire (1), le faux Al-
cuin (2), le Micrologue (o) et Rupert (4) prétendent
que l'on nommait ainsi ces samedis , parce qu'on y
lisait six leçons à l'office de la messe dans les gran-
des villes comme à Rome, à Constantinople et quel- | semblées publiques de l'Église, comme on le voit par
ques autres; et que ces leçons ayant clé lues d'abord i les anciens canons qui condamnent les ordinations
que ce sacramonlaire fût écrit, et que ceux que nous
avons cités qui vivaient de môme temps ou peu aprèsjj
n'eussent pas ignoré un fait de cette nature, eux qui
étaient si curieux d'apprendre toutes les cérémonies
qui se pratiquaient à Rome , et qui florissaicnt dans
un temps où les voyages en cette capitale du monde
chrétien étaient si fréquents.
11 est temps de dire un mot du lieu où se faisaient
les ordinations. 11 ne faut pas douter que du temps
des persécutions elles ne se fissent partout où les cir-
constances fâcheuses dans lesquelles se trouvait l'É-
glise le pouvaient permettre. Mais autant qu'il était
possible, elles se faisaient régulièrement dansMes as-
en grec ou en latin, on les lisait ensuite dans l'une ou |
l'autre langue en faveur de ceux qui n'en entendaient
qu'une des deux ; ce qui aura continué et se sera
étendu dans les villes mêmes où on ne parlait qu'une l
seule langue, et cela en signe de l'union des deux |
églises
Cette explication, quoi qu'en dise le P. Martènc (3), \
paraît fort vraisemblable, et mérite d'autant plus que
l'on s'y arrête, qu'elle est appuyée sur le témoignage i
de plusieurs auteurs anciens , graves et versés dans
ces matières, tels que sont ceux que nous venons
di'.diquer. Ce qui fait rejeter cette explication au
P. Martène, est que dans ces messes des samedis des \
guatre-temps, on lit plus de six leçons, savoir cinq ]
di'S Prophètes , une de l'Apôtre et une septième de
rF.vangile ^ mais qu'il me soit permis de répoudre \
que cette dernière n'est pas proprement ce qu'on ap-
pelle leçon de la Messe, ne se faisant pas même par
les mêmes personnes qui Usaient les six premières :
et ainsi rien n'empêche que l'explication de ces au-
teurs ne subsiste. Le Père Maviène croit que cette
tl.lTiculté est résohic parce qui est porté dans un an-
cien Ordre romain écrit il y a plus do GCO ans , ac-
commodé à l'usage de l'église de Salsbourg. Car il y est
dit qu'aux samedis des Quaire-Temps , le clergé et le
peuple romain se rendaient.dans une église où enlisait
douze leçons, après quoi on en sorl;îit en chantant les
litanies pour aller à l'oglise de Saint-Pierre où était la
station, et où se célébraient les ordinations. Là, après
l'introït et après que l'on avait récite cinq leçons ,
c!;anté les tractes ou graduels, et dit les oraisons, on
commençait la célébration de l'ordination. Si cela j
était ainsi, il y aurait lieu de croire effectivement que
c'était pour cela que l'on nommait ces jours, samedis
à douze leçons ; mais ne peut-on pas soupçonner celui
qui a digéré ce saeramenlaire romain d'avoir dit cela
de lui-même en explication du litre dont il est ici
question? Cela est d'autant plus probal)!e que l'on ne
trouve cette particularité que dans ce livre, et que si
(1) L. 2 de div. Off., cl.
(2) De div. OiT., c. 12.
(5 De-Eccl. Obs., c. 28.
(4 L. 5 do div. Off., c. 8.
(_:;) L. 1. c. 8. a. 1.
clandestines. Théophile d'Alexandrie dit expressé-
ment (1) que l'évêque doit faire cette importante
action en pleine église, et en présence du peuple que
l'évoque interrogera pour savoir si l'on rend bon té-
moignage aux ordinands, h y.iizri -z?, è/.x/r.-iM r.y.w-oi
■zov ).K5u, etc. Il ajoute que l'Église jouissant de la
paix, il est convenable que les ordinations se fassent
en présence des saints. Et il en rend celte raison :
De peur qu'elles ne se fassent par subveplion , «y;
Nous avons parlé avec étendue. d:^ns le second cha-
pitre du lieu de l'église où se faisaient les ordinations
tant des ministres inférieurs que des autres, et de la
différence que l'on menait sur cela entre les divers
ordres. Ainsi, il ne nous reste rien à dire sur celle
matière, sinon que les évêques autrefois étaient con-
sacres dans l'église môme dont ils prenaient le gou-
vernement, comme l'ordonne le troisième concile
sous Bonifncc II, cl le quatrième d'Orléans, can. 5.
Elles se faisaient aussi quelquefois dans les églises
I métropolitaines des provinces respectives. Ce qui s'ob-
servait encore communément dans la jtrovince de
I' Tours il n'y a pas plus de 400 ans. Il faut remarquer
au reste que ce que nous disons ici ne regarde que
i ce qui se faisait suivant la règle ordinaire. Car il y a
plus d'Un exemple d'ordinations laites ailleurs, et sur-
tout de solitaires, qu'il fallait aller chercher dans
leurs déserts et leurs cellules, pour les élever au sa-
cerdoce ou à l'épiscopat.
CHAPITRE Vil.
De la promotion des évêques, ou de la manière dont se
sont faites les élections de tout temps dans r Église.
Après avoir traité de ce qui a rapport à tous les
; I ordres en général , et de ce qu'on regardait comme
un préalable à l'ordination, il est lemps de descendre
dans le particulier, cl d'exposer aux yeux du lecteur
ce qui précédait chacune des ordinations. Ce que nous
ferons en commençant par l'épiscopal qui est la plé-
nitude du sacerdoce cl la source de toute la puis-
sance ecclésiastique. Nous ne pouvons d'une part n'ius
• dispenser de traiter cette malière, qui a Irnp de rap-
port "au sacrement de l'Ordre, pour l'omeflre dans
'■ i'i riominonit. can. G.
m
ORDRE. — 1" PARTIE. CHAP. VII. PROMOTION DES ÉVÈQLES.
Dette histoire, et il ne nous est pas permis de l'autre
de le faire avec étendue, de peur de sortir dc noire
sujet et de l'objet que nous nous sommes jjroposé,
qui est dc traiter des sacrements et des clioses sacra-
mentelles. Pour nietlrc plus d'ordre dans ce que nous
avons à dire toucliant les élections des évèciucs, ou
de la manière dont les choses se sont passées dans
les divers temps à cet égard, nous .diviserons ce que
nous avons à en dire en trois articles.
Dans le premier, nous exposerons la discipline des
six premiers siècles de l'Église, touchant les élections
des évèques. Dans le second nous traiterons cette
matière par rapport au moyen-âge. Dans le troisième
enfin, nous rendrons compte des divers changements
survenus depuis le onzième siècle, et nous lâcherons
de faire voir de quelle manière et par quelles révo-
lutions les choses ont été amenées au point où nous
les voyons à Diésent.
ARTICLE PREMIER.
Des éteclions des évèques dans les cinq ou six premiers j|
siècles de L'Eglise.
La dignité de l'épiscopat, dit M. Fleuri (1), s'est ||
mieux conservée que celle de la prêtrise, parce qu'on
s'est plus attaché à ne point ordonner d'évéque, sinon ||
pour une église vacante. Le nom d'évéque signifie i
inspecteur ou intendant, pourmc-ntrer qu'il est chargé j«
de tout le soin du troupeau ; il est souveiit nommé '
pasteur : souYcnt dans les anciens, préposé : en Grec,
proêslos; en latin, prœposiliis, ou prœsul, ou anlistes :
ou bien on le nomme sacrilicateur, en Grec, hiereus :
en latin, sacerdos ; nom qui dans les derniers temps
a été confondu avec celui de presbyter, et attribué aux
simples prêtres. Les évoques ont encore élé nommés
pontifes : mais quelques modernes aifeclent de ne
donner ce nom qu'au pape. Les anciens évêques par-
lant d'eux-mêmes, se nommaient souvent serviteurs
d'une telle église, ou des fidèles : et le Pape a gardé
cette formule.
Jésus-Christ appela ses disciples, et choisit pour
apôtres ceux qu'il voulut (2). Il leur dit après sa ré-
suri'cction (3) : Comme mon Père m'a envoyé, ainsi je
vous envoie. Et S. Paul dit aux évoques d'Asie (-4),
(juc le Saint-Esprit tes a établis pour gouverner VEglise
de Dieu ; et à Tilc (5) : Quil l'a laissé en Crète pour
cud'tir par les villes des prêtres, qu'il appelle ensuite
cvèijues. Enfin nous voyons dans toute la suite de la
tiadiiion que les évèques ont toujours élé établis par
d'autres évèques. Il est vrai que l'on appelait à celte
action le clergé et le peuple de l'église vacante; afin
de ne leur pas doimer un pasteur qui leur (Vit inconnu
ou désagréable, on les écoutait et on suivait d'ordi-
naire leur désir, choisissant quelque prêtre ou quel-
que diacre attaché depuis long-temps au service de
cette église , d'une vertu éprouvée, d'ime science et
(1) Institut, au droit Ecclés., c. 10.
(-2j .M;iic. 5, v. l.'iel lî.
(■">) Joan. !20, v. 21
( i) Ad. 20, v. 28.
(5) lit. I, V. 5, 7.
§22
d'une charité connue de tout le monde; quelque iU
lustre confesseur pendant les persécutions. Aussitôt
qu'il était élu, les évoques l'ordonuaienl par l'imposi-
tion des mains, avec la prière et le jeûne; ils l'intro-
nisiiient dans la chaire épiscopale, et il commentait
dès-lors à exercer ses fonctions. Depuis Conslaiilin,
le pciq)le chrétien étant fort augmenté, on eut égard
aux sulfrages des dillérenls ordres, des nobles, des
magistrats, des moines ; mais on regardait toujours
principalemeiit le jugement du clergé.
S. Cyprien nous représente en divers endroits de
ses écrits, la manière dont chaque ordre concourait
j à l'élection des évèques et la part qu'ils y prenaient,
j et prétend que cette manière d'y procéder venait de
la tradition des Apôtres. Cest pourquoi, dit-il (de peur
j;i ([u'on ne place dans la chaire épiscopale un homme
|{ qui en est indigne) (1), il faut observer avec exactitude ce
que twus avons appris de la tradition divine et apostoli-
que {diligenter de tradilionc divinà et apostolicù obser-
valione observandum est et lenendum), et ce qui s'observe
I aussi chez nous et dans presque toutes les provinces, sa-
voir que pour célébrer les ordinations d'une manière
convenable, tous les évêques de la province se rendent
au lieu cil il faut ordonner un pasteur, et que ta il soit
élu en présence du peuple qui cannent parfaittmcnt la vie de
chacun, l'ayant vu long-temps et connu sa conduite. Cest
ce que nous voyons s'être pi-aiiqué chez vous dmts L'or»
dinalion de Sabin, notre collègue, à qui on a déféré
l'épiscopat suivant le suffrage de tous les frères et le ju-
gement des évêques, tant dc ceux qui étaient présents
que de ceux qui avaient fait connaître piir leurs lettres
ce qu'ils pensaient de lui ; après quoi on lui a imposé
les maino, et on l'a substitué à Basilide (qui avait élé
déposé pour ses crimes). S. Cyprien avait dit aupara-
vant dans la même lettre, et prouvé pnr l'Écriture,
que cette discipline était fondée sur la parole de Dieu.
Quod et ipsum videmus de divinà auctoritate descendere,
ut sacerdos plebc prœsente sub omnium oculis deiigalur.
Après quoi il ajoute : Dieu commande détablir ls
PRÊTRE EX rr.ÉSE.NCE dc toutc la Synagogue. C'est-à-
dire, qu'il nous instruit et nous apprend que les ordinU'
tions sacerdotales ne doivent se faire qu'au su du peuple,
afin qu'en sa présence, ou l'on découvre les crimes des
méchants, on l'on fasse connaître te mérite des bons, en
sorte que cette ordination est juste et légitime, qui se fdl
par le jugement et le suffrage de tous.
Ce fut conformément à cette règle, que S. Cor-
neille fut élu évêque de Rome, comme le témoigîie
S. Cyprien (2), clericormn plebisque suffragio (par le
suffrage du clergé et du peuple). Et lui-même ne fut
pas élu d'une autre manière, au rapport de Ponco
Diacre, mais par le jugement de Dieu , et la faveur,
c'est-à-dire, les acclamations du peuple, judicio Dei
et plebis favore. Non seulement le clergé et le peuple
de la ville éjiiscopale concouraient par leurs sulfrages
à l'élection, mais encore ceux de la canqwgne et des
villes les plus voisines. C'est ce que l'on remarque
1) Ep. OSedil.
2) Ep. il et i'j
Ristar.
823 HISTOIRE DES SACREMENTS.
dans SoviTO-biilpico, qui parlant de réleclion de S.
Mailiii (I), di( posiliveinent qu'il s'assembla pour cela
une niulliuide incroyable de peuple, non seulement
de Tours, mais des viiles voisines, pour donner son
suffrage en ceUe occasion : el (pu; tous unanimement
déciarcrenl Marlin très-digne de l'épiscopat.
I^a discipline éiait précisément la même en Orient
que dans Téglise latine. Le peuple y prenait égale-
mont part aux élections. On le voit dans ce que disait
Etienne, évèquc d'Eplièse, au concile de Calcédoine
(liclione 2) , pour prouver la canomcilé de son
élection. Quarante évêqucs d'Asie m'ont ordonne avec le
suffrage des clarissimes, des principaux , du vénérable
cierge el de tonte la ville. S. Léon, à la sollicitation
du(iuel lut assemblé le concile de Calcédoine, écrivant
aux évêques de la province de Vienne (2), exige de
même, pour rendre une élection légitime, le concours
du clergé et des dilTérenls ordres. Car après avoir
dit que l'on doit demander en paix et sans lunuilte
ceux (pu doivent être ordonnés, il ajoute que Con ait
[a souscription des clercs, le témoignage des personnes
honorables, le consentement des magistrats et du peuple.
Que celui qui doit être au-dessus de tous soit élu
par tous. Qui prœfuturus est omnibus, ab omnibus eli-
gatur.
Ce qne nous avons dit Jusqu'à présent fait connaître
quels étaient cciix qui concouraient à l'élection des j
évè(iiies, jusqu'au-delà du milieu du cinquième siècle ; ■
et les mêmes choses se sont encore observées depuis, [
comme il serait aisé de le l'aire voir. Mais comme '
!
SU
tir de ce qui est permis, et de ce qui ne Cett pa$; Mut
ne aevons voinl consentir à ce qui ne convient pas {non
his consensum prœberc debemus).
Nous avons un exemple illustre de cette autorité
des évêqu'S en ce genre dans l'élection de S. Basile.
On y voit jusqu'où allait la déférence que les evêqncs
avaient pour le choix et les sufl'rages du peuple, et
comment ils s'y opposaient quand ils s'apercevaient
qu'ils suivaient plutôt leur i)assion ou l'impression
que faisaient sur eux les intrigues de quelques ambi-
tieux, que les règles el l'atlacliement au bien public
et à l'avantage des fidèles. Eusèbe, evêque de Césa-
rée, étant mort, le clergé, selon la coutume, écrivit
aux évêqucs de la province, et ils vinrent pour pro-
céder à l'élection. Grégoire (I ), le père du Théologien,
y étant appelé comme les autres, craignit de n'y point
assister, tant pour son extrême vieillesse que pour
une maladie qui lui était survenue. Il écrivit donc au
clergé et au peuple de Césarée en ces termes (2) : Je
, suis un pelit pasteur d'un petit troupeau : mais la grâce
n'est pas resserrée par la petitesse des lieux. Qu'il soit
donc permis même aux petits de parler librement : il
s'agit de l Église pour laquelle Jésus-Christ est mort :
l'œil est te flambeau du corps, l'évêque est le flambeau
de rKglise. Puisque vous m'avei appelé suivant les ca-
nons, et que je suis retenu par la vieillesse et la mala-
die , si le Saint-Esprit me donne la force d'a,^sister en
personne à l'élection , car il n'y a rien d'incroyable aux
fidiles, ce sera le meilleur et le plus agréable pour moi :
si l'infirmité me retient, je concours autant (jue peut un
qui a éié dit du concours de ces dilTérenls ordres pour
les élections.
Tous ceux dont nous avons parlé y avaient part,
mais en diverses manières. Car quoique S. Cy|irien,
et quel(iucs-uns de ceux que nous avons cités cl que
nous pourrions alléguer, semîdent ])arler indifférem-
ment de ces sulTi âges des évêques , du clergé el du
peuple, il faut se souvenir qu'ils parlent de la chose
en gros, sans entrer dans ces différences qui étaient
assez c!)nnnes par l'usage de ce temps-là, auquel il
cela n'est pas contesté, il vaut mieux développer ce ' absent. Je ne doute pas que dans une si grande ville qui
a toujours eu de si grands prélats, il n'y ait d'autres
personnes dignes de la première place : mais je ne puis
en préférer aucun à notre cher fils te prêtre Basile. C'est
un homme, je k dis devant Dieu, dont la vie et la do-
ctrine est pure, et le seul, ou du moins le plus propre de
tous à s'opposer aux hérétiques... J'écris ceci au clergé,
aux moines, aux dignités, au sénat, et à tout le peuple.
Si mon suffrage est approuvé comme juste et venant de
Dieu, je suis présent spirituellement, ou plutôt j'ai déjà
imposé les mains : si l'on est d'un autre avis, si l'on juge
e4 constant que les évêtpies comprovinciaux avec le '' par cabales et par inlérêts de famille, si le tumulte
métropolitain avaient la niedleure part dans les éle- ' l'emporte sur les règles, faites entre vous ce qu'il vous
lions. C'étaient eux qui étaient proprement les élec- ! plaira, je me retire.
leurs : si on demandait le conseniemenl du clergé, | : Le saint vieillard Grégoire (3) écrivit à S. Eusèbe de
si on avait égard aux désirs du peuple, c'est que, . Samosaie, pour implorer son secours en cette occa-
comme dit le pape S. Célestin (5), il ne fallait point sion, qnoi<iu'il ne fût pas de la province, lui représcn-
leur donner un évêque malgré eux. yullns invitis
detur e]iisco]ms. Au reste, le choix en était toujours
laissé aux évoques, en sorte que si le peuple emporté
tant le péiil où se trouvait l'église de Césarée, par
les entrejrises des hérétiques. S. Eusèbe vint en
edei (i), et sa présence fui irès-efficaee pour con-
par la passion, ou aveuglé par l'ignorance, demandait soler et soutenir les catholiques : car encore que
lumultnairement un sujet indigne ou incapable de ce S. Basile fût manifestement le plus digne de remplir
grand ministère, les évêqucs étuienl en dniit do le le siège de Césarée, les |>reniières personnes du i)ays
rejeter. Car, comme dit le pape S. Célestin (4) aux ; s'y opposaient : ils soutenaient leur faction par les
évêques de fouille et de Calaure. il faut dans ces occa- \ plus méchants d'entre le peuple, et avaient gagné
sions instruire le peuple et non pas le suivre, et i'aver- | une partie des évêques. Ainsi, quand ils furent asscm-
(l)In vità S Marl.,c. 7.
(2) Ep. iO nov. edit.
(ô) Kp. 2, cap. D.
(4) i:p. 3, c. 3.
(I) Oral. 18.
(2)Ep. 22.
(3) Apud Basil., op. 4.
(.4)r.ieg.,cp. i9.
8Ï8 ORDRE. — r* PARTIE. CIIAP.
blés, ils écrivirent à l'évoque de Nazianze, pour Tin-
Viler à venir , mais d'une manière qui lui fil cnlcndre
qu'ils ne le désiraient pas. Il leur marqua par sa ré-
ponse qu'il l'avait bien coin|)ris ; et leur dédura ,
comme il avait lait au clergé cl au peuple de Césarée,
qu'il donnait son sulTragc au prèlre B;isile eoiume au
plus digne ; et protesta conire l'élection que l'on i)0ur-
rait faire par cabale. El si l'on oppose, dil-il, le pré-
texte de sa mauvaise santé, vous ne cliercbez pas un
athlète, mais un docteur (I). H ne se conlciila pas
d'écrire ; mais sachant qu'il marupiait une voix pour
rendre l'élection canonique, nonobstant son grand
âge et sa maladie qui le réduisait à l'extrémité, il
sortit de son lit, et se fit porter à Césarée ; s'esiimant
heureux s'il achevait sa vie pour une bonne œuvre.
S. Basile fut donc élu et ordonné canoni(piement
évoque de Césarée ; el l'Église fait mémoire de cette
ordination le iV de juin.
Ce récit renferme bien des particularités intéres-
santes, et propres à faire connaître la discipline de
ce lemps-là touchant les élections. On y voit, en-
tr'auires, que les évéques y avaient la principale au-
torité, qu'ils y concouraient quoiqu'abseats , que la
pluralité des voix remportait, qu'ils étaient en droit
de former opposition quand on voulait conduire une
affaire de cette importance par intrigues et par caba-
les ; que les évéques même de différentes provinces
s'y trouvaient quelquefois pour procurer la ]m\ el
l'unanimité, etc. En Afrique, c'était une coulume
reçue dés la fin du quatrième siècle pour empêciier
les brigues et procurer les élections canoniques, d'en-
voyer dans les églises vacantes un évéque du voisi-
nage pour disposer le peuple et le ckrgé à faire choix
d'une personne digne d'une place si éniinenlc, et pour
arrêter le cours des brigues et des entreprises des
hommes charnels et ambitieux. Cet évéque gouver-
nait l'église pendant la vacance, et se nommait Inter-
cessor. D.ins la suite il fut appelé évéque visileur. On
voit cet usage dans le cinquième concile de Cartliage,
tenu en 598, lequel ordonne (can. G) à cet évéque de
ne rien omettre de ce qui dépendra de lui pour [iro-
curer l'élection avant que l'aimée de vacance soit ex-
pirée;, et lui défend de retenir ce siège, quelque in-
stance que le peuple lui en fasse. 11 veul aussi qu'il
se relire au bout de l'année si le siège n'est point
rempli, et qu'im autre vienne prendre sa place, ce
qu'il devait faiie, surtout si c'était par sa négligence
que l'on n'eût point pourvu à cette église.
Ce concile suppose cet usage et ne l'éiablil pas ,
comme il est aisé de s'en convaincre, en jetant les
yeux sur le canon où il eu esl fait mention. Ainsi il
doit être ancien et s'est conservé long-temps dans l'É-
glise , comme nous aurons peut-être occasion de le
faire voir dans les articles suivants. Le concile de
Calcédoine ne donne pas un si long délai que sendile
faire le concile de Carlhage, votdant que l'on ne laisse
point une église vacante plus de trois mois. C'est
(l)Gregor., orat. 10 et lU.
VU. PROMOTION DES EVEQUES. 83«
ainsi qu'il s'en explique dans son canon vingl-cin-
quième : Ayant appris que quelques mélropolUaius né'
ql'Kjenl leurs troupeaux et difj'èrenl les ordinations , le
sailli concile a urdoinié qu'elles se fissent dans respace
de trois mois , à moins qu'une nécessité inévitable n'o-
biuje à les nmctlre au-delà de ce terme. Cette ordon-
nance de Calcédoine a été souvent renouvelée dans
les siècles suivants, comme on le voit dans les lettres
de S. Grégoire (1).
Quand par les exhortations de l'évèque visiteur
ou aiilremciit, les esprits se trouvaient disposés à
procéder caimuiquoment et sans tumulte, au choix
d'un sujet digue de remplir le siège vacant, les évo-
ques de la province qui le pouvaient, se rendaient sur
les lieux. On indiquait un jeûne de trois jours pour
implorer les lumières du Saint-Esprit dans une affaire
de celle importance, comme on le voil dans plusieurs;
monuments de ranli((uilé (2), et les évéques étant
j sur les lieux , ou on leur mettait en main le dérret
1 d'élection , on ceux qui avaient droit de doimer lem*
j suffrage en celle occasion , le faisaient en leur pré-
sence ; ce qui éiantfaii, le nsélropoliiain avec sci
suffragnnts exauiinaieiit tant le décret d'élection, que
la personne de Ic'hi , qui n'avail acquis proprement
aucim droit par les suffrages du pfiuple et du clergé,
jusqu'à ce qu'il fût approuvé par les évéques, quoi-
que ceux ci eussent coutume de déférer aux vœux et
à la demande du clergé el du peuple, à moins que de
puissantes raisons ne les empêchassent d'y avoir
j égard. 11 est souvent p;irlé de ces décrels d'électior»
présentés aux métropolitains , dans les auteurs ecclé-
siasti(|ues, et nous en avons encore les formules (3).
Je me contenterai pour en prouver l'usage, de rap-
porter ce que dit Eusèbe, évéque d'Ancyre, au concile
de Calcédoine (aclione 16). Savoir, qu'il avait ordonné
révoque de Ginigre , toute la ville lui ayant apporté tes
décrels d'élection.
Après que les évéques s'étaient assurés soit par la
leclure de ce décret, soit par ce qu'ils avaient vu
eux-mêmes , que ceux (pii avaient droit de proposer
un sujet pour le siège épiscopal , y avaient procédé
avec paix et unanimité, ne cherchant que le bien et
l'avantage de l'Eglise , il ne restait qu'à examiner ce-
lui ([ue l'on demandait, el en laveur duquel les vœux
des gens de bien et de la plus grande ou de la plus
s.iii.e partie du |.eiqiie et du clergé s'étaient réunis.
C'est ce qu'ils faisaient avec grand soin , s'informaut
exaclemeut tant de sa conduite que de sa doctrine.
Le (|ualriènie concile de Carlhage compcsé de 21 i
èvè(iues du- premier mérite, nous a laissé en 598 im
modèle de; C(U examen. Le voici tel qu'il se trouve
dans le premier cliapilie : Un ciamincra auparavant
celui qui doit être ordonné (évéque), s'»7 est prudent,
s'il est modéré , s'il est chaste, s'il est sobre, s'il est at-
î
(1) L. G, cpisl. li, et episl.59.
(2) Aela liassiani Laudensis episc, apud Bolland.,
10 januar. ; A»l. S. Conradi episc; Const. apud Sur.,
20 niiv., etc.
{H) In append. ad lom. 2 Concilier. Gallia;.
827
HISTOIRE DES SACREMENTS.
828
tentifà scx affmres, sll est humble, s'il est affable, s'il
est miséricordieux, s il est iiislruil de la loi de Dieu, s il
est versé dans le sens des Écritures , s'il est exercé dans
les dogmes ecclésiastiques. Voilà sur quoi roulait l'exa-
men quant à la conduile et aux talents que Ton exi-
geait (le lui. On l'examinait ensuite louchant sa foi et
pour éviter toute surprise sur un point si important,
on ne se coniciilait pas de l'interroger sur les points
les plus importanls de la religion, ou de lui faire don-
ner sa confession par écrit sur les principaux dogmes :
on prenait de plus toutes les mesures convenables
pour s'assurer qu'il n'était point infecté des erreurs
qui régnaient dans le temps et le pays où il vivait.
D'où vient que les confessions de foi que nous trou-
vons faites dans ces occasions sont plus ou moins
étendues, et que plusieurs touchent des points dont il
n'est pas question dans d'autres.
On remarque dans celle que prescrit le concile de
Carthage , celle atlention contre les hérésies locales
en plusieurs endroits, et entre autres, en ce qu'il y est
dit : On lui demandera aussi s'il croît que le même Dieu
est auteur du vieux et du nouveau Testament , ou bien de
la loi , et des écrits des Prophètes et des Apôtres. Si le
diable est rnauvais par nature , ou s'il est devenu mau-
vais par sa propre volonté... s'il n'improuve point le ma-
riage... s'il est persuadé que personne ne peut être sauvé
hors de l'Église catholique, etc. Ce fut en conséquence
de cet usage d'exiger de ceux qui devaient être ordon-
nés une confession de foi opposée aux dogmes per-
vers qui avaient cours , que l'empereur Juslinicn qui
avait si fort à cœur la condamnation des erreurs
d'Origène (1), voulut que ceux qui devaient êlre pro-
mus à l'épiscopat ou à la dignité dabbés , analbéma-
tisassent préalablement avec les autres hérésies et
leurs auteurs , Origène avec ses erreurs qu'il traite
d'impies et d'exécrables.
G:et examen étant achevé , et le sujet présenté par
le clergé et le peuple, ayant été trouvé tel que les lois
de l'Église le demandaient , il était ordonné aussitôt
par le métropolitain assisté au moins de deux de ses
snffiagants (2). C'est ainsi que se faisaient les élections
par toute l'Église dans les cinq premiers siècles , et
dans une grande partie de la clirétienlé dans le si-
xième. Mais dès ce temps-là , ce bel ordre et cette
sainte discipline qui avait produit tant de grands évê-
ques, commença à souffrir (juehpie altération dans
l)hisieurs endroits , quoiqu'on y observât toujours en
p;u lie les règles dont nous venons de parler. C'est ce
(;i!e nous allons voir dans l'article suivant.
Mais avant de commencer cet article , il faut dire
en mot d'une cérémonie fort ancienne qui s'observait
assez communément, immédiatement après réieclion
des évêques. Celle cérémonie consistaii à publier so-
Icunellement sur l'ambon l'élection qui venait de se
faire, comme le montre M. Thicrs , dans sa Disserta-
lionsur les Jubés, ou Aiubons des Églises, ch, 15. Celte
(1) Tract, adv. errores Origcn.
070.
[i) Synod. Nicaena, can. 4.
tom. 5, Conc. p.
1 publication était suivie des acclamations du peuple qui
approuvait ce qui s'était fait. On en a vu plusieurs
exemples, et nous en avons un modèle dans les actes
d'Éradius, qui se trouvent parmi les lettres de S. Au-
gustin. Ces actes portent qu'Éradius ayant été dé-
signé évêque, le peuple répéta vingt fois dans ses
acclamations, dignusetjnstus cbt, et cinq fois, bcnè mé-
ritas, benè dignus ; il l'a bien mérité , il en est digne.
Voyez sur ce sujet les notes de M. de Valois sur le
sixième livre d'Eusèbe , ch. 29, et Philostorge liv. 9,
ch. 10.
ARTICLE II.
De ce qui s'est observé dans l'Église touchant les élec-
tions des évêques , depuis le sixième siècle jusque ver$
la fin du onzième.
Les empereurs Romains, depuis même qu'ils furent
devenus chrétiens, ne se mêlaient point des élections
des évêques, à l'exception de celui de la ville dans la-
quelle ils faisaient leur résidence ordinaire , comme à
Conslantinoplc. Pour ce qui est des autres, ils lais-
saient oïdinairement une entière liberté de faire, sur
cela, ce qui était prescrit par les canons, excepté qu'à
l'égard de l'église de Rome, ils voulurent que le dé-
cret d'élection des papes leur fût envoyé, afin d'obte-
nir leur consentement avant qu'ils fassent consacrés :
ce qui passa en coutume, surtout depuis que Justinien
eut chassé les Goths d'Italie. Hors ces deux églises et
quelques autres auxquelles ils pourvoyaient rarement,
on suivit partout, jusqu'au sixième siècle, la forme
des élections, telle que nous l'avons représentée dans
l'article précédent.
L'église de Lyon, la plus illustre des Gaules, avait
un usage louchant la promotion de ses évêques, qui lui
était propre : car nous apprenons de l'auteur de la Vie
de sainte Consm'se, Co«sor;/VT, qui lui élait contempo-
rain , selon le père Mabillon , qui a inséré cette vie
].armi celle des Saints de sou ordre, tom. 1, pag.
,248 etsccf. , nous apprenons , dis-je, de cet auteur,
que l'église de Lyon avait coutume d'attendre une ré-
vélation particulière de Dieu , quand il était question
de remplir le siège vacant. C'est ce qu'il dit à l'occa-
sion de la promotion de S. Eucher second du nom ,
père de celte sainte dont il a écrit la vie. // arriva en
ce temps-là (sur la lin du sixième siècle) que l'évèque
de Lyon vint à mourir. Or c'était la coutume de cette
église, dit l'historien, que quand la mort l'avait privée
de son pasteur , elle attendit une révélation du Sei-
gneur , pour lui choisir un successeur. Il raconte en-
suite, comment un enfant après l'apparilion d'un
ange, indiqua S. Eucher qui s'était retiré dans une ca-
verne sur la Durance, et comment le peuple et le
clergé , en conséquence de cette révélation qui avait
été faite à l'enfant , après un jeûne de trois jours, en-
voya l'archidiacre de l'église avec d'antres persoimes
pour lirer S. Eucher de sa caverne et l'amener à Lyon,
où il fut reconnu unanimement pour évèque. Cela
était particulier à celte église. Revenons à notre sujet.
Quand les barbares venus du nord se furent répan-
dus dans l'empire d'Occident, et y curent forme diver-
ORDRE. — I" PARTIE. CIIAP. VII. PROMOTION DES EYÉQUES.
829
ses monarchies, les princes qui les gouvcrnaicnl, ayant
abandonné le cnltc dos idoles, ou riiércsie Arienne,
dont plusieurs d'entre eux étaient infeclés, coninion-
cèrent à prendre connaissance de réicciion des évè-
ques; etquelque lenijis après, voyant lo grand crédit que
les prélats avaient parmi les pcujjies soumis à leur
domination, ils prirent part àleur élection, et le fuonl
de telle sorte, qu'ils s'en rendirent prescjne les maîtres
absolus; quoiqu'on gardât encore au dehors, à peu-
près les mêmes formalités qu'auparavant dans ces
élections. C'est ce que dit M. Fleuri dans son Institu-
tion au droit canonique, en ces termes (cap. 10):
Dans les roijaunies qui se formèrent des débris de rem-
pire Romain , // falliU aussi avoir le consentement des
princes, qui, voyant la (jrniide autorité des évoques sur
IfS peuples de leurs nouvelles conquêtes, étaient jaloux
de ne laisser élire que ceux qu'ils croyaient leur être fi-
dèles. Ainsi sous la première race de nos rois, et au com-
mencement de la seconde, quoique lu forme des élections
s'observât toujottrs, les rois en étaient souvent les maîtres.
Cela est si vrai, que nous avons encore dans les for-
mules de Marculfe (I), celle des actes par lesquels les
rois procuraient l'épiscopat à ceux qu'ils jugeaient à
propos; ils sont au nombre de trois. Premièrement
Tordre ou précepte, car on le non)mail ainsi, par le-
quel le roi déclare au métropolitain, qu'ayant appris la
mort d'im tel évèquc , il a résolu de l'avis des évêques
et des grands, de lui donner un tel pour successeur. C'est
pourquoi, ajoute t-il, nous vous ordonnons qu'avec
les autres évoques , qui auront reçu nos lellres, vous
ayez à le consacrer selon les règles. Ensuite est une
lettre qui semble être pour un des évéques de la pro-
vince. Endn , on voit la requête des citoyens de la i
ville épiscopale, par laquelle ils demandent au roi de
leur donner pour évèque , un tel dont ils connaissent
le mérite.,
Ce dernier acte, dit M. Fleuri (2), fait voir que Cou
amendait le choix, ou du moins te consentement du peuple;
et les deux autres peuvent exprimer le consentement du
roi, si l'on veut les accorder avec le concile de Paris sous
saint Germain, et avec tant d'autres (3) qui maintiennent
la liberté des élections , ou bien il faudrait dire que ces
formules marquent moins le droit que le fait , et ce qui
se pratiquait effectivement , même contre les règles. Ce !
que nous apprenons de l'iiisloire de nos rois, jointe à
ces fornudes de Marculfe, étant couqiaré avec le hui-
tième chapitre de ce concile de Paris, ne cause pas
moins d'embarras à l'illustre Jérôme Bignon (5), tant
il est difficile de concilier l'un avec l'aulre : car voici
ce qui est dit dans le synode de Paris (5): Que Ton n'or-
donne aucun évèque aux citoyens malgré eux, mais ce-
lui-là Si'ulement , que le clergé elle peuple aura requis
(1) Eih. I,c. !S.
(2) llist. Kccics., I. 8,1.50, |). .5G0.
(.1) Le concile d'Orléans do V;\n 'old, c. 20; celui
de lleiiiis, c. 2.'i ; celui do Chàlons, c. 10.
(-i) Not. in Marc, formulas, t. 2 Hazid., p. 883.
(o) Ce concile s'est tenu l'an Hbl. Le cinquième de
la moine ville, assemltlé on Olo, a renouvelé la même
discipline dans son premier canon.
S30
par une élection unanime , « nisi qucm populi et clcrico"
i rum dectio , plenissimà quœsierit voluntate. > Qu'on
ne le leur donne point par le commandement du prince ,
contre la volonté du métropolitain et des évéques comprO'
vin fi aux.
D'un autre côté, on ne peut disconvenir que les rosi
ne disposassent à leur volonté des évôchcs de leurs
royaumes, pendant la première race et le commence-
ment de la seconde. Il faut donc conclure que le sy-
node de Paris propose la règle que l'on doit suivre,
quoiqu'elle fùL mal observée, aliu que l'on ne l'oubliât
■pas, et que les prélats fussent excités à en demander
l'exécution aux rois quand Dieu leur en ferait naître
l'occasion : ce qui sans doute est arrivé plusieurs fois,
(luoiquc leurs instances pour cela ne soient point ve-
nues à noire connaissance, et qu'elles aient eu peut-
être leur succès en diflerenls cas particuliers.
Au reste , il est constant , comme nous avons déjà
dit , que la plupart des promotions d'évèques se fai-
saient alors principalement par l'autorité royale et
conformément à ce qui est marqué dans les formules
de Marculfe. C'est ce qui paraît par une infiuiié d'en-
droits de l'histoire de S. Grégoire de Tours , dont il
est à propos de rapporter quelques-uns. Cet au-
teur (1) , en parlant d'un certain Jovin qui avait été
gouverneur de province, dit do lui que l'église d'Uzès
étant vacante , il obtint un ordre du roi pour s'en
faire ordonner évèque. îlegium de episcopatu prœceptum
accipit. Dans le liv. 7, c. 51, il fait encore mention de
cet ordre, qu'il appelle prœceptionem. L évèque d'Aix,
dil-il , était mort depuis peu, et Nicelius, qui en était
comte , avait obtenu un ordre , pr.*:ceptio.\em , du ro'i
CliUpéric , pours\'n faire ordonner évèque, après s'être
fait couper les cneveux {ut tonsuratus civitali illi sacer^
dos darctur). Le roi Thierry, (ils aîné de Clovis, selon le
même auteur (2) , fit établir évèque S. Quinlien , et or-
donna qu'il fût revêtu de toute la puissance qui convenait
à cette dignité. Et aussitôt qu'on en eut apporté la nou-
velle, les évêques et le peuple s'étant assemblés, le placè-
rent sur la chaire de l'église de Clermont. Grégoire fait
sentir en bien d'autres endroits quelle était l'aulorilé
que les rois s'attribuaient en ce genre, 1. i, c. 18:
selon lui Tévcque Pienlins étant mort à Paris , Pas-
coîilius lui succéda par ordre du roi Cliaribcrt : Ex
jussu régis Chariberli. Ailloiu'S (3) il se sert d'expres-
sions équivalentes : liège ordinante, rege eligcnte.
Ce qii'il rapporte du roi Go:itran confirme ce que
nous disons. C'est dans le sixième livre de son his-
toire, c 59, (pi'il parle d'une belle réponse que Ht ce
prince à ceux qui voulaient extorquer de lui des évê-
chés par présents. Voici les paroles de noire histo-
rien : Après cela Sulpice fut élu par la faveur du roi
pour remplir le siège ( de Bourges ) ; car, comm? plu-
sieurs offraient des présents , le roi , dit-on, répondit en
ces termes à ceux qui recherchaient l'épiscopat : « Coi'esl
pas notre coutume de vendre à prix d'argent le sacerdoce;
1) L. 6, c. 7.
2) L. 5, c. 2.
5) L. G, c. 15; 1. 8; c. 30.
851
et H ne vous convient pas de Vaclieter , de peur que nous r
n encourrions l'infuinie d'un lucre lionlcux, et qui- vous
ne vousrendiez senUdables à Sinion-le- Magicien. > La loi
des Bavarois (1), un des peuples soumis à l'empire fran-
çais , suppose cette autorité de nos rois , lorsqu'elle or-
donne, que si quelqu'un a tué un évêquc que le roi a éta-
bli {si quis occidil episcnpum quem constiluit rex), ou que
le peuple s\'sl choisi, qu'il paie au roi ou au peuple, ouaux
parents, suivant cet édil. On doit peul-clre entendre la
particule vel , dans cette loi , pour et , comme cela se
lait assez oïdiiiniremcnt dans le moyen âge ; mais,
de quelque manière qu'on le prenne , la lui prouve
toujours que les rois avaient une très-grande part à
la promotion des évèqucs. Les rois de lu seconde race
n'en eurent pas moins , comme le témoignent divers
liistoriens. On lient consulter en particulier Flo-
doart (2), au sujet de Charles Martel, et le moine de
Saint Gall (5), qui fait parler Cliarlemagne en cette
manière, pour marquer son ardeur à rétablir les
bonnes études dans son empire : Tâchez de vous per-
fectionner, et je vous donnerai descvéchés et des monas-
tères magnifiques. 1
Les rois français n'étaient point les seuls qui jouis- 1
saieiit de ce privilège. Ceux des Yisigotlis d'fv.pagne !
s'attribuaient le même droit dans Ie&e[)tième siècle, en \
sorte, dii Van-Esiicn (l), que leur consentement était
nécessaire dans l'élection desévéqnes, et que l'on ne
pouvait en consacrer aucun qu'ils ne reii>sent aupara-
vant désigné. C'est ce ([u'il prouve par le sixième ca-
non du douzième concile de Tolède, qui est rapporlé
par Graiien (5), en pn-nve de cette assertion : Le con-
sentement du prince ist requis dans l'élection des évéques.
Gardas Loiaisa remarque la même cliose sur ce canon,
et après avoir cilé les lettres de S. Isidore de Séville
et le décret du (lualorzièmc concile de Tolède , il en
conclut qu'il est constant qu'il est du devoir des rois
de nommer les évoques; ce qui, dit-il, fc faisait en
celle manière : Le roi exposait la nomination qu'il
avait faite au concile; le concile examinait si celui qui
était nommé était digne de l'épiscopat ; cpie s'il le trou-
vait tel, tant |»our ses mœurs que pour sa doctrine, il
confirmait aussitôt la nomination royale.
L'empereur Louis-le-l)é!)onnaire renonça à ce droit,
assez vraisemblablement dans le parlement d'Atligni,
où l'on fit un capilulaire de vingt-neuf articles , que
l'on rapporte ordinairement à l'an huit cent seize.
Dans le second , l'empereur parle ainsi : N'ignorant
pas les sacrés canons, et voulant que i Eglise jouisse de
sa liberté, nous avons accordé que les évéques soient élus
par le clergé cl le peuple, et pris, datis le diocèse même,
en considération de leur mérite et de leur capacité, gra-
tuilemenl et sans acception de personne. Sur quoi
M. Fleuri, dans son Histoire ecclésiastique (G), remar-
(1) lit. l,c. 10.
(-2) L. 2,c. *2.
5) L. 1, c.ri2.
(4) .Inre eccles., part. I, tit. 13, c. Z cl 4, t. \
(fi) Dist. 07), c. 25.
(6) Tom. 10, p. 241, 1. 40.
HISTOIUE DES SACUEMEiNTS 83«
que que ce [>ieux empereur l'ut le premier qui ]r.\T
celle ordonnance rendit à l't'glise son entière libuté
touchant les élections des évèqups , qui avaient clé
troublées par la puissance séculière , depuis la doini-
naiion des Francs et des autres barbares.
En vertu de cette concession on remit les choses sur
l'ancien pied, excepté que les métropolilains eurent
l'ius de part à la promotion des évécjues depuis ce
temps, qu'ils n'en avaient eu auparavant, et (ju'on ne
faisait rien d'important eu ces sortes d'affaires, sans en
informer le roi. Nous apprenons tout le détail de ce
qui se passait à cet égard par l'ancienne fornmle de
la promotion des évê(|ues , qui nous a élé conservée
dans le second tome des Conciles des Gaules , et dans
le huitième des Conciles généraux du père Labbé.
Sitôt qu'un évèque était mort, le clergé et le peuple
envoyaient des députés au métropolitain pour l'en
avertir (4) ; le métropolitain en donnait avis au roi,
et, suivant son ordre , nommait un des évéques de la
province pour être visiteur. 11 écrivait à cet évèque,
et l'envoyait dans l'église vacante, pour solliciter l'é-
lection et y présider, afin qu'elle ne fût point différée
et que les canons y fussent gardés. Le méiropolitain
envoyait en même temps au clergé et au peuple une
ample instruction de la manière dont l'élection se de-
vait faire pour être canonique. Le visiteur étant ar-
rivé, assemblait le clergé et le peuple, il faisait lire
les passages de S. Paul , et les canons qui marquent
les qualités d'un évèque , et comment il doit être élu ;
il exhortait tous les ordres en particulier à suivre ces
règles : les prêtres, les autres clercs, les vierges , les
veuves et les autres laïques, c'est-à-dire les citoyens.
Les moines avaient grande part à l'éleciion: on n'y
appelait pas seulement les chanoines et les clercs de
la ville, mais aussi les clercs de la campagne. On jeû-
nait trois jours avant l'éleciion , et l'on faisait des
prières publiques et des aumônes.
L'éleciion étant faite , le décret signé des princi-
paux du clergé , des moines et du peuple , était en-
voyé au métropolitain : il convoquait tous les évéques
de la province pour examiner l'élection , à un jour
ceriain et dans un certain lieu , qui était d'ordinaire
l'église vacante. Tous les évéques devaient s'y trou-
ver, ou, s'ils avaient quelijue excuse légitime, ils y en-
voyaient un de leiu's clercs chargé de leur lettre,
pour approuver l'élection. L'élu étant présenté à ci]
concile , le métropolitain l'interrogeait sur sa nais-
sance, sa vie passée , sa promotion aux ordres , ses
emplois, pourvoir s'il n'était point atteint de quelque
irrégidarité; il examinait aussi sa doctrine, lui faisait
faire sa profession de foi et la recevait par écrit; s'il
trouvait Télection canonique et l'élu capable, il pre-
nait jour pour sa consécration; mais si l'élu se trou-
vait irrégulier ou incapable, ou si l'élection avait été
faite par simonie ou par brigue, le concile la cassait,
et élisait nu autre évèque.
La consécration suivait l'approbation de l'élu et la
1) lust. au droit can., p. 94et8eq.
é55 ORDRE. — r- PARTli:. CIIAP.
confirmation de 1 élection. Que si celte confirniaiioii
se faisait hors de l'église vacante, le niclropolilain y
envoyait dos lollrcs pour faire recevoir le nouvel évê-
(|ue. Le roi olail averti de Ions les actes importants
de cel'e prorcdure , principiilonienl de l^'ioclioii et
de la confirmation : car il avait toujours droit d'exclure
ceux qui ne lui étaient pas agréables.
Telles étaient les élections au neuvième siècle et
jusqu'à la fin du onzième dans celle partie de la
France qui est en-deçà du Rhin, et où après Louis-le-
Débonnairc régnèrent Charles-le-Chauve et sos des-
cendants. Mais il ne paraît pas que celle liberté d'é-
lection se soit longtemps conservée dans les antres
parties de l'empire français, après la mort de i'Kmpe-
reiir, qui l'avaitaccordéeaux églises, puisqueLotliaire,
son fils et son successeur, dans la dignité impériale,
disposait d« s évèchés en Italie avec une autorité pres-
que absolue , comme il parait par ce que lui écrit le
pape Léon IV, à lui et son fils Louis, en faveur d'un
certain Colonus. La lettre esl des plus soumises et
conçue en ces termes (1) : ^'ous prions votre douceur
lie vouloir bien accorder le gouvernement de l'érjUse ( de
Rioii ) à Colonns, humble diacre; afin quavec votre
prniisaion, nous puissions, avec l'aide de Dieu, /'// consa-
crer éi'êgue. Que si vous ne voulez point qu'il soit évèque
de celle église, que voire sérénité daigne lui accorder celle
de Tusculum qui est vocanlc [illi icsira serenitas dignctur
concede.re), afin qu'étant consacré par notre mini.-^tère, il
puisse rendre grâces à Dieu et à votre majesté. On trouve
dansGraiien(2) une lettre du pape Éiienne IV, adressée
au comte Guy, qui est conçue à peu près en mêmes
termes. Que si ces princes avaient tant de jtart dans
la |iromoli(m des évèques dépendants immédiatement
du S:iinl Siéj,'e, que ne faisaient-ils pas à l'égard de
ceux des autres églises ?
Le diplôme de Louis-!e-Débonnaire, louchant la li-
berlédes élections, fui d'abord assez bien observé dans
celle partie de l'empire Français, qui était au-delà du
Rhin, par les princes qui descendaient de lui : on le
voit dans ce qui est rapporté par Adam (3), historien
judicieux, de la promotion des évèques de Brème, et
entre antres de celle d'/Io^cr, moine de la nouvelle
Corbie, qui succéda à AJalger, cl qui fut ordonné ca-
noniquemcnt par Uerman , archevêque de Cologne,
en 909, et reçut la férule ou bâton pastoral, du roi
Loids.On lit aussi dans la Vie de S. R;itl)od(i), évèque
d'Uircclil, un des grands ornements de l'église de Ger-
manie, qu'il fut élu en 890, par le clergé el le peiqile,
avec l'approbation du roi Arnoul, père de ce Louis
dont nous venons de parler, qui mourut en 912, le 21
janvier, el en qui fut éteinte la race de Charlcmagne
au-delà du Rliin.
Les princes qui lui succédèrent, ([uoique pleins de
religion, ne laissèrent jias tant de liberté aux églises
pour les élections. On voit par plusieurs exemples
(1) Apnd Grat., dist. 63, can. Hi.
(2) Ibid. can. 1^
(3) llist. c. 4-2.
(A) Acta, sec. .^ Bencd. , p. 25.
VU. PROMOTION DES ÉVÈQUES. 831
qu'ils s'attribuaient une Irès-graude autorité sur ce
point, et qu'ils disposaicni prcsqu'à leur volonté des
évèchés vacants. Je me contenterai d'en rappctrler
deux exemples. Le prenuer sera celui de S. Udal-
ric (1). qui, après la mon dIlislinévc.|ued'Augsbourg,
arrivée en l'an 92i, et à la sollicil.ilion de Rurdiard,
ducd'Allemagne,son neveu cl d'autres de sesparenls,
fut présenté au roi Ilenri-rOiseieur, pourèire pom-vu
de cet évèché, que le roi lui accorda en considération
de sa doctrine. Le second exemple esl encore plus
propre à faire sentir avec qurlle autoriié les rois de
Germanie disposaient des évèchés. Renouard, évé(|ue
de Brème, étant mort en l'an 910, le peuple el le
clergé avail élu pour évèque Leidrade, prévôl de cette
église (2) , (jui allant à la cour faire confirmer son
élection, mena avec lui Unni, comme son chapelain.
Mais le roi Conrad, le premier qui ail régné en Alle-
magne, a|)rès l'extinction de la race de Charlcmagne,
niéprisanl la bonne mine de Leidrade, donna le bâton
pasluial au petit L'iniiqui était derrière; il recul en-
suite lepalliinn du pape Jean X.elsa vertu le filaimer
el resiiecler du roi Conrad el de Henri son successeur.
Les rois de Germanie continuèrent à investir des évè-
chés ceux (ju'ils y avaient nommés, ou que le peuple et
le clergé avaient élus, en leur mettant en main le bàloa
pasloral et l'ajuiciui au doigt. Ce qui lui d^jas la suite
le prétexte de grands troidjles qui s'excitèrenl dans la
chrélienté ei;surloul en Allemagne, el dont nous serons
obligés de parler en peu de mots dans l'article suivant.
ARTICLE m.
De ce qui s'est passé dans l'Église au sujet des élections
ou promotions des évèques , depuis la fin du onzième
siècle jusqu'à ces derniers temps. Du serment que les
évèques prêtaient avant leur sacre.
La plupart des empereurs ou des rois d'Allemagne
avaient usé du droit des investitures avec beaucoup de
religion. Ils avaient été soigneux de pourvoir lÉglise
de bons ministres, et jamais l'église Germanique n'a
été plus florissante et n'a eu tant de saints évèques
qtie sousConrad, premier de ce nom, llenrisurnommé
l'Oiseleur , les trois empereurs Otiion , S. Henri qui
succécb à Olhon 111, Conrad H, et Henri, surnommé
le ÎN'oir, son lils. Mais Henri lY, fils de ce dernier,
abusa étrangement de l'aulorilé qu'avaient les princes
de conférer les évèchés et d'en investir ceux qu'il leur
plaisait, par l'anneau et la crosse; il fit un honteux
conmierce des bénélices de son royaume, les donnant
à des personnes indignes, en récompense de leurs flat-
teries ou de leurs services , ou ménie en les vendant à
deniers compianis.
Plusieurs bons papes avaient gémi de ces abus si
préjudiciables au bien des âmes, mais aucun n'avait
tenté ouvertement de l'abolir; il fallait un homme aussi
intrépide el d'un courage aussi élevé que Grégoire VH,
pour cntiM'prendre d'abolir non-seulement l'usagq
d'investir les évèques, parla crosse et laimeau, mais
(1) Sec. o Rened., p. il.'î.
rli \dam, Hisi. «•■ 47.
835
HISTOIRE DES SACREMENTS.
encore pour oinpôclicr que les princes séculiers ne se 'i chose faile, il recul une Icllrc du Pape qui l'endissua
mclasscat à l'avenir de lY'leclion des évoques. Tout dait. 11 élait trop tard, mais Anselme en conçut un s
mcl
le monde sait combien il cul de conlradiclions à es-
suyer et de coiulials àsouleiiir, pour ùlcr aux princes
un droit qu'ils prétendaient leur èlrc acquis par une
longue et piisible possession, et qui élait effectivement
un des beaux apanages de leur couronne, surtout en
Allemagne où les évêques étaient très-puissants et des
plus grands seigneurs de l'élat.
L'histoire Ecclésiasliquc nous apprend les suites fâ-
cheuses qu'eut cette funeste division entre le sacer-
doce et Tempire , les troubles qu'elle excita et les
malheurs infinis qu'elle enlraaia. Il riC nous convient
pas d'entrer dans un détail circonstancié des guerres,
des révoltes, des divisions, des réunions cl des ca-
laslrophcs qui arrivèrent à celle occasion depuis
Henri IV, roi d'Allemagne, justiu'à la mort de Frédé-
ric II. Il entra bien des passions dans la querelle, et
on se battit longtemps sans savoir au juste le sujet de
cette querelle. Tout élait mêlé d'équivoques, cl ces
combats funestes ressemblaient à ceux qu'on livre pen-
dant l'obscurité de la nuit.
Il se trouva néanmoins des saints qui, dans ces
Lrouilleries entre les papes et les empereurs, surent
se maintenir, entre autres, S. Olhon, évoque de Bam-
berg. Il avait élé avant son épiscopat le gardien des
anneaux et des crosses des églises vacantes, qu'on ap-
portait à l'empereur à la mort d'un évèquc (1). S. Olhon
voulut bien recevoir du prince Tinvesliiure, parce qu'il
la lui conféra graluilemcnl : il alla ensuite se faire sa-
crer à Rome , et ce qui parut incompréhensible à
toute rAllcmagnc, c'est que dans la plus grande cha-
leur du schisme qui divisait l'empire d'avec l'Église, il
sut faire agréer à l'empereur son union avec le Pape,
et au Pape, sonailachcment pour un prince qu'on re-
gardait à Rome coujuie l'ennemi du Saint-Siège ; jus-
qu'à rapporter de la gratification dePaschal II, le pa/-
/(«),'! pour lui -même, quoiqu'il ne fût pas métropolilaiu.
Il faut avouer que les saints de ce siècle étaient di-
versement éclairés sur la matière des investitures,
connne nous l'apprenons de M. Baillet, dans les vies
de S. Adalbert de Prague, de S. 'SVolgang de Ratis-
bonnc, de S. Annon de Cologne cl de quelques autres
saint prélats d'Allemagne, qui ne firent aucune diffi-
culté de recevoir l'inveslilure des enq)ereurs, par la j
crosse et l'anneau. Les scrupules firent varier S. An-
selme de Luque. Croyant que c'était une chose indigne
de l'Église , de recevoir l'anneau et le bâton pastoral
de la main d'un hu.;ue , il se contenta d'aller saluer
l'empereur Henri IV, et revint sans investiture contre
l'intention et le gré du pape Alexandre H, son oncle.
11 fut sacré par Grégoire VII, successeur d'Alexandre.
Voyant que ce nouveau Pape, qui se déclara depuis
si grand ennemi des investilures, ne laissait pas de
niéuager l'empereur, pour obtenir de lui la confirma-
tion de son élection, il se détermina enfin à aller re-
cevoir l'anneau et la crosse pour son investiture. La :
(1) Journal des Savants de l'an 1701, 15 août.
grand rcpculir, qu'il quitta son évèclié pour se faire
religieux. Le Pape l'obligea de reprendre ensuite l'é-
vèché. Anselme lui remit l'anneau et le bâton qu'il
avait reçus de l'empereur , pour lui marquer qu'il ne
voulait cire attaché qu'à lui.
Les saints, ajoutent les auteurs du Journal des Sa-
vants, dont nous transcrivons ici les paroles, se trou-
vèrent aussi partagés en France sur les investitures.
S. Hugues, abbé de Cluni, fut souvent médiateur en-
tre l'Église et l'empire, ou du moins entre Grégoire VII,
son disciple, et Henri IV, son filleul , pour accommo-
der un si fâcheux différend. Peu de temps auparavant,
S. Gautier ayant élé fait premier abbé de S. Martin
de Pontoise, fut béni d'abord par les évêques, puis il
reçut dans la même cérémonie la crosse et le bâton
pastoral de la main du roi Philippe I , qui s'élait fait
l'avoué de la nouvelle abbaye. Le roi tenait le bâton
par le nœud qui élait près de la crosse. S. Gautier,
mettant la main au-dessus de celle du roi pour le
prendre, lui dit, que ce n'était pas de lui, mais de
Dieu qu'il recevait la charge d'abbé. Chacun prit en
bonne part cette liberté, que l'on voulut bien regarder
par le côlé favorable, quoique de l'autre elle pût être
relevée à cause de son équivoque, mais le saint n'avait
affaire qu'à un prince de huit ou neuf ans. En Angle-
terre, S. Anselme de C;inlorberi cul aussi diverses
affaires avec le roi Henri I" (1) pour les iuvesiilures.
Il refusa de sacrer tous les évêques qui les avaient
reçues de ce prince. Sa fermeté obligea enfin le roi de
renoncer aux investitures des évêchés et des abbayes
de son royaume.
Ce qui vient d'être dit suffit pour donner une idée
de ce fameux différend, touchant les investitures, (jui
aboutit enfin à ôler aux princes le droit qu'ils prélen-
daientavoir à la nominaliondesévêques. Le clergé elle
peuple continua encore durant une partie du douzième
siècle, à prendre quelque part à rélection des évêques ;
mais dans ce même siècle, le peuple n'osant se mêler
de ces élections quand elles déplaisaient aux seigneurs
dont il dépendait, il arriva bieinôt que tout le droit
d'élire les évêques se trouva dévolu aux chapitres des
églises cathédrales qui représentaient le clergé. On
voit par les lettres de Grégoire VII (-2) et par la trei-
zième et dix-septième de S. Bernard , la part que le
peuple prenait encore dans ces élections, sur la fin du
onzième siècle et au commencement du douzième.
Mais au commencement du treizième siècle, la préro-
gative des chapitres des églises cathédrales élait tel-
lement reconnue en ce point à l'exclusion de tous
autres, que les chanoines ou les moines qui les com-
posaient ne voulaient pas même souffrir que les évê-
ques de la province partageassent ce droit avec eux,
quand il s'agissait de l'éleclion d'un métropolitain.
(1) Il faut qu'il y ait une faute d'imprimerie dans le
journal qui porte Heiui 11 ; car S. Anselme élait mort
quand Henri H commença à rogner.
(2)L. 1, ep. 35, etl. 5, ep. 8. ,
857 ORDRE. — r PARTIE. CHAP.
On lil dans riiisloirc de M. Fleuri, les conlcstalions
qu'eurent sur ce sujet les moines qui desservaient
l'église cathédrale de Cantorbéri, avec les évcqucs
siiH'ragiinls de ce grand siège. Los papes favorisaient
la prétention des cliapilres des églises calliédiaics ;
on le voit dans ces contestations dont nous venons de
parler, cl dans ce qui arriva du temps d'Innocent III,
au sujet d'un arciievèque de Strigonic. Car comme les
chanoines de cette église avaient postulé auprès de ce
pape l'archevêque de Coloza , pour remplir le siège
vacant de leur église, cl que les èvè(iues suflragants
de Slrigonie prétendaient que cette postulation n'a-
vait pas dû se faire sans les avoir consultés, eux qui
avaient coutume d'assister à rèlcclion de rarchevèquc
avec le chapitre : ccponlifc (1) écrivit au prévôt cl
au cliapilrc de celle église ce qui suit : Nous vous avons
ordonné de procéder, par ime élection canonique ou par
une postulation unanime , à la promotion d'un pasteur
qui vous convienne (après avoir requis le conscntemenl
des suflragants, s'ils ont ce droit, par une coutume
ancienne et approuvée), autrement nous y pourverrons.
S. Louis trouvant cet usage établi de son temps, or-
donna, dans sa pragmatique sanction qui est datée de
l'an 12G8, mois de mars, c'est-à-dire 12G9, avant
Pâques, que les églises cathédrales et autres eussent la
liberté des élections, et qu'elles seraient entièrement
effectuées. C'est le second article de cette fameuse or-
donnance que fil ce saint roi, lorsqu'il fit son voyage
(l'outre-mer, afin d'attirer sur lui la protection de Dieu.
Cette liberté entière que S. Louis accordait aux
chapitres de procéder à l'élection des évèques n'em-
pêchait pas qu'ils n'en denuindassenl la permis-
sion au roi. C'est ce que l'on voit par la suppliciuc
que présentèrent celle même année à S. Louis le
doyen et le chapitre de Térouanne par les mains de
rarchidiacre et de l'écolatrc et par une autre du cha-
pitre du Mans, qui lui fut adressée l'année suivante.
On en trouve plusieurs autres recueillies par M. Pi-
Ihou parmi ses preuves des libertés de réglise galli-
cane (2). Le chapitre de Térouaime parle au roi en ces
termes : IS'ous avons député rarchidiacre et Vécolalre de
notre église pour demander en notre nom à votre surénii-
nente, magnifique et royale domination , la permission
d'élire, licentiam eligendi , e/ de nous pourvoir nous
et notre église, d'un pasteur , etc. Tout cela montre
que quoique les rois aient accordé aux églises l'en-
tière liberté des élections aux chapitres des églises
cathédrales, ils ont voulu néanmoins qu'ils reconnus-
sent tenir ce privilège de leur libéralité, après fju'ilss'é-
taienldéfaitsdu droit de nomination qu'ils s'altiibuaient
auparavant, et qu'en conséquence on leur demandât à
chaque fois la permission de procéder à l'élection des
prélats. C'est ainsi que raisonne le savant Chrislianus
Lupus, docteur de Louvain (3), de l'ordre des ermites
de S. Augustin.
Les chapitres des églises cathédrales s'élani ainsi
(1) Cap. 4 de Postul. praelalorum,
(2) Tom. 1, c. 15.
(3) Apud Vancsp., t. l,p. 109.
\II. PROMOTION DES ÉVÈQUES. 83S
attribué toute lautoriié des élections des cvêqucs, à
l'exclusion du reste du clergé et des moines, pendant
le cours du douzième siècle, auquel l'anarchie cl les
petites guerres rendirent on Occident la tenue des cou-
(ilcs fort dillicile, les niélroiiolitains semircuten pos-
session de confirmer seuls les élections sans y appeler
les sulTragants. Ces jugcmcnls avaient moins d'auto-
rité , quelquefois même de justice, que ceux d'un con-
cile entier; aussi les appellations à Rome devinrent
bien plus fréfiuentcs, et il arriva en diverses occasions
que les évèques élus s'adressaient directement au pape
pour lui demander la confirmation et la consécration,
et que les papos fii'cnl divers règlements pour pres-
crire la manière de procéder à ces élections, et dé-
cider les différciids qui survenaient tous les jours. Ce
sont ces décisions des papes qui ont formé ce qu'on ap-
pelle le droit nouveau touchant les élections. M. Fleuri
l'expose en peu de mots et avec sa clarté ordinaire
dans son livre de l'Institution (I) au droit canoiique
auquel je renvoie le lecteur ; après quoi il poursuit en
ces termes qui font voir comment et par quel degré
les choses sont enfin venues au point où nous les voyons
aujourd'hui. De toutes ces règles il arriva pendant le
douzième et treizième siècle que la provision de la plu-
part des évêchés venait au pape; soit parce qu'on n'avait
pas élu dans le temps , soit parce que les élections et les
confirmations étaient vicieuses; on en voit grand nombre
d'exemples dans les décrétales. D'ailleurs il était notoire
que plusieurs élections se faisaient par brigues et par si-
monie , surtout dans les pays oh les évèques étaient set-
gneurs temporels. Souvent les princes s'en rendaient /es
maîtres pur autorité , souvent elles étaient troublées par
des séditions et des violences. Elles produisaient des
guerres , ou tout au moins de grands procès et une infi-
nité de chicanes. Ces désordres donnèrent sujet aux papes
de réserver quelquefois la provision de quelques églises
oie le péril était grand. Puis ils passèrent à des léscrves
générales en certains cas ; comme lorsqu'un évêque se-
rait décédé en cour de Rome , lorsqu'il serait fait cardi-
nal, lorsqu'il aurait acquis un bénéfice incompatible.
Enfin le pape JeanXXll passa jusqu'à la réserve géné-
rale de toutes les cathédrales , quand elles viendraient à
vaquer , ce cjui était abolir les élections. Il est vrai qu'on
prétendait y suppléer en ne donnant les évêchés que f.',;
l'avis des cardinaux assemblés en consistoire, et cpris
plusieurs informations.
On regarda ces réserves générales , comme un des abia
qui s'étaient fortifiés pendant le schisme. Le concile (U
Bille voulut les retrancher et rétablir les élections, et sou
décret fut inséré dans la pragmatique de Dourges ; main
il fui odieux aux papes , parce qu'il fut fait dans le
temps qu'Eugène 1 V était le plus brouillé uvcc le con-
cile. Depuis ce temps , la provision aux évêchés a été dif-
férente selon les pays. En Italie le pape les donne tous
librement , en France il les donne sur la nomination du
roi, en vertu du concordat de 1516. Les rois d'Espagne
cl quelques princes nomment aussi par des induits par-
ticuliers que le pape accorde pour la vie de chaque prince;
(!)Tom. l.p. 04 cl seq.
83') msTOllŒ DLS SA(;UEMi::NiS.
en Allemagne les électiwts se sont constrvccs par le con- < '
cordcit de fan ïiïl. M. Van Es|)Cii (I) dil des choses
curieuses et iiiléressaiitcs loucliaiil le {'Oiinirilal fait
eiilre Léo» X cl François I, dans les(iiieiles les bornes
que nous nous sommes preseriles dans cet ouvrage,
ne nous permeilcnl poinl d'entrer; mais avant déter-
miner ce chapitre, nous dirons un mol louelianl le
serment que l'on exige à présent de ceux que l'on doit
consacrer évè(pies.
Nous ne voyons chez les anciens aucun vestige de
serment prèle par les évêques devant ou après leur
consécration. A présent on n'en ordonne aucun (jui
lie l'ait l'ait. On se conleniait aiUrefois de bien ciioisir
les sujets (jue l'on élevait à Tépiscopat , et on présu-
mait qu'ils rempliraient de leur mieux les devoirs de
leur charge; on a cru depuis qu'il était bon de les y
engager par le serment (lu'ils prêtent tant au supérieur
ecclésiastique qu'au seigneur temporel. Celui ([ue les
évèques faisaient au prince dont ils éiaient sujets, et
dont ils relevaient à cause des terres (ju'ilj posséd;iient
dans leurs états, paraît le plus ancien. On voit parla
\ie dllalinard (2) , qui d'abbé de S. IJenigue de Dijon
devint archevèiiue de Lyon, que ce sermeol était dé^à
en usage depuis long-temps avant le milieu du on-
zième siècle. Nous rapporterons ce qui en est dit dans
sa vie , parce qu'on y voit avec édification ce que ce
grand homme pensait du serment, et combien il était
détaché des honneurs du siècle.
Le clergé et le peuple de Lyon l'ayant élu pour
évêque, envoya au roi une dépulalion pour lui deman-
der de ratifier leur choix. Le roi l'accorda. Quand il i
\int pour recevoir l'investiture , le prince voulut à
l'ordinaire lui faire prêter serment, mais il répondit :
l'Évangile (.Maitli.5, ôi) et la règle de S. Benoît (e. i)
me défend de jurer ; si je ne l'observe pas, comment
le roi pourral-il s'assurer que je garderai plus fidè-
lement ce serment? il vaut mieux que je ne sois point
évêque. Les évoques Alleniaiuls , principalement celui
de Spire où était la cour, voulaient (pi'on robligeàt à
jurer comme eux ; mais Thierry de Metz, Brunon de
Toul (c'est celui (jui a été depuis i)ape sous le nom
de Léon IX) cl Richard, abbé de S. Vanne de Verdun,
amis d'Ualinard , qui coiuiaissaienl sa lermcté , con-
seillèrent au roi de ne le pas pre^^ser. Le roi dit, qu'il
se présente au moins afin qu'il paraisse avoir observé
la coutume. Mais Halinard dit , le (oindre c'est comme
si je le faisais. Dieu m'en garde. 11 fallut donc qu'il se
conleulât de sa simple promesse ; il assista même à
! son sacre et donna t ml ce qui était nécessaire pour
' cette cérémonie, qui se fit l'an i046, par Hugues, ar-
chevêque de Besançon, aussi sujet du roi d'Allemagne
<■!! qualité de roi de Bourgogne, qui dépendait alors du
royaume Teutonique.
\ji serment que les évèques ont prêté depuis au su-
périeur ecclésiastique ne paraît pas si ancien. 11 est
vrai que dès le neuvième siècle les évèques promel-
laient obéissance à leiu" métropolitain , connue les
8i0
(1) Jus Eccles., t. I, part. 1, lit. 15, c. 5.
(2) Vita Halinard, soc. 6 Bened., part. 2, p. o'k-
prêlres et 1 s diacres à leur cvéquc, ainsi qu'il par; il
par le septième livre des Capilulaires, c. 4U0, donl le
litre porte que ces derniers promellronl la slabiliié ,
l'obéissance et la fidélilé à garder hs statuts, connue
oulevoitde plus à l'égard des premiers, par la profes-
sion d'Adalbert élu évè:]ue de Térouane,qui se trouve
dans ra])peudice du huitième tome (col. 1882) desC(ui-
ciles du l'. Labbé, dont la teneur est (pi'il obéira à son
métropolitain en tout suivant les canons. Mais on était
si éloigné d'exiger le serment, que le second concile
de Inhalons tenu dans ce même siècle (en 813), ayant
a|)pris (pie queltpies-uns l'exigeaient de ceux qu'ils
devaient ordonner, le défendit absolument (caii. 15).
Qnod juramenlum , (fuia periculosum est , oinnes tinà
iiiliibenduni slatuhnus. L'assemblée d'Aix-la Chapelle
de l'an 81 G, composée des évê(iues, des abbés, des
comtes et des seigneurs Français, défendit (1) de
même aux évèciues de Lombardie , de se faire prêter
sermenl, et de recevoir des présents des ordinands,
déclarant que cela est contraire à l'aulorilé divine et
canonique, et (|ue ceux qui contreviendraient à cette dé-
fense seraient déposés avec ceux qu'ils auraient ordon-
nés. Ou faisait jurer trois choses dans le serment con-
damné par le second concile de Chàlons, la première,
que ceux qui se présentaient aux ordres étaient digues.
La seconde , qu'ils ne feraient rien contre les canons.
La troisième , qu'ils obéiraient à l'évèipie. Ce concile
jugea ce serment périlleux, et c'est la raison qui le lui
fit défendre. 11 jugeait qu'il était dangereux de pro-
mettre par sermenl de ne rien faire contre les canons,
parce (ju'oii peut j é( lier contre les canons par igno-
rance , et par défaut d'intelligence. Il pensait aussi
(pi'il y avait du danger à s'engager par serment d'o-
béir aux évèques, quoiqu'on y soit obligé, parce que
la règle d'obéir en tout n'étant pas vraie , on se peul
tromper dans le discernement des ca.s où l'on doit obéir
et où l'on ne doit pas obéir. Enfin les Pères de cette
assemblée estimaient qu'on ne pouvait, sans péril ,
jurer qu'on est digne ; parce qu'encore qu'on ne doive
pas se laisser ordonner si on se croit indigne , on
n'est pas assez assuré d'être digue pour en pouvoir jurer.
Voilà .sans doute sur ((uoi était fondée la défense
que fil le concile de Chàlons, d'exiger le serment de
ceux (jui devaient être ordonnés ; mais dans la suite
on se défit de ces scrupules, car dès le onzième siècle
l'on commença en quelques endroits à joindre le ser-
menl à la promesse de l'obéissance canonique. Ce fui
peut être en Angleterre où celle coutume commença
à s'établir à l'occasion des démêlés que les archevêques
d'York avaient fi éipieinment avec ceux de Canlorbéri ;
(pielipies-uns relnsanl de reconnaître la priinatie et la
prééminence de l'église de Canlorbéri sur leur siège. Il
est à croireque quand les archevé(|ues de Canlorbéri en
trouvaient (pielques-uns de ceux d'York disposés à leur
rendre l'obéissance qui leur était due, ils leur faisaient
j ajouter le sermenl à leur promesse; afin de rendre la
chose plus stable, et de faire cesser les contestations qui
survenaienl souvent surcel article. Au moins voyons-
M» r,rq>. K». referinr, 1. 1 Capitulât. , c. !)t.
f?.i
8il ORDRE. — r PARTIE. CIIAP
nous qu'en raniiée 1 072, Lanfranc ayant obligé Thomas,
archcv("'(iue d'York, à lui prouiollrc obéissance suivant
les canons , il le dispensa du serment qu'il devait lui
faire suivant la coutume, ctium cmn scicramciilo, comme
1 il avait été pra(i(|Mé par les prédécesseurs de Thomas.
] C'est ce que nous apprenons d'un concile d'Anf;!elerro
qui se trouve dans le neuvième tome des Conciles
(col. 1211).
11 nélait encore question alors que d'obéissance ca-
iioni(pie , canonha obcdu'nlia , et les papes n'exigeaient
rien au-delà avant le pontilicatde Grégoire YII , soit
pour l'drdinalion des évèques, soil lors même qu'ils
accordaient le palUum. Ce pape fut le piemier (jui
exigea, outre cela, de ceux à qui il accordait le pul-
Ihiin, un serment de (idélilé qui ne diiïérait point de
celui que les vassaux prêtaient à leur seigneur. C'est
ce qu'il lit en l'an 1079, à l'égard du patriarche d'Aqni-
lée, dans un concile Romain, où il lui prescrivait celle
formule qui élait alors en usage. Non ero in concilio ,
ncfinc in fado , ut vilani , mit membra , aitt pnjialnin
perdant, aut capti sint malà caplione , etc.
Celle pratique était nouvelle sur la fm du onzième
siècle ou au commencemetU du douzième : la lettre
de Pascal II (1), adressée à l'archevêque de Palerme,
vers ce temps, en est une preuve authentique, puis-
qu'd y dit à ce prélat que les rois et les grands ne doi-
vent point être surpris qu'il ail exigé de lui ce serment;
et que, dans loule la suite de celte leltre, il se MfCt en
devoir de justifier sa conduite en ce point , ce qu'il
n'eût pas fait si c'eût été un usage reçu comnunié-
nienl.
Au treizième siècle, les papes, lorsqu'ils accordaient
le pallium à certains mélropolilains, même de ceux
qui ne leur étaient pas immédiatement soumis, exi-
geaient d'eux ce serment, et dans le même temps ils
voulurent que les évoques dont l'ordination leur ap-
partenait le leur prêtassent, à suis cocpiscopis sibi i)n-
iiicdititi: subjectis. C'est ce que témoigne Grégoire IX
{in cap. 13 de Majoritate et Obed.); cl il étend ce droit
aux rnélropolitains par npporl à leurs sutti-agimls. Il
est ^arrivé de là qu'après que la provision de tous les
évêchés a été dévolue aux papes de la manière que
nous l'avons exposé , et que la conlirmalion et la con-
sccralion des évoques s'est faite par leur autorité ; tous
les évèques ont prêté ce serment au pape. Ce qu'ils '
font aujourd'hui suivant la forme prescrite par Clé- '
meut Mil , qui est insérée dans le Pontifical romain;
dont on peut voiries clauses, et observer la diffé- ;
reiicc qui se trouve entre cette formule et celle que '
Grégoire VII avait prescrite à ceux à qui il donnait le ;
pallium (voyez dans le premier tome de M. Vancspcu , '
j). I, t. 15, c. 2), Voilà ce que nous avions à dire lou- i
chant les sermcnls que prêienl aujourd'hui les évèques. I
Il est tenqis de parler de ce qui s'observait à l'égard
des prêtres et des diacres avant leur ordination.
(1) On en trouve un fiagmcnl /» c. i, de Klect., cl
elle est rapponée tont cnlière par Anioine Augustin
danssa première Colleclion des décrèiales, et lo'me 10
Cône.
IH. XX.
ÉLECTION DES PR/>:TRES ET DES DIACRES. 842
CHAPITRE VIN.
De r élection des prêtres et des diacres. Que le peuple ij
prenait part dans les premiers siècles. Il est reste des
traces de cette discipline.
Tous Icschréliens dans les preini(;rs siècles s'inlé-
restaient exlrèmement au bien de ll':j,'!i.sc,ct, comme
un des avantages les plus solides qu'elle puisse avoir
est d'èlre pom-vue de bons ministres, tous auirefois
prenaient part au choix qui s'en faisait, quoique la
principale autorité demeurât aux évèques. .Mais ceux-
ci, à l'exemple des apolres, proposaient au clergé et
au peuple ce qui concernait ce choix si important ils
prenaient leurs avis et écoulaient avec plaisir ce qiVils
avaient à représenter, comme firent les apôires quand
il s'agit de rélection de S. Maihias et de celles des
premiers diacres. Ce qui avait lieu, non seulemenl quand
il s'agissait d'élever quelqu'un àrépiscopat, conune
vous le venez de voir dans le dernier chapitre, mais
encore quand il était question de mettre quelqu'un au
rang des prêtres et des diacres , et même de l'agré-
ger aux ministres inférieurs.
Celle discipline nous est souvent représentée dans
les écrits de S. Cyprien , qui s'était fait une règle
de ne rien entreprendre, en ce genre, sans con-
sulter auparavant son clergé et son peuple. Nous
avons cvuttune, leur dit-il dans son épitre 53' (I), mes
chers frères , de vous consulter avant de faire des ordi-
ualions de clercs ; et de peser avec vous le mérite d'tm
chacun. « In ordinatimiibus clericomm solemus vos anle
« consulere , et mores ac mérita singulorum commimi
i consitio ponderarc. » Ce grand évêque se dispensait
rarement de celle règle, et il ne le faisait jamais que
pour de puissantes raisons, comme quand Dieu lui
faisait connaître immédiatement par lui-même d'une
manière surnalurelle que telle était sa volonté. En-
core, se croyait-il obligé, en ces rencontres, d'en faire
en quelque, manière ses excuses au peuple fidèle.
C'est ainsi qu'ayant ordonné lecteur le confesseur Au-
réiius, il dit, dans la lettre que nous venons de citer,
qu'il ne faut point attendre le témoignage des hom-
nes pour l'ordination de ceux que Dieu a choisis par
son sufi'rage.
Quehpiefois aussi le mérite éclalant et extraordi-
naire le faisait passer sur la règle qu'il s'était pres-
crite, comme quand il mit l'illustre confesseur Célé-
rin au nombre des lecteurs , à quoi il fut pousse' par
l'inspiration divine, comme il le témoigne dans sa 3-i*
lettre. Il ajoute même que Célérin doutant s'il devait
consentir en cela à la volonté de son évêque. Dieu lui
Ml connaître et l'exhorta la nuit en vision à s'y sou-
meilre. Une telle humilité est surprenanle dans un
homme d'un ici mérite , et déviait f;iire rougir ceux
qui s'ingèrent d'eux-mêmes dans le clergé. Saint Cy-
prien parle de ce confesseur d'une manière si admira-
ble que je ne puis me résoudre à ne pas rapporter
une partie de ce qu'il en dit.
(1) Edit. Rigalt.
27
8i
r, IliSTOIRE r>ES SACREMENTS. 8y
Cesl lui qui de nos joins (ce sont les purolcs dii vi cl à roxaincn de leur vie. QurtJK/ (rempcrcur Alcxan-
sailli cvêque) a combaltn le premier. Ccsl lui qui dans
tes commencements de celle fiaieuse pcrsikution , uijanl
marché à In tèlc des soldais de Jésus Clirisl contre celui
qui en est le prince et l'auteur, a montré aux autres, par
sa fermeté à soutenir le combat , la manière de le vain- i
cre. Il n'a point remporté cette victoire en un moment , !
mais après de longues peines et de lonqs travaux. Il a
été enfermé dix-neuf jours dans la prison, chargé de fers,
mais son esprit durant ce temps élait libre et dégagé, j
La faim et la suif faisaient sécher son corps, mais Dieu \
par la foi et la force qu'il lui donnait repaissait son âme
d'une nourriture spirituelle. ... On voit dans son corps
glorieux les marijucs des plaies quil a reçues.... la gloire '.
de ces plaies fait la victoire de ce serviteur de Dieu , et j
les cicatr'ccs en conservent la mémoire. S. Cyprieii, par
lant eiisuile du rang de lecleiir où il le place , ajoute ;
CCS belles paroles.... Que pouvions-nous faire autre
chose que de placer sur la îribune, c est-à-dire, sur
le tribunal de l'Eglise, cet homme illustre , afin qu'étant
élevé à celte place d'honneur, il lise au peuple les pré-
ceptes et l'Evangile du Seigneur qu'il a suivis avec tant
de courage et de fidélité ? Que l'on entende donc tous
les jours cette voix qui a confessé le Seigneur... Il tt'es!
rien en quoi il puisse être plus utile aux frères , qui,
lorsqu'ils entendront de sa bouche la lecture de l'Evan-
gile, se sentiront animés à imiter ta foi du lecteur. Il
fallait lui donner pour compagnon Aurélius , qui t'est
de sa gloire et de son mérite. Ils se ressemblent parfaite-
ment... Jésus Christ, les agant tirés du sein de la mort
par une espèce de résurrection , les a conservés îi son
Eglise, afin que les frères voyant qu'ils sont aussi hum-
bles que glorieux , s'efforcent de les imiter. Nous les
CVQI'S cependant établis lecteurs, parce qu'il fallait
viellre la lampe sur le chandelier pour éclairer les au-
tres , et qu'il était à propos de présenter aux fidèles ces
visages glorieux, en les plarant sur un lieu élevé, afin
que tous ceux qui les verraient fussent excités à suivre
les traces de ces illustres confesseurs. Au reste , mes frè-
res , sachez que nous leur avons déjîi destiné l'honneur
du sacerdoce, etc.
S. Cyprien se conleiile de donner seulement avis
à son peuple de ce ([u'il avait résolu de faire en fa-
veur de ces deux illustres martyrs, ou plulôl en faveur
de l'Église mC'ine , en lui donnant de tels ministres,
parce qu'il était persuadé que tout le monde approu-
verait son choix en cette occasion, au lieu qu'en ,
toute autre il prenait leur conseil cl voulait avoir leiu'
consentement. Celle exactitude et cette circonspec- \
lion de l'Église dans les ordinations a été connue cl
ndmiréc des païens , en sorte qu-'il s'est trouvé même
un de leurs empereurs qui les a suivies comme ses
modèles pour le clioix de ses officiers. C'est ce que i
témoigne yElius Lampridius dans la vie d'Alexandre
Sévère. Les paroles de cet auteur ne doivent point ^
cire oubliées en ce lieu , parce qti'clles nous appren
iii:nt, non seulement un fait aussi imporlaiit que ce
lui-ci, mais qu'elles nous font même connaître de \
quelle manière on procédait à l'électioit des prêtres i
dre) voulait créer quelques gouverneurs , quelques prési-
dents , quelques procureurs de provinces , il proposait
li'urs noms au peuple, l'exhortant s'il avait quelque
crime à leur reprocher de le faire librement , <i cond'i-
tion de subir la peine des calomniateurs si le reproche
était mal fondé. Car, disait- il, il est honteux que les
chréliens et les juifs usent de ces précautions quand il
s'agit de l'ordination de leurs prêtres, et qu'on ne le fasse
point à l'égard de ceux qui doivent gouverner les provinces,
eux à qui l'on confie la vie et les biens des particuliers.
Les évêqucs d'Afrique suivirent depuis religieuse-
ment la conduite de S. Cyi>rien , elle devint une loi
dans celle florissante église. On le voit par le 22'
canon du troisième concile de Cartilage, qui porte
([u'on ne doit ordonner aucun clerc qu'il n'ait élé ap-
prouvé par l'examen des évêqucs ou par le témoignage
du peuple. Ce que le quatrième concile de la môme
vil'e explique encore plus précisément en disant
(can. S^) : ([uc l'évèque n'ordonne point de clercs sans
le conseil du clergé , et sans requérir le consentement et
le témoignage du peuple, c Episcopus sine comilio cle-
c ricorum suorum, clericos non ordinet; ila ut civium
i connivenliam et teslimonium quœrat. t S. Auguslia
se conformait exactement à cette loi doiit il recon-
naissait l'éfiuiîé cl l'avantage. Possidius le témoigne
dans rilisloire de sa vie, loisqu'il dit de lui (cap. 21),
qu'il croyait devoir demander le consentement de la
plus grande partie des chrétiens dans les oïdinalions
des prêtres cl des clercs, et cela suivant la coutume de
V E§\'i<c. Ecclesia'consuetudiuemse(iucndamarbitrabatm\
Cette discipline n'était point parliculièrc à l'église
d'Afrique. Elle était aussi en vigueur dans celle de
Rome, et le pape Sirice écrivant à un évèiiue (1)
d'Espagiie, lui recommande de s'y conrormer, lors-
qu'il dit (cap. IG) , en pailaiil des interstices »pie l'on
doit gtrder dans la réception des ordres : De là, avec
le temps, il (le diacre) pourra être promu à la préirise,
ou à l'épiscopat , si le choix du clergé et du peuple l'y
appelle. S. Jéiôine faisait allusion à celle coutume,
(piaiid écrivant à Rustique, il lui disait : Lorsque vous
serez parvenu à un âge mûr, et que le peuple ou l'évèque
vous aura élu pour vous faire entrer dans le clergé :
remplissez avec cxaclilude h s devoirs de cet élut. Enfin
il rarail par la lettre synodale du cimcile de Nicée (2)
qui est adressée à l'église d'Alexandrie et aux évoques
de lÉgypte , de la Lybie et de la Pcnlapole, que celle
coutume était générale et commune à toutes les égli-
ses chrétiennes. Car, en prescrivant la manière dont
on doit en user avec les iMéIctiens , qui étaient une
secte de scliismaliq,ues répandus dans ces provinces ,
cl usant d'indulgence à leur égard, les évê(pics assem-
blés à Nicée disent, après avoir défendu aux scliisma-
liques de se mêler de désigner les ministres de
l'Eglise , et de nommer ceux qui doivent entrer dans
le clergé, que si néanmoins quelqu'un de ceux qui sont
(1) Himériv.s de Tarragonc,
(2) ApudSocrat., 1. 1, c. 'J,
815 ORDRE. — I PARTIE. ClIAP. Vllf. ÉLECTION DES PRÊTRES ET DES DIACRES.
chargés des fondions du iniiiistirc vient à
pourra lui donner pour successeur un
sont depuis peu réunis à l'KçjHse, pourvi
SiO
cl que le peuple le choisisse, du consentement de révécpte
d'Alexandrie, qui confirinern C élection du peuple. Je sais
que cola s'enlcnd parliciilièrcmenl ilii clioix des cvè-
qiics, mais il csl cerlaiii par loiilo la siiile de celle lellic
qu'il faiil aussi reiit(>iidie dos prèlres el des diacres , j
d'aiiiaiil plus que les Pèiesde colle sainte assoiiihlco en
ont fail iiiio loi expresse d:'.ns leur lu-nvièine canon,
(jiii porte : Si quelques prêtres ont été élevés à ce rang
sans examen , ou bien si lorsquon les a examinés avant
l'ordination ils ont confessé leurs péchés , et que non-
obstant leur confession on leur a imposé les mains contre
les canons, la règle ne les admet point {taies régula non
admittit), parce qua l'Eglise catholique veut qu'ils soient
irrépréhensibles. Oi\ ne pouvait Taire cet examen des
nioeiMS des ordinands sans consulter le peuple ; et
c'était surtout sur les mœurs que se faisait cet exa-
men, parce que, suivant le précepte de l'Apôtre (1), on i
exigeait surtout des minisires de l'Église qu'ils fussent l
sans roproclic. C'était une irrégularité que d'être
coupables, de crimes de quelque nature qu'ils fussent,
cl c'est peul-clrc de cette expression du concile de
rs'icce , talcs régula non admittit , que s'est formé le
terme à'irrégnlarité , qui marque les défauts qui ex-
cluent des ordres ceux qui sont hors de la règle.
Ce qui a été dit jusqu'à présent montre en quel
sens on doit entendre le treizième canon du concile
de Laodicée (pii fui tenu vers le même lem[)S que
celui de Nicée. Ce canon est conçu en ces termes :
Non sit turbis concedendum etectionem facsre eorum
qui altaris ministerio sunt appUcundi. Que l'on ne per-
mclte point à la multitude de faire l'éleclion (une
autre version porte, populis, aux peuples) d ceux qui
sont appliqués au ministère de l'autel ; par où ce con-
cile a voulu proscrire ces élections tuniullucuses qui
se faisaient quelquefois par la populace contre le gré
des évêques et des persoimes sages; ce qui aniv.iil
surtout qiiaud le peuple envisageait, dans ces ren-
conlrcs, qnelipie inlérét humain. Conm)c il arriva à
Ilippoi'.o, quai d le peuple se jeta lumultuairenientsur
Piuien, sénateur rom.ain, et h; présenta à S. Augustin
pour l'orcloiirier prèlro, dans l'espérance qu'il ferait
don à l'Église des grands biens qu'il possédait. A
quoi S. Augustin ne voulut point consentir, mais dit
au peuple : Si vous prétendez l'avoir pour prêtre contre
la parole que j'ai donnée, vous ne m'aurez point pour '
évêque. Ce:lc parole ayjuil un peu arrêté l'imijétuosilé !
(le ce peuple, il s'échauffa bientôt de nouveau, croyant 1
forcer S. Augustin à rompre sa parole, et faire or- j
doiuicrPinien par un autre évêque.. Mais le saiiitévêquc |
leurdit: Je ne puis manquer à ma parole, el Pinien ne !
peut être ordonné par un autre évêfpie dans l'c.^Iise qui
m'est confiée, sans mon conscnteniont, cl enfin il cul
bien de la peine à cnipêcbcr celte violence donl on
peut voir le détail dans le 5' tome de l'Histoire ecclé-
siastique de M. Fleuri {pag. Zddetseq.).
^'«) 1 Timolh. 5, v. 10.
icnt à mourir, on 1 ç;^^^ peut-être de semblables excès qui firent abolir
' ''•-' ^^'"■'^ '/"' ^^' il pou à |)cu le droit qu'avait le peuple et le clergé,
vu qu'il le mente, ^1 ,|.,„s lY-iL-ciion des ministres du second ordre. Ce qui
est vrai, c'est que dans le sixième siècle il ne sub-
istait plus, sinon en ce qu'ils avaient conservé le
droit de s'y opposer, en cas que les ordinations et
promotions de ces minisires fussent contraires au
bien de lÉglise, conformément à la loi de Jusli-
nien qui ordonne (I) : Que si dans le temps de
l'ordination d'un clerc, de quelque rang et de quelque
ordre que ce puisse être, il se présente un accu-
sateur qui dise qu'il en est indigne, on diffère l'ordi-
nation et que l'on procède à l'examen. Ce ne fut plus
qu'en ce sens que le peuple cl le clergé prirent
part à CCS sortes d'élections depuis la fin du cin-
quième siècle ou dans les commencements du sixième,
connue il paraît par les nunuments de ce temps-là,
et entre autres par les écrits de S. Grégoire, le plus
grand ornement de ce siècle. Ce pape, comme dit le
P. Tiiomassin (2), n'ayant jamais appelé ni le clergé,
ni le peuple, pour choisir les prêtres ou les ministres
el ks bénéliciers inférieurs : Ce pouvoir, ajoute-l-il,
était déjà rentré dans sa première origine donl il était
émané, c'esl-à dire, dans l'autorité épiscopale. Le clergé
et le peuple, en élisant leur évéque, le rendaient comme
le dépositaire de tout le pouvoir qu'ils eussent pu pré-
tendre à toutes ces' provisions de bénéfices, el ils rati-
fiaient, en quelque façon, et agréaient par avance toutes
les élections et les collations qu'ils devaient faire.
11 reste encore dans 'le rit de l'ordination telle
qu'elle est aujourd'hui en usage parmi nous dos vesti-
ges de l'ancienne discipline, puisque, suivant le Pon-
tifical romain, quand il s'agit de l'ordination d'un
diacre ou d'im prêtre, l'archidiacre piésente d'abord
à l'évèquc celui qui doit être ordonné; disant que
TÉglise le demande pour la charge du diaconat ou de
la prêlrise. Sur quoi l'évêque lui dit: Savez-vous qu'il
en soit digne? Je le sais el le lénioigno, répond l'ar-
chidiacre, autant que la faiblesse humaine permet de
le conn:iiire. Lé\ êque en remercie Dieu, puis s'adres-
sant au clergé el au peuple, il dit : Nous élisons avec
j l'aide de Dieu, ce présenl sous-diacre, pour l'ordre du
diaconat, si quelqu'un a quelipic chose contre lui,
qu'il s'avance hardiment pour l'amour de Dieu, et
qu'il le dise ; mais qu'il se souvienne de sa condition.
Puis il s'arrête quelque temps. Cet avertissement mar-
que l'anciemic disciphnc de consulter le clergé et le
peuple pour les ordinations"; car encore, dit M. Fleu-
I ri (5), que révê»iue ail tout le pouvoir d'ordonner, er
j que le choix ou le consenlenient des laïques ne soit
! pas nécessaire, sous peine de nullité ; il est néanmoins
irès-ulile, pour s'assurer du mérite des ordinands. On
y pourvoit aujourd'hui par les publications (|ui se fout
au i)rôno, les informations el les examens qui prccè-
dei:t l'ordination : mais il a été fort sainlemonl inslN
(1) Novell. 123, c. 11.
(2) De l'ancienne Discipl. de l'Eglise, t. 1, p. 2
I.2,c 13, pug. 181. ' '
(3) Insiit. au droit ccclésiast., t. 1, c. 8.
847
HISTOIRE DES SACUE.MENTS.
818
. I • „....,- .^n.oiv (lins l'action même les or- ]f mains et la prière dans l'oiilination dos évcfiues,
tue do prcboiut I t^in.uiv i.....^ ^ _ _ • . '. i ,, . . .
dinanls a la face de lEglise, pour s'assurer que per-
sonne ne peut leur faire aucun reproche.
Le Pontifical romain (1) rend raison de cette céré-
monie, en faisant dire à révoque qui consulte en
quelque manière le peuple en cette occasion, de la
façon que nous venons de rexpli(iuor, qu'il lui fait
celte demande, parce que c'est un intérêt commun
du pasieur et du peuple d'avoir de saints prêtres ;
parce qu'un particulier peut savoir ce que plusieurs
ignorent, et que chacun obéit plus volontiers à celui
qui a été ordonné de son consentement. Tels étaient
en effet les motifs sur lesquels était fondée la disci-
pline ancienne, dont nous avons fait l'exposé dans
ce chapitre.
SECONDE PARTIE.
DES RITS ET DES FORMLLES DES ORDINATIONS TANT DES
ÉVÈQLES OLE DES PRÊTRES ET DES DIACRES. DIVERSES
QUESTIONS QUI ONT ÉTÉ AGITÉES SLR CELA.
Après avoir parlé de ce qui précédait les ordina-
tions, il est temps de traiter des rils, des cérémonies
et des formules avec lesquelles elles se faisaient, puis-
que c'est en cela que consiste proprement ce que
nous appelons le sacrement de l'Ordre, Dieu y ayant
attaché les grâces qu'il répand sur ceux qui sont
initiés aux Ordres sacrés, afin qu'ils s'acquittent di-
gnement de leur ministère. Nous parlerons aussi à
cette occasion, de l'irréitéralion des ordinations, et
de ce qu'on a pensé sur ce sujet dans l'Eglise en dif-
férents temps. Nous tâcherons de remonter aux sources
de chaque rit, et de distinguer les anciens de ceux
qu'un usage pieux a depuis introduits, et que des théo-
logiens peu instruits des ancieimes pratiques ont pris
mal à propos pour les rits essentiels des Ordinations
à l'excUision de ceux qui ont été en usage de tout
temps dans l'Eglise. Nous commencerons par la con-
sécration des évêques.
CHAPITRE PREMIER.
Des rits de la consécration épiscopalc dans l'église
latine. On tâche de découvrir l'origine de chacune
des cérémonies qui s'ij pratiquent à- présent. Des or-
dinations des évèqnes d'Anqlclerre.
La consécration des évèrpies s'est laite de tout
temps dans l'Eglise, par l'imposition des mains et l'in-
vocation du Saint-Esprit, conformément à ce que nous
lisons dans les Actes des Apôtres (2) et les Epîtres de
S. Paul (5). Cet usage est démontré par une infinité
de passages des Pères, et par tous les anciens Ponti-
ficaux et Rituels que les PP. Morin (i) ctMartène (o)
ont publiés. Ceux même qui ont contesté touchant la
matière et la forme de ce sacrement, n'ont jamais nié
qu'on ait employé de tout temps l'imposition des
(1) De Ordin. presbvt.
(2 Acl. là, v. 5.
(ô) l Timoth. i, Y. 15.
(4)Desacr. Ord., part. 1 et 2.
(5)L. 1 de antiq. Eccl. Rit., c. 8, art. 10.
quoique plusieurs aient prétendu que ce n'était point
en cela que consistait l'essence du sacreinenl d'Ordre.
Ainsi il est superflu de ramasser les témoignages en
tout genre que l'on peut produire sur cette matière,
sur laquelle il n'y a point de contestation entre ceux
qui ont quelques notions de l'ancienne discipline des
Ordinations.
Après limposition des mains des évêques consécra-
teurs et l'invocation du Saint-Esprit, une des plus res-
pectables cérémonies qui se pratique en cette occasion
était et est encore aujourd'hui de mettre le livre des
Evangiles sur la têle ou sur les épaules de celui que
l'on ordonnait évêque. Ce rit est très-ancien tant en
Orient qu'en Occident, et plusieurs de nos scolasti-
ques ont enseigné qu'il était ce qu'on appelle la ma-
lière essentielle de l'ordination , quoique quelques
l autres aient cru le contraire sur ce foiulement que la
I matière des Sacrements doit être appliquée par la pcr-
' sonne même qui prononce la forme, et que, suivant
la rubrique du Pontifical romain, c'est un chapelain
qui le lient sur les épaules de l'ordinand, et (jue, se-
lon l'auteur des Constitutions apostoliques, ce soient
les diacres qui fassent celte fonclion.
Quoi qu'il en soit de ces sentiments et du fondement
sur lequel ils sont appuyés, il est certain que ce rit a
sa source dans la plus haute antiquité, et qu'il était
observé dès le quatrième siècle tant en Orient qu'en
Occident, l'auteur des Constilulions apostoliques en
faisant mention, connue nous venons de le dire, et
Pallade dans la Vie de S. Jean Chrysostôme y faisant
clairement allusion, lorsipie, parlant d'un certain eu-
nuque nommé Victor, que les parlisans de Théophile
j d'Alexandrie avaient ordonné évêque d'Ephèse, il dit
qu'ils n'ont point eu horreur d'imposer l'Evangile sur
cette lèle impie.
1 A l'égard de l'Occident, on voit, par le quatrième
concile de Carthage (can. 1), que ce rit y était en
usage dans le même temps, et les plus anciens rituels
le prescrivent, au moins tous ceux qui, outre les for-
mules de prières, contiennent les rils de la consé-
cration des évêques. C'est ce que léinoignent les pères
Marlène et Morin (1), qui ont examiné avec grand
soin les manuscrits de ce genre.
Ce dernier, néanmoins (2), ne croit pas que celte
cérémonie fût conmmne à toutes les églises, et entre
autres à toutes celles des Gaules et de Germanie ; ce
qui le lui persuade, est que l'auteur qui a traité des
offices de l'Eglise sous le nom d'Alcuin et Amalarius
en parle comme d'une chose qui n'était point reçue
partout. Le premier en disant qu'on ne trouve ni dans
l'autorité ancienne, ni dans la nouvelle, ni même dans la
tradition romaine, que deux évêques tiennent le livre de
l'Evamjile sicr la tête de l'élu, tandis qu'un d'entre eux
faisant la prière, les autres la lui louchent. Et le second,
parlant de l'Oidre lomain (5), selon lequel deux évê-
{1) Ibid.
(2 Part. 5, c. 1.
{5) L.SdeOffic. Eccl., c. 14,
S49 ORDRK. — PAIiT. Il CIIAP. 1. CONSKCRAT
qiios lieiinoiit rEvai)i(ile, assure que cela n'est prescrit
ni dans rKcrilnrc saiiilo, ni dans les canons. Dicit li-
bellus seciDidnni cHJns urdinein celcbralitr ordiiuiliu apud
qnosdam, ni duo episcopi leiicant l'A'aïKjeliuni super ca-
])ul cjus, quod neqHC velus auctoritos iutimct, tiaptc eu- 1
nouicn. S. Isidore de Séville (1) seniitle lavorisor ce
scnliinent ; car, parlant fort au long et dans un !,'rand
détail de ce qui regarde la consécration des évoques,
cl faisant mention de l'imposition des mains, du nom-
bre des ordinateurs, de l'anneau, du bàlon pastoral et
dt! plusieurs antres cérémonies moins importantes, il
i^'arde un profond silence loucliant rinq)osilion du livre
de l'Evangile sur la tète de l'ordinand . quoique cela
eût donné beau champ au sens moral qu'il tire avec
grand soin des divers rits de l'ordination. Le P. Mo-
rin croit pouvoir conclure de ce que dit Puipurius,
chef des Doiiatistes, loucliant Cécilieu, son neveu, qui
offrait de se faire réordonner si l'on doulail de la va-
lidité de sa consécration, qu''on lui casse la tète en lui
imposaut la main pcrir la pénitence, qu'alors ce n'était
point l'usage en Afiiquc de mettre le livre des Evan-
giles sur la tète de ceux que l'on ordonnait évèques ; ;
parce que dil cel auteur, si on eût fait celte céré-
monie en ce temps-là, Purpurins, en pat lant de casser
la tète à Cécilien eût plutôt fait allusion à celte im-
position du livre qu'à celle des mains, qui est moins
propre à produire cet effet. i\Iais la conjecture de ce
savant homme en celle occasion parait avoir peu de
solidité ; car, outre que ce furieux schismatiquc parle
ici du rit essentiel de l'ordination dont il s'agissait, il
est certain d'ailleurs que les livres n'étant alors que
des rouleaux bien différents des nôtres, n'étaient pas
plus propres à produire l'effet dont il parle que les I
mains des évéquss qui célébraient l'ordination.
Je ne m'arrête pas ici à exposer les diverses ma-
nières de placer ce livre sur la tète, sur le cou ou sur |
les épaules de l'ordinand; dans ces sortes de matières, |
il ne se peut qu'il ne se trouve beaucoup de variété, aussi |
voyons-nous sur cela différents us.-iges dans les églises, i
Dans les unes on le plaçait sur les épaules, dans les i
antres snr la tète; dans celles-ci on le tenait ouvert, |
dans celles-là on voulait (pi'il fût fermé. Je me cou- f.
tenterai seulement de remarquer une chose qui pa.ssa |
comme en coutume dans le moyen-âge, qui est qu'on ^
lirait des pronostics louchant le bon ou mauvais gou- |
vernement de l'évèque que l'on consacrait, des pre- 1
niières paroles qui se présentaient en ouvrant le |
livre des Evangiles qu'on lui avait mis sur la tète. §
L'auteur de la Vie de S. Ilériherl raconte (2) les heu- ]
rcux présages que l'on fil de lui en celle rencontre, i
Celui qui a écrit la Vie de S. Lanfranc parle aussi de |
ceux qui furent faits sur un moine du Bec nommé Er- |
nest (jue ce saint ordonna évèque de Hochesicr. .Mat- j
ihieu Paris en fait mention (5) en parlant de l'ordina- ]
lio:i de S. .\nselme, et plusieurs autres. |
L'imposition des mains des évè(pics consécrateurs, |,
(I) L. ^deOlfic, c. .^i. I
Ci) Aprul !5ollaiid. in .^larl. j||
(7,) H'Lsl. Angl.. a<! non. 101)3. |l
ION ÉPISCOPAI.i: DANS L'ÉGLISE LATI.NE. S'.O
' jointe à la bénédiction ou invocation du Saint-Espril,
est sui\i(! de l'onction dont nous aurons lieu de parler
I lorsque nous traiterons de l'ordinalion des prêtres, et
de la ct'rémonie de mettre au doigt de l'évècpie élu
l'aimeau, et le bâton |iastoral eu main, le tout ac-
conq)ai!né de prières convenables. L'évèque ofliciant
exhorte celui à qui il donne l'anneau, à garder l'Eglise
sans tache, comme l'épouse de Dieu; et en lui pn';-
sentant la crosse, il l'avertit de juger sans colère, et
de mêler la douceur à la sévérité. Ces saintes céré-
monies étaient déjà en usage il y a huit à neuf cents
ans, comme il parait entre autres par un Pontifical
'manuscrit de l'église de Cahors écrit vers ce temps,
et conservé dans la bibliothèque de M. de Colbert,
que le P. Martènc a publié dans le premier livre des
anciens Hits de l'Eglise (tome 1, page 587).
Tels étaient les rits principaux de la consécration
des évoques, et nous ne voyons pas que, dans les
temps anciens, il y eût d'autres formules que diffé-
rentes prières et invocations du Saint-Esprit sur l'élu,
par lesquelles on priait Dieu de répandre sur lui les
dons de sa grâce pour qu'il s'acquittât dignement des
devoirs de son ministère ; car, à l'égard de ces pa-
roles, qu'on lit à présent dans le pontifical Romain :
Accipc Spiriium sanctuni, etc., recevez le Saint-Es-
prit, etc., dans lesquelles grand nombre de scolasti-
ques ont cru trouver la forme essentielle du sacrement
de l'Ordre, elles ne sont point anciennes, les pre-
miers scolastiques , comme Hugues de Saint-Victor,
Alexandre de llalès, Guillaume d'Auxerre, S. Bona-
venture et S. Thomas, n'en faisant point mention,
quoiqu'ils traitent fort au long et dans un grand détail
des rits des ordinations. On ne les tiouve pas non
plus dans les rituels latins au-dessus de 400 ans, et
même dans plusieurs des modernes, comme dil le
P. Morin (I) ; et jusqu'à présent les Grecs et les Sy-
riens ont absolument ignoré cette formule.
Cependant la foule des scolastiques a enseigné (juc
ces paroles étaient, connue nous venons de le dire, la
formule essentielle du sacrement, et cela fondé sur ce
principe que les formes des ordinations doivent être
impéraiives; il s'en est môme trouvé parmi eux (2)
qui ont osé avancer que ce principe appartenait à la
foi , et (jue le sentiment contraire était une hérésie
manifeste. Mais aujourd'hui on est revenu de cette
opinion et de plusieurs autres sur la matière des sa-
crements qui s'enseignaient communément dans les
écoles. Et il est peu à présent de tlié(tlogiens de quel-»
que réputati(jn (jui ne soutiennent que la n)atière et
la forme essentielle de l'ordmation ne consistent que
dans liniposilion des nnins des évèques, jointe à l'in-
vocation du Saint Esprit, quoique tous conviennent
de ce (pie dit le concile de Trente (5), que ce n'est
pas en vain que les évoques disent dans l'ordination :
\ccipe Spiriium sanctum, etc. Ce qui a fait entrer les
(1) De Ordinal., part. T», excrc. 2.
(2) Nugnez, ad ô part., q. 5i, art. i.
(ô) Sess. 2."», ail. i.
SM
lilb'iOIlŒ Î)ES SACREMENTS.
8Ô2
théologiens ilaiis ce sentiment, est que Piiiiposilion
des mains cl la prière ont été les seules cércniouics
que Ton ait employées de tout temps et dans tontes
les églises pour l'ordination des minisires (pii compo-
sent la liiérarcliie. Celui qui a le plus contribué à les
faire revenir de ces opinions de l'école, est le savant
P. Morin, qui, comme il le dit dans la préface qu'il a
mise à la tète de son livre des Ordinaiions, étant allé
à Rome en l'an 1659, le cardinal François Barberin,
qui l'avait invité à faire ce voyage, voulut qu'il fût
d'une congrégation de lliéologieiis que le pape Ur-
bain avait formée, pour y examiner soigneus(;ment
l'Eucologe des Grecs. Car, voyant que ceux à qui
on l'avait associé prenaient pour règle, dans cet exa-
men, les axiomes reçus dans les écoles et les senti-
ments des scolasliques, qu'ils n'avaient d'ailleurs
aucune teinture de la discipline des églises Grecques
ni de la langue de ces peuples, et qu'ainsi les ordi-
nations des évèquos, des iirèlres et dos autres minis-
tres de l'église Grecque couraient risque d'être dé-
clarées nulles par ces lliéologiens, il crut devoir se
servir de principes plus sûrs dans un examen de cette
importance, dont le premier était de s'assurer de la
conduite qu'avait tenue l'église latine avec la grec-
que au sujet des ordinations, et le second était de
comparer les rits et les formules que les Grecs et les
nutres Orientaux emploient aujourd'hui dans les or-
dinations avec ce qui &e pmtrquait autrefois chez eux
avant le sc'jispie à cet égard. Par celte voie il parvint
£.\cile.'uenl à découvrir quels étaient les rits essentiels
des ordinations, et il dissipa les préjugés des docteurs
de l'école en montrant que l'imposition des mains et
l'invocation du Saint-Esprit avaient été regardées, dans
tous les temps et tous les lieux, connne le rit essen-
tiel de l'ordination des évoques, des prèîres et des
diacres. L'Eglise, qui est conduite j)ar le Saint-Esprit, '
n'ayant jamais cessé de l'employer, nonobstant les
préjugés de ceux qui avaient cru, depuis la fin du
douzième siècle, que les rits essentiels de la consé-,
craiion des ministres de l'Eglise consistaient dans
d'autres fornmles et d'autres cérémonies.
Toutes les églises du rit latin pouvaient se glori-
porl au fait que par rapport au droit. Ce qui est vrai,
c'est que celte première dignité de l'Église a été ré-
duite chez eux dans un pitoyable état, s'élant trou-
vée renfermé tout entière dans un scuUionnne, Rarloii
du temps de la reine Elisabeth. Il y avait même lieu de
douter que cet homme cùl été ordonné validemcnt.
Je sais qu'un auteur (1) trop connu par sa hardiesse en
matière de religion ( pour ne rien dire de plus) et
pour ses démarches inégulières, a entrepris de
montrer la validité des ordinations Anglaises, mais
je laisse aux savants à décider s'il y a réussi. 11 ne
me convient pas d'entrer dans cette controverse;
(pioi qu'il en soit, il serait à souhaiter qu'il eût mis ce
jjoint hors de doute. Ce serait toujours un oi)Stacle
de moins à la réunion, dont il ne faut jamais déses-
pérer, et cela rapprocheiait d'autant de l'Église
cath(dique cette illustre nation d'où sont sm-tis
tant de personnages fameux par leur sainteté et leur
doctrine, et qui est aujourd'hui si recommandable
par le grand nondjre d'iiomnies vertueux et savants
qu'elle produit, et qui se distinguent de tous ceux qui
ont suivi le parti de Calvin, par leur attachement aux
principes de la hiérarcliie et de l'épiscopat, dont les
Anglicans soutiennent avec zèle les droits et les pré-
rogatives, qu'ils connaissent mieux que les autres
sectateurs de Calvin, parce qu'ils sont plus versés
dans la lecture des ouvrages des Pères.
Tous les gens de bien dans l'Église catholiqtie ne
cessent de demander à Dieu cette heureuse réunion.
Celte mère de ions les fidèles ne souiïre qu'avec utic
peine extrême (pie ses enfants soient sortis de son
sein hors lequel il n'y a point de saint. Le pape
Jides 111, animé de cet esprit de cliarilé, écrivit au
cardinal Renaud Polus qui s'était rendu en Angle-
terre quand la reine Marie eut pris le gouvernement
de l'élat, et qui y faisait les fonctions de légat apos-
tolique, de ne rien épargner pour veiùr à bout du
louable dessein de ramener les Anglais à l'unité. Il
lui marque dans le bref qu'il lui adressa sur ce su-
jet, qu'il pourra rélinbililer ceux d'culre les évêques et
les méiropotilaiiisqui lui eu pnrmlronl dignes et propres
à ce mimstère, et leur permettre de gouverner les éyli-
lier, avant ce schisme funeste qui a séparé de l'uniîé , ses, après qu'ils les auront rétablis dans runité de 11
calholicpie lant de nations dans le seizième siècle,
d'avoir des pasteurs ainsi ordonnés, et d'avoir par ce
moyen conservé sans allération la succession du sa-
I glise catholique, quciquils aient reçu ces dignités de
la main des laïques niê)ncs scliisniati<iues, et surtout des
I rois Henri et Edouard son /ils, qu'ils se soient ingérés
cerdoce chrétien, qui avait élé transmis de main en â dans l'administration de ces églises, et qu'ils en aient
main depuis les Apôtres jusqu'à ceux (jui gouver-
naient alors rÉg'.ise. Mais les sectateurs de Luther et
de Calvin, s'élant déchues les ennemis de la hiérar-
chie, ont fait cesser, dans presque tous les pays qu'ils
ont imbus de leur doctrine , cette succession du sa-
cerdoce sans lequel, suivant la doctrine constante de
l'antiquité, et même suivant les règles di: bon sens, }|
: il ne peut y avoir d'Église et de religion.
Les Anglais sont les seuls qui se vanlent d'avoir
conservé parmi eux l'épiscopat, encore est-ce un
problème, s'ils ont véritablement ce premier degré Ifl
de la hiérarchie, on dispute sur cela, lant par rap- '% ( 1 ) Le père le Courayer.
perçu les revenus durant itu long temps , qnoiqu'i's
soient tombés dans l'hérésie, comme on le dit, et (jti'Hs
aient élé clfedivemeid hérétiques.
CHAIMTRE IL
De quelques autres céréw.onies qui s'observaient dans
quelques églises, tant devant qu'après la consrécrulion.
Solides instructions que l'on donnait au nouvJ évè-
que.
Les cérémonies dont nous allons parler dans ce
chapitre ne s'observaienl pas aus^i uuisori>i.ik;..ci.t
855 ORDRE. — Px\RT. II. CUAP. H. AUTIŒS CÉRÉMONIES DE DIVERSES ÉGLISES. 854
dans l'église huinc que los lils iloiil nous avons leii- )W ccrliliiionlqirils avaient souscrit ce décret : etlenié-
du coniple dans le cliapilrc précédeiil. ("étaient des
coutumes locales (|ni variaient suivant les teniiis cl
les lieux, mais dont il est bon d'être informé pour
connaître ce t|ui se praii(iuail chez les anciens d;>;is
cette importante malière.
ri:e de ces coutumes , ci; qucl(|iies endroits , élait
que révèqucélu passât le jour (|ui précédait son ordi-
nation dans un monastère pour va(picr plus librement
à l'oraison , et se préparer ainsi à la cérémonie du !
lendemain. II y avait même dans |)liisiours villcsépis-
coimles, ou aux environs, des monastères affectés
pour cela. Par exemple, les cvèques de Ciiarlrcs fai-
saient cette retraite dans le prieuré de S. Martin-du-
Valle, ceux de Beauvais dans l'abbaye de S. Lucien.
CuiliaumeLemaire (1), parlant de ce qui s'était passé
à son ordination, dit (pic le samedi après l'Ascension,
veille de sa consécration, il se retira , suivant la cou-
tume de ses prédécesseurs , au numastèrc de S. Ser-
ge.... que la nuit, sur le soir, il entra dans la grande
église du monastère, oii il récita tout le Psautier, seul
et à voix basse devant l'autel de la Vierge. Ce qui étant
achevé, nous commcncànics, dit-il, les matines, que nous
célébrâmes avec nos chapelains. Ajnès quoi nous ren-
trâmes à notre chambre pour prendre du repos jusqu'au
malin.
De ce temps là les consécrations d'évêques se fai-
saient le dimanche de grand matin ; mais auparavant
elles se faisaient ordinairement la iuiil du saïuedi au
dimanche, le consécrateur et l'élu étant à jeun dès la
veille ; et on commençait la cérémonie,. suiva;jt un
ancien Ordre romain de l'abbaye de Nendômc, après
le second nocturne des matines. C'est ainsi (jue S. Ilé-
ribert, archevêque de Cologne, fut consacré, selon
l'auteur de sa Vie (2), la nuit de Noël pendant la célé-
Lraiion de la messe. Les pontificaux ne conviennent
point du temps de la messe auquel se faisait l'ordina-
tion. Ils varient exlrèmemenl sur ce point. Cepen-
dant la plupart la placent avant l'évangile, dit le P.
Martènc.
Nous lisions à la fin du Pontifical romain (5) bien
des particularités remarquables louchant ce (pii se
pa sait avant l.i consécration, du temps que les élec-
tions avaient encore lieu, et qui se praticpiak dans
certains pays, peut-être en Italie. Le samedi au soir le
métropolitain , assisté de ses suffraganls , était assis
dans le parvis de l'Eglise: rarchidiacre ou larchiprêlre
de l'église vacante se présentaitàgenonx,el le prélat,
après lui avoir donné sa bénédiction, disait : Mon fils,
que demandez-vous? rarcliidiacrc répondait: Que Dieu
nous accorde un pasteur. Est-H de \otre Eglise? disait
diacre répondait : La modestie, l'humililé, la patience
et les antres vertus Le prélat faisait lire ensuite le
décret d'élection qui rendait témoignage du mérite de
l'élu. Les chanoines qui accompagnaient l'archidiacre
(1) Spicil.tom. iO.
(2) Apud Rolland., 10 martii.
(5) Scrutin secret.. In fine Ponlif. roi
tropolilain disait : Prenez gaide qu'il ne vous ait fait
quelque promesse, car cela est simoniaquc et contre
les canons. Puis il ordonnait qu'on l'anienùt,
j Alors l'élu encore à jeun élait amené en procession
cnlie l'archidiacre et l'archiprètre. Le prélat lui de-
mandait (|nt.l rang il tenait dans l'Eglise; combien il
y avait qu'il élait prêtre ; s'il avait donné ordre à sa
maison. Après qu'il avait satisfait à tout cela , le mé-
tropolitain lui demandait encore : Quels livres lit-on
dans voire église? 11 répondait : Le Pentateuque, les
Prophètes, l'Evangile, les Epitres de S. Paul, l'Apo-
calypse et les autres. Savez-vous les canons? Il ré-
pondait : Apprenez-les moi. L'archevêque l'instruisait
j sommairement , lui prometiant une |)lus ample in-
struction par écrit. Le lendemain l'élu élait présenté
I par l'ancien évèque assistant , qui rendait témoignage
j qu'il élait digne ; on faisait ensuite lexanien et la con-
sécration.
Voilà ce que nous avons pu recueillir des diverses
cérémonies ipii précédaient l'ordinatioiî des évoques.
Quand elle élait achevée, on mettait en main du nouvel
évèque le livre des Evangiles qu'on lui avait tenu sur
la tète ou sur les épaules pendant la consécration , et
le métropolitain lui disait : Recevez T Evangile, et allez
prêcher au peuple qui vous est confié ; car Dieu est puis-
sant pour vous augmenter la grâce , lui qui vit et règne
dans tous les siècles. Que la paix soit avec vous. Cette
cérémonie n'est pas fort ancienne , puisqu'on ne la
trouve pas dans les plus anciens livres qui conlien-
I nent les rits des sacrements. Le P. Mabillon (1) té-
moigne aussi ([ue dans certains lieux on donnait à
l'évèque qui venait d'être consacré le Pastoral de S.
Grégoire en même temps que le livre de l'Evangile.
On lit dans les pontificaux manuscrits de l'église d'A pâ-
mée en Syrie et de celle de Constanlinople, qui sont
écrits depuis 000 ans, un édit qui contient les règles
tirées des canons pour instruire les évêques, de quelle
manière ils doivent se comporter ; lequel édit, selon
! le Pontifical de Besançon , devait être lu par le chan-
celier de l'église à la table des évêqucs le jour de leur
consécration. Ce qui revient à ce qui cfet onlonné dans
le treizième concile de Cartilage (can. 5), qui veut que
ceux qui ordonnent un évèque ou des clercs leur
fassent connaître et leur exposent les sentences des
conciles. Placttit ut ordinatis episcopis et clericisab or-
dinatoribus suis placila conciliorum , auribus eorum in-
culcentur.
Toutes les cérémonies de la consécration étant
achevées, le nouvel évèque était intronisé; ce qui se
f;i'isait en France avec grande s(dennité dans les sep-
le prélat; et ensuite : Qui vous a plu en lui ? L'archi- ; tièmeethuiiième siècles, puisqu'il était poitédans une
chaise d'or jusqu'au trône pontifical par les mains des
évêqnes. C'est ce ([ue nous apprenons de la Vie de S.
Wilfrid, évèque d'York , qui avait été consacré d.ins
ce pays. Car voie' comme parle l'auteur de colle or-
dination (2) : Lcï évcqucs s'assemblèrent au nombre do.
(I) Des études monastiques, p. 578.
(-2) NVilf. Vita, c. 12.
8.S5
douze, entre lesquels l'iait l éeèqnc Eiujelbert, et à cause
(le sa foi dont il avait donné des preuves , ils rélevèrent
sur un siéfje d'or suivant leur coutume , MOut i:oiîum, le
portant de leurs mains dans roraloire , sans qu aucun
autre le louchât, et chantant des hijmnes et des cantiques
dans le chœur.
A celle céréinonie semble avoir siiccéilé celle di;
porlor soleiniellciiiciit les évèques iionvelleineiil con-
sacH's, lorsqu'ils faisaient pour la première fois leur
oiilréi" à l'église caliiédrale. Rien n'élait plus superbe
que colle entrée, puisque les évèriucs, en celle occa-
sion , éiaienl porlés assis dans leur siège sur les épau-
les des plus nobles du pays. On voit i)ar l'Ilisloire des
évèquî'sd'Auxerre (cap. S'i, cl cap. 50) que cela se
faisait ainsi à l'égard de ces prélats, il y a plus de 800
ans , cl que Géran fui ainsi porté à l'église de S.-
Éliemie. Hé'rilxTl, 200 ans après, reçut le même bon-
neur le jour même de son ordination, suivant la cou-
tume ecclésiastique , dit l'auteur de celte Histoire ,
secundinn ccclesiasticam consuetudinem cathedra' innixus
episcopali... , nobiliuni humeris deportatus est. Celte
coutume n'était point seulement observée à l'égard
des évèques d'Auxerre, elle était commune à la plu-
part des églises de France , comme il paraît par les
actes de Guillaume Lcmaire , évêquc d'Augeis, par le
livre de Jcnn Maan intitulé, la Métropole de Tours ,
par l'Histoire de Sébastien Rouillard (i), et parle
Rituel de Nivelon, évoque de Soissons, dans lequel
sont prescrits en détail les rits de cette cérémonie.
Elle s'observe encore à présent à Orléans quand l'é-
vèque fait son entrée solennelle (tour la première
fois, cl il a même le privilège d'ouvrir ce jour-là toutes
les prisons de la ville , et de mallrc on liberté tous
ceux qui y sont détenus.
Lc.'iCVèques d'Allemagne faisaient leur entrée solen-
nelle, soit devant, soit après leur consécration, avec
plus de modestie. Car c'était la coutume que les évè-
ques la fissent pieds nus. On pourrait en rapporter
plusieurs exemples ; je nie contenlerai de mettre ici
ceux de S. Adalbcrl de Prague (2) , qui après avoir
été consacré à Mayence dont Prague dépendait aJors,
cl étant venu à sa ville épiscopalc poiu' prendre pos-
session de son siège, se décbaussa pour entrer dans
la ville. S. Hériberlde Cologne en usa de même lors-
qu'il entra en celte ville pour y recevoir la consécra-
tion épiscopale , quoiqu'alors il fît un froid extrême.
C'est ce que témoigne l'auteur de sa vie. Celui qui a
écrit la Vie de S. Olbon de Bamberg (5) raconte de
luènie ([uc ce saint évêque approcliant de cette ville êj
desccndil de cbeval , et y entra pieds nus. Autrefois
les arc!ievè(iues de Tours, après avoir été consacrés
dans réglisc de S. -Julien, allaient aussi à pied à celle
de S. -Martin, où ayant donné la première bénédiction
au peuple ils étaient portés à l'église calbédrale sur
les épaules des barons. On voit encore des traces de
(1) Histor. B. Mariœ Carnet., apud Marlcn., lit. 1 ,
c. 8, a. 10.
(2) Sec. 5 Bened.
(3) Apud. Sur., 2julii.
HISTOIRE OES SACREMENTS. 836
celte ancienne pratique dans ce qui se passe à Rouen,
dont l'arclievèque nouvellement consacré vient à la
ville de l'église la plus procbainc à pieds nus, mar-
cliant sur de la paille qaa l'on a étendue sur le clie-
min.
C'était outre cela une coutume très ancienne que les
évèques des premiers sièges de l'Église se donnassent
réciproquement avis de leur promotion par des lettres
qu'ils s'écrivaient, et qui pour l'ordinaire contenaient
leur profession de foi.L'liistoire de l'Église est pleine
de ces lettres , par lesquelles on apprend souvent ce
qui s'était passé de particulier dans léleclion ou la
consécration de ces évè(iues. Cette pratique servait à
entretenir l'union et la correspondance de ceux qui
gouvernaient les principales églises, et contribuaient
beaucoup à maintenir les promotions canoniques et la
communion qui doit unir ensemble tous les membres
de l'Église ; car par ce commerce des principaux évè-
ques entre eux, ils s'unissaient avec ceux qui leur
étaient subordonnés , et avec tout le peuple cbréiien
qui prenait part en sa manière à se qui se passait ,
et à qui on lisait même dans les assemblées publi(jue3
ces sortes de lettres. S. Léon parle de cet usage dans
sa lettre (1) à Basile, évêque d'Antiocbe, à qui il dit :
Nous aurions dû connaître votre ordination , ou par
vous-même ou par nos frères les évèques de la province,
suivant la coutume ecclésiastique. (Secundiim ecclesiasli-
cum morem.) S. Cyrille de même dans un écrit adressé
à l'empereur Tb6odose(2) , parlant de l'ordination de
Nestorius, lui dit, que l'ayant appris par les évè(iucs
qui l'avaient ordonné , il s'c!» était réjoui, et lui avait
aussitôt réci'it coiiimc il sou frère , à son collègue , lui
souliailant toute sorte de biens. C'est ainsi que les
évèques des premiers sièges ratitiaient en quelque
sorte et confirmaient l'ordination de leurs confrères;
et quand ils étaient bien informés de l'ortliodoxie de
ceux qui étaient parvenus à ces dignités , et qu'ils y
avaienl été placés canoniquement, ils inséraient leurs
noms dans les dyptiques de l'Église pour eu faire mé-
moire au saint sacrifice de la messe. Aussi était-ce
l'ordinaire que dans ces lettres d'avis ceux qui les
écrivaienl, en faisant leur profession de foi , y insé-
rassent surtout la condamnation ou la réfutation des
bérésics (jui avaient cours de leurs temps, et dans les
; pays où ils étaient. S. Grégoire (3) témoigne que
! de son temps les évèques des (juatre premiers sièges
I avaient coutume de manpier dans les lettres synodales
ij qu'ils écrivaient dans celte rencontre, qu'ils retevaienl
les quatre conciles généraux. Le patriarclie Taraise,
dans une lettre [^) à ceux d'Alexandrie et d'Antiocbe,
dit positivement que cet usage des évèques, de se faire
ainsi part réciproquonuMil de leur promotion à l'épis-
coi)at, vient de la tradition apostoli([uc, cl cela n't;sl
point bors d'apparence. Au moins le voyons-nous pra •
(1) Ep. lis nov. edit.
(2\ Apologet. ad Tbeod.
(3) L. 7, ep. 5i, ad Secundinum.
(4) Elle est rapportée parmi bis actes du second
concile deNicée, aciinn ~.
857 ORDRE. — PART. II. CIIAP. III. 0RD1N.\TI0N KPISCOPAL ClIE/ LES GRECS, kto.
tiquer dôs lo icmps de S. Cyprien , comme on le voit
858
dans pliisioni's des lellres de ce saint Martyr.
Poin- ce (|iii est des ('vèiines des moindres sièges,
il sul'lisait qu'ils eussent des lellros qm rendissent té-
moignage de leur ordination, et qui devaient leur être
délivrées par le métropolitain, ou par ceux qui avaient
assisté à leur consécration. Le second concile de
Milève lit nue loi de cet usage, en disant (1), que tous
ceux qui ci -après seront ordonnés par les évcques, dans
tes provinces d'Afrique, prendront des lettres de leurs
ordinateurs , qui seront souscrites de leur main ; dans
lesquelles seront marqués le jour et le consul. L'église de
France se conforma à cet usage, et il y était encore
en vigueur au neuvième siècle, comme le montrent
ces paroles d'IIincmar au second concile de Sois-
sons ( 2 ), qui fut célébré en l'an 852 : Quiconque est
élevé au souverain sacerdoce... est tenu de prendre des
lettres testimoniales de ses ordinateurs.
Enfin le métropolitain donnait un édit ou instruc-
tion par écrit à l'évèque qu'il avait consacré. Nous
avons un modèle dans le Pontifical romain de ces ins-
tructions telles qu'elles étaient dans le temps que les
élections étaient encore en vigueur. En voici les prin-
cipaux points.
Sachez , mon frère , que vous venez d'être chargé
d'un grand poids et d'un grand travail, du gouverne-
ment des âmes : de vous assujétir aux besoins de
plusieurs, et d'être le serviteur de tous : et que vous [
rendrez compte au jour du jugement du talent qui
vous est confié. Ayez grand soin de garder la pureté
de la foi. Observez exactement les règles de l'Eglise
dans les ordinations, soit pour le temps, soit pour la
qualité des personnes : évitez surtout l'avarice et la
simonie. Gardez la chasteté; que les femmes n'entrent
point chez vous, et si vous êtes obligé d'entrer chez
les religieuses, que ce soit en compagnie de gens
hors de tout soupçon. Évitez de donner scandale. Ap-
pliquez-vous à la prédication, prêchez la parole de Dieu
à votre peuple abondamment, agréablement, dislincte-
ment et sans cesse. Lisez continuellement lÉcritiu-e
sainte, et que l'oraison interrompe la lecture. Demeu-
rez ferme dans la tradition que vous avez apprise ;
que la sainteté de votre vie soutienne vos instruc-
tions, et qu'elle serve de règle et de modèle à vos
ouailles. Ayez grand soin de votre troupeau. Corri-
gez avec douceur et avec discrétion ; en sorte que le
ïèle et la bonté s'aident l'un l'autre, et que vous évi-
tiez également la rigueur excessive et la mollesse. Ne
considérez personne dans vos jugements. Employez
les biens de l'Eglise avec fidélité et discrétion , sa-
chant que c'est le bien d'autrui que vous gouvernez.
Exercez l'hospitalité et la charité envers les pauvres :
soid.igez les veuves, les orphelins et toutes les person-
nes opprimées; ne vous laissez point élever par la
prospérité, ni abattre par l'adversité. Voilà un abrégé
de cette formule que l'Eglise conserve dans ses livres
les plus saints pour l'instruction de tous les évêques.
(1) Can. li, et cod. Eccles. Afric, can. 89.
(2) Action i.
CHAPITRE III.
De l'urdinuiiun des évéqucs citez les (îrecs et les Orien-
taux. \hus intolérable des Sestoriens au sujet de l'or-
dination de leur patriarche.
L'épiscopal est en si grande vénération dans loutcg
les communions orientales séparées par le schisme ou
par riif-résie (I), qu'il ne s'en est trouvé aucune jus-
([u'à présent sans évêques , cl qui n'ait cru que sans
évêciues il n'y avait point d'église. Par le nom d'évè-
(lues.cesChréliens n'onlpoint entendu des superinten-
dants, tels qu'en ont les Luthériens, ou des personnes
ordoimées par des prêtres et par des laïques, mais des
prêtres qui, selon les canons avaient reçu l'imposition
des mains de trois ou de plusieurs évêques ordonnés
par d'autres qui l'avalent été par leurs prédécesseurs,
en remontant jusqu'aux Apôtres. C'est cette successioi-
qui fait le fondement des ordinations, et elle subsiste
encore dans les églises orientales. Car les patriarches
jacobiles d'Alexandrie ont été ordonnés parDioscorc
et par ses successeurs, dont la suite n'a jamais été in-
terrompue jusqu'à nos jours. Les Grecs depuis la con-
quête de l'Egypte furent 97 ans sans patriarche de leur
communion; mais au lieu d'en faire ordonner un par
leurs prêtres, ils envoyèrent aux églises voisines ceux
qui devaient être ordonnés, et c'est ainsi que l'église
grecque d'Alexandne s'est maintenue durant un siècle,
jusiiu'à ce qu'ayant ol)tenu la même liberté que les
Jacobiles, elle commença à avoir son patriarche et ses
évêques. Les Grecs d'Anlioche ont eu de même les
leurs ordonnés par les évêques orthodoxes ; et les
Jacobiles avaient reçu l'ordination par Sévère et d'au-
tres qui avaient tenu ce siège, hérétiques à la vérité,
mais ordonnés par d'autres dont l'ordination était lé-
gitime. Les Nestoriens ont succédé dans le siège de
Séleucie et de Clésifonte à des évêques orthodoxes,
dont ils se vantent ftiussement d'avoir maintenu la
doctrine : et ils font remonter celte succession épis-
copale jusqu'à S. Thadée, preuve certaine qu'ils ne
croyaient pas qu'on pût former un corps d'église , si
celle succession manquait.
On sait aussi très-certainement que la manière
dont les évêques ont été ordonnés depuis la sépara-
lion de ces hérétiques, a été conforme à l'ancienne
tradition de l'Eglise universelle ; qu'ils ont suivi les
rits qu'ils trouvaient établis, qu'ils n'en ont point in-
troduil de nouveaux directement contraires aux an-
ciens, cl (|u'i!s ont conservé exactemenl tout ce (|n'il
y a dessenliel dans celle cérémonie sacrée. Abraham
Echellensis a réfuté solidement ce que Selden et quel-
ques antres protestants avaient avancé pour prouver
(lue dans l'église d'.Mexandrie le patriarche élail or-
donné par de simples prêtres (2). Il a fait voir très-
clairement que le passage de Ihistoire dEuiichius,
dont Selden appuyait ce paradoxe, ne s'entendait que
de l'élection du patriarche, et non de son ordination
(1) Perpél. de la foi, lom. 5, c. 10.
(2j Dans un livre intitulé : lùinjchius vindicatus.
859
HISTOIRE DES SACREMENTS.
860
Noiis aurons occasion, en traitant de la sniiéiioiilc dos
é\ê(|iics an -dessus des prèlrcs, de résondre (imliincs
dillicnltés sur celle matière, anxiiuelles ciilaines
expressions de S. Jérôme et de Libéral ont donné
lien. Mais ponr ce qui regarde les sectes orientales, il
n'y a rien de plus décisif que la forme d'ordination
pratiquée dans lonl l'Orient, que nous allons expli-
quer.
Les Grecs, suivant Tofflce que le P. Morin a tire
d'un pontifical ïwl ancien , après le trixaejium et quel-
ques autres prières, font venir celui qui doit èlre sa-
cré, au pied de l'anlel, où le prélat (pii fait l'office
dit la formule, Dhim gratin. Ensuite il met le livre
des Evangiles sur la tète et sur le cou de celui qu'il
ordonne, et sur lc(inel les autres évoques meltonl la
main; puis lui imposant les mains, il dit une prière
par laquelle il demande à Dieu que celui q-j'il or-
donne, soumis à TEvaiigile, reçoive, par rimposilion
des mains de lui et des autres évoques, la dignité pon-
tificale par ravénement du Saint-Esprit sur lui. On
dit d'autres prières, et l'officiant, lui posant encore les
mains, prononce une oraison ; i)uis il le revêt de
tlwmopliorion , qui est le principal des ornements
épiscopaiix.
Arcudins né à Corfou, mais élevé à Rome, où il a
écrit et enseigné, voulant concilier l'église Grecque
avec la Latine, et croyant, suivant l'opinion des sco-
lastiqnes dont il était prévenu, que la forme du sacre-
ment de rOidre devait être nécessairement impéra-
live, et ne trouvant rien de semblable dans les ordi-
nations des Grecs, s'esl imagiiu; que la formule,
D'iv'ma gralîa, dont nous venons de parler, était la
forme essentielle tant de la consécration des évèques
que de l'ordination des prêtres et des diacres, en quoi
il s'est visibicmrnt trompé ; puiscpi'il suffit de jeter
les yeux sur les eucologes des Grecs pour reconnaî-
tre que cette formule que l'on récitait avant l'ordina-
tion, et qui se récite encore par l'évoque, ne conte-
nait que le décret de l'élection de celui qui allait être
ordonné, dont il faisait la publication avant de com-
mencer l'ordination. L'ancien cucolo;4C du monas-
tère de la Grotte-Ferrée, cité par le P. Morin (1),
met hors de doute ce que nous disons ici. L'ofiice de
l'ordination y commencé en cotte sorte. Après le iri-
sagion le patriarclie monte au sanclmiire devant l'autel,
(ht lui présente un papier dans lequel es! écrit : La grâce
divine qui guérit ce qui est malail.', et qui supplée ce qui
manque, promeut (-poxe'fiÇsi) le très-religieux prêtre N. à
l'éj^iscopnt pour une telle ville, par fe sv.jl'ragcit l'appro-
bation des évèques chéris de Dieu, des saints prêtres et des
di.icres. Prions donc pour lui, afin qu'il reçoive la grâce
du Saint-Esprit. Le patriarche ayant reçu ce papier, et
l'archidiacre disant : Ecoulons, il le lit d'un Ion propre
à se faire entendre à tous. Et après cette lecture, tous
disnl : Kyrie eleison. Aussitôt celui qui doit être or-
donné élanl amené par trois évèques qui doivent faire cette
foiu-lion, le patriarche ouvre te livre de CEvangite, le lui
(1) De sacr. Ord., part. 5, exere. 7; c. 5.
met sur lu tête. Le reste contient le rit de l'ordination
tel (pie nous l'avons exposé.
Un exemplaire fort ancien du Vatican contient à
peu près la même chose ; et cft qui doît convaincre
que la lectiirfc de celte formule n'est àuïre chose que
la publication du décret d'élection , outre ce qui vient
d'être dit, c'est que la mêmecbose se pratiqiiaiuiuand
un évoque était transféré d'un siégé h un' autre. Nous
eii avons un exemple eu la personne dé Si Germain,
qui passa de Cyzitpie , au siège de Consiaminople ;
puisqu'au rapport de Cédrène, le décret de celie tians-
laiion était conçu en ces termes : La grâce aivine qui
guérit toujoiirs ce qui est malade, et qui supplée ci ce
qui manque, transfère parle suffrage et l'approbation
des évêmes chéris de Dieu, le très-saint Germain, métropo-
litahi de Cijsique , ciT archevêché de celte ville irapériale.
On p<!Ut voir d'antres preuves de ce que nobs disons
dans lé chapitre du père Morin que nous avons cité ,
et dans le suivant. Ce que' nous avons dit suffit pour
faire connaître la méprise d'Arcudius. Je remarque-
rai seulement, que si à présent le prélat officiant tient
sa main étendue sur l'élu, tandis qu'il lait la lecture
de cette formule, cet usage est récent, comme l'a dé-
montré évidemment le père Morin.
L'ordination que le même auteur a donnée, selon
le rit Nestorien , commence par plusieurs oraisons ,
pour demandera Dieu qu'il accorde la grâce et le don
du Saint-Esprit au nonvel évêque. On lit des leçons
de l'Evangile , qui ont rapport à la puissance que
Jésus-Christ a donnée à ses apôtres ; puis on met le
le livre sur les épaules de celui qui reçoit l'ordina-
lion , et, dans ce temps-là même , tous les évèques
présents lui imposent les mains. L'évéque officiant
prononce la formule , Gralia divina , puis il dit une
oraison pour demander à Dieu qu'iTconfirme l'élection.
11 fait sur lui le signe de la croix, et imposant sa main
droilesurla lêtedeceluiqu'il ordomie, ilélève la gauche
vers le ciel , et prononce une assez longue oraison ;
on y trouve ces paroles remarquables: Suivant la tra-
dition apostolique qui est venue jusqu'à nous, pour l'or-
dination, et l'imposition des mains pour instituer les
ministres sacrés, par la grâce de la scivile Trinité , et par
la concession de nos saints pères, qui ont été en Occi-
dent, dans cette église de Kuhi ( c'est le nom de l'an-
cienne église de Séleucie , qu'ils prélcndenl avoir été
bâtie par S. Maris, leur apôtre ), mère commune de
toutes les églises orthodoxes, nous vous présentons ce
serviteur que vous avez élu pour être évêque dans votre
éql'ise, nous vous prions que la grâce du Saint-Esprit
descende sur lui , qu'elle habite et repose en lui , qu'elle
le sanctifie, et lui donne la perfection nécessaire pour ce
grand et relevé mystère, auquel il est présenté ; puis il
fait sur lui le signe de la croix. L'archidiacre avertit
de prier pour tel prêtre auquel on impose les mains ,
afin de le sacrer évêque. Alors le peuple crie à haute
voix ci^ioi, qui se dit quelquefois en grec , (luelquelbis
en Syriaque. L'officiant dit une oraison par laquelle
il demande à Dieu qu'il donne à celui qui cstordoimé,
la puissance d'en-haut, afin qu'il lie et délie dans le
861 ORDRE. — PART. U. tiiA?. iU. C.Li.NATiO.N Él'lSCOPALE CHEZ 1 ES GRECS, etc. 802
ciel el sur la icwe , que par rimposilion de ses inaiiis «, UiolLMiicnt, selon qu'il est expliqué clans le niaïui-
jl puis«e guérir les malades, et faire d'aulros mer- ; sciit de Florence , c'esl-à-dire , qu'il fait comme s'il
veilles à la gloire de son nom : Et </)«? pr/r /« pKÙssfjHcc i prenait quelque chose avec les mains, lorsqu'il les
de votre nom , jY crée des p)tires el des diacres, des '
sous-dhtercs cl des lecleurs, p<}nr le viiiiistère de volrc
saillie Er,Usc. Après cela, le pi élal oUicianl lui f;iit en-
core le siL;no de la croix sur le frojil; puis o;i lui
donne les ornemenls é|ii.sci>j!anx, après les avoir mis
sur l'autel. Après (|iii i , il liénil la crosse iju'il lui
donne. El en lui faisant le i>igne de la croix sur le
front, il dit: Un lel esl séparé, sunclifié cl consacré
pour roHvrafje grand et relevé de rcpiscoput de telle
ville, au nom du Père, etc. Le reste ne contient que
des ciioses de cérémonial. L'ordination , selon le rit
Jacobile, esl assez semblable. Après l'oflice du jour et
diverses prières, un des évoques fait à hante voix la
proiiamaliin du UDUvcl évoque , suivant la foruiule ,
Divina (jraiia. Ce (in'il y a de particulier, cl qui ne se
trouv ' pas dans le rit nestorien, est que les évê(|ues
présentent au palri,'?*chc celui qui doit être ordonné,
qui a cuire ses maii.s une confession de foi écrite el
signée , dont ii fait la leclurc , ensuite de quoi il la
remet entre h'S mains do ctlui qui fuit l'ofiice. On
trouve en divers manuscrils, des confessions de foi
qui paraissent avoir été faites en de pareilles occa-
sions, et même quelques formules de ce qu'elles de-
vaient contenir.
L'évèqiie ofiîciant, après avoir mis une particule
du pain consacré dans le calice, et fait ce que les ri-
tuels appeUent la consommation , ou l'union des deux
espèces, met ses mains au-dessus du voile qui couvre
la palène el le calice , pour les sancliiier en quelque
manière , en les approchant des saints niyslèrcs, et en
ini| osant les mains à celui qu'il ordonne, il les élève
cl les abaisse par trois fois, pour figurer, en quehiue
façon , la descente du Sainl-Es; rit ; et en même temps
les autres évêques tiennenile livre des Évangiles élevé
sur sa lèle , par-dessus les mains de l'olïicianl, qui
après quelques autres prières dit : ÏJn tel esl ordonné
évêfjue dans la sainte Eijlise de Dieu. Ce qui est ré|)élé
par les autres évêques , et on nomme le nom de la
ville. Après cela , le nouvel évèque étant levé, l'offi-
ciaul le lenanl par la main , on le conduit au siège
épiscopal, où il est placé. On le porte ensuite autour
de l'église , avec les acclamations de tous les assistants
qui crient «su;, il esl digne. Enfin , il reçoit la crosse
ou le bàlon pastoral.
M. Renaudolcl), que nous n'avons fait presque '
que transcrire dans ce cbapiire , observe qu'il j a di
verses choses dans la traduction cl les remarques sur l
ces ofiices orientaux du P. Morin, qui mériteraient "
quelque éclaircissement, el entre autres, que dans la ']
noie 1 Ii, qu'il a jointe aux offices Syriaques, il cou
firme ce qu'il a mis dans sa traduction , qui donne ■
lieu de croire que les Jacol/ites ver. eut dans la main
de l'évoque quelques particules de l'Eucharistie.
Mais, ajoule-t-il , il n'y a rien de semblable dans le
texl-; elfe qui esl marqué doil être cnlcndu spiri-
(Ij Loco cilalo.
approche des espèces consacrées, comme il a été dit.
Le même auteur lemarquc aussi que ce qu'il a dil de
rol'dec neslorien de l'ordination, ne s'accorde pas en
tout avec la version qu'en a donnée le P. Morin , et
que ceux qui ne lisent ces ordinations qu'en latin, ne
peuvent souvent en entendre le sens ; le texte même
n'étant pas bien correct partout.
Lorsqu'on fait l'ordination d'un patriarche, tous
les évêques qui sont présents lui imposent les mains
en disant : ÏS'ou.s imposons les mains sur ce serviteur de
Dieu , qui a été élu par le Sainl-Espril ; etc. On ôle
ensuite le livre des Évangilec, el, après d'autres orai-
sons et bénédictions, celui qui fait l'oflice dil : In
tel est ordonné dans la sainte Eglise de Dieu : el un des
c\è(\ucii amùnuii : Evcque de telle ville; ce qui est
répété par celui qui fait l'office. On lui donne ensuite
les ornements épiscopaux, et on le place sur le trône.
Ce sont là les principales cérémonies de l'ordination
du patriarche jacobile de Syrie ; et celles des Cophles
sont assCz semblables.
Il est à remarquer que, suivant le rit jacobile, dans
lequel il faut comprendre celui que le P. Morin ap-
pelle des Maronites, el dans celui de l'église d'Alexan-
drie, il n'y a que quelques oraisons qui distinguent
l'ordination des métropolitains , et même des patriar-
ches, de celle des antres évêques, ce qui est conforme
aux règles de l'Eglise. Les Nesloricns seuls , par un
abus inexcusable, et qui est particulier à leur com-
munion , font des prières, limposilion dos mains, et
d'autres céiémonies essentielles à l'ordination, de
sorte qu'ils semblent croire que le palriarclial est im
ordre distingué.
Cet abus est inconnu dans les autres communions
ortiiodoxes cl hérétiques. Les >'esloriens l'ont intro-
duit vraisendjlablemenl longlenips après leur sépa-
ration , puisqu'ils n'avaient pu tirer celte coutume de
l'Église catlioli.jue, où elle n'avait jamais été. Les
Grecs ont les premiers donné atteinte à l an-
cienne discipline, en violant les canons qui défn-
daient avec tant de sévérité, 1 s translations des
évêques. Les Jacobites syriens n'y ont pas eu plus
d'égard , ei quoique l'abus n'ait pas été si fréquent
parmi eux, cl qu'il ne se soit établi que dans les
derniers temps, ils l'ont praliipié néanmoins. Mais un
évè(|ue transféré à une métropole, ne recevait pas
parmi eux rinqiosilion des mains, et on ne praTupiait
à son égard, non plus que pour établir un patriarche,
aucune des cérémonies qui eût rapport au sacre ; on
faisait seulement celle de l'intronisation.
Les Nesloricns oui porté le renversement de la dis-
ci|»line au dernier excès. On trouve dans lès mauus-
crils un abrégé de l'histoire de leurs catholiques ou
patriarches, qui va jusqu'au commencement du qua-
torzième siècle, cl qui rapporte les noms de soixjuie-
dix-huil. Il )ie parail pas que les dix-huit premiers
aient été transférés; niais des autres qui suivent, il
«63
V en a fiiiaraine-ncuf qui (■laiciit evL'(|ues ou nu'-
Ij'opolilaiiis avant que d'Olva fails paliiarchcs, cl
jiKMUC qucl(iMes-uiis avaienl cltr IranslVMVs plus truiie
lois.
Les Jacobiles d'Alexandrie oui au conliaire ob-
servé Irès-exactcment les anciens canons ; car depuis
S. Marc jusqu'à ces derniers temps, on ne liouvc au-
cun palriarclie (pii eût été allaché par une première
ordination à une antre église, et c'était une exclusion
pour celle dignité que d'èlre évoque, connne il se
prouve par les canonistes et par ceux qui ont écrit
(le rordiiialion. M- Kenaudol linil le livre ciniiuième
du cinquième lome de la IV'rpéluilé , dans lequel il j
traite des ordinations orienlales , en disant : On fera
peut-être quelques difficullés sur ces ordinations,
parce que (piehiuefois elles ont été condamnées comme
invalides. Mais ce n'a jamais élé par aucun jugement
de l'Eglise , ni des papes; et ce qid peut avoir élé
fait à leui' insu par des personnes qui avaient plus de
zèle que de science, ne peut être regardé comme re-
vêtu de leur autorité. Il est au moins cerlain que du
Icnips du ponlilical d'Urbain YIIl , on jugea , apiès
avoir écoulé les avis de plusieurs grands théologiens,
que les ordinations orienlales élaicnt valides ; et
longtemps auparavant , Léon X et Clément YH ,
avaient publié un bref en forme de conslilulion , par
lequel ils conlirmaienl aux Grecs , autant qu'il élait
besoin, l'usage de loules leurs cérémonies dans les
sacrements , et ils les conservent encore à Rome
IIISTOIUE DLS SACliLMKNTS. 864
car après que les litanies sont (inies, avanl tout autre
clianl cl toute autre prière , l'évêque met ses deux
mains en silence sur la lêle de cbacun des ordinands
successivement, ce que foui après lui cl de la même
manière tous les prêtres ; ce qui éianl l'ail, l'évêque
et les prêtres , tenant leurs mains étendues sur eux,
celui-ci prononce une oraison très-ancienne, par
laquelle il invo(iue la grâce du S. -Esprit (on peut la
voir dans le l'onlifical). Celle prière achevée, l'évêque
consacre les mains des oïdinands, et cependant on
chaule uiie hynme pom' invoquer le S. -Esi)ril. il leur
l'ail toucher le calice plein de vin, cl la palène avec
le pain, en disant qu'il leur donne le pouvoir d'oll'iir
le sacrifice à Dieu. Après la communion, le prélat of-
ficiant l'ail encore une autre imposition des mains sur
celui qui vient d'être ordonné, et qui se met à genoux
devant lui, et lui dit : Recevez le S. -Esprit; ceux à
qui vous rcmellrez les péchés, ils leur seront remis,
et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront rc-
lenus. Tels sont les principaux rils de l'ordination
des prêtres sur lesquels nous avons à parler.
A l'égard de rinq)osilion des mains de l'évêque et
des i:rêlres, jointe à l'invocation du S. Esprit, à la
prière, à la bénédiction , car ces termes sont syno-
nymes chez les anciens ; il est inutile de chercher l'é-
poque, elle est aussi ancienne que les ordinations des
évêques, des prêtres cl des diacres. Vous avez pu
remarquer ci-devanl , par ce qui a élé dit de l'ordi-
nation des ministres inférieurs de l'Eglise, que c''élait
et partout ailleurs. AUalius a donné ce bref en grec || ce rit qui faisait la dilférence des uns d'avec les au-
ct en latin, el M. llabert la fait imprimer aussi dans i| 1res en Occident, conformément au quatrième concile
son Pontifical des Grecs. ||i de Carlhage (eau. ô et A), cl le même concile distin-
gue de plus rordiiialion des prêtres d'avec celle des
CHAPITRE lY.
Des rils de l'ordinnlion des prêtres; on détermine te
temps (lutptel citaenn a eommencé, et en particulier
l'onction que fou a faite tant aux prêtres qu'aux |
évêques, dans leur consécration.
Quoiqu'on ne doive omettre aucun des rils pres-
crits dans les ordinations, il est bon néanmoiiis de
s'appliipier a la recherche de leur origine , puisque :
ceux-là sans doute seront toujours plus respectés ,
qui auront élé plus longtemps el plus universelle-
ment pratiqués dans l'Eglise. Nous tâcherons donc
de fixer l'époque de chacune de ces augustes céré-
monies, non pour donner lieu aux disputes en vou-
lant déterminer quels sonl précisément ceux qui
consliiuenl la matière cl la l'orme essentielle de l'or-
dination; mais pour arrêter le cours des disputes en
diacres, en ce que les premiers recevaient l'imposi-
tion des mains, tant de l'évêque que des prêtres, au
lieu que les autres la recevaient seulement de l'évê-
que. Presbyter ciun ordinatur, episcopo eum benedi-
cente , ei mnnum ponenle super capul ejus . etiam om-
nes presbyteri qui prœsentes snnt , manus suas juxta
manuni episcopi, super capul illius teneant. Et dans le
canoil suivant : Diaconus ciun ordinatur, solus episco-
pus (fui eum benedicil, niunum super capul illius ponat.
S. Paul ne désigne pas aulremcnl rordiiialion ipie
par l'imposition des mains. C'est en ce sens qu'il re-
commande à Timothée de ne pas imposer légère-
ment les mains , de |)eiir, ajoule-t-il, de vous lendre
parlicipant des pécliés d'aulrui. Celle, manière d'or-
donner les prêlres a élé de tout lemi»s commune' à
toutes les nalions clirélieiuies : aux Latins, aux Grecs,
montrant cpie ceux (pie beaucoup de théologiens mo- |j aux barbares, et même, comme dit le P. Morin (1),
dénies ont regardés comme de puri>s cérémonies, ont ||| nms les anciens rituels grecs et latins , et tous les an-
élé pratiqués de tout teinp ; , el ne doivent jamais
s'omellre dans celle imporlanle aelioii , quehpi'e pré-
texte que l'on ail pour cela , cl de ipiehiue préjugé
que l'on soit prévenu.
Pour donner du jour à ce que nous avons à dire \
sur celle matière , il faut remai([uer que l'office de
rordiiialion des prêlres commence par une double j
iinposilion des mains; suivant le Pontifical romain ; i]
ciens Pères ne font mention cpie de ce i il , joint à la
prière. Les conslitulions apostoliques le prescri-
vent ("2) ; Evêque, quand vous ordonnez un prêtre, im-
posez-lui les mains sur la tète. S. Jéiùine (.j), (pii éUtit
(1) De sacr. ordin.. excrcit. 7, c. I, p. lôl.
(-2) L. 8, c. 16.
(-)) In I,a'i,c. 58.
ORDRE. — PART. II. CiiAl> IV. ORDINATION DES PRÊTRES.
8C0
('galcinciit iiislriiil ili's iiï;.i8C3 des éiçliscs d'Orient T champ aux sens moraux cl anagogiqucs qui ciaicnt si
et de celles d'Occident, parlaiil des ordinations, dil
qu'elles se font, non seulement par la prière qui se
fait de vive voix, mais aussi par l'iiiiposition de la
main. .\on soliim ad iniprecaîioncni vocis, sed ad impo-
Atlioncin impledir uuimïs. Ll Théodoret (I), racontant
de quelle manière le moine Salaman fui promu au
sacerdoce, dil que l'évèque de la ville ayant appris sa
vertu, lit faire un trou à sa cellule, où élans entré, il
lui imposa la main et fil la piièie.
Tiiéodorel ne parle point d'onction dans celte ordi-
nation , parce que les Grecs ne l'ont jamais employée
à cet eiïcl , non pas même dans la consécration des ;
évè(pies. Les conslilutions apostoliques et le faux S.
Denis exposent avec les plus grands détails les rits
des ordinations des prêtres et des évc(pies ; mais ils
g;irdent un profond silence sur celle cérémonie , et ;
S. Maxime, qui a conuncnté ce dernier, il y a plus de
mille ans, ne nous avertit point que ce soit une omis-
sion. L'ancien Eucologc du cardinal Barberin n'en
fiiitpas mention , non plus que Siméon de Tliessalo-
ni(iue cl Cabasilas; et si quelquefois il se rencontre
(luebjucs passages des Pères , qui pourraient porter ce
sens à l'esprit, lescommentaleurs ont soin d'avertir
qu'ils doivent s'entendre de l'onction spirituelle, qui
est l'enèl de la présence du S. -Esprit. C'est ainsi qu'E-
lie de Crète ("J), qui a fait de doctes commentaires sur
S. Grégoire de Nazianze, et Nicétas expliquent quel-
ques endroits de ce Père, et cela conformément au
texte. Enfin, jusqu'à présent les Grecs ont ignoré celle
cérémonie dans les ordinations , comme le reconnaît
M. Habert, évéque deVabres, et Arcudius lui-même est
obligé de le reconnaître.
Il n'en est pas de même des églises d'Occident.
L'onction , tant desévêques que des prêtres, y est an-
cienne , quoiiiue celle des évêques soit antérieure à
l'autre. Mais toutes lesdeuxonlélé pratiquées en Gaule
dès les premiers temps (5), comme il parait dans un
très-ancien Rituel écrit il y a près de douze cents ans,
et par plusieurs autres vénérables parleur antiquité.
L'église d'Afrique, suivant toutes les apparences, ne
connaissait ni l'une ni l'autre de ces onctions; puisque
le concile quatrième de Carlbage, qui s'étend sur les
rits des ordinations des prêtres et des évêques, qu'il ,
prescrit en détail, jusqu'à marquer les points sur les-
quels on devait les examiner, n'en jiarle en aucune
manière. Le silence de S. Isidore de Séville (4) sur la
même matière , donne lieu de croire que celle céré-
monie n'avait point encore pénétré en Espagne de
son temps. Car ce saint traite au long et, si on l'ose
dire , au-delà des bornes qu'il aurait dû se prescrire ,
de ce (pii regarde les évc([ues et leur ordination, il
s'étend même sur celle des exorcistes et des autres
ministres inférieurs. Cependant il ne dit pas un mot
de l'onction sacerdotale, qui aurait donné un si beau
(l)Pliilo.str., c. 10.
12) Schol. in inil. orat. 7.
(3) Morin., de Ordinal., exerc. 6, c.
(.4) L. 2deOnic.
fort de son goût.
L'onction épiscopalc sur la tête était néanmoins
dès-lors cl longtemps auparavant en usage dans lé-
glisc romaine. Elle parait même i)Ius ancienne que le
temps de S. Léon , qui en parle discrlcment en ces
termes (I) : Car à présent l" ordre des lévites est plus il-
lustre, la dignité des prêtres est plus relevée, et l'onction
des sacrificateurs est plus sainte , parce que votre croix
( il pailc à Jésus -Clirisl ) est la source de toutes les bé-
nédictions. ( Et sacratior unctio sacerdotuni ). Il attri-
bue, comme vous voyez, dans ce passage à chaque
ordre son épithète, et il réserve l'onction pour le der-
nier. S. Grégoire n'est pas moins exprès sur cela ,
lorsqu'à l'occasion de l'onction que reçut Saiil de la
main de Samuel Ci), il dil que cela représente ce qui
se pratique à présent matériellement dans l'Église, où
celui qui est élevé à la première dignité reçoit le sa-
crement de l'onction. Quia in culmine ponitur, sacra-
nwntuni siiscipit iniclionis.
Mais si l'onction épiscopale est ancienne dans l'é-
glise de Rome , on ne peut dire la même chose de la
sacerdotale, il paraît même qu'elle n'y était point en-
core reçue au neuvième siècle, par la réponse du pape
Nicolas 1 à Rodulphe, arc-bevèq^e de Bourges (.5). Car
ce prélat lui ayant demandé s'il fallait faire aux prê-
tres et aux diacres l'onction du chrême à la main ,
comme on la faisait aux évêques, ce pape lui répondit
que cela n'était point en usage dans son église , et
qu'il n'avait lu nulle part que cela se fût fait pour les
ministres de la nouvelle loi,
il n'est pas étonnant que le pape Nicolas ait ignoré
que cela se pratiquât à l'égard des diacres, quoif|ue
l'usage de leur joindre les mains fût dès-lors établi en
Angleterre cl dans quelques provinces de France,
comme il conste par un ancien rituel qui se conser-
vait du temps du P. Morin dans la bibliothèque de
l'église de Rouen. Mais comment a-t-il pu igiiorcrquc
l'onction sacerdotale se pratiquât , puis(pril parait par
tous les sacrainciilaires et les rituels de ce temps qu'elle
faisait partie des rits de l'ordination des prêtres?
Ce qui doit augmenter la surprise sur cela , c'est que
ces livres portent en têle, pour la plupart , les litres
de Sacramentaires et de Rituels de l'église romaine.
Mais il faut savoir pour résoudre celle dillicnlio (|ue
quoiqu'alors les rits romains fussent reçus en France,
et que les livres qui les contenaient portassent les li-
tres de Sacramentaires ou de Rituels de l'église ro-
maine, ceux qui les écrivaient en France, avaient
soin pour l'ordinaire d'y joindre les rits dont l'usage
était établi dans le pays. Et quand ils les avaient
omis , ceux entre les mains desquels ils tombaient ne
manquaient pas d'y suppléer en les marquant ou à la
miirgc ou au bas des pages, d'où il arrivait aisément
(pic ceux qui les transcrivaient ensuite les inséraient
dans le texte. De là vienl que, dans la plupart de ces
(!) Serm. 8 de Passion. Dom.
(-2) 1 Reg. c. 10.
(5) Tom. 3Conc. Gall., epist. rv.t.
807
HISTOIRE DES SACREMENTS.
863
livres, celle cérémonie de l'onciion se trouve marquée,
(|uoiqii'ello ne fût p^s encore praluiiice a llonic du
lomps (lu pape Mcolas. Aussi se rencoiilrc-t il de ces
livres qui coiitieiiiicnt les rils purcaieul romains,
dans lesquels rouclioii esl omise dans roidiiuiliou
des prélres, cl ciilreauircs celui quelc P. Morin a place
au second rang dans le recueil (pii est dans Tappendicc
de son livre des Ordinations. Le niaïuiscrit <iui con-
tient CQl ol'fice esl des plus anciens, selon cet auteur,
et a éiQ décrit d'après le sacrameniaire de Gélase ,
avant le temps de S- Grégoire. Le sacrameniaire de
Rodrude, qui vivait dans le même siècle que le pape
iS'icolas, omet de même celte cérémonie, ce qui vient
de ce que cet auteur, ou plulùl ce comiMlalenr a pris à
làclie, comme il le témoigne lui-même, de ne rien in-
sérer dans ce livre queçc qui était çerL^inement dans
celui de S. Grégoire, ayant pour ce sujet écarté tous
les exemplaires où il se trouvait (luchpics cliangements
ou altérations.
Le déplacement de ce rit dans les anciens rituels
romains, dans lesquels on voit qu'il a peu ou point de
liaison avec ce qui précède et ce qui suit ; cl la variété
qui se trouve là dessus, les uns prescrivant l'oncticn
sacerdotale à la tête cl aux mains, les autres à la têle
seulement; ceux-ci marquant qu'elle se doit faire a\ec
le chrême, ceux-là avec l'huile siiir.ple, et autres sem-
blables , tout cela prouve que cet usage de r(uiclion
dans l'ordination d''s prêtres est récent dans l'Église
Romaine, et s'est introduit peu à peu et non en vertu
de quelques délibérations conununes prises en con-
cile, ou de décrets des papes.
Ce que l'on peut opposer à ce (lui vient d'être dit, esl
trop faible pour cpie nous nous y arrêtions. Passons à
la porrection des instruments, et examinons en quel
temps ce rit, a été introduit dans l'office de l'ordina-
lion des prêtres.
Tout ce que nous avons dit ci-devant, pour prouver
que les Grecs ne reconnaissaient point ronclion pour
un des rils de l'ordination sacerdotale, se peut aiipli-
quer à la porrection des inslnimcntsqui n'a jamais été
en usage parmi eux. El comment le moine Macédonius
aurait-il pu recevoir l'oidination sans s'en aperce-
voir, et tant d'autres être ordonnés contre leur gré et
en se défendant, si ce rit eûi fait partie de cet office ?
il n'est donc pas nécessaire de nous étendre davantage
là-dessus.
Les anciens rituels latins n'en font pas plus men-
tion que les grecs. On a deux olïices de l'ordination
des prêtres imprimés dans le sacrameniaire de S. Gré-
goire , l'un tiré d'un manuscrit de la bibliothèque du
\alican, l'autre de celle de Corbie , (juc D. Hugues
Mainard a publié , l'un et l'autre n'ont aucun vcslige
de cette cérémonie. Deux autres de M. Peieau écrits
en lettres unciales, el plusieurs que le P. Morin a re-
cueillis dans son ouvrage toui'liant les ordinations,
où on p ul les consulter, omettent également ce rit;
il s'en trouve même un de Beauvais, écril du temps
du roi Robert, dans le(|ucl ce rit n'est point marqué,
d'Iuii, Accipe potcstalem, etc. Les auteurs qui ont traité
dos offices ccc!ésiastii|UOS dans le huitième el le neu-
vième siècle , comme S. Isidore, Alcuin, Amalaire ,
Raban, cl Walfride Slrabon , sont en cela de concert
avic les rituels et lessacranienlaires, ce qui forme une
preuve convaincante que ce rit esl postérieur à ce
temps-là.
Que si l'on demande quand ce rit a commencé à
être on usage dans l'ordination des prêtres , le P.
Morin répond que l'on peut en Gxer l'époque au
dixième siècle : car, dit-il, on le trouve dans le ca-
hier de l'abbé Constantin Gacian, qui est environ de
ce temps. 11 porte qne l'onction étant faite, l'ordinand
recevra la patène avec des hosties, cum oblulis, et le
calice avec du vin; el que le célébrant dira ces pa-
roles : Recevez la puissmice d'offrir à Dieu le sacrifice,
et de célébrer la messe au nom du Seigneur, (mil pour
les vivants que peur les morts. C'est la foiinule qui ac-
compagne encore à présent la porrection des instru-
ments, el elle est presque la même dans l'ordre ro-
main vulgaire.
Le P. Morin remarque que, dans un manuscrit de
Beauvais, qui n'a pas plus de GUO ans d'anlicpiité, ce
rit avec sa formule ne se trouve point dans le corps
du livre, mais au bas de la marge, écril d'une autre
main et d'un autre caractère; encore n'y est-il ques-
tion que du calice el non de la patène ; ce qui prouve
que, quoiiiue dès le comuiencenienl du onzième siè-
cle cela ait commencé à se pratiquer enquehjues en-
droits, l'usage n'en est devenu général que longtemps
après. Ce qui esl encore confirmé pnr un manuscrit
de Mayence qni n'a guère plus de cini cents ans,
dans lequel il esl prescrit de présenter à deux des
ordinands seulement ou à plusieurs, le calice avec la
patène en leur disant en général, Accipile potcsta-
lem, etc.
Mais ce qui est digne de romaniue surtout, c'est
que, dans le plus ancien monumci l où ce rit esl pres-
crit avec sa formule, je veux dire dans le sacramen-
laiie de S. Grégoire,(|ni vientdela bibliojhèciue Vali-
cane, cl qui a été imprimé à Rome parmi les oeuvres
de ce saint pape , le lit dont nous traitons n'est mar-
([ué que dans la consécration des évêiiucs el non
pour l'ordination des prêtres, cl cela, immédiate-
ment a])rès l'imposition des mains et la bénédictiun
ou prière que l'officiant prononce s',;r celui qu'il con-
sacre.
Après ce qui vient d'être dit, on sera peut-être sur-
pris qne la plupart des théologiens scolastiques de-
puis le treizième siècle, aient prétendu que ce der-
nier rit et sa formule soient la matière et la forme
essentielle du sacrement de l'Ordre, quant à la prê-
trise, et que ce soit par là que les prêtres reçoi-
vent la puissance de sacrifier privalivement à tous
les autres rils qui sont en usage el prescrits dans le
Pontifical. En quoi ils ne sont pas d'accord avec les
premiers docteurs de l'école, qui sui'posenl que
ceux à qui le prélat officiant présente ces instrumeuls
lion plus que la formule qui l'accompagne aujour- |i el adresse ces paroles, sont déjà ordonnés prêtres, et par
8G9
ORDRE. — PART. II. CII.M». 1
conscqiicnl revêtus (Je la puissance s.Tccrdolale.C'osl en
ce sens que Hugues de Saiiil-Yielor dil, dans son second
livre des Sacreiuenls, en parlant de rordination (I) des
prêtres : Ils reçoivent le calice avec du vin cl la pulène
avec des hoslieSy de la tnain de l'évèqu;. : afin que par ces
instrumenti ils reconnuissenl qu'ils ont reçu la puissance
d'offrir à Dieu des lioslies de ,propitiation. < Ul pcr hoc
( sciant se accepisse poleslateni placubiles Deo /loslins
< o/J'crendi ; » paroles que le Maître des Seiilcnces ré-
pèle (2), et qui sont conformes à un ancien Poiitilical
romain que Ton conserve manuscrit, dans la biblio-
llièque de M. de Colberl (nnm. ilGO), qui porte ce
qui suit : Quil prenne (roi'licianl) /a patène avec des
pains et le calice avec du vin, et qu'il les mette ensemble
entre les mains de clincun de ceux qui ont été ordonnés.
( In manibus ordinati cujuslibct. ) Il ne dit point enlic
les mains desordinands, ordinandi cujnstibet, mais, ordi-
nati. Ce qui marque que la chose est déjà faite. Aussi
a-t-on cru anlrefois que les paroles cssenliellcs de
rordination étaient les mêmes que les prières qui ac-
compagnent l'imposition des mains, et surtout la troi-
sième, qui est assez longue, qui se chante en manière
de préface et qui dans les anciens pontificaux est
nommée particulièrement la prière de la consécration.
Consecrnlio.
Après ces cérémonies de Tordinalion, ceux qui l'ont
reçue récitent à haute voix les prières (Ni sacrifice
avec le prélat officiant et le céléhranl avec lui, entrant
ainsi en exercice du pouvoir qui vient de leur être
conféré. Il faut pourtant convenir que quniqu'autre-
fois il fût ordinaire aux prêtres de célébrer les saints
mystères en commun et au même autel avec l'évêque,
ce qui représentait l'uinté du sacrifice et formait la
communion callui'iqne, cela ne se faisait pas parles
nouveaux prêtres le jour de leur ordination. Et l'usage
présent n'a pas au-delà de 400 ans d'antiquité , et n'a
pas même depuis ce temps été reçu d'abord partout.
C'est ce que témoigne le pèrcMarlène(3), qui ditavnir
lu avec attention plusieiu'S Pontificaux et Iliiuels qui
ne prescrivent rien de semblable. Il en conclut que cet
usage vient de l'église romaine , d'où il se sera ré-
pandu, un peu avant ou après le concile de Trente,
dans les autres églises. Autrefois même, les nouveaux
prêtres ne récitaient point les prières de la liturgie à
genoux à la place où ils ont été ordonnés , comme à
présent : mais debout et étant rangés à droite et à
gauche autour de l'autel, suivant qu'il est prescrit dans
un Pontifical romain de la bibliolhèquc de M. de Col-
berl. ils conuniMiiaient ensuile sous les deux espèces,
tant eux que les diacres qui venaient d'être ordonnés,
ce qui est aussi maniué dans le Pontifical de l'église de
Dax.
L'imposition des mains qui suit la comimuiion et
qui est accomi)aguée de cette formide : Recevez le
Saint-Esprit , les péchés seront remis à ceux à qui vous
les aurez remis, etc. , est encore plus récente que la
(l)Part. 3, c. 12.
(2) L. 4. dist. 2i.
(3) Toui. 2, Sel 19, p. 521.
V. ORDINATION DES PRÊTRES. 870
Il porreclion des instruments, cl a été entièrement in-
! connue dans l'église |:endanl l'espace de plus de douzo
i cents ans, dit le pèie Morin (I). Outre le sdence que
gardent là-dessus tons les an( iens livres des offices
ecclésiastiques et les aulciusqni en ont traité'-, ce qui
forme une |)rçuvc négative à laquelle on ne peut rai-
soun.'iblenient se refuser, on pcsit encore produire di s
argunuMits positifs qui mellcnt la chose hors de donle,
cl font voir sans réplique, que cette dernière impositiiju
des mains, avec sa formule, était inconnue aux an-
ciens : car le quatrième concile de Carthage distingue
l'imposition des mains pour le sacerdoce, de celle qui
se fait pour le diaconat : en ce qce dans la première,
les prêlres se joignei;l à révèipie dans celle saiiitc et
auguste cérémonie, au lieu que pour la seconde, l'é-
\ vêque seul impose les mains ; et il rend raison de celte
dilïéience (can. 4.), en disant que cela se fait ainsi,
parce que les diacres sont ordonn 's seulement pour le
service de l'église. Sottis episcopns qui eum bencdicit,
manum super illius caput ponal , quia non ad saceido-
tium, scd ad ministerium consecratur.
Le second concile de Séville (can. 5) a f.;!i une dé-
cision sur la niatière des ordinations (|ui prouve en
même leuips ce que nous disons ici et ce que nous avons
démontré ci-devanl touclianlla pcrrection des inslru-
mcnls. Nous allons la rapporter parce qu'elle esl très-
propre à faire voir quelle était la vcrlu que nos
pères attriiiuaienl aux paroles sacramentelles, et
pieili's éiaieiil ces paroles si cflicaccs. ^ous avons
appris, disent les évêques de cette assemblée, par le
rapport d'Anian, diacre d'F.gbare, qu'un évoque ordon-
nant pr tre un clerc et deux autres diacres, et étant
alors ajflirjé d'un mal d'yeux, leur avait seulement im-
posé les mains tandis qu'un prêtre prononçait sur eux
la bénéd'icl'wn, le tout contre l'ordre de la discipline ec-
clrsiasliquc. Cet évêque aurait mérité pour une telle au-
dace d'être coudamné par noire juqcmcnt , si la mort ne
l'avait prévenu; mais comme il est devant Dieu à qui il
appartient de le juger, nous ordonnons que ceux qui ont
reçu de lui non pas tant la cons crution que la honte
d'une telle ordination, soient déposés du degré du sa-
cerdoce et de l'ordre léviliqne qu'ils ont reçu contre les
règles. Car ceux-Ui méritent d'être écartés du saint mi-
n'isllre qui y ont été mcd établis. Ce que nous voulons
être exécuté, afin qu'il n'arrive plus rien de semblable à
l'avenir. Qui ne voit que le mal d'yeux que soulTrail
cet évêque ne l'eût point obligé de se servir du mi-
ni 1ère d'uii prêtre pour prononcer les paroles sacra-
mentelles qui font ce que les théologiens appellent la
forme du sacren.enl, si elles avaient consisté dans
celte courte formule : Accipe Spirituni snnctuin, etc.,
qui est jointe dans nos pontificaux mod rnes à celte
dernière imposilion des mains? Il fallait do!:c que ces
évêques fussent persuadés que les pandes essentielles
au sacrement de l'Ordre fussent les oraisons qui ac-
compagnent la première imposilion des mains dont
nous avons parlé au connnenceiuenl de ce chapitre,
(l) De Or.!., excrc. 7,c. 2.
S7l HISTOIRE DES
Opcndant c'est à celle fonmilc jointe à l'imposition
(les mains f|ne fait I evèque en la prononçant qn'il a
pin à qnanlité de tliéologiens d'attacher le pouvoir de
remettre les péchés ; en sorte que selon plusieurs
d'enlre eux, comme les prêtres reçoivent par la por-
rection des instruments, et en vertu des paroles qui
raccompagnent, la puissance sur le corps naturel de
Jésus-Christ, c'est-à-dire, le pouvoir d'olliir le saint
sacrifice, ils reçoivent de même par celle dernière cé-
rémonie, la puissance sur son corps mystique, c'est-
à-dire, le pouvoir de gouverner le peu|)Ie cluélicn et
d'absoudre les fidèles de leurs péchés ; de manière
que celui dans l'ordination duquel on aurait omis ce
rit, ne serait prêtre qu'à demi, et ne pourrait par la
vocation de son évêque entrer en exercice du pouvoir
d'absoudre ou de Merles pécheurs, qu'il n'aurait point
reçu dans son ordination.
Je laisse aux théologiens éclairés le jugement de
ces opinions, il me suffit de remarquer que tous n'ont
pas pensé de môme , dans le temps même qu'elles
étaient plus en vogue; et entre autres le savant Jé-
suite Maldonat (1) qui, parlant de cette imposition
des mains qui était en usage chez les anciens, dit
qu'on ne doit pas la regarder comme cérémonie non
nécessaire, mais comme une partie essentielle du sa-
crement. Ce qui, ajoute-il, parait appartenir à la foi
catholique, et il lui semble téméraire d'abandonner
l'Écriture sainte pour suivre des chimères, c'ost-à-
dire des raisons naturelles, etc. Jean Major avant Mal-
donat, avait senti le faible de cette opinion , puisipie
dans ses Commentaires sur le quatrième livre des
Sentences ('2), qu'il écrivait à Paris en I.jIG, il prouve
que cette dernière imposition des mains n'est point
de l'essence de l'ordination sacerdotale, parce qu'elle
ue se trouve pas, dit-il, dans certains pontificaux, cl
qu'il n'est pas probable (ju'ils l'eussent omise si elle
était de l'essence du sacrement. AUrjiia pastoraliu liar
non habent, ncc fit probabile (ju'od ileftccrciit in (dujuo
tant necessario ad sacramenlum. 11 faut remarquer que
tie tiiéologien parle ici des ponlilicaux imprimés et
qui étaient en usage de son temps; et que par coiisc'-
qucnt on ne doit pas être surpris qu'elle soit omise
dans les anciens qui ne sont que manuscrits , et que
dans d'autres plus récents, et qui ne sont guère au-
dessus de quatre ou cinq cenis aiis, ou il n'en soit fait
aucune menlion, ou qu'elle y ait été ajoutée après coup,
comme l'a remarqué le P. Moriii, qui nous apprend
. aussi que , dans un Pontifical manuscrit assez récent
; (jui appartient au collège de Foix,. à Toulouse, il est
dit (jue cette formule : Accipe Spirilum scmclum, etc.,
se prononçait dans quelques églises dans la première
jmposition des mains, mais que, suivant la coutume de
règlise romaine, elle se fait en silence. Cette impo-
ëiiion des mains dont parle le Pontifical du collège de
Foix, est celle par laciuellc commence le rit de l'ordi-
nation, cl que nous avons considérée comme la même
(i) T. 2 de Sacr., tract, de Ordine, q. 5, c. 2.
(2) LVist. 24, q. 1 .
SACREMENTS. 872
avec celle qui la suit immédiatement après, et qui est
joinle à l'invocalion du Saint-Esprit.
Il ne nous reste rien à dire touchant l'ordination des
prèlres, sinon que chez les Grecs, et dans les commu-
nions orientales, elle se fait par l'imposition des mains
et la prière, comme on peut le voir dans le cinquième
tome de la Pcrpéluilc de la Foi deM. Renaudot (capfj.)
Je ne rapporte jias ici ce qu'eu dit cet auteur, parce
qu'il n'y a rien de singulier, et que dans ces difl'é-
rcntes églises les rits sur ce point sont peu difl'érents
les uns des autres, et conformes à l'ancienne simjjli-
cil(; avec lacpielle on adminislrail aulrefois ce sacre-
ment. La raison de cela est que les chrétiens de ces
communions ont conservé depuis leur séparation de
l'Église ce qu'ils y avaient trouvé établi quand ils ont
abandonné son unité.
CHAPITRE V.
De rordinalion des diacres. On parle à celle occasion des
diaconesses, de leurs fonctions , de leur instilitlion, f.t
du temps auquel on a cessé de les ciiiploijer dans
Vécjlise.
On a vu par ce qui a été dit ci-devant , et entre
autres dans le dernier chapitre, que Ion conrérait au-
trefois l'ordre du diaconat par l'imposition des mains
et la prière ou bénédiction. Souvenez-vous surtout de.
ce que nous avons rapporté des conciles de Carlhagc
et de Séville. Il est donc inutile de nous étendre da-
vantage sur ce point qui n'est révoqué en doute par
aucun de ceux qui ont quelque teinture de ranli(|uité
ecclésiasti(pic et de la discipline sacramenlelle. Les
anciens rituels confirment ce que les conciles et les
auteurs ecclésiastiques ont dit sur cela ; et les rits qui
sont présentement en usage dans Tordination des
diacres y onj, été depuis ajoutés pour la rendre plus
célèbre et plus auguste, ou bien pour mieux désigner
l'effet du sacrement et les fonctions auxquelles sont
deslinés ceux qui reçoivent cet ordre : tels sont la
présentation de la dalmatique et du livre de lÉvangile,
dont, selon le père Morin (1), les rituels qui ont été
écrits jusqu'au neuvième siècle, ne font aucune men-
tion, non plus que des formules de paroles qui ac-
compagnent celle prèsenlation, «luoique plusieurs
théologiens aient fait consister la matière et la forme
de cette ordination dans l'un ou l'autre de ces rits il
ajoute qu'il y a à peine srx cents ans que l'on a coin
mencé à i)réseiiter l'Évangile aux diacres dans leur
ordination, excepté en Angleterre, dont nous avons'
un sacramentaire qui peut avoir 800 ans d"anti(piité ,
dans le(iuel il est maniué que l'évèque , après quel-
qu'aulre rit, donnera l'Évangile à celui qu'il ordonne ,
en lui disant : Rcccvex. ce volume de r Évangile, lisez-le,
comprenez-le, faites-en part aux autres, et accomplis- '
sez-le par vos œuvres.
Cette formule , comme vous voyez , est différente
de celle dont on se sert à présent, et on voit beau-
coup de variété sur cela , depuis même (|iie la ciM-é-
( 1 j i)e sacr. .Ordiu., exerc. "J, c. 1.
875 ORDRE. — PART. 11. ClIAl'. V
monie de présenter l'évangile, à l'ordinaiion du diane, '
a été reçue coniinuiiéiuenl dans nos églises. Ce qui
n'a pu arriver (pie vers le onzième siècle , et même
depuis; puisqu'après ce temps on remarque dans les
pontificaux beaucoup de diversilé, et dans quelques-
uns, des additions qui ont élé faites sans doute par
ceux (pii ont Iranscrit ces livres, et (pii ont ajouté une
cérémonie qu'ils voyaient élalilie de leur temps. Le
père .Morin (I) apporte plusieurs exemples de ce que
nous disons; et entre autres celui de Durand, évèque
de Mende, qui raconte lui-même que la cérémonie de
présenter l'évangile aux diacres dans leur ordination,
ne se trouvait pas dans un très-ancien ordinaire ou
sacramentairc de sui église, et qu'il l'avait lui-même
ajoutée de sa main au pontilical, aliu que l'église de
Mende fût en cela conforme aux autres. (Tid. Durand.
in 4, dist. !2i, q. 5.)
Eiilin ce qui prouve que ce rit ne peut être , à l'ex-
clusion des autres , la matière et la forme de ce sa-
crement, c'est que dans plusieurs églises, dans les
premiers siècles, la cliaige de lire l'Évangile était
confiée aux lecteurs , connue le moutrent les lettres
de saint Cyprien (p. 55 et ôi) a l'occasion des con-
fesseurs Aurelius et Celerin, qu'il avait ordonnés
lecteurs, et dont nous avons ci-devant rapporté des
extraits. Eu Espagne cette luuction était commune
aux S(uis-diacres et aux diacres. Le premier concile
de Tolède (cnn 4.) nous en fournit la preuve, lors'in'il
ordonne, que le sous-diacre, qui après la mort de sa
lemmc se sera remarié , sera dégradé et relégué au
rang des portiers et des lecteurs, eu sorte qu'il ne lira
plus l'Évangile ni l'Ai ôtre- lin lU Evangclium, et Apo-
siohitn lion Icgnt. Ailleurs les diacres et les prêtres le
faisaient indllféremment , comme il |)araît par les
Constitutions aj)Ostiili(pies (2). Tout cela prouve que
la présentation du livre des évangiles n'a pu être an-
ciennement le rit essentiel de l'ordinatinn des diacres ;
puisque depuis même que la fonction de le lire leur
a élé particidiérement alîectée, on ne le leur présen-
tait pas dans leur ordination.
Ces raisons et plusieurs autres que nous pourrions
alléguer avaient persuadé plusieurs théologiens (5)
que la matière de l'ordination des diacres devait être
l'imposition desujainsdont il est fait mention expresse
dans le livre des A( tes: mais le préjugé dans lequel
ils étaiei.l que la forme du sacrement d'Ordre devait
être inipérative, les jetait dans un grand embarras ,
ne triiiivant rien de send^'able dans les anciens livres
où 1 (iflice des ordinations est prescrit, mais seulement
des prières qui accompagnaient l'imposition des
mains. C'est, comme il y a tout lieu de croire, con-
foiniément à ce préjugé que (pichpi'un se sera avisé
d'insérer dans l'oraison que fait l'évêque l()r>qu'il im-
pose les mains aux diacres, celte f<umnle que l'on
trouve aujourd'hui dans nos pontilicaux : Accipe Spi-
(I) Ibid.
(-2) L.2, c ;i7.
(5) iîunav. in i, dist. -2i, p. 1, a. l ; Refl'ens., iu lib.
contra capiivitatem Babylon.,c. 12, § 7. Becanusde
saer. Ord., c. 2G, q. i.
ORDINATION DES PRÊTRES. 874
rituDi sntictinn ad robiir, ad resistendum diabolo et ten-
tuiioiiibiis rJKs in noiiiin'. Domiiii, lacpielle est visible-
ment déplacée, cfuipant le (il du discours , et n'ayant
aucune liaison avec ce qui précède et ce qui suit, et
qui de plus ne se lit ni dans les rituels que le Père
Mcuin a fait imprimer, ni dans ceux dont s'est servi
D. Hugues Mainard, ni dans l'ancien ordre romain
inq)rinu'' dans la bibliotbèciue des Pères, ni dans au-
cun des auteurs qui jusqu'au douzième siècle ont traité
de l'ordination des diacres, non pas même dans Hu-
gues de S. Victor ni Pierre Lombard.
Nos théologiens, de quebpie sentiment qu'ils soient
touchant la matière et la forme du diaconat, ne doivent
trouver aucime dillicuité dans le rit de l'ordination
des diacres chez les Grecs et dans les autres com-
iunnions orientales, puisqu'ils y rencontrent tout ce
cpj'ils peuvent désirer, je veux dire l'imposition des
mains jointe à la prière, et la présentation des instru-
ments propres à l'exercice de cet ordre. Voici la
manière dont elle se fait dans l'église grecque.
Celui qui doit être ordoiuié est présen;é par deux
anciens diacres (pii l'amènent au sanctuaire, dont ils
font le tour trois fois. Ils le présentent à lévèque qui
lui fait trois fois le signe de la croix sur la lete, lui
fait oler sa ceinture et l'habit de sous-diacre. On le fait
incliner devant la sainte table sur bupielle il aipuie
le fronl. L'archidiacre dit quelques prières, cl l'évêque,
imposaiit les mains sur sa tète, dit la firinule .Lu
gruce diiine élève un tel, sous-diacre trs-pieux , à la
digiiiléde diacre; prions pour lui, afin que la grâce di'
vine descende sur lui. (Ri-marquez, je vous [rie, que
cette formule est la même que l'on emploie, selon le
rit grec, dans roidinatioii des prêtres el des évècpnîs,
et dont nous avons parlé dans le troisième chaïutre.)
On fait ensuite d'autres prières, après lesquelles l'é-
vêque, lui imposant les mains, prononce une oiaison
par laquelle il demande à Dieu, pour celui qui reçoit
le diaconat, la grâce qu'il accorda à S. Etienne, elc. Il
impose les mains une troisième fois, et il dit une
autre oraison , après laquelle il lui met l'élole sur
lepaule gauche, et alors on crie, «fts,-, // est digne. On
lui met enfin entre les mains le ii-icio-j ou éventail ,
dont les (Jrecs se servent pour écarter les mouches
de dessus l'autel, puis, dans la liturgie, il commence
les prières appelées Diucouales, et lorsque les diacres
ap|iroclieiit de la coiiiinuiiion, il la reçoit le premier.
Tout cela est exactement décrit dans les notes du
père Go.ir (1) sur l'eucologe des Grecs. Cet auteur
ajiuite que dans divers manuscrits très-anciens il est
dit, que s'il y a deux calices sur l'autel pour la célé-
bration do la liturgie, le cél brant en donnera un au
nouveau diacre aliii qu'il le distribue au pniple. Il re-
marque aussi que suivant le rit grec, on ne présente
pas au nouveau diacre le livre des évangiles, ce livre
n'étant lu ordinairement dans l'église que par les
prêtres.
Dans les ordinations que le Père Moiin a données
(1) Eucol. p. 3».
U
87»
HISTOIRE DES SACREMENTS.
87G
lîii syriaque et en hiiin, les prcniicres sont celles (lu'il
appelle des Maroiiiles, parce que ceux qui les lui cu-
voyèrenl de Rome leur dounèrenl ce lilre, quoiqu'elles
soient celles des Jacobiles ; ainsi que tous les autres
offices attribués aux premiers. Pour ordonner un
diacre, il est marqué qu'après diverses prières on tait
approcher de l'autel celui qui est ordonné : l'archi-
diacre le présente à l'évêque. On fait les prières com-
munes et une particulière : révè(|ue dit la formule ,
Gratta divina, qui est la même que celle des Grecs, et
après une oraison, on lui donne l'aube ou yizùnoi, et
Ycrarium ou étole. Puis après un répons et un psanine
on lui présente le livre des Épîircs de S. Paul, et il lit
l'endroit de l'épîire à Timolhéc où il est parlé des
devoirs des diacres. On chante un autre répons tou-
chant la dignité de l'Église et do ses ministres. Le nou-
veau diacre met de l'encens dans l'encensoir , et on
lui fait faire le tour de l'église portant le livre des
Épilres. Il le remet sur la crédence et prend Yauaphora,
c'est à- dire, le voile dont on couvre la patène et le
calic e quand on les porte à l'autel , ce qui est une
fonction ordinaire des diacres, parce qu'il n'y a qu'eux
qui puissent le toucher. On chante encore quelques
prières, et celui qui reçoit l'ordinalion se pioslorne
devant l'autel. L'évêque lui impose les mains et il
dit : (/h tel esl ordonné, et l'archidiacre continue à
haute voix : Diacre du S. autel de la sainte église de la
ville N. Pendant que l'évêque impose les mains, deux
autres diacres tiennent chacun un éventail élevé sur
la tête de celui qui esl ordonné. C'est ce qui est non-
seulement marqué dans les livres , mais dans un ma-
nuscrit de la bibliothèque du grand duc. 11 baise l'autel
quand on donne la paix, ensuite levêque, et il reçoit
à la lin la couimunion , après laquelle il écoute une
petite exhortation que lui fait l'évêque.
Il y a une grande conformité entre cette ordination
et celle que le père Morin a donnée suivant le rit
nestorien. L'évêque est debout à sa place, et, après
quelques prières chantées par le chœur et entonnées
par l'archidiacre, l'évêque demande par une oraison
à Dieu, la grâce pour ceux qui sont appelés au diaco-
nat, afin qu'ils puissent s'acquitter dignemciit de leur
ministère. Il se prosterne ensuite pour remercier Dieu
de la puissance qu'il lui a donnée d'ordonner les au-
tres. Pendant cette prière, et quelque autre suivante,
ceux qui doivent être ordonnés sont prosternés jusqu'à
lerre. Ensuite il leur l'ait le signe de la croix sur la
tête, et il leur impose la main droite, tenant la gau-
che élevée vers le ciel : et, après une prière, il leur
fait encore sur la tête le signe de la croix : ils se pros-
ternent, il leur ôte ensuite l'étole qu'ils avaient au
cou, et il la leur met sur l'épaule gauche : il leur fait
loucher le livre des Épîlres de S. Paul présenté par
l'archidiacre, et il fait le signe de la croix sur leur
front. Enlin il dit : Unlel est séparé, sanctifié et consacré
uu rninistire ecclésiastique et au service lévitique de
S. Etienne, au nom du Père, etc.
L'ordination des diacres selon le rit Jacobitc, tant
pour les églises que ceux de cette communion ont en
Syrie qu'en Egypte, est assez conforme, dit M. Re-
naudot, à celle dont le Père Morin a donné rollicc
comme propre aux Maronites. Ce qu'il y a de particu-
lier est que, dans ce dernier office, il est marqué (pic
l'évêque imposant les mains, les met auparavant sur
le voile qui couvre les saints mystères, ce (|ui se pra-
tique aussi dans les autres ordinations, comme on l'a
vu, ce qu'il lait comme pour les sanctifier par l'appro-
che de ces mystères. Cet homme, si versé dans les
langues orientales et dans la discipline de ces églises,
témoigne aussi qu'il se trouve des fautes dans la tra-
duction que le Père Morin a donnée des offices del "or-
dination, et il en corrige quel(]ucs-unes qui ne sont
pas importantes, et qui ne touchent point à l'essence
du sacrement : sur quoi le lecltur curieux peut le con-
sulter. Après tout, cela ne doit rien diminuer de l'es-
time que l'on doit avoir pour ce docte et laborieux au-
teur, qui a répandu un si grand jour sur la discipline
sacramentelle des églises d'Orient, et qui, à dire le
vrai, étant entré le preniier dans cette pénible car-
rière, y a travaillé avec tant de succès qu'il a eifacé la
gloire de tous ceux qui l'avaient précédé en ce genre
d'éludé (i), lesquels, en coinpaiaisou de lui, n'avaient
fait qu'efileurer la matière qu'il a approfondie ; quoi-
que, ce qui est presque inévitable, il ait fait quelques
fautes, non pas tant manque d'érudition que pour
avoir été quelquefois mal servi par ceux qui lui four-
nissaient les pièces qui devaient entrer dans son ou-
vrage ; mais ces fautes peuvent se corriger aisément,
et M. Renaudoty a très-bien réussi. Facile est inven-
tis addere.
Nous ne pouvons mieux placer qu'en cet endroit, ce
que nous avons à dire louchant les diaconesses puis-
qu'elles recevaient une espèce d'ordination, quoiqu'on
ne les ait jamais considérées comme faisant partie et
comme membres de la hiérarcliie ecclésiastique.
Leur inslitulion est aussi ancienne que celle des
diacres mêmes, et nous la voyons très-clairement
dans les écrits des Apôlres. S. Paul, sur la liii de sou
Epître aux Romains (c. Ib, v. 1 et2), parle avec éloge
de la diaconesse Phcebé par qui il l'envoya à Rome,
ne faisant point d^ dil'ficullc de confier une pièce si
précieuse à cette sainte femme. Je vous recommande,
dit-il, notre sœur Pliœbé, diaconesse de l'église de Co-
rintlie qui est au port de Cenclirée ; afin que vous la re-
ceviez au nom du Seigneur, comme on doit recevoir les
saints, et que vous l'assistiez dans toutes les choses vii
elle pourrait avoir besoin de vous : car elle en a assisté
plusieurs, et moi en partictdier. Depuis ce temps, il esl
fait fréquemment mention des diaconesses dans les
Pères et les auteurs ecclésiastiques, comme nous le
verrons par ce qui suit.
On ne conliail pas ce ministère à toutes sortes de
personnes. Les évêques les choisissaient avec grand
soin parmi les filles qui avaient voué à Dieu leur vir-
ginité, ou parmi les veuves qui n'avaient été mariées
qu'une fois, et qui, après la mort de leurs maris,
(I) Allalius et Arcudius.
877 ORDRE. — PART. II. CHÂP. Y.
avaient donné des preuves d'une piélé solide, cl ^
avaient promis h Dieu de gurder la cliastclc le reste
do leur vie. L'Écriture sainte du nouveau Tcslani<^,nt,
Cl depuis, les conciles et les Pères parlent souvent
des (illes cl des femmes qui avaioiii embrassé cet
élai : les filles du diacre Philippe dont les Actes des
Apôtres font mention (c. 21), étaient de ces vierges
consacrées à Dieu. El l'Apôtre, prescrivant aux veu-
ves la manière dont elles doivent vivre dans cet étal,
ne veul pas qu'on y admclle toules.les femmes qui ont
perdu leurs m;iris, mais celles-là seulement de la li-
déiilé desquellfison peut s'assurer, tant par les bonnes
œuvres qu'elles ont pratiquées, que par la maturité j||
de leur âge. C'est pourquoi il défend (I) d'admettre
en ce nombre les jeunes veuves, parce que, dit il, la
iuoltesse de leur vie les portant à secouer le joug de Je-
sus-ClirisI, elles veulent se remarier, s'engageanl ainsi
dans ta condamnation pur -le violement de la foi qu'elles
lui avaient donnée auparavant.
Ces deux élats étaient extrêmement estimés chez
jios pères. Les évoques prenaient un soin particulier
de celles qui y étaient engagées. Mais les vierges
étaient regardées comme la portion la plus illustre du
troupeau de Jésus-Chrisl. Aussi leur consécration
était-elle ditlérenle de celle des veuves, en ce que la 'p
première était réservée aux évoques de qui elles re-
cevaient le voile qu'il avait lui-même béni : cl que
les veuves au contraire prenaient elles-mêmes de des-
sus Tauiel le voile que l'évèque ou le prêtre avait
bé.ii {i). Le prèlre seul pouvait aussi faire la cérémo-
nie de cette dernière consécration, au lieu que celle
des vierges lui était absolument inlerdile. Quand je dis
que le prêtre pouvait faire cette consécration, j'en-
tends seulement qu'il avait droit d'y être présent
connue ministre de rÉglisc, car les veuves ne rece-
vaient point de bénédiction : elles devaient seule-
ment faire profession de cliasteié en présence d'un
prèlre, comme le pape Gélasenous l'apprend.
On peut mettre en quelque sorte au nombre de ces veu-
ves les femmes dont les maris étaient appelés à l'épisco-
pal, à la prêtrise ou au diaconat ; ce qui était fréciuent
dans les premiers siècles. Car ces femmes se reliraient
delà compagnie de leurs maris pour vivre dans le céli-
bat, et se consacraient à Dieu quand ils étaient ainsi
élcvéi aux dignités ecclésiastiques; et elles portaient
clie.'- les Latins le nom de l'ordre pour leipiel leurs
ni:iris étaient consacrés; de manière qu'on appelait
episcupa, la femme d'un évèque, presbijtera, la femme
d'un prêtre, et diaconissa ou diacona, la femme d'un
diacre (3). Mais cela ne leur donnait aucun rang dans
le clergé; c'était uno simple dénomination. Toute la
prérogative qu'elles avaient sur les femmes ordinal- *
rcs, est qu'elles pouvaient être ordonnées diaconesses
proprement parlant, cl qu'on leur accordait volon-
tiers ce rang d'honneur lorsqu'elles s'en étaien ren-
(1) lTiin.,c. o, V. Il cl 12.
(2) Concil. Carth. Il, c. 3, cl 111, c. ô6 ; Hispal. II, !
C. 7; Léo, ep. 88; Gelas., cp. I, ^\\c 9, c. lo et 25. i i
(5)Conc. Turon. I, c. Il, et can. 20;Conc. An- ;
tiss., c. 21 ; Greg. Il, in conc. Uom., c. 1. '*»
ORDINATIOD DES DIACRES. 878
ducs dignes par leurs bonnes œuvres et par lagraviié
de leurs mœurs.
Telles élaicnl les personnes d'entre lesquelles on
choisissait les plus vertueuses cl celles en qui on
reconnaissait le plus de talunls, pour leur coniier en
quelque sorte une partie du ministère ecclé.->iaslique,
en les élevant au rang de diaconesses. Ce qui se fai-
sait publiquement devant l'autel à peu prés avec le >
mêmes cérémonies que celles qui s'observaient dans
l'ordination des diacres; car l'évèrpic leur imposait les
mains, et faisait en mém^ temps sur elles la prière ou
bénédiction; et cela s'appelait ordination chez les La-
lins, cl yiipoToArj. , chez les Grecs, qui est le terme
dont ils se servent pour désigner rordinalion des mi-
nistres de l'Église.
INous avons la forme de cette ordination dans l.^s
Constitutions apostoliques (l),qui portent que l'évèque
leur imposera les mains en présence du sénat des
prêtres, des diacres et des diaconesses, cl qu'il dira
celle prière : Dieu éternel, Père de Notre-Seigneur Jé-
sus-Cliri>>l, qui avez créé l'homme et la femme, qui avez
rempli de votre esprit Marie, Anne, Débora et Olda, qui
n^ivez pas dédaigné de faire naître d'une femme votre
Fils unique, qui en avez établi des gardes aux portes du
tabernacle et dans le temple, jetez les yeux sur votre ser-
vante qui est promue au ministère, riiJ -.poxeii>tio/j.hrrj di
SmaojUj, et donnez-lui votre Esprit-Saint , purifiez- la de
toute souillure de la chair et de l'esprit, afin qu'elle puisse
s acquitter dignemenl de l'emploi quon lui confie pour votre
gloire, et à la louange de Jésus-Christ, avec qui, etc.
Les anciens rituels des Grecs nous représentent les
aiêmes rites dans l'ordination des diaconesses ; et trois
entre autres que le P. Morin (2) avait en main. Ils
en ajoutent eiicore quelques autres peu différents de
ceux qui étaient en usage dans Tordinalion dos dia-
cres, comme de leur mettre l'élolc au cou, de les faire
comnuuiler à l'autel, de leur mettre en main le calice
plein du sang de Jésus-Chrisl, pour le leur faire
prendre à la sainte communion.
Cette espèce d'ordination avait lieu non seulement
dans l'église grecque , mais encore en Occidenl. C'est
ce qui est dit assez clairement par TcrUillien (3) dont
nous lisons ces paroles, dans le livre qu'il adresse à
sa femme pour la détourner de la pensée de se rema-
rier après sa mon. La discipline de l'Église et le pré-
cepte de l'Apôtre qui défend d'élever aux dignités ecclé-
siastiques les bigames, cl qui ne veul pas que l'on ordonne
une femme si elle a été mariée deux fois, font voir com-
bien tes secondes noces préjudicient à la foi, et font de
tort à la sainteté. {Ciim viduani adlcgi in ordinationcm
uisi iinivlram non concedit.) L'ordre Homain imprimé
dans la B.bliotlièque des Pères contient le rit de celle
ordination, et une messe particulière pour cela. Il y
esl dit qu'elle se fera en présence de l'autel pendant
la célébration de la messe après l'épitre et le graduel;
et que la consécration étant achevée, l'évèque lui met-
Il) L. 8, c. 19 et 20.
(2) Morin., de Ordinal. ,exerc. 10, c. 1.
(3) L. i ad uxor., c-7.
37S)
HISTOIRE DES SACREMENTS.
880
tra l'élolc, orar'nnn, au COU, en disant : Stolà jucumli-
lalii iiidtuit te Domhms; tt (|u'elle-nième se nicllra sur
la léte le voile qu'elle prendra de dessus l'aulel en pré-
sence de tout le inonde. Après cela on lui donne l'an-
neau et une espèce de collier (pie l'ctn met sur sa tèle
en lorine de couronne ; enlin on fait une lecture de
l'Ëvaiigile, et là se termine la messe.
L s riis de cette ordination font assez connaître que
les diaconisses (ou diaconesses, car je trouve ces deux
expressions dans les livres les mieux écrits (1) en
noire langue) élaient censées du clergé, et nous en
avDus encore mie preuve dans la lettre canonique de
S. Basile, qui dans les peines qu'il leur impose pour
les crimes où eles lombenl, détermine la manière dont
elles doivenl l'aire pénilei.ce, comme il fait pour les
clercs. Une diaconesse, dit-il, qui a commis le crime de
fornication avecun gentil, doit être reçue à la communion
(des prières); mais elle ne sera admise à faire l'oblution
qu'an bout de sept ans , si elle vit chastement jusquà ce
terme. L<'s vierges et Us veuves ord-naires, et même
celles dont nous venons de parler, n'éiaient point dis-
pensées des st:>tion« communes de la pénitence, non
plusque K'S antres laiiiues. Les diaconesses sont aussi-
tôt admises à la consistance, parce qu'elles avaient
été punies par la déposition, et qu'il n'était pas juste,
^mnie dit S. Basile dans la même lettre (can. 3-2), en
parlant d; s clercs, de les punir deux lois pour un
même crime. Elle est ponrlant séparée de la sainte
table, parce ipi il lui fallait donner le temps de pleu-
rer sa faMlc et de se purilier de celte souillure.
Il fallait que les diaconesses fussent en grand nom-
bre dans les églises d'Orieni, pnisiiue rempereur Jus-
linien (2), dans une loi où il détermine le nombre des
clercs, de la grande é[,flie de Constanlinoi le , délend
^u'il y ail plus de GO prêtres, de 100 diacres, de 40
diaconesses. Ce pr nce a fait plusieurs autres régie-
iiieiils qui les regardent (5). 11 y parle de leur promo-
tion, de leur manière de vivre, et de l'Age au(iuel elles
doiv.nt être ordonnées, (|u'il lixe à quarante ans, con-
formément au concile de Calcédoine (can. 15), qui ne
veut pas qu elles soient ordonnées avant cet âge, et
cela après un sévère examen, cmn summo libramine ;
et qui analliématise celles qui se marie.! en cet état
comme faisant outrage à la grâce de Dieu qu'elles ont
reçue dans leur ordination. Le coiuile in TrulloA de-
puis renouvelé ces lois (can. 14), défendant d'ordon-
ner les diacres avant l'âge de 25 ans, et les diaco-
nisses avant celui de quarante. 11 se sert même du
terme xstpoTOvsiesw, et dans son canon 48' il nomme
dignité le rang de diaconesse, c:ç<5//k. C'est ainsi que
la discipline avait changé, car l'Apôtre (4) voulait que
les veuves à qui on conliait ce ministère eussent at-
teint l'âge de soixante ans.
Les diaconesses étaient d'un grand secours aux
évoques pour les aider dans le gouvernement du peuple
(1) M. Fleuri, Instil. au droit ecclés., t. i, p. 83;
Version de Mons, Ep. aux Romains, can. 44.
(2) Novell. 3, c. 1.
(.5) Novell. 6, c. 6 et 123, c. 15.
^A) kd Tiniotli, 1, cap. 5, v. '^.
lidèle ; elles exerçaient leurs fonctions tant au dedans
qu'au dehors de l'église. C'était d'elles snrlout que les
pasteurs se servaient pour prendre soin des pauvres ,
des malades, et des orphelins de leur sexe. Elles
élaient aussi chargées, selon le quairième concile de
Cartilage (can. 12), d'instruire les pcrsoimes du sexe
qui aspiraient à la grâce du Baplème , elles leur ap-
prenaient comment ellesdevaient répondre aux inler-
rogations que se faisaient avant le Baplême et com-
ment elles devaicntvivre après avoii'ieçu celle giàce.
Elles élaient snrloul d'un grand usage dans le
' temps que la plupart se l'aisaienl baptiser en âge adulte-
C'était elles qui aidaient le.-> lemines à se dépouiller
de leurs babils pour enlrer dans les Fonts sacrés. De
plus, suivant les eonstitulions apnsloli(|ues (1), le dia-
cre leur oignait le front et les diaconesses leur fai-
saient r<iiictiou sur le reste du corps, comme cela se
pralii|nail en Oriciii. Elles recevaient celles (jui sor-
taient (lu bain sacré, coinnie les d'acres rece\ aient les
hommes. De plus, selon les mêmes Consiilulions (2),
les évè(|ues elles diacres ne devaient parler à aucune
femme qu'elles ne fussent présentes. Sainl Épipbauc(5)
leur allribiie li-s mêmes fondions, el dit que cela a
été ain>i établi pour la bienséance, el afin de me; tic
à couvert des sou] çons la répulalion des ministres
de l'Eglise. De plus, dans l'église elles gardaient les
portes par où enir.iii ni les femmes, qui élaienl diffé-
renles, au moins (mi plusieurs endroits, de celles par
lesipielk'S les bounues y eiilraieui , ce qui se [iraii-
qiiait stnloul en Occident. Elles veill àenl dans les as-
semblées de religion sur les peisoi.ncs de leur sex(i ,
elles avaient soin (pie cliai une lût pbuée à son rang,
que le silence s'obser\àl, cl (pie la bienséance fùl gar-
dée en toutes choses.
Telles élaient Ls principales fonclions de ces per-
sonnes consacrées à llieu, cl on a vu des iL-mnies delà
première condilion se chargerde ce minisière,el ren-
dre de 1res grands seivices à TP^glise dans cet état.
Témoin rillusire Olympiade si eonmic dans riiisloire
de l'Église \}i)uv sou éminenle venu, et la liaison
sainte qu'elle avait avec saint Jean Chryso&lôme pour
la cause du(piel elle a laiil sonifert.
M. Fleuri , dans son livre de l'Inslilulion au droit
ec(lésiasli(pie (4), <ih qu'il y en a eu depuis les Apôtres
jusquuu sixième siècle. Mais ce n'est point assez dire.
Les monuments des siècles postérieurs nous appren-
nent que cet établissement a duré [tins long-temps. La
S(Mil concile in Trullo, dont nous avons ci- dessus cité
les canons qui en font mention, en csl une preuve au-
Ibenlique, puisque, suivant ceuxqui le placent leplus
toi, comme Baroniiiset plusieurs autres, il a élélei.u à la
lin du septième siècle en 092, et (pie, s'd en faut croire
le savant P. Pélau (5), il a élé célébré dans le siècle
suivant, en 707, en quoi il est suivi par Cabassuiius,
quoi(iu'il soit plus vraisemblable de fixer son époque
(1) L. 3. c. 15 et 16.
mibid., cap. 7.
(3) De H i res., in fine, et bseresi 79.
(i) Tom. 1, c. 8, influe.
(.■>i !.. 2 Doct. tenip., et 2 Pralion., l. i, c. 15,
881 ORDRE. - PART. Il, CHAI»,
à l'an 701. L'ordre Romain (jne nous avons aussi
allégué, et qui eoiilieul les céréuioiiies de la cou-
sécralion des diaconesses, n'est point non plus aussi
ancien (jue le sixicnic siècle , et seniiile prouver que
cet uislilut s'est conservé plus l(ing-len)ps dans nos
églises dOecideni. De plus un concile de Wornis
de lan S08 répète (eau. 75) niot pour mol le 15' ca-
non du concile de (lalcédoinc qui regarde uui(pie-
nn'ul les diaci>nesses, dont il règle l'ordination ,
l'âge, les (pialilés qu'elks doivent avoir, et les peines
(Imt on doit les punir (piand illes aliandoimenl lein-
priifcssion. Ce concile, sans doute, suppose qu'elles
subsistaient encore once temps ;aulrenienl il faudrait
dire (|ue les cvèques (jui le composaient se seraient
arrêtés à.îes cli!nicres,en prescrivant des règles pour
un insiilut qui n'existait plus (pie dans la niéuiuire
des hommes. Tout cela prouve ipi'il y avait encori' des
diac(tnesses au 9' siècle. Je sais que dans plusieurs
conciles du sixième et septième, tenus en France (1),
il se trouve des canons qui sendtlent aholir l'ordre
des diaconesses. Le P. Morin (2) se met en devoir d'y
réjtondre, et de faire voir (|u'on ne doit pas prendre
en Cl- sens les paiolesdaus lestpn-lles ils sont conçus,
et il le fait doctement à son ordinaire ; mais cpiand
même nous conviendrions (|ue ces conciles auraient
voulu abroger cil élahlissement, il ne s'ensuivrait pas
pour cela qu'il aurait cessé alors. Combien de conciles
n'ont-ils pas publié de canons pour abidir l(;s clior-
évè(iues?cepe. daiit ils ont subsisté dans l'Église | lu-
sieuis siècles a|)rès ces légl'menls.
Le Père .Morin (3) croit qu'elles n'ont cessé de sub-
sister dans lÉglise que vers le commencement du
douzième siècle, tant en Orient qu'en Occident. Tola
illti discipliiKt iii diacouissas et ipsœ diaconissœ, abliiiic
an)ws(jubicjenlos, et quid umpliks abolitœ sunt etexslinctœ
VI utraijue Ecclesià. ElTeclivement Balsamon, qui vivait
sur la lin de ce siècle, écrivant sur leciuinzième canon
de Calcédoine , léuioigne que l'ordre des diaconesses
n'existait plus de sou temps. Il ajoute que l'on appe-
lait encore de ce nom certaines religieu esàConstan-
tinople, mais mal à propos : ces filles n'ayant é;é con-
sacrées par aucune iniiosition de main. Il ne faut pas
douter quecet institut n'aitété encore plus tôt aboli en
Occident qu'en Orient, n'ayant jamais été si répandu
dans les églises Latines que dans celles d'Orient. Hu-
gues de S. Vicioretle Maître des Sentences, qui trai-
tent dans un grand détail des ordinations et de tout ce
qui y a rapport, gardent l.Vdessus un profond sil(>nce.
Ce qui marque qu'il y avait df'-jà du temps (|ue les
diaconesses ne siibsisfaient plus (piaiid ils écrivaient.
Pierre de Poitiers, le premier qui ait conmienté le
Maîiredes Semences, assure positivement que leur
ordination n'élait plus en usage, abut in dcsitctudiiiem.
Kiilin les Lucologos des Crées écrits depuis quatre
(cnls ans ne repiésentent plus l'oflice de celte ordi-
(1) Turon. Il, can. 22; Epaun.,c.21 ; Araus. I, c.
2(i. etc.
(2) Exere. 10, c. 3.
(3) Ibid.
VI. REITÉRATION DES ORDRES. 88«
nation (I). Les rituels des Latins, surtout ceux qui ont
élé écrits eu France, quoii|ue bc-aiicmip plus anciens,
l'ometteul également. Ce qui peut venir de ce que les
diaconesses ayant été assez rares dans ce pays dans lo
temps même qu'elles subsistaient encore, et pluéieurs
églises particulières n Cn ayaiil point, ceux qui trans-
crivaient les rituels pour l'usage de ces é^'llses omet-
taient ce (|ul avait rapport i» celte ordination, comme
une chose inutile.
CHAPITllE M.
Que l'on n'a jamais cru dans F Eglise devoir réitérer les
ordinations canoniques. Difl'érentc conduite que l'on a
tenue, et embarras oit l'on s'est trouvé en certains
temps par rapport à celles qui ne l'étaient pas. ou qui
avaient été faites par des intrus, des excommuniés et
des hérétiques.
Le sujet dont nous avons à parler dans ce cliai'iire
qui regarde le caractère, a élé doctement et liist(iri<]ue-
ment traité par d'habiles théologiens de ces derniers
temps (2) ; ainsi nous ne ferons qu'abréger ce qu'ils
ont dit là dessus.
C'est un fait si constant qu'on n'a jamais cru dans
l'Egli e devoir réitérer l'ordination faite selon les
formes canoniques, et ce fait est atlesié par tant de
témoignages des Pèresel des conciles, qu'il est superflu
de se mettre en devoir de le pn iiver. C'est confor-
mément 'n ce principe si connu, que le troisième con-
cile de Carthage défend (can. 38). après celui de Ca-
poue, célébré du temps du pape Meleliiade qui y pré-
sidait, et que les évèque-; d'.Afrique appellent concile
pléiiier, c'est, dis-je, eonfurniément à ce principe ijue
ce concile défend également de réitérer l'Ordination
comme le Baptême.
S. Augustin , en plnsiein-s endroits de ses écrits ,
découvre les véritables fmid nients de cette doctrine,
et entre autres dans le second livre contre Parménien
(num. 28), où il traite cette matière ennire les Dona-
tistes, qui disaient que celui qui abandonnait l'Église
ne perdait pas, à la vérité sou B:i|itêine, mais qu'il
était par-là même privé du droit de le conférer à
d'autres. II les presse sur cela, en leur disant preniiè-
remeni, qu'ils ne peuvent alléguer aucune raison pour
montrer que celui qui conserve son Baptême puisse
être privé du pouvoir de baptiser les autres ; car l'un
et l'autre, ajoute-l-il, est un sacrement, et est donné
à l'homme par une espèce de consécration; à celui-lJk
lorsqu'il est baptisé, à celui-ci lorsqu'il reçoit l'Ordi-
iiation. Secondement, il prouve la même chose par ce
ipii se pratiquait communémenl dans l'Église, où l'on
recevait, pour le bien de la paix, ceux qui quittaient,
l'hérésie pour rentrer dans le sein de l'Église, qui leur
permettait d'exercer les fonctions attachées à leurs or-
dres, sans les faire ordonner de nouveau.
Le S. docteur rend ailleurs raison de cette con-
duite , lorsqu'il dit (3) : Quand l'Eglise reçoit les héré-
(\) .Morin., exere. 10, c. â, p. 190, et seq.
(2) .Morin, Vilasse, Tournelv, etc.
(5) Serni. de Geslls ciim Lmeriio, Donaiistariini
episcopo.
885 iliSTOiUE DES SACREMENTS
tiques avec leurs ordres, elle ne reçoit pas avec eux leur
mal oit l'hérésie , mais le bien qu'elle reconnait en eux ,
et qui n'est point d'eux, mais du Sfiqnenr, mais de l'E-
glise , mais de Jésus-Christ ; on invoque le nom de Dieu
sur leur tête quand on les ordonne. Cette invocation que
fait révêqne est une invocation de Dieu, non de Donat...
Le soldat qui déserte et qui s'écarte est coupable de crime,
mais le caractère qu'il porte est celui du général, et non
du déserteur...; car ce n'est point le soldat déserteur qui
se l'ist imprimé , mais Jésus-Chris! , qui n'efface pas son
caractère. Voilà les solides fomlemenis de la doctrine
de lÉglise sur ce point, et de la conduite que Ton a
lenuc dans les siècles les pins éclairés. Car, comme
dil le môme S. Augustin (1), ce caractère est si invio-
lable, qu'étant même reçu hors de l'Église, il empê-
clicqiieFon ne réitère l'ordinalion, idcbquein Eccksiâ
calholicà utrumque non licel iterari. (Il parle du Ba]iléme
884
palrinrclie Tamise, dans la première action du sep-
tième concile général , avait avancé que le canon de
Nicée parlait d'une simple bénédiction par la([uclle
il ordonne qu'on reçoive les Novaliens dans leurs
ordres.
J'avoue que j'ai autrefois pensé de même; mais,
après Y avoir réfloclii plus mûrement, il m'a paru (ju'il
était plus probable de dire que cette iniposilion des
mains dont il .s'agit dans ce canon , xîtpoOsTou/jisveu,- ,
doit s'entendre decelie'que ces scliismaliques avaient!
reçue daiis leur secte. Car outre, comme le montre le
père Murin, que le terme de y-ipoù^^ir/. se prend quel-
quefois pour l'ordination , il semble que, suivant la
discipline de ces temps-là, on n'aurait point admis dans
le clergé ceux à qui on aurait imposé les mains. Celle
cérémonie, dans une telle circonstance, porte toujours
quelque image de la pénitence dont on voulait éloi-
ct de l'Ordination.) Il ajoute un peu après en parlant | gner du clergé jusqu'à l'ombre , comme nous l'avons
de ceux qui se sont séparés de l'unité de rÉglise : V montré ailleurs.
Car, comme ils ont dcms le Baptême ce qu'ils peuvent ||
donner it d'antres, de même ils l'ont dans l'Ordination ; :|'
Ce qui fortifie ce dernier sentiment "(car celui du
P. Morin, qui, dans son Traité de la Pénileiice, a en-
quoiqu'its aient l'un et l'autre pour leur perte tant que la !? tendu celle imposition des mains do la Confirmation,
charité ne les fera point rentrer dans l'unité : mais autre |! et depuis dans celui des Ordinations, a cru que le con-
ctiose est de ne point avoir cette puissance, autre chose |j cile de Nicée avait prescrit par ce canon d'crdoimer
de l'avoir à sa perle, autre chose de l'avoir d'une ma- |[ de nouveau les Novaliens, n'a aucune probabilité ), ce
nière avantageuse à son salut. j;?! qui , disje , fortifie ce sentiment, c'osl que diverses
Le dogme que S. Augustin a si bien éclairci dans | versions très-auChenti(pies ont rendu le canon de Ni-
ses disputes contre les Donatistes avait servi de fon- | cée en ce sens. 1° La version très-ancienne des ca-
demenl aux Pères de Nicée dans ce qu'ils ont statué |]| nous de Nicée , envoyée de Constantinople aii:i évc-
louchanl le retour de ceux (jui avaient reçu l'ordina- \ (pics d'Afrique en 419, l'autorise. Placuileos ordinalos
lion des mains des béi
tre ces ordinations; ils rejettent
celles qui ont été laites par ceux donl le Baptême est | qui nominantur cathari accedentes ad Ecclesiam si ordi-
nul ; et ils reçoivent, au contraire, celles de ceux dont |j nali snnt, sic maneant in clero, c. 17i; c'est-à dire, que
le Baptême est valide : en leur imposant néanmoins les l|| ceux que l'on nomme cathares revenant à l'Église,
mains, pour marque de leur réconcilialion à TÉglise, jjî s'ils sont ordonnés, demeurent ainsi dans le clergé.
hérétiques : car ils distliv^uent en- .| sic manere in clero, qui ordinati fuerunt. 2° La version
; ils reiettent et déclarent nulles ill de Ferrand Diacre l'explique très-clairement : Ut hi
cl pour attirer sur eux le Saint-Esprit, comme nous i
l'avons expliqué ailleurs. Aussi se servent-ils de 1er- |^
mes différents pour exprimer ces deux espèces d'im- ^
position de mains. Ils pailenl de la première dans le l
19' canon à l'occasion des Paulianisles, donl ils dé- j|
fendent de recevoir les clercs dans leurs ordres , à \
m(>ins qu'ils n'aient été auparavant baptisés et ordon- j|
nés par un évèque catholique , à-jy.Sxmi^Oî-Jzci yjipc-co- jl
vjiTÛWTa; : au lieu qu'il est question de la seconde dans ;^
'e buiiième canon , qui reçoit les Novaliens dans le
ilergé par la simple imposition des mains , xnpoOnov-
v.hc'j:, que recevaient également ks laïques qui aban-
ilonnaient l'hérésie pour se réimir à l'Église. Tel est
le sens que quelques savants donnent au huitième ca-
non de Nicée, ils ajoutent que quelques-uns de ceux
qui ont autrefois traduit ces canons ont confondu mal
à propos ces deux ternies, leur appliquant la même
signification, quoiqu'elle soit bien différente , et que
l'usage (pi'cn ont fait les auteurs ecclésiastiques eût
dû les mettre au fait de leur véritable sens, surtout
depuis la dispute de S. Cyprien et celle des évèqucs
tl'Afriqwe contre les Donatistes. Ils disent enfin que le
(1) L. 2 cont. Ep. Parmcn., n. 28.
3° Enfin deux anciens canonistes Grecs, Aristanuset
Siméon, traduisent le mot ynpoOz-touaho'Ji par ceux-ci,
qui ont été ordonnés; preuve certaine qu'ils reiiten-
daient de l'ordination (pic les Novaliens avaient reçue
dans leur secte.
C'esl donc en ce sens qu'il faut entendre ces paroles
du pape Innocent I dans son épître à Rufus : Placuit
magnœ et sanctœ synodo ut, accepta manùs impusitionc ,
sic maneant in clero. C'est-à-dire, il a plu au grand et
saint concile qu'ayant reçu {dans leur secte) l'imposi-
tion des mains ils demeurent ainsi dans le clergé.
Cette manière de rendre le sensdu canon de Nicée
ne s'éloigne poinl du «texte original: elle lève tou-
tes les difficultés , cl se trouve parfaitement con-
forme à la pratique de l'église romaine en ce temps -
là, cl l'on peut dire même à celle de toute lEglie.
Car c'esl en vain que le P. Morin (1) objecte un pré-
tci'.du passage de Théophile d'Alexandrie , qui , étant
( ensuite au sujet des Novaliens, qui voulaieul se réti-
nii' à l'Église, répond q':e le graiid concile de Nicée
ayaiil voulu qu'ils fussent ordomiéj quand ils revien-
nent à l'unité, il '"au se conformer à sa décision, puis-
(1) De Ordinal., par 5, exerc. 5.
885 ORDRE. — PART. II. CU.\P. M.
que nous n'avons pour garant de celte réponse de
Théophile que Ralsamon , auteur du douzième siècle,
comme on le croit couiauuiémtMit , et quil n'est pas
juste de iaire fond sur un polit fragment ainsi délaclié
qui ne porte aucun caractère qui l'autorise. Il y a donc
tout lieu de croire que jamais Théophile n'a écrit ce
que lui fait dire ce canonistc, qui a vécu si long-tenq'S
depuis lui , cl que cet auteur aura attribué à ce pa-
triaiclie la décision de quelque autre qui a vécu long-
temps après lui, et qui n'a pas la même aulorilé que !
Théophile parmi les écrivains ecclésiastiques : car c'est n
lin fait inconloslable, que, depuis le quatrième siècle,
et même depuis le troisième jusqu'au-delà du sep-
tième, il y a eu peu ou point de personnes qui aient j
douté de la validité des ordinations faites par les hé-
rétiques, pourvu que l'on y eût observé la forme pres-
crite par les canons et reçue par l'Église. Sur la fm
du cinquième siècle, par exemple, quelques-uns dou-
taient qu'Acace, palriarciie de Coiislaiilinoi)Io, contre
lequel le pape Félix II avait porté son jugement, eût
pu conférer validement les sacrements. ProloJo à papa
Felice judkio , posten hiefficaciter in socramenlis , quœ
Acacius nsurpavil , egisset. Mais le pape Anastase II
leva ce doute, cl répondit (I) que ceux qui les avaient
reçus de lui n'avaient pas été privés de leur effet ,
quoique lui même se fût rendu indigne par sa faute
de participer à la grâce.
Si les anciens pensaient de la sorte touchant les
effets de l'ordinalion donnée par les hérétiques, il ne
faut pas douter qu'ils ne portassent le même juge-
ment de coliis qui avaient été conférées par des in- \
trus, par ceux qui élaienl entrés par de mauvaises
voies dans le mini!>tèrc ecclésiastique , ou par des
excommuniés. Nous pourrions produire plusieurs
exemples sur chacune de ces espèces, pour faire voir
qu'on ne révoquait pas en doute ni les ordinations
qu'avaient reçues ces gens-là, ni celles qu'ils avaient
faites. Mais nous nous bornerons à ceux-ci. Quanti h;
pape Libère fut relégué par l'empereur Constance po'jr
son attachement à la foi de Nicée , la faction Arieimc
lui substitua Félix , il fut d'abord considéré comme
intrus; mais quand Libère lui-même eut faibli sur la
loi qu'il avait soutenue jusqu'alors , le peuple et le
( iiMgé de Rome s'attacha à Félix. Il exerça paisible-
ment jusqu'au retour de Libère toutes les fondions du
jOiUificat ; il lit par conséquent des ordinations, ccpen-
(!;inl on re douta jamais de leur validité.
Au cinquième siècle. Vigile, diacre de l'Église ro-
îiiaiiic, avait envahi le saint Siège, parles voies les
plus criminelles. Il avait promis à l'impératrice Théo-
dora, femme de Justinicn, de condamner le concile de
Calcédoine si par son crédit il parvenait au pontificat-
il éli'.il de pins convenu de doui'.or deux cents livres *
d'or à Bélisaire, général de l'armée de l'empereur, s'il
le incitait à la place de Silvérius qui occupait sainte-
ment le saint Siège. Celui-ci lui livra le pape qu'il [
relégua dans une île, après quoi il s'empara de son
(l)F.p. I,cap. 8.
RÉITÉRATION DES ORDRES. 88G
Eglise. Cependant on n'a jamais douté de la validité
de l'ordination de Vigile, ni de celles qu'il a faites
étant devenu pape, cela même n'a pas été mis en
(picslion, tant la doctrine établie et mise dans un si
giand jour dans les siècles précédents était reçue una-
nimement partout.
Enfin S. Athanase, S. Chrysostôme , S. Cyrille ,
Théodoret, Jean d'Antiochc , ont été déposés par des
évêqiies ou factieux ou prévenus mal à ftropos contre
eux. La plupart d'entre eux, nonobstant la sentence
qu'on avait prononcée contre eux , n'ont pas laissé
de faire des ordinations et de continuer de gouverner les
églises qui leur étaient confiées. On n'a jamais douté
néanmoins que ceux qu'ils avaient ordonnés ne le
fussent validement, et ceux même qui leur avaient
procuré ces mauvais traitements n'ont point jiensé à
ordonner leurs clercs de nouveau , soit pendant que
les différends duraient encore , soit lorsqu'il s'est fait
quelquefois des réconciliations et des accommode-
ments, comme entre Cyrille d'Alexandrie, Jean d'An-
tioche et Théodoret. Tout cela sans doute joint à ce
que nous avons dit dans l'histoire de la Pénitence
touchant la manière de recevoir les hérétiques dans
l'Église, tout cela, dis-je, prouve incontestablement,
que les ordinations faites par des évêques qui avaient
été consacrés suivant la l'orme ordinaire ont été re-
gardées comme valides, pourvu que dans leur consé-
cration on n'eût rien omis d'essentiel.
Cependant cette doctrine s'obscurcit dans le hui-
tième siècle. Soit ignorance , soit passion , il se ré-
pandit des ténèbres sur des principes que l'on ne
contestait pas auparavant ; on commença à douter
de la validité des ordinations faites par des intrus, pjr
des excommuniés, et par ceux dont l'ordination n'a-
vait point été canoni(jue, quoiqu'on y eût observé les
rits essentiels. En 767 un nommé Constantin se mit
par violence en possession du saint Siège, et reçut la
consécration dans l'église de Saint-Pierre de la main
de Georges, évêque de Préneste, assisté de deux autres
évêques. 11 tint le saint Siège un an ou environ. Les
Romains, à la sollicitation d'un certain Christophe ,
secouèrent enfin le joug, ils élurent Etienne qu'ils
mirent dans le siège de saint Pierre à la place de l'in-
trus. Pour affermir ce pape dans sa dignité, ils députè-
rent en France Scrgius, fils do Christophe , dont nous
avons parlé, vers le roi Pépin dont il apprit la mort à
son arrivée. Scrgius ne laissa pas de conlinuer son
voyage, et vint trouver les rois Charles et Carloman
qui venaient de succéder à leur père. Ces princes
l'écoutèrent favorablement, et envoyèrent avec lui à
Rome douze évêques de France, dont sept étaient
métropolitains. Le pape Etienne y tint un concile avec
ces prélats et ceux qu'il avait convoqués de la Toscane
et de la Campanie. On y jugea la cause de Constantin,
qui comparut et qui, s'étant défendu de son mieux, fut
chargé de coups en présence des évêques et chasse
de l'église où se tenait l'assemblée. On statua sur les
ordinations faites par Constaniin , et le décret lut
387
HISTOIRK DES SACUEMENTS.
S^
conçu en ces termes (1) : Premièrement nous ordon-
nom que les évêques qiCil a consacres, s'ils étaient aupa-
ravant prêtres ou diacres , retournent au même rang ; et
qu'ensuite , après avoir fait à l'ordinaire un décret pour
leur élection, ils viennent au saint Siège, et reçoivent du
pape la consécration, comme s'ils n'avaient point été or-
donnés évêques {et consecralionem à nostro apostolico
suscipiant, ac si priiis fuissent minime ordinali) ; quant
aux prêtres et aux diacres qu'il a ordonnes dans l'Eglise
romaine , ils retourneront à l'ordre de sous-diacres, ou
tels qu'ils exerçaient auparavant : et il sera en votre pou-
voir {ih pailenlau pape) de les ordonner, ou d'en tiser
comme il vous plaira. Pour les laïques qu'il a tonsures
et ordonnés, ils ser-ont enfermés dans un monastère , ou
mèneront une vie pénitente dans leurs maisons.
Ce (lécrel, dit M. Fleuri (2), lui oxécnlé : les évê-
ques ordonnés por Cunslanlin retournèrenl chez eux,
furent élus de nouveau et revinrent à Rome, où le
pape Klienne les consacra ; mais pour les prêtres et
les diacres de TÉglise romaine, il ne voulut point les
ordonner de nouveau , et ils demeurèrent le reste de
leur vie ce qu'ils étaient auparavant. Quelques théo-
logiens, ajoute cet historien, prétendent «pie la nou-
velle consécration de ceux qui avaient été ordomiés
par Constantin n'étiiit pas une véritihle ordination,
mais une simple cérémonie de réhabilitation pour leur
rendre l'exercice de leurs (onctions.
11 ne me conxient pas d'cntrerdans cette discussion;
ce qui est vrai , c'est que ces manières de s'exprimer
étaient très-propres à répandre de l'obscurité sur celte
nialière, et (juaid même ceux qui composaienlceconcile
auraieiil cru devoir faire réitérer ces ordinations, il ne
s'ensuivrait pas qu'on dûl imputera TEglise la faute
qu'ils auraient l'aile en cela. Ne pourrait on p is ré-
pondre à ceux qui tirent de ce fait des conséquences
coulre la doctrine conslante de l'Eglise touchant la
validité de ces ordinations el la défense de les réitérer,
ce que M. Tournely dit (5) à ceux qui inféraient la
même chose de la procédure barbare el cruelle d'É-
lienne Vil contre le pape Formose , dont il ordonna
de nouveau ceux que ce pontife avait consacrés, que
les personnes sages et instruites des règles de l'Eglise
désapprouvèrent celle conduite, el la regardèrent
comme un attentat contre la discipline ecclésiaslifjue.
Car, dit-il, excepté Etienne el ses adhérents, tous les
autres tenaient pour valides les ordinations faites par
Formose, en supposant même qu'il était coupable des
crimes dont on l'accusait faussement.
C"esl, coniinuc-i-il , ce que témoigne Sigebert sur
l'an 900, en disant qu'un grand nombre de personnes
les jugeaient valides, quel qu'ait été Formose, surtout
ayant été absous de son parjure par le pape Martin.
Luiiprand (4) blâme aussi Etienne d'avoir réiléré ces
ordinations, eiAuxiliusa fait un ouvrage exprès pour
les défendre , quand même la promotion de Formose
(1) Tom. 6 Concp. 1725.
(2) Hist. Eccles., t. 9, p. 459.
(3) De Ordiiie, p. 297 et seq.
(l)l-l>c.8.
aurait été aussi irrégulière que le prétendaient ses en-
nemis. 11 témoigne qu'il veut demeurer dans l'ordre
qu'il a reçu de ce pontife, et il raconte que Léon,
évêque de Noie, étant sollicité par plusieurs persormes
de se faire consacrer de nouveau , parce qu'il l'avait
été par Formose , avait consulté sur cela les éxêipies
des Gaules et plusieurs autres, qui lui avaient con-
seillé de n'en rien faire. C'est dans cet ouvrage qn'Au-
xilius reconnaît que les ordinaiions faites par Constan-
tin avaient été réitérées.
Le pape Jean IX, dans un concile de Ravenne et
dans un autre de Rome de Tan 904, composé de 74
évêques, condamna et cassa tout ce (piiavait élé fait par
Étirime Vil, dans le synode de Rome contre Formose
el contre les ordinaiions qu'il avait faites. Il fit brûler
les actes de ce synode, et confirma les ordinations de
son prédécesseur. Il est vrai que depuis le papeSer-
giusrévo(|ua ce qui avait élé statué par Jean IX, elqu'il
soutint ce qu'avait fait Etienne VU contre Formose.
Mais que prouvent toutes ces variations? sinon que
quand on se laisse conduire au gré de ses passions on
ne peut que tond)er dans des f;iutes considérables.
C'est ainsi que M. Tournoly défend la doctrine de
l'Eglise contre la réitération des ordinaiions, el (ont
cela se réduit à dire qu'il n'est point juste de tirer à
conséquence des faits particuliers qui ne sont point
avoués de l'Eglise , et auxquels une passion aveugle
jointe à l'ignorance des dogmes cl de la discipline
ecclésiastique a pu donner lieu.
On trouve les écrits d'Anxiliiis pour la défense des
ordinations de Formose dans le livre des Oïdinations
du P. Morin qui les a fait im|)rimer.
M Fleuri en adnnné un extrait dansle onzième fome
desoiiLlisloireecclésiiisti(|ue, ils niérilenl(rèlrelus(l).
On peut les regarder comme un monument piécieux
(le ce temps-là, et connue une preuve que la con-
duite irrégulière que l'on tint alors au sujet des ordi-
naiions ne donne aucune atteinte à la doctrine de
l'Église sur ce sujet.
On peut expliipicr plus favorablement ce qui s'est
passé dans raflaircd'Ei)bon de Reims, et dans celle de
Pholius, dont je n'entreprendrai pasde parler, ici parce
que tous les théologiens modernes les ont traitées,
et que ce sont, s'il m'est permis de m'exprimer ainsi,
des maiières reballues. Je remarquerai S(!nlcmeni que
ce qui peut f.iire quelque peine dans la première c^t
(jne le con<;ile de Soissons, où l'on agita la question de
la déposition d'Ebbon el des ordinaiions qu'il avait
faites, décide dans la cinquième session , que tout ce
que cet évêque avait Hiil depuis sa déposition , ex-
ceplé l'administration du Baptême , était nul , et que
ceux qu'il avait ordonnés, quelque part qu'ils fussent,
étaient privés à jamais des fonctions de leurs ordres.
Dans la sixième session il fut décidé de plus (prilal-
duin de Ilautvilliers ijui avait élé ordonné diacre par
Ebbon, et urètre par Loup, évê(iue de Chàlons, qui
remplissait les fonctions de l'arclievêquc de Reims
(1) Depuis la page 642 jusqu'à lu 64&.
8gg ORDRE. - PART. 11. CHAP. V
depuis son expulsion , devait èlre déposé pour avoir
été oidoiiiié prùlrc par siiiprise, et sans èiue diacki;.
Per sallum. j
Ces expressions sont dures, comme vous voyez, cl '
propres à faire naître des doutes sur la validité
des ordiiialioiis laites contre l'ordre des canons :
nuis il est à croire qu'elles avaiiMit été suggérées |)ar
Ilincniar, l'implacable ennennd'Ebbon, et de ci-nx <|iii
l4ii avaient été attachés : car il était Tàme de ce con-
cile de Soissons. C'est ponnpioi le pape !Sic<das I,
ayant examiné les actes de ce synode, rétablit les
clercs que l'on y avait déposés, et lit une sévère répri-
mande à Hincmar (l) de ce qu'il avait usé d'artilices,
et de fraudes, en tronquant les lettres de Benoit son
prédécesseur. Adrien , successeur de Nictdas dans le
S. Siège, porta le même jugement, et accorda le Pal-
lium à Wlfade, ini desdercsordonnés par E!»l) >n, (jui
avait été élu arclievèque de Bourges, et (pii lut con-
sacré sans avoir reçu de nouveau les ordres qui lui
avaient été conférés par cet archevêque déposé.
Cependant le pajie Nicolas, W. même dont nous ve-
nons de parler , cl depuis lui Formose, se sont servis
d'expressions , qui ne sont guère moins fortes, en par-
lant des ordinations f.iiles par Photius. Le premier
étant iuterrogi- par Ignace, patriarche de Con^tanti-
nople , toucliant ce qu'il fallait faire des clercs qui
s'étaicit attachés à cet intrus ; après les avoii- dis-
tingués en difiérenles classes , dit de ceux qui avaient
reçu de lui l'ordination qu'il n'a pu leur faire part
que de la condamnation qu'il méiitait , que n'ayant
rien il n'a pu rien donner aux antres. Milii! Itabuil,
niliil (ledit , uisi forte damnutionem liubuil ciiifim se se-
(juenlibus prophiaveril , etc. Forujose dans sa
lettre à Slylien se sert à peu près des mêmes termes
en parlant de Photius.
Je sais que l'on peut interpréter favorablement ces
expressions ; mais encore une fois , elles n'étaient
pas propres à éclaircir une question qui commençait
à s'obscurcir. En effet vers l.i fin du onzième siècle
et au commencement du douzième , l'on vit les es-
prits tlottant sur le parti qu'il y avjsit à prendre sur
ce point. Messieurs Witasse elTournely, qui ont traité
cette matière avec toute l'érudition que l'on peut dé-
sirer, en conviennent après le P. Morin. Voici comme
en parle M. Tournely : Je réponds que dans ce temps
(lucliiues-uns doutaient de la validité des ordinations
données par les sinioniaqiies; en sorte qu'il i est trouvé
des évéques qui ont réitéré ces ordinations, comme te
témoigne Pierre Damien dans la préface d'un de ses
ouvrages.
Pii-rre Damien fit cet ouvrage pour empêcher ces
réordinations auxquelles quelques-uns se portaient,
poussés par le désir qu'ils avaient d'extirper la simo-
nie , qui dans ce temps-là faisait de grands ravages
dans l'Eglise. Aussi le livre de Pierre Damien fut- il
très-bien reçu, et nommé pour ce sujet, Cratissimus.
11 nous y dépeint l'embarras dans lequel se trouvaient
(1) Epislol. ad episc. conc. Suess. III, et ad Ilinc-
niar., t. 8 Conc, p. 843.
KÉITÉ RATION DES ORDRES. 890
alors les personnes pieuses touchant celle question. A
l'ég.ird de ceux qui ont été consacrés par des simo)iia-
ques, vous savez, dil-il. combien on en a disputé pendant
trois ans dans t>ois conciles de Home ; dans quelle per-
plexité et quel doute on s'est trouvé , et on uijitE encore
tous les jours en ces (ptnrtiers-là cette queslio)i : siir-
tout rincerlilude élttnl telle que quelques évéques ont
été jnsqnau point de consncrer de nouveau les clercs (péils
avaient ordonnés. Il :ijonl<' (pie Léon l\ dans le der-
nier concile de l'iome a\ail inié- an nom de Dieu lous
les évê(pies d'implorer la miM-ricorde de Dieu, afin
((u'il il. lignai révéler aux esprits chaiicelanls di; quelle
manière il fallait se conduire dans une alfaire si em-
birrassanle. Ces! ainsi (pu; parle Pierre Daiiden dans
la piélace de son livre. Dans un autre ouvrage (I) il
nous représente de nouveau riiicertitiide dans la-
(pielle se trouvait là-dcssus le pa(>e Li'on IX, dont il
dit (pie d'abord il tint pour nulles les ordinations des
simonia(pjes, el qu'il les réitéra. Id et jam nos prœter-
iit qn'od noslrœ memoriœ Léo IX , pontifex plerosque
siinoniacos , et malè promotos , tanquùm noviter ordi-
navit. Dans le corps du livre dont nous avons cité la
j préface, il assure que ce même pape par l'aulorilé
I de son synode (cap. 23) avait cassé toutes les ordi-
nations des simoniaques; niats qu'ensuite ayant senti
I lous les inconvénients (lu'enlraînait ce décret, il y avait
apporté le Icmpcrament qu'on lui avait suggéré ,
conformément à ce qu'avait fait Clément II, en décla-
r.int nulles non toutes les ordinations faites par les
simoniaipies , mais celles-là seulement qui se seraient
faites pom- de l'argent, soumettant à une pénitence
de (piarante jours ceux qui n'auraient fail aucune
convention siinoniaqne, quoique l'évèrpie ordinateur
fût coupable lui même de crime de simonie.
Ces variations du pape Léon IX, comparées à ce
que dit Pierre Damien dans la préface du livre Gra-
tissimus, font assez voir qu'il ne s'agissait pas seule-
ment, dans les différents décrets qu'il lit contre les
ordinations simoniaques, de déposition ou d'inteidit
contre ceux (pii élaienl plus coupables, non plu'» ipie
de réhabilitation, quand on les admettait dans le
clergé; mais rpi'il était (piestion de les ordoinier de
nouveau (pian;! on voulait leur faire grâce. El c'est
tr.p sniililiscr de chercher un aulie sens d.ms ce (jin;
dit S. Pierre Damien. Car enliii si qiiehpies-uns n'-i-
téraienl les ordinations en ce temps-là , si l'on dis-
putait sur ce point, si le pape dans l'incertitude du
parti qu'il y avait à prendre , \oiilait (pi"on deman-
dât à Dieu (ju'il fit (onnaitre par révélation ce qu'il
fallait fair;; n'y a-t-il pas tout lieu de croire que le
pape, dansées circonstances, cnordomiant comme de
nouveau, /«HC/)JH)H noviter orr/i//«i'//, suivait le sentiment
de ceux qui étaient pour la réordination. Au reste je
dis sinipli nient ici mon sentiment, sans prétendre pré-
judiciel' à ce'lni des autres , (pii ont |)eul-ètre plus de
pénétration que moi , pour découvrir un autre sens
dans les paroles et les faits qu'on vient de rapporter.
Je n'entrevois pas non plus d'autre sens dans ce que
(DOpu-c. a, circa mediuni.
S9<
HISTOIRE DES SACREMENTS.
892
dit le pape Urbain II , dans une de ses loUrcs rap- fi un principe avoué , après le 97* canon , qu'un évoque
portée par GratieM(l). 11 y rend raison à Pierre, évè- ;
que de Pistoye, et à Rustique, abbé de Vallonibreuse,
de ce qu'il avait fait à l'égard de Daibert , qui avait
été ordonné diacre par Nézelon ouGuézelon, inlrus
dans le siège de Mayence. Nous avotis appris de lui
(Daibert) par sa propre confession qu'il avait été or-
donné diacre par ce sinwniaqne , quoique sans aucun
pacte qui se sentit de la simonie , et suivant la déclara-
tion du B. pape Innocent, il est constant que Sézelon
qui a été ordonné par des hérétiques , u\iijant rien , n'a
pu rien donner à celui ù qui il a imposé les mains. Etant
donc appuyé sur l'autorité d'un tel pontife , et affermi
pur le témoignage du pape Dumase , qui dit qu'il faut I
réitérer ce qui a été mal fait , nous avons établi de non- |
veau diacre Daibert quf a abandonné les hérétique, de 1
corps et ([""esprit , et qui travaille de son mieux pour le "i
bien de l'Eglise. {Daibcrlum.... ex integro diaconum |
constituimus. ) Ce que nous ne coiisidic:<s pas comme i
une réitération, mais comme une ordination {sed tantiim î
inlegram diaconii dutionem) ; parce que, comme nous i
avons dit, celui qui n'avait rien n'a pu rien donner. i|
Celte difl'érence de conduite et de sentiment ton- |
cliant la validité des ordinations faites par ceux doiu |
nous avons parlé produisit aussi diversité d'opinions
sur cette matière parmi les docteurs scolastiques, qui
commencèrent à paraître dans le douzième siècle.
Pierre Lombard, l'un des principaux d'entre eux,
ayant à traiter cette question, déclare d'abord (dist.
25) que les textes des docteurs qui seml)lent se con-
trarier les uns les autres , la rendent embarrassante
et difficile à résoudre. Il rapporte ensuite quatre dif-
férentes opinions là-dessus; mais il n'en embrasse
aucune, et laisse la question indécise. Préposilivus,
théologien fameux dans son temps , nous apprend (2)
qu'alors les sentiments étaient partagés ; que les uns
croyaient qu'un homme retranché de l'Église pouvait
validement administrer le sacrement d'Ordre s'il i
l'avait reçu lui-même dans l'Église , ou d'un évèque
qui eût été ordoimé dans l'Église, mais non pas au-
trement. Qu'en ce cas il avait à la vérité le pouvoir de
consacrer l'Eucharistie', mais non pas de conlérer ce
pouvoir à d'autres : et d'autres, au contraire, soute-
naient qu'en généial toute ordination faite suivant la
forme de l'Église était valide, par (|uel(iueévè(|ue qu'elle
fût faite. Ce qui est le sentiment aujourd'hui suivi par
toute l'Église, pour lequel ce théologien se déclare.
Le célèbre Gratien pensait bien différemment, car
après avoir traité celle quesîion a\ec beaucoup d'é-
tendue, il conclut après le 45^ canon (ju'il cite sur ce
sujet (1 p., q. 1) : // est donc clair que le sentiment de
S. Augustin, suivant lequel les sacrements administrés
par les hérétiques sortissent leur effet , ne doit pas s'en-
tendre de tous les sacrements en général , mais de celui
du Baptême. Il dit aussi après le li' canon : On voit
par là que les sacrements de l'Eglise ne peuvent être
administrés par les hérétiques. 11 soutient aussi comme
(1) Decrel.,p. G09.
(2) Summ. MSS. fol. 5G, p. 2.
dégradé peut bapiiser , mais non pas donner les or-
dres, et il lâche de concilier les paroles de S. i Au-
gustin avec son scnlimciit.
Le canhnal Robert Pullus qui a expliqué cette ma-
tière avec beaucoup de netlelé (1) a établi le senti-
ment orthodoxe qui est à présent suivi unanimement
dans toute l'Église , et dejjuis lui le senlimenl con-
traire a beaucoup perdu de son crédit. Mais cela ne
s'est pas fait tout d'un coup, puiscpie Robert de Fla-
niesbourg qu\ écrivait vers l'an 1200, et qui pensait
sur le sujet de la réitération des ordinations comme
Pullus, témoigne que le pape Lucius lit ordonner de
nouveau ceux qui l'avaient éié par des évê(iues qui
avaient reçu la dernière iuiposUion des mains dans
l'Église ; et ce qui est élomiant, dit-il , c'est que les
cardinaux y consentirent. Mais peut-être, ajoute-t-il
tout de suite, suivaient -ils la première opiiiion qui est
fausse , ou bien ils l'ont fait en haine du schisme. Si
ce que rapporte Robert de Flamesbourg du pape Lu-
cius, est véritable, il faut que la chose soit arrivée en
l'année 1184 ou la suivante , pendant laquelle mou-
rut ce pape. Et cela a rapport à ce que nous apprend
.Albert Kantzius dans son Histoire de Saxe (2), lou-
ciianl les instances que lui fit l'empereur Frédéric,
dans une entrevue qu'ils eurent ensemble à Vérone ,
pour recevoir en grâce ceux qui avaient suivi le parti
I de l'anli-papc. A quoi le Pape résista d'abord ; mais
s'il faut en croire notre auteur, il se rendit ensuite aux
prières de ce prince.
Guillaume de Paris , docteur célèbre d'ailleurs ,
embrasse sur ce point un sentiment des plus singu-
liers (5) : il enseigne que le caractère qui est attaché
au sacrement de l'Oidre , peut être effacé par la dé-
gradation et par la déposition : d'où il inlère qu'il
faut les ordonner de nouveau quand on veut les réta-
blir dans l'exercice de leurs ordres, afin de leur ren-
d,re par celle réordination la grâce et le caractère dont
ils avaient été dépouillés ; mais quant aux autres hé-
rétiques (4) , aux apostats et aux exconunuuiés , il
consent qu'on les réconcilie par une simple absolu-
tion. Cette opinion de Guillaume de Paris n'a pas fait
fortune dans les écoles catholiques , car nous voyons
que de son temps même et un peu après lui ceux qui
en étaient les plus brillanles lumières, comme Ale-
xandre de Halés, S. Bonaventure, S. Thomas et Scol,
s'attachèrent au sentiment du cardinal Robert Pullus,
qui a depuis tellement prévalu , que l'on ne voit de-
puis ce temps aucun théologien de qucl(|ue réputation
s'en être écarté.
C'est ainsi que la vérité , après avoir souffert quel
ques obscurcissements , que la prévention , les pas-
sions et la chaleur des disputes avaient causés, a en-
fin recouvré tout son éclat. Cependant on peut dire
que ceux qui durant ce temps ont pensé difiéreni-
(1) Sulnm. theol , p. 7, c. 11.
(2) Lih. (5, cap. Al.
(5) i:\\). 7 de sacr.Oidin.
(i) \id. Morin. de Ordinal., exerc. rJ, cap. l.
893 ORDRE. — PART. H. CIlAl».
nient, el ont agi en conséquence , sont en qnelquc
manière excusables, la vcrilc à la(iaclle ils étaient op-
posés, ou au sujet de laijuelle ils élaienl eliancclanls,
étant rentrée dans le même élal d'obscurilé où elle
était du temps de S. Cyprien , que son opposition au
vrai sciilinjontde l'Église, toiicliaiit la réiléralion du
Bapléinc et dos ordinations , n'a pas empêché d'être
toujours considéré depuis comme un des plus grands
ornemenls de cette même Église. On peut donc ap-
pliipier à ceux qui depuis n'ont pas pensé juste sur le
caractère ineffaçable imprimé par l'ordinaiion ce que
S. Augustin a dit avec tant de lumière cl de sagesse
pour excuser S. Cyprien ; surtout quand ils ont agi
avec autant de droiture el de bonne foi dans celle af-
faire, que le saint pape Léon IX, qui ne cherchait en
tout que la vérité, le bien do l'Église, et la réforma-
lion les abus dont tous les gens de bien gémissaient
de son temps-
Voilà comme je répondrais à plusieurs des objec-
tions que l'on a coutume de proposer dans les écoles
de théologie contre lindélébililé du caractère de l'Or-
dre, si j'avais à traiter celle matière Ihéulogiqucmcnt.
Cependant je vois la plupart prendre des roules dif-
férentes pour résoudre ce nœud gordien. Les uns en-
treprennent de montrer que ceux qui paraissent avoir
cru devoir réitérer Les ordinations faites par ceux
dont on a parlé , n'ont effectivement jamais élé de ce
sentiment ; el en prenant ce parti , ils sont souvent
obligés de faire violence aux textes des auteurs pour
leur faire dire ce qu'ils prétendent. Les auties, au
contraire, avouant francbcmeiil que plusieurs de ceux
dont nous avons allégué les paroles étaient dans la
pensée que les ordinations faites par des exconinui-
niés, des intrus, des simoniaques, etc., étaient abso-
lument nulles et privées de (oui effet, cherchent d'au-
Ires solutions pour sortir de ce labyrinllie.
Le P. .Morin, qui croit qu'effectivement la plupart
de ceux dont nous avons fail mention dans ce chapi-
tre avaient considéré comme absolument nulles ces
ordinations , dit, pour se tirer d'affiiire , que l'on doit
penser des ordinations comme du mariage et de l'ab-
solution des péchés, et que, comme l'Église a le pou-
voir d'apposer aux contrais matrimoniaux certaines
conditions dont l'inobservation rend les mariages nuls,
comme par exemple, qu'ils se célèbrent en présence
du propre pasleur, en présence d'un piètre qui ne soit
ni dégradé ni déposé, etc., elle peut de même en pres-
crire pour les ordinations , dont le défaut les rendra
invalides, et peut aussi ùter celles (pi'olle aura prescri-
tes autrefois; d'où il s'ensuivra que des ordinations
auront pu être valides dans un temps, qui dans un aulre
n'auront aucun effet. Si cette manière de concilier les
auteurs ecclésiastiques les uns avec les auti-es était
aussi solide qu'elle est ingénieuse , on ne peut nier
qu'elle ne lût très-propre à lever toutes les diflicullés;
mais j'ai peine à croire que l'on doive admettre la
comparaison entre le mariage cl les ordinations, aussi
bien que celle que l'on fail de ces nièmcs ordinations
avec l'absolution, en disant que, comme un prêtre Jic
VU. POUVOfU DES EVEQUES. 894
peut absoudre tous ceux (jui se présentent à lui, quoi-
(pi'il soit approuvé pour certaines personnes, de niêinc
aussi un évêque ne peut ordomier validemcnl toutes sor-
tes de gens, mais eeux-l;i seulement qui sont soumis à
sa juridiction , non par le défaut de puissance , mais
par celui de la juridiction que l'on peut restreindre ou
I étendre dans un jirêtre poin- l'absolution, comme dans
j un é\êque pour rordinalinn.
j C'est aux théologiens à l'aire sentir le faible de te
I raisonnement; il nous suflit de l'avoir rapporté histo-
riquement ; mais nous ne pouvons nous dispenser do
i condamner certains canonisles qui viennent à l'appui
j de celte solution, eu disant que les Ordres sacrés ne
j sont que de simples dépiilations extérieures, en sorte
i que le pape peut ordonner quelqu'un prêtre ou diacre,
j Cn lui disant seulement , soyez prêtre , soyez diacre
\ (esta saccrdos , csio diaconus). Un tel sentiment est
diamétralement opposé à toute la tradition de l'Église,
; qui, depuis les Apôtres jusqu'à pré.-«nt , a consacré
i ses ministres avec corlains rits el certaines béné •
i dictions, en vertu desquels elle a cru qu'ils recevaient
la puissance et la grâce dont ils avaient besoin pour
I remplir les fonctions de leur ministère. Car il n'en
] est pas des Ordres sacrés comme des dignités humai-
j nés ou purement ecclésiastiques ; Dieu lui-même y a
: attaché le [)Ouvoir qui leur est propre , et on ne peut
les donner à quelqu'un que de la manière qu'il a lui-
j même établie pour cela. Un prince peut créer un ma-
• gistrat par une simple dcpulalion , le pape peut de
■ même revêtir un ecclésiastique de la dignité de cardi-
] nal; mais c'est un paradoxe insoutenable de dire qu'il
puisse faire de celte manière un évêque, un prêtre ou
un diacre.
CHAPITRE VII.
Que les évêques ont eu de tout temps, privativemeiil à
tout autre, le pouvoir de conférer les ordres majeurs.
Ilkjles qu'ils devaient suivre dans l'exercice de ce pou-
voir : comme de ne point faire d'ordination hors de
leurs provinces, de n'en point faire seuls et sans être
assistés de quelques-uns de leurs confrères, etc.
Toutcequia élé dit jusqu'à présenldans cette histoire
du sacrement de l'Ordre est une preuve convaincante
de ce que nous avançons dans le litre de ce chapitre,
puisque dans le grand nombre de faits cl de dé<rels
; des conciles el des papes que nous avons rapportés,
on n'en a pu voir aucun qui ne lendit à établir cette
vérité, que les ordinations appartiennent à l'évèipie à
l'exclusion de tout aulre, el connue ministre néces-
saire i)ar rapport à celle des évê(pies , des prêtres el
j des diacres, el comme ministre ordinaire par rap!u-i t
I aux antres clercs. Je dis ministre ordinaire par r:ip-
i port aux autres clercs , parce qu'effectivement nous
j voyons que les évêques ont pu faire part de leur puis-
sance aux prêtres, et même à quelques autres pour
l'ordinaiion dos clercs inférieurs ; mais ils ne l'ont ja-
mais fail el ne l'iml pu faire pour celles des évê(pics ,
des prêtres cl des diacres. Et si quelquefois des prê-
i 1res ont osé entreprendre de les ordonner, ces onli-
8»5
HISTOIKE DES SACREMENTS.
896
Dallons ont éié regardées comme imlles en louies ma- (
nières, et comme ii';jyniit pu lirer du rang des laicines
ceiixqiii les avaient reçues. Encore y a-t-il peu d'exem-
ples de cette audace des prêtres, et, durant l'espace
, de douze cents ans depuis les Apôtres, nous ne con-
naissons qu'un certain Collut, qui, n'élani que prêtre,
avait leulé d'en ordonner d'autres , du nombre des-
quels était ce malheureux Iscliyras, qui ddima pré-
texte aux Ariens de calomnier S. Atiianasc , et dont
il est parlé dans le concile d'Alexandrie , qui déclara j
qu'Iscliyras n'ayant été ordoimé que par un prêtre ne !
l'avait jamais été lui-même.
11 est donc superflu de produire de nouvelles auto-
rités des Pères pour constater ce point de discipline
fondé sur un dogme diuit on n'a jamais douté dans
l'Eglise jusqu'à ces derniers temps , que quelques ca-
nonisies ignorants et quelques théologiens sans nom ,
comme uncerlain Aureolns, séduits par des raisonne-
ments frivoles, se sont persu dé que chacun pouvait
conférer l'Ordre qu'il avait reçu lui même. Ainsi il ne
nous reste qu'à meure sous les yeux du lecteur les
règles (pie lesôvêques garduienl dans l'onlination des
minis-lres qui composent la hiéiarcliie de l'Eglise.
Mais avant de le faire , nous dirons un mot pour
nionlrer que qneliinefois les évêques ont cru pouvoir
confiera d'anli-fs l'ordination (lesclercs inférieurs. LeP.
Murin,dans lechapilre V de sa tininzième diss rlation
sur les ordinations, prouve ciairenienl que lion seu-
lement les évèipies ont yu faire part de Knr puissance
à cet égard aux prêtres , mais (pie depuis longtemps
les abliés en Orient sont en possession de ce p;)iivoir,
pourvu (pi'ils soient eux-mêmes ordonnés prêtres
autres qui ont un rapport plus immédiat à la matière
que nous traitons dans ce chapitre. Une de ces règles
était que les évoques ne devaient point entreprendre
des ordinations de clercs hors des diocèses les nus
des autres. Les Ariens parmi les calomnies dont ils
chargèrent S. Alhanase l'accusèrent d'avoir violé
cette discipline, et, comme dit Sozomène (1), d'avoir
fait des ordinations dans les villes qui n'étaient point
de sa jiuidiction. Saint Jean Chrysoslôme reprocha à
S. Epiphane, qui s'était laissé prévenir contre lui par
ses ennemis , d'avoir fait la même chose dans l'église
de Constaiiliuople. Vous faites plusieurs choses contre les
règles, lui dit il (2) , et premièrement en ce que vous avez
fait une ordination dons une des cUjlises qui me sont con-
fiées.
Une au're règle non moins religieusement observée
était que l'ordination des évêques se fit par plusieurs,
et non par deux ou par un seul. Celle discipline, (jui
est encore en vigueur à présent, avait été établie pour
représenter et conserver l'unité de ré|)iseopat, dont
S. Cyprien a dit ces paroles célèbres : Episcopalus
unusest, episcoporum mn'lorum numerosilate d.fj'usus.
Elle coutribnail aussi à attirer des grâces plus abon-
dantes sur ceux que l'on élev.iit à cette suprême di-
gnité. Enfin elle était très-propre à fermer la porte à
réjjiscopat à ceux qui eu étaient indignes, soit par
leur andjition, soil par leurs mœurs corrompues , soit
po(u' la mauvaise doctrine dont ils pouvaient élre in-
fectés.
Ce sont ces solides raisons, auxquelles nous pour-
rions doiwicr plus d'élei;due s'il était besoin, (jui en-
3 gageaient nos pères à maintenir religieusement celte
Tout le monde sait que dans nos églises plusieurs Hj ,.(.glo. Us voulaient , autant (jue cela était possible ,
abbés préUMulent aussi avoir des [U'iviléges pour faire
ces orilinalioiis Quoi(iu'il en soit, il paraît par ce que |
dit le pape Gélase dans sa lettre aux évêiines de Lu- f,
canie et des autres provinces inmiédialenienl soumises 1
an Sainl-Siége. tpie ces privilèges peuvent être légi- |
times, puis(pi'il défend seulement aux prêtres d'or-
do ;ner des clercs ;ui-dessous des di;;cres, sans la
j'crmission du souverain pontife, ^ec sibi meminerint
(l.ie.^liyleri) nllà ratione conccdi , sine sumnw pontifice,
md diiiconuni , aul acohjtnm jus liabere faciendi.
que les é\ê(pies puissent eu lonl lenips el dans toutes
sorles de circouslanees conférer validenicnt les or-
dres, on n"a jamais cru ([u'ils le pussent toujoin^s légili-
nieniint. Il IVdlait, poiw (pie les ordinàlions qu'ils fai-
.-aienl fussent approuvées de l'Eglise, qu'ils gardas-
sent eerl:'.iiies me. lires et certaines lègles , au dé-
faut (lesiinelles (îllcs étaient censées illégilinies,
que tons les évêques de la province concourussent à
l'ordinaiion de ceux qui devaient remplir Ies>i('ges va-
cants. Vous l'avez vu dans la première partie de cette
histoire, quand nous avons traité de l'élection des évo-
ques ; et le preinier concile d'Arles, assemblé de tout
rOccident, l'ordonne expressément dans son vingtième
canon qui est conçu en ces termes : Pour ce qui est de
ceux qui s'arrogent le droit de consaoer seuls les cvê-
ques, nous avons jucjé que nul ne doit l'entreprendre
qu'il ne soit accompagné de sept autres évêques. Que si
ruîveuoiis à l'ordination des clercs majeurs. Quoi- j i ^.^j/^ ne se peut, quil nail point la hardiesse de le faire
qu'il n'y en ait au moins trois.
Les évêques de la province réunis dans cette oc-
casion représentaient, comme dit un sa\aulanglais(5),
tout le corps des évêques ; et les trois qui suffisaient
en cas de besoin représentaient tous les comproviu-
ciaux. Cette autorité de l'Eglise , ajoute cet auteur,
qui concourait ainsi à l'ordination, était d'un si grand
et ceux (pfils avaient ainsi ordonnés étaient pri- êj p„id> , (jne la consécration des évêipies, faite suivant
V(';s de tout exeiciee, du jionvoir el des fonctions || j^ pit ordiuaire, devenait (!U quelque sorte inutile , si
altachévS à leurs ordres, en sorte (pi'ils étaient, pour ^l ^n^, ^^^ intervenait; car quoique ce qui a été une fois
ainsi dire, dans le même état après ces ordinations ir- I
régulières qu'auparavant. Il
Nous avons déjà parié en plusieurs endroits de ctîtle |
liisloire des règles que les évè(iues ordinateurs de-
1) L. 2,c. n, v. 26.
-1) Apud Socra!., 1. G, c. 14.
ô) Origines Eccl. , sivo de Jure et Potestalc Eccle-
vaienl .suivre, Nous parlerons encore ici de quelques ! sia>, aueloie lb'rl)vrio Thocdicio, l-ondini, an. 4074.
897
OUDRF.
PART. II. eu AI'. VII
consacre à Dion lui soil coiiSMCrë pour toujours, cc-
pendai'l on ne doit p )iiil lo considérer comme lin
ayant cli; Icgilimomcnt consacré, qnand il Ta élcsiUiS
le conconrs do l'antorilé de llv^lisc , qnoitpi'on ait
gardé la forme de la consécration. C'est en ce sens
<pril expli(pic un pass;ige assez dil'licile de S. Léon ,
qui, dans sa lettre à Rustique, ne veut pas que Ton
compte au nondtrc des évèipies, et traite de faux
évoques, pseudo-episropos , ceux qui n'ont été ni élus
par le clergé, ni demandés par le peuple, ni consacrés
par les évoques comprovi..ciaux avec Tapprobiiliondu
métro, olilain : el dont il raiilie néanioins les ordina-
tions des clercs (pi'ils ont pu faire dans lesaulrcs églises,
si elles ont été faites du consenteniont des propre^
cvè(|ues , et avec l'approbation de ceux qui avaient
droit d"y présider. Autrement il déclare que ces or-
dinations si'Ut nulles. Aliter autein vana liabenda est
creatio , qnœ nec loco fnndala esl , nec auclorc munihi.
Le grand concile de Nicée veut que l'on maintienne
la discipline, dont celui d'Arles ( can -4 ) avait reconï-
mandé l'observation , el que ceux des évoques qui ne
piurront se trouver à l'ordination d'un de leurs con-
frères y consentent an nn)ins par écrit, en sorte, lou-
lolois, ipie les évoques consécraleurs soient au nn)ins
au noinbi e de trois. Le troisième concile de Carthage
(can. .ï)9) exige qu'ils Soient douze, ou au moins trois.
(.0 nombre de douze paraîtrait exorbitant dans d'au-
Ires pays. Mais en Afri(|ue, la chose était plu^ prati-
cable qu'ailleurs, attend:! (jue les é-.èqucs y étaient ,
proportions. ellemenl parlant, en plus grande ([uantilé
que dans les autres parties de la chrétienté, el que
les évèchés y étaient moins étendus.
Tons ces règlements el une inlinitè d'autres de ce
genre n'empêchaient pas que quel juefois la consécra-
tion des évéques ne se fil par deux seulement, et même
par un seid, et quand la nécessité des temps ou quel,
qn'aulres raisons roxigeaienl. .\insi on ne laissait pas
de ratifier ce (jui s'étiil fait dans ces circonstances.
On le voit par le premier canon des A poires , (pji
prescrit scnlemenl que l'évèque soit ordonne par
deux ou trois. Le pape Pelage I fut ainsi ordonné,
suivant .Vnastase : Car, dit il . comme on ne trouvait
personne pour faire la cérémonie de son sacre, Jcan,évè-
(ue de Perouze, el Bon de l'crrentine l'ordonnèrent avec
André , prélre d'Oslie. Si Armenlarius, évéque d'Em-
brun , fui réduit au rang des chorévèques |»ar le con-
cile de Riez (can. 2) de Tan 4Ô9, ce ne fut pas seule-
ment pinu- n'avoir été ordonné que par deux évéques,
jnuis pour avoir outre cela négligé de prendre dos
Icltrcs d'approbation descomprovinciaux el leconsen-
lomenl de son métropolitain. Encoïc les ordinations
qu'il avait faites furent-elles ratifiées , cl on lui
pei mil de donner le sacrement de Conlirmation : pré-
rogative de tout temps réservée aux évè(|ues dans l'E-^
glise Latine. Dioscore d'Alexandrie, qui fut depuis dé
posé an concile de Ca,lcédoine, avait aussi été ordonné
par deux évéques seulement , comme le tém()ig^le^t
\os évèijues du Pont , dans une lettre à l'euipercur
POUVOIR DES EVEQUES. 898
Li'on (I). Cependant cela ne lui fut pas reproché par
l. s évèqnis de ce concile , dans l(*(|uel il est souvent
Iraitéde très-révérend évoque , av;int sa déposition.
Enlin riiisloire de l'Eglise nous fournit plus d'un
exemple d'évè(pies qui n'avaient reçu la consécration
(pie dun sriil, et dont ou n'a jamais douté qu'ils ne
fussent véiil.iblement honorés du caractère épiscopaL
Cir sans parler des ordinatinns que les Apôtres
étaient (djiigés de faire dans le cours de leurs vova-
gcs, pour donner aux peuples qu'ils avaient convertis
des pasteurs qui les gouvernassent, ordinations qu'ils
ne pouvaient faire, suivant tontes les apparences, ac-
compiigiiés de deux ou trois de leurs collègues ; sans
|)arl(!r <lcs évoques (pie Tito ordonne dans l'île de
Crète, où l'Apôtre dit qu'il l'a laissé pour y établir des
prêtres, c'est-à-dire des évéques, (car alors ces deux
ternies étaient synonymes, comme nous verrons ail-
leur-); Théodoret nous apprend que Paulin, qui était
évéque d'une partie des catlioli(pu'S d'Antioche, or-
donna seul Evagre pour son successeur. Ce (pii doit
être arrivé en l'an 388, selon M. Tilleinonl (-2), ou
l'année d'après, ampiel temps Paulin moniul. Il est
cerlai i au moins qu'il était mort en 5'J2. Quoi qu'il en
soit, Panlin viola ainsi doublement les canons, ce qui
fiiit dire à S. Ambroise (5) (pi'Evagre cl Flavien, suc-
cesseurs de S. Melèce, se confiaiiiil plus chacun sur
les dél'ants de l'ordination de son compétiteur que sur
la validité de la sienne; et que si Flavien avait sujet
de Cl aindie l'examen de Sa cause, Evagre n'avait point
sujet de le presser.
Cependant, dit M. de Tillemont, quelque défaut
qu'il y eût dans l'ordination d'Evagre, el quoique Fla-
vien dût passer au moins alors pour le seul évoque
légitime dAnlioclie, l'aversion que les disputes avaient
donnée pour lui à ceux du parti contraire lit qu'ils
n çurenl Evagre pour évéque. Les prélats, tant de
Rome, c'est-à-dire d'Occident, que d'bgyple, embras-
sèrent aussi sa communion, s'il se faut arrêter à Théo-
doret. Mais S. Ambroise nous apprend ipie les prélats
d'Egypte étaient neutres, ne s'éianl liés de coinnui-
nio!i ni avec Fiavien ni avec Evagre. Il parait que
lui-même était dans cette disposition, el peut-être,
selon noire judicieux historien, pourrait-on présumer
la même chose du reste de l'Occident. Ce cpii esl cor-
tain, c'cslqiie quand la réunion des fidèles d'Antioche
se fit, et (pi'ils reconnurent tous .Mexandre pour seul
évéque, le pape Innocent I (i) voulut iprune des con-
ditions de celle paix fût qu'Alexandre reçût dans
leurs grades cl leurs honneurs les clercs ordonnés
pai- Evagre.
Nous avons un exemple à peu près du même temps
d'une consécration d'évêque faite par un seul, en la
personne de Siderius, qui fui ordonné pour l'église de
Palebisca par Philon, évêipie de Cyrène. C'esl Syne-
1 1) Rinius, lom. 2 Conc, p. 400 , edit. ann. 1618.
(-2) Tom. 10, p. 2.';4.
iô) Ep. y. p. i!)0.
lîi II». \'i ad Dynifac, lum. 2 Couc, ii. 12W
S99
mSTOIRE DES SACREMENTS.
900
sius qui nous apprend ce fait (I), qu'il excuse par la !
nécCSSilC des temps à/).' àvàyx»! vàp h /.aisit,- à7t«j5- !
pv-,7<ajTot,- T/^v i/.^îêïtav w-r'aêKivsîOai. 11 ajoiiie que
s. Athanasc, connaissant les talents de Sideiius, l'a-
vait depuis transféré au siège métropolitain do Plolé- |
maide, pour y entretenir et y allumer de plus en plus j
rétincelle de la foi qui s'y était conservée malgré les
efforts des Ariens. Si S. Alhanase, cette colonne iné-
branlable de l'Eglise, en usa de la sorte à cause des
circonstances des temps et des lieux qui demandaient
que l'on relâchât quelque chose de l'exactitude des
règles, nous ne devons pas être surpris que S. Gré-
goire le Grand, répondant à S. Augustin, fapôtre des
Anglais, qui lui avait demandé si, attendu la dislance
des lieux, qui ne permellait pas facilement de faire
venir des évoques pour l'aider dans la consécration de
ceux qu'il pourrait établir, il pouvait les ordonner
seul, lui dit (1) que puisqu'il ne peut être assisté de
ses confrères dans celte action, il peut la faire seul
jusqu'à ce qu'il y ait des évêques en ce pays qui puis-
sent concourir avec lui à ces ordinations. Et quidem
in Auglorum Ecclcsià, in quâ adliuc solus tn episcopns
inveniris, ordinare episcopnm non (dller nisi sine epi-
scopis potes, etc. En conséquence de cette décision,
Augustin, après avoir soumis au joug de l'Evangile
un grand nombre de chrétiens en Angleterre, y con-
sacra deux évèquesen Tan GOi; savoir, Mellit à Lon-
dres, et Juste à Rochester, comme nous l'apprenons
de l'histoire de Bcde (31; après quoi il se conforma à
ce que S. Grégoire lui avait reconunaudé tout de suite !
dans cette lettre, de ne point faire ces ordinations |
sans être assisté de deux ou trois autres évoques, i
Cm»» igitur, Deo auclore, ita fuerint episcopi etiam in
propinquis sibi locis ordinati, per omnin episcoporiun '
ordinatio sine aggrecjatis tribus tel quatuor episcopis '■
fieri non débet. '
Telle fut la réponse que lit S. Grégoire à son dis- ^
ciple Augustin sur la conduite qu'il devait tenir dans
sa mission, au sujet de la consécration des évêques.
manuscrits dont il cite un grand nombre, et de plus
par Bède , dans son Histoire Ecclésiastique d'Anvers,
de 1550, de Bàle, de 150.3, de Cologne, de 1012, ou-
tre cela par tous les manuscrits de Bède, de (jui celle
lettre de S. Grégoire est venue jusfju'à nous. C'est ce
que témoigne le docte Beveregius dans sa note sur le
premier canon des Apôtres, à quoi il ajoute que la
version saxonne de l'histoire de Bède(l), quia été
faite par le roi Alfred, rend le texte de la manière
que nous l'avons cité, suivant le témoignage de Guil-
laume de Malmesbury (2), qui traduii les mots saxons
de celte sorte : Et quidem in Angiiœ Ecclcsià, nbi lune
solus inventus es episcopns, non potes tu alio modo epi-
scopum consecrare, qtiàm sine episcopis. El certes dans
l'église d'Angleterre, où vous vous trouvez pour le
présent seul évèque, vous ne pouvez autrenuîul con-
sacrer nu évèque, que sans évêques.
Je ne vois pas, après tant de preuves en fiveur de
la leçon qui se trouve dans la dernière édition de S.
Grégoire, auxquelles on pourrait ajouter différentes
collections manuscrilcs des canons, dont parle le P. de
Sainte Marthe dans ses notes, qui toutes représen-
tent ce texte comme nous l'avons allégué; je ne vois
pas, dis je, comment après cela M. Tourneli (3) pré-
fère l'autre manière de lire ce texte, et pourquoi il ré-
voque en doute ce que dit le jésuite ilenriquez , que lo
pape Grégoire XIII avait accordé au palriarche d'E-
thiopie, qui était de la société de Jésus, le pouvoir de
consacrer seul les évêques, s'il le jugeait expédient
dans le cours de sa mission, puisqu'enfin ce pape
n'aurait rien fait en cela que de conforme à la sagesse
d'un souverain pontife, et que si le bref qui contient
celte permission n'a jamais été représenté, comme dit
M. Tourneli, qui le rejette sous ce prétexte, c'est que
l'occasion ne s'en est point présentée, personne peut-
être n'en ayant jusqu'à présent contesté la vérité.
La discipline do l'Église sur le point que nous venons
de traiter csl fondée sur ce que le Fils de Dieu a dit qu'il
serait présent au milieu de deux ou trois qui seraient
l'avertissant néanmoins que s'il se trouvait des évê- | assemblés en son nom, siu' l'exemple de l'élection de S
ques des Gaules eu Angleterre, il ferait bien de les
inviter à concourir avec lui à l'ordination de ces pre-
miers évêques; mais il ne lui lait une loi de faire les
consécrations d'évoqués assisté d'autres évêques, que j n;;iion de S. TinKUÎiée qui fut faite par l'imposition
Matthias qui se fit en présence de toute l'Eglise chrétien-
ne assemblée, de la mission de S. Paul et de S. Barnabe
qui se fit par toute l'Église d'Anliochc, et de l'ordi-
lorsqu'il en aurait lui-même établi dans le pays. C'est
ainsi qu'il faut entendre les paroles de S. Grégoire,
comme toute la liaison du discours et de la réponse
avec la demande le persuade.
Il est vrai que quelques exenqtlaireset l'édition de
Paris de l'an 1580 portent au lieu de, non aliter 7iisi
sine episcopis, non aliter nisi clm episcopis; ce qui
ferait un sens contraire. Mais cette leçon, comme re-
marque le dernier éditeur des œuvres de S. Grégoire,
outre qu'elle ne s'accorde pas avec la suite du dis-
cours, est démentie par toutes les anciennes éditions
et par les modernes, aussi bien que par les meilleurs
(l)Ep. 07, p. 210, edit. Petav
(2) Ep. 1. 9, indic. 4, cp. 04, p. 1155, nov. edii.
(3) Lib. 2, c. 3.
des mains des prêtres, c'est-à-dire, de tous les prêtres
et évêques qui étaient alors dans l'église où il fut or-
donné, peut être à'Éphèse. Cepend.uit il faut remar-
quer que de tous les évêques qui concourent à l'ordi-
nation d'un autre évèque, il n'y Cii a qu'un qui soit le
consécrateur,les autres n'étant que témoins, mais té-
moins canoniques, nécessaires, cl qui sontpré.-cnts de
la part de tout le corps des évoques, pour leur rendre
téuioignage que l'ordination est faite canoniquemcnt
selon les règles apostoliques, cl que ce mariage cé-
leste, selon la conq)araison de S. Grégoire-le-Grand,
qui se contracte entre TÉglise etl'évêque, qui repré-
(1) Coteler., loin. 1, p. 455.
(2) InGestisreg. Angl., 1. 2, c. 4.
{',) DeOrdine, p. 402.
osl pas un T
linure prœ- j
901 ORDRE. — PART. III. CIIAP. l.
sente et tionl lu place de Jésus-Clirisl, n'est pas un
mariage claïKlcsliii : iN'ci unus episcopiia ordinare pr
sumal, iw furlivum hciwficiitin pnvsUirc v'uteulur, dil le
pape liiaoconl I, écrivant à Yiclrice de lionen. C'est
pourquoi nous voyons que tantôt les conciles cassaient
cl aiiiiuUaiont les ordiiialions faites par un ou deux
évèqiies seidciuciit, et tantôt les approuvaient, ou au
moins les soulfraient et les toléraieni, lorsipie les cir-
constances des choses rendaient les règles iaiprali-
cables, et que lambiiion et le mépris des lois de l'É- j
glise n'y entraient pour rien. Ainsi les dilférents dé- l
crets des conciles sur celte maiière ne sont point vé
ritablenient opposés, quoiiiu"en apparence ils semblent :
établir une discipline coniraire. C'est ainsi que l'on ■
peut concilier ce que dit le concile de Riez (can. 12)
où Armenlarius fut déposé et chassé du siège d'Em-
brun, dont il avait été consacré évéque par deux évo-
ques seulement suis l'autorité du métropolitain, avec
ce qui lut réglé deux ans après dans le concile d'O-
range (1), auquel souscrivit S. Eucher de Lyon.
Le premier de ces conciles s'exprime en ces termes
touchant l'ordination d'Armentarius : IS'ous avons jugé
à propos de casser cette ordination que les canons décla-
rent nulle, dans laquelle ne se sont point trouvés trois évê-
ques ; on na point demandé les lettres des comprovin- ;
ciaiix, on un point requis la permission du métropolitain, ]
el enfin oii il ne parait rien de ce qui est nécessaire pour
faire un évêciue. {Prorsiis niliil quod episcopum faceret
ostensum est.) Celui d'Orange veut au contraire que \
s'il arrivait que deux évèques en ordonnassent un
troisième malgré lui, les deux soient déposés, et que ;
celui qui a souffert violence soit mis sur le siège de '
l'un des deux ordinateurs. D'oîi vient que ce concile
confirme l'ordination faite par deux évècpies, tandis
que l'autre la déclare nulle ? C'est que dans la pre-
mière celin qui est ordonné n'a point violé les canons
qui exigent la présence de trois évéques, la chose s'é-
DL'i'Éiaourrr: des êvèques sir lls prêtres. 002
un évèqne par un seul, alors l'ordination serait et va-
lide et licite: parce qu'alors on n'est pas censé rompre
Tiuiilé ni négliger l'anlorilé, quand il n'est pas libre
de l'inierpeler , en demandant le consentement des
coniprovinciaux et la permission du métropolitain,
du Pape, ou du concile, étant certain d'ailleurs, qu'en-
core que les canons demandent la présence de trois
évècpies, il n'y en a toutefois fpi'int qui consacre, les
deux autres étant seulcnicnt assistants et témoins.
TROISIÈME PARTIE.
DE LA DISTINCTION DES DIFFÉRENTS ORDRES , ET DE
LX SUBORDINATION DES MINISTRES DE l'ÉGLISE LES
LNS AUX AUTRES.
Nous n'entreprenons point ici, comme nous l'avons
dil ailleurs, de faire un trailé complet de la hiérar-
chie , et de nietlrc de nouveau sur le tapis des ques-
tions qui ont été si souvent agitées et traitées avec
tant d'érudition par un grand nombre d'auteurs, dont
nous avons les ouvrages entre les mains. Notre des-
! sein est seulement d'éclaircir quelques points de disci-
pline et de docirine qui ont un rapport essentiel avec
la matière du sacrement de l'Ordre, et de traiter en-
suite de ce qu'il y a de plus curieux cl de moins connu
touchant la subordination des ministres de l'Eglise qui
sont dans les mêmes ordres. Ainsi nous ferons voir
d'abord la distinction qu'il y avait entre les prêtres et
les cvêques , après quoi nous parlerons de l'érection
des mélropolcs.
CHAPITRE PREMIER.
La distinction de répiscopal avec la prêtrise, el la supé-
riorité des évéques stir les prêtres vient de l'inslituliou
divine et apostolique. On repond à ({uelqucs difficultés
qui S3 présentent sur celte matière.
Nous ne connaissons dans tonte l'aniiquilé que le
seul Aëriiis qui ait avancé le contraire (1), encore n'a-
lant faite malgré lui et sans que l'ambition el le mé- 1! t-il point foniié de secte qui soit entrée dans son sen-
pris des lois ecclésiastiques y eussent part, au lieu que
tout cela se reiiconlrait dans l'ordination d'Armenta-
rius ; ce qui rendait son ordination vicieuse et digne
d'clre rejeiée, de peur qu'en souffrant de tels abus,
cela ne tirât à consé jucnce, et ne donnât lieu aux i
ambitieux d'envahir l'épiscopat par leur crédit et par i
leurs intrigues.
Encore à présent les ordinations faites par un ou
deux évô(|ues seulement seraient rejetées et cassées,
si elles se faisaient sans la dispense et la permission du
Pape, à moins qu'il n'y eût nécessité de se dispenser
des règles de l'Église, et que les choses ne fussent en
tel élat, qu'on ne pût avoir recours à son aulurilé,
comme autrefois il fallait que l'anlorilé d'un concile ou
du métropolitain intervînt pour juger s'il était expé-
dient de passer au-dessus des règles ordinaires. Ce-
|iendanton peut dire que s'il se Irouvaitdes cas où on
ne put avoir recours à aucune de ces puissances, et
qu'une nécessité pressante obligeât de faire ordonner
(l) Araiisican. conc, eau. 21.
liment. C'est proprement dans ces derniers temps que
l'on a vu des hommes audacieux former une société
ennemie déclarée de la hiérarchie, et employer leurs
talents et leur va te érudition pour combaiire une vé-
rité reconnue sans contradiction durant plus de qua-
torze cents ans. Un de ceux qui ont le- plus travaillé à
la supprimer, est le fameux Blondelle, qui a compose
un gros ouvrage sur cela, et qui a fait voir jusqu'à
quel point d'aveuglement la passion et lintérèt de
parti sont capables de conduire les hommes les plus
éclairés. Ce que nous dirons dans le chapitre suivant
regardera pli s particulièrement le senlimentdes pres-
bvlériens qu'il a soutenu avec tant de zèle. Dans ce-
lui-ci nous nous attacherons uniquement à prouver eu
général la distinction cl la supériorité des évoques sur
les prêtres.
Elle parait très-clairement dans les écrits de ceux
qui ont vécu avec les Apôtres ; entre autres dans ceux
de S. Ignace , martyr, et de S. Clément, pape. Les
(l) Epiphan. , lucres. 7o , n. 5.
905
IllSTOlKE DES SACREMENTS.
i)Oi
presbytériens les plus zélés en cnnvicnucni à régm-d ]V liic-rarchios subordonné les uns aux antres, au-des
du premier. Aussi n'oiil-iis rien cicugiie pour oUt ;
toulc croyance à ceux (pii portent son nom. .Miiis Dieu j
n'a pas permis qu'ils y réussissent, il a au contraire i
fait recouvrer à son Église le précieux trésor des lettres
de ce grand saint, dont on n'avait que quelques ,
fragments dans les ''crils des anciens, qui ont servi |
dans ces derniers tcinjis aux plus savants criti(iues,
pour discerner ce qui venait véritablement de lui , et
le distinguer des lettres qui couraient sons sou nom .
et qui porlaicnt des mar(pics trop visibles d'altération
pour qu'on y ajoutât foi , et (pi'ellcs pussent faire
preuve parmi les [icrsonnes éclairées.
Ce saint évéque d'xXntiocbe écrivant aux fidèles de
Magnésie fait l'éloge de Damas, leur évèque, de Bassa
et d'Appollonius , prêtres , et de Solion , diacre de la
même église , après quoi il ajoute : Vévèijne , étunl au
premier ranj , lient la place de Dieu , les prêtres repré-
sentent le sénat des apôtres , et le ministère de Jésus-
sous. des(|nels étaient les laïques , c'esi-à-dire, le
conunun des Juil's qui n'asait aucune part au mi- '
nistère. j
Au reste ce saint ] ape n'est pas le seul qui em-
ploie ces termes pour désigner les différents ministres
de l'Église. Tertullieii (1) appelle de même l'évèque
le souverain prêtre , summum sacerdotem , on nonmrait
aussi les prêtres, sacerdotes, dès le commencement
de l'Eglise, et on voit dans un grand nombre de con-
ciles les diacres désignés sous le nom de Lé\itos.
S. Jérôme lui-même, dont le témoignage paraît si fa-
vorable aux Calvinistes rigides ou puritains, convient
que l'Église chrétienne a emprunté de la Synagogue sa
discipline touchant l'ordre de ses ministres, et ce cpii
est plus fort, il parle de la sorte dau^ sa lettre i\ Eva-
gre ou Evangelus, qui est le plus ferme appui des en-
nemis de la biéiarehie. Voici ses paroles qui méritent
d'être lues attentivement , d'aulanl plus que c'est par
Christ est confié aux diacres qui me sont très-ctiers, etc. s là qu'il termine cette fameuse letlre, qui est si souvent
Dans l'épilre aux Philadelpliiens il leur recommande S citée par les t!iéoIo,;iens et les auleurs ecclésiastiques
d'écouter et d'obéir à l'évèque , aux prêtres et aux din- | qui ont traité cetle nialière : El afin que nous sachions
cres. Il s'explique de la même manière en une infiniié
d'autres endroits que l'on peut consulter par soi-
même, et qu'il serait inutile de transcrire ici, puisqu'il
peine on peut jeter les yeux siu' ses écrits, (ju'on ne
tombe sur quelques passages qui prouvent la distinc-
tion des trois différents ordres du clergé , et la
subordination où sont les prêtres à l'égard des évè-
ques.
S. Clément, disciple des princes des Apôtres , qui
vivait en même lenips que S. Ignace , dans la b'ttre
qu'il a écrite à l'église de Corintbe, parle souvent des
prêtres ; mais il place au-dessus d'eux ceux à qui le
gouvernement de l'Église était confié. C'est ainsi que
dés le commencement de cette épître que quelques
églises ont mise dans le canon des Écritures saintes
il enseigne aux Chrétiens qu'//s doivent être soumis à
leurs supérieurs, et rendre l'honneur convenable aux
prêtres. Ou voit dans ce passag<; la différence que cet
homme apostolique met entre les prêtres et les é\ê-
ques qui tiennent dans l'Église un rang plus élevé que
ceux-là. Ailleurs, il fait menlion expresse des trois
ê Ordres de la hiérarcliie ecclésiastiipie en ces termes :
l- Le souverain prêtre {ipy/.fsi) a des devoirs qui lui sont
propres , les prêtres ont la place qui leur est assignée
(tjT; tîo-ruTiv), les léviles ont aussi leur miniulhe. Les
loiques doivent remplir les devoirs allnchés à leur état.
Que chacun de vous, mes frères, rende (jrùce h Dieu dans
le rang qu'il occupe , lâchant de conserver sa cons':ience
sans reproche, et qu'il ne s'écarte pus de la rèijlc de ses
devoirs. On "ne peut rien désirer de plus clair en fi-
veur des trois Ordres qui composent la hiérarchie de
l'Église, et que notre saint distingue posilivemenl des
laïques ou du commun des fidèles. Que s'il se sert
pour cela d'expressions qui étaient propres aux Juifs
Hellénistes, c'est que l'ICglise clirélienne a imité en ce
point lu Synagogue , dans laquelle Dieu avait établi ,
comme il a fait depuis dans l'Église, ti'ois degrés de
que les traditions apostoliques viennent de rancien Tes-
tament , que les évêques, les prêtres et les diacres s'ailri-
buent dans l'fcjlise , ce quAaron , ses fils et les Lévites
étaient dans le temple. Peut on rien produire de plus
positif pour montrer que S. Jérôme était persuadé que
ce n'était point sans inspiration divine (pie les Apiïires
avaient élabli le même ordre dans l'Eglise chiéliennc
par rapport aux ministres de la Riligion , que celui
que Dieu avait mis entre les ministres du tabernacle
et du temple, et qu'il n'y a pas nioins de distinction
entre les évêques , les prêtres et les diacres , qu'il
s'en trouvait entre le souverain prêtre, les piêlres
ordinaires et les léviles, dont les devoirs, les fondions
et les prérogatives étaient en beaucoup de choses si
différentes les nues des autres.
Je dis en beaucoup de choses, et non pas en toutes
sans exception : car il est certain que les simples
prêtres avaient des fonctions qui leur élaieiit commu-
nes avec le grand prêtre , ainsi qu'à présent dans
l'Église les minisires du second ordre en ont qui leur
sont connnunes avec les évêques, comme celle de sa-
crifier le corps de Jésus-Christ sur nos autels, et
d'inslruire le peuple chrétien des devoirs de sa reli-
gion. C'est pourquoi il arrive quelquefois que les Pères
en parlant des ministres de l'Église n'en font (pic
deux classes, savoir des prêtres, sacerdoiuni, el des
diacres, comme cela se fait encore aujourd'hui com-
munément parmi nous, sans que nous piétendifuis
pour cela confondre les prêtres avec les évoques.
Cetle division étant fondée sur ce que le sacerdoce
est commun aux prêtres et aux évèipies , quoique
ceux-ci le possèdent plus pleinement (jue ceux-là, et
avec des prérogatives qui les élèvent au - dessus
d'eux.
Les auleurs ecclésiastiques ont encore suivi en cela
(il I.ili. de \h\)[., c. 17.
yÔS ORDRE. — PART. III.
la manière île parler des .Iiiifs, (m'i lanlôl faisaiciil Irois
classes des iiiiiiislrcs du lemple, cl inilôl les rédui-
saient à deux, c'esl-à-dire , aux prclres cl aux lévites,
quoique le souverain prélre lût dans un dc^ré plus
éminenl que les simples prêtres, et pût faire légitime-
ment une classe à part. C'est ainsi qu'en use Plii'.on ,
qui dans le livre de la Vie de Moïse (!) ne compte que
deux degrés de la li.érarcliie, savoir : Des prêtres et de
ceux qui étaient appliqués au service du temple, et ail-
leurs il met les premiers au second rang , plaçant le
grand prélre au premier : ce qu'il lait lorsque parlant
de ce qui est ordonne dans la loi touchant le souve-
rain prêtre auquel il n'était pas permis d'épouser une
veuve , il dit que cela n'est point défendu aux prêtres
du second ordre , toîî 84UTép«« wÇ^wj. Mais de quelque
manière que les Juifs s'exprimassent en parlant des
différents ordres des minisires de la Religion ; il est
inconleslable qu'ils en reconnaissaient trois distingués
Cl subordonnés les uns aux autres , aussi bien que la
loi qui avait marqué si clairement les devoirs, les
fonctions et les prérogatives des uns et des autres ,
quoiijue le souverain prêtre y soit ordinairement nom-
nid simplement prélre , p;n , et que dans tout le
Penlateuquc il ne soit désigné que deux ou trois fois
sous le nom de souverain prêtre , blTin y\2.
Il en a été de même dans l'Église chrétienne, les
noms d'^i'é7weset de prêtres étaient, du temps desApô
très, communs à ceux qui étaient, proprement parlant,
ce que nous appelons à présent évéques, et à ceux
qui ne tiennent que le second rang dans Tordre de la
liiérarchie. C'est ce qu'on voit clairement dans le livre
des Actes (2), où les mêmes qui sont appelés prêtres,
sont ensuite nommés évéques. Vocavit majores nalu
( rriciêvrliouî )... , et dixit eis : Attendite vobis et utiiver-
so gregi , in quo vos postiit Spiritus sanctus episco-
pos , etc. Le nom ô'évêque signifie un homme à qui
l'inspection cl l'intendance sur ceux qui lui sont sou-
mis est confiée ; et celui de prêtre ou de vieillard ,
senior , que S. Pierre et S. Jean prennent dans leurs
Epitres, marquait chez les Juifs une personne consti-
tuée en dignité. C'était le nom que portaient les ma-
gistrats, C^fp, comme chez les Romains on appelait
sénateurs ceux qui composaient le conseil de la répu-
blique, terme qui était dérivé de celui de senior, dont
vient aussi notre mol de seiijtieur, qui en notre langue
aussi bien que dans les autres qui viennent du latin ,
telles que l'italienne et l'espagnole, signifie une person-
ne élevée au-dessus du commun du peuple, et revêtue
d'autorité. Il n'est donc pas suprenant que le tilre
d'évêquc ait été donné aux prêtres, cl celui de prêtre
aux évéques, puisque le sens renfermé dans ces deux
termes convient aux uns et aux autres en plusieurs
manières.
On peut dire même que le titre de Diacre, au com-
mencement de l'Église, était souvent attribué à ceux
qui occupaient dans le clergé un rang plus élevé que
celui qu'ont aujourd'hui ceux à qui ce nom est parti-
(1) L. 5, p. -462; edit. Turneb. , et pag. 473-
(2) Acl. Apost. -20, v. 17 et 28.
TH. XX.
CIIAP. I. SUPÉRIORITÉ DES ÈVÈQIES SUR LES PRÊTRES. <J0*
culièremeiil affecté. L'Apotrc donne ce titre aux Apn-
ires(l) mêmes qu'il appelle mini trec , èià/o^jt, du i
nouveau Teslainent; ministres, cty./:vei, de la justice, !
de l'Église, de l'Evangile. Les Apôtres mêmes n'établi- i
renl les sept diacres , pour être les distributeurs des
biens communs de l'Église, que pour avoir le loisir de
s'appliquer plus particulièrement au ministèn! de la
parole ('2), rvi ôia/.oviV. n'j }.à-/ou. Tychiqiie est atipelé
diacre (3) par S. Paul, aussi bien que Tiinothi-e (i),
quoique l'un et l'autre, et surtout le dernier, fussent ccr-
tainement revêtus du caractère épiscopal, comme on le
Tcrra dans la suite. Le même Ap(3tre parlant aussi
(lArchippus, qui, suivant toutes les apparences, était
évêque de l'église de Colosse, en Pbrygie , recom-
mande à ceux à qui il écrit de lui dire (5) : Considérez
le tninislère que vous avez reçu du Seigneur, j3yizî rr./
Six^ojia-j, etc.; c'est ce qui a fait dire à S. Chrysostômc
qu'autrefois les prêtres s'appelaient évéques et diacres
de Jésus-Christ.
Ce détail déplaira peut-être au lecteur, mais je le
prie de m'excuser. La nécessité d'éciaircir uiic ma-
tière que les ennemis de la hiérarchie s'efforcent
d'embrouiller par toutes sortes d'artifices, m'y a iii-
dispensablement engagé , et après ces remar(|ucs il
sera aisé à toutes les personnes judicieuses de ré-
soudre toutes les diflicullés qui se présentent là des-
sus, et de se convaincre que les Pères, qui tantôt par-
tagent les ministres de l'Église en deux ordres ou
classes différentes, tantôt en trois, ne sont point op-
posés les uns aux autres , ni à cirx mêmes. Cela Init
tomber l'argument que les presbytériens tirent si '-•y}.
à propos de cette division du clergé en deux orcircs
et qu'ils font tant valoir. Un des passages sur leqneV
ils insistent le plus, est celui de S. Clément dans sa
lettre à l'Église de Corinihe, où il dit en parlant des
Apôtres, qu'ayant reçu le commandement de leur maiire,
et étant dans une pleine certitude de la résurrection de
Jésus-Christ, ils allèrent prêchant le royaume de Dieu,
et qu'ils établirent évéques et diacres ceux qu'ils avaient
■ éprouvés par l'esprit de Dieu , pour servir ceux qui de-
vaient croire à l'Evangile.
I Ce qui a été dit suffit pleinement pour résoudre la
prétendue difficulté qui résulte des paroles de S Clé-
ment. Mais, outre cela, on peut dire que, quand même
01! prendrait les termes d'évêques et de diacree slric
tement et dans la seule signification qu'ils ont à ^r^
sent, ce que dit ce saint du Icm^s desApôtre>, dont il
parle en cet endroit , est vrai à la lettre. Car il faut
savoir que ces saints fondateurs de la religion n'ont
pas d'abord établi partout et dans tous les lieux tous
les ordres de la hiérarchie, mais à mesure que les
occasions se présentaient, et que le nombre des (idéles
augmentait. Le Sauveur leur avait prescrit l.i-dcssus
ce qu'ils devaient faire , mais il avait laissé l'exécutio»
(1)1 Cor. 5, v. .'), et 2 Cor. 3, v.
2) Act. 6, v. i.
(5) Coloss. -4, V. 7.
(4) 1 Thess. 3, v. 2.
(o) Coloss. 4. V. 17; Ep. ad Phil.
20
t).
907
îlISTOmE DliS
à leur prmlcMOC , on plulot à Tespril de Dieu, qui les
gouvernail ; ils avaieulreçu coinmaudemeiit de Jésus-
Clirist d établir l'ordre des diacres ; ils ne rexéculèrcnl
. ncaumoiiis pas d'abord, mais ils le firent, (juand le
; nombre des (idèles s'élant multiplié dans l'église de
" Jérusalem, Ils ne purent plus sufiire eux-mêmes à lous
les besoins de Tliglisc.
Il en a été de même à regard des prêtres et des
évoques ; ils ne mirent pas d'abord dans cbaque ville
un évèque et des prêtres comme on a fait depuis; mais
dans celles-ci ils établissaient un évêque; dans celle-
là lui prêtre ou plusieurs suivant le besoin : il est à
CToire que, dans la plnpnrl des endroits où ils se ren-
contraient souvent, ils se conleHieient d'y établir des
prêtres, étant à portée d'y exercer eux-mèmc^ on j>er-
sonne les lontlions de répiscop;it; et qu'au contraire
dans les lieux i>lns éloigiiés et où ils allaient plus r.s- i
rement, ils y établissaient des évoques. C'est ainsi que l
S. Pau! envoya Tite en Crète, en qualité d'évêipie , |
pour gouverner celte ég ise et y consacrer des évéïpus ,
et des prêtres dans les villes, à mesure que la foi s'y
répandrait. S. Clément a doac pu dire (pic , dans les
cohmencements de la prédication de l'Évangile, les 1
Apôtres avaient établi des évéqueset des diacres seu- ;
lenient dans plusieurs lieux , comme il aurait pu dire i
que dans d'autres ils y avaient établi seulement des
prêtres : et même à l'égard des Apôtres les évê(iucs
n'étaient, pour ainsi dire, que comme des prêtres,
leur étant aussi soumis que les prêtres le sont aux-j
évêrjues , comme on le voit partout dans le livre des
Actes , et dans les Épîtrcs de S. Paul à Tiie et à Ti- i
jîiotliée. '
Dans la suite, quand l'Église fut entièrement formée !
en corps de religion, les Apôtres établirent partout le
triple ordre de la biérarchie, afin que le-, évêqurs, te- ||
jiant leur place après leur mort , gouvernassent avec
l'aide des prêtres et des diacres, le troupeau de Jésus- j
Christ. C'est ce qu'ils avaient fait plus tôt dans l'église
de Jérusalem, la mère cl le modèle de toutes les au-
tres, où se trouvaient des prêtres et des diacres, et
on, suivant le témoignai^'e de S. Clément d'Alexan-
drie (I) et d'Hégésippe (2), ils établirent pour évèque
S. Jac(pies, le frère du Seigneur.
iMais de peur «pril ne send)le à quelques-uns que
nous parlons ici par conjecture, faisiuis voir, par des
auteurs dignes de foi, que udus n'avançons rien qui
r.e soit Irès-vérilable toucliaut la conduite (lu'ont te-
iu\e les Apôtres avant de quitter ce monde pour passer
au cii;l. Il est si vrai ipi'ils établirs-nl drs snccisseurs
de leur puissi'.nce , et d(?s ministres revêlus de la plé-
nitude du sacerdoce cbrélien , (pie Tertullien en tire
ii!i argument Invincible contre les béréliiiu(;s (ô), (pii
ne pouvaient pas,C(uiime l'Église c ibolique, faire
remonter la succession de l'épiscopat jusqu'aux Apô-
tres : Qu'ils nous monlrent , dit-il, l'origine de lews
églises, qu'ils nous représentent la suite de leurs évêques
' (1) L. 6, Inst.
(2 Euseb., 1. 2, c. 1, et c. 23.
(3) i'ertulî. adv. Hteres.. c. 52.
SACREMENTS. 908
qui remontent jusqu'au commencement , en sorte que le
premier ait eu pour prédécesseur quelqu'un des Apôtres,
on des hommes apostoliques qui aient persévéré avec eux :
car c'est ainsi que tes écj'.ises apostoliques se font con-
nuitre. Telle est l'église de Smgrne, dont Pohjcarpe, qui
y n été placé par Jean, a été le premier évèque. Telle est •
celle de Home, pour laquelle Clément a été ordonné par
Vi:rre. Les autres peuvent également nous montrer ceux
dont ellts tirent leur origine , et qui ont été établis évê-
ques par les Apôtres. Le même Tertullien dit quelque
cbosc de semblable de l'établissement des évê(iues,
dans son quatrième livre contre Marcion , en prenant
toujours ce nom d'é\êque, suivant la notion qu'il lui
donne ailleurs poiu" )e souverain prêtre.
S. Irénée (1), avant Tertullien, avait insisté de
même sur la succession des évé(]nes, depuis les Apô-
tres jusqu'à son temps, pour prouver (pie la tradition
de l'Eglise catholique était la seule véritable. Tout le
monde, dit-!l, peut voir par soi môme la tradition des
Apôtres (jui s'est fuit connaître partout dans l'Eglise, et
nous pouvons compter ceux qui ont été établis évoques
dans les églises ])ar les Apôt:es, aiissi bien que leurs suc-
cesseurs jusqu'à notre temps. Il ajoute que, qu:uid les
bicnhem-eux Apôtres c'.u'eut fondé et instruit rÉglise
de. Uome , ils y établirent premièrement Lin pour
évèque; qu'à celui-ci succéda Anaclet, après la mort
du(juel ils mirent en troisième lieu Clément. Et post
eum tertio loco ab Aposlolis episcopatum sortitur Cle-
mens. Le saint docteur fait ensuite rémunération des
évê(iue3 de Rome, jusqu'à Eleiillière , qui gouvernait
celte église de son temps. Quoi donc, n'y avait-il point
alors d'autres prêires à Rome que ceux dont parle
S. Irénée? Un seul homme pouvait il suffire pour la
conduite d'un si grand nombre de chrétiens qui s'y
trouvait? Il y aurait de l'absurdité de le penser, puis-
que Ciu'ncilic, qui fut placé sur le siège de cette église
soixante ans après Eleulhère (2), nous apprend qu'il
y avait de son temps qu;uante-q\iatre prêtres, et qu'on
voit du temps d'Lleutiière, coutemporain de S. Iré-
née, le séui!4 des prêtres bien marqué dans cette
église , par ce qui est l'apporlé dans Eusèbe (5), de
certains bérélitiues, à la lète desquels Florin, prêtre
de Rome, (pii avait été déposé s'était mis, wv riystro
•f'/MpiJcç ■KpnêoTEpiov Tr,; è/./.'itcic/.i àrroTTSTcôv. Pourquoi
donc est-il parlé si rarement des prêtres qui aidaient
l'é ê(pie dans la conduite des airiires ecclésiastiques
et (1 IIS l'ailministiMiion des sacremeiils? Cela vient
sans do:ite de ce que t nie l'auloi ité et la prééminence
était réservée et comme coiicenlrée dai;s la personne
de révê(|ue, en sorte que Ks prêtres ne pouvaient
presque rien entreprendre sans en avoir reçu de lui
bî commandenientoii la permission. Celle dépendance
i d(^s prêtres à l'égard des évêques , se découvre bien
I visiblement dans la lettre du clergé de Rome à S. Cy-
1 prien, pendant la vacance du siège (4), par laquelle
' (I V L. 5 c. 5.
I (2) Euseb., Ilist. eccl., 1. 6, c. 43.
I (3) L. D, c. 15.
(1) Cvpr.. ep. 51.
909
ORDRE. — PART. lîl. CIINP. II. SUITK DU MÊME SUJET.
910
on voit que, quoique rafîaire de ccu.x qui claioiil lom- T, Ou voit daus les autres IrUros de ce môme saint
bcs durant la persécution fût des plus urgiMitcs , le
sénat des prêtres de celte première église du monde
ne croyait pas devoir rien dclermiuer sur cela, réser-
vant le tout à la décision de celui ([ue Dieu leur don-
nerait pour évcquc. Les paroles dont ils se servent
dans cette lettre sont remarquables; les voici : Quoi-
que nous ayons une raison plus pressanle de différer
ce qui regarde celte affaire, nous qui, depuis le décès de
Fabien, de Ircs-itluslre mémoire n'avons encore pu avoir
dont Eusèbe nous a conscr\é de précieux Ira^ments,
I que de son leuips, c'esl-à dire, environ snixanie ans
1 après celui des Ap'^lres, la idujart des villes avaient
i pour y gouverner l'É^^lise, un jiaUeur prineii»;»! qui
portait le nom d'éicque, il fait uicilion d'un ^raud
nombre .d'entre eux, et nous apprend ciilrf aiiires
que Denis lAréopagitc a éié le premier évéque d"A-
ibcne.-. {I).
Une autre chose que nous apprenons des nnwn-
d'évêque, à cause de la difficulté et des circonstances des ^ incnts de l'Église |)rimilivi\ qui cA très pro re à nous
temps , ce sera lui qui la rétjlera avec autorilé et en pre- j| f^j^e concevoir la dislinelion (pi'il y avait alors entre
nanl conseil. « Qui oninia isla moderetur, et eoruni qui | l(>sévè(|ues elles prè:res,esl <iue les prèlres passaient
i lapsi sunt, possil cum auclorilale et consilio kttberera- f (\q ce rang à celui dcvèq'ies , connue dislmgué et
< tioncm. » j|' élevé au dessus de celui qu'ils occup:iiint auparavant.
S. Ircnce parle de l'église de Smyrne à peu près ||j Nous en avons plusie(u-s exenq)!cs, entre autres celui
comme de celle de Rome, et nous assure que les | d'Iléraclas qui moala sur le siège d'A!exan:!rie, après
Apôtres en avaient confié le gouvernement à S. Poly- |j|| avoir été prêtre de celle Éyli^e (2), et de S Iréaée
carpe en qualité d'èvè(iue. Car, après avoir dit (1) qu'il ,| ,,ui sucièla à Potliin, cvèqiiedc Lyon, qu« suint l'o-
arait été instruit i)ar les Apôlres , et qu'il avait vécu :j; lycarpe avait envoyé dans les Gaides (.3). Il n'était
femilièrement avec ceux qui avaient vu le Sei^^neur, i^l encore que prêtre, quand les martyrs de celle ville
il ajoute que les Apôtres l'avaient établi ei'êr/Hc rf««s | jg ti,'.p;,ièrent an pape Klenllière , à (|ui ils di enl en
l'Asie, dans l'église de Smyrne, et qu'il l'avait vu d.ms t parlant de lui (4) : Si nous savions que le rany est tin
sa jeunesse. (Sed eiiani ab Apostolis in Asià, in eu quiv | ,/„.^ ^„; donne droit à in justice . nous le recommande-
est Smyrnis eccicsiâ, constilutus episcopus, queni et nos |; rions comme prêtre de l'Kylise tel qu'il l\'st effective-
vidimns in prima uoslrà œtate. ) Eusèbe, dans sou Mis |: „jenl, etc. S. Denis de Rome avait aussi été |Télre de
toire, nous a conservé de même les noms, non seu'e- | celte église, avant (pi'il fût plaeé sur la chaire de S.
ment des premiers évêques des principaux sièges, | Pierre, comme on le voit dans la 1 -lire de Denis d'A-
inais encore ceux de leurs successeurs jusqu'à sou ,1 lexandrie r:'pporlée p;ir i:usé!)e (.'>). î^tus en po :r-
temps, savoir des églises d'Alexandrie, d'Anlioehe cl {.j rions pioduirc plusieurs antres exeutpl.s, mais ceux-
de Jérusalem, qui tons ont étééîablis par les Apôlres, |j là sulliseni pour niontrer, avec tout ce qiu a élé dit
cl il ne fait aucune mentioii des prèlres de ces mêmes i| dans ce chapitre, la diflcreuce ([u'i! y a toujours eu
églises, qui sans doute étaient en grand nombre, |: entre les |)rèlres et les évéques, et pour l'aire \oir (;ne
parce que ceux-ci n'avaient d'antnrilé et ne pouvaient |l ceux ci sont aussi élevés au-dtîssus des prèlres , que
ngir qu'autant qu'il plaisait à l'évèque de les cm- | les prèlres le sont au dessus des diacres, cl ce!a par
Ployer. |] riiisiiiutiou aposlolique.cl divine. Puisipu; si l'on n'ai-
On remarque cette prééminence des évoques au- I|] iribue pas à Dieu ce qu'oi:t fait les A' êtres pour le
dessus des prêtres, dans la lettre de S. Polycarpe aux
Pliiiipjiiens, dont l'inscription porte : Polycarpe et les
prêtres qui sont avec lui , à T l'y lise de Dieu qui est à ,
Philippe. Car, par celle maMière de pailcr, il se dis- j
tingue manifestenjenl des prêtres, dont il ne parle'
\ qu'en gros, se conlenlaut de inellrc seulement son
nom à la tête de cette lettre. Mais rien n'es! plus pro-
pre à nous faire concevoir une juste idt'e de raiilorilé
cl de la prééminence des évè<pies au-dessus du reste
du clergé, que les lettres de S. Denis, évê(pie de Co-
rinlhe, qui vivait à peu près dans le même temps que
S. Iiéiiée, et surtout celle ipi'il adressa aux Cnossicns
dans laquelle il avertit Piim'.us leur évêiiue de ne
point imposer aux frères, comme nécessaire , le joug
pesant de la chasteté (2), mais d'avoir égard à la fai-
blesse de la plupart des hommes. Il ne nie pas qu'il
n'eîll le pouvoir d'ol)Ii;jer les frères, c'est à-dire, ceu\
du clergé, à vivre dans la coniincuce, tant le pouvoir
des évêques était grand , mais il le prie de tempérer
son zèle, et de condescendre à l'inrirmiié des autres.
(1)L.3, c. 5.
(2) Euseb. Hisl. eccles. 1. 4, c. 23.
gouvernement général de l'Eglise , il n'y aura plus
rien de certain, surtout dans la matière des sarre-
nienls. Mais c'est ce (pi'il faut encore démonirer plus
clairement, s'il est possible.
CHAPITRE II.
I On continue de parler de la même matière , et on fait
voir que jamais les églises n'ont été gouvernées >ar
un sénat de prêtres revêtus d'une égale puissance,
mais pur un seul évèque. On explique en peu de mots
les différents sentiments des docteurs scoLisliaues
sur le même sujet.
Pour se former une juste idée du gouverne:: ent que
les Apôtres ont établi dans les é^ilises (|u'ils ont fon-
dées, il ne f:iul pas lanl s'arrêter à ce qu'ils ont fait
d'abord daiis la propagation de l'Evaigile , (pi'à ce
qu'ils ont ordonné que l'on observai daiis la suite,
quand lÉglisC aurait été fondée et répandue .par ioule
(1) Ensel). Ili^t I. i, c. 22.
(2) iMiseb. M), c. 1!).
(3) Greg Turon. liist Franc. 1. 1, c 24
{i] Apud Euseb. I. .*>,€. 4. ^
i.Sj L. 7. r. 7.
911
HISTOIRE DES SACREMENTS.
9^2
la terre Examinons donc prcsentemcnt s'ils ont corn- m de leur Eglise. Cœtera cùm venero dtsponam (1). Pa-
" ' ' '■ '' ' — ' ---''-- ' rôles qui font assez enlcndrc qu'il avait déjà ciabli
des lois parmi eux. Dans ses épitres à Tite, à Tinio-
ihée il prescrit aussi des règles générales de discipline,
el dit à ce dernier (2) qu'il a reçu le don du S. -Esprit
par l'iinposilion de ses mains , ce qui donne lieu do
croire que les prêtres (pii l'avaient assisté dans celle
ordination étaient, non des évêques , mais de sim|)les
prèlres. Mais pourquoi nous arrêter sur ce sujet? il
est plus clair que le jour, que L'S Apôtres ont établi la
discipline qu'ils ont jugé à propos, ciiacun dans les
églises qu'ils ont fondées , et qu'ils l'ont fait avec une
i autorité absolue, et avec non moins de puissance que
s'ils eussent été tous réunis pour cela.
Non seulement les A poires ont exercé cliacun en
particulier coite aulorilé absolue dans le gouverne-
ment de l'Église, mais il l'ont encore transmise à
d'autres qui devaient l'exercer comme eux après leur
mort, et même de leur vivant. C'est ce que S. Paul a
f;iit à l'éi^ard de Tiinolliée, son di^cipIe, qu'il avait
laissé à Éplicse pour gouverner l'église qu'il y avait
fiindée. Cela paraît , par les avertissements qu'il lui
dorme, qui tous supposent ce pouvoir éminent au-
dessus, non seulement des simples fidèles, mais aussi
des prêtres (5). y imposez pas fiicilenioit tes mains ,
lui dit-il , ne recevez point d'accusaiion contre tin prêtre,
sinon sur le témoignaqe de deux ou trois personnes. Ne
faites rien pur votre inclination particulière, v.v.'.v. tt^ot-
■f.U'iv), etc. 11 dit de même à Tite (l) qu'/7 l'a laissé en
Crète pour y établir une parfaite discipline, et y corriger
ce qu'il trouverait de défectueux, el établir des prêtres
dans les villes , selon le besoin. Ces deux points reu-
lérment toute l'autorité épiscopale et apostolique.
Cependant l'Apcire la confie tout entière à une seule
j)ersonne, et non à une assemblée de prêtres, parce
que sans doulc le Seigneur l'avait ainsi ordonné. Il
donnait à d'anlres ce qu'il avait reçu lui-même , et ce
qu'il lit à l'égard de Tite et de Timotliée , il le fit à
l'égard des antres qu'il établit évêques ailleurs, sui-
vant les conjectures el les circonatances diirérenles :
car il n'avait rien tant à cu-iu" (|ue d'établir une par-
faite uiiiformili- dans tout ce qui était essentiel pour le
bon gouvcriiemeiit de l'Église. 11 le témoigne assez,
lorsqu'il dit (o) : C'est ainsi que j'enseigne dans toute
l'Eglise. El ailleurs ((5) : XoUli ce que j'ordonne dans
toutes les égl'ses.
Mais quand nième nous ne pourrions pas recon-
naître la pn'éminence des évê(iues à la lumière des
Éciiluros, riiisloire suf.irail pour l'établir, j)uisqu'on
y voit que dès les premiers commencements de l'É-/
glise el avant la mort des Apôlres, il y avait dans
cbaiine ville un évèipie qui piésidait à toutes les af-
i faires de religion, qui gouvernait les fidèles, et était
mis à un seul la puissance dont ils étaient revêtus
pour le gouvernement du peuple fidèle dans chaque
ville et dans cnaque pays , ou s'ils ont transmis celle
,)uissancc à plusieurs (|ui la i)artageassent également
entre eux , et (jni gouvernassent l'église en commun ;
comme le prétendent ceux contre qui nous écrivons.
Nous avons très-peu de monuments qui nous insu ui-
sent là dessus. S. Lue est le seul (|ui ait écrit les
Gestes ou les Actes des Apôtres; dans ce livre il parle
peu de S. Pierre, et il ne nous apprend de ce prince des
apôlres, que ce qu'il a fait durant la première et peut-
être la seconde année qui s'est écoulée dei)uis l'as-
cension du Sauveur. Il ne fait presque aucune nien-
lion des autres apôlres, et , àlegard de S. Paul sur
leiiuel il s'est beaucoup pins étendu, il n'en rapporte
guère que ce qu'il a vu de ses yeux en l'accompa-
gnant dans le cours de ses voyages. Il est vrai que S.
Paul a écrit plusieurs épîtrcs, mais ce sont diverses
circonstances particulières qui l'ont engagé à écrire
ces lettres , dans lesquelles il suppose plutôt (pi'il ne
nous apprend la forme du gouvernement établi dans
les églises. De plus , la plupart des Apôlres ont vécu
qiieliiues lenqis après que livres du nouveau Testa- [
ment ont élé écrits (si on excepte l'Apocalypse) et'
c'est surtout durant cet intervalle, que l'Église s'é- i
tant merveilleusement augmentée , ils ont mis la der-
nière main à la forme du gouvernement qu'elle devait
avoir dans toute la suite des siècles.
Nonobstant le peu de lumière (pie l'Écriture sainte
nous donne là-dessus, ^i on l'examine avec attention ,
on en trouvera assez pour reconnaître que l'aulorité
du gouvernement a élé conliée aux évêques , et non
au sénat des prêtres, qui n"onl été (|iie les coopéra-
leurs des évèqries , destinés à les aider dans leurs
fonctions avec la dépendance que les inférieurs doi-
vent à leurs supérieurs. Il est facile de s'en convaincre,
.si on fait attention que les Apôtres n'ont rien eu de )
])lus à cœur que de se conformer en tontes choses ;|
aux intentions de leur divin maître. Or, il est incon-
testable qu'il avait confié à chacun d'eux en parlicu- jj
lier tout le pouvoir nécessaire pour le gouvernement !
de l'Église, el par conséquent, il ne faut point douter
qu'ils n'aient lait la même chose en transmettant leur
puissance, non au corps ou à l'assemblée des luêtres,
mais à celui qui en était le chef et le supérieur connue
du reste du clergé.
On remarque dans tous les Apôlres cette plénitude
de puissance, el on la leur voit exercer indépendam-
meiil les uns des autres. Car sans parler de ce (jn'on
lit dans le livre des Actes, où tantôt un seul Apôtre ,
lanlôtdeiu ou trois dis|)OSent des ailaires de l'Eglise
les plus importantes , S. Paul assure de lui-niême
qu'il est chargé du soin de toutes les églises (I), et
ailleurs il promet aux Corinthiens que quand il
\iendra chez eux, il ordonnera ce qui sera convenable
pour loul ce qui reslail à régler dans le gouvernemenl
(l)2CorMl,28.
(1)1 C(u-. Il, v. 51.
■(■D'i Tim. l,c. 6.
(5) 1 Tnnolh.o, v. 19, 20,21, 22.
(i) lit. l,v. 5.
(a) 1 Cor. i, V. 17.
((]) !l)id. 0.7, V. n.
S13 ORDRE. - PART. Hi. (iiAl
clinrgé lie répoiulre ile leurs àini'S dcvaiil Oic'ii. S
Jean, clans l'A iiotalypsc. atlicssc la iiarn!câii\ c".(;i|iii'S
ilcy sopl églises à (iiii il écnl; el iiniir ni.ui|ucr leur
piéiîiiiiiii'iico, il los iioiuino uinics île ces ('glises, lai-
saiil allusion aux auges à qui Dieu a coinuiis le suiu
(les corps sublmiaires , couiuie l'auge des eaux , oie.
Les auteurs ecciési.isliquos nous appieuneul aus-<i
qu'à la fin du premier siècle , cl avant le milieu du
secouil , les églises n'-paiulues par loule la lerre liabl-
lablc , avaieiil chacune leur évèquo , et aucun d'eux
(le lait mention d'église gouvernée par mi certain
KOinbre de prêtres égaux entre eux, el indépendauls
' les évc(|ucs. Outre ceux dont nous avons parlé dans
te chapitre et le précédent, Anien a succédé à S.
Marc dans le siège d'Alexandrie, Cresccnt était évè-
qties des Galales ou des Gaulois , car les Grecs les
nommaient aussi Galales. Gains l'était de Thessalo-
nique. Evode fut fait évêque d'Antioclie , quand S.
Pierre quitta cette ville pour aller à Rome. Siméon,
fils de Cléophas, succéda à S. J.iC(|ues dans le gou-
vernement de l'église de Jérusalem, etc. Enfin ce fait
est si constant, que les ennemis les plus déclarés de
la hiérarchie sont obligés de convenir qu'un siècle et
demi après l'incarnatitm, l'épisco, al était un ordre
distii.gué de la prêtrise, et que ceux qui y étaient
élevés avaient autorité sur les prêtres comme sur le
reste du clergé et sur les fidèles.
Ils ne sentent pas où un tel aveu les conduit : car
enfin il faut ou qu'ils conviennent que ces évèques
étaient placés dans leurs sièges par l'aulorité et l'in-
slilulion de Jésus-Ghrist, ou qu'ils disent qu'ils avaient
usurpé celte place d'bomieur et cette prééminence
au-dessus de leurs frères, auxquels ils étaient égaux
suivant la première institution. G'est-à-dire, qu'il fau-
dra qu'ils accusent ces saints évèques qui ont tant
contribué à augmenter le nombre des fidèles et à ré-
pandre la lumière de lEvangile pour lequel grand
nombre d'enlre eux ont versé leur sang ; il fiuidra, dis-
je, qu'ils accusent ces grands hommes d'impiété en-
vers Dieu, el d'injustice envers les houmies. Qu'v a-
l-il en effet de plus impie que de renverser par une
entreprise sacrilège ce que Dieu lui-même a établi ;
et qu'y a- 1 il de plus injuste que de dépouiller ses
frères de leurs privilèges el de la puissance dont ils
sont revêtus, pour se l'approprier tout entière ?Peul-
on rien imaginer de plus tyranniquc et de plus am-
bitieux que de se rendre les maîtres de ceux que
Dieu a établis nos égaux ? Voilà cependant les excès
do.Ml les Calvinibtes doivent accuser les évèques du
premier et du si-cond siècle, ces hommes dont les
noms sont en si grande vénération parmi les Chré-
liens. Et ce qui est plus surprenant , c'est qu'il
fiïudra, selon leur système , que les prêtres à qui
les églses avaient été confiées pour les régir en
comnmn. aient souffert patiemment que leurs égaux
les assujé issent , et qu'aucim d'eux, dans tant de
différentes églises si éhiiguées les unes des autres,
n'ait réclamé contre une telle violence , el n'ait re-
vendiqué des droits el des prérogatives dont Jcsus-
II. SUITE DC .MÊME SUJET.
Mi
Glirist el les apôtres les avaient honorés. G'est au
le<Mein- judicieux à f.iire ses lèdcxions sur un syslèuie
si mal conçu, cl qui niè: (! à de ti'lies absurdités.
Disons di)nc, s;ius craindre de nous tromper, fpie,
comme dans l'ancicmu^ loi le grand prêtre était au-
dessus des simples prèlres el desb-viics, comme J('-
sus-Chribt était au-dessus des apôtres eldes 7:i disci-
ples, comme les apôlres depuis lui avaient autorité sur
les évoques et sur les «prêtres, de même les évèques
l'ont eue aussi sur les prêtres el les diacres après l;i
mort des apôlres auxquels ils ont succédé, qu'ils Tout
eue même iLi vivant des apôlres, comme nous l'avons
vu ; qu'ils ont exercé celle juridiction surtout eu
l'absence de ces premier^ fondaletus de la leligion,
et que les apôlres n'ayant rien fait pour l'établissement
de la discipline g('nèrale de l'Eglise que suivant les or-
dres cl les intentions du Sauveur et par l'ins^iiratiou
du Saint-Esprit ; l'insiilution des évèques el leur su-
périorité au-dessus des prèlres \ie:U de Dieu.
Ceci ne doit pas passer pnnr une opinion : car outre
tout cequi a été dit jusqu'à présent potu- le prouver,
les Pères du second et du troisième siècle l'ont ensei-
gné comme une vérité incontestable. Nous avons déjà
rapporté quelques-uns de leurs passages, on en trou-
vera un grand nombre dans les écrits des théologiens; et
ainsi nous nous crmlenterons d'en citer ici quelques-uns,
et entre autres de saint Clément d'Alexandrie et de
S. Cyprien. Le premier met la même dilférence entre
l'évèque el le prêtre, qu'entre le prêtre et le diacre ;
or personne, que je sache, ne s'est avisé do nier la su-
périorité du prêtre au-dessus de ce dernier, et que
cette supériorité ne soit fondée sur l'insiilution divine.
Voici dequelle manière il cnparle(l) : // y aaussisur
la terre et dans VEijlhe différents ordres on degrés, ir.il
xz! y.i EVTaOOa/.arà Ty;v \i/./.'jr,-jly.i r.ço/.c-yÀ, d'évècjues, de
prêtres et de diacres, que je crois être des imitations de
la gloire des anges. Ces paroles montrent que S. Clé-
ment était persuadé que, comme Dieu avait créé diffé-
rents ordres d'esprits célestes, il croyait aussi que
Dieu avait è-labli dans son Eglise dilfiMenls ordres drt
ministres subordonnés les uns aux autres. Origène
n'est pas moins exprès là-dessus : mais S. Cyprien,
ce grand défenseurderépisco|iat, de l'esprit du(|uel il
était rempli, en a parlé avec plus de dignitèipi'aucuii
autre. 11 nous rissure (ep. G9) que les èvêipies onl suc-
cédé aux apôlres sans interruption pour tenir leur
place dans l'Eglise, vicarià ordinationc , c'csl ainsi
qu'il s'exprime dans sa lellre à Florentins Pupianus.
Il dit ailleurs (i), en parlant desèvêiiues de son temps,
que Dieu les avait clioisis pour être les chefs de sou
Eglise : Qnoniam apostolos, id est, episcopos et pra--
posilos Dominus elegit. C'est pourquoi (ep. 53)11 nom-
me la puissance de gouverner l'Eglise, une puissance
divine el sublime : tVf/t'si'ir gulhrnand'V sublimeni et
divi)uim poiestatcm. Ce saint martyr emploie ce prin-
cipe pour renverser le projet des schismatiques qui
avaient entraîné dans leur rébellion quelques-uns de
(1) Strom. 1.6, p. GG7.
(2) .\d Rog. ep. 63.
915
IiIoTO.i.„ ï.i:6 SACUEMENTS.
Ôî()
ce»» ani avaient souffert durant la pcrsôcnlion : ils j comme si une armée proclamait un empereur; ou les
sonlcnaiciit qnc ceux qui n'éliiioiil point d;ms la coin
miMiion (le ces prétendus inailyrs ne lai,saicnt p'iint
partie du corps de rEgJisc. Mais il leur lit voir avec
son éloipienoe ordinaire qnc les martyrs n'él;>iei!t
point le centre de la coiunmnion caliiulique, maisbien
les évèqiies dont on ne p mvail se séparer sans sor-
tir de rnnilc. Notrc-Scicjneitr Jésus-Clirisl, dil-il (1),
dont twus devons respecter et observer les conunande-
tnnits, voulant faire respecter l'étêfiue et prescrivant la
disàpli)ie de l'Eglise, dit à Pierre dans CEvuiKjile : s Je
i vous dis quevons êtes Pierre, et sur celte pierre, etc. ^
De là vient l'ordination des érèques qui se sont succédé
diacres clioisissaienl un d'entre eux en qui ils reeon-
naissaient des lidents, pour le déclarer arcliidiacre.
Mais il est visible que S. Jérôme ne parle point en
cet endroit de Tordinalio!! des évoques d'Alexandrie. 11
y est seulement ([ueslion de l'éleelion derévè(pie, qui
('ans celte église él.iit dévolue lonl entière aux prê-
tres, ce qui n'éiail pas un petit relief pour eux. D'où
vient que S. Jérôme qui ne se proposait dans cet écrit
(|ue de relever l'ordre des prêtres, que les diacres
méprisaient mal à propos, représente cette ancienne
prérogative dont les prêtres de cette église étaient
en possession, selon lui, dans le temps dont il parle.
les uns aux autres dans la suite dts temps, et la forme S Le |)assage de Libéral, archidiacre de Carlbage,
du gouvernement de TEglise : en sorte que l'Eglise est 'i que nous avons rapporlé pliîs haut, est dès-propre
élitblie sur iesévêques,à qui il appartient d\igir en soh ;| à celaircir celui de S. Jérôme. On y voit la ma-
uoni et de In gouverner. Ceci étant fondé sur la loi divine, !| nière dont le patriarche d'Alexandrie prenait pos-
je suis jurpris que quelques-uns aient osé w'écrire delà 'i session du siège de celle église. A l'entendre, il sem-
sorle. l! parle aux tombés, qui, sous prétexte des bil- % Lierait qn'i! ne recevait aucune consécration; cepen-
lets des marlyrs, voulaient èlre léconciliés avant le g danl il est inc(intestable, et Libéral n'a pu l'ignorer,
îcniiis, el le n)enaçaient de se séparer de sa coin- 'j! que ces patriarches étaient, a|irès ces cérémonies,
niunion, se flaltanliiue celle des martyrs leur sulïisail ; l| consacrés évêqnes parleurs suilragants ou parles
mais h; sa'.nl évê pie leur lit voir, cl dans celle lellre } mélropoliiains d'Egyple, et que l'ordination préleiidue
el dans [ilii iems aiilres (|u'il écrivit à l'occasion du \f dlscliyras lut regardée unanimement comme absolu-
schisme de Féheissime, que les marlyrscux-nièmes ^ ment nidie, parce (jn'elle avail élé l'aile par le prèlrc
soriiraienl de l'^gli-e, el deviendraient schismali- |^ C(»llutu. S. Jérôme Ini-ménuî reconnaît (pic les prêtres
«pies eii ;^c séparant de la communion de l'évêque. \t ne peuvent faire les ordinalioiis, et cela dans sa Icllrc
Je ne puis me résoudre à sniiprimer ce que dit S. J à i^vangelus (|uc l'on l'ail tant valoir en cette matière.
Alhanase à un S. solilaiie iiommé Draconce qu'il vou- I Quid enim facit excepta ordinatione episcopus, quod
(ait élever à l'épiseopal, que celui-ci refusai! avec une 1 presbyler non facial ? Je ne daigne pas rapporter ici ce
espèce d'opinialrelé. dans la crainte de succoniberaiix |
perséeuiionîdes Ariens, qui alors ravageaient impimé-
nienl l'Église: ce passageesl irop beau pour que je ne
le ra|>porte pas ici, clfaii bien voiripu; 1 ; grand Alha-
nase ne pensait pas a;ilrement(pie S. Cyprien louchant
rinsiilution divine de l'épisCopal: Que si l'état oii se
trouvent les églises ne vous plaît point, lui dit il, si vous
ne croyez point que le ministère de l'épiscoput ait sa ré-
tine ûh Euliquiiis sur le même sujet. Le livre de cet
évêque est si rempli de fables et d'anachronismes ,
(pi'il ne mérite pas que l'on y fasse la moindre alien-
lion.
Les docteurs de l'école {\) onl traité celle matière
suivant leur méthode ordinaire ; ils ont beaucoup dis-
puté louchant la nature du ca.raeière épiscopal, et la
diiïérence qu'il y a entre celui-ci et celui de la prè-
compense devant Dieu, et que vous méprisiez le Sauveur | .Irise. Depuis que la quei^tion du caracière a éîé agitée
QUI a établi so)i EijHse,n écoutez point nos conseils. Mais ,|
de telles peni^ées ne sont pas dignes de Draconce : car ce ,\
que le Seigu ur a institué par ses Apôtres est bon, el d
meurcra ferme el inébranlable; au lieu que la timidité J
des frères cessera enfin. C'est conformément à celle *
créance de l'Éi^lise tonchanl rinsliiulinn divine del'é-
piscopal el sa d stir.climi d(î l'ordre de la prêtrise, que
de tout temps les évoques ont élé consacrés avec des
rils, des prières el des cérémonies difTérciitcs de cel-
les qui étaient en usage dans l'ordinalion des prêlres,
comme vosis l'avez vu dans la seconde partie de ce
Iraiié, à qiie.i on ne peui rien opposer sinon ce que
dit saint Jérômedans unonvrage qu'il a composé pour
limnllier les diacres, el leur l'aire sentir combien ils
sont inférieurs aux prêtres. C'est là qu'il dit ce que les
ennemis de réj)iscopil ont tant relevé depuis, qu'à
Alexandrie depuis ller.iclas cl D'Miis, évêipies de celle
ville, les prcires ayantchoisi l'un d'entre eux et l'ayant
plate dans itn lieu émincnt, le nommaient,évê(iue,
(i) Ep. ad Laps. 27.
parmi les tluiologiens, ce qui n'est arri\é que de-
puis Hugues de S. -Victor el le Maître des Sentences,
qui ayant traité ce sujet avec étendue n'ont pas fait
mention du caractère, quoique la chose signifiée par
ce mol fût comme dans l'église avant eux : depuis ce
iei;ips les uns onl avancé (pie la consécration épi-co-
pale iminimail dans l'àme un autre caractère que l'or-
dination sacerdotale, les autres ont prétendu que ce-
lui do l'épiscopal n'était qu'une extension du sacerdo-
tal, et d'autres enfin onl sonlemi quie le même était
commun à l'épiscopal cl à la prèlrisr, el que Tordre
épiscopal ajoutait senlenient une relation de raison
fondée sur une députation ou destination à de nouvel-
les fondions. C'est ainsi que le célèbre docteur Gama-
che (2) a cxpfKpié celle matière après Vasquez cl plu-
sieurs autres théologiens. Quelques-uns même en ont
(1) T(mrneli, de Ordine, p. -419.
(-2) T. 7>, Sinnm. Theolog.de sacr. ord. c. 9;
Alexand. Hal., 4 pari, 98, membro 5, art. !,§'•;
lll Scot. in 4., disi. 25, q. 1, ad I.
917 ORDRE. — PART. III. CHAI
conclu qu'un évêque dégradé poiivail cire prive, non ^
seulement de rexercicc ou de l'exécuiion du pouvoir
ôpiscopal, mai:; cnc(uc de. la puissance do cet ordre :
au lion (pruu|irotro neiioiil olre privé do la puissance
de son ordro (pii dépend d'un caraclère incU'açald',
niaissoiilcnienl de Pexéculion; en sorlequ'un é\oi|uc
dégradé, par exCMiplo, ne pcul l'aire d'ordinaiion valide, ;
au lieu qu'ini prètic qui a eiiCduru la n)èrne |)Cine, peut
loujouis \alideM)eiil cl do lait coiisacror le corps de Je
sns-Christ. Noiro peu de i)éMélrali(Ui ne nous porniel
pas de bion comprendre les raisons subliios siu' les-
quelles sont appuyés ces divirssonlnnents. Le lecteur
plus intolligcnl pourra consulter les ouvrages dans
lesquels ces questions épineuses sont traitées. Le P.
f.îorin les indique, et en cite plusieurs passages dans
son livre des Ordinalious auquel nous renvoyons (1), i
Tout ce qui nous a paru, c'est que nonobstant cette 1
dinérence de sentiments des tliéologiens, ils convion- 3
-j
nenteiitrooux sur le lond des clio.-es, (|uoiqu"ils s'ex- J
priment diversement, et ((u'ils prennent diflerentes |
routes qui mènent au même terme. Que si quel-
ques-uns d'enire eux qui ne connaissaient point assez
la doctrine et les prineij)es des anciens pères sur ce
sujet, ont ciu (pierépiscopai n'était point unordredis-
tingué de droit divin et supérieur à celui de la prêtri-
se, nous avons une règle là dessus de laquelle il ne
lions est pas permis de nous ée rler, d 'puis que le
concile de Trente s'est expliqué si posilivenicnl sur
celte matière dans la 25" session (2). Nous remarque-
rons seulement ici que ce (pfi adonné lieu à plusieurs |
écrivains de parler d'une manière peu exacte sur la \
supériorité des évéques au-dessus des prêtres, et ce ]
qui a causé tant de peines aux docteurs do l'école, est i
le passage de S. Jéiôuie dans sa lettre à Évangélus;
mais ils ne faisaient point ailcntioiiqiie, quand même
ce saint aurait pensé dilTéreiimienl dos autres Pères,
ce que nous ne croyons pas, son autorité en ce point ;
ne devait point contrebalancer celle de tous les
autres.
CHAPITRE III.
Des chorévêques et de leurs jirérocjalivcs. On examine iHs ^
étaient vériiublcment évèiiues.
j Après avoir montré quelle était la différence des
'évéques d'ace les prêtres, la suite des matières exige
de nous qu'avant de traiter de la subordination dos
liiinistres de l'Eglise, revêtus du niène caractère,
nous parlions des chorévêques qui composaient an-
( iennoment une espèce d'ordre mitoyen entre celui
de l'épiscopat et de la prêtrise, et (jue i.oiis représen-
tions quelle était l'étendue do leur pouvoir, les de-
voirs et II s fonctions anx(|uols ils étaient appliqués;
c'est par là que n-ms piaurons juger plus sùromoul
de la nature de l'ordre auquel ils étaient élevés, les ■
effets clam un moyen sûr pour parvenir à la connais-
sance de la cause qui les produit. Voyons donc ce
(i) Port. 3, exerc. 3, c. 2.
(.2) Cap. 4, et canone 7.
. 111. LES CIIORÉVÈQUES. 9:«
que les anciens nioiiumeuts ecclésiastiques nous ap-
prennent là-dessus.
Les cliorévêques étaient ainsi nommés parce qu'ils
étaient établis à la campague, c'est-à-dire dans Ici»
P'iiles villes cl les bourgs tpii déi»endaieiit de la ville
éjiiscopalo; c'est ce qid fait que les anciens inter-
prètes des canons (1) les nomment vicaires des évo-
ques, parce qu'ils tenaient en (pielque sorto leur place
dans les endroits éloignés de leurs diocèses , où ils
siippléaio.l, autant qu'ils le pouvaient, à la présence
de l'évêque à qui ses occupations ne periuettaient
pas de s'éloigner souvent de la ville épiscopale. Non-
seidemcnt les chorévêques résidaient dans les petites
villes et dans les bourgs où ils exerçaient leurs fonc-
tions ; ils avaient encore inspection sur les églises
voisines de ces bourgs ou sur les cantons qui en dé-
pendaient. Ils devaient veiller sur la conduite des
prêtres , des diacres et des antres clercs deslinés à
desservir les paroisses; ils avaient droit d: les avertir
de leurs devoirs, et élaient obligés de donner avis à
révoque de tout ce q-d les concernait, a!in «pie celui-
ci pût remédier aux abus qui pouvaient s'introduire,
Yoilà en gros ce que c'était que les cliorévêques.
Mais il faut entrer duis un plus grand délai! de ce
qui concerne leurs devoirs, leurs fonctions et leurs
prérogatives. Quand on examine de pi es ce qui en est
dit dans les écrits des anciens, on remarque aisément
qs:e la discipline de l'Église r.'a point été uniforme
sur cela, ios cliorévêfjucs ayant été revêtus dans cer-
tains lieux et certains temps de pouvoirs plus amples
que dans d'autres, et les ay.mt exercés sans contradic-
tion, au lieu que dans d'autres endroits ils en ont eu
beaucoup à essuyer sm- certains chefs. Ils ont été
moins restreints dans leur iiouvoircliez les Grecs que
cinz les Latins, où, quoiqu'ils aient été autrefois
en grand nombre, surtout dans les Gaules et en Alle-
magne, ils n'ont presque janiais été regardés de bon
œil par les évoques.
On ne voit point en effet qu'on les ait jamais em-
pêché en Orient de doimer le sacrement de Confirma-
tion , de consacrer les églises et les vierges , et de
faire plusieurs autres fonctions qui leur ont été de
temps en temps interdites dans l'Occident (2) ; cepen-
dant ils y avaient joui du droit de confirmer les néo-
phytes . au moins dans (|uelques endroits ; comme le
prouve assez clairement le livre de l'Institution des
clercs de Raban-Maur , dans lequel il dit { i. 1, c. 5.)
que les cliorévêques ont été institués pour avoir soin
dos pauvri;s , afin (jue ceux qui se trouvent à la cam-
pagne et dans les villages ne soient point privés do la
consolation de recevoir ce sacrement. iVc eis confir-
uhitionis solalinm deessct.
Ils assistaient aux conciles tant généraux que na-
tionauv, ils y avaient voix dolibérative, ils y portaient
lotus suffrages, et y souscrivaient comme les autres
(1) Ferrand. , Dreviar. c. 79; Crescon., Breviar.
c. 96.
(2) Concil. Hispal. Il , c. 7 ; Paris, sub Ludoric. et
Loihar. ; Meldens. c. 5.
91!)
lUSTOlUi:: Dub SAtUEMKNTS. 920
troHvé/i dignes, ils soient reçus. Purgez donc Œghse des
mimstres indignes, et examinez par la suite ceux qui doi-
vent entrer dans le clergé, et les y recevez; mais ne le faites
point sans nous en avoir fait le rapport auparavant. Au-
trement sachez que celui-là sera renvoyé , qui n'aura pas '.
été admis cvec notre consentement. Gcnlien Hervel s'est j
Iroinjîé dans la iraducliDii laliiie de celte lellre en ex- '
pliqiianl de l'ordre sacerdotal les paroles du texte que
nous avons rapporté ci-dessus , qu'il rend par celles- ':
ci : In sacerdotalem numerum cooplabatit , ce qui est
contraire à toute li teneur de cette épitre , dans la-
quelle il est visible qu'il ne s'agit que des mini%tres
intérieurs de l'Église.
Cependant il semble que l'on ne puisse raisonnable-
ment contester que, dans l'Orient surtout , les clioré-
vèques, n'aient été en possession du droit d'ordonner
des prêtres et des diacres, quoiqu'avec dépendance de
l'évèque , dans le diocèse duquel ils exerçaient leurs
fonctions. C'est ce qui paraît par le dixième canon du
concile d'Antioche , qui porte qu'//s établiront des lec-
; teuvs, des sous-diacres cl des exorcistes, et que cela leur
doit suffire ; mais qu'à l'égard des prêtres et des diacres,
I ils n'entreprendront point d'en ordonner sans le consen-
tement de l'évèque auxquels eux et leur pays sont soumis.
! < JSec presbyter)im, ncc diaconum ordinare audea>it abs-
\ a que urbis episcopo , cni subjicitur ipse et regio.i Le
evéqnes. C'osi ce (lu'on voit dans les souscriptions de ,
l)!usieurs de ces assemblées ; mais il n'est pas aisé de ■
connaître s'ils jouissaient de ces prérogatives en qua- |
liié dechorévêqueSjOu seulement comme vicaires des
évèques qui les envoyaient pour tenir leur place quand
ils ne pouvaiejil y assister en personne.
Une de leurs fonctions les plus ordinaires était l'or-
dination des clercs mineurs dans les paroisses de leur
«anton, je veux dire des lecteurs , des exorcistes et des
sous-diacrcs, c'est ce que nous verrons dans la suite.
Les cliorévêques du diocèse de Césarée en Cappadoce,
abusèrent de cedroil,admettant dans le clergé plusieurs
sujets indignes sans examen et par complaisance pour
ceux qui les en priaient ; c'est de quoi S. Basile les
reprit fortement, et leur ordonna de ne point faire dans
la suite de ces sortes d'ordinations sans lui en avoir
donné préalablement avis. Je mettrai ici la traduction
de cette lettre , parce qu'on y voit clairement quels
étaient les devoirs et les fonctions des cliorévêques ,
ol quiile était leur dépendance à l'égard de l'évèque
de la ville. J'ai été extrêmement affligé, d\l ce saint ar-
clievêque (1) , voyant que l'on néglige les règle^i de nos
pères , et que la discipline ecclésiastique est mal obser-
vée. Je crains qu'insensiblement cette négligence ne fasse
tomber l'Eglise dans une confusion entière. L'ancienne
coutume était d'examiner avec grand soin ceitx qui de-
vaient être admis dans le clergé. On faisait desinforma- j| concile d'.\ncyre , longtcuip-; avant celui d'Antioche ,
lions exactes de toute leur vie.... , afin qu'ils fussent en | avait reconnu la même prérogative dans les cborévê-
état de se perfectionner dans la sanctification sans laquelle j ,
personne ne verra Ilieu. Les prêtres et les diacres avec
lesquels ils vivaient , faisaient ces enquêtes et en rendaient
compte aux cliorévêques, qui, ayant reçu leurs suff'rages ,
et en ayant donné avis à l'évèque , les mettaient au nom-
bre des ministres (l) sacrés ( tû Tàyuan tww hpv.ri/.Cu ).
Aujourd'liui , sans nous consulter , vous vous attribuez
toute l'autorité , et sans vous mêler de cet examen , vous
laissez tout cela à la discrétion des prêtres et des diacres, \
qui introduisent dans l'Eglise quantité de sujets indignes ,
sans les avoir éprouvés , ne suivant dans ce choix que \
leur inclination , et n'ayant égard qu'à la parenté et à
'amitié , d'oii vient que l'on trouve plusieurs clercs dans
chaque village ; mais qu'on n'en voit point qui soient di- \
gnes de servir à l'autel. Comme ce mal augmente de
jour en jour , surtout dans ce temps auquel plusieurs se
pressent d'entrer dans le clergé , dans la crainte d'être
enrôlé dans la milice ; je me sens obligé de renouveler
les anciens canons , et je vous ordonne de m' envoyer le
râle des clercs de chaque bourgade, me faisant savoir en
même temps par qui ils ont été admis , et quelle vie ils
mènent. \ous aurez par devers vous une copie conforme,
il fin que l'on puisfc comparer votre mémoire avec celui
que j'aurai par devers moi , et que personne ne puisse s'y
faire inscnre à sa velouté. Ainsi après la première indic-
tion , si quelques-uns sont introduits dans le clergé par
les prêtres, qu'ils soient réduits au rang des laïques, et
qu'on les examine tout de nouveau , afin que,si on les a
(1) Ep. 18l,vet. edit.
(2) C'est ainsi que S. Basile nomme souvent les
clercs même inférieurs.
ques , et la mêaie dépendance sur ce point à l'égard
de l'évèque diocésain. Il SL-mble même encore plus fa-
vorable aux chorévèques. Voici de (iiioUe manière il
s'exprime (eau . 15) : Qu'il ne soit point permis aux
chorévèques d'ordonner des prêtres et des diacres , non
plus que les prêtres de la ville , sans la permission de
f l'évèque par écrit , dans les cantons qui ne sont point
soumis à leur juridiction. Tel est , ce semble , le
sens de ces paroles du texte original :.\/;à ar.àk
TT^cjëurifsu; 7ri/£u;, j;^),!!^ toO i-ir^^c/.r:-}} v.i, b~à ro~j î-fj/.i-
Ttsu.'/îrà 7,cy//v.àTWvi, èjkrifc/. r.v.:oi/.i. MaiS il SCudjIc qu'il
y a faute dans le texte , et qu'au lieu de la particule
fj.rick, il faut lire simplement ///j , ou bien , /j.r,ôxij.ù; , et
alors le sens de ce canon serait qu'il est permis
aux cliorévêques d'ordonner des prêtres et des dia-
cres dans les endroits du diocèse qui sont confiés à
leur soin, mais nullement les prêtres de la ville ou des
autres cantons. Cette correction parait d'autant plus
nécessaire que le concile d'Ancyre semblerait donner
quelque avantage aux prêtres de la campagne au-
dessus de ceux de la ville, quoique, suivant le treizième
canon du concile de Néocésarée et plusieurs autres
monuments anciens, ces derniers fussent considérés
comme supérieurs aux autres.
Les canons de ces deux conciles ne laissent aucun
lieu de douter que l'on ne reconnût en Orient que
les chorévèques étaient revêtus du caractère episco-
pal, quoiqu'ils ne fussent ordonnés que par l'évèque
diocésain, sans le concours d'aucun autre. Car, ils
n'auraient pu validemeiit ordonner des prêtres, même,
I avec dépendance de l'évèque principal, s'ils n'avaienl
921 ouiuu:. — PAUT. m. ciiAP. III. ni;s choupjvKques. 922
reçu Torclre épi:^copal, quoi (lu'cn dise le p. Moriii (i), T imrlc des cliorévèqucs, conformément aux conciles
après plusieurs lliéologiens el canonisles; puisque
ceux nitMuesqui ont élélcs plus favorables r.ux prclrcs,
couMiio s. JcTÙine (2) el S. Clirysoslùme (3), rcoon-
iiai>si'iit que leur pouvoir ne s'élond pas jusq, e-là.
Cepeiulanl, les deux conciles dont nous veiions de
parler, atlribucnl clairement ce pouvoir aux cliorévè-
ijucs; et le conimenconionl du canon d'Anlioclie que
nous avons cilé, qui soniblo dabord rcstroitidre oc
jHMivoir à quol(iues-uns d'eux, montre plulôl que oc
pouvoir était couunun à tous, au moins dans le pays
d'où étaient les évéqnes qui le composaiciit. Voici les
paroles qui précèdent la période du canon que nous
avons rapporté. // nous a semblé bon, que ceux qui sont
lions les bourgades et dans la campagne, et que l'on
mniime citorévèques, quoiqu'ils aient reçu t'imposi.ion de
la main diS évoques, connaissent quel est leur état.
« Etiantsi episcoporum manus imposilionem acceperint,
i l'isum csl ul suum modum sciant, t etc. Denis-lc-Petit,
dans sa traduction, s'exprime encore plus foriement,
Quameis manùs impusitionem episcoporum acceperint, el
ut episcopi consecrali sint, etc. Mais celte exception,
bien loin de dépouiller les cliorévêques du caractère
cpiscopal, prouve, au contraire, que tous les cboré-
vèques pouvaiiMit faire ces ordinations, quoique avec
déiiendanoe de l'évèqne auquel ils étaient soumis ,
quand même quelques-uns d'entre eux auraient été
consacrés évoques à l'ordinaire, c'esl-à-dire, par plu-
sieurs évêques, ce qui arrivait de temps en temps à
l'égard de certains cliorévêques, qui ayant élé or-
donnés évêques contre les règles, étaient déposés de
celle dignité et réduits au rang des cliorévêques.
C'est ainsi que le concile de Riez en usa à l'égard
d'Armcntarius, lequel, ayant élé déposé de l'épiscopal
pour avoir élé ordonné contre les canons, par deux
évêques seulement, ^ans attendre le consenlcment des
comprovinciaux et la permission du méîropolitain,
fut, par indulgence, établi cborévêqne dans im canton
des Alpes maritimes. Il arrivait aussi quelquefois que,
quand un évêquc bérélique rentrait d.ins le sein de
r?]glise, on l.ii donnait la place de clioré\êi|ue dans
le diocèse où était son église, jusqu'à la mort de l'évè
que callioli(|ue, auquel il succédait. C'esl ainsi qu'il
fut réglé autrefois (4), que l'on en agirait avec les évê-
ques Novaliens. .Mais ces évêques, ainsi rc'duit^ au
rang des cliorévêques, n'avaient point une autorité
plus étendue que les autres, et le coneib; d'Antioclic
le déclare, par le canon (;nc nous avons allégué.
Kn Occident, on trouve du pour el du contre, loii-
rliaiit le pouvoir des chorévèipies, à l'égard de l'ordi-
11 itioii des prêtres et des diacres. Quelques-uns sem-
blent le reconnaître clairement, d'autre^ paraissent le
nier. Comme cet ouvrage est i(uii liistoriquc, nous
nous contenterons de représenter celle dilTéren; e de
conduite el de senlimenl. Saint Isidore de Séville
(1) De Ordin., exereit. i, part 5, c. T>.
m Lpisl. 85.
(ô) In 1 ad Tim. boni. 1 1.
(4J Dans le concile de Nicée, can. 8.
d'.\niioclic, d Ancyrc ci de Neocésarce (can. 14) , et
rcconnait en eux, les mêmes prérogatives. Les choré-
vêqties, c'esl-à-dirc, tes vicaires des évêques (ce sont ses
paroles (1), suivant (juc le témoignent les canons, ont
ité institués, à l'exemple de soixante-dix vieillards,
comme prêtres, pour avoir soin des pauvres. Ils .<iont
dans les bourgs et les villages, oie ils gouvernent les
églises, agant le pouvoir d'établir des lecteurs, des sous ■
diacres et des cxorcisles. A l'égard des prêtres et des
diacres, qu'ils ne soient pas assez hardis pour en ordomur
sans le consentement [pra'tcr conscieutiani) de CÉvêque^
dans le diocèse duquel ils sont. Leur ordination appar-
tient nu seul évèque de la ville dont le canton dans le-
quel ils sont établis dépend.
Les (cliorévêques ne jouirent pas longtemps, sans
contradiction, de ces prérogatives dans l'église latine.
Le deuxième concile de Séville les leur retrancbe dans
sou septième ca:-:on , aussi bien que la consécration
des vierges, l'érection el la bénédiction des aulels,
l'imposition des mains aux béiéliqucs qui reviennent
à l'unité, el la confection du saint chrême, qu'il veut
êlre réservée aux évêqnes privativemenl à lout autre,
I soit ciiorévêque, soit prêtre.
Dans les Gaules et en Germanie, les évêques s'ai-
grirenl extrêmement contre les cliorévêques (2), soit
qu'ils eussent abusé de leur pouvoir, soit plutôt, parce
qu'il arrivait souvent que , des prélats plus altacliés
aux honneurs et aux avantages temporels de leur di-
gnité qu'à leurs devoirs, se reposaient entièrement
sur eux des fonctions dont ils devaient s'acquitter. La
chose en vint à ce point du temps de Cliailemagne,
que l'on 1 évoqua en doute la validité des ordinations de
prêtres el de diacres, faites par les chorévêques, d'où
il arrivait que les laïques ne voulaient point assister aux
messes célébrées par cesprêtres,et ne souffraient point
que les chorévêqucs confirmassent leurs enfants. Pour
apaiser ces disputes, les évêipies de France résolu-
rent d'envoyer à liome, vers le pape Léon III, nu ar-
chevêque, afin d'ajqiremlre quel éiait, sur cela, le sen-
timent du saint Siège. Arnoii fut député pour cela, et
rai>porla la r.'ponse du pa[)e Léon, qui dit, que la
question avait di'jà élé décidée par ses prédécesseurs,
el qu'aucun, de ceux qui avaiei:t élé ordonnés par des
chon'vêqiics, soit pour la prêtrise, soit pour le dia-
coii.il, ou le sous-diacoiial. n'avaient véiitablemeiii
reçu ces ordres. Que les églises qu'ils avaient dédi«;'e5,
el les vierges qu'ils avaient consacrt'es, devaient l'être
de nouveau par les évêques canoniquemenl ordonnés,
sans craindre la réitération, parc e ipie ce qui n'a point
élé liiil, ne peut êlre réitéré.
Les évêques des Gaules et de G<rmanie, acquiescè-
rent avec joie à ce deeret (pi'ils avaient sollicité, cl
tinrent un concne à Kalisbonne, où ils en lirent la
publication, et oKlonnèrent qu'il fût inviolablement
observé"; ajoulant, que les cliorévêques n'avaient point
(1) L. 2 de Olf. Kcdes., c. G.
(2) Capilular. 10, c, 119, cl coiic. Meld., c, 44.
l
)25
nîSTOlUE DES SACUEAJEKTS.
924
leçu la puissance épiscopale, n'ayanl point éié or- > tondre dos prêtres et des autres clercs du canton au-
donnés canoniqucnienl par trois évêques. On peut quel ils ét:iienl proposés.
voir au long, tout ce (|u" ils disent là-dessus, dans le > Le concile de Metz n'a pas gardé ce tempérament
second loinc des Conciles des Gaides (I), sur l'an 800.
Lesp.tpes, ses prédécesseurs, dont parle Léon fil,
dans sa réponse, sont Daniase, S. Léon et Jean 111,
dont nous parlons, ayant ordonné dans son Septième
c inon , -qiKî l'on consacrât de nouveau les églises qui
' l'auraiciii élc par les clioiévéqnes, ]»arce que, dit-il.
dont les lettres, sur ce sujet, qui portent leurs noms, [ suivant les décrets des papes Damase, Innocent et Léon
leur sont faussement attribuées. El c'est peul-être (nous avons dil, ci-devant, ce qu'il fall.;it penser de ces
pour cela que le pape Micola> I, ayant été consulté par décrets), tout ce (/u'ils ont fait à l'cgard du ministère
flodulplie, arclievèqiîe de Bourges, à l'occasion de du souverain sacerdoce, est nul, et quil est prouvé suffî-
"".es mêmes disputes qm s'él tient r. nouvelées, lui ré
oond en ces termes (2) : Vous assurez que les cliorévê- ,
lues ont ordonné cliezvous plusieurs prêtres et plusieurs
diacres, que quelques évêques déposent, et que d'autres
ordonnent de nouveau. Pour nous, nous disons que l'on
i\e doit, ni punir ceux qui ne sont point coupal>les, ni
faire de réordinations, ni denouvclles consécra ions ; car
les cliorévêqucs ont é!é établis sur le modèle des soixante-
dix, que l'on ne peut douter avoir été revêtus de' la di-
tjnité épiscopale [ad forinam cnini septuaqinta chorepi-
scopi facti sunt, quos (juis dubitet episcoporuni habuisse
officia). Mais parce que les sacrés canons défendent que
chacun s'attribue toute sorte de fondions, de peur que
mmment qu'ils ne différent point des prêtres. Le père
Morin entreprend de soutenir ce sentiment, ce qui
l'engage nécessairement à proiiver que de simples
prêlres peuvent, i>ar ccmniission du p;ipe ou de
l'Église, on ordonner d'autres; (:l il faut avouer qu'il
cite [ilusicurs anlcnrs, tant théologiens que canonislos,
qui enseignent la même chose; m:iis les plus anciens
de ces auteurs ne passent pas le douzième siècle, et
quand on lit L'S preuves sur lcs(iuolles ils ajipuiont
leur sentiment, on est surpris d'y liouver tant d'igno-
ranoe en matière d'iiistoire ecclé-iaslique, et de poli-
tesse dans le raisonnement. Ceux qui seront curieux
de voir ce (|ue disent ces auteurs, peuvent consnlier
ta dignité de l'évèque ne semble passer au ctiorivêque, \ '^ troisième chapitre de la quritriènie dissertation du
('/ qu'ainsi, l'honneur de celui là ne soit avili, nous leur | P- M:)rin. depuis la page Gl% jusqu'à la 64*.
défendons de rien entreprendre contre les vigies. Hien
n'est plus sage que celte décision du pape Nicolas, qui
tient un juste milieu entre les doux extrémités oppo-
sées, et qui, en conservant aux évêques les préroga-
Nous ne croyons pas sur de telles preuves devoir
égaler en (;uel lue sorte les prêtres aux évoques,
don', les Pères ont si foil relevé la dignité et la su-
périorité au-dessus des autres ministres de ri^glLse.
livos attachées à leur éminente dignité, ne dégrade \ coinme vous l'avez vu dans les doux chaiiitros préoé-
point les chorévèquos, mais veutiprils restent dans la I dents. La raison sur hiqnolle le V. Morin insiste prin-
subordination où ils doivent être à l'égard du prélat | cipalomonl pour soutenir son sentiment touchant l'é-
qui est chargé l'u soin de tout le diocèse. Il ne casse f lat dos chorévêipies, qu'il croit avoir été de simples
pas les ordinations qu'ils ont faites, cl il défe.d de | prêtres ayant quelipie intond. ince sur les autres, est
les réitérer, mais il veut qu'ils soient plus circor.spec ts
à l'avenir, et qu'ils n'enlrepronneat point d'en faire,
de peur d'aigrir les évêipics, qui souffraient impatiem-
ment qu'ils s'attribuassonl ces lonciions, ce qui élait
juste, puisipie n'étant proprcmcnl que les vicaires des
évê(iues, quoique revêtus du même caractère, ils ne
devaient point s'ing' rer dans dos fonctions que ceux-
ci étaient disposés à faire par eux-mêmes.
En prenant la cliose de ce biais, sans entrer dans
la question dugmali(|ue, savoir si les chorévêquos
qu'ils étaient ordonnés par le seul évèfine diocésain ,
quoique les canons défendent si sévèrement cl si sou-
vent {]ue les évê(pies soient consacrés par nn seul,
qu'ils exigent que les consécrat.'urs soient an moins
au n( nibre de trois, et qu'ils déposent même de l'é-
piscnpal ceux qui seront ordonnés autroment. Mais ce
savant honnne n'a pas f;iil attention (pie l'Eglise a eu
de puissantes raisoiis pour faire ces règlements tou-
I chant l'ordinalion des évêques, et que ces raisons
n'ont point leur application à Tégard des chorévèqnes.
élaient véritablement évêques ou non, il élait aisé ! Les proniiers sonl les pères communs des fidèles, ils
d'assoupir les difi'érends (|ui s'étaient élevés dans j sonl princes de l'Eglise, ils sonl chargés tous en com-
l'église de Fraiice, si;r ce sujet, et c'est ce qui est l i""n «'t solidairement les uns pour les autres de la
anivé en partie; le pouvoir dos.chorévêiiues ayant î gouverner. Ils ne sont responsa!)les qu'à Dieu seul de
élé réduit dans des bornes fort étroites, comme on le ! ':> pliip;>rt des choses qn'ds font pour le gouvorne-
voil dans les statutsd'Ebhon, archevêque do Reims (I), | ment delà portion du troupeau de Jésns-Chrisl .pii
I leur est confié en parlicidier. Il était donc nécessaire
I de prendre de justes mesures pour que des hommes
I ambitieux et corrompus ne s'emparassent pas du trône
qui restreint les fonctions qui les distinguent des prê-
lres ordinaires, à une espèce d'inspection sur eux et
sur les autres ministres de l'Église , ([ui leur donne
ilroit de los avertir do leur devoir et de les corriger I épi^copal. Toute l'Eglise conconrl en quelque sorte à
(|uand ils s'en écartent; ce qui doit, sans doute, s'eii-
(1) Select capit. tit. A, c. l et soq.
(2) Morin. part. 5, cxerc. 4. c. 2.
(3j Flodoard in .\ppend. Ilisl. Eccl. Uemensis,
f leur élection et à leur consécration. Elle y était au-
trefois représonlée par les évêques de chaque province
ayant le métropolitain à leur fête ; quand tous ne pou-
vaient s'y trouver, on voulait au moins qu'il s'en irou-
sàl trois qui représentassent les autres et qui répou-
925 ORDRE. — PART. III. CIIAP. IV. ÉPOQLH': ET DURÉE DE I/INST. DES CFIORÉVÉQUES. 926
- parle souvent dos moindres degrés de la cléricatnre,
et le concile d'Elvir.-, qui a fait des luis conceniant
ceux qui sont cr)gagés dans le clergé depuis les évê-
(|ues jusqu'aux sous-diacres el aux clercs iurérieiirâ,
ne font de lucnie aucune mention des cliorévé(|ues.
S. Cyprien même, qui a en si souvent occasion d'en
parler, n'en dit pas un mot, qii()ii|u'il ait vécu jusqu'a-
près le milieu du troisième siècle.
Cependant les cIiorévè(|ues sont plus anciens que
lés deux conciles dont nous avons parlé : ce ne sont
point eux qui les ont établis. Ils en font mention
uisscnt en quelque manière à toute l'Eglise et aux évè-
ques de la province en particulier, du mérite de celui
qu'ils leur donnaient pour collègue par cette impor-
tante cérémoi ie. Il n'en était pas de nième des clior-
évèipies, ils étaient soumis à l'évèiiue diocésain , qui
les employait conimmc il le jl^geait à propos; ils n'a-
vaient à répondre cpi'à lui de leur conduile el de leurs
actions. Ainsi il n'est pas surprenant qu'on lui en lais-
sât le clioix à l'ordination, puisque personne n'était
plus intéressé que lui à ce choix, et qu'ils n'étaient
que ses vicaires el ses coopérateurs, dont il avait droit j
d'étendre, de restreindre et de suspendre les pou- j! comme d'un établissement déjà ancien, puisqu'ils re-
voirs et la juridiction comme il le jugeait à propos || priment leurs entreprises el rpi'ils leur prescrivent les
pour le bien des âmes confiées à ses soins. || | bornes dans lesquelles ils doivent se contenir. C'est
Après ce qui a été dit, il est inutile d'examiner si |j pourquoi il y a tout lieu de croire que ces conciles
les cliorévéquos étaient consacrés par ime cérémonie |i ayant été tenus en Orient, la première institution des
particulière, dillcrente de celle par laquelle les évê- :J chorévéques se sera faite dans le Pont, la Galatie
ques et les prêtres étaient ordonnés, puisque les ab- if et les provinces voisines, d'olj elle aura passé aux au-
bes et les abbesses, etc., reçoivent une espèce de con- || Ires parties de l'Orient vers l'an 270 ; et ce qui nous
sécralion qui ne leur donne aucune part au sacerdoce. i|j porte à le croire ainsi, c'est que les Novaiiens avaient
Si les cliorévèques étaient véritablemen! évoques, ils | atissi leurs chorévêques (I), usage qu'ils n'ain-ont pas
recevaient la consécralion épiscopale, à la réserve de ;|| emprunté, suivant toutes les apparences de l'Ë"lise
ce qu'elle se faisait par un seul ésêque; s'ils étaient |' catholique depuis leur séparation,
seulement prêtres iis recevaient la sacerdotale, c'est- |i La rcJigioii chrétienne ayant fait de grands progrès
à-dire en un mol , qu'ils recevaient l'imposition des |j dans le troisième siècle, et les habitantes de la canipa-
mains jointe à la prière, dont l'effet était déterminé !|; gne l'ayant embrassée enfouie, les chorévêques dcvin-
par l'intention marquée de l'Eglise.
On peut dire néanmoins que chez les Orientaux, les
chorévêques étaient orditmiés par une cérémonie par-
ticulière. 0.1 en voit encore aujourd'hui la formule
dans le Rituel des Maronites, ou plutôt des Jacobi-
tes, et la même chose paraît encore par le cinquante-
renl en quelque façon nécessaires, et se midtiplièrcnt
extrêmement en peu de temps. On en trouve deux
souscriptions parmi celles des évêfiues du concile de
Xéocésarée en 314. Il y ea eut quinze qui souscrivi-
rent à celui de iNicée, cinq de Cappadoce, autant d'I-
saurie, deux de Syrie, deux de Bithynie, et un de Cili-
quatrième des canons arabes (Ij. A l'égard des églises | cie. La seconde Apologie de S. Alhanase fait assez
d'Occident, on ne peut asstirer positivement qu'elles | connaître que les chorévêques étaient aussi employés
eussent une forme particulière d'.irdination pour les || eu Egypte : car, en se défendant contre les accusations
chorévêques, tant parce qu'il ne s'en trouve rien dans | de ses ennemis, qui le calomniaient à l'occasion d'Is-
nos plus anciens ponlKicaux et rituels, que parce que | chyras, il dit que dans tout le canton de la Maréote,
cet ordre a éléjntroduiliilus lard dans nos églises quel il n'y avait jamais eu d'évêques ni de chorévêques,
dans celles d'Orient. C'est de quoi il faut parler pré
seulement.
CHAPITRE IV.
Du temps auquel les cliorévèques ont commencé à paraî-
Ire dans r Eglise. Quand et comment ils ont été abrogés.
Des évoques des monastères.
Les plus anciens monuments ecclésiastiques qui
font mention des chorévêques, ne passent pas le com-
menc-menldn quatrième siècle ; puisque les premiers
de ceux qui en parlent, sont les canons qui nous res-
tent des conciles de Néocésarée el d'Ancyre, qui ont
mais seulemetit des prêtres qui gouvernaient les fidè-
les des bourgades, et qui étaient soumis à l'évêquc
I d'Alexandrie : manière de parler qui fait assez enten^
! dre qu'il y en avait da s les autres parties du |iatriar-
. cal d'Alexandrie. Le (luatrième concile général en
; parle comme d'un ordre inférieur à celui des évêipics
, et supérieur à celui des prêtres, parce qu'effoctive-
' ment ils avaient des pouvoirs épiscopaux, et qu'ils
étaient d'ailleurs soumis comme les prêtres à la juri-
diction de l'évêqne diocésain. Si quelqu'un, dit-il
(can. 2), a ordonné pour de l'argent un évcque, un clu,r-
évêque, ou un prêtre, ou un diacre, ou quelqu'un dr ccn.r
été célébrés avanl que le grand Constantin eûl étenchi ij qui sont dans le clergé, etc.; paroles q
sa domination sur tout l'empire romain. On n'en voit
aucune trace dans l'Ecriture Sainte, ni <lans les canons
des apôtres, ni dans les Constitutions apostoliques
quoique celui qui les a recueillis en un corps soit
peut-être posiérieur à ce temps- là. S. Ignace, qui
(i) Morin. de sacr. Ordin. part. 3, exerc. 4 c '">
sub iinem. '
m sont propres
à persuader que l'ordination des chorévêques était
difrérentc de celle des prêtres et des évêques. !l est
aussi fiit mention dans la première action de ce co.i-
cile, d'un certain Eutychius,c::orévêqned'iui lien nom-
mé Aulara, el qui est qualilié chef des Quartodéci-
n^ans.
(Ij Aclione 1 conc. Chalcedon=
m
iiisTomE DES s>':rements.
928
Les chorëvériiics parurent plus lard dans les églises jl leur juri('iclion , et d'usurper des droits que ni les ca-
trOccidenl;ilenest parlé pour la première lois dans le | nous, ni la coutume des églises ne leur accordaient.
concile de Riez de l'an 439, où l'on voit qu'un évêque I
nommé Armentarius , qui avait été ordonné contre
les règles ordinaires, sans le consentement de son mé-
tropolitain, fut réduit au rang des cliorévéqucs. Ce mê-
me concile dimmua beaucoup les droits et les privilè-
ges dont les chorévêques jouissaient ailleurs. On ne
peut douter qu'ils ne fussent plus anciens dans l'Occi-
,dent que ce concile même; mais ils y étaient en ce
lemps-là en petit nombre puisqu'avaiit ce synode i*
n'en est l;»it aucune mention , et que deux ou trois
cents ans après il n'en est question que très rarement.
11 est vrai qu'il en est parlé dans les prétendues
lettres de Damase, de S. Léon et de Jean 111 ; mais
elles ont éié fabriquées par quelque imposteur , en-
nemi déclaré des cborévèqncs , dont il croyait sans
doute avoir reçu quelque injure atroce; aussi n'a-t-il
rien épargné pour les rendre odieux , et pour les dé-
pouiller de leurs prérogatives. Quoiqu'il l'ait fait
d'une manière très-grossière, cl que la fraude se
découvre d'abord, et pour ainsi dire dans chaque pé-
riode de ses lettres, quoique d'ailleurs le style dans
lequel il fait parler ces grands papes soit barbare et
puéril, et tout-à-fait indigne de ces pontifes si élo-
quents, surtout de Damase et de S. Léon, il n'a pas
laissé d'en imposer à la postérité, entre autres aux
évècpies de France, comme on le voit par les conciles
de Paris (c. 27) et de Meaux (c. 44), par les capi-
lulaires de nos rois, et par ceux d'Isaac de Lan-
gres (1). On peut dire même qu'il n'a pas peu contri-
bué à l'abolition de cet ordre, comme vous l'avez
vu dans le chapitre précédent; mais quoiqu'il y eût
peu de chorévêques dans l'Occident, on n'y pouvait
i>'norer ce que c'était que cet Ordre, puisqu'il en est
parlé dans les conciles généraux de Nicée et de Cal-
cédoine (2), dont les canons étaient reçus partout, et ;
avaient été ijisérés dans le code de l'Église univor- j
selle. On ne s'en servit pas néanmoins d'abord : on ne ;
voit pas même que les évèques d'Afrique les aient \
employés dans les quatrième, cinquième et sixième
siècles; mais dans la suite, et même auparavant dans j
ks Gaules, on les voit faire partie du clergé en di- I
verses églises. Us se muUiplièrent aussi beaucoup
dans les septième et builièmc siècles durant les
désordres qui arrivèrent dans l'enqiire français , et
les guerres dont il fut agité sur la fin de la première
race de nos rois et au commencement de la seconde.
Car alors les princes donnant souvenl les évècliés à
des personnes qui n'avaient d'autres dispositions pour
entrer dans l'épiscopat que le désir de s'enrichir, et
de mener une vie oisive et voluptueuse, ces prélats
mercenaires furent ravis de trouver des chorévè(jues
sur lesquels ils pussent se décharger de toutes les
fonctions pénibles attachées à leur dignité, ce fut ce |
qui donna lieu aux chorévêques d'étendre beaucoup
(1) Capilul. Caroli et LudoY., 1. Ti, c. 1G8, 1. 6, c
llî), 1. 7, c. 187, 523, etc.
(2) T'I, ll,c. 30 et 31.
Ce fut ?rssi par là qu'ils commencèrent à se rendre
odieux, en sorte que, qi-'nd la discipline de l'Église
eut été ^établie sous le règne de Charlemagne, les
évèques voulurent revendiquer leurs droits, et s'ap-
pliquèrent à humilier ceux qui avaient voulu s'élever
à leur préjudice. Ceux-ci s'efforcèrent aussi de se
maintenir dans les prérogatives qu'ils avaient ac-
quises par la négligence et l'incapacité des anciens
prélats, et de là vinrent tous ces règlements des con-
ciles de la fin du huitième et du neuvième siècle, par
lesquels on réduisit leur pouvoir dans des bornes très-
étroites, comme il a été dit ci-devant.
Ce que nous disons ici paraît manifestement par le
44„ canon du concile de Meaux. On y voit ce qui a
donné lieu à la multitude des chorévêques. Ce canon
porte : Si Nvêque de ta ville, soit pur paresse, soit pour
aller plus librement de côté et d'autre hors de son dio-
cèse , soit à cause de ses infirmités, permet aux choré-
vêques de passer leurs pouvoirs , il doit savoir qu'il sera
soumis à une sentence canonique. Le 119' capilulaire
du C livre marque la même chose, et nous fait voir
en même temps que l'ambition des chorévêques, qui
anticipaient trop sur la juridiction épiscopale , porta
les princes, de concert avec les évèques , à chercher
lus moyens d'éteindre cet Ordre. Ce capitulairc est
conçu en ces termes : Nous avons jugé à propos que
ton ne fit point à l'avenir de chorévêques , parce que
jusqu'à présent ceux qui en ont créé iijnoruient les dé
crels des saints Pères, et surtout ceux des Papes , et ne
cherchaient que leur repos et leur plaisir.
C'est ainsi que les évê(iues, sentant enfin l'incon-
vénient (pi'il y avait pour eux à avoir pour vicaires
dos ecclésiastiques revêtus du caractère épiscopal,
pensèrent tout de bon à s'en défaire. Ils traitèrent de
cette affaire dans plusieurs coiicilca, comme dans
ceux de Paris , de Raiisbone et de Metz, où on révo-
qua en doute la qualité de chorévêques et les pouvoirs
dont ils avaient joui jusiju'alors, et il fut résolu de les
abolir entièrement.
Cela ne put s'exécuter si promptcmeni ; il est rare
que tous soient du même sentiment sur des sujets de
cette nature. Aussi les chorévêques se maintinrent en-
core durant tout le neuvième siècle, cl ce ne fut que
vers le milieu du dixième qu'ils furent insensiblement
abrogés par un consenlemenl tacite des évèques, tant
d'Orient (1) que d'Occident, les évèques se réservant
les fonctions épiscopales dont les chorévêques s'é-
taient acquitté, el donnant aux archiprêlres le rang
et les prérogatives convenables à leur ordre , dont
ceux-ci avaient joui jusqu'alors, telles que l'inspec-
tion sur les églises de la campagne, la correction des
abus qui pouvaient s'y introduire, cl l'autorité sur
les prêtres el les clercs de ces églises.
Ces prérogatives des archiprêlres sont oien mar-
quées dans un canon d'un concile de Rome (ean. 12),
I (1) Morin. do Ordin. p. 5, exercit. 4, C. 6.
9^0 ORDRE. — PART. III. CHAP. IV. ÉPOQUE ET DURÉE DÉ L'INST. DliS CIIORÉVÈQUES. 93Ô
ou, comme quelques «ns le veillent, de Ravenne , qui -^ nom, s'appliquant au nlittit^t(re delà parole de Dieu,
tic liiit ;hi lommeiicemeiil du dixième siècle (I). Il y
esl ilil : .\<)(/s vonlous , pour que le peuple de Dieu ne
soit poivl destitué de secours, que l'on élublisse des nr-
cliiprêlres dans chaque canton ( sinyulis plebibus ) , qui
non seulement prennent soin du peuple, mais qui veil-
lent aussi sur tes prêtres qui sont dans les moindres
titres; qnils s'informent exactement de leur manière de
vivre, et comment ils s'acquittent de leurs fonctions pour
en rendre con'fle à Cévéque. Et que l'évèque ne s'excuse
pas en disant qu'il n'a que faire d'archiprétres , parce
que, quoi qu'il soit très-capable de gouverner son peuple,
il est expédient néanmoins qu'il partage avec d'autres le
fardeau dont il est chargé, et que comme il préside dans
l'église matrice (c'est-à-dire caliiédrale), de même ces
prêtres régissent celles de la campagne. Au reste , que
ceux-ci fassent à l'évèque le rapport de tout, et qu'ils ne
soient point assez hardis pour entreprendre quoique ce
soit contre ses ordres. Voilà à peu près les fouclions
qui couveuaieul aux chorévèques comme prêtres , cl
qui furent, vers ce temps là, attribués aux archiprè-
ires, ce qui lit abolir les autres, qui par ce moyen
devinrent inutiles, les prélats s'élant cbargés de
remplir les fonctions qu'ils exerçaient comme évo-
ques.
Outre les évèqucs cbargés de la conduite d'un dio-
cèse, les évêques régionaires dont nous avons dit
qiielr[ue cbose, cl les cborévêqnes dont nous avons
parlé dans ces deux cbapitres, il y en avait encore au-
trefois d'une autre espèc(?: c'était les évéques des mo-
nastères exempts de la juridiction des ordinaires;
tels étaient ceux de S. -Martin de Tours , de S.-Denis
eu France, de Laube en llainaull, et d'un certain mo-
nastère d'Alsace assez proche de Strasbourg.
Comme ces monastères avaient plusieurs églises
dans leur dépendance, que l'on appelait communé-
ment Celles, Cellœ , et que l'on avait peine à trouver
des évêques qui y exerçassent les fonctions épisco-
pales , on y pourvut , en faisant ordonner évèque un
moine , qui pût s'acquitter de ce devoir. C'est la raison
que les papes Etienne et Adrien rendent de cette
institution dans les privilèges qu'ils accordèrent pour
cela aux abbayes de S.-lMartin de Tours et de S.-De-
nis. Des lettres du pape Etienne sont en original dans
les arcbives de ce dernier monastère ; le père Ma-
billon les a fait imprimer dans l'Eloge de l'abbé Fui-
rade. On y lit entre autres ces paroles : Et parce qu'à
la prière de Clovis , fils de Dagobert , Landery , évèque
de Paris , avec le conseil de ses chanoines et de ses col-
lègues, a accordé l'exemption à votre monastère et à
tous les clercs qui exercent leur ministère dans cette en-
ceinte, de quelque ordre qu'ils puissent être, nous vous
accordons la même chose , et vous donnons le privilège
singulier d'avoir un évèque qui sera élu d'entre vous par
l'abbë ou par les frères , et qui sera consncié p'ir nos
frères les évêques du pays. Cet évèque prendra soin des
monastères que vous avez bàlis et les gouvernera en notre
(1) Eu 904.
1
tant dans votre monastère que dans ceux qui lui sont
soumis. Le P. Sirmond (I) a mis au jour d'autres let-
tres du pape Adrien , par les(|iielies il conlirme le
privilège accordé par Etienne III, son prédécesseur,
voulanlqu'il leur soit permis d'avoir un évèfjuc comme
ils en ont eu depuis longtemps jusqu'à présent , a
priscis temporibus et usque hacleniis fuit; alin que p:ir
ses prédications les peu|)ies (|ui vieiment de divers
pays visiter le tombeau du martyr, reçoivent la gué-
rison des maladies de leurs âmes.
Ce pape se sert presque des mêmes ternies dans le
privilège qu'il accorde au monastère de S.-Martin, tel
qu'il est rapporlè' par Raoul Moiiior dans la Défense
•des droits de cette église (c. 2). Celle-ci conserva plus
longtemps ses évoques que celle de S.-Denis ; car,
suivant le même auteur (c. 5) , il y en eut jusqu'au
pontificat d'Urbain III, «pii étant venu à Saint-Martin
en ôta l'cvê(|ue, voulant que dans la suite ce monas-
tère lui fût iuimédiatement soumis, ce qu'il fit sur
les plaintes des évêques de France et des légats du
Saint-Siège que les chanoines de S. -Martin refusaient
de recevoir avec les honneurs convenables. A l'égard
de S.-Denis il ne parait pas qu'il y ait eu d'évéques au
delà du règne de Louis-le-Débonnaire. C'est ce que
l'ondoitconclurc di s paroles d'un auteur très-ancien,
qui a écrit du temps de Cbarles-lc-Cbauve deux livres
sur les miracles de S. Denis ; puisqu'en parlant dans
le premier de ses livres (e. G) d'un miracle arrivé sur
un piysan, il dit qu'il vint trouver révê(pie Herbert ,
car, ajoute-t-il(2), cette église a eu pendant quelque
temps des évêtpies. Moris qtiippe ei fuit ecclesiœ ali-
quandiii habere episcopos. Ce miracle s'était fait du
temps de l'abbé Fulrade, à qui le pape Etienne avait
accordé le privib'ge d'avoir un évèque dans son ab-
baye, et les paroles de cet anonyme, que nous venons
de rapporter, font voir que de son temps, c"esl-à-
dire peu après la mort de Louis-le-Débonuaire, le
monastère de Saint-Denis ne jouissait plus de ce pri-
vilège.
Quelquefois ces évêques étaient en même temps
abbés; d'autres fois ces dignités étaient sép.irces cf
possédées par deux personnes dilTérentes. C'est ainsi
que cet Herbert, dont ii«hs avons parlé , était évèque
de Saint-Denis dans le temps que Fulrade gouvernail
ce monastère. Nous lisons de même dans de très-an-
ciennes annales de France (3), qui ne s'étendent pas
au-delà de l'annét; 71)7, que Wiclerbus ('lait en même
temps évèque et abbé de l'église de Saint-Martin de
Tours, au contraire, un nommé Andegariiis en était
évèque sous le gouvornemenl d'Alciiiii, qui ne fut ja-
mais que diacre.
I,es premiers abbés de Laube Ursmar, Erminon
el Tlièotbiliilie étaient en même-temps revêtus de la
(liL'iiili- (' iscopale , railleur de la elironiqiie de ce
(I) Tmi. -2 C.'ve CMI.
{"I) .Maliii. pra'i'. iii ^enii. T>. Wnvul.
(.r.) M ,l.il. iliid., I». -22.
951 niSTomr: des
nioiiiisli'rc (Kolciiiiiiis) en recliciclie la cause, cl' parle
sur ce sujet <i'u:iC manière fort sensée. ISos aucuns
varieiU sur cela, liit-il : selon queltjms-tins cela a clé
ainsi étubh itfm (pi^ ces abbés pussent \necher à ces
peuples uuuvellement convertis, et couibutlre le culte
suj)eislitieiix que quelque-iins, parmi ce peuple encore
barbare, roulaient aux idoles ; d autres croient que l'on
a joint la dignité épiscopale avec celle d'abbé, parce que
le lieu, oii fut bu.i le monastère venait de la libéralité des ;
rois, et quil éti.it tout proche du palais royal de Lcp-
Une, dont on ne confiait le soin à personne, qu'il ne
fût ordonné évéque , cl celte dignité s'est conservée
dans plusieurs de leurs successeurs, comme nous le |
dirons.
Quelquefois aussi les niona.>tèi'es étaient les sièges 'k
des ciiorévèqiies. Il y a toute apparence que celui de
S. Martin de Cantorbéri était de ce nombre. 11 y en [.
eut en ce lieu, qui est situé dans le faubourg oriental
de celte ville, jusqu'au pontificat de Lanfranc, lequel
suivant Panleur anonyme du Monaslicon Anglicimum,
ne substitua point de successeur à Godwiii (jui mourut
de son temps, disant <iu il ne convenait point qu'il y f^
eut deux évoques dans une même ville, iie considé- [i
rant point dit Tanonyme , que cet évêque de saint |
Martin n'avait point son siège dans la ville. |
On lit aussi dans la cbronique de S. Bénigne de |
Dijon les noms de plusieurs abbés, qui éiaieiit en |
jnèmc temps cborévêques de l'évêquc de Langres, i|
et que l'auteur de celte cbroaique appelle mal à |
propos Coévèqu s. C'est ainsi qu'il qualilie llerlicrl |
qui était abbé de sainl Bénigne du icinits do révê(|ue |
Albéric, et Bertilon qui faisait la même fonclion |
sous révê'iue Isaac, qui lui doiiua pour adjoint dans |:
la conduite de ce nioîiaslère un nommé Saran, Bertilo f
coepiscopus et abbas. Selon le P. Mabillon plusieurs j,
abbés de ce monaslère silué aupiés de Slrtsbouig, r
el dont nous avons parlé ci-dessus, ont été aussi lio- I
norés du litre d'évèques, soil qu'ils eussent été au- .l^
trefois élevés à la dignité épiscopale, soil qu'ils fussent
évêqiKiS régioiuiaires, n'ayanl aucu i siège iixe, soil
enfin qu'ils fûsS'ul les vicaires et les cbi)révê>}U('S du
prélat qui gouveTnerait alors l'église de Strasbourg,
comme le croit Jodocas Cuccius (1). Ce qui est plus
vraisemblable que ce que François Guilleman (i) ne
craint point d'assurer, qu'autrefois ce diocèse était
divisé en deux, dont l'un était gouverné par l'évéque
qui résidait à Strasbourg, et l'autre par celui qui avait
son siège dans ce monastère.
Voilà ce que nou, avions à dire des évéques des
monastères. Aujourd'hui il y en a peu en Occidcnt(3)
et en Orient je n'en connais qu'un qui soil proprement
tel, savoir celui du monastère de Sinaï. Car à l'égard
des autres prélats d'Orient, quoique plusieurs demeu-
rent dans des nmnastères, leur juridiction s'étend sur
de grands diocèses.
(l) L. de Dagoberlo, c. 14.
(•2) L. de Kpiscopis Argenlor. c. b. . . i
(ô) Quand Chardon écrivait ceci, il y avait un éve- :
uue à Fuldc depuis quelques année* ' I
SACREMENTS. 032
CHAPITRE V.
De la subordination des évéques les uns aux autres. On
recherche l'origine des métropoles Lcclésiastiques
et des principales dignités de l'Eglise primitive.
Les Apôtres, auxquels les évê(pics ont succédé,
élaient tous égaux entre eux, à l'exception de S, Pierre
à qui le Sauveur avait donné h primauté. Leurs suc-
cesseurs sont aussi revêtus de la même dignité, el en
vertu de Tordre épiscopal ils jouissent das mêmes
prérogatives. Ils sonl tous assis sur la même chaire,
et sont tous également les princes de l'E-lisc et les
chefs du troupeau que le souverain pasteur a ra-
cheté au piix de son sang; cepcnda;:!, pour éviter la
coiifusion (pii pourrait se trouver dans le gouveriie-
inenl ecclésiasliqne , si tous les prélats n'avaient
aucune dépendance les uns des autres, il a fallu mettre
entre eux une espèce de subordination. Comme ils
devaient sassembler de temps en temps pour pour-
voir au bien général des églises, et en particulier de
celles des provinces où ils faisaient leur résidence; il
était Cîi quelque sorte nécessaire qu'ils reconnussent
nu supérieur (]ui eût droit de convoquer ces assem-
blées, el d'y présider pour le maintien du bon ordre.
C'est aussi ce qui est arrivé, et quoiqu avant le
quatrième siècle on ne trouve point de lois et de ca-
nons des conciles qui éiablissent celte subordination
des évéques les uns aux autres, excepté le 54° canon
des A poires, dont quel(|ues-uiis révoquent en doute
l'aulorilé, on la voit néannuuns établie par un con-
sentement universel quoique tacite, el par une cou-
tume générale qui lient lieu de loi en ces matières,
suivant la n;axune des anciens juiisconsulles(t) : car
comme dil Ulpien, diuturna consuetudo pro jure et lege
in his quœ non ex scripto descendant, observari solet.
Ilermogenien dit dans le même sens (lib. 53) : Sed
en quœ longà consuetudine comprobata sunt, velut tacita
civium convenlio, non miniis quàm ea quœ scripta sunt,
jura servantur. Conformément à ces anciennes cou-
tumes, le grand concile de Nicée régla les droits et
l'étendue de la juridiction des principaux évéques de
la chrétienté, en quoi il n'innova rien, mais il af-
fermit seulement ce qui s'ol'.servait auparavant dans
l'Eglise. Que l'on garde les anciennes coutumes, disent
les Pères de cette sainte assemblée (can. G), zà àpx«t«
é'9/j /.pa-rsirw Que l'évéque d'Alexandrie ait autorité sur
tous ceux d'Iujfiple, de Lybie el de la Pentapole, puisque
l'évéque de Rome l'a aussi dans certai.m:s provinces
en vertu de la coutume ; qu'il en soit de même à regard
d'Antioche, et que l'on conserve aux églises leurs privi-
lèges, ou plutôt leurs prééminences ou leurs prérogatives
dans les autres provinces, h toTî «//«tj i-^zv.oyla.ii iv.
Voilà l'anliquiJédeces coutumes bien établie. Exa-
minons présentement jusqu'où on peut les faire re-
monter. Mais avant d'en venir là, remarquons en pas-
sant que les privilèges (pie le concile de Nicée main-
tient dans ce canon, sont ceux des mélropolilains,
(1) L. 55 de Legibus.
ORDRE. — PART. III. CIIAP. V. SURORDINATION MUTUELLE DES ÉYÈQUES.
953
dont ils élaiciil en possession dins leurs provinces;
c'est ce qui parait thiircMicnt par lesdernièns paroles
du canon (pie nous venons de rapporter, puis(|uc le
terme d'èTrap^iat; se prend cerlaincmont |)0!ir celui
de provinces, au moins dans l'ancienne notice de
l'Eiilise. Cc!a est encore plus évident par ce qui suit
immédialeuiciil; car les Pères, après avoir assuré à
chacune des provinces, leurs privilèges, ajoutent aus-
sitôt : Or il esi d'une notoriété entière qite si quelqu'un
est promu à répiscopnt sans le consentement du mého-
politain, te grand concile a défini qu'il ne doit point éire
évêqne. Ces parnlcs l'ont bien voir (ju'il s'agit suMoul
ici des niélrop^ditains, et non de ceux que l'on a ap-
pelés depuis I rimais cl patriarches, car c'était aux mé-
tropoliiains principuiement à concourir a réieclion et
à la consécration des évoques de leurs provinces
respectives, et c'est pourquoi les I ères de ÎS cée leur
attribuent le droit de les conlirmerdans leur dignité,
connue on le voit dans leur i' canon, où, après avoir
statué que l'évéque sera ordonné par tous ceux de la
province, ou au moins par trois d'entre eux avec le
954
pr(;mier ranj; dans celte assemblée, w,- KpyuioTc/.Tc;,
soit (pie le siège d'i.éradée, métropole delà province
lût vacani, soit que qnebpie inlirmilé cmpccliàt ce
rnéiropoliiain de s'y trouver. Tous les autres doni il
parle élaient ceriaineiueut évoques d'églises nièlro-
politainos, comme Tlièopliile de Césarée, Victor de
Rome, cl Iréuée de Lyon, qui était alors la seule
ville métropolitaine des Gaules, suivant toutes les
apparences.
L'é è(pie d'^lia ou de Jérusalem, était aussi nom-
mé dans 1rs actes dii concile de P;.lesline, quoiqu'il
ne lui point métropolitain alors, parce qtie l'ayant été
autrefois, et cette ville étant fort considérée des chré-
tiens comme le berceau du christianisme, on a\ail
dor.né un rang d'honneur à son évéqne, et le privi-
lège d'être le premier entre les snfiragrnls du siège
de Césarée qui avait été établi méiropole au moins do
la première Palestine, par l'empereur Vcspasien, tant
parce qu'il y avait éié déclaré empereur, comme dit
Jnslinieu (Novell. 103), que parfe que c'était alors la
pins grande ville do cette province depuis la ruine de
consenleinenl par écrit des absents, ils ajouienl que jj Jérusalem, ce qui donna lieu d'y établir le siège niè-
le métropolitain confirmera ce qui aura été fait. Ce |i tropolilain qui y est demeuré plusieurs siècles ; en
qui est sans doute un grand privilège, (pi'ils avaient
acquis par rancienne coutume dont parle le con-
cile; mais il n'était pas le seul. Us avaient de plus
le pouvoir d'examiner la vie , la conduite et la
doctrine des évêques de leurs provinces , de les
convoquer aux synodes, de juger les diflërends
qui pouvaient naître entre eux, cl de régler les af-
faires ecclésiastiques qui regardaient toute la province
sorie que les évêques de Jérusalem élaient soumis à
ceux de Césarée, mais avec quelqiies prérogatives qui
les distinguaient des antres siiffraganis.Le concile de
JNicée leur conserva ces prérogatives, mais sans pré-
judice des droits du mètro|)olilain, il en parle dans le
septième canon en ces lern!c-s : Parce que, mirant la
coutume et l'ancienne tradition, l'évéque d'yElie doit être
honoré, qu'il ,'JI rang immédiatement après le métropoli-
en général. Tels sont les droits et les prérogatives | tain, en conservant à la métropole sa dignité. C'est ainsi
des métropolitains que le concile de Mcée a mainte- ,§ (jue ces saints évêques ont réglé ce qui regarde le
siège de Jérusalem sans s'éloigner des anciens usages
et sans déroger aux privilèges du métropolitain, s'at-
nues, et dont ils jouissaient suivant l'ancien usage.
Revenons à présent à l'origine de cette coutume.
On en voit des traces bien marquées dans les synodes I tachant iiiviolablement aux coutumes anciennes dans
qui se tinrent sur la (in du second siècle, à r(!Ccasion fe le septième canon, comme ils avaient fait dans le
de la question qui s'était élevée dans l'Eglise louchant
le jour auquel on devait célébrer la fête de Pâques.
On voit encore, dit Eusèbc (1), l'écrit des évêques de
Palestine qui s'assen:blerenl alors polr jlger de cette
AFFAïKE ; Théophile, évéque de Césarée, ij présidait, et
iS'arcisse de Jérusalem. Il se linl aussi un synode à
Rome sur la même question, auquel on voil que prési-
dait Victor. Pulmas, comme le plus ancien des évêques
du Pont, était à la têie de ceux de sa province, et Irénée,
chef des églises des Gaules , présidait au concile qui se
tint dans ce pi/i.Vous voyez dans ce discours d'Eusèbe
qui avaitentrc les mains les îctcs authrntiqnes de ces
conciles, que chacune de ces assemblées avait son
chef et son président dont cet bisloiien fait mentim
expresse, rendant eu même temps rai^on pounpioi
l'un d'entre eux qui n'était point èvèipie de la ville
métropolitaine de sa province, présidait néanmoins au
synode de la provi.ice du Pont, savoir son ancienneté,
soit d'âge, soit d'épiscopat. Cet évèque étail Palinas
d'Amaslride (2) qui, comme dit Eusèl)e, tenait le
(l) Hist. eccles. i. 5, c. 23.
h) Eusèbe fait meutir^n d'une lettre
S. Heiiis
sixième, par lequel ils avaient confirmé les dreils
et les prérogatives des évècpies d'Alexandrie, d'An-
tiocbe et des autres métropoliiains; et voilà pourquoi
l'on voyait dans les Actes do ce concile de Palestine,
le nom do Narcisse, évèque de Jérusalem, avec celui
de Théophile de Césarée.
Dans les autres parties de la chrétienté n'y ayant
point d'évêques distingués des autres sulTragants par
des priviléges'part.cnliers, il ne faut pas être surpris
si les actes des conciles des autres provinces porlaieiit
en tète les noms des seuls nié ropoliiains. De là vient
aussi que les historiens ecclésiastiques en parlant des
évécpies de leur temps dans les premiers siècles, ne
foui guère mention que de ceux des premiers sièges,
et nous ignorerions enlièremenl ceux des autres
évéqnes, si quelques-uns d'entre eux ne s'étaient
distingués, soit par leurs écrits, soit par quelque
action d'éclat; au lieu que nous avons les catalo-
gues des évêques des grands sièges, quoiqu'il ne se
; d'Alexandrie adressée aux églises du Pont et en par-
i ticulier à celle d'Amaslride, dans laquelle il nonuiic
* l'évéque appelé Palmas. Hist. eccl. i, c. 25.
Q^^ ii;sTOinE Di:s
trouve rien de singulier clans la plupart d'cnlie eux.
Eusèbe remarque (pie saint liéiiéc pn^siduit sur les
églises des Gaules, parce (prcn'ectiveinciit Lyon élall
l'église matrice d"où la Un s'éuiit répmJue dans ces
pays, cl (pie d'ailleurs celle ville tUait alors la prin-
cipale ; c'est pourquoi les cvècpies s'y assembli.'renl
pour traiter la question de la Pàque qui agitait touies |
les églises, et S. Irénée présida à celte assemblée ,
couune primat ou mélropoiuuin des Gaules (car alors
ces deux teiines signifiaient la même cliose, comme
M. de Marca l'a fort bien remartpié au cominencemenl
de la savante dissertation (|u'ila composée sur la pri-
nialie de Lyon (I) et les autres. Le terme de -apou.ix,
parœcia, suivant le style des anciens écrivains ecclé-
siastiques, et les canons des conciles, signiliait un
territoire dans lequel un évèque exerçait sa juridi-
ction, c'est-à-dire qu'il marquait la même chose que
ce que nous appelons aujourd'hui, diœcesis , diocèse,
et plusieurs ensemble faisaient une province que ces
mêmes écrivains désignaient par le terme iViw.pyix.
Ainsi quand Eusèbe dit de S. Irénée, qu'il avait
l'intendance des diocèses des Gaules, ■kxcqva'm-j, c'est
oonimc s'il disait qu'il était le métropolitain ou le
chef de plusieurs égl'ses qui avaient chacune leur
ëvêque ; ce qui n'empêcliait pas (pi'il n'eût une église
qui lui fût propre, et dont il était l'évêque en parti-
culier savoir l'église de Lyon ; ce que le même Eu-
sèbe dit expressément, en ces termes (2) : hénée
succéda à Potin dans l'église de Lyon dont il fut fait
évèque. On peut dire même que S. Irénée était le seul
métropolitain des Gaules, la loi n'étant pas encore
assez répandue alors dans les Gaules, pour y former
plusieurs provinces ecclésiastiques.
Outre ces synodes dont nous venons de parler, et
qui jugèrent que la Pàque devait être célébrée à la
manière dont nous l'observons encore aujourd'hui, il
s'en assembla encore un autre, composé des évéques
de l'Asie proconsulaire, onde la province d'Asie [)ro-
prenient dite, dans lequel on remarque la même su-
bordination des évéques soumis à un niélroiiolitaiii,
et la même discipline, l'assemblée fut convoquée par
Polycrale, évêque d'Éphèse, métropole de cette pro-
vince, selon Ulpien (5). Il y présida, et son nom seul
se trouvait inscrit à la tête des lettres qui furent en-
voyées de la part de ce concile an pape Victor, quoi-
que les évéques qui s'étaient rendus à ce synode
lussent en grand nombre ; et ce qui est encore plus
remarquable, c'est que ce pape avait prié Polycrale
de le convoquer; tant il était persuadé de l'aiilorilé
des Métropolitains, quoique sur la (piestion dont il
s'agissait Polycrale fût d'un sentiment opposé au sien.
Tout ce que nous disons ici paraît par la lettre que
Polycrale, à la tête de ses suffraganis, écrivit au pape,
et dont Eusèbe nous a conservé les paroles. J'aurais
j>«, lui dil-il (4), faire mention des évéques présents a
{l)Elle selrouvedans l'Appendice des œuvres de ce
prélat, imprimés par les soins de Cayhize en 1708
(2) Hist. Eccles., 1. 5, c. 5.
(3) L. i, § de Officie proconsulis ellegaii.
(i) Hist. ÈccL, 1. 5, c. 24.
.AGREMENTS. 9"G
ci: SYNODE, que vous avez demandé que j nssemb{nsr,a,
el que foi assemblé, dont xons connaîtriez la multitude,
sij'rcrivcisici leurs noms. Peut-on mieux marquer les
droits et les prérogatives des métropolilains? On voit
dans ces paroles un évê(|iie que lesautiei locoimais-
sent poMi Kîur chef, aux ordres duifuel ils obéissent,
cl se rendent au lieu (pTil leur dés'gne. Cet évèipie
principal préside à l'assemblée de ses collègues, il en
écrit le résultat en leurs noms, et se conlenle de
niellre le sien à la lètc; de ces lettres. Telle était l'au-
lorilé des métropolitains dès la fin du second sii'cle.
C'est sans doute en vertu de (^ette discijliiie établie
dès lors dans toutes les églises, que S. Denis D'A-
lexandrie écrivant aux églises de Crèle, à présent
Candie, met celte inscription à la lêle de sa lettre : A
r église qui est à Gorlgne, avec les autres églises qui sont
en Crèle, el que de tous les évéques de celle île il ne
nomme (pie Pliilip|»e, évêque de Goriyne métropole
de ce i>ays, quoique toutes les églises de celle pro-
vince se fussent rendues recommandables par la
grandeur de leur foi, comme le dit S. Eusèbe. Et pour
remonter plus liant, ne peut-on pas dire, sans crain-
dre de trop s'avancer, que c'est dans ce sens que le
célèbre martyr S. Ignace se qualifie évèque de la Syrie
dans son Épîlre aux Romains : car il est plus que
probable ((u'il y avait alors dans ce pays plusieurs
évéques, outre celui d'Anliocbc, qui était le premier
d'entre eux.
Passons en Afrique, et voyons quelle était la dis-
cipline de cette éi,'lise dans les pivniiers siècles sur le
point dont il s'agit. Nous ne pouvons guère tirer de
lumières là-dessus que des écrits de S. Cyprien, qui
a eu plusieurs fois occa,>ion de parler de ce ipii a rap-
port à cette matière : aussi est-ce à lui que nous nous
atlachcrons, pour découvrir quel élait l'ordre de la
hiérarchie cl la subordination des évéques dans celle
illustre portion de l'Église. Ce saint parlant des héré-
tiques qui rentrent dans le sein de l'Église, dit posili-
ven»entdans saleltreà Juboyen, r/î('i7 y a plusieurs an-
nées el long-lenips (multi jam anini sunt, cl lomja (Ctas)
que les évoques d'Afrique s'étant assemblés sous Agrip'
pin d'heureuse mémoire, avaient ordonné oui: l'on les
BAPTisEn.uT, etc. Ces paroles doivent être considérées
avec alteitlion : on y voit des vestiges de celle auto-
rité que les évéques de Oirthage exerçaient sur les
autres évéques de ces vastes régions. Les évéques
d'Afrique sont convoqués par Agrippin, évèque de
Cartilage, ils s'asseniblent en concile, ils délibèrent
sur le naplènie des hérétiiiucs, ils décident ipi'il est
nul : ils foriueiit un décret qui contient leur d('cision,
ce décret est allri4)ué surtout à Agrippin, qui luési-
dait à cette assemblée Tout cela esl équivalemmciit
renfermé dans celle lettre de S. Cyprien, qui élait
évèque de Cartljage longtemps après Agripiiin, longa
(Ctas, l(>quel, par conséquent, devait avoir occupé ce
siège au commencement du troisième siècle ou sur la
fin du second, puisque noire saint martyr lleurissait
vers le milieu du troisième, ayant étt' élevé à Voym-
co]):\{ fpieique temps avant l'an 250.
^057
rAur. m. chap. v. iituoROiNAiiors mitielle des évèqles.
ORDIŒ,
Les cvcd.nes (ini se Iroiivcrenl à co concile sons
Agi'ippiii, éliiieiil des | roviiices (l'Afiit|Ui; el de Nu-
n)idie, suivaiil le ténioignag^; du saiiM ninrlyr(l);
ce qui fait vdir de (nielle étendue clai( lit dès-lors les
pays soMinis à la n.élro|iole de Carlhagc Mais pour
le l)ie!) entendre , il faiU ienKU(|iier que le mot Afri-
que, se prend chez les amieiisen trois sens dinércnis.
Prcnnèr.nient, pour une province particulière , dans
Pioconsulaire , parce qu'elle était gouvernée par un
niairiotral revêtu de la dignité de proconsul. En se-
cond lieu , pour tous les pays situés sur la côte sep-
tentrionale d'Afrique, depuis les colonnes d'Hercule
ou le détroit de Gibraltar, jusqu'à la province de Cy
rénaïde , qui était soumise à révéïjue dAlexandrie,
ci qui, dans le civil, faisait partie du gouvernement de
l'Egypte. Ces grandes régions avaient été ainsi appe-
lées par les Romains , qui les avaient conquises , du
nom delà province d'Afrique qu'ds avaient subjuguée
1er loucliant un co:vcdien qui domjndait déirc reçu
à la comninnioii des saints My^tc^es, sans quitter sa
profession, sur quoi S. (^yprien lui répondit ( Ép. 01) :
Je ne crois pas qu'il convienne à la maj.sté divine el à
la discipline (te r Evangile, que r honneur de CtgUse
soii souillé par une telle infamie. Janvier et les autres
évè(pics de Nnmidie le consiiltèi(;nt de même ( Ép. 70 )
sur ce qu'il fiillait faire par rapport aux hérétiques
laiiuelle Cartilage était située , el que l'on appelait qui souliaitaient se réunir à rFglisc, aussi bien que
Jubayen (Ép. 75), cvèque de la province d'Afrique,
elQuiiitus (Ép. 7i) tic celle de Mauritanie. Un nulro
cvè(iue de îa Mauritanie Tingitane, ayant é!c oatrajé
par son diacre , le prélat, qui aurait pu le cli&ticr p»r
son autorité, jugea à propos d'en porter ses pkiliiles
à S. Cy|;rien,qui lui répondit ( Ép. 01 ) cnces teiii.cs,
qui 11 arquent en même temps son respect pour ceux
qui lui étaient soumis, et son .lutorilé; Nous avons été
louches sensibleme.nl, mon très-cher frère, moi et mes
collàjnes , qui se sont trouvés ici présents , en lisant les
la première; c'est dans ce sens rue ces i>roviiices :()id 'i lettres par lesquelles vous vous plaignez de ce diacre, qui,
oubliant d'une part l'honneur du sacerdoce, cl de l'autre
son devoir et son ministère , vous a outragé. Vous nom
avez rendu l'honneur qui nous est dû , et vous arei ugî
avec votre humilité ordinaire, aini.int mieux nous perler
vos plaintes de cette injure, que de le punir comme il
le mnilail, et comme vous le pouviez, par la puissance
que Dieu vous a mise en main. Vous deviez être per-
suadé que vos collègues ne manqueraient pas de raiiftcr
ce fiue vous feriez par l'autorité st.cerdotale , pour le
cnàtimenl de ce diacre insolent, pnis';m vous étiez au-
tori.se sur cela par la loi du Seigneur. Telle était la àâ-
férence que tous les évêques d'Afrique avaient pour
leur chef, l'évêque de Carihage, et telle était d'autre
par: ia manière honor:ib!e dont il agissait avec eux,
quand ils avaient rectuws à lui.
Ce qui est de parliculier à cette Église, c'est quo
quoique tant de grandes provinces fussent soumises à
l'évêque de Carthage, et que ces pioviiiC( s eussent
cliacuni! leur ville principale, ou métropole, dans la-
quelle les gnnveriienis faisaient leur résidence, elles
reconnaissaient toutes* néanmoins Carthage pour leur
Uiélrojiole commune ; les évèipies des villes cipilales ,
n'ayant aucune prérogative sur ceux des autres villes,
et même quand, dans ta suite du temps, l'éloignenient
des lieux , el la multiplication des églises épiscopales
eut obligé d'établir dans chaque province un primat '
qui présidât aux assemblées , el aux ordinations des
évoques des provinces particulières , celte charge 8t
celle prééminence ne fut point attachée com.nic ail-
leurs au siège de la ville capitale de 1 1 province, mais
elle était dévolue au plus ancien évêque du pays qui
y exerçait sa charge sous raulorilé de l'évêque de Car-
thage, qui par là demeurait, eu qiiehpie s-orle, le scid
Il élropolilain de toutes les provinces d'Afrique. On
aperçoit celte discipline dont nous parlons dans
le Sr canon du Code de l'Église d'Alri(pie, d.ms le-
quel, sur la contestation (pii s'était élevée touchant
'e lieu où l'on devait conserver les registres de la pro-
vince, il est ordonna, du coiiscnlemenl de t«us k?
30
nommées .l/>"/(/"t' dans la première notieede lEinpire.
Enliu le nom d'Alri(|ue a été rendu commun à toute
celle partie du monde, qui le porte encore aujour-
d'hui.
L'Afrique prise dans le second sens , fut divisée
dans la suite en six provinces, savoir la Proconsniaire,
la Byzacène, la Tiii-.olilaine , la Nnmidie, et les deux
Mauritanies. dont l'une, plus à l'orient, était appelée
Césarécniie, du no . de (.ésaiée, sa capitale, l'aulie
Tingilane , à cause de Tanger (pii était la principale
de ses villes. Mais du temps de S. Cyprien, et avant
lui, la province Proconsulaire avait bien plus d'éten-
due : car elle comprenait la Trip(dilaine et la Ryza-
cène, outre celle qui a toujours retenu le nom de Pro-
consulaire, et dans laipielle était la ville de Carthage ,
ce qui montre (|ue du temps d'Agrippin, toute celle
partie de l'Afrique qui s'étend depuis Tripoli jusque
vers la ville deCésarée, qui était à peu près ouest à
présent Alger, reconnaissait Cariliago pour sa métro-
pole, et que l'évêque de cette ville était le chef des
églises qui s'y trouvaient; puisque les évêques de Nu-
niidie assistèrent à son coi.cilc , el que la Nnmidie
conrinait à hi Mauritanie Césaréi une.
r»ii f tnps de S. Cyi>rien , cell(! primauté de l'Église
de Carthage était si bien établie, que les écrits do ce
saint sont pleins des marques de respect que les évo-
ques d'Afrique lui rendaiiMit comme à leur chef , ce
qui a lieu non-seu'ement à l'ég::rd des évêques de la
rovince Proconsnlaire et de Numidie , mais encore
li ceux de .Maiiritinie. On y voit (|u'ils n'entrcpre-
ai ent rien de considérable sans l'avoir consulté, qu'ils
'adressaient à lui quand ils avaient qiieliues sujets
ic plainte contre leurs frères, qu'ils avaient recours à
lui dans les qnesiituis difiieiles , et qu'enfin il les as-
semblait pour délibérer avec eux sur les affaires im-
porlantes (jiii survenaient.
Eiicharius, évèque de Thèue,crul devoir le consul-
(I) Ep. 71 adQuintiim.
TU. XX.
959
évêques qui ont souscrit au concile , que ta matricule
et les archives de Numidie seraient mises en dépôt dans
r Église du premier siège et dans la métropole , c'esi-à-
dire , à Constantine.
Le premier siège, dontil est ici queslion, était celui
du priiu".: de Numidie , ou du plus ancien cvèque de
■ la province, et la métropole était la capitale de la pro
vince dans le gouvernement civil , dont Tévéque n'a-
vait aucune prérogative qui l'élevàt au-dessus de ses
confrères, chez qui cependant on jugeait à projms de
déposer aussi les archives de la province, parce qu'el-
les y devaient être plus en sûreté, que dans une bour-
gade ouverte, telle qu'était quelquefois le siège du
primat.
Ces primats ou premiers évêques de chaque pro-
vince d'Afrique, ne furent institués qu'après le lem|)s
de S. Cyprien , et quand on eut divisé rAfri(pie en six
provinces; car avant l'empire de Constantin , on n'en
voit , dans les monuments ecclésiastiques , aucune
trace , et tous les évêques étaient immédiatement
soumis à celui de Cartilage. Ce ne fut, comme il a
été dit ci devant, que l'accroissement du nombre des
églises et des évêques dans ces lieux trop éloignés de
Carthage, qui donna lieu à cet établissement, afin
que les affaires ecclésiastiques fussent plus prompte-
nienl expédiées, et que les églises ne demeurasbcnt
pas trop longtemps vacantes, s'il fallait attendre les
ordres ou la présence de l'èvêque de Carthage pour
consacrer les évêques. C'est ainsi que cet évêque, de
métropolitain proprement parlant, devint ce que nous
appelons aujourd'hui primat ; et c'est peut-être en
cette manière que les grands sièges d'Alexandrie et
d'Anlioche, sont devenus sièges palriarcliaux : la foi
s'étant répandue de ces églises matrices dans les pro-
vinces du voisinage, où ils envoyèrent d'abord de
simples évêques , auxquels dans la suite, on fut obligé
de donner des chefs ou métropolitains qui demeurè-
rent soumis à ces i)remiers sièges. Mais ce qui a éiè
particulier aux églises d'Afrique, c'est que ces chefs
des évêques de chaque province étaient les plus an-
ciens évêques ; au lieu que dans les autres parties de
la chrétienté le siège du primat, ou du métropoli-
tain fut attaché à la ville capitale de la province dans
Tordre du gouvernement civil. D'où vient aussi que
l'on remarque dans la discipline des églises d'Afrique
une espèce de censure singulière inconnue ailleurs ,
i\\ù consistait à déclarer un évêque incapable de par-
venir à la dignité de primat , sans le priver de l'épis-
copal. S. Augustin fait mention de cette peine caiiO-
nique dans sa lettre 261, à l'occasion d'un évêque
nommé Priscus à qui on l'avaii infligée, et à qui \l
fait dire ces i>aroles : Anl ad primatum locus tnilii p((tere
debuit siciit cœteris, aut episcopatus rniln remanere non
debuil (ou j'ai eu droit de pi étendre à la primauté,
ou on a dû me dépouiller de Pépiscopat ). ^_
Il est assez étonnant que les églises d'Affîque aient
eu cet usage, puisque partout 'aîMurs les villes capi-
tales des provinces èiaiei-U les sièges des premiers
évéiiu«b, et qu'il semble (juc les apôtres aient pris à
HISTOIRE DKS SACREMENTS. 940
tâche d'accommoder l'état des églises à celui de l'em-
pire romain , qui était di.strihué en provinces , dont
chacune était gouvernée par un magistrat, qui portait
différents noms, suivant la dignité des provinces, et qui
résidait dans la ville capitale, que l'on nommait pour
ce sujet ville-mère, ou métropole. On reuianpie cette
intention dans les Épîtres de S. Paul, qui toutes sont
écrites ou aux églises métropolitaines des provinces, à
l'exception peut-être de celle qui est adressée aux
P/iilip|)iens , ou aux évêques qui étaient chargés de
les gouverner. Ainsi l'épître aux Romains ne s'adres-
sait pas seulement aux fidèles de cette grande ville,
mais à tous ceux qui étaient dans la dépendance du
préfet de la ville, lequel eu cette qualité gouvernait
aussi ITlalie , ou au moins tout le pays qui était aux
environs de Rome jusqu'à l'étendue décent milles (1),
comme nous l'apprenons de la lettre de l'empereur
Sévère à Fabien Cilon, préfet de la ville. La première
èpîlre aux Corinthiens porte cette inscripiion : A
l'Ecjlise de Dieu qui est à Corinthe. Cette ville était
aussi la capitale de l'Acliaïe, et la résidence du pro-
consul; et si l'Apôtre adresse cette lettre à ceux de
Corinthe, c'était afin qu'après l'avoir lue eux-mêmes,
ils la ûssent passer aux autres églises qui èiaienl dans
la même province ; c'est ce qu'on voit par l'adresse
qui se lit à la tète de la seconde èpître, qui est conçue
en ces termes : Paul, apôtre de Jésus- Christ par la
volonté de Dieu, et Timothée so'i frère, à l'Église de
Dieu qui est à Corinthe , avec tous les saints qui sont
répandus dans toute fAchdie. Il adresse de même une
autre èpître à ceux de Colosse , parce qu'alors cette
ville était une des principales de Phrygie. II a écrit
deux lettres à l'Église de Thessalonique , pour ins-
truire tous les fidèles de Macédoine, dont Thessaloni-
que était l'Église principale cl la métro|)ole, au moins
de cette partie où elle était située, conmie Philippe
pouvait l'être de l'autre partie qui regarde le Nord.
Enfin il adresse deux autres de ces lettres à Timothée,
et une à Tite : le premier était évêque d'Éphèse , mé-
tropole de la province d'Asie, et l'autre de Crète, où ,
comme nous avons vu, il exerçait le pouvoir de mé-
tropolitain, ou plutôt d'apôtre de cette île (2), dont
le premier siège était à Gortyne. C'est aussi sans
doute pour cela que l'apôtre S. Jean donnant des avis
dans l'Apocalypse (c. 2, v 1 ), à sept évêques des
principales églises, commence par celui d'Ephèse,
connue le chef et le principal d'entre eux. Ce rapport
et cette dépendance des églises d'une province de la
I métropole paraît encore dans ce qui est dit dans les
Actes fc 20), que l'apôtre S. Paul voulant donner
des avis salutaires aux prêtres et aux évêques d'Asie,
envoya de Milet à Éplièse, afin qu'ils le vinssent trou-
ver : car ces prêtres et ces évêques , comme les ap-
pelle S. Irénèe ( 1. 5, c. I i ), n'étaient pas tous de l'E-
glise d'Éphèse, puisqu'il leur dit, qu'ils étaient les
tèmoii.sde la manière dont il s'était comporté avec
eux, et qu'il avait passé chez eux en prêchant le
(1) IJIpian., I. 1 , n". de Oflic. prsefecli urbis.
(^y TJuêîfi^ Ilist.ocel. 1. 5, c. 4; conc. Clinlced-
Ûu
ou DUE.
l'AUT. 111. CliVP. M.
royaume de Dieu , vos oiimes pcr (iiios iruiisivi piœdi-
cans regnmn Dci. Ce qui l':>il assez enleiidrc qu'ils
étûieiit de diverses villes, où l'Apôirc avait rcpandu
avec tant de fruil la parole de Dieu, cl où il avait con-
verti un si grand nombre de personnes , (pie l'orfèvre
Déniétrius disait à ses ouvriers pour les animer con-
tre lui , qu'il avait détoinné du culle de Diane une
grande multitude de presque toute l'Asie , tolius ferè
jUiœ ( Act. 19, 20) ; cependant i)Our les assembler il
se contente d'envoyer à Éphèsc. Pourquoi cela? parce
que celle église étant comme la n)ère dos autres , il
suflisail d'y envoyer ses ordres, pour qu'on les fit pas-
ser à toutes celles qui en dépendaient.
De tout ce qui vient d'être dit, on peut , ce semble,
inférer raisonnablement que, quoique les Apôtres
n'aient point f;iit de lois expresses par lesquelles ils
aient ordonné que les évè(|ues de cluxpie province re-
connaîtraient pour leur chef celui de la capitale , ils
ont eu cependant intention que la chose fût ainsi , et
qu'ils ont posé le fondemoMit de ce gouvornemenl.Ces
hommes divins avaient de puissantes raisons pour cela,
car quoiqu'ils se confiassent entièrement dans le se-
cours de Dieu , et qu'ils attendissent uniquement de
lui le succès de leurs travaux , ils ne négligeaient
point les moyens humains (jue la Providence leur pré-
sentait pour éiendre l'Évangile, et pour procurer aux
églises, après leur mort, la forme de gouvernement la
plus-avantageuse au maintien de la foi et de la disci-
pline. Or , rien n'éiait plus proi)re pour réussir dans
ce dessein, que d'établir les principaux sièges des égli-
ses dans les villes capitales des provinces d'où la foi
pouvait se répandre plus aisément dans les autres
lieux, et d'où les évêques qui occupaient ces princi-
paux sièges auraient plus de facililé pour veiller sur
la conduite de leurs collègues, el corriger les abus qui
pourraienl s'introduire dans la province dont ils se-
raient les chefs ; les peuples ayant coutume de se ren-
dre en foule dans les villes capitales , où les gouver-
neurs rendaient la justice à tous ceux qui s'adressaient
à eux.
De là vient que le concile d'Antioche, voulant ré-
primer certains évêques qui alfeclaient l'indépendan-
ce, sous prétexte que leurs églises avaient été fondées
par les Apôtres, ordonna (can. 9) que ceux de chaque
province reconnaitraienl pour supérieur (npos^zâ^oi.) ce-
lui de la métropole , el que celui-ci prendrait soin de
toute la province, parce que tous ceux qui ont des affaires
vont de toutes parts à la métropole. C'est pourquoi, di-
sent les pères de ce concile, il nous a semblé bon que
l'évéque de cette première ville eut des prérogatives d'hon-
neur , et que les autres prélats ne fissent rien sans lui , ,
telon la très-ancienne règle qui a prévalu, xai Tè/ àx«io-
repov jx "c&i TtaTi/swv /mwom , par OÙ iis entendent sans
doute le canon 34* des Apôtres, qui avait établi celle
discipline. Le concile de Turenne s'y eslconformé en-
lièrement dans la cause des évoques d'Arles et de Vien-
ne, qui disputaient ensemble de la primauté, car voici ;
le jugement que portèrent les pères de cette asscni-
Weé, qui se tint environ cinquante ans après le con-
I'Kiâch'ALa rrvKQijES dokii.m. 91?-
cile d'Anlioche , donl nous venons de pailcr. Il a été
défini louchant l'affaire des évêques d'Arles et de Vieil-
lir, qui ont disputé devant nous, louchant l'honneur de
lu priiiiauié, que celui d'entre eux qui prouverait que sa
ville est métropole, aurait l'honneur de la primauté dans
toute la province, el que, smvaiit la règle des canons , il
aurait ta principale autorité dans les ordinations.
CHAPITRE VI.
Des principaux évoques par qui les églises d'Orient étaient
gouvernées ; des patriarches, des exarques, etc. Chan-
gements arrivés par Cérertion du patriarchal de Cons-
tantinoplc. Du Catholique des JSesloriens; prodigieuse
étendue de sa juridiction.
La plupart des églises dons nous avons parlé dans
le chapitre précédent, s'élant considérablement èlcn-
diies parla conversion des idolâtres, qui enlrérent en
foule dans l'Église vers la fin du troisième siècle et le
Cl nnnencement du quatrième, les évê(pies de ces pre-
miers sièges, qui avaient longtemps gouverné les égli-
ses de leur dépendance en qualitéde niéiropolilains, se
sentirent obligés d'en établir de nouveaux dans les
provinces les plus éloignées de la ville où ils faisaient
leur résidence , afin que l'on y pùl tenir des conciles
provinciaux, et y régler sur les lieux ce qui concer-
nait l'adniinislration des ali'aires ecclésiastiques, sans
qu'il fut nécessaire d'appeler les évêques trop éloignés,
et de leur faire entreprendre pour cela de Irop longs
voyages. De là se formèrent les dignités de patriar-
ches, d'exarques, etc.; qnelques-uns dtsévêquesdeces
])rcniiers sièges s'élant réservé la juridiction et le droit
d'appel sur les métropolitains, qu'eux ou leurs i)rédé-
cesscnrs avaient établis dans les provinces qui d'a-
bord leur étaient immédiatement soumi es, soit pour
les amener à la foi, soit pour y gouverner les églises
j qui y étaient déjà établies, el qui n étaient qu'en petit
nombre dans les premiers siècles.
Toutes les églises chrétiennes de l'Orient étaient
I ainsi gouvernées au commeiicement du quatrième
siècle. Elles étaient partagées en cinq parties (pie l'on
nounnail diocèses , dont chacune contenait plusieurs
provinces qui avaient leurs métropolitains , lesquels
reconnaissaient pour supérieur un autre évéque, sa-
voir , celui (pii occniiail le premier siégi; du diocèse,
et qui se nommait alors ou archevêque , ou j):ilriar-
ciic, ou exanpie, ou l'évéque ayant intendance sur le
diocèse ; c'est ainsi que s'exprime le premier concile
de Conslantiin)ple (can. 2), ci ûizip ôioUr^au inlzA.onot,
ce que Denis le-Pelil rend mot pour mol, qui siait su-
per diœcesim episcopi. Ces diocèses étaient dans l'En)-
pire d'Orient, 1° celui d'Egypte, dont Alexandrie éiail
la capitale ; 2" celui d'Orient pris pro|»rement , qui
renfermait plusieurs provinces limilroiihes de la Perse,
connue la Syrie, la Mésopotamie, l'Osmène, etc. Cel-
les-ci reconnaissaient l'évéque d'Anlioche pour leur
chef; 5* celui d'Asie , dont Ephèse élaii la capitale,
et <]ui s'étendait dans toutes les provinces méridiona-
les de ce qu'on a appelé depuis l'Asie-MiBeure jusqii'è.
la Cilicie , qui faisait partie du diocèse d'Utieui. S»^
Oit
IllSTOlRF. DES SACIŒMENTS.
Ul
quoi il faut remarquer que chez les anciens le terme fil pas pour eux un lilre vain, et un simple droit de pré
d'Asie se prenait en trois sens dilTérenls, c'esl-à-dire,
que tantôt il signifiait celle partie du monde qui en
conseï ve encore le nom parmi nous, tantôt il maïquail
celle partie de l'Asie, qui s'élend di'p;)isl'Arciiii)cl jus-
qu'en Syrie cl en Arménie, ou jusqu'au nioul Taurus.
Tantôt enfin il se prenait pour une province parlicu-
lière, dans laquelle les Grecs avaient fondé plusieurs
colonies, el dont Ics villes principales étaient Epfièse,
Smyrne, Milel, elc. Il y a niémc bien de l'apparence
que les premii.rs liabilanis de la Grèce étaient passés
de celle proviixe eu Europe, d'où vient que l'Écriture
appelle les Grecs, descendants de Java, parce que les
Ioniens qui liahitaienl celle partie de l'Asie avaie;^t
peu|»lé la Grèce , qui dans la suite envoya plu^ieurs
colonies en ces pays là, qui quitta 1,> nom d'Ioniepour
prendre celui d'Asie ; -4° le quatrième diocèse était
celui du Pont, composé de ce qui restait des provin-
ces de l'Asie-Mineurc, je veux dire les plus soplen-
trioiiales. Césarée, enCappadoce, en é'-^it la capitale;
5° le cinquième, enfin, élail celle de Thrace. dont Hé
raclée était le premier siège, avant que Constantin eût
fait de Bysance la capitale de l'empire Romain.
Cescliefsdes diocèses ordonnaient les métrnpdliiaiiis,
et connaissaieiii dts causes des provinces, qui étaient
portées par-devant eux par appel , surtout lorsque les
évêques avaient lieu de se plaindre de l<urs métropo-
litains, el c'était à eux à terminer les diffi-rends. Les
canons 9 et 17 du concile di- Cliakédoine supposent
celle discipline , suivant la(iuolle, lorsqu'il survenait
quelque affaire de cette nature , l'exarcpie ou le pa-
triarche, ou si vous voulez le primai, comme nous en-
tendons ce terme à présent , asseuîblait les évéques
de son diocèse, et portail avec eux son jugement; car
autrefois les supérieurs ecclésiastiques ne termiiiaient
guère d'affaires sans concile, et quand on appebùt à
€ux , on apjielail en même lem|>s au coiuile, dont ils
éiaieiil les présidents nés. Quelquefois même on s'fx- I
primait en C( lie manière: J'en apjielle au concile de
i?ome, au oncile d'Alexandrie, etc. C'est ainsi qu'en j
usa Eulychès pour se soustraire au jugement de Flavien
de Constaniiniiple.
Tel était l'étal des églises d'Orient , et la forme de
îcur gouvernement, liirs(|ue |iour donner du relief à la
ville de Consiantinople qui était tlevenue la capitale
tle l'empire, le premier concile qui y fut assemblé, non-
seulemeni en slîrancliii l'évêque de rassiijélissement
à celui d'Héraclée en Thrace dont il était autrefois
sulfraganl, mais lui donna encore une espèce de préé-
minence sur tons les autres évoques d'Orient. Le se-
cond canon, par lequel l'église de Consiaritinople est
élevée en ce rang d'honneur est c<mçu en ces termes :
Que l'évêque de Const(inli)ioplc ail riiomicur de la pri-
mauté (rà Ttpeaês'M Tr,i Tt>r;;), (tprès févéque de Rome,
parce que celte ville est /'» nouvelle Rome. La version
de Denis-le-Pelit porte : Habeat piiivatum honoris
posl, etc.
Ce rang d'honneur que le second concile général
doiuia aux évêques do Consiantinople en 381 , ne fut
séance : en vertu de cette concession et du crédit que
leur donnait auprès des empereurs la place qu'ils oc-
cupaient, ils se mirent en possession de coimailrc des
causes des mélropolilains. !\octaire (jui fut mis sur le
siège de celte nouvelle Rome par le concile même (jui
lui avait accordé ce privilège, termina par son auto-
rité l'affaire qui élail entre Agapius cl Gabalius(l),
qui se dispulai(>nl le siège de Rostre, métropole de l'Ara-
bie; , provinre du diocèse d'Orient. Et saint Ambroisc
iiyaiit appris ([u'un certain Géronce, diacre de son égli-
se, qu'il avait chassé de son clergé, avait obtenu ré\ê-
ché deNicomédic, écrivit à ce même Nectaire pour le
prier de le déposer de l'éjùscopat qu'il n'était capable
que de déshonorer, cy^aj/s Ns/.Tan'&j à-^sli<sOv.i Vspov-i's-j
Trv Upoi^-jj-rrj , dit Sozomène, 1. 8, c. 6. Atlicus, qui,
quelques années après, succéda à Nectaire, jugea aussi
de la cause de Tiiéodose et d'Agapel, qui prétendaient
l'un et l'autre èlre métropolitains de la Plirygie Paca-
tiem\e ('i), el écrivit à Agapet, lui mandant de ne point
abaiidonnercelleéglise. Jean et Procle, archevêques de
Conslantin pie avaient aussi assoupi parleur autorité
le différend survenu entre l'évêque de Nicée el le mé-
Iropolilain de Nicomédio touchant l'eudinalion de l'é-
vêque de Basinojile, el leur jugement fut ensuite ap-
prouvé par le concile de Chalcédoine , ([ui porta une
sentence péremploire sur cette même affaire, comme
on le voit dans la 15' session.
Celle autorité des évêques de Constanlinople paraît
encore avec jilus d'éclat dans l'allaire dlbas évêque
d'Édesse qui était du diocèse d'Orient. Ce prélat
ayant éié accusé par-devanl Domnus d'Anlioche , ses
accusalcurs sentant peut-être qu'ils ne réussiraient pas
devant ce tribunal , le Iraduisirenl à celui de l'évêque
I de Consiantinople qui élail alors occupé | ar Flavien,
lequel délégua trois niélroi)olitainsdu diocèse d'Orient
pour» 11 connaître, savoir : PholiusdeTyr, Eustathe de
Bérythe, et Urauius d'ilimère, qui s'assemblèrent à
Tyr pour ce sujet. Nous apprenons ces parliculaiilés
des actes «le ce concile de Tyr, dans les(piels ou voit
Euloge, diacre de Coiislanlinople, qui dil entre autres
chi»ses à ses juges délégué-. : Les clercs {de l'église
d'Edesse) séttinl adressés un très-suinl archevêque Fla-
vien, et otjaul intenté accusation contre Ibas, Jean et Da^
niel ; sa sainteté juge i à propos que vous connussiez de
cette affaire. Samuel el les autres prélres d'Édesse
fonl aussi mention (5) de cette délégation de Fiavien
munie du rescril du |)rince dans le libelle qu'ils pré-
sentèrent aux juges. Cependant pour épargner rh<in-
neur du patriarche d'Anlioche donl les droits étaient
si visiblemenl lésés dans celle procédure, les juges dé-
légués ne fonl mention que du rescril de l'eiupcreiu'
dans la senlei'ce inlerlocuioire qu'.ls rendireni à Tyr.
et ils n'msérèrent que celle pièce daus les actes de
leur sviiode.
(1) Vide excerpla synodi h.âc de rc liahit;el. 2. S n-
lenliaruni syuodalium in Colleclione juris Gr.eco-Ro-
mani.
(2) Socrat., 1. 7, c. 5,
(3) Conc. TyTiiacta relata, act. 10, conc. Chalcod
Oi:j OXDRE. — PART. III. CIIAP VI.
Nous iiuiinions apporter plusieurs aiiircs exemples '
de jugemenis roiidii.s par les cvèques de Conslaiiliiio-
ple dans diiïére; les all'aires qui, suivant raucicnrie
discipline do l'Kglise, devaient être portées par de-
\anl les exarques et les palriarelies des antres dioeè-
ses; mais ceux là suffiseiil pour faire coimailre quelle
élaii i'anlorilé de cet évèqiie, mtMue ava.it que le con-
cile di! Clialeédiiueei'il fait en sa laveur ces décrets
dont S. Léon et ses successeurs se sont plainls à si
juste liire.
Avant que r.ous rapportions ces décrets , il est bon
de remanpier (|ue les évê(iues de Con^tanlinople ren-
daient ces jiigemeiils (pie Ton portail devant eux, non
avec les seuls évèqiies de Thrace, dont ils étaient de-
venus les chefs presque en même-temps que Conslan-
linopl; fut élevée à ce haut rang d'honneur où elle a
été depuis Constantin, mais d.ms un concile composé
de tous les évèqncs dc's différentes proviiices de l'em-
pire d'Orient, que les affaires qu'ils avaient à la cour
attiraient en celle viilo, et qui dans les occasions s'as-
semblaient à la réquisition de l'archevêque pour juger
avec lui des causes ecclésiastiques qui se présentaient,
en quoi l'on mar(piaii quoique égard pour les évèques
et les antres prélats des provinces les plus éloignées,
auxquels il aurait élé dur de se voir assujétis aux
seuls évêques du diocèse de Thrace. Ce synode,
qoe la co'î'.^îP.ie avait ailroduit, s'appelait ht f,^.o'jGex.
cj-'jôi,, p:;! 0;.pos!t!0!i aux autres conciles, qui étaient
composés d'evèques convoqués exprés et asseniidés
par les ordres du supérieur ecclésiastique, comme il
paraît par les actes du synode tenu par Flavien con-
tre Eutiche, (;ui prit occasion d'en mépriser raulorilé
comme si celle assemblée n'eût point été canonique ;
car ce rusé vieillard, dans k- libelle qu'il présenta au
second concile d'Epiièse, se p'aignit (pi'il avait élé con-
damné.par les evèqucs qui se trouvaient alors àCon-
stanlino])le pour leurs affaires particidières, lotuv î/ty.y.
uirwj. Cependant la coutume avait aulonsé ces as-
semblées, et les Massaliens avaient élé condaïuiiés
dans un concile semblabJe"i)ar Si^iniiius de Constanii-
nople. dont le premier cimcile d'Ephèse avait ratifié
la scnleucc (action. 7) , et depuis , Anatolins, un des
successeurs de Sisinnius, en défendit ouverten eut
l'aulorilé et la canonicilé dans le concile de Cliaicé
doine.
Apiès ce qui vient detre dit, il ne doit pas paraître
siirprenantquece mênieconcile de Ch.dcédoine ail per-
mis à ceux qui auraient des plaintes à faiie contre
leurs métropolitains de les poiter au tribunal du pri-
mat du diocèse ou à celui de l'archevêque de Cou
stantinople, ce qui était attribuer à r 'lui-ci le droit de
prévi'iition. C'est ce qu'il a fait dans ses canons 9' et
17'. Il est dit, dans le pn-mier, que si un evèque on un
clerc a à se plaindre du inélropolilain de la province, il
s'adresse ou au primai du diocèse , ou à l'évêqne de la
ville impériale, cl soil jugé par devant lui. Le second
porte que si quelqu'un esl lésé par le mélropolilain, qu'il
soit jugé par le primat du diocèse ou par le siège de
Constanlinonle, cnmme il a élé dit ci -devant. Le concile
rniNciPALX ÉvÈorns d'orient.
0-1 G
' de Chalcédoinc, qui sendilail avoir aUcrmi pour tou-
jours ce privilège insigne du siège de Conslantinopic,
de conniiilre de toutes les affaires des métropolitains
de l'empire d'Orient, l'affaiblit en quchpie Sdrie sans y
penser, par une antre concession qu'il lui fit en érigeant,
ce siège en patriarchai, et en lui soumetlant les trois
diocèses d'Asie, du Pont et de Thrace, qui auparavant
avaient eu loin s exarcpies on |;riniats, dont l'aiitorilé
n'était guère inl'éricure à celle des p.itriai'clies. Cela
se fit à la fin du concile à riiisu des légats d'Occident,
et 1(!S papes se récrièrent fortemeal contre le décret
qui introduisait un tel changenienl dans l'étal des
ég'ises d'Orient. Cependant di'puis ce temps r.iiitorilé
de ce concile dont nous avons parlé dimiaia insensi-
blement (1), cl la juridiclloi) des patriarches de Con-
stanlinoiilc se trouva quehpte tenips après renferméci
dans la seule étendue de leur palriaiclial, en sorte que
par là les patriarches d'Orient recouvreront Icntiérc
i juridiction sur les m'iropolilaiiis de leurs diocèses ; et
I afin que l'on n'y donnât plus d'atteinte h l'avenir,
\ l'empereur Juslinien fit une loi sur ce sujet, qui est
I conçue en ces tonnes (2) : S'ilija quelque plainte contre
le mélropolilain de la pari d'un évèqnc, d'un clerc ou de.
quelque autre personne, que le bienheureux palriarclie
' du diocèse juge celle affaire. Photius, dans son No-
I mocanon (5), ex|)rime celle loi en deux mots : Si le
mclropoiitain esl accusé, que son patriarche en connair.se,
i -c.-:picf.cxr,i aÙTîO axo-tx. La 50^ loi du codc, de Epi-
scopali audienlià, n'est point contraire à ce que nous
j disons, comme le montre clairement M. de Marca (3),
I qui fait voir que ce qui a donné lieu à quelpies sa-
vant de former des difficultés sur ce sujet, \ientdii
défaut de la traduction latine. Le lecteur cm ienx peut
consulter l'endroit indiipié.
Je ne m'arrête pis ici à faire voir commonl la juri-
diction du p.itiiarche d'Anlioche fut diniiiuiéi- en diffé-
rents temps par rérectnui du patriarcat de Jérnsalen:,
et par la primalie du métropolitain de Chyfire. dont
la province fut soustraite de la dépendance de ce pa-
triarche sous prétexte que les églises qui la comç.o-
saient avaionl été fondées, par S. Barnabe. Ce sont des
faits trop connus et qui ne siuit ii^norés d'aucun de
ceux qui sont tant soit peu versés dans la connaissan.' o
de l'histoire e^clésiabticpie. liais nous ne p uivons pas-
ser sous silence une autre chose (pii ne conlribiic jias
peu à relever celle illustre Église dans laquelle les
disciples de Jésus-Christ ont élé loiir la pri'inicre fois
apiclcs Chrétiens. C'est que si, d'une pari, on a re-
tranché quelques provinces de la juridiction de ses
évèipies, elle s'est extrêiiio;nc;:t étendue de l'aulre
par le moyen d,'s prédicalems ' • l'i^'an^ik (urdle a
envoyés en Orient cl au-di;ià des bornes de l'empire
romain. Ces saints persO., nages firent entre autres dt;
(1) C'est celui que l'on appelait sijnodus, tjcr.y.cïizy..
Ci) Vov. II. ii3, c. 22.
(.5) Tu. 9, c. 1, ex i.ovell. 1Ô7.
(i) Dans sa Dissertation loucliant la primalie de
Lyon, pages 20 et 21, qui se trouve à rappendice de
ses Ofiivie»; imprimées à Lyon en 1708.
OiT
HISTOIRE DES SACREMENTS.
948
grands progrès dans la Perse, où ils formèrent plu- i
sîenrs églises. Ces églises étaient gouvernées par un
évèque qui avait autorité sur tous les autres répandus
dans la Perse et <laus l'Arménie, et il était ordonné
par le patriarche d'AnliocIie auquel il était soumis, i
On le nommait c«t//o//V/H(', peut-être à cause de reton-
due de sa juridiction, à laquelle étaient soumis les
métropolitains de ces vastes pays aussi bien que les '
simples évêques.
On peut considérer ces catlioliques comme IVisant
(Micore nu ordre particulier dans la iiiérarcliie ecclé-
siastique, et l'on peut mettre de ce nombre celui qui,
(lie/ les Moscovites, prenait ci-devant le titre de pa-
tiiarche, et qui ayant été longtemps soumis à l'arche-
vêque de Coiislaritinople et s'élant depuis soustrait à
son obéissance, exerçait, avant le règne de Pierre
Alexiowitz, ime très-grande autorité en ce pays-là,
jusqu'à se rendre formidable au czar même, comme il
parut en 1662. Car le prince fut cité par le patriarche
pour avoir trouvé à redire au culte des images, et pour
(juclqucs autres changemonls qu'il méditait dans la
religion ; et quoi qu'il pût alléguer, il fut obligé de
subir la peine qu'on lui imposa. La plus ordinaire, en
cette rencontre, était d'être relégué à la campagne
dans une de ses maisons où il vivait en particulier,
pendant que le palriarche avait ratitorilé impériale et
usait de tous ses droits. Mais le czar Pierre a bien
abaissé cette autorité, et lui a même interdit le titre
de palriarchc, comme le témoigne M. de Voltaire dans
la Vie de Charles XII, roi de Suède.
Revenons au catholique de Perse, dont nous venons
de parler. Il tenait son siège à Séleucie et à Ciési-
pbonte. Il arriva ensuite que les Ncsioriens ayant été
chassés des terres de l'empire par les édits des princes,
et s'éiaut retirés dans la partie de la Mé^ispotamie oc-
cupée alors par les Perses, avec leurs évêques et leurs
ecclésiasiiiiues , cenx-ci y répandirent leur hérésie ,
et s'y étant multipliés, y eurent aussi un évêque, à
qui ils donnèrent d'abord le nom de cathulUjue, et qui
jirit ensuite le titre de ;j«/n«JT/u'. Ce prélat envoyant
|)artout des missionnaires, attira un grand nombre
de peuple à sa secte, tant par la Aiveur des rois de
Perse, à (jui les Romains et leur religion étaient
odieux, que par celle dos princes Mahométans qu'ils
eurent soin de cultiver.
Ceux ci ayant conquis la Perse (1), confirmèrent
I aux catlioliques ou patriarches des Nestoriens qui s'y
\ trouvaient établis toute l'anloiité (pi'ils avaient, et elle
était l'oit étendue, puisqu'ils n'y était resté presque
aucun autre chréiien. x-Xprès que ces mêmes catho-
liques eurent transféré leur siège à Bagdad, ils usur-
pèrent h)ngtemps une entière juridiction sur les or-
ithodoxes et sur les Jacobites mêmes, étant maintenus
par des patentes des califes, qui terminaient ces dis-
putes par ranti(juiié de la possession. Ils la perdirent
à la vérité dans la suite, et il lut permis aux Mehjui-
les ou orthodoxes, et aux Jacobites d'avoir leurs catho-
lifpies, et de n'obéir qu'à eux. Mais dans l'espace de
(i) Renaud , de la Vi'rpét. de la foi , t. 4, I. 1, c. 7.
200 ans, les Nestoriens se servirent de cette juridic-
tion usurpée pour étendre leur hérésie : en quoi ils
réussirent au-delà de toute espérance, tant parce que
plusieurs autres chrétiens n'ayant ni églises, ni évo-
ques, ni prêtres, se trouvèrent, presque sans le savoir,
engagés dans la communion des Nesl-^iens, que parce
qu'ils envoyèrenl prêcher le christianisme jusqu'aux
extrémités de l'Asie.
On voit eiïecli veinent par la notice de leurs églises,
qu'ils avaient des évêques et des métropolitains dans
toute la Perse, dans le Turquestan, dans la grande
Tartarie, dans les Indes-Orientales et jusque dans la
Chine, et on sait, par la suite de l'histoire de leurs
catholiques, que ces métropoles et ces évèchés , dont
il est mention dans cette notice, ne sont pas des noms
en l'air, puisqu'on trouve souvent nommés ceux qui
les ont occupés. Les Portugais trouvèrent un Mar-Jo-
seph cl un Mar-Jacob dans les Indes, qui avaient le
titre de métropolitains des Indes et de la Chine. Uiig-
Clian , sultan des Tartares, défait par Ginghis-Clian,
était Nesîoiien, et il avait un évê(|ne dans son pays.
Marco- Polo, Riibriguis, Odéric-Jean-de-Plano-Car-
piiii, Mandeville, étions les anciens voyageurs remar-
quent qu'ils trouvaient un nombre prodigieux de Ne-
storiens dans la Tartarie, et même il ne paraît [las
qu'il y eût d'autres chrétiens, non plus que dans la
Chine, soit que ces hérétiques eussent corrompo la
foi de ceux (pii étaient avant eux, ce qui peut avoir eu
lieu au moins dans quelques-unes de ces régions
orientales, dans lesquelles l'ancienne tradition veut
(pie ra|tôtre S. Thomas ait porté la foi par lui-même
ou par ses disciples, soit que ces sectaires y aient
les premiers prêché le chrislianisme. Voyez ce que
dit sur cela !\1. Renaudot dans l'endroit ci-dessus in-
diipié ; il mérite d'èlre lu par ceux qui souhaitent de
counaitre l'état de ces églises et de ces peuples, dont
riiisloire est à notre égard si étrangère, qu'à peine
nous en connaissons les noms.
Pour ce qui est des Indes, elles nous sont à pré-
sent beaucoup plus connues que la grande Tartarie ;
et les Portugais, (pii les premiers des Européens y ont
fait des établissemenls, sont d'accord avec les anciens
voyageurs dans les histoires de leurs navigations, ils
coiiviennenl qu.--! les chrétiens iju'ils y[lrouvèrent étaient
Nestoriens. Il est certain d'ailleurs que depuis plus de
mille ans on n'a trouvé d'autres chrétiens dans le Mala-
bar que ceux de cette secte qui passèrent même jiis(pi'à
la Chine, comme il est aisé de s'en convaincre par l'in-
seiiplion chinoise et syriaque (1) que l'on y a décou-
verte en 1025. Elle marque un assez grand nombre
d'ecclésiasti(]ues qui furent envoyés à la Chine , et
l)armi les principaux on en trouve qui élaienl venus
de Raieh et de Tacaristan , qui est la même cho.s(; que
le Turquestan , qu'ils étaient tous Syriens et même
Nestoriens , comme on le reconnaît par leurs noms
! propres, et que leur supérieur ecclésiaslicjutt était
Aiiaiiicchua, catholique, (jui élail celui des Nestoriens
dans ce même temps, c'esi-à-diie, en 780 d6Jé§u«-r
(l)Chin. illtist., p. 12 et seq.
9i9 ORDRE. — PART. IM
Chrisl. Un de ces missioiiDaires clail izdbuzid, qiia-
lilic pièlro cl chorévcquc de Cumbduii, ccsl-à-dirc ,
Naiikitig. Un aiilic se nonimait M(ir-Si'rgis,c'c^i à-
dire, Sergius, chorévèciue, saiisntarqiier do (niel lieu.
On y lisait aussi le nom iïAdtim, diano du clioiévêqne
cl papas de la Chine. On n"a , dil M. Uenaiidol (t) ,
aucune connaissance en diMail de ces ccclési:isuques :
mais luiisquc dans le dernier article la dignité de dioi-
cvcque csl jointe à celle de papas, qui signilie la même
chose que mclropolilain de laCiiine, on peut con-
jecturer avec fondement que ces cliorcvcqnes avaienl
la puissance épiscopale pour ordonner des i)rèlres, des
diacres , et d'autres niiiiislres inféiieuis, ainsi qu'il
était nécessaire dans le nouvel clablissement d'une
église.
CHAPITRE VU.
De forig'me des divers primats daus nùjlise d'Occident;
quà l'exception d'un ou de deux tous les autres sont
récents. De ce qui y a donné lieu. Ancienne forme du
gouvernement des églises occidentales.
L'Occident était partagé en divers diocèses (dans
le sens que nous avons entendu ce terme dans le cha-
pitre précédent) aussi bien que l'Orient, et ces dio-
cèses étaient, celui des provinces stdnirbicaires, celui
des Gaules, celui d'Esjtagne, celui de Bretagne, celui
d'Afriiiuc, et celui d'Ulyrie, (pii fut depuis divisé en
deux par l'empereur Tliéodose , en sorte que la Ma-
cédoine et la Dacie lirenl partie de l'empire d'Orient.
Mais les églises de ces diocèses n'avaient point une
forme de gouvernement send)Iable à celle des églises
orientales : car à l'exception de ce diocèse d'Afrique,
et de celui des provinces du dé|tartement du vicaire
du prétoire de Rome, dont l'une reconnaissait l'évê-
que de Cartilage pour son chef, et l'autre l'évêcpie de
Rome, qui les gouvernaient à peu près de la même
manière que les patriarches et les exarques d'Orient
gouvernaient les leurs , il n'y avait point en Occident
de primat proprement piirlant dans le sens que l'ou
a pris depuis ce terme , quoique toutes ces églises ,
aussi bien que colle d'Orient , roconmisscnt l'évèque
de Rome pour le premier des évoques et le clicf de
tout l'ordre hiérarchique, et qu'en particulier les Oc-
cidentaux le considérassent comme leur patriarche ,
quoiqu'il n'exerçât point dans les autres diocèses le
pouvoir patriarcal on la manière dont en usaient
ceux d'Orient.
Ainsi on peut dire que, quoique le terme de primat,
fut (rès-connu de tout temps en Occident, puisque les
métropolitains y élaieni souvent appelés de ce nom,
cl que les premiers évcques des provinces du dio-
cèse d'Afrique n'en portaient point d'autre , la chose
signifiée par ce terme y était absohmient ignorée jus-
qu'au huitième siècle, auquel l'imposlcur, qui a fabri-
qué les lettres supposées des promiors papes, com-
mença à mettre ce mot en usage pour signifier un
évoque auquel étaient assujétis plusieurs mélropoli-
(1) Tom. S de la Perpét. delà foi, 1. 5, c. 9
Cn.\P. Vïl- v/u.GiXE DES PRIMATS DOCCIDENT. 950
tains. C'est en ce senscju'il fait parler le pape Anac'.et
dans la lettre qu'il lui ;illrihue , en lui faisant dire que
les lois divines et ecctcsiuslKiiws ont prescrit que l'on mît
dans les plus grandes villes des patriarches ou des pri-
vmts, qui ont un même rang, quoique leurs noms soient
différents. Cet liouune avait puisé celle idée de primai
dans la traduction latine des 9* et 17* canons d»i con-
cile de Chalcédoine, telle qu'elle se trouve dans l'an-
cienne collection de saint Isidore et celle de Denis-lc-
Pclit; mais il aurait dû observer que les interprètes
ne disent point simplement primatem pour marquer le
chef du diocèse, mais primatem diœceseos : par consé-
quent,il n'aurait pas dû conclure que le terme déprimât,
sans y rien ajouter, signiliaii la même chose que celui
de patriarche, puisqu'on appelait communément avant
lui primats les métropolitains en Occidenl, comme l'a
fort bien montré llincmur de Reims, qui, après avoir
cité les canons d'Afrique, de Nicée cl do Sardique, et
les décrets des papes Léon et Hilaire, en infère ce qui
suit : Il paraît, parles canons et les décrets du siège de
Rome, que les métropolitains étaient en même temps pri-
mats chacun dans leur province. J'entends ceux qui,
suivant l'ancienne coutume, comme nous l'avons dit, et
la tradition apostolique, selon les canons de Meée, peu-
vent convoquer des synodes , ordonner des évèques , et
être ordonnés eu.v-mêmes par les évèques de leurs pro-
vinces sans dépendance d'aucun primat ; qui peuvent, en
un mot, régler les affaires de leurs provinces sans qu'ils
SOIENT OBLIGÉS D'eN RENDRE COMPTE , SINON EN CAS DE
CONTRAVENTION, auqucl cas llincmar ne niait pas que
le pape n'en pût prendre connaissance.
Telle était la condition de presque tous les métro-
politains d'Occident, à rexce|)liou de ceux des pro-
vinces urbicaires ; car , en Afrique , il n'y en avait
point proprement parlant, quoiqu'il y eût des primats
en la manière que nous l'avons expliqué ailleurs. La
dignité de primai, pri.->e dans le sens que nous lui at-
tachons aujourd'hui, était donc incoiunie dans nos
églises, cl si l'évèque de Thessalonique faisait des l'onc-
I lions qui avaienl beaucoup de rapport à celle dignité,
c'était moins en qualité de primat ou d'exanjuc du
diocèse d'Ulyrie, qu'en celle de vicaire du S.-Siége qui
lui avait été conférée suivant tou'.cs les apparences par
le pape Boniface I, cl qui fui comme attachée à son
église , depuis qu'après la ruine de Sirmium par Attila,
en 592 , Thessalonique fut devenue le siège du préfet
du prétoire d'Ulyrie. Ces évèques exercèrent princi-
palement leur autorité sur les sept provinces do ce
qu'on appelait l'Illyric orienlale , et en celte qualité
ils avaient des prérogatives considérables , et on les
comptait parmi les évoques des premiers sièges, après
lesquels ils avaient séance dans les conciles généraux,
connue on le voit dans ceux d'Ephèse cl de Chalcé-
doine.
Ce ne fut donc que depuis la publication de la col-
lection d'Isidore que l'on pensa en Occident h insti-
tuer des primats, à quoi ne contribuèrent pas peu les
capitules du pape Adrien à Angilrimn, r:\pportesdans
le seplième livre des Capitulaires de nos roi?, dans
9S1 IIISTOIKE DEb MCREAiENTis.
lesquels on entend les paroles des conoiles d'Afrique ,
(jiji font mention des primats ou des évèiiues des pre-
miers sièges de chaque province, comme si (|uelques- j
uns des métropolitains élaienl primais dans le sens que
9a2
nous aitaclioiis présentement à ce terme, cl dinéiaient i
ainsi des autres niétropol taiis ; d'où on conclui que f
non seulement les primats élaient la même cliose que f
les patriarches, coum)8 le portaient les fausses lettres |
de Cléiuent , d'Aiiicet et d'Anaclet , mais encore qu'ils
étaient la même chose que les mélrnpnljtains. En sorte
que, pour éviter cette contradiction , on supposa deux
espèces de primus, dont les uns étaient eo.i.mc les
patriarches et primats du premier rang, et les autres
irélaieni primais que du second rang, inférieurs en
dignité aux premiers, et supérieurs aux niéiropolilains
ordinaires. C'est de celle seconde espèce de primats
dont parle Ilincmar dans le passage que nous avons
cité ci-dessus , et en ce cas o,i peut dire que presque
tous les niélropolilains d'Occident 1 el.iient à l'excep-
tion de ceux des provinces suburbicaires, et peut-être ^
de ceux d'Afrique ; quoique ces derniers ne dépen-
dissent pas tant de l'évèipie de Carlliage que les mé-
tropolitains d'Orient ne dépendaient de leurs patriar-
ches et de leurs exarques.
Les choses ont demeuré sur ce pied là jusqu'après
leiTiilieu du huitième sèicle, car on ne doit compter |
pour rien le prétendu pairiarchai d'Aquilée, dans le
ressort duquel il ne se trouvait aucun mélropnlit ain. |
C'étail une dignité de nom seulement, et ce liom leur
venait de l'usaijc dans lequel étaient les rois golîis, qui
s'étaient rendus les maîtres de l'Italie, do donner ce !
tiire aux uiéiropiliiains et auxévèjues de leur royau- \
me , comme oii le voit dans la lettre dWthalaric au
paiie Jean. Ce titre plut à Elie , évéque o'AquiléL' (1),
qui, quehiues années après, se sé;iara de la coinnm-
nion de lEglise romaine, à l'occasion de l'affaire des
trois chapitres, d'autant l'his qu'il le croyait propri- au
dessein qu'il avait de s'affranchir de la dépend. mec du
S. -Siège ; et c'est pourquoi lui et ses successeurs ne
nianq'ièrenl pas de le retenir ; et il parut si beaii et si
inipor!anl(|uc dans la suite les empereurs de Cons-
tan'incple s'étaiit emparés de la partie maritime de
ristrie et de la Véiiélie, et le diocèse d'A(inilée ayant
été partagé en deux, l'évéque de Grade (lui en occupa
une partie, prit aussi le litre de patriarche, ce qui fut
raiifié quand les évêques d'istrie et de Yénélie ren-
trèrent dans la conmnmion du S. Siège. Celui ci s'ap-
p: !aii patriarche de la nouvelle Aquilée , et ce titre (2)
fut depuis transféré à levéque de Venise en MM par
le papeNico'as V. Telle est l'origine de ce palriarchat
et de celui de Venise , mais tout c>la , comiîie vous
voyez, n'a rien de contraire à ce que nous venons de
•Jirc.
La première église qui ait été honorée de la dignité
piiniatiale proprement dite, api es les deux anciennes
d'Occident, je veux dire celle de Rome et celle de
Cartilage, est celle de Bourges. Elle ne peut néan-
(l)Cassiod., 1. 9 Ep'sl.
l'i) Marca, I)iss. do Primalu Lngdue.
nioms avoir acquis celle prérogative que depuis l'anTSGt
puisipie le pape Adrien n'accoiaa à révê(|ue de celle
ville le pallinm que Cliarlemagne demandait pour lui,
qu'après rpril eut été informé que Bourges était une
ville mèti(q)olitaine dans l'Aquitaine, il ne dit point de
rAiluilidiie, mais dans IWqinluine. C'est ce que porto
la letire de ce prince au pape, et le pontife y eut égard,
ayant appris d'Ermenbeit lui-même qu'il n'était sous
la juridiclion d'aucun archevêque. Qui... nobis con-
fcssns est ut sub uttllius arcliuyiscopi jurisdiclione esie
vidcretur (1 ).
Jtisque-là l'arch^'vêque de Bourgf^s ne s'attribuait
rien au delà de la dignité de métropolitain. .Mais quel-
que, temps ai)rès, il prit occasion de l'érection de sa
ville en capitale du royaume d'A(iuitaine pour s'at-
tribuer le droit do primauté (2) sur les provinces de
Bordeaux , d'Auch et même de Narhonne , quoique
cette dernière ne fût pas une de ces provinces que l'on
appelait autrefois Aquitiiines. Nous ne savons si ce
droit fut accordé aux an hevèques de Bourges en
vcitu de quelque rescrit des papes , ou si la politique
des rois de France , qui voulaient peut-être par-là ac-
coutumer les esprits flers de ces peuples à leur domi-
nation en les aitiiani au cœur du royaume sous pré-
texte de tcrinioer les affaires ecdésiastifjues, fut la
cause de l'érection du cette primatie ; mais il est cer-
tain qu'elle éiait bien reconnue , au moins dans les
trois Aquitaines , dan> le neuvième siècle, comme il
paraît par la lettre de Nicolas 1 à Raoul, archevèiiuc
de Bourges, ccri'.e en 864, dans l.iquelle il le iraile de
primai et de patriarche. Cette lettre se trouve en en-
tier dans le recueil des conciles, et Gratieu en a inséré
un fragment dans son décret. 11 est même à remar-
quer que Sigcbod de Narbimne , dont l'Eglise pouvait
à S! juste titre rejeter celte prétention, avoui^il que
l'on pouvait appeler des sentences rendues dans sa
lirovince à l'archevêque de Bourges, comme à nn pa-
triarche, quoiqu'il soutînt qu'en vertu de son patiiar-
chat il n'axait aucun pouvoir sur les clercs et les biens
de l'église de Narbonne; c'est ce que l'on voit dans
cette lettre du pape Nicolas.
Cette piéémiueuce de réglisc de Bourges et celle
autoriié ((u'elle avait acquise par l'érection du royau-
me d"A(piilaiue s'a!]ail)lil bientôt après que ce roy-
aume fut éteint. L'archevêque de iNarbonn ' fut le
premier (jui recouvra son ancienne liberté sous la do-
mination des marquis de Golhie ou des ducs de Xar-
boiine ; et elle en étiit si bien affranchie en l'an 1097,
(pie le pape Liban II donna même à son archevèipie
le droit de primauté sur la province d'Aix , et qu'A-
lexandre III, dans im rescrit adressé en 1IG-i à Vô-
vèque de Bourges, ne lui confiruie son droit de pii-
inatiiî (jue sur la province de Bordeaux , sans faire
aucune ineiifioii, ni de celle de Narboime , ni de celle
d'Auch, cette dernière a\ant secoué ce joug par la la-
veur des ducs de Gascogne. Enfin, l'archevêque de
(1) Codex Carolin., ep. 87.
(2) Aldervald. Floriac, c. 53, de Translat.S. B( ne-
dicli.
or,-, ORDUi:. — TAUT. III. CÎ!AP. VU. ORIGINH DF.S PHIMATS D'OrCIDENT.
!).*,;
Bordciux liii-nicme se rolira do l'obéissmicc qil'il rttnit
rendue jiiMiin'-là à celui deDoiirgcs, à rocciision des
guerres qui s'allimièri-iil.cnlre les Françiiis el les An-
glais ; ceux-ci clnnl devenus les niailres de la Guyenne
par le mariage d'r.léoiiore. (ille diiduc Guillanine, qui
épousa le roi d'Ai glelerre aprèsavoir élé répudiée par
Louis VII, roi de France. Le roi l'inlippe-Angusle (il
ce ([u'il put pour en: pêcher que Bourges ne fui dé-
poiiillé de ce |)rivilége, connue il parail par sa leilre
au pape Innoccni 111 , en Ii28 ; mais ses efibris n'eu-
rent point le succès qu'il avait lieu d'en attendre, et
dc|)nis plus de 100 ans le nom de palriarcli!^ est de-
\en I pour les îirdie- è.|ues de Boni g s un simple titre
d'lion:ieurqui n'a aucun efl'el hors de la province ecclé-
siastique de Bourges , dans laquelle les appellations '
des sentences des évécpies sufTragans sont portées, |
quand il plait à la partie plaignante , de l'oKicial nié- j
troiioliiain à celui (pii rend la justice au nom de cet j
arclicvèquc comme primat.
ces deruiers tenq)s. On sait comment la chose s'es/
passée.
L'arclievéque de Vii'une prétend aussi à la primau-
té : mais celte prétention est plus récente, et n'est
fondée (|ue sur un rescrit du pape Calliste II, qui avait
été lui même arclievè<|ue de Vienne , et qui, conser-
vant dans le poiiiificat beaucoup de tendresse pour
son ancienne épouse, établit, en 1120,révêque de
celle église primat sur les provinces de Vienne , de
Bourges, de Bordeaux, d'Auch, d'.\ix et d'Embrun :
et afin qu'iu) cliangcment si considérable dans l'état
de PÉglise de France fut mieux reçu , le Pape préten-
dit en cela s'être conformé à ce qu'avait fait autrefois
ses prédécesseurs, et entre autres S. Sylvestre; le
tout fondé sur des écrits supposés publiés depuis par
.lean Boscli. Aussi ce privilège de Callisle n'eul-il au-
cun effet , et il n'est resté à Parclievêque de Vienne
des prérop.atives qu'il lui attribue que levain lilrede
primat des prin.ats qu'il s'est approprié depuis, parce
le ne parle pas de la dignité à laquelle le pape | que quelques-unes des églises comprises dans sa pri-
Jean Vlll, en 876 , éleva An égise de Sens, à la prière
de rempcreurCliarlcs-le-Cliauve; elle était personnelle,
et l'on sait avec quelle force Uincmar de Reims s'y
opposa au nom des évéquos de France. Le titre que
reçut cet arcbevêque de Sens eut si peu delTel, qu'au
concile de Troyes, auquel présida ce même pape en
878, llincmar lépoudit au pipe au nom de rassem-
blée, et souscrivit avant Anségise.
Le seul privilège en ce genre qui ait sorti on partie
son effet jusqu'à présent dans l'église de France,
est celui (juc le pape Grégoire Vil accorda à l'église
de Lyon, doiit il déclara l'arcbevêque primat des qua-
tre provinces lyonnaises. H y avait déjà quelque temps
que les évoques de cette ville vouiaieiit s • distinguer
des autres métropolitains. L'ambition d'Anségise de
Sens avait réveillé celle des évêques des principales
villes, qui chercliaient, ou à s'affrancliir de ce nou-
veau joug ou à l'imposer eux-mêmes aux autres. Le se-
cond concile de Cliàlons assemblé en 894 , à l'occa-
sion du moine Gerfroid, accusé, ou au moins soup-
çonné d'un crime atroce, avait donné à Aurélien le
litre fastueux de primat de toutes les Gaules. Le saint
abbé Odilon, dans la vie de saint Mayeul, dit de cette
ville, que suivant l'ancienne coutume et le droit ec-
clésiaslicpie, elle est le cbef de toute la Gaule , quœ lo-
tiiis Gnlliœ cxaiitiquo more et ccclesuistico jure rclinerel
urcem. Ain-i, il n'est pas surprenant que cette opinion
s'élanl déjà répandue dans le pays,, Grégoire VII, qui
avait été élevé àCluuy,ait déclaré l'arcbevêque de
Lyon primat des quatre Lyonnaises , eu quoi il lui a
moins accordé que ce que lui attribuait saint Odilon.
Gepcudant le rescrit de ce pape essuya bien des cou
lr;i(li(lioiis de la part de Richer , archevêque de Sens,
et de qnoicpios-uns de ses successeurs qui s'y sont en-
fin soumis aussi bien que ceux de Tours et de Uo'ien,
Raoul, évèquedc Tours, n'ayant fait aucune difliculté
sur cela , du temps même de l'érection de cette pri-
luatie; et celui de Rouen n'ayant travaillé tout de bon
à secouer ce joug do la primauté de Lvou que duis
matie avaient déjà été honorées de la primauté par
les papes précédents.
I L'Église de Tolède, après la ruine de Carthagèno,
métropole de la province Carthaginoise (1), qui fut
détruite vers le milieu du cinquième siècle , élan; de-
venue la première de la province et la capiiale du
royaume des Gollis, futdejjuis considérée en quoique
sorte comme la principale de toutes les églises d'Es-
I p:igne; et le douzième concile tenu en celte ville en
l'an 681 lui attribua une prérogative qui différait peu
I de celles dos exarques ou primats dOrieut; savoir,
j d'examiner et de consacrer tous les évêques d'Espagne
élus par les rois. Cependant ce coucile ne lui accor-
da pas le droit de connaître des appellations des juge-
monls portés par les autres métropolitains, on quoi
consiste proprement le droit de primauté. Quelque
temps après l'Espa^tnc étant tombée entre les mains
des Sarrasins, Tolède ayant gémi sous ce joug durant
368 ans, il ne fut plus question de cette espèce de pri-
maulé, jusqu'à ce ([ue le roi Alphonse VI, ayant chassé
les Sarrasins de Tolède on 10S8, le pape Urbain 11, à
la prière de ce prince, déclara Bernard, qui en était
évêque, primai de toute l'Espagne, à quoi l'évèquc de
Tarragonc s'élanl opposé , et poul-êlro quelques au-
tres, celle priuiaulé, dont les évêques de Tolède n'ont
jamais fait usage (1), s'est réduite à se faire précéder
de la croix dans toule l'Espagne, quand ils sont en
voyage , ce que le pape Martin V, leur a permis par
son rescril de l'an 1 l'Siî.
C'est ainsi que les méiropolitainsd'Occident qui tous
éiaienl égaux entre eux cl i- l'pondanls les uns des
autres, oui élé troublés dans la jouissance des droits
el des prérogatives attachées à leur dignité parTérec-
tion des primalies. Ils entraient en pleine possession
de ces droits et prérogatives en vertu do leur élection
et conséoralioii par les évèipies comprovinciaux ; et
c'est sur quoi il est encore arrivé un changement uo-
(I) Isid., 1. loOrig.
(1) Mariana, I. 11, o. 19.
955 HISTOIRE V.FS SACREMENTS
lahle dans la discipline de l'Église par le moyen du
95«
p;iirmni , que les papes leur oui accordé. Il faul en ren-
dre compte ;ui Iccleiir, qui ne sera pas fàclié d'appren-
dic comment coh> s'est l'ait. Le pallium depuis long-
temps a trop de rapport à la dignité archiépiscopale,
cl il en est trop souvent parlé dans l'histoire de TÉ-
glise, pour que nous puissions nous dispenser de trai-
ter cette matière , qui est plus iu)portanle qu'elle ne
paraît à ceux qui ne considèrent les choses que légè-
rement.
CHAPITRE vni.
Comment , par quel degré, et en quel temps le pillium
est devenu commun en Occident à tous les métropoli-
tains, et l'exercice de la juridiction archiépiscopale y
a t-il été attaché?
. Quoique l'usage du pallium fût commun à tous les
patriarches, de qui les métropolitains le rccevident
connue une marque d'honneur qui les distinguait des
antres évéques, ce n'est ncamnoins que par degré, et,
pour ainsi dire, insensiblement, que cette prérogative
est devenue commui.e à tous les métropolitains dans
hîs églises d'Oceident. Je parle ici du pallium qu'il-
recevaient et qu'ils reçoivent encore à présent du sou-
verain pontife. Car il se peut faire qu'ils avaient une i
espèce de pallium qui leur était propre , avant qne '
l'usage eût introduit celui de Rome , comme nous j
venons dans ce cliapitie et le suivant, dans lequel
i;ons traiterons de l'origine, de l'usage et des préro-
gatives de cet ornement. |
Pour entendre la nialière dont il s'agit, il faut se
souvenir qne, quoitpie le patriaicat de Rome scteii
(lil, suivant toutes les appaienees , dans tout TOcci-
ilenl, l'évèipie de Rome Ci'pendant n'exerç;iii pas pai-
(ont le même pouvoir. C'est de ces diverses manières
d'exercer le pouvoir palriarchal qu'est née la dilfé
renée que l'on remurqne dans la discipline touchant
la coiicession du pallium. Pour donner une idée de
ectle différence de gouvernement dans les églises
d'Occident, commençons par l'Afrique. Quoique ce
diocèse fùl divisé en six provinces très-éiendues ,
il n'avail à proprement parler qu'un seul primat,
(pii était l'évèquc de Carlhage : ions les antres évoques
étaient égaux entre eux, ou bien si dan>la suite quel-
ques provinces ont eu des primats particuliers , ce
droit était attribué, non aux sièges épiscopaux de cer-
taines villes, mais au plus aiicien évêque de la pr©-
vince , quelle que fût son églis ■, et il ne portait le ti-
ire ni d'archevêque, ni de métropolitain, mais on l'àp-
prlliii seulement l'évèque du premier siège, comme
il paraît par le troisième concile de Carlhage. Aussi
iaiil que celte illustre église a subsisté, elle n'a jamais
admis l'usage du |)allium romain, et aucun de ses évê-
qacs n'a reçu du pape cet ornement avant l'invasion
des Sarrasins.
Dans les Gaules et dans l'Espagne le gouvernement
ecclésiastl.iue était tout difiérent ; car les É-lises des
diverses provinces de ce pays étaient soumises à leurs
Biétropolilaiiis, et aucun d'entre eux n'était soumis à
un autre; et quoique vers les commencements du
cinquième siècle celte discipline souffrît quelque alté-
ration par l'introdiiclion des vicaires apostoliques,
cette dignité néanmoins ne devait porter aucun pré-
judice aux droits des métropolitains.
L'Illyrie avait une forme de gouvernement qui lui
était propre. L'évèque de Thessalonique y exerçait
une très-grande anlorilé, surtout depuis la ruine de
Sirmimn, la ville princ pale de l'illyrie occidentale,
sou pouvoir diflérait peu de celui des patriarches;
il s'attribuait l'ordination des métropolitains, et d'au-
tres prérogatives qui l'égalaient presque à ceux qui
remplissaient les chaires patriarchales, après lesquels
immédiatement il a eu séance pins d'une fois dans les
conciles généraux. Cette autorité de l'évéïpie de Thes-
salonique souffrit un échec considérable du temps de
l'eujpereur Justinien, qui détacha de son diocèse six
provinces pour les soumettre à l'évèque d'Acride, ville
située sur les confins de la Macédoine cl de l'Albanie,
que les Turcs nomment présentement Giustandil, où
ce prince avait pris naissance.
La partie d'ilalie, dont Milan était la ville princi-
|:<ale, formait un autre diocèse composé connne les
autres de plusieurs provinces, et jouissait de certains
privdéges qui restreignaient le pouvoir que le pape y
avait connne patriarche de l'Occident; d'où vient que
l'évèipje de Milan, le principal, et peut être le chef ou
primai de ces églises, était consacré par ceux qui
étaient sous sa juridiction, quoiqu'avec l'agrément du
pape: au moins les choses étaient-elles sur ce pied-là
du temps de S. Grégoire, connne il paraît par la 50*
letire du second livie dans laquelle il eu parle conmie
d'un usage ancien.
Oi:tre ces grands diocèses dont nous venons de par-
ler, il y en avait encore un autre, qui comprenait les
provinces diles Uiéicaires ou Suburbicaircs, lesquelles
élaiiMit lellemenl soinnises au pape, qu'il y exerçait
absolument toute la juridiction patriarchale, et même
au delà. Tous les évoques de ces provinces recevaient
d • lui la consécration. Ils avaient coutume de venir à
ilome à certains temps marqués. S'il s'élevait quelques
(liiiéienls entre eux, ou dans leurs églises, ils de-
vaient se rendre au synode aussitôt qu'ils y étaient
appelés par le pape. Ces provinces étaient propre-
ment le diocèse de Rome, dans laquelle l'évètpie do
celte première chaire pairiarcliale exerçait une juri-
diction semblable à celle que l'évèque d'Alexandrie
a voit en Égyple. C'est pour(juoi Justinien (1) parlant
de synodes des patriarches, dit positivement (jue tous
les évoques, donl l'ordination leur appartient doivent
s'y trouver, et le huilièmc concile confirme celte loi,
comme venant de l'ancien usage de l'Église. Non-
senlemenl le pape exerçait dans les provinces subur-
bicaircs la juridiction patriarchale dans toute son
étendue, mais, par un privilège particulier, qui ve-
nait d'une ancienne coutume, il y avait une juridic-
tion assez semblable à celle des métropolitains dans
i
I (1) Novclles-, consiilul. 125 et 157.
957
ORDRE. — ARl. 111. CîlAl
leurs provinces. C'était un privilège parlicnlicr à
celle église, duquel jouissait aussi le siège d'Alexau-
drie, à l'égard des provinces d'Égyple , de la Lyijie cl
de la Peniapolc; et ce privilège a clé conservé à lé-
{ilise d'.\lexaiulrie par le sixième canon du concile de
Nicèe, le(|uel, ;)près avoir réglé dans les ici 5 ca-
nons le gouvcrneuionl ordinaire des églises, cunlir-
nie dans le sixième les privilèges du siège dWlexan-
drle, privilèges (pii lui étaient particuliers, et que le
concile autorise pai l'oxoniplede ceux, dont l'èvèqne
de Konte était en possession dans certaines provin-
ces de sa dépendance; lesquels privilèges déro-
geaient au droit commun. Tel était celui de ne point
faire d'ordiiiaiion d'évéques, sinon de son consente-
ment ou par son autorité. C'est le sens le plus natu-
rel qu'il semble cpie l'on puisse donner au sixième
canon de Nicèe, par lequel nous apprenons quelle
était retendue du pouvoir que le pape exerçait dans
les Églises suburbicaires.
Ces remarques étaient nécessaires pour nous faire
connaître comment l'usage du pallium romain est pas-
sé aux autres églises d'Occident, l^cs papes ne le don-
naient d'abord qu'aux évoques qui leur étaient immé-
dialenienl soumis de la manière (|ue l'étaient ceux
des provinces urbicaires. C'est ce que fait entendre
assez ouvertement le huitième concile général (can. 17),
lorsqu'il ordonne que suivant l'ancienne coutume les
métropolitains se rendront au synode des patriarches,
dont ils reçoivent l'ordination et le pallium, à quibus
pallium suscepêre. Vous voyez par ce canon que l'o-
bligation de se rendre au synode du patriarche ou du
I rimai est joinle à la réception du pallium : et connue
il conste que les seuls èvèqui'S des provinces urbicai-
res se rendaient autrefois à Rome aux synodes ordi-
naires , et qu'ils éiaienl les seuls qui fussent ordon-
nés par le pape , on doit en conclure qu'ils étaient
aussi les seuls qui reçussent de lui le pallium. On
voit la même chose dans les anciennes formules de
la concession du palTunn , (jui se lisent dans le Ii\i-e
dit le Diurnus fiomanorum ponlificiint, que le {kto
Garnier a fait imprimer. Le pape y exliorle ceux à ijui
il l'accorde à remplir dignement les devoirs attachés
au sacerdoce, à peu près comme ce.'a se fiisiit, et se
fait encore aujourd'hui dans l'ordination des é\èques.
II exige d'eux la profession de foi, et y dit iiiusieurs
autres choses qui supposent une soinuission immè
diate. Le pape, quand il c nvoyait le pallium à ces évè-
ques absents, ce qui arrivait lors(|u'il donnait com-
mission à quelqu'un de les ordonner sur les lieux, y
joignait celte lormide d'exhortation , qui devait tenir
lieu de celle qu'il leur aurait faite de vive voix s'il les '
avait ordonnés en personne. C'est conrorniément à
celte formule que, quand le pape S. Grégoire accorde
l'usage du palliuin aux èvèqurs du diocèse de Rome,
il n'allègue d'autres causes de celle grâce que l'an-
cienne coutume, et ne dil pas un mot ni du vicariat
apostolique , ni des autres prérogatives qui ont été
depuis accordées aux évèques des autres parties de
l'Église, auxquels les papes faisaient cet honneur. On
viîi. ls.\gf: du pallium. 95I
peut remarquer ce que nous disons dans plusieurs
lettres de ce saint [wipc, et entre autres dans la .'iC*
du dixième livre : aussi la formule qui accompagnait
l'envoi du pallium , que les papes accordaient à leurs
vicaires dans les provinces des autres parties de l'Égli-
se, èlait-clle bien dilTèrente de cclli! rpii était en usage
pour ceux du diocèse de Rome, qui recevaient de lui
cet ornement, comme une nianpie de leur soumission
parliculière en sa qualité de leur patriarche , dont ils
dépendaient immédiatement, et plus que tous les au-
tres évè(pies de l'occident, ainsi ((u'on le voit par ce
qui a été dit ci-dessus.
Voilà ceux à qui les papes donnaient anciennement
le pallium, comme les autres patriarches le donnaient
à ceux de leur dépendance. Dans la suite, ils firent
part de cet ornement à ceux à <|ui ils conliaient le vi-
cariat des diverses provinces dOccidenl; et c'est ce
qui donna beaucoup de relief au iiallium romain. Cela
ne se fit pas d'abord, mais sur la fin du cinquième
siècle; puisque avant ce temps on voit plusieurs de ces
vic;iires apo^toliques , à qui les Papes n'envoyaient
point cet ornement, qu'ils joignirent depuis à la di-
gnité du vicariat, tant pour représenter plus sensible-
ment la majesté du siège apostolique, que pour s'at-
tacher davantage ceux à qui ils confiaient leur pou-
voir.
Le premier des papes qui ait joint le pallium au
vicariat apostolique est Symmaque. Avant lui , Ze-
non et Saluste, évèques de Séviile, el Jean, évèque de
Tarragone , avaient élé honorés de cette importante
commission en Cspngne , sans avoir jamais reçu la
pallium de Rome. Ou doit dire la même chose de S.
Rémi de Reims, de Patrocle, de Léonce , et de quel-
(|!ies autres évèques d'.\r!es , aussi bien que de Rufus
cl d'Aiiysius de Thcssaloniqiie, et de plusieiu'S autres,
qui tous ont exercé les fonctions de vicaires apostoli-
(pies dans les provinces de leurs départements, sans
avoir jamais reçu le pallium de Rome. S. Césaire
n;è:ne, qui le premier des vicaires apostoliques a
porté le pallium romain , ne reçut pas cet ornement
en mème-leni|is que la comndssion du vicariat, puis-
rjue cet honneur lui fut confié lorsqu'il élail dans les
Gaules, comme il paraît par la Ictlre dixième de Sym-
maque, et (pTil reçut le pallium eri personne des
m '.ins du Pajie à R'>nie, où il était allé après un voyage
qu'il avait fait à Ravenne, pour quehjues alVairos de
son église , comme nous l'apprenons de Cyprien , son
disciple, évèque de Toulon, qui a écrit sa vie (1). Ce
qui prouve que S. Césaire est le premier qui des évè-
ques étrangers ait été revêtu de riioniieur du pallium
romain; c'est ce (pie nous lisons dans la lettre du pape
Vigile à Auxanius, successeur de ce saint dans le
siège d'Arles, par la(pielle il lui nuirque qu'il lui a
confié son pouvoir dans les Gaules, suiv;int la cou-
tume de ses prèdécessems, h »|Uoi il ajoute : i et
I parce (pie nous croyons raisonnable que celui que
I nous revêtons de noire pouvoir soit orné du pal-
I lium , nous vous en accordons l'usage , comme no-
(1) Seculo 1 Benodiclino.
959
c Ire piédéct'.ssc'm' de samie iiiénioii'e l'a accordé au ;
« vôlre par l'autorité de S. Pierre. * Ces paroles sont
suffisantes pour montrer que cela ne s'était poiil fait
avant Syinniaque; car il n'aurait point passé sous si-.,
lerice les autres papes qui anraiciil fait la même cliosc
aux évéques d'Arles , si avant ce pape; il y en eût eu
des exemples.
Depuis ce temps, le pallium fut connue ainiexé in-
séparabloment avec la dignité de vicaire apostolique,
ail moins pour l'Occidenl; et il faut convenir que, si
l'usage de cet ornement était honorable pour ceux qui
exerçaient les fonctions de vicaires du Pape, cela,
d'autre pari, ne contribua pas peu à mettre le pallium
en crédit; d'autant plus que les papes avaient cou-
tume d'établir lecus vicaires , les évèquos des plus
grands sièges, et qui, indépendamment &.' cette com-
mission, avaient beaucoup d'autorité sur les églises de
leur pavs , et jouissaient de grandes prérogatives qui
les distinguaient même des autres mélropol tai::ss. C'est
ce qui fit que plusieurs é^èques aspirèrent à C(ît hon-
neur, et que de grands princes ne dédaignaient pas
d'employer leurs prières e' leur crédit auprès des pa-
pes pour l'obtenir en faveur des évèqucs (jui avaient
accès auprès d'eux, et qu'ils honoraieni de leur bien-
veillance. C'est ainsi que la reine Bruneliaud le de-
manda à S. Grégoire pour Sy;'grius , évèqiie d'Auliiii ,
cl le roi Récarède pour S. Léandre, évèque de Sé-
ville. Cet usage d'accorder le pallium à quelipies au
1res qu'aux métropolitains des églises siibuibicaires et
aux vicaires apostoliques était déjà reçu du temps de
S. Grégoire; et c'est , s'il m'est permis de me servii'
de 'Cite expression , le troisième degré de la fortinie
du pallium. On voit même qu'il pouvait èlre un peu
plus ancien que ce saint pape , comme il parait par sa
lettre au roi Uécarède (1), et par celle qu'il écrivit à
Didier, évèque de Vienne, qui lui avait demandé le
pa//ji(i«, connne ses prédécesseurs l'avaient , disail-
il , demandé et obtenu des papes : sur quoi S. Gré-
goire lui répond (pi'il n"a rien trouvé de semblable
dans les archives de son église, et l'exhorlc! à recher-
cher dans celles de la sienne, étant disposé à lui faire
le même homicur, s'il lui montre (luehpies documenis
qui piouvenl que ceux à qui il a succédé aient reçu le
pallium.
Cet empressement que témoignaient ceriains évé-
ques distinguée par leur mérite ou par la bienveillance
des princes , augmenta de plus en plus la lépnlation •
du pallium romain , aussi bien que ce que fit S. Gié-
goire à l'égard de l'église d'Angleterre, doiu il était
comme le fondateur , en acc(H"dant cet ornement à
l'évèque de Londres et à celui d'Yorek , (u'il voulait
établir les chefs et les métropolitains de tous les évè-
que de cette île (2). La chose n'eut pas lieu pour Lon-
dres, le siège archiéj)iscopal étant deuieuré à Cau-
torbéri : mais depuis , les successeurs de S. Grégoire
continuèrent à donner le pallium aux deux archevê-
ques d'Angleterre. Cependant , jusqu'au neuvième
(l)L.7. ind. 2, ep. i-27.
{i) Kp. M>. I. \i, ad Angust.
IllSTOÎRK Oi:^ SACREMKNTS. 9G0
siècle, les métropolitains ne crurent point avoir be-
soin du pallium pour les confirmer dans leur dignité,
soit qu'ils hissenl persuadés que les sacrés canons
avec l'ordination leur suffisaient pour se maintenir,
soit qu'ils eussent une espèce de pallium qui leur était
propre, cl qui les distinguait des sinq)les évèiines.
M. de Marca croit pouvoir l'assurer de ceux des
Gaules ; et véritablement il semble qu'il n'est pas
facile d'entendre autrement le sixième canon du pre-
mier concile de Màcon , qui fut assemblé en l'an 582,
sous le roi Contran , lequel ordonne que l'archevêque
ne pourra célébrer les messes sans le pallium, ut ar-
clnepiscopus sine pallio missas dicere non prwsumat. Ce
qui ne peut s'entendre raisonnablement de l'ai^chevè-
que d'Arles, qui était pour lors sujet des Goths, et
qui n'assistait point à ce concile, ni du pallium romain,
cet archevêque étant alors le seul qui jouit de cet hon-
neur dans les Gaules. 1! reste donc à dire que le con-
cile de Màcon parle d'un pallium propre aux métro-
politains des Gaules, et qui est sans doute ce ratio-
nal , raiionale , lonl il est lait mention dans un ancien
inventaire des ornements pontificaux de l'église de
Reims (I), rappoilé par Marlot, dont la forme est
assez seniblabie à l'ancien pallium romain , et la ma-
gnificence au rational du grand-prélrc des Juifs.
S. Uemi est représenlé dans d'anciennes ligures, tant
dans l'église métropolitaine de Reims que dans d'au-
tres de cette ville, revêtu de cet ornement, et l'ancien
rituel de cet église fait mention du rational.
L'auteur , qui a écrit sous le nom d'Alcuin , dit po-
sitivement ( cap. 58 j, que de son temps les mctropo-
lilains s'étaienl défaits de ce rational pour prendre le
(.ailiuiii du siéjje aposloli(iue : et nous voyons en effet
(lue, depuis (jue les archevêques se furent mis sur le
pied de demaiider à Rome le pallium , ils ne se servi-
rent plus de l'ancien que les simples évêques s'ap-
proprièienl, conni.c il paraîl par ce que dit Ives de
(>Iiarlres, dans son troisième sermon ou discours, et
par' la messe d'lll}ricus, dans bujuelle on lit une
prière Ad Ratiomtlc, qui doit être récitée par l'évèque
quand il s'habille pour célébrer la messe.
(!c rational a servi d'ornement ordinaire aux arche-
vè.'iues jusque vers la fin du huiiièmc siècle, auquel
le;i ps la plupart d'entre eux conuiiencèrcnl à se ser-
vir de celui de Rome. Ce changement de discipline ar-
riva iirincipalement par les soins de S. Boiiiface , de
Mayence, cpii , ayant fort à cœur l'union des évêques
avec le S lini-Siége , fit or.lonner dans le concile de
Soissons de l'an 742 que tous les niélropulitains de-
manderaient le pallium au siège apostolique. C'est ce
qu'il témoigne lui-même dans une lettre à un évèque
d'.ingleterrc (2).
Le pape Zacharie, qui gouvcrr.ail alors l'Eglise ro-
maine, sentit une grande joie de ce décret , que tous
les évccpies du concile de Soissons avaient souscrit et
envoyé au corps de S. Pierre, et il se disposait à en -
voyer'le pallium aux trois nouveaux archevècpies do
1) liisl Eccl. Rem., lom. 2, 1. T>.
\) Lp. iOo ad Culhlicrtum.
961 OUDIU::. — l'AKi. III. CI! A
Reims , de Sens et de lloiieu , pour lesquels S. lîoiii-
face(l), en c()n<^.éqiienec et en exéeulioii de ec dc-
crel, ravaiideiiiaiulé. Mais sa joie fut tempérée par les
rclardements «prapitortèreril deux de ces préhits;
soit, comme le soupçonne M. de Marea, qu'ils crai-
gnissent p;ir-ià de s'assujétir au Pajie plus qu'ils ne
Pétaient aiiparavaul , soil qu'ils ap|iréliend:issent que
sons ce prétexte on exigeât d'eux des sommes d';ir-
geiil pour avoir cet ornement. Q\ini qu'il en soil, Gri-
nion, arclicvéque de Rouen, fut le ^cul de ces (rois qui
le reçut , et S Boniface (2) s'excusa de son niieux au-
près (lu Pape qui , de son côté , eut soin d'écarter les
soujiçons que les évéqucs de Fiance pouvaient avoir
sur cela.
Cependant les archevêques des Gaules et de Ger-
manie balancèrent encore sur celle affaire , nonob-
stant les éclaircissements (lu pape Zacliarie; cl Ra-
ginfride, successeur de Grimou , dans le siège de
Rouen, négligea le pal.linm de Uonie , qu'il ne de-
manda jamais, comme on le voit dans le P. le Cointe,
sur l'an 751, n. 15. Peu de piéials se mirent en de
Voir de l'obtenir , excepté ceux qui voulaient, pour
quelques raisons parlicnlières, faire conliriner par le
Sainl-Siége les privilèges de leurs églises. Tilpin, ar-
chevêque de Reims, par exemple, ne reçut le pailiiun
que du temps du pape Adi ien, (pioicpie loi:g(emps au-
paravant il eût été à Rome, où Charlemagne l'avait
envoyé pour l'afiairc du pape Constantin, qui avait
envahi le Sainl-Siége; et on voit dans la lettre qu'A-
drien lui écrivit, en lui donnant celte marque d'hon-
neur, que l'intention de Til|iin, en le sollicitant, était
d'alTerinir les prérogatives de son église, qui avaient
souffert luj grand pnyudice par la mauvaise con-
duite de Milon , son prédécesseur, qui avait retenu
par la violence durant quarante ans le siège deReinis
dont il s'était emparé.
Ce fut à cette occasion que Charlemagne, prince
Irès-dévot envers le Saint-Siège, ordonna dans un de
ses capitulaires (5), que l'on honorerait les métropo-
litains qui auraient reçu le pallium, ni nielropolitani
qui paUio siiblituali essciit Iwnorurenlnr. Depuis ce dé-
cret il y eut peu, ou poial de métropolitains dans l'em-
pire français, qui négligeassent de se procurer cette
marque de considération de la pari du siège aposto-
lique.
La chose alla plus loin : plusieurs des métropoli-
lains portéienl leur respect envers le Sainl-Siége
jusqu'à ne faire aucune des fondions attachées à leur
dignité, qu'ils n'eussent reçu de Rome le pallium. Ils
ne croyaient pas néanmoins alors que la juridiction
archiépiscopale fût attachée à cet ornement, connue
on le voit par la lettre d llincmar ( ep. 26 ) au pape
Nicrslas I.qni lui avait fait des reproches de ce qu'il se
servait tous les jours du pHllium : car ce savant cvè-
qne lui répondit qu'il ne recoin aissail aucune juri-
diction ou prééminence dans cet ornement, et que ce
(1) Epist, Zachar.jinterBonif. 142.
(2 Bonif. Ep. 141, et Zachar., inier Bonif. 142.
(5) Capilular. d. 1, c. 7!},
Mil. LSAGE LL l'ALLIL.M. Û5«
qiiç les canons cl les privilèges du siège apostolique
accordaient à cluKpie métropolitain lui suffisait ; qu'au
reste", s'il avait solli( iiè les privih'gcs du Sainl-Siége
(•'('lait pour réprimer quelques hommes charnels et
igno;anls, cl les engager à avoir plus de repecl pour
son si(''ge. Fulbert de Chartres pensait de mêmc.flu
conunenccmenl du onzième siècle. Cela est évident
par la lettre (ep. 47) (pi'il écrivit à Arnoul, archevê-
que de Tours, lequel, doutant s'il devait abandonner
son siège, parce que Benoît Vill, je ne sais pour
quelle raison, refusait de lui envoyer le pallium , lui
dit que ce n'élail pas là une raison légitime de quitter
son église, et que si le pape persistait dans ce refus
injuste, il pouvait cependant exercer les fonctions de
son nnnisière, quoiqu'il avoue qu'il y aurait de la lé-
tnériié à le faire, avant ([ue d'avoir fait l(js démarches
ordinaires pour l'obteiur.
Cependant le paiie Nicolas avait déjà fait une loi
pour l'archevêque de Bulgarie (i). de ce que plusieurs
n'avaient fait jnsqn'aloi's cpie pour témoigner plus de
respect envers le Saint-Siège : car il permet, à la vé-
rité, aux évé(iues de ce pays, de consacrer leur mé-
tropolitain ; mais il défend à celui-ci de consacrer des
évêques et d'assembler des synodes jusqu'à ce qu'il ait
reçu le pallium du Saint-Siège. Le pape avait de fortes
raisons pour prescrire celle loi à l'archevêque de
Bulg;irie, que les Grecs lâchaient de s'assujétir; mais
ces raisons n'avaient pas lieu dans les autres parties
de la chrétienté. Il arriva néanmoins bientôt après
que le pape Jean VMI, qui succéda quelques années
après à Nicolas , voulut faire une loi générale dans
l'Eglise , de ce que celui-ci avait prescrit pour l'ar-
chevêque des Bulgares, et de ce que plusieurs avaient
fait par un sentiment de vénération pour le siège de
S. Pierre : c'est ce qu'il fit dans un concile de Ra-
venne de l'an 871, dont le premier canon porte, que
le mélropolitain qui, dans les trois mois après sa con-
sécration, n'aiM-a poiul envoyé à Rome pour obtenir
le pallimn, s«'ra privé de sa dignité, et ne pourra con-
sacrer ses suffraganis, ni exercer les antres fonctions
de son minisière, tant qu'il aura négligé de le deman-
der : auquel cas , les archevêques les plus voisins ,
après ui.e seconde et une troisième moinlion, pren 1
dront soin de l'église vacante et y consacreront les
évêques qui en dépendent.
Il est vrai qu'il ne se trouva à ce concile que des
évêques d'Italie , sur lesquels le pape exerçait une ju-
ridiction plus étendue : mais le pape Jean avait cette
affaire fort à eœnr, et il fil tous ses efforts pour faire
observer ce décret dans le reste de l'Occident, et en
France en parliculier : on le voit par deux lettres qu'il
en écrivit à Roslaing, archcvâiue d'Arles (2), dans
ies(iucl!es il examine son si-ntiment en cette sorte :
Uélus , (fuellc douleur pour nous ! quand nous élions
il..ns les Vailles, nous y avons trouvé un abus cnlr'autres
trèa condamnable. Les métropolitains, avant d'avoir 'cçu
le pallium du siège apostolique , ont Cuudace de faire
(1) Respons. ad Bul?., c. 72.
(i) Epist. 93ciy4. " j
i^z
lUSTOilU«: DES SACREMENIS.
964
des eonsécralions d'évêques ; ce que nous avons défendu, I
nous et nos prédécesseurs, par un décret canonique. Ce
décret doiit parle le pape Jean n'esl sans doiile
que la réponse du pape Nicolas aux Bulgares , el le
x;anon du concile de Ilaveniie, dont on vient de parler.
En conséquence, il ordonne à Uoslaing, son vicaire,
dans les Gaules, de faire tout ce qui dépendra de lui
pour obliger les cvèqncs de France à seconlornicr en
ce point à ses intentions: et pour que la chose réussît
mieux, il écrivit à tous les évècjues de cette nation en
général (cp. 95), pour qu'aucun métropolitain n'en-
treprît de consacrer ses sulFragants, sans avoir préa-
lablement reçu le palliuni.
Les monuments de ce lemps-là ne nous apprennent
pas si les instances de ce pape curent le succès qu'd
avait lieu d'en attendre ; mais il paraît par Tbistoire
des temps qui suivirent ce pape qu'elles ne furent pas
sans eflet : puisque la nécessité d'être revêtu du pal-
ium , pour exercer légitimement les fonctions archié-
piscopales , se trouve établie presque partout dans le
siècle suivant. Je pune de l'Occident et du pallium de
Rome , et je dis, presque : car il est certain (pi'avant
^.Malaciiie le pallium romain éla^t incommen Irlande,
Gorame le témoigne S, Bernard, dans l'iiisloire de la
vie de ce saint évê(iue. (Cap. 15 el IG.)
C'est ainsi que la coutume de demander el de rece-
voir le pallium s'est si bien établie dans tout l'Occi-
dent , qu'entre les autres lois, qui font partie du corps
du droit canonique , il s'en trouve sous le titre , de
fuscye el de rautorité du pallium , où il est dit , (jue j
personne ne doit prendre la qualité d'archevêque , j
qu'il n'ait reçu auparavant du siège de Kome le pal-
lium , dans lequel est renfermée la plénitude de la
jurisdiclion ponlilicale. Ce déciet fut f.àl par Inno-
cent 111, pontife très-zélé pour la déft'nse des droits
pi prérogatives du Saint-Siège, et il aiïermittcilenient
par-là l'autorité du pallium, que depuis ce tcMups per-
sonne ne s'y est opposé, l^n sorte que depuis, les ar-
chevêcpics qui entraient autrefois en pleine jouissance
de toutes les fonctions et prérogatives de leur di- 'j
gnilé, en vertu de l'électio. et de l'ordination, n'ont
1 eu presque aucune juridictioii el aucun pouvoir, el
! môme n'ont point porté cette (pialité dans leurs pro-
j vinces sans le pallium. Celle prévention avait telle-
ment prévalu parmi les lai(|ues , môme dans le 12'
i siècle , que l'archevêque de Cologne ne pu sacrer le
roi Conrad , parce qu'il n'avait point encore reçu le
pallium du siège apostolique, comme le témoigne Ot-
ton de Freising (1. 7, c, 2i).
CHAPITRE IX.
De l'oriffijie du pallium. De sa forme ancienne tant en
Orient quen Occident, et des prérogatives dont jouis-
saient dans l'Eglise latine les simples évéqucs qui en
étaient revêtus.
Puisque nous avons connncncé à parler du pallium,
doBl nous avons représenté historiquement les progrès
dans les divers 'igcs de l'Église, je crois qu'il esl à
propos, cl ([uo le lecteur verra avec plaisir, tout cr
qui concerne cet ornement célèbre, dont l'usage n'a
pas peu contribué à changer la discipline de l'Église
comme on a vu ci-devant.
Nous commencero. par rechercher son origine ,
qui est d'autant plus obscure , que les progrès en ont
été plus grands et plus rapides. Pour y parvenir, sans
nous arrêter au pallium ou manteau, qui était une es-
pèce d'habillement, communaux hommes cl aux fem-
mes chez les Grecs (I) , et (|ui répondait à la robe ,
ou toge des Romains , sur le(piel Tertullien a fait son
curieux traité de Pallio , nous examinerons d'abord
ce qu'on trouve dans les auteurs ecclésiastiques lou-
chant cet ornement , et ce qui a pu donner lieu à son
introduction dans l'Église, et dans la célébration des
saints mystères.
C'est sur quoi je vois les sentiments bien partagés,
el les hommes les plus savants suivre des roules tou-
tes différentes. On peut voir ce que dit là-dessus le
P. Ruinarl , dans la savante dissertation qu'il a com-
posée sur cette matière (2), et dont ce que nous avons
dit, el ce que nous dirons encore sur ce sujet , n'est
proprement qu'un extrait ou un abrégé. Nous nous
contenterons de rapporter ceux qui ont plus de vrai-
semblance, et qui ont été soutenus par les auteurs les
plus connus par leur érudition.
Quel([ues-uns prétendent que le pallium tire son ori-
gine des empereurs romains, qui, quand ils eurent
embrassé le chiislianisme, conununiquèrcnt aux prin-
cipaux évêques l'usage de cet ornement , dont ceux-ci
firent ensuite part à ceux qui leur élaienl soumis.
L'illustre M. de Marca (5) , el après lui M. Baluze,
sont entres dans ce sentiment , non qu'ils regardas-
sent comme véritable la prétendue donation de Cons-
tantin , dans laquelle.il en est fait menlion , el de la
supposition de laquelle aucun savant ne doute à pré-
sent, mais par d'autres raisons , dont nous parlerons
bientôt. Le cardinal Baionius rejette cette opinion (4),
comme peu honorable à l'Eglise romaine, prétendant,
qu'il est absurde de faire remonter l'origine d'un ha-
billement sacré el ecclésiastique à un pru»ce séculier.
Cependant , il est constant que l'Église a pris des
Juifs et même des païens plusieurs de. ses cérémonies,
dont nous pourrions faire ici rénuméraiion,elque ces
cérémonies n'en sont pas pour cela moins respecta-
bles, ayant été consacrées par l'usage qu'elle en a
fait , et n'ayant rien d'ailleurs de mauvais en elles-
mêmes. Tels sont entr'autres les prières et les jeû-
nes publics , les processions, etc. Ce cardinal convient
d'ailleurs (5) , qu'il n'esl fait imlle part mention du
pallium , comme faisant partie des ornements ponti-
ficaux , avant le pape S. Marc , c'est-à-dire avant le
A' siècle, quoiqu'il soit persuadé que l'origine en soit
plus ancienne. Ce qui lui fait croire que du temps de
ce pape il a été parlé du pallium, est ce que rapporte
1) Snelon. in Aug.; Tacit. I. 5 Hist.
2) Ouvrages posthumes du P. Mabill. , t. 2.
(5) L. G de Concord. , c. G.
(i) lluron., I. o Aimai., edil. Rom. p. 651.
(-■.j i)e Pallio, l. 2 Oper. poslh. MabU., p. iUSelseci.
965 ORDRE. — PART. 111. CllAi'.
Anaslasc-le-lîibliolliécaire, (jnccc poinifc en accorda
Fusage à révciiue d'Oslie ; mais ce liiotil. n'est pas sul-
fisaiit pour persiiailorque le paUiiuu fût alors en usage.
Il e.sl hieii vrai ipie, dès le temps de S. Aiigiislin ,
révèîjued'Oslie était en possession de sacrer révèiiiie
de iionie (1). Mais Anastasc e^t un auteur trop ré-
cent et trop peu accrédité , pour lairc croire, sur sa
parole, que le pape Marc a aceordé l'usage du pallium
à ce premier évè(iue de la province de Rome.
Le fondenicnl principal sur lequel M. de Alarca
appuie son opinion sur l'origine du pallium , est (jiril
paraît par plusieurs lettres des papes , qu'ils n'accor-
daient celte marque de distinction , qu'avec la per-
mission des eni] ereurs. >'ous avons un exemple re-
marquable de cette déférence des pontifes Ixomains
envers les empereurs sur ce point dans ce qu'écrit le
pape Vigile, qui , rè|>ondant à Anxanins , archevêque
d'Arles , qui lui avait demandé le pallinuï , lui dit ,
qu'il ne pouvait lui faire celle grâce, qu'il n'eût appris
auparavant si l'empereur le trouverait bun, et qui (en-
suite, ayant obtenu par le crédit de Bélisaire l'agié
ment de ce prince , marque à cet é èque, qu'il doit
rendre grâces à l'empereur et à l'impératrice, et prier
pour eux, après qu'ils ont consenti avec tanl de bonté,
qu'il lui accordât un tel privilège. Le même pape (2)
prit aussi celte précaution (piand il fut question d'en-
voyer le pallium à Aurélien , successeur d'Auxanius,
et le pape S. Grégoire en usa de la même manière
pour accorder cette grâce à Syarius , évèque d'Au-
Uin (3), comme on le voit dans sa lettre à Jean
Diacre (4), son apocrisiaire à Constantinoplc , qu'il
charge d'en demander la permission à Maurice qui
régnait alors. M. de Marca prétend que les autres pa-
triarches tenaient également cet ornement des empe-
reurs , et il le prouve par ce que dit Libéral (5) ,
qu'Anlime, en quittant le siège de Constanlinople ,
rendit an prince son pallium, ce qu'il ne pouvait faire,
selon ce savant évèque, si cet ornement ne venait point
de la libéralité des empereurs.
Mais quoique les princes fussent dans l'usage de.
faire quel<iuefois part des ornements impériaux à
certaines personnes , comme l'empereur Commode
qui permit à Claude Albin , qi-'il voulait déclarer
César , de porter le manteau de pourpre ('G) , cette
.permission que demandaient les papes à leurs souve-
rains, avant d'envoyer le pallium à ceux qui le leur
demandaient , ne prouve pas qu'ils linssent cet or-
nement de la concession des princes. Car première-
ment les papes ne s'astreignaient pas toujours à ce
joug , et ne faisaient cette démarche que lorsqu'ils en
avaient quchpies raisons particulières. Vigile et S.
Grégoire étaient dans des circonstances critiques, qui
demandaient d'eux de grandes précautions, pour ne
(1) Brevicul. collât., die 5, c. 17.
(2) Tom 5 ConC. Labb., c. 319 et 109.
(3) Kp. 6, Vigil., ibid.
(4) Ibid., col. 52.1.
(5) LiberaliBreviar., c. 21.
(Oj Julius Capitolin.
iX. UlUGINK DU PALLIUM, etc. 96G
pas s'exposer à l'indignation du prince , qui pouvait
trouTcr mauvais qu'ils eussent des relations trop mar-
quées avec des évè(|..!ies étrangers , soumis à d'autres
souverains. Ils étaient éclairés de près par des exar-
ques d'Italie, qui n'auraient pas manipié de les rendre
suspects à la cour, et voilà pour([uoi ils avaient cette
complaisance afin d'écarter tous les soupçons. Aussi ,
hors de pareilles circonstances , ne voyons-nous pas
(pie les papes aient eu recours à l'empereur pour ac-
corder le pallium ; et S. Grégoire lui-même , avant
qu'il eût été calomnié auprès de l'empereur .Maurice ,
avait dontic le pallium à Vigile d'Arles sans consulter
le prince : ce que M. de Marca avoue lni-n)ème.
De plus quand on conviendrait que jamais les papes
n'accordaient aux autres évoques cette mar(|uo de dis-
tinction sans la permission des princes, ce ne serait
pas une preuve que le pallium vînt d'eux. Les prin-
ces eux-mêmes ont donné pendant longtemps les in-
veslilures desévêchés et des abbayes par la fémle ou
bâton pastoral; s'en suit-il de-là que cela leur fût pro-
pre, et que ce bâton fût un ornement impérial? Mais ce
qui revient davantage à notre sujet, les papes et cntce
autres le pape Vigile, ont souvent demandé l'agré-
ment des empereurs pour créer des vicaires du Saint-
Sié^e dans les provinces éloignées de Rome (i), et
je ne crois pas qu'on se soit avisé jusqu'à présent d'en
conclure que les évêques de Rome croyaient que le
pouvoir qu'ils confiaient à leurs vicaires vînt de ces
princes.
En voilà assez sur cette matière : disons présente-
ment ce qui nous paraît plus probable louchant l'ori-
gine du pallium.
Ce qui semble le plus approcher de la vérité sur le
sujet dont il s'agit ici , est que le pallium a une ori-
gine commune avec les autres ornements sacerdotaux
dont se revêtaient les ministres de lÉglise lorsqu'ils
exerçaient les fonctions de leurs ordres, surtout dans
la célébration du S. Sacrifice. Car comme les mi-
nistres de divers ordres et de différents rangs étaient
distingués les uns des autres par quelques marques ou
habillenienls alfectés à l'ordre et au rang qu'ils occu-
paient , il est raisoimable de croire que les évè(iues
des principales Eglises auxquels plusieurs de leurs
confrères étaient soumis , et qui recevaient d'eux la
consécration , avaient aussi des marques distinctivcs
par lesquelles on les reconnaissait, et que celte mar-
que était le pallium que ces évoques , dont la juri-
diction s'étendait sur plusieurs provinces, communi-
quaient ensuite aux méiropoliiaiiis , qui étaient les
principaux évêques de chaque province ecclésiasti-
que : au lieu que les patriarches , primats ou exar-
(pies qui étaient consacrés par les évêques de leur
dépendance, prenaient d'eux-mêmes le pallium. Sui-
vant ce sentiment il faudra dire que le pallium est
aussi ancien que la division des provinces ecclésiasti-
ques, dont nous avons parlé ailleurs.
(1) Ep. Vigilii papa; ad Auxan. Arelat. episcopum ;
Coi*c. Labb. t. 5, col. 320.
967
Tout ce que nous IisoM<; daus les inonuinfiUs de
l'antiquilé ecclésia-.tiqiie mui' persuade (pio telle esi
l'origine de cet ornement célèi^re. Le Imitième con-
cile général supposait que celle discipline a\;iil élé
prescrite par le concile de Nicée eu 3:i5, lor^(]u'il or-
donne dans son dix-seplicuie ciiuon (i) que lous les
métropolitains convoqués pai* leurs palriaiclics, dont
ils l'cçoivenl riinposilion des mains, ou pas' lesipiels
ils sont conlirmés p;ir la concession du pallium, sire
pcr pallii daliotieiii episcopnlis dujn'Udtis firniildh'in iic-
cijyiunt, se rendront à leur synode, suivant rancienue
coutume, que le premier concile universel a ordonné
d'observer.
Ce canon nous apprend au moins deux choses très-
dignes de remarque. La première, que les palri:irclies
d'Orient jouissaient aussi bien que le pape du droit
d'accorder le palliiun aux méiropoliiains de leur dé-
pendance. La seconde, que ce droit étaii ancien. Ce
qui est si vrai, que quoique nous trouvions (pie les pa-
pes ont quelquefois créé des vicaires du S. -Siège cm
Orient, nous ne lisons j:imais qu'ils leur aient envoyé
le paliium, comme ils faisaient à ceux qu'ils établis-
saient dans les provinces d'Occident. C'est ainsi que
le pape saint Martin dans le septième siècle honora
de cette commission Jean, évéque de Philadelphie ,
mais sans faire aucune meniion du pallium; quoiqu'il
explique au long, dans les lettres qu'il lui adressa pour
cela (2) lous les devoirs et les prérogatives attachées
à celte dignité.
11 est donc incontestable que les patriarches d'Orient
jouissaient indépendamment du pape de l'honneur du
Pallium ; ce qui est confirmé par ce que dit Lil>é-
rat (3), archidiacre de Carlhage, de celui d'Alexan-
drie, que c'était la coutume dans celle Église que
quand l'évêque était mort, celui qui lui succédait pas-
sait la nuit en veille auprès de son corps , quil mettait la
main droite du défunt sur su tête, et qu'ensuite rayant
enseveli , il prenait le pallium de saint Marc, qu'il met-
tait à son cou , après quoi il s'asseyait dans le siège pa-
triarclial. C'est conformément à cette discipline qu'An-
time, dont nous avons parlé ci-devant, en quittant le
Siège de Constanlinople, remit à l'enq^ereur, par l'au-
torité duquel il y était entré, le pallium, quoique le
pape fût alors en celle ville, con)mc nous l'apprenons
du même Libérât dans le chapitre suivant. Avant lui
Métrophane, évéque de la même ville, ayant quille l'é-
piscopat à la prière de Constantiu-le-Giand, comme
Pholius le rapporte dans sa Bibliolhè(pio (4), remit
son pallium sur l'autel , ordonnant qu'on le réservai
pour son successeur.
Tout cela montre combien le cardinal lînronius s'est
trompé quand il a cru que cet ornement de lèle ,
nommé Phrygium , que Pholius et Balsamon disent
avoir élé envoyé à saint Cyrille p:ir le pape (^éleslin,
clait le pallium : car il est conslanl que cet ovnenicnl
(\) Conc. Labb. t. 8. col. 4150.
ri) Ep. 5 Martini pa|»;e, t. G Co>
CS) Breviar. c. 50.
(I) Col. 1414, edit. Genevens.
iiisroiiiE d:^3 sacrement s. ocg
' qu(^ nons appelons présentement Mitre, n'était aulre
< h tse qu'une espèce de bonnet couvert p:ir en haut
et (pli était terminé p.ir le bas d'un cercle d'o . C'était
la forme de l'ornement, dont les papes alors cou-
vraient leur lête. Le pajie Boniface VIII y ajouta de-
puis un second cercle d'or, et Urbain V, im troisième,
ce qui lui a fait doiuier le nom de Tiare.
Telle est, selon nous, l'origine du pallium, qui était
comnuni à tous les patriarches, (pii en faisaient p:irt
aux principaux évô(iues dépendants de leurs sièges.
Cl cela sans aucune dépendance les uns des autres.
Que si dans la suile les patriarches d'Orient le deman-
dèrent a:ix pipes, ce ne fut que depuis (jue les Francs
se fur ni emparés des pays orientaux dans la guerne
des Croisades, qui ne contribuèrent pas peu à augmen-
I 1er l'autorité et le pouvoir du Souvcrain-Ponlil'e dans
I celte partie de l'Église.
I Les Grecs nommaient leur Pallium Omopliorion ,
I parce (pie c'était une espèce d'iiabillenienl qui couvrait
I les épaules : en quoi il avait plus de ressemblance
i avec celui (jue les Latins portaient anciennement que
I le nôtre n'en a à présent avec celui qui ètail en usago
I dans nos églises. C'est de (jiioi n peut s'assurer pur co
I que rapporte lediacrc Jean (1) delà dèeouverledu corps
I de saint Grégoire, qui fut faite de son temps ou envi-
ron, et que l'on trouva revêtu de son pallium qui était
de lin, cl qui lui envelopp-.iil les é[)aules sans être at-
taché avec des épingles, comme cela s'est fait df|uiis.
Il parait ipic celle ancienne l'orme des palliums subsis-
tait enc(!re au neuvième siècle, par i!u ancien sacra -
menlaire manuscrit (2) de saint Rémi de Rheims, où
ce saint et le pape saint Grégoire sont représentés
revêtus de leurs habits ponlilicaux , ayant le paiiinm
par-dessus sans aucune épingle , les exlrémilés eu
étant jointes ensemble, ii la manière des Grecs.
Aujourd'hui le pallium ou VOnioplwrion est com-
nmn à tons les évoques en Orient, coumie le P. Mo-
rin nous lapprend dans ses notes sur les ordinations
des Grecs (5) ; et il paraît même que dès le temps de
Pholius , il était assez ordinaire que les simples évê-
ques fussent revêtus de cet ornemeul, puisque le pape
Jean Vlll lui délènd (ep. 202) de l'envoyer non-seule-
ment à l'archevcîque de Bulgarie, mais encon; aux
simples èvéques : ce qui marque que cela se faisait
assez conmiunément. Cela n'est pas surprenant, le
pallium dans ces églises ne donnant aucun titre de
|)rééminence , et ne changeant rien dans les rangs et
la subordination des prélats les uns aux autres, comme
en Occident, où celle niar([ue de distinction enqior-
tailde grands privilèges, princi()alement dans les pro-
vinces éloignées de Rome : car pour les urbicaii'cs ,
nous ne voyons pas que la même chose ait eu lieu.
Nous terminerons ce que nous avions à dire sur
celle matière, eu mellanl sous les yeux du lecteur les
(1) L. 4, c. 8, vila'S. Greg.
(2) Le P Menard s'est servi de ce manuscrit pour
-^l'-if M ■*» i l'fdiiion de s ui;ini:'nf.ùn^ de suint Grégoire, et il
44*ir<- qu'i fl élé é< rit Jjii tWKp dû Chîrlemagne.
D6g
ORDRE. - PART. III. CUAP. IX. ORIGINE t.U PALLIU.M, etc.
970
priviléiïes que les simples évèqnos se sont atlribucs à
roctasiiMi du p:illiiiiii. Le premiir a élé le nom d'ai-
chevè(|ue , que preuaieiil ceux qui avaient reçu du
'pape celle marque de distinction : le second élait
'exemption de la juridiction de leurs mélropolilains.
Les choses n'en sont pas venues d'abord à ce point,
par les sages précautions que prenaient les papes en
accordant le pallium, d'avertir qu'ils ne voulaient pas
que cela portât préjudice aux droits des mélropoli-
lains et des aulres éxèques, et que la discipline des
églises en soulfrit. C'est ainsi que le pape iiormisdas
en usa , iors(|u'd t léa son vicaire en Espagne, Jean,
évèque de Tarragone, et Symmaque, quand il lit le
même honneur à saint Césaire. Saint Grégoire fut
aussi très-altentif sur ce point, lorsqu'il accorda le
pallium à Tévèque dAutun , poiu- lui et pour ses suc-
cesseurs, lui (léclaranl (1; qu'il demeurerait soumis à
l'archevêque de Lyon , et cpi'il aurait seulement le
premier rang entre ses sullraganls. Les choses de-
meurèrent en cet élat à peu près jusqu'au neuvième
siècle.
Alors on vit ceux qui avaient reçu de Rome le pal-
lium, prendre le titre d'.irchevèques, et vouloir se-
couer le joug de l'obéissance canonique, lant il est
diliicile de donner des bornes à r.imbil.on , surtout
lorsqu'elle e&t couverte du prétexte spécieux de pro-
curer l'honneur el l'avantage de l'Eglise. Le premier
qui cerlainemenl ait pris le nom d'archevèipie à cette
occasion , a été Godegrand , évèque de Melz , le-
quel ayant procuré de grands secours à Etienne 111
que le roi des Londiards voulait (q)primer, el l'ayant j
accompagné quand il vint en France trouver le roi
Pépin pour implorer sa proleclion, reçut de ce pon-
tife riiouueur du pallium. Angelram, son successeur,
s'attribua aussi le titre d'archevêque, et il est qualifié
tel dans quelcjues vieilles chartes, et dans le concile ,
deFrancfurl de lan 794. Drogon, (ils de Cliarlemagne,
prélat également dislingué par son mérite et sa nais-
sance, fut aussi (jualilié d'archevêque, lant à cause du
pallium , que de la légation des Gaules et de la Ger-
manie, que lui conféra le pape Sergius l'an 844. Il
exerça même pendant quehiue temps les fonctions
atlachées à celle charge sans conlradiclion, en sous-
crivant aux conciles avant les autres archevêques {"2),
et même avant son métropolitain. Mais dans la suite il
eut des oppositions à essuyer, enire autres au second
concile de Vernon (cm. 1 1) ; el ily a lieu de croire que
ce prélat, qui élait doué d'une modesiie singulière,
ne se mit pas en devoir de pousser les choses plus
loin, pour ne point do. .lier lieu à des conleslalions
fâcheuses, et à des scandales dans l'Eglise à son oc-
casion. C'est ce qui fait dire à liiiicmar, que ce privi-
lège de Urogon n'eut point d'elTel.
Comme les papes accordaient souvent cet honneur
aux évêquesde Metz, Berlulfe, archevèijue de Trêves,
craignant enfin que ce titre d'aichevéque que son suf-
(1) Greg. 1. 7, ep. 113.
(2) Au concile de Thionville et !* l'assemblée d'In-
gelhcim.
TH. XX.
fragant portait, ne nuisît au droit de son église , et
(|u'il ne s'allribnàt la dignité de inétropoliiaiii, refusa
de recevoir les lettres du pape Jean , qui avait doiiiié
le pallium à Wala, évêtpie de Melz, selon Flodoard ( I ).
De plus il lui en interdisait l'usage, à moins qu'il ne lui
eût auparavant demandé la permission de le porter.
C'est ce que nous lisons dans les Annales de 'I rê-
ves (Labb.). Ces oppositions lurent cause sans doute
que les papes furenl plus réservés dans la suite pour
donner-le pallium aux évêques de Metz, puisque de-
puis Robert, qui succéda à Wala ou Waion, nous n'en
connaissons point qui ait eu le pallium, à l'exceplioii
d'Etienne de Bar, qui l'obtint du pape Calixle II, son
oncle , sous la condition que cela ne porterait aucun
préjudice aux prérogatives de l'archevêque de
Trêves.
Quelquefois les papes, en accordant le pallium à de
simples évêques, y joignaient 1.' privilège de ne pouvoir
être jugés que par le Pape, si une fois ils avaient appelé
au siège aposloii(|ue. C'esl ce que fit Adrien 11 à l'é-
gard d'Hébard, évèque de Nantes (2). D'où vient
qu'en vertu d'un semblable privilège , Théodulphe
d'Orlé.ns, accusé de conspiration contre son souve-
rain, refusa de subir le jugement , non seulement de
son méiropulilain, mais même de toute l'église Galli-
cane assemblée en concile, qui ne laissa pas néan-
moins (le porter sentence contre lui.
Le i-ape Léon IX fit plus en faveur de l'évêque de
Mende, auquel, en donnant l'usage du pallium, il or-
donna qu'il ne pourrait élre consacré par aucun autre
que par le souver.iin pontife, ce qui l'a rendu par-là
suffi agaiit immédiat de Rome, en sorte qu'il ne rc-
connait aucun autre métropolitain que le Pape.
On sait combien de troubles a causés dans l'Eglise
Gallicane la prélenlion de l'évêque de Dol en Breta-
gne, qui, sous prèle.vte du pallium, s'ériga, de sa pro-
pre autorité, en métropolitain, voulant se soustraire,
j lui et plusieurs aulres évêques de celle province, à la
métropole de Tours. M. Fleuri en parle souvent dans
son Histoire ecclésiastique. Ce scandaleux procès dura
plus de trois cents ans, cl fut enfin terminé par le
pape Innocent III dont la pénétration d'esprit extraor-
dinaire lui faisait saisir aussitôt le vrai dans les affai-
res les plus embrouillées
Ce sont de pareils inconvénients qui ont arrêté le
cours de ces grâces en faveur des simples évê.|ues.
Les papes ne les ont accordées depuis longtemps que
rarement, pour ne point troubler l'ordre établi entre
les évêques et la subordination que l'Eglise a mise
entre eux.
Ce qui a pu donner lieu à ces prétentions exorbi-
tantes des simples évêques honorés du pallium, a élé,
outre la persuasion dans laquelle on était au neuvième
siècle , que cet ornement était la marque distinetive
des archevêques, l'exemple de S. Villibrord et de
S. Boniface, lesquels n'étant encore qu'évêques régio-
(1) Lib. 3Hist. Ecd. Remens., c. 23.
(2) Epist. (»Sirnioii(l., l. 3 Conc.
31
971 HISTOIRE DES
naires, avaient reçu, avec l'usage du pallium, le lilre
d'arolievc'|ucs, comuie le lénioigne Bède du premier
de ces saints (1. 5, c. 12), et connue nous l'apprenons
du second, par tous les monuments du temps, dans
l'escpiels on voit qu'il était reconnu pour tel , avant
même qu'il eùtélé allaclié à l'église de M.iyence. Mais
ces exemples n'auraient point dû tirer à Ciinsé(|uence :
ces saints missionnaires n'ayant souslrait aucune
église à la juiidictiun de leurs métropolitains, et
n'ayant travaillé qu'à en ériger de nouvelles dans des
pays où la loi n'avait point encore été prèchée.
CHAPITRE X.
Des archiprêlrcs, - de leurs prérogatives dans les diffé-
rents temps. Comment ils ont été dans la plupart des
endroits assujettis aux archidiacres ; retranchemenl de
leurs pouvoirs.
Si la nécessité de conserver le bon ordre dans
l'iiglise univeisclle a lait établir divers rangs parmi
les évèqiies , outre la primauté que le Sauveur lui-
même avait donnée entre tous à S. Pierre et à ses suc-
cesseurs , il ne faut pas s'étonner si le nombre des
ministres de l'Eglise b'étanl multiplié à pioportion de
celui des (iilèles, on a établi de la subordination dans
chaque é.-lise particulière , non seulement dans le
reste du cleigé en général, mais encore entre ceux du
clerué (pii élaienl honorés du même ordre et tenaient
le même rang dans la hiérarchie , afin que tout se fit
avec plus de décence, et d'éviier par ce moyen la con-
fusion qui nail nalurollement de l'égalité, qui se
trouve entre plusieurs personnes chargées des mômes
fonctions. C'est dans celle vue que les anciens ont
voulu que les archiprélres précédassent le reste des
prêtres , les archidiacres ceux de leur ordre , et les
primiciers les ministres inférieurs de l'Eglise. C'était
ce bel ordre qui faisait l'ornement précieux de l'Eglise,
qui la rendait respectable aux peuples et qui la faisait
ressembler à une armée rangée en bataille.
On ne peut maniuer au juste quand ces rangs
(llionneur ont commencé dans l'Eglise ; cela s'est
fait dans certains endroits plus tôt, dans d'autres plus
lard, suivant que la foi y a éié annoncée plus tôt ou
plus lard, et qiie le nombre des ministres de l'Eglise
s'y est accru assez pour former un corps considérable
de clergé, ce (jni ne s'est f lit (jwe petit à petit et à
mesure que les besoins du peuple fidèle se niulll-
pliaiei.t. Alors les évê(iues ne [louvanl suffire à tout ,
orilonnaient des prêtres et des diacres, pour les sou-
lager dans leurs différentss fonctions; et ceux-ci ne
pouvant encore y suffiie, surtout depuis (pie les églises
furent deveimes nombieuses, etqu'c lies eurent acquis
des biens, dont il fallait faire u. e sage dispensation ,
on créa , outre ceux du clergé dont nous- venons
do parb-r, divers ministres inférieurs, pour aidei' et
soulager les autres, tant à l'égard du ministère dCvr^ii-
lel et de tout ce qui avait rapport aux assemblées de
religion, qu'à l'égard de l'administration des biens
temporels , et de 1.; distribution (pii devait s'en faire
3UX pauvres, aux veuves, aux orphelins, etc.
SACREMENTS. 972
On établit donc les archiprélres dans les églis( s
particulières , tant dans les villes épiscopales qu'à la
campagne, quand le sénat des prêtres fut formé dans
les villes et que le christianisme eut fait un lel pro-
grès dans la campagne, qu'il fut besoin d'y ordonner
plusieurs prêtres pour y administrer les sacrements ,
y instruire et gouverner le peuple lidèle. S. Grégoire
de Nazianze fait assez entendre que celte dignité élait
déjà établie de son temps , quand, racontant la pre-
mière visite qu'il rendit à S. Basile, après sa promo-
tion , il dit (1), qu'il lui olfrit l'honneur de la
chaire, c'est-à-dire , séance dans le saiicluaire et le
premier rang entre les piètres, -criv twv TrpesêuTspwv»
nf>oTii/.r,<:fj, qu'il refusa, avec sa modestie accoutumée.
Ce qui fait voir que non seulement il y avait un prê-
tre qui , en vertu de son rang , prenait place dans ce
lieu saint, qui s'appelait le tribunal, Ô7iy.y., mais que ce
rang n'était pas toujours attaché à l'ancienneté de
l'ordination , quoique sans doute cette place fût dé-
férée pour l'ordinaire au plus ancien prêtre , comme
on verra ci-après. Libéral conlii'oie cette pensée ,
lorS(|ue, |)ailanl de la promoliou de ?roterius, qui fut
élu archevêque d'Alexandrie, après la déposition de
Dioscore au concile de Calcédoine, il dit (cap. li ) ,
(|ue cela se fit , parce que Dioscore lui-même l'avait
fait son arehiprêtre , et lui avait commis la conduite
de son église, lorsqu'il alla au concile : In Prolerium
invversorum sententia deciinavit, ulique oui et Dioscorus
commendavit Ecclesiam, qui et eum arcliipreshytirum
/'eccra/. Cel auteur, qui parle ici à la manière des La-
tins, chez qui le terme (ïarcliipiêtre était usilé, au
lieu que chez les Grecs on les nommail simplement
premiers prêtres, TrfWTOTrpetrêuTspot, nous apprend en
même temps (pie le choix de ce premier prêtre appar-
tenait aux évèques en Orient, et (pic les fonctions qui
étaient attachées à ce rang d'honneur éiaient très-
considérables, et donnaient à ceux qui les exer-
çaient une espèce de droit de monter à la chaire
poniiticale , après la mort ou la déposition du
prélal
11 était assez convenable que celui qui tenait le pre-
mier rang dans le clergé, après révô(pie, et qui avait
donné des preuves de sa capacité, en aidant celui-ci
à remplir ses devoirs et ses fondions , lui succédât.
Ce fut dans celte vue (lue S. Félix de Noie (2) refusa
l'épiscopat, pour lequel il était demandé d'une voix
commune, disant qu'il était juste que Qnintus , qui
avait été ordonné prêtre avanl lui, fût aussi évêciuc
avant qu'il le fût lui même.
On a\ait donc beaucoup d'égard à l'aneienneté de
la prêtrise en Occident, et il ne paraît pas que les
évèques fussent communément en droit de mettre à
la 101(2 des prêtres ceux dont l'odination était plus
,r€Cenle, puisque l'on considérait même comme une
injustice, au moins dans certaines circonstances, de
ne point déférer l'épiscopat au plus ancien prêtre ,
(1) Orat. 20.
(5) Paulii!., iiatali 5 S. Eelieis.
975 ORDRE. — PART. 111. Cil
quand il n'aTait rien l'ail qui Jeu reudii indique, qu'il
avait d'ailleurs les lalenls el les verlus nécessaires, et
propres à remplir celle place éminenle. S. Li-on nous
apprend (ep. 5) (incllc clail sur ce point la discipline des
églises dOecidcnl, lorscpie, ayant ap|>ris (|ue Dorus,
évéque de Bénévcnt , avait donné à un prêtre , nou-
vellement ordonné, le premier rang et la préséance
avant tous les autres prêtres de son église , et (|ue les
deux anciens prèlres y avaient consenti; il lit une
sévère c(trreclion à cet évéque d'avoir renversé l'ordre
canonique de son clergé , et d'avoir laissé prendre à
un ambitieux usurpateur les avantages qui n'étaient
dus qu'à ceux que leur âge, leur expérience et leur>^
services rendaient vénérables ; il déclare que ces deux
anciens prêtres n'auraient pas dû céder leur |)ri-
mauté, et n'avaient pu, en la cédani, reculer ceux qui
élaienl plus jeunes qu'eux. Enfin, pour punir la lâche
conq)laisaiice de ces deux anciens, il ordonne qu'ils
seront, à l'avenir, les derniers de tous les |.rêlres de
cette église; et il assure, qu'à moins d'adoucir la ri-
gueur des canons, il eût fallu les déposer, licct privari
etiam sacerdolio mererentur.
Le quatrième concile de Carthage nous fait con-
naître (eau. 47) quels élaienl les devoirs des arcbi-
prélres , lorsqu'il ordonne que révê(pie prendra soin
des veuves, des pupilles et des étrangers , non par
luiTmème, mais par son archiprêtre ou son archidia-
cre, non per seipsuni, sed psr archipresbylerum... agat.
Ces paroles n'expliquent point loules las fondions
afléclées à cette dignité; mais en spécifiant celles-ci,
elles font entendre que l'arcliiprélre el l'arcbidiacre
élaienl comme les vicaires nés de Tévéque , auxquels
il faisait part de ses soins et di; son autorité , selon
leurs talents et la confiance qu'il avaii en eux.
Jusqu'alors, je veux dire jusqu'au cinquième siècle
el après, dans plusieurs églises il ne parail pas quïl y
eût plus d'un archiprêtre el d'un a)"chidiacre dans
chaque diocèse. S. Jérôme le dit positivement de son
temps. Singiili ecclesiarnni episcopi, singuli arcliipre-
sbijteri, simjidi urcindïaconi, et omnis wdo ecclesiaslicus
suis rectoribus nililur (i). Mais dans la suite on en
établit aussi à la campagne , qui étaient chargés de
veiller sur les prèlres piéposés pour le gouvernement
des paroisses el des clercs qui les aidaient dans leurs
fonctions. A l'exception de la juridiction purement
épiscopale, ces archiprélres faisaient la n)ênie chose
que les cliorévèques, el leur autorité s'étendait non
seulement sur le clergé des bourgs où ils faisaient leur
réMdence, mais sur diverses paroisses, el sur les curés
cl aulrefe ccclésiasliques destinés à gouverner ces pa-
raisses.
Le nombre de ces archrprélres s'atigmenla consi-
déiablemenl depuis que l'on eut abnigé les chorévô-
qncs, mais il y en avait déjà du temps même que les
chorévê(|ues élaienl employés. S. Grégoire de Tours
en parle en plusieurs enwoils et ses écrits (2) ; et il
lij Epist. adRustic.
(2) Miracul., 1. 1, c. 78; 1. 2, c. 2i2, de Gior. c )iTf.
.ç. 5; Vil» Palrum., c. 9.
AP. X. DES ARCmPRÉTRES. 974
parait par plusieurs conciles des sixième et septième
siè.les , que leur antruité était très grande. Le con-
cile de Cliàlonssur-Saône (I) défendit auv juges sécu-
liers de cOMlinner les courses ou les visites qu'ils
avaient commencé de faire dans les paroisses de la
campagne et dans les monastères, s'ils n'y étaient
conviés par l'arcliiprêtre ou par l'abbé. Les arcl.i-
prètres , sans recourir an bras séculier, avaient aussi
le pouvoir de châtier les prêtres, les diacres et les
autres clercs qui élaienl en faute , car le second con-
cile de Tours (2) les condamne eux-mêmes à faire pé-
nitence dans un monastère , s'ils n'ont pas veillé sur
la continence des prêtres, des diacres et des sous .
diacres avec leurs femmes, et à y jeûner un mois en-
tier au pain et à l'eau , s'Us ne les ont pas punis ri-
goureusement, en cas qu'ils aient fiiit quelque ch(»se
contre la purelé cléricale. Le synode d'Auxerre (3)
impose de même un an de pénitence à ceux qui seront
négligents sur ce point. Mais en même temps (can. U)
il retranche de la communion les laïques qui n'obéiront
point aux avertissemenls de l'archiprélre , et il ies
soumet , outre cela , à la peine temporelle que le roi
avait prescrite pour ces désobéissances : Insuper el
mulctam quum rex prœcepto stio insiittiit , suslineat
(can. 43).
Tout cela prouve que les archiprélres, qui étaient à
la campagne, avaient une assez grande juridiction sur
les curés et les autres ecclésiastiques de leur ressort.
Nous apprenons même par le second -oncile de Tours
(can. 7), que. lorsque les évêques les avaient une fois
institués, ils ne pouvaient plus les priver de cet em-
ploi que dans un synode, el par le coi.seil de tous les
prêtres et des abbés. Si les archiprélres du dehors
jouissaient d'une telle autorité, il ne faut pas douter
que celui de la cathédrale n'eût des prérogatives sin-
gulières et qui le distinguaient de tous les autres. Il
éiail si respecté à Rome, que, pendant la vacance du
Sainl-Siége, il était la première personne du clergé et
chargé <lu gouvernement de l'Eglise, avec ce privilège
singulier, qu'il précédait même le pape élu. Cela pa-
raît évid(Miimeiit par la lettre que l'église romaine
envoya en Irlande ou en Ecosse, pour l'affermissement
de la foi et de la discipline, et que Bèdea insérée dans
le second livre de son Histoire (caji. 13). Elle porte,
en effet, les noms àHilaire , archiprêtre, et tenant la
place du Sninl-Siége apostolique, de Jean, diacre (4), et
t'7?( «K HO/» r/t' />/c'« (pour remplir leSaint Siège) rfcJcflH,
piimicier, et de Jean , conseiller du Siège apusloligue.
{ Hilarius archipresbijter servans locum sanctœ Scdij
« apostolicœ , Joannes diaconus et i» -")« iiomine elc-
« dus, > etc. Non seulement il y avai' ;in archiprèl! o
de l'église cathédrale , outre ceux de la campagne ,
desquels nous avons expliqué eu partie les devoirs cl
les prérogatives; mais il parait même que dans les
grandes villes, comme à Rome, il y en avait dans
(1) An 650, cit.
2) An 567, c. 19.
(3) An 578, c. iO.
(i) C'est le papo Jean IV.
^,j, HISTOIRE DES
plusieurs autres églises , puisque le concili; tenu eu
celle ville, sous le pape Syniiiîa(pic, rcpréseiilc, dans
5cs SGUscriplious, le nom de Laurent, aiciiiprétre de
Sainte-Praxéde. que dans une autre assemblée , sous
Léon IV, on y lit le nom de Romain, arcliiprêtre du
litre deSaiiile-Pudentianne; et que, dans les conciles
généraux sept et huitième (1), il est fait mention de
Pierre, archiprêlie de Saint-Pierre et légal du pape ,
cl de Laurent, arcliiprélre de Saint-Laurenl in Lu-
ànà. Kncore aujourd'hui les trois églises patriarcales
de Rome , savoir : telle de Sainl-Jean de Latran, de
Saint-Pierre du Vatican , et de Sainte-Marie-Majeure,
ont leurs archiprèlres, et depuis quehiues siècles
cette dignité est affectée à des cardinaux. Cela s'est
ainsi pratiqué à l'éi^ard de l'église de Latran , depuis
Boniface VIII , qui changea hs chanoines de cette
église de réguliers en séculiers (â), et le cardinal
Jacqui s Colonne, avant Boniface , était archiprétre de
Sainte-Marie-Majeure.
L'aiitorilé des archiprèlres de la campagne s'accrut
consiilérahlemeut dans le moyen-âge, à cause des
fréquentes absences des évêques que la nécessité de
suivre la cour de nos rois, qui avaient beaucoup de
conliance en eux, faisaient souvent sortir de leurs
diocèses. Les parlements qui se tenaient aussi tous les
ans, et dans lescjnels ils avaient le rang le plus hono-
rable et le service de guerre qu'ils faisaient souvent
en pers<tnne, à cause des (iefs qu'ils tenaient de la cou-
ronne, les empêchant de faire une résidence exacte ,
lis eiaieui ..biiçTÔs de partager avec leurs archiprèlres
le som (lu gouvernement de leins cj^lises et de se re-
poser sur eux d'une partie de leurs fonctions. C'étaient
eux qui présentaient à l'ordination ceux (jui asi)iraienl
aux ordres sacrés (3). Ils étaient ciiargés de faire ou
faire faire les procès aux auteurs des maléfices (4), à
Dndiiiou de ne point leur ôler la vie. On voit, par un
règlement altrihuc au concile d'Agde , mais ([ui con-
vient mieux au temps de Régincm (5), qui le rapporte
aussi bien que Burchard (G) et Gratien (7) , qu'ils
étaient aussi obligés de veiller siu- les pénilenls de
leur res orl, el de rendre témoignage à lévè(iue de
la manière dont ils s'étaient conduits dans le cours de
leur pénitence , el d'appuyer ce témoignage de celui
du curé de la paroisse el de quelques témoins. Les
statuts de Riciille de Soissons (cap. 20) portent ipic
les curés de cha(iiie doyeniié devaient s'assembler
tous les premiers jours de chaque mois , pour traiter
de ce qui concernait leurs paroisses , et quand ils se
menaient à table pour prendre leur réfection . c'était
à l'archiprèlre à faire la prière, selon Réginon (8).
Enfin, suivant le concile de Pavie (9), les archiprèlres
(1) Concilio generali Vil(, aclione 7.
(2) Oclav. Pancyr. , de Thesauris abscondilis ur-
bis Rom;ie.
(3) Conc. Nann., can. li.
h) Capituler, anni 805.
(5) Rcgin., I. 1, p. 741.
(0) Burchard, I. 19, c. 2G
(7) Grat., d. 50, c. 64
(8) Lib. l,c. 215.
(9) An. 850, can. C.
S.\CREMENTS. 978
devaient obliger ceux qui avaient commis des crimes
publics à f.iire aussi pénitence publicpie, cl désigner
ceu\ des cuiés et des piètres de leurs districts qu'ils
en jugeraient les plus capables pour entendre la con-
fession des fautes caciiées.
Ces pouvoirs et ces prérogatives enflèrent le cœur
aux airhiprêtres, el il s'en trouva qui en abusèrent
pour faire des extorsions sur le clergé et sur le peuple
de leur dépendance. Le second concile d'Aix-la Cha-
pelle (1) s'en plaignit, et voulut arréler le curs de ce
désordre qu'il reproche aussi aux chorévèques el aux
archidiacres. Nous avons appris, disent les évèqii s de
celte assemblée, que les miuislres de cerluins évêques,
savoir, les chorévèques. les archiprèlres et les archidia-
cres, exercenl plutôt une sordide avarice sur les prêtres
et le peuple de leurs cantons, qulU ne veillent à futiliié
de VEqUae et au snlut du peuple. Le concile de Pavie (2)
spécilie ce que l'on reproche ici aux archiprèlres, en
disant qu'il faut abolir la détestable c(uitumc qui
commençait à s'introduire en ([uelques endroits, où
quelques archi|irèlres et ipielques autres titulaires em-
portent les revenus des antres églises en leurs mai-
sons. Tollenda est enini prava consuctudo, quœ in non-
nultis locisoriri cœpil,quia nonnulli archipresbyteri, vel
aliornm titulorum custodes, j'nuies, vel aliarum eccle-
sinruni redilus ad proprias domos abducunt. Voilà peut-
être, dit le P. Thoniavsiu (5), les commencements des
dé|)i)rts ou des annales que les arcliiprelres ou archi-
diacres prenaient sur les cures vacantes, dont ils
1 étaient les gardiens, el dont ils faisaient porter les
I fruits chez eux (tl'où vient peut être ce terme (ie dé-
! port), et dont ils changeaienl la garde en dépouille,
c'est-à-dire, la conservation Cii pillage. Hujus e.rpi-
! lalionis tanquàm furti reos.
Les archidiacres ne donnaient pas moins lieu aux
, plaintes que les arcliiprètrcs, mais ceux-là surent
mieux se soutenir, et plusieurs choses contrihuèreiit à
él ndre leur autorité; nous aurons lieu d'en parler
d;ins le chapitre suivant. 11 nous suffit de remari|uer
ici que la juridiction des archidiacres s'accrut de lelic
sorte, que les arctii|U"èli'es eux-mêmes n'en furent pas
exempts, en sorte qu'ils avaient droit, dans le trei-
zième siècle eldès auparavant dans iihisicurs endroits,
de les instituer et de les destituer de concert avec
l'évèque ; c'est ce qui paraît pnr une réponse du pape
limoeenl 111 (4), el Arnoul de Lizieux dit neltenient
que c'esl à l'anhidiacre de i)réseiiter rarcliiprèlie à
l'évê )ue, qui peut le refuser s'il le juge indigne de
celte charge, mais qu'il ne peut instituer un archi-
prétre malgré l'archidiacre, parce que ce serait lui op-
poser un autre archidiacre dans son archidiaconé.
Ciini ei in archidiaconatu suo alius quodanimodb archi-
diuconus unnascnlur (5).
Lu si gr;md changement ne survint pas loul-à-coiip
(1) An. 8.06, ci.
(2) An. 855, can. 5.
(3J De la Discipline de l'Eglise, t. 2, part. 3, 1. 1,
c. 11
(A) C. Adhœc, de Officio archidiaconi.
(5) Arnulph. Lexov., Ep. 27. j
977
ORDRE.
PART. m. CHAP. X. DES ARCIUFUÊTRES.
978
sans doute, cela n'a pu se faire que petit à pelii et in-
sensiblement ; mais rien ne citntribua |»lns à dégrader
ainsi les arcliiprèlres el à les mellre dans la dépen-
dance de ceux (|ui, suivant l'ordre de la hiérarcliie,
K'ur étaient inférieurs, (pi'une période (pie quelqu'un
jugea à propos d'insérer dans une lettre de S Isidore
de Séville à LenlVoid, évè(pie de (>oidoue, à qui il
( xplique les devoirs des archidiacres, hupiclle période
:» depuis été cilée par Gratien dans son décret (1). La
voici telle qu'elle se lit dans rei:droit indiqué : Or.
'lue rarcliifirêlre sache qu'il est soumis à V archidiacre.
Il fju'jt doit obéir à ses ordres comme à ceux de l'évèqiie,
juil appuriieiit spé ialement à son ministère de prendre
soin des prêtres de son ressort, d'être toujours à l'é-
glise, de célébrer la messe solennelle à l'absence de l'évè-
que, et de dire les collectes ou de désigner celui qni le
fera. Ces paroles transentes dans le décret aclievèrenl
de rn ncr l'autorité des arciiiprètre-, et elles passèrent
en loi dans la plupart des églises d'Occident. Cepen-
dant S. Isidore, à qui on les attribue, n'avait rien dit
(le seniltl ble, non plus que le concile de Tolède,
d'après leipiel on les cite {extr. de Officio arcliiprcsbtj-
tcri, c. 1), et elles ne se trouvent |)as dans m) très-
ancien manuscrit de la bibliollièipie du roi d'E^pagne
à Madrid, lequel contient la lettre de S. Isidore à l'é\ê-
qne de Cordouc, connue Ta remarqué Garcias dans ses
jioies sur le huitième concile de Tolède, non plus que
dans Bnrcliard, qni rapporte la lettre de ce saint dans
son .5° livre, c. 41. De plus, celui qui a donné l'édition
du décret d Ives de Chartres, a mis à la marge, à côté
de ces paroles ajoutées à la lettre en question, cette
remarque : On ne trouve point cela dans le manuscrit
du roi, et il m'a toujours paru suspect, parce que l'archi-
prétre y est soumis aux archidiacres, ce que personne,
tant soit peu versé dans les canons des conciles, ne peut
ignorer. Enfin, comme dit le P. iVlorin (2), celle pé-
liode est contraire an d voir de l'archidiacre, tel que
S. Isidore le décrit dans celle lettre, car il ne lui at-
tribue d'autorité que sur les autres diacres et sur les
clercs inférieurs, et il n'y fait aucune mention des
prèlres ; et quand il compare les prêtres avec les ar-
chidiacres, il parle toujours de ciux-ci comme étant
les ministres des prêtres et non leurs mairies, ce que
le lecteur peut aisément reconnaître par lui même.
Nonob-lanl celte maxime placée dans le corps du
droit canoni(iue , laquelle assnjétissait les archiprê-
tres aux archidiacres, l'ancien usage piévalut en plu-
sieurs endroits où ils conservèrent beaucoup d'autorité,
dont quelques-uns même abusèrent, en sorte que l'on
se trouva dans la nécessité de les réprimer, surtout à
l'égard de la juridiction contenlieuse qu'ils exerçaient
et dont les synodes des treizième et quatorzième siè-
cles ont retranché l't'lendue en plusieurs occasions.
Le concile de la province de Tours, t< nu à Laval
en 12i2, leur défendit (cap. 4), aussi bien qu'aux ar-
chidiacres, de juger des causes matrimoniales, des
causes de simonie, et enfin de celles où il s'agissait
, (1) Dist. 27, c. 1.
* (2) De Sacr. Ordin., part, ô, excrc 1-4, c. 3.
de la déposition, de la dégradation ou de la perle des
bénéfices, s'ils n'avaient luie commission particulière
de révê(|ue. Ce concile leur défendit aussi d'avoir des
officiaux. Tonles ces défenses avaient déjà été faites
au concile de Château Gonlier (eau. 8), eu 1231, et
elles furent réitérées dans celui de Saiimur en 1253,
où on ne lein- permit de juger »rl de prononcer hors
les villes qu'en propre personne, el non pas par des
officiaux ou des subslitnis à gage. Le concile de Lan-
!,'és (eau 2), en 1278, réitéra la même défense contre
les officiaux des archiprèlres el des archidiacres, qui
n'obéissaient qu'avec beaucoup de peine à ces dérrets.
Les ordonnances synodales (1) d'Angers, en 1282, assi-
gnèrent aux trois archidiacres, aux trois archiprèlres
cl aux quatre doyens ruraux, entre lesquels lout
l'évéché était partagé, deux ou Irois villes ou places
considérables où ils devaient rendre ju-lice, ubicuusus
et placila audiunt, et déterminèreiil le nombre de leurs
appariteurs.
Le synode de Poitiers (2), tenu en 1280, nous ap-
prend que celle longue résistance des archiprèlres à
tant de commandements canoniques venait de leur
avarice, qni les |)ortait à établir divers Irihiinaux de
justice dans leur ressort, et autant de vicaires géné-
raux ou d'ofliciaux pour instruire les procès, pour
examiner les contrats et les testamenls, et pour juger
même en leur absence. Ce synode les réduit à un seul
tribunal ou tout au plus à deux si c'était une ancienne
coniunie qu'ils en eussent plusieurs. Ce synode leur
interdit aussi les causes majeures du mariage, de la
simonie, des sortilèges, usures et autres semblables.
Le concile de Saumur de l'an 1294 découvrit et
condamna l'abus de quelques archiprèlres (3), qui rC'
mettaient, pour des amendes pécuniaires qu'ils s'appro-
priaient, les crimes énormes d'adultère, de fornication,
d'inceste et d'autres dont ils ne pouvaient absoudre,
et qui avaient des officiaux pour examiner les contrats
el les sceller en leur absence. Le synode de Baveux (4),
en 1300, interdit les causes matrimoniales à tous les
juges inférieurs, les réservant à l'évéque seul Enfin
le concile de Ravcnne (5), en 1317, lit à , eu près la
même ordcuinance contre les archiprèlres el les juges
inférieius, qui enlreprei aient de faire le pro(èsà des
curés et'à d'autres béuéficiers, jusqu'à les déposer, ce
qu'il dit être très-contraire aux canons.
Tout ce qui vienl d'être dit, montre la grande éten-
due de la juridiction coutenlieuse qui était resiée aux
archiprèlres en certaines églises, même dans les der-
niers siècles , et les justes raisons qu'on eut ensuite
de lui donner des biunes plus étroites. Il n'est pas
hors d'apparence cpie les évêques leur avaient délé-
gué durant (pielques siècles celle grande autorité,
qu'une longue durée de temps avait fait passer celte
délégation pour un droit commun et ordinaire, et la
(l)Spicil. t. 11, p. 226.
(2) Conc. t. 11. part. 2, p. 1138.
5) Conc. t. Il, part. 2, p. 1396.
(4) Ibid., p. 1464.
(5) Cap. 15, ibid,, p. 166G.
979
commission ponr un ofdce , et que les abus s'y étant
ensuite glissés, on révoqua ces pouvoirs avec plus de
justice qu'on ne les avait accordés. C'est ce que dit le
p. Tliomassiu (1); à quoi on peut ajouter que les ar-
chidiacres , qui avaient pris le dessus sur les archi-
prètres dans la plupart des églises, s'emparèrent enfin
de toute leur autorité, en sorte, (juà rexcei)ti()n de
celles de Turin et de Padoue, où les arcbiprètres pré-
cèd 'nt encore les archidiacres, nous n'en connaissons
point où ils ne leur soient inférieurs ou même as-
sujétis.
Avant de terminer ce chapitre, nous remarquerons
que le rang d'archiprétre, chez les Grecs, ne répond
pas exactement à celui qu'ils avaient autrefois parmi
nous, avant qu'on leur eût substitué les vicaires fo-
rains, ou doyens de chrétienté; car chez eux le pre-
mier prèire, ou -,iwTow.ua?, était seulement le premier
d'entre plusieurs prêtres qui desservaient une paroisse,
ce que les Latins appelaient prêtres-cardinaux, au lieu
que l'arcbiprétre hilin présidait à un certain nombre
de curés , de la conduite desquels il rendait compte à i
l'évêque. Le protopape du palais, dont il est quelquefois
parlé dans Codin , dans Zonare , dans Cedrcnus , et
dans les notices de l'Empire , était aussi le premier [
prêtre de tout le clergé , qui faisait l'office dans la
chapelle du palais.
CHAPITRE XL
De i'orighie des archidiacres, de leur pouvoir et de leurs
fondions. Comment ils se sont élevés au - dessus des
prêtres. Chan(jenients arrivés à cette occasion dans
Vordre hiérarcliique. La dignité d'archidiacre éteinte
dejmis longtemps dans l'église romaine. Le pouvoir des
archidiacres fort borné dans l'église grecque.
L'origine des archidiacres est la même que celle des
archiprêtres , dont nous avons parlé dans le dernier
chapitre. Il est difficile de déterminer quelle est la
plus ancienne de ces deux dignités : les anciens mo-
numents ne nous apprennent rien de précis là dessus.
Il est souvent fait mention de ces olficiers dans le
quatrième concile de Carthage. El Optât de Milève
(lib. 1), parlant de Cécilien , qui fut fait évêque de
Carthage pendant le fea de la persécution de Dioclé-
• ien, l'appelle archidiacre, ch/h correptionemarehidia-
coni Cœciliani ferre non posset, etc., peut-être, suivant
l'usage reçu de sou temps , de désigner par ce titre
le premier des diacres : car ailleurs il l'appelle simple-
ment diacre; et dans les actes proconsulaires (2), qui
furent produits par les ordres de l'empereur Constan-
tin, dans la révision de la cause des Donalistes , tou-
chant li's traditeurs des livres sacrés , Cécilien n'y est
quali.fié que de diacre ; ce qui donne lieu de croire que
le titre et la dignité d'archidiacre étaient encore alors
inconnus dans l'Église. Cependant cette dignité fut
bientôt après établie parfont, et du temps de S. .lérù-
nie elle était ordinaire, comme il paraît par sa lettre à
Évagre ou Évangélus
(1| Discipline de l'Église, part. 4, 1. I, c. 2i, t. 2.
(2) M. Pithou a publié ces Actes.
HISTOIRE DES SACREMENTS. 980
Au concile de Calcédoine (4), Photin, archidiacre,
tenait la place de l'évêque Théoctisie. Un autre Pho-
tin, aussi archidiacre (2), y représentait Dorothée ,
éyêquc de Néocésarée. On y voit atissi Aetius, archi-
diacre de Constantinople (Z). S. Jean Chrysosiôme
parle aussi de son archidiacre dans sa lettre au pape"
Innocent I. Tout cela montre que cette dignité était,
fort ordinaire dans les églises d'Orient , elle ne l'était'
pas moins dans l'église latine, comme il paraît par les
conciles cpii s'y sont letuis (4).
Les fonctions des archidiacres étaient en grand
nombre et fort considéraoles (5), en sorte que dès le
cinquième siècle on regardait cette place comme plus
importante, en quelque manière, que celle de prêtre.
Cela paraît évidemment par les lettres qu'écrivit
S. Léon à l'empereur Marcien et à Pulchérie , son
épouse (G) , dans lesquelles il se plaint d'Anatolius ,
évêque de Constantinople, de ce qu'il avait dégradé
Aetius , archidiacre de cette église , sous prétexte de
lui faire honneur ; cap n'ayant rien à lui reprocher
pour la foi ni pour les mœurs , dit ce saint pape (7).
illuiaôléla (onction d'archidiacre, qui lui donnait
ime grande autorité, parce qu'elle comprenait l'admi-
nistration de toutes les affaires de l'église , pour le
[ condamner à une espèce d'exil , en l'attachant à un
cimetièie hors de la ville, et en un lieu écarté : et ce-
la parce qu'Aetius avait toujours été attaché à S. Fla-
vien et à la foi catholique. Les remontrances du pape
n^ furent pas sans effet, puisipi'.^natolius, pressé par
rempereur,écriviidepuisàS.Lcon(8) que le prêtre Ae-
tius avait été rétabli dans l'église en son premier rang
d'honneur, ce qui ne signifie pas qu'il eût repris la
place d'archidiacre (il ne le pouvait pas étant prêtre),
mais seidemeniit qu'on l'avait tiré du cimetière où il
était comme relégué, ponr le remettre dans le clergé
de la cathédrale. Anatolius ajoutait qu'André , qui
avait été honoré de la dignité d'archidiacre , après la
promotion d'Aetius à la prêtrise, avait été séparé de
l'église, etc. Tout cela montre combien dès-lors les
fonctions de l'archidiacre étaient importantes, (pi'elles
ne pouvaient être exercées que par un diacre, ei en-
fin, que ce diacre était au choix de l'évêque.
La chose ne pouvait être autrement |)our ce qui
legarde l'importance de cette place , puiscpie le pre-
mier des diacres était chargé de l'administration des
biens temporels de l'église et de la dispensaiion des
saints mystères. Gela paraît , parce qui est dit de S.
Laurent, qu'il avait distribué aux pauvres les trésors
(le l'église , et par les paroles qu'il adressa au pape
Xiste , que l'on conduisait à la mort : Pourquoi m'a-
bandonnez-vous , mon père?... éprouvez si vous avez
fait un bon choix en me confiant la dispensatio)i du xnng
(1) Initio aciionum.
(2) Aciione 2.
(3) Act. 1, post hune lilulum : Ephcsi acia.
i) Tolel. I, c. 20; Agatli., c. 20 et 2.'^.
(5) Emeril., c. 10, Anlissiod., c. G, 20, 43; Bacta. I,
5.
(()) Ep. 84 et 8:i, al.57ct ri8.
(7) Fleuri, Ilist. eccl., t. 7, p. 477.
(8) lbid.,p.407.
981 ORDRE. — PART. III. ClIAP. XI. ORIGINE, FONCTIONS DES ARCHIDIACRES. 989
de Jésus-Christ. C'est donc à juste litre que les anciens Ij dans les bornes de leurs devoirs. Plusieurs conciles se
appelaient l'a rclii diacre l'œil de l'cvèiiuo el le coad-
jnleiir du niinislèrc cpiscopal (1), puisrpi'il avait
part, en sa manière, à tout ce que faisait révè(|ue.
Il l'aidait dans les ordinations, comme il parait,
par les canons 5, 6 et 9 du quatrième concilo de Car-
thage. I! concourait à la réconcilialion pul)li(piod('S
pécliem-s péiiitcnls : cela est évident par ce (pie nous
avons dit dans l'Histoire dtï la Pénilonce, par le ponlifi-
cal et l'ancien ordre r(»main. Lorsquelcîsévcques célé-
braient lesmesses solennelles, les archidiacres étaient
chargés do s'arquider d'un grand nombre di; cérémo-
nies selon l'Ordre rom.iin , dont les quatre premiers
chapitres contiennent celles qu'ils devaient observer
en celte occasion. Nous avons vu ci-devant qu'ils
étaient obligés, aussi bien que les arcliiprêtrcs , de
prendre soin des veuves , des orphelins et des étran-
gers. Suivant le concile de Drague (c. 7), ils devaient
avec les arcbiprêtres distribuer les biens temporels
de l'église, et, dans la suite même, ils en furent char-
gés seuls , à condition de rendre compte à lévèque
de leur administration.
Leur autorité s'étendait de plus sur les autres
clercs, el c'est pourquoi le concile d'Agde (c. 20) veut
qu'ils aient soin de leur faire garder la modestie dans
leurs bidjits et dans tout leur extérieur, et qu'ils cou-
pent les cheveux à ceux qui ne les portent pas confor-
mément à leur état, quand même ces clercs n'y f oiisen-
liraienl p:,s. Les prêtres chargés du gouvernement
des paroisses (2) devaient avoir recours tous les ans
à eux pour la distribution du saint chrême. Si un
clerc ou un laïque appelait au concile (3) , il devait
dénoncer son appel à l'archidiacre du métropolitain ,
qui lui faisait donner audience parle concile. II avait
aussi l'aulorifé d'excommunier les antres diacres.
Enfin, l'archidiicre prenait soin des clercs des églises
ou des chapelles des maisons des grands , et avait
droit de correction sur eux (4).
Les pouvoirs et les prérogatives dont nous venons
de parler, et dont les archidiacies ont joui sans con-
tradiction jusqu'au dixième siècle, n'ont rien d'illégi-
lime, non plus que quebpies autres dont il sera |)arlé
dans la suite ; et s'ils s'en étaient lemis là, on n'au-
rait rien eu à leur reprocher; mais il est difficile à ceux
qui sont en place de se maintenir dans de justes bor-
nes; on ain)e à s'agrandir, on néglige une antoriié
qui n'est point contestée , el on se porte avec ardeur
jVers celle qui nous est interdite. Les archidiacres ne
se conlenlèrent pas de jouir paisiblement de ces
beaux privilèges dont nous venons de pailer, et de
plusieurs autres de même nature, plus on moins éten-
dus, suivant les lois et les coutumes des lieux ; ils am-
bitionnèrent encore la préséance sur les prêtres, el
entreprirent de se les assujélir , el les évéques
curent besoin de toute leur autorité pour les contenir
(1) Ludovic, imp. Ili, c. I, t. 5 Conc. Galli;c.
(2) Conc. Antissiodor., c. G.
3) Conc. Chalccd.,acl. 10.
(4j Cime. Aurc!.; IV, c. 2().
crurent dans l'obligation d'arrêter ces entreprises lé-
méraires , et il nous reste sur cela quantité de ca-
nons (t), qui seront des monuments éternels de l'am-
bition des diacres, que le concile d'Angers reprima en
ordoimant(c. 2) qu'ils déférassent aux prêtres en loulC
buniililé, ttl dinroni presbijleris uoveriiit ciim omtii liu-
mtlilitte dcfereiidiim esse. Le pape G('!lase, ce zélé dé-
fenseur de l'ordre de la discipline ecclésiastique, s'ap-
pli(|iia aussi à réprimer l'andiition des diacres. Voici
comme il s'explique lii-dessus dans la neuvième lettre:
Nous ne pcrmellons point aux diacres de s'élever au-
dessus de leur état, et de passer les bornes que l>-s canons
leur ont prescrites. Ils ne doivent point non plus s'in-
gêrrr dans un ministère qui, suivant les anciennes cou-
tumes, appartient à ceux qui sont élevés anx ordres su-
périeurs, etc. Ils ne doivent point s'asseoir dans le pres-
bytère , quand on célèbre les saints mijstères , on qnmid
on y traite des affaires ecclésiasiiques.
Ces sages règlements ne purent arrêter les entre-
prises des diacres, h plus forte raison de ceux qu'ils
considéraient comme leurs chefs et leurs supérieurs,
et nous voyons les mêmes plaintes se renouveler dans
les siècles suivants. Le second concile de Cliâlons,
parlant en particulier des archidiacres (c. 15), leur
fait de vifs reproches de ce qu'ils s'efforçaient de s'é-
lever au dessus des prêtres : On dit : Ce sont les pa-
roles de ce synode, que dans plusieurs endroits les archi-
diacres exercent une espèce de domination sur les prêtres
des paroisses {super presbyteros parochianos) , et qu'ils
en exigent des sommes d'argent , ce qui ressent plus ta
tyrannie que l'amour du bon ordre.
Les choses n'étaient point encore tout-à-fait portées
à ce point du temps de S. Jérôme. Cependant dès-lors
les diacres se faisaient remarquer par leurs entrepri-
ses téméraires, el affeclaient des airs de hauteur que
ce saint ne souffrait qu'avec beaucoup d'impatience.
Il s'en plaint plus d'imc fois avec amertume, et nous
lait connaître en même temps ce qui était le principe
de celle ambition des diacres, et ce qui leur attirait
tant de considération dans le clergé. Il en apporte
deux raisons, la première était leur petit i;ond>re en
comparaison de celui des prêtres : car, connue il
dit (:2) , on estime comnaniéuienl ce qui est rare. Il
faut remarquer que S, .lérônie parle ici des diacres de
Uoine,et peut-être de ceux d'Italie, etqu'aulrelois d.ms
celte grande ville il n'y avait (|uc sept diacres, an lieu
que les prêtres y étaient sans comparaison en plus
grand noMd)re. Mais celle raison n'avait pas lieu dans
les autres églises, el surtout en Orient, où le nombre
des diacres surpassait beaucoup celui des prêtres ,
coumie on le voit par la requête que le clergé d'E-
desse présenta au concile de Calcédoine (5), à la-
quelle souscrivirent quinze prêtres et trente- huit dia-
cres, el par la matricule du clergé de Coiislanlinopla
(1) Conc. Nie, c. 14; Laodlc. , c. 2i; Carthag.
lY, c. 57; Ardai I,c. li.
(2) Kp. ad Evag.
(3) Actione 10.
983 HISTOIRE DES SACREMENTS.
dressée par ordre de Juslinien, le nombre des prêtres
y étant fixé à soixante et celui des diacresà cent. L'au-
tre motif qu'avaient les diacres de s'en faire accroire,
et en même temps la raison qui les faisait si fort
considérer, et en parliculier les archidiacres, éiait
leur assiduité auprès des évè(iucs, qui se reposaient
sur eux d'une grande partie des soins de leurs diocè-
ses, qui ieur laissaient ^adnlini^traliou du temporel
de l'église, et leur donnaient le droit de ieur dénon-
cer ceux qni élaienl en faute. Toutes prérogatives pro-
pres à attirer à une personne la crainte et le respect
(ies autres.
Aussi le> archidiacres surent-ils bien se prévaloir
de ces avantages, et plusieurs en abusèrent étrange-
ment. Non seulement ils s'altribnèrenl la préséance et
l'autorité sur les prêtres, mais ils firent sur eux et sur
les peuples des exactions honteuses. Le concile de
Paris tenu sous les empereurs Louis et Lothaire, en-
treprit d'à rêter le cours de ces désordres. JSousavous
apiiris nonsculcmeut par le bruit public, disent les évè-
ques de cette assemblée (cap. 25), inuis encore par des
(ails notoires , que les ministres de certains évêques exer-
cent sur les prêtres et sur les peuples des paroisses leur
avarice, au lieu de servir utilement C Église. Après avoir
détesté mic conduite si blâmable, ils ajoutent : Sous
avons ordonné d'un consentement unanime que chaque
évêque veillerait avec plus de soin sur ses archidiacres,
parce queptufienrs sont scandalisés de leur avarice et du
déréijUmcnt de leur conduite; que par là le ministère sa-
cerdotal est avili,elquà cause d'eux les prêtres uéglicjent
plusieurs choses. Le second concile d'Aix-la Chapelle
(c. 4) fit le même règlement.
Toutes ces ordonnances de ces conciles, et d'autres
que nous pourrions alléguer, ne purent faire cesser ces
désordres. Les archidiacres continuèrent à s'élever
au-dessus des prêtres et à faire des exactions. Cette
préséance et quantité de droits odieux qu'ils s'attri-
buèrent, passèrent enfin en droit-; conimuns, dans
les(pii'ls ils se maintinrent malgré les évèques, chan-
ge nt ain i leur office ou commission en titre et en di-
gnité; à quoi ne coniribîièrent pas peu les paroles
ajoutées à la lettre de S. Isidore insérée d ins le corps
du droit, dont il a été parlé dans le chapitre précé-
dent.
C'est peut-être ce qui a donné lieu à l'extinction des
archidiacres dans l'église romaine , les papes n'ayant
point trouvé de moyens plus propres pour f are cesser
ces excès, que celui d'abroger l'euqdoi de ceux dont
on se plaignait depuis si longtemps. Onuphre(l) pré-
tend que le pape Grégoire VU a été le dernier des ar-
cliidiacrcs de cette église, et que le Camérier a suc-
cédé aux empl lis que ceux-ci exerçaient avant ce
temps. Il ne dit point comment la chose est arrivée;
mais on peut conjecturer que la dignité de cardinal q
beaucoup contribué à cette abrogation, sans parler des
plaintes que l'on formait de toute part contre les ar
chidiacres : car en effet ceux qui étaient revêtus de
981
cette dignité , ayant communément la préséance sur
les prêtres, et toujours sur les diacres , il eût été dur
aux cardinaux, tant prêtres que diacres , de se voir
rabaissés au-dessous de ces officiers. Quoi qu'il en soit
de celte conjecture, il est certain qu'Onuphre s'est
trompé, quand il a dit qu'après llildebrand , qui fut
depuis le pape Grégoire VII, il n'y a plus eu d'archi-
diacres à Rome, puisque lui-même fit archidiacre de
celte église un certain Jean, qui embrassa depuis le
parti de l'anii-pape Clément III. Après ce Jean, dit!
Ciaeonins, je n'ai point observé qu'il y ait eu aucun
archidiacre dans l'église romaine.
L'autorité qu'acquirent enfin les archidiacres sur ce
reste du clergé, et le rang auquel ils s'élevèrent au
préjudice de> prêtres en troublant l'ordre hiérarchi-
que, y fil une plaie fâcheuse, qui a eu de très-grandes
suites, en donnant lieu à l'établissement de plusieurs
juridictions et dignités auparavant inconnues. Nous
rapporterons d'après le savant Onuphre Panvini (1)
l'origine et le piogrès de ce qui est arrivé dans l'é
glise romaine par rapport au\ dignités et aux pré-
séances , par où Ton verra quel changement s'est fait
dans l'ordre de la hiérarchie , que nos pères avaient
conservé avec tant de soin, et qui rendait l'Église si
respectable. Ce que nous dirons là-dessus fera voir ca
que l'on doit penser des changements sinvenus dans
les autres églises, desquels nous ne pouvons parler
sans trop nous écarter de notre sujet.
Il est constant, suivant l'auteur dont nous donnons
ici l'extrait après le P. .M «rin (â), (|ue depuis la pre-
mière origine des cardinaux jusiprà Grégoire VII, ou
même jusqu'à Urbain II, les évêcpies , dits cardi-
naux, n'avai 'Ht aucune pr éminence ni présé mce sur
les autres évêques dans les assemblées et dans les sy-
nodes , et qu'ils suivaient pour le rang l'ordre de leur
consécration. Car ils n'ont point été nommés cardi-
naux , parce qu'ils étaient les premiers des évêques,
comme les prêtres et les diacres, en vertu de leurs ti^
très qui ieur donnaient rang au-dessuS du reste du
clergé, étaient I s principuix d'entre les autres prê-
tres et diacres de celte église; mais ils ont eu ce ti-
tre dans les tentps posléiieurs. parce (pi'ils assistaient
le Pape lors(iu'il officiait danS 1 église de Latran,
comme les sept prêtres cardinaux faisaient dans les
quatre autres églises pilriarcales On voit de quelle
manière cela se faisait dans les anciens rituels et au
commencement de l'Ordre romain (3). C'est pour cela
qu'ils étaient appelés hebdomadaires. Une autre rai-
son qui a pu leur faire donner le titre d'évêques- car-
dinaux, est qu'ils étaient les seids évêques de la pro-
vince romaine, ou du voisinaj;e de Kome, qui cuss-'ut
part avec les prêtres et les cardinaux-diacres à l'éle-
ction du Pape.
Cependant après le pontificat d'Urbain II, ces car-
dinaux-évêciues conmiencèrcut à s'élever au-dessus
(i) Lilicllo de Episcopatibus , Titulis, et Diaco-
(1) In libelle de Interpret. vocum Eccl. obscura-
rum.
(-1) De sacr. Ord. p. 3, cxerc. 14, c. 3.
(3) 3 et A titulo.
onriRR- - vwvï. ii.. ouigi.nf., fonciiuns des ARCiiiniAcni^s.
985
des autres évèques, cl bientôt après au dessus tics
archevêques iiièiiics, et eiifiii îles palriarclics. Jusqu'à
la liu du ponliliiat d'Alexandre III, et jusprà ce que
la tour di^ Rome eût réduit r«'n)pcreur Frédéric à se
souniellrc, c'cst-à-dirt^, jiisi|u';i l'an 1181), les seuls
évci|ues-cardinanx s'alliilxièrcnt celle préséance.
Pour ce (pii esl dos prélres et des diacrcs-cardiiiaiix ,
quoiqu'on les préférât avec justice à tous ceux de leur
ordre, ils ne prétendirent point s'égaler, encore moins
s'élever au dessus des évèques; et quand ils étaicnl
parvenus eux-mêmes à l'épisropat, ils qniit:iienl leurs
litres et le noiri de cardinal, luxu" prendre simpli;-
ment celui d'évèque, dont l'éclat eff.içail le premier;
et ou aurait trouvé trop éîrange qu'un homme se qua-
lifiât en même lemps prèlre-i ardiiiaj et évèque. Il (al-
lait donc que la chose commeii(;àt par 1rs é\èi|ues
cardinaux, et cela se fit plutôt par cas fortuit que de,
propos délibéré. Conrad, archevêque de M;iyenec, fut
le premier qui retint le titre de cardinal ave celui de
sa première église. Ce prélat avait été chassé par
rempereur pour s'êlre allaché à la cour de Rome. Le
Pape eut pitié de lui , et lui domia l'évéehé de Sabine.
Le schisme étant apaisé, il rentra dans son église de
Mayence, mais il conserva l'é êché que le Pape lui
avait donné, et ajouta au tilre archevêque de Muyeiec
celui de cardiual-évêque de Sabine. Ciaconius remar-
que ceci comme une chose nouvelle et jusqu'alors
innsilée : Primus omnium cardinalium duas ecciesias
simttt oblhiuit, novo nec uiiquàm audito exempta (1).
De là vinl la coutume de dimrier aux évèques élran- l
gcrs, que le Pape créait cardinaux, quelques-uns de
ces évêchés aux(iuels le cardinalat était attaclié. En- l
core les choses ne restèrent elles pas longiemps en i
cet état, et les évèques non seulement ne dédaignèrent i
pas les litres de prêtres et de diacres de l'église ro- ;
maine, mais il les recherchèrent avec emjiressemenl : ;
lanl la dignité de caidiiial était devenue considé-
rable.
Un des premiers exemples que nous ayons de celle
coutume, est celui de Guillaume, archevêque de Reims,
beau-Irère de Louis Ml, et oncle de Philippe-Auguste
par sa sœur Adélaïde ou Adèle, mère de ce prince. Car
ce prélat ayant été fait cardinal par Alexandre III en
1179, il reiinl rarchevècbé do Reims, et prenait en
même lemps le lilre d'archevêque avec celui de cardi-
nal-prêtre de Sainte-Sabine, avec celle précaution
néanmoins que, prenant cesqualités, il faisait précéder
celle d'archevêque, et mettait ensuite celle de cardi-
nal prêtre, ce que le Pape observait aussi, soit en lui
écrivant à lui-même (2), soit en parlant de lui à quel-
que auire.
Un autre changement arrivé au sujet des cardinaux,
esl qu'autrefois les é\ê(iues conservaient toujours
leurs titres, et les prêtres et les diacres n'eu chan-
geaienl que pour passer à un ordre supérieur. Cela
était conforme à l'ancienne discipline. Ce ne fut que
vers le commencement du quinzième siècle que l'on
(!) Cincon. in Alex. III.
{'i) Innocent. 111, 1. 1 Lpist.
^86
commença à y donner aiieinle. C'est ce que nous ap-
prenons de Ciaconius, qui, en pailant d'Alexandre V,
dit de lui, (pi'il ne lit aucun nouveau cardinal, mais
ipi'il ( liangea seulement quel(|ues titres, parce qu'à
e;iuse du schisme qui était survenu dans la cour de
Rome, il s'en trouvait plusieius qui portaient les mê-
ii:es litres. De là, dit cet historien, esl veim l'usage
de faire changer de tilies aux cardinaux d'un même
ordre, en sorte qu'ils passent du litre d'une diaconie
à celui d'une aniie diaconie, par exemple; ce qui jus-
qu'alor- n'avait puinl été pratiqué: mais ce qui élait
fait d'aixird par nécessité ou pour le bien, s'est fait
ensuite arbitrairement Tant il e.-t dangereux de s'é-
carter en quelque point de l'exaciiludedes canons.
De plus jusqu'à Sixte IV, c'est-à-dire, jusqu'à l'an
1180, on n'accordait les diaconies qu'aux diacres, les
titres ou églises titulaires qu'à des prélres, elles évê-
chés auxquels le cardinalat est attaché qu'à des évè-
ques ; mais Sixte renversa cet ordre : il doima des égli-
ses tliidaires à des diacres, et des diaconies à des
prêtres. Cela était bien contraire aux règles; mais ce
qui s'est fait depuis l'est bien davantage. Je veux dire
l'usage de faire diacres-cardinaux, ou plutôt de don-
ner des diaconies auxquelles le cardinalat est attaché
à ceux qui n'ont aucun degré dans l'Église, et qui sont
simplement tonsurés : car c'est élever de simples clercs
au-dessus même des prêtres et des évèques. Nous ne
voyons pas d'exemples de cela avant le seizième
siècle.
Ce qui vient d'être dit touchant les cardinaux, ou,
si vmis voulez, celte digression, qui, comme je crois,
ne déplaira pas au lecteur, fait voir de quelle impor-
tance il était de s'opposer efficacement aux entreprises
des aicbidiacres, et d'empêcher qu'il n'anticipassent
sur les droits des autres, et ne troublassent le bel or-
dre de la hiérarchie. Car après tout l'église romaine
n'a pas été la première qui y ail introduit des change-
ments. Les prérogatives des archidiacres étaient établies
dans la plupart des églises d'Occident, et leur autorité
sur les prêtres reconnue, quand la dignité de cardi-
nal a été élevée à un si haut point de grandeur. On
avait vu même dans un coin du monde une chose en-
core pins extraordinaire en ce qui regarde la hiérar-
chie, et cela avant que les archidiacres eussent pris
l'essor , cl cusseul prétendu s'élever au dessus de
l'ordre sacerdotal. Je veux dire tous les évèques d'une
province soumis à un prêtre. Cr lie province élait celle
des Pietés, en Ecosse, dont tous les évèques lecon-
naissaienl l'abbé du monastère de l'ile de Ili pour leur
supérieur, parla vénération que loule la nation avait
pour Colomb, fondateur de ce monastère, qui avait été
son apôlre. Bède, qui nous apprend ce point d'hislt-irc
si remanpiable, dit dans le troisième livre de son Ilis-
loire, c. i, que celle discipline extraordinaire subsis-
l.iil, encore du temps qu'il écrivait, c'est-à-dire, plus
de 150 -ims après que S. Colonib eut converti ce [leu-
plc à la foi avec le secours de douze de ses disciples.
Comme la chose est très-remarquable, il est bon de
rapporter ici les paroles de cet historien : Hubert^
987
HISTOIRE DES SACREMENTS.
988
nntem solet ipsa hisnla reclorem semper abbatem pres-
hijtetum, cujus jnri et omnis provinàu, el ipsi etiain epi-
scopi ordine inusUato debeanl esse subjecti.
Les arcliiili:icres n'ont pus en le niènic succès dans
les églises d'Orient; qii()i(|ue dans les premiers siè-
cles ils y fussent à peu -près sur le niônie pied que
dans l'Occident, comme vous avez vu au commence-
ment de ce chapitre. Les Grecs modernes ont à la vé-
rité des arcliidiacres, mais ils n'ont aucune juridic-
tion liors de l'enceinte du sanctuaire cl des offices di-
vins. 1 ouïes leurs prérogatives ont passé au cliarlo-
plnjhtx, ou garde-charles : d'où vient que cliez eux
c'est une maxime reçue, (]uel'arcliidiaconat n'est point
une dignilé, mais un simple oflice. C'est pounpioi l'an-
<'ienne notice dit que l'arciddiacre est honoré au-des-
sus de ions les ofliciers dans l'église, au saint autel,
cl dans la par icipalion des saints mystères ; il est
même en cela au-dessus du cliartophylax : mais pour
ce qui est du gouvernement du diocèse el de lovii ce
qui y a rapport, il n'a aucune autorité; elle est dévo-
lue au garde-cliarles par une ancieime coutume. Le
lilre même d'archidiacre est éteini dans réj;lise de Con-
siantinople; etceluidechariophyl.ixluia été substitué; ■
avec cette condition que celui-ci doit-être diacre, ce
qu'au 8' siècle, puisque, selon lui, le pape Léon III
en institua huit dans l'église de Liège, qui avaient
chacuii leur déiiartemenl; cl cela subsiste encore à
présent.
Mais il esl à remarquer que quar.d on a ainsi dé-
membré en quehpie manière l'oflice ou la dignilé d'ar-
chidiacre, celui de lacatiiédrale a conservé une espèce
de prcémiiience sur les autres, cl sa jurisdiclion s'é-
lendait pour l'ordinaire sur les paroisses de la villu et
de la baidieue. C'est ainsi que Léon 111 voulut que le
prévôt de S.-Land)ert fût le premier des archiiliacres
de Liège, el qu'il lui donna la ville pour son déparle-
; ment. // en esl de même à Tout, où l" archidiacre de
la ville, surnommé le Grand, et onciennemeil appelé
î cardinal-archidiacre, lient te premier rang, dit le père
Rt'uoit, et a sa place au chœur à la droite de l'évêque, et
dans le chapitre immédiatement après le doyen. Il avait,
ajoute cel historien, juridiction sur toutes les parois^
ses de son archidiaconé ; mais celte juridiction qui lui
avait été contestée par les évêques Thomas de Bnrlemont
et Christophe de la Vallée lui fut enfin entièrement ôlée
par Jacques de Fieux, leur successeur.
Celle jurisdiclion dont jouissait le grand archidia-
cre de Toul dans son district n'était autre que l'épis-
qiii rend la chose plus excusable. Le clergé impérial ; copale, comme nous Tappreimns par le môme ou-
dans le bas-empire avait néauiioins un archidiacre,
qui exerçait son autorité sur toul le clergé de la cour,
comme le témoigne Codin (cap. 9) , el l'empereur
avait droit de le choisir parmi les clercs les plus ho- |
iiorables, el qui approchaient de plus près le patriarche, j
Revenons à nos archidiacres.
CHAPITRE Xll.
On continue à parler des pouvoirs des archidiacres, qui,
de délégués des évéques, exercèrent ensuite une juri-
diction ordinaire, et s'approprièrent même le pouvoir
(les prélats. E/j'orls ijue ceux ci ont fait pour reven- '
diquer leurs droits. Prérogatives qui sonl restées aux
archidiacres.
Mous ne voyons pas que dans les premiers siècles
il y eût plus d'un archidiacre dans ciiaque église ou
diocèse, mais dans la suite on en établit plusieurs,
auxquels on répartit les diverses portions ou cantons
de ce même diocèse, ce qui devint en quelque ma- j
nière nécessaire à cause de la foule d'affaires dont ils
lurent chargés. Celte i)lura!..ité des arcliidiacres était ]
déjà établie dans le 9* siècle, au moins dans les grands
diocèses (1). Cela esl évident par les excellentes lus- | dans Verdun
tructions qu'IJincmar adressa aux deux archidiacres l
de son
plus gr
de Toul, qui ont été depuis réduits à six (2). Aussi
ce diocèse est un des plus étendus de toutes les Gau-
les. Si nous en croyons M. Yanesi)cn (5), il faudra
faire remonter ce grand nondjre d'archidiacres jus-
(i) Conc. Gall. tom. 3, p. r.i2.
(2) llislore du diocèse de Toul, par le R. P. Renoit,
capurin, pa^e 1G4.
(3^ JusEcd. part. l,tit. 12, n. 799.
vrage, où il est dit, c. 11, pag. 705, au sujet de M.
de Fieux (1), que le grand-archidiacre s\Uant remisen
possession de la juridiction cpiscopule, de laquelle
François de Roziêres, auteur du Slemmata ducimi Lo-
iharingiiBel Rarri, avait été dépouillé par sentence de
ta Rote, confirmée pa.r un bref de Clément VIII, dans
le procès que lui fil Christophe de la Vallée son évêqne,
ce successeur de M. de la Vallée entreprit M"'. Charles
de Bretaigne, et, par un arrêt du conseil privé, le rédui-
sit aux termes des autres archidiacres.
Verdun a eu aussi son premier archidi.Tcre, qu'on
nommait princiiT, dont la place au chœur était do
l'aulre côté, el parallèle à l'évêque ; ?a juridiction
était dans la ville, il précédait le doyen, avait un tri-
bunal et des prérogatives considérables, aussi bien
qu'im très gros revenu. Cette dignité a été réunie
au corps du chapitre ainsi (pie le revenu, à charge
de nommer tous les trois ans nu chanoine ])oiir fiire
les visites dans la ville el dans le district de cet archi-
diactmé, sans en avoir ni l'honoralile, ni l'iitih!, i:i
niêiiic la place qui a été affectée depuis celle union au
commandant jiour le roi, en l'absence du gouverneur
Les évè(iiies soufflaient depuis longtemps avec iin-
église. Dans la suite le nombre en devint bien f patience le pouvoir excesifcpio les archidiacres s'é-
and. Il V (Ml avait autrefois huit dans l'église talent altribiié dans leurs diocèses, par la facilité et
la n(>gl!gence de leurs prédécesseurs; el ils faisaient
de temps en temps des tentatives ponrrenlrer en pos-
session de la juridiclion qui leur avait été enlevée,
tantôt en leur iMiciitant procès pour qu'ils eussent à
se désister de leurs prétentions, tantôt en faisant
avec eux des traiisaclioiis par lesquelles ils recouvraient
(1) Ilist. ecfl.ol poliliq;iede Toul.
989 ORDRE. — PART. III. CII.M». Ml
une partie de Icura droits, et proincllaiciit de laisser j
leurs archidiacres en paisible possession des autres. I
Wassebourg, dans sou cinquièuie livre des .antiquités
de la Gaule I5elgi(iue(l), parle d'une trausarlion de
cette espèce, dans la(|uelle ou voit jusqu'ciù all;iil au-
cieiinenienl raulorité des archidiacres dans l'église
de Verdun. En l'an 1229, dit cet auteur, notre évè,ine
Ihdnlplie, et lecliapHre de Verdun, primicicr cl nrclii-
diacres, désirants pacifier et corriger aulcnns différents
quils avaient entre eulx,àraison de la juridiction eolé-
siastique, esleurent deux sçavans personnaiges, pour
terminer leurs dicts différents, sçavoir est pour la part
dndict évêque, Guillaume de la Porte, son officiai, et pour
le chapitre et arcliidiacrcs N. doyen de ladicteécjlise,
(lusquels donnèrent puissance et authorité rédiger par
cscript, et déclarer pur leur sentence (après avoir été
deueinenl informés par les anciennes coutumes et
usags's) quelle jurisdiction un chascun d'eulx dévoient '
avoir ; promcttans solemnellcment, tant pour eulx que
pour leurs successeurs, tenir et observer tout ce qui se-
roil dicl et rapporté par les dicts dculx arbitres... lu te-
neur desquelles je metternij ici.
Ces deu.\ jiiges rendirent leur seiilence arbitrale sur
quelques autres points, .le me contenterai de mettre
sous les yeux du lecteur ce qui concerne la juridic-
lio'i des archidiacres durant la vie de l'évéque, et je
traduirai ce qu'ils ont dit sur cela dans celte sen-
tence, qu'ils avaient écrite en latin. Nous avons remar-
qué (fue les coutumes qui se sont observées jusqu'à pré-
sent en nuUière spirituelle entre l'évéque et les archidia-
cres de Verdun et leurs prédécesseurs, hors la vacance
du siège, étaient telles ; savoir : Que le primicier et les
autres archidiacres avaient par une coutume ancienne
approuvée, et de temps immémorial, et ont encore dans
leurs archidiaconés une juridiction paisible, en ce qui
regarde tant les causes matrimoniales, que celles quicon-
cernnit les testaments, les usures et les autres excès; le
droit d'appel en ces causes étant seulement réservé à l'é-
véque. Item, ils ont eu et ont le droit d'investir ceux que
tes véritables patrons présentent pour avoir soin des
âmes, et cela sans recourir à l'évéque (episcopo irrequi-
sito). Item, les susdits primiciers et archidiacres ont été
cl sont encore en possession paisible de visiter les mona-
stères cl les églises paroissiales de leurs archidiaconés, |
(/'// faire des corrections, et d'ij recevoir les procura- S
lions ; nu contraire, l'évéque diocésain n'a eu droit jus- S
qu'à présent, que de visiter les monastères de la ville et |
du diocèse. Le primicier, le doyen et le chapitre ont éU'
en possession paisible de ces droits. Mais comme les
évéques de Verdun n'ont eu et ti'ont encore aucune ju-
ridiction ecclésiastique, sinon en cas d'appel, les susdits
primiciers et archidiacres, du consentement de tout le
chapitre, et pour le respect qu'ils portent à liudulplie,
ont donné et accordé audit seigneiu et révérend père, cl
uses successeurs,, la juridiction potit. connaître descauscs
EN PREMiÈRR INSTANCE, en sorte que le premier qui sera
saisi de l'affaire, la terminera.
(1) Fol. 3.'ll et seq.
POUVOIRS ni:s archidiacres. 990
I Ce beau traité fut ralilié de part et d'autrCf et les
', choses demeurèrent en cet étal jus(|u'an conimence-
j ment (lu seizième siècle, c'esl-;i-diri\ jusqu'en 1503,
I (\\u'. Warin de Domiuiirlin, successeur de Radulplie,
I sachant (|uc les droits sacrés de l'épiseopat sont im-
1 prcîscriptibles, ne se crut point obligé à s'en tenir à la
[ tr.insaeliou dont nous venons de donner un extrait.
! Kl pour me servir des ternies de Wasselwurg (1), (|ui
avilit il cœnr colle alTaire, étant lui-même un des ar-
\ chidiacres de Vcrdim; cet évêque, dès le commence-
ment de son administration, print en regrets et desdains
lesjurisdictions ecclésiastiques, que te chapitre commr
PRINCIER, par l'union de la princerieà sa niense, et les
archidiacres avaient chacun en son district par-tout l'é-
vêché, commune avec lui, et cognoissnns de toute ma-
tière el prévention. Et fit sur ce de grandes entreprises :
car il avait officiai, scelleur, ministres el officiers pro-
pres à exécuter toys ses plaisirs. El tellement, qu'en
toute matière et actions, ils troubloienl les jurisdictions
des dessusdits, combien que iSicolas Chouart, son offi-
ciai, fut chanoine de l'Eglise, el sçut bien à la vérité que
toute jurisdiction el cognoissance des causes en première
instance, que les évéques avoient en noire diocèse de Ver-
dun, venoit de faccompaignemcnt que les princiers et
archidiacres leur avoieiil fait. Car auparavant ils n'a-
voient aulcune cognoissance, sinon par appellation
Cependant ledit évêque Domp-Martin et ses ministres
lâchoienl alors totalement en priver et débouter tesdils
princier et archidiacres, évocans toutes causes des courtz
d'iceux par dev mil' officiai dudit évêque, dont survinrent
plusieurs appellations en cour de Home, el ses causes
commises en la Rôle.
Tous ces diirérends se terminèrent par une nouvelle
transaction, dont nous représenteions ici les articles
qui ont rap;)ortà la matière que nous traitons, sans y
ajouter les aposiilles que Wassebourg a jugé à propos
d'y l'aire. 11 fit donc réglé par les arbitres choisis de
port et d'autre, i* que les visites que f.iisaienl tous
les ans les archidiacres ne se feraient plus dans [a
suite que de trois ans en trois ans, et que, dan-; les
années interméiliaires les évoques pourraient visiter,
en réservant aux seuNévèques la visite des monastères,
des hôtels-dieu, el des ciiapelics épiscopales. 2" Que,
quant aux droits de patronage, le chapitre, à rai>o;i
de la priiicerie (2) unie, conférait pleno jure, sans l'é'-
vèijue , tous les béiiélices-cnres et autres, qu'il avait
coutume de conférer aneiennement, en cas de vacance
des dit> bénélices ; mais qu'en cas de perinnialiou, les
évoques les admettraient, et couféreraieiit les dits bé-
né^ioe-i, en quelques endroits (pi'ils fussent situés.
3° Qne ci-après les diis princier et archidiacres ne
prendraient plus connaissance des cas graves, comme
de simonie, sortilège, violemcnt, sacrilège, incendie
(l)L 7, C.7. p 645.
(2) La priiicerie, autant que j'ii pn le coujceiurer
dans ce ipnî j'ai !u dans Wassclioiir;,', ('lait le premier
aicliiiliaeniié, où le priMiiier archidiacre él 'il en iin-me
temps princier, el ce bénélice, avec ses droits et éino-
liimenls, avait été réuni à la niense commune du
chapitre.
'991
lilS^TOlilE DLS
des églises, homicide, jugeineni des icpreiix. érec-
ction d'églises el d'autels, injection des mains violen-
tes sur les personnes ecclésiastiques, falsilicalion de
lettres apostoliques cl épiscopales.k-sduelb cesseraient
réservés à la connaissance des évêques et de leurs
©niciaux. Et quant aux autres actions, lesdits prin-
cier et archidiacres pourraient en prendre connais-
sance conmie l'évèque par prévention, i" Quant à la
dispense des proclamations des bans de niaiiagc, il
fut arrêté que le chapitre, comme piincier, dispense-
rait de deux bans, les archidiacres d'un ban seule-
ment, combien, ajoute Wasseboiu'g, //«'j/s pussent an-
puravanl dispenser de trois biins chacun en son territoire
et district. o° On ôte aux archidiacres raiiloriié de
donner des démissoires pour prendre les ordres liors
du diocèse, de donner lu cure aux quêtants, de prêcher
(ce sont les termes), de donner lettres nonobstantiules,
de contracter mariages aux personnes qui ne sont du dio-
cèse. 6° Il l'ut réglé que les arcliidiaores, qui avaient
droit de recevoir les fruits des églises paroissiales la
première année de la vacance, en faisant desservir ces
églises ou les desservant eux-mêmes, et qui ne payaient
aux évêques aucuns subsides, ni redevances, seraient
tenus ci-après, à raison de celle régie des cires va-
cantes, de payer les subsides el les autres charges or-
dinaires el cxtraordiiiaij'cs, comme les autres ciué.s du
diocèse.
Ce (|ui a été dit jusqu'à présent dans ce chapitre
fait voir en même temps et quelle élail l'étendue de la
juridiction des archidiacres, et leur indépendance
dans l'exercice de leurs pouvoirs, cl cnlin |>ar quelhîS
voies les évêques s'efforçaient de recouvrer l'auîorilé
légitime, dont les archidiacres s'étaient emparés les
uns plus, les autres moins dans leurs églises, et dont
ils jouissaient depuis le douzième siècle, non plus ;
comme délégués des évêques, mais coiume titulaires
et indépendants. Un autre moyen (|u'eiiiployèrent les
évêques, pour dépouiller les archidiacres du pouvoir
qu'ils exerçaient contre leur gré, fui de créer dt.-s
grands-vicaires, et des ofiiciaux amovibles, dont les
uns furent chargés d'exeicer en leur nom la juridic-
tion volontaire, et les autres la contenlieuse. Aliiis
comme ces ofliciers renconlraienl souvent des obsla-
cles de la part des archidiacres qui ne pouvaient souf-
frir qu'ils attirassent à leurs tribunaux des adaires
dont ils se regardaient comme chargés par étal, les
prélats en France ont eu recours aux cours souveraines,
po'ur faire lever ces obstacles, et ce sont ces arrêts de Cl's \
cours, qui, comme dit M. d'Héricour (I), ont le plus
contribué à réduire l'autorité des archidiacres à de justes
bornes. Ils ne leur permettent que de visiter les parois-
sci de leur archidiaconé, de dresser des procrs-verbaux
de leurs visites qtuls doivent remettre entre les mains de
l'évèque, de statuer quand ils sont en possession sur des
affaires peu considérables, qui ne demandent point d'in-
struction judiciaire. Il y a cependant des archidiacres
qu''on a mamienus dans la possession d'avoir un officiai,
(i)Loisecclés.,p. 50.
SACREMEISÎS. 992
pour jucjpr quelques affaires contenlieuses à la cliarqc de
l'appel à l'officiatité épiscopale.
Ce que dit ce savant jurisconsulte n'empêche pas
que 'es archidiacres n'aient conservé dans quelques
églises du royaume plusieurs droits honorifiques et
lucratifs, dans lesquels ils ont même été maintenus
par des arrêts des parlements, quand on a voulu les
leur conlesler. L';iuti-ur des délinilions du droit cano-
nique en rapports plusieurs exemples (1), L'archidia-
cre de Paris, entre autres, est fondé, selon lui, en ju-
ridiction ordinaire : ce qui néamnoins, ajoute-t-il, se
doit entendre civilemeni, sauf la prévention de l'cvê-
queel de son olficial, comme juge supérieur. Le par-
Itment l'a ainsi jugé par un arrêt du 18 avril 1578,
entre défunt maître Jean Bréda, archidiacre de l'église
de Paris, et messire Pierre de Gondy, pour lorsévêque
de la même ville, etc. Les avantages que l'archidiacre
de Laon possède, dit le même auteur, ne sont pas
moins importants que ceux de l(tus les autres. 01-
(Irade, dans siui conseil 194, rapporte que cet archi-
diacre, lors de la vac:mce du siège épiscopal, jouit
de tous les profits de la juridiction de l'évèque : ce
qui a été ainsi réglé par un archidiacre de l'église de
L:ion, pour lors cardinal, et Jean, évéque de la même
ville, entre lesquels il fut arrêté, que, jusqu'à ce que
le siège fut rempli, l'archidiacre jouirait de tous les
émoluuienls de la justice : mais que, durant la vie de
l'évèque, il se contenterait d'une somme annuelle pour
le tiers de ses droits dans la justice spirituelle. Ce
concordat fut homologué par Clément VI vers le mi-
lieu du (pialoi'zième siècle. L'archidiacre de Sens est
en possession d'ime prérogative des plus honorables.
C'est d'installer, nm seulement les suffragants de l'ar-
chevêque, mais d'introniser ce prélat lui-même et le
mettre en possession de son archevêché, et de rece-
voir pour cela un certain droit appelé marc d'or,
comme les deux chanoines qui servent d'assislants ù
l'archidiacre dans C(;tte cérémonie reçoivent chacun
un marc d'argent. Ce droit lui a été autrefois con-
testé, mais un ancien jurisconsulte rapporte un ar-
rêt (2), qui l'a mainleiui.
Le droit le plus lucratif qu'aient à présent les ar-
chidiacres, el dont ils jouissent en plusieurs endroits,
est celui de déport , dont nous avons parlé dans le
chapitre des archiprêlres. Je n'estime pas mal-à-pro^
/;os, dit l'aulem- desDéfinilions du droit canonique (3),
de parler des abus qui se sont autrefois pratiqués pour en
jouir. Ces abus prenaient leur source dansles lâches senti-
ments qu'inspire ord'inairemenl l'avarice. Ce démon cruel,
qui 7i'é parque personne, faisait naître , dans l'esprit de
la plupart dcsarchidiacres, des motifs, pour s'approprier
pcndamun temps le revenu descures dans l'étendue de leur
juridiction : de manière que sous prétexte d'un procès,
qu'ils avaient eux-mêmes bien souvent suscité, ils commet-
taient des vicaires à gages pour desservir ces cures durant
le litige, et par ce moijen ils s'en appropriaient le revenu.
(1) Tome 2 des archidiacres, p. 112 et suiv.
(2) Peleus, daiis ses actions for.
(5j Loco citato, et lom. 1, p. 95 et seq.
ORDRE. — PART. III CIIAP. XIII. VARlÉTh: DANS L'ORDRE CHEZ LES GRECS. 994
09
Mais commt'. (e ))(irlemcnl est ennemi de ces sortes d'ac- ]i
lions, dès lors qu'il en a la connaissance , il ne manque
jamais d'en interrompre le cours, pour empêcher la suite
des abus qui sinirodmsenl trop fucilcmenl dans l'Eglise,
par l'avidité du gain, qui cause hii'ii souvent la ruine de
notre honneur et la perte de notre ùme ; de manicre qu'il
a rendu plusieurs arrêts qui servent de barrière à ces
âmes vénali's.
Ce n'est pas , conliniio noire aulciir, que , comme ce
droit est sonifert dans l'Eglise, les archidiacres ne puissent
Icqitimcmenl le percevoir en deux ou trois cas , comme
un droit de garde. Le premier est lorsque la cure est va-
cante de droit ou de fait car alors il peut tirer le
revenu de la première année, qui est son annale. Le
second est lorsqu'elle est litigieuse entre deux ou plu-
sieurs , comme il arrive assez ordinairement , par la di- \
oollc place, que dVii remplir les oblifçalions. Ce fut
pour répriuier cel ahus que h- concile (le Bourges,
en lOûi , ordonna, c:it(. 4, que personne ne pourrait
cln- arcliidiaerc sans ("■tre diacre. Ul archidiaconatum
nullus habeal, nisi diaconus efficiatur, ce qui fui con-
(irnic dans le concile de Clermont, can. 3, sous Ur-
bain FI, cl dans celui deLalran.can.2, sous Callistc II.
Le concile de Londres de l'an W^l enjoignit, nièuic
aux évèqucs, de déijrader ceux qui s'opiniàlreraienl à
ne pas recevoir le diaconat.
11 était bien raisonnable que ceux qui remplissaient
une place si émincnle dans l'Église , qui y exerçaient
une icllft autorilc sur le reste du clergé , fussent au
moins revèius de l'ordre de diacre. Il semble même,
qu'il aurait élc à propos d'obliger les arcbidiacres de
recevoir la prcirise, depuis que leur juridiction se
versité qui se peut rencontrer des provisions , l'un étant f fut étendue sur les prêtres. Hincmar, archevêque de
pourvu PF.R onnuM , un autre par résignation , un autre l Ueiuis , avait donné l'exemple d'une innovation si
par permutation, par dévolul, ou par quelque antre genre j rais innable , [tnisque nous lisons dans ses ouvrages
de vacance, ou bien entre des gradués , de manière que j qu'il adressait la publication et l'exécution de ses
durant ce litige il a droit de commettre pour la desserte, ï ordonnances à ses archidiacres prclres. Gunthario
et par ainsi en tirer le revenu. Le troisième est lorsque i et Odelhardo archidiaconibus presbyteris. Cependant
celui qui en est pourvu n'est pas promu à Tordre de prê- | longtemps depuis on ne pouvait contraindre les ar-
trise. Tels sont les cas dans lesquels quelques arclii- [ cliidiacres de recevoir Tordre de prêtrise, comme il
diacres en France jouissent encore à présent du droit | paraît par une lettre de Pierre de Blois (ep. 125),
de déport. Cependant il arrive souvei.t que dans les \ lequel, quoiqu'il fût archidiacre de Londres, et que
contestations qui surviennent touchant les cures, ou \ son évêque le pressât d'entrer dans le sacerdoce,
quelque autre bénéfice, un des conltMidants obtient | s'en excusa sous divers prétextes : cependant le vrai
une sentence de récréance , «pii le mel par provision
en possession des revenus du bénclice , et alors , sui-
vant la jurisprudence de nos parlemenls (i), Tavchi-
diacrc eH privé de son droit de dépôt.
Si l'autorité et la juridiction des arcbidiacres a été
réduite à des bornes si étroites dans Télendue du
royaume, et dans quelques autres pays de la chré-
tienté, il n'en a pas éié de même partout. Dans le
pays de Liège, et dans lAllemagne , où les évèques
sont princes temporels , ils ont encore «à peu près les
mêmes droits et la même juridiction, dont ils jouis-
saient autrefois ailleurs , et dont l'abus qu'ils en ont
fait leur a attiré tant de défenses des conciles des
treizième et quatorzième siècles , et tant de décrets ,
par lesquels les évêqnes se soni eflorcés, ou de retran-
cher les abus, ou d'abolir une puissance qui leur était
devenue justement à charge, et (|ui leur faisait om-
brage. On peut voir ce que dit là-dessus le P. Tho-
massin dans la quatrième partie de son livre de la
Discipline de l'Église (2). Nous remarquerons seule-
ment, avant de (inir ce qui appartient à ce sujet, que
la dignité d'archidiacre était en ti lie considéraliim en
ce temps là, et apportait des profils si grands à ceux
qui en étaient pourvus , que les (ils des rois el les
plus grands seigneurs de la cour de nos rois , ne dé-
daignaient pas ces sortes d'emplois. Il se tmuvait
même des personnes ambitieuses qui aspiraient à
cette dignité sans être diacres, ayant plus en vue
l'honneur et les émoluments qui leur revenaient de
(1) Rebuffc, sur le § Volumus, de Collât.
(2) Lib. 1, c. 25.
moiifde son refus l'ut la crainle religieuse que lui
; inspirait la sainteté du sacerdoce , que son humilité
' lui faisait envisager comme étant incompatible avec
la vie qu'il avait menée jusqu'alors.
Dans la call.édrale de Verdun les archidiacres
n'ont d'autres fonctions que celles de diacre, qu'ils sont
tenus de remplir à leur tour sous de simples cha-
noines, sans jamais, quoique prêtres, y faire de se-
maines de grand-prèlre à raison de leur canonicat.
Deux de ces archidiacres y bornent de chaque côté
du chœur les stalles , dites le banc des diacres.
CHAPITRE XHI.
Du changement arrivé dans l'ordre hiérarchique chez let
Grecs. Des o/ftciers du patriarche de Conslantinople^
èÇw/aTà/.oi/ot, et en particuler du charlophylax , dt
leurs fonctions et de leurs prérogatives.
H est arrivé dans l'église Grecque, par rapport à la
hiérarchie, à peu prés hi même chose que dans l'é-
glise Latine. On y a vu, et l'on y voit encore des dia-
cres qui , à raison des dignités dont ils étaient revêtus,
prétendaient avoir la préséance non seulement sur les
prêtres, mais encore sur les évèques et sur les mé-
tropolitains , non pas à la vérité dans les choses qu
appartiennent directement à la célébration des saints
mystères (cela ne se pouvant pas absolument), mais
dans toiUcs les autres assemblées ecclésiastiques.
Balsamon (I) remarque que les choses ne sont point
venues à ce point sans opposition de la part des cvê-
i\) In can. 18 conc. Nicceni.
W6
HISTOIRE DES SACREMENTS
99G
aucs nui prétendaient avec raison que celte innova- I était encore inférieur aux évéques, et peul-èlre même
tien était contraire à la discipline des canons. Mais, anx prèlrcs. Ceci est confirmé p.ir le concile lui même,
(lit-il, ils furent enlin obligés de céder à Pédit de Tem-
pereur Alexis Comnène , que ce même auteur rap- \
porte, et dans lequel ce prince dit positivement, (pi en
cela il ne statue rien de nouveau, mais qu'il maintient
ce qui était autorisé par une coutume ancienne, et par ^
l'approbation des patriarcbes et des autres pontifes,
d'où il conclut que si les évè(iues ne s'accommodent
pas de ce qu'il a réglé sur ce sujet, il leur est loisible
de se retirer de Conslantinople , pour n'avoir pas le
cliagrin de voir de simples officiels du [)atiiaicbe
prendre le pas au-dessus d'eux. Balsamon avoue que
ce changement dans l'ordre liiérarclii(iue excita bien '
des scandales, et qu'avant que les clioses fussent ainsi
réglées par l'empereur Alexis, on prononça des juge-
ments bien différents sur ce sujet ; mais enfm ces offi-
ciers l'emportèrent, et depuis ce prince, les choses
sont demeurées paisiblement en cet état. Les évéques
curent beau alléguer les canons, le prince leur dit pour
toute raison que les patriarches l'avaient soulTert ,
qu'eux-mêmes Tavaienl enduré pendant un fort long
qui écrivit au Pape, pour le prier de sontîiir que Paul
lut élevé à réj)iscopat. Le droit de préséance de ces
officiers, et du chartopbylax en particulier, quoi(|u'en
un sens le jikis considérable de tous, n'était donc pas
si ancien (pie le supixtse Alexis Comnène , et il y a
toute apparence que le premier qui ail terminé les dif-
férends (jui s'étaient élevés à ce sujet, est l'empereur
Michel, dont parle narménopiilus (1), lequel ne peut
être que Michel Ducas, pms(pie Michel Paléoiogue est
postérieur à ce canoniste grec. Or Michel Ducas ré-
gnait peu de temps avant Alexis Comnène , puisqu'il
ne commença à prendre les rênes de l'empire que vers
l'an 1071.
Ce fut donc vers ce temps que les hauts officiers du
patriarche de Constanlinople se mirent en possession
de la préséance, au dessus même des prélats , et que
par un visible attentat sur la dignité sacrée des évé-
ques, ils préicndirent s'élever an-dessus des princes
de l'Église, renversani ainsi ce bel ordre de la hiérar-
chie, que tant de conciles avaient maintenu jusqu'a-
temps, et que pour punition d'avoir trahi leurs lumiè- | lors.
res et leur conscience , en souffraul qu'on violât les j Ces officiers étaient au moins au nombre de cinq :
canons qu'ils alléguaient en leur faveur, il fallait qu'ils il y a même quelques notices ("2) dans lesquelles il
souflrissenl celle humiliation devoir un diacre au- | s'en tiouve six, quoique au commencement on n'en
dessus d'eux (1). 1 comptât que cin([. Dans Codin ils sont conijuis sous
Cependant, quelque ancienne (pie rempcieur Alexis | le titre de premier qurnaire , et cependant on y lil les
suppose celte prérogative des officiers du patriarche 1 noms de six , entre lcs(iuels se trouve le premier (/<?'-
nommés £|w/.aTà/.ot/ot, elle était encore inconnue dans ■ fcisenr. Leurs dignités élaienl celles de grand écono-
le temps du concile de Trulle, composé de 227 évé- -J nome, de grand sacellaire, de grand tiésorier, ou gar
ques d'Orient assemblés dans le palais de Constanti- 1
noplc, pour y régler la discipline des églises Orienta- |
les, puisque dans le septième canon, ces prélats y |
parlent en ces termes de l'ambilion de certains dia-
cres : Parce que nous avons appris que, dans quelques '•
églises , des diacres ont des emplois, et que pleins d'ar- ?
rogance et d'audace, ils en prennent occasion de s'élever ]
au-dessns des prêtres , à qui ils disputent In préséance,
nous avons ordonné que les diacres , de quelque dignité
quils soient revêtus, et quelque emploi qti'its aient, ne
s'asseieronl point au-dessus des prêtres. Plus d'un siècle
et demi après ce concile, ni le charlophylax, ni les
officiers du même ordre, n'avaient point encore porté
si loin leur préleniion. Cela est clair par une remar-
que d'Anastase-le-Bibliothécaire sur le huitième con-
cile général, et par ce concile même : car cel auteur (2), •
parlant du charlophylax Paul , (jui avait été consacré
archevêque par Pholins, dit qu'ayant été condamné
par le pape Nicolas, il fut fait charloj)liylax de l'église j
de Constanlinople par le patriarche Ignace , parce
qu'il élail homme capable de servir utilement l'É-
glise, et qu'Ignace en avait ainsi usé avec lui, sur ce '
que le Pape lui avait écrit, qu''l pouvait élever Paul
dien des vases sacrés , de charlophylax , de préfet de
la chapelle, prœfeclus sacelli, et de premier défenseur.
Ces six officiers sont à l'égard du patriarche de Con-
stanlinople , à peu près <ie que les cai dinaux sont à
l'égard du Pape, et il ne se fait rien dans celte église
de quelque importance , à quoi ils ne prennent part,
ayant séance dans les assemblées ecclésiastiques im-
médiatement après le Patriarche. La dignité de proto-
notaire était inférieure à celle-ci , et comme un degré
pour y monter.
Codin remarque qu'anciennement ceux qui étaient
revêtus de ces dignités étaient prêlres, et qu'ils gou-
vernaient chacun une église qui avait son clergé , en
sorte (pi'il arrivait ordinairement (pi'anx fêles solen-
nelles ils étaient occupés à faire l'office dans leurs
églises , ce qui était cause que les patriarches n'étaient
point assistés dans ces occasions des minisires les plus
honorables de kur clergé. Ce fut ce qui détermina,
selon lui, un i)alriarche, à ordonner (ju'à l'avenir ils
ne fussent que diacres, afin (|u'en ces jours de céré-
monie il !ie fût point privé de leur ministère. Ce que
dit cel auteur peut être vrai, mais il est constant
d'ailleurs (juc de|)uis très-longtemps ils ne sonl point
à quelle dignité il jugerait à propos , excepté celle du j par état initiés au sacerdoce. Cela paraît par la sous-
sacerdoce. Ce qui montre qu'alors le charlophylax ,.,,.. ,»-.,• c i i s ^.>« -î
^ ^ |0 Epitome m sect. 2, tit. 4, m Scbol., ad can. 7
(I) Cet édit d'Alexis se trouve aussi dans le second | conc. in. TruUo.
livre du Droit oriental. 1 (2) Notitiai ex Bibliothecâ regià, el ah» quas ex-
{2) Schol. Anast., act. 2 synod. VUL i^' ^'■' iosil Coarii-;.
997
ORDRE. — PART. 111. CllAP. XIU. VARIETE DANS L'ORDRE CHEZ LES GRECS.
998
criptioil d'un nommé Georges, cloiil il csl lïiit nicii-
lion dans la i»reniiéro action du sixième (?()ii<il(î, car
il se qnalilie ciiarlo|iliyUix et diane : il semMe que
s.don la seconde novelle d'Iléraclius, ils élaitMit indif-
léremmeni prèlres on diacres. Au reste depuis long-
lemps ils n'ont que l'ordre de diacres, et néanmoins ils
précèdent les évèiiues et les mélropuiilains dans les
assemblées ecclésiaslicines; ce qui est vrai non seide-
nient à l'égard du cliarl'iphylax , mais aussi de ceux i
que l'on appelle conune lui du nom connnun iïexoca-
tacœles. Que si l'on ne voit pas que les évoques aient
conlesié ci- rang et celte autorité aux autres , connue
au cliaitopliylax, cela ne vient | as de ce que ceux-là
étaient inférieurs à celui ci, puis-que même (|Uidques-
uns d'entre eux avaient le pas au-dessus de lui , mais
de ce que les fonctions dont ils étaient chargés n'a-
vaient rien de commun avec celles des évèqucs. Au \
litu que le cliarlopliylax se trouvait souvent en con-
currence avec eux , étant chargé de l'administration
de toutes les adaires qui avaient rappoit à la juri-
diction épiscopale du patriarche, dont il était en même
temps ce que nous appellerions suivant nos usages le
grand-vicaire de l'oliicial, à peu près comme nous
avons vu dans les chapitres précédents qu'étaient au-
trefois les archidiacres à l'égard des évèques, ce (jui
lui donnait lieu de se trouver souvent avec les prélats,
et d'avoir afl'aire avec eux.
Cette prééminence des ol'liciers du patriarclie se fait
remarquer dans ce qui se passa an concile de Flo-
rence : car ils furent les premiers qui saluèrent le
Pape après le Patriarche , et le baisèrent à la joue
avec les évoques, au lieu (|ue les autres ne furent ad-
mis qu'à lui baiser la main. Il est inutile de recher-
<;nci rorigiue de ce terme, i|(ri/.«Tâxot/ot , sur lequel
les savants font diverses conjectures. Souvent les
choses prennent leur nom par une rencontre fortuite, i
souvent dans le temps ménie qu'elles changent de \
nom, on ignore quelle est la cause de ce changement. ;
Laissant donc à part ce qui concerne l'étymologie de '
ce nom, sur laquelle les savants sont partagés, sans \
qu'on puisse déterminer au juste lesquels d'entre eux i
ont été plus heureux dans leurs conjectures, nous nous i
graiid sacellaire d(;vait veiller sur tous les monastères,
tant de la ville (pic de la campagne ; le grand tréso-
rier était chargé de la garde des vases sacrés et des
m(;nl)l('s de l'église: mais le ciiailo|ihylax ,. dont cet
auteur décrit en termes emphali(|ut's 1rs devnjis et les
diverses fonctions, exerçait, pom- le dire en un mot,
la juridiction tant volontaire que contcntirusc au nom
du patriarche dont il était le vicaire-général cl le
i chancelier.
Cette dignité était déjà fort considérable dans le '.)'
siècle. Anasiase- le -Bibliothécaire en décrit les pré-
rogatives, quilditêtre les mêmes (piecellesdub. bliolhé-
caire de l'église de Uoine. Il dit, entre autres, qu'aucun
préial ni clerc étranger n'est rciu à C audience du patriarche
sans lui ; qu'aucun n'est présenté dans les assemblées ec-
clésiastiques que par lui ; (|ue le patriarche ne reçoit point
de lettres qu'elles ne lui aient passé par les mains ; qw'au-
cun n'est élevé à la prélature, ni aux moindres degrés de
la cléricalure, ni au gouvernement des monastères, qu'il
ne l'ail approuvé et recommandé, et qu'il n'en ail dit son
avis au patriarche à qui il le présente. Si dès lors le pou-
voir du chartopliylax avait tant d'étendue , il ne faut
pas s'étonner si cet oi'licier a depuis acquis une si ample
juridiction dans les églises d'Orient : car , comme on
sait , toute puissance tend toujours à son accroisse-
ment.
Anastasc remarque judicieusement que le nom de
charlo|>hylax vient originairement de ce que celui qui
le portait était clsargé de la garde et de la conservation
des chartes de l'église. Balsanmn se récrie mal à propos
i contre cette étymologic. Quelques-uns, dil-il, prétendent
-- que ce nom vient de ce que le cliartophylax avait le soin
] de garder les écrits et les tnéinoires qui concernaient les
affaires de l'église; mais il faut ôter le scandale qui pour-
rail naître de cette opinion. Le cliartophylax n'est point
un gardien du secret et un portier , mais il a soin de la
conservation des droits épiscopaux. Ce discours est froid
et insipide. Ce qu'il dit contre cetie élynn)logie si na-
turelle n'est point contraire au sentinicnt dAnastase,
puisque, selon le patriarche Nicolas ( 1), les portiers qui
étaient chargés de la garde des chartes étaient sub-
ordonnés au chartophylax, marque certaine qu'il avait
contenterons, après ce qui a été dit en général de ces : ^^'^ em|doi, et qu'il l'exerçait en chef par les bas of-
ofliciers de l'église de Cimsiantinople , de remarquer
que celui d'entre eux qui est le plus occupé, et dont
les fonctions ont le plus de rapport au gouvernement
de l'Église, est le chaitophylax.
Balsamon, (pu, avant de monter sur le siège pa-
triarcal d'Anliochc , avait exercé cet emploi , nous
dorme une idée des Hmctions qui y sont attachées, en
distinguant ce (pu reganle l'Église en général de ce qui
regarde la juridiction que les canons Oiit attribuée à
l'évéque de Conslanlinople en pailiculier. Sur quoi il
dit que les autres cxoc;vtacœlcs étaient chargés de
l'administration des aflaircs qui avaient rapport à
l'Église; mais que le chartoph\la\ était le vicaire du
patriarche dans ce qui conceine l'administration dos
affaires de la seconde espèce, .\insi, le grand économe
devait prendre soin des biens fonds de l'église; le
ficiers qui étaient à ses gages ou à ceux de l'église.
Les Grecs d(!S derniers temps ont ajouté au litre de
chartophylax celui de grand , que ne portait pas an-
ciennement cet officier. Caiitacnzène (:2) nous apprend
la raiso.i de ce changement : savoir, que le jeune
Andronic étant |>arvenu à lYMupire, voulut réoompen-
i ser le chartophylax (nonnné C\lalis), dont les soins et
i les conseils lui avaient été fort uiih s. Il ajoute q-e
celui-ci refusa les hoimeurs qu'il lui oiTr.iit : ce que
voyant le prince, il ajouta au nom de sa dii:niié K' titre
de grand, «pie .ses successecu'S ont conservé. Parions
p ésentemcnt de quelques oUiciers dont l'Église se ser-
vait anciennement, et dont les emplois ont depuis été
abolis.
(1) Lih. i .Iinis oriental.
("2) Lih. % e. I.
CHAPITRE XIV-
Des économes des églises laiil en Orient qu'en Occident;
de leurs fonctions, de leur ordre. Celti- d'içjnité est depuis
longtemps abolie en Occident ; elle subsiste encore dans
r église grecque.
C'est une chose connue de tous ceux qui n'igno-
rent pasenlièrenienl l'étal ancien de l'Église, que d'a-
bord les ministres de la leligion ne vivaient (juc dos
ol)lalions volontaires et journalières des fidèles. L'E- |
glise daus la suite ayant eu des fonds de terre, ils ap-
partinrent à tous en coiuiuuu, cliacun d'eux eu liiaut
sa subsistance suivant le rang qu'il occupait daus le
ministère, et les services qu'il rendait. Ou sait que de-
puis on partagea tant les revenus des fonds , que ce
que les fidèles offraient tous les jours en quatre parties
égales , dont la première était affectée à l'évéque . la
seconde au clergé, la troisième aux pauvres, la qua-
trième à la fabrique, ou à l'entretien et à la réparaiion
des bâtiments des églises et des biens qui en dépen-
daient.
Tant que ces dispositions ont eu lieu, l'évéque, à qui
seul on attribuait une de ces portions à cause de
l'hospitalité, cimime dit saint Grégoire (1), était l'éco-
nome et le dispensateur en chef de ces biens sacrés.
Mais, comme il était accablé d'une foule d'affaires in-
finiment plus importantes, et qui avaient un rapport
plus direct à la sanctification des ùme>que l'adminis-
tration de ces biens temporels, il ne faut pas s'iuuigi-
ner qu'il en fît sa principale occupaiiou , et qu'il em-
ployât un temps si précieux à dresser des comptes de
dépense et de recette, il fallait qu'il eût des personnes
de confiance sur lesquelles il pût se reposer de ce soin,
sans cependant l'abandonner entièrement. Il devait
veiller sur l'économe, mais il réservait son temps pour
vaquer avec plus de loisir à la prièrii et à la prédica-
tion de la parole de Dieu, tant en public qu'en parti-
culier. C'étaient là proprement les deux fonctions es-
sentielles de s<m ministère ; il abandonnait le reste à
la fidélité et à la prudence des ministres subalternes,
qui devaient au moins lui rendre un compte sommaire
de leur gestion.
Ces ministres subalternes étaient les économes des
églises, qui, comme vous voyez , devaient être bien
anciens. Les évècpies et les prêtres n'étant pas en
état de vaquer aux affaires leniporelles , et ayant
d'ailleurs besoin de remettre ladministration des
biens temporels de l'église entre les mains d'une
tierce personne pour se conserver une réputation
entière, et ôter toute occasion de les soupçonner d'a-
varice: car rien n'est plus nécessaire aux minisires
sacrés qu'une réputation exempte de toute flétris-
sure, et rien n'est plus capable de détruire tout le fridt
de leurs travaux que le soupçon d'inlérét. C'e^t la raison
^ pour laquelle le concile de Calcédoine (eau. 26) veut
absolument qu'il y ait un économe dans chaque église
pour en régir les biens. Voici comme il s'exprime là
dessus : Parce que dans quelques églises, ainsi que nous
(1) Ad intcrrog. S. Aug. resp. 1.
HISTOIRE DES SACREMENTS. 1000
Cavons appris, les érêques administrent tes affaires de
l'église sans économe, il nous a sentblé bon que toute
église qui a un évèiiue, ait aussi un économe tiré de
son clergé, afin que rien ne se fusse sans témoin, que
les biens de l'église ne soient point dissipés, et que la
réputation du pontife ne soil souillée par aucune flétris-
sure. Telle était l'atteiition des anciens pour conser-
ver aux prélats une réputation hors de toute atteinte.
Comme ils voulaient qu'ils fussent toujours accompa-
gnés des clercs, même dans leurs maisons, pour être
les témoins irréprochables de leur conduite domesti-
que, d'où vient que ces clercs s'appelaient sijncelles,
de même ils exigeaient d'eux qu'ils n'entreprissent
pas seuls et par eux mêmes de régir les biens lem-
porels de l'église, mais qu'ils en confiassent la charge
à un économe, ou au moins qu'ils la partageassent
avec lui, afin qu'on ne pût les soupçonner de s'ap-
proprier rien des biens communs.
Ce can(in du concile de Calcédoine suppose
manifestement la coutume de faire régir les biens ec-
clésiastiques par un économe ; et connue il est re-
nouvelé par le quatrième concile de Tolède (cap. 48),
et par le second de Séville ( cap. 9 ), on peut assurer
sans craindre de se tromper que cet usage était gé-
néra! dans toute l'Eglise.
Dans la suite les prélats connaissant moins leurs
obligations essentielles, et les sages raisons qui
avaient introduit cette coutume, la négligèrent in-
sensiblemeiil, et se mirent sur le pied de se passer
d'économes. Pour remédier à cet abus, le second
concile de Nicée (can. H)fit l'ordonnance suivante.
Si cliacun des métropolitains établit un économe dans
son église, à la bonne heure; sinon il sera permis à révé-
que de Constuutinople d'en établir par sa propre autorité
dans l'église du métropolitain, comme le métropolitain
pourra le faire à fégard des évêques qui lui sont sou-
mis, s'ils manquent de le faire. Qu'on observe ta même
chose à l'égard des monastères. Cet usage s'est con-
servé dans les monastères, où les biens sont encore
en conuuun : mais depuis longtemps il est devenu
inutile dans les autres églises, depuis le partage que
l'on y a fait des biens communs, dont chacun s'est
approprié une portion.
Selon le canon du concile de Calcédoine, l'économe
de l'église devait êtie membre du clergé; les con-
ciles de Tolède et de Séville disent la même chose,
et ce dernier en exclut absolument les l.iïques, mais
ils ne déterminent pas de quel ordre du clergé il
devait être pris. INous voyons néanmoins par plu-
sieurs monuments de l'antiquité ecclésiastique et par
divers traits d'histoire, que l'économe était assez or-
dinairement prêtre ou diacre. Par exemple, un nom-
mé Charisius, prêtre et éeonouîe de l'église de Phila-
delphie, se trouve dans les Actes du concile d'Éphèsc
avoir souscrit. Anastase, dans son Histoire (I), écrit
qu'un certain Jean de Tabeime, de prêtre et économe
I de l'église d'Alexandrie, en avait été fait évéque ; et
(1) Tom. 2, c. 29 d 30, ad scptimum Zenonis
1001 ORDRE. - PART. 111. CllAP. XIV. DES ÉCONOMES DES DIVERSES EGLISES. ^002
que Paul ..rclunèaMc ,1e ConslanliMopIc. iuail ô.é || lÏTono.ue doit cire caulion pour ou v ; mais n„c s'il
nnparavant prelro et ccono.nc de cette église (1). ;, s'agit daflaires ecciésias.in.L. on i ' .: '
.niiparavaiit prêtre et économe de cette église (1^.
D'un autre cXi'- il pan.il par les Actes des Apôtres que
les diacres rureiil élabiis en partie pour prendre soin
des biens len.porels de l'église. On voit ,,uc saint
Laurent en avait à Rou.e ladriiinislralion ; cl nous
avons vu dans le chapitre |.rocéd.Mit que les six offi-
ciers de l'église de Constantinople nommés Exo-
caiaoœles, do.it l'économe tenait le premier rang,
élaienl diacres, quoique, suivant Codin (c. 9), iîs
eussent été prêtres ancienncnieiil. Tout cela montre
que l'usage sur ce point n'était point uniforme, et
que dans certains lieux les économes étaient prêtres,
et dans d'aulres seulement diacres.
Les évêques avaient la principale part dans le choix
de l'économe, mais le clergé concourait avec eux à
cède élection. Outre que plusieurs conciles (2), sem-
blent l'insinuer assez clairenient, Théophile d'Alexan-
drie ne laisse aucun doute là-dessus , lorsqu'il dit : (5)
Que ron élise un autre économe du commun consente-
ment de Cordre sacerdotal.... , af,n que les biens ecclé- 1
smttques soient employés à des usages convenables. \
Dans la suite les évêques s'attribuèrent le droit d'élire '
seuls l'économe , au moins, dans plusieurs endroit,
comme il paraît qu'on doit l'inférer du règlement dû
second concile de Nicée , que nous avons rapporté et •
du second concile de Séville. Les princes mêmes se ^
sont m,s en possession de faire ce choix, au moins en
Orient. Ce que téu.oigne assez Zonare , lorsqu'il loue
1 empereur Isaac Comnène d'avoir remis au patriar-
che lechoix du grand économe, et du trésorier que
ses prédécesseurs avaient élus depuis long-temps
Quoique le nom d'économe de l'église fasse assez
connaître quel était son emploi et ses fonctions, il est
bon néanmoins, d'en tracer une idée, d'après ce que
les anciens en ont dit. S. Isidore de Séville les expli-
que en détail {i}:CestàCéconome, dit-il, quL-
partwH la réparation et la construction des églises
t est a lui qu'il convient de soutenir les intérêts de ré-
gltse, soit en demandant, soit en défendant devant les
mes. Cest lui qui est le receveur des redevances et
<iui en tient registre. Il prend soin de la culture des
champs et des vignes, des affaires qui concernent les pos-
sessions de r église et les servitudes qu'elle a droit d'exi-
ger. Il est chargé de distribuer aux clercs, aux veuves
et aux dévotes, les choses dont elles ont besoin chaque
jour pour vivre. Il a [soin de ce qui regarde les habille-
ments, et du, vivre des domestiques, des serfs et des ar-
t,sunsl, et il doit exécuter tout cela sous les ordres et avec
m dépendance de révèque. Ce que S. Isidore dit ici
touchant les causes de l'église que doit souieni.'
leconome, est conforme à la loi qui se lit dans le i
Code (5), par laquelle il est ordonné, que si on atta-
que les prêlres en justice, en leurs pr..p,os personnes
(I) Idom in Horacloona.
j^jOan^r. Mil, Anlio.h. c.5; Toict., 48;Meld 47
(4) Ep. ad Lcudof. Cordul). Episcopum.
o) Uc Lpiscopis et Clericis I. 55, § 2 et i.
s'agit d'affaires ecclésiasliqiies, on iiilenliia action
contre l'économe lui-même.
Les empereurs Charlemagne et Louis-le-Dèbon-
iiairo (1) rendent les économes responsables de tous
les dommages qui arrivent à l'église, par les aliéiia-
lioiis injustes, et veulent qu'ils soient déposés de leur
emploi, pour n'avoir point empêché les évêques d'a-
liéner les biens de r.'glise. Le concile de l'oniion ,
dont les actes se lisent dans le troisième tome des
Conciles des Gaules (2), veut que les biens de l'église
et de révêqucdéfunl, soient mis ès-mains de l'éco-
nome, pendant la vacance du siège, afin qu'ils ne
soient poinl pillés par les clerc-, et les laïques. Lecon-
cile de Woruies (cap. 70) prescrit la même chose,
et iMiur la même raison. Cequi avait déjà été ordonné
anlèrieuremcnt par plusieurs autres synodes (5), quoi-
que ces derniers ne fassent point mention expresse de
l'économe. Les fonctions de l'économe étaient à peu
près les mêmes en Orient que dans nos églises. Cela
parait par diverses notices des officiers ecclésiastiques,
i dont le P. Morin donne les extraits sur la lin de son
I livre des Ordinations (i), et parce que disent Codin et
Simeon de Thessalonique (5). Celui-ci en parle en ces
termes : Véconome est ordonné, afin qu'il ait soin des
possessions et des revenus de l'église assignés à un cha-
cun. Il faut qu'il soit attentif an bien public et au bon
ordre des affaires ecclésiastiques, elc.
L'église de Consianiinople , en particulier, avait un
officier chargé de ce soin , lequel tenait le premier
rang dans le clergé , et avait sous lui divers officiers
subalternes, pour l'aider dans ses funciions , et on
rappelait pour ce sujet, le grand économe, ou le
premier économe. Celle dignité môme subsiste encore
dans cette église, autant que le misérable état où elle
est réduite sous la domination des Turcs le peut
permettre. Mais parmi nous, elle est éteinte depuis
plus de cinq cents ans, èlanl devenue inutile par le
partage des biens de l'église , ,]iii ont élé donnés en
bénéfice aux divers membres du clergé. Fulbert de
Chartres a écrit une lettre (85) à l'économe de l'é-
glise d'Orléans, qui lui avait demandé l'éclaircisse-
ment dune question difficile , et le même auteur
dai.s une lettre (80) au roi Robert, lui lait savoir
qu'il a reçu ses ordres par l'économe de l'église de
Sainte-Croix, qui est la cathédrale de celte ville.
^ Urbain II, parle encore de l'économat ((i), comme
d'une dignité subsislanlc, et des plus considérables du
clergé. Elle n'était pas encore éteinte cent ans après,
puisque le pape Innocent II en fait aussi mention dans
le second concile de Latran. Mais à présent, il n'y a
plus d'économe en litre d'office, et il paraît' par les
décréiales île Grégoire IX, (pièces officiers ne sont de-
5; Valenlin. in Hisp. c. 2;
m. XX.
nCapilnlar. I. 2, c. 29.
2) Pag. Ii2.
(5) Conc. Hegiens. c
Trullen c. 7>o.
(i) Pan. 5, exerc. IG, c. (3.
(.'il Codin. deOir. eccl. Constanslinop
(G) I . q. 3, c. Salvator.
32
1003 lîiSTOIIŒ DES
puis ce lomps (pic pr»r (Commission, cl ("inljlis pour
un U'Uips s;eu(omcnt ot pour quelqiu-s aft'Miros parli-
ciilièrcs. Le concile de Tienle en (larie on ce sens (1),
et il ordonne, entre autres, que leoliapilre, pendant
la vacance du siège , dans les endroits où, suivant la
coulninc , le soin de percevoir les revenus de révècho
lui appartient, créera un ou plusieurs ccononies fidèles
et diligents, pour régir les biens et les revenus ecclé-
siastiques, dont ils rendront compte à ceux à qui il
appartiendra. La dignité d'économe est tombée depuis
si longtemps dans l'oubli, que l'auteur de la Glose (2)
confond l'économe dont il est i)arlé dans le cliapilre
Salvator, avec les prévôts des chanoines, auxquels les
chapitres confiaient pour un temps, dans certaines
églises collégiales ou cathédrales (5), une portion des
biens du chapilre à gouverner.
CHAPITRE XV.
Des défenseurs des églises, quand et à queUe occnsion ils
ont été institués. De leurs emplois et de leur condi-
tion.
Il est souvent fait mention des défenseurs des églises
dans les auteurs et les monuments ecclésiaslicpies,
depuis le temps des persécutions. Celaient des offi-
ciers chargés d'intercéder auprès des piinct'S et des
magistrats, pour l'église et les personnes ccclésiasli-
qnes, et de maintenir leurs privilèges, leurs innnuni-
lés, et leurs prérogatives. Il n'arrivait que trop sou-
vent, dans les étals même les mieux policés, que des
magistrats ordinaires abusaient de leur autoriié, et
que l'on se irouvail obligé d'avoir recours aux princes
pour arrêter le cours de leurs injtisliccs. De |)lus il se
trouvait des personnes puissantes qui exerçaient des
violences. L'église n'avait pas de quoi se mettre à
l'abri de leurs vexations, étant désarmée, et ne pou-
vant se défendre que p;>r l'excommunication , (pii est
la plus grande peine qu'elle puisse infliger, mais dont
se moquent ceux qui ne sont pas touchés de la crainte
de Dieu. Enfin , l'église prenait sous sa protection les
pauvres, les aflîigés, les veuves, et les orphelins, et
il arrivait souvent que, faute d'être elle-même dé-
fendue , celle protection devenait inutile. Ce sont
toutes ces raisons qui oui porté les empereurs cliré-
liens à donner à l'église des défenseurs qui , par leur
autoriié, la missent à couvert des violences des mé-
chanls, ouqui au moins se chaigcassent de poursui-
vre ses causes, soit civiles, soit criininetlcs , aupiês
des princes, des juges et des magistrats.
Telle a été la véritable origine des défenseurs, dont
par conséquent on ne peul faire rcmonler le comuien-
ccment au-delà du temps que les princes ont embrassé
le christianisme. Ou ne voit pas même que l'Eglise
ait eu recours à ce remède contre les violences aussi-
tôt après la conversion des princes. Les premiers qui
(1) Sess. 21, c. 16.
(2) In dist. 99, c. 1, in c. S(dvator. i, q. 5, ad no-
men. Prœpositnm.
(5) Cela se fait encore dans le chapitre delà cailié-
drale de Yeidun.
SACREMENTS. KiOl
aient imploré pour OC sujet leur protection cl qui
aient demandé des défenseurs, fnreni, suivant loiile
apparence , les évèquos d'Afrique , qui résolurent ,
dans le concile de Milève (c. 10) , de demander celle
grâce aux empereurs, en les suppliant de donner aux
églises des scolastlrptes , c'est-à-dire, de^ ftvocals ou
jmisconsultcs habiles , qui défendissent les causes
ecclésiastiques à la manière des évèques des provin-
ces, et qui eussent mi libre accès auprès des juges
pour y prendre la défense des causes de Téglise con-
tre les hommes Ironippurs , et pour dire aux magis-
trats ce qu'ils croiraient convenable et nécessaire
dans les difïérenles coujonclures. Le concile d'A-
frique (c. 64) députa pour ce sujet deux légals aux
empereurs , savoir, Vincent et Forlunalien , et le
cinquième concile de Cartbage (can. 9), explique les
motifs de cette dépulation en disant : // nous a semblé
bon, à cause des maux dont les pauvres sont accablés,
et de l'affliction quen souffre incessamment l'Kqtise, de
nous joindre tous ensemble pour dcm.nuler eux ent-
pereurs qu'ils dai(jn<nl leur donner des défenseurs au
choix des évéques, pour les mettre à couvert de la
puissance des riches qui les oppriment. « Ab imperato-
4 ribus univcrsis visum est poslulandum propter ajflictio-
i ncm pauperum, quorum violestiis sine intermissione
i fitliqnlur Ecclesia, ut defensorcs cis advcrsus poten-
« tias divitum cum episcoporum provisione delegcnlur. i
S. Grégoire-le-Grand(l)nous apprend que le princi-
pal devoir des défenseurs était de protéger les pauvres
et de Ivs mettre à l'abri des oppressions des riches ;
mais sous le uom de pauvres il faut aussi c<imi)rendre
lous les faibles, comme les veuves, les orphelins, etc.
dont TEglLse prenait un soin particulier.
L'Eglise, en demandant des défenseurs au prince ,
n'a point fait une chose extraordinaire. Ces ofliciers
n'élaient point nouveaux dans l'empire Plusieurs
cités avaiejit testeurs; car, à l'imilalion de Rome,
qui avait son sénat, ses consuls et des Iribims du
peuple qui élaient proprement les défenseurs des
droits il de la lilicrlé des citoyens: elles avaient
aussi leur cour, curium, qui représentait le sénat, et
(pii était composée des déeurious et des duumvirs qui
répondaient aux deux consuls, et enfin des défenseurs
du peuple dont la charge était à peu près la même que
celle des tribuns à Rome. On le nonimail (2) defenso-
rcs lucorum , patroni, defensorcs ruslicoru)n, etc., et
leui' emploi élait tautôl quinquennale, tantôt pourdeux
ajis seulement.
Les princes qui les avaient établis voulaient qu'ils
tinssent lieu de pères au peuple (5), qu'ils s'opposas-
sent aux exactions injustes que l'on voudrait faire sur
lui, et qu'ils résistassent même aux juges en conser-
vant pour eux les égards dus à leur dignité. Ils vou-
laient de plus qu'ils eussent droit d'entrer cltui les
magistrats quand ils le jugeraient à propos, el qu'ils
empêchassent toules les fraudes et les injustices
(1) Lib. i, ep. 25.
(2) L. ûi, cod. de Defensnr. civit.
(5) L. 1, cod. de 011". jnrid, Alex.
1005 ORDRE,
qu'on entreprendrait de faire au peuple, et qu'ils en
exigeassent la rcpnralion. C'est ce que nous lisons
dans le Code sous le litrerfi-s Dcfi'uscins des cités (I).
Une aiilic loi ("2) comprend en peu de mois Ions ces
devoirs en disant : Qu'ils tucltciit à ronvcrl le peuple
et les décurious de l'insolence des inécluinis, et ijuils ne
cessent jamais d'être ce que leur nom siijuijie. l'nc autre
porte (3) : Qn'ils ne soujfrent point que les crimes se
vinltiplient par l'impunité. Qn'ils éloignent les protec-
tions que clierclient les coupables , de peur que les mé-
chants, se sentant soutenus, ne soient plus portés à s'a-
bandonner aux crimes.
Ce sont, comme vous voyez, les mêmes raisons
pour losipielles les empereurs ont créé des défon-
seiirs du peuple, qui ont engagé les évoques à leur
PART. 1:1. CHAP. XV. DÉFENSEURS DES EGLISES.
looe
' la dignité de d(''reiisein', et qu'il mit Ic prÈm'Wr
d'entre eux au nomltre des hauts officiers de son
église. Zonarc, et après lui Blastarcs, nous instrui-
sent aussi de ce qui regarde leur charge et leurs fonc-
tions, I()rs<|u'ils disent que c'était à eux à prêter se-
cours à ceux qui, par la crainte des personnes puis-
santes, se rcfiigiaient dans l'église cl imploraient sa
protection, soit qu'Us fussent vexés injustement, soit
qu'ils eussent mérité [>ar leur conduile quelque
punition ; cl ((u'cnlin ils devaient surtout protéger les
personnes libres que l'on voulait réduire en servi-
tude: c'est pour ceux-là principalement, ajoute Zonarc,
que l'on crée des défenseurs : ôC sj; è'/.ôi/.oiyivsvTs:'..
S. Grégoire avait coutume de condor à des défen-
seurs la régie des patrimoines que l'église llomaine
en demander pour l'Eglise. Et comme ces iirinccs , | possédait en diverses provinces; c'est pour(iuoi il se
outre le droit d'intercession qu'ils avaient donné à | trouve un grand nombre de ses lettres adressées à ces
ces oflicicrs , leur avaient encore accordé quebines | oCliciers, ou écrites à des persomies puissantes et à
prérogatives et une espèce de juridiction ; car ils ju- p, des niagislrals pour les leur rcconnnander, et ,les
geaient des causes pécuniaires entre les gens de la i prier de les appuyer de leur anloriié. On y lit mémo
campagne, les pauvres et le menu peiq)Ie, jus(iu"à une | la formule de leur instilution, qui contient les de-
certaine sonnne; de même les évè(pies et les conciles i voirs qu'ils avaient à remplir dans cette administra-
avaient doimé quelque juridiclion aux défenseurs de I l''>n, et la manière dont ils devaient s'en acquitter.
l'Eglise. I C'est ce que l'on peut voir dans quelques-unes des
C'est ce qui parait par le vingt-troisième canon du | lc:ltres de ce saint pape, et entre autres dans cello
concile de Calcédoine, qui ordonne aux défenseurs I qu'il adressa au défenseur romain, et dans la 34* du
de l'église de Constantinople d'avertir les clercs et | neuvième livre et la 40" du 10'. Suivant la il' du
les moines qui élaientdans la ville imiiériale sans la
permission de leur évêque, d'en sortir au plus tôt, et
de retourner chez eux, et en cas qu'ils ne le fassent
pas, de les en chasser. Suivant les lois (4), quand les
clercs étaient en procès pour des choses qui leur
étaient personnelles, ils devaient donner pour cau-
tion les défenseurs de leurs églises. Le défenseur
avait aussi droit (o) de faire des enquêtes à la charge
des clercs, qui , pendant la célébration de la liturgie,
manquaient à leurs devo'u's, et surtout à la psalmodie.
Quoique l'on ne puisse pus représenter exactement
les droits des défenseurs, et jusqu'où précisément s'é-
tendait leur pouvoir, et sur quelles personnes, les
écrivains ecclésiasti(jues en ayant parlé assez confu-
sément, on peut néanmoins s'en former une idée
quoliprimpaifaite , au moins à l'égard de l'église
même livre, écrite à ceux qui cu!tiv;iicnt les terres
de l'église Romaine, et qui étaient une espèce de
demi-serfs, on y remarque que ces paysans devaient
avoir une entière soumission aux ordres du défen-
seur, qui avait pouvoir de les châtier, en cas qu'ils
refusassent de lui obéir dans les choses qui regardaient
l'ulilité de l'Eglise.
La condition de défenseur n'était pas la même par-
tout et en tous les temps. Il est plus que probable,
pour ne pas dire qu'il est très-certain, que les défen-
seurs que les églises d'Afrique demandaient aux em-
pereurs étaient non seulement laïques, mais des avo-
cats qui plaidaient devant les juges. On peut aussi
légitimement inférer de ce que dit le pajic Zozime à
la tin de sa première lettre, que de son temps les dé •
fenseurs dans régli>e llomaine étaient de siniples
grecque, sur ce qu'en disent divers auteurs de cette S laïques, // faut aussi, dit ce pape, que les défenseurs
connnunion , dans laquelle ces officiers ont subsisté | de l' Église, qui se tirent de l'état laïque, soient tenus de
jusqu'aux derniers siècles. Les premières notices les- | garder ces règles, s'ils méritent d'enlrcr dans le clergé :
Ircignenl extrêmement leur juridiction, ne \(:i\v ï <> Sanè ut etiam defensores Ecclcs'œ, qui ex laicis fiunt,
donnantiacliargequedejuger lesnioindresair.iires. On | ^ supra dicta observalione teneantiir, > clc. Ce décret
y voit néanmoins que le premier défen!>enr de l'église I de Zozime a été inséré dans l'ordre romain et dans
de Constantinople (G) en avait douze qui lui étaient
subordonnés, et nous apprenons par le droit orien-
tal (7) que le patriarche Xipinlin , qui gouvernait
cette église sur la fin du douzième siècle , releva
(1)L. 4, cod.
(2) Lex seq.
là) L. «^
(4) L. 33, § 2. cod. de Episcopis et Clericis.
(.^i) L. 4-2, § 10.
(6) Morin., p. 297 Exercilalionum.
(7) Lib. 5.
plusieurs rituels manuscrits, pour servir d'avertissc -
ment que l'on faisait aux ordinands avant de procéder
à l'ordination, d'où il paraît clairement qu'il n'était
l)oinl extraordinaire de voir des dçiçnsenrs simples
laïques.
Cependant dans la première action du concile de
C'Icédoine, il est fait i)lus d'une fuis mention d'un
nommé Jean, piètre et défenseur, et ceux que S.Gré-
goire envoyait dans les patrimoines de son église,
étaient presque toujours ou des diacres ou des sous-
1007 HISTOIRE DES
diacres, commo le lémoignc Jean, diacre, dans sa |
vio(l), et qufliiiielbis même cvèqucs, comme il pu- j
•«. raît par IV'pilre 4G du dixième livre. Ce saint pontife,
'": selon railleur de sa vie {i), s'était même fait une règle
de ne confier les emplois, non seiilenieat ecclésiasli-
ques, mais domestiques, qu'à des clercs, ce qui s'est
depuis religieusement observé par ses successeurs, et
s'observe encore à présent |)ar les papes, dont tous
les officiers, tant du palais que ceux à ([ui ils con-
fient le gouvernement des places de leur état, sont
clercs. De plus, S. Grégoire (5) permet aux dé-
fenseurs de prendre séance dans les assemblées des
clercs à l'absence de révê(iue. Ils jugeaient aussi
souvent des aiïaires qui avaient rapport aux biens
ecclésiaslifiues (-4), ce que ce saint pontife ne leur eût
pas accordé, s'ils eussent été de purs laïques. Enfin
si l'on voulait examiner de près la nature des affaires
pour lesquelles il les commet dans (luehines-uncs de
. ses lettres (5), on y trouverait qu'il en est plusieurs
qui passent de beaucoup la condition des défen-
seurs (6j, mais qui supposent qu'ils avaient rang dans
le clergé, et que ce pape , connaissant leur zèle et |
leurs II lents, se servait d'eux pour exécuter des |
commissions très-importantes en matière ccclésias- |
tique dans les lieux dont ils étaient à portée, ce qui |
ne doit point tirer à conséiiuence pour les autres dé-
fenseurs.
CHAPITRE XVI.
Des avoues et des vidâmes qui ont succédé aux défenseurs
dans lu plupart des églises d'Occident, de leurs diver-
ses (onctions; abus qu'ils font de leurs poutoirs. Ils
Ront abolis presque partout.
L'église romaine est celle qui a conservé le plus
longtemps, en Occident, l'ordre des Défenseurs. Saint
Grégoire le-Grand en avait établi sept pour la ville
de Rome, qu'on appelait Réijionaux, et il l'avait fait ,
comme il dit (7) , à l'exemple de ses prédécesseurs ,
qui avaient institué sept sous-diacres et sept notaires
régionaux, dont chacun était deslini' pour deux ré-
gions, ou deux quartiers de cette ville. Ce qui l'avait
porté à faire cet établissement , était l'utilité et les
services que l'Église et les papes tiraient du travail de
ces officiers. Quia dcfensoruni officimn in causis eccle-
siœ cl obsequiis noscitur laborare pontiftcuni, etc. Ce fut
■aussi sans doute ce motif, qui fit que l'église romaine
les conserva plus longtemps que toutes celles d'Occi-
dent : puisqu'Anastliase, dans la vie du pape Cons-
tantin, les représente comme subsistant encore de
son temps, c'està dire, on 708. Queicpic temps après,
le pape Grégoire III, ayant célébré un synode à Rome,
en envoya les décrets à l'empereur Léon l'isaurien .
par Constantin , défenseur. Depuis encore, le pape
(1) L. 1, c. 53.
(2) Joan. diac, 1.2, c. 11.
(5) L. 7, ep. 17.
(4) L. 7, ep. 10, et 1. 8, ep. 26.
(5) Ep. 55 S. Gregor. ; 1. 11, ep. 55 ; 1. 11.
(6J L. 7, ep. 59 ; 1. 7, ep. 10 ; 1. 8, ep. 2tj, etc.
(7) Lib. 7, indict. 1, ep. 17.
SA(.REMENTS. 1Ô08
Adrien envoya Anastbase, premier défenseur, à Par-
dus, abbé de S. Sabas, à Didier, roi des Londjards ,
pour retirer de ses mains , les villes que Pépin , roi
des Français, avait données à l'église romaine. Enfin
il parait par l'ordre romain (1), que longtemps
après (2), l'école des défenseurs régionaux subsistait
à Rome , et qu'elle avait son piimicier , qui assistait
et servait avec les autres aux messes solennelles des
papes.
Dans la plupart des autres églises la chose n'était
point ainsi. Les fâcheuses conjonctures des temps, et
les obligations qu'elles avaient contractées envers les
rois qui les avaient coni!)lécsde biens et de licliesses ,
les avaient engagées à substituer aux défenseurs des
officiers d'une autre espèce, qui, outre quelques-unes
des fonctions des premiers dont ils s'acquittaient,
étaient occupés à d'autres bien différentes, et qui n'a-
vaient guères de rapport à l'état ecclésiasli(iue. Ces
officiers étaient ceux (jne l'on appelait Avoués , les-
quels étaient de purs laïiiues, et étaient chargés prin-
cipalement de défendre les églises contre ceux (|ui en-
treprenaient quelque chose contre elles , et cela non
seulement en plaidant devant les tribunaux séculiers,
mais encore en prenant les armes , et en les mettant
entre les mains des vassaux des églises et des leurs,
et en les conduisant à la guerre : et cette dernière
fonction fut presque la seule dans laquelle ils servi-
rent les évèques et les abbés , depuis que l'empire
Français s'étant extrêmement affaibli dans le neuvième
siècle, par diverses circonstances, les seigneurs et les
grands de l'État devinrent connue indépendants des
princes, et remplirent la France, l'Italie et l'Allema-
gne de confusion, en s'attribuanl les droits de souve-
rains, et en se déclarant publiquement la guerre les
uns aux autres.
Ce fut sur la fin du huiiième siècle et au commen-
cement du neuvième , que les églises recherchèrent
ces sortes de protecteurs : car c'est dans ce temps
que les auteurs ecclésiastiques en font mention. Nous
ordonnons, dit le concile de Mayence, de l'an 815 , à
tous tes évèques, les abbés et le clenjé d'avoir des vidâmes,
des prévôts, des avoués ou bien des défenseurs qui soient
gens de bien. Ces titres étaient synonymes dans plu-
sieurs endroits; quoique dans d'autres endroits et
dans d'autres temps, ils signifiassent des choses diffé-
rentes, comme on le verra ci-après.
Quelquefois on demandait aux princes les avoués ;
cela est prescrit ipar le capitulaire 505 du 1' livre ,
dans leqifcl il est dit : Qu'on demande des exécuteurs,
ou avoués, ou défenseurs au prince , toutes les fois que
l'o)i en aura bemn : d'autres fois les princes eu don-
naient eux-mêmes. C'est ainsi qu'au usa Charlemagne,
à l'égard d'un monastère d'Allemagne (5) , à qui il
donna pour avoué, Adelbcrt, son parent, suivant une
charte rapportée par ISauclerus, sur l'au 809. Les fon-
dateurs des églises leur doimaient aussi des avoués.
(I) Col. 12, lietseq.
(2J C'est-à dire, jusqu'au onzième siècle.
(5) Weissenuw.
4009
ORDRE. — PART. 111. CHAI>. XVI.
Otgaire, aroliovèquc do Maycncc , en usa de la sorte
à l'égard du monastère dllirsaiige (1), auquel il donna
pour avoué le comte KrlalVide , avec celle condition ,
que le père étant mort, le lils ne lui succéderait pas
dans cet emploi, à moins qu'il ne lût ciioisi par i'iibbé
et les moines.
Dans les commencements de cet établissement,
c'était assez l'ordinaire que les évèques et le clergé,
ou bien l'abbé et les moines eussent le choix de leurs
avoués , conmie on le voit par un dialogue qui se
trouve imprimé parmi les oeuvres d'ilincmar, de l'é-
dition qui s'en fit à Paris en 1015 , et par ce que dit
Flodoart {i), de Tarclievèque Wuli'aire, qu'il eut soin
que les églises fussent pourvues de bons avoués et de
bons vidâmes ; mais dans la suite , la plupart devin-
rent perpétuels et irrévocables , et faisaient passer à
leurs cnlanls leurs avoueries, dont plusieurs familles
illustres portaient les noms, ou le nom des terres et
des domaines que les églises leur avaient affectés,
pour récompense des services qu'ils étaient obligés
de leur rendre. Cependant , quelques-unes s'affran-
chissaient de ce joug , et obtenaient quelquefois des
princes que les avoués fussent à leur choix ; mais soit
que rautorilé royale ne fût point assez respectée dans '
ce temps-là, soit que la coutume eût prévalu, la plu-
part avaient des avoués perpétuels , et dont la charge
avec les biens qui y étaient attachés, passait à leurs
descendants, ensorte que Geoffroy, duc de Lorraine,
crut faire une grâce spéciale à un monastère qu'il avait
fondé, en constituant pour avoué de celle église les
comtes de Louvain , avec celle clause , qu'ils n'en
pourraient substituer d'autres en leur place (5).
Ordinairement les avoués ou vidâmes, car chez
nous ces deux termes signifient la même chose, au moins
depuis le dixième siècle, reconnaissaient les évèques
et les abbés pour seigneurs , en vertu des fiefs qu'ils
tenaient d'eux , et dont ils étaient obligés de leur
faire hommage, les relevant à chaque mutation , à
moins qu'eux-mêmes ne fussent les fond;ileurs et les
patrons des églises , ce qui arrivait quelquefois.
On peut voir plusieurs choses très-curieuses sur
cette matière dans le dictionnaire de Ducange, sur les
mots Advocalus, et Viccdominus. Je me contenterai
ici d'en rapporter quelques-unes, en faveur de ceux
qui n'ont pas cet ouvrage. Il élait permis, suivant la
loi des Lombards , aux évèques , aux abbés et aux
abbesses, d'avoir deux avoués, dont l'un poursuivait les
affaires , et l'aulre prêtait le serment, parce qu'on ne
pouvait contraindre ni les évèques, ni les clercs, à le
faire dans toute sorte de cause , soit criminelle , soit
civile; et c'est pourquoi ils déléguaient leurs avoués
pour faire le serment à leur place. De plus , conmie
les évertues et les al)hés devaient, à cause des fiefs
qu'ils tenaient de la couronne , aider les rois à soute- j
nir l'État, et leur envoyer leurs vassaux armés quand
ils étaient en guerre, ces prélats, à qui les canons dé-
(1) Trithom., Chron. hist. Au^.
h) Hist. Rem., lib. 2, cap. \S.
(5) Molan., lib. 2 de Canonicis, cnp. .10.
DKS AVOUÉS ET DES VIDAMES. 1010
fendaient de porter les armes , donnaient assez sou-
vent cette commission à leurs avoués ou vidâmes, qui
devaient aussi les défendrt' eux-mêmes contre leurs
propres ennemis. Ces officiers étaient aussi charj^és
de rendre la justice aux vassaux des prélats, et ou
appelait les assemblées qu'ils tenaient pour ce sujet les
Plaids du Vidanie, Plc.ciliim Vicedomhmluin (\). Outre
cela, ils prêtaient main forte aux evêipies , quand ils
avaient quelques abus populaires à réformer, et qu'il
élait à craindre que les habitants des lieux où ré-
gnaient ces abus ne se soulevassent. C'est ce qui est
marqué par un capitulaire, dans lequel il est dit (2) :
Nous avons ordottné que suivant les canons, chaque évê-
quc, dans son diocèse, ait soin d'empêcher les supersti-
tions païennes , avec le secours du comte qui est le dé-
fenseur de Œcjlise. < t/... adjuvante graphionc, qui est
« defensor Ecclesiœ, populus Dci pacjanias non facial. >
C'est ainsi que je rends le mot qraphione , qui est un
terme tudesque latinisé, lequel sigiiilie encore comte,
en allemand , c'est-à-dire , une dignité moindre que
celle de duc. De là viennent ces termes de landgraves ,
margraves, burgraves, etc., que portent encore à pré-
sent de grands seigneurs en Allemagne.
Enfin un des plus essentiels devoirs des avoués ec
des vidâmes, élait d'empêcher qu'à la mort des évè-
ques, et pendant la vacance du siège, les biens qu'ils
avaient laissés, soit dans la maison épiscopale, soit
dans les autres de leur dépendance, et dans la cam-
pagne, ne fussent pillés, suivant la détestable coutume
qui s'était inlroduite depuis long-temps, et qui régnait
à Rome aussi bien qu'ailleurs. Ce droit des vidâmes
est attesté par une requête de l'évêque d'Ami ns au
roi Phili)»pe, en faveur du vidame de son église, par
laquelle il rend un témoignage avantageux de sa fidé-
lité en ce point (3).
Mais par malheur il se rencontrait peu d'avoués
d'une intégrité pareille à celui dont il est parlé dans
celle requête. Souvent ils étaient les premiers à s'em-
parer de ces biens, comme firent ensuite les rois qui,
sous prétexte de mettre les biens des églises sous
leurs mains et leur sauvegarde, se les appropriaient
pendant la vacance, et souffraient que leurs officiers
emportassent les effets mobiliers qui se trouvaient
dans toute l'élendue du domaine de l'église vacante :
ils imposaient de plus des tailles extraordinaires aux
sujets des églises dans cette conjoncture, et ce n'est
qu'avec beaucoup de peine el jjetii à petit (pi'on a
obtenu de la piété des rois et des grands seigneurs,
comme les comtes de Champagne el autres sembla-
bles, qu'ils renonçassent à un droit que la mauvaise
coutume leur avait acquis.
Les vidâmes et les avoués ne se contenlèreni pas
de se rendre les maîtres des biens des évéchés cl des
abbayes durant la vacance des sitjges : comme ils
étaient armés, et que les sujets des prélats étaient ac-
(1) Diplom. Berengarii, episcopi Vird.; ilug. Fia.
vin.. Chron. an. O.'il.
fè) Lib. 5, cap. 2.
(~>) Fa Tabulaiiis f"ori)eiensi et Pinconicnsi
iOll
HISTOIRE DKS
couïunïés .Vloiir obéir, ils accablaient encore d'exac-
tions les églises, du vivant même des prélats, cl obli-
geaient les sujets à leur payer les redevances (|ue l'a-
vai'ice leur faisait invenier. Ils coloraient ces vexations
de divers titrés, dont il est parlé dans les Dccréla-
les (1), et sous prétexte de ces redevances qu'ils s'é-
laicnt attribuées, ils se croyaient en droit de disposer
par vente on autrement de lems avoncries. Quoiiiam
advocali Ecclrsiaium jus, (uhocalionh, donutionis vel
cmptioiis litulo,aius(ine pro siiû voUmtatc coiilraciUnis,
in uUos traiisferre pra'sumniit , fodrum, idbergms, re-
giiiin, et smilln, tnnqnam à propriis rusticis exiorquen-
tès. Ces deux termes, fodrum et cdbcrcj'ms . viennent
de la langue ludcsqiic. Par le premier on entendait le
droit de se faire fouinir le foin, la ]>ailie et les autres
choses nécessaires pour les chevaux, d"où nous vient
sans doute le mot (omracje, et celui de fourrier on
notre langue. Le second signifiait le droit que s'é-
taient ûilribué les avoués d'clre reçus eux et leur
suite dans la maison épiscopale, et celles qui dépen-
daient du domaine de révèiiuc; et c'est peut-être de
là que nous vient le mol (Miébercjer. Ces prétendus
défenseurs des é;j;liscs , non seulement exigeaient ces
droits quand ils allaient en personne dans les terres
et les maisons du domaine des églises , mais souvent
sans y aller, ils s<' les faisaient payer ou les appréciaient
en argent à leur fantaisie, et les exigeaient avec beau-
coup de dureté, aussi bien que les tributs qui étaient
naturellement dus au souverain, marqués par le mot
de Rcrjîum. Ce sont toutes ces concussions qui ont
enfin porté les prélats à chercher les moyens de se
défaire de ces fâcheux prolecteurs, qui d'ailleurs
étaient devenus inutiles depuis que les rois, sous la
race qui règne si glorieusement aujourd'hui, ont re-
couvré leur autorité, et ont établi une si bonne police
dans leurs étais, que personne ne peut y nuire impu
némenl aux moindres de leurs sujets. C'est ce qu'ont
fait en i)artic les autres princes de l'Europe a leur
imilalion : eu sorte que les ecclésiastiques peuvent à
;i)résent exercer paisiblement leurs fonctions, sans
craindre les insultes de personne, quehpie puissante
qu'elle soil. Aussi ne reste t-il plus de ces avoués ou
villames; ou s'il en reste quelques-uns, ils sont sans
fonctions et ne conservent que le litre d'une charge
^ue leurs auteurs ont exercée autrefois.
(2) Lucius 111 ; Ep. Greg. 1. 3, lit. 58, c. 25.
SACREMENTS. 1012
ISous avons dit ci-devant que dans les temps posté-
rieurs les termes de vidanie et iVavoué signifiaient la
même chose, mais nous avons remarqué en même
temps (pie cela u'éiait pas vrai généralement , mais
seidement à l'égard de la plupart des endroits. C'est
de quoi il n'y a pas lieu de douter par rapport à l'é-
glise romaine en particulier , dans laquelle les vidâ-
mes ne sont guère moins anciens que les défenseurs
mêmes dont nous avons parlé dans le chapitre précé-
dent, et où ils ont subsisté fort long-temps, ayant des
fonctions bien dillérentes de celles des avoués et des
défenseurs.
Anaslase le bibliothécaire, en parlant du pape Vi-
gile, fait mention d'Amplial prêUe, et son vidame,
qu'il envoya à Rome avec un évéque nommé Valcn-
tin, pour garder le palais patriarcal de Lalran, et
gouverner le clergé. Le même auteur nous apprend
ailleurs (1) que l'apparlement que le vidame occupait
dans ce palais s'appelait la vidamie, viccdoniUnum :
et, selon lui (2), quelquefois un évêque exerçait cet
emploi, quelquclois Un diacre, selon qu'il [ilaisait au
Pape. Col emploi, selon S. Grégoire, qui en parle de
temps en temps, était à peu près le même (jue celui
de ces olliciers qu'on a depuis nommés majordomes :
il était comme l'intendant de la maison épiscopale, et
servait l'évèquc dans l'intérieur de sa famille, le sou-
lageant dans les devoirs et les soins domcstitiues,
c'est-à-dire, dans l'exercice de l'hospilalité et dans
l'aUenlion sur tous ceux qui composaienlsa famille (5),
entre lesquels il devait maintenir la paix et le bon
ordre.
Ce vidame du Pape était un des principaux officiers
domestiques du Pape, donl il élait comme l'économe
à l'égard des biens qui lui étaient propres, je veux
dire de la quatrième partie des revenus de l'église qui
élait assignée aux évoques pour l'enlretien de leur
maison. Quand le Pape marcliaiteu pompe solennelle,
il le suivait immc-diatemenl avec le nomenclaleur, ce-
lui (pii avait l'intendance de la gaiderobe, veslia-
rius (i), cl le sacellaire : et sou autorité était telle
qu'il avait niênie un notaire qui lui était alfeclé, et
duquel il se servait pour dresser les expéditions qui
avaient rapport à sa charge.
(1) InvitâStephani III. sive IV.
(2) Ibid., et in Consianlino i)apà.
(3j Ep. (i(i, l. 9, etep. li,lib. 1.
(4) OrdoRum., coi.Mell5.
HISTOIRE
DU SACREMENT DE MARIAGE.
CHAPITRE PREMIER.
Observations préliminaires sur la nature du Mariage.
On parle en même temps des erreurs qui se sont éle-
vées sur cette matière.
Les théologiens et les jurisconsultes désigncnl le
sacrement donl nous entreprenons de traiter, suivant
notie méthode ordinaire, par les noms de Mariage ,
de noces, et d'union conjugale, qui forment dans nos
esprits l'idée de sa nature, de ses causes, de bcs en-
gagemenls ; mais sans nous arièler à l'élymologie de
ces lerines, nous nous conlenlerons, pour en dottiicr
iO:3
MARIAGE. — CIIAI'. J. ODSERVATIONS l'Rf.U.MINAmES.
iOU
xmc iiolion siiffis;inlc, (!<> nipporter la ilcliiiitioii que Tj sa provaricalioii, ne fùl pK'jiidiciable àsa poslérilé, cl
le M:iîlrc des Sentences en a donnée (I), cl (pii a paru | nn obstacle à lenr naissance.
si exacte, (pie le calccliisnie du concile de Ticiile l'a 1 Saint Angnstin ayant eu lieu depuis d'approfondir
adoptée. Le Mar'uuje, dit-il, csl ritnion coiijiujule de l davantage cette matière, à l'occasion de riiéré.-ie des
Pélagiciis, (pii ne reconnaissaient rien delionlenx dans
! I(;s nioiivcnients (le la coiiciipisccnco, et (pii piélcii-
riiomiiie et de lit femme, (jui se co>itr(icle entre des per-
sonnes qui en sont capables selon les lois, et qui les obVuje
de vivre inséparablement l'une avec l'autre.
(laicnt (pic leslionmies y étaient sujets avant le | éclié,
C'est une union parce que, comnie dit l'auteur des expli(pia ce (ju'il axait dit aulrelois là-dessus, en écri-
Conlérences de Paris (-2), le Mariage ne consiste pro-
prement et essonlieliemcnt que dans l'ohligalion et le
lien qui est exprimé par le mot iVunion. Kslius en
donne la raison, c'est que le consentement intérieur
des parties, et le pacte extérieur (lu'elles font par pa-
roles de présent, ne dure qu'un instant, et que le
Mariage subsiste jiis(|u'à la mort de l'un des deux époux.
C'est une union conjugale, pour la distinguer de
toutes les autres conventions , par lesrpielles les
hommes et les femmes peuvent s'obliger les uns
envers les autres pour se secourir mutuellement,
soit par vente, achat, ou autrement. Cette union doit
être entre des personnes qui en sont capables, selon
les lois, pour marquer que certaines personnes, (elles
que sont, par exemple, les parents en ligne directe,
ne peuvent la contracter ensemble. Enfin cette union
est indissoluble, parce qu'elle oblige le mari et la
femme, et(}u'ils sont obligés de vivre inséparablement
l'un avec l'autre.
Le Mariage est donc un contrat permanent , parce
que c'est un accord mutuel, (]ui forme les engagements
onire les deux époux, lesquels diu'cnt jusqu'à la mort
(le l'un des deux, et ce contrat est en même temps na-
liuel et civil, et de plus il est sacrement, quand il se
fait entre des fidèles catholiques.
Comme (outrât naturel, il est de linstilulion du
Cré.iteur, comme nous en assure le Sauveur, lorsqu'il
dit (.") que Dieu a institué les deux sexes à celte in-
tention, et il le fit, lorsqu'il bénit Adam et Eve, et
lelJr dit : Croissez et multipliez-vous, etc. H est vrai que
S Chrysoslônle {A), S. Augustin (5) et S. Jean Da-
mascène (6) ont cru qu'Adam et Eve ont vécu, et au-
raient toujours vécu comme des vierges, s'ils eussent
élé fidèles à suivre les ordres de Dieu dans le paradis
teriestre. Ils ont même enseigné aux chrétiens, pour
les porter à la continence, et combattre les erreurs
des Manichéens, qui blâmaient l'usage du mariage,
(pie si riiommc et la femme n'eussent pas péché, ils
seraient devenus père et mère d'une race d'enfants
aussi saints et alissi heureux qu'eux, sans user du
mariage.
Mais cela n'a pas empêché S. Clirysost()me, ot
S. Jean Damascène d'enseigner que Dieu avait insti-
tué le Mariagt' pendant l'état d'innocence, et que Dieu,
prévoyant la chute d'Adam^ avait voulu par là einpê
cher(jue la mort, qui devait être la suite cl la peine de
(l)In4, dist. 27.
(2)4.. 1,0. 1.
h) Matlh. 19.
(i) Hom. 13, in Gènes.
(fi) Lib. de Gen., cent. Manich., c. 19.
(6j Fid orlhodox., I. 2, c. 50, cl 1. i, c. 25.
vaut contre les .Manichéens, hérésie diamétralement
opposée en beaucoup de points à celle des Pélagiens,
et dit avec beaucoup de modestie dans ses Uétracta-
lions (I), que s'il avait avancé dansleLivre de la vé-
ritable Religion, qu'il n'y aurait point eu d'alliance et
de génération enire les hommes, s'ils n'eussenl | as
péché, parce (pTils ne fussent pas morts, il n'avait pi'.s
encore prévu (pie les hommes pouvaient dans l'état
d'innocence naître (sans concupiscence) les uns des
aulres, non pour se succéder, mais pour être ensemble
dans le ci«^l. C'est conformément à cette explication si
claire ipie S. Aiigiislin a donnée de ses sentiments à
l'égard du mariage; pendant l'état d'innocence, que le
l)apc Innocent 111 a condamné comme une erreur (2)
l'opinion de ceux qui croyaient que les hommes se se-
raient mnllipliés sans l'usage du mariage, s'ils fussent
demeurés dans l'élat d innocence.
Le M liage est aussi un contrat civil, parce que les
conventions en doivent cire réglées par les lois de
l'Eglise et des i)rinces, et que même ces dernières, si
elles sont violées, rendent le mariage nul, au moins
quant aux effets civils, en rendant , par exemple , in-
habile à succéder les enfants qui nailraient de ces con-
jonctions.
Enfin le mariage est un sacrement, non seulement
en ce qu'il est la figure de l'union mystique de Jésus-
Christ avec son Église, ce qui est commun à tous les
mariages légitimes, soit avant, soit depuis la publica-
tion de l'Évangile, mais encore parce qu'il a plu à
Dieu d'attacher des grâces particulières à cet état; et
que Jésus-Christ a voulu l'élever au rang des aulres
sacrements qu'il a inslilnés pour la sanclification do
ccu\ qui cioiiMient en lui. C'est nn poinl de doctrine
sur lequel presque tous ceux qui font professiem du
Christianisme conviennent entre eux, quelque divisés
qu'ils soient d'ailleurs touchant les aulres scntimi'iits,
comme .M. Uenaudol le fait voir des Grecs et des
autres communions Oiivnlales, dans le ti' livre du
h' tome de la Perpétuité de la Foi, auquel nous ren-
voyons le lecteur.
C'est sous ce point de vue que nous devons envisa-
ger le Maiiage dans ce Irailé, où nous exposerons his-
toritpiemcnt les riis et les cérémonies qui s'obser-
vaient aiiirefuis dans la célébration de ce sacrement,
sans entreprendre de délerminer quelles sonlprécisé-
menlcellesauxquellesDieua aiiacliéses grâces, ou bien
qui en sont, comme disent les ihéulogiens, la matière
et la forme, et qui en con:>tilnenl l'essence. Ce serait
même une témérité à nous de le tenter, puisque ceux
l)Lib. 1, c. 13.
2) Cap. Dumnumus, de Sum. Trin
1015 lllSTOiriE DKS
qui ont écrit sur cette maiière sont si partagés entre
eux, que jiis(|ii"à présent on ne peut rien dire de iiien
assuré là-dessus, l'Éijiise nayaulpas jugé à propos de
faire aucune délinition qui lixâl les opinions sur ce
sujet; ensorle ([u'il est permis à chacun d'abonder
dans son sens, pouvu que les opinions diilérenles ne
s'éloignent point de l'analogie de la foi.
Je n'entreprendrai pas ici de rei)résentcr les divers
sentiments des théologiens scolasticpies ; cela nie mè-
nerait trop loin. Je nie contenterai de reniarcpier
qu'ils peuvent se réduire à trois, dont on peut voir
une explication plus ample dans ks écrits de la plu-
part denlrc eux. Les uns enseignent que l'essence de
ce sacrement consiste tout entière dans la bénédiction
nuptiale, ou (lu'elle tient au moins lieu de forme ; le
consentement des parties contractantes en étant la
matière ; d'autres prétendent que tonte l'essence est
renfermée dans les signes et les paroles qui ex-
priment ce consentement, et le don mutuel de leurs
corps que se font l'époux et l'épouse, ou bien ils
disent que les corps de l'un et de l'autre sont la ma-
tière, et que les signes de consenicment qui accom-
pagnent le don, qu'ils s'en font, en sont la forme En-
lin quelques autres, à la tète desquels il faut mettre
ie cardinal Bellarmin (l) , croient qu'à cet égard on
doit raisonner du sacrement de Mariage , comme de
celui d'Eucharistie; et que comme celui-ci esl ce qu'on
appelle un sacrement permanent, qui ne consiste pas
dans une action de peu de durée, mais dans les
espèces mêmes, consacrées par les paroles mysté-
rieuses; de même le Mariage est sacrement, en ce
qu'avant été célébré suivant la forme reçue dans l'É-
glise, il est le symbole de l'union de Jésus-Christ avec
l'Église, et renferme les grâces propres à faire remplir
les obligations de cet étal à ceux qui s'y sont engagés.
Nous laissons aux théologiens le choix de ces diffé-
rentes opinions et des autres qui ont eu, ou qui ont
encore à présent , cours dans les écoles catholiques,
et dont on peut se mettre au fait par la lecture de leurs
ouvrages, et entre autres de ceux de M. Tourneli (î).
ÎSous dirons seulement ici que la première et la der-
nière paraissent les plus probables; celle-là, parce
qu'elle a plus d'analogie avec la discipline des sacre-
ments ; celle-ci, parce qu'elle souffre moins de diffi-
cultés, et qu'en la soutenant on pare plus aisément aux
objections que l'on propose. Mais sans rien déterminer
sur une matière aussi douteuse et qui n'est point de
notre ressort , nous nous contenterons de rapporter
dans cette Histoire , la manière dont on a célébré de
tous temps dans l'Église les mariages chrétiens.
Avant de le faire , disons un mot des principales
erreurs, qui ont été publiées contre la sainteté du Ma-
riage. L'apôtre S. Paul les avait prévues, et il en parle à
son disciple Timothée , comme d'erreurs très-perni-
cieuses, et qui devaient avoir de fâcheuses suites pour
les âmes. Yoici les termes dans lesquels il s'ex-
(1) L. 1, c. 6. de sacram. Malrimonii.
(2) DcMalrim., à pag. 41.
SACREMENTS. 1016
prime (1) : Or rEuprit de'Dieu dit expressément quedans
le toiips à venir (inelques-tius abandonneront la foi , en
auivant des esprits d'erreur , et des doctrines diaboliques
enseignées par des imposteurs pleins d'hypocrisie, dont la
conscience est noircie de crimes , qui interdiront le Ma-
riage.
Ces imposteurs ne tardèrent pas à paraître, comme
lApôtre l'avait prédit. De ce nombre furent lesSimo-
niens, les Nicolaïtes, les ïatiens, les Saturniens, les
Marcionites, les Encratites, les Adamites, les Aposio-
li<iues, les Ilieracites , et surtout les Manichéens qui
publièrent que le Mariage était illicite et.de l'inven-
tion du démon. C'est ainsi que ces hommes perdus sé-
duisaient la multitude sous le faux prétexte d'amour
pour la continence , tandis qu'ils s'abandonnaient la
plupart aux plus infâmes débauches , qui donnaient
lieu aux idolâtres de calomnier et de persécuter les
vrais chrétiens dont ils s'étaient séparés. S. Irénée,
S. Épiphaiie, saint Augustin et Théodoret ont com-
baitu ces hérésies. Saint Augustin (2) nous apprend
que quoique les Manichéens condamnassent le Ma-
riage, ils ne laissaient pas de soufTrir que plusieurs
d'entre eux qui n'étaient point encore initiés à leurs
mystères impies, et qu'ils nommaient auditeurs , s'y
engageassent par la nécessité de vivre en société.
Outre ceux qui ont rejeté les noces comme mau-
vaises, Jean Hus, Luther et Calvin sans blâmer le Ma-
riage , l'ont avili , en le dépouillant de la dignité du
sacrement proprement parlant; et ce qui est plus fâ-
cheux, c'est qu'ils se sont appuyés du témoignage de
quelques-uns de nos théologiens , qui n'avaient point
assez réfléchi sur cette matière, et entre autres de
Durand (3) qui avait enseigné que le Mariage n'était
sacrement qu'improprement parlant , œquivocè , en ce
qu'il est le symbole d'une chose sainte.
CHAPITRE H.
Des rils et des cérémonies observés tant en Orient qu'en
Occident dans la célébration du Mariage.
En traitant des cérémonies du Mariage , nous ne
prétendons pas les mettre toutes de niveau : nous sa-
vons que quelques-unes sont plus nécessaires que d'au-
tres , et qu'il en est que l'on peut appeler essentielles
et qui ne s'omettent jamais , tel qu'est, par exemple,
le consentement des parties marqué par paroles oi;
par signes , etc. Mais nous parlerons ici de toutes les
principales , dont nous lâcherons de découvrir l'anli-
quité et les vestiges qui en sont restés. Pour le faire
avec plus d'ordre , nous partagerons ce chapitre en
quelques articles : dans le premier nous parlerons des
cérémonies qui précédaient le Mariage , el dans les
suivants nous représenterons celles qui l'accompa-
anaienl et le suivaient.
(i) 1 Timoth. 4, v. 1, 2,3.
(2) Contr. Faust., 1. 50, c. 6,
(3) in lib. 4 Sent. , dist. 20, q. 2.
1017
MARIAGE.
ClIAP. II.
ARTICLE rUKMIKU.
Des cérémonies qui pirccdaiciil le Mariage des cbrlietis,
et entre autres de la publication des bans , des fian-
çailles, des tables matrimoniales, des arrhes, de l'an-
neau , etc.
Dès le commencement du second siècle, les fidèles
ne se m.iriaient qu'après en avoir informe leur évo-
que , qui, en leur (iiisant joindre les mains Tun avec
l'autre , leur donnait sa bénédiction. M. de l'Aubcs-
pine (I) croit que les Iiommes s'adressaient aux dia-
cres, et les femmes aux diaconesses pour kur propo-
ser leurs Mariages , et les supplier d'en informer Té-
vêque, pour savoir de lui s'il les agréait. Ce savant
évèque d'Orléans croit que ce sont ceux que Tertullien
appelle les médiateurs des Mariages, consiliarii nnp-
tiarum.
L'Église en usait de la sorte dans les premiers siè-
cles avec les fidèles , pour les empêcher de s'allier
avec les païens , les Juifs et autres infidèles ; et comme
il n'y avait point d'empècliemenls dirimants établis
par les canons , il n'était point nécessaire d'annoncer
aux fidèles les futurs Mariages des promis , pour pou-
voir les découvrir.
Mais dans la suite des temps, l'Église ayant jugé à
propos de défendre le mariage à certaines personnes
sur peine de nullité , il s'établit dans l'église latine ,
une coutume de publier et d'annoncer aux messes de
paroisse les futurs mariages des chrétiens pour pou-
voir découvrir s'il ne leur élait point défendu par les
canons de se marier avec leurs promis. Cette cou-
tume qu'on ne voit pas avo'r jamais été en usage dans
l'église grecque , fut reçue et observée en diverses
provinces de l'Europe. Cujas (2) dit que c'était un
usage très-commun en Angleterre. Innocent III re-
connait(3)que cela se prati(iunit ainsi en France dans
le diocèse de Beauvais. Nous en voyons des vestiges
dans l'ordonnance synodale d'Eudes de SuUi, évèque
de Paris, sur la fin du douzième siècle. Cette coutume
de France et d'Angleterre fut trouvée si sage et si pru-
demment établie , qu'elle fut approuvée par le pape
Innocent III dans le quatrième concile de Latraii (4)
en 1215. Ce pape la fit étendre à toute l'église
latine par une loi générale , que depuis ce temps
tous les fidèles furent obligés d'observer dans l'Oc-
cident. On ordonna dans cette assemblée (|ue les
curés annonceraient dans l'église les futurs Mariages
de leurs paroissiens, mais sans spécifier ni quels
jours , ni combien de fois il fallait faire cette publica-
tion.
Cette loi du concile de Latran n'étant déjà plus en
usage vers le temps du concile de Trente, dans plu-
sieurs endroits de l'Occident, par exemple, en Espagne,
comme le témoigne Dominique Soto qui a écrit entre
la treizième et vingl-qualiièmc session de ce con-
cile, cette sacrée assemblée l'a ordonné tout de nou-
(i) Conférences de Paris, 1. 4, § 1.
il) In com. ad 1. fin. de cland. Despons.
5) C. Qun in tuù.
4) Cap. Citminhibilio, de cland. Despons.
KITS ET CÉIIÉMONIES. 1018
veau dans la vingt-quatrième session. Les Pères de
ce concile ont n)èine sp<''cifié toutes les principales cir-
constances de cette publication : ce sage règlement
de discipline s'y fit à la prière des évè(|ues de France.
Nous avons encore la harangue que M. de Morvillier,
théologien du cardinal de Lorraine, fil dans une con-
grégation , pour solliciter le concile à renouveler le
décret de Latran , au sujet de la publication des bans
de Mariage.
Cette loi du concile de Trente fut aussitôt en vi-
gueur en France, et s'observe aussi en Angleterre,
quoique le concile n'y ait jamais été reçu ; les Angli-
cans suivant en cela leur ancien usage expliqué dans
leur Liturgie. Celte publication se nonmie ban, qui est
un vieux mot , qui désignait parmi les Allemands la
publication des édits des souverains , et que l'Église a
emprunté d'eux.
Voilà ce que nous avions à dire touchant les bans
de Mariage : passons aux fiançailles, qui sont en usage
encore à présent dans la plupart des églises d'Occi-
dent et dans telles d'Oiient. Tout le monde sait que
les fiançailles sont une promesse, que deux personnes
qui sont en état de se marier, se font mutuellement de
vive voix, ou par signe assez manifeste, de s'épouser
un jour.
Cette cérémonie est Irès-ancienne. Elle était même
j en usage chez les peuples avant qu'ils eussent reçu la
^ foi de Jésus-Christ , et comme elle n'a rien de con-
I traire à la religion , elle s'est conservée dans le chris-
: lianisme. Pline dans le trente-troisième livre de son
! Histoire Naturelle (cap. 1) en faitmenlion, et nous as-
j sure que de son temps c'était encore la coutume d'en-
I voyer à la future épouse , un anneau de fer sans
! aucun ornement de pierre précieuse, ce qui était
! un reste de l'ancienne simplicité des Romains-, chez
qui les anneaux d'or étaient interdits à tout le monde ,
excepté à ceux qui étaient chargés de traiter des af-
faires importantes chez les peuples étrangers, en sorte
que Marins n'en porta point même dans son triomphe
sur Jugurlha, et qu'il ne commença à en avoir qu'à son
troisième consulat.
C'était ainsi que les futurs époux s'engagaient ré-
ciproquement leur foi, l'un en donnant, l'autre en
! recevant : d'où vient que Tertullien appelle cet an-
^ ncau, annntus pronubus. S. Grégoire de Tours (1)
parle disertemont de cette cérémonie dans la vie de
j S. Leobard, reclus du monastère de Marmoutier.
j Quand il fut, dil-il, parvenu à l'âge convenable, ses pa-
\ rents le contraignirent d'envoyer des arrhes à la fille
' qu'il devait prendre pour sa femme, « ut arrham puellœ
I i quasi uxoremaccepturus darct, impellitur. t Le saint
, voulait passer sa vie dans le célibat et la pénitence ;
mais ne pouvant résister aux instances de son père,
il donna l'anneau et le baiser à son épouse future, il
lui présenta les souliers ; on célébra avec joie les épou-
sailles. Dcnique dato sponsaliœ annulo, porrigit oscu-
lum, prœbet calceamentum, célébrât sponsaliœ fésluni
(1)C. 20de\ilisPatrum.
i019 IIISTOIUE DES SACREMENTS.
aiem. Celait ainsi, comme remanjuc un savant au-
teur (Marollius), que l'époux prenait en quelipie sorte
possession de son épouse, en lui liant, pour ainsi dire,
les pieds elles mains par la chaussure et l'anneau (1).
S. Isidore (2) parle aussi des anneaux que ceux qui
voulaient contraeler mariage envoyaient à leurs liitu-
res épouses, lorsipfil dit (pie les leimnes n'usaient
point d'autres anneaux que de ceux (pie l'époux leur
avait envoyés avant leur mariage, et qu'elles n'avaient
point coutume d'en porter aux doigts plus de deux. Le
juènie auteur, dans le second livre des Offices divins
(e. 19), fait assez entendre que celte présenlaiion de
l'anneau était devenue une cérémonie religieuse dans
le clirisliaiiisme, quand il assure que l'époux c-lonne
ranneau à son épouse en signe de la foi mutuelle, (!U
Lien {)liit()t pour unir leurs cœurs par ce gage pré-
cieux de leur amour ; d'où vient, ajoule-t-il, que l'an-
neau se met au quatrième doigt delà main, parceque,
comme on le dit, il y a une veine qui porte de là le
sang jusqu'au cix'ur.
Léon Allatius (") nous apprend que la même chose
à peu près se pratique dans l'église grecque. Mais
chez les anciens Francs, au lien d'anneaux, l'époux,
dans les fiançiiilles, doiiiiait à sa fulUre épouse quel-
ques pièces de monnaie, c'est-à-dire un sou et un d '-
liicr suivant la loi saliqiie. Ce l'ut en cette manière,
sclrtii Frédégaire, que le roi Clovis épousa Clolilde.
Legali ofj'erentcs, soiulo et detiario, lit mos eral Frun-
coriim, ccim parlihus Clilodôvœi desponsahi. Nous avons
encore les anciennes formiiles (.\c ces épousailles (4),
où il est parlé du soU et du deliier que le futur mari
donnait à sou épouse. Dian et ego te per solidum et de-
Uarium seciindiui) Icgem f^alicam I'/shS jui sponsnre. |
Celle cërémtinie ëlait iiti restfed'tme Ircs-ancictine
cbiitnuie établie cllbz li'.usîiéiirs halibiis, d'acheter les
femmesque l'on voulait épouser, ce qui était en usage
non seuiemenl parmi les Gci'màins, mais encore par-
mi d'autres peuples, coiunie les Saxons et les Bour-
guignons. On le voil pdr leè lois des Uns cl des antres;
celle des S.ixons (c. 58) pôl'le : Celui qui doit épou-
ser une femvie, donnera 500 sous à ses parents. El celle
des Bourguignons (lit. 12) veut que le ravisseur paie
six fois le prix de celle qu'il auia ravie, sexies puelke
pretium exsolvat. Celle manière de fiancer était parti-
culière aux Francs el aux autres peuples Germaniqurs,
desquels elle est passée chez nous. Car ni S. Isidure,
ni le pape Nicolas, dans sa réponse aux consullalions
des Bulgares (cap. 3), n'en font aucune mention. Vous
avez vu ci-dessus ce qu'en dit le premier. L'autre parle
)t la vérité des fianç-ailles el des gages des noces futu-
res ; il parle des arrhes et de l'anneau que l'époux
(1)S. Léobard se trouvant libre peu après par la
mort de son père, renoïK^'a aux engagements qu'il
avait pris avec celte tille, cl se relira pour se consa-
crer à Dieu. (Greu;., ibid.)
(2) L. 20 Etyniol.
(5) L. 5 de Cens. Eccl. Occid. et Orient., cap. i6,
n. 15.
( l) Inter formulas Bignonianas 5, el velus formula
apud Franciscum Pitha;uni.
1020
donnait à son épouse avant la célébralion du mariage,
ujaisil ne dit rien des sous eldes deniers que l'époux
devait donner. Scd posl sponsalia, quœ futurarum sunt
nnptiarnni promissafœdera,... el postquàm arrliis spon-
sam sibi sponsus per digitum fidei à se unnulo insigni-
tuni desponderit..., uinbo ad nuplialia fœdera perdu-
cunttir.
Ce pape ne dit point que ces tiançaillcs dussent se
faire dans l'église en présence du prêtre, cl le rituel
romain ne le prescrit pas non plus. Il y a aussi plu-
sieurs églises de France et d'Italie où les lian(,'aillcs
ecclésiastiques sont inconnues, qnoi()ue dans d'autres
elles soient ordonnées el prali(iuées, et même depuis
le treizième siècle, comme on le voit dans les statuts
d'Eudes de Sulli, évèque de Paris (1).
Mais il n'y a poinl de pays où elles se fassent avec
plus d'appareil que chez les Grecs, où elles sont ac-
compagnées de beaucoup de prières et de solennités.
Et cet usage n'est pas récent parmi eux, puisque
nous voyons que l'empereur Alexis a fait des lois sur
ce sujet, par lesquelles il défend entr' autres choses,
de se (iaiicer dans l'église avant l'âge de puberté, et
de ronqjre les engagements pris en vertu de cette
cérémonie. C'est pourquoi les Grecs ont coutume de
se fiancer le même jour qu'ils se marient (2), elles
deux cérémonies des fiançailles et du mariage se font
en Orient tout de suite et en même temps. Cet empe-
rem' avait aussi ordonné qu'on ne se fiancerait pas à
l'église le Dïème joiu" qu'on se marierait. Mais comme
on ne peut pas, dans l'église grecque, résilier des fian-
çailles solennelles et ccclésiasrKines, les Grecs n'ont
pas laissé de continuer à se fiancer et marier le même
jour. C'est la remarque du Père Goarl dans son rituel
des Grecs.
Les fiançailles étaient suivies du contrat de mariage,
que S. Augustin, qui en parle plus d'une fois, a])pelle
tables matrimoniales. Elles contenaient les clauses et
les conditions sous lesiiuelles les futurs époux s'enga-
g(>aient réciproquement, aussi bien que celles sous
les(pielles les pères et mères, ou les parents des deux
parties consentaient à cet engagement ; et tous ceux
(pii y assistaiiîul et qui y prenaient intérêt y appo-
saient leurs sceaux : c'est pourquoi C(unme révè(|ue
était le père commun des fidèles, il y souscrivait
aussi. C'est ce (pie léinoigne S. Augustin (5). Isiista-
bulis subscripsit episeopus. El il se sert souvent de co
qui était manjué dans ces tables pour rappeler les
maris el les femmes à leur devoir, en les faisant sou-
\einr désengagements qu'ils avaient pris, el de la fin
([u'ils s'étaient proposée en entrant dans l'état conju-
gal. Ce qui fait voir que ces tables contenaient non
seulement les conventions matriinoniaies (jui regar-
daient les intérêts de famille, mais qu'on y insérait
encore ce qui avait rapport aux devoirs des gens ma-
riés cl àu.x vues toutes saintes et loùles pures qu'ils
(1) Conférences de Paris, 1. 3, § 1.
(2) Novel. Alex. Cornn. Apud Mathmon, la Quœsi.
malrim.
(") Seriii. S52, nov. edit.
40-21 MARIAGE. — CIIAP. 11.
devaient se proposer en se niarianl. Le saint docteur
cxpiiaiio CM plusieurs endroits ces clauses du coiilrat
Qui avaient rapport à la religion : il s'en sert dans
l'endroit (pic nous venons d'indicpier, pour prouver
aux maris que si, à certains égards, ils ont pouvoir
sur leurs femmes, ils leur sont égaux en d'autres, et
qu'ils leur doivent une fidélité inviolable.
Dans un autre de ses siinions (I) il s'elTorce de ré-
primer la passion des maris, en leur parlant de cette
sorte : Celui qui (tinir flus le corps do su femme, que
ne le prescrit l'ordre de lu nature, suivmit lequel on ne
doit user du Mariage que dans la vue d'avoir des en-
l'unts , agit contre les tables mutrimoniules. On les
récite et ou les récite en présence de tous hs assis-
tants, et on ]j lit qu'on est entré dans l'état du mariage
pour avoir des cnfa)ils, on les nomme tables matrimo-
niales. Si on le faisait pour une autre (in, si on se ma-
riait par d'autres vues, qui est l'homme qui aurait assez
peu de pudeur pour livrer sa fille à la passion d'un
étranger? Mais afin que les parents n'en rougissent pas,
on récite ce qui est contenu dans ces tables, afin qu'ils
soient beaux-pères et belles-mères, et non des ministres
de débauche, en donnant leur fille ci celui qui la leur
demande, etc.
On voit quelque chose d'assez semblable à ce que
S. .\uguslin dit de ces tables matrimoniales, dans ce
qui se pi'aliqiiait en France quand le mari futur con-
sliluait une dot à son épouse. Nous avons des modèles
de l'acte qui se faisait pour cela, parmi les formules
de Lindembroog (2). On y rappelle l'institution du
Mariage, et on y fait mention de la fin que se propo-
saient les firturs époux dans cette action importante.
Je vais donner un extrait de la formule qui est au nom-
bre 75' et de la 79" : la première a pour titre, aussi
Lien que les suivantes : Libellus dotis. Ma très-douce
et très-aimable épouse N., puisque nos parents respectifs
ont agréé que je vous fiançasse par le sou et pur le de-
nier au nom du Seigneur, selon la loi Salique, comme
j'ai fait ; de même, il nous a paru bon que je vous don-
nasse en litre de dot quelque chose des biens qui ni ap-
partiennent, ce que j'ai fait. C'est pourquoi je vous
donne par le présent acte, en toute propriété et pour
toujours tels et tels biens, etc.. Il y a ici une énuméra-
tion de ces biens, puis l'époux continue : Bien entendu
que quand le jour de noire mariage arrivera, vous en-
triez en possession de ces biens, etc.
Dans l'autre fornmie l'époux commence ainsi :
Puisqu'il est constant que la fécondité du genre humain
lient du Seigneur, qui a dit : Croissez et multiplier, et
que ta femme a été tirée du côté de l'homme et lui a été
donnée pour l'aider, et que de plus afin que nous sus-
sions que le Mariage est bon et institué de Dieu, notre
Sauveur a assisté aux noces et g a changé l'eau en vin,
j'ai résolu moi N., à l'imitation de mes pères et au nom
de Dieu , avec le consentement des hommes illustres
mes pcn-ents, et suivant les, lois de contracter un Mariage
(I) Sorm. îil.
{i) lialuz., ton). 2, p. o32 cl seq.
RITS ET CERE.M0NIE3.
!0«
légitime arec A'., pour en avoir postérité, et de lui don-
ner en dot, etc.
AKTICLL ir.
Des cérémonies qui se pratiquaient à ta célébration du
Mariage.
La j)Iupart des cérémonies que nous pratiquons
encore aujomd'liui dans la célébration du Mariage
sont très-anciennes, comme on le verra par ce que
nous allons dire : mais il en est quelques-unes qui
ont été changées depuis, ou me ne abolies, an moins
dans plusieurs pays de la chrétienté.
En général on i)eut direque de tout temps les chré-
tiens ont cru devoir sanctifier letir entrée dans le
Mariage par les prières communes de l'Eglise, et la
bénédiction de ses ministres ; et il n'y a autun lieu de
douter que cela ne vienne de la tradition apostolique,
puisque S. Ignace martyr, disciple des Apôtres, le re-
commaiide, quoiqu'en d'autres termes, mais qui sont
très-dignes de notre attention. Si quelqiCun, dit-il (I),
peut garder la virginité en l'honneur de la chair du Sei-
gneur, qu'il ne s' en élève pas : que s'il s'enffle d'orgueil,
il est perdu.... Or il convient aux hommes et aux femmes
qui se marient de faire cette alliance suivant le jugement
de l'évèque, afin que le Mariage soit selon le Seigneur,
et que la cupidité n'en soit point le principe. L'évèque ou
le prêtre en cette occasion ne se contentait pas de
donner simplement son avis sur le choix de la per-
sonne avec qui on voulait contracter alliance : mais
il priait pour l'heureuse réussite du Mariage, il bé-
nissait ceux qui entraient dans l'état conjugal, et tous
les fidèles se joignaient à lui pour allirer sur l'époux
et l'épouse les grâces dont ils avaient besoin, pour
remplir les devoirs d'un état environné de tant de
peines et d'embarras, et qui d'ailleurs était si impor-
tant à l'Eglise, de laquelle il devait multiplier les
enliuits.
Tertullien nous développe cette ancienne discipline
dans le second livre adressé à sa femme, quand il
dit, (pie ce mariage est heureux, qui se Hiit par la mé-
diation de l'Eglise, et qui est confirmé et scellé par
l'oblaiion et dont les anges rendent compte à Dieu.
Félix connubium, quod Ecclcsia conciliât , confirmât
oblalio et obbignatum angeli rcnuntiaiit. On aperçoit dans
Tertidlicn la disci|)line que TEglibC a toujours depuis
observée dans la célébiation des mariages chrétiens.
On y voit que dès ce temps-là ils se célébraient pu-
bliquement 01 par l'autorité de l'Eglise, dont lés mi-
nistres les reconnuaiidalcnl à Dieu (îahs r.iclioh du
saint sacrifice, que les futurs époux y faisaient ki;i-
oblation avec les antres fidèles, et qu'on y récilail
leurs noms en particidier ; cai* c'est de que sigtiilient
les paroles de ce Père, obsignatuni angeli rèiiiMiant.
On tenait pour saints, et l'Eglise ratifiait les Mariages
ainsi célébrés. Autrement on les considérait ccinmie
des alliances profanes ; non qu'on dout.^l de lellr vali-
dité, puisqu'ils étaient faits selon les lois : mais oa
Cl) Epist. ad Polycarp.
1013
HISTOIUE DES SACREMENTS.
i024
ne les comptait pas parmi les clioses sacrées. C'est ce
que veut dire TerluUien, fnioi(iiril s"ex|niinc d'une
manière assez dure, quand il ajoute, que chez les
chrétiens les Mariages, qui ne se faisaient point en
présence de l'Eglise, couraient risque de passer pour
débauche. Apud nos nnptiœ )W)i piiks apud l'A-clesiam
professœ, de mœcliià judicari pericU((in(ur.
Il est assez ordinaire à TerluUien de se servir d'ex-
pressions outrées : celle-ci en est une, et on ne doit
pas la prendre à la lellre; car quoicfue l'Apùtrc rc- j
commande aux chrétiens de ne point s'allier avec les
infidèles, il est bien éloigné de traiter ces Mariages
de fornications, et nous voyons dans l'ancienne bis- j
loire de l'Eglise qu'une infinité de personnes des deux
sexes ont contracté de ces sortes d'alliances, soit que
leurs parents ou ceux de qui elles dépendaient,
comme les tuteurs et les curateurs, les y engageas-
sent contre leur gré, soit par quelques autres raisons.
Nous savons même qu'un grand nombre de ces per-
sonnes se sont sanctifiées dans ces Mariages ; S' Mo-
nique en est uu exemple illustre qui n'est ignoré de
personne.
Celle discipline dont nous avons parlé était com-
mune à toutes les Eglises ; et les Pères parlent de
la bénédiction impliale, non comme d'une ^.rmplc
cérémonie, mais comme d'une source de grâces, à
laquelle même ils semblent attribuer la vertu de ren-
dre le mariage indissoluble. Le pape Syrice, dans sa
décrétale à Himerius, en parle en ces ternies : Cesi un
sacrilège pcmni tes chrétiens de violer par aucune trans-
gression celte bénédiction (juc reçoit du prêtre celle qui
se marie.
S. Ambroise (1) dit que le Mariage doitèlre saiicli-
fié par la bénédiction sacerdotale. Le quatrième con-
cile de Carthage veut que l'époux et l'épouse qui sont
présentés à l'Eglise par leurs parents ou par leurs pa-
ranymplies, gardent la virginité la première nuit de
leurs noces , pour le respect de la bénédiciion du
prêtre qu'ils ont reçue. Ives de CIi irtrrs cl Gratien
rapportent un décret du pape llorinisdas, qui défend
de faire les Mariages en secret ; et celle discipline, qui
avait été dès les premiers temps observée en France,
s'y esl conservée depuis. Nous avons encore les
prières que l'on faisait à la célébration des Mariages
dans un manuscrit de 900, du monastère de Gelione,
qui contient le missel du pape Gél.ise(2) , dans lequel
on voit que ces prières mêmes faisaient partie de la
messe que l'on célébrait pour attirer les regards favo-
rables de Dieu sur ceux qui se mariaient. Ce «pii
prouve qu'il ne manquait rien à la publicité des Ma-
riages.
La pratique de célébrer les mariages à la face de
l'Église, passa en loi tant en Orient qu'en Occident,
en sorte qu'on y déclara nuls ceux qui se seraient
faits clandestinement , el qui n'auraient point été ac-
compagnés de la bénédiction des prêtres ou des évê-
l\\ Episl. 70.
(2) Mari, de anl. Ecd. Discipl. t. % I. 1, c. 11,
a. 5.
qucs : on le voit par la loi que publia 1 empereur
l,éon-le-Philosoplie (1), qui le dit expressément de
ceux (jui se seront faits x^p'? eOxwv/.ai te/otïj^ '",'««, ou
bien comme il i)arle plus ])i\s,oly!/. rrn ys-jo/juaixi-jm
îO/s/iy-,-. L'empereur Alexis Comnène étendit même
celte nullité aux fiançailles, cl Basile le Macédonien
défend (pie ces bénédictions se fa.ssenl en cachette,
/j.ii oùj yàSpc/. yh-zOa.t. TXi yà/jM-j ûpo/ovia?. Nos rois n'ont
point été moins religieux pour conserver la sainteté
des mariages, et ils ont étendu aux effets civils la
peine de ceux qui négligeraient de les célébrer selon
les règles prescrites par l'usage immémorial de l'Église,
c'est-à-dire, sans recevoir la bénédiciion des minisires
des sacrements. C'est dans celte vue qu'ils ont déclaré
nuls les mariages qui n'auraient point été contiaclés
publiquement, et avec les prières prescrites dans le
sacranenlaire (2). Publicœ nuptiœ ab his qui nubere
cupiiint fiant. El plus bas : Cum benediclione sacerdotis,
sicut in sacramentario continetur,.... et non occulté du-
cenda est uxor. L'empereur Louis-le-Débonnaire con-
firme cette pratique, et emprunte pour cela les termes
tirés d'une lt)i du code des Wisigoths (3) : A'on aliter
quàm sacerdotali benedictione intra sinum sanctw eccle-
siœ perceptà , conjngium cuiquam adiré perniittimus. Il
est vrai qu'ensuite il y a une peine pécuniaire ordon-
née au profit du prince contre l'infraclion de cette
loi , ou cent coups de fouet. Mais, comme remarque
M. de Marca (4), cela n'empêche pas l'effet de la nul-
lité, qui était déjà ordonné dans les capilulaires.
Celte bénédiction sacerdotale si recommandée con-
sistait en plusieurs prières Irès-dévoles, que le prêlre
faisait avant el pendant la inesse nuptiale , pour de-
mander à Dieu les grâces propres à remplir les obliga-
tions de l'élat du Mariage pour ceux qui s'y enga-
geaient ; et on ne trouve rien autre chose dans les
anciens rituels, où il n'est fait aucime mention de
ces paroles, ego vos conjungo , etc. ; dans lesquelles
plusieurs de nos scolastiques ont prétendu faire con-
sister la forme du sacrement de Mariage. C'est de
(|uoi l'on ])eui s'assurer en jetant les yeux sur les
extraits des anciens sacramentaires et rituels que le
Père Marlène a publiés. Cet auteur dit, de plus , que
ces paroles sont omises dans deux rituels maïuiscrils
de l'abbaye du Bec , dans un pontifical de Sens de
300 ans , et dans un ancien rituel de Bourges.
La discipline dont nous avons parlé jusqu'à pré-
sent dans cet article, s'était conservée sans altération
dans l'Eglise, lorsque quelques-uns prirent, il y a
environ 000 ans, occasion d'un mol qu'avait dit le
pape Nicolas I, dans sa réponse aux consnilalions des
Bulgares, de changer ce qui s'était jusqu'alors si re-
ligieusement observé Ce pape, après avoir exposé
l'ordre de la solennité des noces dans l'église ro-
maine , avait ajouté sur la fin : Nous ne disons pas
que ce soit un péché, si tout cela ne s'y trouve pas.
(1) Novell. 89.
("2) Capilul. 1. 7, lom. 1, cap. 7.
3) Add. Ludov., I. 1, è legibus 'SYisig., 1. 12.
i) Opuscule du mariage.
1025 MARIAGE. — ClIAP. II
rcccatum auiem esse , sî liœc cuncla in nnpliali fœdere
non inlerveniant , non dicimus, comme l'on voil dans
Gr;ilicn(l)./)'oiu7s conclurent, commedilM. dcMarca,
que le pape ne metlait point le consentement des pères ,
ni lu béncdiclion du prêtre pour nécessaires , )to)i plus
(juc les autres menues observations qu'il avait dénom-
brées : au lieu que l'on devait inférer le contraire de ce
que le pape reconnaît quil en faut retenir quelques-unes,
et particulièrement la bénédiction du prêtre, qui tendait
à conserver l" lionnêleté dit sacrement.
Copeiidant ce fut principalement sur ce fondement
que s'appuyèrent ceux qui soulinrcnt la validité des
mariages clandestins, et ce fut leur opinion qui donna
lieu à rélablissenienl do cet abus, que le -V concile do
Latran s'appliipia à réprimer, jusqu'à déclarer illégi-
times les enfants qui en naîtraient , ce que lit aussi
Roger, roi de Sicile, en privant de toute succession
ceux qui auraientconlracié maiiago sans les solennités
publiques, solemnilule débita et sacerdotali bencdiclione
prœtermissis {i). Celte rigueur ne put arrêter le cours
de cet abus, et il a fallu que le concile de Trente, re-
nouvelât le décret de celui de Latran , et déclarât
illégitimes ces sortes de mariages.
Celte bénédiction nuptiale si recommandée, qui se
donnait aux époux lorsqu'ils se mariaient pour la pre-
mière fois (car à l'égard des secondes noces , elle ne
se donnait pas autrefois dans l'église, comme nous
verrons dans le cbapilre, où on traitera du mariage
des veuves) ; cette bénédiction, dis-je , était accompa-
gnée de certaines cérémonies, dont il est temps à pré-
sent que nous parlions.
Le pape Nicolas I , dans sa réponse aux Bulgares
(cap. 5) , après avoir parlé des épousailles ou fiançail-
les, des arrhes, et de l'anneau que l'époux futur met-
tait au doigt de son épouse, du consentement des pa-
rents, et de la dot ru'il lui constituait par un écrit
authentique, représente ensuite les cérémonies du
Mariage en ces ternies : On les amène à réqlise avec
les offrandes qu'ils doivent faire au Seigneur par la main
du prêtre , et ils reçoivent ainsi la bénédiction et le voile
céleste... Après cela, étant sortis de réqlise , ils portent
sur leurs têtes des couronnes , que Con a coutume de ré-
server dans l'éqlise. Ces cérémonies , selon le pape
Nicolas , suivaient immédiatement celles de donner
les arrhes, de présenter l'anneau et l'écrit contenant
la dot de l'épouse , ou bien elles se faisaient quelque
temps après, aut mox , ant apto tempore.
Il paraît même par les plus anciens rituels qui nous
restent sur celte matière, dont l'un, suivant le P.
Martène , est écrit il y a environ 700 ans , et l'autre
un siècle après, que ces cérémonies des épousailles
ne faisaient en quebpie façon qu'une même action
avec celle de la célébration du Mariage : ce qui n'est
pas contraire àce qui a été dit dans rarliclc précédent
touchant les fiançailles. Car outre que ce que nous
avons dit peut s'entendre des fiançailles civiles ; on
peut encore l'entendre des fiançailles ecclésiastiques,
(1) C. Nostrates, 30, q. 5.
(2) Lib. 3 Const. Sicul., t. 20.
RITS ET CÉRÉMONIES. 10Î6
qui dans les premiers temps étaient séparées par quel-
que espace de temps de la célébration des noces , cl
qui, dans la suite, y furent jointes quand on le jugeait
à propos , comme du temps du pape Nicolas, et lors-
[ qu'on se mil enfin sur le pied, au moins en France, de
les joindre communément à la célébration du Mariage :
en sorte que tout cela ne faisait qu'une même action.
Le lecteur sera sans doute bien aise de voir dans
quel ordre tout cela se faisait. Je vais le lui exposer
comme il est prescrit dans ces deux anciens rituels
que je viens do citer, dont l'un est tiré d'un missel de
l'église de Rennes, et se conserve dans la bibliothèque
de S. Catien de Tours , el l'autre d'un pontifical ma-
nuscrit du monastère de Lire. Dans le premier, il est
dit (pic le prêtre, quand il aura un mariage à célébrer,
se rendra devant la porte de l'église en aube et en
étole avec l'eau bénite , dont ayant aspergé les futurs
époux , il s'informera s'ils ne sont point parents, elles
instruira de la manière de vivre qu'ils doivent garder
dans l'état qu'ils veulent embrasser. Après cela , est-il
dit, qu'il dise aux parents , 3uivant la coutume, de don-
ner leur fille à l'époux , et à celui-ci de lui donner sa
dot , dont il fera lire récrit en présence de tous les assis-
tants ; qu'il la lui fasse aussi épouser avec un anneau
béni au nom de la Sainte-Trinité , qu'il lui mettra à la
main droite, et honorer de quelques pièces d'or ou d'ar-
gent suivant ses facultés. Qu'ensuite il fasse la béné-
diction qui est marquée di<ns les livres , laquelle étant
achevée, ils entreront dans l'église, el lui (le prêtre)
commencera la messe. Or , l'époux et l'épouse porteront
des cierges allumés en leur main pendant la messe , et y
feront leur offrande ; et avant que l'on dise Fax Do-
mini , etc. , ils se mettront sous n)i voile suivant la cou-
tume, là ils recevront la bénédiction nuptiale. (La for-
mule de celte bénédiction est rapportée et a pour
titre : Benedictio super sponsum et sponsam , et est
assez courte.) A la fin l'époux recevra la paix du prêtre^
qu'il donnera à son épouse.
Le second monument que nous avons cité, expose
l'ordre de ces saintes cérémonies dans un plus grand
détail, et répand du jour sur ce qui vient d'êlre dil
dans le premier. Je traduirai ici toutes les rubriques,
sans rapporter les prières qui sont plus longues que
dans le premier. Il est dit dans celui-ci comme dans
l'autre , que l'époux et l'épouse se rendront à l'entrée
de l'église , où le prêtre requerra leur consente-
ment, et fera lire l'acte qui contient la dot que l'époux
fait à son épouse {et fiat recapitulatio de dote mulieris).
Qu'ils mettent ensuite quelques dénias , csl-il dit , pour
être distribués aux pauvres, et qu'alors le père ou les amis
donnent la fille à l'époux, qui la recevra en foi de Dieu
pour la conserva- toute sa vie soit en maladie , soit en
santé , qu'il la prenne par la miiin , tandis que le prêtre
fait une courte prière.
Celle prière est suivie de la bénédiction de l'anneau,
laquelle étant finie, l'époux le prend, et après l'avoir
présenté avec le prêlre à trois des doigts de la main
de l'épouse , il le laisse ù un des doigts de la main
gauche, â la dilTérenco, est-il dit, de l'anneau, que
,(^27 HISTOIRE DES SACREMENTS. 1023
les évoques doivent porter à la main droile. Suivent p ziaiize en parle comme d'une pratique ordinaire en
des prières , après lesquelles la rubriiiue porte qu'on
les introduira dans l'église, et qu'ils se prosterneront
au milieu , tandis que le prêtre prononce un psaume
et plusieurs oraisons : lesquelles élanl aclicvces , on
les fait entrer dans le chœur de l'Ei^lise où ils occu-
pent le côté droit, la fenmie étant à la droile du mari.
Ici commence la messe nuptiale. Après le Sanclus ,
les époux se prosternent de nouveau pour prier , et
on étend sur eux un poêle, palliiiDi, qui doit être tenu
par les quatre coins , par quatre hommes ; et avant
que l'on dise , Pax Domiui, que le prêtre fasse sur eux
celle prière. C'est proprement là que se iaii la béné-
diction nuptiale , qui consiste en deux oraisons fort
dévoles. Lesquelles achevées, on dit, Pax Dom'mi
sit , etc., et Agnus Dei : aussilôt les deux époux se
lèvent, et le mari reçoit la paix du prêtre qu'il donne
à l'épouse , et non à d'autres ; mais un clerc la rece-
vant du prêtre, la porte aux assistants. (Celle paix
était le saint baiser. )
Après la messe , dit la même rubrique , que /'oh bé-
liisse du pain et du vin dans un vase, et qu'ils en goûtent
■au nom du Seigneur. Suit une courte bénédiction. La
miit quand les deux époux se seront coucliés , que le
prêtre vienne et bénisse la chambre. La formule de celte
bénédiction est rapportée. Et il est dit ensuite : Qu'il
fasse aussi la bénédiction sur eux. Cette bénédiction
consiste en deux versets assez courts, par lesquels il
leur souhaite toute sorte d'avantages spirituels et tem-
porels.
Tel est l'ordre des cérémonies qui s'observaient au-
trefois en France, et qui différaient sans doute en quel-
que chose suivant les temps et les lieux. Yous voyez
en ce second monument quelque différence d'avec le
■premier, mais le fond est le même, cl je suis dans ce
sentiment que tout ce qui se passe à la porte de
féglise doit passer simplement pour les fiançailles
ecclésiastiques. Au lieu que la bénédiction qui se
adonne pendant la messe nuptiale, est proprenienl la
bénédiction du .Mariage , tout le resle tenant lieu
des cérénionies qui accompagnaient celle importante
action.
Examinons présentcmenl ranti(iui é de celles de
ces cérémonies, dont nous n'avons point encore parle.
ARTICLE ni.
On reclierclie l'antiquité de quelques-unes des cérémonies
de la célébration du Mariage. Des cérémonies qui se
pratiquent à présent dans les églises d'Orient.
Nous avons suffisamment parlé dans les «rticles
précédents de l'anneau que l'époux metlaii au doigt
de sa promise :nous avons vu en quoi cohsislaienlles
arrhes qu'il donnait, ce que c'était que la bénédiction
nuptiale, etc. 11 faut présentement rechercher l'anti-
fjuilé de quelques autres cérémonies , dont nous n'a-
vons fait mention qu'en passant.
L'ne de ces cérémonies était que l'époux prenait
parla main celle avec qui il allailconlracter mariage.
Elle est très-ancienne, puisque S. Grégoire de Na-
son temps. C'est ce tpie l'on \oildanssa lellre à Any-
siuj (I) , où s'excusant de ne pouvoir assister au .Ma-
riage de sa fille , parce qu'il était retenu par la mala-
die, il Itii dit : J'y suis en esprit et par affection ; je cé-
lèbre la fêle de ces noces , et je joins les mains de ces
jeunes gens l'une à l'autre, et toutes les deux à celle de
Dieu. Dans quelques provinces le prêtre faisait mellrc
la main droite de l'époux sur celle de l'épouse, pour
marquer la soumission où celle-ci devait être à l'égard
de l'autre. Et eu Moscovie , dès que l'époux avait
donné l'anneau à son épouse, elle se jetait à ses ge-
noux et lui baisait les pieds, pour l'assurer de l'obéis-
sance qu'elle lui promettait : et l'époux pour marquer
à son épouse qu'il serait sou prolecteur et un mari
fidèle, la couvrait de son nianleau. C'est un and)as-
sadeur de la reine Elisabeth auprès du czar , qui en a
assuré Seldenus.
S. Au)broise parle du voile, ou comme on dit
conmiunément du poêle qu'on étendait sur !a têle
des deux mariés. Cette cérémonie leiir apprenait
que la pudeur devait être la règle de leiu' condr.ito.
S. Ambroise (2) l'appelle flammenm nuptiale, sans
doule parce qu'il était de couleur de pourpre, pour
mieux marquer cette vertu si convenable aux per-
soimes mariées, dentelle fait le principal ornement.
Ce saint fail aussi entendre assez clairement que la
bénédiction nu}itiale se faisait pendant que les époux
étaient couverts de ce voile, lorsqu'il dit (3) : Puis-
qu'il faut que te mariage soit sanctifié par le voile et la
bénédiction sacerdotale. Le pape Syrice, faisant allusion
à cette cérémonie (-i), parle excellennnent de la vir-
ginité , en ces termes dignes d'un pontife si éclairé :
Certes, nous ne rejetons point les noces , puisque nous
g assistons par la cérémonie du voile, mais nous liono'
roiis davantage celles que le Mariage produit, et qui
consacrent à Dieu leur virginité. Les bigames qui ne
recevaient la point bénédiction nuptiale, n'étaient point
mis non plus sous le voile. El dans un manuscrit de S.
Victor , il est porté de plus que quand les deux époux
se donnent la main , celui qui se marie en secon-
des noces ne présente point sa main nue , mais
couverte.
La cérémonie du couronnement des époux aux
premières noces n'est pas moins ancienne que celle
dont nous venons de parler. 11 paraît qu'elle a été do
tous lenqis en usage en Orient, où elle se pratiijue
encore à présent, comme le dit, M. Ducange .dans
son Glossaire grec, après le père Goart, et celle cou
ronne que le prêtre met sur la tête des époux ,
est ordinairement composée d'un rameau d'olivier or-
né de lisières blanches et couleur de pourpre. S. Chry-
sostôme (5) parle de ce couronnement, et dit qu'il a
été introduit pour f;nre connaître la pureté et l'inno-
cence de vie (pie les épouses apportent dans le ina-
(1) Epist. 57.
\ (-2) L. de Virgin., c.lo.
(5) Idem, ep. li).
(4) Ep. ad .Mediolan. Ecc.
[b) Hom. 9 in 1 ad Cor.
im
MARIAGE. — CIIAP. II. RITS ET CEREMONIES. 1030
riage et la victoire qu'elles ont remporlûo s^iir leurs pas •
sions. La même cliosc se praliiiuail ;\tilrefi>is on
Oocidciil, comme on lo voit ilaiis la rcponse do M( o
las I aux Bulgares , et avant lui dans l'Iii^loire do
de S. Grogoire de Tours (1) , où il parlo iU' iopoiiso
du sénateur liijnriosits , qui ne ^'(■•l.^U mai iô, (]iii;
pour ne point s'opposer à la voloiilc do ses paionls,
et qui, soiiliaitant do conserver sa viigiuilô dans lo
mariage, disait à son époux la pirmioïc niril d/ iciiis
noces, on répandant beaucoup do larmes : llcUts ! fui
été abandonnée d'un époux immortel fini me promcltidt
le ciel pour dot.., et au lieu de ces ros'!s qui ne souffrent
aucune flétrissure je suis ornée ou plutôt déshonorée par
ces roses qui se sèchent en un nwni'Vtt. Et pro rosis
immarcessibiHbus,arentiuni me rosmum non ornai, sed
déformât spolium. Il est aussi parlé dans la vie do
S. Amateur (2) , d'une couronne en forme de tour,
que son épouse portait à la cérémonie de ses
noces.
Cette cérémonie n'a pas été loiigicmps en usage
en Occident, suivant toutes apparences , au moins en
France , puisque nos plus anciens rituels n'en fout
point menlion : cl s'il y a encore des pays où les épouses
se mettent sur la tète un chapeau de fleurs, il n'en est
parlé à présent, dit l'autour des Conférences de
Paris (5) , que dans très-peu de rituels : et celui de
Paris n'eu dit pas un mot.
Il n'eu est pas ainsi des Grecs : cette cérémonie est
lellemeiil établie parmi eux, que Théophane, Léon-le-
Grammairien, et d'autres historiens se servent de ce
mot en plusieurs endroits, et les canonistes (4) n'en
ont point d'autres pour signifier la bénédiction nu-
ptiale, -:à TÔç e'j'/oyix; rwv •jy.ij.wj v.'jI Tzpb zSn cTî^â-wv,
dit le scoliaste Harinéuopnle; et quelques canons qui
défendent la bénédiction des secondes noces, disent
simplement, §tya«oî où a-zs^fv.jov-zon, on ne couronne pas
le bigame; y.-fiozli //•jtti/.w,- <7zrjy.joj70'j>, que personne ne
soit marié clandestinement, et ainsi du reste, il est même
à remarquer que les Orientaux Melcbites, Nestoriens,
cl Jacobites appellent de même , couronnement , la
bénédiction nuptiale ; et comme on ne voit pas qu'ils
aient rien pris de l'Église orthodoxe, depuis leur sé-
paration, il est très-vraisemblable que cet usage est
plus ancien que les schismes. Encore à présent, c'est
la coutume que le prêtre ôte solennellement la cou-
ronne nuptiale aux époux , au bout de huit jours, et
il y a même j>our cela une oraison particulière dans
l'eucologe des Grecs (o).
Vous avez vu ci-devant, que l'usage de donner la
bénédiction nuptiale pendant l'action du sacrifice, que
le prêtre interrompait pour cola , est de la première
antiquité, puisque Toilnllicn en parle, et hs plus
wiciens rituels, et entre aiilrcs lo missel du i)ape Gé-
lase. L'offrande qu'y ('.lisaient les époux , est aussi
(1) Uist. France 1. i, n. 42.
(2) Rollraid. i maii.
(5) Tom. ô, p. 20 i.
(4) Jur. Gra;c. Rom. l. 2, p. 137.
^5) Ducang. in Gloss,
une preuve qu'ils y communiaient, la communion
étant dans les premiers temps et même depuis , insé-
parable de la bénédiction nuptiale (1). Il y a beaucoup
d'apparence que cet usage était autrefois comnnin à
toiiles les églises, puis(|ue plusiiurs d'Orient le coii-
servenl encore , et la Latine parcill ment (j'enleuds
l'usage de célébrer les noces durant loblation du S.
sacrifice). C'était apparemment de la coniinne do com-
nmiiicr à la messe nuptiale, qu'était venu; la di.ci-
pliue ancieime d'observer la continence dniant
quelques jours à l'exemple du jeune Tobie , connue
marquent quelques canons, ou comme on trouve dans
celui queciicEgl)eri, archevêque d'York, et Curchard.
Celte coutume a duré fort longtemps , et même elle
donna lieu à un grand abus (2), parce qu'en (piehiues
endroits les ecclésiastiques, sous prétexte de maintenir
la discii)line, exigeaient des droits pour en dispenser,
ce qui dma, dit M. Uenaudot , jusqu'à ce qu'Éliennc
Ponclicr, évè(iue de Paris, le défendit, ayant inséré
dans SCS statuts un an'èt da parlement de l*aiis , ([ui
supprima cet abus, sur la plainte qu'en firent les ha-
bitants d'Abbcville.
Dans tous les eucologes modernes il n'est point
parlé de communi(ui, ni de liturgie pour les mariés,
et même il no semble pas qu'elle puisse présenlement
avoir lieu, parce que les Grecs font ordinairement
leurs mariages le soir. Mais dans de plus anciens ma-
nuscrits, dont le PéreGoart a rapporté les extraits,
on voit qu'autrefois on dormait la couununiou à ceux
qiii iccevaieul la bénédiction nuptiale chez les Grecs;
et ce qui est plus remarquable , on les communiait
avec les présanctifiés, (^etie coutume subsistait encore
du temps de Siméon de Thessalonique ; car il la rap-
porte comme une des parlics de la cérémonie. Les
prcsanctifiés éiaient dans un calice, et on en mettait,
comme dans l'office ordinaire des présanctiûés , une
particule dans un autre calice où il y avait du via
ordinaire , que quelques-uns croyaient être sanctifié ,
ou même changé par ce mélange. On donnait aux
communiants une particule consacrée , et ensuite le
prêtre versait du vin ordinaire dans un vase de verre,
il en faisait la bénédiction par une prière particulière,
après laquelle lépoux et l'épouse buvaient un peu de
ce vin, et le vase était cassé sur le champ.
Depuis longtemps parmi nous, pour éviter l'incon-
vénient de faire communier les nouveau-mariés dariS
un jour sujet à une si grar.de dissipaîion, on s'était
contenté de bénir du pain et du vin, qu'on leur faisait
manger et boire pendant la cérémonie. Vous avez vi'
celte cérémonie prescrite dans ce pontifical manu&
crit de l'abbaye de Lire, que nous avons cité daur:
l'article précédent, et ijui est du douzième siècle. On
lit la même chose dans un ancien rituel do Salisbury,
où l'on peut voir la manière dont on faisait celle bé-
nédiction. On l'observait encore dans ipiehpios pro-
vinces de France dans le dernier siècle.
(1) Renaud., de la Perpét., t. 5, p. ilO.
(2) Regin., 1. 5,c. 155; Rurch., 1. 0, c. 5.
ii
j034 - • HISTOIRE DI'S
Le pontificftl de Lire, dont nous avons parlé, mot
entre les cérémonies du mariage la bénédiclion de la
chambre nuptiale. Et les rituels de Salisbnry et
d'York, qui sont très-anciens, disont les Conféreiices
de Paris, nous font remarquer, ipie l'on bénissait aussi
le lit des deux époux, et que cela se faisait avec l'en-
cens et l'eau bénite , selon une ancieiuie coutume :
Sccundiim morem anti<iuum llnmficnnlur loms cl thala-
mus. Elle se fait à l'église chez les Abyssins , qui y
portent une espèce de lit. On l'omet qucbiuefois, con-
liime l'auteur de ces Conléroiices, quand le curé
prévoit que la disposition des assisl;uUs ne peruuUlrait
pas de la faire avec bienséance. Il faut que les lidèles
aient porté la corruption bien loin , pour obliger les
ministres de l'Église à s'abslenir de leur procurer par
une bénédiclion sainte , les grâces dont ils ont tant
de besoin dans le coniniencement de leur mariage.
' Après avoir exposé aux yeux du lecteur les cérémo-
nies qui s'observaient autrefois dans la célébration des
mariages chrétiens , et avoir remonté aux sources,
autant (jue nous avons pu percer à travers des obscu-
rités que l'éloignement dos temps a réi)audues sur
cette matière ; je crois qu'il verra avec plaisir (juclques
détails des rits qui sont encore à présent en usage
chez les chrélieiis Orientaux, quoique nous en ayons
déjà louché quelque chose dans ce ciiapitre : nous ne
ferons que suivre dans ce récit ce que le docte M. Re-
naudot (I) en a écrit.
Les rits et les prières qui composent l'office du
couronnement (c'est-à-dire, delà célébration du ma-
riage) prouvent clairement, dit-il, (|ue les Grecs le
considèrent comme un sacrement. Non seulement il
se célèbre dans l'église, mais on y lait les fiançailles,
avec celte différence que les accordés demeurent à la
porte du sanctuaire dans cette première cérémonie.
Ils se présentent au prêtre , et on met sur l'autel deux
anneaux, l'un d'or et l'autre d'argent : on leur donne
à chacun un cierge allumé, puis on les fait entrer dans
l'église : le prêtre fait sur eux par trois fois le signe de
la croix; et on dit plusieurs prières, auxquelles les as-
sistants répondent Kijric eleison, les dernières sont
pour ceux qui sont fiancés, afin de demander à Dieu
qu'il les conserve et qu'il leur donne des enfants, une
charité parfaite, la paix et la concorde, et enfin qu'il
leur accorde le mariage honorable et la couche sans
tache. Le prêtre prononce sur eux quehiues oraisons,
pour demander à Dieu qu'il bénisse en toute manière
le mariage (jifils sont prêts de contracter, ensuite il
donne l'anneau d'or au fiancé, et celui d'argent à la
fiancée, en disant : Ce servilcur de Dieu fiance cette ser-
vante de Dieu au nom du Père, et du Fils, et du Saint-
Esprit, cl il en dit autant à la fiancée, après quoi il
prononce sur eux une bénédiction.
L'office du couronnement, d;uis lequel consiste pro-
prement le sacrement de Mariage, continue l'auteur,
et qui est appelé «xou/ouôiV. zoû îTsyavcôuar;;, se fait en
cette manière. Ceux qui doivent être mariés entrent
SACREMENTS. 1054
dans l'église avec des cierges allumés qu'ils portent
à la main, le prêtre marchant devant eux avec l'en-'
cens, on chante le psaume Beati omnes qui liment
Dominum, (ili\ chaque hémistiche le peuple dit •.Gloire
à vous. Seigneur; le prêtre finit par la doxologie or-
dinaire. Ensuite le diacre commence à annoncer les
prières ordinaires pourla paix, pour la tranquillité de
l'Église, et enfin pour les mariés et leur conservation,
;ilin que Dieu bénisse leur Mariage, connne les noces
de Cana : (ju'il leur donne la tempérance, une heu-
reuse lignée, et une vie irréprochable. Lorsque la prière
commune est finie, le prêtre en dit une autre à haute
voix, par Ia(|uelle il demande à Dieu sa bénédiction
sur ce Mariage, puis il parle des bénédictions répan-
1 dues sur Abraham, Sara, Isaae,elc. La seconde orai-
I son que dit le prêtre regarde particulièremeni les béné-
dictions spirituelles. Celle-ci est suivie d'une troi-
sième qui est la principale, et dans laquelle le prêtre
dit entre autres choses ; Unissez-les par une parfaite
concorde ; cl couronnez-les, afin qu'ils soinl une seule
\ chair. Donnez-leur le fruil da Mariage, et qu ils soient
heureux en enjants, etc. Enfin le prêtre prenant les cou-
ronnes, en mot une sur la tête de l'époux, et l'autre
sur celle de l'épouse, en disant: Sréjjsrat é SoO;,o; «0
Q-oÛTr,.' cioi)'}.r,-i zoxt 0£Ou Ssïva, d^ TÔS;o/;ia Toun«Tpèî,etC.,
ce (jui signifie : Un tel serviteur de Dieu épouse une telle
servante de Dieu, au nom du Père, etc. ; car le mot
Gtépixt/A ne peut être pris en un autre sens, ni selon
la construction grammaticale, ni selon le style ecclé-
siastique ; c'est pourquoi le P. Goart a traduit : Coro-
natur servus Dei propter ancillam Dei ; et il remarque
fort bien qu'on ne doit pas traduire, coronat; car ce
n'est pas lépoux qui couronne l'épouse, ni elle qui
couronne l'époux, mais c'est l'Église qui couronne
l'un et l'autre. Ce rit a assez de rapport à ce qui se
pratique aujourd'iuli parmi nous, où le prêtre dit : Ego
vosconjungo, etc., comme, ego te baptizo, a rapporta
ce i[ue dit le ministre du sacrement du Baptême chez
les Griica {{), baplizaliir, etc.
Les cérémonies que pratiquent les Orientaux sont
fort semblables à colles des Grecs. Les Cophtes sui-
vent le rituel du patriarche Gabriel, qui les prescrit
de cette manière. Après les matines et la prière du
point du jour, l'époux sort de sa maison avec ses pa-
rents et ses amis. Quelques prêtres et diacres le reçoi-
vent à la porte de l'église, ayant des cierges cl des
sonnettes : on chante quelques répons, et ayant mis
l'époux au lieu où se doit faire la cérémonie, on va
de même recevoir l'épouse, qui est menée à l'endroit
où se mettent les fournies. Le prêtre est revêtu de
ses habits sacerdotaux, et le diacre des siens. On met
cependant sur l'autel du côlé de l'évangile une robe
neuve, une ceinture, une croix, un anneau et de
l'encens. On récite les psaumes péniienliaux, puis ,
quelques répons, Kyrie eleison, le psaume 31; puis
on dit l'épilre et l'évangile en cophte, et ensuite en
1 Arabe avec les cérémonies de la liturgie, l'oraison
(l) Perpél.,t. 5, p. iO-ietseq.
(1) Rci^aud., ibid.,p. 418.
MARIAGE. - CIIAP. Hl. TEMPS ET LIEU AUXQUELS IL SE CÉLÉBRAIT.
1033
générale pour la paix, le symbole, la prière d'aclion
de grâces, cl rabsoliilioii comme dans la liturgie. Le
parrain découvre les habits destinés à l'époux, que
le prêtre bénit et les lui fait niotlre : puis il le ceint
de la ceinture qui est, en Egypte, depuis plusieurs siè-
cles, la marque extérieure du cbrislianisnie; il lui met
l'anneau au doigt, puis on va au lieu où se doit l'aire
le couronnement. Ensuite on mène l'époux à l'endroit
où sont les fennnes, et on le présente à l'épouse, qui
est assise à sa place, il luit met dans la main droite
lanneau auquel est attachée la couronne, après les
avoir reçus du prêtre, et l'épouse étendant la main
pour recevoir l'anneau et la couronne, témoigne ainsi
qu'elle doime son consentement, et qu'elle accepte
pour son mari celui qui les lui présente.
La marraine de l'épouse la mène dehors, et la
place à la droite de l'époux. On étend sur leurs tètes un
voile blanc, pour signifier qu'ils sont joints par une
union chaste, pure et sainte, on chante quelques ré-
pons, et on lit encore un évangile : après ([uoi le prê-
tre prononce la bénédiction sur l'un et sur l'autre, et
à chaque fois qu'il prononce leurs noms, il fait sur
eux le signe de la croix. Puis il bénit de l'huile, et il
en fait une onction sur eux : après quoi il bénit les
couronnes, il dit une oraison, et il les leur met sur la
lête, en disant : Le Père les couronne d'honneur et de
gloire, le Fils bénit, le Saint-Esprit couronne, descend
<'/ «c/ièi'c. (On répond, aÇw^, il est digne. On trouve
iassi une oraison plus ample, qui est en forme de
bénédiction, et dans les mêmes termes que celles des
103^
qui se pratiquaient présntemciit pour les mariages eu
ce pays.
Voici comme la chose se passa, suivanlla narration
deM.leUrun. Sur le midi on vintaverlir l'époux qu'il
élait temps de sen-ndre au lieu où il devait être ma-
rié : c'élait une petite chapelle du palais, qui n'en
était éloignée que de quelques pas. Aussitôt qu'il y
fut arrivé, on envoya quéiir la mariée, qui parut au
bout d'une demi-heure. Lorsquelle fut arrivée au pa-
lais {\), elle y fut reçue par deux seigneurs, qui devaient
lui servir de pères, qui, l'ayant prise par la main, la me-
nèrent à la chapelle, oii ils la placèrent à côté de son
époux... elle était habillée magnifiquement... elle avait
sur le haut de la télé une petite couronne garnie de dia-
mants. Lorsqu'on commença la cérémonie, le prêtre vint
se placer devant les mariés, et se mit à lire dans un li-
vre qu il tenait à la main, ensuite de quoi le marié mit
une bague au doigt de son épouse. Alors le prêtre prit
deux couronnes unies de vermeil doré, qu'il leur fit
baiser, et puis les leur mit sur la tête. Apres cela il se
remit à lire, et les mariés se donnèrent la muiu droite,
effilent trois fois le tour de la chapelle de cette maniire.
Ensuite le prêtre prit un verre de vin rouge, dont il fit
boire le marié et puis la mariée. Ceux-ci en ayant un
peu bu, le rendirent au prêtre, qui le donna à ceuxcjui
officiaient auprès de lui. Le czar, qui se promenait cepen-
dant un bâton de maréchal à la main, voyant que le
prêtre allait recommencer à lire, lui ordonna d'abréger
la cérémonie, et un moment après il donna ta bénédic-
tion nuptiale. Sa Majesté ordonna ensuite au marié de
donner un baiser à la mariée. Elle en fit d'abvrd quelque
rituels Grecs et Latins.) Après quoi on commence la
liturgie. Ce rituel ne marque pas que les nouveaux ^' difficulté, mais le czar l'ayant ordonné une seconde fois,
mariés y reçoivent la communion, mais il paraît que g elle obéit... Peu après on se mil à table, le marié parmi
les hommes, et la mariée avec les femmes, à table com-
mune dans le grand salon. Ces noces durèrent trois jours
de suite, qu'on passa à danser et dans toutes sortes de
réjouissances.
Cette manière de célébrer les mariages, ajoute ce cu-
rieux voyageur, est fort diff'ércnte de celle qui se pra-
tiquait autrefois, et on pourra la comparer avec d'au~
très relations, que d'autres voyageurs en ont faites.
CHAPITRE 111.
Du temps et du lieu auxquels on célébrait les mariages,
et du temps auquel on recommandait la continence
aux personnes mariées ; pourquoi, et sous quelle peine?
Il est certains temps de l'année incompatibles, en
quelque sorte, avec la joie et les divertissements qui
accompagnent ordinairement la c élébration des noces ;
aussi les anciens les défendaient-ils en ces temps-là:
et ils étendaient même cette défense sur certains jours
particulièrement destinés au culte de Dieu, quoique
ces jours, loin d'être affectés à la pénitence, fussent
au contraire des jours de joie pour les chrétiens, mais
d'une joie bien dillércnle de colle qui éclate dans les
fêles, (pi'on a coutume de faire dans les familles à
l'occasion des mariages.
En général les jours destinés à la pénitence étaient
cela doit èlresousenteiidu, parce que les auteurs cités
ci-devant le marquent expressément, outre qu'en di-
vers traités eu offices il est marqué qu'on ne la donne
pas aux bigames, ce qui fait juger que ceux qui se
mariaient en premières noces, la recevaient. Abulbar-
caldansleschapitresoù il traite du mariage, rapporte
les mêmes cérémonies: ceciui doit être ainsi, puis-
que cet auteur explique la créance et la discipline de
l'église cophte, dont Gabriel, patriarche d'Alexandrie,
était le chef.
Avant de terminer ce chapitre , je rapporterai d'a-
près M. Corneille le Brun, quelles sont les principales
cérémonies des mariages en Moscovie. Ce fameux voya-
geur devait être bien au fait de ce qu'il en dit, puis-
qu'il s'était placé derrière le marié, dans la chapelle
où se fil la cérémonie en 1703. Ce mariage se fit avec
une magnificence extraordinaire, et le czar voulut
lui-même y faire l'office de maréchal, en considéra-
lion des personnes qui conlraclaicnt cette alliance,
qui était d'une part IvanFeudcrowilz Colowin,(m Jean
Théodore, fils du comte Celoivin, premier ministre d'é-
tat, et de l'autre la dame Dorosowitz Czercmetecf, fille
de Boris Théodore Wclt, maréchal de Czeremelof. Quoi-
que l'impatience du czar fît un peu abréger la céré-
monie, on ne laisse pas d'y voir les principaux rits,
TH. XX.
(1) Voyage de le Brun, t. 5, p. 173 et suiv.
53
1035 HISTOIRE DES
des jours prohibes, aussi bien que les jours de fêles,
et mènio la seiiiaiiic de l'àiiues, que l'on fêtait atilre-
fois loul eiilière en cerlaiiis endroits. Mais du reste
il y avait bien de la variété là-dessus. Dans certains
erdroits les mariages n'élaienl défendus qu'en ca-
rême (I), ou depuis la Quinquagésiuio jusqu'après
l'octave de Pâques. Eu d'autres on y comprenait
aussi le temps qui précède la fêle de Noël jusqu'après
l'Épipbanie, et trois semaines avant la fête de S. Jean
Baptiste, et cette règle qui avait été prescrite par un
concile de Lérida fut longtemps observée, Gratien (2)
l'ayant insérée da!)s son décret. Cependant ni Martin
de Brague(cap. 48) ni le pape Nicolas dans sa réponse
aux Bulgares (cap. 88), n'avait fait mention que du
carême. Maison devint plus rigide dans la suite, puis-
qu'un concile de Nîmes de l'an 1284 prescrit la même
chose que celui de Lérida, rapporté par Gratien, ex-
cepté qu'il omet les trois semaines, avant la S. Jean,
et qu'à leur place il défend de se marier depuis les
trois jours qui précèdent l'Ascension jusciu'au pre-
mier dimanche après la Pentecôte. Un concile de
Sens (art. 5,c. 5) de l'an 148o est conforme à celui de
Nîmes, et ces trois jours qui précè dent l'Ascension y
sont prohibés, à cause des rogations qui sont des jours
destinés à la prière.
C'est sans doute pour cette raison que le synode
d'ALx-la-Chapelle , tenu en 836, ne veut point (eau.
58) que l'on célèbre de mariage les dimanches,
pour le respect d'une telle solennité, pro reverentià
tantœ solemnilatis, et qu'avant ce synode, Grégoire 111
avait dit (3) que celui qui se niaiier.iit en ce jour de-
vait en demander pardon à Dieu et faire pénitence un
ou trois jours. Egbert (4), archevêque d'York, pousse
sur cela la rigueur plus loin, condamnant ceux qui se
marient le dimanche à sept jours de pénitence, ceux !
qui le font la -i' et la G' férié à (rois jours, et à un an
ceux qui le font en carême.
Pour ce qui est de l'heure à laquelle on doit célé-
brer les mariages, l'esprit de l'Église a toujours été
que cela se fit le malin avant l'heure du repas , les
époux et le prêtre étant à jeun. Nous avons sur cela
plusieurs règlements des conciles, niêuie de ces der-
niers temps, que l'on peut voir dans le P. Martène (5);
cela d'ailleurs paraît assrz par ce que nous avons dit
dans le chapitre précédent. Je remarquerai seulement
ici que quelques-uns (G) de ceux qui ont fait défense
de se marier la miit, eu ont apporté pour motif la
crainte des maléliccs. Tous les canons et les règle-
ments qui ont été faits contre les mariages clandes-
tins, peuvent se rapporter à la même clio-e : mais ce
qui est curieux, c'est que parmi ces règlements nous
en avons un dans le 1' livre des Capitulaires de nos
rois, c. 179, qui, après avoir prescrit que les maria-
ges se fassent en public, ajoute : Parce que des mar'ia-
(\) Ilerard. in Capit., n. 212.
(2) Décret. 33, q. A.
(5) In Judiciis, c 30.
(A) Excerpt., cap. 106.
(5) De anl. Eccl. hit., t. 2, p. 603 et scq.
(6) Le concile de Reims de l'an 1583.
SACREMENTS. 1036
(jcs clandcalins naissent ordinairement des aveugles, des
boiteux, des bossus, des cliassicux, ou des enfants mar-
qués de quelque di/J'ormilé.
Ce (jui a été dit ci devant montre assez que les ma-
riages se célébraient autrefois dans l'église, en pré-
sence de l'assemblée du peuple chrétien. H est rare
(ju'on se soit dispensé de cette règle; nous eu avons
pointant quebiues exemples, et surtout quand il s'a-
gissait des princes, qui recevaient quelquefois la béné-
diction nuptiale dans leur p;dais. C'est ainsi que le pa-
triarche Jean, au rapport de Tliéophylacte Simoea-
ta (1), couronna eu même temps Maurice, et comme
éjtonx, cl comme empereur. S. Amateur, évêque
d'Auxerre, selon le lémoignage de l'auteur de sa
Vie (2), et de celui qui a composé l'Histoire des évé-
ques de cette ville, reçut dans la chambre nuptiale la
bénédiction de l'évêque Valérien, qui, ayant lu par
méprise, au lieu des prières affectées à ce sacrement,
celles que l'on avait coutume de l'aire pour l'ordination
des lévites, les deux époux prirent cela pour liue mar-
que que la volonté de Dieu était qu'ils vécussent en-
semble dans le mariage comme frère et sœur : ce qu'ils
firent.
Mais ces exemples sont rares, et pour éviter les
inconvénients, l'Église a depuis ordonné, sous de gros-
ses peines, que les mariages se fissent pubruiuement,
en présence de l'autel. Gui.llaume-le-Maire (5), évéïpie
d'Angers, et le concile de Sens (4), sous l'archevêque
Tristand, menacent d'aiiathème ceux qui contrevien-
dront à celte règle.
Nos pères éiaienl bien éloignés de permettre de con-
tracter mariage en loul temps indilféreuuncnt, puis-
qu'ils recommandaienl avec lantde soin aux personnes
mariées de garder la continence en certains jours, en
certains temps et en certaines conjonolin'es, comme
nous Talions voir. Nous avons remarqué ci-devant (|ue
l'on exigeait cela des nouveaux mariés le jour qu'ils
avaient reçu la bénédiction nuptiale. La règle qu'avait
prescrite sur cela le concile de Cartilage, a été depuis plu-
sieurs foisrenouveléedans l'Église, comme on le voit
parles écrits d'Egbei t d'York (5), deBurebard (G), et
d'Ilérard de Tours (7). Ce dernier étend inème cela
à deux ou trois jours après la célébration du mariage,
aussi bien que les Capitulaires de nos rois (8), qui al-
lèguent pour raison de cette discipline, le besoin
qu'ont ler. nouveaux mariés de vaquera l'oraisofl dans
ces premiers jours, pour attirer les grâces et les bé-
nédictions de Dieu sur leur mariage, et sur les enfants
qui en doivent naître.
Cet usage si louable s'est même conservé jusqu'à
ces derniers Icnips : au moins l'Église l'a-t-elle re-
commandé, comme on le voit par un Pontifical de
l'église de Lyon, qui n'est écrit que depuis 500 ans,
(1) llist. Mauric., 1. 1.
(2) Rolland., I maii.
(û) In Slatutis, Siiicil., l. II.
(4). Art. 4, c. 5, Spicil., t. 5.
(5) Exeerpt., c. 88.
(G) L. 9, c. 5. i
(7) Capiinl., n. 89.
(8) L. 7, c. 4G5. 1
i037 MARIAGE. — CIIAP. IV. SECONDES,
dans CMix de Limogi-s, de Liôge et de Bordeaux, qui
ont élc inipiimés dans le siècle dernier, dit le P. Mar-
lène (1), et dans le Rituel de Milan (art. /*), qui l'a élc
au conimcnccinent de ce siècle, La nièrue chose se
pratiquait chez les Grecs, comme il paraît par lîalsa-
mon, dans son Su|>pléMicnl des canons, où il dit que
le patriarche Luc avait imposé des peines à ceux qui
usaient du mariage le jour de leurs noces ; et on voit
la même chose dans le Droit Oriental, 1. 5, p. 5G7.
Les jours de fêtes cl les dimanches, et même les sa-
medis, chez les Grecs, étaient aussi des jours de con-
tinence pour les personnes engagées dans le mariage.
On le voit parles réponses canoniques (num. 15) de
Timothée, patriarche d'Alexandrie, et par l'hisloirc
que rapporte S. Grégoire de Tours (â), d'un homme
e\lrêniement contrefait, et dont la mère répondait
avec larmes à ceux qui lui demandaient d'où venait
qu'elle avait mis au monde un enfant si monstrueux ,
qu'elle l'avait conçu la nuit du dimanche, confilebutur
cum lacnjmis nocle illum dominicà generatum. Quoi qu'il
en soit de la cause de celte dillormilé, cela montre
toujours ce que pensaient les chrétiens eu ce temps-
là, louchant le devoir de la continence conjugale aux
jours de fêles.
Aussi voyons-nous que les évoques dans leurs ser-
mons insistaient souvent sur ce point, et qu'un de
leurs motifs, pour reconunandcr celle sainte prati(iue,
était d'engager par là les chrétiens à recevoir la com-
munion avec plus de pureté cl de révérence. Celui-là,
disait S. Césaire d'Arles (5) est «n bon chrétien qui,
toutes les fois que les solenniiés viennent, garde plusieurs
jours auparavant la chasteté avec son épouse, pour com-
munier plus sûrement, et se présenter à l'autel du S i-
gneur avec un corps chaste et un cœur pur. Le même
saint répète la même chose en différentes manières
dans plusieurs de ses homélies (4), et après lui,
Tliéodulphe d'Orléans (o), et les Capiuilaires de nos
rois.
Lgbert d'York (G) marque plus précisément le lemps
auquel on doit garder la continence, à l'occasion de
la communion, voidant que cela se fasse trois jours
avant cl un jour après. Celle discipline était encore
en vigueur au douzième siècle, comme il paraît par la
lettre de Wasselin à l'abbé de Florenne, qui a pour li-
tre : De la continence que les gens mariés doivent gar-
der avant la communion.
Ce qui n'était , pour ainsi dire , que recommandé
dans les lemps dont nous avons parlé , devenait mi
devoir en quelque sorte indispensable dans l(>s temps
déjeune, selon l'esprit des Pères. C'est ce qui fait dire
à Tiiéodiilplic d'Orléans (7) que le jeûne était presque
compté pour rien sans la continence. Mhil penè valet
ji'junium , quod conjugali opère polluilur. Saint Augus-
(1) De ant. Eed. Rit., t. 2, c. 9.
(2) L. 2 de Mirac. S Martin., c. 24.
(5) Serm. 2.'ji, nov. Append. oper. S. Ang.
h) Serm. 142 et 29-2, ibid.
(5) Capilular. H, 1. 2, p. 43.
(O) Excerpt., c. 109.
(7J Capitular. 42.
TROISIÈMES ET QUATRIÈMES NOCES. 1058
lin semble en faire un devoir aux personnes enga-
giies dans le mariage, lorsqu'il dit (1): L'adultère et
la fornication sont exécrables en tout temps, mais c» ces
jours (de carême) il faut encore s'abstenir de sa femme.
Dans un autre de ses sermons (217) il dit de plus :
Je ne crois pas que lu chasteté conjugale , dans C( lie so-
Icutiilé de Pâques, doive être considérée comme quelque
chose de bien grand, puisque les vierges praliqucnl en tout
lemps celte vertu, ^ainl Césaire d'Arles (2) et Tl.éo-
dore de Cantorhéri (3) veulent que les chrétiens gar-
dent celle espèce d'abstinence pendant tout le carême
et la semaine de Pâques. Il y avait même des péni-
tences pour ceux qui contrevenaient à ce devoir,
connue on le voit par le Pénilentiel de Bède (4) : et
si on en croit les écrivains ecclésiasliques (5), Dieu,
en certaines occasions , a fait éclater sa vengeance
contre ceux qui méprisaient la discipline de l'Église
en ce point. Ce (|ue nous disons du carême, doit s'en-
tendre des vigiles des fêles à proportion, et du temps
qui précède la fêle de Noël , quand il fut devenu un
temps de jeûne dans l'Église , comme cela était en
quelques endroits.
Si les fidèles déféraient aux lois de l'Église touchant
la continence conjugale, ils n'étaient pas moins exacts
à observer celles de la nature, qui interdit l'esage du
mariage, quand les femmes sont parvenues à un cer-
tain ternie de leur grossesse, et qu'elles allaitent leurs
enf mis. Fidèles, dit Hérard de Tours (6) se conlineant
à coitu prœgnanlium uxorum. Et saint Grégoire, ré-
pondant aux questions de S. Augustin d'Angleterre:
Ad ejus verb concubitum tir suus accedere non débet,
quoadusque qui gignilur ablactelur. Ce même pape at-
tribue à l'incontinence des femmes le peu de soin
qu'elles ont d'allaiter elles-mêmes leurs enfants.
Le roi saint Louis se conlormait religieusement à
ces règles saintes , comme nous l'apprenons de Geo-
froy deBcaulieu dans le livre qu'il a pid)Iié de la Vie
de ce prince, où il dit, qu'il vivait en continence, du
consentement de la reine, durant tout Pavent et
pendant tout le carême, et outre cela cerlnins jours
de la semaine, de plus aux vigiles et aux jours de
grandes fêtes ; cl (pie dans les solennités auxquelles
il devait communier, il prati.juait la même chose plu-
sieurs jours avant et après pour le respect des sacrés
mystères.
CHAPITRE IV.
Des secondes, troisièmes et quatrièmes noces. De ce que
les anciens en pensaient. Des avantages dont étaient
privés ceux et celtes qui s'y engageaient , et de la pé-
nitence à laquelle ils liaient soumis.
Comme la matière dont nous entreprenons de par-
(1) Serm. 207, qui est 3 in Quadrag.
(2) Serm. lit in .\pp. S. .\ug. *
(">) Capitid. n. 35, Sj^icii. I. 9.
('() De l'.emed. peccal.. e. 18.
(')) (Jnillelin. Malmesbiir. , L2 de Ponlif. Angl. ;
Canoiies Hibern., loni. 9, p. 42, Spicil., Ralher. Ve-
ron. Synod. epist., Spicil. lom. 2.
(6U;ai)itiil. 12;i.
1059
HISTOIRE DES SACREMENTS.
lOiO
lor clans ce cliapilre a quelque élcndue, nous serons
obligés (le diviser on artirlcs ce que nous croyons en ; de ces mariages des veuves en ces termes : // arrive
devoir dire.
ARTICLE rUEMIER.
De r estime que l'on a eue de tout temps dans l'Eglise de
Cétat de viduilé, et de quel œil on y regardait tes
mariages réitérés.
Saint Paul dans sa première Épître à Timolliée (i)
développe en peu de mots la doctrine de TÉglise sur
le sujet dont il s'agit ici. On y voit d'abord l'estime
qu'il a pour l'état de viduilé, qui a toujours été depuis
en vénération parmi les Chrétiens. Honorez et assistez
les veuves qui sont vraiment veuves, di',-il. Il ne compte
pas de ce nombre foutes celles (jni ayant perdu leurs
maris, vivent dans le célibat ; mais celles-là seulement
qui n'espèrent qu'en Dieu , et persévèrent jour et nuit
dans les prières et les oraisons. Pour ce qui est dos
jeunes veuves fainéantes, causeuses, curieuses, etc.,
elles ne sont pas du nombre de celles qu'il met dans
cet ordre respectable ; il veut qu'elles se marient,
qu elles aient des enfants , qu'elles gouvernent leurs
ménages, a(in de ne donner aucun sujet aux ennemis
de notre religion de nous faire des reproches.
Voilà en peu de mots ce que l'Église a pensé et
pense encore sur cette matière : ce qui n'a pas empê-
ché qu'elle n'ait exhorté les veuves à demeurer en cet
état comme le plus avantageux, et cela à l'exemple
de l'Apôlre; et qu'elle n'ait regardé avec une espèce
d'indignation les secondes noces, à pins forte raison
les troisièmes et les quatrièmes , comme nous le ver-
rons ci-après.
Deux raisons surtout faisaient entrer les chrétiens
dans ces sentiments. La première élaitque les secondes
Il représente ensuite les inconvénients qui naissent
quelquefois aux maris étant à table de pleurer tendrement
leurs premières femmes, dont quelque aventure leur rap-
pelle le souvenir. Ces pleurs irritent une seconde femme ;
elle se jette en furie sur son mari, et le punit de l'amour
qu'il conserve pour son épouse qui n'est plus ; que s'il
prétend donner quelque louange à sa mémoire, il n'en
faut pas davantage pour faire naître une source éternelle
de querelles.
Nous pardonnons à nos ennemis après leur mort, notre
haine expire après leur vie. Tout le contraire arrive aux
secondes femmes ; si on en loue en leur présence une
quelles n'ont jamais vue, dont elles n'ont reçu aucune
injure, ces louanges allument leur haine, elles ne peuvent
encore les supporter toutes mortes qu'elles sont. Peut-on
avoir de la jalousie pour un peu de cendre et de pous-
sière, et faire la guerre ci des ossements pourris ou des-
séchés ?
Saint Basile avait dit dans le même sens (1), pour
détourner les hommes d'épouser les sœurs de leurs
premières femmes. 0 hommes , ne fuites point une
marâtre de la tante de vos enfants, et n'allumez point
contre eux une jalousie implacable dans celle qui doit
leur tenir lieu de mère. Car les [belles-mères sont une
espèce particulière de gens qui poussent leur haine au-
delà de ta mort. Tous les autres se réconcilient avec
leurs ennemis quand ils sont morts ; mais celles-ci com-
mencent à tes hair quand ils ne sont plus.
Saint Chrysostônic continue ainsi : Le mal ne s'ar-
rête pas 1(1 : car que les secondes femmes aient des en-
fants, ou n'en aient point , on ne peut éviter les disputes
et les dissensions. Si elles n'ont point d'enfants, elles
noces portaient un certain caractère d'inconlincnce i meurent d'ennui, et déchargent leur haine sur les enfants
et de faiblesse, qui ne s'accommodait pas avec les j
mœurs austères des premiers temps, et avec cet
esprit de mortification et d'éloignement de tous plai-
sirs sensuels qui régnait alors parnii eux.
Un autre motif qui leur faisait blâmer les secondes
noces, sans cependant les regarder comme illégitimes,
était les inconvénients qu'elles entraînent après elles,
jcs jalousies et les dissensions qu'elles excitent dans
les familles, surtout quand celui ou celle qui sd re-
marie a des enfants du premier lit. Los Pères font \
souvent de vives peintures de ces désordres, pour ,
détourner les veuves de l'un et de l'autre sexe de
rentrer dans les liens du mariage. S. Jean Chrysostôme,
entre autres, en parle avec son éloquence ordinaire dans
son 46* sermon (2) où, après avoir dit que comme la
virginité est préférable au mariage, et la viduilé aux
secondes noces, quoiqu'elle ne soit point commandée,
mais qu'on se contente seulement d'y exhorter ceux
qui en sont capables ; il ajoute , que de ne pas se re-
marier, est le moyen d'établir la paix et la tranquillité
dans sa maison, et qtie les seconds mariages ne sont
propres qu'à exciter des dissensions.
M) Cap. 5, V. 5, 4 l'i. 15.
(-2) Sermons choisis de S. Chrysoslôme, t. 2, éd.
1(190, p. 53 et suivantes.
de la première femme ; elles les traitent comme des
ennemis qui leur auraient fait les derniers outrages ,
parce que leur vue redouble le chagrin qu'elles ont de
leur stérilité : si elles ont des enfants , elles n'en sont
pas pour cela plus commodes envers les autres: pour se
venger de l'amour que leur père a pour eux et de la ten-
dresse qu'il conserve pour sa première femme , celles du
second lit veulent que leurs enfants soient préférés, et ne
regardent les autres que comme des valets. Tous ces
désordres sont capables de renverser les familles , et de
rendre la vie insupportable aux maris.
C'étaient ces tristes suites des secondes noces, jointes
à la foiblesse que témoignent ceux qui s'y engagent, qui
donnaient tant d'éloigneuîeni aux anciens de ceux qui
les contractaient ; ce qui fait que quelquefois ils se sont
exprimés d'une manière fort dure là-dessus , quoique
dans le fond ils ne les regardassent pas comme illé-
gitimes ; si on en excepte les Montanistes et les Nova-
liens : ce qui fait que TertuUien (2), devenu Monta-
niste, reprend avec aigreur l'auteur du livre du Pasteur,
qui les avait autorisées. Cependant, quoique les anciens
ne les rejetassent point absolument , et qu'ils les
(l)Ep. 161, nov. edit.
(2) De Pudicit. c. 10.
1041 MARIAGE. — CIIAP. IV. SEC0M)lS,
regardassent comme de vrais mariages , ils les blâ-
maient exlrèniement. On le voit entre autres par
l'Apologie d'Athéiiagorc (1) , dans laquelle il loue les
Cliréiiens de ce qu'ils ne passent pas à de secondes
noces , qu'il traite de fornication couverte d'un voile
de bienséance, sjTXce-xr,^ è^n aoiy^eia.... yoiy^ài iiTt
irapax£/a)iù/;i//.£vo,-. Théophile d'Antiociie relève aussi
le christianisme (2), en ce que ceux qui embrassaient
celle religion , se contentaient d'un seul mariage. On
voit, dit-il, de la modestie chez tes clnrlicns, on y exerce
la contbit'nce, on s'y contenled'un seul mariage, iJ.cJoyc/.y.M
T>7pîîTat , on y garde la chasteté. Minutius Félix a dit
dans le même sens (3) : JSoiis portons la pudeur non
$ur le visage ieulement, mais dans l'âme. ISous n'avons
point de répugnance pour les liens d'un seul mariage , et
le désir d'avoir des enfants ne nous fait point passer à de
secondes noces. < Cupidilatem procreandi aut unam
I scimns, aut nullam. i
Si ces anciens écrivains ecclésiastiques s'étaient
contentés de louer et de rendre témoignage à la
cliasieté et à la continence des ciirétiens de leur
temps sur ce point,,cela ne causerait aucun embarras ;
mais ce qui fait peine, c'est que quelquefois leur zèle
pour la conliiience les porte à se servir d'expressions,
par lesquelles ils semblent condamner absolument les
mariages réitérés. C'est ainsi qu'en ont usé S I renée,
S. Clément d'Alexandrie, Origène, et quelques autres,
qu'il faut interpréter favorablement et conformément
à l'analogie de la foi que l'Apôtre a si clairement ex-
pliquée. Origène, enire autres , a sur cela une pensée
assez plaisante dans son homélie 17' sur S. Luc. Là,
après avoir exhorté les personnes mariées à ne point
s'engager dans de secondes nociîs après la mort de
l'un des deux , il ajoute : A présent on en voit qui
passent à de secondes, troisièmes et quatrièmes noces, et
nous n'ignorons pus que de tels mariages nous chassent
du royaume de Dieu : car non seulement la fornication
nous exclut des dignités ecclésiastiques , mais de même
que les bigames ne peiivent être admis ni au rang des
évè/iucs, Mt à celui des prêtres, des diacres et des veuves
(il entend ici les diaconesses) , de même, peut-être, la
bigamie exclut-elle de l'Eglise des premiers-nés qui sont
sans tache. Non que les bigames doivent pour cela être
envoyés au feu éternel; mais parce qu'ils ne doivent point
avoir de part au royaume de Dieu.
Je ne sache pas que cette opinion singulière d'Ori-
gène ait eu des partisans : quoi qu'il en soit , il est
certain que le concile de Nicée (4) a déclaré légitimes
les secondes noces, en ordonnant que , quand les
Calliarcs ou Novaiiens voudraient revenir à l'Eglise
catholique, on les obligerait de ne plus regarder
comme excommuniés ceux qui avaient passé à de
secondes noces. Le concile de Laodicée (c. 1) les ap-
pelle des mariages légitimes. Et S. Ambroise (î>) dit
(\) Légat, pro Christ.
(2) L. 3 ad Autolycum.
(3) In Dialog.
(4) Mc.en. conc. 1, c. 8.
(3) L. de Viduis.
«UiSir..uES ET QL'ATRIÈ.MES NOCES. 104-
que, suivant la doctrine de l'Apôtre ; il ne veut pas
condamner les secondes noces , quoiqu'il ait de ia
peine à approuver la conduite de ceux qui s'y enga-
gent, et qu'il y ait beaucoup plus de grandeur et de
perfection à s'en abstenir. Ct.'S paroles de S. Ambroise
expriment très-clairement ce que lesCatlioliiiues ont
toujours pensé des secondes noces jusqu'à Photius ,
que son animosilé contre l'Eglise latine a porté jus-
qu'à lui reprocher comme une erreur de les regarder
comme légitimes.
Il faut donc lire avec précaution ce que dit Ra-
tramne(l),qu'àConsianiinople, selon le témoigna.ge de
Socrate,on était partagé louchant les bigames, quelques-
uns recevant et d'autres rejelantlcursmariages, tandis
que toute l'Eglise d'Occident les reçoit sans conlradic-
tion : car cet autcui a mal pris le sens de cet historien,
qui dans son livre 5% c. 22 (llist. Tripart.), parle seule-
ment des Novaiiens, et dit d'eux qu'àConslanlinople
ils connivaient à la bigamie, et cachaient leurs vérita-
bles sentiments, mais qu'ailleurs, comme en Phrygie,
ils la rejetaient ouvertement.
Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent regarde
les secondes noces. Pour ce qui est des troisièmes et
des qualrièmes, les Pères en parlent d'une manière
capable de faire rougir ceux qui les contractent , et
peu s'en faut qu'ils ne les traitent ouvertement de
concubinage. L'auteur des constitutions apostoliques
(1. 3, c. 2) dit que les troisièmes noces sont une preuve
d'incontinence, et que celles qui sont au-delà sont
censées une fornication manifeste. Saint Basile (2) dit
que l'on regarde ces sortes de conjonctions comme
les ordures de l'Eglise, wj pvnà.tjjj.a.-zv. tyjî èxx/njiria; wf û/iev.
Nous ne les soumettons pas néanmoins, ajoute-t-il, à
une condamnation publique, parce qu'elles sont préfé-
rables à une fornication manifeste. Ailleurs il traite
ces sortes de mariage de polygamie, ou plutôt, dit-il,
d'impudicilé réduite dans des bornes, //.â/).ojo£7topvi«>
/£>:î/aïy.lv/;v. Cc qui doit saus doute s'entendre impro-
prement, et seulement quand ceux qui conlratlcnt ces
alliances ne sont conduits que par leur passion :
puisque nous voyons des gens de bien dans l'Eglise
qui ont eu jusqu'à sept ou huit femmes conséculi vcment,
et entre autres Charlemagne, dont la mémoire sera en
bénédiction dans tous les siècles.
Aussi faut-il convenir que l'on a été plus rigide sur
ce point dans 1 église grecque que dans la latine , et
qu'on a même porté dans celle-là la rigueur jusqu'à
l'excès à cet égard. C'est ce qu'on voit dans la Novelle
de l'empereur Basile (5), par laquelle il ordonne de
punir les troisièmes noces selon la rigueur des canons,
et ajoute , que si Justinien et les lois romaines n'ont
pas condamné les quatrièmes noces , il les défend ,
commes des concubinages , parce qu'elles sont con-
damnées par la loi de Dieu.
L'empereur Léon, fds et et successeur de Basile,
({) L. -4conl. Grrccos, c. 2, Spicil. t. 1
I 2^ Ad Amphiloch. can. 50.
* 5) Apud Leunclav. 1. 2.
j4) Conférences de Paris, t. 5, p. 105 et seq.
1045 HISTOIRE DES
confirma h\ constitution de son père (4) , et voyant
que les qnalrièmes noces étaient fort fiét|iionlos dans
ses états, il ordonna (1) qu'on Its punirait de la ma-
nière qui est marquée par les canons, sans l'aire grâce
à ceux qui se seraient maries une troisième l'ois, parce
que leur inconliuencc est blâmée, dit-il, môme parmi
les bêtes.
Léon porta le premier la peine de sa constitution,
(|u'il viola en se mariant pour la quatrième fois, n'ayant
point eu d'enfants de ses trois premières femmes.
rSicolas, patriarche de Conslanliiiople, s'y opposa de
toutes ses forces, mais il ne put rempéclier. Lui cl
les prélats de sa dépendance ne voulurent point assis-
ter, suivant la coutume, au baptême de Constantin
qui naquit de ce dernier mariage. Il excommunia
Léon, et celui-ci le chassa de son siège, où il ne ren-
tra ([u'après la mort de cet empereur, sous le règne de
de Constanlfn, son fils. Ce prince assembla les évèqucs
de son empire afin de réunir les esprits, c». de rétablir
en qucliiue sorte la mémoire de son père. Ces prélats
entrèrent tous dans le même sentiment, cl rendirent,
au sujet des personnes qui se lemariaient, une sen-
tence en forme de règlement, qui fut appelée le livre
de l'Union. Ils y réglèrent trois choses : i" Que les
secondes noces seraient permist s , pourvu qu'on se
remariât avec des intentions toutes chrétiennes. 2° Que
les troisièmes noces ne seraient plus permises à ceux
qui auraient trente ou quarante ans, quand ils auraient
des enfants de leur premier mariage; et s'ils contre-
venaient à cette loi, ils devaient être punis d'une
manière différente. Que ceux qui seraient mariés une
troisième fois à quarante ans , devaient ètie mis en
pénitence durant cinq ans , et ne pourraient commu-
nier le reste de leurs jours qu'une fois ramiée. Qu'à
l'égard de ceux qui n'auraient que trente ans, leur
pénUence ne serait que de quatre années , après les-
quelles ils pourraient ensuite conununier trois fois
Tannée. 5' Que pour les quatrièmes noces, on ne pou-
vait les regarder comme des alliaiices légitimes, mais
comme des concubinages.
Constanlin Porphyrogénèle autorisa par une consti-
tution ce décret bizarre, et, suivant le moine Matthieu,
Balsamon et le patriarche Manuel , on l'observe a la
lettre dans l'église grecque , où on regarde même les
troisièmes noces comme une espèce de polygamie.
Nous ne voyons pas que dans l'église occidentale
on ait jamais traité aussi rigoureusement ceux qui
passaient à de secondes et troisièmes noces : on re-
gardait celle conduite comme une faiblesse, mais on
ne dél'endail pas les mariages réitérés, excepté en
Espagne, où les évc(iuesdu 15* concile de Tolède
(can. 5) condamnent à la peine éternelle les reines
veuves des rois qui se remarieront, et les retranchent
de tonte conununion avec le reste des Chrétiens; peines
qu'ils étendent sur ceux qui les auront épousées ,
fussent-ils rois eux-mêmes. Siquis... violare prœsum-
pseril, sit ab omni clirisiianonim commumone secliisus ,
(1) Novell. 90 Leonis apud Godefrid.
S.VCUEMENTS. loU
el siilplmreis cum diabolo contradatur ignibui exurcmius.
Le concile de Saragosse , tenu huit ans après celui
de Tolède, c'est-à-dire, en 091 , fit quelque chose de
plu-J, quand il ordonna (can. 3) que les reines, aussitôt
après la mort de leurs maris , se déferaient de l'habit
séculier pour prendre celui de religion , el passer le
reste do leur vie dans un monastère de vierges.
il faut avouer que c'était réduire ces princesses à une
condition bien dure, et il fallait sans doute que des
raisons d'état eussent porté les évêques d'Espagne à
faire de tels règlements; ce qui les rend en quelque
manière excusables, d'autant plus que sous le règne
des Visigoths ils avaient très grande part au gouverne-
ment, dont ils ont abusé plus d'une fois, comme on
le voit dans les monuments de ce temps-là.
On ne voit point de semblables règlements ailleurs,
ni pour les reines veuves, ni pour les autres qui se
trouvaient en cet état. Il était permis à tout le monde
de se remarier librement, en subissant les peines dont
nous parlerons dans l'article suivant, mais on voulait
que cela se fit avec bienséance. On ne permettait pas,
par exem|)le, à une femme qui avait perdu son mari
d'en épouser un autre, pendant l'année de son deuil,
autrement elle était privée, suivant le droit romain,
do ses conventions matrimoniales, et notée d'infamie.
C'était la loi de Gratien, de Valenlinien et de Théo-
dose (1). Avant ces empereurs les lois ne demandaient
que dix mois.
Cette loi passa dans l'Église, en certains endroits,
comme il paraît, par les Capitules de Théodore de
Cantorbéri (i), qui sont répétés mol pour mol dans
les extraits d'Egbert (ô), archevêque d'York. On y voit
qu'il est défendu aux hommes de se remarier, sinon
un mois après la mort de leurs premières femmes, et
aux fenmies, un an seulement après le décès de leurs
maris; mais elles ne sont pas notées d"infamie si elles
le font. 11 semble même que l'Eglise n'ait pas approuvé
celle rigueur; el, dans la suite des temps, Urbain 111 et
Innocent III la condamnèrent (4) ; quoiqu'il ne soit pas
fort honorable à une veuve de convoler à de secondes
noces aussitôt après la mort de son mari. A l'égard
de l'autre peine portée contre les veuves qui coiitre-
viemient à la loi de Gratien, les jurisconsultes disent
(pi'ellcs ne sont pas observées à présent, même hors
de France; mais dans la partie de ce royaume qui suit
le droit romain, comme dans les parlements de Tou-
louse, do Provence el de Grenoble, la lui est encore
aujourd'hui eu vigueur.
Tels sont les sentiments que l'on a eus dans l'Église,
en difîérenls t 'inps, touchant les secondes, troisièmes
et qnalrièmes noces. Nous avons lâché de les repré-
senter le plus fidèlement et le plus brièvement qu'il
nous a été possible ; voyons présentement comment
l'Église se conduisait à l'égard de ceux qui se trou-
vaient dans ces cas.
(1) Cnd. Tbéod., 1. 3, tit. 8, de secundis Nuptih.
(i) Num.7-2, t. 9, Spicil.
(5) Excerpl., c. 116.
(4) Cap. C'ùni secmdùm, el c. de secundis Nuptiis,
lOiS MARIAGE. — CIIAP. IV. SECONDES, TROISIÈMES ET QUATRIEMES NOCES.
ARTICLE II. I y
1046
De quelle iiianine on trailait ceux qui controctnù'ut d(^s
seconds cl troisièmes inariiujcs. Pénilemc qu'on leur im-
posail. Ou leur refusait la bénédiclion nuptiale. Clian-
gemenl de discipline arrivé tant en Orient qnen Occi-
dent sur ce sujet, etc.
Dans It! premier arliclc de ce cliapiire ikuis nous
sommes parlienlièrcmi'ni :ippli(iiiés à faire voir (iiiel
élail Tcspril do IK^tise à ré^jard des secondes el Iroi
sièmes noces; dans celui-ci nous reprcseiilcroiis qiiolie
élail sa discipline, ou la manière dont elle se condui-
sait à regard des .chrétiens faiijles, (pie lassujétisse-
ment à leurs passions réduisait, en qnolipie sorte, à la
néccs'-ilé d'avoir recours au remède dos secondes et
troisièmes noces.
C'est une vérité incontestable, dans riiistoire de la
discipline de rKglisc, qu'autrefois on soumettait à la
pénitence ceux qui passaient à des secondes et troi-
sièmes noces : le concile do Néocésaréo (can. 5) en
parle comme d'un l;iil iiot )ire; il dit seulement que
leur foi et leur lionne vi(! mérileroiit que Ion en abrège
le temps. Sed cenversalio eortini et fida lenipus abbrevial.
Celui de Laodicée (can. 10), à peu près du même
temps, parlant des venis qui se remarient, qu(>i(pri!s
le fassent publiquement el légitimement, ordonne qu.'ils
passent quelque temps dans la prière et les jeûnes,
avant d'èlre reçus à la communion de lEglise, qui leur
fera grâce. Vciccnt orationi cl jcjuniis, qiilbus eliam
juxla induUjcnliam, communionem reddi decrevimus.
Cette discipline était commune à toutes les Églises
du monde ciiréiimi; les canons de ces deux concilos
ayant élé insérés dans le Corle des canons, qui était
également reçu dans l'église latine comme dans celle
d'Orient. Celait en conséquence de ce qui s'observait
là-dessus, qne le concile de Néocésarée (can. 7) dé-
fendit aux prêtres de se trouver aux festins des noces
de ceux qui se remariaient, parce que, comme remar-
que fort judicieusement Zonare sur ce canon, en s'y
Irouvanl ils approuvaient les secondes noces, ctiTé-
taienl plus en étal de mellre en pénitence ceux qui
s'y cngngeaicnl.
Saint Dasilo, dans sa leltre à Amphilofiue, si fa-
meuse dans tous les siècles, où elle a élé considérée
comme un des monuments des plus respectables de la
discipline de l'Église, et comme une règle sur laquelle
les prélats réglaient leur conduite par rapport aux pé-
nitences dues aux diversrs espèces de pécliés, S. Ba-
sile, dis-jc, entre d;uis un |)lus giand délail de la sa-
tisfaction que l'on iniposail à ceux qui se remaiiaie:it.
/Voici ce qu'il en dit dans le V canon : Quelques-uns
séparent de la communion les bigames l'espace d'un an,
les autres deux uns ; et ceux qui passent à de troisièmes
noces, trois ou quatre ans... Pour nous, nous avons ap-
pris, non par les canons, mais par la coutume et par une
tradition non interrompue, qui nous vient de ceux qui
nous ont précédés, qull faut séparer de la communion,
pendant cinq ans, ceux qui se remarient pour la iroi-
sicme fois. Cependant il ne faut pas leur imerdire l'en- i
trée de l'église, mais il faut les admettre au rang des au-
diteurs deux ou trois ans, après quoi ils pourront être
reçus parmi les con,sistunts avec les fidèles, mais sans
participer aux saints mystères. Enfin, après avoir donné
des preuves de leur repentir, ils seront rétablie dans la
communion. ',
Théodore de Cantorbéri (I) et, après lui, Egbert
d'York condamnent les bigames à s'abslenir de chair
pei)daiit un an la 4' el la 6' férié, cl, onlrc cela, pen-
dant l'espace de trois carêmes. C'est dans cel esprit
que l'archevêipie d'York (2), dont nous venons de
|)arler, ne veut pas que les prêtres assistent au festin
nuptial des bigames, auxquels ils sont tenus d'imposer
pénilence.
Outre la pénitence à laquelle les bigames et les au-
tres à proportion étaient soumis, ils étaient, comme
nous avons vu ci-devant, privés de la bénédiction nup-
tiale; en quoi les églises d'Occident étaient encore
d'accord avec celles d'Orient. S. Césaire rend témoi-
gnage de celte discipline lorsqu'il dit (5) : Que celui
qui souhaite de se marier soit vierge, comme il voudrait
que celle qu'il épouse le soit, parce que ,s'i/ ne fesl pas,
il ne méritera pas de recevoir la bénédiction avec son
épouse. Le chapitre 150, du sixième livre des Capitii-
laires de nos rois, suppose cette disciplino, quand il
défend à ceux qui n'ont pas été mariés auparavant, de
le faire sans la bénédiclion du prêtre, neque sine be-
nedictione sacerdotis qui unie innnpii erant, nubere au-
deant. Paroles qui font entendre manifestement que
ceux qui avaient lUé mariés auparavant ne recevaient
point celte bénédiclion. Cet usage s'est conservé dan.
nos églises jusqu'au treizième siècle, comme cela pa-
raît, par ce qne dit Guillaume Durand, dans sou Ra-
tional (4) ; mais cet auteur et bien d'autres de ce temps,
et même auparavant, en ignoraient la vraie raison,
s'imaginant faussement qu'on ne bénissail pas les veufs
quand ilsse remariaient, parce qu'ils l'avaient déjà élé
unefois, et qu'il ne fallait point réitérer la bénédiclion
nuptiale. Quia c'um alià vice benedicti sini, eornm bcne-
diciio iterari non débet. Durand ajoute que dans (piel-
qucs endroits on bénissait les mariages des veufs quand
l'une des parties eiail \ierge. i
Saint Théodore Slndile e\pli juc admirablement ce
qui regarde celle matière, dans unelelireàNançrace,
son disciple, tant par rapporta la pénilence à laquelle
on soumettait les bigames, qu'à l'égard de la privation
de la bénédiclion sacerdolale, el lève en même temps,
en grand théologien, une difiicullé considérable, qui
se présente là-dessus. Les secondes noces, dit-il, sont
permises par l'Apôtre cl par Jésus-Chrislmème; mais
ce n'est pas une loi, comme dit S. Grégoire-lc-Théolo-
gien, ce n'est (prune indul^'ence : or l'iiKliiîgence sup-
pose une faiblesse et une action reprchensible. L'Apo-
tre le manjue, en disant : S'ils ne se contiennent pas,
qu'ils se marient; cari'inconiinence est une faiblesse.
(»i
1) Capitular., n. 14, Spicil. t. 9.
2) Excerpl , n. 8'J.
Sciin. 2X0, in appen. novœ edit. oper. S. Aug.
(4) L. l,c. y.
1047
C'est |»ourquoi, ajoutc-t-il, les Pères ont soumis à la
pcnileiice les bigames, etdéfcntiiiaux prêtres de pren-
dre part aux festins des secondes noces. Donc il est
juste de couronner le premier mariage, qui est propre-
ment légitime cl victorieux de l'incontinence. S. Théo-
dore parle ici suivant l'us;ige des Gnîcs qui, comme
nous l'avons dit ailleurs, nomment couroimcment la
bénédiction nuptiale. 11 est, continue- i-il, suivi de la
sainte communioii, et les prêtres prennent part au
ferlin, à rexcmplede Jésus-Christ même; mais le se-
cond mariage n'est point couronné, pcucc qu'on y
succombe à la faiblesse, et on n'y communie point,
parce qu'on doit être privé de la communion une année
ou deux; il n'y a point do bénédiction, parce qu'il n'y
en a ([u'une seule pour les premières noces. Il s'ensuit
donc, selon l'Écriuire et les Pères, que le prêtre ne
h'ii point la célébration des secondes noces, et ne re-
çoit ceux qui les ont contractées qu'après la pénitence
accomplie, lorsqu'il leur est permis de communier,
alors il leur donne une espèce de bénédiction nup-
tiale. Que si vous demandez, dit encore S. Tbéodore,
conmicnt donc ils habitent ensemble , je dirai que c'est
en vertu du contrat civil, comme dans la trigamic et
la ])olygamie; car les Pères ont ainsi nommé les ma- I
riages au-delà du troisième. Peut-être demauderez-
vous encore, quand l'une des parties est vierge, s'il
faut lui mettre la couronne sur la tête et à l'autre sur
l'épaule, comme disent quelques uns? Cela me paraît
ridicule, car où mellra-t-on la couronne pour les troi-
sièuH'S noces? J'estime donc que la partie vierge mé-
rite de perdre son privilège en s'unissant par son choix
à celle qui ne l'est pas, et qu'elle se soumet par là à
la peine de la bigamie.
C'est ainsi que Théodore Sludite explique en même
temps et le dogme et la discipline sacramentelle par
rapport au mariage, et confirme les usages dont nous
avons fiùt mention en divers endroits de ce traité. Ce
qu'il vient de dire, qu'après que les bigames ont ac-
compli leur pénitence , ils reçoivent une espèce de bé-
iiédiciion nuptiale, peut beaucoup contribuer à éclaircir
une difliculté qui se rencontre sur ce sujet dans les
euchologes des Grecs , qui paraissent se contredire :
car. d'une part, on y lit ces paroles touchant les ma-
riages réitérés (i) : Le bigame n'est point couronné ,
hijv,a.oi iJ-h ozs.^v.-jouxrM , et, de l'aulre, on y voit l'office
allVcté à la célébration des secondes noces, dont un
des nts est le couronnement, ce qui ne peut se conci-
lier qu'en disant que cet office n'est pas , proprement
parlant, celui du mariage; mais, comme dit S. Théo-
dore Sludite, une espèce de bénédiclion nuptiale , qui
est irès-différente de celle (jui se donne à ceux qui se
marient pour la première fois; outre que les Grecs,
dei>uis le Tome d'union dont nous avons parlé, lequel
fut fiitdu temps de l'empereur Constantin Porphyro-
genète, ont fort altéré leur discipline sur les seconds
mariages, comme le remarque M. Renaudot (2).
Voici comme les choses se passent à présent chez
(1) Euchol.,p. 401.
(2) Perpél., t. 5, p. 457.
HISTOIRE DES SACRE.MENTS. 1048
eux à cet égard. On dit d'abord les oraisons ordinai-
res, et on prononce deux bénédictions sur les mariés,
auxquels le prêtre donne les anneaux comme aux
l)remières noces, ensuite il dit une prière qui convient
particulièrement aux secondes , par laquelle il de-
mande pnnci|)alement à Dieu la rémission de la faute
que coîumetlent ceux (pii rentrent de nouveau dans
les liens du mariage. Cette prière est conçue en ces
termes : Seianeur, qui pardonnez à tous , et qui veillez
sur tous, qui connuisscz ce que les hommes ont de caché,
pardonnez-nous nos péchés, cl remettez les iniquités de
vos serviteurs , en les appelant à la pénitence , en leur
accordant le pardon de leurs fautes et la rémission de
'leurs péchés volontaires ou involontaires. Vous qui con-
naissez la faiblesse de la nature humaine dont vous êtes
le formateur et le créateur , vous qui avez pardonné à
Raab la pécheresse , et qui avez accepté la pémtencc<,du
publicain, ne vous souvenez pas de nos péchés... Vous,
Seigneur, qui unissez vos serviteurs tel et telle , unis-
sez-les par une charité réciproque; accordez-leur la
conversion du publicain, les larmes de la pécheresse , la
confession du larron , afin que par une sincère pénitence
de tout leur cœur, accomplissant vos commandements
dans la concorde et dans la paix, ils puissent parvenir à
votre royaume céleste.
La seconde oraison est encore en termes plus forts :
Pardonnez, Seigneur, l'iniquité de vos serviteurs, qui ne
pouvant soutenir le poids du jour, ni l'ardeur de la
chair, s'unissent par un second mariage, ainsi que vous
l'avez ordonné par Paul , votre apôtre, vase d'élection,
qui a dit, pour nous autres abjects, qiCil « vcdait mieux
se marier que de brûler, t Vous dune q'jii êtes bon et plein
de miséricorde envers les hommes, pardonnez et remet-
tez nos péchéo, etc. 11 n'y a pas beaucoup de difTcrcnce
dans les prières qui suivent, parce que l'usage présent
de l'église grecque étant de couronner les secondes
noces, on prend celles qui sont propres au couronne-
ment ordinaire, ce qui ne se faisait pas autrefois. Les
Grecs font la même chose aujourd'hui à l'égard des
troisièmes noces ; mais pour les qualrièmcs , il ne pa-
raît pas qu'ils aient aucune bénédiclion sj)éciale , et
ils les regardent comme un abus qu'ils sont obligés
de tolérer pour le bien de la paix , mais sans l'ap-
prouver.
Les Jacobites ont, de même que les Grecs, une cé-
rémonie et des prières différentes pour la bénédiclion
des secondes noces (1). Voici ce que nous trouvons sur
j cela dans leurs anciens rituels. Les premières orai-
sons qui regardent rinslilution primitive du mariage ,
I dans la loi de nature, sont les mêmes que dans l'office
des premières noces. Us ne lisent pas la même épîlre,
mais une particulière, tirée de la première Épîlre aux
Corinthiens, c. 7 , dans laquelle S. Paul permet les
I secondes noces ; on omet le couronnement et les priè-
! res sur les couronnes , et au lieu de l'oraison qui y
' est propre, on en dit une autre, qui comprend ce qui
suit, entre autres : Nous supplions votre bonté, vous
Il (!) Renaud., t. 5, 1. G, c. 6.
1049 MARIAGE.
qui êtes plein d\unour pour les hommes , en faveur de [I
votre serviteur N. et de votre servante N., qui s'unissent \
présentement par le mariage, à cause de leur faiblesse , I
et parce que le célibat leur paraît trop dur. Cest pour- j
quoi, Seigneur, ne leur imputez pas ce péché , mais ac- ^.
cordez-leur le pardon et l'absolution , etc. On prononce
ensuilcsiirciixrabsoltition. Il y a d'aulies formules en-
core plus expresses, pour niarquerque l'Eglise regarde
ce mariage comme une faute vénielle, puisque, par les
prières, on domando à Dieu qu'il donne aux mariés la
pénilence du bon larron , elo., comme dans les grec-
ques. C'est pourquoi Echmini ayant rapporté celle
discipline, et parlant des prières que font les prêtres,
ajoute : La prière que le prêtre fait sur eux est unique-
ment pour demander le pardon de leurs péchés. Si l'un
des deux n'a pas été marié, on le bénit seul.
Dans d'autres rituels jacobites, et particulièrement
dans celui qui est attribué à Jacques d'Édesse, ni dans
un autre qui est dans les manuscrits , il n'y a aucune
prière, ni aucun rit prescrit pour les secondes noces,
ce qui peut donner lieu de croire que les Jacobites sy-
riens observaient à la rigueur la défense portée par
les anciens canons contre les bigames , qu'il est dé-
fendu de couronner, c'esl-à-dire , de leur donner la
bénédiction nuptiale.
De même , dans un office du couronnement pour
l'usage des Nestoriens, composé par Bcnbam, il n'y a
aucune prière pour les secondes noces; et comme cet
office est conçu presqu'en mêmes termes que ceux des
Syriens jacobites pour les premières noces , qui ne
conviennent pas aux secondes noces , il est très-pos-
sible que l'Église nestorienne n'ait eu aucun rit parti-
culier pour les célébrer. Car, suivant ce qui a été
remarqué ci-devant, les Grecs ont changé leur disci-
pline à l'égard des bigames, en les couronnant ; et
alors il a fallu composer de nouvelles prières pour
cette cérémonie. Les Nestoriens , dont la séparaMon
est aussi ancienne que le concile d'Épbèse, peuvent
donc avoir ignoré de semblables prières, qui n'étaient
point en usage avant qu'ils se fussent séparés de l'é-
glise grecque.
A l'égard de l'église latine (1), son ancienne disci-
pline est présentement abolie, par rapport aux secon-
des et troisièmes noces. Ceux qui s'y remarient , le
font avec la même liberté que ceux qui se marient
pour la première fois, et à peine y fait-on attention,
il n'y a plus, en Occident, de pénilence pour les bi-
games, il n'est plus défendu aux prêtres de se trouver
aux festins des secondes noces. 11 ne nous reste plus
de colle ancienne discipline que l'irrégidarité que
contractent ceux qui se marient en secondes noces ,
ou épousent des veuvqs, et la défense de bénir solen-
nellement les secondes noces : encore , suivant l'avis
de S. Charles, on peut les bénir dans les lieux où la
coutume a prévalu , surtout lorsque c'est une fille qui
épouse un homme veuf.
M. de Marca remarque encore une autre différence
(1) Coufcrenccs de Paris, p. 109.
CIIAP. V. INDISSOLUBILITÉ DES MARIAGES.
1050
on ce point, demi il parle dans un opuscule qu'il a pu-
blié sur le sacrement du Mariage, donl je rapporterai
les dernières lignes, parce qu'on y voit ce (ju'il pense
touchant une difficulté théologique , qui nait de l'an-
cienne discipline, par rapport aux seconds et troisiè-
mes mariages. On y voit qu'il pensait sur ce point à
peu près comme S. Théodore Studile, dont nous avons
expose le sentiment ci-dessus. Voici ses paroles :
Depuis, l'Eglise relâchant de l'ancienne rigueur, a fait
célébrer les mariages des bigames par des prêtres qui les
conjoignenl en mariage, reçoivent leurs oblulions, et célè-
brent le sacrifice pour eux, de sorte que , par ce moyen,
ce contrat civil devient tin vrai sacrement de la nouvelle
loi; mais pour conserver en quelque façon la défense des
anciens canons, on ne récite pas sur les bigames quelques
prières qui contiennent des bénédictions pour les mariés,
que l'on récite en faveur des premières noces.
Peut-être pourrait-on regarder comme un reste de
ridée que l'on avait autrefois de la faiblesse de ceux
qui convolaient à de secondes noces, les charivaris
que l'on fait en quelques endroits à la porte de ceux
qui se remarient, quoiqu'ils soient opposés à l'esprit
de l'Église, et même à la bonne police. Cet abus n'est
pas nouveau, puisqu'un concile de Langres de l'an
1421 , défend de faire pareilles insultes aux veufs de
l'un et de l'autre sexe qui se remarient , et le Iraite
d'action digne de condamnation. Un concile de Nar-
boime, du commencement du siècle dernier, ordonne
aux évéques de défendre ces jeux indécents , sous
peine d'excomnuuiication.
Mais comme ces Statuts ecclésiastiques n'arrêtaient
poini le cours de ce mal, la puissance publique est
intervenue, cl a remédié plus efficacement à ce mal, eu
infligeantdes amendes pécunaires, à ceux qui feraient
à l'avenir des charivaris. Quelques-uns même de nos
parlements ont décerné des punitions cori)orelIes
contre les contrevenants, et c'est ce qui a fait cesser
cette mauvaise coutume presque par tout le royaume.
Cependant, je me souviens d'avoir vu dans ma jeu-
nesse oes sortes de charivaris se faire encore dans
mon pays, devant les maisons de ceux qui se rema-
riaient pour la seconde ou troisième fois (I).
CHAPITRE Y.
De l'indissolubilité des mariages. Abus sur cette matière
corrigé dans la suite, lien reste encore à présent chez
les Grecs.
Entre plusieurs maux que la religion chrélienne a
fait cesser dans le monde, on ne peut nier que le di-
vorce ne soit un des principaux, et un des plus capa-
bles de porter le trouble et la confusion partout, de
renverser l'ordre dans les familles, et d'y faire naître
une infinité d'inconvénients, qui rejaillissenl sur les
états , qui peuvent en soulIVir de grands préju-
dices.
L'on sait jusqu'où les Juifs avaient porté la licence
sur ce point, sHiuaginant faussement, que ce que
(1) Voyez M. Thicrs, irailé des Jeux, c. "24.
1051
Moysc leur avait permis, à cause de la dureté le leur
cœur, les autorisail. Il y avait uièine, si nous nous en
rappo'nonsà S. Jérôme (1), deux scclesparmi eux,
qui enchérissaient en cela l'une sur l'autre. La pre-
mière était celle des Samméens, qui croyait qu'il était
permis de renvoyer sa femme, mais seulement quand
elle avait commis une action honteuse, auqutd cas
il était permis d'en épouser une autre. La seconde,
qui avait pour maître Ilillel, qui vivait peu de temps
avant le Sauveur, tenait pour principe, que le divorce
était permis pour quelque cause que ce lût. Il paraît
que Joseph l'historien étaient de cette seote ; il avoue
■ dans l'histoire de sa vie, qu'il a répudié sa femme,
qu'il avait épousée à Césarée pour se marier à une au-
tre à Alexandrie.
Rien n'était si commun étiez lés Romains, que de
voir des hommes répudier leurs femmes , et des
femmes mêmes répudier leurs maris, pour en épouser
d'autres : ce qui a fait dire à Terlullien (2), qu'il
semblait, à voir la conduite qu'ils tenaient en cela,
que le divorce était comme le but et le fi uit du Ma-
riage : Repudium vero jam quasi volum est, et malii-
monii fructiis. Cependant la raison naturelle est oppo-
sée à cet abus, et condamne une conduite qui tend à
dégrader le Mariage, et à le conduire à l'état du con-
cubinage, qu'Aristote (3) et les païens ont condamné,
connue contraire à riionnèlelé, à l'éducation des en-
fants, qui est la fin du Mariage, et à l'union qui doit
se trouver entre ceux qui s'y sont engagés l'un à
l'autre par ce contrat si saint et si solennel. Aussi
Yalùre Maxime assure-l-il (1. 2) que la république
romaine avait subsisté plus de 300 ans avant qu'on y
eût entendu parler delà répudiation des femmes. Spu-
rius Cabilius fut le premier qui osa renvoyer sa
fenmie, sous prétexte de sa stérilité, pour en prentlre
une autre ; mais, dit cet historien, quelque tolérable
que parût ce prétexte, Spurius ne laissa pas d'èlre
blâmé, parce qu'il ne devait pas, disait-on. préférer
le désir d'avoir des enfants à la foi conjugale.
Mais il y avait longtemps que l'on avait oublié dans
l'empire romain celte belle maxime; et l'abus opposé i
avait jeté de si profondes racines, que nonobstant ce
que le Sauveur avait ordonné i)our rétablir la sainteté
des mariages, l'Église ne put se préserver entière -
ment de la contagion répandue siu- ce point. C'est ce
que nous allons examiner, non en tbéulogien ni en
jurisconsulte, mais, suivant notre coutume, en simple
historien, rapportant seulement ce qui s'est j.assé sur
ce sujet.
Les princes chrétiens ne se sont pas contentés de
tolérer cet abus, ils l'ont quelquefois autorisé dans
leurs états : Constantin a permis les divorces dans
tout l'empire par une loi qu'on lit encore dans le
code Théodosien (1. 5, lit. IG) : elle laissait aux Ro-
mains la liberté de dissoudre leurs mariages toutes
les fois qu'ils le jugeraient à propos. Justinien a cru
(i) Inisai., cap.6-
(;2) Apol., c. G.
(ù) L. 7 Politic, c. 16.
HISTOIRE DES SACREMENTS. 1052
beaucoup faire, de ne permettre les divorces que
pour certaines raisons, qu'il marque dans une de ses
Novelles.
A rimilation des empereurs romains, les rois des
différentes nations qui se sont emparés des diverses
provinces de l'empire , ont permis et autorisé le
même dérèglement ; entre autres Théodoric, roi des
Oslrogoths eu Italie, sur la fin du cinrpiième siècle, et
les rois des Yisigolhs en Espagne, où le divorce a ré-
gné depuis le cinquième siècle jusqu'au treizième,
qu'Alphonse X l'y défendit dans ses Parlidcs. Les
rois de France de la première et seconde race l'ont
, aussi autorisé. Le moine Marculfe et Lindenbroog
nous rapportent la formule dont on se seivait dans
les Gaules pour faire le divorce. Cet abus dura aussi
quelque temps durant la seconde race ; on jieut le
voir dans les Capitulaires de Cbarlemagne, qui en
avait lui-même donné l'excnq^le, en répudiant la
fille de Didier, roi des Lombards , qu'il avait épou-
sée. Cependant il ne fut pas de longue durée après
lui, puisqu'il est défendu dans trois endroits des Ca-
pitulaires. Les lois d'Allemagne ont aussi permis le
divorce dans le septième siècle ; nous voyons encore
(pi'il était permis dans les lies Brilanniques, même
vers le dixième siècle, par un roi de Cambridge ; c'é-
tait surtout dans l'Irlande. Le pape Grégoire VII, dit
Baronius, écrivit à Lanfranc de Cantorbéri , de tra-
vailler à faire abolir les divorces qui étaient très-
communs; cl Lanfranc s'employa auprès de deux rois
d'Irlande, pour les porter à les défendre dans leurs
états. S, Anselme, son successeur, i)rit le même soin,
1 et nous avons encore la lettre ([u'il écrivit à deux
rois de cette île, pour leur faire voir que le divorce
était condamné dans le christianisme, et que dans
les pays où il était autorisé par les princes, on
devait le regarder comme un reste du paganisme et
du judaïsme , et un effet de l'ignorance des peu|)les.
Quand Gaguin parle du divorce qui était autrefois en
Moscovic, mais qui est défendu à présent, puiscju'on
n'y donne la communion qu'à la mort à un mari qui
aurait répudié sa femme, il remarque que les peuples
de ce pays avaient retenu cet usage des païens. Le
divorce a été aussi longtemps permis en Ethiopie, et
cet abus n'y a été défendu que dans le seizième siècle
par le ministère des missionnaires, que le roi de Por-
tugal a envoyés aux |)rinces de ce pays.
Tout ceci fait voir la vérité de ce qui a été dit lou-
chant l'abus des divorces qui étaient si invétérés, que
les Chrétiens ne s'en sont défaits qu'avec beaucoup de
peine. Je n'ai point cité les endroits sur lesquels tout
ce refit est appuyé, parce que je n'ai fait nioi-mème
q';;.: copier les Conférences de Paris (1), dansles([ueiles
ils sont indiqués, et j'ai cru que les lecteurs dans
cette occasion, voudraient bien s'en rapporter à
l'exaclitude de l'auteur quia rédigé ces Conférences.
On a donc vu des Chrétiens dans ce senliuient, que
le lien du mariage pouvait se dissoudre du vivant
(1) Tom.l, p. 420.
1055 MARIAGE. — CIIAP. Y. INDISSOLUBILITÉ DES MARIAGES.
105i
même dos deux époux, snrloul à omise dos débau-
ches de l'un d'eux, el de sou iiilidélilé ; ol ceux que
le piéjugé du louips avaii eMtr.iiués dans ce seuli-
nicut, se croyaient aulo^i^é^ par ce (pic dit Jésus-
Clirisl (1). Il s'en est Uiènie Irouvé qui oui cru qu'un
mari ol nue femme pouvaicnl dissoudre leur mariage
pour d'aulres causes que l'adullère. Telle élait celle
femme chré;ieiine doul parle S. Justin dans sa iire-
mière Apologie, qui, avec l'avis et les conseils de ses
parents, selon les droits quo lui en donnaient les lois
romaines, se sépara de son mari, à cause de la mau-
vaise conduite de celui-ci, parce qu'elle désespérait
de le voir jamais cliaiigor. Origène (•2) remarque aussi
qu'il y avait dos évèqucsqui de son lemps toléraient
ces divorces; mais il ajoute qu'ils ne les soulfraient
que par condescendance, pour empèclier les hommes
de vivre dans la dissolution cl la débauche. Cepen-
dant il est rare que l'on ail porté la licence des di-
vorces jusqu'à ce point parmi les Chrétiens, cl pres-
que tous ceux qui ont cru que le lien du mariage n'é-
tait point indissoluble, ont été dans celte pensée qu'il
no pouvait èlre rompu que par le crime d'adultèie;
encore n'allribuaient-ils pas le même droit à l'épouse
qu'au mari sur ce point, ne croyant pas que celle-ci
pût faire divorce et contracter mariage du vivant de
son premier époux, parce que les lois romaines n'ap-
pellent adultère que le crime de l'épouse qui est infi-
dèle. Que s'il se trouve quelques exemples d'une con-
duite opposée, comme celui de l'illuslre Fabiole, qui
s'étanl séparée de son premier mari à cause de ses
débauches publiques, se remaria de son vivant avec
un anlre, il est certain que ces exemples sont rares,
et qu'ils n'étaient point autorisés dans l'Église : aussi
celle saiîite fit-elle une réparation bien authentique
du scandale qu'elle avait donné en celte occasion.
Celte maxime du droit romain , qui ne Iraile d'a-
dullèreque le crime de l'épouse, qui, contre la fidé-
lilé (prelle doit à son mari, se prostitue à d'aulres,
avait même passé dans l'Eglise, comme nous l'appre-
nons du 21' canon de S. Basile, dans lequel il s'ex-
prime ainsi : Si h« homme engagé dans le mariage, et
s'en dégoûtant ensuue, tombe dans la fornication , nous
le tenons pour fornicaleur {-ipjoj zf£.c;/îv ri-; zoioîj-oj),
et nous lui imposons une plus longue pénitence : ce-
pendanl nous n'avons point de canon qui le soimielte
à la peine duc au crime d'adultère, s'il a commis celle
faute avec une personnii(|ui i.'est point mariée (où /xh
TZi iyO'j.i-jy.v.JO-JO. tw r^î /j.oiy-ii/.^ v.h-hi ûaayayîîv tj/.lri-
//.ort... ). Ainsi celui quia commis ce crime ne sera point
privé du droit d'habiter avec sa femme; el la femme re-
cevra son mari qui revient de ses débauches, mais le mari
chassera de chez lui sa femme qui se sera souillée de ce
crime. Il nest pas aisé, ajoute le saint docteur, rfe ren-
dre raison de cette différence; mais la contume a prévalu.
La rcmarqueque fait ici S. Basile est (rès-judicieuse
cl digue de lui : car, en elfet, il semble qu'à cet égard
Il coudiiion du mari et de la femme est eniièrcraent
(1) Mallh. 5, v. ôl et seq.
(2) Tract. 7inMatlb.
égale, et que, (-omme il dit ailleurs (can. 9), le com-
mandement de Jésus-Christ de ne point dissoudre le
Mariage, sinon en cas d'adultère , doit s'entendre en
h; prenant à 1 1 lotlre, de l'nn et laulre é|>onx égale-
mont; mais, ajoute-t-il, la coutume n'csl piDint toile,
il Zk (j\iTffle.iv. o'\>x oÛTw; fc'x"- ^'^^ •• couclul quune
femme qui contracte Mariage avec un homme répudié
par son épouse, ne doit point èlrelrailée d'adultère :
an liou qu'une femme répudiée par son mari, rpii en
épouse un autre , est une adultère, cl doit en subir la
peine. L'époux répudié, selon lui, mérite indulgence;
et celle avec laquelle il s'allie par le Mariage, ne doit
point être condamnée : au lieu que si c'est l'homme
qui fait divorce avec sa femme, il devient adultère
loi s(pril en épouse une autre, et fait tomber dans le
même crime celle avec laquelle il se marie ; parce
que, dit-il, elle s'est approprié le mari d'une autre
femme (Ciiit a.)XàTfioi cîjopa. TTcô; iauT/,v u.îtiît/;^;^).
On ne peut rien désirer de plus formol eu favourde
l'imlissolubililé du Mariage, et l'on pouldire qucc'est
principalement à ce sainl que l'on est redevable du
relraiichemcnt des abus en ce poinl, sur lequel les
préjugés du lemps, les loisdes princes, et la difiioulté
qui se reiicontn! dans les textes de rEoriliire qui les
coudamnonl, avaient répandu des ténèbres qui n'ont
pu être dissipées d'abord : plusieurs auteurs ecclésias-
liques s'élant même laissés entraîner dans Terreuf sur
colle matière, et entre autres Laclance({) el S. Astèrc
d'Amasée, qui dit, dans ses Homélies sur S. Malhiou,
que le lien du Mariage est rompu par l'adultore, de
môme que par la mon de l'épouse ; parce que l'adul-
tère d'une femme détruit l'amour conjugal dans son
cœur, et l'cmpéche de donner des enfants légitimes à
son mari.
Lue autre chose qui avait pu contribuer à fomen-
ter cet abus cl à répandre des obscurités sur celte ma-
tière, élait les ménagements que les conciles avaient
gardés pour les princes lorsqu'ils avaient voulu re-
trancher le divorce, que les lois inqiérialcs autori-
saient. Car ils ne s'étaient pas toujours déclarés ou-
vertement, à cause du respecl dû aux souverains, et
ils avaient gardé des mesures en proscrivant cet abus,
[larce que l'Eglise ne pouvait contraindre les lidèles
dans le for extérieur à lui obéir.
C'est ainsi que le concile d'Elvire (can. 9) déclara
qu'il n'était pas permisà une femme fidèle qui a (]uitlé
son mari pour cause d'adultère d'en épouser un autre,
et que si elle le faisait, elle ne devait point être ad-
mise à la communion, jusqu'à ce que celui ([u'elle
avait quille lut mort, à moins que le péril de la mala-
die n'oblige de la lui accorder.
Le concile d'Arlos de l'au 51 i (can. 10), dont les
Pères font assez enlendre d'ailleurs ce qu'ils pensent
du divorce, s'était aussi contenté de conseiller aux fi-
dèles qui trouvent leurs femmes en adultère de n'en
point épouser d'autres pendant qu'elles seront en vie,
quoique les lois leur pernieltent de le faire. Enfin lo
CI) L. 0 de divinislnst., c. 23.
1055
HISTOIRE DES SACREMENTS.
i056
concile de Vénélie(caii.2) dcraniOS, suivant le même jjj Car sur le fondement qu'ils établissaient dans les pa-
cnt détendu d'admettre à la coni- j rôles de Jésus-Christ touchant Tindissolubiliié du Ma-
espril, avait seulenicn
inunion les époux qui se séparent de leurs fennnes,
et se remarient sans les avoir convaincues d'adultère.
Ce qui ne prouve pas, comme le prétendent quelques-
uns, qu'en cas qu'ils eussent convaincu juridiquement
leurs épouses de ce crime, ils pouvaient impunément
contracter Mariage avec d'autres; mais seulement que
les cvèques de cette assemblée ont voulu réprimer
l'abus des époux qui, sous prétexte d'adultère de leurs
fennnes, en épousaient d'autres, sans se mettre en de-
voir de donner des preuves de leurs désordres.
De tous les conciles anciens celui qui s'est déclaré
le plus ouvertement sur ce sujet, est celui de Milève
de l'an 416, qui ne laisse aucun nuage ni aucun doute,
cl qui parle même plus positive.!. eut là-dessus que
S. Basile, en mettant le mari et la femme de niveau,
et en défendant même au mari répudié par sa femme
d'en épouser une autre du vivant de la première. Sur
quoi il veut que l'on sollicite le prince de publier une
loi impériale (can. 17): Plaçait ut secnmlUm cvaiigeli-
cainct apostolicam clisciplinain, neqiic dimissits ab uxo-
re, neque diitiissa àmarito, olteri conjtuujantur ; sed ita
maneanl, mil sibimct recoucilientur. Quod si contempse-
rinl,ad pœnitcnliam redigantur. In quâ causa legem
mperialein petendam promtilgari.
C'est sur cette décision , qui renferme une disci-
pline plus ancienne, fondée sur la tradition aposto-
lique, que l'église latine a formé ses sentiments et sa
conduite, et qu'elle a toujours condamné par les plus
célèbres de ses docteurs (1) l'abusopposé, nonobstant
les édits des princes qui l'autorisaient. 11 faut pour-
tant convenir que cette décision si lumineuse n'eut
pas d'abord partout le même succès, que la vérité ne
prit le dessus que petit à petit, et qu'il se trouve quel-
ques conciles (2) et quelques lois des princes chré-
tiens, qui, dans les temps postérieurs au concile de
Milève, ont autorisé l'abus contraire; et que ce ne
fut proprement que dans le septième et le huitième
siècle que les ténèbres répandues sur ce point si im-
portant du dogme et de la discipline de l'Eglise furent
entièrement dissipées, et que la pratique opposée fut
considérée comme un véritable abus. Tiiéodore de
Canlorbéry (5), le vénérable Bède (4), Primasius et
un concile de Nantes du dixième siècle (cap. 12) nous
la représentent sous cette idée, aussi bien que plu-
sieurs autres conciles de France, et les papes, entre
autres Jean \1II, dans une de ses lettres à Edelrède.
Mais , connne dit M. Renaudot (5), si rOccident fit
céder les lois romaines et les constitutions de plusieurs
peuples, qui permettaient le divorce, avec la liberté de se
remarier à ceux qui avaient convaincu leurs femmes
d' adultère, l' Orient conserva une pratique toute contraire.
(1) Hieron. ep. 10; Ambros., 1. 1 de Abraham, c.
4 et 7.
(2) Le concile d'Agdecn 506, c. 2.5. (Voyez ce qui
a été dit au conuuencement de ce chapitre.)
(3) In c. lOMarci.
(4) In 7 c.|l ad Coi'
(5) L. 6dc hPerpêluUé de la Foi, c. 7, toni. 5.
riagc, les Orientaux la reconnaissaient telle, qu'ils
n'accordaient pas le divorce en plusieurs cas aux-
quels les lois romaines le permettaient. Mais trouvant
que Jésus-Christ avait excepté l'adidtèrc, ils enten-
dirent ces paroles de telle manière qu'ils crurent que
le divorce entier, enfermant la liberté de se remarier,
pouvait en ce cas-là être accordé : et telle a été et
est encore présentement la pratique de toutes les
églises orientales.
L'église latine, sans approuver ccl abus, l'a toléré
dans les Grecs, et ne les a pas contraints de l'abandon-
ner dans les différentes réunions des deux églises, qui
se sont faites de temps en temps. Au concile de Flo-
rence, cette difficulté fut proposée aux Grecs ; mais ce
ne fut qu'après la publication solennelle du décret
d'union, qu'on leur fit cette question avec quelques
autres, sur lesquelles, selon les actes grecs, et même
selon les actes latins, ils répondirent à la satisfaction
du pape. On ne sait pas quelles furent ces réponses :
mais il est certain que le pape n'ajouta rien au décret,
que l'union fut publiée et l'acte signé; qu'ensuite les
Grecs partirent pour aller à Venise, où ils s'embar-
quèrent pour retourner à Constantinople.
Arcudius (1 ) a traité cette matière fort au long, et il
a rapporté un grand nombre de témoignages des Pères
grecs pour prouver l'indissolubilité du mariage , mais
la plupart ne prouvent pas le point principal, qui est
le cas de l'adultère. Le concile de Trente (2) a fixé
sur cela nos sentiments , en établissant ce qui avait
été cru dans l'Église depuis plusieurs siècles, et qui
était reçu généralement dans toute l'Église latine,
lorsqu'il lit celte décision : Si quelqu'un dit quel" Eglise
est en erreur , lorsqu'elle a enseigné et qu'elle enseigne ,
suivant lu doctrine évangélique et apostolique, que le lien
du Mariage ne peut être dissous à cause de l'adultère de
l'une des deux parties, etc., qu'il soit anatlième. Kien
n'est plus mesuré ni plus prudent que ce que lit le
concile sur cette matière ; il justifia la doctrine an-
cienne de l'Église latine , que les Luthériens atta-
(juaient témérairement , sans donner, dit M. Renau-
dot (5) , aucune atteinte directe ou indirecte à la pra-
tique des Grecs, qui était fondée sur l'opinion de
plusieurs Pères ; comme l'Église grecque, même de-
puis le schisme , n'a pas condamné dans les Latins
l'opinion qu'ils avaient que le lien du Mariage n'était
pas rompu , même pour cause d'adultère. C'est une
vérité qui a été reconnue par l'historien' le moins
suspect de favoriser la cour de Rome (4), qui remar-
que en même temps que les ambassadeurs de la ré-
publique de Venise obtinrent que le canon serait
conçu de la manière dont il est, ayant représenté
qu'elle avait dans ses États de Chypre, de Candie, de
Corfou', de Zanthe et de Céphalonie, des Grecs qui,
(1) L. 7,0. 2etseq.
(2) Sess. 24, can. 5.
(3) Tom. 5, p. 451.
(4) Histoire du concile, parFra-Paol., 1.8.
MAniACn. — criAl'. VI. EMri'.CIIF.MFJSTfi DE MARIAGE.
ior.7
depuis un temps Irès-ancien , avaient la coutume de !
répudier la femme adultère et d"en prendre une au- 1
Ire, et qu'ils n'avaient jamais été condamnés ni repris j
pour cola par aucun concile ; ([u'il n'éiail pas juste de ,
les condamner étant abienls, cl n'ayant point été ap- |
pelés à ce concile.
Les autres Chrétiens orientaux sont presque dans I
les mèn)es senlimenls et dans In même discipline (pie
les Grecs, et il ne laut pas s'en étonner, puis^jne les
nations orientales sont extrêmement portées à la jalou-
sie. C'est pourquoi plusieurs ont retranché des leçons
ordinaires de l'Évangile lliistoirc de la femme adul-
tère, ne voulant pas, ce semble, que l'indulgence que
Jésus-Christ eut pour elle fit Irop d'impression sur
l'esprit de leurs femmes : et, par cette raison, elle ne
se trouve pas dans plusieurs exemplaires des Évangiles
syriaques, connue dans celui sur lequel. fut faite la
première édition à Vienne
<0"8
se couditise selon le don particulier qu'il a reçu du Sei-
gneur , et selon l'élut dans lequel Dieu l'a appelé. Et
c'est ce que j'ordonne dans toutes les Kijlises.
C'est citnforménient :> cet averlissement de l'Apôtro
que la pratique s'est établie de dissoudre les mariages
dans certains cas, quand une des parties se convertit
à la foi. Ce qui ne se doit pas i)ourlanl faire légère-
ment, mais seulement quand il y a un péril éminent
de subversion , soit qu'il procède de violence ou de
séduction, ou quand l'infidèle, par haine contre la foi,
abandonne la partie qui l'a embrassée. Le pape Inno-
cent III (1) , après S. Ambroisc (2) et S. Jean Chry-
soslôme (5), a entendu en ce sens le texte que nous
venons de citer. Hors ce cas , dit Domi,:i(|ue Soto, il
n'e>l pas probable que, quoi qu'en disent plusieurs
canonistes, le pape puisse rompre le lien du .Mariage,
quand nièine il n'aurait pas été consommé, parce que
le Mariage est indissoluble de droit divin, comme le
Quoique la doctrine de l'Église latine, ou plutôt de pape Adrien VI l'a reconnu lui-même, selon l'auteur
toute l'Eglise touchant l'indissolubilité du Mariage ,
soit appuyée sur les oracles de Jésus-Christ (.Malb.
19), qui a interdit le divorce et a rappelé les choses à
leur première institution ; quoique l'Apôtre ait parlé
très-expressément de cette matière (i), il faut conve-
nir qu'il est certains cas dans lesquels ce lieu , sacré
et inviolable en tout autre, peut être rompu. Le pre-
mier dont nous aurons occasion de parler ailleurs ,
est lorsque les deux époux, ou même l'un des deux
fait vœu de chasteté dans une religion approuvée ,
pourvu que le mariage n'ait point été consommé. Le
second est lorsqu'une des deux parties, étant dans
l'infidélité, se retire de l'auire, ou met des obstacles
invincibles à son salut : car alors il est permis à la
partie fidèle de se pourvoir ailleurs en contractant
une nouvelle alliance , si elle ne se sent pas assez de
force pour soutenir l'état du célibat : ce qui néanmoins
ne se doit faire que dans une grande nécessité, et lors-
qu'il est en quelque sorte impossible de faire son sa-
lut dans la première alliance. Cela n'est point de sim-
ple conseil, mais de précepte, connne l'enseignent les
plus savants commentateurs (2).
Co que nous disons ici est fondé sur ces paroles de
l'Apôtre (ô) : l'our ce qui est des autres, ce n'est pas le
Seigneur, mais c'est moi qui leur dis, que si un fidèle a
une femme qui soit infidèle, laquelle consente de demeu-
rer avec lui, qu'il ne se sépare point d'avec elle; et que,
de même, si une femme fidèle a un mari qui soit infi-
dèle, lequel consente de demeurer avec elle, qu'elle ne se
sépare point d'avec lui : car le mari infidèle est sanctifié
par la femme fidèle... Que si le mari fidèle se sépare
d'avec sa femme qui est fidèle, qu'elle le laisse aller,
parce qu'un frère ou une sœur ne sont plus assujettis en
celte rencontre. Mais Dieu nous a appelés pour vivre en
paix. Car que savez-vous, à femme, si vous ne sauverez
point votre mari? et que savez-vous aussi , ô man, si
vous ne sauverez point votre femme ? Mais que chacun
(1) Rom. 7, v. 2ct seq., cl i Cor. 1, v. 10 et U.
(2) Estius in 7 c. 1 ad Cor., v. 17.
(ô) IGor. 7,v. 12 et seq.
des Conférences de Paris, tome I, p. 440.
CHAPITRE YL
De la nature des cmpccliemoils de mariage en général.
Que la puissance ecclésiastique et la séculière ont droit
d'en établir d'irritants. Usage que l'une et l'autre ont
fait de leur pouvoir en ce point. Différentes manières
dont ces empêchements ont été établis.
Entre les empêchements de mariage, il y en a qui
sont fondés sur le droit naliu'cl, d'autres sur les lois
civiles et d'autres sur les lois ecclésiastiques approu-
vées par les princes (4).
C'est la loi naturelle qui a fait melire au nombre
des empècliemenls dirimants l'erreur de la personne,
la violence et l'impuissance. En effet, celui qui , vou-
lant épouser une personne, promet foi de mariage à
une autre , ne peut jamais être censé avoir donné un
consenlemenl valable , tant que son erreur subsiste,
la première règle des engagements étant que les par-
ties connaissent, ou du moins puissent connaître à
quoi elles s'engagent. La liberté n'est pas moins es-
sentielle que la connaissance pour la validité des
Ciigagements; ainsi la violence donne une allcinte
directe à la nature du contrat , qui consiste dans un
consentement respectif des parties; conscnlementqui,
devant procéder de la volonté, ne peut jamais s'accor-
der avec la violence. L'impuissance doit être aussi
nnse au nond)rc des enipèchemenls diriujants établis
parla loi natm-elle; car une dos prineipaics vues du
Mariage étant de donner des sujets à l'Élat, et de r:^u-
fermer dans de justes bornes les mouvemenîs que l.i
nature inspire, on ne peut douter qu'elle ne réprouve
les mariages conlractr's i)ar tics personnes qui so.nt
hors d'état de satisfaire à ces obligations. On ne peut
regarder aussi que conni'.c un elTei des sentiments
naturels l'euipêchemcnt dirimant de la parenté en
(1) Kxlra. de Divortiis. c. Quanl'o cl c. Caudcmus.
(2) In Luc. 16.
(ù) ChrysfiSl.MU 7 c. 1 ad Cor.
(4) Loisccclés., p. 458.
1059
ligne (lircclc, qui a été conserve chez Ions les peuples
polices. On rcgordc aussi comme une conséquence de
la loi naturelle la défense de se marier dans le pre-
mier degré de la parenté collatérale.
L'empêchement diriniant, dans des degrés plus
éloignés, a été d'abord établi par l'empereur Théo-
dose, qui a défendu le Mariage entre les enfants des
frères, ou des frères et sœurs; ensuite rÉj;lise a
étendu la défense jusqu'au septième degré ; puis, dans
le concile de Latran , tenu sous Innocent III, elle l'a
réduite au quatrième. Les empêchements diriniants
qui viennent des vœux solennels ou des ordres saciés
sont purement ecclésiastiques , comme celui de pa-
renté au troisième et au quatrième degré, et celui de
raflinilé spirituelle. L'Église latine a d'abord con-
damné les mariages des prêtres et des religieux; elle
a privé des fonctions de leur ordre et de la commu-
nion ecclésiastique ceux qui contrevenaient à celle
loi ; ensuite les Églises particulières ont déclaré nuls
ces sortes de mariages ; puis leur décision a été adop-
tée par toute l'Église latine, et confirmée par l'appro-
bation des princes séculiers.
Ces empêchements n'ont pas été les mêmes en tous
les temps et en tous les lieux, excepté ceux qui sont
fondés sur la loi divine, soit naturelle, soit positive.
Diverses occasions, et l'expérience du passé les a fait
établir par les princes et par l'Église, soit séparé-
ment, soit en concourant ensemble à cet établisse-
ment. Tout le monde sait qu'avant le concile de
Trente on n'en comptait que douze, et qu'ils sont pré-
sentement au nombre de quatorze ; le concile ayant
jugé à propos d'y ajouter le rapt et la clandestinité.
On peut les voir rapportés dans tous les théologiens, et
renfermés dans six vers que nous nous dispenserons
de rapporter ici ; d'autant plus que nous devons Irailer
de tous en particulier. Après quoi nous parlerons
d'une autre espèce d'empêchements, qui ne rendent
point les mariages nuls, mais qui font se(deincnt que
l'on ne peut les contracter sans péché, à moins que
l'on en ait obtenu dispense.
Cette diversité d'empêchements diriniants, dont les
uns viennent de la loi naturelle, et les autres ont été
établis par la puissance ecclésiastique ou par les |)rin-
ces, a sa source et son fondement dans la nature du
n)ariage, qui est, comme nous l'avons remarqué dans
le premier chapitre de cet ouvrage, en même temps
contrat naturel et civil , et sacrement ; ce qui fait
qu'outre la loi naturelle à laquelle il est soumis, l'É-
glise et l'élal ont droit de prescrire certaines condi-
tions, dont l'inobservation le rend nul.
S. Tliomas (1) autorisa ce droit de l'Église par
deux raisons : voici la première. Le Mariage étant un
sacrement, l'Église, à qui Jésus-Christ en a confié la
dispcnsalion, est en droit d'en exclure ceux qu'elle
ne croit pas y devoir admettre selon les règles de la
prudence et de la sagesse, de peur qu'ils ne se dam-
nent dans cet élat, ou qu'ils ne s'en servent pour au-
(1) Lib. 4, contr. génies, c. 78.
HISTOIRE DES SACREMENTS. 1060
torisor les crimes qui peuvent les en avoir rendus m-
dignes.
"Voici la seconde (1), que M. Gerbais a su faire va-
I loir dans le traité pa(in(|ue qu'il a domié sur ce sujet.
Parmi les sacrements de la nouvelle alliance, il y en
a qui, outre la qualité spirituelle, ont encore certains
devoirs qui leur sont attachés ; ce sont particulière-
ment les sacrements qui ne sont pas seulement insti-
tués pour la sanctification des particuliers qui les
reçoivent, mais encore pour le bien général et pour
la perfection du corps de l'Église : tels sont l'Ordre
et le Mariage ; car l'Ordre, outre la qualité de sacre-
ment, a certaines fonctions spirituelles qui lui sont
propres, comme de consacrer le corps de Jésus-Christ,
d'absoudre les pécheurs, etc. Le Mariage de même a
ses fonctions spiriiuclles, comme d'élever des enfants
à l'Église, d'entretenir la société, et de garder la
chasteté conjugale. Or, l'Église doit exercer sur les
sacrements, auxquels Dieu a attaché des fondions
sjiiriluelles, une espèce de juridiction, qu'elle n'exerce
pas sur les autres sacrements qui n'ont point de
ces fonctions, et qui n'ont que la qualité de sacre-
ment; la raison en est claire : c'est que pour s'acquitter
dignement de ces devoirs et de ces fonctions spiri-
tuelles, il faut être dans de certaines dispositions, et
avoir une certaine capacité.
On ne peut nier que c'est à l'Église d'examiner ceux
(|ni ont ou qui n'ont pas ces dispositions. C'est à elle
de pimir ceux qui négligent de les acquérir, quand il
est en leur pouvoir de le faire ; et c'est à elle de dé-
clarer même inhabiles à recevoir ces sortes de sa-
crements, nu à en exercer les fonctions, les personnes
en qui elle remarque quelque trop grande oi'.posilion,
soit à la dignité,, soit à la sainteté des fonctions qui
leur sont aliachées ; et c'est de là que nous voyons
que l'Église use de suspense et d'interdit à l'égard
des ordres et des personnes ordonnées. C'est ce qui
lui doiuie le droit d'élablir des irrégularités, qui sont
des espèces d'empêchemeuls, qui éloignent certaines
personnes des Ordres sacrés, ou qui les rendent inha-
biles à en faire les fonctions. C'est pour des raisons
toutes semblables que l'Église juge des contestations
qui arrivent sur le Mariage, qu'elle punit ceux qui
ne suivent pas les règles de bienséance qu'elle pres-
crit aux fidèles qui s'y engagent, et qu'enfin elle dé-
clare même les personnes inhabiles à le recevoir,
quand elle remarque en elles des oppositions trop
grandes aux fins et aux fonctions spirituelles de <e
sacrement. Telles sont les raisons solides sur les-
quelles est appuyée l'autorilé qu'a l'église caiholi(iue
d'établir des cmpêchemenls diriniants de mariage,
et que nous avons rappoi'tées, pour fermer la bouche
à certains écrivains, qui lui contcslent ce droit, ou
qui prétendent qu'elle le tient de la libéralité des
princes.
Les princes eux-mêmes ont reconnu ce droit de
l'Église, et l'ont maintenue dans la possession où elle
(1) Quodlib. 52, art. 15.
«061
MARIAGE. — CHAP. YI. EMPÊCHEMENTS DE MARIAGE.
\mi
a toujours été de régler le sacrement de Mariage. Le
roi Clùlpéric ayant fait rrrèter Prôlcxlat, cvêque do
Rouen (l),siir quelque niéconlenloment qu'il avait
de lui , lit assembler un concile à Paris dans la basi-
lique de S. PiiMre , et l'y ayant fait auicnor. il lui
reprocha, enire aulros choses , d'avoir douiit; la bénc-
diclion nuptiale à Mcrovce, son (ils, et à Brunch.inl,
tanle de ce jeune prince, c'eslà-dire , veuve de Si-
gebert son oncle ei frère de Chilpcric , cl il ajouta :
Jgnoriez-vons ce que les canons ont déterminé en celle
vialière. « .1» ignarus eras quœ pro Itàc causa canonuin
< slalula sanxissenl ? > Ce prince ne pouvait reconnaî-
tre d'une manière plus authentique le droit qu'a l'Église
d'étabîir les empèciiemcnts de Mariage. Eh, comment
ne pas reconnaître une aulorilé dont elle a si souvent
fait usage? Il suffil de jeter les yeux sur les écrits des
Pères, sur les canons des conciles, et les recueils des [
canons, qui ont été compilés en divers temps, pour
s'en convaincre. Nous aurons lieu de les citer, quand i
nous parlerons de chacun des empêchements en \)Ar-
ticulier. Le pape Sirice parlait de ces règlements des
conciles, lorsque, proscrivant les Mariages des reli-
gieux , il dit que le droit ecclésiastique les condam-
ne , ecclesiaslica jura condemnanl. \
Si les princes avaient accordé ce privilège à l'Église,
il en resterait quel([ue vestige, comme on en voit des
différentes concessions qu'ils lui ont faites. Cepen-
dant on ne voit rien de semblable. Si l'Église avait
usinpé ce droit sur l'autorité temporelle, les souve-
rains n'eussent pas inan(|iié de le revcndiijuer. Cela
eût causé du trouble, l'hisloire nous en aurait conservé
la mémoire. Mais bien loin qu'elle en lasse mention, !
il paraît, au contraire, par la conduite des empereurs
et des rois de l'Europe, qu'ils ont déféré eux-mêmes
à ce que l'Église avait réglé sur ce point, et que, quand
ils ont fait des lois pour les mariages de leurs sujets,
si ces lois se sont trouvées quelquefois contraires à j
celles de l'Église, elles ont été sans effet; par exem-
jile, dit M. de Tillemont , par une loi de l'an 405 , j
qu'on lit dans le Code de Juslinien (2), on a permis [
les Mariages des cousins germains; les princes ont'
abandonné celle loi et ont suivi celle de l'Église. Les .
lois impériales défendaient à une veuve de se remarier |
dans Tannée de son deuil, sous peine d'infamie , et
ri'.gllse ayant eu plus d'indulgence pour la faiblesse
du sexe, les princes, au moins dans l'Occident, ont
suivi son impression et son exemple. Le droit civil
ne reconnaît point d'affinité collatérale ; le droit cano-
nique l'ayant égalé à la parenté , les princes ont re-
noncé au droit civil sur ce sujet. Quand l'Église a
étendu la défense que les lois faisaient aux. cousins
germains de se marier ensemble jusqu'à des degrés
plus éloignés, les empereurs d'Orient et d'Occident
ont ordonné qu'on suivît à ce sujet les canons (5).
Quand Charlcmagne répudia sa première fournie, il
voulut avoir le jugement des évèques. Enfin depuis ce
(i) Greg. Turon., 1. 5 Hist. Fran., num. 19.
hl) Celte loi est d'Arcade et d'IIonorius.
(5) Capitular. 1. 5 , c. 7.
temps , on a vu en tant de rencontres -cs rois et les
princes de toutes les nations se soumettre sur ce
point au jugement de l'Eglise, et l'histoire eccîésias-
li(liie est si remplie de faits qui ont rapport à celle
matière, que je crois inutile de les rapporter ici. Ceux
qiii seront curieux de s'en instruire, |icuveiit consul-
ter les Conférences de Paris (1), qui représentent en
abrégé ce qui s'est passé sur ce sujet. Je me conten-
terai seulement de remarquer que les empereurs
mêmes de Constanlinople ont cru devoir recourir à
l'Église dans ces occasions, et obtenir des dispenses
du pape, quand il y av;iitlicu de douter de la validité
de leurs .Mai iages. t/esl ainsi (|u'en usa rempereur Léon
qui vivait dans le neuvième siècle, lequel étant ex-
communié par le pati iarche Nicolas pour s'être rcma-
lié une quatrième fois, écrivit au p.ipe Jean Mil, pour
faire réhabiliter son Mariage, et demander une dis-
pense que ce pontife lui accorda. Les princes sont si
convaincus du pouvoir que l'Église a reçu de Jésus-
Christ pour établir ou ôter les empêchements diri-
mants, qu'en ces derniers temps ce sont eux, et entre
autres Cl.aries IX, qui ont sollicité le concile de Trente
d'établir la clandestinité et le rapt pour empêchements
dirimants.
Quoique l'Église ait le pouvoir d'établir et d'abolir
des empêchements dirimants de Mariage, il n'appar-
tient pas à tous ceux indifféremment qui sont revêtus
de quelque autorité dans l'Église d'user de ce pouvoir;
et nous ne voyons pas que, dans les premiers siècles,
un évêque particulier en ait jamais usé dans son dio-
cèse. S. Basile (2), après avoir donné plusieurs règles
touchant le Mariage, et avoir traité de plusieurs em-
pêchements, ajoute qu'il ne prescrit ces règles que
parce qu'elles sont autorisées par les canons des
conciles. Tout le pouvoir qu'avaient les évoques au-
trefois au sujet des empêchements de Mariage , était
d'en pouvoir dispenser leurs diocésains quand \U le
jugeaient à propos. C'est ce que leur permet le con-
cile de Calcédoine. Les Pères de ce concile (can. 16),
après y avoir établi l'empêchement du vœu , laissent
aux évèques le pouvoir de dispenser de la pénitence
canonique les religieux qui s'étaient mariés.
Mais si les évèques, chacun en particulier, n'ont
point eu ce pouvoir, ils l'avaient et en usaient, lors-
qu'ils étaient réunis en conciles, et même dans les
conciles provinciaux. 11 n'y a pas lieu d'en douter,
quand on considère que la plupart des empêcliemenls
dirimants doivent leur élablisscment à ces assemblées.
L'Église universelle a agréé et adopté les canons que
ces conciles ont faits, et ces canons avant été insérés
dans les différentes collections du droit, ils sont de-
venus des règles générales que l'on a suivies depuis
sur celle matière. Le concile d'Elvire (.1) défend à un
homme d'épouser en seconde ncee la sœur de sa
première femme, et il Iraile d'incestueux un beau-
père qui épouse la (illc de sa première fennue. Le
(1) Tom. 2,1. I, §4, conférence 1.
(2) Ep. ad AmpiLilocluum.
(3) Can. Gl etUG.
10G5
cojicHc de Néocésnrcc défoiul à une femme d'épouser
successivcmeiil les deux frères. Le second concile de
Carlliage ( can. H ) a établi la continence dos minis-
tres sacrés. S. Patrice, dans un concile tenu en Ir-
laiiile Tan 400 , a prescrit renipèchomcnt du vœu, et
menacé d'excommiuiication les vieiges qui se marie-
raient. En France , en Espagne , en Angleterre , en
Allemagne (1), quantité de conciles nalioiian\ et pro-
vinciaux ont fait des règlements sur cette matière.
Tout cela est passé en lois dans lÉglise , et de là ces
règles , que nous appelons eiupêclirineiiis , ont pris
naissance, ou ont été renouvelé.-s , après avoir été
abolies parle non-usage, et par les conlumes con-
traires, qui s'étaient insensiblement introduites.
Il p:iraît par ce détail que les conciles provinciaux,
jusqu'au douzième siècle, se sont conservé dans l'Oc-
cident le droit de statuer sur les empêchements diri-
niantsdu Mariage; ils jouissent encore de ce droit dans
l'Eglise d'Orient, connue on peut s'en convaincre, en
lisant lo droit oriental dans Leunclavius et Bonddins.
Mais depuis ce temps , les différentes collections du
droit ayant fixé les règles que les Chrétiens doivent
suivre pour leurs Mariages , nous ne voyons pas que
les conciles provinciaux, au moins pour l'Occident,
aient rien statué sur ce sujet , et ce droit semble être
dévolu aux conciles générauv (2) , qui seuls ont éta-
bli des empêchements dirimanls , ou renouvelé les
anciens, ou aboli ceux qui avaient été autrefois en
vigueur.
On s'est contenté dans les autres assemblées ecclé-
siastiques de régler quelques matières de discipline
par rapport à ce sacrement , mais sans loucher à sa
validité ou à son invalidité. Je ne crois pas que plu-
sieurs théologiens entrent dans le senliment de M.
d'IIéricoiu-t (3) qui attribue au roi Louis XiV un
quinzième empêchement dirimant, que ce prince a
Hli^TOIfŒ PES SACkEMENTS.
1064
bre ihéologien (1), qui reconnaît et explique d'ailleurs
si clairement le pouvoir des princes en ce point , que
les princes chrétiens , par un mouvement de piété et
par respect pour l'Église, lui ont depuis longtemps
abandonné la disposition presque entière des empê-
chements et des conditions du Mariage ; en sorte que
l'on ne tienne dans la suite pour illégimes aucuns Ma-
riages que l'Eglise ne juge pas tels, utjam tmllum cen-
scatur matrinionium illcgirtmitm, quod Kccksia Iule non
judicat.
Je laisse aux théologiens et jurisconsultes la déci-
sion de cette question. Mais quoi qu'il en soit, il est
incontestable que les princes sont en droit , en vertu
de leur souveraineté, de faire des lois sur le Ma-
riage, et d'établir des empêchements dirimanls quand
ils le jugent à propos pour le bien de létal et le
repos de leurs sujets. Les Romains , les plus sages
des législateurs avant et depuis le christianisme, en
ont fait. On peut lire dans les Instituts de Justi-
nien (2) celles que Constantin et ses successeurs ont
publiées. Jusiinien, après les avoir rapportées, ajoute
(|ue s2 Con se marie contre les dispositions de la loi , il
n'y a pas de Mariage.
Les princes qui se sont mis en possession des pro-
vinces romaines, ont fait de même. Par exemple, en
Espagne un des rois visigoths a défendu le mariage (5)
entre les parents jusqu'au sixième degré : il a ordonné
que ses sujets goths et romains se marieraient selon
les dispositions de la loi romaine ou gothique. H vent
même que les mariages qui se feront dorénavant
contre la disposition de ces lois, soient déclarés nuls.
Les princes ostrogolhs en Italie ont aussi autorisé les
lois que les Romains avaient faites pour le mariage.
Cassiodore rapporte deux formules de dispenses que
donna Théodoric, pour permettre deux mariages (4).
Les Lombards, qui s'emparèrent de l'Italie après que
établi, selon lui, et:ijoul('> aux quatorze que toute l'É- || les Goths y curent été exterminés, établirent et con-
glise reconnaît, lorsfju'il a déclaré nuls les Mariages
célébrés en France entre les Calvinistes elles Catho-
liques. La loi de ce grand prince pourrait avoir lieu
par rapport aux effets civils : mais je ne sais si l'on
devrait regarder , en vertu de cette ordonnance, le
Mariage de ces personnes conmie un concubinage.
Ce n'est pas que les états civils cl politiques n'aient
droit de faire des lois sur ce sujet, et d'établir des con-
ditions irritantes par rapport aux Mariages, puisqu'eu-
fin le Mariage est eu même-temps un contrat civil
H un sacrement, et que les souverains étant directe-
ment les maîtres du contrat civil, qui est le fondement
et la base du contrat ecclésiastique ou du sacrement ,
ils le sont aussi par conséquent indirectement de
celui-ci. Mais ne pourrait-on pas dire avec un célè-
(1) Conciles dWgde, d'Orléans, de Paris, etc. , pour
la France; deSalgnestad, de Maijence et de Tribur ,
pour r Allemagne; de Tolède et de Saragosse , pour
C Espagne; d'Emliam, dans le onzième siècle, pour
rAngtetcrre.
(2) Les conciles de Latran et de Trente.
'^5) Lois ecclés. p. 458 et seq.
■ 1 -
ai firmèrent des empêchements de mariage, à la sollici-
'i talion du Pape. Rotaris cl Luitpraud, leurs rois, ont
de plus déclaré nuls (5) les mariages entre les pa-
rents, et même entic ceux qui sont seulement alliés
sjùiituellemeni , pour avoir été parrains ou mar-
raines.
Les rois de France de tout temps ont fait de sem-
blables lois au sujet des mariages. M. do Launoy a
fait un ouvrage considérable dont la plus grande
partie est employée à rapporter ce que nos rois ont
fait ou ordonné sur cela , tant de leur propre mou-
vement qu'à la prière des évêques et des conciles.
Les souverains pontifes eux-mêmes, et entre autres
Sirice (6) et Nicolas I (7) , ont reconnu ce droit et ce
pouvoir des princes , et ont cité les lois qu'ils avaient
{i ) Pierre Soto , théologien du Pape au concile de
Trente. Tract, de Matrim., scct. A.
(2) Institut. 1. l , lit. 10 de Nuptiis.
■ (3) Leg. YiS'g., 1. 5.
(4) L. 7 \arie.
(5) Leg. Longol., 1. 7.
(G) Ep. ad llymerium.
(7) lu respons. ad Bulgares, cap. 2.
406'
MARIAGE. - CHAP. M. EMPfXIIEMENTS DE MARIAGE.
ioa()
publiées sur celte maiièrc ; comme de leur côlé les
princes chrétiens ne faisaient rien en ce genre, sans
avoir pris l'avis des évèqiies, avec lesquels ils agis-
saient et parlaient de concert , en sorte que les d(Mi\
'puissances concouraient dans ces. heureux temps à
rélablissemenl des empêchements de mariage , sans j
rien entreprendre ni usurper l'un sur l'autre. Par
exemple, (juand Ciiarlomngne défend à un homme
d'épouser sa filleule, on de se marier du vivant de sa
femme (1), il ajoute que c'est le sentiment des papes,
sic Grcgorins scusil; cl les conciles et les papes ci-
taient pareillement les lois civiles , pour donner plus
de force aux canons de l'Église, comme il a été dit
ci-devant.
Non seulement les deux puissances ecclésiastique
et politique ont droit d'établir des empêchements de
mariage et de les abolir; mais la coutume peut avoir
cet effet, lorsqu'elle ne contient rien de contraire au
droit divin , soit naturel , soit positif, contre lequel la
prescription ne peut avoir lieu , lorsqu'elle est an-
cienne, qu'elle s'est introduite avec l'intention d'obli-
ger , de manière qu'en ne s'y conformant pas on ;
cause du scandale; et qu'enfin lorsque celui qui est
le dé|>ositaire de l'autorité publique, l'autorise positi-
vement, ou que, la coiuiaissant, il la tolère, et ne la
condamne pas.
La raison de cela se tire de la définition de la cou-
tume, dont Gratien (2), après S. Isidore, dit qu'elle
est la ciuse et la source des lois positives , que l'on
fait d'ordinaire pour l'autoriser, (piand le prince la
trouve juste. C'est pourquoi S. Augustin enseigne (3)
que la coutume a force de loi , et que quand il n'y a
pas de loi qui la condamne, on ne peut se dispenser
d'y obéir sans causer du scandale, et sans violer les
rgèlcs de la charité.
C'est par cette voie que la publication des bans
avant le niariage a passé en loi dans l'Église et dans
l'État , comme nous l'avons vu ailleurs. C'est par là
que S. Basile décide des questions très-difliciles ,
comme il a été dit dans le chapitre précédent. C'est
ainsi que l'empêchement dirimant de la diversité de
la religion a été introduit dans l'Église. Enfin c'est
sur ce fondement qu'en l'année 1635, les évêques de
France dans l'assemblée générale du clergé étant in-
terrogés par le roi Louis XIII, à l'occasion du mariage
de Gaston d'Orléans, son frère , avec Marguerite de
Lorraine, si les mariages des princes du sang, faits
sans le consentement du roi , ou contre sa volonté ,
peuvent être valables et légitimes, répondirent , selon
leur vérilable sentiment et d'un consentement unanime ,
que non ; attendu ijue les coutumes des Etals peuvent
faire que les mariages soient nuls et non véritablement
contractés, (juand elles sont raisonnables , anciennes,
affermies par une prescription légitime et autorisées de
l'Eglise. Ce sont les paroles des évêques, d'où ils con-
(1) Capiiular. lo, c. 5 et 6.
(2) Dist. I, c. 1.
(o) Ep. ad Casnionum , 50.
TII. -VX.
cluent que la coutume en question étant telle, ce
mariage est illégitime et invalide, pour avoir été con-
tracté sans celte condition. Eu conséfiuence de cette
décision, conforme à celle de plusieurs docteurs de la
faculté de Paris, qui furent aussi consultés siir cette
matière, le niariage de ce prince fut de nouveau réha-
bilité en face de l'Église, du consentement du roi,
dans le château de Meudon , par l'archevêque de
Paris. On peut s'en convaincre, dit M. de Launoy,
par l'acte qui fut fait de la célébration de ce ma-
riage.
Févret(l) rapporte plusieurs exemples qui auto-
risent cette coutume de France, et entre autres le
mariage de Louis-le-Bègue avec Ansgarde, qui fut
cassé quoiqu'il en eût eu deux enfants, parce qu'il
avait été fait sans le consentement du roi, son père.
Ce prince se maria ensuite avec Alix , de hiquclle il
eut Charles-le-Simple, qui régna après lui , sans que
l'on formât là-dessus aucune conteslation. Ce que
dit cet auteur est vrai ; mais aussi il faut avouer que
les deux princes issus de la première femme régnè-
rent tant qu'ils vécurent depuis la mort de leur père,
sans qu'on leur ait disputé la qualité d'enfimts légi-
times, et le droit à la couronne.
Il est inutile d'ajouter ici que c'est la coutume de
réhabiliter les mariages qui se sont faits avec des
empêchements dirimanls , pourvu que ces empêche-
ments ne soient point du nombre de ceux qui dépen-
dent du droit divin, soit naturel, soit positif, dont les
hommes ne sont point en droit de dispenser : mais
qu'ils soient fondés seulement sur le droit humain,
ecclésiastique ou civil. Dans ce cas, il est à propos ,
pour le repos des familles, de dispenser des lois qui
ont été faites là-dessus, et ces dispenses peuvent être
valablement et légitimement accordées par les mêmes
puissances qui les ont établies.
On peut dire même en un sens, qu'un mariage con-
tracté avec des empêchements qui procèdent du droit
divin, peut être réhabilité. Par exemple, une fille ra-
vie , qui a contracté un mariage avec celui qui l'a
enlevée, peut ratifier ensuite le mariage, en v con-
sentant: Un homme qui par erreur a épousé une
femme , croyant en épouser une autre, peut aussi ra-
tiher ce mariage, en agréant la personne qui d'abord
lui était inconnue. Mais hors ces cas, et peut-être
quelque peu d'autres de cette espèce , il est certain
que les mariages contraires à la Joi divine, soit natu-
relle, soit positive , sont non seulement nids de plein
droit, mais qu'ils ne peuvent être réhabilités en au-
cune manière. On peut dire même que, dans le cas
que nous venons de représenter, le mariage n'est pas
tant réhabilité que, fait pour la première fois; ne
pouvant subsister en aucune manière sans le consen-
tement libre des [)artics, ni entre des personnes qui
ignorent de fait ceux ou celles avec qui ils font al-
liance.
(1) L. o, c. 1 , nimi. l).
5-i
4067 HISTOIRE DES SACREMENTS
CHAPITRE \1I.
Des empêchements dmmants, de l'erreur, du crime, de la
violence et de la condition. Diverses particularités
touchant les niuriiKjes des serfs et gens de main-
morte.
Comme nous ne traitons la matière des sacrements
qu'en simples iiistoricns, il est quelques-uns des cni-
pèchenienls do mariage sur lesquels nous parlerons
fort succ'.iiicteuieiU, laissant aux canonisles, et à ceiiv
qui s'appli(iuent à décider les cas de conscience, à ap-
profondir cotte matière qui est proprement de leur
ressort. 11 en est d'autres, au contraire, sur lesquels
nous serons obligés de nous étendre , pour laire con-
naître les divers ciiangements arrivés dans la discipline
de lÉglise , et les principaux faits (jui y ont rapport.
Les quatre empécliemenls qui sont énoncés dans le
titre de ce chapitre, sont delà première espèce; Diis-
loire nous fournit peu de faits sur ce qui les regarde.
Les trois premiers ont un rajiport si marqué avec la
loi nalm-elle, qu'il y a eu sur cela peu de variété dans
l'Église ; et nous ne nous étendrions pas beaucoup da-
vantage sur le quatrième, qui est aussi fondé, quoique
moins directement, sur le droit naturel, si, à l'occa-
sion du mariage des esclaves , nous ne parlions do
quelques particularités assez curieuses, qui regardent
les mariages des serfs et gens de main - morte , des-
quels il reste encore quelques traces dans certains
endroits.
L'eneur qui forme un empêchement dirimant de
mariage, n'est pas celle des qualités accidentelles de
la personne, telle que la fortune ou autres semblables,
mais celle qui tombe sur la personne même. Par
exemple , celui qui a épousé une femme débauchée
qu'il croyait être une fille très-sage, ou qui a épousé
une fille pauvre et roturière qu'il croyait être noble et
très-riche, ne peut pas, dit le droit, la quitter ni faire
casser son mariage pour en épouser une autre. Il est
légitime, à peu près de nièui'» qu'un marché lient, selon
le droit civil , si l'on a acheté une terre ou tnie vigne
que l'on croyait bonne et fertile , mais qui se trouve
néanmoins ingrate ou mauvaise; parce que c'est la
personne que l'on épouse et non pas ses biens. Ce
n'est donc que l'erreur quant à la personne, qui rend
le mariage nul : comme , par exemple , si Marie ,
croyant épouser Pierre, épousait effectivement Phi-
lippe.
Cependant, dit saiitl Thomas, l'erreur quant à la
qualité et à la noblesse emporte quelquefois l'erreur
quant à la personne : c'est ce qui arrive lorsque la
personne est désignée par une certaine qualité (!) ou
par un certain degré de noblesse qui lui est particulier ;
par exemple, Louis donne son consentement en faveur
d'une princesse que l'on dit être la fille aînée du roi ,
et l'héritière présomptive de sa couronne ; il se trouve
que cette princesse n'est ni l'une ni l'autre : la sur-
prise que l'on a faite à Louis emporte la surprise quant
à la personne, parce que la qualité de fille aînée d'un
(1) Conf. de Paris, t. 2, 1. 2.
i068
roi et d'héritière présomptive de sa couronne ne peut
convenir qu'à nue seule personne. Dans ce cas, le
mariage est véritablement nul, parce qu'il y a erreur
quant à la personne.
Les crimes qui rendent le mariage nul, sont l'ho-
micide et l'adultère , soit séparément, soit tous les
deux ensemble. Tout homicide n'a pas cet effet, mais
celui-là seulement (pii se fait de concert par les deux
parties, dans la vue et riiitenliou marquée du ma-
riage : c'est-àdire, qu'il fuit (lue celui ([ui tue, par
exemple, soit par lui-même, soit par (rawlres, le
mari d'une femme dans l'intention de l'épouser, le
fasse de concert avec elle, et que cette femme donne
des marques de consentement à ce meurtre, pour
que le mariage qu'ils contractent ensuite après la
mort du premier mari soit censé un empêciiemenl
dirimant.
Pour ce qui est de l'adultère, saint Léon ne veut
pas qu'il soit permis d'épouser celle avec qui on l'a
connnis. Saint Augustin néanmoins croit que cela
peut être permis (1). L'Eglise, qui respecte l'un et
l'autre de ces Pères, a marqué dans le droit quand
la chose est permise, et quand elle est défendue.
Selon ces règles, l'adultère devient un empêchement
dirim;inl, quand ceux qui le commettent savent l'un
et l'autre qu'ils se rendent coupables de ce crime, et
qu'il est joint à la promesse d'un futur mariage.
Si cliacnn de ces crimes en particulier rendent le
mariage nul, quand il est accompagné des circon-
stances que nous avons n)ar(iuées , à plus forte raison,
lorsqu'ils sont réunis ensemble avec les mêmes cir-
1 constances. Cependant cet empêchement ne vient
point directement du droit naturel : David se maria
légitimement avec Bersabée, dont il avait fait mou-
rir le mari. 11 n'en vient qu'indirectement, en ce
qu'il est juste de priver les méchants du fruit de
leur crime, et d'empêcher par là les hommes déréglés
d'entrepiendre sur la vie de leurs femmes, et réci-
proquement les fennnes de former le noir dessein de
se défaire de leur mari pour satisfaire leur passion,
et s'allier avec ceux avec qui elles ont entretenu un
comuiercc criminel du virant de leurs époux. Il sem-
ble, selon le pape Célestin UI (2), que c'est le con-
cile de Trii)ur (3), dans le neuvième siècle, qui le
premier a arrêté et fixé celte loi si équitable et si
conforme au droit naturel, en déclarant nuls les ma-
riages des veuves et veufs, qui contracient de secon-
des noces, après s'être servi pour y parvenir de voies
si criminelles. 11 n'y a rien de réglé sur ce sujet dans
l'église grecque, parce qu'on y a trop d'horreur des
seconds mariages.
La violence est si direcloment opposée à la nature
des contrats, de quehiue espèce qu'ils soient, qu'il
n'est pas surpenant qu'elle rende le mariage nul,
puisqu'il est de tous les contrats celui (jui loqnicrl
le plus essentiellement le libre consentement des deux
(1) L. 1 doNnpt. el Concnp. «. 10.
(2) (;ap. Laudabilem.
(5) (;an. lielalum, et can Si quis vivetile, 51, q. 2.
luoy
MARIAGE. — CII.M'. VII. IvMPfcCHEMtNTS DIRIMANTS.
1070
parlics. En cfft-t, dans les ct>iilials civils on ne sli- r miissaiicc, mais on celle de ceux à qui ils apparticn-
pulc que de ses biciis ; mais dans celui du mariage il
s'agil de ralicnalion de sa propre personne, qui ne se
peul faire par la force d'aucune loi, pas môme, dil
Sanchoz (I), par l'auloriléde TEglise.
l'A en celle maliore il n'est pas seulement (jucslion
de la violence proprement dile, qui détruit eiitière-
menl le consentement, parce qu'elle ôle à un liou)mc
sa raison et sa liberté ; mais on y comprend encore
une autre espèce de violence, qui se nomme autre-
ment une crainte grave, qui nous fait consentir con-
tre notre propre inclination.
Je ne m'arrêterai pas à déterminer précisément en
quoi consiste cette crainte grave, sur laquelle les
théologiens et les «anonistes font de grandes disscr-
laiions. Il suffit de remarquer qj'il faut qu'elle soit
telle, qu'elle soit capable d'ébranler et de faire im-
pression sur une personne raisonnable, et qui a l'es-
prit fort, vietiis caclens in consîuntem vir'uin : do ma-
nière cependant qu'il est juste d'avoir en ceci égard
à la faiblesse du sexe, de Page, de réducali.)n ; puis-
qu'il arrive soiiver.t, selon la glose du droit (2), et
comme le décide S. Tliomas (5), qu'une crainte lé-
gère peut devenir grave par rapport à la personne, et
à la circonstance dans laquelle elle se trouve. Par
exemple, une crainte qui serait considérable par rap-
port à une lille accoutumée à respecter un père ab-
solu, qui accompagne ses commandements d'un cer-
tain ton imposant, et dont la colère s'est fait quel-
quefois sentir par des ellets, ne le serait pas par
rajiport à un Iiomme, qui doit avoir plus de force et
de résobilioii.
L'empêchement provenant de la condilion d'es-
clave n'est pas fondé originairement sur le droit
naturel, parce que l'état d'esclave n'est pas de droit
naturel, mais établi seulement par le droit des gens, i
jure ijciiiium, autjure betli. Cependant, supposé l'éta-
blissement de la servitude, il est en quelque manièie
de droit naturel, et cela par deux raisons. La pre- j
mière est tirée de S. Thomas (4), cl consiste en ce
qu'un esclave n'est pas en liberté de remplir les de-
voirs et les engagements de ce sacrement, s'il con-
iracle mariage, sans en avoir obtenu la permission
de son maitre. Car c'e^t en ce sens que la condition
a élé autrefois un empêchement dirimant, comme
elle l'est encore aujomd'hui, supposé que celui qui
épouse une esclave ignore son élat. La seconde rai-
sou est plus forte : Saint IJasUe nous la fournit, et
nous apprend en même temps quelle était ancienne-
ment sur ce point la discipline de 1 Eglise. C'est que
les esclaves proiirement dits, tels qu'il y en avait au-
trefois dans l'empire Uomain , et (lu'il y en a encore '.
aujourd'hui chez les Mahométans , rie sont pas en
droit de transiger, et ne peuvent disposer d'eux-
mêmes; leurs personnes étant non en leur propre '■
lient.
C'est i)Ourqnoi ce grand docteur décide, dans son
quaranlièmc canon, que la (ille esclave qui se donne
à im Iionnne, c'est-à-dire, qui se n)arie, coumicl le
crime de fornication, èizip-nuaiv, parce que, dit-il, les
conventions de ceux qui sont sous la puissance d'an
autre, ne peuvent subsister :«i yàp <:ujOf,/.v.>. tww Otisç-îu-
aiw ojoàv iyoj7i /Scëxio.. Il répèle à peu près la mê-
me chose en d'autres termes dans son canon qua-
rante-deuxième, et semble étendre cette règle aux
enfants de famille, qui sont encore sous la puissance
paternelle. Les mariages conlrac(és,cc sont ses termes,
sans le consentement de ceux dont on dépend sont des
fornications , Tropvsîai eî^tv. Cest pourquoi ceux qui du
vivant de leur père ou de leur seigneur se marient ne
sont point exempts de crime, jusqu'à ce que les maîtres
y aient consenti: c'est alors que cette conjonction devient
un véritable mariage.
11 y avait aussi parmi nous du temps de la première
race de nos rois des esclaves proprement dits, qui se
vendaient et s'achetaient dans les marchés, et qui ne
pouvaient en rien disposer de leur persomie, connue
on le voit par Grégoire de Tours (1), cl par le livre
de Marciilfe (2), qui contient les formules de cette
vente : mais il ne paraît pas qu'ils fussent en aussi
grand nombre que chez les Romains. La plupart des
serfs chez les anciens Gaulois et cîiez les Germains ,
n'étaient point des esclaves de cette espèce, comme
l'a remarqué Tacite, ils étaient domiciliés, ayant cha-
cun leur famille, et moyennant certaine quantité ou
I de blé, ou de bestiaux, ou d'étoffes qu'ils rendaient
à leurs maîtres, à proportion des terres qu'ils tenaient
d'eux, ils jouissaient d'une csjièce de liberté en
bien des choses. Servis, dit cet auteur (5), non in
nostrum moreni, descriptis perfamiliam ministeriis ulun-
tur ; frumenli uwdum doniinus, aitt pecoris, aut ve-
stis, injungit.... suam quisque familiam, suos pénales
régit.
Celte liberté néanmoins était fort resserrée pa
rapport au mariage. Ils ne pouvaient communément
les contracter sans la permission des seigneurs dont
ils dépendaient. Cela parait évidenmicnt par la lettre
d'Egliinard (A) à un certain comte, dans laquelle il le
prie de pardonner à un de ses serfs, qui s'était marié
à une fenune serve de même condition, quoiqu'elle fût
aus.i sous la puissance de ce même seig;;enr. Ceux
à qui appartenaient ces serfs exigeaient d'eux certai-
nes sommes d'argent, pour leur accorder la permis-
sion de se marier, et cette somme était taxée dilfé-
remmcnt, suivant les difl'érents lieux et les diverses
coutumes, tantôt à deux sous , tanlôl à six deniers,
plus ou moins. La chronique de S. Reilin raconte de
Sifride, premier comte de Gnines, (juil obligea les su-
(i) L. 1, disp. 17.
(2) In e. Ciim locuni, de Spons.
(5) S. Thon)., in Supp, q. 47, a. ^.
(4) In 4, disl. 50, q. 1. «ut. 2.
(i) llist. 1. 5, c. 15.
(-2) L. 2, form.2; Labb. t. 2:
(5) De .Moribus (iermanorum.
(4) Ep. '0 ad llallonem.
Miscell. p. 493.
4071
HISTOIRE DES SACREMENTS.
1072
jets serfs de son comté de lui payer quatre deniers '| draient se marier pussent trouver des femmes dans
par chaque mariage; et Tliistoire de Guines porte
(p. 28) que chacun d'eux payait tous les ans, le pre-
mier jour d'octobre, quatre deniers de cens, douze
pour le mariage, cl cin(i après la mort.
Si les serfs prenaient alliance avec les sujets de
quelque autre seigneur que le leur, c'était une espèce
de crime, pour lequel ils étaient condamnés à une
grosse amende, quand ils le faisaient sans avoir
les lieux dépendant de ce propriétaire, alors ils obte-
naient facilement la permission de le faire , et pour
une somme fort modique; et même, selon la coutume .
de Vilry (art. 14i), le seigneur requis sur ce n'était i
point en droit de refuser celte permission. Ces choses
variaient suivant les lieux. Dans la coutume de la
prévôté de Reims il est dit qn Iwmme de corps ne peut
prendre par mar'uup femme d'autre condition que la
préalablement le consentement de leurs maîtres. Dans l sienne, sans le comjé de son seigneur, lequel congé ledit
certains endroits la chose même allait si loin, que ; seigneur ne lui baillera si bon ne lui semble; et si ledit
leurs mariages étaient déclarés nuls. C'est ce que
porte le 21' capitulaire d'Aliyton, évèque de Bàle.
Vbi vcrb mancipiu non unius, sed diversœ poteslatis in-
jnncla (uerint, nisi conseniienlibus ulrisquc dominis, hu-
jusmodi copulalio rata non crit. Cela est bien dur, aussi
ne voyons-nous pas que ce règlement ait eu lieu com-
munément : nos rois même dans leurs capilulaires (i)
ont déclaré que ces mariages, quoiqu'llliciles, étaient
valides , aussi bien que le second concile de Cliàlons
(c. 50).
Ces sortes de mariages de serfs attachés à la terre
d'un seigneur avec ceux ou celles qui appartenaient
à un autre seigneur, on bien d'un serf avec une femme
libre, ou d'une serve avec un homme de condition li-
bre, ou avec un franc, suivant l'expression du temps,
s'appelait fors-mariage, c'ost-à-dirc, mariage con-
tracté au-dehors : et pour avoir la permission de faire
ces sortes d'alliances, il fallait l'obtenir à prix d'argent.
D'où vient que la sonnne qu'ils devaient donner pour
cela se nommait aussi communément .fors-mariage,
comme il paraît dans la coutume de Troyes, et dans
celle de Chaumonl à l'article 5 , dans celle de Yitry
art. 144, et dans celle de Mcaux art. 78.
Quand ils le faisaient sans en avoir obtenu la per-
mission du seigneur, ils encouraient diverses peines.
Suivant la loi des Visigoths (2) , une fdle d'une autre
terre qui se mariait avec un serf appartenait au sei-
gneur de ce serf, elle cl ses enfants. Selon la coutume
de bretagne, les serfs de l'un et de l'autre sexe qui
contrevenaient à celle loi, t';taienl condamnés aune
grosse amende. "Voici ce qu'elle porte (5) : Es lieux
oii on a coutume de prendre feur-mariage, le seigneur
de la main-morte prend pour le feur-mariage de la femme
mainmor table, les héritages qu'elle a sous lui, et au lieu
de sa main-morte , ou autant vaillant quelle emporte en
mariage, au choix de ladite femme.
Les propriétaires des terres avaient établi ces lois,
alin que leurs biens fussent entretenus, cl que leurs
métairies fussent cultivées. C'est pourquoi ils ne vou-
laient pas que ces serfs, qui faisaient partie de leur pa-
trimoine, les abandonnassent, sous prétexte de se ma-
rier ailleurs, ni qu'ils passassent ou à la condition des
personnes libres, ou dans les terres des autres sei-
gneurs. Cependant quand un propriétaire n'avait point
assez de sujets pour que ceux d'entre eux qui vou-
(1) AdditioS; Capitular. c. 28.
(2) L. 3, lit. 2, § 5.
(3) Chap. 5, an. 22.
eigr
homme de corps prend de fait sans le congé de son sei-
gneui femme d'autre condition que celle dont il est, il
cheoîl pour ledit fors-mariage envers so)idit seigneur en
amende de GO sols iin denier. Celte permission de con-
tracter mariage avec ceux ou celles qui appartenaient
à un autre seigneur, ou ceux qui étaient nés libres, ne
s'accordait, daiisplusieiu'S endroits, qu'à condition que
les seigneurs, aux terres desquels l'homme et la femme
étaient attachés, partageraient entre eux les enfants
qui naîtraient de ce mariage, si les deux époux étaient
de condition servile (1) : en sorle néanmoins que si le
serf d'un seigneur particulier s'alliail avec une fdle
serve du domaine du roi, les enfants appartenaient au
roi, à l'exclusion du seigneur, comme il paraît parla
charte des nobles de Champagne (2), donnée en l'an
1207. Que si un homme libre s'alliail avec une femme
de condition servile, il perdait son privilège, et deve-
nait serf lui-même, selon la loi desVisigotlis (5), etcelle
des Francs (4). La même peine était imposée eri Flan-
dres à ceux qui se dégradaient ainsi eux-jnêmes,
comme le témoignent Galbert (num. 12) , dans la vie
de Charles, comte de Flandres, et plusieurs autres
auteurs. Au contraire en .\nglelerre le mari libre
aifrancliissait sa femme cl les enfants qui naissaient
de son mariage. Voyez dans le dictionnaire de Du-
cange (5) les diverses coutumes qui avaient lieu sur
ce point dans les différents pays ; la chose est assez
curieuse, cl mérite l'altenlion du lecteur.
La contrainte oii étaient ceux dont nous venons de
parler par rapport au mariage était sans doule Irès-
onéreuse : aussi quand les princes accordèrent
des lettres d'affranchissement aux serfs de leurs
états , ils eurent soin de spécifier en particulier
parmi ces privilèges la liberté des mariages. C'est de
quoi on peut se convaincre en jetant les yeux sur les
diverses chartes qui furent expédiées sur ce sujet
vers la lin du douzième siècle et au commencement
du treizième , cl en particulier sur celle qu'obtinrent
les habitants de la Sainlonge de la reine Aliénore (6)
<iui de son chef était duchesse de Guienne , et sur
colle de Richard, comte de Poitiers , donnée en faveur
(1) Charla episcopi Paris.; DuBreuil 1.2, Hist.
Paris, cap. 3.
(2) Rogesl. magnorum dierum Campani».
(3) L.5, lit. 2, §2el3.
(4) Lex Salica, lit. 27.
S) Tom. 5, Servi
[G) Besli,p. 596.
♦073
MARIAGE. — CHAP. VIII.
des habitanls de la Rochelle (1). Je leur ai accordé ,
est-il dil dans celle dernière, de marier leurs fils el
leurs filles comme ils voudront , leur promettant de ne
point nnj opposer, et de ne point reclierclur leurs fils et
leurs filles pour les marier contre leur volonté, et je leur
permets de se défendre si quelqu'un leur fuit violence à
ce sujet. La cliarle pour i'éreclion de lu commune de
.Ham, en Picardie , coniicnt quelijue chose de sem-
blable. Il y est dit qu'il sera permis à l'avenir à un
chacun de marier son (ils et sa fille comme il voudra,
sans le consenlemeiit du seigneur, et sans tomber en
forfaiture, et absque ullo foris facto, c'est-à-dire , sans
encourir l'aniendc ordinaire.
On trouve dans les archives des villes , et dans les
auteurs de ce lemps-là une infinité de Charles sem-
blables , par lesquelles les peuples , et surtout ceux
de la campagne, ont recouvré la liberté, dont ils
avaient été privés si longtemps en plusieurs points
ircs-importanls, el surtout pour ce qui regarde les
mariages : en sorte qu'en France , et dans la plupart
des autres pays de la chrétienté, cet assujélissement
si gênant cl si honteux est aboli, et qu'il ne reste
plus aux seigneurs , par rapport à leurs vassaux ,
que certains droits assez bizarres, dans lesquels quel-
ques-uns se sont maintenus, comme de faire apporter
le premier plat du festin des noces à leur château,
de faire assister leur sergent à ce festin avec deux
chiens et un lévrier et quelques autres de même es-
pèce, sur lesquels les parlements tranchent de temps
en temps par leurs arrêts , surtout quand il s'en
trouve de contraires aux bonnes mœurs.
Depuis l'abolition de ces droits des seigneurs parti-
culiers à l'égard des mariages de leurs sujets, nos
rois se sont conservé quelque chose de sendjlable sur
les bâtards et les étrangers établis dans leur royaume,
que l'on appelle pour ce sujet, aubains , alibi nati.
Bacquel {'2) a iraité amplement de ces droits, sous le
litre du droit d'Aubaine. Après avoir rapporté une
instruction sur cette matière tirée des registres de la
Chambre des Comptes, il .ijoute : Par la lecture de cet
extrait, on peut connaître la rigueur qu'anciennement on
tenait aux étrangers demeurant en France, qui était
telle qu'ils ne pouvaient semarier sinon à leurs semblables
tt de condition pareille, sinon du congé du roi ou de
ses officiers.... Et s'ils avaient pris parti en France au-
tre que de leur condition , d'autant qu'en ce faisant ils
avaient forligné , tels étrangers et bâtards étaient tenus
payer au roi GO sols Parisis d'amende , avec le droit de
formariage, qui était la moitié ou le tiers de leur bien
applicable au roi, selon la distiïielion des prévôtés; et
encore qu'ils eussent obtenu cette permission , toutefois
Us devaient au roi, pour la leur avoir accordée, le droit
de formariage tel que dessus. Bacquel nous apprend
qu'il y avait autrefois dans le royaume des receveurs
particuliers de ces droits , qui en étaient complablcs
en la Chambre des Comptes; mais que depuis ils ont
été perçus par les receveurs ordinaires des lieux ,
(i) Besli, p. 600.
(2) 1" partie , c. 3 et 4.
EMPf:CIIE.MENTS DE VOEUX. 1074
comme il paraît par un compte clos le 18 août 1456
on la même clunubre.
Comme il n'y a point d'esclaves en France depuis
longtemps, ni même dans les autres pays de la chré-
tienté, rem|iêclicmcnt de la condition servile (1) est
un cas très-rare pisrini nous : encore n'a-l-il lieu de-
puis le douzième siècle, dans l'église latine , que lors-
que celui qui se marie à une esclave ignore sa con
dition (2). .Mais chez les Grecs l'ancienne discipline
s'est conservée sur ce point, selon le moine Mathieu
Blastares (3). On tient pour nul le mariage d'une per-
sonne libre avec un esclave , quand même celui qui
est libre aurait été informé de la condition de l'es-
clave. Passons à une autre matière.
CUAPirUE Vlll.
De l'empêchement des vœux, tant simples que solennels.
Différence de ces vœux , et de la discipline de l'Eglise
par rapport au mariage de ceux qui y sont engagés.
Tous ceux qui connaissent un peu l'esprit de la re-
ligion savent quel crime c'est de violer les promesses
que l'on a faites à Dieu librement ; mais entre ces pro-
messes , on peut dire que celle par laquelle les per-
sonnes de l'un et de l'autre sexe ont consacré à Dieu
leur virginité , est une des plus inviolables , et que
l'infraction de ce vœu est celui qui entraîne de plus
grands scandales. Aussi ne peut on lire ce que les
Pères ont écrit sur cela, sans être pénétré de crainte,
et sans ressentir une juste horreur à la vue d'une
telle prévarication.
Le dessein que je me suis proposé dans cet ouvrage
ne me permet pas de m'étendre là-dessus , et ceux
qui voudront s'instruire sur cette matière importante
peuvent consulter, entre autres S. Ambroise, dans le
discours adressé à une vierge qui s'était laissé cor-
rompre , et les lettres de S. Grégoire à Venaniius.
Nous aurons lieu plus bas d'en dire quelque chose.
C'est pour prévenir de semblables chutes, que S. Cy-
prien (4), S. Ambroise (o) , S. Chrysoslôme (6) ont
fait ces excellents ouvrages, dans lesquels ils se sont
appliqués à instruire de leurs devoirs les femmes qui se
sont consacrées à Dieu, à leur découvrir les pièges que
le diable et le monde leur tend , et à leur apprendre
de quelles précautions elles doivent user, pour se
mettre à l'abri des dangers auxquels elles sont expo-
sées.
L'Église n'a donc rien eu plus à cœur de tout temps,
que d'empêcher ceux qui s'étaient consacrés à Dieu
d'abandonner un état si saint, el elle a détesté les
mariages que contractaient ceux ou celles qui, après
s'être engagés dans un état de perfection ou de péni-
tence auquel le célibat était attaché, le quillaientpour
passer à celui du Mariage. Cependant les anciens ne
(1) Dans le sens rigoureux.
("2) Ivo Carn. , ep. 221.
(5.) Quesi. matriin.
(■i) De Mabilii virginum.
(5) L. de histiluîione virginis, et 1. de Virgini-
tate.
(6) Des femme$ sous-introduitet.
Î075
croyaient pas que ces mariages, quoiqu'illiciles, fus- -j
sent nuls ni illégitimes. L'Église jusiiu'au septième
siècle ne regardait point le vi^u de cliaslotc ou la pro-
iVssion religieuse comme un empèclioment dirimanl.
{•;ile souliailait pe-.il-ètre qîie celte loi fût établie :
mais comme colle sainte mère ne fait rien qu'avec
prudence, et ([u'elle sentait que la puissance tempo-
ri'lle qui devait appuyer une loi de celle nature n'é-
lait point disposée alors à l'autoriser en cela , elle se
conloulail de condamner à une rigouieuse pénitence
ceux qui étaient coupables de ce désordre, sans pro-
noncer sur la nullité de leurs mariages.
Saint Augustin (1) nous apprend quel était sur ce
point l'esprit et la discipline de l'Église , lorsqu'il dit
que ceii.r qui sont eugafiés dans le lien dn Maricuje peuvent
y conserver lu pudicité ,et nont point à craindre la con-
damnation ; mais que l'on demande quelijue chose de
plus à celles qui font profession de viduiléel devirqini'.é,
à raison de l'excellence de ce don : piti&qii après avoir
cttoisi abremenl cet état, c'est pour elles une chose dam-
nable , non seulement de se marier , mais de vouloir le
faire..., non parce que le mariage de ces personnes en
lui-même mérite condamnation , mais parce qu'elles ont
violé le vœu qu'elles avaient fait (damnalur fracta voti
fides). Cependant , ajoute-t-il , ceux qui disent que ces
alliances ne sont pas tant des mariages que des adultères,
me semblent n'avoir pas considéré ta chose avec assez
d'attention , et s'être laissé tromper par une apparence
de vérité. Il fait voir ensuite ce qui a donné lieu à
cette erreur; après quoi il poursuit sou discours en
ces termes : Il arrive un mal considérable de cette opi-
nion trop légèrement conçue , qui fait envisager comme
des adultères les mariages des personnes consacrées à
Di(u ; savoir : que l'on sépare les femmes de leurs ma-
ris : car, en les voulant ainsi séparer pour les faire ren-
trer dans leur devoir et en les traitant d'adultères , on
rend leurs maris véritablemenl adultères (facitmt mari-
tos earum adultères veros) , lorsque du vivant de leurs
femmes ils en épousent d'autres. Cest pourquoi je ne puis
dire que celles qui abandonnent un état si excellent pour
se marier , tombent dans le crime d' adultère ; mais je ne
doute nullement que la chute qu'elles font en renonçant à
celte sainte chasteté qu'elles ont vouée à Dieu ne soit un
crime pire que l'adultère , etc.
Ces dernières paroles de S. Augustin sont très-pro-
pres à répandre du jour sur ce que dit le pape Inno-
cent 1, dans sa lettre décrétale (cap. 12), à Victrice
de Rouen, dans laquelle il semble traiter d'adultères
ces sortes de mariages ; mais quand on raj)proche ses
paroles de celles de S. Augustin, on voit clairement
qu'il veut seulement que ceux qui violent avec scan-
dale leur vœu de chasteté en se mariant soient traités
avec la même rigueur que les adulières. Voici ces pa-
roles : Celles qui ont contracté une alliance spirituelle
avec Jésus-Christ, et qui ont reçu le voile de la main de
l'évêque, ne doivent point être admises ci la pénitence, si
dans la suite elles se marient publiquement, ou si elles
se laissent corrompre en secret ; à moins que ceiui auquel
(1) De Bono viduitalis, c. 9 et 10.
HISTOIRE DES SACREMEiNTS. 1076
elles se seront mariées ne soit mort. Car si on en use ainsi
à l'égard des femmes qui se remarient du vivant de leurs
maris, ti plus forte raison le doit-on faire à l'égard de
celle qui, ayant été l'épouse d'un Dieu immortel, a con-
tracté mariage avec un homme. Ce grand pape compare
enseu)ble les deux crimes dont il parle; non qu'ils
soient, absolument parlant, demèmenalure, et que l'on
doive considérer le crime d'une personne consacrée à
T)i u qui se marie, connne un véritable adultère, mais
parce que, connne dit S. Augustin, ce péclién'esl pas
moindre devant Dieu que l'adullére; aussi le pape In-
nocent ne dit-il point que ce mariage soit nul, ni que
les enfants qui en naissent soient adultérins.
S. Léon a tempéré la rigueur dont son prédécesseur
avait usé contre ces personnes; il ne refuse pas comme
lui de les recevoir à pénitence, il veut, au contraire,
qu'on les oblige à expier leur faute en les y assujétis-
sant, et il déclare en même temps que ce mariage peut
être légitime. !1 parle en ces termes (1) : Celui qui,
ayiint abandoimé la profession religieuse, s'est marié,
"doit satisfaire par la pénitence publique; car, quoique le
mariage puisse être honnête, il a abandonné un meilleur
choix qu'il avait fait. Le concile de Calcédoine (can. 15),
conformément à S. Léon , excommunie une vierge
consacrée à Dieu, ou un moine qui a contracté un
mariage illicite; mais il permet à l'évêque d'user de
(juelque condescendance à leur égard.
La même discipline subsistait encore dans le
dixième siècle, comme on le voit par plusieurs lettres
(lé S. Grégoire-lc Grand à un homme de funillc pa-
Iridenne , nonnné Vénantius, qui , après avoir em-
l)rasséla vie monastique, l'avait quittée pour se marier.
Le saint pape qui était ami de ce^Patrice, et qui lui a con-
servé son amitié jusipràla fin , lui écrivit, d'abord (2),
à son entrée an ponlificat, une lot Ire pkine de zèle
et de charité , pour l'exhorter à rentrer dans l'étal de
pénitence auipiel il s'était consacré. Mais Vénanlius
n'ayant pas jugé à propos de déférer aux sages avis
du saint pape, celui ci ne laissa pas de continuer
à l'aimer, d'enlrclenir avec lui commerce de lettres ,
el de l'exhorter à faire un bon usage des infirmités
aiix([ue'.les il devint snjel dans la suite. En un mol, il
lui parle connne à un homme, du salut duquel il ne
semble pas désespérer (5). Jamais il ne traite son
mariage d'adullère, il parle de son épouse d'une ma-
nière honorable, et lui adresse une lettre , joignant
son nom avec celui de son mari. Greyorius domno
Vcnantio patricio et Italicœ jugalibus. 11 salue leurs
enfants avec beaucoup datleclion, et les appelle ses
fdles (i). Dulcissimas filias meas domnani Uarbaram
et domnam Antoninam meâ peto vice saliitari. Eniln
le saint pape ayant appris que son ami était à
l'cxtrémilé, il écrivit à Jean, évoque de Syracuse, iMie
lettre remplie des senlimenis les plus tendres (5),
(1 ) Epist. ad Rust. Narb.
('2' Ep. 5i. 1. 1. nov. edit.
(5jEp. 125, 1. 19, ind. 2.
(i) Ep. 50, 1. 14,
{o) Ep. 5G, I, H-
1077 MARIAGE. — CIIAP. YIll.
dans laquelle il eNlioilece prclal à prendre soin de
râine de ce Patrice, et de làclicrde i'engnger à re-
prendre, an moins dans ses derniers nionionls, Tlia-
, bit nion;isli(ine, en le priant , en lui représenlanl le
terrible jugement de Dieu, en lui promenant sa misé-
ricorde, de peur , dil-il , que la grande lanle dont il
s'est rendu coupable, ne lui nuise dans ce dernier ju-
gement.
L'un voit par loul ce qui vient d'èlre dit condjien
S. Grégoire désapprouvait les mariages des personnes
consacrées à Dieu dansTélat monaslique ; mais qu'en
même temps il ne révoquait pas en doute leur vali-
dité. C'est ce que S. Bernard lui-même a reconnu
dans son livre du Commandement et de la Dis-
pen se (cap. 17 ). Cependant le saint pape ayant ap-
pris quequel([ues autres moines de Sicile, peut-être
à l'iiidtation deVénanlius, qui faisait son séjour en
ce pays , s'étaient donné la même liberté, et s'étaient
mariés publiquement , il en usa autremerst avec eux*;
il se servit de l'aulorilé qu'il avait sur des gens d'un
rang beaucoup inférieur à celui de ce Patrice, ordon-
nant à Antliémius, sous-diacre (1), qu'il avait envoyé
en Sicile en qualité de défenseur, pour y prendre soin
des affaires temporelles de son église, de rechercher
exactement ces moines apostats, et de les renfermer
dans les monastères dont ils étaient sorlis, poiu' y
faire pénitence. C'est ainsi que les saints évêques,
sans cbanger d'esprit, cliangeot qnchpiefois de con-
duite quand ils se sentent aulorisés, et qu'ils s'aper-
çoivent que le mauvais exemple ades suites trop dan-
gereuses. Mais je ne voudrais pas en conclure en gé-
néral que la discipline de l'Eglise fut changée à cet
égard du temps de S. Grégoire. Un fait particulier
n'est point une marque du changement de discipline
dans l'Eglise, cl l'auleur des Conférences de Paris (2)
s'est trompé, lorsiiu'il a inféré delà lettre de S. Gré-
goire à Vilalien que l'Eglise avait changé sa disci-
pline sur le sujet que nous traitons; puisque ni dans
ce'ilo leUre, qui e:-t la huitième du huitième livre , ni
dans la suivante adressée au défenseur Sergius, dans
lcs([uelles ce saint pontife leur Aiil de sanghinls re-
proches d'avoir souffert qu'une fdie consacrée à Dieu
abandonnât sa profession, il n'y est pas dit un mot du
mariage de cette (ille , que S. Grégoire veut que
l'on contraigne à rentrer dans le monastère.
Dès le septième siècle, les lois de l'Eglise devinrent
plus sévères contre les peisonnes consacrées à Dieu,
qui abandonnaient leur vocation pour passer à l'étal
ilii mariage. Les évoques se sentant autorisés par les
piinces, et de plus ayant acquis, par la libéralité des
souverains et par la dévolion des fidèles, quelque part
dans le gouvernement te nporel, s'en servirent pour
réprimer cet abus plus efficacement; non seulement
en soumettant à la pénitence publique ceux ou celles
qui contractaient ces mariages, mais en les déclarant
nids , et en faisant renfermer ces personnes dans
les monastères dont elles éîaicnt sorties , ou dans
(I)Ep. 42, 1. 1.
(2)T.2, p. 207 et 208.
EMPÊCHEMENT DES VŒUX. 1078
d'autres plus austères où elles pussent pleurer leur
faute à loisir.
Le concile de Tolède de l'an 033 est le premier
que nous sachions qui se soit clairement expliqué
là-dessus. Quelques hiojhês, disent les Pères de cette as-
semblée (c.25) soylanl de leurs monastères, non seulement
I retournent au siècle, mais se marient. Quonait donc soin
de les rappeler au lieu d'oii ils sont sorlis, quils y (ai-
scnt pénitence et y plenreni leurs crimes. Le concile de
Tribnr (c.2ô) n'est pas moins exprès là-dessus, aussi
bien que celui de Troslydc 909.
Ce qui est remarquable en ceci , c'est que ces con-
ciles n'ont fait aucime distinction entre les vœux que
nous nommons simples et ceux que nous appelons
absolus ou solennels. Ils semblent avoir co". fondu
ce que les théologiens et les canonistes ont depuis
dislingué avec tant de soin. Il leur paraissait sans
doute que c'était un sacrilège à peu près égal de vio-
ler la promesse faite à Dieu de lui consacrer son
corps par la chasteté, soit que ce vœu eût été fait avec
plus ou moins de solennité : ils regardaient conmie
une chose équivalente d'embrasser publiquement un
état auquel le célibat était allaché, suivant la com-
mune opinion des Chrétiens, et de faire expressément
vœu de chasteté au pied des autels. Ils croyaient que
les filles chrétiennes, qui, du temps de TertuUien et
de S- Cyprien , faisaient profession de virginité, en se
rangeant au nombre de celles qui s'étaient consacrées
à Dieu, et en se conformant à leur manière de vivre,
n'étaient pas moins obligées de persévérer dans ce
genre de vie , que celles dont la consécration s'est
faite depuis par les évêques avec tant de solennité, et
dont on peut voir le dct;ùl dans le livre de S. Am-
broise de l'Inslitution d'une vierge, daiiS lé diiconrs
adressé à une vierge tombée, et dans ce que le père
Mariène a écrit de la consécration ou bénédiction des
vierges (1).
Le concile de Frioul, tenu sous l'archevêque Panliii,
d.uîs son douzième cano:!, semble n'avoir point eu
d'antre pensée , lorsqu'il ordonna que les filles et les
veuves qui, ayant promis librement de \ivre dans la
virginité ou la continence, se seraient dévouées au ser-
vice de Dieu, et qui, pour marque de l'état qu'elles
auraient end)rassé, auraient pris l'habit noir, suivant
l'ancienne coiilumc du pays, seraient tenues de per-
sévérer dans leurs bons propos, et séparées de ceu\"
avec lesquels elles se seraient mariées publiquement,
quoiqu'elles n'eussent point été consacrées par le mi.
nistère du prètie, licèt nousini à sacerdoie consccraia'.
Le 2o7' capilulaire du septième livre conlient un ré-
glenicni à peu près semblable à celui que nous venons
de rapporter. En voici la teneur : A regard des veuves
et des filles qui se sont revêtues de l' habit religieux dans
leurs propres maisons , soit par elles-mêmes, soil par le
iiiinislère de leurs parents, et qui ensuite l'ayant changé
se sont mariées co)itre l'instituiion des Pères et la règle
des canons, nous ordonnons que l'un cl l'autre des con-
(Ij Tom, ode anl. Ecel. Hil., I. 2, c. G.
1079 HISTOIRE DES SACREMENTS. 1080
ioints demeurent suspens de la communion jusqu'à ce î qui n ayant point encore reçti le voile sacré, ont promi»
qu'ils aient réparé ce scandale; que s'ils nc(jli<icnl de le | de persévérer jusqu'à la fin dans la virginité, si elles
■faire, qu'ils soient séparés pour toujours de la commu
nion, cl qu'aucun chrétien ne mange arec eux. C'est sans '
doute suivant cette maxime que le second concile de
Mâcon (can. 16) défend aux femmes dont les maris
sont appelés à la cléricalure , d'en épouser d'autres j
nprès leur mort, et veut qu'elles passent le reste de \
leurs jours en continence, à cause de la promesse
qu'elles en ont faite en celte occasion, en sorte j
qu'elles soient séparées de ceux avec lesquels elles se
seront mariées.
Tout ce qui a été dit jusqu'à présent fait voir que
l'on ne distinguait pas dans les premiers temps les
vœux simples des solennels, pourvu que ceux-là
eussent été faits publiquement, soit explicitement,
soit implicitement, en embrassant un état auquel cer-
taines observances sont nécessairement attacbées. Ce j
qui montre avec quelle sagesse le pape Grégoire XIII
dans sa bulle, Quant'o frucluosius, donnée l'an lo'82en
faveur de la Compagnie de Jésus , a déclaré que les
premiers vœux que font les Jésuites après les deux
années de probation, les lient tellement, qu'ils ne
peuvent sortir de la société, ni se dispenser de les
observer sans devenir apostats, et sans encourir l'ex- j
communication, à moins qu'ils n'en aient été absous
par Sa Sainteté, ou par leur général. !
Cependant la distinction des vœux simples d'avec
les solennels devint célèbre dans la suite, depuis que
le pape Alexandre II eut employé ces termes ; et l'É-
glise d'Occident a reconnu une grande différence entre
les vœux de continence que l'on lait dans le cloître et
ceux que l'on fait dans le siècle : en quoi elle lient
U!ie conduite bien dillerenle de celle d'Orient, laquelle
défend indistinctement le Mariage aux religieux ou
religieuses (1), et aux personnes qui ont fait vœu de
continence dans le siècle. Les Grecs sont encore dans
cet usage, et l'observent si exactement, qu'ils pu-
nissent très-rigoureusement ceux qui ont eu un com-
merce criminel avec elles ; ils ne permettent pas
même qu'on épouse celles qui demeurent dans le
siècle, pour leur rendre, par un légitime mariage,
l'honneur qu'on leur a enlevé.
On peut voir dans S. Thomas (2) les raisons solides
sur lesquelles la discipline de l'Église Latine est ap-
puyée. J'en trouve une dans les décisions du pape
Innocent 1, lequel, écrivant à S. Yiclrice de Rouen,
dislingue les personnes du sexe (]ui ont consacré à
Dieu leur virginité, ou qui ont fait profession de con-
tinence en deux classes, dont la première comprend
celles qui ont reçu de l'évèque le voile sacré pour
marque de leur consécration, et la seconde renferme
celles qui, sans recevoir ce saint voile, ont promis à
Dieu de garder pour toujours la virginité. Il traite les
premières qui violent ce vœu avec la rigueur que nous
avons vue, mais il est plus indulgent à l'égard des se-
condes, dont il dit (can. 15): Pour ce qui est de celles
j (1) Conférences de Paris, t. 2, p. 147.
' (2) 2-2, q. 53, art, 1, in corp., cl ad 1.
vienneni à se marier, elles seront obligées de faire quel-
que temps pénitence {lus agenda atiquanlo tempore pœ-
nitenlia), parce qu'elles sont responsables à Dieu de la
promesse qu'elles lui ont faite, etc. Il semble en effet
que ceux qui violent les vœux faits à la face des autels
sous les yeux des lidèles, entre les mains des ministres
de l'Église, qui ont ratilié en son nom leurs vœux, et
les ont accompagnés de leurs prières, soient plus cri-
minels en les violant, que ceux qui se sont seulement
rendus coupables de manque de foi envers Dieu, en
n'accomplissant pas les promesses qu'elles lui ont
faites.
Nonobstant tout ce qui vient d'être dit, on a des
exemples de personnes qui, après avoir fait le vœu so-
lennel dans des religions approuvées, se sont ma-
riées publiquement du consentement des papes, et en ire
autres celui de Nicolas Jusliiiiani, moine de S. Nicolas
du Lido à Venise, qui, au rapport du P. Mabillon
{Itin. liai., tom. 1, p. 51), quitta la vie monastique
avec la permission du pape Alexandre III, pour épou-
ser Anne, fille de Viial, duc de Venise, dont il eut plu-
sieurs enfants; après quoi il rentra dans le monastère,
se contentant d'avoir assuré la succession des biens de
sa famille dans la ligne masculine.
Cependant les vœux faits en présence de l'auicl et
du peuple chrétien sont si efficaces, qu'ils ont même
la force de rompre les liens du mariage déjàconlracté,
pourvu qu'il n'ait point encore été consommé ; en sorte
que, suivant la décision des papes (1) et du con-
cile de Trente (sess. 2.5, c. G), celui qui reste dans le
siècle peut se remariera une aulre personne. Les théo-
logiens apportent diverses raisons de cette discipline. Les
uns, connue Silvius, prétendent que le lien du Ma-
riage, avant qu'il soit consommé, élant purement spi-
rituel, il est rompu et dissous par la mort spirituelle de
la profession religieuse. Les autres, comme S.Thomas,
disent que l'indissolubililédu Mariage non consonuné
n'est que conditionnelle.
Quoi qu'il en soit de ces raisonnements, il est cer-
tain que la pratique de l'Église Latine sur ce point est
autorisée par des exemples de l'anliquilé, et tju'on a
cru dans ces occasions, suivant la pensée du pape Ni-
colas I (2), que ce n'était pas l'époux qui rompait alors
les liens du Mariage, en se consacrant à Dieu, mais
que c'était Dieu lui-même qui le rompait, en lui inspi-
rant de quitter le monde.
L'Église Orientale va plus loin sur ce point que la
Latine, puisqu'on y suit la disposition de la loi de
Justinien (novell. 22), suivant laquelle les vœux so-
lennels rompent le mariage même consommé, quoi-
qu'il soit né des enfanls de ce mariage. C'est la re-
marque de Mathieu Blaslarcs (5) et de Jean, évêque
deCirte(5). Ce qui parait singulier, c'est (pie l'épis-
1) C. yer'um, et c.£.r publico, de Conven. conjng.
2) Can. Conscripsit, 27, q. 9.
(5) Quiest. matrim.
(4) Kespous. ad Cabasil. ■
108
1 MARIAGE. — CHAP. IX. — EMPÈClîEMENT DE L'ORDRE. CÉLIBAT DES CLERCS.
1082
copat 11 a pas lo inèmc privilège dans celle église, cl »; Ce qui est d'aulaiit plus sage, que suivaiil la règle de
qu 11 n y a ([uc la prolession religieuse qui peut dis-
soudre lo Mariage.
Saint Rasile (1) parait avoir autorisé celte prali(pic
des Oriciilaux, lors(iue répondant à celte question,
comnieiil il faut recevoir les personnes engagées dans
le mariage, qui veulent embrasser l'état religieux, il
dit daboid, qu'il faut leur demander s'ils le font du
consentement de celle avec laquelle ils ont contracté
cette alliance ; et cela suivant le précepte de l'Apôtre.
Il en rend la raison tirée de l'Écriture, savoir, que les
corps des personnes mariées ne sont point en leur
puissance. Après quoi il ajoute : On les recevra ainsi
en présence de plusieurs (émuins. Que si ï" antre partie
nij consent pas, s'embarrassant peu de ce qui est agréable
à Dieu, qu'elle se souvienne de ce que ditTApotre : « Le
I Seigneur nous a appelés à la paix; > cl quelle accom-
plisse le commandement du Seigneur, qui dit : « Si quel-
t qu'un vient à moi et ne liait pas son père et sa
I femme..., il ne peutêlre mon difciple...* Pour nous,
nous savons que ceux qui ont entrepris de passer leur vie
dans la chasteté, en sont venus plusieurs fois à bout, par
une prière sans relâche et un jeûne continuel ; le Sei-
gneur contraignant par des maladies corporelles ceux qui
s'opposent à ce louable dessein, d'y dun)ie'r enfin leur
consentcmenl. Outre cette décision de saint Basile, on
peut dire qu'il se trouve plus d'un exemple de per-
sonnes, qui après avoir consommé leur mariage, sont
entrées dans des monastères, et ont laissé à la partie
qu'elles avaient abandonnée, la liberté d'en épouser
d'autres. Je crois que l'on peut mettre de ce nombre
sainte Radegonde, femme de Clotaire I, qui après avoir
quitté ce prince, se retira à Poitiers, où elle bâtit un
monastère, dans lequel elle s'enferma.
Cependant il est diflicile.. pour ne pas dire impos-
sible, de justifier celle conduite, que S. Grégoire-le-
Grand a fortement blâmée (2) , aussi bien que la No-
velle de Justinien qui l'autorisait; ayant ordonné que
l'on rendit à une femme nommée Agatbose, son mari
qui s'était fait mouic sans son consentement ; d'autant
plus qu'elle n'était point tombée dans le crime d'adul-
tère, qui est le seul cas dans lequel il est permis à un
homme de quitter sa femme. Ce grand pape autorise
sa décision par ce que dit l'Apôlro, que par l'union du
Mariage, l'homme et la femme ne deviennent qu'un
même corps ; d'où il conclut que l'im ne peut se con-
vertir, tandis que l'autre demeure dans le siècle. Ce
qui suppose , comme vous voyez , qu'il parle d'un
mariage consommé.
Le pape Jean XXII répondit conformément à saint
Grégoire, lorsque Sancia, reine de Sicile, épouse du
roi Ilobert, lui demanda la dissolution de son mariage :
car il lui fit entendre (3) (ju'il ne pouvait le lui per-
mettre de peur de se rendre hii-nième prévaricateur ,
en consentant qu'elle quittât son mari pour embrasser
l'élal religieux , à moins que celui-ci n'y consentit.
(1) Régula; fusiùs disputatie, interrog. ^•2.
(-2)L. !), ep. 5!) et ii".
(5) Bulia Joan. XXII, die 11, april. 1317.
l'Église , le mariage, même non consommé, ne peut
être dissous par la profession religieuse, à moins qu'il
n'ait él(; contracté après qu'une des parties a pro-
noncé ses vœux; et que le mariage serait illégitime,
s'il était fait avant ce temps , quand même la partie
qui voulait embrasser l'état religieux, aurait depuis
fait sa profession.
CHAPITRE IX.
De r empêchement de l'Ordre. L'on traite en peu de mots
à cette occasion du célibat des clercs dans la primitive
Eglise, et l'on montre la différence delà discipline sur
ce point , survenue depuis le cinquième siècle, entre
l'Eglise d'Occidetit et celle d'Orient. En quel temps
les ordres sacrés sont devenus un empêchement diri-
manl du Mariage. Des femmes sous-introduitcs , l'abus
sur ce point confirme ce qui est dit dans ce chapitre ,
touchant le célibat des ministres de l'Eglise.
L'Eglise a toujours désiré que les" ministres de la
religion fussent exempts des liens , ou au moins des
embarras et des distractions du mariage , afin qu'ils
pussent vaquer paisiblement aux importantes fonctions
de leur ministère , à l'imitation du Sauveur et des
Apôtres, lesquels depuis qu'ils ont élé appliqués à la
conversion des peuulcs, ont vécu dans le célibat , ou
ont regardé leurs femmes plutôt comme leurs sœurs,
que comme leurs épouses.
Tel a été non seulement l'esprit de l'Église dès le
commencement , mais ce qui n'était qu'une maxime
reçue généralement , a bientôt passé en loi , au moins
dans la plupart des pays de la chrétienté. Cela parait
par le concile d'Elvire (can. 53) , par ceux de Néo-
césarée (can. 1) , et d'Ancyre (can. 10) , par le témoi-
gnage d'EuièbedeCésarée(I), et par plusieurs autres
que l'on peut consulter, et dont les paroles sont rap-
portées par le P. Thomassin, et par l'auteur des Con-
férences de Paris, qui ont traité au long cette matière.
La chose est si certaine, que S. Jérôme , en écrivant
contre Jovinien et contre Vigilance , n'a point craint
d'assurer que les Apôlres, les évèques, les prêtres et
les diacres étaient vierges, ou gardaient la continence
avec leurs femmes, et que c'était la pratique des égli-
ses d'Orient , de l'Egypte, et de celles qui étaient im-
médiatement soumises au Siège apostolique. D'où
vient que Synésius , voulant se dispenser d'èlre or-
donné évoque, protesta qu'il ne pouvait garder la con-
tinence, et qu'il ne voulait point en acceptant l'épis-
copat, être obligé de vivre en secret comme un adul-
tère avec sa femme. Manière de parler, qui fait assez
entendre que non seulement c'était la pratique des
églises du patriarcat d'Alexandrie , que les évèques
vécussent en continence avec leurs femmes, s'ils
étaient (-lus pour remplir cette dignité de leur vivant ,
mais encore que c'était une loi , dont on ne pouvait
se dispenser, sans encourir les peines canoniques.
Cependant quoique le célibat fût pour les ministres
(I) Dcmonsl. evangel., 1. l,c. 9.
108-3
HISTOIRE DES SACREMENTS.
1084
de l'Eglise une loi clans la plupart îles églises, il faut
convenir de bonne foi , fpf il y en avait où celte loi
n'avait point été établie. Il semble qu il n'y ait point
lieu d'en douter, quand on entend Grégoire, évèque
de Nazianze(l), dire à son fils de même nom, et
surnommé le Théologien : Il y a plus long-temps que
l'offre des sacrifices, qu'il nij en a que vous êtes au
monde; c'est-à-dire, sans difficulté, dit M. de Tille-
mont (2), que S. Grégoire est né depuis que son père
était évèque, par conséquent l'an 529 au plus tôt. Pape-
brok avoue qu'il n'y a point de milieu, et qu'il eu faut
demeurer d'accord, ou changer le texte : nliàs indis-
solubilis nodus.
Baronius a prétendu se tirer d'affaire en disant que
c'est une hyperbole fausse de quelques années, et il
veut que S. Grégoire soit né en ZU, avant le bap-
tême de son père.Papebrok a vu combien cette hyper-
bole , qui serait un véritable mensonge, était peusou-
lenable, et qu'elle ne pouvait expliquer des paroles
qui ne reçoivent aucune explication : et ne pouvant se
résoudre à admettre le seul sens qu'elles peuvent re-
cevoir , il a mieux aimé changer le texte, et préten-
dre qu'au lieu de ô^oi cifi/.Oi ôuïtwv laoi xpi-JOi , il faut
lire, oîoî Sr^).e'lT>7Ttwv èij.ol xpojoi , T^ouv faire dire à Gré-
goire le père , vous n'avez pas encore autant vécu ,
que jai passé de vents étésiens, c'est-à-dire, d'années.
11 avoue qu'ayant parlé de cette correction à plusieurs
de ses amis , ils ne l'ont pu approuver; les étésiens ,
Iraordinaire , et tous les manuscrits ayant générale
ment, oi-ô'/d Ojaiûj : il n'était pas bien nécessaire , ;| cipline, et le concile d'Agde, tenu l'an 506, cite avec
ne pas suivre une pratique quoique plus parfaite , et
quoiqu'elle passe pour loi en d'autres provinces.
Que si les Pères et les auteurs ecclésiastiques par-
lent quelqui>fois de cette pratique, comme reçue uni-
versellement , on peut dire assez raisonnablement ,
que cela n'était pas sans exception ; et véritablement
lorsque S. Grégoire le fils (1) , parlant à Constanti-
nople, reprend ceux qui voulaient bien recevoir le
Baptême d'un prêtre, pourvu qu'il ne lût point marié,
ou qu'il gardât la continence, il est diflicile de ne pas
croire qu'il y en avait quelques-uns dans les provin-
ces voisines de cette capitale de TEmpire, qui usaient
du mariage. De plus si la loi du célibat, à laquelle
Socrate et Sozomène rapportent que S. Paphnuce s'est
opposé, avait été établie de leur temps, ou dans toute
l'Eglise , ou même dans la Thrace où ils écrivaient,
ils n'eussent pas manqué, tsuivant toutes les apparen-
ces, de remarquer ce changement.
Si c'était une maxime et un usage reçus presque uni-
vci*scllenient dans l'Église, que les évêques, les prê-
tres et les diaacs vécussent dans le célibat, ou dans
la continence , s'ils avaient été mariés avant d'entrer
dans ces ordres, on peut dire de l'église d'Occident,
en particulier, que c'était une loi irréfragable, qui s'y
est toujours depuis affermie. Les évêques du second
concile d'Afrique (can. 2) firent sur cela un décret, qui
fut proposé et accepté d'une voix unanime. Les Pères
du premier concile de Tolède (can. 1 ), établirent la
pour dire les années, étant une expression assez ex- même chose. Les papes Sirice (2) et Innocent (3), ne
. . ■ ' 1 I I <■ . • . !• • 1 !•
furent pas moins exacts pour faire observer cette dis-
quoi qu'on en dise, qu'un père marquai à son (ils (|u'il .
était plus âgé que lui.
Ce qui a porté ces savants hommes à recourir à ces
défaites, c'est qu'ils ne pouvaient allier cette con-
duite d'un saint et d'un évèque si célèbre avec les lois
de l'Église, touchant la continence des clercs, et siu-
tout des évêques : car on ne peut dire que ce prélat
soit devenu père du théologien . Jjrsquil iféiail en
core que prcire, puisque nous ne trouvons riea qui
nous appreime qu'il ait passé de la prêlrise à l'épis-
copal; cl que quand même cm pourrait coiilesler qu'il
ail eu S. Grégoire depuis qu'il était parvenu à l'épisco-
pat , on ne pourrait faire la même chose de S. Cé-
saire son frère , qui ét:ùt plus jeune que lui. Mais ,
dit M. de Tillemont (5i, si les passages de S. Jérôme
et de saint Epiphane, suffisent pour montrer quel
était l'esprit de l'Église sur ce point, et ce qu'elle
faisait pratiquer dans plusieurs provinces, néanmoins
ces passages mêmes montrent assez qu'elle n'y obli-
geait pas pailoul. Saint Epiphane le dit posilivement,
au moins pour les prêtres; et quoi([u'ils disent que
ceux qui agissaient autrement, ne suivaient pas exac-
tement les canons , c'est-à-dire , la pratique commune
et presque universelle de l'Église, néanmoins chacun
sait qu'il y a des occasions où l'on peut sans péché
(1) Oral. l,p. 9.
(2) Notes sur S. Grégoire de Nazianze, t. 9, p. 091.
(5) Ibld.
éloge (can. 9), les deux décretales de ces papes, au
sujet du célibat des clercs et des ministres sacrés, et
ordonne que l'on s'y conformera. Il est inutile de nous
étendre davantage là-dessus, il est trop visible que
l'église latine ne s'est jamais départie de cette sainte
pratique , et qu'elle a toujours depuis regardé comme
un abus énorme, tout ce qui s'est fait de contraii^i-.
On sali ayco quel zèle les souverains poiUifes, dans le
onzième et le douzième siècle , se sont élevés contre
les clercs incontinents, et combien ils ont eu de con-
tradiclious à essuvcr, en voulant maintenir les règles
de la sainte discipline. Ces faits sont trop connus^
pour que nous nous niellions en devoir Je les rap-
porter.
Nous voudrions pouvoir en dire autant des églises
d'Orient, mais la vérité de Tliisloire ne nous le per-
met pas. Nous avons vu ci-devant, que S. Epiphane se
plaignait que de son temps, on tolérait que les minis-
tres sacrés, inférieurs aux évêques usassent du ma-
riage. Celte tolérance devint bientôt une permission,
<[ ; ■ l'empereur Justinieu autorisa depuis par ses lois.
C'est dans une de ces Novelles [A), où il permet aux
personnes mariées de recevoir les ordres sacrés , et
d'user du mariage après lem- ordination. Mais en
(1) Oral. 40, p. 6o().
(2) Eji. ad Ilyuier. Tarracon.
(5) Ep. ad Lxuper. Tolos.
(i) Novell. 123, c. 12 eH4.
108c
MARIAGE.
même temps, il défend d'ordonner ceux qui ne sont
pas mariés, à moins qu'ils ne promcltciit de vivre
dans le célibat, et veut qu'ils soient déposés et ré-
duits au rang des laïques, s'ilsle font. Nous ne voyons
pas, quoi qu en dise Arcudius, que le concile in Trullo
ail riou changé à celte >!ovclle de Juslinion, puis-
qu'il l'allègue pour règle (can. 20), et qu'il l'aulorise
cnlièreincnl ; quoicpie dans un cas parliculier, il sem-
ble établir le contraire , en ce qu'il vont (can 2G),
qu'un prêtre, qui avant son ordination avait épousé sa
parente , en soit séparé , et qu'il lui soit défendu d'en
approcher; parce que ce n)arlage étant iml, il ne
peut être réhabilité , n'éianl pas permis aux prêtres
de se marier après leur ordination. C'est l'cxplicalion
que les canonistes Grecs donnent à ce canon (1).
Les Grecs suivent encore à présent la loi deJusli-
nien , louchant les n^ariages des ministres sacrés,
comme nous l'apprenons du moine Matthieu Blastares,
qui a traité à fond des empêchements de mariage; et
cet auteur avoue qu'en cela la discipline des églises
d'Orient diffère de celle des églises d'Occident L'empe-
reur Léon-le-Philosop!ie (2) lit une coiislilulion sembla
bleà celle de Justiiiien, et défendit un abus qui s'élail
glissé parmi les minisires sacrés de la Grèce, lesquels,
de son temps, se mariaient durant les deux premières
années de leur ordination.
Tout ce qui a été dit jusqu'à présent dans ce cha-
pitre montre assez que, ni durant les premiers siècles
dans toute l'Eglise , ni depuis dans les églises orien-
tales, les ordres sacrés n'ont point été un empêche-
ment dirimant du .Mariage. On pourrait y ajouter la
disposition du dixième canon du concile d'Aiicyre,
selon laquelle un évêque pouvait ordonner un homme
diacre, et lui permettre de se marier après sou ordi-
nation, s'il avait protesté à l'évêquc qui l'ordonnait,
qu'il ne pouvait renoncer au mariage ; et celle du pre-
mier canon du concile de Néocésarée (jui ordonne que
l'on punisse moins rigoureusement les prêtres qui se
marient, que ceux qui tombent dans le péché de for-
nication.
Ce canon est renouvelé dans les Capitulaires de
nos rois (5) : ce qui fait voir que dans le neuvième
siècle l'on ne regardait pas encore comme nuls les
mariages des ministres sacrés. Aussi les plus habiles
théologiens sont-ils persuadés que ce n'est que dans
le doirzième siècle que l'église latine a déclaré l'Ordre
sacré un empêchement dirimant pour l'Occiilent. En
effet , c'est seulement dans les conciles de Lalran
(c, 21), sous Callixte II , en 1125, de Latran II (c. 7),
sous Innocent II, en 1159 ; de lieims (c. 7 ), où pré-
sida Eugène 111, en 1148; de Lalran III (c. 11), sous
Alexandre 111, en 1179, que les mariages des ministres
sacrés ont été déclarés nuls , terme dont on ne s'est
pas servi dans l'église laliue avant le douzième siècle
au sujet de ces mariages.
Si l'ordre sacré est à présent parmi nous i:n em-
(1) Zonare, Balsamon, Blastares.
(2) Léon. Novel. 5.
(3) L. 7, c. 138.
ClIAP. IX. EMPECHEMENT DE L'ORDRE. CÉLIBAT DES CLERCS. 108G
j pêcherncnt dirimant de Mariage , on voit assez que ce
n'est ni de droit naturel , ni de droit divin, mais de
droit ecclésiasti(|ue. Ce n'est pas le Mariage par lui-
même, qui de sa nature est opposé, ni à rexcellencc
de l'Ordre, ni à 1 1 continence : il peut subsister et être
conlraclé |)ar des >ierges, qui voudraient garder la
virginité le reste de leurs jours. Le mariage de la
sainte Vierge et de S. Joseph , celui de rimpéralrice
Pulchérie avec Marcien, celui de S. Henri avec sainte
I Cunégonde , etc. , en sont des preuves : c'est done
l'usage du mariage qui est opposé à l'exercice des
Ordres sacrés. Aussi les Grecs le défendent-ils aux
ministres, quand ils servent à l'autel (I). Mais d'ail-
leurs, comme l'usage du Mariage a élé et est encore-
permis dans l'église grecque aux minisires sacrés qui
ont élé mariés avant leur ordination , il s'ensuit de là
que ce n'esl, selon la remarque de S. Thomas (2), que
par les canons de l'Eglise , que les Ordres sont en
Orient un empêchement prohibitif; et ils ne sont un
empêchement dirimant parmi nous, qu'à cause du
vœu de continence qu'on y a amiexé : c'est pourquoi
quand l'évêque ordonne les sous-diacres , il les aver-
tit, comme il est marqué dans le Pontifical Romain ,
qu'en recevant le sous-diaconat ils s'engagent à la con-
tinence.
L'Église ayant établi l'empêchement de l'Ordre,
peut lôler avec la même autorité avec laquelle elle l'a
mis ; et elie en a été forlement sollicitée en ces der-
niers temps par plusieurs personnes de grands poids,
et entre autres par l'Empereur et par le duc de Ba-
vière, qui en lo64 firent de grandes instances auprès
du Pape, pour obtenir ce qu'ils souhaitaient, et cela
de concert avec les principaux prélats et princes de
l'euqiire (5). Leurs lettres étaient accompagnées d'une
remontrance , composée par les théologiens catho-
liques d'Allemagne , dans laquelle ils disaient enlre
autres , que si jamais il y avait eu des raisons de per-
mettre le Mariage aux prêtres , celait de leur temps ;
que de cinquante prêtres catholiques, à peine s'en trou-
vait-il un seul qui ne scandalisai le public par ses dé-
bauches ; que ce n'était pas tant les prêtres qui désiraient
le Mariage que les séculiers, qui ne pouvaient voir qu'a-
vec chagrin, la vie infâme que menaient les ministres de
la religion, et que même les patrons des églises ne vou-
laient plus donner les bénéfices , sinon aux personnes
mariées , de.
C'étaient surtout ces désordres, à la vue desquels les
! gens de bien élaient frappés d'horreur, qui leur fai-
saient désirer que l'on permît aux prêtres d'épouser des
femmes légitimes, espérant que cela arrètoiait le
cours de leurs déréglemenls. Je ne sais s'il n'y a point
quelque exagéialion dans la peinture que ces théolo-
giens d'Allemagne font ici des désordres du clergé;
mais il est certain qu'ils étaient très-grands alors, et
qu'il était très-ordinaire de voir chez les prêtres des
(1) Conférences de Paris, t. 2, p. 182.
(2) lu 4, disl. 37, q. I, a. 1.
(3) Histoire du concile de Trente, par Kra-Paolo,
sur la fin.
«087
HISTOIRE DES SACREMENTS.
1088
enfants , qui étaient les fruits et les témoins vivants
de leur vie déréglée. C'est ce que Ton voit assez par |
les statuts synodaux de Guarin de Doniniartin, cvêque
de Verdun, lesquels portent entre autres (1) : Qu'il
est défendu à toits les prêtres , sous peine d'excommuni-
cation , de se faire' servir ù l'aulcl pur leurs enfants bâ-
tards , lorsqu'ils célèbrent les offices divins ou les saints
mystères. Il fallait doue que la chose fût bien com-
mune , et que l'on n'en rougît plus , puisque , pour
obliger ceux du clergé à prendre (pieicpie précaution
pour sauver eu quelque sorte leur honneur , il fallait
en venir à rexcommunicaliou, La note marginale qui
se trouve à côté de ce statut dans l'imprimé qui est
de Tan 1;)07, montre que ce cas n'était pas rare ; car
elle porte : Attendant hoc presbtjleri , que les prêtres
fassent attention à ceci.
Le Saint Père ne jugea pas néanmoins à propos
d'accorder à l'Empereur et aux princes ce qu'ils do-
mandaient avec tant d'inslance. Il espéra que Dieu
remédierait par d'autres voies aux maux de son Église.
11 suivit en cela l'avis de dix-neuf cardinaux , dont il
avait formé une congrégation pour délibérer sur cette
affaire.
Ce qui a été dit dans ce chapitre touchant le céli-
bat des ministres sacrés, se peut encore prouver par
un abus très-commun et très-ancien qui a régné au-
Irelois dans l'Église ; et contre lequel les conciles et
les Pères se sont élevés avec force en difl'ércnts temps.
J'entends celui de ces fdles ou fenunes, que les ecclé-
siastiques retiraient dans leurs maisons , et avec les-
quelles ils vivaient , sous le spécieux prétexte du be-
soin qu'ils avaient de leur secours dans leurs maladies,
ou pour leur ménage : car ciilin il n'est nullement
probable ni que les conciles eussent défendu aux
clercs de garder de ces sortes de gens chez eux s'ils
eussent été mariés; n'étant pas juste de priver leurs
femmes des services qu'elles avaient droit d'attcntlre
des personnes de leur sexe; ni que les clercs ayant
des femmes légitimes eussent témoigné tant d'atta-
chement pour des étrangères. Cependant on ne peut
douter de leur faiblesse à cet égard , et le scandale
sur ce point a éclaté dès les premiers siècles de l'É-
glise. Paul de Samosate fut accusé de celte honteuse
familiarité ; et c'est une des raisons de sa déposition,
marquée dans l'épître synodale du concile d'Antioche
qui le déposa, et rapportée par Eusèbe (2). Les Pères
du concile lui reprochent non seulement d'avoir eu
dans sa maison de ces sortes de femmes, dont il est
question ici , mais d'avoir souffert que les prêtres et
les diacres de son église en eussent aussi , et de l'a-
voir dissimulé pour les rendre plus dépendants de lui.
Qu'est-il besoin, disent les évêques de ce synode, de
parler ici des femmes sous-introduites (ainsi que les
appellent ceux d'Antioche), que lui, sa^ prêtres et ses
diacres, entretiennent chez eux'!
La rigueur dont on usa à l'égard de Paul de Samo-
sate , ne fut pas capable d'arrêter le cours de ce dé-
{\) Fol. verso 27.
(2) Lib. 7, c. 50.
sordre , il continua parmi les ecclésiastiques, et c'est
ce qui obligea le concile de Nicée de faire un canon
exprès pour proscrire un abus qui tendait à rendre les
clercs inutiles et méprisables, en les décréditant dans
l'esprit (!es peuples , et en leur ôtant la confiance
qu'inspire naturellement une conduite irréprochable
et exempte de tout soupçon. Ce canon est le troisième
de celle auguste assemblée, il est conçu en ces termes :
Le (jrand concile défend en tonte manière à l'évêque, au
prêtre , au diacre cl à tous ceux du clerqé , d'avoir des
femmes sous-introduites, tju-junik/.zo'ji, à moins qu'elles ne
soient leurs mères , leurs tantes , leurs sœurs , ou quel-
ques autres exemptes de tout soupçon.
Ce nom que l'on donnait à ces femmes , îuvetjâ/Tat
yuvKtV.sj, par le(|uel les conciles d'Antioche et de Nicée
les désignent, avait été niventé par ceux d'Antioche,
où cet abus avait d'abord paru avec plus d'éclat et de
scandale , comnie H paraît par le passage de la lettre
synodale du concile de celle ville , que nous avons
cité. Il devint depuis commun dans les églises d'Orient,
et les Latins l'ont traduit tanlôt par le terme mulieres
subintroductœ, tanlôt par celui de cohabitantes, de con-
tubernales, (ïadoptivœ, d'extrancœ , qui tous , sans ré-
pondre exactement à la même signification, marquent
pourtant au fond la même chose.
Les ecclésiastiques , pour colorer une conduite si
blâmable , donnaient outre cela difl'érents noms à ces
femmes qu'ils logeaient chez eux , ils les appelaient
sorores agapetds, sous prétexte de l'amitié chrétienne,
qui les faisait vivre, ainsi qu'ils prétendaient, connue
frères et sœurs. Quand celles qu'ils retiraient chez
eux étaient jeunes, ils les qualifiaient de /i//esado/;<H'<'s,
n'agissant ainsi, disaient-ils, qu'afin de conserver leur
virginité et leurs biens, et les substituant en quelque
ruanière aux enfants qu'ils auraient pu avoir d'un
mariage légitime. C'est ainsi que sous différents pré-
textes cet abus se fortifia, et ne put être aboli par
l'ordonnance du concile de Nicée. Il passa même d'An-
tioche, où il semblait avoir pris naissance, et où
il s'était fait remaripier principalement dans Léon-
tius (1), qui fut depuis évèque de celte ville, dans les
autres églises ; et S. Chrysostôme qui l'avait forte-
ment combattu , lorsqu'il n'était encore que prêtre ,
le trouva établi dans la capitale de l'empire d'Orient ,
.' quand il en fut faitévêqiie. De là il se répandit dans l'Oc-
cident, où les divers conciles (jui le défendent, et les
écrits de S. Jérôme nous apprennent qu'il s'était glissé
par toute l'Église. S. Chrysostôme, fit dans Conslanti-
nople deux livres sur cette matière, ou si l'on veut,
deux homélies fort longues, et employa toute son élo-
quence pour détruire ce désordre dans son clergé :
et ce ne fut pas un des moindres sujets qui soulevèrent
la plupart des ecclésiastiques contre lui. Enfin l'au-
toiiié de l'Église se trouva trop faible contre une cou-
tume si invétérée et si honteuse , et elle fut obligée
de recourir à la puissance des empereurs, entre les-
quels Ilonorius fit une loi expresse en 420 contre les
(1) Il se fit eunuque, pour pouvoir demeurer libre-
1 ment avec une fille (pi'il aimait.
MARIAGE. - ClIAP. X. EMPÊCHEMENTS DE PARENTÉ , D'AFFINITÉ, etc.
1089
clercs, qui sous le nom de sœurs, gardaient dans leurs
maisons dos femmes élrangères.
Le concile de Nicéc avait usé de quoique indul-
gence, en permellant la cohabiiaiion des clercs avec
certaines femmes non suspectes. Cela domia lieu aux
ccclosiasliquos inconlinouls, ou d'une conduite pou
réglôo, (r.onlrelonir à celle occasion dos familiarilés
indécenles avec d'aulres personnes du sexe : et c'est
ce qui fit que plusieurs conciles de France et d'Es-
pagne défendirent la conversation et la coliabilalion
avec leurs parentes mêmes. Le synode de Bragues (I)
la leur inierdil avec les propres sœurs, el ne la per-
met qu'avec les mères. S. Augustin en usait ainsi pour
la raison que l'on sait. Les conciles d'Aix-la-Cliapelle,
de Metz , de Mayence , de Frioul , les capilulaires de
Charlemagne, de ThéodulphodOrloaus, dofcndonl aux
ecclésiastiques do loger chez eux aucune l'onuue , pas
même leur propre mère. Le concile de" Frioul (2) rend
raison de celle sévérilé , en disant que cela donnait
lieu aux autres femmes de fréquenter les maisons des ■
clercs, ce qui avait élé funeste à plusieurs d'entre |
eux. L'Église par es règlements relranchait ce que le
concile avait accordé sur ce point par condescendance,
l'expérience lui ayant fait juger qu'en cette matière
l'indulgence était plus nuisible qu'avantageuse à
l'Iionneur et à la réputation du clergé.
Tout ce qui vient d'être dit semble même prouver
que la loi de la continence s'élendaii non-seulement
sur les trois premiers ordres du clergé , mais encore
sur ceux qui étaient engagés dans les ordres infé-
rieurs. Ce qui ne se doit néanmoins eiilcndre que des
clercs, que l'on destinait pour l'ordinaire aux pre-
mières places de la hiérarchie, lois qu'étaient les lec-
teurs (3).
CHAPITRE X.
Des empêchements de la parenté , de faffimtê , et de
Clwnnêleté publique.
Nous traiterons de ces trois empêchements dans un
même chapitre , à cause de la liaison qu'ils ont entre
eux : mais la matière a quelque étendue. Nous divise-
rons ce chapitre en deux articles.
ARTICLE PREMIER.
Jusqu'à quel degré la parenté 7ialurelle a-t-elle élé un
empêchement de Mariage? Diversité d'usage sur ce
point. Sur quel droit est fondé tant cet empêchement,
que celui qui résulte de la parenté spirituelle et lé-
gale, etc.
Je suppose que ceux pour qui j'écris savent ce que
c'est que ligne directe et ligne collatérale en matière
de parenté, et qu'ils n'ignorent pas les différentes
manières de compter les degrés de la ligne collatérale
1090
(!) Conc. IH Bracarense.
(2) Sous Paulin , patriarche d'Aquiléo.
(ô) Voyez sûr cette matière le deuxième tome du
livre intitulé : La Discipline de !'iigtise, imprimé à
Lyon en 16!i2, depuis la page 9," jusqu'à la 10-2.
qui sont en usage, tant chez les canonisles que chez
les autours qui ont traité du droit civil, ou plutôt
dans l'Eglise, et dans le barreau. Je remarquerai
seulement que la mmiière de -compter les degrés se-
lon le droit civil, a été reçue fort longlom|ts dans l'É-
glise , comme il par;u't par la quarantc-liuiliènio lettre
de S. Ainliroisc , (|iii considère les cousins-germains
comme parents au quatrième degré, quoiqu'ils ne le
soient qu'au second, selon notre droit canonique. Les
Grecs, selon Blastares, suivent encore celte ancienne
supputation.
A l'égard dos parents dans la ligne directe, l'Eglise,
de concert avec le droit civil (I), a défendu en tout
temps leurs mariages , dans (pielque degré éloigné
qu'ils soient; ce qui a toujours eu lion tant eu Orient
qu'en Occident. En quoi on n'a fait que suivre l'im-
pression de la nature , qui a une secrète horreur de
ces sortes de conjonctions, à moins qu'elle ne soit
parvenue à une extrême dépravation.
11 n'en a pas élé de même à l'égard des mariages
contractés entre parents dans la ligne collatérale. La
discipline a beaucoup varié sur ce sujet quant à cer-
tains degrés : c'est de quoi il nous convient de rendre
compte au lecteur. Nous disons que la discipline a
varié quant à certains degrés, parce qu'il en est (jucl-
ques-uns , comme le premier el le second , qui ont
toujours été défendus ; de façon néanmoins qu'avant
le grand Théodose les mariages entre cousins-germains
se faisaient quelquefois, quoique rarement, et que sans
être expressément condamnés par les lois, ils étaient
considérés comme indécents (2).
Nous avons dans la vie de Constantin un exemple
de ces mariages dans les deux filles de ce prince, dont
l'une épousa Annibalien,etrautre Julien leurs cousins-
germains. Mais on peut regarder ce que fit ce prince,
comme un reste de la liberté que le paganisme laissait
sur ce sujet, et bientôt après ces mariages furent con-
damnés par une loi fameuse que publia Théodose en
58i ou 58o.
Ce grand empereur en publiant celte loi sévère ,
dont l'observation était prescrite sous peine de pros-
cription , ou même du fou, ne fit que renouveler la
loi qui en avait élé déjà faite , selon Tacite (5), mais
qu'on ne suivait plus depuis longtemps. La consli-
tulion que fit Théodose sur ce sujet ne se trouve plus,
mais il en est fait monlion dans deux autres lois d'Ar-
cade et d'Honorius ses fils (4) ; et de plus Libanius,
S. Ambroise, S. Augustin el Paul, diacre, en parlent.
Cependant comme on obtenait trop souvent des
dispenses dos empereurs pour faire ces sortes de
mariages , Arcade jugea à propos de modérer celle
loi , el d'en ôler la peine du feu , de la proscription et l
I de la coii(iscation ; el c'est ce qu'il fit par la loi du 26
novembre de l'an 59G. H déclara néanmoins ces ma-
(1) Instil. Jusliniaiii, 1. 1, lit. 10, de Nuptiis.
2) Aucust., de Civil. Dci, I. 15, c.lti.
ô)L. 12 Annal.
l) De inccstis .Suptiis ; et, si nuptiœ ex rescrîplo pe^
l tantur.
^091
riagcs illcgilinies cl ïiiccstueux, el les cillants qui cm
iiaUraicnl, incapables de recevoir quoi (ino ce fût de
leurs pères.
Arcade ne se contenta pas de cela; en l'an 405, si
nous en croyons (juelques jurisconsullcs, il cassa en-
lièrcmenl la loi de son père , et rétablit Tiisage qui
autorisait les mariages des cousins-germains. M. de
Launoy et le P. Sirmond ne coiiviemieiit point que ce
prince ail jamais révcuiué cette loi . non pins ([u'Ho-
;norius son frère : mais en cas que cela soit arrivé, on
peut juger par S. Augustin cl i>ar S. Grégoire, que
cette révocation ne fut ni reçue, ni même connue dans
rOccidenl, et que l'esprit de l'Eglise fut toujours de
regarder ces mariages, conmieapprodianl de l'inceste.
C'est pourquoi S. Grégoire (l), ne fait point diflicuilé
•de blâmer ouvertement la loi de Justinien ("2) , ([ui ,
plusd'un siècle après ces empereurs dont nous venons
<le parlcr,antorisait les mariages descousins-gerniains.
lhieccrlaincloimoud(mcpermd,dilA\,du)isl(!n'publkiHc
romaine..., aux eiifanls des frères et de$ sœurs de se ma-
rier : mais nous avons appris par expérience quil ne
naît point de postérité d'une telle conjonction , et In lui
sacrée défend de découvrir la turpitude de ses parenti.
S. Ambroise avait dit auparavant de même, que la loi
•divine défendait aux cousins-germains de contracter
mariage ensemble, par où, suivant M. de l'illemont, il
•entend la pudeur naturelle, qui est une espèce de loi
que la nature prescrit et que Dieu autorise : ce qui
rendait ces mariages très-rares , selon S. Augus-
tin (5) , à cause du peu de distance (pi'il y a enlre les
«ousins-germains.
On voit même que du temps de S. Grégoire il était
défendu universellement dans toute l'église latine de
se marier entre parents jusqu'au se|)ticnie degré in-
clusivement , selon la supiuitation des canonisles. Il
tuaniue à Félix, évèque de Messine (4), qui le con-
damnait d'avoir permis aux Anglais de se m.iiier dans
le .troisième ou quatrième degré, quoique h'S canons
le défendissent jusqu'au seplièmc, qu'il n'avait levé
«elle défense générale de l'Eglise en faveur des An-
glais , que pour faciliter la conversion de ce peuple.
Les lois de l'église grecque n'étaient point si sévères.
Outre que Justinien avait laissé sur cela une trop giande
liberté, renqiereur Léon-le-Pliilosophc (.">) ne crut pas
devoir étendre la défense de se marier entre parents
au-delà des cousins issus de germains.
Mais en Occident bien loin de se rclàcber sur cet ar-
ticle , la rigueur s'augmenta : nos rois dans leurs ca-
pilulaires (G) défendirent aux parents de se marier
jusqu à la septième génération, ce qui causa daiisla
suite bien des inconvénients, parliculièremcnl. entre
les princes el les grands, qui d'ordinaire se trouvent
lous parents au-deçà de ce degré. Car, comme dit un
(I)L. 0, ep. U.
h) L. 1, lit. 10, dcNupl., §.f).
(5) L. 13 de Civil. Dei, c. Iti.
(/t) Ep. 17, 1. 14.
(.^) Delect. losur. Leonis,ctConst.,t.l2, de Nuptiis.
(G) L. G, c. iOet 1-28.
HISTOIRE DES SACREMENTS.
1092
de nos historiens (1) à l'occasion du mariage du roi
Robert avec Rertlie , dès qiCun mari ou une femme
étaient dégoûtés tun de l'autre , ou (fu^il prenait envie à
quetipCun de les troubler , on n\n ail qu'à articuler el ju-
rer qu'ils étaient parents au degré ]>roliibé, el à produire
sur cela des témoins (au nombre de neuf, (|ue je crois),
dont on ne manquait pas ; et il fallait que l'évêque diocé-
sain , ou une assemblée d'évêqnes , s'il y avait quelque
difficulté, prononçât là-dessus.
Or , poursuit noire auteur , lu reine Lulgarde, pre-
mière femme de Robert, éta)it morte, il fui conseillé, par
maxime de politique, d'épouser Berllte, sœur de Haoul-
U'-Fuinéant,roi de Bourgogne, qui était veuve d'Eudes I,
comte de Chartres , el mère d'Eudes II , lequel était en-
core fort jeune. Comme elle était sa parenlc au quatrième
degré, et que d'ailleurs il avait tenu un de ses enfants sur
j les fonts, il crut qu'il pourrait prévenir l'inconvénienl de
la nullité du mariage par l'autorité de l'église Gallicane:
il convoqua donc les évoques de so)i royaume , lesquels
ayant entendu ses raisons, furent d'avis, par la considé-
ration du bien puûlic, qu'il la prit à femme, nonobstant
les cmpècliements canoniques; ce qui était une espèce de
dispense. Mais malgré ces raisons et ces précautions ,
le pape Grégoire V, dans un concile de Rome de l'an
998, sans doute à la sollicitation de Gcrbert, pour lors
arclievèiiue de Ravenne, qui se trouvait à ce concile,
ordonna dans le premier canon que le roi Robert
quitterait Bertlie, sa parente, et qu'il ferait sept ans
de pénitence, suivant les degrés prescrits par l'Eglise;
le tout sous peine d'analliènie. Il suspendit aussi de la
coinnnmion Arcliand>aud, arclievè(jue de Tours, qui
leur avait donné la bénédiction nupliale , et lous les
évèquesquiyavaientassisté, jusqu'à ce qu'ils vinssent
faire satisfaction au Saint-Siège.
Voilà de quelle manière Gcrbert se vengea de ce
que 1er oi Robert et la reine sa femme avaient donné les
mains à son expulsion du siège de Reims dont il était
veiui à bout de se mettre en possession. Cela fait voir
comi)icn on était rigide en ce lemps-là touchant les
empèclienuints qui résultent de la parenté : car cette
sentence fut exécutée, et le l'oi Robert fui obligé au
! bout de trois ans de se séparer de Rerlhe qu'il aimait
I lendrcmenl, après quoi il épousa Constance, princesse
1 impéiieusc et superbe, dont il eut beaucoup à souf-
frir.
Si l'exemple que nous venons diï rapporter fait voir
comment l'on se servait des lois rigoureuses établies
alors touchant les degrés de parenté, pour troubler cl
dissoudre les mariages les plus unis, l'histoire de
Philippe-Auguste nous en présente une aulre (jui
montre de quelle manière ceux qui étaient dégoûtés
de leurs femmes se servaient de ces mènies règles pour
se défaire d'elles. Ce prince, après la morl d'Isabelle
de Ilainaut dont il avait un lils nommé Louis, avait
éi)Ousé Ingeburge, sœur de Canut III, roi de Dane-
marcU, qu'il lit couroimer le lendemain de ses noces.
Mais pendant cette cérémonie, le roi regardant la
Il (1) Mé/crai, Abrégé chronologique, t. 2, p. 474.
i093
MARIAGE. — CIIAP. X. EMPECHEMENTS DE PARENTÉ, D'AFFINITÉ, etc.
princesse, commença à en avoir liorreur : il irembln,
il pàiil et fut si troiiliié qu'à peine put il attendre la
fin de l'action. Deux mois et trois semaines après ce
mariage, il tint un parlement à Compiègnc avec les
évèqucs et. les seigneurs de son royaume, où présidait
rarclievèquc de Reims , légat du Saint-Siège. Là se
trouvèrent des témoins qui assurèrent par serment
quil y avait parenté entre la défunte reine Isabelle et
Ingeburgc; et cotte parenté se prenait du chef de
Cliarles-le Bon, comte de Flandres, fds de S. Caniil,
roi de Danemarc k. Les piélats jugèrent cette parenté
suflisanle pour empèclier le mariage, et rarcbovèfjue
de Reims prononça la seutence par laquelle il fut dé-
claré nul. La princesse appela de cette sentence au
Saint-Siège, et le papeCélestin ayant appris comment
celte affaire s'était passée, envoya des légats à P.iris,
qui assemblèrent un concile de tous les évèques et de
tous les abbés du royaume, pour examiner la validité
de ce mariage : mais la crainte les ayant emp'ccliés
d'agir avec liberté, leur légation fut sans effet. Après
leur retour, le Pape écrivit à Micbel, archevêque de
Sens, se plaignant qu'avant de décider une affaire de
celte importance, 0:1 n'eut pas consullé le Saint-
Siège, quoiqu'on doive lui rapporter toutes les causes
majeures, suivant la maxime établie par les canons,
et toujours observée par l'église Gallicane. En con-
séquence , le Saint Père cassa la sentence de sépiua-
lion, et ordonna au roi de reprendre Ingeburge.
Cela se passait en 1!9G. Le roi n'eut aucun égard
aux ordres du pape Célestin, qui laissa tomber celte
affaire; cependant il se remaria à une autre. Mais le
pape Innocent III, quelque lemps après, voulantren-
dre justice à Ingeburge , mit le royaume en interdit,
et il fut observé avec tant de rigueur, que les églises
étaient fermées partout, et les corps morts demeu-
raient sans sépulture. Alors le roi touché des cla-
meurs du peuple appela quelques prélats et quelques
seigneurs pour consulter avec eux ce qu'il devait
faire; et ils répondirent tous d'une voix qu'il
fallait obéir au Saint-Siège. Alors il dit à l'ar-
chevêque de Reims, son oncle : Ce que le Pape m'a
écrit, que la sentence de séparation que vous avez
prononcée n'est qu'une fable et une illusion, est-il
vrai? Le prélat n'osa en disconvenir, et le roi reprit :
Vous êtes donc un impertinent d'avoir prononcé une
telle sentence. Aussitôt après il reprit Ingeburge et
renvoya Agnès de Méranie qu'il avait épousée après
la sentence de divorce que les prélats de France
avaient rendue contre Ingeburge.
Jai raconté ces deux affaires un peu au long, con-
tre ma coutume, pour donner au lecteur un échantil-
lon de la manière dont se traitaient alors les causes
matrimoniales, par rapport à la matière dont il s'agit,
et pour faire connaître l'excessive rigueur avec la-
quelle on observait les degrés de parenté quand il
s'agissait de contracter mariage. Le pape Jean VIII,
ép. 198, les étend indéfiniment, tant que l'on a con-
naissance de la parenté. Il paraît même que l'on sui-
vait assez cela dans la pratique. Ce Pape, oarlantdes
1094
I mariages incestueux, dit : Quod licitum faccre chrislia-
uis non csl diim usque se geueruiio cogtwvcrit. Inno-
cent m sentit les inconvénients de celte rigueur,
j et il restreignit (l) les degrés prohibés au quatrième
inclusivement; de façon néannu)ins que le degré plus
éloigné l'emporte sur le plus proche , et le rond in-
utile. Au nmins c'est ce qui se pratique aujourd'hui
parmi nous, et ce qu'enseigne Covarruvias (2) , suivi
en cela de presque tous les canonisles.
On voit par tout ce qui a été dit jusqu'à présent,
qu'à l'exception des mariages des frères et des su'urs,
que presque toutes les nations ont eus en hurreur,
comme il parait dans Arislole (5), ce sont les princes
qui semblent avoir établi les prenners les empêchements
dirimants de mariage entre les parents, et que lEglise
a adopté leur lois sur ce sujet, et étendu ensuite leur
I défense jusqu'à des degrés jtlus éloignés. Ainsi l'on
Ipeul dire que les degrés de parenté de la ligne colla-
i térale sont originairement des empêchements de droit
j civil, et le sont formellement de droit ecclésiastique,
Ipour ce qui concerne les degrés qui passent les cou-
sins-germains. On peut voir dans S. Thomas (-i) les
i raisons qui ont porté l'Église à faiie ces lois.
i Outre la parenté naturelle qui vient tant des ma-
riages légitimes que des conjonctions illicites, l'al-
liance qui se contracte par le moyen du sacrement de
Baptême ou de la Confirmation, forme aussi des em-
pêchements de Mariage entre celui qui en a été le
ministre ou les parrains et marraines, cl la personne qui
a reçu ces sacrements ; mais ces empêchements sont
purement ecclé'siastiques. Ils ne paraissent pas même
établis avant la fin du quatrième siècle ; encore y a-
t-il lieu d'en douter, puisque nous n'en avons pour
garant que la Icilre du Pape, Deus dédit, à Gordien
de Sévillc, dont les critiques de notre temps révo-
quent en doute l'authenlicilé.
Ce qu'il y a de plus certain, pour l'antiquité de
l'empêchement dirimant qui résulte de la parenté spi-
rituelle, c'est la loi de Justinienet le canon cinquante-
trois du coimle in Trullo, qui l'ont établi; encore
n'en parlent-ils qu'au sujet du Baptême, sans parler
du sacrement do Confirmation , comme on le voit dans
le moine Matthieu Blastarcs(5). Mais Charlemagne (0)
autorise cetempêchemenl pour la Confirmation comme
pour le Baptême, et il n'y a point d'apparence qu'a-
vant ce prince cela ait eut lieu à l'égard de laConfir-
ir-ation , dont l'administration était rarement séparée
décolle du Baptême dans lespren)iers temps, comme
nous avons vu dans l'histoire de la Confirmation. Il est
donc plus probable que c'est du temps de ce prince
que cet empêchement a été déclaré dirimant dans nos
églises. Cela parait tant par l'endroit de ses caiiitii-
laires, que nous venons d'indiquer, que par le con-
(I) Dans le qnaliiènie conc'i-le deLalran.
(i) Tom. 1 (le Malrim., p. 2, c. G.
(5) L. "2 Polilioorum, c. 1.
(4) "2-2, q. L'), 2, 9, in corp.
hi) Quaîst. matrim. 2.
(6) L. 0, c. 100.
1005
ciledo M:iyonce, qui le dit fornicllemcnl (c. 55) : Nul- |
lus fîiinm ob Confirnuiliouem ducal uxorcm ; uhi auteni ]
factum fucrit, separcntur.
Depuis ce Icmps reinpêchemcnt diriinnnt de la pa- ;
renie spirituelle, au moins de celle qui vient du Bap- j
lême, est passé en loi dans toute rÉglise. Elle avait
mcnie beaucoup d'étendue, que l'on a été obligé dans
la suite de renfermer en des bornes i)lus étroites, à
cause des embarras que cela causait souvent dans les
familles et dans les étais. Avant le concile de Trente
on comptait trois espèces de parenlé spirituelle , que
nous lisons dans Gratien. La première était et est en-
core aujourd'bui celle que contractent celui qui est
baptisé et les parrains et les marraines , et c'est ce que ;
les canonisles appellent paternitas. La seconde qu'ils j
appellent compalernitos , était non seulement comme
à présent, entre le ministre et les pères ou mères du |
baptisé, et entre les parrains ou les marraines ou les
pères ou mères du baptisé : mais de plus , cela n'est
plus dans l'église latine entre la femme de celui ([ui
baptisait et les pères ou mères du baptisé , et entre
la femme du parrain elles pères ou mères du baptisé.
La troisième, qui n'est plus en usage dans l'occident
depuis le concile de Trente , mais qui l'est encore en
orient, comme nous assure le moine Matibieu, s'ap-
pelle fralernitas; aWc se contractait entre les enfants,
soit de celui oui baptisait, soit du parrain et de la
marraine du baptisé, et les enfants de celui-ci, et
même ceux de son père et de sa mère, c'est-à-dire,
entre ses frères.
L'église latine a varié aussi bien sur l'aUiancc spi-
rituelle qui provient de la Conlirmalion que sur celle
qui vient du Baptême , et selon les règles que l'on
trouve sur ce sujet dans Gratien (1), il en était de
même de celle-ci que de celle du Baptême. Mais à
présenl l'alliance que l'on contracte par la Confirma-
tion , est seulement entre le confirmé , son père et sa
mère, et entre le parrain et la marraine : encore faut-
il pour cela que le parrain ou la marraine tiennent
l'enfant que l'on confirme sur le bras droit dans le j
temps de l'administration du sacrement; ou si c'est un
adulte qui reçoit la confirmalion , qu'il tienne son pied |
droit sur le pied droit de son parrain ou de sa mar-
raine. On a même aboli dans plusieurs diocèses l'u-
sage de donner des parrains et marraines de confir-
mation.
Quand autrefois l'adopiion était en usage, elle for-
mait encore une espèce de parenlé , que l'on appelait
légale , et l'Église la reconnaissait pour un empêche-
ment dirimant (â) : elle s'étendait 1° entre lapcrsoime
qui adoptait cl la personne adoptée et ses enfants jus-
qu'à la quatrième génération ; 2° entre la personne
adoptée et les enfanls de celui qui adopte, tandis qu'ils
étaient sous la puissance paternelle; ô" entre la femme
de celui qui est adopté, et celui qui adopte, ou entre
la femme de celui qui adopte et celui qui est adopté.
De sorte que ces personnes ne pouvaient se marier en-
(1) Can. si (luisfiliastrum dkhimest, et de lus, 30, q. \ .
(2) Nicolaus 1, cap. de Cognai. Spirit.
HISTOIRE DES SACREMENTS. f09C
semble, selon les canons de l'Église et les lois Ko-
maines. Le moine Matthieu marque que cette alliance
se contracte encore en Gièce, surtout depuis que l'a-
doption y est accompagnée et s'y fait avec une céré-
monie ecclesiasiiquc.
Elle avait aussi lieu en France pendant la première
race de nos rois, s'il en faut croire l'abbé Tritlièmc
dans ses Annales ; puisque , selon lui , Sigebert roi
d'Austrasic, fils de Dagobert, adopta en 072, llilderic
fils de Grimoald, maire de son palais mais; depuis'.long-
temps cet usage a cessé dans ce royaume , et les en-
fants adoplés ne succèdent que comme légataires, et
par conséquent l'adoption ne cause aucun empêche-
ment de mariage. Suivant la coutume de Xaiiiles, un
père qui a des enfanls peut adopter un étranger pour
succéder par tête avec eux à ses biens ; mais il n'est
que donataire, et les évêques de Xainles ne lui dé-
fendent pas d'épouser la fille de cet homme.
ARTICLE II.
De raffinilé et de l' honnêteté publique ; jnsqn''h quel de-
gré s'étendaient autrefois les empêchements qui résul-
tent de l'une et de l'autre.
L'affinité a été établie dans l'Eglise pour un empê-
chement dirimant dès les premiers siècles. Le concile
d'Elvire (can. 26) veut que l'on refuse la communion,
même à la mort , à un homme veuf qui contracte ma-
riage avec la fille que feu sa femme a eue d'un autre
lit. Ce qui était déclarer ce mariage nul, autant que
l'Église le pouvait alors : car sans doute que les évo-
ques de cette sainte assemblée n'eussent pas usé de
celte rigueur, si celui qui avait commis cet inceste
fût rentré en lui-même, et eût abandoinié cette al-
liance criminelle.
Le concile de Néocésarée (can. 2) s'explique plus
en détail sur la même matière , lorsqu'il ordonne que
l'on chasse de l'assemblée des fidèles , jusqu'à la mort,
la femme qui s'est mariée, successivement, à deux
frères. Cependant, est-il dit, si dans cette extrémité elle
promet qu'en cas qu'elle recouvre la santé , elle rompra
ce mariage, on usera d'humanité avec elle, elle recevra
la Pénitence.
C'est particulièrement en France que l'affinité légi-
time a été déclarée un empêchement dirimant, par le
troisième concile d'Orléans de l'an 535, par celui
d'Agde du même siècle, et par le cinquième de Paris
(can. i) en 014. H faut lapporler l'ordonnance de ce
dernier concile, d'autant plus qu'on peut le regarder
comme un concile général de toutes les Gaules , dont
presque tous les évêques s'y étaient trouvés, et qu'il
est qualifié de général, en ce sens, par un synode de
Reims tenu dix ans après. Voici ses paroles • Nous
avons jugé a propos de retrancher du peuple chrétien les
conjonctions incestueuses, en sorte que, si qucliju'un
épouse la veuve de son frère, la sœur de sa fcnvne, sa
belle fille..., la veuve de son oncle, soit paternel, soit ma-
ternel, il sera retranché de la communion jusqu'à ce qu'il
rompe publiquement cette conjonction illicite. C'est vers
ce temps-là que le pape Vigile écrivait à S. Césairc de
MARIAGE. - CIIAP. X. EMPÊCHEMENTS DE PARENTÉ, D'AFFINITÉ, etc.
1097
séparer le roi Tliéodebcrt d'avi-c sa LcUc-sœur, que
ce prince avait épousée après la mort de son frère (1).
Les empereurs clircliens ont aussi condamné les
mariages des alliés. Coiislanlin, Couslans , cl même
Julien (2), ont déclaré illégitimes les cnlanls qui naî-
traient du mariage d'un be:»u-frère avec sa belle-sœur.
Théodose et Honoré (3) ont étendu cette défense aux
,ousins-germains, à qui ils défendent , sous la même
peine, de se marier avec la cousine-germaine de feu
leurs fennnes. Juslinien (4) ne veut pas qu'un honnne
puisse épouser ni la lille que sa femme avait eue d'im
autre mariage, ni la mère de sa femme, ni celle que
son père aurait épousée en secondes noces, ni la femme
de son frère, ni la sœur de sa femme.
L'affinité illégitime a éié aussi regardée autrefois
connnmc un empêchement dirimant. S. Basile (5) nous
assure que celui qui est assez malheureux pour pécher
avec sa belle-mère , commet im crime qui est puni
par les canons , de la même manière que l'inceste que
Ton commet avec ses sœurs. Le même saint, après
avoir condamné celui qui a péché avec sa sœur de
père ou de mère à une pénitence de onze ans, dit dans
le canon suivant , qui est le soixante-seizième : La
môme peine est décernée contre ceux qui épousent
lems belles-mères : car je crois que c'est ce que si-
gnifient ces paroles : 6 aura; TJ-o; /.'jX -Tzepi -zd) rà;
vv7.-j;a; sku-wv iv-tj^oL-jo-Kw. Pour sc convaincrc entière-
ment que S. Basile étendait aussi l'empêchement de
l'affinité à la ligne transversale, il suffit de jeter les
yeux sur le soixanle-dix-scptième canon, dans lequel
il dit, après avoir enjoint dans celui qui précède im-
mcdialcmcnt une pénileuce de sept ou huit ans : Que
l'on observe la môme chose pour ceux qui épousent les
deux sœurs, quoiqu'en di/Jerents temps, c'est-à-dire,
quoique successivement.
L'empereur Justinien parle très-clairement de l'em-
pêchement de l'affinité illégitime, lorsqu'il traite de
corrupteurs les enfants qui épousent les concubines de
leurs pères. Crimcn slupri commillunt. Le concile de
"Worms (G) ne laisse rien à désirer là-dessus; il parle
en ces termes (c. G3) : Si hh homme a eu un com-
merce illcgilime avec une sœur, et a publiquement épousé
l'autre; celle-ci ne doit point habiter avec lui, mais les
deux sœurs pourront se marier avec qui elles jugeront à
pro;)os.Lamême chose s'observe dans l'église grecque,
selon Blastares : car il y est défendu à un ho.mme
promis d'épouser la personne avec qui il est fiancé,
s'il a abusé de sa parente.
Le droit civil et Juslinien ne reconnaissent point
d'affinilc dans la ligne collatérale au delà des frères
et sœurs par alliance; mais l'Église a été plus exacte,
en délendant non seulement les mariages entre les al-
liés dans la ligne directe jusqu'à l'infini , comme ils le
font dans le droit civil, mais en les interdisant aussi
(1) Conférences de Paris, t. 2, p. 29G.
(2) Cod. 1. 3, tit. 12.
(3) Ibid., 1. 5.
(4) L. 19 Cod. Justin.
(5) AdAmphil.,c. 79.
(6) Conc. 1. 5, tit. 4, 1. 4.
TH. XX.
1098
dans la ligne collatérale jusqu'au quatrième d(^ré.
C'est à dire , que l'Église a défendu à un homme non
seulement d'épouser sa belle-mère ou sa bru et leurs
filles jusqu'à l'infini , mais aussi d'épouser sa belle-
sœur ou la femme de son cousin-germain, en cas
qu'elle devienne veuve, et les parents de ces femmes
jusqu'au quatrième degré. Autrefois cela s'étendait
plus loin dans l'église latine , mais le concile de La-
tran l'a reslerint de celte manière. Dans l'église grec-
que le mariage n'est défen(*u entre les alliés, que jus-
qu'au troisième degré, selon le droit oriental. J'entends
le troisième degré dans le sens des canonisies.
L'affinité de la ligne directe semble être un empê-
chement de droit naturel ; mais celui que forme la
ligne collatérale, peut èlre considéré comme venant
du droit positif humain ; je veux dire du droit tant ec-
clésiastique que civil, et vous avez vu, par ce qui a
été dit jusqu'à présent, que les deux puissances
ont concouru à l'établir, quoique, dans la loi de
Moïse , les mariages entre les alliés dans cette ligne ne
fussent point défendus, et que pour conserver la dis-
tinction des familles dans le peuple d'Israël, il fut
même ordonné que le frère épouserait la veuve de son
frère mort sans postérité.
L'affinité légitime de la ligne collatérale s'étendait
autrefois bien au delà des bornes qu'elle a aujourd'hui.
Il y en avait trois espèces, que l'on nommait l'affinité
de deux familles, l'affinité de trois familles, l'affinité
de quatre familles. Les canonistes expliquent cela au
long, et l'auteur des Conférences de Paris (1), auquel
je renvoie : mais le pape Innocent III, dans le qua-
trième concile de Latran , Ôta sagement la défense
qu'il y avait de se marier dans le second et troisième
genre d'affinité, parce que celte confusion d'alliances
entre tant de familles donnait lieu à beaucoup de ma-
riages invalides. Ainsi dans l'occident il n'y a plus à
présent d'autre affinité qui soit un empêchement diri-
mant que celle 1" que contracte un époux avec les
parentes de sa femme, et réciproquement : 2° celle
que contractent deux personnes, chacune de leur côté,
avec les parents l'une de l'autre, quand elles tom-
bent ensembla dans la simple fornication ou dans
l'adultère.
Les mariages sont encore défendus en Orient (2)
entre les alliés de trois familles, mais ce n'est propre-
ment que dans la ligne directe. Ce qui s'observe aussi
dans le ressort du parlement de Rouen, où on ne per-
met pas même avec dispense de Rome, le mariage
d'un homme avec la veuve de son boau-père. Ce par-
lement, par arrêt du premier mars 1G07, le défendit
à un nommé Porcher, sous peine de la vie, quoiqu'il
alléguât une dispense de Rome, le décret du concile
de Latran , et mie décision de Sorhonne ; la jurispru-
dence de ce parlement est fondée sur ce que cela est
contraire à l'honnêlclé publique. II a rendu d'aulres
arrêts (3) en conformilé de celui-ci sur la même nia-
(1) T. 2, p. 301.
2) Leunclav. t. 1 Juris. Orient. 1. G et 8.
3) Diction, des arrêts, v. Mariages.
1009
lilSTOUlli: DES
lière; mais il ne s'écarte pas de la (lis(;i|»liiu; do l'é-
glise latine pour la ligne collaléialo. Il a anlorisé, par
anéi du 27 septembre 1G78, le mariage d'un homme
avec la veuve de son beau-frère.
Quand TÉglise a établi Taflinilé pour un empêche-
ment dirimaiit de mariage , clic a aussi établi que cette
alliance se contracterait seulement entre une épouse
et les parents de son époux , et entre l'époux et les
parents de son épouse : elle a défendu, en conséquence,
à une épouse de se marier en secondes noces avec
les parents de son époux, et à un époux , devenu veuf,
d'épouser les parentes de son épouse , parce que les
parents d'un époux deviennent une même chair avec
l'autre époux.
La raison et le motif de cette décision , qui est de
S. Grégoire-le-Grand, semblaient insinuer que même
les parents de l'époux sont alliés avec les parents de
l'épouse, et cela donna lieu de douter, du temps du
pape Innocent 111, qu'ils pussent se marier ensemble.
L'nsnge néanmoins avait introduit dans l'église latine
qu'ils se mariassent , par exemple, qu'tn» père et un
lils épousassent la mère et la fille, deux frères , deux
sœurs, etc., cet nsage était conforme à la décision de
S. Grégoire. Un évêque d'Italie l'ayant consulté sur
ce sujet, il répondit (I) qu'il n'y avait point d'afllnité
entre les parents de l'époux et les parentes de l'é-
pouse, et qu'ils pouvaient se marier légitimement ; de
sorte qu'un père et un fils pouvaient épouser la mère
et la fille, un oncle et un neveu, les deux sœurs, etc.
Cest même l'usage qu'on suit à présent en Occident;
et selon les canonistes Latins: Mon allié n'est pas allié
à mon frère ni à mes autres parents
La discipline des Grecs est bien différente. Ils
croient que les parents du mari et de la femme sont
alliés entre eux; c'est Sisinnius patriarche de Cons-
lautinople qui l'a ainsi réglé dans le dixième siècle;
on peut en lire le décret dans Lcunclavius et Boniidius.
Ce prélat traita ces mariages de criminels, prétendant
qu'ils étaient condamnés par S. Basile; et il défendit
pour cet effet, dans un concile, les mariages de deux
frères avec deux cousines-germaines , d'un oncle et
d'un neveu avec deux sœurs, etc. Les successeurs de
Sisinnius se sont dans h suite conformés à son décret,
et nous voyons dans le droit oriental plusieurs déci-
sions des patriarches, qui, depuis lui, ont cassé ces
sortes de mariages. Les Grecs n'exceptent de cette
règle qu'un seul cas , selon Déniélrius, archevêque de
Bulgarie et Blastares, savoir lorsque l'oncle et le neveu
épousent l'un la tante, et l'autre la nièce. Encore
cette question ne fut-elle résolue , qu'après de grands
débals, et après avoir été agitée dans deux con-
ciles.
11 ne me reste plus rien à dire louchant l'empêche-
ment de l'affinité, sinon que celui qui vient d'une con-
jonciion criminelle , ne s'étend point à présent parmi
jioui au-delà du second degré inclusivement. Passons
à celui de l'honnêteté publique , dont nous avons peu
(1) Cap. Quod super dis, de Consang. et Aflin.
S.\CUE.\IENTS. 1100
de chose à dire; ce qui conccri»e celte matière étant
I Iulôt du ressort des canonistes que du noire, ne
nous étant proposé d'en traiter qu'en simple histo-
rien.
Cet empêchement a tant de rapport avec celui do
l'affinilé, que les Grecs ne distinguent pas l'un de l'au-
tre; ainsi il est inutile de nous étendre sm- celle ma-
lière pour faire voir en quoi lein- discipline diffère en
ce point de celle des Occidentaux : il suffit d'avertir
i le lecteur qu'ils suivent en ceci les mêmes règles que
pour l'afiinité, dont nous avo/is parlé dans ce chapitre.
Voyons donc présenlement ce qui a été et ce qui est
encore aujourd'hui prali(|ué sur cela dans l'église
latine.
L'honnèlolé publicine suppose que les personnes ne
so:it pas d'un même sang , en quoi elle diffère de la
parcinié naturelle , et qu'elles n'ont pas même mêlé
leur sang par l'union de leurs corps , en quoi elle est
distinguée de l'affinité: elle se forme seulement ou
par l'engagement des fiançailles , qui est comme un
mnriago projeté, ou p:ir le mariage, même lorsqu'il
n'a jamais éié consommé. On appelle l'empêchement
qui résulte de ces deux causes, honnéteié publique,
parce que, comme il est dit dans le droit (1), il n'est
ni honnête ni convenable que de certaines personnes
( telles que sont celles qui l'ont contracté ) se marient
ensemble. JNos parlements sont très-attentifs i\ faire
observer les règles de !a bienséanc ; et de l'Église sur cet
article, connue il paraît par un arrêt (2) du 1" av. 1580,
qui a condamné une femme à faire amende honora-
ble sur le lieu et à être fustigée , pour avoir épousé et
avoir eu deux épiants de celui avec qui elle avait fian-
cé sa fille.
Il esl certain ipie cet empêchement n'est pas de droit
naturel; se marier avec les parentes de sa fiancée ou
de celle (pi'on aurait épousée , n'est pas une chose
contraire ni à la fin principale, ni à la fin moins prin-
cipale du .Mariage, c'est-à-dire, comme dit S. Thomas,
ni à la génération , ni à l'éducation des enfants. Il
n'y a point aussi de défenses sur ce sujet dans le drtv;t
divin.
Il semble donc que ce soit le droit civil (5) qui a
connnencé le premier à établir l'empêchemant de
rhonnêteté publique, et que l'Église ensuite ayant
jugé les lois des princes sur ce sujet très-sages, les
a adoptées, cxi>lii|nées et éte.ndues,
iSous avons deux canons fort anciens dans Gia-
tien (4) sous les noms du pape Grégoire et du pape
Jules, (jui établissent l'empêchement de l'honnêteté
publi(|ue pour les fiançailles et le mariage non con-
sonnné. Il est de môme autorisé chez les Orientaux
depuis le onzième siècle, .lean Xiphilin, dans les deux
conciles qu'il tint en 1066, et qui ont été confirmés
par l'empereur Nicéphore Botoniale , a réglé ce
(1) L. 40deRilunuptiar.
(2) Diction, des Arrêts, v. Mariages, n. 521.
(7>) Instii.l. 10, §1).
(i; Ti, (1.2.
ilOl
MARIAGE. — CHAF. M.
qui concerne celle malièrc avec la (Jcniière exaili-
tude.
Autrefois parmi nous les fiançailles , même invali-
dt'S, ou failos conlre les règles d.; ri^;,'lisc, prodiii-
R:)ieiit col ôini)cclii,'mcnl (1). Cela avait élé ainsi réglé
par le pape Célestin lil (-2). Jean André remarque même
que le cardinal d'Ostie avait travaillé avec zèle, mais
sans succès, au concile de Lyon , pour faire changer
celle discipline : cependant ce n'est que dans le
concile de Trente que s'est fait ce cliangemenl.
C'est ce qui a été déterminé dans la vingt -quatrième
session, c. 3.
Avant le concile de Latran, rempèchemeut de l'hon-
nèlolé pul)li(pie qui provient des fiançailles , s'éten-
dait, comme l'aflinilé , juscpi'au septième degré. De-
puis ce concile , il ne s'étendait plus que jusqu'au
quatrième; et depuis le concile de Trente, il ne passe
pas le premier. Ainsi à présent, dans l'église latine ,
il est défendu à un homme qui est fiancé à une femme,
d'épouser sa mère, sa lille ou sa sœur, parce qu'elles
lui sont parentes au premier degré, et vice versa, à
une femme. Mais ils peuvent épouser les autres pa-
rents.
Il n'en est pas de même de rempèchenientdirimanl
qui vient du mariage non consommé. Comme le con-
cile de Trente ne s'est point expliqué là dessus, les
canonistes jugent sagement qu'il a laissé subsister les
anciennes règles élahlios sur ce point dans le concile
de Lalran. Ainsi il est encore défendu aujourd'hui à
celui qui s'est marié sans avoir consommé son ma-
riage, d'épouser les parentes de sa femme jusqu'au
4* degré inclusivement , ce qui , néanmoins, doit s'en-
tendre seulement de la parenlé naturelle, et non pas
d"af(inité; puisqu'il n'est parlé que de celle là dans le
décret, dans les décrétales et le Sexte.
CHAPITRE XI.
De l'empêchement du rapt , et des diverses peines dont
on a puni ce crime dans les différents temps. L'on
représente comment après avoir rigoureusement puni
les ravisseurs jusque vers le onzième siècle , on a été
ensuite plus indulgent envers eux. On parle à cette
occasion des mariages des enfants de famille, et
l'on examine ce que les anciens ont pensé de leur va-
lidité.
Si tons les canons qui portent le nom des Apôtres
étaient de la même antiipiilé et avaient la même au-
torité , nous apprendrions par là quelle était la disci-
pline de l'Église au sujet du rapt , avant la conversion
des enïpereurs : mais on sait que les trente-cinq qui
suivent les cinquante premiers , ne sont pas sûrement
du nombre des canons apostoli(|ues , que c'est Jean-
le-Siolasli(iue, patriarche de Conslanlinople ijui les a
ajoutés aux cinquante que Denis-Ic-Pctit a reconnu
être véritables, cl !cs seuls que l'église d'Occident re-
çoit depuis longtemps, il est bon néanmoins de rap-
porter ici ce qui est dit touchant le rapt dans le CG'
(1) Bonif. Vin, c. unico deSpons., in 6.
Cap. Ad audieniium, de Sponsalibus.
h)
Ml'ÈClltMK.vr DU RAPT. HOÎ
de ces canons , d'aulant plus que je vois de très-ha-
biles critiques (I) qui les tiennent tous pour très-an-
ciens. Voici ce (|ui est porté par ce canon (2) : Si
quelqu'un retient une fille qui n'est point fiancée, et
quil a enlevée par violence , qiCil soit excomuuinié : et
(ju'il ne lui soit point permis d'en prendre une autre,
mais qu'il garde celle qu'il n choisie , quoiqu'elle soit
pauvre.
On n'a point usé d'une si grande indulgence dans
l'Église envers les ravisseurs , depuis le quatrième
siècle, au moins depuis le temps de S. Basile. Je di*
depuis le temps de S. Basile; car avant lui le concile
d'Ancyre (can. 11) établit à peu près la même chose i
que le canon des Apôtres que nous venons d'alléguer,
lorsqu'il ordomie que celui qui aura enlevé une f.llc
fiancée , la rendra à celui avec qui elle a clé liancéc,
quoiqu'elle ait souffert violence de sa part , o. xa.i eiv.-,
ai- ûj TzkOoivi, et st vtm passœsunt. Ce qui signifie , ce
me semble , quoique ceux dont il s'agit dans le canon
aient enlevé ces filles par violence , au moins . quoi-
qu'ils les aient violées. Le pren)ier sens est entière-
ment conforme à celui du canon apostolique; le se-
cond ne s'en éloigne pas beaucoup : etje ne vois pas
comment l'auleur des Conférences de Paris a pHi
dire (3), que par ce canon le concile d'Ancyre a dé-
claré nul et invalide le mariage qu'un ravisseur con-
tracterait avec la fille qu'il aurait enlevée. J'ai remar-
qué dans cet ouvrage, qui m'a d'ailleurs beaucoup servi,
plusieurs autres fautes que j'ai passées sous silence, et
j'en avorlis seulement en cet endroit , afin que les
ecclésiasti(iues qui en font usage ne se reposent pas
onlièrement sur son exactitude ; peut-être même ai-je
fait quelques foutes moi-mèrne dans cerlains endroits,
en ne recourant point aux sources; ce qui pourtant
m'est arrivé rarement, et lorsque je n'avais point en
main les ouvrages qui y sont cités.
S. Basile, dans son vingt-deuxième canon, a certai-
nement considéré comme nuls les mariages cor.traclés
par les ravisseurs, à moins que ceux à qui la fille ra-
vie apparlient n'y consentissent, et, en ce cas, le
mariage devenait légitime, selon ce Père. C'est, ce qui
paraît par ces paroles : Que l'on ôte à celui uni a pris
pour femme celle qu'il a ravie, et qui n'est point fiancée à
un autre (ici est le sens du canon quand on le lit tout
entier), et qu'on la rende aux siens, pour en faire ce qu'ils
jugeront à propos , soit que ce soient ses père et mère ,
soit ses frères , ou quelques autres qui ont autorité sur
cette fille ; que s'ils consentent de la donner à cet hom-
me, ils pourront faire cette alliance , sinon , on ne les y
contraindra pas.
Le saint docteur a principalement envisagé dans le
rapt , par rapport à la validité ou l'invalidité du ma-
riage, rop|)o->ilion des parents; et quidciu'il condamne
à de rigoureuses peines les ravisseurs, il ne paraît pas
(I) Beveregius , tnm. 2 Colelerii in Patres, in Dis-
scrJalione; M. de Tiilemont , loni. 2 llisl. Eccles.,
p. IGG.
(-2) Toni. ! Conc
,") Tom.2, p. ûG3.
il05
HISTOIRE DES SACREMENTS.
1104
ii'il i-eorde leurs mariages comme nuls , sinon en 1 elle sera rendue au père..., et le ravisseur sera tenu de
tant qu'ils se l'ont contre la volonté de ceux à qui ap
particunenl les lillcs qu'ils ont ravies. Dans le 50* ca-
non, il en parle en ces termes : Pour ce qui est de ceux
fini commettent le crime de rapt , nous n'avons point de
ri<jle ancienne qui les concerne, mais nous en dirons no-
ire sentiment. Il faut qulls soient exclus trois ans de la
prière, eux et leurs complices. Que si cela ne s est point
fait par violence, on ne leur imposera point de peine, pour-
vu que le rapt n'ait point été précédé de crime avec la
personne ravie, ni de vol. A l'égard de la veuve qui est sa
viailresse, elle pourra suivre celui qui l'aura ravie (1).
Vous voyez par là que saint Basile n'i-nsisle point
SUT le rapt en lui-même comme empêchement diri-
iiiant. Cependant on peut dire qu'il le regarde comme
tel en ce que le mariage qui se fait par celte voie, se
fait contre la volonté de ceux de qui dépend la per-
sonne ravie, ou même sans leur consentement, ce qui
suffît, selon lui, pour le rendre nul ; et cela paraît non
seulement par ce qu'il dit en général dans le canon 40%
que les conventions de ceux ou de celles qui sont sous
la puissance d'un autre ne peuvent subsister, ce qu'il
avance à l'occasion des mariages des esclaves ; mais
par ce qu'il déclare ouvertement dansle canon quaran-
te-deuxième, que les mariages qui se font sans le con-
sentement de ceux dont on dépend, soal des fornica-
tions , après quoi il ajoute : Ceux donc qui se marient
du vivant de leur père {sans son consentement)..., ne sont
point à couvert de blâme, jusqu'à ce qu'il y ail con-
senti :ce sera alors que le mariage aura lieu et subsistera.
Tout ce qui vient d'être dit toucliant la doctrine de
saint Basile prouve, ce me semble, que le rapt , selon
lui, est un empêchement dirimant, en tant que la per- •
sonne ravie est encore sous la puissance des parents
ou des tuteurs, et que cela se lait contre leur volonté.
Le concile de Calcédoine (can. 27) aussi bien que le
.?vape Symmaque (2) ont sévi contre les ravisseurs^ et
p concile de Châlons-sur-Saône (5) a cru même que
celui de Calcédoine déclarait nuls leurs mariages, quoi-
que cela ne s'y trouve pas expressément. Mais c'est
particulièrement dans les anciens conciles de France ,
que le rapt est ouvertement déclaré un empêchement
dirimant. Le premier concile d'Orléans, qui fut assem-
blé par les soins du grand Clovis en l'an 5H, est ex-
près sur cela dans un de ses canons (can. 2), qui por-
te : A l'égard des ravisseurs, nous avons jugé à propos
d'observer ce qui suit, savoir : que si celui qui a ravi une
fdle,se relire dans l'église avec elle, et qu'il conste qu'elle
ait souffert violence , elle soit aussitôt délivrée de la
puissance du ravisseur, et que celui-ci ayant obtenu d'être
délivré de la peine de mort , et du cliùlimenl quant au
corps , soit assujéti à la condition d'esclave, ou qu'Hait
la faculté de se rédimcr. Que si elle a été enlevée à son
père, et si elle a consenti à cd enlèvement avant ou après,
(1) L'auteur des Conférences de Paris a confondu
les premières paroles du canon 50* avec colles du ca-
non 22', je ne sais pourquoi.
(2) Ep. ad Cœsar. Arclat.
(5) Can. de Puellis, 50, q. 2.
lui faire satisfaction. Le second concile d'Orléans parle
aussi des peines dues aux ravisseurs, mais dans un
autre cas , car il est question de ceux qui commettent
ce crime à l'égard des vierges consacrées à Dieu, aussi
bien que dans le troisième concile de Paris (can. 5)
de l'an 555. Mais dans le canon qui suit celui qui est
indiqué, les Pères soumettent à l'anatbème ceux qui
ravissent les veuves ou les filles contre la volonté de
leurs parents , et qui les demandent aux rois pour les
épouser.
Le concile de Meaux qui fut assemblé en 845 , du
temps de Charles-le-Chauve, confirma le règlement du
premier d'Orléans (can. 06), en ordonnant que les ra-
visseurs et leurs complices ne pourront jamais con-
tracter mariage ; en quoi il prétend suivre la sentence
synodale du bienheureux Grégoire (1). (C'est Grégoi-
re IL) Quicumque deinceps raperc virgines vel viduas
prœsumpserint , secundiim synodalem B. Grcgorii sen-
tenliam , ipsi et complices corum anatliematizentur, et
raptores sine spe conjugii perpetub maneant. Il fallait
sans doute que ce désordre fût devenu alors bien com-
mun, puisque ce concile a fait six canons (2) tout de
suite sur celte matière. Ce règlement du concile de
Meaux fuiconfirmépcu d'années après dans un synode
de Pavie sous le pape Léon IV, et dans celui de Trois-
ly, qui défend le mariage aux ravisseurs , soit qu'ils
aient employé la violence , soit qu'ils se soient servis
d'arlifice pour parvenir à leur fin ; et il ne veut pas
raême qu'ils épousent celles qu'ils ont enlevées, quoi-
qu'elles y consentent dans la suite, et que ceux-ci les
aient dotées.
L'Eglise avait besoin de l'autorité des princes pour
faire exécuter ses décrets sur cette matière , et c'est
pourquoi les évèqucs du concile II d'Aix-la-Chapelle,
tenu en 856 , exhortent les comtes et les princes du
royaume de les aider de leur autorité pour punir les
ravisseurs qui, contre les défenses de l'Église, se ma-
riaient impunément avec les filles ou les veuves qu'ils
avaient enlevées.
Les évêques en cela ne faisaient que demander l'exé-
cution des lois que les empereurs romains et les rois
de France avaient publiées sur ce sujet. L'empereur
Constantin étant à Aquilée (3) en 520, avait fait une
loi sur le rapt, que son fils appelle avec raison une loi
très-sévère, et elle le paraissait d'autant plus, que les
lois précédentes n'ordonnaient qu'ime punition assez
légère pour un si grand crime. Elle contient beaucoup
de choses remarquables qu'on peut voir dans l'origi-
nal. Elle prive même de la succession paternelle et ma-
ternelle les filles qui auront été enlevées malgré elles,
étant difficile qu'elles ne soient au moins coupables de
n'avoir pas gardé avec assez de soin et de précau-
tion un trésor qui leur devait être si précieux. Dans
la suite Constant (A), son fils , modéra par une loi du
(1) Synod. Rom. c. 10 et 11.
(2) Le 64, 05, 06, 67, 68 et 69.
^(5) Tillemont, Vie des Empereurs, t. 4, p. 177.
(4) Idem, ibid., p. 549.
il05 MARIAGE. — CUAP. XI.
douze de novembre 349 celle que son père avait faite
contre les ravisseurs, mais ce fut seulement afin qu'ils
fussent plus aisément et plus promptemcnt punis. Sa
modération n'alla même qu'à faire Iranchcrla tète aux
personnes libres. Pour les esclaves, il voulut qu'on les
condamnât au feu. On voit, dit M. de ïillemonl ,
l'exécution de cette loi dans l'histoire de Constance ,
à l'égard de Pierre Valvomer qui avait violé une fille
de qualité. Julien-l'Apostat se contenta de reléguer une
autre personne pour le même crime. Justinien (1)
confirma les lois de ses prédécesseurs , on défendant
absolument à la fille ravie de prendre pour époux son
ravisseur, et voulant que ses parents fussent relégués,
s'ils consentaient à ce mariage. Enfin Cliarlemagne ,
dans ses capitulaires (2), ordonne la même chose, soit
que celui qui a commis ce crin)eait employé pour par-
venir à son but la force ou la séduction. Si quis filiam
rapuerit, vel [uratus fuerit, aut seduxerit, nusquàm eam
tegitimam uxorem habere possit.
L'église grecque, depuis saint Basile, a toujours re-
gardé, et même regarde encore à présent les mariages
des personnes ravies avec leurs ravisseurs comme des
concubinages très-criminels , qui ne peuvent jamais
devenir de légitimes mariages. C'est Balsamon (3) qui
nous apprend (jue tel est l'usage des Orientaux, parce
que cela est ainsi ordonné par le concile de Calcédoi-
ne, et dans les basiliques ou constitutions des empe-
reurs ; et c'est sur ce fondement que, dans ses répon-
ses à Marc d'Alexandrie, il déclare nul lemariaged'un
ravisseur avec la fille qu'il avait enlevée, quoique les
parents voulussent bien y consentir, parce que les cons-
titutions le leur défendent sous peine d'exil.
Cette discipline, affermie par tant de lois ecclésias-
tiques et civiles, ne se maintint pas si bien dans l'Oc-
cident. L'espèce d'anarchie qui s'introduisit en France
sur la fin du neuvième siècle , et durant le dixième ,
rendit les rapts très-fréquents, et l'affaiblissement de
la puissance publique usurpée par quantité de petits
seigneurs, mit les prélats hors d'état de faire observer
à cet égard les lois de l'Église, en sorte que l'on s'ac-
coutuma insensiblement à une chose qui devint comme
ordinaire , et que l'on fut obligé de tolérer un mal au-
quel on ne pouvait plus apporter de remède. D'où
vient que Ives de Chartres, dans le onzième siècle,
dit positivement (ep. 19) que quand un homme avait
enlevé une fille pour l'épouser, on ne suivait plus les
anciens canons à la lettre ; mais que c'était l'usage
que les juges d'église examinassent, sur les cir-
constances du rapt , s'il fallait faire grâce au ravis-
seui , ou le traiter à la rigueur.
Le papeLuce III, qui fut consulté environ un siècle
après Ives de Chartres, dit positivement (4) que quand
un homme avait enlevé une fille pour l'épouser, le
mariage était bon et légitime, si la fille y avait con-
63.
1) Novell. 143 et 150.
2) L. i,c. iO-i.etl. 7, c. 395.
3) Respons. ad Mar. patriarch. Alex. , interrog.
(4) Cap. Citm causa, de Raptoribus.
EMPÊCHEMENT DU RAPT. MOG
I senti dans la suite ; parce que , comme porte la glose,
I dès lors qu'elle y consent elle réliabilile son mariage,
de quelque manière que le rapt se soit Aiit. Qualiter-
Clinique aliqua s'il roptn. Innocent III a suivi ces prin-
cipes (1), cl jusqu'au concile de Trente, les rapts fu-
rent non seulement tolérés dans TOccident, et souvent
impunis, mais n)cme quelquefois favorisés par les
princes; on ne les regardait plus que comme un em-,
pèchement prohibitif, ou simplement empêchant, pour
me servir du terme des canonistes.
C'est donc au concile de Trente (sess. 24, c. G) qua
l'on cstredevabledurétablissement de l'ancienne dis-
cipline louchant l'empêchement du rapt. Il fit ce ré*-
glemenl, digne de sa sagesse, à la sollicitation des
ambassadeurs de Charles IX ; et nos rois, de leur cô-
té , ont fait revivre l'ancien usage de la monarchie,
non seulement en défendant le rapt sur peine de mort,
mais en déclarant nuls les mariages des ravisseurs ,
contractés avant que les personnes ravies aient élé
remises en liberté (2); ce qui est encore un adoucis-
sement de l'ancienne discipline observée en France :
car il n'était pas permis au ravisseur d'épouser jamais
celle qu'il avait enlevée , quoiqu'elle y consentît , et
ses parents aussi. Vous en avez déjà vu des preuves ;
en voici une autre tirée des capitules dTlérard de
Tours (c. 108) : Qui rapiunt feminas, furantur, vel se-
ducutit, licèt ipsis et parenlibus conveniat, cas uxorex
non liabcant.
Le concile , dans son décret , ne distingue point le
rapt de violence de celui de séduction ; ainsi l'un et
l'autre sont également un empêchement dirimanl , et
nos rois le disent positivement dans leurs ordonnan-
ces, données en conformité du décret du concile.
Voulons , dit Henri 111 dans l'article 24 de l'ordon-
nance de Blois , faite pour établir en France la disci-
pline de l'Église, conformément au concile de Trente,
que ceux qui se trouveront avoir suborné fils ou filles, etc.
Il faut seulement remarquer que le rapt de séduction
n'a lieu que pour les mineurs , qui sont encore en
puissance de père et de mère, ou des tuteurs; car,
passé l'âge de minorité, les jeunes gens ne sont plus
censés capables de séduction eu fait de mariage. Ce-
pendant le rapt de violence est toujours un empêche-
ment dirimanl quand la personne est majeure; il suffit
pour cela qu'elle ail élé enlevée malgré elle.
11 est même des auteurs qui prétendent que l'em-
pêchement du rapt a lieu quand c'est un jeune hon)me
qui est enlevé par une fille majeure ; l'ordonnance de
Blois (art. 169), et celle de Louis XIII , de l'an 1G29,
le foui assez entendre : Voulons que tous ceux qv.i
commellent rapt ou enlèvement, des veuves, fils ou filles
étant sous la puissance d'autrui , etc. Cependant il
semble que, selon la force des termes dont le concile
s'est servi , inler raploreni cl raptain , le ra|)t , qui est
un empêchement dirimanl, ne s'entend que des veuves
(1) C. Accedens, de Raptoribus.
(2) Voyez l'édit de Blois, de l'an 1570; celui de
Louis Xlll , de Tan 1039, et de Louis XIV, de
Ijli l'an 1G97.
1107
HISTOIRE DES SACREMENTS.
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ou des filles ravies .par des hommes , et non pas du |
ravisscincat d'un jeune homme pnr une fcMiime ;
parce que , Cv'snune dit mi auteur judicieux , comun!
l'un arrive très-souvent, et Taulre Irès-rarement , il
était de la sagesse de l'Église de défendre l'un, sous
des peines trés-rigoureuses , sans autoriser l'autre.
En France , quelques-uns pensent difTérennnent , et
on peut lire dans le Dicùonnairc des Arrêts (1), que
ion a reconnu connue rapt renlèvemcnt des gari^'oiis
lait par des lilles; niiiis d'autres jurisconstdles fran-
ç.ùs ne sont pas de ce sentiment, et n'estiment pas (2)
que la peine de l'crdonnance ait lieu à l'égard de la
fdlc qui a lait enlever un garçon. Papou rapporte
même un arrêt du 5 mai loôo , qui l'a ainsi jugé.
Nous bissuns ce point de jurisprudejice à discuter à
ceux à qui il appartient, pour passer à une autre ma-
tière.
Le roi Cliarles IX avait aussi sollicité le concile de
Trente de déclarer nuls les mariages des enf.nils de
famille, contractés sans le consentement de leurs pa-
rents. Le cardinal de Lorraine et les évêques de France ':
y firent pour cela de grandes instances. Le concile |
était assez disposé à donner celle satisfaction aux ]
Français; mais sur les remontrances d'un théologien
de réputatloii (5) qui représenta que si cela était dé-
cidé, on serait persuadé dans le monde que la doc-
trine de Calvin , qui les croyait nuls de droit naturel
et divin , aurait prévalu , on se contenta de déclarer '.
dans un décret que l'Église ne les ap; rouvait pas.
Voyons présentement ce que pensaient les anciens
On sait quelle était l'étendue de la puissance pater-
nelle suivant les lois romaines. Cette puissance était ■
une espèce de souveraineté qui donnait aux pères :
1° le droit de faire mourir leurs eufiinls (il leur fui ôlé
sous les empereurs Adrien et Antoniu le-Pieux) ;
2° le pouvoir d'engager et de vendre leurs enfouis à
leurs créanciers pour l'acquit de leurs dettes (ce qui
leur fut défendu par les riupereurs Dioclélien et Maxi- i
mien ) ; 5" de les désliérit(îr pimr de justes raisons ;
4" enfin, de faire casser leurs mariages, quand ils les
faisaient sans leur consentement. Les lois qui con-
ccrne4U ce dernier article se lisent encore dans le Di-
geste (4), et ce pouvoir durait pendrait toute la vie du
père, à moins que le fils ne fût émancipé. C'était Ro-
mulus qui l'avait établi.
Quand l'empire romain embrassa le Christianisme,
les empereurs ne changèrent point celle jurispru-
dence : la puissance paternelle demeura inviolable à
cet égard , et Juslinien la conlirma , à l'imilalion des
princes chrétiens ses prédécesseurs : Que les ciloijens
romaJAJs, dit-il (5), se marient suivant les règles., pourvu
cependant que les enfants de famille aient le consenle-
nienl de leurs parents..., car la loi civile et la raison na-
(1) Voyez Mariage, n. 641, et Rapt.
(2) Voyez Théveneau , Commentaire sur les or-
donn., sur l'art. 42 de celle de Blois; et Papon, 1. 22,
t. 6, n. 4.
(5) Le P. Lainez.
(4) L. 23, lit. 2.
(5) tnsUlul,, l. 1, lit. 10.
turelle l'exigent.... Si quelques-uns font autremcH , ?,
n'y aura ni mari , ni femme , ni noces , ni mariage, ni
dot. Si adversiis ea aliqui coierint , nec vir, nec uxor
nec nuptiiV, nec malriinoniitm, nec dos intcUigitur.
L'Église, qui a pris naissance et qui s'est formée
en corps de religion au milieu de l'empire romain, eu
a adopté, dans les premiers siècles, toutes les lois qui
n'étaienl point opposées à celles de rÉvaiigile. Vous avez
vu piirce qui a été dit dans le conimoncemeul de ce
chapitre , que S. Basile pensait comme les juriscon-
sultes de son temps, louchant la validité des mariages
des enfants de famille, qu'il regardait comme des con-
cubinages criminels, s'ils n'étaient faits du consente-
ment des parents, 7zcp.ti%i e'icrtv (c. 42). Tertuliion n'en
avait guères meilleure opinion, comme il parait dans
c( qu'il dit: Xcc in tcrns filii sine consensu parentum
ri'è el jure nubunt.
Mais c'est particulièrement depuis le quatrième
siècle que l'Église a témoigné combien clleapprouvait
sur ce point les lois des princes. Le quatrième con-
cile de Carthage (can. M) veut que les enfants soient
présentés au prêtre de la main de leurs parents, quand
ils viennent lui demander la bénédiction nuptiale. Le
quatrième concile d'Orléans ( can. 22) veut que l'on
regarde plutôt comme une captivité que comme un
mariage, une telle alliance, et que l'on n'admette point
ce qui se fait en ce genre, contre la volonté des pères
et mères. Le concile de Paris (c. 6) de l'an 515 frappe
d'anathème celui qui, par l'autorité du roi et sans le
consentement des parents, prétend épouser une fille
ou une veuve. Le pape Nicolas I , dans sa réponse
aux Bulgares (c. 2), qui est un monument précieux de
la discipline de son temps, enseigne que le consente-
ment des parties , aussi bien que de ceux en la puis-
sance de qui ils sont, est nécessaire pour contracter
légitimement mariage.
Les capilulaires de nos rois sont exprès là-des-
sus (I). Ils ordonnent ([ue celui qui aura épousé une
(ille sans le cor.sentement de son père , la lui rendra
s'il la redemande , cl qu'outre cela il sera condamné
à une amende de (juarantc sous. Ils déclarent ces
sortes de mariages illégilimes, aussi bien que les en-
fants qui en naîtront.
L'Histoire nous fournit plusieurs exemples de ma-
riages déclarés nuls par le défaut de consentement des
parents. Flodoard (2), entre autres , rapporte que la
princesse Judilh, fille de Charlcs-le-Chauve, et veuve
d'un roi d'.\ngleterre , s'étant mariée avec Baudoin ,
comte de Flandres, sans le consentement de l'empe-
reur son père, les évêques de France, à qui ce prince
s'en plaignit , cassèrenl ce mariage par un jugement
solennel. Le pape Nicolas 1 , à qui Baudoin en porta
ses plaintes, ne put trouver à redire à cette sentence
des évêques ; mais il se contenta de se joindre à
Hincmar de Reims, pour obtenir de Charles la grâce
de la princesse et du comte, que l'on remaria une se-
1) L. 2, c. 4, cil. 7, c. 363.
2) Hist. /?tv!j.,î. 3.
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MARIAGE. — ClIAP. Xll. EMl'ÈCllKMENT DU LIEN.
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condc fois on face de l'Église. Nous avons p.nric plus ' [
haut delà cassation du mari.iîîe de Louis- le-Bègiie
avec Aiisgardc , pour avoir élé fail sans le consenie-
ment de son père. Le prince se remaria avec Alix , il
en eut un fils posthume, dont l'état ne fut point con-
testé , et (pii succéda ensuite à la couronne , so\is le
nom do Charlos-lo-Simple.
Tout cela Hiit voir combien le consentement des
parents était autrefois nécessaire pour la validité des
mariages des onfaiils de famille. Les Grecs n'ont
point varié sur ce point de discipline (I); mais en Oc-
cident il n'en a pas été de môme. Vers le onzième
siècle on commença à ne plus regarder comme nuls
ces sorlesde mariages. Dans lesdécrétalosdespapcs('-2)
il n'est plus parlé cpie du consentement des parties
conlraolantcs pour valider les mariages. Les théolo-
giens sont venus à l'appui de ce changement (5). Tous
les himmios , ont-ils dit, sont de semblable nature
dans ce qui concerne le corps, et la faculté de la gé-
nération, et, par conséquent, tous sont en état quand
ils ont atteint l'âge de piJjcrté, de prendre b.'ur parti,
indépendamment de tout autre, quand il s'agit du Ma-
riage. Cette raison serait fort bonne , si le mariage
était simplement un contrat naturel ; mais jil est de
plus un contrat civil , auquel, par conséquent , la
puissance publique peut apposer des clauses et des
conditions, dont le défaut le rendra nul.
L'Église aurait pu le faire au concile de Trente.
Henri II, en 1350, défendit ces Mariages sous de gros-
ses peines. Et aujourd'hui , en France, dit M. d'Héri-
court (4), on déclare nuls les mariages célébrés par
les mineurs sans le consentement de leurs pères, mè-
res, ou tuteurs ; parce que le rapt de séduction y est
regardé comme un empêchement dirimant,etqueron
présume toujours que des mariages de celte nature sont j
des effets de la séduction. Celle présompiion de su- f
bornation est établie par les ordo
norilé, sans aulre preuve , suffit
le mine\u' a élé ravi et suborné.
M. d'IIéricourt ajoute dans une note , qu'il y a des
auteurs qui prétendmit que la raison pour laquelle les
parlements ont déclaré non valablement contractés
les mariages des enfants de famille sans le conscnlc-
ment do leurs pères, c'est la clandestinité ; et en cffut,
nos ordonnances, en quelques endroits, appellent ces
mariages clandestins. 11 serait h souhaiter, continue
cet habile jurisconsulte , que nos rois s'expliqtiassont
d'une manière plus claire et plus précise sur une ma-
tière de cette importance , et qu'ils déclarassent les
enfants mineurs inhabiles à contracter sans le con-
senlcrjcnl de leurs pères , mères ou tuteurs , ou du
moins sans un arrêt, dans le cas où les cours souve-
raines jugeraient que le refus des pères et mères se-
rait injuste.
CITAPITRE Xll.
De l'empêchement du lien. Von -parle à celte occasion
des coticubines ei de leur différente condition dans les
divers tem.j)s. Sur quoi est fond'- cet onpècliemeut.
Précautions que Ton prend jxjur que les règles saintes
ne soient point violées en ce point par les tionvnes dé-
bauclUs.
Le Sauveur ayant rétabli le Mariage dans l'état de
sa première institution (1), et ordonne qu'un homme
n'aurait qu'une femme , on n'a jamais varié sur ce
point dans le Christianisme, et la polygamie y a tou-
jours élé regardée plutôt comme propre aux bctos
qu'aux hommes. V n homme marié , A\i l'Apôirc (2),
ne peut se marier à une autre femme du vivant de la
première. La femme est liée à la toi du Mariage tant
que son mari est envie; si son mari meurt, elle est libre,
et pour lors, elle se peut marier à qui elle voudra. C'est
peut-être de ce passage de l'Apôire que ce mot de
lien, ligamen, dont on se Sert pour exprimer cet cmpê-
chemenl de Mariage, a élé tiré.
11 était reconnu, avant même le Chrislianisme (3),
dans les nations policées: i'n homme, dit le Préleiu-,
passe pour infâme, si du vivant de sa femme il en épouse
une autre. Les païens , depuis le Chrislianisme , ont
défendu la polygamie (i) , et ont donné le nom d'a-
dultère et de viol au crime de celui qui feint de n'être
pas marié, ficto cœlibaiu, pour tromper et éjîouscr une
autre femme. C'est conformément à celle maximf,
dont l'inobservation élaitpunie de peines capitales (5),
que Théodose-le-Grand et ses deux fils ont défendo,
même aux Juifs, d'avoir deux femmes (6).
Les païens , pour adoucir une loi qui paraissait
dure à des gens qui faisaient consister leur bon'ieur
dans l'assujeitissemeni à leurs passions, permettaient
aux personnes mariées d'avoir avec leurs femmes lé-
nnnnces' • et !a mi- 1 g'l''"f^s des concubines; mais l'emperenr Constantin
pour faire juger que 1 ^^ '^"'' défendit par une loi du li juin de l'an 3-20.
■ C'est à cette loi que quelques-uns (7) ra; portent ce
que dit Soz.omène, (pie Constantin abolit les conjiinc-
tions illicites , qui jusque-là n'avaient point élé dé-
fendues. On croit qne le même dessein d'abolir la li-
berté criminelle que prenaient les Païens d'avoir des
concubines, fut ce qui porta Conslanlin à ordonner,
comme nous l'apprend rompereur Zenon , que ceux
qui en auraient abusé, pourraient néanmoins contrac-
ter avec elles un légitin>e Mariage, | ourvii qu'elles
fussent libres; et qu'alors les enfants ciu'ilsen auraient
déjà eus , seraient regardés connue enfants vérilabies
et légitimes, et en auraient tous les di-oils. il send)!e
néanmoins que cello loi n'avait lieu, an moins pour la
légitimation des enfants nés a\ant le Mariage, qu'à
(1) Confér. de Paris, t. 2, p. 3&6.
(2) Can. Cimi locum, c. IJcet, c de Spons.
h) s. Th.,2-2, c. lOi, art. 6.
(i) Loiseccl. du Mariage, art. 2, n. 74, p. 454.
et seq.
1) Matth., 19.
2) Cor. 7.
ô) Lcg. F.um qui, 18, d. ad leg. Jul. de At..
A) L'empereur Valérien.
5) Iiistil., I. 1, I. 1.
(i) L. 8, c. de ,lud;els.
7) Tillemont, Vie des Empereurs, t. 4, p. 177
un HISTOIRE DES
l'égard de ceux qui n'avaient point d'enfants d'un ma-
riage précédent. Zenon , qui renouvela en AIG la loi
de Constantin , ne voulut point que cette légitimation
eût lieu pour les enfants qui naîtraient après la réno-
vation qu'H avait faite de cette loi, puisqu'il ne tenait
qu'à ceux qui voulaient avoir des enfants légitimes et
capables de leur succéder , de contracter aussi des
mariages légitimes. Cette exception pouvait aussi être
dans la loi de Constantin.
C'était autrefois une peine très-rude (1), que de dé-
clarer illégitimes les enfants d'un homme, comme elle
l'est encore aujourd'hui (2). On ne regardait les bâ-
tards que comme des gens qui ne faisaient poir.t par-
tie de la république, et indignes que l'état songeât à
eux. Constantin (5) est le premier qui ait fait quel-
ques lois qui les regardassent. On croit cepen-
dant qu'il leur accordait encore moins que Valent i-
nien I, qui permit au père de leur laisser, pour eux et
pour leur mère, la douzième partie de ses biens, en
cas qu'il eût des fils ou des petits-fils , et le quart ,
s'il n'en avait point.
L'Église a toujours condamiré, comiire un désordre
intolérable, les maris qui, outre leurs femmes, avaient
des concubines, sous quelque condition que ce pût
être, et a considéré cela comme un adultère ; quoique
les lois de l'empire se fussent pas lout-à-fait si sévè-
res, comme vous venez de le voir.
Pour bien entendre ceci , il faut remarquer que le
terme de concubine n'était pas aussi odieux autrefois
qu'il l'est aujourd'hui, et qu'il avait diverses significa-
tions, dont quelques-unes ne représentaient rien de
mauvais. Ce terme se prenait quelquefois pour mar-
quer une femme légitime à qui Ton donnait la foi de
mariage sans la doter (4), sans lui donner le nom et
la qualité d'épouse, et dont les enfants n'étaient point
admis à l'héritage du père. Quand c'était une esclave,
les lois n'exigeaient pas (6) qu'il en fit une déclaration
en justice ; mais quand elle était libre , il fallait que
celui qui l'épousait, sous la condition de concubine,
déclarât qu'il ne la prenait pas sous la qualité d'é-
pouse , et dans ce cas elle n'avait aucun rang dans la
maison, et ne jouissait pas des prérogatives que la loi
accordait aux épouses pour les intérêts civils. C'est
ainsi qu'Agar et Cétiira sont appelées les concubines
d'Abraham.
Une autre espèce de concubines , était celle qu'un
homme prenait pour un temps seulement, jusqu'à ce
qu'il eût trouvé un parti sortable. S. Augustin en
parle dans un de ses ouvrages (6) : Concubinœ ad tem-
pus ; c'était proprement ce que les Latins appelaient
Pellex, et ce nom était moins odieux que celui d'Arnica,
qui signifie , ce que nous nommons en notre langue,
une maîtresse. .
L'Église n'ajamais souffert que les Chrétiens ma-
(1) Cod. Théod. i, t. 6, 1. 1, p. Soi.
(2) Cod. Juris. nov. 89, c. 1, p. 348.
(3 Cod. Th., t. 1, p. 352.
(4) Herman., Hisl. de Conciles, t. 2.
(5J Just. nov. 18, c. 5.
{6) L. de Bono conjugii, c. 4 et li.
SACREMENTS.
1112
ries eussent des concubines (1), suivant l'une et l'au-
tre signification , à cause du lien de Mariage. Elle a
aussi toujours condamné ceux qui entretenaient des
concubines de la seconae espèce, quoiqu'ils ne fussent
point engagés dans les liens du Mariage, comme on le
peut voir dans l'endroit indiqué de S. Augustin ; mais
elle leur permettait dans ce cas d'en avoir de la pre-
mière espèce. C'est pourquoi il est dit dans le dix-
septième canon des Apôtres : Si quelqu'un après
le Baptême senyayc dans de secondes noces , ou s'il
a une concubine , il ne pourra être cvcque. Si quis
post Baptisma, selon la version de Dcnis-le-Petit,
secundis fuerit nuptiis copulatus, aut concubinam habue-
rit , 7wn potest esse episcopus. Paroles qui montrent
assez que ces sortes de concubines , à l'égard d'un
homme libre, n'étaient pas plus défendues que
les secondes noces. Le premier concile de Tolède est
exprès là-dessus; car, après avoir défendu (can. 17)
à ceux qui sont mariés d'avoir une concubine , il
ajoute : An reste, que celui qui n'a point de femme
(uxorem), et qui a une concubine au Heu de femme, ne
loil point rejeté de la communion, pourvu qu'il se conlenle
d'une femme, ou d'une concubine , comme il lui plaira.
Il est dit dans une charte de Louis VI, roi de France,
pour le monastère de S. Corneille de Compiègne :
Notis ordonnons que, ci-après, les prêtres , les diacres
et les sous-diacres n'aient plus de femmes concubines
{nullatenùs deinceps uxores concubinas habeant); mais
que les autres clercs , de quelqu''ordre qu'ils soient ,
aient permission d'épouser des femmes {ducendi uxores),
pour éviter la fornication.
Cette clause de la charte de Louis VI fait voir que
dans ce temps-là le mot de concubine se prenait en-
core pour celui de femme légitime , quoique les prê-
tres, les diacres et les sous-diacres fissent mal d'en
avoir. Ces concubines ressemblaient assez à ces fem-
mes entre lesquelles et leurs maris il n'y a que ce
que nous appelons un mariage de conscience (2) :
elles étaient véritablement femmes, uxores, de celui
qui les épousait, mais elles ne jouissaient point des
prérogatives attachées à cet état. Telles sont encore
à présent celles que les princes et les nobles en Alle-
magne, épousent de la main gauche. Je me souviens
d'avoir lu dans quelques mémoires que le prince
Georges-Guillaume de Brunswik-Zelle épousa de
cette sorte une demoiselle de Poitou (5), dont il a
eu Sophie- Dorothée , qui épousa en secondes noces
Georges- Louis, duc de Hanovre, et ensuite roi d'An-
gleterre, père de celui qui règne aujourd'hui. Cette
demoiselle devint chère à son mari, pour sa vertu et
ses autres belles qualités, ce qui fit que le prince l'é-
pousa ensuite de la main droite , ce qui a rendu ses
enfants princes et habiles à succéder aux états de
leur père. Mais elle n'a eu que celle dont nous venons
de parler, qui ait vécu jusqu'à l'âge nubile.
(1) Tolet. conc.I, c. 17.
(2) Cang. in voce Concubina.
(3) Eléonore-Des-Micrs, fille d'Alexandre, seigneur
d'Olbreuse, en Poitou.
il 13 MARIAGE. — CHAP. XI!
II n'a donc jamais été permis dans l'Église d'avoir
plus d'une femme , ou dune concubine en même
temps, en prenant ce terme de la manière que nous
avons vu que l'entendaient les anciens dans le sens
favorable, c'est-à-dire, une femme à qui on avait
donné foi de mariage pour toute la vie. Si la loi ro-
maine permettait de la quitter, quoique celle-ci ne le
put sans passer pour adultère, la loi du Chrislianisnic
le défendait absolument; et celui qui avait une con-
cubine de celle espèce, ne pouvait contracter un au-
tre mariage tant qu'elle vivait, parce que le lieu du»
Mariage, selon l'Évangile, est indissoluble de la part i
du mari, comme du côté de la femme.
C'est donc avec raison que M. de Meaux (I) repro-
cbe aux premiers docteurs du Lulbéranisme d'avoir j
permis par une làclie complaisance, cl bien indigne
de gens qui se donnaient pour les réformateurs du
Clirisiianisme , d'avoir permis , dis-je, au Landgrave
de liesse d'épouser une seconde femme du vivant de |
la première : décision raonslnieuse , et jusqu'alors
inouie parmi les Clirélicns. Car s'il est arrivé quel-
quefois que des princes ou des particuliers aient eu
plus d'une femme à la fois , comme il n'y en a que
trop d'exemples , on n'a jamais ouï dire qu'ils aient
tenu cette conduite, en suivant une délibération com-
mune de docteurs assemblés pour consulter sur un
fait de cette nature , qui répugne si visiblement à
l'Évangile; et ce serait en vain que Ton voudrait s'au-
toriser de l'exemple de Charlemagnc. Il est vrai que
la mullilude de ses femmes et de ses concubines a
donné quelque atteinte à sa réputation : car on lui
trouve jusques à quatre femmes, avec le titre de rei-
nes, et cinq concubines. Les reines sont Ermengarde,
fille de Didier, roi des Lombards , qu'il répudia au
bout d'un an , Ilildegarde , Faslrade , et Luilgarde,
après la mort de laquelle il eut quatre concubines dans
l'espace de treize ans , outre celle qu'il avait épousée
avant Ermengarde. Mais, comme dit M. Fleuri (2),
il n'est pas impossible que trois de ces dernières
femmes soient mortes dans l'espace de douze ans, et
qu'il n'en ait jamais eu qu'une à la fois. Car il paraît
juste de supposer tout ce qui est naturellement pos-
sible, plutôt que de croire qu'un prince, occupé dans
sa vieillesse aussi saintement que nous l'avons vu ,
sit fini dans la débaucbe. D'ailleurs il est vraisem-
blable que ce prince, après la mort de Luilgarde, se
voyant trois fils en âge de régner, ne voulut plus
prendre de femmes à titre de reines, mais seulement
à litre de concubines , dans le sens que nous avons
expliqué ce terme d'après le concile de Tolède.
Nous ne voyons rien dans toute l'bisloire de l'Église,
ni dans les canons de ses conciles , qui ne s'accorde
avec ce que nous avons dit de l'empècliement du lien
de Mariage, sinon deux ou trois décisions de synodes
particuliers, dont les prélats qui les composaient, ne
semblent point avoir fait assez d'allenlion à un point
si important. Je crois que l'on peut mcllrc de ce nom-
(1) Hist. des Variations, t. 1.
(2) Liv. 4G, t. 10, p. 150.
III
E.\II'ÉC11EMENT DU LIEN. 1114
bre le concile de Yerberies , tenu en 752 sous le roi
Pépin. Il est dit dans le septième canon de ce synode :
Si un serf a sa servante pour concubine, il peut, s'il le
veut , épouser une serve de sa condition et appartenante
au même seigneur, après avoir renvoyé la première. Jl
vaut mieux néanmoins qu'il retienne sa servante. Ces
dernières paroles font assez entendre que la servante
que ce serf avait pour concubine était une femme
légitime, que le concile lui permet de renvoyer pour
épouser une fille de sa condition.
Le neuvième canon de la même assemblée, loi qu'il
nous est représenté par Burcbard (1), et dans les
conciles du P. Labbe, lom. C, p. 1658, est encore
plus embarrassant : car il porte que si quelqu'un par
nécessité s'est enfui dans un autre duché ou une
autre province, ou s'il a suivi son seigneur à qui il
avait promis fidélité, et que sa femme, qui le pouvait,
ne l'a pas suivi, retenu par l'amitié pour sa famille e
pour son bien ; celle-ci sera obligée de vivre dans le
célibat durant toute la vie de son mari : mais que le
mari pourra , s'il ne peut se passer de femme , en
épouser une autre, n;oyennant qu'il en fasse péni-
tence. Nani vir ejus, qui, necessitate cogente, in alium
locum fuyit, si se abslinere non polest, aliam in uxoreni
cum pœnitentiâ potest accipere.
Ne pourrait-on pas dire que la multitude des dé-
bauchés obligeait , en quelque sorte , les évoques do
fermer les yeux sur leurs désordres dans certains en-
droits , cl d'accorder quelque chose à la dureté de
leurs cœurs, sans néanmoins l'approuver. Le capi-
tule 110' d'Hérard de Tours contient une disposition
semblable, et fait sentir jusqu'à quel point de corrup-
tion les choses en étaient venues. Qu'aucun laïque, dit
cet archevêque , n'ait plus de deux femmes ; ce qui est
au-delà appartient au crime d'adultère. Il en est de
même de In femme, i Ne nllus laicorum plus quàm duas
i uxores liabeat. Quod verb extra est, ad adulterium per-
i tinet. Similiter et mulier. i II est certaines gens ,
comme dit Salvien (2), à qui c'est une espèce de clias-
teié de se contenter de peu de femmes. Et les prélats,
sans donner aucune marque d'approbation à ces dés-
ordres, tâchaient au moins de renfermer les passions
de ces hommes déréglés dans les bornes les plus
étroites qu'il leur était possible.
Mais il est rare qu'on ait agi si mollement , vous
l'avez vu par ce qui a été dit ci-dessus. Les princes
de concert avec la puissance ecclésiastique ont fait
des lois sévères contre la polygamie, qui est si ou-
vertement condamnée dans TÉvangile par Noire-Sei-
gneur, et qui, sans être direclement opposée au droit
naturel, entraîne après elle tant d'inconvénients dans
le mariage, qu'il est très-difficile d'eu remplir les de-
voirs.
Selon la jurisprudence de France, ceux qui étaient
convaincus de s'être remariés du vivant de leur femme,
étaient ci-devant condamnés à une peine capitale ,
(l)Lib. 17, c. U.
(2) De Gubcrnationc Pei, I. 4.
ll|rj IJiSTOIRE DES
comme nous rapprenons de Castcl (1) , «lui dit qu'il
n'y a pas long-icmps que des personnes convaicues de ,
ce crime onl élc pendues. Mais depuis quelque temps j
on dit qu'à la Tonriiellc la jurisprudence a changé, et j
qu'on n'y condamne plus les liommes qu'aux galères, i
et les femmes à être l'ouettées par la main du bour-
reau, et ensuite à être renfermées dans un couvent.
Le concile de Trente, pour arrêter le cours de ce
désordre, qui n'était que trop commun dans le temps
que l'on tolérait les mariages clandcs:ins, a obligé les
curés d'avoir un registre pour y écrire les actes de la
célébration des mariages (2) ; et depuis ce temps l'on
n'admet plus la preuve par témoins des promesses de
mariage, ni autrement que par écrit arrêté en pré-
sence de quatre proches parents de l'une et de l'au-
tre partie, encore qu'elles soient de basse condition.
Ces sages précautions avaient en quelque manière
été prescrites autrefois par l'empereur Justinien (5)
pour les mariages des personnes de condition. Car il
ordonne que les grands et les sénateurs ne pourront
se marier que dans une église, devant le recteur, qui,
accompagné de trois autres clercs, dressera un acte
de la célébration de ce mariage, le fera signer aux
deux époux, le signera lui-même avec les trois autres
clercs, et le gardera dans le trésor de celte église. Il
permet ensuite aux bourgeois, mais sans l'ordonner,
d'en user à peu près de même, et ajoute qu'il ne se
met point en peme des mariages des paysans et des
simples soldats.
CHAPITRE XIU.
De l'empêchement delà diversité de religion. En quoi il
consiste, quand et comment il s'est établi. De ce qui
s'observe dans la célébration des mariages des catho-
liques avec les iiérétiques.
L'Église ? toujours souhaité que ses enfants ne s'al-
liassent pas avec les inlidéles, ni même avec les héréti-
ques, dont la conversation et la compagnie sont sou-
vent plus dangereuses pour les chrétiens que celles
de ceux qui ne coimaissent point le christianisme.
Saint Paul leur recommande d'éviter ces sortes de
mariages (4), yolile fugum ducere cum in/idelibus, etc.
El Tertuliien, qui en fait sentir les inconvénients,
semble traiter ces mariages avec les infidèles de con-
cubinages (5). Cependant, quoiqu'en général l'Eglise
n'ait.poinlapiirouvéces mariages, on peutilire qu'elle
les a tolérés longtemps, et qu'elle ne croyait pas (ju'ils
lussent invalides. Souvent même ils ont produit de
grands biens, non seulement par la conversion de la
femme ou du mari infidèle, nuiis par la conversion des
peuples entiers que des femmes pieuses ont attirés à la
loi, en portant leurs maris, qui dominaient sur ces
peuples, à se soumettre au joug de l'Evangile.
Sainte Monique épousa Patrice encore païen, et
(1) Matières bénéficiales, t. 2, p. 342.
(2) Sess. 24, cap. 1 .
(5) Novell. 174.
(4) 2 Cor. 2, V. 6.
(o^ L. 2 ad Lxorem.
SACREMENTS. \i{Q
en fit un chrétien zélé. La conversion de Clovis a la
loi, et, par une suite ordinaire, celle des Français, est
due en partie à sainte Clolilde, son épouse. Chiesumle,
fille du roi des Merciens, en Angleterre, fut l'instru-
ment dont Dieu se servit pour la conversion d'OITa,
son mari, roi des Saxons occidentaux, qui parvinrent,
l)ar ce moyen, à la connaissance de l'Évangile. Tliéo-
delinde, reine des Lombards, qui avait épousé deux
de leurs rois, les retira du paganisme et de l'aria-
nisme. Giselle, fille de Henry, duc de Bavière, et
seeiir de l'empereur S. Henry, ayant épousé Etienne,
roi de Hongrie, le soumit avec tout son royaume à
l'Évangile de Jésus-Christ. Sainte None , mère de
S. Grégoire de Nazianze, épousa un mari infidèle,
qu'elle rendit chrétien par les prières qu'elle adressait
à Dieu, et par les exhortations qu'elle ne cessait de
lui ûdre, d'abandonner la secte impie dans laquelle il
était engagé. L'Église, bien loin d'improuver ces ma-
riages, a remercié Dieu des bénédictions qu'il y avait
versées avec tant d'abondance, quoiqu'en général elle
improuvàt ces sortes d'alliances, qui peuvent être fu-
nestes aux âmes ordinaires.
I Tout cela montre que, jusqu^au onzième siècle, on ne
regardait pas en Occident l'infidélité d'une des parties
contractantes comme un empêchement dirimanl de
mariage, quoiqu'elle le soit devenue depuis, et que les
conciles mêmes des premiers siècles aient souvent dé-
fendu ces sortes d'alliance. Mais, pour ce qui est de
l'Orient, il semble qu'ils aient été déclarés nuls avant
ce temps-là; puisque le concile in Trullo (can. 72)
défend aux catholiques les mariages avec les héréti-
ques, sous peine de nullité. Sed et si quid ejusmodi à
quopiam factum fuerit, irritas nuplias exislimare, et ne-
farium conjuginm dissolvi. Zonare etOalsamon remar-
quent sur ce canon que l'invalidité de ces sortes de
mariages y est clairement établie, cl rendent raison
des motifs qui ont porté les évêques à faire ce dé-
cret; on peut les voir dans ces aiilews. Pour nous,
nous observerons seulement ici que l'empereur Théo-
phile a dérogé à cette loi, lorsqu'au rapport de Bone-
fidius (1) il doima sa sœur en mariage à iliéophom-
bre, prince Persan, et qu'il permit aux Romains de
s'allier avec les Perses, qui étaient infidèles de son
temps, comme ils le sont encore aujourd'hui.
Cependant, quoiqu'autrefiiis les mariages avec les
infidèles ne fussent point réputés nuls et invalides,
l'Église en général les improuvait, et ne les tolérait
que dans des cas particuliers, c'est-à-dire, quand la
personne qui prenait une telle alliance ne le ftiisait
que par l'avis des gens de bien, et qu'elle était si bien
affermie dans la foi, qu'on avait lieu de présumer que
ri n ne serait capable de la lui faire perdre : c'est
pourquoi, comme ces dispositions sont rares, nous
voyons tant de conciles qui défendent ces mariages
aux Chrétiens.
Le concile d'Elvire (can. 16) met en pénitence pour
cinq ans les parents qui marient leurs enfants avec le»
(l) L. l Juris orienlalis.
MARIAGE. — CIIAP. XIH. tMPfiClŒMEM DE DIVERSITÉ DE RELIGION.
1117
Juifs. Un concile, tenu à Rome sous le |)ape Zaclia-
rie, excomniuiiie (can. 10) ceux qui lombcnl dans
colle laute. Le secoiul concile (.rOrléiuis (can. li)),
iraile ces mariages d'illicites ; et le premier concile
d'Arles ordonne (can. 11) qu'on cxconmumie pour
qucNjne lenips une lille chrélieime qui a épousé un
inlidole.
Tous ces canons n'élaLdissciit point la nullité des
mariages des cliiélions avec les ijilidèles, (iuoi(|u"ils
les delcndenl. Le iroisiènie concile d'Orléans, tenu en
658, esl le premier qui semble les avoir interdits sous
peine de nullité, lorsqu'il ordonne (can. 15) que ceux
qui les auront contractés soient privés de la conunu-
nion jusqu'à ce qu'ils se soient séparés. M;iis ce règle-
ment ne fut observé tout au plus que dans les lieux
voisins, et cela ne fit point règle dans les églises d'Oc-
cident, sinon long-temps après. Presque tous les théo-
logiens (1) mêmes prétendent que l'Église n'a jamais
défendu ces mariages par aucun canon (|ui les déclare
nuls et invalides, et que l'enipécliement qui provient
do la diversité de religion n'est élaUi que par un
usage et une pratique de toute lÉglise; pratique qui
a force de loi, et qui s'est formée insensiblement de-
puis que les infidèles sont devenus extrêmement rares
dans les pays do la chrétienté, et que l'Église a jugé
à propos d'adopter les lois des empereurs qui ont
puni de peines très-r'igoureiises les fidèles qui s'allient
avec les ennemis du christianisme.
Une de ces lois (2) a été publiée par les empereurs
Valenlinien et Valens : elle est adressée à Théodose,
général de la cavalerie. Elle porte défense à tous les
habitants des provinces, de quelque dignité qu'ils
puissent être revêtus, de s'allier p;ir le jmariagc avec
les barbares, sous peine de la vie. L'empereur Tliéo-
dose (5) lit la même défense aux Chrétiens par rap-
port aux Juifs, voulant que l'on punît comme cou-
pables d'adultères ceux ou celles qui contracteraient
mariage avec eux. Le mélange des barbares avec les
sujets de l'empire qui survint bientôt après, surtout
dans rOccident, dont la plupart des provinces devin-
rent la proie des peuples septentrionaux qui s'en era-
parèront, suspendit durant plusieurs siècles l'exécu-
tion de ces lois. Mais enfin on y est revenu insensi-
blement, et rempècheiiient qui vient de la diversité
de religion se trouva établi vers le douzième ou trei-
zième siècle. Cela est évident, puisque Gratien (4) esl
le premier qui établisse la nullité de ces mariages : il
ne s'explique pas même claircnK^nl, puisque tout ce
que nous y lisons, tend à défendre aussi bien les ma-
riages des hérétiques avec les caiholinnes, que ceux
des chrétiens avec les infidèles, qui sont cependant
les seuls que l'on regarde à présent comme nuls, à
raison de rempèchemcnt de la diversité de religion.
Encore cet empêchement n'a-l-il lien que d;ins les
(1) Estius in /* Sent., dist. 59, secl. H ; Silv. in 1
Supp., q. 59; Alex., thcol. Dogm. de .Malrim. art. 8. i
(2) L. 5 Cod. Theod., tit. il, de iNupt. gentil.
(3) L^I^e quis, c. deJud;eis.
(4)C.28,q. 1.
1118
pays où la religion chrétienne est la dominante : car à
présent, dans la Chine et dans les autres pays infidèles,
quoique l'on tienne la main à ce que les néojihvtes ne
contractent point de mariages avec ceux qui ne sont
pas convertis, et qu'on ksen détourne autant que l'on
peut, on le leur permet néanmoins quand on juge que
cela est nécessaire, et qu'il n'y a rien à craindre pour
la foi de ceux qui s'y engagent. (I)
Pour ce qui est des hérétiques, l'église d'Orcidcnt
n'a pas jugé à propos de déclarer nuls leurs mariages
avec les catholiques; soit parce que, comme disent
quelques-uns, ils sont susceptibles des sacrements
à raison du Raplême qu'ils ont reçu, soit plutôt à
cause des inconvénients qui s'ensuivraient dans l'É-
glise et dans les étals catholiques, où les héréli(]ues
sont quelquefois si mêlés avec les catholiques, tant
par le voisinage que par les intérêts de famille, qu'il
serait presque impossible d'empêcher ces sortes d'al-
liances, et qu'on ne pourrait le l'aire sans causer do
grands embarras et puur le civil et pour la con-
science.
Cependant nous voyons que ces mariages ont été
défendus par plusieurs des anciens conciles par celui
d'Elvire (can. 16), par celai deLaodicée, (can. 10),
et dans le Injisièmede Carihage (can. 21). Le concile
de Calcédoine (can. 14) les défend positivement, à
moins que l'hérétique ne prometle de se convertir :
condition que celui de Laodicée et celui d'Agde ont
aussi exigée, et que les canonisles Grecs (?,) enten-
dent, conformément à la discipline de leur église, non
dune simple promesse de conversion, mais de la con-
version même; en sorte qiie, selon eux, on peut faire
les fiançailles sur une promesse de la partie hérétique
de se convertir, mais on ne peut contracter mariage,
qu'après que cette promesse a été exécutée.
Non seulement ces conciles défendent ces sortes de
mariages, mais ils imposent des peines à ceux qui
conlieviemient à cette défense. Le concile de Calcé-
doine (ihid.) les soumet à la pénitence canoni(iue. Ce
qui marque que cela n'élait pas considéré comme une
affaire de police, mais comme une chose qui pouvait
avoir des suites fâcheuses par rapport à ceux (jui s'en-
gageaient tén)érairemcnt dans ces mariages, dans les-
quels ils courraient risque de perdre la foi, ou au
moins d'être cause que les enfants qui eu naîtraient,
ne fussent point élevés d'une manière qui contribuât
à leur salut.
Ce sont ces raisons et quelques autres qui ont porté
les érêques de ces derniers siècles à renouveler les
défenses que les anciens avaient faites aux catholi-
ques de s'allier avec les hérétiques. Nous avons sur
cela les règlements de deux conciles de Bordeaux,
l'un de l'an lo83, et i'anlre de l'an lOâi. Ce der-
nier défend à tout prêtre séculier et régulier, sous
peine de suspense encourue par le se<il fait, de ma-
rier des catholiques avec des hérétiques; ce qu'a fait
(1) Conférences de Paris, t. 5, p. 13.
(2) Zonare, Balsamon et Blastare^.
U\9 HISTOIRE DES SACREMENTS,
depuis M. l'évêque de Castorie, vicaire apostolique
dans les Provinces-Unies, avec cette restriction, slts
l'ont {ait sans nous consulter et sans noire consentement
spécial (i).
Ce que dit ici M. de Castorie semble supposer que
les évoques peuvent permettre ces nmriages; et il y a
des doclonrs qui enseignent qu'il n'est pas même né-
cessaire d'obtenir ni de demander cette permission
dans les lieux où les catholiques et les hérétiques ont
coutume de vivre ensemble. C'est le sentiment d'I-
sanibert, de Sanchez , de Ponce, d'Azor, et de quel-
ques autres (2) : ces mariages, diseni-ils, ne sont dé-
fendus ni par la loi naturelle, ni par la loi divine,
mais seulement par la loi ecclésiastique , et elle est
abrogée en ces pays-là par l'usage contraire et par le
tacite consentement des évêques et des papes. On est
dans cet usage en Angleterre ; car quoique les ca-
tholiques qui veulent se marier avec des hérétiques
demandent quelquefois des dispenses aux vicaires
apostoliques ou aux missionnaires qui s'ingèrent d'en
donner, souvent ils n'en demandent pas. On suit aussi
cette pratique eu Allemagne et en Pologne.
D'autres théologiens estiment qu'on doit en deman-
der permission à l'Eglise, qui peut l'accorder quand il
y a de grandes raisons. Us disent qu'elle est en droit
de dispenser de ces lois; mais qu'il faut toujours sup-
poser que celte dispense ne doit être accordée que
quand la loi naturelle n'est pas violée par ces Maria-
ges , c'est-à-dire, que l'Eglise ne peut et ne doit ac-
corder ces permissions, qu'après avoir pris les pré-
CiAuiions nécessaires pour empêcher que la partie fi-
dèle ne soit pervertie, et pour mettre en assurance
l'éducation des enfants dans la foi orthodoxe.
C'est celte conduite si sage que l'Eglise garde de-
puis Grégoire Xlll,car on ne voit pas qu'avant ce pape
elle ait accordé de ces permissions ; mais depuis son
pontificat, cela est arrivé plusieurs fois. Le pape Clé-
ment YIII usa de cette dispense envers le duc de Bar,
qui l'avait longtemps sollicité de réhabiliter son ma-
riage avec Catherine de Bourbon , sœur de Henri IV.
Le pape, après avoir pris toutes les précautions néces-
saires pour que les enfants qui naîtraient de ce ma-
riage fussent élevés dans la foi catholique, lui permit de
se marier avec cette princesse en présence du curé de
la paroisse et de deux témoins, sans aucune bénédic-
tion nuptiale, en cas que le concile de Trente eût été
publié en Lorraine, ou bien en se donnant de nou-
veau le consenieincnt mutuel, s'il n'y était pas pu-
blié. Le pape Urbain YIll accorda aussi une dispense
pour le mariage d'Henriette de France avec le prince
de Galles, depuis roi d'Angleterre sous le nom de
Charles I", et cela s'est fait depuis en diverses autres
rencontres.
Cependant, il se trouve des théologiens qui sou-
tiennent que le pape ne peut en conscience accorder
ces sortesde dispenses, quelque précaution qu'il prenne
(1) Van Espen, t. 1, p. % lit. 15, c. 8.
(2) Conférences de Paris, t. 5, p. 21.
ii20
pour mettre à couvert la foi de l'époux fidèle et des
enfants qui pourront naître de ce mariage. Tel est
le sentiment de M. Gamache (1) et de quelques au-
tres. Ils se fondent sur cette raison, savoir, que dans
le temps de la célébration du Mariage d'un catholi-
que avec un hérétique, il y a toujours un péché, un
sacrilège et une profanation de ce sacrement, soit
que le prêtre ou les contractants en soient les mi-
nistres; et le pape, disent-ils, ne peut pas empê-
cher ce péché par ses dispenses, qui ne peuvent em-
pêcher que l'hérétique ne soit, par ce seul titre, notoi-
rement indigne de ce sacrement, et que, dans le temps
que les deux parties se marient , il n'y ait im sacri-
! lége et une profanation. M. de Sainte-Beuve (2) est
dans le même sentiment, et pousse fort loin ce rai-
sonnement.
Il paraît bien subtil, et ne doit pas, ce semble, l'em-
porter sur le sentiment de tant de grands papes, qui
ont cru, en bonne conscience et sans pécher, pouvoir
accorder ces sortes de dispenses, que S. Charles lui-
même a sollicitées auprès de Grégoire Xlll en faveur
de deux personnes qui s'étaient mariées avec des hé-
rétiques. Ne pourrait-on pas dire que, lorsque cela ar-
rive, ce mariage n'est qu'un contrat civil , qui suffit
pour le rendre légitime ? en ce cas il n'y aurait point
de profanation de sacrement. 11 est vrai qu'Esiius (3)
^ soutient que le Mariage d'un hérétique avec une catho-
lique est un sacrement, quoiqu'il ne le soit pas entre
un catholique et une infidèle qui n'en est pas suscep-
tible. Mais ses preuves, dont je laisse l'examen aux
théologiens, me paraissent assez faibles. Il semble
même que l'intention de l'Eglise n'est pas, dans ce
cas, que les parties contractantes reçoivent le sacre-
ment : car quoique ces mariages d'un hérétique avec
un catholique se fassent à la porte de l'église en pré-
sence du curé et de deux témoins, le curé néanmoins
ne leur donne pas la bénédiction nuptiale ; mais il est
seulement spectateur du consentement mutuel que les
parties se donnent par paroles de présent.
Cela se pratiqua de la sorte au mariage d'Henriette
de France avec Charles I", roi d'Angleterre, comme
il est rapporté dans le Mercure Français (4), Cepen-
dant Guillaume d'Hugues, archevêque d'Embrun, ne
prit pas cette précaution quand il maria le connétable
de Lesdiguières. Yoici ce que je trouve là-dessus dans
la vie de ce seigneur, écrite par Louis Videl, son se-
crétaire (5). Donc, à son retour de Lyon, ayant un jour
appelé dans son cabinet tant celui-ci (frère du premier
président au parlement deDauphiné) que Morges et
Guillaume d'Hugues, archevêque d'Embrun, sage pré-
lat, dont il faisait un état particulier, soit pour son in-
telligence aux grandes affaires, soit pour son savoir et pour
sa piété; il leur déclara son intention, et s'expliqua des
raisotis par oii il prétendait la justifier (c'est qu'il vou-
(\) De Matrim., c. 28.
(2) Tom. 2 des Cas de conscience.
h) In i, dist. 59.
(4 Tom. 2, pag. 559.
(5) Tom. 2, c. 5
tl2ï MARIACr. - CllAP. XIV. IMPUISSANCE NATIUF.IXK KT SURNATIUELLE.
11 H
lait épouser une femme (1) de néanl), leur partant
de cela comme d'une chose résolue..., et le même jour,
\G juillet, H épousa la marquise, chez le baron de Mar-
cieu.t, par les mains de l'archevètiuc. Quelques jours
après il se soumit à la censure ecclésiastique de ceux de
sa religion, pour avoir célébré ce Mariagt' selon les for-
mes de l'Eglise catholique, qui répugnaient à la créance
dont il faisait alors profession.
CHAPITRE XIV.
De l'impuissance naturelle et surnaturelle. De quelle ma^
nière on se conduisait autrefois, et l'on s'est conduit
depuis à l'égard de ceux qui, en étant atteints, s'enga-
geaient dans le Mariage. L'on parle en peu de mots ,
à celte occasion, du mariage des vieillards, des impu-
bères et des femmes stériles.
Toute impuissance ne rompt pas le lien du Mariage,
mais celle-là seulement qui est perpétuelle, soit qu'elle
soit naturelle ou surualurello, et qui précède le Ma-
riage. Car pour celle qui survient après le Mariage
contracté, elle oblige seulement ceux qui l'ont con-
tracte à s'abstenir de l'usage du mariage, et à vivre \
ensemble comme frère et sœur, quand elle est cer- î
laine et connue des deux parties ('2).
Nous voudrions pouvoir nous dispenser d'entrer \
dans cette matière, que l'impureté des derniers siècles i
a rendue fort publique, dit l'auteur de la Bibliothèque I
canoni(jue (5), et qui a fait mettre en usage des remèdes i
qui sont peut-être pires que te mat; mais comme notre
dessein ne nous permet pas de garder entièrement le !
silence à ce sujet, nous tâcherons de le irailer avec tant
de circonspection, que les oreilles chastes n'en soient
point offensées ; ce qui nous sera d'autant plus facile,
que nous ne parlons pas de ces choses en canonistes,
et encore moins en casuistes, mais en simples histo-
riens, connue nous en avons averti plus d'une fois.
Nous avons dit que l'impuissance, soit naturelle,
soit surnaturelle, rompt le lien du Mariage, pourvu
qu'elle soit perpétuelle. C'est le droit naturel qui a
établi cet empêchement, parce qu'une impuissance
de cette nature met la personne qui en est atteinte
hors d'état de remplir les devoirs auxquels elle s'est
engagée en se mariant. Outre cela, de telles alliances
sont trop opposées aux deux fins principales du Ma-
riage, cl on ne peut les accorder avec la fidélité que
les époux se doivent l'un à l'autre, avec le désir qu'ils
doivent avoir de donner des enfants au monde, et avec
la sainteté du sacrement, que les impuissants pour-
raient violer par un grand nombre de péchés que la
pudeur oblige de couvrir sous le voile du silence.
C'est sans doute pour cette raison que l'on ne
trouve rien sur ce sujet dans les plus anciens mo-
numents ecclésiastiques; l'Eglise, dans les premiers
siècles, n'interposant point son aulorilé pour dis-
soudre une alliance qui était nulle par elle-même ,
conseillait seulement à ceux qui s'y trouvaient
(1) Marie Vignon.
(2) Innocent III, c. Quoniam fréquenter,
(3) Tora. 2, V. Mariage, p. 81.
engagés, et qui ne pouvaient se séparer sans scan-
dale, de vivre ensemble comme frère et sœur, s'ils
s'étaient unis de bonne foi, cl laissait à la puissance
publique la punition de ceux qui, connaissant leur
inlirmilé, élaicnl entrés malicieusement dans l'état du
.Mariage; en quoi elle était secondée par les lois des
princes (1) qui déclaraient ces Mariages nuls, in-
«îip/aitiu/j//«?, et punissaient ceux qui étaient assez har-
dis pour les contracter, comme il paraît par une
! infinité de lois des deux codes de Théodose et de
Jusiinien ("2)
On voit quelle était la conduite de l'Eglise en ces
occasions, dans le 9' siècle, par ce que firent Ilincmar,
de Reims, et plusieurs autres prélats assemblés avec
lui, qui, ayant été priés do vider un dillérend survenu
entre deux époux, s'en excusèrent, et en renvoyèrent
sagen<icnt la connaissance aux comtes ou conseillers
d'état do Louis-le-nébonnaire. Ces évoques ne vou-
laient point prendre connaissance de ces sortes d'af-
faires, parce qu'elles avaient déjà été réglées par les
lois, et entre autres par celles de Cliarlemagne dans
ses capitulaires (3), oîi il déclare nuls ces mariages,
et permet à la partie plaignante de se remariera qui
elle jugera à propos, en cas qu'elle prouve ce qu'elle
avance. Si vir et mulier se in matrimonium conjunxe-
rint, et postea dixeril mulier de viro, non passe nubere
[hoc est, copularï) cum eo; si polerit probare quod ve-
rum sit accipiat alium, eà quod juxta Apostolum non
potuit illi reddere debitum.
L'Eglise romaine est celle nui a porté plus loin la
réserve sur ce point. Clément III, Lucius III et Alexan-
dre III, dont les décrétales se lisent dans le quatrième
livre des deux premières collections qu'on avait faites
: avant celle de Grégoire IX, et qui ont été retranchées
de celle-ci, assurent que ce n'était pas la coutume ni
l'usage de l'Eglise romaine de dissoudre le Mariage
pour cause d'impuissance, ni de séparer les parties
qui s'étaient mariées dans ces circonstances ; mais
qu'elle avait coutume de leur conseiller de demeurer
ensemble comme frère cl sœur, en cas qu'elles ne
pussent vivre comme mari et femme. C'était sans
doute la difficulté qui se trouve à résoudre ces sortes
de questions, que quelques circonstances très-diffi-
ciles à découvrir, et l'indécence qui se rencontre
dans la recherche du vrai en celte matière, c'était,
dis-je, celte difficulté qui avait fait prendre à plu-
sieurs des souverains poniifos, prédécesseurs de ceux-
ci, le parti de ne point prononcer de sentence sur ce
suji;t, en laissant la décision à la conscience des gens
mariés, et aux juges laïques qui avaient sur cela les
lois des princes qui leur servaient de règles.
Il est certain pourtant que longtemps avant ces
trois papes, dont nous avons parlé, l'on avait donné
à Rome des règles et des décisions là-dessus. S. Gré-
goire, dit M. d'IIéricourl (4), écrivant à S. Augustin
(1) Justinian. Novell. 22; Authentica, c. 6, Se4
hodie.
(2) C. de Repud.
(3)L. 6, c. 55. ,.-.;-' «;.-. -•. - -^
! (4) Lois ecclés., p. 452,
4123 HISTOIKE DES
d'An"lclcrre, veut qu'on exhorte une roiiiiue ipariée
•1 nii impuissant à vivre avec lui comme avec son
livre; mais il ajoute que si elle ne veut pas se sou-
mcilre à cette 'loi, il faut la séparer et lui permettre
de se marier à une autre personne. Le pape Gré-
goire II adonné une décision semblable (I). D'ail-
leurs Alexandre III reconnaît (2) (]ue l'usage des
autres Eglises de prononcer sentence de nullité de
Mariage, en cas d'impuissance, est légitime, et qu'il
était en vigueur dans celle de France, par les lettres
de Fulbert et d'Ives de Chartres (5), dont le premier
a vécu dans le onzième siècle, et l'autre, dans le
douzième. Maltliieu Blastares reconnaît aussi que
l'impuissance perpétuelle peut donner lieu à la cas-
sation d'un Mariage.
Cela doit s'entendre non-seulement de celle qui est
naturelle, mais encore de celle qui est causée par
quelque maléfice ; car, quoi qu'en disent certains au-
teurs, il faut convenir qu'il s'en trouve quebiuefois
qui viennent de sortilège. Non seulement Dieu a pu
donner au démon le pouvoir d'empêcher l'elfet de la
iialure pour la consommation du Mariage, mais il le
donne sur certaines personnes. Les païens eux-mêmes
ont reconnu quelque chose de semblable. Platon
averlil (i) les personnes mariées de prendre garde à
ces charmes, et dans les lois des douze Tables, il était
déienilu, sous peine de la vie, de s'en servir, pour pro-
curer nudicieusement l'impuissance à des époux. Ar-
nobe (o) elS. Jérôme (G) appellent ceux qui usent de
maléfice pour rendre inipuissanls de nouveaux mariés
les ennemis du Mariage. Celui-ci les décrit ainsi :
Vbligatores, rci rtxoriœ hostes, qui perpelnas vcl ni-
iniitm d'mturnas nupliarum ferias , ferali carminé et
modo indicunt.
Les histoires chrétiennes en fournissent une infi-
nité d'exemples. Sozomène (7) dit que Stilicon, ayant
marié sa hlie à l'empereur llonorius, une sorcière
rcmpêcha de consommei' son uuuiage. Ce lut par les
maléfices de Brunehaut, dit Aimoin, que Théodoric,
son fds, ne put avoir d'habitude avec llermenberge,
son épouse. Un nommé Eulalius, ayant enlevé mie
lille d'un monastère de Lyon, et l'ayant é])ousée, ses
concidjines, dit Grégoire de Tours (8), l'eriipèchèrent
de consommer son mariage: Sed concubinœ cjus...
malefiâis sensum ejus oppUaveriint. Selon les historiens
d'Espagne, Marie de Padilla avait inspiré tant d'iior-
reur à Pierre, roi de Castille, pour son épouse légi-
time, par ses maléfices, que même il ne pouvait la voir.
On attribuait à la même cause l'aversion qu'avait con-
çue le roi Philippe-Auguste pour Ingebiu'ge de Dane-
marck, belle et vertueuse princesse, et il y a tout lieu
de croire que l'on ne se trompait point en cela. Paul
(l) Can. Requisîsti, 55, q. 1.
h) Anliq. CoUect. 1, Décret., 1. 4, c. 5.
(5) Ep. G4, p. 8, c. 178, et aliis.
(4) L. 11 Legum.
(5) L. 1 advers. Gentes.
(6) Vita sancti Hilarionis.
7) Lib. 7.
S
SACREME.NIS. nu
Jove parle (1) du maléfice dont usa Louis Sforce à
regard de son neveu Jean Galéas, pour le rendre ini-
puissant, afin d'hériter de son duché de Milan. Eiidn
la Chronique d'Albert d'Argentin nous assure (pie le
mariage de Jean, comle de Bohème, avec sa femme
Marguerite, fut dissous à Rome, parce qu'il était de-
venu impuissant par un sortilège.
Coninu; la concupiscence domine parliculièienient
dans faclion charnelle du mariage, c'est a.issi dans
cette action, dit le i ieux et savant évêque de Luçon (2),
que Dieuapermisque le diable fasse paraître davantage
le pouvoir qu'il a de nous nuire par les maléfices.
L'Église le reconnaît dans le droit (3), el, depuis le
temps d'Ilincmar, presque tous les rituels marquent
non seulement les pieux avis qu'un curé doit donner
à ceux qui se trouvent impuissants par quelque malé-
fice, mais aussi les prières qu'il doit faire pour lever
cet empêchement. Cependant ou ne croit i)as légère-
ment ceux qui se plaignent d'impuissance, surloul au
commencement de leur mariage, et on ne doit point
facilement employer pour ce sujet les exorcismcs de
rÉgliso, dit judicieusement M. d'Héricourt (4); car
ces prétendues ligatures ne sont quelquefois que les
effets d'une impuissance naturelle, soit alisolue, soit
respective. Souvent riniagination frappée a beaucoup de
part à ces prétendus nœuds de l'aiguillette : nii homme
qu'on a menacé se trouve impuissant, parce qnon lui a
dit qu'on emploierait contre lui la force de la magie,
quoiqu'on nen ait rien fait ; et il remplit ensuite le devoir
conjugal, parce qu'on lui fait entendre qu'on a détruit
son impuissance par un sortilège coitrairc. Cette manière
de guérir l'imagination est Ires -condamnable.
Autrefois on ne procédait pas comme à présent,
quand il s'agissait de prononcer une sentence de sé-
paration de deux époux pour cause d'impuissance. Le
témoignage des deux parties, qui l'assuraient avec un
serment qu'ils faisaient sur les sainls Évangiles, suffi-
sait pour cela (o), pourvu qu'il fût confirmé par le té-
moignage authentique de six témoins dignes de foi,
qui cerlifiaienl avec un pareil serment qu'ils avaient
vu les deux parties demeurer ensemble le temps porté
par la loi, et qu'à cause de leur probité on pouvait les
croire sur ce qu'ils attestaient de l'impuissance allé-
guée (0).
Si l'on veut se donner la peine délire lesdécrétales
des papes, telles qu'elles sont dans la prenùère et se-
conde collection, on pourra se convaincre que les pa-
pes, avant Grégoire IX, ne requéraient point d'autres
preuves pour la dissolution dans les cas d'impuissan-
ce, lorsque les deux parties en convenaient. Cela
s'appelait jurare septimâ manu. Ceux qui faisaient le
serment avec la personne qui affirmait une chose
étaient appelés suer amentales, ou sacramenlari\.
(1) Lib. 1.
2) M. Barillon.
(5) 55, (|. 1.
(4) Pag. 452.
8) L. 10 Ilist. Franc, c. 8.
(5) 55, q. 1, G. 1
(G) Conférences c
et 2.
de Paris, t. 5, p. 155.
liSS
MARIAGE. — CHAP. XIV. IMPUISSANCE iNATURELLE ET SURNATURELLE.
112G
Lien conjiiroiores ; ils devaient être gens de bonne
l'ëpuUUion, à qui on ne put in)|uiter aucun crime, cl
c'esl pourquoi ils étaient examinés par les juges avant
d'être idniis à prêter sernionl. Ils devaient être aussi
lie même ordre et de même condition (pie le plaignant
ou l'accusé, en sorte que si un noljle ou un prêtre,
jiar exemple, avaient à affirmer quelque chose, ilsde-
v;iiont produire, le premier, des nobles qui prêtassent
]M)ur lui le serment, et le second, des prêtres. C'esl ce
(jiii est évident par un grand nombre do témoignages
(ju'lii fournil M. Ducange, dans son diclionnaire (I).
Uiicbiuefois même on exigeait que les personnes qui
faisaient ce serment fussent de même sexe ou de
jKême famille.
Le serment de sept persoiinrs pour s'assurer d'un
fait était le plus ordinaire, quelquefois le nombre de
ceux qui le prêlaient était plus grand , quand les af-
faires étaient plus importantes ; mais quand elles ,
étaient de peu de considération, l'on se coutentail du
sermoMl de la personne que la chose regardait. Celui
i)U ceux qui lefaisaieiit devaient être à jeuu (2), et ceux
qui faisaient le serment pour un autre n'alïirinaient
poinl que la chose fût telle que le disait celui qu'elle
regardait, mais seulement qu'ils croyaient que cette
personne n'avançait rien conire la vérité. Cela parait
par ce que disent Alexandre 111 cl Innocent III (5),
et par ce qui est rapporté dans la chronique d'Hugues
de Flavigny (4), sur l'an 1101. Lévêque de Tusculum
reçut la purgalion pau sebme^t de révêque d Aittun ,
l'utchevéïiue de Lifon poursuivant et confirmant le ser-
ment de celui-ci, en disant : Je crois que l'évcque Nor-
yaude a dit lérilé; l'évèque de Chùlons y consentit , et
jura de même.
L'expérience lit sentir dans la suite que celte pro-
cédure élait insiiflisante cl sujelle à illusion, et Ton
a pris des voies plus propres à s'assurer de la \érilé
des faits, quand il s'agit de rompre des mariages
lîuur cause d'impuissance, soit que les deux parties
agissent de concert, soit qu'une d'entre elles s'y op-
pose. On a élé , dis-je, conlraint d'admettre d'autres
preuves pour empêcher que ce faux prétexte , allégué
cl cru sur le serment des parties et de ceux qu'ils en-
gageraient à le confirmer, ne donnât lieu à plusieurs
de se séparer quand ils seraient dégoiiiés l'un de
l'autre.
On peut voir dans les canonistes plus récents, et
dans les écrits des jurisconsultes, quelle est la procé-
dure que l'on garde aujourd'hui, et que l'on observait
il n'y a pas long-temps dans les affaires de cette na-
ture. Les Conférences de Paris traitent cette matière
au long (5), et avec toutes les précautions que l'on
peut désirer pour ne point blesser la pudeur ; et M. le
président Bouhier a fait sur cela une dissertation di-
gne de lui , où il traite celte question en grand juris-
(\) Loxicon, v. Jurure.
(2) Capilul. Aquisgran, ann. 787, c. ()"2.
(3) A|)pend., ad conc. Laleran., part. 8, c. 21.
(4) Lib. IG, ep. 18.
(5) Ton). 5, 1. 3.
consulte. 11 entreprend d'y faire voir que le Parlement
de Paris, au lieu de proscrire absolument le congrès,
conmie il a fait , aurait dû seujemenl en retrancher
les abus, qui véritablement étaient intolérables et eu
grand nombre, mais qu'il aurait dû laisser subsister
ce moyen, qiu, tout indécent qu'il est, n'est point illi-
cite dans le fond, et qui (juclquclois est la seule voie
que l'on ait pour s'assurer de la vérité dans ces occa-
sions, et pour empêcher que le mariage ne serve de
voile à mille poilulions,el qu'une femme ne soit toute sa
vie exposée aux irruptions lascives d'un préti-ndu mari
qui n'a que la figure d'un homme , ou bien qu'un mari
ne soit déshonoré dans le public parles plaintes d'une
femme artificieuse, qui veut rompre mal-à-propos un
lien dont Dieu même est l'auieur, en se séparant par
caprice de celui qui est véritablement son mari.
Les mariages entre les impubères sont aussi imls
de droit naturel, quand l'un et l'autre, ou l'un d'entre
eux n'est pas capable de donner son consentemenl.
Il faut avoir une connaissance suffisante pour con-
senlir à un engagement qui est indissoluble. Inno-
cent III déclare nul le mariage d'une impubère (1)
parce qu'elle n'avait pas eu assez de connaissance
pour pouvoir s'engager, quia œlalem prudeniia non
supplcbat.
lis sont défendus par le droit canonique, quand un
impubère ne peut pas encore user du mariage ; mais
ils ne sont pas nuls de droit naturel, s'il peut le con-
sonmier dans la suite. C'est proprement l'inliabileté
à donner son consentement qui rend nuls ces ma-
riages; niais l'incapaciié de les consommer n'empêche
pas que les impubères ne puissent les contracter
quand l'Eglise le permet.
On ne peut fixer le temps au juste, tant pour l'ha-
bilelé à consentir au mariage, que pour le consom-
mer. L'un et l'autre dépendent de circonstances parti-
culières. 11 se trouve des enfants qui ont l'esprit plus
tôt ouvert les uns que les autres ; le tempérament
met ceux-ci en état de consommer leur mariage,
tandis que d'autres ne le peuvent. Les uns sont en
élat de le consommer avant que de pouvoir raison-
nablement s'y engag;'r. D'autres au contraire ont
la raison dans un degré suffisant pour pouvoir donner
un consentement raisonnable au mariage, avant qu'ils
soient habiles à le consommer. C'est pourquoi l'on
voit qu'on a -beaucoup varié dans la fixation de l'âge
de puberté. El afin qu'il ne se fasse rien en ce genre
qui ne puisse se soutenir dans Ia,suite, et pour ne point
donner lieu à la cassation des mariages, le pape Gré-
goire XIII a reconnu publiquement, selon Navarre
que les évêqucs sont en droit de donner des dispenses
sur ce sujet. Cela a élé pratiqué autrefois. Le roi
Charles Yll, voulant marier son fils Louis XI, âgé
seulement de treize ans , avec Marguerite , fille de
Jacques, roi d'Ecosse, qui n'en avait pas encore douze,
en obtint la dispense de l'archevêtiue de Toins, à qui
il la fit demander par un président et deux conseillers
de son parlement.
(I) Can. Tuœ, de Desp. impub.
U27 nisTomr des ^^acrkmknts.
11 paraît plus raisonnable tie s'adresser aux évoques !
pour ces sortes de dispenses, parce qu'étant sur les
lieux, ils sont plus en état de juger de la capacité ou
de l'incapacité des personnes pour lesquelles on les !
sollicite, et de s'assurer par eux-mêmes si elles ont
assez de connaissance ei d'ouverture d'esprit pour don- '
jier leur consentement à un engagement si important.
On pourrait regarder l'âge décrépit comme une es-
pèce d'impuissance : cependant , comme on a des
exemplesde vieillards qui'ont eu des enfants dans un âge
très avancé, entre autres de Massinissa, roi de Numi-
die, qui eut un fils à quatre-Vingts ans ; de Caton le
Censeur qui en eut un à quatre-vingt-huit, et d'Ula-
dislas, roi de Pologne, qui eut deux enfants à quatre-
vingt-dix ans, l'Eglise n'a pas jugé à propos de mettre
la vieillesse au nombre des empêchements de ma-
riage, comme avaient fait deux consuls Romains ,
par une loi qui de leur nom est appelée Papia Pop-
pœa, par laquelle il était défendu aux honunes de se
marier après soixante ans , et aux femmes après
cinquante.
Mais si l'Eglise n'a pas défendu aux vieillards de
se marier, surtout quand ils ont encore lieu d'espérer
d'avoir des enfants, on peut dire qu'elle a toujours
Llàmé ceux qui l'ont fait, principalement quand ils
n'espéraient pas de postérité de leur mariage , soit
parce qu'ils sentaient leurs forces trop épuisées , soit '
parce qu'ils s'alliaient avec des fenmies incapables '
par leur âge de leur donner des enfants , mais d'ail-
leurs assez jeunes pour leur faire goûter les plaisirs
du mariage. Les Pères de l'Eglise se sont souvent
élevés contre les personnes âgées de l'un et de l'autre
sexe , qui s'engagent dans l'état du mariage, et en
ont parlé de manière à les faire rougir de leur incon-
tinence : quelques-uns ont poussé la chose jusqu'à
traiter ces mariages de honteux concubinages, couverts
du voile d'un sacrement qu'ils déshonorent, eu le re-
cevant dans des vues bien différentes de celles que
doivent se proposer ceux qui embrassent cet état. Il est
même des théologiens de ces derniers temps (1) qui di-
sent qu'il Y a de certains vieillards dont le mariage est
nul, parce qu'ils sont épuisés par leur grand âge. Us !
sont en cela trop rigides dans leurs résolutions, ils :
devaient se contenter de blâmer ces mariages, et la !
conduite insensée et, si l'on osait se servir de cette
expression, luxurieuse de quelques vieillards qui,
dans un âge presque décrépit, se marient à de jeu-
nes personnes: mais ils ne devaieiat pas assurer qu'ils
sont nuls, puisque l'Eglise ne les a pas déclarés tels.
Les Pères du concile de Frioul ou d'Aquilée (can. 9.)
jugeaient à propos qu'on ne mariât ensemble que
des personnes qui fussent à peu près de même âge,
parce qu'une trop grande inégalité cause souvent la
perte des âmes, et donne lieu à de grands désordres;
mais il ne dit point que ces sortes de mariages soient,
absolument parlant, invalides.
Comme la vieillesse n'est point un empêchement de
mariage, la stérilité ne l'est point non plus dans ceux
qui peuvent en user ; et il ne fut jamais permis de
ronipre les mariages pour cette raison, comme l'en-
seignc S. Augustin (1). Je ne disconviendrai pour-
tant pas que cela ne soit arrivé quelquefois ; mais les
fautes des particuliers, dans quelque rang et quelque
dignité qu'ils soient, ne doivent point être imputées à
l'Eglise. 11 est même bien des faits que l'on allègue
sur ce sujet, dont la vérité n'est point assez établie
pour que l'on doive y ajouter foi ; par exemple, à ce
que rapporte Polydore Virgile, que David, nii
d'Ecosse, répudia Marguerite, sa femme, avec l'ap-
probation du Saint-Siège, parce qu'elle était stérile.
On ne doit pas faire plus de fond sur ce que dit du
; Tillet, que le pape permit à Dagobert I", pour la
même raison , de répudier Gomatrude qu'il avait
épousée à Clichy, et d'épouser Nantilde à sa place.
Ce récit ne s'aecorde ni avec les mceurs du temps,
(ce n'était point alors la coutume de demander à
Rome des dispenses de mariages, et c'était encore
moins celle des papes d'en donner dans de pareilles cir-
constances ) ni en pariiculier avec la conduite de
Dagobert, qui n'était point homme à se faire des scru-
pules sur cet article, depuis que les bons conseillers
que son père lui avait donnés l'eurent quitté. Car, ou-
tre les autres désordres dans lesquels il se laissa en-
traîner, il s'abandonna sans mesure à l'amour des
femmes, disent nos historiens (2), et après eux,
M. Fleuri, dans son histoire ecclésiastique.
Dès l'année G28, il quitta Gomatrude, qu'il avait
épousée du vivant de son père, et prit à sa place
Nantilde, une des filles qui servaient dans le palais.
Duchesne ajoute que ce fut à cause de sa stérilité, et
qu'il le fit, comme dit un anonyme qui a écrit la vie
de Dagobert, par le conseil des Français, cum consilio
Fraiicorum : mais, comme remarque le P. Ruinart,
dans une note sur cet endroit de Frédégaire, ce qu'il
fit fut plutôt un effet de son incontinence et de lu
mauvaise coutume qui s'était établie alors de répu-
dier les femmes et d'en prendre d'autres, coutume
dont les formules de Marculfe rendent témoignage (3),
et qui a été ensuite abolie par les canons et par l'au-
torité royale. Dagobert ne se contenta pas de ce di-
vorce : l'année suivante, huitième de son règne, il
prit encore une autre fille nommée Ragnetrude ; en-
fin il avait trois femmes à titre de reines, Nantilde,
Llfigunde et Berchilde, et des concubines en si grand
nombre, que l'historien n'a pas daigné en mettre les
noms.
Un homme aussi débauché ne paraît pas avoir été
disposé à demander au jjape des dispenses pour répu-
dier sa femme, sous prétexte de stérilité, et pour on
épouser une autre, comme du Tillet se l'est imaginé :
et .les souverains pontifes étaient trop zélés pour la
discipline de l'Evangile, et avaient trop à cœur le
maintien des règles , pour donner les mains à un tel
(1) Navarre et Dominique Soto.
Lib. de Bono conjugii.
2) Fredeg. Chronic, n. 58, 59 et 00,
(3) L. 2, form. 30.
l{29
MARIAGR. — CIIAP. XV. EMPÊCHEMENT DE CLANDESTINITÉ, etc.
1150
dcsonlro. Le '^ninl Siogiî fil \wn pnniliv combu'ii il
cinii éloigué d'uccoidor de pareilles dispenses dans
ralT;tire d'Ilemi IV, roi d'Allemagne, lc(iuel, quelque
Si>llicil;ili()ii qu'il fil. el quel [lie arlKice qu'employai
pour lui Si^'olVoi, archevètiue de Mayenee , ne put
jamais oblenii- du pape Alexandre II qu'il consenlil
à la di^soluliitn de sou mariage avce Herllie, lille
dOluwi, marquis dllalie, avee laquelle il se plaignait
(juil n'avait jamais pu c()u>ommer son mariage, sans
dire néanmoins positivement (pi'elle lui iuq)uissanle.
C'est la fermi'U" de ee pape eu eelle occasion, et celle
de (juanlilé d'autres grands évè([ues, qui a enfin ar-
rêté le cours des divorces si fréquents qui régnaient
depuis longtemps dans la cluélienté, el qui déshono-
raient la sainlelé de la religion.
C!L\PITRE XY.
De Ceiupècliement de laclmidestinilé. Par qui, pourquoi,
et en quel temps il a été établi. Des mariages à la
l'iomiue, et de ceux que l'on nomme de conscience.
Nous avons vu au comnieniement de ce traité que
l'on a (.'e tout temps célébré publiiiuenienl les maria-
ges dans l'église, el que l'on a eu mie très-mauvaise
opinion, pour ne rien dire de plus, de ceux qui se
faisaient en cachette el sans rinlcrvention des minis-
tres de l'autel. Il esl inutile de répéter ce qui a élé
dit à cette occasion ; je remarquerai seulement i( i
que S. Jérôme va jusqu'à dire (1) que les mariages
ijui se l'ont auliement que suivant le commandement
de l'Eglise ne sont pas senlenieut dignes de mépris,
mais (lu'uu doit les considérer comme des adul-
tères.
Une action si importante méritait bien d'être faite
en public. Ees Juifs et les païens l'ont reconnu
eux-mêmes. La manière dont l'Ecriture parle du
juariage de Samson avec Dalila, el du jeune Tobie
avec Sara, en est une preuve convaincante pour les
Juifs, aussi bien que la solennité des noces de
Cana.
Les mariages étaient aussi accompagnés de pompes
el de solennités chez les Uomains, qui regardaient
ces alliances conmic sacrées. Ils croyaient que les
dieux y pré^^^idaienl ; ils avaient soin de les invoquer
pour cela. Arnobe (2) parle des sacrifices qu'on leur
faisait dans ces occasions; et S. Augustin (3) fait
mention des dieux qu'ils avaient coulinne d'invoquer
lorsqu'ils se mariaient. Tacite, parlant du mariage de
l'empereur Claude avec Agrippine (4), le blâme de ce
qu'il n'avait pas encore fait les cérémonies accoutu-
mées, quoique le monde en fût informé.
Comme l'Eglise a exigé la publicité dans les maria-
ges des chrétiens avec plus de raison que les Juifs et ;
les païens, parce qu'ils sont parmi nous non seulc-
menl la chose du monde la plus importanle, tanlpoui
ceux qui s'y engagent, que pour l'étal civil en gém''-
(1) In. c. 0 Episl. ad E[)hesios.
(2) L.i, coul. Contes.
(5) DeCivit. Dei, I. 0, e. '.). n. 3.
(i) Amial. 1. 1-2.
i» XX.
rai et pour le bien de la religion, mais cnc(ue p;nee
(pie J'''sus-Chrisl a élevé le mariage à la dignité do
sacrement; il ne faut pas cire surpris de voir l'alleu
lion (pront eue les princes ciiréliens, pour que rien
de ee (|ui a|qiarlient à la céb'bration des noces ne se
fil en caclielle.
Juslinien, dans sa noselle 7i, condamne (1) ceny,
qui se marient dans les maisons particulières el hors
de l'église, quand niême ils confirmeraient celte al-
liance par le serment sur les Evangiles. Charlemagne
déclare de plus (pi'une femme n'est point censée ma-
riée, si on a omis les céiéinonies sacrées qui étaient
en usage pour le mariage. A'ô« est dubium eam mulie-
rem non pertinere ad matrinionium, in quo docelur
nuptiale non fume mijsleriiim. Ces paroles semblent
emporter un empècbement dirimanl. Les capilulaires
de nos rois {"1} ne sont pas moins exprès là-dessus :
car ajirès avoir ordonné que les mariages se célébre-
ront publiquement en présence du prêtre du lieu où
les noces doivent se faire, et dans l'église avec la bé-
nédiction et les cérémonies ]»rescriles dans le Sacra-
mcnlaire, ils ajoutenl qu'aulrement les enfants qui en
naîtront seront illégitimes, xpnrii. Lcmpcrenr Léon-
le-Pliilosoplie (5) veut qu'il n'y ail point de véritables
mariages dans ses étals (pie ceux qui auront été faits
en face de l'église avec la bénédiction nuptiale : ce
qui est confirmé |iar Alexis Cmnnùne (A), qui con-
damne en même temps l'abus (|ui s'était introduit en
Orient de ne pas bénir les enclaves (juand ils se ma-
riaient.
Ces ordonnances des princes font voir que la dis-
cipline était la même en Orient et en Ocideiit jusqu'au
dixième siècle, el même jusqu'au onzième : les fausses
décrélales des papes Evaiiste et Soler. rapportées
par Ives de Chartres, les(iuelles assurent qu'il n'y a
ni noces ni Mariage sans la bénédiction du prêtre,
font connaître ce que l'on pensait encore sur ce sujet
du temps de ce savant évèque, c'est-a-dire dans le
douzième siècle, où il fleurissait ; et tout cela fai: en-
trevoir ipie, jus(i(i'à ce temps, les Maiiages claiulcs
tins étaient, non seulement illicites el défendus par
l'Eglise, mais qu'ils étaient do plus regardé;» comme
nuls el invalides, comme ils lèsent encore chez, les
Crées, qui ont toujours élé invariables sur ce sujet,
La dibcijitine de l'Église Latine changea ipielipie
tcm|)S après Ives de Chartres. On se coplenta de blâ-
mer les Mariages clandestins, de meltre en péiiilent.-.
ceux et celles qui les contractaient, el de punir les
prêtres qui y assislaicnl, en Ici suspendant quelque^
années de leurs fonctions ; mais on ne les regardait
pas comme nuls C'est ce que k grand concile de
Lalrau de l'an l^Io, tenu sons Innocent lil, a réglé
là-dessus ( cap. ol ). Eu quoi il n'a fait que suivre ce
qui était déjà établi par l'usage, et par les conciles
de Lalrau sous Alexandre III (Grégoire IX trouvant
(1) Cod. 1. 7, e.4l.
(2) L. 7, c. 127.
(3) Novell. 80.
(i) Mov. Comn. r>.)ir'../i. 1. .luiis Orient.
IJ31 HISTOIRE DES SACREMENTS. !152
les choses établies sur ce piod-là les ylaissn. La pé- 'F' conseil on faveur, encourent rexcommunicahon , par le
iiiteiice (iiie l'on imposait çn ces occasions était assez | seul [ail dont ils ne pourront être absous que par faute-
lé''ére, souvent même elle se lerniinait à des mena- | riié apostolique ou par nous, sinon à l'article de la mort.
ces ; enfiR les Mariages clandestins devinrent ordi- ,
naires dans nos églises, et Ton àe fit même une ^ |
maxime (1) de tenir pour Mariages légitimes les fian-
çailles suivies de l'action qui est permise aux mariés:
ce qu'on a apjielé dans la suite, malrimonia rata et
■ prwsumpla.
Celte conduite était fondée principalement sur le
sentiment des docteurs du temps, qui enseignaient
communément que le Mariage consistait seulement
dans le libre et mutuel con-enlcment des parties qui
contractent; d'où Ton concluait que ce consentement
se trouvant pour iors entre elles, le niariage était va-
lide. Telle fut la discipline de la pluj)arl des églises
depuis le treizième siècle.
Je dis, de la plupart des églises, car ranleur des
Conférences de Paris (2) prétend que celles de France,
et en particulier celle de Paris , n'ont jamais soulferl
les mari;iges clandestins. H rapporte sur ce sujet les |
statuts de quelques-uns des prélats qui ont gouverné
celte église, et entre autres d'Eudes de Sully, de
Guillaume de Paris, de Denis du Moulin et d'Éiienne
Poncber, qui ont défendi: ces mariages sous de grandes
peines; mais les statuts synodaux de Wary de Dommar-
lin, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois, nous four-
nissent quelque chose do plus fort conire les mariages
claf^leslinsque ce qui est rapporté de ceux desévèques
de Jaris dans les Conférences. Ce qui y est dit mérite
d'autant plus d'attention, que cet évoque déclare qu'en
cela il ne fait (jue suivre la discipline de la province de
Trêves. Voici ce qui se trouve là-dessu"5 dans un ar-
ticle exprès, intitulé : De ci.andestims matuimonus (5).
Quoique le pape Innocent 111 , dans le concile cjenéral
de Latran , ait suffisamment défendu aux prêtres d'as-
sister aux mariages clandestins , néanmoins comme il se
trouve souvent qtielques-nns qui, méprisant la crainte de
Dieu, et ne se souciant pas d'encourir la peine trop lé-
gère que ce pape d'heureuse mémoire a imposée à ceux
qui se marient clandestinement, ont la hardiesse de con^
tracter de ces sortes de mariages, nous avons cru qu'il
était de notre devoir de nous opposer à ces abus, en sou-
mellani à des peines plus sévères ceux qui s'y laissent
emporter, afin que ceux qui ne sont point touchés de
la crainte de Dieu soient retenus par la crainte tem-
porelle.
C'est pourquoi nous ordonnons par cette présente cons-
titution, qui aura force de loi pour l'avenir, et qui est
conforme aux a)iciens statuts de notre province de Trêves
{et antiqnis provinciœ Treverensis constilutionibus con-
formata) , qu'outre les peines marquées par le canon {du
concile de Latran) , tant ceux qui contractent des ma-
riages clandestins, que ceux qui s'ij trouvent présents de
propos délibéré, ou qui y concourent directement ou in-
directement, publiquement ou en secret, en donnant aide,
(1) Cap. Vcniens, de Spons.
(2| T. 5, p. 198 et seq.
(5) Foli > 55 et ?rrj.
Que si ceux qui se trouveront coupables de cette faute
ont quelques biens, ils seront aussi condamnés à une
amende de dix livres d'argent pur , comme nous les y
condamnons par la teneur des présentes.
Après ces paroles suivent celles du oT chapitre du
concile de Latran, qui est rapporté en partie. Les sta-
tuts de Verdun ajoutent ensuite : Et si ceux qui sont
mariés de la sorte (clanileslinemenl) osent habiter en-
semble, l'Eglise les tiendra pour concubinaires publics
{et si sic conjnncti simul cohabilare prœsumpserint, Ec-
clesia cos publicos concubinarios reputabil). Cependant,
si dans la suite ils veulent contracter publiquement ma-
riage en face de l'Église, on les recevra , et ces mariages
seront tenus pour bons, comme s'ils avaient été contractés
d'abord en face de l'Eglise, à moins qu'il n'y ait parenté,
ou'quelque autre empêchement canonique. On leur don-
nera aussi la bénédiction nuptiale, s'ils la demandent, en
leur imposant cependant une pénitence convenable pour
s'être mariés clandestinement. Ici l'on trouve encore une
I partie du décret de Latran, après quoi l'article des
mariages clandestins finit par ces paroles : Nous vou-
lons que toutes ces constitutions qui concernent les ma-
riages clundeslins soient lues publiquement , quatre fois
l'année, dans toutes tes églises paroissiales, par celui
qui a le soin des âmes , afin qu'aucun ne prétende cause
d'ignorance.
J'ai cru que les lecteurs judicieux seraient bien aises
de voir tout an long ce précieux monument de la dis-
cipline des églises de la province de Trêves, au sujet
de la clandestinité des mariages. On y voit que l'on n'y
avait pas oublié les anciennes règles sur ce sujet
comme dans la plupart des autres provinces ecclésias-
tiques, où les abus sur ce point s'étaient lellemenl
multipliés et autorisés par la coutume, que le concile
de Trente a jugé sagement qu'il fallait mettre la clan-
destinité au nombre des empêchements dirimants de
niariage.
Les raisons qui ont porté le concile à faire ce dé-
cret sont irês-pressantcs. Les mariages clandestins ne
se pouvaient prouver devant les juges , soit ecclé-
siastiques, soit laïques; d'où il arrivait souvent que
dos personnes, quoitpie légitimement mariées en se-
cret, venant à se dégoûter l'une de l'autre, se ma-
riaient publiquement à d'autres en face de l'Église, et
vivaient dans un perpétuel adultère sans qu'on pût
l'empêcher juridiquement; ils faisaient même pas-
ser leurs biens entre les mains de leurs enfants illé-
gitiFues.
De plus des hommes mariés en secret ne laissaient
pas de |)rcndre les ordres sacrés et de posséder
dos bénélices , sans que l'Église pût l'empêcher parce
(prelle l'ignorait, ce qui causait un très-grand scan-
[■ date parmi les fidèles quand la naissance des enfants
faisait découvrir ces mariages.
Outre cela ceux qui se donnaient la foi par paroles
I de présent sans la bénédiction d'un prêtre »<- pri'
i\'
MARIAGE. - CIIAP. XV. EMPËCHEMKNT DE CLANDESTINITE, etc.
MU
vaieni par là (l'un très-grand avantage , puisque l'E-
glise, qui a de loullt-nips béni les mariages de ses en-
fants, ne le fait pas sans fniil ; et que d'ailleurs le sen-
timent de trèi-liabiles théologiens qui prétendent que
:eHc bénétiietion est de l'essence^ de ce sacrement, el
en est, connue on parle dans l'école, la forme essen-
tielle, pourrait bien être le sentiment véritable; en
sorte que sans elle le Mariage serait à la vérité valide,
conune contrat civil et naturel, mais non pas comme
sacrement. Enlin il arrivait souvent que plusieurs de
ceux qui se mariaient clandestinement le fai-aienl
avec des empêclu'ments dirimants, sans que l'Église
pût y remédier, ou les en éclaircir, quand cela leur
arrivait par ignorance. Tels sont les puissants motifs
qui ont poilé le concile de Trente à déclarer nuls les
mariages clandestins.
Cette loi si sage a lieu dans tous les endroits où
les décrets de ce concile ont été reçus et publiés, et
même en France, (pioiqu'ils n'y aient pas été publiés
dans les formels accoutumées. Elle oblige aussi les
fidèles (jui vivent sous la domination des princes sé-
parés de la commuiiion de l'Eglise, si le c(uicile de
Trente y était reçu avant la séparation, fomnic en
Hollande, mais non pas dans ceux oîi il n'a jamais
été reçu, connue en Angleterre et dans le duché
de Saxe.
Cependant quoi pTen Angleterre on ne reconnaisse
pas d'autres empêchements de mariage (pie ceux du
Lévitique, on n'y souffre point les niari.iges clandes-
tins, et on est sujet aux poursuites des cours eccié
siastiqucs, si, sans dispense des évéques anglicans,
on se marie bors de sa paroisse et sans proclamation
de bans; ce qui oblige los Calboiiquesde se préseiter
devant le magistrat pour la sùreié de leurs mariages
par rapport aux effets civils et à la légitimation de
leurs cnfiints. Mais ils ne pourraient en conscience
aller par devant les ministres, el souffrir que ceux-ci
fissent sur eux les prières qui sont marquées dans
leur Rituel pour la céléltraiion des Mariages ; car <;n
ce cas ils prendraient part à leur comnnuiion.
Que si dans les pays séparés de la comminion de
l'Église calbolitine l'exercice de la religion, même
en secret, était défendu sous peine de la vie , et qu'on
n'y trouvât point de prêtres pour recevoir d'eux la
bénédiction niipiiale, ou pour assister à la célébra-
tion du Mariage, les ib 'ologiens les plus babiles ne
laissent pas de convenir qu'en ce cas les mariagco des
Catholiques , qui se feraient sans qu'un prêtre y in-
tervint , ne laisseraient [)oU\l d'être légitimes et va-
lides ; ce qui doit s'entendre à plus forte raison des
pays qui sont sous la domination des princes idolâ-
tres, comme à la Chine el au Japon, quoique le con-
cile de Trente y eût été reçu des ncuiveaux convertis,
et qu'ils en connussent Içs dispositions. Sur quoi l'on
peut consulter les Conférences de Paris, qui traitent
celle matière avec étendue (1).
Il ne nous reste , pour terminer cet article, qu'à
(1) L. 4 Confer. 1, lom. 5.
parler de deux espèces de mariages dont nous avoirs
fiit mention dans le titre de ce chapitre, et à repré-
senter quel est sur ce point la jurisprudence dir
royaume. Le |)remier est celui que l'on nomme Ma-
riage à la (imuine , par lequel on entend celui de deux
personnes que leur curé refuse di; marier, et qui pré-
tendent avoir dit l'une et l'autre, en présence de ce
curé. M., vous êtes témoin que je prends un tel pour
mon époux, el moi une telle pour mon épouse. Plusieurs
croient ces mariages valides, et il semble que ce soit
une suite du senliment de ceux (pii ne tiennent point
le prêtre pour ministre du sacrement de Mariage, mais
seulement pour témoin nécessaire de sa célébration.
11 y a même une délibération des docteurs de Sor-
b' nne (1) assez conforme à ce (pie nous disons, dans
laquelle il est dit que le Parlement de Paris l'a jugé
ain^i en pareil cas. Cependant il en est plusieurs au-
tres qui tiennent le sentiment opposé, prétendant
qu'il ne faut pas toujours examiner les actions bu-
maioes par le point de théologie, el (pi'il vaut mieux
dans ces rencontres envisager l'intérêt public dans
lequel il est de la dernière conséquence de conserver
plutôt les formes et les solennités ordinaires des sa-
crements, que de s'arrêter à des distinctions de l'école
inventées pour mettre les consciences à couvert, sur-
tout lor!<qu'elles sont capables de jeter le désordre
dans les familles et d'y causer du trouble.
C'est sur ce principe que les parlements, pour l'or-
dinaire, renvoient ceux qui ont contracté ces sortes
de mariages par devant leur curé, ou, à son refus, par
devant leur évêque, pour leur être pourvu et procédé
à leur mariage, si faire se doit, après avoir reçu pé-
nitence salutaire. Il arrive aussi quelquefois que les
cours souveraines autorisent ces mariages, quant aux
effets civils, mais aux conditions susdites et sans con-
séquence, comme porte l'arrêt du parlement de Paris,
doiiiié en 1632 , en faveur d'une fille majeure que son
fiére et son beau-frère empêchaient malicieusement
de se marier.
Nonobstant ce qui vient d'être dit, si ceux qui se
sont mariés en cette manière vivent séparément , et
que l'un des conjoints s'inscrive en faux contre ce
prétendu mariage, on suit une jurisprudence opposée :
car les officiaux et les parlements déclarent ces ma-
riages nuls , faute de preuves par écrit ; parce qu'en
France il faut qu'un mariage se prouve par l'exlrail
de l'acte de sa célébration écrit dans les registres de
la paroisse.
Quant à l'autre espèce de mariages , dent nous
avions à parler, nos jurisconsull(\s nous apprennent
qu'ils sont valables et légitimes, quant au sacrement,
mais qu'ils sont nuls par rapport aux effets civils ; de
sorte que les veuves, après la dissolution de ces ma-
riages, n'ont ni douaire, ni reprise, ni aucune aulr.:
convention matrimoniale, cl que les enfants qui sont
nés de ces mariages, ou qui ont élé h-giiimés i)ar leur
moyen , sont traités , comme illégitimes par rapport
(1) De l'an 171-2, i>i^nce Hubert de /'irrr/Za.
H35
HISTOIRE DES SACREMENTS.
11^
aux successions , el qu'on ne leur adjuge qu'une pen-
sion vi.igcre sur le bien de leurs pères el de leurs
mères, ou quelque portion des biens en l'oiids qui leur
tient lieu d'alinienls.
On met de ce nomlue les mariages (jui ont été
lenus secrets jusqu'à l;i mort de l'un des conjoints,
quoiqu'ils aient été céléltiés avec toutes "les formali-
tés prescrites par rordo;niance el par les canons.
C'est ce que nous avons appelé mariages de con-
science. Cela arrive, comme dit M. d'iléricourl (1),
quand le n)ari et la fenuno ont eu des liabitalions sé-
parées . quand la l'enuno n'a jioinl pris le nom du
mari, quand elle a agi et conlracté comme fille ma-
jeure, eic. Non seulement les enfants qui naissent de
ces mariages, mais encore leurs descendants, sont rn-
capables de recueillir aucune succession; ils sont ce-
pendant regardes comme légitimes pour les autres
actes de la vie civile, comme pour tenir des bénéfices
sans dispense.
Les mariages que contractent d( s bommes à la
fin de leur vie avec des femmes qu'ils ont entretenues
dans un mauvais commerce apparliemient à la même
espèce, et il en est de même des fennnes qui, étant à
l'extrémilé, épons ni des bonnnes avec lescpiels elles
ont vécu dans le libertinage. Le mariage de ceux (|ui
sont morts civilement, ayant été condamnés ou con-
tradictoirement, ou par contumace, à une j'eine qui
emporte la mort civile , est aussi valable; mais les
femmes qu'ils ont épousées en cet étal ne peuvent
demander leurs conventions matrimoniales, ni les
enfants qui sont nés de ces mariages prendre part à
la succession.
CHAPITRE XVI.
Des dispenses des einpêcliemcnis de mariage. Les an-
ciens étaient très-réservés , quand il s'agissait d'en
accorder : on s'est ensuite beaucoup relâché sur ce
point. Lettre de S. Ambroise contre les mariages
entre proches parents.
Nous avons traité ci-devant des enipèelienients non
dirimanls , tant au conunencemenl de celle bi.sloire
•lu Mariage , où nous avons parlé des fiançailles et
des tenqis jtrobibés par rap|)ort à la célébration de
ce sacrement, que vers la fin , oi^i , en parlant des
■Nœux solennels , nuus avons dit aussi ce qui concer-
nait les vœux sinqiles. Ainsi il ne nous reste pour
terminer celle matière, et ce que nous nous étions
])roposé d'écrire touchant le sacrement de Mariage,
que de parler des dispenses des empêchements, dont
I jusqu'ici nous avmis fait mention ; et comme nous ne
cliercbons point à allonger l'ouvrage , mais que nous
nous somme,, toujours éludiés au contraire à réduire
telui-ci dans les bornes les pbis étroites qu'il nous a
ïlé possible, nous avertissons en ce lieu que notre in-
lenlion n'est i>as de traiter des dispenses en général,
soil dogmatiiinemenl, soit bisloriquenienl, S. Rernaid
l'ayant fait de la première manière dans ses excellents
(1) Lois ec.clés. part. 5, c. 5, art. i>.
livres au pape Eugène, et le père Thomassin (1)
l'ayant fait de la seconde, et s'élanl parfaiiemenl ac-
qiiilté de cette entreprise dans son grand ouvrage de
la discipline de l'Église.
N(tus n'entreprendrons pas menu; de faire voir de
quelle manière le pouvoir d'accorder des dispenses
de mariages , en certains cas , a été autrefois exercé
par des conciles nationaux ou provinciaux , par les
évoques ou par le pa|)e; couuuent le souverain pon-
tife s'est mis en possession de les accorder seul dans
la plus grande partie de la chrétienté à rexclusion des
évèques, qui n'ont à présent ce pouvoir que par induit
du Sainl'-Siége, el dans certaines circonstances seule-
ment : enfin nous ne représenterons pas les diffé-
renles formules de dispenses telles qu'elles sont en
usage, ni les voies qu'il f.mt prendre pour les obtenir :
tout cela est amplement expliqué dans les Conféren-
ces de Paris, dans les livres cinquième et sixième du
troisième lome. Nous nous contenterons de mettre sous
'les yeux du lecteur quelle a été autrefois la conduite
de l'Église en ce point. Connue on ne peut nier
qu'elle est aujomd biii bien dilîérente de ce qu'elle
était dans les premiers siècles , et même dans le
moyen-âge; connue on porte à présent l'indulgence
fort loin sur cet article, surtout en ce qui regarde les
degrés de parenté dont on dispense avec une facilité qui
ne parait pas conforme à l'esprit du concile de Trente
(sess. 21, c. o) ; nous finirons cet ouvrage par la ira-
dnclion d'une lettre de S. Ambroise siu" celle matière,
qu'd serait à souhaiter que ceux qui, par leur inipor-
lunilé , travaillent à obtenir des dispenses du Sainl-
Siége, eussent défaut les yeux, pour leur faire sentir
combien les eflorts qu'ils foui pour venir à bout de
leurs entreprises sont désagréables à Dieu. Vouons
l»réseiitement à notre sujet.
Plus on lait allenlion à ce <|ui est rapporté dans
l'Iiisloiie de TEglise , plus on est convaincu (pie dans
les premiers siècles les dispenses do mariagtis étaient
rares, même à l'égard des souverains : il est vrai que
plusieurs d'entre eux ont contracté des mariages illi-
cites selon les lois de l'Eglise ; mais on ne voit pas
(pi'elle y ait donné les mains , ni qu'elle leur ait ac-
cordé pour cela des dispenses ; et si ({uelcpies é\ê-
qucs l'ont (juclquefois f.iil par crainte ou par com-
plaisance pour les souverains , ils en étaient idàmés
par leurs confrères et repris par le Sainl-Siége, qui
s'est signalé en plusieurs occasions pour maintenir la
sainteté des mariages, et poiu' faire observer les rè-
gles que les Pères avaient établies sur ce sujet.
S. Grégoire-le-Grand est , ce semble, le premier
(pii ait accordé des dispenses de mariages en faveur
des Anglais nouveau-convertis, de peur qu'une trop
t;rande rigueur ne rebutât ces néophytes , et ne leur
lit regrcltci' la liberté qu'ils avaient dans le paga-
nisme : Grégoire II suivit son exouq)le à l'égard des
nations Germani(|ues, qui étaient dans le même cas
que les Anglais du lemiis de S. Grégoire le-G:and.
(I) Part i, \.% c. i(i; p, 7>, 1.2,c. 5!); p. L I. 2
c. 07, 08 Cl (>!-'..
4137 MARIAGE — CIlAl'. Wl. IHSil
Lee mêmes motifs rengagèrent à user de celle indul-
gence à réj;ard de cens que S. Bonil'acc de Mayence
avait amenés à la loi par ses préilica lions el ses Ira-
vanx aposloliques.
Les évèqnes savaient (jn'ils pouvaient dispenser des
ivi^les qne l'Kglisc a élaltlies; mais ils étaient con-
vaincus (|n'ils ne pouvaient rien à l'égard de colles
qui étaient émances de la loi divine, soit naliiieile,
5oit positive : encore ne dispensaient-ils des empè-
iliements qni proviennent du droit ecclésiaslicpie
(jnavec heanconp de réserve , et cela senlcinenl lors-
iinu!) n.ariage avait élé conlr;i(té avec ([nelqne enipc-
ilieiiicnl inconnu aux parties, et qu'on ne pouvait
l'iiis séparer sans causer un grand scandale.
Souvent même ils refusaient des dispenses en ces
Kcasions : l'hisloire ecclésiastique est |ileine de ces
'xemples. Vous pouvez vous sou\enir de ce que nous
avons rapporté ci- dessus du mariage du roi Uobert
avec Hertlie, et de quelle manière le pape Grégoire V
en usa à son é-gard. Grégoire VII ne voulut jamais
donner de dispense à Alplionsi; , roi de Ca^lille, qui
avait é|)Ousé sa parente, et il l'obligea de la (piiller,
I. 8, ep. 5. Pascal II fui aussi ferme , et en refusa
uneà Vraca, fdledu roi de Caslille, qui avait épi usé
Alp" onse, roi d'Arragon, ep. 21. Ives de Chartres ,
dans le douzième siècle, étant fortement sollicité par
un évcque de donner une dispense de mariage à un
homme qui avait épousé sa parente, ne vonlnl ja-
mais l'accorder, quoique cet homme promit de faire
beaucoup d'aumônes et déjeunes.
Si on était ferme sur ce point qui demande plus
d'indulgence , on l'était encore davantage , quand il
s'agissait île permetirc aux clirétiens decontracîer des
mariages prohibés par l'Eglise. Le pape Lé. m IX dé-
fendit (1) à Haudouin, comte de Flandres, de donner
sa fille en mariage à Guillaume , duc de Nnrmandie,
et à ce duc de la recevoir. Si quelquefois des honnnes
puissants obtenaient du Saini-Siége, par surprise, des
permissions de contracter de tels mariages, ou bien si,
après les avoif conlraeli's, ils venaient à bout de les
faire ratifier, il s(ï trouvait desévèques zélés pour la dis-
cipline de^Egli^e,qui ne pouvaient soulfrir que l'on y
donnât atteinte. S. Dunstan Ht paraître une fermelf' in-
llexibledans ime pa'eille occasion. Vu comte llè^-puis-
sant avait épousé sa parente, el ne voulait point s'en
séparer, quoiciue le saint l'en eut averii jusipià trois
lois ; il lui défendit l'entrée de l'église , et m; voulut
point l'y recevoir à la prière du roi : le comte, outré
de colère, envoya à Rome, el par ses largesses avant
gaijMé quelques Rnm ins, il obtint des lellres du
pape, par lesipielles il était enjoiiil à rarclievèqiie de
réconcilier absolument ce comte à l'Eglise. S. Duns-
tan l'épondil : Quand je le verrai se repentir, j'obéirai
au Pape ; mais à I>ieu ne plaise «pie, deinem-ant d<ins
son péché, il s'exempte de la censure de l'Eglise, et
nous insulte encore , ou qu'aucun honnne mortel
m'empêche d'observer la loi de Dieu. Ce seigneur
(1) Au concile de Reims de l'an 1049.
i.NSKS DES EMPECHEMENTS. H38
voyant Dunslan inllexilile, IoucIk' <le la crainte de
rexcouMnunicalion et du iithil (pi'elle allirait (luel-
(pit;l()is , se rendit enlin, rinunea à son mariage illi-
cite, et reçut publiquement penilence dans nue as-
send)lée des évèques de tout le royaiunt; , au milieu
de laquelle il parut nu-pieds , ne |i«u!aiit (pu: des ha-
bits de laun*, et leiiani des verges à la main.
Telle était la rigueur de la diicipliiie après le milieu
du dixième siècle , i^oiu' < nq)i'eii( r qu'un ne \iulàt les
règles de l'Eglise par rapixirl aux Mari 'ges. On ne
s'é;ait point «encore rdàehé de celte sévérité salutairo
sur la lin du siècle suivaiit ; cela parait par le régle-
ment(pii l'ut fait sur cette matièreauconcile deTi'oyes,
en Pouille, l'an 1093. Il y esl dit(l) «pie rpiand (piel-
ques-uns auront coniraclé des mariages avec leurs
parentes , les évèques diocésains les feront citer jus-
qu'à trois (ois. Si deux ou trois honnnes afiirmeni jiar
serment la parenté, ou si les parties en conviennent ,
on ordonnera la dissolution du mariage. ( Vous voyez
qu'il n'est pas ici question de dispense. ) Le concile
continue: S'il n'y a point de preuve , l'évècpie pren-
dra les parties à serment , pour déclarer s'ils se
reconnaissent pour parenis , suivant la connnune
renommée. S'ils disent (\w non , il faut les laisser, en
les averlissant (ju'ils demeurent exconnnuniés tant
qu'ils continuent dans \o.\w inceste. S'ils se séparent
suivant le jug(Mneiit de l'évèipu.', (;t (pi'ils boieiil jeunes,
il nu faut pas les empêcher de contracter mi autre
mariage.
Celte procédure nous parait exlraonlinaire aujour-
d'hui ; mais elle nous fait voir eouibien on était éloi-
gné d'accorder des dispenses en fait île mariage. L'on
voit plus d'un siècle apiès Lrbain II , ipii liré'sidait ;i
ce concile de Troyes, qu'il fallait de puissante^ rai-.iuis
poiu' CM accorder, cl (pi'a\ee cela oa ne croyait pas
encore tout à fait à couvert ilu péclié ceux (pii les oi)-
tenaienl. En 1200, le roi Ollion de S..xe n'ay:inl plus
de conqiétiteur depuis la mort de Pliili|ijie ili" S'MiMbe,
résolut, |»ar le conseil des seigneurs, iréponscr la
lille de son prédécesseur, pom- léunir, par ce n.oyeii,
la maison de Sonabe avec celle de Saxe, el laire aiuii
cesser les bmesles divisions qui déchiraient l'enqiire
depuis si longlemps. Le pape accorda la dispense. Ce-
pendant l'abbé de.Moiimont, cpii était àl'assendjlée de
Wiu'tzsbom-g, où les b'-gals du pape, chargés de [\i\r-
cution de celle dispense , triaient ]irésenls, se le\a,
et, parlanlau nom île inus les a!;!iés tant de si'U i)i\h\:
que de Cluny , il dil que ce maiiage étant contre leu
luis de l'Eglise, ne pouvait se conti'acter sans pécia-,
qmiiqu'avec dispense (les deux époux étaient pa-
rents), et il imposa pour pénitence au roi, par l'auii -
rilé du |iape . d'être le prolecteur des monastères et
des autres églises des veuves cl des orphelins , de
biuiler un monastère de l'ordre de Cileaux dans une
(erre de sou domaine, el d'aller en itersonne au se-
cours de l'Eglise de Jérusalem.
Depuis ce temps les dispenses devimeiU fréquentes
i\) Ton). 10 Conc. p. -jO^.
1159
01 s'.it. ord.Mviil aiséiuoiil ; siiiloiil pour les uuu-iagos |
déjà coniiaciés ; mais on ne les a portées aussi loin
sur aucun des einpcfliemonts (pic sur celui de la pa-
renté. L'auteur des Conférences de Paris rapporte (1)
plusieurs exemples de dispenses portées jusrpi'au point
de permettre à uu oncle d'épouser sa nièce. Le concile
de Trente (sess. 21, c. 5) voulant remédier à ce dés-
ordre, ordonna premièrement en général de ne point
accorder de dispenses de mariages , ou de le (aiie ra-
rement. Yel nulla omniitb detiir dispmsatio , vel rnrb.
Secondement, il délendit d'en donner pour contracter
mariage à ceux qui sont parents au second degré, sinon
à de grands princes, pour le i)ien public. Nisi iiiler ma-
(jnos principes , et ob publicam cmisam. C'est-à-dire ,
que le concile ne veut point que l'on souflre les mariages
des cousins germains entre les princes mêmes, sinon
IIISTOIUK DES SACRF.MFNTS. Hîft
Ambroisf, a Paterne (1),
« J ai lu avec plaisir la lettre gracieuse que m'a
écrite mon cher ami Paterne ; mais j'y ai vu avec clia-
grin (pi'il délibère de donner poin- fennne à son fds sa
pelite-(il!e née de sa lille , ce qui ne convient ni à uu
aïeul ni à un père. C'est pourfiuoi je vous prie de
considérer ailentivemeut ce que vous nous proposez.
Voyons iremièremenl quel nom nous donnerons à
cette action , et de là nous pourrons connailre si elle
I est digne de louange ou de blâme. Par exemple, cer-
1 laines gens se l'ont un plaisir d'avoir commerce avec
i une lemuie , cela est même utile à la santé du corps,
I selon quelques ïnédecins ; mais il faut considérer s'il
i lo faut faire avec une épouse ou avec une étrangère ,
i avec une fennne mariée ou avec celle qui ne l'est pas.
I Si cela se fait avec une femme que l'on a épousée lé-
pour réimir les états divisés , ou pour faire cesser des | gitimement, cela s'appelle mariage ; que si vous atla-
gucrrcs sanglantes. I qncz la pudicilé d'une étrangère , vous tombez dans
Cependant, depuis le concile, on accorde tous les | l'adultère , dont le seul noui est capable de répriuicr
jours des dispenses de mariage à des cousins germains, | l'audace de ceux qui voudraient rcnireprendre. Tuer
et même à des particuliers, sans que le public en tire | lennemi, c'est une victoire ; c'est une justice de faire
aucune utilité ni qu'il s'y intéresse ; on permet de plus i niourir un coupable ; c'est un homicide d'ôler la vie à
assez communément aujonrd'Iuii à l'oncle d'épouser sa I "» ii"i'ioccnt : en sorte que la réflexion que l'on y fait
nièce, et, ce qui est le plus hoiiteux, l'on voit des I a'^'c la main. Je vous i)rie donc aus.i de faire bien
tantes devenir les épouses de leurs neveux, à qui elles I attention à ce que vous me pi oposez , pour savoir mon
devraient tenir lieu de mères.
Le connétable de Lesdiguières est le premier, que
je sache, qui, dans le christianisme, et depuis (pie les
empêchements de mariages ont fait partie du droit ec-
clésiastique, ait procuré une alliance si honteuse, en
lîiariant sa fille au comte deSault, son pelit-fils. Ce
qu'il fit , dit l'auteur de sa vie, avec lis dispenses dn
Saint-Siège, à cause de leur parenté qni était de tante à
neveu (2) ; e(, comme si une alliance si disparate n'eût
pas suffi pour attirer la colère de Dieu sur sa famille,
sa fille, qui avait épousé son petit -fils , étant morte,
il appela auprès de lui son autre fille la marquise de
Montbrun , qu'il démaria , dit le même auteur , par le ■
consentement de son mari , rayant fait épouser quelque
temps après au maréchal de Créqui , père du comte de
SauU ; de sorte que le père et le fils se trouvèrent
beaux- frères, etc.
Je n'entre point dans les discussions lliéologiqiies
louchant ces sortes d'alliances, cela n'es', point de mon
sujet : qu'il me soit permis seulement d'avertir ici
ceux qui sollicilent de semblables dispenses , et qui ,
pour les obtenir , emploient souvent des moyens
très-condamnables, qu'ils devraient craindre d'alliier
senliinenl.
I Vous voulez unir vos enfants par les liens du ma-
I riage. Je vous demande d'abord s'il est à propos de
i faire cette alliance entre des égaux ou entre des
inégaux ; ils doivent être égaux, si je ne me liompe.
Celui (pii met des bœufs à la charrue et des chevaux
à un chariot a soin d'accoupler ceux de même âge et
de même forme , et il ne soufiVe point de diversité
choquante; et vous, vous vous disposez à faire alliance
entre votre fils et votre petite -fille, afin qu'il épouse
la fille de sa sœur, quoiqu'il soit né d'une autre mève
que sa belle-mère future; rélléchissez sur les noms
qui doivent imprimer de la leligion. Celui-ci est appelé
oncle, celle-ci est appelée nièce; ces noms doivent
vous frapper, puisque le nom d'oncle(2),ftDH»c!i/us, a
rapport à celui d'aïeul, avus. De plus, quelle confusion
(les autriis noms ! on vous appellera en même-lemps
aïeul et beau - père , et la même personne sera votre
petite-fille et voire belle -fille. Les frères prendront
aussi ditférents noms; en sorte que celle -ià sera la
belle-mère du frère, et celui-ci le gendre de sa sœur.
Que la nièce épouse donc son oncle, et que le tendre
amour de ces précieux gages soit changé en amour
et sur leurs familles les châtiments dont Dieu I voluptueux
sur eux
menace si souvent ceux (pii ne respectent point les
lois que prescrit la pudeur naturelle. Pour les en dé-
tourner, je mettrai ici la traduction d'une lettre que
saint Ambroise écrivit sur ce sujet à un grand seigneur
nommé Paterne , et c'est par là que je finirai cet ou-
vrage , sur lequel je prie Dieu de verser ses béné-
dictions , en le rendant utile au salut de ceux qui se
donneront la peine de le lire.
(1) Tom. 3,1. G, p. 188 et seq.
(2)Tom.2, p. IGi.
« Vous dites que votre samt évêque attend sur cela
nwn sentiment; je ne le pense pas, je ne le crois pas :
cais si cela était , il se serait donné la peine de m'é-
(1) Celte lettre est la soixantième de la nouvelle
('dition ; elle a été ('crite en 393.
(2) Il est impossible de rendre exactement en fran-
(,'ais ce (pie dit saint Ambroise. Nous n'avons qu'un
nièiile teiine pimr signilicr l'oncle paternel et le ma-
ternel , ce (jui n'est point dans la langue latine. Saint
Ainliroise lait ici allusion au mut avunculus qui vei"
dire oncle materne!.
<i41
MARIAGE. — CIIAP. XVI. DISPENSES DES EMPÉCIIEMEiNTS.
1U2
crire; et , en ne le faisant pas , il marque assez qu'il l' gcs enlre cousins germains, solide père, soit de mère,
n'entre en aucune manière dans ce dessein. EfTecli- | et il a décerné des peines irès-scvères contre ceux qui
vemçnt , qu'y a-t-il à délibérer là-dessus? puis{|ue la ! osoraienl souiller les familles de pareilles alliances ; et
loi divine cond:uune mémo les mariages des cou-
sins germains qui sont parents au qu;iliièiiie de-
gré (i). Mais ici il s'agit du troisième degré, que le
droit civil semble exclure du mariage.
<-Mais consultons premièrement les oracles sacrés
de la loi divine. Vous préleuilez dans voire lettre que
le mariage (pic vous médilez entre vos enlanls est
penuis par le droit divin , parce qu'il n'y est pas dé-
fendu. Et moi, j'ose assurer qu'il y est défendu ; parce
que l'alliance des cousins germains y étant interdite ,
quoique moins odieuse, les mariages enlre parenls plus
proche doivent, selon moi, y èire censés déftndus à
plus forlc raison : car, celui qui interdit les moindres
choses, ne permet pas les plus grandes , mais les dé-
fend.
c Que si vous croyez que cela soit libre, parce qu'il
n'est point spécialement défendu, vous no trouverez
cependant ceux dont il a défendu les mariages sont
égaux enlre eux : mais parce (|u'ils sonl unis par les
liens élntits de la parenté cl de la société rraiernellc,
il a voulu qu'ils dussent leur naissance à la piélé.
t Mais, dites-vous, on s'est relâché de celle rigueur
en faveur de quelqu'un ; cela ne préjudicie point à la
loi. Cela ne peut servir qu'à ceux à l'égard desquels
on a usé d'indidgence. Car quoique nous lisions dans
la loi que quelqu'un a donne à sa femme le nom de
sœur, on n'a jania's oui dire qu'un homme ait épouse
sa nièce , et qu'il l'ait appelée sa femme.
< Au reste, c'est une cliose assez plaisante de vous
voir nier que votre petile-lillo soii proche p:irente de
votre fils, qui est son oncle du côté maternel. Comme
si les frères et sœurs nés de dili'érents pères, mais de
même mère, pouvaient s'allier par le mariage, sous
prétexte qu'ils ne sonl point ce (|ue l'on apjielle ayna-
point non plus qu'il soit défendu à un père d'épouser | ^i(l). '"=>'*^ seuiemenl coyiiati
S", fdle. Cela esl-ii permis, parce qu'il n'est point dé-
fendu? Non sans doule; car cela est défendu par la
loi de la nature, par la loi qui est écrite dans les cœurs
d'un chacun. Cela est défendu par la prescription in-
violable de la piété, par le litre de la parenté. Com-
bien trouverez-vous d'autres choses que Moïse n'a pas
jnterdiles dans la loi, qui le sont néarunoius par une
certaine impression de la naline?
« Il est plusieurs choses qu'il est permis de fiùre,
mais qui ne conviennent pas : car tout est permis ,
mais tout nest point expédient; tout est permis, mais
tout n'édifie point. Si donc l'apôtre ne veut pas même
que nous fassions ce qui n'édifie point, comment !
croyons-nous pouvoir faire ce qui ne nous est pas per-
mis par l'oracle de la loi, et ce (jui n'édifie point, par-
ce qu'il est contraire à l'ordre de la |iiélé? et cepen
dant les anciens commandemenls qui étaient trop
e II faut donc que vous abandonniez ce dessein : car
quand même il vous serait permis de l'exécuter, il ne
contribuerait pas à la propagation de voire famille ,
puisque votre fils vous doit des neveux, et (lue vous
avez lieu d'allciidre de votre petile-fiUe, qui vous est
si chère, des ariière-pelils-fils. »
Le sentiment de ce grand docleur devrait bien re-
tenir ceux qui, de temps en temps demandent des
dispenses de mariages en tels degrés de parenté. II
est bien à craindrequc ceux qui sollicitent les puis-
sances ecclésiastiques d'aller ainsi coolre les règles
saintes, que nos pères ont établies avec lant de sa-
gesse, n'en portesil un jour la peine devant Dieu. Ce
que je dis doit s'e.itendie lant par rapport aux em-
pêchenienls de la parciilé, que par rappoii aux au-
tres.
Si l'on examinaitdc prèscesdispcnses à la lumière
durs, ont clé tempérés par l'Évangile de Aolrc-Sei- î ^^« ''"^ '^''^^ ''\,'^''^ règles, que le saint concile de
gneur Jésus-Christ. Les anciennes choses sont passées,
tout est devenu nouveau.
I Qu'y a-t-il de plus solennel que le baiser (2) enlre
l'oncle et la nièce, que celui-là doit à celle-ci comme
à sa (ille? En pensant à un tel mariage, vous rendrez
suspect ce baiser innocent, et vous priverez vos chers
enfanls de celle manpie d'amitié ([ue la religion a in-
troduite.
€ Que si vous n'êtes point louché de la crainle de
violer la loi de Dieu, faites au moins allention aux édiis
des empereurs, qui vous oui comblé de si grands hon-
neurs Car l'empereur Théodose a défendu les maria-
(1) Saint And)roise compte les degrés comme les i
lois civiles ; et il n'entre poml dans li; senliincnl coin- §
munément reçu à présent, que le degré plus éloiizné
em])()ric le pins proche ; il semble établir le c(>nlraire,
au moins pour ( e cas.
(2) furnèbc observe que c'était la coutume chez
his Uoniains, que les parents ^aluassenl lems paren-
tes par le baiser, à moins (pie celles-ci ne fussent des
I Trenle (sess. 25, cap. 18) a établies pour juger de leur
valeur, on trouverait sans doule que la plupart sont
subreplices.
Une bonne partie des hiis que l'Église a faites sur
ces matières, et sur bien d'autres ne sonl pas jurc-
ment ecclésiastiques ; plusieurs d'entre elles coniien-
ncnt en même ieinps iiuelque chose du droit n;;lurcl
et divin, sur lecpiel elles sont fondées. On peut dis-
penser de ce qui est de droit liumniu et positif, et
alors on pourra être e\en!pl de la peine imi)Osée par
ce droit; n;ais (juant à ce (\\n esl du droil naturel et
divin, I sin^inMics n'en pcuvenl dispenser, dil S. '1 bo-
rnas (quodiib. î), art. .')) : Dispensiilto liitiuunn ncn au-
fcrl lirjamen juris naluralis, ycr/ solitni jmis ;'osJ//r/,
qiiod per liomincui slcluiliir, etc. Je laisserai l'aire l'ap-
plication de ce principe au lecteur inlelligenl, <|i;ejc
fenunes débauchées. {Ciceroii. adversur. (. 20, c. 29.) Ii naire de Hoberi Elieimo, sur le mot, Acpwscor,
(I) Agualio, selon le droil Homain, marquait prin-
eipalemenl la parenio paternelle. Voyez le diclion-
iî45
HISTOIRE DLb SACiitAlENlS.
iiU
prie de l'aiic atlenlion à ce que disait le cardinal Bel-
larniiii dans une inslriiclion qu'il donnait à son ne-
veu, qui était évèquc. Il faut que vous sachiez (ce sont
ses lernios) que lu dispense du souverain Pontife, quand
elle est donnée sa)is une juste cause, a lieu dans le for
extérieur, mais non pas dans l'intérieur, comme rensei-
gne clairement S. Thomas: « Scicndum est pontificiaui
i dispensalioneni, quando non adesl justa causa dispen-
4 sandi, valere in foro fori, non in foro poli, ut apertè
« docet sanclus Thomas, n
SaCRAMENTUM hoc magnum est, ego AUTEM niCO IN ClIRlSTO ET IN ECCEESIA, Eph. 5, V. 52.
APPENDICE
Du 12' tom. du SpiciUge. \
Arnoul de Monceaux contracte Mariage avec Agnès. 1
(An. Chr. 1170.) !
Au nom delà sainte et indivisible Trinité. Amen. Le sa-
crement de Mariage a pris son origine atc commencement
du monde, du commandement de Dieu : les patriarches
en s'// engageant, et tes anges en prêtant leur ministère
à sa célébration l'ont confirmé, et ont par là laissé à la
postérité un exempte de la société qui peut se former en-
tre les hommes. Sur la fin des temps, notre Sauveur a
consacré les noces par sa présence, et a relevé leur dignité
par le miracle quila opéré, en g changeant l'eau en vi)i.
On rend dans la conjonction conjugale une humble
obéissance aux paroles du Sauveur, par Icsfiuelles il or-
donne que l'homme s'attache à sa femme, et quitte pour
cela son père et sa mère : de plus, en embrassant cet état-,
on témoigne l'horreur que l'on a de la perfidie des héré-
tiques, qui médisent insolemment du Maricge. Enfin le
Mariage produit hinion entre les étrangers et ceux qui
auparavant ne se coimaissaient pas; et celle umou, qv.e
la commune origine des hommes n'a pu conserver entre
eux, est rappelée par la foi du Mariage.
Etant donc instruit par les exemples des SS. Pères,
et invité par les avantages attachés au Mariage , je vous
déclare, moi Arnoul de Monceaux, i( vous, ma très-chère
épouse Agnès, que je m'engage à vo7ts par un Mariage lé-
gitime et très-ferme, et que je vous donne , par droit de
dot, la meilleure partie de mes biens, savoir : le dmit de
passage que j''ai à Laon et cinquante livres monnaie de
Soissons, dont trente seront emplotjées, de l'avis de nos
amis communs, à vous faire hàlir une maison dans un
lieu convenable; le reste sera emplogéii l'achat de terres.
Que si je nmirs avant que cette somme vous soit délivrée,
vous prendrez ce (jui restera à pager sur le droit de pas-
sage que j'ai à Monceaux, jusqu'à ce que vous sogez
pleinement satisfaite. Je vous donne de pins la moitié de
tout le bien que j'acquerrai.
Afin donc que vous jouissiez pais'blement de toutes ces
choses, j'ai fait confirmer cet acte par le sceau de Roger,
évoque de Laon, notre seigneur, et je l'ai autorisé par le
témoignage de ceux dont voici les souscriptions : Caulier,
archidiacre de Laon; Eoidque, chantre ; mailre lUnnon ;
Rainier, arctiiprélre ; Raoul de llussel ; Gui d'Erblen-
cûurt; Clairembaud de Hast. Eait l'an 1 t7G rie Hncar-
^ nation. Écrit par moi Willaiime, chancelier.
Ponce, vicomte de Polignac, contracte Mariage avec
Adeliide, fille de Garnier de Trainel.
Nous Etienne, par la grâce de Dieu, évèquc du Pug,
sulfragant spécial du Pape, faisons à savoir à tous ceux
APPENDIX
Ex Spicilejîii tom.' 12, pag. 163.
Arnulphus contrahit matrimonium cum Agnete.
In noniinc sanct;e et iiidividuse Triiiitatis, Amen.
Nuptiale sacranienliwn ait ipso nmndi exordio in pri-
niis parontibus aïK'Iorilale Dci pr;ocij>icnlisin( œplum,
patriarcliariiin iinilalione , et angelorum obse(|uiis
conlirnialmu, hnm;\n:c inviceni societatis non parvum
posteritaii relii|uit exemphim. In fine verô temporum
Salvalor nostcr atl nnptias vcniens , eas pr;vsenliâ suû
maxime oommendavit, et illius miraculi attestalioiie,
quo arjuas in vinum mnlavcrat, nupti:irum digiiilatcm
perpétue) consccravit. In conjiigali enini copulà verba
ipsius Domiiii, quibus virum uxori sua) adha^rere, et
proptcr hoc paircm et mnlrcm derelinqucre pnccepil,
huniilis exliibelnr obedienlia ; et Iia-reticorum qui
niipliali boiio comuUiir delrabere, perlida et exsecra-
bilis coiifiitalur iiisaiiia. Pnrro ipsius cliaritaùs viiicu-
Inm iiilcr cxtraneos et ignotos eliam per nnpiias dila-
lalnr , et iibi chantas ipsa per liueain propinquilalis
delineri non pouiit, per bunumel fidem cunjiigii quasi
fiigiens revocavit.
Ego igitur Arnulphus de Monceaux SS. Palruni
cxemplis inslructus, tantis etiam mipliarum privile-
giis iiivitatus, dileclissima s'.ionsa niea uomine Agnes,
leeali cl fiinio malrimonio le milii iixorem coiijuiigo,
doqne tibi jure dotalilio oplimam parlcm de bis qni«
possideo, scilicet \vionagium (1) nieum do Lauduuo,
et quinqiiaginla libras Suessiouensis monetae, triginta
videlicet pro qnàdain donio , aiuicorum lam meoruin
qnàm liiorum coiisilio , loco libi coiigruo f;ioieudâ,
et reliquum in liMiis inuUii>licabilur. Si verô anle per
solulionem luijus pecimia! praidecessero , quod minus
receplum t'ueril, recipies in wionagio meo de Moncel-
lis, donec pra-dicla sunuua plenè fneril persolula. In-
snper douo tibi mediclalcm omnium qu;e acqui-
siero.
Ut igitur \uvc in pacc possideas, ca ibi feci sigiUo
domini noslri llogori Laudunensisepiscopi conlirmari,
cl subsciiplorum teslimonio loborari. Sign. Galleri
Lauduneusis arcbidiacoui ; S. Kulconis cauloris ; S.
Magislri Bruniuiis; S. Uaineri archiprcsbylcri ; S. Ha-
didpbi de niissol; S. Cuidouis de Erbleuciirl; S. Cla-
rembaidi do Hast, etc. Acumi aniio Oominica- Inea;--
nalionis 1I7G. Ego Willelmus Cancellarius scripsi.
Ponlius, vicecomes Pademniaci contrahit matrimniiium
cnmAdJaide, fdià Carnerii de Triangulo. ( i: id.,
p. 1G7. Aun. 12-25.)
jNos Slophanus Dei gralià Auicieiisisepiscopus, do-
n ) Id est., coiiduclum. i Vid. Cangium.)
il45
APPEMjU E bl ;,iAiW.\(;i:.
1146
qui verront ces piéscutcs, que Pouce, vicomte de Poliyuiic,
a, de sa libre volonté et sans que personne Ti/ contruujnit,
contracté }furiitrje par paroles de présent , avec Aaliiis,
fille du seigneur Carnier de Trainel, de bonne mémoire,
en notre présence, et de plusieurs prélats, nobles et ba-
rons , et ijuil lui a donné en dot ou en présent, à cause
de ce mariage , les châteaux de Mole , de Ciicc et de So-
Icsdil , avec leurs dépendances , et en outre deux cents
marcs d'argent sur une autre de ses terres. De plus, que
ledit Ponce a promis avec serment, quil tiendrait ci femme
ladite A. et qu'il la traiterait hunornbkment, et nous a
prié , en cas qu'il y manquât , de /")/ contraindre par
l'excommunication de sa personne, et par l'interdit de ses
terres, sans rien relâcher de la rigueur de cette sentence,
jusqu'à ce quil ait pleinement satisfait pour les contra-
ventions à ses promesses.
De l'autre côté, nous évèque , avons promis en fui de
prêtre, et Pierre de aussi bien que Maurice de ,
se sont engagés par serment d'aider ladite Adélaïde cl ses
amis de bonne foi, nt cas q:.c ledit Ponce vienne à man-
quer à ses promesses, et de ne donner à celui-ci ni aide
ni conseil. El afin de laisser un témoignage aulhcnlique
de ce qui s'est passé en celle occasion , nous avons jug ' à
propos d'apposer noire sceau « ces présentes, en étant re-
quis par les deux parties contractantes. Fait à Saint-
Uabund, l'an 1223 de l'Incarnation, la cinquième férié
avant la fête de la Toussaint.
iiiitii P;ip:v siiffngriiious spociiilis, noliim faoimus uni-
vorsis pr;i;-cnl<.'m icigiinim inspccliiiis, l'iuilinin, vioe-
ooniiloir, poil iniiiaci, gnilis cl liljcrà voliiiilale, non
(leccpliiin; non Cfiacl'iiii ah aliipKt, roiilr.txisse maJri-
I nioiiiiini |iorv(;rl).ul(' pra'semi,('iini Aalais (iliàdotnini
(îarnerii tic Tiiangiilo Ixuio iiioiiioria', in noslrà prnc-
scnlià, cl plmiuni pra-laioriiin, nobiliiiiii cl haronum»
ol ci rioinincspoiisalilii, vtl donalionis propler miplias
coiisiiUiissc, Motam, Cucé cl Sotesuit castra , cum
poi'tiiienliis oorunulom , cl dnccnlas inarcas argcnli
super aliani Irrrani siiaiii.cl pnclorca dictiiin Ponliuni
jurasse qmû diclani A. Icncal et cuslodial Icgilimè et
Iiononlkè iil nxorem; et nobis mandasse, cl nos
rogàssc , ul ad iioc facicndiini, si in aliquo delicerct,
per exconnnunicaiioncin pcrsona> ipsius, et lerrani
per districlionorn ccelesiaslicam coinpellaïuns, senten-
liani nulialenùs relaxando, donec plrnam cmcndani
feceril de offcnsis.
Nos eiiani episcopus proniisinius in verbo sacerdo-
tnm, ol Pt'triis (!o Spiinnilio, ol Mauricius de Glavonas
siib juranionli viiioiilo proinisornnl, ni ipsi juvarcnt
dictam Adelaidom et amicos ejiis , et nos sirnililer
bonà fide ul episcopus jnvarcmus , si diclus Ponlius
tonlra pradiola in aiiquo obviaret, nec nos, nec aii-
([uis do nit.-lris, cssomtis oi Ponlio, vclsnis consiliarii
nec cliani adjiilores, et in Iiiijus rei leslinionium de
mandalo nlriusqnc partis sigillum nostruni pra!sen!i
pagina; duximns appononchnn. Actuni apud Sancluin
llibiindum, anno Doinini 1225, quinlû feriù anto
fosluni oniiiiiiMi Siuicloruni.
Ordre de la bénédiction nupticdc, selon le Missel de Ge'lase, tel qu'il se trouve dans les
manuscrits de Reims et de Gellone, anciens de plus de 900 ans.
Commence l'ordre de la bénédiction nuplialo.
Seigneur, soyez attentif à nos prières, et favorisez de
votre présence ce qui se fait ici selon les lois que vous
avez établies vcus-méme pour la propagation du genre
humain , afin que ceux qui s'engagent réciproquement
par vos ordres, soient conservés par votre secours.
Une aiilre.
Nous vous prions , Dieu tout-puissant , d'accompa-
gner de vos faveurs les instituts de votre providence, et
de conserver dans une longue paix ceux que vous liez
ensemble par le nœud d'une société lég'ilime.
La secrète.
Seigneur, soyez présent à nos prières, et recevez avec
boulé les dons que vos serviteurs N. vous offrent pour
votre servante .V. que vous avez daigné conserver jusiiu'èi
l'âge de maturité , et jusqu'à ce jour des noces, afin que
ce qui se fait par la dispodtion de votre providence, soit
perfectionné par votre grâce. Par y otre- Seigneur.
-j- Vous êtes, Seigneur, celui qui avez établi l'alliance
du Mariage, et qui l'avez affermie par l'agréable joug
de la concorde et de la paix, afin qu'il servit h lu mulii-
pticaliou des enfants d'adoption. Car c'est votre provi-
dence et votre grâce qui dispense l'un et l'autre d'une
manière ineD'able, en sorte que ce que la, g-'né.rit'on pro-
Incipit aclio nuptialis.
Adesto, Domine, siihplioalioi!ii)ns noslris, cl inslilu-
lis luis, qiiibus piopagalionom goneris Inniiani ordi-
nàsli , bonignus adsislo; ut quod te auctoro jungilur,
to auxilianl ;' scrvelur. Per Doininuui nostrum.
Item alia.
Qurcsumus, omnipolensDeu?, insiiluta providenli;c
tua; pio favore comitare, et qiios logilimà sociclalc
cunneclis, longa;và pace custodi. Per Dominum.
Sécréta:
Adesto, Domine, suppliialionibus nostris, cl liane
oblalionom faninlorum luoruni ill., quam libi ofloriuit
pro lainiilù luà illà, (piam ad slalum maliirilali?; , ol
ad diom nupliannn perdiicore dignatus es , placidus
et benignns assume , ul quod luà disposilione cxpcdi-
Uir, luà gralià complealur. Per Dominum.
-j-riii ('(rdera nui liarum blando concordi;o jugo cl
insolui)ili pacis vinculo nexui^li , ul mulliplioaiidis
adoptiomim liliis sancionun connubiorum fœcundilas
pudica servirct: tua cnini providonlia , Domine, tua-
que gratin inclîabilii>us modis un unique dispensai, ul
mi
HISTOIRE DKS
(luit pour fornemenl de fumvers, contribue par la régé-
nération à l'augmentation de votre Eylise.
Dans le Canon,
Nous vous prions donc , Seigneur, de recevoir avec
bonté les dons que vos serviteurs et vos servantes N. of-
frent pour voire servante N. pour liujuelte nous sup-
plions votre majesté , que, comme vous Cuvez conservée ]
jusque l'âge propre au mariage , vous lui procuriez la
juie de se voir mère d'une heureuse postérité, et que vous
lui conserviez la vie avec son époux pendant une longue
suite d'années.
La même prière pour le trenliènic et l'annuel des
noces.
Recevez donc, Seigneur, avec bonté les dons que vous
offrent vos serviteurs et vos servantes le trentième jour,
ou après l'année révolue de leur mariage. Xoiis vous en
prions , et c'est pour cela qu'ils vous rendent leurs vœux
à vous qui êtes le Dieu vivant et véritable , devant qui
nous nous prosternons, pour vous supplier de leur accor-
der une vie heureuse et tranquille jusqu à la vieillesae ,
afin qu'ils voient les enfants de leurs enfants jusqu'à la
troisième et quatrième génération, et qu'ils vous bénissent
tous les jours de leur vie. Par Notre- Seigneur Jésus-
Christ, etc.
\otis achevez le canon , vous dites l'oraison domini-
cale; et ensuite vouschantez la prière de la bénédic-
tion, que voici :
Dieu, qui avez béni le commencement du monde, en
muhipli(mt te genre humain ; écoutez favorablement nos
prières , et répandez les richesses de votre bénédiction
sur votre servante, et sur votre serviteur, afin qu'ils
soient unis dans le Mariage , par une affection égale,
par le même esprit , et par une sainteté commune. Par.
Vous êtes, ô Dieu, l'auteur du monde, de la naissance
des hommes et de leur multiplicaiion. L'est vous qui
avez donné de vos mains une compagne à Adam , en
tirant de ses os celle à qui vous avez donné une forme
semblable à la sienne d'une maitiire admirable : d'où, il
est arrivé que le genre liumain, par le moyen du mariage,
s'est multiplié , et que les hommes se sont unis par les
alliances qit'ils ont contractées les uns avec les antres.
Ce qui vous a plu. Seigneur, et ce qui a été nécessaire , j
afin que ce qui est plus faible , naijanl été créé qu'à la
ressemblance de l'homme, et non à la vôtre, étant uni à
l'autre, et ne faisant cpCun avec lui, devint ainsi la source
de la propagation du genre humain , qui par une conti-
nuelle succession remplit l'espace des siècles; quoique la
vie des hommes soit si courte. C\'st donc pour cela que
les préceptes de la loi qui devait être établie ont été don-
nés. C'est pourquoi, è Père saint , bénissez les comnun-
céments de l'étal dans lequel votre servante s'engage, afin
qu'entrant dans un heureux mariage, elle garde les com-
mandements de la loi éternelle , et qu'elle sache qu'elle
s'est liée non pour vivre avec plus de licence, mais pour
veiller avec soin à la conservation des gages sacrés du
mariage. Qu'elle soit fidèle et chaste dans la célébration
de ses noces , qu'elle imite les saintes femmes qui l'ont
précédée duns ce genre de vie. Qu'elle se rende aimable
S.VCiiEiVlËNTS. 1U8
qiiod generaiio ad mundi edidit ornatum , regeneralio
ad EccIesiiC perducat augnicntum.
Infra actionem.
liane igitur oblationcm famuiorum tuorum, illorum
et illarum , quani libi ofTcninl jiro f;iniulà tuâ illâ,
qua'siuuus, Domine, ut placalus accipias ; pio quà
majcslalom luain suppliciler exoramus , ut sicut eaia
ad aitalem nuptiis congruentem pervenire tribuisti,
sic cam consortio maritali luo nmnere copulatam,
desiderata sobole gaiidere perlicias, atquc ad oplatam
seriem cum suo conjuge provehas benignus anno-
rum....
Infra actionem ad trigesimum , vel annualem
nuptiarum.
Ilanc igitur oblationem famuiorum tuorum, illorum
et illarum , quam libi olïerunl ob dit m trigesiumni
coiijunctionis sunc , vel annu.ilem , quo die eos jugali
vinculo sociare digiiatus es, placalus suscipias depre-
camur ; ob lioc igitur reddunt tibi vota sua Deo vivo
et vcro, pio quibiis Ircmeiida' pielali tutc supplices
fuiiilimus prcces, ul pariter benè et pacificè senesoant
et videant lilios liliorum suorum usque in terliam et
(|uartam progeniem, et le benedicanl omnibus diebus
vii;c suai, per Cliristum Dominum nostrum. Quamob-
laiioiiem.
Percomples canonem plenarium, et dicis oralionein
dominicain , et sic cantas benediclionis orationein his
verbis :
Deus, qui numdi crescentis cxordio multiplicatù
proie bf uedicis , |)ropitiare supplicalionibus nostris,
el super banc famidam luam opem tua; beuedictio;;is
infunde , ut in conjiigali consortio affeclu compari,
mente consimili, sanclitate nmtuà copuleiilur. Per
Dominum nostrum, etc.
Pater mundi conditor, nascentium genitor, niulli-
plicandaii originis inslitutor, qui Ada; comilem luis
manibus addidisti , cujus ex ossibus ossa crescentia
parcn) forniam admirabiii divcrsilate signarent. Ilinc
ad tolius midtiludinis incrementum conjugalis liiori
jussa consoriia quo lotum inter se seculum colligarent,
Immani generis fœdera nexuerunl. Siceuim tibi, Do-
mine , placitum, sic necessarium fuit, ut quia longé
est inlirmius quod liomini similc, quàm (piod tibi fe-
ceras , additus fortiori sexus intirmior, ut nmun effi-
ceres ex duobus ; et pari pignore soboles mixta mane-
rel, tune per ordinem fluferet egesta posleritas, et
priorcs venlura scquerenlur. Nec ullnm sibi finem in
lam brevi termiuo , quamvis essent cadiica proponc-
renl. Ad ha!C igilur data; sinl logis insliliila vcnluric.
Quaproplcr hujus lanud;e tua;, Pater, rudimenta san-
ctidca, ul bono et prospero sociata consortio, legis
aîternai jussa custodiat, meminerilipic. Domine, non
tanlùm ad liceiitiam conjugaleni,sed ad observantiam
lidei sanetorum piguoriun dcligatam; fidolis et casta
nubat in Cliristo, imitatrixque sanclaruut permancat
feunnarum; sil amabilisul Hacbel viro suo, sapiens ut
Hebecca, longaiva et fidelis ul Sara. Niliil ex hàc sub-
dolus ille auctor pranaricalionis usurpel, nexa fidei
mandatis<}ue permaneal feminarum, serviens Deo vero
\m
APPENDICE
à son mari romine fîaclwl, qii'clle soil sagr coiuuic Ré-
becca , qu'elle soit fidrle , et qiCclIc ait une touque vie
comme Sara : que Cauteur de la prévarication ne lu
stirpreime point par ses artifices, qu'elle demeure attacitée
à la foi et aux devoirs des femmes mariées, servant le
vrai Dieu avec a/}'eclion , et soutenant s'/ faiblesse par
son aUaclieinent à l'cxaclilude des rèijlesqui lui sont pres-
crites Qu'elle n'ait de liaison qu'avec son mari, el qu'elle
évite tous les uUoucltements illicites. Qu'elle soit grave
par sa modestie, respectable par sa pudeur, instruite de
la doctrine céleste. Qu'elle soit féconde dans sa postérité,
que sa vie soil édifiante et innocente, et quelle parvienne
au repos des bienheureux , et au royaume du ciel. Par
NolrC'Seigneur, etc.
Après cela, vous dites : Que la paix soit avec vous, et
vous les conimniiioz nin^i. Après (pioi vous pronon-
cez sur cu\ la béiiétliclioii qui siiil :
Seigneur très-saint. Père tout-puissant, Dieu éternel,
nous vous supplions instamment pour ces personnes ,
pour lesquelles Jésus-Christ vous prie. Daignez favoriser
de vos grâces l'alliance de vos serviteurs, qu'ils méritent
de recevoir vos bénédictions , el que leur mariage soil
suivi d'une nombreuse postérité- Confirmez leur mariage,
comme vous avez fait celui du premier homme. Détour-
nez d'eux tous les pièges de l'ennemi, afin qu'ils imitent
la sainteté des Pères dans l'état qu'ils embrassent, eux
que votre providence a unis ensemble. Par.
Après la Communion.
Exaucez-nous , Seigneur saint. Père tout-puissant ,
Dieu éternel, afin que ce qui se fait par notre ministère soit
accompli p'jj' voire bémdiclion. Par.
DU MARIAGE. \m
(levnta inuiiiat infirinilalom siiam robore (lisciplin;c,
uni loro juncla conlaclus vil;e iilicilos fti.^iat. Sil vc-
recuiidiil gravis, pudore vencrahihs , doctrinis cœle-
slihus erudiia. Sil fœcuiida in sobole, sit probala et
innocens, cl ad boalorum reiiuioin usrpie ad oœlestia
rc^'iia porvrnial. Per Doniiiinni nesirum Jesum Ciiri-
sliun, filiiini liiuni, clc.
Post hœc dicis : Pax vobiscum, et sic eos communicas.
Deinde postea quàm commimicaverinl, dicis super eos
benedictioncm his verbis :
Domine snnote , Palor omnipolens , îelcrne DtMis ,
iter;itis prccil)us le supplices exoranins , pro quibus
apud le su|)plicator est Chrislus; conjimciiones fa-
niuloruni luorum fovere digncris , benedicliones luas
excipere mereanlnr, el filiorum'successiUus fœcunden-
lur; niiplias eorum sicuii prinii honiinis confiiniare
dignare ; averlanlur ab eis inimici oinnes insidiie , ut
sanclorum Palrum in ipso conjugio imilenlur sancli-
lalem, qui providenliâ luâ, Domine, conjungi merue-
runl. Per Dominimi, etc.
Item post Communionem.
Exaudi nos , Domine sancle , Paler omnipolens ,
œlerne Deus, ut quod noslro minislralur ollicio , luâ
bencdictionc polius implealur. Per Dominum no-
strum, elc.
Ordre pour la bénédiction d'une épouse, tiré
d'un pontifical manuscrit de l'église de
Lyon, qui a plus de trois cents ans d'anti-
quité, et qui a aussi été à l'usage de l'église
de Tarantaise.
Je no ferai que traduire en français ce qui se trouve
en lalin dans ce ponlifical sur celle matière, et j'y
laisserai ce (|ui s'y iroiive en langage du temps.
Quand les époux seront arrivés aux portes de l'église,
le prêtre s'ji étant'rendu revêtu d'aube, d'élole et de ma-
nipule, il bénira l'anneau d'argent, en disant : Adjulo-
ri:un noslrum , etc. Sit nomen. i^ . Ex hoc, etc. Ore-
mus. .Manda , etc. Paler nosler, elc. Salvum facj, etc.
Dominas vobiscum, etc.
Prions.
Créateur cl conservateur du genre humain, distribu-
teur de la grâce spirituelle, de qui nous attendons la vie
éternelle, nous vous prions , Seigneur, d'envoyer votre
Esprit-Saint sur cet anneau, afin que celle qui le por-
tera soit armée de la vertu céleste, el (ju'il lui serve pour
la vie éternelle.
(Jii'il l'asperge alors d'eau bènile , el qu'il dise ce qui
suit •
Messieurs, vous savez le traitié du maririqc qui est
entre monscianenr "S., fils de N., el de imuLime , filie
de N.,je vous admoneste que s'il y a aucun qui sçache
chose pour que le mariage ne se puisse fere, si le die sur
paine d'excommuniemeut. C'eit quant pour la première,
pour la seconde et pour la tierce fois pareillement.
Qu'ensuite il dise à l'honnue :
Monseigneur, esl-il de votre plaisir de prendre à
femme el épouse madame N., ci-présente, et lui être
bon el loyal, ainsi que Dieu l'a ordonné et sainte mère
Eglise de Rome le confernie.
Ensuite à la femme.
Madame , est de votre plaisir de prendre à mari el
époux monseigneur ^\, ci-présent, el lui être bonne et
loyale, ainsi que Dieu l'a ordonné, et sainte mère Eglise
de Rome le confernie.
Ensuile, quand on lui met l'anneau , ce que l'bomme
fait avec le célébrant : N. de cet annel t'épouse au
nom du Père, du Eils et du Suint-Esprit. Amen. O.i
le lui met premièrement au pouce, ensuite à l'in-
dex, enlin au doigt du milieu (u'i il doit demetî'.er.
Après cela, le prêtre dit les oraisons suivanlcs ;
Que le Dieu d'Abraham, d'isaac el de Jacob ta s
joigne ensemble, et qu'il vous remplisse de sa béi.é.
diction.
Ilegardez, Seigneur, sur ces personnes, et comme
vous avez emoiié l'ange de paix Raphaël à Tobie , el à
Sarîi , fille de Raqvel , daignez envoyer de même votre
bénédiction sur votre sarileur et sur votre servante, afin
j)51
an ils persévîreiU dans inie bonne volonté, qu'ils vicil-
liisent et (juils aient «»<■ nombreuse et loiujue poslciitc.
Par JSolre-Seigneur, etc.
lùisuitc le prclie, prenant les deux époux par la main
(lioile, les inlroduit dans l'église, et fait sur eux
le sij;ne de la croix, en disant : In noniine Pa-
tiis, etc.
Après quoi il commence la messe, lieneditta sit sancta
I Trinitas, etc.
Prél'ace.
Dieu éternel, qui avez fondé ralUance du Marinije sur
tagréable joucj de ta concorde, et le lien indissoluble de
ia paix, afin que les enfants d'aduylion se multipliant ,
te mariage des saints et la chaste fécondité se conservai.
Car c'est ainsi que votre sagesse et votre grâce disjjoise
/'«« et l'autre, afin que ce que la génération produit jiour
l'ornement du monde , la régénération le fasse servir à
l'augmentation de l'Eglise. El ideù cuin Angelis, etc.
Avant que l'on dise, Pvx Domim, l'époux et l'épouse
se prosterneront devant l'aulcl, on les couvrira d'un
poêle , et aliirs le prêtre , ayant le visage tourné'
vers eux et la main élendue sur eux, dira, en lisant
l'oraison suivante : Pr.oi'rri\ui- , ele. Suit la béné-
diction de l'ép use, Dris qji, etc., la Conimuni n,
Benei»k:imi:s Deum, etc. Conipl. ()«*' la réce; tion de
ce saint Sacrement et la confession de l'éternelle
Trinité opère en nous, ô Siigneur, le salut du corps
et ae l'ànie. Par.
Oraison. Qu.eslmds Dets institlto, etc.
Ici le prêtre les avertit de se conserver purs de toute
souillure du corps durant (rois jours, et, prenant
l'épouse par la main, il la rend à sorj mari , en
disant :
Recevez- la au nom du Père, du Fils et du Saint-Es-
prit. Que le Dieu d' Abraham , d'isaac et de Jacob soit
avec vous, et qu'il accomplisse en vous sa bénédiction.
Anieu.
La liénédiclion de la maison, la nuit.
Qu'il lasse d'aliord raspersion de l'eau bénite , en
«lisant l'antienne suivante : Seigneur, mettez le signe
du salut dans ces maisons et ne permettez pas que l'ange
exterminateur y ait entrée. Mettez-y votre signe céleste
DROUIN VIT.A. iisî
('/ protégez- nous : alors nous ne serons point frappés de
plaiei funestes. Psalni. .Miseiikkk.
Oraison.
Seigneur, soyez présent à nos prières, et éclairez cette
maison par votre présence, faites descendre sur ceux qui
y habitent une abondante bénédiction de votre grâce f,
et que ceux qui demeurent dans ces maisons bâties de la
main des hommes , deviennoil dignes eux-mêmes d'être
votre demeure. Par notre, etc.
On brûle alors de l'encens, et pendant qu'il fume , il
dit:
Que le Dieu d'Abraham , d'isaac et de Jacob bénisse
ces jeunes gens, et qu'il répande une semence de vie dans
leur esprit et dans leur corps, afin qu'ils désirent d'ac-
complir tout ce qu'ils auront appris qui concenie votre
service. Par Jésus-Christ le réparateur de tous les fi-
dèles, etc.
La bénédiction de la chambre nuptiale qui se fait le
soir.
Dieu, dont la bénédiction remplit toutes tes choses sur
lesquelles on invoque votre nom , bénissez cette chambre
destinée uniquement à l'Iionnéteté du Mariage ; qu'aucun
esprit malfaisant n'y fasse sentir sa puissance ; mais
qu'un amour chaste et honnête qui doit être entre les
époux y règne , et que votre miséricorde y soit toujours
présente. Par Nme-Seigncur, etc.
Bénédiction sur les époux.
Prière.
Que la bénédiction f que Dieu a répandue sur Isaac
vienne sur vous.
Que la bénédiction -J- qu'lsaac a donnée à Jacob se
répande sur vous abondamment
Que la bénédiction ■]■ de Jacob à ses fils vous soit
communiquée par la grâce de Dieu.
Que la bénédiction f de Mo'ise sur les enfants d'Israël
se fasse sentir dans vos ca'urs par In faveur de Jésu.i-
Christ.
Que la bénédiction f que le Rédempteur de tous ,
Notre-Seigneur .tésusChrist, a donnée abondamment ci
ses disciples, parvienne jusqu'à vos cœurs et à vos âmes.
Amen.
DROUIN YlïA.
Drouin (Renatus Hyacinlbus), celebris P. Serri nepos, ejusquc secutus exemplum, FF. Pra;dicatorum Ordi-
neiii ingressus est, ac Sorbonici docloris infulam deineruit. Sui ver«) temporis negotiis immixtus, malàque
«sus fortanà, Calliam descrere coaclusest. Posiea Camberiaci necnon Vercellis ibeologiam professas est, qiio
quidem munerc perfunctus, in Pedemontio obiit anno salulis 1742, ;«tatis verôGO. Unicuni opus edidit claris-
simiis auctor, maximà eruditione rel'erluni, necnon siiigulari dogmalici» moralisquc rei peritià elucubralimi,
nempe libros decem de rc sacramentarià contra perduelles hœreticos , in quibus oinnia et singula Icgis evange-
lic;c Sacr.imenta consensione, universitate, perpetuitale adslruuntur, defendunlur, vindicantur; sinuiJ et gra-
vioresqu:estionesaddisciplinam, historiam etmoralein perlinenlf^s ; ilemquetheologorimi pra-cipuicconientiones
seliolarimi melhodo ad mentem pr;vceptoris Angelici, expendiintur, discutiuntur, explicantur.
Porro, quod ad nostri Inijnsce Tlieolo;,M;e Cursus scopuin altinet, bos inter auctoris bbros nnuni specialem
elegimus, in quo de SfjtjY/mc«/j6 ni f/c»cr<' per totuni agitiu', ipsiniique lecloiibus exliibenius juxta lerliam
Voiius operis editionem anni 1775, in <piàcontin(;.itur nota' et addUio ',es P. Viucenlii Paluzzi necnon P. Lu-
1155 î>Rif:FATIO. i\tn
dovici lUrhardi, cjusdcm ordinis lliooloj,'!;»; imifcssonim. Ll Iiu'c (|iiidcm addil:inionta in ipso lexln à i.oliis
inlersereiilur, aslciisco ' sii-iMla; iiola; voiù (iiitbus à siip^i diclis llicologis ;di(iiiaiido illiislraliii- aul dcleri-
dilur ancloris doclrina, in calce pagin;i; c(dl icalxinliir. Nos cMam plmes cl lon-è liifuleisliores, niaxiiniipu;
nionicnll aniiotalloiies iiiiic o|)cii a(Ijllll!-'illlu^, (pias Icclcnini allenlione niaxiinè dig las, |»r() icriini ad qiias
altinenl gravilato, aibilraiiiur. Ne igiliir lahor IIIl" minier ciiiii supra dicloiiim llioolngonirn nolis in Icclionis
decursu oonfundalur, iioslros foetus proprios EdUorum iioinini; ^ignalos Iccloros invoiiicnl.
DE RE S ACRAMEATARIA
CONTRA PERDUELLES HiERETIGOS.
nxftttto*
àmulds hodrc qnasi superftiinm, am saltem non ad-
niodùni necessariani negli|^i, peiièque in oblivioiic ja-
cere. In lioc eiiiru tam prodigioso llicologonini nu-
méro, qui (piolidiè vel in acadeniiis excrcenlur, vel
explelo tyrocinio iiifulas niagislerii oblinent, quàm
mullos reperias, qiiibus, pra-ter scliolnrum na-nias, et
inlricalas sine fVuclu, sine nexu, sine succo diflieul-
tates, iiibil arrideal? Qui verô in divinis dognialibus,
nominalinniue iu Saoramenlis legis giatiae perscni-
tandis, in expendendà disciplina veteri, in exquiren-
dis concilioruni caiionibus, in vindicaudis summoruni
Poiitilicnni dccretis, in cliicidaiidisPalruni sentenliik,
in Cduciliaudis cuni Laliiià Ecclesiâ Grsecis cl Orien-
lalibus, cl deniqne in extricandis hserelicornni cavil-
iis lubeiilcr operani ponant, ebeu ! quàm paucos of-
l'endas.
Non jam contra b;creticos, qui dicunlur tbeologi,
disputant (bocdcnuun, juxta Apostolum, Ep.adTit.i,
91, (ligiii noniine, si potoitcs fueriiit exhoilaliin doclri-
nà sanà, et eos qui cuntradicunt imjuerp) ; sed invieem
lurbulentis opinionuni scditionibus allcrcantur. Que
lit, ut qui collaiis conjuiiini consilio viiibus debercnt
advcrsùs ininiicos fidei pcrpetuo diniicare , in beila
cuosviros, in boc contra h;crelicos bello duces al- i civiiia cl plusquàin civilia proruant, sibique invirem
que Anlesiguanos sequi glorianiur, nobis sal benè | aboniinalurn ([uod crat in veris b;crclicis persequeii-
dum,nomcn imponanl. Dcteruntur penèquc ohruiuilur
iuaiiissimis vilililigalionibiis opiiiiia (Hia'(|iio inj,'enia,
(|u:c poteraiit iu rebns >eriis, ad icligioncui jure
suruiiio spectantibus, ut jucundiùs, .sic leliciùs et uli-
liùs cxpoliri. Quandù quiïrilur ulrùm ad spalia inia-
ginaria diviua iumuMisilas proleiidalur''' Ileni iu aileri
de Dci ailribuliscoiilroversi;'!, actuiie cl l'oruialitcr, ut
Scoto pliicuil, au virtiialitcr dislinguanlur ■' il. m in
allcrà (le Augclis (|u;csti()ne, quouiodo c(ill(){|nia uii-
sceanl? Vel, utrùm possint inira camdcni spcciem
muilii)li(ari ninucricè? lu aliis rursùui do possibili et
iiupossilili liypoliicsil)us, cl iulinitis de noniine qu;c-
stioiiiixis, quas in lunumiueuique sacra; doclrinn*
Iraclaluin inerlia laboriosa iuvexit : liîc niniirîuii
quasi summa reruni agorelur, ciamoribus scbola; ré-
sonant, ad ravini usquè sine modcraniiuc dispulatur,
De Saoramenlis cvangelicis à Chrislo supremo lé-
gislature acceptis, scmper et ubique suninià religione
servalis, à rcceulioribus brerelicis, vel inaudità liacte-
nùs iniprobitatc sublalis, vel iiicrcdibiii iiupielaie con-
laminalis, disserere, Deo dante, proponinuis. Forte
lion décrit oui boc consilium non probetur, quasi
nibil aut parùm studiosaî juvenluti conipendii alialu-
rum : tanta namque librorum de Sacrameulis, hàc
nostrâ et proxiniiore a;tate, varielas ac muititudo vul-
gata est, ut cxbauslam mulloruni sudorc maleriam
iiovis laboribus relractare, inutile cxislimetur atijue
supertluum, idemque penè esse videalur, ac crani-
bem recoctam oblrudere, quod veteri velanuu- pro-
verbio.
Siciijasauimohic scrupulusiusidel, i:>l^d sibi rfspon-
sunï l'erat : nos nec nova (quod nefas iu re taui gravi),
née novè, ne videaniur audaculi, dicere attehtanius.
De nobis, uti par est, conseil uoslrie lenuilatis, dé-
misse sentinuis. Pra.'claiissimis ouuiiiuugenlium llico-
logis, qui de divinis Sacrameulis, vel omnibus vel ali-
quibus, summà cum laude, pariiiue Ecclcsi* provenlu
scripseruiit, pro nierito paliuani daunis : lios priccel-
Iciili jngenio laulàque doclrin:e celebiilale conspi-
consultum pulantes, quôd esse mililibus couccdatur.
Hoc vcro Cbristiana! niiiili:^' tilulo, quciii sine cujiis-
quam iujmià vuidicuiuis, ciun sit in cauhis (idei, icr-
tulliano jiidice, omnis fioino miles, audonnis cl nos
contra malè pertinacem liitresim ccrtamen commil-
tere, eadem quibus féliciter expugnata toticsque pro-
strata est, arma recudeudo, et pro virili conlia vori
tatis advcrsarios inlorquendo.
Eùque magis ad boc laltoris gojiiis accoiidinuir,
quôd vldeanuis nobilissimanï banc thesauri fidei par-
tem, conira quam polissimùm Liilbcri cl Calviiii.
aliorumque bujiis furfuris liouiiuiim luror il rallies
exarseruiil, in (pià prolegeudà cl illuslrandà saiicla
œcumenica Trideutiiia syiiodiis pnccipuam, nii par
erat, operam i)0suit, quà niliil ibeologia îiabel oriia-
lius, uiliil Eccjcsia prcliosius aut ;iiili(i;iiiis lo^^sidel,
H55
DE RE SACRAMENTARIA.
1156
liirpc pulareliir non liubcre argtinicnla in nlianKiiie |
pailcm, et ad nuiUarnm iioraruiii sustinendiini ccrla- !
ineii iiistriicla.
Ubi veiù in illa sermo incident, qua; propriè ad
tlicologiam perlii:enl, sine quibus venerandum llieo-
logi noiîicn iiodùin siil).sislal, ne inlelligiliir qnidem :
qualia sinit (ni à pnxsenli nialerià cxempla sunianuis).
ulrùm divinani omnia et singula Sacranienla haboanl
instiliilionem? qui cl qualenîis auclorilate infallibili
sacer numrrus adslrualiir? qnae sit illis materia prx-
Scripla, qua* forma? quis assignatus minislei'? qute
eoruni irndendonnn disciplina vctns, quiv nova ? de
ritibusquosLaliniGrxcique observant, qtiid senlien-
dum? principales ab accessoriis quo crilerio discer-
ncndi ? fiieritne sempcr transnbslanliatio et realis
Cbriili in auguslissinio Sacranienio pra^senlia cré-
dita ? que jure Eucharislia Sacrnnienli siniul et sacri-
licii naturam ac condilionem assumai ? Episcopalus
presbyteralu, diaconatus subjectis ordinibusquid prx?-
crnant manifeslani, et ingerenteni se ultrù oculis Ic-
gonlinni verilatem.
Quod non ideô dictum intelligi volunius , ut grali-
ficaremur haîrclicis, eorumqiie insaiiis conatibus
plaudcremiis. Quis enim eos laude el non magis exe-
cralioiie dignos putet, qui proslraii loties ac dejecii
caput insolcnler erigunt, el quasi de reportalà Victo-
ria, oslentalione pliisquàni Tlirasonicâ glorianlur?
Quis ens non reciprocè oderit, qui dogma calliolicum
invotcrato odio inscclantes, nec sycophantiis , nec
nialis artibus, iicc inlorlis ad fallciiduni sopliisnia-
libus parcunt, qui in hoc oinnein indiislriani collo-
caiil, ut luci ofTundant tenebras, et veritates manife-
stissimas impliccnl? quis eoruni non dolcat sorleni,
qui niultùni profecisse sepulanl, si niatrem Ecclesiani
tnidè nefario scliismale de?civcrunt, lacessere et dila-
cerare non (lésinant, q^ii denique contra superos gi-
ganUuu more pugnanlcs, el Chrislum spoliare bcne-
ficiis suis, et sponsam ejus Ecclesiani de possessione
cellal? ad lumc, inijuam, el alia id genus pluiinia, | dejicere moliuntur? Yen'ini quo isti culpabiliores, eô
quanlùni sciiu digna, tanlùm necessaria ubi venluni ,f reprebensibiliores theologi, qui contra ncvi dogmalis
fueril. hic videlicèl aqua ha.>ret, brevi surdoque ser j| insolenliara clamare cessant, el errorcm cui non re-
nione dispulaiio importuna transfigilur. Praclerennlur |' sisiunt quadanitenùs adjuvando, vcritalem ant in in-
ista, vixquc in transcursu notanliir, quasi non salis | justitià dctinent, ant à scliblis ignominiosè propellunt.
redoleiilia scholaslicani gravitnlcni. Ubi maxime tem- | Dùm enim non defendilur, proditur; dùni non quse-
pns erat loquendi, ibi silelur : verborum ibi sierililas, i^ rilur, evatiescit : dijm non custodiliu" viiiea Doniini,
ubi lanta, quanta nuliini major, dicendi copia est. j| diripicnda relinquitur : dùm arma ad profligandurn
i; errorcm potentissima deponwntur, quid allud quàra
Quoti'.s enim quisque ex IradilionibusChrisli etApo-
stolorum, ex sacris litteris, ex conciiiis, ex Gnficorum
eucbologiisel ritualibusLalinorum, ex hi^toriae ecde-
siaslic* moniimeiilis argumenta di-proniit? levi molii-
que brachio ista iraclantur : pro auclorilate, rationum
malè coha^rentiura Mubes ; pro Patribus, schoiastico-
rùm recentium turba jaclalur : unusiiuisque divina -
dogmata lanli a'slimat , quaulus illo esse putatur, ■
queni sibi in cujus verba jurarel, duceni elegeril. Non i
alliùs ut plurimùm, qiiàai à Tridenti-if» Florenlinàve i-
synodo Iraditio Aposlolis coa^va repetitnr ; quodquo l
i'œdissimum est el Ecclesiaî perniciosissimum, dili- |
genlior in(]uisitio veritatis tanquàm exlranea et ab |
officio theologiie aliéna coutemnitur, penèque cale- |
clicsibus pucrilibus accensetur. i
Quantum enim inde malorum chrislianœ reipublicofi |
imporlalum fueril, et quotidiè infcralur, boni onines «
cl cordali vidcnl, lugcnlipie. Qiiae fuit ha^resi infausta
iiascendi origo ignoranlia, eidem crescendi est causa:
non tani de suisviribus, quîun de nosirà imbecilli-
tate lacliosa seditio glorialur; et quia impugnari à
niultis desiil, iioc magis insultât, cl arroganti temeri-
lale lriunq)lium canit. Dicam rem scliolasticis pro-
brosissimam , sed tamen veram. Plus legunt lictero-
doxi Scripluram in propriiim suî pcrnicicni ,. quàm
theologi ut ad ruinam spontè rneiilibus auxilinm fe-
raïU. Plus illi scrutarilur sacros coiliccs ut corrum-
pant, quàm isli ut viiidicent : citant illi frequentiùs.
Aposlolos el prophelas ut incommodent, quàm isti ut
sacrilegos conalus propulsent ; illi annales ecclcsia-
sticos evolvunt diligenliùs ut adultèrent et in alienos
sonsus intleclant , (piam isli ut è suria liis foiitibus
in maiius hostium vicloria Iradilur?
Haie quia, heu nimiùm! vera suni, nec ad exagge-
raiionem dicta, quàm necessarium, tam efficax reme-
diuni postulant, quod parari aliter non posse puta-
mus, nisi in scholis calholicis, ad mentem Ecclesice
et suuimorum Ponlificum, purioris theologise studium
excitelur. Uevocanda ad piislinam dignilatom sacra
doctiina, cujus fundamenta non in opinionibns liomi-
num, sed in monlibtis sanclis, Psal. 86, 1, hoc est in
inconcussis Scriiituraî cl traditionis principiis : ahle-
gandie futiles sine disciplina quaistiones, quas fugere
Aposlolus priecipit, quasque, quoniam non ex naturà
hujus facultatis, sed ex oliosorum hominum arbilrio
œslimanlur, stultum est in finibus theologiaî compre-
hendere. Monendi graviter theologi in scholis non
suani agi causam, sed Christi : non ideô academias
inslilutas, ut in illis Plato vel Aristoteles, vel quivis
alius de gentilium grege prrcceptor teneret imperimn;
sed ut Chrislus snnimus pliilosophus, qiti factm est
nobis s(tf)ienlia à Deo, 1 Cor. 1, 30, supremus verilatum
cœlestium arbiteraudiretur: non ideô sacras pal;('8fra$
ercctas, ut desidiosi illîc athletiie cnm umbris intitr-
liter luctarenlur : sed ut generosi milites cum adter-»
sariis veritatis confligerent , omniquc armorum rnsu-
perabilium génère instrucii properare ad triuiiiplmn»
edoccrentur : eôque magis hoc esse in.Sacramcnto-
rum defensionc necessarium , qiiôd non ut cscicra
passim dogmata ïn merâ contemplalione, sed in actro-
ne consistant, et polissimam disciplina; partcm com-
ponanf, quani cxtirparc radicitùs nefarii homincs at-
tcntàrudt.
H57
PR^FATIO.
um
Quoil porrô omnibus prrostandum ccnscmiis, ulrùm
in hàc lucubraliniiciilà assuculi l'iierinius? aliorimi
infloxi (cxlus clarissimi, corrosa Iiinc indo scriplorum
veleruni coniniala, et ex nialè consiilis laciniis nicn-
erit jiuiieiiun. lloc cerlè possuniiis alliiinare, iiohis 3 dare.ssenlenli;e fabiicalso; non in onuiinin aulsallem
vec diligeiiliam di;fiiissc, iioc volinilalon» : liic opiis, j I)en(h)niniiiindenni(i(niil)iis(fpiO(l:rqiiilas poshilaltal),
liic laljorliiil, sacia niysloiia suis vallaïc piresidiis, sed ii) paucoruni liallu(iu;ilionibiis lù/clcsin; doclriua
et auctorilaie quà major esse non polcsl, boc est, di-
viuà assciore : ba!c biil lolius lalio operis, bùc onuiis
induslriacolbniavil, utconscusiouc, univcrsitale, per-
peluitale adslrucronlur.
Fuil ilie Lulbori ojusquc sequacium crror caiula-
lis, quôd tradilione conlL'uiplà, ouincm de diviuis do-
gmaiibus coiilrovcrsian» scriplurà solà deborc dijudi-
cari ac diiiuii elïulierint. C.iiin ilaque voluntarià
caicilalc ob!>(ric'li , couliriualioiicui, pœuilonliaui, et
aba pneler Bajili.suiuni et Euciiaiisliaui gialiai sym-
bola in diviuis et apostoUcis blleris, boc est, luccm
in meridie non videront ; Ikïc duo sola tenenda, cse-
tera, quippe vcrbo Dei contraria , sacro numéro ex-
puiigenda , et bumauis anuumeranda diabobcisque
couiuientis, quasi de iripode Nebuloiies sine excuudo
audaces proiiuutiàrunt. Ilinc prodierunt atroces illse
contra Romanos suuiuiosque Pontifices, nec satis un-
quàm execrandae calumni.K , à qnibus ceu tyranuis et
Anlicbrisli fautoribiis verilaleni relegatam, induciam
superstilioueni, eversaui disciplinam votcrem, uovam
subslilutam, culluin Dei profligatum, idololatriam cum
honore receptam , quàin impie, tam f Isô debaccha-
bantur : bine illa adversùs sanctos Patres lelra dicte-
ria, qnil)us Cyprianum, Anibrosium, Augustiniun,
Cbrysostoniiim , et prol)atissiui()s quosque dogrnatum
divinorum interprètes, vel supinne iguoraiitiie acciisa-
bant, vel lanquàm perfidos veritatis desertores crimi-
nabantur : bine contra scliolarum proceres et acade-
niias cbristianas pleiia acerbitalis, et mabim undiquè
spirantia bvorem voluniiiia, quibns et sciiolas noslras
synagogis salaïur, adaquabaut, et tiieoiogos vehili vi-
lissima Pontificuni uiancipia Iraducebant.
qua; ila; Palriin» ac tiicologorum dissidia, qu;c pie
ratpic fuisse non difiitemur, pro triumpbis reputala :
si <|uid unusaut alter erràssel, quod quia bumauuni.
alienum h se non pulabaiil, pro decrctorio juilicio
babitum; si(pùd dicluni i!egngc..tii:s. pro Apoîliuis
oraculo; si (,uid ca;spilaluui, pio régula (idoi ; si qiiid
tacitum, pro manifesta apprubatione decanlatum : at-
que ita veritas in errorem, in veritatem error nmtatus :
quiii et ab antiquis b;ireticis caus;c de|!Crdit;ï patro-
cinium imploratiim : acciti eniuï ab iuimicis Ecclesix
castris sul)sidiarii milites, qui ([uale : cruiiquedoctrincc
continualionem ostenlarent: quasi nimirùm possent
pro unitalis ac veritatis teslibus idoneis recipi, quos
onmi relrô cclate propler unitatis abnipia viricufs,
proditamque veritatem Ecclesia diris devovit, etana-
tbemateferiit:denique ad perlidi^c cumulum, sopbi-
smalum fœ,cuiida pareus bumaiia ratio in auxilium
advocala: tanise scilicet molis erat, septem Eccle-
siaî colunmas, id est, seplem Sacramenta, quibus à
Ciuisto axlificala sidjsislil, diruere !
Insulsam malè colirereutium argumentorum farra-
ginem è nostris plurimi, (quod non erat difficile) rcfu-
târui'.t: in primis dcmonslratum perperàm Lutiieranos
et Calvitiianos de Scripliirarum tcstiinonio gloriari,
quas, si oculis uti veilent, sux reperiient pra'sum-
ptioni manifeslù contrarias ; cùm non minus inibi,
nec minus expiessis condilionibus, Confirmalio, Pœ-
nilenlia, Extrema Unctio , nnnistrorum Ordinatio,
quàm Baplismus et Eucliarislia pra-scribantur : oslen-
sum paiitcr, ne in iis quideni Sacrasientis quai reti-
nebaiit, aut tcnere vidcri volebant, Scripturarum
dclinitionibus acquiescere ; at(|uc adeô impelu magis,
quàm zelo vcrbi divini, ad alia admiltenda, alia rc-
Quod autem mirêre magis, undèque multiplex ao
tortuosum baîrelicorum ingenium magis agnoscas, ii | spuenda impelli, nam si Spiritui saiicto quà par esset
ipsi bomines qui primùm sibi solisvelut ad instauran- ^ rcvercntiâ et dociJitatc pareront, cur non faterentur
dum Ecclesiie a;dificium divinà procuralione deloga- | Baptisnumi imicuilibet neccssarium ad salutcm? cur
lis, posl quindecim evolutas œtates credi volobant, et | internam cjiis ad sanclincandum , et à peccalis
sacres antistites audire controversiarum judices re-
nuebant : mox verecundià solitudinis, quam iit natura
in pluribus, ita in diviuis rcligio moliore titulo refu-
git; utque populorum miligaront invidiam, impatien-
ter ferentium novam sibi sine tcslimonio doclrinam
obtrudi : cœpcrunt ab iis ipsis Palribus et scholasti-
cis quos tam graviter offcnderant, offensione graviori
pra'sidium quœrilaro.
Quanto b\c moliminc stralagomalum, quàm astu-
liis, (dicam vcriùs) quàm slolidis macbinationibus
opus biil? Adidlerata Patrum commenlaria, corrupli
genuini codices, spiirii atlributi , logilimi vel plané
adempti, vel missi in dubinm: critices scientia ad
veritatis invcsligationom tantopcrè necessaria, ad pro-
lectionem mendacii prostitula: de verborum vi ac
proprietate non secùs ac in grammalicorum gymna-
fiiis contumacitcr disputatum ; in scnsus alienissimos
purgandum efticaciam pernegarenl? cur Christimi
realitcr in Eucbaristià pra'sentem? cur in corpus
ejus et sanguincm, panis- et vini elementa substan-
tialilcr mulari iiificiarontur; cùm b;ce et pleraquc
alia qM;e praifractè negabanl, sormo Dei scriplus lani
apertè contineat? Nec prailermissum , scripturam
quanquàm du se vorissimam, quippe à Spirilu sanclo
qui ostspirilns veritatis diclalam, maiilià lamen bo-
minnm vel imi)ocillilato, in varios erroris anfracliis
conjicere, nisi sccundùm ccdesiastici et catiiolici
sensûsnormam ejus inicrprolatio dirigatur. Scriptu-
ram enim, ut pravlarc dixit Vincentius Lirincnsis,
Comment, cap. 2, pro ipsà suà (illiliidinc, non unoeo-
demquc sensu unirersi acapiunl ; sed cjusdan eloquin
aliter (itquc olilcr, alitis alque nlius intcrptelalur; ul
penè quoi hommes sunl, tôt illinc senlenliœ nui poess
vidcantur : aliter rninqur illai'i yovattauus , olilcr /Vto-
i,5Q DE i\:: sacuamentaria. im
tims, nlitcr Stibellius, (iliicr Uoualm cxpoiiil : alilcr j ;iiit liivivsiiii :ivnisos iinnnimilcr consonlirc : alqiic
Ariiis, Etinoiiiiits Mciccduiiiiis ; alilcr Apullinuris, /'n- | Jidi'o ovi(li'iili;i, qiià iiinjor iicc fuit iiii(|iiàni, nec dit,
scilliunus, ailler Juvinianus, Peldfjius, Cclesiitts, aliter | (lemoiislialiiiii, coiCcssioiioin Iinnc l);cresi quàliljot,
poslremb Nestorius. | ^^ scliisinalc longé esse luUiquiorcm, nec à qnoquani
Ici qnotl inagno siio nialo cl funcslissinio oxon)()lo '| Iioniine sectis lam divcrsis, lanlo Icnipoiiim ao loco-
iixi-elici rcccnliores expoili snnl : (lucMii cmni, pcr
Douni iinniorlalem , inl(M-|irelaiuli lincm rcccnint '! In-
sanonovaddgniala csacrlsliUiîriscriiOMiiiiiniriliii ijuis
inodusinii)()silus? in liis soiis ad( ô i>Ianis, adiùsini-
plicibusCluisli vcrbis: Il oc est corpus meiuii : hic est san-
guis tiieus : (juiinj dissnna; discrcpanlcsqiie si'nl(.'nli;c ?
Apiid illns non ii lanlùni, qims siiiiuno Kvangclii (!c-
dccore, Evangclii inluislros appollitaltanl, scd et in-
fimoc plebis liomunciones, cl slolidi-sinui; de irivio
inniiercuhr, piivato, Imc esl, vertigiiiis hiiiiilii agi-
laLc, officium inlei'prelandi tenicraiiô ario;4ahaiil,
novasquc, duobus Iribusve ilicclis audil(iribii«, de
scripluraruni corlicc, non secùs ac Adanuis, cl Eva do
ficûs foliis perizoniaia, Gen. 3, 7, sibi cccbsinlas
fabiioabanl • (]uai cnini verô synagogas exiriicndi
modcialio liabila Calvinislanim? Quis Lullicranorum,
Anabaplislarum, Sacranicnlarioriun, Proteslantiiun,
Presbylerianoiuin, Episcnpaiiinn, prolcrvas ladioncb?
quis deduclos ex his impmissinus fontibus fanalica;
doctrince iiinunierabih^s iiviib)S, cpii Angliani, Uala-
viam, Gcrnianiam, aliascjne Europ;e llorenlissinias
provincias innndàrunl? quis seclas tani absonas, non
Scriplurœ lanlùm, sed sibi ipsis, ipsiipie bumaiiilaii
loto cœlo conlrarias, et niliiluniinùsde Evangclii con-
lubernio pari jaclanlià giorianles, sine l;edio cl ini-
patientià lecloruni lecenseal? Uiidc liquida apparuit,
qui Ecclesiae aucloritalem conlonmunl, IVuslra Scri-
plurani jaclare, qu.c licèl in lalsun» ipsa per se iienii-
ncm prœcipilet, cerlissinia lamcn dellectenlibus à lia-
niile liadilionis errandi occasio est.
Nusquàni verùde bicrelicis gluiiosiùs iriuinplialuni,
quàm ubi probatum est, septcnarii Sacraincnlonini
iiumeri lidcni non à Novellis, ni calunniiabanlur,
Ponlificuni Romanorum deciclis invcclani, sid ab
anliquissiniâ ipsique EcclesiLC institulioni ((xcvà Ira-
dilione receplani. In lanlà luco boc argunicnliini po-
silum esl, ul si quis modo conlra audeal niulire, non dico
ruslicum et iniperilnm, scd irnncuniaul saxnni esse
oporteaf.cerlissiniis icslimonils coniprobala Eccicsia;
universalis aiiclorilas, on nolle primas dure, inijuil san
luin tractu disjunctis, taniqiic sibi nniliiu ininiicis
pcrsuadori poitiissc. Ecquis enim, si modo scinlillani
jiiiiicii liabial iiiducai in aniniuin, Uomanum qucni-
dani Ponlidccin, aiit cpienivis allerum (ul nominale
li;crelicis lidjcl) lyiannum, lanlà pra;valui;-se poleu-
lià, ul Palri.irciialum Anlioclienunt, Alexaudrinuni,
Corislantinopolilanmn, llicrosolymiianum, non vi ar-
nioiuni ac slicpilu, scd milu vocis ac imperii lerrore
pi-rvaderet; ibidemquc non ortliodoxos lanlùm, sed
onniium genemni ba;reticos ac scbismalicos, lam di-
vcrsis superslilionibus iinplicalos, lam leralibus odiis
et coiilra se invicem, cl conlra Uomanam Ecclesianj
exaccrbaios, ad novam S icramenlis fidem suscipien-
dam, vol subitanco impclu, vellcnlo progressu, ne-
mine coiilradiccnlc coinpcllerel? II;cc sanè non aliis
ciinune lia placenl, nisi quibus prêter cbima'ras et
rcs i.icrcdi1)iles niliil placet : biec adcô absurda vilili ■
ligalio, non lam causée ddensio, quàm dcspcialio,
esl. llacpic conlra onnies, adeôque conlra Ciiiislum
à quo Ecdesia columna cl firmamenlum verilalis
l'undala esl, senlire Lulherani cl CalvinisUc con-
vicli smit.
Quod elsi nostiisabundè suflicere polcralad triuni-
plium , longiùs tainen, nec minori laude, progressi,
adversarios quocùmquc diverlcrenl perscqui animosè
non deslilcrunl: nulla iis efl'ugii via, pracsidii spes
nulla rciicla; discussa sopbismatum receplacula, qui-
bus sCïiC niiseri lenebrioiies involveranl : ostensun»
conlra ipsos, rcvelaliones divinas humano ratiocinio
impugnaie, idem esse ac Deuni ipsum in jus vocare,
ei(pic sacrilcgc inlenlaïc lilcni; in silcntio adoianda,
qu;c Cbrislus in inyslcrio occiillavit, nec abullo posse
ad tribunal ralioniscxpcndi, nisi qui volueiit insaniie
cum lalione.
Deinde ad palruni examen deducla niagnis labori-
bui dispulalio : diligculiàiiuâ accuralior esse non po-
leral, evoluti connu i)cr omncs x'iaies iraelalus ; spu-
rii denegali, asscrli legilimi, incerti relicli in dubio:
corrupli vel temporis edacitate, vel baprcliconim
malili'à, vcl scribarum iiicurià codices, rcstiluli: lex-
ClusAuguslinus,del!ulil.cicd.,oap.l7,i'e/s((/»/)irt>/;)-o- || lus ali(pionun obscuri et ambigui, eoruuideni clario-
fectbimpielatisesl, vel prœcipiiis içiuorautia' ; pro funda-
mento posilum illud loties decantalum ejusdem sancli
docloiis t onlra Douai., lib. 4, c. 24, efiatum : Quod nui-
vcrsa teuel FAxlesia, nec coiiciliis iiistilutum, sed sein-
per retenlum est, non nisi auctorilate itpostolicà tru-
dilumrectissimè credilur; ilcmque altcrum plané siniile
Terlulliani de Pnescript., cap. 28: Quod apvd mnl-
tos nnnni invenitur, non est erratum, sed traditum.
Aperli Latinorum, Gnecorum, Orieulalium libri
jiluales sensum Ecclesiae absquc a;quivocatione cnun-
liantes: indequc clarissimè cognilum, in hâc seplem
Sacramentorum lidc omnes omnium scciaium Cbri-
sliunos, quanlumiibct à sanctà ronianà sede per scbisma
ribus, aul ooananoonmi perspiouis scnleiiliis expli ■
cati ; alque iia compeMum luit cl in nieridie posilum,
catenâ iraditionis indissolubili, septenarii nunieri con-
fessionen! ad nos us(piesinc biain, sine inlcnnissioiic
perlalani; cl iu lanlo numéro magisirorum nec
nnum osse rcpcrlum, qui Lulberi cl Calviui impic-
lali priïiveril : aut si de uno aut allcro sacro syivibolo
unus aul aller dnbilavil, lioc ipso esse desercndum,
quod à seniilà tradiliouis dencxcril; slal enim finna
iuconcussaquc régula, non iu uno Ecclcsiam, sed om-
nes in Ecclesià doctores esse quaieiidos, à cujus uno
aliquo dogmale si quis inconsideralè dcsciveiil, non
ideù eril ejns aiicloiilali cedeudum, qr.ôd magnà do-
H6I
DE SACUAMEîNTIS IN GENERE.
!I62
clriiuc opinione lloruoril : scd idoô poliiisrcsislciiduin,
• quia proprio seiisui ninjorcm suà auclorilatein impru-
/leiiter posihabuil.
Nec alilei' de scholasiicis judioaliini, quos elsi in
nidtis monsiralum sit, impudcnter sibi ac lemerariô
>^cotericos ariogare, quippè, qui lut'icsum omnium
ion ininiicissimi taulùm, sed el aocniiuiruorinl o.\i)U-
ïnaloiosv in mullis lanicn ingénue agnitum ex osei-
lantià, Vil negligcnlià anliquilalis aut ignoranlià ca3-
'opitàsse : quis enim eos excusarc valeat, qui tiixère
Coidiiniaiionem ncc à Cin-isto, ncc abAposloIis, sed
post apoilolica lempora longé seriùs in provinciali ne-
scio quà synodo instiUiliim? Quis item alios, qui vei
rotundè negàrunl Malrimonium esse saciamenlum,
vel omnem eidem conferendae graliic vim abslulerunl,
vcldehàc re lani|uàm minus nccessariâ, in utramquo
parlcm dispiilàrunt? In liis et similibus, liabilà prie
oculis pmcclarà angelici pivccoptoris sententià, qnà
crga sanctum ipsum doclorem , rarissimù illud qui-
dem (fuit enim sanclus Tliomas ut excellentià ingenii,
et profur.ditalo doclrina;, ila verilalis anioïc ac dc-
fensione nulli secundus, usque ad magni Augustini
comparalioncm cvectus, per oninia angelis quàm lio-
minibus propior) , aliquando tamen utenduni fide-
lissimi ejus discipnli censuerunt : Maximam, inquit
illc 2-2, q. 10, art. 12, habet auclorilaleni Ecclesiœ
consueludo, (juœ souper est, et in omnibus œiimlanda ;
quia et ipsa itoclrina callwlicorum doclorum ab Eccle-
siâ anctoritatem habet ; iindè ma(jis standum est auclo-
rilati Ecclesiœ, quàm aucloritati vel Augustini, vel ilie-
romjmi, vel cujuscnmque doctoris.
Que certissimo prinoipio nixi ccleberriiui, ut pnc-
dixi, angelicit schohc tlieologi recedere aliquando à
sanclo Thomà non dubitàrunt ne viderentur niagi-
stro plus adiia;rere quàm veritali : Memini, inquit
MelcIiiorCanus, de Locis thcologicis, lib. 2, cap. 1,
de prœceptore meo ipso (Francisco Victoria) uudire,
ciim nobis secundam secundœ parlem cœpisset exponere;
tnnli D. Tliomœ sentcntiam esse facicudam : ut si potior
illà ratio non succurreret, sanctissimi el doclissimi viri
satis nobis csset auctoritas ; scd admonebat rursinn, non
oportere sancti doctoris vcrba sine delectu et examine
accipere : imb vcrb si quid aut durius, aut improbabi-
lius dixerit, imitaluros nos cjusdem in simili re mode-
stiam ctindustriam, qui ncc auctoribus antiquitalis sulfra-
(jio comprobatis (idem ubroqat, ncc in sentenliam eorum,
ratione in contrariant vocante transit; qnod ego prœce-
ptum ditigentissimè tenui : eademque aliorum senten-
Ua fuit, quos habuil sanclus Thomas addiclissimos
sectatorcs ; ut intérim de Durando, Cajctano, Cailia-
lino nibil dicam, (pios constat liborioris fuisse ingenii,
cl in saïuto doctore carpendo audaciorcs.
Jam ut unde paidulinn digressa est jjrajfalio rever-
talur, cidenique ponatur finis, boec pnccipua argu-
menta sinit (pue à catbulicis ad frcnandam Iia;rclicn
rum audaciam, sLylo pleno ac referto felitiler usiir
pala, in brcvius (quoad materia luiitj arclala spatium
exliibcmus; in quo, ctsi pnccipua cura fuit, procaccm
novorum reformalorum doniare fiduciam ; Cidera la-
nicn non ncgleximus, quie scliolarum propria sunt, Cv
ad plcnam de Sacramcnlis tractalionem reccptà con-
sueludine pertinent: nam quemadmodùm non satis
essct pricdium injuste usurpalum de manu raptoris
eripere, nisi spinis resecatis, inutilibusquc evulsis ra-
dicibus diligciiter excoleretur ; ita nec sufficcre arbi-
trauun-, conlra Neotericos Sacramenta Ecclcsi;c vin-
dicàsse, nisi pro virili quis<iue sludcal nobilissimam
banc sacra; doctrinie parteni ornare: nec sanè décrit
ad ornamcntum nialeria; occasionc enim novorum
Sacramentorum, de signis ac figuris vctcribus, et de
sacriliciis legis Mosaica; eril dicendum : occurrent
pleraque ad discutiendum facta bisiorica, quàm scitu
curiosa, tam ad illuslrandam vcritalem opporlinia ;
item de sacris ritibus quos Ecclesia veiab Apostolicà
Iradilione accepit. vel temporum decursu ad majo-
rem siilendcrem ipsa instituit, deque eorum in parti -
bus Orienlis etOccidentis diversitale, data occasione,
tractabitur, exponendi insuper vcnient plcrique con-
scientise casus, quos ctsi non onines resolulos (nec
enim nostri insiituli eral), onmium tameii solvendo-
rum principia lecior studiosus reperict : nec ncgli-
gentur, quse verè crunt bujus nominis, scholaslicce
qusestiones, qua; r.imirùm cum conlroversiis fidei
Il proximè conneclcnlnr, vel ad easdirimcndas aliqiian-
tùm inservicnt : nec enim scholasticam respuinnii
(quodsi cujusdam de nobis judicium csset, temera-
rium affirmare non dubilamus) ; sed volumus scbola-
i sticani, quce luccm affcrrat vcrilati, non lenebras ;
quffi suis, hoc est fidci principiis innitatur; (jUic sit
pedissequa, non rcgina ; quîc fidci obsequalur, non
impcrct.
Si quid, quôd avcrtat Deus, clapsum fuerit, quod
lanlulinn à fidc catbolicà et bonis moribus discrepet,
sinccrè rejicimus, volumus pro non dielo liaberi : to-
tumque quidquid his continetur, Ecclesinc et summi
pontificis judicio, quâ par est revcrenliù clbuiiiili-
tate subjicimus.
DE SAGRAMENTIS UN GENERE.
QUiESTIO PRIMA.
DE ESSENTIA S.iCUAMENTORUM.
Conlra pcrduclles ha-rcticos lotins verilatis inler-
TU. XX.
fecloresconlrovcrsia istamovelur. Illi mmt\\\odcscrto
quod priiis fnerat, ut loquilur in causa simili Terlullia-
nus, contra Marcion, lib. 1, c. 1. id postea sibi elege-
mut, quod reirb non ercJ : hùcque omnem indusiriam
lies
DE RE SACRAMiiNÎAlUA. — DE SACUAMENÏIS IN GENERE.
1164
coiiUiiorunl, ulcalholicam de SacraïueiUorum nalurâ il omiiibiis indilleionter qui forent de gcnere Abralia; ,
el delinilione doclrinain, coiiLcinpîâ niajonim aiiclon
lalc siibvtM icrciit, ipsamque vocis comimmij siinpii-
ciial-eiii lorqiieieiil in (iiKVslioiieui. In laiilnni cnim
slalin) ab iiiili>» scliisnialis eonun processil audacia ,
ut ipsam Sacraïucnli voceni v( lut novani, sacris scii-
jjioribus t't sanclis Patribus, inaudilam loUere de me-
dioallenlavcilMl, Lnlberus in 1. de Caplivit. Babyl.,
cap. de Malriinonio ; doinccps veiô niiillinn se Eccle-
six' gralilican pntaveiiiil, si nonien quod summopcrè
sed soiis Levilici ordiiiis sacerdolibus concedebatur.
Sed et pi-atorea crat pecniiare aliquod sacrificiuni
soli siiinmo Poiilifici , semelque in aiuio servattim ,
Exod. 50, 10; Lev. JG; '•2 llebr. 9, 7,quod dùm pcr-
agcret, nemiiii niorlali l'as crat siibsislcre in lain'rna-
culo, Levit. IG, 17, iil videliçel Sacramentum Domini
revcreiiicr abscondcrctur.
Qtiantùni ad Christianos , res est clarissiniis liislo-
ri.e nununucntis testata, majores nostros divini maii-
oderant, per indulgenliam admittendo, rem illo sigui- • dali nieniores : Noliie dure smictnm caiiibus , neque
lîcatam et chrislJanis auribus obviam, vanis coHvrien- j miltatis margarilas vestras anle porcos, Mallli, 7, G, sic
liliisqiie sablilitatibus im|)ugnarent. Quod ntmin'i ini- j fuisse sccreli tenaces, ut non gentiles tantùm , Cbri-
runi videri deiJit. Al enini observât idenriertuHianus, 'j sliani noniinis juratos hoîtes, sed el calhccunicnos
contra Marcion, lib. 4, c. 6 : llœc est indulcs hœrelko- |
rum , ul erudentcs contraria quœqite senlenliœ suœ, in ^
m tantiitn conseiitianl (piœ suo crrori comeniunt. |
lia'jue babtbil hiiec qua'slio diias p'irles. i
{" Caliiolicmn dognia (juoad iieri perspicuè polerit |
explicabinuis
verui fidci candidates à sacris synaxibus anioverenl ,
quidve ibi p.eragerelur iliis pra^senlibus , nec Dinllrc
qnidcrn auderent; nedùni in publicnm evulgarenl;
bine si quando occurrebat de Sacramentis necessaria
inenlio, vcrbis involutis et obscurioribus utebanlur,
quorum sensinn exlranoi nec divinando assequi pole-
ranl ; cumdenKpie ad adiillani usqiie ailatem Ecclesiai
"■r Pravas hœreticoruni senientias, data operà refu-
tabimus : a|>ertà cnim et cognilâ verilaie longé erit î morem relonlnm, mullis in posterum exemplis, iibi
faciliiis coiUrarios errores dcpellere. Unde sil: | se dabit occasio, osiensmi sumus (IJ.
Denique de genlilibus nibil opus est ut dicamus :
constat cnim pro sacrilegis babitos qui fidem silonlii
infregissciit, etisidis, Cercris, aliorunive nmninuni
§ 1. Quœ et quotvplex vocis sacrameulum significaiio. \ nefanda niysleria propalàssent : cujus rei memorabile
CAPUT PRIMUM.
E.XPOMTUR CATHOLICUM DOGMA.
Quod Ut via et metbodo assecpiamur, juvat innriiiiis
narrai exemphim Apuleius, Asin. lib. 2. Hlnc Ilero-
cxponerequidnominesflmn)u'«nveiiialii;lelligeiiduni. \ dotus velus scriplor de iEgypliorum aliorunique gcn-
Latinis idem est sacramentum, quod (Jraci> //.ujt»-- ] tilium variis ca-remoniis sormone fado : Cuusain, iii-
f.i^. Utrillue voci religio cl nuniinis reverentia origi-
uem dédit. Nibil enim si\eiJ.u7Tr,pio-j, sivcsacrameniuni
Icgimus à sacris el proi'auis scriploribus appellaluni ,
nisi (luod ad Dcum el dobilum et obse(|uium refei lur,
\el babelaliquam cum eo comparalionem. llaque
I. Diclnm est niysiei'ium (1) , arcanum omue ad
quit, sed non audeo diccre ;liinc eliani scribil Eusebius,
Pr^par. evangelicà, lib. 2, in sacris Isidis et Serajii-
dis fuisse Ilarpocratis simulacrum, quod digito labiis
^ impresso admonere vidorctur ut silenliuni lierel.
j II. Latinis scriploribus, Livio tesle, lib. 5, dec. 4,
1 idem fuit sacramentum quod ju&jurandiini : bine jura-
sacra aliqua perlinens, res nimirùm secrcla, paucis j menlum quo se milites ad pricstandam impcratori et
cognita, neque nisi inilialis connnnnicanda : bac ci.im. | reipublicx fidclem operam obligàbanl, sacramenluni
genlium onmium, quocum(|ue religionis sive vero sive | niililare appcllabatur, ipsique milites sacramenlarii
faiso nomine lenerentur, veluli anlicipalio fuit, quai :] diccbanlur : imô figuralè aliquando pro ipsis signili-
qd diviimm culluni spcclarcnl, magno silentio esse
premenda, et exlrancis, quia profanis, celanda. Id ?
ijuod mulliplici Judicorum , veterunique Cbrisiiano- l
rum, imô el genlilium exemple probalur.
Quod enim Hebrœos spécial ((juai vcra priscis Icm
|!Oribus Dci Ecclesia eral) : ncmini non noluni puta- ,
mus , quanta diligentiâ providerent, ne arcanorum ,
conseil (iercnt, nisi qui gcnere vel adoptione Jud;ei |
essent. Iliiic ab ingressu lempli omnes indiscrimina
lim gentiles probibebantur, eosque in iocum sacrum
introduxisse , leste Scriplurâ , Act. 21, 28, capitale
eral. Quin et sacrilicia , cxpialiones(iue facere non
(I) Sacramentum, apud scriptores sacros et eccle-
sîaslicos, sa'pè loco sccrcti accipilur : sic apud Tobiam,
c. 12 . Sacramentum régis ubscondere bonuni est; s;e-
pius pro re occulta , prieseriiui sacra ; Coloss. 1, 27 :
Voluit heus notas facere divilias gluriœ sacramcnli liu-
jus ; s;T;pissimè pro signo rei sacrœ et occultœ : Apocal.
17 : Oslendam tibi sacranwniiim mulieris , id est , cujus
j'ei sit sigiium et sym])olum. (Editoues)
candis miliiibus nonien sacramcnli positum esl ; quo
sensu Juveualis poeta inquit, sat. 1 6, v. 55 :
Prœmia nunc alia, algue emolumenta notemus
Sacranicntorum,
mililum scilicel jurejurando adslriclorum : nec sacri
doctores dissenliunl : Vocati sutnus , inquit Terlullia-
nus , lib. ad Martyr., c. 3, ad mililiam Dei vivi , jani
tum cimi ad Sacramcnli verba irspondimus : et S. Ilie-
ronynius : Recordarc Tyrocinii lui, ait ad Heliodorum,
in ep. de Laude vilœ solit., quo Clirisio in Hapiismatc
consepullus , in Sacramcnli verba juràsti. Porrô \\xc
Sacramcnli verba nihil aliud fuisse , nisi contesiatio-
nes varias , proul eliam nunc fil, quii)us calbecumeni
prolitebantur se abrenniiliarc diabolo, et pompae , cl
angelis ejus, nolissima SS. Patrum doclrina est, Tert.
! de Cor. mil., c. 3, et lib. de Bapt. E.... S. Cyp-, cp.
(1) Qui pleniorem liàc derc notiliam babere cupit,
consulat Eiuanuelem Scbcllralium , in crudito suo
opère (le Disciulinà Arcani.
il65 QUiEST. 1. DU ESSENTIA
7; Dionys. vulg. Arcopag. Eccl. llierarch., c. 1, cl
alibi passiin.
III. Sacramenlum pecunia dicebatur, à duobns con-
iciidcnlibiis in loco sacro dcposila e;Vcoiidiiione,ul(|iii
Vicisset, sviain leoipcirl, vicli, :rrario ccdcrel. Sacru-
vwnlum, inqiiit Yario, lib. -l, de Liiiguà, à sucro cti-
clutn : et qui pelebut , cl qui infidabatur, ulerque quin-
gmta œris ad Ponti/icem deponebal : qui judicio viccrat,
suum sncrammlum à sacro aufercbat : vicli ad œiarium
redibal, id est, victus cà pcciniià quant deposueral mul-
clabalur, in pœnain iiijitstœ Utiqatioiùs. Ilaqnc sacra-
nieiili noniinc lux'C pecunia doimbalur, Inm quôd in
usus sacros converti posscl ; liim qiiôd in loco sacro
cusiodircliir : nani ii?ec aliaqiic dcposila servaia in
loiiiplo fuisse, iil pro nuiiiiiiis revcrenliâ a'b oniiii vi \
cl injuria inuiuinia essenl , non niodô apiid gcnlilcs ,
Judjcos Cl Cluisliaiios usu luit, scd etiaui severissimis
legibus perpelnô observaiuni, ut lesianUir sacri et
profaiii scriplores, et est injure canonico , cap. Gra-
vis exL, de Doposito.
IV. Sacranienlum gencraliter dictum est, sacrinn
quodlibet syuiboliuii, rilusvecTilerior, perquem liomo
divino cultui addicebatur, et iniliabaïur mysteriis ;
sive putarclur aliqiiid ad graliam conferendain babere
virtutis , sive ad boc laiilùni vaiere croderelur, ut
fideni excilarel et |)ielateni : quo sensu S. Augustiims,
lib. 2, de Peccatorum Meriiis et Rcniissione, benedi-
cliones erga catechunienos fieri solilas Sacramento-
runi aliquod esseanirmat : JSon uniusniodi, xnqxïû, est
sanclificcctio : nam el calechiunenos secundum quemdam
modum suum , per siijnum Clirisd , cl oralionem mamïs
inipositionis puto sanclificari : el quod accipiunl, quatn- i
vis non sit corpub Cliristi, sanctuni est tanien... quuniam
Sacramenlum est : quorum similia in anliquis scripto-
ribus sepè occurrunt.
V. Paulô slricliùs abecclesiasticis Iraclatoribus Sa-
cranicnli nonien indiiuin est synd)olis qtiibuslibet sa-
cris, ad sanclilicandos boulines, lùm in veleri, lùm in
novcâ lege divinilùs iustitulis : quorum, elsi commune '
babeanl nomeu , longé disparem esse vim sancti '
doclores agnoscunt : aliara euim circumcisinui, aliam
Baplismo Christi , aliam sa( riliciis anlitiuis , aliam
Eucharislioe; minorem deniqiie veteribus expialio- j
iiibiis, pœnitcnlire Icgis nov;^ procstantiorem virtulem
attribuant : quod est diligenter observandum , ne pu-
lenlur virlute oeqniparari, quia nomen commune ba-
bent : hinc concilium Tridenlinnm ; Si quis dixeril,
jnquil sess. 7, deSacram. in gen., can. 2, novœ Icgis
Sacramenta à Sacramentis atiliqnœ Iccjis non di/ferre,
nisi quia cœremoniœ sunt aliœ, et alii ritns externi ; ana-
tliema sit; qnà de rc S. Auguslinus, Eiiarr. in Psalm.
73 : Si discernimus, inquit, duo teslamcnta , velus el
etnovum, non sunt eadein Sacramenta... quia alia sunl
Sacramenta dantia salutem, alia promittentia Salvatorem,
Sacramenta novi Testamenli danl salutem, Sacramenta
veteris Testamenli promiserunt Salvatorem... mulala
sunt Sacramenta, fada sunt faciliora, pauciora, salu^
briora, feliciora.
\1. Deniqucvox, s«cr«mt?n<Hm, jampridcm àPalri-
SACRAMENTORU.M. H66
bus, liodièquo communilcr, de solis nov;e legis sacra-
nienlis accipilur , qua; explicare, Deo danlc, propo-
nimus : nam dccircunvisionc aliisque veteribus graliie
signis, quia noslri instiliili non sunt, obiter lantùm
et (piasi in transcursu dicturi simius.
* SacranuMiti voccm rcprelieiidore ac reprobarc
ausisunla|)udlkllannii»nni,lib. I, deSacram., cap. 7 ;
Lutiieriis, in lîbro de Captivit. Babyi. et in lib. de
Abrogandà Missà; Melanclon in Locis Commun.;
Carlosladins in lib. de Imag. et Sacr- ; Zuinglius in
lib. de Vcrà cl FalsA Uclig. ; ac landem Calvinus, lib.
4 Instil., cap. 19. Eorinn fundamentiun fuit, quôd boc
nomen non invenialur in sacris Litteris Verùm repri-
mend;c lioruni audaciœ salis supcrque sit animadver-
lere(l), 1° Sacramcnli vocem, proutetiam in spccie
ros illassignificat quie Sacramenta noviii legis apiiel-
laiiltir, in sacris Litteris à Catbolicis inveniri, scili'Ct
cap. 5 Episl. ad EpliL-sio.', ubi Matrimoniam dicilur
ab Aposlolo Sacramenlum. 2° Eamdem Sacranu-nti
vocem, saltem prout generatim assumitiir ad ea signi-
licanda, qucC sunt symbola, aut signa roi alicujus se-
crel;c, vel arcanae, quivque à Gratis tmjsteria nuncu-
panlur, qualia sunt Sacramenta noslra, in sacris Libris
cerlissimc occurrere, ul constat vel ex cap. 2 Danie-
lis, ubi statua Nabuchodonosoris in somnio proposili
vocalur nnist''riiim et Sacramenlum, signum videlicct
rei latenlis. Unde miratiomaxima subit Lutlierum, in
lib. de Captivit. Babylon. praelidenter dixisse : Sacra-
menlum ubique in universà Scriplurâ significare non
signum rei sacrœ, scd rem ipsam sacram, sccretam et ab-
sconditum. 3° Demùm Lulberum ipsum agenlcm con-
tra Carlostadium el Zuinglium Sacramenti vocem ré-
pudiantes vocem illam approbare , ejusque usum
defendere, ut ex eodem Bellarmino loco citalo li-
quet *.
§ 2. A/feruntur et explicantur Sacramenlorum novœ
legis condtliones.
De nomine Sacramenti jam constat quae ejus im-
ponendi fuerit causa : scqnitur ut ejus naturam invc-
stigemiis : quod non erit dillicile, si priùs attulorinuis
conditiones qnx. ad essentiam Sacramenti , tbeologo-
rum judicio unanimi requiruntur : quarum
I. Prima est, ut sit signum : est verô signum , defi-
nieiile sanclo Augustino, Doctr. ciirist. , I. 2, c. 1 :
Res quœ prœter spcciem quum ingeril sensibus , aliquid
aliud ex se facit in cognitionem venire ; undè évident
est , duo inprimis ad signnm rcquiri : primum est , ■'
sit aliquid cognilum : nam ad allerius cognitioniiu
non duceret, nisi ipsum quid esset scirctur. Secuii-
diun,utad allerius cognitionem nos ducat, illudcpie
proîcipuum habet : non cnim suî ipsius , sed rei aile
rius sigimm est.
Sacramenta verô signa esse , mullis Scripturarum
locis adslruitur : sic Aposlolus Baplismum signum
(I) Vox sacramenlum b\c non eo penitùs sensu ab
Apostolo iisiirpari vidclur, quo ajuid llieoioiTf.s railio-
licos; non enim signilicat Aposlolus niatrimoDiiiiM
esse signum, cl cpiidem eflicax , gratiie (^irisliaiiis
collatx, sed potins signum unionis CInisli cum Ec-
clesiA. (Edit.)
1107 DE UE SACllAMEISiAlUA. — Di
esse insinuât scpiilluiro et resurrcclionis Clirisli. Ah
iquoratis , iiKiuit Uoiii. G , 3 cl scqq. , quia quicumque
baplizati sumus in Christo Jesu, in morte ipsius baplizaU
sumus ? Consepulti enim sumus cum illo per baplismum
ht rnortem ; «.' quomodb Chrislus surrexit à morluis per
gloriani Palris , ita et nos in novitale vitœ ambulemus.
Et I Cor. 11, 26, Eucharisliam dicit esse sigiiuni
passioiiis et niortis Chrisii : Quoliescumque , inquit ,
inanducabitis panem hune et calicem bibetis, mortem Do-
mini nnnuntiabitis donec veniat : idenique confirmât
sancloriini Palruni auctorilas, qui Sacranienla passini
cjfjiëo)M, signacula, verba visibilia esse dlcunt.
II. Secunda est , ut Sacranientuni sii signuni sensi-
bile : nain cairemonia religionis in luce et in omnium
oculis versari débet : atqui Sacranientuni suàpte na-
turà est riius religiosus, per qucni liomines in unius
veri Dei cultuni adunantur. Doinde Sacramenta voluit
Deus esse fontes publiées , unde baurireiit homines
aquam salienteni in vitam ϔernam , Joan. 4,14: par
ergofuil, ut essent in propatulo posita , et patcrent
conspectui omnium : bine docent ubique Patres , Sa-
cramenta esse vestigia quyedam, gradus, et veluti ma-
nuducliones ad spiritualia et invisibilia.
III. Terlia est (1) , ut sit signura divinilùs institu-
tiim : ille enim solus potest instituere Sacramenta ,
(1) Plures theologi, dùm exponunt conditiones quae
ad essenliam Sacranienti pertinent, eam inter alias
assignare soient, ut sit diviiiitùs instilutuni. IlaiiC
porrô usscrtioneni, sicut nolumus onininô rejicerc, lia
Kinc ali(|uà cxplicalione admittere non possumus.
Eiiiniverô, si essenlix' nomiiie intelligant ea omnia
sine quibus Sacramentum non potest existere, reclè
pronunliant divinani instilutioiiem esse de essentià
Sacranienti. Nam cùni solus Deus sit auclor gralia;,
îpse etiam solus eam signis sensibiiibus annectere po-
test. Atenini si, ut par est, essentiam ad ea reslrin-
gant , sine quibus Sacramentum ne in mentis quidem
cogilationem potest venire, seu ad ea quibus Sacra-
mentum inlrinsecù et immédiate constituilur, ab eo-
rum placilo recedendum putamus; iiiv.n;i enim insii-
lutio immeritô prorsùs inter prim. lia et oonslitutiva
Siicfamenti principia numerarelur, cinii bit plané Sa-
cramento cxtrinseca. Et certè divina inslitutio com-
pulari non débet in principiis Sacranienti constitutivis,
si illius nécessitas non ex ipsâ Sacranienti nalurà di-
recte derivalur : atqui divin^c institutionis nécessitas
non ex ipsà Sacranienti nalurà directe derivalur, sed
ex nalurà grali;e; nam si biijus nalurà; esset gralia,
ut bumani jiu'is lieri posset, illiusquc signilicaiidie et
pruduceiidie virlus sigiio cuidam hcnsibili ab bomine
esset indila, nemo sanè integram negarel Sacramenti
essenliam , atque adeô verum Sacramentum existere;
ergo divina institulio inter priiicipia Sacranienti con-
stituliva conjjnilari nequil ; ergo non perlinet ad es-
senliam Sacramenti pr'priè dictam , iiisi forsilan in-
directe , et veluti coiiditio sine quà Sacranientuni non
exisleret. Unde ulteriùs sequilur eam coiiditionem ab
accuratà delinilione Sacramenti expungi debeie.
His oumibus subjuiigere juvat, non |)arvani nobis
in pryeconceptà opinione liduciam inile nalam esse,
quôd eam à sagacissimo Suaresio non obs<urè iradi-
tam postniodùni coniperimus. Sic enim babct vir dlu-
slrissimus, quœst. 40, 60, ar(. 5, disp. 1, sect. 2,
dico 5°, resp. ad object.: « Si res ab Ecclesià instituta
« baberel tolum quod est de ratione Sacramenti , pa-
« rùm relerrct quôd à Christo vel ab Ecclesià esset
< instituta ; quia res non denominatur talLs à causa
• agenlc, sed à ratione intrinsecà constitutivâ rei, mi-
< decumque illam liabea!. » . (Kdil.)
SACUAMENTIS LN CE^EUE. il66
cujus solius est , démentis niaierialibus tribucrc vim
gralia! significandai et conferenda; ; atqui quôd ritus
aiiquis exterims in vcrbo et elemcnto consislens, vim
babeat sanClitatis signilîcandai et coiilerenda;, non
Ijoc in natiuà, neque in bominum instilutione positum
est, sed à solà Dei voluntate dependet, cujus solius
est sanctitaiem atque justitiam imparliri. Ergo, etc.
Quid verô sit signum naturale, quid liberum, quo-
niam ex philosophià notissimum est , superfluum fuc-
rit in pra^sonti dicere.
lY. Quaria et proxinia est , ut Sacramenta aliquam
babeant cum re significalà convenienliam , sive babi-
tudinis , ut loquiiiir schola , sive proportionis : nam
triplicis generis intelliginius esse signa.
Qna;dam ita rébus significatis conjunclis sunt , ut
sine ullà instilutione ex naturâ significent. Sic quod
vestigium luto impressum E. C. signum sit pedis,
non est hoc hominum nioribus, sed in ipsâ nalurà in-
ventuni.
Quaîdam ita sunt à rébus significatis aliéna, ut om-
ninô non significarent , nisi accederet libéra insli-
tuentis intentio : quales sunt linguaruni omnium vo-
ces, et alla id genus plurima , quu; non aliundè qnàm
ab usu et beneplacito bominum significalionem ba-
bent.
Alla dcnique medinm tenent : nam neque ila rébus
significatis conjuncta sunt , ut slalim , nullà inlerve-
nienle instilutione, sigiiificent; neque ila contraria,
quin accedenle volunlal'o unum prae altero, eliani cum
aliquâ proportione significent : sic aquila cùm avis sit,
naturâ cum Joanne Evangelislâ non convenit , quia
tanien c;eteris S. Joannes mentis aciem , Dco inspi-
rante, sublimiiis extulit, ut de Ycrbi divinitale pro-
fundiîis loqueretur ; bine in ejus signuni aquila con-
venienter assumpta, quai volalu suo audaciùs quâlibct
volucri ad sidéra solemque ipsum perlingere tentai.
Porrô terlii bujus generis signa sunt Sacramenta :
nec enim ita sunt comparata, ut ex naturâ suâ signi-
ficent : nec ita à signilicando aliéna, quin, adveiiieiitc
Dei voluntate , eiiam cum aliquâ proportione , spiri-
tualium affectuum quos cxerunt, signa sint. Sic cx-
Icriia ablulio quit fil in Baplismo, inlermie ablulionis
quamdam simililudinom gerit : quod in Sacramcnlis
ca^leris facile inlelligilur : bine S. Auguslinus , epist.
ad Bonifac: Si Sacramenta , inquit, quamdam sitnili-
ludinem earum rerum quarum Sacramenta sunt , non
luiberent, omnino Sacramenta non essent.
V. Quinta est, quôd non ad quodlibet indifferenter
significandum , Sacramentum ordinari possit, sed rei
sacrae lantiim et divinae signum esse debeat : nierito
ul dixeril S. Augustinus, epist. ad Marcellin. , signa,
ciim ad res divinas pertinent, Sacramenta nominari.
Quod quidem adeô perspicuum est, ut piobalione non
egeat : frustra enim Sacramenta nominarentur, et im-
meritô accusaretur sacrilegii , qui ea ficto aninio acce-
dendo violarel, nisi res sacras signilicarent.
Non una verô siguo ad significandum vis inest : nam
vel revocat pra;terilaî rei menioriam , vel pra^seiiieni
menti apponit, vel futuram pri.x;nunliat. Hinc philoso-
1169 QUyEST. 1. DE KSSIuN
plii signum aliiid esse dicunt rememoralivum , aliiid
prognoslicuni, aliud demonstraliviiin : quai significan-
di ralio iiuilîiplcx Sacranienlis omiiinù convcnit : iiam
Clirisli passionis et morlis nioinoriam refricant, gra-
tiam qiiain adforunt prœsoiitoîn annuiitiaiU, et deni-
que rmurain gloriam prx'figurant.
Non i ta lainen débet istud intelligi, quasi tria lia-c
oeqnaliter ad Sacramenta pcrtineant : nam gratiam
sanctilicanicm priiiiô et essentialiter, alia vero secun-
dariù et ex acoessione sigiiificant. S;icramciUa nain-
que novoe Legis hoc ipsum faciuiit, cujus signa sunt :
atqui nec passioncm Chrisli, nec vilam beatam effi-
ciiiiit, scd solam jusiificationein , hanc ergô primo et
principaliloi", duo reliqua scniiidariô allirigunl.
Deindc illini piopriè Sacramenta signilicant, (juod
vcrbis ipsorum propriis , sive forma cnunliaiiir , sed
pcr verba Sacrameiitorum sola ferè justificatio , et
graliie sanclificantis iiifusio exprimi solet, ut dùni di-
citur : ego le baplizo : ego le absolve, etc. Ergo, etc.
llincqiie colîigendnm , non omnia quce sacra signa
dicunlur, debere indiflerenlcr numéro Sacramento-
rum adscribi : licèt enim Christi et sanctorura imagi-
nes, Scripturarum sacra volumina , signum crucis,
aqua benedicla, et alia id geniis qiianiplurima, reium
sacrarum signa siiit, et merilô appcllcnliir; quia ta-
nien gratiam sanctificantem propriè non significant, à
ratione et tiluio Sacramenli sunt aliéna.
VI, Sexla est, ut signum quod dicitur Sacramen-
luni, non solùm signilicct , vci ùm eliam in prœsenli ,
quantum in ipso est, gratiam canferat; ila ut tune in
animam justifia infundatur, cîim ritus exterior cele-
bratur : hocque manifestum fit, ex formis ipsis Sacra-
nienlonnn, quibus uli Ecclesia, edocta divinid'is, con-
suevit : non cnim in fulurum lempus promiltnnt, scd
in pra'senli datam ablutionem , absolutionem, conse-
crationem enuntiant : hineque inlelligitur veteris Te-
stamenti figuras veri sacramenti naturam non iia-
buissc, quia gratiam promiltebant, non conlere-
bant (1).
(1) Communier quidem et probaiior ibeologorum
sententia est, ad ossentiam Sacramenli pcrlinere ut
sit signum, non spcculalivum modo, scd praclicinn et
alicujus sancli(icalionis cfïicax ; alvcrù non ipsi cs-
sentiale est ut inlernam et propriè diclam sanclitalein
in animas infimdal. Dujdex qnippe sanctilicatiu dislin-
gnilur : inlcrior scilicet, qu* lit i)er grali;e sanclifi-
canlis ini'usioncni, et c\îerior, (\\r,r os( cxlciiia qua;-
dani consccralio, aiit saUcm iinrificatio, qiià cpiis ad
cerla roligionis officia obcnnda apliis , ])r;»'scrlim sub
vetcri lege fit'])at ; nndfi cliam icgalis nuiicu|»atnr :
porrô , ex comnnmi sentcnlià, ad sacraiu esscntiam
satis est ut poslcriorcm sanclificalioncni prodneat ,
modù lamen priorem significet ; ergo nialo infcrrctur
veleris Tesianicnli figuras vcri Sacramenli naturam
non bai)uisse, ex eo ((u6d non confcrrenl gniliam
(piam significal)ant, idsi praMcrea diMnonsirelur ab iis
ne cxteriorem (piidem collatam fuisse sanctificatio-
neni : at ccrlè id non)o unqnàm de omnibus antiquis
li^nris dcnionslrabil ; si cniin pliirima; cssput spccu-
la;iva; lanlùm, fpr.e gratiam à t'hristo dand;im adnm-
i>r;d»ant, ncrull;im sancliticalionem confcrdjant, pro-
ciil dubio ali:!', noc iiauca", crant, <|n;e non adumbra-
l)ant modo gratiam poslea conccdendam, scd cliam
cNterioris sanctific;Uionis pneijcnda) vim haiici)ant.
TIA SACKAMi;MOia;.\l.
1170
\II. Septima est , ut Sacramenta nova; legis non
lantùm juslitiam pnesenlom significcnt, scd cliam quaî
ipsorum virtute in animam infundatur ; ila ut ,
quantum quidem in ipsis est , confercnd;c justificatio-
nis sint inslrumcnla : quantum, iiiqiiam, in ipsis est,
licri cnim potcst, nt pcr accidcns, cf proplcr maligni-
tatem suscipicnlinm suo fraudenlur efferhi : ut si qiiis
ficto animo et cum voluntate peccandi ad Pœnilcnliaî
Sacramenlum accederet : hoc enim non obslante ,
gratiam vcrè significare dici dcbciit cl gralia; infn;.-
dendrc baberc viilutem , quia ad bniic cficclmn snnt
divinitùs comparata. Namqucmadmodùm de sole ini-
meritô ncgaretur quôd luceai, qnia c;ecus hiccm eo
radiante non videt; ila slidtè loqucrelur qui diceret ,
Sacramenta vim impariienda' juslilia' non bal)ci-c, co
quôd eorum ivlorvcntu jusli non fiant , qui ipsi sibi
mentis oculos eruunt.ne spirituali ingcrentis sesc
justilirc lumine pcrfundantur; iUnd verô in pncsenti
ponlmus tanquàm certum, quod erit in posterum con-
tra h.'creticos cura priecipuà demonstrandimi.
VIII. Octava et ultima est, quôd Sacramenta sinl ,
signa publica, solemnia, permanenlia, et immutabili
lege constituta : ut enim docet S. Auguslintis, 1. 19,
...
I contra FaustumManiclucum, signa sunt (luibu^ in nmtm
religionis nomen fidèles admimiiiir. Atqui cbrisliana
religio perpétua est, quippe a;diiicata super fimdamcn-
tum aiternum , quod est Christus Jésus. Debent ergo
Sacramenta esse signa perpétua, sobmnia, et irrevo-
cabili lege saneila : quid enim? si legis veteris Sacra-
menta, de quibus testalur Aposlolus, Cal. -4, 9, quod
egena fuerint et infirma elementti, ritii perpétue cele-
branda in antiquo testamento Deus constituent, do-
ncc scilicet, abolità lege, qux' per .Moysen in disposi-
lione angelorum data fueral , gralia et verilas pcr
Josnm Christum fieret : quanlô hoc magis de Sacra-
mentis nova; legis dicendum , quai is solus instituit ,
qui est saeerdos in a;ternum, et cujus regni nullus fu-
tnrus est finis? Unde Apostolus, 1 Cor. 11, 26, de
Eucbaristi;Ti Sacramenlo disserens : Quoliescunujue ,
inquit, manducabiti.s pancm hnnc , cul caticem bibelis,
morlem Domini annunliabilis donec vcniul. Hoc csl :
durabithic ritus, donec dissolutà mimdi machina, fi-
nem scculo judex supremus imponat.
(^ 5. Afferlur et e.rpticatur definilio Sacrainentornm.
Eitque sunt Sacramculonnn novai legis coiidili'>-
ncs, in quibus, ut praidiximus, assignandis Iheologo-
rtim plena consensio est : nam quôd in cceteris ncd-
lius momenli cl ex profan;e philosophiai fundo pelilis
qua'Slionil)US disscrant, secmnque ipsis digladienliii ;
est ilhid qnidcm dolendnm, viros alioqui graves in c;!-
villis hujusmodi ludere opéra n» , et difliciles babeie
nugas : non vergunt tamen h:rc ccrlainina in lidei
dclrimcnttnn , nec daliir causa lucreticis de noslris
dissidiis gloriandi : unicuiipie cnim liberum est in rc-
hus pbilosopbicis scnlire quod magis arriscril, modo
in bis (\»x ad lidem pertinent, à recto tramite reve-
lationis non rccedatur.
Proindc illoc veri nominis erant Sacramenta. Vide
! Suaresium, disp. 1, scct. 2. (Edit.)
WI\ DE RE SACRAMENTARIA. — DE
His itnqiie jadis l'nndameiUis long'^ orit faciliùs in-
tclligen', (i»x apud iioslros circuiufeninlur Sacramen-
toniiu sive deiinitiones, sivc descriptiones , quarum
îiiiiis idemque est senstis.
vS. Grcgorius Magmis, Comment, in c. IG, lib. 1
Ileg. ; Sdcmmcntum, iiiquit, est in quo sub legnmcnto
rerum invisibilium divina virtus secrcliks Immanam sa-
lufcm operatur.
Hugo à S. Victoro, lib. \ de Sacram., part. 9, c. 1,
Sacranionlum es«e ail, maleiiule cleinottum, forts sen-
sibilitcr proposiltim , ex similitudine rcprœscntans , ex
inslilHlione signifuans, et sanctificalione conlinens invi-
sibilem graliam.
Quibusdani hœc definitio placct : Invisibilis graûœ
v'isibile sigiium, ad uoslrain justificationein inslitntum.
Aliis niagis ista arridel : Sacrameulum est, quod ila
sigtium est et forma invisibilis gratiœ, vt ipsius imagi- j j
nem gérai, el causa existât.
Denique ex CaleclnsnioConcilii Tridonliiii, part. 2,
lit. de Sacram. in gen., n. 10, definilm' : Res sensi-
Ims subjecttt, quœ ex institulione Dei, sanclilatis et justi-
tiic lum significandœ, tum efficiendœ vim liabet (1).
Qiiaruni quidem definitioiium si qna;ral aliquis qu3C
sil ca-leris pneferenda , hoc iiniini quod respondea-
inus occiirrel , uiiicuique esse libcriim eligeie quam
voluerit, cùm singuhc id quod erat proposilusi salis
idoncè explicent : tantùni monenins, nobis in posle-
nnn principii loco futuram , quœ ex Calecbismo Tri-
donlino adducla esl : tiini quôd conditioiies comple-
cLilin* penè ouincs, superiori paragrapho explicalas :
lum quôd genus sacrameniorum el difierentiam, ac-
ciirîvlè enunliet : in quantum enim dicilur, res sensi-
bus subjecla, cum onini siguo sensibili conveiùt, luibet-
(jue uiagnam cum liguris aiiliqua' legis cognalionem ,
qiiiv. sic eraiit signa rerum sacrarum , ul vera tamen
Sacramenta non essent. Quatcnùs verô dicilur, sancli-
tulis atqtie justiliœ significandœ liabere vim , convenit
ciHii veteribus Sacramciilis, quorum Lioc ulique pro-
prium erat : quod denique addilur, sanctitaiis el justi-
liœ lum significandœ lum efficiendœ : genuinum Sa-
crameniorum nov;io legis characterem , cl veram
diiïereniiam expliral , quam plcniùs contra novos
liLcrelicos in posterum vindicare nostrarum erit par-
liu!n.
Objectio.
Opponet forte aliquis contra has generalim defini-
(1) Sacrameulum considerari potest vel in génère,
i|iialeiiùs niiiiirùm lum anlicpue tum nova; legis Sa-
ciainenla compleotilur, vel in specie, qualenùs vide-
licel Sacraïueiila allciutrius laiituinmodo legis inclu-
dil. Si priori modo specloUir, salis accuralè deliuiri
potest : Siijniun xcnsibile cui pcrntanrnter annexa est
virliis exlrnam sallem sunctificfilionem in liomine pro- \
ducendi , significiindi verb interiorem à Cliristo prome- j
rendo'".. Hmc lacilè inlellii^ilur qiia; esse dcbeat al- i
torntrius specialim legis Saemmcnlorum definitio ; [
scilicei. Sacramenlum veleris legis delinilur : Signinn
sensibile cui permanenlcr annexa erat virtus in liomine
producendi extcriorem sanctificalionem, intcrnnm verb à
i'.hrislo promerendam significandi. Nova; aulem legis
S;u;ramentum est signuin sensibile cui permancnler an-
nexa est virtus significandi el produccudi in liomine in- ;
Bernard sanctificalionem. (!'i!'! 'i '
SACKAMENTIS IN GENERE. 1174
tiones : non possunl Sacramenta definiri. Ergo , etc.
— Uesp. : Nego anl. ; illud enin» definiri potest, cuius
natura el proprietates possunl accuratâ oratione ex-
plicari. Alqui natura et proprietates Sacrameniorum
novit legis possunl , divinie revelationis seoiando vc-
stigia, verbis perspicuis cxplicari. Ergo, etc.
liisl. 1°: Probando anl. Eus raiionis non potest dé-
finira , quia non e?tsimpliciler cns; alqui Sacramenta
cùm sint signa ad placiinm, sunt eiitia raiionis.
Ergo, etc. — Resp.'l' vanas Inijusmodi argulias in-
dignas esse in quibus exiricandis Ibeologus operam
perdat : non enim divina bénéficia debent ex cavillis
dialeclicae, sod ex sacris lilieris et apostolicis tradi-
tionibus a>sliniari; posl(|uàm igiUir in qno Sacramen-
iorum natura posita sil , edocli diviniiùs fuimiis ; quid
juvat operosiùs inqnirere, ulrùiii jiixta rigorosas logicai
loges va'eaiît definiri ; utri^im cnlis rcalis aul raiionis
naluram habeant, more pliilosophoriim dispulare quid
proderit? Ul tamen scliolasticis alicjuid concedatnr.
— Resp. 2" : Transeal major (1), quam judicio logi-
corum ullrô relinquin)us, et nego niin. ; quid enim
absnrdum magis, quàm Sacrameulum quod est Dei
munus in Religione proîcipuum , cum ente raiionis ,
quo niliil inanius fingi polest , confundere ? Eslo enim
quôd in quantum ex libcro Chvisti inslitulo ad anini;c
sanctilatem babitndinem babel , eus raiionis aliqna-
lenùs dici possit. Si tamen spectetur proiil est cœremo-
nia sacra, ex certà materiâ et verbis déterminai is coa-
lescens, graliam juslificanlcm liomini confcrens, cl
peccaii sordes emimdans , eus plané reale esse, nemo
esl qui non videat.
Inst. 2" : Quidquid definilur débet esse ens per sa
unum : nam plurium entium pîures sunt definitioncs,
non una ; alqui Sacramenlum non esl ens unum per
se, quia constat ex entibus nalurà diversis, rébus
scilicet et verbis ; imôaliquam ex ente reali et raiionis
composilionem importât, nt colligilur ex praxliclis.
Ergo , etc. — Resp. : Concessâ majore, dist. min. Sa-
cramenlum non est ens per s'^ unum , si spectelurse-
cundùm pbysicam entitalem, et ralione parlium com-
ponentium, concedo ; si spectetur moraliter, quatcnùs
ex lis partibus exsurgil unum aliquod signum, unum
médium sive instrumcntum ad juslificandos boniines
diviniiùs coniparalum , nego min. et cons(([. K. R.
Mulla rêvera sunt, qu;B cùm non possiiil secundùm
pbysicam entitalem, unâ et simplici definitione cxpli-
cari, moraliter tamen accepta definiuntur. Sic pbilo-
sopbi deliniunt, quid sit regnum, quid civitas, quid
familia , el de bis omnibus proprielates dcmonsiranl ;
licct physicè speciaia, non unum singula sint ens, sed
entium multitudo. Sic eliam iheologi, Ecclesiam, con-
cilium , alinque hujus generis mulla definiunt, quai
non unam pbysicè babentnaturam. Idemque de Sa-
cramenlis dicendum , qua;,licètex partibus nali:r:"i
diversis concrcscant, quia tamen ad unum aliqnid si-
(1) Ens quodcumque , sive reale sil , sivcrationii
tanlùm , cujus proprietates essonliales noix siiiil, de-
finiri i)otcsl; si(piidem definilio niiiil aliud esl (piaiii
oraÙ!) cssentiales alicujus rei proprietates explicans.
(Edit.)
1175 QVJEST. 1. DE ESSENTI
giiificandiim et efficiendum diviniiùs ordinanlur , se
liabenl singnia vehili ons per se unum. Iliiic illud
saiicii Auguslini ciraiumcclebrc, traci. 80 in Joan. :
Accedit verbum ad elementum , et (il Sacramenlum.
Iiist. 3" : Defiiiilio ut boiia sil , sic débet eS'^c pro-
pria deliiiilio, ni non possit alteri ouibbcl convenire ;
at(|ui qiias snporiùs aflcrebanins descripliones, non
novis lantùni, sed veteribus Sacranicnlis, iinù et (igu-
ris anliquis conveniunt; Ergo , etc. — Resp. : Con-
cessâ majore, nego min.; nnni
i° Figurce veleres , manna , agnns pnscbalis , snr-
pens a?neus , aliaque id gcnus innimiora , erant qni-
dcni signa rerum spiritiialium , sed nicrè spocidaiiva,
non practica , timbram scilicet futurorum bonorum lui-
benlia , quœquc uiinquài» poleratU nccedciilcs pcrfeclos
fticere, lit ait Apostohis , Ilobr. 10, 1 , adcôqne aliter
tlici Sacramenta non polcr.mt , nisi qnaienùs ge-
neratim Sacramentum est, quidquid rei sacrae est
signnm.
'■l" Sacramenta anti(|u;Te legis erant quidem iHvisibi-
lis gratiae visibiles fitrni;ï , quam tanien virtutc sibi
proprià non pr.TStnbant , infirma scilicet et egena ele-
menla , Gai. 4, 9. Undc de iliis dici non poteral, qnôd
cssent res sensibus subject;R , ex inslilutionedivlnâ,
sanctitalis et juslitice tiim significandse, tum cf'ficiendic
vim babentes.
Inst. 4° : Probando primam parteni minoris, iis ri-
libus Sacramenti definitio convenit,qui sanclitatem
liomini conferebant ; atqni Sacramenta veteris legis
oommunicabant boniini sanctitalem. Sicenim per cir-
cumcisionem .Iikkei , nt conuimnis (1) doclrina est,
liberabantur à peccalo original! , et Deo ejusqne cnl-
liiiin porpctuum consecrabantur ; idemqne deordina-.
lione sacra ordinis Aaronici , ei aliis ad universam
plcbem spetlantibns cterenioniis est dicenduni. Er-
go , etc. — Resp. : Concessà majore, dist. min. Sa-
cramenta veteris legis sanctitalem conferebant; san-
clitatem, inquam , legalem et exlernam , concedo;
sanclitatem spiritualem et internam , snbdistingno :
ex opère operaniis, concedo; ex opère operalo, nogo
min. et conseq.
E. R. verbis sancti Tbom» , qnibus , paulô licèt
prolixioribus uti juvat , quoniam ditficullalem propo-
silam pra'clarissimè explicant : idem bic est sanctilas,
qnod mundilia sive pnrilas ; tôt ergo modis accipi dé-
bet, quoi immundilia ipsa inttlligitur. Porro, inquit
Aiigelicus doctor, l-â, q. 105, art. 2 inc, in veleri
li'tje duplex immundilia observabulur : una quidem spi-
ritualis, quœ est immundilia culpœ; alia verb corporalis,
{juœ lollebat idoneilutcm ad culliim divinnm : sicut le-
\)iosus, qui direbalnr immnndus ; et sic immundilia uiliil
iiliud erat , quàm irrcijularilas quœdam : ab Itàc iyilur
immundilia cœremoniœ veteris legis liabebant virlutem
emundandi ; quia erant quœdam remédia adliibila ex ordi-
nalione legis , ad toUendas prœdiclas immundilins ex
statuto legis induclas ; et ideb Apostolus dicil , Hebr. 9,
(1) Vide primam Appendieem , de Cirenmcisione ,
tom seq. ,jr,li,.)
A SACRAMENTORUM. 1174
15, qubd « sanguis hircorum et taurorum,et cinis vitulœ
i aspersus , inqninalos sanctifient ad emundationem car-
t nis; » et sicnl isla immundilia, erat magis carnis quàm
mentis, ita eliam ipsœ cœremoniœ, juttiliœ càmis dicun-
Inr ab eodem Apnsloto , ibid. 10 : < Justiiiis, inquit,
« carnis, usque ad tempus correctionis imposilis. >
Ab immundilia verb mentis, quœ est immundilia cul-
pœ , non liabebant virlutem expiandi , et hoc ideb , quia
expiatio à peccalis nunquàm (ieri potuit , nisi per Chri-
slum , qui toi lit peccata mundi , lit dicitur Joannis \ ,
V. 20 , et quia mysterium incarnalionis et passionis
Clirisli nondiim erat reuliter peractum , veteris legis cœ-
remoniœ non poteranl in se continere reatiler virlutem
profluentem à Cliristo incarnalo et passo , sicut continent
Sacramenta novœ legis : et ideb non poterant à peccato
' nvndare, sicut Apostolus, Ilebr. 10, 4, qubd « impossibile
( est sanguine lauroruni aut hircorum auferri peccata; » et
' hoc est quod Galat. 4, v. 9, vocat ea egena et infirma cle-
■ menta : infirma quidem, quia non possunt à peccato mnn-
dare : sed hœc infirmilas provenit ex eo qubd non continent
in se gratiam.
Polerat aulem mens fidelium tempère legis per fidem
conjungi Cliristo incarnato et passo ; et ita ex fide Christi
juslifcabanlur , cujus fdei quœdam protestatio erat,
liiqusmodi cœremoniarum observatio , in quantum erant
figurœ Christi ; et ideb pro peccalis ojferebanlur sacri-
ficia quœdam in veteri lege; non qubd ipsa sacrifcia à
peccato emundarent , sed quia erant quœdam prolesta-
tiones fidei , quœ à peccato mundabat.... sic igilur palet
qubci cœremoniœ in statu veteris legis non liabebant vir-
lutem juslifcandi.
Ilactenùs angelicus prœccptor , cujus verbis mani-
festum fit , Sacramenta vetera iegalem quidem jnsti-
tiam conlulisse ; internam verô qu;ic m spirilu judicii,
et in spirilu ardoris consislil, ut loqnilur Is>aias 4, 4,
per se et ex vi operis non dédisse, sed ex solo merito
fidci., sive ex opère oj'era-ntis : nam quôd bscc ejus
senlentia debeat etiam de circumcisione , et saccrdo-
tnm consecratione, aliisquc aiitiquis Sarramer.tis in-
teliigi , cerla rcs est , timi qnia sub generali ca;remo-
niarum lilnlo ipsa sacramenta concludil;tum quia,
5 p. , q. 62, art. 6, in G. et in R. ad 3, expresse
docet Sacramenta vetera, ips;imqne circumcisioncm ,
gratiam soipsis, id est, proprià virlule non infudisse;
tum doiiiiiue quia in boc ijîso loco supra citalo 1-2,
q. 105, art. 2, ad 1, affirmai, sanctificationem Aaron
et filiormn ejns , vcl quornmcumqiic alionmi per
aspersioiiem sanguinis, Exod. 20 impcratam , nibil
alitid f'iis^e, q'.iàm emundationem carnis, et depiila-
lionem ad ciillum divinuni; alque adeo cxpialioneiri
banc ad remolioncm corporalium immmiditiarum re-
ferendam esse , non ad remotioncm culpoc.
I § 4. De parlibus Sacramentorum.
i Dicendum modo de parlil)us Sacranicnloruni , quas
maleri e et rornr:^ noniinibus sigii'ficare, scbi)laruni
dinturno usu rcceplum est : omnia enim nov;c legis
! Sacramenta diversas liabere partes , eorum enumera-
tione ccrlum est et indnbilalum.
i Sic'in Raplisino mundalur bomo lavaêro aquœ in
em- I
. !
S 111 ;
vif;«, quod est iiivocalio sanctissiniic Trinitaiis, con-
siitminl Jiaptismi cssenliain; in conlirinatione occurrit
unciio clirismalis , cnm mamiuiii iiiipositioiie et ora-
lionc oonjuncla. Kucharislia lit ex pune, vino et aquâ,
verbis(jiie à Cliristo praiscripiis, Mal. 26, 26 : Hoc
est corpus meum : hic est sanguis mens ; pœiiilenlia ex
aclihiis pœnitenlis, et absolulione à sacerdotc prolalâ
exsiirgil; in cxlrenià unclione rcpciilur nnclio olei
cum sacerdotis oratione ; nianuum impositione cl orn-
lione niinistri sacri inslitunnlur : denique Malrinionii
Sacramcntnm lit, quando (I) verba sacerdotis muUio
conlrahcnliuni consensni , verbis anl signis cxleriori-
bus significalo , adveninnt.
Omnia igitur Sacramenla ex diversis parlibus cssen-
tialiter consnrgunt , quce licèt sccundùm natnrani ge-
iicic et specic dilTorant (aqu.T enim et vcrbi , cxem
pli causa , tuuim idemqne genus esse non potest)
ratioiie lamen signi conveniunt, .unanupie , ut sic
dixerim , moralcni entitalem conslitnunt ; nieritô ita-
<[\\o dicliim ab Eiigenio IV , in decr. pro inslrucl.
Annen., omnia Sacramcnta tribus perfici, vld clic et ré-
bus tanquàm materiâ , va-bis tcmquàm forma et personà
■ministri confercntis Sacrmnentum , cum inlentione fa -
tiev.di quod fncit Ecclesia : quorum, si aliquod desit ,
von pcrficiliir Sacramentum.
Jani si quis importuné de vocibus malerise et forma;
qusesiverit, utrùni ab omni relrôœtale ad significandas
Sacramentorum partes usiirpatcc fuerint , et omnium j
secnlorum revcrentià consecrat.-e. . '
Ultrô falebiinur, non nisi bmgo post inslilutam Ec- '
clesiam inlervallo à scbolarum docloribns introductas,
iicc lamen ideô pulamus contemnendas, quia id quod ,
reverà osl cxprinunii, parùnique inlercst, quibus uia- !
mur vocibus nd lo([uendum, modo ne àcalholici dog- !
matis veritate recedamus : nam de prioribus quideni
lemi)oribus ccrlum est, ut superiùs observavimus (§ 1),
majores iioslros magis fuisse sollicitos ul de Sacra-
mentis onuiinô non dicerent, quàni ut voces inquire-
vcnl, quibus natura eorumet parles apertè dilacidéque
cxplicarentur ; bine Sacramentum Eucbaristioenomine
fractiouis paiiis proutinActis Apostnlnrimi legimus,
exprimereconsueverant (Aci.2, 45, 46; ib.,20, 7), re-
liqua vcrô vol proprio quairpie noiniiie, vel generalim
inysleriornm , symbolorum, sacrorumque signorum
vocibus appellabant ; ne videlicèt, si clarîùs loqueren-
tur, di\ ina bénéficia Jndœorum genliliumque cachin-
iiis exponerent.
Deiuceps verô cœperunt paulô enucleatiiis dicere :
nam
I. Yulgô dicebanl Sacramenla omnia rébus et ver-
l)is constare : rébus quidem, ul aquâ, olco , mauuum
impositione, etc. ; verbis aulem, oratione videlicèt, in-
vocaiione sanctissimae Triniiatis , etc. ; aul sensu si-
(1) IIic , sicul in pliiribus aliis locis, auctor suppo-
niisacerdotem esse Sacramcnti Malrinionii niinislrum.
Prx'senlis instituli non est difficilem liancqu;cslionem
disculere; igitur remitlimus ad traclaUun de Malrimo-
nio , ubi fusiùs evolvetur. (Edil.)
1^7.-5 PK RE SACRAMENTARIA. — DE SACUAMEMIS IN GENERE. 1176
verbo vit», ad Epbcs. 5, 26; aqua igitur et verbum If mili affirmabanl, in Sacramento quolibet elementum
esse et verbum juxla loties deeaniatam B. Augusiini
sententiam, tract. 80, in Joan. : Verbo Baptismus con-
secratur : detralie verbum, et quid est aqua, nisi aqua ?
Accedit veibum ad elementum, et fit Sacramentum.
II. Apud Ecclesiasticos iraclatorcs naturam Sacra-
i mentorura, vocibus signi et rei sacrae sive invisibilis,
itemque nominibns Sacramcnti , et rei , significatam
rcperics. Sacrameiilum aul sacrum signum appellant
id onine quod in dispensalione mysteriorum exteriùs
gorilur ; rem verô sacram esse volunl, gratiam ipsam
quam Deus principaliter, Sacramenla verô instar in-
slrumeiitorum, in cordibus suscipienlium invisibiliter
operanlur ; bine adeô diligenter qua'silum à veleribus
tbeologis , llugone à S. Yiclore , cl aliis, in unoquo-
que Sacramento, quid sacramentum esset, quid res ?
III. Tandem postquàm Aristoleles in Chrisiianorum
gratiam rcdiit, et lolris quibus antebàconustus fucrat
infamia^ litulis, fato meliore est liberalus, cœperunt
tlieologi ad cxemplum peripatctica; pbiiosopbiic , cui
rerum naturas materiie et forma; nominibus explicare
solemne est, eamdeni loqucndi raiionem in doclrinâ
Sacramentorum admitlcre. Prinnis quidem omnium ,
nullo proecedenle exemple, ilhim amplexusesl Guillel-'
mus Altissiodorensis , qui ineunle 13 seculo floruit, el
anno circiier 12î5, librum scripsil de Sacramenlis (1) ;
eamdemque deinceps loqucndi formam , commodam
nimirùm et facilem ad inlelligcndum , Ecclesia tuin
grœca, tum lalina probavit, ut constat ex responso Je-
remiœ patriarchœ Constantinopolitaiii ad Lullieranos
Wittembergenses, cap. 7; ex Gabrielc Philadelpbioe
metropolitâ, in libello de Sacramenlis : ExEugcniolV,
in decrelo pro instruclione Armcnorum ; ex concilie
Trid.,sess. 14, c. 3; ex S. Tliomà, el aliis qui abillà
xlatc vixerunt.
Dicunturautem maieria; et formcc Sacramentorum,
nen quod senliamus, quod prorsùs essel ineplum, af-
■fectiones omnes matcria; cl forma;, sacris mysterio-
rum partibus convenirc, scd metapboi'icè el per ac-
j commodationem, quia nimirùm idem in Sacramenlis,
j conferunl vcrba elemcnto, quod forma pbysiea male-
1 ria; pbysicie; qucniadmodînn (2), enim in naturali
(1) Ilàc de re legendus est Joannes Morinus , qui
inler alla animadverlit, pliilosophià peripaleticâ jam
à ccnlum inlogris aimis scbolas occupanle, niiii! de
hisvocilius, matcria et for)»» Sacranicnlorum, scri-
psisse LanlVancum arciiiepisc()|)nm (lantiiariensem,
Guinuuulum cpiscopum Âdversanum, Anselmum epi-
I scopum C;inlnariciiscm , Ivonem cpiscopum Carno-
tensen», aliosquc s 'culi undccimi ecclesiaslicos aucto-
res ; quin necpie malcriœ el formœ nomiua usurpà«sc
seriptores seculi duodeciini in doclrinâ sacramento-
lorum, quam diligenter explananl, Algerum, Ugoneni
à S. Yiclore , Petrum Lombardum , ac Petrum Poles-
sensem, undè omnium primus, qui nomina illa adlii-
buit, censendiis est Guiilelmus Altissiodorensis, ut
notai noster auctor.
(2) Sicul in corporibus nialeria illud nuncupalur,
quo in ralione corporum generalim consliluuntur,
ab-quc ullà speciiiliori delerminalione, forma verô
illud dicilur, quo :!iia dislinginmtnr ab aliis, el laiia
potiiis quiun talia snnt, ita in Sacramenlis usus inva-
luit nomine matcri.e dcsigiiarc rilus (pii idonei qui-
dem sunt ad fmem sacramenlalem indicandum , sed
QU^ST. I. ni: ESSE?<TIA SACRAMENTORUM.
!t77
composilo foi ma t!;U cssc pr;T!exir.tcnli iiintcri;»-, oam- ]
quo ad certain spociciii enlis detennin;it , el dal ci
qiiidqiiid liabot pcrfectionis , sic in S;.cramoiilis cle-
menlum pcr verba accedentia eô honoris provehitiir, ut
sacrum signum évadât, graliamque cfdciat, alioqui
iiiliil viitiilis , piu'tcr iialur;o oicliiieni , lialdliiniin .
Dt7ra//etv}/'Hm,iiiqnilsaiictiisAiignstiniis,iiiodù laiida-
lus, qnid est aqiia, uisi aqua ? accedil verbuin ad elcmcn-
tttm, el fit Sacrametiluni ; eodeniqiie sensu S. Thomas 3
p. q.GO, a. 6, diceudiim,\i\qu\l,qubd quamvisvcrba et aliœ
rcs seusil'ilcs xin! iii divcrao gcuere, qxatilùm pcrlinel ad
tialuram rei , couvciiihnl lauwnin ratione significandi ,
quœ pcrfectiits est in vcrbisquàm in alus rébus. Et ideo ex
vcrbis et rébus fit quoi'umniodb nnum in Sacramentis ,
sicut ex j'crvià cl malcriù, in quantum scilicet per verba
perficilnr signifuctio rernm.
Objiclio prima.
Conlra id qiiod modo dictnm csl, voces materiœ et
forwœ, quantum ad Sacramenla perlinet , non antè
tcrtium docimuin seciiliim introdiictas, sic opponitnr :
forma^ saci amenlalis iiomiiie usi sont Patres antiquis-
simi; crgo, etc.
Prob. anteccdens. S. Augnsiinus, lib. 1 de pecca-
lorum Mcritis el Remissionc, cap. 54 : Qnid de ipsà , a
inquil, Sacramcnli forma loquar? f
Eodemque^ensu synodnsMilovitana II, anno 416, cui i
S. Aiigusiiiiiis'inlerfui!, conlra PelagiumelCœlcstinm, |
qui negabant infantes nascipeccato origiiîali obnoxios, i
sic concludil : Unde fit consequens, ni in eis forma Ba- |
plismntis in remissionem pcccatorum, non veru, sed falsa ']
intclUgalur. i|
El S. Joanncs Damasccnus octavi seculi scriptor, |
lib. 4 de Fide orlb. , cap. 16 : Quœ forma , inqnit , |
verboruni in Baplismo adiùbenda sil, Dominus exposuil I
diccns : « Daplizantcs cas in nominc Palris, cl Filii , cl
i Spirili'is sancli. >
Deniquc bis omnibus antiqtiior Tcrtullianus , se-
cundo el terlio scculo, in lib. de Bapt., c. 13 : Lex,
inquit, linguendi imposita est, cl forma prœscripla :
i Ile, docele naliones, tinguentes cas in nomcn Patris, et
« Filii el Spiritûs sancli, » ergo, etc. — Resp. : Dist.
ant. Fonna^ sacrameiitalis nominc usi sunt Paires an-
ti(|uissimi, quo sensu in pnvsenli à tbcologis u.-urpa-
lur, ad unani Sacramcnli parlem significandam, nego;
sensu longé dispari , toiam Sacramcnli substan-
liam lioc nomine complcclcndo, conccdo; et nego
conseq.
Ecpiidcm respondeo : Forma Sacramcnli sccimdùm
liodicrmim loqiiendi morcm, ca pars inleliigilur, per
non iia lamen propriè ut :\\ium qu('mcumqiic Imem
oxfliidant, iiipole quùd aliis usibus promiscuè possinl j
iidliibcri; formam aiileiu appoilaïc riUis, qui lincm
s.u ramonlali m, oxclusis alii> , signnnler indicanl, id
csl, qui apcriè osiendunl m:ilcriam , ex se quidcm
aliis aiilani usibus, hic el uunr lanieii adliibori ad li-
ncm sacraincMilalem signiliciind'im : v. g. , infusio i
aquce in Baplisiiiale, eô (luôd adiiilicri possil ad refri-
geiandum , nec prr se Sacramcnli effcclum expresse
signilicct, vocala csl maleria l»apli>nii; verlia aulcm :
Ego le baptiio , elc, f|u;e il'ius (iiiem disliuclij'js r\-
primunl, dicta sunl forma.
1' t
11! ^
1178
quain maleria ad esse sacramenlale dcierminatur; sic
sacrai ordinaiionis forma oratio esl, qui accedenle ad
manuum imposilioncm Sacrameiitumordinisfit; longé
vcrù aliter banc vocem priscaj aetalis scriplores inlel-
ligebant: formam eiiim non unam diviiii symboli par-
lem vocaliant, sed co nomine significabant tolum ( t
inlcgrum Sacramcnlum, idesl, riliim, regulam, el ciu-
remoniain in Sacramenlorum adminislratione, ex di-
vino pra'scripto tenendam. H.tc cnim vox Latinis au-
cioribus idem est ac exemplar, norma, régula cujus-
libct operis faciendi; eamque legiliniaiw Palrum
iiiterprelalionem agnoscet, quisqiiis corum verba cx-
penderit : nam Palrum Mileviianorum sentenlia lam
respicit ad aquam baptismalis quàm ad verba. Tcr-
tullianus verô forma; nominc ulramque sancli lavacri
parlem comprebcndit : Forma, inquil, linguendi prœ-
scripla est : i Ile, docele imtiones, tinguentes cas, > elc.
Objeclio secundo.
Occurrit aller scrupulus circa nomen maleria; di-
luendus, quôd etsi quibusdam Sacramentis conveniat,
in omnibus cerlè locum liajjere non polest : nam ba-
bel quidem Baptisnuis malcriain, cùm in aquà conse-
crelur;habet Confirmatio in cbrismale; habelEucba-
rislia in pane et vino ; habet denique in oleo , unciio
extrema ; al non idem in catoris dici polest : qu;^ cnim,
qiia^so, maleria in ordinalione occurril, ubi |irccler
manuum impositionem cl oralionem niliil inlervenil?
Nam quod vulgô scholaslici senliunt, porrectioiieni
libri Evangeliorum, aut vasa sacra pncsiare ordinibus
sacris maleriam, falsum sno loco dicturi siinuis : pœ-
nileutia verô aclibus pœnilenlis el seiilenlià sacerdolis
absolvilur: in matrimonio denique prcctcr verba aut
nulus conlralieiitium, et vocem ministri in nomine
Domini conjungenlis, niliil quidquam reperias : falsô
crgo dicilur, omnia Icgis novaî Sacramenla propriam
habere maleriam. — Resp. : Dist. anl. Nomen mate-
riai in omnibus Sacramentis locum non habet, si pro-
priè et physico sensu inlelligatur, concedo; si impro-
priè et per accommodalionem, nego ant. el conseq.
Equidem respondeo : Maleriam et formam propriè
de Saeramenlis non dici, sed metaphoricè, superiùs
admonuimus ; ilaque nulla superesl ralio liiigandi ;
quenndniodùm enim Sacramcnli formam vocamus,
verba pnescripla divinilùs, (|uibus opus sensibile et
exlernum. ad minislerii ralionem cvebilur : sic appel-
lamus Sacramcnli maleriam, id omne quod, verbo
accedenle, fi'. SacramenUim, sive illud sit subslaniia
quxdam, q'j'îî-ic.dô aqua in Baplismo, unciio in Con-
(irmatione, elc., sivc aliqua aclio, (|uomodô manuum
imposilio iii Ordinalione, consensus de pra'sc:;li si-
gnificaftis in Matrimonio, elc. Iliuc Paires coiicili
Trid., sess. 15, c. 3, non dicunl pœnilenlis aelus esse
maleriam, sed quasi maleriam Sacramcnli Pœniten-
liiC : Sunt aulem, inquiiinl, quasi malcrin liujus Sacra-
j menli, ipsius pamilcntis aclus. nempe contrilio, confessio
cl salisfactio ; ut nimirùm signilieenl Ecclesiam à phi-
losopliis maleri.c et formx' voces iia esse muiua-
lam, ut cas lamen in seiisum diversum jure suc Irans-
lideril.
4179
DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
1180
§ 5. Osleuditnr materias et formas Sacramentorum à rm Calvinistas, omrii argiiinentoriim génère ostcnsiiri su
Ckrislo esse detenninatas, adebiiue immutabiles..
Materias et formas Sacramentorum essenliales à
\ Clirislo esse delerminatas, alque aileô immutabiles,
parlim Scriptura, partim Iraditio docet; maieriam
onim Baplismi pra'scripsit, dicoiis, Joan. 3, 6 : Nisi
quiii renains fnerit ex aquà et Spirilu snncto, non potest
iutroire in regnum Dei; lormam verô his verbis, Mat.
28, 5 : Euntes, docete omnes génies, baptizant:s eos in
nomme Patris, etc. ; matori.'im Coiifirnialioiiis ex parle
cxplicat S. Lucas, qiiando, Act. 8, 17, Spiriluni san-
ctiini per manuum iinpositioncm dalum leslatur, ils
fines Pliilippus diaconus baplizaverat; tnnc itnpone-
banl, iiiqiiit, munus super illos, et accipiebnnt Spirilitm
sanctum. Unclioucm w.rô chrismalis ejusdeni malcriaî
ésSC parlem allcraiu, formam aulem oralionem, lum
Scriplura lasiuual, Act. 8, 15; 2 Cor. 1, v. 21 et 22;
lum perpétua Ecclesiyc tradilio docet. Materiam Eu-
charisliaeSalvator conslituit, quaiido pauem et viuum
iu corpus et sauguinem suuni dlviuà virlule coavorlil,
idemque pncccpit in suî memoriam (ieri, Luc. 22, 19;
1 Cor. 4, 2i, 23. Formam verô ibidem iu his verbis
posuit : Hoc est corpus uienm : Hic est sanguis meus
novi Testament}, ejui pro multis effundelur in remissio-
nem peccutoruni.
Sacrameuti Pœnitenliœ materiam et formam san-
cilas esse divinilùs, apcrlè siguilicaiil qua^ Icguiilur
apud Joaunem, c. 20, 23 : Accipite Spirilum sanctum,
quorum remiserilis peccaia, reniillunlur eis, et quorum
retiuuerilis, retenta sunt ; Iiiuc enim semper intellexit
Ecclesia, datam sibi clavium, et spiritualisjudicii po~
lc?lalem,per ministros suos erga peccalores visibiiiter
exorceudam ; adeôque Sacrauieuti hujus materiam iti
aclibus pœniteulis, furmaiu iu verbis absolvendi cou-
si-siere.
Materiam Ex(rem:c Uiictiouis et formam his verbis
S. Jacobus complectilur, c 6, 14 : Infirmatur quis in
vobis? Inducat presbytères Ecclesia!, et orenl super
mm, ungeiHes eum olco in nominc Domini; et oralio
fidei salvabil rufiiminn, et ali.viabil eum Dominus, et si
in peccatis sil, remillentur ei.
J.îui verùquautùui ad Sacrameutum Ordiuis spectat,
mus; bine enim cerlô coUigilur, materiam Imjus (1)
Sacrameuti coutraclum ipsum matrimonii esse, for-
mam vero bencdiclionem sacerdotalem. i
Ralum iiaque sit et conslitulum, Sacramentorum'
omnium formas et materias à Cbristo esse determina-
tas, at(pie adeù imuuitabiles.
Convenieutem hujus pncscriptionis causam affert
S.TIiomas, 3 p , q. GO, art. 5, iu C, iudè petilam quôd
iu usu Sacramentorum duo considerare oporleat, cul-
lum Dei, et iiomiuis sauctificationem : nam propter
liaîc duo Sacramenta sunt inslilula : Non aulem per-
tinel ad aliquem, pergit S. D., determinare illud quod
est in poteslalc allerius, sed soiiim id quod est in suâ po~
teslale : quia crgo sanctificalio hominis est in potestate
Dei 'sanctificantis, non perlinet ad liomincm suo judicio
assumere res, quibus sanclificciur; sed lioc dcb^'l esse ex
divinà instilutione determinatum. Elideo in sacramenli§
novœ tcg'is, quibus Iwmines sanctificantur, sccundiim
illud Apostoli, 1 Cor. 6, 11 : « Abluli eslis, sanciificali
lestis;^ oporlct nti rébus divinà instilutione dclermi-
natis.
Quâ autem ralione Cbristns maieriam et formam
omnium Sacramentorum couslilueril, médiate an im-
médiate, genericè, aul specificè, ut loqnunlur, discu-
lictur quaî>-tione 6 connnodiùs, ubi de auctore Sa-
cramentorum dicluri sunms (2).
§ 6. Proponuntur et resolvuntur quœdam quœsliones.
Siipcrcst ad coronidem, ut ali(iua qu;e sultoriri
possunt de naturâ Sacramentorum dubia breviler ex-
pédia m us.
I. Qu;icres ulrùm omnia quœ in Sacramenlis obser-
vari soient, ad eorum subslantiam e\ a;quo perliueant.
— Resp. negalivè. Duplex enim in Sacramenlis di-
stingueuda materia, nna esscnlialis, allora acciden-
(alis et acccssoria, idemque de forma dicendum. Ma-
teriam essentialem intelligimus , quam à Cbristo
pr;iescriplam esse consliierit, quieque, forma adve-
nirnto, consl.'luit Sacrauienlum; accessoriam et acci-
denlalem vocamiis, quam Eccl<'sia ad majorem Sacra-
meulorum ornatum et pompsfm , clarioremque signi-
(icationcm decursu temporum insliluil, et observari
priccepil : quod aulem de materià dictum, idem de
clariora sunt cà de re Scriiilurarum testimonia, (piàui |
lit diibitarc quis possit maieriam eju-dem et formam 1 forma putandum.
divinà lege esse conslitulas. lu Aclibus enim aposio É II QuaîiTS. Cùm inuno eodemqueSacramento, ple-
lorn!n,c. 0, G, de primis diaconis hncc leguntur : i| rùmque sit materia multiplex, et multiplex forma.
Hos statuerunl ante conspectum aposlolorvm ; et oranles 'S
iiuposuerunt eis manus. Quorum similia repeUiritur in |
Epistolis S. Pauli ! Noli negligere, iiiquit 1 Tim. i, \
1-4, qruliam quœ est in le, quai d.:ta esl libi pcr proplie- j?
liam, eum imposiiione manuinn presbyterri; «12 Tim. I|
1,6: Adnwneo le ut rciusciles gratiam Dei quœ est in ^
le per imposilionem manmnn vicrum. Voluil ergo f
Cbristns, materiam sacme ordimuiouis manuum impo- |
siliouem esse, formam verô orationcm. ||
Quantum deuique ad Sacrameuiuui Matrimonii per |
tiuet, audire pr;iesiat Ecclesi;c pei'peluam , cl nun- î
(piàm iulerruplam consuetndincm, qirun ab Aposlolicâ i
raditione descendere, suo loco contra [ ulberanos el I
ulrùm cerlà quâdam régula possit coguosci, quid eo-
rum rituum ad essenliam Sacramenli pertincal, (miuI i
è contra accidenssil. — Resp. Cerlissimam imjns fc-;
rendi judicii in anliquilate, perpetuilale, cousensione
regulam esse; ita ut rilum hune ad Sacramenli sub-'
sla:iliam pertiuere non sit dubilandum, quem certô
consliierit semper et nbique, siunmà consensione ser-
vatum; è contra verô non pertiuere, cui uecpie uni-
I
(î) Yid. traclatnm de Matrimonio.
(2) Yidebaiu; qn;esl. G de auctore Sacramentorum,
cnni auuolatiDiiibus ibi apposilis. Non pariun inde
eniergcl lumiuis ad iulclligeutiam lum pricsenlis, lum
si'q'icnlis paragrnpiii. (Edil.)
1181 QUvEST. I. DE ESSKM
vcrsalitas, neque perpeluilas poieril vindicaii ; licl
ros l'xeiuplo darior.
Diacoiialuin , cùni sit ordo divinilùs instituUis, ve-
nim esse nova; legis Sacranieiiluni, cerla res csl; in
illiiis porrô admiuislralione luiilta observanlur, nain
1 ' nniimini ; 2" stohi-; 3" dalinalkx' iniposilio (il;
i" L'vaiigolioruni liber poii igiLiir ; liabelqiie iiuilli-
pK'X illa nuUcrw tolidein jHiiiè sibi convonieiiles cl
adjiinclas formas; jani vcrô si quis scire deside-
rot , in tani variis rilibus , quis cssentialis baberi
dcbcal, quis accidenlalis , consulat anliquiialem ,
perptUiilatoin , consensionem ; cerloque comperiel,
necpie sl()l;e , ni'(iue dalnialic;e iniposilioncm, neque
porreclionem libri Evangeliorum , sed solani iniposi-
lioncm niaiiuum cum oraiione conjunclam diaconalùs
subslanliani constiluero, quia solus ille ritus anliqui-
lale , perpeluilale, consensione defendiliu" : reliqua
vcrù labcnte œiate, ad majorem solemniiahîm et re-
verenliam fuerunl ab Ecclesià insliluta, nec in omni-
bus EcolesiLC partibus a^qualitcr, eiiam boc icnipore
observanlur.
III. Quaeres utrùm omnis quœ in malerià et forma
contingere potesl mutalio, tollat verilalem Sacramenti,
et irritum faciat. — Resp. négative ; nam ,
r in malerià Sacramenli coniingere potest duplex
mutalio : subslantialis una , accidenlalis altéra. Sub-
slan.tialis est quando allcrius (1) speciei res sensibilis
assumitur, qu;« scilicet à Clirisio pr.ii;scripta non fue-
rit ; ut si quis aquà arlificiali , aliove liquore ad bapti-
zandunj utatur. Eàque nnilatione Sacranienlum irri-
tum lieri cerlum est. Accidenlalis est qualiscunjque
mutalio, )-pcciem non solvens ; ut si sal, vel cinis
cum aquà commisceatur ; ea enirn cùm elemcnli na-
turam non corrumpal, ila nec lollil Sacramenti vcri-
latem : hinc cum aquà maris et aquis nietallicis validé
baplizalur.
T Sin)ililer formie mutalio duplex, sul)sian[ialis
est, quando sensus verborinn non manet : et cum illà
stare non polest veritas Sacramenti : cujusmodi erat,
quam primis Ecclesi;c temporibus , Valeiitiniani qui-
dam harctici in Baplismuni iisvexerant, ut refcriuit
sanclus Irenaîus, lib. I , cap. 18, el Eusebius, Hisl.
Eccl., lib. i, c. 10. Baplizabanl enim, in nomme ùjnoli
omnium Pahis, in verilale omnium Maire, el in eo qui
descendit in Jesum.
Accidenlalis esl , quâ verba mutanlur, inlegio ma-
nenle sensu; eaque Sacraniciitum non inficit ; cùm
vis ejus el cfficacilas ex sono vcl numéro syllabarum
(I) Ros polest esse allorius spocioi dnplici modo,
nrmi)è pbysicé et moraliter : pliy->icc qiiidcni, si sid)-
sl;inlia sit verc divcrsa ; moraliler \erô, si eàdcin
ni:iiii''iile subsianlià pliysicà , res non iisdem iisiltus
d<slinelur. Poiro nlraqne li;cc divcrsilas verilalem
lollil Sacramenli : v. g., quainvis forsilaii iiix el j^la-
cies pliysicè et sulislantialitcr ab aipià non dilTc.-ranl ,
iiiliilomimis iiiv(! vclglacie no dnm resoinlis, Kaplis-
mus admiiiisirari ncquil ; in maliM'ià eniiii Sacramen-
toruiii maxime allciidi débet illius al cnecliini sacra-
nienlaiem exprimendinn apliludo ; porrù i^'lacics cl
nix non simt apla: ad inlernam anima; ablulionem
signilicandam. (Edil.)
lA ^ACKAMENTORUM. 118-2
non peudeat , sed ex sensu et proprielate verbonmi.
Qiianlacmnqiic igitur contingat in illis nmlalio , ad-
dilione scilicet, delraclione , inversione, corruptio-
nc(l), etc.; quamdiù sensus idem manet, sua serva-
lur Sacramenlo verilas. In conlrarium verô, mutalio
vcrb(»ruin eliam miiiima, si pcreal sensus, Sacranien-
lum ipsum corrnniiiit cl niillil in irritum, ni si rpiis
vel nnà laniinn nmlatâ lilierà dicat : Ego le baplito in
nomine Malris, etc.
I Jiidicium porrô de bujusmodi mntalionibus siulno
substanliales, vcl accidenlales, morale esse débet,
non malliemalicum, quod r.d summum rigorem exi-
gitur ; ila ut tune censeatur veiborum sensus niancre,
! quando qui présentes adsunt intelligum , pbrasi
quantùmvis corrnpià boc ipsum significari, quod solet
inlegro verborum tenr-re proferri.
Palmare liujus rci excmplum est, in Epistolà Za-
chariïc medio circilcr oclavo seculo summi Poiilificis
1 ad Bonifacium Gernianorum apostolum , qua; Icgitur
apud Graliannm, c. Retulenmt , de Conscc, dist. 4.
Consnilus Ponlilex de quodam presbytero, qui pra;
nimià lingual imperitiâ sic consuevcrat baplizarc :
I Ego le baptizo in nomine pairia , cl filia , et spirilu
j sancia ; uirilim deberet baplisma bujusmodi iterari.
' Respondit non debere.
I Retnlerunt, inquit, nnnlii lui quod fueril In eâdem,
provinciù (Bojoariorum , Bavaria modo dicilur), sacer-
dos qui Latiiiam lingnam penilùs ignornbal, el ditm
bapiizarel nesciens Latini eloquii, infringens linguam
dicebat : « Baplizo te in nomine patria , el fUia , el spi-
rilu snncta; » ac per hoc luu reverenda fraternilas eos
rebaplizarc proposuil. Sed, sanclissime [rater, si ille qui
ita buplizavit , non errorem inlroducens aut hœresim ,
sed pro sotà i^noranliù Romance locutionis, inphigendo
linguam, ul supra fati sumus, baptizans sicdixerit; non
possumus cunsenlire, ul denub baplizcnlur.
lia Zacliarias. Prudenler enimverù judicavil , siib-
slanliam foimœ non esse mutalam, quia facile inlclligi
poterat, quid lue sibi vellel ignarus sacerdos, lum ex
actu ipso baptizandi, tum ex conjunclione verborum
sequenlium cum pnccedeniibus ; non enim dicobat;
In nomine palriœ , et (îliœ ; uli loqni ex grammaliccc
régula debuisset, si rn menle babuisset forinne scnsum
invcrlere ; sed , in nomine patria et filia : qu?e oratio
cùm nibil liaberet, pra'lcr inconveuienlem el ab.'ïonam
parliumoratiouis compositui»ni,argnmento eral t doni
bominem boc ipsum diccre vcliiisse quod alii, quando
in nomine Palris, et Filii et Spirilûs sancii baplizant.
Ideinque non nndiô post à Stepbano II, Zacbari^î
succcssore, slatulum, cccasione cujusdam prosbyleri
(1) Sex prmsriim niodis fieri potesl mutalio, qu
sequenlibu-; versieulis exi)rimuntur :
y il formai dcmas, nil (iddns, nil variabis;
TransmiUarc cave, corrinupere verba, morari ;
id esl , forma Sacramenlorinn nnilari polest omis-
sioiie, additione, varialioue. seu unies verbi pro alio,
aut idiomatis pro diverso idiomale usurpalione, Irans-
posilioiie , corni|ilione lermiiiormu et iiilerrnplioiie ;
qua; (piidem mulaliones erunl suhslanliales aut a(ci-
denlales, proul sensus destruclur, aut idem remane ■
liil. Vide Collet , cap. 2, art. 2, punct. 3. (Edit.)
il83
DE UE SACRAMENTAUIA. — DE SACKaMENTIS IN GENERE.
au
qui rusiicè baptizaverat, in Juinc modum : In tiom'me
vairis mergo , et filii mercjo , et spiritùs saiicti vieryo ;
infantes verb illi , iiiqiiil cap. 14, quos baplizavil , licèt
ruslicè, quia in uomine sunctissimœ TiinilcUis sunt bapti-
zali, in eo baptismo permaneant (1). j
(1) Quôd si mulatio talis sit, ut formse sensus sit
ambiguiis et œquivocus , « tune , ait Tiieologia Tolo-
« sana , juxta comuiuiiem llieologorum senlentiam,
i valor Sacramenti pendet à niinislri intenlione : Si
< niiniiler forniam inlelligal in sensu erroneo , lune
< eril subslantialis nuilatio, et invalidum erit Sacra-
< nienlum. Si verù niinisler formam secpiivocam intel-
« ligat in sensu legilinio, tune erit mulatio duntaxat
i aecidentalis... Id patet ex responsione suni. Ponli-
t ficis ad BoniAicium , super eo sacerdote qui bapti-
« zaverat, Jn nomine palrin, etc. ; decernit cnim
€ Baplisnium non esse ileranduui, si baplizans Tion
« errorem aut hoeresini voient; inlroiiticere , sed pro
« solâ Latin.Te lingu;ie i?noiantià sic ili,-ui infVegerit ;
< ubi iiidicat forniam futurani fuisse invalidani el nul-
« lam , si nominatus sacerdos, verba illa i)rotiiliss(t
I cum iîitentione b;iereseos inlrodueendœ. » Ratio
auteni est quia forma ex ainbiguo sensu ad senstnn
falsuni et Ecclesiae contrarium pravâ intcntione dcter-
niinaiur.
Quid autem dicendum , si minister erret circa ali-
cujiis vocis significationem, v. g., si falsô exislimet
voculam lik in cnnseciatioue cabcis esse adverbiuni
locale ? Negant aliqui valere lune sacramentuin ; quia
minister non babet intentionem significandi quod
Ciiristus siguilicari vobiit. Alii Sacranicntum validuni
esse pronuntianl ; quia nullà inlentione quantùmvis
perversà , violari potest verit;is Sacrainenli, quando
ritus externus légitimé celcbraiur. Inicr h.TC disiin-
guenduniputamus : scilicel vel minister, pi;rter inlen-
tioneni erroneam, aliani babel, el quideni pnedomi-
nantem, nempe iaciendi quod Cbrisius instituit , .ic
proinde signilicandi quod Chri-tiis vohiit significari,
vel non; si prius , valet Sacramenluni , (piia inlentio
orroneaopposità pr.edominaiite cli<liU]r; si poslcrius,
Sacramenluni nullum eslob ralionem prini;c opinionis.
llinc infidelis validé baplizaret. quanivis, forniam n'n
eapiens, aliquid ab ejus sensu diversuni imagiuarctnr,
modo principaliter intenderet facere et signiiicarc
quod socielas cbristiana faclt et signilicat.
Hic etiam quœrilnr utrùm et qualis unie requiralur
inter materiam et formam Sacramentorum.
Resp. ad prinuim : Pro< ul dul»io formam inler et
maleriani Sacrameiilorum aiiquaunio requiiinir; nain
ex materiâ et forma unuin conslitui débet Sacramen-
luni : porrô , nisi secum invicem uiiirentur, aliquid
unum non eHiccrenl; ergo...
Resp. ad sccundum : Quidam veteres tlieologi nnio-
nem pbysicam aut quasi pliysicam requiri aibitrnli
sunt. At cerlé talis unio, licét plon'untiuc optanda ,
non est tanien de necessitale Sacranienti. N'am ad
compositum morale , pr;csertim si sit suecessivum,
sulïicit unio moralis inter illius parles : atqui Sacra-
menlum esl composilum morale, et quidcni suecessi-
vum; ergo inter materiam et forniam suflicit unio
moralis, nec physica aut (piasi pbysica absoiutè requi-
rilur. Et vcrô non est in liumanà polestaîe taleni
si'iujier in Sacranientis adniinislrandis liabere allen-
lionem , qualis necessaria foret ut f >rma nuncpiàm h
malerià piiysicé sejungeritur ; ergo, si unio pbysica
essel necessaria, eontinute anxietatcs circa Saeramen-
lonnn veriialem nasci dcberenl; quis auteni sibi in
animuin inducat Cbristum Doininuni lot anxielalibus
el scrupulis iocum daie voluisse, dùm Sacrameiito-
iiiiu naturam constitueret?
Venim unio moralis , (piemadniodînn suflicit , ita
profeclù requiritur. rsam unio moralis ea est , quâ
posilà, prudens quisque facile judicare potest ex plu-
ribus partibus unicum tolum eflici : porrù talis unio
materiam inler et formam manifesté necessaria est ;
IV. Qu;eres. An conveniant Grœci eum Laiinis in
subsiantià formarum sacramentalium. — Resp. allir-
mativè : ut enim modôdieebamus, formse sacramen-
talis Veritas non pendet ex sono vel numéro syllaba-
rum (2), sed ex sensu et significatione. Atqui quanta -
hâc enim sublatâ , materia et forma in unicum totiun
non coaleseerenl ; ergo requiritur unio moralis. ILtc
ineoncnssa esse videntur ; sed in quo pra-cisè sita sit
Iirce moralis unio , non ila facile est determinare.
Attanicn ut id , quanlùm in nobis est, manifeslum
faciaiuus, duas régulas générales proponerejuvat, quai
diflicullalibus parlieularibus solvendis non parùm
inservient. Prima bocc esi : Quando verba formai
pra;senlem iudicant materiam , ila in illain caderc
debeiil,ul, allenliscireumstanliis, vera esse prudenter
judiceulur. Se'^unda verô sic se babet : L'bi forma ma-
teriam pnescntem minime significat , ila cum illà
eonjuiigi débet, ut, Iiabità ratione nalurai cujusque
sacranienli, ambas iu unum tolum coaiesccre prudens
quisque facile judicare valeat. liinc Sjionlè (luit non
eanideni iu omnibus Sacranientis requiri inter mate-
riam et formam ijropinquitatem, ul unio moralis cen-
seri possil, sed diversam, proul diversa simt tum
natura Sacramenti, tum qualitas moteri::e, prœserlim
l)r()\im:e , tum denique i|tsius forma; signiiicalio. Ni-
niirùm <piando materia indicalur per pronomen de-
raonstralivum , aut per verbum indicalivi modi , tune
major prnpinquilas esse débet. V. g., in confectionc
s;ieralissinii Eucbarisliai Sacranienli , ubi materia per
pronomen demonslrativum designatur , necesse est ut
haciijsa materia, eodem tempore quo forma profertin",
ila sit pra:sens niinislro , ut illius polcslali aliqiio
modo subjaceat ; et ab adstantibus facile intelligi
valeat alque ab alià discn'ni. Parilcr in Baptismo, ubi
verba fornux; actualem désignant applicationem nia-
Icriye remotai, ad unioiiem moralem oportet ut mini-
ster, cùmformam pronunlia!, lune lemporis aetionem
per voces signiticatam exercc-at, aut sahem, excom-
muni prudenlùiii agendi et loquendi modo , exereere
censeatur ; alioquin non scrvarelur lbrm;t; veritas-
Idem dicendum est de Coiifirmatione el Exlremà
Unclioue,el ob eamdeni rationcm. lu Sacramento
Ordiiiis, liect forma non dcsignct materifc applicatio-
nem , non esset tanien unio moralis, nisi eodem fcrè
tempore forma et maleria existèrent; eùm enim ulra-
que seorsini eanidem significationem habeat, absquc
naiurali unius ab alià dependentià, si inter illas nota-
bile intervallum inter. ederct, in idem compositum
coalescere pnidenler judicari non jiossent. At verô in
Sa.cramenio Pœnitenlix', quod per modum judicii per-
ficitur, non tanla lequirilur propinquitas inler niale--
riam et formam; sed ea sufiicil, ex quâ prudens quisque
iulelligere valeat idem judicium perfici, seuconsum-
mari, per senlentiam sacerdolis absolvcntis, quod per
pœnitentis accnsationem incboalum est. Hinc validé
absolvi potest bomo delirio laborans, qui, ante(iuàni
ralionem amitleret, signa pœniteniia; dédit el con-
fessarinm jussilaceersiri. Denique in. Sacramento .Ma-
Irimonii sal longa esse polest inler nialerire et formai
applicationem dislantia; sed cùm liujus intervalli
determinatio pricserlim pendeat à gravissimâ conlro-
versiâ qu;e movelur circa materiam et formam Sacra-
menti .Malrinionii, remiiiimus ad tractatumspecialem,
ubi baic dispulatio diligenliùs et fusiiis exponetur.
(Edil.)
(2) Comniunis quidem ibeologorum senleniia est ,
Latinorum Gr.TCorumque forniis cujusque Sacranienti
elfeclnm suTficienter exprimi, ac proinde unius Eccle-
si* formas alterius forniis , quantum necesse est,
œquivalere; at eertè dubium multis videri polest
ulrùm sine addilo veré dici queat , ulrinque prorsùs
eunidem sensum esse. Sic verba ab ipso auclore m
exemphim aliala , striclé et proprié loqiiendo, non
idem signilicaiit , licél singula suo modo sacranienli
MaiiiuKaiii elieelum; quanlùm salis est, exprnnant ,
1185
QU^ST. 1. bi: EbSEiNflA SACUAMENTORUM.
H86
iljct sit Grcccorum à Lnliiiis in l'oimis cnuiiliandis | foniiarii iiidicalivani usurpando , rcspiciunt ad polc-
vciboiuin divori.ilas, in cuiiulL'in lanicn scnsiini cou
veniiint. Sic, cxenipli causa, licèt n< mine tenus dilTcral
forma quaui Gncci in nuilnuiunio ;i(liiibont : Coionuttir
scrvus Dei N. propicr ancillam DcilS., ab iiiù quam
iisnrpant Lalini : fr/o vos in uialiiiiioniuin conjunijo ,
in nominc Pains , clc. ; ulriusque laiaen idem sensus ,
Cl p:ir cfficacia est. Ergo, etc.
Objeciio.
Dices : Forma absolula sive indicaiiva difTerl essen-
lialiierà dcprecaiivà. AlquiCrreci per formam depreca-
livamSacramenlnm, excmpli causa, Pœnitenlire consa-
crant; Latini per indicalivani : ergo interillosde sub-
slantiàforniartn» non convenil ; alquc adcù cùni Ibrmse
Sacramentorunisinl cxdivinàiiistiliilioneimninlabiles,
de allerutris est dicendum, qiiôd Sacramenla corrnpe-
rint. — Rcsp. Negi) maj.LH aiilem rcsponsio planiùsin-
tcliigatur,dicenduniquid forma absolula sive indicaiiva, I
quid deprecaliva sit. Absolulau) appellant, qn;e verbo ]
indicativo cfl'crUir;/iiialis est absolvendi régula inLati- j
nara Ecclesiani à muliis seculis introducla : Ego te 1
absolve, in nomine Patris , elc. ; idcmque de aliis est 1
dicendum : Ego le baptizo; signo te signo crucis, con- I
firmo le clirysmate salutis, etc. Deprecaliva est, quoc in i
modumprecalionis cnuntiatur, qualiseslapudGrœcos
forma absolvendi : Ipse, Domine, dimilte peccula hujus
servi lui, quia tua est potcntia et luuni regnum, Patris et
Filii, etc., qualis cliam Lalinorum est in nnciione
extremâ : Per istumsanclam unclioneni, et suam piissi-
mam misericordiam indiUgcal libi Deus quidquid deliquisli
per visum, etc.
Redco nunc ad argumentum , et nego majorem ;
illae enim fonnce non dilTcrunl essenlialiter, quaram
virtus eadeni et eflicaciias est (1); atipii forma de-
precaliva et absolula , unam eanidemque virlulem
habent : cùm enim Deus sit causa in Sacramentis ;
principaliter operans, Grœci per formam deprecaii-
vam vim omncm liberandi à peccalis à Deo salutis
auctore dcsoonderc profllenlur , et in or.ilione quam
proferunt divinam virlulem agnoscunt ; Latini verô
CaelcriJm lue non prcttuntiamus cum Drouin , in his
rcposilamcsse Sacraïnenti Malrimonii formam. De hoc
alibi commodiùs. (Edit.)
(1) Minus aplè ad proposilam diflicultateni auclor
respondcl ; objicilur enim formam absolulam à de-
j)recalivâ discrepare , quoad sensum videlicot, ip^e vcrô
ostendere conalur priorom à posteriori non diiïerre,
([noad virtutem et efficaciam. Itaqiie poliùs dicendum {
fuissel : lUse formsc non dift'erunt essenlialiter, quic
eamdem Sacramenti virlulem et tfficaciam exprinmnt ; ;
alqui.... Deinde auclor supponit formam Sacramenti j
Prenitenrux apud Graîcos esse deprccalivani ; porrô , j
quamvis id nmlli exisliment, non desunt tamen qui I
conlrarium doco;inl, inlcr quos doclissimus Arcudius, '
de GoMCordià Ecclesiu; Occidcnlalis et Orienlaiis in
seplcm Sacramentor um adminislratione , lib. 4, c. 3,
ubi asserere non dubilal Gr.ecos veram indicalivani |
formam babere, licèt non pauci ex iiiis eà non utan- j
lur, quia scilicet in Eucologiis non reperi.'i solel Le- i
gatur lolum hoc Arcudii caput, in quo lu ulentissima
îiabenlur de hâc quœslione difficili quae insuper
diligcnliùs disculietur in tractatu de Pœniicntià.
(Kdit.)
slalom Ecclesiaî ejuscjuc minislris à Chriblo conces-
sam, quando in Aposlolos insulllando dixit Joan. 20,
22, etc. : Accipile Spiriluni sunclum ; quorum remise-
rais percata, remitluntur eis, et quorum relinuerilis ,
retenta sunt. Quod non ila tamen ab cis fit, quin ha-
boalfornia indicaiiva adjunciamaliquam, vel expresse,
vcl lacilù supremi Numinis invocalionem , qusc vtra
oralio est ; unde dicunt : Ego te absolvo , in nomine
Patris, etc.
Falsù ergo dicilur, formam absolulam à depreca-
liva differre essenlialiter. Unde tenendum nequc Grec-
cos ncque Latinos formas Sacramentorum subslan-
lialiier immulàsse : nam si ideô Gneci putarenlur
Sacramcntum pœnitentifc corrupisse , quia meris prc-
candi formulis ex(;rcent in pœniienlia; foro spiri-
lualc judicium; cadem in Laiinosaccusalio recidcret,
quos olim cerlum est (I), non nisi precando pœni-
tenles absolvisse , ut sumus in tractatu de Pœniicntià
fusiùs oslensuri ; hinc illud à S. Augustino diclum ,
lib. 3 cont. Donatistas, cap. 16 : Quid est aliud manûs
impositio (qua; nimirùm super pœnitentes olim fie-
bal), nisi orutio super hominem ? Cavendum ilaque ne
simus ad Graecos reprebendendos audaciores , eosque
ideô violatse fidei accusemus, quia à Lalinorum disci-
i plinâ in S.K ramentorum consecralionc plerumquere-
; cedunl. Quâ in re dissimulare non possumus, raultos
, è nostris peccâsse, qui simul ac ritum aliquem à La-
! lino diversum in gntcâ Ecclesiâ compcrcrunt, stalim,
j quasi de summâ fidei ageretur, Graccos, velut aniiqui
I dogmatis adversarios, verbis qnàm poluerunt contu-
j meliosissirais affecerunt ; incauiique egerunl, tum ut
Grx'ci Lalinorum conviciis exulcerati ,.in ferali schi-
smale obstinaliùs firmarentur; tura ut his nostris per-
: turbalionibus juvarenlur Lutherani et CalvinisUc , ad
j septenarium Sacramentorum numeruni impugnaudum,
; obtendendo Grœcos, nobis ipsis judicibus, sibi in
cvertendo sacro numéro consentire ; verùm de hoc
I alibi s?epiùs recurret sermo.
V. Qu;i:res ulrùm alicujus peccati rci sint, qui
mutant materias aut formas Sacramentorum , sive
substaniialitcr siveaccidentaliter. — Resp. l'peccare
morialiter, et sacrilegii reum fieri , qui vel ex affc-
claià ncgligenliâ , vel ex culpabili ignorantià , vel
dcnique ex contemplu sic formam mutai, ut Sacra-
mcntum irrilum facial. Sacrilegii enim rcus est, qui
rem sacram violât suoque fraudât efTectu ; undè quam-
vis excusari à peccato raortali possit laicus in neces-
silale baplizans, et ex ignorantià formam sacramcn-
talcm corrumpcns, non idem tamen de juratà obsle-
tricc, excmpli causa, dici débet, quaeadmunus suum
non admittilur, nisi Baptismi conferendi, et in ne-
ccssitate adminisirandi ritum ante docta Xuerit, ut Ec-
clesiie decretis sanoiium'jsl (2). — Resp. 2° peccare
(1) Id confidenliîis diclum existimamus, ut demon-
strabitur i:> iraclalu de Pœnitentià.
(2) Il;cc EcdesiiC décréta omncm ferè vim suaio
in Gallià amiscnmt, ex quo aucloritalis civilis pra;-
sidio penitùs destituta suul. Pastorcs jam ab obsle-
j tricibus juranienlum exigere non possunl ; sed ,
il87 DE ilE SACRAMENTARIA. — DE SACUAMENTIS IN GENERE.
\m
graviler, ([iiisqnis aliquid, quanlùinvis Icvc videri
possil, ia rilu Sacranienii ex coiUeniplu mutât; qui
eniai ita est aflcclus, ut res panas niliili peudat,
Ecclesiam ipsam, ctSpirituui sanclur» à quo regitur,
BSponialur, privatuai siium judicium eoiuai sealeiilur,
prafcreado, (jtios posait Daas regorc Ecclesiam suam :
grave autem ia hàc re esse pcccatum , solus ille aega-
Veiit, qui non audiverit Cliristunj dicentem, Luc. 10,
16 : Qui vos iiudit, me audit ; et qui vos speruil , me
speriiit ; qui uittcm me spcrnil, speruil eum qui misit me ;
et Apostokini sic pi-ï^cipicatcm • obedile prœposilis ve- j
shis, cl subjaceteeis, liebr. 13, 17.— Resp. 3" peccati
jcthaiis reaai (it^ri , qui in adiiiiaistrationc Sacrameii-
toiuai dubià forma aiit niaterià ulitur, prœserliai si
ccrla et iadubilala habcri possit, qaia pcriculo non
conlicicndi Sacranienturn , alque adeô sacrilcgii et
irrisionis reriim divianrum , voleas et sciens sese ex-
ponit, eoque in casa locum habet Régula elliica;
chrisliaaai àS. Auguslino iradila lib. 1 de Baplis.
C. 5. : Graviter peccaret in rébus ad satulem animœ
pertinenlibus, tel eo solo qitbd certis incerla pnvponeret ;
nec obslat probabilitas opinionum , qaam taaloperè
novcHi theologivenditanl; quamvis enini spéculative,
ut loquiiur scliola , probabile sit, nialcrias quasdaai
et formas de quibus controvcrlilur suflicienles et
legiliaias esse : non est tanion in praxi probabile,
quaadô certse et indubitatu; habcri possunt ; iiinc In-
nocenlius XI, Pontifex maximus, anno 1679, die 2
Kariii, banc, praiier capteras, proposiiionem numéro ï.
primam confixit : JSou est illicitum in Sacramentis \è
confcrendis sequi opinionem probabilem de valore Sa- \î
crainenti , reliclâ iuliore ; nisi id velet lex, convenlio , |
aul periculum gravis damni incurrendi ; liinc senlentià
probabili tanlùm ulendum est in collatione baplismi,
ordinis sacerdolalis; aul episcopalis (1).
VI. Quœres quid sit forma absolula, quid condilio-
iialis. — Resp. absolutani esse, qu;xî verbis absolulis
cnunliatur, ut : t'go te baptizo ; conditionalem, qu;i3
quantum in se est , servalisquc prudentiic legibus ,
eas monere debent de universis nnmeris siii oIjI ga-
lioaibns, ac vehcmealur horlari ul illas sollicita lide- i
lilale sunuiiâquc religione implere stndoant. (Edit.) j
(1) At si non liabi'alar nisi diibia niaicria , (piid
agcndum? Distingueaduai est : Vel Sacraaientum est
liic et iiuac aecessariaai , vel non; si prias, maleria
dabia adhiberi polest et débet ; | raîslat cnim ruagis
adbibori remedinai dubium , qaàni nallam. Iiisaper
non liomiaes propter Sacrameiita , sed Sar raaiiînta
piopter lioaiiaes iasliluta saat; ergo satias est peri-
clilari Sacraaieali valorem , (jaàai homiais salutem ;
(le nalurâ eaim liais est, al mediis aalei)oni debeal.
Si piislerias, non licet ali malerià dubià; sed expe-
clandiaa esi doaec certa praïstô sit materia; aon
» niin liiiic ratio sulliciens est Sacramentum periculo
jinililatis expoaere.
Aliamen non re(piiritar cerlilado aielapliysica, qaœ
ia laoraliaas liabt!ri vix polest, neipie eiiam certilado
moralis philosopliico et stricto seasa accepta ; sed
suliicit ca cerlilado qaaî lato sensu moralis dicilar,
qu;iîque oanieai rationabileui dabilandi locaia excla-
dit. Aliqaid specialins de aialerià Sacramcnti Pœai-
tealiie diceadaa» foret, verùai de hoc, cl quidem
oiiporiimiiis, ia tractatu ubi islud àacraïueiituui seor-
&v.n expeaditur.
procmissâ condilione exprimitur, ul : Si non es bupli-
zatus, ego te baplizo.
Vil. Qua;resultimù, utrùmaliquandoutiliceatfonaâ
condiiioaali. — Ucsp. ncminem unquàm aegâsse, de-
bcre denuù Sacramcnia conferri, ne ils quidem exce-
plis, qua; imprimant cbaractereai,quaado jastè dubi-
latur ulrùni data fuerint, aul validé data : tanlaque
bujas vcrilatis olim pcrsuasio fuil, ut in bajasmodi
dabio Sacraaieala, cliaa» siae alla condilionis (1) ad-
jeciioae iierarcnlar, cajus reiraulta proferre exempla
ia promplu est.
Sic enim tertio seculo habita est quœsiio de bap-
ti-mo clinicis, in lecto scilicet decandjcntibus, peras-
persionem dalo, quem mulli putabantœquè veruai non
esse, alqae illam qai per immersionem ia Eccicsià fieri
coasueverat. Scripsit eàdere S. Cyprianus cpislolam
7G, ad Magnum, in quà ratum sibi videri, addaclis
pluriaiis arguaieatis, osleadit. Nos, iaquil, quanliim
concipil mediocritas nostra, œstimumus in nullo mutilari
et debiiilari posse bénéficia divina in Sacramentis sa-
lutaribtis necessilate cogente, et ideb indulgentiam suam
largiente, lolum credenlibus conferunt divina compcndia;
in càdem lamcn epistolà, Magao el aliis conseatien-
tibas, auctor fait ul, si ia suà opiaione, qaà pulabant
invalidum hoc esse Sacramentum, persistèrent, bap-
tismaa), nullà factâ conditionis mentione, sine ullà
anibigaitale répétèrent : Nemini, in(iait, verecundia et
modesiia nostra prœjudicat, quominiis unusquisque quoa
putat , sential , et quod senseril facial. . . . Si aliquis
existimat, eos (cliaicos) nihil conseculos, eb qubdaquâ
salutari taniiim perfusi sint non decipiantur, ul si
inconimodum languoris evaserint et convalucrint, bapli-
zentur.
Eàdemque oetate formam conditionalem fuisse in-
cognitam, etiamsi plerùmque Sacramenta repeteren-
Uir, gravem petimus coajecluram ex celebri illà con •
;: lenlione de Baptisaio ba:reticorum, qaœ S. Cyprianam
': ejasqae lum in Asià tum in Africà cocpiscopos , cum
\ Slephano sumnio pontilice , et maximâ Occidentis
parte commisit : nam si forma condilionalis lum tem-
poris faissetcogaila, facilliaaan eral decernere, sub
condilione esse rebaptizandos qai redirent ab hxresi,
donec pleniùs illaslrata veritas utriqae parti conlcn
dentiam innotcscerel ; qaod tamen à ncniiae attenta-
tam leginais aat insiinialam.
Qaid vcrù opas est coajectaris, abi ccrtissima nio-
numenia occarruat? Nam ia concilio Carlhagiaeasi 5,
an. 398, can. 6, Sic definitum : Placuit de infanlibus,
quolies non inveniunlur certissimi testes qui eos bnpti-
zatos esse sine dubitatione teslcnlur, neque ipsi sunt
per œtatem idonei , de traditis siki Sacramentis respon~
(l)Induhio, sacramenta cliaracterem imprimoalia
sine expressie condilionis adieclioae iterabaalar, non
aalem sinetacilà et mente coaceplà condilione. Bene-
dictas XIV de Synodo Diœees. lib. 7, c. 6, n. 1, doeet
coadilionem, salleia lacitain, priaiis E(clcsi:e socalis
in asa non laisse, laaiè imlè inferri, (piôd anle secaluni
octavam forma; coadilioaalic nulla liai meniio. Con-
irarium ex conslanli Ecclcsiie praxi deduceadum pu-
tat.
liao QU^ST. I.
dere, absque ullo scrupulo esse baplizundos ; ne ista tre-
pidalio eos facial Sacrameiitorum purgaùone privari.
LJ)i iiullam vides ricrialicujiiscoiidiliunis nienlioDCin.
IdeuKjuc à S. Leone, suinnut Poiililice, qiiinlo se-
culo, coiiitiluUiin : coiisiilliis eniiu iiUuslico, episcopo
Narboueiisi, de liis fini purvidi ab lioslibus capli sunl ,
et non se supiunl baptizulos, scd sciiint se utiiiuolies ad
Ecclesiam à parenlibus duclos , utritm possiiU vel de-
beant, cutn ad Ecclesiam veniunl, baplizuri , rospondil
lus verbis, qua: refcriiiilur à Graliano : ISon polesl in
iteralionis ciinien veuire , qnod oniniiib factum esse ne-
scitiir... qui possuut meminisse , qu'od ad Ecclesiam ve-
niebant cum parenlibus suis, possunt recordari an quod
eorum parenlibus dabalur, acceperinl ; sed si hoc cliam
ab ipsorum niemorià alienum est, conjerendum eis vide-
tur quod cotlatum esse nesciUir; quia non lemerilas in-
lerveuit proisumptionis , nbi est diliqcnlia pielatis.De
Consecrai., disl. 4, c. 112.
Itaque antiquis teniporibus Sacraiiicnta, eiiam clia-
raclereiu iinprinieiilia, quaudo de ooiuiii susceplione
diibitabalur, sine uUà condilionis expicssioiie coufe-
rebanliir. Quod prseter cœtera qiiœ allulimus mo-
meiita, confirmant S. Gregorii Magiii, sexlo desinenle
seculo, aliorunique oclavo seculo summorurn ponlifl-
cum latLC in causa sinnli consliluliones. S. Gregor. |
M., lib. 12 Episl. , epist. 52, ad F(;lic.;episl. Gregor. |
2, epist. 15, ad Bonif. — llesp. 2° succcdente a-lale |
paulatim usum invaluisse, sacramenlaquye ileraiionein l
non paliunlur, sub condillone adniinistrandi, quaudo |
subessct legitiuiuni de eoruiu susceplione aul adniini- 1
Blralione dubiuui. 2\'am libro 6 Capilulariuin , inipe- a
ranle Caroio Magno ediloium, cap. 184, sic slatutum î
leginius : De quibus dubium est, ulriim sint baplizati, an \
non, omniniodis absque ullo scrupulo baplizenlur ; liis i
tamen verbis prœmissis : non te rebaptizo , sed si non-
diim baptizatus es, baplizo te in nomine Pulris, et Filii,
et Spirilùs sancti. Eàdeinqwe de re lalum ab Alexan-
dre III niedio circiter duodccimo seculo decreluni ,
quod vim legis obtinuit, poslquàm in corpus Juris ca-
nonici, auclorilale Gregorii IX, seculo lerlio decinio,
relalum est , et proniuigalum bis verbis : De quibus
dubiuui est an baplizati fucrint , baptizankir liis verbis
prœmissis : Si baptizatus es, non te baplizo ; sed si non-
dim baptizatus es, ego te baplizo in nomine Palris, etc.
Extra , de Bapl., c. 2.
.Vdverlenduni lanien, ut nioncl Rituale Romanum ,
snb lilulo, de forma Daplismi, non passini aut leviter
eondiiionali forma uti licere, sed prudenter, et ubi re
diligenler investigalà, probabilis dubilalio renianct in-
fantem non fuisse baplizatum; cavendum nanique ne
tremcnda mysieria, nimià iterandi lacilitale viiescant,
Cl in contcmplura adducantur (1). Scquitur.
(l) Ilcc qu;rstio de forma eondiiionali jojunè ad-
mi'dinn iraclala nobis vidctur. Non cnim salis osl de-
nionsliàsse iormani condilioiialem quandoijuc posse
iii'iiè adhiberi, iiisi iiisupcr declarelur qii;e condiiio
liriiè apponi valeat ; qu;e vero sil illicila. Nani qu.ie-
J.nn sunl condiliones, qu;ï, si adjicer(^ntur, iilicilum,
,nio eliani invalidum sacramenlum eflicerenl. Quani-
,)brem.4U£edam, brevissinia lamen.. subjungcDius ad
DE ESSENTIA SACRAMEiNTORUM. 11:»0
CAPUT II.
HEFELLUNTUn PUAV/E H.EUETICOliUM DE SACnAMENTOUL.M
.NATUUA ET i'.EFiMTiONE SE.NTENTI.E.
Sacramenla nova) legis quam nalnrani liaheanl, ex
suppIiMulnni qnod iii aucloro dcsidcratur.
fJn:i'riliM' l ' qnalis esse dclicat condiiio qna; foiuL-n
adii<iliir, ut inde non labefacielin- Sacraniciilorum
validilas. — Hcsp. : Si fnrsan cxci|iialin' .Maliinionii
Saciainenlnm, necesse est eani lalis natiira; esse, ut
forma oui annrctilnr absolnla; ;i.'(pii\aleat, scii stalim
implelà jam ccindilioiic, Iranscal in ahi.Iiilam. Eli nim
forma con(liiionali>qu;r ^lalim iiiabsoîiilam non Irans-
it, salis dcmonsiral minL-lrum non veile bic el ninic
Sacramenlum coidcrri; , scd poliiis illnd snsjiciismn
Icm-n;; ergo S;icranienlmn non |)cr(ici(ur dinn lalis
enniilialm' forma, sallcm iii oorum opinione qui inlcr-
nam inlenlionom rc(|iiirunt. IS'ciiue cliam posli a e\i-
slere incipil, cùm eveniro conditioncn) conlingil : nain
Unie evannil forma nulhniique supcrost signum sen-
sibilequofieri po>sil Sacramenlum. Eqnidem fatenmr
Menm potuisse illam vim signo sensibili Iribuere, ut
eiïectuni snnm prodiiceret cliam poslquàm cxislere
desiissel; nec des'unt tlieoiogi qui id de Sacramenlo
.Malrimonii allirmeni, et ide i supra dixinujs : Si forsan
excipiatur Malrimouii Sacramenlum ; sed niiiil probat
id reipsà faclnm à Deo esse in aliis pncler Matrimo-
nium Sacranienlis. Imô verô Sacranientorurn dignilas
conlrariun) poslulare vidctur; ergo...
Quoil autem .Malrimonium spécial , ralio quaidam
specialis apparel, qua; praîdictorum tlicologorum 0[ii-
niojii aliqriam probabiiitalcm conciliet, nenq.e (|uùd
Dens Malrimoiiium ad Sacramcnli digniialem eievan-
do, illius naluram non mulavcrit, sed volc-ril Sacra-
menlum nalura- conlraclùs atlcniperari, lia ut, qmni-
admodînn ad conli actuni suflicit consensus condilio-
nalis , et quidem de fuluro , sic ad Sacramenlum
sufficiat forma condilionaiis, (pue in absolulam non
Iranseat. Dt; liàc opinione non pronunliamus. Videalur
traclalus de Malrimonio.
Ilinc coiligiicr invalidum fore Sanram ntum , si
forma; appoîierctur condiliode fiiluro conlinginli; V. g.,
invalidus esset Bupiisnuis sul) eà forma colialus, si
cras ad Ecclesiam venins , ego te baplizo. Ell'ccl!:s cnim
suspeiidilur, nec forma iransii sialim in absclnlam.
Dixi, condiiio de fuluro contingenti , quia si condiiio
essel de fuluro iiecessario , ordimuiè cei.S(^ri dclicrct
apposila, non ad suspcndendimi eficclum, sed vei ad
nugaiidum, vel addemonslrandam linnam JNicrammli
confcixndi volunlalem. Proindc validiislial;e:;dii.s e^set
ordinariè Bapli>nms eà conditione admi:;islraliis quod
sol poslridiè luceret. Atlamen , si revcrà miidsler vo-
lunlalem Siiam usque ad cvenlum suspendcre inlen-
derel, procul dubio essel invalidum sacramenlum,
non sccùsac si condiiio essel de fuluro conlingenli.
Si aulem condnio sit de pralerito, aul de pia'scnli,
sed jam implela, non nocet validilali Sacramcnturum,
V. g., si (piis baplizans liane adbibeal foi niam , si non
es baptizatus, ego le baplizo, me. , yukl Bapii>ums,
modo suscipiens bapli/aïus iiomlnm fueril. Ratio est
quia lune forma abs(diil;c ;cquivale;il.
Sed qiiid, si condilioins cx.slenlia naluraliier rc-
sciri liOn possil , ni si dical quis : Si pradtslinaïus is,
ego te baplizo? Sc'wHUMduv I bcologi : alii sic colla-
lum Sacramenlum vaK-re pnlanl, vel non v:dtre, pioiit
exislit Condiiio corani Deo, vil non exislil; quia li-a-
craincntnrnm valor non pcndei abliomims cogiullone
vel ignoraiilià. El cerlé , intpiiunt , vak-t IJapl.snms
sub liàc f TUià colialus, si non es bapl i in! us , igote
baplizo. \\cvl\)\i\\ic ij^norelur an condiiio posila >il ;
ergo parilervalen» drbcl, si cvi icnlia coud.l.o.is ex
suàmel nalurà Immanum supercl inlolloclmn. .\lii
aulem negant , el dictinl non valere Sacramonla eo
collata modo, qui per se cl neccss: riù cerliiiidimin
Uumanam exclndaluiim sic à Cbrislo inslilula fucriiil.
1191 DL KE SACnAMEI-ii'AIUA. — hlù SACUaMLNTIS IN GENERE. il92
diclis capilo sapeiiori facile iiilelligiuir : pcrgimus ^ li.icretici corumdem conditionesetdefinitioncs, taniùui
luodù ad rcfutaiul.ts (juas coniiiiciili siiiil recenliores
ut do connu ceriiliidinc per se conslarc posset, sal-
t«in inoraliter. Qiioad seciiiulum argua)(.-iii.iiii adversa-
rioruin, non ailaiillnnt par.laleni quà iiilllur; tum
(plia ros per accidens lanliiin occulla u;!n ideô poslla
csl extra limites in quibus hiniianus inlcllcclus cxer-
cetur, ncc proinde est praler huniaiinm operandi mo-
duni, alicpiid vel!e efiicere sub rà conJ.li.jne quod res
biijnsniodi existât; è contra vcrù res qiue ex se cl na-
tuVà snà bnniani intellectns lines transgredilur; lnm
quia, in proposilo evcinplo, licèl obcoiuiiiioncm hanc
incertun» sit an valeal sccundns Baiilisnms, lanien cer-
tnni est vel secunduni vel inlniuni valeie; al.;m' adtô
nullum dubium ronianct (piin suscipiciis posiea sit
verèbaptizatus; lUun in advcrsariorum placiio incer-
titude plena de Sacramenti validilale >enipor renia-
ncat, nisi abo tandem modo itcrùm coni'cralur.
Quidquid sit de bac coiilroversià , 4 censeo , » in-
quil Suarcsius , (pi;est. G4, di^p. iô, secl. 5, talem
inodum (quem scilicel prior opinio défendit), « esse
€ iniquissinuini,ctgravissiniumsacrilegiunicontinere;
< quod sallcm convincil ratio liosteriori loco facla.
« Doinde dico laie Sacrame:iluni iterandiun esse, sal-
< tem sub conditionc, si sil iterabib; ; « (ipialis non
esset Extrcma Uiictio sic collala bumiiii jan>. sano) ;
« (piia et simpiiciter dnbiiiui est an inlentio sub tali
< conditionc sit sullicicns , cl saltcni bic cl nunc in
d tali l'.ersunà e.->t incertum an in re existai lalis con-
< dilio. »
Qua'rilur 2" nlrînn in Sacramcnlis adniinislrandis
condilionalcm forniam adbibcre sil licituni. — Uesp.
1° : Nnnqiiàm licituni cssepolcslcondilionem adbibcre,
qu;e exnaturà suà Sacranieiilum nuilum cl(iciat,qnalis
est illa quiXi non sla(im in absolulani transit ; lune
cnini gravis injuria Sacramenlo irrogaiclur, ut palet,
et peicaluin procul dubiocssel niorlale. iiinc scmpcr,
cl quidem graviter, illicita esscl conditio de l'iiluro
coiitingcnli. Quoadcondilioncni de fuluro necessario ,
licèl, ut dixiiiuis, licri pessit ul valitliiatiSacraniento-
runinon oniciat, hulia lanien ralionabili> causa (;amap-
ponendi esse potesl, ni nobis vidclur; nndc scniper il-
licite adbibereuir. Utrinn aiitcni peccalum grave esscl,
an levé, id ex molivis plus minùsvc sacramenlo inju-
riosis pendercl.
Resp. 2° : item senipcr il'.icilnm est condilioneni ad-
liibere, qu;esacranienlnni reddat dubium. Nuila cnim
esse potesl rationabilis causa la!cm ajjponendi condi-
lioneni, ut evidens csl : alqui Sacramenluni invali-
ditali exponere sine ralione est pcccalum, el quidem
lelhale; ergo... El bine est cur dixcrimus abs(pie sa-
crilegio adbiberi non posse condilioacm , cujus exis-
lenlia ex nalurâsuâ cognosci ncqueat.
Resp. 5" : Si aulcni conditio ex ils sit , qux Sacra
menlorum validitatem nec ccrlô periniere , ncc du-
biam reddere possinl , ni conditio de pnelcrito aut de
pricsenli, cujus exislenlia per se non lugiat bumatuim
inlelleclum , nobis dislinguendum vidclur : vel enini
ba^c conditio spécial disposili-.nes suscipientis Sacra-
menluni, ut, V. g., si ministerdicat : Ego te absolvo,
niodl) rite sis disjwsitus, vel csl de facto à suscipientis
disposilionibus distincto, ul sidical : Ego te absolvo,
ii non es morluns. In priori casu, talis condilio absque
peccalo adiiii)eri non posscl, nisi in exlrcinà neces-
.ilale , ncmpe quando urgel niorlis pcriculum , el lo-
lus i^st dubiiandi de disposilionibus suscipientis, cui
îimen Sacramenluni esse onininô necessarium pro-
jabilissiinum est. Etenim non est immunis à peccalo
«lui sine causa ab universali el constanli Ecclesiai
praxi in Sacramcnlis administrandis recedil; alqui
ila se gererel niinisler qui bujusniodi apponeret con-
ditiones , si(|uidein cas Ecclesia ab origine sua able-
gat; ergo... El certè si lalein liccret condilioneni ad-
liibere, non modica, tum fideiium, tum prccscrtim mi-
liisirorum, negligcnlia inde nascerclur; sub illius cnim
inter se, quantum verilati contrarias, cujus quidem
condilionis apponendae oblentu , minus curœ ad pro-
curandas anima; dispositiones confèrent ; ergo...,
Allaineii qui islam condilioneni apponeret non gra-
viter peccaret, ut nobis vidclur, posl Collet; quia
ha'c condilio niliil mutât in rei subslantià, sicque nec
Sacramenlo nocet, nec suscipienli.
In posteriori auleni casu , videlicet quandio condilio
csl de facto à disposilionibus suscipientis distinclo ,
sicul non licel abaque gravi ralione, ila, non modo li-
cituni est, sed etiam admodùm convcnil eani appo-
nere , (piotiescumque r.itionahilis adest causa , v. g. ,
nbi légitimé dubiialur de validilale Sacramenti jiriùs
coUali, ia;i'scitim quaiulode ils agiturqua; iterari non
possnut. Etenim revercntia sacris débita ritibus , ut
ipsinum sanclitati consnlatur, quantum iieri potesl, et
nullitatis alque piofanationis pcriculum aliqualenùs
reniovealur, manifesté postulat. Id eiiani cojifirmat
omnium limoralorum , ant potiùs lotius Ecclesiœ pra-
xis; à pluribus cnim seculis omnes feré iibri riluales ,
juiis canoiiici pricceplioiiem sequcntcs , condilioneni
mandanl adbiberi, ad vitandum sive nullitatis, sive
ileratiouis, pcriculum, quolics de Sacramcnlis quai
cbaracterem imprimuiit , aut saltem de Baptismo,
quaislio est : porro fieri potesl, nequc rarô lit, ut non
ininor sit ratio condilioneni in aliis Sacranienlis ad-
bibendi.
Dixi , (juotiescnmquc adest rationabilis causa ; sepo-
sità cnim gravi ralione, peccalum haud levé esset, Sa-
cramenti minislrandi voluntatcni sub condilione liini-
lare ; vel ileralionis adiré periculuiu , i.ra;scrlim ubi
agilur de iis qui ilmari non possunl; unde quippe
graviter Sacramcnlorum religio violaroinr. Hinc scru-
pulosis diligenler cavciidum est ne leviiiribus de eau-
sis condiliones usurpent, dùm sacramenta conliciunt,
quamvis bc/uà lidc sai'iùs excusenUir.
Hinc etiam apparel (quod quidem niaximi monienti
esse pluribus vidclur), nnlbitcnîis probari posse
agendi ralioncnn paslorum , qui , nuUà praiinissà vc-
rilatis indagationc, nullo pradiabilo cxaniim; , omnes
iiuiiscrimiiiaiim infantes à laicis biptizalos iîerùm
sub conditionc baplizanl ; onnies enim feré Tbeologi
poslnlanl diligens examen adbiberi, anlequàm forma
condiiioiialis adbibcalur. Verùni autliatiir e;\ de revir
non miiiùserudilionc qnàmaccuralà doclrinà insignis,
Bened. XIV; sic enim habct, de Synod. diœc lib. G,
n. 2 elsequenli.
« Non ideô quôd per condilioneni periculum evite-
i tur reiiaptizandi cum qui jam semei fuerit légitimé
« baplizalus, est illa passini , et temeré ad.iibenda;
< sed tune solùm eà utiliccJ/H, cùm prudens el pro-
« babilis subest dnbilalio an (pris luuit rite bapliza-
< tus, nec, diligenli prLenlisi^â indagalione, potuil rei
« Veritas innotescere : quemadmodùm scilé perpen-
« dit Sotus in 4, disl. 3, quasi, unie, art. 9, § Circa
« liane igitur solulioncm, ubi à sacrilegio non excu-
« sat, nequc ab irngularilate absolvilsacerdolem sub
i condilione rebaplizanleni,quem scit domi baptixatuni,
* el nibil est , quod coUalum ci Baptisnia ralionabi-
< liter suspectum reddat. Quare minime sectanda
< suai exempla , qu» congesserunl Gobât, toni. 1,
« tract. 2, seet. 5, el Marin., Tbenlog. tom. 3, tract.
1 19, disp. 1, sect. 8, n. l-iO , ubi plures sub condi-
« lione baplizatos narrant , qui ob nicrum scrupulum
« non tam dubilabant , (]uàm imprudenler suspica-
« baiitur se non esse rite baplizatos; quam quidem
« condilionatam Sacramenti iteralioneni, ob consecu-
« los , seu potiùs apprebensos effectus quielis con-
« scienliarum , iideni auctores videnlnr appprobare ;
« sed potiùs aurespradienda; sunl Eslio in i, dist. 4,
« § 15, ba>e ad rem adnotanli : Stii«(/j(m est, non
« (juamcumque levcm in contranuni smpicionem , vel
i scrupulum debcre sufficere ad hoc , ut sub cundilionc
i quis hoc paclo baptizelur : sed requiri dubitationcni
1103
QllxLST. I. m: ESSEMIA SACUAMENTORl M.
\'Ji
(liscrepaiiliic causa fuit aul iy;!ioralio aul imiuolKi oc-
ciillatio veritalis. Cùiu eiiiin Ucliitilio sit oralio , per
probabtlcni.. Ea aiilriu probabitis diibitatio csl , (jud' ,
[delà eliii\n (liliciciili induifiite , discuti non })Otftil , ila
lit iicc murulis ccrlilndu jacli luibni qitftit. Imù vf-
lins olucinpoiainliiin est caU'cliisiiio Koiiiaiio, pari.
-1 (le Sacrain. liaplismi, imin. 57, iil)i de roiiiià coii-
(litinnatà ail : l'ji baplisnii forniri ex .Mfxaiidii ptipir
nnctoiilalc in illis tanhim pcrniinilnr, de (luibus, re
dilifjcntir pirquisitù , dubitim rcHmjmlur , un llapti-
s'nitni rite suscepeiinl : (dilcr vci'o nnmjnàm fas est ,
e!i(nn cum adjunctioiie , Dnplisniiiin (dieui id riim ud-
niinislrnrc.
< Qn;o liiicMsfuic dixiniiis , copiosiiis atlliiic, et cla-
riùs à iii)l)i> cxposila , pluribiis(nie saria; coiigroga-
lioiii-; c^iR-ilii iTS|M)iisis ciiiliriiiata luèro iii nublrà
lii-lil. 84, iil)i iMii siili'iin o\ c'jiisdi'm sana; toiigrc-
galioiiis si'iiloiitià osleiiiliiniis noii e>sc liaptisiimm,
ne siilj ((lU'Iilii'iic (piiili.'iii , ileiMiuliiin , ci'iiii milla
oecnrril pniileiis ralio iliiltilaiidi de piloris I5ipli-mi
validilaio; sed eliairi ah irregiilarilatc ileiaiilii)iis
HapÙMua iiillirlà al) Aiexaiidro III, in cap. ICx lilte-
lïOH.'u , de Aposl;ilis , et Keiteranlilnis l>aplisma ,
Il )ii c\imi prol)aviiims, cpii, ob soluiii ap])^l.'!iCIl^llln
piioris Ba|>lisiiii viliimi, iiiill;u|iie pi\eiiiissà verita-
lis iiidag.ilioiie, iliiid deiiiiosid) eoridilionc coiireriiiit,
([iiiims toilo sciiml jaiii semel aiilea Cuisse c^dlaUiiU :
cleiiiiii , (juampiàiii pluies doctores isliiisiiiodi siil)
coiidilionc rel)aptizaiitcs à gravi culpà , atipio ab
irrc;^iilaiilale absidvanl , eô qiiôd per adjectaiu coii-
diiioncin salis consulliim cxistiiiieiit revereiili;e de-
Jiilaî sacrameiilo , ad qiiod coiificiendum non aliter
lertnr intenlio ininistri , nisi si litè conl'ecitie.» non
fiierit aliiid aniea adniinistialiim ; Ii;ïc tanien sen-
lenlia rejicilnr à catecliisnin llouiano, cit. loc. , nbi
reprobanlinassereiiles,;n(('//()»sa'/«s«f/)/ii/;i, si\/!<e/H-
vissine deleeln cum adjunclione ilUi { vidclicet condi-
\m\h) bnpti::Ciit ; eidem opinioiii refragalnr aiiclo-
rilas S Caroli, in rdjiis instniclioiiibus , Aclor. Ec-
(Jesi.H .Mediolaiieiisi.-» |iart. i, pag. .i'J(i,l);ee (!e
fornià condilinnalà liabentur : Quâ forma ittiiur ,
ciuH rc ddiijenlcr penjuiailà , dubiiim relinijuitiir , nul
cerlè non upparcl , infanlein, nul altum (jui Ih.plismo
ofl'erlur buplizulum esse , ul de exposilts invenlis(iue
piirvi-lis dubilari , nique itjnorari sœpeintmerb solel.
Qubdsi, reaciuralè iiiveslifjiilà , explorulum Imbne-
tit, illum, forma seri'olà, baplizaluni esse, caveut oni-
ninb , ne liunc sub eoiidilione bapiizandi formant (ul-
ltil-cnl:cum sacrili (jinm connnitlul , si contra feeeri' ,
ul illud inifcdimenluin conlruhal , tjuod sacri cuno)ics
irreijnlaritalem vocniil.
! In alià ilidciii noslrà Inslil. 8 , liane eanidcm nia-
leriain iraflanlcs , dixiinus cum cardiiiali Albitio de
Inconr^lanlià in lide, cap. ."jj, à iiuin. li, ii3(pie ad
IG, iniprobandas esse synodos, in ijuibiis geiieraliin
al(pie inditinclè, iteriiin Siib coiidilioric in Ecclesià
haplizai i jubeiiliir , qiiiciiir.ijue privaliin Cuére ab
oli^lelricihns donii baptizaii. Do iiisce synodis , ac
rilnalibiis idem deccrnentibiis, agit llulzniann in siià
iliiioiogià inorali , loin. '2, tract, 'l , cap. !2, art. 2,
«pii iicél ooruindeiii auclores lioc noininc excii-
sil, ([uôd scibcèt dubiuin illis visiini fiierit Ba-
jilisiiia ab obsleiricc collatuin , fatetur niiiiloininùs ,
ininiis cauté ac niiniùin indclinilè eos locntos; ciiiii
dcbucrint potiiis rcrnin ciicumsianlias disiingiiere ,
casque delirniiiiare , (\\vii incertain leddnni validi-
talein collali Baplisnii , ([iieni proplerea lune opor-
leat su!) condilioiie ilerari. Eiiiinverù, si obsteiriccs
do Sacrainenli inaterià, forma, cl necessarià in mi-
liistro inleiilioiie , sint légitimé edocliie , siculi nos
in cil. Iiislit. 8 cas |)i'r piroclios solerter cdoccri
jiissiinus, priusquàm ad obsleliicuni ofûcinin cxer-
cendiim admillantiir, ea-que in speciali cveiiln, (|uo
Baplisnia periclitaiili inlanli [irivatiin conlulerinl, ab
< codeiu parocbo interrogala' . omnia riic à se adlii-
TH. X\.
r|iiain iiatura rei verbis iduiicis breviter accnraicqiic
describilur, qui apte dcfiuiro voliieril, opus est scirc,
< bita, leslciitur, que ad Sacramenluin validé conli-
* cieiulnm leqiiirui.tnr ; iiiilia saiié siibest piobabilis
« ratio, cnr I5aptismiisdel)eal aiit licite possil s'dj C!;ii-
« dilione rcpeli. Sciniiis uli(pic, in aliis synodi-; rela-
« lis à Giberlo. cil. tom. 2, (^oiisiiU. canoiiii ar. ,
I ciinsnll. IG, canliim repi-riri , ne pleiia lidcs lia-
* bealiir solins obstctrit is leslimoiiio, nisi CDiiiprobo-
i Inr asserlioiie alioinin qui Biipiismi» pricscntes liic-
' riiit. Veriim , qiiaïupiani ex |)lnriiim allcslalionc
« major profeclo liamialur ifi gesl:e cerliliido, atla-
« meii sacri (anones s: Ificienlcr prohalam iiahenl
« collalionem lîajitismatis per imictiin lestem , pr.eci-
'■ plié si is leslilicelur de l'ado proprio , iioc est, si
« adiriiiet, illiid Inisse à se légitimé adniinistral'im ,
c iiec (|iii(iqiia:n in conirarium occiirrat, qiiod illius
t lestimoiiio lideni detralial; iiti diserlé de(eiiiiiiir iu
I can. 110 cl 11-2 de (^oiisecrat. , disi. i, cl caj).
< .\uper, de Teslibns, ubi inicrpretes oiiims.
« Aliiid est, ciiin c(dlali IJaptismi teslimunium
t pra.'belnr à personâ incertA ; eleiiim, cnm j;i\la le-
« scripUim imperatt)iis Adriani ad Jiinimn Kuliiinni ,
1 proi onsiilem -Macedonia' , relalnm à Callisti;tl<j in I.
i Teslium , .j , 11', de Te.^lib., tcsiibus , non Uslin:on:is ^
î sil credeiulum , non debcnuis rem adeô graveni
« ciminiillere lidei pcisoïKc ignola; , ciijns qiialilates,
( iili Callislralus in cil. leg. faciendiim nionct , ex-
I plorare non posbumus. Qnare s.icra Congrcgalio
< coiicilii iiilerrogala an iten'im bapiizandi csseiit iii-
1 failles, vnlgù cxposili , ad liuspilale S. Spiriiùs i«
« Saxià de t'ibe delali, eliaiiisi babeanl colio app;ii-
i sain scbedulain alleslanlem , eos fuisse Baplismate
8 abliitos, die lojaiiiiaiii 172ï, rcspondit, esse de-
« iiiio baplizandos siib conditione, nisi cerla babea-
î lur notitia personie, à qiià sciiednia sit cxarala , aut
» aliuiide indubitalmn desumalur indicium Baplir,ina-
i lis rite cisdem collali ; qnod nos in cil. nosiià I.i-
i stit. 8 animadvi'rtinnis , et videre est in Tbesauio
1 rcs«l.,ioiu. ±, paK. 112, cl loin. 5, pag. 2.
I In eàdem senteniià i'uerunt l'alres conciiii pro-
■> viiici.ilis l'olosani , liabili à cardinali Francisco de
« Joyoa, an. ITiDO, in cnjns part. 2, cap. 2, decer-
t niliir : Ciim projectis expositisque pueruHs , iicèt af-
« fixa reperiatur scliediila, quœ eus baplizalos esse testc-
: !ur, in id ta.nen, un verum [iclumque sil, paroclii di-
« lificnler inquirent ; si cerli niliil comper<.rinl in seriplo
« clturlulœ noniine , eos sub conditione baptizabunl ;
« loin. 10 Culleclionis Ilardiiini, col. 17!)8. Cinnipic
« miiioieni (idem collali Baplismalis , quàm scbednla
« iiicerli auctoris, f.iciant alla signa exiiosito inlanli
« ajiposita , piità sal , ideô reclissiinè à Uiciiardu
« Poor , cpiscopo Sarum , canluin Icgilnr : Si verb
« pueros cniii sale, tel sine sale expositos con.ingal iuve-
» /(/'/•/, baplizenlur , siib cundilione (amen, m siaiim
* ibidem explicalur, lom. 2 Concilior. Brilan. , lloii-
« rie. Spelm;in, pag. 1-45. >
Qnarilur 5" iiliiim condilio, si adiiibcaliir, extiiiiii
exprimi deiieat. — lUsp. in eonim seiil.nlià , c^n in-
tenlionem ii.leriiam alqiie rcalem niliil ad validiia-
tem niillilaleinve Sacramentoriim perlinere arbilran-
lur, iiindô adsit appareils et externa , salis palei con-
dirioiicin exprimi debcre; aiioijuiii incassiim adliibe-
reliir. .Vtvciô in s/ntenlià opposilà, necc.-saiiiim non
est omniiiô ul condilio verbis signiiiceliir. .Nain , ul
imlaiii commiiiiilcr auclores , niillum aille octaviini
sieuluin conditioncs vocibiis cxpressas fuisse \esli-
giiim remanet; nec de fcM'iiià coiidilionali lit meiilio
anie (lapiliii.iria Caioli Magiii, ubi priim'im Icj^itur.
tjiiiii cliaiii communisnsiisesse videturut minniiildruni
SacraiiicntîUHini loriii;e sine expressà condilione pro-
feranlur. l'iiiis(|iiis(pie nibil convenienlius agere po-
test , quàm si riliiale su;e diœce^oos setpialur : poiro
in pluiibiis ritiialibus coiidilionem exprimi in Ba-
plisino cl ExtremA rncliene, si minus jubeiur, sallem
58
Î19:;
DE RE SACRAiMEMAi.îA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
ilôt)
quid hoc ipsum sit qnod aggrcdiUir cxplicaïc , qiio \
gcnere, quà dillcrciilià concludalur, quid liabcal com-
mune ciini cxlcris, (pud piopriuni viiidicel ; aiio(piin
iu ipsodoclriiny roiilo orrabit, digiiioniuc judicabilnr ^
qui stullus ipse dcliniatiir, quàm qui aileiu dcfmioudi :
oxorceal; al(iuiLulbciaui, CalviuisUc, Sociniaiii, alii-
(pie eorum similes Evaiigelii pscudo-rcforniatores ,
«'oiilra Scrii)lura', tiadiiiuiiis olEcclosia' uiiivcrsalis
aucloiitalcm iicgaiido viui ullaui iuesse sacris symboUs
imprcssam divuiiiùs ad saiicliialcm el graliam con-
Icrendam (qui proprius est et gcnuinus Sacraiiiciito-
luniiiovie logis characler) iicscieiuulSaciaaieiila Doi, \
aut ea saltciu se iiescire nialiliosè fiiixeruiit; nibil ita-
que niiruui quèd lain diversos, el bacleiiùs incuguilos
anlractus duce cl doclore nuUo iniverint, non quid es-
sent Sacramcnla cxplicando, sed quid vellent es^e
mcnliendo.
I. Enim quidam dixerunt ( Sociniani ), nihil aliud
esse, quàm exleruas quasdani nolas et lesscras cliri-
slianœ religionis : que sensu à Socino, disp. de Bap.,
e'jusque sequacibus diclum Sncniincnlnm esse nudum et
iiuplex s'ujnum, quo Clirhlimms à Jiulœo vel tji'inUi dis-
sliiKjuiiur. Eu deniiiue lecidil delinilio ab Aua!)aplislis
inventa: Sacramcnla, iiiquiunt,sunlfl//<'f/o)i(t' seus}(j;ia
ijuœdum vitœsp'nilmlis, morum ulquc bonorum ajuTUiit,
(luibus udinonemur bonis operibus nos excncrc.
II. Abi Sacramenli nalurani non abundè rcpclunt
quàm à fide qi-am Deo vovenl qui sacris inilianlur,
ejusdemque tidei volunl SacrameiUa pignora quadam i
csie atque indicia ; que sensu ZuingUus , in bl). de verà
et ialsà Ueligione,c. de Sacranienlis: Sacramcnlmu, in- ■
(piit, )iiliil aliud esl, quàm oppiynerulio, quà se liomines
vbliqanl Cliristo, ejusqnc militiœ nomen dant.
VA. Lulberus non à fide quam liomines Deo polli-
cenlur, sed à fide ipsà quà se Deus boniinibus obli-
gal, Sacramenli defniitionem esse petendainconsliluit;
benè illud quidcm , si quidquid viilutis Sacramei-lis
divinilùs atiributum est, uti par eral, exponere
lii)uissel; vcrùm co, (piod magis eral neces«irium ^
])nelermisso, in lioc uno eoium virtulem cousistcre
boinniavit, non quùd graliam Dei sic volentis mirabili
liberalilatc coufeiant, sed (piod mera signa sint nuila-
(juc tcstimonia gratiai quam Deus promisil se datuium
boniinibus, quasi niniiiùin iis egeret procsidiis , ad
iidem promissis suis conciliandam. Sacmmenlum ,
in(iuit, in lib. de Capl. Bab., c. ult., nihil aliud esl,
quàm prumissio (jnitiœ dquo cxlerno annexa; eamquc
definilioiicm coninninilci- Lulberani adniiltunt, sed
paulù l'usiùs explicanl. Sic enim babel Augustana con-
fessio, cap. 15: Sucramcntuni esl rilus qui liabct man-
dulum Dei, el eui addila esl promissio ijruliœ. Kennd-
lius Lulbeii discipulus, Exam. Concil. 5, part. 2., c. de
Eflicaoià Saer. : Sucramenluni , inquit , esl signum ma-
teriale , prœcepli.m in now Tcslamenlo , obsi(jnans
instar siqllli premissionem gralla'.
IV. Calvinu^ magnum aliquid se fecisse pntavit, el
lem acu teligiSie , ul in provcrbio esl , ex ulràque
consulilur: lacolur veru de cictoris Sacranienlis.
(Edil.)
Eutlieri et Zuinglii deliniiione unam nectendo, el du-
plicem hune Dei ad homines, vicissimque buminum
Deo Iidem voventium ordinem, unàctsinqjlicioralionc
concludcndo : Sacrumenlum, inquit lib. -4 ln.ilil., cap.
li, § 1 , exlernum est sijmbolum quo benevolenliœ enja
nos suœ promissioncs conscienliis noslris Dominus obsi-
gnal , ad siislinendam fidei nostrœ imbecillitatem ; et
nos vicissim pielatem erga eum noslram , tam eoram eo
el angelis quàm apud liomines leslaniur.
§ 1. Refcllunlur lue definiliones generalibus
argumenlis.
ILecquc l'uerunt mcndacium hominum infausta cou-
silia, quibus veritatem obscurare aliqualenùs , labe-
factare ccrlè non potuerunl. Quod non erit demonstrarc
difficile, si ad gencralia principia atlendamus, quibus
divinum dogma defendi solet : cùm enim ibeologica
placila, non ab boniinibus inventa, sed à Deo luerint
revelata, nibil debenius lanquàm certum in fide ad-
millere, nisi Scripturai aut iraditionis, aut deniquc
! Ecclcsiaî univcrsalis aucloritatc nitalur; alqui iiulio
I borum capilum del'endi possunt, quis lielerudoxi jiro-
ferunt Sacramentorum descripliones.
Argumentum primum, ex Scripiurn.
L Non ex Scriplurâ quidem ; harum enim defini-
tionum scopus unus est, finis unus, vim omnem gvatiai
producend;e Sacranienlis deijcgare, eaque vebit niida
el spoculaliva, ut aiunl, signa habere, qu;« movere
quidem objeciivè possinl, et fideni ac pielatem exci-
tarc, sed efficaciler homiiù quidcjuam conferre non
valeant ad salulem ; al([ui in conlrarium Scriptura
ubique prx'dicat, Sacramcnla ad sanctificandos ho-
mines pnecipuè esse instilula, camqne habere virtu-
lem, qualeni^is Deo, causse salulis el justilia^ princi-
pali , lanquàm vera instrumenta conjunguntui- ; quis
enim legcndo verba Aposloli, 1 Cor. 6, 9: Abluti eslis^
sanciificali eslis, juslificali eslis, in nomine Domini
noslri Jcsu Chrisli, et in Spirilu Dei noslri ; ilcmqnc
alla Gai 5, 27, Rom. 6, 5: Quicumque i)i Chrislu bu"
plizali eslis, Chrislnm induislis .'et Ephes. 5, 25, elseq. :
Clnislus ditexil Ecclesiam , el seipbum Iradidit pro eà,
ul illam sa)iclificarel, mundans lavacro aquœ in verbo
vil(i\ elc; el deniijue Tit. 3, 5 : Secundiim suam mi-
sericordiam salvos nos fccil, per lavacruni regeneralionis
et rcnovalionis Spiritùs sancli, quis, incjuam , isla
Icgendo, non stalini inlcHigat vini sanclificandi Sacra-
mcnlii divinilùs allribulam? Quod enim de Raplismo,
hoc ipsum de reliquis Sacranienlis sacnc liller;ie pas-
sim manifeslant, quale esl quod in aclibus Aposloio-
riiin, 8, 17, de Confirnialione dicilur : Imponebant
manus super illos, et accipicbanl Spirilum sanclum:
et de Eucharislià in Evangelio, ,Joan. G, 5^) Quiman-
ducat meam carnem , et bibil meum savguinem, liabet
vitam œternam... in me manet, et ego in illo... qui man-
ducal me , et ipsevivel propler me; el de Pœnitculià,
Joan.. 20, 2."5 : Quorum rriniscrilis pcccata reminuntut
cis, et quorum reiinuerilis, relcntu sunl. Et de Exlreruâ
Enctionc Jacobi 5,15: Oralio fidei sulvabil infmnum ,
cl allcvi'd'il cum Dominui : cl si inpcccatis sit, rcmilkih
1197
QU^EST. 1. DE ESSENTIA SAClWMENTOllU.M.
iioa
lur ei; et de, Oïdine, 1 Tim. 4, 14 : J\oli negligere gru-
tiam (juœ in te est , qnœ dulii est libi per proplietiani ,
cum impositionc mamiitin presbylerii ; ul intérim do
Mulrimonio laceanius, oui viiii iiiesse pcculiaris gralix
cunl'oi'ondiu , clsi &cri|)l(irai'iiiii auctorilato probari
quamplurcs, ii((uo j,'iavissiiiii llioologi iicgcnl, coii-
senliiint laiiicn uiiiiios dognia esse in iradilioiic cer-
lissimum ; qiias crgu aileruiil dcfinilioncs, vel iioc
ipso falsiu probanlur, quùd Scriplurarum sentciiliis
iuaiiiresto ropugnent.
Arglmlntum u, ex IradUione.
Altenim, ncc minus cHicax argiimcnliim aMlirpiis-
6ima traditio suggerit. Si enim Patres existimàssent,
niliil aliudSacramenta essequàm cxternas cliristiaiise
Keligionis notas, vel viia; muiandic in melius adnio-
uilioMCa, vel sacra qux'dani pignora, et veluli arriia-
bones lidei Deo promissie, vel dcnique nuda divinai
niiscricordiit leslimonia , quomodù arous cœleslis,
Gen. d, 13, assumptusà Dco est, in signum sui cum
hominibus fœderis ; si, inqnani, hœc Palrum fuisset
deSacramenlis opinio, in hoc judicio acquicscerc de-
buissent, ncque ulleriùsprogredi, ne sciiicet à vcritalc
exorbilando aliquid Sacramenlis concédèrent, ultra
quàni esset diviniiiis attribntum ; atqui longé res aliter
cecidil ; anliqui enim doctorcs Sacramenlornm virln-
leni cxlollunl verbisadeô niagnillcis lantanupie eoruni
efficacilaleni agnoscunt, ut faleri tencanlur Lutlierani
el Calviiiislae, nisi Ironteni perfricuerunt, non minus
sibi esse contraries, quàm pncsenlis temporis Eccle-
siamundè recesserunt.Sic iiiler cœleros Tertullianus,
slatim ab inilio libri de B;iptismo, cap. 1 : t'elix, in-
quit, Sacramcntum uquœ nostrœ, quia ubtulis deliclis ^
pri$tinœ cœcitatis, in vitani Ubcmmur œtcrnam. Et cap. 4: '
Omnes uquœ depristinà oritjitiis prœrogalivà Sacramen- 1
(um sanctificalionis consequiinliir, invucalo Deo. Super-
veiiil enim statim Spirilns de- cœlis, et aquis supercsl , [
sanctificans cas de senielipso ; el ita sanctificativ , vim
sauctificandi combibunt. Et in libre de Resurrectionc
carnis, cap. 8 : Caro, inquit,. «&/«)/«»•, ut anima emacu-
letur : caro ungilur ut anima conseeretur ; caro signalur,
tU anima muniatur : caro manùs imposilione adumbra-
tuy, ut et anima spiritu illuminelur : caro corpore et
sanguine Cliristi vescilur , ut et anima de Deo sagi-
nelur.
Cni conseiiliens S. Cyprianns Epistolà seciindà ad
Donalum, quidijuid in se miilalionis Baptisnio sus-
teplo, espcrtijs fueral, boc tolum sibi deDei munere,
\irlule sancti layacri adveuisse, pari modestià et vc-
ritalc pra.'dical. Quamplurimis, inquit, vitœ prioris er-
ïoribus iiiiplicatus tenebar, quibus cxui me passe non
jredcrem ; sic vitiis adiiœrcntibus obsecundans eram, et
^desperalionc mcliorum malts meis vcluti jam propriis ac
vernaculis ndfavebam. Sed postquàm undœ genitalis au-
xilio, supcrioris œii labe detersâ, in expiatum pcctus ac
purum, desuper se lumen infudit.... mirum in modum
proliuiis coufirmure se dubiti, patcrc dansa, hiare lene-
brosa....scis ipse profecii), et mccum pariter rccognoscis
ifuid detraxerit nabis, quidve contulerit, mors isia crinii-
fîKOT, vita virtutum.
DenifpK', ne piiira laciam, enque intempestive prav
vorlam (|ii;e crunl alibi plcniùs discuticnda, S.Grcgo-
riusNyssenus, scriptorquarliseculi, oralioncin liaptis-
muni Clirisli : liaplismus, inquit , peccalorum expiatio
esl,remissio deliclorum, renuvalionis et regencraliunis
causa.... aqna ciim niliil alind sit quàm atpia , supcrnà
gratiàbenedicente, ineamquœ mente percipitur, li'jmi-
nem rénovât generalionem ; qubdsi quismilii dabiiando
negotium cxliibeat, inlerrogans quà ralione aqua regene-
rel ? Dicam oplimojure ad cum : Ostende milii modum
nalivilalis, quœ fit Si'cundiim carnem, et ego libi vim re-
generaliunis,quœ secundiim unimum fil, exponam...ubi~
que divinu vis et clficacilas incomprelicnsibilis est, nullà-
que vel ralione vel arle explorari potest ; ergo invcntsc
ab bserclicis recentioriI»iis Sacramenlorum definitio-
ncs, perpétua sanclorum Patriim Iraditionerevincun-
lur; quod enim de Tcrtulliano.Cypriano, et Gregorio
Nysseno probalum est , idem ex conciiiis, aliisquc se-
qucnlium xlatum docloribus, quxstionc 5 , sumus
pleniùs oslensuri.
Argumentcm m, ex consensione iiniversutis
Ecclesiœ.
111. Sequitur Ecclesiae universalis conscnsio, cujus
in divinjs dogmalibus adstruendis lanta vis est, quanta
major e«se non potest. Si enim Ecclesiam in iis quie
ad lidem et mores pertinent, erroris accusare nicritù
possimus, Deum ipsuni cujus Spirilu rcgitur, accusa-
bimus; illuditaqucargumentum, quoniam priccipuum
est, quà poterimus diligentià proponemus.
Ineuntc scculo sexto decinio, Lutlierani aliiquc
circa idem tempus, magno Ecclesiac malo naii pesli-
leri bomines, prœter caetera quae invencrunt doclrinx
capita, ncgare ausi sunt Sacranienta graliam ali-
quam afferre,authabere uUamsanciilicandi virtuiem;
unde novis à se cxcogitatis defmiiionibus Sacra-
nienta in corum symboloruni ordine posuerunl, qu.i;
Iiabcnlquidem nudam, more picturœ, sigiiilicationem,
inlernam operationem nullam liabent.
Vaptismus, inquit Lutlierus , lib. de Capt. Dabyl.,
cap. de Bapl., neminem juslifual, nec ulli prodest, sed
(ides in verbum promissionis, ciii addilur Daptismus :
hœc enim justifie al.
Non juslificant signa, inquit Melanclilon in locis
cditis, an. 1522, cap. de Signis., ut Apostolus ait :
■I Circumcisio niliil est t , ita baptismus niliil est , par-
ticipatio mensœ Domini niliil est; sed testes sunt et
signa divinœ voluntatis erija te; cl iniib.cont.Anabapl.:
Sicut voluntas Del ostendilur in verbo seu promissione,
ita etiam ostendilur in signo, tanquàm in piclurà.
Fixum itaquemaneal, ail Galvinus, lib. ilnsl.,c.ll,
§ 17, non esse alias Sacramentorum, quàm vcrbi Dci
partes , quœ sunt offerre nobis ac proponere Cliristum,
el in eo cœleslis graliœ lliesauros.
Hx'cquc fuoruiit novorum proplielarum oracula;
âge voiô.niinc cxperiamur, ulrùin iiahiierint aliquan-
luiùm iii Eccicsiaî uiiivori;..is doclriiià pivxsidii, (|uo
certèsi caruerinl, rejicieiida esse oonslabil, quia nova ;
jam sic prosequor argumenluDi.
Atqui Luthcraiii el CdhiniiitC uequc Latins?, ncque
\m DE RE SACRAMENTAUIA. - DE SACUAMENTIS IN GENERE. 1200
Gra'CX el Oriciilalis Ecclesiai pnluerunl concoiclià J nuni \blo, iil est, cvolnlis sexagiiila circiter aiinis, ad
gloriari ; non Lalimx; qiiidem , à qnà so longissiniè
dislaro professi snnt, illius de Sacramcnloruni virliile
seiilenliam doclrinis sophislicis, et invciUis peslilen-
tissimis adscribendo. Scliolœ sopliistica-, inqiiil Calvi-
nus, lib. 4Insl., c. 1-i, § i,A,nia(jno comcmn iradide-
rnitt Sacramenta novœ legis itistiftcarc cl couferrc gra-
tiaui, wodb non ponamus obicem pcccaù morUilh ; quœ
senlciitid dki non polesl quim s'il exilialis et pcslilens.
Faleliirergo se ab Ecclosix Latiiia; sensu rcccdero, \
qnam stliolaruni sopbislicarimi nomine impiidenU'r i
rodarguit; eoqiie sibi lilulo plaudil iiovns Hercules j
lanquàni de reporla'â insigni vicloiià; di-imie si in |
ils nu;is adercbant hairelici Sacranienlorum descri- ;
plionibus mentem suam Romana Ecclesia agniivissct, ;
procnl dubio appiobâssct , née cniai pulàsset, :
propler nialcvoloruni boniinum iniprudenliam dogma
antifjuum esse deserenduni; lanluiuniodô ourà^scl, |
iniposilani sibi à Calvino aliisquecalunniiain repiilme,
€t exulceralos animos nialernis adnionilinnibus do-
linire; alqui è contrario vix ernperant scripla no\a-
loruni , cùni à doctissin;is quos babebal Ecclesia |
Iheologis nervosè sunt rcfulala ; passiin ab omnibus
coiiclaniatuni, actum esse de repnblicâ cbristianà , si
impunè excessus adeô immoderati abirent ; tandeni-
que delalà ad Tridentinuni conciliuin quirstione, ana-
Ihcinale percussus est, quisquis dicerel : Sncramenla
propler solivn fidcni nulriendam inslilnla fuisse ; non
cotilinere gratiam quani sicjnificant, aut (jratiuui ipsnm
non poncnlibns obicem, ex opère operato non conferre ;
sess. 7, tanonib. 5, 6, 7, 8 ; eigo, etc.
DcGra'cà verô et Oiientali Ecclesia quid eloquar,
cnjus staluui nec noveranl quidem, quando in Occi-
deiilc rebcUionis incendia excilâiunl 1 Quà in re sa-
lis miiari non possumus viroruni suo judicio sapicn-
tium levilateni; facto enini contra suumunn Ponlifi-
ccnict Romanam Ecclesiani inq)etu, maxime illornni
' intererat Orientalium ambire prasidiuin , suanique
' cunj Iransmarinis oslentare consensioiiem, sollicité
iiKluirendo tpiid Grœci veleresde Sacramcnlis leiuiis-
seiit, ([uid bodierni sentirent ; ne scilicet viderentur
soli pugnare contra onnies, et sapicntis niandulo
poslbabito, Prov. 22, 28, iransgredi Icrniinos quos po-
suerant paires eorum; atquiniiiil lioruni curârunt boni
l'.umiiies : nam
l' Quid eâ (le re baberent vetuslissima Gncconim
Euciiologia, quid Basilius, quid Cbrysostounis, quid
IreiKX'iis, quid Cyrillus Hierosolyniitanus, quid aUi de- i
ni(|ne prisciv x'tatis tbcologi, in mentem illorum non
venil inquirerc; quorum testimoniis facile, si veilent
ab errore ad vcrilaiem, à dissidio poierant ad con-
cordiam revocari.
2° De Graicis cl Orienlalibus, qui bâc ipsà œlale \i-
Ycbanl, adcui.dis non cogitàruut ; quod sunmiœ im-
prudenlia; et superl»ieiilis contra univorsalem Ecclc-
biam factiouis, certissimum argumenlum fuil ; cùm
cnim ineunlc, ut pradiximus, scculo sexto dccimo,
anno 1517, reformanda; (veriùs dixerim), everiendiie
Ecclesia' insanum cnnsiliuni iniisseni ; non auto an-
Gra;cos legationem miserunt, ut eos, si fieri posset,
in suas partes perlrabcrent. Perpel. 1 fidei, lom. 5,
lib. 1, c. 3, pag. 19.
5° Quod memorià digiissimnm est , Lulheranis
malè cessil inlenipcslivnm consilium; Jeremias cniui
patriarcba Constantinopolitanis acceplani à Iheologis
i Wiitembergensibus Auguslanam confessionem omni
argumenlorum génère refutavit, Scriptura; et tradi-
tionis aucloritate oslendens, — resp. i, Sacranicntis,
donis videlicet Spirilùs sancti , virlulcm ink-riiain
incsse ad conferendam bomini sanclilatem; et ideb
Sacramenta dki, quia sub exlernis scnsib'{libits(iue sijm-
botis arcanum el spiritualem effeclum continent; iia Je-
remias, vir primai inter Gra'cos anclorilatis, cujus
scripla in publiée Conslantinopolitana' Ecclesiie tabu-
lario, ad perpetuam mcmoriam recondita sunt; cu-
jusque eô gravius testimonium est, quod de se bomo
sapiens nil pra-sumpserit, neque censuram banc con-
tra Lulberanos emiserit, nisi babilo cum sacerdotibus
suis maturo prudenli(pje consilio.
Idem dogina à Jeremias lemporibus Gra;ci et Orien-
tales aperté professi sunt; ita cnim docuit Gabriel Plii-
ladelphiai raetropolilanus in iractatu de Sacramentis,
edito primùm Venctiis, anno IGOO, deindè Parisiis,
anno 1G71.
Ita Meletius Piga, patriarcba Alcxandrinus, scriplor
inler suos eruditione pra^cipuus, et à Gnecis auctori-
bus, Nectario, Dosillieo, Calliuico, Syrigo, et aliis pro
merito sacpè laudatus : cujus opéra in luiuin congesla
volumen, in Bibiiolbecâ llegis Galliarum asservaiittu-.
Ita Gcorgius Coressms magn;c oxistimalionis suo
tenqiore iheologns, cujus pr;T;cIara laus csl, quod ab
insiilà Cbio Conslanlinoiiolim, rogatilc cicri totius sy-
nodo, accersitus, anno 1635, contra Leodoi/arium (I)
ex Batavia Calviuislam pseudoministriun, pro lide or-
lliodoxà Grœcoruni omnium nomine pra;lium susli-
nu^rit, el divorsos tùm desacris mysloriis, lùm specia-
tim de Iranssubslaiitialicnc tractatus ediderit, (|uos in
Moldaviâ nou ita pridem prailo mandalos audivimus.
lia Grogorius prolo-syncclbis Coressii discipulus,
in Epitome divinoruni mysleriorum, quam anno 1635,
plaudcnte et approbaiilc Gra>coruni Ecclesia, publi-
cavil ; ubi coiiccptis verbis aldrmal, cap. 4, p. 7i,
Sucrumenla gratiam spiritualem significarc; eamque di-
r/H("' nccedentibus, virtute divinitiis impressâ , conferre;
Sacramenta res esse sanctas, non ideb soliim quia Deo,
qui sanctus nalurà est, consecrantur ; verion etiam quia
homines, gratiam impartiendo , sanctificanl.
lia SYiiodus Conslautinopolitana , anno 1G38 celc-
brala , cui inlerfiierunl Cyrillus Beroensis patriaiclia
Conslantiiujpolitanus , Mclropbaues Alcxandrinus,
TlieopliaiKS Jerosolymitanus, episcopi aul nictiopo-
lilani unus supra viginli , aiiique plures inferiiii'is
gradûs saccrdotcs.
lia synodus altéra, quatuor posl annisJassi in Mol-
daviâ congregala, in quà prxter cxleros orlhodoxa}
(Il 1.0 niini'^lre Loger, Perpet. lidoi, toni. 5, lib. 1,
( . -i.
1201 QU.EST. I. DE ESSEN
confessionis arlictilos docbratiim est , q. 09, Sacra- \
vienlum eue caremouiam sncraiu, (juœ sub forma visibili '
produiit Dci cjraliam invisibilem, eamdeimiue in atùmam
futelcm iufundil.
lia Meleliiis Syrigus, Gn^corum qui niemorià no-
sirà vixeriinl, sine exccplione doclissimus, in de(en-
siorie fidei orlliodoxa;, fiiiam aiiiio IGIO coiilra Cy-
1 lliiiii (F.iicar) palriarcliain Conslaiiliiiopolilainiii),
C iiliiiiia^ lidei desiTloroin, sumiiià diligoiitià odidit;
Lbi argmneiilis ex Sciipliirà et tiadilioiie liniiissiniis
osteiuiit Spiritum sancluin oimiibus novœ lecjis Sacra-
nu'Hlis intimé, eornm vclul animam, pra'scntem adesse,
iisquc liim ad dclcnda peccala, liim ad sanclificaiidos ho-
mmes virtutcm diviiiam iiipucre; quod ni ficrct, frustra
lefjis cvan(ielica' Sacrnmenta dicerentiir, ciim niliil liabe-
renl quo diffcrrcnt à figuris veteribus, et Vt'rilatem in
anticjHO Testamcnto sicjnificatam non CJihibercnt. Pcr-
pel. fidoi tomo o, 1. 1, c. o, p. ô9.
Fta synodiis JcrosolMuilaiia, p!";osido ojusdoniEcole-
siio palriarchà Dosilhco, versus lincm scculi deciini
scptinii celebrala, in qiià cum niiliquis Patiibiis defi-
nitnni : Sacranienta rébus naluralibns constare , et su-
peruaturalibus ; non esse nuda divinarum promissionum
signa ; alioquin cnim, iiiquluiU Paires, uullo à circuni-
cisione discrimine scccrnerenlur, quo niliil fiugi potest
insttlsius ; adebciue esse divinœ omnipotentiœ instrunientn,
gratiam digne accedentibus confcrenlia. Loc. cit. c. G,
p. /i8.
lia deniqiie idem Dositlieus, tùm in iraclalu conira
Joannem Caryopliylnni tyjt'.s vnigato, Jassi in Mulda-
viâ ad annum 169i, luni in canonibus coulra cuni-
dem edilis, quorum qiiinlus sic Iiabel : Si quis dixerit,
Sacramcnla niltil aliud esse , prœttr nudas clirisliance
profe.-isionis notas, quibus fidèles ab infidclibus extcriits
dislinguuntur ; aut signa extcrna esse gratiœ etjusliliœ,
per fidem accepta; ; neque confilelur continere interiiis
gratiam quant significant, eamdemque conferre non vo-
nenlibus obicem, anathema sil ; et scxlus : .Si quis dixe-
rit, gratiam non semper per Sacrameuta conferri, etiam
quando cum fide, et conscientiœ puritalc recipiuntur ; sed
aliquando tanticm duri, et aliquibus, anathema sil. Pcr-
pct. fid. ib., p. lu.
Igitur à primo ad uliimuni seqiiitur, conficlas à
Lulheranis et Calvinislis Sacramenlorum defniitiones
universaiis Ecclesia; doclrina; esse contrarias; co(pie
solo litulo, etiamsi alia momenla deossent, rcjicicu-
das. Quod enim, iiKjuit Tertnilianus do Pniescript.
c. r)8, apud multos unum inienitur, non est erratum, scd
Iraditum; nisi audeat aliquis dicere, iltos errdsse qui tru-
diderunt ; è contrario vcrù quod de r.ovo in Ecclesiam
introducilur, boc ipso enoris mcrito accusatur, quia
verâ doclrinà posicriiis.
§ 2. SiiKjuldtim eœdem definitiones refolluntur.
Notabimus modo in speciali , nriacpix-que harum
dcfinitionnin qwid vitii iiabeat , omnibus ut evidens
sit, quàm longe à scopo novaloros recesserinl.
I. Sociniani et Anabaptista' refulantur.
De illis quidcm hoc unum juvat observare, (juod
Sacraiiior.ti iialuram_, sive, ut schoîa ioqniiur, difTe-
TIA SACRAMENTORUM.
1203
reiiliam, nec leviler attigerinl ; quod enim aiunt, Sa-
crameuta signa esse quibus Christiani à Judœis et gen-
tilibus distinguuntur; vel esse morum et bonorum operuui
allcgorias, quibus piè et religios'c vivereadmonemur, vcrd
hoc quidem ali(piaiciiùs aHirniant; scd novi nihil as-
scruut, cùm iioc ipsum de niultis aliis meborc litulo
dici possit ; nan>
1" Cullus Dci extcrnus, templorum rrc(pieiitaiio,
; sacrorum ritimm, dierum solcmnium, jcjunioruiu et
abstinentiic observatio, et alia pleraque, si credimus
Socinianis, jure pot.iori Sacramcntis annumcrabunlur;
quia uolis illis ac tcsseris Chrisliaiii à Judiïis cl gcn-
tililius longé ccrtiùs, ncminc diflilenle, dislinguuntm'.
2" Externa fidei profcssio, de quâ ait Apostolus
1 Rom. 10, 10: Corde crcditur ad jusliliam, orc autem
confessio fil ad salulem, ipsaque mors pro Chrislo lo-
ler.ita, prorsùs non videnius, cur potiùs Sacramen-
lum dici non deijcal quàm Daptisinus , qui stalim ac
traditus est, ab oculis evauescit, nuUamque sui relin-
quit, nisi in bomiimm testificatione memoriam; quem
ctiam niulii à (ide deficiendo conteninunt ; cùm è
contrario, eum verè christianum esse oporteat , qui
poiiil pro Cliristo animam suam.
ô° luiô dicendum erit , veterem circmiicisionem
longé fuisse novis Sacramentis cxcellenliorem, cùm
notam suî corporalom relinqueret, quam penitùs de-
lere penès Judaios non erat ; cùm ex adverso nihil
Clnistiano lioniini sit facilius, quàm Sacramcnla acce-
pta m gare, et cum gentilibus inire consortium.
4" Si Sacramentum non aliud quid(]uam sit, quàm
admonilio vit;e benè agendas , niiruni in niodum nu-
inerus Sacramenlorum augciur. Hoc enim ipsum lex
velus monebat, quœ, ut ail Apostolus, Gai. 3, 24:
Pœdugcgus noster fuit in Christo; idemque in nova
lege laciunt, Decalogus, pnccepla, consilia, prccdi-
i catio verbi divini, pneniia bonis pra'parata, deslinala
nialis supplicia, exhortaliones, increpationcs, min;e,
proinissiones, vil* prxsentis airumna;, prospéra de-
ni(jue onniia et adversa; ergo, etc.
I II. Zuinglius refittatur.
I Venio nunc ad Zuinglium voleniem nihil aliud esse
1 Sacrameuta , quàm oppignerationes alignas , quibus se
I homines obligant Christo, ejusque Ileligionem vel le se se-
I qui palam et apertè profitentur ; quàm autem l'alsa ha^c
doclrinà sit, argumenta qux sequuntur ostendeni.
i 1 Hoc ideù sentit Zuinglius, quia contendil homines
priùs cshcjustos, et Christo conjunctos, quàm Sacra-
mcnla rccipiant ; atijui vesanum illud cTogma Calbo-
I licai fidei disiurbalio est , cùm Scriplura ubique prae-
! dicct , non ideù homines divinis Sacramentis donari ,
(|uia priùs mundi et sancli erant , sed è contra nuin-
1 dos cl sanclos (ieri quia veniunt in Sacramenlorum
consortium, llinc Joannis 3, v. 5, dicitur itasci denub
; per Baptisinitm ; et ad Ephesios 5, v. 26 , ait B. Pau-
j lus. Ecclesiam sanctificatam et mundatam lavacro aqitœ
in verbo vitœ , et ad Tit. 3, v. 5, legitur : Aon ex ope-
; ribus justitiiv qitiv fccimus nos, sed secundiim suam mi-
serieordiam saUus nos fecil per lavacrum rcgenerationis
e! rcnviutionis Spiriiùs sancli ; et de Eucharisliù Joan»i
1203
DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
ItiGl
6, V. 50 : Qui imnducat hune ptinem, vivet in œternum;
crgo, eic.
2" Si SacramcnUim niliil aliud sit , quàni oppigne-
ralio qiiâ se lioinines obliganl Deo , ejusque Religioni
dant nomen, conscqiiens est, iii Sacraincnlorum coii-
secralioiie Christiim inertem oliosumqiic jaccre , lo-
lunique luinc ritiim al) aclione hoiiiinis dopeiulere ;
fltqui doctrina liooc piignat aperlô contra auctoritalcm
Scripturœ ; nain si Rapiismus , exempli causa , niera
lantùm oppigneratio est, non verô actio Ciirisli , quid
est qiiod ait Joannes, 1, 35 : Super qiiemvideris Spiri-
tum sanelum desccndentem, et munenlem super enm , liic
est qui bapûzal in Spiritu sanclo ? Quid item allerum
ab Aposiolo Paulo dictuin, Eplies. 5, 25 : Clirislus di-
texit Ecelesiam , el tradidit seipsum pro ed, mundans
eam lavacro aquœ in verbo vitœ ? Si Baplismus peccata
non ablnit, sed solummodf exbibet testinioniiim futu-
r:ie fidelitalis , cur Paulo Anaiiias dixit, Act. 22 , 16 :
Baptizare, el abluc pcccala lua invoeato nomine ipsitis ?
Cur Paulus ipse docuit, Tit. 3,5, Bai)tismum lava-
crum esse regenerationis et renovaliouis ? ergo, etc.
5" Rcs est inter fidèles notissinia , quseqne nec de
Irivio niulicrculas latet, Saoranicnla cvaugclica àSal-
vatoris passioue et ineritis viin oninein suam traheie ,
in ejusque rci testinionium , aquam et sanguinem ex
Cbrisli de cruce peudenlis latere profluxisse : Tune ,
inquit S. Léo (epist. 4, c. 6), regenerationis potentiam
snnxit , quundb de latere ejus profluxcrunt sangtàs re-
demptionis et aqua Baptisviatis . Ideinque Patres alii
comnumitcr docent. Mine Aposlolus luiec duo tani ac-
curatè coiijunxit, Epbes. 5 , 25 : Tradidit scmelipsuni
pro eu , et , mundans eam lavacro aquœ in verbo vitœ :
ulnimirùmostenderctnihi! aquam fuluram.nisi aquam,
si ex Cbristi sanguine admirabilcm qtiamdain virtutem
non haberet ; bine et ipse Joannes clamât, epist. 1, c.
5, V. G : Uiceslquivenil per aquam et sanguinem Jésus
Christus ; rursûnique repetit : Non in aquâ soliim (nt
antca Joannes Baptisla), sed in aquâ el sanguine, idest,
in aquâ suo sanguine delibulâ, et propter illam cum
sacrocruore commixtionein, ad expiationem scelerum,
vitjoque prioris purgationem eHicaciter opérante ; jam
sic prosequor argumenlum :
Atqui si vera Zuiiiglii doctrina foret , Paulus et
Joannes, et Patres denique universi crroris convince-
renlur ; populorum inanis esset confessio ; ipseque
Cbristus inutiliter latus suum transfigi, el sanguinem |
indè cum aquâ inanare voluisset ; quid enim, amabo '■
opus erat, passione et morte Mediatoris, ad conden- \
dum Testamentum novum , et nova Sacramenta in- ;
stituenda , si nibil babitura efficacise et virtutis , nisi
ut essent pignora quaedam humana , quibus se bonii-
nes Christo vovereiit, ejusque velle sequi niilitiam pro-
fiteréntur ? Ergo, etc.
!II. Lullierani refeltuntur.
Lutberanorum omnium nomiiie Kcinnitiiis, ut prje-
diximus , Sacramentuni ita descripsit in Exam. conc.
Trid., pari. 2, cdeEffîeac.Sacram. Esl,\nqu\l,signum
mnieriale ; prœceptum in novo Testamento , obsignans
imtar sigilU promissionem graliœ ; in quà nuidcm de- *l
rinilionc,quol penè verba , un viiin nnlmadvertimus.
1" Falsum est quod dicit , Sacraincnluni esse de-
bcre signum inateriale ; nam per banc vocein intelli-
git corporale elementuin, quod sensum videndiet làn-
geiidi afOcial : quoniodô a(|ua Baptisniatis est et verô
(licitur cloinentuni ; atqui laisô asserilur, oniiic legis
nov;ie Sacramentuni tractabilcm baberc niatcriam ,
oculis et niaiiibus obviam ; nam [)œiiitentia verum est
in Evangelio Sacramentuni ; eademque sacro ordini ,
cl malrimonio diguitas ex divinâ inslitulione conve-
nil ; alipii nec in Pœnilenlià , nec in ordino , nec in
Matiinionio clenientiiin propriè dictuin occurrit, quod
matcri;« viccm gerat. Eigo Liitlicraiii longi.>;>,iirré il
•sacra traditiono recediint.quâdocemur ad Sacranien-
tum sulïicero, quôd sit res seiisibus subjecta , id est,
sivc visu, sive tactu,sive auditu percipiatur.
i" Falsum est quod affirmai, omne Sacramenlum
debere necessariôin novo testamento esse privceptum ;
banc enim condilionem boc sensu intclligil, quùd vc-
lit omniiiô Sacramenta non esse, nisibabeant expres-
sum in diviiiis lilteris maiidatum ; atqui error liic est
Lutberanorum iiitolerabilis, verbo Dei aperlè contra-
rius ; nam ad verum Sacramenlum sufficil diviniim
inandatum, cujus oo(|uale est pondus, vis eadem, sive
in verbo scriplo , sive in Iraditione contineatur. Er-
go, etc.
Dcindè quando Cbristus in pervigilio morlis suoe
novum pascba , velere adimpleto , sancivit , verè in-
stiluit Eucliarisli3C Sacramenlum , et verè discipulis
contulit ; quod non negant Lullierani ; fuit crgo Eu-
cbarislia Sacrameiituin , antequàm ejus expressuin
m.Hidatum in sacris lilteris baberetnr, cùm aliqiiot à
morte Cbrisli amii anic omncm Scripturâm effluxe-
rint; Matlhaius cniui non ante annum xrx vulgaris
39 , id est , à morte Cbrisli 0 , scripsisse Evangelium
creditur : Marcus verô aiiiio 43, Lucas 50, postremus
omnium Joannes anno 90.
Pncterea verum Sacramenlum fuit Baplisma , quo
S. Pelrus plcraquc liominuin niillia in prima Evan-
gelii pricdicationedonari jussil, Act. 2, 58 ; -4, -4 ; ve-
rum Sacramentuni fuit manuum inipositio cum ora-
tione conjuncta, quà Apostoli primos diaconos conse-
crârunt, Act. 6, C ; babuit et veram Sacramenti naturam
inipositio manuum , per quani qui à Pbilippo diacono
fuerant baptizali, acceperunt Spirilum sanelum (I) ;
(1) Ilec probalio, quam tradunt Juenin. el Ilenno,
non (irma adiiiodùin videlur. Nam , ni ail Turnclius ,
quu'Sl. 1, art. 1 , « sano sensu Sacramenta dici pos-
4 sunt signa seu sigilla (piiiius diviniv i)romissioncs
« conlirnnntnr, non (piideni ex parle Dei, cujus pro-
« luissio ex se firnia esl , nec vade aul sponsore iiidi-
« gel, sed ex parle nosUî, ob fidei nOblr;i; lardilalem,
« et iinbecillilalcin. Coiifirmaulur aulem , non niera
« (liinlaxal ac slcriiioslensione seu sigiiificalione gra-
« li;e , sed collatione ; non speculalivè lanlùni , sed
« pracliiè : confirmai enim Deus in iiobis suas pro-
j missioiies lùui maxiiuè ciiin per sacramenta, veliit
« pt'r insirumenla , illas adimplet, ac \eluli obsignal.
« Valere eliam pluiiiiu'iin S;ur;um'iila al jn' :itîi!:itu
« lidem nostnmi ei excilandam piclalem jiguoscit
« Calccbismus concilii Trid., pari. 2, M, 13: Ma-
( gnum , inquit , vini liabent Sacramenta ad fidem in
1203 QU.EST. I. m: KSSENTIA S^ACRAMFNTORUM. 120Û
alqiii luifC omnia oonligorunl nnloqnimi sciipli foronl T orcdidcnt : Diini ircnl ]>er viani, nil niKtor sacer , Ad.
liliri iiovi Tcslanioiiti ; cv^n fjU'iuliim (liviiitiiii iiiaii-
daluni, sivc scriplo sil cxaratiini, sivo non, paris esse
aiiclorilalis , nequc ideù sacra qtin;(Ia;)i symiiola Sa-
crameiila dici , qnia coiisignala siinl lilloris ; scd in
coiilrariiim ideù oonitn in vcriu) Dri scriplo uicntio-
iiciii fiori, qnia antcliàc à Cinislo vivx' vocis oraculo
fiierant inslilnla.
5" Falsnni est qnod dicil , SacranuMila obsignare
instar sigilli grali;ip promissioncni ; iil cnim divinis
proniissis pcr Sacranionta aliqnod robnr accpdciet,
di'Iier.nt esse efrioa( iora ad lidoni pcrsnadcndani ,
ipsis proniissioiiibns ; alioqiiin IViistra ad carurn con-
(innalioiioin cxiiiborenlnr; atqni Sacranionla n(»ii ba-
bi-nl niajnroni divinis proniissionibns ceriitudincm ;
nani proinissituios Dci cnniinonliir in vcrbo ojiis.iinô
snnl vcrbnni ipsmn divinnni , lioniiniittis vcl scriplo
vcl Iradilione signilicalinn ; aUpii Sacranienla veibo
Del nec cerliora sunt, ncc cbiriora : cùni è contrario
à verbo Dei suani onineni significalionom et ceriitu-
dincm innluentur, ila ni non ailler qnàni per verbuni l
Dei, Veritas eornm et certilndo , i'atenlibus Lnlhera-
iiis, probari possit; ergo faisnm es'., Sacranienla ob- î
signare instar sigilli gralia; promissiones. Noie 22
Deinde , qnod aiunt, Sacramentis sic uli Deuin , !
qnomodô miracnlis , ad fidem proniissis suis conci- j
liandani , \\\m absurdiun est , quàm quod absurdissi- j
nnnn ; id quod experinientinn ipsuin persiiadcl : po-
iianms enim viruni aliqneni apostolicnni , postqnàm J
annuntiando Sinensibus abstnisissima Christian» Re- j
ligioiiis mysleria diù mullùnique sudaverit , eosque
verbis quàm potnerit velicmenlissiniis ad tideni am-
plecteiidam fuerit liorlalns, pra'dicandi negotiuni sic
al)Solvere : Ul autem faciliiis crcdntis vera esse quœ di-
co, erigile oculos , meque aqûœ irrigalione capita veslra
perfundentem mirabundi suspicilc , ut in hoc tandem sa-
cra rit't compellamini diviiiariuii promissiomim miracu-
louim confirmnt'wnem (ujnoscerc;yM\\ qnxM'O, quis non
videat Sinenses pra-diealinne bnjusniodi , ad risunri
niagis quàm ad pœnitentiam coinmovendos ? Quis in-
ducat in animuni, eos ideô Evangelio crcdilnros, quia
vident erga se lieri , quod Judiei , quod gentiles ipsi ,
pancis mulalis observant ? (|uis è contra non videat,
nunquàni lulumni ut Baplismi virtuli elefficaci.e ani-
me acquiesçant, nisi antea Evangelio crediderint?
Ilinc Pbilippus diaconus cunucbum non ideô baptiza-
vil ut crederet , aul lirmiùs crederet, sed qnia ante
€ mùmh no?,trh excitandam et exercendam, et ad chari-
< intem iuflammandam. Panlô atiti; diverat , Cltrisium,
i eUm peccalorum vmium , cœteslem (iratiaui , Spiiilus
< sniicli conimiinicutiinicm iiohis pollicitiis est , qnwdiuii
i siqna ocnlis et seusihits suhjrcld iiislilv.issc, quitus eum
^ quasi piffnoribus, obliqatum liaberemus.atqur ila fide-
i lem in proniissis fuluruni dubitare nvnquam posse-
« mus.
« itaijnesi in nnodnnlaxat verbornm sono ac cor-
t ticc b:ererenuis , ai) liiie anctornm Catecbisnii scn-
i tenti;\ reeedere non viderenliu' no\atores, ciun Sa-
i cranienla delininnl , siqna seu siqilla quibus divinœ
€ in nobis ])romissiones obsiqnantur et confirmantur.
^ Verùm multij)lex in eoruin senteniiâ error invol- i
« vitur. I (Edil.) i
8 , 30 , venernnt ad quamdam a(jnani : cl ait eunuclius :
l'xcc aqna, quid proliibet me baptizari ? Dixit autem l'Iii-
lippus : Si credis ex toto corde, licel ; et rcspondens ail :
Credo filium Dei esse Jesum Cliristnm ; el jiissil stare
iurruni ; cl desccndcruut ulerijuc in aquam, l'Iiilippus cl
cunuclius ; et baptizavil eum. Krgo, etc.
4' lu iiis ipsis verbis, ot.sij/iiriHs prom.ssiunem ijrutiœ,
doius est, cl iicél videanlur primo inluitu cuni callio-
lico dfigmale consenlirc , perniciosissimam lia'rcsiia
expriniunl; nullani cnim volnnt Lnllierani in Sacra-
mentis conlerenda! grali.e esse vii lulem, quod callio-
lica crédit et propugnal Lcclesia ; sed pnlant nuda
esse signa, ad aiendam et cxcitandam (idem divinilùs
instituai, eodemqiie modo ad juslilicalionemconferre,
(|uo pnedicalio vcrbi Dei , eum lioc lantùni discrimi-
ne , quôd pnedicalio per andilum , Sacranienla per
visum excilent lidem ; bine illaLullieri impia scnteii-
tia , lib. de Capt. Babyl., c. de Bapt. : Daplismiis ne-
minemjiisliftcal, neculli prodest, sed fidcs in verbum pro-
missionis, cui addilur Baptismtts : liœc enim justificat...
idem Dens qui nos nunc per Baptismum et punem salait,
salvavil Abel per sacrificium, ISoeper arcam, Abraham
per circumcisionem , el alios omnes per sua signa. lia
Luthcrus, cujns doelrina ctsi absurdissimasit, elbac-
lenîis iiiaudila, ab allero dogmale sponté lliiit, in(|iio
posuil sua:; luiercsisfundanieiitum.contendensiiimiri'im
boiniiiem jiistum Heri, non jusiilià intùs accepta, qiio-
niodù dodus et bonus est, virlute et doclriiià iiilrin-
secùs inhscrente, sed solâ Cbristi justiiià exlrinsecùs
imputatâ , eanique jusliiiani eo solo oblineri , quùd
certissimè quisqne credat diniissa sibi esse peccata ,
eâdem fide quàCbristnni in niundum venisse profile-
lur. Atqui bccc principia falsa sunt, et evangelicœ do-
etrinae conlraria. Ergo, etc.
IV. Calvini dvfmitio expugnatur.
Ilincque conlulala niancl data à Calvino definitio ,
quani prsedixinius ex duabus pnccedeniibus esse con-
flatam ; lanlùm liic diverses quibus scatet errores in ■
dicabimus.
1" In eo est quôd dieit Sacramentum exlernuni esse
symbolum : licet enim absolulè boc verum sil, quo
sensu ab Ecclesià calholicà inlelligitur , in mente ta-
men Calvini est falsum, quia conlendil Sacramentum
nudum esse symbolum , spéculative quidem signili-
cans , sed omnis virtulis omnisiiue eflicacix> expers ;
nec obslat quôd Sacranienla, iiislrumenla juslilieatio-
nis alicubi appeliaverit : boc enim ununi bàc voce
significavil, Sacranienla fidem cxcitare aul alere, non
virtule aliqnà divinilùs insità , sed nierè objective et
repr;esentalivè, ut lo(piiinlui'.
2" Error est , quôd Sacranienla divin;e erga nos
benevolenli:v signa vocal , nam per divinam benevo-
lentiam, gratiam pr;T;deslinalionis inlelligil, qu;c non
priesens est, sed pra'.tcrila et alterna ; (|uamobrcni in
anlidoto eoncilii Trideiilini, ad sessionis C» canonem 5
ait : Infantes baptizari, non ut in adoplf^/tem filioruw
à Dec recipiantur , sed ut hoc velut sigillo obsignetur
promissio œteruce vitœ , quœ ad cas ver graliam proc-
1207 l>E UK SACRAHIENTARIA. —
(Irslinalioiiis jam peiiiiicbal ; cl in caiioiicm 7 sossio-
nis 7, ad ciim fmem Sacramentarel'creuda esse affirmai,
lit ccrlos nus reddaut perpétua' adoplionis et ijratiœ , ad
(junin antc luuiidi coiislitutionein fuinuts pra'dcslinati ;
alqiii seiiloiilia luvc i';<Isa esl, aijsuiila , peiiiioiosa cl
iinpia : naiii ,
1" Apcrlc pugilat cuin sacris lilleris expresse signi-
ficanlibus per Sacramenla et ex vi Sacratncntoruin
gialiaiii actii conferri, ut conslal ex Icslimoiiiis sa'pù
|»i'()l;ilis ; (al,-,ù crgo Calviims afiirinat, co duiila\al
sensu Sacramenla (livin;c erga nos l)enovolen(i;c signa
\oeai i, quôd graliani signilicenl, non qwx in pncsenli
delur, sed qu;x; pnçlerila sil cl icleriia.
T Si vernni foret quod adeô coiifidtMUer aflirnial,
Sacramenla non grali;ic pra^senlis , sed a^ernie pnic-
deslinalionis esse sigilla, inde scquereliir Sacramenla
cis non es-c necessaria , qui sunl ad viiam alcrnam
prspdesliaali : iiaberent enirn sine Sacramcnlis jiîsli-
liani et sanclilalcm, proul fatelur ipse Calvinus, alio
loco affirmans , eos qui sunl in vilam a'ternam praï-
deslinati, nasci cum oruamenlo jusliii;e, neque ex-
speciare ad sanclil:Ueni hahendani, donec fuerinl ba-
plizali ; alqui consequens illud impiuni est, et cou-
trarium oraculo CInisli die enl's, Joan. 5, 5 : IS'isi (/uis
renains fuerit ex acjuà el Spirilu sanclo , non potesl in-
troire in reymim Dei ; nam quod Calvinistic conimciili
sunl , in lioc Joannis leslimonio , non de ingressu in
vilam îTlernam . sive in rognum ca'ionim , sed de in-
iroilu in Ecclesiam , quœ est regnum Chiisli vjsibiie,
iieri menlionem, merum elTngium esl, ad caus;ic dé-
plora Ue qualemcumqiie defensionem, contra Scriplurai
iiicnlem el perpeluam Groecorum et Lalinoiuni doclri-
nam invenlum ; iiôrunt enim qui Hebraicè scinnt,
consuelo Judx-orum loquciidi more, regnum Dei el
regnum cœlorum , unum idemque signilicare ; neque
niiuîis coinpertum est , Gryocos et ()rient;des penè
omi!C5 cum Lalinis scriploribus, verjja (^iirisli non de
Ecclesià visibili , sed de aMernà bcatiludine perpetiiù
inlellexissc : quod esset laciilimum , adduclis eoruin
verbis, oslcndere, nisi allerius esscl loci et lemporis
liiv,c disquisilio; V. Defens. Perp. fidei , p. 295.
Ergo, etc.
5" Scn!enlia h?cc Sacramentnm plernmquo falsum
dcmonslral, rcddit ministriirn sacriiegiiun , quodquc
diclu borrendimi esl, Deum ii>sum niendaeem facil;
iiam si Sacramcnlum divimmi est jusjurandum atqne
sigillum, quo celernrc pnvdeslinalionis promissio oi)-
signalur, quolies conliiigil fconlingil vero sxpissimc)
lit roprobus aliquis l)apli7.elur , conse piens est sacra-
«icnlalia verba esse falsa , cl ore minisiri menliri
Dcinn ; quod ut exempbj fiai manifeslum , leginiiis
Acluiim 8 , V. il), Simonem magtuii , cùni aiidîssel
Pbilii)i)imi diaconum evangolizaiilem de regno Dei ,
bapiizaliiin fuisse, eidcmque Philippe adiia^sisse : po-
iiamus niodô id quod factuin legiraiis fieri nobis proc-
sciUibus, à PhiIii)po Simonem in aqiiam mergi, siniul-
que evangelica verba pronuntiari : Ego le baplizo,elc.;
cirlè, si (pia Calviiio fides, Deus in boc ipso lemporis
ani'ulo apud seipsum sic pronunliat : Ego Deus
[>:; SAf-IUMENTIS IN GENERE.
120S
X œlcrnus leslor acjuro, cl sigillo meo diviiio ubsigno, te
; Simonem à me jam inde ab œlernilale elecitim, el ad
regnitm cœlorum infaliibili decrclo prœdcstinatum ;
alqui falsum est lioc leslimonium , falsum jusjnran-
diim, falla\ sigillum, cùm Simon li;cresiarclia el magus
ccrlissimè sit de numéro reproborum ; undc conse-
quens csl , falsù in Scripturâ diclum , niim. 25, 19,
non esse Deum quasi liominem, ut mcnlialur; et contra
qiiàm ab Aposloloanirmalur, Hebr. 6, 17, 18, non esse
impossibilc menliri Deiim, eliam quaiido ad ostrnden-
dam liœredibus immobililatem consilii sui , interpunit
jusjurandum. Ergo , elc.
5" Eiror est quod dicil per Sacramenla divinx- be-
nevolcnli.e promissionesconscienliis nosliis obsigiiari
ad susUiieiidam fidei noslr;v imbecillilalem ; nau), ut
cetera argumenta prcclermiltam , parvuli quando ba-
ptizaiilur, vcrum Sacramentum suscipiunl, quod nec
ipse ncg.il Calviiuis; alqui iiulla in illis accepli bene-
(icii conscienlia esl, iiulla aclualis lides, propler ipiam
obsignaiidam Sacrameiilo opus sil ; quod cnim Lu-
lliertts comiiienlus esl , infantes quando baplizaiitur,
aclu Deum cognosccre , aclu credeie, actu amare,
quomodè olim S. Joannes in ulero malris Cbrisli
pr.rsciiliani seiisit, el pr;e gaudio cxullavit, adcù ab-
surdum est, ul risu potiùsquàm ralione debeat relu-
lari ; qiiam in rem apposilè S. Augustinus, Episl. ad
Daidan. : Si usqueadeb, inquit, inillo puera (Joanne
Haptislà ) acceleratus est usus rationis el volunlutis , ni
inlra viscera materna jam possct agnoscere , crcdere,
consentire, quod in aliis pannilis œlas exspeclatur ul pos'
\ sinl : eliam hoc in miracuUs haiendum divinœ polenliœ,
non ad liumanœ traliendum esl exemplar natnrœ ; nam
quando Deus voluit , etiam jumcnlum mutum rationa-
bililer csl loculum, ^'nm. 22, 28, nec ide'u sunl admonili
liomines in deliheralionibus suis, eliam asinina exspectare
consilia ; quocirca nec quod faclum esl in Joanne con-
lemno, nec inde régulant qnid sentiendum sil de parvulis
figo , imb id in illo propterea mirabililcr prœdico , quia
in aliis non invenio...; ncscire autem divina purvulos, qui
nec liumana adliiic norerinl , si verbis velimus ostendere,
vereor ne ipsis sensibus nostris faccre videamur inju-
riant, quando id loquendo stiademus, ubi onnes aures
officittmque scrmotiis facillimè stiperat evidenlia veri'
lalis.
Quod verô reponil Calvinus, lum priniùm in cordi-
bus parvulorum operari Baplisma , quando incipiunt
uli ralione, licèl non sil adniodi'im à sensu communi
alienum, non lamen salisfacil; si enim ila se res lia-
beat , vicerunl Anabapiislœ liaplismuin ad aduliam
usque jclalcm procraslinantes, et perperàm Calviniani
agere convincunlur , infantes sine discrimine bapli-
zando ; lutins iiamque luret, Baptisiiuim in illud lem-
pus differre, quo exerendic aclualis fidei sunl capaces :
nam mullù el'licacius est ad lidem excilandam bcnefi-
cium quod actu recipilur, quàm ejus quondàm accepli
recordalio, pnieserlim si illius memoria, non ex pro-
priâ scientià, sed ex alioriim leslimonio babcntur; nec
respondere possunt CalvinisUc, ideô lingi infanles, ne
in periculum a'iernic damnaliouis incurrant , cùm
1209 QU/EST, H. DE SACRAM. QUOAD STAT. INNOC, LEGIS NATLR/E AC MOSAICE. 1210
Calvini seiUciilia sit , parvulos priedcslinatos cliaiii "S loin proul iiioralo fiiioddaiu est liiiinaïuT, sanclificalio-
siiie Haptismo salvari , et pcrire reprobos eliam Ba-
plisino siiscopto. Ergo, elc.
Jam ul proposilmn porseqiiamiir, sit
QU.ESTIO SECUNDA.
DK SACRAMENTIS TLM QIOAD STATLM INNOCEN-
TI.E, TIM QUOAD STATLM LEGIS XATL'R.E AC
MOSAIC^.
CAPL'T PRIMUM.
ITnUM IN STATL' IN.NOCENTI F. ALlQl A ADMITTF.NDA SIN T ,
AI T ADMITTI VALEANT SACRAMEMA.
Natiira liuniana jiixla diverses slaltis eoiisidcrari
polest , qiioniiii alii possiltiles dicuiiUir , alii vorù
rcapsè exslitoiuiit. lli (lualiior recensenlur, slalus
jieiiipe iimocentiœ aille lareiiliim iioslruruin cul|(am ;
Slalus, qiiem tegis na^ujo,' appellaiil ab Adaïui lapsu ad
])ruiiuiIgalioiicin usque Mosaicic legis , vcl , ul ciiiiis ,
ad pru,'cepliiin Abrahamo ejiisque posleris inip!)siluiii
de eiicuiiiCTiionc : status le(iis scriplœ à Mosaicà lege
ad Cbristum ; ac laiidom status cvangelicus, qui iii-
cœplus à morle Chiisli usque ad seculi consunimalio-
jiem perdurabil. Qux ad poslrcinum hune statuai
pei'lineiu salis bic expenduiitur, queniadiiiodîim el ea
qu:i; allineut ad circuMicisioiioui in iractalu de Ba-
plisnio ; unde de cxîeiis tanluniinodù sernioiiem
habcbiiuui ; ac priiMÙ qiiidein de statu iiinoceiiti;e.
llaipie
Cuiiclusio prima. In stalii innocentiéC quo Adam
aille lapsuin politiis est , nulla reapsè cxstilère vcri
nominis Sacraineiila. Prob. Nam eo in statu aliqiia
exslilisse Sacramenla nuilo iiecdùin cerlo , sed iiec
ctiam probabili indicio deprebcudi polest. Ncc eiiim
liujiismodi iiotiiia vcl ex diviiià Scriptuià, vel ex firiiiâ
Pairuiii tiaditione coliigitar. Ponô de rébus a'j aiiti-
Irio Dei, sicut est Sacramentorum insliiULio, peiulen-
libus, cilra ejus revelationein , qii;e vcl in Scripliiià,
vel in tiaditione nobis tantùni iiinolcscit, nihil pro
arbilratu nostro constiluere possuiiius (1).
Duo lameii opponi possunt, ac soient : I. neiiiiie
quùd in paradiso terrestri , ubi Adam versabalur, crat
ligiuim vit;ic in medio ipsius collocatum , de quo
sanclus Auguslinus, lib. 8 de Gènes., ad litt., cap. 5,
scripsit : Erat ci (piiiiio scilicel liomini) in li(j)iis cœ-
Icris alivieultim ; in islo Sacramentum ; quo iiominc
eamilem arborem appellat eliam in lib. cont. Advers.
lcg:s et prophet., c. 20. Ulleriùs niatrimonium Adami
cnm Evà ab Apost. ad Ejtbes. 5, Sacrmnenlum ma-
gnum vooaiiir; unionem viiiclicet Cbrisli cuin Ecclesià
V(I ab oxordio Ininiani gcneris repricseiKabat , ul le-
sliiliir ipse S. Loo papa.
Voriim liisfacilis eslresponsio. .\d primurn dicimus
ligniiin vil:c in laliore sigiiificatione iiuiiciipiiri nb
Argii.sliiio Sacramenlum , ipiattuiùs ouilibct rci saciaî
et occull;e sigiio id nominis accommodalur; n; n as.-
(I) IItc argumcntatio non tain probat Sacramenla
non exslilisse, ouàm gratis assorii exslilisse. (IvJii.i (
nis inslrumcntnm . qiicmadmodum illud accipinius in
pr.escnti. Porto iignum vike ad nutrilioneni Ada;, non
ad sanclificationcin deserviebal in f'aradiso. Polcr.U
lamen ctiam fnlui'aui super naluialis beatitudinis glo-
riam, qiiam assecutus essel, si in iniiùci'iiiià pci'uian-
sissel, piicdgurare, juxta illud Apocal. : Viuccnli
dabo cdere de ligno tilœ , quod est in partidiso Dci mci.
Ad alleruin respondemus , niatrimonium Adanii cl
Ev;i; primilùs constitiilum speclàsse ad officiiim na-
tiine, ul ail D. Tlioiiias bic, q. Gl , art. 2, ad 2, non ad
conjuguni saiiclilicationcm ; et solùm , ul inquit ille,
ex consequcnli ali(piid significabat circa Cbristum el
Ecclesiam ; sicul ea omnia alia qna; in ligurà Cbrisli
pra;cess('ruiit. Ilàc ilacpie r.ilione Sucramcntum ma-
gnum appcllalur ab A(tostolo; alque ila iiilcliigi debcl
sancti Leonis leilimonium.
Concbisio U. In statu innocenliyc ctiamsi perdurâs-
set , admilli non possenl Sacramenla ejusdem cba-
raelciis cl condilionis, ac illa qu;c post peccalum
instilula sunt. Id probamiis contra aliquos llieologos
oppositum suslinentes. Qu;e enim post peccalum in-
stitiKa S'.inl Sacramenla necessariù signilicant graliam
medicinak'in à rcdemptore Cbrislo nobis promerilam,
adeùque ejus eliam passionis , cl niorlis aut comnie-
moralionem, aul prx'fignralionem adjunctam iiabenl,
à quâ propterea Iota illoruni cflicacia originem iraxit,
sivead sanctilicalionem pcrfeclam hominibus tribnen-
dam, sive ad imperfeciam, dispositivam el Icgaicm.
Alvero in slatu innoccntiie admitti non possunt Sa-
cramenla , (jua; ad Cbristum ordinarentur , al(|ue ex
ejus meriiis virlutem baurirent, suppositâ senlentià ,
qiiain Tliomist;e, aliique defcndnni, quôd si Adam mu
I peccâssel, incarnalus Cliristus non fnisset.
Conclusio III. Stalui innocenti^e S.icramenta, qua;
i sint signa alque instrunienla cfficacia grali;c sanclifi-
: canfis in rébus scnsibilibus constilula, non videntur
1 absolutè, ac sinipliciicr repugnare, sive posilivam iin-
i perlectionein afTei re.
! Ikec estcoiilra nonnnllos Tboniislas, ac prrcscrtim
Saimanticcnsos, qui ralionein à 1). Tbonià produciam
in an. 2, q. Gl, pro excludendis à statu innoconlia!
Sacramentis. nimiiim , adeo impotentcr , exaggerant,
î ut cà ovincere conentiir intulcrabilem absiirdilalem ,
al(pie ordinis pcrversionem seculuram ex posilione
j Sacramentorum in slalu iiiiioceiiti;c : cùm tamoii siin-
pliciler ad negandam necessitatein alque indigen-
[ tiam ipsonim in i!lo stulu constet à S. doctore f"iisse
i pr.oposilani.
Piob. auîem quoiiiam ilii slalui conlraria non ap-
parenl Sacramenla scnsibilia, neque si secundùm of-
(iciumsignilicandi, neque si quoad sanclificandimuniis
considercntur. Non quideni si spcclenlnr ni signa :
excilari siquidcm ad rerum supernalmaliniii cngni-
linnem scnsibilium objectoruni occiirsu non magis
dedccuissct bomines iu statu innoccnlia' dcgonles,
qu;im ad rerum incorporearum nniitiam naturalcm
seiii;uum miiiislerio dediici ; cùm tanicn cilra did)iu!n
hic coguoscciidi modus locuni illis babuissct, ulpole
1211 DE RE S.VCRAMENTARIA.
ex corporo cl mcnic constnntibiis , et rcrum species
non imniedialè à Deo inliisas (sic ciiini accipere pe-
culiare luit Adaiiii prixilcgiuiii ad poslcros non am-
pliaiulum), sed pei sensus :icquisitashabiluris. Nonne
paiTiilûni tradilione, ac disciplina oportuisset infanles
lune qMoqiie leniiioris edoccri de rébus divinis? Que
verù pacio idpncsliiisscnt parentes, «isi pervoces et
alia corporea signa ?
At neque si ut instrumenta sanclificalionis humanaî
Saçranienla suniantur, eidem siatui repugnare penilùs
inveniunlur. Neque enini de sancliûeatione legali,
et nierè figurativà loquiuiur, quae certè perftclo illi
siatui nequaquàmconveniret; sed neque desanclifica-
lione icUuileni aliquam animai niaculam expungente
sermo est; hiec quippe in boniinibus innocentibus
adilum non invenisset , quin eos confeslim ab inno-
cenliaî statu deturbaret. Yerùm de justillae acceptic,
et babilualis grali.e incremento loquimur, quod eo in
statu profeclù exslitisset. liane verô sanctificalionem
per Sacrainenia boniinibus coin slalu conslitulis con-
ferri, quid, amabo, probiberet? Nonne per externosre-
ligionisaclus rilè pièque exercilos poiuissent honiines
illi sanclitalcm ab origine oblenlam in senietipsis au-
gere? Nonne Adainus insignilci' meruissel, alqncain-
plum sibi pnïniiuni conipiiràsset servando divii.um
pra^ceptum , quo à rei sensibilis , ncmpe arliorci fru-
ctùs degustatione abstinere jubebatur? Al si boniincs
innocentes reruni sensibiliuui nsu, vcl abblinenlià ,
senielipsos sanctificàsseni, cpiidni per seiisibilia in-
strumenta, à Deo sanctificari poiuissent? Igilur Sacra-
menta , sive spectenlur ut signa, sivc ut sanetibca-
lionis human;« instrumenta, cum innocenlioe statu
neuliquàm pngnanl.
Pr;ïcipuum adversariorum iundanienlum i)ropo-
nitur ex auclorilaie S. Tbom. quam objiciiMit ex
cilato loco, bis verbis conceplà : In slalu imoceniiœ
anle peccalum Sucramcnta necesscria non fuennit.
Cnjus ratio accipi polcst ex rcclitudine slalùs illhts, in .
quo superiora inferioribus cloininabamur, et tiullo modo
dependebant ab eis. Sicut enhn mens suberat Dca, ila
menti suberant inferiores animœ vires , el ipsi animœ
corpus. Conira Imnc autemordinemessel, si anima per-
ficerelur vel quantiim ad scientiam , vcl quantiim ad qra-
liam per uliqiiod corporale. El ideo in statu innocentiœ
homo non indiqcbat Sacramenlis, non soliim in qiiantim
Sacramenta ordinantur ad remedium peccati , sed elinm
m quantiim ipsa ordinantur ad animœ perfectionem.
Ex qnibus videtnr S. Tbomas opposiUis senlenti;c à
nobis consiilulai.
Rcsp., dist., Tbomaî sensum ex ejus scopoelicien-
dum esse: scopus aulem ejus erat necessitalem et
indigentiam Sacramcntorum ab eo slalu removcre ,
quam post peccatum indè potissiniîun enatam in supe-
riori artic. adslruxcrat, quia bomo peccando se snb-
diderat per affectum corporalibus rébus. Quamobrem
ni medicina congruerel morbo, et vohili loco nialè
afieclo applicaretur, oporlnoral e\ corporalibus Sa-
cramenlis remédia , (piibus ad Denm revocaretur
conliccre. Undè, si boc liiulo Sacramenta in siatu
DE SACRAMENTIS IN GENERE. 1212
innocenlia; ponantur , aliquid ordini rectiludinis
in illo statu prœsumendoe conlrarium induciumiri S.
Doctor signilicat. Cùni ergo asscrit contra hune or-
dinem fore , si anima perficcrelur, vel quantiim ad scien-
tiam, vel quantiim ad gratiam per aliquid corporale,
ut fit in Sacramenlis : boc modo inlelligendus est ,
qualenùs banc perficiendi rationem naturalis animai
infirmitas , et ad sensibilia proclivitas postnlaret.
Hoc lamen non impedil quin aliis de causis , et ex
divin:!; vohinlatis boneplacilo potuerit bominum in-
nocenlum sanctificalio eliam per Sacramenta corpo-
ralia promoveri.
Neque bine subinferas quidpiam originalls perfe-
ctionis, etemincnliLC perSacramenlorum usum innni-
nnliun iri in slalu innocenlia?. Non enim rébus
sensibilibns, quà sensibiles suiiî, homines ea adlii-
benles subjicereniur, sed magis Deo in Sacramenlis
et per Sacramenta o^'cranti : pnocipuè verô cîmi
nullam pbysicam causalilatcni , qnalem nostris Sa-
cramenlis Tlioniislie .idscribunl, in iisdem imaginari
cogamur , sed illa solùm vel moralia inslrumenla ,
aut poliùs condiliones aliquas pro uberiore sanctifi-
cationeproDscripias concipere liceat.
Conclusio IV. Slalui innocenli;ie eliam duraluro
Sacramenla neccssaria non fuissent.
lia D. Tb. in land. art. 2, et scrmo est de neces-
sitate non simpliciter dicta , sed qua; vel solùm dé-
signât congruiialcm , ulililalem, ac posiiivam con-
venienliam. Prob. quia neque ni signis ad divinornm
cognilionem, neque ut insirumenlis ad animaesaïuti-
tatem comparandam illius slalùs boniincs sensibilibiis
Sacramenlis adjnvari indiguissent . Non qiiidem ut
signis : etenim in illo slalu mens bumana pcrfeclâ
domiualione pncdila (nisset in vires inferiores, sive
in molus sertlienlis appelilùs, nec carnis inlirniila-
libus, neque animi pertnrbationibus, nec rcrum
sensibilium illecebris , à divinorum contemplaiione
avocata fuisset, adeôque certis ac dcienninalis signis
sibi extrinsecùs imitosilis , qnibus ad lulem et recor-
dalionem mysteriorum divinorum excnlendam ineila-
reliir, opus non babaissel : sed suàmet sponle,elex
rébus corporels occasionem arripuisset animum ad
superiora tiausferemll , in cisquc ligensli , et ipsà
iialiira; fclicissimà solertiâ signa , lypos el allegorias
sibiinet exbibni>set , per qua; vel in inliniis robus de
ca'lestibus, ac divinis admonerclur. Ad bunc ila(ine
(inem Sacramenlorum inslimiio supervacanea fuisset.
Sed neque pro sanctilatc acquirendà, qu:e est
pra-cipuus Sacranic-ilorum finis, cormn opéra desi -
derarelnr. Siipiidem ex vi originis bomines illius
slalùs babitualem graliam nacli fuissent, in quà
proinde etiam sine Sacramenlis eos proficcre consen-
taiienni fuisset, per aclus scilicel cbaritatis et vir-
inlnm sibi admodùm faciles et expeditos in illo tran-
quillissimo mentis liabilu cl voluntalis solidà rccti-
ludiiie. Jam verô ad jiriorem anctilalem relinendain,
et a conlraiiis defendendam , qua; potentior gratis
sil.i qn;ereiida erat? Neulio ilaque ex cai>iie Saçra-
nienla pro illo statu neccssaria dcprehenduntnr.
1213 QUJEST. II. DE SACRAM. QUOAD STAT. INNOC, LEGIS NATl'RyE Af. MOSAIC^E. iiW
liiriuies 1" ex Aiijjijsl. rouira FaiisUiiii : Sacra-
meiilit op|)(trlniia fuissi-nt cliain in slalu irinocoiili;c
sallom ad litlri piolcslalioncin , ct ver.r IltMi|^ioiiis
iiioiiiidam sijcietatom. "1" lu on slalu saorificia , ■a\Vh]w
cxlerni cullils excilamenla fuisscut. Cur non cliani
Sacramcnla iis admodinn affinia ? 3° Eslo liominibiis
iuiiocculibus iicrcssaria Sacramcnla non fuissent ,
illornui salloui usui , qui peisoiialilms doliclis inno-
ronlliiin auiisissciit , iiotoraiil osse piolicua ; ueciue
cnim innoceiili;c stalus iabililalcm pcccaudi aule-
rel)at, qucuiaduiodùm ex paivntiun noslrorum casu
coni|ieiluui osl.
lîesp. ad priinuni , fidci prnloslatioiioni liini vorbis,
tiim aliis oxtiMliiribiis signis arl)ilrariè dcloftis , quiR
Sacrauii'nta non siut, exhibori poluisso ab illis qui
perfeolani sanclilalcm adopli jatn fuissent. Veia>
auteni Rciigioni boiiiiucs in statu innocentiiC cor-
porali nalivilale assnciali esscnl, ul|iOto qui graliam
bahiliialom , quà fiiii Oei couj-liluercnlur, ex uiero
delulissent. Verba antcni S. Aug. de bominibus,
in lioc statu corruptie nalunc existeiitibiis, iiitelligere
par est.
Ad seeunduui dico nonnullos esse tbeologos, quos
inter Dominicus Solo , qui cxislimant ncqiie saciilicia
in slalu innocenliiie futuia, tilpole inslilula ad ex-
pianda peccaia, quae locum in eo non invenissent.
Nibilominùs cuni aliis plerisque maximèqiic prj'ce-
ptore Angelico sacrlficiorum usum admilliums in slalu
innocenli^e, quemadinodùni cl religiosum eullum per [
exierna elscnsibiiia signa exercendinn. Ad li;eceni;n j
nalurali quodam instinelu impellitur homo , ni qui <
corpus ct animam , corporalia ct spirilalia boua à j
su(»remo suc conditore ol)liuuerit, eideni uirâque ;
parle famulelur, et in ulrisque suœ priel)eat Dca [
subniissiouis , devotionisque argunientum ac teslimo-
niuui. Sacrificia porrù ad hujusniodi signilicaiioneui
Deo exhibeiidam aplissinia esse constat : perça si- |
quideni quiecumque ab ipso sumnio bonorum om-
nium largilore provenire testanlur bomines , ab
ejusque domiiiio pendere : quod primo ac principa-
liler in sacrilieiis spcclalur : nam cxpiatio pecca-
lorum , quam per iila ctiam conseqnimur , accesso-
rium (|uoddani est , ac veluli ex conscqnenli. Di-;par
autem est raiio inler Sacramcnla et saorificia. Itla
cnim principaliler ad.suscipienlium sauctilicatioiiem
ordiiiaïasuul; b;rc ad cnllum Dei.ct ad lcslifican(him
supremum ipsius in rcs omncs dominium , ct proli-
lendam liciieficiorinn origiuem, noslranique ab ipso
depcndenliam refenmtur.
Ad lertium rcsp., nos sermoncm babere de bomi-
nibus in slalu innoccnli.c permanontibus , à quo si
per delicla personaiia aliquos di-fecturos, et in peccali
ii;iserias ruituros adversarii suppitnani, jam illi iio-
mincs ad sialum alium transireni, de quo non disse-
rimus modo. Quôd vcrù pro ipsis rcdinlegrandis
divina providentia aliquid decrevisset, plané igno-
ramus. Sed unde adversarii probabnut. Sacramcnla
ad bunc cfleolum inslilueiida l'oie? Cur non poliiis
per s(dam pcrfcctam cordis contrilioncm , et ar-
denlem eliarilalem regrcssiim ail graliam illis pcr-
viiim fulnrmn al'lirmant ? Sed divines non conse-
clcimir.
CAI'LT 11.
tTIUM ADMITTIJiF. Ol'OriTEAT SACIWMI.NTA IN STAIU
LEGIS NATIIK K AC MOSAIC.K , ET Qf.KNAM EA FIE-
niNT.
Tempusilliid, quod posl Adaïui peccalum nsquo ad
Abrahainiim et Moysein excurrit , lex luilurœ à tlico-
logis appellari consiicvit, non quod sola naluralia pra-,-
ccpla bomines anlRCircumcisioncm obslringcrent ; sed
quia de agendis pro a'iernli adipiscend:^ salule, solà in-
leriore iiis|iiralione (I), (piasi quodam naliii;c inSlinclii
edocebaiiliir, nullo exieriùs iira'liicenlc legi^ magisle-
rio, quùd liiiiiianaruni menlium allenlioncm nalivà im-
brcillilale , atqueinconsiantiâ pcrexicrioraeisensibilia
vaganlcm veliemenliùs allraberet alquc lenaciiis dcli-
gerel. Qnanquàm aiilem lex scripla, qiire b'gi naUiraî
successil, soiïim per Moyseui data fiitMil, ad liujus la-
mcn ictalcm revocalur et illiul iiilcrvallum , (|iiod al»
Abralami vocalione ad Moyscm usquc imcicrlluxil ,
veluli quœdam ad scriplam Icgem inlroduclio. Posi-
livoenim circumcisionis pra^cepto in Abraliami lanii-
' lia cl posteritale vigeiile, ila apparilionibus ad pa-
iriarcbas idenlidem faclis illiiis tcmporis obscurilas
clarescere co.'pit, ut veluli scripux; legis crcpuscnhim,
aiil aurora merilù dici queal. Sed iilriim antécédente
tempoie aliipia Sacramcnla babereiil bomines illi qui
veram Ueligionem colebanl , qu;ïSlio esi in allissiino
sacrarum liUerarum silenlio adco iiicomperla , ul so-
lis conjecturis supersil locus. Quac igilur verisimilioi a
videbunliir slaluemus.
Coiiclusio prima : In Icge natur* apud venc Reli-
gionis cullores signa aliqua sensibilia exslilère, quibus
suam in CbrisUim vcnlurum lidem prolestarentur.
Prob. Nam vera Religio in hàc providenlià, sive
reriini à Deo conslitnlâ dispositione, sine aliquà, sal-
lem siibobscnrà et implicilà , in Cbristum venturum
lide, nnnquàin coiislilil, ul tbeologi in tract, de Fide,
ct Iiicarnationis mysterio pluribus oslcndcre soient.
Sed nec hujusmodi fides carere poluil aliquibus exler-
nissignis ad ipsam cxpromcndam, alqiie explicaiidam
arcommodalis. Ergo Imjiismodi signa neganda iiousuut.
Major liiijusce aigiiiiu'iili proposilio lanqiiàm ccrla
rcciperelur, et alibi, ut diximiis, demonstratur. Miiior
autem suadeiur. Nam fidem Cbristi venluri exlrinsecis
qiiibnsdam corporalibus signis exprimi, alque iiulicaii
ab lioniinibii'. neiim anle Icgem scriplam cidenlibiis ,
cxposcebal luiii illoruin naluralis condilio ; niliil ciiiin
(1) Omnino crcdi non polesl pra'cepla, vel ab ori-
gine niiindi à Deo per revclalioncm Madita, solà posl-
lià( inlciiori ins[iir;iiiont^ fuisse promiilgala: ca cnim
sine diibio paires lilio» doceb.ml. Aliunde qua- ratio
luissel pra-ccpla positiva revilandi exieriùs, si bomi-
nes ad ea (lignosicnda inlcriio cuidam inslinctui post-
ea relirli e-scnt? Ni^i l'orsnn dirai quis prau-epta
birc iicipiaipiàm pio saiiilc adipisccmlà implcri de-
buissc. [(Iciico lex iialiir.i' sic vocaliir \ er opposilio-
iii'iii ad Icgiiii s( ! iplain. et (î\. eo quod iialiiraiis ratio
polioies lune parles babcicl. (Edit.)
1215 DE RE SACRAMENTAUIA. - DE SACRAMENTIS IN GENERE.
121G
magis lioniimiiu iiigeiiio et consucludiai consenlancmn
esi , quàm inlernos animi scnsus signis cxlerioribus
proilcre; liiin ejiisdcin lidei objecliini , qiiod eral Fi-
lius Dci iiiaiiifeslaiidiis in carne, ac sensibilibiis mo-
dis, oorporoâqiie |)as>ioiie boniincs rcdempturus : lùm
religionis iiisliiiclus et obligalio, qiiœ cùin sit de co-
lendo Deo, nedùm monte, sed et corpore , pcrfeclè
cxerceri non polest sine signonmi sciisibilium iisin--
palionect usii. Ha'c aiilcni, si seniel adbibenda sinl,
oxpriniend;e (idci qiiani pn filclur Religio acconimo-
data esse oporlerc ncnio nt»n videt ; adeùque Cbri-
slnm quadanilenùs speclare demiernnt,
Coheliisiù sccujida. Flnjusniodi signoruni nsus, aut
apiilicalio necessaria Cuit in le;^c natin\e ad parvnlos
ab originariâ iabe expiandos.
Prob. Nani parvnlos iilins lonipoiis sine aliqno rc-
medio, qno ab originariâ cnlpà niundaronlnr reliclos
fuisse, perpcndonlibns Dei iniscriroidiani in omnes ef-
fnsam, et gcncraloni salvandi boniines vohmlaieni ,
incrcdibile prorsns videlnr. Absit enim (inquit Innucen-
lius III, in cap. Majores) ut universi parvtili pereant ,
quorum quolidiè tanla mulliludo morilur ; qiiin et ipsis
viiscricors Dcus, qui nciuincin vull pcrire , uliquod re-
medium procuraverh ad salulem. Qulc ratio ad eos quo-
que pcrtiiigit, qui in legc naturœ nascebantnr. Sanctis
quoque Patribus absurdum vlsum est ejus tcnsporis
iniaiiies expialione caruissc, ut ex pluribus coiuai ic-
sliinoniis aperlè bijuct. Porrô boc renicdiinn in fuie 1
C.bristi ventnri coliucanduni esse ea qu:c innuinjus in
pr;iecedcnte proposilione manifestant. Unde Augnsl.,
cpist. 190 , ad Optalum merilô dixit : Illa csl fuies
salvn, qnâ credimus nulluin liominein, stvc majoris, sive
parvulœ quamlibet et recenlhœlahs, liherari à contnqioue
morlis aiUiquœ nisi per umnn Medintorcm Dci et
homimim, hominem Chrislum Jesuin. Atqui non in eà
requirit, nonnisi profeclô cxlornum fidoi signum de-
signal. Augustino ad>lipulalin' anctor bbri de Cardin.
Cbrisli Oper., et acccdil S. Tbomas , qui in 4 sent. ,
dist. 1., q. i, art. 2 , in(pnt : Dicendum est, qubd unie
leijem scriptam eranl quœdaiu Sacrameiita neccssilatis ,
sicul illud fidei Sacramentuin, qnod ordinabatur ad de-
letionemor'ujhialis peccati. El in disp., q. 4 do Malo,art.
8, ad 12, fides antiquorum cum aliquù prutestationc fidei
valebat parvulis ad sulutem. Ac denunn, 3 parle, q. 70,
art. -i : Probabile tamcn est qubd parentes fidèles pro
parvulis natis, et maxime in periculo exislentibiis , ali-
quas preces Deo fundercnt , vel aliquam benedictionem
adliibcrent : sicut adulti pro seipsis preces et sucrificia
offerebant.
Eanidem sentenliara llrmant valida rationum nio-
menla : 1° quia fides parentûn), nisi aliquo modo ap-
plicaretur, ac veluti tranforretur ad parvulas , qno
l'aclo cis ad salnlcm adjnmenio esse possoi , noqua-
qnàni intcHigimus. iNeqiie enim eis proderat ob cre-
dentis meritum et sanctitatem; cùni etiam cliarilate
deslitula eumdem niliilominîis babuisset cirectum, ut
asscril D. T!i., loco cilato de .Malo, nemino contradi-
cenlc; sed (|uatcnîis venturi lledemptoris passionem,
et virtulcm expiando inianli admovebal : qnsc appli-
catio, et conjunclio ut fieret modo bominibus consen-
lanco et nsilalo, alicujns exlrinscci ac sensibilis signi
i intervcntum poslulare omninô videbatur.
2" Quia cùm infans sic emundaliis ad fidelium bo-
miiinm sociclalem, et Ecclesiam pertinerct , ejnsque
veruni mcmbrum cfticeretur , cidem nonnisi visil/ili
et exleriorc signo adjungi commode poierat.
3° Cùm in loge scriptà et evangelicà externà c;0-
rcnmnià ad parvulorunt expialioneni ex divinâ con-
slilutione opus fuissel, lemerè prorsns lempore icgis
naturalis ab bàc necessilate cximuntur. Absurdissi-
fide, quac ipsis inesset infantibus, ntpote quidpiani 'l mmn (pioque videlnr pnerornm in eà a'ialc emnnda-
agendi, defectu rationis, impolentibus : Ergo in iil;i : , lio.iem ab originariâ Iabe nî'.ilio facilioren) fuisse, (luàm
potiùs quam eorumdem parentes excolebant. Quare I S postea fuerit ac sit œlate noslrâ.
S. Piosper, lib. 2 de Vocal, gent., cap. 23, scripsit , ■ j Ohjectio : Si aliipiod lidei in Clnistum proleslalivcc
non irreliqiosè credi, neque inconvenienler inlelliiji, qubd [ ; signum ad puigalioucm parvulorum iii loge natur^fi
isti paiicorum dierum Iwmines ad illam pcrtinemu qra- î| nccessarinm fuisset , illud quoque in lege scriplà re-
I niansissL't feminis, cpiibus circnmcisio non congrue-
ttœ purtem, quœ semper est impensn univcrsis nitiioni-
bus, qnâ utique si benè uterentur parentes , et ipsi per
eam juvarentur.
Verùm cùm bacc suffragiis concordibus admiltanl
tboologi, ingens iiitcr eos dissidium subnascitm-, ulrùm
parcnUnn in Cbrisluni lides vel solo corde rclcnla ad
tantnm parvulis bciicficium impelrandum suflicerel ,
an verô nonnisi exlrinseco aliquo signo patefacla , et
eis applicala, ad salulem prodesset. Nos posleriorem
partiMu cum plerisque llieologis , ut verisimiliorem
amplectimur, qnani D. Augustini anclorilas a])erlis-
sima fulcil. Sic enim ait, lib. M contra Jul., cap. 11 :
yec ideo credendum est anle circumci&ionem faundos
Dei, qnundo qnidem eis inerat Mediatoris fuies in earnc
venturi, nullo Sacramenio opitniatos fuisse parvulis suis;
quamvis quid illud cssel, aliquà neressarià causa Scri-
plura sacra lalere votucril. Porrô dùm Augustinns ad
illoruni parvulorum cxpiaiionem Sacramcntum lidei Jj pro earum emundaiioiic olim ab antiquis scrvaiiini
bal, expiandis , imô eliam masculis, quos ante ocla-
vum diem circinncisioni pricscriplum, mortis pcricu-
lum conipuisset. Si boc aulem adniillamus , jam et
I illud admiltcrc debemns, qnod siginun illud superes-
I sii ajind bodicrnos Judicos , vel sallem ali(piod bu-
juscc praxis vesligium : quod lamen minime exslat,
— Resp. in bodiernis IIcbr;vorum moribus qnacronda
non esse certa aniiquissiinarum praxeon vcstigia, nt-
pote subsecjuenlium tempornm crassissimâ ignoran-
tâ, pcrlinaci snpcrshlione, et super inductis Rabbi-
nicis noviiatibus penitùs delcta. Nibil enim timpliùs
reiincnl illi de remedio peccati originalis, cujus exi-
sientiam vix, ac ne vix quidem agnoscnnt. Niliilomi-
iiùs quod inq.iirenli Hominico Solo rcsponderimt
nonnnlli Juda-i, se femclias nullo certo signo adhi-
bilo stat m ab ortu offerre Deo, satis indical aliquid
i^2[l QU.EST. H. DE SACRAM. QIOAD STAT.
Noc iniiiun, ciiin vcl à t;oiililiI)MS piioroiiiin Instnlio '
per satiilioia el c;en:m()iiias paiicU à iialivilate dit;-
biis in usti fiicril , ut de Iloiiiaiiis FesUis , do Ailie-
niei'sibiis Suidas suis in libris icsliinoiiiiiin pcrliibeiil;
q'.ii iiios ab co , qui aiiic logcm obliiiebat , dori valus
cxibliiuari merilô polcst.
Coucliisio l'Plia : Signis, quoc parviilis in Icgo na-
luri« expiandis adhibebanliir , niliil dcfuit , qiio ad
^Sacranienli , sallein inipcrfecli , digiiilalem pertingc-
n.'nt.
Vvoh. : Kl 1 ' quiileni non deCiiit signi scnsibi-
iis ralio , ncc saiidilalis bigiiilicalio. Qui cnin» pcr
illa signa se à Clirislo vcnluro salulem exspectarc pro-
lilobanlur, proiul dnbio ab codem graiiain et saneli-
lalem humano generi proinercndain , et coinparan-
dani fore innuebanl. -2" Nec defuit pr.Tsentis alicujiis
) sanclilalis ollicionlia. Nàni , ut peccali originairs cu-
ralionem modo seponamus, quœ fidei poliùs (I), quàin
(I) Opertc preliinn est iiicexpendere quomodô fides
causa t'ueril jiislilicationis parviiloiuni , an ex «lerilo
credentis , an vero ex nierilo oI)jeeti seu Cbrisli cpii
VL-nlunis credebatiu'. Hiiic qua'slioni appnsilé rcspou-
di't TiMiielius, (]n;\;sl. 2, ait. 3, • lideni illani vini ha-
« bnisse impoli aiidi graliani , non pntcisè, ut eiat
« aclus pers(in;e credenlis, s. d propter oiijcclnni, seti
« (vliiibluni qui credebalur. Unde sanclus '1 lioniasin 4,
« disl. 1, q. "2, arl. G, ad 2, ail, ecnii cjuanidam liabuisse
I siinirnu(li)iein cum nosU'is Sticrameittis , i)i qunnlum
I jnaùfiaibnt quasi ex opcrc opcnilo , non aivcm ex
I upcrc upcranti'. De induslrià parliculani istani iniini-
« nnen'.cni , quasi-, ap|)onit sanclus docior, ut iiniuat
< non cunuieni plane fuisse moduni agendi ex opère
« opcralo iinjus roniedii iii loge iialura;, (|ual.is estSa-
t cranienlonim Chi isli in legc cvangelicà : remedium
« enini illiid piiiis ex ipso exleriori signo noji pende-
« bal si( m jain pendel , sodex (ide, «on laïuùni obje-
t Clive sunqMâ, sed eliani subjective, quia nenipe ne-
t cesse erat per acluin lidei parvulo lemediuni iilud
« applicari, hoc est, meriluni lidei in CInistuni. Ope-
« ia!)alin* eniin illa fidcs simul per niodum nierili et
I siinVagii : inerilum auleni potissimùni ex parte ob-
t jccli credili, iieinpe Clirisli venluri. protluebat; suf-
« fragiuiM anleni erat ex parte credenlis , qui n'nie-
« dimn applirabal. L'nd.; nierilô dixit sanclus Tiio-
t nias, fuient ilUun \uslificiisse ex objeeto, quasi ex opère
I operitlo , no)i ex opère opérante; quia , licèt fides ex
I parle (iperanlis nccessaria foret ut causa applicaus
I remedium, non erat tamen causa cf(icaci;e el virlu-
I lis ipsius remedii;alque in hoc polissinuim à veleri-
t i)us Sacramenlis nova discrcpanl , (piùd nova ex
I virilité Chrisli sine uUà uiinislri (ide data, eliani va-
« ieaiil et rata sint.
« Fides vero illa parentum, quà parvuli mundabaii-
I lur, sola non erat mentis credulilas , sed (piielibet
1 nioralis ac pia aclio qu;e ex (ide inanal)at, el ciijiis
« qudddam erat sigiium proleslalivum. Necesst." eliam
i non oral, ut (ides illa charilale lorniala Corel ; (piia,
I ex uiox diclis, non operabaliir virtiile aelùs seu
I personne credenlis, sed virlule ol)jecti seu Cbrisli
« ipii crcdeiiatur veiilurus : non suflicicbat lanicn
I (ides liabilualis, sed acliialis requiiebaliir, ca scili-
t cet per quum Deo parvulus ofien;b.atur.
« Neqiie iiuii; licet inferre , aut (idem in Chrislum
« rn.ijniis el'licacia; apud veleres Cuisse , (piàm jam
t sit apwd nos ; aiil mcliorcin eliam fuisse iiiCaiilinm
t lune Iruiporis condilionem, (piàin iioslroriiiii, (jiii-
« i)us nempe sola parenlum fides ad salulem siiClicie-
i bat, cùm jam Sacramenlum liaptismalis prorsùs
< necessarium sil.
« Namque de virtute fidei nihil prorsùs dclractum
I est,qua^pliirimiim sempervaluit sive inlegenaturae,
INNOC. LEGIS NATUR/E AC MOSAICJ!. i2l3
signo cxlerno dabalur, cnjus posilio soh'jm pcr acci-
dens, el ob |>ueri incapacilaleni re(|uirebatur, sallcm
per cam proleslalionem exleriùs applicilam infantes
Dei cultoribus aggregabanlur , el in ejus lemporis
qualemcumque Fcclcslam transferebanlur, quod ex-
lernani quamdam , ac veluli legalcm sanctilaleni eis
l coiifereI)al. Quaiiam igilur coiidilio decral, quomi-
iiùs vera , licèt imperfecla , Sacramenla repulanda
sint?
Decrat , inqnies , inslilulio divina, qu;e iiullà Dei
posili\à lege (1), sed solo inleriore inslinclu ad ea
adliibend.i signa bomincs inducebal. Sed nos reponi-
nuis iiisliiictiim illuni vocem Dei fuisse inleriùs do-
cenlis et inspiraiitis , qui proindè siiam inspiratis
signis auclorilalem déesse non paticbalur. El nl-
cumque varium in illis deligendis diversorum ho-
miiium ae familiariim prasumalur arbilrium , sigiio-
rimi quidem maleriam subjectam fuisse iiumana; vo-
bmlali, inde coUigi possct, non autem fonnale officium
ac polestalem. Semper cnim ex divinà procscriptionc
custodiendum illud erat immolum , ut noiinisi signa
ad fideni in Cbrislum fiilurum declaranda idonca scli-
gcrciilur.
Conclusioquarla. In statu legis naturre aliqua fuisse
Sacramenla magnâ à plerisque liieoldgis probabililate
defeiidilur.
Finit ba'C asserlio ex pr.Tcedenli propositione , in
quà signo illi exlriuscco, et exleriùs adbibilo parvulis
ad peccali origiiialis remedium Sacramenli ralionem
non defiiisse adstruximus. Et cerlè idem ab Augu-
sliiio constanli appellalioiie Sacramenti donatur, loco
laudato contra Juliaiium. Quùd verô simili remedio
vol in re, vol in voto suscepto indigcrenl eliam aduUi,
quibus in infanlià non fuisset applicilum, ut à iabo
originarià n.uiidari possent, cslo suslineant Patres
Salmenlicenses, ego non assenlior, qiioniam per pro-
I sive in !ege Mosis aiit Clirisli; fiJei sulnmmodo in
< lege Clirisli , aceessil Sacrameuli necessilas velul
< qiioddam vcsliiiienlimi, ait ieruilliaiuis : unde cou-
« cliidi non débet, lidivii jam salulem i.o tram non
« op<'rari ; sed solnm non operari , cùm necessaria
I |u-orsùs sint Sitcrameiila , vehit caiisa! elîeclrices
« graiiie salulari>. Taiilùm igilur abest tii inelior imie
« fuerit veteriim condilio, qiijn iioslia Isugè |)i;e.>lan-
« tior : lùmquia obscmior et raiior erat (ides aiMid
« antiipios, Cl gratia panior; niiiic vero et lides lie-
i queiilior ac iiiagis evolula, et gialia ubeiior ; liim
« (|uia salus infanliiim |iendebat (ilim e\ liiie (aieii-
« tuin , vol eoriiin à quibus Deo ddereiiaiiliir ; ii:;i;r
« verô sccliisà eliam illà parenlum vel niinisiri Sai ra-
« mentoriim (ide, virlule ipsiii.-, Saeramenli applieali
» salus oblinetiir; liim deniipie quia iniiiimeiis riii-
« bus ae legalibiis ca-remoniis veleres (ibriu'banlur,
< ipiibiis nos per Clirislum jam libeii facli siimu^;
» laiilô igilur surs noslra veleri pncslat, quaiilo liliiis
" servo , figiirie verilas , lux Icnebiis anleeeliil. •
(Fdil.
(I) Probabilius est Dcum bominibus exliMiià revo-
lalione maiiifeslàsse, originalis peccali delelionom
alicui signo seosibili se velle alligari : sive in s|iecic
delermiiiavcril (pioiluam esse deberel Imc signmii ,
sive, m alii voliinl, illud lioininiim arbilrio leliipieril,
eà tamen lege ni a|)liim eligeielur ad declarandam li-
deni in Chrislum; qii;c quidem revelalio per liadilio-
nem à pareiilibiis ad lilios Iransmiîlebatur. (Kdil.i
1210 DE RE SACRAMEMAliiA. -
priaiii iiiloriiain lidi'iu los se ail liof iloiiiim toiisc-
queiidiiin poluisse dispoucre, vorius urbilror. Ad aliuin
lamen efl'ectuin Sacrainenlo ali(|iiu visibili opus liabs-
bant, ul sciliceteo uiedianic lideliuin Ecclesiic copu-
laniilur.
Coiilinn. 1° (iiioiiiaiu ol illis, qui persoiialibiis pcc-
calis seinct iaquiiiàsscnl, ali(|iii)d aliud iii eo blatu
Sacramenliiiu su p poli visse, iicèt incerlius sil, verosi-
luile est oliaiii U. Timiiia; qui in 4, loco cit., ail: .4)ite
leqeiii siriptdin erunl qiuvdani Sucranieitla )iL'cessit(itls ,
sicul illud fidci Sacrumciiliim , (juud ordiiiabutur ad de-
Ictiouein ur'Kjiiudii peccati cl siiiiililcr pœnttculiœ , qucv
ordinabatur ml ddclionem aclHulis. Mec ralio ad id
roboranduindcsideraliir. Nain pœailenlia cliani cxlc-
rior, et pcr sensibilia duloris signa alquc opéra ad
salislaciendum Deo ipsumque plaeanduni assnnipta se
nianiiestans ab ipsà niiturali loge pnecipilur, ut doiet
S. doclur lue, q. 8i, ail. 7, quapropier et a.ile legeni
scriptani obliniiit. Yalebat vero in fide Clirisli vcn-
lui i, et pei feolà coidis conliilione adbibilà , sin ad
graliam iinpelrandani, (lii;c polius ex coniriiioneflue-
bat, salicni ad pœnani temporaiiani innniiuiendani.
Connrn». 2"quiaadjnvantibus eliani ad proficiendum
in gralià Sacrainonlis non caïuisse honiines in natune
lege viventes, probabililer colligunt abi ex saoïificio
Melcbisedecbi, qund siniul eliain Sacranienluni fuisse
opinanliu'. Cerlè Sacramenluni vocal illud S. Tiioinas,
cl plurin)i SS. Patres in illo exiniiam sanclissiniui
EucliaiisliiE figuraiu atque inuigincni agnoscenles.
CAPLT III.
DE SACUAMF.MIS LEGIS MOSAlC.i;.
Sequilui" ut cl de Sacr.imeulis Mosaicœ legLs disse-
ramus, de quibus sit ba^c
Coiiclusio prima : Plura Sacranienta in lege Mo-
saicà divinitùs inslilula exstitennil.
Conimunis est, ac rerniè cerla iiitcr theologos hue
asscrlio, quamvis circa nunieruin bnjusce legis Sa-
crainentorum dissideant. IMobalnr auleni ancloiilale
eoncilioruni Floreniiui ac Tiidenlini, qu;e inler Sa-
cramenta Mosaica et christiana discriiuen explanant;
et primum quideni in Decreto pro Instrucl. Arnieno-
luni : alleruni can. 2, sess. 7, quibus cadcni lanquàni
onininù certa, et cxplorala supponnnl : nequc enini
inter illa discrimen assignaient, si reipsà non exsli-
tissent.
CoUigitur quoque ex sanctis Palribus, ac pntsci-
tira ex D. Parente Auguslino nuillis quideni in locis,
sed praeseitim lib. 19 cont. Faustum, cap. 13, ubi
ait : Sacranienla veleris leqis ablata sunl, quia impleta,
cl alia sunl inslilula virlute majora, ulilitale meliora,
acln (aciliora, numéro pauciora. Paria tradit iib. de
verà Helig., cap. 17, de Doclrinà clirisl., cap. A, et
episl. 118. Lcgi etiain possui't bàc de re auclor lib.
de ccelest. Ilierar. sub noininc S. Dionysii, cl Kuse-
bius Emisscn. in lloniil. de Transfiguraiione.
Eadcm quoque prob. ralionc ; (juoniani plurcs in
cà lege ritus et caereinoni;c stabili cl lixà insliliilione
urxscriploe rcperiuutur, qu.c ex unà parle lo^iln» ad
i)E SACUAMElNTIS IN GENERE.
1220
^ minus, et exlrinsecam saiiolilalcm conforebant, ex
i alla perleitani et inlraiieam, ([uie per Cbrisluni daiida
oral, pra-ligurabanl, ut quis(|uc niemor illius .\poslo-
lici effali : Omnia in figura conlincjcbunl iHis, libres
Exodi, ac Lcvilici pcrlusUando icperiel, et iios (pio-
(|ue in pnigressu osloud'inus. Igiliir caïreinDuia- illu;
gaiidebanl propriè dicli l^acranienli ralione, tamclsi
nosiris virlute et efficaciâ longé cssenl inferiores.
(lonclusio secunda. Omnia legis Mosaicv Sacra-
nienla ad quatuor classes rcvocari commode possunt,
nenipe ad circunicisioneni, ad inniiolalionem et esum
i agni pascalis , ad sacerdotuin oïdinalioneni, et ad va-
rias expiaiiones diversarum inimundiliaruni legaliuni.
Explanalur per parles assertio. Primuin et praxi-
l)uuni scripl;e legis SacramenUnn cral circumcisio.
Eircumcisio, inquit S. Aug. in lib. de Anima et cjiis
Origine, fuit illius icniporis Sacramentum, quod privfi-
gnrabal nustri lemporis Buptismum ; et (luanquàm anle
Moyseni induela fueiil, quia tamen à lege Musaicâ
contirmalionem soleinnioreni nacla est, rigidiorei.'îque
i obscrvantiani, inler islius legis sacros rilus prini ipe
semper loco recensila invenitur. Quidquid verù sit de
eflicacià ejusdein ad delendum originale peccatum.do
I quo poslea in iract. de Baplismo, illud cxploralissi-
mum est per circunicisioneni Israelilicos masculos
populo Dei, verx'que Religioni aggregalos, at(iue adeù
salleni exlrinsecà illà sanclilalc, quLC in depulalionc
I ad divinuin cultum sita est, exornatos fuisse. Negari
eliani non polesl lidei in Cbristuin ex Abrabxseniine
nascilurum SL'iisibileni exbibuisse proteslationeni ,
qnalenùs ca eral Synagogie fides : quà de causa cir-
cunicisioneni Apostolus appellavit sicpiacuhun jiistiticc
fidd.
Sequilur agnus pascalis, correspondens uostneEu-
cliarisliic Saerainenlo. Ncias eral hune nisi à circum-
cisis et sanctificatis coniedi. Reprœsentabat verô Pas-
clia nostruni, sive Christuni immolaluni in cruce. Le-
\ galur D. Thomas in laud. art. ad 2.
Succedil leviticoruni sacerdotuni consecralio, (piie
noYui legis sacrani aduinbrabat ordinalionem. Quarto
et poslreino loco expiaiiones veniunl , quie in plura
gênera distribuunlur , cl perniulla ejus slalùs Saera-
' nienla coniplcclebantur. Unde liàe parle noslrorinn
] numerum Mosaica Sacranienla longé supcrabaiil, ut
; innuit S. Augustinus in lib. siepiùslaudato cont. Fau-
stum ; et tamen esedem ferè illic omnes expiaiiones
Christiana: pœnitcnliaief(icaciamprrcnunliabanl;:;cqiie
enim incongruuin est unius rei pUires lypus, imagi-
nesque pra^ccdere.
Nulluni auteni ex bis MosaicT legis Sacranicniis in-
; venilur, quod Sacramentis nosiris Conlirmationis, Ex-
treinaî Lnclionis et Malrimonii corresponderel. Cujus
i rei ca ratio reddilur, (piia Conlirmalio est Sacramen-
i lum iilcnitudinis gralia-, quLC nonilùni advenerat in
lege scriplà : Exlrenia Unctio est inunediata pricpara-
lio ad inlroituin aîternse gloriaî, cujus aditus nondùm
tune palebat. Malrimoniuni tandem est signuni con-
junetionisChrisli cum Ecclesià, «luxiiiondùintunc cral,
adeoque eratduntaxat in naiurae ofliciuin, non autem
1221 QU^ST. ni. DE EXISTEMIA
ul Sacranicnlum. l'iulc (l:\baliir libcllus ropudii, fiiicxl
est conlra ralioiicm Sacrainciili (I).
Concltisio lerlia. Sacramenla Mosaica solis Jiitlx'is
nccossaria fiiernnl, cl qiiidcm iicccssilalc prx'ccpti po-
ilus (|iiàin inodii.
Prima pars lnijiis j)r()posilioiii3 iiicle constal, qiiotl
lex Mosaica , ojiisqiie cccrcmoiiia' pro solà Israclilità
genlc, vel eliam proselylis, qui spoiilè ci populo ail-
juiigi alquc ad cjiis sacra traiisire cupiebaitt,diviiiiliis
inslitiitai fiicnmt, ut ex pluribusliquet sacraruin liltc-
rarum Icstimoniis, et ex inlrinsccâ conslitutioiic illiu^s
Icgis.
Allera verô ex eo patet, quôd illoruni usus sub pœ-
nis gravissiinis iiidicebatur , puta qui circumcisioncm
non suscepissct, deleiuhis cral de populo Del : quod
niortis suppliciuin iinporlâsse à mullis exislinialiir.
Quôd aulcm lix'c iiccossilas solius pmccepll foret, no»
niedii, ex eo colligilur, quôd adulli per fidem et alios
inieriorcs aclus justilioari poleraiit, et sahilem consc-
qui : adeoqueea non craiit média simpliciler ad salu-
tcni necessaria. Sed ad n)ajora, nobisquc proximiora
Saciameiila progrcdianiur. Sil itaquc
QL^ESnO TERÏIA.
DE EXISTE.NTIA S\CRAMEM0ULM NOV.E LEGIS.
Primura omnium expeiidemus ulrùm neccssarium
fuerit aliqiia iu iiovà lege inslilui Sacramenla ?
Secuudo ulrùm reverà, et quo numéro fuerint iii-
sliluta. Siligitur
CAPLT PRIMUM.
UTRUM NECESSARIUM FLERIT 1\ NOVA LEGE INSTITCI Sa-
CRAMENTA.
Neccssarium ( praîter varias hujusvocis accepiiones
quœ ad pra:seniem coniroversiam nibillacitint) à fine
pneserlira dicilur, quem sibi quisqne proponit ; bine
aliud est neccssarium simpliciler , aliud secundîun
quid ; neccssarium simpliciler est, sine qno finis ah-
solulè baberi nequit : ;quomodô cibus ad vilam agcn-
dam conducit ; neccssarium secundùm quid est, sine
quo obtineri quidem finis absolulè polcst, sed non
ila facile ; sic longo ilinere pcragendo eqniis necessa-
rius est; quaerilur ilaqne ulrùm et quà ratione opor-
lueril Sacramenla inslilui , ul bomines danmalioncm
lelernam vitare, et salulem conseqni possonl.
Cùm Dei sunnna polestas nulli trealuax; sul)jaceal,
nuUisque limilibus coercealur , certinn est, qnùd ab-
solutè sine Sacramcnlis potuerit , indnigeniiam bo-
mini lapso concedere . eique beaia; immortalilalis
adiinm aperire ; Deus ennn esse dcsinerel, si non se-
ipso quidqnid vellel, neinine opiUilanle, pr:eslarcl ;
ilaque de solà necessilale secundùm quid, sivc de con-
(I) I/ibelius repudii non proccisè ralioni conslihi-
liva' Sacranienti o[)ponilnr ; non (Miiin in se répugnât
Matriiuonium esse simul Sacranienlinn et dissi)lid)ile ;
sed potiùs oppoiiilur indissoliibiiitali nniouis Chrisli
cum Eeclesià. Idcireù Ju iaicnni Malrinioninm banc
unionem minus recle rcpra-senlàssol; al(pie adoù non
id«nea fuisset dirisiiani Matrimoi'' figura, quod pari-
ter indibsulubilii) coiilraelûs viiltnlu firnmni pcrseve- ;
jat. (Edil.)
SACHAMENTORDM NOVJi LEGIS. 1222
venienlià difficullas esse potest ; pro cujus explica-
lionc! sil
I Conclnsio : Convcniens fuit in nova lege inslilui
I Sacramenla.
j Aiigi:mi;ntlm i'uimlm, ex rondiiione nulurœ lapsœ.
j I. Ilnjns assertidiiis argumonluni pclilnr ex deplo-
randà mi.>>(;rià in (piain pcccaiido projecti sunius ; om-
nis enim mali origo supcrbia fuit, per quam bomo
I excusso suinmi Dci dominio, subdidit se vilissimis et
corporalibus crcaturis, qiiaruin princeps Dei favore
fucral consiiliilus Gcn. i, 28. Jnslo iiaquc suprenii
iegislalorisjiîdicio, ni mule pcccavcrat indesanareUir,
! subjecius est corporalibus elemeniis, et ad spirilualia^
quibus miicc adb;ercrc conlempserat, per scnsibilia
revocalus; aique ila su;c admonetur inlirmilalis, et
donialur ejns supcrbia quà subjici Deo noiuil.
Argl.me.ntum II, ex dh'inœ Provideiiliœ snuvitate.
II. Inferiimis ex divinâ Providentiâ , cui singulare
est unicuique crealur:c secundùm naluram ejus con-
sulerc; ea verù eslcondilio bominis, prscscrlim ex quo
pcccatum in bunc mnndum proloparenlis rebellionc
inlravil, ul à rubus scnsibilibus plerùmcpie venial in
noliiiam spiriiualium. Convenienler ergo instilula
sunt Sacramenla, quibns, exlernis veluli symbolis ,
ad rerum spiriUialiinii conlemplalionem excilarelur,
et quasi manuduccrelur. Si incorporeus esses, inquit
S. Joaniics Cin'Vïoslomus, Hom. 83 in Mallli., iiuda
ipse doua et incorporea (radidisset tibi ; sed quoiiiam
auimain liabcs corpori conjunctam, inrebus sensibilibtts
iuLlligibilia tibi prœbet ; eodemquc sensu canil Ecclc-
sia , Piv.'f. >;al. Doin., Per iucarnati Verbi nujste-
rium , nova mentis noslrœ ociilis lux tuœ claritatis
in[ulsit, ut dinn visibitiler Deum cognoccimus, per liunc
in invisibilium amorem rapiamur ; ha;c enim verba non
ad incarnalioncm lanlùm pertinent, verùm eliam ;;d
Sacramcnlum corporis et sanguinis Cbrisli, et gene-
raliler ad omnia Sacramenla omnesque c;eremonias
exlenduntur, quibns velut adminiculis, ad spiriliialia
inlelligenda inslruiraur. Ergo, elc.
ARGL'jrF.xTL'H Ul , ttb extenùs vinculis Reliijionis.
IH. Snggeril condilio ipsa lîeligionis , quà fil ni in
unum lidci nomen exlernis quisbusdam nolis cl sym-
bolis bomines adunentur , et ab exieris quibuslibet
cerîô discernanlnr ; in nullum quippè Religionis nomen
seti rerH/H se?/ /"«/«!(/», inqiiil S. Augusiinns lib lO.coni.
Eaust., coagulari posfunl liomincs, nisi aliquo signacn-
lorum visibilium consorlio colliqentur ; ciuorum Siicra-
menlorum vis inenarrabiliter valet plttrimiim ; et idcb
contempta sacrilèges facit; ilA S. doolor; bincab;di.
qui busPalribusobservaluni, diabolum divina'inagnilu-
dinis invidià lacluni, pravà a'mulaliono pioouràssc,
ul iniscros culloirs suos, quos in idoiolalria- scebis
conjecerai , adumbralà mysleriorum imagine devin-
cirel; quos mler Tcrluliianus, de Pra'S. , c. 4. :
Ci^ns (d'^l^oli), mquh, sunt partes interverlcndi veri-
tatcm, (ptiipsas (juoque rcs Sacramenlorum divinorum ,
in idoloinm wysterits œnmlatur ; tingit ipse quosdam,
titiqne credentes et fidèles suos ; expiationem delictorwn
dcluvano repromittit... Signal illic in frontib:u mililci
\2tZ
DE lŒ SACUAMlùMAKIA. — DK SACRÂMENTIS IN GENKRE.
iîU
Hus -Cilcliral et punis oblalioncm, etc.; par crgo fuit | scnsibilibiis :ul!i;rre8ccrc, in ([uibiis poiins saliitis li-
ul iii c\aiigil:cà loge Satiaïuoiila insliUiLTCiitur, qui
bus lidoies ab iiilidolibiis disliniJueiciiUir, ipsiquc in-
lor se sacro quodam viiiculo neclerentur.
AiiotJiEMLMiv, ex comparaliotie legis novœ cum veteri.
IV. Sicpropiiuil S. Tlioinas , 5 p., q- Cl, arl. 4.:
Dicendum, m\\\\i, qnod , sicul mliqtn l'atres salvali
suiil pcr fulem Chris il vciiluri, ila cl nos saivaimtr pcr
fiitein Clirisli jain nali cl passi ; suiil anlcm Sncramcn-
t<i , (juœdam sù/»rt prolcslanlla fidein (juà Iwmojnslifi-
ctttur; oporlcl aulem ciliis s'ujiiis s'uiuificuri futura,pyœ-
terila et prœseutia ; til eiiiin Aiigtislhms dicilWh. \9,
coiit. FausU, c. 13. e.7f/t'/» res tdUer annunlialur ha-
cienda, aliler [acla ; sicul ipsavcrba {passunts cl passas)
non siniilitcr sonanl ; et ideb oporlcl (jiuvdam alia Sa-
crainenla esse in nova le(jc, tjuibas significcnlur ea (juœ
prœccssenmt in Clirislo, prœter Sacramcnla velcris le-
gis , (juibiis prœminliabanlur fulura ; iia S. ïl)omas,
cuiiidcinque in sonsum S. Augiisliiins loco cilalo :
Prima Sacramcnla, inquit, quœ obscrvabantur ex lege,
prœnnnlialiia crunl Clirisli vcnluri ; qttœ ciim sno ad-
vcntn Chrislus implevisset , ablala sunl, el ideb ablata,
quia implela; non eniin venit solvere Icgem , sed adim-
plere; et alia sunl inslilula, virlute majora, uliiitale me-
liora, aclu faciliora, numéro paucioru.
Argumkntum V, ex ipsà Dei volunlate.
Y. Deniquc et miilloelficaciùs c\ ipsâ Dcivolunlale
pclinïns, qiuc ul suprcma reruni agciidainn^ ila boiié
ageiidaiiini est causa; cùm ciiin» Deus sit sapicntis-
sinius legislalor, non potcst non esse bonuai et con-
Ycnieus (piidquid jndicaverit pra^scribendinu ; alqui
voluil in nova lege inslituere Sacramcnla, ut iis lan-
quàni rcmediis pccoalorum , infmiiitalis subsidiis et
sauclilalis couiparaud;ic inslrunieiilis, per Clirisli pas- |
sioncni cHicacibus, ulcrcniur; crgocouvcMiienlcrruissc
inslilula ncgari non polcsl , nisi audeal ali(iuis Dci
opéra condeninare, quod sine suninià impiolale non
posscl.
Objecliones.
Yixit quidam scculo scxlo docimo ha-rcsiarclia
Swcaclift'ldus noniine, qui cùm sibimel spiriUialis ad-
niodùm bonio(l)el ponè aiigclus viderclur, solo spi-
rii'i vivcndum pulavil; alipie adeô non aliqua lanUun
[ diiciam, à quibusexspeclcsbonaspirilualia cl rcnu-dia
[ conlra pcccalum; crgo noxia sunl Sacramcnla, ncdùm
! inslitui in nova lege conveniens luerit. — Rcsp. :
\ Dist. anl. : Quaxlam specics idololalriic est , rcbus
sensibilibus adba'rere, in quibus ponas salulis lidu-
ciam, lanquàm in causa princi|iali, unde sains cl ju-
slilia oriatur, concedo ; lanquàm in causa sccundariâ
I et inslrumenlali, nego. ant. ctconsc([.
E. R. Non ii sumus qui crcdamus scnsibilia sym-
; bola salutem nobis principaliler cl virlulc sibi coima-
l lurali conferrc ; sed Deum in illis salulis auctorcm
i recognoscimus, àquoscimus deleri pcccala, cl jusli-
\ flcari impium ; ncque licec, more genlilium , colimus
elcmenta, quœ de se infirma el cgcna esse certo lenc-
mus; sed pr;Tcccllens in bis bcnclicium \enerabundi
suspicimns, ab illo profeclum, à qao descendit omne
datiim optimum, el omne donum perfeclum, ulScriplura
[ loquilur, Jacq. 1, 17 ; falsô itaque idololalriye, Sacra-
mentorum observalio accusalur.
Inst. 1°: Pcccala rcmillcre solius Dei proprium est;
frustra igilur in bis sensibilibus elemciilis quaorilur con-
tra animi morbos remedium. — Resp.: Conccssoant.,
nego conscq. ; nam etiam quando ulimur Sacramen-
lis, graliam onmcm et peccaii aboliiioncm Deo soli
l acccptam rcferimus, qui liis ulilur instrumenlis ad
graliam largiendam, non quia ipse indigct, sed quia
\ nos, et nialerià concrcti et spiritu , indigemus per
i corporalia ad spirilualia manuduci ; unde nedùm aver-
l lamur à Deo pcr cullum Sacranienlorum, eô propen-
\ siùs ad illum acccdimus, quôd in sacris synd)olis dii-
[- plicalum favorem agnoscimus, Dci bencfacicnlis ; nec
[ magis facimus ci injuriam, peccaii originalis expia-
I lioneni, cxenq)li causa, Daplismali assignando,
quant
piclori est conlumcliosus, qui eximi;c cujusdam la-
bellic lineamcnla, peniciiloquo velul instrumento usus
est, atlribuit.
Inst. 2" : 2 ad Corinlbios 12 , v. 9, ail Chrislus ad
Paulum : Sulficit libi gralia mea; ergo Sacramcnla non
esse ad saluleui nccessaria, vcibis ipsis Cbrisli mon-
slralur. — licsp. : Conc. ant., nego conseq.; qui cninj
Paulo dixit : Suflicit libi gralia mea, cidem per Anania*.
miiiislerium dixit : Baptizare, et ablitc pcccala tua,
cum Lutbcranis cl Calvinislis, sed onmia Sai ramcnla | idenniue gencralim in Evangclio pronimtiavit ; Nisi
cxlerminare aggressus esl ; quie aulcm pro illo facere | qnis rcnatus fucrit ex aquà el Spiritu saiicto, non potcst
vidcntur argumenta, Iilcc sunl :
introire in rcgnum iJci. El : nisi manducavcritis carnetn
Objicilur : Qua^dam idololalriaî spccies est, rébus \ \ FHU liominis, et biberilis ejus sanguincm, non liabebilis
vitam in vobis. Ex boc igilur oraculo Clirisli, non
(1) De hoc baîrelico nedùm Ecclcsi;c calbolica), sed
cliam Lulbcranorum, aliorumqiic novalorum bosle
Icgendi sunlFridiTicus Slapldius in lib. de Coucordià
discipulorum Lutlieri ; David Chilrauis in Pi'a-f. Coni-
nieiit. in Apocalyp. cl Cori'adus Serupliendjin'giiis in
Calai, lucret., lib. lU. Non is lanien primusccusendus
isl, qui Sacramcnla omnia de mcdio susiulcrii. Sit|ui-
<!em Epipbanio lesle, liares. 'lO, cl Thcodoiclo, lib.
1 ineret. Eabul. exslileruul olnn Arcliontici, (pios -4s-
ilioiidrilas, vel Aschodrupelas Tbeodoi'elus appiillat,
(pii cbrisliana Sacramcnla onmia abjiciebanl , non
vporterc, in(piicnles, divina mijsleria per rcs quœ vi-
denlur , peragi , nec incorporca per scnsibilia el cor-
vorca.
modo non seipiitur, non esse nccessaria Sacramenla,
[ sed corum in conlrarium nécessitas sic demonslratnr :
\ suflicil nobis ad salulcm gralia Cbrisli ; crgo in liis
sacris symbolis est quxrenda, qu» Chrislus nostrse
I consulens infirmilali , voluit esse instrumenta salulis
^ cl grali;e.
Inst, 7t" : Ad conscquondam salutem sufiicit obser-
;[ valiomandalorum : Si vis ad vitam ingredi, servaman-
data, ait Chrislus in Evangelio, Mallh. 19, 17; ergo
Sacramenla supcrflount. — Resp. : Conc. ant., nego
I, conseq.; nan
1223
OU/€:ST. III. DE EXISTENTIÂ SACRAMI-NTORUM NOV^ LEGIS,
1 2-2G
1° la divinis nmulali:-; .Sacramoiilonini oliscrvalio
coiilincliir : Kuiitcs, docclc o)nncs [jcnlcs, ail Clnislus
Malt. 28, \^,ba\)l\zmUcs eos in nomiiie Palris, d Filii,
cl Spirilns suucli ; doccntcs cos servare onmia qnœciDH-
fjuc iiutiidtivi Vûbis; Marci IG, 15 : Euulcs in uuniditm
universHDi, pra'dicdte Evangcliuiii omtii crcnlurœ ; qui
crcdidciit cl btiptizclus jucrit, .wlvns cril ; qui vcrb non
crcdidcril, condeniiiabilur ; idonKitic do aliis Sacramcn-
lis, scrvalà proporlionc iiilclligciiduin.
2° Divina; logis mandata, ut par est, implore non
possunms sine fuie ot gralià : Sine me uiliil poleslis
faccre, iiupiil ClirisUi;^ Joan. 15, 5. Sine fidc, ail
Aposlolus.llebr. i, G, inipossibite est placcre Dco; Alqni
ad lidcin clgraliam asseqiiendam, fovcndam, nntrien-
dam, rccuporandam , Sacramcnla ex diviiià insiiiu-
lione condiicunl, cùiiue ccrliiis, quô sniil condilioiii
nostr.e acconiinodaliora. Consculancuni lisuin est, iu-
(juiiinl Paires Tridcnliiii, sess. 7, in proœn»., de san-
clissintis Eciiesiœ Sacramenlis ngere, pcr quœ omnis
vera jus'Jtia iv/ incipif, vcl cœpta (nigctur,vcl nmissare-
pdratw. Ergo, etc.
liist. i": Ex Aposlolo, l Tim. -i, 8, corporalis exer-
cilaiio ad modicum ntilis esl ; scd usiis Sacramentoruni
corporalis cxeroiiaiio est; ergo parùm ulilis. — Ucsp.
l ": Concessà maj., disl. min. Usus Sacrameiilornm
corporalis excrcilalio osl, ab eà longe divcrsa de qnâ
liic Aposloliis Ijquitur, concedo , eadem, nego min.
et conseq.
E. R. to loti S. Panliis ox corporalis exercitalionis
anlilhesi ostonJit (piàm utile sit scclari pielalem :
Exerce aulem, inquit, te ipsuni ad pietalem; nain cor-
poralis cxercilalio ad modicum ulilis esl, pielas aulem ad
omnia ulilis est, promissiouem habens vilœ quœ nunc est,
€l futurœ : qwàm anlcm corporakni exercitationcm in-
telligat, iiitcr doctorcs non convenit.
In liàcquidem Aposloli senlcnlià Irinmplianl rcccn-
tiores hxrclici, qnos in prompiu essel refellere si
nostri esset insliluli lia^c qiixslio ; nonien cnini cor-
poralis cxcrcilaiionis, ad omnos aclioiies cxtcnias ex-
londunt, qu;i:ciunquc Ueligionis causa snscipiiintnr ;
ul sint vigiliac, jejunia, pi;c peregrinationes, etc.,
quas corporis vexationes, et pnerilis disciplinœ rudi-
menla pcr contcmplum appollant.
Longe verô aliter Calliolici : volunt cnini alii Iiis
verbis laborcm inlclligi corporalem, qiio noccssaria
Imic vilcc paranlur, quales smil curx omnes quœ rei
doineslicaî impcnduntur ; alii eam pulant excrcitatio-
ncm signilicari qn;c causa saniialis suscipilur ut an)-
Ijulalio, eqiiilatio, piho hisus, eU:.; alii deni(pic, iique,
judicc Eslio, Conini. in Episl. Paul., probabiliùs ser-
monem liic esse conlendunt de cxcrciiatione aible-
ticA, qnx fil cursu, luclà, pugnis, anl alio quovis
modo; qnidquid sanè de liis opinionibiis sii, ccrium
lan»en est, de Sacramcntis Apostulum hoc looo nec
obiler agere, qii;e parùm esse ulilia, divinilns cdoctus
pularcnon potuii; cum verbis adeô magnidcis Bapli-
smi,Eucbarisli:c et sacnc Ordinationis nccessilatem et
cxciîllcntiain alibi prœdicavorit.
Resp. T: Pisl. eamdcm min. UsusSacramonlorum
ÏH. XX.
coipor.'ilis excrcilalio osl ex parle, Conccdo ; cmiiino,
nogi) min. et conse(|.
E. II. Non in iis lanlùni (\\\x. gcrunlnr exlcriùs de
Sacramcntis jndicium est poncndiim, scd in iis pr.x-
serlini (|n;e intiis agnntnr in anima ; nam corporalc
qiiidom olomonlnm e.^t, corpor.ilc ulique vorbom ; scd
piano spirituaiis virlns. qiià lit ul a([ua, cxcnii)li causa,
corpus langat et cor ablual, ut bxpiitur S. Auguslinus;
liinc non aqnà solùm , sed ex aquà et spiritu rcna-
scenduni Salvalor pronunliavil, Joan. .3. 5; idio nimi-
rùni, iiKjuit S. (îrogor. Nazianzenus, or.it. in S. La-
vacr., qniu medicanienlum, parlim corporale, pnrlim
spirituale , in cos œgrolos optimè convenit, quorum na-
tura corpore cl spirilu conlinelur ; itaque licèt Sacra-
mentoruni consccratio sit aliquaicnns corporaliis, pn-c-
cipuè lamen, ex fine nimirùni et cflicieiilià spirituaiis
diconda est, ([uod facile concodct qui novcrit, rem
ipiandibot non ab co qnod in eà imperfeclius est, sed
ab ailribnto nobiliore douoniinari.
Inst. o": Alqui corporalis exorcilatio à cbristianA
Pxoligionc oinniiio esl ablogauda ; crgo, Ole. probatur
snbso(picns ex auclorilate Cliristi ila loquciilis, Joan.
4, 23 : Veiùl Iwra cl nunc est, quando veri adoratores
adorabunl Palrcm in spiritu et verilate ; nam et Pater
talcs quœrit qui adorent cum: spiritus est Dcus, et cos
qui adorant enm, in spiritu et vcritnle oporlct adcrare.
Ilinc sic conficitur argumentum :
Chrisliana Religio iota spirilualis est ; crgo ab iliâ
débet corporalis exorcitaiio penilùs amoveri. — Nego
subseiiuens ; ad prob. adniilto auclorilalcm, cl resp.
r:Relorqueo argumenlum; chrisliana Religioiota spi-
riiualis est; ergo in illà neque templa, nequc synaxcs,
ncquc sacrilicium, neque communes aut privaur pre-
ces, nec deniqiie qnidquid corporale exercilium tan-
lisper olel, debemus admiiiere; aique adeô homines
esse desinent Cbrisiiani, id osl, parlim spiriluales,
parlim corporales , cl in angelicam naturam conditio
mulabitur; aUjui absurdissinumi hoc para loxuin, non
in dcfensionem Religionis, srd ad vituperalioneni lio-
minum, cl cxiiipalioncm diviui cullùs cxcogi'.alum;
nihil ergo hoc argumenlum probal, quia nimis. Resp.
2° : Dist. anl.: Chrisliana Religio tola spirituaiis est,
id est, errorcs Samarilauorum cl carnalos Jud;eorum
c;uromonias prorsùs rospuit, concedo; ila ul exlernuin
omiicm culunn cxcUidat, nego aut. et conseq.
E. R. Verba Cbrisli, in spivilu et veritatc, quibus
objoelio niiilur, duobus p tssunt modis loijiliniè cx-
plicaii.
r lia ul spiritus op, onalnr carni, cl verilas figuiis,
coque sensu pcr ulrau)quo particulam cullus Cliri-
slianus Judaico opponitur, (juimerè carnalis eral, um-
brani liahcns fulurorum bonoruni. Ilebr. 10, 1; in cxlor-
iiis ablulionibus, et bonis merè lemporalibus con-
sistons nihilque sibi spirituale vindicans, nisi qiKul ox
novo Testamonlo in antcccssum mutuabalur.
2' lia ut adoralio in spiritu et verilate sit pnqnia
Chrislianorom , et ex luià quidem parle sil contraria
cullui Judait'O, qui lolus, ut pr;edi\imus, carnalis oral;
ex allor.n verô, cullui Samaritano, qui mollis erro-
50
f2-27 I>E UE SACUA}.1!:NTAIUA.
libiis p.'rmisccbatiir ; liinc Clirisliis iii codem cinlo, ^
V. 21 , millier, i:iqiiil, crede wi.'ii, (jula vcuit Itorn, quando
vrqnc in monte hoc (ut Sainaritaiii), nequc in JcrosoUj-
mis (ni Jiulii), ndorubilis Ptitrcm ; jaiii si(; siihsiimo :
Aliiiii qiinvisniodo vcrba Chrisli iiitclligaiiliir, ciilliim
rxlormini sacriCicii, el SacranioiUonim obseivalioncm i
lion cxcliidunl, qiuo ncqiie ciim JudiBorum carnalibiis i
c:orei)joniis , iicque cum orroiibus Sainarilaiiormn
coiivcuiunl. Eigo, clc.
Diccs : F.slo ccngruens fiiciil ut Sacranicnta h) legc
cvaiigclicâ non dccsser.t, cerlè ii' n coiivcniebal ca \
qticc anliqiiili'is oblimierant immiitari ; niliil cnim dé-
bet coirigi, nisi qiiod non rcclè facuini jirobatiir ; quia
DK SACRVMENTJS IN GENEUE. 1228
« ipse es ; î insinnandum csl cis , mnUaloucm istani
Surramcnlomm Tentanieuli veteris et novi pyœdictdm
fuisse prophetieis vocibns ; ila enim videltuil, si potue-
rintl, id qnod iii tempore noviim est, non esse novtim upud
cnm qui eondidil tempora, et sine tempore Itabet omnici
(;}iœ suis qnibus'jiie lemporibus , pro corum viirielatCy
disiribuil. iiaclciiîis S. Au''uslinus.
CAPL'T II.
irnuM, r.T Qt o mmf.ro sint i.n nova lege
SACRAMENTA.
Qua^dam esse propria logis cvangelicic Sacra-
nien(a, Lulheranorum, Calvinistarum alioruniqiie hx-
allofiuiu ista vaiiclas incon>lanli« Deum possct ar- j ' nlicoruai cum Calliolicis conscnsio csl ; quo vcrô
"ucie • atniii in lèse veieri Sacranicnta rcotè fuerant 1 1 numéro dcbeanl (icfiniri, in hoc niniirnm lanta dis-
» ' 1 o j I
ab oplimo Icgum condilorc sancila ; mulari crgo in : cordia, ut neque inlor se, neiiue singuli sccinu ipsis
lego evangelicâ non dccebat ; ita nonnnlli disputant
apud S. Augusliuum in Epislolà Marcelliui 157 ad j
S. (ioclorcm dalà. — Besp. cum S. Auguslino, epist.
ad Marcdlinum 158, nego ant.; ad prob. ncgo maj.: j
iYo;i iluqiie verum est, ail S. doclor, qiiod dicitur, seniel |
reclè facinm, mdlateniis esse rnuKindum : mulalùqnippe \
temporis causa, qnod rectè ante fcctinn fnerat, ita mu-
lari vcru riitio ptcriimquc flagital : ut citm ipsi dicanl, \
rcclè non fieri si mutctur, contra vcriUis clamct, rcclc
non ficri nisi mutctur, quia ulrumque luuc crit rectum, <
si erit pro temporum varietate diversum ap'um fuit j
primis temporihus sacriftcium quod prœcevcral Deus ; i
mine verb non ila est ; aliud enim prœcepU quod Inde
tempori aplum esset, qui mullb mufjis quùui liumo novil ']
quid cuique tempori accommodalè adhibeatur.... qnis- ]
quant fortassis exspectel causas à nobis liujus viulat-oais l
accipere brcvitcr dici potest, aliis Sacramenlis prœ-
imntiari Clirislum , citm venttirus esset, atiis, citni venis-
set, annunliari oportuisse; si qttideni aliud est prwnun- ,. dcpreltenduntur. Cotilra illos sit
con-entiant ; aliquando cnim umun, aliquandù duo,
ii!0(!('> iria, dcinccps quatuor, modo phu'a, modo pau-
ciora, prout quiscjne omni doclriu;« venio circumfe-
rebatur , admiltcre ausi sunl; quo \e! urio argu-
mcnlo conficilur, vcrilato deslilui, cl esse à Cliristi
Ecclesià alienos ; iiam, ut benc monct TcrUillianus,
de velaiid. Virgin ,c. !,non nutat régula fidoi, qnœ
nna omtiinb est, sola imntobilis el irreformabilis ; è
coiilia vcrù barctici, iiiquit libro de Pra-scr., cap.
A% etiam à refjidis suis variant inter se, ditin ttnusquis-
qne proindè suo arbitrio viodulalttr qiiœ nccepil, qitem-
adniodii'n d.' suo arbitrio ea composnil ille qin tradidit ;
aqnoscil naturom sufim, el originis siiœ morem, pro-
fectns rei ; idem ticuit Valentitiianis quod Valentino,
idem Marcionilis quod Marcioin (idem Lullu^ranis ,
quod Lulbero, idem Calvinianis, quod Calviiio), de ar-
bitrio suo ftdem innovare ; denique peniltis inspeclœ Itœ-
rcses omucs, in mal lis citm aucioribus suis dissentientes
tiari, aliud ciim ventunts esset, aliud citm tenissel.
Diccs ilcriim : Saltem inconstauliLC accusaii posse
videlur Deus, qui, sprelis vetcribus Sacramenlis, dc-
leclatus fucrit novis. — Uesp. cum S. Auguslino i1)i-
dcm,nego hoc sequi : Fullitnlur, inijuil, qid existinutnt
liœc Deum jubere causa suœ ulililalis vel voluplalis; et
merilo movenlur, cur Detts isia mutaveril , quasi dele-
ctalione vmtabili aliud sibi jubeus offerri illopriiis tem-
pore, aliitd isto ; non autem ita esl : niliil Deus cnimjubet
quod sibi prosil.sed illi cuijubet; ideb verus est Dominns,
qui seno non indiqet, et quo scrvus indiqcl... sicul autem
non ideb mulabilis liomo, (juin manè aliud, aliud ves-
'perè, illitd hoc mense, illud alio, non hoc isto anno,
quod illo consliliiit; ita non iileb mulabilis Deus, quia
nniversi seculi priore volundne aliud, alio posteriori sibi !
jussil ojferri, quo convenienter siqniftealiones ad doclri-
nam llelicjionis salubcrrimam pertinettles, pcr mutabilia
tempora, sine nllàsuî mulatione disponerel ; nam ut no-
verint liomiies quos liœc movenl, jam hoc fuisse in ra-
tione divimi, nec, citm ista nova consiilnerentur, subitb
prioradispUcuisse, velut mutabili voluntate, sed hoc jcm
ftxum cl itatutum fuisse in ipsà sapientià Dci, cui de ma- l impclus suflicil, neminc diriitenle ; est enim pnvscn
joribus cliani rerum miUalionibus Scriptnr.i iticit , psal-
Vio 101, 27 : ï Mutabisca, et mutabunlur, tu autem idem
(loucbisio : Seplem omnino sunl legis nov;c Sacra-
mrnla, Baplismus, ('.oudrmatio, Eucbarislia, Dœni-
lenlia, Exlrcma Unelio, Ordo cl Matrimonium.
Fidci ista doclrina esl, novo à Palribus Tridenlinis
canone roborala, bis verbis scss. 7, can. 1 ; Si quis
dixeril Sacramentu novœ leqis non fuisse omnia à Jesti
Cliristo Domino noslro insliluln, ant esse plura vel pau-
ciora quàm seplem, videlicH Bnptismum, Con/irmatio-
mm, etc., vel ctiam aliquod horum seplem, non esse
verè et propriè Sacramentnm ; anatliema sit.
§ 1. Affcrttnlur divini do(jmatis cerlissima argumenta.
De unoquoqiic in specie Sacramento, qui et qnâ
ralionc sacri symbolinalurani habeat, singulalim libris
soquenlibus oslensuri simius ; ilaquc salis crit in
pnescnli, qupc erunt alibi fusiùs discuticndn, genera-
libus aigumenlis cxponere ; tanlummodd sludiosos
adiuoniMiius, ul qnic iilc dcerunt, ex aliis locis, si
juval, leipiiraut.
AuGiiMîiMTUM rniMiM, de Prœscriplione.
iMimum bujus veritalis ex prïsci'iplione pclimus
argumentum, qu;esola ad repollendos aiiversarioruni
j plio, proul aecipilur à Uicologis, publica, coiisians,
i peipcUia cl nuiiquàm iutciiupla omni'um EcclcsiU'
1229
QU/EST. III. m-: KXISTENTIA S
mm, ab Apnslolicis icniporibns ail nosirarn ii>q'JC
a.'talcni, in docliiiiain aliqiiaiu conspiralio , ciMilra
qiruii nova; lixrcsos niliil pn,S'-u;;(; cnv.soiisio oiii:i),
iiiiivors;ililas , porpelnilas, corlissiiiii vorilalis mut
clian'.cloros , ([iiam ivi;ulam Viiicciiliiis Mriiioiisis
)ir;rcl:iiissiinè cxpliciU innrc stio : fn ij'uù aitlrm ai-
thoUci'i Fcch'slà, iiKiiiil, Coiiuiionit. c. 5, wncjunprrè
cnrnudiancst, tU id leitcamus qitod ubtiinc, (jvod sempcr,
tliiod ub omnibus crcdilinn csl; hoc etciiiiu icrè p-ofriàjvc
catlio'icmit, (juod ipsa vis uoriiinis rdlioque déclarai, ({uœ
onmia irrc tiniiersfdilcr comprchciidil ; scd hoc iUi de-
mion fie', si seqiuimuy itiiircrsit.:tem, nnlitjnilrJe.v, coii-
seiièiotcni ; sequ'ir^iir aut.nn iw.'.vcr'.iAilcin hoc v.icdo :
Si hauc laium (idiii rcnnn esse faleciDiur, qi;n;ii tola
pcr oybi':u lerrnyuni confUclnr Kcclesiit ; aiili/juJlnteui
vcib il,'i, si ub his nullnleuiis seiisibus rcccdatinis, (j'.ios
snticlos m.yures cl puires )WSiros célébrasse mcmifeslum
esl ; conseiisiouem qnoqiie ilideni, si in ijisà vcluslate,
omnium, vcl cer!c peitè omnium s::cerdoUnn paritcr cl
m::gislrorum defmilioïics scuteuliasque seclemur.
.lam sic in forma proponimiis arginnenlnm.
Eo icnipore que» Lnl!:erns et dilvinns dissidiis
orbcm calliolicnni implcvorunl, tlogina erat pcr omnos
Occidcnlis cl Orionlis ecclesias pcrvtilgatum, sopicni
esse logis cvniigeliea: Sacraniêiila ; atfpii sic eral d )-
cti iiia illa amiqua, ni quo primîim Icmpore nata fuorit,
qnà a'ialc inolovcril, qiiibns arlificiis, qiiibus snasori-
busltH-ril ab oniiii!)ns approbala, privscribi ab h;erelicis
iionpossit ; crgoseiiiper et ni)i(jueeiediuun est, sepleni
cssc Sacranionla ; atqiic adoù non polesl illtui dogina
lion cssc vennu ; nisi dicainus, quod sine inipielale
non possumiis, enàssc univcrsam Ecclcsiaiii. Consial,
itupiit Tcilullianiis, Pnescrip. c.2i, omneui dochinam
quic cum cccicfiis riposlolicis, runtricibus cl oricjiuaUbus
jidei conspire!, veritali dcpulandum, id est, sine diibio
tenentcnt, quod ecclrsid' ab aposlulis, afosloli à Clirido,
Cliristns à Dca snsccpil ; rcHquani verb omnem dodri-
nani de mendncio prœjudicandam, quai sapiil contra
verilateni ccclesiariim et apostoloruni , cl i.hristi el
Dei.
Singulas argumcnli parles sigillalini demonsirarc
operie prelinni es!, ne vidcainur decedere ab oflicio ;
iiiajnr proposilio Ijiparlila esl ; aflirnial cnini Lulbcri
cl Calviiii lenipoiibiis, seiilenliani de seplenario nu-
méro Sacramenlorinii , luni in Oceidenlc Uun in
Oriente communi omnium consensionc fuisse re-
ceplam.
De occidcnlali quidem Ecdesià ccrla rcs est : ba-
l)emus cnini fatenles reos, qui inicr ca;leras pacis
dirimcnd;e et cxcilandi scbismalis causas liane pr:e-
texuerunl, quôd Poniilicii (sic cniin (ialhoiicos pcr
jnvidiani lra<!iirel)nn() reliclà anlii[iià lide, nova olio-
sorum liominmn ciinnieiila seclarenlur, pnneiido in
numéro Sacranienloruni inutiles el c\ilios;»s e.eremo-
nias ; quam calumniani Tridenlimim concilium, edi-
tis divcrsis canoiiibus (I), fupreniâ aiielorilatc rc-
prcssil.
(I) Sess. 7, de Sacr. in gi.MnM., < -ii. 1, ùi; Con-
firm., can. 1, scsi. li, de E\lr. l'ncl , can. !, do
VCnAMENTORini NOViE LEGIS. 1230
1 Noque minus de orienlalibus consial : nam ignorât
nenio, nisi rerum ecelesiasliearum rudis cl imperilus
quanta omnium indignalionc excepta fiicril Augu-
slana confessio, qunm AViltembergenses Ibeologi, ad
Jeremiam palriardiam C(»ns'antino|iolitaiium, r.on ut
discereiit, sed uldocereiit, non consulendi eausA, sed
coniimpt'iiiii, niagno vcrborum apparatu, cl inslruclis
ad laMiuiain lenociniis, anno ut pr;rdixinnis 1575,
niiseranl ; iiiam onim, nidlà morà faclà, laudatus
patriarelia cgn^giè confulavit, vcri)is a[>erlis A^^^l\:^-
v;u)S {{} cœremonias sacras el Sacramenla in Ecclesià
catholicà a Chrislianis orlhodoxis recepla, numéro se-
ptcnario contincri : liaptif.mo niniiriim, l'n(tio}ie divini
chrismaùs, Communione diviiià, Ordinatione, Matri-
monio, Pœnitenlià, cl Oleo saiido (E\lromà videlicct
; Uiic'ione) : sicnti septem suut dona Spiritùs saucti,
vt loquilur Isaias, l, 2, itn scfdem esse Sacrmnenla,
quai Spirilus sanclus operuiur, ncc plurn, nec pau-
ciora.
Jercn:;a^,quoad vixil,Gr;ecorum nemo qui conlra-
\ dixeril est rejiertus , nemo qui non ejus scripla pro^
I bavcril, volut anliquam doclrinain spiraniia. Sicque
laboribus ejus slabilila coneordia, non mediocri teni-
i poris cursu, ad annum ciroiter l(r25, in Oriente re-
gnavil; lune enini novas concitare lurbas tenlavit
i Cyrilliis Lucar patriarelia Constanlinopolitanns, mirai
! bomo callidilalis et impudeiili;e ; quanlùm moribus,
i laiilûin doclrin;i3 decessori-s sui Jerenii;e dissimilis,
qiioiii peiiè unum sibi Calviiiiani eo lenijiore devin-
I xeiuiil, ciediinus, ila permillenle Deo, ul ex pauco-
I mm oppositione niagis callioliea verilas cflloresec-
I ret ; vix cnim, ejus pra-posilo nomiiie, piodieral nova
I fidei confessio, non ex aiiliquis Gr;ecoruni scriniis
i qii;c non legcrat, sed ex Calviniauorum, quibiisc:ini
isecrelù agebat, lurbidis fontibus erula, in quà pnr.lcr
cictera, iiisigni niendaeio legcbatiir, ait. \o, Grœco-
rum perpeluam el conslanlem esse doctrinam, duo taii-
titni Sacramenla, Daplismum el Eucharidiam, h supremo
lc(jislatorc Christo sa)icila ; \\\, inquam, prodieral mali
liominis formula, et ccce jubentc clero Conslanlir.o-
poleos publieas concertaiiones conlra novani Calvinî
doctrinam sustinuit, ilie quein praHiixiinns Ceoigiiis
Coiessiiis ab iiisulà Cliio accilus, in ijuibus make liJei
novie formuUe seriptor est postulalus, et manifcstô
ccrtissimis tcslimoniis declaralum, seplem esse Itgis
e\angelie;e Sacramenla; quam senicnlian) eodeni
penè tcmpore pnblicavil Gregorius Proto Syiacilus,
Geoigii discipulus, in Epitonie divinonmi inyslerio-
rum, quam Gnecornm arcbiepiscopis, episcopis, pi e-
sbyleris, clero denique universodedicavil ; et lia-c (pii-
dem acla suntanno IGôo, in vivis agenlc, iniù pnl)iie("\
eonsenticute et approbanti^ Cyrillo. Sic enim erat
bomo ille versulus, el siniulalionis artilicio erudilus,
ut Calviiiislicam factionem quam clancuiùm prolcge-
bat oninique operà proniovebat, palam, cliain mulli-
P.rnil ,can. I et srqq., sess. 23, de Ord , can. 3,
s^^.s. -ii, de saiT. Matr. can. I, Oiion.= .
(1) liesp. 1. pa^. 77, v. Pcip lid , t. o, 1.1, c. 3.
DE RE SACUAMENTAIUA. — DE SACRAMENTiS IN GENEUE.
plicalo prr sii!u;iiU!î) ncfas pcrjnrio, deleslari se fin- j
"crof, ne vicleliccl p.iblico se oïlioonorarol
Poilrjiiàm vcrô c \i\ is cirptiis csl, lùin mullo aiii- |
inosiùs conlra ojus doclrinam cl ineiiioriain iiivolii
cn-plum; nam in ooncilio Irium patriarchanini (!),
iiiiius siijira vigiiUi opiscopnruni et nielropolitanini,
et viginli trium inagn;c; Ecdcsie oflicinliuni CoiîStan-
linopoli Iiabilo ad anmim !G38, neminc rcclanvaiilc
cdilus csl canon ([ni sccinilur : Analhema Cijrilio nova
dognutla fabricmili, et crcdeuli uon cssc ex instilulioiic
Jesti Cliristi, neqne ex aposlotonnn tradilione, prax'uiuc
perpétua $eplem Kcclcsiœ Sacrmnenla, Buplismum sci- |
ticèl, Clirisma, Pœniteutiam, Eucharistiam, Sacerdo- \
tiuni, Extreinnm Uuclionem el Matrimonium : ml fcLsb
nuscrcnti, duo tanlùm à Clirislo in Evmujelio data cs.in
mit insi'unta, Baplismum et Eucharhtiain : i'iemqnc
Tiualnor posl aniiis, anno 1&42, in allerâ synodo Jassi
in Moldaviâ congrcgalA, iieinqnc in allcrà Constar.li-
iiopoli pr.rsidc Partlienio serdorc cclcbralâ, iisdem
pciiè verhissauciunn ; lanlumnindùsnppiesso, propicr
qiiorunuhim fornildinCMi^ Cyiilli nondiie, confessio
cjns daninala, e'o qu'od, infiuitiiit Paires, artic. i?,
quin(]ue Ecclesiœ Sacrmticnta répudie!, Saccrdolium,
sitncluin CItrisma, Extreinam l'nr!ionem, Confessionem
quœ pœiiileutià fit, et honorahilc Conmtbiuw, quœ ad
nos auliqua traditio tanquàm res sacras transmisit di-
vina: qratiœ effectrices.
Accessit versus seculi seplind dccimi finem allerins
definitio synodi, Hierosolyinis prœside palriardià Do-
silheo liabilce, quit plenain liis verbis fideni expres-
sit : Crcdimus seplem in Ecclcsià esse cvangelica Sacra-
ineula, ncc plura nec pauciora; liuncque uumcrum
addenda vcl viinnendo mutarc , liœreticœ pravilalis
ir,S(tnu}n pronuntianius esse coinmentuni.
Eadeni deniquc alionini quos prLcdixiinus, si;p.,
q. 1, c. 2, § I, Orientis anlislituni senlenlia fidl ; iil
intérim de Cophlis, Jacobitis, Syris, Maroniiis, et
aliis laceamus, qui suani eà de rc fidem, dalis sx'j i;is
teslinioniis, confirniàrunl, qiionMiKjuc in [iO-4erù:!i
\crba, ubi occurret occasio, referemus,
Jam ilaqnc cerlum est, oniniquc parle coid'eLtinn,
LuUieri cl Calvini, cl proxiniè seculis lein|)oribus, \
dogma fuisse in Oriente cl Occidente rcccptnni, se- i
' plem esse in nova Icgc Sacramenta
Prob. \enio nunc ad niinorein principalis argn- j
. menti proposition cm, bis verbis conccplam : atqui sic i
erat doclrina illa mitiqua , ut quo priinitm tenipore nata
fuerit, quà œtate inoleverit, quitus arlifuiis, quilnis sua-
soribns fueril qcneraliler approbala, viouslrari ub luvre-
ticis non possit ; qiiam qnidem conlidinius facile à
cordalo qnolibot admiltendam ; nam
I. Edisseranl nobis adversarii , (jnis lanjcm ille
fucrit insani, ut loquinilur, dogniatis l;djri(alor? Qno
lioniinc appcll;itns? Qiià patrià oriiindns? Ciijus insti-
\uii professer? Quù dcnique pnieditns aucioriiale, ni
"non Occidciiti lanlnm sed Orienti nnivcrso, coulra
doctrinain velcrcm persiiadere polueiit, licn duo aiit
(I) Cyrilli Herocnsis palriarcb;ie Conslanlinop.,
Mei.ropb Aiexandr., Tbfoplian. JiNO'^olym.
' tria sed scpicni cs5C Evangclii Sacranicnla , grati;e
cflkacia? Qiiôd si in re lam ncccssarià obinulcscant ,
ut rovcià liactcnii?;, sa;piùs liièt provocati , siluerunt,
cos jure nostro mcndacii accusabinuis , fruemurque
i.-ilerim b.Trediialc nostrà , qiiain quia usurpalam de
novo probarc Lulbcrani et Calvini-tnc non possunl,
boc ipso anliquam et coxvam !■ cclcsix- nierilo gloria
mur : jiixla ilhid Terttdliani loties decaiitatuui axio-
n^.a : (juod apud oiiiiics viiuin invcnitur, non csl errutum^
sed tradilHin (1).
II. Mutalioîiem banc pouiliis impossibilcm dcmon-
slranms; nam, vel repcntirio (piodam impclu coiitigis-
sot, vel pauialim inEcciesiam, paslorumpopulorumqtie
negligeiitià irrepsissel; prinnim si di.xcris, prodigium
narras, cui simile nusqnàm audirc licuit; quis cnim adcô
est mentis inops . qui seriô pularc possit, uno eodem-
que momenlo, halos, Guilos, Gcrmanos , Anglos,
llispanos, etc., Grx-cosquc omncs cl incolas Orientis,
tum orlhodoxos , tuni scbismaiicos , lum ba;reiicos,
Copliios, Jacobilas , Nestoriaiios , universas dcnique
orbis ciirisliani génies , forluito casu , ncmine insli-
ganie, priscam ejuràsse fidem, el oblileralà doclrina
veleri, lum priniùm cœpisse crcdcre, septcm esse sa-
cra gratiiiî efficacia symbola , cùm anleliàc nudtô
breviuie , binario sciiicol, aul ad summum icrnario
mnnoro arciata puiala forent? Inlcrim verô in lam
prodigiosâ bominum nudtiludinc, ne unum (piidem
rei)ertnm, qui lam stup.'iidam levilatem arguurit!
i Sed ncc secnndum dici potesl ; altcndendum enini
' qu;c sit , olinique fucrit faciès Ecclesia; ; in duas ve-
biti partes uaiversa dividiUir, Occidcnlalem et Orien-
lalem ; babuit scmper Occidens episcopos doclrina
sanà cl vcritalis amore conspicuos ; habuit pai'itcr
Oriens ab omni rctro ;.ctale anlisliles omnis jio\italis
imi)aticntos, qui proindc gliscenti cn'ori sirenuè obsli-
lissent, nec decipi in rc adco l'aciii poluissenl , nam
communissinia rcs Sacramenta suni, onndnm oculis
obversanlur, loruntur, si sic loqui fas est omnium
manibus ; itaqne si olim cxistimalum fueril duo tan-
lùm vcl Iria esse, debuit pcrsuasio ha;c communis
omi'.ium esse , ne ipsis quidem exccplis de plèbe in-
(1) Nonnnllas obscrvatinncs addcreinns, ad confir-
mandum quod dicil auclor, ampliùsipie dcmonslran-
dum , mulalioncm circa Sacramcnla re^crà non
cxstilisse , licct alioquin , contra omnem ciuidcm ra-
lioncm, possibdis supponerctiir, nisi jam liabercnlur
in tomi 8 Cursus completi c(d. ioj cl io-i ; (juod
cnim il)i dicilur de Cinisli divinitatt; ficilc transferri
polcsl ad prasenlcn» qu;cslioncm. Unmn lanlinnmodù
subjnngeie nol)is liceal : ncmpe si lanla mulalio circa
Sacramenta facUi cssct, cxlarcnt conciiiorum decr(;la,
qu;ie, agitalà in ntramque partent qua-stione, diversi-
modè proiiunli<âsscnl, proul criori favisscnt aul ve-
lilali. Enimvcrô, ubi primiim novic aiicujus b;rreseo3
cxurgit rumor, undique fieri soient rcclamaliones ,
fidci jndices cxcitanliir, arrcclisque ainmis stant; coiî-
gieganlur concilia; qui pravarum suarum opirdonuin
figiiicnta disseminarc non vciitur simul cum suis as?o-
clis citalus, de nova docliinà postulatur. llic nios est
Christiànorum , b;cc omnimn secnlornm ccria cl sla-
biiis roiisnotudo ; poirô ludlum nn'piàm ci\ de re coii-
ciUuMi babilum est , ut bislori:\'no(iMii est , ctsiicnlio
sno conlitcntm' adversarii; er^'o (Kdil.)
1233
QL'.f:ST. m. nr, EXISTENUA SACRAME.NTOill.M NOY.£ LEGIS,
liil
fiinâ mulierculis; vidiculiini crgo csl fingore, paulaliin
et iicininc reclamaiile aiiliquaiu docliiiiain sic esse
ni'itaiam , iii ad seplcnariiim miiiieriiin Saciauiciila
ciiltn supersiilioso excreveriiil.
Scd dcimis advcr.-aiiis (voltimus eiiiin faciles esse),
insigneiii ali(|i:am EccIesi;o purliunein , Galliam ,
cxeiDpli causa , iiovo fuisse crroie dcciplam ; qu.e-
rimiis quibiis tandem arlibus ac pnesligiis error in
Gailià nalus, in aliis icrrarum Iraclilnis palronos, ne-
niiiie conlradicenle, reperire potneril?
Deniiis ilerùin id qiiud ainlacler Lullierani et Cal-
vinist;« aflirmanl , Roniaiiuni qaenulam Poiilificcni ,
lYianiiico usiirpalo impcrio, Oecidenleni univeisuni
in supcrsiilionis barailirnm pcriraxissc; denuù (pue-
linnis qnoniodo poiueiit nova lucresis ab Oecidciilo
in Oiienleni inumpeie? Nenio eiiini est qui nesciat
Cnccos jam indc à ninllis seculis, Lalinis infensissi- |
iiios eise, quominùs igilur novo illoruni errori a.^sen-
lirenlnr, parlim pnedicala verilas , partini iiinalum
odiiiMi objililissel ; nani , qnaiso, quoniodô cnorem
proprium Laiinoiuni nltiù ampiecloiL'nlur, qui , ne
videreiilur judicio Oceidentaliuni acquiescere, suos
ipsi crrores non abjocerunt ? .1
Deinde orienlalis Ecclesia non est unius conimu-
iiioais; qnin è coi. Ira iii varias sihique adniudiun con-
Iraiias dislraiiilur lactiones; babel orlliodoxos, habel
schisnialicos , babel ha;relico3 , cbrisliano equidem
junctos noniine, sed reverà sibi inviceni à muliis se-
e<ilis lepugnanlcs, jam quaero ab advcrsariis viani ut
iiobis deuionsln nt , quà ab ort'.iodoxis ad scliismali-
cos, ruisùniqiie ab islis ad lia;relicos, ei ror pervadere,
ncniinc renitenlc-, potueril? Nx! illi malè honiinum
nôruiil indtilcni, qui volunlales lantoperè abalienalas,
et lain diversis religionibus occupalas , redire adeo
facile in coucordiam pulant, ul novuni et iiaclenùs
incogniium dognia nianibus pedibusque , ne une qui-
dem répugnante, suscipiant.
Cùm igilur pra'scribi ab boerclicis non possit quo
lempore qiiàve ralione niulalio in anli(pià (ide conli-
geril, cerluni maneal et c .nslitulun» siiilenliaui quam
defendinius nili divinà Iradilione : iiain, iiiqiiil S. Au-
gusliuus, 1. -4, conlra Donat., c. ^2i, (iiwd uitivcrsa
Icnct Ecclesia, nec coiiciliis instiliduin , scd semj>cr re-
tenlnm est, non uisi aucloriUtte aposlolkit InuliUtmrectis-
sintè creditur.
AKGLME.MtM II, cx (Jrœcorum eucliologiis, et rilualdms
Latinorum.
Qiiid vcrô opns est iiujus verilalis operosins argu-
menta ini]uirerc? Cùm riliialium omnitnn Gra^omm
et Latii:ornm consensio ad obstrueiida luerelicorum
ora et mendacium refellendum salis superque sufiiciat?
Esl enim liber rilualisveluli fidei proinplnarium, indi-
cnlus credendonmi populo (ideli jiroposilus; quocirca
magna eucliologiorum auclorilas esl, quando in aliijuo
dogmale admillendo consenliunt, quia lex supplicaiidi,
inquit S. Cœlestinus S. pontil'ex, régula ipsa crcdendi
est ;(\tto fit, ul horum librorum norniam conlemnere
idem sit ac (idem calholicam conculcare ; jam sic
prosequor argumenlum.
Alqui seplcni esse signa, ad gr.ili.tm liumiui coide-
rendam vel augendam eflicacia, in bunc finem divi-
iiilùsinslilula, clamant omnes libri rituales qnos Occi-
I densOricnsqiie cnslodit ; ibi nanique de Baplismo, Con-
Hrmalione,Eucliarislià,Pœnilenliâ, Exlrenià l.'ncliono,
Ordiiie et Malrimonio, plena et diffusa meulio e&t ;
rilus in cujuslibel adniiuislralionc obscrvaiidi scru-
pulosè nolanlur, niinisler priescribilur, lempus, bora,
condilioncs deniquc onincs assignanlur; ncque c^^t
quod novilalem oblendant luerelici , cùm lioi um li-
brorum auclorilas simimA auliiiuilale frualur, ut
snmus suis locis opporluniùs Obleiismà ; ergo seple-
nariumSacramenlorum numerum labefactare diclcriis
■lUis liocretici frustra moliuntur: cùm è conlrario hoc
ipso désertai fidei convinc;inlur, quôd libros ejnsdem
(idei icsles rejecerint ; nam qui (idem inlogram ser-
val, fidei regulam non conlemnil.
AIiC^^:E^Tl•M m, cx auctoritale tradiliouis.
111. Terlium buic affine est, quod ex traditionc pe-
lilur : tôt enim sunt admiltcuda Sacrameula, quot
Paires veteres edocli divinilùs admiseruul ; alqui san-
clorumPalrum in septenario numéro adstrucndo plena
consensio est.
Ac 1° quideni quantum ad Bapiismuni spécial ,
quando de illo nuUa lis est cum liajrelicis , probatio-
nem putamus fore superfluam.
2° Confirnialionem in sacro numéro collocanl Ter-
tullianus, Cornélius S. ponlifex, S. Cyprianus, S. Am-
iirosius, S. Augusliiius, et pîerique alii ; illani enim à
Baplismo, lùm quoad acumi, lùm quoad eflicacitaleni
distinguunt; eamdemque propriis lilulis modo impo-
sitionem nianuum , modo unclioneiii, modo Saa'a-
mentum perfeclionisetsanctificalionis appellanl. Ungt
quoque , inquit S. Cyprianus , epist. 70 , uecesse est
eum (jid baptiudns est, ut acccpto clirismate , id est,
nnctiuiic,esse uucliis Dei, etliabere iii se gratiamChristï
possit ; et epist. 72 : Paritm esl cis (neopliytis) jjia-
uum imponere ad accipiendum Spiriluin sanctum , nisi
accipianl et Ecclesiic Dapiisinuni; lune enim demitm
plenc sanctificari et esse fitii Dei possuut, si utroque Sa-
crauiento nuscantitr.
ô° De Eucliarislià quid juvat sanclorum Patruni
aucloritaiem attexere, quos ad unum omnes Eucha-
risliam Sacramenlis annumcràsse, suo loco monslra-
biuius? Nec ncgant novi liKretici , qui , elsi in muliis
(Idem corruperint, realem pniosentiam Clirisli , aut
elemeniorum iraussubsiantiaiionem negando, Sacra-
nicntum tiuucn reverà esse coudlenlm'.
■i' Pœnileuliam verè esse Sacrameulum aperlis
scnteniiis atlesianlur Origenes, Terlullianus, SS. Pa-
cianus , Ambrosius , Joannes Cbrysosiomus, Hie- '
ronymus , Augustituis, Léo, etc., Soins hoc, iuquics ,
Drus poterit, ail S. Paciamis, epist. 1, Sempronia-
num refulans (qui v(debat à solo Deo gra\iora peccala
remilii posse ) : veruni est ; tiani qitid illtid est ,
sed et quod per sacerdotes suos facit, ipsius po^
lestas est , quod aposlolis dicil : i Quœ tigaverilis in
leriis, ligata erunl et in cœlis : et quœcumque sol-
vcriiis in terris , sotit'tt erunt c( in cœlis?* fur lior,
125."
DE m: SACRAMENTARIA, —
si liyan' Iwiuiiiibns ac soU'ere non ticcbat? An Umt'um
hoc solis aposlolis lied? Ergo el baptizare soHs lied,
H Spirilum suueluin dure solis, cl solis (jenlium peccala
purgare, cpiia tohim hoc non aliis quàm uposioUs impc-
ratum est Si crcjo luvacri et clirismalts potcsltis ,
inajonim lomjè clirisnmlum, ad episeopos inde descen-
dit, et injandi quoijue jus ad fuit ulqnc solvendi ; quod
et si nos ob nostru peccatn tenicntriè vindieamus , Dcus
tavienillud, ut aposlolorum Cathcdrinn lencntibus, non
negabii.
5° Extrema Unclio scquilur, quani \eliit pœnilcn-
liœ appendiocm , iinô vit;x; clirisliaiKt; lonnimiiii ot
consuîiinialioiiem Paîriuii dociiiiieiila c-niinoiuiaiii. ;
unuiii iiilcriia laudàsse siifikial, iinillis aticlDiiiale
îicquanduin , Iiiiiocenlium I, ciuarlo de, inouïe cl
inciiiile (juiiito scculo S. ponlilicoui ; coiisidlus ille à
I)eeenlioEu^\]])ino episcupo,iiliiini lia^c Jaeolii voiba :
JnfirnuUur quisin vobis, elc, deberciit intelligi de in'ir-
niis oleo à sacordulibus inangoiidis? L'irùm etiam pu-
bliée pœiiiioiilibus coiicedi l:;t'c Uiiclio debercl ? Sic
respondil cpisl. aJ Dec, c. 8 : ^on est dubiuni de
fidelibus a'yrotanlibus acciyâ vd inleliuji debcre , qui
mncto oleo chrismatis pcrungi possnnt : que, ab episcopo
confeclo, non solitni sacerdotibus, sed omnibus uli Cliri-
stianis licet, in suà aut snoruni necessitate inungendo...
vœnitentibus ishid injuiidi non polesl , quia genus est
. Sacranienti ; nam quibus reliqua Sacrainenta negantur,
quomodb unum genus putatur passe concedi?
G" Nec niinor est docloiuin vclerum iti sacro Or-
dine vindicaiido conseiisio; diviiia;n ciiiin iiislilulio-
iicm habere , riiu exlenio perlici , el deiiique viin
liabere graiix> coi!foivnJ;e , iino ore , iinoque sensu
leaueruiit saiicli Igiialius, Chrysoslomus, Kierony-
nius, Gregorius Nisseiiiis, Aiigiislimis, et alii ; omnium
instar sil S. Auguslinus, lib. 2 contra Parmenianuiii ,
c. 15, ubi agens conira Duuatislas, qui Baptibniiiin
quidcm per iuDicsim non delcii cunlilcbantur, dandi
verô B;iptismi potcslateni pciiilùs nu/erri pulabant :
IS'ulla , inquit, ostcnditur causa, cur qui Duplismuni
amittcre non polest , jus diudi umillere possil; ntrum-
que eni.n Sacranicntunr est , et (;uùdam consccralionc
utrumque honiini datur, illud ciini baptizatur, islud eiini
ordinalur...ipsi (Donalistte) explicent, quomodb Sacia-
vientuin baplizati non possil aiuiiti , el Sacramentum
ordinati possil amilli ; si enim utrumque Sacramenlum
est, quod nemo dubilul; cur illud non amitlitur, et
istud amitlitur? ISeutri Sacramento. injuria facienda est ;
ilacpie S. Augustin! lemporibus ila certum eral,Or-
dinen» esse Sacramentum , ut eâ de re ne dubitare
q'jidem liceret.
7" Denique sacrum numerum nupliae claudunt,
quas, etsi in loge nalur;c el Moysi , pra'ler naluialis
civilisque conlraclûs coiidilionem niliil quid(|uani ha-
buisse sancli docloros ctinsonliant , in K^ge lamon
gratix, maximo quo poteranl bonore auclas affirmant,
ut gratiam sanctificantcm digne acccdcntibiis , nou
secùs ac alia Sacramenta, conferrent; quà de re con-
siili possunt, TciluiUanus, 1. 2 ad Uxorem ; Siricius
S. pontifex , cpist. i, c. -4 ; lanocenlius 1 , epist 9 ;
DE SXCHAMENTIS IN GENERE. 125G
S. CyriUus Alcandrinus , lib. 2, in Joannem c. 22 ;
S. KpipbaiiitiS, hirresi C"; S. Augnslinus , li!). de
Boi;o coDJngali.cap. 18, et lii). de Fidc et Opcribiis ,
cap. 7; S. Léo, epist. 92, el a!ii quauîp'urss; sic
lira ter c;i'leros Terl^illi.iuns , icc) ciialo : Cndè suffi-
ciamus, inquit , nd enarrandam frlicilalcm liujun ma-
trinionii , quod Ecclesia conciliât , conp.rmal ohlalio ,
obsiqnat bcncdictio , Angcli rciiunliant , pnlcr ralnm
h'.bet.
Ei^o saiicli paires in sepienario iiunicro adslriiendo
consenliiint.
AacLME.MLM IV, cx Scripluris
lY. Qîiai qui(ie:n licèt prorsùs conviiiceniia siiit
argimiinln, cii;ii perpétua Ecc!esi:o et sanctorum V.i-
tiuni in dugin.a (|i!iilibet con«piralio, Dei ipslus aiulo-
ril;!s sit, Ecclesiaiîi sine ullà erroris adinixlione re-
gciilis, quia lamen baîrclici , conlcmpià Iradilione,
unam volunl jiidicem audire Scrijituram , et ad illap.i
co.'UiiHiô provocant, supcresl ut oslendannis onmia,
vcl cerîè penè onsnia, qiiie recensuimus Sacramenta,
in verbo Dei scriplo , apcrlissimis oraculis pra'di-
cari.
De Baplismo quidoni posita lox à Cliristo est et
furnia pnescripla : Eunles, inquil Mallli. 28, 19, do-
celé omnes génies, baplizanles eos, in iiomine Palris, et
Fitii el Spirilûs sancli; et Marc. 16, IG : Euntes in
mnndnm unicersum prœdicatc Evaugelium omni crea-
turœ; qui credidcrit, et baplizatus fnerit, salvus erit.
Gi)nfirmatio verbisexpressis in Actibus Apostoionuii
dcclaralur, cap. 8, 13 etseq.: Cm?» audîssenl aposloli,
qui eranl Jerosoltjmis quod recepissel Samaria verbum
Dd, niiserunt ad eos Petrum et Joannem, qui cion ve-
nissent, oravcrunt pro ipsis, ut uccipcrent Spirilum
sanclum ; nondiini enim in quemquam illorum venerat,
sed baplizati tantiim eranl in nomine Domini Jesu;
lune ii}iponcba)il manus super illos el aceipicban! Spi-
rilum sanclum; ilenique Act. 19, 5 et seq. : His audi-
tis, baplizati suut in nomine Domini Jesu: el citm im-
posuissct mis manus Paulvs, venit Spiriltis sanctns su-
per eos; ad quem rilum alludens Apo^tohis , llcbr. G, 2,
manuum imposition 'ui primis fidei rndinicntis accen-
sel : Quapropler , inquit, inlermill.nlcs inclioalionis
Cliristi sermonem, ad perfecliora feramur, nonriirsiis ja-
cientes fundanwitum pœnilcnliœ... Baplismalum do-
ctrina', imposilionis quoque manuum, elc.
Eucbaristiam pori'ù verum esse Saci'amenlum, ipsa
institulionis vcrba demonstrant ( I ) : Cœnanlibus aulem
eis accepit Jésus pamm, et benedixil ac fregit, deditque
discipulis suis, et ait : Accipite el comcdiw, hoc est cor-
pus meum; et accipiens caliccm qr alias egit, el dcdit
mis diceiis : Dibite ex hoc omnes ; hic est enim sanguis
■ meus novi Tcslamcnti, qui pro mullis elj'undelur in re-
, missioncm peccalorum. Hoc facile in meam commemo-
rationem.
' De Ptrnitcnliâ apnd S. Mallb;eum 18, 11 , sic loqiii-
turChrislus: Amen dico vobis, quœcumque alliqaverilis
\ super lerram, eruni Ugatacl in cœlo ; el ly.i.i i....,? v io.-
1 (1) Mail. 2G, 26; Marci 1-i. 22; Luc. 22, 19; 1
I Cor. 4,2.
1257 QU.>EST. ill. DF EXISTENTIA
tcrilis SH]),i' Urrum, erunl solnla et iii civlo ; cl iii
Kvaiigclio Joaiiiiis, '20, l22 : Accipitc S})irltnnisitiiclu)n ;
quuritin reiidscrilis pecaila, rcniitlinitur eis, et quotuir
leliiiuerilis, retenta sunt ; liiiic Apostoliis, 2 Cor. "i, 18,
i'J, "lO: Oiiiiiici ex Heo, iiuniil, qui nos rcconciliavit
sibi per Clinstimi,el dédit nobisuiinisleritim rccuncilia-
lionis.... pio CInisto ergo leqatione funqinmr .. obsc-
ciainur pro CInisto, reconciliuimni Deo.
Exlrcmac Unclionis riliim et gratine coiirerciula:
virttKeni explicai S. Jacoljiis, Ep. cap. 3, il, liis ver-
bis : liifinuatnr quis in vobis? Inducal presbijleros Ec-
clesiœ, et oreut super euiii, uugcnles euin oleo in no-
nii-.ie Domini ; cl orutio fidci salvabil infirmum, et al-
liviabil euni Domluus; it si in peccatis sit, rcntillen-
lur ei.
De Ordiiialionc sacra Iriiii clanim est qiiôd veri
Sacrainciiti digiiitato i>r;i,'ftilgeat, ul miruin sit ab lioc-
relicis, qui lyiiceos babcre se oculos jaclilanl, non
vidcri ; nani priinos iliacoiios ritii sacro U'giinus Ad.
G, G, soleiiiiiiler inslitiitos. lias statucrnni, iiiqiiit, anle
conspccluni A])ostoloru)n ; et oranles iinposucrunt eis
H/«H!(s. Parique modo Saiiliiiu ei Bariiabaiu in opiis
sacrum segregalos accopiinus; uiinislnaitibus illis Do-
mino et jejunanlibus, dixitillls Spirilns sanctus, Acl. 15,
2: Seqreqale milii Suuhun et ISurnabani, in opus ad
quod assiinipsi cos;tu)ic jrjunanles et oranles, impo-
nenlesque eis tnanus, diiniserunt illos. Xc vcrô puict
alicjuis, rilnm bimc non legc perpétua, sod f.ivorc spe-
ciali erga aliquos observatum, asidialur IJ. Paulus di-
scipiilo siio Timolheo ila îoquoiis, I Tini. 4, 1 i : JSoli
nrgligere grutiam quœ est in te, quœ data est tibi per
proplieliant, cum iniposiiione manuuni prcsbgterii... El 2
Tim. 1, G: Admoneo te ul resusciles graliam Dei, quœ
est in le per imposilionem manuuni mearum : et Tim. 1
fi: Manuscito neniini imposucris, neque communicaveris
peccatis alienis, qiiod enini erga onmes fieri piicscri-
biliir, privik'gii loco ludicri non potest.
Denique quod spécial ad nialrimonium, nemiiii
diibium est ([uin niagno iionore baijilum à Salvalorc
fucrit. Nam et niiplias pra-senlià suà coboneslavit Joan.
2, 2, priminiique ibi miraculum, quod alibi polueral,
pcrpetravil ; cl novo cas indissoiubibs vincub bonorc
donavil qnando dixil Mail. 19, G : Jani non sunl duo,
sed una caro : quod ergo Deus cvnjuiixit, liomo non se-
parel. Scdetgb)riu^iumulum addidit, quando or.; Apo-
sloli significavil, viri cum uxore viiicubim, de-pon-
salionis suic cum Ecclesià perpeiuum cl sacrosan-
clnm symbolum cshC : Sacramcntmn hoc. inqiiil,
Epiies. o, 52 , magnum est : ego auteni dico, inCliristo
el iicclesià; inde cnim i)leri(|MC lum ex Lalinà, lum
ex orienlali Eeebisià tbeoktgi inferuiil, Malrimonium
verum esse Icgis nov;c sacramenlum; quod et nos
ipsi ultro fatcremm-, nisi iia-c et pleraquc alia sen-
sùs similis teslimonia, lam possenl facile de con-
Iraclu malrimonii, quàm de legis novai Sacramcnlo
cxplicari. Sed noslra ilin coiifessio bicnim nulknn
afferl Lulberanis el Calvinislis : quia nibil cos juval
Scripturaî silenlimn, loqncnle Iradiliono, qu.c non
SACKAMENTOKLM NOV.E I.EGIS. i238
miiiiis csl vcrbum Doi, (piàm oraculum in Cbrisli
'lestamcnlo consignalum.
Ilis L'x S( riplurà pra-jactis fundanientis, sic con-
cludimus argumenlum :
Sacramenlum nov;i; legis csl, res scmiibus mbjecla,
quœ ex institutionc Dci sanctilatiset justiliœ, lum signi-
ficanda', lum efjiciendœ vim liubet: alqui seplcm esse
Imjusmodi sigi'.a Striplura vcl apcrlè pra;scribil, vcl
non obscure in^iimal. Nau)
l^Iiilu srnsibiii isla coiilici, ncmo, nisi qui usuui
scnsuum non liai)uerit, diffilebilur ; quis cnim negare
audeataqu.e pcriusioncm, iuiposilioiicm niannum, u;i-
ctioncm, absolulionem, oralioncm, spcciem panis cl
vini, laclà consccratione, manenlcm, etc. , rcs esse
sensibilcs?
2' Ilabere hos ritus adjunclam grali.i; proniissionem,
uno code. ique verborum lenore proiiui!li;ilur; ipiid cnim
li;ec sibi verba volunl? Qui crcdideril, el baptizutus
fuerlt sdli'us eril... imponebanl manus super i7/o.s, d
accipiebanl Spiritum sanclum... qui manducal liunc pa-
uein, viiel in ccternum : quorum remiserilis peccata,
remittuiilKr eis ; oratio (idei salvabil infirmum; et si in
peccatis sil , remitlcntur ei : noli negligere graliam quœ
data esl tibi per imposilionem manuuni vtearum, cum
impositione manuuni presbglerii : quid, inquam, isla
nisi graliam pniosenlem, et sacri operis virtule infu-
sam signilicanl?
5"' Tandem quod virlulem illam non babcanl, nisi
ex inslilulione (I) divinà, lum bine manilestum fil,
quod nuUa res orcata possil, nisi volenlc Deo, coufe-
rendic graii* inslrumenlum esse ; lùm inde invicic
proi)alur, quod Aposloli de se nibil proesumpscrint,
sed in lanlùin tradiderinl, quôd à Domino Jesu accc-
pcrant.
(..albolica; igilur Ecdesise Sacramenla, quandoqui-
dem ex Scripluris probatur, el Patrum Iraditione ad
nos pervenil, el conciliorum lestalur auclorilas, se-
plenario numéro dcOniri certô crederidum.
Jam sit
§ 2. Proponunlvr el resolvuntur advcrsariorum obje-
ctiones.
Objiciunl. Scriplura nullibi meminil septenarii nu-
meri Sacramcnlorum. Ergo, etc. — Hcsp. 1': Hc-
lorqueo argumenlum ; nullibi Scriplura diserte ditil
Sacramenla vel duo esse, vel Iria ; ergo si nos agi-
(i) Jaiii supra diximiis lertiam illam condilioncm
; frustra aliis a(iji(!i. Nam idti scmel probalnm esl lia'C
signa amu'xamsibi graliam liahere, jam inconcu-simi
maiict, laiilam viitntem à solo Doo ip-,is coaimuiii-
CMlamcsbC. Ticinde parxi referl unde viin illam accc-
perihl, modt) vcrè cam babcanl; si cnim per gra-
lia- naluram liceret ut illam ab alio quàm à Deo lia-
bcronl, noime veri nominis Sacramenla dicenda
e>st'nl?
Aliam sanè condilioncm, nenqio prulula^ virtutis
permaiiCMliam , ipsis viiidicare iililius fuissct. Purro
nec isla ipsis iloesl rondilio; id onim rerlum omninô
evailil. lum ex constanli l*;ilrnin Iradilione fl Etcle-
si;(' |)r;i\i, qiue s('|ili'm Sacramenla semj.rr iisiM-|iavil,
el (lornil usurpamla ; lum ex co quod ralio proptcr
quam insliluta sunt, us(pie in Ecdcsia; vibibilis lini'îii
pcrscveraturaail. (Edil.)
1.239 l^E Kl-: SACRAMENTARIA. —
mus coiilia Stripluram, septeiu propiignatiilo novic
Ic'is Sacramonta, pari ralioiic acciisaiidi siiiU Lullie-
rani el Calvinisla', qui duo aii[ tria ossc conleinliinL
Mc.sp.2°: Coiiccsso aiilcccdciilc, iicgocoiiseipiciiliam ;
iil ciiiiii coiislct hcec vcrilas, salis csl (piôd in vcrbo
Doi expresse conliiioaUir; atijui dogiiia de septenario
iiiiiiicro Sacraiiieiiloniin expresse coiilinedir iii verbo
Dci, vol sciiplo, veltradilo; aliundè vero ac iiifailibi-
litaleni verbi diviiii iiibil inlei'esl, sive sil cniisigria-
tmn Hlleris, sive vivie vocis oraculo aceeplu'.n.
Ergo, etc.
Inslaiit 1° : Alqui ita silct Seripliira de seplenario
numéro Sacraineiilorum, ut duo laulùni esse doccai;
crgo, Ole. Probant subsuuipluui. Joauuis 19, v. 51,
sic legilur : Unns niilitum lanccà lalus ejns (Cbi'isli)
iipcndt, et couihntb exicil sangnis et aqaa ; bii:c sic iii-
ierunl arguuieuliun : I.ocum huue aulicpii docloros
sic cxplicaul, ut per aquam Baplismuni, per saugui-
iiem Eucbarisliam vcliiil debere inlelligi; b;ec eniui
fuit sanclorum Cbrysoslomi, Cyrilb, Angusiini, Da-
luasccni, et Gr.ecoruui peiiè oinuiniu seuleulia. lliuc
iiatum coniuuuieeiï.ilum, Sacrameinu ex Ijlcre Clirisli
de cruce peiulenlis fluxisse; ergo ita silet Scriplura
septciiarium numerum Sacrauîcutoruiu, ut duo lan-
lùm csâe in conirarium doccat. — Ucsp. : Nego subs.,
ad prol)ationcnî adniilto auclorilUcui; et concesso
antécédente, negoco!ise(pieiitiau). Nani
1° MysticœScripturaruni cxposilioncs tanlinonsunl
ponderis, ut per ilias septenanus Sacranientoruni ini-
nierus cxpnguetur, ([uia arbilrari;v siiut, ncque iilis
inbccrere iioccssariiun est ; euiin vero pra'ter lauda-
los in objeclione Patres, non defuerunt alii insignes
interprètes, qui locum bunc aliter exponendum puta-
vcrinl. Sic S. Ilicronynuis, ep. S3, ad Ocyan., el S.
Cyrillus, Cat. 5, sanguincni et aquani de solo Bapli-
snio intelliguni, qui vel in sanguine per niartyriuin,
vel in aqiiâ per sanclum lavaeruui snscipitur.
E conlra S. Ambrosius, lib. 1 in Luc, c. lOo;
S. Léo, ep.i, S. Auguslinns et I3cda, Connu, in c. 19
Joau., per sauguineni, preliuui nostra; redcuqilionis,
per aquani, voluiUsignilicatuui esse Haptisnunn; j:iui
vcrù si quis ex liùc Scripturarum interpretationc in-
ferrct ununi lantùin esse Sacranicnluin, inepte pror-
sùsageret; pariter ergo adversarioruin causani non
juvat, alioruni expositio, qui volunl pera{piain el sau-
guineni Haplisniuin et Euebaristiani esse signili-
cata.
2° Eliauisi per sauguineni, Encbarislia, et per
aquaui, Baptisinus, neeessariô intelligereulur, jierpe-
làm tamen bine infcrrelur, duo lanlùni juxlà Scriplu-
rani esse Sacranienla : quia exclusivuni seusuni luec
explicalio non baberct.
i Insl. 2° : Atqui ita per sauguineni Euebaristia, et
per aiiuaui Baplismus, videntur debere inlelligi, ut
cœiera excludaninr; ergo, etc. Probant subs. Apoea-
lypsis, c. 17, V. 7, bonc leguntur : DixH milii Angélus :
Quare mirnris? Ego dicam libi Saeramoitnm inulieris el
bcsliœ ijuœ poiUtt eam quœ habet capila septcin ; atqui
iuquit Kcninitiiis, 2 parte Examiuis conc. Trid., per
DE SACBAiMENTIS LN GENERB.
ISiO
eapita seplcm siguificatur septcuarius immeim Sitcramcn'
toruni, peviiueus ad l'esliam, scilicel ad Anticlirhiuin.
Ergo si li;i'C duo Joannis teslinionia tonreranliir, sic
videtiir per prinniin binarius Sacranieuloruni nuuicrus
adstrui , ut per allerum seplenarius cxcludatur. —
llesp.: Nego subs.; ad probationem adinitto auctorita-
lem, et nego min.; puderel ad tain absurdam cl im-
l)iain Scriptune inter|)relationeni reponero, si Kenini-
linni sua; lenieritatis aliquatenùs puduisset. Quid enim
insulsius lîngi polest, quàin per scplem cajiita besii;e,
»e|)loin Sacranienla siguilicari, qu;e in calbolicA Ec-
clesià ceiebrantur? Ciim non dixerit Joannest Ego di-
\ ami libi Sacramenla viulieris, quod dieere debuerat,
si de seplem Sacramentis ab Antiebrislo invebendis
loq'.ii proposuisset, scd in singulari dixerit, Sacra-
viculiun.
Deinde quid seplem bis capitilins significetur, sta-
lini aperil S. Evangclisla; ait enini ibid., v. 9, s^'pteni
eapita, seplem moules sunt, super quos mulier scdel, el
seplem reges sunt.
Deni(pje si per seplem eapita sepioni dcbeanl Sa-
cranienla inlelligi, Gonimunieaiit, velinl, nolinl, li;c-
relici besliae capitibus, el nefariam Auticbristi doctri-
nam ex parte saliem ainplecluulur; uumeraul enim
interbesti;c eapita, Baptismum el Eueharisliam, qu;ic
pro veris Sacramentis babenl. Abeant itaque cuui suis
blaspbeuiiis el iusanis inlerprelamentis lucretici, qui
dùm sponsam Cbristi Ecclesiam laccrare caUnnuiis
nudinnlnr, Antichrisli causam prolegcre ipsi con-
vincuntur.
lust. 3":Cùm seplem essc legis evangeliea' Sacra-
menla aperlè Scriplura non dical, debenl, si credi
sibi Yoluni Calbolici, lioc dogma ex sanclorum Palrum
tradiiione adstniere; atqui hoc nequidcm possunt ;
ergo sejtlenarius Sacranientoruni numerus legitimam
ancloritatein uonbabel. — Rcsp.: Conc. maj.,ncgo mi-
nm'em ; nulliim enim est ex seplem nunieraUs Sacra-
mentis, (piod doclorum velerum auctorilale non viu-
dicelur; (piod quidem, si locus essel, innumeris lesii-
moniis denionstrare prodivc essel; inleiim sufficiat
generalis quaui supra addiixinuisprobalio. De bac enim
re sa;pè redilurus est sormo, ubi de unoquoquc in
specie Sacraniento agelur.
Insl. i' probando minorcm : Patres soptem essc Sa-
cramenla nus([uàni ariirmanl; ergo non potesl lioc
dogma adstrui veleris doclrinœ aucldiiiate. — Resp.
1°: Uctorqueo argumcntum : Patres nidlibi dicunl, duo
aul tria, aul quatuor definito numéro, essc Sacra-
menla; ergo si quid probal advcrsaiioruni argumen-
lum, pari ralione conse(pieus eiil, uec unum quidem
possc asscri Sacramenlum , quandoquidcm cerlum
eoruni numerum patres non expresseriul. Uesp. 2":
Dist. aulccedens : Patres seplem essc Sacranienla
iius(piàin aflirmanl, id est, numerum bunc more arith
melico non concludunl, concedo; idest, res ipsas nu
I nieraïas non admillunl, quibus necessariù numerus
isle complelur, subdistinguo; si scorsim speclcntur,
! concedo ; si conjunciim, nego anteccdens et con-
scfuiens.
12il
QU.^^^T. III. DE EXISTENTIA SACRA.MENTOUUM NOVyE LEGIS.
1242
E. R. Possiiiil ex uno voluminc rcs niinicraUtîcerlô
cogiiosci, eliaiusi reniin immorus ibidem non cxpri-
iiinliir. Sic, cxempli causi'i, ex Scripluris uovi Tcsia-
niciiti ccriô cognosciniiis qualuor cssc Evangclia, cl
qualiiordecim opi^tolas saiicli Patili, clianisi niillibi
Scriplura iddicat; ita parilcr, cliaiiisi Paires de sep-
lonario Sacramcnloruni numéro aritlmiclicè defiiiiendo
sollicili non fuerint, ex eoriim tanicn scriplis, non ^
scorsim qiiidem, quia non onuies scripscrunl de oni-j
iiibus, scd secum invicem coiiiparalis, ccrli-^siiiiè tol-
ligimus eos in rébus ipsis numeralis consenlirc. Id
quod sc(iuenti argumento inviclè probalur : Ectlesia
catholioa sepleuaiium Sacrameiiloruni numorum sine
ulla dubilalione ndniillit; eorum confercndoruiu ri-,
lum in onniib'is suis rilnalilius et cuchologiis niili-
quissimis praseribil; bujiisdocIrinLttipiopriniùm leni- ;
pore introducla fucril, nullum potosl ab lutrelicisiiii-
lium assignari; accepil ergo illam Ecclesia ab infal-
libili el invariala Patrum iradiiionc; atqueadeù Patres
in rébus numeralis conveniuiit. ;
Insl. 5° : Cur Paires septeuarium Sacramentorum
Dumerum assignare neglexerinl, nulla causa probabi-
lis afferri polcsl; crgo ex coruni silenlio nicritô in-
fertur, quùd septem non lenuerint Sacranieiita. —
Resp.: Nego anl., et dico hujus silentii duas polissi-
niùm fuisse causas.
i" Ideù de sacro numéro silucrunt, quia neccssa-
riuni non pulàrunt : sciendum enim, sanctos Patres
non oumium divinorum dogmaium explieationem siii-
gulos suscepisse, quod otiosoruni bonunum forel, sed
eorum tantùm quae ab haîreticis di verso lempore im-
pugnabantur. Slc,cxempli causa, non scripsildeuai-
versâ ibcologià sanctus Atlianasius, quia non vacabal
per otium, sed in lioc operam onniem posuil ut coii-
Ira Arianos suà a;lale Ecclcsiam dévastantes, verbi
divini consubslanlialitateni dcfenderet; immeritô ita-
que dicilur sanctos doctores id omne negâsse quod
lacuerunt; quod ut perspiouum fiat, aflero ex ipsà
Sacramentorum matcria palmarc exenqihun. Saneli
Justini temporibus, mcdio circiter seculo secundo,
duabus polissimùm calunmiis Cluistiani à gentilibus
afficieljanlur, 1° quùd essenl allici, 2' quôd in suis
convenliculis lurpia et ncfanda patrarent , inprimis
vcrô quùd liumanis carnii)us innnaniter ve.'^cerentur ;
atroces accusationes rcpcllere S. Jusiinus aggressus
est, édita Apologiâ, in (pià oslendil, fClnistianos non
esse allieos, cùm unum Deum in tribus personis, im-
pensè oinni(jue Religionis studio eoiereiit; et daià oc-
casionc de Baplismo ibidem tractavit, qui est signacu-
lum lidei elchrisiianne Religionis primordium. Secundo
diserte probavit, nonvesci lunnanis carnibus Chrislia-
nos, ut menliebaniurgenliles, seddivimt Eucharisli;p,
eorporis seilieet et sanguinis (llu'isli, in suis conventi-
bus participes Heri. llinc(pie natà opportunilate dicen-
dum ilii fuit de mysierio Eucharislio}, de reliquis verô
Sacramentis quid opus eral ut loqueretur? qua^ vel
erant gentilibus incognila, vel sine calunuii;e nota ce-
lebrabantur; igitur quod S. Justinus in lioc libro,
(idemque de aliis Patribus est diccndunij septem
nov;ie legis Sacramenta ncc nominaverit, nec expli-
cavcril. niliil liinc contra eatlioiicam veritalem inférri
pole»t.
'2' Causa fuit, ne, quod Dominus in Kvaiigelio pro-
bibrt, sanetum canibus, cl margarit:e porcis objice-
renlur, id est, ne sanctiora Religionis niysteria veni-
rcnt in mnnus el noriliam inlidelium, à quibus con-
tenuii facile possunt, cl in derisionem converti. Ilinc
; Paires s;vpè pr;rscribmU sccretiora mysteria pcr nia-
; nus absipie seriplo tradi debcre, ut videre csl apud
S. Rasilium, lib. de Sjiiritu sancto, c. 27, cl S. Am-
brosium, lib. De iiis qui mysteriis initiantur, c. nit. ,
bine illud S. Auguslini frequens de Eiiciiaristià efïa-
luni; Nènmt fidèles, (\no verbo signifieatum voluit sc-
cretum esse debere, cl ne catecliumenis quiilem pro-
palandiini mystcrium de quo hxpiebatur. Ilinc eliam il-
lud Imiocentii primi, epistoUe 1 decretalis, c. 3, ubi de
forma Sacramenli Confirmationis loquens : Vcrbu, in-
qiiil, (liccrc non possimi, ne uuujis prodcre videur, qHàm
ad considtaliunem resjwitdcrc; et ibid., c. S, de Sacra-
meiito Evtrenue Unetionis : lieliqua vei'u, iii(juit, quœ
scribi fus non erat, ciim adfucris, intenoganli polerimus
edieere. Ilinc deni(iuc auclor operis de ecclesiaslicà
Ilierarcliià, qui viil^^ô Dionysius Areojiagiia putatur,
c. 1, seriô Timotlieum admoncl, ne sancta sanclorum
enunliet, aul uiimiy perfeclis tradat, sed cum iis solisqui
sancti atque perfecti fuerint communicel. Ilaiicque cau-
.sam fuisse dicit, cur non omnia ab apostolis scripto
signala, sed nuilîa de mente in nienlem, mcdio inter-
currente verbo Iradita fuerint cl posleris ilemandala:
niirandinn ergo non est, si de seplenario numéro Sa-
cramentorum doctores antiijiii siluerint.
Inst. 6°: Saltem lacère in bis libris non debucranl,
quos de Sacramentis novae legis ex professo scripse-
runt; lune enim opportunitas dieendi erat; aiqui ne
tune quidem fecerunt alifjuam septenarii numeri mcn-
tionem; ergo, etc.— Resp.: Dist. maj. Si sigillatiin de
omnibus dicere proposuissent, concedo; secùs, nego
majorem; et concessà minore, nego conseq ; soluiio
palet ex diclis.
Inst. 7°: Alqui ne in iis quidem libris, in quibus uni-
versa legis novic Sacramenta explicare aggressi fue-
ranl, sacrum numerum indigiiàrunt. Ergo, etc. Pro-
bant subsumplum quibusdam cxemplis.
Primum est saneli Ambrosii; scripsit ille de Sacra-
mentis grande volumen libris plurimis compreliensum;
scripsit et alterum, cui litulus est : De liis qui mysteriis
iniliantur. At(jui in ulrorpie de tribus tantùm sermo-
î nem liabel, Rapiismo nimirùm, Confirmatione et Eu-
cbaristiâ; (piodque niirum magis, in bis tribus plenam
divinorum signaculorum notitiam esse contendit. Sic
enim lib. G, c. 2, iraelatum nniversum conehulit : A'iy/o
(iccepisli de Socrumeniis plenissimù , cognoiisli oniniu.
Ilinc facilis argumenli iilatio.
Ille sanè pneter iria Saeramcnla, alla prorsùs non
noveral, qui post(iuàm do tribus dixit, alfirmal se tra-
ctasse de Sacramentia plenissimè el omnia explicàsse;
alqui iia sanclus. Ambrosius. Ergo, «le.
i245
DE RE SACRAMiùNTARlA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
iâli
Sc'cundum est S. Cyrilli liierosolymilani, qui cîiin '§> qiiiii ciiim iiicoiisiiUù ogissel, ros minime ncocssarias
i]i Calechcsibus de Sacramciitis ex insliliilo cgciil,
non aliorum Uuiien meiiiinil , quàm bapli nii , Ciiri-
snialis cl Eiiciian.sli;c. Hincqiie simile elfloiescil ar-
gnmeiilum. Cùm cnim iuter rcs divinas, quibus infor-
mari plebcm clirislianam oporlet , pntcipuam locimi
leiieaiilSacramoiila, C!odil)iie non est, piTllnm in Ec-
dcbià magislnim do liibiis tanlîmi dlcluiiini, si pliiia
esse pu!à.ssel ; alqui S. Cyi'illits in lioc ijiso oporo, iibi
CbiisliaiKo fidei nidinicnta o\pO!ii!, dt: lii'uis lanlùm
loi|uiliir; reliqi'.a crgo non novcral, nec credcbal sa-
cris niyslcîiis acccnseri.
Teriisîin csl Dionysii vulgo Arco[)agil;v, qui in libro
do ecclcsiaslicà liicrarchiâ, mystcria , id csl, Sacra- |
li'.cla Ecclesi;c saîis fuscprfîscqiiiliir ;-!qi:i taniondc
Exlremâ Unclionc cl Malriiuor.io liCC verbu'U facit ;
crgo, elc.
Rcsp. : Ncgo suljs. ctsupposiiiim argumculi : poni- j
tur enim veliil cerlum boc ipsum (piod ncgamus, an-
liquis scilicel fidei magistris fuisse proposiiiiin de om- \
iiibus cl singulis Sacramciiiis dislinclini disscrcre:ad
argiuncnîa in conlrariuni , rcsp. sigiilalim.
Ad prinium quidom ex S. Ambrosio , dalo , cl non
concesso, vobmien de Sacramonlis, genuimim ejus
Ojius esse (boc enini non disculiaus in pra;s(nli)diit.
maj. llle pra'lcr Iria Sacramcnla, aba pei'.ili'is non no-
vcral, qui poslquàm de liibus iraclaUim absolvil, af-
firmai se plenc dixissc de omnibus, cl omnia expb-
câsse, si id dical absobiiè, quasi ternario numéro
conlineri univcrsa affirmcl, conctdo; si id dical cum
reslriclionc ci coiiipa!'alc]ad fidclcs recens baptizaios,
iicgo maj., simililcr dist. miiiorem. S. Anibrosius
poslquàm de Raplismo, Eucharisliâ cl Confirmalionf»,
Iraclavil, alTirmal se pienissimè dixisse de Sacramen-
tis, quorum noliia ad recens baplizatos propriè pcrli-
ncbal, conccdo ; absobilè de omnibus, ncgo nnn. et
cons;,'q.
E. R. Non omnium, ut prxdixinms.Sacramenloriim
Iraclalioncm inslitucrat sanctus doclor, sivc qiiivis
abus in commcnlariis allegalis, scd eornm lanlùm de
quibus doccri oporlcbal ncopbylos : cùm ogo b;ec
Iria lanlùm uno eodcmque Icnqiorc novis (idebbus
Iradi solcrcnt, ul Icslalur ipse, lib. 5, deSaer., c. 2, et
i. dcliiilialis,c. G; de bis solùm diclum oporluil, non
\er() de Pœnitenlià qu;e non esl neccssaria nisi post ,
bqismn, ncquc de Exlrcmà Unclionc, qu;i; non dalnr
nisi a'grolis, nec dcniquc de Ordiiie cl Maliimoaio, '
quaî non omnibus passim et indislinclè conferunlur; i
alinndeverô S. Ambrosium, Sacramcnlum pœ:iilcn-
inlempeslivè propalando.
Ad Urliui'.i rcsp. : Ncg. anl.; non cnim agit illc
aucior ex profcsso de Sacramcnlis Ecclesiye , scd de
sacris sive iiierarcbicis funclionibus, quas episcopi et
presbylori cum aliquà fidclium consccralione cxcr-
cenl; (p.iapro|)ter ne(pic de Malrimonio dicendum ci
fuit, lUHiuc de Unclionc infirmorinn, pcrqua;, propriè
Io(picndo, non consecranlur qui ea suscipiunt.
Deindc cùm ibidem affirme! Dionysius, sive quisque
abus esl, confirmalioncm esse Sacramcnlum, qu;cro
ab advcrsariis, cnr boc cum laiilà obslinalionc infi-
cienliir. Nam si ideô negandum csl aiiqnid e^se, quia
sibiit Dionysius, ideô aflirmandum quia Dionysius af-
firmavii : qu:K enim isllucc raliocinandi esl melliodus,
credere vclle silcnli, cl noUe assenliri loquenli?
quanlô saniùs, qnanlùqne candidiùs agcrent, si sic
cum Ecclesià calboHcà inl'orniarenl argumcnunn : af-
firmât Dionysius Confirmalioncm esse Sacramen-
tum :lioc ipsum de Exlremâ Unclione lestalnr quarto
desinenîe seculo Innocenlius I; idemqiie apertè de
Maliinionio , Pœnitenlià cl sacro Ordine aiii pleriquc
coMlendunl. lhi)cnt singuli in bis dogmalibus propu-
gnandis consenlientcm per omnes parles, perque om-
nos aHales Ecclesiam : ergo totidem esse Sacramenla
sine cunclalionc confilendum,neque ex privali cujns-
libcl silentio pueriHlcr dispulandum ; lum quia non
omnes omnia dicere tenebanuir ; tum quia non de uno-
quobbet scd de univcrsali Ecclesiam definilione, verila-
lis caibolic^e documenta sumenda sunt ; tum deniijuo
quia aliquorum silenlium , aliorum qui apertè in Ec-
clesi;e lolius concione clamant, voccm non polosl ob-
ruere.
Proponitur ei resolvHur eornm ohjectio qui conlendunt
plura esse Sacrmiieiitaquàm septem.
Obj. : Abbilio pedum est vcrum Icgis nova^ Sacramen-
tum; ergo sunt plura quàm septem. — Rcsp. : Ncgo
I j anl.; non enim est venim in Icge evangelicà Sacra-
mcnlum, quod nec fuit àCbrislo sanciunnconslitutionn
perpétua, nec grali;e promissioncm annexam baiict ,
nec vim cjus confcrendcC ; alqui talis csl ablutio pe-
dinn.
1 " Non liabet mandalum pcrpelnum, quia à Ubrislo
ideô tanlùm est observata , »il cssct signnm purgatio-
nis aille institutionom Eucbarislia) facicndai : qua-
pro])lcr nullo anli(pi!t canonc, nnllis cccle.siasiicis de-
crelis, nuUis catecbisticis doctrinis legitur cjus obser-
valio fidelibus commcndata, imô nec uaquàm in
univcrsà Eccle>iâ cclobrala esl, ul adverlunl aucior
icntia^ cxcmpli causa, agnovisse et propugnâsse, du- ! libiorum deSacramenlis, 1. 3, c. 1, etS. Auguslinus,
l)ilabil ncmo (jni sanis oculis legcril libi'os ejus de .
l'oinilenlià , quos contra Novalum luvreliciini exa-
ravit.
Ad sccundiim • Quoniam eamdem praferl difficul-
lalem , similis eslo rcsp-onsio : non enim uni versos
fidèles , ncquc de omnibus ini'ormare sibi sumpscral
S.CyriUus, scd eos lanlùm qui recens crant de sacro
fonte suscepli , itaque de lis lanlùm oporluil ni disse-
rerel, qiiie ad boc buminum gcnus speclabaiil; alio-
cpisl. 11.*).
t" Non luibet adjunctam gratiit promissioncm,
cujus nec in Scripturà , nec in iraditione vestigium
ullnm est.
5° Ncquc ejus confcrcnd;e vim importai, cùm Cbri-
stus biiiiiibtalis argumcnlum esse volucril, non verô
danda; grali;c inslrumcntum.
Inst. r : Prub. anl. UluJ esl vcrum Icgis novae
Sacramcnlum ijucd babcl divinum mandalum et in-
in^ QU^ST. ni. DE EXISTENTIA SACRAMENTOHUM iNOV/E LEGIS. 1246
Stilulioncm; alqui linjusmoili csl lulio jx'diiin ; de cà f iiilelligi, (|ii:uii lire allcr.i, Joan. 5, 5 : Sisi quis re-
ciiim S. Joaiiiies sic lo(|iiiliir, 13, loi s('(|. : Ckin ac-
cepisset (Jésus) lintcmu, prtiriiixil se, dcimlc uiiiiil
aijunm ni j'clviiu, et eœpit Idvnre pedcs disciputortini
ponliiiiùiii ei(jo lavil pcdes eoruiit, citm recitbiiisscl ileiitiii,
dixit eis : \ vs vocalis me magisler el Domine, el beiiè
dicihs , sum eteiiim ; si crgo C(jo tuvi pedes vestros Do- !
viiniis el magister, et vos debelis aller allerius lavare pc- j
des , exemphim euim dedi vobis , ut (jnemadmodum e(jo
fcci vobis, ila cl vos fuciulis. Ev^o, clc. — lU'sj).- Ad-
niilloauclorilalcm. Ad prulKilionoiii
Resp. 1 " : Ncgo maj. ; nain si hcc ipso liabot ali-
quid Sacranicnli ralioiiein, quùd imperaliim diviiiiliis
esse nioiisliahir, niinim in inoduni niiinirus Sacia-
menloinm c\cros(el,oiini neuiinoni lalcal niullùpliira
Doi pra:ccpla esse qiiàm soplom ; ilaqne dicondinn
hoc soluni annnnierari Sacranicnlis, qnod ideù est di-
viniliis impeialun» , ni sanclilalis el jusliliai Inni si-
gnificandx', liini cUicienda' , in pcrpcliiiiui vini ha-
berel.
Resp. 2' : ïianseal major et iiego min., el dico
verba Clirisli non ad lillerani, sed mclaplioricc do
pncccplo liiniiililalis el charilalis esse accipienda, wl
cxponunl SS. p]cclcsi;t Patres, non vcrù de niateiiali
lolione pednm. Ilanc enini iiunquàin Ecclesia prieler-
misissel, si imperalam inlellexisset.
Insl. 2° : Alqni pra-eciilnm hoc ad liUeram débet
accipi : ergo, olc. Pr()l)alnr subs. Reverà lilus ille, et
ad litlcram osl à Cluislo coninicndalns, oui ex diviiiâ
proniissione adjmicla csl viiUis expiandi peccati et
graliaî confereiidaî ; aiqui lalis est abbilio pedum,
qiiod probaltir ex verbis Chiisli; reluclanli enim Pe-
Iro, ol pne liumililale diccnli : Non lavnbis milii pcdes
in œtermtm: si non lavero le, inqnil, Joan. 13, 9, non 1 consenliunt. Ilaqne non esl niagiii pondcris argnnieii-
liabebis parlem mecum. lîuic sic conficilur argumen-
tum :
Rilus illcgraliic promissionem iiicludil, qnem quis-
quis conlempseril, a'tei'nà baTeditale privandns est;
alqui lalem constat esse pedum ahiulionem, ergo, elc.
— Resp. : Nego subs. Ad prdbalioncm admillo au-
clorilalem , et conces^à majore , nego minorcm ;
ad cnjus ilerùm probalioneu), distinguo majorem ; ri-
lus ille grali;e promissionem incbidil, qiiem (pii cou-
lemnil, regno cœlesti privalur, absobilèel ratione suî,
concedo; liypolbeiiec, et propler inobedienlia; coiilu-
niaciam, nego maj., simililer distinguo minorem ; la-
lem esse pediun aliluiionem ex Evangelio constat,
comparalè ad S. Petrum , si nimiinn in inobedienlia
pcrsliiisset, conoedo; absolutè, nego min. el cons.
E. R. Non idco Clirislus Aposlolo danmalioncm
minatur, quia h)tio jiednm ad gi'atiam el saluiem ob-
lincndam est necessaria,sod quiab(»c sn])plic:io(bgmis
fuluriis eral, si pcrlinacilcr reslilisset; ila huncloeum
exponunt SS. Basilius , Chrysoslonms, CyrilUis et alii
Scriplura! interprètes; ilaqne verba b;vc non ad om-
nes , spd ad sobnn Pelrnm respieiiml , qui pecoâ-set :
sine diibiojdebilam Chrislo obedienliamobstinalè do-
ne;::i!ido.
Insi. 5" : Tam débet lixc Clirii^i soiulio absolutè
nains fiurit ex (iquiï elSpiritu sancto, non potesl inlroire
in lefjnum Dci. Ergo, elc. — ISesp. : Nego paritatem ;
ratio est (|uia isla scnlenlia : Ai*i (jnis rcnaliis , etc.,
ahsohila esl el universalis, millàqne condilione re-
slrin;^ilur ; illa verù : Aiii luvcro le, non liabebis par-
lem mecum ; luni singuiaris est, quia ad solum Pelruni
dirigilur, tum condilionala, cùm comuiinalio sit in
pœnam inobedientiie.
Inst. 4° : Répugnât iinec intcrprelatio sanctis Palri-
bus; ergo non deijet admilli. Probatur subs. S. Cy-
])rianus Iraclatu de cardinalibus Clirisli Operibus, in
sermonedc iolionc pedum, slatim ab inilio ila b)qui-
lur : JS'equid consummulioiii duclriuœ dcesset, inler fixa
el immobilia prœcepla el eu quœ moveri possunt et re-
peti disliuclionem posuil, ut, cœteris immulabiliter semel
statiilis {hi\[msii\o scilicet, Conlirmalione et Ordine,
quic ibidem dicit non posse ilerari) , ullima tavcicri
spccics (pedum scilicet b)lio), quolidianis cxpi(iiiû)iibns
accommoduta commendurelur fidelibus; Iiinc sic enasci-
lur argumentuni :
nie pulal lotionem pedum esse verum legis evangc-
lica; Sacramenlum , qui dicit esse quamdam lavacri
speciem, quotidianis excessibus expiandis acconuno-
datam. Alqui ila S. Cyprianus; ergo, elc. — Resp. :
Nego anleced. Ad probationem ,
1" Nego supposilum argumcnli; nego, inquam, geimi-
nam liane esse S. Cypriani aMCloiilatem; nam 1° Liber
de cai'dinalibus Operibus Clirisli iuler votera saiicti
docloi is manuseripla nullibi reperilur. 2' Slylum li;i-
bet àCyprianico plané diversum. S^MuItaconiinelejus
doclrin;c contraria. -4° Ab Arnaldo Boiutvaliis in Cai-
lla duodecimo seeulo abbale scriptum , erudili oiniies
tum inde peliliim.
â'Quidquid ^anè sit deauclore hujus libri judiciuni,
conccssâ maj., dist. min.; censet ille scriplor Ioli(j-
jiem pedum csseipiamdam lavacri speciem, (pio idia-
nis diliiendis pcccalis acconimodnlam cl illud dicit,
ad Sacramenlum Pœnitenti;ic alliidendo, concedo ; de
ipsà in se pedum lotione, nego min. et cou.
E. R. Paulisper ad menlom praTati scri|itoris at-
tendenti, ejusque sensuin medilanti, faeile c;>t jiidicaie
cum non loqni de ipsà in se pedum lolione, sed ad Pœ-
niUntix Sacramenlum alludere, cnjus figura qua-dani
luit abintio pedum à Chrislo celebrala ; de co enim
Inquitnr Sacramenlo , quod evjiiandis pecralis [ ost
Raplismnm perpetralis diviiiilùs est aecummodaluni ;
quod saiiè non aliud os( pra>tcr Pœnilenliani : Propler
hoc, inquit, benignissvne Domine, pedcs luvas discipu-
Us, quia posl Daptismum, qucm stii revercnliu non puti-
Inr ilerari , aliud lavacrum procurmd , qnod nun(juiim
debeat inlermitti.
Iiist. 5" : AUpii juxla SS. Paires lolio pedum ve-
rum in se eslSaciamentmn ; ergo, elc. Prohalur subs.
Illud est verum in se Sacramenlum, cuiconvenit ralio
nnishrii, nntitjui fcrpcntis venena diluenlis, majoremque
snnclificnlioni lu co)ifrrent!S ; nU\m liis veiliis salis ma-
' gnilicis bîTif riis pedum pneslanliam S. .\mbrosius
12 41
DE RE S\€RAMENTAUIA. - DE SACRAMENTIS IN GENERE.
ins
nrodical lib. T> de Sac, o. \ ; crgo, etc. — Resp. : l lia nolal in liiinc lociim Ilorslius vir cruditus, qui
Ncgo 5iil)s. Ad probal. conccssâ maj., disl. min. His
vcrbis lotioiiis peduin dignilalem oxlollil S. Ambro-
sius, pFoplcr cbarilatoin ([uam cxcilat,el hinuililatcni
cluislianam cujus non rniiiiuuim cxciciliiiin est, cyn-
cedo; ralioiie siiî, iiego miiior. et coiiscq.
E. R. Quùd S. Ainbrosias absolulè non doocal, lo-
tioneni esse Sacranicnliini, vel bine nianifeslô appa-
ict, quod ibidem falcatur, in Romanaî EcclcsiLic usu
non csac, nec aliam ob causam Mcdiolani obser-
vai!, nisi ad oblinciidam, non lolionis ipsiiis, scd Im-
mililatis virtute graliain. Consucludo , intpiit, quœ rc-
cliiis scrvaltir in liotmuA Ecclesiâ de non lavandis pcdi-
biis, in Mcdiolauensi Ecclesiâ de ipsis lavandis etiam
recl^' cnstodilttr, tum propler cxewptum Cliristi el Pétri,
tiini ut cjmtiam virtute linmililalis et Cltrhti iniitalio-
nisobtineal; qiiis pcnù ita lociilunim crcdat, si b)-
tionem pedimi vcrum esse sacramenlum cxistimâssel.
• Majns negoiium facesscre videtiir alla D, Ambro-
sii soiileiilia, qiiam babet in lib. de Mysler., c. 6, ubi
de eâdem pediun abhilione agcns, qna; in iisii oral
Mediolanensis ecclesine, scribil : Mundus eral Peints,
scd plantant lavare debebal : habebat enini primi liomi-
opera S. Bernardi accuralc reccnsuil, et ordine me-
liorc disposita tdidil : Hoc sermone, \uqm[, Bcrmrdus
pediim ttblulioneni Sacranienlisannumerat ; sed nota (je-
neraliiis ab eo usurpatum nomen Sacramcnti , ut quœ-
cunupte reriim sacrarnni signa complectalnr ; idemque
poslca doclissinuis Mabilionius observavit, eôipie re-
cliùs, quùd in boc ipso sermone S. doctor Sacrameii-
tuni lia deliiiiiit : Sacramenlinn, inquit, dicitur sacrum
sifjnuDi, sive sacrum sccrelum.
liisl. 7° : Alqui S. IJeanardus eo luco conlcndit, lo-
tionem podnni esse slriciè et propriè Saoranientuni.
Ergo, cle. Probalur subs. ex verbis ejiis : Multa qui-
deni, ait, sunt Sacranicnta, et scrutandis omnibus liora
non sufficil de tribus ilaque Sacramenlis, quœ satis
sunt conqrua liuic tenipori, Baplismo nimirian, Eucluiri-
s!ià et lolione pcduni dicendum crit ; bine sic argumen-
tuin instniitur: lliii sentit lolionem pedum striciè esse
Sacramenlum, qui eani comparât cum R.iptismo cl
Eucharistià ; alque ita S. doctor. Ergo, etc. — Resp.
Xego sul)S. Ad probalioncni admillo auclonlatem, el
disl. niajorem ; ille senlil , elc. , qui lolionem podum
ci:m Baplismo et Eueliarisli.à comparât, adœqualè ,
nis de succcssione peccalum , quando cum supplantavit fOi!ced();si iuaduHiuatè lanlùm , neg. maj., eâdcmque
serpens, et persuasit errorem : ideb planta ejus abluiinr, j! dislindione ad minorcm dalâ, nego conscq
ut iHvredilaria peccata toUanlur : nostra cnim propria ï\ E. R. Non omiiia qu:c invicem eomparantur , ejus
pcr Baptisma relaxanlur.\ crùm suam ipsc menlem sa-
tis apcril Amiirosius in Expos. psal 48, n. O.ubiait :
Ende rcor iniquilatem cakanci maqis liibricum delin- \
quendij quàm reatum aliquemnoslri esse delicti, mcrilo-
que Dominus.... lavemus, iuquil, et pedcs, ut calcanei
lubricum possimus auferre , qno fida slatio possit esse
virtutuni, et ne paterno qiiis crrore labalur , qui suo pa-
ratus est stare proposito; el non vietuat lubricum hœre-
ditatis , qui cupit vestigiuni tenere virtutis. Quo in loco
asseril pedum abhilione auferri iniquilatem calcanei ,
q\]X reatus delicti non est, scd lubricum dclinquendi ;
foncupiscenliam scilicel désignai, quai de primi linmi-
nis successione rcmanet etiam in renaiis, dici turque
peccalum, quia ex peccato est, cl ad peccatum inclinât,
uljam deciaravit Trideiilina synodus. Ilaque Ambro-
sii scnteiilia est, non ipsum originale poccaUiin aufer-
ri, el graliam sanclilicantem Iribui pedum abluiione,
sed lubricum peccati, id est, concupisceniiam, sive su-
pcrbiam, quam originarià labe contraximus, càdem
diminui, majusque subsidium sanclificalionis bapliza-
tis accedere, ut Ambrosius ipse docel lib. 3 de Sacr.,
cl.*
i ! Inst. 6°: Quidquid sanè sil de laudalis liaclenùs Pa-
Iribus ; S. Bernardus ita perspicuè lolionem pedum
Sacramenlis annumeral, Serm. in Cd'uâ Domini, nul-
lum ut subterfugio locum relinquat. Ergo, elc. —
Rosp. : Distinguo ant. S. Bernardus apertè déclarai
lolionem pedum esse Sacramenlum, sumeudo banc vo-
cem conmmniler, pro eo onmi quod est rei sacra; si-
gimm , concedo; siriclè, quatenùs significal lilum
ex divinâ instilulione sanclilalis et jusiitiai lum
significandic lum cflicicndye vim liabentem neg. ant.
Cl conscq.
deni in onuiibus nalurit sunt : salis cnim est, quùd
convciiicnliam aliiiuam el similitudinem babeaiil; alio-
; quiii non comparalio, sed œqualio foret ; ila(pic con-
ferri iulcr se possunl ba:c tria quatenùs in ralione si-
gi'.i sacri conveniunt; quis vero dubilel lolionem
pedum arcanum aliquoJ occultasse, cùm summam
Cbrisli bumiliialcm el charitalem significaveril, fue-
ritque insuper mystica ad inslilulioncm Eucliarislioi
pr;eparalio? Unde resislenli sibi Pclrodixil, Juan. 13,
7 : Quod c(jo facio, tu nescis modo, scies autem poslea;
quantum vcrù spécial ad vim gratis producenda;, ma-
gno lolionem iicdum ab Eucbarislià et Baplismo di-
slare discrimine, ccrla Ecclcsioe doctrina est, qure san-
clum Bernaidum non laluil ; quod vel boc uno argu-
gumcnlo, nisi falIiuMU-, probabililcr suadclur ; de
B;iiHismo et Eucbarislià mulla S. doctor in suis passim
operibus pr;cclarè dixil, eonmique virtulem verbis
q';àm poluit magnincenlissiinis pni'dicavit ; de lolione
pedum scmel occasione Cœua; Dominica; est locultis,
in cujus cclebratione, lum codera observabantur.qua;
Cbrislus Eucbarisliani iiisliluendo peregerat, tum lo-
tie» pedum, more muliarum Ecclesi;'.rinn, el ex vele-
rum monacboruminslilnto (iebat; ideù ilaque S. Ber-
nardus, in bac de Cœnâ Domini oralione, lolionem
peduin dixil esse Sacrameniimi, lum quia eral ejus
conuiiendalio congrua tempori, tum (|uia reverà chri*
slian;e liumilitalis et cbarilalis Sacramenlum , id est,
sacrum signum est, nec ultra progredi voluil.
Inst. 8": AKpii comparai sauclus Bernaidus lolionem
pedum cum Baplismo el Eucbarislià, etiam ad^equalè;
ergo , etc. Probalur subs. Ibidem S. doctor sic lo-
quitur : Appropiriquans passioni Dominus , de (jratià
i suà inveslire curavH skos , u( invisibilis gratin signo ali-
im QVJEST. m. DE EXISTENTIA SACRAMENTORL'M NOVyE LEGIS. 1250
qno visi'.rili pra'sUircliir ; nd lioc inslitnia mut oiniiia f cimo sorulo ooii(ciili:i fuit. Hugo cnim à saiiclo Vi-
Sdcynmc'ila; ad hoc Kucli(iristi:c pm-liiipiilio; ad liuc j clore, Ma;,Mslcr S(iiiteiili;irum , et alii, in roixis niorè
peditm nblnlio ; ad hoc di'tiiqne ipso liaptisnms , i)iiliuin \ sriciaiiiciilalibiis lolioiioni pi.'dimi repoiiiiiit, r( scplcni,
Sucramailorum omnium; liiiic sic aii,'iiiiioiiliiiii poli- I iicc pliii'a Sacramciila nov;c Icgis adiiiilliiiil ; ooilcm
liir : Illo lolionciii pcclimi adi^pial l>.i|ilisn)() cl Ku- j ila(]iio sensu dcliomus S. Hornardnni oxplicaïc; ila
cliarislia', qui Iria ha'c (piaiiU'ini ad \in) j^rali.i' produ- ■ respondi^l doclisiirnns Maljillonins , aller, ni pra-di-
, xi:niis, ojns opoiinn cdilor. Sacramciili nomen, in(pii(,
h'ic (joicraiHcr siuuit, proiU non Uiutiim vcra uovw leyis
SacniinciHa , qualiu suut liaplismns et sacraiiiciilum
allai'is , sed cliain sacrameitlalia comprcheiidit , ijtialis
csl abliilio pednm, nliàs sanè Ilurjo à S. Viclore illiiis
' temporis sciiplor soicmnem Sacratnoitorum uumeruin
hubel.
Solvitur objeclio uUcra. <,
Obj. Midiù iiliira vidcnlur iiuincranua sacramciUa
qiiàm seplcm. Nani 1" arpia bcncdicla , aiiaqiic id
gonus pinrinia, qnie consocranUir bcnediclioiic sacer-
doluni, siuil Sacramenla, coque noniinc ab anliciuis
scriploribus, non infreqncnlcr bonorautnr. 2" Bapli-
snius Iriplcx dislinguitur , fluminis, Ilaminis cl san-
guinis. ô" Duplex csl Pœnilenlia, cl sécréta el publica,
(piaruni frequens usns in anti([uà Eccle^iic liisloriù
menioraiur. 4° Eucharistia sub unà panii spccic vc-
I rurn est sacramcnlum et inlegriim ; ciini ergo idem
Y de specio viui juxla fideiu caliiolicani sil diccndinn ,
|! consequciis esl duo esse EucbarisliLC Sacranicala.
5" Exlrenia Uneliu pluia videlur coniplecli sui) uno
génère Sacramenla ; nani nncliones in sonsuuin or-
ganis etaliis corporis partibus diverbac fiuni, babenl-
que bingula: formam propiiam. G' Vol unius Ordinis
quàni nuilliplcx propagalio est. Nani pnelcr presby-
leralum, diaconalum, el subdiaconalum, quatuor mi-
nores ordines dislinguunlur, iisque mcrilô episcopalus
adjuDgilur, in quo sacri niinislerii cubnen csl cl fasli-
giuni. 7 " Deni(iue professioueni nionaslicani Gricci iii
iiii.'iicro Sacranicntorum aibnillunl. Ergo, clc. —
Resp. : Ncgo anloccdcns ; ad probalionem singula ca-
pita resolvo.
Ad prinmni, distinguo anlcced. : Aqua bcncdicla,
\ et muUa aiia bnjus gcncris, sunt Sncranicnta , iatiorc
quodam sensu , conc. ; stricte et propriè , iieg. : sic
R. S. Thomas, 5 p., q. 6j , art. 1 , ad 6 : Sacramen-
laliu, impiit, illasunt, non sacramenla, quia non perdit'
cunl ad Sacramcnli cjjeclum , qui est graliœ conscculio,
sed sunt disposilioncs quœdam ad Sacramenla , vcl re-,
movendo prohibens : sicul aqua benedicla ordinattir
contra insidias dœmonum , et contra peccala venialia ,
vel etiam idoncitatcm quamdam faciendo ad Sacramcnti
perccptioneni et perfeclioncm ; sicut eonsecranlur altare
et rasa pro])ter revercntiani Eucharistiœ. lia S. doclor,
cl nicrito qiiidem , cùm aqua benedicla , et pleraquc
bujus gonoris, ncc divinam inmicdiatè instilulionom
iiabcanl , ncc grali.v ex ipso opore confcrcnd.i- virlu-
tcm , '^ino qnibiis vorinn slarc Sa«^ran)on(uni non po-
tPSt.
Ad socuixbni), disiincuo iiariicr: Baplismuslripiex
dislinguiliu', proplor analogiam ([iiamdani , concodo ;
strict'"', ila ul iiabcanl singula parilcr ralionom Saora-
niculi , ncgo.
ccnda; paria facit ; atijui ita S. I5crnaidns; ergo, clc.
— Resp, ?>cgo subs.; ad prob. admillo auclorilaleiu, ;
cl conccssà maj., ncgo min. Nam tria bac non aliter j
comparât, nisi (luatcMÙs in aTuiuà gcncrali Sacra-
mcnti dclinilionc convcniunl. Sacramcnlum, inquit ,
dicltur sacrum siijnum , sive sacrum secrelnm ; poirô
loiio pcdum sacrum sigiuun csl, ut pranliximus ; iiibil
ilaqne ujjirum quod tria h;cc iudiscriminalim Sacra- |
menta vocavcrit , per qu;\; Dominusappropinquans pas- \
sioni , de gralià suà invcslire curavit suos , ut iiivisibilis |
(jratia signo aliquo visibili prœsturelur.
Inst. 9° cl nltinio : Atfpii ccnsel S. Bcrc.Trdus, lo
tioiîcm pcdum, graliani cl pcccatornni rcsnissioncm |
pari virtiile operari quà Rajjlisinns et Eucbarislia ; |
ergo ; clc. Pr. subs. ex verbis. S. doctoris ibidem :
iVrtjfi , inquit , ut d^ rcntissione cjuolidianorum mi)iimè
dubitemus , habciinis , cjus SdcraincuHim , pcdum ublu-
lioncm...; vis autem nosse , quia pro Sacramenio illud
est, non pro solo exemplo factum? Illud attende quod
Petro diclum est : « Si non lavero te, non hubebis parlem
mecnm ; i aliquid iqilur latet , quod necessarium est ad
snlulcni, qnaiido sine eo ncc ipse Petrus partem haberet
in reijno Clirisli cl Dci ; liinc sic informatur argumen-
tum : llle exislinial , lolioncn) pcdum graliam ex
opère operalo producere, qui dicil sub illà lalere ali
quid, quod csl ad salulem necessarium ; ahpii ila S
Bern, Ergo, clc. — Resp. : Ncgo sub.; ad probalio-
nem, adînillo auctoritalem , et nego major.; ut ciim |
vcrc licc dicUnu fuoril, salis est quod ex parte rei
bigni(ical:e necessaria sil ad salulem lolio ptdum ,
ciiamsi ex modo operandi necessilalem nullam lia-
beat; atqui, quantum ad rem significalam , prorsùs
necessaria est, quia signum est buniilitatis cl ciiaii-
lalis, sine qnibus ncinini in cœlum palcre adiluspo-
test ; ergo, etc.; quid quod si rcspectus peccalorum
vcnialium babealur, neqiie hoc modo polest lotio \)c-
duni dici necessaria ad salulem, quia ul ibidem babcl
S. doctor, ba!c peccala non sunt ad mortem , id est,
ncniincm ab iclcrnà sainte c\cludunt.
Monilum.
Ilrccque ad dcfcnsionem. S. Bernardi , prolixiùs
forte quàm par crat , dicla sint; jam si cui de mente
cjus adliuc scrnpubis insidct, memincril vcrba Pa-
Irum, si (piaiido communi EcclcsiLC doclriucc contraria
vidcanlur, non debcie ad summum rigorem accipi ,
«cd lum ex aliortun qui câdeu) x'iale flonierunl , lum
ex nnivcrsalis Ecclcsia; sensu emollienda ; alqui Ec-
cbsia, quam dubio procul S. doclor, ducem in om-
nibus sequebaïur, licèt loiioncm pcdum inicr sacra-
menialia scmper babuerii, nunquàm lamen posuil in
numéro riluuni , qnibus convcnil graliam , virlule di-
vinitùs accepta, infuiulcrc; cadcmqiie scriptorum
Iternado ro;ciancorum aui propt^ aqnaliuiii , ibtodc-
J2ol
PE RE SACRAMENTARIA. — DE SACUAMKNTIS IN GENERE.
l^oS
E. R. Iilcù tria Iia'C (liciiiitiir cssc haplisiiial;! , (piia
\ià ii-iplici salvari Iioiniiics itossiml, siilicct, vel Bap-
lisimuu rcverà suscipieiulo, vel marlyriiim pro Clirisli
iioinino iDlcraiido , vi-l déni pic per contrilioiicin cor-
ilis cimi volo l.ivacri conjunclam ; propric lanieii
Roliis a(iu 0 baplismiis est Sacrameiilii:ii ; nain niar-
lyriuiri non est à Ghrislo iiistiUilum , ut foicl aclio
sacra , ci"i:n in carnifice scrviiin Dei niaclaiile gr.ivis-
sliiuun criiucii sil, licèt in niarlyre paliciile sil he- j
1 oiox rorlitiulinis argumenluin ; deinde contiilio cor- j
dis, ciini Iota inlùslateat, rilns sensibilis etcxlcnius !
dici non polesl; adcôipie nec Sacramcnliiin
niciito expciideliir; iiilciini no Icclorpendtiliislucreat,
poiiinuis tanquàin certiim :
1" Uiiclinncrn S3;piiis in divorsis cnrporis parlibus
iU^raiidain, pnx'cepli diviiii non cssc : ait cnim R. Ja-
cobiis biijus niyslcrii praco, Episl. Jac. 5, li : Infir-
nialiir (piis in vobis ? Inducat preâujlcros Ecclcsiœ , cl
orcnt snj>cr cttin, uitrioitcs cuiii olco iii noniiiw Ihmin'i;
nec ultra (piidipiain prx'cipit.
T iXiillo i)laiisibili argiiiiiento probari posse, priinis
Eccle.sin! scculis, i)lurcs corpoiis parles l'uisse iimnclas,
et Ibrmani sa-piùs ilciataiii; imô unam lanliini ali-
qiiandiù sacro oleo deiibutani , argnniciilis non con-
Ad lerliiim, disliiigno : Duplex est pœnilcntia , et jj iciniicndis conficilnr; iiiliil ila(pio niiiniin, si coniimi-
discrinieii nnius ab allrrà à inerà disciplina dcpciuiet, | nis liieiilogoriim docliina sil, iirgenle iiecossilale, per
cono.;àCbristiiiislilnli()ne,iiego;porrùcùmpœiiitentia \
jtrivala el piibliea différant taiilùni pciiès niodiim et ]
cxlcriiain discipiinam , ad unum ideinipic perlincnt |
Sacramenliiin. proul suimis sno luco fusiiis ostensnri. ^
Ad (piarUim, dist. anl.: Eiicnaiislia sub unà punis
specie, iiilegnini est Sacranien\iini , inlegrilale rei
conlcnt;ic coiic; inlegrilale signi (l),nego anlecedeiis. \
unam unclionem unaiiKpic fornue enuiilialioiicm Sa-
cianientum perfici ; qiiod sanè non diccrcnt, si plures
ex iiislilnlo divino retpiiri arbitrarcnUir ; (piia lioino
non polesl legeni siii)reini Doiiiini pro arbilrio iinnui-
larc. '
Ad scxlnm : Non est rcspoiisio difficilis; conccsso
ciiiin anleccdentc, nego coiiseq., qui et qiiatcnîis sub-
E. R. l:i Eucliarislià duo dcbent altcndi : res signi- \\ diaconalui, eoqiie iiiinoiibiis ordiuibns, ralio Sacra
bcala, cl sigiiilicalio ipsa ; res sigiiificala est CbiisUis,
siib Eiicliaiislicis speciebus realiler conleiiUis; qiiau-
lùm vcro ad siguillcalioncm, spiriliiale convivium est, \
habcns aliiinain cnm luitriinenlo corporali proporlio
iiein ; jain faleor eiini , (pii unam lanlùm spccicin :
sumit , iiitegrum rccipero SacraincnUim , babilà ra- ;
tione ici conlcnla;, quia sub uiuKpjàqne specic lotus
est Cbristus , prout concilium Tridentimiin defiiiiit :
sess. 13, can. 3. Sed ncgo rccii;crcSaciainciiUim inlc-
gnun quanliim ad sigiiilicalioncin , quia divinuin boc
convivium species una pcrfeclè non repriescnlat.
Ad quinluni , nego antcced.; ibi enim unum est et
siniplex sacramcntum , ubi unus est (inoralilcr scili-
cet) riuis sensibilis, ex inslilutione Dei, sauclitalis
et jnslili;c liini signiiicaïukc , luin cClicieiukc viai lia- ;
bcns ; alqui Extrema Uncllo est bujusmudi; nam quùd
in sensuum organis et aliis corporis parlibus diilribulè
iial , loiideiiupic vicibus forma convenions repetatur ,
non inagis iioc probal rilus esse ex essenlià divcrsos ,
quàm si quis conleoderel. Raplismuiu oliin , quaiido
Iriplici imniersione cunsecrabalur , Saerainenti uni-
talcm non bi-.buisse ; ilaqiie licèt sil unctio el oratio
multiplex , uiium taincn est Sacranieutiun ; (juia ad
unum (ineni , unum elVeclum unanuiue graliain, lia;c
omnia ex Clirisli inslilulionc leteruuUir.
rirùm vero phires corporis parles neccssario inungi
debeanl, ut conslel voriias Sacramenli, suo loco pro
(i) Duoi species eo (piidcm scr.su ad signi inlegri-
talem rcquininlur , (piôd amba; rem signidcaïuiam
j)lanins el vividiù-; exprimant; peri'eclum cnim con-
vivium clariùs oculis subjiciunl; sed non ealeuiis ne-
cessari;€ sunt , ul, unà delicienle , alia rem signilican-
dani non suilicicnler exprimerel , nec proindejain
manerel Sa(;ranieiiluni. Enimverô sola species panis , \
V. g., suflicieiiler oxpriinit Clirislmn , ci (piidem lo-
lum,id est, ipsius corpus et sanguinem , nosliuin
essecibuni. IgiUir una si^ccies suflicienlem sigiii inlc-
tîrilalein babcl. rroiudc nialerialiler (piidcm duo
fuiil saciaincnta, al unum csl inuralilcr. (Edil.j
menli convenial , dicluri ali(|uaiido sumns ; irlerim
sulbcial observarc divcrsos (pii mmieraulur oïdincs ,
cùm ad unum omncs fniem conleudaul , et ad sacer-
dolium, quod csl principale minislcrium, rcrcraulur ,
snl) uno geucricè Sacranienlo conlincri,quod nimirùm
se liabcat ad siiigulos , sicut tolum polenliale ad par-
tes sibi snbjeclas ; ila respondel S. Tliomas Suppi.
q. 37, art. l, ad 2 : Ordinis divisio, iiiquil, /(( majorer
cl minores Oïdincs, est tolins potcatdlivi, ctijus lace est
nalttra, qtibd tolum secitndiim complcUim rdlioncm est
in nuo , in aliis autcm est aliqua purticipalio ipsius; tola
enim pleniludo Sacramenli liujus est in une ordinc, sci-
licel sdccrdvlio , sed in aliis est qiia'dam participiilio or-
dinis... cl ideb omncs ordincs snnt Uiium Sdcramcntiiin.
Ad seplinmni nego anl. ; conslal enim ex pra'diclis,
Gra-cos nuuquàm plura numeràssc Sacrameutaqnàm
seplC!ii;quod verô aliqui visi fuerint nuuiasticam pro-
fessionem sacro numéro adjiccre, vel polesl exponi do
Siicrasiieiito gencralim el coninmiiiler siini|tlo; vel di-
condum, singnlareni paueonim bomiuiini opinioiiein,
conlra universalis Ecclesiac (iùein iiihil lacère; (paaiido
enim lidci dogniala defcndunliir, non qiiauilur qnid
bic vel ille scnserit , sed ab anliiiuilale , conscnsioiic
el univcrsil:ileargunu'iila pelunlur.
§ 5. Propomintiir et resohmntur aU(jmv quœslioncs.
Quan-es i" cur Cbrislus sepicm iiislilucrit Sacra-
! inenla ? — Resp. r (juia sic placiiil, nec pulanius ccr-
liorem ad quu'sila biijiisinodi afferri jiosse resp'.iiisio-
nem; stulluni naïuque est carum rerum causas curiosè
inqnirero, quarum ralio tola est volunlas cl polculia
l'iuienlis; si voluisset Cbrislus, plura esscnt vel pau-
ciora , ideù ilaiiue seplcuario mimcro concludiinlur ,
(juia ila visuinci est, liabeUpi;' bic locum opporluiuun
(piod velus poeia in causa dissimili cetiuil. .Iiiveii.
salyrà G :
Hoc volo, sic-jubco, sil pro rdlionc volunlas.
Kesp. 2" ne vidcar '..p'-i tiere alioriim judiciiim , bu-
QU^EST. m. DE EXISTENTIA S.VCR VMK.NTOIIUM NOV^ LEGIS.
1233
jus instiltilioitis congniciilos cniisns alToni posso (1).
riiiiin r.r.i'conim coiimuiiiis est, qui volimt seploin
doiiis Spirilùs saiicli, que I>.iias , ci, v. 2, Chrisli
prDpri.i fiilura esse pra'dixil, totiileni in legc iiovà Sa-
crainciiln rospondere ; sicnt scplcm suhI dona Spirilùs
smuli , iiKpiil Ji-reiuias patriaiclia CuiistaiiiiiiopuJila-
liiis, supra laiidatiis, ita scplcm siDil Sacramotla , quœ
Spiiitiis saiicliis opcr.'iluy , rosp. l,p. 77. Qiià aiilCMi
lalioiie siiuin clique dono SacranieiiUim coiivcuial ,
(pii scirc dcsidcral, CnTcosipsos considal, nobis Ciiim
lia:o pcrse<iiii n.'C otiiim est, née volunlas.
Seci'iida est Lalinorum , quain à S. Tlinmâ acce-
plani, 3, p., q. Ou, arl. 1 , in c, conciliiTridcnlini
Caiechisnius cleganlissinjè explicat, his verbis, parle
2, tit. de Sacr., n. 18 : Callwlicœ icjilur Ecclesiœ Sa-
craineuta... seplenario numéro defuùta sunt. Cur autcm
ncquc plurn , nequc pauciora imiiicrciilitr, ex iis elicim
rébus, quœ per simililudiiiem à nalurali vilù ad spiritua-
Icm (ransfcrunlur , probabili quâdain ralione oslendi
polerit. Ilomiiii eliam ad livcudum , vitamque conscr-
Viinddui, cl ex suâ , rcique publicœ ulilitnle Iraducen-
diiiii, lui'c scplcm nccessaria vidciitur : ut sciliccl in lu-
ccni ednlur, augcnlur, alalur, si in morbuin incidal ,
sanetnr, imbecillilas virium reficialnr ; dcindè, quod ad
rempublicam allinel , ut macjistralus nunquàm desint ,
quorum auclorilate et impcrio rcgntur ; ac postrcnib lé-
gitima sobolis propngnlione scipsum el humamun gcnns
conservel. Quœ omuia quoniam vitœ illi , qnà anima
Dco vivit, rcpondcre salis appnrel , ex iis facile Sccra-
vientornm immcrus colligclur.
Pri>nus eniin est liaptismus, veluli cœlerorum jiin}ia,
qno Cliiisto renascimur. iJcinde confirmatio, cujus vir-
ilité fil, ut divinù gratta angeamiir cl roboremnr... Tiim
F.ticharislia , quà, taiiquàm cibo verè cœlcsli, spiritus
nosler alilnr et susliiictur; de eh enim diclum est à Sal-
valore, Joaii. 6, 56 : « Caro mca verè est cibus, et san-
« guis meus verè est polus. » Scqnilur quarto loco Picni-
tentia, ciijus ope saiiilas amissa restituitur , postquàm
peccati vulnera accepimus. Postcà verb Extrema Vnclio,
quà pcccatorum reliquiœ lotluntur, et animi virlules
recrcantur. Si^iuidcni D. Jacobus, ciim de hoc Sacra-
inenlo loqucrctur, ila testatus est, Jac. 5, ITi : i El si
i in pcccatis sit remittnitur ci. > Seqiiiliir Ordo, qno
publica Sacramenlorum tninisteria pcrpclub in Ecctcsiù
exercendi, sacrasque omncs funeliones exequendi potes-
tas Iradilnr. Puslrcmb additur Matrimonium . ut ex
12.SI
(1) Ilic annolarcjnvat seiitoiiarimn bniie numcrum !
niyslerio plénum videii , nlpolc (|iiein Deus siiigidari
observaulià prosequitnr. Ceiilies enim in Scripliiris le-
gilnr, (pianivis nuila à no!)is ralio pns^it aMerii eiU' :
si<v à Di'O eliyalnr prx' c;elciis : v. g. , nniverso ()ii)e
intra sex dies crt-alo , die s('|)li!iià Hcns ab opeic •
qnieseil ; seplem adslanl eoram ipsins Ihroiin spiriins; ]
aureo eandi'labro sepleni braeliia assnij,'ere jnbel; sa- i
pien(i:e donius seplcui cohnnnis fulcilnr; in Apoculyp-i :
Filius iioniinis seplem insignilar dulibns, seplem sunl
piagae, totidem plii;d;e ; seplem signarniis elaudiUir
liber il!e falabs, (jni Joamd o>!enditur , etc., etc.;
dcnique omnia l'crè que in Apocalypsi nolalu digna
sunl, codeni exislunl innnero. L'ndeeolligi posse vi-
delur seplenariun) numcrum spceialil( r Deo graïuni !
viariti cl fcminœ légitima cl sanclà coujunclione , filii
ad Dci cullum, et liumani gencris conservationem pro-
crcentur, et rrUgiosc cduwntni .
Quivrcs 2" ulrùni paris omnia Saeranienla sint
diguitalis? — F\esp. négative : quanqnàm enim ma-
gnum onniia cl singida splendorem habeanl, (piia di-
vin;e rcs sunt, lalendum tamcn saeram Kuebaii--,tiaiu
iongè caMeris anleeellerc , quia non rivulum, ul roli-
qua, sed IVinlem omnium graliaruni ennlinel (ilu'i-
slnm ; cl per illani fil , ul bomo verè nianduect car-
nem, et bibat sanguinein Salvaloris. Quo cxccllentius
ali(piid non modo esse, sed ne eogilari quideni
polesl.
Quùd si alia invicem cenfcrant-ir , lacilè inlelliget
tbeologicc candidalus , non .ncqualeni singula gradurn
dignilalis haberc : sic enim Ordo in comparalionc
Malrimonii profeclô pr.cslaulior est. Idemipie de I>ap-
tisnio el Con(irn)alionc comparaiè ad Pocnilenliam cl
Exlreman» Unctionem est diccndum. Hinc coneilimn
Tiidentinum sess. 7, de Sacramcntis in gcn. eau. 5 :
S) quis dixerit, inquif, liœc seplem Sacramcnta ila esse
' inlcr se paria, ul nuilà ralione aliud sil alio dignius ,
anatliema sit.
Quiercs 5" ulrùni omnia et singula sint ex ;equu
unicuique nccessaria? — Ilesp. négative; nom
1" Qiiisquis atlenderit , facile inlelliget qux'dani
toli reipublieie, alia fideli cuilibct convenire : in pri-
: nio génère sunt, Ordo, quo Ecelesia regitur, et .Ma-
^ irimonium, quo nova in dies so])olescrescit,ut postca
l in domum Dci, et societatem sanctoruni perlavacruui
regencrationis cooptelur ; in secundo quinquc reliqua
I numerantur, Iîa[)tismus, Confirmatio , Eiiciinristia ,
l'œnitentia et Extrema Unciio , quai ad cujuslibet sa-
liilem condncurd, et suo quocquc mtido inscrviunt.
Ilabctque bic locum cclebris canonislarum distin-
li clio , nui Saeranienla sic parlinnîm*, ut aiia ncccssi-
tulis, alia vohintatis appcllcnl : ncccssitalis diennt c^sc
Baplismum, et alia quatuor quœ sequunlur : Quœ om-
q via, inquit PaulnsLancellotiiS, Inslil. juris Canfsn. lib.
2, § 1, (i.d parlicularcm cujusqui profcclnm, sunt prin-
' cipalitcr inslitula ; atque adcb sine in'.eritu s(dHlis
œternœ prœtcrmitti el conlemni non possnni : VoliaUatis
appclhuii , qurc sine salulis dispeudio, pro cujusque
arbilrio rceipi possunt, nul negligi, oido seilicet et
matrimonium, non ad enjuslibel sahitem , sml ad to-
lius EeelesiGC profeclum aUpie sulisidiutn prinripaliter
pertinenlia,
2" Sed ne ca quidem, qu.x; pr;vdiximus esse unicui-
quc nccessaria, pari gradu nocescilatis bomiiicm pre-
niiuît, quaidam enim quia média sunt ad saiutem di-
vinilùs eomparala, neec?silatem incdii important, sine
quo niniirùm finis baberi non poîest : qnomodo Bap-
tismuscuilibel , sailcni in volo, Pœniteniia iapsis post
RapU^mnm nccessaria sunt; alia verô, non idcô quia
medii viin bai)ent ad finem eondueendi, sed (juia sinil
divinilùs impcrala, suscipi oporL-M ; bmicque necessi-
talis graduni Co;ifiri;iatio , l-luebarislia el Extrema
l'nclio non cxcedunt : unius enim dioi infans, si ac-
t'gse.
(Edil ) i ceplo '';i|ili.sniale nii'iiliw, >iue dubilalione salvatur .
i25!
DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
1255
ctiamsi r('li(|iin non susccpcrit , iinô iicc dcsiderarc
poUieril; docliiiia lia'C eslcoiicilii Tiidenlini, il)idem,
can. 4 , sic defiiiionlis : Si quis dixcrit Sacmmcnln
iiovœ Icgis, non esse ad salulcni iiccessaria , sed siiper-
flua;etsine cis, aut eorinnvoto pcr solnm fidcmliomincs
à Dca (jratiaiu jnsli/îcationis adipisci, licèl ojiiiiia shujttHs
neci'ssarin non sinl : (inathema sit.
QuaTCS 4" qiKic dicaiilii" Sacraincnla vivoviini? qa.\î h
niorliionini ? — Resp. 1° aj)pellari Sacranienla vivo- l
vwn, (]nx fidclibus saiictificaiilc gralià aiiinialis pr;TC- l
bciidu", qiialia sunt, Coufirmalio, Eiicliarislia, Extrema }
Uiictio, Ordo et Malrimoiiiiiin; (|ii;jo iii^-i jtislis coiife- l
ranliir , iiediini viiaiii spintuak-in i)ronioveaiit , co \
dcspcralins pcriniuiit , quùd gravissiniiiin sccliis sil î
rcs saiictas inalù Iraclarc. Resp. 2" dioi iiiorlnomni |
Sacramonla, qiirc hominem à slalu iiiorlis ad vilain
spiriliialom li'aiisferiiiit, (\ux niinirùiii priiiiani t^raliain
saiictilicaïUeni ooniiHUiiicaiil , et hiijiisiuodi duo sunt, ;
IJaplisnuis cl PœniUiilia ; piT Baplisnnim enini nova l
iii Chrislo crcalura renascitnr , et liOino ex ininiico l
Dei, aniicns fif; Pœiiilentia vcrô non conceditnr nisi
lapsis : uiide dicta est , seciuida posl iiaulVagiinn la- \
bula ; quà aulein ralione aliqiiando i*anilemia sil Sa-
cranicnium vivenlinm, niortuorum verô Eiicliaiislia
cl Extrema Unclio , suis locis accuraliùs exp.^n-
delnr.
Qn;eics o" ulrîiin , ponès eirecliun, onniia Sacra-
nienla a:quiparenlin-? — Resp. négative; iiani 1" est
aliquis cffecUis iion conununis omninin, sed Irinni pe-
culiaris, Baplisnii, Confninalionis cl Ordinis , qncni
cliaraelerein a|)pellanl , signaculinn scilicel spiiiliiale
cl indélébile anuna; inipressiini ; quo (il ut iicrari ncc
possiiil ncedebeant, cùni senicl rite accepta senip^r
niancanl in aliqiio suo eflcctn, qui nullà pcrversitale
deperdi polest ; è contra veiù idcù c;elora Sicranienla
iicrari sa-piùs ijossunl et repeti, (piia gratia quain con-
ferunl , adveniente peccalo , cvanoscit , cuni quo
sociari non potesl ; qnan(iuà:n eiiiin (ut tacil:.e oljje-
clioui rcspondeanius ) vinciduin Matrimonii sit in-
dissolubile, celernuni lanien non est pulandiim , qnia
allerulrius conjngnin morle abrunq>iliir , ctiamsi nul- '■
hini peccatum prxcesserit : Qiiœ snb viro est imdier, I
inqnit Aposlolus , Rom. 7, 2 , v'wente vira , alUijnla est \
legi : si auteni morluus [ncrit vir cjus, soliita à letje viri ;
ilaquc saîpiùs iniri posse Malrimoniinn , non est du-
bium.
2" Quantum ad graliam spécial , in lioc differunl
Sacranienla, qnod non eamdeni liomini pra-slent ; non
unius enim inodi sanciilicatio in omnibus est, sed pro
Sacramenlorum diversitate, diversa ; bine per b'aiili-
smum spiriluaiiter boino renascilur ; pcrConlirmalio-
jiein roboralur ; nnlrilnr per Eucbarisliam ; Pœnilcn-
ti;'i sanatiir , plané pcr FAlrcmam ['ndioneni pnrgalur
alqne reficitur; pcr Ordinem regimini Kcclesi;e (il
idoneus ; per Matrinionium dcniquo fil, ul sil lionora-
bite connitbium , et tliorus immcicnlalus , Hebr. 13, 4.
Krgo sicul ritu et significalione, ila en'ectu dislinguun-
tur; in boc tamen gencralim conveniunt . quùd pro-
ducendic vcl angciKlce sanctificanlis gratirc viin omnin
cl singula Iiabcant sibi diviniliis allribulain , quam ut
ubiriùs expliccmus, sit
' Quastio sexla et ullinia, an in cœlo aliqua fuUira
sinl Sacranienla. — Rt'spoiisio negaliva omnino est,
dicimusqiic nuUum penilùs Sacramentum pro lionii-
nibtis in coîiesli glorià bealis, aut specialiter inslitu-
lum fuisse , aut ex iis CjUie mililanli Ecclesix dcser-
viunt, relinenduni esse. Et sanè ut quid in statu gloriic
ponenda sunt Sacranienla, qu;e ncc in slalu innoccn-
li;e , lamelsi longé disparis perfcclionis, congrua re-
putanlur? Quid opus est signis, ubi veritas est in pro-
patulo, cl non pfr speciduni et in œnigmale, sed f'acio
ad faciem conspicilur? Quid opus lidei adniinicidis et
cxcitanienlis, ubi lides locuni r.on babet, ncc cxerccri
polest? Quid facicnt inslrumcnla sanclificalionis , ubi
sanctitas non.acquirilur, ncc augelur , sed lerniinum
assecuta pnemio suo friiilur? Pra'serlim verô cjus-
niodi Sacranienla, qua-, vialoribus diversis in slatibus
divinitùs instiliila fiière, bealis quoque communia fti-
cere, penè delirium est; cùni bxc in mcdicauicnluni
peccatorum, et in cegritudinum spirilualium remédia,
qua> .à beatiludim; a'iernùm excludiintur , conlempe-
rala fucrinl. Quod si allioris generis Sacranienla illic
celebrari conlingas, pelimus ul nobis illorum idea ali-
(jua prabcatur, conipositio cxplicclur, parles dis^lin-
guanlur, elTeclus in(ligilent\u'. Quùd si in iis commi-
niscendis féliciter adeô processeris , ul ridicula et
alisurda devites, s< iscilabimur landeni, ut nobis apc-
rias, undè ipsc didiceris, qiue ncc Paulus raplus ad
lertiuin cœlum coiiiinenioravit.
Sed ne in incerlum vibremus ictuni, lioslis est, qucui
direclô inipctaiiius , nimirùm Complulensis quidam
liicologus à PP. Salniaiiliccnsibus rclatus et egregiè
confutalus, qui, ininiodicœ dcvolionis .xslu abreplus ,
Encliaiis[i;e Sacramenlum in cœlo quoque pcrpeluô
mansurum lotis viribus slabilire conalus est, non ad
sanclificatioiiem quideni, vel sacramenlalem refeclio-
nein beaiorum , sed ad contcmplationem , et niandu-
cationem spiritualem semper exposiluin in praccordiis
Jesu Ciirisli , in quibus incorrupla» servanlur specics
panis, forlassis ctiam vini à se consccrala) in caslcllo
Emmaus , quando cum duobus discipulis rccunibctis
iii mens.î, accepil pancm , et benedixit, ac frcgit, et
porrigebal illis , ul referl S. Lucas. lias elenim sjie-
cics cùm Cbristus jam gloriosus et immorlalis ncc
consumpsisse , ncc iransmuU^sse, dcc abjecisse cre-
dendus sit , cas in splernum relinendas Iransvexil in
cœlum ad jucuudiim bcatarum meniium spectaculum.
Verùm Iota iia'C bypolbesis fulilissimis superslrucM
est fniulamentis. Incertissimum est benedictum illum
pancm porrcctum duobus discipulis fuisse consccra-
lum , sive Eucharlsliîic Sacramenlum. Plurimi nam-
quc id iuficianlur. Adbuc incerlum est Clnislum de
pane illo sumpsisse, quin poliùs innuil evangelisla ex
fraclionis rilu slalim h discipulis agnilum cvanuissu
ex oculis eorum. Ncc tamen bis ciiam sumpiis spc-
ciebùs necessum evadit eas ni Chrisii venlriculo per-
! pcluô luesuras ; alioquiii cadem sententia fercnda fo-
ct de panis, et piscis fruslis, qu« post rcsurrecliouem
1257 QUyEST. IV. DE EFFICACTA ET VIRTUTE SACRAMENTORUM.
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cuni discipulis ad mare iibcriadis niaiuliicavil; qn;TC
lamcn, siciil ciia lifiiiciil ab igné et abil in lïmium,
ila corporis gloriosi coiilaclu rcsolula coiiscnlSS. Gre-
' gori'.is et Basilius.
Adversaliir prx^lerca hoc commentum ScripUinc et
Palribus, quorum pcrspicua seiilculia est Euchari-
siiam esse iimuus soli Eccliîsi.ic miiilaïUi conccssum à
Chilslo, iu abseiiti;o sii;e qnoad visibilcm formaiii so-
laliniu, passionis momoriau) cl amoris pigiius. liKpiil
oiiim D. Paulus : Qnotiescimujue luanducubilis pancm
Ininc et calicem bibeùs , mortem Domini muiunliabilis ,
(lonec veniat : ctChrislus ipsc, Maltb.28 : Eccc ego vo-
biscitm sum omnibus dicbus nstiitc ad coiisumiitationcm
seculi. Qua; vcrba de permanonlià cucharislicà usque
ad (iucm mundi lantummodô prolrahendà iiitclligiMi-
lur à SS. fîipronymo, Theodorclo , Anscdmo, aliisquc
Patribus.
l'ilcriiis poiiilfis inutililor Eucharisli* in cœlo
a'ieriia coiilingilur permaneiilia , ubi ncc ad gratia;
augmentum, uec ad gloriae pignus, nec ad memoriam
Cbrisli jam ibi in suâ specie pniosenlis, quidpiam con-
fcrrot. Ncc nccessnria ad ip.-,iu.s Sacranieiili conlem-
plalionein ci intelligciiliain , (juam è scicnliâ bealà et
infusa comprehcnsores perfocliùs liauriuul. iN)slreni6,
quia cliam dissimiilalà bâc iimlili specierum cor.sc-
cralarinn conservaliouc, Iktc ut summum miraculosi
opcris lalioiiciu babercl, non Sacranienli. Quanquàm
cnim Eucliaristia non consi.slat in usu , csl lameu in-
star clbi ad n.anducationcm parali. Porrô in cœlo j
nianducari ampliùs non posset, uipole conslitutuni in !
speciebns iiicorruplibilibus, qucm;idmodijm decernit 1
auclor quem rufcliimus. Huit igilur onuii ex paite ejus !
hypolbcsis. Ycrîun quid pliira Aindimus iu lioc rcfu- i
tando connnenlo? j
Opponil lameu illa veiba Ciirisii Domini apud Mat. j
c. 20 : liibile ex hoc omiics : Dico aittem vobis , qu'od i
non bibain uinodb de hoc geiiimine vilis usque iu dic:ii
illtim, ciim illud bibam vobiscum novum in rcguo Palris
mei , ubi de vino eucbaiistico in cœlesti glorià à bca-
tis gustando sermo esse videtur. — Resp. verba Do-
mini, qua; cuni cucbaiisticx cœna; narralione à >!al-
iheo coiijuugunlur, anlé ejus mcntioiiem, cl velcti in
legalis cœuLe distiibulionc prmmnliala rclorri à D.
Lucâ , c. 22, qui videlur dibli)!Cliîis ulriusque cœn;c
ciicumslanlias deseripsisse. Quapropîei* non de viiio
eucbaiistico, sed vtilgari , quod in agno pascbali
cdendo adhiliilum erat, probabiliiis iutclligitur. lYo-
vum aiilem vinum in regno l'alris bibendum est nectar
i;bid ceterna; beatitudinis, de qiio, in p^^almo 35, di-
ctum est : Inebriabuntur ab uberlate domûs tuœ , et
tori\nle voluptalis luœ potcibis cos : imô et di; quo in
codeni Lucie cap. Cinistus ait : Et ego dispono vo-
bis , etc. , ut edalis , et bibatis super mensam meani in
régna mco ; quod novum vocal, quoniani alterius longé
generis est; nisi velimus cum Joan. Clirysost. illud hic
vinum indicari , quod Chrislus post resurrectionem
suam cum aiioslolis iiibil, qnando et convesci digna-
tus est. Verùni de quocumque vino accipiautur prie-
fala verba, scopo argucutis non suirragantur, uljjoic
TH. .\X.
qui sacramcntalcm Eucbarisliaî nsnm non admitlit in
cœlo; ciiin lamcn illa de vino m rognu Dei bibeiido
diserte loijuantur. '
QU^ESÏIO QUART A.
Di: EFFICACIA ET VIUTUTE SACRAMKNTORUU.
Conlroversia hic nobis duplex fulura est. Prima
cum nostraî aelatis hacrelicis, qui virlulem Sacramcn-
torum sic exténuant, ul redigant projiè ad nibiluin.
■ Altéra cum iheoiogis catholicis, quorum, salis magno
numéro, opinio es(, non aliam |)rietermoralem habere
efficienliam , neque physicè iulusione grati;e operari.
Itaque pncsentem quœslioncm in duo capiia pariic-
miir.
In primo concilii Tridentini canones vindicabimus,
Sacramcutorinn novai legis efficienliam ex opère ope-
rato, jiixla doclrinani calholicam adslruciiles.
In aliero, Thomistaruni certani luiamque esse do-
clrinam, pro virili demonslrabimus, qui non moralem
lanliim, sed et pliysicam Sacrameatorum causaliialem
(siceiiimiuscliolisvocarisolel) propugnani. Sit itaque
CAPUT PRIMUM.
Sacramentorum .\ov;e legis efficacia contra recen-
tiores u.eret1c0s vi.ndicatur.
Aliquas Sacramentorum in jusiilicalionis negoiio
csse parles, neque oliosum esse ac slcrileqiiod in eo-
rum adminislratioiie, ex divino prœscriplo gerilur, ne
ipsi (juidcm iuficiaiitur hairelici : nam si putarent, to-
Imn hoc officinni inutile csse,ab eo peniiùs absliue-
rent, et apud illos neque Baplismi, neque cœn;e ullus
usus repcrirctur, ne seipsos nimiiùm suporslilionis,
et in Deum irreverentise accusarenl; biuc Sacramenla
aliquo in prelio habere se prolilenlur. Sic eniin Luthe-
rus Ilomiliâ 1, de Rapt., an. 1526 : Ad hoc, inquil,
inslitutus csl Bnplismus, ni nobis serviat, nobis prosit,
I nobis doiiet non aliquid carnale vel corporale, sed œler-
nam gloriam, œlernam mundiliam et sanclilalem. Calvi-
nusvcrô, inantidoto C. Tr. , ad sess. 7, can. G, sic
loquilur : Semper memorià repetendum est , Sacramenla
nih'l quàm instrumentales esse conferendœ nobis gvaticc
causas; et paulo posi, in c. G : ^Si qui siut, inquil, ^/«i
negent Sacramenlis conlineri gratiam quam figurant, il-
los improbamus.
Qu;e quidcm si à viris catholicis ingcnuè cl simpli-
ciler dicereiitur, plausn profcclô essenl digua, ncdùm
repreheiisionem ullam mercrciilur; verùm, proh do-
lor! quod se unà manu adslruere simulant perlidi
homincs, altéra dcmoliunlur, et Sacramenla inhili se
facere significanl verbis conlumeliosissimis : nam ,
{" Sacramenlis virlulis iiihil ine.sso coiilondunt ad
gralian) confcrciidam : Bapiismus , inquil Lullicrus.
Lib. de Captivilat. Babyl., c. de îià\)l.,nemiiemjusti-
ficat nec utli prodest , sed (ides in verbum promissionis
cui addilur Bapiismus : hœc enim justificut; ncc minore
Icmeritate Mclanclon, in locis edilis aiino 1522, cap.
de Signis : Circumcisio, inquil, nihil est , tit Apostolus
ait; ila Bapiismus nihil est, sed testes sunl ac signa di-
I vinœ volunlatis erga le; et libro contra Anabapl. : Sic-
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h>M»
DE RE SACRAMENTAIUA — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
i-ico
ul V! !unlas Dci, inqiiil, ostenditnr in verbo sen promis-
sione, ila etiam oslenditur in sifjno, tanquàm in piclvrà.
Cui Calvinus oonscnlicns : Fi.tinn lucmcat, inquit, non
esse filifis Sacramenlorum , qnum verbï Dci parles, quœ
sunt offerre nobis ac proponcrc Cliristuni, el in eo cœ-
leslis gratiœ thcsauros, lib. A Insiit., c. 1 i, p. 17.
2" Consequeiis esl ul verba Sacramonioruiii negcnt
esse coiisecratoria, et nicrè cO!icioii;ilia aiit proniisso-
Tia C'sse veliiil. Hoc ciiim Lullu-nis el Calvinus ro-
Idiidè locis cilalis aClirniant.
Duo ilaque iii pr.xsenli praislanda suiil : prol)and»m,
1° S.icrarneiila graliam ex opère operalo producere.
2° Vciln eoruin verè esse coiisccraioria. bil igilur
§ i . Oslenditur Sncramenlu uovœ leyis (pcitimn sancli-
ficanlem ex opère operalo producere.
Fidei lixc senleiilia esl, in concilio 'iriderilino no-
vis definilioiiibus coiifiriuala ; siceiiiiii sess. 7, can 5 :
Si qnis dixeril, iiKjniunl Patres, Siicramaita propter so.
lam fidem nulricndinninstilula fuisse, analliema sit; cl î!
car». 6 : Si quis dixeril, Sacramenta novœ legis non con-
linere (jraliam quant significanl , aut graliam ipsum non
ponenlibus obicem non coujerre, quasi signa icinliim ex-
Icrna sint, acceplœ per fidem graliœ vel jusliliœ, el noUc
quivdam chrislianœ professionis , quibns apud homines
discernunlur fidèles ab infidelibus , analliema sil. Et
can. 8 : Si quis dixeril , per ipsa novœ legis Sacra-
menta, ex opère operalo non conferri graliam, sed solam
fidem divinœ promissionis ad graliam consequendam suj-
ficere, analliema sit.
Opus operalum quid sil ?
Ne vcrô ambigniias iilla sit , slalim adnionemus , I
opus operalum dici ad diiïeienliain operis operan- :
lis (1), qurc vox, licèl laliiia non sil, proul à Ca-
Iholicis usurpatur (esl cnim operari , operor , vcrbiini |
deponcns, aclioneni , non passionem signilicans) , in- |
irodiicta tanicn est, et diulurno Ecclesi:!; usa probala, ]
ut planiîis calholica verilas populo fideli proponere-
tur, quà in rc, ut in ca'lciis . niorosiorcs se prccbenl ,
haîrelici , scbolarum magislros imperiline accusando :
nam, ul ail S. Auguslinus contra Cresconium gram-
malicnni dispulans : Melius esl , ut nos reprchendanl
grammalici, quàm ulnon inleltiganl populi.
Jani ul ad proposilnni revertamur, opus operanlis,
in pnesenli, vel n.iniblri inlelligilur, vel rjus qui su-
£Cipit Sacramenluin.
1° Ccitum est Sacranicnla novae legis non produ-
cere graliam ex opère , id esl , ex lidc aut sanclilale
jniuislri. Hoc cnim quoiiiam onnii ;trgumenlornm gé-
nère inferiùs , q. 6 , c 1, statuclnr, jure noslro laci-
mus, pro re indubilalà liabendo. T Pariiercertnm esl,
non conlerre graliam ex opère' scu nierilo suscipicn-
lium; quanquàm enim adnlli, quando ad sacramcnla
accedunt, debeant, si prodessc sibi ea voluerint, al-
ferre animiim per fidem, pœniteniiam, aliasque bujus
generis dispositiones benè pmeparalnni , quod negare
(1) Opus operalum est aclio ipsa sacramcntalis à
Cbrislo institnta, sen applicalio nialeria; et forma-.
Opus auleni ojieraniis ap|icllanl acliis lioiios el nieri-
lorius (pios clicil minisler , vel Sacramcnlum susci-
pi«ns. (Edil.)
slnllum foret cl impium , non ab'bis tamcn snam ef-
ficaciam, sed ab eoà quo sunt instituta, recipiunl; id
f quod parvulorum palmareexcmplnm dcmonslral, qui,
1 ut sancli iii F.ajilismo fiant, nulluin bonuni ojjus suum
jaclaïc possunt. 3° ll;cc duo si vcra sinl, conscqucns
est Sacramenta graliam ex opère operalo producere,
id esl, hoc ipso quod sacra qua;dam opéra sunt, divi-
nitiis ad sanclificandos boniines inslitula. Sil ilaque
Pkobatio PKiMA, ex aucturilate Scriptnrœ.
Primo. Nilitur hœc verilas praîclarissimis teslimo-
niis Scriplurarum , liactenùs majori ex parle prola-
lis (1).
iMarci 16, v. 16 : Qui crcdideril, inquil Cbrislus, e(
bapti:ialns fueril, salvus eril. Joan. 3, 5 : Nisi quis re-
nalHS fueril, etc. Act. 2, 58 : Pœniteniiam agile et ba-
ptizetur unusquisqne veslrnm in nomine Jesu Clirisli, in
remissionem peccatornm vestroruni, el accipielis donum
Spirih'is sancti. Act. 22, {G : Et nunc quid moraris?
ail Anaiiias ad Sauluni : Baplizare, etablue peccala tua.
Act. 8, 17 : Iniponebanl nianus super illos , el accipie-
biinl Spirilum sanclum. Cùm vidisset aulem Simon,
quia per impositionem manûs Aposlolorum daretur Spi-
riliis sanclus, obiulit eis pccuniam , cic. 2 ad Tiniolli.
1,0: Admoneo te ul rcsusciles graliam Dci, quœ esl in
te per impositionem manuum mcarum. Ad Tini. 3, 5 :
l Non ex opcribus justiliw quœ fecimus , sed sccundinn
1 suam misericordiam salvos nos fccil per lavacrum rcgc-
neralionis el rcuovalionis Spiritûs sancli. Deniquc ad
Epb. D, 23 : Christus dilexil Ecctesiam , el Iradidit
seipsum pro eà , ul illam sanclificarel, mundans lavacro
aquœ in verbo vitœ.
In bis quidcm cl similibiis quie passim occurrunt ,
mirum est ab Incrclicis Sacramenlorum cfficaciam
non videri : nam , quccso , quid est per Sacramenia
graliam ex opère operalo produci , nisi per acliones
sacras , qualcnùs à Cbrislo sunt inslilnlrc , boniines
juslos (ieri? Atqni manilesium est ex verbo Dci , re-
missionem peccalorum , sanctilalem aninue , graliaï
et Spiritûs sancli infusionem , ipsi aclioni sacramen-
lali , ipsi(iue Sacramenlo , qualenùs à Cbrislo est in-
slitulum , allribui. Ergo , etc.
PuoiîATio II , ex tradilione perpétua.
Secundo acccdit vencranda traditionis aucloritas ,
cujus locupletissimos prolerrc lestes, in promptu et
quasi in manibus est.
Tertullianus.
i" Sil Tcrlullianus , qui secundo dèsinenle el lertio
ineunle seculo floruil : is in libro de Bapiismo, cap. I :
Félix, inquit, Sacramcnlum aquœ uostrœ , quà ablulis
deliclis prislinœ cœcitatis, in litam aUernam liberamur...
nos pisciculi secuiidiim Sulvatoron uos'.rumJcsum Cliri-
sl:^m in aqvà nascimur , ucc aliter quàm in aquà perma-
nendo suivi sumus. El ibidem, caj) 2 : ISihil adeb est,
quod obduret mentes liominum , tjuàm simpUcitas divi-
norum opcrum quœ in aclu videutur , cl maguificentia
quœ iit effeclu repromitlitur : ul lue quoqne quonhmt
lantà simplicilate iinc pompa , sine apparatu novo ali-
(1) Vide qu:csl. 1, c. 2, § 1.
126i
QU.'FST. IV. nr: kfficaciv kt vip.tute svc.ramfntoiium.
tjuo , deniquesine sumptu , Itumo tu (uiuam d.'tviasHa , et
iiilcr panca verba (inclus .. , mumlior rcsnryil , eu iiure-
dibilis exhtiiuelur coiisecnlio œleritilalis... prolt! Misent
iucrcduliuis , quw Deo denegas propriclales suns , sim-
plicifdlem el polcslaleni ! Qitid eryu? Nomie mii\!^idttm,
Idvacro dilui mortem ?... Cwleriim incrcdulilus miraliir ,
1 non crédit : niinilnr eniiu siinpliciu quasi vana , ni/njui-
ficn qttasiiiupossibdia. El paiilù post, cap. 5 : Piintis
O'/tiis piœceptiim est animas proferre (qnaiido iiiiiiii ùiii
(litliiin est à Dco , Geii. 1, v. 50, producanl cqutc
reptile animœ livenlis). Priinits liquor qttod viveret edi-
dit : tie uiintni sit in Baptisnio , si uqnœ nnimarc nove-
! riPit. El deiiiqiic, ne cuarreni singnla, qiuc in doc
liliio lie viilulc Baplismalis plané iiiirabililcr dicil :
Oinncs cqitœ , iiiquil cap. ■': , de prislinâ ori(ji}iis prœ-
rntj'du'à Sacrawenlum sancliftcalionis cuitsciiuiinlitr in-
vocato Deo. Sitpervenit enitn statîm Siriiiliis de coulis , el
nquis sitpercsl sancliftcans cas de scmelipso ; et ita sancli-
jicalœ vint samlificandi combibiiut... igihtr medicaiis
quodatnmodo aqu'.s per angeli intcrveuliim , el spirilus
in aqitis corporidiler diluitnr , el caro in cisdetti spirituu-
liler munit alur.
S. Gregoriits Xijssenus.
2" Occiîrrit S. Greg. Nyssenus, qui quailo seculo '
vixit, oralioiic in Baplisiniim Clirisli sic loqiicns :
Daplisma pcccalorum expiulio esl , remissio dcliclorum,
renoVidionis el rege.neralionis causa... aqua, ciim niliil \
idiud sil qiiàni aqua , supernà graliù bcnedicimte ei, in
eam qnœ menle pcrcipilitr lioininem rénovât generalio-
nem. Qubd si qnis milii dubilando el atnbigendo nego-
tiuni e.xliibL'(it , inlerrogans quà ralione aqua rrgenerel , '
dicam opliino jure ad eum : Ostende milii modum nali
l'ilalis , quœ fit secnndiini carnein ; el ego libi viin rege
ueralionis quœ sccundiim animant fit , exponam : Dices
foriasiè qi^':si quamdam ralioitem reddens : semen causa
esl effectrix Itominis : aiidi igilur contra à nobis , qnbd
aqua , quœ benedicilur , purgat et illuminai liominem ;
quhd si mihi rnrsiis contra subjiciiis, quomodb? Clamabo
contra levehctnenliits : Quomodb hninida alqueinformis
natura Itomo fil ? Alque de omiti crealiirà ila oratio pro-
grediens , in unaqiiùqtie re exerccbilur. Qui cœlum?
Qui terra? Qui mare? Qui res singulares ? . . . V bique
diviiia vis el cffiracilas inconiprclicnsibilis esl.
S. Joannes Clirijsoslomus.
5" Esl S. Joannes Clirysostoniiis , siib iiiiiium [
qiiinli seciill ila lo(iiions , llom. 25 in Joan. : Quod
est utérus embryoni , hoc esl fideli aqua. Si ([iiideni in
aquà fiiigiliu- cl formaliir : nam priinô dicltmi esl ,
Ccii. 1 , 20 : Producanl aquœ reptile animœ vivenlis. s
Kx qtto autx^m Jordanis ulveum ingressus esl Cliristus,
non ampliiis replilia atiimarum viventium , srd animas
rationah's et spiriluales aqua produxit... quod in utero [
(ormalur, tjmpor:' indigel : quod in aquà , minime, scd j
momcnlo omnia perficinnlur.
S. Cijrillus Alexaudrinus.
i" Afîcro S. Cyriliuni Alcxandrimim (|iiiiili parilcr
seciili scriplorcm : Quemadmodiim , iiirinil, lii). 2 in
Joan., infusa lebelibus aqua, si admojelur igni velic- i!
tmnli, vint eju$ concipit , ild Spirilns cfjicacilalc scn-
I2(!2
sibilis aqua in diiinam (juumdam et ineffabilini vim
transformatur , omuesquc deiniim iti t/uibus fucrit san-
cii/ical.
S. Léo Pontifex.
5" Esl S. Lco eodoni adullo soculo qiiinto f'onli-
fex : ila niniirùm scrii)il, Serm. 4 de Naliv. Donil-
ni : Terra cariiis liumunœ, quœ in primo fueral prœva-
rictilore nialedicla , in hoc loco B. Virginis partu , ger-
tnen lulit benedictum , et à vilio suœ slirpis alicmtm ;
cujus spirilucilem originem in regeneratione quisquc coii-
Si'quilur ,0}nni enim liomini renascenti aqua bapiistnalis
instar est uleri virginalis, eodein Spirilu replcnte fontem
qui repli vil et Virginem ; ut peccalum quod ibi vacuavil
sacra conceplio , h'ic mtjslica tollut ablulio. El Serm. 5
in Nal. Dom : Dominus Jésus, inqnil, originem quam
sutnpsil in utero Virginis , posuit in fonte Baplismalis ;
dedil aquœ quod dedil malri : lirlus enim Allissitni, quœ
fecil ut Maria pareret Salvatorem . eadcm fncit ut re-
geiterel unda credentem.
Alii SS. Paires.
Dcniqne in Iioc dogmale slalueudo summa Palruni
Gmccorum et Lalinornni consensioest; (iiiorum lesU-
nionia si sigiilaiini laudarc aggredercr, prx'seiilis
controversia; nullns finis cssct fniurus : ila enim do-
cenl :
S. Jiislinus Marlyr, Apol. 2; Origenes , iioni. 4,
in cap. 2 Luc. ; S. Cypiianus , episl. 1 ; Oplalus Mile-
vitanus, lil). 5, conlra Donal. ; S. Hieronymiis , ep.
83, ad Océan.; S. Anibrosius, lib. 2 de Pœnil., c.2;
S. Angnslinus, Iracl. i'.O , in Joan.
SufFraganliir el concilia : Nica?num I , cap. de Ba-
plismo ; Gonslanlinopolilaniun , in Symbolo; Milovi-
tanura, cap. 2; Arausicanum II, canoi'.c 5, elc.
Argumenta.
Age verô nunc in bis paiicis quas delibavimus ve-
lerum scntenliis , ibeologia; studiosus cxorceat acu-
men ingenii , lacial(|ue experimenlimi, nnm babcant
aliquid cum Lnlbcranornm doctrinà affinilulis; nobis
qiiideni lani cerlè videnUir dOj:ma novilium expugna-
rc, qnàm cerlum eslhiccrc meridie. Nam,
I. SS. Paires bine infernnl Baplismuni (idcmque
de rdiquis Sacramenlis ex eorum mcnlc diccndnm) ,
adniiralione esse diguissimnm , quia niagnilicenliam
luibel clTccluum, cnm sumniâ simplicilalc conjnn-
clani : Tantà simplicilale, inqnil Tertiillianus , sine
pompa, sine apparalu novo aliquo, denique sine sumptn
homo in aqunui demissus, et in ter pauca verba linctus
mundior resurgit... nonne miranduni lavacro dilui uior-
tcm?... Aqua cùm nihil aliud sil qnàm R<7»rt, snbdil S.
Greg. Nyss. , supernà gratiù benedicente ei , in eam qtiœ
mente percipilur , rénovai gencrationem ; qiiibns con-
.senlions S. Joannes Cbrys.: In aquà, inqiiit, fingilut
el formatur fulelis; unimas ralionalcs cl spiriltialcs aqua
produdt ; idqtic momcnlo perftcilttr : nec minus per-
spicuè S. Cyril.: spirilus, inqnil, e(ftcacitate , aqua in
divinam cjuamdatn et incffabiUm vint transformatur ,
omnesquc demitm in quibus fucrit sanctifical.
Jam sic proseqnor argnnienlnni :
Alqui b;uc adeo pruuclara cncomia lùm absurda fo-
4265
DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
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reiit , tùm faJsilalis plcna , si sancli doclores luT^rcticis
coiiseiitireiit. Nain, qiuoso, quain iiabct Baplisinus
effectuuni inagiiiliccuiiain , si pnelor iiiulaiii vacuain-
\ qiicsigiiificalionem niiiil habcl?quisaltonilus et propè
<)!)sUipefaclus suspicial lavacro diliii niorlem , si solà
lide putel diliii , uoii lavacro? quis vcrè audcaldiccre,
divinam et ineff.ibileiii esse virlutcm in aqiià ad lio-
inines sanclilicandos , si ad hoc laiilùin valeat , ut
excitct fidem? quis divinuiii credat id qiiod lioinines
in suà habcnt poleslate, et usupenè quotidiano exer-
cent? Ilabenius cnini et nos niorlales signa nostra ,
Iiabennis voccs quibus muluô promitlinius et repro-
miltimus ; habenius denique picinras , quibus, velut
signis noslrie voluntatis uliniur; ilaque si Patres nul-
lam in Sacranientis ad sanclificandum virtulem agno-
scerenl, vana essent encomia (juibus eorum dignita-
leni cxtoUunt ; nedùniquc légitima eorum adiniratio
i'oret, puerililer niirarentur, seniliterque desipercnt;
quod cùm de magislris lantis ccgilaiu nefiîs sit, faien-
dum magis insanire novi erroris magistros, qui in
luce lani apertâ ca^cutiunt, et in cos quadrare quod à
Terluiliano ibidem est diclum : Proli ! misera incredu-
lilas , quœ Deo deucgas proprieiales suas , sitnpli-
citalein et poteslatem! mcredulilas miratnr, non crédit;
vàratur siniplicia quasi vana, magnifica quasi impossi-
bilia.
' II. Patres ul prœconceptam de Saeramentoruni
virtute fidem ratiGuis ipsius adminiculo fidciant, cer-
lissima et quasi domcslica, quai nalura suppeditat,
exempla proponunt :aiunt enim
1° Tantani inesse vini aqu;o divinitùs insitani ad
honiines sanclilicandos, qnanlani ab inilio babuit ad
gignendos pisces ; Nos pisciculi, ailTerluUianus ,secun-
diiut salcalorem noslrum Jesum Christum in aquù nasci-
mur ; nec aliter quàm in aqui) perniancndo suivi sumus;
primis aquis prœcepluni est aniinas proferre : primus
liquor quod viverct edidit, ne mirum sit in Baplismo, si
aquœ animare novcrunt... Printb diclum est, inquit S.
Joan. Chrysoslomus : producant aquœ reptile aniwœ
vivcntis : ex quo aulem Jordanis alvcuni ingressus est
Cliristus, non umpiiiis reptilia animarum vivoitium, sed
. animas rationalcs et spiriluales aqua produxit.
2° Pari virtute coniendunl rcnasci hominem spiri-
lualiter per Baplismnm, quâ nnscitur earnaliîer per
luUuram. Si qtiis milii dubitaudo, incpiit S. Gregor.
!Nyss., Jiegotium exhibeat, interrogans quâ ratione aqua
regeneret; dicam optimo jure ad cum : Oslende milii
modum nalivilatis quœ fit secunditm carnem, et ego tibi
vim rcgenerationis quœ secunditm animam fit, cxponam.
EâdenKiuc de re luculcntuni est S. Joannis Ciirysos-
lomi teslimonium : Quod est, inquit, utérus embrgoni,
hoc est fidcli aqua ; quod in utero formatur, lempore
indiget : quod in aquà, minime, sed momento omnia
pcrficiuntur.
5" Sic Yolunt aquam Spirilûs sancli virtute ad pro-
duclionem gratifie promovere, quomodè aqua in oUam
projecta, siignissupponatur, exKsluat, et comburen-
di vim liabet . Quemadmoditm infusa lebelibus aqua,
ail S. Cyrillus, si admovcatur igni vchcmcnti, vim ejus
jl concipil, ila Spirilûs cfficacitatc sensibilis aqua in divi-
n.'ini quamdam et inelfabilcm vim transformatur, omîtes-
que demiim in qitibus fucrit, sancli ftcitt.
4° Non ab uno peculiari expcrimenlo cxemphnn
petunt , sedejusrci Icsteminvocantnaiuram omneni :
Quod si milii rursus contra subjicius, inquit S. Grego-
rius, quomodb aqun regeneret ? clamabo conlrn le vrlie-
menliiis : Quomodb liumida olquc informis nnlura lioino
fil? Atquc de omni creaturà ila oratio progrcdiens in
unaquàquere exercebitur. Quîcœlum? Qui terra? Qui
mare? Qui rcs singulares? Ubiqne divitia vis et ('[ficticiUis
incomprciicnsibilis est.
llinc sic inslauro argumenlnm :
Atqui nisi crederent Baptismuni et aliaSacramonta
gratiam virtute accepta divinitùs et ex opère operalo
produeere, ineptissimè b;ec tam illuslria cxcnipia
congererent : aqua enim non est signnm incrs piscis
gigncndi, sed rêvera sinu suo procréât piscem ; uté-
rus virtute proprià concipit, delineat, perficitembryo-
neni :neque dici potest visconiburendi aqua* Cerventi
exlranea : deni(iue stnltum fiierit negare qu;ecumque
in cœlis, in terra et in mari (iunt à cansis secundis
ex opère operato procedere : his igitur tam perspicnis
tanique opportunis exemplis sacri doctorcs tùm Eccle-
j si;c catholicai menteni diserte aperiunt, tùm confo-
diunt bxreticorum adversam sentcntiam.
III. Non a naturà'tantùm, sed et à pmecipuo Cbri-
stian.ne Religionis niysterio ejusdem rei teslimonium
afferunt : aiunl enim non minus esse aquam fœctm-
dani ad abluendum, quàm fœcunda fucrit beatissima
Virgo Maria ad pariendum Salvatorem : Omni liomini
renascenti, inquit S. Léo, aqua Baplismalis inslar est
uteri virginalis, eodem Spiritu replente fontem, qui
replevit et Virgincm... Domiiius Jesvs oriijincni qiutm
sumpsit in utero Virginis, posuit in fonte Daptismatis :
dédit aquœ quod dédit matri : virtus enim Altissimi, quiv
fecil ut Maria parcrct Salvatorem, eadem facit ut rege-
neret itnda credcnlem.
At(iui ab utero virginali Dominus Jésus verc et
propriè prodiit ; siccnim obnmhravit illi virlns Altis-
simi, ut verè Salvatorem, tam stnpcndo favorc gra-
vidala, pepererit ; ergo à pari sic replet Spiritus san-
ctus fontem Baptismatis, ut virtute sibi communicatà
divinitùs pariât Cbristianum ; unde consequens est,
Baplismalis Sacramenlnm et alia signa sacra suos cde-
ctns ex opère operato , juxta doctrinam sanclorum
Palruni, exerere.
Prob.vtio m, ex tlieologicà ratione.
I. Primum ex ratione argumentum antequàm aiïe-
' ramus, aliqua jure noslro pelimusnobis concedi, qn;e
non pulamus vocari posse in dubium. Primum est,
Baptisma infantibus aclualis fidci per aelatem inca-
pacibus validé conferri. Secundum est, olim in uni-
versâ Ecclesià, non modo Baplismum, sed et Confir-
niationeni et Eucbaristiam, pueris à partu rccenlibns
data fuisse : queni morem etiamnùm Gr:rci et Orien-
tales observant, ut suis locis, disciplinam bujus Eccle-
siic explicando, manifeslabimus. Tertium est, amen-
tibus, dormientibus, omniquc per morbum ingrave-
126b
QU^ST. IV. DE EFFICÂCIA ET VIRTUTE SACRAMENTORUM. 1206
^sceiitem ralionis usu dcslitulis, Sacramcnliim Baplis-
'■nii legilimè ministrari, ciijiis rei mcmorabilc S. Aii-
giisliiius excmplum prodil l.-i Confess., c. 4, de qiio-
dam amico siio , qui ctim feliribus laboraret, jucuit
dih svie sensu ; in sudore tclludi, cl cùm dcspcrarclur,
Baptismum accepit nesciens, et mente alque sensu alie-
nissimus, Sanè catccluimeiios in nioilis discrinien
adduclos, eo modo debcre baplizari, quo infantes,
tradil idem S. doctor, lib. \, de Adull. Coiijng., c, 26,
Catecliumeni , iiifiiiit, in Intjus vitœ ultimo consti-
tuti, si morbo seu casu aliquo sic oppressi sini, ut quam-
vis adliuc vivant, petcre sibi tamen Baptismum, vel ad
inlerrogata respondcrc non possint... Eo modo bapti-
zcnliir, quomodb baplizaulur infantes, quorum voluntas
nulla adliHc paluit ; et paulô posl, c. 28 : Ego, iiiquit,
non soliim alios catliecumenos, veriim etiam cas ipsos,
qui, viventium conjuqiis copulali, rctinent adidtcrina
consortia, ciim salvos corpore in liis permanentes non
admittamus ad Baptismum, tamen si desperali jacue-
vint, nec prose respondere potuerint, baptizandos pulo ;
ut etiam hoc peccatum cum cœteris, (si nimirùm verè
fuerint pœnilenles), lavacro regenerationis abluatur ;
nec vero de Baptlsmo taiitùm ita sentit , sed etiam
de ï'œailenliâ ; ait enini ibidem : Quœ av.tem Baplis- '\
malis, eadem reconciliationis est causa, si forte pœnileri- ;
tem finiendœ vitœ periculum prœoccupaverit ; bis posilis, ]
sic contraiio argumcntum : |
Vel dicendiim Sacramentainfantibus, dormientibus, i
cl alià quàvis causa, rationis usu carentibus, amen-
tibas, frustra dari, vel si dari credantur uliliter, ne- 1
ccssariô erit falendum, quôd graliam ex opère ope-
ralo producaut; atqui, Lutberanis ipsis et Calvinistis >
judicibus, bis bominibus non dantur inuliliter Sacra-
mcnta; infantes enim ipsi baptizanl; ergo fateanlur
ncccssc est Sacranu-nta suos effeclus ex opère operato
cxercrc.
Probalur ni.ijor : Tnnc dantur inuliliter Sacramcnta,
quando ccrtiim est suos effeclus babere non posse ;
atqui si graliam ex vi operis non producant, sed ad
boc lanlîim valeanl, ut nutrianl fidom vel excitent,
manifestnm est quod elfectumsuum in infanlibus, dor-
niionlihus et amcntibus babere non possinl, qui actu
crcdere isliusmodi bomincs non valent, cîim neque
usum liabeant liberlalis, neque scinlillani judicii, er-
go, etc.
n. Petitur ex definilione Sacranienlorum : nisi enim
virtulc pollcant divinilùs insilâ ad gialiam producen-
dani, certè in ipso fonte ipsoque principio ab omnibus
Ecclesiaslicis scriploribus turpissimè erratum est ;
al lue adcù redundat error in univorsam Ecclesiam,
cujiisccnsum oxpressorunt ; ita enim ad uninn onnies
Saci ameuta definiunt, ut illis grati;v ex vi operis prc-
ducend.iieflicientiajn vindicent.
De Terluliiano, Gregorio, Chrysostomo, et esc ter is
supra memoratis nullum, opinor, dubium est ; quod
vero ad inferioris œtalis ibeologos porlinct, una om-
nium vox, unaque sententia est, valcre seipsis Sacra-
mcnta, Deo ita volente,ad graliam infundendam. Sa-
clemrntum, foris sensibiliter propositum, ex similitudine
reprasentuns, ex institutione significans, et ex sanctifxca-
tione continensatiquam invisibilem et spiritualem grutiam.
Sacramenlum, ail Magister Sententiarum, ext iniisihilis
gratiœ visibilis forma, ejusdem gratiœ imaginem gerens,
et causa existens. Sacramentum, inquiunt auctores Ca-
lecbismi concilii Tridenlini , est res sensibus subjecla ,
quœ, ex inslitutione Dei sanctilalis et justitiœ tum signi-
ftcandœ, tum efficicndœ vim liabet.
Nec qucmquam movcre débet, quod bas definitio-
nes baîretici rcspuant, et novas substituant, quas pro
arbitrio confinxenmt; oslendant necesse est, sibi ma-
gis esse credendiun, quàm noslris ; id porrô nunqiiàm
consoqnentur ; nam nbi de divino dogmate agilur,
utrorum putabimus acqiiiescendum judicio. An eorum
qui nali nudiùs tertiùs, at» uniiale et veritalecatholicà
recesscrunl ? Numquid non niagis eorum qui conslan-
t-es in verâ Religioiie mauserunt, nobisque deposiluai
fidei acccpium à niajoribus illibatum inlegrumque re-
liquerunt? Ergo, etc.
Resolvuntur liœrelicorum objectiones.
Objiciunt : Non dobent nov:e voccs in Ecclesiam in-
Iroduci : ail enim Apostolus Tim. 2, 20: 0 Timolliee,
depositum custodi, devitans profanas vocum novitates ;
atquivox illa (ex opère opcrato), tum barbara est, lum
recens, etveleribusprorsùsinaudita : ergo, etc. — R. :
Dist. maj. : Non dcbenl nov;e voces in Ecclesiam intro-
duci, qu;c novam doctrinam enunticnt, concedo ; qujc
exprimant dogma antiquum, subdislinguo : Nondobeut
admitti privaiocujusque consilio, conc; publiccâ Eccle-
sioe aucloritaio, ita ul penès illam non sil,anliquo do-
gmati voccs novas pro temporum conrlilione acconi-
modare, nego maj. Similiter dist. min. : Vox illa, ex
opère operato, nova est quanlùm ad sonum, concedo ;
quoad sensum, nego min. et cons.
E. R. Ad nicntem Aposloli profana vox est, quse
novam doctrinam o!)trudit revelalioni contrariam :
ideù, inquam, profana, quia Dei veritateni otTendil,
unde ait ibidena : Devitans profanas vocum novitates, et
oppositiones falsi riominis scientiœ, quam quidam pro-
miltentes, circa finem exciderunt ; quantum verô spé-
cial ad voccs, quLO, licct sonum babeanl novum, an-
tiquum tamen dogma significant, tam est in ioteslate
Ecclesix! eas approbare, quàm explicare doctrinam
Christi, el populo fideli, omni semolà ambage, propo-
nere ; numquid enim nova non erat, Arianà peste
grassaple vox ô,uovj(sv : In bonoro tamen esse cccpit.
quia ad signilicandam vcrbi divini substanlialilalem
idonea visa est : numquid pariter nova non oral secu-
lo 13, et praîcedcntibns temporibus inaudila vox,/)flMs-
substanlialio? Sapienler tamen introducla est publicà
Ecdesiic aucloritate, ad signilicandam mirabilom il-
lam, quîc in Eucbaristià fit, subslantiie panis cl vini,
in corpus et sanguinemCbrisiiconversioncm ; id quod
multis aliis exemplis, si res poslularet, in promplu
cs'^et ostcndere.
Jam verù, ut ad propositum reverlamur, fatemur,
id (luod res est, novam esse banc voccm, ex opère
cramentum, inquit Hugo à S. Victore, est materiale J) operato, si Soni ratio babcaïur : eam enim prlmus forte
1207 DE UK SACRAMENTAUIA. —
oniiiiuni invexit Iniiocentiiis III, aliqiiot aiinis S. Tho-
mh :inlif|nior, at niliilô seciîis rem signlHcatam oiiini
relrô telalcEcflcsia tenuit; nani Sacramcnla prodii-
ccro gialiani ex opci c opcialo, idem esl ac gialiam
procreare virlule silii divinilùs insità, cl (luatciiùs Dei
saiictilicanlissunt instriimenla; atqui doclrinam liane
Paires conseiisu iinanimi propiignâruiil. Sic pncler
ca-teros S. Augnslinus doccl, lib. 4 contra Douai.,
c. 24, inst. 1 : Non eorum mcrilis à qnibusmiiiistratur,
aut eorum quibun whiislratur, constarc Baptîsmi.m, sed
propriâ sanclilate alque veritate, propter eum à quo iii-
stilulusest ;et cap. 6 : Ipsum per seipsum sacranwitum,
inquit, tmi'tiim vaiel ; quod profeclô idem est ac si
diceret, graiiam ex opère operaio confcrre.
Inst. 1": Âlqui ca vox non est minus sensu nova,
quàm sono ; ergn, etc. Prob. stibs. Locutio liocc no-
vum cl erroneum dogma significat, quâdisposilionum
omnium ipsiusque fidei nulla, in adiillis Sacramcnla
suscipienlibns, nécessitas esse monslralur ; atqui kh 6
volumus Sacramenta graliam ex opère opéra loprodu-
cere, quia in adultis nullam roqniri prœviam ad Sacra-
mcnla disposilionem conlendinius; ergo, etc. — Resp.
Nego strbs. Ad probalionem, coiicessà inaj., nego mi-
nor., etdico lelram li.inc liicrclicorum esse calunmiam ;
tanlùm enim abest, ut fidei aliarun)que disposiiiomim
apparalum in adultis Sacramcnla suscipicnlibus, Ca-
tholici non requiranl, ul c contrario absolulè esse ne-
cessarias, uno oro prouunlicnl, tàque de causa do-
ceant, à Sacramenlorum parlicipalione arcendos, qui
nolunt à peccatis recedere, et vilam in melius com-
mulare : hinc concilium Tridcnlinuui magnà diligenlià
disposilionos Baplismo praîmitlendas, sess. G, cap. G,
enumcrat et sess. 14, cap. 4, Fahb, inquil, quidam
calumnianlur catlioUcos scriplores, quasi tradideniH
Sacramerdum Pœnitentiœ, absquebono viotu suscipien-
tium, gratiam couferre : quod nunquàm Ecclesia Del do-
cuit tiL'c sensil.
Inst. 2" : Prob. min. Juxta doclrinam scliolarum in
Romanâ Ecclesia approbalam, Sacramenlorum veto-
ris cl novœ k'gis hoeccsidiUerenlia, quôdpriora gratiam
ex opère operanlis producercnt, noslra verù ex opère
operato ; atqui nullum cssct taie discrimen, nisi opus
operalum internas onmes cordis dispositiones exclu-
doret ; ergo, etc. — Rcsp.: Coneessâ maj., nego min.
Quemadmodùm enim , licèt ignis ex opère, ni sic di-
xerim, operato, appositum lignum combural, hoc non
irapedil, quomiuùs pnevicC quicdam in ligno debcanl
esse dispositiones ; pariler de Sacramenlis novis hoc
dicimus, qu:c,quanltjmvis sintcHicacia ad medendum,
si tamen indigné suscepia fueiint, non mcdcnlur, non
suo, sed suscipientiuni viiio : è contra verô Sacra-
menta veteris Icgis, cùm nuda essent signa et otiosa,
de se praislare niliil poterant : unde in hoc lempore
iuslificalio liominis, à Deo quidem at eliamnùm, tau-
quàm à causa principali , ab opère verù hominis,
bono scilicet cjus molu, tanquàm à causa secundariâ,
sed à Sacramenlo neiiliquàm pendebat : Plané con-
stat, in([uitcatecbismus concil. Trident., part. 2, lit.
de Sacram., n. 27, excetlentiorem et prceslantiorem
DE SACRAMEINTIS IN GENERE. 1208
vtm Sacrameulis novœ legis inesse, quàm otim vcleris
li'cjis sacramenta habuerint : quœ, cùm infirma essent
eqenaque elementa , inquinatos sanclificubanl ad emun^
dalionem cariiis , non animœ ; quurc , lit sicjnu lunliim
carum rerum quœ mînisliriis nostris clficiendœ essent,
I instituta sunt ; ulverb Sacramenta novœ U'(jis, ex Clirisli
latere manantia , qui per Spirilum sanclnm semelipsum
obtulit iinmaculatum Deo, emundant coiiscieutiam no- 1
slram ub operibus mortuis, ad serviiindum Dca vivenli;
atque ita eum gratiam quam significant, Clmali sangui-
nis virtute operantur : qiiocirca si ea eum anliquis Sa-
cramenlis conferamus, prœterquàm quôd plus efficaciœ
liabent, et ulilitate uberiora, et sanclitate augmtiora esse
inveniuntur.
liisl. 3°: Nunquàm agnovernnl paires in Sacramen-
lis veram gialiocconferenda! virinlem ; ergo nova illa
doclrinaesl. — Resn. : Nepo ant. L't enimpalàni onmi-
bus fiai, quàm immcrilô li;welici doclonnn veterum
palrocinio gloricn-lur, salis supenpie fuerit adducla
snperiùs Patrura testimonia eum scriplis Lullierano-
rnm cl Calvinislarnm , sedatà et ab oinni pr;rjndicio
libéra mente, conlciTO. Isiiqnidem, cùm nob'nl iillam
Sacramenlis ad sancli''cand(im inesse virliilem, con-
scquens est, ul divina bénéficia parvi pendant, et pcnè
in nibihnn rediganl; bincque niliil prodesse, et nndas
esse piclnras audacier pronmilient. At longé aliter
Patres de Sacramenlis loipinnlur ; cornm enim digni-
talem cl efficaciam verbis quàm possunl magnificcn-
lissimis pracdicant ; distant ergo à Luiberanis et Cal-
vinislis longissimè : eos enim oporlet discrepare sensu,
[ qui discreiiaiit verbis; mendacii ilaque et ignorantiac
novi hxrclici revincuntur, qnando aflirmare non ve-
renlur, nunqnàm Paires agnovisse in Sacramenlis ve-
I ram gralia; conferenda^ virluteiii.
Inst. 4° : Sola fideshominem juslificat : fiiihlra ergo
Sacramenlis vis aliqua sanctiîatis et jusiiiiie coiife-
reiidai Iribuitur. — Rcsp. : Nego ant. Equideni inliciari
non possumus, in juslificalionis negolio magnas fidei,
imô primas esse partes. Fides enim, ait concilium
Trid., sess. G, c. 8, esl humanœ salnlis inilium, fun-
damenlum et radix omnis juslificutionis , sine quii im-
possibile est placere Deo, et ad filiorum ejus consorlium
' pervenire. Hinc omnimodam ejus neccssilalcin ubiijue
Scriplura et traditio divina coinmcndal. Sed quia fides
necessaiia dicilur ad salulem, non inde conscqucns
est quôd sola sufriciat : frustra namque fides eril,
nisi esclera qu;c Dominus praMipil inipleantur; in
quo sanè numéro Sacramcnla esse (piisqnis ncgal,
contradicit Christo doceiili : Qui credideril, el bapti-
zatns fuei-it, salvus ei-it... quorum remiscrilis pcccula,
remiltunlur eis, etc.
Insl. 5°: probandoant. Sola fides bomiuem juslificat,
si cuui fide neccssariô et inseparabiliter sit conjuiicia
leccalorum remissio; alqui ita se res habet : er-
go, Ole, — Resp.: Conc. maj., nego min. Ul enim fides
non sil neccssariô eum pcccalorum remissione con-
juncla , salis est quôd possit aliquis sine i'iàc acluali
liberari à peccalo ; et quôd possit vice versa sine pec-
i269
QU^ST. IV. DE EFFICACIA ET VIRTUTE SACRAMENTORUM.
12-76
catorum remissionc liabcrc fidein : atqiii utriinii|uc
coutiiigit sa'pibsiiiie.
1° Eiiim parvuli , qiiaiidu bapti/aiilur, lavaiiliir el
mniidi fiiii;t ab originali peccato, qiios acliialcin non
liabore (liKin ccrlissimum est.
2° Calliolicaj Ecclesiai seiisus niaiiil'cslù oxpriniiliir
in Syinbolo Consliinlinopolilano : ConfUeor, intiuil,
uiiuin Bttplisma in ranissionempeccatorum. Alqui nenio
iuliiltiis ailniilli iiiiqiiàni poliiit ad Baplisiuuni , iiisi
fidem se liabere profilci\liir ; illiid voi ù non uiodù
CIn-isli aucloiilas persuadot, diccnlis '\larc. 16, lo:
Eunles in miindum universum, prœdicale EvaugeHiiiu
omni crealurœ, qui credideril el baplizaltis fucril, salvus
m^jsedclplurima Seiipliirarunicxenipladcnionstranl:
in AcliLus enim Apo.slolormn, c.2, il, legilur, tribus
circilcr liominiim niillibus Bapli.>nia datiini, poslquàm
crediderant verbo Pétri Evangcliuni annunlianlis.
Qui enjo recepenint sermonem ejiis , inqnit S. Lucas,
baptizali sunt, et in eodcni libro, c. 8, 12, de Saniari-
lanTsTeforliir, ({ubdCiim credidhsenl l'Idlippo evamjc-
lizaiili de recjno Dei, in nomine Jesu Clrrisli biiplizaban-
ttir viri et mulieres. Ueniqne de eunucho : Ait Eunii-
cliKs, ecce aqiia, quid prohibel me baptizari? Dixit
aiileni Pliilippus: Si credis ex loto corde, liccl ; el re-
spo)idens ait : Credo Filitim Dei esse Jesiim Clirisluin;
et descendernnl iiterquc in uqnum , Pliilippus et euiiu-
chus et baptizavil eitm.
Cerluin ilaquc est , dcbere fideni in adnltis Bapti-
sniuin pra'cedere; cùm aulcni Sacramenloruni janua
sil, niiillo m iiùs ad (juodvis a!iud adniilli iiolerit bonio
non crcdeiis : lemctariù ilaqiie et contra lidei verita-
leni Lntlterani et Calvinisla; affirmant, peccaiorinn
remissio;icm necessariô cum (ide esse conncxam.
Inst. 0", probando min. ex auclorilate Scriptarx.
Justus ex ftde vieil , in(piit Aposlolus , juslilia Dei per
fidem Jesu Clirisli, in omnes, et super omnes qui crediiut
in euui; corde credilur ad justiliam , Rom. 1, 18; 5,
22; 10, 10; quorum similia snepè in ulroque testa-
mcnlo occnrrunt; iiidc sic colligilur argumciilum :
Jiistilia sine peccatorum remissione esse non polest ;
alqui cum lide est necessariô canjnncta juslilia, juxta
doctrinam Apostoli ; idem ergo debcl dici de pecca-
torum remissionc. — Resp.: Admilto S. Pauli lesli-
liKiiilum : Ad probat., conccssâ maj.,dislinguo min.:
Cum lide necessariô est conjunola juslilia, quando ;
alin concDrriuit, confcrentia ad justiliam et saluteni,
concedo ; cum fide solâ, nego min. et conseq.
E. K. Quemadmodiim juslilia et remissio pecca-
,t()ru!ii (idii, in Scripturis, accepta refcrlur, ita pari-
Ici- in spcm , cliaritalem, bona opéra, ipsaque Sacra-
nionla refundilur: nam qui dixit, corde credi ad jusli-
tinni , idem voce non minus clarâ dixit Rom. 8, 24 :
Spe salvi facti sumus; pncdicavil idem cLaritatis ne-
<:<■ ,-iLileni et e.vcellentiam : Si luihucro, niqmt l Gor. ]
15, 2, omnem fidem, ita ul montes transfcram , chari- \
talcm aulem non liabuero , nihil sum; idem et bona
opéra commendavil : Slabilcs, inquit 1 Cor. 15, 58,
esloie el immobiles, abundanles in opère Domini sempei-:
tcientes ou'od labor vester non est inanis in Domino :
nec siluit de Sacramcniis, quo nemo meliùs virlulem
eorum et cflicaciam explicavit. Clnistus, inquit Ephes.
5, 25, dilexil Ecclesiam et tradidit seipsum pro eà, ut
illam sauclificarct, mundans lavacro aquœ in verbo vitœ.
Va ad Tit. 3, 5 : Salvos nos fecil per lavacrum regene-
rationis el renovalionis Spirilùs sancli.
Uicendum ilaqu.'.ojusmodi icsiimoniis quaî ad com-
niendationem fidii afl'erunlnr, significari ejus excel-
lent iam , et ostendi quantum conférât ad saliilem,
modo caHcra non negiigantur, qu;e simul obscrvanda
didicimus: unde non sunt cum excbisioneinlelligenda.
Inst. 7°: Alqui sensum habent exclusivum : er-
go, elc. Probatur subs. Marci ullimo, v. 1 G, sic iiabetur :
Qui credideril, cl baplizatus fucril, salvus erit : qui verb
non credideril, condcmnabiliir ; inde sic arguilur :
I lili taniùm dono justitia et peccatorum remissio
. necessariô conjuncta est , eliam cum cxclusionc Sa-
j cramentorum , cujus solius conlemplum ieterna est
damnalio seculura; alqui propter soliis fidei dcfe-
clum Clirislus eô loci damnalionem aUernani coni-
minalur; non enim dicit : Qui non credideril, et bapli-
zatus nonfueril; sed baptismale prx'lermisso : Qui
non credideril condemnabitur. Ergo, elc.
R. Nego subs., et admilto auctorilaiem. Ad argu-
nientum,
1" Nego maj.; quando enim ad unum finem plera-
que necessariô requirnntur, ut homo operam perdat,
cl infelicem exilum babeat, salis est qaôd unum è
multis omillat: Quicumque tolam legem servaveril , ait
Jacobus Aposlolus, Epist. c. 2, 10, offendal autem in
uno , faclus est omnium reus. Quem in sensum, coni-
nnmi scbolarum consensionc boc axioma rcceplum
est : Bonum ex i)degrà causa, malum ex quocinnque
defectu. Itsque ex eo quôd solius nogligentia (idoi
ateruâ damnatione pleclenda denunlietur, minime
sequilur, justiliam et peccatorum remissionem à solâ
fide pendere ; maxime quia quod ibi de fide , idem
alibi de spe, cliaritale, bonis operibus , el de ipsis
Sacramcniis asseiitur.
2° Nego min.; quanquàm enim Cbrislus apertè de
Solâ (ide loquatur, ex verbis tamen praccedenlibns
Hicilè colligilur, debere boc ejus oraculum cliam in-
lelligi de Baptismo; nam anlea dixeral: Qui credide-
rit , et baplizalufi (uc.ril , salvus eril. Oiicniadmcdùm
ilaque salus ifi fidem et Bapli>mum refundilur, ila
utriusque violatio, ab boc beato fine abcrratio est ;
ideô verô non dixit : Qui non fnerit baplizatus, condem-
nabitur, non quia vcrum non cral, cùm hoc ipsuin
alibi conlostaîus essel , dicendo .loan. 3, 5: JS'isi quis
rcnalus fuerifex aquà cl Spiritn sanclo, non polest in-
trore in regnum Dei , sed quia ex verbis qu:c immé-
diate pnecesseranl , facile subinlelligi poterat : qui
enim non crédit , ex consequenli non vult baptizari ;
et ctiamsi vcllet, frustra et inulililcr vellel.
Alferl alloiam bujas ^ilenlii causam S. Bernardus,
epist. 77, admodùm , nostro quidem judicio , conve-
nicnlrni, observans non esse dicinm : Qui non bapliza-
tus fuerit, condemnabitur : sed, qui non credideril, etc.,
ul major fidci nccessilas quàwi Baplismi oslenderelur
1271 DE RE SACRAMENTARU. —
contingit enim , lit sine Baptismo quis salvetiir, cîini
scilicet Baplisnii siiscipiendi non est Cacullas : al crc-
dendi lanla nécessitas est , ut omni evonlu qui non
crediderit, condomncliir.
Inst. 8° et nltimô : llliid soliim vini hahet jiisliliix;
conferondTe quod soiiim, eliam cum exclusione Sacra-
nienlorum, jnslificat ; alqni sola (ides, cum exclusione
Sacramentonim, saltem in casu nccessitatis justificat :
ergo , etc. — Resp. \° : Relonpieo argiiinenln:n. Ba-
ptismus sine ullo fidei exercitio infantes jnslificat, et
ad cœluni certô perdncit; ergo aliquid pncler fideni
jnstiticandi vim liabet. — Resp. 2° : Conccssâ niaj.,
disl.min.: Sola fides in casM necessitaiis justificat sine
Sacranienlo reverà suscepto, concedo; eliam sine Sa-
cranionli voto, nego min. et conseq.
E. R. Equidem si fides sempcr jusk^ncaret sine Sa-
cranientis, et Sacramenta nunquàni sine fide justum
hominem tacerent raeritô dicerelur, in solam fidem
refundi debere jusiiiiam et saluieni ; al longé aliter se
res lial)et ; nam
1° Sacramenta aliqnando sine fide actuali justificare,
exemplum parvnlorum invictè probat.
2' Fides adultos justificare non potest sine Sacra-
nientis , in re , vel in volo susceplis; adeô ut si (juis
lidem profiteretur, et tamen Sacramenta, cùm posset,
nollet recipere ; vel si , cùm non posset , nec voiuin
quidem haberet suscipiendi , ille profectô justus non
fieret : ciijus ratio bine repeti débet, quùd Christi
mors, quse est causa meriloria jiistifiealioniset salutis,
nemini ad salutem prodest, nisi applicelur. Poculitm
inimortalitalis , inquil S. Prosper , resp. ad primam
object. Vincent., quod confcciuDi est de iufirmilate
nostrà et virlute divhiù, liabct ijuidem in se, lU omnibus
prosil; sed i-i non bibitur, non mcdelur. Non uno verô
modo hœc applicati:» fit; sed fide, timoré, spe, cbari-
lale incboalà, et denique Sacramenlorum susceplione,
qusc Ciirisliis ad sanandnm liominem ordinavit; quà
de re legatur concilinm Tridenlinum , sess. G, cap. G,
7 cl 8; intérim ul inslilutum persequamur, sit
§ 2. Osteitditur, iwrba Sucramenlornni nec concioualia,
nec merè promis&oria, sed verè consecratoria esse.
Magnam babel sententia li;ec cum priccedente affi-
nitalem : nam si Sacrainonla graliam ex opère operato
produciint, ut doccl fides , conseqiiens est consecra-
toria esse verba qiiii)U5 ad elementnm acoedenlibus
coalescunt. Quèdsi, è contrario, ex opère operato non
agunt, vicerunl lutberani et calvinista;, volentcs niliil
«juidquam habcre roboris , priclerquàm in merâ con-
cione aul promissione continealnr.
Verbiun consccralorium quid sit?
Quod ut perspieuè intelligas, nota vcrbiim, quan-
tum ad praîsens facit, aliud esse consccralorium, aliud
concionale, aliud denique promissorium
Consecraiorium est , quo res aliqua consecrntiir,
tum ut sacra Deo sit, tiim ut divini et supernaturalis
efl'eclùs sit capax. Cujus quidem rei si non aliunde
quàm ab ipsisSacramenlis exemplum aft'erinins, da-
bil lector veniain, quoniam opporluniùs nou occurrit.
DE SACRAMENTIS IN GENERE.
4272
Sic, exempli causa, verba evangelica quibus Sacramon-
tum Raptismi conficilur, consecratoria àcatliolieisap-
pellanlur, tum quia statim ac prol'erunlur, desinit
aqua esse profana ; tum quia eorum virtutc fit ut
homo à captivitate diaboli liberaliis, et nb omni pnr-
gatiis labo. jnslilià et sanctitalc interna ornctur, Deo-
qnc sit mancipatus.
Concionale est , quod vel in doctrinâ fidei propo-
nendâ , vel in hominibns ad virlutis studium exlior-
tandis consuniilur ; cnjus quidem cùm in Scripluris
exemplum sit nuilliplex , inutile prorsùs fucrit , ali-
(piod in speciali afferre.
Tandem promissorium est, quo res aliqua in futu-
rum lempus spondelur; qnomodô quando Abiaha:
dixit Dens, Gen. 17, 8 : Dabo tibi et seniini tua terram
peregrinationis tuœ, omncni terrain Chanaan in posscs-
sioneni œternam. Sequitur nunc (i)
(Ij Pr.TCsens controversia duplicem qucestioncm in-
volvit, nempe 1" an verba forn^e sint lantùin proiuis-
soria et concionatoria , non verô consecraloria ; 2"
ntrùm in Sacramentoium collaîione necessaiiô de-
beat adbiberi concio divinas promissiones ex|)]icans.
Circa primam qusestionem, si Protestâmes niliil
aliud docerent , nisi verba sacramenlalia esse pro-
missoria et concioualia, vix à Calbolicis difî'errcnt ,
(|ni facile admitliint sacraiissima li;ec verba ali(|i!0
sensu dici posse promissoria et concioualia: proiiiis-
soria quidem, qualenùs promissiones divinas in inen-
tcm revocant, casque quasi sigillaiit; concionatoria
verô, qnatenùs fidem et pietatem excilarc possunt;
sed insnper coiitendnnt novelli reformatores ea (;sse
promissoria tanlùm et concionatoria, nec posse dici
consecraloria, nisi fnrlè qnatenùs maleriam ab usu
profano et vulgari ad usnm hacrum et religiosum ira-
ducunt; dùm è contra fides calliolica doceat ea esse
verè et propriè loqnendo consecratoria, id est, non
solùm quia materiani à slalu comuiuni et iiroiano ad
sacrum transferiint, sed etiam quia realiter operanlur
graliam quamsigniiicanl.
Circa secundam (juasticmem, Protestantes dicnnl ad
legilimam Sacramentoium adminislrationcm reipiiri
ut pricmitlatur aut adiiiheatur concio; iniô, ex ipsis
plurinii, piveserlini ex prima-vis, docere non dubilant
linjnsmodi concioiiem ad Sacramenlorum esseiiliam
perlinere. Re quidem verà fateiidiim est bnc esse prin-
cipiis pseudoreforinalionis salis congiiiens et accom-
modatiim ; cùm enim apiid novatores ratum sil,jiisli-
ficalionem, non ipsis Sacramentis , sed soli fidei tri-
bucndam esse , nonne quasi spontè Huit concionem
necessariô adliibeiulam , (jii;e divinas promissiones
explicans, fidem suscipienlinm excitet, et sic illos ad
jiislificationem condncal? lliiic Calvinns , in caput ;!>
Epist. ad Eplies., de bàc dissei-ens concione, quam ibi
vocal explicationem inyslerii, ait : Soin luvc facit ul
morluuni elementum incipial esse sdcramcnlum. (Jatlio-
lici anlem, quamvis non iiificientnr concionem in Sa-
cranienlis adminisliandis ordinariè adbibendam, pia-
sertim quando suscipi"nles sunt adiilli, neganl laiiuii
id omniiiô requiri , sive ad validam ; sive eliam ad
liciiam administrationem.
His porrè ad verum (luxstionis slatum clarè expo-
nendum pradiabilis, niliil jani siiperest,'nisi ut veriia-
lem catliolicam ab enure Protestantium vindiccmus.
Quod pi'aD.ilabunt proposilioues sequentes :
Propositi.) prima. Verba sacramenlalia non sunt
promissoria dunlaxat et concionatoria, sed etiam
coinecratoria, seu grali;e prodtictiva.
H;ec proposilio jam inconciissa manet ex dictis in
paragrapho praicedenli, ni ipse auclor observât; indi-
vulso enim vinculo coliigalur cum doctrinâ de effica •
citatc Sacramenlorum , ibi vindicatà. Igilur, quamvis
1273
QUiEST. lY. DF EFFICACIA ET VIRTUTE SACRAMENTORUM.
1-274
PnOB\Tio prima: partis.
i° Qiiidem emunoralioiic oniiiiiiiu iiovai Icgis Sa-
conriliuin TriJenlimiin iiiillo spcciali canoiic Prole-
slaiirniiii placila circa pra'scnlrin fnia;stioiiem por-
slriiig.il, iiiiplicilè lamcii, noc oliscuiè, ea |)rolligal,
d'àiii deHiiil, ni supra viiliinns, Sacranienla proptcr solam
ftdcm luttricnduin non fuisse institntti, soss. 7, caii. 5;
Sacrcnnenta conlinerc (jrulinni (jutnn siijnificunl, canique
con j'erre , nec esse siijnii Kintiini exleriut ccicplœ pcr
fnieni (jrntiœ , caii. (> ; lanclom per ipsa Sncruntoild ex
opère operalo (jralitim conferri, et sotain fideni divinœ
proniissioitis ail gratiani eonsecjnendani non sufficere,
can. 8.
Ad suporabundanliani tamcn jui'is,
Prolt. 1 " : Sicliabet S. IreiiaMi^, lib. 5, c. 2 : Quando
viixtus culix et fraelus panis percipit verbuni Dci, fit Eu-
charislia corporis et snngninis Clirisù. lia verù S. Ani-
brosius, lib. i do SaciMiuonlis, cap. 4 : Ubi accessil
conseeratio, de pane fit caro Cliristi. Si Grogorius iXys-
semis, oralione calecbelicà, cap. 37 : Dei verbo san-
ciifieniuni panent, imiiiit, in corpus Dei Verbi transniu-
tari eredo. llcin S. .\iigiisliiuis, Deus adest, ai!, lib G
de Bapiismo, caj). 25, evangelicis rerbissuis, sine qui-
biis Ihiptismus consecrari non polest ; elipse sanctifteat
Sacranientuni suuui, ut hoimii, sive anlequàni baptize-
lur , sive ciini bapiizalur, sice posleti quandoque ad se
veriiciler converso , idipsum valent ad salulem, qiiod ad
pcrnicieni, r,isi convertcretur, valeret.
L'iide sic argiiiuciilor : Illa verba non sunl promis-
soria diintaxat atipie concionalia , scd eliani verè et
propriè consfcraloiia, qu;i: nialeiite applicata eam-
dciii ila faciiml è coinnuiiii sacrain, ul slalim ad pro-
ducoiidaiii gialiaiii liai habilis; at(|ui lalia sunl vorba
Sacramciiloiuiii, siquidem, hisposilis, panis fil corpus
el caro Ciirisli, uiixius calix ijisins saiiguis, aqiia verô
ad salnU'iii stio sailem tcnipore babemlain valet,
elianisi Iniic iicc iiiinislri nec snscipienlis (ides exoi-
tctiir, iiiiù utenpie lune sil pcssiinc disposiliis, ergo...
T Pcrpolua Eeciesia; Iradilio , ubi de Sacranicn-
loruni verbis agel)aliir, uniKpiàm proinissionis aut
conciunis , sed consecraliunis el benedicliouis nien-
lionem fecit; pono (|uis sibi persuadeat SS. Paires
de verbis sacramenialibus b)quentes nunquàm dixisse
quod erant, seniper verù quod non eranl? ergo...
5" Si sacralissinia ba'C verba essenl tanUininiodô
proniissoria et concionalia , lola eoruin virius in co
sili cssel ut fideni et pietalein in siiscipienlibus ex-
cilarent; ergo quolies accidissel ul siiscipieiilibus
lidein nequaquàm inoverent, nullus eorum liabeiidus
esset cfl'eclus ; atqui biec saiiè doclrina perpeluae
Iraditioni omnino adversUnr : constat cnini oiitnes
SS. Paires , Ecclesiam denique nniversani lanquàin
valida liabuisse Sacranienla collata, lùni infantibus
qui acluabs fidci sunl incapaces, lùni adullis sine (ide
anl pielate illa recipienlibus; ergo non sunl proniis-
soria duntaxat nU\ac concionatoria , sed eliani conse-
cratoiia.
V Tandem verba sacranienlalia niliil prœ .se ferunt
quod vel mininiùin redolcat prouiissionem aul cim-
cioiiem, iit attendenti perspicnuni est ; sicnt in exem-
pluni lornia; Hapiismi et Encbaiislia' ; quis niniiiiun
lirouiissioneni abijuain vel concioneni in his verbis
depreliendal : F.qo te baptizo in nomine , etc. ; \el in
istis : Hoc est corpus nieiun ; liic est calix sanquinis
Dit'j.'ldeni plané judiciuin Icrri débet de cu'teris Sa-
cranicnlis : porrô absonuni penilùs videlnr verba baîc
ila essenlialiler esse proniissoria el coik ioiialia , ut
non agant nisi instar proiiiissionuni el coiicionuin, nec
tamen ullo modo concioneni aut proniissioneni in se
sapcre; si enini priniariô ae ininiedialè destinala es-
senl ad lideni divinaruui proniissionuni in snscipien-
tibus excilandani, facile adinodùm l'uissel ea buic fini
convcnientiùs accouiniodare; ergo...
Proposilio secunda. Neque ad validam , neqiie ab-
sobitè ad Uciiani sacramenloruni adminislralionem
neccssecst ut prx'iiiitiaiur aut adhibcatur concio, quà
cramcntorum, quorum verba ciïecliim quidem spiri-
tualem significant , coiicioricm certè nullani liabenl :
eorum inslilulio atiiuo elTecliis cxponanlur.
Prob. prima pars, nenipé concioiiciii non i iqniri ad
validam S;ici'anieniornm adminislralionem, 1" e\ Ira-
dilioi;e perpétua, constanlique Ecclesia; praxi. Neino
catbolicus direie polest Ecclesiam circa Sacramenlo-
runi adminislralii)nem per|)eluô et esseniialilcr er-
rasse ; al(pii id lamen asseri débet, vd f;iieii(lum est
concioneni non esse de Sacramenlormn cssenliâ ; licot
Chim sœpè inler Sacranienla ronlerenda concio lia-
bealur, non rarô absque iillà concione ea celebrari
conlingil, pra;serliiii ubi :ii;ilur de Bapiismo parvulo-
rum aut amenliuni ; et id à priniis secuiis, cernento
et approbanlc Ecclesià, frequentatum perpétua iraJi-
tione iiovimus; ergo...
El verô Raptisnia b;ereticorum omnium , qui inle-
gram formam scrvabanl, ut validmii semper Ecclesià
suscepit, ut coiislal ex innumeris moniuuenlis, et pr;e-
scrtim ex S. Angusiiiio, qui sic babel lib. ~> de Ba-
piismo, cap. 15, 11. 20 : Si evaiiqelicis verbis : « In
« noniine Palris, el litii, el Spirilùs sanrli, » Marcion
Baplismuni consccrabat , inteqruni eral Sacranicnlum ,
qnamvis ejus fides sub eisdem verbis aliud opinantis
quàm catliolica verilas docel , 7ion esset intégra , scd fa-
bulosis falsilatibus inquinata. idem eliani ferè babet
cap. 10. Atqui lurretici v(d non concionabanlur , vel
plenam crroris concioneni babebant; ergo aul dicen-
dum est, concioneni ad essentiam Sacramenli non
ptrtinere , aut agnoscenduni concioneni lia'ielicam ,
impietatis et blaspbemiic idcnam , fuisse parlem Sa-
cramenli essentialem : poslerius auteni aurcs chri-
slianic ferre non posent; ergo...
Denique ulii cxsmgit qux'Stio an aliquod sacramen-
tuin validé sit collaluni , iieciie , non invcsligare solel
F.cclesia utrimi in eo adminislrando habita toncio liie-
ril, sed uirùm adhibil;e luerinl à minislrn ligilinio
forma et maleria debiUt ; qu.e si rite observauu >iiil,
validum, si é contra adullerata.-, invalidum Sacramen-
tum pronuntialur. Hic mos est Ecclesi;c à lemporibus
aposlolicis ; ergo i" ex tradilione perpétua conslanti-
que Ecclesiie praxi cerlimi est concioneni...
Prob. 2" ex conl'ulatione rationis fundamentalis ad-
versarioruin : si cnim concio esset essenlialis, sanc
quia Sacranienla per se immédiate non operareutur,
sed lantùni medialé el fideni excitando ; at(|ui posle-
rius jam profligaUmi est, ubi denionslralum fuit Sa-
cranienla graliani producere ex opereoperato ; ergo...
Prob. 3" ex confesso et ralione agendi eorunidem
adversariornin. Jam supra nionuimus plurimo.s Pro-
testantes, pra;sertini recenliores, nobiscum lalni,
concioneni non ail essentiam Sacramenloruni perli-
nere. De bis liic non loquinuir, quan(|uàni illoruni
sullragiim non pariim causa) noslra? vcrilalem confir-
niet. Verùm eiiam ii qui nobis ;idversanlur usiiue
adeù parùni sibi constant, ut suà agendi ralione. aut
loqnendi, nosli\e doctrin;i; favere videanlur. Enini
vero generatim docent valere Baptismnni (lalbolicn-
runi , atque adeù non iteranduni esse. Idem aperlè
tradil ipse Calvinns, lib. i Iiislit., c. 15, § Ki, (jui iii-
super, post snam aposlasiam, nunquàm se novo lingi
Bapli mate ciiravil ; atcjui in F]cclesià catliolica Bapli-
snins sa'pissiiné absipie concione admini^lraliir ; ergo,
nisi sibi velinl coiilradicire, faleri dcbcnl ingénue
concioneni non esse Sacrainenlis e>;senlialein.
El cerlè iiilanles el amen'cs validé baplizanlur, et
id non iieganl adversarii , quippe qui iiilanies bapli-
zaïil; atqui tune adbibcri non polest concio ipià iii
ipsis fides excitelur; hujus cnim sunl Incapaces;
ergo. . .
Kespondel Calvinus 1" Raplismnm Iiiik quidem non
prodesse infanli, sed profulurum quando signilicalio-
nem intclligere poterit.
Sed r si concio sil cssentiaJis Bapiismo, débet ab
00 qui bapli/atur actu pcrcipi , sicut ipse aqiià débet
aclu tangi. 2" Mulli iiil'anlcs moriuntur aiuequàm si-
1275 DE HE SACUAMENTARIA. —
qiKf enim , quocso , ia his verbis concio est : Ego te
bapiizo , Ole? qua; ilcm ia islis : Ego (1) vos in malri-
monium cotijungo? Idemque de CLtleiis-aporliiis est,
quàra ui iiostris indigeat argiimentis.
2" Concio, si quai esset in Baplisino, esenipli causa, ,
ïiecessariô habenda, vei ad iiiCanlcs lespicerol, qui '
sacro fonte expianlnr, vel ad cos qui in locum sa-
crum Baptismi administralionera contcmplatuii con-
veniuiil : alqui neutrum dici pi.test. Non piinium :
infantes enim non magis sunt prsedicationis andien-
d;c, quàin fidei aclualis capaces. Neque eliam secun-
duni. Valet enirnSacramentumprivalim, omniquc se-
motoarbitrio dalum : deindc Sacramenta ad eos taiilùm
respiciuiit , quibus conferuniur ; ridicnkim ergo est
(ingère, nropicr alios qui présentes adsunt, esse ne-
ceïsariam concionem.
Probatio sccimdœ partis.
Nec minus est cerla pars altéra : Sacrameiitaenim
novic legis, ut consiat ex diclis, aliqiîom liabent ef-
fectimi sibi necessariô, divinâ opei-anie viriuie, con-
junclum ; alqui vcrba promissionis non habent ali-
quc il effectum prsesentem; non enim conlinuô dat,
qui proniillit; imô promissio omnis suàpte nalurà est {
rei non in praîsenti , sed in futiiro tempore conec-
giiificalionem intelligere Yaleaiit. 5' Eslo timc tanliim
pr..riciat; cùm autem non uocesse sil illum itcrare,
ut vim snamexeral, fatendum est absque concione
illum fuisse validum.
Respondel 2' concionem, si non prosit infantibus , [
prodesse s.iliem adstaniibus.
Sed r Sacramenta non célébrant ur propter adstan-
les, sed ad ulililalem suscipientium. 2° Fier! potcst |
mdluin adesse pRelor infanlcm baptizandum el uii-
nisirum baplizanlem.
Probalur secnmla pars , vidolicet ad licitam Sacra-
mentorum adminislralionem non absolntè reqniri ut
adhibeatur concio. T lUud in Sacramcntis admini- [
strandis sine peccato potesl absolutè omilli. quod
nuUà lege absoluiè prœceptum est ; aiqni nnllà lege
absolutè est prseceptum concionem adhibere in admi-
nistra lione sacranicntorum ; bujusmodi enim Icgis
nnllum exstat vesligium sivc in Scriptnris, sive in
SS. Palrum scriptis, sive in decretis conciliorum aut
sumniorum ponlilicum. Jubenl (ibidem l:im divina; ,
tum ccclesia. lic;v; ieges neminem ad Sacramenta, et
pneserlim ad B;:ptismum adinitli , nisi rite et débité
priîis fuerit edoctus ; at nullibi absolutè privcipiunt
ut concio in ipsâ sacramenti administraticne adbibea-
lur (anqiiàm pars intcgrans divini rilùs ; ergo...
Probalur 2° : Quandoquo inutile prorsùs, imô et
ineptum essel adiiibere coucioneni, v. g., quando Sa-
cramentum confertur inlai:li , amenti, vel oliam deli-
ranli, et minister solusesl; quod enim Lulîier.<ni fin-
xère, infantem tune tempoiis concionem percipere,
ulliuium est desperalai causai responsum ; porrô quis
dicerc ansil sine peccato, oniilli iiou posse concionem,
quir incassùm el ineplè adliiberetur ? ergo...
Probalur 5" : Licèt pleriunqne paslores limorati con-
cionem lune babcre soleanl, id tamen ilLesà conscien-
lià se posse omiltere judicant , saltem quando subest
rationabilis excusatio ; nec unquàm trdcm agendi ra-
lionem Ecclesia i.i probavit ; alqui sine leiiierilale ali-
quà damnari nequit quod omnes paslores , pietaie el [
scicntià commendalissimi, se lacère pcsse arbitrantur, |
ubi pr;eserlim Ecclesia non réclamât ; ergo... (Edit.)
(1) Semper supponil auclor banc esse formam Sa-
cramenti matrimonii. Alii tamen neganl , ui suo loco
videbiiur. (Edil.)
DE SACRAMEiNTIS IN GENERE
1276
dendœ ; non enim habeo, sed especlo id quod promit-
litur mihi : ergo, etc.
Deindè valet Baptisma dalum bis solis verbis : Ego
te bapiizo in nomijie Patris, etc.; alqui manifeslum est,
in bis verbis prout sonant, nullam conlineri promis-
sionen» ; ergo, etc.
Probvtio tertiœ partis.
Qurc cùm ita sint, reliquum esl ut teriiam pariem
sequamur ; verbuni enim consecratorium est, quo res
aliqua tum in seipsà fit sacra, tum efficax rei sa-
crnc ; atqui verba Sacrau.entorum sunt bujusmodi :
nam,
1° Eorum virtute materia in sanctis symbolis adhi-
berida ad slalum supernaturalem evebitu r : iVo;i est
aqua profana d adultéra, inquilS. Auguslinus lib. 5,
de Bapt., c. 10, supra quam nomen Dei invocalur ;
eliamsi à profanis el adulîeris invocelur... Omncs aquœ,
ail Tertullianus supra laudatus, de prislinà originis
prœrogalivà, Sacramentum sanclificationis conseijuun-
lur invocalo Deo. Supervenît enim stalim Spiriliis de
cœlis , el aquis superesl , sancti/kans cas de sciiiet-
ipso.
2° Eadem verba dant Sacramentis, sanctilalis el
grati;E conferend;e fœcunditatem , quod, nisi ta.'dio-
sum essel, addutlis ilerùm Scriplurai el Palium tesli-
moniis invictè demonstraremus : relegal studiosus
lector, qu:r § prœcedeniee'xscripsimus. V. § l,prob.
1 et 2. Ergo, etc.
Resolvuntur objecliones.
Obj. : Ea in Sacramentis verba necessaria sunt,
quuî Cbrislus voluit adbiberi : atqui voluit Cbislus in
Sacramentorum adminislratione fieri concionem :
i ergo, etc. — Resp. : Conccssâ niaj.,nego min.; namsi
fides Hiïreticis babeatur, duo tanlùm in Scripturis
Sacramenta praecipiuntur, Baplismus et Eucbaristia :
atqui in neulriiis adniiitistmlione Cbrislus haberi voluit
concionem, qu;c nimirùm ad eorum esseuliampertinc-
relideBaptisiuo quidem slatutum Joannis 3 : yisiquis
renatus fuerit ex cquà el Spiriiu sancto, etc., el Marci
ullimo : Qui credideril, el baptizatus fuerit, salvus erit;
quibus in locis ne niinima quidem concionis men-
tio fit.
Quantum verô ad Eucharistiam : nec Christus in
Evangelio, nec Paulus in Epistolà prima ad Corin-
ibios 1, dicunl debere fieri concionem, quando coena
dominica célébra tur ; nec verô Cbi'isliîs ipse Eucha-
risliam instiluendo, sermonem ulluin babuil, qui ad
lu^c Sacramentum iitcessariô pcrlineret, ejusque ve-
iuli pars habenda foret; sed verbis simplicissimis usas
esl : Hoc esl corpus meum ; hic esl calix sanguinis viei :
vid rint ergo Calvinus^l alii, si superis placel, Lc-
cletlic reformalores, quo spiritu révélante didiccrini,
non -^liam esse formam Sacramentorum , quàm
qu;e in exposilioné fidei , vel exborlalione coi.b!-
stat.
insi. 1" Prob. min.: Apnd Matthreum, cap. ult., v.
19, sielegitur: Euntes docele omnes gentcs, baptizan-
les cos in nomine Patris, etc., docenles eos servare om-
nia quœcinnqve mandait vobis : bine enim palmare pu-
1277
QmEST. IV. DE EFFICACIA ET VIRTUTE SACRAMENTORUM.
1278
tant sequi argumcnlum : lUc verba concioiiis in Sa-
crameiitis nccessariô v((liiil adliiberi, qui prandicandi
offioiHiii cmu Baplisnii ccIol)rali;)no coiijtmxit : alqui
ila eslà t^iiristo blaUitinn : ci go, clc. — Ho^p. : Adniillo
aucloiil. cl disl. niaj.: llle, etc., qui pr.idicandi olli-
ciuni, cmn l'aplismi CL'icbialioiiccoiijmixit, laniinàin
parlein Baplisino i-ssoiiliaiem, coiiccdo ; lani|u;im
piM'p iratioiioni Baplisino pr;i!niilloii(lani, nego major. ;
di^lillg!I ) p.uilerniin. : Cbrislus tilnnTiq;;cconjtinxit,
ut iiiniiriiin osk-iidcrct, ncininoni adiilUini admitli
debere ad Dapiisuia, qui non essct inibulus mysleiiis
fidei , concedo ; prxdicationeni Baplisnio vcluli
parlem essciiiialcm adjin>gendo , ncgo niinorcni et
conscq.
E. R. Non ncgamus cô ioci pra;scribi , ut fidci et
morum expositio, Baplisnii adniinislralioni praMiiilla-
tur; imô h:icc est Catholica; Ecclesioo cousueludo,
omnium a^lalum ol)sorvalioiic firniala nt nomo adul-
lus ad Caplisiniun admiltaliir, quin priiis fidei et
sc;cnli;B CbrisUano nccessariaî lyrociniuin posuerit ;
liée enim nescicntcs quid voverint , quid credcre ,
qnidve expectare debeani, ad Chrislnm, more pecu-
duin, ducimus ; sed volumits milites sni ofiîcii mo-
nitos et mercedis spe dt- liiiitos : quâ de re prœclnris-
sima Patruni documenta , suo tempère , affercmris.
Sednegamns, à Chrislo concionem cssepr;rscriplam,
vehiti paj'lcm Btiplismi cssentialem ; eonvm enim quœ
seceriiniitur ab invicem, non polesl unum ad altc-
rum, veiui pars ticf essaria, j erlinere ; niqwi in îioc
tesUmonio diserte disiingnii Ohrisius prscdicationcm
à Biptismo: E unies , inquit, doccte omnes gcntes , ba-
ptizanlcs eoit, etc., qiieni loaim S. Ilieronynuis inlcr-
pretans : Ordo, iiiquit, prœcipuns est : jussil Aposlol's,
ut priinhm docirent omîtes rjniles, deinde fidei iiilingirent
Sacramenlo : et post ftdem acBapiisma, qxiœ esscnt ob-
servandn prœciperciit.
Inst. 2° Itqiii Cbristiis pra;dicandi ministeriinn, Bap-
tismi solemiiiiali, vebilpartcm esseulialemconjunxit ;
ergo, etc.; probant s<ibs. ex Apostoio sic loquentc , Epb.
5, 25 : Christus dilexil Ecclestam , et tradidit f ipsvm
pro eà, numdans lavncro aqum in vcrfco vilœ ; undc si<;
infeiunl argumimlum : Vcrbum vit;c de quo Aposlolus
loquitur, est ipsum doctrinrc erbum, de qoo dixcrat
Cliristus: Euntes docete omncs (jeiites ; atrjui verbum
hoc, teste Apostoio, simul cum lavacro animam mun-
dat. Ergo, etc. — Resp. : Nego subs., ad pi'ob. adinitto
ancloiilateni, et ncgo maj. ; h:eecnim ver!)a Aposloli ;
in vcrbo lilœ ; non ad ista refcrunlur: Docete omnes
(jeutes ; sed alia, baplizantes eos in nomine Palris, etc.,
alUidil enim B. Paulus ad institutionem à Cliristo (j-
clam, quaiidô dixil : i)oc<?<e om/ies (jenles, haptizanlcs
coi in uomine t*alris, et Filii, cl Spirilùs sancli ; igilur
|)er livacnmi aqure, Baplismum ; per vorbum vila; in-
icUigit sanclissima.' Trinitalis uivocalionem, quie ex
Cbristi mandate necessariô lieri débet.
lia iiunc locum l'alres plerique omne^ iiiti'rpnMaii-
tur, iino S. llieronymo excop:o, qui verbum vilœ de
doclrina cxplicat, Conim. in Epis, ad Eiili. : iicc tamcn
putaudum tavere CalvinislisS. doclorcm : bicenini non
I liltcralem , sed, ut lo(|uitur ipse, tropologicum, sivc
mysticuni Evangelii sensuni, ut solel facere, aperit ;
bine lavacrum, non Baplismum interpretalnr, sed
purgalioncm quamiibet quie per doctrinau» fieri po-
lesl.
Oiiid verô iiinrilMis opus est? Cùm toi contra se te-
stes habeant Calvinista;, (piot infantes ve! baclcnùs
l)apliz;\riinl, vel in posteruni baplizabunl : qui certè
si lojui posscnl, sic eornm slnhitiam red irgiiereut :
Quœ tcnila vobis inconsiderantia est , vl pntrlis sinecon-
cione vcrum Bapiismum esse non passe ? Quid enim no-
bis , ut Clirisliamessemus, prœler aquam, el verba evan-
gclica contribuislis ? Ntmiquid vcslra fdiqua adliorlatio
vcl percnssil aures noslras, vel auimos subiil, qui candi -
tione œtatis, nec sonos verborum discerncre, nec assenliri
consiliis veslris potuinnis ? Atqui tamcn vobis ipsisjudici'
bns, hoc ipso Christiani sumus, qu'od mundati fuimus la-
vacro aquœ inverbo vilœ ; ila nt si ex hoc seculo ncqnam
erepli ante discretionis (uinos fuerimns, qnnnqnàm in
sinti adulterœ baptizati, hœredes lamen Dei et cohœredes
Chrisli futuri sumus. Ergo nihilad Baplismum valet omnis
vestra concio , quam lantoperè vendilatis ; 'nique ndeo sine
i1là vcnnii Baplisma coitstare, vcslra vos disciplina con-
vincil.
Inst. 5° : Répugnant expositioni huic SS. Patres :
ergo non débet admilli; probant ant.; omnium instar
sit S. Anguslinus, tract. 80 in .Toannem, sic loqiions :
Cnde isla tantu virlus aquœ, ut corpus langnl , et cor
ablual, nisi facienle verbo, non quia dicilnr, sed quia
crediUir ? Nam et in ipso verbo aliud est sonus Iransiens,
nliud virlus manens : hoc est verbum fidei qnod prœdi-
camus, ail Aposlolus, Uom. 10, 7. Hinc sic infenmt
argtmientnni : Eô Ioci dneet S. Augnslinus , aqure
vim non inesse ad cor abluendum, nisi faeicnte ver-
bo : atqui verbum hoc ex eodem S. D. cstconcionale,
verbum scilicetquod pra-dicalur : ergo voîuilClirislus,
pr.) dicalionem cum adminisiralione Sacramcnti con-
juiigi, vehit parlem ejus essenlialem. — Resp. : Ncgo
anl., ad prob. admitto aucioritalem, et concesbâ m.nj.
neg. min. muliis de causis,
r Quia eodem in iocoS. Anguslinus sic loqnitin' :
Detrahe verbum : quid est aqua , nisi aqua? Alcpti .
(•liamsi in soiemniiate Baplisnii mdla concio Iiabfa-
liir; hoc ipso tamen quôtl verba Evangelica prolerun-
tiir, aqua non estmera aqna, sed sacra et sacramen-
lalis, neqne hoc diflileri possnnt lia?rctici, qnia valum
liabenl Baplisniiun in Ecclesià Romanâ, sine uiià nii-
nistrorui!) pr;cdicalione, acceptnm : ergo, etc. 2" S.
doctor blc agit de vcrbo qnod .•tccedit ad elomenlnm :
Accedit, inqnit, vei-bum ad elemenlum, cl fii sacromen-
tnni; alqui cojicio juxta licnreticos non accedil, sed
pracedil olemcntum : anlc enim haberi débet qiiàm
aqua! porfnsio fiât : ergo, etc. 5° S. dnelor ibidem i^ic
proseqnilnr : Hoc vei'huni fidei lantiim valet in Erclesià
Dei, ni per ipsamcredenlem, oj]'erentcm, bencdiccuicv.i,
linqcnlem etiam lantilliim, mundel infantem, quanivis
nonditm valeutem corde credere ad jusiiliam, cl ore con-
fileri ad salutem ; atqui veri)nni lidei nisi credalur,
prorsùs mdUnn Iructnm edil ; ergo verbum de quo
1279 DE RE SACRAMENTARIA. —
loquiliir S. Augiislinus, non est concioiiale. 4' Deni-
qiie quia, ut in codem Iraclatii habct, liac verbo, ut
mnndme possit, sine dubio consecratur et Buplismvs ;
atqui ex nieiilc i-ancli docloris, verbuin quo conse-
cratur Baplismus , sola sanclissimai Trinitalis invo-
calio est; scribens eniin contra Doualislas: QMffm-
o&JTHJ, inqiiit, lib. 5, de Baplis. cont. Donat., c. 15,
si cvaiuidicis ver'bis, in nomine Patris et Filii et Spiritns
sancli Miircion Daplisnium consecrabat, integrumcral Sa-
cramenlum; idemque locis innumeris repetit : crgo, etc.
Inst. i° probando min. Verbuni hoc ex S. Augu-
slino est verbum fidei quod prœdicamus ; ergo lextus
ille de solo verbo concionali débet inlelligi , neque
potest in alium scnsum inlorqueri. — Rosp. : Dist.
ant. Verbuni boc est verburn lidei quod praedicamus :
id est, in boc verbo fldei et priedicalionis evangelicœ
siinnna consislit, conlinelur, concedo ; id est, ilhid
verbum, nisi actu credatur et pra;dicetur à minislro
baplizante, aut ab homine Baptismum suscipiente ,
irritum est Sacramentum, nego ant. et conseq.
E. R. Aliud fuies objectiva , aliud formabs est;
objeciivani dicinms, matcriani ipsam ad crodendum
proposilam, quam in sanclissimic Triiiiiatis mysterio
prœcipuè coiilineri nemo chrislianus negabit : (ides
enim catbolica liicc est, ut unum Deum in Trinitate,
et Trinilatem in llnilate veneremur ; dicinms verô
formalem, alTcctum ipsum volantalis, veritali divini-
lùs reveiat'.c assentienlis.
Jam verô idco S. Augustinus invocationem Trini-
tatis qii;e lit in Baptismo, appellat verbuni fidei quod
prxHUcamus, quia reverà omnis iiostra fides cl proe-
dicatio ad boc niysteriuni, lanquàni ad caput revoca-
tur : minime autem hoc dixit, quasi putaveril sine
actuali Evangelii priedicatione Baptismum esse non
posse : Detralie verbum . inquit, quid est aqiia, nisi
aqua? Accedit verbum ad clementum, et fit Sacramen-
tum unde isla tunta virtus aquœ, ut corpus tangal,
et cor abluuti Nisi faciente verbo, non quia dicitur, sed
quia credilur? Nam et in ipso verbo, aliud est sonus
transiens, aliud virtus manens ; nbi virtutem nianen-
lem api)ellat, non prx'dicalioueni iiominis, (juie sonus
est transiens, sed plenissimam sanctissimaî Trinitatis
poiestalcm, quam Ecclesia catbolica prolitetur, et
ubiqne gcntiuni prcedicat , qiux'que sola, qiiando in
Baplisnio solemniter invocalur , salutem pr:eslat et
peccatorum remissionem.
In>t. 5° : Scopus S. Auguslini est probare verbum
quod vim babet mundandi, non esse aliud quàm concio-
nale ; ergo, etc. — Resp. : Nego antecedens : hoc enim
unum in ilio Iractatu intendit, nuliam sine verbo esse
posse purgalionem, siveinSacramonlo, si ve sine Sacra-
niento liai; quod ullrô fatebilur quisquis in fonte legerit
Augustinum :nam cùmhiccverba Joannis 15,5, expli-
care aggressus essel : « Jum vos mundi esiis, propler
i verbum quod locutus sum vobis ; t quare, inquit, non
ait : Mundi estis propter Baptismum quo loti estis ;
sed, ait, « propter verbtim quod locutus sum vobis ; n
nisi quia cl in aquâverbummundat? Detralte verbum, el
ouia est aqua, nisi aqua? Accedit verbum ad clementum,
DE SACRAMENTIS IN GENERE.
1280
f et fit Sacrametitum. Falsô itaque dicitur scopum
sancti docloris esse ut probel verbum quod vim ha-
bel inimdandi, non esse aliud quàm concionale : cùm
è contrario ad probandum id <|uod assumpseral, quid-
quid scilicèl sanciitalis homini advenit, tolum à ver-
bo pendere, indiscriniinalimsive à prxdicalione Evaii-
gelii, sive ab ipsis Sacramentis exeinpla dcpromat ;
quie postquàni brevi oralione proposuil, tractatum ita
concludit : Totum hoc, inquit, fit per verbum de quo
Dominus ait : s Jam vos mundi estis propter verbum
« quod locutus sum vobis. s
Inst. 6° : Juxta S. Augustinum ibidem , verbum
sacramontale aniniam niundat , quia cieditiir : Undt
ista tanta virtus aquœ, inquit, ut corpus l.:;njat , et cor
abluat, nisi faciente verbo, non quia dicitur, acd quia
creditur ? Ergo nihil liabent virtutis verba Sacramen-
torum, nisi ut excitent fidem : alque adeù conciona-
lia sunt. — Resp. : Dist. ant. simul et explico mcn-
lem S. doctoris : Verbuni sacrameniale animani muii-
dat, non quia dicitur, sed quia creditur ; id est, non
ideù sanctificat, quia sono suoaures perculit; sed quia
sanctissimic Trinitatis invocatio est, in quà tanquànj
in fuiidamenlo fides Ecclesiieconlinetur, concedo; non
sanctificat nisi quia actu creditur, nego ant. et conseq.
E. R. Fidem aclualera non esse necessariara ut
Baptismus suum efiectuni consequatur, perpétua S.
Auguslini doclrina est. Nam , 1° non requiri in susci-
piente Baptismum , parvulornm exemplum deiiion-
slral , de quibus sic loquitur loco cit. : Hoc verbuni
fidei tantiim valet in Ecclesia Dei , ut per ipsam creden-
tem , offerentem , benedicentem , tinqentem etiam tanlil-
liim, mundet infantcm : quamvis nondiim valentem corde
credere adjustitiam , et ore confiteri ad salutem. 2° Non
requirilur fides miiiistri , vel parenlum , vel quorum-
libel offerenlium : ut idem sanclus Augustinus ssepis-
simè suis in libris inculcat , prout qua.'Stione sextà
dicluri sumus. Ergo minime necessaria esl fides
aclualis in Baptismo, ut suumelfectuni obtineat : alque
adeô verba sancli doctoris, non quia dicitur , sed quia
creditur , non de formali , sed de objectiva fidc accipi
debenl : atil si de fide formali sumantur , non ad
niinislrum, neque ad subjeclum , nec ad cpiamvis in
singulari hominem , sed ad Ecclesiam univcrsam re-
ferri debenl, ciijus nunquàm déficit, nec unquàm de-
fectura est fides.
Insl. nll. Dices : Olim sine pmevià coiicionc non
conferebatur Baplismus , idemque moris erat in leli-
quis Sacramentis ; existimabant ergo Patres , concio-
nem esse partem Sacramenli necessariam. — Resp.
1" : Neg. ant. Quando enim urgebat mortis , aut aliud
quodvis periculum , anli(iuitùs concio non liebal ; sed
catanlùm verba proferebanlur , in quibus Sacramen-
toruni forma consislit. — Resp. 2° : Nego conseq.;
nego , inquam, coucionem habilam unquàm fuisse ve-
lut parleui Sacramenli essentialem : quolies enim de
aliquo Sacramento dubium oriebatur ( ut reverà sa'pè
conligil) validumne foret, necnc? non quitrcbanl
Patres , an concio habita essel? quod sanè non pne-
icrmisisscnt, si necessariam judieàsscnt : sed hoc
4^81 QUiCST. IV. DE EFFICACIA ET VIRTUTE SACRAMENTORUM.
1282
unum, quanlâ fieri poleral diligentià.inquirebanl ulrùni
verba evangelica , in lî^iplisiuo, cxoinpli causa, liiiim
pcrsoiiaruin noniiiia, disliiidè et sine iillà crroris
commixtionc jirolala forent? Eigoea lantiini verba
credebant ad Sacramenli essenliani pcriincre (1).
Proponitur quœdam qiiœslio.
Qiuïrcs qux causa hiirelicis fiierit , negandi 3acra-
inonta cfTeclus suos ex opère operalo produceie , et
verbis consecratoriis conlici. — Resp. ab uiio crrorc
in alterum corruisse ; cùm enini falso pularcnt gratiani
jusiificanlem non esse aliquid intrinseciim aniinaî
inbiereiis , sed vel extcrnam Dei beiievolcntiam , vel
justiliain Chrisli , bouiiui inipulalani , et veUili ex-
teriùs applicalam ; nec ad juslilicalioiiem aliud requi-
rcrent, pneler fideni sivc fiduciam, quû Cbristi ju-
stitian/*sibi profuturam quisque confidit ; çonsequcns
fuit ut diccrent, Sacramenta novai legis nibil opcrari,
et ad hoc taniùni valere , vol ut excitent fidem , vel
ut sint not.Tc qux'dam exteriores , quibus fidèles ab in-
lidelibus distinguuntur.
CAPUT II.
THOMISTARUM DE PHVSICA SACRAMENTORUM EFFICACITATE,
SENTENTIA PROPUGNATUR.
Sequitur altéra de Sacrameniorum efficacilate con-
(1) Aliam adduiit novatores objeclioneni ex S.
Ainbrosio desnmplam, quà quidcm pluriniùni glorian-
tiu'. Eain diluc'idè propo>ilaiii appositè solvit Collet,
cap. 2, art. 2, puiict. i, illuin audiamus : i S. Ani-
« brosius , lib. de Mysteriis, S(;u de Iniliandis , cap. 3,
< n. li, sic loquilur : Aqua siue prœdiculione Domi-
( nicœ crucis ud nullos ustis futurœ sahitis est : cùm
t veib saluUiris fuerit crucis iiiyslcrio cousccrutn , lune
i ad usum spiriUudislavacri Icmperatur. Sicutergo
t i/i illuDi foiitem Moijses luisil lignum , ita et in linnc
« fonlcm sacerdos prœdicalioucm Donnnicœ crucis mil-
i lit , et aqua jit dulcis ad (jraliam. Unde sic : Quod
« sine prx'dicalione ad ludlos saliilis usus inservit ,
« sine pnfidicalioiie nialè adiiiiiiisiralur; alqiii ex S.
« Ambrosio aqua br.plisinalis ad iiullos salutis usus
« inservit, sine pr.idicationc crucis ; orgo. — R. disl.
c min. : Aqua baptisuialis ad niiiii inservit sine crii-
« ois pricdicalione, qu;c liât opère et consecratioiie,
< concedo; sine pnedicationc, qua; fiât vcrbo et con-
f cione, nego. Ilaque crucis prx'dicalio dtipliciler
I. fieri potest , niniiriim verbo et opère, coque niiilii-
j plici. Crux praidicaliir verbo , cùm popiilus mvsie-
i rium et ellicaciam crucis cdoceti/r; sic eam priedi-
I cabat gonlium Aposlolus, cùm CIn'islum et liuiic
« cruciliviuu ut Dci virliiloiu et sapicutiam aunimlia-
» bat. Ciiix i)r;c(licalur o|)ero et facto, cùm cnicilur
« aliquid quod vel à cruce vim suam trahit , vel ejiis
I digiiitalem commendat : sic crucis niajeslalom pra;-
< dicant vel ipsi imporatores, cùm signo ejus diad<î-
« mata sua fastigiaut; sic et virtutem crucis pntdicant
€ Ecclesi;!} iiiinislri , cùm cerlos faciuut riliis, qui vol
< crucis memoriau) rovocant, vel efficaciam suam
( Iralumt à cruco. Jam verù Andtrosium non lucpii
€ nisi de postrcmo hoc i»r;rdic;ilionis gciierc bine li-
« quel, (juôd juxla eiuu pra-dicalio crucis : quic fit in
f Raplisino, miltaliu- in loiiloiii (|uo aitluimur , sicul
< lignum à Moysc missum est in a(pi;is Maran ; neqiie
< euim pradicalio coiiciouatoria in aqiiam millilur,
I scd dirigilur ad adslantes. Iliuc ne qiiid oii.ilur
< scrupuli , pcrgit ^ihi inleriiros Ambnt^iiis : Ka , de
f quà loquor , prœdicdlio c^t invocatio S. Triiiildtis ;
I ntwi Ihvc ut apidicalur Uaplismo , crucis e(}icacitiileni
f commendat , et veluti prœsenlem fucit eUcclum cjus ,
^ applicando. » (Edil, ) |
j troversia, quam nolumus csseconlcnliosam, quia do
i fide non agitur; aliter enim cum amicis , aliter cuni
I • • • • ,.
I uiinucis congrccuuiur ; isli, (]iioniam veritalt-m Lvan-
gelii iguomihiosè proculcant, majori vcbementiâ re-
fulandi, pro nierilo ; cum illis verù, quia nobis in
régula fidei lenendà conseuliuut, non tant dispulan-
dum, (juàm amicè et familiariter colioqucndtim , ut
pacalis auimis vcrilas , aut saltem verisimiliiudo ex-
culialur, (juà in re non possunms temperare , quin
eorum morein obiler perslringamus , qui in unà quà-
libelquoeslione, nulle facto dogmatum et opiiiionum
discriu)ine , (juasi in summum pciiculum Religio lola
vcnirel, lurbas in Ecclesià concilaul, contra sentienles
acerbo dente dilaceranl magisque interdùni Catholi-
cis, quàm bîtrelicis infensos se pntbent; sed ad
rem.
Sacramenta graliam verè et propriè ex opère ope-
ralo conferre , et in génère instrumenli aliquomodo
producere, constaus est et unanimis Catholicorum
doctrina : quomodô verô agant , physicè an morali
1er? in hoc nimirùmdissidium est ; alii voluntpiiysicè,
alii lanlùm moraliter operaii.
Causa plnjsica quid sil , quid moralis?
Antequàm verô quod probabilius visum fuerit slalua-
mus , diceudumquid sit causa physica , quid moralis.
Causa generatim id omne est unde sequitur quomo,
documque effectus.
llinc alia est causa per accideiis, alla perse. Causa
per accidensesi (1) , sine quà effectus non ponitur,
licèt in effectum non influât. Sic enim , exempli
j causa, ruenle columnà, necessarium est caderesta-
j tuam colummc imposilam ; casus tamcn unius in ca-
! sum allerius non refunditur tanquîun in causain verè et
propriè operantem. Causa per se est, quae in effecium
aliquo modo influit ; atquc ila sol lucis, ignis causa
caloris exislit.
Eaque ilerùm duplex, physica , cl moralis. Pbv-
sica, effecium proprià et reali aclione attingit : quo-
modô ignis incendii causa esl. Moralis, nec verè nec
propriè causât cfleclum , sed objoclivè lanlùm, et
iiiltnlioualiler, ut loquunlur, causam clfei tricem al-
licit ad cjus produclionem ; sic qui furlum suadel al-
icri, licèt sil ci auctor furandi , furti lamen auclor,
nisi moralilcr dici non potesl.
Ulraque ilerùm in principaiem et inslrnmcnlalem
dividilur. Princi[)alis, si physica sil, virlute projiri;e
forma;, seuvi quàdam sibi connalurali in efl'ectum
(1) Causa per se et causa per accidens aliter vuigô
delinimilui. Juxla vulgarem deliniondi modum , prior
iila est qu;e ex se dctirminalur ad producondum ef-
fecium quem rêvera producit. Sic (|iii alium gladio
perculit occideiitli animo , moriis subsecuUc est causa
per se. Poslorior aulem est ilia qua^ , non ex se, sed
c\ forluilo (piodam evcnlu delerminalur ad produ-
condum ellcclmn (|uom produiil. Sic qui , ex ariiore
décidons, alium lnuniiuMu forlè Iraiisounlem pondère
.suo opiriimit , hiijus nu)rtis osl cau>a per accidens.
llinc I alel |)()sleriorem causam non minr.s eflicacilor,
qiiiim priorcm , inlluore in cireclum , alquo adoô lo-
lum discrimen , quod inler ulramque exislit, pendero
ex modo que hic influxus determinalur. ( Edit. )
4283 DE RR SACRAMENTARIA. -
erunipil; si moralis, inlenlioiie sibi pro[irià causani
efficiiMiicm ad acluin impcllil. Inslruinenîalis physicà
virtiile, non proprià qnideni , scd alinndc accepta ad
cffoctiini nsqiie perlingit : quoniodô caliimus dicituv
esse causa scriptnm!. Inslrunienlalis moralis , non ex
propri:\, sed ex aliéna intentionc , causatn cxcilal
efrectriceni : qiialis scrvus csl, qui jussa Doinini ad
altcruin dofcrl.
IHs ex pliilosopliiâ pn^nolatis , palniaris esl tlieo-
logoriim in nliàqnc opinioiie scnlentia : qui cnini
contctidmU Sacramenta esse lanlùm morales graiiaî
causas, conseqnens est ut affirment co sensu graliani
sanolKicanleni piodncere, qnôd sacrornmriliiuinappli-
catio Deum nioveat, ut juxta legeni à se conslilulam,
verbiqne siii memor, graliam, Sacramenta digne susci-
pientibus conférât; ideinquc de characlere pulan-
dum ; qui vohuil è contrario osse pbysica instrumenta,
virtutem alinuani divin'lùsacceplam in iis ogiioscinu,
per quam propriè, veroque influxu sacramentaleseffe-
clus in suscipicntinm corda insinuent; jamsil(I).,
(1) Oponc prelinni est altoritis opinionis raliones
diligenler b.ic exponere, ut iinus(pnsquo eam, qna;
sibi validiùs propisgnala visa fiieril, omnibus monien-
tis utrinque libnilis , amplccii vali>al. {)uapropter in-
duccnuis doctissiminii Collet, sententiam nostro
contrariam aiiclori non debilibus sanè argumentisde-
fendc'.item. Sed antca juv;!t slatum qu;estionis dilu-
cidè mm 'l'urnelio exponerc. Igilur sic procedit illu-
slrissimns professer, qua^sl. 5, art. 2 :
4 Qua;slio inier Tiieologos moveîur , quà ratioiie
i Sacraiiienla gnitiam CvinlcraîU, an ut vcne causai
« pbysica', an ut causai dunlaxat morales non ipiidcni
« pri'mari:c, sed instrumentales ; {juîï sanè qiucslio,
i ut jani nionuinnis, perperàm à nmllis è novato-
« riims conl'uuditur cum priori, (|ua; est de eflicacià
« Sacrainodtorum ex opère Oj)erato ; prior quippe ad
<! sub lanliam dogmatis catbolici perlinel; posterior,
<i ad niodiim duntaxal explicandi dogma catliolicum :
« prior, (idei est; poslciior, opinionis scboUe. Qna-
« propler à scopo penitùs decliaant, qui , ul dogma
« (idei faciliùs iinpugnenf, vimonuiem argumentoriui!
« suorum dirignnl adversùs pbysicam Sacramenlorum
« causaliiatcni : falkmtur ilii ," et operam perdunl.
« Ouaiiqnàm enini banc expugnarenl , imù ([uanquàni
« exponi nullatenùs à nobis jiosset modus qno Sacra-
« menta operanlur , non minus tanien vera et cerla
« forci virlus Sacramenlornm , qnalem déclarant ac
4 slaluuiil Scriplurce, Iradilio, et Ecclesiai auctoritas.
« !n ('.lias aulcm gencralim parles iota scbola bîc
« dividiliir. Tbomis'ica pliysicam, Sc;)lislica mora-
i leni dunlaxat admitlit Sacrament(u-iiin criicionliam.
« Ad ThomisLas bàc in parle acceduiil è recenlioribus
6 Bellarniinns, lib. 2 de Sacramenlis, cap. 11 ; Sua-
« res, in tertiani parleni S. Thom:e, q. 02, dispul. 9,
t scclioiie 1 ; Isandjertus , do Sacramenlis in génère ,
« ad q. Gi, disput. 4, art. 5; Estius vero , in i li-
« bruin Senlentiarum , dist. 1, parag. o; Maldoaalus,
« de Sacramenlis, cap. 2, qu;cslioi'.em versant in
1 ulrani(|uc parlcni. Affirmât Estius, senleniiam Tbo-
t niistarum ScripUine ac velcrum dictis conlViraiiorem
i videri , ac Sacramenlornm dignitali magis consen-
i taneam, quanquàm inteilecln et capln difti^'ilem ,
« quai non potesl ad plénum salisl'acere contrariis ar-
« giimentis; sententiam vero Scoiistar.mn faciiioreni
« ès-e, ratinni et caj)tui nostro magis accommodalam;
< dignitali cl enicaci;n Sacranicnlorum aliuhde nibil
« omninô deroganlem, aique in scbolis magi-vulga-
« l;!m. Melcliior Canus, insignis è fnniiià Dominicanà
i tlicologus, llelecliono de Sacramenlis in génère,
« parie 4 , divi Tbomai sentonliam descrit ac impu-
PE SACRAMENTIS !>i (iENERE. ['iU
^ CoNCi.usio. — Tulior, ecrtjorque Thomislurum doctriua
est alfirmantinm Sacramenta esse inslrumenta Dei ,
non morcUiter tanliim , sed et pliysicè gralmm c(fi-
cienlia.
Quam quideni ego assertioncm his polissimùm nili
« gnal ; cl omniinn prinuis, si Morino fides, lib. 8 de
« Pdcnii. cap. 5, causalitaiemSacramcniorumappositè
« m()r:ileni appclla^it.
« ti) explicaiidà vert) cansalilale illà, seu pbysicà ,
« son morab , in toi subiude varias npiniones scindim-
« iw scholaslici magivtri , ni idem (-anus asserere non
i dMbilet,eos liâc suà opinionnm nudliludine ac va-
« rieialc , confnndcre magis, quàm (■x|>licare uiodum
« quo Sacranienla operantnr. i\ulla eiiiin res c^l , in-
e (piii , de quà tantoperè non soliim indocti , sed etiam
t docii dissentiant.
4 Vurii niodi explicandi rauscditatem pkysican' Sacra-
< ineiilorum.
4 Inlerpatronos causalitalis pbysic.ie, velercs Sclio-
« lastici cum S. Tbumà, in 4, disl. 1 , q. 1, an. 4,
« exislimant per sacramenta immédiate non produci
4 gratiam sanctilicanlem, sed disposilionem aliipiam
4 quà uiediante gralia produciîur; dis|)osilionem vi.rô
4 illam dic('bant in tribus Sacramenlis, IJaptismo ,
« Confirmatione et Ordine, esse cbaraclerem, in aliis
« ornalnm quemdam. Verùrn ha'C opinio jamdiù ob-
4 soleta jaccl sine defensore.
« Aiii cum Doniinico Solo , in 4 , dist. 1 , q. 3, art.
« ! , aiiiiit SacramenLi esse quidem pîiysica instru-
4 menlaquibus bomo gratus et aeceplus Deo reddilur,
« ea tatncii non concurrere pbysicè ad pioductionem
« gralia? sanctificaiitis, sed lanlùm ad uuionem illiiis
4 cum ainiiià : eo ferè modo quo homo est (piidcni
i causa pbysica generalionis allerius hominis, licèt
4 non coiicurral pbysicè ad crealionem, sed lanlùm ad
4 uuionem anima; ralionalis cum corpore. Fundamiiu-
« tum bujus opinionis est qiiôd gralia per cieaiioiiem
4 à Deo producatnr, nulla vero crealura possii esse
4 insirnmcnluni creationis.
« .\lii vim iliarn efiicacem Sacramenlortim aiunt
4 esse qualiialen! (juaindam pbysicam , aflixam cl in-
4 ha'rentem , qnani alicpii formaliler spiritnaleni, ali-
« qui formaliler corpoream, et virluaUter spirilualem
4 esse coiilenduiit.
« Alii dciiiiiue, quorum vulgata magis ac recepta
4 videlur explicandi rali), dicunt pliysicam illam Sa-
« cramenlorum caiisalilalem esse ipsammel nioîio-
8 neni seu utunDei, qui pro siio suprcmo in res
4 Ciiines d niinio , sigiiis exlerioribiis ulilur laiiquàm
« {)liysicis iiistrumentis ad prosluctionem ciTeclùs spi-
« rilnalis; quâ ratione utilnr igné maleriali ad lor(pieu-
8 dos d;vmnues. Deus auleni non siipponit, siculard-
4 fex crealus, in ejusmodi iiisirumentis praiviam
4 quamdam disiiosilionem, sed eainfacit. lia S. Tb., 5
I parte, q. Oâ, arl. I, 5 et 4.
« Varii niodi explicandi causiditateni moralcm Sucra-
4 mentorum.
« Qui ex altéra paile pugnaut pro cansalilale Sacra-
4 menloruin dunlaxat inorali, ii etiam in modo cxpli-
4 candi non cnn.^entiunt.
(i Suiil quibns placoi Sacramenta es.se lanlùm con-
« (iitiones sine qnibus Deus gratiam non largilnr. lia
I 4 senlirc videlur Duraïubis, in 4, dist. I, q. 4, n. ID,
I 4 (juod illiislrat exenqjlo illius qui reciperel deiuiriiim
i 4 jilunibeuni, factà lali ordinatione, nt qui recipil u)n(iii
l « de iltis, recipiul eleemosyuam reyis, non qubd, inipiit,
i « deiiurius sit causa eleemosijnœ, sed soliim rex: dena-
I 4 rius autem esl sigman el causa sine quà non.
i; 4 Sunt qui Sacramenta non esse causas propriè
> 8 cflicicnles , sed (piasi maleriales asseiuni, hoc sensu
- 4 ([!i6d gratiam coulinca..;l, sicut v;!S coiilinet medici-
St nam (pi.\m a'grolns propiuat. lia AltissiudorensiS,
4 lib. 4 Sumniai, ir.ict. 3.
' < Sunt qui dicunt Sacramenta conferre gratiam pef
!28[i QU^.ST. IV. DK EFFICAGIA F
fmulamcnlis existimo : 1" Qiiôd nihil liabcat Deo in-
fligmiin, vel supreniaî cjus polcslali rcpiij;naiis.
< inodnrn impeiratinnis, quia iiciape iiiipclraiil àl>e!)
< graliam. lia Cuillelimis l*arisieiisis. lii). ilc Su ra-
« iiieriiis il! goii., cap. 1; Yaiî^iies, in 5 parlem S. Tli.,
« q. 15:2, cap. 5.
« Siml qui docpiit SacrnmeiUa confcrrc gniiiain
f instar ciiiroïïtrapîii moraiilor coiitiiionlis preliiini
< nioriloniin Ciirisli, vol instar nianiis poriigeiilis
c preiiiuii pro rodeinptioiic caplivoruni ; niovcndu
c scilicet erilcacilcr l>einn, ex |)acl() (pio se li!)erè
t ohslrinxil, ut ad pnvsenliani simioiiiDi sacraiiieti-
f laiiuni assistai , et giatiain conloral iis (]iii dt-liili'î
f prrparali Sacranienlonnn liiint participes, lia
t -Melcliior (/unis, relectinne de Sacranie lis in gc-
t nt'ie, parle 4, conclusions 6 , qni niodns e\|)lican-
f di cansalilateniseii diicienliani Sacranienlornni pla-
< nus elfacilior, videlnr (li'-,'iiitali ac viiliili eonnndem
I cliani accomniodalns. Do illis variis sclioiaslicoruni
i opinionibus fnsè dispnianles lege , si vacat , Sua-
I rem, ad q. 62, lcrii;e partis S. Tlioma', disp. 1)
« intégra ; Va>qufsinni in eanuleni qncestioneni dispul.
« 15:2; Isambertnni de Sacramenlis in gen., ad eani-
f dem q., (li^tiut. 4-, art. 2, ctdispnl. 5 intégra. >
His pr;vh.i!)itis, ad pianiorem (iillicu'latis inlelligcn-
liain , andialnrCo let , dnplici conclusionc senlenliani
suant propiignanleni , cap. 3, an. I , sect. 3 :
.- Conclnsi'i prima. Sacranienla gratiam non pro-
« ducnnt physicè.
f Prob. Qûod pbysicè gratiam prodiicit, débet pl'.y-
« sicèet qnoadenlilalem cxistore eo instanli qnogrà-
1 liani producere supponiliir ; atqiii Sacranienla, qu;e
« in usa posila snnt, ul l]:>,ptismns , el alia pneter Eu-
( cbaristiani non oxisiuiil physicè, quo inslar.li gra-
€ liain prodncere supponuntur; ergo. Major et niinor
« seorsini probanda; veniunt. Ilatjue
I Prob. niaj. Qiiod piiysicè non existit, physicè ni-
« hil est; aUn'.i qnod pliysicè nihil est, vim agondi
€ (jhysicani liabcre ncipiii. N:nii vis physica est luodtis
c liabendi se physicè ; alqui quod physicè nihil est ,
« non polesi habere pliysicum se habendi nioduni.
< Sic, V. g., physicè n.nbiilare vel sedere necpiit ,
« nisi qni physicè exisiil: ergo quod non est physicè,
i physicè opêrari nonpotesl; ergo ut allquid pliysicè
f scû graliam , seu aliud qîiodlibet operetur in certo
« insianti, necessinn est nt in tali instanli physicè
« existât.
t Prob. itaqne prima niinor. Sacramentum graliam
f non producit, nisi poslqiiàin pronuntiala est nltima
f forinitt syllaba ; atriui cùin prolala est ultinia form;x3
c syllaba, jam non existit Sacramentum physicè : nt
« enim pliysicè cxisleret Sacra î'.entnm , deberct se-
• cuiMlùni oiinies snî parles exi:,lere ; cùm pliysica
I Sncramonii enlilas ex oniiiibus forma; syllabis es-
« sciilialiier coiisiel; alqui cùm proimnliatnr ullinia
I form;R syllaba non oxislil ampliiis Sacramentum sc-
< cundùm onines sut parles. iNon enim cxistunt ba'C
< verba : Ego le baptizo , cùm proCernntiir isla : Et
« Spirilùs sancti ; \mà hccexi.?tii uUima liicc syllaba,
t qua; lotam clandit actlinem; slatim enim ut prolala
i est , jam niiiil est physici ; ergo cùm gratia nonnisi
« posl complelam hiijns syllab;e prolalioneni pariaiur,
« non producilur ab aliquo quod physicè existât , ac
i proin physicè produci non polest.
1 llepouunt alKpii singnlas Ibrincc syllabas , eo rpio
f promniliantur instanli , non nihil giMli;e sanclifi-
« canlis producere. Aiii vcrô priorcs Ibrnue syllabas
« eo sensu cxisleie cùm pronuniianlur posleriores,
« (|uod lue cnm illis nnionem iiabeanl con'.inuaiam; .
« ita posl Sylvium Gonel, disp. 5, n. lUO et 103,
c oiiicliam contra Suaiein addil, Sacranienla graliam
« producere in instanli duiilaxal cxtrinseco : quando
« scilicet verum esi diccre, nnnc primo non est Sacra-
t niL'i'.lnni, sed imniodialè anica erat; non anlem in
< insianli inirinseco, ([uod ri;verà nullum est, citm
« successivu non desinunt per ullhunm sid esse , sed pcr ,
VIKTIITE SACIiAMi:.NTORUM. 128G
T Quodsanclornm f'airum scnteniiis apprimè conve-
nial. 5" Qnôd in Scripluris divinis non obscure vi-
« prhiiiim stû non esse. Porrô , inqu;l id.-m , licèl in
« hoc instanli cxtrinseco jaui Sarnuiicntiun non >it in
« se, est lanirii in suà virlute, neinpe in li-rniino per
« ipsuni prodnclo, in quo reciiiilur \irlus producliva
« graliic; liujusnwdi vero tei-minus, est uliiniuiu miila-
( tum esse, qnod viensuralur ilio instanli extrinscco
« terminutivo moins. IKec ille . qire si cuipiam claris-
« sima videbunlur, non inilii.
I Kcrellnnliir quoad primum, (piia gratia , cùm sit
« aliqnid inciivisibile, ulpote qu:o sit spirilualis, tota
1 sinuil produci débet. Elverô, ;.i minisler posl pnda-
j tam unam aul alteram foriniH b:ii)iismalis V(!ccni
t cxccderet è vivis; quam , (piaso , juslilicaiionem
. recepisset inrms? an tolalein? non dice.it. An
4 dimidialam? novum est islud in Kcclesià et inau-
« dilum.
« Rcfellunlur qmad secundum • conlinnilas enim
« quacunujue lingalur inter varias lornix parles, non
« magis ellicit ut omnes forma; parles siniul el in
« codem insianli existant, qnàm conlimiilas parlium
€ lluvii fugierilis efficiat ni eadein panes simul l(;m-
« pore existant in loco ; alqui nemo dixeiit coiiliraii-
« latem parlium iluviierficereuleiKdem partes existant
î simul in loco; ergo. Cerlè successiv^x^ lemporis
1 parles unionem habent inter se, et tamen cùm
« existit p:!rspricsciis, non existit par.> pra-teriln.
« Quod ad aiiam allinet Goneli rcsponsionem , Ikcc
ï ipsâ suà iiicomprehcnsibililale mit. Quid enim est
« illiid uHimum mutatum esse , (\y\{H\ viilulcm grati:c
« prodnctivam recipit? an forma vel nialeria Sacra-
« nienii? si ila est, recurrct tola dil'licullas , nimirùm
« quomodô physicè agat , quod physicè nihil est. An
« aliquid poslerius mateiià et forma , gralià verô
« prius?Ergo 1° Sacranienla graliam immédiate non
< prodncunt, sed mediantc eo icrniîno ; ergo 2" qnod
« pliysicè nihil est liabebil virlutem physicè produ-
« cciidi terminum ; quod est pra;cipuuni controversiiB
« caput , dcberetque probari , non gratis supponi.
« Deinde qua;ro an (iclilia b;cc virUisqu;c grati;e pro-
c ducliva dicilur, corporea sit, an spiriUiaïis. Si cor-
c porea , quoiiiodô altingere polest eus spirituale ,
« qu::Ie e^t gratia? Si spiritiialis , quonioûo rcsidere
» poU'St seu subjeclari, in illo lertninativo molûs, quod
t non SCCÙ3 ac Sacramentum ipsum pro corpoico
i habent ipsi Thoniist?e?
« Prob. 2 ' simul et contirmatur probatio pr.iecedens.
« Baptisma (iclè suscopkim reviviscil , adeôque effc-
9 clum suum opcratur, pluribus quandoque annis post-
i qnàm susccplum est; idcmque, juxta Gonelum, est
« de ca;tcris Sacramenlis; alqui lune non operalur
« physicè, cùm lune physicè esse dcsierit el jamdu-
< dùm ; ergo.
« Piesponder.t aliqni cum Goneto, ibid., n. 81, Sa-
< crameiita qu.e non impiiimnil characierem, mora-
j liler solùm operari cùm reviviscunt; ea verô quie
« characierem imprimunl reviviscere, quia turc ciiu-
« racler qui est prwsens in anima incipil habere eifectnm
« suum, pronl docet S. Thomas, in -5, di^t. -i, q. 5,
« art. 3, q. 5.
i Sed 1" si Sacranienla saltem aliquando operniitiir
« moraliter. ergo nihil Sacraine;il!»ruin dignilati depe-
« rit ex eo quôd dicantur operari moraliter ; ergo
« iterùm nullius snnt momenli rali'uos (|u;e pro
1 adstrucndà pîiysicà Sacrar.ienlorum ciusîvlilale
« adducunt advcrsarii ex Scripturà et Palribus. Iti-
< que enim si Patrum lexlus etsi générales limitari
I debcanl ab adversariis, quidni et à nobis a<l eflica-
j ciam nlùcinn [ue moraleni llecli possiiil, si graves
« id exiganl causa;?
I Niliilo sûlidius videtur quod dicuni , Baptismun»
« aliaqiie eju>dem cnndilio.iis Sacranienla reviviscere
( vi cliarat Icris semei inipressi. Jucque enim eireclus
« Sacramcnli, Sed Sacramenluni ipsum parii graliam;
« alipii characler est nudus Sacranienli elleclus ; ergo
1.287 DE RE SACRAMENTAlUA
dcalur conlineri. 4* Quôd ad Sacramcnlorum iiovao
legis supra vêlera virlutem et cxccllentiam explican-
t non in characterem refundi débet gralia , sed in
« ipsnni Sacianii'ntnm. Etvero non aliter agit cliaracler
« in adiillis quàai in infantibns ; atqui cli;ir:icler non
« IKiril graliani in infantibus, sed siniul cum gratià
« producitin-; ergo.
« Prob. 5', quia inter causam physicam cleUcctum
« ejiis débet esse proportio quœdam salteni reniota ;
i alqni inter Sacramenta , qnic signa sunt visibilia et
I coriioren, elgialiam qnai est qnid spinliiale, nuUa
I est etiain reniota proportio, cùni niateriale et ininia-
8 leriale sint in génère prorsîis diverso ; ergo.
c lleponunl Sacramentorum eniiaciain, unum esse
t è (idei nostra'. mysteriis, quod ratione cxplicari
« netpiit. Sed si Sacramentorum vis inter mysteria
« recensetnr, utqnid cjusdem vis cxplicandie modus ,
s queni Ecclesia tbeologorum liberlati permittit,
4 novnm in inysleriuin erigitur? utqnid cxponilur vis
I ilia eomodo qui cùm ab luereticis refelii lacilè possit
a et irrideri, ansam errori praebet impugnandi et
« niodnm et substaniiam oceasione niodi? utquid
« dciii(pie in re libéra obs<;uruni per obscurius expo-
c nilnr?
« Prob. V : Causa physica débet subjeclum in qiio
« operatur, attiiigere per contactum realem ac pliysi-
i cum , saliem médiate : quo modo sol per calorem à
i se dilî'usum opeiatiir in lerr* visceribus ; alioqui
« causa hicc ageret in dislans, quod saniori pliiloso-
i phi;i; répugnât ; at(|ui Sacramenta non possunl pliy-
« sicc atlingere animam in quà operantur, sed sulùm
i corpus; imo nec semper corpus atlingunt, ul cùm
« iuqx'iiditur absolutio liomini surdo; vel benediclio
i nuplialisiis qui per procnrJitorem contralinnt; ergo.
< Prob. 5" , quia nuUa est causa cur Sacramenta
« potiùs pliysicè parère dicautur gratiam babitualem,
« (piàm actuales, quoi vi eoium conCerunlur, gratias ; ,
« alqiii istas non pariuiit pliysicè, prout lert connnnnis
« opinio etiam aih.ersariornm , ut notai Lugu, disp.
. 4, n. 5^2.
« Prob. G°,quia non est iribucnda Sacramentis nobi-
€ lior operandi ratio, ([uàm Christi passioni, cùm illa
a islius instrumenta sint , lotamque ab eà vim suam
e mutuentur; atqui passio Cliristi i»on est causa grali;e
« nostr.e pbysica, sed meritoria solùm seu nioralis ,
« ul docel rridenlinum, sess. 6, cap. 5; ergo.
« 1° : Scriptura expiessè docel bominem rcnasci
« ex a(pià , salvum lieri per lavacrum regenerationis,
« mundaii in verbo vila.' ; atqui parlicuke ilke veram
« et pliysieam causalilatem exprimunt, alio(iui ambigi
fl possel an omnia per Verbum pliysicè facta sint ; an
« ex illo pbysicè sinl omnia ; an verè uinversa in ipso
« constent; ergo. — U. ad 1 : Neg. min. ; ut enim è
« cilalis vocibus erui non possit causalilas pliysica,
« sullicit ut iis utatur Scriptura non holùm ubi de
« pliysiciscausis, sed etiam ubi de moralibus agilur;
a al(|"ui res sic se babet. Sic Apocal. 1 dicitur (piùd
« Clirislus lavH nos à peccatis nustris i.\ su)ujHiHe sno.
« Sic llebr. 9, idem Cliristus peu propriiim mnguineni
t semel in suncta inlroiisse dicitur. œlcrnù rcdemplione
« iHi'(3H««; atqui tamen Cbristus neque nos pliysicè
^ lavit à peccalisinsai.guine suo, neque pliysicè per
4 saiignineiu in cœlmn inlioivit, etc. ; unde, ut dete-
e galur causalilas praidictis parlicnlis expressa ,
8 videndum est cui cas materiic applicet Scriptur.a.
« Sic omnia per Verbum pbysicè creala esse inle'li-
« gentur, (piia nulla esi creatura qu:c esse possit causa
6 physica etiam inblrniu; nlalis creaiionis , ul doccnl
« pbilosopln ; item quia divinitatis cbaracleies Verbo
< apprimèconveniuiil, proindcqueet polcutia creaiidi.
« Lude palet solnlio ad ^.
f Olij. "2' : SS. l'alres, ul cl nos alibi observavimus,
« Sacramentorum ellicaciam admirantur, eamque ul
« cxplicent, ad solam Dei oninipotentiam ricurriint :
< atcpii nulla fore', taiita: admiratioiiis latio iiisi Sa-
( cramentorum causalitas esset pliysi:a. Quid enim
— DE SACRAMENTIS IN GENERE. 1288"
dam pcnè nccessariasil, neque aliter possiutnovilix'-
rclici certô refutari.
« tani niirnm quôd praesente syngraphâ moveatur
i quis ad debili soliilionem ? ergo.
4 W. ad 1 : Neg. min.; seu enim physica sit seu
« moralis bacramciilorum efticacia , est cur mirenmr
« et attoniti min^nur, quôd Dcus ad infirmi et egeni
« elemeiiti pra:seiitiam , atipie ad vocem lioniinis
« pierùm(]ne peccati sordihus involuli , lani cilô tam
« inlallibililer, tam slabililer animam ex liostc et
« inl'ensà per gratiam cieleraijue S. Spirilùs dona sibi
4 rcconeiliet , alqiie in cà niansionem facial. Elverô
î si mirelur oibis universus sletisse solem ad nnlnm
4 Josue, etsi idem Josue non Ineiil iiisi nioralis causa
4 (anti eiïectùs , quis non obsluposcat, ad vcceni
4 sacerdotis quandoque scelesti, illabièrœlis in terras
« Solem jiistilia), ul pectus imiiiundtim suheat? An
4 etquousque jusla sil pelita è syngraphâ comparatio,
i expendam paulô infra. ilic solùm animadverlam
« adversarios (jui admillunt pdlenliam (diedienlialeni
4 in quolibet ad (|uodlibct, liaiid mullùm mirari dcbere
« cur Deus per Sacramenla lacial id ipiod ab i[)S0 per
4 muscam lieri posse conliteiitur.
« Non est pliiris quod objiciunt alii SS. PP. com-
« par.irc Sacramenta causis naturalibus, v. g., nlero
4 vinjimdi, ciquœ ferwnli, semini, etc.; id enim co
< solùm consilio faclum est , ut indicaretur Sae>a-
4 menta verè gratiam parère. An aulem pbysicè id
4 iicrct,an moraliler, non expendeiunl Paties, nie-
« taphysicis liujusmodi (|uiostionibus parnm iiilenli.
« Elverô si urgeaiitur id genns couiparaliones , lacilè
4 qiiis sibi persuadebit Sacramenta causas esse gralia;
4 nalurales.
€ Insl. cum Ysamberto : Quse vim sanctiiicuidi
4 combibunl, quce à Spiritu sanclo fœcundanlur, (]ua;
4 ellicinnlur idoiiea ad regenerandum , h;ec uti(pie
î physica gratia; insirumenta ceiiseri debenl; aiqui
4 Sacramenla noslra.... Prob. min. lum ex Teilul-
1 liaiio, qui lib. de Rapt., c. 4 : Aqua', inquil , sancti-
i « /icutœ à Spiritu Dei vim sanclifieandi combibunl ; lum
I t ex precibus per (pias in benedictitine lonlis bapli •
4 smalis postulat Ecclesia à Doo , ut dignctitr aquis
4 imperliri vim recjenerandi.... ut Spiriius saiictus ar-
« cunà sut numinis admixiione cas j'œcundet ; ul siuicli-
4 ficnlione conccptù ab immacuUilu divini fœtus utero in
4 novnm renata creuturum progenies cœleslis emergal ;
4 ergo. — R. neg. uiaj. ; alioqni euim , ut l)e.:è nolal
< doctissimus Tournely, et ipsa, (pue singulis doiiii-
4 nicis benedicitur hislralis a(|ua , pbysicà virlule
4 abigeret d;emones et murbos fugaret ; cùm etiam
4 poslulet Ecclesia ut Deus liuic elemcnto virtulem sua:
i benedictionis infundat; atque ad abicjendos dœmones,
4 morbosque pcllendos diviiiœ graliœ sumat ej]'ectuui.
4 liis ergo precibus postulai Ecclesia rem ipsam, anl
4 iiidicat l'uturos rei elleclus , posilo (piôd milius po-
« natur obex. Ad niodum verô quo idem prnducilur
4 eileetus non altendit Ecclesia. Elverô qnid plus
4 pneslabil in fidelium cordibiis juslilicalio pli\sicè
4 producla, qiiàni moraliler? QiiidChiislianoi uni inlci'-
4 est an aqua' vim physicam sa.icl'licanili conibib.uil,
4 an solùm moralem , modo hx'c el ceilô cqiei cltir, et
4 .'^ine violenlà tcrminorum expositione adiniui pos-il ?
« Obj. 5" cum Gonelo : Ex conciliis Floieiitino el
« ïiitunlino Sacramei.la novie legis graliam cohti-
« iiciii; aUpii cùm id verificaii necpieal vel de conli-
4 nenliâ locali , quia gratia non conlinetiir in Sacra-
4 nieulis ut aqua in vase, vel medicina in pixide , ait
« S. Ronavenlura ; vel de continenlià per iniiasio-
« iiem, tpiia gratia, ulpote accidens spirilualc rei tor-
4 porcLC inluererc non poiesl , non aliter quàm do
4 enicienlià virluali vcrilicari polest. Jam verô c((i-
« cieiitia ha!C iiialè dicen-lur viilualis, nisi Sacra-
4 menta eo pcnè modo gr.iliam continereiil (ino sol
4 calorem eriicit. Alioipii enim Sacramentorum cfii-
I « cieiilia eo erga graliani se liaberel modo, <pio erga
I 4 pecuuiam bvngnpha débitons ; alqui iionnisi abu^^
iâ89
QU^ST. IV. DE EFFICACIA ET VIRTITE SACRAMEiNTORUM.
i29u
lla;c vcrô (iùm cxplico, oro virniii llioologtmi, ni
advcrlat aniiuuni dilifrentcr.
sivè (lici ]U)ssot ponmiani in dcltiloris syncrrnplià
conlincri , (|iiia ad cjiis oxliiltitiniiciii U'iictiir d«,'lii-
lor |teciiiiiaii» ri'fuiulerc ; crj^o malt! cliaiii dicoroUir
Sacramonla graliain coiiliiu'rt', ol osso graliaî va^a,
nisi caiii plivsicè rontinoronl al(|ue prodiircrcnl.
I R. 1° relo'rqiioiido armmioiiliim, (|iiod liic sa-piiis
et facile lioi'i polesl : I ' onini Saciamciita ciiin rc-
vivisciiiit , smit vasa grali;»', caiiiqiu; voit produ-
ciint ; alipii laineii liiiio non agtiiil iiisi moralilor, ex
Sylvio et Siian' ; orgo ut Ycriliccliir lalio loqiieiidi
àcoiiciliis ustirpata , non retiiiiiitiir criicienlia vir-
Inalis plivsicè operaiis ; ^i° concilia cl l'alics cndoni
gcncrali modo dicnni auxilia specialia (pue à Sa-
cramcniis dcrivantnr. prodnci ah iisdom, quo pro-
ducitnr gralia liabiln:ilis ; al(|ni lamoii reccptnm esl
acUialt's gralias, (jna' diii sa'pè {losl accepla Sacra-
mettla producnnlur , nonnisi moraliter prodnci à
Sacramenlis ; 5" aiuiit (]niique Paires, sanguinem
cl passionem Clirisli mnndaie nos h peccalis , jn-
slilicare nos , clc ; aiunl insnpcr vires sanclos
opcrari miracnia, darc sanilatom , visnm restilnero
c;ccis , snrdis audilum , etc. ; alqni lamcn no(}nc
sanguis Clirisli jiislilicat plivsicè , iicqnc viri sancli
miracnia physicé operaiiUir , scd iiioraliler solnm
qiialcnns a'grolanlium sanilalcni fnsis prccihns im-
pelrant à Deo ; crgo. Vide Liujo , ibid., n. o! et seq.
I R. 2° ad 1 et 2 : Neg. min. ; ad 3, 1° neg. maj. ;
ul enim Sacramenla eo erga gratiam modo se pr;e-
cisè non Iiaheanl, quo syngrapha erga debitnm, salis
est ul syngraplia sil poliùs moralis occasio solvend.e
pecuniic, quàm causa ; conlra verô Sacramenla sint
poliùs causa moralis gralia^^uàm occasio; aiqui 1"
res ilà se liabet de syngraplia, Illud. enim non lam
est solnlionis causa (piàni occasio, quod non facit ut
quis debeat et certô donet, sed solùm ut conslet de
debilo ; alqui syngraplia non facil ut quis debeat, vel
cerlo donet, scd taiilùm ut conslot de debilo, cujus
memoriam revocat. Hinc snblato eliam chyrograplio
tcnetnr debilor solvere , ncc semjier solvit ad pra;-
sentiam cliymgrapbi ; ergo syngrapha, saileni com-
munilor loquendo, nec moralis est causa, nec, si
stricte loqni velis, condilio debili solvendi ; sed tola
bujus. debili causa est vel promissio debcnlis , vel
acîio propler quani promisit.
« Atvcrô Sacramenla poliùs snnl causa quàm occa-
sio grali;c; non enim concurrunt revocando tantùm
in memoriam promissionein Dei , sed inducendo
obligalioncm , et ideù movendo Denm ut gratiam
conférât ralione prim;Te instilulioiiis et promissionis,
qu.ie sicut fada esl sub corum condilione , lia non-
nisi ipsis posilis obligal : quomodô mérita Christi
vcrè sunl lumiana; salulis causa, quia posità corum
acceptalionc à Deo, Denm per se movent ad procu-
randam bominis salniem.
< Elvcro ea non sunt mène occasiones , quaî dùm
Clirisli nomiiie exeiceiilur , sunt velut acliones
Clirisli ipsius continuât.^, adeôque si non meritoria!,
sallcm per se certô iinpelratori;u; alqui Sacramenla
sunt velut acliones Christi conlinnala\ Iliiic , ut
pondéral S. Auguslinns , lib. o de Rapt., cap. li,
idem S. Paulus, qui aliipiando Evangclium vocal
suum , nunquàm snum vocal Raplismum, quia Ra-
plismus est Clirisli aclio plus quinn bominis; orgo
Sacramenla juxla nos inero signe comparari non
possunt, liedera^, v. g., (pue dunlaxal vinum signi-
fio^at, non aulcm ipsum priebct nisi prasbilà pccunià,
imo nec sic sempcr.
« Mon désuni tameii qui cum Juenino negent min.
Ec(piid enim, inqiiil ille, velal ne Sacramenla gra-
tiam conlincre dicanlur ul syngrapha pi'cuiiiam ,
cùm ad syngrapli.e exliihilioncm Icncliir debilor ex
praicedenti paclo pecuniam nnmerare. Certè si lalis
adiuilli non possct comparaiio. maxime (piia doceiil
J». XX.
PuonvTio PRIMA , ex siipremû Dei polestalc.
Ac primo poluissc Deum virtulem hanc Sacramentis
l'R. Tridciitini Sacramenla opcrari ex opère opc-
rato; alqni Iuim' ralio non valcl. ILcc enim operis
opcrati doclrina soh'nii signilical Sacramenîa gra-
tiam ihdopendciitc'i ;i mcrilo ininislri conferro iis
oninibns , qui ad la rite disposili accesserinl ; crgo
bincc(»lligi ncipiil pliysica Sacramenlorum opcralio,
quam sliitnere nohierunt Patres concilii, quibus
cordi oral non ni Calliolicorum opinioiies , sed ut
errores ha'rclicoinm prolligarent.
1 Obj. i" : Si Sacramenla physicè non operanlur,
jam sunl condiliones sine (piibus non ; alqui fal-
snni consequens. Minor palet 1" ex unanimi cori-
sensu ibeologornm, qnos inler snfliciat adduxisse
S. Tliomain : sic ille, in i, dist. 1, q. I, art. i :
Quidam dicuiU quod Sacrduienla non sinl causœ
quasi fucicnli's adquid iii anima, scd causa' sine qui-
bus non... ; cl est simile de illo qui accipil denarium
plumbcum factà tati ordiimlione , ut (jui liabucril
unum de illis denariis Itabeat centum libras à retje,
qui quidcm denaiius non dut illas centum libras, sed
solus re.v accipicnli ipsum. Et quia paclio lalis non
crat fada in Sacramentis vcleris legis, ut accedentes
ad ipsa gratiam acciperenl, ideb dicuntnr qratiam non
conferre... Sed hoc non vidclur sufjicere ad salvandum
dicta sanctorum ; quia alioqui , ut snbjuiigit S. do-
clor, Sacramenla non cssent causa gralia\ sed causa
per accidens, nec dilîerrcnt à Sacramentis veleribus
secundiim ralionem causœ, sed solitmquantian ad mo-
duni significandi, in quantum liœc nova siynificant
gratiam ul statim dandaui, illa verb non; 2" (jnia pura
condilio non causal efleclnm, ncquc in eum iniluil,
sed requiritnr lanUnii ut causa agat ; sicapproxima-
lio ignis ad lignum non induit in calorem ; alqui er-
roneum esl, Scripliirajqne, conciliis et Palrihns re-
pugnans, dicere qtiùd Sacramenla in gratiam non
influant; 3' quia coiicilimn Florenlinuin iia statuit
Sacramenla nostra gratiam parère, ul hoc dencget
anliquis ; porrô si Sacramenla noslra nihil esseiit
aliud quàm mera condilio, nnllum esset illud dis-
crimen ; vclera enim Sacramenla erant saltem con-
diliones, ad qnarum pra;senliamDeus gratiam con-
ferebat; ergo consiat minor.
î Prob. iiaque major. Condilio sine quà non , ea est
quse licètnon detcrmincl, ila se liabet respeclu 60*6-
ctùs, ut is eà posità jonalnr, et sublatà tolJalnr;
alqui sic se habenlSacrameiita in sysleinate noslro.
lis enim positis ponilur elfeclus, non quia Deum
déterminant, scd quia delerminavit se Dcus ad po-
nendum hune effccium quoiies signa liaic poneren-
lur ; ergo.
c R. 1" argumcnlum hoc adversariis solvenduin
esse, pro iis saltem casibus in quibus juxta ipsos
Sacramenla tanlùm moraliter operanlur, puia cùni
Sacramenla liclè suscepta reviviscunt.
i R. 2° ad I : Neg. maj. ; condilio enim pura nihil
liabet aclivi, nihil quod influai in ellccUnn ; alqni
Sacramenla verè influunt in ell'ecluiu ; ergo non
snnl pnr.c condiliones sine quibus non. Lt vero
condilio sine qiià non, non niovel agens principale
ad aclionem, sed lanlùni removel id ipio aclio ejus
proliiherelur ; aUpii Sacramenla Deum ad grati;t
iiirusionem movent, moraliter quidem, sed tameii
verè; ergo. Ilinc.
i Ad 2, neg. min. Ea enim moraliter delerminaiit
Deum, qu;c Clirisli mérita nioraliler dclerininanlia
sibi annexa liahcnt, ni eo sensu includunl et exhi-
bent aliqniil lumian;c justilicalioni àMpiivalens ;
ipiod proleclù non eflicit deiiarius plunibeus cujus
loiiiparalionein rcjicil S. Thomas ; aUjui lalia sunt
Sacramenla ; crgo non sunt iner;c condiliones quiu
non déterminent.
1 Non nego condiliones aliquo laiiori et improprio
sensu vocari posse causas morales, quatenùs aliquo
U
WA
DE RE SACRAMENTAÎUA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
!Î92
communicnrc , quà rallone ncgarc aliquis aiulcnt , non
viilemus: nam vcl hoc idcô impossibilc judicaliir,
(t modo ad opcraiidum niovonl ; veriim longe aliter
« ni.)vt'iil (|iiàm causic cliani morales. In liis siqiii-
« dem motio, liabct se in ralionc primipii clTicienlis;
« in iliis molio, si (piam admilli placet, non^esl princi-
« piinn ofliciciis, scd id soli'iin quod eom|)let casum el
« circumslaiiliam , qiio principium aclioiiem suam
« exorcrc dei)el. Sic si jusserit licriis faiiuilnm simin
<i pccnniain daro Polro (piolios gallus canlaverit, galli
« canins mcra crit condilio, iicri vcro inandalnin
« pnra causa, (pua l'anuilus non à canin gidli, sed ab
« iicri jiis^ionc cf!icicnlcr movcbiuir. Sic rnrsns si
« pr.ocepcrit conlessarius ni pœnilens qnolibel leslo
« (lii; inliimos visilct , episcoi)ns vcrè novuni insli-
« lual l'csUnn , privcopUnn confcssarii alio longé
t modo pœnilcnleni movcbit, qnàm cpiscopi insliln-
« tio; ci>iscopus enim, eliani nesciens, coniplcbit
€ ([uidem casum in qiio lenolur pœnilens infirmes
€ jiivare ; al solum conlessarii pra-cepimn ellicienler
« dclerminabit. Undc si pœnilens inlirmis desil ,
< conCessarii solius, non aulom episcopi legem trans-
t grediclur. Atque luico dislinclio est neccssariô
« admitlcnda , ne cogamur faleri usum seu sumplio-
i nein Eucharisti;c esse nioralem graliac causani,
i adoôqnc et parleni Sacramenli inlrinsecam, non
« sccùs ac corpus Chrisli ; quod idem de disposi-
« lione requisilà, seu obicis ablalione in aliis Sacra-
« mentis dicendum csscl.
« Non nego varias fieri posse hypothèses in quibus
« res eadem possit esse condilio et simul causa mo-
« ralis. Sic si consulani Pelro ni de quâcumque illalà
« sii)i injuria pœnas répétai, injuria quà subindc af-
« licictur, polerit esse vel niera condilio sine quâ
« non, si ncmpe l'elrus non ex vindiclà pœnas su-
« mat, sed ut consilio meo obtempercl ; vel simul
€ esse el condilio et causa moralis, si nimirinn Pc-
« tins ex niotivo vindictui, non secùs ac ex consilio
4 meo ulciscalur. Sint crgo, si volent adversarii, sint
« Sacrameiila condiliones ; sed sint simul condiliones
€ quix; quasi plena; Chrisli merilis Deuni potenter
« et perpcluô déterminent ; tune ponù neccssuui
« est nt in iis imbibalur lola ralio causa; verse
« moralis. De his plura nec coniemnenda videris ai)ud
« Lugo, disp. -ijSeet. 5, n. 71 et scq.
8 Oiij. 5° : idem sit de civteris Sacramenlis judi-
d cium ac de Pœnilenlià ; ncipie enim hujus major
i est efficacia quàni aliorum; al(pii Pœnilenlià graliam
« pliysicè producil. Eo enim modo graliam prodncil
1 Sacramenlum Pœnitenli;i;, quo sacerdos pœniten-
« leui absolvons; atqui sacerdos graliam producil
« ])iiysicè. Prob. min. 1", quia alioipii mendacitcr
« dicerel : Erjo te absolvo, nisi verè et realiler dimil-
« teret peccala, ac proinde graliam producerct \. 2"
« quia sacerdos Pœnitenti;c minisler, gerit judicis
« vices, sicut et pœnilens vices rei ; alqui judex in
« humanis verè et pliysicè per aucloritatem sibi à
(i principe commissam réuni absolvil ; non autein
« alium excitât ad dandam reo obsointioneni, eamve
« ipsi impclral ; crgo. lia el laiè Goncl disp. 7>, n. 02,
< posl Suarem, disp. 0, sccl. 2.
< Pv. ad 1 et 2 : Neg. min.; ad 1, 3, neg. ant.; qui
I enim moralis est causa alicnjus eireclùs verè dicere
« polesl : Efju id upnor. 'i\t Chrislus vcrè posset di-
« cere : Eyo vos pcr sanijiiincni viaim juslifico, licèt
* juslificalio noslra luumiïi moraliter per Chrisli san-
4 guineiu peracla i'ueril. Sic quo(pie dicere possel
« cpiscopus in ordinalione : Jh liln puteslïilcm offe-
« rcndi Micriftchuu, lict t polcslal.oni banc non pliysicè
« pariai, sed soliun inoralilcr. Kl vcro qui igneni stu-
pis applical verè est causa combuslionis, et lamen
* non proihicii pliysicè coaihustioncm.
\ « Ad2,ô,R. 1' longum esse discrinien inler judi-
« cein in foro Pœnilenlià", et jiidiceni polilicum. Is
( scilicel in animam non agii, et sive 'ibsolvai, sivc
quia sunmiam cjus sapicnliam dedecet, vel qui.l divi •
naî, potenlia; mêlas excedil; alqui nculrum sana ra
« condeninet, nec Cacit hominem reum nec Innocen-
a lem, sed utrumque sui)ponil; alvero Pœnilenlijî
« minisler animam vcrè abluit per graliam , ant pec-
« calo infeclam relinquit; (pi;e slupenda adeù sont
1 Dei ipsius operalio, ut crcalura ad eadem aclione
« physicà concurrere po^se non videalur. Unde seu
« j\Klex polilicus pliysicè operelur, seu non, niiiil
ï pro physicà sacerdolis aclione colligi polesl; pra;-
« serlini cùui absolulionis vei'ba physicé esse dcsic-
« riiit, (jnando eU'eclum suuni producunl.
« U. 2" : Neg. min.; verba euim judicis polilici sunt
« quideni physicà, sicul et veiba sacerdolis ; sed non-
■î nisi nioralem ellV'clum, et nonnisi moraliter pro-
d ducuni. Quis enim est jiidicialis scnlenlia; ellèclus,
<r is solùni ut hic vel ille venià vel pœnâ dignus repu-
<t telur; alqui is clTeclus solùm moralis esi,nec
3 alio quàm inorali modo produci polesl ; crgo.
« Obj. 0" : lUimanilas (Chrisli per suas acliones mi-
« racola pliysicè produeebat; crgo cùni Sacramcnta
« sint acliones ipsius Chrisli, debenl graliam vi phy-
î sicà prodiicere.
i R. 1" : Neg. ant.; etsi enim humanilas Chrisli
« prodigia qu:edam operari poUierit pliysicè per do-
« tes sibi indilas, puta aquis inand>ulare, posilo quùd
« ei jam ab inilio dos agililalis concessa lueril, liaud
<i lamen ex Sci'ipturà vel iradilione deduci polesl,
< eam ad miracula quitcuiihpie vi piiysicà coiicur-
« risse; undc id posl Barradium el alios plures ne-
« gant Lugo, hîc, n. GG, et Marliiion, disp. 21, p. 7G.
« R. 2' : Neg. conseq., 1° quia elsi acliones à
« Chrislo personaliler exercise graliam pliysicè pa-
1 rere poluerunt; non ideo idem eril de aclionibus,
« qu;« nonnisi moraliter sunt acliones Chrisli, f]uale-
« nùs cjus nomino à ministris cjus cxcrcenlur; et
« quii) siepè sunt ralione agenlis vitiosa;; 2" quia hu-
i manitas Chrisli animas vel corpora sanaiilis pliy-
« sicè coexislebat sanationi liuic ; alverô Sacrainen,la
a non coexistunt physicè infusioni grati;c, cùm jani
« desierint quo lempore producilur gralia,
ï Obj. 7° : Veri admodùm siinile est Deum Sacra-
it mentis indidissc causalilatem , quam potuit maxi-
1 niam; alqui pliysieam dare potuit ; ergo.
« 1». 1" : Neg. niaj., quia in his materiis id soUiin
1 verisimile est, non (|uod mens noslra optimum aut
« maximum imagiiialur; sed (piod et revclalioni
« congruil, et raiioni non adversalur ; porro (piod
« Sacranienta qua; physicè desierunt, pliysicè ope-
« reiitur, el répugnai raiioni, el ex Scripturà oslcndi
« non potest; ergo.
« Confirm.: Ad digniiatem Sacramenli ea uiiipic
« sullicit elficacia , qua; Chrisli merilis el passioni
« tribuitur; alqui Ikii;c solùm est moralis: ergo.
i W. 2' : Neg. min.; sicul enim oculus corporeus
« ad videiidum Demn clevari non polesl, sic nec si-
« gnnm malerialc clevari potest ad productioneni gra-
« lia', qua! est in génère penilùs diverso.
« Quod ait (îonct Dei bonilalem conimendari e\
« co quôd res corporeas ad gralia- produclioncm cve-
« xeril , n<)n videtur serium salis. An enim divin*
« bonilali quidquam decedel, si morali, non aulem
« physico modo graliam per Sacramcnta producal?
« Certè si sanctus (juis cx'CO visiini reddat, itquè is
« grains crit ac mcmor, seu physicè, seu sulùm nio-
(I rallier usum lucis rcceporit.
I Inst.: Igiiis inferiius lametsl malcrialis verè et
' physicè tonpict subslanlias pinc spiritales ; ergo
« pariter Sacranienta, licèt corporea, graliam parère
j possimt.
« U. 1° : Neg. ant. cinn Scotistis, qui lartareos spi-
'. ritus nonnisi moraliter, seu, ut aiunl, iiilentionali-
« ler per ignem lorqueri docenl, mhh quideni, sed
( imticii vcris uwdis, ni loipiilur .Vuguslinus, lib. 21 dQ
Cisii. !)ei, cap. 10.
1203 QU^.ST. lY. DE EFFICACIA ET VIRTUTE SACUAMENTORUM. 1291
tio admittil. Non primuin : non cnini de divinà ac de ;, sinit immdi, inqnit R. Paulus , 1 Cor. 1, 27, elegit
liiinianà sapicntià par dcbel esscjudicium: Qtuv stulla
« R. 2° : Ncg. conscq. ; clsi cniin concijii possil
» igiioni, qui S|)irilil)iis pra'sons csl, in oos pliysicè
s vini stiani cxiM'core, liand lamon conoipi polcsi Sa-
« craniciiUiin, ([iiod jarn osse dosiit ct'ini priidiicilur
« ojnsdom olU-clus, pliysicè opcrari. l't crj;;o aliiiiiid
« probarcnl Tlioniisla', osicndendniu forot da'iiHMics
i pliv>icc Inr(inoii iiîno jani oxliiiclo, sou qui S(H'ii:i-
« dùiii onmcs snî parles esse d('si( lil. Id |)ori() ricc
< oslondrnint liacicnùs, nec dciiicciisoslciidcMl. Addo
« li:;c alia([iie id gcnns argniucnla (liii)lii'i laliorare
i vilii), prinnini, qiiod obsccriini pcr obMcmiiis pro-
« bcnl; scciuuhnii, qnod e\ nialt-iàis prorsùs abcnis
« polila sint. Quasi vcro cùin ai^iliir de Sacramciilis,
« iCMiolissinias abornni Iraclalutiin parles indagaii
€ o|)orl('i'('l.
« Ohj. 8" : l'i Sarranionliun t,'raliaui itiiysicè parère
« dicaliir, suriieil ni allingal niiioneni graiia; onni ani-
« ma ; qiieniadnuxbini ni bonio lioniinis causa dica-
« liu". salis esl ni allingal nnioncni anima; cnni cor-
(( |iorc ; alqni Sacramenlum niiioncni gralia; cum ani-
« nià allin.yil; erfço. — ■ R. : l>alà majore qn;e iiibil
< ciari habel, scd ad calii;iiiem viib'lnr labricata, neg.
« min., (piia (piod jam nihil esl cnm gralia nnilur
« anima', miionem bano pbysicè paren; necpiil; alqni
t Sacrameiilum jam |)hYsicè niliil esl cimi gialia imi-
« Inr aiiim:e; ergo lieri neipiit ul nnioiiem nlriusqne
« prodncal, qna- proinde à Deo sob) pbysicè prodiici
i polesl. Idem esl de nnioiie anim;fi cnm corpore,
« qna! in sobim anima; ralionalis Crcalorem polesl
« rebmdi, non in bomiiiem, (pii solùm nllimam dis-
8 po.^ilioMem ponit. Elverô, si Sacramcnlnin i)ra;di-
« clam nnionom allingens, graliam parère diceretnr,
« liomo allingens miion-m cnm corpore , dicerelur
« animam ralionab;m producere ; (piod lamcn fal-
d snm esl.
« Concbisio sccnnda. Saeramenla graliam morali-
u 1er operanlur.
1 Prob. 1": Vel Sacrainenla moraiiler operanlur,
« vel |)bysicè, vcl mera; siuit condiliones ; atipii ncc
« ojteranlur p'iysicè, ncc mcra; sunt condiliones, ut
t proiiavimns ; crgo.
« Prob. 2": .Modiis operandi modum sequilur es-
I sendi, ex Irilo axiomale ; atqui Sacrantcnta, ni Sa-
« crann^nla, siml solùm cnlia moralia. Saeramenla
4 criim non sniil sobnn res piiysiea;, scd rcs qnie ex
« ordinalione Dei graliam signilicanl; aUpii res qna;
« (piocmnqne modo abquid à se diversum .signilicant,
« sunl neecssariù enlia nmiaHa. Klsi euim res ipsa;
« pliysica", siiil cpiid pbysiei, carmn lamen depulalio
« ad bocveiilbid, est (juid morale. Sic moncla, clsi
« secmidùm subslantiam auri vel argenli est eus pby-
d sictnn, |)roiil lamen liimc vel ilium valorem babel,
« esl cns morale, ipiia «il sic componiliir ex métallo
f et instilnlione principis, qui ccrlnm métallo valo-
« rem Iribuil ; crgo.
« l'rob. 3", qnia ni Sacramenlis non alla quàm mo-
1 ralis cansalilas atiribiicnda sil, tria stdliciimt, T ul
t caiisalil.Ts pbysica vix ac ne vix qiiidem intelligi
t possit; 2" ni cansalilas moralis sil in rci verilale
< cansalilas propriè dicla ; 3" ni snlliciatad explicanda
« Palrmn c()neiliorinni|ne leslimonia in quibns vis et
d ellieientia Sacramentormn maxime eoiumendalur ,
« al(pii r'plivbica cansalilas plena esl andjagnm et
« ob-eurilalis, vix(pie ab aliis (piàm ab as^erloribus
« suis inielligi polesl, nt dixiiiius |)ioximè ; 2" causa-
I lilas moralis csl vera et propriè dicla cansalilas,
« ni fatelnr ipsc Suarez, cl bine palet (piôd qui CcC-
« dem imperat, vera sil liomicidii causa; unde et I)a-
« vid Uriam interrecisso diciliu' ; 5" demùm eadcin
f cansalilas ad explicanda l'alrnm conciliormnqne
« dicl I snflicil, pronl etiam ex diclis licpiet. Elverô,
« si Scriplurii simpliciier et sineaddilo dical sangui-
{ nom Ciiriîlimundare ab onini pcceato, fideni "^al-
Dcus ut coiij'iaidul supicules ; cl infirma mundi elegit
« vare, eleemosynam liberart; à morte, licèt nninda-
(I lin, sains, liiieratio à morte ab iisce cansis non
i jtbysicè, sed moraiiler prollnanl, qnidni .Sacj'amenla
« sini|)lieiler dicanlnr panne graliam, licèt Ji')n alià
« (|ii;mi morali ellicieniià dcnenlm?
( Obj. 1" ex .Joan. (i : Caro Clirisli in Euciiarislià
« vcrè ist cihns , ac proinde V(Mè nnliit ; set! qnod
4 moraiiler lanlîmi operalnr , non verè mitiil; sed
« quasi metapborice tanliim ; ergo. — R. .Neg. min.;
a vcrè enini nnlril id cpiod animam impingnal, et
« adversns lioslis tenlaliones munit; alqid qnod
« moraiiler graliam paril, ulruniquc abundè pra;slat;
« ergo.
« Obj. 2": Si Saeramenla sint morales causa; gralia;,
« profeclô quia Denm movent ad ejns infnsioncm ;
« alqin Saeramenla Deum lioc paclomovere non pos-
« sunt. Vel enim movent raliom; sui, vel ratioiie suai
« à Chrislo elcvalionis ; alipii nenlrum dici polcst.
« Non prinnnn, quia ablulio in Haplismale, v. g., est
< quid maxime iiidillèrens, et alinndc in menleni agere
« ne(pnl. Non sccundum ; eùm enim cievalio Sacra-
« menli sil eidem exlrinscca, jam non à Sacramenlis,
« sed à Cbrislo Sacramentem élevante moverelnr
« Dens; sicquc rneretvis lola Sacramenli,
« R. ad 1 : Neg. ndn.; ad 2, neg. ma]., et dico
« Saeramenla ncc ralione suî tantnm, nec lanlùm ra-
« lione elevationis, scd ex concursn ulriusque Denm
« movcrc ni graliam largiatnr. Nenipe verù movent
I ni enlia moralia; quôd autem moralia sinl, nec e.v
« solis malerià et forma babenl, ncc ex solà eleva-
« lione, sed ex ulrinsque concursn.
« Obj. 3" : Polesl sacerdos ob mabnn (incm ])apli-
« zare ; atqui (icri iiequit ut aclio bacc qn^c mala est,
< Deum moveat ad collationem gratine; (|nod tamea
i debcret lacère, s; aelio Sacramenlorum csset niora-
« lis; ergo. — R. disl.min. : Fieri ncqnil ni aclio bxe
« qnalenùs mala esl, concedo ; qnalenùs est aclio
i Cbrisli, ejns(pic nomine exercila, nego. Si enim
« aclus baplizaiidi, snb primo respecln aliijnid niali,
« esl uliqne snb secundo respecln aliquid oplinii,
j quodquc, utpole Clirisli meritis grave et quasi l'œcun-
î dalnm, vim Dei niovendi serval inlactam.
« Obj. V : Aliter movent signa Dei, quàm signa
« diaboli; alq.ni signa magica diaboli cnmdem mora-
« liler movent; ergo signa Dei, qua; sunt Saeramenla,
c alio quàm morali modo movere debent. — R. I" :
( Neg. maj., cujusrobur lolum inantilbesllictiliàsilnm
« csl. An enim quia angeli mali bomiiium pcceato
u moraiiler eooperanlur, dicendum erii angelos hmos
« bonis justorum o|ieribus vi pbysicà cooperari, ne
« par l)orum et illornm aclio" esse inlclligalnr?
« — R. 2° : Ni'g. min., nam, nt benc observât Lugo,
« disp. 4, n. 67, da'uion nativà snà indole l'allax^
i mailct eiim cni (piidpiam promisit,- ludilicare, quàm
i slare promis.^is. Lnde non lam vi paeli conv(>nli,
1 (piàm proprià neqnilià UKiveluradservandam lidem;
« neqne banc semper serval, quia id non paliiur
« Dens; quo lil ut nulbi ejns signa elleclmn liabeant
t inl'allibilem. Alverù Saeramenla et iulallibililer
i Deuuï movent , et pcr seipsa lanqnàm lolideni
« Cbrisli aclioncs movent.
« Obj. ri' : .Minisler Sacramenli dicilur graliam con-
c ferre; alqni si nimiisi moraiiler Denm moveat,
« non poleril diei ((inlèrre graliam. Tune enim mi-
i nister babebit se ni credilor qni,exbilii;à debilori
< syngrapilà, bimc movet ad eollationem pecimia;;
« alqni credilor ille nnllibi genlinm dicilur i)icuniam
« dare seii solvere ; ergo. — U. ad 1 : Disl. maj. : Di-
< cilnr graliam conlèrre ul causa inslrumenlaiis, coh-
€ cedo; ut causa primaria, parivccnm eà gradn con-
< currens, nego. Sic, dislineià min., neg. cnnseq,
( Solnlio palet ex dietis. — R. ad2 : Disl. r.Minislorse
b;!bet ni rrcdilor, se, inquam, habct qnanlùm a^^
'1295
DE RE SACRAMENTAUIA. — DE
til confundal fortia ; et ignobUia mumlï cl contcmptibi-
lia elc(jit, et ea qiiœ non sunt , ut ca quœ sunt dcstrue-
ret. Non debemus ilaque in^cstimabiles divinrc sa-
pienliu; tliesaiiros huniano judicio diincliri; ila ullioc
ipso aliquid Deum dedecere pulcimis, quôd nobis
parùiii conveniens visum fuerit : uiidè qucmadmodùm
in incarnalionis et crucis mysterio Dci virlutein et sa-
pientiam deniiramur, eliamsi Christus crucifixus Ju-
dicis quidem scandalum, genlibus aulcin slultilia sit;
ila ncc possumus Deum infinnilalis aiit iiiconsideran-
tiai accusarc, si visum ei fuerit uti Sacramenlis tan-
quàm physicis gratiae instrumenlis ; imù quô inlirmiora
hxc clemenla fueririt, ad elTeclus tam admirabiles
producendos, eô magis divina sapientia elucebit , quœ
vocal ca quœ non sunt, tanquàm ca quœ siuit, Rom.
4, 17.
Sed nec alterum dici débet : unde eiiim , quœso ,
infères, prœstare hoc Deum non posse? An quia lam
stupendai banc virtulis viam et rationcm cogitando
«on assequeris? Atqui si hsec est lui norma judicii ,
de omnibus fidei mystcriis aclum est, qtitc nedùm
coniplecli aninio, nec suspicari quidem, nisi Deo
révélante, valebas : an forte quia inlcr corpus et spi-
ritum, naturam et gratiam , tanta pugnantia est, ut
nec à Deo quidem vinci possil? Atqui lemerariô illud
dici niulta exempla demonstrant.
Sic enim Cbristi hunianilas piocul dubio est ali-
quid naturale, qui per illam simibs faclus est nobis :
atqui bumanitas bypostaticè verbodivino nnita inslru-
mentum fuit, non morale lanlùm, sed eliam pbysi-
cum, qiio Cbristus utebalur ad gratiam largiendam
et niiracula pcrpclranda ; hoc enim Scriplura insi-
muat multis locis, Luc 6, 19 : 8, 44 et seq.; Joan. 1,
17, cl S. Thomas expresse docet, 5 p.,q. 8, art.l ad i:
Dicendum, inquil, qubd dare gratiam aut Sjnrilnm
sanctiun convcnil Cliristo sccundiwi qubd Dcus est au-
ctoritalivè : sed instrumental} ter convenit etiam ei, se-
cundiim qubd homo, in quantum scilicet ejus humanilas
inslrumentum fuit divinitalis ejus, et ita actiones ipsius
exvirlute divinitalis fuerinl nobis saluliferœ, ulpote gra-
tiam in nobis causantes, cl per meriium et pcr efjicien-
tiam quumdam : quorum similia alibi siopiùs repetit
5. doclor. Vide 3, p. 4, 48, art. G., q. 49, art. 1
ad 2, q. 04, ar!. 5, in c, et alibi sœpè.
Dcindè mortuos suscilare, c;ccis visum, leprosis
yliisquc graviter œgrotantibus sanitalem momento
reddere, et pleraque Inijns generis prodigia, oninem
natura; vim superanl ; atqui signa hsec faciendo, Chri-
* « aliquid , concedo ; quantum ad oninia, ncgo.
\< Geminum enim est priccipuè discrimcn inler nii-
< nislrum qui Sacramenla, et ( ledilorem qui sche-
< dulam cxhibet : primum quôd miiiistcr ex Chrisli
« inslilutione habeat vim cerlam obtinendi clToctCis;
< créditer vcrô sœpè saepiùs voces obtineat, et niliil
« ultra : secundum, quod ad objeclioMcm magis facit,
« ([uôd créditer non possit dici solvore, quia solvit
« non ([ui jus babet ad dcbilum, sed qui debitum con-
« traxit ; contra vero minisler dici possit gratiam dare
< quia nihil est in ejus persoiiâ quod buic dantis ap-
« pellationi résistât; modo lamen nonnisi instrunien-
i tabler dare inlelligalur. t (Edit).
SACRAME.NTIS IN GENERE. 1296
sliis plorumquc ulebatur corporalibus , iisdcmquc
physicis instrumenlis. Lazarum ciiim qualriduanum
mortuum flcntibussororibus, Joan. 1, 45, et desolalsc
vidua; lilium unicum voois impcrio redonavit, dicen-
do, Luc. T, 14 : Lazare, veni joràs : adotescens, libi dico ,
surgc ; et ul caicum à nalivilate illuminaret,[lulo vebil
inslrumonto, non necessitale, sed voluntate usus est,
Joan. 9, G ; pariterque leprosum cl socrum Pétri
rebricitantcin , conlaclu manùs legilur libérasse
Matili. 8, 5, 15; quorum similia passim narrantur in
Evangelio.
l'railerea ignis corporalis à spiriluali substautià, si
naturam consulamus, lanlo distat inlervallo, ul nequc
in illam agoro, ncc uUiun possil ci doloris scnsum iu-
fligere; atqui nibilominùs divinâ sic exigenle juslilià,
ignis materialis inferni ad modum veri et pbysici in-
strumenti, torquel dœmones et animas damnatorum,
mirisque niodis, sed lamen veris, discruciat : hoc
enim S. Augustinus, De Civ. lib. 21, c. 10; S. Thomas,
Supp. q. 97., art. 5, et G, et alii plerique agiiosount ;
nec sana philosophia contradicit.
Denique quid opus esl Dei niiracula, absnlinaniqiic
ejus polcntiam allegarc, cùm ejusdcm rei babeauuis
in homiiie palmarc cl necessarium exempbnu? Nam
ex duabus diversissimis parlibus, corpore cl anima
homo coalcscit, quaruni tanta diiïcronlia est, quaiila
major iu naturà esse non polest: alqui ulramqiie lam
intima socielate conjunxit Dcus, inntoquc counncrcio
fœdcravit, ut dcpendeant à se invicem, cl anima in
corpus verè et physico influxu agat, vicissimque cor-
pus in animam influât, juxla loges à Deo sancitas ; ad
nutum enim voiuntalis, et nianus, et pedes, et bra-
cbia, et Iota corporis machina conmiovetur ; pariter-
que motus corporel veras in anima excitant doloris,
gaudii, inc, trislitiic, etc., alTectiones.
Quidni ergo paritcr Deus poleril Sacramcntis vir-
lutem illam Iribucre, per quam vclut divina; polciili;c
physica instrumenta, suos elTeclus verè cl non mora-
liler lanlùm obtincanl ; igitur nec divinam sapieniiam
dedecel, ncc superat poteslatem, physica Sacramcn-
torum efficicntia : quod si cui asperum videatur, me-
mineril non esse Deum ut hominem, nmllùque plura
posse facere, quàm cogitare humana intelligcnlia pos-
sil . Quo paclo tanla rcs, et tam admirabilis per Sacra-
mentum elJiàalur, inquil Calliechisnuis concilii Tri-
denlini, part. 2, lil.de Sacram., n. 25, ut, quemad-
modian S. Auguslini sciitoilià cclebralum esl, aqua
corpus tangat cl cor ablual ; id quidem liumanà rn-
lione alquc iiilelligoilià comprehendi non potest ; consli-
tulum enim esse débet, nullam rem sensihilcm suàptc
naturà eu vi prœditam esse, ul pcnctrure ad animam
queat; al fidei Inmine cognoscimus, omnipolenlis Dci
virtutem in Sacramenlis incsse, quâ id efficiunt, quod siiù
vi res ipsa; naluralcs pra'slare non possu)it.
PiiOBATio M, ex sanclorum Vatrnm sentcntiis. '
Quàm vcrô sit lurc doctrina consentanea verho Dei ,
pncclarissimè, nisi fallimur, déclarant toslinionia
Pairum supcriilis allegata, qux ad sensum moralis
efficicntia; iuftecti mill^ ralionc posse videnlin- : -Vos
15>97
QU^EST. IV. DE r-FFlCACIA Kl VlflTCTE SATRAMENTOUUM. 1208
piscicuti, ail Torliilliaiius, lil). de 15api., c. 1 cl so(\. r
in aquà nascimur, ncc uliter </««»« in aquà pcnitaiiciidu
salvi sumus....: omiics aquœ de prislinà oriV/i/i/'.s prœ^
rogativà Sacrnmcnlum sanclificalionis couseqmmtnr, in-
voculo Dco siipervciiit cuim stutiin Spirilus de eœlis, et
aquis superest, sanctificans eas de seuictipso; et ita san-
ctifkatœ vim sanelificuttdi combibunt.
Quod est utérus embrtjoni, hoc est, fidci aqua, ait
S. Joaiines Clirysoslonius, Ilom.Sr), in Joan., si qu'idem
in aquâfimjitur et /ormrt/HC.ElS.Cyiilius ; lil). il in Joan .:
Quemadmodiim infusa lebelibus aqua, si adnwvealur 'ujni
jeliementi, vini ejus concipil , ita S. Spiritùs eIJicacilaie
aqua ad divinam quanidam inefl'abilem vim Iransforma-
tur, omnesque demiim in quibus fueiit sanctificat. El
S. Léo, Serm. l olj.'), de N'at. D : Omni liumini rena-
scenti aqua linptismatis instar estnteri VirqinaHs_eodein
spirilu replenle fontem, qui replevit et Virqinem D.
Jésus origineni quam sumpsit in utero Virginis, posuil in
fonte Baptisnialis; dédit aqua' quod dédit matri : virtus
enim Allissiini quœ fecit ul Maria pareret Salvatorcm,
facit ut regeneret unda credenlem. -,
lia, inqnam, laiidali Paires : poleranius quideni
plcrosquc alios addere. Ideo auleni nobilissimos auli-
quilalis prolnlinuis, que faciliiis vol oninos idem sen-
sissc, vel ccrlè sine aiicloritalc ali(|nos dissensisse
luoasliarcnius. Et sanè invonire qui ab istoniui judi-
cio discrcpavcrint, [»aud facile fnerit.
Jani sic instiluinius argumentuni : Si Sacranienla
concedanius esse pliysica divin.c onniipo[enti;e ad
gratiam producendaui instrumenta, niliil liabent dif-
ficullatis lut) Palrum seiitcnlix-; nani immacidatuni
Chiisli corpus in utero bcaUie Yirginis physico for-
niatuin est; ncc aliter quàm plivbicè pisccs gignuntur
in aquis ; aqua pariler igni adnioia, vim ejus pliysicè
concipil, el pliysicè calefacil quiccumque langit.
Quôd si è contrario nioraliier lanlùm operari ve-
linms, fateamur necesse est ineplè paires de Sacra-
menlis esse loculos : cîim enim instrunienlum morale
de se nibil operolur, nequo liabeal aclum proprium,
per quem causa; principalis e/TtCluin atlingal quid j
absurdum niagis quàm dicere, pari modo producere
etTeclum siium, quo aqua pisces, et utérus end^ryo-
ncm eirormal! atqui patres insciliae accusaro temcra-
rium est, prx'sertim quaiido in uii;\ càdemque defi-
nilione on)nes, aul ferè omncs, consentiunl ; crgo
dicendum eos pro eflicieniià pbysicà Sacrauientonun
piignAssc.
. l>einde Patres ea qu;ic praedixinius exempla aflernnl,
ul cxplicent dogma divinum, et virtntem Sacramon-
lorum ralione plausibili persuadeant; alqui nisi cre-
dercnt esse physica instrumenta Dei, nequc ullam
pncler moralem in illis virlulem agnoscerent, dogma
calholicum obscurarenl magis quàm illustrarent : ea
enim exempla aiïcrrent, quic ad rem niiiil facerent;
cùm alinndè suppetanl plurima, eaquc nemini non
nota, ad moralem virlulem signilicandam acconujio-
dala. Ergo, etc. S
Prreterca, sancli doctorcs virlulem Sacramcniis ini-
pressam divinili'is cum admirationo «ii'icipiunt : Quœ
est tanta virlus aquœ, :\'\lS. Auguslinus, tract. 80, in
.]o:\n., ut corpus tangat, et cor ablual^? yonne mirandum,
ait Tcrlullianus, libre de Bapl., c. \.,lavacro dilui
mortem? parif|uc i-ensu in \divinani quamdam et inefj'a-
bilem vim transformari uquam, S. Cyrillus allirmat
libro 2 in Joan. Jam sic prosequor argumenlum :
in corum scntenliâ qui conlcndunl Sacramenla pliy-
sicè operari, mirandi qiiidcm est locus, quôd vira
lanlam Deus sensibilibuselemcnlis, nullà suàncccssl-
taie, el mcrà crga lioiiiines liberalilaleconlulerit, lan-
lamque elToctuum niagiiilicenliam cum lantâ iiislru-
menlorum simplicilalc conjuiixerit; verùm in opinione
contraria, ncc iiiinima admirandi superesl causa :
quis enim, qu;cso, ejus simplicilaleui non rideal, qui
sic cxclamarct : Quœ est tanta virtus syngraphœ, ut eâ
exltibità, slatim pccunia numcretur ? quœ tanta signi ta-
bernœ appensi vis, ut eo eonspecto viator defaligatus
diversortum ad cœnandum petal? Ne ilaque paris sim-
plicilalis et imperitia; patres accusernus falendum, ex
eoruin mente ; Sacramenla virlulem liaberc accCiilani
diviniiùs ad gratiam pliysicè conferendam.
Denique, quod observaiione dignissimum est, in
bis ipsis Palrum effalis Ecclesia calliolica, cerlam et
divinam Iradilionem agnoscit, ad probandum toiilra
Lullieranos et Calvinislas, Sacramenla gralium ex
I opère operato conferre. AUjui nisi proul sonant iniel-
liganlur, nihil babebunt roboris ad causam Ecclesia}
adjuvandam : quâ enim facililale sic intorquontur à
noslris, ut moralem tanlîim causalilatem dicanlur
adslruere, pari movebunlur ralione extranei, utaflir-
meiil Patres in Sacramcniis, prœler vacuum signi et
picturœ nomen, nibil agnovisse : atque ita tola ira-
diiio corruet, aut cerlè ejus auclorilas minuclur. Ila-
que ut suus sanclis docloribus conslel boiios, el illi-
bata Veritas maneat, uirumque affirniare luiius est,
paires pro verà, et pro pbysicà Sacraraentorum causa-
liiale stelisse.
Probatio m, ex sacris Scripturis.
Eèque niagis lioc est dicendum, qiiod sancli anli-
slilesà verbo Deisciiplo senienliasisuas deprompserint.
Sacriic enim liltcrce Sacraraentorum efficacilalcm bis
vcrbis enuntiant, qwx inslrumenlo pbysico, non
aulcm morali conveniunt. Msi quis renatus fuerit ex
aquà et Spirilu sanclo, ait Clirislus Joan. 3, 5, non
polest introire in regnum Dei; et Apostolus, ad Til. 3, 3 :
Scdvos nos fecit per lavacrum regenerationis. El Eplies.
3, 25 : Mundans lavacro aquœ in verbo vitœ. Idenniue
de sacra Oïdinalione inciilcans : Soli, impiil, Tim. 4,
11, negligerc gratiam quœ est in te, quœ data est libi cum
impositione manuum presbglerii. El 2 Tim. I, (î : Ad-
moneo te, ut resuscites gratiam Dei, [quœ est in te, per
intpûsitionetn manuum mearum.
Alqui li;e voces cl ali;c similos, pbysicam causali-
latem significanl ; quisquis enim vcrum elToclum
causa! pbysicà; inslrumenlali allribuil , non aliUr lo-
qui solet, quàm luijusmodi parliculas, ex, per, sive
casum ablalivum usurpando ; quando crgo diiimur
renasci ex nquà, mundiiri lavacro , gratiam Dei per ma-
nuinn iisirosilio!i:'m rccipcr.', clc. longé convcnienliu.S
1209 HE IIE SVCRAMENTAKIA. — DE SACUÂMENTIS IN GENERE.
1300
est lias voccs de pliysicâ causalilate inlclligcre.
Dcindc quaiulo vcrba ScripUine scciiiuliiin liUcrac
corlicem iiiliil absoiiuin pr;ofcriint, quôd iiiiiiirîiin fi- |
dei, vel ralioni repiignet , debcnl littcralitcr et obvio
sensu inlclligi, ut adinonct S. Aiigtisliinis , ne vide-
Jiccl iiijiiriani Spirilni sanclo laciamus pcr ora pro- i
plielaïuni loqiienli : atqiii h;ec Scriplin:e oracnla,
sensuni inslriimcnli pliysicè operanlis pra-reriiiil, ncc
ciint: siveenim velerem, sive novam pbilosopliornm ;
scbolamsequaris, Thoniislarumdoctrinam luis insi
stendo principils l'aeile erit defendere ; id quod non !
ita pridem oslendil doclissinius et eloquenlissiinus in
Gallià scriplor de Âclione Dei, sive prœmolione pliijsicà; ,
qui licèt Carlcsianà doctrinà inibutus, nenosè el so-
lide probat, senlentiaiu Tboniislarimi , Muri principiis
lidei, Itun effalis Palruni, lum \env. pbilosopbiic con-
venionlissiniam esse, Action de Dieu sur la crôaluro.
sccl. r>, cb. 5, n. 25.; ergo nilitnr voil)0 IK'i pbysica ;
Sacramcntorum effioicnlia.
HincS.Tbomas, 1-2, q. 112, art. l,ad 2 : « Diccn-
diini, iiKpiil, quôd sicut in ipsâ personà Cbristi, bii-
inanilas causât saluleni nostrani pcr graliam virlute
divinâ principaliler operantem ; ita ctiani in Sacra-
liientis nova; Icgis qu?e derivantur à Cbristo, causalur
graiia, inslrumentaliier quidem per ipsa Sacranienta;
sed principaliler per virtuleni Spirilùs sancti in Sa-
cramenlis operantis ; secundùni illiid Joan. 3: Nisi
cjiiis renatus fueritex aquû cl Spirilu snnclo, > elc.
Probatio IV, ex nahirù SacramentortDii.
Quarlum denique suggerit argumeniuui Sacranicn- ;
torum novcc legis excellentia ; graliam enim quam ;
significant , vcrè et propriè conlinerc, camqiie non
ponentibus obicem ex opère operato conferre, dogina
caibolicum est , à quo quisquis aberrat , liscrcseos I
notam incunit. « Si quis dixcrit, inquiunt Patres Tri-
denlini, sess. 7, de Sacr. in gen., can. G, Sacranicnla ']
nova; Icgis non contincre graliam quam significant,
aut graliam ipsam no:i ponentibus obicem non con-
ferre....* anaibema sil. Et ibidem, can. 8 , « Si quis :
« dixerit per ipsa novic logis Sacramenla ex opère
« opcralo non conl'erri graliam...; anatbeuia sil. >
Et ibid, de Bapl., can. 2, el de Coiduinal.,caii. G : ■
« Si quis dixerit Baptismum Joaimis liabuisse eam-
« dcm vim cuni Baplismo Ciuisli..; si quis dixerit in-
« jurios esse Spirilui sanclo eos cpii sacro Confirma- :
i lionis cbrismali virluiem aliquam liibuiml, ana-
t lliema sit » Jam sic subsumo :
Alqui hae lam exlmiœ Sacramentorum procroga-
Uvai slare vix possunl in eorum opinione , qui mora-
lem tantùm in iis causalilalem agnoscuul ; è conlrà
verô in Tbomislarum senlcnliàplenè inlegrèiiue con-
sislunt : inslrnmentum enim morale, si propriè et
sine ambiguitaleloqui velimus, necconlinet, nec cau-
sal effeclum, qnem adejus pr.x'sentiam causa efftciens
opcratiu' : quis enim sapiens dixerit, syiigraiiliam
cxempli causa, vere conlmcre cenlum nunmios.quos
eâ repraîsenlalâdebilor solvil? pariter quis dixerit,
verè ac propriè , sive ex opère operato Pelrum ab co
occisum, qui ejus occideiidi pravo constlio aiicior
allerifiiit? atqui longé aliter de pbysico inslrumenlo
senlimus : verè enim conlinet el exerit ciïecliis ad
quos inoducendos à causa piincipali assumilur.
Sic gladius verè liabet vim occidendi , liabct pariter
sic inlellcclahabentaliquid fidei, ipsiqueplnlosopbia; Ijcalamus vim liiicras eiïormandi, vcrèque dclineat,
conlrarium ; non pugnant quidem cum fide, quod nec ! ' qiiando ap|)licatur ad scribendum. Ei'go, etc.
ipsi adversarii diffilcnlur, qui nos ut calbolicos amant ; j Deindè eô aliqiia scnlenlia probabilior est, quô dis-
el recipiunt; nec eliam veroe pbilosopbiie conlradi- l cedit longiùs ab luerclico dogmale ; el à contrario c6
minus i)robabi!is est dicenda, quô vidctur propiùs ad
errorcm accedere ; atqui Thomistarum doeirina recc-
dil à Luibcranis cl Calvinislis longissimî, nibilque in
fide periculi babet : è conlra verô adversariormu
opinio (absit à verbo injuria) magnam videlur cum
sensu Lutlieranorum et Calvinistarum alfinilalcm
babere : aiuut enim isti Sacramenla nova; legis gra-
liam non conlinere , idem el illi dicunl, ut sallem
dicanl nccesse est, si consenlaneè ad sua principia
loqui velint. Affirmant illi Sacramenla nihil esse, nisi
sigilla quaidam obsignanlia graiia; promissionem ;
idem el illi contendunt, volendo non esse aliud quid-
piam nisi inslrumenla moralia, quibus Deus propler
suam promissionem et inslitulionem ad graliam con-
lerendam excitalur. Penique Lutlieranorum el Cal-
vinistarum palmaris est error, Sacramenla esse tan-
tùm externa signa accepta; pcr fidem graiia; vel ju-
slilia*. Alqui moralis causalilas, ut dndùm ubservavit
S. Tbomas, non videlur aliqnid Sacramenlis Iribiiere
pneler ralionem signi. Nccesse est diccrc, in(]uil au-
gelieus pra'ce[)lor, 5, p. q. G2, art. 1, incorp.,iS((crrt-
mcnla novce lc(iis,pcr (diijuem modum (jrstiam causa-
re..,. quidam tmncii dicunl quod non sint ciiusa (initia',
aliquid opcrando ; scd quia Dcus, S(icra)ncntis adliibilis,
in anima operatur, cl ponunt exewphun deillo qui offe-
rens denarium plunwcnm, uccipil centnm libras ex rc-
qis ordinationc : non qii'od dcnarius itle aliquid opcre-
liir ad habcndam prœdictœ pcciiniœ qmmlilalem , scd
hoc opcralur sola volunlas rcgis. Sed si quis rectè con-
sideret, iste modus non Iransccndil raiioncm siqni. Nam
dcnarius plnmbcus non csl nisi quoddam siynum rcgiœ
ordinaiioiiis de hoc qnbd pccunia rccipialur ab isio.
Sccu)idiun hoc iijilur Sacranicnla novœ iccjis niliil plus
csscnt qulim signa graiiœ ; ciuntamen ex multis saiiclo-
ritm aucloritalibus habealur, quod Sacramenla novœ
legis non soliun signi ftcent, scd causent graliam.
lia S. Tbomas. Et b;ec quidem consectaria licèt
ii quos impugnamus llieologi non admillaiil, quipjie
qui a!icnis.^imos se ab omni ba^resis suspicione pro-
fileanlur, fatendum lanu n cum doctrinà moralis effi-
cienliiT; proximè videri conjuncla, et iuexliicabiles
imporlare difficullates , ad explicandum quomodù
nostra Sacramenla ab anliijuis différant , quoniodo
graliam conlineant , quoino lô producanl ex oporc
operato, quomodù sinl inslrumenla Dei el \;i.-.a gri-
lla', (piomodA indivinam quamdam cl incffabilem \im
Iransl'ormenlur, (piumodô dcni([ue vcrè consliluant
rm
Q\]JEST. IV. DE EFFICACI A ET VIUTUTE SACRAMENTORIJM.
ir.05
Cl confirment fulo'os in Dci :\nii(ilià ; longé ilatiuc
cerlius osl, docliinani do clïiciontià lihysicâ propu-
gnart', ijna; pialoninàni quôd niliit Iiabol à ralione et
vcrà pliilosnpliià alifiniun, conforniior cerlè est Scri-
plunc et Patruin senleniiis, adeù(iue niagis ad fidcm
acrcdit : qiiani deni(|iiè S. Tliomas, et alii post illuni
ina^ni noniinis llioologi siio calcido approbàriint. Ilaitc
C(jo seuteiitUiw, inqiiil Mcraliiis, tomo 3, d. -i, qiiœ
commitnior est iiiicr tlicolo(jQs, qiiœque à Thomislis fer-
me omnibus, et plerisque nliis scliolasiicis defenditur,
iiieor propter sottim divi Tlwmœ Pdlrumqueauctorilatem.
Solvuiitur ohjcctiones.
Olijicinnt. Deus cùm suprcnia causa sit et infinila;
polenliiï», non niagis indigel ad gratiam producendam
pliysico iiislrnnicnlo, qnàni eo opns liabiierilad mnn-
dnni creanduni. Eigo no siimnio nioderalori injtiria
fiai, diocndum Sacrainenta graliarn instrumcntalitcr,
pliysiiènon oporari. — Rcsp. 1°: Retorqiieo argnmen-
luni. Deiis cùni infinitaj viitnlis sit, lam non indigel,
ad graliani pioducendan), inorali quolibet instrnnien-
10, qiiàni non indignit ad numdi crealionem; crgo ne
suprcnio nuniiîii injurie iid'cratur, dicendum Sacra-
luenla née nioraliler .quideni oporari. Itaquc si quid
hoc argumenlnni probat, non minus urgetadversarios
qnàni Thomislas. Resp. — 2°: Conc. anl, et ncgo con-
seq. Si enim idoù quia nnlla crcatura Deo neccssaria
est, negandum foret Sacramenla esse instrumenta
pliysica graliœ, nogarc parilcr oporterct, Dcum luccre
pcr solem, nutrire per alimenta, fidein por audilum
infniidere, etc. ; bis enim subsidiis non indiget, ad
liominom illuminandum, nutriendum, fido imbuen-
dum, etc.; quia sicut per seipsum, ita persesolum
omnia potest qiioecunique vnlt ; quemadmodùm ita-
qne divin?c potei>li;Te nibil detrabit , qui dicit Deum
pisccs per aquas, frumenla per terram, lucem per
solem, et alia id genus innumera, mediis causis se-
cundis, producere ; quia bis utitur inslrumentis, non
necessitate, sed voluntate,ila nec facit incomprehensi-
bili ojus polestf.li injuriam, qui sentit cum Ecclosi;e Pa-
tribus, eimi uti Sacramentis lanquàm instrumenlis pby-
sicis, cl alveolis per quos gratiam in bomincm derivet.
Insl. \°: Atqui Deus Sacramentis tanquàm instru-
menlis pbysicis, eliam volunlale, non ulilur ; ergo ,
etc. Prob. subs.: Baptismus fictc susceplus, rece-
dcnte flciione, gratiam producil, ul suo loco ostcnde-
lur ; alqui in boc casu pbysirè non opcratur : nam
causa qua? non cxislil, ncquit pbysicè operari : alqui
Roplismus ampHùs non cxislil, cùm jam à longo tem-
pore actus cjns pr:p|erierit ; crgo, etc. — Resp. Nego
subs. Ad probationcm : 1° Transcanl major et min.,
et nego conseq. Nibil facit contra nos boc argnmen-
', Inm : falemur enim Sacramenla fictè suscepta, quid-
quid in poslerum , flciione depnsilà, elTcclum consc-
qiiantur, nonnisi moraliler operari ; nam co modo
àguhl, que sunl ; porrô in proescnti casu physicô non
cxistunt, sed lanlnm nioraliler. 2° Conc. maj., nego
min., ad prob. disl. maj. Causa q»x non cxislil, nequo
in se, neque in aliquo suo eiïectu, ncquit pbysicè
operari, concedo; si in aliquo suo eiïcciu vcluU con-
tinuetur, nego maj. ; simililer disl. min.: B.iplisnm*
in boc casu pbysicè non cxislil, in se, concedo ; in
arKiuàvirtuleà se reliclà, neg. min. et conseq.
E. R. Probabilitalc non caret id qiiod multi sen-
tiunt tbeologi, sacramenla scilicet, qu* ctiam ficlè
acccdenlii>iis iniprinnuit cbaraclercni, niedio illo gra-
tiam, deposilù ticlione, producere ; ad ralionem enim
agentis pbysici salis est quôd in aliquà virlute à se
rclictà pcrmaneat, ul ex pbilosopbià nolum est. lia
rcspondelS. Thomas, in 4, disl. 4, q. 3, art. 2 : « Di-
« ccndmn, inquit, quôd in Baptismo iniprimitur cha-
« racler, qui est inmiediala causa disponens ad gra-
î liam. Et ideô cùm ficlio non aufcrat cbaraclcrem,
4 recedente ficlione quœ effeclum cbaracteris impc-
« diebat, cbaractcr qui est praescns in aniuià, incipit
« babore effeclum suum, et ita Baptismus, recedenle
« ficlione effeclum suum consequilur. i
Inst. 2° contra primam responsionem. Ideô Sa-
cramcnlum fictè susccptum,reccdcnte ficlione, pbysicè
non agit, quia jam non cxislil pbysicè ; atqui pariter.unà
excepta Eucbarislià, Sacramenla quandoagunt, pbysicè
non existant ; ergo par utrobique ratio. — Rcsp. : Conc.
maj., nego min. Tune enim Sacramentum rêvera et
pbysicè cxislil, quaudo aclu forma malericcapplicatur.
Alqui lioc ipsomomenio agit, quo forma councclilur
cum matei-iâ; crgo pbysicè exisiit,quandooperalur.
Inst. 5" : Prob. min. Sacramenla non operantur, nisi
quando ullima formcc syllaba pronuntiatur. Sed tune
' pbysicè non existunt, cùm jam evaniierint syllalxc
I priores, qunc sunl Sacramentis esscntiales. Ergo, etc.
— Resp. i" : Rctorqueo argumcnlum. Licèt enim,
juxtà adversarios Sacramentum moraliler laiiiùm mo-
veat Deum ad gratine juslificaniis iniusionem, débet
tamen , quando movet , exislere pbysicè , ita ut pro
aliquo inslanti verum sit dicere : jam nunc Sacra-
mentum adnunisiralur, et reverà est , et ideô movet
Deum ad conferendam iiomini gratiam et sanctita-
lem ; al(|ui si quid valet argumenlum proposilum ,
nunquàm verum erit dicere, jam nunc Sacramciiluni
exisiil; nam vel existit pbysicè, quando incipit forma
profcrri , vel quando ullima syllaba ad complemen-
lum pronunlialur ; alqui in adversariorum senlcntià
neulrum dici polesl : non primum, quia lune nomlùm
absoluta est forma sincquà verum Sacramentum esse
non potest; non secundum, quia quando efferlur ul-
lima syllaba, priores cvanuerunt, quaî sunl Sacra-
mento esscntiales ; ergo nec moraliler quidem Sacra-
menla Deum movcro pnssunt ad gratiam largiendaui.
— Rcsp. 2° : Conc. major., nego min. Cùm enim Sa-
cramenla sinl signa sanclitatis et juslili;c lum signi-
ficandic lum enicionda; vim babenlia, tune reverà et
l)bysi(è cxistunt, quando babeul inlegram signiliea-
lionem ; alqui jjlenam significaliouem non liaitciit ,
nisi quando ullima syllaba sonum cdidil ; ergo non
ante illud inslans cxistunt; nec est quôd aliquis ca-
villelur, jam desiisse priores syllabas, quando po-
strcma cffcrlur; quanquàm enim sonus iransierit,
rnanet tamen virtus divina scnsibilibus symbolis im-
J! pressa; quLC sanè scsc cxerit, slaiim ac lalia sunt
ir,03 DE RE SACRAMENTAUIA.
bi"iin, qiiiilia voliiil esse auclor Sacramcnloruin Dous.
' lus», i". Probaiitlo min. Si vcra h?cc rosponsio sit,
diccndiim eril Sacrameiila sinuii exislcre et non cxi-
stcre ; alqui rem aliquam simul esse et non esse
eonlradiclorium est; ergo non est adniittenda. Prob.
niaj. Exislunt eo instanli Sacianicnla, ut supponilur.
Non existunt verù ; qnod sic probatur : Ens successi-
vum desinit esse, quando cessât niolus cjus : sic, exeni-
pli causa, tune finitur iiora noua, née est ampliùs, quando
ad primuni bone dcciniie uistans ventuni fuerit; atqui
Sacramenta , propter forniam suain qucc in voce iota
consislit, entibussuccessivis annumeranlur ; ergomo-
mento illo temporis non existunt. — Resp. ; Dist. maj.
Dicendum erit, Sacranienla simul cxistere et non exi-
siere respectu diverso, concedo; quantum ad idem,
jiego maj. Similiter distinclà minore, nego conseq.
E. R. Equidem Sacramenta, quando cessât forma
pronunliari, non existunt quantum ad sonum sylla-
barum, qui jani evanuit ; existunt tamen quantum ad
cfiitientiam et virtutem manenteni, quia, ila volenle
Dco, vim snam non exeruut, nisi quando forma est
absoluta : 75facoHrersio,inquit S. Thomas, 3 p., q. 75,
art. 7, ad 3, de Iransubslanliatione agens, fit in ultimo
iuslcDiù proldtiunis cerborum : tune cnint completur verbo-
mm sigiii/icilio, qnœ est efficax in Sucramcntorum forniis.
Jam facilis est ad alteruni argumenlum rcspunsio :
cnlis enim parmanentis non eadem ae suecessivi est
ratio :illud, cîim babeat omnes suas partes simul ,
fixam babetet constantem existcntiam ; istud è contra,
cùni continuô niovcatur, et à fluxu temporis pendeat,
non existit nisi in inslanti : non enim bora nona,
exempli gratiâ, simul est iota : porrô taie est verbum
sacramenlale ; tune enim verè existere dieitur, quando
id pcrfeclè significai , cujus effieientiam babet ; non
signilicat \eyà, nisi eo inslanti quo pronuntiatio ejus
absolvitur.
Inst. 5° : Quidquid de Sacramenli existentiâ sit,
aliis saiiè de causis non potost dici pbysicura gratiai
insirumcnium ; ergo, etc.
Piob. subs. Ad naturam instrumenli pbysici per-
linet, ut verè et realiter conlingat subjectum in quod
agit; alqui non potest Sacramenlo actio illa allribui,
cùm ad animam usquc non penelrot; ergo, etc. —
Resp. : ^'ego ant. Ad prob. : 1" Distinguo maj. Ad na-
turam instrumenli pbysici pertinel, ut verè conlingat
subjectum in quod agit, si sit insirumcnium arlis aut
naluraî, concedo; si Dci sit insirumcnium, ncgo maj.,
et concessà minore, nego conseq.
E. R. Aliter Deo, naturce et arti aliter, instrumenta
usui sunt ad agcndum ; agens enim nalurale, cùm
non possit subjecto immédiate conjungi, indiget in-
slrumenlis, ut iis quasi vebiculis in sultjeclani mate-
riam influât; unde opus est, ut illani immédiate con-
lingat : Deus verù cùm immensus sit, et ubique intime
praesens, bujusmodi subsidiis, ut prœdiximus, opus
non babet; frustra itaque baîc et simiiia argumenta
jaclantur, qu?e, ut alibi plurimùm, sic in priesenti,
nibil babcre roboris non negabit quisquis inteilexerit
quid sit Dons.
DE SACRA.MENTIS IN GENERE. 1501
Resp. T : Distinguo eamdem niajoreni. Ad natu-
ram instrumenli pbysici pertinet ut verè et rcaliter
conlingat subjectum in quod agit, contactu virlutis et
causalitalis, concedo; contactu suppositi siverei, nogo
maj. Distiiiguo paritcr min. Sacranientum rêvera sub-
jectum non aflicit contactu suppositi, concedo; con-
tactu virlutis, nego min. et conseq.
E, R. Quamvis non possit instrumentum pliysicè
in elîectum causai principalis influere, nisi virtute cjus
subjectum altingal, minime tamen est necessarium,
prœsertim si divinum sit, ut conlaelus ille in ipsà
substantiâ fiât : buic enim impedimento occurrit Deus
sucâ pniesentià et immensilale ; quamvis itaque aqua
Baplismi, exempli gratiâ, ad animam usque, suâ en-
lilaie non pervadat, eu quùd materiale elementum
nequeat ad subslanliam spiritualem pertingere, virtus
tamen divinitùs aqn:ie impressa, rêvera animam abluil:
quic est tanta virtus aqitœ, inquil S. Augustinus sacpè
laudalus, nt corpus langat et cor abluat? Hoc enim
profeciô S. doclor non miraretur, si per solam mora-
lem causalitatem, et sine miraculo fieret.
Inst. G° : Contra primam responsionem. Cùm Sa-
cramenta non possint animai immédiate conjungi, ul-
qnid voluit Deus esse pbysica gralice instrumenta,
preserlim cùm se solo sit potens ad graliam confe-
rendam? — Resp. : Non sat sobriè bujusmodi quai-
stiones proponi : dicant enim nobis qui sic disputant,
cur voluit Deus ex Adami coslâ formare corpus Ev;ic,
cùm ex niliilo creare poluerit. Quare Ycrbum divi-
num est incarnatum, cùm via longé faciliore salvaro
Iiomines posseï? Atque ut ab ipsâ, quam traclanms,
malerià, exempluni sumamus , ulquid insliluil Deus
Sacramenta, ad bomines sanclilicandos, quibus pote-
rat sine ullo exlerno signo jnstiliam et sanctitalem
conferre? Cur voluit esse morales graiiic causas, cùm
iis admonitionibus non egeret, ut verbi sui recorda-
relur? Ab iis sanè et aliis ejusdem generis quaisiioni-
bus, non aliter se expediuni adversarii, quàm dicendo
ila egisse Deum, quia sic ei est plaeitum : idenique
et nos jure reponimus, voluisse Deum uti Sacramenlis
tanquam piiysicis insirumenlis, quia sic visum ei est;
lum ut onuiipotenliam suam manifestaret, divinani
virtutem signo sonsibili communicando ; tum ut no-
sine inlirmitali consuleret , in maleriali elemento
ponendo opportunum peccali reniedium ; lum pro-
pter alias latentes causas, quas investigare nostrum
non est.
Inst. 7° : Atqui nec virtute quidem possnnt Sacra-
menta ad animas usquc pertingere; ergo, etc. Prob.
subs. \irtus illa in quo posita sit, cujusve naturac sit,
née mente assequi, nec verbis exprimere quisquam
potest : frustra ergo dicuntur Sacramenta conUulu
virlutis ad animam usque pertingere. —Resp. : Nego
subs. Ad probationem : T Transeat ant., et nego con-
seq. Quid enim mirum, si virtus illa, cùm sit divina,
in quo consistai dici non possit ; cùm nec nalurales
quidem rerum proprietates, aul omnes coniprelien-
dere, aut explicare verbis possimus? Quœ verù potest
major cssc tcmeritas, ubi de Deo et ejus omnipo<
1505
QU.EST. V. IH-: KlFECTirUlS SACR AMENTORUM.
ir>OG
tcntià agilur, quàin illiiil negare cssc possihile, quod
intollcclii atil iiiKigiiialioiie asscqui non valcas?Qu:nn
in roni ap|)Ositc S. Circgoriiis Nysseniis supra laiida-
Uis : < Si (piis niilii, ini|iiit, diiliilaiido, cl andtigendo,
t negoliuni cxliihcat, inlerrogaiis qiiâ ralione aqiia
« regenerel, dicaui oplinio jure ad eum : Oslcndc niihi
c modnni nativilalis , qii:i> fil socundùm carneni , el
e (>g() libi vini rogoncralioiiis. (pi;ic sccuiidîmi anirnani
i fil, cxponani... ihunl si iiiilii riirsiis sii!>jicias : Quo-
i niodù? claniabo contra te vclionicnliiis : <Jnoni(idù
< liuniida aiquc inforniis naliira home fit? Alqiio de
< onini creatin-à ita oralio progrcdicns, in unaquàqne
I re exorcebitur : qui cœlum? qui terra? qui mare?
t qnî res singiilares?... rbi(pie divina vis et eflica-
« citas inc()nq)reliensibilis est. » Nedùni itaqne nos ab
liàc sententiâ dclerrere debeal difficidias, eu è con-
trario credibilior est, qnù diCficilior esse videtur ; quia
où dignior coniprobalur, apud quein non est impossi-
bile omiie verbuiu, Luc. 1, 57. — 2° Nego antooedens :
niajoruin cnim scquendo vestigia, dicinnis virtuleni
Iianc esse molum ipsum divinitùs Sacramentis im-
pressum, qno lit ut l^eus quideni gratiam homiiii, ut
auctor principalis, inqiarlialiir, Sacranicnlis tanicn
lanqiiàm inslrunienlis ad eumdein clî'ecluin ulalur.
Quod facile inielliget qtiisquis alleudcril r.on aliter
instrumenta, etiam naturalia operari, qiiàni per mo-
tnni sii)i ab agenle principal! communicatum : « In-
< strumentum, in([uit S. Tiiomas 5 p. q. G2, art. ^,
« in c, non operalur, nisi in (pianlnm est motum à
I principal! agenle, quod per se operalur; el ideô
< virtus principalis agentis liabet pcrmanens et com-
c pletum esse in nalurâ ; virtus autem instrunientalis
I babel esse transiens ex uno in aliud , et incomple-
t linn : sicut et motus est actus imperfoclus ab agenle
« in paiiens. »
Inst. 8°: Virlus illa spiritualis essel; atqui répugnai
virtutem spiritualem inesse enli corporeo, quale est
Sacramenlum; ergo, etc. — Resp., conc. ma]., dist.
min. : Répugnât virtutem spiritualem inessc enli cor-
poreo (1) permanenter , el per moduin natune , con-
cède ; transeunter, ncgomin. et cons.
E. R. In tantum virtus graliic producenda; Sacra-
menlo convenit , iii quantum illo Dcus utilur ad iio-
mineni sanclifioandum , vid ad ejus augendam jusli-
liam : minime ergo putandum, banc virtutem perma-
nenter inhserere corporalibus elementis, quod fiori
non posse concedimus; sed Iraiiscuntcr lamen inesse,
negare non possumus, nisi divinam polestalem lunna-
nis limitibus coerceamus : « Mbil probibcl , inqnit
t sanctus Thomas, 3, p. q. 02, art. 1, ad 1 , in
I corpore esse vlrluteni spiritualem instrumeniali.
I ter, in quantum scilicet corpus potesl moveri ab
< aliquà substantià spiriluali ad ali([uem efleclum spi-
j rilualem inducendum ; sicut et in ipsà voce scnsi-
(1) Virtus spiritualis non pote>l (juidcMi enli cor-
poreo natiu-aliler inesse , sed per njiraciMinn , id est,
diyinà opérante virtute, non transeunter modo , secî
eliam permanenter liuic inliierere polest. Nec magis
répugnai id permanenter fieri , quàm iransitoriè.
( Edii. )
i bili est ([iiiidam \is spiritiialis ad cxcitaiiilum inlel-
« lecluui lioniiins, in i|iian[iim procedit à conce|)tionc
« mentis ; el boc modo vis spiritualis est in Sacra-
« mentis, in quantum ordinanlur à Dco ad elTectum
« spiritualem. > Vide S. Tb. 3 p., q. 02, art. 1 , in
l Seul. dist. i, q. 1 ,*arlic. 4, de Veril. , q. 27,
art. A, inst. 9.
Diccs : ricrique veterum contrariam tcnuisse doclri-
iiani eompcriimlur; aliter sanè senserunt, S. Bona-
venlura, Ricbardus, Scolus, Durandus major, et
pleii(|iift alii quos nominare longum foret. Ergo non
mognam babel auctoritalem seutenlia Tbomislarum.
Ilesp. : Trans.^al anl. , et nego conseq. ; non cnim
liic quarimus, ex bis duabus opinionibus, utra alle-
rani , ex quo scbolastica liieologia nata est, vincat nu-
méro defensorum; sed utra sit Scripturarum sentcn-
liis, diclis Palrum , ipsiquc Sacrainenlorum natur;e
conveiiicMlior ; quibus sanè tilulis Thomistas doclri-
nam adversariam longé supcrarc conlendimus : cùm
nec ex sacris lilleris , ncque ex sanclis doctoribus,
nec ex solidà lbeologi;c ralione afierri aliquid possit,
quo ceriù Sacramcnlorum moralis causalilas cum
I exckisione piiysicce adstrualur.
Dixi, trmiseal mit.; mm, 1° S. Bonaventura dubiss
in liàc quitstione lucsit el pendulus : Nesào, inquit ,
r/uœ liavum opimomim sit verior. 2° Ricbardus , elsi
moralis enicientiai doctrinam dicat vidcri sibi ad in-
leiligendum faciliorem , alleram lanion, quia tulio
rem, ampleclilur : i Isla, inqnit, cùm sit possibi
•î lis, el ad confirmandum illud quod Icnetur do
i actione ignis acterni et purgalorii ^congrucnlior,
« videtur ralionabilis el lenenda. t 3° Sed elsi pra:-
ler illos sexcenli alii opponerenlur moralis causali-
lalis palroni , consequens minime foret , doctrinam
contrariam ab omni liumanà auctoritate desertam ;
illam cnim , ut prjediximus , solide propugiiavit
S. Thomas, acerrimi doclor judicii, qui unus pro
mille est nobis : propugiiàrunl Tlioinist;e celebriores,
quorum non est conlemnenda auctoritas; propugnà-
runt et pleriquc extra divi Tliomœ scbolam magni
nominis tbeologi , Bellarminus , Valcnlia , et alii
nndli. Vide Sylvium in 5 p.; S. Tb.,q. 02, art. 1. Imù
proiiugnani ple'itjue recenliorcs pbilosophi, cl non
Palribus lanlùm ac divina; auctorilati, sed et ipsis
mclapbysicye accuraiioris principiis , censent apprimè
esse consenlaneam.
Itaqne ex llieologoruin pugnanliù, boc unum in-
ferii polest, quod neiliim negenms, stalim à princi-
pio admonuimus, de IiAc re inliil esse ab Ecclesià
catbolicà definituni : verùm de Sacramenlorum cffi-
caci;\ plus quàm salis. Sequiiur
QU.ESTIO QUINT A.
PE F.ri ECTIDIS SACRAMENTOnUM.
Dicendum modo slgillatiin de diiobus Sacramenlo-
rum clîeclibus , graiià et cbaractere ; quorum aller,
comjnunis omnium ; aller, trium peculiaris fide ca-
iholicà creditin-.
5307 r>E UK SACRAMKNTAlilA. —
CAPUT rnnîUM.
DE GRATIA SACRAMF.NTALl.
Et de gratiâ quidein quoiiiain siipcriùs , qq. 1 et 5,
actmn est, omiiiqiio argiimonlormn gcncrc contra
}iovos liXTCticos dcinonsli'aluin, qiiùd sit Sacraincn-
lorum nov;io legis proprius genuinusque effcctiis , iiiliil
iii prccsenli dicenduin occuirit, ne aclum agerc vi
deamiir; tanlùm superesl, ut qiiaïdam dubia di-
lua m us.
Quacst. I. Quid sit gratia sanclifieans , quani dici-
nius esse Sacramenlorum effecluni (!) ?
(I) Cerliim ost npud otnnes graliam saiictifican-
toniesse incflabilom qiianulani diviti;c natiiraï partici-
pationcm. Id coiisla!, nnii modo ex perpétua com-
stanti(|ue tradilione, seil cliaiu e\ plunbus sacric
Sci'iptura; niiiiiinè auibiguis lo;Ui:iiO!iiis. et pra'seilim
ex 2 Mpisl. S. Pétri, c. 1, v. i, iibi li.ee praclara ba
Let pi'iiieeps Apo^lobjriim : ['rrqncin (dlirisluiu scili-
ccl) imixima et pretiosa nobis ])roniissii donav'H , tU per
liœc elftcimuiiii divinœ consorlcs iialnra'. Veriiiii ut id
iiiagis ac niagis perspiciiiini sil, lein alliiis rep(!lere
opportiuiuin ;ir!»i!raiiiiir.
ilai|iic (lupb'x reiuni ordo dislingui so'el, videlieet
ïiuluidlis, (1110 coiiipielieiuluutur ea ouuiia (pue non
superaut ualiu'.ijt'ui cxigenliaiu captuuique crealura',
id est, ea omiiia qiue creatura vel exigere polest, ul
intégra sit et iii siio génère compléta, vel propriis vi-
l'ibus ellicere valet, aut salteni niereri; el supernatu-
ralis, qui ea oninia ineludil, ([um exigenliani et cap-
luni creatura' trau^ceiuhuit.
Ulerque iib; onio est nbsolulns aut relalivus, prout
omueui crealuraui possibilem, vel aliquani taiiliiu)
creaiuraruiu specieni respicit.
Ponè autein gratia, qiia'cunique sil, sive saiictili-
caus, sivc etiain actuaiis, adordiiKMU supernatuialeiu,
el quideui absoluluui, itertiuel, ila ul nulla sil, aul
esse possit creatura, ad ciijus iulegiilatein naluraleui
ro(piiratur, vel (pia; jiroprià virlule illaui uiereri va-
leat. Cùm igitur ultra onuieai possibilem crealurariun
ordiuem solus mandat Deus iucteatiis et iulinilus, gra-
lia (pi;elibel ineiiarrabilis (puedaui esse dcbel pio-
prietalum divinarum parlieipalio
Atven") in quo siia s;t luec admirabilis parlieipalio
divinarum proprietalum, id nobis e\i>licaiKiinn siqx;-
rest. Qu;edain sunt Oei |)erl'celi()nes el proprielales
quai connnunieari ne;|ua(piàm possunt, ni iiidejjen-
(lentia, a'teruilas, ele. ; ex ils ver(') (pia; sunt counnii-
iiieabiles, alia; conuniniicari p:)ssimt ab-ipie ullo l'a-
voreàcreaiione et conservatioue di-)linc!o ; pioiii(b'(]iie
eariiin conunnniealio inlra nalmalis ordinis Hnii-
I; s COMlinelur ; lalis est volendi et iulelligendi l'acu!-
las; aliie noniiisi per yingiilare et onnnm;i(iï' inde!)i-
I un bcni'liciuni conniiuiiicaii qucunt; cujiisiin)di s:mt
infallibililas, impeecabiiilas, elc. ; et lia c est siiperna-
luralis divin;»! nalur;e parlieipalio, de quâ loqiii-
niur.
Porn") hujusnrsodi proprietalinn divinarum cominn-
nicalio in cœlo tanlùm coiismnmalur, per visio)iem
scilicet iiiluilivam, seu claram Dca percepliouem, ul
est in se ; b;ec enim inellabilis visio eslniodns (pnd.un
percipiendi, ordinis long("! pr;cslaiitioris (piàm per-
cepliones quibus res nalnnvliler allingimns, omnin()-
que divinis perC(.-plionibus similis, et luiie semper
adjimcUis est amor Dei fruilivns et beatilieus, (pu
item qucmcunupie amoris naluralis ordinem transcen-
dit, alque animam lali cum Ueo nnionedevincil, ul in
impeccabilitale,inrallil>ilitatc, inipassibilitateetsnimnà
landein bealiliidine constiluatiu', sicipie quodarn modo
iialnra; divina; parliceps liai; uude S. Joamies,
1 Ki)ist., c. 3, V. 2 : Scinvis, inquit, quoinam, ciini
appanterit, siinilcs ci criinus, quonlam videbiinus cum
siiuli esi.
l)]i SACIIAMKNTIS IN GENERE,
1508
llesp.: VerbisCatccliismiconciliiTridenlini, p. 2, lit,
de Daptismo, n. i9: « Est aulem gratia , inquit, qucni-
Atver() bis in terris lia-c commmiicatio sufiornaln-
ralis jam pra'paralnr |»er j,'raliam, qua; aclioiiibus
uoslris niodiliealiiinem qiiamdam supernalmalem
ejnsdem generis alque cjnsdein ri'r("' dignilatis con-
l'ert, adeo ul ex suà ualurà et inlrinse( è ad inluilivam
bealilicanupie visionem ordineiilnr, at(pie ad illani
niagis mim'isvc proxinn'' disponanl. Videiicel inlellec-
Ins supernalinali gralià inlormalus ejnsdem generis
est ac visio inluilivaquà saneli Deum conlempîanlm' ;
el aclns voluiitalis ex gratia item procedens, maxinnî
si sit ciiaritalis, ejusdem g 'teiis e-^t ac amor qua
saucti Deiun diligunl. Quod (piidem de omnibus acli-
bus supernaluialibiis dicenduni est. En panels (piaï sit
nalune (livin;e parlieipalio, (pre lit per graliam (pia-
lemcumqiie. Nnnc verô dicendum (pionam sensu gia-
lia sanclilicans seorsim speclala, diviua; nalurie par-
lieipalio liabeatnr.
Miilli cxislimani Magistrum sentenliarnm eo sensu
graliam sanclilicanlem divinie participationem nalurai
dixisse, qmjd ipsa sil. Spirilùs saneli subslanlia. Quod
si verum sit,oinnin(J conslalipsum non levilererràsse;
coaciliinn enim Trid., sess.G, de .luslif., can. 2, gra-
liam à Spirilii sanelo, tanqiiàm efreetinn à causa, se-
dul(j distingnit, ubi ait gratiitm prr Spiriluni saiiclnin
in con/iti(s liominum justilicatorum r/ ///'/( »(/;'. A nie Ip-
sum etiam pr;eiveral Scriplma sacra, (pi:e semju'r
graliam velnli à Spirilu sancto productam exbibel ;
V. g., Episl. Uom. c. 5, v. 5 : Cliantas Dei di/J'usu est
in curdibus veslris per Spirilam sancUini, qui dulns est
vobis. llàc igitur lai, à opiui(»ne exclnsà, pl■a'lermi^sis-
que ca;leiis ibeologcniun dispulalionibns, probabilius
cum priiecipnà doetnrum parte exislimamiis, graliam
sanclilicanlem duplici pi;esertin> de causa divin;e na-
lar;e parlicipalionem vocari pusse : 1" Videiicel (pn>d
sil inellabilis (pi:edam (piaillas, à diviiià (piidem siib-
stantià realilerdisliucla, sed vividam lamen etexpres-
saui imagiuem et simililudiucni diviua* liujus nalura^
exliibens, (pià anima velnli slolà gloii;e el liono-
ris induilur, (juaMpie radix est omnium virtnlnm iu-
rnsarimi, et piiiici|)ium intrinseet'ï disponi'iis bomiuem
ad visionem inluilivam et amorem bealilieum ;
2" Qu(jil illam comitelur ipsa Spirilùs saneli perouna,
et consequenler lola sanclissima 'l'rinitas.
Prius (piidem facile' admitlilnr ; alvcr(j no:i inutile
erit diuliùs imniorari probando posterioii, nempe
Spirilùs saneli personain, tolaiinpic Trinilalem gra-
liam sanclilicanlem iii anima comilari. l*oi r() id pro-
bari polest lum Seriplurà saci à , tmn aucloritalc
SS. PaUnm et liieologorum, lum eliàm ralione llieo-
logicà.
1" Quidem Scripturâ sacra. Enim verô gralia san-
clilicans, nisi sil ipsa cbaiilas, ut inulli vuliint, eam
salleni semper sibi adjunclam iiabet, ul oenes l'aleii-
liir; alqiii qnolies amuia cliarilale exornalur, t(»lies
ineam descendit divinilas, coiiteslante (lliristo, Evang.
S. Joan. c. li : Si (juis diiuju me, diliyetur à I\iire
ineo, et ad euin veuiemns, el nunisionem apud euin [a-
eiemiis. Idem clamai discipiilus (plem diligebat J(;siis,
I Ei)isl. c. 4 : Qui manel in ch(iritate,in Deo uutnel, et
Deus in eo. Ilinc alibi diciliir, Uom. c. 5, v. Tj : i'-hn-
riliis Dei di/j'usii est in eordibus vestris per Spirilmn
mncluin (jui dnlns est vubis. Ilinc cenlies divins ora-
cnlis deelaratiii' Spiriluni sanclmn iii liominibns jnslis
liabilarc; v.g., l^vaiig. S. Joai;. c. H: Viirtieletuin
diibit vobis ut mtineatvubiseuxt in ateruum... A])nd vos
nuiiiebit,et in vobis eril ; 1 Coriiilh. c. 0 ; An neseilis
quonium mènera vestra tcmplum sunt Spirilùs smieli,
qui in vobis est, (/nem liabelis à Deo; Evang. S. Joan.
cap. 7 : Uocttutem dixit de Spirilu quemueeepturi eranl
eredenlesin eum ; nondiim enim erat Spirilùs dulus, quia
Jésus nondiim erat qleriftcalus. lii omiies lexlus, iimu-
meri(|ue alii (pios ijrob-rre possemus. ade() clare iji-
s.iui Spirilùs sancli pcrsonain et feubslaiitiam nobis
Î303 QU-EST. V. DK EFFECTinis SACIIAMENTORIM.
1310
f admodùm Irulenliiia syiindiis ah omiiilnis credoii-
f duin,pœiiu aiiatlicmalis projmsilà deoiovii, non
i soliim pcr qiiani pcccalDruni lil rcmissio , scd di-
t vina qnalilas in anima inlia-icns, ac vcUili splondor
« quidam et lux , quai animariim iioslrarum maculas
« oiiines delcl , ipsas(|uc animas pulchrioros cl splcn-
i didiorcs reddil; al(pic id ex sacris lillcris apcrlè
i colligittir, cùtii gialiani cflundi dicanl, camque
i Spirilûs sancli pignus soleaiit appcllarc. t
Poriô concilii Tiidenlini lucc dclinitio csl , soss. G ,
c. 7, et can. Il : « Jusliricaliuiiis uuica l'ormalis
t causa est, jusiitia Doi , nonquà ipscjuslus est, scd
i quà nos juslos facit ; cpià videlicel ab co donali ,
« rcnovamur spiiitu mentis noslra;; et non modo ic-
i piitanuir, scd vcrè jusli nominamur et sumus ,
t juslitiam in nobis rccipientes , nnuscpnsquc suam ,
c secundùm mensurani quam Spirilûs sanclus parliiiir
i singulis prout vult, et secundùm proprinm cujiisque
« disposilionem el coopcralionem.... Si ([uis dixcril,
« bomines justiHcari , vel solà impulationc jusliti^c
« Ciuisii , vel solà peccatorum lemissionc , exelusà
i gratià et cliaritale, quic in cordibus eorum per Spi-
quoeumquo tandem modo communicari exprimunt, ut
ad ipsius cliarismala et doua, nisi per vini et distor-
sioncm, omnino re>lringi nequcanl.
2" Maximum eliam robur iiuic scnlentire accrescit
e\ auctoiilate SS. Palrum et iira-clarissimorum theo-
bigornm , qui illam luenlur. Inlinita propemodùni et
bicuienla veterum Palrum loca eà de recongessii doc-
ti^simus Pelavius, tract, de Trinilale, iib. 8, c. i, 5, G
el 7. Pulcbra eliam scrip^it ul eamdcm dncliiiiam as-
sercret Cornélius à Lajjide in v. 4 cap. 1 Epibt. Il
S. Pclii, ubi eilat pliirinios idipsum expi'cssè docen-
tes inlerqims S. Ambros., S. Aug., S. Léo, S. Tliom.,
Vasques, Suar, etc. Hic poslremus inde concludilSpi-
riliim sauctum novo modo secundùm suani ^uhstin-
liaii) in aiiiniàjusli praîscnlemessc iucipere, (pio an!e
illius juslidcalionein non erat, et eam sciilciiliam ifa
osse ccrtam contendit, ut conlrariam errouiam esse
cen^eat.
5° Tandem ipsa ratio, Iheologia; principiis innixa,
auctorilali suiTragari vidctiu-. Scilicet gralia sanctili-
cans pcrfectissimam amiciliam inlcr Deum cl aniniam
consliluil : porro amicitia pci^leclissima, maxime si sil
s[)irilu:ilis et divina, inliniam amiconnu pr;i;ïenlia:n
postulai ; ad diius cnim nalui'ani perlinct ut -nnicos
secinn invicom quanlùm lii'ri |)olest copidelur ; ergo
gralia sanciilicans poslulare videlurul Spirilûs sanclus
inlimà qiiàdam ralioiiecinn anima conjimgalur, alquc
adeô in eam descendat, illique novo prorsùs modo !
pra'Srns liât. ;
Ilis aliisqiic ejusmodi ralionibus innixi, mcritô, ni
fidlamur, dicere poluimus Spiritum sanctuu) graiiam I
samiiliraulem in anima comilaii. Proiiidc si Deiis [
ti'>n ess(!l ubiipio, ncc ainnia; intimé conjuiictus, por i
g;aliam saiiçlilic;inlem pi;rsfiis iili licrcl, in eà((iie,
([uasi in lenqdo, palalio ac llialamo suo inliabilaret, et
vcliili «iim sponsà d(Ii<ian>lur. Quin cliani arclior est '
unio illius cum anima, (inàm ipsum conjugale vincu-
liun, rectiùsqne cum uiiioiic animaî cl corporis confer-
r<'tm' ; nam siciit anima coi pus vivifical, cl ad am-
pli()rcm dignilalem evcbil, ila Spirilûs sanclus est
liriiicipium vit:e sujicrnatinalis aniuia', illannpie éle-
vât ad slalinn (pii omnem bmnanani inlclligeiiliam
transcciidit. Iliiic niirum in nuidum app;ircl quantum
sil gralia- sanclilicatilis prclimn. rpianla excellcnlia.
Ob', si scircnt liomincs domim Dci, iilud ob lurpom
el momentaneam voliqUalmi non nniitli'reut, aul
saltem amissum diligenliùs recuperare co:iaronlur.
(Edil.J
« ritiim sanetum dillimdalur, atqiic illis inhïereat,
< aul eliam gratiam (juà jnslilicamur, esse tanlùm fa-
« vorem Dci ; analbcma sit. i
Qua'st. II. Itrùm gralia sacramenlalis intrinsecuui
alitpMd superaddal gratis; babiluali generalim sum-
pl;c ? — Hesp. aKirmativè : nam Sacramcnla produ-
cunt hoc ipsum quod significanl; atqui babcnt singula
vim gralia; cnjusdam spccialis significandiu : divcrsi-
modè ergo graiiam in auimam infundunt : alque adeô
gralia sacramenlalis intrinsecum alùjnid supcraddit
grati;i; sanctificanli comnmniter sumplce.
Deinde frustra adliibcreiur pra-clara illa Sacramen-
torum varielas , nisi diverses fines proximos respi-
cerenl , et ad effecius diverses dirigereiitur ; solamque
baberent cxterioris spcctaculi facieni : « Siciit \irlu-
f les, inquit S. Thomas, 5 p., q. 62, art. 2, in c. ,
« et dona addunt super gratiam communilcr diclam ,
« quamdam perfeclionem dcterminalè ordinatam ad
« proprios aclus potentiarum ; ila.gralia sacramenta-
1 lis addit super gratiam communilcr diclam, et su-
« per virlules et dona quoddam divinum auxilium ad
« consequendum Sacramenti Unein. > Et in resp.ad 3:
« Dicendum , inquit, quôd ratio sacrameplalis grali;e
« se habct ad graiiam comniuniter diclam, sicut ratio
« speciei ad genus. n
Pra'ierea hoc ipsum evincitur omnium cnumera-
(ione Sacrameiitorum.
Baplismoenim hoc proprium est, quôd spiritualiter
bominem in Ciirislo regeneret , quôd cxpiet omnem
culpam, pœnanique reniittat; quôdque spéciale jus
tribuat ad auxilia specialia, spiritual! generalioni , et
rcnalo homiiii convenienlia.
Confirmationis effecius est , gralia roborans ad fi-
dem, eliam cum viLe leniporalis, cl bonorum omnium
lerrcslrium jacturâ intrépide proliiendam.
Eucliarislia nuliil fidelem spiritualiler , quia per
illam (il, ut bomo manducet carnem Filii hominis,
et bibat cjus sanguinem : bincque (idem , spem, cha-
riialcm, pictalem mirum in modum adauget.
De Pœniteniià quid opus est dicere, cùm nenilnem
Ialcalcsscsecund;im post naufragium tabulam, homini
lapso proposilam, ut cjus adminiculo redeat ad portum
salulis, et cum Doo oITenso reco:icilietur?
Ilabet pariler Extrema Unctio proprium grali;c
gradnm : « Clemcnlissimus enini Redemplor nostcr,
« iiKiuiunl Tridenlini Patres, sess. li, doclrina de Ext.
1 Uncl., qui servis suis quovis lenqiore voluit de sa-
« lularibns rcmediis adversùs omnia omnium hostiuin
« le!a esse prospeclum, qiiemadmodùm anxilia ma-
t xima in Sacramenlis aliis pra'paravit, quibus Cliri-
« sliani conservare se integros, dùi\i viverenl.ab
« omni graviore spirilûs incommodo possint ; ii;i
4 Extrema; Unclionis Sacramcnto finem viuv, lan-
« quàm (irmissimo quodam pra>sidio nuniivil. > i:t
paiiiô po>l, c. 2 : « Ues porro et ciTeclus luijus Sa-
t cramenti.... gralia est Spirilûs sancli, cujus unclu)
« delicta, si qna> sint adlaïc expianda, ac peccaii n li-
i quias alistcrgii, et a;groti animam alleviat et coa-
11 1 firmal, magnam in co divina.' miscricordia; fiduciiuu
i.m
DE nr SACIUMRNTAUIA. — DE SACRAMKNTIS IN GENERE.
17.12
I excilando : qiiA iiilîrmus sublevalus, cl morbi iii-
< coimnoda ac laboros Icviùs fert, et lenlalioiiibiij
I daîiiionis calcaneo insidiaiitis faciliiis resislil ; cl
( saiiitalcin corporis iutcrdùin, uli saluli aiiiin;c c\-
< pcdicril, conscqiiitur. » Vide ctiaiu caii. 2.
Pcr Ordincin, spécial! qiiâdam gralià, uiinislri ido-
noi consecrantur, qui Dei niysleria digne dispensent,
et sacras funcliones religiosè obeanl : de Iiàc Aposlo-
lus ad Tiniollicuni •!, li: ISoli ne(jlujere, inquit, gra-
tiam qua. in te est, quœ data est tibi pcr proplictiam
cum imposilione nianuum presbyterii.
Malrimonio deniquc fil ul carniscoiicupiscenlia re-
frcnetur, ut sil casla generalio cum clarilale , ut
suscepla proies cbrislianè educciur, cl fidcs conjuga-
lis intégra illibalaque servelur : ergo, etc. (I).
(i) Qu;icritur qnid illudsit quod gralia sacramenla-
lisgratix' habituali superaddat, scu quid pra)cisè gra-
lia sacranienlalis. — lluic quœslioiii sic respondel
Billiiarl, dissert. 5, art. 5 :
« Gralia sacranienlalis non est liabitus realiler
( disliiulus à gratiâ coninniuitcr dicta virtutum cl
« doiioriun, neque solninauxiliuni spéciale Irans/ens,
« scd novus niodus inlriiiseciis perfeclionis seu spe-
« cialis vigor graliie conununitcr dict;« superaddiliis,
« cnni ordine sou exigeiitià et jure ad auxiliuni
t acluale siio lompore coiiforendum. Ita Joan. à
4 S. Tli., Cai)rora, Nugno, Serra, Coiiteiison, et alii
< contra Cajet.,Solo, Gonel et alios, (juoad secun-
« dam i)arlem coiicliisionis.
i Prob. prima pars : EU'ectus spéciales ad quos
« ordiiialur gralia sacranienlalis, non sunt realiter
< et subslanlialiler dislincli ab cfleclibus gratiie com-
« muniler diclie virtutum cl donorum, sed modaliler
« tanlùni, qualenùs (Iniit quasi ex oflicio, et ratione
« slalùs connaturalilcr et ex speciaii vigore : ergo ad
« illos non requirilur novus liabilus realiter distin-
« dus ab liabitu gratine habiliiaiis connnuniler dicliç.
« Prob. anl. Sic cflectus (|uem causal Pœnilenlia sa-
< nando, Baplismus regencrando, Exlrema Unclio
i alleviando, subslanlialiler fit pcr liabitum gratiaî
« virtutum et donorum; et (juanivis Baplismus re-
t niillat tolam pœiiam, niliil est lamen ibi substan-
i liale dislinctiun, sed niodaliter laiilùm, secundùm
i majorem ejusdem grali;i; exlensioiicm : sic eliam
* edectus Eucbaristiie, qui est nulrire et augere ani-
« mam spiritualiter, fit subslanlialiler per aclus fer-
i venliores virtutum; elfeclus Ctinlirnialionis, qui est
i fii'ma iidei conl'essio, est subslanlialiler aclus lidei ;
i eiréclus SacrameiUi Ordinis, (jui est débita Sacra-
8 meiilorum excculio, est subslanlialiler aclus reli-
« giouis ; tandem effeclus grati;ic malrinionialis, (jui
« est caslè vivere, (idem niuluam servare, seque niu-
< luis ofliciis juvare, est subslanlialiler aclus, vel
i jusliliaî, vel cliarilatis, vel caslilalis; ergo.
« Coiif. Gralia sacranienlalis est gralia sanclifi-
i cans; qui enim illam recipit, vel sanclilicalur si sil
« peccalor, vel fil sanctior si jani sil juslus : atqiii,
« si essel babilus realiler dislinclusà gralià habituali
« commmiiler diclà , non essel sanclificans : ergo,
« Prob. min. Propriuuï est gralia; babilualis commu-
« niter dicUe sanclilicare, imô est ejus elfectus for-
t malis; ergo non polest per alium liabitum roaliler
« dislinetum pr;estari ; eflectuscnim l'ormalis est ipsa
« forma connnunicata.
4 Secuiida pars coUigilur ex D. Th., qui bic, art. 2,
« ad I, dicit : Cratia virtutum et do)ioniin sitlficicuter
« per/icit essenlidin aiiiiiiœ tjuuntiim ad (leneralon ordi-
« luilionem actidtr.i aiimxc ; .s«/ (juaiHiim ad ipwsdam
« efft'clHS spéciales qui rcjuinuilur ad vilani cliristia-
t iiiim, requirilur sacruiucntalis qratia , qu:e nenipc
« perlicial esscMlJaui aniui.e in ordine ad illos spe
Qu;est, III. Sinl duo pluresve homines qui atl
baplisnnnn sine ficlione accédant, quairilur utrùni
1 ciales elTedus : ergo, juxla S. Th , gralia sacra-
it nienlalis est quid intrinsceum et yermanens, perfi-
i ciens essentiam anima;. Auxiliuni autem acluale non
« est quid inlrinsecum et permanens, perficiens essen-
« liam anima'., sed applicans lanlîun potcntiani ad
t.actum. El in resp. ad 5, dicit quôd gratin sacramen-
« talis liabet se ad gratiam communiter dictam, sicid
« ratio speciei ad genus, speciei scilicet incompletae et
1 modalis (gralia enim est speciei atoniai) eo modo
« quo, v. g., qiialilas magis et minus intensa, digilus
« ereclus et digilus indcxus distinguitur ; certuni est
4 aulem spcciem modalem cl iiicomplelam adderc
4 ali{|uid inlrinsecum generi. Necpie valet, si dicas
« cum Cajel. et Solo. S. Tboniam loqui de gralià prout
4 abslraliit ab acluali et babiluali : nianifeslum est
4 enim lam ex corpore arliculi quàm ex solulionibus
4 argumentoruni ipsum loqui de gralià habituali san-
4 clilicanle.
« Prob. ratione : Sacramenla, uldictumes!, ordi-
i nanliir ad diversos et spéciales elfectus perlinenles
4 ad vilani chrislianam efliciendos ab hoinine; aUpii
4 ad id sccuiHiùm consuelum providenlia;cursum non
4 sufficil auxilium Dei acluale Iransiens, sed requiri-
4 tur aliqiiid in bomiiie intrinst^ciim et permanens per
« modum priiicipii, cui correspondeat et coniiaturali-
« 1er jiroporlioni'tur auxilium islud Iransiens et ope-
4 raiio ad quaui datur;cxigit enim suavis et consueta
< rerinn dis])osili(), et connaluralis ageudi niodus,
4 ul in omnibus causis principalibus, qualis est bomo
4 respeclu suorum actuuni, operalio supponal in ope-
i ranle principium operalionum sibi connalurale et
I proportionalum. Ergo gralia sacramentalis non ad-
4 dit solùni supra gratiam comnniniler dictam auxi-
4 lium Iransiens, sed modum quemdam inlrinsecum
« et permanenlem pcr modum principii, queni dici-
j mus perfectionem et vigorem specialem graiiaî
4 communiter dicl;ic cum ordine et cxigentià auxilii
i aclualis suo lempore conferendi.
4 Neque dici polest quôd islud spéciale auxilimn
4 supponal gratiam connnuniler dictam lanquàin prin-
4 cipium oui comialuraliler correspondeat ; aliàs se-
4 querelur (|uÔd gralia sacranienlalis darelur pariler
4 extra Sacramenla, et quôd nibil quidcpiam adderet,
4 etiani per modum aclualis auxilii, ad gratiam coni-
4 muniler diciam.
« Conf. Gralia sacranienlalis, maxime secundùm
4 'f liomislas, procedil elfeclivè à Sacramentis ; at-
4 qui auxilium acluale non efiicilur à Sacramentis;
4 ergo.
4 Hujus rei aptum exemplum babennis in gralià
« juslili;e originalis coinparalà ad noslram. Erat ea-
4 (!cm eiililalive et subslanlialiler cum nostrà ; habe-
4 bal ïamen (piemdam iiiodum perleclionis, ([uemdam
« vigorem, (pio perfeclè subjieiebal partem sensi-
4 livam ralioni et corpus aniuKC, quem non habet
4 nos Ira.
4 llaipie, ut ad singula desccndamus, gralia sacra-
« nienlalis Baplismi est gralia babilualis cum perfe-
4 ctioiie el vigore speciaii ad novam vilam in Chiislo
« iitslituendam, ad remissioiieni toliiis culp;e et poMia;
4 et ad rite suscipienda alia Sacranieiila, cum or-
4 dine, cxigentià el jure ad aiixilia aclualia huie
4 adeplic regeiieralioiii conscrvandie et ejus adibus
4 necessaria. Gralia sacramentalis Confirmalionis est
4 gralia liaiiiluaiis seu ejus aiigiiK nluni, pariler cum
4 speciaii vigore el robore ad fidem alacriler et lôr-
4 lilor eliam in vila; diseriniine propugnandam, cum
4 ordine el jure ad auxilia bis aclibus necessaria.
< Gralia saciamenlalis Iùicbaristi;e est gralia babi-
4 liialis cum pari vigore cl oïdinead auxilia pro anima
4 spirilualik'i' nulririulà cl specialilcn' Deo unieiidà
4 i)er ferveiiliores aclus viriulum. Gialia Pcenitentia;
4 es' ^irnlia baliilualis ctiiii pari vigore cl ordine ad
!515
QU/EST. V. DE EFFECTinUS SACHAMENTOUUM.
15U
œqualilcr graliam sanclificaiilem rccipianl. — Uosp. :
Vel de adultis oiuïstio isla niovcUir, vcl de infaii-
libus.
auxilia neccssaria pro pcccatis iilaiii^ondis, dolondis
et cavcndis. Gratia ExIrciiKi" l'iiclioiiis osi i^iaiia
liabilualis ciiiM ])ari poircclidiic ol nrdiiio ad auxilia
pro lolk'iidis roli(|iiiis poccaloiiiin, iiiorbo allcviaiido
aiit patioiitiT feriMido, ol pi'a'paralioiie aiiim;o ad
foliocm iiiorloiii coiiira cvli-i'inos Iciilaloris impcltis.
Gralia Sacramenli Ordiiiis est i^ralia li;d)iliialisciiiii
pari vigorc et online, etc., ad rectè excreeiKhini
cnlliiiii diviniiin et Saeran;eii(a admiiii'-Uiuida.
Gratia Matrinioiiii est gralia liahiliialis eiiiii pari
vigore ol ordiiie, etc., ad lidi-m iiuiliio si-rvaiulain,
ad eoiijiigaliler et caslè vivcudum, et ad oiicra Ma-
Irimoiiii fereiida.
« Noque le movcat qnôd dicamus ooii jure (td auxi-
lia gyatiœ, (piasi id dcrogarcl graliliuliui grali:u;
islud enim jus l'uiidaliir in solà liberali et gralnilà
Doi proniissione, qni fidolis c~-t in suis proinissis,
ncc deest in necessariis; unde niliil oflieit gralitii-
dini gralia;, sicul illi non obest (piùd ijraliani coni-
niuniler dielain sofiuatur jus ad eoinnumia auxilia.
< Dices r : S. Th., iiio, arl. 3, niiUà faelà nicn-
tionc de aliquà pcrfeclione intrinsecà et perinançn-
te, dicit tanlùm çiraliinn s^tcrumcuUilcm uddcre supra
(jratiam cotiDiiuiiitcr acccflain aujUinni diviiiuiii ; at-
qui auxiliuni divinuin non esl (juid permanens;
ergo. — H. i° iS'on esse insolituni apudS. Tlioniani
per auxilium divimtin inlelligi ali(piid habiluale cl
permanens : sic 1-^, q. 100, a. 1, dicit rainiri au-
xilium (jratiœ ad hoc qubd liomo resurgal ci tinautian
ad liabitualc donum el quaiilian ad intcriorciii Dci
inotiouem. R. 2" Dist. min. : Auxilium divinum for-
nialiler in se non esl quid permanens, transeat ;
radicaliler in suo principio connalurali, ncgo. Cùm
igilur auxilium aclualc , juxla consuclani pruvi-
dentiam et connaliiralem modum agendi, debeat
corrcspondcre alicui principio opéra livo, hoc ipso
que S. Thomas dixilgraliam sacranienlalem super-
addere auxilium divinum ad spi-ciales efl'eclus, im-
plicite inlellexit connalurale ejus principium. Vel
dicendum quod per auxilium inlellexit qualem-
cumqne coni'orlalioncm specialem supra graliam
comnmruler dictam, quam ideô non nominavil gra-
liam, cù qnôd non sit gratia realiler dislincla, sed
tanlùm modus gratia;.
< Dices T : Elfeclus ad quos ordinalur gratia sa-
cramenlalis, non sunt diversi ab aciibus gralia;
virlulum el donorum : v. g., proioslari (idem, qui
est eflectus Confirmationis, est aclus fidei ; imô
quandoque contingit quod aliquis sine Sacramenlo
Gondrmaliouis tidem furliùs prolilcalur qnàm con-
firmaUis; ergo. — II. 1°: lloc argumenlo probari
pariler non leqniri auxilium spéciale, cpiod non ad-
millunt objicientes. "2" Dist. anl. : EUectus ad quos
ordinalur gralia sacramenlalis, non sunt diversi
subslanlialiler ab aciibus graliic virlulum et dono-
rum, conccdo; modaliler, nego. lli cidm vi graliic
sacramenlalis eliciunlur quasi ex ol'ficio et lalioiie
slalùs lanquàm à mcmbris vivenlibns Clirisli por
derivalioncm sp(;cialcm ejus grali;e capilalis. Unde
quod non conlirmalus iortiùs ,proleslelur fideni
qtiàm confirmatus, hoc provenit ex majori coiialu
cl inlensionc, sed non agit ex olïicio el ralione
Slalùs, neque ut membrum vivons Cbristi per
specialem derivaliouem à gralia ejus cai»ilali.
« Inst. Ouaro non sul'licit, (|uod gralia sacramen-
lalis ad snos elleclus supcraddal gialiiie commmiilcr
dicta; jus ad auxilium spéciale?— h. Vel illud jus
esl quid intrinsecum permanens, vol non; si pri-
muni, habemus inlenlum; si secundum, recurrunl
raliones nostra\
« Kx diclis colliges graiias sacramcniales csscnlia-
liter inler se dillerre specie; respeclu vcro gralire,
accidenialiler modaliler lnn/*jm : sicul, v. g., in-
Si do adultis, hoc ipso quod ad Bapiismum vcraci-
ler, et sine uUh simulalionc accedimt, non est du-
bium quin œqualiler graliam rogcneralionis accipiant,
lier qnam à caplivilatc da^nonis liberali, transferuu-
im- in rcgnum Dci ; quia lamcn non omncs ad san-
ctum lavacrum cum pari motu fcrvoris acccdunt,
potcst contingcrc, imù sxpè contingit, ut inlra cani-
dem graliiP spcciem, gradu difl'eranl, cl major in uno
sit, in allero minus inlonsa ; hic cnim locmn habct,
quod paulô anle ex concilio Tridenlino recitabamus :
Jusliliam unusquisque suam recipil.... sccuudùm pro-
priam cujusque dispositioucni cl coopcralioncm ; quod
aulem de Baplismo esl diclum, débet de cielcris Sa-
cramenlis inlelligi.
Si verù agalur de infanlibus, quorum h.TC una ,
pnieparatio est, quôd non opponanl obiccni conlrari.ci
voluntalis, dicimus pariler graliam Sacramenli, quan-
tum ad speciem el cssenliam in omnibus sine dubita-
lioneessc a'qualeni ; quia lamcn Spiriius sanclus men-
suram gratiœ parlitur siiigulis proul vult , inqiiit ibidem
Tridentina Synodus, sess. 6, cap. 7, ideô (1) pic cre-
dimus, in alios uberiùs , in alios parciùs gralia; tlic-
sauros cfflucre nam quemadmodum in legc veleri ,
el sub ipsum Evangelii crepusculum, Jeremiam et
Joannem Baplisiam in mateniis uleris Icgimus spc-
ciaii favore sanclificatos , propierea quôd ad prophe-
tandum aller, aller ad .Messi;x; adventum annuntian-
dum niillendi forent, ila nihil eril fidei et Christiana;
pietali conlrarium, si dixerimus, uberioribus dulce-
dinis bencdiclionibus, in ipso fonte Baptismalis pr.c-
vcniri aliquos, qui ad ampliorem sanclitalis cumulum,
cl ad majora munia obeunda fuerint dcslinali.
Qua;sl. IV. An gratia Sacramenli possit sineSacra-
mento haberi? — Resp., si de absolutà Dei potcslate
agalur, non esse dubium quin possit gralia .'cuilibct
Sacramento correspondens, sine ejus susceplione ob-
lineri : nam pendent quidom Sacranienta à Deo ut
agant; sed non vicissim pendel Deus à Sacramemis.
Ilaqnc quemadmodum cvim libère illa insliluit , non
suâ necessitate, sed noslrà ; ila polest ubique cl sem-
per sine illis homineni salvare. Si vcrô de ordinarià
pol'>slate qua;slio sit : i Régula universalis est, inquit
« Dominicus Solo, in l , disl. i, q. 2, arl. 1 , quod gradus
t gratia; qui corrcspondet Sacramento, nunqnàm con-
1 lerlur nisi co rc suscepio : gratia cnim sacramcn-
i ilexio et ereclio inter se esseniialiler dilTerunl,
c respeclu verù digiti accidenialiler modaliler lan-
1 lùm. » (Edil.)
(I) Ilanc ina^qualilalem non eqiiiilcm prorsùs ne-
gamus ; al illam , cum niaximà ihcologorum parle ,
Iribiiondau) oxistimamus, si quando exislal, non ipsi
Sacramenlo, qiialonùs ex opore operalo agit, sed moro
Dei brne|)Iacilo, qui nullis Icgibiis adstringiliu- in suis
donis dispcnsaiulis. Elenim Sacranienta opeiaiitur ut
caus;o naliirales ol nocessaria; ; aUpii oadeiu causa
naluralis ol nocessaria icipialom in snbjoclis ;o(pic
disposilis, dispaniu vcrô in ils (|ua' iirofpialilfr dis-
posila siinl, eli'oclMin prodncil : ergo idem Saoranien-
timi a-qualom graliam per se lis conforl (pii ,oi|u:di(er
pra;parali ea suscipiuni, inLvqualein aulem iis ipii sunt
inxqiialiler disposili. Ncc rolerre videlur ulrùm sns-
oipion; sit ailultus, necnc. lia communiler doc'cres
(Edit.)
i:5ir; de ïwz sacuamentaria. —
« l:\lisostproniissn lUeiiti S;u;iaiiiciito. » Qiiôd si Sa-
or.uiiciiliiiii vcl |)r()i)lt'r iiiiiii.slnirum pcmiiiaiii , vcl
nliii qiiàciimqiic de causa suscipi lulu non possit, de-
fi'cUim (I) liiiiic siippli'l cjiis siis(i|>iriuii voliiiii ; co-
((iie sensu gralia sacraniciilalis in ipsuin Saciaincn-
liiii) jure rcruiidilur.
Qua'st. V. L'iliuio iiuo sensu dieanl llieologi, quaî-
(lain Sacrameiila priniam, alla secuiulain graliani pro-
(liicere? — Rcsp. uriiuam graliam apiicllaii , (pià
|)rinuiin anima peii'undilur, quarn anlca peccali ma-
cula deforinabat; secundam dici, qu;c advenil aniniie
j:uu sanclilicalu; , cl auget gialiam prx>exislcnleni ;
liiiiC(]UCorta, ul pra>dixiniiis, q. 2, c. 2, § 5, dislinclio
in Sacraiiienta vivorun» et niorUiorum.
(1) Quanilur uUîun voluni Sacramenti suscipiendi
graliani sacraiiiPtilalein coulerat. Quam quidem qua^-
slioiieni anleipiàm solval doclissinuis Collel, Iurc no-
tai, cip. 3 de Saciain., art. 1, socl. 2 :
'( Sacranienlnni in volo niiiil esl aliud qnàni ipsum
« Sacramonii rcaliler suscipiendi dcsideriuni ; el islud
j (piidcni vel cxiiliciluni esl el formale, vel inipliciluni
« seu virluale : expliciluuHpiideni, cùni quis aclu ex-
« prcsso realeni Saoranienli reccplioneni desideral ;
f seu aclu leqiiisilas ad legilimani suscepliononi dis-
« posiliones liabe.d, seu non, pula quia elianuuu)» le-
0 lliidi peccalo adlianel. Inipliciluni verô cùni quis
« elsi do Sacranienlo non cogilat liic el nunc, (acilel
t Yult id onine quod ad plenani sui juslilicalionem
i necessariuni esl, ni si perieelè de peccalis conlera-
« Inr, anl geniiinuni anioris Dei super onniia ;uluni
(I clieial ; qui ciiiin allenilrum facit, censelnr velle id
« (uiiiic quod ad obtinendani salnlein necessariuin est.
« Mine l'ridentinuni, sess. 14, c. 4 : Ktsi, in(piit , con-
a tril'wiieii) niujunndo clinritaW perfectam esse conlinçjut, j
< homhmnquc Dco rcconciliare , prlusquàm hoc l'œni- |
« lenli;T> Sdcromentnm acin suscipialur, ipsum riiltilo- '
(1 minus rccoiiciHatioitcni ipsi amtritioiii , sine Sacra--
(i mcnlivolo, quod in iltà includilur, non esse adscri-
( hcndam. j
,Jaui ad proposilnni respondet eximius tlieologus ,
6 voluni Sacranienli non conferre graliani sacrauien-
« taleni , (juasi aclu el de fado suscepluui essci Sa-
♦ cranientum, ade6;pje juslilicare solùin ex opère ope-
« lanlis. Ralio est 1° quia nulla cA ralio cur Sacra-
(I inenla in volo poliùs conrei'aiil graliani sacrameii-
« lalein , quàni cliaracierem impriinanl ; aKjui Imnc
« non inipriniuiil; aliociui non niagis Itaplizaii posrel,
< (jui sineeruni liabuisset voluui Baplismi , qnàin (pii
« jani re baplizalus Inisset; 2" (piia si SacranienUnn
« in volo pareret graliani sacranienlaleni , possel bis
« el lerliô cflecluni suuin produeere; qnolies ncuipe
« ardeus ejiis de^idnium cuui cliarilale pcrl'eclà ba-
« berelur, ac deinceps ciun reciperetur do fado ;
« 5" qnia gralia sacramcnlalis nonnisi operi operalo
« resixtndel; alqui in volo Baplismi, v. g., nuUuni est
« opns nisioperanlis; .i"quia,ul nolal Boudartius iiic,
« J). 81, Saeranienla morluorum re susceplà ex allrilo
« faciunl conlriluui, adeoque si bis in volo susceplis
« responderet sacramenlalis elTeclus , conferrent
(I graliani lanliini aUrilis, quod liec dici polesl, ncc à
« «piojii ani dicilur.
* Absii lanien ni stérile sil Sacranienli voUi'.n, quia
» licèfvi ipsius non conferalur sacramenlalis gralia ,
« conferlur lamen jnsiilicalio, ejus(pie appendices ac-
c Inaies gralia;; undc qnod deesl ex parle Sacranienli,
e C(tnipensalur ex parle Dei ; alqne bine Tridenlinum,
d alludcns forlè ad id Anguslini in cap. G Joan : Crcde
i cl manducàsli, ail, sess. 13, c. 8, illos, qui vola cœ-
i leslcm punem cdunl , f}de vivà qiiœ pcr dilcctioneni
c opcralur, (ructuni ejus cl ntiHtatem senlire ; (pialenùs
« ex opère operanlis babiUialem vilain recii>iuiit, ci
« ce(juivalenleni quà donanlur (pii reipsà ad cœlestoni
{ uidisam accedunl. > (Edil.)
DE SACRAMKNTIS IN GENERE. 1310
• Du3C aliji quscslioncs hic adncdl soient circa
qualilalcin gralia; qu;e à Sacranicnlis pioducilur,
qua'nani scilicet priniain , qua'nani verù secun-
dam graliain per se, ac vi sua; inslitulionis coin-
niunicent, el an per accidens nlramquc confcrro
valeant. Ad priorem comniunis acccrla responsio est,
Baplismuni el rœnilenliaui esse per se inslilula ad
piiniain graliani confcrendam , quanquàm per acci-
dens causenl aliquando secundam. rriiiue partis ea
ralio est, qnia duo illa Sacramenta snnl per se insli-
lula ad deslruendum pcccalum quod allerl morleni
anima'; Baptismus quidem ad delenduni originale el
pia;cedenlia peccala ; Pœnilenlia ad ea abolenda,qn;B
bonio Jjaptizalns admisit. Porrù Iclbalc peccatuni non
nisi per primac gratiae infusionem expellilur, per quam
de stalu peccali homo ad slalnni jusliliie liansil :
adoocpic ad banc graliani confcrendam ulrumque Sa-
cranientum per se instilulum esl. Ilinc illud rt'(jenerare
dicitur, eô quôd primo vilam infundal ; islud denuù
vivificare, quôd amissam restituai.
Altéra verô pars salis constat ; quoniam conlingerc
non rarù valet quôd vel calechumeuus ad Baptisnia ,
vel Cbristianus ad Pœnitentiam cum tain perfectà con-
trilione, ac fervcnlis cliarilale accédai, ut per ipsaiii
justificati jam fuerint. Tuncaulcm ea Sacramenta non
ampli ùsprimanijSed secundam graliani elargiiipossunt.
Quoad allerain qua;slionem dicendum caetera novae
legis Sacramenta, altenlo Une primario et direclo sure
instilulionis, esse ordinata ad confcrendam graliain
secundam : ila tanien ut probabililer eadeni aliquando,
et per accidens, etiam primain producaiit. De priorc
liuju-s proposilionis parte nulla inter theologos dissensio
esl, caque innolcscit ex disposilione pcr se rcquisità,
ac diviniiùs injunclâ ad frucluosam illorum receptio-
ucni, necnon ex (inibus peculiaribus, quorum gratià
inslilula sunl, ac dcmiim ex propriis ipsorum Sacra-
mcnlorum significalionibus.Nam, cxempli gratià, Eu-
cliaristia graliani significat, prout est spiritnale animai
alimenlum, pcr qnod vires ejus reficiunlur ac robo-
ranlur ; Exlrema Unclio rcpra^senlal canidem quà
si)irilnalibus mcdelur languoribus ; aupie ila reliquo-
rum conspeclis analogicis officiis alquc ulilitalibus,
apparel ea omnia referrl ad promovendas, et adju-
vandas bominis jam spirilnidi vità gandenlis functiones
el niinisteria (I).
Pars altéra non adeô pcnès theologos comperla
esl, ea tamen plurium ibeologoruin , maxinièque D.
Tliomas innililiir auctoritale, qui art. 1, quocst. 49,
ila loquilur de Eucbarislià : i Hoc Sacramcnlum in
(1) Exlroma Unclio inter sacramenta vivorum re-
censetnr, quia non priinariô deslinatnr ad delenda
mortalia peccala; allamen ab aliis vivorum Sacra-
nicnlis nonnihil discrepare pluribus tlieologis videtnr;
ncc immerilô quidem, ul putamns; jnxta proii-.ibilio-
reni enim sentenliam, secmularius illius (inis est pec-
cala etiam mortalia ivmilterc , tanquàm Sacianienti
Pœnilenlia! supplemenlnm ; proiiulcipie vi sua' instilu-
lionis , atqne adeô, non indireclè taiilùm, sed ctiain
piM- se cl" directe graliani priinani conl'erre p'icst.
Vciùm de hoc fusius in ipso de Exlremà UnctionQ
tiactatu. (F'd''-)
1317 QI.EST. V. DE EFFECTIIîrS SACRAMENTORUM. 1318
«fio, qui ipsum percipit in conscienlià pcccati mor- f .Tlcnmiii, qnisqiiiscasnsccpciitiliiincaiitemirrcvoca-
jik'm circcliim (liii oslqiiùd Ecclosia (.liaraolcrcin.iioii
«talis, non operalur rcniissioncm pcccati. Polosl
c lanicn hoc Sacramcnluni operari reiuissioiieni poc-
1 cali iliipiiciler, tino modo non pciccplnn» actn, scd
t voto , sicnl cùin qnis piiniô j^l^tilical^^• à-poccalo;
t alio modo cliam pcrcoplnni ab oo (pii est in pcccato
1 mortali, cujns conscicnliani ot aUcctiim non Iialiol ;
t l'orlè enim primo non luit siiflicicnlcr conlrilns, scd
t dcvolc cl rcvoieiilcr acccdons conscqnclnr pcr iioc
< SacramcnUnn graliam el cliarilalcni, qiue coiilrilio-
« nem perliciet, et rcniissioncm peccali. » Siiuilem
liuicsecnndo nnodo rcniillcndi pcccala iiibnit Angc-
licus idem efficaciam Sacranicnlo Conliiiualionis et
Exlrema; Inclioni. Oiiarc cl de rcli'iiiis omnibus
vivorum Sacramcnlis ipsum paria sensissc dubilaiidum
ncuiiquàm est.
Al iM(piiunt, qui in conlrariam abcunt oiiinioucm :
Euciiaristia, cxcmpli |,Malià , esl cibiis cl alimculmn
spirilnalc : cibns anlem vilam non |)ia'!)ot, (|uanliim-
cnmquc morluo ingcralur, sed cam soh'ini in babcnle
conservai et auget. — Resp. Eucbarisiiani esse cibum,
scd spirilualcm niullô corporali enicaciorcm : est enim
pauis vivns, iniô priiicipium, el auclorem vike aHcrn;\;
in secontinens; ncc dcslinatus est ni maiidncanlis
calorc converlalur in ejus subslanliam ; sed poliùs
ut ipsc vi suà mandncantcm in semclipsum conver-
lat ; aique adeô parilas non subsislil.
Insislnnt Sacramcnla vivornm non significare rc-
niissioncm pcccati , adooquc ncc pr;ebcre cam posse :
id enim tanlnm el'liciunt Sacramcnla, qnod signiti-
canl. — Resp. effcclum per se, cl ex speciali inslilu-
tionc collalimi in Sacramenlis sigiiificari; sccùs qui
pcr accidens lanlùm el exiraordinariè producilur.
Unde el innic pcr accidens, non per se confcrrc valent.
Persisluiil nullo solido fundamcnlo innili proposi-
lionem nosiram. Non enim auclorilale Parnm, ncc
gravi ralione fnlcitnr : alque adcù arbitniria dicciula
esl. — Resp. nnllos cqnidem Paires à nobis afferri ,
qui proposilioncm positain doccanl, sed ncc uilos ab
adversariis produci, qui cam rcdargnnnt. Falbintiir !
vcrô, dùm gravi illam l'undamenlo destilntam pntanl; !
salis namque probabile bai)cmus, ncc plané conlcm-
nendimi, illudcpie esl, (piod nnllum nova; Icgis Sacra-
mcnluni ab iis qui obiccm non oppommt, infructnosè
suseipilur. Alvero iile, qui ex unà parle, (idc, spe el
inclioalà diieclione non carei; ex alià, bonà fide, vel
ob nuilius peccali leliialis conscic:iliani, vcl ob pcr-
fcctcC conlrilionis (iduciam se exi^limal in statu gratis,
et sic affeclus acccdit ad Sacramenium vivorum ,
imllura ficlionis impedimcntum cjusdem eflicaciaî
videtur opponerc. Igilur pi imam graliam, ipià reipsà
tarel,consequelur".
CAPL 1 H.
I)K CIIAUACTERE SACRAME.N TAI.I.
Tria nov3c legis Sacramcnla, Raptismus, Conliiinatio
cl Ordo , rilè scnid data , in une codcimpie homine
mcoincnienli nie(:ipli(irà , appcllavil; fidei caiholiccc
j doctrina !i;eccst, ab Apostolis accepta, et pftr omnes
I a-talesatfpic omnes mundi parles, sine inlerruptione
; releulii : (piani , ni vcrnm l'alcamur, de scholà llico-
! logi , ;ili(pi()t jiidiinc sernlis, vanis snblilitatibus
; aliqiinieniis o!)scur;irnnt ; qu:mique , (piod pejus est,
1 novi liaîictici anlerre de mcdio prolcrvà Icmcrilalc
I nioliii sinit; banc ideo pro aris ac focis dcfendcrc
j noslrum est:ilaqne primnm ponenda definitio cba-
racteiis; deiiide dogma vindicriudum argumcnlis
I quiun polerinms validissimis ; Iciliô subruenda fun-
I d.inicnla erroris conlrarii.
I § I. Afj'ertur et cxplicatur dcfiiiilio cliaracleris.
Cbaraclcr, si grammaiicos audiamus , Grx'cè idem
c^t (,no(l Latine signnm, forma, ant figura, quà res
qua'iibet iiisigiiilur; sic cbaraclcre nolala pei ora
diciinus, qnie signnm aliquod lecnliarc inustum ba-
, beiil; codcnKinc sensu, qnod Graicè ebaracterem dixit
j Apostoius , (igtiram vertit Lalinus inlcrpres : ail cniia
I illc, llebr. ■!, 5: 6; wv à-v.'rjv--: l'-y- -ni So^r,^, za! yv.ç'/./.ry.p
j Tô; 0-oj7Tà7:-&); «ùriû: noslcr aulcm sic reddidil : Qui
chm sit spli'udor gloriœ et figura subslanliœ cjtis, clc;
, unde iiifcrl S. Thomas, non in rébus lanlùm scnsi-
biliiius, sed et in spiritualibus characteris nomeu
' iiaberc lociim. i Ciiaracler, inquil, 5 p., q. Cô, art. 1,
: « ad 2., vcl siguacuhim diei polesl per (piamdam sinii-
i « liludincm, omne quod configurai aiicui , vcl disliu-
1 « guit ab alio ; cliamsi non sitscnsibile : sicul Cbrislus
I « dicitur figura, vel cliaracter pateniœ substaïUiœ ,
, < secundùni Aposlolum, Hebr. 1 »
I Quod si ibcologieè loqui velimus (et volumus cerlè),
cbaraclcr ex mente Ecclesi;e, cum pruoccptore ange-
j lico benè definilur : Signaculum spirituale et'mdelebik
j quo anima insignitur, ad suscipiaidum vcl aliis trudeii-
i dum ea quœ sunl dicim cullùs. S. Thomas, 3 p.,q G3,
: art. A el 5. I
j Explioalnr definilio; dicitur 1" signaculum : signum
scilicel Ciirisli Régis, quod quisquis infixum liabct ,
lum summi honoris litnlo fruilur, lum ab aliis disiiii-
guiliir qui non lialteiil ; nam quemadmodùm oliin mi-
iilcs quaiido ad mililiam adscribebantur solebanl qui-
busdam corporalibus cliaracleribus insigniri, lum ut sui
porpcluo admoncrcnlur officii, lum ut abexteris distin-
gueiciilnr, raeilè(pic cognosci possel subquo principe
stipendia faeeronl; ila vfdiiil Rex regnm el Dominus
exereiluum signo imperatorio cxornarc milites snos.
Dicitur 2° signaculum spiriluale, quo anima insignitur;
quanquàm enim in causa suà, nimiriini in Sacnniienlo,
eujiis virlule imprimiliir nlicpijd souvibile sil ( per hoc
enim, inquil S. Tiiomas, 5. \^, (|.G3, art. 1 ad 2, scitur
aliquis esse Ihipiismalis cliarnclere insignilus, qubd est
ublnlus aquù scnsibili), in se ipso lamcn, sive l'iirnia-
liler, spirilnalc aliquid cssc negare ncn possumus ,
cùin in anima, uti(iuc spirilu;ili, recipi:i!ur : n (pie ha-
bel i>la scnlenlia aliquid la.ioid repngnans. Quin è
itorari nec debenl nec possunt , quia perpclunm et j, conlra plané esl conscnlancum, ul hominesqui à prin-
jndelebilem liabenl effeclum , DcO(iuc conscirani in * cipibiis nnuidi hnjus, ad corporalia obcunda officia ^
1519 DK lŒ SACIlAMEMAiUA
cliaraclcre corporan iiisignimilur, qiiandoà Dco depii-
tanltir ad ciiltum spiritiialoiii, sii^ao i)ariler spiiiliiali
iiotenlur iti anima ; Inicquo rcrcniiil ihcologi lerc
oinnes cum S. Tlionià, ibid. iii arguni. Scdconlra, id
quod est ab Aposlolo diclimi, 2 Cor. 1,21: Utixil nos
Deus cl sùjnavit nos, et (ledit pignus spiiilùs iii cordibus
noslr'is.
Jani si imporUinc qiKïîral aliquis , cajus gencris sit
illud Ens, quod sigiiaculum spiritualc esse, cl in anima
recipi profitcinur vcl in qnodcboal priiodicamcnlo col-
locari, brevitcr respondebimus, niajori siniplicilalc in
llieologià opus esse, ncc dcbcrc divinos efft'olus ex
' Aristotcliciscategoriis dijndicai'i, qui, cùni bumaniun
judicium inimcnsùm iraascendant, censores profanos
philosophos non vcrcnlur : nobis hiec duo sunl certa
et explorala : priniuni , poluisse Dcuin nolani quani-
dani spiiitualem infigcrc intùs in anima ; allenini, id
quod polerat, voUiissc ; quùdquidem i)OUicrit, ncgare
quis audcat, cui semel fides et ratio persnascrit ralio-
iialemet spiritualem subslanliam, novis conliniiù cutis
gradibus, (ido, spc, cbarilate, Spiiilùs sancli donis ,
scicntiis, facullatibusqiie diversis, in ulroque nalura^.
et grali;c ordine, à conditore siio ornari, perfici , illu-
strari ? Potuil Deus sciiicet tanlà bonorum spirilualiuni
supcllectilc cumnhire animam ; et salis potons non
fuit, ut suis culloribus si)iiiUialcni aliqucni cl invisi-
bilem cliaractereni iniprimerct ! Qnùd autcni sic volue-
rit, revclatio divina palàin et manifestô annunliat ;
quà seniel accepta, contradicenteni philosopliiam au-
dirc nil proderit.
Diciliir 5" signaculiiin Indélébile. Quod quidem non
jla est intclligcndum, quasi ilhid penilùsobbllcrarcdi-
vinam supcrcl potcstalcni ( quà cnini facililale ini-
pressit, delcrct profcclo, si vellct, dcsinendo videlicct
conscrvare ) ; sed (piia natuia; cjns, (piani à Dco ac-
cepit, répugnât ut deleatur, (juomodù immortalis ani-
ma dicitur, quia principium in se niortalilalis (1) non
Jiabct : cujus rci causa dujjlex ex S. Thoniâ, 3 p. q.
03, ail. 5, in c. , allerri polcsl.
Prima est , quia iioc signaculuin per specialcni
quamdam consecralionem impriniilnr; muie conse-
qucns est indélébile esse deberc; nain, inqnil Deus
pcr Moysen , Lev. 27, 28 : Qnid(jHid semel fiteiit con-
secralum , Sa)ictuni saueloruin crit Domino. « Et indc
« est, inquit S. Thomas , quod omiiis sanclificatio
I qiia; fil pcr saccrdoliinn Cbiisli , est peipolua , rc
« consccralà manentc. Quod palet cliam in rcbus ina-
« nimalis ; naniEc(lesia> vcl aUarismanclconscci'alio
1 semper, nisi destru;ilur; cùm ii;ilur anima sil sub-
< jeclum cbaraclcris secnndùni inlcilcclivani partem ,
i nianifcslum est qnôd , siciit iiilcllcclus perpctims
(I) Anima bumana niortalilalis principium in se non
babel, id est, niori nc(|uit aliqnà dissolulionc, ulpote
quai parlibus non coni])onitur ; alvcrô , cùm sil crca-
lura , babcl in se lalis dependcnli;e à Deo creal(>ro ei
conservatore principium, ni si diviiiâ virlulc, qnà cxi-
slcrcincirpil, non continuù conscrvarctur, slatim in ni-
liiium proprio pondère rcciderel. liinc palet q\\x sil
animce ininiorialitas, qua^ ab inlrinseco inincupaUir.
(Edit)
- DE SACKAMENTIS IN GENERE.
1320
< est cl incorruptibilis, ila charactcrindclebilitcr ina-
<i net in anima, i
Secunda est , « quia , inquit ibidem angelicus do-
« clor, cbaractcr sacramentalis est quœdani participa-
II tio saccrdotii Clirisli , in fidelibus ejus : ut sciiicet
« sicut Christiis babet plenam spirilualis saccrdotii
« potcslalcm, ila fidèles ejus ci configurenlur in lioc,
« quod participant aliqnam spiritualem potestatem
« rcspectu Sacranientorum et eorum quae perlincnt ad
« divinum cnllum; cl proptcr hoc etiam Clirislo non
« coni petit babero cbaraclerem ; sed polestas sacer-
« dolii ejus comparalur ad cliaractereni , sicut idquod
« est plénum ei pcrfccium, ad aliquam suî parlicipa-
« tioneni. Sacerdolium autem Clirisli est ailcrnum, se-
« cundùmiilud psalnii 109, V. 4 : Tues sacerdosin celer-
d num, seciindimi ordineni Mclcliisedecli. t ItaS.Doclor.
llincquc intelligat theologia; sludiosus , quanta sit
diguilas et cxcellentia cbaracteris, quo niinirùm fit,
ut fidèles in saccrdotii Christi consorlium admiilanlur,
cl de plenitndine ejus omues accipimil, Joan. 1, IG, il-
ludque adimpleatur, quod cccinil in Scripturis Spiri-
lus Sanclus, I Peir. 2,9: Vos autem genus eicclum ,
regcde sacerdotium ; et Apoc. 5, 9 : Fecisti nos Deo
nostro regnum et sacerdoles; et ibid. 20, 10: Erunt
sacerdoles Dei el Clirisli.
Dicitur 4" boc signaculo animam insigniri, ad susci-
piendum, vel aliis tradendum ea qnœ sunl divini eullùs ;
nec enim putanduni, signum hoc ad meruni ornanieu-
lum dari , inersque in anima jacere et otiosum ; vc-
ram nanique secum affert et communicat poleslatcni
circa ea qu;ie ad Religionis exerciiium pertinent ; est
porrô sccundùni philosophos potentia duplex : passiva
sciiicet et aciiva ; passivam dicunt, per quani subjc-
cltmi est capax ad aliquid recipiendum. Sic babcl iiia-
leria passivam coloris poteiitiam, (juam subslanlia
spirilualis non babet; activa est per quani poiesl res
quoelibel in alleram agere, etcxercerevirtutcin suani;
quoniodô babet ignis vim comburendi aut calefacicndi
objcclani sibi nialeriam.
Utranique banc polesiatcm characler generalini
suiiiplus hoiiiini Iribuit; nain characler liaptismaiis
ad passivam pertinct , quia pcr illum honio fit capax
alla Sacrainenta recipiendi ; unde janua Sacramciilo-
rnni api)ellatur; frustra enim honiini nondùm baplizalo
reliqua conferrcnUir, quai non possunt, nisi domesti-
cis fidei adniinistrari. Cbaractcr verô Confirmalionis
dat aclivam contra liostes fidei pugnandi potenliain ;
et denique pcr signaculum Ordinis homo lit capax res
divinas admiiiistrandi.
Ex (liclisconsequens est, cliaractereni, prœterquàm
(piod iidelem animam Deo in pcrpetuum conservât ,
duo piéeslare : 1° ut apli ad aliquid sacri suscipicii-
duinvel peragenduni efficiamur; 2° ut aliquâ nota al-
ler ab altero internoscamur.
« Ac Baplismi quidem characlcre , inquit Catcchi-
« smus Tridenlinus , part. 2, lit. de Sac, n. 30,
« ulrumque consequimur, ut ad aliaSacramcnla pci-
« eipienda reddamur idonei , et eo praiterea fidelis po-
1321
I pulus à gcnlibiis , qnix; fuli'iii non coliml , tlisliii-
« gtialur.
« Idcii; aiilciu in characlL-rc Confirmationis, cl sacri
t Orilinii licel cognoscorc; quorum allcro vcliili
< Cliiisli iiiililes, ejus noniinis publicanicoiifossionem
< cl propiignalioncin, ac conlra insilum nobis liostcm,
« cl spiriliialia ncqiiilia: in cœlostibiis arniamur, al-
c (]uc inslrniiHur; sininlquc ab ils qui nupor baplizali,
« lancpiàni niodô gonili infantes sunl , discerniniur ;
c aller veiù luni polesialeni Sacranionla condeicndi et
« niinisirandi conjuiiciam habel, lum eorum qui cjus-
« niodi polcslalc prx'dili sunl, à rcliquo fideliuin cœlu
t diblinclioneni oslendil; Icnenda igiliir csl calboli-
< ca; Ecck'sia! régula , (pià docenuir uia lix'c Sacra-
€ nienla cbaracloreni iinprinicre, noquc uUo uncpiàni
c tempore ilerauda esse ». Qiiod ul pleniùs demon-
slrenius sil.
§ ^ Cdtliolicum doyma vindicatur.
Piinci|iio eril nobis vclut Prologus Galcalus, Tri-
denlini concilii conlra novas haercses definilio, iiis vcr-
bi> concepla. Sess. 7, de Sacr. ingen., can. 9 : « Si
« quis dixcril, in Iribus Sacranienlis, liaplisnio scili-
€ col, Confnnialionc cl Ordine, non iniprinii cliara-
< clerem in anima, hoc csl , signum qnoddam spiri-
« lualc cl indélébile ; unde ilerarinon possunl, ana-
« lliema sil. » Et sess. 28 , can. 4 : « Si quis dixcril,
I pcr sacram Ordinalionem non imprimicharaciercm,
i vel cuni qui sacerdos semel fiiil, laicnm rursùsfieri
« possc.analheniasil.p El paulù anlc «:Quoniam verô
i in Satramenlo Ordinis , sicul cl in Baplismo el Con-
I firmaiione, cbaracler imprimilnr, qui nec delerinec
j auferri polest ; meritô sancla synodus damnai eo-
QIJyEST. V. DE EFFECTIBUS bACHAMENTORUM.
<3«2
] cramenla non esse , ul qux'slionc 6 sequenli fusiùs
osicnsuri sumus; vel quia sccundùm lilinn à Cbrislo
pra;scripluni coliala non fucranl. Jam sic prosequor
argumeiilum :
Alqui bujns discriminis, pra-lcr cliaraclerem, causa
convcniens affcrri non polesl ; naiu si quorumdani
Sacramcnlorum gcnuinum hune esse elleclinn assen-
liarc , quii rcnli quid caus;e sil , cur qna;dam , cl non
omnia repclanlur , in promplu rcsponsio tril , idco
quiedam non posse de novo dari,qiiia scmel accepla,
Deo in perpeluum consecranl, scmperque in quodam
stio effeclu manenl ; ideù è contrario quacdam repeti,
quia seniel data non manenl seniper , nec in se , ncc
in suo effeclu; non in se quidein , quia Sacranientmn
in se, est rilus cxlernus, qui slatini alque celebralus
I est , evanescit ; sed nec in aliquo suo effeclu ; gralia
enim quie sola aliorum Sacramcnlorum cffeclus esl ,
facile amilli polest , cl sx'pè culpà hominis perdilur.
Prœlerea eliamsi non amillalur , incrementum l;imcn
aliquod habere polesl, unde ulililcrSacramenlum ile-
ralur , ad augmentum grali;e oblincndum ; non idem
verô (ingi polest de charactere , qui non variis gra-
dibus indiget , ni ad perleclionem dncalur, nec uUum
palilur incrementum , sed stalim alque infigilur, lotus
et inleger dalur,ncc postquàm inhxus est, polesl quan-
tàlibef perversitate deleri.
Quùd si è contrario ad liœrelicorum exemplum
cliaracteris Sacramenlalis existentiam pr.efraciè ne-
gcs , prorsùs niliil occurret quo valeas qux'Slionem
proposilam cuni ali(iuà specie veriialis resolvere , et
causam hujus discriuiinis assignare.
j Quemadmodùm itaque res est ex praescriplione cer-
f ccrdote-. lemporariain taiilumniodô poteslalem ha-
« bere , cl senicl rilè oïdinalos, iterùm laicos eflici
f posse, si verbi Dei minislerium non exerceant. »
Idemque de Baplismo specialiter declaralum, sess. 7,
de Dapt., can. 4 : i Si quis dixeril verum el riiè col-
< lalum Ba|ilismnni , ilerandum esse illi qui apiid in-
* fidèles fidem Cbiisti negaveril, cùm ad iiœnitenliam
t convertitur, anatiiema sil. » Porrô eamdem vcrila-
lem longé ante definieral Eugenius lY, S. Ponlifex ,
in decr. pro Armcnis.
pROB.VTio rniM.v , ex prœscriplione.
Argum. I. Ex praescriplione argumenlum sic in-
formalur. Constat ex perpétua Ecclcsiac praxi , quse
tnm in Oriente lum in Occidenle à prima usqiie cetate
invahiil , qu;iedain nov;e legis Sacramcnta posse ic-
pcti,et saîpiùs uni cidemipie conferri : alia non item;
in primo numéro sunt, Encharistia, Pœnitenlia , Ex-
Irema Unctio el Matrimonium ; in secundo, Baptismus,
Conlirmatio cl Ordo ; li.ce, iuiinam, tria rite somcl
data, iterari nec debere nec posse, unanimis Palrum
consensio est : nam quùd ali(piando tinclos in ha;resi
aul schismate, vel ibidem ad sacrum minislerium ma-
mumi imposilionc promotos, legimus iterùm bapiiza-
tos et ordinalos , hoc ideù iiebat , non quôd debere
hsec Sacramcnta rei'.cli existimaretnr , sed quia ab
9lif{''t)us pulabatur extra verani Eco^^'^iam vera Sa-
T». x\.
f rum sententiam , qui asscrunl novi Testamenli sa- j tissima , qu;edam Sacramenta repeti nefas esse ; ita
parilcr cerlum est , hujus condendi canonis non aliani
pr;ietcr characlerem sanclis Palribus causam fuisse;
eoque fundamonlo nitunlur Tridenlini Patres, ad pro-
I bandum iterari hase tria non posse. « Si quis dixcril ,
< infiuiunt, sess. 7, de Sacr., can. 9, in Iribus Sacra-
« mentis, Baplismo, Coiifirmalionc cl Ordine, non
J imprimi characlerem in anima , hoc csl , signum
€ quoddani spirituale cl indélébile ; unde iterari non
« possunl , anathcma sil ».
Prob.vtio II, ex tradilioue Palrum.
Argum. II. Ilanc aulcm sacne synodi doclrinam ab
incoriuplo Iradilioiiis fonte manare, quanquàm ex
prapdictis coUigi facile polest , juvat pleniùs disertis
sanclorum Palrum teslimoniis confirmare , inprimis
verù sancti Augnslini (ctsi de aliis silere penilùs con-
silii nosiri non est); hic enim in suis libris, quos con-
lra Uonalistas diligentissimè scripsit , de characlere
sacramentali data occasiono, copiosè disseruit, ma-
gnamque attulil verilali calholic;c luccm.
Ilacjue coiifecla res cril, si ex anti(|uis doctoribus
oslcnderimus : 1° Eos esse usos noniinc cliaracteris,
quod lanloperè ha?relici aversantur; 2° Bapiismuu),
Confirmaiionem et Ordinem, rilè semel el ad regulani
Evangelii accepta, repeti in uao hoinine nefas esse;
5' hoc ideo vclilniu , quia imprimunt in anima indé-
lébile perpeluumque siguaculum ; 4" hoc ipso signo
42
1545 DE RE SACRAMENTARIA. —
liive cliaractere roverà eonfeni lioiniiii , illain quam
dicimus propriam ejiis esse potcstalem.
I. Characleris tiouien Patribiis us'Ualiim.
Ac 1* quidein quod iionicn cliaraclcris sancli doclo-
res usiirpaveriiU, testes liabemus :
TciiiiUiamim iii libro de Pnescriplionihiis , uhi, ni
probel diabolum Sacrameiita Domiiii, ipsainquo Con-
firmalioiiem auniilatione saciilegà imilari : Si(jnat il-
lic, inqnil, infreniibus milites siios-
S. Cyprianum, episl. 77, iibi ait : recens baptizatos
sigillo Domini consummabo ; sigtium ciiiin , sigillum,
characler, uniiis et ejiisdein significationis siiiit vo-
ces.
S. Basilium ila loqnenlem, hom. 13: « Tesseram
I duces subseiiiililanlil)usdanl,ulaiiiici faciliùsinvi-
t cem se noscentes exhortentiir, et si ciiin Iiostihiis
< commisecantur, eô faciliùs discenii ac scparaii pos-
€ sint. Nemo ie,qiiarum, nostrarum , an adversarii
( ]iarUiun sis noverit, nisi mysticis signis familiarila-
« tein prre le feras. Nisi signatujii sil super le luiueii
« vullûs Domini, nisi charactereui in le agnosrat An-
f gelus , quonam modo pro le pngnabit , nul ab ini-
€ micis vindicabil? Quomndô dices , Dei sum , signa
f non ostendens? An ignoras qncmadmodùm signalas
f domos in itlgyplo exterminator pr;cleiiit, in non si-
< gnatis vcrô priniogenila peremit? Tbesaurus non
( obsignatus furibns facile palebit , ovis item abs.pic
f nota insidiis protinùs estobnoxia. »
S. Cyrilhun Hierosolyniitannni , tum in prccfiUione
Calechesc'on , nbi Baptismum ,siijfnr/CM/H»t sanctum et
indélébile esse dicit; tum catechesi 17,ubi aflirmat
Spiriinm sanctum in BaplLsmo, obsignare a)dmam, el
dure signaculum quod dœinones tcrrore perfnsi perhor-
rescunl; cœieste quoddam et diviimm . sicnt scriptimi
est Eplies. i, 15 : In quo etiam credentes si(jnati cstis
spirilu promissionis sancto.
Sed omnium pnïclarissimè S. Auguslinnm, lib. 2
contra Epislolam Parmcniani, cap. 13, ubi loquendo
de co ([iii daiidi Baptisnii illicite auctorilalein usur-
pai : i lllicitam usiirpationem , inquit , corrigit remi-
I niscentis et pœniteniis affectus ; quôd si non cor-
I rexerit, manobit ad pœnam usurpaloris quod datum
€ est, vel ejus qui illicite dedil, vel ejus qui illicite ac-
< cépit ; non tamen pro non dato babebilur; ueqiie
« nllo modo per devotum mililem , (piod à privatis
f usurpalum est , signum regale violabitnr. Si enim
f aliqui furtim et extra ordinem , in monetis publicis
( aurum, vel argenlum , vel a'S percutiendo signave-
t rint; cùm fiierit deprciiensum , nome iliis punitis
f aut indnlgenlià libcratis , cogniuim régale signmn
I ibesauris regalibus rongcrelur ? Aiit si quisquam,
( sive descrlor, sivc qui nunqnàm omiiinô mililavit,
f noiâ militari privatum aliqnem signet, nonne ubi fue-
€ rit deprebensus ille signatus, pro descrtore punitur,
t el eo graviùs quô probari polueril, nunqnàm omni-
* nô militasse, simul secum pnnito, si eum prodide-
< rit, audacissimo signatore? Aut si forte illum mili-
« li;e cliaraclerem in corpore suo, non militans pavi-
I dus exborrnerit, ol ad clemenliam imperatorisoon-
DE SACRAMENTIS IN GENERE. 1234
1 fugoril ; ac prece fnsâ, et impetraia jam venià mili-
« lare jam cœperit , mnnqnid, lioininc liberato atrpic
« correcto, ciiaractor ille repelitur,ac non poilus
« agnitus approbalur? An forte minus ba-rent (;liri-
« stiana Sacramenta, quàm corporalis brec nota, cùm
« videamus nec Aposlalas carere baptismale, quiious
« uli(jue per pœniteiiliam redenntibus non reslituitur,
« et ideùamiili non posse judicatur? >
Et in sermoue ad Ciesarecnsis Ecclesi;io plebcm,
babito prajsente emerito episcopo Donatistâ , ubi quo-
rumdam redargucns impcritiam, qui Catliolicos de
nimià erga Donatislas facililate culpando, dicebant :
« Si schismaiici suut, si haeretici sunt, quare sic illos
« snscipinnt? Audite, incpiit, fratres mei... non sic il-
« los suscipimus ut sunt ; absil à nobis ; nam b;erelici
« sunt, suscipimus autcm catliolicos; mnlantur, sus-
« cipiuntur; sed proptcr malum quod babcnt , non in
i eis possumus persequi bona quaî agnoscinuis : ma-
i lum enim dissensionis, scbisnialis , haîresis, malum
t smnn babenl : bona verô qa;ii in illis agnoscimu?,
< non suiitsua : Domini nostri babcnt bona, ixclesise
« liabent bona ; Baplismus iioii est ipsorum, sed Cbri-
i sti ; invocalio nominis Dei super caput ipsorum
« quando ordinantur episcopi , iuvocatio illa Dei est,
« non Donati : non enim suscipio episcopnm, si
« quando est ordinatus, super caput ejus Donalus
« est invocatus ; in errante el descrente milite crimcn
( est de-jcrioris , cbaracter autem non est desertoris,
I sed imperaloris Deus et Dominus nostcr Jésus
« Cbrislus qux'rit desertorem , delct erroris crimcn,
I sed non exterminât suum cliaraclerem. »
Legalur et libro sexto de Baptismo, cap. 1 ; libro 1
contra Crcsconium Donaiislam, cap. 30 , et alibi
sa'pè.
Nullum itaque dubium est, quin sancli Patres, do
Sacramenlis tractando, nonien characteris crcbrô et
pcniuàm faniiiiarilcr usur|)averint.
il. Baplismum , Confirmalionem et Ordinem iterari
nefas.
Illud verô quod secundo dictnni estloco.Baptismum,
Confirmalionem et Ordinem, rite semel administrata,
iterari sine sunimâ ini|:ietalc, juxta doctrinani san-
ctorum Palrum non posse, si probare aggrediar, ve-
reor ni arKpiis niibi jure snccenseat, quôd in rébus
notissimis liœream, et in ils adslruendis operam per-
d.im ; nolabo lamen aliqua disciplina; veteris docu-
nienta, ni, si minus viris doctis, candidatis TbeologiiK,
quibus scribimus, satisfariam.
« Quondam venerabilis memoriai Agrippinus Car-
« tbagiiicnsise|)iscopus, » ini|uil Yincentins Lirinensis
Conimonit. contr. bœr., cap. 9, ! primus omnium
j mortalium , contra divinum canonem, contra uni-
I vcrsalis Ecclesiic regulam , contra sensum omnium
« consacerdotnm , contra niorem ac iustilula inajo-
u rnm, rebaplizanduin esse censebal; qua; pra^suin-
< plio taiilùm mali invexil, ut non Sfilùm boereticis
« omnibus forniam sacrilegii , sed etiam quibusdam
I caibolicis formam pia-bueril erroris : ci!im ergo un-
1 it di(]ue ad iioviialem rei cuncti reclaniarent , atquô
ms
QU.€ST. V. UE EFFECTIBLS SACKAMENTORUM.
15io
omnesquaqnaversùmsacerdoles,pro8uaqHisquesUi- M' \\u\y\\i, lib. 2 contra Donaiistas, cap. ii, < uirùinom-
t hiiKi non l);i|ili/>;iri , an roi)a|>(i7.ari,ju(lic'ari diriicile
« esl ; \i(le() (|tiid<'ni qnid ainp.ii'is domines dcloslcn-
< (ur :il(|iK' ItlirrcMht; voiùiiil:inion ivctinens ail illain
< slalcruni duininicani, uhi non e\ humano scn>u, scd
< ex auclorilalc divinù , rcruin n)oa)cnla peudiinlur,
< invcnio de iilrà(|iic ru Doniiiii scnienliam ; iiani el
« Fchodixil, Joan. 15, 10: Qui tolus est, non luibel
« necissilatein iterion Uivundi. Kl Nicodcmo, Joan. 3,
« 5 • JSisi quis rniatus fueril ex (Ufuà el Spirilu mnclo,
I < non intmbit in rcanum cœlorum. >
Qiiod aulein S. doclor de Baplismo, hoc Ipsum de
Con(irmalioncolOrdiiialionen(tnilor.indis projiuiilial;
de Corifirniationc qiiidem : < Sacrann-nlum Cliri-.ma-
« lis, in(|nil, libro :2 conlra lilleras Peliliani, c. lOi,
i in gencre visibilimn signacnlornin sacrosancinm est
« sicul cl i|)sc Baplisiniis; sed pniesl e.«se olin liomi-
« nibus pessiniis, in operibiis carnis vilain consnmen-
« libiis, el regnuni cœloruni non possessnris dis-
< cerne ergo visibile Sacranionluni , qnod esse et in
( bonis, et in malis potest', iltis ad prsemiiun, iilis ad
i jndicinm, ab invisibili unciione charilalis, qnaî pro-
1 pria esl bonornni. >
De Ordinalione verô, libro 2 contra Epislolani Par-
meniani, capile 13, ubi refellens quosdam Donalistas,
qui veritale convicli dicero cœperanl , Baplisnium
qiiidem non niniilere euin qui rcceditab EccIesiA, ju,
lanien dandi, hoc esl ordin;itionem aniillorc : t illud^
i iiupiit, miillis modis apparel frusirà el inanilor di-
« ci : primo cpiia nulla o>teiidilur causa, cur ille qui
€ ipsum Baplismuni amittere non polesl,jus dandi
< polest ainiltere : ulrumquc enim Sacramcnlum esl,
« el qiiàdam consecralione ulrumquc bomini datur,
< illud cùni baplizalur, islud cùni ordinalur ; idcôquo
« in calholicà Ecciesià ulrunique non Mcel ilerari.
€ Nam si quando ex ipsâ parle {scliismalicoruni) ve-
« nienlcs, cliam pneposili , pro bono pacis , correcio
< scbisniaiis errore suscopli siinl, eui \isum esl (pus
c esse ul eadem ofiicia gererenl qu;c gerebanl , non
f sunt rursùs ordinali; sed sicul Bapiismus in eis, iia
< ordiiialio mansit iiilogra , quia in pr;ccisionc fiioral
I vitinm , quod unilalis pace corroclum esl; non in
< Sacramenlis , qu;r ubicimiqne sunt , ipsa sunl ; el
I cùni cxpedire hoc jiniicalur Ecclesine , ut pra'posili
c eoruin venienlos ad calboîicam socictatem, iionores
< suos ibi non adminislri ni ; non eis tanien ipsa Or-
i dinalionis Sacranicnta delraliunlur , sed ir.anenl
f super eos ; ideoiiue non eis in populo manus inipo
( nilur, ne non liomini , sed ipsi Sacramcnlo H-.A in-
« juria sicul auleni habenl in Baplivmoquod ; or
« eos dari possil, sic in Ordinalione jus dandi ; iilrnm-
« que quidom ad p.rnicifm suain , quanubu cbarita-
< Icni non babcnl unitalis, sed lamen aliud esl non
( liabcrc, aliud pcrniciosè b:\bcrc, aliud salubrilcrha-
t berc ; quidquid non liabelur, dandnm esl, cùni opus
i esl dari ; qiiod verô pornicio>è liabelur , per corro-
< clioneni depulsà pernicie, ai;cuduin esl m salubiil.'r
« liabcalur. »
Idemque non Auguslinus tanlùni alibi scxcinlies
( dio renilerenlnr : tune bea(;e mcmori;e papa Slc-
< plianus, Aposlolioa'Sedis aniisles, eiini e;vleris (|ui-
, f deni collegis suis, sed lamen pra; ca-leris rcslilil:..;
t doniqne in epislolà qnre lune m\ Africam uiissa esl,
I idem bis verbis sanxil : Mhil novandum , nisi quod ;
« tradiluin esl... Quis ergo tune universi ncgolii exi-
I tus? Quis nliiiue , nisi usilalus el solilus? Ilelenla
c est scilicel aiiliqnilas, explosa novilas. >
Nec mullù posi, quando exorli sunt Donaiistac, du-
plici S( hismalis et ha^rosis inusli infamià, ecclc^iasli-
cis civilibusqiie imporatoi nm judiciis , niagnà bono-
rum onininm conspiralione, nbique daninali sunl ; vo-
lebanl ilii solos snx' faclionis hominesessochristiaiios;
solam Donali partem , Ecclesiam plcnariani apj)ella-
banl, quam in solà Al'ricà remansisse jaclabant; bine
Baplisnium Chrisli , non apud b,ereticos U\nlùm, sed
Cl inler calbulicos régula ecclebiaslicà cusloditiim, no-
lebant agnoscere, audebanl deslruere, non dubilabant
ilcrare; quin etiam, si quos non solùm laicos, sed et
clericos, necinforiorcs tanlùm, vcrùra et presbyteros,
et episcopos, etsi in illis ecciesiis bapli^alos, quas
Aposloli labore pnqirio fundavenml , alitpiomodô se-
ducios ad se Iransferre possenl, Caieclnimenos facie-
bant; unde non Baplisma tanlùm, sed el Confirmalio-
iicm,qu;e ejus est complemenlum, el sacram Ordiiia-
lionem denuô dare ausu saorilegopra-suinehant. Ha^c,
inquani,eorum dcleslabilia niala, ncquacpiàm inipuiè
passa Ecclesia est; sed ubique genlium , invocaio
etiam imperatorum prœsidio, opporlunis remediis sa-
nare cura vit.
Itlud siKicjcrhnusmandtiluin nobis, inquinnl anno 597
PP. coiicilii 11! Cartbaginensis , can. 38, quod cliam
in Capucnsi plennrià synodo videliir slalntum , non li-
ceal fieri rcbtiplizationes, et reordinniiones.
Ad i(lem([iie fiirlè lempus canulein(jue caiisam re-
ferri débet cation sexagesiinus eoium qui Apostolici
inscribuiitur. Si quis episcopux , vel presbijtcr , vcl dia-
coniis, sccundam Ordinaiionem ab alio susceperil, depo-
natur el ipse, el qui ordinavil.
i Scimiis ([uidem , » inipiil sanclus Léo V, ponlifex,
adNoonam Haveiinalcmeiiiscopnm, « inexpiabile esse
f facinus, (inoiies juxla ba;reiicarum dogma , eonlra
< sanctorum Palrnm inslitnla , cogilur ali(|uis lava-
1 crum , quod regenerandis semel tribulum est , bis
< subire, aposlolicà reclamante senlentià , qu;ïî nobis
< unam pra'dical in Trinitalo deitalcm, unam in fide
i confessioncm, unum in Baptismale Sacramcnlum.»
Nova; edit, epist. 133, aliàs 57.
Et in Epislolà ad Nicotam A(|uileiensem episcopuni,
nov;E edil. 129, aliàs 79: liane requlani, ul 5citi$,ser-
vandam in oninibits l''.cclesiis prœdicnuius , ul lavacrum
semcl inilum nullà ilerulione violelur , dicente Aposlolo,
Eplies. 4, (î : « Unus Dominus , iinn fidea , unum Ba-
i plisma , > eujus ablulio imllù ilerulione iemeranda
esl.
Quin el S. Auguslinus dubius b;cri-l , qnid scelera-
tius sit dicendum , aut omninô non baborc Bapti-
«niuni.aulduplicatuni babere?< Quid silperniciusius,>
\^r,
DE RE SACRAME.NTARIA.
lepciit, sed et alii SS. doclores , quos commemorare
^ loiigimi foret, et SS. Pontilices decrelis suis sxpè
saiixeriint, cl fréquentes synodi coiifirmâriiiit, de qiii-
Lus fuilè aJibi serino recurrel; inleiim ad hujus ar-
guinenti coronidem salis fuerit ieges iniperalorias
allegare, quas contra Donaiislas Uilerunt ; de Coiislan-
tino Magno,qiio lenenle inipciiuni, nclariinn schisma
connalum est, conslal quôd crroreni Robaptizanllum
delcslalus, et Donalistas suinnio odio insectaliis fue-
rit, i Pro Ecclesise unilale, inquitS. Auguslinus con-
« Ira lilt. Pelilian., lib. 2 , juslissimè judicans. » Ex-
tal pra;torea \aleiitiniani senioris in Rebaptizantes
conslitutio, anni 575, his verbis concepia : « Inipera-
i tores Valcntinianus et Valons AA. ad Julianuni
c Proc. Africae aniisiileni, qui sanctilatem Bapiismi
« illicità usnrpalione geminaverit, et conlra instiluta
< omnium eam graliam iterando contaminaverit, sa-
« cerdolio indignum esse censemus. Dalum 10 kal.
t mart. Trev. Yalenliniano et Valenle IV AA. Coss. »
Item altéra Graliani anni 577 : « Imperatores Va-
« lens , Gratianus et Valenlinianus AAA. a.l Flavia-
' - , i?i viearium Afric*. Eorum condemnamus erro-
« fcfli, quiAposlolorum prcccepla calcanles, Cbrisliani
< nominis Sacramenta sortilos, alio rursiis Baptismale
I non pnrilicant , sed incestant , lavacri nomine pol-
(I luenles; ei)s igitur auctoriias tua erroribus miseris
« jubcbit absistere, ecclcsiis, quas contra fidem reti-
c nent, restitulis calholicse ; eorum quippe instituiio-
t nés sequend.e sunt, qui Apostolicam fidem sine
€ inlermiilalione Baplismatis probaverunt : nibil enim
« alind pra;cipi vohunus , quàm quod Evangoliorum
€ et Apostolorum lîJcs et Iraditio incorrupta servavit :
f sicut et lege Divali parentùm noslrorum , Constan-
< tini , Conslanlii, Yalentiniani décréta sunt... Dat.
« 16 kal. nov. CP. Gratiano A. lY, et Merobaudo
« Coss. ï
Ergo Baptismum, Conlirmalionem et Ordincm ile-
rari sine flagitio non posse, res est ex anliquâ Iradi-
lione cerlissima.
m. Ideb tiia liœc iterari vctilum, quia imprhnunt
indelebilein citaractcrcm.
Diclum est, ideù tria hxc sacramenta iterari prolii-
l)ita, (plia per illa characterem indolebilcm infingi in
anima conslans majorum existimalio fuit : (juod qui-
dem non est difficile demonstrare.
î^am, ut modo probalum est, SS. Patres , de Sacra-
nienlis agendo, nominiljus lesserœ, sign't, signacidi,
chnractcris^sigillœ, notœ, etc., ulnntur familiariter; si-
guacnlum hoc comparant sigiio quosuperiiminaria do-
nioruni in ^Egypio ab Hebracis illita sunt ; sigillo quo
thésaurus, ne luribus paleal, obsignalur ; nol;x;, quà
ovos insigniuiitur , ut ab onniibns insidiis tut;ie sint;
signo publicis monclis improsso; characleri, qui olim
niilitibus infigi solebat, ul scirelur cui miiilareiit, ne-
que ofllcium possent impimè deserere ; quodque de-
cretorium est, affirmant signaculum hoc infigi in ani-
ma, esse •indélébile, cognosci ab angelis, da^mones
terrore perfundere ncc minus haerere iniùs in corde
DE SACRAMENTIS IN GENERE. 1328
• 1 quàm nota quxlibet corporalis in carne dofixa sit.
Ergo hoc ipsum, antiqua docuit, quod hodierna tenet
Ecclohia : aUpie adcô Lullicraiii et Calvinislai novila-
tis et perfidi;e coiivincuntin\
Deinde, juxta doctrinam SS. Patrum, quisquis in
ha:resi, vol schismate, vel in ipso Ecclcsiaî Calholicie
grcmio ficlè et sine fide, ad norniam Evanjolii cxte-
riùs bnplizalur, effoctuni aliqiiem recipit, (piom in &e,
volit noiil, dcfixum habol, quoquc in porpoluum di-
stinguilur à non baptizatis. Sed gratiain non recipit,
qua^ cum haîresi et portinacià S( hisniatis , et pravà
siniuiatione stare non potCbl : Injusti cum justis , iii-
quit S. Auguslinus, lib. G contra Donalistas, cap. 27,
Baptismum liubent communcm, cum quibus coinmunein
non habent ulique cliaritatem : maiiet Bciplismus in hu-
prob'is , \licèt ad peruiciem vianeat : qux'reiidum ergo
quis illo ofl'oclus sit; atqui quaiitùinlibcH ingonii nor-
vos contendas , non alius jjra'ler characterem occur-
ret : crgô, etc.
Praîterea, quisquis post baptismum in Ecclesià ca-
tholioà accepliiin, déficit à fide qiiam professus lue-
rat, et in apostasiam labitur, quantijmvis in se om-
uem pietalis et Religionis sensum exlinguat, habet
tamen, invitus licèt, impressam aliquam nolam , per
quain .à cateris dislinguitur, q>ii nunquàm Clu-islo de-
doriuit nomen, quà fit , ul licèt sit ovis errans, ovis
lamen maneat; qiiamque etsi non ad salulem gerat,
gerit certè ad opprobrium et ignominiam sempi-
ternam ; aUjni nota illa neque gratia est, nec imago
ulla ritùs exlerioris , in solemnitate bapiismatis ce-
lebrali : ritus enim ille jampridem cum ipso Bapti-
zandi aclu disparuit : character itaquc est.
Poslremô homo quando sive inlra , sive extra Ec-
clesiam catholicam baplizatiir, idemquc do Coiifirma-
(ione et Ordine est dioendum , recipit aliquid à Spi-
ritu sancto, per quod Doo specialiter et in perpetuum
cop.secratur ; uiide infert S. Auguslinus non debere
licEC repeli , < ne non homini , sod ipsi Deo injuria
« fiai ; ) parique sensu auctor libri de Operibus Chri-
sti cartlinalibiis apud S. Cyp., i Baptismum repeli,
« iiiquit, ccclesiastic;ie prohibent régula', et semel san-
« clificalis, nuUa deinceps manus iterùm consecrans
i praosumit accedere : nemo sacros ordines semel da-
« los iterùm rénovai..., quia contumelia csset Spiri ■
« lui sancto, si evacuari posset, quod ille sanclifioat,
I vfl aliéna sanclificatio emendaret quod ille semel
i staluil et confirmai ; » jam qua^imus quai istha;c
consccratio sit; numquid graliam sanctificantem esse
dicemus? Atcpii nequil illa perfundere animum in hx-
rCbi, vel schismate, vel allorà quàlibol inipiolate ob-
slinalum; cl illius habita ralione , quisquis ad Bapti-
smum accedil, magis diabolo consecralur quàm Doo :
nnniqiiid dictnri siunu* consecralionem hanc esse ri-
tiim oxlornum Bai)tism> qui cîim in se sanclus sil ,
homiiiem, volit noiit, cônsccrat Deo ? verùm si eà de
causa Baplismum non iterandum pulamus, cril hoc
ipsum de Eucharistià , Pœnitenlià , et ca'teris sacris
signis afllrmandum, quia rilus eorum est sanclus , et
conjunclam habet invocationem nominis Dei. Super-
1529 QU.EST.
est igitui', ut cuiii Ecclesià calholicâ fatcamur, liaiic
consecralioneiu esse cliaractcrein, qui non minus à
mails suscipilur quàni à l)Ouis.
IV. Hoc ipso siyiio sive cliaraclcre vera lioiniiti coiifer-
tur polcslas.
Dcnique quôd spiriluale signaculuni pcr liu;c tria
Sacranicnla in anima iniprossum , conférât vcram
lioniini poteslaicm, luni aciivam, lum passivani, circa
ea qutc pertinent ad cullinn divininn, manileslum est
ex perpétua Ecclesiic consuetudinc.
Ecclesià sic traditum lenet , inquit S. Augufclinus ,
lib. 2 contra Donalislas, cap. li, ut liominein sine
linptismo, ad allure prorsiis non possit admiltcie : cen-
ferl ergo Baplibuuis ad allare acccdeiidi, et reliqna
Sacramenta percipiendi passivam potentiam, quani
non liabet liomo ante Baptismum : nam quemadmo-
dîun in nalurà priùs est nasei, et esse filium familiàs,
quàin fieri bonurum palris parlicipcm ; ila in ordinc
graliie, priùs est renasci spirilualiler, quàni adniiltiin
Sacramentoruiw Christi consortium ; idemque deCon-
firmatione, qiiôd nimirùm conférai aciivam aiiquam
poieslalem, facile coneedel quis(Hiis atlenderil esso
Sacrameiilnm niililix clirislian;e , et per ilhid siyna-
culo spirituali donari Iiominem , ut inlrepidè Chrisli
nomen profitealur , suoque imperatori indivulsè ad-
l)a;rcat,
Conferl pariter Ordo saccr, ea quce sunt divini cul-
tes, tradendi Ciioleris poieslalem : hinc Ecclesià ba-
ptismum in hœresi celebralum, et ordiiiatioccs à
ministris hxreticis aut schismalicis rite factas nun-
qnàm voluit iterari ; quia cliain in iilis poieslalem
Ordinis manere integram semper credidit; bine
S. Auguslimis Ordinalionem , jus daiidoruni Sacra-
nicntoruni appcUal. « Sacramenlum Baptismi est , in-
t quit lib. 1 , de Bapl., contra Donalislas, c. I, quod
< babet qui baplizatiir , et Sacramenlum dandi Ba-
< plismi est, qnod babet qui ordinalur ; sicul aulcm
< baplizatus, si ab unitale recesscril, Sacramenlum
i Baptismi non amiltit; sic cliam ordinalns , si ab
i unitate recesserit, Sacramenlum dandi Baptismi non I
( amiltit ; nulii enim Sacramento injuria facienda est;
c si discedit à malis, utrumque discedit : si pcrmanet
« in malis, utrumque permanel. Sicut ergo accepta- [
« tur Baplisinus, quem non potuit amillere qui ab
c unitate disccsserat, sic acceplandus est Baplisnuis ,
i quem dédit illc qui Sacramenlum dandi, cùm disce-
i deret , non amiserat : nam sicul redemites , qui
< priusquàm recédèrent baptizali sniil, non rebapli-
( zantur ; ila redcuntes , qui prins([nàm recédèrent
« ordinali sunt, non uliqiic riirsùs onlinanlur ; sed aut
f administrant (piod adminislrabanl , si bec Lccicsi e
< utililas postulat ; aut si non adniinislrant , Sacra-
( mentum ordinalionis sua; lamen gcrunl; et ideù cis
( manus inlcr laicos non imponilur. »
Igilur à primo ad ullinuun consequcns est, sanclos
paires cbaraclerern m Iribus prj-dictis Sacramenlis,
vclul encclum proprinm agnovisse.
§ 5. Adversnriorum objeclioncs refelluntur.
Objiciunt : Non potcst illud dogma dcfendi veUit
DE KrrECTU)L'h''SACKAMENTORL'M. 1330
! ad (idem perlinens, cui Seripluraruni non siiflVagfliur
I aucloritas ; alqui doclrina bx-c Seripluraruni auctori-
1 talc non nililur; ergo, etc. — Uesp. i" : Transcat
major, cl nego minorem : non enim désuni Seripiur.c
I oracula, unde ciiaracler oolligi possit , |)r:eserlirn si
' Ecclesià audialur, sine quà nullum dogma ctrlo po-
lesl conslilui : porro Ikcc teslimonia smit luijii.-^modi :
Uiixil nos Dcus , inquit Apostolrs, 2 Cor. 1, 21 , et si-
(jnavil nos, et dédit pi(jnus spiritûs incordibusncstris...
Epbes. 1,15: In que credentes signali estis Spirilu
promissionis sancto, qui est piynus hœreditatis nostrœ...
nolite contrislarc Spiritum sancluni Dei, in quo signali
eslis in dicm redeniptionis; ibid. i, 50; bis enim et
similibus Scripturarum leslimoniis connnuniler in-
nixi sunt sancli Ecclesiae Patres, S. Thomas, et cele-
briores scbolarum magiblri , ad cbaraelercm jiroban-
dunj ; (piibus magis eredimus, quàm L.ilbcranis et
Calvinislis, qui ncgsndo bimc esse Scriplura; sensuni
legilimum, necteslimonium uUum alferunt, ncc ralio-
nem idoncam quâ doctrinae suic auctoritalem conci-
lient ; lanlummodù enim conjecluris, et ad arbitrium
eonficlis i!iler|)retalionibus indulgent, qiia: pari à no-
bis faeililale rejiciuntur , quà ab illis alTerunlur. — ■
Kesp. 2" : A'ego maj. ; ut enim dogma aliquod velut
ad (idem perlinens defendatur, sufficit ut innitalur
verbo Dei vel sciiplo vel tradito ; neque necessarium
esl, ut utrumque binml coneurral, nam verbi divini ,
sive sil scriptum , sive traditum , una eademquc au-
j ctorilas est; alqui doclrina de cbaraclere sacraracn-
Lali aperlè in Iraditione conlinelur, it solis ncgatur
I bœrelicis, ai) Ecclesià Orienlali et Occidentali admit-
titur, à Palribus conlra Donalislas est slrenuè propu-
gnala ; non enim aliunde argumenta petebanl , ad
I probandmn baplizatos ab bocrelicis non esse rebapli-
zandos , nisi quia ba^retici , licèt cbrislianœ niilitioc
I desertorcs, diun nomine Cbristi ba])lizabant cbaractc-
reni impiiniebar)l ; unde conseciuens erat non esse
alterum inligendum , sed ubicumque agnoscerelur ,
probandum : ergo, ele.
Iiist. 1° : Al(|ui SS. Paires cbaraclerern lumqiiam
admiscruiit , salleni eo sensu (|uo nunc ab Eccle-
sià propugnatur ; ergo. Prob. subs. Juxia Eccle-
sià} bodiernce scntcntiam cbaracter est spiriluale
signaculuni ; aUpii mullô aliter à Palribus intellige-
balur : crgô, etc. Prob. min.: S. Auguslinus s:epc
afiirniat, cliaracterein aqnosci exlrriiis, cl agniiunt ap-
probari ; alqui spiriluale signaculuni exleriiis nequit
cognosci, ciun intùs bxum in anima delilescat; ergo.
etc. — Resp. : Nego subs. Ad probalionem, concessà
majore, uogo min. Talem enim volnnl SS. Patres esse
cbaraelerem, qualis ipsa consecratio est, per quani
bomo Deo dcdicalur, alqui conseeralio ba-e lola spiri-
rilualis esl , neque sensibilis esse potest ex mente
sanclorum Palrimi : ejus(i<'m ergo naninr; cbaracter
esl; (juapropler S. Auguslinus bine jtrobal ordina-
lionem non magis debere repeli quàm Baptismum ,
Quin, inqnil, utrumque Sacramenlum esl, et quàdam
consccralione utrumque liomini dulur. Ad auctoritalem
S. Auguslmi,disL. maj.. simul cl explico mcntcm cjus.
1351
DE UE SACRAMENTARIA. — DE SACUAMENTIS IN GENERE,
133?
Gharacter cxteriùsagnosciliir, in siià causa, Baptismo
scilicel ; qno tanqiiàm iiislrumento ulilur Dens, con-
codo; iti se ipso , iiego maj.: siniiliter dislinguo min.
Signaculurn spiiiliiale exleriùs agnosci non potest in
soipso, conccdo ; in suà cansâ, ncgo min. et coiiseq.
E. R. Causa eliaracleris Raplismus est, qui lolus in
ritu exiemo consisiil : oogniià aulem causa effecius
cognoscilnr, maxime si nocessariù c\ illo seqiialur :
niliii ilaque niirum qnôd dixeril sanclns AngUi^linus ,
characterem agnosci exleriùs, et iKjniiunt approbmi; cùm
hoc ipso qnôd constat aliquem riui legilimo baptiza-
luni, necessaria iilalio sil, cliaraclorem in anima ejus
esse impressum : < Dicei.dnm, inqnii S. Thomas , q.
i 63, art. 1 , ad 2 , qnôd character anima; impressus
< habel rationem signi, in quantum per scnsibde Sa-
c cranienlnm imprimitur : per hue enim aUquis scitur
ï esse baptisniali characlcre insignilus, quôd est
f ahlulus aquâ sensibiii. i
Inst. 2°. Aiqui juxta S. Augustiminii character ex-
leriùs agnosoilur, eliam in seipso; ergo, etc. Prob.
subs. ex verbis ejus qniv; leguniur in scrmone ad Ca;-
sareensis Ecciesiœ plebem. * Ego, inquit, quando ve-
< nio ad frairem meum, et colligo erraniom, aliendu
« fidem in nomine Palris, et Filii, et Spiriiùs sancii;
« iste est character imperatoris mei. De illo cliara-
< ctere niililibus suis vcl poliùs comitibns sui:^, ut
c hune imprimèrent eis qiios congrcgabant casiris ejus,
i pr;x.'ce['it dicens : Ile, liaplizale génies in nomine Pa-
< tris, et Fii;i, et Spiiiiùssancti ; istum cliaracterem ,
« à Domino dictum, omnibus credentibus imprimen-
» dum, quia noverat Paulus , expavescil ad cos qui
» volebant esse Pauli , et dicil eis... Agnoscite , ad-
« vcrlitc cliaracterem vestrum ; num(]uid in nomine
«Pauli baptizati esiis?» Hinc sic cruitnr argumen-
lum : Qui dicil characierem nilnl esse aliud , quàm
sanctissinut;TrinitalisinvoCalionem,pf()fectôexisliinai
agnosci exleriùs in se ipso ; alqui S. Augnsiiims ex-
presse affirmât characierem non aliud quidqnam esse
pra,'ter invocalionem Trinitaiis. Iste est cliaracUr, in-
quit, imperatoris mei : Baptizate gentes in nomine Pa-
tris , elc. ; ergo , etc. — Resp. Nego subs. Ad prob.
admilto aucloii(atem , et ad argumcntum dist. maj.
Qui dicit characierem niîiil esse aliud quàm sanclis-
sim.tî 'JTrinitatis invocationem , cxisiimat agnosci ex-
leriùs in seipso, si in sensu formali loquatur, concedo;
si in sensu causai! hoc dicat , nego maj. Dislinguo
pariter miiiorem. Sanclns Augustinus affninal chara-
clen Ml esse ipsam invocalio:iem sanclissima; Trinita-
iis in sensu causali, concedo; in sensu formali, nego
min. elconseq.
E. R. Aliud est aliquid Cî^se fornialilcr talc, alind
esse causam cnr ali.piid taie sil : sic enim, exempli
causa, solcm lucis esse causam ncmo negabil ; non
tanten est ipsa formaliter lux. Pari sensu conten-
dimus S. Auguslininu esse locutum quando divit ciia-
raclerem esse invocalionem sanct.nc Trinilalis : hoc
enim umumi si-:ni icare voluit, ; er invocalionem Tri-
nilalis lanqiiàm per causam imprimi in anima spiri-
tualem characierem ; hune verô genuinum esse ejus
sensum, persuadent lum lestunoiiia allcgma snpe-
riùs, lum alia benè mulla, in quibus imprimi et in(i"i
doniiiiicum characierem affirmai : sic enim in hoc!
ipso lextu qui opponitur, characierem dominicum
imprimi s^'mcl iteiùmqne prununlial, el Iracl. G in
I Episl. S. Joan. : « Ecce, in(]uit, accepil Sacramenlum
f nalivitatis homo baptizatus : Sacramenlum habet
< el magnum Sacramenlum, divinum, sanclum, inei-
« nU)ile ; considéra quale, ut novum huminem faciat
< dimissioiie omniinn percalorum : allendal lamcn
« in cor..., vidcat si habet charilalem, et lune dicat :
« Nains sum ex Deo; si aulem non habet, cliaracle-
< rem qnidcm imposilum habet , sed desertor vaga-
t lur. i Imprimi ponô, indgi, imponi in corde chara-
cter non dicerelur, si pra'lcr sonum invocalionis Tri-
nilalis, quie in lîaplismo fil, nihil liaberet; qnid verc
phnibus opus est, cùm S. doctor expresse negel clia-
racterem esse ;!li(]iiid corporeiim ? Lo.juendo enim
de signaculo qno milites uolabanlur : An furlè, inquit,
lib. 2, cont. Epis. Parin., c. 13, niiniis liœrent cliri-
sliana Sacramenta, quàm corporalis liœc nota? Nam si
characler pnï^ler exlernam invocationem niliil sit,
qnomodô dicitur non minus hierere quàm nota niili-
taris? Numqiiid enim vox exiens ab ore miiiislri, in
illo imprimitur, in cnjus graliam prof^^rtur? Et si im-
primitur aliquiJ, quis sanus dicereaudcal, hoc in cor-
pore fieri, cùm homo baptizatus, à uonbapiizalo, nullo
signo exleriorc dislingualur? Facitergô sanclns .\iigu-
slinus inler characierem dominicum, et nolamcorpoia-
leinqna; olim niililibus imiirimebatur, magnum discri-
men; alque adeô objcclio proposila corruil, cùm à
sensu causali, ad formalem Irahsilio fiai, quod in argu-
mentaiione viliosissimuni est.
liisl. 5": Alqui characierem eliam in efi'ccln specla-
tutn, non pnlal S. Augustinus aliquid spiiiluale esse;
ergo, de. Prob. subs. S. doctor sic loquilur in ci-
taio serm. ad Cscsareensem : Qui primo schisma
fecit (Donalns) , desertor fuit : cœteri à deserloribits
signati sunl , non lamen signo deserluris : sed signo
imperatoris : non enim desertor charactt rem suum [ixit :
qnid est quod dico, desertor cliaracterem suum non fixil?
Donatus non baptizavil in nonùne Donati; nam si Do-
nalns quando scliisma fecit , in nomine Donati baptiza-
ret, desertoris characierem infigeret : ego quando i'oc«-
rem ad unitatem , si invenirem desertoris cliaracterem,
exterminarem, dclcrem, abolerem , ubjicerem , non ap-
probarem , respucrem , unatliematizarcm , damnarem :
nunc verb ipse desertor cliaracterem fixit inpcratoris
sui. Hinc sic inferunl i.rgumenlnm :
S. Angn^iinus alTirmal, si qtiis baplizareUir m no-
mine Donali , receplurum cliractcrem Donati; alijni
nulhis potest esse cliaracter Donati impressus in
anima; ergo, etc. — Resp. : Nego subs. Ad prob.
admilto aucloritatem , et distinguo niajoreni. Si quis
baptizaretur in nomine Donati , reciperet characie-
rem Donati, el ilhid dicit S. Auguslinus hypolhetic;,
el quasi ad iiomineni argmiienlando , concedo ;asser-
livè nego maj. , el, concessà minore, nego consc([.
E. R. Hoc ununi probandum sumit S. doclor, ut
QUiEST. V. I)i: EFFECTIUIS SACRÂMKNTORUM.
1535
ex ipso contexlii osl nimifesliim, qtiùd si Donalus
[lossct siio iiomiiii' l)a|ili/are , IJiiplisiims ojiis osscl
Sacraiii'.'iUim, el char.iclereiii impriinorcl. St D-jiin-
tus, impiil, in numiiie Donnli baptiznit't, dcsertoris clia-
raclerein infigi'ret. Queniaciinotlùm ilaque iinpossibile
jiulical S. AtigiisliiiMs , (inùd aliipiis noiiiinc Dunali
fuirit Iiapli/.aliis , cl voro SacraiiiL-rilo liiiclns ; ila
iiec licii poliiil , ni ali(|ins Donali cliaiailerem iiifi-
xiim liabcal; miclc ilt-beiil vcrba ejiis inlolligi juxl.i
liypothcslin qiiaiii schola rfe i»i/;oss»6//J appeUal; qtio-
initilù ilicinuis fore ul boiiio vularel, si alas baborol ;
i;;iliir li(!C iimiiii iiiteiulit eo loci , aliisipio siiiiilibiis |
S. doclor, Biiplismiim sive à Donalo, sivû à quoiibel !
alio, qiianlùinvis malo niiiiislro dalum , boc ipso esse
îicceplaiidum , quod non Donali, scd Cbrisli inipera-
loris signnni infixoril.
ImsI. V. Uinc prubaiU CaUioliii por qn;iedam Sa-
crnniciila imprimi characlerom.qiiia, inipiiunl, semel
dala non rcpckmlur; aUjui lia;c ralio convincens i
non esl, quo eiùni quit^dani Sacramcnia non ileren-
liir, pru;ler characlcroni, niiiltiu ali;i! causaî non im-
probnbilcs afforri possunt.
Sic, exenipli causa , Baplisnnm) semel rite daluni
ideo ropelerc nefas est , vel quia signiJical moitcm
Chiisli, ([»x semel laïUùm illala est ; vel quia Sacra-
nioiiUim est fidoi ; (ides auteni uiia esl ; vel qiiiasigna-
culuin fœderis est Dei cum bomine ; est aulem
jîactio Dei perpelui et irrevocabilis; vel quia Sacra -
ineniuui est regeueraiionis, quae unicaest; cùmncnio
nisi semel nascalur ; vel denique, quod longé l'acilius
est, oniiionique cavillationcui abrunipit, quia sic Dec
est phiciluni. Hujus ilaijue constilulionis, eliam re-
jeclo characlere , causac non desunt, alque adeô im-
becilla prorsùs esl, q»œ à Calholicis afferuir proba-
lio. — Rcsp. : Conc. maj. , nego min. quanlùm ad |
singulas parles, nam
1° Si ideo Baplismum non licet repetcre, quia si-
gnificat Chri,4i morlem , idem erit de Eucliarislià
aflirmandum , quae pariter signum est passionis et
morlis Chrisli ; ait enim Apostolus , 1 Cor. 4 , 21) :
Quoliescumqiie mauducabhis panein hune cl calicein
bibetis, morlem Doinini annunliabilis , donec venial.
Atqui polcst sa-piùs in vilà Eucbarisfuc Sacramen-
luni, ab uno eodemque bomine, ipsis conscnlienlibus
hiereiicis , recipi ; ergo non ideô Baplismum ilerare
nefas esl, quia sigiiifical Cliii-ti morlem.
2' Verè equidem dicitur Bapiisnmm esse fidci Sa-
cramenlum : illius enim soleuuiis proleslatio est ;
undc Sacramenlum illuminalionis à Palribus appel-
lalur; quapropler sicut unus Dominus et una fides,
utinquit Aposlohis, Epbes. 5, 5, ila cliinum Duplisma.
Vi.riim si quis foris exlra Lcclcsiam ab luereiicis
baplizclur, vel si in ipsà calliolicà ad Baptisnmm
ficlè et pcrvcrso corde accédai, numquid per Baplismi
lavacrum inilialur ad fidem? Numquid veram fideni
1334
î nique alii cujusvis seri;T> !i:rrclici , qui lidci cauonom
mixlo quolibet inlringi bml ? Atqui lamon Ba-
plisnium sive forls in lia;rcsi, sivc inlra calbolicaui
liciè susreptum , validum esse , nec licere iierari ,
diviiia docirina est; crgo non ideo Baplisma non re-
pclitur quia Sairamenium esl (Idei ; scd quia semel
dalum, scMiper main'l in aTupio suo eJTeclu, qui sanè
pra'ler cliaraeierem abus esse \u,n polesl.
3° Nec magis urgcl id quod opponiliir, Baplismtim foe
deris Dei cum bomiiiibus esse Sacramenlum ; hoc enim
commune liabet cum abis sacris symbolis, qu;c etiani
paclum divinmn includunt, jus scilioclad a'iernam hne-
redilatem; nam quemadmodiim deBaplismodixitCbri-
slus : jSisi quis renatus fucrtt ex uquâ et Spiritu smiclo
non potent inlroire in regntim Dei; dixit pariler de Eu-
cliarislià : Qui mauducal liuucpanem, vivet in œternum.
Et : Aisi manducnvcrilis cnrnem Filii hominis, el bibe-
rids ejus sauquinem, non habebilis vitam in vobis. Imô
Eucbarisliam peculiari quâdam ratione , testamenlum
suiim vocavit. Hic est calix , inquit , Luc. 22, 20,
novum testamenlum in sanguine meo, qui pro vobis (un-
delur. Atqui diviuuin paclum non iuipedit quominùs
unus idemque homo Eucbaristi;e su'piùs in vilà parti-
ceps fiai; ergo à pari non ideo Baplisma non rcpeti-
tur, quia esl fœderis Dei signaculum. Deinde fœdus
Dei cum bominibus non absolulè , sed hypotheticè
perpetuum esl; si nimirùm bomo promissa servave-
ril , et sleierit conveniis , uiide fœderis firmitas cxi-
tusque dependel ; atqui fieri polest, sx'péque conlin
git ut homo sacri fœderis conditiones contemnat;
ergo in hoc saltem casu repelendum essct Baplisma,
quo paclum viulalum reaovarelur.
4° Licèt liomo non possit secundùm naluram de
novo nasci, polesl lamen secundùm graliam, quolies
nimirùm à peccato mortali purgatus novam iiicipit in
Cliristo iiiire vilam. Scd demus, semel tanlùm spiri-
tualiter nasci posse ; causam noslram juvabit illa
confessio : qui enim ad Baplismum fictus accedit,
pariter quisquis voleus et sciens in lia:resi vel schis-
male baptixalur, procul dubiô non nascilur spirituali-
tor, cùm nitn ad vilam, scd ad pornicicm Baplisnium
recipiat. Pot. ril ergo, qiiin et debrbit hic bomo, si
(juid argumeiitum proposiium valeal, dcuuô, quando
lictioncm deposueril, baplizari, ne nimirùm ei adrc-
nascendum via prx'cludatur ; atqui lamen eliam in lioc
casu iierari Baplismuni lex divina el ccclehiastica
probibet ; ergo pra;tcr spirituaiem rcgeiieralionem
alia causa qua-renda esl , cur Baplisma non repe-
taiur.
5' Tandem , esl (piidem illud cerlissimum , vo-
luissc Deum quadam Saeramenla non repeti: sed
(imerinuis à Lullieiaiiis cl Caivinislis , uiuie babeaut
divini maudali lolimonium? Numquid ex Scripturà ?
Num(|uid ex iradilioiie ? Certé Scripiuram hujus rei
te?lem non habcnt, cujus verha possuul in varios
Macedoiiiaiii, Spiritiun sanctuin creaturam esse vo-
leules ? Numquid Peîagiani , qui nolebaiit Baplismum
tenebant Ariani, Filii divinilalem negantcs?Numquid P sensiis iiillfcti , (iu;e(pic licèl nullibi dical iterandum
esse Baplisma, nullibi lamen, expi-essè saltem, probi-
bet iierari ; igilur velinl nolinl hx-retici, ad antiquam
dari infantibus ad cxiiiaiionom ucccali? Numquid de- J; orbis clirisliani coiisucludincm . et ad liadilionein
J555 l»l^ Kl^ SACKAMENTAKIA. —
Palrum tanqiiàm ad ancliorain sacram tenentur con-
fugere ; jam sic siibsiimo :
Atqiii iradiiio quac docet quœdam Sacramenta ile-
rari divitià lege esse illicilum , hujus coiislilulionis
caiisam esse testaiiu' doininicum cliaraclerem , per
qiiein lioino Deo iii perpeluuiii consccralur. Perperam
crgo liœrelici faciunl , iu unâ eâdeinque re , pariiiu
ciim Ecdesià , parlim coiilra Kcclesiam niilitando :
qu;B eiiim isla temerilas est , audire Ecclesiam jiidi-
cèm, ubi agitur de Sacramenlis non ilerandis ; ejus-
quc aucloriiatem rejicere, quando agiiur de chara-
clere lenendo (I) ?
Insl. 5° : Aiqui falsum est, Patres vetcres clia-
raclerem admisibse, qualis modo in Ecclesià propu-
gnatur ; ergo, etc. Prob. subs. Primus onniinm Inno-
centiiis IU , scculo tertio decimo doctrinam iilam
invexit ; ergo, etc. — Resp. Nego subs. Ad probatio-
neni nego ant. et dico putidam liane luerelicorum
esse caliimniani ; quod ut nianifesto probetur, verba
ipsa Innocenlii juvat exscribcre. Detulerat arcbiepi-
scopus Arelalensis ad S. Pontilicem querelas quas-
dam à noimullis hœrelicis contra Ecclesiam catholi-
cam excilatas. Respondet Innocentius , Exlrav. de
Bapt. et ejus Effectu , cap. Majores : quod légère est
lib. 3 Decretalium Gregorii IX, lit. 42. Respondet,
inquani, lus verbis :
(i) Est alla diflicultas quam pluriniùm jaclant ad-
versarii. Sic ean) proponil et posiea diluil Collet,
cap. 3, art. 2, sect. 1 : « Ideô cbaracterem por aliqtia
f Sacramenta imprimi contendimus , quia iia;c Sa-
f cramenia ilerari non possunt ; alqui luec probalio
c duplici ex capite nutat : 1" (piia in câ vitiosus oc-
( currit circulus ; cîim cliaraclerem ex inilerabililale
f alicujus Sacramenli , et inileral)ilitate:n ejiisdem
f Sacramenli ex cliaractere per eum imprcsso colli-
« gore soleamus ; 2" qui i l'alsimi est ea qii;c ilerari
« non possunt , imprimere cliaraclerem , cùm conse-
< cralio calicis et Ecclesi;T^, imè lonsura el Matrimo-
< nium ilerari non possinl, et tamen cliaraclcieni
t non imprimant; ergo. — R. 1" : Neg. niaj. ; nam
« agnoscimiis quidcm , Sacranienla (|ii;u cliaracliMcm
< imprimant, ilerari nnn posst>, srd non recm'rimus
< ne(;es>>ariô ad banc inilerabilitalem, nt ciiarade-
< rem probemus, proul ex prima nosirâ piobalione
« licpict. Imô desumplam ab inilerabililale i)ri)balio-
c nem convellit Lugo, disp. G , n. o. — R. 2" : Neg.
« min. ; ad 1, 2, nego hic esse viliosum circuluni. Is
c enim ui occurrat, iiecessum est ul idem ex eodem
« secnndinn eumdcm respoctum probelur id aulein
€ non liabet lociiin in probalione de quà aginius.
< Qui enim chararlerem probal ex inilerabililale,
« causam probal ex eUeclu ; qui verô inilerabilitalem
€ coUigit e\ characlere , edeclum probal ev cau^à.
« Sic qui diei lumen percipit, solis orUim probat
« lanqiiMn causam ex elïeclu ; contra verô c;x;cns,
« qui scil solem bodiè orn"i liorà quinlà , inde iiil'ert
« i»aul6 posL dieni illiicescere, etser\os ad operam
< vocal, adeôqiie elleclum colligil ex causa.
« .Ad 2 , 2 , consccralio calicis el ecclesi;c sunt
« exlra rem cùm res inanima; cbaracteris sjiirilualis
( incapaces sinl. Tonsnia verô elsi non solet ilerari,
« nam ileralam scio, posset absolulè ilerari, si sfic vi-
« deretur Ecclesià', cujiis à nutu pendel tolus ejus
€ valor. Quod ad Malrimonimn altinet, ex se ilerari
« polesl eum diversis personis , quod suflicit ut
<( cbaracterem non imprimat. Imù an ex natiirà
< rei indissolubile sil, res est controvei>a , (piam
« expçndunl iheologi, ubi de libello repudii. (Edit.^
DE SACRAMENTIS IN GENERE. 1536
t Quibusdam qusestionibus quas conlra calliolicos
i ha'retici moverant, nos postulas respondere... item
« quycritur ulrùm dormienlibus et ameniibus Sacra-
< menti saltem characier in Baptismale imprimatur,
« ul excilali à somno , vcl ab a'griludine liberati,
i non binl denuô baplixandi? Sunt auleni nonnulli (pii
d dieunt , quôd Sacranienla (pue per se soriiunUir
i effectum,ut Baptismus et Ordo (cœleraque similia),
i non solùm dormienlibus et amentibus, sed iiivitis
< et coniradicenlibus, et si non quantum ad rem
n (scilicet quanliim ad remissionem peccalorum) ,
j quantum lamen ad cliaraclerem conferunt elle-
« cium, cùm non solùm parvuli qui non conseniiunt,
t sed et iicli , quamvis non ore, corde lamen dissen-
j liuat , recipiant Sacramentum. Sed opponilur lali-
« bus, quôd qui luissent invili et reluclantes immersi,
« saltem ratione Sacramenli ad jurisdictionem eccle-
I siaslicam pertinerenl; unde ad servandam rcgulam
« lidei chrisliana; forent ralionabililer compellcndi.
t Verùm id est Religioni cbristiana) contrarium, ul in-
i vitus et penitùs contradicens ad recipiendam et ser-
« vandam chrislianilalem aliquis compellatur ; propter
î quod inler invilum et non inviluni, coactum el non
i coaclum, alii non absurde dislinguunt : quôd is qui
« lerroribus atque suppliciis violenter altrahilur, el, ne
i 1 delrimentum incurrat, Ba](iismi suscepit Sacramen-
1 t tum, et talis, sicut etisqui ficiè ad Bapiismum acce-
< dit, cliaraclerem suscipit chrislianitalis impressum,
« el ipse.... cogendus est ad observalionem fidei chri-
> i stianai.... ille verô qui nunquàm consentit, sed pe-
i nitùs contradicit, nec rem nec cbaracterem suscipit
« Sacramenli.... dormientes aulem et amenles, si
« priusquàm amentiam incurrorent aut dormirenl, in
i contradictione persistèrent , quia in cis inlelligilur
j contradictionis propositum perdurare, si fuerinl sic
f immersi , characierem non suscipiunt Sacramenli.
d Secùs aulem si priùs catecbumeni exslilissenl, et
« habuissenl Baplismi propositum; unde taies in ne-
< cessilalis arliculo consuevil Ecclesià bapiizare ;
« lune ergocharacterem sacramentalis imprimil ope-
; i ratio, cùm obicem volunlatis conlrariie non invenit
« obsistentem. »
\ Ecce tibi famosum Innocenlii III rescriplum , unde
eum accusandi occasionem arripuerunl barelici ,
quasi primus omnium commentum characteris sacra-
mentalis excogiîàsset ; verùm quàin inique egerinl ,
ipsa decreli leclio luceclariùs demonslral : nam,
r Quiestio non niovebatur de Bapiismo , ulrùm
î conferrel cbaracterem nccne? Quin è conlra illud pro
[ ccrto utrinqiie assumebatur, tum ab hœrelicis dispii-
tantibus, lum à calholicis qui impetebanlur. Sed in
i hoc cral difficullas, ulrùm dormienlibus et amentibus
I cliaracler imprimeretur, eaque causa Arelatensi ar-
chiepiscopo fuit S. Ponlificem consulendi; falsô crgo
I et imperilè helerodoxi opponunt, primùm ab Inno--
! ceiilio I.II cliaraclerem excogilatum.
2" S. Poniifex ut dubium ad se delaUim resolvat,
I ex aliorum raagis quàm ex propriù mente loquilm", et
t varias quœ circumferebanlur Iheologoruin opinioncs
QLLEST. Y. DE EFFECTIBIJS SACKAMKNTORUM.
iôôl
Diiarrat. < Sunt, inqiiit, iiomuilli qui diciint, qiiôd Sa-
f cranieiila (|ii;c pcr se siiiiiuniiir eirecliim, lit lîap-
< lisituis el Ordo, non solùni doriuionlibus ol ainen-
€ tibus, sed invitis el conlradicenlibns, qiianlùiii ad
t cliaraclercm conférant cITectuin.... siiiit cl alii (|iii
€ iiitor inviluiii cl non invitiiin , coaclmn et non co-
< acinm non ab;>uidè di>lini;nunl ; qnod is t|ni lerio-
€ ribiis alqne snppliciis violenter ailraliilnr, cl ni;
i delrimentum incnrrat, Baplisini suscipit Sacranicn-
« tuni, cliaracleren) suscipit cliiisllanilatis, et cogen-
< dus est ad observantiam (idei cbriï.liaiicc : ilbî vero
< qui Munquàni consentit, sed peiiitùs conlradicit, iicc
i charactercni suscipit Sacramenli. »
Ergo rcs erat temporibus Innoueiilii III, pcr uni-
versani Ecclesiain pervulgata , cl omnium qui veram
lideni profitebantiir cousensione (irniata, pprqu;cdain
Sacranicnta iiiiprinii cliaractercni; atiiue adeô caluni-
niantur more suc Lulherani, quôd Innocentium hujus
dogmaiis auciorein invcnloremquj fuisse confidonler
aflirniant ; non enim définit gencr.itim iniprimi ab
aliquo Sacrainento characlercni , sed ila proniinliat :
Tune ergo cliaracterem sacramentalis imprimil ojicralio,
chm cbicem voluntatis contrariœ von invenit obsisten- |'!
1358
|i aiictorilalcs infirrnare , el in alienum sensum inlor«
qiiorc.
Deinde conlra cbaractcrom , non sno qnidem , sed
aliortirn iioininc, qn;i'dam argumenta adducil, quale
isliid ; Non est ponenda in operUnts Dei , sine necessi-
tiitc plnralilas ; uullu vero est cliaracteris admitlcndi.
Memqne lioo alteriim : Si cliaracter essct ponendus,
iniprinicrelur nonuituqiiinn sine (jralià, in iis scilicet qui
firlè ad Sacrainenttnn accédèrent : couseqitens aulem
videtur à Dei sapienlià alienum, ut videlicet inimicis suis
tfintum bcneficium larqialur ; pn^lquàm vero scrnpulos
illos inji'cit, dispuialionom concludit dicendo, proptcr
Ecdesicc auctorilaiem liiUini non esse cbaraclercra
rejicere.
Eodcmque modo plcrique alii sunl loculi, qui , ut
I Morinus observât, desacris Ordinal , part. 5, cxer-
cit. 3, c. 1, ingénue confessi sunt, niliil apud Paires
j aul in antiquis canonibus solidi occurrerc, quo cha-
racler defendalur ; adeôque ad solius Ecclesiaî aucto-
rilaiem, eamque non niullùni anliciuam, esse recur-
rcndum.
Ergo d gnia de charactere, slabiii fundameiilo non
! nititur. — Resp. 1° : Dogmata fidei, cùm non ah Iio-
teni; niandelur hoc exemplum memoriLe, el ab hoc | minum placilis, sed à Dco, dcpcndeant, per verbum
uao experimcnlo discal, qiiisquis Ecclesiam aniat, i^ sive scriptmn , sive Iraditum , Ecclcsiam infovnianle
quanlùm fiducie in hierelicis sit ponendum.
f enrum veritali nihil detraiii, si unus aut aller, inxj et
5° : Hinc enascitur argumentum ad noslr* sentcn- I pkuimi, quanlàlibcl auclorilate spectabiles , contra-
lisc confirmaiionem peremploriuni : ineuiile leilio |: rium tenuisse perhibeantur. i Non enim, inquit Ter-
docimo se;ulo confessa res erat, et omnium consensu |f i tullianus, lib. de Pncscript. cap. 5, ex personis
pro'.iala, per Baplismum el qua'dam alia Sacramenla | « probamus fidem, sed e\ fide porsonas ; neque theo-
infigi in anima characlerem ; alqui doclrina Iwc non \ « logorum scholaslicorum, etiam mullorum , Icstimo-
nova prodibal in publicum, sed ul domeslica el ab | « nium, m l'-quitur Melcbior Caims, de Locis Iheolcg.
antiquis accepta praedicabaïur ; non enim possunt h;e-
rctici pnescribere lempus quo priniùm invcbi in Ec-
€ lib. 8, cap. 4, si alii contra pugnant viri docti, plus
< valet ad l'aciendam fidom , qiiàm vel ratio ipsorum,
cle.->iam coeperit. Ergo ab i|)sis apo-iuJicis temporibus | t vel gravior etiam auctorilas comprobavit; » at(|ni
per aliqua Sacramenla imprimi characlerem, secun-
i dùm acceplam ab aposlolis tradilioneni tenel Ecclcsia
; universa, verilateni banc S. Auguslinus et alii conlra
1 Donatistas expresse propugnaverunt. Cùm enim di-
cerent DonalisUc, baplizalos ab harelicis, eu qnùd
graliam non recepissent , esse denuô baptizandos; è
contrario reclamabant Calbolici, acceptandum cssc
bapiisma. , propier characlerem dominicum , ne non
homini , sed ipsi Deo injuria fieret -^o quidquid
originem babel; atque adeô non potesl sine lidei de-
Irimenlo repudiari : Quod enim universa tenet Ecclesia,
inquit S. Auguslinus, lib. 4 cont. Don., c. 24, uec
conciliis inslitutum, sed semper rtlenlum est, non nisi
auclorilate aposlolicà tradituni rcctissimè creditur.
inst. G° : Si cbaraclerom sacramontalem adstrue-
ret, ut Yoliint Calholici, firmissima sancloruai Patrum
auclorilas, certc ab hâc doclrina facile non recessis-
sent magislri scholarum pr-iecipui ; at([ui recesserunt
tamen.
Nam, ul varias silcanuis de cliaracteris nalurà opi-
nioiies, lantùm sibimet, quanlùm rationi et theologiciC
gravilali contrarias Scotus, in 4 sent., dist, 6 , q. 9,
leiiuis^ima'm de characlere se liabere opinionein si-
giiilical: conlendil enim assortioncm banc ncqiie sa-
cris lilteris neque ex Icstimoniis sanctorum Patrum ,
ncc ab ipsà ralionc coUigi posse : additque Magis-
Irum Senlenliaruni et Gralianum , qui vclcrum sen-
Icntias coliegorunt , cùm nullam cliaracteris mentio-
ncm fecerinl , enectiim liuiic non admodùm nccessa-
rium judicàsse; imôidem de S. Augiistinopronuntial,
quem pulat omniiiô siiuissc de characlere , moxque
conalur oiiKies qua- pro i!Io asserendo adducunlur ;
il
aliqui conlra verilalem banc, sive
opiiiando dixisse compcrianlur,
imminuitur.
i Resp. 2°: Conc maj., r
Lutheranos el Calvinis'
gloriari : nam praUero'
Alberlus M., S. TI>
Piclaviciisis , el
propiignàrunt
gant. Seoir
sunt ; air
charar
ran-
do, sive
idere
%îtini
;e?^ v-âVbui vcsti-
^^é^cïit.
/
1530 DE HE SACKAMENTALUA. — DE SACIIAMENTIS IN GENERE. 1340
dùm quiestioneni liaiic pleiiè calholica Ixdesia eli- fm « melai)liy.siccs abslrusa , cl idoè cunclis nioloslior,
niiàssct, qiiod poslea in Trideniiiio concilio splcn- | c qiiàm iheologis necessaria ; liaiid lamen iiossiimus
didissiiiiè facluni est, forte lolernbilior ossel isla 1 « sic silorc, tiiiiii alitiuid dicamus : » ila prrndicliis
disscnsio , nec verô possunt iiiodô luvrolici haiic | aiiclor,
exciisalioncm pm-lexere , poslqnàm exivil in omneni • iSobis proi'eclo Inliiis saninsqiie vidolnr, (al)Sil à
terrain Ecclcsiic sonus : Siquis dixerit in Iribus Sacra- ? verbo injuria), tricas bnjnsmodi pro niorilo pivcloiire;
mentis, Baplismo, Confirmatioue et Ordinc, non imprinii | lum quia, ut ait alicubi Tuilius : Slullum est difficiles
cluiractercm in anima, hoc est, sifjnum qnoddtnn Rpiri- \
Imbere nugus ; tiuii quia perionlum est ne veillas ni-
lualc et indélébile, nndc ilerari non possunt, anathema | niiriim allcrcando amillalur; Inni quia nescire qn:i;-
sit. Conc. Trid., sess. 7, de Sac., can. 9. ; dam magna |)ars sai)ienli:r ; inm dL'iii(]iie (]uia ubi de
Resp. 3° : Conccssà iterùm majore, ncgo min.; 1 sacro dogmate agilur, proposilum iiobis est in divinâ
non enim de characleris veriiate, sed de ejus natii-râ !' revelalione animum continere : Soins enini , inquil
dubilalionem aliquani coniniovent cilati in objectione | Ter.tullianus, PriBscript., c. 8, cnriositate opits non est
scriptoros. 1 P"*' Cliristuni Jesuni , nec inrinisilione post Kvanfje-
Ac r quidem Scolus, ut prxdictum est , propler 1 Hum.
Ecclesi;xi reverenliam admittendum esse cliaraclerem | lnst. 7" : Sallem cnlpari non dcl)et vir liieologns,
sine hxsilatione affirmât; quod auiem subdit, neqne | nec accusari nimi.T, curiosilalis, quando diligenter in-
ex Scriplnrâ, neque ex Patrlbus, neque speciatim ex \ qniril in qiio consistât dogma divinum ; tune enim
S. Auguslino, nec denique ralione persuasibili posse i agit rem suam, tuni ul quod tenendmn est ipse pro
probari , Scoli erratum est , quod ex antcdictis facile l
refcllilnr ; neque magis consonat verilati quod ail Gra- j
tianiun cl Magislrum senlentiarum de cbanclere pe
jiilùs silnisse. Gratianus enim in Dccrelo , sancti ;.
Auguslini eà de re senlenliam refert , nt alfirmanl l
viri in ejus lectione versati. Petrus verô Lombardus \
ex ejusdem S. doctoris vorbis probat , in -4, dist. G, l
officio sciât, tum nt su;ie fidci rationem omni poscenli
reddcre valoat : hoc eiiim non doclis tanlùm , sed et
omnibus Universim videtur S. Petrus pncciperc, in
1 Epist. 5, 15; alqui qnantninvis diligens iiiquisilio
liai, ccrlô ei lidei luminc oslcndi non polesl, in quo
cbaracleris natura consistât , cujus rei argnmenUun
convinccnlissinium exhibent ipsi scholarnm magistri,
baplizalos ab hcereticis, propter cliaraclerem qiiem l: quorimi tauta in hoc nodo e\tricando diversilas est,
inlixum habent, non esse rebaplizandos; quasauleni î' ut quot oapila , lot foré senlenliaî sint : porrô quid-
Scotus exagt,erat in conlrarium raliones , quoniam \
futiles nulliusquc niomenti sunt , non vacat refellere, \
idemque de Durando, et aliis qui oj^poni possunt est |
senliendum.
1° Qualuor abliinc et ampliùs seculis iheologi fcrè \
omnes, licèt pro cerlo Icnuerint, Baplisnm, Condrma-
lione et Ordine, imprinii in anima indolebilcm chara-
clerem , de ejus tamen naturà sive quiddiiaie, ut lo-
quunlur, dubia mulla, non minus inulilia, quàni diffi-
cilia ad solvendum , in scholas intuleiunt ; quâ in re
dissimulare non possumns, eos à fidei simplicitale
longé recessisse, et vanis quœstionibns ventilatis, in-
caulé Ecdesiic adversariis arma prsbuisse; qnid enim
juvat , ad deiensionem catholici dogmatis , imporlunè
et ad ravim nsque in scholaslicis exercitalionibus
quid varium est, ad fidem non perlinel, qua- simplex
et una est; esto igilur in llieolôgicis opinionibus cha-
racler habcat locum ; divinis sanè dogmalibns annu-
merari non débet. — Resp. : Conc. inaj.,neg() min.;
nam in quo posila sit natura et definilio cliaiacleris,
Tridentini Patres ad sensum traditionis, apcrlissimis
verbis enunliant. « Si quis dixerit, inquiunt, in tribus
« Sacramenlis, Baplismo scilicel, Confirmatione et
< Ordine, non imprimi cliaraclerem in anima, hoc
< est, signum quoddam spirilnale et iiidelcbile , unde
« ilerari non possunt; analhema sit. i Ilaque fide
divinâ tenendnm est , veiuti insigne quoddam à Dec
impressum in anima, quod deleri nnnquàm polosl ,
eiqiie perpétué iuli;ciet; neque in hoc cnpile ulla
tbeologorum in catholicà EcclesiA, ni praîiliximns,
qua^ritare, sitne character stibstantia vel nccidens ? ens | disseusio est.
reale, aut rclionis. Itriim in prœdlcamento debeat col- | Jain verô signnm illiid cnjus nalune sil morale an
locari , directe tanqnàm genus anl species , vel indirecte | pliysicnm ; rursnmqne , in (pià physirornm cnliuni
lanlian et rednctivè, ut niunt. Sitne relatio alicjua renlis,
an deûominatio pw-è extriïiseca, anè contrario res abso-
luta. El denique ad qimm specicm qualitatis pertineal.
Nain in hn]u?niodi lexendis et sccandis nodis thcolo-
gos qunmphircs videmus maguà conlenlionc laboràsse,
quodque mirum magis, ne ii quidem qui contemnebant
bas nugas, praîlerlmilt'ere ausi sunt; tanla scilicet vis cïi
consuetudinis ! À quà eiiam cum ralione recedere lur
spccie sit locandum ; hic nimirùm scbolarum ojms
et labor est , ad fidcm non pcrlincns. Nobis qnidcm
post S. Thomani et celeborrimos iboologos lutins
videtur cl convonionlius lidei, affirmare, qnôd sit
C!''; nhysicum, ]iertincns ad genus spirilualium (juali-
I lauim : aliter cnini non inlclliginius quo pacto, spiri-
I tnale, indélébile , impressum in anima, eique perpétua
f inliœrere dici possit : sunt è contrario qui couteiidunt
pe crcditur: « Deconslilulionc cbaracleris in pra;dica- | non esse aliud nisi ens morale; caque Canonislarum
< mento, ait Dominicus Solo, in 4, dist. \,q. 4, art. 2, | ' commnnis doctrina est. « Yerisimile esl, inquil eorum
i adeô inlcr doclorescontroveilitur, ut tolsintseiisus |: « unns, Yan-Espen juris ccclcsiast. uni\ersi, parle2,
i quolcapita, suppudealquc omnium opinioncs reccn- | « lil. 1, de Sacram. in geii., c. 1, aliud dicere noluisse
< serc, cô polissimùm quôd (juceslio esl in visceribus m « siuodum Trid., nisi quôd per hiec Sacrainenla im-
1541
QU^ST. V. DE EFFECTIBUS SAtlKAMENTORUM.
i3i2
t primatur in anima cris ([uodilani nior.:lc , qnale |
( solcl imprinii, dinn (|nis ad dij^iiiilaleni aul cuiidi- !
( tiuuem aliquant stabilom cl pcrmancnlcni assnmi-
c lur; ul, cxcrnpli gralià, ad digniialem rcgaleni ,
i dooloralcm , etc., in lioruni cnim adoplione cl col-
« laiione acccdil ipsi acoi|)irnli Inijusmodi dignilalcm
« vcl condilioncm , quoddan) cns morale , ralioiie
t cujus pcrpcluù rcpulclur rox , doctor, etc., nnde
f non maiè Joanncs Doujalius in nutis ad Iiislitulioncs
< Lancelluli, loquens do hoc signe ait, lib. i, tit. 2,
< § 5, iioc sigiinm liia Siciamrnla, Haplisinns, Con-
« liiinaliocl Ordo, idconi fallor, iniprimcre ccnseiilnr
< in anima suscipicntium , qnùd per ca homincs spe-
t cialilcr ad Dci cultum dcslincntur : > ila pra-dicti
scriplores, ad quorum menlcm characler non aliiid
quidquani cssovidolin% qnàm cxtcrior denominaiio ;
quam qnidcm doctrinani, litèl non probemus, fidei
tamen i:oa dicimus esse conirariam ; absit enini ut
judicium EcclesiiC pra^vcvcrlamus.
Nec niirari qnis<]tiam débet quôd cùm fide ceria sit
Veritas cl existenlia cliaracleris, ejus lamen natnra,
sive quidditas, ut loqminlvn', incerla iiaelcnns homi-
iium judicio sit, dispu(alionii)usqucdiversis obnoxia; ;
hoc eniin ipsum in midtis lidei capitibus experimur, \
quorum est cerliludo divina , licct modus nos latent :
sic enim, ut exemplinn opporuniuni afTciamus , Sa-
cranienta prodncere gratiam o.\ v)pere oporalo, dogina
caiholicum est , quod si«e ha.Meïji non negatur : quâ
aulem ralione opcrentur, physicè an moralitcr, adhue
sub jndice lis est ; idemque pussot plorisque aliis
cxemplis , si opus esst't ostendore ; itaque in bis et
simiiibus, se exercoanl ihcob>gi , per nos licet; tan-
tiuinnodô caveaBt tum »i ne modum excédant , qui
poni in unaquàque re débet ; tum ne id negent quod i
apcrtum est, qui comprebendore neqiieiinl quod ocul-
tuui est.
§ 4. Propoimulur et re.soUuiitur aliqnœ ijuœsliones.
Qd-Kist. 1. Qùî ficvi possit ut chnvactcf ab îmiiiis
rccipiatur, qui gvaiian\ non vccîpitirit. — Ro?p. lioc j
ideô ficii , qnia gralia sanciificans, \il iU adulloiMmi ;
aniniani iurundalnr, l\ bono connu moln, tanqu;^m à
couditiono dopcndol ; sect'is verô characlor, qui locnm
habci in gvaiiis gVatis daiis, qu;e vidolicel hominibus
eliam impiissiUiis darî possunt.
Qo;rsl. H. Qnid (ausicsit, cur characler indelebi-
litor fixûs in aninià nianeat, cinn gralia, qu;e est
forma l<>ngc petieclior, ab illà srpè recédât, et per-
peluani slabililaleni non habeiU.— Uesp. verbis sancli
Thomie , 5 p., q. fiô, an. îi, ad i : i Dicetidum , in-
< quit , «{uod aliîer est in aniuià gralia , et aliter clm-
« rat'tcr : n;.m gralia est in anima , sicut (jua-dam
( Lima, babens esse com|»lelinn in eà : cliaraelei' au-
< tem est in anima , sicul quadain virlns inslrnmen-
< lalis; forma au:em coiiiplela ci-l in subjecto sctun- ,
« diim coiiditionem snbjeeli ; et quia anim.v-cst mu-
t labiiis secundùm liliernm arbitrium, <p:amdià est
I in slatu Yit;c , consequens est quùd gralia sit in
f anima mulabililcr; sed virlus instrumentalis niagis
; « lis; et ideù characler indolebiiilei" ineslanhnx', non
< jinipier sut jrt'rf<'< lionem, srd |)ro|)ter perfeciioneni
j « sacerdolii Ciirisii , à quo derivalin- chara( l- r, sicul
I t qua-dam inslrumenlalis virlns. i
lia S. doclor insnpcr htijus discriminis causa du-
1 plex alTVrri jiolesl. Prima rsl qnia gratin ut cnnsi.-rve-
Inr, à liliero pcnilclarbiliin, (luod cùni nmlai)ile sit, et
j ad maUnn llexibile, consequens est gratiam amilli
! posse ; atvero characler nt permaneat dependcl à solo
j Deo, cujus est inslrnmenlum. Secuiida est qnia gralia
aliquid babcl sibi conirariuni , peccaliun scilicct, à
quo proindc expelli polesl ; characler aulem non
habet.
Quaisl. III. Cùm ideù delur characler, ul homini
conférai aliquam polentiam , circa ea qu;e pertinent
ad cnltum Dci extcriorem,cur in allcrà vità leinaneaf,
ubi nullus lalis est cnllus. — llesp. cum angelico
pneceplore ibidem , resp. ad 5 : t Dicendimi, inquif,
I quôd quamvis post banc vitam non remaneal ex-
< terior cullus, remanet lamen finis illius cullûs, et
« ideô post banc vilam remanet characlr, et in
< bonis ad eorum gloriam, cl in malis ad eorum igno-
« uiiniam : sicut <}tiam militaris characler remanet
< in niilitibus post adeptam victoriam^ et in his qui
< vicerunt, ad gloriam, et in his qui smit vicli , ad
< pœnam. t
Quiést. IV. Cur dicatnr per characterem Conîirma-
lionis conferri aciivam lidem prolitendi , et conlra
Dei hostes pugnandi polentiam; cùm jngnam liane
suslinore aliqiiando tencaïur liomo qtiilibelbaplizatus,
eliamsi nondùm Conlirmationcm reccpcril. — Resp.
aliud esse , ex officie militare, aliud ex necessilale;
equidem potest, iniô didjct aliquando fidelis , solo
suscepto Raplismale , pugnare conlra liostes Dei et
fidei; quia, urgente necessilale, omnis homo miles
esl ; hoc lamen non impedil , quominùs Confirmatio
det hominibus baplizalis polentiam pugnandi ex of-
ficie, tanquàm inililibus Christi , specialiter ad defen>
sioiiem divini nominis depulalis : « Sicut baplizalus,
t inqnit S. Thomas, 5 p.,q. 72, art. 5, ad 2, accipit
« polcstalem spirilualcm ad prolestandam fidem por
« susceplionem aliornm Sacramcnlorum; ila conlir-
i matus accipit polcstalem publiée fidon» Cluisli ver-
« bis profilendi, quasi ex olficio. i
Qux'sl. V. Num alla , prater Baplismum , Conlir-
niaiionem et Ordinem, Sacramenia characlerem im-
primant. — Res]). négative, id(|ne omnium iheologo ■
rnm conscnsu. l'oc aulem ex co constat, primo quia
nulla Palrum doclrina , nulla ecclesiaslica Iraditio
cliaracleris impressionem in aliis Sacramenlis insi-
nuai ; inu) , qiioniam cxccpho , ul dici soict, firmat
rcdulam in coiitrariitm, auclorilas , (pue tribus reccn-
sitis ciiaractLrem adscribil, ca.'lcris denegarc cre-
deiul.i esl.
Secundo ccrlo indicio idem demonslialur. ^'an^
quatuor alla Sacramenia iu^ralô ab eiidem personà
suscipi posse ex anliquà consuctndinc jam exploratnni
est ; quod nequaquàm las cssel, si indoîebilc suî vesli-
< altentiilur secundùm cor.dilioncm principalis 3?en- ' ginm, a«que nolam animoc insculperent.
, 1 ' jiis ilignilalis ac polestalis quamilam in eos (juns exor-
- ! nat, parlicipalionem Iraducit. In Chrislo lamen, qui
est splendor gloriœ , et ficjura subslantiœ Patris, cl in
quo inliabilal omnis plenitudo divinitatis corporatiter,
iinlUim cssc cliaraclerem adinoncl S. Thomas, ail. 5,
qiuosl. Gî). Et sanè nolaii cliaraclere non convcnit
paslori, sed ovi , non domino, sed niilili, non princi-
pi , sod minislro. Tertium tandem oflicium est dislin-
piiere insignit'ts cliaractere à reliqnis onniibus. El qui-
dom piopler hioc duo postremô rcccnsila , lanquàm
noiionc, characler sigimm vocaliir à conciliis et Pa-
tribus Scquilur.
.1345 DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
Accedit congrua D. Thomœ ratio , quam exliibet ,
art. 5, qiiaest. 63, ob quam ad.sola tria priora Sacra
mcnla cliaracteris infiisio si,t rcstringonda. Hanc ille
ex linman;e consuetudinis analogiâ deducit : nam olim
pocudes tanlùm, aul servi et milites cbaractere con-
signabanlur; siciit ergo eos dnnlaxal, qui aul regiic
familiic aggreganlur, aut mililiic adscribnntur , aul
ad spéciale ministerium , et public;c gnbernationis
oUicinm delignntur, convi'nil imperatoris insignibus
decorari; sic etiam S])iiilnali cbaractere illos tanliini
bomines donari oporlcbal, qui aut per Baplismum in
familiam atque ovile Christi iransferuntur, aut per .
Conlirmatioiiem velut ejus pugiles contra fidei hostes '
armantur, aut per ordinalionrm ipsius ministri, et
sacrarum rerum dispensatores eKiciuntur; hi enim
omnes in novo quodam statu ex se periietuo atque
immobili coUocantur. Atverô alia Sacranienla, ta-
nielsi conferendo gratiam aliquod contra peccalum
reniedium exbibeanl, non tamen Cbrisli familiœ , aut
iniliti;e , aut sacre ministerio speciiditer addicunl ,
iieque Domino velut directe mancipaul, neque pecu-
liarem ad Religionis officia facullatcm largiunlur ,
neque in perpetuo alque immutabili siatu suscipien-
tes constiluunt. Ergo iis Sacramentis opus non eral
cbaracleris spirituabs impressionem conjungi. Ob-
servai deniùni S. doctor, art. 6, in resp. ad. 1, per
omnia quidem Sacranienla bominem fieri sacerdotii
Cluisli parlicipcm quoad effcctus, sed non quoad
potesiatem : neque enim per omnia depniatur ad
agendum aliquid, vel rccipiendum qiiod periinot ad
exirinsccum Dci cultum , sed solùm per illa tria,
quibus cbaracleris eflectionem Ecclesice doclrina de-
\inxit.
Qi ;cst. VI. Num ex veteribus Sacramentis alicui
saltem hujusmodi compeleret efiicacia imprimendi
cbaracterem. — Negativa itidem responsio est ad-
vcrsùs Scotura , qui et circumcisionem Mosaicam
speciali cbaractere bomines consignasse pulavit ; sed
immeritô. Nam , prœterquam quôd ncc {\) circum-
cisio, nec aliquod aliud veleris legis Sacramentum
institutnm erat ad spiritualeni cffectum ce opère
operato inducendum , sed solùm ad conferendam ex-
trinsecam legalemque juslitiam , pugnat Scoiica sup-
posilio cum SS. Patrum doclrina , qui eà etiam de
causa Iliplismum Circumcisioni anteferunt, quôdb.-ec
in corpore, ille verô in spiritu suscipienles consignai;
ut inlcr alios S.Epipbanius/ja'rcs! 8, et Juan.Cospos.
orat. 2 in Epist. ad Ephes.
Ex quibus omnibus officia et pr.Trogativce cbaracle-
ris sacramenlalis salis elncescnnt. Tria ncmpeeasunt.
Primum ac princi()ale est bominem idoneum reddere
ad cbrislianoPi vit;K minisleria, et ea qu:e divini sunt
culiûs, agenda vel suscipienda. Alterum, configurare
Cbrislo Domino, sumnio alipie X'teruo sacerdoti, cu-
{\) Sunt qui cxistimenl Circumcisionem vim lia-
biiissc peccalum originale ex opère operato diluendi.
Vide Aiip.-ndiccm "de Circumcisione , ad calcem
Tractalûs, vol. seq. (Edil.)
QU.ESTIO SEXTA.
DE AL'CTORE SACBAMENTORIM.
In effectu quolibet causa quadruplex allendi potest,
materialis, formalis efficiens et finalis. De malerià et
forma Sacramentorum dictum superiùs; quem verô
in finem fuerinl instilula, facile ex pnecedenlibus in-
lelligitur : constat enim Deum , tum ad su:ï polcnlicC
et misericordia; manifestationem, lumad salutem bo-
minum procurandam, salutaria haec remédia prcescrip-
sisse : reslal ergo ut de eorum causa efficiente dica-
mus.
Causa porrô efficiens, altéra principalis, ministeria-
lis aliera in prœsenli distingui débet : quemadmodùm
enim in publicis rébus gerendis, alia régis, alia legali
poiestas est , ila in œcononiià et dispcnsatione Sacra-
mentorum, prorsùs aliiC Dei sunt partes, aliie homi-
num, qui pro Deo legatione fungunlur.
De minislris Sacramentorum tola queslio septima
fulura est; ilaque in pmesenti de eorum auctore dicen-
dum. Quapropter sit
§ 1. Christum Dcum Ilomiuein , anctorem esse Sacra-
mentorum oslendidtr.
Quirri bic potest : 1° L'trùm sacramcnla insliluere,
soli Deocximium sit ; 2° utrùm Chrislo ut homini, prse-
cellens aliqua Sacramentorum insiiluendorum potestas
fueril di\initiis allributa ; 3" utrùm omnia et singula
Icgis nova; sacramenta, immédiate vel médiate lan-
tùm, spécifiée aulgenericè insliluia à Chrislo fuerint.
Pro barum difficuliatum cxplicalione sit
CoNCLUSio PRIMA. — Sacramenta principalilcr et auctO'
ritate propriâ instituere, soli Deo eximium est.
Prob. Ille solus potest Sacramenta principaliler et
auctoritalc propriâ insUluere, qui solus polesl corpo-
ralibus elemenlis Iribuere vim sanclilatis et justitiie
tum significandie tum efficiendcc; alqui solius Dei est
illa potestas : solus , inquam, ille potest sanctilicandi
vim corporalibus elemenlis, lanquàm su* potenli;c
inslrumenlis, communicare, quia sanctilalcm dare
non potest , nisi ille qui ex essenlià sanclus est ; so-
I lus potest prapsentià et immensitate suâ pervadere
animam , in quâ Sacramenlorum elïectus recipitur :
solus polest gratiam impartiri, qux est divinie nalu
ne ineffabilis (pia'dam expressio : solus potest cbara-
ctere indelebili animam iusignire, qui divinorum
1345
QUyEST. VI. DE AtCTORE SACRAMENTORUM.
15iÔ
bcneficiorum aut suscipiendorum, aut aliis communi-
candonim spirilnalis poleslas est : crgo, etc.
Deiiide, ci'im Sacramciila incdia sint ad consc(|iion-
dam salulem accommodaia iiuiic solum aiiclorcm lia-
berc possunt, qui soins salvare honiincm valet, cl
admillere in X'tcrnai felicitalis consorliuin; alqui so-
ins Drus lioc polesl : qnis eiiini Irihnel lioniini suni-
mnni honnni, nisi qni ipse est siiiiuiinni i)()niiin? Aut
quis dabil grutiam, et (jloriani, )tisi Domiiius ? psalni. 83,
1:2. Ergo, etc.
Pra-lorca, cimi sacramciila sint fundanionla Reli-
gioiiis et iidei, ab eo solo possunt |)iinci|)aliler insli-
tui, cnjus solins est tideni condeie, lioniinesquc in
ununi religionis nomen coUigerc ; at(pii solus Dcus
auclor est venc Religionis cl fidci; pariler crgo sic
ci singnlare est Sacranienta sancire, ut humanam
onniem et angoiicani snpcret potcstalcm.
Postremo, de Sacramcnlis novis idem ac de vcle-
ribus débet esse judicium , eôque magis quôd anii-
quis virtulc cl eiïicacià longé pncccllant; alqui solus
Dl'us logis veleris et Saciauicntoruni quibiis pluri -
niùiu abuudabat auclor luil; ergo niulK» uicliori lilu-
lo debel de noslris boc aflirniari, ([u id non ca lan-
tùm Deus institnerit, sed et quùd solus poluerit au-
ctoritatc proprià instilnere.
Ilaec coucliisio est adeô certa et facilis ad inlelli-
geuduni , ut noiiucat qnid(iuani in conlrarium cuin
aliquà specic veritalis opponi : qnis enim seriô existi-
niabil, puruin bomincm posse signis sensibilibus et
arbilrariis, tribuere vini , quani ipse non liabol, gratiai
et cbaracleris producendorum ?
CoNCLUSio II. — Clirislus ul Itomo prœcellentem liabuit
in Sacramentoriim inslilulione postestatem (1).
Prob. Prcccellcnteni intelliginins poteslalem , quse
quanqnàm divinà inferior, lanta tamen est, ut non
possit ulli alleri creatae virtuli a^quiparari ; atqui
Clirislus ut bonio, eisi divinain polcnliam in insli-
lulione Sacranicntorum non adœquaverit, tantam ta-
men habuit, quanta nuUi alleri creaturai concessa est.
Nam ,
1° Summà polcstalc sibi collaLî, Sacramenla in-
(1) < Dicunt tlicologi,ait Liebcrniann, cap. 5, art. \,
< solins Dei esse, vi cl auctorilale proprià Sacramenla
« insliluere; Chrislo aulcm est liomini banc potesla-
( teni fuisse communicalam specialiscxccUcnlioe pr.T-
« rogalivà. Sed quorsùm bœc? Mobis videlur eadcin
t rcponi posse, qua:; alio loco dicta sunt, ciim de
i Vorbi Incarnalionc agcrclur. Nam qiue ad incdia-
< loris et sacerdolis oflicinm perrmebant , procul du-
i bio perl'ecla sunlabbumanà nalurà, sed à personà
« diviiu'i a;stimalionem babucruul et preliuFn iiilini-
« Inm... lia , cnm de Sacrameiilormu inslilulione agi-
i lur, non video cur necessc sit ad potosialoin ali-
« quam confugerc Cbrislo liomini ob singulareni e;jus
€ excellentiam commuiiicalam , qii;e poleslas esset à
< divinù auctorilale dislincla. Instilnlio sacramcnto-
I rum est actio verè tlwandrica. Clirislus ul lionio
i Sacramenla insliluit , eorumquc conncicndornm
I nonnam Aposlolis Iradidil; al vini cniciendi gra-
I liam illis Iribuil divinà, (pue ipsis propiia oral,
€ auctorilale. > lia ille , et bxc sanè non sperncnda
videntur.
(Edit.)
sliUiit ipse, quod nemo un(|uàm nioilalium allenla-
vil, noc altentarc poluil : Dula est iiiilii, inqnil Mallb.
28, 18, oiimis polculas in cœlo et in terril : euntes crgo
docclc omnes génies, baplizantes eos in uomine Palris,
I et nia et Spirilûs snucti... Joan 20, 21 : Sicul luiiil
j tue Pater, et ego millo vos... acilpile Spirituin sanclum ;
quorum reniiseritis pcceala , reniillu)itHr eis , et (juoruni
relinuerilis, rclcnla sunt.
2" Quidipiid per Sacramenla, ciiam sine Sacra-
mcnlis poleial ; nam peccalriccm mulicrem ab omni
expiavil pcccali labe, iiullo adliibilo Sacraïucnlo Luc.
7, 48 ; pariijne modo plerosqnc alios Dco rcconcilia-
vit solo nulu voluulalis, noniiwalim vero paralyli-
cum, oui : « Conlide , inquil , /ili , remilluntur tibi
peccala tua ; cùmque scrib;e alicpii inlùs obinurmu-
rarcnl, ut quid cogitatis, ait, mala in cordibus vcstris?
Quid est faciliùs dicere : diniiltunlur tibi pecctita tua,
un dicere : Surge et ambula ? Vt autcm scialis quia
filius hominis liabet potestateni in terra dimittendi pec-
cala, tune ait parahjtico : Surge, toile lectiim tuuni, et
vade in domuni tuant, et surrexit, et abiit in doniuni
suam, Mallb. 9, 2 et seq. » Ergo non sicCbrisli virlus
à Saciamenlis pcndebal, quin posset aliter peccala
coiidonare et largiri graliani : boc autem lam magnum
privilegium quis sibi unquàm ausus est inter liomines
arrogare?
5' Esl illud Cliristo, ut liomini, singnlare, quôd
Sacramcnlis virlulem onmom quam liabenl, merilo
suo iiididerit, nam « Passio ejus, inquil S. Tliomas
î op., q. Gi, art. 5, in corp.,qu;e compelil ci se-
j i cundùm bumaiiam nalurain, causa esl nosine jusli-
« ficalionis et meriloriè et ellcciivè, non quidem per
i modum principalis agcnlis, sive per auclorilatem ;
i sed per modum inslrumenli, in quantum bumanilas
î ejus est inslrumenlum.... divinilali conjunclnm in
« personà s ; liinc à sanclis Palribus Sacramenla di-
cunlur è lalere Cbrisli de crucc pendenlis lluxisse ;
bine à Joanne Bapiislà appellalur, Joan. 1,29, Agnus
Dei, qui tollit peccatum mundi, et ab Apostolo Paulo
dicilur, 1 Cor. I, 50, quôd Clirislus faclus est nabis
sapienlia à Deo, et justiliu, et sanctificalio, et redem-
plio ; et denique, ut alia penilùs innumerabilia la-
ceam : Clirislus, ail B. Joannes Apoc. 15, dilciit nos,
et lavit nos à peccatis iiostris in sanguine suo. i
à" Demùm, ex eo quôd Sacramenla suam omnem
efncacitalem iraxcrint à merilo Cbrisli, queni propo-
suit Deus propitialionem per fidem in sanguine ipsius,
consequens erat ut ejus nomine el auclojilale cele-
brareniur, nuod nemini homini praeler illum cou -
cessum esl, cui enim, uno illo cxceplo, legimiis da-
tum, ulad ejus nominis invocalionem Sacramenlorum
adminislratio lierei? Ilùcque pertincl illud Joannis
BaptisUe, Joan. 1, 33, Qui viisit me, inquil, baptizare
in aquà, ille niilù dixit : Super quem videris Spiritum
descendentem, et mancnleni super cuni, hic esl qui ba-
ptizat in Spiritu sanclo. Ilemqne boc allerum Aposloli
1 Cor. 1, 12 : Untisquisque veslrùin dicit : Ego quidem
sum Pauli; ego autem Apollo ; ego vero Cepliœ : ego
ttulein Ciirisli. Divisus est Clirislus ? Numquid Paulus
1547 DE HE SACRÂMENTARIA —
^ ^ cruci finis est pro vobis ? mil in unni'wc l'inili bapl'nali
eslis ?
F:ilcii(liim crgo, Chrislo, ul iioniiiii, cxcoUciitem
aliquain in SacrameiUonini iiisliuilioiic ijoleslatcm
convcnire, quam Deus iieque angelis iieqiie hoiniui-
bus voluil esse concessain.
Corollariiim.
ll'mcque iiilclligc qiiàin incrilù causa Sacramcnto-
rum ofiîcieiis , Iriplox à iheologis dislingiialiir. Priii-
cipalis, scilicet, el iiulcpciulcns , qiKn; Dcuscsl; iii-
.sliiimonlalis diviiiilati conjiincla, nimirùni Cliristus
iitlionio; instrumcntalis sepnrata, ciii iiiinislerii po-
tûslas «oncredita est ; in quo ordine suiit aposloli, co-
runiqne ad finoni niundi siiccessoros , de qnibiis ait
Aposloliis, 1 Cor. 4, 1: Sic nos cxistimel homo, ul mi-
nislros Cliristi, el dispensatores nnjsleriorum Dci.
CoNCLL'Sio lU. — Fidei est Chrislnm Deum-Hominem
omnia novœ legis Sacrmvenla saltcm médiate insli-
tuisise , alque adeb omnia et singida juris divini
esse (I).
Hcec conelusio sequilur ex priiuà : cùm cnim soins
■Deus possit peccala remitlere, Spiritum sanctum darc,
iilabi in animam, eique grali* rorem suavissimum
iuslillare, et sanctificandi vim corporalibus démentis
tiibuere, consequens est, medialam saitem et generi-
cam Sacramentorum insliluiioneni et solum Deum ex
fidc esse reforendam ; atque adcô omnia et singula in
jiu'e divino conimeri, eôque pertinet definilio concilii
Tridentini mox afferenda, quà anatbemate feriunlur
(1) Sacramenta immédiate instituera, est ipsorum
saitem substantiam per se consiituere, sive in génè-
re, sive in specie ; ea aulein médiate inslitucre, est
aliis polestatem conferre ipsam iiorum substantiam
coustiluendi. Cùm igilur Sicramenti cnju-lil)el sub-
stanlia reposita sil, 1° ingralià ipsiproprià et ad Sje-
cialem finem desiinatà, 2" in re ([uàdam sensibili,
(pi;xî pra'lalam gratiam couvcnienlcr signilicel, ciiiiiue
hicc gralia anneclalur, Cbrislus omnium sacrameii-
lorum inslitulor immedialus direndus est, si ipse gra-
liam unicui(iuc propriam dcterminaverit , eamqnc si-
gno cuidam sensibili, à se sallem in génère assignalo,
alligaveril ; mediatns aulem erit dimtaxal inslilutor,
si, luvx minime ipse dclermiiians, Ap{»stolis aut Ec-
clèsiaî polestatem reli(|U('rit , gratiam singulis sacra-
menlis specialeni delerminandi , et eam signis sensi-
bilibns et convenieulibus , pro suo libilu eligendis,
aiinetlandi.
Ex diclis patel qu;estionein de raediatâ vel imme-
diatà Saeramenlorum instilulione phuinu'im discre-
pare ab alià (luàcum à quibusdam coiilunditur, nempe
à quœsiione de delerminatione materiie et lorniie in
génère vel in specie. Quod ut liât aperlius, dicendum
est quid sit malcriam et t'ormam Sacramenlonun de-
terminare in génère, quid in specie. Itaque Cliristus
materiam et l'ormam tanliim in génère dcierminâsse
pronuntiandiis est , si , gratiam unicui(pie propriam
apertè declarans , Ecclesiie poteslalem leceril jnatc-
riam el formam assignandi, quéc gratiam istam iiaud
obscure signilicarent ; in specie aulem eas deternii-
navit , si malt-riam et formam cnjnsque Sacramenli
expresse el nominalim designaverit, adiiibilà lege iis
semper ulendi. Advcrlendum lamen di'tcrminatio-
iiem lormarum in specie non pcilingere ad i|)sum
idioma , i.ec ad vcrborum disposilionein , aut eliam
minutissimam elecllonem, sed duntaxat ad sensum et
^ignificationem. (Edit.)
DE SACRA ME.NTIS LN GENERE.
^348
I qui dixerint omnia novcc legis Sacramenta non fuisse
à Chrislo Jt-su Domino noslro institula.
CoNCLUSio lY. — Proximè ad fidem acccdit , omnia
novœ lecjis Sacramenta immédiate el specie, propric
Cliristi ore esse insliluta.
Yereor dicere conclnsionem hanc, prout sonanl
lermini, immédiate esse revelatam, et aperlè in The-
sauro fidei contineri; lum propter eorum reveren-
liam, qui ante lempora concilii Tridentini conlrarium
in Ecclesiae catholica? gremio libéré tenuerunt, tum
quia immediata omnium Sacramentorum institulio vi-
Y« vocis oraculo à Chrislo fada , nec in Scripturâ ,
nec in tradilione apertèsignificaUir, tum denique quia
Tridentini Patres, Chrislum omnium Sacramentorum
auclorem defmiendo, ab iis consulté vocibus abstinue-
■ runl , quibus solct immediata institulio exprimi; ne
[ viddicet , ut observant (|ui hujus concilii monumenta
scripserunt , Ilugonem à S. Victore , Magisirnm sen-
\ teniiarum, et quosdam aliosprimi subsdlii theologos
: damnare viderenlur, qui olim pro medialà instilulio-
ne pugnaverant ; salis enim saneiœ synodo visum est,
l conlra Lulheranos et Calvinistas decernere , seplem
legis evangelicie Sacramenta perlinere ad jus di-
vinum.
Quôd verô senlentia ha;c proximè cum fide co-
hcereat, momenta plurima sic suadenl , ut etiam per-
suadeanl.
Argusœ.ntum primum , ex coniparalione lecjis novœ cum
veîeri.
Non minus Deo cur* fuit legis novic, quàm velcris
insiiiulio; qu6 enim posterior priore perfeciior futnra
erat, eô majorem , ut sic dixerim , Dei diligentiam
reqnirebat ; ne viddicet tanl;ie molis opns human;«
posset industriic aliqua tenus vindicari : quod aulem
de omnibus ejus in universum praiceplis dicimus, dé-
bet inprimis de Sacramenlis intelligi , qu« sunt in
vinculis externis rdigionis praîcipua, et quidquid ro-
boris liabent , à Deo habent; alqui sic fuit Deus in
sancicndà lege veleri providus, ut omnia ejus sacra-
nienta el sacrificia ipse per se immédiate decreverit,
ni'quc aliud Moysi reliquerit, quàm legati et praiconis
officium : de circumcisioue quidem cerla res est ;
quod enim in ips.î lege nalurx pranceperat Abrab;ic,
Gen. 17, 10 : Circumcidelur ex vobis omne masculi-
num, et circumcidelis carnem prœpulii veslri , ul sit in
signum fœderis inler me et vos : hoc ipsum in lege
scripLî fieri velle signidcavit : Loquere, ail ad Moyscn,
Levit., 12 , 2 , filiis Israël , et dices ad eus : Mulier si
susceplo scmine pepcrerit masculum die octavo cir-
cumàdflur infantulus.
De paschaie veleri pariler nemo dubilat, quin fueril
à Deo immédiate sancitum : Dixil Dominus ad Moif-
sen el Aaron, ait auclor sacer, Exod. 12, 1 el scq, :
Mensis iste vobis priiicipiian mensium loquiniini iid
universum cœlum (iliorum Israël, el dicite eis : iJccimà
die mensis liiijus lollal iinnsquisquc agnum per familias
el domos suas..., servabilis eum usque ad quarlam deci-
mam dicm mensis liujus ; immolabilque cum universa
I multitiido fiiiorum Israël ad vcspcram, etc.
^1349
QU^EST. VI. OE AUCTORE SACRAMENTOULM.
1650
Quantum vcrù ftcl reliqua Sacranicnla cl sacrificia j]
pcrliiiet, Icgenti libruin Lcvilici iniiumcra luijiis veii-
latis argunicnlaoccurriinl : niilla eiiiin sacri voliiiiii-
iiis pagina est, in quà Doi vox non exaudialnr, lilus
varios et niodos pr;vsci'il»entis , ([nos in holoeauslis,
oblationibns, hosliis pacilicoruni , sacriliciis pro pce-
calo, clc, obscrvandos essedecernit : Loqucre, incpiil,
filiis Israël, et dices ad eos, etc., prœcipe Aaron et filiis
ejus, etc.
Cùm itariue fide certnin sil, oninia logis vcloris Sa-
cranicnla ininiiHliatè instiUila à Dco fuisse, par est iil
de Sacranienlià novie logis idem crcdamiis.
AKGC.Mt:NrLM 11, ex comparalionc Sacvumenlonun uovœ
le(jis ad invicem.
Extra oinnem conlrovorsiain est, ali(pia novae legis
Sacramcnla iuimodialè luisso à (.liristn institula ; lioc
cniin de liaplisnio et Eutliarislià rîun Scri[>lura aperlè
dirai, ne ipsi qnidcm Lullierani et Calvinisl;e infi-
cianlur ; alqui onmium et singulorum eadcm ralio
est; cùm enim Sacramenta soleinnes sint et publient
lidei proie. laliones, iniù fundamenla Rcligionis et 11-
doi, quis dicere audeat , ab alio prodire ininiodialè j
potuisse quàin ab iilo qui est auclor el l'undator (idei
iioslroi , et que taccnle nullus jam fidei locus supc-
resset? ergo, etc.
Nequeestquùd ex Scriptiirarumsilenlio cavilleniur : ï
Dam pi:c(or(piàni quodnon oninia qux Doniinus Jésus f
consliluit , sacris lilteris consignala reperiunlur , ail j
enim Joannes Apostolus, cap. 21, 2o : Sunt autem et l
alla muita qncefecil Jésus, quoi si scribantur pcr singula,
nec ipsum arbitror munduin capere passe eos qui scii-
beiidi sunt Ubros , non deest in ipsis Scripluris bujus )
verilalis sufficiens testimoiiium : teslalur enim S. Lu- |
cas, Act. 1.5, Cliristum post resurrectionem disci-
piilis pcr dics quadraginla apparuisse, et cum eis de
rogno Dei iocutum esse, id est, de Eccle-ià aîdifioaiidâ
et adniinistrandà ; alqui ad a^dificaiioncm el adniini-
stralioiiem Ecclcsiic pnecipuè pertinent lides el Sa-
cramenta; orgo omninô credibile est , Cbrislum per
hoc temporis intervallum Sacramcnla illa inslitnisse,
cl aposlolos docnissc, de quibnsScriplura silol, quam
in rem apposilc S. Loo,serm. 1, de AscensioncDoin.: \
Non ergo, inquit, H dies, qui inter resurrectionem Do-
mini, ascensionemque fluxerunt, otioso transiérc decur-
su; sed magna in liis confirmata Sacramenta , magna
sunt revelala mysleria.
Argl'mentl'm III, exipsù aposlolorum confcssione.
, Si Cbristus aposlolis contulissct poteslatcm ali-
quam per scmetipsos Sacramcnla immédiate insli-
tuendi, lanti beneiicii procul dubio, vel in Evangelio
memiiiissenl, vcl in Epistolis à se scriplis; alioquin
iilud tam inlempcslivum siienlimn aI)jeclioni magis
qiiàm modesli.e allribucretur, pra-sorlim cùm aiia
niulta memorent à se facla, vel spondeanl facienda,
qurc longé minoris momenli cranl ; cùmque aliunde
neque magna silcant divinitùs sRii conressa, illudqnc
non ex arrogantiù l'acianl, sed in Itiudem gloriœ gra-
tiœ Dei, Eplies. 1.6; alqui nec vorbuinquiilem nnum
aposlolis excidit, quo se quorumdam Sacramenlorum
anolores insinuaronl : imô non alias sibi (piàm loga-
lornm el disp(;nsalorum parles uliicpic allrilmunt :
Qnod viilimus, iinpiiiml, Joan. I, 5, el audivimus, an-
nnnlianius vohis... Pro Chrislu lego.tionc fnngiinur,
2 Cor. U, 20;.... quid est Apollo? qnid vcrb l'uuluii?
Minisiri cjits cni credidislis, 1 Cor. 5,5... Sic nos cxi-
stimct liomo ni ininislros Chrisli, et dispensalores nnj-
sleriorum Dei, ibid. i, 1 ; ergo, etc.
ARGUM^;^TUM iv, et novilale doctrinœ contrariée.
Ejusdem rci argumenlum pelilur ex novilale do-
china! conlrari;c : antcquàiii enim scholastioa llieo-
logia nala esscl, prorsùs inaudila erat illa mediaUc el
iinmediat:e inslilulionis disliiiclio; sed iiudè ac sim-
pliciler profilebaalur Ecclesia; Patres, omnia novaî
logis Sacramenta .lequaliter esse munera Dei, et ideô
Cliiibli Sacramenta vocari, qnôd supremi legishiloris
Yoluntale inslilnta loient, cl de lalcre ejus in cruce
pcndentis singula prolluxisscnl. Auctor Sacramento-
rum, inquit S. Ambrosius, de Sacrani., lib. à, cap. 4,
quis est nisi Dominus Jésus ? De cœlo ista Sacramen'.a
vcnerunt; et S. Anguslinus ad .lanuariiini : Dominus
nosler Jésus Chrislus, imiuit, Sacramentis numéro pau-
cissiniis, observatione facilliniis, significatioie prœstan-
tissimis, societaleni novi populi colligavit, siculi est lia-
plismus Trinilatis nomine consecralus , communicalio
corporis et sanguinis ipsius, el si quid aliud in Scriplu-
ris canonicis conunendalnr.
Quôd vcrù duodecimo el décime lerlio seculo aliqui
opinaii sunt, Confirmaiionera et Exlreniam Unctio-
nom médiate lantùin à Chrislo, per aposlolos, sivc
per Ecclosiam inslitutas, nec ab ullo doclore accepe-
rant, nec pcrsnadcrc mullis potuerunt ; quin è contra
S. Thomas ejusdem temporis scriptor, qiiem uiiiversa
deinceps schola secuta est, 5 part., quaest. 64, art. 2,
nullo facto medialaî aut immediai;e inslilulionis di-
scrimine, docuit el probavil, Sacramotla sohim esse ex
inslitulione divinà; h'Aqnc conlraria opjnio débet, vel
hoc solo tilulo, quôd nova esl, rejici.
ARGLJir.NTiM v, ex definitione Ecclesiœ.
Dcmùm banc scnlcntiam adslruil hodierna Eccle-
six univcrsalis C(mseiisio : nam professio fidei à
Pio IV, S. Pontifice pra'scripla, de Sacramenlorum
numéro, et inslitulione sic babet : Vrojiieor quoque
septem esse verc et propriè Sacramenta novœ Icgis, à
Jcsu Chrislo D(imi)io nostro inslilnta, atque ad salutem
liumani geiwris, liccl non omnia singulis necessario,
sciliccl Jiaplismum, clc. Cui plané const niions est do-
fiiiilio concilii Tridinlini, sess. 7, eau. 1, de Sacr. in
gcn., bis vorbis conccpla : Si quis dixeril omnia Sa-
cramenta novw legis, non fuisse à Jcsu CItrislo Domino
noslro inslilnta, anatlwnui sil.
Qnod enim doboal hic canon {\i^ inmiodiiilà inslitu-
lione inlelligi, mnllis iiioilis docl;ii;ilnr.
1* Si 00 lanlùm sciisu Clnislus dictrcliir omnia lo-
gis nov;Xî Sacramcnla instiluisse, quia corum insli-
tuondnrum roliquii Ecclesi;t; et aposlolis potoslaiom,
'*' dicere pariler dobuerat sancla synodiis riluum om
^551 DE RE SACRAMENTÂRÏA. -
iiiuin saoramenlaliuin Josuia Chiisluin esse auciorem,
ciiin eos acccplâ à Clnislo poleslale Ecclesia ad splen-
dorom sacraiiieiiloruin inicccperil; at(iui loiigè aliter
scnsit cl loiniiUir. Déclarai sancta sijnodus, iiKiuit
scss. 21, c. 2, liaiic poleslalem perpétua in Ecclesia
fuisae ul in Sacramentorum dispensatione, salvù illorum
substanlià, eu slaiueret, vd mutaret, qtiœ suscipienthun
tUililali, seu ipsorum Sacramentorum vcnerationi, pro
rcrum, temporum, et locoriim varietate mugis expcdire
judicaret. Itaque poleslalem sibi dalain divinilùs ad
iiisliliiendos aul mulandosrilus Sacramenlorum acci-
dentiilcs, corumdem verô subslanliani, maleriam sci-
liccl et formam, constituendi auctorilatcm, pciiès so-
luin Deum esse agiioscil Ecclesia.
2° Exlrema Unclio in eoriini Sacramenlorum nu-
méro est, quix; aliquibus visa suiil à Cbrislo médiate
tanlîim iiistitula; atqui ex codem coiicilio, soli Chri-
slo immcdiala ejus insliliilio vindicaliir. Si qids dixe-
ril, iiiquil sess. 1-4, can. 1, de Kxt. Uncl., Extremam
Unclionemnon esseverèel propriè Sacramcntum àCItri-
sto Domino noslro inslitutum, et à beato Jacobo Apo-
slolo promnUjatum... analhcma sU. Hic cnim, ul vi-
des, inslilulionem à promuigalionc sic dislinguil, ul
islam quidem Aposlolo, illam vindicel soli Chrislo :
crgo, etc.
5° Nemo unquàm in Ecclesia aul extra (1) Eccle-
siam dabilavit, quin Sacramenla omuia médiate sal-
lem à Christo fuerint inslitula. Frustra ergo huncca-
noncm de mcdiatâ Sacramenlorum insiilulione, quôd
fid(; crodeuda sil, coiicilinm condidisset.
Corollarium.
Inde sequitur , insignis temerilatis reum fulurum ,
qui scciis modo seiiliret : recedere enini viderelur à
mente uuiversalis Ecclesi:c , suumque judicium prai-
poncre coiicilii œcumenici definitioni, (|u;v. non polost,
nisi [icr vim, adiiistitutionis mcdialyc scnsuni inllccli;
liiiic licèl anlc tempora conciiii Tridenliiii ibcologi
quidam de Exlremà Uuclione et Coiifirmalionc dn!)i-
laverinl, utrùm immedialam à Cliristo inslilulionem
baberent, vol eliam apertè pro medialâ pugnaveriiU,
ox quo lamen sancta synodus celebrala est , qui con-
tradixcril nemo catbolicus est repcrlns.
§ 2. Diluuntnr quœdam objecliones.
Contra ultimam banc conclusioucm videntur liacere
argumenta quaî so(iuunlur.
Objeclio. Nullibi in Scriplurâ legitur Clirislum Con-
lirmalionem el Exlremau) Unclionem per seipsum in-
(1) Bellarmiinis el ipse dixeral inutilom fore defi-
nilioncm conciiii, si non iiitelligerelnr do iii.stilulionc
inimodialâ, quia .sciiicct nullus unquàm negavil Sa-
( rauiciita esse à Cbrislo médiate instiluta ; al cum
cai'piMit Jodociis Uriveslcin, in Ai)olof,'ià Decrctorum
conciiii adversùs Kcniiiiliuui, cl Uuanliis Tajiporus in
oxplicalionc Articulorum l'acullatis Ibeologicic Lovan.,
dut) insignes tbcologi qui concilio interliierunt ; pro-
fcruiilcnim pluivs baircticcs qui anirniaiil Sacramenla
qu;v(lani ncquc médiate n(;quc innucdialè esse à Cbri-
slo iuiîlitula, scd esse otiosas sui)cistitionos, com-
menta cl deliramenla bumauavcl diabolica. lia ferè
Rilluart, diss. o, art. \. (Edil.)
DE SACKAMENTIS IN GENERE. Î352
stiluisse : non crgo incurrerel notam temerilatis qui
hoc negarel. — Resp. \" Transeal anleced., et nego
conseq. Multa cnim constat tradila esse divinilùs , de
(|uibus altum in Scriplurâ silenlium est; nani, ut jaui
dictum est, el s*pc dicotur in posterum . verbum Dei,
sivc sit scripluni, sive Iradilum, œqualem babel auclo-
ritatem : alqui duo hiec Sacramenla Cbrislum imnic-
diaiè habere auciorem, divina traditio docct; crgo
buic veritati Scriplurac silenlium nocere non po-
tcst : Dicendum , inquil S. Tbomas 3 p. , q. 04 ,
art. 2, ad 1 , qubd illa quœ aguntur in Sacramen-
lis per liomines instituta , non sunt de neccssilate
Sacramenti, sed pertinent ad quumdam solemnitaian,
quœ adhibetur Sacramentis ad excilandam devolio-
nem el revereiitiam in Itis qui Sacrameiita suscipiunt.
Eu verb quœ sunl de necessilale Sacramoiti , ab ipso
Chrislo insliluln sunt, qui est Dcus et liomo, et licèl non
sinl omnia tradila in Scripturis, liabel tamen ea Ecclesia
ex familiari apostolorum tradiiione.
Monitum.
Quôd verô de Confirmaiione el Extremâ rnctione
responsum est, débet pariler de Malrimonii Sacra-
menlo inlelligi, cujus inslilulionem à Cbrislo laciam,
falemur ingénue nuUo Scriplurâ; tcslimonio invictè
defendi posse , née lamen bine aliquid detrabitur ca-
lliolica; veritati, quia quod taceri voluil in Scripturis
Spiritus sanctus divinâ cl aposlolicà tradiiione nos
docuil.
Rc.-^p. 2° Dist. ant. Nullibi in Scriplurâ legitur
Cbrislum Confirmalionem el Extremam Unclionem
immédiate instiluiïsc. ceriôquc illud eruitur cv ver-
bis Scriplurcc, concedo ; secùs, nego anl. cl conseq.
E. R. Cîim de utroque lioc Sacramenlo aperia sit
in sacris lilteris menlio, certo indè colligitur, ulrum-
que fuisse ab ipso Cbrislo stalutum; non cnim sua
aposloli, sed Domini dona dislribuebanl; adeôque ncc
B. Jacobus legem Exlremai Unclionis promulgàsset,
neque aposloli Conlirnialio;tom aduiinislrâssent , si
non foret sibi divinilùs imi)cratum.
Insl. 1° : Alqui ideô quorumdam Sacramentorum
instilulio in Scriplurâ silelur, quia apostolos immé-
diate auctores babcnl; crgo, etc.
Prob. subs. ex S. Auguslino, lib. 5 de Docliinà
cbrislianà, cap. 9, sic loquente : Sacramenla novœ le-
gis Dominus ipse, et aposlolicà nobis tradidil disciplina ;
ergo ex sanclo doctore divisuni iiiq)crium cum Ciui-
sto aposloli babuerunl ; iia ul aliqua Cbrislus, ali(pia
aposloli immédiate stalucrinl.
Resp. : Nego subs. Ad prob. distinguo ant. , et ex-
plico sensum S. Augustini. Sacramenla nov;c legis
Dominus ipse el aposlolicà nobis tradidil disciplina;
Dominus, inquam, legem Icrendo, el apo.^oli opp(-r
luno lemporc promulgando , concedo ; pari gradu cl
ralione, nogo anl. el conseq.
E. R. Hoc unurn inlcndil S. Auguslinus, Sacra-
monta novu; legis à Chrislo el ab aposlolis tradila sic
fuisse, ut ab illo quidem instituta, prumulgala vei'ô
ab islts conveuienli lemporc fuerint; nec cnim laluit
S. dociorem, non posse discipulos Magislro, aul ser-
Î5è3
QU^ST. YI. DE AUCTOIŒ SACRAMKNTORUM.
iZU
vos Domino ulk\ ralionc acquaii , cùm ab Apostolo '
acccpisscl, liomiiics àClirisload pruîdicalioiiciu Evaii- 1
gelii (Iclegalos, iiiiiiislros esse (.iliristi, et dispcnsalo- i
rcs, non auclores inyslerioruin Dci. |
Insl. 2° : Alqui ita novaî Icgis Sacraiiicnta dislingui
debeiit , ul alia quidcm à Clirislo , alia dicanlur im- |
mcdialè ab apostolis insliliila ; crgo, etc.
Piob. siibs. : S. Aiigiislimis loco siipeiiùs in ppoba- '
lioneni addticlo, cpist. oi, ad Januar., Sacianienia
cnuineians , qiiomni aucloreni Cbrisluni esse aflir- i
mal , duo laniùm recenset , Daplisniuia et Lucbari- |
sliani ; de ccclcris vcrù loquitur dubilanlcr : Et si
quid athtd , in(juil, in Scripluris caiionicis coinmeiida- ;
tur. Lrgo oniiiia à Chiislo ininiodialè inbtiliila non '
crcdidit, maxime cùni r.on onniia in Scripiuris cano- j
nicis commondcnlur.
Ilesp. : iNego snbs. Ad probat. nego secundani par-
lem anleccdenlis; hxc onini vcrba : Et si quid aliud
in Scripiuris caiwiiicis comniendalur , non sunl duLi- ;
tanlis , sed alTirniaiilis , quasi dlccvcl: El quidquid
(diud in Scripiuris canonicis commcndatur ; non enini
ignorabat doclor adcô pcrspicax, cl in Scripiuris tan»
diligenler vcrsalus , Conliinialioncm , Pœnilentiani,
Exlremam Unclionem et Ordineni , aperlè in verbe
Dei scripte fundari ; ilaque hoc loco Baptismura el
Eucharisliam nominavit in exempluni aliorum, quai
excludcre minime inlendebat. Sed etsi de aliquibus
dubilarel , utrinn conimendarcnlur in Scripiuris ca-
nonicis, non lamen bine sequerelur, quùd de divinâ
eoruin inslitulione ambigeret : nam traditionem apo-
stolicam non sccùs ac vcrbum scriplum, certissimani
esse regulani explorandcc vcrilalis, lani nudlis in locis
affirmât, ut de judicio cjus dubiiuu esse non possit;
cùm ilaque oninia Sacranienla quoc Ecclesia célébrai,
ab aposlolicà traditione descendant , credidit pariter
sanctus doclor, oninia Cbrisluni auclorem sine exce-
ptione babere.
Inst. 5. S. Cyprianus in scrmone de ablulione pe-
dura sic loquitur : Jpse summus sacerdos siii est Siicra-
vienli inslilutor et auctor : in cœteris liomines Spiriluiii
sanclum liabuêrc doclorem. Existimat ilaque solam
Eucharisliam à Clirislo immédiate inslilulam , reli-
quorum verô aposlolos fuisse auclores. — Resp. 1" :
Nego supposilum argumeiiti; ul enim superiùs obscr-
vavimus, q. 2, c. 2, obj. 2, inst. 4, sermonis bujus,
uli fct aliorum qui de oporibus Chrisli cardinalibus
inscribunîur, non S. Cyprianus, lerlio scculo, sed
duodccimo , auctor fuit Arnoldus Bonai-Vallis in Gal-
lià abbas ; atque adeô lanLe auclorilaiis non est, ut
lirmum iiide peti argumcnlum possit. llesp. 2' ob-
jeclionem iianc ne iis quidom favere à quibus oppo •
nitur : quippe qui non Eucbarisliam lanlùm , sed
ctiam Baplismum à Clirislo immédiate iiistiluta esse
contendunl, Uesp. ;3'' : Concesso ant. cladmissà au-
clorilale, negoconscq.; nam pcr Sacramcnluin Chrisli
prcodiclus auclor, r[uisquis landem fneril, omnia novoî
legis Sacramcnla inteiligit : quoil verô addil, in cœte-
ris liomiues Spirilum sanclum habuisse doclorem , ad
Cïeremonias perlinct, quce non à Clirislo inimcdialé, i
ru. XX.
sed ab Ecclcsià rcgcnlc Siùrilu sanclo prccscrijiUe
sunt.
Insl. 4° : Chrisliisquidijuid auclorilaiis à Pâtre ac-
cepenit, apostolis conlulil, ait enim ad illu-^, Joan. 20,
21 : Sicut misit me Pater, el ego viillo vos. Ergo qucm-
admodùm à Clirislo , ita ab aposlolis aliqua immc-
dialè conslilula sunl Sacramcnla. — ilcsp. : Nego
anl. Ad prob. adniillo auclDiilalcm, et nego coiiseq.
llis enim verbis simililiido signilicalur, non a;qualilas
missionis, quoe Cbrisium inter et aposlolos absolutè
esse non poliiit : nam Chrislus idcù à Paire esl mii-
sus ut essel inundi Salvalor, et capul Ecclesia; : quis
porrù san;c mentis audcal diccre, tam pr.Tcellcnlem
polcstalem conforri aposlolis poiuisse? Igilur sic niissi
à Clirislo sunl aposloli, quoniodù à rege legatus mitti-
tur, non ul parem secum polcstalem habcat, sed ut
quod impcralum fuoril'cxe(iuatur.
Insl. 5 cl ull. : Si Sacramcnla oninia esscntà Clirislo
immédiate inslituta , eadom eorum ubi(iiie maleria et
forma observarelur ; atqni non eamdem ubique ha-
beiit; nam iii malcrià Sacramenli Ordinis, cxempli
causa , Gricci non conveuiunt cum Laiinis. Simililer
quantum ad formam , magna eorum differenlia est :
il! Sacramenlo enim Pœnilentiai Crœci dcprecalivam,
absolutam Latini usurpant ; sed nec in cx'teris Sacra-
mcnlis plenc consenliunl, ut suis locis accuraliùs
oslendetur; ergo non ila Cbristus Sacramcnlorum
est condilor, ut materias eorum et formas in spe-
cie ipse determinaverit; quod enim varinm est, ab
une eodemque auctore, praescrtim si sit divinus, esse
non polest : nam qua^ bumiiiis propria inconslaiilia
est, in Deum cerlè non cadit. — llesp. : Concessà niaj.,
nego min. Qu;e enim apud Latinos, eadem apud Gra^-
î cos et Orientales maleria est et forma esseniialis. Es-
' senlialis, iiiquam : nam quôd in rilibus et c;eremoniis
I accidentalibus différant, qui cùm ad disciplinam per-
I lineant, possuiit pro locorum et lemporum diversitata
; esse diversi, minime bine sequitur cos non babere
I eadem Sacramcnla ; ilaque in Griccâ et Latinà Eccle-
sia una est et eadem ordinalio , quia ulrobiqno ma-
nuum iinposilione et conjunclà oralione confertur ; est
pariler unum Pœnilenliie Sacramcnluin , quod ulrin-
que per formam judicialem , ex Chrisli mandate ad-
miiiislratur; porrè inter formam dcprecalivam et ab-
solulain non esse cssenliale discrimen , superiùs esl
probatiim (1).
rseqiie verè pulandum est , idée dictum à nobis ,
emnia et siiigula Sacramcnla immédiate à Chrislo
esse saiicila, quasi syllabalim verba ipsa pricscripse-
ril, in uni;iscujiisque adiiiiiiislrationc pronunlianda :
hoc enim , pricter Baplismum ot EucliariL-tiam , de
miUo altère probari posse falemur; sed idée dicliim,
Sacramenleruin omnium immedialum esse auclorem,
quia omnium cl singulorum maleriam et formam sal-
(1) Vide ([. 1, c. 1, § 0, q. i.
Inler formam merc dcprecalivam cl merè absolii-
lam cssenliale reperilur discrimen ; que lamen non
obslante, Sacramcnla sunl eadem prorsùs essentiali-
ter et quead substantiam'apud Giu'ces et Latines.
15r;S ,I)E RE SACRAMEXTARIA. ~ DE
lera in gcncrc prœscripsit. Sic enim , cxcmpll graiiâ , f
ideô Confirmatioiiis immedialus credilur auctor :
1° Quia nianuuin imposilioiiem et uiiclionein chri-
smalis, sanxit in porpeluuni niateriam cjus futuram.
2° Quia formani cjus esse voliiit , invocalioncm Spiri-
lûs sancli ad robur , quibus autem verbis h^c oratio
fieret , prsescribere , quia non erat neccssarium , non
curavil : sic enim egit cuni apostolis, quomodù soient
regcs et domlni agerc cuni minislris, quibus eqnidcm
(juid sit agenduni proccipiunt : vcrba verô ipsa non
dictant , qu;!c debeant suuni agendo negolium usur-
pare; quod aulcm de Confirmationc est dictum, facile
de allcro quolibet Sacranienlo (dcmptis, ut prsodixi-
mus, Eucbariskià et Baptismo) inlelligelur (1).
(1) Jani supra osiendit auctor, cap. 1, § 5, matc-
rias et formas Sacramenlorum à Cbrislo deterniinatas
fuisse. Verùm alia celebris est controversia, quam vix
attingit, nenipe quomodô materi;e et fornui; à Ciirislo
sint detorminata), an secundùm spccicm , utrùni verô
secundùm genus tanlùm. Idcircù neccsse est ut eain
hic subjiciamus. Cùm autem non nostrûm sit tantam
dirimere litem , utramque opinionem cum suis proe-
cipuis rationibiis sat erit exposuisse, ut unusquisque,
cognilà causa, cam partem qua; sibi verior apparuerit,
amplecli valeat. Eam porrô Iractalioneni à Tunielio
nuituabimur , qnippe quôd eam clarc et dilucidè, ut
assolet, execulus est, quœst. 1, arl. 4. Sic igilur iia-
bet doclissimus professor : « Nonnulla in aiiquibus Sa-
4 cramenlis signa seu symbola et vcrba usurpanlur ,
( quorum nuUa exstat in Scripluris nientio ; iniô quce
« aut Ecclcsia Gneca nusipiàm , aul Latina non sem-
« pcr adbibuit : v. g. , nulla in Scripluris mentio un-
« ctionis chrismatis, et isloriun verborum : Sirpio te
t sicj)io crucis , ubi de Sacramento Confirmationis ,
i quod pcr solam manûs impositionein et oralionom
( datum ab Apostolis leginnis , Acl. 8. Nulla pariter
t menlio instrumentorum , et isloruiii verl)oriim : Ac-
« cipe potcstalem, etc. , in sacris ministrorum ordina-
« tionilius perticiendis : imô nuilus unquàm eoruni
t usus apud Gracos ; apud Latinos verô, elsi anliquus,
« non tanien pcrpctuus cl uniformis fuit.
< Atque iiinc duplex inter tbcologos na(a contro-
< versia : prima, an hujuscemodi materia et forma sit
< Sacramento esscntialis, an accidi.-nlalis duntaxat aut
« intcgrans; secunda, an cl quomodù Cbristus Domi-
« nus singulorum Sacramenlorum niateriam et for-
j mam delerminaverit. Seposilâ jam priori qu;iostione,
(I qua^, suo proprio ioco servanda est , de posteriori
« duntaxat li'ic agemus , cui prima locum et orlum
s dediu
d Observandum autem primo, res et vcrba Sacra-
« meniorum duobus modis à Cbristo Domino deter-
' minari poluisse, in génère scilicet et in siiecie : in
< génère quidcm , si tanlùm pncscripsit assumendum
« esse signum aliquod exlcrius , aptum cl idoneum
< adfmeminsliluli Sacramentisignilicandimi ; Ecclesiaî
< verù potcstalem lecerit taie signum eligendi ac de-
< terminandi. In specie verô, si ipscmct Cbristus si-
< gnum illud nolaverit ac determinaveril , imposilâ
* iege eo semper utendi : v. g. , aquâ in Baplismo ;
< pane et vino in Eucbarisliâ. Quod de rébus seu
« male'rià Sacramenlorum , idem de verbis , qurc for-
< mai ralionem babcnl, plané dicendum ; ([uocumque
< aulem modo ca per Cbristum delerniinata fuisse di-
< xeris , quoad sensum duntaxat ac signilicalionem ,
« seu, ulaiunt, formaliler, non vcrù (pioad sonum
« et idioma, seu materialiter delcrminata sunt; quo-
<! Cumipic enim idiomate coUalus Dajjlisnuis in no-
« mine Dalris, et Filii, et Spiritûs sancli, ralus ac va-
i lidus est.
1 Observandum 2" Sacramenlorum notrorum ma-
i leriam , aUam in re quàdam seu substantif» physicâ
SACRÂMENTIS IN GENERE. 13K6
§ 3. Propomnitur et rcsolvimtur aiujuœ quœslioncs.
Quxres 1" ulrùm Cbristus poteslatem quam liabuit
(t consislere, qualis est aqua Baplisnii, oleum Confir-
« mationis, panis et vinuin Eucliaristia;, etc.; aliam
< in aclione quàdam nioi'ali , qiiales sunt aclus pœni-
< lenlis in Sacranienlo Pa-nileulia; , qualis consensus
i mutuns contrabenlium in Sacramento Malrinionii.
( Islud aulem discriminis esse observant ibcologi, in-
i U'v niateriam Sacramcnli pbysicam et moralem ,
« (|uùd pliysica nullatcnùs pcndeat à legibus Ecclcsia;,
(t ul râla sit, ac verum efli(Mat Sacramcntum; è con-
« ira moralis bis legibus subjaceat, ita ut si observa-
« ta; ilLe non fuerint, nullum et irrilum sit Sacra-
{ mcntum : v. g. , post rcceptum decrctum concilii
« Tridentini irritanlis malrimonia clandeslina, mu-
i tuus contrabenlium consensus clanculùm et contra
« Ecclesiie Icges datus nuilus est, ac irrilum facil ma-
i trimonium ; non quùd mulelur nialeria Sacramcnli
« à Cbristo inslitula, sed quùd personai inhabiles red-
« danlur ad coiitrabcndum.
i Consenliuiit omnes inter se schohie magistri, Cbri-
II stum Doniinnm alicpiorum Sacramenlorum niate-
« riam et formam in specie assignasse ac delermi-
« nasse , pulà Haplismi et Eucharistine ; cx'lerorum
« verô saltem in génère.
« Hoc unum igitur in dubium et controversiam ad-
« ducitur, utrùm , non tanlùm in gcnere , scd etiain
« in specie singulorum omnium Sncramentorum res
« et verba Cbristus Dominus pcr seipsum delermina-
« verit; alfirmanl aliqui, ncgunt alii.
« Qui af.irmant, bis ducunlur momcntis :
« 1" Quia nullum est ex septcm nova; legis Sacra-
« menlis , cujus sufiiciens non occurrnt in Scripluris
« expressa maleria et forma : quod quidem, induclio-
« ne faclà , dcmonslrant locis Scriptura; conclusione
H 3 prœcedenli cilalis. Qnidquid crgo ad banc mate-
« riam et formam ex Ecclesi^r; usu aul pra;ceiito tcm-
« poris lapsu accessit, illi revocant ad partem Sacra-
c menti accidenlalem aut inlegraiitem , nullalenùs
« verô ad substanlialem et csseiilialem. Ita scnliunt
« de unctione cbrismalis in Confirmalioue, cl porre-
« ctionc instrumentorum cum verbis adjunclis in sa-
d cris ministrorum ordinalionibus.
« 11° Quia Cbristus Dominus immedialè ac per se
II omnia et singtda legis evangclica; Sacramenla insti-
« luit. Doctrinam banc colligunt ex conc. Trid., sess.
« 7, can. 1 , quam nos ipsi inl'i riùs pr'^piigîiabi-
« nuis. Alqui si Ecclcsia; poteslatem fecissel spe-
« ciatim dclerminandi niateriam et formam Sacramen-
< torum , non immedialè nec per se , scd médiate ac
< per Ecclesiam ea sacramenla insliluisse dicendus
« iôrct ; qui enim parles Sacramcnli cssenliak's insti-
« tuil, is cerlè Sacramcntum ipsnm iiisiituerc dicilur.
II 111" Concilinm ïridenliniini, scss. 21, cap. 2, do-
« cet , lunic potrsiaton pcrpclub in Kcclesià fuisse , nt
i in Sacramcnloriini dispcnsalione , siilvâ illonun sitb-
« stiinlià,eu slalucrct vel mut(iret,(iuii'sHSii)iienintin uti~
« lilali , seu ipsornm Sacraïucnioruni vcitcratioiii , pro
i rcruw, lemporum et locorum varietale nuK/is eypcdire
a jndicaïct.{)\)\iO\\\i eùloci conciliiun, sulislaîiliam Sa-
d cramenlorum rilibus ac ('a^rcmoiiiis qu;u in eoriim
4 dispensiUionc obscrvanlur; riliis qiiidein illos ab
«Ecclcsia stalui ac mi'tari posse , subslanliam verô
1 non posse, salis aperié déclarai. Porrô si Ecclesi;c
i dalum essel, in specie dclerminandi essenliales Sa-
1 cramcnli alicujus parles ; si pro rerum , lemporum
« ac locorum varielale, varias assumere posset, nm-
« lationi profeclô subjaccrent partes sid)slanlialcs Sa-
« cranienti, période ac litus et ca^remoiiia' : quà enim
« liberlale potuisset Ecclcsia banc vol illam malenani
« aut formam pncscribcre , potuisset et mntalis cir-
« ci.imslantiis inimulare, aliâ subiogalâ in locum
« prioris; et ita salva semper cl intégra non rcmaiic-
« rcl Sacramcnli subslanlia , conlra cxprcssam con-
« cilii ïridcntini doclnnam. Elvcrô, inquiual, bj
1357
QU/EST. VI. DE AUCTORE SACRAMENTORUM.
1Ô5S
in Sacramcntis institaendis polncril niinisiris commu-
nicare. Diil)iuin hoc olirn tcligil Magislcr scnlcntia-
f pnrroolio inslnimcrUoriim , v. <». , pcrtinot ad snh-
I slanliain sacraruin oriiiiialioiiiiin , oùm li.uc ab Ec-
I clcsià iisiirpala scmiicr non liioril, oniiiiiiô iit-cosso
f est f.ilt'i'i, ad siil)slaiiliain sacnc ordiiiatioiiis do
( iiovo ali(inid accossissft ; adcùqiio iiiiilalam illam
« t'iiisse, non quidcni por dcliattioneni lilùs anliiiiii ,
€ sod pcr addilioi'.CMi novi.
« Addinit doniinic, csso de di^nilalc Sacramenlo-
I riini, ut suhst.iMtialis coriini riliis conslaiis sit, per-
« peliuis ac nnilorinis : lalen» vcro csso, si in ils rc-
« ponaliir robus , ipias asMgiial Soripluia, nbi de
« iibs nuMilioncni i'acil ; socùs vorù, si in ils, qnas
« varins Kcolosix usas, varia disciplina divorsis lem-
« poribiis invexil : qiia' cerlè, |)ro rcveronlià et obo-
< dionliit qna; Loclosiic dol)elnr, roligiosè observari
« (piidem doi)Cni, non ut subslanlialos, sod ut acci-
« donlalos aul inlcgranlos Sacranionli parles.
« Qui ex advorso cxistiniant, non in specie, scd
t in génère dnnlaxat Ciirisluni Doniiniiui ajiqiio-
t mm Sacranienlorum res et verlja doterniinùsse,
d Ecclosia: suaî dal;\ lii>erlalo ca specialim assignandi,
j ii bàc uiiâ niaxiinè ralione nioventur, quôd sub-
« slanlialis Sacranionli verilas inlor lani diversan)
i ac discropanloni Ecclosiaruni pra.xim, alilcr salvari
« ac vindicari non possil. Nonnniia si(iuidoni, nt jani
« obscrvavinuis, in per/iciendis Sacramcntis usurpât
t Ecclosia lanqnàni essenliaba , quorum tanien in
ï Scripturis nulla prorsùs juenlio , quonuii varius est
( in Ecclosia Grœcà et Lalinà usus, imù nec in ipsà
( quidoni Lalinà seniper conslans ille fuit ac unilor-
t nus ; lalis est in|)riinis porrectio inslruincntoruin in
< sacris ordinalionibus, cujus nulla in Scripturis nien-
i lio , nnllunique in Ecclesiâ Lalinà vcstigium deprc-
( hendilur, anle docimum vel duodecininm Ecclesi;c
« scculum : quoniodô igilur in bàc varietale slabil ve-
« rilas subslanlialis Sacramenti , nisi dixeris , Cliri-
< stuni Ecclesiie porniisisse, ut qnas idoneas judicaret,
1 res Sacranienlorum seligerel et dclciininarct ?
« Supponit iia}c opinio et unclioneni cbrismatis, et
(t porrcctionern instrumentoriun ad substanliam Sa-
I cramenli Coidirmationis et Ordinis perlincre ; de
« quibus aplMs non est bic diccndi locus.
« Ad inonienta verô prioris sentontiie reponunt:
I r Non omnia qu;c ad Sacramenla pertinent in
« Scripturis expressa esse, scd mulla ex Tradiiione
* ci.nslanti et perpoluà diinanàsse, <p.u« ad substan-
» liam Sacranienlorum suiit pariler revocanda.
(! H' Reclè isia duo conciliari, Christum immc-
« dialè ac per se oninia Sacramenla instituisse, ac
Ii Ecclcsia; su;c poleslalcm locisse nonnulloruni Sa-
s cramenloruin res cl verba specialim dt;torminandi ;
8 quia ad lioc salis csl quod Cbrislus et robus ab Ec-
i closià selcclis viin et cflicaciam dare promiscril, et
« (piùd ipsam lormalem signilicalioncin sigiii ab Ec-
t closià inatorialiter doterminali, por seipsum insti-
« tuerit; hoc est, eUccerit ut talc signiim, v. g.,
« porreclio inslrumcnlorum, onicacitor signilicet sjii-
« ritiialom aliqu un poleslalem dalani ci (jui sacram
a Ordinalionoin |)orcipiX.
« 111" Uospondont, salvaiii sempcr rcmanere Sa-
« cranicnli substanliam, qirocumquc sit in ritu, qiio
« perliciliir, variolas cl discrepanlia , quia iienqie
t idem sempcr (pioad siibstanliain Sacrameiiium
« roniaiiot, ciiin sorvalur Cliiisti insliliilio ; scrvalur
i aulom ciini Ecclosia, pro (■oncessà sibi liberlato,
f juxla sponsi sui mciitoui assuniit signiini aliipiod
« idoneiim ad linem Sacramonli cxprimondiim : qua-
i propter clsisigmmi illud maicrialilcr Sfioclatum, sit
4 divorsum, foriiialitorlainon idem est,quod sunicitut
« salva et intégra rcmanere dicalur Sacramenti sub-
f staniia.
i IV" Uospondont, non aliam in pr.Tsenti argii-
i jucnto f^uaircndaui cssc congruam ralionem, quàm
I
rum, lib. -4, disl. 5, nec dilult; scd meliori judicio
rcscrvavit ; resolvit postca S. Thomas, 3 p., q. (ii, arl.
4, cujus vestigiis insisicndo,
Resp. cum dislinclionc : vcl cnim qurcsiio ista mo-
vclur de poleslate diviiià, vcl de potestalc exocilenlioe
quam liabuit Cliristus ut homo : si primo sensu acci-
pialur ,
« voliintalom Cbristi instiliicntis Sacramenla, qui vo-
t luit ut Eccl(;sia nonnuUas res et vcrba eonim in
t spocic dotorniinarot.
j En niomenla (piibiis ulraque sentcntia innitilur.
< Utraquo suos habotCatliolicos ddonsores, ulraimpic
« probabilcm judicaums : (piani qiiisquo \oiiioril oli-
« gai et soqualiir ; nuidù lanicn cxpcndat priiH, quam
< parlem auqilocli maluorit circa nijloriam cl for-
i mam ad^cpialam et lotalom tùm ConlirmaliDnis,
« lùm Ordinis; inde cnim veluti pra-judicalam cl prie-
'! formatam babcbit circa pncscnlem nostram quu;-
< stioncm senlontiam.
« I)e bis eloiiiin solummodô diiobus Sacramcntis,
4 ut jam iniiuimus, dubium movolur ; an scilicet in
j II Conlirnialionc , praUer nianuuni im[)ositionein et;
: « orationem, unctio chrismalis cum iornià ci corre-
d spondente; et in sr.crà Ordiiiaiione pariler, pra'tcr
t impositionem manuum et oralioncm, poiTCctio in-
« strumonlorum cum vorbis adjunclis, nialori;c et
t fornue subslanlialis ralionem habcant, an lantùm
« accidontalis sou integranlis. Prior sonlcniia luore-
« ticis in re nostrà sacramenlarià peccantibus pres-
î siùs confutandis eu vidotur aplior, quùd eani dun-
« taxât utrique Sacramenio niateriam et formam assi-
« gnat, de qiià in Sci'i[)iuris nicnlio liabcliir. AUera
i yerô commodior vindicandsc ac siniul coiiciliandce
« in utràqiie Ecclosia Groicà et Lalinà eorunidcm Sa-
« ciaiiicntorum vcritali ; ils nimirùm pro inatcrià et
i forma csscntiali assignafis, qua} Ecclosia longo et
« constanti usu adbibuit. Qua;slionem liane in sus-
« peiiso Ecclosia baclenùs reliquit, ac scliokc dispu-
« lationi porniisit ; pend(;nle aulom illo dubio, ea
« omnia ruligiosè obsorvanda (jure observât Ecclosia
« et cautè supplendum, si qiiid forte omissum fiierit.>
Usée ille, quibus pauca subjungere juvat. Mmirinu
pluribus vidotur qutoslionem de determinaiione mate-
riarum difliciliorem esse qiiàm qu;oslioiieui do l'ur-
niarum delorminationc. Quoad posteriorom enini,
niullô probabiliiis judicant formas (cxccptis forinis
Baptismi et Euciiaiislio) in génère tantiim fuisse à
Cbrislo determinalns. Iniô vorù id cerluni esse pro-
nunliat Ilabert, c-np. 7. Aiidialur illuslrissimus Iheo-
logus : « Certum est, inquil, formas quinque Sacra-
« menlorum non ita (in specie) deterininatas fuisse,
« sed Christum reliquisse Ecclesite detorminandum
t qua; oratio adhibciolur pro Confirmalioiie, Ordina-
« tione ei Exlremà Unclionc. qu:x!ve proforrentur
« vcrba pro Sacramonlis Pœniteniia; et .Matrimonii,
« modo por ea sullicionterexprimorenlurclloclusillu-
« rum SacramonlDrum; Gneci cnim aiiis verbis quàm
« Latiniconlirmant et ordinant. »
Quidqiiid sil, dicendum putamus cum abbreviatorc
Pra'lectionum Tiirnclianarum, (pia'sl. 1, arl. 4 : < Se-
« ciinda (sonlcniia) , noslio quidcm judicio, non-
« nisi ccrlis condilionibus tcmiiorala pro|iugnandaesL-
« 1° ut matoria et forma Sacramontorum assignata ili
i Scripturis, conslantor ab omnibus relinealur; T ut
« (pue ab Ecclosia dicuntur scnicl assignaLo pario-, c>-
< sonlialos Sacramonli, nusipiàmmulonlurab Eccîcsià
I privalà et pailiculari ; ad polam enim Ecclesiain
i univorsalom pcrlinol res Sacraïuenlorum specialim
1 dotcrininaïc, iicn adipiainlibol privai. un ; 5" ul, pou-
i dente diibio an bic vol illo liliis ad substantiam Sa-
j cramoîiti porlineat, ii omnos scdiilù ;'C rc!ii.'iMsé ob-
« sorvenlnr,qui pra-scribunlur et obscrvantur a!» Ec-
I closià, ne forte alicujiis |)arlis omissione, pi rituluiti
1 sit nullum ac inilum cssc Sacramoiiium. (EJii.j
1359
DE RE SACUAMENTAUIA. — DE SACKAMENTIS IN GENERE.
15G0
Ilesp. ncgaiivc; potcslas ciiim liœc, cùm divina sit,
Deus ipse est , sivc Dci essenlia. Eigo , iiiquit S. do-
ctor, nulli crealurœ poluit commuuicavt , siciit ncc divi-
na essenlia; lam enim répugnai crcaluiam in divinam
esscnliam transformari , qiiàm Dcum non esse uiiuni.
Ego Domiuus , ait ipse , Isa. 12 , 8 , lioc csl nomen
vieum : gloriam meam alteri non dabo ; qiiid ([uôd , ne
sibi quidem ipsi ut honiini potuil Clirislus poteslatem
principalem iribucre quani liabet , ut Deus est ; crgo
longé minus poluit ministris suis coniniuiiicarc.
Quôd si quaestio secundo sensu inlclligalur ilerùm
dislinclione est opus : vel enim quxrilur an Christus
totam quam ut^ionio babcbat polenline pleniludinem,
vcl utrùm graduni aliquem ejus et rivulum communi-
carc potuerit.
Primo quidem sensu negamus hoc fieri poluisse :
poteslatem enim excellentioe quam habet Christus ul
homo in Sacramentis insliluendis, ideô habet quia
humanitas ejus est inslrunienlum divinilali conjun-
ctum ; unde sequitiir quùd sit caput Ecclesiaï princi-
pale, quùd merito suo et dignitale, secundùm absolu-
lum justitia; rigorem œterno Patri satisfecerit , quôd-
quc hoc ipso nieriio Sacramcnta perfuderil : alqui hœc
lam pnecellentia bona manifcstimi est sic esse Ghristo
singularia , ut nemini hominl communicari poluerit;
crgo idem dicendum de plenitudinc poteslaiis, quam,
ut iiomo, habuit ad Sacramenla instituenda.
Secundo, si de eâ poleslale qucestio sit, quoc totam
polenlia; Chrisii pleniludinem non adaequel , eàque
infeiior sit, respondemus communicari à Christo mi-
nislris poluisse ; hœc enim est sanclorum Auguslini
et Thomaî sententia , quam cô lubenliùs cum cele-
brioribus Thomistis ampleclimur, quùd comniunica-
tio hcec nuUam contradictionem involvat , nec aliéna
à Dei poleslale monslrari queal. « Christus , > inquit
prœccptor angelicus , 5 p. , q. 61 , arl. 4 , in c. , « in
( Sacramentis habuit duplicem poteslatem : unam au-
i ctoritatis, qux... nulli creatumc potuil communicari,
i sicul nec divina essenlia ; aliam... excellenlice, quoc
i compelil ci secundùm quùd homo, et lalem potesla-
« icm poluit ministris communicare, dando scilicei
< eis tantam gratioe pleniludinem , ut eorum raeritum
i operaretur ad Sacramenlorum efTectus , ul ad invo-
< calionemnominumipsorum, sanclilicarcntur Sacra-
« menta, et ut ipsi possenl Sacramenla insliluere, et
I sine rilu Sacramenlorum , effcctuni Sacramenlorum
t conlerre solo imperio ; potest enim inslrunienlum
4 conjunctum qtianlô fuerit lorlius, lantô magis vir-
8 lulem suam instrumento separalo tribuere , sicut
!i manus baculo. > lia S. Th. Eam verô poteslatem ,
si Christo libitum fuissel communicare alicui , pleni-
Uidine polcstatis quam ipse habuit inforiorem fuluram
ibidem signilicat in resp. ad 3 : « Chrislus , inquit ,
« noluil poleslatem sax. cxcellentioe ministris commu-
( nicare : si tamen communicàsset , ipse esset caput
« principaliler , alii vero secundariô. »
Quanes 2^ ulrùm reverà banc poteslatem alicui
lommunicavcrit. — lîesp. négative cum S. Thomâ
jnodô cilato ; quanlalibet enim fuerit dignilas con-
ccssa aposlolis , nulle exenipîo probari potest , quod
vcl Sacramenla ipsi inslilucrint , vel ad sui nominis
invocationem sanctiiicavcrint, vcl quôd eorum meri-
lum operaretur ad Sacramenlorum effeclus : « ncnio
•i Aposto^orum, ail S. Auguslinus, tract. 9, in Jean.,
I quem presso gradu scculus est S. Thomas , iicnio
t apostoh)rum dixit : Baplismus meus, quamvisunum
« omnium csseï Evangelium, tamen invenis dixisse :
i Evangelium meum, Rom. 2, IG, et alibi pluries ; non
« invenis dixisse : Baplisma meum.î
Quœres 3° quamobrem non contuleril. — Resp. cum
S. Tliomà ibidem , in resp. ad 1, denegalam fuisse
propter fidelium utilitatem, luni ut omnis schismalis
pmecluderetur occasio, lum ut in homine spem homi-
nes suam non ponercnt. « Potuil Domiuus Jésus
1 Clu'islus, inquit S. Auguslinus loco modo laudato, si
t vellet , dare poteslatem alicui servo suo , ut daret
c Baptismum suuni lanquàm vice suâ , et Iransferre à
« se bapiizaiidi poleslatem , et constituere in aliiiuo
« servo suo , cl laniam vim darc Bapiismo iranslato
1 in servum, (pianlam vim haberel Baplismus dalus à
i Domino ; hoc noluil ideô, ne in illo spes esset ba-
« plizatorum, à quo se baplizalos agnoscerent; noluit
« ergo servum ponere spem in servo ; ideixiue dania-
< bat Aposlolus, cùm videret hominesvolenles ponere
« spem in seipso : Numciiiid Paulus pro vobis crucifixus
t est, aul in nomine Pauli baptizali eslis? 1 Cor. 1, 15,
(S Baptizavit crgo Paulus tanquàm ministcr, non tan-
< quàm ipsa potcslas : baplizavil aulcm Dominus
« lanquàm potcslas, intendil, et poluit banc polcsia-
« tem servis dare , et noluil : si enim darel banc
< poteslatem servis, ut ipsorum esset quod Douîini
« erat, toi cssent bapiismi, quoi essent servi : ul quo-
« modo dicUim est baplisma Joannis , sic dicerelur
« baplisma Pclri, sic baplisma Pauli, sic baplisma Ja-
« cobi, sic baplisma ïhomce.etc.; ergo, ne lot bapti-
î smala diccrenlur , quoi essent servi qui bapiiza-
i reni, accepta poleslale à Domino, sibi lenuil Do-
« minus baplizandi poteslalem , servis minislcrium
i dédit.»
De hoc verô ministerio ul dicamus, sit
QU.ESTIO SEPTIMA.
liF. MINISTRIS SACUAMENTORUM.
Magni monienli csl isla qua^slio, gravissimasque
difficultates importai , ad quarum explicalionein om-
nis qtmm polerimus est diligenlia afferenda.
Prima est, utrùm ministcr Sacramenlorum sit in-
discriminatimomnishomo. Sccunda,an nemo nisi 'qui
fidem jntcgram vita.>quc sanciitalem habcal, validé
possit Sacramenlorum minislerium usurpare. Terlia ,
niinislro (\nx sil inlcnlio necessaria.
Primam, nostri temporis iuicrclici excilârunt, qui
saccrdolium usque adeô conlcmpserunl , ul rcrum
sacrarum officium, non prcsbyteris specialitcr, sed
goncfatim cuicumque fideli commilii possc , sumniâ
impielale alfirmare non dubilaverinl.
Secundo, tertio seculo, contra S. Cyprianum eiqu«
1501
conjuRClos episcopos , ([iiarlo vcro cl scquenlc con-
tra Donalislas à Piilribus niagno animoruin œslu est
agi la la.
Teilia, necdùin benè csl rcsoliita, secl in ulrainquc
partem à Llieologis, LcclcsIA silenle cl lolcraiile, vcii-
tilaiur. Sit ilaquc
CAPUT PRIMUM
ITRl'M MIMSTER SVCRAMENTORIM SIT INDISCRIMINATIM
OMMS HOMO?
Minislcr cujusvis ncgolii poragcndi, aliiis dicitiir
ordinarius (1), oui niniirùm ex loge comninni cl usii
recepto, rei gort'nd;i' nniiuis incniiibit : alius insolciis
sive cxliaordinarius , qui non ex oflicio , sed prœter
comniuneai usum, cl ex speciali Icgislaloris conccs-
sione arrogat sibi inlerdùm liane polcslatem.
1° Poiiinnis laiiqiiàm cerlnm ciiin sancto Thomâ ,
posse angelos esse exlraordinarios Sacramcnloriim
minlslros. < Sciendum , iiiquii, 3 p. , q. Ci, art. 7,
« Inc., quôd sicut Deus viiiulcni siiam non ita alligavil
I Sacranienlis , quin possil sine Sacramenlis cfTectum
c Sacranientorum conforre, ila eliani virtiitem si.am
i non ita alligavil EcclesiDC niinistris, quin ctiani an-
c gelis possil virlutem Iribucre miiiistiandi in Sacra-
€ mentis ; et quia boni angcli sunt nunlii verilalis , si
« aliquod sacramenlale minislerium à bonis angelis
< perficerelur, essel ratum liabenduni , qina debeiet
i conslare hoc fieii volunlale divinà : sicul qua-dam
c tenipla dicunlur ange'ico niinisterio consecrala; si
i vei'o dœmones qui sunt spirilus mendacii , aliquod
» sacramenlale minislerium exhibèrent, non esscl
€ ralum habendiun.»
(1) Duplici sensu accipilur minislcr tum ordinarius,
lum exlraordinarius , quia scilicet considcrari potesl
vel ralione poleslalis in onlinaiione accepLe, vel ra-
tione usûs illius poleslalis. Igitiu- minislcr ordinarius
respeclu ipsius poleslalis in unhnalione accepUo, ille
estqui vi su;e ordinalionis coiiipletam iiabel Sacranien-
ta ministrandi polestalcm; cl exlraordinarius est ille
qui vi su,x> ordinalionis potcslatcni liabel Sacramonla
ministrandi inchoalani tanlùm, sed qii;c speciali dt;[e-
gatione perfici polest, seu qui ordinalioiic suà f'acuila-
tem liabel, non illa quidem validé mini-^lrandi, sed ut
ad illa minislranda delegciur; v. g., prcsbvler logi-
tiinc ordinalus minislcr est Sacramenli Eucharisîi.e
ordinarius, quia in ordiiialionc compleiain Luclia-
risliic conficienda! et minislrand;t poleslaleni acccpit ;
sed nomiisi exlraordinarius csl minislcr (^onfinnatio-
nis , siquidem, ut Conlirmalionem validé adniinistrel,
rcquiriUir ul ipsius poloslas , iii ordiiialioiie quasi
inclioala , per summi Poiililicis dclogalionem specia-
leni comidealur. Nomiiia porrô ordinarii cl cxlraorrii-
narii minislri ex eo vcniunl, (piod ordiiialio sit via
romnuiuis cl ordinaria polc-lalis aecipicndjc, deloga-
lio auicm specialis ordinalioni superaddila via ex-
traordinaria.
Minisler verù respeclu usvis poleslalis , seu jm-is-
diclionis , ordinarius , csl ill.; qui picnam quain ex
ordinaliono liabel poleslatcm Sacraiiienla peragendi,
ralione oHicii cui aniniarum cura sit annexa, exercet,
ul episcopus in suà diœcesi , ant paroclius in suà pa-
rociiià ; et exlraordinarius ille csl qui poleslaleni
suam, complclani quidem ex ordinaliono, exercet
virlule alicujus delegalionis ant |H'rniissionis , ul
presbyler qui in ahenà parochià ex permissif ne pa-
rochi bapiizai. (Kdii.;
QU^ST. Yli. DE MhNlSThiS SACUAMKNTORLM.
1362
hl cliam conllngere possc S. Augusiinus asséruit,
lib. 'il, Episl. Parui. cap. Mi ; cl rcipsà aliqiiando con-
ligi^se in non conlemnendi.-> perliibelur liisloriis. Sic
Ecclesia ipsa probavil, quod rcferlur, aliquando san-
clos homincs, aul feniinas refcclos fuisse cucharislico
pane : quod de S. Agnelc de Monte Poliliano in bullà
bcalilicalioiiis cxprimilur. hlcm de S. (^alharinà Se-
ncnsi scriiiserat I). Antoninus, 3 p. Chron., lit. 23,
cap. 11, ac alii de aliis. Verùm iioc, dical aliquis,
niim'is habct difficullaiis, dctulisse siquidem Eucha-
risiiam aiigeli, non confêcissc Icgiinlur. Al nec de
aliis Sacramenlis, quorum administralio à confeclione
minime scjungilur, désuni cxempla. iNarrat cnim Ni-
cephorus Caliixlus, lib. 11, cap. 20, Ilisl., Ainpliilo-
chium quemdam in deserlo ab angelo episcopum
consecratum fuisse, eanique consccralionem ralam
habilam ab aliis episcopis : et alla hujusniodi légère
est in sanclorum hisloriis.
T Pariter pro ccrlo habemus, posse à fortiori lio-
mines beatos et coniprehensores, esse, Deo sic vo-
lenie, exlraordinarios (1) Sacramentorumminislros,
qnanquàm enini sint à terrenà condiiione soluli, et
militanlis Ecclesia; membra esse desiverint, quia ta-
men Deo non seeùs ac angeli subjaccnl, et divinum
characlcrem semel acceplum indelcbililer habent,
cilra dubium esl, posse extra ordinem, sacrum mini-
slerium exercere. Vide S. Th. ibid. in 2 arg.
llaque superest diflicullas de homine viatore, an
solus cl omnis sil ordinarius Sacramentorum minister.
Pro cnjus cxplicalione sit
§ 1. Ostendilur, sotum quidem, non oinneni lumen lio-
minem vialorem, cliam baptizalum , esse ovdinatium
Sacvameulontm minislrum.
Prima liiijus asseriionis pars ex Chrisii Sacranienla
instiluenlis volunlale evidens esl.
Ili cnim soli sunl ordinarii Sacramentorum minislri,
quibus solis eoruni cousecraiidorum Chiislus conlulit
poleslaleni ; alqui solis hominibus Ciirislus supremus
legislalor hoc minislerium anogavil : ils eniin diclum
esl, Maltli. 28, 19 : Eiintes ducelc omnes génies, bapti-
zanles cos in uomine Palris, et Filii et Spiritùs sancti.
Luc. 22, 19 : Hoc facile in meam commemoralionem...
Joan.20, 23: Accipile Spirilum sanclnm; ijnornm re-
miscritis peccatUiremillunlur eis, et quorum relinuerilis,
relenta sunt. Ilinc Aposlolus, Eplics. i, 8, et seq. :
Ascendens, inquil, Clirislus in allum,caplivam duxit
caplivitalcm , dedii doua liomiuibus... et ipse dédit
qnosdum quidem aposlolos, quosdam aulem prnphetas,
ulios verb evancjelistas, alios aulem paslores et doctores
ad consummalionem sanclorum in opus ministerii, in
œdijicalionem corporis Cliristi. Et 1 Cor. i, 1 : Sic nos
(1) Homo bealus, qui, dùm in terris vitam ageret,
ordinarius eral, resiwclu ipsius poleslalis, Sacramen-
lorum mmisl.M", essel adinic minislcr ordinarius, si,
Deo volenlc, corpus ileriim assunierct cl Sacranienla
cclebrarel; quia scilicet relinent sancli ciiaraclercm
in ordinalione susceptiim. lia supponil S. Tiiomas,
quaisl. (ii-, art. 7, ad secundnm. (luapropler co lan-
lùm sensu minislcr exlraordinarius, dici dcbcrel,
quôd id vulgô non fiai, si reverà (piandoquc conlingaî
liori. Vide Rilliiarl, diss. .•>, arl. 2. fEdit.)
iWi
DE RE SACRAMEiNTARlA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
1304
exisliiiiel liotno ut ndiiistros Clirisll cl dispensatores
Miisierioium Dei : IleiiKiue atl llcljr. o, 1 : Oinnis Pon-
lifex ex hoiniiiibus assnmplus, pro hoinbiibus conslitui-
tur in m quœ sutit ad Deiim, ut offeral dona et sacrificia
pro peccalis.
Inde est, quod S. Joannes Clirysostonius tantam
lioniinis dignitalein cum adniinitione suspiciens : i Ilis
« qui terrain incolunt, inquit lib. 3 de Sacerd., alque
€ in eâ versantur, comraissuni est, ut ca qusc in cœlis
« siint dispensent : iis daium est, ut potestatem ha-
« beanl, qiiam Deus opiinuis ncque angelis, ncquc ar-
< changelis dalam esse voluil ; ncque enini ad illos
« diolum est : Quœcumque Uijaveritis super terrain, erunt
« ligala et in cœlis, et quœcumque solverilis super ter-
t ram, erunl solula et in cœlis. » Ergo, etc.
Quin et eanidem seiileiitiam ralio ipsa flde adjula
multipliciier persuadct. Cluistus eniin conditor Sa-
cramentorum, cùni in forma Dei essel, nec rapinam
arbilrarelur, esse se œqualem Deo, senielipsuni exi-
naiiivil formani servi accipiens, in simililudincm lio-
inimun factus, et liabitu invonlus ut lionio, ut ninii-
riim modo convenientiori propinarel lioinini lapso
cœlestis graliui medicinam : acquumergo erat, ut, ad
tanti laigitioneni benelicii, adjulores sibi simiies, ho-
mincs nempe eligeret. I
Deinde, ideù (pra;ler causas ccelcras) institula sunt
Sacramenta , ut bis sanctissimis vinculis homines in j
imum Religionis nomen adunarcnlur : queniadmodùm '
igitur solis sunt accoinmodata boininibus; ita conve-
I
niens erat ad Fieligionis spiendorcm, ut à solis honii- \
nibus adniinistrarentur; alioqiiin eiiim luei ejuset cla-
ritati aliquid defuisset, si sacroruui rlluuni ministros
invisibiles babuisset.
Pra;tcrea quanquàm cbristiana Religio iiumanse
ciiiUbet societali longé pnccellat, quiitpc quic divina
est, non à Plalone, nec à quoquam altero bomine, sed
à Deo ipso fimdata , babet tamen aliquani civilis so-
cielatis formam et simililndinem ; alqui bumana res-
pubiica ita deniùm consislil (nec verô aliter potesl)
si in eâ cives civibus nuituo sinl adjinnenlo, et alii
quidem publica bona lavoresque principis dispensent,
recipiant alii; ergo pariler decuit ut Christus supre-
miis animarum œconomus bona sua , id est , Sacra-
mcn'.a, boininibus boniinuui miiiislerio distribueret.
Poslremô, Ciirislus Ecclesiuni in bunc lineni insli-
tuit, ul tum cuiterarum virtutum, lum maxime divime
commercio charitatis devinciret boniinuni sociela-
tem; atqui Sacramcntoruni adminislralio nobilissi-
nium est opus cbaritalis , bominibus ei'go denegari
non de])uit; alque adeô quemadmodùm in loge anli-
quâ, ita, muUù niagis, in nova, non potuerunt alii
quàm bomiiies sccundinn polenliam Dei ordinariam,
Sacramcntorum esse ministri.
Sccunila cjiisdem asscitionis pars, quâ dictum esl,
non onniibus indiflerenter, eliam baplizalis, Sacrà-
mentoruin ministerium convcnire, lidei doclrina est,
dcUnita in concilio Tridentiuo, sess. 7, can. 10, de
Sac. in gen., bis verbis : Si quis dixerit Clirislianos
omnes in verbo, et omnibus Sacrumenlis administrandis
habere potestatem, anathema s/< ; bœc vero scntenlia
lala esl inprimis contra Lutberum cjusque scqua-
ces (1), quorum, ut pr:^cdixinms, eu processit audacia,
ut sacerdoiibus diviuâ auctoritate constilutis, plebem,
infimani, et nudicrculas ipsas, in verbis Dei praidica-
tionc et Sacramenlorum adniinistratione icquarent. .
Procatio prima, ex Scripluris. \
I. Primum à veibo Dei seripto petimus argumen-
lum. Quosdam quidem, ait S. Pauliis ad Corintbios
scribens, 12, 18, posuit Deus in Ecclesiâ, primiim
apostolos, secundo proplielas, tertio cioctores, deinde
virlutes, exinde gratias curalionum, opilulationes, gu-
bcrnaliones..; numquid omnes apostoli? niunqiiid om-
nes propheiœ? numquid omnes doctores? numquid om-
nes virlutes? Et ad Epbcsios 4., 4 : Ipse dédit quosdam
quidem apostolos, quosdam autem proplielas, alios verà
evangclislas, alios autem paslores et doctores; bine sic
elicitur argumenluni : lis locis diversa Ecclesiâ; mi-
nisteria Apostolus diserte significat; atqui non oni-
nia omnibus convenire affirmât, sed diversa diversis,
secundùm mensuram donalionis Cbristi ; cùm igilur
in ecclesiasticis miiiisteriis prœcipuum locuni teneat
consecratio Sacraraentorum , manifestum esl non
omnibus promiscuè convenire, sed iis tanlùm qui sunt
rilè in Ecclesiâ ordinaii.
Deinde, Sacramcnla administrare proprium pasto-
rimi officium est, quos Spiritus sanclus posuit regere
Ecclesiam Dei ; sed non omnes in Ecclesiâ sunt pa-
slores, ut ibidem leslalur Apostolus, et meritù qui-
dem : nam si omnes paslores esseut , nullibi oves
exslarent, alque adeô nec paslores quidem reperiren-
tur, qui sine ovibus esse non possunt : ergo, etc.
Prœlerea, ut docet idem Apostolus, Hebr. 5, 4 :
Nemo assumil sibi lionorem, sed qui vocatur à Deo lan-
quàniAaron; non igitur onmes qui sunt de poj)ulo
Dei, hoc ipso sunt sacerdotes; bine apostoli, licèt
anie Eucbai'istiae et Pœniteniiyc institutionem essent
mcmbra Cbrisli, non anlè tamen ulriusque admini-
slrandac polestatc douali stml, (juàm diverit ad eos
C.brislus: IJoc facite in menm commemvraiioncm...; ac-
cipite Spiritum sanclum, quorum remiseritis pcccula,
(2) « Lutlierus cum suis dislinguit inlor potcslalem
« et usum minislcrii. Usum (luidem seu fuiiclioncs
« sacri minislcrii, nullnm arrogare sibi debcre con-
« tondit, iiisi qui logilimè vocalus lucrit (à maji)i'iî)us,
1 Cdninuniilate coniculi.'ute); potestatem verô ipsani
« minislrandi cuilii)el lioniiiii clnistiano pcr baplisnium
i intliiam agnoscii. Sacerdos, ail in libro ad Pragon-
« SCS, de iiisliluendis minislris Ecclesiam, quem dédit
« anno i'aiù, in novo prœserùm Teslamenlo non fit,
« sed nascilur, non ordinulur, sed crealur. ISascitur uu-
i tem in Baplismo; sunUiue prorsiis omnes Christinui
i sacerdotes. Et \nicv proposilioncs quas Léo X dani-
« navit, iia-'C oral: Ibi non est sacerdos, œquè polest
iquilibel chrisliunus (Sacramenta administrare),
i eliaiiisi nuilier aul puer cssel.
. iCalvinus, in Anlidolo concilii Trid., ad can. H)
I sess. 7, ila rigide ac scverè tnclur eos tantuni qiu
« logiiiniè vocali sinil l,;c:iUalciu babor^ ni; 'iMvandi
I Sacramenta, ul nequidem urgente necessiiaic eou-
. . . ' '.. Y .■,...:..:„ ul conlorant
« ccdal laicis, pricsorlim verô iomims,^
( lî.iptisnium. j> Turncl. quxsl. G, art. 2.
(Edil.)
i565
remilluutur eis, et (luorum relinucrilis, relcnlu sunt ;
«rgo, etc.
Ncc est quoil ctiin Lutlieraiiis rcspoiuIoaUir, liœc
Scriplurac loca non de poleslale ipsà, sed do usu ejus
dobere iiilclligi : qiiis cniin nicnlis coinpos dixeril,
Aaron anle(|iiàiii ad sarerdoliiiiii vocareliir , illius
qiiitleni vcram habuisso polcslaloni, usn lanicn ca-
ruissc, douce aceodcrel Dei imperium? Qiiis paritcr
putaveril, anle habuisse apostolos facienda; Kucbari-
sli;r, cl diniillondi poocata vcram alque activam po-
Icnliau), quam à jCliiislo suniino saccrdulc recipc-
rciit ?
Probatio II, ex tradhione.
II. Suffragalur et traditio, qiiam Lutlicrani, ut in
Ctcleris, sic iii Sacraincnlorum ncgolio, liiri)issinic
violârunl : sic aulcni in lornià proponilur argumen-
tum :
Ecclesia calliolica à ncmine iinriiiàni passa est Sa-
cramenla , sive puijlicè sive privaiiin aduiinislrari,
qiiin priùs sacrani ordinationeni acccpissct : quolios
enini de Sacramcntorinn valore diibiuni incidit, scdidô
Paires inquisierunl, iilrùin qui ca conlulisscnt, de
sacroruni niiii-islroruni numéro essenl? A conununi
vegulà soins Baplismus exccptus est, quem, ut per-
pétua tradilio iutellexit, voluil Dominus ab iiomine
quolibet in casu necessilalis administrari. Quisquis
in conirarium vel docere ve! agero prasumpsit, nul!à
niorà f.iclà, perculsus analheniale, et velut bserclicus
est danuialus ; cujus rei in poslerum niultoties cxeni-
pla occurrent : bine sunimo studio et diligeulià autiqui
Paires, sive per orbem di-^persi, sive congregali in
synodis ; omnium et singulorum or'dinum officia de-
scripseruut : bine antislitum Ecclcsiie seinpcr cl
ubique prLccipua cura fuil, delectis à se et à populo
clericis, graiiani ministerii manuum impositione cou-
ferre, ne videlicet careret Ecclesia diviuorum niyste-
riorum dispensatoribus. Summa bàc in parle veterimi
consensio, nec uinbra litigii est. Insanil crgo more
suo Lulberus, quando novuni Evangelium pncdicans,
Sacramenta el vcrbum Dei ab omnibus passim, non
viris lanlùm, sed eliam feminis, posse dispciisari,
inverecundè pronunliat.
Pr.OBATio ni, ex tlicolocjicà raCwne.
III. Accedit dcnique ralio : scnsus enin» ipso com-
munis dictai, in bcnè moratà ropublicà non onmes
posse pari dignilate eminere, neque communia om-
nium esse quie publiée geruntur officia,; sed ab iis
lanlùm légitimé excrceri, qui in pariem niinislerii à
principe vel à legislalore fuerint vocali : qua; enim
hœc esset reginiiuis species, in (pià possel quilibel ad
arbiiriumjm-a dicere, componcre iiles, leges coude re,
TCgcrc civilates, munire prœsidia, diiccrc cxercilus,
et denique quaslibet pro arbitrio obire provincias?
numquid poiiùs inonstruin boc esset regiminis, loiius
ordinis ininiicum ?
Jam sic proscquor argumenlum : Alqui respublica
clirisliana divina est, Dei scilicct legislaloris sapien-
lissimi aucloritaïc fundata ; ergo non possunt, aisi
QU.'EST. Ml. DE MiNISTRIS SACUAMENTOUUM.
iSGC
quos ipse volucrii, jussa ejus exequi, nec Sacraïuenia
adininislrarc : nain si Keligi(uii Mosaicac sic providit,
ul soli debcrenl sacerdoles divina pcragere, quis cre-
diderii Ecclesia; chnsliaiuc, quam Mosaica in umbrâ
prxcesserat, minus fuisse consullum?
Nec ullius ponderis est quod ail Lulberus, Lib. de
Capliv. iJabyl., c. de Ordin., Cbrislianis omnibus, oiu-
nés licèt a;qualiler sacerdoles sinl, paremque in
veibo el Sacrameniis habeant poleslaleni, hàe ipsà
tamen uli nonîicere, nisiaccedenle consensuconanu-
nilalis cl vocalione niajorum : nain vel vocaiio Ula
divina est, vel liumaua. Si prinium, crgo non oinnes
sunladSacranienloruin niinisterium divina volunlatc
j vocali (1): alque adeô secum ipso Lullicrus pugnat.
Si sccundum, vana ergo el prorsùs inulilis est vocaiio
bicc;nec enim potesl cuiquam buinana auclorilas
eripcre jus divinilùs comparalum.
§ !2. liefuUmlur Lutkeranorum objecliones.
Obj. Quisquis verè sacerdos est, veram babet Sa-
cramenta administrandi polenliam; alqui fidèles oni-
nes slalim Baplismo susccplo, sacerdoles verè dicun-
lur et sunt ; crgo babent veram Sacramenta confo-
rendi polenliam. —Resp.: Conc. (2) maj., nego min.
Sacerdoles enim propriè inteiligimus, majores sive ut
vox Gneca sonat, seniores Ecrlesi;e qui rébus sacris
agendis divina auctorilale praificiuiilur; alqui impiuni
est, el verbo Dei n)anifeslo conirarium affirmare, Gdeles
omnes, sive viros, sive feminas, sacris funciionibus
exercendis à Deo esse praifeclos : non enim omnibus
diclum est : floc facile in tiieam commemorctdoneiu, Luc.
22, 19;sedsolis apostoliseorumque legilimissuccesso-
ribus ; non omnibus diclum : Quorum remiseritis pecca-
ta, remitiuntur e(s,clc., Joan. 20, 23 ; sed iis solùm quos
Cbrislus judices in perpetuum esse volebal, quibus-
que vices suas conmiiiiebal : non diclum ad onmes :
Noli ncfjligcre (jraiiam quœ in te est, quœ data est tibi
per proplietiam, cum impositione manuum presbijterii,
1 Tim. 4, 14; sed adTimoilieum,el ad alios quos, ac-
cci)là divinilùs poleslale, Aposiolus ordinaveral : non
ad omnes diclum : Altendite vobis et universo grerji, in
quo vos Spirilus smicttis posuit episcopos regere Eccle^
siam Dei, Ad. 'iO, 28 ; sed ad solos majores naiu Ec-
clesia?, quos Epbeso Aposiolus evocaverai, ut iii Scri-
plurà referliir ; non ad omnes, inquam, baic el mulla
alia dicta sunt, quLC breuiatis gralià relicemus : ergo
onmes promiscuè fidèles esse sacerdoles, dogma la-
(1) Si Deus voluissetbanc vocationem pniecedero
ad licilam, non verô ad validam Sacramenlorum ad-
niiniblralioiiem, non idco iniiiùs divina esset ad sen-
suin aucloris; nec in oâ liypolbesi secum jiugnaret
Lulberus; lune eiiiui divina volunlas omnes ad Sa-
cranicnla validé adniinislrauda, eos verù duiitaxal ad
ea licite cclebranda vocaret, (jui insuper liaberenl
coniinuiiilalis consensum cl inajoruui vocalionem ,
quod saiiè coiitradiclionem non inviilvil. (Ldil.)
(2) Qiiis(|uis veii- sacerdos csi, babet plera(iue Sa-
craïuenia validé adininislraiidi polenliam, non aiileni
oiniiia : iiempe siuqilex sacerdos non poie^t ordina-
tionem facere ; item ncc adininislrarc Conlirmalio-
iiein , iiisi siieoialilcr à suinino Ponlilice delegelur.
IKec solis episcopis propiia sunt. (Edil.j
55G7 DE RE SACUAMENTARIA. —
naticum i«t, quod Luihcrus furiis exagitalus evo-
nniit.
liist. 1 . probando min. ex auctoritatc Scriplurne :
S. Peliuj »d onines sine discrimine lidelcs sic loqui-
tur, 1 Poïi 2, 5 et seq. : I psi tcinquàm lapides vivi sti-
■perœdifu'^'^nni , domus spirilualis , saccrdotium san-
clum...;i^n autem genus elcclum, regale sacerdotium,
genssanOA, populus acquisilionis ; modoquc simili
S. JoannK, Apoc. 1,6: Cliristus, inquit, dilexil nos...
et fccit \-a$ rcgtuim et sacerdotcs Deo et Patrisiio;
ideiuqiic ~éb\ repetil. Hinc sic informalur argumeii-
tuni : Scf flura sacra omiies (idelcs sacerdotes ap-
pellal; eiijo œqualiter omnibus convenit esse sacer-
dotes. — flesp. : Admilto auctorilalcs, et dist. ant.
Scriptura amnes fidèles sacerdoles appellal, et lis
locis loqu tiir de sacerdotio spiriliiali et intorno, con-
cedo ; de «acerdotio externo et propriè diclo, de quo
in prcescnd quccslio est, nego ant. et coiiseq.
E. R. IfJc bis et similibus Scripturarum lestimoniis
hoc unuib colligi potest, fidèles omnes fungi sacer-
dotio iiilerno et spirituaii, quod in co consislit, ut
oflcM'aiit l»eo sacrificiura cordis coniribulati , bona
opéra, preces, laudes, aliasque id genus bostias,
quarum oblatio ad omnes et singulos pcrtinet ; mi-
nime verô sequilur, omnibus exlernum et propriè
dicium sjcerdoiium indlIFerenter esse altribulum ;
hanc aulem responsionem esse legitimam nuiliis mo-
dis ostenditur. Nam
1" Manifeslum est S. Petrum non loqui nisi de
spirituaii s;icerdolio : Tanquàni vivi lapides, inquit, sii-
perœdiftc.:mi}ii, doimis spirilualis, saccrdotium sanclum
offerre spirituales Iwslias, acceplabiles Deo per Jesum
Ckrislum.
T S. Joannes in Apocalypsi, 20, G, de eo sacerdo-
tio loquilur quod in cœlis potissiinùin exercotur :
Erunt, inquit, sacerdotes Dei et Clirisli, et regnabunt
tum illo mille annis ; atqui in cœlis non visibiles , sed
învisibiles bo3li;c Deo olTerunti;r.
3° Quà ralione lideles, sacerdoles omnes vocanlur,
dicuntur eliam reges ; atqui propriè lioc nomen non
habent, sed co tantùm sensu quôd ad regni cœleslis
hacreditatem vocali sint, debeanlque in bac vilà pra-
vis cupidiiatibus doniinari , et per fidom vincere bu-
jus muiidi oblcclahicnla ; ergo paritcr sacerdotes non
idcù dicunlur, quôd debcant visibilibus et exlernis,
;ic propriè dictis sacriticiis operam dare.
4° Ita Scripiuram interpretati suul sancti Patres,
multô anie(iu;un exorla essct breresis Lutberana.
« Unusquisque fidelis , ait S. Ambrosius lib. 4, de
< Sac., cl, nngitur in saccrdotium, ungitur et in
< regniim ; sed spiritu:de regnum est, et saccrdotium
« spiiilualc; n idemque multô expressiùssignificat S.do-
t clor, comment. in cap. CLuc;c:« Omuesfilii l^cclcsia',
I inquit, sacerdoles sunt; ungimur enim in sacerdo-
•< lium sanclum, offerenles nosmetipsos Deo hosiias
c spirituales; » simililer S. Augustinus cxplicans bsec
verba Apocalypsis, 20, 6 : Erunt sacerdotes Dei et
i'Jtrisli, et regnabunt cum illo initie annis : « Non ulique,
1 inquii lib. 20 . de Civitate, Dei, c. 10, do solis
DE BACRAMENTIS IN GENERE. 16G8
« episcopis et prcsbyteris dicium est, qui propriè jam
« vocanlur in Ecclesià sacerdotes ; sed sicut omnes
t Cbrislianos dicimus, propter mysliciim cbrisma,
« sic onmes sacerdotes, quoniam membra sunt unius
« sacerdotis : de quibus apostolus Pclrus, Plcbs, in-
« quit, sancta, régale sacerdotium ; » parique modo
et idem sanclus, sermone tertio in die anniversario
Assumplionis ad Pontilicalum,aliique passim loquun-
lur.
Inst. 2" : Alqui fidèles omnes idcô in Scriptura sa-
cerdoles vocanlur, quia scquale omnes jusbabcnt ad
sacrum minislerium exercendum-; ergo , elc. Prob.
subs. ex aucloritate Aposloli sic loquenlis, Gai. 5,
27 : ^uiciimgue in Cliristo baplizati estis, Christum in-
duistis ; non est Judœus, negiie Graxus, non est scrvus,
necjue liber, non est masculus, neque femina : omnes
ciiim vos unum estis in Cliristo Jcsu : liinc sic eruunl
argumentum : li qui unum in Christo sunt, alii aliis
non habent majorem ad exercendum sacerdotium
poleslalem : alqui ex S. Paulo fidèles omnes unum
sunt in Cbri.slo : ergo, elc. — Resp. : Nego subs., ad
probniionem admilto auclorilalem ; et concessà ma-
jore, dist. min. Ex Apostolo fidèles omnes unum
sunt in Christo Jesu, quantum ad divinam adoplio-
ncm, concedo ; quantum ad poleslalem conficiendi et
adininislrandi res sacras, nego min. cl conseil.
E. R. Mirum est in boc Aposloli teslimonio brere-
ticos iriumphare, ciim de sacro minislerio ibi non
agat, nec agere intendat, sed de solâ fide in Christum,
quam quisquis habet, cujuscumque landem sit sexùs,
conditionis, autgenlis, vcrè senien Abrah;c est, et ad
divinam bieredilatem jus habet; illud aulem ex ver-
bis ipsis sancti Pauli iia pcrspicuum est, ul noslrâ
explicatione non egeat : Lex, inquit. Gai. 5, v. 28 et
scq.,])œdagogusnostcr fuit in Cliristo, utexfidejusiifice-
mur; at ubivenit fidesjam non sumus sub pœdagogo; om-
nes enim filii Dei eslis per fidem, qiiœ est in Cliristo Jesu;
quicumque enim in Cliristo baplizati eslis, Cliristum indu-
istis : non est Judœus, neque Grœcus, non est servus, neque
liber , non est masculus, ncquc femina; omnes enim vo-
nnum eslis in Cliristo Jesu. Si aulcm vos Clirisli; ergo se-
nien Abraliœ estis, sccundiim promissionem, liœredcs :
quandoquiilcm verô ad Apostolumbicretici provocan!,
et ex vcibis ejiis sensu pr;.cpostcrointellectiserrorem
suum conanlur adslruere, aiulianl illum, si sapiunl,
de sacro minislerio apcrlè loquenlem, illudque non
promiscuè omnibus, sed paucis admodùm, qui vocali
à Deo spccialilcr fucriiil, vindicanlem : « Yos aulem,
in(iuil, i Cor. 12, 27 et seq , es/is corpus Clirisli,
et membra de membro, et quosdam quidcm posuil IJcus
in Ecclesià , priniiim aposlolos , secundo proplielas,
tertio doclores, deinde virtules.... numquid omnes apo-
sloli? numquid omnes propliclœ? numijuid onines doclO'
rcs? » Ergo ex cjus doclrinà, licèt onmes fidèles,
quantum ad adoplionem et fiJei, spei alquc cbarilatis
viiiculuui, sint unum in Christo Jesu, aliundè tamen sic
disliiiguuntur olficiis , ul alii jure divino Sacramen-
torum adiiiinibtr:ili<ini pncftciantiir, cl prx'sint fidcli
populo, alii ii'ncaiiiur oblempcrare.
4369 QU'EST. VII. DE MINiSTRIS SArUAMENTORUM.
1370
Insu 5° : Alqui, etiam (juaiilùiii ad potcslatoni ad-
luinislrandi rcs sacras, lidelos iiiium omiics suiil ;
crgo , etc.; prob. subs.; iiisl omncs, oliain liàc la-
lione, umim csseiil tidclcs, doboret is in Kcdesiàesse
ordo, ptir qucin alii prxlali coiistilucrciilur, alii in iii-
feriorc gradu consislercnt, alii impcrarciil, parèrent
alii; atmii Chrislus nullaia liujiisuiodi voluit in Kc-
clesià csbO subjectioneni : eigo, oliani (|nanlinu ad jus
cl potestaloni adniinistrandi res sacras, lidclcs omnos
ununisunt. — Resp. : Nego subs. Ad prob., concessà
niaj., nego nùn.; nam oves pastoribus, discipuios do-
cloribus, fiiios parentibus, rcos jiidicibiis oporlet esse
subjeclos ; alqui Cbrisliis snproiuà aticloritale aposlo-
los , eorunique legilimos in saccrdolio successorcs
vohiit esso paslores, magislros , patres spiriluales et
judiccs : Seniores qui siint in vobis, ait S. Petrus , Ep.
l,c. 5, V. I elscq., obsecro coiisenior, et teslis Cliiiad
passiouum..., pascite qui in vobis esl fjrecjem Dci... et
cinn appurucrit priuceps pastorum , percipielis immar-
ccscibilcm (jloriœ coronam. . . Euntcs docete omncs génies,
inquit Chrislus adaposlolos, Matlh. 28, ld,baplizantcs
eos in noniine Patris et Filii et Spiritùs sancli, docentes
eos scrvare omniaqnœcnmquc mandavi vobis. ..Si decem
viilUa pœdagogoruni habcatisinClirislo, in(iuilAposlo-
lus, 1 Cor. A, 15, serf non mullos patres : nam in Cliristo
per Evangetium ego vos genui ; et denique Clirislus ad
Aposlolos : Accipile , inquit Joan. 20, 23, Spirituni
sanclnm ; quorum remiserilis peccala , remittunlur cis ,
quorum relinuerilis, retenta sunt.
Ergo Chrislus aposlolos et eorura legilimos succes-
sorcs voluit esse paslores, doctores , patres et judi-
ccs ; alque adeô conslituit legislator sapientissimus
aliquam esse debcre in Ecclcsià subjeclioiiem , sine
quà prorsùs non posset consislere : quae enim.quaeso,
lurc esset reipublica? faciès? quœ observantia leguni?
qux securilas? quod lutanien? quis sacrorum splen-
dor? ubi unusquisque suo arbilrio viverct, iibi neino
pareret, nemo Icgcs vindicaret, ncmo denique rébus
sacris essct prsolectus?
Inst. 4° : Prob. min. Chrislus illud su:c Ecclcsi;c mi-
nime concessit, quod expresse probibuil ; alqui domi-
nalumoninein expresse proliibuit, Mallh. 20, 25 el soq.:
Vocav'.l cnini ad se discipuios suos , et ait : Scilis quia
principes gentium dominantur corum , et qui majores
sunt, poleslatem exercent in eos : non ila erit inter vos;
scd quicnmque voluerit inter vos major fieri , sil vester
viinister ; et qui voluerit inter vos prim!;s esse, erit vesler
scrvus ; sicut FiHus liominis non venit minisirari , sed
viinislrare. Idemque repelunlS. Marcus, 10, 42, et S.
Lucas, 22, 25 et seq.; ergo, etc.— Resp. : Conc. maj.,
dist. min.: Chrislus expresse probibuil dominaïuin
arroganlcm , lyrannicuni, qnalis ennim est, qui vel
usurpant inipcrium.vcl suâ polcslnle abulunlur.conc,
dominatum Icgiljmum, quo (juisquis in suo officiocon-
tinelur, nego min. et conscq.
E. R. Iluncesselaudalioraculi sensum manifcstum
est, tum ex ipso vcrbonim contoMu, tuni ex Chrisli
proposilo; hcec enim non alià dixil causa, quàm ut in
aposlolis rcprimeret émergentes supcrbice et invidiïc
mollis, (piorum occasio fuorat filioriim Zcbedœi, pri-
mas in rcgno Dci scdcs andjicnlium, imporluiia peli-
lio : nam cùm eà occasionc inter aposlolos orla esset
de principatu conlcntio, Luc. 22, 24, ut nasc«intera
supcr])iam radicilùs cxlirparel , stalim edixit : Scilis
quia principes gentium dominantur eorum , etc., quibus
vcrbis diverses in Ecclcsià dignilalis gradus adslruxit,
nedùm excluscril ; nam inquit apud Liicam loco ci-
lalo : Qui major est in vobis, fiât sicut mmor; et qui
prœcessor esl, sicut ministrator; slaluit igitur aliis alios
sidjjectos esse debcre ; lanlùmqnc pra'cipil , ut qui
jure sacerdolii primum gradimi teneiit, fiant bumili-
lalc minores , ncc impcrii dignitalem ad fastum , sed
ad (idelium ulililalera exerceant.
Inst. 5* : Ordini ecclesiasiico , antiquo loquendi
more, cleri nomcn esl assignatum, que, veluli pro-
prio, à cccleris (idclibus dislingui solct; alqui injusla
haîc usurpalio fuit, cùm vencrandum nomcn Spiritùs
sanctus, non paucis, sed universo populo cbrisliano in
Scripluris atlribual: ait enim S. Petrus seniores Eccle-
siic alloquens, 1 Ep. 5, 2 : Pascite qui in vobis est, gre-
gem Dei, providentes non coaclè, scd spontanée... neque
ut dominantes in cleris, sed forma facti gregis ex ani~
mo ; ergo Scriplura sacerdotes inter et plebem discri-
men magnum non ponit ; alque adeô ex divinis lilleris
dcfendi non polesl aliorum in alios dominatio. —
Resp. V : Argumeistum illud nibil facere conlra nos;
non enim de nomine liligamus, quod potest multorum
esse commune , sed de auctoritale Sacramenta admi-
nistrandi et exercendi sacram jurisdictionem , quam
non omnibus convenire Scriplura tum aliis mullis lo-
cis', tum in hoc ipso quod opponitur leslimonio, ita
cvidenler affirmai, ut ccecum esse oporleat qui non
viderit ; nam primo senioribus pasccndi gregis pole-
slatem adscribit : Pascite, inquit, qui in vobis est , gre~
(jem Dci, etc. 2'' Eosdem, exemplo principis paslorum,
Chrisli , ad gloriic coronam capesscndam horlalur :
Ciim apparuerit priuccps pastorum, inquit, percipielis
immarcescibilem gloriœ coronam, porrô nemo dubilat
Christum, paslorum principcm, specialem babuisse ad
Sacramcnla cor.fercnda auclorilatem. 5° Adolescentes
( plcbcm scilicei) ibidem dicil senioribus debcre esse
subjeclos : Adolescentes , inquit, subdili cslote seniori-
bus; ergo hoc Apostoli testimonium, nedùm Lulhera-
nis faveal, causam eorum evertil : quia verô de cleri
nomine polesl aliquis sciupulus romancre, rcspondco
2° : Disl. maj. Ordini ecclesiasiico cleri nomen est
assignatum, proplcr specialem aliquam ralioncm,
concedo; ila ul plebi chrisliansc nullà ratione conve-
nial, nego maj.; simililer distinguo min., cleri nomcn
univers;e plebi Scriplura allribuil, signilicalione com-
muiii, qu;e specialem minislrorum Ecdosiu! pncroga-
livam non cxcludit, conc; qnx minislros plebi pares
facial, nego miiior. cl conseq.
E. R. ad hiijus distinctionis inlolligenliam soià
opus esl explicaliuiie nominis quod opponitur : vox
Grœca yùf.poi, idem soiiat quod vox Lalina, porlio ,
sors, sivc hsereditas qu.x' sorte alicui obligit: bine ia
velcri Teslamçnlo populus Israelilicus, clcrus, sive
1571
DE RE SACRAMENTAIUA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
izn
Iiccrcditas Doniini appcUaliir, où qiiôil spécial! lavore
praîcaîlerisàDco csseleleclus, ol al) itlololatri* lene-
biis ad vcrae Religioiiis luccm vocatus ; quo sensu
Propliela rcgius : Beata gens , iiiquit psalmo 32 , 12 ,
cujns est DoinUius Dcus ejiis, populus quem clerju in liœ-
reditalcm sibi ; hinc cliam pecuMaii (|iuulaiu ratione ;
tribus levilica , porlio el luvredilas Uoiniiii dicilur, j
quia ad sacerdolii dignilatem assumpla divinilùs fue- \
rai; quâ de rc legilur in Scripluris maiidatum Dci : ;
Non luibebunt sacerdoles et levitœ , et oinnes qui de
et'idem tribu sunt , partent et liareditatein cum teliquo
Israël, quia sacrificia Domini, et oblationes ejus corne-
dent, et niliil aliiui accipient de possessione fratrum suo-
runi : Dominus enim ipse est liœreditas eorum, Deut. 18,
1 et seq.
Ilo6 posito , manifestum est clerum Domini jure
dici, quisquis Dei cultuiaddictus est ; eôquemagis hoc
sibi noinen arrogare posse , quô sanctiùs fuerit con-
secralus; qiicmadniodùm igitur, lieèt in antiqiiâ legc,
gens Judx'oruin universa clerus Domini dicerelur, boc
lamcn non obslante, idem nomen specialiùs sacer-
doles et levilœ gercbant , eô quôd cacteris Iribubus
dignitale et auctorilale pniistarent , lia pariler el in
nova, elianisi tota Ecclesia quam Cbristns acquisivit
sanguine suo, clerus ejus, sive h;vreditas, appcllctur;
boc lamen non impedit , quominùs idem sibi nomen
niinistri sacri, propter specialem consecralionem, ti-
lido meliore aitribuant; vanum ilaquc et futile est
argumentnm à voce cleri pelilunk
hist. 6° : Atqui ideô Scriptura cleri nomen ad om-
nes geiieratim (ideles extendit, quia in plebcm Chrisli
minislri Ecclesiie nullam liabent, jure saltem divino ,
auctoritalem ; ergo, elc.
Prob. subs. ex lestimoiiio Terlulliani , in libro de
Exliorialione castilatis, capite 7, sic loquentis : Diffc-
rentiam inter ordinem et plebem constituil Ecclesiœ au-
ctoritas : bine sic disputant :
Differentia qunm sola Ecclesi;c auctoritas inlro-
duxil, jnris proCeclô divini non est; atqui ex Tcrlul-
liano differentia plebis ab ordine , solius Ecclesiie
auctorilale est institula ; juris ergo divini non est ;
unde iterùm sequitur quôd polcslas niinislrorum ad
Sacrameiila confcrenda possit, Ecclesia sic volonté,
ipsis eiiam laicis altribui.
Resp. : Nego subs. Ad probalionem duplex esto
rcsponsio.
1" Dicimus niliil babere roboris argiimcntum ex
TerluUiano pelitum, in libro de Exbortatione caslitu-
tis, (luia de eorum numéro est, quos in Monlani ha;-
resim lapsus contra c.ilholicam Ecclesiam scripsit;
de TerluUiano eniai débet boc esse judiciiim , ut qua;
in caslris Ecclesiœ mililaniis scripsit, pronâ venera-
lione accipiamus ; qucc contra , deserlà veritate , aut
apertè deliravit, aut subobscurc et cum aliquâ crro-
ris suspicione Iractavit, vel omninô abjiciamus , vel
ccrtè propter obsciMila'eiî: pariun curemus : « Nam ,
< inquit ipse, Praîscr. c. 12, frustra verilas apud bœre-
< ticos quœritur, ad quos velamur acccdcrc , ubi
c omnia exiranca sunl, et adversaria uoslra) vcri-
« lati... nemo abeo illummatur à quo contenebralui';
i qua;rainus ergo in noslro , el à noslris et de
« noslro. >
2° Concoss:^ majore, ncgamus minorem; quod enim
ait, dilfcrenliam inter ordinem et plebem Ecclesiœ au-
ctorilate statuta»i, exclusivum sensum non babct ,
proul toxlus ij)sc demonstiat, modo intcgor exliibca-
lur : « Differenliam, inquit, inler ordinem el plebem
< constiluit Ecclesiie auclorilas , et bonor per ordinis
€ consessum sanctilîcaïus à Dco : » quic verba Eulbc-
ranorum inl'amiie ex diamètre contraria sunl; nam qui
senlit , bonorcm sacerdolii sanclilicalum esse à Deo ,
dubio procul non exislimal differenliam ordinem inler
et i)lebcm ex solo Ecclesiac insliluto esse profeclam ;
aUjui afiirmal Tertullianus bonorem sacerdolii esse
sanctificatum à Deo ; ergo dignilatem sacerdolum ex
diviiiâ iuunanâque loge vindicat; alquc adeô à Lutbe-
ranis longo dissidel inlervallo, qui ut auferant sacer-
dotibus ministcrii principalum, divina bumanaque jura
pervertunt.
Inst. 7" ullimô : Atqui exisiimavit Tertullianus
differenliam clcricorum à laicis solius Ecclesia; volun-
lale esse dccrclam : ergo, elc.
Prob. subs. Toxlus Terlulliani inleger sic est : Vant
erinius, si putaverimus quod sacerdotibus non liceat, lai-
cis licere : nonne et laici sacerdoles suuuis ? Scriptuni
; est, Apoc. 1 , 0 : « Recjnuni quoque 7ios et sacerdoles
' « Deo et Patri suo fecit.i Difj'crentiam inler Qrdmcni et
plebem conslituit Ecclesiœ auctoritas, et lionor per ordi^
nis consessum sanclificatns à Deo : ubi ccclesiaslici ordi-
nis non est consessus, et offers et tingis et sacerdos es tibi
solus; scd ubi très, Ecclesia est , licct laici. Hinc sic ar-
gumenlanlur : llle existimavil differenliam ordinis à
plèbe solà Ecclesiie auctorilale sancilam , qui credidiî
laicos, in casu saltem necessiiatis, non posse laniùm
lingere, id est, baptizare, sed etiam offerre , hoc est ,
Eucharisliam consecrare ; atqui ha;c Terlulliani do-
clrina fuit : ergo, elc.
Resp. Nego subs. Ad probalionem, conccssà maj.,
nego niin.;vox enim, offers, quam bîc TerluUianus
usurpai, non débet de myslicà Eucbarisliie consecra-
tione intelligi , scd de mcrà panis et vini oblatione ,
quam dlspersis aut lalilantibus, mctu pci'seculionis,
ujinisiris, fidèles ad qualecumque fidei sua) solatium ,
sacram lilurgiam, ut poterant, imitando, facere con-
sucveranl ; bancqiie genninam esse respoiisioncm
sponlè falcbilur quisquis mediociiler Terlulliani opéra
legcril : offercndi nanique vocem plerùmque pro nudà
oblatione adliibot, quam à laicis posse fieri non nega-
mus; sic in libro de Monorjaniià, cap. 10, loqucns de
officiis pia; mulieris erga dcfunclum marilum : Offert,
inquit , annnis diebits dorniilionis ejus ; quin cl in boc
ipso qui opponilur libro de Exhoriatioufi casliialis,
cap. li, amicum qtiemdam suum ànuptiis repclendis
deborlans : Duplex iste rubor est, inquit, quia in se-
cundo 7K.ttrimo)do duœ u.rores çumdem eircumdunt ma-
ritum, una spirilu, alia came.,.. Slabis eryo ad Deum
cum lot uxoribus, el offeres pro duabus, et commemoram
bis iltas duas pcr saccrdotem.
4375
QUiEST. \U. DE MLNISTRIS SACUAMENTOUUM.
Ccetorîim quùtl Tcrtulliani scnlenlia fiicrit Eucha-
risliam à solis possc saccnlolilxis eonsccrari , alqnc
adcô disorimen ordiiiis à itlcbo injure diviiio csso fiin-
daliiin , iiuilla , !icc ohsciira cjiis lesliinonia jit'rsiia-
dcnl; sic in liljro de Coroiià mililis, cap. 3: Kucha-
riiliant, inrjuit, non de aliomm manu quant prœsidentium
siiminins ; n\n noiiiiiic pnesidonliiiin ccrlissiinè saocr-
dolcs iiilelligit ; et libro de Monogamià , capile 12 ,
)tlcl)is vanitali adscribendiiin dicit qiiôd se clericorum
ordini ada'qiiari arbilrctur. CUni exlollimur, iiiquil, cl
inflnmnr adi'ersiis cleruni , lune unum omnes sunms,
tune omnes sacerdotes, qnià saccrdotcs non Dec et Patri
fccil; citm ad perœquationcm dhciplinœ saccrdolalis pro-
locantuy, dcponimus i)ifulos, et inipares sumus ; mullô-
\[\e expressiùs in libio de Prx'Scriplionibiis, cap. 41 ,
liibi sacerdoialia niunera laicis deinandari non posse
^ironuntiat : i Ipsic niulieres haîrelicai, iaquit , quàm
i i)r()eaces , qiuc aiuicant docere, exorcisiuos agere,
« Ibrsitan et lingere; ordinaliones eariini tcmerarlae'
€ loves, inconstantes, niuic néophytes collocant, nuiic
« seculo obslriclos, nnnc apostalas nostros , ut gloriâ
t cos obligent , quia verilate non possunt.... Itaqne
« alins liodiè cpist'opus, cras alins ; hodiè diaconus ,
c qui cras lector; hodiè prcsbyter , qui cras laieus :
€ nani et laicis sacerdotalia niunera injungunt. »
Ac de primo quidcm capile salis dictuni est.
CAPUT II.
AN NEMO NISI QUI FIDEM INTEGRAS! , VIT.EQUE SANCTITA-
TEM IIABEAT , VALIDÉ POSSIÏ SACRAMENTA ADMLM-
STRARE.
Duplicem hic moveri difficultatcm ipse tilulus indi-
cat. 1' Agitur de ha;relicis et scliismalicis, qui ab uni-
taie , et veritale catholicà recesserunt. 2" De iis qui
sive intra , sive extra veram Chrisli Ecclesiam flagi-
liosè et corruptis moribus vivunt.
De utrisque quiîrilur utriim validé conférant Sacra-
menta? Yalidè, inquam, nani illicite, et ad suam ipso-
ruin pernicicm sacrum minislcrium usurpare, omnium
consensio est. Iiaque erit liujus capilis sectio duplex ,
duplici difficultati respondens.
SECTIO PRIMA.
De liœretkis et scliismalicis.
§ 1. Rebaptizantiuni liistoria texitur.
Medio circiter seculo tertio, lenenle Ecelcsiac gu-
bernaculum S. pontifice Siepbano, or(a est gravis illa
de rebaplizandis ilerùinque ordinandis ha'ieticis et
schismaticis quscslio, qurc sandissimosdoclissimosque
illi'.is ;elalis antisliles, non sine inagno fidclium scan-
daio cl ofTensione, commisit.
Coiisullus enim ad annum 2u5, à Januario et aliis
Numidi;Ti episcopis S. Cyprianus Carlhaginensis an-
listes, qui prdcler loci digniiatcm, magnù pra; cœlcris
doctrin:e commchdallone florebal: Cf)nsn!tiis, inquam,
de h;ereliciset scliismalicis ad Ecclesiam redeunlibus,
lUrùm debercnl denuô baplizari , rcspondil cum iri-
ginta et uno coepiscopis suis , Carlliagine in synodo
congrcgaiis, extra Ecclesiam catholicam vcra esse
4374
non posse Sacramcnla , alquc adcô necessariô esse
reba[itizandos, vel poliùs cùm anleliîic niiiil liabuis-
senl , simpliciter l)apli/.an(los , quicumipie iti luneresl
autschismate, aquà profana et adultéra lincli forent :
( Cùm sinnil in concilio csscmus , inquiunl in Epi-
« sloià synodicà apud Cypnan., Episl. 70, legimus,
€ fralrcs cluaiissimi , litteras vcslras, quas ad nos fe-
I cistis de iis qui apud luerclicos et scbismaiicos
« bapiizati videniur, an ad Ecclesiam catholicam, quse
< una est, vcnientes, baptizari debeanl. De qui re,
« quanquàm et ipsi illic veritalem cl lirmilalem calho-
I liciic regnhrî tenoatis^, lamen quoniam consulendos
1 nos pro commurd dileclionc exislimàslis, scntenliam
< nostram , non novam , promimus , sed jampridem
I ab anleccssoribus nostris slalulam , et à nobis ob-
< servatam vobiscum pari consensione conjungimus ,
< censentcs sciliccl et pro ccrlo lenenles , nemincm
< foris baplizari extra Ecclesiam posse , cùm sil Ba-
il plisma unum in sanctâ Ecclesiâ constitulum... Quare
« qui cum Domino sumus , et unitalem Domini tene-
€ mus , et secundum cjus dignalionem sacerdolium
« ejus in Ecclesiâ adminislramus, quœcumquc advcr-
« sarii ejus et Anticliristi faciunt , repudiare et reji-
« cerc, et pro prbfanis babere debemus , et eis qui de
« crrore et pravitate venientes , agnoscunl unius Ec-
« clesiie veram fidem , darc illis per omnia divinic
<i gralia; Sacramcnla, unilatis et fldei veritalem. j
Ilicque fuit primas à Cypriano , collegis consen-
liontibus , de b.Trelicis cl schismaticis rebaplizandis
sancitus canon. Moveral sanclissimi Antislitis animam,
prx'ter varia qu^e videbanlur ci validissima argumenta,
Agrippini decessoris sui auclorilas, qui hoc ipsuni
anle annos quadraginta decreverat; novâquc ejus Ira-
dilione deceplus, anliquam et aposlolicani, nesciens ,
dcsercbat. « Quod quidem, inquil in epistolà 71, ad
1 Quintum , cl Agrippinus, borne memoriui vir, cum
« céleris coepiscopis suis , qui illo lempore in pro-
i vincià Africâ et Numidià Ecclesiam Domini guber-
« nabant, staluil , et librato concilii communis exa-
« mine firmavit, quorum senlentiam et religiosam, et
< legitimam, et salularem , lidei et Ecclesi;* congru-
i cntcm, nos eliam sccuti sumus. ..> Et in epislolà75,
ad Jubaianum: « Apud nos aulem,inquit,non novaaut
i rcpenlina res est , ut baplizandos censeanuis eos qui
1 ab luereticis ad Ecclesiam veniunt, quando jam
i inulli anni sint, et longa aîlas ex quo sub Agrijipino
« bonx memoria) viro convenientcs in unum episcopi
« plurimi hoc slatuerint, alquc exinde in hodiernum
« lot niillia bx'reticorum in provinciis nostris ad Ec-
1 clesiam convcrsi , non] aspernaii sint , neque cun-
« clati , imô et ralionabilitcr et libeiitor amploxi sint
t ut Idvacri vitaliset salutaris Baplismi graiiam coii-
« sequerentur. t
Nec multô post, annoscilicet 256, à Quinlo in Mau-
rilanià episcopo vir sanclus eàdcm quœslione pulsalus
parem dédit responsionem , episl. 71 , ad Quintum,
quam , habita altéra, multôque numerosiore, sepliia-
ginla et unius cpiscoporum synodo , nova dcfinitione
confirmari procuravit; habemus bujus roi in hàc ipsà.
1375 DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACUAMENTIS IN GENERE.
137(5
juani niodù laudavimus, ad Jubaiaiium epislolà icsli-
U)oniiiiii. « Seripsisli iiiilii, inqiiil, fnter charissiinc ,
t dcsidcrans significari libi niolum aiiimi noslii, quid
< nobis videatur de hoirclicorum IJaplisnio , qui fuiis
« positi, et extra Ecclesiam constiluti , vindicant sibi
f rein nec sui juris ncc polestatis , quod nos nec ra-
« tuin possuiuus, nec legilimiini judicare, ipiando boc
i apud cos esse conslct ilUciliini ; et (luoniam su[)er
c hàc re quid sentirenuis, litleris noslris exprcssinius,
« ut coinpciidium facerem, exeniplum carumdem lit-
i terarum libi niisi, quid in Concilio, cùni conipluros
« adessenius, decrevcrimus, quid ileni postea Quinto
i collcgaî nostro, de eâdcni re quierenli rescripserini,
« cl nunc quoque cùm in ununi convenisscnuis lani
« proviijciaî Africœ, quàm Numidiae episcopi, numéro
« sepluaginta et unus , hoc idem denuô senicnlià ^no-
i strà brniaviinus , statueules ununi Baplisnia esse,
1 quod sit in Ecclesià calholicà conslitutum , ac per
« boc nonrebaptizari, sed baplizari à nobis; quicuni-
i que ergo ab adultéra cl profana aquà veniunt, ablu-
« ondi et sanctificandi salutaris aquœ verilale. »
1 Exslal altéra cjus ad .Magnum quenidain de boc ipso
iiegolio c|iistolu , in quà gcneralim de omnibus hx'rc-
licis cl scbismaticis, ne Novatianis quidem cxceplis,
proaunliat , acceplari eorum Baptisma non posse:
< Pro tu:*i religiosà diligentià , iiiquil, cpisl. 7G, ad
( Magnum , consuluisii nudiocrilalem nostram, li!i
i charissime, an intcr ca;teros lixTcticos , eosquo-
« que qui à Novaliano vcnianl, post prolanum cjus
< lavacruni , baplizari et sanctilicari in Ecclesià ca-
i Ibolicâ legitimo, cl vero, et unico Ecclcsiic Bapiismo
« oporleat, de quà re quantum fidei noslrai capacilas
6 et Striplurarum divinarum sanclilas ac verilas sug-
8 gerit, dicimus omnes omninù hierelicos et scbisma-
i licos nibil babere polestatis ac juris , propter quod
4 Novalianus nec débet , nec polest excipi, quominùs
« ipse quoque exira Ecclesiam consistons, et contra
I pacem ac dileclionem Cbrisli faciens, inler adver-
« sarios et anlicbristos compuietur. » Utrùm verô
Epistola hœc alias quas commemoravimus, tempore
praiccsscrit , aul secula sit, definire, tum nostrum
non est, quippe qui in rébus singulis tempora scrupu-
losè componere non curamus, tum parvi momeuli
est qucestio; quod autem ad rem nosiram facit,ex bac
epislolà manifestô eruimns, non ideô, ul putant
aliqui, Cypriano visum fuisse, vcnienles ab hicresi
esse b:iplizandos , quia tune ba^'cses ferè omnes a.l-
teruiran) de Trinilale personam oppûgnabant , sed
quia pulabal , omnes gcneralim bierelicos et schis-
maticos, boc ipso quod extra Ecclesiam constiluti ,
Sacramcnla peragereallenlarenl, vindicare sibi rem ,
nec sui juris, nec polestatis, soli nimirinn Ecclesiai
calholicae à Cliristo concessam : nam de Novatianis
ccrtum est, quôd fidem inlegram sanclissinuc Tri-
nilalis tcnucrint , quos lamcn Sacramenlorum mi-
nislerio , non sccùs ac alios , cxcidisse ibidem af-
firmai.
liilerea ut falsam opinioncmquam , suis suorum-
uc pnnjudiciis occupalus, vcrilulcm esse pulabal,
omniquo polerat nmnimenlo vallarel,aiqueulpauco-
rum in Africà dissidenlium conlentiones gravioris
pondère aucloritalis rcprimerel, ex boc ipso, quod
praîdiximus, sej)li:aginla et unius episcoporum con-
cilio , ad Stepbanum Ronianum Ponlificem synodicam
epislolam scripsit humanilatis, candoris, modesliai
plcnam, elelo(iuenliànon mediocri refertam ; indequo
duos Ivomam legavit cpiscopos, qui unà cum litleris
suis, ejusdem synodi , et allerius , qux' praccesserat,
acla \ariaque bujusquœslionis instrumenta déferrent,
nil dubilans quin sententiaa âuoD sanctissimus Papa
accederet , et pro Africanà ecclesià judicaret : « Ad
« qiia'damdisponenda, inquit, cpisl. 71, ad Slepha-
I num, et concilii communis examinalione limanda,
j necesse babuimus , fraler charissime, convenien-
I libus inunum pluribus sacerdotibus, cogère et cele-
j brare coiicilium, in quo nuilla quidem prolalaalque
« transacta sunl : sed de eo vel maxime libi scribendum ,
« et cum tuâ gravilate ac sapicniià conferendum fuit,
i quod magis pertineal et ad sacerdotale.m auciori-
« lalem , et ad Ecdesiai catholic;c unilatem pariter
« ac dignilalem, de divina; disposilionis ordinationo
t venientem , eos qui sint foris extra Ecclesiam
» lincti , et apud luicreticos et schismalicos i)rofanai
< aquaî labe macula ti, quando ad nos atque ad Eccle-
t siam , quai unaest, venerinl, baplizari oporlere,
I eô quôd parum sit , eis manum imponerc ad acci-
« piendum Spiritum sanclum, nisi accipiant cl Eccle-
< siaî Baptisnmm... Baplismum autem non esse quo
€ baeretici utuntur, nec quemquam apud eos qui
< Cbristo advcrsantur, per graiiam Cbrisli posse
cproficere, diligenter nuper expressum est in
i epislolà quœ ad,Quinlum collegam nostrum in Mau-
« rilanià conslitutum super eà re seripla est ; ileni
4 in litleris quas collcga) noslri ad episcopos in
« Numidià pricsidcntes aule fecerunt , cujus ulrius-
« que epislolai exempla subdidi ; addinius plané vl
i adjungimus , fraler cbarissiuve, consensu et au-
i ctoritatecommuni , ul eliamsi qui apud b;x}rclicosà
« pseudoepiscopis et anlichrislis contra Clirisli dis-
« posilionem profana ordin-.lione promoti sinl ,
« et contra allare unum alque divinum sacri-
j ficia foris falsa ac sacrilega offerre conali sint , eos
< quoque liàc conditione suscipi cùm reverluntur, ul
I communicent laici... Iliec ad conscienliam lunm,
i fraler charissime, et pro honore communi, cl pro
« simplici dileclionc pertulimus, credenles eliam libi
« pro religionis luoD et fidei veritaie placere qujc rcli-
i giosa pariter, cl vera sunl. j
lIa3C ad Slephanum Cyprianus : sed co)iatus ejus ,
inquit S. llicrunynms, in dialogo adversùs Luciferianos,
frustra fuit : Slcplianus cnim anlisles, antiqua) do-
ctrinae cl fidei, apostolicâ quà vigebat auclorilale,
cum cœleris quidem collegis suis, sed tumen prœcœteris,
iucpiilYiucenlius Lirinensis,in Commonit., c. 9, resti-
lit nbviuai. , di(jnum , opinor , exisiimans , si rcliquos
omnes tanliim fidei devolione vinceret, quantum loci
auclorilale superabat. Nec flecli uUà rationc poluit,
[I quin Cypriani, eiquc fœdcralorum srnlentiam so-
QU/EST. Vil. DE MINftiRIS SACHAMENTORIJM.
4Ô77
lomni decrclo proscribcrcl ; quod clsi iulogrum ad
lîoS; injuria tcmporuin , non pcrvcnit, noliini lamcn
csl ex fragnienlis qnic Fiiinilianus , Euscbius, llic-
loiiynuis, Augiislinus cl alii, scriplo rcli(|iu'r(inl ,
iiilorcpuc memorabile liocojiis efl'aluni cstscipiciiliuni
l(Mnporum pronà vencralione acccptiini : Si quis ergo
h ciuàcumqtie liœresi venait 'ad nos , nihil iiinovclur
( niliil scilicel erga eiim de novo liât ) nisi quod tra-
ditum est, ut lumnis illi imponalur in pœnitcntiitm ; ciim
et ipsi liœrelici attcnitrum (nuituù) itd se veiiienles non
baptizent, sed communicent tanliini.
Neque lue slctil sanclissiimis marlyr et Ponlil'cx :
nani zelo verilalis, quo deflagrabal, dclcgatos ad se
episcopos, nec aniploxn fraicrno, née hospiiio, nec
coUoquio, et ne cons|)ectu qnidein digiialus e-t, se-
vcrèque ne quis eis- lectuin cl niensam coniniodaret,
inhibuit, quin et contra Cyprianum litleras accrbi-
talis picnasdiclavit, in quibus cum , pseudocliristuni,
pseudoapostolum , et dolosuni operariiim esse dicebat,
eidcmquc et collogis cjiis cxconiniunicationem , nisi
rcsipiscerent , niinabalur ; prodilum ab aliquibus ,
rcverà à Slephano dinim fulnien esse vibratum : quod
utrùm cum aliquo finidamenlo vulgatum fuerit, infe-
riùs cxpendeliir. Vide Ep. Finniliani, ad finem, inler
Ep. Cyp. lo et infra § à.
Miruni, ni hocctam incondila tainque improvisa se-
veiitas Cyprianum tolamque Africamconturbaret : rê-
vera liane tam placalam, tamipie unilalis amantem
Carthagiiicnsis pr^esulis aiiimam aliquanlulùm titu-
basse ccrtum faciunt acta concilii tertii, lioc ipso anno
Carlbagine ceiebrati, cl scriptoe ab eo eâ de re lilterae :
i Quia desidGràsli, inquit in Epistolà 74, ad Pompeium
( in nolitiam liiam pcrferri, quic mibi ad litleras no-
I stras Steplianus fraternostcr rescripscrit, niisi tibi
t roscripiti ejus exemplum ; qiio lecto, magis ac nia-
t gis cjus errorem denotabis, qui hacreticorum cau-
c sam contra Cliristianos, et contra Ecclesiam Dei
t asscrcre conalur : nam inler cetera vel superba,
i vel ad rem non perlinentia, vol sibi ipsi contraria,
c qucc impcrilè alque improvidè scripsit, ctiam illud
< adjunxil, ut dicerct: Si quis ergo àquâcumque liœresi
j veneiit ad nos, niliil innovetur nisi quod traditum est,
i ut manus illi impnnatiir in pœnilentiain':ciunipsiliœ-
« retici propric allcnilnun ad se vcnientes, non bapti-
i zenl, scd communicent tanliim... Qiix ista obslinalio
< est, quaeve prœsumptio, humanam tradiiionem di-
( vina; disposilioni anleponcre ? nec animadvcrlcrc
c indignari et irasci Deum, quolics divina pnecepta
« solvil et pra;terit bumana traditio?... Prx'clara sa-
€ né et legiliina traditio, Slepbaiio fralre nostro do-
1 cenic, proponilur, quse aucloriiaicm nobis idoncam
« pnvbeat : nam in codem loco epistol;c su* addidil
( cl adjecitrCùm ipsi hœretici propric, ullerutrum ad
t sevew.entcs,non baptizent, sed coMwvsicr.sx tantim :
I ad lioc cnim malorum devoluta est Ecclesia Dei et
1 spoiisa Chrisii, ul Inrreticorum exempla sectelur,
« ut ad cclebranda Sacramenla cœlcslia disciplinam
i liix de tenebris mutuetur, et id facianl Cliribiiani,
« quod anlidirisli faciitiil? qucc verô est animi croi-
1378
< las, qux pravitas, fidei unilatcni, de Dco Taire, et
c de Jesu Cbrisli Doniini cl D<i noslri iradilione ve-
« niejilem, nitllo cognoscerc?... Dat lionorem Dco,
« (pii Mnrcionis Baptisrno coinmunical? Dat bonorcm
« Deo, qui apudeos qui in Deum blaspliemant, remis-
< sioneni peccalorum dari judicat? Dat lionorem Dco,
< qui foris de adultéra cl furnicarià nasci Dec filios
c assevcral? Dat lionorem Deo, qui unitatem, et veri-
< latem de diviiià loge vonienlein non leneiis, bcereses
c contra Ecclesiam vindicat ? D;it lionorem Deo, qui
« han'Clicorum amicus, et ininiicus Clirislianorura,
€ sacerdoles Dei veritatcm Chrisii, etEcclesi;c unita-
i lem luenles abslinendos putal?... Fitautem studio
< pncsumplionis et conlumaci;o, ut quis magis sua
i prava cl l'alsa defendaf, quàm ad allerius recta cl
< voraconsciiliat. Cui rei prospiciens bealus Aposlo-
i lus ad Timolheum scribil et nionet Timolh. 5, 5, ad
« Tit. 1, 7, 9, episcopum non liligiosum, sed mitcm
« et docibileni esse debere ; docibiiis autem ille est,
t qui est ad discendi palienliam loiiis, cl mitis : opor-
« tel eniin episcopum non taniùm docere, sed et dis-
i cere, quia cl ille meliiis docet, qui quoiidic crescit,
f et proficit disccndo meliora. j
Haec et bujusmodi pleraifue in Sleplianuni irritalus
efludit, et par pari, ut aiunt, relulit : fralernè lanicn,
quomodo adversùs apostolorum princi| cm , in causa
licèt meliori , Paulum legimus, Gai. 2, II , indigna-
tum : vieil onim in corde ejus pax Clirisli , ut Ecclc-
siœ unitatem , in tam ancipili pcliculo scbismaiis, in-
violatè servaret, et cum Stepliano, tam arclis sibi
aliunde sanclitatis et fidei vinculis conjunclisbinio ,
plenauï leneret concordiam ; h;rcque fuit ci causa
scribendi adniirabilem ilium de Bono patientiœ libel-
lum , itcmquc alterum de Zelo et Livore , tan la ulrum-
que moderalioue , ut licèt ad pra;senlem de itcrando
Baptismale quocsiionem pnecipuè respiccret, Steplia-
num nec nominaverit quidem, solùmque causas géné-
rales patienli;e cxorcendic , et vitandi niali livoris
exposuerit ; liiijus de bono pa(iciUia) libri nuniinit ,
ejusdemquc scribendi occasioncm insinuai in Epistolà
75, ad Jubaianum, ad fmem, ibique pariter modeslise
etraansuetudinis pnvclarum edit argumentum : « Mos,
i inquit, qu;intiim in nobis e.-.t, proplor ba-relicos
« cum collegis et cocpiscopis noslris non contendi-
«mus, cum quibus divinam concordiam et domini-
i cam pacem lenemus, maxime cùm cl Aposlolus
€ dicat, 1 Cor. H , 16 : Si quis aulcm pulctur csst
< contenliosus , nos talent consucludincm non habemus ,
i neque Ecclesia Dei ; servatur à nobis patienter et fu'
« miter cliarilas animi , collcyii lionor , vinculum fidei ,
( et concordia sacerdotii : proptcr hoc etiam litellum
i de Bono patientiœ, quanliim valuit nostra mcdiocritas,
« j>crmitlente Domino et inspirante , conscripsimus ,
« quem ad te pro mutuà dilcctione Iransmisimus. >
Poslea ne iiularolnr Uomano Ponliûci acquiescorc,
aut ejus vinci aucloritalc, cui falsè credebat divinam
esse conlrariam , novum hoc ipso anno 250 , ad ka-
Icndasseplcmbris, niajori quàm aniehàc celebrilalc»
soiiiom cl oc-toginla cpiscoporum Carlhagine coegit
J379 DE RE SACRAMENTARIA. -
concilium , ex provinciis Africâ , Nuraidià et Mauri-
taniâ , cui ctiam magnus numerus presbyteroruni ot
diaconornm , cuu) plcbis maxiiiià parte, inlerruit. Hic
poslquàm lectœ sunt Cypiiani et Jubaiaiii rociprocic
liltcraî, ila Cypriantis pra-fatus est :
j Audîstis (1) , collègue dileclissimi , quid mihi Ju-
t baiamis coepiscopus noster scripserit , consulens
i nicdiocrilatem noslram de illicilo et profano liœreli-
« corum Baptibiiio, et quid ego ei rescripseiiin, cen-
« sens scilicet quod scmel atque ilerùm cl sa-pè cen-
ï suimus, hœrelicos ad Ecclcsiam venientes, Ecclesire
« Baptismo baptizari et sanclificari opoiterc; item
f Iccla; sunt vobisetali;« Jubaiani litlcrne, qiiil)us pro
« siu\ sincerà et religiosà devolionc ad Epislolam no-
DE SACRAMENTIS IN GENERE. iô80
' manoc prcsbytcniin de Baptismo scriplâjCiijus insigne
fragnicntiini Eusebius bislorite suac inlexuit : i lllud,
I iii([iiil,apud Eusebiiiiu, llist. lib. 7, cap. 7, prictcrea
« (lidici, non ab Afris solis bunc nioieni mine priniùm
< invccluin fuisse, scd et nuillô anlca , supeiiorum
t episcoporum lemporibus , in Ecclesiis populosissi-
« mis , et in conciliis fiatrum apud Iconinm et Synna-
« da , et apud alios plunnios idem sanciluni luissc,
« quorum senlenlias et statuta subvcrterc , cosipie ad
« jurgia et conlentiones excilare e(piidcm nolini :
« scriptum est enim , Prov. 22, 28 : Noncomniulabis
« lerminos proximi lui , quos parentes tiii conslitne-
I runl. t Iconiensis verô meiilionem facit Firmilianiis
Caîsareie in Cappadocià episeopus, in Epislolà ad S.
t slram rescribens , non tantùm conscnsil, scd eliam Cyprianum, inter Epist. Cypr. 75, bis verbis : « Hare-
« insiruclam se esse gralias egit : superest ul de bàc
« ipsà re singuli quid sentianuis , proleramus , nemi-
« nem judicaulcs, aut à jure communionis aliquem ,
« sidiversum senserit , amoventes , neque enim qiiis-
« quam noslrûm episcopum se esse episcoporum con-
d slituit, aut lyrannico lervore ad obsequendi neces-
« sitatcm coliegas suos adiL,'il, quando liabeat omnis
< episeopus , pro licentiâ libertatis et potestaiis sulc ,
f arbilrium proprium,tànique judicari ab alio non pos-
« sit, quàm nec ipsepolest judicare; sed exspcctemus
j universi judicium Domini nostri Jesu Chrisli, qui
4 unus et soins habel polcslateni et pra^ponendi nos in
a Ecclesiœ suai gubcrnalionc , et de aclu nostro judi-
« candi. »
Quod ubi est prceloculiis, dixerunt omnes sigillatim
episcopi, de more , sentcnliam , et nec unus repertus
est, qui ab anticipait opinione retcsscrit , quin imù
Baplisma quod dant bœrelici et scbismaiici, non esse
verum Chrii^t^ Baptisma, coulortis bine iudc Scriptu-
rarum teslimoniis (quaî pravo sanè sessu intelligebanl)
et fulilium argumentorum çircuilu, suo quisquc ordi-
ne confirmare conati sunl, alqne ila error malo Agrip-
pini exemplo primùm induclus , omnium per Afriiam
jiopulorum et saccrdotum , 0)a mentesque pervasil ,
viamque sibi latissimè evagandi aperuii.
Neque malorum bic fuit linis : diJm enim bxc gc-
runlur in Africâ , novi motus in Cappadocià, Cilicià ,
et finilimis Orientis regionibus excilali , parùm abfuit
quin magnum discordiœ ignem acccndcrenl; tcneban-
lur ilhx^, non sccùs ac Afrorum provinciie, pravo more
rebaptizandi , qui ulrùm iude in Africam, aut ex Afri-
câ in Aslam fueril inductus, vel casu ab ntrisque ,
nullo consilio communicalo, susçeplus, iiicertum;
quidquid sit, certum sanè est, aliquantô anle illam
quam pra>diximus Stcpbani et Cypriaiii conlenlioncm,
irt Phrygiâ , provincià Asiic minoris , duo celebrata
fuisse concilia , Iconiense et Synnadensc , in quibus
plurium concentu episcoporum dcclaralum est, qui ex
quâlibelhacrcsi converlcrcnlur Baptismo esse purgan-
dos. Utriusque diserte meminit Dionysius Aloxnndri-
nus , in lerliâ epistolà ad Pbilemonem Ecclesiac Ro-
(1) \ide inleropcra S. Cvpr., edit. Rigallii, pag.
'■im.
28'
« lico, inquit, sicut ordinare non licet, nec manum
a imponere , ita nec bapiizare, nec quidquam sanclc
« nec spirilualitcr gcrere, (piando aliciius sit à spiri-
« tali et deilicà sanctilale, quod totum nos janipvidem
« in Icouio, qui Phrygiic locus est, collecti in unum,
« conveiiieniibus ex Galaiià et Cilicià, et cscteris pro-
i ximis regionibus , confirmavimus lencndum conlra
« bœreticos lirniiter et viiidicandum , cùm à quibus-
« dam de istà re dubilarctur. »
Quibus quidem testimoniis vel Icviter peusilalis,
illi mibi videnlur graviter allucinari, qui pulant haec
duo concilia non ante annum Stepbani sccuiidum (slve
ducentcsimus quinquagcsimus oclavus , ul Baronio et
Binio placet, sive ex aliorum senlenliâ fuerit ducen-
tcsimus quinquagcsimus sexlus) , esse celebrata, quod
sanè non video quatcnùs constare cum ratione tom-
porum possit : nam scripsit ad Cyprianum Firmilia-
nus , postquàm pervulgala fuerai r»omanœ Ecclesi;ie
cum Africanâ de Baptismo hserclicorum disceptatio :
porrô illud non contigit ante annum Slepliani secun-
dum ; cùm ergo verbis minime ambiguis asscrat, jam-
pridem qu;cstionem banc in Iconicnsi concilie esse
resolulam , fateri compcUimur , synodum banc aliquot
saltem annis Afrorum cum Slepbano conlroversiam
prœcessisse; nam quomodo pridem factum dici pos-
sct , quod codem lemporc, unà aut altéra, [lus minus,
bebdomadc contigisset? est et alterum in càdem Fir-
noiliani epistolà , ejusdcm rei ccrlissimum argumen-
tum : cùm enim S. Stepiianus contra S. Cyprianum
antiquam consucludinem EcclcsUc indcsinenler urgc-
rct , rcponit Firmilianus valcrc quidem adversùs Al'ros
boc argmiienlun), al conlra Orientales nullius roboris
esse, quos ab antiquo, rcdeunles ab bscrcsi bapli-
zâsso , Iconiensis concilii auctoritate demonslrat : '
« Adversîis Stepbanum , inquil in epist. 75 Cyi)ria-
(! ni , vos diccre Afri potcstis , cognità veritate erro-
î rem vos consuetudinis reliquisse ; ca;terùm nos ve-
1 ritali et consuetudinem jungimus , et consuctudini
< Romanorum consuetudinem, sed veritatis, opponi-
« mus, ab initio boc tencntcs , quod à Cbrislo et ab
« apostolis tradilum est : nec meminimus, boc apud
« nos aliquando cœpissc, cùm scmper islic observa-
« tum sit, ul non nisi unam Dci Ecclcsiam nôssemas,
« cl sanctum Baptisma non nisi sanclcc Eccicsiœ coni--
1381 QUiEST. Vil. DE MINISTRIS SACRAMENTORUM.
< putaremus : piano quoniain quidam de coruin [
€ Baplismo dubilabaiU, qui etsi novos piopliclas rcci-
c piunt (Moula iiist3c),cosdcin laiiicii Patrcm cl Eiliurii
< nôsse nobiscum vidcnlur, plurinii simul convciilcn-
t les in Iconio diligeiilissiniù Iratlavinuis , cl conlir-
I maviniusrepudianduniosseoninc oninino Haptisnia,
« qnod sit exlra Ecclesiani constilnlnni, » Mnllô ergo
anieqnàm nala essct Ronianorum oiini Afiis conlcn-
lio, falsain liane doclrinani ali(iui Orientales tenebaiil;
nec niediocriler asserlioncm banc adjuvat piaiaudala
Dionysii Alexandrin! ad Pbilenioncnicpislola : i Uliid,
i inqiiil, prxlerea didici , non ab Afris solis liunc mo-
< rem nunc primùm invccinm fuisse, sed cl niullo
< antca , snpcriornm cpiscoporum Icniporibus, in Ec-
< clesiis populosissiniis , cl in conciliis fralrun» apud
« Iconiiim cl Synnada, cl apnd alios plurimos idem
« sancilum fuisse, > eic. Quocirca Jacobo Pamclio,
in Viià Cypriani, Naiali Alexandre, Ilisl. sec. 5, 1 p.,
c. 5, an. 5 , § 2, et aliis asseniiri non possunius,
qui volunt bœc duo orienlalium concilia eodem icm-
pore babila , que suas Cartbagine synodes S. Cypria-
nus; cui tempori debeant assigiiari , nostram ingcnuè
ignoranliam , silenle anliquà hislorià, profilcbimnr;
probabilis quideni conjeclura Henrici Yalesii , in nolis
adc. 7, lib. 7 Hist. Euscbii, opinanlis Iconiensem
synoduni sub exlrema lempora Alexandri Severi
(anno circiter ducenlesimo decimo), colleclam videri :
quo tcmpore Firmilianus ad Cxsariensis Ecclesia; epi-
scopalum, Eusebio Icsle, Hist. lib. G, c. 16, promo-
tus fuerat ; conjeclura lamen est, nec ad ccrliludinem
usque perlingit.
Jam ulcursura bisloriac tcneam , rcdeo ad Slcpba-
num : hic prseler epislolam ad Cyprianum et episco-
pos Afric», de quâ supcriùs dixi , aliam insuper scri-
pserat ad Orientales , cujus bxc summa erat , paceni
se cum iisdena rupiuriim , si in prislinâ rebaptizandi
senleniiâ pernianerent. IIujus rei apud Ensebium
fidem facit Dionysius Alexandrinus in epislolà ad
Sixluni Stephani successorem. « Aniea quidem , in-
« quit Eus., Hist. Ec. lib. 7, c. 5, litlcras scripserat
« de Heleno et de Firmiliano, de omnibus deniquc sa-
« cerdotibus, per Ciliciam, Cappadociam, cunciasquc
t (inilimasprovinciasconslilulis; sese ob cara causam
i ab illoruni communionc discessurum, quùd bLcrcli-
I cos rebaplizarent. »
Quod ubi nuntiatum est Cypriano, Firmilianum
propcravit per epislolam coiivenirc , credo, ut in
communi mcerorc suo , aliqnid ulrique afferrclur per
rommercium lillerarum soialii , alque cliam ul nova
Africce lux, ad eani quam pulabal vcrilalcm iilusuan-
dam , ab Oriente venircl: annuit volis cjus Firmilia-
mis : lilteras enim rcscripsit, tum proni erga euni
obscquii , lum cxulceraii adversùs Slei>hannm anirai ,
tum in adstrucndo errore plcnœ concordix testes.
lAcccpimus, inquit in epist. 75, inlcr Cypr. per
< Rogalianum cbarissinnnn noslrum diaconum à vobis
« missuni, lilteras quas ad nos fecisli, frater dileclis-
4 sime , et gralias propter hoc Domino niaxiinas cgi-
( mus, qnôd coniigerit ul qui corpore ab mviccni sc-
1582
j paramur, sic spnilu aduncnnir, quasi non unani
« lantùm rogioncm JcniMiles , sed in ipsâ alque in eà-
( dcm donio sinud iidial)ilanlcs.... cum magnâ la-liliù
< cxullavimns, et Deo gralias cgimus,quia invenimus
1 in fralribus noslris lam longé posilis lanlam nobis-
t t um (idei et verilalis unanimilalcm.... nos vero ea
« quicàvobis sciipla sunl, quasi noslra propria susci-
« piinus, nec in iranscursu leginius, sed s;cpè repc-
« lila memori;c mandavimus. » Deindeposlquàm pnc-
misil non possc Monlanislarum vatidum esse Bapli-
smum , sic proscqwilur. « Sed elciclcri quiquc luerc-
« lici , inquil, si se ab Ecclesià Dei scidcrinl, nibil
« babere polcslalis aut graliai possunl, quando onuiis
i poleslas et gralia in Ecclesià conslilula sil, ubi pra;-
j sident majores nalu , qui et bapli/andi cl maiinm
« iiiiponendi cl ordinandi possidcnt poleslalem. Ibc-
< relico enim sicul ordinare non licel , î.ec mamim
< imponcre , ila nec baplizare , nec quidquam sariclè
t nec spirilualiler gerere , quando alienus sil à spiri-
i lali cl dcificà sanclilalc, quod lolum nos janipridem
i in Iconio «ul PUrygiai locus est, collccti in mium,
« convenieriinisj; t"^ v 'M-aUei t» U.acia. Jl cateris jiro-
« ximis rcgionibus confirmaviiiius icnendum cnnlra
« hxrelicos firmiler cl vindicandum , cùm à quibus-
« dam de isià re dubiiarelur. ... Apostoli mandata et
i monila salularia {de scrvcinclà ImmUiUde , lenitate et
i unilate spiiitùs in coiijuuclione pac'is) quam diligenter
( Slepbanus implcvil, Immililatem sensûs et lenila-
« lem primo in loco servans ! Quid enim bumilius aut
€ lenius , quàm cum lot episcopis per totum mundum
j diisensisse , paccm cum singulis vario discordiai
d génère runipculem , modo cum Orietiialibus, quod
« nec vos lalerc conlidimus, modo vobiscum qui in
« meridie estis? A quitus légales episcopos paiienier
< salis et leniter susecpil , ul cos nec ad scrmonem
« saliem colloquii comnmnis admitlercl, adlmc insu-
d per diieclionis el charilalis memor prœciperet fia-
a lernilali univers.T;, ne quis cos in domum suam re~
« ciperet , ut venienlibus non solùm pax et comniu-
« iiio, i-ed et lotlum el bospiiium negarelur; hoc est,
( scrvâssc unilatem sj-irilùs in coujunclione pacis ,
« abscindere se à cliarilale, et alienum se per onmia
1 fralribus lacère, et contra Sacramenlum et li-
« (1cm , contumacis furore discordiie, rcbollare..., et
i propter ha;reticos asserendos, fralcrnilatem scin-
«dere, insuper et Cyprianum, pseudochristum ,
« et pseudoapostolum , cl dolosum operarium di-
« cere ? »
Ha^c et pleraque alla, nec minus acerba Firmiliani
cpislola continct, quai légère quisque in fonte poleril;
nos enim ea lubenti animo pra>lerimus, ne dùm im-
prudenti;c cjus el audaciai meminimus, longiorem
lectori molesliam inferamus ; ilaque ctrlum csl,ha-
buisse crrorem rebaplizanlium eà aîlale multos magni
uominis defensoros : iiam in Africà , duce Cypriano,
ouiuiiim Mauritaiii;e, Numidi.e , el provinciiC Africc
autislilum ad illum assercndum conspiratio fuit ; inter
quos pleriquc confcssionis Cbrisli el tolerali pro lide
uiariyrii glorià illustres numcranltir ; in Oricnle vcrô,
1185 DE UE SACRAMENTARIA.
prxter FirmilianuinCscsareae metropolitanum, qui pro- i
pler cxccllonlia nierila Anliocliciio dcinceps contra
Pauliiin Samosatenuiii concilia piu'luit, et à Palribiis
soeiindi concilii, utique Antiocheni,beatx'recordationis
vir csl appcllatus, Euseb., Hist. Eccl. lib. 1 , c. 50, quin-
qiinginla ad minus episcopi eidem causai sunt patro-
cinali , quos ex Cappadociâ, Cilicià , Galaliâ, et
fuiilimis regionibus Iconium conveiiissc ex historià
ccclcsiasticâ cerluni est, ipseque S. Auguslinusl'atetur,
1. 5 contra Cresc. ; nec prœtereundus niagiuis illc
Dionysius Alexandrinns, queni cerlum est Fiiiniliano
et Al'ricanis episcopis adhocsisse , ut constat ex ejus
cpislolis jam cilatis : Dionysio plures ali(»s alii, tum
cjusdeni, tuni sequenlis œtatis, adjungunt, in quibus
non infimum habctlocuni S. Basilius Magnus, In Ep.
Canon, ad Amphil. 1 et 2. {
De liàc lani celebri querelâ sic loquitur Yinccntius
Liiinensis in Comnionilorio, cap. 10 : f Sed lortè,
a inquit , tune ipsi novilise adinvenlioni patrociiiia
< defuerunt; imô verô rara \is ingenii adf'uit , tanla
9 eloquenlia; lîumina , tantus asseitorum numerus,
c lanta veri similitudo, tanta divinie Icgis oracula, scd
i plané novo ac malo more intellecta , ut milii oniiiis
< ista conspiratio nuUomodo destrui potuisse videatur,
« nisi sola lanti moliminis causam ipsa illa suscepta ,
1 ipsa defensa , ipsa laudata novilalis profcssio desti-
« luisset ; postremù ipsius Africani concilii sive dccreti
« quaï vires? donantc Deo nullai; scd universa tan-
« quàni somnia, tanquàra superflua abolila, anliquata, |
< calcata sunt ; » et cap. proccedentc : i Quis ergo i
i tune universiuegotii exilus? Quisulique, nisi usi-
« tatus et solitus? Retcnia est scilicet anliquilas,
« explosa novitas. » Quod eo demùm tempore feliciler
conligit , quo quœslionis hujus veritas cliquala et de-
clarata per plcnarium concilium solidala csl, et ad
omnium agnitionem perducta.
Jam verù ut modis omnibus dogma catholicum vin-
ilicotur, sit
§ 2. Error Rebaplizaiitium rcfututur, shnulquc ostendi-
lur Socramciila rilu cvamjciuo consccrula, neque
liœresi, ncquc schismate posseirr'Ua ficri.
Fidci ista doclrina est, anticpiilùs tradila , et denuô
in Tridenlino concilio conlirniala, scss. 7, can. 4, de
I3apt., liis verbis : « Si quis dixerit Baptisnmm , qui
« cliam datur ab h;vrelicis in noniine Patris cl Filii et
« Spirilùs sancli , cum inleiitione facicndi quod facit
« Ecclesia, non esse vcruni baptismum, anathcma
(1 sit; j quod verù de Baplismo diclum, débet pariter
de reliquis Sacrameiitis, ex Ecclesiui mente, inlel-
ligi (1).
(1) Cerlissimum quideni est aiia Sacramcnla, non
iiiagis quiun Baplisnuiin ossc invalida , prircisè ob
lidci delccluin ; ciim tamcu nulla luicus(nie prodiit
eà de rc expressa Ecclcsia> detinilio, dici nequit id ad
lidem pertniere ; concUisio cniiii ex monte Ecclesi^fi
deducta à nemine dari polest velut dognia lidei.
Ilic aulcm quaM'i polcslqiiarc concilitim Tridoiitiriimi
suam delinitionem ullra Bapîismiun non extondorit.
— Uesp. : Duplex aU'erri solet causa : l'rim.' est ne
concilium viderctur nogarc polestalem iiulirt-ctam
quam Ecclesia procul dubio iiabct iii materiam Sa-
DE SACRAMENTIS IN GENERE.
4184
Quoniam volumus de divinis dogmatibus, quoad
quidcm fiori potcst, perspicuè loqui, œquumcst, ut in
limine scnsum doctrine catholicai aperiamus : itaquo
cramcnlorum Pœnitentiae et Malrimonii , et vi cujus
el'licure potesl ut (ides in ministre sit indirecte neces-
saria ; secuiuia verù est ne viderctur condcnmare
quosdani tlieologoscalliolicos, quinonnidla aiia Sacra-
mcnta nuila esse docueranl , si à ministris lucreiicis
conleranlur. Aiidialur doctissimus liaberl lias duas
ralionos paulù lusiiis exponens , cap. 14, quicr.
2° « Qiiare , iiiqiiit, Tridentinum... solius ministri
i Baptismilnieminit? — Resp. r'qoia Sacramcnta Pœni-
< iciiliai et Malrimonii , cùm consistant in materiâ
< niorali , spociali modo subjacciit Ecclesiaî disposi-
« tioni. EiiinivcrôSacramenluniPœnileiitia;inslilulum
li esl por modiim jiidicii, quod sanè cstqnid morale :
« ad judicium aulein cxercendum inprimis jurisdiclio
« ila necessaria est minislro tanqiiàm judici , ul sine
« eâ absolulionis scnlentiam validé non ferai, liane
« autem jurisdictioiicm coiiierre vel denegare prorsùs
i est peiiés Ecclesiam. Unde si bœrelico minislro
« eamdencgct, vel jam concessam revocet , verum
3 crit dicere sacerdolem siiie iide Sacramenlum
« Pœnileiiliic minislrare non posse. Siniilitcr nialri-
i moninm est specics quœdam conlraclùs , qui ut
i vaiïdus sit roquiruntur certtc soicmnitates ab
« Ecclesia dciermiiiatic vel detcrminandae : sicut
« ergo Ecclesia sanxil nnllimi esse ejutftiiodi con-
« Iractum inler consanguineos , v. g , in quarto
« gradii, ila sancire poiesl irritum l'ore, si catholicus
« cum bierelicisconlraliat, sicque necessaria erit lides
9 ad malrimoniinn cclobrandum. Kesp. 2" quia non-
« nuUi tlieologi docent Sacrauienta Conlirmationis
i et Ordiiiis consislere in rilu morali, ac proinde
<i Ecclesiam posse (piasdam condiliones apponcre,
« puta lidem et probilatem in minislro, sine quibus
« Sacramenta illa iirila erunt; suamque seutenliam
< probant auclorilate nuiltorum conciliorum, in quibus
« staluilur baptizatos ab ba-reticis, atque ideô confir-
« malos, ciuuanliquilùs Baptisma el Conlirmatiosinml
« administrarcntur, si ad Ecclesiam rcdeanl , reci-
« piendos esse cum manuum impositione et unctionc,
< quod secundùm illos iheologos Sacramenlum Con-
4 ihmalionis désignai, lia feré Maldonalus societalis
e Jcsu , q. 1 de t.onlirmatione, et Joannes Morinus
« congregationis Oralorii , lib. 1) de Pœnil., cap. II.
« Item ordinatos ab ha-relicis , schismaticis et Simo-
« niacis, plura concilia non agnoscunl lanquàm sacer-
« dotes aut cpiscopos, nisi priiis manuum impositioni
« subjicianlur (hoc est, ut inlerprclalur laudatus
« Morinus exercitationc 4 de sacris Ordinalionibos ,
« cl), nisi iterùm ordinentur ; et ad suam sentcnliani
Il conlirmandam , profcrt aucîorilatcm onuiium l'eré
i canonislarum , et plinium tlieologorum , praisorliin
« verô Magislri Senlenliarum , iii 4, dist. 15, Potri
i Piclaviensis; lib 5 Senlenliarum, cap. 15 : iniô duo
« illi t'iieologi cum llugone Victorino in Sununâ, tracl.
« G, cap. 9, ceiisuorunt Eucliarisliam ab liaircticis aut
« excounnunicatis non posse confici , utpote quœ sit
« signum unionis, quam soivunt lifcrctici et excom-
« municati. ilanc autem posteriorem sentcntiam ,
< utpote singularem, sat ex se ruituram, quin jamdu-
« dùm cxlinctam Tridentinum noglcxit : satis(iue ci
« visum est docere, scss. 22, cap. 1, bosliam, qua^ in
€ altari olïertur , MuUà indignilale aut malitiâ oU'e-
« renlium in(iuinari posse,
« Ex his i)alct, salvà fidc, posse dici bicrcticum ,
« excommunicatum, et impium minislrum nonnulhi
a Sacramcnta conlicere non posse ; cùm onines Ca-
« Ibolici id fateantur de lucreticis et excommunicalis
"I non lolcratis , quoad Sacramenlum Pœnilcnlia; ,
d proplor ralioncs mox allalas.
1 Licét aulcm opinio cilatorum iheologorum , qui
a proposilionem ad Conliriuiitionis et Ordinalionis
< Sacramcnla exlondunt, lundamento careal, Tridcn-
158S
QU,€ST. \1I. DF MINISTIUS SACUAMENTOKUM.
i386
1" Loquimur de Sacramciilis ritii cvangelico con- W < disiiiignebatur SacranieiUum ab cffcclii , vel usu
Sccralis, qiiibiis niniirùin iicqiie iiialeria dccsl , iiequc
forma à Cliiislopra'scripla ; ciimeiiim alloruliA pnrle
neyiccu'i, aiit corniplà iii^i^'iiilor, S;u rameiiUmi slare
noqucal, non jani ropclilio est, si de novo conferalur,
tujus vana imago piLCCcssorit.
2" Sacramcnla, ui ex pra'diclis constat , liabilà
ralione cirecluiim , iii diiplici ordino coiilineiiUir ;
qtiadam eiiim solam graliam, alla pneler graliam
confeniiil iiliiine cliaraclerem.
3° Quia cliaracler est in numéro gratiarum, quas
gratias datas appcllant, ne(|ue , ul inligatur, ullam in
sidijeolo, mullùi|uc minus in niinislro , sanolilatem
aiit aniiui privparationein praM'C(piiril, liinc tcnel
Ecclesia, àqiiocumque laiia Sacramenta siiscipianlur,
reverà hune efieclum eonsequi ; alqiic adcô debere
quidem errorem deinceps conigi, ut prodesse inci-
piant ad anima; sanclilalem , sed non conlinuù esse
i Sacranjenti ; et quia cjus cffectus at(pie usus in
i liix'ralione à peccatis et cordis rectiludiiie apud
( iKereticos non iiivcniebatur, ipsum qiKxjue Sacia-
« mcnluni non illie esse pulabalur. » Ilis pr;enola-
tis, sit
PnODATio i>niMA , ex perpcluà catliolicœ Ecclesiœ
consueludinc.
Efricacissimum est arguntcnlum quod pclitnr ex
perpoluo omnique omnium memorià aiiliiiuiorc Ec-
clesia; more, nam observatioiiis perseveraiilia, probalce
tradilionis idonea leslis est, ul docet Tertuliianus, lib.
de Cor. mililis : è contrario vcro idcn) est erroris et
novilalis redargui ; atqiii consueludinem non rebapli-
zandi à quàcumipic bitresi venientcs, niodù foris ex-
tra Eoclesiam ritu evaiigelico lii.cli essenl, ;etale san-
cti Cy|>riani Icnebat Ecclesia universa, cujus inilium
non potorat nisi ab aposlolicis lomporibus repeli ; C(m-
Sacramenla ileranda : non enim ideo débet curari i Ira autem conslaiwt, legem rebapiizandi de novo
quod sanum est, quia romedio indiget quod est vulne-
ralum.
4° Quanlùm ad graliam spécial, rursùm distinclione
opns est : vel enim Sacramenta conferuntur infanti-
bus, vel aduliis.
Si inlanlibus, citra dubiuni est, graliam simul cum
characlere infimdi.quia in quàlibel hiievcsiaut f\ictionc
schismalis infans baplizelur, cùm niillum obicem
niala; volunlatis oppoiiat, nequc erroris sil particeps,
Sacramenti elïecUi defraudari profeclù non polest.
Si vero de adultis agatur, ilerùni distinguinius :
nam vel boni fuie, et sine ullo sciiismalis aut li;ercsis
commercio, al» bomine b.Treticoel scbisn)alico aliquis
baplizalnr, alqueadeô tolumrecipitBaptisnii elTecliim,
non modo quanlùm ad cliaraclerem, sed etiam quan-
tum ad graiiae beneficium; vide S. Aug., lib. 1 de
Baplis. cont. Don., cap. 2. : vel lixresi et scliismali
jpsc conscnsit : sicque graliam quidem Sacramenti
non consequitur, sed recipittamen Sacramenlum.
IlaicqueS. Cypriani, et cum eo senlienliumepisco-
porum perpétua allucinatio fuit , quèd non distinguè-
rent Sacramenlum ab eiïcclu Sacramenti , ideôque
pularent, non posse in brcrosi aut scbismate Sacra-
menlum percipi, (juia gralia percipi ibi non potest.
f Non ob alind , inquit S. Auguslinus, lib. G, conlra
< Donat. cap. l.illis temporibus, quandoista quœslio,
f contra veterem consueludinem , dispnlaiionibns ,
f salvà charitatc atque unilale, altercanlibus disculie-
< batur , visum est quibusdam cliam egregiis viris
t antistitibus Cbristi, inlcr quosprccipuc bealusCy-
t prianus eniinebat , non esse posse apud hx'relicos
I vel schismaticos lîaptismum Cbristi , nisi quia non
t tinnm tamon illam reliqiiit inlactam , maxime cùm
< il'i ibeniof^i in dogmale callioiicocoiivcnianl, iiompe
< ex insliliilione Cliristi, delectum pielalis et lidei in
f niinislro non nocere verilati Sacramentorum , sed
t ex solà Ecclesia; dispositionc ; qu;c disposilio cùm
» non possil babcre locum circa Haplisniiim , ( iiiiis
I minislri exlraordinarii possnnt esse non scdùm lia;-
< relici ab Ecclesia priccisi. sed eliam pagani, de solo
t Baptismo expresse concilium rem deliniii. »
(Edil.)
TR. XX.
fuisse paucis abliinc annis, in Africà ab Agrippino, in
Oriente à quibusdam barum partium episcopis, contra
mores et insliluia majorum invcclam ; quôd sic per
partes declaralur.
Probalio primœ partis.
Et de prima quidem dubium nulium est, nisi veli-
mus Paires anliquos ndlaci;e et niendacii accusarc ;
illi enim ut Cypriani ejusque similium dotlrinam re-
felierent, ad solam penè provocabant conlrarii do-
gmatis vetustalem, nullunniue validius argumenluni
urgebant. « Si quis ergo, inquiebat S. Stephanus in dc-
< creto conlra Africanos lato, à quâcumque lueresi
« venerit ad nos, niliil innovelur nisi quod tradiluni
« est, ut mamis illi imponatur in pœnilenliam ; cùm
« el ipsi baeretici proprié, alienilrum ad se venientes
« non baptizent, sed communicent tantùm; » quasi
nimirùm diceret : Tarn allas egit radiées non rebapii-
zandi tradilio, tanlâque est ab omnibus veneralione
suscepta, ut ne ipsi quidem hteretici audeant illam in-
friiigere, sed in iis qui ad sese muliiù veniuni, regale
signum agnoscant;quantô ergo niagis debemus nos
Catbolici , redeunles à quàlibet hooresi, sine novo Ba-
plismo suscipere, lantùmque illis imponere nianus in
pœnitenliam?
Eademqnc aliorum persuasio fuit : ila sanc lesla-
tur S. Ilieronynius apertissimè in dialogo advcrsùs
Luciferianos : i Henique, inquit, il!i i|)si cpiscopi qui
t rebaplizandos lia;relicos cum Cy[iriano slaluorant,
I ad antiquam consueludinem rcvoUiti, novum emi-
< sère decrelum : quid facinius ? lia et nobis majores
< noslri, et illis siii tradidère majores. >
Et Vinccnlius Lirinensis in hoc vcrè aurco conlra
liccreses libello, cap. 9 : t Quondam igitur, inquil, ve-
« ncrabilis memoria; Agrippinus Carlliagincnsis epi-
i scopus, primus omnium morlalium contra divinnm
« canonem , contra nniversalis EcclosiiC rcgtilam ,
i conlra sensnm omnium consacerdoium, conlra mo-
i rem ac insliiula majorum, rebaplizandum esse ccn-
< sebat : quœ pr.tsumptio laniùm mali invexit, ut
i non solùmhîcreticis omnibus formara sacrilegii, sed
44
158t
DE RE SACftAMENTAniA. — DE SACRAMENTIS IN (ÏENEîVE.
Î588
eliam quibusdam ca'holicis occasionem prœbuerit ^ Prscterea, hoc ipso consiieiiido aliqua novitatis con-
I errons. »
Sed omnium praeclarissimè S. Auguslinus, in suis
passim conlra Donalistas operibus : sic libro secundo
de Bnpt., cap. 7 : « Noiitc ergo, iiiqnit, nobis aiiclori-
d laloin objicore Cypriani ad Ba|)tisn)i icpolilioncni,
« scd icnele nobiscuin exemplum Cypriani ad iinilalis
« conscrvaiionem ; nondiim cnini cral diligenlcr illa
< Haplismi qu.Tcslio pcrlraciata, sed lainen saluberri- i
€ niani consiieUidinem lonebai Ecclcsia, in ipsisfpio- i
t (pio scbisniaticisel iuiTcticis corrigerc quod pravuiii
t csl, non iterare quod dalum est; sanare quod vnl-
I neraluni est, non curare quod sanum csl; qnam con-
« suctudineni credo ex ap;islulicà Iraditione venien-
€ leiu, sicul niulta qua) non inveniunlur in litleris eo-
« Yuni, neque in coiiciliis posterioruni, et lamon quia
t pcr universam custodiuniur Ecclesiani, non nisi ab
« ipsis tradita cl commendala credunlur. Ilanc crgo
« saluberrimani consucludinem pcr A'grippimini pr;-e-
< decessoren) sunm dicil S. Cypriaiius quasi cœpisse
« corrigi ; sed sicut diligcnliùs inquisila verilas do-
i cuit, quic post niaguos dubilalionis fluclus ad pie- 'i
< narii cuncilii confirnialiouem perducia est, veriùs
« credilur por Agrippinuni corrunipi cœpisse, non cor-
« risi. j
' El ibidem, capitc 9 : i Consucludinis robore, in-
' « quit, tencbaturorbis lorraruin, et ba;c sola oppone-
« batur induccre volcnlibus novilalem, quia non po-
« lerant apprebenderevcrilalem ... banc aulem fuisse
( consucludinem Ecclesiic, qu;c postca, niultis discus-
< sis ambagibus, pcrspeclà veritalc, plenario concilio
« confirniata est, salis osteiidiUir cl ipsius bcali Cy-
I priani vcrl)is in eâdcm ad Jiibaianum epislolà, (pi;c
« in concilio lecla commemoralur : aitenim : Scddi-
€ cel alhjuis : Quid ergo fiel de us qui in prœlcritum de
< liœresi ad Ecclesiam venienles, sine BaptisDio adniissi
(t sH/i^.'lJbi cerlè quid licri solcrcl, elsi non fieri rei-
< let, salis oslendit; el eoipsoquôd concilium Agrip-
« pini commémorai, aperiè indical fuisse aliam co ;-
i sucludinem Ecciesiic : neque enim opus erat hoc
I concilio velle staluere, si jam consuetudine leneba-
t iiir, 5 etc.
El deniquc, ul mulla alia pmelcream ejusdcm plané
<cnsùs teslimonia, libro 2 conlra Crosconium Dona-
tislam, cap. 53 : i Hicc consucludo Ecciesi;c, inijuil,
« fuit anle concilium Cypriani : htcc superari cl au-
t ferri non potuit nec concilio Cypriani. > Igilur con-
sueludo non rebaptizandi anliquissima el aposlolica
cral.
Probatio secundœ parus.
De allerà verô parte, cùm necessariô sequalur ex
priore, non opus esi ul multa dicamus : nam quando
in unâ eàdenniue rc consuotudiacs du;c divers;c oc-
currimt, (juarum primani constat ubique genlium ab
oninirelrôaïUiteinviolabililer observaiam. de seconda
non potest aliud, nisi noviiatis, esse judiciuni, atqni
ïion rebaptizandi consueUidincm pcrpetuam cl univer-
salcm fuisse laudati Patres affirmant : merilù ergo no-
vilaiis morem conUarium arguant.
fvi
incitur, qiiôd probalur inslilulionc Ecclcsi.Te mullô
esse rcccntiiir; al(|ui consueludo rebaptizandi, qnam
lerlio seculo Africani et Orientales invebere nervis
omnibus conabanlin-, cral, ipsis fatenlibus, Ecclesi^î
inslitiilioiic rocenlior; nam Cyfirianus quidem cum
suis collegis niiebatur Agrippini, incunle lerlio seculo,
decessoris sui, auctoritaie, ncc anliquius ullum judi-
cium ad causnc sua; defensionem |)roferre valcbal :
« Q lod quidem, iniuiebat epist. 71 ad Quinlum, cl
« Agrii»pinus bonx' mcmori;t vir, cum c;cteris cocpi-
i scopis suis, qui illo lempore in provinciâ Africâ cl
« Numidià Ecclesiam Domini giil)ernabant, statuit, et
c libraîo concilii conununis examine firmavit. » Orien-
tales vcro concilia, Iconicnsc et Synnadense, ad suî
pra'sidinm invocabani, quaî sanè non a;quabant pri-
m;cvan) antiqniialem : « Quod lotum nos janij-ridem,
i ai(;bat Firniilianiis Cyprianoresiribens iuier Episl.
i Cypr. 75, in konio, (pii Plirygi;e locus est, coUcctî
« in unum, conveideiilibus ex Galaiià el Cilicià et cce-
f Icris proximis regionibus, confirniavimiis icnendum
c -contra hierelicos firmiter el vindicandum, cùm à
« (]nibusdam de illà re dnbilaretur : ergo, » etc.
Deiiide, neque hoc verum cral, quod afiirmabat
S. Cyprianus, rebaptizandi morem ab Agrippini tem
poribus in Africanâ Ecclesiâ viginssc : ul enim pra>
clarè aiguil S. Auguslinus, lib. 3 conlra Donalislas,
cap. 12 : « Si permanebat ab Agiippino usque ad Cy-
« priaimm consueludo baptizandi ab ba'relicis venien-
«1 tes, ut quid l'acta suni à Cypriano de hàc re conci-
« lia ? Ul (]uid cidcm Jubaiano dicit non se rem novani
t facereaut repeniinaui,scdab Agrip|)inoconslilulani?
t Cur enim Jubaianus de noviialc inrbaretur, ut cum
« per aucloritaiem Agrippmi sa ari oporterel, si ab
« AgrippinO ad Cyprianum hoc lenebai Ecclesiâ ? Cur
« denique lotejus collega- in concilio dixeruni, ralio-
« nem ac verilalcnj consueludini praponcndan» ; ac
j non poliùs dixennit cos qui aliud faccre vcllenl, et
< contra vcritatem cl contra consuetudinem faccre? >
Ergo, etc.
Prob.vtio II , ex dccrclts conciliorum.
Altcrum ducimus argumentum ex canonibus conci-
i liorum, in (piibus causa isla discussa est el diligen-
lissimè pcrlraciata ; atque in hoc numéro ponimus,
1" Concilium illud plenarium, cujus la.n frequens
apud S. Augnstinum menlio est. in qiio, < pnsl nia-
« gnos,ut ipse bxpiilur, lib. 2 de Baplis.,c. 7, dubi-
« Uilionis fluctus, ad plenam confirmalionem perducia
« verilas esl. Nondùm aulem, ait S. docior ibid.,c. 0,
« facium erat, quia consucludinis robore tenebaïur
« orbis icrrariim, cl ha-c s(da op|)oncbalur inducero
i volcnlibus novilatcni, quia non polcraiil apprcben-
« dcre veriiaiem ; p::slea lamen dùm inter mullos ex
« utràaoe parle traelalnr cl qua^ritiii', mm solùni in-
« venta est, sed eliam ad plenarii concilii auclorila-
« tem roburque perducia, posl Cypriani quidem pas-
« sionem, sed anlequàm nos nali csscmus... muliis-
« que discussis ambagibus , consueludo Ecclcsi;c,
^ perspcctà veritalc., plenario concilio confirmai^
r.89
OUiCST. VU. DE MINIST
< est. » Illiul nntcm cnncirmni qtinli» fiiorit, Arol.ilpnso
aiiNicser)iim,iiiU'rciti(lilosn(m('<iiivoiiil. Vide iiilVa ^4.
2" Coiiciliiim Arcbtoiise priiniiin , iiiiiio 51 i coa-
olimi, il) qno, caiionc 8, sic logimiis difiiiilimi : « De
c Afris, quod propriâ loge sui'i iiliintiir iil rcbaptizcnl,
« [ilacuit lit si ail Kcclosiam aliqiiis de Ikitosï venerit,
< iiilerrogerU ciimsyiiilxdiim, cl si |)crvidciiiil oiiiii in
« Paire cl Filio el Spirilii sanclo cssc baptizaliim,
i niaiins ei tanliim impoiialnr, ut accipiat Spiriluin
I saiiciiim; qiiùd si inlerrugalus , non responderit
f liane Ti'initatcin, baplizeltir. »
5" Coiiciliiim Nica-iuim primiim, anno52j, ex omni-
bus Orieiitis et Occidenlis parlibus convocalum ; vide
Euscbiuin, l. 5 de vilà Conslaiilini, c. G. Ilic enini de
Novalianis, et Pauli Samosaleni discipulis ad Eccle-
siaiii rediunUbus longe dispar fuit senleutia. Novalia-
jiosquippe cum S(»!à nianmiiu inipositione debere re-
cipi, canone 8 dfcrelum est : « De bis, inqniunt Pa-
t très, qui se nominanl calliaros, id est inuiidos, si
I ali(iuando vcnerint ad Ecclesiain catlioiicam, placiiit
« sanclo cl maguo coiieilio, ut ia posilioneni nianûs
< accipieiitcs , sic in clero pormaiieaiil : ? è conlrà
vcro r'auliaiiislas esse denuo baplizandos, canone 19
slaltilum : « De Paulianistis, iiiquiunt, ad Ecclesiam
i catholicani conlugieiiiibus, defiiiltio prolaia est, ut
< baplizcntur oniiiiniodis. »
4" Contilium Laodicenum, adullo quarto seculo ha-
bituai, intcrslilio scilicet tcmporis quod anno 560, ad
annum 570 elfluxit. Vid. Dupiii., nova: Biblioihccre
tom. 2. In boc duo canones obsenandi : septiniusqui-
deni , quo decernilur ha-relicos ad Ecclesiam red-
cunles, boc e^l,^'ovatianos, Pboliiiianos, et Tliessara-
dccatilas, debere ejuratis erroribus recipi , inungi
cbiisinale , et ad sacroruni deinceps niysleriorum
participalionen) adniitti ; octavus verô, quo stricte
pra.-ripiiur, ut qui à Montaiii seclà redierint, deiiuô
bajitizeiitiir.
5" Concilium Capuanum anno 589 babitum, cujus
ha;c celebris dolinitio luit, uti ex codice caiionum
EcclesijpAI'ncanje,can. 48,C()lligilur : Jllud etiam sug-
(jerimus numdalum twbi^, quod ctiam in Capueusi ple-
narià siiuodo vidvlur sUtlutuin, non liccal fieri rebaptiza-
tiones uec reordniattones.
0° Concilium Arelateiisc secundum, medio circiler
quinio seculo coaclum, in quo, canone IC, staluliim
est, Plwl.niauos sive PauHanistas scciindiiin Palriim
stalula baplizari oporli're : canone vero 17 de Bonosia-
cis sic decrelum : liouosiacos aulem ex codent crrore
veuienles, qnos, siciit Miaiios , baplizari in Trinitale
iiianifesliiin est, si inlerrogati (idem noslram ex loto
corde cou fi'ssi fuerinl, cuni chrimnale cl iiiauùs imposi-
tiune in Ecclisià recipi sii(Jiiit.
Jani sic cctraliilur argumcntum : Débet illa do-
clrina tanquàin b;cretica rejici, qiiani saiicii Paires in
diversis Orienlis el Occidenlis conciliis voce unaniini
pnifligàrunt; alqui lalis doclriiia eral eorum qui vole-
b:iiil, venienlfS à (piàliliet b;eiesi debere sine discri-
mine ilerùni baplizari clreliq'.ia Sacramcnla suscipere ;
Conlra eiiini sancilum à Palribu?, mauerc Integra Sa-
RIS SACRAMENTORl.NÎ. 1390
cramentainlitresi el schismate cclebrata, modo con-
starel ritn evangelico data cssc ; bine Novalianorum,
Ariaiiniiim, Domisiacorum, l'Iioliniaiioniin, Thessara
decatilariim, aiidrumqiie Haplisma probatiim ; nequc
alià de causa sancilum Paulianistas corumqùesimiles
debere ilerùm baplizari, quàm quia formarn cvange-
licain ab iis adullerari, et pr.itcr vanam Sacramenli
iimbram niliil pi ;ebcri cerlo sciebalur : ergo, elc.
Tanta saiicto Aiigiistino visa est hujus argiimenti
vis, ni hoc uno se viclum excellcnlissimus doclor af-
(irmel, coque solo vincendum sanclum Cyprianum, si
ojiis a;talequ:«stio Iktc taillis altercalioniim iiebiilis
iiiTolula, ad plenariicoiicilii liiciilenlam illuslralioneiu
conlirinalioncmque perducta foret : Nec nos ipsi, iii-
quil lib. secundo contra Donaiistas, cap. 4, laie ali-
qiiid audercmus asserere, nisi nniversa' Ecclesiœ concor-
dissimà auctorilale firmati , ciii et ipse (Cyprianus)
sine diibio ccderet, si jani illo lempore quœslionis Itiijus
verilas eliq::ala et declariita per plenarium concilium
solïdarelur. Si enini Petrum laudat el prœdicat, ab uno
posteriore collegà palienter concordiierque correclum,
quanlà ciliiis ipse cum concilio provinciœ suœ univerbi
orbis auclorilati, palefaclti veritate, cessisscl?
pROBATio in, ex sanclis Palribus.
Tertio loco est sanctorum Palrum auctoritas, quo-
rum innumerabilcs senlenti;e, nisi res ipsa constaret,
proferri possent ; tantunnnodù aliquos, ne sileamus
omninù, citabiimis :
Siricium, desinenle quarto seculo, et Innoccnlium
primum, quinio ineunle, Ponlifices niaximos, quorum
aller inEpislolà ad IliineriiimTarracnncnsem episco-
pum, cap. 1 : « Prima , inquit, pagina? tu.Te fionte
« signàsli, bnplizalos ab impiis Ariai.is, plurimos ad
t fideni calbiilicam feslinare, et quosdamde fralribus
« nosiris cosdem dennô bapiizare velle; quod non
f licet, cùm bnc fieri et Apnsiolus vetel, et Canones
j conlradicant, et ....missa ad provincias à venerand;«
f niemoriai pncdecessore mco Libcrio generalia dc-
« cn>ta probibcant : qiios nos, cum Novalianis aliis-
< que baM'oticis, siciit est in syiiodo constilulum, pei
« invocalioncni solam sopliformis Spirilûs , opiscopa-
1 lis manùs imposilione calholicorum convenlui so-
« cianius; quod eii;im lotus OriensOccidensque custo-
« dit. » Aller verù in epislolà secundà ad Yiclricium
r>olboniag<'nscm episcopiim cap. 8, deccrnil, ul ve-
nii'nte> è yovtilianis Vi/ ilontcnsibus, per manùs lanliim
inipof>ilioncni suscijnantur : quia , inquit , quamiis ab
hœrelicis, lamen in Clirisli uomine sunl bapiizati.
S. Ilieronymum, in Dialogo conlra Luciferianos ,
cap. 8, ubi errorein ilebaplizanliuin ex professo re-
l'iilat, ipsiiiàquo llilarii Liiciferiani Diaconiconfessione
(loiiKMisiral , à Julio, Malcbo , Sylveslro, el cieleris
veieribus Roinx episcopis , in pœniientiam einnes
lia'relicos, sine novo bapiismo susccplos.
Opiaium Mileviianum in libris conlra Parme-
nianiim.
S. Augusiinum, quo non aliiis graviorôs et majore
cum laudc ad hune causam vindicandani laborcs
susiiiinit ; cujnsque centra Rebaptizanlei^ docliinani
asyi
DE HE SACRAMENTAIUA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
1392
Ecclesia velul suam est amplexaUi, et qiiolquol dcin- ]
ceps Catholici vixerunt scriplores, siiiuniâ coiicordià
propiignârunt.
Ilaque quantuscumque fiierit mimcnis opiscopormn
in Africà et in Asià, qui tertio seciilo coiiliMiiiini
sentiebant, et quanlàlibet sanctilatis, alipic doclrlnie
opinione florucrunl; vel liâc niiâ causa dol)iieriiiil ic-
jici, nierilôque deserlisunt, (juùd coiilra aiili(ni;un
Ecclesiaî doclrinam , ejusque indefedibileui auciori-
taleni pugnarenl : dogma cnini nDviwn boc ipso fun-
ditùs everlilur, quùd novumesse probalur.
Probatio IV, ex theuloijicà ralioiie.
Nec desunt lheologic;B raiiones, quas niagno nu-
méro S. Auguslinus suppeditat.
Ratio prima petitur ex efficaciù SacramcMiorum :
]\^on etiim , inquit S. Doctor lib. 4 contra Crescon.,
c. 16, coruin mentis à quibus mhihlratur nec eornm
quîbiis ministratur , constat Baptismus , scd proprià '
sanctitate alque verUate ,propler eum à quo instimius
est , malè utentibits ad perniciem , benè ntentibus
ad sahitein : ergo in quàcuin(|ue ba^esis aut scbi-
smatis perversiiate dalus fuerit, pro vcro haberi dé-
bet.
Secunda sic proponitnr : Ideô redcunles ab hrcresi
deberenl denuô baptizari, vel iterùm ordinari, quia
Sacramenta extra Ecole. iam snscepla, sunt ba'relico-
rum Sacramenta, non Cbristi ; atqui Baptismus no-
inine Patris, et Filii et Spirilûs Sanctiapud biereticos
consccralus, Cbristi est et Ecclesii« , non i|isorum ;
sicut ordinalio non est hairelicorum , sed Clirisli ;
I Frustra ergo, inquit S. Auguslinus, lib. 1 contra Do-
< nat., cap. 14, iiobis dicunt (ba;rctici), si Baptis-
< muni noslrum acceptalis, quid miiiiis vobis liabe-
< »HMS, ut nobis de vestrà commnnioiie cousitloidiim
« putetis? Respondemus enim: Nos Baplisuiinn ve- :
* slrum accepiamus, quia non est Bapiismus iile
< schismaticorum velbitreticorum,sed DoietEcclcsia',
« ubicumque luerit inventus et quocumque iranshiius ;
« vestruin autem non est, nisi quod pravè seniilis, \
« duos illc baplismos l'acit, qui dicitquia et baîreticis
« lictîl baplizare, cm* non eliam illeduos l'acit, qni di-
( cil (plia cl iniipii baplizanl? Cùm cniin justi et ini-
1 (jui sibi conlrarii sinl , Bapliinus ({uem dant justi
« qualis ciat Paulus.vol cliani qualis erat Oj prianns,
« non est conlrarius Baplismo (|uem dabanl iiiiqui illi
I qui odcrani Paulum, (pios non baireticos, sedmalos
8 catbolicos (lypiianus inlolligil... Sed unus et idem,
« quia ille bapiizat de quo dictum est Joan. 1, 35 :
« Ipse est qui baptizat : » ergo, etc.
Quarla diicilur ex comparalione ba;relicorinn cum
j inalis et llagiliosis qnibu>libet, <iuos vorè Sacramenta
confcrre Cyprianus cuni suis colicgis afiirmabat, cùm
tamen boc ipsum de luvreticis pernegarel. Sic enim
in Cartliagincnsi conc iiio aliquis de Cypriani parte
episcopus dispulabal : Qui liœielicos poteslatcm bapti-
zundi liabere dicil, dicat prius quis hœiesiin condideril :
si enim liœrcsis h Deo est, liabere indulgenliain diviiiam
potcsi; si vcro à Deo non est, qnomodb graliam Dei,
ma hdbcre, uut confcrre iiUcui potest? Privalianus
à Sufclulà; vide apud Cyprianum, edit. Bigallii , p.
285, n. 1!). in conlrarium S. Auguslinus ostcndit,
qiiidquid de Baplismo li;crelicorinn Cyprianus eicpie
l'œdcrati dixerunt, de Baplismo iniquorum dici posse :
ila uldebial ulonpie pari ralioiievcl rejici veladmilti:
I lluic, iniiuil , lib. 0 conl. Douât., c. 20, lolidem
< vcrbis respondcri polesl : Qui maievolos et invidos
« polestati-m baplizandi habere dicil, dicat priùs quis
« malevolcnliam invidiain(|ue condidoril. Si enim n)a-
i levolenlia et invidia à Deo est, liabere cl indulgen-
« liani divinam polesl; si verôà Deo non est, quoniodo
« autgratiamDei habere aut confcrre alicui polesl? Sed
« sicul isla codcm modo dicta manifeslissimèlalsasunt,
« sic ciiam illa (pi;e, ulconvincereiilnr Ikcc, dicta sunt.
« Baplizanl enim malevoli elinvidi, siculconcedilipsc
« Cyprianus, (piia eos eliam inlùs esse lestalur : sic
« ergo possunt eliam iKerclici baptizare; quia bapiis-
i mus Sacramenlum Cbristi est : invidia verô et li:e-
« resis ojjcra diaboli, (pi;e (piisquis babueril non bine
i et impie separamini; > et in serm. ad Ca^sarensis \'\ «eflicit, ulsi babcat Sacramenlum Cbristi, eliam ip-
ceclesiie plebem : < Propler malum quod babeiit ^ « sum nunierelur inler opéra diaboli. s
t (b;erelici scbismalici)non in eisimssiimus perscqui | Et bb. i contra Douai. : i Non ilaque, inquit,
f bona quae agnoscimus; malum enim dissensionis, ] « liarclicorum Baptisma accepiamus, quandoposl eos
< schismatis.bjeresis, malum suum babcnl, bona verô | « "O" baplizanuis; sod quod Clnisli essecognoscimns,
« qu;B in illis agnoscimus, non sunt sua. Domiiii iK.siri j «eliam in nialis bominibus, sive aperlè loris, sive
t babentbona, Ecclesiaî babenl bona ; B;ii)lisnuis non
« super caput ipsorum quando orditianlur episcopi,
< invocatio illa Dei est, non Donali... In crranle et
< deserente n)ilile crimen est descrloiis, cliaracler
« autem non est deserloris, sed iinperaloris ; » «luo-
rum similia sexcenlies repctil ; ergo, de.
Tcrlia buic proxima est; ideù rodcunles ab li;eresi
contendebal Cyprianus debcre ilerùm baptizari, quia,
inquiebat, non licèt hœreticis baptizare; ideô aniem
non licet, quia alioquia duo diversi baplisnii appro-
barentur ; atqui unum onininô Baplisma est,(pi0(l vel
in ba^resi, vel in catbolicà Ecclesia dalur : « Si enim,
1 inqnil S. Auguslinus lib. 7, conl. Douai, cap. 14,
inlùs occullè separatis, illis in cà re incpià deviabant
« fst ipsormn, sed Cbristi; iiivocalio nominis Dei i « correctis, débita veneralione suscipimus: sicul auteui
I « urgeri videor, cùm mibi diciUir • Erqo liœreticus di-
i millit peccatd? sic et ego urgeo cùm dico : Erqo (jui
i cœleslid mandata non servat, avarus, roptor , f'œnc-
irutor,in'jidus,verbis,nonf(ictis,seculorenunli(tns,dimil-
J tilpcccata?'&\ pervimSacramentiDei,sicutillc;, ila et
« ille; si pir meriUim suuiii, nec ille, nec ille ; illiid
Il eniin SacramcnliMU et in malis bominibus Cbristi esse
« cognoscitur : in corpore autem unic;e coiumba;, in-
« C(>rru|)la;, sancl;e, pudicic, non babenlis maculam aut
'irugani, nec ille, nec ille invenilur; el qnomodù ac-
d cipienti non prodesl Bapiismus ci qui seculo verbis,
« non laciiy, renunliat; sic non prodesl ei qui in hx-
4393 QLiJ:ST. Yll. DE NUNISTHIS SaCUAMENTOKIJM. 13i>i
< resi vel sclusinaie baplizaïur ; unique auteiu co riKto 1' Doi ; uude ipse Dominus eiiam quos inuudavii à Icprii
t prodcsse iiicipit, quod antc non prodoial, scd tomou
i incrat. i
Qiiinla sic iiiformalur : Ilabori foris potosl Baptis-
nuis ab lis qui do Ecclesià rcccdunl, vel per apctsia-
si;iin, vel \)Ctr ha'rcsim, vel per saciilegiiuu S( liisniaiis.
Ei|,'0 foris dari parilor polesl : < Jaui (piiden), iiii|iiit
t S. Docldr , lih. 1 ernUia Donat., cap l,iii supra
i nicnioialis libris diclum esl, ita posse exlra callioli-
I cam couiuiunioiieni dari Oaptismuiu, (|ucuiaduiodùni
« et exlra eam polest cl baberi ; nulhisaMlcu» illoiuin
« negat, iiaijere Baptismuin eliam aposlalas , qiiibiis
« uliijue redeunlilius cl per pœuilenliani convertis,
« dùm non redditur, aniilli non poluisse judicalur.
t Sic et illi qui per sacrilegium sobismalis ab Ecclesi;^c
« couumininiie diseecUuit, babent ulique Baplisuiiuii,
» queni priusquàin discederent, accperunt; nam et
f ipsis, si redeant, non eis iterùm dalur; unde os-
< lendnniur, ilkid quod acceperant in uiiiiate positi,
( non poluisse aniilltre separaii; quod si baberi foris
î pniest, eliam dari cur non polest? Si diois : Non
« reclè loris datur ; respondemus : Sicut non rectè
« foris babeiur, et lamen babetur ; sic non reclè foris
t dalur, sed lanien dalur. Sicut auiem per unilaiis
( reconcilialionem ii.eipit ntibler baberi quod exlra
< unitalem iniililiter baliebalur; sic per eaindem re-
I concilialionem iiicipit uliie esse, quod extra eam
« inulililer dalum esl; non lanien dici fas esl non
« datum esse quod dalum esl; aul ut non boc dédisse
I quisquam cabimnictur, cùni boc eum dédisse quod
< acceptai conlilotur. j
Sexla diicilur ex coniparatione Sacramentorum cum
libris sacr.ic Scriplnroe : lam enim dcbemus vera iii
hocrelicis Sacramenla recognoscere, modo consiiierii
rilum evangclicum ab iis servatuni, quàm veram al)
illis Sciipturam baberi f;ilcmur, ubi eadem reperitur
ac nostra ; atijui licct bicrelici legilimum Scripiura*
sensum vanis cl fabulosis iiiterpretanieulis corrum-
paul, veram lamen in illis Scripturam agnoscimus,
quamdiù ti'xlum inlcgruiu servant. Ergo à i)ari vera
ab illis baberi Sacrauieiila el dari falenduni e l, si
ritum evangelicum loncanl; quanlùmvis aliiuide ve-
ram fidem fabulosis fal^iialibiis incpùm-nt : Sacra-
menla , iiKiuit, 11). 3 coiilra Douai. , c. 16, si ea-
dem suiit, ubique intégra sunl, ciiamsi pravc inlelligun-
tur Cl dixcordiosè Iraclanlur : sicut Scriplura ipsius
FA'anqelii, si cadcni ipsa es!, idnijuc. itiUcjra est, eliumsi
innumcrabili [(dsitrxm opiuioman variclale asseratiir.
El lit). 7 coMlra Doiiat, : constat, iurjuit, cccle-
siasticuni esse na])iismt(n), rliam apud liœrclicos, vcrhis
evantjclicis consecraitini : sicut ipf,nni Eva)i(jeliitni eccle-
siasliciun est, uec ad ccruni pcrlinct pervcrsiluteni, sed
uliiiHC suam retiuct sanctilatem.
Scpliina ex coniparatione Sacramcnlorimi novœ
legis cum Sacraineulis velcribus : ([u imvis enim in
antiquo Toslanicuto sacerdolcs niandaium Dei svpè
rejicereni, et cum plèbe Deum reiinqnente qiiodam-
niodô fornicarciilur, vera lamen" pulabaulur el erant
ad eadem Sacramenla misit, Luc. 5 , ii, 17 . 4 4 :
< ynaulo ergo magis , inquit S. Aiiguslinus , lib. 3
« de B.pli!J.,c. 49, nos Sacramenla novi Testamenli,
t apud quoslibel baîrelicos invcnientes, non debemus
« ipsis Iribuere , nec quasi non agnila reprobare, sed
« qnamvis apud l'ornicariam mulierem, dona viri Ic-
« giiimi agiioscere, elverbo veritaiis illam fornicatio-
« nem entendare quœ propria est impudicae mulieris,
I non illa dona culparc quce propria sunt Domini nù-
« seranlis? »
Oclava esl : In Jud;eis, quando ad nos vcniunt, non
bona ipsoriim dcslruimus, sed quae reperimus mala
ciiramus. Ergo à pari in hacreticis et schismalicis non
debemus qu;e babent bona evertere, sed quie babent
mala sauare ; aiqui boiia sunt sacramenla, in h.tîresî
aul scbismate riiu evangelico consecraia ; probare
ergo illa et acceptare debemus. Tangit banc raiioueni
sanctus Augustinus, libro de unico Baptismo contra
Petilianum, cap. 3 : < Sic sunt isti, inquit, niali in
' Baptismo bono, queniadmodùm sunl Judoei niali in
i lege bonà ; itaque ut illi per ipsam legeni judica-
t buuliir , quam malilià suà malam non fecerunt ;
i ita et isti per ipsum Baptismum judicabuntur, quera
« boiiuui mali leuueruiil. Ergo queniadmodùm Ju-
1 d;eus, cùm ad nos vcneril ul Cbrislianus fiât, non in
« eo dcslruimus bona Dei, sed mala ipsius; nam
< quôd errai non credeiido qnôd Christus jam vene-
t rit, nalusque el passus sit, et resurrexit, boc enien-
f (laums, Ccâqiie infidelilale deslruclA, (idem quâ bsec
€ crcdiiiiliu-, adslruimus ; item quod errai umbris ve-
« lerum Sacramentorum inbaerendo , dissuademus ,
i jamqiie venisse tempus, qno ba^c auferenda alque
I inulaiida proplieUne pnedixerant , demoiistramus ;
« quùd vert) uiiiim Deum colendum crédit, qui fecit
i cœlum et lerrani, quôd onmia idola et sacrilegia
« g<'nlium deleslalur, quôd futurum cxpectat judi-
1 cium, quôd vilam sperat aîlernnm, quôd de carnis
i resurrcclione non did)itat, laudamus, approbamus,
î agnoscimus, sicut credebat crcdeiida, sicut tenebat
î leuenda (irniamus ; ita eliam cùni ad nos venil bae-
« ri'ticus vel scbismalicus, ut catbolicus fiai, scbisnia
4 ejus el biiTCSini dissuadendo el deslruendo rescin-
« dimus; Sacramenla vorô cbrisliana si eadem in illo
« invenimus, el quid(piid aliud veri tencl , absit ut
■i violemus, absit ut, si seinel data novinms, iteremus,
« ne dùm \ itia biiniaiia curamus, divina niedicamenta
i damneuuis ; aul quanviulo sanare quod vulneratuni
I non esl, bominiin saucium, el nbi sanns esl, vul-
< neramus ; proiudo si de aliipiA re ad fidem cbristia-
« nam el calbolicam pertinente, si denique de ipsâ
i eliam Triiùlulis unilale dissenlientem bxrelicuni
« inveiiio, el lamen evaiigelicâ et ecclesiaslicà régula
« bapiizaium, iuiclleclum bominis corrige, nec Dei
< violo Sacramenlum. »
Nona esl : Non debemus erga haîrelicos et schis-
nialicos difficiliores esse, quàm erga genliles idolo-
ruuxjue culloros ; atipii quaudo genliles Cbrisli fidem
Sacramenla ab ipsis coUaia quia non ciaiiloorum,sed DU suscipiunl, qui(l(piid in illis mali est sic del€$laniuK
1395 DE iiE SACRAMENTARIA. —
et conigiimis, ul lamen qua; in iisdcm lioiia ilepre-
lienclimus, serveimis et appnibeiniis. Ergo à paii de-
beinus i» litErelicis et scliismalicis cvangclica Sacra-
menta probare, qiue hoc ipso qnôd (.hrlsli siiiil, non
possunt non esse bona ; ita S Augiislinus in eodcm
contra Petiliaiiuni libro, cajiile 4 et st-qucnie : « De
« ip.sis gentllibus , inqiiit , idoloruniqiie cultorihus
« niullâ ulique à nobis diversilalc dislanlihiis, niliil
< aliud jiobis denionslral Aposloius, nisi nt in ipsis
t quoqne ila quid(piid pravuni est, conigainiis, ut
« qnod foilô rectum est approbenius sicut ergo
« idoloruni culloii dicitur : Tene ab uno vtro Det»
« niuiidum condilmn esse, quod teuebas; sed noli
< credere deos esse ligna et lapides, et ipsius niundi
u qiiadibet parUculas, quas coiebas... sic etiani bierc-
« tico dicitur, qui Sacranieuta cliristiaiia, sicut in
i Ecclesià catiiolicà Iradunlur, nullà suà lalsilale niu-
< Invit -. Tene christianuni Bapiisnium in noniine
« Palris.et Filii, et Spirilùs sancti, sicut teuebas; sed
i aguoscc Ghrisli Ecclesiaui loto, sicut proplielaluui
« est, orbe crescentem, cui sacrilegà voce nialedice-
€ bas... Corrige iniquilateni lucrelici figmenti , ne
.« perdat te; et noli superbire de verilate clirisliani
f Sacranienti, qu;e ibi est ut judicct le. Ego auieni
i absil ut sic détester iniquilateni tuani, ut Chrisli
« abuegem veritatem quam in te inveuio, ad danina-
I lioneni luani ; absit ut sic le corrigam, ut illud
j unde le corrigo destruam ; nisi forte destruere
t debeo verum quod invenio in anima lixMeticorum,
4 cùm Aposloius non deslruxerit vcrmn quod inveiiit
i in lapide pag:morum. t Acluuni 17, 25.
Deciniam affert S. Doctor ex (juàdam anlicipatioiie
fidei, et occulta Dei inspiralione, quà lit ut iiomines ,
jpsiquc etiam lui^relici itcralionem baplismalis dote
slenlur : « Hùc accedit , iîiquit, lib. 5 contra D®nat.,
cap. 5 et G, quia sic hoiuines occidlà ncscio quà
« inspiralione Dei deteslantur, si quis ilcrùm bapti-
« smum accipiat, qucm ubicumque jain acceperat;
« ut iidem ipsi hLcretici cùm inde disputant , froiilem
« confricent, et propè omnes eoium laici , qui apud
« eos inveteravcruut , et animosam pertinaciani ad-
< versus catbolicam conceperuni , lioc soli'im illic sibi
« displicere fateantiir; et mulli qui proplor adipis-
« cenda aliqua commoda secu!aria vel inconnnoda de-
« vilanda, transire adeos volunl, occidtis conalibus
€ ambiant , ut hoc eis quasi peculiari et domeslico
« beneficio pncstetur, ne rebaplizenlur ; et nonnulli
« cicleris eorum vanis crroribiis et f.ilsis criminalio-
« nibus adversùs catbolicam Ecclesiam credentes ,
« hoc uno rcvocenlur, ut eis sociari nolinl, ne roba-
d ptizari cogantur; quem scnsnm homiuum onmia
« penitùs corda occnpantem isti Donaiisl;c meluentes,
« malueruntrecipero B;q)lismiMn , qui apud Maximia-
i nistas quos danmavcranl . datiisest, cl oo modo
i sibi linguas pra;cidere, et ora oppillare , quàm de-
c niiô baptizare tôt homincs.... propierea comniemo-
« rare volui qiiantus peiiè in omnium mcntibus inijus
'« Tacti linrror insidcat, quem diviuiiùs inftisum esse
* credidcrim , rit adversùs qnaslibet disputalioncs
DE SACRAMENTIS IN GENERE- 1,396
4 quas iufirmi discutere nequeunl , horrorc ipso Ec-
4 clcsia munirclur. >
§ 3. licfelluntur objcclioties Uebaptizanlium.
Obscuram banc niagidsque diflicullalibtis involulam
fuisse falclur sanclus AuguslitmsCypriani tcmporibus,
de ilcrando lia'relicormn Baptismale qiucslionem ;
unde infert mirandum non esse, quùd lanli meriti
aniisies, cum coepiscopis suis reliclo iramileveri-
rilalis quem sequi nondùni poleral, in errorem impe-
gerit : 4 Irruenle, inquil, lib. 2 contra Don., c. 7,
4 lam magnà quaislione , cùm de remissiuni; pccca-
4 lorum et de spiriluali liominis rcgeneralione, ulrùm
« possol apud h;erelicos vel apud schismalicos fieri ,
« dinicilè ratio redderelur, et pracederet auclorilas
« Agrippini, cl nonnnllorum qui ci consenseranl bonii-
4 nuni in bàc quicstioiie dclicicntium , qui nialuerant
4 aliquid novum moiiri, quàm tcnere consueludinem,
4 cujus defensioneni non inlelligebant, irruerunt in
4 oculos auinnc verisimilcsrationcs,ct inlercluserunt
4 iter pervesligand.e verilalis. »
Eas in pncscnti rationes ad ceria capita revocatas
ordine rosolvcmus.
Objectio prima , ex auclorkale majorum.
Obj. 1^ Immerilô dicitur, a;lalo sancti Cypriani,
barelicorum et schismalicorum Baplisma uuiversam
Ecclesiam approbàsse ; ergo, etc.
■Resp. Nego antecedens : Hoc enim tanto consensu
S. Ponlifex Slcpbanus, S. Ilieronymus, S. Anguslinus,
Vincenlius Lirinonsis , et pleriipie alii scriplores af-
firmant, ut negari sine suinniâ temerilale non possit :
4 Primus omniuin Cyprianus, inquil Eusebius Caîsa-
ritiisis, hisloiiic lib. 7, capite 5, edit Paris. Ilenrici
Valesii [)ag. 251, (iid tune temporis Cartluujineiisem
reijebut Ecclesiam, non nisi pcr buptismum ab errore
priiis einundalos , udmiUendos esse ccnsuil ; vcrian Sle-
phanus nikil adversùs traditionem , ctmejam inde ab ul-
lintis teniporibus oblinuerat , innoiuindum ralus (jraiis-
siniè id tulit » ; idemque Nicopiiorus alteslalur, libro
G, capite 7. Elsi verô faisum esU quod aiiuil, priimim
omnium Cyprianum, pravum lebaplizandi dogma ex-
c<igi(âsse, verè lamen aUirmanl, contra universalis
E(clesi;e morem hoc altenlatum.
Ncc pralercuiidus antiquus Scriploi' lil)ii cni litu-
bis : Non dibere denub baptizari , qui scnicl in noniine
Domini noslri Jesu Chrisli sinl lincli (vitlc iiiler ojicra
Cypr. cdil. Riga!., pag. 135); quem vei Slephanum
ipsum esse, vel aliqucni ejusdem a>vi Ponliliceui eru-
dili p'(M'i(iue pillant : is enim in ipso liniine operis sic
pra.'fatur : 4 lu hoc génère qua'stionis, inquil, utmilii
4 \idetur , nulla onmiuù poluisâel conlroversia aut
« disceplalio emcrgere, si unusfpiisque nostrùm con-
4 icnliis vcncrabil; Ecclesiarum omnium aucloi ilale ,
« cl ncccssariâ liumililale, nibil inno\are geslirc.l....
4 namqiie omne quod anccps cl ambiguum , et in di-
4 versis senlenliis prudenlium ac iidelium virorum
4 co:islilulum est, si conira priscam et memorabilem
<i cunctorum emeritorum sauclorum, cl lidcliu;:» so-
4 lomnissiniam obscj'valionem judicalur, damnari uli-
1 4 que débet, cùm in re olim composilàel ordinaiâ...,
!397
QU/EST. Vil. DE MIMSTIUS SACKAMENTORUM.
J3'j8
€ niliil piuHcr tliscordias et simiillalcs el scliisiiiala
I bit allaluriiiii ; ul)i niilliis alius IViicliis ro|icrialiir,
( iiisi hic solus, ut iiiiiis lioiiio , (|uiciiiii(|iic illc est,
« iiiagao; prudeiitia3i'tconslaiiti.i' esse, apiul (jii().>(lain
< levés hoiuiiics iiiani ^lorià pnedicelur , cl lia-relieo-
€ ruin slii|)()ro piadiliis... crioies el vitia iiuivcisanim
t Eedesi iriiin e(irir.\i-si; a|)iid siiiiilliiiios sui el euiii
« pai'cs celehreliir : » igiliir veiierabili Kcelebiai uni
oniiiiiiin aiictoi'ilalu dogiiia de non ribaplizandis ab
lia'iesi redennlibiis, lerlio secido nilebaliir.
h) t. r' Pioliando aiil. Ductiinaui liane Cy|iriaiii
tciiipniibiis Eiclesia miivei'sa non propuynabal, ciijns
conirariiini Cypiiaiiiis cum t.uis cotpiseopis Africauis,
in Orio le vcrô Firinilianns, el pioriipie cpiscopi in
Cappadoeià, Cilieià, Calalià aliisquo ngionibnscini^li-
liili lonebaiit ; aUpii lerlio soenio lolani peiiè Alrirain,
insiij.erque Galaliam, (^iliciani, Cappadociam.aniplis-
siinasscilicel legiones, pliiriinis Asl;c populis eircuni-
fusas, sentenlia de ha-relicis rebaplizandis perva-
serat, ut ex iiislorià , iiobis ipsis falenlibus, notissi-
niuin esl; ergo, clc.
Resp. 1": INego niajoiem : quanlocunique eniin hic
numerus prolio habealiir, fuil sanè in contradicen-
liuni coinparaliouii exignus; vix eniin rebaptizanliuni
crror erupcral : Cum undUjHe, infpiil Vincenliiis Liri-
«eiisis, Coninionit. cap. o, nd nomtaiem rei cuncli re-
clamùrunl , atijuc omucs (luaquavcrsUni sacerdoles pro
suo (juhcinc studio reiiixi suiit; scd et beatœ memoriœ
Popa Slcpltanus, Apostolicœ Sedis (uitistcs, cum cœteris
quidcm collcgis suis , sed lamen prœ cœteris rcstilit. ;
idcinqiie veibis apertissiniis sauclus Angt:?»linus dé-
clarai, libre "> coiUra Crescoiiium Donalislain, capile
5 : ProiiuL' , iiupiil, si omuinu jam credendums'l quin-
(liKKjinla episcopis Orientalium id esse visum , quod scp-
tuatjiiila Afris tel aliquanto eliam pluribus , contra ot
millia episcoporum , quibus hic error in loto orbe displi-
cuil ; cur non potiiis ctiam ipsos paucos Orientales suuni
judicium corrc.iisuc dicamusl eic. Qubô si qnis à Viii-
cenlioel Augiis.tino per exiiggeralioncm dicluni pnla-
veril, calcnhini ipse subdtieal , faoiahpie linjus liislo-
ricae verilalis ex|)erimcniiim. Rescriptiim Stepliani
Ponlificis iillrô Oriens OecideiiS(|uc susc'pit, ut ex
concilii-i poslea de liàc le liabilis cerluin esl; sola in '
Occidenle Afiica conliadixil; nec lamen lola dissensil, i
cùin pra;lcr unnin et ociogiiila cpiscopos, alii liiijiis i
populosissinia; regionis anliililes non Icganîur pro '
Cypriano sielisse ; in Oiienlc verô, nl>i crat loin tein- i
poi'is niaxiiiia eeclesiaruin cÀ episcopoiinn eas regeii- j
linm iniillitndo, pauci , id esl quinqniiginla , Cy|)riaiio |
aniiunieranliir ; ilafpie nos lonere ninniTUs ille non
debel , quia polest in crroris qnideni cxeniplinn, non
ad universalis (■onsciisionis snbvei>ioneiu allei ri, qii;e
sanè eliam mullis coiilradicenlibiis inlegra constat, ut
aliarum cxemplo liieresmn laciiè ostcndilnr, qn;e niullos i
licèl , magni(iuc noniinis defensores habiierinl , hoc ;
une argninonto vicLr, felicilerqne coiifossaî sunl,'
quôd cinlra coinmuiH'in (idoni, cl oinniuin Ecclcsia-
rum consensioïK'UJ invenlcc foienl.
Resp. 2° : Dist. maj.Doclrlnam hanc Ecclcsia uni- .
veisa |»ropiignabat, cujiis contraiiam Cyprianus, mul-
liqiie in AIVi(à epis((q)i el in Urienie lencbaiil, Ira-
ditione antiiinà , coiicedo; pnesumplioiie nova, ncgo
majorem, paiilenpie minore expo^ità , ncgo conseq.
E. 1». Ecpiidem dit'Iiteri non possuinus, quamplures
Cypiiani a;lale episcopos , in novain reliaplizanlium
baiesim incidisse, suainqne opinioiiem, ntluiebat con-
dilio teniporis, argumenlis plausibilibus piopngiiàsse ,
ei lasse lamen magni illi viri lioc ipso conviiicuiitur ,
qnùd contra docliinam acccplani à majoiibus qua;-
htiom'm liane dcdnierinl : nain qnidquid in eiuiblianà
ileligione est novnin, quanlolibel gluiielnr patroeinio
personaium, ipsà coiruil novilalc : < In catliolicà
I « Ecclesià, inqnil Vlncensiiis Lirinensis, Commonil. c.
f 3, insl. 2, magnoperé cuiandum est, ut id lencainus
« qiiod iibiqne, qiiod seniper, quod ab omnibus credi-
« Inin est; liocestetenini veiè jiroiinèqne calliolicuin :
« quod ipsa vis nominis ratioipie déclarai, quic oinnia
t verè universaliler ompreUendil; sed hoc ita demùra
i fiet, si sequamur universilatem, aniiquiiatem, con-
« sensionciii. Sequeniur aulem universilatem hoc
« modo, si hanc uiiam lidem veram esse faleainur ,
€ quam iota per orbem len'arum confitctur Ecclesià ;
« anli(iuilatem verô ita, si ab his nullatenùs sensibus
« reccdamus, quos sanctos majores et Patres noslros
I célébrasse nianifestum est ; eoibciisiu'ien» qucqne
« itidem : si in ipsà veluslate, omnium vcl cerlè pêne
€ omnium sacerdolum pariter etmagislrorum delini-
î lioiics sentenliasqnc seclemur. > lia, el verè qui-
dem , pra'dictus auelor , cujus insistendo vestigiis di-
cinuis, Cypriani cique consentienlium Episcoporum
doctrinam merilô loto orbe fuisse rcprehensam , quia
nec universiiale , nec consensione defendi polerat ,
nec an!ii|uitate.
Insl. 2° : Atqui antiqua erat doelrina, quam cum
suis collegis Cypriaimspropugnabal; ergo, etc. Prob.
subs. ipsius Cypriani verbis, cpistolà 73 , ad Jubaia-
num ita lo(|uenli3 : « Apud nos non nova aut repen-
i ùna res est, ut baplizandos censeamus cos qui ab
« liarelicis ad Ecclesiam veniunl, quando nnilti jam
« anni sinl, et longa scias ex quo sub Agrippino bonaj
i memori;e viro convenientes in unnm episcopi plu-
< rimi hoc stalnerinl, alque exinde in liodiernum lot
« millia li;eielicoruin in provim iis nostris ad Eccle-
« siam conversi non aspernati sinl ne(|ne cunctati,
« imô, el ralionabiliter et libenter amplexi sint, ul
« lavacri vilalis et salularis baptismi graliam conse-
« (pierenlnr; ergo, etc. t
Resp. Ni'go subs. Ad probaiiouem concesso ante-
ccdenlc, nego conseq., et dico sanctum Cyprianuni
suis delusum pra'judiciis anliquum dixisse, quod rê-
vera novum crat el paucoruni diorum comnientum :
nam
1° Ilujus nioris originem non altiùs quàm ab
Agrippino repetil , qui saluberrimam non rebapli-
zandi consneludinem, quadraginla anle aniios cor-
ruMipore niagis cœpi'iat qiiàin coirigere, ut iiolat
S. Auguslinus, libro 2 de Baptisiuo 'Milr.i Dona-
listas, capile 7, bine quam Cyprianus longam îctateni
1599
DE RE SÀCRAMENTARIA. — DE SACHA.MENTIS IN GENERE.
i/M
appellal, ii> paiicos aiiiios contraliit S. docior, lib. 4
coiitia costlein Donalistas, capile 6 : Nec invenio, iii-
tiiiil, (■«'■ islam contnelnd'uiem , (juœ posl Ciiprimium
cliain plenario tolius orbis coucilio confirmiUa est, Imn
robuslam et anlea idem Ojpriunus invnierit , ut, cian
eJHS mutandœ aucloritatem quam sequcreliir, vir lanlà
scientià prœdiltis qnœreret, nonnisi in Africâ solàfacliim
païuisante se unuis A(jrippinico7icilium reperirel , clc.
2" El siilicat, al» Agrippini leinporihiis, plcra(|iie
haerelicorum inillia in Alricaiiis proviiiciis Daplisina
deiiuù suscepisse, falelur lamen non onnics qui rcclie-
ranl ilcrùni linclos, sed qiiami)lures sine novo lava-
cro admisses, quod cerluni est argumciittim, inve-
clum ab Agrippino niorem non omnibus arrisisse •
Quid ergo fiet, inqnit, Epist. 73 ad Jubai., versus fi-
nem, de liis qui in prœterilum de liœresi ad Ecclcsiam
redeuntes, sine Baptismo admissi sunt ? Potens est Do-
minus misericordià suà induUjentimn dure, et eos qui
ad Ecclesinm simpticiter admissi, in F.cclcsià dormie-
Tunt, ab Ecclesiœ suœ tnuueribus non scparare.
5° Quam Stepbanus opponebat non rebaptizandi
consueliidinem, aiitiquani ultrô falelur, sed vclerem
conlendil esse errorem, el conlrarium pro quo sta-
bat morem rebaplizandi, appellal verilalem de novo
perspeclam, et Ecclesi* nova revelaiione palefaclam :
Non lamen, inqnit ibidem, quia nliquando erratum
est, ideb semper errandum est, cian maqis sapienlibus et
Deum timenlibns comjruat, patefactœ et perspeclœ veri-
tali libenter utquc incunctunler obsequi, qnàm pertina-
ciier atque obstinalècontra {ralres et consacerdoles
proliœreticis reluctari.
El Epist. 74, ad Pomp. : Nec consuetudo , inqnit,
quœ apud quosdam obrcpserat, impedire débet quomi-
niis Veritas prœvaleat et vincat : tiam consuetudo sine
veritate vetustas erroris est : propter quod relicto errore
sequamur veritatem ; ergo antiquilalis praisidio gloriari
Cyprianus non poleral, cùm pra:cedonlem consuetu-
dinem crroribus computaret, hocqne tanlùm verunv
esse contenderel, quod invenlum de novo fuerat.
4" Eadem Alrieanorum anlislilum in lerlio car-
tbaginensi coucilio confessio fuit : ubi eoruin aliquis,
dixit (1) : Qui contempla veritate, prœsumit consue-
tudinem sequi, aut circa (ralres iuvidus est et mali-
gnus, quibus veritas revetatur, aut circa Dcum ingratus
est, cuius insphalione Ecclesia cjusinslruitur Aller
\erô (2) : Jn Ev.in'jeito Dominus : Eijo sum , inqnit ,
veritas; non dixit : Ego sum consueludo, itaque, veri-
tate manifestatâ, cedat consuetudo veritati, ut ctsi in
prœterilum quis in Ecclcsià liœrelicos non baptizabal,
nunc baplizare incipiat, eadenKpie aliorum senlenlia
fuit (3).
5° Denique hoc ipsnm inviclè adslruiml conflicla-
liones lum lemporis in Ecclcsià Africauâ oborl;c :
nam si invalueral à primis lemporibus rebaplizandi
(1) ('astus à Siccâ, vide inler opéra Cvpr. edit. Ri-
gal., pag. 28G, nuMi.28.
(2t Libosus à Va^à ; vide ibid., n. 30.
(3) Vide ihid., n. îifi et 77.
consuetudo, qui, qu;eso, lieri poluit, ut eâ occasionc
plurimi in Africâ lurbarenlnr, quôd videront redeun-
tes ab Iia'resi baplizari? Quid ousa; Januario ca'te-
ris(pie cpiscopis Numidis fuit cnm lanlà inqjorlnui-
late Cypriauuni, de re notissimà , consulendi? Qn:e
occasio Quinto, Pompeio et aliis ad quos exsiant Cy-
priaui epistoke, offensionis et scrupuli, propter itera-
tionem Baplismi, objici potnil? Non enim mos isle
est bominnm, ut de re auliquà Inrbenlur, quos sola
novitas commovere solet : qnid dcni(pie eral ncees-
sarium, paucos intra menses, lot synodos magno nio-
limine convocare, ubi solà opus erat admoniiione, si
rêvera antiquâ consuetudine lex ilerùm baplizandi
roborala fuisset? Igitur ipsamet Alrieanorum agendi
ratio novitalem liujus dogmalis abundè prol)at, atque
adeô falsè Cyprianus autiquilatc gloriabalur.
Inst. 5' : Mulla S. Cyprianus, in suis passim Epi-
slolis, ad defensionem sua^ senlenli;e prolulit , quse
prinia;v;e antiquilalis certa (i) leslimonia suut : ap-
pellal enim rebaplizandi consuetudinem , Veritatem et
firmilalem catlwlicœ regulœ ; dicit hanc scntenliam re-
ligiosam esse, legilimam, et salularcm, jidci et Ecclesice
congruenlem ; è contra vcrô doctrinam Stephani, er-
rorem appellal, liumanam traditionem divincc disposi-
lioni contrariam, prœsumptionis cl contumaciœ plenam;
ei^o reverà doctrinam acccptam à majoribus dcfcn-
debat.
Resp. : Concesso anlecedenie , nego consequen-
tiam ; quôd enim in causa proprià tani benignus ju-
dex fuerit Cyprianus, nibil mirum ; sed non continué
ejus acquiescendum judicio, quia contra mentem ca-
lliolicae Ecclesia; judicavil; sic respondet S. Augusti-
nus, libro 2 contra Cresconium Donalislam, cap. 52 :
« Verba Cypriani, inquil, exepislolàadJubaianum in-
< seruisti iilleris tuis, quibus ci placere monstraresba-
< ptizandos eos esse in Ecclesia catbolicâ, qui fuerint
« inlia'resi vel scbismate baptizali : ego hnjusepistoK'c
« auctorilale non teneor.quia lilleras Cypriani non ut
« caiionicas babeo, sed eas ex canonicisconsidcro, et
« quod ineis divinarum Scriplurarmn auclorilaticon-
i gruil, cum laude ejus accipio ; quod aulcm non
« congruit, cum pace ejus respuo, ac per hoc, si ea
« quie connnemoràsli ab illo ad Jubaiamnn scripia ,
i de aliquo libro apostolorum vel i)rophetarum cano-
1 nico recitares, quid onniiiio conlradicerem, non ha-
« berem ; nunc verù , quoniam canonicum non est
« quod récitas, eà liberlale ad quam nos vocavit Do-
3 nnnus, ejus viri cnjus laudem assequi non valeo,
« cnjus multis Iilleris mea scripia non comparo, cu-
t jus ingenium diligo, cujns ore deleclor, cnjus cha-
« ritalem niiror, cnjus marlyrium vetieror, hoc quod
1 aliter sapuit, non accipio, non accipio, incpiam,
« quod de baplizandis ha^reiicis, el schismaticis bea-
(4) Quai S. Cyprianus in suis Epislolis ad causaî
sn;e defensionem prolulit, non suut pra'cisè primaiViC
antifpiitalis leslimonia, ut in antécédente asserilur,
sed leslimonia cpiôd S. Cyprianus anliipiilalem fibi
lavere existimarei ; qux sane plurimùm discrepant.
( Edit. )
1401
QL-RST. VU. DE MINISTRIS SACHAMENTORUM.
f lus Cypriainis scnsil, quia hoc FÀx-leàia noi» accipit,
< pro qui\ bcalus Cypriaiius saiigiiincin fiidit. »
Inst. -4° : Qiiiiliiiiiil sanè do Cypriano ojiiS(inc in
Ar>"i(i\ coi'pisc(>i>is jiuiiciimi sil, corliim laincii aliumlc
est hoRrclicos et scliismaiicos bapiizaiidi consiieludi-
ncm antiqiiissii(u\ auclorilalc viiçuisse ; crgo, etc.
Prob. snbs. voiitis Fiiiiiiliaiii Ca;saica! iii C ippa-
docià episcopi, incpislolà ad Cypriamiin, iiiler l'^pist.
Cypnaii., 7a, oiiciilaliuin iioiuiiic sic lixiiiciUis :
« Qiiod antoiu ])eiiiiict ad consucludincin refutandara,
« qiMin vidL'iilur oppoiiero vcrilali , quis lain vaiius
t sil ut veritali cousuL-tudineui pruîleial? aut (jui per-
< spooiâ lucc teuebras non dercbnqnal? Ad versus
< Slepliauuiu vos. dicere, AlVi, poleslis, coguilà voii-
« taie, errorem vos consuetudiiiis reliquissc : ca;le-
« riun nos verilali oousiioludiuein jungiuius , et con-
i suetudiui Ilouianoruni cousiioludiiioiu, sed vcritalis,
< oppoiiimiis, ab inilio boc lenentcs quod à Cbrislo el
« ab Aposlolis iradilum est; ncc inoniiniuius hoc
« apud nos abquando cœpisse, cùm sempor islic ob-
« scrvalum sil , ut noniiisi uiiani Dei Ecclesiaui nôs-
« somus,etsancluninaplisnia iioiuiibi sancUc Ecclesise
i compuiaremus. > Hinc sic iuforniaïur argumentum.
Consueludo ba;c niaxiniam liabel anliciuitaleni, quani
Chrislus et aposloli prliescrip^e^uul, qu;eque quaudo
observari cœperit nienioria nulla est; aujui rebapli-
zandi consueludo , teste Finuiliauo , à Clirislo et ab
aposlolis pniescripta est, omnemque, ejus asiate, me-
moriam superabat ; ergo, etc.
Resp. : Nego subs. Ad probalioneui
Resp. V : Dalà majore cl minore , ncgo consft-
qucnliam : nemo enim, ut de Cypriano pncdixinuis ,
judex in propriâ causa scdet ; quid(iuid ergo ad sui
erroris dofensionem, bbindiendosibimei, et sine pro-
balione Firmilianus dixerit , non magis ei credimus,
quàni dicleriis ejus et verbis contumeliosis quiv. con-
tra sanctissimum Pontificem Slepbanum evonuiit ,
assenlimur : jure namqiie divino bumanoque velamur
eumdem, qui liligator fueril, judicom aiidire.
Resp. 2° : Concessà majore, distinguo niinorem : A
Chrislo et ab aposlolis prasscripla est consueludo re-
baplizandi eos qui in b.eresi contra divinan» Icgem ,
formàfiue adu'teratâ, bapijzati forent, concède ; eliam
eos qui riiu cvangelico in haresi lincli essent , nogo
minoreni et conseq.
E. li. Bapli'-nia verum esse non poiest, nisi quod
in aquâ sensibili , et sanclissim;c Trinilatis invoca-
lione fueril consecratum , prout à Chrislo sanciluu!
est : Eunles, inquil Mallli. '28, 10, docele omncs yen-
les, baptisantes eos in nominc l^alris, et Filii, et Spiri-
tùs sancti ; unde consequens est , debere rebaplizari,
sive poliùs baplizari, quos in faclione h;erclicà rilu
sacrilego linclos fuisse conslileril. Porrù primis F]c-
clesi:e seculis, qui minoreni Asiani iiil'eslaliant h;t're-
itici, cùm niysleriujTi sanctissinKC Trinilalis vil poni-
lùs ignorarent, vel nomine tenus coufitcrentur , boc
lam nefando errore plerùmque formam Bapiismalis
corrumpebant : quos proinde cùm rcdiicnl ab hairesi,
vcro Baptismo purgandos , inerilô et cousentaneè ad
140-2
Chrisli verbum, hujus regionis episcopi consiiiuerant;
iianc tulissimani regulam si, nù par eral, Asialici le-
nuissent, nec rcprehcnsi forent à Slephano, nec ab
Ecclesià condemnali ; verùm in hoc lurpis aberralio
fuit quôd diviiii mandati limites pralergressi , bapli-
sma in quâlibet hx-resi aut schismate, eliam rilu
evangeiico datum, irritum , alqiic adeù ilerandum ,
putaverbu ; bicque prava consueludo erat , qiiam in
synodis Iconicnsi et Synnadensi, coiilra usum majo-
rum inveclam, vindicare anliquilale non poleranl.
Inst. b" : Alqui redeunles à quàlibel haresi debere
iierùm, nuUo facto discrimine, baplizari, aposiolica
lex est ; ergo, elc.
Prob. subs. ex canonibusaposlolicis; canoneenini
•45 sic slatuilur : Episcopuni vel presbijlenan qui hœ-
reticorum Baplismum vel sacri/iciian admiserit, dsponi
jubemus : quœ est enim conventio Chrisli cum Déliai?
vel quœ pars est fideli cum infideli? Et can, 46 : Epi-
scopus vel presbyter, eum qui verè linbet Baplismum, si
de intecjro baplizaverit, vel si e^im qui ab impiis pollulus
est, non baplizaverit , deponatur ; ut qui irrideat mor-
tem et crucem Domini, et non discernât sacerdotes à fal-
sis sacerdotibus ; quorum similia canone sequenii le-
gunlur; ergo, elc.
Resp. Nego subs. Ad probationem nego suppositum
argumenli : qiian(|uàm enim hos canones antiquissi-
mos es=e fateamur, negamus tamcn ab Aposlolis,
sive ex inlcgro, ut Turrianus et alii quidam piilârunt,
sive ex parte, qua; Baronii et Bellarmini sentenlia
fuit esse conditos. Nam
r Si ab aposlolis scripti essent , debuissent Scri-
pluris (!) canonicis novi Teslamenli annumerari :
atqui ne unus quidem veteris œlalis probalus auctor
aUcgari poiest, qui hos canones in numéro Scriplu-
rarum novi Teslamenli posuerit; ergo, etc.
2" Si reverà apostolos auctores habereni, hoc sanè
nomine abanliquis seriploribuscommendaii, maxime
ubi res poslulabal , sa;pè fuissent ; atqui nemo primis
temporibns reperilur , qui hos canones aposlolis ad-
scripserit, ne in iis quidem coutroversiis, in quibus
laudari necessariô debuissent. Sic enim , exempli
causii, in hàc celebri , qu;e secundo seculo orla est ,
de die paschaiis celebrandi contenlione, Victor S.
Poniifex, canoncm quinttmi non laudavit, quo vetatur
unà cum Judxis fieri pascha , quoqiie une sopiri li;ec
coniroversia potuisset; siniililer Eusebius C;osarien-
sis et S. Ilitronynius, scri|)ta apostolorinn diligentis-
simc rccensendo, de liis caiiunibus alluui fecère silon-
lium. Ergo lum temporis non pulabanlurab aposlolis
conditi ; alioquin enim Eusebius et llieronymus igno-
ranlia> aut mak-Vdlentia! accusandi forent.
3" llli canones aposluiis falsù supposili sunl, qui
slyiinn liabonl ai) aposloioruni simpiicilale prorsùs
alientmi. el in quibus mullarum rcrum nienlio fit,
quaruni insiitulio apostolicis temporibus recentior est,
(I) Gralis onniinô asseritur onuiia Aposlolorunj
Si ri|>la caiionic is Si ripluris annunjerari debuisse. Hoc
igiiur aucloris lelum est imbelie el sine ictu. (Edit.)
^403 DE RE SACRAMENTARIA. —
aiqui cnnoiies aposlolici dicli , imn al) npdStolorum
Slvlo discrepaiil plnriniiiin , liiin imilla conliiiciil oo-
riim x'taie noiidùii» rccepla , iil ab eruclilis lluM)louis
pliiriliiis argumeiitis probalum est (I); eigo, cle.
4° Demiiiii iil ad proposiluni leveslainnr, si oaiiDnes
in ol>joolioiie adducti, e^;sclll Aposl'ilici , Oy|iiii>iii"n
el alios lum Africiiu tuiii Orieniis episcopos, laiila- iii-
inirùni docirin;e viros , diil)io procnl lioc non laliiis-
set, nefjiie ueglcxissenl tain rolmsià anclorilale sen-
(oiiliam snam defcndcie; alqui ncque S. Cypriamis
cnni coUegis suis AlVicaiiis , neque rimiiliaiius tiini
Orienlalibus hos canones allcgânnit : aposlolici ila-
qiie non snnt, al{|ue adeù nulliiis, quantum ad piiv-
senteni qnirstioncm , ancloi'ilalis.
Quicrcs ctiinain a'tati dcbeaiil adsciibi lii canones.
• — Resp. adinodùn» veiisiniileni eornni esse senlen-
tiam, qui pulant ineuntc tertio seculo condilos in
conciliis Iconeiisi et Synnaden/i, ubi, referenie Fir-
miliano , el Dimiysio Alexandrino , ab opiscopis nii-
noi'is Asi;e constitiitiini est, redennles à quàlibel hie-
resi, dcbere denuô baplizari (2).
Olces deiiiquG : Si doctrina de non rebaptizandis
litcreticis, di\ ina , ii( vohiiuus , el apostolica est, qnî
ficri potiiit, nt ab hàc tani inviolabili lege magna
Orieniis cl Africac pars lanlà obsiinaiione exoibitave-
rit, nique error icrlio scoulo infeliciler nains ad tinem
usque seculi quaiti in minore Asià perduràril ? San-
cl'.is enim Ba-ilics qni ab anno 509 ad annunj 579
Caisarcai in Cappadocià episcopus sedit , episiolà
prima canonicà ad Ai-.)pbilocliium, canoue primo, el
epistolà 2, canone 47, luvrcticorum Raplisnia diserte
reprobat, el qni ab iis redennl, ilen'nu baplizandos
decernit, eamque non peculiarevi sibi , sed Ecdesiii'
dicit esse senlentiam, anliquis canonibns roboraïam.
— Resp. i" : Rctorquco argumenlum. Si doclrina de
rebaptizandis bcereticis divina cl apostolica er;it, (jni
fieri poUiit, ul ab liàc lani venerabili cunslilnlione
sanclus Slephaiius S. Pontilex, Oriente et Occidenie
approbanle , deflexeril? Cerlnm nan^jne eslanlislilis
Romani sentenli;im non mullù posl in conciliis nu-
nierosissimis , Ecclcsià miiversà plaudcnle, fuisse
susceplam ; itaque boc argumentum nibili est , qnia
contra adversarios, mullôque validiiis , inlorquetnr.
■ — Resp. 2' : Ilumano lapsu id conligisse, qnem alic-
num à se nenio honio, quamvis ille sanclus et doctns
sit, quamvis episcopus, quamvis confessor et niar-
lyr, si verè el modeste senlil, putare débet; nec
movel nos Basilii magni auctorilas : ille enim, non-
dùm plenè discussâ pristini crroris caligine, in eodem
cum suis deccssoribns kito bx'sit ; unde in bac causa
non secùs accailcri deserendus est. Vide Natal. Alex.
Hisl. sec. m, disserl. 23.
Objectio H, ex auctoritate Scriplurœ.
Obj. 2° : Rebaplizandos esse cos omncs qui ab hae-
(1) Vid. Naial. Alex, in hisl. seculi 1, et Dupin. ,
nova; Bildiol. lom. 1.
(2) Vid. Natal. Alex, el Dupin., ibid.
DE SACRAMEiNTIS IN GENERE. UOi
resi aul scliismale veniunt, Soriplurai sacrsc aactori-
tale probalur ; ergo, etc.
Resp. Nego anl. ; de Baplismo enim accepto in hae-
resi vel in schismale, uirùm debeal aul non debcat
iterari, slatnlum in Scripturà nitiil legimu^. Frustra
ergo ejiis opponitnr auctoritas, quia, cùin UL-utri |);irli
apertè f;iveal, neulri coiilradieai, inslrumenlum prai-
seniis litis esse non poiesl, sic respondei S. Augusli-
nus libro de unico Baplismo contra Pelilianum, cap.
II : « Quamobrem, intpiil, cùm in Scripturis saiiclis
« canonicis nec illi (adversarii) inveniaul, ha-relicos
« ad Ecdeslam caibolicam venienles denuô bapiiza-
< los, nec nos invenian)us, in eoiiem baplismo quem
« in ba'resi acceperanl fuisse susceplos : in hàc re
« dunta\al parnobis causa esl; quia nec illi quod fa-
(! ciunl, ul hu^'relicos, vel quos hicrelicos putanl de-
( nuô bapiizeni, nec nos qiiod facimus, ui ciiam apud
« ha'relicos datuni suscipianius Baplismum Chrisli ,
« tilîo temporum apostolicorunl expresse conlirmalur
ï exemplo. Sed nos reperienles aposlolos in quibusli-
< bel erranlibus, vel quàlibel iuipie4aie sacrilegis , si
« quid veri cognoverunt, condrmàsse poUùs quàm ne-
« gàsse ; liominum aulem errorem et inipicli>lem ,
i salvo quod in eis veriim inventum est , emendàsse
€ sive damnasse, liane regiilam eliam in Baptismi ve-
( ritaie scclamur, nt apud quos eam invenerimus ila
< relentam aique servalam , sicul in Ecclesià catho-
« licà relinelur atque servatur , non eam negemus ,
« neque deslruamus, sed eà manenle, quod viliosum ,
« quod pravum, quod falsum in unoiiuoque fucril, cu-
t remus, corrigamus, emendemus , aul si non possu-
f mus, deli'Slalum damnalumque vilemus. >
lia S. doclor, ctijns perpétua doctrina esl, nihil qui-
dem eà de re Chrislimi et apo^lolos, in lilleris cano-
nicis pnecepissc, sed consueludinem qua; Cypriano
opponcbalur, ab eorum iraditione exordium sum-
psisse credendam esse, sicutsunlmulla alia qu* uni-
versa lenel Ecclesià , el ob hoc ab aposUilis pnccepla
bcnè creduiitiu', quan(iuàni scripta non repcrianlur.
Inst. 1° : Probando anteccd. Ecclesiastici, cap. 54,
V. 3, sic legitur : Qui baplizatur à inortuo, quid proficit
lavalio ejus? Aumi inquieual Cyprianus, epist. 71, ad
Quintinn , à Salomone iioc dictum est de bis qui ab
hicrelicis lingunlur, quos manifestum esl inler mor-
luos compuiari ; eodemque arginnento Africani epi-
scopi ulebantur. Yideconcil.5 Carthag., n. 27. Ergo
baplizandos esse qni ab h;eresi aul schismale veniunt,
Scriplunt! anclorilale probalur.
Resp. 1": Admilloauctoriluiem, cl nego min.; nego,
inquam , ab auclore sacro lioc esse dicliim de haîrc-
licis aul schism licis baplizantibus ; et dico ilhid tc-
siimonium ad rem nihil penilùs facere, id (juod facile
inlelligel qui verba Eccles;aslici logel in fonte : t Qui
bapliiulur à morliio, in(iuil, cliterim tangil eum, quid
proficit lavaiio illius? j Id esl, qui cadayeris contaclu
conlaminalus , lavit el abluil quod immundi contra-
xeral; si poslea ad eiusdem coiilactnm redieril, lava-
liunem onuiem el operam perdidil ; qu:e si^ntentia
, lam esl à proposilo aliéna , quanlùm distat orius ab
U05 QUiEST. \1I. DE MLMSTRIS SACRAMENTORLM. 1406
occiilenlo : iindè luirum à Cypriano cl cjus asseclis |- dicciKitirn ;aiqiii, iit inculonisexccnliesS. Augusiinus,
ad causu; suco praïsidiuin esse arrcplam : (jiiia veio
S. Augiisiinus leluin illiid rcpellondo, concoS'Sioiie ali-
qiià iisiis csl, quasi iiiiiiirùiii non miIo veilxunni somi,
sed eliaui sensu \fil)a Ktclfsiasiici ad qiursliont'ni
clirisliani Baplisuuilis pcrlinciTut ;
Uesp. T cuni S. doclore : Kclon|uco argunienluni :
QuoMiodù inlor inoiluos hierolici el schismalici, ita et
niali ipiilibcl luinislri netossariô conipulanlur; alqui
à nialis el tlagiliosis niinislris tincli nun dohenl, ipso
Cypriano jiidioe, ilerîuii baplzari; idem eigo de lia)-
rolicis et schisnialicis esl diccnduni ; quia elsi niorlui
sinl , à (juilius Baplisinus visiliililer consecratur, vivil
lamen (^liiislns cujns noniine consccralur : « Qnid sil
« à nioiluobapizari, inquil, 1 G de Bapt., c.5i.,sii.c
I [ira'judicio diligonlioris cjusileni Seriplnrie coiiside-
f raliuuis alibi jani dixinius : quatre anlem cur lixrc-
I licos solos vclinl inlelligi morluos, cîiin Paulus Apos-
« lolus generaliler de poccalo dix(M'il, Rom. G, 23:
I Slifjciidiiun pcccati mors ; et 8, G : Sapere aulem se-
( cundiim carnem, mors esl; eltinn niorluani viduain
«dical, quai in deliciis vivit, 1 Tini. o, G, quoniodô
I non sunl moriui qui seculo verbis, et non faciis,
«rennnliant? Quid ergo proficit lavalio ejus qui ab
i isiis Ijaplizatnr, nisi quia et ipse, si talis est, lava-
< crutn quidem babel, sed non ei proficit ad salutem?
€ Si anlem ille à quo baplizalur t dis est, iste verô non
I falso corde ad Deum convertitur, non ab illo mortuo
< baptizatur, sed ab illo vivo de qno dictum est, .!oan.
< 1, 55 : Ipi^e csl qui baplizal, quolibet corporaliler
< opérante baptizet >.
Inst. 2°: Alqui vana esse et irrita quic ab hareticis
confcruntur Sacramenla Scriplurarum aperla doctriiia
e;.t; eigo, etc. l'iob. snhscq. vnriis ulritisqiie Tosla-
nienli sententiis. Numerorum c. 19, v. ^tl-.Omnia,
inquit Spirilus sanclus, quœcumqiie letigeril im>mindus,
imwunda erunl. Psalmo 1 iO, v. h : Oleum peccutoris
non impiiifjucl capiU mettm. Luc. 1 1, v. 23 : Qui non est
meciini, ait Salvalor, contra me esl, cl qui non cotligil
mecuin , spmgit. Joan. 9, v. 3. Deus pccculorem non
audit. 2 Corintli. 6, v. li : ISulile juyum ducere cum
infidelibus :qnœ enini purlicipaliojusliliœ cum iniquilale?
Ani qiiœ soctetas iuci ad lencbras? Quœ aulem conventio
l'.lirisli ad belial? nul quœ pars iulidcti cum fideli? 2 ad
Timolii. 2, v. 17, de haireticis dicilur, quùd scrmo
eorum ut cancer serpit.
Ex his, l()ngè(|ue pliiribus aliis, sic conficitur aigu-
montum : Opus ininiundum, qnodque à Deo minime
exnndiri poiest, initum prorsiis et vanum csl; at(pii
qnidqnid agiint lucretici imnnindum est, (piia ipsi sa-
crilegi sunl el adversarii (lliiisti; cigu vannm et ini-
lum esl.
Hesp. Nego subs. Ad probal. admillo auctorilales,
et ad aigunienttun inde ductum :
1° Re^pondeo rclor(|uendo : Non minus \kvc testi-
nionia ad fures, avares, adultères cl facinorosos
qnoslibct, quàm ad baTCticos scbisniaticosqne respi-
ciunl ; iiaquc si probant vana esse et falsa Sacramenla
quic ab islis consecranlur, idem de illis necessariù csl l
Inijusmodi cavillos reUmdcns, ex illis Scriplurarum
oracnlis, ipso consenticnte Cypriano , non sequilur,
IVusIra et inniiiiti-r ab lioniinibus inipiis Sarran)cnta
confc iii ; igiiiu' boc ipsnm de ba'nlicis el scliisma-
licis agnovissel, si suis stare vcllel aut possel prinoipiis.
2° Conccssà majore, distinguo min. Onid(|uid
hxrelici, virtutc proprià el mérite suoagunt, inunnn-
dum csl, concedo : Qnidquid ngunt \irluic et nicrito
Cbristi, inmiundum ''st, nego minorein et consiq.
L. R. lllnd inerat omnibus |ienù Cypriani argu-
mentis maxinmm sané vilium, quôd opub inlcr Cluisli
el opus minisiri discrimen nuUum faccrel. idcùiuc
vcllel malnm essc Sacramentnm, quia malus est iiai-
reticus à quo consecratur; at<|ui inimensnm li:ec duo
di>crepanl. qiiod eliani me non moiicnle vttritatis
siudidsus inlelliget; sic enin) , ul lestimonia quai o|)-
|)onebantur breviler decurranms, idée inmiundus
iiaîreticus, quia vcrilatcm catbolicam negat, ideù
inimuiidus scbismaticus, quia Ecclesia; scindit unita-
teni rqnemcumque ergo uterque letigeril , \irus susc
bœreseos, aul discordiam scbismatis insiillando,
immundus futurus esl : sed non continua immunda
erit invocalio sanctissiniai Trinitatis, quia opus iilud
esl Ch^i^li. Simililer falsa qua-libel contra verbum
Dei docir na, oleum est peccaioris, de quo propiiela
dicebal: Oleum peccaioris non ungat capul meum; sed
virtus Spirilus sancti in Sacramentis secreliùs ope-
raniis, non oleuin boc est peccaioris, sed Dei: pariler
pnedicalio erroris quie fit ab hyereticis, cancer («it de
quo agit Apostolus; nialum est grannni quod non
potesl de Cbristi borreo celligi ; tenebra; sunl, nullam
cum luce socictalem liabentes:at non idem dcSatra-
niciilis evangelicis dici potesl, qua: in quar.làlibet
bairesis aut scbismalis perversitate adniinislrentur,
sermonem Dei , lucem Dei , semen Dei nibilo seciùs
babcnt.
Insl. 5°: Alqui virtule et merito Cbristi nibil pos-
1 sunl bieretici et scliismalici agere:ergo, etc. Prob.
subs. li soli possunt in Sacramentis virtule et nicrilo
Cbristi aliquid operari, quibus polestatoni Sacramenla
adniinistrandi centulit ; alqui solis Ecclesiai pra'po-
silis, non vcrocxiraneis qnales lueretici et scbismatiei
sunl, banc Cbri^lus poleslalem comniunicavit : i Ma-
« nifeslum est, inipiiebat S. Cyprianus, Epis. 73 ad
1 Jubaian. , ubi et per quos rcmissio pcccalorum dari
« possil, quai in Baplismo scilicet dalur : nam Petro
« priminn Dominus, super quom ;eililica\it Ecclesiam,
d cl undo unilalis origiiiem insiituit eto^:endit, po-
« lestaiem isl:im dédit, ul id solverolur in coilis, quod
« ille solvisscl in terris, Mallb. IG, 19; cl posl resm--
i reclionemquoquead Apostdjosloquilur diceiis, Joan.
I 20 , 21 et seq. : Sicnt niisit me Palcr, el cyo millo
I « vos ; hoc litm dixissel, inspiravil, et ail illis : Accipile
« Spiritum smictum : Si cvjus remiseritis pcccala , rc-
t mittenlur illi ; si cujus tenueritis, Icnebuntur; nnde
I intelligimus non nisi in EctIesi;T^ pnrposilis, el in
« evangelicà legc ac dominicà ordinalioae fundalis ,
< licerc baplizare , cl rcmissam peccalorum dare ;
Ii07 DE RE SACRAMEMAKIA. ~ DE SACRAMÉNTIS IN GENERE,
< foris auiein nec ligari aliquid posse , iiec solvi , iibi
< non sit qui aut ligare possit alitiiiid , aut solvere ;
«crgo, etc.
Hesp. Nego siibs. Ad probationem :
l^Cum sancto Augiistino retorqueo argumcnliim;
si idcô quia extranei , liairelici ei schisniatici sunl ,
Sacramenta conferendi polestaleni non habent, idem
demalisquibuslibelesldicendiim,qui, licèIc(M•po^aliler
inlùs esse videanlur, lamen spiriiualilcr foris sunl :
< Nonne, inquit, 1. 6 de Bap., c. 24, illi snnl in Ecclesiâ
I qui sunl in pelrà, qui auleni in petrâ non sunt, nec in
« Ecclesiâ sunl? Jani ergo videanuisutrùm super pelram
« œdificium suum constiluant, qui audiunl Ciirisli verba ,
< et non faciunt : conlradicil eis ipseDominus,diceiis,
t Mallh. 7, 24 : Qui audit verba mea liœc, et facit eu,
I similaboillum viro prudcnli, qui œdificat doinum sutim
« supra petram ; el paulè post : Qui audit verba mea
iliœc, el non facit ea , similabo eum viro slulto qui
I œdificat domum suam super arcnam. Si ergo in pclrâ
« est Ecclesiâ, illi qui super arenam sunt, quia extra
1 pctrani sunt , profeoiô extra Ecclesiam sunt; recor-
« demur itaque qnàin niullos conimcniorel Cypria-
I nus (l) velut intùs positos, qui redificant super
«arenam; id est, audiunl verba Cbristi, et non faciunt:
t el ideô quia sviper arenam sinit, extra pelram esse
I ccmvincuntur , quod est exlra Ecclesiam : ïamen el
« quamdiù ila sunt, et nondùm vel nunquàm in meliùs
« commutaniur, baplizant et baptizaniur, et Baptismus
i quem habent, illis ad danniationem destinaiis iniegcr
« manel. » Idem itaque de bicrelicis el scbismalicis
seniiendum.
2° Cum eodem sancto Doclore concessà majore ,
distinguo minorem : Solis Ecclesiae prœpositis , non
verô exlraneis, dédit Chrisius potcstatem Sacramenta
administrandi, validé simul el légitimé, concedo;
validé, nego minorem el consequeniiam.
E. R. Polesl quis veré esseCliristi minister, etiamsi
illégitime sit minister : verè minister est, oui reverà |
data est res sanclas dispensandi facultas: légitimé est,
qui, sui memor oflicii, sancta sancto et fideliler ad-
ministrât : Sic nos exislimel /jomo, inquit Apostolus,
I Cor. 4, \,nt ministrosChristi, et dispcnsatores myste-
riorum Dei : lue jam quœritur inter dispensatores , ut
fidelis quis inveniatur. Jam faleor solis Ecclesiam pra'-
positis sanctè pièque viventibus dalam esse à Cbristo
p(il(.nliam Sacramenta validé simul et légitimé con
l'crendi ; boni enim erant quibus dicit : Cui diniiseritis
peccuta, dimillentur ei, cui tenueritis, tencbuntur ; Sed
nego boc ila solis Ecciesix pra^positis esse dictum, ut
non possint eliam à malis, sive iniùs, sive foris , Sa-
cramenta validé consecrari; quâ de re juval Angusli-
num ipsuni audire : « Nos, inquit, lib.5, de Bapl. c. 7
< et seq., Baplismum eos (luereiicos el scbismaiicos)
«non juslé et légitimé possidere concedimus:non
« possidere auleni, non possumus dicere, cùm Sacra-
« menlum dominicuni in evangelicis verbis cognosci-
( mus : Baplismum ergo legilimum liabenl , scd non \
Mm
i) Vid. epitt, 11 Cyprian.
«légitimé habent; quisquis enim eura et in unilate
« calhnliiâ et eo digne vivens habet, et legilimum et
« legilimé liabel; quisquis autem vel in ipsa calbolicâ,
« sicul palea coiiunixla frumcnlo, vel exlra, sicul |»alea
« venio suolala, habet, hune Baplismum legilimum
« quidem habet, sed non légitimé :ita enim iiabot
« quemadmodùm nlitur ; non auleni légitimé ulilur,
«qui eo contra legem ulilur, quod facit omnis qui
I baplizaliis perdité vivil, sive intùs sive foris..., et
« ideô cùm vel ad unilaiem caiholicani, vel ad vilain
« tanlo Sacramenlo dignam converlitur, non aliud
<i Baptisma incipil habere legitimum, sed illud ipsum
« incipil habere légitimé, t
Inst. 4°:Atqui h;rc oracula Cbristi sic debent in-
telligi, ui in solà Ecclesiâ caiholicâ ab ejus prœpositis
Sacramenta validé administrari dicantur; ergo, etc.
Prob. snbs. Ibi solùm Sacramenta validé adminislran-
lur, ubi spiriluales lilii Deo procreanlur; at(iui in solà
Ecclesiâ catholicâ spiriluales Deo filii gigni possunt :
ergo, etc. Prob. min. ex lestimoniis Scripiurarum,
(|uibus Ecclesiam Cbristi sponsam esse significatur.
Audi, filia , et vide, in(iuii regius Prophela, ps.44, il,
el inclina aureni tuam. ..et concupiscet rcx decorem tuum.
Et Salomon in Cantico canlicoruni 4,7: Tolu pul-
cln-a es , arnica mea , et macula non est in te : vent de
Libano,spo>isu mea, veni, coronaberis... unaest. Ibid.c.
G, 8,co/H))i6«»i<Y/,pt')-/t'r(rtHiea.EtAposiolus2Cor.H,2:
Despundi , ini]uil, vos tini viro, virginemcastani exhiber e
Clirislo. Ex bis el similibus argumenlum sic ini'orma-
n)aiur:Non potest filios Deo parère, nisi quie sponsa
esiChrisli; aiqui sola Ecclesiâ catholicâ sponsa est
Cbristi : nec potest lantum sibi honorem lutresis,
quippe adultéra el fornicaria , arrogare. Vide Epist.
Firmiliani ad Cypr. Ergo, etc.
Resp. : Nego subs. ; ad probationem, concessa ma-
jore, nego min., el ad ullinnnn argumenlum,admissis
auclorilatibus, 1" cum S. Augustino retorqueo argu-
« menlum : Si propterea , inquit, 1. 5 de Bapl., c. 24,
« filios Dei generare non potest bœresis, quia Chrisli
; sponsa non est ; nec lurba illa nialorum intùs consli-
« lutorum polesl, quia el ipsa Chrisli sponsa sine
«macula el rugâ; ergo aut non omnes bapti/.ati lilii
« Dei, aut polesl et non sponsa generare filios. > 2"
Cum eodem 8. doclore dist. maj. Non potest lilios
Deo parère, nisi qu;e sponsa est Chrisli; paril lamen
ipsa, alitiuando quidem siim suo , aliquando per ule-
run) ancillarum, concedo : el non paril nisi sinu suo,
nego majorcm, el concessa minore, negoconseq.
E. R. Baptismus verbis evangelicis consecratus ,
ubicumque et à (luocunniue conferalur , Ecclesiae ca-
iholicai bonum, el spons;e Chrisli monde est ; itaque
(l\iotquot in Cbristi nomine el ritu legitimo baptizan-
iur, Ecclesiam habent matrem, qu;)e eos vel per ule-
rum suum paril, si in unilate calliolicà abluanlur, vel
per uleruin ancillarum, si foris in lueresi linganlur,
aui schismale: « cùm taies (mali) à spiritualibus evan-
igelizanlur, inquit, lib. 1 de Bapl., c. IC, el Sacra-
« mentis indjuunlur, lanquàm per se ipsam Rebecca
< eo6 paril, sicul Esaù :cùm autem per illos qui non
QU.f:ST. \ll. DK MINISTRIS SACRAMLNTORLM.
I caste nnnunliant Evangcliiiin , laies ia Dei populo w
I genoraiiliir ; S;ua fiuidcin, sod por Agar; ilcm boni
I spirilualos, quiiido evaiigeli/.aiitihiis vcl lia|)li/.ami-
< bus cainalibiis gcneranlur, Lia (piidcm vel liai bel
«jure conjugal! eos , sed per anciilanini nUinni, |>a-
« ril; cùin vorô per spirilualos in KvangcrK^gi'nerantur
< boni liiioles.... sicul ex utero Sar;e l.saae , vel lle-
c beeca! Jacob, in novani vitani, et novinn leslanien-
i lum nahCinitur. >
Insl. J>°. At(iui spirilualos filios Dec parère , sic est
Kccle>i.e calbolica^, singulare, ul ad angeiidani sobo-
leni exlrauco ancillaruni utero uti non possil ; ergo ,
elc. Prob. subs. Ibi solùni possunl spirilualos Dec lilii
proercari, ubi funs vila^ est et lavacruni rcgeneratio-
nis; aiqui iu solà calbolicâ Ecclesià , non verô in liac-
resi aut schismate , fons ille posilus est : ergo, etc.
Prob. min. variis ^cripturaruni leslinioniis, quibus
innuitur, non babere exlraneos nisi aquam adulteram
et niendacem. Me dereliquerunt fonlein aquœ vhœ, ail
Deus apud Joremiam, c.2, \'5,ct fodenint sibi sisternas
dissipatas , que coulincrc hou valent aqiuis. Hinc pro-
fanuni biorelicoruni Baplisn)a sublililer idoni propliela
perstringons : Quare, inqnit, faclus esldolor lueusper-
petuus , et pta^a mea desperabilis reuuil ciirnri ? Fucla
est milii quasi mendacium aquarnm injidelium..., Jer.
15, 18. « Qnaî est biec aqua niendaxot pcrlida? Aiebal
« S. Cyprianus in ej). ad Jubai. , utiqiie ea qu;e Bap-
« lisini iniagineni mentitur, et graliani lidci aduinbralà
« simulalionc fruslralur. > Eàdenu|ue perlincl alla
Scriplurarum senleniia, ab Alricanis s;rpù laudata liis
verbis : Ab aqnà aliéna abslincte, et à fonte aquœ aliéna-
ne biberis. Iteu) oraculum Cliristi dicentis, Joan. 7, 57 :
iSt quis suit, reniât ad nie et bibat ; qui crédit in me ,
sicut dicil Scriptura, flumina de ventre ejus fluenl aquœ
vivœ.
Ex bis cl similibus sic infcrobant Africain argumen-
tum. Apud illos fons aqux vitalis non est, qui non
habent nisi aquam adulteram et niendacem., ad quain
vetamur accedere ; atqui hujusmodi sunt lia:rclici et
schisniatici : ergo, etc.
Resp. nego subs. ; ad prob., conccssà i)i;ij., nego
min. Quemadniodùni enini fluvius de loco voluptatis
ad irrigandnm paradisum egrediens , foras et in ter-
ras cxiraneas longe latèque dilTundebatur, Gen. 2 ,
10, ita, inquil S. .\ugnslinus, fons aqua; vitalis in ca-
lliolic.à Ecclesià posilus foris in exieras regiones exnn-
dat, ubi et Deo filios parit : t Ecclesià paradiso coni-
f parala , inqnil, lib. i de Baptis., c. I , indical nobis
« posse quideni ejus Bapli>nintn lioiniiies eliam loris
« acciperc ; sed salulen» beatilndinis extra eain neini-
f nom vel perciperc , vol lenere : nam cl llnniina de
c fonte paradisi, sicut Scriptura testalur, etiani foras
< largiler manavcrunt : nominatim qnippc conimemo-
< rantur, et per quas tenas llnanl, et quia exlra pa-
I radisum conslitnta sunt, onmibns nolnni est. Nec
I tamen in Mcsopoiamîà vel in /Egypto, quô illa fln-
I mina pervcncrunt, est félicitas vilse qua) in paradiso
« conunemoralur; ita (il, ut cùm paradisi aqua sit
4 extra paradisum, bealihulo lamcn non sil, nisi iiUra \
U\ù
i paradisum. Sic ergo Ba|>tismns Eccles>i.'e polcst esse
« exlra Ecclesiam, munus auten» beat:e vita;, non nisi
< iiilra lÀ-rlesiam repcrilnr, t\\\x sup r petram eliam
j finidata est , qu;e ligandi et solvendi clavesaccipit :
i Uxc est una qu;e possidet omnen» sui sponsi et Do-
« mini potcslatem; per quain conjugalem poleslalem
t eliam de ancillis filios parère potest; cpii si non su-
t perbianl , in sorleni b;i;rcdilalis vocabunlur; si au-
i lem snporbiant, exlra remanebunl. »
Ad probaiionem minoris admillo auelorilales , et ,
concessà maj , distinguo min. Ila^retici et scliisniat ci
non liabont nisi atinani aduiti'ram et mendaceni, (pia-
tenùs lueretici et scbismalici sunt, roncetlo ; ctiani in
lis qu;e communia cum calbolicâ Ecclesià liabcnt, nego
minoreni et conseq. ^
E. R. ll;eresis, quatenùs à verilate calbolicâ aber-
ratio est, scliisma paritcr, in quanlimiCbrisli vestem
di!aceral,el proscindil mysticicor|>orisunilalem, pra--
ter niendacem aquam prorsùs nibil babet, coque sensu
benè in ha-relicos schismalicosqueconveniunlallogala
ex Scripluris oracula : sed non idem de Sacramentis
die ndum, quaj licèt illégitime, légitima lamen , el de
bonis Ecclesiaî, liabent : « Non est aqua profana et
« adultéra, inquit S. doct., lib. 3 de Bapt., e.IO, super
« quani nomen Dei invocatur, eliamsi à profanis el
i adulteris invocetur; quia nec ipsa creatura , ncc
i ipsum nomen adulterum est. Baptismus veiôCliristi,
« verbis evangelicis consecratus, et per adulleros et
< in adulteris saiiclus est , quamvis illi sint impudici
« cl immundi ; quia ejus sanctilas poUui non polest,
« et Sacramenlo suo divina virlus assislit, sive ad sa-
i luteni benè ulentium , sive ad perniciem nialé ulen-
< lium. >
Inst. 6°. Alqui ideô diclum in divinis liiteris non ba-
bere b?erelicos nisi aquam adulteram et niendacem ,
(|uia cun< Ecclesià calbolicâ vitalem fonteni comniu-
ncm babere omninô non possunt; ergo, elc.
Prob. subs. ex verbis ScripturaîquielegunturinCan-
licocanlicorum i, 12: Hortus conclusius, soror mea spon-
sn, hortus .-onclnsus, fonssignalus... puteus aquarnm vi-
ventitim ; bine sic inferebant adversarii argtimentum :
Fontem illum cum Ecclesià calbolicâ lix-relici et
schismatici communem habere non possunl , qui in
ipsà cilboiicà conclusus, elsigillo divino signaluscsl;
alqui fons vitalis Sacrameniorum in solà Ecclesià ca-
lbolicâ conclusus. et à Deo signaïus est; ergo, elc.
4 Qui in liunc Iiorlum nunqnàm inlroierunt , inquic-
< bal Firmilianiis , in epislolâ ad Cyprianuni , neque
i paradisum à Peo Cieaiorc plantalum vidernnt, (]uo-
i modo de fonte qui iiitùs inclusus est, et divino si-
« gillo signatiis , aquam vivam lavacri salutaris pr;e-
1 bere alicui polcrunt? » e.idcmqueCyprianietaliorum
argiimenlalio fuit, vide op. ad Poiiip. et concil. Cari.,
n. 35.
Resp. : Nego snbs. Ad prob. admiito auciorilatem ,
et ad argumentiim ,
1" Respondeo relorquendo : Qui liorlus conclusus
el Ions signaïus in Canlico dicitur, idem soror el spoiisa
riirisli voratur; aiqiio adrô ubi soror et sponsa non
un DE RE SACRAMENTAR1\. —
est, neqiiepolcsl cssc Ions afjii.T \ilalis; niqiii lurba
illa nialormn qui inlùs esse videnliir , proîcTlù soror
cl spoiisa Clirislinon csl; qnia sponsa Ciiiisli ncc ni-
gnin liabot, iiec maculiiii , nc(iiie | olt-sl tali niemI>io-
iiiin l'csle (aiii S|)('ciosa colmulia tiir!>ari ; iiaquc si
qiiid proi)al lioc argiimciiliiin, Cyi)riaii(iin ip>niii illa-
qiicat : « Qiiôd in Caiilico canliconim Ecclcsia sic
« describiUir , iiiqnil S. Augiislimis, lib. cont. Don.,
« c. 27 : llorlus conchisus, soror inca sp'usn, fons si-
« qnaltis, piileus aquœ vhœ, puradisus cuin frucln ponin-
« rutn ; hoc iiiloiligore non aiidoo , iiisi in sanclis et
« jiislis,!ion iii avaris et fraud. toribus, cl raploiibns,
« cl fœncialorilnis.ot ebriosis, elinvidis, qiios tamcn
« cnnijiislis 15a|>lisn)iini babuisse coniuiunem , ciirn
€ qiiibiis 'joniininu-ni non liaboluiiil uli(|ne cbarilalcni,
< ex ipsins Cypriani Htloiis, sient sa'pè conMiienio-
« ravi, nben'ùs discin)tis el doccmns . nam dicalmibi
1 aliquis , qnoniodù irrepserinl in borluin concltisnin
t cl i'niiloiu signatum, qiios seculo verbis solis, elnon
f laclis, rcnuniiàsse Cyprianus, et lamen inlùs fuisse
« tesiaïur ? t
Uesp. 2°. Concessà majore , distingno niin(»rem :
Fons vilaiis Sacramentoruni in solà Eccicsià calboliià
concbisiis, el à Deo signatns esl, bahilà lalioiie eflbo-
lûs salutaris, qui oblineri extra illani non polcst , ab
lis niniirùm qui bivresi scbi.>,nialiqne conseuliunt ,
concède ; habita ratioae Sacraraenti, et fonlis ipsius,
liego rninorem et conseq.
E. R Aliud est fons vitaUs, aliud vila de fonlc ac-
cepta : in primo namqne virtuleni fonlis, in allero ef-
feclum agnnscimns ; buiic porrù ertectuin oblineri
extra veram Er^clesiam non posso conccdimus , quia
exlra iilain non esl cbarilas de corde pnro et fide non
ficlà, sine quà Sacramentorum quanlaliltel copia niliil
prodest : eoque sensu nierilù Ecclesia sponsa Cbristi:
Horlus conchisus, fons signalus, pnleus aquarum viven-
tium appellalur; at nihiloniinùs etiam in exleras re-
giones fons vitalis aquie decurrit, sin iniin'is ad salu-
tem , ad pernicieni ccrlè snscipientiiini ; quomodô
recipiunt spinœ et zizania pluviam , quomodô qui di-
luvii icmpore exlra arcam fuerunt, aquam de calara
dis cœU venienteni susceperunt, pernioicmadquiden),
non ad salulem : « In laiilùm Ecclesia esl horlus con-
t clususetfons signalus, iiiquil saiiclus Au;;usliMUS,
I lib. Seont. Don., c. 27 , ii» quantum est lilium in
« medio spinarum, Canl. 9., 2, in illis videiicel juslis ,
« (pii inoccultoJuda-i sunl,circumcisione cordis (oni-
I nis enini puicliriludo fi!i;e Régis inlrinsecùs) , in
( quibus est numerus certussanclorum praîdeslinalus
i anlc mundi constitulionem : illa verô mulliiudo
I spinarum, si\e occullis, sivè aperlis separationibus,
( foriiisccùs adjaccl super nunierum.... ex illis crgo
« omnibus, qui, ut ila dicani, inlrinsecùs et in occullo
< inlùs sunl, constat ille horlus com lusus , fons sig-
I natus, puteus aqiia; vivae , paradisus cuni frucln
t pomonnn : horum munera conccssa divinilùs, par-
j tini siint propria, siciil in hoc lempore infiiligaljilis
« cbarilas, el in fuluro seculo vila alterna; partim
I verô cum malis perversisque communia, siciU cm-
DE SÂCRAMENTIS IN GENERE. 1412
^ « nia coîlera, in quibus snnt et sacrosancta mystoria.»
Itisl. 7" : Alqiii sic débet Scriplura iiitclligi , ut ne
fons quideni salulis apud li:erolicos et scbismaiicos
esse possil ; ergo, etc.
Probalnr subs. ex verbis Ap'isloli Pelri, ] ep. 3 ,
20 : In arcù, inquil, pauci, id est , oclo anhnœ salvœ
faclœ sunt pcr cquam ; qnod et vos maïc similis formœ
salvos fdcit Uaplisma : non carnis deposilio sordiuni, scd
\ conscientiœ bonœ interrogatio in Deum, etc. Hiiic, in
ep. ad Pomp. et ad Magti., sic eriirbat S. Cyprianus
arginncnlum.
Arca Noe qux aqnis diliivii innatavit , F,celosi;c
(".luisli figura excellerilissima ftiil : iinni in ils pancis
qui peratiuam salvi faeii sinit, Eccb'siam calholicatn ,
in aliis vcro quo> ininidalio aquarum ali^-unipsit , ox-
traiieos onnies, alqne adeo h;ere!i(0s sclnsmaticosipic
agnoscinms ; alqui afpia diinvii fons ^aiutis non fuit,
nisi iis qui in arcâ concludebantur , cù;n oinnes extra
pnsilosininiisericordiler exlinxeril : ei'gn ila Scriplura
inleiligi débet, ut ne fous quidein salulis apud li;ere-
licos et scbismaiicos esse po>sit.
Resj». : Nego subs. : \û probalioiiem ndmido
aiiclorilalem , et ad argiunenlum, respoiideo l'relor-
quendo : In iis paucis, qui per aquam salvi facli simt,
non oinnes promiscuè inlelligimus , qui exteriùs in
Ecclesia calliolicà esse videnlur, sod eos solùm qui
sunt inlùs in corde Ecclesiie , id est , qui nomen cbri-
slianum moribus el vilic sancliîale ex;e(iuant : i Ma-
« nifeslum cnim esl, inquil S. Auguslinus , lib. 5
« cont. Don., c. 28 , id qnod dicilur in Ecclesia inlùs
i el foris, in corde non in corpore cogilandum :
i quandoquidem omnes, qui corde sniil inlùs in arcâ,
« unilale per eanidem aquam salvi (iunt, per (luani
« omnes, qui corde snnl loris, sive eliam cor|»ore
« f.iris sint, sive non sirit, lanquàni uiiilalis adver-
« sarii moriu; tur ; » alqui, judice Cypriano, licèl non
salvi fiant per aquam , qui cùm intùs esse videan-
lur, sanclo Baplismale nialè uluntm", el ad fineni
vil;c in flagitiosis cl ponlilis moribus pcr;>everanl;
verè lamen liabeul in se foiitcm salulis, quo si benè
uli vellcnt salvi certissin)è fièrent. Ergo idem de bai-
relicis et scbismalicis al'firmandum, quôd saivarciitiir
piT Baptismum foris accep'um, si intùs ad cor Ec-
clesiie , eriore sanato, reverlerentur. Ucspondeo 2";
Concessà maj.,disl.min. Aqua diluvii fons ï^alulis non
fuil , nisi iis qui in arcâ coiicludebanlur, habita ra-
lione effectùs , qura nimirùm eos solùm à coininnni
naufragio libcravil, quos arca conliimiL, co^!<;;.:'do ;
habilà ralione vii lulis , quasi per se saharc alios non
potuerit, nego min. et conseq.
E. R. Comparatio ab aquis diluvii petita senleiiliam
calholicam confirmai, nedùin vel lantillùm dcbililil :
nuin(|uid enim , (|ua'SO, alla aijua fuil, qua; inlùs in
arcâ coiiclusos salvavil , alia qiue projeclos exteriùs
malè perdidit? An verô non poierant et allai preier
Noe familiam libcrari , si Deo ita volenle arca; auxi-
lialricis copiam liabuissent? « Sicul ergo, inquil ibi-
I dem S. Auguslinus , non alia, scd eadciu aqna el in
< arcà positos salvos lecil , et exlra arcam positos in-
iiis
QUiEST. VII. DE MINISTRIS SACnAMEMORLM.
i4U
f lercmit : sîc non alio , scd codom bapiismo et boni
t calliolici salvi fiunljCl iiiali calliolici vcl lixTclici
€ perwinl. >
Iiisi. 8° : xMqiii irrigari foule saintis ita est Ecclcsi;«
calholicui siiigulare , iil cxira illaiii iiec esse fous
ille, nec proiiidc ullain (lueat liabcre virlulem :
eigo, elc.
Piob. subs. ex vcrbis Aposloli ad Epbcsios , qiiarlo
capilc , sie biquoiilis : Obscao vos ul diijiiè ambulcds
vocniione quà vocati eslis... uiium corpus et uuus sinri-
ti(s , sicut vocati estis in nnà spe voaitionis vestrœ , nnns
Doiiiiiius , uiiti fuies , tuium Daptiuma , iiniis Deus , Pa-
ter omnium; bine sic dispnlabant.
Non alibi |)Olesl vcnis esse Haplisiuus et Ions sa-
liiUs, nisi iibi et lides uiia, et spes ima , cl Cbri-slus
uuus , et Doiiiiiius uiius , et deiiique Ecclesia una coii-
sislil; ai(|ni in bxTCsi aut sobisiuale reperiri isla non
possinl ; orgo ncqne venis Baptisnius : aiqne adeù ir-
rigari fonte salulis ita est Ecciesiie catboIic;e singii-
lare , ut extra ili.nn nianare Ions ille non posait.
« Ego uiuun Baplisina in Ecclesia soià scio, inquie-
c bat in cûncilio Carlbaginensi unus de Cypriani parle
t episcopus , cl extra Ecclcsiani luiUuiu ; bic erit
< ununi , nbi spes vera est , cl lîdes ccrla ; sic enini
t scriptuni est : Una (ides, una spes, ununi Baplisma :
I non apud b:creticos ubi spes nuUa est, et fides
« l'a Isa , nbi omnia per uiendacium agiintur , ubi
< cxorcizat da;nioniacns ; Sacraincnlnni intenogat,
« cnjns os et verba cancer cuiitlnnt ; lidein dat inli-
< delis , veniani dcliclornni Iribuit sceleralus , et in
< noniine Cbristi lingit anlicbrislus; benedicil à Deo
< nialediclus; vitani pollicelur niortuns ; paccni dat
« inipacilicus; Deuni invocat blasphennis; sai erdo-
< liuui administrât piofanus; ponit altare sacrilegus.»
CïCtil.usii Billàv.Vide Couc. Carib. n. i.
Resp. : Ncgo subs. Ad prob. adniillo auclorilatem,
et ad argunienluni inde dncluni 1° cun». S. Auguslino
respondeo retorquendo : quidqnid enim de lucreticis
et scliismaticis opponitur, verè uticpie convenii in cos
qui inlra Ecclesiam niali sunt : vcl ( rgo dicendum ,
ces vernni non babere Baplisma ; vel si verum ba-
bcre cnm S. Cypriano dicanlur, nulla causa est cnr
de b.'crelieis et scliismaticis boc negelnr : < Ad Ikim;
I respondeo, inquit S. doctor, lib. G cont. Don.,
< e. 8 , qnoniam (juisquis etiuni intùs conlilelur se
I Deum nôsse, laclis antoni ncgal, qnales sunt avari
I et invidi , el qui priipler IV iternum odinm , non
< meo, sed S. Joannis Aposloli leslimonio, Joan.
« 3, 13, dicuntur bomicidae ; et spcui non babent,
I qnia malam conscicnliam gerunl ; el perfidi sunl,
< quia id non agunl qnod Deo voverunt ; cl mcnda-
« ces , qnia falsa prolilcnlnr ; et d.cmoni:ici , quia
« diabolo el angelis ejns in suo corde lornm pru'-
i beul... et inlidcles sunt, quoiiiam quod Deus lali-
€ bus minatnr irrideul... tal-es aulem nonnnlbis, iniô
€ plnrimos , cl Aposlnbis Paidiis el e|)is( opns Cv-
I jirianus cliam intiis cssc tcslanlin-. Cur crgo isti ba-
< plizanl ? cur eliam quidam qui seculo verbis, et
( non faclis, rcnuiitiant , ab bujusniodi moribus non
i umiaii baptizantnr, el quan.lo mutanlur, non re-
i baplizanlur? >
2' Nigo majorem : non enim ideo diclum, una
spes, una fuies, Ecclesia una, uuum Baplisma, quasi
\ b:cc intcr se ila coliu-roant , ut non possil verum esse
Biqtiisma , nisi nbi vcra est spes, vera lides, el vera
Kcclesia, sed qnia t.im Baptisnius est unns , qui sci-
liccl aquà nalurali et vcrbis à Cbrislo [»rrrscriplis
complcttn-, (piàm Ecclesia una est, à Jcsu Clirislo
fnndala , qnàm fides et spes una est : « Si non esset
t Baplisma nnnm et verum, nisi in Ecclesia, inquit
< ibid., c, 9, n. 13, non uliquc cssel in eis qui ab
« unilalo discedunl; est antem in eis; nam id non
i recipiiint rcdonnics, non ob aliud , nisi quia non
« amiscrant recedenies. »
Deinde , quemadmodimi ex Seriplnrà probalnr,
fidcm unani esse, spem unam , el umnn Baplisma ,
l)robaiur pariler possc unum babere Baplisma , etiam
illos qui S|)em iniam , nnamquc fidcm non babent :
j Tradilnm est ab Apostolis, inquil S. Doctor, lib. 5,
« cont. Don., e. 26 , qiiôd sil unus Deus, elChrisius
« unus, et una spes et fides una , et una Ecclesi» , et
<! Baplisma umnn. Cùni crgo ipsis aposlulornm tcm-
9 poribns inveniamus fuisse quosdani quibusuna spes
4 non eral, et unum Baplisma erat , ex ipso fonte ita
« in nos ducitur verilas, ut appareat nobis sic lieri
« posse , ul cùm sil una Ecclesia , sicul spes una , et
« Ba|iiisma uimm , habeanl lanien unum Baplisma
« (|ni non babent unam Eccbsiam ; sicnt illis eliani
« lemporibus fieri potnit, ul Baplisma uimm habe-
< rcnt, qui unam spem non babercnt; qnoniodù enim
€ babebanl unam spem cum sanclis et juslis illi (jui
« dicebant : Manduceinus et bibamus, cras enim jho-
€ riemur, dicentcs qubd non esset resurrectio mortuo-
« ruml 1 Cur. 15, 32, el lamen in ipsis eratit, qnil)ns
« idem AposloUis dicil , 1 Cor. 1,13: ^'unu|uid Pan-
« lus pro vobis cruci fixas est, aut in nomine Pauli ba-
f pliznti estis ? Ad eos enim aperlissimè scribit dicens,
1 c. 15, 12 : Quomodb quidam in vobis dicunt, quia
< resurrectio mortuorum non est ? î
Inst. 9°etulliinô.Siverèinba'resi el scbismalc esset
fons vilaiis sacranicnlornm , tum licilc ab lia-reticis et
scliismaticis sacramciila minislrarentiir ( ([uid enim
mali ab eo fil, qui id quod boiium est, tribuit?),
tum ab iisdem innoxiè reciperenlur ; alqni neulrnni
\i(lclur posse cnm Scriplnriv anclorilale Cdnciliari.
Non quideni primum : Quemadmodùm enim Cboro,
Datlian , cl Abiron , qui sibi lieenlinm sacrificandi
usnrparc conali sunl, non impuni- feceruril quod illicilè
ansi sunl, elfilii Aaroii qui alicnum ignem allari iinpo-
sneruiil,in conspcctu stalini Doiniid indignanlis extincli
snnl , ila, iiiquiciiai S. Cyprianus, episl. 75 ad Jubai.,
tcrribih' supplicium manel bœrelicos , qui contra
Ecclesiam gcrcre pra^snmunl, qnod soli licelEccIesiiii.
iNe(inc eliam sccundum : (piibiiscnim ncc^i'edieere
perniiiiilnr, miiliô minus lied in Sacramentorum
siisccplione communieare ; alqni liaTeiicis ne ore qui-
deni dicere à Spiriln sanrio coiiccditur : Si quis venit
ad vos, inquil S. Joanncs, 2 Ep. c. 1 ,v. 10, et liane doctri-
1411
DE RE SACUAMENTAUIA.
Iniquum prorsùsest suffragari li?erelicis,coniniqiie
iiisaiiiain adjuvarc; alqui qui voluiil in lucrcsi et
Sfhismalc vcra esse Sacranionla , inimiris Clirisli et
EcolosiiXi pr^sidiuni offenint, magna, scilicel, iilis cl
DE SACUAMENTIS IN GENERE. UlC
m, m cœlcsii
eut I iiienti;>
eoriuii sacranioiita pi.obari , piilabuiit se Ecelcsiam
quo(pic, et ca'lera Ecclcs'uc mimera juste et légitimé
possidere, née ullam habebuni eaiisam venieiidi ad
nos ; ergo, etc. lia Cypriamis, Firmiliaiius , cl alii
disputabaiil. — Uosp. 1° : Argnmonltim ilhnl contra
Cypriamim cjusquc collegas inflecll baiid incongrue
poluisse : cîim enim illi concédèrent, vera à l'œnora-
t()iil)us, snporbis, invidis, adnltoiis, elc.,Sacramcnta
adniinisliari , aectisari paiiter potcrant, qnod flagilio
patrocinarcnlnr et impietati applaiidcrcnl , camque
respondendi \iam perpetuù iniit S. Auguslinus , ut
s;iopiùs observavimus, nec ultra juval in posterum
observare, ne Icclori ta'dium affeiamus. Resp. â° ;
Concessà maj., ncgo min . ; luïrclicis enim et schi-
smaiicis nec magna et cœlestia dona concedimns,
cùm non corum dicamus esse Sacramenta , sed Cbri'
sii et Ecclesiye , quœ injuste et illigilimè , légitima licèt
usurpent : nec illorum peiTidiam adjnvamus , quiu
divinilùs edocli conlcndimus, Sacramenta qux. inju-
sliîià dclinent, nisi ad veritalem et onitatem Ecclesioe
rediorint, non ad eorum salutem , sed ad pcrniciem
valilura; non magis itaque hiciclicorum et scliisma-
licorum imi)ietatem probamus, quando vcra in illis
Sacramenla agnoscinuis, quàm probat sceins mililum
desertorum , (jui in illis signa impcraloris agnoscit ;
numquid enim dicturi sumus ba;reticorum esse Sa-
cramenta verbis evangclicis conseciala? Quasi iiimi'
rùm , inquil S. Auguslinus lib. 5 conl. Don., cap. 10,
en conlunùnure potuerinl, mil proptcrea sua facere qucv
Dei sunt, quia ipsi Dei esse nolucrunt.
Insl. r probando min. : Qui baptizanlur, complont
sine dubio Ecclesi;e numcrum. Si ergo hicrelicorum
Baplisma | robalnr, Ecclcsiam illic esse conlirnsatur ;
atque adeô obfuscatur cl quodammodô aboletur
christianrcpetrœ verilas.dùmsic prodilur etdescritur
unilas; quo fil ut ba'relicis pejor sit, qui illorum
Baplisma probal; nam cùm inde multi cognito errore
suo ad le veniant, ut Ecclesiic verum lumen accipiant,
tu vcnienlium errores adjnvas, et obscurato hnninc
ecclesiasticae verilalis , tenebras bœreiica! noclis
accumulas, lia Finnilianus. \ide ep. cjus ad Cyprian.
— Resp. Distinguo ant. Qui bai)lizantur in unilaie et
veritate calliolicà , complenl sine dubio Ecclesia; nu-
merum , conccdo ; qui loris in luvresi , vel scliismale ,
baptizanlur, subdislinguo : si ex necessitatc , vel si
bonâ fide , autsaliem sine malà fide , lioc fiai, com-
plenl EcclesiLe numcrum, conccdo; secùs, nego an-
tecedens et consequcns.
E. R. Vana lia>cadversariorum declamatioerat, ucc
micam quidem liabens salis cbristiani : in tantam
complet aliquis Ecclesi;ie nmnerum , in quanlfmi Di'i
familiœ aggregalur, et in arcam intromillilur, ex lia
quam salus esse non potesi; liœc verô in Clirisli fa-
miliam cooplalio per Sacramenta non fit, nisi quaie-
nùs in unilale catbolicâ et veritate susciiiiuntur; nndc
consequens est, augerc quidem Ecclesioe numcrum,
1" Eos omnes qui in sinu Ecclesia» calholicce bapti-
iiam (fidei ) non affcrt , nolite recipere cum in domiim , |f! cœleslia dona conccdcndo , corumque confirmant de-
nec ave ei di.reritis : qui eiiiin dicil i li ave, commumcul \ menti;>m : si enim viderinl judicio et scnlonlià noslrà
operilnis ejus vinligms : ergo, etc.
Resp. : Nego utramque parlem majoris.
1° Enim quamvis légitima Sacramenla sinl , qusc
hœretici et schismalici , rilnm à Cbrislo pra;scriplum
tenendo, minislrant, non juste lamen , ncque légi-
timé dant, quia propler bairesis et scbismalis crimen
indigni sacro minislerio lacli snnt , ncipie possunl
personam Ecclesise gerere; unde nec nos, in(pnt S. Au-
guslinus , lib. 3 conl. Don., c. 18, lalia scelera dici-
inus impunita remanere, nisi se taies correxerint.
; 2° Dempto necessilatis aul bona; fidei casu , non li-
cel ab hxrelicis et schismalicis Sacramenla recipere :
quid enim hoc esset, nisi scliisma , vel lix-resim , cum
gravi (idelium scandalo approbare? j Si quis, inquil
i S. Auguslinus, lib. 1 conl. Don., c. 2, cùm possil
( in ipsâ caiholicâ accipere , per alitiuam mentis per-
t versilalem eligit in scliismale baplizari , cliam^i
f postea vcnire ad calbolicam cogitai , (juia certus
« est ibi prodesse Sacramenlum cpiod alibi accipi qui-
< dem polesl , prodesse antein non poicst ; procul du-
< bio perversus et iniquus est, et lanlô perniciosiùs,
( quanlô scientiùs : ita enim non dubitat reclè illic
f accipi , sicul non dubitat illic prodesse eliam quod
( alibi acceperit. >
Quôd si vel nécessitas urgeat, vel bona (ides excu-
set , jam tum dnbium nulkim est , quin licite à mi-
iiislris bujusmodi Sacramenta suscipianlur : « Si quoni
< forte coegeril exlrema nécessitas, ail ibidem, ubi
c catholicum per quem acci|»iat non invenerit, et in
< animo pace caibolicâ custodilà , per aiiquem extra
t unitatem calbolicam positum acceperit, (piod erat
« in ipsâ caibolicâ unitale acceptnnis , si blaliin eliam
« de liàc vilà emigraveril , )ion emn jnisi calliolicum |
c deputamus. Si autem fuerit à corporali morte libe-
f ralus , cùm se calbolicic congregationi eliam cor-
« porali pra;senlià reddidoril , unde nunquàm corde
» discesserat, non solùm non improbamus quod fe-
€ cit , sed eliam sccurissimc verissiinèque laudamus :
t quia praesentem Deum credidit cordi suo , ubi uni-
< talcin servabal; et sine saiicli Baplismi Sacramento,
I quod ubicumque invenit , non liominum , sed Dei
I cognovit, noluitcx bàc vilà migrare. »
Nec quidquam in cor.lrarium probat adductum ex
Joanne lestimonium , quandoquidem ad qnœslionem
Sacramenlorum omninù non pcrlinet ; ait enim : Si
quis ad vos veneril, et doctrinam CInisli non habet ; in
hoc autem quod ba^retici et schismalici faciunt, Sa-
cramenta rilu legilimo consecrai do, Cbrisli doctri-
nam agnoscinuis; quia non sua dant Sacramenta, sed
Christ).
Objectio m , ex ralione.
Un
(jl.EST. Vil. DE MINISTHIS SACRA.MKNIOui.M.
1118
r.anlur. 2° Infanlcâ quos malor Ecclosia , per iilcriuii T lari; ergn, cic. l'iub. biibs». Per Sacriiiiciiluiii (\nv,(\
aiicillaruin , in Ineiosi aiil schisniale , veiè iii Clirislo ; opus csl Clirisli , lioiiio Clii isliim iiidiiil, cl actipil
gênerai; qui si al) .'loc scnilo ncqiiain oiipianliir , ; Spiriliiin ;,aiK(iini ; alcpii (pii al) i);L'rcli(;is Sacranictîta
anleipiàni eoriini animas inalilia aut liilio luiilarc po- ; nripiiinl, noo iiKliiiinl Chrisliiii), ncc Spirilu saiiclo
lucrit, sine dnbio ha;reditalem capiiinl salulis. 5" Eos donanlnr; ergo Sacrainunla qiuc ab ba.-ielicis coiifc-
omnesqiii, seu bonà lide, sou nccessilale cogcntc , ]'■ riiiilur, nihil liabent qiiod dici vaK'al opus Cduisli. —
!ib ba^rclifis aut scbisinalicis baplizanliir : iii eniui , ' Kcsp. : Nego subs. ad probalioncm <li^liiiguo niaj.
IVr Sac ranioiilnni, tpiod (qms c^l (Miiii,!!, bonio
l'col loris corpoialiler i-ssc vidoaiilnr. spiiilii lanioii
jiiUis siinl, et voie ad nialrcni lùclesiaai [leiliiicnl.
\bsil verô à nobis ul de hxTClicis el sclusmalicis idcn»
scntiamus, qui nediur. EcclesiLC numcnim iinpleaiil ,
ii ipsi sunl, do quibus dixit Joannes aposlohis, 2 op.
2, 18: Atiticliiisti wulli (acti SHiU.... ex uobis prodie-
runl, sed non erunl ex nobis : nmn si fuissent ex nobis,
pennansissenl ulique nobiscuni.
lusl. 2" : Quiquid ab hicrelicis fil, dobet in verà
Cbrisli Ecclesià deslrui , quia sacriloguin est : crgo ]
cl ipsa Sacramonla ; unde (onsetpiens est, qtiisquis \
...
vora m lia^rcticis sacraïuenla agnoscil, verani panier
in illis Ecclesiani recoguoscere. — Resp. : Distinguo an-
lecedcns : quidquid ab biereticis fil, opeie proprio ,
débet in verà Cbrisli Ecclesià deslrui , quia sacrile
gum , concède; quidquid lit ab lucrelicis, opère non
suo , sed Cbrisli, nego ant. el conseq.
E. R. Quando haerelicus Baplismuni , e.xenipli
gratià, aduii nislrat, opusejiis proprium, ab Ecclesià
deslruendum , bicresis ipsa est : invocatio sanctis-
sini* irinilalis, opus est Cbrisli , ubicumipie repcr-
lum fuerit, approbandum ; Sacranienla enim, si ea-
dem sunt, ubique intégra sunt, eliani si pravè iniel-
ligunlur, et discordiosè Iraclanlin- : sicul Scriplura j
ipsius Evangelii , si eadeni ipsa es!, ubique intégra est, ?
cliamsi inuunierabili t'alsaruni opinionuni varietate
genuinus ejus sensus corrumpalur : i Sacrilegi , in- l
i quit S. Augusiinus, lib. de Un. bap. cont. Pelil.,c. j
« 7 et 10, qui in noniineJesu Cbrisli ausi suni Ojcrari,
I falsuni opus propriuni pordiderunt ; boc onminô j
€ veruni est : nuniquid ideù lamcn nomen ipsiun .b su
f Cbrisli sacrileguni est, eliani cùni per illum sacri- i
« legi aliqiiid operanlur? Qiiishoc audeal vel demen- i
t tissiinusdicere? Quis jain islo tomporo , vel paganus :
i audeal aflirniare?... Qui dicil deslruendum esse i
i Baptisnniin Cbrisli , quando illo biereiici baplizant,
( consequens esl ut dicat neganduni esse eliani ipsuni
< Cbristuni , quando cum daimones confitenlur; bine
« laudalus est Pelrus cpiando dixil Mal, 10, 17 : Tu
i es Cliristus l'ilius Dà vivi; expulsi dremones boc
ipsuni dicenles Marci 1, 24 : Scimas qui sis, Sanctus
: hei; ergo isia Cunfessio Petro frucluosa , d«moni-
1 bus perniciosa , in ulrisquo lanien non falsa , sed
* vora , non noganda , sed agnosconda , non doles-
, landa , sed approbanda esl ; sic el Baplismi veillas
s dalur à redis catliolicis, laïKpiàm à Petro illa con-
». fessio ; datur à pervcrsis luerelicis, lanqiiàm à d;o-
i nionibus eadem ipsa confessio : illos adjuvat, bos
< coiidemnat; in uliis(pie lanien agiioscenda , appro-
i banda, in neuliis noganda , violandn. >
liist. ô : Alqui Sacranienla quLO ab barelicis con-
lorunlur, nibil babcnl (juod opus Cbrisli valeat appel-
IH. XX.
Cbristuni indiiil et aoci[:il Spirilnm saiicliiiii , ipiaii-
tiiiu ad cbaracleris inipre-sioiiem , coiiccdo ; quanlùm
ad remissionein peccalonmi el saiiclificalioiieni ,
I subdislingiio : si obicein diviiio benelicio non oppo-
nal, coiicodo : secùs, lugo majorcm : siuiililer distin-
guo minorcni, el nego coiiso(|.
E. l{. Tria nov;e legis Sacn.nieiila duos, ut pne-
divimiis, liabent efi<;clus, gr. liam el cbaiacleiein :
isli porro efiocîus Cbrisli Dei boniinis, et Spiritûs
s;iiicli sunt doua ; quisnuii iiritur ils donalur, Cbri-
stuni iii(bi( re vorè diciuir, el Spiriliun saiicliiin acci-
pere ; jani vero qui ab b;erelicis et sciiismalicis
Sacramonla evangolico rilu su ciiùunl, cbaractorem
doiuinioum , voliiil, noliul, inlixuni babcnl, ul supe-
riùs suo loco oslondimus : gi aiiam vero ideô non
percipiunt, non quia illius conreiend;o virtulcin Sa-
cranienla in liseresi aut scbisniale snscopta non lia-
bent, sed quia diviiio bcneficio obid m siià perversi-
lalc opiionuiil ; ilaque in ba'resi ol scbisniale indui
Cbrisluni et accipi Siiiritum sancliim, liabilà diver-
soiiini ralione eHocluiim , wvc dicilur et vnc iioga-
tur : s Induuiit bomiiies Ciiri:-îuin , inquit sanctus
« Augusiinus lib. 5 de Ba|>!., cap. 2i, aliquaiido us-
« que ad Sacrainenli poici plionem , ali(iiiaiido et
« usqiie ad vilai sanclincalionein ; atcp.c illiid prinunu
c el bonis el inalis polest esse commune , boc autein
« alleruin propriuni esl boiioruin cl piorum ; qiiapro-
« pler si lîaplisma esse sine spirilu non poLsi, ba-
« bent el spiiilum li;cielici , sed ad perniciem , non
€ ad saluteni , sicul babnit S.iïil. >
liist. i. Alqui qui ab li;vrelici.s Sacrameiila reci-
piiiiit, nullà ratioiie Spirilu sancto donanlur : erg*», etc.
Probalur subs. Spirilus sanctus in solà lù'clciià ca-
lliolicà per iiiaiiùs imposilioiiom dalur : ergo, olc ; ita
S. Cyprianus in Epistolà ad Juliaianum. — Rosp. •
^(■go subs. Ad probalionein disl. anl. S-iiiilus sa:;-
clus in solà Ecclesià caliiolicà dalur , quanlùni avi
doiium gralia; sanclificanlis et cbarilalis , coneedo ;
quanlùmad omiies ojusdein Spiiilùs operaiioncs, nego
anl el conseq.
C R. Verbis^S. Anguslini , lib .5 cont. Don., c. iG :
< Spirilus Sanclu^, inquit, quùd in snlà catholicà, por
« manûs imposiiionom dari dicilur, iiimirùni boo in-
< lelligi majores no.-.lri voliiorunl. (piotl Aposlolus ail
« Roin. 5, 0 : Quoniam cltarilas Dei difj'nsu est in coi-
i dibus uosiris per Spirilnm sanclum qui dotus esl nobis ;
« ipsa esl cnini cliarilas, qnam non babont (pii ab
« Ecclesife calbolioa; coiiiiminiono pracisi siiut : ac
« per boc, cliamsi linguis liomiiium et angoloriim lo-
€ quaiilur , si sciant omiiia Sacranienla et oiimein
■ scienliain .. nil:il ois prodesl : non aniom babont
lilO
DE RE SÂCRAMENTÂUIA. — DE SACl\A.MENTIS IN GENERE, 1420
t Dei cliaritalcm.qui Ecclesirc non diligiintiHiitatem;
« ac per hoc, rcctè iiilcUigilur non accipi, nisi in ca-
« tliolioâ, Spiriius sanclus : nciiue eniui tcnipoialibiis
4 et scnsibilibus niiraculis aUcstanlibus per manùs
« imposiiionem modo datur Spiriius sanclus , slcut
< aiilea dabalur ad commendalioncm rudis lidei, et |
« Ecclesiaî piimordia dilalanda... ; scd invisibililcr et
t lalenler inleHigilur proplcr vincuhim pacis eoruni
< cordibns divina cbarilas inspirari, ut possint diccre :
« Qnoniam cbarilas Dei dilTusa est incordibus noslris
« per Spirilum sancliini , (jui daUis est nobis;' jnnlUe
« auleni suiit opcraliones Spiriius sancli , (juas idem
i Aposloliis cùm quodani U>co, quaniùni sufficere ar-
« bitralus est, comniemoràssel, 1 Cor. 12, II, ila
I conclusit : Omnia aulem liœc operalur tmus nique
a idem Spirihis, diiidens propria umcuique, prout vull :
8 cùm crgo sil aliud Sacramenluni, quod lialjere etiam
« Simon Magus polnil ; aliud, operaiio spiriius, quse
« in malis bominibus eliam ficri solet, sicul Saùl ha- '
t buit Propheiiam ; aliud , operaiio cjusdem Spiriius,
« quam nisi boni babere non possunl , sicul est finis
« prœcepli, cbarilas de corde puro, et conscienlià
« bonâ, et fide non liclà; quodbbet ha:relici et scbi-
« smalici accipiant, cbarilas qu;c cooperit niulliludi-
< iicm peccatorum , proprium donum esl calbolic*
« unitalis et pacis proelcr ip^ani esse illa cliarilas
d non potesl, sine quâ cœlera, elianisi agnosci cl ap-
« probari possunt, prodessc lamen et libcrare non
« possunl; manûsautem imposilio non sicul Raplisnuis
« repe'i non potesl : quid est enini aliud nisi oralio
i super honiinem ? »
Inst. 5° : Ex concessis Spiriius sancli quantum ad
gvaliam cl peccatorum reinissionem, in solà Ecclesià
catholicâ dalur ; atqui ubi rcmissio pcccaloruin non
fil, non potest verus esse Baplismus : crgo, etc. ; ila
S. Cyprianus in Epislolà ad Januarimn. — Resp. :
Concessà majore , nego niinorem : possc ciiim verum
esse Baptismun), ubi peccatorum rcmissio non lit, in-
victè probat exemplum eorum qui iu ipsà catholicâ
Ecclesià ad sanclum Lavacrum (icli acccdunl, quos
fatcbalur sanclus Cyprianus verum Baplisma sine pec- |
calorum purgalione habere : Quïd si aiiquis ad ipsum
Baptismum (ictus accessit , inquit sanclus Auguslinus
Donalislas refulans, qui eodem argunienlo veritalcm
calbolicam impugnabanl, lib. 1 cont. Donat., c. 12 :
« Dimissa sunt peccata, an non sunt dimissa ? Eligaut
« quod volunl, ulrunique clegerint, sulficit nobis : si
« dimissa dixerinl , quomodô ergo Spiriius sanclus
* disciplinée effugiet lictum, Sap. o, si in islo liclo re-
« missionem operaïus est peccatorum? Si dixerinl
« non esse dimissa : qusero , si posleà fictioncm suani
« corde concusso et vero dolore fatcretur , denuô
i baplizandus jiidicarelur ? Quod si dementissinium
« est dicere , faleaniurvero baplismoChristi baplizari
« posse hominem , et lamen cor cjus in malitià vel
« sacrilegio perseverans, peccalorum abolitionem non
€ smcre ficri : alque ila inlelligant in communionibus
« ab Ecclesià scparalis possc bomines baplizari, ubi
.« Chrisli Baplismus câdcm Saeramenli celebrationc
« dalur et sumilur : qui lamen tune prosU ad rcmis-
d sioncm peccatorum, cùm quis roconciliaUis unilali,
« sacrilegio dissensionis exuilur, quo ejus peccaia le-
€ nebanlur, et dimitli non sinebanlur : sicul cnim in
( illo qui fictus accesscral , fit ut non denuô bapiize
« lur, scd ipsà pià correctione et veraci confessior.C
« purgelur , quod non posset sine Baplismo , ut
i quod ante dalum esl , lune valcre incipial ad
« salulem , cùm illa ficiio veraci confcssione reccs-
i serit; sic eliam istequi Baplisma Chrisii... in atiquà
c hseresi , aul scbismale, accepil,iquo sacrilego sce-
i 1ère peccata ojus non dimittcbaniur, cùm se cor-
1 rexerit, et ad Ecclesiic socielalem unilatenique ve-
< nerit, non ilerùm baplizandus est; quia ipsà ei
i rcconciliatione ac pace prpcslalur, ut ad remissionom
i peccalorum ejus in nnilaie jam prodesse incipiat
« Sacramenluni, quod aeceplum in scbismale prodesse
« non poleral. d
Inst. G" : Alqui Baplismus acccplus in bœresi , re-
deuulibus ad Ecclcsiam prodesse ad peccatorum re-
niissionem non potest ; ergo , etc. Prob. subs. Ut
prodesse aliqualenùs ad peccatorum abolitionem va-
lorel , deberet in aliquo suo effeclu nianere , alqiic
adeô deberet baptizalus in hœresi aut scbismale ali-
quid accepisse : alqui qui ab baîrelicis vel scbismali-
cis tincli sunt, prorsùs iiihil acceperunt : crgo, etc.
Prob. min. Nenio dal quod non babei ; qijiiâ cuim
polest dare aliquid quod ipse non habeat? Alqui con-
stat niliil babere hx'relicos; nibil ergo dare possunl :
ila S. Cyprianus in epislolà ad Jamiariuin, et episcopi
Africani in terlio Carlbaginensi coHcilio, n. 65. —
Resp. : Nego subs. Ad prob., concessà majore, nego
min., et ad ultimum argumentum, 1° cuni S. Augu-
slino resp. : Transeat major , et nego min. Si erqo,
in(]uil, 1.7, de Bapl. cont. Don., c. 29, potest dare ali-
quid, qui aliquid habet, manifcstum est posse dare liœre-
ticos Baptismum, quia ciim ab Ecclesià recedunt, liabciil
lavacri Sacramentum quod ibi acceperant; nam redeuiites
non recipiunl , quia non amiserant ciim recesserunl.
2" Cuni eodem S. doclore distinguo majorcm ; ncmo
dal de suo quod non babel , concedo ; nemo dal do
bonis allerius cujus minisler est, quod ipsc non babct,
nego maj. ; sivc aliter : nemo dat quod non babct,
neque aclu , nequc virlule aut causalilale , concedo :
quod aclu quidom non habet, sed habet lamen \ii-
tutc cl causalilale, nego majorem, transeat minor, et
nego const'quentiam.
E. R. Non ideù minister Sacramenlorum dat allcri
veUbaraclerem. vel gratiam . quia ipse habet; quasi
niniiiùm parlem suinal boni quod possidet, ut in
alium transférai, quo niliil insanius fingi itoiest; scd
ideù dat , tum quia minisler et inslrunientum est
Clirisli , tuin quia conficil Sacramentum cui ad hos
cH'eclus pioducendos virlus à Deo indila esl ; quemad-
modùm ilaque iiiferioribus corporibus colorem sol
ingcril, quem actu ipse non habet , sed solà causali-
lale, ut aiunt pliilosopbi , et quemadmodùm homicida
in c;illiolicà Ecclesià baplizans, dat Spirilum sanclum
quem inliis ijjse non gcril, ut millies sanclus Augusli'
im
QU.EST. VII. DE MINISTRIS SÂCUAMENTOniNf,
n22
mis iiiciilcal, ita potest liicrclicus cl scliismalicus (
graliain et sanctitalom roiifcrrc, |»ari(|iie causa clia-
raclcrein intigeiet , cliamsi non Imberol , quia non
iniiiistrorum , sed riacranicntoriim etlccliis iii sunt.
Inst. T : Alqiii Baplisniadatuni in lixTosi niiiil pror-
sùs habct virlutis ; crgo, clc, Probaïur subs. Non
potot major aul potior vis esse lîaplismi, quàm pas-
sioiiis pro Cbrislo lolornUe, qua' lîaptisnins sanguinis
appoilalur; alcpii ba^relico nec Baplisina public3C con-
fessionis el sanguinis proficere ad saliitem potest,quia
saliis extra Ecclesiam non est ; ergo miilcù magis ei
ninil prodeiit, si in lalebrà et in latrcmim spelimcà
ndulloi';e eonligione a(iu.e tinclus fiiorit ; alquo adeô
I I qnit sanrliis (loclor, iib. i font. Donal., c. il, tt
< i(k'ù(pKi'ciiniqiie i|;siiisE<clesi:e liabcntur, extra Ec-
i elcsiam non valent ail saiulem ; sed aliud est non iia-
< bei'O , alind non ulililer habcie : ((ui non babet, est
< baplizandiis ut babeut : qui autcm non utililer lia-
« bel, ut utililer babeal, conigcndut, ; nec ;idij|iera est
< acpia inliMptisniobaiciicoium ;(niia nrci|ii5iHji';itiir:i
* quaniDt'usertndidil.malae^t.nccverba e\an;i(licaiii
« quibnslibet errantibus leprebendeiida sunt, sed en or
< illorum in quo adultéra est anima, eisi à icgitimo
( viro Sacramenli babcat ornamentum. >
Inst. 8' , ullimo. Qiios Joannes biplizaveral, ile-
rimi à Paubj sunt b:iplizali , Act. id, b, ergo mullo
falendum , Baplisma d;itum in bitresi nibil prorsùs i magis debeiil apud nos, qiios bserelici liiixerint, legi-
babcrc virluiis : ita S. Cyprianus in ejjisiolà ad Ju- j linmm et vcnim Eccbsiai Bnptismum accipere : ita
baianum.
Resp. : Nego subs. Ad probalioiiem, I' nogomajo-
rcm : marlyrium enim quidqiiid babi't virlutis (1) , à
cliaritale babet , quaî bonnnis est opus per graliam :
unde qui cbaritatem non babet, sivc in ùs in Ecclesià,
sive foris in ba'resi aut scliismale , fundere eqiiidim
S. Cypriaiius in eàdem ad Jubaianum epi tolà.
— Resp. : >ego con^cq. Baptiama enim Joaiinis, fuit
Joannis Raplisma, non Clirisli : è contra vero Bap-
tisma eliam ab biereticis , verbis evangelicis conse-
cratum, non est ipsorum, sed Chrisli : baptizari ergo
debuit post Joamiem, quia ab eo baplizalis in spe
sanguiiicm potcst , accipere coronam n(vii polesl : Si i sulùm remitlebanlur peceata ; baptizari post Cbri-
trudiderv corpus meum ita ut ardeam, iu(iuit Aposlolus,
4 Cor. 15, 5, cliaritatem milem non habuero, nilnl milii
prodest ; Baplismus è coiilra vim omnem suam babet
à Cbristo, cujus est inslrumentmn ; unde elTeelus ejus
non pendet ab liomine lan(|uàm à causa ; biiicque
raanifeslum est, potenliorcm illius quàm marlyrii esse
virlutem. 2° Cum S. Augusiino coacedo lolum argu-
mentuui , et nego uliimum consequens ; perpej'àm
enim infertur , ibi non esse virtuleni effeciùs |irodu-
ccndi , ubi elTectus l'.on fueril; quasi nimirimi neces-
sariô causa desiaat, ubicumqueejus imped.lureffecius:
« Salutem extra Eeclesiafli non esi-e , quis negat ? in-
(1) Auctor paulô fidentiùs affirmât marlyrium nihi!
virltitis babere, nisi ex cliarilale; <M)n)muniiis tnim et j
pn)i);ibiliùs doct-lur à ibeologis ipsam cbarilalCMi à i
marlvrio taiiquàni à causa proceiiere ix)sse , modo l
pneeèsseriiil dispusiliimes qu« ad Uaplismnm el Pœ- î
niicntiam reiiuiruntur. De bàc aulem qu;esiione in |
traelalu de Baplismo fusiùs agelur. Quamobrcm aliter
solvenda est opposila dinicultas, nimirùm sic dislin-
guendo n)ajoreiu : Non polesl esse major vis Bapiismi
quàm morlis pro Obrislo toleraliC , ad producendum 'i
elfectum iilriipie communom ; eoncedo cum poliori
ibeologorum parle ; ad^Hoducendoseffeotus (|uoscum- ^
que, nego majorem. Enimvero duplux est Bapiismi ;
effeclus, abus qui ipsi communis est cum morte pro =
Cbrislo tolérai» , nempe gralia sandilicans, el alius |
qui ipsi soli prop; ius est , vidflicel cbaracler (piidam j
spirilualis el indelebilis. Falcmiir cum plerisque ibeo-
logis, q-ioad priorem ell'eclum. non majorem esse vim
Bapiismi quàm morlis pro Cluisio loleral;e, id est,
buiic eireclum pi-r Baplismum produci non pos>>e, ubi
per morlem pro Cbiisto loleraiam non j)iuducorelur,
(|iiia ulrinque e;edem retpiirimliir disposilioiies ; quod
auli'm posleriorem Bapiismi eircclmn spécial, longé
alilcr se rcs liabel ; nam , in^lar gialia' gratis data;
cliaraclei" , ut anima; im|)rimaim~, mdiam pneviam
disposilionem requiiii, pnttndeqne BiptiMuus Inmc
effectum in iis cireumsianliis pioducere polesl , in
quibiis mors pro Cbrislo tobrata nullani viiiulem lia-
béret ; ergo nil mirum si Baplisma in ba-resi dal'Uii j
vim aliquam el eflicaciam babeal, »pi imvis umrs pro j
'Ctristdolerata hxrelico nibil omnino prolicerc pos
bit. (F.dil )
stum non débet, quia ille ipse est, de quo dictum à
Joanne, .Mattb. 5, ii : Ecce Agnus Dei, eccequi toUit
peceata niuiidi... v Dominus Jésus Cbristus, € inquit
S. Augustinus, Iib. 5, conl. Donat., cap. 9, < tali Bap
< lismo mundal fclcclesiam , quo accepte nulluni aU
i terum reqiiiralur ; Joanues autem tali Baptismo
< praetingebal , <|uo accepto esset Baplisma eiiani
< dominicnm necessariuni : non ut illud repelalur,
t sed ut eis qui Biptisnuuii Joannis acceperanl, eliaiii
« Cbristi Baplismus, cui viam pru'parabat ille, irade-
a reiur : si enim Cbristi bumilitas commendanda non
« esset, nec baptismo Joannis opus esset; rursùm si
1 in Joanne buis esset, post Joannis Baplisma Ciiri-
c sti Baptismale 0j)us non esset ; sed quia finis legis
« ClMi>lus ad jusliliam omni credenti , ab illo de-
î monsiratum est ad quem pcrgeretui-; ad bunc cùni
« perv4întujii fuerit, pcrraanclur. »
§ i. Proponuntur et resolviuitnr (luwdain necessariœ
quccsliones.
Arbilror abundè salis esse discussas excussasque
vcrisimiles raliones, quibus vel Cyprianus ipse , vcl
(lui ei in Africà et in Oriente consensernnt , commoli
sunt , ut boc esse faciendum pularenl , Quod, intpiit
S. Augustinus, Iib. ode Baptismo coi»l. Don., cap. -J,
et consuctudoKcclcsiœ prisliiuinon liabcbat, el posteu cit-
Ihoticus orbis terrarum lobustissiinà finnilale conseiisionis
cxclu6>' ; superest ad coronidem , ut quicdam diibia
diluamuo, indivulsè cmn pnesenli quiestione con-
juncla ; ilaquc
Quieritur i\ utrùm ad (idem perlineret , de Ba-
pii>mo iKcrelicorum non ilerando sciitenlia. — llesp.
affirmative : .\d fidem enim nunc temporis pcrlincl ,
ila ut sine iiicresi negari non possit ; ergo parilei
Cypriani lelale in veriiatibus divinis conlinebaliir :
(piidquid enim fidui esse probaïur boc ipso oslendilur
lidei scmper fuisse : quiaEcelcsia; rcvelaliones n>>va)
non buni , sed tbesaurum doclrina: anu à Cbrièlij
im DE RE SACRAMENTAlilA. —
(lolala est , tain antiqamn liabet , quàm anliqua »
ipsa est. j
At inquies : seculo loiiio nondùin sentenlia hoec i
defiiiila erat; nondùin eiiim liabiimii crai picnariiim i
conciliiini , ciijiis concordissiiiià aiiclorilalc liujus ;
qua;slioiiis obsciiritas postmodiun cliquala esl ; crgo
00 leniporc ad lidcin non perliiicbat. — Resp. : Ccn-
cesso anlecedciile , nego conseq. ; nain aliiid divina
revolatio, aliiid Ecdos'uc doliiiitio esl; nec idcô ali-
quid ad fidcni speclare piUandinn esl, quia fiiil ab
Ecclesià novo dcerolo sanciUiin ; sed vice versa ideù
débet dici definitiim, quia infallibiU judicio aguovit
Ecclesià, in divinis et anliquis revelationibiis conli-
îicri : alioquin enini nularet lides noslra, si nova pro-
i)an possel : neqiie jam deberet Dei , qui iclcriius
est, sed lîdes leniporum appellari. Queniadniodùni
ilaque anlequàm Arius nalus essel, ad (idem Verbi ,
divinilas et consubslanlialitas perlinebat, etsi nuUuui
eà de re babilum forel Ecclesiie uiiiversaie judi-
cium, (|uia pra^ipunin boc capiU Rcligionis in Scii-
ptiirà et Iraditione aperlèconlinebalur, ilàantequàui
Cyprianus ciini suis coUegis de Baplisnio baereticorum
contenderei, fidei erat non debere redeunles ab h*-
rcsi et schismaie baplizari , ([iiia biec erat doclrina
C.hristi per aposlolicam Iradilionem accepta. (1)
(1) Ad hoc quaesiliim, ulnini ad lidem periineret,
de Baplisnio hœrelicorum non ilerando senlenlia ,
respoiidet auctor ariirmalivè, Quia, inquil, Ecclcsiœ
revclatioucs iiovœ non fiunt, sed llies(iurnm doclnnœ
(juo à Cliristo dotatu est, Imn anlujunm Imbet, (juàm an-
liijua ipsa esl. Addit ([uùd non idcb (dUjnid ad fideni
speclare pulamium esl, qnia fuit ab Ecclesià novo de-
crelo sanciltun ; sed vice versa, ideb débet dici defini-
iHin, quia iiifallibili judicio agnovit Ecclesià in divi)iis
et anliquis revelationibus conlincri : aliocpiin eniai nu-
laret lides noslra, si nova proi)ari possel : neque jam
deberet Dei, qui a'iernus est, sed lides teniporuni ap-
pellari.
Verùm, pace dixerim auctoris, hœc onuiia confu-
sione plena, nec laisilale vacua inibi proisùs videnlur.
Nanupie, ad ariiculuni fidei couslitucnduni, duplex
:il)s<)lulè coiidilio rei|uirilur. Prima esl revelalio di-
vina. Secunda, delinilio Ecclesiie, sen judiciuni (|uo
Ecclesià déclarai boc vel illud dognia esse revclatuni
à Deo, ipsuni iue cuiiclis lidclibus velut puncluni lidei
credeuduni proponil. Jam verô si revelalio sola non
salis sil ad arliciduni lidei consliluendum, 1" malè
concbidil auclor senlcutiam de Baplismo liaîrelico-
luui non ilerando iierlineie ad lidem, quia revelala
esl, siquideiM refpiiriuir insuper ut hx'c revelalio per
Ecclesiani declaraia fueril, alque lidelibus lanquàm
lidei puncluni proposila ; unde illud S. Aug. lib,
contra cpislolain liiiidaiiienti cap. o, toties decanla-
luin : EvanqeHo non credereni, nisi me calhoHcœ Eccle-
siœ commoveret auctoritas. Numquid evangelium non
<'St Verbuiii Dei revelalum eliam anlc declaralionem
Ecclesià:! ?
2° Confundit auclor revelationes, earu.nque the-
saurum cum delinilionibus Ecclesià^. Non flunl qiii-
dem iiov;c revelaiioiies, neque revclalionuni lîie-
tauri novi, sed (iiint \\o\x. deliniliones Ecclesiie.
")" AUuciuatur auclor quando dicil, 'ion ideb aliquid
ad fuiem speclare pulandum est, quia fuit ab Ecclesià
novo decrelo sunciUiin. Ihec proposilio l'alsa est, quo-
iiiain decreluin Ecclesice reverà facit ul dogma sau-
ciluin el declaraluin laiiquàin lidei puncluni, de facto
perlineal ad fidem, lonnaliler scilicet.
4" Ludil auclor et propositionem identicani profert
i)Ë SACRAMEXTIS LN GENERE. Î424
Qivêres2" utrùin quieslloiiem banc ad fidem per-
tinere, reverà C-ypriaiuis cum suis collegis pulavc-
addcns posl vcrba l'clala : Sed vice versa, ideb débet
dici defniiUDn, (juia infallibiU judicio aquovil Ecclesià,
in divinis el anticjuis revcldlioiiibus conlincri ; idem
ipiippe est ae si dicerel, aliquid esse definitmn quia est
defuiiluni ; siijuidem Eeclesiain delinire, vel ini'al.ibilL
judicio agnoscere ali(piid in divinisel anliquis reve-
laliunibus conlineri, idem el uiiuin suiil. liane ergo
ul vilarel alluciiiationeni auclor, debuisscl dicere non
idcb aliquid ad fidem speclare pulandum esl, quia fuit
ab Ecclesià novo decrelo sanciiutn, sed quia in divinis et
anliquis revelalionibus continelur. Veriiin boc dicendo,
purum pulumque prolulissel niendaciuni ; nainquc
cerlù cerliiis est ad dogma lidei duo dislriclè el ajqua-
liler concurrerc ; scilicet, rcvelationcin divinain, et
Ecclesiye deiinilionem, seu solemnem declaralionem
quà lestalur se taie doguia agnoscere in revelalionc
divinâ, ipsumque ut sic lidelibus crcdcndinn pro-
ponil.
5° Ex co quôd necessaria sil Ecclesià; defiiiilio ad
consliluendum lidei arliculum, bine minime sequilur
nutare lidem nostram, aut lidem temponini, non Dei,
debere appellari. Non nulat lides noslra ; nitilur eiiim
inlallibili delinilione Ecclesiu', <pi;e est columna veri-
lalis iiiconcussa. Eides noslra non est quoque, nec
débet appellari lides tempormn, sed Dei, quia lïinda-
tur in revelalionc divinà. Quod ni probe inlelligas,
amice leclor, distinguas velim arliculum lidei niale-
rialcm, seu objeclivum, et formaleni. Arliculus lidei
nialerialis, seu objeclivns, esl ipsummet dogma cnn-
tenliim in divinis revelationibus, sive thesauro do-
cliiiKO quem Cbrislus siueconcredidil Ecclesià.-. Arli-
culus lidei l'ormalis, est idem dogma, prout esl ab
Ecclesià delinilum, sive in ([uanluin Écelesia decla-
ravit illud esse conlenluin in ibesauro docliina; sibi
concredilo, debereque à lidelibus velnl lidei puuctuin
leneri conslanlissimè. Vides iiunc (piùd sola EcclesiLC
defniilio dici possit delinilio Iciiipoium, quandoqui-
deiii in decursu temporum proferlur, non aulem lides
noslra objectivé speclala, quia objeclum lidei noslrae,
sive arliculus revelalus, làm anliquus est quàm sit
aiiii(pius tbesaurus conlincns omnes arliculos ré-
véla los.
G" In senlcnlià aucLoris, et praiter ipsius inlenlio-
nem, nulat omninô fuies noslra ; quod sic evinco.
Jiixla auclorem, error rebaplizaiionis pertine'oal ad
lidem, in meule S. Cypriani el ejus collcgarum , làm
AIncx', quàm Orientis Episcoporum; ergo ex duobus
unuui : aul verilas contraria non erat conlenia in llie-
sauro doclrina; per Clirislum Ecclesià; su;c sponsai
concredilo, aut si erat in co conlenia, banc non vi-
debant pncsules sanclissinii a;què ac doclissimi quàm
jilures. Nec dicil auclor, nec dici pnlcst quod verilas
contraria errori rebaplizaiionis, non l'ueril conlenia
in ibesauro doclrina; per Clirislum Ecclesiic concre-
dilo, aliàs, Ecclesià banc verilatem neque delinisset
uiiquàm, neque delinire potuisset. Restât ergo quôd
eadein verilas, non modo non deprehensa l'ueril in
ibesauro docliiiKc, veiùin etiam quod error oppositus
buic verilali , deprebensus fueril lanquàm ipsamet
verilas, à (lypriano, Firmiliano, eorumque collegis.
Jam die, amabo, qiialis est ille suflicieiis doclrinœ
tbesaurus, in quo, ex pluribus sanclissimis el ocula-
tissimis l<>clesiie pricsulibus, alii lanquàm fidei veri-
lalem, alii velut errorem conlra lidem, conspiciunt
idem prorsùs dogma de quo inler se digladianlur ?
Ergo in senlenlia auctoris, el pra'ler ipsius intentio-
neni, nulal, imô rnil undelii)èt lides noslra.
(7' Igilur auctor ad pioposilam quieslionem respon-
dere debuisset : Sentenlia de Baplismo barelicorum
non ilerando, non perlinebat ad fidem lonnaliler, sed
lanlùm malerialiler et objective. Ratio palet ex di-
clis ; et forsilan auclor aliter noo iicnlit, licèt minus
ledè sit loculus. Edit.)
iilo QU/EST. VII. I»r: MIMSI
ril. — Resp. Afllrnialivi' (I), (iuiili|uid in conlrariiim
Nalalis Alexandor in llisl. sec. 5, diss. 12, ail. -i, cl
plerique alii scnliant, qiios in liàc parle cum bonà
ipsonun pace tlcsciinnis : nain qiiôtl non de nicnc di-
sciplinée aut a*coiioinia^ qiue^lionc, sed de pi;ecipuo
qiiodam fulei capile ajji crcdercnt, manifesliim faciunt.
1° Enconiia quibtis siiain de lucrelicis rebaplizan-
l'.is opinionem adornanl : illam cnim passim appcllaiit
veiilalcm et firm'italem calhol'icœ recjulœ; verilalem fiilci;
veritalis cl fulci unani))iil(item ; scntenliain rel'ujiosam,
IcdUtmani, salularcm, fidci et Ecctcsiœ congruentem ;
dhinam dispositionem zelo fidei propiignandam, de.
Ilinc Cyprianus in epislolà ad S. Stcpiianum, post-
qiiàni senlenliain suam oiniii qiio potnit robore argii-
mcntoriiin adslruxit : « lliic, iiiquit, ad conscientiam
t liiani, IValer cliarissinie, et pro bonore commun!,
< elpro simplicidilectioiicpertuliinus, credenles eiiain
< tibi, pio religionis tuie et fidei Yerilale,placere, qusc
< el religiosa pariter et vera suiit. >
2° Con vicia, gravesqiie censurai quibus doctrinam
catbolicam onerant: aiunl enim sentenliam de non
rebaptizaudis b;erelicis esse liumanœ coul-'Htionis erro-
rem, evangelicœ auctoritati alqiie apostolicœ Iradhioni
coiUraiium; crrorem magnum et vetercm, cœcitatis,
ujnoran'dœ cl superbiœ plénum ; bine contra sanctissi-
mura Rom3c anliilitem, et contra onines penè catbo-
îici orbis episcopos impotcntiùs invchuntur, cosqiie
velul l'idci, vcri!alis, el Ecclesiœ proditores, liœresum
asserlorcs et v'tudices, blasplicmanlium liœrelicorum pa-
tronos, su/fragcdores, parlicipes, in suis ubique scriptis
infaniaiil, cl dente cruen'o dilacerant. Yide Ep. Cypr.
et Firmil. Coiic. 5 Cari. Pulabant ergo se non de re
parvi moinenti mcràiiue disciplina, sed de prsccipuà
quàdam lidei tpiaîslione conteiidere.
û°ldips!i!n cvincuiil priiicipia undc siiam seiilen-
(I) Certè non putaliat S. doclor qiuïstioiicm banc
ad fideni formaliter psrliiicre, siipiidein absquii ter-
giversalioiie proiuintiabat, unicuitjuc libermn esse
cani, quie sibi magis placerct, opiîiionon) sequi; sed
ciim aiiclore cxistimaïaus eiini credidisse qua'Stioneni
ad fidein objective et niatcrialiler siiniplain i ertinere,
id csl, in icvelalionis deposilo coiitinori, iicèt nulla
adbnc Ecclesia; dcfuiitio exislerel. Vix eniin en di
polest viniin tam aciiti cl pcrspicacis ingeiiii non in-
tellexisse ibi agi, non de merà diîcijdinà, sed de do-
clrinà ex quà sains ietenia penderct. Nain nibil iii-
tcllcctu faciii.is esse poierat; siciil eninilidei doclrina
est Baplismiim esse ad salulcin necessaiiiiiii, ila el
ob eanidcin ralioiicm, naplisnnim imalidiun isibil ad [
saliilem prolicere : porrù si vera fiiisscl S. Cy|)riaiii opi-
nio, Baplisina hicri liconiin fiiissel invalitiimi ; ergo do-
clriîiain de validitale IJaplisiiii b;erelicoriiin, de (juàdi-
spi!lab;iliir, lid (idcin pcrlii:ere pcrspicmiin cral. igilur !i-
berlas, qnain iinicniqiie pcniiissam pnlalial S. doclor
iilrandibcl (ipinionoin anipleclciidi, i.liniiin'ini di^^rre-
pabat à bberlate qii;e in fiiiaslionibus de muià disci-
plina plerîiniquc rtliiKiiiiUir; nani (pia^slio de disci-
[>!inà est libéra ex ipsà ici iialniâ ; bic aiileni liber-
las, ex circnnisiiiiiliis ta:;liini, id est, ex solà peiidebal
(;b.;eiiritale (Hia-^tioiiië. Allaiiien ciiin plcriiiue llieo-
Idgi iiobiscnni non Sf-nliaiil, vide, si InbiM, Turae-
iiiim conlrariani senlenliain dcfciideileni, qiia'Sl, 7,
iil. 2, Vide eliain Dillnail, di.-s. -5, digies. liisl.,
s.(l. I, cl Collet, cap. 2, ail. J, secl. 2, piiiiel. 2,
COlirl. 4. (ÎjJil.)
I.iS SACRAMEiNTORUM. 1426
liam, falsô Iicèt cl inconsidcralè, eruebant: ideù eniiii
pro cerlo luabebanl debere rcdeunles ab byeresi cl
scbismale baplizari, quia tam Baplisma unum esl in
solà calbolicà Eeclcsià constiluliiin, qnàin Deiis Palei'
uiuis est, quiuii esl uinis Filins, uiius Spirilus sanclus,
el una Ecclcsia à Chrislo Domino super Pelrum ori-
gine nnitatis cl ratiuric fundala; hicc, inquani, sic
conicndebant esse conjuncla, ut si seniel bxrelico-
rnin Baplisina adiniltcrcltir , iiecessario oiniiia ruè-
rent fund!;ùs(iue cverlerentiir ; è coi;lra vorù si reli-
qua lenerenlur, necessariù dcberet lisereticorum Ba-
plisma repudiari ; biiicsummâ confidcnlià affirniabant
Ecclesiam si una esl, esse Haptismu extra iltam non
passe.... ; idem esse Baplisma liwreticorum probare, ac
aliquetn in Ecclesiam sine Baptismo admitterc.... tam
ccrtum esse qubd debeant redenntes ab hœresi baplizari,
quàm certum esl oraculum Ctirisli, « nisi guis renalus
a fiieril ex aquà, > etc. Itemque hoc allerum : t lie,
î doccte génies omnes, baptizanles cas in nominc Palris,
i et Eilii et Spirilus sancti ; s ba;c enim et similia
sœpissiinè in Cypriani Utleris effala occurrnnt. Jain
sic subsumo:
Alqui nnam esse Ecclesiam calbolicam, unum Deuin
Palrem, Filiuin unum, unuiu Spirilum, unum denique
Bai)lisma, procul dubio velul primaria fidei capila
propngnabant : pariter ergo exlra Ecclesiam veruin
baplisina esse non posse, dogma esse pulabant, non
disciplina}, sed fidei.
i" Seiilentiam aliquam idem esl credere ad fidem
catholicam perllnere, ac credere esse diviniiùs reve-
lalam; alqui non esse sine baptismo suscipiendos bse-
relicos cl scliismaticos, inspiranle Dco, revelalum
S. Cyprianus cum suis pulabat: ^ Frustra, inquicbal
< in epislolà ad Jubaianum, quidam qui ralione vin-
1 cuiilur, consneludiiiem nobis opponunl, quasi con-
< suetudo major sit veritate, aul non id sil in spiri-
( tualibus sequendum, quod in mclius fuerit à sanclo
t Spirilu revelalum ; ignosci enim polest simpliciter
€ erranti...; post inspiralioncm verù el rcvelationem
« n\ctam, qui in eo quod erraverat, persévérai pui-
t dens cl sciens, sine venià ignoranti;e peccal; prac-
< sumptione enim atqiie o!)slinalione quàdam iiitiltn-.
f cùm ralione siiperetur; > cui par fuit cujusdam in
concilio Carlliaginiensi scntenlia : Qui contempla ve-
ritate, inquicbal Caslus à Siccà, prœsumil consiietudi-
nem sequi, aut circa fralres invidus est cl malignus,
quibus verilas revelalur, aul circa Deum iiigratus est,
cujus inspiralione Ecclcsia ejus instruitur; ergo, elc.
o'Deminn, non esse posl li;vielicos et scbismali-
cos baptizanduin, velul dogma fidei aposlolicà iradi-
lione accepliim, sanclus Slcpbanus cum Occideiile < t
Orienle penè univcrso assercbal; id quod , opiroi',
sapiens iiemo negaveiil: Si quis à qnàcumque hœ-
resi i'c'Hfj/7, inquicbal, ;j/7//7 innovelnr nisi quod Ira-
ditum esl, elc. ; ergo sensu plané contrario Cyprianus
el alii iteraiidiim esse Baplisma, velul regulam fidei
defendebant : nam i\bi de unà càdeiiiqiie re duo plu-
resve co:.leiidunl, nisi dicaintis clausis oculis Anda-
balanun more ccrlaio, el ne slaliiin quidem litis in-
1427
DE RE SÂCRAME:^TAÏIIA. — DE SaCUAMENTIS IN GENERE. 1428
telliî^crc, pi'orsiis ucccssariiun est, ul v'ani «^onlra-
liaii) iiicanl. i(a ul idqiiod iiôgatuiius, aller aflinnel.
Objectio.
Opponilur in contrariuin : S. Cyprianus in ipso hii-
jus gravissimœ dispulatioiiis a^slii libcnun nniciii(|uc
sinehat, quoil vellet seiiliie vel agoie, ariirnianlcin
scilicet, aiit noganlcm, parlem lencre: « Ca;leriini,
« iiiquit in epislolâ synodicâ ad summum ponlilicem
« Slephaïuim, scimus quosdam quod scmcl iud)il)e-
« riiil, nulle dcponere, nec proposilum suum facile
« nnilare, sed salvo inler collegas pa(;i.s et concordia;
1 viiicnlo, qu;icdam propria, quse apud se semel snnl
« usurpata retincre ; qiià in re necnos vim ciiiquam faci-
I mus aullegem damus, cùm habeal in Ecclcsiœadmini-
« stralioiie volunlalis su:fi arbilrium libcrum unus-
<i quisque pra^positiis, ralioncm aclûs siii D;)niiiio red-
« dilurus; » crgo putabat quavstionem de merà disci-
plina esse ; nam in bis qiuie fidei calliolic;^ sunl, non
habcl locum lanla libertas.
Resp.: Concesso antecedciile, ncga conscqucnliam ;
non enim ideô unicuiiibet liborlalein banc concede-
bat, quôd exislimaret vel dubiam esse, quam pulabat
calliolicam verilateni, vel à dogmalibus fidei alienam :
sed mm quia legem nemini pr.rfumebat bnniillimus
doclur prœscribere , tum quia volcbat scrvare cum
omnibus unitalem, cnjns pr.iecidondœ ncc jnsla un- |
quàm nécessitas , nec causa légitima est : sic respon
dei S. Angustinus, tum alibi s:rpc, luni nominaiim, |
libro 5 de Raptismo contra Donalistas, capile 17, |
nbi h;rc Cypriani ad Jubaianum vcrba cxpendens : 1
« Ua'C tibi breviter pro nostrà mediocritalc rescripsi-
iia'C UUl ureviicr pri» itubira iiicuiuLiiicutj njsviipoi- : .p."v ^...p.. ^ ,_
mus , frater charissinie , nemini prœscribentes aut l paralus est ab Ecclesià corrigi.
« pra^judicantes, qnominùs unusqtiisque opiscopo-
(1 in co robur virtulis eminuit, cnm ista qua'Slio non-
« dnm discussa nnlarel, (piùd ailler sentions qiiiun
« mulli coIleg;ïï, tantam modcralionom oblinuit , ut
d Eedesiio Dei sanclam socielaleni nullà scbisnialis
« labc Iru-icarct, quàm si onmia non solinn veraeitor,
Il sed t'iiam pariler sine istâ virUile scnlircl. »
Restai ul ad uilin)am argunienli pariiMu respondea-
mus, qu;e sic cral : In liis (jnœ fidci calhoiicœsunl, non
liubet locum libcrlas fjuidqHid libueiit opinandi; distin-
guo piopositiouem : posliiuàm universalis Ecclesiic
judicio eliiinala verilas iueril, cl suprenio jndicio de-
(inila , concedo; eo ipso Icmpore qno verilas ninllo-
ruin allercalionibus obscurala inqnirilnr, et lite pen-
dente, ncgo.
E. R. Eqnidcm animi obsiinalio qnà qiiis contra
verilateni confossam ab oninibus , vel ab Eccksià so-
lemni decrelo sancitam, perlinaciler dimicat, in vitio
est ; quia nullum viro catbolico lempus est, quod ve-
rilatisamore et del'ensione vacare possit; sed quando,
sive paslonnn incnrià, sive oblivione popnloruni, sive
qnornmdam sibimel sapienlinm falsà pcrsuasione oI)S-
curata verilas est (1), lum cerlè douce discussa et eli-
quala fuerit, modo absilab animo pervicacia et cupi-
ditas principalùs , liberum unicuique est senlire quoi
magis airiscril; id quod mnllarum ha;resnm exemplo
monstrari possel, qu^e slalim alquc nal;c, imù et posl-
quàm adullaî sunl, plerosqne magui nominis proba-
taîqne fidei defcnsores sorlilic sunl, qnos absit ul in
hccrelicoruin numéro reponanius : bocreticus enim
non est, nisi qui volons pravo dogmali assenlilin-,
([uod intelligil calliolic;e (idt;i esse contrarium , nec
liisl. 1". Opponilur ileruni -. Cypriani luiec in Car-
nun (\\vm\ putal facial, babens arbitrii sui liborani ] tbagineiisi concilio pnefatio fuit : i Audîstis, colleg;ie
i potcstalem ; nos quaniùin in nobis est, propler lia;
a relicos cum coUegis et coepiscopis noslris non cou- |
« lendimus , cum quibus concordiam et dominicam ?
1 pacem lenemus.... servatur à nobis palienler et le- |
« iiiter cbarilas aiiiini, lionor collegii, vinculuni fidei, !i
« concordia sacerdolii ; » ba;c , inqusm, S. Angus
tinns cxaminans : « Jam , inquil, ad illa eloquia pa- ?■
« cifica Cypriani pervenlum est, quai mo legonlcu! |
« 0» saîpè l'opolentem non satiant; lanta ex eis jucun- i
« dilas fratcrni amoris exlialal, lanla dulccdo tliari- |
« lalis cxuberat! in bis verbis uiulta consideranda 1
« sunl, quibus in lioc viro qui dilexit dccorem domû
« nominietlocun) tabernacnli babilationisejus, cbris- j
« liana; cliaritatis fulgor elucet : primo quia id quod
« scnsit non lacuit; deiiide quia tam man^uolè cl pa-
« cifioè protulit, quia cum bis qui aliud senlicbant
« ecclesiaslicam pacem tenuit, quia in unilalis vin-
« culo tanlam salubritalem esse inlcllexil, quia eam
« tantùm dilexit et sobriè cuslodivil , quia vidil et
< sciisil eliam diversa senlienles posse, salvà cliari-
« lato, sentire. . posiremô quia nemini praîscribens
« !;cque pr;ipjudicans , quoiiiinùs imusqnisque episco- 1
« porum quoil pulal facial, bab'us arbilrii sui liberain
(i poleslaloin, eliam nobis qu;dibusc;im{pie locinn dc-
< dit, pacifiée sccum ista traclandi.... majns quippc
dilcclissimi , qnid mibi Jubaianns coepiscopus no-
« s'.er s'ripseril, CiinsMiens inediocrilalom noslram,
s de illioiio ci prolano ba)relicorum Raplismo; cl quid
« ego ci rescripscrini...; supercsl ut de bâc ipsà re
« singuli quid seiilianuis, proferamus : neminem ju-
9 dicanlos, aut à jure connnunionis alicpiem, si diver-
« sum scnseril, aniovcnles, nequc cnini quisquam
« noslrûm episcopmn se cpiscoporum consliliiit, aut
« lyramiico lertorc ad obsoquendi neecssitaleni col-
(. K'gas S'.ios adigit; quando babeat omnis cpiscopiis
« j;ro licenlià liberlalis (;l poteslalis su;e, arbilrium
d proprium , taniquejudicari ab alio non i)ossil, (piàm
i nec ipse polestallernm jndicare. » Ilinc sic conclu-
ditur argumonlum : Alqui in bis qWx. sunl contra (!-
dem polest episeopiis à suis coepiscopis judioaii , il
à jiu-e communioiiis arcori; ergo non pulavii Cy['ri;t-
nus ad fidem , banc coairovcrsiam pcrlinore.
Rcsi). : Distinguo minorem : in bis qu;c sunl con-
tra fidcm polest cpiscopus à suis coepiscopis jiuii-
cari,ct amovcri à jure communionis, in bis qu.islio-
(I) Veritas clarè et apcrtè revelata non potfst c!)^-
.ciirari , pra'serlini postipiàm scmel (iicril al» Ecclo.tà
(irliiiila; al (iori potosl.et lit , ut qiiadi'.m vori!al(>s
; iii (!(-;;nsilo ipiid 'lu rcvo'alionis coiitinoanlur, sod ita
ohscnio, ul id absolulè ucgnri pO-Sil , anleqiiàm pro-
dieril Ecclesiic JM'iicium. (Edil.)
1429
iiibiis quio solciuiii EoclcsiiO docrolo , aul iiniver-
sali coiisoiibiono liiiil;e suiU, coiiccdo; secîis ,
ncgo ininorcni, et couseq.; sic icspoiiilcl S. Auj^iisli-
! nus, lil)ro 5 do Bapl. coulra Doiiatislas, capile 5, tibi,
posl(|ii;iiii lia'c Cypriaiii vcrba rolulil ((|uaiulo liabeat
oniiiis (^piscopiis pio lici'iilià libciialis ol poleslalis
S!Kt> arbilriiiin propriiiin, t.)iii(|iic jiulitari ab alio non
possil, quàni ncc ipse polesl aUcrinn jiidicarc) : Opi-
nor utique, inquil.m liis (iiiwslioiiibus qnœ nondùm
cUfludtissimà pcrfcctione discussœ simt : noveral eniin
(juanlmn Sacrumenù piofiindiNttein liinc omnis Kcclesla
varia dispiitatione Vi'rsalutl , libertuiKiUL' fucicbat qua;-
reiidi arbitrium, ut exam'inula veritas panderelur.
Csetorîuu qiiàm inopla h;icc iihuio sil : Non censuil
Cijpr'umus cxcommunicatioueplectcndos, qui diversuinù
sein Biiptismi qiiœslione srnlircnt; crqo ad fidein per-
tinere non aedidil ; qiiiun sil, inquani, inepta ar2;u-
nicnlaiio hitc , invlclè probat siinimi ponlificis Ste-
pbani , et Xysli cjus successoris exemplum ; credidit
enini verô uierqne ad (idem spcctarc de non itcraiido
Baplismo sciileniiam ; nec lamcn eos qni contra scn-
liebant excomiminicàriint; nani ultra nunas, utstatim
probaturi sumus , Slepbanus non processit; Xysluni
verô cum Oiienlalibus paccm servâsse, fidem îacii
Dionysii Alexandiini ad ilhuii epistobi, cujus insigne
IVagmentuni rclert Eusebius Cœsariensis ( Lib. 7,
cap. 5) : quidiii orgôpaiilerdsS.Cypriano dixerimus,
quùd puiaveril fidei esse quani luebalur doelrinam,
neque tanien quemquam exconiniunic;indum ccnsuerit,
Dices : Firniilianus , in cpislolà ad Cyprianuni,
comparai contioversiain de Baplismo lia;rolicorimi
cuin die pasclialis (aoiendi, qucm Uoma aliter, aHler
Jiicrosolyma observabat ; postqnàm cnim prx'misit
immeritô Slepbanum de tradilionc apostoUcà gloriari :
Kos auk'n:, pergil, qiti liomœ sunl non en in omnibus
observare qiiœ sil ub oriqine Iradita, cl frustra aposlo-
lorumauclorilateniprœlendcrc, scire quis ctiam inde po-
test, qii'od circa celebrandos dies paschœ, et circa multa
alia divinœ rei Sacramenta, videat esse apud illos ait-
quas diversitates, nec observari ilhc oninia œqualiter,
quœ Ilierosohimis observanlur. Alqui tanti non erat !
de die cchbiandi pasdiatis quaîslio, ut posset inler
controversias fidei numerari ; simililer ergo de Da-
plismi qu3csti')ne dicendum est, quôd illam Firmilia-
ims cum coepiscopis suis in disciplina; et œconomiai
(jiKCSlionibus roposucrit.
Resp. : iNei(o niajorem : non oniin hic Firmilianus
causam Bapiismalis cum pascbatis qua-siione ad;c-
qual, quasi ojusdcni pondcris ac nccessilaiis titraque
lorel (hoc cnim nec levitcr insinuant verba ejus); scd
lantùm ni, qiiomodocuniqiio potest , oslcndat frustra
iîomanum Ponlilicem ai'.oslolicom anclorilatcm pra^-
londere, ponitinmediocclebrem banc de die faciendi
pascbatis qua-slionem, qu;r secundo seoulo desinenle
Victorem summinn pontilicem asialicosque excrf^uit ;
ilaque ex verbis ejus nihil potest elici , quo i)robet(u-
Firniilianum cum suis, sive Alrica: sive Orienlis, coe-
piscopis , qua'Stionem de luerolicorum Baptismale
coj)h'oversiisaddis(;iprmani spectaiilibus accciisuissc. '.
QU.EST. Ml. DL MIMSTRIS SACRAMENTORILM.
Ii50
Ouiei'cs 5' uirùm rcverà S. ponlilVx Slepbanus san-
clnm (]yprianinn, cique conjunclos episcopos excom-
municaverit. — Resp. négative; quauquàm enim con-
Ira Cyprianum et alios velicmcnler cxcanduerit quod,
di'serlà aposloioiinn tradilione, noviu») reba|)lizandi
morem vil inducorenl, vel anlo iuvectmn jiravo exem-
plo lirmarent, eis(|ue excouMniuiicationem sil com-
minaïus, iram lamen compescuil, nec ultra progressus
est; cujus rei fidem facit :
1" Probalissimorum scriplorum silentium : licèt
enim iralum Cy[»riano ejusque c(dlegis Stophanum
luissc conscntianl, nemo lamen esl, qui diro lulinine
percussos affirmel. « Lillcras scripserat Slepbanus,
« iiiquit Dionyslus Alexandrinus in cpislolà ad Xy-
« stum Pontilicem Maximum (apud Euseb., Ilist. 1. 7,
« c. a), de Ileleno et de Firniiiiano, de onuiibus de-
« nique sacerdolibus , per Ciliciam , Cappadociam,
« ctmctasque finilimas provincias conslitulis, sese ob
« cam causam ab eorum communione discessurum,
« quùd bairelicos rebaplizarenl.
« Primus omnium Cyprianus, ail Eusebius, ibid.,
« c. 3 , qui tune lemporis Carliiagincuscin regebat
i Ecclesiani, non nisi per baptismum ab errore priûs
« emundatos, admiilendos esse censuil ; verùm Ste-
« pbanus nihil adversùs tradiiionen», quai jam inde
« ab uliiniis lemporibus invaluerat, innovandum ralus,
i gravissimè id tulit.
« Slepbanus, inquit S. Augustinus, 1. 5 cont. Don.,
« c. 25, etiam abstinendos piitaverat, qui de susci-
I piendis baTCticis priscam coiisueludinem convellere
« conarenlur ; iste aulem (Cyprianus) quxstiouis ipsius
i dilficullale pcrmolus el sanclis cbaritalis visceribus
1 largissimè pmedilus, in unitaie, cum eis manendum
i qui diversa sentirent ; lia quanivis commoliùs, sed
c tamen fratcrnè indignarelur, vieil lamen pa\ Cbrisli
« in cordibus eorum, ul in lali disceplalione nullum
« inter eos malum scbismaiis oriretur. i
Et lib. de unico Baplis. conl. Petil. c. 14. « Cùm
I ergo Slepbanus non solùm non rcbapiizaret baîreti-
1 eos, verùm eliam lioo facienles, vel ut fieret decer-
i nenles, excommunicandos esse censeret, sicut alio-
I rumepiscoporum el ipsiusCyprianilillertcostendunt,
« tamen cum eo Cyprianus in unitate permansil....
I ecce duo eranl uiio lempore, ut de aliis laceam, qui
i diversa scnlicbant , duo eraiit eminenlissimaruni
i Ecclesiarum, Romame scilicet el Carlhaginensis
i episcopi, Slepbanus et Cyprianus, ambo in indtate
« calbolicà constiluli, quorum Slepbanus Baptismum
( Cbrisli in nnllo ilorandum esse censebal, el boc fa-
t clenlibiis graviter sucocnsebal : Cyprianus aulem in
I baeresi vel scliismale baplizalos, baplizandos in Ec-
< clesià calbolicà exisiimabal. »
Ilaque ex mente sancli Augustin! graviter quidem
Steplip.nus Cypriano et aliis conlra se senlienlibus
snccensuil; oohibuit lamen zclum, nec quod gralià
œconoMiiin erat ininatus implevil ; alilcr eiiim non
apparerel, quomodù verè ab Augusiino dictiim foret,
ambos (Stepbaiiuni el Cyprianum) in nnilate calbolicà
pcrslitisso, 'ici-isc i?i eorum cordibiK pacem Cbrisli,
1131 OR FiF SACRAMKNTAUIV —
nulliimque inler cos orluni esse scliisinalicis maluiii : '
miinqiiid enim ab onini scliisnialis accusalione vacua
forel li:vc tam cnormis provinciarum AIricir, Numi-
ilia", Maiirilaniio, ab oibc cluisliaiio discessio, et in
eriore luciido pervicaiia, quam noc rcverenlia Ponli-
fici inaximo débita, nec leguin boiios, ncc detiiqiie
laiîB exconimunicalionis nietus repiimerel? Idem
porrô de Firmiliano cuin suis Orienlalibiis, qiiod de
Cypriano el Afris débet esse judiciiini, (|uia omnium
inia et cadeni cansu fuit; undc miiiin)è rredii)ile est,
Stei)liarnim jndicio lani dispai i, Atris sn;o cominnnio-
itis gratiam conccssisse,ol ii<»c ipso t<Mnporc Orieiila-
liiius denegàsse.
S'' Modoslia r.y|)ii;ini el mnderalio admirabilis, qui
s^opissimè suis litleris (Minieslaliir, se cuni omnibus
concordiam et vincuhnn doniiniea,' pacis tenere ; qui
hoc ipso lempme quo accrriniè conienlio illa elTer-
vesceliat, Steplianum, pontidcem maximum, fralris
amoMiissimo nomine compellat, eumque lantiini ac-
cusât, non quô;i (pieniquaui episco|;!nn excommuni-
cavei'it, scd quôd pulaveiil excomnumicandum. Dut
hûHorem Deo, Inqml epist. 74 ad Pompei., qui siicer-
dotes Dci, vcrilatem CItris'.i, et Ecclesiœ niiitalein luen-
tes (ibslincndos putat?
Z" Quod ad Firmilianum eiqueconsociatos in Oriente
episcopos spectal, biijus rei certissimum argumen-
tum vidctur suppediiare Dionysius Alexandrinus; ille
enim bis ip>is diebus quando Steplianus episcopos
sibi contraiios uiaguà vocis coiilentione, de iteratione
Baplis nalis (>itjurgal)al, scripsit ad eum blleras qui-
bus pncter c;elera ad quaistionem Baplismi perlinen-
lia, Pontifici maximo rem sanè gratissimam nnntia-
bai, nniversos scilicèl Orieutis episcopos, quorum
ali(jui paulô ante ^■ovatialli parlibus faveraul cl slu-
diosè servierant, abominato nelario scliismalc, ad
plenam concordiam rediissc : « Scias aulem, l'rator,
« inquitapud Euseb., Hist. lib. 7, cap. 5, edit. Hcnrici
« Yalesii, cunctas per Oriemcm el ultoriùs posilas
K ecclesias, qua; priùs eraiit discissre, nunc tatidein
« ad unilalem reversas esse, et omnes Kcclesiarum
« ubicumque antistiles unum idemquc senlirc, el ob
« rcddilam insperaiô pacem incrcdibili gaudio cxur-
« lare, Demetrianum scilicet episcopum Anliucbin'....
« Heleiium Tarsi, cunctasque Cilici;e ecclesias, Fir-
'( niilianuni denique cum uiiiversâ Cappadooià... ar,
«utuno verbo absolvam, omnes ubique terrarum
« bïlilià gestiunt, Deoque gralias agunt ob hanc con-
« cordiam fralernamque cbarilalem. t
llic, ni vides, inlt r episcopos qui dicuntur rcdin-
legràsse concordiam, recensentur Uelenus, Tarsi cpi-
scopus, cum cunclis Cilici^e ccclesiis, et Firmilianus
C:esarc;ic metropolila, cum nniversâ Cappadocià, ii
jiimirùm ipsi, qui Slepîiano conliadicel)ant, ejusque
de non rebaplizaiidis iia'ieliiis, decrelo poslbabilo,
mordicÙG in pr.iposito permanebant ; aUpii de connu
lamen numéro sunt, propter quorum consensionem
omnes ubique lerrarum boni, leste Diony-io, lietiiià
gestiunt ; igitur à sanclo Slepbano excomnuinicali non
fuerant ; alque adeô salvâ pace, nontbim discussis
l)i: SACiiAMF.NTlS IN f.ENEKE. 140-2
huju8 qu.cstionis ambagibus, à summo pontifice el
reliquis episcopis dissidebant, magisquc opinionuni
h;cc erat, quàm animorum disscnsio ; aUoquin enim
si percussi sacro fubnine erant, quomodô dici pole-
rant, cnin omnibus per Orienlem constilulis ecclesiis
i fralernà cbaritale conjuncli, cùm vix ullum possit
I niajus esse dissidium, quàm quod excommunicatio
i générât? Qax tanla esse poterat cansa incredibili
a gaudio exullandi, ubi vixdùm sedato scliismate Nova-
1 tianorum, alterum recrudescret, episcopis scilicet
I propler Baplismi conlroversiam sibi invicem ana-
1 t])ema dicentibus? Lœtilià enim non gestiunt, nisi
I quibus mœrendi nullus locus reliclus est : Muska in
I luclit, ait sapiens Eccl-i. 22, iiiiporluna nnrraiio ; quse ,
I denique ralio esse poloralStephano, in consortium
i commutiis IxHilia) veniendi, et-sralulandiOrienlalibus,
I cùm dolendi amariùs et objurgandi occasionem babe-
I rci, propler fœdus nialè sociatimi cum episcopis, à
I se in causiÀ (idci excommunicalis ? Dicendum ilaque
I clemenli castigalione usuin Ponlificem maximum, et
:! ad minari'.m severilalem niliii adjecisse, exemplo vi-
;! delicel medicoriiiii, qui extremam curationem i;on
i adliiben!, nisi ubi non rcperitur alia conveniens me-
I dicina.
I i" Rem conficere videlur cju^dem Dionysii iVlcxan-
J drini exenq>hnn ; benè ille noverat quidquid Steplia-
num inter et Firmilianum ac Cyprianum aclum essct,
in eàdem ipse cansâ erat, qinppe qui unà cum illis
ba;rclicos rebaplizandos censcret ; babuit tamcn,
quoad vixit, inviolabilcm cum Slepbano el Xyslo ojus
successore connnunionem ; ad ulrumque luni de aliis
Ecclesioe negotiis, lum de iterando bapiismo lilteras
dédit ; qnin et pro Firmiliano cjusqne collegis apnd
Slepbanum inleicesait ; ridendus me berculè advo-
calus, qui patrono ipse egercl : quid plura? Pbilemo-
nem et Dionysium Boman:c Ecclcsi;c presbyleros ,
qui Slepbano consenserant, scripiis ad eos litteris à
Romani Pontificis sententià deborlalus est; non pn-
tabal ergo qu;cslionem banc decretorio judicio, el sub
analbemalis pounâ à Slepbano dcfinilam ; id verô
tolum, ne quis dubitet, ex bisloriâ Eusebii colleclum
à nobis est : « C:ctorùm, inquit lib. 7, cap. 5. edil.
« Yales., cùm Slcpbanus Ecclesiam biennio admini-
« slràssel, XysUis in ejus locuin successit : ad hune
« Dionysius sccundam de Raplismo scripsit epislolam,
« in quà Stcpliaiii sinud ac reliquorum episcoporinn
i sentenlian» ac judicium exponit, de Slepbano ila
« scribens : Antea qiiidem litleras scripserat de lie-
ci leno cl de Firmiliano, de omnibus deiii(iue sacerdo-
« libus per Ciliciam, Cappadociam, cunctasque fini'.i-
4 mas provincias con,liUilis, sese ob eam causam ab
« illorum conmumiune discessnrum, quùd hœreticos
i r. baptizarcnt ; at vide, qiiLCSo, (Xysie) gravitalem
i iiegolii : reverà enim in maximis, ut audio, cpisco-
« porimi conciliis decretum est, ni qui ab b:erelicis
« ad calboiicam Ecclesiam accedunt, primùm cale-
4 cbumeni fiereni, ac deinde vetoris el impuri IVr-
(. nienli sordibns per Baplismum purgarenlur; de liis
« omnibus ego ad iliiun epislolant misi, rogans alque
U55
QUyEST. VII. DE MINISTUIS SACUAMENTORUM.
au
I ol)lcslans; sod et clKiiissimis Irnlribus et <(»ni|>re-
< sbyteris noslris Dionysio :io Pliiloiuo.ii, qui priùs
I itleiu cuni Slcpliano sciiseiaiil, dequc iisdeni robus
^ ad inc scriitseranl, aiUea quideiii brcviler, iiunc
< verù plmibiis verbis scripsi. »
Obj. Clin» iiàc iioslrà ros|)oiisi(»iie è diaim tro pu-
giiare \ideUir Firniiliiini aucUnilas: is ciiiiii in opi
slolà ad Cypriaimin i)Iiiribiis verbis siguilical, levcià
se ciini suis Orienla!il)us, et Cypriaiiuiii ciini Afiis à
Slepbano esse exconiiminicalos : sic pripler ca'lera ,
de Pontifice maxiino lo(|iieiis : i Ilonio aniinoMis, in-
< quit, paril liles, et viriiaciiiidiis exaggeral pcccala :
« liles cuim cl dissensioiies qiiaulas paràsli per Ec-
i desias lolius niiindi ? Peccaliim verù qnaiilum libi
« cxaggeràsli , quaiido le à loi gregibiis scidisli ? Ex-
i cidibli eiiim leipsiim ; nol: le l'allere si(iiiidem ille
i est verè schisiiialiciis, qui se à coiiiinunioiie cecle'-
I siaslic;ii unitalis aposlalam leccril ; dùi» eiiim piilas
i oiniics à te absiiiiere posse, soliiin le ab omnibus
«• alislinuisli t : ergo, etc. — Uesp. : Concesso anle-
cedcule, ncgo coiiseq., et dioo rcveià in FiiMuiliaiium
quadrara verba Scripluiyc, qu;c coiilra Slephanuai ,
iinpos aninii ac veluli furorc (piodani exagitaUis, effu-
dil : Homo iracuiidKS incendit lileiu, et vir pcccator IW'
babil arnicas cl in medio pacein linbciHium inwiiltet ini-
miciliam ; is eniiii, qiiod irali homines soient, qui iii-
liil nisi inoiistra plerti,in|iie loquunlur, illatasiiuc sibi
veias aul pra>suinplas injurias, supra modum exaggc-
ran!, comniinaloriam cxcomniunieatinncm, quasi ré-
véra lala i'uisset, descripsit; uudc non niagis Fir-
niiliauo in lioc credinius , quàin in c;elcris qu;r!
contra sanclissimuni Poutiliceni effutiit , asscnli-
mur.
lust.: Siephanus legatos ad scab AiVicà episcopos,
ut superiùs diximus, ne ad sernioneni quideni collo-
qiiii comuiunis adniisil, non solùui paceni et commu-
iiionem, scd et leclum et bospitium diiiegavit, pncce-
pilque Iralernilati universa% ne quis eos in domuni
suani recipcrel ; atqui ba^c suul certissima laUc ex-
connnunicalionis argumenta; ergo, elc. — Rcsp. :
Coneessa maj. , ncgo min. Hiiic cqiiidem coHigilur
magno rigorc sanctissimuni PouiifiC' m usuni esse;
minime verù inlerri potest quùd conlra illos excom-
muuicationis sentcnliam lulcrii;sic enim ex quâdam
(l'eouDmià ageudum pulavit, lum ul sevcrilale adbi-
biià adeonimuncm Ecclesiiodoclrinam conlrarios sibi
« F( rtas!-èfaolnmesl,iu(piil iib.2, conir. Donat., cap.
« i, sed nescinius ; ucqueenim omiiia qu;e illo lem-
« porc inter episcopos gesla suni, mcmorix litleris-
t que mandari potuerunt, aul onuiia quic mandata
« sunl novinius. » El epist. ad Vincent. Donal. : i Cor-
« rcxisse, inquit, islam sentcnliam non invenilur; non
« incongruenler lamcn de lali viio exisliniandum est
(i quùd corrcxerit, cl forlassè suppressum sit ab eis
« qui hoccrroreiiimiùm deleclali sunt, cl lanlovelut
« palrocinio carcre nolucrunt. i
Probabilius lamen est, iii lalsà , qiioad vixit , oy^-
nione perslilisse sanclum doclorcm : nam si lanla»
auclorilalis in ccciesià Africanâ autistes paluiodiam
cecinissel, procul dubio ad suî imitationem, quos lia-
Duerat erroris socios veritaie cogniià perlravissel ;
nec vcrosimile est faclum adrô pr.Tclarum ab bonu-
nuin meuiorià peniffis aboleudinn ; alqiii certtmi est
1" AIrieanam ccclesiam morem rebapti/.andi posl Cy-
priani tcmpora diù Icnuisse; hoc enim manifestuin
e.^t ex aclis Arclatensis primi concilii anno 314 cele-
brali. 2° Nec minus certum est, nullibi bujus retra-
claliouismemoriam, et nec vesligium quidem in anli-
quis mnnumentis occurrere; ergo, etc.
Kcsp. 2° de Firmiliano etOrientalibus longè certius
I esse, quôd Slephani et Xysti ejus successoris lempo-
ribus , erroris relinenlissimi fuerint : lioc enim plus-
quàm salis evincit Dionysii Alexandrini testimonium
in epistoià ad Xyslum paulô antelaudalà -.Vide, quœso,
inquil, gravitatcm negolii : rêvera enim in muximis, ut
audio, episcoporum conciliis decretiim est ut qui ab liœ-
reticis ad catliolicam J:krlesiam accedunt , primitm ca^
tliecumeni furent, dcinde veleris et impitri fermaili sor-
dibus per Baptisnium pnrgarentur ; ergo peistabant
tune lemporis in sua sententiâ orientales episcopi ,
parique revercntià canoncs conciliorum Synnadensis
cl îconiensis servabant ; nam si , ut fnigil Baronius ,
errorem pristiimm solemniter retractaverant, quid
opus Dionysio erat , ul ad eorum causam lueudam
Xyslum per lilleras conveniret ? Quà Ironie auderet
synodos veteres approbare, et maxima episcoporum
concilia appellare, quorum de ba'relicis rebaplizandis
décréta jam lum sciret à Firmiliano cl ejus Yollegis
esse rescissa? quodcuique consilio, quà mente, non
jam conlra Xyslum et Slephanum, aul alios per uni-
versum orbeui episcopos, sed et conlra Firmilianum
ipsum cjusque collegas ad saniorcm menlcm reversos
Cl fiaieruà cbarilale cxcipcrel, dissimulare errorem
putorelur, aul aliquatenùs approbare; lum deuique
ne si libcriiis llom:e morareulur , cl liabereiil lami-
liare cum frateruilale cousor ium, cleruui piebemque
novse d()otriu;e veneno imbuerent , et repende-
reut pro b'eueficio bosi)ilalilalis contagiouem er-
roris.
Qupores i" ulriuu Cypiiaiuis, Firinilianus , et alii
Africic et Orienlis episcopi errorem dep isucriut, et
judicio Siepbani acquicvoriut. — Resp. Tquod ad S.
V-yprianum spécial, num crrorc rcjiudialo bscrelico-
rum liaplisma probàril , ince; lum S. Augustino videri :
anlisiites fadiiiis rcvocaret ; lum ne, si bcnigniiis eos jjj causx- depioralrc defensionem suscipcrel? Ergo, elc.
Accedil S. BasiiiiMagni auctorilas,quà pra-slantio-
rem allegarc non possumus : Cappadox cnimfuil,
Ca}sare:x! inCappadociàepiscopus, Firmiliani, cenlum
posl et ampliùs annis, succcssor; aUjuc adeô mores
suic Ecclcbiie , inslilula et Iiisloriam noveral ; lenuit
verù ille rebaplizandos esse bicrelicos, quin et decos-
soi'is sui Firmiliani aliorumque excmplo sic facien-
dum probavil : Antiqiiis visum est, inquil epistoià pri-
ma canoiiicà ad .\m|)liilocliium , eau. \, Ctjpriano et
nostro Firmiliano, eos omncs ( li;rrelicos ) uni calcula
subjiccre; quoniam... qui se ab Ecclesià ahjnnxcruiit ,
non liubcnl ampliits in se graliam Spirinh; et i'i opi-
i.i3o DE RE SACRÂMENTARIA. - D>
siolà socuadà , caii. 47 : Aos , iiHjiiil, uuà rnlione eos
néapiiitinius ; persuasam eigo saiicto Basilio crat ,
rii'iiiiliamiiu el coopiscopos ejusprbliiiain sciitemiaia
11 )ii Ululasse; alioquiii ciiiiin ncc poluisscl suuiii suo-
iiiiiiijiit: inoreni connu cxcinplo defeiidore , nec de-
hiiissol dissiniulare palinodiam ab iis soleinuiier rc-
tarilalaiii.
Objeclio.
Tesialur S. Ilicrouyinus iii Dialogo contra Lucife-
riaiios, cap. 8, illos ipsos episcopos qui rebaplizaiidos
Imerciicos cumCypiiaiio slalueraiit, ad aniiquam cou-
suoliidinem re\okilos, noviim ciuisisse decieluni ,
que uiiiiiiiiin non ieba|)lizaiidos sanxcrunl; ideinquc
de orienlalibiis S. Auguslinus afiînnal : (Àtr non potiùs,
inquit , lib. 5, coiilr. Crcscon. Donat., cap. 5, elium
ijisos paucos Orienlales suum judicium correxisse dica-
miis? Falondum ergo Cypiianum, Firmilianuni , eo-
niaïqne cullegas errore depusilo Slepliani decrelo ac-
qnicvissc. — Resp. : Disl. anl., siniul et cxplico seii-
suin Patruni : lidem qui ha'reiicos rcl)aplizaiidos sia-
luerant, suum judicium conexeruiil, iidem , inqu.im,
babilà ralioiie ecclesiarum quas oasdem rogcbanl,
coiioedo : iidem numéro, subdislinguo : onines, nego ;
aliqui , iterùm subdislinguo : posl Slcphaiii el Xysli
xclaicm , iraiiscal ; dùm in vivis summi ilH poniiliccs
dcgercnl, uogo aul. et couse. |.
E. R. Non nc'gamus Africa; cl Orienlis cpiscoi»os,
rcscisso priore de ha;relicis baplizaiidis docielo ,
laadem adconcordiam féliciter rcdiisse ; sed qua;siio
est. ulrùm in vivis agonie Stepiiano aul Xyslo ejus
successore niutalio illa conligeril; ita qiiidem Raro-
nius, sed contra histori;.e voritatem, anirmat : nnllo |
eiiim vetere monumenlo probatur, eo tenipore resi- i|
puisse Firmilianum et alios ; è conira verù certuni à
videtur aut sallem verosimillimum in proposiio per- I
slilisse : ilaque sic debent saiicli ilieronymusetAut;u- 1
slinus inlelligi, ut iidem dieanlur ])iislinum judiciuifl t
correxisse, qui de via dellexerant : iidem, inquam, qui 1
quia easdeni administrabant; Ecclesias , decessorum |
suorum locum lenebanl quomodô idemnunc Taurini |
scnatus esi, (jui ceiUuin abliiuc aiinis vigebal, licèt |
non iidem sint senalores. Quôd si velitaliquis de iis-
dem numéro cpiscopis bu^c loca interpretari , niliii
inoramur, modo ncc de omnibus id aftirmet , ncc ad
Siepliani aut Xysli temporareserat.
Responsioncm liane ex parle suggerit S. Augusti-
iiMS iii iioc ipso qui opponitur Ubro , cap. 2 , nbi ad-
vertit, teste Cresconio, ideù Donatislas ab Orientalium
ommunione distractos, quia judicium suum isti cor-
1 exerant : Majores autem vcslri, inquit, quibus taie te-
slinwnium perltibuistis, qubd ab OyienUdiuin proplerea
communione discreti sunl , quia illi suum judicium re-
scidcrunt, quo ei& placuerat, de isUi Bapiismi quœstionc,
Cijpriano alque illi Africano concilio consenliri opor-
tere, etc. Itaque miillô post Slephani el Xysli a'ialcm
rcscissio illius juJicii fada est, cùm non aute seculuni
qnarlum scbisnia Donatistarnm condaluin sil.
lust. Atqui Orientales omncs , Slephano vivenlc ,
decretum de rebapiiiandis hujrelicl», ne excepte qui-
SACRAMENTIS IN GENERE. 1430
dem Dionysio resciderunl ; crgo , etc. Piobalur subs*
ex epist. quintâ Dionysil ad Xystumapud Euscb. cdil.
Vales. bist. , bb. 7, c. 9, in quà sic bjquilur : « Pro-
« feclô opus babco, frater, consibo tno, el scnteniiam
« luam expeto , ne forte ipse allucincr ; quidam ex
« fratribus qui ad Ecclesiam conveniuiit, janipridem
i pro lideli babitus.... cùm interfuisset Baplismo co-
I runi qui imper baptizabantur, et inlerrogaliones re-
< sponsaqiie illoruin audîsset, ad me acces.sit liens el
« vicem suam ingemiscens : pedibusque mcis advolu-
? tus confiieri alque dejerare ccepit, Raptismuni quo
« apud lia;rcticos iniliatus fnerat, non linjusmodi esse
« nec cum boc nos'.ro qnidquam conununc babcre :
« quippe iliuni plénum esse blaspbemi;c et impieiatis ;
« aiebatque animum suum acerbissimo doloris sensu
« compungi, ac ne oculos quidem ad Deura .itlollere
« se audere; quippe qui sceleslis illis verbis ac cccre-
« moniis iniliatus fuisset; proin<ie orabat ut lioc pu-
< rissimo lavacro , verissimâque adoptione et graliâ
« donareiur : quod equidem facere non sum ausus. >
Ilinc Baronius sic disputai : Consulit DionysiusXy-
slnm ponlificeni de bomine apud b;rrcticos baplizato,
ulrnmne debeat clirisiianum ei conferrc Baptismum ;
alqui consultalio boec foret inutilis, si in prislinâ sen-
lentià remanerel; ergo jam lum ab orientalibus re-
scissum eral decretum de bserelicis rebaptizandis.
Resp. nego subs. Ad probalionem admillo auctori-
lalem, et conccssâ majore , nego min. Argumcnlum
boc Baronio Acbilleum est, quo lamen nullum inibe-
cillius fingi potest, cùm ad rem nibil penilùs facial :
biccniin agilurde Baplismo, qui non Dionysii tanlùm,
sed ipsius Ponlificis maximi , omniumque bené scn-
lienlium jndicio vanus eral el irrilus, quia verbis sce-
leslis blaspbemia^ el impieiatis plenis , profanisque
c;cremoniis, non rilu cvangelico, fuerat consecralus :
non ideù iia(pie consuluit Romanum Ponlificeni, quôd
de boc Baplismo dubilaret validusne foret , necne ;
sed quia in pnvsenti casu pulabal , Iniic bomini din-
lurnam socielalem fidelium, et frequeniem divinorum
mysteriorum participalionem , ad purgaudam ejus
animam, eliain sine Baplismo, abundè sufficcre ; id
quod sequenlia ejusdem cpistobe verba demonstranl :
Quod equidem, inquit, facere non sum ausus ; sed diu-
lurnam illi communionem ad id sufficere dixi ; nam qui
(jraliarum actioncm fréquenter audierit, el qui cum cœ-
teris responderil : Amen : qui ad sacram mensam astite-
rit, et manus ad suscipicndum sacrum cibum porrcxerit ;
qui illum exceperil, et corporis ac scnujninis Domini no-
slri JesuClirisli particeps fucrit diutissimè, eum ego de
inlegro renovare non ausim.
Contiimat responsionem ipsius S. Cypriani excm-
plnm ; pulabal ille sanè dcbere redeunles de ban-esi
baplizari ; al exislimabat nibilominùs, si quis in Ec-
clesiam sine Baplismo admitterelur, posso propler
unilalis vinculum ad Dei indidgenliam pervenire, et
conseqni .eternam salutem : Atlendite, inquit S. Au-
gusliuus, lib. 2, eontr. Donat., c. 13, quantim de uni-
talis bono bcalus Cijprianus prœsumpscrit, undc se non
I disruoil à diversa sentientibus ; el cùm arbilraretur eos
Ql'ytST. VII. DE MINISTRIS SACRXMEMORLM.
1437
qui exlra KcclcsKC commnnionem boplizurcnlur, bapli-
snutm non liabcre, crcdidit cos (amen in Ecclcsiani sint-
plkitcr (idmissos, propler ipsius tinilatis viiuulnni possf
ad vciiiam pcrvcnhc ; sic cuim solvil (luœsiioneni, (\u(nn
sibi ipse proposuit, ad Jubaianinn ila scribcns, cpisl. 73.
SihI dicit ali(niis, ([iiid orgo lict do Iiis qui in pronle-
ritiinide lutrosi ad Etclesiain vciiieiilcs, siiicBaplismo
admisi-i siiiil? Potoiis csl Domiims misoricordià Miâ
iii.lnlL;o?iliaiii darc, ot cos (|iii ad Eicicsiam sim|iliiilor
adiiiissi, in Ecclesià dormieriiiit, al) Eccl 'Siic sua; nui-
nerihiis non scparare : frustra ilaqiie Baronius hoc
sanoli Dioiiysii Icslimonio conalur opinioiiein suani
defoiidcrc.
* Qii;rrcs 5° an Sloplianiis papa agons advorsùs
rebaplizanli>s in errorcm opposiliun lapsus sil, et
omniiini proniisciiè liaMciiconini Baplisma approba-
verit.
Blondclliis, Mardis Aiitoiiiiis do Dominis, haTOtici,
cl ex Ciillioiitis Lannoiiis cl Diipiuiiis coiilcndunt
Stepliano pap:io raliun fuisse Baplisma quorunicuniquc
h;orelicorum , etiaiii evaiigelicâ forma coimplà , aut
omissà coilalum ; sed falsô et magnà lanti ponlificis
injuria, qui non oiiuiiiim iilaiiclui'reliconim Baplisma
apjirobavil, sod cornai dnntaxal, de qiiibus cum Cy-
priano dispntalio crat.
Prob. r ex ipso decrelo Stcpliani, ex qno ipsuni
criminandi aiisam maxime sumnnt advcrsarii. Illnd à
S. Cypriano reforinr in Episl. ad Pompcinni bis ver-
bis : Si quis ergo à quàcumqne liœrcsi vnicril itd nos,
niliil innovclur, uisi qusd tradilnm csl, ni mniius illi
imponatur ad pccnilcnliani. Ex quibns palet id nnum
Stcjdiannm voinissc , ni Iradilio sorvaroUir; (inod
eiiam Icslanliir Eusel)in>,lib. 7 Ilist., Ilieron. advcrs.
Lncif.,el Liiinensis in Comnioii. Porrù illnd qnod
tradilum fuorat in Ecclosià , id solum oral vab-re
eiiam ba^rcticorum Baplismum , qui sub forma à
Cbiislo insliiulà eonl'crrctnr, non aniem vol càdeni
forma pra'Icrmissà, vol corrnpl:i. Igitnr, clc. Onasu-
obrcm vf'ccs il!;Te, « qtu'iciimqne liarcsi , intclligondiie
snnl ac rcslringendaî ad illos luerclicos qui Ciirisli
fonnam intogram scrvabant.
2" Idem constat ex vcrbis Cypriani ac Firmiliani. ■
Prior namqiic in landalâ Epist. de Siepliano loqnens
ait . Aut si cffcclum Eaplismi majcstali iwininis (invo-
calioni nempc Trinilatis) Iribuunt ut qui in nominc (id
est aucloritatc) Christi nbicuniquc , et quoniodocumque
bfiplizmilur, innovari cl sanr'.ificari judicanlur, clc.
Aller verô in Episl. ad Cypriannm de Stcpliani de-
crelo scribil : Illud quaque absurduni, qubd non pnlanl
qnœrendum esse, quis sil ille qui baptizaieril , eb qubd
qui baplizalus sil, qraliam conscqui polunil invocalà Tri-
nitalc nominum Pithis, et Filii cl Spiiilùs snncli, etc.,
ex qnibns inanifosliun csl Cypriannm cl Firniiliannm
Slepliani decrelum eo sensu accepisse, ni do quihus-
cumque b.iereticis loquerelur, qui Bapli mi iormam
non corrnmperent, sod inlaclam conservaront.
5" Idem constat ex co qnôd toiadissensio iiit(>r Sic-
pbiininn ac Cypriauuin alios(picri'bap(i/.,-inlos non crat
de forma Ba])lismalis , sed unicè de (ide niinisU i , ni i S. Cyprannm provcelnm fniïsc.
liôâ
ex biijusce controver.->i;o bistorià compcrlnm est ;
ailc«'>i|uc cl Slepliani decrelum non forniamSacramenli
spiMial.scd dniilaxat mini-tri (idem.
Dcnnim sonU'iiti;i Slrpliani liàc de re ea fuit, qiicc
nunc sompcr , et olini vignii in Ecclesià ;' id quod
patel tuin ex Angiisl. in libris contra Doiiat. , lum
ex Vencenlio Eirin. in Commim. , lum ex Facnndo
Herm. Cône. .Moci;in. Ecclesià autem nce unqnàm
a; probavil, nec modo approbal Incrclicorum B;ipli-
sina, vel sine forma evangelicâ , vcl càdeni subsian-
lialilcr corrupià coilalum , sed lanquiun invalidura
sempcr repudiavil ac répudiai. Igilur, etc.
Objcclio.
Cypiiamis in laudatà Epist. ad Ponq)eiuin Slepliano
cxprobrat, quôd rccipiat Baplisma Marcionis, Valcn-
tini, cl Appelletis; inquil enim : « Slepbani fralris no-
« stri obslinalio dura prorupil, ut cliam de M;ucionis
« Baptismo, ilom Valcnlini, cl Appellelis , et ciotero-
< rum blaspliemanlinm Deum P.itrom conteiidal filios
« nasci, et illic, in nomine Jcsu Chrisli dical remis-
« sioneni peccalorum dari , ubi blaspbcmalnr in Pa-
1 Irem , et in Doniinum Denm Cluislum. > Poriù
isli luerelici legiliniam Baplismi Iormam non serva-
bant, nec in nomine Trinilatis baplizabanl, cùm caiu
negarenl. — Resp. nniversaliler falsum esse mcmo-
ratos ba;rclicos Baplismi foiniam violasse ; nec ralio
addiicta id cnnvincit ; consislere qnippc pole.-l, ut
circa ïrinilatem erraverint, eltameu formam àCliri-
slo pnTîScriplam in Baplisnio conferendo relinerent ;
quemadmodùm qui neg;ibanl Clirislum esse Dcum, ut
olim Ari,,ni, el negant bodiè, ul Sociniani , Ba{»tisma
juxta legilimam formam conferre poieranl , ac rea-
psè conforobaiil ; undc in concilie Niteno Arianorum,
sallcm plnrimorum Baplisma rcjectuin non fuit. Quare
el de Marcionilis, Valenlinianis , etc., siu omnibus ,
saltem pluribus , invocalo sanclissinuc Trinilatis no-
mine b:ipli/.àsse censeiulum esl, et cà de causa ratum
liabitum à Stopliano fuisse ipsorum Baplisma.
Qn;vres 6° ulrùm Eirmilianus , Cyprianus , cisque
consociali cpiscopi , Stepliano resisteudo peccave-
rint. — Resp. : Si peccatuin proeoaccipi.ilurfinodcst
erratum à veritale, peccâsso non esldnhinm, (juia
dogma fidei cliristianaî conlrarium , licèt boiià (ide,
lanqnàm pro aris ac focis pcrlinaciter propugnabaul ;
quod si ex malo voluntatis aiïcclu cl cordis cxulcoia-
lione peccaluni , ul moris est, dijudicctur , etinidcu)
dissimulare non possumus Fiiuiiliamim, cliarilaiis et
n10(lo^ti;e mêlas pnelergressuni, liumanà inlirmitate
peccàsse : quis eiiim loi ojuslamque perUnbalosani-
ini moins v:!le:il exctis .rc , iu (pios contra Ponlificem
maximum, docirinà et sanciilale (aut(»perè coinmeii-
dabil m, irrevcreiilor ciiioil ? Al longô divers ::ni de
Cypriano (l)judicium e-l, iiKiUDcliarilaleni exiniiam,
(l)Communilord:iccnl tlieologi, post S. Anguslinnm,
îdiquid , ■,:t pi'obahilifis , ;ib ulroqne poccalmn e>se ;
tuin qni;i piiniô dnrinssumniuni |i!iiililic. m iracifiini:! ;
I "m quii eiror iliiniim, licol cxnisari |;:iilim doboni ,
tanit-n no:) vint; :ili |i;à prliiiaciio unil'rà lanitliù pi r-
slilit Sed r»li'i;di;m est Firmilian'ini longii'is qniiui
\r.dii.)
i439 DK nr<: sacramentaria.--
Jjiimililalcin, inansiictiidincni, inodesliain singularcni
liacleiiùs Ecclesia dciiiiiata est ; quciii ubiciue S. Au-
^Mislimis velut iiiiilalis aiuanlissimiiin et diaiitatis
mudiosissimuinsiiiiiiuis laudibusinfcdicat; ilaqiiclan-
l\ii\ tamquepncclariim antistilein, hauccadein cliarilas
accusari non snslinel, pro ciiiâ lainsircnuè diniicavil.
Quidcjuid sanè sil (diniilU'uduiii oiiiin de co et cx-
teris soli Deojudiciuin, qui solus renés et corda sorii-
talur) , ccrluni lainen esl Firiiiilianuin niagiià iii
Orienle sanclilalis celebriiatc vixisse à PaUibus con-
cilii secundi Anliocbeiii beatœrccordat'ioiiis vinim ap-
pellalum, Euzeb., llisl. lib. 7, cap. 50, et sancloruni
faslis in Ecclesia Oiieiilali descriplmn, Meiiol. 28 oc-
tob. ; unde liquidé apparel, qiiidquid, nialani causani
proiegendo, deliquerat, pœiiilenlià expiasse ; Cypria-
nus verô vir ilanè aposlolici pectoi'is , si quid macu-
la; in bâc dispiilalioiie coiilraxil, cluiritalis nbcrtate ,
înquitS. Augusliiius.Iil). 1, conli'. Douât., c. 18, ro/«-
pensatum est, et passioiiis [alccpuryutuni : bine lanluni ei
lionorem Ecclesia babuit, ut noinen ejus sacrocanoni
iiiscruerit inler niissaruni solenmia rceilandum.
Quccres 7° an et qualenùs S. Cyprianus cuni suis
valeat excusari. — Resp. , pixtcr cielrra qux' ex dictis
colligi possunt , ideo excusari , quia ad prolegendun»
errorem, non equidemveris.sed tamen nondùni victis
ralionibus movebatur , et quia corrigi erat [taratus ,
teste Augustino, si qu;ostio bxc Ecclesiic universalis
robustissinià auctorilale ipsius œlate discussa fiuila-
que foret : a Quapropter, ait S. Auguslinus, lib. 2 ,
« cont. Donat.jCap. i, sanctusCypriauuslanlù cxcei-
€ lenlior , quautô bumilior, qui documenluni Pétri
« sic amavit, utdieeret epist. 71 , ad Quinluui : Do-
i cumenlum sciticet nobis , et concordiœ , et patientiœ
« Iribuens, nt non pcrtinacitcr nostra amemus, sed quœ
^ alkjuundh à fratribiis et collegis nostris nlilitcr et sa-
t hibriler suygeruntur, si siiit vera et Icffuima, ipsa po-
I tiùs nostra ducamus, satis ostcndit l'aeilliniè ^e cor-
< recturum fuisse sententiam suam, si quiseidemon-
< slraret Raptisuium Cbristi sic dari jiossc ab eis qui
< foras exieruiit.qucmadniodùni aiuilti non poluitcîun
< foras exicrunt : ncc nos ipsi laie alifpiid auderemus
« asserere, nisi universix; Ecclesi;c coiicordissimà au-
« ctoritate firniali , cui et ipso sine dubio cederet , si
i jam illo leniporc quaistionis luijus veritas eliquata
I et declarala per plenariuuiconeilium solidarctur : si
« enim Pelruni laudat et prœdieat ab uno posteriorc
i coUegà patienter concordilerquecorrecluui, (piaiilô
c citiùs ipse cum concilio provinciœ su;ie univcisi or-
i bis auctorilali , patefactà veritale , cessisset ! quia
i profectô et uui veruni diccnli et dcmonstranli pos-
< setfacillimè conscntirc lain saneta auima, lain pa-
( cata. >
Et lib. 4 cent. Don.,c.9 : « Vir sanclus Cyprianus,
« inquit , non solùni doctus, sed etiam docibilis...;
* non dubito quôd si islam (pia;slioneni inEcelesià diù
« multùrnque versatam cum viris sanctissimis dociis-
i simisque tractaret, per quos postea faclum est, ut
« anliqua illa coiisueludo etiam plenario concilio fir-
« mafctur, sine dubilalione demonsirarei, non soliun
DE SACRAMENTIS IN GENERE. 1440
« quàm doetus esset in bis quic (innissimà verilatc
« perceperat, verùm etiam quàm docibilis in bisqua;
« minus adverleral. »
Qu;eres H" utrùm babitum aliquod taie concilium
fuerit, in quo limata et solidata veritas sit. — Resp.
cum S. Augustino affirmative: i Postea tamen, inquit,
<i lib. 2 coMt. Don., c. 9, dùm inter multos ex ulrà-
« que parle traelatur et qu;erilur, non solùm inventa
I i esl , sed eliam ad plenarii concilii auclorilalem ro-
j < burcpie perducta, post Cypriani (juidcm passionem,
I « sed antequàm nos naii essemus. »
Quxres 9° quando et ubinam gentium cclebralum
sit. — Resp. tanti non esse banc qu;eslionem , ut
diù morari nos debeai ; ccrium quiden) est , in Arc-
latensi primo concilio, aiino 314 et in Nicœno primo,
anno 323 , post Cypriani obilum, anlequàm nascere-
tiir Auguslinus, conlroversiam delJapiismo luerclico-
rum discussam explicalamque fuisse : Cyprianus enim
anno 258 marlyrium obiit ; Auguslinus verô non ante
355 lucem aspexit ; iiaque de allerulro sanclum do-
î|' clorem debemus iulelligere, quoties (quod sx'pc facit)
i quaîslionis luijus obseui'ilatcm in plenario loliusorbis
I concilio depul.,am afliriDat; ulri aulem, ex meule ejus,
lutc gralia sil habenda, Arclaleusi an Nicœno? Niliil
aut parùm certè nosUà rei'erl, nec omninôiuterest ad
vorilalis del'ensiouem ; peigraluni enimvciô ficlurus
erat theologis S. Auguslinus, si bancsynodum proprià
locict lemporis disliuclionc nolàsset, quod eral eitam
facile, quàm plenaritun esl tolius orbis conciliinn ap-
pellare ; quôd verô in rc minime neccssarià paululùm
nogligens fuerit , non ideù culpandum S. doclorem
putanuis.
Jam si quis luijusmodi contcntionibus delectelur ,
f )!iies ei indicabinuis , ubi explore se ad satielatem
possit ; légat Joannis Launoii doctoris Sorbonici
et Joannis Nicolai ex ordiae Pnicdieatorum , ibeologi
pariler Parisiensis , prolixas de plenario concilio
concertationes , siylo acrj et vcbementi conscri-
ptas, quasi nimirùm de summo fidei capite agcretur ;
(pioium ille pro Arelalensi , isle pro concilio Nic:eno
pugnavil : et cui libueiil palmam viclori;e , per nos
lieel, déferai (1).
Quœres ullimù, ulrùm celebrato, quod S. Augusli-
nus tam s;epè laudat, plenario concilio, slalini ubique
gentium Ecclesi.e reddita pax fuerit , omuesque veri-
latom amplexi luerint — Resp. negalivè : quom-
adniodinn enim posl sa^vaiii lurbulcnlamque proeel-
lam non slalim marc sedalur, ncc fluclus contiiiiiô
(luicseunl ; sic in causa pncsenli , clsi episcopornui
el sacerdolum per orbeni lerraruui maxima pars vc-
rilali in concilio plenario conlirmala; constMiscrint ;
reperli tamen aliqui sont , qui sive canoues Nic;c:c cl
Arelate condilos ignorareni, sive legilimum eorum sen-
sinn plenè non assequcrcnlur, seu alià (piàvis causa,
, ali(iuaulo post tempore rebaptizaiuli consueludinem
tenuerunl , quod satis superque probat sancli Dasilii
Magni exemplum : is enim in Kpislolà 2 canonicà ad
(1) Ville Turnelium ulramtiue sententiam breviler
, expnneiileni, nmcst. 7, art. 2. (Edil.)
lui QUyEST. Ml. DK MlMSi
Ainpl)ilochium,caii.'i7, scribilin Kcclcsiàsuà rcbapti- 1
zari liit'reticos Kiicralilas , Sacco|ilioios, Apolacti-
tas, clc.Etsiapud Ilouuinus, \iu\u\l, lioc fieri >iit prohibi-
/Hi/i; inoxqnoadiliU'rc catlKilica! Loclcsi;i; riiliimin, si
pliirossiinulcpisoojiieniivLMiirciU, ol circa ilcralioiieiii
vel approbalioncni Bapiismi susccpli in liacresi caiio-
nein coiulcrcnl : veriiiii, posloa dissipalis qtia; siipor-
eraiit crro:is luibeculis, liixit iibi(iiH; goiiliuin vcritas ,
ol ila vorsi'is ([uarli sociili liiiciii iiivaliiil , ul pro ba;-
rolico babiliis sil viiiistiuiscoiilradiccre ausus est. Sc-
quitur
Sectio II.
De improbis cl scelestis m'mistris ; utrkin valcant ab Us
coUala Sacraïucntu ?
§ 1. Novaliaiiorumy Donatislarum , et aliorum error
noUitur.
Qtiàni inerilô à ViiiconlioLirinoiisi dicluin sit, Com-
luoii. cap. 9, Agiippiiii Cailbagiiionsis de itorando
Baptismo pia'suiiiplioiieiu taiitùin inali invexisse , ut
Jion soliiin (luibusdam calbolicis occasionem erroris,
sed hsereticis formam prsebueril sacrilcgii, multiplex
probavit eveiitus : nam
1" Eodein teinporc quo S. Cvpiianus cum collegis
suis pro ileralione Baplismalis cuiu Uoivianà cl calbo-
licà Ecclesià coiitondebal, hoc ipsuin ÎNovaliaui, lum
in Afi'icà, luni alibi, usurpâruiit, cujiis rci pra;ler cce-
leros testcni Cyprianuni ipsuiu habcmiis, iii Episto-
là 73 ad Jubalaïuuii ila loqiienlem : i Nec nos niovct,
< fraler charissinie.qtiod iulillcris luis complexus es,
I iSovalianenses rebaplizare cos quos à nobis sollici-
c tant ; quando ad nos onuiinù non pcrtincat quid ho-
c stes Eoclesi;3e faciant, duniniodô Icneauius ipsi pote-
« stalis noslra) bonoreui, et ralionis ac veiilalis lir-
« niilaleni ; nam Novalianus, siniiannn more, qiia-,
i cùm bomines non siut, homines lamen imilanlur,
< vult Ecclesiaî calhoIic;ie auclorilatem sibi et verila'
c tem vindicare, quando ipse in Ecclesià non sil, imô
< adhuc insiiper conlra Ecclesian» rcbcilis et iioslis
« cxstilerit.... ; quale est autem, ut quia hoc Novalia-
i nus facere audei, nos pulemus non esse faciendum?
< Quid ergo? Quia et honoren> cathedra) sacerdotalis
< Novalianus usurpai, nuin idciico nos calhedne rc-
« nunliarc debenius? Aiil quia Novalianus allare col-
«locare, et sacrilicia oflerre conlra fas niliiur, ab
« allari cl à sacriliciis cessare nos oportct , ne paria
< et similia cum illo celebrare videamur? Vanum
i prorsùs et siultum est, ut quia Novatiauus exira
« Ecclesiam vindicat sibi verilalis iniaginom, rolin-
I quauius Ecclesiic verilateni. >
:2' Ineunte quarto seculo ejusdem erroris h^rcdi-
las ad Donalistas est devolula, et ab iisdeni aniplili-
c.ita : cùm enini rebaplizandos in calbolicà Ecclesià
Ii.crtHicos Cy[»rianus censuissel, (/«or/, inquii S. Au-
giislinus.lib. de unico Bapt.,conl. Pelil., cap. 13, (lie-
rai Itiimani erroris, isti rebaptizabant Catholicos, qtiod
semper est diabolicœ pra'sumplioms ; cùm porrù voilent
Ecclesiam loto terraruni orbe exlinclani poiiilùs cl
malorum conlagione proslralani,in solà Donati parte
liansisse, aliundè verô contendcrent Baptuaj«um ah
BIS SACUAMENTOBLM. U42
Ecclesià disccdendo ainilli, ut vidcre est in Aug. cont.
Crcsc. , Jib. i, cap. Oïl, bine lincin rcbaptizandi non
l'aciebant : quin cl taie esse volebavl Uapiisma, qualis
est ille a (juo hubclnr, vel daliir, vel sumUur , vide
S. Aug. conlr. lill. Pelil., lib. 2, c. 33 : liaplhmum
daiilis conscientiaiii attendi debere, quœ abluat accipien-
/t-m.vide S. Aug. conlr. lill. Pelil., lib. 1, c. 1. IliU-
rius. L'udèconscquenserat uldiceront irrita prorsùs e'>
vana esse coilala à niinistris improbis Sacramoula;
quando aulom à calbolicis, Donaiistarum ipsoruni
exemple urgebanlur, quos sacrilegos multos fuisse
diffiteri non poteranl, suum hoc delirium aliquando
sic Icmpcrabant, ut ab inq)io lalonle, non vcro ab im-
pio manifesio, Bapiisnunn reclè dalum reponercnl;
vide S. Aug. conlr. épis. Parm., lib. 2, cap. 13.
5° Eodem seculo Hilarius Romanae Ecclesiœ dia-
cônus, vir ctcterà commendalissimus, qunm in fidei,
cl sancli Allianasii dofensione pcpercral laudem, du-
plici doinceps labe dcboncslavit ; nam Luciferi Cala-
rilani episcopi scbismali adhresit, cui et propriani
hoeresim addidil, Arianos cœlerosque huMcticos re-
baplizandos esse propiigiians ; hune S. llioronymus
in dialogo conlra Lncilerianos egrogié rciïilat, et al-
terum orbis Deucalioncin appollat, (|u6d nimirùm ba-
plizatos ab hiureticis , aquâ sancliore renovare et
regenerare pncsumeret.
i" Sub fmcm duodecimi seculi sopitam Donatisla-
rum h.-cresim Waldenses demiù excilàrnnt, prater
ciielera errorum nionslra docenles, à malis pollui Sa-
cranienla; atque adeù iniiovandum quidquid ab illis
foret tomerariô et prêter fas allcnlalum.
5° Nemini non nolum putauius , decimo quarto «t
sequenle seculo, Wiclol'o, Joaiini Uns, coruinque sc-
claloribus errorem hune arrisisse, eâque de causa, à
concilio Constanlicnsi et Marlino V, Pontifice maxi-
mo, nierilô esse damnalos; Widefi quartus arliculus
bis veibis oral conceplns : Si episcopiis vel sacerdos
existât in peccato mortali, non ordinal, non confiât,
non consecrat, non bnptizat.
Contra hos omnes eorumque similes sil,
§ 2. Ostendiliir ministrorum perversitate nec pollui
Sacramenta , nec irrita fieri.
Aperta h;ec Tridenliiii concilii dclinilio est, sess.7,
de Sacr. in gêner., can. 12 : Si quis dixeril , inquit,
ministrum in peccato mortali existenteni , modo otnnia
esscntiutia , quœ ad Sacramcntum con/iciendiim , mit
conferendum pertinent, servaverit, non con/iccre, aiit
conferre Sacrantenfhm : anatliema s//;lidei ita(piosen
tentia est.
Pr.oit.vTio PRIMA , ex comparatione malorum cum luvre-
ticis et scliismaticis.
Sic porrù isla conclusio cum pra-ccdcMlc conjunola
est, ul priman» qui adniiseril, negare secundam, nisi
slultè et impcrilè , non possit : quando enim mulla
rci alicui agenda) videnlur op|)oni obstacula, quorum
iiileijeclionc nielus sil ne lotum nogolium cvanescaf,
lune ccilè si id qnod vohemenliiis fueril , evcnlum,
quantolibct impolu faclo. nom inipedil, nndlù minus
impe<liel, quod erit lançuidius; atqui Saoramenla rilu
,«,- DE aE SVCRAMENTARIA. — DE 5ACI\A^5ENTIS IN GENERE, Mii
evaii^i'lico J.ila irriliu-o luïMCsii et scliisin;» non pos- X « .'uiikiIo, iilriun fonco cxpressum sit, qnor|nc r.i()(!()
siml" sci'lcra laiiion liu'C siiiil, in comparaÙDiie eu- j, «• iminu ideiiHiiio sigiiimi existai : distrimcii ciiiiu in
jiisvis flagilii, noiuiiio ilifiUor.lo, gravissima ; idem [ « iiialeiià est, non in sigiio : sic libi quocjne omnos
cr^o de altéra quàvis inipiobitatc, sivc lalcnlc, sive i- « (jni ba])!i/.an(li numcie lungnnlur, idonoi iiabeaa-
nianifoslà, piilaiidnni est; und(^ cadoni poné argu- |: « !nr : qnanivis cnim aiius alii probitalc vitcc anlc-
niiMila bie redennt, quic siipcriùs Cypiianuni et alios i « ecllal, (>adeni lanicn Baj)ti.snii vis est. »
rd'iitando altulimii
PROn.VTio ii,/.i' innalà Sacrmuoitomm v'irlule
I (I (aiiiliniiit qiiidiMH, ait S. Joaniies Cdrvsosto-
'X « imis, Hoiu. 8, in 1 Epis. aJ Corint., laieos pic
Ad catholicie voritalis defensioiiein vel ur.a suffi- | « vilaui agere, nialè auteni et improbè si.cerdoles ;
ccrcl ScriplMrarnm aiictoiilas qiiâ doecmnr Sacra- i
niiMita, non bomlnis sed Dei opora esse, quidquid |
« undc ncquc futnrum esset liaptisnia, nec eori)tis
j Cbiisli, nec oblatio per illos, si nhicpie dignitat in
virlulis babcnt, ab ejus ineiïabiii opcralione pondère; | t ne mérita requirerel gratia : alqni eliam pcr iiidi-
liomiiiem vcro ad eornm confectioiicni piuter nndum | « gnos Dcns solct operari, iieque lîaptismalis graiia
niinisleiium nihi! affcrrc. If « quidquam heditnr vilà sacerdotis ; aboqiiin qui acci-
K(io sinn, c(jo sum Ipse, ail Siûiilus sancUis, qui | » pil, minus esset liabilnrus.... niliil cniniaffcrl sacer-
deleo iitiquUutes luas proptcr me, Is. 45, 25. Qui misit tj « dos ad ea qu;e siml proposita, sed uiiiversuni est
me bcintizarein aqtut, inquiebat S. rnveursor, ilie milti S « opus Dei vii'iuiis, et iile est qui nobis exbibet my-
dixil: Super quein viderisSpirilum dcsceiidoilcm cl ma- ;| « sleria. »
nentem super eiun, lac est qui buptiznl in Spiriln sanclo, I' « Non est aqiia, inquit.S. Angust. lib. 5 conlr. Do-
Joan. i, 55. El Aposlohis : Sionificaiiim est milti, in-
quit, 1 Cor. 1 , 11, quia coulentiones siuit inler vos
nat., cap. 10, profana et adultéra, .suj er quam
; :| < nomen Dei invocalur, eliamsi â profanis et adulle-
lioc aulem dico quod lunisqnisque vestn'un dicit : Ego iji « ris invocetur : quia nec ipsa creatura nec ipsum no
quidemsumPauli,egoau(emApono,egoverbCepiiœ;'
. ego aulem Cliristi : divisus est Clnistus ? ^'umquid Vau-
ÏHS erueifixus est pro vobis ; nul in nomine PauH bapti-
zati estis? Et paulô post, c. 5 : Ciim sit iriter vos zeliis
cl conienilo, nonne carnales eslis, et secundiim hominem
ambnlalis ? Clan enim quis dicat : Ego quidem sum
Pauli; atius aulem : Ego Apollo, nonne liomines eslis?
quid igilur est Apollo, quid verb Paidus? Minislri ejus
eui eredidistls , et unicuique sicut ï>ominus dedil : Ego
planiavi , Apollo rigavit : sed Deus incrementum dedil ;
itaque neque qui plantât est atiquid, neque qui rigat, sed
< nien adulterum est.... an verô solisvel etiam lu-
1' € cernoe hix, cùin per cœnosa diffundilur, nibil inde
Il I sordium contrabil, et Baplismus Cluisti polest cu-
|; 9 jusdam sccleribus inquinari? s
l| ^El lib. 5 conlr. Crescon. , c. 8, eùm Cresconius
I malus sopbisla dixisset « Dei quidem esse dare incre-
I' c m(;nlinn; sed sicut qui plantât et rigat, nonnisicolonus
I < fidejis eldiligens qn;\'rilur, sic etiani in Sacramento
ii « Baptismalis nonnisi fidelem cl justissimum opera-
j 9 rimn adbibcri ; » illum sic redarguit S. doclor : « Quasi
f « verô quùd infidelis colonus plantaverit,propler ejus
incrementum dal Deus... Dei enini sumus adjutores, >■ « iii-fidelilatem non gcrniinet vis seminis, et fœcun-
qm
Dei agncnltura eslis, D,i œdifiealio estis.
Ex his, inquam, et similibus Scriplurarnm lestimo-
iiiis facile est argumciitando coHigere Sacramenlorimi
virtuleni, sicut ab lioniine non babetur, ila impediri
ministrornm iniprobitalc, quanlùmvis consummala,
non posse ; eùm in divinis mysleriis solus Deus totius
boni fons operetur.
Pkobatio m, ex auctoritate et consensn majornni.
Nec aliter luvc oracula sancti Patres inlellexernnt.
9 dilas terne cœli(iue lemperies liane eflicaciam divi-
9 niiùs non aceeperinl, ut ad propagandos fructus
I planlalorem vel rigatorem operarium tantînnmodù
« expeetent, quà meule operetur, quâ laboret inten-
« tione non eurent. »
El alio in loco Donatistarum prcïsumplioneni sic ré-
futai ; < Quomodo dicitis, inquit, tract. 5 in Joan.,
« quia vos baplizalis, et Joanncs di; it : flic est qui
« bitptizat? Sed ministres, inquiunt, lanli judicis jus-
quorum una vox est, una senlentia, Saeramenla sic [I « los (q)orlet esse, per quos baplizalur; et ego dico,
esse in mami Dei, ut nec virtulem suam ab indtislriâ
ministroruni aut sanclilate cxpeclent, nec possinl
ejus aliquid , eorum malilîâ el^mprobilale deper- ||
dere.
«Ne inquiras, inquit S. (îregorins Nazianzenus,
9 Orat. 40, in S. Baptisma, concionaloris aulbapli/.an-
i lis auetorilalem qui curalione indiges, in judi-
î ces judicium ne arripc, nec cornm à quibus piirga-
« ris dignilalcs excute , nec inUr geiiitores deiectinn
« habe. . . : sinl duo annuli, .iller aureus, aller fer-
« rcus , atquc ambo eamdem imperaloris imaginem
« inseuliilam babeant, ac deinde cerani imprimant:
< (Juid tandem boe signum ab illo signo distingues?
f Nibil ; maleriam in cerà internosee, ijuàndibet sin-
% gulari solertià sis ; die utruni è duobus signis aureo
9 omncsdicimus, quia justos oport''! esse lantijndieis
9 n)inislros; sinl minislri jusli, si volnnt ; si au(<Mn
(i noluerinl esse justi (|ui super calbédram Moysi se-
« dent, sccurum me fecil magister meus, de qno Spi-
« rilus ejus dixil : Uic est qui baptizal ...; si fueril uii-
« nisler justus, conipulo illum ciun Paido, conipulo
< illum cum Pelro ; qui verô fueril superb:is niinis-
9 ter, cunizabolo computatur; sed non contaminalur
t donum Cbrisli ; quod per illum finit puruni, (\'.\:h\
« per illum transit Ii(iuidum, vcnil ad ferlilem t. r-
« ram pula, quia ipse lapideusesl, quia ex aquà fru-
9 cluni ferre non polest, et per lapideum canaleni iraus-
« il aqua ad aredlas, in canali lapideo niiifl geuer. t,
9 sed tamcn borlis plurimnni IVuclmn afl'ert : spirtua-
« lis enim virlus Saerauienli ila ol^ ut lux, cl ab
144B
QUyEST. VII. DE MINiSTRIS SACRAMENTORLM.
< illuminandis pnra cxcii»iiiir, ei si por imimiiKlos
< trnnseat, noi) iii(|iiin:iliir, ^
Ex liis cl >iiiiilil)iis i'aliiiii» coiii|t;ualionil)iis argii-
nieiUiim sic eflloicscil ; ila se liabel minisler ad Sa-
craiiiciila, (inomodo ad iinagiiicm se liabel sigilluin,
quoniodù coluinis ad agniin, qiioiiiodo corpora ad lii-
ccm, (pi;e pcr oa lraii>inillitiir aiil relloflilui', (pio-
luodo caiiaiis ad aiiuam qiiaiii develiit; alipii sii,'illiim
fcneum sil vel aiiroum, iiuagincm niliilominiis iiuiui-
niit ; iicc cxpeclai agcr al) an'cclii coloni rc.liiilaieni,
qiiain loiam ex vi seminis cl icrraî bonilale coéliquc
iciiiperio liabel; iicc splondorom smim ainitlit bix
iieqiie iiiloiem, pcr loca licèl sordida dill'imdaliir ;
ncc deiiiqiic de aqiianim fuciindilale quidqnaiii nii-
miilnr, sivc canalis lapideiis, sive ciijiisvis malcritc
fuerit; ergo à pari boiiuin est, cliani miiiislro nialo
opérante, Sacramenlimi : Mémento crgo, ailS. Aiigii-
Sliniis, lib. 2, coiilr. lilt. Pelil.,cap. -i7, SdCiameiUis
Dei niliil obesse mores imilorum liomiimm. quo illa vel
omniito uon siitt, vel minus sancla sint.
Trobatio IV, ex ralione,
SulTragatur lalio ipsa, ilbisliala divinà fide, et
niulla suggerit prorsiis ineliiclal)ilia argumenta.
Priinum sic iiiforinalur : Baptisnius (ideniquc de
caHeris inlellige) ununi profeclô csl Sacramenlum ;
ideô vcrô uniini, quia csl Chrisli ; crgo boc iiîso
qiiùd Cbristi nomine rilii evaiigelico consecralur, à
quocuinque laiidem, sive bono, sivc mab), admiiiis-
U'oltH", validns est : qnà de rc pnïclarissiniè, ut so-
let, S. Augnslinus ; « Cùni lanlùm dislarct, iuquit,
t epist. conlr. Donat., sive bb.de Unit. Eccl.,c. 21,
€ iiiler Pelruni cl Judam, niliil tainen distabat inter
< Baptisniuni qui dabatur pcr Pelrum, cl qui dabalur
< per Judam : illud cnim quod per eos dabalur unum
t eral, cùm ipsi non essenl unum ; et illud Cbrisli
i eral, illorum auleui unus ad mcnibra Cbrisli, aller
€ ad parteni diaboli perlinebal ; cùm verô Joannes
« Baplislael Paulus apostolus unum essenl, quia utcr-
« que sponsi amicus crat, lamen quia non eral unus
< Baplismus qui dabalur à Joanne, et qui dabalur à
« Paulo, jussil Paulus Cbrisli Baplisuio baili/.ari eos
« qui Baplisnio .loannis fueranl baptizali ; ila(pie ille
f Baplismus Joannis diclus est : qui auleni pcr Pau-
< lum daius est, non est diclus Baplismus PauU, scd
« jussit eos, inquil, baplizari in Clirislo, Act. 19 ; ecce
I unum suiil Joannes et Paulus, cl non unum dant ;
c cccc non sunl unum Peliu^ et Jutlas, et unum dant ;
i clvcro Pelnis et Paulus cl unum sunl cl unum
< dant : Abrabam et Cornélius ex fidc juslilicali unum
c sunl, et non unuui Sacramenlum acccperunt: itcm-
i que Cornélius, cl Simon .Magus non sunl unum, cl
I unum Sacramoiilum ac(op(M'unl ; al vcro Cornélius,
« lI illo .'ipâdo qucMi Pliili|)pu-) in ilincre baptizavit, cl
« unum sunl, et unum Sacramenlum acccperunt :
i cùm crgo unum csl Sacramenlum, nec diveisi da-
i tores, ncc divcrsi pcrceplores faciunt ul non sil
4 unum, quod unum csl. >
Secundum buic aflinc, sic inbumalur : si Sacra- ■ oonsiricios
incnia à minislrorumqualilaledepcndcini, ila uldala ||l conlidere [
lliG
à bonis siiil bmia, mala vcro data à nialis, lahla crit
in accipioalilMis ba|>liMiii>i um varielas, (|Uanla in ini-
nisliaiilibus diveibilas meriloi uni ; quciiiadmo dùui
ciiiin huiiiis, iu bàc iivpollicsi, dal bonuiii ({uod lia-
bel, ila (pii inelior l'ueril, i«l (piod mcliiis babcbit
(■onimunicabit ; unde sequelur innumerabiles dcl eir
admilli bapÙMiios, quia merilonim disparilas in csli
niabilis est ; alqui Imc ila est absurdiini el ab.-omiiii, ul
à nciiiine medioiritt-r sapienle admiiii possil : que ::-
admodùni ilaque non est nu lior Baplismus qui jicr
nicliorem dalur ila nullo modo est malus, qui cliam
pcr malum daliir ; quia non ejus, sed Dei Baplismus
est : boc argumcnlum SoCpissimè conlra Ponalislas
S. Augustinus inlorquet : « Isli auleni, inqiiil, 1. de
« Unit. Ecclcs., dùm volunt bominum esse quod Cliri-
< sli est, res falsissimas et absurdissimas persuailerc
t couanlur, ul propè lot sint baplismi, quoi iiumiiics
« p r quos danlur ; ilaque illud quod Doniinus ail de
« bomiiie et opère bominis, Mallb. 7, 17, arborbona
t bonos fructiis facil, arbor mala malos frucins fucil,
i isli ad hoc delorquere conanlur, ut à bono bapUza-
« lus bonus sit, cl à malo baplizalus malus bit; undc
t scquitur, etiamsi iiolinl, util nudiore baplizaliis, mc-
! lior sil, et ab inl'criore baplizalus, inforior sil; ex
i quo fil, ul illiquos anle Domini passionem, non ipso
« Jésus baplizabat, sed discipuli ejus, mullù sancliùs
« liascerentur, si ab ipso bapli/arenliir ; quis cnim
«i vel cogitare possil, quantum inlererat inler ipsum
-! cl discipulos ejus à quibus baplizabanlur? Ergo in-
« vidit eis sancliorem generalioncm, quos à discipu-
« lis suis, sese bîc conslilulo, nialuil baplizari? Quod
i inique quisqiiis crédit, insanus csl; quid ergo Do-
« minus eo ipso demonslrarc dignatus csl, nisi suum
i esse quod daretur, pcr qucmlibcl darelur, et se
« bapiizare; de quoamicui iPc sponsi dixeral, Joan.
î l,î55 : Ilic est quibaplizal, per cujusiibet manus mi-
« nistri baplizarclur, qui credidissel in euin ? Dicit
« Cliam Paulus, 1 Cor. 1, li : Cmtias tujo Deo quod
4 neminem vesinhn baplizuvi, nisi Crispiun el Caiiim,
« ne quis dical qubd in nomine meo baplizavi. El isle
c crgo crcdalur invidisse omnibus meliorem sancliti-
« calionem, si (luaiilù mcliorcral, lanlù meliùs polC'
« laiil baptizali ijui ab illo baplizarcntur ; imo vcro
■i ad boc ipsum vigilavil caulissimi cl lidcdissimi dis-
' pcnsaloris iiilentio, ne quisquam idco sancliùs se
« baptizalum pularcl,quùdà minislro sancliurc bapli-
» zarctiir, cl quod Domiiii cial, servo liibiicrcl. »
ïerlium est : Si à sanclilale miniBlranlium Sacra-
menla dependeanl , nenio scire uiiquàm p.otciil an sil
baplizalus; iniô leneWliir quisquc crcderc (l),so
quanlùmlibel linclum cxlcriùs, nondùm lamen esse
( I ) Hicc argnmcnlalin fiisilalc non csl vacua. Naj."
qiiando liaTi'lIci dicuiit non valcre ininisiri peccaloris
Baptisuia, iniclliguul niiiiislruin iu pori nio morlali
jaoenU'in ; imo vcro picriqiic de pcccalore nianifeslo
lo(|uunlur : porrù S. Joannes in alialo tcxlii non de
lallbns pcccalis scrmoiioiii halxl ; neqiie cnim si-mpcr
Icncmiir credcre nos morlalis pcocati vim iilis esse
conslriclos; sed cum modcslià nos justilicalos s;cpô
possumus. (^î.dit.)
lui
i)E RE SACttAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
\US
l)aplizaliim ; ([iiin ncnio homo est qui sit ab omni pec- iii Raplisnnim a!) iiiipio nianifeslo non daii, rcclè v»'! ù ab
iiii|)i() latente ; qtiia, (.•l'un lalol pollula conscieiilia ba-
l)lizantis, Iiuk; per seabliiil Clirisliis aiilanijclus ; qiiod
si iia cssct, urgel S. doclor, satius foret bapiizari ab
occiillo nialo , qiiàin à nianifeslo bomine bono : eô
enini Baplisma nielius est, quô saiietiùs jiislilicalur qui
cali labe inununis , eùni ncmo qui non Icnealur di-
ccre in oralionedominieà : Diniilte nobis débita noslrci,
skul et nosdimiltimus dcbiloribus nostrin. Ihnc aposlo-
fusJoanncsl, 18 : Si dixerimus, inquil, quonUim
pcccalum non liabemns , ipsi nos seducimus, et veritas
in nobis non est ; alcjui al)surduni consequeiis , (Tgo el | jjapiizaliir ; atijui in iiàe liypolbesi sancliùs jnslilica-
anlceedens; boc ratiociuio S. Auguslinus contra Cre-
Sconium ulitur : volebal ille, vel iioc uno Scripluruî
tcstinionio : Qui bapùz^dur h niortuo, qnid et prodest
Idvulio ejus? satis siiperque ostcndi, à niinistro poe-
calore bapiizari neuiincni posse.: « Si omnoni iionii-
« neni peccaloieni, inquit, cent. Cresc. , iib. "1, c. 27, 1
« inteliexeris niorluum, lanta quae non vistesequen- |
« lur, ut ipse qnemadmodùni vivos invenirc non 1
reiilnr (jui ab occulto ni;ilo baplizarenlin-, (juia Cbri-
sliMu ipsuni inleriùs bapiizatorcm baberent, qui est
ineoraparabiliter nielior bono quolibet niinistro ;
ergo, etc. « Si ergo, inquil, Iib. 2, cont. Epist. Parinen.
« c. H. lune lionioba])tizat, cùm baptizator numifestus
(t est iwiius ; ctnn verô ba|itizaior lalei malus, tune Deus
î baptizat aut angélus, et unusquisque talis spiritua-
« liler nascitur, qualis t'uerit à quo baplizatur ; optent
« possis, dicenle Joanne : Si dixerimus quia pecculmn | « qui desiderant baptizaii, ul boiniiies per quos bapti-
« non liabemns , nos ipsos decipimus , et vcrilas in nobis | « zanlur non sinl ni;.nilVsli boni, sed latentes inali, ut
i non est , ut omninù non invenias iioiniiieiii à quo | « sic Deo vel angelobaptizante, sanctiores ronasei mc-
3 « roaninr; liane absurditaiein si cogitant eviiare, per
'î « qiieiiilibct liomiiieni, cùm quis Cbristi Baplismo ba-
« baplizeris, si omncm peccatorcm devilarc vohieris..
I si ergo jam baplizalus es, vellem scire (|ucm n
« pereris , qui coiilra Joannem apostolum dicercl : | « plizalur, Cliristuni baplizare faleaiilur, de (|uo solo
I Pecealum non babeo; si enim talem quemqnam rc- 1 « dietum est : llic est qui baptizat in Spiiitii sanclo. t
« perire potuisti, quomodô baplizalus es ab eo qv.i | Sexlum petitur ab exemplo Donaiislarum ; si enim
a seipsum decipiebat, et in quo veri;as non erat? Si | verè persuasum illis fuisset non babere ininislros su-
i aulein qualiscuniqtie bmnililalis non imnienier, pee- '\ crilegospolestatem ullam ad conferenda Saeramenta,
« calorein se esse dieebat , qiiomoilô sibi , sceundùr.i li piocul diibio omnes sine discrimine baplizcàsscnt, quos
« tuam senlenliam , jus Baplismaiis nsurpabal ? Tu | ab bujusniodi bominibus a(|uà profana linctos scivis-
« cninidixisti, tu etiam minime scribere limuisti,?;/ \ sent; i:e videlieel sibi ipsis conlrarii viderenlur; atqui
« quisqiie peccaior inter Iwmines fneril, jus sibi Ihipti- 1 nonergaomues tenebant baiie rcgulam ; nam Calboli-
■\
j smalisnon nsurpet ; s,i -Miivin nondiim baplizalus es,
j aut banc vanissimam seiileiitiam corrige, aut à (|ui- |
f bus liaptizeris angelos qmiere. >
Quaruim est : Si ex reclà conscienlià minislronnn l
pcndeielSaeraincnlorum virlus (l),speseorum (jui ba- |
piizanlur, autalia Sacrameiila suscipiuut, punenda es- S
set in bomine à (pio conferuntur ; alqui faisum couse- |
quens, et verbo Dei aperlè contrarium, dicentc
Seriplurâ, ps. 117, 8 : Bonum est confidere in Domino,
quàm confidere in liomine; el Jerem. 17, 5 : Maledictus I
omnis qui speni siiam ponil in liomine; et ps. 5,9 et 1
riO, 13: Domini est salus, el vana sains liominis. Cùm
ilaque iniquissimum et impiissimum sit, spem bapli- P
zandorum aufeire à Domino Deo, et in bomine poneu- ?
dam persuadere , faleiidum virluli Saeranienlorum
iiibil delrabi, quantùmvis mala sit conscieniia mini- ■
slrantium. Vide S. Augusliiuim, libro primo contra
lillerasPeliliani, c^p. 5, n. i.
Quinlum mirabilem quanniam, ut Auguslinus biqui-
lur, Peliliani Donalis>l;e iiisaniam réfutât. Volebal ille
(I)Equidem spcs eorum (jui Saeramenta suseipiunl
poncnda esset in liomine, ut ait auclor, si ex reclà
conscienlià niinistrornin, tampiàm ex causA, ]ienderet
Saeranienlorum virlus ; alverù si sacrorum riluiim
VIS et ellicacia ex probitate minislraiilium, lanqiiàm ex
condilioiie necessarià duiilaxal, penderel, no:i ideô
spcs in liomine propriè essel repoiienda. Uiide palet
non niagnam esse vim liujiisaiguuienli ; non eiiiiii vir-
tutem Saci-amcntoruin ex i.robilale minislroriim,
quasi ex fonte (luere dicebanlbierelici, nisi forte pauci
quidam, ul Petilianus, quem earpil cliam sequens ar-
ninipuluni.
(Edit.)
cos quidem qucs {loterant in suas parles pertrabere,
denuô baplizabant ; Maximiani-tarum verô qui à suà
scclà, scliisinale facto, defcceranl, quosque velut fa-
mosi criminis reos inplenario Bagajensi coiicilio dam-
naverant , Baplisinum et ordinalionem admillebaiit:
eosque sicul inter siios fuerant lionorali recipiebant ;
ergo non amore aut persuasione veritalis, sed odio
unilatis, rebaplizabant Catbolicos : « Uberiùs dispu-
« tarem, impiit S. Augustiiius, cont Cresc, Iib. 4,
« cap. 16, nisià vobis dalo compeiidio magis ulerer;
« susceploenim Baplismo, ne(inedeslriiclo,(iucinMaxi-
« mianensesdederiml, aspides, vi{tene, pairicidx', ca-
« davera jegyplia, el quidipiid aliudin cos Bagajensis
« concilii, ut noslra causa facilliina lierel, ore giandi-
t loqiio deelamatum esl, satis el ipsi jndicàslis, non
« eorum merilis à quibus minislralur, nec eorum qui-
« bus minislralur conslare Baplisinum; sed proprià
« sanctitate atque verilale, propler eum à quo insli-
. tutus esl, malè utenlibuç ad perniciem, benè uten-
a tibus ad salutem. s ILec ille, quorum similia passim
in caHeiis contra Cresconium libris oocurrunt.
Scptimum, nec minus cflicax, aflert S. Tbomas,
5 p., q. 04, art. 5, in c. : « Dicendum, inquit, quùd
« ministri Ecelesia^- instrumeiilaliler ()i>erantur in Sa-
« cramentis, eô quôd quodammodô eadeni ratio esl
« iiiinislri et inslrumenli ; inslrunieiitum autem non
a agil secundùm propriam forniam aut virlutem, sed
< secundùm virlutem ejus à quo movetur ; et idcô ac-
< cidit instrmnenlo, in quantum e.>,t inslrumenlum,
i qualemcumquc forinam vel virlulem babeat, pra-tcr
1449
OU/EST. VII. DE MINISTRIS SACRAMENTORUM. i4îi<i
< idquod cxigilurad ralionciu instriiincnli, siciil(iuùd
i corpus lucdici, quod est inslrimiciiluiii aniiiui; lia-
I boiilis aiiein, sit saïuiin vol iiilinmini : cl sicul fi-
t slula pcr qiiam Iransil acjiia, sil aigcnlca vol pluiu-
« boa ; unde minislri Ecclesin; possuiil Sacianiciila
« conferrc, ctianisi sint inali. » Vide lib. i, conl.
Cent., cap. 77, ubi doclriiiain calliolicain S. doclor
pluribus argumcnlis è raiionc duclis confirmât.
§ 5. Diluuntur Donatistanimobjcctioues.
Object. Niliil Donalistic babebanl iii calaino et orc
frequciilius quàm sancti Cypriaiii cxcmplum, quo pcr-
peluù iiitebaïUur, ut siiam à calbolicà vcritale dcfe-
ctionem, taiilo, utpulabaiil, pnesidio coinimuiirent, et
tam pncclarà aucloritatc conarciilur defoiulLM'e quod
nialè de ilerando Baptismo seiiliebant et faciebaul.
Hoc eorum tcluni lùm sivpissiniè alibi, lùm spccia-
Tun libio secundo contra Cresooniuin, cap. 51, doctor
luaxinuis sic letnndit : « Qiiid quùd cliaiu bcati Cy-
< priani nieiilionein fiicereaudelis, vclul illeauctor sit
« vestriC divisioiiis, tanlus defoiisor catliolicue uiiitalis
€ etpacis? Primo eslo in Ecclesià quam constat le-
I nuisse ac prx'dicàsse Cyprianuin ; ci tuncaude volut
« auclorem senleutia; lu;c noniinare Cyprianum;
« primo imitare pielalem bumilitatemque Cypriani ;
€ cl lune profcr concilium Cypriani ; nosenini nullam
« Cypriano facimus injuriam, cùni ejus quaslibct lit-
< leras à canonicà divinaruni Srriplurarum auclorilale
t distinguiums ; nequo enim sine causa tam salubri
I vigilantià canon ecclesiasticus conslilulus est, ad
< quem cerii propliclarum et aposiolorum libri perli-
« néant, quos omnino judicare non audcamus, et se-
i cundùni quos de cccleris litleris vel fidclluni vel iu-
€ fidelium libcrè jitdiccnuis, j etc.
Inst. r Urgebant ex auclorilale Scripluraî : Dabo
vobis paslores juxta cor vieiim , inquit Deus per Je-
reniiam, 3, 14, et pascent vos scientià et doctrinà; indè
sic dispulabant ; Paslor est qui Sacramenla dispensai ;
atqui débet esse sccnndùm cor Dei; non est verô se-
cundùm cor Dei, nisi qui sanctè et juste vivit; ergo
verc Sacrameiita non dispensât nisi justus. — Resp. :
Admitlu aucloritatem; et ad argumentum, concessà
majore, distinguo miuorcm ; débet paslor esse secun-
dùm cor Dei, necessitalc convcnienii;e, ut nimirùm
non in suam pcrniciem minisleriumdiviiuun excrceat,
concedo; necessitalc Sacramenti, quasi Sacramentum
corrumpat maliiia minisirantis, negomin. et conseq.
Diccndnin, inqnit S, Tlioinas, 5 p.,q. Gi, art. îi, ad 3,
qu'ud aliquxd est dcbitum esse in Sacramoilo ditpliciter ;
nno modo siciit cxistens de iicccssitate Sacrameuli, quod
quidcni sidesit, non perficilur Sacrunienlum ; sicul si dc-
sit débita forma, vel débita materia ; alio modo, est ali-
qmd debitum esse in Sacrcniiento sccundian quamdam
deccnliam ; et hoc modo debilnm est, ut minislii Sdcra-
mcntorum sint boni ; ita S. doclor : lougèipie antea
S. Augustinus eamdcm Cresconii objecliunculam re-
futans : i Adjungis, inquiebal, contr. Cresc, ibid. 3,
< cap. 8, ctiamlestiuu)niuiupro|)beticuni,dicens: Dubo
I vobis paslores sccundiim cvr mcutn cl vasccnl vos
TU. XX.
i pitscenics cum f//sc/;;/i««; scio, completum est ; laies
< aposloli fucrunt, laies ctiam nunc, ct^i pro Ecclcsiic
« lalitudiuo perpami, non tainen désuni ; sed (|iiid
( etiam per Ezccliielem proplielain dicalui' advcr^iis
€ paslores malos : Debui^li qu;i;rcre, légère, cogilare;
i ibi enim dicit, Ezecb. 35, 13 : F.qo pascam, non pit-
t stores ; proindc cl per paslores bonos et paslores
« malos, cùm verbuin suum Sicramoulumque disp.'n
< sat, ipse pascit ; (juia de seipso ail : il sil unus ijrcx
« et unus paslor, Joan. Kl, 10. >
Inst. 2° : Alqui,iuquiebant,[ita paslor dehel cssesc-
cundùm cor Dei, ut hoc nccessariumsil, ciiam ncces-
silale Sacrameuli: ergo, etc. Probabant subs. : Dis^cri-
nien magnum est inler bonum et malum minislrum;
alqui si valercnl Sacramenla data à malo , nullum
utriusquc l'oret discrimcn; ergo, etc. — Respondet
S. August. negando subs. Ad probationem distinguit
majorem : Discrimcn magnum esl inler bonum et ma-
lum minislrum, quantum ad bumana mérita, conce-
dit; quantum ad Sacramenla divina, negat. Inler fide-
lemperfidumque, inquit, contr. Cresc, lib. 4, cap. 18,
plurimiim distat, non ad Sacramentum, si hoc uterque
hfibct, sed ad merilum, quia hoc aller ad saluteni liabct,
aller ad pœnam ; nec quidquid juslo licet, potesl injustus
implere ; quia elsi potest injustus baplizare, non lumen
potest in regniimcœlorum injustus intrare; nec puriftcat,
vel abluit, vel emundat, nec innocentem facitquemquam,
qui ci ministrat Baplismum ; sed danlis Dei gralia, et
percipicnlis bona conscienlia. »
Inst. 5° : Contra ilerùm insurgebant : Idcô, inqiiio-
bant, ut Sacramenla valerent, non requircretur probi-
tas et sanclitas in ministris, quia alioquin in homine
spes salulis essel ponenda ; alqui hoc falsô ab Auguslino
et Calholicis affirmatur ; juslitia enim et fides quam
in ministro requirimus non ab homine ipso esl, sed à
Deo; ergo non in homine, sed in solo Deo à quo data
juslitia est, salutis spcm coUocamus. — Respondet
S. August.; concessà majore (1), negalminorem; ad pro-
Ijalioncni concedit antecedens, et negat conseq. Quan-
quàmcuim miuislrorum jusiilitiam et sanctitatcm Dei
(1) Negari deberel major, ulpolc quai supponil so-
lam laliouem proplerquam non re(|uirilur à Calholi-
cis probilas in minislro Sacramentorum, esse quia
alioijuin spes iu homine ponerelur; quni quidem sup-
posilio omuinô fal^a est. Nam è conlra libcntor la-
lemur, ni in praicedeuli nolà jam diximus, nullam esse
liiijus vim ralionis, nisi conlra cos lanlùm (|ui Sacra-
montornni el'licaciam ex miuislrorum probilaio, lau-
quam ex causa, derivarenl. liaque alia daliu' doclrina'.
calliolicic ratio, magis ad pcrsuadendum idonea, nempe
benigna Ciirisli volinilas, ila slaluenlis ad priecaven-
das iulinilas propemodùm anxiclalcs circa Sacramen-
lorum validilatem.
Nunc ad minorcm : Alqui falsô affirmalur à Calho-
licis spem in Iiomine e!<se poncMidam, si necessaria .s:t
in minislris sanclitas, distinguo : Hoc falsô à Calholi-
cis aflirnialur, siadversarii reipiirunl lanlùm sanclila-
U'ui in minislris, lanquàm condilionemsine qnà Sac ra-
nicnla vim suam non exorccrent, concedo ; si ad\ cr^arii
eam prcihilalen» rccpiirunl veluli causain proprié di-
clani el'licaci;u Sacramentorum, quasi Deus graliam | cr
I Sacramenla dare non possel, nisi liane graliam cl ip>i
liabereiil ([ui Sacramenla mini^lranl, ncgo; cl lune
) proccdit reSDOnsio aucloris et S. Augustini. (Ldil.)
4G'
USl
DE RE SACRÂMENTARIA. - DE SACliAMENTIS IN GENERE.
im
doiiuir/osse Doiialisla; tuni Ecclesià calliolicà propiig- 1 gnsliiu), Iiahilà ratione Sacraniciilorum , ccqiialc plaiic
/lareul, Linctaniciiconvinccbanliir in hominc spem sa-
l:ilii rcpoiicrc qtiôd vellLMit à Dco jusliliaiu Iioinini,
(|:iaiRl6 baplizaliir, daii non posse, iiisi fiicril justiis
ille qui !)aplizat; (in;isi nimirùni ab uno in alleiuin cnjus siM ; nnde non klcbver'wracl snncl'wrn snnt, quia
s;inclilas necessariù li'.msriuulorclur : quoi! inlinila;
Doi polcnlia) siunniopciè erat injuiiosuni, et malaî (i-
duciuilocuni dal)al: < Quod à nie est conimenioraliini,
« iii(|iiil S. doclor, conlra Cresc, lib. 5, cap. 9, }IhIc-
1 iliclHs onntin qui spcni snam poiiil in honiine, sic le
t inleli gerc osicndis, ni ideô mugis te dk'as jiisluni
4 et lidolem, pcrqneni iioc Sacranicnluni cclebrclur,
« intjuircrc, ([uia spem cl lidiiciam Del, non bominis,
i habes; Dei mileni esse (idem al(pie jnsliliani , qiiam
« sempei- in niinisliis ejns attendis, lioc vennn dicis,
« (piia l)onorum omnium nibil babemus, (\\,od non ac-
< cipimus ; et ideô fides et jnslitia nobis à Deo est; sed
esse, sive ;i bonis, sive à malis recipiantur : llln nmn-
que , inqiiil, conlr. Crese., lib. -i , cap. 20, per seip:;a
vcni et sancla sunt , piopler Deum vcrum et sanclnm
« beat eam iiomo per quem baplizaris, s|)em prol\;elù
< in lioniine punis, qui ulrùni sit justili;e parliceps
« nescis; et si non est, lune famani ejus attendis, et
« cùm lamam bonani de maio latente repereris, ad
< sanelilicalionem tibi sufiicere credis. i
Oppoiiebant insnper, et velut ciambem recoctam
oblrudebant, penè cadem Seripluraî et rationuni mo-
menla, quibns S.Cyprianum etcoepiscoposejus fuisse
deceptos superiùs observavimus, quxque, quoniam
antea solvinnis, explicationc uovà non indigent.
Dices : S. llieronyiuus, connnentario in caput ler-
/;(')• mvliorcm nriiiiulxintiiv.
Alinndè veiô, habita Inm minislranlium lum sns-
cipientium ralione , ('aleUu' S. doclor melins esse à
bono (piàni à nialo Saeramenla reciperc : « Ego, inquit
<' ibidem, dico nieliùs per Itonum niiiiislrum, (juàin
« per inaium , di^pcnsari Saeramenla diviiia ; verinn
« lioc propler ipsnm minislrum niclins est , ut cis rc-
« bus ([uas miuislrat, vilà et nioiibns congruat ; non
« ])ropler iilum ( sitscipicnlcni ) qui , cliamsi incurrerit
« in minislrum nialum dispensantem verilatcm , seeu-
« ritalem accepit à Domino suo monente ac diccnte :
« Quœ dicunl facile , qtiœ autem faciunt , facerc nolite :
I cùm dicis banc tibi Deum dare i;on p)sse, nisi lia- < dicunt enim et non faciunt, Maitli. 25, 5 : addo eliani
« ad boc Cbse melius, ut ille cui minislralur, minislii
« boni probilatem ac sanclitalem diligendo faciliùs
« inùlctur ; inlirmilas enim bominis , inquit, conlra
« Crese., lib. 5, cap. G, cui sine exeniplo aljoriostmi
« est cl dil'licile quod inqierat Deus, indlalioiie boni
8 ministri ad vitam bonani faciliùs erigilur ; nndè dicit
8 Apostolus PauluSjl Cor.i, 10: Iniilatorcs mei cstotc ,
t sicitl cl c(jo Ckrisii t.
Est etaltera cjusdem rei causa quam insinuai sanclus
Thomas , indè pelita , qnôd minister bonus possit ex
fervore cbaritalis ali(iuod gratiie incrementum impe-
tium Soplioniie propbetie, verba intcrprelans quoe le- i Irarc suscipienli : Niliil prohibet , iniinil, 3 p., q. 6i,
5untur versa quarto : Sucerdoles ejus pollucrunl Sait-
ctitm, injuste eijerunt contra leyem ; alliriiiat erroneuni
esse pulare Eucliarisliam lieri possc verbis sacerdotis,
non vilà ; solemnioratione, non u.eritis; et in cajiut i
Episiolac ai Epliesios, ncgat baireticos habere verum
Baplisina ; ergo, elc. — Resp. : Frustra opponi Ilyc-
ronimi leslimonium, (|uandù quidem constat à S. do-
«;tore Ililarium diacomim, alque adeô Donatistas et
celeros linjus erroris palronos féliciter refulalos in
Dial. cont. Luciferianos ; quandù ilaquc dicit, erro-
iieum esse pulare quôd possit Eucharisiia confici ver-
bis, non merilis sacerdolum : Per illa verba, iiupiit
liiu'ceptor angelicus, 3 p., q. 28, art. 5, ad. 1, impro-
bat qnorumdain errorem, qui crcdebanl se digne posse
Eucliarisliam consccrarc, ex lioc solo quod sunt sacer-
ilotes, cliamsi sinl pcccatorcs ; (pianqnamcnim divinuni
sanclumque sit Sacramentum quod consccranl, Eu-
cliarisliam lamen, idesl, graiiarum aclionem, (|uan-
tùm est in ipsis, non fa';iunt; (juippe (pii, proptcrino-
luin pravilatem et inipietatem, Dco insultent poiiùs
(jnàm gratiasagant. Simililer id quod dicit, luierelicos
non liabere verum Haptisina, non est de ipso Sacia-
nienlo inlelligendum, sed de l'ructu Sacramenti, qui
apud haircticos nullus est, non defectn Raplismi, sed
culpà nialè uleniium.
§ 4. Proponuntur qiuvdam quœstioncs.
:ritur 1° utrùm prœstct à bono , (piàm
niinislro , Saciameiila recipeie. — Resj». ciiiii S. Au- |
arl. l,ad 2, quin dcvolio viri justi ad hoc aliquid ope-
retur ; illiid lumen quod est Sacramenti effeclus , non
impelratur oralione Ecclesiœ vel ministri, sed exmc'
rilo passionis Clirisli , cujus virlus operatur in Sa-
cramenlis; unde effeclus Sacramenti non dutur nielior
per meliorem minislrum ; aliquid lumen annexiun
impetrari potesl recipienli Sacramentum, per devotioneni
ministri.
Quicritur 2" utrùm liecat à nialo (1) niinislro Sa-
eramenla recipere — Resp. cum distinclione ; vel enim
agitnr de niinislro, cui ex officio incumbit dispensarc
divina niysteria , qualis est parochus erga bdclcs sibi
conimissos , vel de cxtraneo et subbidiario sai erdole.
Riii'sùm de ulrolibet (pi;eslio sit , vel est ab Ek^ciq-
sià ttileralus , vel non ; vel urgel nécessitas , vel non
urget : hoc [)osilo ,
Dico prinu) posse fidèles in casu nec essitatis , à
paroclio suo, ([uanlùmvis nialo, si sit ab Ecclesià lo-
leratns, recipere, et non recipere n.odô, sed c iain
llagilare Saeramenla ; non enim peccat (2) qui iiiiliir
jure suo. Porrù jiiri> suo iililur, qui ab eo Saeramenla
recipil et postulat, qnom novit sibi ab Ecclesià conslilu-
lum esse jiasl'jrciii ; ouemadmodùm ilaipielilius faiiii-
(1) Hic agiiur laiiUim de nialo miiiistro, (|ui mani-
fe:lè in îïliqno uiorlali pecealo vcrsatur ; de occullis
eiiP.ti (icccaiis, nciiio judicaiv drbcl , et à temerariis
-.,,„, , , - , , Il iiiiliciis, pra'Sertim erga iicrsoiias Deo sacras maxime
Uu;eritiir 1 utrum prœstet a bono , (|uam a malo ^ ■[,.,^.,,„,|„,„ ,,^l (Edil. )
]) Vi:lc (ii>e!w (iol;e proximè sequentis. ( Eiiit. j
QU.EST. VII. DE MiNISTRIS SACRÂMENTORUM.
m:;3
Ii;ib il paire s«ô,quanlùmvis maIo,quanlîimvis alieiio
arc gravalo, cl iiijuslo pnedii posscssore , cùm aliter
iioii possil , ad vicluin iiccosaria pusliilat , (iiiod iia-
lura ipsa prccscribit ; ila iiec pcccarc putaiidiis csl ,
(pii à paslore tuo , quanlùiulibel llayilioso, aliiiiciila
divina requirit , sine quibus conslarc viia spirilualis I
non polest; alque bîc locuni liabet id ipiod ex sanclo
(ircgorio Nazianzeiio pauiù aiUc rccilavinius : Qui cu-
ralione indiyes , inquil Oral. iO, in S. liai)l., vi judkcs
jndicium nearripe, uec eorum à quibus puryuris Jigiii-
lales excule, nec inler gmitores dcleclum liabe. . . libi omncs
qui bnplizandi muuere fuiiguiilur idoiici Inibcanlur.
Dico secundo, extra casiini necessitalis, si niniirùm
Iiabealur altcrius adenndi connnodilas, esse à proprio
parocbo abslinendunj ; postulat enini ordo cbarilatis ,
ut de jure suo aliquid, in gratiam proximi , inlerdùni
lionio remillal ; ne videlicèl dùm sibi nimiùm consu-
lil, prx'beat alleri spiritiialis deliinicnti occasioneni;
aiqui qui volens et scicns , cùni babcrct altcrius op-
portunitatem, à nefario parocbo Sacranienla require-
ret, objiceret ci occasioneni detrinicnli spiritualis,
peccali scilicet, quogravius daiiinum esse non potcst;
eo igitur pr^uterniisso, icnetur ab alio pelere ; regulani
liane sic explicat S. Tbonias : Quauidiii, inquit in 4
Sent., disl. 24, q. I, art. 3, tninisler Ecclesiœ, qui est
in mortali , ab Ecclesiâ sustinelur, ab eo Sacramenta
recipere ejus subdilus débet, quia ad hoc est et obliga-
tus : sed lamcn prœter necessitalis arliculum non esset
Muni qubd eum induceret ad aliquod sui ordnnis exe-
quendum , durante lali coitscientià , qubd ille in mortali
peccalo csscl.
Jani Ycrô si de extranoo saccrdole agalur, qui licèt
légitima poteslale sit praeditus, Sacramenta lanien ex
oflicio non dispensai.
Dico 5° in casu necessitalis liccre ; secùs verô si
absil nécessitas. Licet , inquani , in casu necessitalis :
quanquàni cnim malus niinister peccaturus in ipsà Sa-
cramenli dispcnsalione pra'videalur, non fil lumen pec-
cali ejus parliceps , qui ab illo Sacramcnium , ut sua;
saluli consulat , petit ; qnomodô in nsurre crinieii non
incurril qui ad sublevandam niiscriam à fdneratore
nnitnum petit cl accipil, proul docent coniniuniler
theologi cum sanclo Tbomâ , 2-2 , q. 78, art. 4. Non
licel verô, dcmj)lo necessitalis articulo, eliamsi malus
minislcr sit ad obsequcndum paralus; quia, ut pnie-
diximus, servandus ubique est ordo cbaiitatis, qua^
probibct ne cui(juam oiïendiculum pnebealur, et pcc-
candi occasio : atqui qui sine nccessilate bujusmodi
niinistrum adirel , perturbarct Iiunc ordineni , liomi-
ncniquc impelleret ad peccandum : ergo, etc. (1).
(I) Ut licilimi sit Sacramenta recipere aul pelere
à malis minislris in Eeclesià tolcralis, 1res rcquirun-
Inr ol sui'liciunl coiuliliones : nemp(! 1" nt desit alius
minislcr; 2' ut absil scaiulali nul sediiclionis i)ericu-
luMi ; 5° ni jusla sil accipieiidi aiit pi^endi causa.
Reciuirniilur quidein Ires ill.e ÇDiidiliones; et 1° re-
quirilur ut desil alius minislcr ; ciiarilas cnim exigit
ne cuipiam ruina; spirilualis occasionem prebcamus ,
quando facile vilari polest. 2' Uequirilur ut absil
scandali aul seduclionis pericidinu ; enim' erô non
licel jjravis ruinai se aul alios pcjiculo cxponcre ,
1454
Superesl de miiiisiro non tolerato difûcultas ( I ) ,
pro cujus rcsolutione ,
nisi sil gravissima neccssilas, ut pcr se p:il('t. 3* Ite-
qiiiiilur ni jiisla sil accipieiidi aul pclendi causa • sine
raliiinabili eiiim causa nefas est alium in j)eccandi dis-
crimen cotijicere.
Très atitem ill;e condiliones sufliciimt. Nam quando
res est per se bona , nec idiam oflcnsionem haijcns,
cl ab alio sine peccalo, iniù et meriloriè, pnisiari
potesl, lune cvidenler liciluni esse drbcl ilhim jnslas
ob causas pelere, maxime si ad illain jns li:il)oaiiir.
Qu;etiam autem jusla causa à laiibus minislris Sa-
ciamenla [telendi censed débet?
Kesp. Ilegiila' gcneridis inslar slalni polest. cau-
sam illam csse just;im cl ialinii;d)ilem , rpi.c , libr:ilis
omnibus mahnn ex sacrilcgà adniinislialionc pro\e-
niens, id est, danmum spiriluale miiii.->li'i, el injmiani
Deo el Sacramenlo illalam, C()nq)ens;ire possil. Porrô,
quod ad Dei etSatramenti injmiam allinel, indigna
adminislralio per dignam et piam susccplioneni coni-
pcnsari videlur. Itaque superesl ut boiium (]iiod sus-
cipicnli advenit, damuo S|iiriluali niinislranlis judi-
celur prrpoiienduni.
Hiiic f jnslam et ralionabilem cansam liabet, qui
in aliquà neccbsitate suscipicndi Sacramenta versatur,
ni, V. g. , si urgeat conlessionis aul comnmuionis
praiceptum ; si ex susceptionis dilalione lapsus peri-
cuiuni iinmineal; si siiscipiens in peccalo morlali
cxisliit à (juo recedere velil. H.ec enim nécessitas spi-
riluali damno minislri pra;valet, cùm pr:escrlim dam-
num istud soli sua; nialilise imputare debeai, qiiij)j!c
quod vilare facile possel.
Ilinc 2" causa sufliciens, ob eamdem ralioncMi,
esse videlur gravis qua'dam spirilualis uliliias, ut si
qiiis Jubila-um aliter ncqueal lucrari, vel eliam com-
inunione diù carere debcal.
liinc 3" niinor uliliias rcquirilur ut à proprio pa-
slore, quimi ut ab aiicno, po^tiilelur Sacranicnlinii.
Cliaritas nimirùin aliquaiilù mim'is ad aliquid oniii-
tendum obligat, cnjiis laciendi )us babemus , quàni si
stricto jure deslilueremur.
llein niinor exigilur uliliias, ut Sacranientuni sus-
cipialur à saccrdole jani nunc aliis Sacramenta mini-
slraiite, quàni ab eo qui lanlummodô, si rogetiir,
paralus sil; (pii enim prioris ministerio ulilur, minus
iliiim periculo objicil, quàm r.' gans posteriorem.
P.Iinor denique posiulalur, si sacerdos levioribus ,
qtiàm si gravioribns peccaiis obslringalur , quù enim
in majori culpà versalur niinister , cô graviurem sibi
ruinani conlicit.
Alverô, ob ralionem conlrariani, non facile cre-
didcrimns levem alicpiani nlililaleni unquani sulli-
cere, licéi. minisler sil propiius pastur, licèl ad Sa-
ciameiita minislraiida jain sil exposilus, cxceplo la-
men forsilan casu in (pio coiiimuiiioiiem bic et niinc
aliis pei'sunis niiiiisiial; quanivis enim l>inc ipsiiis
peccatuni unius persona; aceessionc augealur, non
laineii iia angeri videlur, ni fructii Sacramenti sesc
privare debeat, (pii ad ilbid alio(|iiiii jus babel.
Neque dicalur unuiiKpieniijue jure suo iili, quando
à proprio paslore Sacranienla postulat. Id nemo qiii-
deni negabit; sed cbarilas ncgat ne (pii^ipiain jure
suo ulaïur, ex qiio ipse inudicam utilitalem peicipo-
ret, proxinius verô grave paterelur inconimodum.
(Edit.)
(1) < Inler malos niinislros, ail Billuarl, diss. ;i ,
c art. G, quidam siiiil ab lOcclcsià lolerali , <|iiidaiii
« non lolerali sed vilandi. Tenipore l>. Tiionue omncs
f excommiinieali, siispensi, degradati, etc., eiaiit vi-
c landi : sed mine, à lempore concilii Conslanliensis
c in RuilA Martini V, Ad eviliindti scandah , ii soiiim
( sunt vilandi ipii nominatim sunt exi oitimuniiati ,
c siispensi , degradati , elc. , aul (pii suiit ita noioiii
I percussores clericoruni , ut nullà tergiversalione
< cxcusari possinl. Uefertur luec Bulla à S Anto-
< nino, 3 p. , lit. 25, c. 2 , bis verbis : Ad evitamia
DE RE SACRâMENTARIA. — DE SACRÂMENTIS IN GENERE.
«455
Dico 4* in suniuiS iiccessilfilc liccre , pr;«scrliin si
de ils Sacramciilis ngatur, quai voluit Dous média
esse salutis , niodô lamen absit periculiim scaiidali.
Nani qiiôd extra casum nccessilatis non liceat , lùm
ex Ecclesiac inslitiito coUigiUir, quo velaniur ad ini-
nislros à se répudiâtes accedcre , tîim docet S. Au-
gustinns expresse loco superiiis iiuiicato. Si (juis m-
tem, inquit, cùm possU in ipsà calliolicà accipere, pcr
alùiuam mcnlis perversitatcmcliriitin scliismate\bapliz(iri,
etiamsi posiea venire ad calholicam cogitât , quia certus
est ibi prodesse Sacramentum , qnod alibi nccipi qnidein
potest, prodesse antem non potest, procttl dubio perver-
sus cl iniquus est , et tanlo perniciosiits quanlb scien- i
tiiis : ita enini non dubital reclè illic accipi , sicul non
dubilal illic prodesse etiam quod alibi acceperit (1).
« scandala et mnlta pericula, quœ conscientiis timoratis
i contimjere possunt , Christi fidelibus . tenore prœsen-
i tiuiii inisericorditer induUjemus , qiibd ncno deinceps
< à conimunione alicujus in Sucramentorum administra-
« tiuue vel receptionc , aul aliis quibuscumque divinis ,
< vel extra , prœlexiu cnjuscunuiiie sentcntiœ aut censu-
i rœ ccclesiaslica; à jure vel ab liomine gcneraliter pro-
« mnUjatœ, tencatur abstinere , vel uliquem vitare , utit
« inlerdictum ecclesiasticiim observure, nisi sentenliu
« aut censura liujusmodi fuerit in vel contra personam ,
i vel contra coltegium, vel universitatem, ccclesiam, vel
t locnm certum, vel certani terrant à judice publicata et
t dennnliata specialiter et expresse; Constitmionibus
i Apostolicis et aliir. in contrariuni facieniibus non ob-
« stantibus quibuscumque. Salvo si queni pro sacrilegà
« nuinuum iujcriione in clericum , sententiam latam à
i Cunone adch notoriè consliterit incurrisse, quod fa-
t ctum non pussit aliqiià tergiversalione celari , nec ali-
* quo su/fragio excusari : nam à conimunione illius ,
« licèt non dcuiintiatus fuerit , volutnus abstineri juxta
€ Canonicas sanctiones. liane Ruliain pariiin referl
« conc. Basileouse aniio li55, sess. 20; sed exce-
< piioiiem fiieil iiiajorem, declarando esse etiam vitan-
a dos omnes notoriè excommunicatos, quàcumque de
t causa sint excommunicati : et hoc decretum concilii
( Bas. cuni suà exceplione insertum in concordalo
« Leonis X cnin Francisco 1, refertur in conc. Lat. V,
t sess. M. His lanien non obstanlibus inore et usu
« Ecclesiw receplissinium est, inquit Solo, in 4, d. 22,
< q. 1, a. -i, «< non vilemus nisi illas duas excommu-
« nicationum species, quas prœdictum concilium (Con-
« slanliense) j"ssir.. El ita absque ullo nietu tenendum
« est. Et reverà omnes notoriè iia;rctici , quales sunt
« Lnlberani, Calvinisliv, etc., sunt notoriè excommu-
« nicali, nenio lamen cciiset illos esse vitandos.
4 OI>scrvandum est anlem quod qui nominalim
« condenmali sunt de ali(|uo crimine cui annexa est
« censura, nt excommunicatio hx'resi , censeanlur
d paritcr nominalim liàc censura innodati, ideôque
« non loleiali.
I Observandum insuper duplicem esse nolorieta-
< lem , lacli scilicel et juris. Facti, quando factum vel
« censura est lia nianilesta ut nullà tergiversa tione
« celari, nec ullo juris suffragio excusari possit, ut
« explicat Rulla Martini V. Notorietas juris , quando
« quis per sententiam judicis declaratur lioc crimen
« admisisse, vel banc censuram incurrisse. In Gallià ,
« ut notant Juenin , Tournely et alii, sola notorietas
« i'acti, pula in percussione clerici , non suflicit ul
< quis sit vilandus, sed requiritur notorietas juris.
« INec malè : cùm eiiim plerùniquc sit difficile discor-
< nere an l'acta possinl vel non possint alupià tergi-
€ vcrsalione celari , vel aliquo juris sullragio cxcu-
i sari, eriicaciiis sic juxta iiit<Milum coiiciliormn oc-
« currilur scrupulis et anxielalibus limoratoium. »
(Edit. )
(i) Non liLct ab aliu [>ctciC; nequo etiam accipere,
iim
Al longé aliud , si compellat nécessitas , sancli do-
ctoris judicium est : « Si quem forte, inquit ibidem ,
i coegcril cxlrenia nécessitas , ubi catbolicum per
< quem aecipiat non invenerit , et in animo pace ca-
« tholicà custoditâ, per aliquem extra uuilatem ca-
< tholicam positum acceperit, quod erat in ipsà
i catholicâ uniiale accepturus, si siatim etiam de hâc
« vità emigraverit, non eum nisi catholicum depula-
i mus. Si autem fuerit à corporali morte liberalus,
« cùm se catholicaî congregationi etiam corporali
« prœsentiâ reddiderit, unde nunquàm corde disces-
« serai, non solùm non improbamus quod fecil, sed
! etiam securissimè verissinièque laudamus, quia
< pra^sentem Deum credidit cordi suo , ubi unila-
« lem servabal ; et sine sancli Baplismi Sacramenlo,
t quod ubicumque invenit , nonhominum, sed Dci
i esse cognovil, noluit ex hâc vità migrare. >
quod ipse absque peccato prœstare nequaquàm po-
test ; id enim esset cum ipso peccatum participare;
atqui minisier non toleratu's sine peccato Sacramenla
ministrarc nequaquàm potest , nisi urgeat moilis ar-
ticulus; ergo , extra morlis arliculum , non licet à
ministre non loleraio Sacramenla suscipere, muliô
minus petere.
At, instante morlis periculo, pia mater Ecclesia ,
filiorum saluti cousulens , non vult eos , proptcr im-
proborum culpam , nccessario pr.vsidio fraudare , et
ideù permillit ul à minislris, aliàs non toleralis,
Sacramenla recipianl qu;e sunt exlremœ vel etiam
gravissimne necessiialis. Igitur licet lune Baptismuiu
à ministro non toleralo jioslulare ; ita delinitur in
Jure, 24, q. 1 , cap. Si quem , 40, ubi referlur idem
S. Auguslini lexlus, quem Drouin allogat. (juod au-
tem Sacramentum l'œnilenliie spécial, idem comniu-
niter à iheologis docetur, quod de Baplismo. Atta-
men non désuni qui ministrum non toleratum validé
absolvere non posse , vel in morlis articule , exisli-
menl, eâ raliono fundali, quod concilium Tridenlinuni,
in texlu ab auclore noslro allalo, minime loqualur de
sacerdotibus non approbaiis, sed tanlùm de appro-
balis qui carent tanlùm jurisdiclione in casus réser-
vâtes, (juâ non carere déclarât in morlis articule,
liane suam opinionem conlirmanl expressà dcclara-
tione S. Congreg. concilii. Vide S. Liguorium, tract,
de Pœnit. , n. 560. Ilis non obsiantibus, prievaluissc
videtur prier sentenlia, (piam quidem nunc probabi-
liorem judicamus. Quin etiam prioris deiensores con-
filentur,cùm res aliquatenns saltem dubiasil, lidcli-
bus licilum esse partem lutiorem sequi,ei Pœniteniitc
Sacramentum , urgente morlis periculo , à ministre
non toleralo poslulare.
Sed licelnc alia item Sacramenla à tali ministre rc-
cipere, ubi instat morlis articulus? Billuart afiirmarc
videtur de Extremà-Unclione , quando absolutio re-
cipi nequil: Ficri enim j)o/t's/, inquit, quod moribundus
sit tantiim attritus, et per Extremnm rnclionem,sicut
per absolutionem , fiat contrilus. Addit mullos etiam
opinari id licere de Sacramenlo Eucliarisiix' , (piia
pra;ceplum divinum de recipiende vialice, binnano
pnecepte pra:valcre débet, lia, inipiit, Solo, ISavar-
rus, ISuguo, Suaresius , Bonacina, quos citât et scqui-
lur Francisons à Jesu Maria. Denique quidam idem
censent de Matrimonio , in casu (juo islud Sacianien-
lum esset maxime necessarium sive ad salulem , sive
ad grave conimodum temporale (ilierum , et de Sacra-
menlo Ordinis in c;inu quo provincia ali(|ua remoia
maxiniâ sacerdolum penur^à laborarcl, nec esset nisi
uniis cpistopus nominalim cxcominunicaUis. Billuart
duos ulliaios casus idcrl, «oj vcio affirmât, ul loqui'
Un-. Quidi|ui(l sit, (l;lii;cnl( r saileni à scandale caveu-
duni est, [ivoul uimicÎ auctoi' nobtcr. (Edil.)
I
ii"'l QU.EST. VU. DE MIMSTUIS SACKAMFNTORUM. 1 J^jg
Quoi nulom de Baplismo dicUiin . de Pœnilenlià » iros : Non est dubium, inqnil S. Thomas, 3p. q. 04,
pariler débet inlelligi , qtiain voliiit Dcus esse scoun
dam post naufragium labulam , et médium lapsis iie-
cessarium ad salulem : liiiic ab Ecclesià sapieiili
decreto sanciliim est , in morlis iR-riculo posse quem-
libel sacerdolera à censuris quibuslibel et peccalis,
Sine exceplione , absolvere : Piè admodUm , inquiunt
Paires Tridentini, scss. Il, cap. 7, ne hàc ipsà occa-
no)ie [rcscrvalionis casuiun) aliqnis perçut, in Ecclesià
Dei custodilum sempcr fuit , ut niilla sit reservatio in
ttrticulo morlis ; atquc adeo onines sacerdoles, quoslibet
pœnitentes à quibusvis peccatis et censuris absolvere pos-
sunl.
Calerùm si scandalum inde oriturmii , cl hocrelicis
ac scliismaticis , cnm gravi catliolicornm ofTensione
concilianda pricvidereUir aucloritas , adeôqne peri-
culuni foret, ne muiti deserià fide, ad illorum castra
coiifugerent, jam lum non liceret adulto à ministris
non loleralis Sacramcnta peiere vcl recipere : lum
quia in hoc casu, propter legilimi minislri penuriam,
pcr votuni Bapiismi , et motum veraî conlritionis
saluli sua; abuudè consuleret; tuni quia cum dis-
pendio fratenia; salutis, et tam gravi Ecclesiie detri-
niento non licet divinoruni Sacramentorum partici-
peni fieri.
Quœres 5° ulrùm etqualiter peccent ministri Eccle-
sioe, Sacramenta cum conscientiâ peccaii mortalis
conficientes (1). — Rcsp. gravissimi peccati fieri
(1) Qui Sacramenlum, saltem ex officio, conficit
aul miiiislrat, dùm peccaii mortalis sibiconsciusest,
ovo se peccalo mortali ordinariè inquinat. i Proba-
tur , inquit Biliuart, dissert. 5, art. 4, 1° ex S.
Scripturà. Non minîis , imô magis requiritur mun-
dilies in ministris Sacramentorum novœ legis,
quàm antiqu;.e; hœc enim illorum erant ligurae tan-
tùm et umbrae ; atqui in ministris Sacramentorum !
anliqnie legis requirebalur mundities et sanctitas
sub gravi peccato ; ergo. Prob. min. Isa. 52, dici-
tur : Mundamini, qui ferlisvasa Doviini. Exod. 19 :
Sacerdoles quoque qui accedunl ad Dominum , sancli-
licoitur, ne perculial eos. Levit. il : Sancli ernnt Deo
suo , et non polluent nomen ejus. Ibid. 22 : Omnis
lioniG qui acesserit de stirpe vestrà ( Aaronis ) ad ea
quœ consecrata sunt , inquo est inimunditia , pe-
ribit corain Domino. Gravitas pœiiae indicat gravita-
lomculpa'. Ergo.
« Prob. 2" ex jure. Extrav. de Temporibus ordinan-
dorum , cap. iiltimo , de malis clericis docernit ;
quùd sinon pœniluerinl, monendi sunt et sub in-
terminatione divini judicii obtestandi ut in leslimonium
suœ d(imnalio)tis in susceplis etiiini ordinibus non
ntinislrent. Ibid. de Coliabilalione clericornm , c.
Quœsituni est, idem Ponlifcx pronunliat quendibel
dericum , pro mortali peccato , quoad seipsum con-
stat esse suspeïisum.
i Prob. 5° ex Pairibus. S. Dionysius , c. \ cccles.
llitrarch , dicitnuod malis non est (as tangere sijm-
bola;\d est, signa sacrnmcnlalia. S. .\ug. , lib. 2
contra Epist. Parmen. , c. \{) : Omnia , inquit,
Sacramenta cian obsint indigné Iractanlibus , prosunt
tamcn pcr eos digne sumentilnis. l>ofcrtiM' c. Omnia,
I, q. 1. Idem, iiiPs. 103 : Videanl quatem rationem
hahiluri sunt cnm Deo , qui sanclis non sanctè utun-
tur. Et tracl. 5, in Joan : l''.go dico et otunes dici-
nius, quia jtislos essi' oporlel lanli judicis niinistros.
S. Greg. .M;ignus, 1. 1 , opist. 21. iiunc 2.j : yeccsse
est, inqnil, ut esse mundastudeal manus, quœ diluer e
art. G , in corp. , quin malt exhibentes se ministros Dei
I sordcs curât, ne tacta quœque deteriiis inquinet
< scriptum nanique est : Mundamini, qui ferlis vasa
< Domini.
< Prob. 4" ratione. Qui in peccato mortali conficit
t aiit minisirat solcrnniter et ex oflicio Sacramenlum,
I gravcm irrcvcrentiam commitlit conlra Cbristum
I Sacramentorinu anctorom et ipsam Sacramenli san-
i ctitalom , quam, in quantum in se est, contaminai;
< aiqni iix'c irrcverenlia est ex génère suo peccalum
c moriale; ergo. Prob. maj. Minisler speciali conse-
« cratione depiilaliis ad Sacramentorum ministerium,
i et se illorum minislrum exliibens , lenetur hoc
« ipso et vi s(aliis conformari tam Clirislo Sacramen-
< torum instilntori cui famulatcu'. juxta illiid Le-
I vit. 19 : Sancli estote , quoniam ego snnctus sum ,
i quàm sanclilati Sacramenli qnod perficit, jiixla islud
f aliudlsa. 45 : Mundamini, qui fertis vasa Domini;
( ergo. I
Dicitiir i" : Qui conficit aul ministrnt (qiiod soli Eu-
charisiia; convenil Sacramento, in qno à confeclione
admini>^lratiodistinguiUl^); licèt enim nonnuilis iheo-
logis vidcatur cum moriale peccalum non admiltere ,
qui Euciiarisliam in statu peccaii adminislrat, senten-
tiam conlrariam niullô probabiliorem existimamus;
nam omtics raliones quœ slanl pro confeclione, etpro
ipsà adminisiraiione pariler mibtant. At quorumdam
opinioncm probare non possumus, qui docent toi pec-
cata commitli à ministraiite , quoi sunt persona; sus-
cipientes; qiiamvis enim plures sinl acliones phy-
sicédisiinctie, unica lamen acliomoralis, unum nempe
conviyium, exislit; ac proindè communicanlium phi-
ritascircumstanliamqnidemaggrravantem proculdubio
conslituit , non anlem peccaia muliiplicat. Secùs verù
dicendum esset de sacerdote plures pœniientes suc-
cessive absolvente , quia absokitio qu;clibel est aclio
compléta, nullo nexu cum aliis absolutionibus de-
vincla. Dispulant enim iheologi ulrùm qui célébrai in
mortali, unum tanliim peccalum admiltal , an verù
quatuor, primum offerendo, secundum Sacramenlum
conliciendo , lerlium sumendo , quarlum sibi mi-
nistiando. Biliuart priori opinioni a(lli;ierel, S. Liguo-
rius aulem posteriori. Posleriores nituniur in eo quùd
omnes islre acliones realiter sinl dislinctr, et priorcs
in eo quod earum distinctio sit tanliim physica , non
moralis , siquidem unicum inysterium conslituunt.
Quidquid sit, quoad praxim suflicit ut talissacordos in
confessione dicat se in statu poccaii morlalis cé-
lébrasse.
Dicitur 2° : Saltem ex officio ; duplex enim dislin-
guilur minisler. scilicet minisler ex olïicio, seu solem-
nilalis, cl minisler neccssilalis. Prior est ille qui
Sacramenla minisirat tanqiiàm ad hoc speciali conse-
cratione depulatns, ut sacerdos consecrans; posleiior
autem ille est qui non agit lanqiiàm speciali consecra-
tione dcputalus, sivespecialem consecralioncm reipsà
receperil, utsaceidos (jui bafilizal al)S(|ne solenmilaie,
propler nect-ssilalcm , sive consocraiioncm nunquàm
receperit, ni laicus ipii Baplismum minisirat Porrô,
ibeologi qui onniiiio concordant de minislro solemni-
talis et ex oflicio, non ila sunl unanimes de minislro
neccssilalis ; alii enim post S. Tliomam minisiruni
neccssilalis non peccarc morlaliior exisiimant : nam,
inquiunt, obligalio in minislro babondi sanctilalem ,
non ex ipsà Clirisli et Sacramenli sanclitaie in se
speclaià oriliir, sed ex eàdem speclaià in ordine ad
spccialem minislri consecralionem, id esl, ex eo quotl
ubi se gerit ni speciali consocralione ad Sacramenta
minislranda dcpiilalus, boc ipso leneatur sese coidor-
mare lum Clirislo , cujiis mii.islriim se exbibel et gerii
personam, lum sanclilali Saciamenlorum, quorum se
ciislodem et dispcnsalorein prolilclur : alqui minisler
lu'cessilalis, licèt >it specialiter ad Sacramenla mi-
nislranda consecraïus , non agit ut ad hoc consecra-
UaO DE RE SACRAMENTAllIA, —
el Ecdesiœ in dispensatione Sacrametitorum pcccent ; et
tiiiin hoc peccatum pertinet ad irreverenliam Dei, el
Jus , lUqiie adcô non se gerit ut rninislrum Cliristi et
SaciMMienloruni dispensaloreni , seJ siicciirril neces-
silaloiii palieiili, et Cliristo descrvil, non in aclu ali-
(jiio Oïdinis ol sacra; poleslatis, sed in co in qiio
qiiilibct iiomo posset deservirc; ergo Et certè qui
per aecidens vel in casu argentis iiecessitalis régi
desorvlt, non tenelur niinistraro cuni speciali ornatu
et niimùilii', quu', cxlra necossitateni, reqnirnntnr,
in lis qui ad hoc oflicium deputaii sunl ; ergo pa-
riier
Alii verè, inlcrqnosS- Lignorius, ministrum etiani
iieccssilalis niorlaiiler peccarc eontendunt. Eleniin
Sacranicnla , à qnocnmqne adininislrcnlnr, exiniià
pollciil sanclilale ; al(|ui sancla sanelè semper tractari
debent, et qnidem sub gravi in gravi niatcrià ; ergo,
quisquis il!e sit à quo aJminislranlur, ea semner débet
sanctè tractare ; qiiod nisi facial, in re gravi morlalo
pcccaunn admitlil ; atqui manifcsluni est Sacramenta
indigné contaniinari , nedùm sanelè tracieiitur, ab co
quiciimque in inmiundilià peccali ea non veretur ad-
ininislrare; et quideai isia indigna tractalio in niale-
rià gravi esse videtm- ; nonne eidni est gravis irreve-
rentia, quôd iiostis Cbristi et dicinonis niancipium
prœsnmat , licèt non ex oflicio , scienter inimunilus,
immundè traclare ea quibns in Ecclesià nihil sancliiis
et niagis divinuni babetur? ergo lia ilii.
Utraqiie seiitcnlia gravibus nititnr rationnai mo-
nienlis, ncipie minus gravibus aucloriialibns confir-
inatnr. l'rior tainen videtur comniuniùs doceri. Quid-
quid sit, sat probal)ibs nlraqiie apparet, ut peccati
niorlalis saltein adsit pericuiuui , nisi bona lides mi-
iiislri in staiii peccali Sacramenla c.onficientis ilhiin
excuset, ul lieri polesl si sil laicus. Proindu in praxi
non lanli relerl ulrùni ministcr agat es officio , an
verù ex necessilale , pnTeserlim quando est sacerdos.
Caîterinn ba-c quiiestio soiùni s éclat Kaplisnnim ,
quoad ijjsos sacordoles; ad alia enini Sacramenla
conCerenda requirilur coiisecralio speciabs ; quoad
laicos verù , spécial pariter Baplismum , el ibrlassis
eliani Malrimonium , nempe si partes sint minislri, nt
innili vohinl.
Dicilnr 5": S acramenhun ; claw'wn non ila constat de
actionii)ns quibusdam, qu;e, elsi ad Sacramenlnm ac-
cedanl, lamcn non sunt Sacramenla, ni, v. g., sacro-
saiickc Encbarisli.c tactus sive niedialus, sivo im-
inedialus, andilio conlessioiinm, qnando non dalnr
absolulio, exerciliuni oflicii diaconalùs, vcl sid^diaco-
nalns, etc. Circa qua^tiones adcô dilliciles, ubi ductio-
res plniimùni inter se dissenliunt, pronuntiare l'orsan
in nuiiis (emcrilalis cssct indicium; vernni id ccilè
diCLTc posMunns , sallcm dubium esse ulrùm non
peccel niorlablcr, inm sacerdos qui letbahs peccali
conscius , sacralis^iuiain Eucbarisliam iu |)roccssiorje
gestat, vel cuni cà benedicit popuium ; tum iile (pii
conl'essionem andil, licèt ab]absoinlione iribuendà abs-
tineal: tum espiscopus qui sacrum cbrisina conficit
et sacrum oleum benedicit ; tum diaconiis qui suum
onicium solemniler exercel.
Atvero sal proijabile pulamus «nbdiaconmn suas
fiHKtiones obeunlem non gravi sese commaculare
poccaio. Mullù etiam prol)abiliMs est non esse i)eccala
morlaiia sive lempli alque vasorum sacrorum bene-
(liclioueni ant consecrationem , sive pnedicalionem
verbi divini , nisi concionalor sit peccalor publicus ,
uw\i\ grave scandalum generel, sive tonsur;e clerieaiis
collalionem , etc. Tandem certum videtur absque
p^'ccalo morlali exerceri possc functiones ordinum
miiioruni.
Dicilnr 4°: Dhm peccali morlalis sibi conscius est ; si
enim iuL^endum suum statum invincil-ililcr ignoraret,
auide iiio sine malà lide non cogilaret, à peccato ex-
ciisarclur.
')ifiiur ri": Or<liiiariè;cnm , iuytaniiiltos, à morlali
DE b.iuKAMEiNTIS IN GENERE. im
contaminalionem Sacrametitortim, (luantinn est ex parte
ipsius peccaloris [licèt Sacramenta secundiim seipsa
excusari potesl ob repentinani et inopinatam ncccs-
silalcm, quu' ila ingrnal, ul eUciendi aclum conlrilionis
spaliinn desil. Sed ncccsse est ut vera sit, déficiente
lempore, conlrilionis formandoe impossibiblas , alque
adeô ut conetur, quantum in se est, illani in se exci-
lare, cl peccato non positive adluereat.
Ilinc seqirilur 1", ut ipse Drouin ex Rilnali Romano
annotai , ila vivere debere parochos aliosque sacer-
doles, quibns ministrandi Sacramenta munus incum-
bit , nt ad id digne el sanelè prïcsiandum semper se
paralos halicant. Idem ferè dicendum est de obslelri-
cibus, ut yialet ex eo quôd dubium sit, ntrùm iiiinisler
neci'ssilalis ai)sqne niorlab peccalo Sacramenla possit
minislrare , dùm se peccali leUialis reum agnoscil.
Idcircô cas, sallem piobabilem , slalùs gralix' neces-
silalem ad conferendum Baplismum docere oporlet ,
nisi quandoque salins sit ul banc obligaiionem igno-
rent.
Sequilur 2° Sacramenli minislrurn, si se in peccalo
morlali jacei'c advertal, iliud administrare non posse,
douce conscicnli;e maculas eluerit. Duplex est aulem
conscientiain expnrgandi ratio, nempe confessio sacra-
menlalis el contrilio pcrfecia. Ubi de sacralissinuc
Eucbarisiiae conl'eclionc aut perceptione meniio est,
necessariô pra'inilli débet ipsa conlessio , eliamsi sa-
cerdos se perlèctè conlrilum sciai , ila defmiente et
jubenle concilie Trid., sess. 15, can. 7. Si tamen non
adsit coufessarius, aut si non adsit nisi cui sine gravi
incommodo conlileri pnedictus minister noqueal , ur-
geatque ceicbrandi nécessitas , sacrosancia synodus
celebrare permillil, modo tamen posten quamprimiim,
con/ilealur ; quie paiticnla , (iiuiiuprimiim, ligorosè in-
telligenda est, ut delinivil Alex. Vil.
Quod verù altinct ad Eueliarisli;e admiuislrationem
aliorimiqiie Sacramentorum coid'eclionem, mullù prn-
denlins est conressioiiempra'miltere ; id tamen non
esse onuiinù necessarium communior , et (piidem
jirobabilior , licèt non pauci contradicant, opiiiio vi-
detur ; de liàc enim re nulluin exstat pracejiluin po-
sitivum necpie naturaie. Non posilivum quidem ; ne-
que enim in Scripluris , neque in conciliis, n» que in
Palribus repcrilui'. ^l'in etiam Riluale lloniaïuim id
convenire (aiiUmimodo dieil. Sacerdos, inqnil, litulo I,
si fueril pecciiii morlalis sibi conscius , quod absil , <id
Sacranteniornm admiiri^lratioiiein non audént accedere,
nisi prias corde puniti-ai ; sed si liabeal copiam coujes-
sarii , et lemporis lociqne ratio ferai, convcuil confiteri.
Concilinm verù 'l'rid. loco cilalo, de solà Eucliari>ti;c
conlcclione el receplioiie loqnilur; ergo sigiuim est
coîdessionem ad alia Sacra;iienla non icfpiiri ; aliàs
nulla ruis-et ratio cnr potiùs pro Eiicliaii.-lià , quàin
pro aliis Sacramenlis, eonfessionis obligaiionem in-
culearet. El, (piod magis directe idem denioiisUal, ubi
de Maliimonio agit, sacra synodus ad pramiillendnin
confessionem duntaxal liorlalur. Ergo non exstat
praîceplum |)osilivum.
Nf(|ueeliam naturaie; nam lex naluralis ministrum
es>e in staln grali;e soiummodù jubel : porro gralice
sialus per conlrilionem perrectam obtineri potesl;
ergo
Et cerlè si adessel pra;ceptum nalurale de confes-
sione pnemillendà, inde sequeretur 1° alia Sacra-
menla inslilni non poluisse sine conl'essione; i" nii-
nislium in peccalo morlali exislenlem non posse
admiuisli-are Sacrann.'nla , ubi non esscl copia con-
fessaiii, eliamsi urgeret nécessitas ; porro bac duo
admitli non posse videnlur, neque à quoquam admit-
timlur; ergo
. Obj. Qui sibi peccali morlalis conscius Sacramenla
ministral absque praivià coni'esNioue, exponil se peri-
culo Sacramenla irreverenlcr liaelandi; alqui non li-
cèt sine necessilale ; ergo
la'sp,:I)i^l,iliH^orein ; Si non adhibcat (^uani po^es^
i.i61
QUif.ST. VII. DE MINISiRIS SACRAMKNTOllUM.
i \Cd
incontaminalnlia siht), consequeiis csl (luixl talc pcau-
tum ex (jciicre suo sit morlah>. lia Aiigelious dtitlor ciii
boni oiiiiR'S llioologi consciiliunl ; quam saiiè in rem
aHeiri plcraqiiedocuinent:! [lossoiil, tiini é sacris iil-
leris (leiiromiila , lum à sanctis Palribns graviUM- co-
|)i:is(Vnio tliclala; nisi oniniijiis csscl insilnni, iiisàfjiio
nalurâ duce pra'sciipdiin , sanc:a saiiclè esse (ra-
olanda ; etqiiomadniodiim in rcMi|iiil)licaiîi gravisbiiiiè
ligali uiagistralns ollciidinil, (juanilo jura Icgesiiue
ooni|)Oiicndis nioribus constilulas , (piibiis liilandis
prrnposili suiil , ip i violant cl infriiigiint , sicrpie ad
cartini contcMipluni cives addccinit, i(a et inuliù nia-
gis peccare saccrdolcs conlra Dcuin snprcn)uni Icgis-
laloroni , dnni polhilà conscicnlià Sacranienla ad
sanclificandos honiincs insliUila dispensant : « Cùm
» in Eccli'sià Dei (vcrb:i snnl Roniani Hiliia'is) nihil
I sanclins ant ntilius , niliil excoilLMilitis ant magis
f divii.nin liabeaUir, qnàni Sacranienla ad hnmani
« generissaiutem àClirislo Domino inslilnla, parocbus
< vcl quivis alius saccrdos , ad q;icni eorum admini-
diligeiitiain ad babenciam et discernendam contritio-
ncin, concodo ; clianisi oam diligciiliam adiiiboat,
i.egii; niinisl. r oiiiiii cini! giMiià Dci coiiliilionem ob-
tiiuTc potcsl, et agnoscerc nliiini sil r(!Vorà conlritii^
nccne. Civlcinm, si non valoat qiiis id agiioscrro,
ceilè conlilL'ii débet, si pole:^l ; ne jne enim de illo
sernioneni nnnc habcnuis.
Al, iiislabis, vix possibile est ul minislcr certns sil
se esse vorè conlriliini ; ergo
Hesp.: Distinguo anlecedciis : Vix possibile est ul.
minisier sil corliis se esse verè conliilum, cerlitudine
qwji excbuial oinnein lorniidinem , conccdo ; cerlitu-
dine (\ux cxclndat oninom formidiiicm priidonlem,
nego. i^orrù, priorc rlitiido non re([niiilnr; non enim
per ipsam conlessioneMi liabcii polesl; posterior voi'ù
sdilicil. Venim eslo niini-ler non liabcal cerlitndineiii
de contiilionis exisleiilià, al ceilè non absohilè rei|!ii-
l'iliir ccrliludo, sed salis csl ni \\)>-\ niii'lo proljahiliiis
•-it se esse coiitrilnm, licèl i-rmaneal founido con-
Iraiia ; lune enim ex jiidicio leHcxo nioraiilcr cer-
tns lieri potcril se non exponi l'oriiialis prolanalio-
iiis periculo , ut in iraclalii de Conscieiiliâ dfinon-
slratur.
Insiabis iterùm : Conirilio perfecla iiicbidcre dtbî l
voliini coiilitendi ; aUini non videUir babcre votum
conlilondi sincL-rum , (pii cùm posset confitcri , mm
Ciintitctnr ; ergo
Hesp.: Dist. maj.: Conirilio perfecla débet includere
votum conlilendi lempore (iuo oblig:d)ll confessionis
pr.eceplnm, cuncedo; conlili iidi st.itim, nego. Distin-
guo imnoreni in coib'm sensu : Non videliu' b:djere ,
si iirgeal pra'ccplum conlessionis, conccdo; ctsi pnc-
ceplum non urgeat, nego. iiatio ^atis per se ap-
paret.
Igitur minisier qui se peccali moi lalis reum agnoscit,
ciiiiine incundiit nécessitas Saciamentnni abquod nii-
ni^lraiidi, non absoUilé conlileri lenctnr, eliaiusi ad-
sil copia coidessarii ; sed débet sese ad conlrilionem
cxcilaie. Qnod si, b c peracto, -e ccnirilum pnidenler
ji:dical,Sacramenlmn admiiiistrare poiesl ; si verô se
non babereconlrilioneni perl'eclam judicat, v. g., (juia
peccali occasiunem dinnllere t.on vidl, ab admi-
nislrando Sacramento, (|iiamvis limeaKlm' scaM(hdum
( l inlaniia , ai)stinere deitel ; non enim laci^'nda siini
mala nt evenianl IxMia. lieni.iue, si ibibilel nln'im
conlrilionem perb.'clam babeat, adsiUinc coalessarius,
Coidileri lenetiir. Al (inan(b) conlessaiins non adesl ,
Sacramenlnm conlerre deliel, modo gravis orgeat né-
cessitas; ubligalio enim eeila obli^aii iiii (bdiia- an'c-
ponentia est. [VM.]
« slralio portinel, mcminisse inprimis deliel se
« saneta Iradare, alipie omiii brè tempnris momenlo
< ad tant saneta^ adminislralionis orHcium paraluni
« ossc oport(Mc; quamobrem ilbid perpetuo curabit,
« ni iiilegrè, casiè, pièquc vilan» agat; nam •ctsi Sa-
t cramcMla abimpmis coimpiinari n<in pos-nnl , m^-
< queà pravis miiMstris eiïecliis eornm impediri , im-
« pnrè lamcn cl indigne ea ininistranlcs , in a-lernai
« morlis reatinii incurnml. )
Sed luec qnidem bacleiins : est enim pr.wsens dis -
I piilalio, ((nippe geiicraHs, suis (inibns continenda, no
occu|iare ea videamur (juie ali!)i d(î minislrornm pro-
iiilale et sanctilati; , data occasione , diccnda reeur-
rcnt.
Sequiliir
CAPUT 111.
DE -N'F.CESSARIA IN SACRAME.NTIS AhMIMSTr. \M r^ INTIN-
TIONE.
Deinceps, ut erat propositum, de ministri inlen-
lione dicendum : quaî qua;stio duas babet partes; nam
inqniri primo potest utrnm debeat aliqnam inlenlio-
nem babcre, qui Sacranienla dispensai ; secimdù ,
|i qiue et qualis inlenlio esse debeat; nnde sit
SECTio piinrv.
Utriim debeat mhiister Sacraïuciitontm aliqiiam habcre
mteuiiouem ?
§ 1. Aperitur status quœstionis.
Intentio generalim est actus vobintalis , qno in
finem per média tendilur; sive est amor efiicax finis ,
cum I roposito assumendi média ad ilium assequen-
dnm accommodala ; quanlùm verô ad pncsens spé-
cial, inlenlio est proposi nm voUmtalis, qno minisier
Sacramenlnm conferrc eflicaciler délibérai (I).
Triplicem vnlgô inlenlionem scbola disiingiiit ,
aclualem , virlualem , babilnalem ; actnaliscst pr.nesens
voliintatis propositum , conjunctam babens mentis
allenlionem ad opns quod agitur, ab Bapiismnm ,
exempli causa , qui aclu datnr.
Virtualis dicitur quce ex aclu praicedenle , nec per
conirariam voluniatem revocato , nec per notabilem
lemporis moram inlerruplo , in bomine persévérât.
Sic minisier, si ad coni'erendum Bapiisma vocalus ,
cum actuali infantis abluendi voiunlaie officaci et
proposito in templum se conférât, niox verô dùm por-
agit ritum sacrum , aliô abreptus de Daptismo acin
non cogitet , neqne advertal animnm ad illud (piod
agit, dicitur babcre virlualem inlenlionem , (juia ope-
ratur virlute prioris inlentionis, qiiam contraria vo-
bmlale non retractavit.
Ilabitnalis est prompta Ojierandi facilitas, cniHra-
ctata ex babitu ; sive est prona operis cxcqiieiidi \o-
lunlas, in acium tameu non iidbiens, de qno iilen'mi-
(|ue née cogilalio est , nec niemoria ; sic amenles,
doiniie.;tcs, et qui poln niir.io mciilein baiKN i abe-
llj (1) Ilinc liiiuet inlenlionem differre ab alleiilione.
Il quaM>sl acliis iiitelieclùs .-iliipii.l eonsiiîeianiiseï de eo
1; co|?i!auUs. (Edii.i
1463 DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACliAMENTlS IN GENERE
natam , ea (iiiandoqiic , nec cogitantes quidem , more
Leiliiariiiu peragiint, quac vigilando et cum rationis
iisu facere consueveruiit (l).
(1) His Irlbiis iiitontionis speciebus alia addi solet
à tlicologis, qii;c dioiliir inlerprol;itiva. l'orrù iiiler- |
protaliva vooatnr ea voliiiilalis dispositio, ex quà judi-
<:iii possil aliqiiein liaiic vel illaiii inleiitiuneiii lialii- j
lîiniin, si ad iiioiilem ipsi vcniret. Sic (jui aijuain iii
iiilMiilCiii effiindit, credeiis esse diiidaxal iidanlis si- j
iiiulncnim, haijel iiileiilioiieiii haplizaiidi iiiler|)rolali-
vam ; si eiiim venim adosse iiii'aiiloiii iiùssol; soriù !
veliet baplizare. Haïc saiiè intciilio ad coiiliciciiduiu j
SacraiiicnUim non siiHicit; clcnini iioii laiii esi inloii-
lio, qiiàni disjiiositio ad iiilenlioiiem coiicipioiidam ; i
proindeque actiiiii biiiiiamiiii elïicerc neqiiil. 1
Insupordividi pulo^l iiiloiilio 1° iii absolulam et cou- |
dilionaleiii. l'ri.jr osl illa qiiie nnllà prorsi'is coiulilioiie
limilalur, ut cîirn quis, v. g., dicil : Kgo te buptizo, j
iiiillfi adjcclà coiidilioiiC. Posleriorilla eslqiucex ceilà
c )iHiiiio;ie pcndcl; v. g.: Kgo te buptizo, si non esmor- \
uius. nia auleiri condilio polest esse vol de prxsenti, j
vel lie praiterilo, vel de futiiro coiUiiigeiili, vel de fii-
liiro necessario. 2" In dclerniiiialain et indetermina- !
lani. Dctcniiiiiala est illa (pia; ad aliquod objectum |
rerluni dirigilur, ut cijni niinister Pœiiilenliie lalem
pœiiileiiteni juxia se i)ra}senteui absolvere iiil^ndil.
liideliTMiiiiala illa est quaî iiulkun objecluin fixuiu et
ilelcrniinatum respicit, ut si sacerdos intendal conse-
rrare (piintiuc ex dccem iiosliis coram se positis, nul-
las iuleiim assignando. 5° In explicilamsliniplicitain.
Explicita dicitiu' quà quis aliqiiid expresse et in se in-
leitdil, ut si Daplismi luinisler iulendat cliar.icierem
îiiiprimere. Iniplicila verù niineii[)aUir (pià quis iiiti'n-
dit aliquid, non expresse et in se, sod in alio in qiio
iiichidilur. lia inlendil ciiaracteroni inqiriiuere, qui de
• liaraclere nihil cogilans vidt tanlumniodo baplizare ni
lieii solel in Ecclesià. -4" In niiniicam, (juà quis vult
aliquid non laui facere, quàin exleriiis deridere, ut
liislrio qui pcr ludibriuni Baptismiini in tlieatro con-
l'ert; et seriam, quâ (piis vult al!(|uid facere sine exle-
liori sallciu derisione, ni sacerdos qui aliqucin bapti-
zal cùni debilis cirrenioniis debitisque circnnistantiis,
ita ul qnisquis cum vid<'l judicare debeal euui velle
lacère quod fil in Ecclesià.
Ponù intenlio séria duplex est, alia exlerna et alia
interna, liilcnlio exlerna, quaiuùni ad praîsenteni
quneslionenï perlinel, vulgù dcliniliir à llieologis illa
qwM in soluui riluui inateiialeui cadil, et adjunctani lia-
bet secrelain inlenlionein sinuilandi, poliùsquàui veré
f.iciendi, illudqnod lit formaliler in Ecclesià. Intenlio
inlerna definiri solet illa qua> cadit, non sdlùni in ri-
lum malerialeni, sed eliani in illud quod fornialiter
l'acit Ecclesià. Lnde dicnnt prioreni vocari exlernani
o\ co quôd cjus oi)icLtnin sit loUnn niaieriale, cl po-
slerioreiu inlernainntnic pari ex eoipiùd illius objeclutn
inlollecluale sil cl solà meule percipialur. lia commu-
niler. Libenlor verô falemur li;inc ex|di( alioneni non
onuiiuô nobis arridere. Nani, i>r;clcrijiuun ((uôd con-
suelo loqueiuii modo p;irùm conforme vidcalur, ut in-
tenlio exlerna sic aiipelletur ex objccto m:tleriali, cl
inlerna ex obji?clo inlcllecliiali, noii salis dislinguilur
in eà exposilione intenlio inlerna ab inlenlione iiuam
juiinicaui vocant ; niimica enini et ipsa in objecluni
l'xlcrnum ci maleriale cadil, ncinpe in rilinu exler-
nnni; quandoquidem (pii pcr jocnni et irrisi(Uieni ri-
lum sacramenlalcm exerccl, liabel sanè ilhnn male-
rialiler faciendi inlcnliouem. Al, in(piies, (pii inimi-
c;..m dunlaxat iiabct iulenlioaem Ecclesiie riunn exte-
riiis deridcl. Fateor equidcm ; sed ipiid li;vc ad ipsani
intenlioncni? Isla dcrisio non imi)edil (piin adsil in-
tenlio ritum nialerialiler adimplrndi; ergo direille
inlciiliones non in se pra-cisè dill'crunl, sed laïUùmin
l'alione quà exercclur rilus in cpuMU cadiinl. Idcircô,
ni no>lcr sensus nos fallal, inlciuio exlerna iccliùs
dl'linirelur illa qua'in riuun sacrainenlalein formaliler
U6i
Ponimus tanquàm cerluni : 1" Ilabitualcm intcn-
tionem in Sacramentoruni adminislralione nequaqnàii
sufficerc; eaque est omnium Calboliconun doclrina
nam in sacro niinislcrio exercendo prorsùs requiriin,
intenlio , per quam aclio sacramentalis huraana si*
spectatnm, exteriùs (juidem el quoad apparenliam,
cadil, rcipsà anlem illmn nounisi malei'ialiier a[»prc-
bcndit; intenlio anlcm inlerna, illa qu;e in rilmn sa-
cramenlalcm formaliler spcclalmn , non lanlinn in
specicm, sed diam realilcr cadil. Inde palet iiriorcm
dici posse inl.nlionem ajipareiilem, cl posleriorem
posse realem vocari.
Porrô bnic noslrai expositioni non pariim roboiis
inde accedere videlur, quôd plaiiins per cam dogma
catbolicum cxplicari valeal. Namconcil. Trid.,sess. 7,
can. Il, posl decreUmi ad Armenos, pr;eler rilmn sa-
cramenlalem, iniidstri intenlionem, (pià velil facere
quod facit Ecclesià, esse necessariam delinivii, et
omnes Calliolici intenlionem mimicam Prolcslanlinni
boc canone docent condxam, minime verù dannialam
intenlionem exlornam quam mnlli llieologi ex n(>slris
defendunt. Al cerlé, si intenlio exlerna definialnr illa
qnaî in solum rilum malerialeni cadil, necinaqiiàman-
tem eumdem rilum formaliler snmplum npprciiendil,
non ila facile est inleliigere, l'cur concilium Trid.,
pr.Teler ritum sacramcnlalem, miinstri intenlionem re-
quiral; nam inlenlio faciendi rilum nialerialiler spe-
; clalum inscparabilis est ab aciioni! quà ritiis externns
perlicilur; 2" qnomodô Lnlboranoruin doclrina boc
ipso canone Tridenlino proscrii)la sil; qui enim per
jocum et irrisionem rilum sacramcnlalem exerccl,
babei tamen illmn nialerialiler faciendi intenlionem,
Nec juvat dicere ex joco exîerno mauifcslnm liei'i il-
lmn seriô non agere; nam sanclissima synodus in sno
canone minime de serià confeclione ioipiilur, sed de
solà inteutione, qu;c, si in solum rilmn cxlcrnum ca-
dere débet, exislere videlur in minislro per dcrisum
agenle. ô" Cur, si Proieslanles canone Tridenlino con-
ligantur, non idem dicalur de ibcologis, qui intenlio-
nem merè exlernam sufficere conlendnni ; siquidcm
ntrinqne eadeni inlenlio defcndilur, nec nlla est inler
eos diffcrenlia, nisi in exlerna agentli ralione, deqnà
sacra synodus ne unnm (piidem verbuiu babcl. Ilx'c,
inqnam, tria, qiun callioliciis quisqiie admillit, non
facile concilianlur cum delinitioiic quam impugnanms.
Conlrà verô, noslrà derniilione admissà, lucc omnia
mira facilitale explicanlur. Nimirimi, prx'ler rilùsex-
lerin confoclioncm, concilium définit reiiuiri inlei.lio-
nem aliqnam, sive realem et inlcrnam, sive sallem
exlernani el apparcnlem, faciendi bunc rilum forma-
liler ul est Ecclesiaî : porrô nnllr.ni lalem necessariam
agnoscnnl Protestantes, (jui dicnnt suflicerc ul rilus
exlernus ponalnr eliam cum aperlà dcridendi inlen
lione; atverô pra'dicli llieologi aliquani bnjusmodi
inlenlioncni requirnnl, si minus vei'bi'^, sallem ipsà
re, ncnipe apparcnlem, qu.v in agcndi ralioi;e niini-
slri el in debilis ciicuni'^lantiis iuvenilur; ergo Pro-
Icrilanlcs aiialbcmatc Tridenlino verè feriunlnr, nn-
nimé anlcm landali llieologi; ergo in noslrà exposi-
lione facile cvancscunl dillicnUalcs, (pi:e in commnni
Uxpiendi modo a'grc admodùm solvunlur.
Qnidipiid sit, ab aliis llieologis nounisi sermoiic
discrcpamns, vc auleni ipsà omninô cum ipsisconsen-
limns; nam jocosamel mimicam Prolcslanliuiii inlcn-
liouem, V(dnl daninalam à concilio Trid., répudia -
mus; exlernam verô inlenlionein, ad scnsnin llieolo-
gorum, licèl non probenins, non proscriplam fatcmi.r.
I Deniqne inlenlio interna snlidividilnr in ada'qua-
laui, quà quis, sacrum rilum adminislraiido, vull sal-
lem implicilc <;niil(piid ci anncxum esl, ni, v. g., gia-
liain et iliaraclcrcm ; cl inada'{|nalain, quà quis vuU
qniiicm rilum, ni in se vel in lali sociclale sacrum, sed,
sive ex errorc, sive ex malilià, non vull cjusdem clll)-
: dus, anl iliqucm ex ejus eîfeclibiis. (Edit.)
QUvEST. VU. DE MINISTUIS SACRAMF.NTORUM.
1465
id est, ab hominc fiât, non instar pccudinn, scd ciiin J
doliberalione cl judicio opérante, quod est propiium
Iioininis ; atqui habitualis inlentio non prx'Stal ut
ac lio sacramenlalis huniana sit , et ab honiine pro-
dcal, juxta naturam siiani opérante : ntcnim ex ejiis
d'finitionc constat, cliani in anieiilibiis , dorniienti-
liu-; ebriis reperitur, qui sanè liumano modo et cinn
jiidioio rationis non operantur. 2° Inlenlioncm actua-
Icni, boiiam licèl et sufficientem , non tanieii esse ab-
soliilc iK'Ccssariani : hx'C enini intcnlio absolntc in
Sa( ranienloruni negolio non requiiitiir, qu;c plorùin-
que impossibilis est; alqiii aclu opus sacrum inten-
dcrc, neque aliù distrahi , plerùmquc hominis superal
polestatem ; laiita quippe humanse mentis mobilitas
et inconstaiilia est, ut propter pnccipiles evag.iliones
qu;B in cjus potoslatc non suiil, de unà eàdenique re
cogitatioi.em rclinere diù non vaieat; pra^scrlîm cijni
ab objectis circumstantibus continué ad alia rapiatur.
Deinde , intcnlio liaec non est absolutè in Sacramcn-
torum confecxione necessaria, cujus absentia non im-
pcdit (|uoniiiuis aclio saci'ameiitalis bumanasil; atqui
intentionis actualis absentia non impedit quominùs
aclio sacramenlalis humana sit; nianet enini, hoc non
obslante , virtus prioris intentionis, quœ cùni revocatii
non fiierit , in aclum , nemine diflitente , iiifluxum
habot. Ergo intcnlio aciualis , bona quidem illa est
et siifficicns , non lamcn débet dici absolutè jieccs-
sajria (I).
Supcrcst itaque controversia de inlenlione virtuali,
uirùm cam saltem liabere dcboat , qui conficit Sacra-
menla.
Mordicus hoc negârunt Lulhcrani et Calvinist:xî ,
quorum, prœteroîcleros, perniciosissimus acstolidis-
simus fuit error, ministios Sacramenloruni rem sa-
cran» perinde lacère, etiamsi nihil cogitent, nihil
aiiimo intendant , niliil advenant, imô verô divina
mysleria palàm et apertè derideant; hoc doclrinoc
(I) Hic cxpendendum esset ulrùm rcquiralur ut
intcnlio sit absohila, an verù conditionalis sulïiciat.
Vcrùm qu;ïstio jam solnla est ex iis i[\]x diximus ubi
de forma Sacrameiilorinu. Vide nolam sat prolixan)
de forma coiiditionali. Qiiipcumquc ibi cxposila sunt,
facile inteniioniapplicanlur. Nuiicpaucissimisagendum
de inlenlione dclcrminalà et explicita.
Porrô ad Sacramcnli valorem rcqiiirilur ut confe-
rentis intcnlio ad cerlam iicrsotiain vel materiani sit
delerminata; v. g., non valet Baplismus née absolu-
tio, ui^'i miuistri volunlas ad cerlam dirigatur perso-
nani;itcm non conlicilur sacra Eucliarislia, nisi ad
hanc vel illam materiani saceidolis inlentio dirigatiu';
cienim huniana non esset aclio, qu^c aliquod oitjeclinn
delerminalum non allingcrel, sed cadcret in aliqnid
minime delinilum cl indotermiiiatiim. hisiiper id ne-
cesse prorsns ips;e forma; Sacranientonnn demon-
stranl; ex bis enim sulijcctiim vel nialeriam plané de-
lerminata esse (iebere manilestinn esl, Baptizo te...
Absolvo te... Hoc est corpus nieu))!. Uinc in praxi mi-
nisler dirigcre débet snim inteiilidiiem ad mnteriam
vel porsonam pra-senlem, qna'cnnupie illa sil; alioqiiiii
sacramcnli valor in discrinien nonnnnqiiàm addncerc-
liu'. Quod spécial inlenlioncm expli» itam ])r<)duceiidi
sacramcnli, vel liune aiit illnm sacramcnli cil'eclum,
ex dicendis palebil illam non requiri, sed sufliccro
impliciiam. (Edit.)
1466
porU'iilnm jtrimus omnium cxcogitavit Lutherus , et
(piibus potuit momcntis approbare conatus est , tnm
in libre de abrogandà Missà privalà; lum in allero de
Caplivilalc Habylonicâ, capite de Baplismo, ubi. Non
(liibitcm , inquil, si quis in nontine Domini suscipiat
liaptismmn , climud uiinister non dcl in iiomine Domini,
vi'rc boptizdltun esse... sictil IcffUur exemplum de (juo'
dam minio perjocnm baptizato ; tum articule 12, eoruni
quos Léo X Pontifcx maximus paulô aule concilium
Tridenlinnm proscripsit, cujns hrcc sunt verba : Si...
confessas non esset contritus , aut sacerdos non serib ,
sedjoco, (ibsoh'erel, si tmnen crcdal se esse absolutum ,
verissimè est absolulus.
Lullicri impieîatcm amplexi sunt Calvinus in Anli-
dolo concilii Tridenlini, ad canoncm 11, sessionisS;
Tilmannns, in librodesexcentis Pontilicionmi errori-
bus ; Kcmnilins in sccundà parle examinis, et alii
ferè omnes ulriusque sect» professores, quorum una
vox, una scntcntia est, reverà perfici Sacramcntnm,
etiamsi minislcr omni careat inlenlione ; quod qui-
dem dogma etsi, ut pncdixinuis, stullissimum sit, et
ab ipso communi sensu abhorrons, ex altero lanien
Lutherancc doctrinae capite sponlè fluit, que volunt
solà fide impium justificari, per quam certô crédit
sibi remissa esse peccata, nec alias Sacramentorum
in juslificalionis negolio esse parles, quàm ut fideni
velut signa vacua et divinœ benevolentioe pignora ex-
citent ; Inde enim sequltur nihil ad salutis negotium
intéresse, qno animo, quo cultu, quâve specie Sacra-
menla exteriùs celebrentur; hinc Kemnitius, loco
niodù laudalo, Tridentinum canoncm refulans : i Ex
« quo intelligitnr, inquit, qnôJ quemadmodùni ver-
c bum Evangelii pnicdicatum sine ullà inlenlione, esse
t verbum Evangelii non desinit, et qui ci assenlitur,
« jnsiificatur, quanliimvis perversam, tam interiorem,
« (piàmexteriorcm, vel eliam nu'.îam habealniinister;
« ita neque desinit esse Sacramenlum, modo appli-
« celur forma maleriœ, etiamsi absqne inlenlione re-
i cià applicetur, sed è contra cum perversà, inleriori,
« vel exteriori, vel eliam nnllà. >
§ 2. Ostenditur minislro Sacramenluit conferenii ne-
cessariani esse inienlionem, saltem virtualeni.
Ilis similibusque commentis novi, si supcris placet,
Evangelii reformalores egerunt, ut respnblica chri-
sliana in infidclium contemplum veniict, cl ne ho-
nnnc quidem scnsalo, ncdùm finidalore Deo.digna
viderelur : cni enim unquàm monalium in menlem
venil , cceremonias religionis sanctissimas perinde
I esse valituras, sive scriù et graviter, sive mimicèjo-
cularilerquc exerccrentur? llaque centra illos sil :
Eidei h;ec senlenlia est, definila in concilio Tri-
denlino, scss. 7, de Sac. in gon., can. 1 1, liis verbis :
Si quis dixerit in ministris, diun Sacramenta conficiunl
et coufenmt, non requiri inteutionem saltem facie}id':
quod fdcit Ecclesia, anathemu sit ;et scss. li, de Pœn.,
cnu. 9, cap. G : Si qms dixerit, absolutioneni surra-
mentalcm sacerdotis non esse actum judicialem, sed uu-
duni ministcrium pronuntiandi, et declarandi remissa
1 essj peccata confitcnli, modo tantiim credat se esse abso-
j4G7 r>E RE SACRAMENTAUIA. —
lutuni; aut sacerdos non serib, sed joco absolvat....
finiitliema sit.
Qiios quidein canoiics Lco X Ponlifcx Maxinuis
prx'formavcral in bullà conlra Luthcruin edilâ, in
qiiâ piicler caîtcros ailiculos damnaliis isle, ut pron-
dixinius, legitur : Si sacerdos non serib sed joco ubsot-
verel, si tamen credal pœnilens se esse ubsoluUim, teris-
simè esi absolutus; sed et loiigè anie prx'ivcraiii Pa-
tres Conslanlicnses, à quibus Icgimus constiluluni,
i.t (|iii in luieresis suspicioncMn iiicunerint pncter cav
lora interrogontnr, toi credanl (jubd malus sacerdos
cum débita materià, et forma, et inlenlione facicndi quod
facil Ecclesia, vcrè baptizet, et vera conférai Sacramenla ?
V.l panels post annis Eugeniiis IV suninms Pontifex
in decrcto pro Inslruclione Armenoruni, resolulà Flo-
lentiiià synodo, edito, nbi nunienuis septcin Eccle-
sia; Sacramonlis, ila subjungit : Ilœc omnia Sacra-
lucnta tribus perficiunlur , videlicet rébus tanquàni
muterià, verbis lanquàm forma, et personâ minislri
co)iferentis Sacramentum, cum inlenlione faciendiquod
fiicit Ecclesia. j
Probatio prima, ex aucloritaie Scriplurœ. |
Quod etsi in sacris liltcris expresse definitum non
legatur, ex ipsis tamen verbis Clu'isli Sacramenla in-
stitueiitis necessariô sequitnr ; ait enim Joan. 20, 21 :
SicHl misit me Pater cl ego milto vos... quoium rcmise-
ritis peccala, remittnnlur eis, cl quorum retinueritis,
relenta sunt... Mat. 28, 19 : Kuntes doceie omnes gén-
ies, bapiizanles eos in nomine Palris, et b'ilii, et Spiri-
lûssancii; itemf|ue de Eucliaristià, Luc. 22, 19 : Hoc
facile in meam commemorationem ; unde nianifesluni
est, apostolos eorumque successores cosistitutos esse
divinornm niysteriornm œconnmos ; hinc B. PauUis,!
Cor. 5, 5 : Qnid igitur, inquit, est Apollol Quid verb
paulus ? Minislri ejus cui credidistis ; et paulô post c.
4. i : Sic nos exislimet homo ni ministros Cliristi et dis-
pensatores mijsleriormn Dei, idemque sa^pissimè in
Scripliiris incnlcatiir : jam sic s^ubsumo :
A!i|ui niinistri et dispeiisalorcs non dicnnlur, maxime
iilii de re gravi et magni momenti negolio agitur,
iiisi qui veram liabcnl intenlionem : banc autem non
iiiihere se manifeslô déclarant, qui neque sui ipsoruni
sinil compotes, neque consideratè et ex ratioiiis jiidi-
cio, sed temeraiio more deliranlium opcranlur; quis
ciiim (ut ab buinanis sumamus exemplum) veram pu-
laveril senlenliani jndicis, qu;e imn graviter et pro
irihunali, prout est legihus conslilulum, sed vel modo
iidicro, vel in caupoiià média inler poeula fiierit pro-
nuiiliala? Qnis pariler dixerit vcrè niinistri defun-
chiin oflicio, qui à principe ad tractanda gravissima
iicgolia delcgatus, liistrionico liabitu deformatus, aut
exliaians crapnlam, de pace bellove pacisci allentave-
rii? Qiiôd si bicc et similid, iiouiiiinm mores, duce
ip'^â nalnrà, refuiiiunt, qui'^corum probare possit au-
(laeiam, qui cinisliaiio nomine gloriantur, imô et
(liirislianoi'um reibiinalores liaberi volinit, et tamen
iuipudrnlià incredii)iii al'lirmari^ non dubitant, Sacra-
menla, boc esi,mybtcria Religionis sanclissima, per-
iiwie esse v^Utura^ sive iu leuH>lo, sive itiihe;Uo,
DE SACRAMENTIS IN GENERE. MC8
seu mimicè, scu seriô conferanlur ? Constanler itaqne
aflirmandum, vana et irrita esse Sacramenla sine verâ
ministrorum intenlionc collata, ideô verô nulla esse,
quia ctsi materise formœque sacramentaiis quamdam
imagincm pra-lerant, ministrum tamen qualis à Cbri-
sto est delcgatus, non babent ; undè sequitur quôd nec
Sacramenla sint.
PuocATio u , ex antiquo Ecclesicc more.
Sic vorù sentenlia bivc ab anli(piis lemporibus,
onniium non niodô anlistitum, sed et simplicium fide-
lium pervasit animes , ut sine cunclatione irrita de-
clarata fuerint Sacramenla , qu;)c sine verâ inlenlione
adminisirata esse consiarel : et boc rarô quidem con-
tigit, (quippe casus insolens est) ; contigit tamen ali-
quando : bàc enim ipsâ de causa , tertio Ecclesi.c sc-
culo, Firmilianus Ca^sarca» in Cappadocià episcopus,
dequo multa ante prxdiximus , Baplismuni ab cner-
gumenà quàdam femiuà mullis collatum nullum irri-
tumque prommtiavil ; « Volo aulem vobis, inquit ille
« in episloiàad sanctum Cypri'^num, inter Epis. Cypr.
« 7-5, et de bistorià quai apud nos fada est, exponere,
« ad hoc ipsum pertinente ; ante viginli enim et duos
f fermé annos..., emersit istic subito qunedam mulier,
j quai in extasi constituta, propbelen se pra'ferrel, et
f quasi sancto Spiritu plena sic agerel ; ila aulem
i principalium diemoniorum impelu ferebatur, ut per
( longum tempus sollicitaret et deciperet fraternita-
t leni... atqui illa mulier, qux priùs per prœsligias et
1 fallacias dxmonis multa ad deceplionem fidelium
I moliebaïur, inter civtera qud)us plurimos decepe-
< rat, eliam boc fréquenter ausa est, ut... baptizarct
i quoque mulios, usitata et légitima verba interroga-
1 lionis usurpans , ut nil discrepare ab ecclesiasticà
< régula vidcretur : quid igitur de bujus Baptismo
t dicemus, quo nequissimus da;mon per mulierem
« baptizavit?... Potest credi aut remissio peccatorum
I data, aut lavacri salutaris regeneratio rite perfecla,
t ubi omnia, quamvis ad imaginem veritalis, tamen
4 per diiemonem gesia sunt? i
Eàdemque ratione Novatiani anti-papa; ordinatio
ab episcopis temulcnlis atlentala, futilis et irrita dicta
est, ut constat ex epistolà Corneiii Romani Pontilicis
ad Fabium Anliocbena; Ecclesia; palriarcbam , quani
referlEusebius, Ilistoria; ecclesiasticailibroG, ubi prê-
ter cailera sic suramus Pontifex loquitur: « Egregius
< ille vir, qui tremendis quibusdam Sacramentis affir-
I maverat, se episcopalum non concupiscere, repente
« lanquàm ex macbinà quàdam in médium projeclus,
( episcopus apparuit; et is qui se doclorem, el eccle-
< siastica; disciplinœ propugnatorem ferebat, cùm
1 episcopalum sibi à Deo minime concessuni rapere
i ac vindicare conaretur, duos deplorata; salmis bo-
e mines sibi socios adjunxit , ut eos in exiguam ac
« vilissimam Italla; parlem mitleret, atque illinc ac-
« cites ires episcopos , homines plané rudes ac sim-
« plices , fraudulentà quàdam molilione deciperet...,
« qui cùm advenissent, bomines , ut jam diximus,
« simplicioris ingenii. nec in bis perdilorum bominuni
< ariibus ac îaUaclis salis trili , eos ille à quibusdao\
U69 QL\€ST. VII. DE MIMSTRIS SACRAMF.MORIM. liTO
< suî siinillimis quns nJ ici coinparaveral , iiicltisos || ilmn, ail spoclaciilimi, ad cxncilitin) [ticlalis. Débet
« liorà cleciinà, teiimientos et crapiilà opprcssos, ad-
I iiiiihnilà qiKulam el iiiaiii inaiimim iiiipositionc epi-
f scopaiiim sihi Iradcrc por vim ooiîit; oiinnpu', iiiillo
« sibi jure cnmpolcnUMii, pcr riaiidom at(iiic insidias
< viiulical. >
Allcniin ejusdcm roi non admoiliim velus cxcmplum
stippcdilat Anglonnn liisloria : prodiliiin enini est à
Cainolieis, Mali lia'uni Piirkcrnm , qui sub iiiilio rc-
gni Elisabcliiir, aiiiio 1559, Canluarienscm artliiepi-
scopaliini invasil.el à qtio doinceps veliil à slirpe (do-
positis nimirùm el in carcercni conjeclis calliolicis
opii-copis) in Aiiglicanas provinrias psciido-opiseopaliis
csl propagaUis, voruni cpiscopuni non fuisse, luni pro- ;
pur alias gravissimas causas, tuni quia nimore publico
cl minime diibio ferebalur, Parkcrum nec clcro pnr-
senle , ncc populo, furlini el clanculùm in quàdam
Londinensi labernâ, cui insigne eral CapiU maimuli
(Télé de clinuil) , i\U\uc adeôà ministris vcrà inlcn-
lione carcnlibus undjialili cxM'cmonià oïdinaluni ; quà
de re uborior alibi lutuia quœslio esl, in libro de Sa-
cramenlo ordinis, ubi , Dec danle, oslensuri sunius,
imnierilù faclionem Anglicanam de cbrisliani episco-
palùs propagine gloriari ; id quod nuperrimè erudilà
disserlalione probavit eximius ordinis prœdicalorum
Ihcologus, in lilterariâ republicà nolissinius, reveren-
dus P. Michael Le Quien, Nullité des ordinations an-
glicanes, e\.c, h Paris, 1725.
Probatio III, ex theologicà ratione.
Prinium ex ratione argumenlum sic informatur :
Cîim aciio quà SacrameiUum consecralur, humana sil,
id est , ab lioinine , non inslinclu pecudum, scd qua-
lenùs liomo est , opérante producla , non casu el ré-
méré , scd circumsi)eclè cl modo bumano esi exer-
cenda; alqui aclio bumana non est, qnae niimicè fil
et conlimieliosè, neque ab intenlione seriô agendi pro-
cedit ; qiiis enim sanâ mente dixerit, more bumano
agere sacerdotem qui audilà pœnilenlis conrcssiono,
verba absolutionis cacbirinando protuleril? aul qui
forte prœtercuntem catechumenum aquœ irrigatlone
c feneslià perfuderil , mimicè l'ormam Baplismalis
profcrciido? Nam si polilica civiliaque nogotia dcbent,
ul râla cl valida sint, serio omnique semoto joco ira-
clari, quid de illis aciibus esl diccndum, qui primum
Hi religions locum icnent, cùm ab illis verus Dei cul-
tus , vila spirilualis hominis, et salus aeterna dcpen-
dcal? liane verô piilabiuir Clirislus logislator sa|»ien-
lissimus sacrum minislerium bominibus commisisse,
quasi probandum in cœlis sit , quanlùmlihel impu-
denii et dissoluto joco in terris exerceatur? Sanè qui
ila loquunlur et senliunl, ne intelliguiit quidcm quid
I brisliana religio sit : ergo, elc.
Secundum ;iirort S. Tliomas, 3 part., q. 64, art. 8,
in c: Quod admulla csl indilferens, por alicpiid débet
ad unum delerminari, alioquin incerlam fluctiianleni-
quc naluram babitiinim; alqni ablulio, eliam qnaî
liabol adjuiHtam saïKiissimie iiinitalis inv(>o;ilioneni,
ad lines plurimos puiest indifferenter refeni, niini-
ergo ul SacramenUim verè dicatiir cl sit, per aliquid
à miiii-lro delerminari ; alqni id quo di'*criiiinalur
non aliud esse polcst , quiun inicnlio fac onili (piod
farit Ecdesia , seriô cl in debilis cir« unislanliis per
rilûs sacri obs(.'rvalionem signilicala ; ergo, etc.
Tertium potiturex discrimine quo instrnnienlum vi-
vensac libertiMi, ab inaniniato disccriiilur ; nain istiid
moveliir (piidcm, sci;)Sii n verô, qnijipe iiicrs et olio-
sum, non niovcl ; ilb d verô tum movctiir :ib alio,
quod est commune cujusiibet instnimcnti, tum movct
seipsum, qi;od proprium babet; (jiio fil ul non modo
priiicipalis agciitis iudIu cl apidicalionc, scd el sire
vobmlatis iiiHuxu ad nperandum iiidigeal; svc cnini,
cxenipli causa, calamus ad scribendum solo scribon-
lis influxu applicatur, quia est inslrumcnlum inanimé ;
l'amulus è contrario, quia principiuin vil;c babet, ut
juss.i dnmini nd allorum déférât, non solopraîcipienlis
imperio, scd nul;i propriu', volui.talis movetur. Jam
sic sulsumo : Aiqui niiiiislri Sacramenlorum Doi (pii-
dem el Chrisli sunl iiislrumenla , animala tamen et
libéra ; dcbenl ergo ad Sacramenlorum administralio-
ncm libère seipsos innectere ; al(|iii pnvstare illud
non possuni, nisi (jualenùs verà intenlioiic ducuiitur,
cerloque consilio rilum pcrageiidi quem sciunl pnc-
scriplum esse divinitùs; ergo, elc.
§ .5. Diluuntnr liœreticorum objectiones.
Objeclio. Sacramenla vini onuiom suam roburqne
trabunl à Ciirisli inslituloiis aiielorilale ; rata ergo
validaquc juiit, eliamsi corum pcragendorum mini^l(■r
non babeat intentionem. — Resp. : Concedo antcce-
dens, et nego cnnseq.; quanquàm enim à so'o Deo
pcndcal eflicacia Sacramenlorum, applicalionem la-
men à niiuisliis babeni, l; ni[uàm ai) instnmientis aiii-
inatis el ralione ulcnlibus ; qiiomadmodùm igitur
eliamsi lala à senaloribus judicia robur onme ex icgi-
bus bai)canl, et mutncntur à rcge, à quo sunl ad j!i-
dicandum del('gali,ra!a tamen el valida non pulanliir,
si jîico proliila liieriiil, et sine verà justiliam adiiiinis-
sirandi voluntate; ila nec vera sunl Sacramenla fjue
miiiistrum seriô operaiilem non babeni ; quia ul verè
liujus nomiiiis sinl, tribus necessariô perlici debent,
rébus tanquàm malerià, verbis tanqiunn lormà, et
porsonà minislri agentis cum inlontioiie f.icicndi quod
facit Ecclesia.
Inst. 1° , probando conseq.: Idem débet de Sacra-
mentis ac de verbo Dei esse jiidioium , maxime cùm
in verbo potissimiim Sacramcnta divina ronsistani, di-
ccnle saiiclo Augustino s;vpé laudato : Accedit vahitni
ad elementum, el fit Sacrnmenlum ; nt(\\\\ ut vorbum
Dei, sivcpra'.dicalio Evangeiii siium offeclum obli;ieat,
ab intenrume concionantis nullà ralione dependel ;
tain enim polcst esse ellicax, siveabimpio apertè jo-
cante, sive à minislro prudenler el seriô agonie an-
nuntielur ; orgo à p.ui, etc. — Resp. : Nego majorem
el p:irit;item ; in boc enim ulriusiino, (juidquid ganniant
I.iillier;ini cl i;:ilvii;ist;o, di^crimon magnum olneol,
quod vcrbuin Dei ab bomine concionante non liai, seil
\m a(| corporalcin niunditiem , nd sc^nliatem, ad lu- 1| qualc rcvcia^u:-.} o ,(, sim^'liciun' vcoiieUir; l'D.de i^uy:'-
4471 DE RE SACRAMENTAIUA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE. Ull
vis modo cntiiUietur, objeciivè et ex ipsâ vocum pro- ^ à prcocone denuiitielur ; è conlra verô prsetoris judicio
priclale aninuim aiulientisadasscnsum moverc polest
conlra vcrô Sacranieiitum voluil Detis hoiniiiis nego-
tium cssc, et ab cjiis, iil existai, operalione pondère,
per quam niinuùm foriuani cuni inalerià aplè coinponit,
ctutnmque applicat ad subjecluni; uiidesequilur Sa-
cramenti adminisirationem esse aclioneni luimanam ,
'alqiie adeo prudenlcm eldeliberaiani; quie coiiditi© si
desit, umbra quidem et vana Sacramenli imago fiilura |
est, Sacramcnlum certè non eril; qnod cnim genus
non babet, muliô minus specicm subjectam generi vin-
dicat ; atqui Sacramenli confcclio species quredam
est in génère actiunn bunianorum contenla : ergo^ubi
actus bumanus non est, neque esse potesl administra-
lio Sacramenli. Ilincque palet ad probationem majoris
responsio: ullrù namque concedimus, accedente verbo
ad elomcnlum, fieri Sacramenlinn ; verùm ni unius
ad allcrum accessio fiât, bominis curalio isla est; bo-
minis, inquam, divinam rem, et, si usquàm alibi,
Beriam operantis. Quisquis ergo verâ caret inlcnlione,
et mimicè divinum opus illudit , exprobrat quidem
ipse sibi magnam slulliliam et impietatem; Sacramen-
liioî vcrù nec facit née exiiibet.
Inst. 2° : Tarn Dei minislcr est qui verbum ejus an-
nuntiatquàm qui conficii Sacramenla : uterque enim
fungilur legalione pro Chrislo ; atqui ex conoessis ver-
bum Dei, sive adsit, sive absil inlenlio, pari nibilo-
miniis, quantum in ipso est, virlule et elficaciâ pne-
dicaïur ; ergo idem de Sacramenli adminislratione
dicendum; adeôque stat comparatio intei^ ulrumque
instituta. — Resp. : Distinguo niajorem. Tarn Dei mi-
iiisler est qui rcrbum ejus annuntiat quàm (pii conficii
Sacramenla, gradu generico, coucedo; gradu speci-
fico, ila ut aiqualis ulriusque condilio sil, nego majo-
rem, el, concessà min., nego conseq.
E. R. Verbi pra'dicatio in sacro minislerio gcnc-
ricè continctur, quod negare in!|)iiim fueril ; tam enim
apostolis diclum est : Docele oiniies (jenles, quàm di-
clum est : Bcipiizate; non ila tamen debcnt ba-.c duo
confcrri, quasi iiibil magis in uno quàm in allero rc-
quiratur; nam verbi pra;dicatio, ut pr^edixinuis, in
nicrà ejus promulgalione consistil, quie per se salis,
nullo babito ad concionanlis intentioncm respeclu,
polest audientium animos, divinà aspirante gratià,
conimovere, et ad ciedenduin impellere ; alverô Sa-
cramenlum opus est sacrum, quod voluit Deus in
bominis manu posilum esse, atque adeù graviter, con-
sideralè et mature peragi, quomodô pnecipua iraclari
nogolia in bcnè nioratà republicà soient, ut rata va- i
lidaquc babcanlur ; id quod facile inleliigcrent refor
niatores , si altenderent lanlùm praHlicationem à Sa-
cramcnlorum minislerio discrepare, quantum prœconis
et prcctoris officia differunt : licctenim utcrquc reipu-
blica; sit minislcr, illo quidem ad loges vulgandas, cl
veccnsenda senatusconsulla ; islo ad fercnda el mo-
deianda judicia : longé tamen major in inio quàm in
allcro gravitas diligenliaqne requirilur : nam ut lex ad
civiuin menlciii noliliamiiuc pcrvcniat, cl vini Iiabcat
oi)li!;;(ndi, parùm inlcresl quo alfcctu, (|iià inlcnlione '■^■
nulla inerit firmilas , nisi sanctè, graviter, conside-
ratè et cum verâ inlcnlione feralur, prout oflicii digni-
tas postulat, cl divine bumanoquc jure sancilum est;
innncrilo ilaque in bàc pnedicationis et Sacramento-
rum ministerii comparalione Lutherani et Calvinislae
immoraniur.
Inst. 5" : Non minus tenetur qui verbum Dei an-
nuntiat consullô et cum verâ inlentionc agere, quàm
qui Sacramenla minislrat. Ergo par ulriusque condilio
est ; alque adeô cùm non desinat esse verbum Evan-
gelii,quod sine ullâ inlcnlione profcMlur, nulla causa
est, cur aliter de Sacramenli minislerio sentiamus. —
Resp.:Dislinguoant. Tenetur qui verbum Dei annuntiat,
consultù et cum verâ inlcnlione agere, ut consulat
sibi, et suœ saluti invigilel, concedo; ut verbo Dei ef-
ficaciam imparlialur, nego anl. et conseq.
E. R. Débet quidem qui Evangeiium prœdicat, reve-
renler et cum verâ inlcnlione sni oflicii p.Trtes im-
plere, non impunè, si praitermiserit, tantam Deo con-
lumeliam illaturus ; sed non ideô verbum Dei inefficax
est fulurum, quia non ab bomine, sed à Deo révélante
omnera suam virlutem babet : Verbum menm, inquit
ipse, Isa. o5. H, quod egredietur de ore meo, iwn re-
verletur ad me vacuum, sed faciet qiiœcumque volui, et
prosperabilur in lus ad quœ misi illud ; longé verô dis-
par minislri Sacramentorum ratio est"" Imic enim non
ideù lanlùm necessaria est inlenlio, îTl sancla sanctè
tractando suœ saiutis curani'babeat , verùm etiam ut
sibi commissum negoiium exequalur, et sacramcn-
tali materia; veibum, non merè concionale, ut li;ere-
lici superiùs, quiïsl. 5, c. i, § 2, refulali effulinnl,
sed consccratorium applicet ;. quod qui negant scriù,
prudenler el cum verâ inlcnlione debere fieri, non
ileligionem lanlùm, sed bumanam ipsam socielalem
perturbant, negolia omnium prœcipua ludis bistrio-
nicis ada'quando ; unde non tam viucendi auclori-
laie et ratione, quàm verberibus et carcere compe-
scendi.
Inst. 4°: Ideù necessaria esset aliqua in ministrisSa-
cramentorum inlenlio, quia alioquin nec Sacramenla
quidem dici posscnl ; atqui faisnm consequens ; ergo
et antecedens. Prob. min. Yerè Sacramentum est,
quod suis parlibus ex integro constat ; alqui quanquàm
mimicè el jocularilcr agat minislcr, rJtomque sacrum
j aperlè dcridoat, verè constat suis parlibus Sacramcn-
I lum, materiâ nimirùm et forma : ergo, etc. — Resp.:
Concessà majore, nego min. Ad probationem data ite-
rùm majore, nego pariter minorem ; nego, inquam,
matériau) ibi et formam esse (juie sacramcnlum con-
stituant,quaniue verè dici possint sacramcntalesiquan-
quàm enim in consocialione forniic cum materiâ Sa-
cramenli nalura consistât, non omnis tamen quai fieri
polest utrius(jue conjunctio donari boc nomine di-bel,
sed ea solùin per quam utracjue ad esse sacramentale
deturminalur ; porrù aqu:e infusio, exenqdi causa,
etiam -quam verba evangelica comilantur, non deler-
minalur ad esse sacramentale, nisi per intenlionem
- minislri, seriô et in circumslanliis dcbilis, neque merè
1473
OUvïST. VU. DE MINISTI'.H SACR.VMENTORUM.
ii7t
histrioiiicè aut rcprccscnlativc, sacrum oflicium cxe-
•luciUis : ncino naniquc dixcril, baplizarià milricc in-
fantem, quaiulo cliain cuin snncli^siin;e Triiiilalis
iiivocatioiio, corpus cjus saiiilaiis, aul ahslergondarum
sordium causa, lavât ; ucmo parilcr dixcril, à saccr-
dote panem et viiium consccrari, sicquc Eucharistiam
fieri, qui mcnsai coniniuni assislcns, cl Scripluraiu
de niore Icgens, verba evaiigclica rccilat : Hoc est
corpus menm , elc Qiiorsùin vero ? nisi quia coiulilio
loci, slalùs cl leniporis indicant, cuuï verà inlcnlioiic
carere, alque adeô elementa subjecia, et verba quco
rccilat, Sacramenti hic et nunc nialcriam et formani
esse non posse? Quanlô ergo minus boc dici de bo-
niine nefario polcrit, ritum sacrum aperlè subsan-
nante ludumqtic facicnte ?
Inst. h" : Atqui eiiamsi minister ritum sacrum ma-
nilestô derideat, conslarc nibilominùs suis pariibus
Sacramenlum, rcs est ex bisloricis monumcnlis cer-
lissima ; ergo, elc. Prob. subs. cxemplo petilo ab
bistorii Ecclesia?. Ferlur , ineunte seculo pantomi-
mum quemdam, Genesium nomine, cura christianse
ReUgionis niysteria coràm Diocletiano imperatore, in
ibealro pubUcé luderet, a;grotum se simulasse, ibi-
demqueBaptisma per derisionem sacrilegam peliisse,
sed à Deo repente mutatuin, melioreque susceplo con-
silio , sincero animo baplizatum ; nec mullô post pro
religione quam luserat , niariyrium tolérasse: atqui, in-
quiuiit, Baptismailludratumprobatumque Ecclesia ha-
buitquonon aliud joculareniagisfingi potesl: ergo, elc.
— Resp.: Nego subs. Ad probalionem duplex responsio
est. 1° Data etnon concessà majore, negominor. Quod
cnim in Romano Martyrologio legiiur, 8 kal. septera-
bris, Genesium in ibeatro, spectanle Diocletiano im-
peratore, baplizatum, facli narratio, non approbatio
est ; neque pulavit unquàm Ecclesia, Genesio, ut ad
sanctitalem perlingeret, quidquam ludicram banc et
mimicam lolioncm profuisse, cui plus salis fuit sin-
cera ad Deum conversio, et palma marlyrii pro lide
cjus accepta ; ilaque ctiamsi de veritate historiée nulla
dubitalio foret, indc tamen nihil posset contra calho-
licura dogma inierri. 2" Nego veram banc esse histo-
riam, meramque fabulara redolere, multis momenlis
oslendo.
Primum suggerit scriptorum veterum de re tam
memorabili mira tacilurnilas ;quî enim ficri potuil,ut
ab ineunte quarto seculo, quo temporc Genesius lin-
gitur in theairo bapiizatus, ad nonum usque, quo Ado
Viennensis martyrologium adornavit, nec mininmm
facti hujus in sacris Annalibus vestigium sit relictum ?
dieant qui boc argumento niiunlur, quibus ex scriniis
crula bisloria sit, e'. à tenebris in quibus tanio tem-
porc deliluerat, revocala ad lucem ? Quibus lestibus
vel coœtaneis vcl supparibus conlirmata, et ad Ado-
nem usque perlata? Quod ni faciunt, faicanlur aul ni-
bil aut ccrlè parùm in boc argumento ponderis esse;
quod enim dubium est, non polcst ccrli dogmalis in-
fringere verilatem.
Secundum petitur ex scriptorum rcccnlium in facto
enarrando discrepantiii, quo vol uno lalsilaiib convin-
cJUir. .\do cnimvcro narrai Genesium à cbrisliano sa-
ocrdotc bapti/alum, qncin morbo adsimulato, ut ju-
j cundius spcclaculuin fiercl, in llicalrum vocavcrai.
Surius et alii quos rccensol iJaronius inAnnabbus, ad
amnmi 50:2, aflirmanl Genesium baplizatum ab ailcru
mimo, quem lamcn addunt monitorem angelum ha-
buisse, ut sibi altcndcret, cl rem sacram serio gravi -
lerque pcragercl ; alii deniquc voliuil, ad sacram cav-
remoniani publiçè in liicalro agendam, angelum coo
lilùs boc ipso lempore delegalum, quo cbrislianani
Rcligioncm profani et sacrilcgi auctores ludebanl;
porrô lanlà bàcdivcrsilalc novclli scriplores iccerunt,
ut non uni iiiagis quàm alleri credorclur.
Terlium iiinc ducilur, quod circumslantiis prorsijs
incredibiiibus liccc bisloria sit referla ; quis enim in-
ducal in animum cbrislianum saccrdolem ullrô et co-
getile ncniine, sacrilegis bistrionibus suam opcram
commodalurum, ut eo ipso in loco divinum Sacra-
menlum adminislrarel, ubi scirct, prsesenle Diocloiia-
no, veri Dci cultorum perseculove infensissimo, Rcli-
gioncm adeù conlumeliosè irrideri? Quis pariler sibi
persuadeat, minuim Genesii baplizatorem ab angelo
monilun), ut in ncfando theatri speclaculo, ritum sa-
[ crum piè elseriù faceret; cùm è contrario, si quid
angélus saperet, delerrendus ab boc opère aiicntando
fuisset? Jam vcrô quod aiunt alii Genesium ab angelo
è ca;lo legalo baplizatum, ridiculum prorsùs et absur-
dilalis plénum est; quasi niniirùm angeli ideo siiil ad-
minislralorii spirilus, ut scenicos ludos exerceant, et
faciantbislrioniam? Cùm igilur tam mullis capilibus
nutet de Baplismo Genesii fabula, ruil quod ex illà
petitur argumenlum.
Insl. G" : Quidquid de Genesio sit, aliundc ccrlè
consiat valerc Sacramenla miiuicè data : ergo, elc.
Pr. subs. ex facto quodam percelebri quod à pleris-
que bistoriie Ecclesiîe scripturibus de sanclo Alhana-
sio ab anliquo prodilum est : rem ila narrai Sozomc-
nus, Ilisl. 1. 2, c. 17, cdil. llenrici Valesii, p. 40G :
« Atbanasio adbuc inipuberi islud accidisse fertur :
€ publicum ac solemne festum ingenli pompa quotai>-
t nis célébrant Alexandrini, eo die quo Pctrus ipso-
< rum olim episcopus marlyriuni consummavil ; liunc
< igilur diem ieslum allipiando ccicbrans Aiexander,
< qui tune ipsorum erat episcopus, peractis missa-
i rum solcmnibus, cxspoctabal cos qui unàcumipso
I pransuri erant ; cùmque solus essel, ocuius convLi-
< lit ad mare; ille, visis eniinùs pucris, qui in liilorc
i ludciilcs, episcopi ofliciiun sacros(|ue rilus expri-
< mcbanl, quamdiu quidcm scenam illam absquc pe-
« riculo esse animadverlil, delcclabalur speclaculo,
« nec mcdiocrcn) ex eà re capiebalvoluplalem ; post-
< quàm vciù arcana quoipie niysleria exprimero coc-
« peruul, porlurbalus est ai.imo ; vocalisiiue ad se
c primoribus cicri , pueros oslendit : cùmque eos
i coniprelicnsos adduci jussisset, sciscitatus est ex
< iis, quisnam lusus ipsorum essel, cl quid in eo dice-
« ronl, (]uidvo agcroiil? lili nielu percuisi, iiiilio ([ui-
< dem ncgàrunl ; sed cùm Alcîxandcr qua'slioni insla-
( rcl, confcssi sunt cpi&cupum ac pncsulcni fuisso
4475 DE RE SACRAMENTARIA. —
I ipsis Alhanasium ; et quosdain pueros qui nondùm
< niysleriis iiiLiiali fuisscnl, ab illo esse bapiizalos.
« Hos Alexandcr acciiraiè inlerrogavil, quiduain ipsis
c dixisset fecissclvc ludi iliius episcopus ; et quid ipsi
< rcspondisscnt, quidve edoctiessent; cùmqueomnia
f juxta ordiriem ccclesiaslicimi exacte in illis servala
< deprehendisset, conimunicalo consiiiocuinsacerdo-
I tibus quos circa se habebat, censuit non rebapti-
I zandos esse eos, qui in siniplicitate divinam gratiam
I semcl percipere meruissenl; reliqua verô, quœ à
« solis sacerdolibus Baplismum tradentibus admini-
€ slrari fas est, in illis supplevit. Athanasium porrô
t aliosque pueros qui in eo hidicro presbyterorum aut
I diaconoruni partes egerant, sub dlvino lestinionio
< parentibus ipsorum tradidit, quos ipsos ad Ecclesiae
I ministerium educarent, informarentque ad ea officia
« quae l'ueranl imitati. » Ita Sozonienus, cui consentit
Socrates, Historiae ecclesiasticaî lib. 1, cap. 15, hoc
ipsuni in Rulini libris conimemoralum afûrnians. Jam
sic infornialur argunienlum : Probatuni est Baptisma
ab Athanasio puero et jocante collatnm; ergo, etc.
Ucsp. Nego subsumptum : ad probationem duplex
pariter responsio est. 1° Date et non concesso veram
esse quae de Athanasio narratur historiam, distinguo
anlecedens : probaïuni est Baptisma collatuni ab
Atlianasio jocante, id est, in re serià obleclanientum
capienle, concedo; id est, rilum ipsum Bapiismi illu-
dentc, et mimitè exhibenle, nego ant. et conseq.
E. R. Duobus potest modis accidere, ut quis per
jocum conférât Sacramenla : 1° Ita ut habens intcn-
tioneni ritum sacrum seriôperagendi, in hoc tamen
exercilio oblcclamenlum animi, tanquàm finem ex-
Iriiisecum, sibi proponat; eo ferè modo quo quis sti-
niulo avaritiœ Sacramenta niinistrando, vcrè rem sa-
cram facere vult, reveràque facil, licèt ad finem com-
parand;e pecuniœ suam referai aclionem ; qui quidem
ludus, illicitus licèt, verilatem Sacramenti non impe-
dit, quia sinceram ejus conferendi volunlalem invol-
\il, et est cxirinsccusactioni sacrse. 2" Ita ut Sacra-
nicntum ipsum matcria jocandi sit et objectum ,
quando nimirùm qui ita ludit, rem sacram conficere
prorsùs non vult, sed illudere; quomodô impii satelli-
tes Clirisliim pnrpiirà indutum, non honoris, sed In-
dibrii causa, salutabant diccndo : Ave, ru'xJudœorum;
jlle verô Indus Sacramenti veritatcm penitùs lollil,
quia sacram ipsam actionem inficit et corrnmpit me-
duUilùs.
Jam verô dicimus Athanasium (si vera narratio est)
priori tanlùm modo lusisse, et in re serià oblecla-
nientum animi, tanquàm finem extrinsecum, conqui-
sisse. Licèt enim puer lusisse dicalur, ratione tamen
et devotione animi Indum hune moderatus est, socios
baptizaudo eo ritu quem ab Alcxandro episcopo vide-
rat obsorvari ; adeôque habuit iiitenlionem i'aciendi
quod Ecclesia faciebat ; quod vcl hinccoUigitur, quia
non omncs promiscuè socios, sed solos calechumenos
haplizavit; undè meritô censuit Alexander non rc-
baplizandos esse eos, qui in simpUcilale divinam gra-
tiam scnicl percipere meruissenl; ila(iiK,' lioc cxen)plum
DE SACRAMENTB ÎN GENERE. U70
'* pro Lutheranis cl Calvinislis non facit, qui voiunt vorè
I conlici et valerc Sacramenlum à minislro miuiitè
s ngentc, et Sacramenlum ipsum irridcntr, collatuni.
I Resp. 2" ab erudilis historiam banc sine coiitio-
versià rejici, et pro niero commento baberi, eà pra;-
sertim de causa, quia cohxrere cum Athanasii aia'o
non potest; régente enim Alcxandiinam Eccl(;siaiu
Alexandro juvenilcm ogisse scenani Alhanasius pc'i!;i-
betur : Hune ciim admodiim puer cssct, in(|uit S cra-
ies, loco mox laudato, sacrum quemdam luduw, nua
cum pueris œqualibus lusisse Rufuius narrai... ei adltuc
impuberi, ait Sozomenus, istud accidisse fcrltir ; alqui
episcopatum gerente Alexandro puer Alhanasius esse
jion poleral ; quod sic osiendo lemporum calculum
subducendo.
g De Alexandro enimverô fidem facit saiiclus Iliero-
I nymus in Clironico, qiiôd ad sedem Alcxandiinam aille
I annum 321 eyeclus non luerit ; Alhanasius verô
quarto post anno, hoc est 323, concilio Nicœno l'.ri-
nio, jam ante diaconus coiisecralus, inlerfuit; magiià-
que in tantà homiiuim praîstantissiinorum frequcnlià
floruit opinioiie doctriiia; ; eo enim adjiitore usus est
Alexander ad Arii profligandam impielalem ; imô
qninque vixdùm cvolulls post sacram synodum mcn-
i sibus, ad annum 326, Alexander ex liâc vità quanto-
ciùs migraturus, Atlianasium successorem roliquil,
Divinis, ul equidem arbitrer, jussionibus, inquil|ibidem
Sozomenus, ad eum designandum impulsus : jam quai-
ro qui ficri potuerit, ut in tam brevi quatuor aut quin-
que, ad summum, annorum spalio, puer Inscrit Alha-
nasius, diacoiuis fueiit, inlcr cclebcrrinios hujusaila-
lis ihcologos lionoralissiiuum locum habuerit, et de-
nique thronum Alexandrinum conscendoril? Uxc
sanè quia conciliari non possunt, totam Sozomeni
aliorumque narratioaem falsiialis et niendacii ar-
guunt.
Sed eliamsi contra Chronica Hieronymi, uti aliqui-
bus placuit, dicerctur, Alexandrum anno 315 inivissc
Episcopatum, nihilô fcliciùs conslare cum a;lalc
Athanasii fabula posset; ab anno enim 515 ad 525,
decem, nec plus, anni intcrfluunt ; ilaque deceunio
anlequàm Nica;iiam ad synodum se confeirel, lusil in
; hâc hypolhesi puer Alhanasius, hoc est, necdùin de -•
ciinum aut ad summum duodccimiim :ielalis anmiiii
pra;tergressus ; Icslantur enim [ rafali scri|,loies, id
ei adbuc impuberi et adniodùm puero conligisbc ;
undc sequilur quôd anno aUatis circiler vigesiiuo aut
vigesimo secundo , Nicx'no concilio interfueril, cl
quinto posl mense nobilissimam Orieiilis scdem Ic-
iiuerit, quod veritati cl mori aiiliquo non congruit ;
ilaque Rufino,Socrati, et aliis non est lemcrè crcdcn-
dum, quod contra scriem fidemtiue lemporum, popu
lares seclando minores, enarranl ; coque cerlior re-
sponsio h;ec habcii débet, quôd de Baptismo ab
Analhasio puero, pueris colludcnlibus dalo , iiequc
Severus, nequc alii Orienlisantiqni scriptores menlio-
nem ullam facianl : hiiic enim ceitô colligilur, in
Ale\aii(!riiià E((lesià banc hisioi'iam penitùs ignoralaiii,
alque adcô fali;'ù:i esse.
(JU.EST. MI. DE MINISTRIS SACRAMENTORUM.
U77
liisl. 7'.\JuxlaS. Augnsl. valcllîiiplisnius ab cbrioso
collaUis : Ao» <(HU'o,iii(|iiit tiacl. .'i iii Joaii., t'/»/osum,
f/Kirt Chrislus est qui ta/jt/jat.-alqui in ebriosonulla po-
Icsl csso iiilcnlio, cùm neqiiidoin libéré agal ; ergo, elc
— Rosp. : Adiiiitlo iinctorilalciu, cl coiiccssA majore,
iicgo iiiiiior. Aiiiul ciiiiii cbriiis boino cst,aliu(l cbrio-
sus ; (|uom()do aliud est esse ainalorein,' aliud aiiiaii-
tem : obrium dicinuis queiii aclu vini insania delinet;
ebri()Sum,(iiii pravain babct viiio se ingiirgilandi con-
siicludiiiom ; iiiide potcst qiiis esse ebriiis, qui naliirà
ab b(tc vilio maxime abliorreal; cl coiilra cbriosus
quis esse potest, etiam Uim cùm ni! \iiii guslaverii;in
illo, cùm agil, ncc iiitcnlio est, nec vera liberlas; in
isto iilra(pie roporiliir : de boc vero loquilur saiictus
Aiigusliiius, iil ex ipsO coiiloxtu pâlot, Quos baptizavU
ebriosus, iinpiil ibidem, quos bniHiuivit liomkiUa, quos
baptizuvit aduller; siBaplisnuis Clirislieral, Cliristus ba-
plizavit.
Iiist. 8° : S. Angiislinus in bàc qiiicslione dubius
bitsil : Vbi auteni, inquit, bb. 7 contr. Donal., c. 55,
toluni ludkrè cl mbnic'e et joculariter agerelur , ulriun
approbundus essel Baptisimts qui sic darelur, divinum
judicium per aiicujus revelatiouis oraculum , concordi
ortitioue et iiupensis supplici devolione geinilibus implo-
randuin esse censcrein. Ergo non est cerla sentenlia
quae asserit Bapiismum imjusmodi non valere. —
Rcsp. : Concesso anlecedenle, nego consequcnliam.ct
dico banc sancti docloris hiesilaiionem bscreticis re-
cenlioribus neiiliqiiàm favere. Nam
1° (Qiiod obscrvalioiic digiinm piitamiis) longé dis-
par Angiislini dubitantis causa est, et Lutberanorum
audacler aflirmanlium valere Saeramenla mimicc data;
isti cnim ab uno errorc in alterum priecipiles ruunl ;
quia cùm vclint solà lidc jiisliliam oblineri, quod est
calbolico dogmali nianifesié conlrarium , consequens
est ut Sacramenta nibili pendant, nudaque signa esse
afiirment juslitiie per fidem accepl;e,'omni prorsùs vir-
lule carcnlia, adeôquc nibil intéresse, sive joculariter
et per ludum, sive graviter et cnm verà inlentione
tradanlnr : Angusliiio c contra veritas ipsa, dubitandi
aliquatcnùs occasio fuit ; cùm cnim contra Donalistas
Sacramenta seipsis pliirimùm valere defcnderel, ne-
que nicritis danlium aut accipientiun», sed propriâ
sanctilalc at(iue verilalc constare ; nibil mirum quôd
proposità qu.TStione de Sacramento mimicé dato, ali-
quatcnùs doctor excellentissimus ba^serit, inceriusque
manseril, num csset bujusmndi Sacramcntum proban-
dum,quod, etsi palàm deridcrelur, Sacramcntum ta-
incn proptcr vcrba ad elenientum acccdcnlia vidcri
posset; nndenullus lia;relicis locusrclinquilur de hâc
sancti docloris dubitatione gloriandi : aliud enim est,
ideù negareintenlionisnecessilatem,quia Sacramenta
ipsa velut signa vacua contenuiinilur, quod bu'retici
faciunt; aliud ideù dnbitare num valoant, quando mi-
micé confcrunlur, quia tant;c virlulis esse pulanlur,
ut nequeapertà dcrisione vis eonnn et cfUcacia possc
imminui videatnr.
2* In re sibi nondùm sat cognilà, nccdùmqne ex-
ploralà mijoriun scnlonlià, did>ilaro se doctor bun)il. i
1178
liiiius profitetur ; (piod eximplum est modcsli;tî smgn-
laris : l'tiiun npprob<i}idus essel, inquit, Ihiplistnus
qui sic darelur , diviiiuiu judicium per aiicujus revela-
tionis oraculum , concordi oralionc cl impensis supplici
I di'votioiic ijemitibvs iiiiploraudum esse censcrem ; ita
saiiè ut posl me dicUtrus seiilciilias, ne quid jam cxpto-
rulum el coqnilum ujl'errenl , Inimiliur cxspeclarem ;
quaul'o magis ergo iinnc sine prœjudicio diligenlioris
iiiiiuisiliouis , vcl uiajoris auctorilatis itlud dixisse acci-
pieudus sum? Lutlierani ox adverse conlra omnium
ubique receplam doclrinam, contra auctorilaiem pon-
lifunni, contra Conslanlicnscs et Tridentinos Patres,
à quibus féliciter Auguslini volum impletum est, va-
lere bujusmodi Sacramenta conlcndunt ; quod est in-
gcntis conlidciitiie cl cnmulal;e protervice aigunicn-
tnm.
Iiisl. 9"ullimo : Quam re(]uirunt Catliolici in mini-
stris inlenlioncm, virtualcm ad minus deberc esse
contcndunt ; idcoquc babilnalem vcIut insufficientem
rejiciunt, «piia per illam non lit, utaclussacramenlalis
bunlan^^ sil ; atqui videtur sanctus Thomas senlire
conlrarium ; sic enim loijuilur, ô jjarte , quaist. 64,
art. S,aiZ:Dicendum, inquit, qu'od,licèl ille qui aliud
cogilul , non liubeal actualcm inlenlioncm, liabct lamen
inlenlioncm Itabilualcm qitœ sufjicit ad pcrfeclioncm Sa-
cramenii ; ergo, etc. — Ucsp. : ('onccssà majore, nego
min. Ad probalionem admitlo auctorilaiem, et nego
conséquent. Quam enim bic sanctus doctor babilna-
lem intenlionom appellat, est ip.-issima virlualis,ut ex
verbis sequentibus maniieslum fit : Liccl ille, inquit,
qui aliud cogilal, non liabeat ucluulcm inlenlioncm, Ita-
bet tamcn intenlionem liabiluulem, quœ sufficil ad per-
feclionem Sacramenli : pulà cùm sacet dos accedens ad
baplizandum , inlendil j'acere circa baptizandum quod
facit Ecclcsia ; unde si poslea in ipso excrcilio uclùs,
cogilalio ejus ad alia rapiatur, ex virlute primœ intenlio-
nis perficilur Sacramenlum. Sic porrô S. Tbomas lo-
; quilur pro more sui lemporis; (pio nimirùm Ubus in-
vahieral, ut babilualis (tmiiis inlentio diccrelur, qiuc
aclualisnon essel; proul dudùm observavil cardinalis
Cajelanus in coiumcntario : In responsione od lerlium,
inquit, adverle quod auclor communicans, ul pnlo,in
vocabuliSy communi illius lemporis usui, qui inlenlioncm.
non acluulem, tiabilualem vocubal, dixit lue, inlenlioncm
liabilualem, et slalim subjunxil sensum inlenlum; pulà,
! ciim sacerdos accedens, elc. (l).
(I) Quirrilur ulrùm.sicul inlentio, ila el atlenlio iii
Sicramenlis admini^lrandis necessaria sil. — lîesp.:
Omnes qnidem vohmtariam docont in conliciendo
Sacramento dislraclionom esse poccalum, (jiiia sci.'i-
cet rcverentia Sacranicnlo deiiita allciilionem, qiia:i-
lùm lier! potcsl, cxiiiil. Qiiiu eiiam cdiiinumiler
oxislimanlemn peccare nunlaiiicr qui lali tii lri;riii:ni
inlia ipsani sacralissima^ Kucliarisli;e conteclioiiem
vdliinlai ic irubilgot, o!) laiili liujus sacranicnli excel-
IcMliam ali|n{' dignilalom. in abis aiilcm Sacramcnlis
dnbinm nomnilhs viilolur nlriini pocratiim sil mor-
tale, an non. r.oniminiins la:i on V(Miialc lanlùni pec-
calum ossc arititraiilur, ni^i ali.|ni(l Sacrann-nli! os-
bcnliale omillondi piTicnlnm exist il.
Nerùm <piod ail Sioraniiiili valorem atlinet, ccrlum
oniiiino vidc'.iueum per distraclioneu» l;udi non Doa-
1479 DE RE SACRAMENTORUM. —
Sequitur
Sectio 11. (2"'<-' ''' (/"('lis minislrorum ititentio esse
debeat.
Quid fides cûtliolica doccat de ncccssariâ in Sa-
rrainenlis confereiidis intentioiic, supcriori seclionc
cxposilum , siimilqiie coiilra novos scclnrios dciuon-
slraliiin, ubi absit vera iiilciilio, stare Sacraineiita di-
viiia non possc ; nova nunc exoritur quœsiio, quao non
iidei domeslioos ciim extrancis, sed sccum ipsis Ca-
Iholicos, Ecclesià adhiic silcnlc et lolcranlc, commit-
lit : quuiStio, inquam, est, qii:v,.ct qiialis iiilenlioesse
debeat, nt Sacramenla rite validèque pcrticianlur.
§ 1. Aperilur status quœslioms.
• QuLC qiiidem ut perspicuù intoUigalnr, llieologiac
candidalum ad ea qua; sequunliir aileiUnm volo, enixc-
que efflagilo.
1° Aliud est intenlio faciendi quod facit Ecclesià ;
aliud, faciendi quod intendit Ecclesià. Quod facit Ec-
clesià, est exlcnium ipsum opus quod miuistrorum vi-
carià manu adimplet, in Icgilimà malcii^e cuni forma
conjunclione, etutriusque ad subjcctum idoncà appli-
calione consistcns. Quod inlendit Ecclesià, est hoc
ipsum non ut rem indinorenlem facere, sed ut opus
sacrum à Christo Domino inslitulum , divinàque vir-
lute donalum ad conferendos homini spirituales cffe-
clus. Sic , exempli causa, quando consecralur Bapii-
smus, aliud est quod facit Ecclesià, nimirùm verbi ad
clemêntum, et ulriusque ad subjcctum accessio: aliud
<luod iniundit , scilicet hoc ipsum in ejus qui bapliza-
lur graiiam cousequi, quod de sancto lavacro Aposto-
Sus generaliter pracdicat, dicendo Ephes. 5, 23 : Chri-
alus dilcxii Ecclesiam, et scipsum iradidil pro eâ, ut
illam sanclificarct, mmdans lavacro aquœ in verbo
wiiœ, etc.
2° In inlentione faciendi quod intendit Ecclesià duo
rursùm speclari possunt : \el enim prsecisc intenditur
pv^rfeclioSacramenli, qualenùsritusest sacer, etiamsi
nullus ex illo credalur effeclus seculurns; vcl intendi-
tur rilus sacer , prout spiritualem elTeclum ex divino
inslilulo adjunclum habens; bœc enim duo licèt na-
lurà conjiincia sinl, atque ita se ad invicem liabeant,
(piomodô causa ad effectum ex illà necessariô pro-
lUicntem, possunt tamen propler minislrantis perver-
sam fideni inlentione disjungi ; quod ut exeniplo
probelur, silPelogianus aliquisinsuâseclâ baplizans:
viill ille quidem lîaptismum faccrc ut Sacranientum ,
se- nam sivc concilia, sive SS. Patres, dùm csseniialia
.Sacramentis evolvunt, de atlenlioiie nunquàm sermo-
3iem babeiit. Et verù dislraclio non niagis impedit
<inin actio sacramenlalis, quàm alla aclio quailibct,
sit bumana.
Allamcn quibusdam b;cc rcsponsio lia placel, ut
Exlremam Unctionem excipiendam velint, cà scilicet
ratioiic nixi, quùd ejus forma, ulpole ([uie depreca-
toria esse débet, nulla foret, sicul aba; |)reces qu;e-
cumque, si cum volunlarià dislraclionc jti'ouunliare-
Uir. Alii \erô conlenduiit preces (piibus Sacramciili
formam componilur non opcrari (pialeniis sunt j.re-
ces, sed qualt;niis sunt pars Sacraïuenli, ncc proinde
dislraclione essentialiler viliari posse. l'oslerior scn-
tentia probabilior apparct; prior tamen est tutior
(Edit.)
DE SACRAMENTIS IN GENERE. i486
quia Clirisluni obaudit diccntcm: Emîtes docclc omnes
gentes , baptisantes cos, etc. ; quia tamen negal ori-
ginale peccatum, prorsijs non vull per Bapiisnù
consecrationem deleri; sit paiilerCalvinianusminisler
idem nsurpaiisoflicium ; Diplismum quidem ut Sacra-
nientum inlendit à Cbrislo solenuiiter imperatum ;
Saeramcnti verô ellectun), videlicct gratiie sanciifican-
tis internam infusionem, et cbaracleris in anima ba-
ptizoti inipressioncm non vuU; quia ncc internam
jiistiliam nec cliaraclercm admillit; uterqiic igilur id
quod Eccclesia, ex parle, non ex integro, intrndil.
5° Aliud est, velle scriô facere rilum quem in Ec-
clesià christianâ pro sacro baberi compertum est ;
aliud, velle facere rilum ut sacrum ; primum enim in
aliorum opinione posilimi esl, quam forlè veiul ab-
surdam et ïmpiam rejicitqui Sacramentum niini!>lral;
allerum, ab operanlis même et proprià exislimalionc
dependet : affero exemplum. Manielia'orum velus est
error, aqiiam à principio nialo crcalam, adeôque Bapti-
smumiMaquàconsecralum,noxiumet sacrilegnmessc,
nedùm prodesse quidquain valeat : Baplismiimin aq.ià,
aitsanclus Auguslinus, lib. de Haîresibus,?iî7j(7 cuiquam
perliibent salutis alferre, nonqueniquam corum qiios decl-
piuut , baptizanduni putanl; ponamus modo aliqucm
bujus seclyc bominem vel in casu necessilalis , si sit
manifeslus, vel extra necessilatem, si laleat, ad con-
ferendum Baptisma vocari : poleiit iile equidem seriô
velle lacère rilum , quem benè novit à Clnislianis pro
sancloel religioso iiaberi : sed numquid ideo sa.ctumet
religiosum pulabil? numquid uli sacrum facere volet boc
ipsum, quod velul nefandum cl diabolicum exsecralur ?
4" Ne in voce AVc/cs/rt-'Oiquivocalio sit, admoncmus,
quandù dicilnr miiiislro necessariam esse inientionem
faciendi quod facit Ecclesià, duobus modis boc accipi
posse : 1° lia uldislincla debeat esse intenlio faciendi
quod facit Ecclesià Uomana et calbolica, qu;e sola
una et vera est; 2° ila ut intenlio generalis sufflcial ,
faciendi quod vera facit Ecclesià, q\iaicnnique tandem
esse pulelur : ficri namquc potesl , ul aliquis pseudo-
minislcr Geneva; conslilutus quando baplizat, ila
apud se statuai : Volo facere quod Genevensis Ecclesià
facit, quam solam credo veram esse; quod auleni Ponti-
fnïi facinut , hoc prorsiis uolo.
Jam ul pra-sens qu:cslio propriis limitibus concluda-
tnr, et cerla ab incerlis dislinguantur :
1, Theologorum concors et vera sentenlia est, ad
valorem Sacramenli non requiri , ul minislcr dislinclè
inlendal lioc facere, (juod Uomana et calbolica Eccle-
sià facit ; sed sulTiccre générale propositum faciendi
quod vera facit Ecclesià (1), ubivis tandem genlium
( I ) Iniô verô necesse non est ut mtenlio faciendi quod
facil vera Ecclesià, sit directa et explicita; sed salis est nt
silimplieila elindirecla; ul si minislcr velit facere quod ai)
ipso postulat qui Sacranienlitmsuscipcredesideral:v. g.,
;.icalechumenus in oxlremis posilus Baplisnmm poslu-
■lelab inlidelijipsumqnenomiisi rilum baplizandi nnle-
rialem per lenii)Usedocere(pieat,vakl Baplisnuis ila ab
inlideli coUatus. Nam vobmlarium indirecUnn et im-
plicitum suflicil ut actus aliquis sit liumanus cl m»-
putabilis : porro volunlas, seu intenlio, qux ad aclum
4481
QUiÉST. VII DE MINISTRIS SACRAMENTORUM.
1482
illa sit , aut esse judicio falso crcdaliir : alioqiiiii ciiiin
niitleiida forent in diibimn, iniù irrita doclaranda oin-
iiia Sacraiiienta ab li;i'rclicis etsdiisiiiaticiscon.sccrala;
quia proclive est jiidicaro, non aliud voile insuis (|nos-
I que parlibus, nisi (niod in suà faclione , quam solani
vcM'ani Ecclesiain auluinanl , fieri solcrc novcrunl; at-
(jui Sacranienta in harcsi aut scliisinalc rita cvangc-
lico data probal senipenjne probavit Ecclesia , (|uia
luxM'elici et scbiauialici non sua , sed Eeclesiie iiabeiit
iioiia, nec sua dispensant Sacrainenla, scdChristi, ncc
possunl i)rivalojudicioqiiofalsùcredinit Ecclesiani suis
liiiii)useonlincri,generakMninientioneuicorrnnipcrela-
ciciuli quod t'aiil Eeciesia à Cbristo Domino inslilula,etc.
II. Omnium pariler CMisensio est non recpiiri in
niinistris inlentioncm producendi effeclum Sacranienti,
scd salis esse proposiumi efticax agendi rem ipsam
qu;o dicatm- Sacramenlum; ([UâMpie stalim ac fit,
quidipiid minisler nefarius in coiUrarium cogilet aut
animo volval, suum niliilominiis eifectuni sacra coe-
remonia oblinet; non cnim liabet aqua à voluntate
niinislri, quôd corpus langondo cor abluat, sed à verbe
et virilité Dei; lanniue nccessariô babet, quàni ne-
cessarium est slupani admolo igné comburi, et spatia
aeris , sole lucenle, splendescere : Si (/mis paliatitr fi-
dei defeclum, inquit sanctus Tbomas, 3 p., qu;csl. 64,
ai't. 9, ad 1, circa ipstim Sacnimentum quod exhibet ,
licèl credat , per id quod (HjUur cxleriùs nutlum sequi
interiorein effeclum; non tamcn ignorât qubd Ecclesia
callwlica intmdil per liujusinodi quœ cxleriiis uguutur,
prœbere Sacramenlum ; unde non obstanie infidelitate ,
polesl iulendere fncerc id quod facit Ecclema , licct œsli-
met id nihil esse; cl talis intciitio sufficil ad Sacramenlum.
Ilinc Ecclesia posl Pelagianos rebaplizandum nim-
quàm censuil, quanquàm dclcndi peccati originalis ,
quod indciabanlur, inlcnlionenj non habuissent : Nec
illtid te movcat, inquit S. Auguslinus ad Bonifacium ,
quod quidam non eu fide ad Baptismum percipiendum
parvulos ferunt , ut cjraliàspiritali ad vilam reqenerentur
œternam; non cnim illi propterca non regenerantur, quia
non ab istis liàc intenlione offeruntur : celebrantur enim
per eos necessaria mysteria et vcrba Sacramenlorum ,
sine quibus consecrari parvulus non polcst.
liinc Ltiliieranoruni et Calvinistaruni Daptisma pro
vero babelur , et recdgnoscilur , licèt nec cliaracle-
rem nec inlernam jusliliam veliiit sacra) iotionis esse
cflectum.
liinc sanclissimus Poulifex Pins V, vanuni quorum-
dam in Callià sorujMilmn aposloiicà aiiclorilalc com-
pescuit, qui pulabant sallem sub forma condilionali
lirmanum sufficicns est, pariler ad Sacramenlorum
Mtlitiilalem suflicit ; ergo...
Allainen, ail Sylvius, in 3 p., q. CI, arl. 8, Si qiiis ',
nollel fdccre quod Ecclesia Homaua facit , cliniisi essel
vera CJiristi Ecclesia et seqncrctur Cliristi i)islilulioneni,
Sacravientum non subsisleret , quia rcverù no)i liaberet
intentioiiem faciendi (juod CItristus iiistituit , ne inijiii-
cilain (piidom : p{U'rô neccsse est ut Inec inienlio sal-
lem implicite baliealur, id est, qua'oumqiie landcnn
sil minislri inienlio, neccsse est ut rcsnivalur, sallem
indireclè, in inlentioiiem faciendi (|uod lui! à <'.brislo
in>liluluni. (t^dil.)
TH. XX,
• esse rebaplizandos, redenntesàparle Calvini, côquôd
baplizaii non viderontur in remissionem peccaloriim ,
quam |»r;efrarlè ncgabal (^alvinus; ([iiam deinceps Ro-
mani Ponlilicis consli'/ulionem concilia Gallicaua am-
plexa snnl, inter qu;c conc. Ebroiccnse ann. 157G,
Rliemc^isc cl Turonense VÔHZ ; Aquense irj8'>;To-
losanum 1590; unum juvat allcgare Rotbomagi babi-
tum , anno laSl , tilulo de Sacramcnlis, (aj». 2, sic
slalucns :« .\ntea in plerisqne noslrarum ditrccsumlo-
« cis baplizaii ab barelicis, praîserlim à Calvinislis, re-
« deunles ad Ecclesiani calbolicam, ilcrùm lingeban-
i tur iiàc sub.vcrboruni forma : Si non es baplizatus,
i ego te baptizo ; quia dubilabant nonniilli de valore
i Daplismi ab bujusmodi lutrclicis collali, cô quod non
< baberentinlcnlionembaplizandiin remissionem pec-
« calorum; verùni quoniàmilla formida baplizandi sub
< condilionefuitinlroductapropter Daplismata occulla
c et de quibus non apparebat , nec uni nndicri s>cu
< alleri ]nivalim baptizanli credi debeat , contra verè
« constabat Calvinislas in piiblico cœlu bapiizare in
« forma verborum et maierià à Cbristo inslitutà, nec
< de boc facto ambigi poierat , velamus ablutionem
« repeti cum quibuscumque verbis... ne de anabapli-
« snio redarguannu'. >
111. Nec niinîis onniium judicio certum esl , reqniri
sallem inlentioncm celebrandi rilum qui in Ecclesia
cbrislianâ sacer et religiosus babelur : haec enim ip-
sissima inienlio est faciendi quod facit Ecclesia , cu-
jus necessitatem, sectione prima contra bcerelicos ,
vindicavimus.
In bis nulla tbeologorura dissensio est : tota ita-
que difficultas in boc voivilur, utrùm prceler pro-
posilum celebrandi rilum , quem Ecclesia ul san-
ctum et divinum fréquentai , requiratur inienlio
faciendi rilum nt sacrum , ul divinum , ut Sacra-
nicntum ; ila ul, si minister id omne seriô volens fa-
cere, et reverà faciens, quod Ecclesia agere consuevit,
intùs apud se sic décernât : Nolo facere hune ritum ut
sacrum , nolo esse Sacramenlum , boc ipso opus onnie
quod agit, irrilum nullumi[ue sit, atque adeù debeat,
si fuerit cogiiitum, ilerari?
lia sanè plerique volunt, quibus non salis videtur
ad Socramenli pcrieclionem inienlio externi opcris
faciendi, quale in Ecclesia sacrum et religiosum ba-
belur; nisi insuper accédai vera et sincera inienlio fa-
ciendi illud ul sacrum ; iique dicunlur pro interna
intenlione pugnarc; in contrariuni alii , nec minoris ,
utquidenj putamus, auclorilalis , senliunl, tantam di-
vinitùs allribulam ellicaciam Sacramcnlis, ul lioc ipso
plena inlegraque consistant, quo miiiisler scrio inlen-
dit peragere et reverà paragit rilum à Cbristo pr;e-
scriplum et in Ecclesia frequcntaluni ; eliamsi con-
irariam inliis gcral voluntalem , nolilque sacrmn esso
(juod facit; illi verù dicunlur slare pro intenlione oxier-
nà;exlernà, inquam, nonialione principii, (|uod cinu
si ipsa volunlas, inliis in iiominenoncsse non polesl;
sed ralionc objccli,quod lotum in propaiuloest, cxle-
riîisquecomplelur:apirtàetexplicalàqua!Slionc (I), sit
(I) Non .salis accuraiè auciorqu:eslionis staïuni exi)o-
47
4485
DE KE SACRAMENTARIA.
DE SACKAMENTIS IN GENERE.
UU
§ 2. Ostenditur ad valorem Sacranienti sufficere inten-
tionetnserib peragendi exlerni ritùs.
PrOBATIO prima, ex DIVINIS LlTTERIS.
I, Sententiam hanc viilenliir adsirucre leslimonia
nerevideUir. Ilaqueoper«protiiimesHiticlpriT>stemus.
Riliis sacraiiieiitalis speclari polest iiiau-rialiier vel
foriiialiter : malerialitorquidein, si considereUir iil res
merè naliiralisel profana, qiialis lleri possel si nec à
Chiislo iiisiiliila, nec in Kcclosià lorct iisnrpaia; for-
maliler verô, si speclelur (iiiatcnùs ad religionem per-
llnel. Rursùs qni riUun liuiic formaliler considérât ,
illuni apprehendorc polest vel tanquàm rituni (|uein
ipse qnidem deridet , sed qui veliil sacer in Ecelesià
frt;qiieiitanir , Vil tanquàm rituni qncm ipsc sacrum
putat , ^ïiïjanquàm rituni queni ipse , non sacrum
dnnlaxal , sed etiam gralia; produclivum exisliniat.
llis ila expositis, ad duas classes rediicuniur om-
nes tlieologorum eâ de re opiniones. Prima ciassis eo-
rum est, qui dicunt ad Sacramenlorum validilalem
sufiieere ut minister halieat inlcnlionem faoiendi ri-
tuni matcrialiler spectatum, quamvis ilium iiilùs irri-
deat et simulatè tanlùni exerceat, v. g., intra se re-
volvcndo : INolo faccre quod facit Ecclesia, sed rem
merè prolanain, modo lamen exleriùs seriô agat.
Ha'C aulem inteutio vocatur exlerna, sive, ut vulgô
aiunt, ex eo quôd ipsius oltjectuui sit solus ritus exter-
nus et niaierialis, sive potiùs, juxta quod supra no-
tavimus, ex eo quôd appareat ritum formaliter ap-
preheudere, ob seriam ministri agendi rationem,
unde et apparens nuncupari posset.
IHius sententiic auctor comnumiter dicitur Ambro-
sius Catharinus, ex ordine Prx'dicatorum, « Qui pri-
t mùm, ait Collet, cap. "2, art. 1, sect. 2, punct. 3.
i n. 2, ut tlieologus, dein verô ut episcopus Minorcn-
< sis interfuit synodo Tridenlinai, acdl;nmmadarclli-
« episcopales Campana; Ecclesi;io infulas assumptus
f est à Julio ni; ita quoque Alphousus Salmeron è
« socielate Jesu, pontificius in eàdem Tridentinâ sy-
f noilo iheologus ; ità et Vincentius Contcnson, Ga-
i spar Juenin , ad quos novissimè accessit Gatliarini
f vindex Hyacintluis Scrrius è familià S. Dominici.
€ Non aliam porrô fuisse Calharinl et Salmeronis
f mentem, quàm qure modo expressa est, solide cou-
f Ira Turnelium probat Lamberlus Gaud , in Avenio-
« nensi academià doclor aggregatus , et ipse ex or-
t dine Prvdicatortmi.
c Porrô nec ipsi inter seconsentiunl exlerncc hujus in-
f tentionisdefonsores. Alii cuimcam sufiieere credunt
< proBaptismo.quiaBaplismusiudlumiiiministro cba-
« racteremexigit ; non aulem pro caueris Sacrami>nlis.
€ Alii eam valerepulanl proSacramentisquaîhabcntiii
« forma actuniexercilum,seuper(iuorumformamexpri-
« milur aclumSacramtntalem à ministro exercer! ; unde
« sequitur exl(>rnam inlenliouein iu c iteris (|uidem Sa-
« cramentis sufiieere non lamen in Eucliarislià; quia
t verba isla Hoc al corpus tneum,uu\\Mu prorsùs cx-
»• primuut actiouem ministri ; secùs de islis : Etjo le
i bnplizo ; te confirmo, cic. Alii exlernam intcntio-
« nem in iis sufiieere volunt Sacramentis, in quibiis
i homo est tantùm agens iiislrumentale,nt)n in iis in
« quibus est principale agens; uude bujus opinionis
« defensores matrimonium sine interna inteutioue
c validum esse negant ; caUera verô Sacramenta abs-
« que eâdem valere opinantur. Alii demùm exter-
t nam inlentionem geueraiim et pro quibuslibet Sa-
€ cramentis sufiieere putant; sed et iii duas in parles
t sciuduutur : Quidam nimirùm extcrnam et seriam
« intcntionem nbilibet ad confectionem Sacrameuti
€ salis esse conlendunt ; quidam id pricfractè negaril,
« et senliunt nduistrum, nisi vel in loco sacro prai-
I sens sil, vel ad Sacranienti confectionem l'uerit in-
« vilalus, niliil operari, eo fermé modo quo judex
( rataui sententiam eiiam contra mentaiem intentio-
Scripturarum, quibus capite prncccdenli contra Dona-
listas probatum est, miuistrorum improbitalem quan-
î nem profert, si sodeat pro tribunali ; secùs, si
I loqnatnr è loco ubi judicis persoiiam gerere intidli-
f gatui'; ita Juetiin , Serry, aliicpie rccenliores non
( pauci. > Ratio est quia, ut ait Jueiiiu, diss. i de
Sacram., q. 5, cap. 2, art. 5, § 1, « ritus exteruus,
d ex soipso ad rem sacram indillcrens, deterniinalur
i ad esse sacrameulale ex loco in quo celebralur, ex
« eorum pelilione quibus applicalui', aul ex aliis cir-
« cumstanliis. j idem ferè babel Serry, cap. 14, dis-
sert. d(; niinislri Intentione.
Secunda ciassis est eorum qui conlendunt non suf-
ficere intcntionem exlernam ni supra cxpo^ilam, sed
l'Cipiiri ut minislcr babeat inleiilionem facientli li-
lum formaliler spcclatum. til liicc inlenlio vocaliir
interna, sive ex eo quôd bujus objcctinn solà nicnie
concipialur, seu inlellcctuaie sit, sive quôd non in
speciem tanlùm et exti'riiis, sed realiler el inlciiùs
ritum formaliler apprebendat, unde dici posset vcra
et realis, ni jam supra moniiimus. lia nia\ima pais
ibeologorum ; sed et ii non eodem sensu banc sen-
tentiam del'enderunt. Enimverô alii existimànmt re-
quiri intenlionem explicita.» faciendi riluin sacrauien-
talem qualenùs est graliai iiroduclivus. Jta Scolus el
Gabriel, imô verô quidam, de quibus locpiilur syno-
dns Ebroicensis an. 1570, eô usipie progressi snnt ut
dubilarenl aniion requirerelur intenlio explicita juo-
duceudi hune vel illuni in specie Sacramenli eireclum,
V. g., characterem in Rapiismo. Sed illte opiniones
nunc ut falsai rejiciuniur; et merilô qnidem ; nam
Ecclesia validum babuit Baplismum à Pelagianis
exliibilum, licèt noxam originalem dduere non iiiten-
derent, ntpole quant non admillebam. Item validum
babetur Baplisma coll.ilum à paganis et Judaiis, qui
illud ut pravam supersiitionem deteslantur. Quin
etiam Sacramenli validitas minime Lederelur, si mi-
nister, essenliales ritus debilè (d)servaiis, illosque
facere inleddens qualenùs iu Ecclesia sacri et reli-
giosi babentur, intra se diceret : Nolo graliam pro-
ducere. Nam Sacrameutoriiin virliis el efficacia, non
ex privatâ minislii intentione oritiir, sed à Cbrislo
S.icrainenloriim institulore ; ergo, ubi quidipiid ad
ipsorum essenliam pertinet rite positum liiil, ministri
volunlas eorum efl'eclum impedire aul relardare non
polest. Kl cerlè Sacramenta agunt necessnriô, agcn-
tiuni naturalium instar; proiiide qni ritum dcbiiè
exsequens et intenlionem quam iiiodô dicemus sulli-
cienlem liabeiis , efl'eclum snspendere vellet, similis
esset Iioniini qni, ignem stupa; admovens, diceret :
lllam combuiere non inlendo.
Alii docaicruut re(|uiri iiiteiiliononi faciendi ritum,
non (piidciii qualenùs esl gratine prodncliviis, sed
(piatciiùs esl sacer, id esl, re(piiri ut mini-ter il!um
facere iniendat, qualenùs ipse sacrum existimal. Ve-
n'im h;ec cliain opinio pariler falsa esl, ni eadt;m ra-
tio demunsirat ; Ecclesia eiiiiii admillil Baplismum ab
lis collainm, qni liltim vclut profanum in se et su-
perslitiusum liabenl.
Alii demùm conleudunl, requiri cl sulTcere int n-
tioiiem faciendi ritum qualenùs in socielale Clirislia-
iiorum frc(pniil.ilur, seu ut sacrum in Ecc csià Dei
babilum, <pia;cuni(pie illa sit. Kl lia;c inuilô commii-
nior fuit bactenùs inlcrna; inlenlioiiis defensorum
opiiiio.
Igitur, omissis opinionibus qu;ie aul paiicissimos
nunc, aul eliam millos, patronos hibent, eô reduci-
liir controversia, utrùm sullicial inlenlio faci(;ndi ri-
lum sacramcnlalem, maieiialiler tanitimmodô spccla-
tum, modo exleriîis seriô, et iirav-ertiiu cum solilis
circumslaiiliis, ponatnr, an verô recpiiralur iiitenlio
illuni faciendi formaliler ut ritum Kcclesia% id est,
(juateirùs usiirpatnr in Kcclcsià, seu, (piod in idem
reeidit, ut supra nolavimus, utrùm sullicial inlenlio
duiitaxat exlerna el apparens faciendi riium formait-
U8d QU^ST. Vil. DE MIMS
tnmlibel niliil verilali Sacramenloruin noccre jiosse :
Ilic est (jui baplizat in Spirilu sancto , ait Joaiiiios
Baplisla de Chrislo loqucns , Joan. 1 , 53 ; Sic nos exi-
sliiuel Itomo, iiKjuil Apostolus, 1 Cor. A, i,ut winislros
Chrisli , et dispcusalorcs nnjstcnoruni Dti... i'nusijuis-
qne vcstrihn dicit, cap. i , 12; Ego (juidem sum Puuli ,
ego aulem Apollo, ego verb Ccpliœ, ego aulem Chrisli :
divisus est Cliristus? Numquid Paulus crucifixus cstpro
vobis ? (tut in uomiue Pauli baplizati estis...? cap. 3, i:
qnid igilnr est Apollo? quid verb Paulus? niinislri cjus
eui eredidistis... ego ptaiitavi , Apollo rigavit , sed fJeus
incrementum dédit; itaque nequc qui plantât estaliquid,
ueque quirigat, sed qui incrementum dut Deus. iliiic
eniin sic enasciliir argumciitiim : Solus Deiis in cele-
bralioiic niysieriorum gratiain opcraliip , nec ;ilia!
siinl iioiuiiuiiii adiiiiiiistianliiini parles, qiiàiii illiid
cxteiiùs execpii quod est diviiiilîis iinpcralum, forniam
niinirùm mateii*, et ulrarnipie subjeeto deliberalè et
sei'iô applicaiido. Ergo quaiitùmvis secum ipso pu-
gnaiis miiiislcr conlrariain iiilùs gérai volunlalem ,
dummodùcxUMiùs id (piod est iniperatuiii adiiupleal,
compiiîalur quideni ille cuin diabolo, sed non conti-
niiù doiium Cliristiconlaminalur, Quia, inquil sanctus
Aiigusliiiiis srepè laudaliis, Sncramenlo suo divina vir-
lus assislit ; aliocpiiii cnim qiioinodôvcrum eril dicere,
iieqiie qui piaulât esse aliquid, neqiie qui rigat, sed
à solo Deo incremeiitiun dari , si ab hàc iiilenlionis
recliludiiic vis et efiicacia Sacramenli necessariù pen-
dcat? Quomodô solus Cbrislus est qui baplizat, si
etiam tuni cùm oninia quie à Ciirislo pra^scripta suiit
inipleiilur extcriùs, idtô Baplisinus non (it, quia non
vult minister nefarius fieri.
Adversarioriun cxceptio refutalnr
Nequc est quôd reponatm-, l'oc in casu hominem ,
Sacramenli minisinun dici non posse : luijus enim
rei , inquiet aliquis , non Cst minister quam reverà
non vult conficere ; atqiii suam inlcriùs coliibendo
inlenlionem, suoque opcri reluclaudo, reverà Sacra-
mentum adminislrare non vult; ergo Sacramenli mi-
nister dici non potcst. Resp. nierum liunc ineptuni-
que caviilum e^sc; nego ilaque minorem assunqjlam,
cl dico illud improbi ministri consilium, insanum
esse voluiitatis secum ipsà pugnanlis deliramentum,
inanemque et inefficacem velleilalem ; vult enim, ut
suppoiiilur, ritnm sacramenlalem prudenler et omni
aniolo joco adminislrare ; vult gcrcrc se exleriùs
lanquàm Cin-isli et Ecclesia) minislrum, et reverà
secutidiim voluiilalis proposilum opcralur ; inlerim
verô dum sciens et volens rilum Sacramenli exeqiii-
lor ut in Ecclesiâ usiirpalum, an auliMii ilii inleiilio
rcalis cl interna esse dcbeat. l'rimam j-enlenliari de-
Icn lit Dronin, licèt in plmibns iocis concedinc vi
dcaUir nocessariam esse inlenlionem fi'cirndi rilnm
ni esl Kcclesi.e , cosqne lanlinn inipugiiire, qui do-
cenl requiri insuper ut minislor rilnm inlendat ut in
se sacrum. Secundam vero plori(ine iiunc llieologi
tnenlnr, et meritù plané ut nobis apparcl. Vide oà
de re Appendicèm ad calcrm irai lalùs in qnà cinn
onuies aneldris noslri rationes suflicienler diliianlnr,
nnllas jam annolaliones anncctenms ils qua; de bàc
ni;ilerià lusè disputai. (lidit.)
n\lS SACRAMENTORUM.
1486
lur, rchiclalur inleriiis, neque vult agcrc lanquàm
Chrisli cl Kcclcsiuî minister : quod idem est, ac si
(juis ignem sinp.u vcrè admoverc vellet cl admoverct;
inlùs vero sic diccret : Nolo ut ignis comburat slupani ;
aul si agricolafrnmenlinn terr;e mandare proponens,
et reverà lemporc cotnmodo seminans, inlra se dicc-
ret: ISolo esse hoc semen fructiferuni, quod summâ
accuratione terrœ committo ; quemadmodnm ila(|ue
qui sic statuèrent aniino, non impedirenl qnominùs
ignis sliq)ain adnrerel, aul semen essel frucluosnm ;
qnia, posiià causa necessarià, pariler est neccssarium
secpii efleclun) : ila nec minister improbiis polerit
irrilum reddere Sacramentum ; lam enim divinà in-
siiluiionc necessarium est ex«rilu sacro orudenter et
seriù celebralo, sequi Sacramentum ct'^^ cum Sa-
cramenlo ex Dei insliliiendi volunlalecoimcxa, quàm
secundùm naturte leges est necessarium, ex applica-
tione ignis ad stupain sequi slupa; incendium^ et ex
grani scminalione frinncnlum.
Al , inqnics, libère agit minister : Sacramentum
ergo làcit si vult, si non vull non facil. llesp. : Con-
j cedo tolum : libéré agit niinisier , benè est ; Sacra-
mentum facil, si vull, si non vult non facit : quishoc
negat ? Sed numquid ideô non facere est diccndus,
quia ftîciendo facere non vull? Quasi niniirùm si quis
dical : Libère loquilitr liomo ; ergo si vull loqnilur, si
non vult non loqnilur ; atque adeb etiam tum ciun volens
sonos edit arliculalos., ficri polerit ut hoc ipso tempore,
si nolnerit , non loquatur; quod cùm absurdissimmn
sil, iiariter ineplè negatur reverà lieri Sarr.imA»»""^
quando seriù cl e-m ^™...- vora débita ritus ejus fo-
ricjo^i/ieiur ; eliamsi malus minister, scipsum ad im-
pietalem et insaniam exercendo , inlùs dical : Nolo
facere Sacramentum ; quia unius cum altcro necessa-
rià, ex divinà inslilulione, con.junclio est.
pROB.vTio II, ex Unis contra Donalistas judiciis.
II. Altcrum illudque eflicacissimum argumenlnm
petilur ex damnalione Donaslislarum : volebanl ilii,
talia esse Sacramenta, quales sunt à quibus sumuntur ;
dantium conscienliam attendi debere, qiiœ accipientium
ablual ; unde inferebant, haeresi, schismale et impie-
laie qnàlibet minislranlium pollui et irrita fieri ; in
conlrarium ab Ecclcsià delinitmn, m negolio Sacra-
mentorum non esse considerandum, quis det, habeat ,
ant accipial ; sed qnid dctnr, hubealur^ accipiatur: Sa-
cramenta per seipsa attendi debere verbis cangelicis
consecrata, non adjunclù perversitate sive aciipienlhini,
sive tradentiuni ; ad mysteriornm integrilatem nihil in-
i leresse, quœ sit fides minislrorum, quœ bonilas vel ma-
i lilia : non nterilis danliuni consture vel accipieniiunij
sed proprià sanctitatc, quœ cujusquam sccleribus pollui
non potest, nec utlius perversildie perverti ; lucc enini
el ploraqno liiijusniodi majorum effala apnd sanctum
Auguslinnm in libris cunlra Donalistas passim oc-
currunt.
Jam sic prosccpior argiiincnlnm :
Al(jni inicrior niinislri aiu'ciio per quam, hoc ipso
lemporc qnidquid esl à Chrislo pra'scriplum, volens
I cl caulus loris adimplens, suo operi inlùs refraj-alur.
Î.J87 DE RE SACRAMENTORUM. —
iiequc viill cssc sacrum quod agit, qiioûdam flagilii et
pcivcrsilalis species est; crgo qiio derrclo saucitiiiu
est, ciijusqiiain sceleribiis pollui S.icrainciita non
.posse, videtiir pariter coiislituluni, eoruni valori nihil
ofOccre inlcniam liane voltinlalis piigiiantiam.
Prœcludilur adversarionun elfiujiimi.
Ciijiisquidom argnmonli viin (luà possiiil ralioiie
jiifringere advcrsarii non apparet : nisi loilè dicant ,
Jia;c Ecclesiac docrela ad piMoscnleai conliovcrsiani
^il faccre, quia impiobitas, quani adversùs Donalistas
definitum est Sac ranicnlorniu virluli nocere non
posse, cxtranca estSacranienlis, puta adiiltciii, l'urli,
honiicidii, aliorunupie id genus (lagilioruni obslinala
\olunlas quuî cùm Sacramentum in se non attingat,
non polcst inilnin facero ; è conlra verô, inquiet ali-
quis, niinislri \nalilia quà inlîis in corde sacrum esse
non Yull, quod ^clut sacrum foris exercct , ad Sacra-
mcntumipsum perliiigil; undeseqnitur quôd subslan-
liam ejus inficial, totamque medullani cnnuniiiat.
Contra cniui est, 1" (piôd illa du|)licis pcrveisilatis
dislinclio à nienlc sanctorum Palruni sil penilùs
aliéna ; generalilur enim millàque facià exceptione
pronunliani, non posse Sacramenla cujusquam sccle-
ribus polhii, nec ulliuspervcrsilate perverti ; ad illo-
rum inlegritatem nihil intéresse, (pui: sil ministrornin
tonitas vel maliiia : Sacramenla se ipsis esse coiisi-
deranda, quia rilu cvangclico consecrata , constant
proprià sanctitalc, non meriiis danliuin vd accipien-
tium ; atqui si vera foret quam impugnamus doclrina,
g^„„._i-.<.... u^.n,]\c\ à Palrib'.is, cuni specie verilalis
non posscnl : aliquo enim sc.;i^.«, i , i,f\(. hvpolhesi,
Sacramenla pcrverlerevilur ; ad ilJorurn inte3ru..ioi«
niinistrorum probllas altcndi dobcrel, quia consla-
rent aliquaicnùs meriiis danlinm cl non solù proprià
sanctitate ; crgo, etc. 2' Sub communi nomine im-
probilalis ipsa iiilidelitas conlinelur : improbus enim
est quisquis Deo revelanti non assentilur ; iiinc deli-
nituni à Palribus, non modo morum iniprobilale Sa-
cramenla non pollui, sed neque inlideliiate quantàli-
bet ; porrô non unius modi minislrorum infidelilas
inlelîigilur ; aliquandoenin» Sacramentum nullà ra-
lione allingil ; quoniodù si quis cœteris dogmatibus
acquiesccns, in boc uno à fide deviet, quôd negel
ignis purgalorii verltaiem : aliquando verô poiesl ali-
quis esse infidelis, non ipsum quidem Sacramentum,
sed cirectum Sacramenli inficiando ; quales sunt
Liitberani et CalvinisU«, qui clsi Baplisnuun Sacra-
mentum evangelicum esse profileanlur, noluiit tamen
ab iilo charactcrem , et inlcrnam graiiai infusionem
niauare, quia ulrumquc l'ejiciunt , vclut fidri cliri-
stianaî conlrarium; rursùm polcst inli hilitasin tanlum
esse pruvecla , ut non modo eîîeclus Sacrameiili, sed
cl Sacramcnlum ipsum cl rilns sacer negctur; to-
luniquc illiid quod foris peragilur, vclut sacrilegum
nul superstiliosum inleriùs ridcatur; qualis sanè est
•ludieorum , Gentilium , et alboorum pervcrsilas:
cùm ilaquc gcncralitor sit à Palribus dcrmitum, quan-
talibçt minislrorum im.probilalc, iufidelilale quaulà-
libct irritari Sacramenla divina non posse ; fatendum
DE SACRÂMENTIS IN GENERE. 14 8S
ex eorum mente verilali mysleriorum spccialem banc
infidclilalem non nocere, quà quis inleriùs non viilt
rem faccre uli sa( ram , quia sacram esse non crédit.
Quod enim aiunl, cum speciali bâc iniidelilale starc
veram voluntalcm rilum implendi ul sacrun), ineplum
|)lanè est cl absurdmn ; nunquàm enim conlingct , ut
id vciil ministcr quod ipsum vcllc répugnai ; atqui
quamdiù iucrcdulilalis ia(|iuùs imj)licatus rilum ali-
quem velul sacrilegum corde respuil, répugnât ul sa-
crum velit esse cl sanclum : quomodô enim, aniabo,
Manichaîus aquam fœlum diaijoli rcputans , velle po-
teiil in a(|u;e Baplismo rilum religiosum implere?
Kfpiiilem id velle facere, animo sinudalo , audebil,
revcràque exlcriùs faciet, quod scit in Ecclesiâ san-
clum liaberi : non erit lamen , iniô nec poteril adeô
sibi esse conlrarius, ut velit ipse rem esse sacram,
quam velul sacrilegani ai.iuio deteslalur. Quomodù
pariler Judicus, ad conferendum Baptisnunn in neces-
siiale vocalus, inlendcre poteril, rilum sacrum facere,
qui Baptismum nefandam esse super.^tilionem existi-
niat , nedùm rei sacne symbolum putet ? Quomodô
volet inleriùs Cbrisli cl Ecclesiie iulenlioni suam ipse
accon-modare , qui Ecclcsiam crédit esse synagogam
imi)ielalis, et cui Ciiristus scandalum est? Quod aulem
de Manicluco et Jud.vo dictnm , de pagauo et allieo
proclive est inlelligere : paganus enim in aquâ agno-
scil quidem virlulem langendi corpus , cor ablucndi
nullam agnoscil; deinde viro genlili cl vanis religio-
liibus occupalo myslerium crucis slidiiiia est : Prœ-
dicamus Christum crucifixion, inquit Aposlolus, \ Cor.
1, 23, Judœis (ju'ulem scandalum, (jentilibus autcm
slulliliam; de alheo verô quis inducal in aniinum ,
pi>sse liaiicic iiiienlionein rilùs sacri et divini adnii-
II nislrandi, qui nihil sacrum agnoscil, qui vivil sine
Deo, sine Chrislo , qui dicit in corde suo : JSon est
Deus; ergo, etc.
Prob.vtio 111, ex perpeiuo Ecclesiâ' sensu.
m. Deinde, si exislimàssel Ecclesiâ, necessariô iii
hiiiiislris inlcrnam de quâ agimus inlentionem requiri,
suam eâ de re mentem, daià occasionc aporuissct; et
verô sx\)è occasio incidit, (piaiido nimirùm de Sa-
cramentorum valorc (pi:csilum est. Sic enim irrita
sa'piùs declarala , quùc matcrià cl forma Icgilimà ca-
ruissent ; irrilp dicta , qnie ab bominibus vino captis,
aul ciiergumenis, ;'.nt mimicè administrata conslaret :
dubia denniiliala, alqiie adeô ileralioni obiioxia, quo-
rum verilatcm leslcs legilimi non probarcnt : suspecta
pariler habita qna; ab buM'eticis de Trinilale perpe-
ram scnlientibus conferrcnttir, quôd periculum esset
ne formam ipsam adullerarenl; atqui in taniâ quai-
slioiium varietalo, nunquàm à Palribus Icgimus con-
quisilnm ulrùm nànislcr qui rilum cxlcrnum seriô
adminislràsset , inlcrnum et secrelius rilùs sacri fa-
ciendi proposilum babuisscl? Quorsùm verô? insi (juia
erat inajoribus persuasum, validumcsseSacramciituni
à minislro scriô agenle, lotumque ritum exleriùs im-'
plenle consecratum? ergo, etc.
Occiuritur adversariis.
Noc est quôd dicalnr,
\m
QU.EST. vu. DE MINMSTRIS SACRAMF.NTORUM.
1490
1° Idcô ;i Patribns qnacsiioncin liane pra-lcrmissam, '^,
quia casus rarissinuis csl ; qiKC aulom raro c<»nliiigiiiit,
non scciis ac si nunquàm cvciiirciit ncgiigi soleiil.
2° Ideô nunquàm qua'situni (|uicl nlini^tl■i Sacra-
nicntornm intiis in corde proposiluin liahnissiMit, quia
Ei'clesia de occullis non judical, ol juro |)rasuniil :||
facienti cxleriùs qnod ipsa l'acit, inlcriiam non di'csso
riluni tanquàin sacrum iiiiplendi iiileiilioncMi.
Quanlùm euim ad primum, nodùm fatcauiur casum
liuno i>se in aliorum comparalione rarissimum , c
conlra contendinius longé esse frequonliorcni ; nam
quùd baplizcl ali(iuis aut cnergumenus, aul vino obru-
tus, aul mimum agcns , illud quidem moiislri siniile
Probvtio IV, ex decreds Ecclesiœ.
IV. Tanlùiii vcrù ai), si, ul mal;\ intonià intcnlionc
Sacramcnlnin suo fraudari cflfclu Kccicsia dcfiuierit,
ulcontrarinin vidcaïur s;r;piiisoonslilutiun; quod mul-
lis excnipiis probare in promplu est.
Sic enim, quarto seculo (si Sozomenoetaliis fides),
ppicmis.-io dilii,'onli examine, probavit Ali;xander pa-
Iriareba Alexaiidrinus liaplismuin ab Albanasio pnero
pneris utiquc dalum ; qiiaiiiobrem vcrô? iNuiiKjuid (paia
conslabal AUiniiasium internam bal)nissc rilùs sacri
perficiendi iulenlioneni ? .Minime gentium. De liàc
cnini re ncc Itîviicr, quo I nccessario in advcrsariorum
senlcnlià debuerat, inquisivil: lanlùmque solbcili; ex-
est, in terris iusolciilissimum ; ita parilcr (luôd sacro | pioiavil utrùin rilinn sacrum cxteriiis , uti parerai,
ministerio qnis dcfungens, uitrù formam Sacramen- f adiniplevissi't : C/o» piteros, iuqiiit Sozomenus, Ilist.
loruoi adulleret (quia publiée fraus paterel), aut raro | lib. 2, e. 17, eilit. Nal(.'s., pag, 467, compreliensos ad-
aut nunquàm, etiam in seetis hœrelicis invenitnr ; liinc 1 duci jussisscl..., Iios uccnrutè iiitcrrogaiit quidnam ipsis
sanctus Augustimis, cont. Douai., lil). (>, cap. 25, II; dldsset fecisselve ludi illius cpiscopus, et qitid ipsi re-
Facitiiis , inquil , invcnitintur liœrelici qui outninà non ;| spondissent, qnidve cdocli essoH; eiaiique omuia jiixla
baplizeiit, quàm qui non illis (evangeiicis) verbis bupli- |; ordinem ccclcsiaslicum cxaelè in itlis servata esse depre-
zenl ; quôd si è contrario aliquis perdilis nioribus | hendisset , commtinicato consilio cimt sacerdolibus quos
vivat, et à fide Cbrisli alienum, onniisque expcrlem | circa se hahebut, censnit non rebnptizandos esse eosqtii
religionis animuin gérai (quales elicu! niullos esse
vehemcnter dolet Ecclesia), poterit iile quidrm , quo
nibil facilius est, suis ul serviat commodis, velle serio
ritum implere quem scil in Ecclcsià Cbristi pro sacro
et religioso, aliorum cxistiniatione servari ; sed eum-
dem uti sacrum velle ipse non poterit, quia boe ipso
quo omnem exuit sensum religionis, prorsùs necessa-
rimn est, ul pcccandi ipse de se finem non faciens,
inlùs velut profanum et sacrilegum rideat, quod foris
velut sacrum cl reiigiosum observai. Quocirca si Pa-
in siniplicifate divinam yraluim semel percipere mcrtiis-
sent. Quanqnàm verô narraiio inec fabulam , ut pra;-
dixiuuis, sect. pra>c., § 3, oleal; in lioc sanc non est
contemnenda qnôd morem aniiquum exbibendo , lum
Sacranienta rata valida(]ue liabita fuisse tcsiificctur,
quandô exteriiis omuia dicta factaqtie esse conslaret,
qua; ordine cclesiaslico jiraîscribnntcr, respectu nullo
balûlo ad iulernum propositum niinisiranlis.
Hoc ipsum, muliocpieceriiùsNicolai I, nono seculo
sumnii Ponlilicis, anctoritas persuade!; illum per le-
Ires pulàssenl, voluutarià intentionis relentione irrita | gatos .Micbacl, Bulgarorum rcx, elu'istianâ fide recens
lieri Sacramcnta, nibil oral qnod iiiculcare frecpieiitiùs | iiubiitus, pru;ter ca-lera, consnluoral (juid orga eos
debuissent, lum ni niinislris rerum divinarmn incule- | essel agendum, quos Juda;us quidem dubi;enuiliusquc
rent reverentiam , lum ul fidèles in deleelu ministro-
rum redderent cauliores ; quod cùm nuUibi egeriut,
argumenlo est ex illorum mente, per hanc voiuntatis
pugnanliam virtuli Sacramentoruin nibil detrabi.
Quod verô secundo dictum est loco , conimuni re-
sponsione facile solvitur : Ecclesia de occullis non
judical, quantum ad faclnm; id est, qualiter nune
bomo sil intùs alleclus non novit, concedo; boc enim
Deo eximium est, (|ui solus renés et corda scrulalur;
de occullis non judical quantum ad jus, id esl, qualis
debeat actum exteriorem comitari interior animi dis-
posilio non decernit, nego : qnamvis itaque Ecclesia
de occullis (pioad faclum non judicet, quid lamen
facto opus sil, data sibi divinitùspotestate déterminât:
sic, ul à prœsenti malcrià exemplum sumamus, ulrùm
homo bie et nunc minisierium sanclum exercens ,
pietalem inlùs colat quam prceferl cxleriùs, de boc
sanè judiciuin Ecclesia; esi^e nequil; jiiris autem lia-
bità ralione, ccrtô delinit , lum grandis reun» esse
piaculi, qui non iioc in corde sentil quod foris oslen-
tat; lum suscipienli ejus improbilalem nocere non
posse , quia saucta sunt Sacranienta , etiam à malis
administrata.
forte bomo religionis baplizare prjesumpseral; pro-
fcclô si putâsset Nicolaus necessariam esse internam
iutentionem , locus liic op|)ortiiims erat lîuliraros ad-
moiiendi, mi diiigenl.M- inqniierent quà menli\ quovc
consilio iiomo audacissimus sacrum niinisteriînn nsur-
pàsset; quôd si quocnmque facto examine non possent
deiegere, cùm de iiilentionis malitiosâ relentione
gravis suspicii) aliimde essel, (|iios perlidiosè liuxisset
vero Cbristi H'ptismo sine cunctalione aljluerenl;
nec ullo iterati Sacranienli scrupulo tenerentur, quia
ubi res ncscitur facla , in iterationis periculum non
venitur ; atqni niliil taie decernit Ponlifox maximiîS,
tantùmquc ûa rilùs cxterni observalione soliicitus,
respondol , si in noinine Tiiniialis baplizati fuerinl ,
non esse rebaptizandos : A qnodam Judœo , inquil ,
in resp. ad consulta Bulg., cap. 101, nescilis ulricm
Clirislictno an pngano , mullos in vesirà palrià baptiza-
tos asscritis ; et quid de iis sit agmduni consulitis; lii
profeclb si in noniine saiiclœ Tniiitatis baplizati sunt...,
constat non esse denuo baptizandos.
Acccdii Innocentii lli, seculo dccimo tertio summi
Pontilicis, pricclara sanè , qua-que nullo subtorfugio
eltidi possil senlenlia : Non esl nccessc, inquil Décré-
tai., lil. de Hapl. el l'jus elToct., cap. Si quis pucrum,
1491
DE RE SACRAMICNTARIA. — RE SACRAMENÏIS IN GENERE.
1492
qubd baplizcms fjernt in menle facerc quod facit Eccle- ,| que dare non polest ejus inlenlio, ncc valet denega-
sia; inib si conlrarium ijercret in meute, scilicet non l lio iiitcnlionis aiifcrre.
fucrre (jHod facil Ecclesia, sed lanien fucii quia fonnani i\ Seculo dccinio scplimo, occurrunt exempla duo,
sénat, niliilominiis baptizalus est , dummodb buptizare 1 qii;e uliiiam s'iIlm'o sine causai praescnlis dispendio
iuhiisler intendat ; ubi duo sinit accuralè nolanda. |^ licuisscl! Yixit niniirùm Massilia; perditus quidam
Primum, quod ait, necesse esse, ut minister baplizare || sacerdos, niullis fiagiliis arleque magicâ faraosus, qui
intendat; quil)us vciljis vcsaiia Lullieranoruni doctrina '/ per lotos viginli annos quibus parochialeni Ecclesiam
in antccessun» explodilur. Secunduni, quod aidnnal, [i R. Mariic de Aquis fluciilibus (N.-Danie des Acoules)
non esse necesse , ut minisler (jcrat in inente fncerequod 'I curai siu« comiiiissam babuit, omnes quos baptizabal,
facit Ecclesia; imô etiamsi contrariuni mcnlcgerat , l licèt exteriùs lotum Ecclcsi;c rltuni seriù et revercn-
îiibilominùs conslare Raplismum, modo forma m ser- | terimplcrel, nefando sacriiegio , non Chrisio, scd
vct, ol id quod facil Ecclesia , exteiiùs facial; quibus | diabolo, iniùsvovcbal, i)rout ad vilai metas perductus
sanè verbis nostra sentculia , paulôque cliam crudiùs g (quo lempore menliri bomiucs, pntserlim cuni hi\r,\\
stabilitur. | delrimento non soient) , solenniiter declarax il : pau-
Jam si quis auctoritalem Innocentii elevari bine | loque post tempore, Cenomanensium in Galliâ Celticù
posse pulet, quôd lia scripserit privatus canouici ju- j| episcopus (Pelrus Lavardinus), morti proximus publi-
ris iuterpres, b)ngè antequàm ponlificatuni teneret , | ce pariler confessns est, sibi in sacris quas statulo
hoc sibi responsum babeat : non idcù nos in boc 1 lempore fecerat ordiiialionibus, etsi quidquid est à
testimonio pondus ponere, quia à doctore qualicum-
que prolatnm est , scd quia ab Innocenlio lY, jam
lum Ponlificc niaximo approbatum, solemnibus jnris
decieiis adscriptum, et ab Ecclesia reverenler ac-
cepiuni.
Nec deessenl ad ejusdem sentenlisc confirmationem
pleraque Patrum et pontificum veterum docimienia,
si luberel per omnia currere : salis intérim superque
fueril. duo triave nostris lemporibus propiora exempla
afferre.
Seculo decimo sexto, quando Calviniana haeresis
nondùm regni finibus exterminata, Galliarum provin
I Christo et ab Ecclesia pra-scriptum foris servaret,
il semper internum confercndi ordines animum de-
1 fuisse; quantum ex utriusque denunlialione turba-
|! rum excilatum sit, quanti et quàm graves nati scru-
i«j puli, enarrare qnis valeat? llinc quidem alios melus
I angebat, ne baplizali non essenl : illinc verô alii de
susceptis sine dantis intentione ordinibus malè tor-
quebantur ; utrinque de Sacramentis ilerandis cogita-
batur : quis j)orrô rumoris bujus et offensionis exitus
fuit? Yentum est ad deliberationem, consulti linjus
temporis theologi in Gallià pr.iestantissimi, rogaii, de
more, sententiam Parisienses magistri ; commuiiisqne
cias iufeslabat, à multis ibidem, ut anle dixinuis, du- i omnium, videntc nec réclamante Gallicanà Ecclesia,
bilalum utrùm approbandum essct Baptisma in Cal-
vin! parte acceplum, eô quôd non baborent pseudo-
minisiri inlenlionem baplizandi in remissionem pec-
catorum : visum plerisque, saltem sub conditione
ilerandum , quôd quidem in posterùm fieri Gallicanà
concilia, secundùm S. Pii Y Poiititicis maximi senten-
tiam, expresse prohibueruut : bujusque sui edicti non
aliam altulère „ausam, quam qma constabat Cutvinislas
in publico cœtu baplizare in forma verborum el malerià
à Chrisio institntà, nec de lioc facto ambitji poterat ; boc
porrô générale principium, si quid probat ( probare ,
verô plurimùm negare non possumus, nisi Patres im-
peritiaî arguamus), nostram parit'>r causam conlicit;
ideô enim affirmant Gallicani pncsules, baplizautiijus
Cah'inistis peccala remilM, quia boc ipso quùd Sacra-
nientum ex Cbrisli insliluîo peragiiur, necessarium
e4, qnanlùmlibet minister interiùs renilalur, suum
ut effectum obtineat; atqui pariler, répugnante licèt
ministro, necessarium est esse sacruu), (|uod Clirislus
ut sacrimi et divinum inîtiluit, boc ipso quôd ritus ab
illo prsescriptus forîs implelur; quemadmodùm enim
non ideô Baptismus dimitlit peccala, quia bomo vult,
sed quia vult Christus; ita quôd sacer sit et divinus,
non bominis, sed Cbrisli voluntatc consequilur : re-
pugnet itaqne quantiim volet flagiliosus minisler, et
secum ipso luctando velit iirofanum el diabolicum esse
quod facit ; erit nihilominùs diviimm et sanctimi, quia ,
Dei volunlatcm bominis volunlas non impedit, quod
responsio fuit, bono animo Massilienses et Cenoma-
nenses esse debcre; quando constabat ritum omnem
religiosum seriô cl prudenter exteriùs observatum,
nibil esse quôd sibi vererentur, quia sacerdolc divi-
num ministerium exequente, Christus est qui bapti-
1 ïat, Christus est qui Spiritum sanclum infundit, ne-
que polest virtuti mysleriorum, ministrantis malitià
et pervcrsâ intentione aliquid adimi; ergo, etc.
Prodatio V, ex sancto Aiujustino.
Y. Adeô perspicuè senlenliam banc S. Augustinus
asseruil, mirum ut sit ejus verba inalienosetcoiilra-
rios sensus ab aliquibus intorqiieri : boc auten» ut
manifesium fiai, asserenius 1° geueralia Augnstinia-
nce doctrinoe principia, quibus ad Donalistasrcfellpn-
dos féliciter usus est ; 2* percclcbrem ol decrotoriam
ejusdem S. docloris senlenliam, in quà aperlè docct
valere Sscramentum ab eo dalum qui suam interiùs
reiinet inlenlionem.
I. Contendebant Donatistte requiri fidem in miiii-
slris el sanclilatem, ut suam Sacramcnta ef.'icaciam
habeant : probal in conlrarium S doctor iiiiqiiam et
maculosam baplizantis conscienliam bapiizato nocere
i non posse ; 1° quia si ex bonâ ba| lizantis conscienliâ
, pendcrel Baptismi effectus, bapiizaiorum salus sem-
per esset inocrla : Nam qnomodb , inqnit lib. 1
I contra, lilt. Petil.,cap. 5, et lib. 2,c. 5, ci de isiis (bo-
nis) secnri erunt, si conscicntia dantis attenditur , quœ
*' latet oculos accepluri? ...De conscientiâ Christi ergo securi
1495
QU^ST. \II. DE MINISTRIS SACRAMENTORU.M.
suuius : nam si qucmlibet homiiiem pouds, incertn eril \
accipicnlis nuimitiio, tjma iiicerta couscicntiu abliinitis;
2" Quia si Bnp(isiiù virlus el eificacia à luiiiislroniin
naerîlis dependerel , spcs hominis baplizaii poncnda
esset il» liuiuiiie bapli/.anlc : t Scciiiuliim corum scn-
< loiiliani, inquil ibiil., iil salus illa spiritintlis in-
< certa, dùm contra Scripluras sanctaS; qnrc dicnnt :
< Boniim est confidere in Domino , quàm confulcre in
< homine, et : Maledicttis oninis qui spon snam ponil in
i homine , spcm baplizalonini aufeiunl à Domino
< Deo, el in boniiiie ponendani esse persuadent; nn-
* de lit oinninô, ni non inci-rla , sed prorsùs iinlla
i sil salus ; quia Domini est salus et vana salus liomi-
t nis; itaque (piisqnis in homine spem posucrit,
* eliain quem jnsuini et iniioceiitem iiovil, maledi-
i dus csl ; uude et aposUdus Paiilus cos qui dicc- !
€ banl se Pauli esse, objurgat, el dioil \ Cor. 1, 15 :
I J\iiinquid Paulus pro vobis crucifixus est, aut iti no-
i mine Pauli baptizati estisf i 5° Quia non conscicnlia i
baplizanlis juslilicat inipium , sed sola Cbristi jnsii-
lia : € Neque enim , inquil 1. 1, cap. 5 et 7, eliam
* cùm per sanclinn et lidclem dispcnsalorem gralia
4 spirilalis credentibus impertitur , dispensalor ipse
< juslificat, ac non ille unus de quo dictum est quod
€ juslilicat impium; aut verô aposlolus Paubis caput
I estel origo eorumquos plaulaverat, aut Apollo radix
( est eorum quos rigaveral : ac non ille qui eis in
< credendo lidem dcderal? Cîim idem dical : Ego
4 planlavi, Apollo mjavit, sed Deus incrementuni de-
i dit ; itaque neque qui plantai est aliquid , neque qui
4 rigat, sed (jui incrementuni dat Deus ; nec radix eo-
« rum crat ipse, sed poliùs ille qui ait, Joan. 15, 5 :
« Ego sum vilis, vos estis sarmenta; caput eliam eorum
< quomodù esse poterat, cùm dicat nos multos unum
< esse corpus in Chrislo, ipsumqiie Cliristuni capul
I esse iiniversi corporis pluribus locis aperlissimè
4 pnïdicel? Origo niea Christus est, radix ifsea
« Cbrislus est, caput nicum Cbrisius est me in-
4 nocentem non facit, iiisi qui mortuus est propter
I dolicla nostra, et resurrexit propter justificalioncm
4 nostram : non enim in niinistnnii per quem bapti-
4 zor, credo : sed in eum qui juslificat impium, ut
4 deputeiur mibi (ides adjustitiam. i
Jain sic argumenter : Idcô , judice S. Augustino,
Baplisnialis aliorumquc Sacramenlorum eificacia a
fide el sanclilale mliystrorum pendore nou polest,
quia alioquin scmper essel incerta hominis sains ;
quia si lia res csseï , deberel homo spem suam
m homine ponerc; qnia deniquc solus Christus est
qui juslilicat; alipii pariler si ex interna baplizanlis
iritenlione virlus Sacramenlorum pondorel, senipi'r
foret incerta hominis saius ; non in Chrisio solo, sed
eliam in minislro origo el radix sincliUilis esscl
agnoscenda ; atque adeô dcbercmus spem noslram
aliqu ilenilis in homine ponore : nam quomodù cer-
lum milii esse pnlcst, quod inlùs in corde allcrius la-
tel? aut quomodô non est mibi ille radix el origo
justiliiï, cujus interna inlcnlio, si bona sil, dalSacra-
uienio fecundiialcm , si uiala, prorsùs évacuai? Et
1494
qnomodo tandem non in illo spem meam aliquatenùs •
co'Uici'.bo, (pio Cbrislus indigtl adjiilore, ut vilam
mibi spiritualem restitiiat et gratiam largiatur? Vel
ergo dicendum, ba!C sancti Augnslini principia falsa
esse; atque ita Donalislis gralilicabimur , Kcdesiae
causam prodendo; vel falendum, lam probare inter-
nam ministri inlenlionem non esse necessarian» , ul
valeanl Sacramenla, qnàin evincunl non esseneccssa-
riam lidom et sanclitatem.
il. Quôd verô S. doctor quam propugnamus sen-
lenliam expresse tenuerit, facile assentietur, qnis-
quis in fonte legcrit caput ejus 55 libri 7 conlra Dona-
tislas: niidla quidem hic permixlim dubia congcril
Augustinusquic ad pnesentem quaislionem non pi-r-
linenl;quod autem ad rem nostram facil, quicrit
ulriim simulalio danlis vel accipientis, vel ulriusque
sinml, delrimenti aliquid possil afferre Buplismo? si-
mulalionem porrô altcram observai esse fallentis,
sicul in Ecelesià, vel in eà quai pulatur Ecclcsi;» ; al-
teram jocanlis, sicul in mimo; qux'duo longé diversa
sunt ; qui enim in Ecelesià, vel in eâ quae pulatur
Ecclesia failli, serio ritum omnem vel exercct ipse,
vel in se fieri palilur, alioquin enim non fallerct;
quod de mimo jocanle dici non polest : non una san-
cti docioris ad ulramque quaesiionem respon-.io est ;
nam de mimo quidem, utrum approbandum taie Ba-
plisma sit, dubius ha;rel; de lis verô qui ideô simu-
lant, quia dùm ritum sacrum serio foris obser-
vâiit, fallunl Ecclesiam, inlùs gerendo malam con-
Irariam voluniatcm, incunctanier valere pronuniial;
sed audiamus ipsum loquentem.
4 Solel eliam qu;eri, inquil,... utrùm nihil inlersil,
4 quo animo ac( ipiat ille cui datur, cum simulatione,
4 an sine simulatione : Si cum simulatione, utrùm
4 fallens, sicul in Ecelesià, vel ineâ quse putaïur Ec-
4 clesia, an jocans sicut in mimo, etquid sit scelera-
4 tins, in Ecelesià fallaciler accipere, an in htoresi
4 vel scbismale sinefallacià, id est, animo non simu-
4 lato, el utrùm in îueresi f;illaciter, an in mimo cum
j (ide, si quisquam inler agendum repentinà piclate
4 moveatur; quanquam taleni, si etiam illi confera-
4 mus qui in ipsà catbolicà fallaciler accipit. mirum
« si dubitatiir, (piis cui praiferendiis sil; qiiid enim
c prosil animus voraciler danlis fallac iter accipienli
« non video; sed arbilrenmr etiam aliquem fallaciter
« daniem, cum et iradens et accipiens fallaciler agant
♦ in ipsà unilale catbolirà, utrùm hoc niagis Baptisma
» silacceplandiini, an illuil(iuod in mimodalur, ^i quis
I oxislcl qui lidcliliM", snbilô cinnmotus, accipiat ; an ,
< (|uanlùm ad ipsoi piidein altinethnmines, phirimùm
c dislctinlcrcredcnlemin mimo.el irridenlem in Ec-
I « cit'sià; adipsiiisaulemSacramenti integriiatem nihil
« iiiliMsit : Si enim nihil intercsi ad inlegiilatein Sa ri-
< menti in ip-à otbolicà, ulniin id ali-iui failni^iter an
I veracitor ;igant, cùm lanien hoc idem utiiipic agnnl <-iir
4 extra inlersil, non video, quando ille qui a'-cipit,
« non simulatione pallialus, sod Rcligione mufalnsest:
« ail plus val îai! al coifirmiii 1 1 u S arramentum illi
4 veraces inler quos a'^ilur, quàm ad Irustraiidura
4 illi fallaccs à quibus aciliir, et in auibus agiturî
4495
DE UE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
1496
< Et tanien si postea prodaliir, nciiio vopolit, sod
c aut cxcoiDiminicaiido puriilur ill:i siimilalio, aut
« pœnitcndo saiialiir.... pru'lerilis inajonim slaliilis,
« nondubitoeliam illos Iiabere Baplisimuii, qui quam-
I vis l'aliaciler id accipiant, in Ecclesiâ laiiicu acci-
t piunt, vcl iibi piilaïur esse Ecclesiâ ab eis, in quo-
€ ruui soclelale id acripilur, de quibus dicUim esl
f 1 Joan. "2, 19: Ex nobis exiaunt. » lliiic sic eflor-
malur argumenluni :
Minislri fallacis nomine eum inlelligit S. Aiigu- :
sliniis, qui habel aninium siuuilaluui , (jui nimirùm
licèt Sacranieulum seriô exleriùs conférai, suam la-
nien iniùs.coliibct inientionem, et hàc ipsum ridcl
quod lacit ; alqui Sacraraentum, sic consecralum, in-
legruni validunique pronuntiat; eoquevelut principio
iiiiitur ad iiilerenduni probari posse Baplisma mi-
niicè daluni, prx'scrlim si quis existât qui fideliler,
repenlinâ inter ageudiim pielale couiniotus, acci-
piat ; siat ergo pro nostrà senlentià S. Augusliuus.
Advcrsariorum effugia prœcludunlur.
Mirum quaniùm hoc argumenlum lorqucat adver-
sarios : pr.ccipuas quas, dùm in onine latus se ver-
lunl, afferre soient responsioncs, juval exponere.
1° Aiunt aliqui non posse firmum bine erui argu-
menlum, quia loto boc capile dubilanler loquilur S.
doctor, nec quidquaui resolvit : unde tolani orationeui
hocconcludit epilogo: Nobis tutum esl, in ea non pro-
gredi aliquâ temeritate sententiœ, ({uœ nulle in catholico
regionali concitio cœpla, nullo plenario termitiata sunl ;
id aulem fiduciù securœ vocis asserere, quod in guber-
nalione Dowini Del noslri et Sidvatoris Jesu Christi,
universalis Ecclesiœ consensione roboratum est.
Alqui ha!C ab Augustiui meule alieuissima inlcr-
prelalio est : equidem duo ibidem casus sunl, qui
sanclum doctorem ancipilem delinent. Primus est an
integcr sit Baplismus illius qui inilio jocans, repen-
linâ pielale in ipsâ susceplione mulalur? Qnauquàm
cnim ad asstrendam hujus Sacramenli inlcgrilalem
propendeat, tamen à ferendà sententià abstinendum
ceuscl, donec sit \\x.c (juseslio auclorilale plenarii
concilii lerminata ; bùcque perlineut ejus verba; No-
bis tutum est, in ea non progredi, etc. Secundus est
utrùm approbandusesselBapiisuius in quoloUim mi- ]
micè el joculariter ageretur? Ad cujus solulionem di-
\inum judicium dicit implorandum : « Lbi autem, in-
< qiiil ibidem, neque societas ulla esset ita credenlium,
i neque aie quiibi acciperet, itacrcdcret, sed totum ludi-
f crè et mimicè et joculariter ageretur, utriim approban-
f dus esset Baptismus qui sic daretnr, divinum judi-
i ciumper alicnjus revelationis oraculuni, concordiora-
« tione, et iinpensis supplici dcvolione gemilibus implo-
€ randum esse censerem. »
Quod verô spécial ad ministrum fallaciter daniem,
quôd de hujus Sacramenli iniegritate non dubilet,
mediocriler allendenli luce meridianâ clarius fit.
111e cnim non duijilando inquirit an valeat Sacrninca-
lum fallaciter dalum, qui affirmât è contra se de hu-
jus valore non dubilare ; aUpù ila S. Augusliuus se
statutis non ditbilo eliam illos liaùereBaplismum, qui
(/uainvis fallacitL'r accipiant, in Ecclesiâ tamen accipinnt,
vcl ubi putaiur esse Ecclesiâ. Deiiulc de Sacniniciili
fallacùler dali vcrilale non dubilal, qui asseril, simu-
ialione deleclà, Baplismum non repeli, sedvel excom-
municando puiiiri fraudem, vel pœnitendo sanari :
alqui ila S. Augustinus : Si postea prodalur, inquil,
)icmo repetit : sed aut excommnnicando punilur illa si-
mulatio, aut pœnitcndo sanutur. Pr.elerea quamdiù
aliquid dubium apparet, principii loco poni non polcst
ad aliud quidpiaiu inl'erendum; alqui S. Auguslinus
ut iiisinuet acceplari posse Baplismum mimicè datum,
velul i)riucipium cerliun ponil valere Baplismum l'alia-
ciler dalum : Si enim, inquil, ?i)7i(7 interesl ad intcgrita-
tem Sacramenti in ipsà catliolicà, ulriimid aliqui fallaci-
ter an veraciter agant, ciim tamen hoc idem utriqueaganl ;
cur extra intersit non video, quando ille quiaccipit, non si-
mulalionc pallia(us,sed Religione mutalus est; ergo, elc.
2° Rcspondent alii S. Auguslinum fallacium no-
mine non eos intelligere, qui dùm exleriùs Sacra-
nienla seriô célébrant, comprimunt intùs intenlionem,
sed eos qui cum alTectu peccali Sacramcnta vel susci-
piunl, vel miuislrant, quos hodièque scliola ficlos ap-
pellat, non Sacramenli (iclione, quod verc datur, sed
ficlione disposilionum, sine quibus frucluosè non datur.
Neque felicior h;cc interprelalio est : hic enim S. do-
ctor fallacesde quibus agit, opponit veracibiis; ulros-
que ergo sensu contrario accipiat necesse e»l; alqui
veraces non eos intclligit, qui ab omni afloctu pec-
cali iinmunes sunt; quicrit enim ibidem, quidsit sce-
leratius, in Ecclesiâ fallaciter accipcre, an in liœresi vel
scliismatc sine fallaciâ, id est, aiiimo non siniulato.
Suppouil ilaque posse Baplisnuun in bx'resi vel schi-
smate veraciler et sine fallaciâ dari; alqui impossibile
est, in hfcresi aut schismale sine peccali morlalis
aficclu ministrari aut recipi, quia hiieresis scliismalisve
professio, non polest non c^se magnum poccatum ;
pariler ergo fallaces non eos inlelligil, qui cum alTcclu
peccali ad Sacramenla accedunl.
3" Non defucre qui dixerini, fallaciter daniis vel
recipienlis nomine, Auguslinum eum intelligere, qui
dat vel recipit Sacramenlum sine (ide aliqnà de ejus
vcrilale quam lamen exleriùs simulât. Absurda plané
et gratis couficta responsio! quis enim sanae mentis
existimct lam parùm suî esse memorem Augusliimm,
ut in fine prolixi sanè operis contra Donalislas, hoc
ipsum verlal in quacslionem, quod tolo passim oitero,
laïKpiàm priucipium cerlissimum posuil, omnicpie
génère argumeutorum adslruxit ; alqui totus est S.
doctor in bis seplem libris contra Donalislas, hùcqi;e
omnis dispulatio ejus collineal, ut adslrual inlidolilale
quanlàlibei irrita non fieri Sacramenla; ergo, clc.
Sed eliamsi aliqualenùs tolerabilis hicc interprelalio
foret, argumenli vim augeret magis quàm minueret ;
valet enim ad menlem S. doctoris, ipsis consenlion-
libus adversariis, Sarrameiilum ab eo dalum qui nul-
lam de ejus vcrilale hdem iiabcl; altpii niinister liu-
jusmodi, dùm cxlcrnum Sacramenli rilum seriô pera-
ciirâ voce pronuntiat : Prœterilis, inquil , majorum i' git, non potesi rilum ui sacrum inlcuderc, quem ve-
U91
QIL'EST. \II. DE MINISTRIS SACRAMENTORtM.
\m
lut sacrilegum excoratiir : qnoil qnoniam sirpiùs ob-
senaviimis, iterùm dcnionstrari supervacaneuni fiie-
rit : ergo, eic.
i" Alii niullô audaciorcs, ciim non possinl nodiini
gordiuin solverc, gladio sécant : fatenlur qiiippc p!a-
nam esse , et quœ nullA cgeal explicaiione, Anguslini
sententiani ; in lioctamen cnâsse volnnl, adcôcpic non
seqnenduin, qnôd Lulliori et Calvini liuM-csini pra'for-
iiiando, dalnni su.scepUnnqnc sine nllà prorsi'is linn
inleinà liuii exlernà inlentione Baptismnni validnni
afiiiinavorit : hoc enim ipsuni intellexissc aiunt noniine
IJaplisnii cuni fallaciù dali vel accepti.
llx'c verù non lamresponsio, qnàni insignis caliim-
nia est.phna insciliiO et temeiitalis : non enim Au-
gnsiinuni solnm , sed et tolam relrù Iraditionem accu-
santijui sic lixiunntnr : iPrœterilis, inqnit \\\c,7uajoruin
stalulis, non dnbito etiam illos liabere Baptisnium , qui
quamvis j'allacitcr id accipiant , in Ecclesià tanien acci-
piunt , vcl ubi puUitur esse Ecclesia. > Et paulù supra :
€ A}i plus vtilent ad confirmandum Sacramentum illi
veraces inler quos agitur, quàm ad [rustranduni illi fal-
laces in quibus agilur , et à quibus acjilur? et lamen si
poslea prodatur , nemo repetit, sed aut excotnmunican-
do pnnilur illa simulatio, aut pœnitendo sanalur. t
Cùm igilui' statulis majornm Angustinus ita definien-
do obtemperet , si omnem,nt «niuli ejns obtrecta-
lores obganniiint, à Sacramenlis exchiserit intf>ntio-
nis îiecessilalem, dicenduni erit, vel universam
priscà aîtale errasse Ecclesiani , qu;ie sine nlià, etiam
exteriori inlentione bapiizatos rebaptizandos non dii-
xerit : vel errasse Tridentinns Patres, quandô, pro-
culcalà auclorilate niajornni , aliqnam necessariam
esse inlenlionem , contra Lutliouni et Calvinum de-
linicrunt ; sicque Ecclesice inlallibililas nnlla erit;
sive enim primis ipsis tenipnribus, sive secuio deci-
mo sexto errasse in fide doprcbendalnr, perinde
est ad probandum quôd inde!icienli;e titnlo inimcrilô
glorietur.
Aitsit verô à nobis ut Ecclesitc et Augustin! ipsins
causam tantâ facilitate parique temeriiate prodanuis:
pra:serlim cùm vel ipsa Augustiniani lexlrts leclioob-
jeclam caluniniam apertissimè diluai; duo enim dis-
tingiiil S. Doclor simulanliiim hominum gênera , i
aliorum qiiidem fallenlium , sicut in Ecclesia , vel in I
eà quœ pulatur Ecclesia, aliorum jocanlium, sicut iu I
minto; quic duo pr;rnionninins longé diversa : Fat-
lens enim in Ecclesia, in((uit eminenlissinius car- j
dinalis Norisins in Vindiciis Augustin., c. i, § 7, serib \
intendit verè facere {quod spcctat cxternam actionem) I
quod facit Ecclesia, ni et ipsc censeatnr esse CImstiwms;
at jocans in minwvutl lanliun repœsentare per luduni, <
quod facit Ecclesia ; quod non est velle serib facere j
quod facit Ecclesia , sed pcr ludum velle irridcre , quod
facil Ecclesia.
De postreniis quidem dubius bacrct ei inccrlussen-
tentia; Augusiinus : nec lamen, nt supcriùs diclum
dogina ai) Ecclesia dermiluni pra-fraclè negarc , quod
audent hx-relici ; aliiid, collcgaruin liumililer expe-
clare jiidiciinn, qu(Hi dose doclor mndcslissiinus pro-
lileliu-, aliud Patres, in synodo (s'cinnenicà divini
auclorilate loculos, audire n(dle, qu;e est Lulbcra-
norum consummala prolervia. De primis verô , iis sci-
liccl qui fallcnifs in Ecclesia, vel ubi esse pnlalur,
(Ihrisliani liai)cri voltuil, adeôque serio inicndnnt
, exieriùs facere q'iid(|uid ipsa facit, slalutis majoium
I et cxemplis insislcns, securfi voce pronuntiat Hapti-
I smum sic dnlum et acceplnm valcre : quod quanlùm
I différât ab inipio Lutlierannrum et Calvinislarum
conmienlo, quantnni(|no scnlenlire noslra; conveiiial,
ex diclis perspicuuni est; qiiid itaque superesl , nisi
ut malevolis pareniis sanclissimi calumniaioribus mc-
lioreni mentem saniusque judiciuin adprccemur?
PnoB.vTio VI , ex auctoritalc saucli TItomœ.
S. Augustini vcsiigia praiceptor angelicus tum alibi,
lum in qua'Slione pncsenti diligentissimè consectalur :
inler caetera magno occurrentia numéro teslimonia ,
unum inprimis eligo , quod evidcnlissimnm et convin-
cenlissinuun est.
S. doclor, 3 pari., qurcst. G4, art. 8, cui lilulusest,
utriim intentio ministri requiralur ad perfcclionem Sa-
cramenli, istud sibi secundo loco objicitargumenlum:
« Nonpotesthomiuiessenotainlentiortllerius;si igilur
« intentio ministri, requiralur ad perfectioneni Sacra-
« menti , non pnssci houiini ad salutem accedenli esse
t nolum quôd Sacramentum suscepisset ; et ila non
(t possel habere cerlitudinem salutis , prœcipuè cùm
* quredam Sacramenla sint de necessilate salutis. >
Argumenlum ila sohit : « Dicendum , inqnit , quôd
i circa hoc est du]>lex opinio : quidam enim dicuiit
< quôd requiralur mentalis inlcnlio in-minislro, quai
« si desit non perficitur Sacramentum; sed hune dc-
<t fectuni , inquiunl , in pueris qui non habenl inlen-
i tionom accedendi ad Sacramentum, supplet Cliri-
« slus qui inlcriùs baptizal; in adullis autem qui
(t inlendunt Sacramentum suscipere, supplet illuni
i defectum fides et devolio; sed hoc salis possel dici
« quantum ad ultimtmi effeclum, qui est juslificalio à
i poccalis; sed quantum ad elTeclum qui est ros et
« Sncramenlum , scilicot quaulùn» ad characterem ,
< non videtur quôd per devotiouem accedenlis possit
i suppleri , quia character nunquàm imprimilur nisi
f per Sacramenlum ; idcô alii meliùs dicunt , quôd
i minisler Sacrameuti agit in persouà toiius Ecclesi.t
f cujus est minisler : in verbis autcm quv profcrt ex-
t priniilur inlenlio Ecdesi;!^ , qua! siifficil ad per-
f fcclionem Sacamenli , nisi contrarium exieriùs
I exprimalur ex parle niinislri vel rccipienlis Sa-
« cramentuiii. » Iliuc sic eflloroscil argumenttmi.
Qui refcllil opiiiionem volcnlium in miuislro, ut
Sacramenlum valeal, reipiiri mcnlalem inlenlionem,
censet profcclô sufficere seriô exieriùs agendi propo-
silimi ; atqui S. Thomas eornm opii;ionem réfutât qui
est, secl. i, § 5, objecl. 8, fluctualione hàc juvatcau- I diciuil requiri mentaleni inlenlionem; ergo, etc.
sam ha;relicorum : quia aliud est, prudenler de re j Peinde,qui dicit limi perfici Sacramenlmn , quando
jKjndùm salis cognilà dubilare, quod ille facit, aliud à minisler in verltis oua; proferl exieriùs, cxurimil in-
1499 DE RL: SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE 1500
IciiLionciii Ecclesifc, ciijus nomiiic el âuclov\lAlo ^ butio secimis erit , si conscienliu dantis attenditur, quœ
a'Ml, oimiein ilubio procul cxcludil iiilcnue inlciilio-
nis nccessitatem ; alqui ita S. Tlioiuas pronuntiat ;
crgo, etc.
Sancd Tliomœ auctoritas ab adversariornm cavUlatio-
nibus vindicalur.
Quotl etsi praeclarissimum sit, omriique niajus j
excepiioiie Icslimoiiium, in alienos Uiinen sensus ab
lis inllecli solcl, qui malunt aperlè doclori Ange-
lico conlratiicere, qiiàmexiiere pneconccplani opinio-
nem.
I. Aiuiil aliqui eo loci S. doctorem hoc unum velle ,
cxlernam scilicet intentioncm iiiinistri sufiiccre ad in-
tegritalem Sacramenli, non quideni in se sumpti, sed
comparalè ad securilatem recipieiuiuin ; quasi nimirùni
verborum ejus hic ténor el sensus sit : Et ideb alii me-
likii dicunt qubd minister Sacramenli agit in personà
totius Ecdesiœ, ctijns est minister; in verbis aulem quœ
profert, exprimitur intentio Ecdesiœ , quœ sufficit , nisi
contrarium exleriits cxprimatitr, non quidem iil ipsum
in se Sucramentum sit ex snbstanlià intcgnim, sed ut
sit aliquis de Sacramenli susceplione securus.
Verùni responsio hsec niultis niodis vini facit an-
gelico textui.
1° Pugnat cum ipso arliculi litulo: non enini hic
quuîntur ulrùin et quse intentio satis sit ad dandam
suscipienti securitatem , sed utriim ministri intentio re-
quiratur ad Sacramenli perfectionem.
2" Pugnal cum corpore articuli , ubi conceptis ver-
bis affirmât ea quae in Sacramentis aguntur, determi-
nari ad unum, id est, ad Sacramenlalem effectiini, per
intenlioneni ministri : e( hœc intentio, in(\uh, expri-
mitur per verba quœ in Sacramentis dicuntur ; non ail
intentionem rei , ut sacrœ faciendai, intùs lalcntem
esse debere , sed ait intentionem sufficcre, quse per
verba exteriùs exprimatur.
3" Pnguat cum liàc ipsà ad secunduni responsione;
hic enim agit S. Thomas de perfeciione Sacramenti ,
quai ad justificalionem à peccalis et ciiaracleris im-
pressionem sullicial; alqui si Saoramcnlum sit muti-
hun , quantaiibet suscipientis sccuritas ad hos ef-
fectus , prseserlim verô ad characteris impressionem,
nunqnàm pirtinget : deinde quando ibidem quosdam
réfutât quivolebanl ad Sacramcnti perfectionem men-
talem intentionem requiri , ipsum in se Sacramentum
ex eorum mente intelligit; pariter ergo quando alio- \
rum refcrt et probat doclriiiam , voU;nlium cxlernam
i leiitionem suflicere, loquiuir de Sacramento in se
et qu;>.nlîim ad subslanliam sumplo.
4-° Pugnat cum sancli Thom;e proposito : scopus
enim ejus est, malam quorumdam aiixietatem depel-
lere , qui obtendebant fore semper hominem de Sa-
cramenti susceptione'incerlnm, si ministri requirere-
lur intentio; alqui si externa ad ejus veritatem non
sufficit , vim omnera suam relinet argumenUnn , an-
xius enim manebit homo cl dubius utrùm divino be-
neticio sit donatus : Nam quomodo, ut Augustini verbis
ulnnuir , lib. 1, conl. litl. Pctil., cap. 3, de ipso tanto
lalel oculos acccpturi?
5" Pugnat cum gcncrali sancli docloris principio,
quo nililur adprobanduni ideô in ministris sanclila-
tcm , ut Sacramenta valeant , non loquiii , quia quœ
sunt de substantià Sacramenli oportet esse cerla, id est ,
jj in conspectu iiominum posila , ut suî certitudinem,
sallem moralem, ingenerent : Cwm bonitas ministri,
inquit in 4 Sent., disl. 5, (pi«st. 2, quaestiuncuh» l ,
non sit de substantià Sacrainenti , quia non omnin'o
cerla est , sed quandoque Ignuratu , ca autem quœ simt
de substantià Sacramenli oportet esse cerla , palet qubd,
subslractà bonitate ministri, adliuc est Sacramentum,
dummodb , alia quœ sunt de substantià observenlur ;
porrô non magis de interna ministrorum inlenlione
quàm de Ifonilale conslare polesl; imô si quis de bo-
nitate ambigat, pari ratione ad dubilandum de interna
inlenlione movetur.
6° Quid pluribus opus est, cùm sensum ipse suum
S. doclor alibi discrtis verbis aperiat? (malumus enim
ilium suî ipsius inlerprelem, quàm récentes adullcra-
toresaudire) : In Bapùsmo, inquit in 4 Sent., disl. 5,
quxst. 2, art. 2, quaesliunculà 1 ad 2, et in aliis Sacra-
mentis , quœ habent in forma actum exercilum , non
requirilur menlalis intentio , sed sufficit expressio inten-
tionis, per verba ab Ecclesiâ inslitula ; et ideb si forma
servatur, nec exteriùs aliquid dicilur, quod intentionem
contrariam exprimat (calechumenus) baptizatus est.
Hinc sic enascilur argumentum :
lile existimat intentionem exleiiorem ad integrita-
tem Sacramenli in se snmpli suflicere, qui aHirmat
Bapiisnunn verè confici persolam ritùs sacramenlalis
applicationem, modo nihil dicatur exteriùs, quod in-
tentionem contrariam exprimai; alqui hœc est apcrta
sancli docloris senlentia ; ergo vini faciunl verbis
ejus, qui ea ad securitalem suscipienlis intorquenl,
nec volunt de ipso Sacramento debere inlelligi.
II. Respondent aUi S. Thomam , quando docet
menlalem intcnlionem non requiri ad Sacramenli
perfectionem, esse intelligendum de inlenlione aclnali
et explicita, non de implicilà el virtiiali.
Atqui hx'C, non lam responsio, quàm injuria est
diligenlissimo doclori illala ; nemo enim , qui vel solo
nomine noverit S. Thomam , tanlœ eum oscilantiaî
acciisabit, ul dicat unum idenique argumentum ab co
in uno arlicnlo semel el ilerùm exouli ; al(|ni diflicnl-
tatem de explicilà et actuali inlenlione projionit in
eodem articulo S. doclor; sic enim habet ad 5 : In-
tentio liominis non polesl esse ad id circa quod non
est altenlus ; sed aliqunndo illi qui in Sacramentis mi-
nistrant , non altendunt ad ea quœ dicunt aut faciuiit ,
alia cogitantes; ergo, etc. Quod quidem argumeiitinn
sic rrsolvit ; Ad 3, inquit, dicendum quod licèt ille qui
aiiud cogitât, non linbeat intentionem aclualem, habet
tamen habitualem (virlualeni) quœ sufficit ad perfectio-
nem Sacramenli ; quando igilur in responsione ad 2
dicit menlalem inlenlionom non requiri, de inlenlione
lum explicatà, Inm implicilà est inlcUigendus. Deinde,
intentio viriualis el implicilà est intentio menlalis ;
ISOI QUiEST. VII. DE MINISTRIS SACRAMENTORUM.
alqui S. Tliomas expresse afiirmat non reqiiiri ad
inlegritateni Satranionli nicnlaleni ialciilionein ; ergo
non lain iniplitilani et virlualcni , (iiiàin explicilani et
acliialoni excliidit. l'ostreniô, ilmn ila lospoudct, scru-
puluni diluit deacccpli Sacramcnli verilalc cxoitum;
atqui si interior, cliaui iniplicila et viriualis requiri-
tur ÎHtcnlio , scrupuliim non dopellit : Imn quia in-
tenlio lutc Sacranionla snscipienliijus penilîis esl
incogi.ila ; Unn qnia niinisler mcnlc polcsl eonliariani
gcroie, cl tbilè gcrit ; ergo, etc.
PuoBATio \ii, ex definitione coiicilii Tridciilhit.
Aporlè eidoni senlenli;e suflV.igalurcoiioilii Triden-
liiii anclurilas, qnani suas in parles iralicrc conaln
irrilo advcrsarii nmliunlur; dainnala ibi est prava
Lulhcri de necessarià in niinislris inlenlione doclri-
na : Si sacerdos, in(iuiebal ille, non serib, sed joco ab-
solveret, si lumen credat pœnilcns se esse ubsolutum ,
verissimè est absolutus : in conlrarium à PalriJjus sic
slatuluni , sess. 7, de Sacr. in gêner., can. 11 : Si
qnis dixerit in ministris, diim Sacram.nta conficiunl et
conferunl, non requiri inlentioueni sullem facicndi quod
fticit Ecclesia, analhenia sit. Et sess. 14, de Sacr.
Pœnil,, c. 6 : Quainvis ttutem absolutio sacerdolis alieni
beneficii sit dispensatio , tamen non est ntidum ministe-
rium , vel annunliandi Evamjelium , vcl declarandi ve-
rnissa esse peccala ; sed ad instar est actûs judicialis,
quo ab ipso , velut à indice, sentenliu pronunlialur ; al-
que ideb non débet pœnitens adcb sibi de suàipsius salute
blandiri , ni eliamsi nulla illi udsit contriiio , aut sa--
cerdoii animus serib agendi et verè absolvendi desit ,
putet tamen se propter suam solam fidem , verè et co-
ram Deo esse ubsolutum ; nec cnini fides sine pœ7iitentià
rcmissionem ullam peccatorum prœsluret; necisesset, uisi
suœ salutis ncgligcntissimus , qui sacerdotem jocosè ab-
sotvenlem cogno^ceret, et non alium serib agentem se-
duio requireret. Hinc sic disputamus :
1° Ex Palrii)us Tridenlinis suflicil niinislro intentio
faciendi qnod facil Ecclesia; atqni qui vult ritum
sacranienlaiein seiiù exequi, liabcl inlenlionem fa-
ciendi quod lacil Ecclesia : ut enim praidiclu~î est ,
quod Ecclesia facil, est opus ipsum cxlernum,ex
nialeriai et formai coniposilione , et ad subjeclnin
idoncunt applicalione consnrgens; quantùmlibet ergo
niinisler reluclanuin iutiis gérai volunlaleni, Sacra-
nientuni irrituin faccre hàc suà inipiclale, ex concilii
mente non potest.
2° Ex iisdeni Palribus absolutio sacerdolis instar
esl aclùs judicialis, (juo ab ipso, vclul'àjudicc, scntenlia
pronuntiutur ; liabct ergo niagnani cuni senlenlià l'o-
rensi al'linitateni ; atqui si judex sedens pro tribunali,
parlibus auditis, sersatisque public! juris formulis,
Ivoce gravi, vului et liabilu senatorio, seriù liberèq)ie
[scntenliani proférai, validiini judiciinn eril, eliamsi
forte aliud aninto niedilaiis rcinn malovoià voluntate
deireciet absolvere; neque in posierum andielur, si,
suî ipsius accusator existons, declarare pra;sumpse-
rit, sibi inlernuni absolvendi proposilinn defuisse;
ergo idem do sacerdote sacrum niijiisterium exercente [ j in Epislolas sancli Paiili, parle 3, disp. 2, de externœ
ex concilio ïridenlino dicendiim il inteiilionis suflicientià menleni suam sic aperit : .4(/-
1502
3" Pravam minlstri intentionem tnnc solùm oflicere
Sacrainenio ducet sacia synodus, ciiin pok-si à pœni-
lenle dipreliendi ; alqui quamdiù in pracordiis .-didita
lalel, iiitcrim(|ue riius cxtcrnus serio et libéré pcr-
agiUir, depreheiidi ab ullo bomine neqnil ; ergo ve-
ritati Sacramcnli ex concilii doclrinà non nocet.
4" Mens Tridc^nlini concilii dijiidicaro dt bel ex
errore opposite (piem profligat; alqin Luibi riHKniun
cuin qiiibus conlontio erat, palmaris liic error fuil,
in juslilicalionis negotio aut pcnilùs nidlani, aut certè
tenuissimam Sacranientoruni esse virtutem ; quippe
qu;e prailer vim fidei excilandie niliil babereni, unde
infcrclKint nihil iuleresse , sive seriù, sive miniicè
conrorreutur, verèque absolulmn iri , in quem sacer-
dos jocando verba proferret, modo se crederet pœni-
tens absolntum ; ergo hoc unum fuil Palribus Tri-
denlinis propositum , necessilalem exlerioris inten-
lionis juxla sanctorum décréta (irmare.
Adversariorum allucinalio detegitur, refutatur.
Quod enim aiunt adversarii , Tridentino canone
utriusque, lum inlernae, luni exlernije, intentionis
necossiiatem aequaliter constitutam , multis momentis
elidilur.
1° Debent verba canonum pront sonantetad rigo-
rem intelligi. eaque nec reslringerequisquam fas sibi
pulare débet, nec ampliare; alqui intentio siîie quâ
irrila Sacramenta pronunlianlur sola exlerior est ; id
quod persuadct tuni clausula, sullem, apposila canoni,
tum comparatio ex actu judiciali pelila , tum corum
gravis objurgati(t, qui sacerdotem joco absolventem
cognoscerent , et non alium seriô agentem diligenter
requirerent ; ergo, etc.
T Causa ijtsa adtendi débet propter quam indicta
Tridenlina syiiodus fuerat ; porrù non ideù Patres
conveneranl, ut scliolarum opiniones, dudùm à ma-
gistris gravissimis propugnalas, exculerent, sed ut
gliscenlcs boc lenipore ba;reses profligarent; alqui
non requiri in niinislris internam de quà aginius in-
tentionem, doclrinà oral à viris apprimè calbulicis
libcrrimè, ex quo scbolastica nala fuerat, ut slalim
probabinius, propugnala ; exlernam verô minime esse
necessariam , hx'resis erat, auctore Lulbero, et Cal- '
vinianis assenlientibus, contra (idem antiquam inve-
cla ; ergo eos solùm Tridenlina deHnitio feriit, qui
externae inlentionis necessilalem excludercnt.
.5" Quando de legisinteliigentiâ decerlaïur, jndices
audire pra^stat,qui ejus ferendiC et pra'formandie
curam babuorunt, qiiàm exlraneos quosque ejnsdem,
pro sludio caus;fi su;e , interprètes; atqui canonem
de quo controvertilur debere de solà extcrn.T, inlen-
tionis necessilate inielligi , judices habemus et testes
lorupletissimos Alfonsnm Salmeronimn , et Ambro-
siuin Calliarinuo) , qui pra'Sfiiles Tridenliiio concilio
adlucrunt, quibusque à Palribus, propter doctriniB
excellentiam , cudendorum c:inonum provincia dele-
gata fuerat.
Salmeroiiius (luideni, libro primo Coniinenlariorum
1503 DE RE SACRAMENTARIA. —
vertendum , inquit , dnplicem esse ititcntioncm viinistri
conferentis Sacrameulnm ; altcram (piidem publiceim et
Ecclesiœ ipsiur,, cnjiis uiiiiistcrio perfuiigitur, quicumque
ille sil , qui Sacramcntmn dispensai : liœc aulem itUenlio
salis exprimilur in ipsis Sacramentorum formis, ul :
Ego le baplizo ; Ego te absolvo ; Hoc est corpus nieuni ;
inicndit oiim Ecclcsia calliolica sicut el Cliristus Sacra-
vientorum uuclor, pcr hnjnsmodi verba baptizarc, absol-
vere, el panem in Christi corpus converlere ; hœc autem
intenlio inseparabilis est ab ipsis verbis, si intégré , ul
debent, proferantur ; et ide'o ministri sollicili esse debenl,
ut formam ipsam inlcgrè pronu)ilient , nec illani aliquo
verbo cotdrario vilient , (jub sic pcrficianl Sucrnmenluni,
et Sacramenli eff'eclum digne accedentibus conférant;
altéra verb intenlio privata est et particularis ipsius 7ni-
nistri , qui nul niliil crédit eorum quœ facil, aut occulta
secreiàque derisione facil , aut conlrariam liubct inten-
lionem non confirendi Sacramenta, aut eorum elfecius ,
etiamsi Sacramentum in forma Ecclesiœ consuetà admi-
nislrel hœc inlentio privata elsi necessaria sit , ne ?«;'-
nistcr pcccet, utque conformetur intentioni Ecclesiœ ,
tamcn tam forlis et efficax non est , ut viliare Sacramen-
tum possit.
Hacieiiùs Salmeronius : quôd autem ad mentem con-
cJlii Tridentiiii, ciijiis pars magna ipse fiicrat, isia
diclaverit, ex seqiieiUibus est manifesiuin : cùin enim
siib (iiiem disputationis , canonem 1 1 sossioiiis 7 si-
biniet opposuisset , dillicultalem oborl;\iii sic diluit :
Dicendum , inquit , quhd si intenlio illa saltem faciendi
quod facil Ecclesia , débet esse pars Sacramenli , non
débet esse illa cordis interna, et privata ipsius ministri,
sed publica, quœ verbis ipsis exprimilur, ut : Ego te
baplizo, etc.
Neque minor Catliarini awctorilas est, de qtio
cardinalis Pallaviciiius : Summà , iiKiuit , Hist. conc.
Tiideiit. , bb. 15, cap. 8, tir fuit cxislimalionc
per annos quos vixit , in cerlaminibus cnm liœrelicis
funclionibusque concilii nemini suorum œquatiuni aut
coltegarum plausu cessit. Scripsit illc pendenlc syji-
odo criiditum de nileiilioiiis cxternae siifficienliâ
opiisculuin, quod Tiidenli , non iniprobantibus Patri-
bus, publicavit, anlequàni scssio septuiia baberctur :
ubi prœter cariera quœ urget argumenta , doctoris
Angelici prœsidio el aucloritale nilitur; nec lamea
mulavit sententiam , dùm sessionis 7 canones , pr^e-
sente se et adjulorc, disponerenlur; quiii iinô tracla-
lum euindom quiiilo post anno, scilicet 155:2, typis
Romanis edi curavit; quis porrù vel ita imprudciilcm
Calbarinum credideril, ulnon adverteret sibi cano-
nem Trideiilinum esse conlrarium? vel proprùx; oxi-
stimalionis tam negbgenlem, ut laiisinn tcmerarium
non corrigerel? vel ila conlumacem , ul in proposilo
mordiciis conlra Ecclesiai universabs judicium pcr-
manerel? Sed elsi errorem noilet humililer recogno-
scere, non dceranlceriè qui cjus temeritaiem ad Ec-
clesiai tribunal dererrenl, ne(iue inagis ei in hoc
oapile, quàm in caleris, qua; indulgeus genio paulo
liberiùs efîulieral, pepercissent ; multos enim Calha-
rmus aimulos, adversarios nmllos cxpcrtus est ; r.lera-
DE SACRAMENTIS IN GENERE. VM
que cum Cajelano, cum Dominico Soto, ipsoque etiam
sacri palatii magislro , et abis scliohc Tiioniisliex'
profcssoribus btleraria cerlamiiia subiit : in nudlis
cum iegimus accusatum ; alqui in lanlo expostulalio-
num numéro, nullam ei de inlenlionc ministri , qua-
leni publiée propugnaverat , liiem inlenlaiam audi-
mus : nedùm verô occasione liâc aliquod laniic dis-
pi-ndium passus sit, cùm atitebàc Minorilanus csscl
episcopus , ad Compsensem arcbiepiscopalum à Ju-
lio m , Ponlificc maximo, summo omnium plausu
Iranslalus est : tandemque vocalus ad purpuram ,
(juam ne iiidueret mors prœmalura prohibuit ; ergo
Palrum Tridentinorum, ne ipsis quii!;^m exceplis Ca-
tbarini oblrectatoribus, confessio erat doctrinam ejus
cum doctrinà Ecclesiœ consentire : hoc ips-.mi Palla-
vicinus, Calbarino licèt in liàc parle conlrarius, reco-
gnoscit : Equidem, inquit, Hist. conc. Trident., lib. 9,
cap. 6, exislimo Catliarini scntenliatn faisant esse, sed
non ideb per Tridentinos canones diserlè damnatam ;
quapropler fas illi fuit affirmare, eam concilio non con-
iradicere. Et alibi , lib. 12, c. 10, recensito Pairum
decreto quod sessione 14, capile G, conlinetur : 7ï?x
liis verbis, ait, conjicere potest, quisqnis ea legcrit, non
esse rejectam sententiam Catliarini aliorumque tlieolo-
gorum opinantinm sufficere ut ratum sil Sacramentum,
volunlalem serib agendi ; vnloriqtie Sacramenli duntaxat
obesse jocum, qncm ipse Sacramoilum suscipiens co-
gnoscere possit.
Accedit ad cumulum ipsa hœreticorum confessio,
' quœ in prœsenti negoiio non parvi sanè est ponderis ;
neminem namque latel, luereiicos lapidein omuem
movere, ut catbolicos scriptores nltrô cilrôque etiam
ingratiis pertraliant in parles suas; ita([ue si Catbari-
nus Luthero faveret in speciem,ejus auctorilatem
heterodoxi non négligèrent; alqui in advcrso Marcus
Anlonius de Dominis, ini(|uissiiiMis ille callinlicœ Ec-
clesiœ desertor, Calhariunm à suà senlenlià proisùs
alienum agnoscit, lib. G de Rep. Eccl., § i"! el seq.,
idcmque alii conlitentur ; ergo, etc.
Probatio vni, ex tlieologicâ ratione.
Quœ bacleiu'is in controversie decursu attulimus
gravissima sanè rationiun luomenla, brcvilcr hic, et
alla, si quœ suppercrunt, perstringenms.
1° Chrislus in Sacramentorum negotio prœter nu-
dum externumque niinislerium nil concessil homini-
bus, Jioc enim Scriptura disertis verbis alliiniat ;
ergo hoc ipso quo quis volens et sciens, et in circum-
stanliis debitis ritum cvangelicum foris célébrât, verà
conficit Sacramentum : nec debemus de secrelâ cjus
inlenlione, malane fueritaul bona esse sollicili , quia
ut loties ex S. Auguslino prœdiclum est , Saaamenlo
suo divina virtus assistil.
T Ideù, ipsis consenlientibus adversariis , non est
necessaria m ministre producendi eflectus sacramcn-
talis intenlio, quia ila cum Sacrainenlo conjunctus
est, ut necessariô ex illo, velit noiil niinislcr, seqiia-
lur; aU|ui pariler boc il>^o (piôd jiixta Cbrisli prœ-
scriplum, rilus aliquis exteriùs observalur, necessa-
II rium est esse sacrum, di\inum et sanctunr, non enim
m^
quj:st. vu. de ministris s.vcuamentorum.
150(»
Jonniicin liodiè b:ipliz:iri i\ ininislro qui siiam intùs
iiilfiilionoin coliibeat, el iiolitsacrnin cs.^e quod facit :
|)(iiiaiiius (l(Miiilc Joaniiciii lutalc Icgiliiuà occlesia^lico
onliiii aj^'grrgari, saccrdokiii ficri, croaii episcopiim,
et diœccbini aiiiplissiinain laiilo (ciiipore inodcrari,
quaiittiiii salis fuciil, ul pcr scipsuin cienim otiincMii
valeat iniiovare ; qiiod aulem de uiio iioiniiic dccjue
unà diœcesi est dictuin, (|uid vclat ad plures cxlciidi ?
Jaiti sic proscqiior arj<iimeiilum.
Joaimes iii liàc ii\ polliesi vcrù baplizalus non fuit ;
adeôque iiec venis in postenim sacerdos, ncc vcrusfuit
episcopus; nam quoniodù sacri ininis>lciii gralian) per-
copisset, qui neqnidcnialligiljanuam Sacranicnloruni ?
Igilur qnos putalus episcopus ordinavil, veri «acerdo-
ti'S non sunl; uiide scquilur in lolà iiâc legione Ec-
closiani nullani esse, iiullaSacranienla, niilluin sacrifi-
ciuni, vananique liabere leligionis iniagineni quxcuni-
que videiittir ad veruni Dei culluin inibi peilinere;
quod cùni diclu nefaiium sit, longé ccrtius est quùd
;id Sacranienloi'um valoieni inlenlio sola lequiiiliir
serio peragendi quod facit Ecclesia.
8° Sic inslruitur : Cura Sacranienta fuerint in favo-
rem hominuni insliluta, ut ex liis veliit foniibus gia-
liani divinam haurirent, talia esse opoiiebat ut de co-
runi snsccptione ccriù nioraliler ?alleni conslarc pus-
set, ne videlicet perpeluù flucluarent, iniportunisque
anxieialibiis discruciarentur ; atqui si ab interna mi-
nistrantiuni bonà voluntalc pcnderenl, scrupulorum,
soilicitudiniim, diibitationuni nulius finis csscl futurus :
cuienim, aniabo, si crcdinuis adversariis, ccrlù con-
siabit verc se esse baptizatum, verè absolutum, verè
prcsbvicruni consecratuni, verè corpore el sanguine
Ciiristi nutrituni, etc., cum ha;c omnia polueril niini-
strorimi malitia inipedire? « Per bancergo doclrinam,
inquit Sahneronius Comment, in Paul., lib. 1, part. 5,
disp. 2, redderelur nobis Kcclcsia invisibilis, imagina-
6° Ex constitulioae Ecclesia?, quam voluit Cbristus ' i ria,etniatbemalica,etmiserachristianipopiili conditio;
quia Cliristianus pr0[iter defcctum intenlionis minislri
nunquàm certus esse possel de I?aplisiiio, absolulione,
el ordinalionc ; atque bàc raiione in infinilum posset
procedi, el omnia esscnt in dubium revocanda, et aca-
demici omnes el nulantes redderentur. »
§ 3. Dituunlur adversariorutn objectioncs.
(juam tucniur de suflieientià extern.x intenlionis
senlenliam, tamis munila pr.esidiis est, lam est ad ii-
luslrandam Sacramenlorum virlutem idonea, antiquo
Ecclesi;c mori, Palrum sentenliis, ipsique rationi csl
adeù coMSentanca, ul in eam ultrù citiôque consensu-
rum non dubitinius, quisipiis argumenta proposita
mente pacalù el ab onmi pra-judicio libéra p nsitave-
ril : quia lamcn mullos babet contraria opinio defen-
Eores, à quibus pleraquc conlenliosè magis qtiàm \crè
et solide, eliain cum styli acerbitate lorquc.iiin-. non
eiaiît cerlc à nobis isla pnelereunda, ne causam ve-
rilalis intempestiva laeiturHilas pruderel : sit ila-
que
magis Salvator voluit ab inlcrno cordis affeclu et
secrelà minislrantium volunlalc veritatem Sacramen-
lorum, quàm graliam ipsani el cliaracterem pcndere ;
crgo, etc.
5° Valcl Baplismus à Juda'o, Manicluco, pagano,
aibeo collatus , quod nemo calbolicus ncgat; atqui
bujiismodi lionnnes faeiendi lilils sacri inlcnlionem
non liabent, nec vero babere possunt, ut dictum est;
ergo, elc.
4' Pelilur ex iiieifieacitate nialai contrari.c volun-
talis ; ideo enim non slaret in pnesenli iiypolhesi
Sacramenlum , quia nollet minisler ncfarius ; atipii
bx'C ratio nulla est ; nam ([ua; piena et absoluta vo-
luntasest, viiiei uon polest velieilate contraria; at-
qui minisler, quando ex oflicio vel in casu necessilatis
mysieria Dei dispensai, plenam habet cl absoluiam
volunlalem , rem in se sacram adminislrandi ; (juod
enim rêvera i'acit , absolutè velle convincilur ; quia
operalio, volunlatis cortissimum e^t argunientum ; è
contra uiala inlerior alTeclio quà Sacramenlum esse
non vult id quod exleriùs célébrât, stulta cl invalida
bominis secum ipso pugnanlis colluctalio est , i!li
similis quà quis lurtum libéré faciens diceret inlra
se : Nolo Deum offendere , aiil quà mercator merces
in mare metu imminenlis procella; projiciens , sic
corde proponcret : Nolo jacturam merchnn facere ;
ergo, etc.
5° Ex naturâ Sacramenlorum : Sacramenlum est
res seuiibus subjecla, (iu;c ex inslilulionc Dei, sancli-
latis cl jusliliic lum significandic, lum efliciendai vim
habet ; ergo nibil nisi quod sensibus pateal in Sacra-
nienti dennilione et nalurà ponondum est ; atque adeô
lalens minislri, sive bona, sive mala, iiilinlio Sacra-
ji;cnto penilùs exlranea est, neque alla practer exler-
nam, rilùs sacri cclebralionc expressam, requiri de-
iet.
cxlerna) et aspeclabilis reipnbliccc babere l'orniani ;
non enim angelos, sed homincs adunabat; atqui in
bcnè moratà republicà per solam seriam qua; exleriùs
paleat adminislraiionem negolia eliam gravissinia
transiguntur, nec de interna minislrorum intenlione
curalur, slatim aUpie id omnc quod legibus cautum
est, constilerit observalum; ergo pari rationc (irmiler
tenendum, per solam extcrnam inlcnlionem valida
fieri Sacramenta, ncc posse privalà minislrantium
malitià irrilari; quia quando publiée Cliristi nomiiie
el aueloiitate agunt, non sua adl'erui.t doua, sed
Cliristi.
7° Ex pcrpetuitale Ecclesia: sic inlormatur : Eccle-
sia non polest deficere ; fiindata enim est supra fmnam
pclrum , et portœ iuferi non prœvalebuut advcrsùs cani ;
atqui in advcrsariurum bypotliesi nularel bac verilas ;
nam Ecclesia doficerel, si minislros sacros non babe-
rel, cùu) ex clero et populo, ex clero vero principaliler
coalescal ; alqui si ad Sacramenlorum valorem abso-
luti"; cssel necessaria menlalis inlenlio, bominum ma-
litia possel tandem aliquando conlingcie, ut penilùs
Objectio prima , ex novttalc.
Validissinms Iiic advcrsariorum est aries : N^mi do-
ordo sacer extiuguerelur : quod sic oslend > ; ponamus ji bel, iiKpiiunl, scnleniia approbari, quaî nova esl ; quia
1507 DE RE SACRAMENTARIA. --
iioviîalis oinnis est sacra doclrinn impatiens : aUjui
oniiiii) i!o extorioiis intonlioiiis siiflicitMilià, nata mi-
(liùs Icrliùs, riolà novilatis iiisignis est; ergo, clc. —
Hcsp. : Conccssâ majore, nego min.; nnviini enim
liiooldgi ciicinms, qiiod à Srrii)lur;»; et iratlilioiiis \n'x-
scriplo, coninnini(ii:e Eoclesi;!) sensu recedit ; atqiii
.'ulvcrsùsscntentiain qiiani (ieltMKiinuis moveri aceiisa-
lio ista cum lundamenlo non polcst; qnin è coiitra, ut
supra ostciisum est, ex Scripturarum auctoritate sponlè
et rcetà linoà sequitnr, magnam liabet cum decretis
conira Poualistas lalis conjunolionem, vetcri Ecclesi;«
praxi de SacranuMilisitorandis, vel non ilerandis con-
formis est, sanclorum Patruni, Augustin! pra^seriim
et TliouKv, patrocinio gloriatur ; malorum ergo litiga-
toi'um more agunt adversarii , quando proprium sibi
crimen coulra senlientibus inconsidt-ialè iiupommt ;
nam qnod illi tautà aninii contenlioue prop:ignant,
ruere et mitli in irriuun Sacramenta, nisi ritus seriù
peragendi intentioni, lotumque illud exleriùs obser-
vaiidi quod imperalimi à Cbristo est, altéra secrtlior
ritûs sacri et Sacramenli perficiendi respondeat, no-
vum hoc esse meliori uos sanè judicio aflirmamus;
cîun neque Scripturà, nec traditione, née uUo deni-
que anliquJtatis documente probari queat, ipsique
Sacramentorum institulioni et elficacia! quani divini-
tùs acceperunt sit manifesté conlrarium.
Inst. 1° probando minorem : Nova doclrina dicenda
est, quoc muitô post conditam Ecclesiam nata, sialim
atque prodiit lurbas in Ecclesià plurimas, mullorum-
que concitavit offensionem ; atqui dogma de exlerna;
inlentionis siiflioieiilià iongè post conditam etaduitam
Ecclesiam , nimirùm concilii Tridentini temporibus,
ab Âmbrosio Catharino rerum novarum avido est con-
llatuMi , et gravis scandali occasio fuit; ergo, etc. —
Resp. : Concessà majore, nego min. Quam multis sca-
tere viiiis studiosus quisque facile compcriet. 1° Nam-
que falsum est , doctrinam pro quâ slamus non ante
concilii Tridentini tempera prodiisse, sivc enim priera
sccula evolvamus, sive decurramus a^atem , scliola-
sticaî tbeologiaî inslitutioiie posleriorcm, mullosejus-
dem doctriiue patronos ubique ofiendinuis ; de prioii-
bus quidem seculis nibil est quod in prncsenti dicamns,
poslcpiàm loi et lanta vcteium monumenla allulimus,
undc constat omnil)us Cbrysostonii et Augustin!
arrisisse seiilenliaiu de eHicacià et virlute Sacranien-
lorum, quam nuUa quanlaiibel impielas ministrantium
impcilire aut aliquantulùm suspendere potcst : Neque
enim ju.ilum est, inquiebat S. Jean. Ciirys., bomil.
85, in Joan. propler alierius maiiliam , ad sululis no-
stra; sijiiibolu fuie accedeulcs olfendi; iste verè contra
Donatistas prineipii loco ubique ponebat , iiiiquam et
7naculosain baplizantis conscientiam , secrelam (icèt et
occultain, baptizuto nocere nequaqmin passe, et Sacra-
vicntuni clfeclu suo vacuarc : quantum verù spécial
a;taiem quic ab exordiis soholaslicaî IheologiLC ad
concilii Tridentini celebralionem effluxit , habemus
ejusdem sentoniiaî vindices omni exceptione majores,
Magistrum scntentiarum , Pelrum Canlorem , Pra'po-
silivum, Uobcrtum PulUuu, doctoreni Angelicum,
DE SACAMENTIS IN GENERE.
Ib08
Innocentium !V, Pctrum Paludanum , Sylvestrum ,
Clirysoslomum , Javollum , angelum de Clavasio , et
quamplures alios. 2' Falsum preinde est (juod aiunt,
sysiema de externse inteniionis sufficienliâ , synodi
Tridentin;c temporibus, Catharino parente prognalum;
sit saiiè hsPcCatharini laus peeuliaris, quèd dsK-irinam
anliquam scholai um caligiiie obscuralani è lenebris in
quibu> jaccbat, ad lucem piistinam rcvocaverit, cà-
demquc ad refulandes Lutiicranos féliciter usus fue-
ril; parentem cerlè vel inventorem hujus syslematis
dicere non possumus nec debemus, neque banc ipse
sibi gloriam arrogat; quin è contrario aiitiquis vesli-
giis insislere se et pressiùs adhierere , toto passim de
inlenlione minislri opuscule profiletur ; qiianquàni
vcrù libérions et ad novitatem propensioris fuisse
ingenii Calharimun , imè et à recto veritatis tramite
in aliiiuibus recessisse ass'^ntianmr, non inde conse-
quens est , quod in omnibus erraverit : iniquum
namque fuerit, prepler lapsus aliquos, quœcunique à
quovis auctore dictala fuerint , universè damnare ;
nisi in omnibus professus veritatis hostis légitima
argunienlatione probetur. 3° Quod iu argumente sub-
nectitur, Catharini opinionem , statim alque prodiit ,
lurbas in Ecclesià et plurium excilâsse offensionem,
est illud longé falsissimum : ut enim proediximus,
anle octdos Palrum Tridcnliuorum, suam de intcn-
liene minislri seiitiMiliam quà voce, quà scripto apertè
explicuit; in tante Palrum et theologorum numéro
ncme centradixil , neme detulit ad judicium Ecclesiai
sysiema novuni; imè onmibus placuisse, omnium, ne
exceplis quidem ejus fervidissimis adversariis, silen-
tium prebat; nihil hinc de ejus existimatione, digni-
tale , auclorilaie miimlum ; (juin è conira nevis cl
splendidioribus infulis auctus, eâdem et paulè forte
majore quàm anlehàc iloruit opinione docli'in:.« ; ca-
nones edeiidos in synodo, uti anlehàc digessil et prse-
formavit ; ne verè putet aliquis , eum lacilè sallem
suam de inlenlione sententiam in sacre concilie rétra-
ctasse; eamdem , ul pnodictum est, quinte post anno
lypis Romanis, uemiue reclamanle, publicavil, quam
d 'inceps boni ubique lerrarum theologi, excussà sche-
larum lyrannide susceperunt ; falsè ilaque et conira
veritalem hisleri;ceppomiiil adversarii declriiiam liauc
lurbarum in E'xlosià causau! fuisse etfomitcm.
liisl.2' probando min. : Theologorum senteiilia fuit,
Catharini opinionem vel luercsim ipsam esse Lullieri,
vel proximè ad illam accedere : sic prêter ca-teros
cardiualis Rellarutiniis de Sacramenlis in gencre, lib.
1 , capite 27, cui tilulus esl , licquiri iulcutioiicm fa-
cieudi quod Ecclesià facit ; pisUjuàm Lullieri (Jusque
se(iuacium verba reccnsuit : Ad liane, uu\inl, liœreli-
conim sententiam proximè accessisse videlur Ambrosius
Catliiirinus , qui in opusculo de Inlenlione minislri Sa-
cramentorum , dislinquil dupticem intenlioncm , nnam
faciendi simpliciter actum externum quem facit Kcclesia,
altcram faciendi uclum externum non simpliciter, sed ut
sncramcntalem , sive anima celebrandi mijsterium , qnod
Clirislus instituit cl Ecclesià célébrai ; et quidem prioreni
intcmlonem (Ut rc(iuiri, posleriorcm nerjat; ilaque si quis
1509
QU^ST. MI. DE MIMSTUIS SACRAMENTORLM.
1510
dùm puerum baplizal , inlendat fiindere uquam super
pucrum, et diccrc : Ego te baptizo, secundiiin Calkuri-
num eril veruni Sucramciilitm , ct'uimsi ille inlciulat
aquiim fundcre , et illa verba dicere solum ad luvaiidum
corpus pueri à sordibus, velud ludendum eo modo ; quœ
opinio non video quid différai à sentcntià Kemmtii cl alio-
mm liœrelieorum, nisi qitbd Culliariiius in fine opusculi
suhjicil se Apostolicœ Sedi cl concilia : illi aulcni ridoil
ulrnmque; orgo , elc. — Uesp. Dist. aiU. : Tlicolcgo-
ruin senienlia luit, Caiîiarini opinioiiem, de. Theolo-
goriim , inquam , omnium , nego; aliquorum, subclis-
tiiigiio ; sentenlia prœceps, inauditis aul ceilô non
inlL'lloclis parlibus lala , concccio ; vcra , et nialuro
fundala jiulicio, nego anl. et conseq.
E. R. 1° iSegamus llieologorum omnium lioc tam
sinislrum de Caliiarino fuisse judicium; quin è conira
Romae et in aliis chri^liani orbis parlibus plcroscjnc
apinobatores et dofonsoros docliina cjus sorlila est\
propterea qiiùd visa fuerit divina; Majcstali virtulique
Sacramcntorum apprimè concimiala , ad refellendas
liaTcses mirabililer continuata , tanliiniquc dislans ab
insano Lutberi dognialc, quantum vcritas errori con-
traria est : in hoc numéro poninius Alphonsum Sal-
nicronium de quo | aulù anle dictum est , Joannem
Viguerium , Mariuni Scribonium , Zachariam Pasqua-
ligo, Franeiscum Farvacqucs, Jacobum Sanlaboucum,
\incentium Contensonium , Gasparem Jueniniim ,
Franeiscum Genettum , niagistrornm Parisiensium
longam seriem , aliosque longé plures omnium ordi-
num primi subsellii viros.
2° Aliter Bcllarmino et plerisque aliis visum fate-
mnr : sed suo delusos judicio afiirinamus, quia inau-
dilum, aiit ccrlè non iiitelleclum, Catharinum scnten-
tià pnccipiti condemnàrunl : putabant enini vcro
Catharinum omnem penitùs negàsse inlerioris inlen-
lionis necessitatem , eamquc solummodô admisisse ,
qii;e in actione exteriori posita est, quccque quoniani
lalenlis volunlaiis est signum , per abusum intenlio
vocilatur : existimabanl insuper Sacramenla per lu-
dum et mimicè data , Catharino rata probataque
fuisse; quie quidem si reverà sensisset, in castris Lu-
lheran;c factionis p.iihlàssct, nullâqne posset ralionc
feruli; inanuMi suhducere; atqui longé aliter Cathari-
num; vcram cnim, internam et propric dictam ritùs in
Ecclesiâ sacri, prudenter et seriô peragendi inlentio-
ncm omninô neccssariam es e propugnat ; unde do-
clrina cjus inter exlremos Don:iti>larum cl Luthera-
norum errores média est , et ulrique confodicndo
idniiea ; volebant illi impieiate quàlibct ministrorum
pollui et irrita fieri Sacramenla; docet in contrarium
Caiharinus, virtuli eorum et efficacire , interna mini-
sirorum impieiate nil delrahi ; conlcndunt isti idoù
(juoJ sola lidos justihcet, nullumquc Sa( ramcnla robur
habeant ad graliam largiendam , nihil interesse sive
seriô sive joculariter mini^trcntur; ex adverse cum
Ecdesià catiiolicà sentit Caiharinus, magiiam et mi-
rabilem Sacramcntorum esse virliilem , Sacramenla
vora non esse , nisi seriô omiiiqiic aniolo joco , uti
par est, celebrentur; falsô itaque Bellarminus cl alii
Lulhero Catharininn coiisociant , qucm constat Lu-p
tlierana; lucrcsis slrenuinn fuisse debellalorom : M
qiiod cardinalis Pallavicinus Rellarniinox'quior judei
agnovil, ut vidiinus supra prob. 5.
Inst. 3°: Atqui vero maturoque judicio Calharini
scnlcntiam reconlium hacreticorum errori, thcologi
ad;equarunl ; crgo, etc. Prob. subs. Non Lulhcri tan-
tùm, sedelCalvinialiorumquede intcntione doclrina,
velut hLcresis damnata est; atqui opinio Calharini
est doctrinxÇalvini simillima ; sic cnim loquitur Iste
j in antidoto concilii Tridenlini, can. 11, scss. 7 : Quod
I de inlenlione consecrandi (jarriunt, à sopliislis nultà
' probabili ralionc fuit proditum..., ego sacrosunclœ
Cliristi inslitiilioni tuntiim défera, ut si Epicureus quis-
piam, inliis lolam actionem subsannans , milii cœnmn
ex Clirisli mandata, et secundiim regulum ab ca datam,
j rituque légitima administrct , non dubitem panem et ca-
licem illius manu porrecta , vera milii esse corporis et
j sanguinis Cliristi pignora ; quœ sanè verba à syslemate
I Calharini nil dilîerunt : ergo, etc. — Resp. : Nego
: subs. Ad probationem, concessà majore, nego min.
(Juanquàm cnim voce tenus vidcatur utraque aliqna-
lenùs convenire sentenlia , sensu tamen longé diiTc-
runt; et magno dissident inlervallo : nam, ul sœpé
dictum est, Calvinus non secùs ac Lullierus quem
niagistrum secutus est, solà fide hominem justificari
volebat, nullam agnoscebal in Sacramenlis juslilke
conferend^c virluten), nec alias volebat eorum, quàni
verbi Dei esse partes, unde conscquens fuit, ut om-
nem lollerel inlentionis, non modo inlerioris, sed
exterioris, necessitatem ; quod etsi cô loci diserte
non exprimat, ex pravis ejus principes necessariô se-
quitur; bine Martinus Kenmitius ejusdem secl:D pro-
fesser, eumdem canouem refutans.parle 2Examinis,
suamqueet Calvini menlem uberiùs explicans, ulrasEi-
que pari momenlo rejicit, tum iijternam , lum exler-
nam intentionem : Quemadmoditni, inquit, verbuni
Evangelii prœdicatum sine ullà inlenlione , esse verbum
Evangelii non desinit, et qui ci assenliiur, juslificalur,
quanliimvis perversam, tam interiorem quàm extcriorem,
vcl etiam nullam linbeat minister, ila neque desinit esse
Sacramentum, modo applicelur forma maleriœ , eliamsi
absque inlenlione reclâ applicelur, sed è canlra cum per-
versà inleriari tel exteriori, vcl etiam nullà... Xcc sol-
licita esse débet conscientia de intcntione mi>iistri, sed
si vox Evangelii anminliatur, fuies cam apprcliendens
statuai se coram Dca absolulum, quidquid sit sacerdolis
uninio. Perperàni itaque compaialur Caiharinus cum
Calvino, maxime cùm ipsimet protestâmes loto cœlo
illum à se dislare agnoverint, et confessi fuerint.
Vide supra.
OnjKcno ALTKRA, cx iuslitutione Sacrumcnlorum.
Oitj. Ex ipsà Sacranienlurum inslilulionc sequi vi-
dclur, cam in minislro recpiiri inlenlioiiem, (pià velit
iiileriùs Sacramcntuu) perlicerc; crgo intenlio opcris
cxlorni non suflicit. — Resp. Dist. ant. Ex ipsà Sa-
eramcnlonmi inslilulionc sequi vidolur, eam in mi-
iiistro re(juiri inlonlioncm, quà vclil intcriùs Sacra-
mentum perlicerc, quà nimirùm vclil id faccre, quod
1511
DE m SACRAMENÏARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
bciiè novit it. Ecciesià clirislifinâ , pro sacro et rcli-
gioso li:>!)(;ri, coiicedo ; quâ velil ipse religiosum esse
et sacnirn, qnod cxteriùs peragit, nego anl. cl conseq.
E. R. Hoc argiiiiientuin , siciil cl plcraqiie cjusdcm
gciieris alia , ceqiiivocalioiie Liborat, «itiic stniil ac
delecla fuerit , (|iiiil(iirul vidcliir liabere roboris eva-
ncscil ; ideô insliUita sunt Sacramenta, ut esscnl gra-
lia; ad hoinines, virlule accepta diviiiiiùs , perfereudic
veliiciila; eoruin verô consecraiidoriuu non idcùcon-
lidit Cliiistns aposlolis, eonuuque successoribiis po-
teslateni, ul aliquid à niinislniiililjiis virlulis babe-
rent ; opus enim divinuni indnstiià virtuleiiuchumanâ
non iiidigel, sed tanlùm ut eorum vicarià manu dona
sua bominibus qnos icdemcial largiietur; ilaquc in
minislro , inlenlio suflicit, quâ velit jussa Domini
adimi)lere, tolum id exteriiis opcrandoqtiod sit in Sa-
cranientoruiu cclcbratioiic esse prœscriplum : iiauc
auleiu haberc se salis siiperque déclarai, qui riUiui
sacrum dcliberalè , circuuispectè et in circuinslantiis
opporlunis cxleiiùs peragit; naui, jier Deuniininior-
laleni ! si uollet, non ageret ; neque ad plenani secu-
rilalein suscipientiuni uileriùs qaa;ri débet , utrùm
babeat, qui minislral, internam et secreliorem in-
tentioneu), quâ velit ipse boc esse sacrum qiiod agit;
Iiàc enim si cariierit , nocebit quidem ipse sibi plu-
rimùm, ncfandi sacrilegii coram sumnio judice con-
vincendus; al nibilominùs pro Cbristo , velil nolit ,
legatione fungelur ; iicquc nocebit divine myslerio ,
quia eliam atheo, apnslalà, Manichœo, et alio quovis
perdilo liomine baplizante, Cliristus est qui baplizal.
Insl, 1" : Atqui requiri in ministro intcnliouem ,
quâ velit sanclum esse et religiosum , id quod foris
operalur, ipsa Sacramentormn inslilulio innuit;
ergo, etc. Prob. subs. muUis niodis : \° Clirislus bis |
verbis , Joan. 20, 22 : Accipile Spirilum sanctuin; |
quourum remiscrilis peccata, remhtuntiir eis, et quorum 1
retinueritis, reteiita snnt; apostolos constituit judices,
eisqiic proferendiG erga reos sentenliic veram con-
Uilit polestatem ; at(|ui scnlenlia sine intcriore in-
lenlione prolala invalida est, maxime verù si judex
contrariam intùs gérai voluntatcm : quommodô enim
verè absolvere dici potcst, quem absolvere rêvera
non vuli ; crgo, etc. 2° Post instilutam Eucliarisliam
prœcepit aposlolis, corumqne in perpeluum succes-
soribus, ut sacrum bunc rilum in suî men)oriam fa-
cereiit , Luc. 22, 19; 1 Cor. 11 , 24; atqui non po-
tesl divinam Eucbarisiiam in Chrisli memoriam con-
secrare, qui in corde babet inlenlionem Cbristi in-
icnlioni contrariam ; crgo, etc. 5° Forma Exlremre
Unclionis ubique gentium est dcprecaliva : depreca-
tiva parilcr est sacrcc Ordinaiionis forma apud Gnc-
cos et Lminos ; et forma absolvendi apud Graicos ;
ideuique de (piibusdam aliis Sacramenlis ibeologi
communilcr affirmant ; alqui sine interna inlentione
verè preces fundi non possunl; ergo, etc. Rcsp. :
Nego subs., et ad probaiioncs adjectas l'cspondeo
sigiliatim.
Ad primum, conccssà m.ajore, nego min. Quin è
contra , uU supcriùs concilii Tridenlini verba ponde-
1512
rando ostendinuis, pro nobis onmiiiô comparalio illa
facit : quo magis mirari subit, ab adversariis ad opi-
uionis SULD praesidium lanlâ confidentià iiilorqucri ;
ils enim ipsis faienlibus, pari ralione se babet sa-
cordos rrga pœnitcnles, quâ judex erga reos sibi sub-
jectos ; alqui licèl intcriùs conlrariâ volunlale repu-
gnct judex, slat nibilominùs et probatur senlenlia
secundùm juris formulas, legumque edicta foris ab
illo pronunliala quia agit ut persona publica et no-
mine principis à quo judicandi potestalem formam-
(pie pnescriplam babet : parilcr ilaque de sacerdo-
libus pœnitentiic adtninistris est sentiendum.
Al, inquis, judex absolvere dici non potest, quem
absolvere reverà non vull. : Disl. anlec. : Quem
absolvere reverà non vull, voUmlale efdcaci qux-que
in aclum prodeat, concedo; volunlale ineflicaci , et
sterili, nego. Solulio patet ex dictis.
Ad secundùm, dalâ majore, nego parilcr min. ;
nego , in(|uam , Cbristi memoriam esse non posse ,
nisi inteiilioni seriô peragendi rilùs exlerni altéra
secrctior conjungatur , per quam minisler seipsum
Chrisli inlentioni accommodel; quod enim Eucharistia
sacrificii cruenti in arâ crucis oblali memoria sit, non
à volunlale bominis sacrilicanlis, sed ex divinâ in-
slilutioiie ipsâqne nalurâ suà babet ; adeôque boc
ipso quôd sacerdos serio, libéré et in circumslauliis
debilis, juxla ritum prcescriplum divinilùs Eucliari-
sliam consecrat, reus quidem fit corporis et sanguinis
Domini, si non liabctrectitudincm intenlionis; al nibi-
lominùs, quamlibet pcrversam gerat inlcriùs volun-
tatcm, id quod est ab Aposlolo, 1 C;)r. 1, 20, pra;-
dictuni adimplel : Quolicscumque manducabitis paucm
hune el calicon bibelis, uiorlcm Domini annuntiabilis
douée venial. Deinde, si bcnè adverlimus, objeclio
lijïc ad Donatistarum insaniam rectè peiducit : po-
namus enim sacerdolcm quempiam, Manicb^ei aut
Cerdoiils stolido errore deceptum, negare quôd Chri-
stusvcrèluimanum corpus, veramque carnem assum-
psoril ; minupiid inlùs ille volet lilum exteruum sa-
crilicii in passionis cl morlis Cbristi memoriam ce-
lebrare? Minime sauè, imô ne vclle quidem poleril ,
cùm verè passuin verèque mortuum neget ; vel ergo
in boc casu , contra Ecclesiie fidcm diceiuliun, pro-
pler minislranlis lieresim irrilam Eucbarisiiam licii;
vel, ne deseratur fides anliqua, ingénue conlitendimi,
ctiam siire bonâ, imù nec obslante malà iiileiUioiie
ministri , Eucbarisiiam Cbristi verè esse memoriam,
boc ipso quôd ritu exlerno, proul esl divinilùs con-
slilutum, conlicilur.
Ad terlium : 1" Rclorqueo argumcnlum : Non pos-
sunl ver;c fundi preces ab eo qui voluniatem babet
peccandi ; ergo si sacerdos cum peccandi proposilo
Exlrcmam Unclionem, exempli graliâ, minisiraret,
verum non conficeret Sacrainenlum ; alqui docliiiia
bœc répugnai Ecclesia: definilioiiibus ; ilaque argu-
mentum nibil probal, quia niniis. 2° Conccssà niaj.,
disl. min.: Non possunt vera; sine interna inlentione
fundi preces, qua; simi)liciler preces fuerint, concedo;
si siiit preces sacramenlales, consccraloria;, cl aU
1515 QUiEST. VII. D1-: MiMS
dandam sacramcnlis cfficaciam divinilùs iiisiiluUc,
nego min. cl coiiseq. Soliilio ex principiis siepc repe-
tilis est manifesta; peccalquidemminisiergravissimè,
mleiilionem suam quaiUùm in ipso est, volimtatc sa-
crilegà interiiis coliibendo ; iiiide verè orare ipso
propler improbilalem siiaiii dioi, non polcsl; sed cùm
aliundè oralio lia;c, qux' gcmilum columb;i! Kcclesim;
exprimit, cimsecraloria sit, et ex diviiiâ instituiionc
lain efiicax, quàm et forma absolnla non potest pro-
pler minislri maliliam suo elfeclu haudari; vide qn.e
alibi diela snnt, qnicst. I, c. I, § G, de discrimine
quod formam absolutam et deprecaloriam inlercedit.
Inst. 2* Idem lit de cseteris ac de Matrimonii Sacra-
nienlo jndicinm; alqiii constare Matrimonium sine
interna minislranlinm inlcnlionc non potest; ergo.etc.
Prob. min. Malrimoninm mntuo conlralientium con-
sensu fit; atqni non consentit, nisi qui internam ha-
bct inlentionem; crgo, etc. Resp. : Concessâ majore,
nego min. Ad probationem dist. niaj. Matrimonium
mutuo contrabentium conscnsu fit, in quantum civilis
est et naturalis conlractus, conccdo; in quantum est
Sacramenlum, nego niajorem ; et data min., nego
conseq.
E. II. De Sacramento Matrimonii quis ejus neces-
sarius sit minister, non una ibeologorum opinio est ;
cxistimant alii eos ipsos esse qui contrahunt, eosque
solum argumenlum proposilum, si quid virium habet,
urgere potest; alii cum quibus siaiiius, magis, ut
quidem pulamus, addoclrinamanliquam consenlaneè,
contendunt matrimonii non secùs ac aliorum Sacra-
nientorum ministres esse bomines sacros, de quibus
ab Apostolo dictum est 1 Cor. 4., 1 : Sic nos exhlmet
Iwmo ut ministros Christi, et dispcnsntores mysteriontm
Dei; quo posilo ad nos difficultas illa non pertinet,
cùm sit de falso supponente, ut schola loquitur: con-
sensus enim interior de quo argumentum procedit,
non adbibetur ab eo qui dat Sacramenlum, scd ab
ipsis conlralicntibns; quoniam verù de bâc qux'Stione
specialis, libro 10, fulura disquisitio est, ad bune lo-
cura siudiosum lectorem remiltimus : intérim ne
putet aliquis, doctrinam banc sancto TbomiB, ut ja-
clitant M.ulti , esse conlrariam, admonemus, prx'tcr
celeberrimos de scliolà nosUà tlieologos, prccccpto-
rem Angelicum suiïragalorem liaberc : Matrimonium,
inquit, lib. 4 cont. Cent., cap. 78, in quantum ordi-
nalur ad bonum Ecclesiœ, oporlet quod subjaceal regi-
inini Ecclesiee ; quœ autcm populo per ministros F.cclesice
dispensantur, Sacramenla dicuntur.... unde et quce-
dam bcnedictio nubenlibus per ministros Ecclesiœ adtii-
belur;el in 4 Sent. dist. 1, .'^rl. 5, ad o, docet Matri-
monium sicut et Pœnitenlidin, quateniis utrumque est
Sacramenlum, in dispensulionc minislrorum Ecclesiœ
comislens, Itubere aliqua verba quibus perficialur ; et
2 2, q. 100, art. 5, allirmat iliutium esse dure pro
Malrimonio pccuniam in (juantuin est Ecclesiœ Sacra-
menlum ; et ideh, inquit, jura prohibent ne pro bene-
diclione nuptinrum al\q\Cul cxiqalur ;qiue verba clariora
snnt, quàm ut cxplicalione indigeant.
Sed cisi daremus contrahcnlcs sil)i invicem Sacra-
ni. XX.
mis SACKAMENTORLM. VAi
menti cssi; ministros, foret nibilominùs Iioc argmnen-
luni invalidum prorsùs et imljccillo : consensus ciiim
qucmsibirautuùconjugesdcxlriscollatis accommodant
|)ro objecto Sacramenlimi non liabct, do quo vixacnc
vix quidem major pars luibenUinn cogil;it, sed solum
conlractuiu civilcm et nalnralein, \iri s(ilict;let nui-
iicris marilalem conjimctionem, individiiani, ut in
ejus dcfinitione est, vila; consuetudinem relincntem :
in boc namquo consenliunt, quod verbis signisvc si-
gnificaiit, dicendo vcl innueiido : Arcipio te in meam ;
uccipio le in meum; itaquo, objcclio ba:c pnosonli
qnaîstioni extranea est, boc enim unum probat, quod
ulirè falemur, maieriara aul formam Matrimonii, vol
utrumque sinml in mutnâ conlralientium conscnsione
consistere ; sed insuper restât inquirendum, ulnmi
in bypotbesi iiuôd conlrabentcs Sacramenti, ut fert
communis opinio, sint miuistri, debeani, dùm con-
trabunt, inlernam ejus sibi mutuù confcrcndi neces-
sario inlentionem baberc. Id porrô nos ex principiis
conslilntis indubilantor inliciamnr, in conlrarium af-
firmando, quùd si libéré, scriù, loco et temporc de-
bitis, ea omnia quit ad Sacramenlum ex iiislilulo
divino necessaria sunt, exteriùs impleant, qnidquid in
conlrarium niaiigiiâ voUintate proponant, Sacramen-
lum reverà conft-cluri sinl, suo (jiiidem efrectu, daii-
tium et recipienlium improbilalc, frustrandum, sed
nibilo secins sanclitatis et justitiu; tum significandu:
tum efficiendie ex divino instituto vim liabens ; ibi
enim verum agnoscimus Sacranu^ntum, ubi nialeria
ejus et forma reperilur, et ulrinsque ad subjc. luni
idoneum applicaiio fit à ministro legiiimo, i.itentio-
nem habenle faciendi quod facil Ecclesia ; alipii Iixc
omnia in casu priesenti occurreront : ergo, etc.
Objectio m, ex dccrelis Ecclesiœ.
Damnata est in concilio Tridentino opinio quani
defendimus,multôquc ante fuerat ab Eugenio lVs>'"n-
mo Poniilice pnctlaninaia : ergo, etc. — Resp-. î\,.^o
ant. Hoc enim nos ipsi prnpngnamiis, (piod esl ab
Eugenio et à concilio Tridentino sancilnni : O.iniia
Sacramenla, inquit ille, in decr. pro inst. Arnien., iri-
bus perficiunlur, videlicet rébus tanqnàm mulerià, verbis
taiHjuàm forma et personà minislri coiiferenlis Sacra-
menlum cum inteniione faciendi tjuod facit Ecclesia. Si
quis rfi.Ten7,inquiunt Patres Tridenlini, sess. 7,can. 11,
in minislris diim Sacramenla conficitmt et conférant,
non reqniri inlentionem saliem faciendi quod facit Eccle-
sia, anathema ùt ; qux- sanè verba, nisi fallimnr velie-
menler, noslram et Cail:arini sontenliam prrspicuè-
ennntiant ; quid enim, quseso, vox i\h, saliem, lanià
cautione inscrta canoni ; quid item hx voces, faciendi
quod facit Eccleaia, exprimiml, si non significanf, ila
intonlionrm liuiendi externi operis esse necoss;iriam,
ut secretior altéra faciendi quod intendil Ecclesia,
ad Sacramenti efficaciam necessaria non pntelnr?
Inst. r : Prob. ant. Quod facil Ecclesia est rilii.>
sarer; ergo non intendil faccro qnod facil Ecc'esia,
alqucadcô canoni Tridentino, et Eugenii decrclo con-
trarius est, (pii noii intendit rilnm ut «nrrum ; undo
48
irii;
DE RE SAGUAMEiN lAlUA. — Dî: SACRA.MEiXTlS LN GENERE.
mù
ilerîim sc(]iiilui', iil oinno qiiod ogil iniliun esse. —
llesi). r : llclorqiico ;irgiiini'iiUiii> : (piod facit Eccle-
sia biiplizandi), cxompli c;uis;"i, otil riUis ^iiccr cxpiaiis
j originale peccaium, inleniap jusliliam «l sancliialcm
, iiirniideiis, sinuihiuc iinpriinciis Dominicuin cliaracte-
icm ; orgo non iiileiidil i'.iceic quod facit Ecclesia,
qui baplizaiido, non lucc oninia proponil sibi ; aupie
udcô IVlagiani, Lutlicrani, Galvini^^Lo vciù non bapli-
zaïil; unJè consequens csl , quod tincli à niinislris
h'.ijnsniodi debcanl ilorùni bapli/.aii ; quod cnni pcr-
p(;ln:o Ecclcsiai praxi ot lidei adversetur , pcnilîis
corrnit argnnienUini. Ilcsp. 2" : Concesso ant., dist.
conscq. Non inLcndit i'accre quod facil Ecclesia, qui
111)11 inleudit riluin ut sacrum, id est, qui non propo-
nil sibi lacère rein ex nicnle ac fuie Ecclesia; sacrani,
coiicedo; qui propriojudicio et voluulale non intendit
facere ritum lU sacrum, ncgo conscq.
Solulio ex pracjaclis in ipso liinine fiuidamentis
cvidens est ; observaviinus eiiim § 1 , obs. 5 ,
aliud esse velle facere rem, alieno judicio, aliud velle
facere, proprio jndici;), sacram ; sic enim Maniclucus
quando baptizat, tolumqne Sacramcnti rilum volens
et scicns, seriô cxleriiis exliibet, facil rem quam benè
novit in Ecclesia pro sacra haberi ; non lamen ipse
proprià voluntate facit nt sacram, quam è coiilra
cxisliiiial plenam vaniialis et sacrilegii; sed lamen,
vellt, nolit, facit rem sacram, adcôque verè baptizat,
(juia facit quod facit Ecclesia ; unde jnnujuàm post
Èîaniclueos, si forlè aliqui in necessilate tinxisseiit,
Paires censuerunt rebaplizanduin ; ilaquc sari>facit
canoni Tridculino, vercqitc conficil Sacraj.W.cn.lum ,
qui ritum ejus foris, loco cl teinpore dçjjiliç, onuii-
que caulelà adliil>i!à celel)ral; quia hoc ijiso oslendit
se liabore iiileuliouem faciendi qisod facit Ecclesia,
ctsi forlè reclilndinem inlenlionis nmi babeat ; nam
quôd noiil ipse rem e&se sacram qu;im facil, est qui-
dcm e.^ de causa sacrile/.^us ; scd non ideù rem
.sacram facil esse sacrilegam ; loîuui lioc pauci.s
i^. Tliomas cl egregiè cxi'lical : Qiiamvis in Sa-
cmmcnlo, inquit in i Seul. dist. G, q. 1, ail. "1,
<ina'sliii!icidà 2, ad I, requiratuy inUmlio facieiidifiiiod
facli Ecclesia, non lamen requiritiir quasi de necessilate
Sacramenli, facere quod facil Ecclesia, propter quod \
Ecclesia facil ; cl in hoc consislil rccliludo inlcnlionis.
îiist. 2" : Alqui ut stetvaliduin Sacramcntnin, débet
ox coacilio Tridenlino minisler velle proprio judicio
facere ritum ut sacrum ; ergo, elc. Prob. snbs. Con-
cilii definilio est, sess. Il, c. 6, nnllamessi^absolulio-
ncni à sacerdole prolatam, cni animas verè absolvcndi cl
serib agendi desit ; alqui non liabel verè absolvcndi et
seriô agendi auimum, iiisi ipii ex proprià mente vull
lacoïc ritum ut sacrum ; eigo, elc. — Resp. : Ncgo
subs. Ad probal. dislii;guo tnajurem, et cxplico con-
cilii menlem. Sacr;e syaodi di'liiiilio est, nuliam esse
aliso!uli(ui:^m à sacerdiiic prolalam, cni desil animus
\crè absolvcndi, id est, l'ilmn à Cbrislo pr.cscripluni
a;j[i!ndi exlcriùs, conccdo : cni desit internum pcccata
df Millcndi pnqjosilum, ncgo niajoreni ; parlipic sen-
gn, ncgo min. el conscq.
E. R. Pravà canonis Tridcnliui inlclligcnlià fallinit
advcrsarii, aul falluiitui' ipsi ; quod csl diclum à Ta-
iribus, millam fuluram absoluliouem à sacerdole ;u-
ceptam, cui dcfuisset animus verè absolvcndi, non sic
débet accipi, quasi debeat minisler remissionem pcc-
calorum revcrà inlendere, nt sit elficax Sacramei;-
lum ; inde enim sequeretur necessariain esse niinislris
inleiilionem producendi clfeclus sacramenlales; quod
cùm sit caibolica; doctrin;ic conlrarinm, ne ab ils qui-
dem contra quosagimus propugnatnr ; boc ilaque dc-
crclo confixus est error Lulhcri qui eo piolervi;!; vé-
nérai, ut non modo assercrct valere Sacramcnla
mimicè dala, sed insuper valitura contenderel, suiV
que fide unumquemque salvandum, eliamsi forma)
Sacramenloram negligereiilur, et non in nomine Dei,
sed in nomiue liominis exteriîis traderenlur ; in con
irarium delinitum à Patribus, necessarium esse sacer^
doli animum scriô agendi, et verè absolvcndi, videli-
cet sacrum ministerium rilu à Chrisio et ab Ecclesia
pnescripto implendi : Non dcbel pœnilcns, inquiuiit,
adei) sibi de sud ipsius fide blandiri, ul eliamsi nulla illi
adsil contrilio, aul sacerdoli animus serib agendi el verè
absolvcndi desil, putel lumen se propler solam siiam fi^
dem, verè et coram Deo esse absolulum.
Inst. 3° : Cousial ex decrelo Eugenii el canouc
Tridenlino, inlenlionem n)inislri deberc esse ali(juid
ab applicatione materiai et formœ diversum ; alqui in-
tentio solius rilûsexterni non est aliquid ab applica-
tione materiai et forma; diversum ; ergo, elc. — Resp. :
Concessâ major., nego min. Intcnlio enimcelcbraïuii
rilûs externi, est interior el delibcralus volunlalis
aclus, que proponit minisler boc facere quod facit
Ecclesia; alqui applicalio malcria; cl forma; lola cx-
Itrior est : tam ergo distinguilur intcnlio Cicieiidi
quod facit Ecclesia ab externi rilùs celebralione, (luàin
di4fert voluiilas ambulaiidi ab ambulalione.
Inst. 4° : Sallem negari non poiesl, inlenlionem fa-
ciendi quod facil Ecclesia, ab applicatione malcri;e et
forma: inscparabilem esse : répugnai enim aliipicm
rilmn exlernum peragere, foruiam malcrix* et ntiam-
que subjecio applicaudo, nisi hue ipsuni intendal ;
frustra ergo illam Eugenius cl synodns Tridenliiia rc-
(piircreut, si banc solam crcderent esse neç-essarlam.
— Resp. : Dist. ant. Inlentio liîciondi (juod facil Ec-
clesia iiiseparabilis est ab applicalione serià maleria;
cl forma;, coiia'do ; ab applicatione quàlibct, cliani
miniicà el jocnlari, nego ant. et conscq.
E. R. El absoluic non sil iuseparabilis intcnlio fa-
ciendi (jiiod facit Ecclesia ab applicalione materiie et
forma>, salis est ut possit quis usurpare ulramque,
simuhpie nolil lacère ([uod facil Ecclesia; sed qui mi-
micè Sacrameiilum repra;scnlal, applical quidem Ibr-
nuiin malcria', non babel lamen inlenlionem faciendi
quod facil Ecclesia, qiuc rem sacram non mimicè, scd
graviter et série facil; ilaque non frusira pr;eler ex-
terni rilûs adminislralionein pra'cipilur iiitenlio fa-
ciendi quod facil Ecclesia, ul scilicel non quuinodoli-
bel, sed libéré, seriô, onmique seiimiu joco fiai ;
liancque esse ^'cnuinam sacri conçjlii menlem, ex or-
IM"? QL'yEST. VII. DE MINISTRIS SACKAMENTORIM. 1518
rore ipso Lulheri colligiliir, qiio S:icr.'mi(?iitiiin joonsè V ciiiil; a(qni (l;iiniial:\ inoposilio de liis contlilionihus
datum validum aflirmakil; lioc ip;^uni cardinalis Pal- j
lavicliius in Ilislorià concilii Tridcnlini agiioscit et
profilcliir ingcmiè : Senleiiliu à Palribus Tridcnlinis
silol omiiiiiô, goiK laliinquc cl criidè jiromiiilial, va-
lerc Sacraiiiciilnni qiiocuiriqiie casii, dnminodô ritus
exleiiùs pciagalur; iiiidè sequiliir, probari iiidilVcrcn-
proscripla, iiKiuil, 1. 0, c. (i, cadein est iiiiain Léo X, \ ter p(tj>sc ac di'lxMC B:i|iliMiii:m, .-ivc iiiiniicè in lliea-
pcr suam conslititlionem in Lulhcro damnavil ; videlicct l Iro, sivc cianculùin 'jli'.'pr.i;si'iitalivè, sivc pcr viiii, à
niiiiislro rc|iugiiaiilc, fiioril datiis ; (|ua; saiiù consccla-
ria à nostrà cl Calliariiii doclriiiâ iJioi siii ablioneiil ;
ergo, elc.
llaqiie iioii noslia, scd piava I.nllicri doclrina,
qiiam iiiipnidenler l]cl.-'a; (iirulam ihcolugi in lia;reli-
caruin provincianini vicinià leiiovavcranl, Uoinantcin-
quisilicmis dccrelo pctila est ; id qiKid pleraiiue argu-
nienla sic peisiiadenl, ul cviiicanl pcnilùs.
r Knini ila est à Romanis consiiiloribiis scind et
ilerùm dcclaralum, proul narrai scriplorel tcsli^ fuie
dignissinius, in rcpubliià lilleraiiâ lot noniiuibus
coinmendalus, Jacobus Iliacynlbus Sciry, in acadeniià
Palavinà piiniariussacr.e ibeolugiai [irolessoi-: Sam le.
ila fuisse à Christo inslitulum Sacrameiituin, lU eliamsi ',
minister per manifeslam irrisionem ac ludibrium illud
perafjat, effectum coiisequalur.
Insl. 5' : Alqui inlcnlio facicndi quod facit Ecclesia
insL'parabilis esl ab applicalione eliain mimicà niale-
ri;o el i'ornuc; ergo, clc. Piob. subs. Minms in lliea-
tro ludons Baplismiun el jocularilcr confcrens, habcl
inleiiliont'in exlcrnum rilum implcndi ; non cninicon-
ferrel, si nollel : ergo, elc. — Resp. : Nego subs. Ad
prob. dist. ant. Habcl inlenlionem cxlerni rilûs im-
plcndi, repncsenlalivè, concedo; vcrè, nego ant. et
cons. Minius in boc casu vull quidcin aqnam infun-
dere cl vcrba prolerre; sed cîini bnniano modo non
agat, et divimmi myslerium ai)ortè doridcat, boc i]iso li inquil, in Ambiosii Calbarini Vindiciis, cap. 1-2, et
non velle baidizare, sed Baplisma rcpraîsenlare con- |i reliyiosè profileor, mequo lempore decrclum illud edituin
vincitur; neque magis bine coUigi potesl, quod babcat i' est, Romœ subslilisse, seribque nonnullus priime r.oUe
baplizandi inlenlionem, quàm inferalur velle malri- | prœsules consultores, quiin ferendà scntenliù judices se-
monium conlrabere, qiiandô conlraclum malrimonii l dercuttinlerrogùsse, mtm Catluirini seiileiitium eo decrelo
in scenà reprsesenlans, dal conjugales manus, et verba 5 proscribere voilassent; eosqm semcl ilemmque id pcrnc~
pronuntiat quibus consensus ad nuplias soletinler bo- Ij gâsse, profcssosque aliiid longe à O.aliarini sijstenuilc
mines significari. | proscriplà proposilionc conlineri.
Inst. 6" : Atijui non habel inlenlionem laciendi |[ 2" Credibile non esl, Roinanos consultores doclii-
quod facit Ecclesia, qui rilum omnem Sacramenii se- ^ nam infamarc voluisse el li.xrcsis nota inurerc, quam
riô peragens, ridet inieriùs; ergo, etc. l'rob. subs. l benè noverant e.\prcssam es;.c sa;.(:ti A;;gus!i:.i scn
Quod facit Ecclesia est Sacramentum ; sed non vult |! icr.tiam, à Sancto Tbonià el Innoceiilio iV probiilam,
Sacramentum facertJ, qui id omne quod agit exteriùs I a»te et post concilium Tridcnlimim, iuiô el in ipsà
intùsin corde subsannal; ergo, etc. —Resp. : Nego | i^acrà synodo, à celeberrimis tbeoîogis, iidiMquc nii-
subs. Ad prob., concessà niaj., distinguo min. Non l nimè suspeclsc scriploribus propngnalam.
vult Sacramentum facere, volunlalc inelïicaci, con-
cedo : efficaci, nego min. et conseq. Solutio patcl ex
dictis.
Inst. 7°, ullimô : Quid ultra, inquiunt, de mente
5" Si boc fuerat illis proposiluni, ccrlè ab anno ICCU,
quo docrclum emissum est, passinon cssenl ul R()m;',i
publiée liberèquc projiugnarelur, mullô(ii!e minus
Iianc summi pontifices approbàs^enl; aiqui niliilomi-
Tridentini concilii liligamus, cùm Calbarini sentenlia I iiùs ab boc lempore, pari qnà anlcliàc libcrlato,
Rum;:e sA'piùs publiée prupugnala esl, bodièipie, pro-
bante sacri aposlolici palalii magislro tlicsium con-
sore, defenditur ; qoin et illam summi ponlilices lu-
lam sananKjue judicàssc compcriuntur ; nam Clc-
mens XI, illuslrissimi prx'sulis Francisci GeneUi,
Vasionensis in Avenionensi comilalu ei)i>copi niora-
ieni Tlicologiam, ubi expresse doclrina bicc iradiUir,
il) Append. lomo 3, sanclissimo suo noinini nunci:-
pari,etedi in piiblicnm (viginli elampliùsanni su::!',
bcniguè concessit, el anno 17'2'î, lltMiedielns Xlil,
Sunimam .\lexandrinam, ubi eadeni ^enlenlia .la-
bilitnr, tom. 1, p. Zl, n. il, pnblicari jii>>il; li-
go, clc.
i" Tanlùm abcsl ut sacri Iribnnalisdecreto icla i lo-
dila hirrk Calbarini scntentia, ul è ciinlrario iiovis
ancla viribus longé plures ab boc tempctre n.Kjia fuc-
ril ia sclioiis Ecclesi;e celeberrimis defonaOïv;»; nam
in sacra Parisiensi facultate, in Ttdo.^an'i, \n eeîwbei-
rin-.i\ Cadomensi, el aliis Galliarum geneialibiis blii-
diis ncno sula jam oblinol ; in AcadcmifiTaurincnii,
novo sit non ila pridem fulmine icla, simulque ehici- '|
dalum quod videbaniur habere obscurilalis sacrae sy-
nodi canones? Annoenim 169(\ die 7 deoembris, se-
dente Alexandro VIII summo Puntiftte, pronmlgaluni
esl Roniame inquisilionis decretum, in quo prailer
cteleras proposiliones, baec numéro 28 damnalur :
Valet Baplismus collatus à ministro, qui omnem rilum
externum, formamque baplizandi observât, inliis ver'oin
corde suo apud se resolvit , non inlendo facere quod fa-
cit Ecclesia ; atqui ipsissima liiec esl Caliiarini senlen- .
lia quam defendimus : ergo, elc. — Resp. Nego anle-
ced. Ad probationem, concessà majore, nego min. ;
nego, inqnam, proposilioiiem damnatam banc ipsam
esse quam propugnamns : nuiltis namquc modis ab
invicem discrcpant, quod facile sludiosus quisqnis ad-
verlct; catenùs enim nos dicimus valere Raptismunij
à mini'îlro ritum omnem formamque baplizandi ser-
vante collalum, quatenùs seriô, libéré el in iis loci
ac temporis circumslantiis agit, qu;TC ipsum Ecclesiaî
jiomine baplizandi implore (jOicium iiulubilalè signiîi-
1519
DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
1520
iii Bonoiiionsi, in Palavln.î, cl aliis pcr llaliain (lo-
roiiliasiuiis scliolis, prohanlibus sancla' fiJci inqiiisi-
loribus, propugiialur, dt-rcndilur, stabilitur, canidem-
que niipcrriiiiè ille quoin paulô ante pra-dixi, adeù
de scliolà Tliomislicâ beiiè nieritus scriplor R. Jaco-
bus Hyaciiillius Sony, publicatis Palavii cl Parisiis,
cum superiorum liceiiliâ, Calharini Vindiciis, novo
lumine illuslravit; niagiiàque et insuperabili aigu
mentoruni mole probavii, à Luihero et Calvino di-
slare Calbarinuiu loiigibsiuiè.
Non me laiet plerosque cliamnùm iheologos esse ,
(jui CaUiarini senlentiam , eliam cum leirà haeresis
accusalioiie rejiciunt : sed cùm de eorum numéro sinl,
apud quos lanlùm polcsl prœjudicala opinio, ut etiam
valeat sine raiione , eorum dicteria non curamus ;
non enim lemerè audieudus, ([ui pro arbilrio aliorum
placita damnai, sed qui idoneà argunienlatione re-
fellit.
' Yerùm quod liane senlenliam extra omne invidiœ
leluni consliluere débet, est judicium de eâ novissimè
latum à sunuHO pontifice féliciter régnante Beuediclo
XIV, lib. 7, de Synodo et cap. 4, cujus integrum
lestimonium lubel exscribere. Poslquàm igitur sapien-
tissimus pontifes retulit Calbarini senlentiam , alio-
rumque Ibcologorum, subjicit, n. 7: « Iliec opinio visa
i est aliis coincidere cum Lutberi et Calvini doctrinà
« à concilio Tridentino expresse damiialà, ac propterea
« non dubitâruiîl hseresis notam eidem inurere. Ve-
« rùm hujiisniodi censorcs concilii Tridentini liislori;e
< se prorsùs jejunos oslendunt. Elenim sessio 7, ubi
< primo impium lucreticorum dogma anathemale con-
« fossum fuit, habita est die 3 maii 1547, et laudatum
i Calharini tipusculum Romai typis impressnm prodiil
s anno 1552, quin opusculi auctor eâ occasione in
« aliquam erroris suspieionem venerit. Quapropter
f eardinalis Pallavicinus , cui Tridentini canones , et
i décréta, corumque genuinus sensus, ignota profectô
• non crant, in ejnsdem concilii Ilist. lib. 9, c.6, n.2,
« loquens de senlentià à Calharino in eodem concilio
4 propugualà haic habel : Et quidcm existimo Cutlia-
t rini sentenliam (alsam esse, sed non ideb per Tridenlinos
« canones diserte damnatain. Quapropter fus illi fuit
i affirmare eam concilio non controdicere. Et lib. 12,
< cap. 10, exDonens decrelaPœnitentiie Sacranienlum
« spectantia, num. 54, ail : Ex liisce poslremis vcrbis
t. conjicere potest quisquis ea lecjerit, liuud esse expun-
f clam senlentiam Calliarini , atiornmque theologonim
n opinanlium Sacramento, qub ratum sit , sufftcere in mi-
I nistro voluntatem serib agendi, et obesse tunlummodb
< jocum , quem Sacramentuni suscipicns cocjnoscere
s possit.
« 8" Quamobrem melioris judicii iheologi Calharini
i opinionem ab bseresis censura vindicant, latumque
î inler illam ac Lutberi , et Calvini doclrinam discri-
j men iutercedere demonslranl... Quinimô Marcus
« Antonins de Dominis, lib. 5, de Repub. Eccl., cap.
« 12, ubi pervcrsum h;crelicorum enoreni adslruil,
« Calharinum à suâ seMleiilià prorsùs alienum agno-
I eeil et falRtiir. Nejrari tamon liand potest grav« vul-
i nus priielatiie opinioni iniliclum ab Alexandro VIII, à
« quo, die 7 decembris lO'JO, ba;c, iiilcr alias, propo-
« silio damnata fuit : Valet Baptisnius collants ù mini-
« stro , etc. Sed nihilominùs à danmationis lelo illam
< defendere conantur Juenin , cil. loco; Serry, in
i Vind., p. 109; auctor oper. de Re Sacrain., p 115,
« aliique, coufixam propositionem inlelligendam rati,
« cùm rilus exlcrnus, ant non seriô, sed joco, et mi-
i micè peragilur, aut ab ilio exercetiu-, qui aliunde ,
< hoc est, ab aliquà exleriori circumslanlià, puta à Sa-
« cranienti poslulatione , non dcteruiiiiattu- ad agcn-
i dum nomine Ecclesi;e, seu, tanquàm Ecclesiic mi-
i nisler; ultrô enim admitlit Juenin non validé
« baptizare , qui à ncmine postulalus domi iiifanlem
< abluit cum expressà sanclissim;^ Trinilalis invoca-
« tione , si inlra se delibcret id quod lerl proposilio
i damnata : ISon intcndo f'acere quod facit Ecclesia.
i 9" Yerùm ulut hœc res coram Dec se habeat, nulla
c usque adhuc de eà emanavil expressà Apostolicaî
« Sedis dcfmilio. Quamvis igilur conimunior sil sen-
« tenlia exigens in ministro inlenlionein vol aclualem
€ vel virtualem faciendi, non sdùm rilum exterimm,
« sed id quod Christus instiluit, seu quod facit Ec-
t clesia, et lucc veluti tutior sil ouininô servanda in
» praxi , non est tamen episcopi priorem opinionem
t reprobare, alque ad banc posteriorom , eliam Ibeo-
i ricè tuendam suos diœcesaiios adigere, j etc. Ikcc
ille. *
Objectio IV, ex Ecclesiœ disciplina.
Opponunl aliipii Ecclesi;edisciplinam, sicque argu-
mentum instiluunt : De Sacramenlisqualenns valeant
aut invalida sint, ex more EcclesiiC et conditionibus
(pias in eorum célébra lione observandas esse praîscri-
bit, judicium esse debel ; at(|ui nulla esse Sacramenta,
qUcC absque inleriori intenlione celebrantur, ex legi-
bus Ecclesi* constat. Minorem autcni probant ex ru-
bricarum Missalis Romani anctorilatc, ubi § 7, de De-
l'ectibus in celebratione niissarum occnrrenlibus , sic
pr;escribilur : -Si sacerdos liabens coram se undecim
hoslias, supra (juas omnes proférai verba consecrationis ,
intenderel tamen consecrare dunluxal decem , non deler-
minans quas decem inlenderet, nullas consecrarel : aut si
dimidiam duntaxat parlem hosliœ consecrare intcnderet,
nec cum nllo modo desiynaret , niliil consecraret; liinc
sic concludiml syllogisnmm : In casu pnesenti dubium
nullum est quin sacerdos habeat exlernam inlenlio-
nein ; volens enim et sciens id omne implet exleriùs,
quod in divin.ie Eucharisiiie consecralione facit Eccle-
sia ; ilaque solà caret interna et secreliore , (iuid(piid
materia; sibi subjcctum estconsecrandi ; alqui dcfcclu
hiijus intentionis, ex rubricis, nil consecral : ergo, etc.
Rcsp. : Concedo majorem, qusc m.igno sanè hiatu
grande quidpiam promillil , et nego minorom. Ad
probalionem, concessà majore et min., nego conseq.
et supposilnm argmncnti ; nego, inquam, Missalis
Romani rnbricas cam legis ecclesiastica; vim liaberc,
ad quam debeamns doclrinam no>lram necessariô
conformare ; ego quidem Ecclesiifi legem agnosco in
1 bis qiicc superiùs ex Auguslino sunt ref*ita(a : Prœter*
1521 QU^ST. YII. Di: MlfVîS'
ilis, inquil, lib. 7, oont. Don., cap. 53, viajorum sla-
tulis , non diibilo eliam illus habere Baplisimnn , qui
qnamvis fallaciter id accipiunt , vel ubi putalur esse Ec-
clcsia... Xiliit valent ad fritslrtmduin Sacramentunt fal-
laces à quibns agitur, cl in quihus ntjilur : iiiidc, si
poslea ( fallacia ) proditur, nenio rcpelit. Agiiosco pa-
riler in dccrelis coiilra Doiialislas lalis , cl majorum
reverenlià consocralis , qiiihiis saiiciluin esl: Sacra-
mcnta per seipsa atlcndi dcbcrc, non adjunctà perversi-
',i(lc sive accipirnliiiin sivc tradentium ; ad nitistenorum
inliHjritalem niliil interesse, quœ sit /ides ministrorum,
quœ bonitas, vel malitia. Agiiosco in verbis Innocen-
lii IV : Non est necesse qubd baptizans gérai in mente
facere qnod facil Ecclesiu; imb si contrarium gereret in
vienle, scilicet non fitccre qnod facit Ecclesia, sed (amen
facil, quia forniam serval, niliilominiis (calhecnmonus)
baptizatus esl , dummodb baptizare tninister inicndat ;
agnosco in canonc Tridenlino, que sintiiilur in yuini-
slris reqitiri inlentioneni sallcm faciendi qnod facil Eccle-
sia : Missalis vcrô rui)! icas tani gravi ot tani necossa-
rià aïKlorilale desliUii , longèque minoris ponderis
esse pluribus argumentis ostendo.
Priinuni esl, quiaconslal, non ex conclliorum ca-
nonibus, non ex decretis Ponlilicnni, non ex aiiliquis
Palrnin statalis , non ex vcieri disciplina , sod ex
tiicologormn sciiolaslicorum opinioniims , niajori ex
parle esse coiloclas , cl Missali libro ad coniniodita-
tem saccrdotum apjiositas : nam ni in co casn sisia-
jinis de qno in pra'sciili qu;rslio est, noque in Gra3-
cornin encI:o!(igiis , ubi lanlà accnralione sacrilicii
cnciiarislici et panis consccrandi apparatus describi-
Inr, iicqiic in Gregorii Magni Sacramcntario , neque
in Ordinc lîoniano, nec in veleri Anibrosiano MissaH,
nec in c;i'teris rilnalibns Latinornm quidpiaai taie
occurrit ; unde evidens est nierani tbeologorum re-
cenlium opinionem esse , qu3C , quoniani nihil babet
cbristiana; piclali conlrarinm , anmienlibus sunnnis
ponlidcibiis, Mibsali insorta est.
Sooinuinm est, quia in iisdem rubricis qiiccdam ba-
IjcnliM-, qua; liieologoriini jmiicio vel incerta, vel eliam
fulsa sunt : nam § 5 de Defectu panis : Si panis, in-
(piinnl, non sit triliceits... non conficitur Sacrnmenlum;
Cl § o, de Dolociibus ex parle forma;, sic prx'scri-
biint : 1 Dcfoclus ex parle forma' pnssunl conlingore,
« si aliquid desit ex iis qu;e ad intcgriialein verbornm
I in ipsà consecratione requirnntur ; verba autem con-
« secralionis qnx snnt forma inijns Sacramenti snnt
I bxc : Hoc est cnim corpus mcutn : hic est enini calix
« sanfjuinis mei novi et œterni Testnmenli, vujsleriuni
« fidei, qui pro vobis, et pro mullis effundetnr in remis-
t sionem peccfl<orHHj; si quisaulem aliquid diminucrct..
« nrin conficcrel Sacranientnm. »
Priniuin cnim aul negant , aiit relinqnunt in dubio
plcriqne ibeologi, (piorum pcrviilgata opinio , non ex
Iritico solinn, sed ex grano quolibet sub frumonli gé-
nère contento, cncbarislicum paneni confici posse;
qnicnam autem frunicnli pro|)ri;c speciessint, inler
ipsos non convenil. Albertns .Magnus, refcrenie Cajc-
lano, Comm. in ô pari. S. Tli. q. 7i, art. 5, (!n:is om-
iRIS SACRAMFNTORIIM. 15M
ninù esse cnnlendil, ti ilirnm et spellam; in contrarium
Gabriel Bielject. 5.*), in canon, cl comment, in 4 sent.,
dist. 11 , qn;cst. "2, art. 2, sub frumenli génère verè
concludi affirmai granuni oiniie, quod in aristas et
spicas consiugit; alqiio adeo Irilicum , bordeum,
siliginem, spcllnm, cl simiiia posse iiidifTerenter cs<.e
consecrationis materiam probabile censcl, aut sallem
opposiluin non plané convinci affirmai : camdem sen-
lentiam ( bordeo solo excluso) scquiliir Pelrus Palu-
daiuis in 4, dist, 11, quiest. 1, arl. 4, ubi eliam asserit
aliquas ecclesias coiisccrare in pane spcllaceo : Palu-
dano Ksliiis, in 4 , dist. 8, § 0, de spcllà et farre con-
sentit : Conclus, de Sacr. Eucbarislisc, disp. 3, art. i,
§ 2 : Probabile est, inquil, paneni ex spcllà, vel sitigine
esse posse maleriam Eucliaristia' ; el qui in uecessitate
in tali pane consecraret , pula ne homo moriatur sine
Sacramento, vel ni in die feslo non maneal lolus popu-
lus sine sacrificio, forte excusari posset ob probabilitaleni
liujits sentenliœ; imô quorumdam cô proce>sitopinandi
licentia , ut larime crud;c cum aquà commixlionem,
quani /w.s/a»i appellanl, ad Eucbarisliani consecran-
dam suflicere, aique adeo verum pancm necessariô
non requiri, argumentis ex pbilosopbiâ inepte conge-
slis dispulaverint; et Iktgc quidem non idcô recensui-
mus, quùd sic opinantibus tbeologis, contra rubricarum
prtescriplum, assentiamur, sed ut oslendercmus, tantî
eam auctoritatem non esse, ut in Ecclesia vim Icgis
obtineat.
Alterum quod est de forma Eucbaristirc consc-
crandai, non modo sana iheologia respnii, sed et ips.i
sancla Romana Ecclesia prorsùs judicat esse farlsum;
approbat enim ralumqne babet sacrificium à Grœcis
et Orientalibus oblalum ; imô jubet ut riln suc Eucba-
ristiam consecrcnl , proul à majoribns accepernnl ;
alqui inGrsecis et Orientalibus eucbologiis nonomnia
verba habentnr, quœ Latini in usu liabcnt; bcec enim
vox, œlerni, itemqne hx'C altéra, myslerium fidei, nnl-
libi Icgilur : sed neque hcCC verba, qui pro vobis et pro
multis cffundi'lur in rcniissionem peccalorum. reporiun-
tur in omnibus liturgiis, cùm in aliqutbns vel ex
parte, vel penitùs omittanliir; nndè merito Petrug
Arcudius, lib. 5 Concord., cap. IG : « Fr)rma, inquit,
i consecrationis bujus Sacramenti anml Gr;vcos sunt
« lucc ccrla et delerniinata verba, caque 5oIa ; Hoc est
i corpus meum; hic est sanguis meus, qua; sunt verba
t Salvaioris » : frustra ergo conlra nos rubricarum
prccsciiptionc ptignalin-.
Tcrtium deniqne argumentum iiinc petitur, quùd
quocumijuc landcm in pretio rid)ric;e .Missalis ant
Breviarii rcponantur, majus sanè pondus cl auctori-
tatem Breviario ipso, aique Missali non babeani, quod
sapiens nemo negaverit ; ai(|ui non onniia qn;e in
Breviario aul Missali lihr) cunlinonlur fideuï ceriarn
faiiuiit, nciiue oblinent vim legis , à qui nec laliini
unguem reccdere liceat, ni constat de plerisquefaclis
bisloricis et gcslis snncioruin , quae orationibus et Ic-
clionibus inserunlm-, quiv non uwdo vocantur in du-
biuin, sed eliam sine lidei , el débita: Ecclesicc reve-
ronli e dispendio negari abcruditis consueverimt; idem
■ïgg^^; DE KL SACUAMENTAUIA. — DE
ergo débet , el meliori quidem litulo , de rul)riclâ esse
jiKlicium.
Jam ut ad casuin ipsiim nnde paulô deducla est ora-
tio revertamur, diciimis insniuim iliiid el periidii^uliun
esse sacrificanlis consiliiim, helleboro niagis quàni
admonilioiie sanandum : Hnbeo liostias undecim mih\
propositas, et decem tanlum volo consecrare ; unam lia-
beo , nec plocet prœter mediiun ejus partem in sticriftcinm
adh'iberc; iiain si hoc ei reverà est constiliilum , ciir
uiideciniam ab altari non ablegat, qiio nihil faciliiis
est? Cur non dividii liosiiani, ni à sacrilicio parleni
ejus unam excbidal? Coetorùm, si iia ut proposuil
iigere pergal , niodô exteriùs rilum divinilùs impera-
tnm, seriôiiuc adinipleat, sine dubitatione reponimus,
reverà omnes hosiias consecrare, nec posse effeciuni
hune, latente contraria voluntate, uUaleiiùs impediri ;
hoc enim ex principiis conslitiilis et loties inculcalis
necessariè seqnitnr, qiue sanè non idoô sunt rejicien-
da, quia rubricis contraria, sed dicenduin potiùs cor-
rigi deberc rnbricas, si ita sacrae rituura congregalioni
videbilur, quia verilati cognitne tantisque niunitce
prjîsidiis adversanlur.
Inst. l" : Ideô sacerdos m casu prœsenti omnes hos-
iias aliari appositas consecraret, quia seriô ritum om-
nem Sacramenii impleret ; alqui haee ratio nulla est ; |
potest enim lolus Sacramenli ritus seriô observari ,
eliamsi Sacramenliim non fiât ; sic potest iiifans gra-
viter et cum sanctissimai Trinitatis invocalione ablui,
nec tamen recipere Sacramentum , si nimiiùm sa-
nandi aul delergendi pueri causa hoc fiai; polest pa-
riter novus sacerdos seipsum ad sacrum niunus exer-
cens omnes sacrificii cieremonias persequi ; nec ta-
men magisconsecrabit, quàm qui in mensâ communi
Evangclium legens , juxla panem el vinnn» verba
Chrisli proniuuiat ; ergo fatendum cum rubricis, nui-
lamin casu proposito lieri iiosliarum consocralionem.
— Rosp. ; Dislinguo maj. Ideô sacerdos in casu pr;ie-
senti omnes hosiias ad allare positas consecraret,
quia seriô, in loco et tempore cœlcrisqfie oppuiiunis cir-
cuinstantiis , ritum Sacramenli implcret , concedo ;
pra^cisè quia seriô ageret , nego majorem ; distinguo
pariler miiiorem ; haîc ratio nulla est, si soja el pra'-
cisè sumaiiîr, concedo, si cacteris conditionibus ad-
jungalur, qu;e necessarinc sunt, ut minister nomine
Ecclesiïc rem sacram agere censeaiur, nego min. et
conseq.
E. R. quanquàm ex aille dictis facile inleliigaiur :
cùm Chrisli clEcclesiaî nomine agantministri, aique
adcô personam publicani givrant , Iubc solùm tanlo
nomine digni sunt , (juando loco el tempore opporlu-
nis, cailerisque convenienlibiis circumslanliis sacrum
officium oheunl : quôd si, nullà cogenle neccssitale,
id agere pr;vsumpscrinl, hoc ipso significanl se mi-
ni 4eriun> sacrum non exercere, sed illudcro , ve! re-
praîsenlarc; quapropLer dicinius sacerdolem in casu
praisculi omnes sïl)i propositas hosiias consecrare,
non idiô prircisè quia vuilu el liabilu corporis ad
graviutcmcomposiloagil; sed quia ut publicw& Chrisli |
minister rem sacranj facit in loco conveniculi cl c:-- l
SACRAMENTIS IN GENERE.
4524
teris circumslanliis quas Ecclesiaeusus delerminavil ;
è contra verô afûrmamus, in aliis casibus qui oppo-
nunlur, neque baptismum verè (ieri , neque Euclia-
risliam : (juia quamvis seriô haec Sacramenla repra;-
sentenlur, et divinorum niysleriorum imaginem priic-
l'erant, non in iis tamen circumslanliis fiunl , quibus
determinalur minister ad agendum Chrisli el Ecclesiae
nomine.
Inst. 2" : Nec est quôd reponatur bas circumslan-
lias, quippe Sacramenlo exlraneas, ad essenliam ejus
nihil lacère : adeôque vel posse sine illis Sacramen-
tum consistere, vel si necessarise judicenlur, à fortiori
minislrorum internam inlenlionem requiri. — Resp. :
Quanquàm enim non sint partes Sacramentum inlrin-
secè componenles , condiliones lanien £unl sacro nii-
nisierio conjuncla;, el Sacramentum Ipsum exteriùs,
ut sicdixerim, vesiienles, quœ si , prseler casum ne-
cessilalis , defuerint , hoc ipso minister convincilur
non habere inter'ionem faciendi quod Aicit Ecclesia,
adeôque nolie facere Sacramentum. Id quod facile as-
senlielur quisquis ad Eugenii IV verba altenderit ,
declaranlis, in decr. pro instr. Armen., Sacramenla
novœ logis tribus perfici, rébus tanquhm materiâ, verbis
tanquàni forma , et personà minislri conferentis Sacra-
mentum , cum intentionc faciendi quod facit Ecclesia ;
Ecclesia porrô i.on in omni promiscuè loco , aut tem-
pore, nec in quolibet indifferonter ornatudivina mys-
teria consecrat : sed ad maleriam et formam adjungit
lum minislrorum gravilatem divinilùs imperalam ,
sine quà ne actns quidem humanus esset operatio sa-
ccrdotum, lum aliarum quas pr.Tdiximns circumstan-
liarum comiialum : boc(iue ipsnm confirmât sacri ml-
nislerii cum forensi judicio facta sa'piùs comparalio ;
licèl enim veslitns scnalorius , locus juri dicendo
deslinatus, et alla hujusmodi pleraque ad essenliam
decreli fcrendi nil faciant , legum tamen conslitulis ,
el connnuni homiiuim usu cum illo ila conjuncla
sunt, ut si pra'lermissa judicum negligi'nlià fuerint,
hoc ipso decretum irrilum et invalidum ccnseatur.
Inst. 3° : At, inqnios , conlingil aliquando sine liis
conditionibus vcra confici Sacramenla. NccessariiO
ergo non snnl. — lie^ji. . Dist. an!. Cosilingil hoc
aliquando, in casu necessilalis, concedo : PiaMer ne-
cessilalem , nego : pariquc sensu nego conseq. Tune
enim nécessitas ipsa legis communis exceplio est, et
legilimam excnsalionenï babet : vult enim Ecclcbia
edocta divinilùs, ut si urgeant angiisli.e temporis ,
neque possint cum solilo apparalu Sacramenla admi-
nislrari, minislreiitur lainen , ne videlicèl fidèles re-
niediis necessariis careant ; adeôque in bis circum-
sLnnliis vera Sacramenla sunt, (juia minislri faciunt
quod nscilpia malcr Ecclesia; è con'.ra verô si a(l->it
earuQidem condilionum implendarum opporLuuiias ,
hnrum violalio nullitalis Sacramenli manifeslum est
arg-nnenlum , quia luiic non facit minister ({tim\ facit
Ecclesia ; est verô iliud adeô cerlmn , ut eliam ipsis
de Irlvio (idelibus, innalo qnoiiam religionis scmjsu iu-
nolfscat : nam si viderinl sacerdoliim in, plaU'-i ,
a'::'v;> rnlïlico liH'O, S^icvaiiienlum Pœnilerttiifi cuitlani
1525 QU.î:ST. Ml. 1>K MINI-î
lelliali morbo correplo, sine iillo appanlu adiiiiiH-
straiilcin.divimim agnosctinl mystciiumiiori, sacriui»
speclai'uUiin \^nerab»iuli siispiciuiU , laudaul, iie-
ilùiii improlienl zcliim sactM'iloliâ ; (|uùil si outlrano,
non mgt'ulo nocrssilalo , hoc i|kMu>f o»+d*M» in U>t^
fieri ccinspicorcnl , imderi rcn» sacrani , noscio qnà
pielalis anlicipalioiic conlinuo jnclicareiil, nec forlè
coiilinereiit se , quin in niiuislrnin inipmbnm invo-
lando , lenicrilalem cjns cl iinpiolaleni nlcisccreiilur.
UnjrcTio \ , exauctorildle sancti Thumœ.
Qiianquàm, ut prx'diciuni est § prncced., S.Thomas
systciiia Calbarini niullos anlc aiinos pra-lorniaverit,
et aperlè defonderit , ciim lamen tonciliarc sibi ad-
versLC opinionis palroni oniiii operà aggrediuntur ;
quod qiiiun infelicitcr niobanlur, ex ipsissiniis quos
opponiiiii docloiis Angclici lexlibus erit inanifeslum.
Itaque
Objiciiinl verija ejiis c\ ô parle, quaïst. Ci, art. 10,
in ciirp. : Diccndum , inquil, qubd biteutio miiiistri po-
test perverti duplicîler : uuo modo respcclu ipsius Sa-
cramenii , puta qnundb aliquis non inlendil Sacramen-
tum conferrt , sed derisoriè aliquid agere ; et talis per-
vcrsilas toHit veritatcm Sacrameuli , pnvcipuè qiiando
suam intentioncm exlcriits manifestât, llinc sic dispu-
tant : Jiixla S. Tiioniam timc prœcipuè lollilur veritas
Saeramenti , qnando minister malam quam intùs
gerit intentioncm, bidcndo cxtcriùs, manifestât. Ergo
tune etiam toliiUir, minus iiccl /jrari/.'îfe, qnando pra-
vam volunlatem sic cobibel , ut nulhim cjus exteriùs
prodat argumcntum : adeoque sentit Sacramcntum
esse invalidum , si minister mentalem intenlionem non
babet. — Rcsp. Admilto textum , et conccsso antécé-
dente, nego coiiseq. Tola vis biijus argiunenti , quod
Conclus et aiii magnil'acinnt , consislit in bàc unà
voce , prœcipuè , quam volunl comparative dcbcrc in-
lelligi , lia ut sensiis sit duobus modis per inteniionis
perversitatem tolii vcrilalem Sacramenli, uno qui-
dcm, licet niiuùs pr.tcipuè, si in corde abdita sil,
alio verô , et principalins , si pcrversilas pateal :
bunc verô ncganius doctoris Angelici esse sensiim ,
cùm è contrario manifesté docuerit , ministri malam
inîentioncm vcrilali Saeramenti non officcre , nisi
(piando exteriùs prodilur : quid eiiim bis verbis ex-
prcssius , 3 p., i[. Gi, art. 8, ad 2 : Minister Saera-
menti agit in personà totius Ecclesiœ cujus est mi)iister;
in verbis antem qjiœ proferuntnr, exprimitur intentio
l'cclesiœ, qiiœ svfftcit ad perfertioncm Saeramenti , nisi
rintrarium exprimatur ex parte ministri, vel recipienlis
Sxramenttim? Qnid ilcm bis aliis in i Sent., dist, 6 ,
qnicst. 1, an. 2 : < In bnplismo et in aliis Sacramen-
( tis, qua' hal)enl in forma actum cxerriinm, non re-
« quiritur montalis infi-ntio, sed sufllcit expressif)
« inteiitioiiis, perver!)a ab Erclesià inslilula : et ideô
« si forma servalur, nec ext rins ali(piid dicilur, quod
€ intentioncm conlnriam exprimai , baplizalus est? >
Ilaque vox p»ïcc/;;«t' , non comparalc, sed absolulè
débet inlelligi , et ad inajoreni asserlionis eNpIica-
tioiiem adjuncln ; quasi nimirùm dicercl S. doctor :
Tidis penrrsilas tune smiè toUit veritatem Saeramenti .
TUIS SAi;UA.MENTOHlJM. IMG
quando minister suatii inlentionem exleriitê matù\e&iai]
neque est cxposilio kec à cuuunuiii huminum usu
aliéna : pule!>lciiin) qui)»ctiiuit .siuo repreiiensionc sic
loqiii : Turpis cogilatio )tecc(UHm morlale est., fnaxipnè
si voluntutis consensus accédai : furtiuu Iclliule («t eri-
meii-, prœcipuè si rei nolabilis iiivaùo ftal : ubi ri prœ-
I cipuè, non sumilur comparative , quasi runiinini prava
\ cogilatio, otiani dissenlicnlc volunlatu , aut aitreplio
unius dcnarii morlale pc<caluni esse signilicclur, sed
absolulè dicluni inlelligitur. Fiuslra ergooUpueribler
de unû hàc voculà advcrsarii liliganl.
Inst. 1': Juxia S. Tlion>am, 5 p., q. (U, art.8> in c,
(cl hoc ipsimi naluralis ratio Mtggcri t), 7u«)u/o^f/ ji/«à/
se huOet ad multa, oporlet (fuud per aliiid deleirninetur
ad unuin, si illudelJici debcal; alqui qiue in Sacramculis
agunttir, possuiU divcràmodè ojf» ,, sicut ablutio aquœ
quœ fit in Baptismo, polesl ordinari et nd mundiliani
corjwralem, et ad sanitatem, et ad Indum, et ad mulla
alla liiijusmodi; oportet ergo qubd delerminetur ad
unum, id est, ad sacramentalem effeclum, per intentio-
neniabluenlis; alque adeù, inquil Gonetus, praaler in-
tentioncm poneiuli scriù ritum cxiernum, alia débet
adesse, uiniiriini bunc excrcendi nonibie Cbristi, et
ni quid sacramenlale. — Rcsp. : Concedo lolum ar-
gumcntum, quod est sancli TbcnuB, et nego ullimum
Gonsequcns, qnod est à Gonelo contra mentcm ejus
exiorttim : ait enim ibidem, menlcm ipse suam ape-
ricns : El liœc intentio exprimilnr per verba qnœ in Sa-
cramentis dicunlur, puta ciim dicit : Ego te baplizo in
nomine Patris, etc. ; unde manifestuni lit, prêter in-
teniioitem explendi riliisextcrni, aliam à prœceplore
Aiigelico noi! rcquiri.
Insl. 2" : S. doctor, 3 p., q. GO, art. 7, ad 5 : rfj-
cendum, inquil, qubd ille qui corruptc proferl verba sa-
cramentalia, si hoc ex industriel facit, non videtur in-
tendcre facere quod facit Ecclesia , et ita non videtur
perfici Sacramcntum. Ergo, incpiit Gonotus, ccnset
doctor Angelieus inlentionem faeiendi quod f.icit Ec-
clesia, ad perfectionem et valorem Sacramenli re-
quiri. — Resp. : Concedo lolum argmnenlum, et dico
contra nos omninù nibil faccrc : non enim negamus
ad valorem Sacramenli requin inlentionem iacicndi
quod facit Ecclesia, cùm è contrario pro ejus nécessi-
ta e adversùs Lutberanos clCalviniblas, tanquàm pro
aris ac focis pugnemus ; nierilô auiem aflîrniat S. llio-
nias quod illam babere non videatur qui ex induslriù
formam Saeramenti corruptc proferl, quia liàe agi-iidi
ralionc aperlè signilicat, ludere magis se velle, (piàni
id facere quod lacil Ecclesia.
Inst. 5": S. Thomas, 3 p., q. GS. art. 7, ad -2, sic
ioquilur : Diccndum qubd si in adulte decsset intentio
su.'>eipiendi Sncramentum, esset rebaptizandus. llinc sic
iiiferinit arginnenlum : De minislris Sacramenlorum
idem ac de suscipiunlibiis debei esse judicium; atqui
ex S. Tliomà, ila est in adullo nccessaria suscipiendi
Sacramenli iiilenlio, ut si cà earuerit, Sacramentnni
debeat ilerari : ergo idem de nnnistro est sentiendum.
— Resp. : Admilto auclorilalem, et concedo totimi
I argumcnium indti deiluetiini : hoc enim unnm probal,
43^27
DE RE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE.
1328:
repelil, sod el alii SS. doclorcs , qiios commemorarc
^ loii'Mim foret, et SS. Ponlilices decretis suis sx'pè
saiixcnint, cl IVcciiumUcs synodi coiifirniâriiiil, de qui-
tus forlè aJibi serino recurrel ; iiileiim ad luijiis ar-
guinenti coronidem salis fuerit leges imperalorias
allogare, quas conlra Donalislas lulerunt ; de Coiislaii-
lino Magiio, quo leiionle impcrium, ncrariuni schisma
coiidalum est, conslal quôd cnorem Rebaplizaiiliuin
dcleslalus, et Doiialibtas sunmio odio insoclalus fue-
rit, € Pio Ecclesioe uniiale, inquitS. Augusiinus con-
I Ira lilt. Peliliaii., lib. 2 , justissiniè judicans. » Ex-
tat pranerea Yalentlniaiii seiiioris in Rcbaplizaiilcs
conslilulio, aiini 575, liis vei bis coiicepla : « linpera-
» tores Valenliiiianus et Valeiis AA. ad Julianuu»
« Froc. Africae anlisiiLem, qui sanetitatem Baptismi
« illicilà usurpalionc geniinaverit, et conlra inslilula
€ omnium eain graliani iterando coiitaminaverit, sa-
<t cerdolio indignum esse ccnsenius. DaUun 10 kal.
t mart. Trcv. Yalcnliniano et Yalenle lY AA. Coss. >
Iiem altéra Graliani aiini 377 : « Imperalores Ya-
« lens, Gralianus et Y'alenlinianus AAA. a.l Flavia-
, 'M vicariuui AiVic*. Eoruin condeninainus erro-
% iviiTi, qui Aposlolorum pnicccpla calcanles, Ciuisliani
« nominis SacrauieiUa sorlilos, alio rursiis Baptismale
f non porincant , sed inceslant , lavacri nomine pol-
« lueules; eos igitur auctorilas lua erroribus miseris
« jubebit absislere, ecclcsiis, quas conlra fidem reti-
f nent, reslilulis cailiolicae; eoruni quippe insliiuiio-
< nés sequcnd.c sunt, qui Apostolicam fidem sine
€ inlermulalione Baplisnialis probaverunl : nihil enim
« aliud pra-cipi volimuis, quàm quod Evangeliorum
« el Aposlolorum fiJcs el Iradilio incorrupla servavit :
f sicut cl lege Divali parenlùui noslrorum , Constan-
( Uni, Conslanlii, Y'alenliniani décréta sunt... Dat.
€ 16 kal. nov. CP. Graliano A. lY, et Merobaude
« Coss. »
Ergo Bapiismuni, Conlirmationem etOrdinem ite-
rari sine flagitio non posse, res est ex anliquà iradi-
lione cerlissima.
m. Ideb tria liœc iterari vclilum, quia imprimiinl
indelebilem cliaraclcrem.
Dictuni est, ideù tria hœc sacra menta iterari prohi-
hiia, quia per illa characlercm indelehilein infingi in
iiiiiuui conslans niajoruni exislinuUio fuit : quod qui-
dom non est diflicile demonslrare.
îîJaHi, ul niodù probaluni est, SS. Patres , de Sacra-
iiicntis agendo, noniinibus lesserœ, signi, signaculi,
characleris,sigillœ, nolœ, etc., ulunlur niniiliariter; si-
gnaciilum lioc comparant signo quosuperliniinaria do-
niorum in Jigypio ab lîebrœis illila sunt ; sigillo quo
thésaurus , ne luribus palcal , obsignalur ; nol;t , quà
oves insigniunlur , ut ab omnibus insidiis tulae sint;
signo publicis monclis imprc>so ; characleri, qui olim
niililibus inligi solebat, ul sciretiu' oui militaront, ne-
que ûflicium pussent impunè deserere ; quodque de-
crelorium est, affirmant signaculum lioc inligi in ani-
ma, esse -indélébile, cognosci ab angelis, daimones
terrore perfundere nec minus hx'rere iniùs in corde ,
quàm noia (pia;libct corporalis in carne defixa sit.
Ergo boc ipsum, anliqua docuit, quod liodierna lenct
Eoclesia : alipie adcô Lullierani el ('.alvinisUi: novila-
lis cl perfidiie convincunlur.
Deinde, juxta doctrinam SS. Palruni, quisquis in
bx-resi, vel scliismale , vel in ipso Ecciesia; Calholica;
grcniio ficlè et sine (ide, ad normam Kvanjelii exie-
riùs bapli/.a!ur, effeclum ali(piem rccipil, (|uom in sC,
vc'lit nolit, defixum liabel , (piO(|ue in perpoluum di-
slinguilur à non baplizalis. Sed gratiam non rcci|)it,
quix; cum baîresi cl pcilinaci.à Si hisniatis , cl pravâ
simulalione slare non polosl : Injusli cum jitslis , iu-
quil S. Augusiinus, lib. G conlra Donalislas, cap. 27,
Ba])lisuiuni liubcnl communcm, cum (juibus coDimuiiem
non liabenl ulique charilatem : mtiucl Uaplismus in Im-
probis , \licèt ad pcDiiciem maneaî : <|ua;i cndum ergo
quis ille cflbclus sil; atqui quaiilùinlibcl ingonii ner-
vos conlendas , non alius jiraler chaiacUMom uccur-
ret : ergô, etc.
Pryeterea, quisquis post baptisipum in Ecclcsiâ ca-
tliolicâ acceplum, déficit à fide quam professus fue-
rat, el in aposlasiam labitur, quanlùmvis in se om-
uom pielalis el Religionis scnsuni exlinguat, habct
tamen, invitus licèt, impressam aliquam nolain , per
quaiu à cœleris dislinguilur, qui nunquàm Cbrislo de-
dcrunt nomen, quà fit , ul licèt sit ovis errans, ovis
lanien maneal; quamque etsi non ad salulen» gerat,
geril cerlè ad opprobrium et ignominiam sempi-
ternam ; atqui nota illa neque gratia est, nec imago
ulla rilùs exlerioris , in solemnitale bapiismalis ce-
lebrali : rilus cnim ille jampridom cum ipso Bapti-
zandi aclu disparuit : cliaracier ilaque est.
Poslrcmô honio quando sive inlra , sive exlra Ec-
clesiam calliolicam l)aplizalur, idemquc de Coiifirma-
lione el Ordine est diccndum , recipit aliquid à Spi-
rilu sancto, per quod Deo specialiler et in perpcluuni
consecratur ; unde infert S. Augusiinus non debere
lifec repeli, i ne non homini, sed ipsi Deo injuria
« fiât ; » parique sensu auclor libri de Operibus Chri-
sli cardinalibus apud S. Cyp., t Baplismum repeli,
» inquil, ccclesiaslicne proliibent régula-, el semel san-
« clificalis, nuUa deinccps manus iterùm consecrans
t prsesumit acoedere : nemo sacros ordines semel da-
« los iierùm rénovai..., quia conlumelia essel Spiri ■
< lui sancto, si cvacuari possel, quod ille sanclificat,
« vt.l aliéna sanclificatio cmendarel quod ille semel
< slatuit cl conlirmal ; b jam quaM'imus quai istlia'C
consccratio sil; numquid gratiam sanclificanlcm esse
dicemus? Alqui nequil illa perfundere animum in hce-
rcsi, vel scliismalo, vel allerà quàlibel impielale ob-
sliiialum; el iilius liabilà ralione, quis(]uis ad Bapli-
smum accedil, magis diabolo consecnilur quàm Deo:
numquid ùiclini sumu* consccralionem banc esse ri-
lum oxlernum Baptism» qui cùm in se sanclus sit,
bominem, vclil nolit, cônsecral Deo ? verùm si eâ de
causa Baplismmn non ilerandum pulamus, erit lioc
ipsum de Eucbaristià , Pœuitenlià , et ca'leris sacris
signis aflirmandmn, quia rilus eoruni est sanctus , et
conjunctam habet invocationem nominis Dei. Super-
15i9
QU.EST. V. DE r.rri:CTIftL'.VSACRAMl",.NTOHi;M.
est igitui', ut cuiii Ecclesià calholicà f;ileaiuur , Iianc
consecralionem esse characterrm , (iiii non minus à
malis susiipitiii" quàni à bonis.
IV. Hoc ipso s'ujno sive cliaractcrc vera lioiiiijti coiifer-
tur polcstas.
Dciiiqne quèd spiiilnale signaculum pcr liit'c tria
Sacranieiila in anima inipiessum , conférât veram
liomini polcslalcm, Inni activam, [uni passivam, circa
ca qu;ic perlincnt ad cullinn diviniiin, manilVslum est
ox perpétua I>cclesi;e consucludine.
Ecclcsia sic tradititm leuet , m\\nl S. AuiiUfctinus ,
lib. 2 contra Donalistas, cap. 14, ut liomincm siite
Baptisnw, ad allure prorsits non possit admitteie : ccn-
fert cigo Baplisniiis ad ailare acccdendi, et reliqua
Sacramenla percipiendi passivam polenliam, quam
non habet liomo ante Baplismum : iiam quemadmo-
'- dùm in naturà priùs est nasci, et esse fliium familiàs,
quàm ficri bonorum palris parlicipem ; ila in ordine
graliiC, priùs est reiiasci spiriliialiter, quàm admilliin
Sacramcntoruni Cbiisli consortium ; idemque deCon-
finnatione, qiiùd nimirùm conférai activam aliquam
poiestatem, facile concedct quisqnis attendent esse
Sacrameiitum militi;ic cbristiaiuc , et per illud signa-
culo spirituali donari hominem , ut intrépide Cbrisli
nomen profitealur , suoque imperatori indivulsè ad-
lucreat.
Confert pariler Ordo sacer, ea qu?e sunt divini oul-
lûs, tiadcndi caileris poieslalem : bine Ecclcsia ba-
ptisnuim in b;crcsi celebialum , et ordinalioocs à
niinislris betreticis aut scbismalicis rite factas nun-
qnàm voluit iteiari; quia eliam in iliis poiestatem
Ordiiiis manere inlegram semper credidit; bine
S. Augustinus Ordinalionem , jus dandorum Sacra-
mcntoruni appellal. « Sacrameiitum Bapiismi est , iii-
< quit lib. 1 , de Bapl., cuntra Donatislas, c. 1, quod
< babet qui bnplizatur , et Sacramenlum daiidi Ba-
< ptisnii est , quod babet qui ordinatur ; sicut auteni
< baplizatus, si ab nnitate recesserit, Sacramenlum
I Bapiismi non amiltit; sic eliam ordinalus , si ab
( uiiitate recesserit, Sacramenlum dandi Bapiismi non
« amiltit ; nulli enim Saeramenlo injuria facienda est;
€ si discedit à malis, utrumque discedit : si permanot
c in malis, nlrumque permanet. Sicut crgo accepta-
« tur Baplismus, quom non poliiil amiltore qui ab
< unilate disccsserat, sic acceplandus est Baplismus ,
I quera dédit ille qui Sacramenlum dandi, cùm disce-
€ deret , non aniiserat : nani sicut redcuntes , qui
< priusquàm recédèrent baptizali suiil, non rebapli-
< zanlur ; ila redeunles , qui prius(|uàm recédèrent
< ordinati sunt, non utiqiie rursùs ordinanlm* ; sed aut :
c administrant <iuod adminislrabant , si lioc Ecclesi e
( utilitas postulat ; anl si non administrant , Sacra-
« nienlum onlinalionis sn;e lami'ii geriml; et idcô eis
< manus inlcr laicos non imponilur. »
Igitur à primo ad uliimum conscqucns est, sanclos
paires cbaraclerem in iribus pradictis Stcramenlis,
vclut eflcclum proprium agiiovi-^sc.
§ 5. Adiersariorum objccliours rcfcllitiiliir.
Objiciunt : >'on polcst illud dogma defendi vclut
1300
ad lidcm pcrlinciis, ciii ScripUirarum non sulTragaUir
auctorilas ; alqui doclrina luec Scriplurarum auctori-
tale non niliiur; crgo, etc. — Besp. {" : Transeat
major, et ncgo miiiorem : n(in enim désuni Scripiur.'c
oraciila, unde cliaracter colligi |tossit , pr.i's;;rlim si
Ecclcsia audiaUir, sine quà nullum dogma ciito po-
lcst constitui : porrô bicc lestimonia sunt hujiismodi :
Unxit nos Deus , inquil Aposlolus, 2 Cor. 1, 21 , et si-
(jnavit nus, el dedil pi(jniis spiriliis incordibnsuosiris...
tplies. 1,15: In qiiu credcnles signait estis Spiritu
promissionis sancto, qui est piijnns Itœredilalis nostne...
nolite conlrislare Spiriluni sanctuni Dei, in quo signuti
iislis in dieni redenijilionis; ibid. l , oO; bis cnim et
similibus Scri|ilurariim (eslimoniis cummunik-r iu-
nixi sunt sancli Ecclesiuc Patres, S. ibomas, el celc-
bi iorcs scbolarum magiblri , ad cbaraclerem iiroban-
dum ; quibus magis crcdimus , quàm Liitberanis et
Calvinislis, qui ncgsndo limic esse Scripluru; scnsum
legilimum, ncc teslimonium ullum aberunt, ncc ralio-
nem idoiicam quà doclrinic suie aucloritalem conci-
lient ; tanlummodo enim conjecturis, et ad ari)itrium
confictis inlerpretalionibus indulgent, qiia; pari à no-
bis facilitale rejiciuntur , quà ab illis alTeruiilur. — •
Kesp. 2" : .Xego maj. ; ut enim dogma aliquod velut
ad lidoni perlinens delendatur , sullicit ut innilalur
vcrbo Dei vel bcriplo vel tradito ; nequc necessarium
est, ut utrumque simul concurrat, nam verbi divini ,
sivc sil scriptum , sive tradilum , una eadenuiue au-
ctorilas est ; alqui doclrina de cbaraclere sacramen-
tali aperlè in Iraditionc conlinelur, à solis ncgatur
baereticis, ab Ecclesià Orienlali et Occidentali admit-
titur, à Patribus contra Donalistas est strenué propu-
giiala ; non enim aliimde aigumenla petebanl , ad
j piobandiim baplizalos ab luvrelicis non esse rcbapti-
zaïidos , nisi quia bieretici , licèt cbrisliana; militiDc
' desertorcs, dùm nnminc Cbrisli baptizabanl cbaracle-
rem impiimcbanl ; undo consequens erat non esse
allerum iiirigcndum , sed ubicumque agnosceretur ,
probaiidum : crgo, elc.
List, r : Alqui SS. Paires characterem nunquam
iadmisermit, sallem eo sensu quo nunc ab Eccle-
sià propugnalur ; crgo. Piob. subs. Juxla Eccle-
siai bodierna; senlciUiani cliaracler est spiiilnale
signaculimi ; al(|ui iiiullô aliler à Palribus inlcllige-
balur : crgo, etc. Prob. min.: S. .Vuguslinus s:ep«i
affirmât, characterem aijnosci extcriits, cl agniiuni np-
probari ; ;ilqui spiriluale signaculum exleriùs nequit
cognosci. tiim inlùs bxum in anima delilcscal; crgo,
elc. — Kesp. : Nogo subs. Ad probationein, conccssà
majore, nogo min. Talcm enim volunl SS. Patres esse
cbaraclerem, qnalis ipsa consecratio est, per quam
bonio D( 0 dedicalur, alqui con^ccralio Ikvc tola spiri-
riluaiis est , neque sensibilis esse potest ex iiienlc
sanctorinn Palrmii : ejusii'Mii ergo nalura? cliaracler
est ; quapropler S. Augustinus bine probal ordina-
lionem non magis debcre repeli quàm Baplismnm ,
Quin, inqiiil, utrumque Siicnimcnlum est, el (juiidum
coiisccralionc utrumque liomini datur. Ad auclorilntem
S. Augusimi,disi. maj., simul cl cxplico menlcni cjus.
1531 I>E RE SACRAMENTAIIIA. -
cliaracierem imprimenlibiis , neccssariô non deljerc
ab illà qnnni diximiis in niiiiistris reqtiiri.
Et quideni qiiùd dcbe:>nl rei in Ecclesiâ sacriie siis-
cipieiui;i: habcreiiitcniionom, res est Liillioranis ipsis
ac Calvinistis ila perspiciià, ul in bàc parle à Catlio-
licis non dissideant : quanquàm cnini (]ui recipinnl
Sacrameiita passive se habeant, Non est tuinen, inquit
S. Tlioinas, 5 p., q. G8, art. 7, ad \, passio illa conclu,
scd voluutaria ; et ideb ntjumlur iniculio rccipicndi id
(juod eis datiir. Deinde liccl in acliiali Sacranienli conle-
clione iiiiiil agal qni suscipit, quia solius niiiiislri est
agere , ali(|na lanieiiejus opcralio pniccedil, per quani
postulat sihi roni sacrain admiMisliari , et ejus susci-
l)iciid;e siguificat voluiilaiem; ncc eiiini more aulo-
niatiun sic niovolur, ul non niovcat soipsum ; niovcre
anteni se sine aliquà suà acUone non polesl ; qua; cùin
libéra sil, cl pra'cunle juJitio ralionis elicila, couji-
leiu procul dnbio babel inlentiononi ; inde est, inquil
pr.TCceptor Angelicus, ibid., in arg. Sed conlrà , quod
secundùm r'itum Ecclesiœ, baptizandi pro/itentur se pe-
1ère ab Ecclesiâ Baplismiun , per quod profitentur
SKani iiilcntionem de snsceplione Siicrameiili ; cl verô
Chrislus Sacramentonun anctor et conditor voluit bu-
niano modo bicc lauta negotia ab iis, in quorum gra-
liam transigerenlur , traclari : ubi aulem nec volun- f
las , nec deliberatio, nec inteutio est, hnmanumopus
esse non polesl, quia ralioet voluiitas est bouiini pro-
prium agendi priucipium; quemachuodùin igilur irrita
ac vana Sacramenla dicunturet sunt, qua; à iiiinislris
conferunlurnonlial>etilibus intenlionem faciendi quod
facit Ecclesiâ , pariler nulla dicenda lorent ab bis '
S'iscepta , qni recipiendi quod facit Ecclesiâ intcn-
lifue carereul; biuc lunoceuliiis 111, cap. Majores ,
cM.ra. de Bapt. et cjns E'Jecîib. : llte , iiK|uil, c/h»
nunquhm coiisenlil susceplioni BajHismntis , sed peiiitiis
contrad'icH , nec rein , ncc characlercm suscipit Sacra-
vienti ; et S. Tbomas, ."> p., q. G8 , art. 7, in c. « Di-
< cendum, ail, quôd per Bajilismum aliquis morilur
« vil* peocali, cl iiicipil qnaindani vilai novitatem ,
« secundiiui illud , Uoui. 6, v. -i : ConsepuUi sunnts
i Clirisio per Baptisinnm in niorlem , ul quomodb
i Chrislus surrexil à mortuis per qloriam Pntris, ila
8 et nos in novitale vilce ambnlemus ; cl ideô sicut ad
8 hoc (juùd iiomo iiiorialur veti'ri vila% rtMiuiriltu-, sc-
« cundùin Angustiuum, iu bai)Ciile usum liberi arbi-
« Irii voluuta^, quà cum vcleris vil;e pocuiteal , ila
« reijuirilur volunlas , quà iiilendat vit;c novilaloni ,
8 cujus principium est ipsa susceptio Sacranienli , el
a ideô ex parle baplizali rcquirilur volunlas , sivc
« inlcnlio suscipiendi Sacramcntiun ; » quibus verbis
S. doctor non niodô idem nobisciim aninnat , sed et
bujus veritalis ralionem afïert j)!aiiè cojivinçentem.
Diciinus modo ad p rfeclionem Sacranvnlorum, ex
îiartc susci|)ienlium, sullicerc inlentiunem quà vclinl
scriô se miuistris sul)jicore , et opus in se inipleri ,
quod Ecclesiâ velut sacrum el religiosum celi'brare
consuevil ; nec iiisii|;er i cqnii'i secrelioreni alleram ||
suscipieudi illud ul sacrum : uuovorbo, eamdcai iilo- Il
vuni ac miiiiitraulium cs^e sorlem ; quod in iis im- f
ù SACRAMENTIS IN GENERE. ir,ZÎ
ximè Sacramenlis elucet , qna' imprimunt cliaracie-
rem ; ubi enim verè infigilur , non est dubiuin esse
Sacramentum ; quia ubicumqne cfTeclus reperilur,
ncccssarium est esse causam , sine quà nec inlelligi
quidom polesl ; al(|ui ut Baplisnms , oxempli gralià ,
Kignun) Cliristi impcratoris iiiligat, suj'licil, juxia ma-
jorum doclrinaui , inlcnlio t[uam exleiiorciu api'.id-
laul.
Caijus veritalis leslem , pro niei'ilo , pra'cipuuin
apiiellamus S. Auguslinum : bic cnim , loco l'clalo
supcriùs, lib. 7 conlr. Don., cap. 53, nuUo danlis et
ri'cipienlis fado discrimine, vnicre Baplisuiuin affir-
mai, eliaiusi ulcrqiie ficlus accédai : « Solcl qua^i,
8 iii(|uil, ulrùm niliil inlersil , quo auimo accipial ille
« cui datur, cum simulalione an sine siumlalione? ...
8 scd arbiiremur eliam aliqucm fallaciler danlem ,
« cùm cl Iradcns cl accipiens fallaciler aganl iu ipsà
« uiiilale catholicâ Si nlliil intoresl ad inlegrita-
8 lom Sacramonli in ij.sà calbolicà, iilrùm id ali(|ui
8 fallaciler asi veraciler agmt, ciun lamen boc idem
« ulriijue agaiil, cur extra inlersil non video.... au
8 plus valent ad confirmauduui SacrauiCiUum illi ve-
8 races iuter quos agitur, quàm ad fruslraiidum illi
« Alliacés à (juibus agilur et in quibus agilur? Et la-
« men si poslea prodalm* iiemo repclil , sed aut ex-
8 couununicando puuilur illa simidalio, aut pœuiteiido
îsaualur prcelerilis majorum slalulis non dubito,
< eliam illos liabcre Baplismum , qui (piamvis fallaci-
« 1er id accipianl, in Ecclesiâ tamen accipiunt, vcl id)i
8 pulalur esse Ecclesiâ ; » quoruui similia in eodem
contra Donalislas opère longé aiilè, I. 1, c. 12, pr;e-
dixerai, ila loquens : « In illo ([ui (ictus accesseral, fit
8 ul non deuuô baptizctur, sed ipsà pià correplioue,
8 el veraci confessione purgelur, quod non possct sine
« BaplisMio; ul (|uod aule daluiu est, tune valere in-
« cijiial ad sakilem , cùm illa liclio veraci con^c^sione
I recesseril. 1)
Yiden' ut aperlè sancUis doctor pro noslrà senlcn-
lià mililei, neque dicat arbilrariaui esse et incertain
opiniouom , sed pra^scriplionem majorum inslilnlo et
perpétua Ecclesiâ; pi'axi fuiidalam? C'u' aulem iu bis
qui cum {iclione Baplisma suscipiunl, non secùs ac in
non fallcnlibus verum Sacramentum aguoscat Eccle-
siâ, duplicem causam affert, cuique Sacranienlorum
naluram inspicieuli, noslro (piidem judicio , couviii-
ceulein.
Prima est, quia uUinque idem agilur, sive ex parle
falleiiliuiii, sive ex |)arlc veracium : ciimidcm, inquil,
ulriqne aganl. Ergo deliet ulriuque opus divinum
aguosci , ab suscipicnlisnn affeclu inlei'iio inde-
peudeus. Seconda esl , quia non plus valent ad fru-
slrandain Sacramentum fallaccs , (piàin ad con!ir-
maiidum vcraces; alqui quôd Sa.cramenlum veruui
iulegrumqufi consistai , non babel boc à vcracibns,
scd à virtule divinà : pariler ergo (|ui fallunl, lioc
ipso quôd se minislrauliiun opcraliom liherè seriô
que suljiuiliunl , niliil juI IVaudaïulum valiMil, neiiini
impediiC possimt quomiiiùs cliaractcieni rccipiai:l,
qui cùm graliis gratis datis annumeretur, sanclitalis
1533 QU.>EST. Vil. DE MlMioiiilS SACRAMENTORUM
in corde siisripionlium disposilioDos llo^ossaI■i(^ non
loqiiiril ; undo dehot quidoin eoriiin siiiiulalio, si
cognila l'iierit, vcl excommiinioniuln |)iiniri , vel pœ-
iiilcndo saiinri : sod dcbrl iiiliiloiiiiiiiis diviiiimi in iis
Sa( rainenliini agnosti.
Qiiod vnù antc se (tbscrvaluni S. Au^iislinns Ics-
talur, fiiil in posleruni à sanctis sacerdiililins inviola-
biiilor cnslodituni : sic cnini Paires concilii IV Tole-
laiii eisi Sisobuii [U'incipis faclnni iniprobavorinl, qm
Juda-os qiianiplurosad I5aplisiiiinn siiscipicndiini niolu
suppbciornm adi'gcrat, id(|ne in poslornni fieri so-
b'nnii decreto vclucrint, in iis lamcn veruni agnove-
runt esse Bapli>miini, alqne ad obscrvanliain cbrislia-
I53i
iia;Ueligionisconipellendos esse sanxernnl : Quia jain
constat, iiiquiniit, cos Sucramentis diviitis assocUUus,
Baptismaiis clniraclerem susccpissc : iia pariler Adri.J-
nus I, oclavo desinenle scculo, S. poniiCex , Epislolà
8, Saxones quos limor luoiLis inuninenlis ad Bapli-
snia recipioiiduni inipuleral , etsi foris Umtimi, iiiqiiil,
non imits cousenserunt, vcrè Ijapiizalos esse respon-
dil; sic cliam Innocenlius III, in deorclo superiùs
laïuhito, cap. Majores, extra, de Bapt. : Isqîdlerrori-
bus alijuc suppiiciis, inqiiit, violenter atlrahitur, et ne
ilctrimentum capiat , Baplismi suscipU Sacramcnlum ,
lalis, siciU et In qui fictc ad Sacramcnlum accedil,
cliaracterem suscipit christiaiiitatis impressum ; et ipse
tanquàm conditionaliler volens, licèl absolulè non velit,
co(jendus est ad observantiam jidei christianœ; conseil-
lil S. Tiiomas, coîinncntario in scnlcniias in 4, dist. G,
q, 1, art. 2, quccsliunculà 5, ubi faicinr quidcni nui-
luni esse Sacranienluni , quando pi-incipitim suscipien-
di lolaliler est ab extra, nt si quis invilns et palàm re-
biclans, alqiicconlestans senoile Baptisnnnn lecipere,
in aqnani niliiloniinùs niergcretnr, et cœlera fièrent
quic observari in baplisnio consuevernnt; si autem,
inqnif, coactio sit lantiim inducens, sicul fit minis vel (la-
gellis, ilUquod lionio eiujat poliiis Baplismum suscipere,
quant talia pâli, lune suscipit Siicramcntum, sed non
rem Sacranicnli, graliam scilicet, cui propler repu-
gnantiani in corde latenteni obiceni ponit.
lUiqne niinistranliuin et siiscipientinni in negolio
Sacranienlornni, qnanlùni ad inlentioiiis necessita-
leni aujuaiis est causa : ulrisque enin» siil'ficit expres-
sio exlerior inientiunis Ecclesice , quie salis est ad
perfectionem Sacramcnli, nisi, inqnil pra^ceptor An-
gelicns, conlrarium exprimalur ex parte minislri vel re-
cipic'ntis Sncramenluni. illud aiilein de Sacranicnlis
ciiaracteren» iniprinienliijns ila ariirmalnr, ut lamcn
de cx'leris non nc-;elur, quorum elsi nullus cffcclus
(oiupareat, non lamcn dcsiruml esse Sacramenla ,
nicdo cinn interna inlenlione, reli(|ua adfucrinl ad
S.icrameuluni necessariô requisila : nau) nl)i eUectus
csl , est qni<!cm necessaritim e-se caiisaui; sed non vice
versa ubi eirecliis dcfueiit, seqiiitm- cansani non fuis-
se, ([iiia cliam pra^seiile causa, et qnaultim in ipsà
est oporanlo, potest cjiis eflcclus, iiilervcnientihus
obslaciiiis, impodiri; sic, cxempii causa, eu quod \i-
denl aliqiiis, niïrilo habcro octilos allirmalnr; s<'d non
coiiliimo scqiiilnr es^c c:^ci)m, quia videre pni»!-!- '
■ lenei)raru;n impedimenlum non polesl.
APPENDIX ALTERA.
nE AUIS DISPOSITIONinCS I.\ SLSriPIENTIDLS NECESSAKIIS.
Quoniam de inienlione in siiscipienle Sacramenla
neccssarià diclnm est, opcnc prclimn censeo quudam
adncclcrc de rclii|nis disposilionibiis ex parle subjc-
cli neecssariis, Inm ad vaiidam . Inm ad Inicluosani
Sacramenioium recoplioncm. Et inprimis quidein
iiiud pcnèsomiiesiiolmn rsl, solos liomiiics viatores,
juxia pricsenlem Dci providenliam , et Chrisii iusli-
lulioncin, Sacramcnloruin esse ca])aces. li qnippe
snji Sacramenlornin capaces diceodi sunl, pio qui-
bus solis eadem intitula lucre. Alpro soiis vialoiibus
boniiiiibusS:icramciila iiisliluia esse CdOslal. Clirislus
enim snismet aposlolis bomincs in iiàc morlaii vità
degenlcs, non alias crcaluras, Sacranicnlis iniliari
commisit, dicendo.iMallb. iili. : Kunies, docele omnes
(jentes, baptizantcs, tic. iNec inirum prnfeciù; quando
qulJem propler (I) cos lanlummodo Verljum Del
hnmanam carnem assumpsil, alqne ex illis suam Ec-
clcsiam consiituit , sniqne sanguiiiis tiiesanro dila-
Ht : qu(V spécial cl ilhid Pauli ad Hebr. 5 : Omnis
ponlifex ex hominibus assumptus pro homiuibus con-
slituitur in iis quœ sunt ad Deum , ut offerat doua , el
Sacri/icia pro peccalis.
Prœierea , cùm Sacramenla sint salmis xtenua
comparand;c instrumenta et organa , quibus, ut Con-
cilinm Trideiiliimm loqnilur, sess. 7, in prœm., om-
nis vera justilia vel incipit, vel cœpla augetur, vel
amissa reparalur, apparet ilbirum duntaxal accommo-
dala esse capacilaii, qui sanctilicanlem graliam, aut
acqnirerc, si non babeant, aut in cà pro/icerc pos-
sint babenles. Porrô Inijusmodi nlililalcm solis via-
toribiis lion jiiibus palcre cerlissinuim est.
Nc(iue lamcn bine iiiferre licel singulos bomincs
omnium esse Sacramentoruni capaces; sed omnes
solùm aliqnorum. Nam feniin;e sacram recipcje ne-
qucunl Ordinalionein, nequc religiosi nul sacris Or-
I dinibiis iniliali Matrimonium , ncc bomincs saiii Ex-
trcmani Unclioneni. Al Ba|)lismi, Confirmalionis, et
Eucbarisli;e omnes viatores bomincs immédiate, aut
médiate capaces sunl, si lamcn in lucem edili luerint,
Nam infâmes in nialcrno ulcro exislciucs, sicut non-
dùm sunt nali , ila ncc per Baplismum renasci pos-
sunt (2), adeùqiie nec alia Sacramenla suscipere,
quorum ille est janua.
(1) Cùm Clirisliis pio omnibus bominibns, sive ad-
iiiic vivcnlilMis in hàc icnà, sive jam viià funciis,
sive postea rminis, morliius sil, inanifosium est vo-
ci'in diam , eos, opponi , non hominibus uilis. sed
C;LMeris diiiilaxat cnaluris; aliixpijn au( lor liic à
vcro dt'licercl; alqui vi.iiiiivs. de (piibns in argmncnl
lalioiiis priiicipio, oppi.i i,i|. i,,,,, solùm <iv;iiiiii>
;d) hominibus (lislinclis, sed cliMiu homiMilms ijni jim
ex hàc \il;i miuràrinil ; crijo lia'c nilima ratio parùm
ad rt;ui pnliu'-l, iitipic ( uni |)r;L'cedenler diclis salis
C(di:rrrl. (lùlii.)
(2) Sallom duhia csl h;i'c a>scrlio, ni in Iraclain dii
Baplisnio \i<|('biiiir. Iiilcrim Icgr Ronvior, cao. fi, art.
M, § 5, de Baplisnio, cl Bcncd. XjV (lfSyii(i(l«.di(»»(\[
■ :.'. 7, ci'.n. :;, II. 2ci pc,|. • i^iidn.]
1355 DE RE SACRAMENTARIA. —
Praclerintcntionem , et conscnsuin , de quo aucior
(lissoniit, qiurri pntest an ad Sacranienti veritaleni ,
et validani siisceplionem , iiecessaria siL in adiillis
ralinne nlenlibus (ides snpernalnralis. Qiià in rc nc-
galivè respondenl iheologi , Sacramenlo tamen Pœ-
nili'nti;r; excepto. Id diserlè iraditnr à S. Thoniâ , in
an. 8, qna;st. G8, inqnienle : Hccta fides bapthati non
requirilur ex ucccssitole ad Bapthmum , sicul nec recta
fides baptiznntis, dimt ndshU ccvtera, qnœ siml de ne-
cessitate Sacramenli. Cerlaquc efficiliir h:rc docliina
ex sensu et praxi Ecclesi;r, qu.T ratnm liabel Baptl-
smnm in liaTOsi snsceptiim , dummodo legilimns ri-
tus servatns fneril. Qnando ergo S. Anguslinns, lib. 7
deBapt., cap. 53, asserit, valere Baptismum reccptum
sine simulatione , et citm aliqnà fide , noniine fidei se-
riani inteliigil suscipiendi Baplismalis volnnlaleni, ut
ex aliis locis constat. Meritô tamen Pœnilenli;e Sa-
Cfamcntum excipiinus, qnoniam hoc Saonniontnm
sine conlritione , sive dolore snpernalurali'pœnilonti!-,
snas onines partes essentiales non habet ; contritio
aulem sine fide snpernaturali excitari foverique non
polest.
Si verô sernio sit de Sacranientornm suscepiione ,
nodùni valida , sed etiani fruttuosâ, diccndum est ad
Sacranienla qiine mortnortim vocantur, necessarios esse
in adnltis aliqnos aninii aiïectus fidei , nempe, spei,
inclioat;e diloclionis. etc. Nam ex coniniuni Iheolo-
gorum de justificaiinne doctrinâ, nemo ex adnltis
eam , sîrê ptT Sacramenta , sive extra , conseqnilur ,
nisi per aliqnos pios motus Sr-irilu sancto excitante
conceptos sese disponat, obicemqne rcmoveat divina^
graliai infnsinni ; quorum omnium priinum ac c.iete-
rorum fundamenlum est fides, attestante Domino :
Qui crediderit, et baptizatus fuerit, salvus crit. Praîter
fidem autem etiam requirilur pra'lerilonun delicto-
rum eflicax detesiatio, spes, et inchoata saltem dile-
ctio, ut Tridenlina synodus, sess. 6 1. G, expresse dé-
clarât. Ex quo consequens estliorum piorum motuum
dcfcctum non invincibililer ignoratum , niortaliler
illicilum , ac sacrilegum reddere Sacramonlorum
u>um. De dispositionii)us ad frucluosam Sacramen-
torum aliorum suscoptionem requisitis in loco di-
cetur. Sequitur
QUJUSTIO OCTA\ A.
DE C.i:REMO.MIS SACRAMF.NTORUM.
Quoniam , ut vitelur confusio, suo sunt qua?que or-
dine coUocanda , l)revis crit ista de Sacramenloruni
ritibus disccpiaiio, ne videlicet ea prx-vertamns , qu;ie
libris sequenlibus de cnjnslibot in specie Sacranienti
c.ieremoniis venient exponcnda : sat igilur in prae-
senti erit, principia generalia ponore , et de rilibus
sacris univeisim inqnirerc ; nuod ut pcrspicuè fiai ,
Qusriiur 1°, quid sit cceremonia. — Resp. : Esse
actum externum et rcligiosnm , vel à Cbristo , vel ab
Aposlolis, vel ab Ecclesià instilulum , lum ad sacri-
ficium dccenliùs et solemniiis colebr;indum , tuni ad
Sacramenla sancliùs et cuni pompa majori admini-
stranda.
DE SACUAMENTIS IN GENERE. 1.^30
Quserilur 2" ulrùm ritus omnes qui soient in Sa-
cramonlorum celebratione observari , pari dcbeanl
locohaberi. — Resp. négative. Dislinguendum cnini
inter riius essentiales, et ritus accessorios; est ca-
vcndum sedulô ne lantùm virtulis accessoriis, quan-
tum cssentialibus Iribuatur.
Quscrilur 3" qui ritus essentiales, qui verô accesso-
rii dici debeant. — Resp. essentiales esse qui niate-
riam et forniam uninscujusque Sacramenli, ex Chri-
sli supremi legislatoris voluntate, conslituunt; eos
verô esse accessorios, sine quibus verè Sacramenla
consistèrent, quique ideô possunt in casu necessitalis
pnvtermitli.
Qua^riiur i° unde sit de Sacramenloruni rilibus, sint-
I ne essentiales vel accessorii, sumendum judicium. —
Resp. non ex scbolaslicornm opinionibus , sed ex do-
ctrinâ Ecclesi;e, cjusque disciplina perpétua es'^e fe-
rendinii : non enim Ecclesià in scbolis , sed schola in
Ecclesià quscri débet; hoc est, non debent temerè dé-
créta Ecclesiœ reputari qu;c in circulis Ibeologicis
plerùniqne uti lalia propugnanlur ; quia Ibeologoram,
quod bon.î eorum vonià dictum volumus , non iisfrc-
«5uen> in hâc malerià decepiio luit ; sod dehent è con-
trario schoke placita ex decrctis et anliquis Ecclesiœ
Daoribiis xstim;.ri; b:ioc régula si, uti par est, ab om-
nibus tenerelur, si nimirînn Ecclesià arbitra audire-
tur, evanescerenl de materiis, formis, et ministris
Sacramenloruni, eoruniqiie rilibus necessariis aiU non
necessariis innumerahiles qii;v«tiones ; cessarent Gr?c-
corum ac Lalinorum de corruplis aut abrogatis Sacra-
mentis accnsationes reciproc;i;; et, liàc sublalâ causa
dissidii, spes longé major afï'ulgoret Orientales cuna
Occidenlalibus in concordiani revocandi : Ltictuosum
enim scliisma , inquit Joannes Ilolstenius, Dissert. 1,
de Minist. Confirm., quod Oiienlis et Occidentis cccle-
sias dudiim disjunxil, illis potissimiim imputmidnm est,
qui cliristinnâ cluirilate postimbità , et dispulcnidi pru-
ritu omnia in qnœslivnem et controversiam adduxeruut,
quK diverse rilu, apnd partent adversani agunlur ; liis
nnlla, vel exiqun veritatis cura.^ sed unum vincendi slu-
diuni , lit ex suâ consnetudinc vel opinione , aliis legcm
pra'scribant.
Quaîritur 5° utriini ritus onines accessorii pari anli-
qnilate et auctoritale pra>fulgeant. — Resp. négative.
Constat enim-aliriuos ab aposiolicâ traditione descen-
dere ip?ique Evangelio esse corcvos , alios successu
temporis ab l'.cclesià instilulos : magna (piidem ulris-
que, sed major debeUir aposloiicis reverentia , quos
Ecclesià nbique tcrrarum ab onini reirô relate serva-
vit(l).
(1) Aucior accessorios appellare videlnr eos omnes
ritus, qui non sunt essentiales; porrù riliis (pii non
sunt essentiales et sine quibus Sacranienluni suhsi-
slerc potesl, duplicis gencris'vulgô dislingniilur : alii
enim sunt inl'^L'nuites et niii :irci<lonlaies. Uiius iiilo-
granles sunt illi, qui non périment quidem ad ipsani
Sacramenli esscnliam, sed qnoilaniniodù tamen reijui-
ruiilur ad aclionis sacrairienhilis coMiiilrmcntum, id
est, (|nibiis ddicienlihiis, siihsis'it'i'cl (iiiidcm Sacia-
nicnliiui, sfil iiliiiuid lici^eclionis illius nclioni (Ires-
set; laies sont exurcisnii el unctio elirismalis in Ha-
nlisnu), oblalio panis et vini, alcjue etiam aqua- cum
QU.'EST. Mil. DE C.EREMOMIS SACRAMENTORUM.
1537
QiKTrilur 6° nndc liaboamiis pler;»s(iiio CTienionias
ab Aposlolis inslilutas. — Kesp. luin indu eviiici, quia
quandù observari cœpcriiil , mill;\ polcsl ralioiie pra--
scribi ; unde C()nso(|iieiis est, quod apnslobts ipsosau-
ctorcs babuerint ; liiin l'atrnm vi'leniin diserlis Icsli-
nioiiiis conlinuari , qui tradilionis aposlolii;v vrriia-
teni adslruuiil banun c;orcuioniaruni cxcniplis ; sic
Tcrlulliaruis, in libro de Coronà niililis, cap. 4 :
Eigo qnœranuis, inquil, au ol iradilio, uisi scripla,
non debeat recipi. Plane iiegabiniiis rccipiendani ,
si nulia exenipla pra:iudicent aliarum observalio-
nuni, quas sine ulbus bcripUinc inslrumenlo, solius
tradilionis lilulo, el exinde consueludinis palrocinio
vindicamus ; doniqne ut à Da; lismalc ingrediar,
ai|uaui adiluri..., aliquaiilùpriùsin Ecclesià snb an-
lislilis manu conleslaniur nos reuunliare [diabolo,
ponipir cl angelis ejus ; dohinc 1er niergilaniur, ani-
plius aliquid respondenlcs quàm Doininus in Evan-
golio deltMiniiiavit : intle suscopli laclis et niellis
concordiam pr;eguslainus, ex(pie cà die lavacro
quoiidiano per loiani bebdonuidani abstinenius :
Eucbari^lia; Sacranunluni, et in lenipore viclùs, et
el omnibus mandalum à Domino, eliam antelucanis
cœlibus, nec de aiioruni manu quàm praîsidenlium
sumimus.... barum el aliarum ejusmodi disciplina-
rum, si legem exposlules Scripluraruni, nulbm in-
veuies : traditio libi prielendelur aucirix , consue-
tudo confirmalrix, et fides observatrix. >
El S. Basilius, hbro de Spirilu saiiclo , c. 27 : « Si
consueludiues qua- scriplo prodiue non suut, inquit,
lanquàm liaud niullùm babeules momenli conemur
rejicere , imprudentes gravissimum detrimentum
Evangelio iuferemus; imô puliùs ipsani fldei praedi-
calionem ad nudum nomen conlrahemus : quod
geuus est, ut id quod est primum et vulgalissimum
commemorem, ut signo crucis eos qui spem colio-
càruntin Cbristo signemus, quis scriplo docuil? Ul
ad Orientem versi prccemur, quse nos docuit Scri-
pluia? invocationis verba cùm conlicilur panis Eu-
cbarisli.e el poculum benediclionis , quis sanclo-
rum in scriplo nobis reliquil? Nec enim bis con-
tenli sumus quœ commémorât Aposlolus aul Evan-
gelium : verùm alia quoque anle el post dicimus ,
lanquàm mullùm babenlia momenli ad myslerium,
qu* ex Iradilione cilra scriplum accepimus; conse-
cramus aulem aqiiam Baplismalis, et olenm unctio-
nis, prxterea ipsum qui Baplismum accipit, ex qui-
bus scriplis? nonne ex tacilà secrclàque iradilione?
ipsam porrô olei inunclionom quis sermo scriplo
prodilus docuit? jam 1er innncrgi liominem , unde
ino commixlio in sacriiieio. Ex bis palet rilus inté-
grantes sub gravi esse pra:oeplos. Rilus merè arcidcn-
taies illi sui.l qui nec ad essenliani Sacramenli perti-
nent, nec ad coniplemenlum acliiiuis sacramentalis
requirunMir; Inijusmodi sunl signa crucis, goiiuncxio-
nes, elc. luler rilus, si\e inteL;ranl(S, sive eliaui mcrè
accideniales, qui ab aposlolicâ tradilinne desceuilunl,
dubinm non est quin niwnuilb reperiantur, (|uu>
Aposloli à Ciirislo Donurio dn-eclè accep.raul. Noian-
dum insuper bic non agi de rilibus esscnlialibus, scd
lantùm de accessoriis. (Edit.)
1538
« ex Scripturà baustum? rcliqua item qu3C fiunt in
« Baplismo, veluli renunliare Satanie cl angelis rjus ,
< ex quà Scripturà babcmus? nonne ex minime pu-
< blicalà et arcanà bàc Iradilione? >
Qua-ritur 7" ulrùm Ecclesià auclorilatcm habuerit,
et etiannuiin babeal, ciciemonias sacras insliluendi.
— Resp. anirmativè : (|uani enim babuerunt Apostoli
in spirituali fidclinm regiminc potestatem , eadem in
Ecclcsiam legiliniâ successione Iransmissa est , quod
iiemo negal; atqui babuerunt Aposluii potestatem ri-
lus sacrns insliluendi , ut constat ex modo diclis :
liinc S. Paulus, 1 ad Corii.t. , cap. H, postqnàm de
Eucharisli:c inslitutlone ejusque celebratione mul'.a à
Domino accepta pricscripsil : Cœiera, inquit, cùm ve-
nero disponam ; idemque antiqua monumenta confir-
njant , quibus doccmur nmllas decursu lemporis c;c-
remonias inslilutas, earumque observandarum legem
ministris iniposilam, ul cimslal ex Graecorum eucbo-
logiis et riluaiibus Lalinorum; ergo, elc. Hinc conci-
lium Tridenlinum, sess. 21, c. 2 : Déclarât sancta sy-
no(/HS , inquit , liauc potestatem perpétua in Ecclesià
fuisse , ul in Sacramenlorum aispensatione , salvà illo-
rum subslantià , ea slalueret, vel mutaret , quœ susci-
pientium utilitati, seu ipsorum Sacramentorum venera-
tioni, pro rerum lempurum, et locorum va'rietale magis
expedire {[) judicaret.
Objectio.
Dices : Novorum riluum introduciionem improbant
SS. Patres, inlerquecœleros S. Auguslinus; ergo non
pulant, novos insliluendi poteslalem peuès Ecclcsiam
esse. — Resp. : Distinguo aiitecedens. Imprcbanl no-
vorum rituum introduciionem, quae sine causa à pri-
vatisbominibus,etconlraconsuetudinem Ecclesià; fiât,
concedo ; secùs, nego anl. et conseq. Suam deliàcre
Angustinus ipse menlein aperiens audialur : Quod au-
« tem, inquit, Ep. ad Januar., instituilurpraeterconsuelu-
« dinem, ut quasi observalio Sacramenti sit, approbara
c non possum, etiamsi mulla bujusmodi propier non-
< nullarum, vel sanclarum, vel turbulentarum perso-
i narum scandala levilanda , liberiùs improbare non
t sudeo : sed boc nimis doleo, quôd mulla que in
< uivinis libris saluberrimè prxcepla sunl, minus cu-
I rantur; et lam mullis pr.-esumptionibus sic plena
c sunt onniia, ut graviùs corripiatur qui per octavas
« suas lerrani nudo pede leligerit, quàm cpii menlem
i vinoleniiàsepelierit; omnia iUique Uilia, qua; neqnc
< sanclarum Scripturarum auclorilalibus conlinen-
(I) Hanc ejusdem propositionis ralionem afTert
Billnart , diss. 7, art. ô : < in omni Republicà bcnè
« (trdiualà aduiiiteuda est poti'Slas disponendi , or-
< diuandi, sUilucudi (pue pro rerum, locorum cl lem-
i poruni varictale nul neces^aria vel nlilia ad ejus
< conservalionem, proniolionem, orualnm el decen-
t liam , civium(|ue ronunoduni el saluleui Icmpora-
< lem ;. ergo similis pitlcslas non est hcclcsi.e dene-
I ganda in (udiiK* >|Hiituali: aLpii ad <'on»ervali(in('ni
I el proinolioneui religiouis el cullùs tlivii.i, ad Sa-
< crameolnrimi niajeslalein couimendand.im , eique
t rt'ViTciitiain ci>iK'ili;uid.im ; ad lideui pieialenM|ne
( lidelium excit.t>i(lain, lovendaui, aiigendam, conTo-
« runl cxTCiuonix (ui inlia diceiur); ergo >
(Edit.)
io50 DE RE SACRAME:NTx\RIA. —
t lui", ncc iti conciliis cpiscoporiiin iiistitiila inve-
I iijuiilur, ncc consucluiliiic univorso Ecclobi.u robo-
1 lata SHiU, sed pro divcrsoruin locoruin diversis
« lijoiibus inruunerabililer variaiiliir, ila ut vix aut
e (iiiuiiiiô liunquàin iiiveniri possint ca«s;c , quas in
« iis iiioliUieiulis boulines scciiti suiil , ubi faciillas
« iribuilur, sine ullà dubilalione rcsccanda cxislimo ;
.f quamvis enim iieque hoc iiiveriiii possit quoiiiodô
! contra fldeni sint, ipsain tanicn religioncm quain
« paucissiniis et wiaoifcslissiniis célébrai ionuin Satra-
« nieiilis niisericordia Dei esse iibciv m voliiil, servi-
« bbus oneribus pioniiiiit, ut toU'iabilior sil conditio
« Judseonin!, qui cliani>i teiiipus libertalis non agno-
i verunt, U^galibus lamen sarcinis, non bunianis pi'i3C-
i suniplionibus sidtjieiuntur. »
Quaerilur 8^ utrùm iidein ubiqiie gonliuin in Eccle-
sià ritus observentur. — Uesp. 1° riitis csscntialcs
eosdem ubique esse , quia ubiqiie suut eadem Sacra-
nienta; sie, cxcuipli causa , in ninnibns Ecclesi;ft par-
tibus Baplisnius, aqiia; ablulione , et sanctissimiie
Trinitatis invocalione perficilur ; uijiquc panis et vini,
vcrbis evangebcis : IIoc est ccrptis meum ; hic est son-
guis meus, ad Eucliarisliani consccralio fit, quia
sine bis ritibus Baplisnius et Eucbarisîia , ex divinâ
inslitutione esse non possunt; idemque facile in reli-
quis Sacramenlis agnoscet quisquis in eorum iîivesii
galione profccerit, qu;i! Ecdesia, quà lalè palel, ob-
servât. — Resp. 2' ritiis accessorios , ab apostolis ,
vcl proximis eorum temporibus instituios , suniniâ
ubique l'cveicnliâ rclineri , et nierilù quidem, lum
propter bonorom bis debitnni, quibiis veluti funda-
nicnlis sunencdificata Ecdesia est; tum quia inagnam
ad |iietaleni ciendan), ad augeiulain Sacranienloruni
majestaloni , et ad divina mysleiia significanda vim
babenl : sic, exenq)li graliâ,signum crncis in omnimn
adminislrationc Saciainenloruni nbitiue in Oriente et
in Occidenle praîscribilnr , f/KOf/ , imiuil S. Aiignsli-
nus, tract. 118, in Joan. , »/sî" adhiOcalur froulibus
credenlium , siveipsi aqnœ quà reaeneraïUur , sive oleo
quo clnismale inungunlur , sive sacrificio quo alunlur ,
niliil eorum rite perficilur : ubiipie pariter Sacramen-
lornni nialciia- niyslicis iiei.cdiclionibus consecranlnr;
ubique Calccbnnienorum unclio lit : ubique exor-
cisnii , iiisnfflationes, abrenunlialionos , in Baptismi
solemni adnùnislralione frcqcienlaiilnr; bœc et alla
id geaus ploiaqiio , quanqnàni Sacramentorum esseii-
liani noM consliluanl , ubicpie lanien , tum propter
aucloritalL'ni nndè nianâssc crcdiintur, lum propîer
alias (|uas pra'dixinins causas, inviolabiliter custodil
Ecdesia. — Resp. 5" rilus accessorios seculis poste-
rioribns insliuilos, non eosdem nbiqiic esse : babent
cniiu suos pcculiaros, Lalini , Gncci , Oricnlales ;
quin et in Occidenle non omnium Ecclesiarum plena
conscnsio est ; nam nec Modiolancnsis cum Romauâ
noc Romana cum Gallicà , nec Gallica cum nisp,..iicà
jn omnibus convcnil ; idemque in c;cleris sive Orien-
tis sive Occidenlis pariibus depreliendct , qui percur-
rcre libros ritnalcs voluerit.
Quiciitur y cînn cosdcin nbi<pic litus non babcal,
DE SACRAMENTIS IN GENERE. V6i0
' quomodô una Ecdesia dici possit. — Uesp. : Quia uni-
lalcm EccU'siai facil non unilas disciplinée, sed lidei :
quanlalibet itaque sit borum rituum in regionum di-
vcrsitate varictas , lamdiù tamcn unum corpus crit
Ecdesia , quamdiù crit in câ , mtus Dominus , îina
fidiS, unum Uaplisma, unus Dcus et Pciter oumiuin ,
Epbes.4 , aicpiemadinodiim enim mult* provinciie unum
regnnm conslituunt, quia elsi proprias singulic con-
sueludines babeanl , et privalismoribus vivant, coni-
mmdbus tanien et fundamcnlalibns Icgibus sub une
principe coinieclunlur; ila est de regno spi)iluali
Cbrisli , Ecclesiâ scilicet, cum proportione diccn-
dum , quôd ejus unitatem usuum et rituum indifferen-
lium discrcpantia , cùm ad unum omnes fuiem ten-
dant, non inipediat.
Qua;rilur 10° quoc cœremoniarum divisio sit. —
Resp. : Prceler cas quas attuUmus , ex mulliplici ca-
j : pile repeli posse : quœdam enim ad materiam , quaC"
dam ad minislros SacramentOrum pertinent, quaidam
I respicinnt ad subjecta ; rursùm allai suntlocorum,
allai lemporum; prœlerca aliae Sacramentorum admi-
nislrationem , velut quxdam ad gratiam prœparalio-
nes , praicedunt ; quœdam comitaniur aclum Sacra-
menti , ut ejus effectum quasi ob oculos ponant; qui-
dam deidcjuc sequuntur , ut accepli beneûcii niemo-
riam alliùs defigant in anime ; de his, et aliis, si quce
sint , sa^pè in libris sequenlibus sermo redibit.
Qua;rilur 11° quid ulililalis cœremoniDo babeant.
Resp. verbis concilii Tridcnlini , sess. 22, cap. 5,
de Sacrif. missai. : Ciim natnra liominum ea sit, in-
quit , n( non facile queal sine adminiculis exterioribiis
ad rernm divinarum medilationem sustolli ; proplerea
pin mater Kcclesia ritus quosdam , ut scilicet quœdam
summissù voce , alia verb claliore in missâ pronujitia-
renlur, instiluit ; cairemonias item adliibuit , ut tnysticas
benedicliones , lumina , tliymiamata , vestes , aliaque id
(jenus multa , ex apostolicâ disciplina et traditione, qu'a
et majeslas lanti sucrilicii commendarclur , et mentes
fidelium per liœc visibilia Religionis et pietalis signa ad
rernm altissimarum , quœ in hoc sacrificio latent, con-
templationem excitarentur ; quod auiem de nnâ Eucba-
rislià dicilur, facile est de reliquis Sacramenlis, cùm
exdem caus.c sint; bine ejusdem concilii Calecbisniiis
gencraliter de omnibus sic pronuntiat, lit. de Sacram.
in geii., § 18 : Merilo quidem à primis usque Ecclesiœ
temporibus tllud semper servatum est , tit Sacramenta
solemnibus quibusdum cœremoniis ministrarenlur . l'ri-
mitm enim maxime decuit sacris mysteriis eum Religionis
cuUum tribuere, ut sancta sanctè tractare videremur.
Praterea , quœ Sacramenta efficiuntur, cœremoniœ ipsœ
magis déclarant, ac veluti ante oculos ponunt, et earum
rcruiu sand.latem in unimis fidelium alliks imprimunt ;
(leiiià ^er'o mentes illorum qui cas intuentur et diligen-
t] .<r observant, ad sjiblimiuni rernm cogitalionem eri~
giirit, fîdemque îa eis et charitatem excitant; quo major
cura et diliyentia adhibenda erit ut fidèles vim cœremo-
niarum , cfuibus singula Sacramenta conficiuntur, cogni-
lam et per^prctam habcant (1).
'i; I E\ isiis lum concilii, tum Catechismi verbis»
Î5«
OU.'EST. VIII. r>E C/EI\F,MON!IS S.VCRA.MrNTORLM.
M^i
Ohjectio.
OpponuiU li;i;rclici ( 1 ) : Qiiiil(iui(l ca'reiuouia-
« ninnifesliun ost , inqiiit Tnrru'liiis , qii:rsi. 0, et
( ullinià, litiilo ilo i';ci'iMii()iii:inn)i iiccivssil;.'.!' el iilili-
« Lib' , miilliiiii o^sc cxToiiuMiianiin Irucluiii casiiiit;
< |)(»liï.siim'iiii valri'i' :
< 1" Ad iiiaji'siaicni ri rovt'iTiiliaiu mysloriisiiosln^
< religioiiiscoïK'iliaiKlaii). KxUM'Do oiiiiii ilio apitaialii,
( nnialii et poiiipà ccclosiasliconiiii liouiiii, ad oul-
« liim, veiieralioiu'in ot ol)M"iiniiiin cxlnlieiidiiiii Im-
« niiiu's liingè proniDies liiiiil , ()nod diviiia iiiajc^lai
< iiide magis foriiin ociilis ^pleiidc^cat.
« '2" Ad |)ieialciii lidoliiiiii pioiiiDVoiidaiii ac exci*
f taiidaiu , iiiiti'iciidain coriiiii liili'iii, noliliaiii inyslo-
t rionim ociilis voir.li siiltjicit'iKlani ; denitpic ad cxci-
€ landiiiii in corde iciioniin (iiienidaiii religioids'Cl
< aiiKiris Dei alleeliiin. lia (|ii!|ipi; Iioino faeUis est, iil
( pcr extenia el sensibilia >i|,'iia iid spiriliialia ori^a- i
« tiir. Taiii enim à caplii iiosiro seiiiola siiiil fidci
< iiiysleria, ni nisi iiidnmenlis (niil)iistlam vcliui oir-
t ciiiiiveslila ob ()(ii!i)s poiiaiiliir , iiioiitis alleiilioiiem
< l'acilè liigiaiil. Ad ipsuin igneni anivris uulrimduin cl
I fliindum qiiodaiinuodo, ail S. Aiigii^iiuus, Epislolà 5o,
€ allas 119, cap. 11 quo tanquàin pondère sursUm vet
« inirorsUin referfimur ad requiem, isla oinnia périment,
€ qmv nobis fujurulè insinuanliir : plus ciiim inuvcnl el
< iicceiiduiil (tinurciii , quàin &i iiuda sine vllis Sacra ■
« meiitorum similiiudiiiibus pouereiilur. Cujus rei cau-
i sam d\(j]cilc es' diccre. Scd lumen ila se liubet , ul ali-
t quid per ullegoricum sUjni fical'wnem iiiliniatuni plus
1 movcat , plus dclectet , plus hoiioretur , quiini si ver-
< bis propriis dicerelur apertissimi'. Credo qubd animœ
( motus quiimdiu rébus adliuc lerrenis implicalur , pi-
t (jriiis inflammutur ; si verb feralur ad similitudines
€ corporales , el mde re feralur ad spiritualia , quw illis
t simililudinibus fujuranlur , ipso quasi transitu veqela-
I tur, et lanqiiàm in faculà irpiis agi talus accendilur, et
t ardenliore dileclione rapilur ad quielem. > Ihec S.
Augiislinus.
« Describit idem sanctiis doclor, 1. 9 Confessionum,
c. G et 7, ipios piotaiis senstis in se cxcilari exper-
lus fuei il ex liyninis ol caiilicis Ecciesi;e. Quantum
flevi , ait, in hymnis el canticis tuis (aposlrophe esl
ad Denni) suave sonaiilis l'.cclesiœ luœ vocibus com-
motus acriler ! Yocesillcc injluebant auribus mcis , el
eiiquabutur veritas in cor meum , el exasluabat inde
ajfcclus pielalis , el currebant lacnjmœ ; el benè milii
erat cum eis. Non longé cœpcrat Mediolanensis Eccle-
sia geiius hoc consolationis el exliorlatiuiùs celebrare,
magno studio frairum concinenlium vocibus et cordi-
bus. Mimirum annus erat , aul non mulià amplius ,
ciiin Juslina Valenliniani ngis pueri mater, hominem
tu!!)u Ambrosiuni persequeretur Itœrcsis suw causa ,
quà fuerat seducla ab Arianis. l'xcubabal pia plebs in
lîcclesin , mori parata cum episcopo suo , seno tuo.
Ibi mater , ancilla tua , solliciludinis et vigiliarum
primas parles tenens , oraiionibus vircbal. y os adliuc
frigidi à calore spirilns lui , excitabamur lumen civi-
la'.e allonilà algue larbatà. Tune lujmni el psalmi ,
ut canerenlur sccnnduin morcm Orienlalium parliui>i ,
ne populus mœror s lœdio contabesccrcl , instilulum
est ; et ex ilto in liodiernnm relenlum , mullis j im ac
penè omnibus gregibus luis , cl per cœlera orbis imi-
lanlibus.
i Qniii el cxicrnos oiMlioniiin geslns , ac oorporis
con brnialidnein aliipiid ad pielaleiii prndesse docet
idem S. Aiigiiainiis, I. de Cuià pro moi luis gereiidà,
cap. 5, n. 7 : .\am , intpiil . cl oranles de membris
sui corporis faciunt qnod supplicanlibus cunqruit, cum
genua figuiil , ciim exlrndunt miDius . vel eliam pro-
slernuntur solo, el si quid aliud visibililer faciunt,
quamvis eorum invii^ibilis volanlas el cordis intcntio
Deo nota sit , ncc ille indigent lus indiciis, ul liuma-
nus ei pandatur animas ; sed liinc magis se ipsum e.tci-
I lut homo ad orandum gemendumque kumUiHi alq'(''
mm in Uonianà Ectlcsià obscrvalur, siipcrsliiioiijs
pli-niiin est, ad Jnduiorum ol gciitiliuin (quud est
longé tiirpiiis) imilalioncMi de novo in cbristiaiiam
« ferventHis. Kl nescio (jHomodo , cum là molus corpo-
i ris fieri nisi muta nnimi pnvcedente non p'issi:it , eis -
« (lem rursiis cxterius visibililer fadis , ille inli'rior in-
» visil'ilis , qui eos fecit , augitnr ; ac per hoc cordis
i alfcitus, qui ut fièrent isla prœcessit,quia fada iunt,
t crescil. Aiiti- S. Angii-liinnn jani obsi ivaveial Tci-
« Inilianiis , cliam in gcstihus ac ( onrornialiujic cnr-
< poris Chrixiianrts iiiy-leria lidci swa' al) inilio i x-
« pressi>^se. A'os, inqnil, manus non taninm atlollimus,
« sed ctiani expandimus divinù passiune modulunles.
« 5" l'ti'cs snnt caîrenioni:*; tnin ad exponcridi ,
» Inin ad dei'etidenda (idei nosira- inysleria ; qnrr cniin
« o!)Scnriiis in Sacramcnlis, apcilin-. per riliis ac caî-
« rcmoniasadjiinclas nianilLSlaiilin'. LndcS. Aiigii>li-
i nns, I. 1 lie p<'ccal. Mer. el Jlen»., cap. Iji, el 1.
« 10 in .îiiiiaiuHi), cap. 2, ex cxorcisniis , qui Bapli-
« sninin anlecednnl, inviolé demouslrabai esse in
< pai'vulis originale peccalnm.
« -4° Ad conscrvalioneni leligionis, divini cullùs
« niajeslaleni , cl ad dislinclioneni Calludiconini ab
« lia^relicis. Nanique 1° religio per aclns exlcrnos
€ conservalnr; id vero maxime pra-slaiit ca'reinouia;,
t ne illa vilescai et coiilemnalur, sicqiie paulaiim pe-
« reat; sed poliùs clïiciMMlul conlinnoiisn irilaviiieat
i el magis in dics efflorescat. 2° €.x'remoiii;c non im-
« nicritù dici possnnl ad partenj cullùs divini perli-
« nere; homo scilicet qui anima et corpore constat,
« Dcum colère et bonorare ttMielnr tum inlerni> ani-
tmï, liiin cxternis corporis actionibus. 5'' Denique ,
€ per Cfcremotiias dislingiiinuir ab hœreiicis; illi enim
€ nonnulla quidein nobiscnm communia retir.enl Sa-
« craïuenla, scd in rilii ac modo ea solenniilcr admi-
« nislrandi miillùm à noMs dissident. Qiiôd si rion-
t nulli ex nostris nosirarum Céereinoniarum apparalu
< abulunlur, quasi religionis summam in illis collo-
«cando.eos improbamus; at vilium illud liomiiiis
< est abulei:tis, non rei quà abulilur.
I Nec vim nllain liabd, qnod oppnnuiil novalores,
< ritus iioslros l'erè oiunos à Judieis acct ptos esse,
« qiios eliam pagani suos sacrilegà imilalinne fece-
1 ruiil. Quid lum? An non recli et laudabilcs erant
» rilus Jndivorum, quos Oeus ip«e instituerai? An
t non licuil Ixclesix , ul faciliùs ad nnilalem lidei
« Judieos et genliies adduoeret, imnnullos eorum ri-
€ tus relinore , onmi sublaià specie siipersliiiiinis, eos
« consccrando ac sanclificando ? hàc cerlè prudiMili
« œconomià usi liière Apnsioli in coiicilio Hierosnjy-
«uiitano,cùm prinds Cluislianis Icgeni ad lempbs
< imposuerunt abslinendi à sanguine el suHocalo, à
i quibu>; abborrebant .Inda-i , qui lam cilô ad opposi-
« lam discipiinam Iranslerri non pntnissent.
€ Xec te mov<;al qnod lam simplici cnlln Ectiesia
i piiniis secidisdivina mysteriacelebrarel. Melu enim
« persecutionum , in cryplis ac locis sid)lerrancis
< ab>condili lideles, sine ullo ferè apparaln sacra
i peragere cogebanlur ; al , reddilà pacc, cùm favcnlc
i Constanlino paulo respiravil, mirum (pio magnilico
c suMjplu cl erccla lempla, cl quà pompa ac su(ierbo
t rituufn apparalu di\ina ollicia lucrint celeltrala.
« Loge Eiisebium i:i Viià Constanlini. > (lùlil.)
(I) Ilarclici de (piil)Us auclor hic b'quiliir, sun'.
pr.userlim Calviniani , qui Uiidum [dané cidliim in-
vexcrunl. Eullierani aulcm . ci maxime Anglicaid ,
licèl plure- ciTcnumias longo seculorum usii'ajqiro-
balas liiK-rinl è mrdio, pl.iosque lameu rilus anli-
qiios iii a(iniinislrali(Uie siKuum Sacramciilorum reli-
niicrunl. Ecclcsia aulem Anglicar.a aiuLicem nacla est
apob>gislam , I». F. le Coiirayer , (pii illam impensè
laudal , quasi felici inler ulrumque exlrcmum gradn
iiuedi'us , vilaveril tani c iilliun vaciuun el inaueni
(ialvinislarimi , qiiàm culluin plus a^quo ca'remoniiâ
'îiiUïtum , qui vigot apud Calholicos, (Êdit.j
DE RE SACRAMENTARIA. -- DE SACRAMENTIS IN GENERE.
Religiouem invecttiin. Ergo nedùm iilililalis aliquid ,
liabeanl, debcnl ex adverse, quia noxia; cl culliii divi- ,
no contrariii;, rejici. — Rcsp. : Nego anleccd. (iiiau- i
lùin ad onines parli-s : in lioc argmuonlo dclicias \
agunt licerelici, et quasi Eoclcsiâ proslialâ triuinpliuiii |
canunl; ila lamen est invaliduni, et tam aperia men-
/dacia continet, ut nec refutare dignareniur, nisi eo
ad dccipiendos simplice> quotidiè uterenlur.
r Quod aiuiit , riins oniiies de novo esse invecios,
supinam eoruni ignoranliam, aul cuniulatam uialiliam
nianifcslal : quomodô eiiiiu possunt rilus dici rccen-
les, quos constat à primis usque seculis observaios,
ab anliquissimis Paliibus cxplicatos , et in exeniplum
tradilionum aposlolicaïuni adductos? Atqui lioc ne
gare nemo nisi insipiens potesl; nam de soleninibus
cœremoniisSacrainentorum , prseter Tertullianum et
sanctunï Basiliuni paulo anle laudatos, agunl, sanctus
Cyprianus, ei)isl()là 05, ad Cœcilmn, 76 ad Mcignum,
et alibi saepè; sanctus Cyrillns Ilierosolymilanus, in
Catechesibus ; sanctus Augusiinus, in liijris conira
Pelagianos, aliisque operibus ; sanctus Dioiiysius,
Tulgô Areopagila, in libre de ecclesiaslicà Hierarcliià;
sanctus Gregorius M. in Sacramentario , et alii pêne
onines qui de Sacramenlis scripserunt.
2" Quùd rituum invenlionem Romance Ecclesiae Iri-
buunt, est iliud verô insignis inipudenti;K argumen-
tuni ; in omnibus enim Gnecorum et Oricntalium cc-
clesiis, non secùs ac in Occidente, ab on)ni relrô me-
morià observaninr ; cujus rei ceriam fidem faciunt
Euchologia à mille et ampliùs annis descripta. Ergo
eorum institutionis non débet Romana Ecdesia accu-
sari ; quia è contra aliarum Ecclesiarum cum Romanâ
in iis ab antiqno admiltendis consensio prorsùs de-
monstrat, quôd in apostolicà traditione, paucis ex-
ceptis, originem iiabeant.
5* In eo quod adeô audacter pronunliant, quidquid
cseremoniarum in Ecclesiâ obseï vatiir , plenunj esse
superstiiionis, iniquissimos prolianl se esse censores :
superslitio cnim vana est , nimiaque Religio ; vana ,
si falso numini exbibetur ; nimia , si niodus excedilur,
et benè non colitur numen bonura : alqni nulluni taie
vitium cœremonias noslras déformât; vana, inquam,
dici Religio ista non poiest , cùm ad veri summique
Dei cullum tota dirigatur; neque poiest quasi niniia
reprebendi, nisi ab iis quibus quidquid eorum palato
non sapit nimium est, quamlibel anguslis limitibus
cireumscriplum.
Quid enim , quœso , hoc nimium est , quod delica-
tulos rcformatores offendil? Numquid quia liabent
rilus nosiri spociem corporalem? Alq\ii sub sensibili-
bus symboiis rerum cœlcstium magna signilicatio
latet. Numquid quia Deum qui spiritus est, bonorare
speclacula isla non possunt? Al spiritus quidem est
Deus , sed est rerum corporalinm Domimis , cl iiomo
à quo colitur, habel naluram ex spirilu eoncrelam et
corpore ; unde consentaneuni fuit ut cultus supi e-
mo Numini exliibendus iiaberet aliciuid corporalc
admixlum.
Numquid quia apparatus omnis exteripr in Evangc-
lio probibelur? Edant ilaqiie, si possunt, teslimonia
Scriplurarnni buic sue pra:suniiilioni faveiili;i, cl ul-
trô dabinms manus : lanlùm verô abest ul taie quid-
piam lil)ri novi Teslamenti insinuent, ut è contrario
Cbristum ipsum sacrarum c:eremoniarum inslitulo-
rem el pni'formalorem fuisse apertè declarcnl ; ille
enim, cùm inicr homincs agerct, legitur saîpè l)eiie-
dixisse, manus imposuisse, lactu, luto, et spulo sa-
nâsse, manus lavasse, genuflexisse, vullum totiusque
corporis liabitum ad supplioanliiim nnrmam conipo-
suisse, aliaqut; ejusdem generis mnlla feei^se, cùm
bis cxlernih subsidiis ad exerendam potentiam non
egeret ; de Aposlolis verô el primis discipuiis (juàm
fréquenter narralur, quôd pariler adhibuerint sensi-
bilium CcVremoniarum ornalum! Superstiiionis ergo
immerilô accusanuir, cùm doclorem sajjienliai du-
cemque verilalis Cbristum, AposloIorum exeniplo,
sequamur.
Numquid denique dicluri suiit, in hoc niniirùm
esse excessum, quôd in confeoliune Sacramenlorum
frequentior signi crucis, nnclionum, benediclionuni,
aliorumquc id genus repelitio fiât? Ecquis enimverô
patienter ferai hoi'.:iiies qui Ciiristiaiii liaberi \oIumI,
el lamen nimium pulanl signum quo Ciiiistiani su-
mus, et alia myslica symiiola siepè mysteriis i;-lerpo-
ncre? Nam si una benedictio, si una unclio, si una
signi crucis impressio bona est, meliores uliquc plu'
res, quia nmltiplicala obsequia demerentur poliùs
quàn) ofîendunt : non enim nobis odiosi videnlur ii
famuli, qui assidui el fréquentes ad obsecjuium f(ie-
rinl, sed magis cliari; itaque si ha;c semel facere
laudabile est, quanlô magis siepiùs ! Non ila sanè Pa-
tres Ecclesiic judicabani, qui nedùm supersliliosiini
arbitrarenlur, signum crucis siepè repetere, magnum
è contrario in hoc exercilio cbrisiiame vitie officium
reponebanl : non ila Terluilianus, lib. de Cor. mil.
cap. 5, sic loquens : Ad omnem procjressumaltjue pro-
violum, ad omnem adilum et exiluin, ad vcstilitm et
calcealHVi, ad lavacru, ad tncnsas, ad lumina, ad ch-
bilia, ad sedilia, qubcumque nos coiiversatio exercet,
l'ronlem crucis signnculo terimus; non ila sanctus liio-
ronymus, cujus ad Eustoeliium pneclarissima verba
sunl : Ad omnem aclum, ad omnem inccssum, manus
pingat Domini crucem ; non ila Origenes, iiom. 6 in
Exod. ; non ila Cyrillus Ilierosolymilanu-, catec. i et
13 ; non ila Laclanlius, Inslit. 1.4, c. 27 ; non ila san-
ctus Âugustinus loeis iimumeris, non ila deni(|ue alii
penè omnes, qui in signo crucis ad fugandos dicmo-
nes, Deumque colendum mirabilem virluiein agno-
scimt, idemipie de ca-leris rilibus sentiunt, quos Ec
clesia solemncs liabei.
4° Neque propiùs ad verum accedit quod effutium,
can-emonias de scholis gentilium in Ecclesiam irrc-
psisse ; è conira cnim fcrè onmes Paganorum rilus ad
iniilalionem veri Dei cultorum fuisse à d:i'nioiiil)us
intiodiicios f.icilè asseiiliclnr, (iiii aitcnderil veram
Keligionem qua; priscis temporibus Judaica erat, ido-
loiairiâ longé esse anli(iuiorem ; adeôque non genti-
lium cscrcmonias à fidelibus, sed cxrcmonias fide-
^^545
QL.EST. Mil. DI-: C.KlUlMUMIb SACKAMKNTOia.M.
ioie
lium al) infidelibiis ad culiiini suporstiiiosiini c«sc Ira- '
ductas, (Lviiionc sciliccl iiisligaiilo, iiiii cùm iiivclc j
ralà nialiliâ pcrpcliiiis Doi :i;iiiiilnssit, iionores uli(|iio
divinos aireciat : i l)ial)olu.s enim, ciijiis siinl parles j
i iiitcrverloiicii vcrilaltiii, iiiipiil TcrluHiaims, lio.
< Pra'scrip., cap. 10, ipsas ipidtpie m-. Sacraïutiilo-
< ruiii diviiioniin, in idolorum inyslcriis a-miilatur:
« luigit el ipso quosdam uliiiue ciodenlcs el fidclos
< suos ; expiationcm dcliiloiiim de lavacro rcproiuil-
< lil; cl, si adliiir memiiii, Millira signal illic in fion-
t libns niililcs siids ; Ci'lchial el paiiis olilalioncni, cl
t imagiueni resnrrcclionis indiicil, el subgladio rcdi
f mil coronam; qiiid (piod sninniuin Ponlificcni luiiiis
< nnpliis (in nnis nii|.liis) slaUiil ; .liahct cl virgines.
« lial)cl cl conlincnlcs. Calcium si Nnm;c Ponipiiii
« snpcrslilioiies rcvdlvamns, si sacerdolalia oflicia,
f insignia, cl privilégia, si sacri(icalia minislcrin cl
1 instrumcMla, cl vasa ipsornm sacrificiornni , ac
I piacnlorinn cl volornm cnriitsilales consideronuis,
i nunnc malli^c^lé dialiolu- niorosilaien! illam Judai-
c cre Icgis imllauis esl? Qui eigo ipsas res, deqnibus
t Sacranionla Cbrisli adminislranlur, lam aimnlanlcr
1 alTcclavil exprimeie in negoliis ididolalrir, utiqiie
€ cl idem el codcm ingenio ges-il, et potiiil inslrn-
i menlo qnoqne divinannn icriun el Sacramenlornm
< Cbriblianorimi, sensnm de sensibus, verita de ver-
f bis, paraboias de parabolis profana; et temulc li-
€ dei allemperare. »
5" Est ilhid ((uidcm vernm, habcrc riUis noslros
aliquam cuni .iud:eoriim velciibus cxTcmoniis com-
paratijnem ; sed non inagis bine sequilur, à Syna-
gogà in Eccicsiam Ciuisli esse traduelas, qnàm si
quis diecret, nos ad Jiuhvorum iniiiali'neni Uecalo-
guni observaie : non enim ideo ab apololis doclore
Cliristo, et ab Ecclesià deinceps surit iiislilula>, quia
in populo Ilebraico vigueranl; sud (piia in bàc nior
tali coibditionc sine ullo cxleino riln Hcligio vera esse
non polcsl : iino verbo, polcsl (pudem aiiqua in nu-
slris, cum gcnlilium el Jud;corum rilibus, si speclctur
cullus exlernus, ai'tinilas deprebcndi ; sed liabilâ ra-
lionc finium et objectorum, unde polissimùm a;sli-
inandi sunl, immenso distant inteivallo (I); ut enim
observai sanolns Auguslinns, crat in .îud;cis pradigu-
ralio pnonunlians, in gcnlilibus imitalio crrans, el
in nobis est veritas : « Tanlùm inlcrcst, in(|uit (2),
(1) Nibil vclal dicere quùd Ecdesia sive à g(rniili-
tate, sive à Syiiagogà caM-cmi>iiias quasdam sumpserit
nniluas, ut ill;!S sanclilicarel , cl •(! cidlnm divimun
Iransfciict, qniduodô cliani Icmpla liom.ulla profana
snmpsit, pnrgavit cl sacra fccil.
("2) IMiuima alia objicimil Calviniain, ctquandoquc
cliam Anglicmi el Lullicr.ini, sed pra-serlini quod
Ecclesià catliolica cnllnm suum mundanà |io:iipà ve-
siicril. Ilos vcrô slrcnuè revincil Coilcl, cap. 't, art. I,
dinn rcspoiidct, « M.alè dici i»i)nipam Salai, ;c (scii
« mmuinnam) id quod non ad iiominum, sed ad Dci
« gloriam l'cfcrlur. Ec(pns argenUnn, anrum cl gem-
< mas ad ornalum iiojiiinis soiins creala fuisse exi-
€ slimol, non ctiani ad cullnm Dei, qui ils l.ibcrna-
« culmn suum ndornari pncccpil. Ccrlè nemo un-
< qiiàm pau|)crlalisel siuqiii( ilalis amaulinr l'uil (piàm
i CiirisUi*, elislamen laudavit, et in orbe tolo laudari
TH. XX.
< inlor sacrificia Paganorum et Ilridjncorum, quan-
< lùm inlcr imitalion'm erranlcm, et pra^figuralio-
« Yoluil facinus pi i- imilicris qua; elfinlit auper capui
« rjiix tiluluiMrnm niujeiUi prrlinsi, Mallli. ^(î, quod
< polcral V('iiiim(li:ri phistiiuiin (rvcenlis (l( Hiniis , et
< (tiiri piupi'ribiis, h):i\). \'l. Et vero an sapienliorcs,
< an simpliciiali evangcli(;e magis addicti sniil C.d-
« viiiiani, (piàni lot cxiurue sanctilatis cpi><ciipi, (pu
< snb (ionstanlii o II rcbaul, cl quorum |)iurii)U^ dc-
( lucral mailyrimn, |ioliiis i|u:im i|)si marlvrio de-
< fuissent; alqui bi lanicii singularem (loM^Ianlini in
1 exlrucn(.lis (imaiidisque basibcis nuiniliccutiam de-
t bitis cxluière iau(lil)ns, nedùm ut ^implicilali tbri-
t sliana- advcrsam redargucr ut. Ab^il [laupeics, si
« qua- nrgeat h(;cessilas. praftiendos es>e ncgannis ;
« al Imic oflicio non dcfuère Ainbrosii, Paniiin, alii-
( (|ue primi tinminis aiilislili.'s, (pn di'nn suum malc-
« rialiluis (emplis bonorcm assercbanl, Icneram in
« cgeiia Cdnisti m nd)ra cl>ariljlem parliebanlur. Vide
« librinn cui litnlns : Défense du culte eiléiictir de
< Ci-Ajliac cailioU(juc, auclore N. Briieys Mouli^pcssu-
« lano, sccl. 3 <l seq. >
Hic de ca-rcnidniis expenderc utile esl, ulrùm in
suà prima inslilii[iniiesynd)olicam et myslieam signi-
'i< aliouem coulincinl, an vcrô lilleralcm lanlnm et
liisl ricam liabcanl origintiii. Hespon>ioncin nmlua-
nuu' à dociis>im(» 'l'urnclio, rpii banc malcriam mira
concinuitalc al(]ii(! diligciilia perlraclal, qua>sl. ult.
« Duo liic cxircma sunl ;equaliior deciinanda.
1 Priminn eornu), (pii non aliam (jiiàm simplieeni,
1 pure lilti'ralcm ac bistorieam assignant ca'rcmonia-
« ru;n nostrarum or^gineuj , nenipe aut à deecntià
1 ( ullùs (liviui , aul ab uliniale el commodo earnm,
1 aul à locoi um cl rcgionum in quibus sacra perlicie-
î bauiiu" vario usu , aul ex fortnilo ipiodam evenlu,
i aut deni(|iic ex relalione ac eorrcspondenlià quae
I deliel esse inlcr gcslum et silum corpoiis, el verba
(. qua! ( re | roferiiutur ; ila cerlè ut ilH nibil omnino
i lu |irimà earnm iasliluti iiie my>lerii deprcbendant :
V. g., si ab illis sciscilalns fncris unde cereorun) ac
s luiuin irium usas resp(Uidcbuhl ad expellcndas le-
( nei)ra-i, rpiia primi Cbri>liaui mclu persecuUonum
< iii locis sn!)lcrraiieis cl obscuris laUlanles sacra fa-
I ccre CDgebanlur. Pariler (piis tburis el incensi linis ?
« Ad purgaiidmn, iiiqin;inl, lelrmn ac fu'lidnm odo-
" rem qui ex Inci^ illis sid)lerrancis exbalabat, et sa-
« i.iiali noeere poicral. Quod si nrgeas , Ecclesiani
« n-um ilinm Iniiiinarium cl incensi eliam rctinuisse,
< qu.iudo lili n^Idua pace, apcrloeoelo acdepulsis le-
« nebris, ii>que in locis sacra peragcre liccbal, in qui-
i bus à l'œlido exbalilu nibil crat limendimi ; aiunt
« banc cansani cssc, inm quod Eccicsia siiorum usuiu
« in oiliciis p'd>!icis retincnlissiina sil , ac cuju>cinn-
4 'iUC iiiiiovaiioi.is inimica ; lùm quod popnii ngio-
t nom in (juibus pnidica ofiieia ecclesiasiica cclebrata
» primùm fuére, arom.itibus et inceiiso plurimùm de-
i ieclarentur.
i ll;cc prof.oiô ralio exponendi c;T>rcnioniarum ui i-
« giiieiu , j>'.jiina nimis \idclnr, arida , exsncca , ipue
« inliil aut ierc ndiit jiival lidelium aninnts in Dcuni
I erigcntbts. Ealindiun lannn est simplicem illam,
< lilleralcm el nislcuicun caTcmoniarum expo-ilio
I licm placcre plurimùm ac summo (d»lcctamenlo
« esse criîdiiis ac cmio^is anliqnilatis expinraioribus ;
< nc(|ue nl(lro^iùs nos ci rcpugnabinms , modo suns
< eliam ipsis scrvelur myslicus ac syndiolicus cxpli-
» candi modes, nnde crc>eil ac nnirilnr fidclinm pie-
! las ac religio. Eo iii ar^mmnlo scse feliciler exer-
i cuit erndiiorinn jipii de rébus lilurgicis scripsércj
« imlu^iria ; inprinn^ vdô D Claudii if- Vert ordinil
I (;!u.n.iceiisi> r,lii,'i'isi, in oprre (iallico cui lilulutn
« Iccil : 'l'.jplli'utwn sin.plc , UlU'rale el liisloiiiiuc des
I a'yciuoiiii^ d-.- l'iùflise Parisiis , 4 tmnis in-ji'' apud
• il(trii,iinu.ii l'C aulne.
< Alieruincstreiuum illoruiu est, qui neglcclâ, no
I 1
^.^;i7 DE {\E SACUAMENÏARIA. — DE
« liom pivomiDtia :toin ; sicul :uilcin non idco con-
« temiienda vcl (lelesliuuia csl virginilas saiiclimo-
« ilioam iinprobalâ, ilià lidcrivli el liisioricà origine!
f caMniionMi'iim, iinicc ad my>licaiu el syinliolic'am
« caiiiu! sigiiilii-alioneiii allciidiiiii, ac in mimitissimis
« .'|nilms(|iic rciiiis nomiiliil allioris ac rccondili niy-
I slerii lulcre aibilranltir.
«Media, iioslto quidcin jiidicio , (jurdain via le-
- neiidacsl.quà iilraq- ecxlrciiia sciik-itlia coiicilieliir :
>;i iicmpe net! liUeraliset liislorica, qiK« adcrudilio-
! nom , IK'O liiyslica ol symlntlica , qu i' ad piclalem
i valol plwriiivJin, c;i'reiiioiii;iniiii oxplicalio coiileiii-
« :ialnr, scd iilracpu' simiil, (piaiiliiai li(;ri polcsi, coii-
( socioltir. Prima, faleor, a|.lior videlur ac coninio-
i lior reviiicciidis novalorihiis , qui supcrslilionis
« viliiim in litibus sacrilicii , porpcUiô noi)is oblrii-
« diint; alU'fa verè ad pieli;e.ii lidrlinm ad myslerio-
i !iHU inlelligciUiam inagis comparata. l'tior posle-
« iiorisbasis cstac fiuidanientiini ; ncqiie corlè D. de
« Vert aniinus ac consiliinn iiiiqiiàiij tiiissc videltir,
« niyslicas ilias ac spirilnalcs cxitlicar.di c;ereninni.is
< ralioues evchide: di, sicnt ip cmci aitertè prolilclur
« ;)ag. 45 pr;Tef;ilioiiis primo loino prailixaî.
I Dicenduni igiUir, non improbalâ lilt(Mali et bisto-
« ricà ci'cremoniarum exposilione, eliam à primis lic-
« (_!esi:c cxordiis, mysliciiin ac symbolicum sensiiin
' i.nni^xnn» illis fuisse.
« Tirdiosum cerlè forel singulas scu veteris seii le-
I gis novaî caïrcnionias iiicemuuerarc, ac uniusoiijiis-
» que sym!)oiii'am designare significalionen» : ex niul-
t lis piùica pcrslringeiniis.
d Ac r (piidcm k'X velus lotaccrlèsymbolica erat,
4 ad pru'lignrandam novam, cl Cliristiini i] snm, qui
« iinis est legis, pi-Tcmniliandmn dcslinala. Omnin in
■m figura couliiifn'bmil itlis, i\\l S. l'anUis, 1 Cor. 10,
« V. 11. Sacrilida, (pue Âbci, Abraham, Jaciib clalii
« Dco ol)li!lfriinl, non niida pi'ofeclô iiienint, oniiii-
« fpie spiriuiali sensu desiilula signa, sed niciilis ob-
« sequiuni, ac cordis oblalioncni desigiiabant ; iiec in
« vamini Dens celelnis illins sacrilicii quod Abraiiam,
« Geii.l5, ohlnlit, et alicmni (imninin apparaUnn ac
« caircmonias priescripsit. Signilkativa siiiU omnin ta-
I lia sncrificin, ail S. Anguslinus, episl. 102, alias 41),
« ad Dco gratins., in resp(;ns. ad 5 qn:cslioneni, ut
6 (luarumdcim rerum simililndincs ; cl qnide.n ad no-
« stram ntililalem ordinale. Nanupie , ut ait idem
« sancuis doclor , 1. 6, conlra Fanslnm, cap. 5, Deus
« non frustra en, guibus non indigcl. sibi jnbere! olfcrri,
I nisiaUtinid in cis oslendcrci, guod nobis et nôsse pro-
I desscl, et. tidibus signis pnvfigmari oporlet.
t Jacob, (Jen. 28, erexit lapideni titulum , fun-dcns
t olcuindesuper. Qiiod eliam cap. ôo, v. il ejnsdcm
« libri ilcrnin Cecisse lcgiun',c(»n.ecrand()ibi hqùdeni,
« ubi cum Deo biclalus Aicral, ac repromissioncs ac-
« ceperat, nonienque sil)i perninlalnm cognoverat;
« qnain consccraiioneni ob'i lanlnm bhamiinnnque
« elbisione l'actani fuisse dénotant verba bsc : Erexit
i tilidumlapideuin, in gno lucidusfueral ei Deus, libans
« super eiiin Ubinnina et ejj'toidens oL-um.
i Ista porrô lil)amiamntt ob'i ell'n^io, divinum quid
< ac sacrum denolal)al. .Ncmo ipiipi>;>, ign irai qnaulo
I in nsn ac prelio apud Jud;cos lueril oici unclio, (pià
I sacerdolcs consecralianlnr, in:uigural)anlnr reges,
c ac onniiatabornaculintensiUa sanciilicabaiitur; nnde
< sacrum et sanctum olenm di<ebaliir, cnjus conli-
I ciendi singularcm rituni ac formam Deus ipsc pne-
« scripsil, Exodi 50.
« Hincipic David, Psal. 4i, prophetico spiritu de
I Cbristo pntpler pleniludinem gralie, (pve. in ipso
I er:y{, d\\\l : Dilexlsti )iistiliuni el odisii iniijuilaleni ,
i proptereà unxitte Deus, Deus Ihus, oUo la'titiœ, me-
« tapborà ductà al) oleo qno ls;ae:ila; fesUvis diebns
« utebanlur, cl (juod ipsis in deliciis erat ; qnop-rfuso
«hominesac mulieres annnlbilarilalein, IVstuni dicm,
< cordis kelitiam indicabant. cl à quo luclùs ac dolo-
{ ris causa abslincbanl.
SA.CRAMENTIS IN GENERE. 154^
nialimn, quia et Yeslales virgines fucriint, sic non
ideù reprcnendenda sacrilicia palrum, (piia snnl et
« Quin el sniierstiliosi genliles eu eliani pi'ogressi
sunt,ul non laiitùm lapides alqne ligna in iionninnu
aut brnlornm simililudinem allabrè cfligiala , oleo
pcriingerenl ; sed eliam ludes atque inipolilos lapi-
des , (luornin nsns in agris terminandis erat , oleo
pei uiigcre ac consecrare solerenl , nnde religioni
duccbant illos manu conln'Clare aut loco moverc ,
ul (ons'al ex Plaione, lib. 8 de Leg. Istos porrô la-
pides non imnixissenl sui)ei'sliliosi illi pagani , ncc
coluissenl, nisi in câ canemonià divini ali(|uid incssc
ac lalere arlùlrali fuis cfit, alcpie eliam aliquid di-
viiiilalis in lerniinis, ul nolum est, admisisscnt. Unde
.\rnol)ius , de se ipso loquens , cùm pa^'anoruni
adfiuc tenerelur erroribus , lib. 1 adver,>ùs genl. ,
ail : Venerabar , ô cœcitus ! nuper sininlaer'i modo ex.
fornacibus prompta , in ineudibus dcos et mulleis fa-
hyieatos, clephantorum ossa , picluras , veternosis in
firboribus tœnius. Si gnando conspexeram lubriealum
lapidem, et ex oUvce unguine sordidatum , tnngnhm
inesset vis pra'sens , aduhdmr , ajjabar , et benefieia
posccbam nihil sottienie de trunco. Quani pagain ex
superslilione , banc veri Dei cultores ex religionis
sensu unclionis ca;remoniani observabant.
« 2' Quanlô clarior est el expressior caîrcmonia-
rum iii nova legc spirilnalis ac myslica significatio !
Quid aliud , qnaiso . refeiunt Baptismi cl Eucbari-
slKM ritus, nisi sublin)e quid ac divinum ? Non aliù
profeclè lenduiil in admiuistralione Baplisn)i, cxor-
« cismi , iiisufllalio , renunlialio diabolo ejusque pom-
« pis , deguslalio salis, nnclio, tactns aurium, caireus
« ac en^ns , etc. Tolus Baplismi rilus symbolicus est,
« ilgura cl im go morlis ac scpullune Cbiisli, ac nova!,
(I qua> in ipso babenda est , vilre , An ignoratis , ait
« sanclus Paulus , iiom. 0, v. 5 , guia guicumgue ba-
is, ptizali sumusin CltrisloJesn ,in morte ipsius baplizali
« sumus ? Coiisepulti enini suinus cuni illo per l'apli-
j sniuinin nwriem,nt ijuomvdb Cliristus surrexit à mor-
î tuis per glorium Patris , lia et nos in novitate vita
j nmbulenius. Agun in liaptismo, ail S. B.isilius, lib. de
i Spirilu sanclo,cap. 15, morlis eivliiliet simililudinem^
« corpus velut in sepulcro recipiens , Spirilus verb vini
« vivifieam immittil , à morte pcccati renovuns animas
e nostriis in novam vitnm.
« Olint Calbecuinenis i)ost solilas renunlialiones
« dabaliir palliuin loco logLC , quod cerlè myslerlo
I non carebal ; loga scilicet dignilatis insigne erat ,
« pallimn verè abjedionis cl bumililalis , qnalem de-
« Cf'l Chrislianos. Terlnllianus , lib. de PaUio,cap. 5 :
a Eïiimverb , ait , ciim Imnc primum sapienliam veslit
« gua: vanissimis supcrstitionibus réunit, tune eertisaimè
« pallium super omnes exiivias et peplos augusta veslis;
« supergue omnes apices et tilulos sacerdos suggestus.
« Et posica : Grande pallii beiiefnium est , sub cujus
« recogitniu improbi mores vel erubescunl. llinc istud
« pro( ax genldium in Chrislianos diclcrium : A togà
« ad palUuni.
« In Eucbarislià anicm quoi niysleria ! Paneni el
« vinuin , cibum cl |)Olum usualem pro malerià hu-
s jus sacramenli assnmil Cbrislus , ut significet Eu-
« chaiisliam ac quolidianam esse debore animorum
« noslroriun cnelestem alimoniam : in azymo pane
t consecral , ni qua; dcl»eal esse anima; niundilies ac
« pm'itas, oculis vcluii subjicial. Expurgate velus fer-
« meutiim, ait Aposlolus , i Cor. 5, v. 7 . ut silis nova
« conspersio , etc. Ilaque epulemur non in fermenta vc-
« teri , neguc in fermenlo malitiai et neguitiœ , sed in
« azijmis sinceritatis et veritalis. Paiiis verù (|ui ex niul-
i lis granisconfectusea, unioneni popnli cnm Ci.rislo
4 significat : C/yiHs p«His, unum cor]>us mulli sumus y
i gui de uno pane purticipnmus , ail idem Apusldlus ,
« ] Coriiilb. 10 , V. 10. Pcdes discipuloruni lavai,
« quarc? Explical ipse CbribUis, Juan. 13 : Qui loha
i est , id est , baplizatus , non indiget nisi ul pcdes la^
« vei ; hoc esl , quoiidiaua expurgcl pcccaïa.
1540
QU/EST. Vm. DE C^REMONIIS SACRAMENTOUU.NÎ.
< sacrificia gentiiim : quia siciil inlCr illas virginitales
t niultùin dislat, quanivis niliil aliiul tlislol, iiisi fnue
« Spiriliialom ao syinholiciiin ossc noslranim oacie-
1 nioiiianiiii liiHMu, jaiii j):iiil»j aiilè ex coiicilio 'I"ri-
I ilenliiio et tak'rliisiuo Koiiiaiio (Iciiioiistniviiinis ;
t neqiie ponù do.siil. r;ii;ir Unis illc in iis cliaiii (mtc-
I inoniis , v. g., Iiiiiiinaiiiiiii , llmiis , clc. , (|uariiiii
t oiigiiiL'in el insiitiiiioiiciu lolaiii lilleralem usse ac
« Insloricain iionimlli ivItTiiiit.
« L'iniiiKiiio illiiiii ccrcoium seii liiminai'iiiin (inoiii
« agiKtscil S. Ilicroiiyiiiiis c(>!it'iilaii>,)()viiii;imiiii, iicm-
j pc. lùm ad solatiimi el iiL'Ccssilnlom . ciiiii sacra de
< iiocle peragcbaiilni', liim iii sigiiiim kcliliu' ac (idci.
i Aiidialur S. dcclor , lii». advcisiis Vigilanliiiin : Ce-
I reos, in(|nil, von clarà liice (uccntliiiius, siciil frustra
« Cdlumiiiaris ; scd ut uorlis tcnrbras Itor solalio tcwpc-
( rcmus, et vinilcmus ad lumen, ne cœci tecuni dormia-
< mus in kncbris. Qubd si aliqui per impcritiuni et
< siniijlicilatem scculuriuni lioniiuum, vel ccrlc reii(iiosa-
< mm feminaruni Itoc pro lianow m<trlijrum fuciunt,
e quid inde perdis ? Causubantur quondam cl Apostoli,
t qubd pcrirel unquentum ; sed Doniini voce corrcpli '
t sunt. ^eque eni)n l'.lnistus Indigebul unquenlo , ncc \
t martiires lumiue ccreorum ; et lanun illa mulier i)i
t honore Clirisli lioe feril , derolio(iue mentis ejus reci-
t pitur. El quicumque acccndunt cereos, secundtim [idem
« sunm liabent mercedem, dicente Aposloto : L'nusquis-
i que in sensu suo abundet. Idulolalrns appéllus liu-
t jusmodi liomines ? Non diffileor , omnes nos qui in
( Cliristo crediuius , de idololatriœ errorc venisse :
( nonenimitasri)nur, sed renascimnr Cliristiani. Et quia
t quondam colebninus idola, nunc Deum colère non de-
i bemus, ne simili euni vidcamur cum idotis honore ve-
j nerari ? lllud fiebal idolis , el idcircb dclestundum
f est ; lioc fit marliiribus , et idcircb recipieiidum est.
t yani et obsque mtrrlijrum reliqniis per totas Oricntis
t Ecclesias, (luando legendum est Evangelium , accen-
< duntur luminariu , jam sole rutilante; non utiijue ad
t fuijandns ieitebras, sed ad signuin lœtitiœ demonstran-
i dn}ii. L'nde et virgincs illœ evungelicœ semper habent
< accensas lanipades suas. Et ad apostolos dicitur : Sint
t lumbi vestri prœcincti, et lucernœ ardentes in ma)iibus
t veslris. Et de Jou)tne Baptistà : Itle eral lucerna nr-
I dens el lucens, ut sub tgpo luminis corporalis illa lux
f ostendalur , dequà in l'salterio legimus : Lucerna pe-
i dibus vieis verbuin luum, Domine, el lumen semitis
\ mcis. lla'C S. Hicioin nuis.
« .Mnlli è vctcrilnis ci'rc()iiim usum in sacris olficiis
€ conimcnior.int : l'iiidcn'.iiis , Iiyinno 1 in lionoicni
« passionis S. Lanrenlii ; S. Paidinns, pooni. 1-i, aliàs
« 18, de S. l''eiic. >ialal. 5, voi'snOS; sanclns Gregmiiis
« Tinoneiisis, lil). de (ilor. Conl'i-^s., cap. '■1\ , G9, 70,
« 71, 79. In exc(|niis dolinicloriini solilos Clirisliai;os
i ccreos acc(.'ndere, Icsianliu' S. Giegorins rs'azianze-
t nus, oialionei advcisùs .Iulianuni, S. liieroiiynius,
< ejHsloià 8G, aliàs i7, ad Kusluciiiuni , S. Gregurius
( iS'yssenus de Vilà S. .Macrini.
« Qiiod de usii C(!rcoruin , idem cl de usii lliiiris di-
< ccridnna : nonipe adliibitnni fuisse ad dcprllciiduni
€ noxinin odoreni , qui ex locis snlilerraneis el ex
< inaL;nà fidciiinn in iiiis iiiclusomni copia exhalai) l.
< lia l'eil aniitpnnn niissale S. Dicnysii in (iallià ad
f henediclionein incen^i : Hoc inreusiun ad omnem
< l'u'torem iiocivuni (.itintjueiidum Dominus benedicat, et
f in odoreni suavitatis accendal. l'A S. Tlionias, 3 p., (].
« 83, ail. 3, ad '2: Thurificalione , incpiil , non utiviur
i quant cœremoniidi pra'ceplo legis , sid sicut Ecrlesiœ
t slaluto, primb quidemad reverenliiim liujus Sacra
15S0
t menti :ul scilicel per bouum odorem depellalur, si quid \ a iriiii>Mii |n:n .iumiihi, .< |;u-in- n-iii|nii.m3 jinu
f corporaliler pravi odoris in luco (ncrit , quod pvsset il deltita' relaxalio; 4" da-nionis expidsio vel coinhitic
' eprœsentmidum effe- ^ TJ' laudmi nnniinlla ordinistcnqinraliscoinninda; nls
t cui vovealinaUpic n-ddalnr; sic inter sacrificia IV
« ganornin el ll( braoruni ninllinn dislal, eo ipso
I 1 (piôd iioe sclinn dislal, qna; cui sint inunol ala et
I oblal.i : illa scilicel snpcrbie iinpielali d:cnu)iùornni,
î « id ipsi sibi ob hoc arroganliiini, quo habi nnlur dii
« quia divinus honor esl sacriliciuni ; illà vero uni
i Deo, uli illi ofl'errelnr siinililndo pronnlleiis vcrila-
« leni saciihcii, cui eral ollnenda ipsa reddila veri-
< las in passioiic corporis cl sangiiinis ChHsti. >
Qua;rilur ['i" nuni c:crcnioni;c qu.TC sacramentalia
gencralini dicuiitur|>rosinl ad celles peculiai es cirecliis,
cl (piDuiodo (I). — Quoad prioren» parlcni respondclur
« ofl'erre, ijuàm oleum ad luminarc , et incensum tcmpore
i sanctœ obi tionis. Non csl (pn")d in rc lain ccrlà et
n cxploiMlà c(>nq)robandà iinnioreniiir dinliiis; Di-ns
i iit-e, Exodi 30, ihiiris ronipdsilioni-in |)rM'sciibit,
« piohibetipie ne in alinin , (piàni labeiiiaculi rnllnm
j ns'.irpelin' , v. 37 : Talent compositiunem non fucictis
« in usus vesiros, quia sanctum est Domino. Homo qni-
I Clinique fecerit simile, ut adore illiiis perfruatvr. péri-
« /;;■/ de populis sui^. Conliinl igilnr nsns ihniis et
I! incensi saci'nin aiiipiid ac divinuni qnod ad Del cul-
(I lum suo nindo rerertnr. Deo adolelur , lampiàni
j snprcmo rerniii onininin Doniitio, ctii lalriie cidlus
« debelur ; ihin-e rninanl cl odoiibiis allaria, in hono-
I rem saciilicii (juod ibi oHeittn-; ibnris honores
« exhibenlnr crncis et sanclornni iinaginibus , qui
« honos ])ra>ci|)nè ad arclielypa l'-ndil ac refcilnr.
« Exhibclnr qnotp.ie sacro Evangclioinin libro , in
« sigiunu veneralionis (pià verbuin Dci pioseqnininr,
< el boni' odoris qnem rcsper.;!'!»; nbiiine ac dilIindiTc
j Clirisliani onines Icnonlnr. Obialioncs eliani stdlilu
t perfundunlin', ni con><ccrenliir . cl Deo grala- fiant
( et accepla;. Ipsis dcniipie (idclilnis, diiin sacris in-
« leisnnl, incensum oU'erlnr, ni nioneaiitur oraliones
i suas ad Detnn dirigere, el bonornni opcrum odnieni
«quasi llius acceptissiinuiu , circuinqiiàqnc dilTnn-
d (1ère. H;cc pauca de caTcinoniis, qnanltim ad insli-
i Inlnni nosiruin spécial, sulficianl, de (]uibns dalâ
« ojerâ fnsiiis iraclanl qui de lebus lilurgicis scri-
j i)seruiil. » (Edil.)
(I) Sacramenla vocanlur res qunedam aul acliones
abiùclesià insliUila;elconsecrala^ ad (piosdam efleclus
spiiilnales prodiicendos. Unde palel illa confnndi non
debcre cuni ca-rcnioniisSacraincnlornin. Ipsorinn an-
loii! nonicn venit ex co qiiôd aiiqnain babeanl ciiin
S iciaincnlis aiialogiaiu ; snnl cnini signa sensibilia, ut
dixinius. elTeclibus quibnsdain spirilualibns pioduicn-
dis deslinala. Porrô sex hoc versu conq)reliensa coni-
niuiuter ntnnerari soient ;
Orans, linclus, edens, confessus, dans, benediccns.
l'i inmni est oralio fada in eccle>ià consecralà, vel
alia oralio speciatini ab Kcclesià |>ra'scripla ; seeun-
dnin aqna bcncdicla ; lerlitnn panis benediclns, vel
I)cn{Mlicli frnstum; (piailiuii contcssio geiieralis cpiai
fil inilio Missa: alipie cliani ad piinian» el conqilelo-
rinni; (pnnltnn esl elecniosyna ab Kcclesià specialilcr
pra'( épia el ipsius noiniiK^ fada, sexUnn denifpie be-
nediclioncs el eoiisecralioncs ab Kcclesià iti>.liliike, ut
|»riiua lonsnra, consccr ilio rrg'iiM, data ab cpiscnpo
et à saccrdole lienrdiclin, vel (pi;edain snbslanli:i;
eorpiire;e bcncdid l'd precibns là clcsi c con?ecral;o,\it
sal beiiedictnu) ; a;,'ni cerci à SS. IVinlilicibus lienedidi.
Quiniine assignari soient sacranienlaliinn elfedus,
nenqiè 1" spiriluales (piidam gralia' adiialis moins;
-1" remissio peccalornm; 3" pu'iia» Icmporalis peccali
tio;
sa-
provocare horrorem ; sccundb ad repr
( clum gralicv.
t Priniis Kcclesi;T^ senilis in nsn fuisse thns ado- i qi
_._^ . „ _ ^ __^ _ oi
•; dicunlur. Ne ticcat , inquil, aliipàd aliud àd aUarc ll scd alia ab aliis. juxla Imwii ad quom (uiuniquodqn«
I inlas, len)pcslatnni sedalio, elca-lera hujnsmodi.Circ.i
acb)- i qnod obsi-rvandnui esl, non onmes illos cncclus ab
15SI hE UK SACRAMKMAIUA,
afliriiialivè. Noniinllx" sifuiidemex liiscrcrcinoniisnon
ndiiicrani |toi)'ili inslriiflioncni iierspiritiialium roniin
insliliuiiîii est. Cùm ciiiîii oiiiiu'iu viiii siiaiii ab Kocle-
si.i toiie:iiil, sine fiiiKlaiiiciito diccn'liir ca ali(|iii(J
virlulis liaberc ultra Eoc esia; inlonlioiicin. Porto
Kct'lesi;r! irikMilio ciica siii^îiila coiuimiiiilor dignosci
polcsl ex oralioiiihiis et .aliis fa-rciiioiiiis quildis oo-
l'iim lieiuMÎidio el consccralio peilicittif. De liis oiii-
iiiltus iiulia foré est difliciillas, ikmhu! exslal coiitro-
versia (ni;e iiiovoi'C debeat. VeMim non ila couveiiinDt
de modo ()iio ?aci'anieiitalia siios cHiîtlus |»rodiiciiiit.
Ut aiilciii aiid)i|j;iiilaleiii et eonliisioiiem vileiniis, de
fciiigiilis elleclibiis seorsim iiobis ageiuliiiii est.
Igitiir circa piimiim eireilnm, seii pios gralia; mo-
llis, alii dicuiil saciameiilaba vim babcie ilhiiu pro-
ducaiuli ex opère operalo. Ita Cajelaiiiis ol Solo. Al
illa seriteiitia piobari non polest ; iiaiu gratiam etiam
actualein alicui sigiio aiuiectere snlins [)ei est, vel
' iiliiis oui Dciis hoc privilegiuin positive coiicessit, al-
qui ludlo modo osleiidi potest id esse à Deo Kcelesiic
coiicessum ; crgo... Igiliir cuiu aliis dicoiidum est
pi'a;dictiim etleeliim prodiiei ex opère openintis, sed
observaiuliiin est voees illas, produci ex opère ope-
ronlis, ison codem plané sensu liic accipiendas, qiio
saipè usurpat;ie sunl in piasenli iraclatii; etenim in
aliis locis signilicant elTectuni di beri solis nieritis el
disposilionibus illins qui aeliunpm immediaiè cxercel,
]iic voro non item, eilectus cnini jna'cipnè (h belur
precibus et merilis Ecclesi;^, cnjus nomine sacranien-
lalia benedicnntur el consecrantnr. \A li;ec est ralio
j)ropler tpiani nonnnlli diciint elî'celiMn produci (jittisi
l'x opcre operalo. Mos anteni communeni loquendi ra-
tionein retinciiles , diei.i us eireclum de (juo uuiic
agimus ex opère operanlis pr()du( i, sed seiisu mox
oxposito, id est, ex vi impelialorià preeum EcelesiLC ;
inide seipiilur laieui eilceluni non esse inlallibilom ;
iiani oralio non est de se inl'alliijilis, pia'sertini ubi
pro aliis fundilur. Atlanien cùm Clirislns Ecclcsiani
sponsam maxinio prosequatiir aniore, non (ssl didii-
tandun» (juin cliicacissinue sint, nt jdurimùm, talcs
Kcclesia;or;!tiones.
Atullcriùs (pi;eri poteslqua^ et ipialis pruîcisè sit vii-
tus quam Ecclesia- pièces sacranienlalibusper moduni
impelialionis conlei mit, iilrùm nenqx! Ecclesia obti-
iieat ut, i)co anmicnte, \is<|Ui(|;ini iiennancntcr iii-
haîreal sacramentalibns qua' in aclione non lonsi-
stunt, ul aqua benedicla, ad |>roducendinn innncdialè
et piiysicè pios giatiiC moins, an vero ii^ oîilincat vim
permanenler inliierenlem ad movcndnm Deinn nt
ipse lios motus innnediate cxcitel, an deniquc lan-
tummcdù oblineal nt, liccl nnlla ipsis \irlus insil in-
lia;rens el pcMinanens, Deus lamen, ob jaui l'usas pre-
ces, delernnicctur ad pios motus prodiicendos in iis
([ui sacramentalia n>uii)avcri]it. Duo priores moili
jindlà latione solidà ddcndi possenl, ncc eliam à pln-
/l'ibus and)agii)us lacilè cx|H'dlrcnlur ; unde comiimni-
1 1er doccul Ibeologi sacramentalia agere taiitùin per
' jnodum causarum occasionaîium, non vero tan(|uàm
causas ellicientes, videlicel o(;casione a|>plicalionis
saci'anientaiiuin. Dons i|îse pios motus excitai; ad id
antein delerminatnr, non per vim ali(piam (pt c in ipsis
perniancntei' resideal, sed per preccs qnibus aulea
l)oslidàril Ecclesia taleiu produci, dalà occasionc,
efl'ectinn.
Secimdum clfecluni , nimiiùm peccatornm remls-
sioneni, certuni est non produci ex opère oprralo. Nam
peccata, sive morlalia, sive ctiam venialia, remilti ne-
queunl, quin macula, (ju;e in anima est, abiuatur;
at(jni Ecclesia poleslatem non liabel iunntnlialam in
animam , eigo itnmediatè illa lollcie ne(piiL, er^'o ncc
signis sensibiiibus vim conî'cne ul peccala innnVdiiiiè
ei ex opcie opérais» tollant. Neque dicalur Ecclesiain
possecoulein; imjusmodi signis vim excilandi exopei'C
operalo, contrilionem, ac promde rcmittendi peccata
tx opère opevaio, sed nicdiaiiie conlrilione; id enim
DE SACilAMElNTIS IN GENERE. 1552
1 niagisscnsibiiemetexprcssanisignificationem, aul ad
solam Sacramcnlcrain inducendam re\erinliam de-
cotà, et lel-giosàcorunidcmadmiMislrationo, anl unicè
ad excilandam pielalcm , etdevotioiiem (iJelium, qui
sunt fines générales omnium saoronmi riluum, sed
nllei'iùs ad qnosdam delerminalos eiïect\is ab Eccle-
sia ordinantnr, quos illa per benedictioncs, el preccs
siuirum mini Irornu! disliiiclior explical, et postulat
ab illis obtineri, (pu usi l'ucrint pra'falis rébus ac cif-
re lioniis. Porro non inarnler bac iutendi el poslu-
lari ab Ecclesia, pncterquàm qiiùd cjus cum sponso
suc familiarilaset conjunclio snadet, coMununis eliam
lidelium sensus et praxis coidirmat. Nam inesse sa-
cramenlalilnis, de quibus loquimur, cfiicacilatcni all-
qnam ea bénéficia inducendi, ((uorumgralià assumun-
lur, el pii onines conlidunl, el frequentercxperiuntnr
in semelipsis.Nam quanta inexorcismis, in signe Cru-
els, et in aquic beiicdictic aspersione ad lerrendos,
fugandosque d:cmones virlus clucel ! Si(jito cnicis, in-
quit Albaiiasius, lib. de Incarn., omnia magica compe-
scHiilur, et veneficia inefficaeia fiunl : veniat, qui isloniin
experimcnlnni fticcre velit, et in ipsis prœslifiiis ilœiuo-
nitm, et in)posturis valiciniorum, cl in miraculis nia-
mox coiifutalnm est, u!)i de piimo efTectn. Et cerlè
Ecclesia non polest insiitnere sigun gratia- sive babi-
lualis, sive aclualis, cilicacia ; at(pn dicendum lamen
esset Eccle^iam id lecisse, si sacramenialia ex opère
opeialo jjcccata remillere possenl ; ergo ..
Itaqne sacramentalia reniiltunl peccala, tum mor-
lalia; tiiin venialia, duntaxat ex opère operanlis
(]nemadmodnni de primo elleclu diximns, nempe
(pialenùs ex Ecclesia.' precibus Deus movelnr nt sa-
crameutalinm occasionc, in boininibus producal dis-
positioncs quibus peccala dilnantur.
Terlius eilectus, id est, pœiia' lemporalis relaxalio,
(pi;eex SS. Ponlilicumlargilione quibusdam sacramen-
talibns annexa est, ni, v. g , Agnis Dei, rosariis, etc.,
xiilctur ex opère operalo produci, per modum indul-
geiil!;^e. Nani Ecclesia in sua poleslate liabct tliesaurum
cujns applicalio el dispensatio ipsi relincpiitur à
( bristo ; ix hoc anlem ibesanro aliquam salisractiimem
suniit, quam (piibusdam sacramentabbus applicet, et
cnjus ralione alicpia pœna lemporalis remitlalur ultra
meritum peisoii;e bis sacramenlalibus utenlis. Evidens
est lamen imjusmodi sacramenialia non ipsam pcense
lemporalis relexalionem immediaiè eldirectè opcrari,
sed tantùm sati.slacliouis alicujus applicalioncm , vi
i cnjus, ex promisMone Clirisli, puMia relaxatur. Dispu-
î tari aulem polest uirùm banc satislaclionis applica-
tioneni pliysicè an moraliler operenlur. .
Quaitus eUeclns ipii esl da-monum expulsio etcolii-
bitio, mullis videtur sa'pè lieri ex opère operalo, cpiiu
Ecclesi;e data csl à Cbri>to poteslasin da-moncs. Quid-
qiiid sit, cerlum est bunc eflcclum non esse onmim^
inl'albbdem ; clenim n qua(|uàin ila ai)solutè promissus
est, ul imptdiii à Deo no . possil, vel propter jjriva-
tam, vel pi opter |)iibrK'am causam Non ctiam dnbi-
tandum (juin pleinuKpie da-mones fugentur, non ej
opeie operalo, sed ex opère operanlis, nenq)e ex
inerilo niinislii cxotcizantis, cl pr;vserlim Ecclesi;e.
cujiis Domine pri'ces limduntur.
Deniquc (pnntus eireclus , qui commoda ordinis
lemporalis spécial, producilur ex opère opeianlis (pio
supra diximns modo, id est, per modum inpcliationis
iiisi fiirlè malum abapiod l('nq)orale, ( x danionis lua-
litia orlnm duceiis, indireclè lollaliir, neiipe c(inq)e"
sceiulo (bemonem, quod ex o|iere opeiaio lieri posse
jPbirimi volunt. Um: nullà explicalione indigent, uinolft
es jain diclis salis aperta. (Edil.)
i555 Ol'iEST. Vm. DE C.+:iŒM<
gn?e ulalnrsigno cnicis ; ci Mdcbit, ([.loniodo ejus roi |
nielii dicmoni'S fugiaul, valicinia oesscnl , niasi.c
el voncficia roiiquicscanl. kl ipsim» plnriini alii
Patres lesiaiitnr, el imiiiniora iacla ilcinniislraiit.
PnxHcr (iaMiioniini coliibitionem altrihmmliir sacra-
nieiilalibus pluies eliam corporalcs ulililaU-.s, iilinor-
bonim tlepiilsio, procellariiiii st'dalio, agroniiii fcr-
«.ililas, aliaipic id giMiiis. Sod iilleriùs eliam veiiialia
peccala dimilli, niaxiiiié per aquic beiiediclac usuni,
velus et corumiinis est ihoologorinn pixstmiplio. De
boc voio praiserliin oHoclii, (pii ad Sacramciili opc-
ralionom niagis acccdil, (|iio i)ario, proul qiuicsiluni
est, saciamciilaliiiin applicalione caiisolur, non levis
in scholis controversia exorla est, quae et varias ihco-
logorum pepcrit oplnioiies. Nobis ea verior apparel
senienlia, qn;edoccl non innnodialè vcnialia per usuni
sacr.mieiilalunn aiifeni, qn;e sic evincilur : quia ve-
iiialia lolli ncutiquàin possunt quoad culp:e lealum ,
nisi per abqnam formam eis repugnanlciu, qua: non
potest esse doinnn aliqnod babiluale ; nam cuni ipio-
libet gradu grati;c vcnialia cob;erere possunt: sed de-
bel afl'ene alirpiem aclnaleui volunlalis afl'eclnni, qui
saltem virtnaliler, x'qnivalenlcr, aut eniincnler culpae
venialis detesiationem includai, cujnsinodi est actus
contritionis, vel cbarilalis, vel illius virlutis, quœ ad-
versatur peccalo veniali. de cujiis agiliir rcniissione.
Sacranicntalia verô Ininc actuin inducer« ininiodialè
non possunt, sed solum médiate, au xiliascilicct divina
vobintatem bominis ad venialium deiestalioneno nio-
vcnlia, conciliando. Sed qno pacto b;tc divina auxi-
lia nobis per sacramcnlalia coniparari possunt? Non
ex opère openilo, ut(iuidam aiunl : quoniamsacranien-
laiiuni ell'cclus non est infailibilis, sicutestgratia Sa-
cramenlorum, ut fatcntur onincs; neque enini in ali-
quâ speciali Dei proniissionc fundatur, quîe nuspiani
occurrit. Igilur probabiliùs in l'^cclesiic oraliones re-
fnndiiur, quac suà sanclilaie, et nieriloruni copia ini-
pclral iis qui sacramentalibus utunlur, auxilia oppor-
luna ad venialia detestanda. Porrô hœc vis impetra-
loria opus opcranlis involvit.
Qua;rilur 15" : Cùin ad nulriendam pietateni , et ani-
mes ad sui)liniia eiigendos sacii ritus sinl insliluli, nuni-
qnid foret satins vulgari idionialeSacranienla et eoruni
cacremonias cclebrarc , quàm Laiinà linguâ majori
fidelium parti incognilâ? Inde enim fil, ni fruclus (pii
sperabatiir ex cultii religiosoad paucos aduiodi'ini [x'r-
veniat.- - Resp Négative, (hn- enim Lalina lingua ab
ipsis Evangelii primordiisad usum Occidciitalis Ecole-
sia;, ni sic dixerim, consccrata, ablegari, vernaculis
inlroductis, non di'beat, nnilliplex est causa.
Prima c<l, rcvorcnlia auliijnilalis à quà facile non
esse in pnblicis funclionibus reccdcndum, nalionum
pcné onmium arlicipalio est, qua; non modo in rcli-
gio>is exerciliis, sed cl in civilium causaruni tracla-
lione, el inslrninenlis publicis descriitendis, moren»
loipiendi primilivum, paucis licèl cogniluni, rcliiient.
Secunda est uniformilalis nécessitas, qua; sanè in-
tégra non conslarct, si in sancliiariiim linguie popu-
lares admiUerenlur ; earum enim pro(ligio>,a est nuil-
)NIIS SA( llA.MKNiOUl M.
\r,u
liludo, in landnn aucla iiinnii uni , iil non nioilo [no
nalionum divi-r^^ilalo diversa- siiit, sed in uno eodeni-
(liic rcgiio, imù in niià eàdciii<|iic provincià pciiè in-
crcdibililer varienuir : itaiiue dcscribcndoTum ritiia-
lium nullus essct (luis, si usurpare vulgaria idimnala
in sacris ofliciis oporlcrel, atquc ila milla jain uni-
fonnilas in iinà càdenit|iie Fvcicbià remaneiet.
Terlia esl, linguarnm vivenliiim inconslantia : nain
uuo(|uoquc seculo veteribus abrogalis el novis inlrti-
duclis vocabulis ila vel ornantur, vel in pejus cuni,
ut inlra brève icmporis spalium su! ip;,arum dissiini-
les, sibiqiie ijisis ignota; sinl : id qnod Callix el Go
nev:io proleslaiites malo suc falo expeili siint : slalini
enim ab inilio su;c contra Calbolicam Ecclesiam rc-
bellionis, prrpler ccetcra qurc immanilcr et contra fas
omiie coiiliirbàrunl, juilsà de suis synagogis Laiinà
rnr^uù, ncscio (|uam Psalmoriim Davidicorum in car-
mcii Gallieum versionem ad piiblicam psalmodlani
adoplàrnnl, quam etiamnùm rclincnt, qiiicque pnelcr
miilla ([iiibus ab initio scatuil viiia, ila nimc obsolela
et barbara e.st , ut à doclioiibus vix iiilclligalur, ple-
bcmiiiio magis ad rlsum quàm ad pielatem coinmo.
veat : quro poirô b;cc fv)ret Ecdesia; inlelicitas si pro
otiosorum nomcnclalorum arbitrio el inconslantiâ po-
puloriim slyUîin niorcmqiie loquendi qninquagesimo
quo(|ue ad miaiis anno niulare coin|.ellerelur ? Ex
his siinilibusqne cansi conlicitur, mullô convenien-
tius esse, linguam Latiiiam inviolabililer, proul suraus
insliluli à majoribus, retinere.
Neque verô pulandiim boc unius Occidentis pro-
prium esse , linguam viilgo incognilam in mvsteriis
usurpare : nam in loto Oiienle ne u!ia quidem Ecde-
sia assignari polesl, qua; sermone vcrnaculo ad li-
turgiam et Sacramenla ulalnr : in ipsis quidem Eccle-
siac primordiis vulgares liiiguas in lionoro Aposloli
habuerunt : neque enim dccuisset, ut qui Clirisliim
pra;dicando, lingitis omiiinm loquebanlur, Aclor. 2, 6,
ali(|uein sermoiiem ab oflicio divino excluderenl; bine
Graîcè, Orientales ; Syri, quia bilingues, Gnecè et
Syriaoè; .Egyplii [lariter, Giiecèet Jîgypliacè; .Elliio-
pes, JElliiopicè; Armeni, Armenicè, etc. Non secùs
ac Occidentales Latine, sacrilicium el Sacramenla ab
inilio operati sunt. Postquàm verô (pire vulgares eranl,
lemporum vicissiludine in desueludiiiem abierunt,
niliil est de antiipio moie miilalum, el suam (|ua'que
Ecclisia linguam serupulosè in rerum sacrarum ad-
miiiislralione servavil. Syri orlliodoxi, Jacobit;v. et
Nesloriani, linguam Syriacam non magis calleiil, qiiàni
Kuslici noslri lalinam. yEgypliaca apiid Coplilas Alc-
xaiidriiios oblivioiii sic tradilaesl, ut iUam ne ipsi
(jiiidt'm saeerdoles inlellii;ant, nisi piuriniùm opcra;
ad eam compaiandam allulerinl; bine adjiincla ple-
risque lilurgiarnm codicibiis inlerprelatio Arabica, ad
illorum in.periliam adjuvandam, non veiù ni bis vor-
siiiniluis iiilcr publica oflieia locus esael : .l'ihiopilius
lingua velus prorsiis est peregrina. InioGraci idiol.c
iing're lilleralis, qucc sola in lilurgiis el psalmodia
iisurpaltir, plané sunt rudes et imperili : cl tamen
hacieir's ainoveri ab aniirpià ronsuetiuline !ii omucs
1555
DE KE SACRAMENTARIA. — DE SACRAMENTIS IN GENERE. ^555
QiKoiiliir 1 4", iilrùni adaibilrium ministrantiuin.niu-
lari possint,aiiiiiegiigi,aiit cliam abrogari caeremoniae
non potueriml, liiin proptcr alias quas piicdixiimjs
rationes, tum verô pi;ïcipué quia inlellixerunt vuli^^a-
ris cloquii iiilroduclionc in niiniani l'aniiliarilatcm di-
vina inystcria, cl forte in contonipUnn esse venlura ;
caUininianlur itaqiie more sue lia;rclici, quando accu-
se jioiiein liane coulra Latinani Ecclesian» comniovenl ;
quia eadeni est in liàc parle Orienlalium ac Oeciden-
lalium causa (1).
Nec est (piôd de denegalà fidelibus rerum divina-
ruin inlelligCMlià taulo strepilu couqueranlur : liuic
cnia» nialo (piod rêvera magnum dolendumque foret,
providit ab antique pia Mater Ecclesia, slriclè paslo-
i-ibus injungendo, ut vim propriclalemque Sacra-
iiienloruin subjeclis sibi populis , fréquenter, cliam
adbil)ilo vulgari sermone, exponerent: née exspccla-
vit ad bunc tam nccessarium canonem faciendum,
dencc ab ba;reticis sui officii admoneretur; Ut fidelis
yopnlus, inquiuntTridcnlini Paires , niajorum slalula
rénovantes, sess.2i, in deer. de llcf., cap. 7, ad susci-
pienda Sacramenla majori cum reverenliâ, atque aninii
dcvotioue accédât , prœc'ipU simcta sijuodus episcoph
omnibus, ut non soliini ciim Itœc per scipsos erunt po-
pulo (idnii)iistroiid(i, jn-iiis illoruin vim et usuni, pro
suscipieulinm caplu expliceiit, sed cliam idem à siiujulis
parocliis piè priidenlerque, eliam linguâ vernaculii, si
opus sit, et commode (icri poterit, servari sludeanl, juxta
formam à snnctà sipiodo in calechesi sinijulis Sacramen-
tis prœscribendam , (juam rpiscopi in vuUjarcm liinjuam
j'idelitcr verli , atque à parocliis omnibus populo exponi
curabunl (2).
(1) Duas alias rationes, oplimas quidem , subjun-
gere juvat post Turiieliuni. Sic iialiel eximius doclur,
quiest. ull., lilulo Quà ivufuà ojficia, etc., n. V", wr-
sùs médium: «Quà ralione, ail bîc; Hcllarniimis,
« a'quum est, ut in Sacramcntis adininislrandis ula
€ mur aliâ domo, aliis vesiibus, aliis insliumentis,
« ((uàm ordinariis cl quotidianis; ila paresse vidclur,
« ul ulamur aliâ liiiguà : nem|)e ut verba Saeramcn-
« lorum conceplis vcrbis, et eodem modo ab oiuni-
« bus proleranlur, ne forlè periculiuu sil mulaiionis,
« vel depravaliiiiiis, aiit eliam erroris alicujus. NuUibi
« auteni cum majori salulis a'lern;e dispendio ;ic pe-
« riculo erralur, quàm in conficieridis el adminisirnn-
« dis Saciamenlis; id aulem faciilimè pra'cavebilur,
n si eàdem linguà onmes ulanlur ; dillicilliniè, si di-
I vei'sis.
« Addit Beliarminus, loro inox indicalo, quod si
( linguà vulgari Sncramenla minisli'iîntur, aperietur
c porta lalissima ignoranliie; conlenli enim erunl
« ministri si sciant légère ; atque ila |)aulalim obii-
« viscentur linguam latina'ii, nec opéra sanelorum
ï Patrum legent, el proinde'non inlellig(!nl Scriplu-
«ras; verùm, (piod amplius est, vix eongregari uu-
« quàm polerunl, ([um tamen aIi(pianilo necessaria
« sunt, concilia generalia ; iiisi enim qu;cdam sil com-
< munis et quasi Ecclesiaslica linguà, (juoniodù epi-
« scopi sensa sua sii)i invicem comuuniicare, ae reli-
gionis ncgolia connnuni consilio perlraciare ac de-
iinire polerunl? « ( Edil.)
(2) Jiivai iiie |)rofi;rre censurr^m quinijut" propnsi-
•Jiomun lirasmi , edilain à sacra facullale Parisieiisi,
17 dcccmb. , ann 1!')27. Proposiliones exeer[)t;e sunt
ex praîlationt; Krasmi in S. MalliaMun. Si(; cani cen-
suram cx-bibd Turneliiis, titido supra landalo :
« Prima : Sucras Lilleras cupiam in omnes verli lin-
I flUUS.
1 In rc ad saluicni non neçessarià, aiunl ibeologi
(f Parisieiises, poliùs consulendum est nndloruuî pi'O-,
« fcclui ipsam ( leclioncm Scriptura; ) iiiterdics'îndo,
< (juàm iiaucoruniulililali, eam permiltendo cum^Mavi
i nmlliliidinis ineommodo; unde el jure danmata est
« biijnsmodi Iranslalio.
« Secunda : Exclamant, indignum facinus si tnulier
« vel coriurius loquatur de sacris Litleris.
«Reclè, ait censura, pcrpensà multorum bujus
(i temporis impudenli temerilale , indignum facinus
« exislimandum est, quôd idioke et simplices suo ju-
t dicio sacras Lilleras legaiit in suam linguam con-
« versas, el de iliis di^^seranl auidisceplanlesdeearuni
« diflicullalibus tractent.
« Terlia : Me auclore sacros tibros Icget agricola , te-
« gel faber, legel lalomus.
8 Teslanlur saci'a cloquia, inquil censura, siinpli-
« ces esse laiiquàm parvulos, quibus, auclore Pauio,
« lacté opus sil; non c-nim solidam adliuc escam ferre
« ac digerere possunl; perfeelorum siquidi-m solidns
« est cibiis, corum (\m pro ipsâ consueludine exerci^
« lalos liahent sensus ad discrelionem boni el mali.
« Quapropler non est mediiun aptuin biijusmodi siin-
« plicibus , quôd indiscrimiiialim (piosvis sacros libres
« leganl in linguam vernaculam translalos; sed con-
« venienlissimnni eis médium Ecclesia conslituit,
i audilionem verbi Dei, el rrcquenlalionem prnedica-
« lionum ejns : ncque eis obiler interdieit usum quo-
« riundam sacrorum librorum , qui cum exidicatione
« convenieuti, ujdilicationi morum sint accommo-
i di, etc.
« Quarla : Neqne Ezecliielis prophelœ, neque Cnntici
i Canlicorum, aut cujusqnàm librorum veleris Testa-
« menti lectionem ulli liomiiii iiitcrdico.
« (lùu) Sedis A|)Oslolicie decrelo, ail censura, aml-
« lorum talium libroriun leclio laicis jampridem in-
« terdicla sil,eleru(lilisin lege Domini apud ilebra^os,
i gravioruniAuclorumsenlenlià, proliibila fueritlei lio
« dictornm libroriun , alque primi capilis Geneseos
« anle anmmi a'ialis Irigesinunn, pra'dicla ^proposi-
5 lio temorariè et iuqiudcnlrr asserilin-; (juandoipù-
« dem cadem subest causa inliibcndi talinm librorum
( Icdionem , (jua; suberat qiiando decrclum Innocen-
« tii 111 super his conslilutum est.
« Qiiinla : Indcrornm vel ridiculum potiiis videlur,
i qubd idiolœ cl muliercula' pxiltaci exarplo l'sdlmos
« suos el precationem Dominicam immuruiurent , ciini
i ipsi quod so)i(nil, non inleliiganl.
« Ibec |>rop()silio, ail censura, simplices, idiolas et
I mulierculas ab oralione vocali, juxia rilum cl oon-
« sueludiiiem iMciiisia;, perpcràm relraln;ns , ac si
« inulilis sil, nisi ab eis inldligalnr, impia esl et er-
« ronea , viam pr;cb ns errori Bobemoruin, qui odî-
« cium ecclesiasiicinn in idiomale vulgari crlcbrare
« conali sunt; alioipii in k'ge veleii indec(U'um biisset
c el ridiculmn , sinqtlieem popiilum ex D>'i instilulo
« caMcmonias IcRis observare, quas non inlelligebal;
c (juod asserere esl in legern el ejus iaUnem Deimi
« Hlaspliemmn el iKcrelicum. Ne(|ue enim per verba
j oralionis solùm pru'lendit Ecclesia, ut série verbo-
« runi iilornm enidiainur, sed ni ejus lini nos cojdbr-
« niaudo, vcluli ipsius mend)ra, divinas laudes pro-
1 nuntienius, dei)ilas gratiarum aclioiies persolvanius,
« el nobis necessaria inq)l()renius, unde piopler lalem
« oranlium inlenlioneln, Dei mnncie ailcclns inliain-
I! uii'lu!', inlclleclus illimiiiii'lui', liuinaua inopla sub-
« ii'Vi'lur, \\U\\w grali.e el gloiiic friK lus coniparelur;
« ([ii;r cerluin (;sl eranles per laies oralioncs vocales,
« (juamvis verba non inleliiganl, pruitendeie, quem-
« :i(inioiliini lega(iis, ctsi vt l'I'a (biiniiii s.ii ïkv: cnj'.!!,
« illa lamen jnxia mandatuin domini sui relerens ,
i graîum inipendil obsequiiun el domino , el ci ad
« (pieni n)it!ilin-. Mulla; sinuliler proplietia; in Eccle-
« sià cantaniur, qua^ ipjainvis à niultis canlautibus non
QU/EST. \'I1I. DE C.EREMONIIS SACRAMENTORIM.
1557
Sacramcnlorum. — Rcsp. ncgalivè; ncc cnim jus lia- 1
bel in superiorcni iiirciior : ciim ilaqiio cxi-oiiioiiUe j
c inlolligaiiliir, i»liiriiiiiim lamoii ulilis osl et iiiorilo- |
I ria caniii) prommliaiio cl caiiUis; tliviiia' sii|iii'li'm
f vt-ritali «nia; ilias dociiil ac rcNclavil, cas caiitaiulo
I gralnm ohseqiiiuiii oihihcliir. l'cr (|iia' saiic (oiisiat,
f iinii in solà vcilxiiiim inlcllcdionc riiicliiiii (iralioiiis
< coiisislcre ; poriiiciosmii (pimiiic cs^t; cnoicm cvisli-
< niaiiliiim, ;.(tlinii ail crinlicmlimi iiilclloctiim liori
< oraiioïKMU vocalcni, ciiin pra'cipuù li:>l lali> oralio
t ad iiillamniaiiiliiin iiilollccUim , »l pio el dt'volo
» animo in Donni niodis pra'diolis se crii;cnil(», mens
€ reficialiir, el ohlinendo ipre polil, snà inleiili>inc
« non friislrelur ; nicrcalnr eliani inlcllccli'is illnnii-
f nalioneni, qnoniailniodùn) el alia n ilia aiil iieccssa-
i ria : (pii niminnn fiaiclns lonijè ul)eriorçs siuil, (inàni
« sola vei IxiTuin nilelleclio , (|ii,ie alisipio cxcilalioiie
I aflcclùs in Dcnni , pai lun allert nlililalis. (Jnôd si
I conligerel Psalnios in lingiiani vuigarein liadiici ,
« non pi'optcrea eoruni sen.^nn» sinipliccs el idiola;
f plenè pcrciperent. Haclciiùs sacra facullas Pari-
I siensîs.
« Diocs : Ex iisii Iingn?e incognil;r, in diviiiis el ec-
« C'iesiaslicis olliciis iiersolvendis grave onininô in
< comniodun) S(>q:iilin' : noiiipc indnilani propeniodinn
t lioniinnn» niultiliidincm , (pii linguam lalinaiii non
< intcliigintt; niillnni spiriUialeni liiieltun e.v |)n!)licis
€ Ecdcsiiic precibns percijiere posse; iilpole qui ea
î loquanlur, qua* non inlclligunl.
« Hanc esse Aposloli nienlcin prol)alin- ex cap. 14
« prioris ad Corinlliios , v. 15 et seq. : Qui loquiiur
t linguù, ail Aposlolns, orel ni iiilerprclelur. -ùim si
i orein imgnà, spirilus meus ontl, mens aulem mat sine
i friicta est. Quid ergo est? Oraho spiiitu , oruho et
i meule ; psallaiii spiiilu , psalhim el meule. Cœleriiw.
« si benedixeris spiritu qui supplct luatm idiolw , quo-
i modo dicci, Amcu , super tuuiii benedictioncm? Quo-
t uiiiin quid dicas, uescil. Ipso igitur Aptislolo jnflice ,
i qui oral linguâ, el nienlo sen inle'ligenlià orari; de-
« bel : nienie aulem orare non iiotesl, r.isi \erljoinm,
« qna' prol'erl, scnsnm inleiligal. Id vcrù non polesl
t idinla son quilibel de vulgo lidelis, nisi lingiià \ nl-
t gari ac domeslicà ]ircces cl oHicia Ecclcsiie publica
« celebrenlnr.
« llesp. Oijjeclionem islam qnae apnd tiovatnres no-
i slros liic painiaris est, plane et alinndè dis^olvi à
« lhe!;l(»gis Parisicnsibus m Cciisnrà qninla' proposi-
4 lionis Krasnii paido anlerelalà. El cerlèad rniclimi
« ex oralione vocali p-rcipicndi;m necesse non est ni
« qni oral , scnsnm oralionis el myslciii , qiiod in eà
«ineiiniitur, privalim inleiligal; '(|nàin niulli enim
< snul l'iides et sinq)li(es qni scnsinn iibnn neinideni
t capiunl, eliam cùm Gallicè oranl! lllos, ail ïcrlul-
I liaruis, fides s(dvos facil , non e.reirinilio Scrii'turn-
i rum ; rt, ut lotpiilnr S. Angii-linns, I. conlra Episl.
t Finid., cap. 4, turbam non inlelliqcndi viracitus , scd
€ credeudi simplicilas tutissimcnn facil. Sensiim verbo-
€ rum Sçrijilnr:T! abs(pie inlcrpn le non inlelligciianl
« YClcres JndaM à caplivilale Habylonicà rednces, an
« minus jiroplcrea miles eranl eornni oraliones? Sum-
« muni sacerdolem, cùm inlia Sancla sanclornm se-
t crclè orabal, non aiidiebanl qni siabaul pnicnl , an
t idcirco IVnsIra cl in vamnn orabant? Snilicil igilnrsi
« populiis fidelis menlc elaninio cuni Ecclcsià iinialnr,
« cnnuleniijne sibi lineni |)r(q)oiiat, ac (■Hcclnni conli-
« (Icntcr spcrol, (piL-m postulat ac -pcral Ecolesia ?
« oiescit enim vorô ex ohscnrilale cl igiioranlia incri-
« tuni lidei, inode.->lia: el linniililalis cîirisliana'. Adde
« coKC. Trid., sess. 22 caji. 8. incoininodn, (juod iio-
i valorcs bic oppimunl, i)ro\idi; occnrrissc, cnm pa-^
« sloribus el sinyuiis currini (ininuirum gerenlibus mau
t dal, ul fréquenter inter missarvni celebuilionem , ici
« pcr se , v.'t pcr (itios , ex iis quœ in missis lajmuur ,
i aliud expon,int , ele.
« Ad texluin S. Pauli ex cap. 14 prioris ad Corin-
4358
Sacrainonlornm suprcmâ Ecolcsi;c auclorilale mini-
stris omnibus cl singubs pia.-^cribantur, non est du-
Ijiiini peccaluruni niorlaliler, <pii consullô cas, nuli.'i
conqiellcnlc ncccssilale , vel omninô pnclcnnillerel,
vel [irasnm'rct inimiilarc : caque est ad (idem p.erli-
iiens Ec(lcsi;e dclinilio : .Si quis dixcrit, inquit conci-
linm Tridenlimim, sess. 7, de Sacr. in gcn., can. 1",
rcceplos et approbnlos Ecclesiœ culkoliccc ritus, in so-
lenuii Siicrnmenlorum udminislralione adliiberi cousue -
tos, (lUl conlemni, uni sine peccnto à miuislris pro libi'
la omilli, aul in novos (dios, per qucmcumquc Ecclcsin-
rum pnstorem muuri posse, auatliema sit (I).
« Ibios, maiiifestum est >poslolum eo loci non agere
« de oralione solemni Kcclesi;r, nec de divinis ol'liciiï.
« aul ;,acri(icio niissx' , scd de dono lingcamm, ipicil
1 nndiis Corintbiis cnnce^smn fncral; jidiclque Apn-
i slolns m qno decti (ndine, co dono nlaulnr ad atdi-
« licalioncm I^cbsiic , non conlusè ac pcilmbale si-
1 mol onmcs loquanlur, ne lorlè insanire vidcanlur;
( scd pauci (duo vel 1res) inodeslè, et cùm ade-t in-
4 lerpres , (pii idiolas, seii sinipliccs docere polesl.
1 Non aiiam esse S. I*auli menteni demonslial lolius
i capilis conlexlus. Qnid erqo es/, fralres? ail Apo^lo-
« lus, \. 20; ciim convenilis.unusijuisfiue vcslrûm psul-
« vnan liabet, apocalijpsnn liabet, lintjumn liabei , uder-
< prelitionem luibet, ouinia ad adijicaiioncni fmnl. SiV{'
t linçfuù quis loquilur , secundum duos, aul ut mulliiiii
a très, et per partes, el unus interprtteiur ; si aulem (io.v
' I fucrit interpres , lacent in l'xclesià , si aulem toqnatui
: u et Dco. Proplietœ (lutein duo aul 1res dicant, el cœleri
' « dijudicant. Qubd si alii revelalum fuerit sedenti, prier
I « taceat.... Volestis omnes per singulos proplictare; v!
t omups discanl , el omnes exiiortcutur , et spirilus pro-
f phelarum proplielis subjecli sunt. Mon cnim esl dis-
« s nsio)iis Deus, sed piicis, sicul cl in omnibus Eccleiin
j « snnclorum doceo. Mulieres in ecclcsiis taccant , nou
t cnim permiltitur cis loqui, sed subdilas esse, sicut lex
a dicil, etc. Ll tandem coucludit in line capilis, v. 59.
I « bis verbis : llaqne, fralres, ccmulamini proplielare, cl
[ u loqui linquis noiile proliibere. Omnia aulem honcsiè
i el secundum ordincm fiant. Ex qnibus manifesté con
« slat, Aposhdiim agere de donis lingiiaruin corum-
î (pie debilo nsn ; pra-scribens scilicet ne omnes si-
I ninl conln-è ac pcrlurbatè bxpierentnr , sed lionesiè
i el secundiun ordincm ad a'dilicalionem l]cclesi;e. >'/
« enim, ail eodcm cap. li, v. 25, convenial univers.'
« Ecclesia in unum , el omnes simul linquis lo(iuaniur .
« intrent aulem idiotie aul infidèles, nonne dirent qubd
t insanitis. i ( lùlil. )
(1) Alia ratio subminislratnr à Turuelio , qna'St.
' ull. , lilul. Nécessitas ol'servandi , etc., n. Il', nemp!'
1 1 (plia el nnilormilas servaii débet in eccle.-iasfu m
: « minislciio; ac necesse lurel suis n(M'\is loiam dis-
i soivi, dcfonnari ac dissipari Kcclcsia- discijdiiiain ,
« si privalo cnilibcl iiaslorl liberum foret aul a.iili-
I < qnalos r.lns lenovarc, ant novos invebeie. Quanta
j « foret reipiiblica! cbri-liana' confii-io , si (piis, v. g,
j « omnes auTupios pienilciilia» pubiicx' ,vel calecliù-
I « men lus gradiis in usina rcvocare jam vcllel, aUl
I iiu'anlibus Encbarisliam porrigere, aul oani adiillis
i snb dnpiici specie, vel eliam ipxis in maiius ddinuln
« asp(utandam pra-bere? (Juisipie igilnr sedulo eo^
« lilus servare débet , qnos observai Kccitisia in qiià
« vivil. iSeque enim, ail S. .\nguslimi>, disciplina ull i
t est in his melioi gravi prudeulique Cliristiano , quai.i
i utco vwdoagai, qno agere vidcrit lùclesium ad quai i
« forte devencrit.... Ipsa quippe mulatio cousueludinis,
€ eliam quu' adjuvat utilitalc, uovilate perlurlat. Qii(;
4 propler quœ ulilis non est , pcrturbaliunc infrucluosà
i conneiiuenter uoxiaesl. »
Qniul aulem spi (la lgravil:ilcmpccraliiilius quiexira
necessH.ilcni ca-rcmonias imniularc pra-sumil, iiiniis
absolul('jironniiliatauclorilludesscn;iMlali\Id<!uideiu
fW9
DE RE SACRAMENTAHIA. — DL SACRAMENTIS IN GENERE.
1560
? QuxTcs tf) (|iiid si Msiis occurrciit, in qno vidcan- fr Siiias et finilimos populos pnrconibus, quos elsi pro-
lui' ridis aiii|iii piiidciiler esse pr;vlL'ri»iilleiidi : niim-
qiiid privaltis (|iiili!)et pideril, in siio sensu abundans,
quod bonuui visuni fueril l'aceie. — Uesp. : Vol de ea-
su necesbilalis quasslio isla procedil, vel non : si de
casii nev.fssitalis,si,exennili gi"tli;"i, nioilis iinniincnlis
peiiculiun (ieii o;nnia i:i iiaplisnio iidV.nlis non patiu-
tiir , qux (aceic Eecle ia consucvit , dudiun resolula
est diriieiilliis : quod cniui in his circunislantiis sit
agendun), rilualia ipsa pra'scribunt ; si verô casus ne-
cessitaiis non sil, niliil qnidqnani débet privatiis lui-
iiister proprio judieio usurpare : sed toiisulenda Ec-
clesia, adeundus sunuuus Ponlifex (1) cujusore loqui-
lur sponsa (lliristi, ejus reverenler exspeclanduin ju-
diciuni, et quod pra?scripspiit observandum.
Quieritur 1G° utiùm biijusniodi pncternnssioncs ,
aut quasvis.aiias iu sacris rilibus ininuilaliones facile
p iiiiliiere Eeclesia debeat. — Rcsp. négative, maxi-
me si de iis ca:rcnioniis sermo sit, quas constat ab
apostolicà Iraditione acceptas : cœleras eniin quas,
labenle éclate , pro variis locoiuni ac teniporuni cir-
cumstantiis instiluil ipsa per se , qu;eque non sunt
gentium omnium universali conseiisione susceptae,
quales Lalini et Gneci proprias aliqu;is Iiabenl , non
quideni sine causa, majore tamen potest facililate re-
scindere, et ab eorum observantiâ liberarc : ut auleni
in iis sistamus, quas apostolicà nobis disciplina rcli-
quit, dicimus in iis lollendis aul pr;iclermitlcndis Ec-
clesiam diflicilliinani esse et esse debere ; tuni quia
eontineiilur iu thesauro traditionis , ([ucm violare aut
lemerè dissipare in suâ potcstale non liabel; lùui quia
seculoruni onmiuni revercntià cousecralce, maxiniani
obtinuerunt auctoriiatem ; tum quia myslciia magna
signifieant, quorum veritas , si semel de niedio tolle-
renlur, à repuguauiibus lucreiicis audacià majori ini-
peleretur ; lum denique quia periculum foret, ne ille
tam pneclarus sacroruni riluum apparalus penitùs
CYanesccref , et ab hominnuî memorià dclorelur , si
In iis, (juocumque praHexlu pra'termilleudis, nimiùm
facilem se pr.ieberet Eeclesia.
Ut auteni hujusmodi caîremonianun iionauius
exemplum, unetio et ius'.ilflatio in Ra])tisnio ccrtissi-
mè ab apostolicà tradilione dcscenduiii; ulramque
cnim ab iniiio Lalini , Gra;ci , et Orientales sunmiâ
consensione observant : apud Lalinos baptizandonnn
aures et nai'es saliva liuiuntur, iisdeuKpie sal pra'gu- !
Standuni more antiquo ponigilur, cujus inilium cùm
nuUa possit ceria epucba dcliniri, ad tcmpora aposlo- '
Ijca merilô referiur ; ilaque débet liorum riluum. lum
propteraulicpiilalis lionoreni, tum projttor rocoudilan)
quam habent rerum sacranun signiiicalioneu) , reli-
nenlissima esse Eeclesia.
Aliter tamen visum quibusdam Ci) Evangelii apud
cerlum apud omnes est, si mutalio, potabilissit, aul si
iTmtatiouemieveincomilelurc(inl('nq>liis;al verosi levis
lantùm sit mulalio, et fiai iusuper sine conlemptu ,
peccalum levé procul dubio erit. (Edil.)
(1) Sul'liciel sauè episcopum consulere, quelles ca-
ÊUS non ila gravis erit. ( Edil.)
(2) Imiuodeiaio studio parliuin liic cxii-a aiquilatis II scd ad Indos pcriiuere.
prio nouiiiie non appeilom , prolinùs inlelligil lector
qui siiil; ii (piippe sunt, qui ut commodiiis infidèles
ad vcram Rcligiouem addiicerent, oumia susdeque
miscncruiU , ila ut cpios faciebant proselytos , neque
geiitiles dici possent , ncipic cbrisliani ; qnipj)e dùm
siios lani pielali contrarios errores coiilra auclorita-
lem ronlilicuni, conlra majorum slalula, contra com-
munem siuiplicium fidcliuui sensum, pertinacià bac-
leuùs inaudilà defenderent, Europaniloiam ipsumque
capul Religionis Romain,, mille volnmiuibiis ad ialleii-
dun) composilis , et iuiporlunis clamoribiis, penè in-
legro seculo impleverunt.
Cur autem quas prxdiximus cœremonias aut peni-
tùs abolendas, aut ad lempus mlermitiendas censue-
rinl, duplex polissimùm causa fuit : prima, feniinanim
Sinen«ium, ni ipsi quidem jactabant, pudicitia ci mo-
deslia iucredibilis, qu-'i lit ut ab onini virorum non
congressu tanlùm , sed et conspeclu , ali|ue adeù à
suscipiendâ niiuislrorum baplizantium mauibiis un-
clion3 abborreant; altéra, quôd liarum regionum po-
pulis execrabilis sputatio oninis et insufflatio sit : os
enim hominis rem esse immundissimam reputant, à
quo quidquid prodit , sive saliva , sive aidiclilus sit,
spurcissimum , ipsnque Inimano slercore fœdiiis exi-
stimatur ; buniano, inquam, nani slercus vaccinum
divinis lionoribus proseqnunlur , coque aquâ dilulo
Aicies suas et corpora , et parictes et pavinienla do-
morum, homiiics ad oniucm, si siiperis placel, urba-
nilalem exculli oblininnl. Quod oiiuimeiili ijenus , iu-
(juit eorum quidem apologista , si Europœis fœiidum
videinr et iiicplnui, ailler jnd'icaiil (jui vidcruut, Lainez,
Soc. Jes. in Defeus. mis. lud.
Ilaque ne delicatam Sineusium gonlem ofl'endercnt
bouùnes ad opporlunitatem nali , unclionom Bapli-
smalis, insufflationem, et salivi deiibuliouem exlermi-
nari, aul sallem inlermilti debere privalo jtidicio cen-
suernnt : pcssimo sanè excmpio! nani si deflagràssent
amore Evangelii quod anuunliabaut , liùc zeluui om-
nem converlere debuerani, ulàsupersliiiosis et inve-
teralis erroribus genlem Sineusium liberarent : eo-
rum intererat, feminis, quas veluti tolidem Lucretias
iu exemplum pudicili;e laudaut, auctoritate Evangelii
demonslrare nibil haberc unctionein sacramcnlalem
modesliie cl castilali conlrarium , defendi exemplo
Clirisli qui fuit caslissinuis liominum, qulipie mulie-
res plurimas contaclu inanuum à morle ad vilain , à
febribus ad valeUidiuem, ab obsessione d:euionuni ad
liberlatem saepc vocal; probandum, sacras lias c;ere-
limiles auclor noslcr abreplus videtur. NuUius plané
neccssilalis, imo nullius fôrc utililatiscsl (]und piofcit
exemplum. Scd demus illuil esse (piiiiu maxime op-
porluiium ; al cerlè nuiKpiàm lieet sine probalioue ,
cl à l'orliori sine ralione sullieieiiti , peiversas iiilen-
lioucs iis allingere, (pii nobis adversanUir, eliauisi à
veiilale déclinent. Legalur eâ de coutroversià opns
Gabico sermoue scriplinn, cui lilulus : Mémoires pour
servir à rilistoire de rEylisc pendant le dix-indliènie
siècle, par Picot. Noiandum eiiam id (jund Diouiu
dicil de liouorilius vaceis exîiibilis , non ad Sineuses,
Edil.j
15f)l Ol.€ST. VIII. DE C'EKEMONIIS SACRAMF.NTORUM. irs<l
moiiias omnium scculorum rcverentià consccralas , f, sulubics rims et cœremomœ introducanlur et observent
lolidem vcluli mciliciiias cssc, (ju;i: adjiiliiceiu mcili-
coniin spiiiliialiiiiu inaiium rcqiiirereiil; (;xpoiiciiil;i;
vcrljonim roriim!;i; qii.i; saiiclissiinis litibus corre-
S])()i)cleiil, iiiKV(|iie iiiliii aliiid (|iiàm saiiclilateiii ol
caslinioniam spiranl; refulanda vcrbis Salvaloris gon-
tilium insaiiia , quà spiiluni et anliclitum laiiqtiàm
spunissinias rcs doleslanliir, Marc. 1,8: Heliiiqurn
tes mandalum Dci, Icnctis Iradilioncni liuïïi'niion ni-
liil l'iit extra lioutinein iiitruiens i)i euni, qtiod possil ciun
coinqninare , sed quœ de liomiue pruccdunt , illa sunt
quœ coinquiiutut lioininem ab iiilUs de corde homi- \
num midœ coqilutioiies proccdunl, adulleria, fornicatio-
nes, liom'hidia superbia, slullilia : omtiia liœc mala
ab intùs pruccdunt, et coiiiquinanl liomhiein. Suggereii-
duin ejijsdem mcdialoris cxempliini, qui, ul ca-ctim à
nalivilatc illuiiiiiiaiel, Joan. 9, 6, e.rpuit in Icrrani et
fecil lulitm ex sputo , et linivil lutum super oculos ejus.
Detcgeiula geiiti iiiiserai)ili mala di;il)()li fraus cl vcr-
sulia, à (jiK) sic iii siipcrslilioiie deliiicliir, iit vaccam
pro iiumiiie habeal, el sleicus, qiio nihil fœdius, co-
lat, iiilcrimquo (laliini lioiniiiis et spiiluni excorclur;
insislenduin Ecclesi;e ipsiiis aiicloritatc , de quà saii-
cUis Augiislinus : Si quid, iiiquit, tota per orbcm fré-
quentai Lcciesia, quin ita faciendum sit disputare. in-
solenlissiniœ insaniœ est ; deiiiquc juxla maiidadim
Aposloli, Timot. 4, '"1, erat illis sermo cvaiujeticua prœ-
dicaudus, instaudum opportune, importun'', arcjuenduni,
obsecrandum, increpandum in omni patientiâ et doclrinà.
Quôd si niliil aposlolico laborc prolicercni, salicm
adireni Scdcm Aposlolicam et Romanam, omnium
malrem Ecclesiarum, cjusqne in re adeô gravi jiidi-
cium exspcctarent ; sed nequcboc eis consiliwm pla-
cuit; malucrunt enim homines, suo judicio s;ipientcs,
sibimet qnàm Ecciesiu; credcre.
Quaniùm iiide reliquis vineie Domini opcrariis , et
plebi verè (idcli (eranl euiin Deo beiiè favenle nuilli,
quos verilas ab cnore libcraveral), scandali el ofTen-
sionis sit procrealum, nôrunt qni rerum Sinensium
liisloriam delibàrunt; ilaque ne maltmi laliùs serpe-
rol, décréta ad summum Poutifiocm delogalio, ul ab
illius ore s^ana; doclriua; documenla cxcip(M'enlur :
omnium nomine Romam peliil Joannes Baptibla de
Morales Ordinis FF. Praîdicalorum : rem ut erat ma-
gna simplicilate exposnil, atquc inter cailera poliil ,
utriim in rccjno Sinurum winistri cvctngelici , pro nunc
saltem, in Sacranicnlo Baptisnuttis possint abstinere , ab
imponendo muUeribus oleuni sanctuni ca'ecliunienormn,
sputum in auribus, el sal in ore ; insuper cl non admi-
nislrare cisdeni viuUeribus Sacramcnluni Extremœ l'n-
clionis. Ratio dubilandi est quia Sinenses muyno zelo
ducuntur ertja uxores, filias, et alias mulieres, el scan-
daluni sumunl ex liujusmodi unctionibus : sacra Riliuint
congregalio, probante cl confirmante Innocenlio X,
Ponlifice maximo, in decr. pro Sinis, aim. l(ji;j, 1-2
sept., rcspondil iiis vcrbis : Ceusemus sacrmncnUdia i-:
Baplismo multerum esse adliibenda ; et Extremani Cn-
ctionem esse muUeribus conferendum ; nec sufficerc nio-
lur; et inisaionarii tali circunispeclione illa administrent,
liomincsque talibus inslruanl ducumcnlis, ul ab omni
!:uspiciunc inlioncstalis libercnlur.
Uccrclo sani lissimo si oinnes, uli jiar cral, oblcm-
pcràsscnl, si ambulare in donio Dei cum consensu
(ps. 51, \')) voluissenl, si grogibusquosDoiuimis suo
sanguine com|)aravil, nccossarinni niinislcriiun com-
modàsscnl, spcscraibrevi fulurum,ul, cxlirp:ilisgciilis
miser.e supcrslilioiiibns, verilas cvaugelica in anipiis-
simo Sinarum imperio, sine crroris adminislralionc
radicarclur ; verinn liuic tam cxs[)eclat«) pro\eiilui, ii
quos pncdixinnis omni indu>lrià , quasi de proprià
fanià , non de majore Dei gloriâ agcrelur, inlerccsse-
runt : minime audilosse, el lalum nimià praxipiU-
tione judicium inclamàrunt; ilaque Romam denuô
propcratum et agcnle eorum nomine Marlino Marlinio
Societalis Jesu , praMer ca-lera qn;c lid»; malà oxpo-
suerunt, aftirmare nondubilârunl, totani apud Sinas
cliristianilalem evidentissimo periculo exponendam ,
nisi , sublalo priore decrclo, praicrmillendorum de
quibus conlrovcrlebalur sacraniontalium induL'cnlia
liorel; quo audilo, sacra congregalio, nihil niali d(jli
siispicans, el habita ralione inslaulis quod annunlia-
balur periculi, annnendum censuit volis suppliciim ,
et dccrelum a.'quissimum dedil, cui accessit Alexan-
dri VII snnnni Pontificis aucloritas, bis vcrbis conce-
plum : Sacra congregalio, juxtu ea quœ superiiis cxpo-
situ sunt, censuit ex gravi necessitale proporlionatà ,
posse omilti quœdam sacramenlalia in Baptismale fe-
miuarum , ac cliam posse omilti ipsum Sucramentuni
Extremœ Unclionis, Decr. pro Sinis, die 2!> Marlii
an. 1G56.
Vix crcdibile dicln quanta fiiorit , sub umbrà sub-
rcplitii dccreli, Sinarum mi-sioinbus et cvangi licoc
pnrilati clades imporlala ; quanquàni enim sacrae
congregaiionis rescriplum iiis csset reslrictioiiibus
loniperamcnlinn, ni erga solas feminas, et ex gravi
necessitale pruporlionalà, idest, in cvidenli cbristiani-
lalis periculo, cpiod lantoiierè cxaggeratum fuerat,
liarum c.Trcmonianim pra'termissio conces^a csscl ;
eo tamen, tanquàm lege connuuui cl qu;c ad omncs
respicerel, uli pr;csiimpscrnnl : bine in quolibet sivc
virorum, sive mulicrum, sive adultornm , sivc infim-
liun), cnjuscnmque cssent conditionis, Raplismaie ,
sacri ritus impunè longo annorum curricnlo, iu-gie-
cli, contempli, violati ; quod cùm multo tribidalionis
expcrimento , cl cerlis icsli(icaiionibus comprobàsset
cminenlissimus sanctai Romanam Ecclesiaj cardinalis
Carolus Thomas Maillard de Tournon, paliiarcha An-
liociienns, in Indiis Orirnlalibiis cl Sinaruu) inq;erio
<inilimis(|uc insulis conunissarius , cl visitator apo-
sloliciis, cuin facullale legali à latcre, vir plane apo-
slolici pc'toris, carceril)us, vincnlis, o|)probriis, ipsà-
qnc morte pro Chrislo furtilcr toloratà, qiiam pnrpiirii
Romanà , longé illiisirior, dato Pudiiberii {Pondi-
cnvi.) ^>l'^ 23 junii. anni ITOi , et publicalo die 8 ju-
lii ( juisdcii! ^.; "•' <• tirnmi det reto, Imnc aliosqne per-
tivumtn dubitatione adduclum ; curandum ergu ui lam i. mullos alnisus aposiolicà aucloriiale reprimere pro
4563 Ï)E RE SACUAMENTARIA, ^ DE SACRAMENTIS IN GENERE.
Virili pnrte curavil : -1 Sacramcntornm cidnnmslrnllonc
\Wk
exordhun sviuaUcs , inquit, districtc proliibcmus ne in
baptiuindis tam pueris quàmndulds, cnjnscumqui' sexûs
et condUionis, omillantur sacramcntalia, sed omnia pa-
làm adliibcantur, cl signanter salmt, sal, et insufflmio ,
iquœ ex aposloUcà tradvàom calholka Ecclcsia recepit,
ac ob recondila in Iris sacris cœremoniis divinœ eryn nos
ûonilatis mijsU'ria snnclè cl iniiol(d)i!it,r ciis:odivil ; dé-
créta sanctœ nniversalis Romance Inquisitionis de anno
1G56, pro Sinis facto ob diversas rationes, cl ci}xuni-
stantiiis minime obslanle.
De hoc clecreto, deque rriiis (\\\k ad ejusdcin confir-
malinriem à Clémente XI et Benedicio XIII siimmis
Ponlificibus dafa siiiit, proul occasio lulerit , redibil
in poslcruni sonno (l) ; inteiim corliiin maiieal, Ec-
clesiani sacroriim riliiiim in adniinislralione Saera-
nientoram dispeusationcni , nec dcbere , nec posse ,
nisi i)ro|)ler urgendssimas causas concedere.
Atqiie. hic ciaudcndum de SacranieiUis iii gonere
libriim, vel ipsa cjus prolixilas admoncl, si piiùs ta-
nien Icnore uiio concilii Trideiilini cauones discripsi-
inus, quos haclenùs suscepimus vindicandos , quique
hujnsniodi siml, sess. 7.
I. Si (juis dixerît Sacramenla novœ legis non f'uibse
omnia à Jesu Clirislo Domino nostro institula, aiil esse
plura vel pauciora quàm seplem , videlicet Bapli- \
1 Sacramenla scmper et omnibus, quantum est ex parle
Dci, clicmisi rite ca suscipiaid; sed aliquando, et ali~
quibus; analhema sil, ibid.
VIII. Si qnis dixeril per ipsa novœ lecjis Sacramenla
ex opère operato non conferri graliam, sed solam fidem
divinœ promissionis ad graliam consequcndam sufficere ;
analhema sil, (|. 5, cap. I, § 1, p. 70.
IX. Si qu'is dixeril in tribus Sacramentis, Baptismo
.scHicct, Confirmalione, et Ordine, non imprimi chara-
clerem in anima, hoc est, sicjnum quoddam spirituale tl
indélébile, unde ea ilerari non possunt ; analhema sil,
q. 4, c. 2, § 2, p. 110.
X. Si qiiis dixeril Christiauos omncs in verbo, et
omnibus Sacramentis adminislrandis habere potestalem;
analhema sil, q. G, c. 1, § 1, p. 1-42 et se(|.
XI. Si qnis dixeril, in minislris, dum Sacramenla
conficiunt et conférant, non requiri inlenliojiem salteni
faciendi qnod facil Ecclcsia; analhema sil, q. G, c. 5,
§ 2, p. 221 cl seq.
XII. Si qnis dixcrit minislrum in peccalo mortali cxi-
slenlem, modo omnia essentialia, qnœ ad Sucramenlnni
conficiendum anl conferendum pertinent, scnaveril, non
conlicere ant conferre Sacramenlnm ; analhema sil, q. G,
c. 2, sed. 2, § 2, p. 209.
XIII. Si quis dixeril, receplosel approbaios F.cclesiœ
calholicœ rilus, in solemni Sacramcnlorum admi>i:slra-
smum, etc., aul eiiam uliqnod liorum seplem non esse et
propriè Sacramenlum ; analhema sil, q. 2, c. 2, p. 42 |, lione adhiberi consnelos, aul conlemni, anl sine peccalo
et seq., q. 5, § I, p- 123. |! à minislris pro libito omilli, aul in novos atios pcr
IL Si quis dixeril ea ipsa novœ legis Sacrameuta à
Sacrameniis anliqnœ legis non differre, nisi quiacœre
moniœ sunl aiuv, et alii rilus externi ; analhema sil, i
q. l,c. l,§1,p.4. j
III. Si quis dixeril hcvc seplem Sacramenla ita inler '
se paria, ut nullà ralione aliud sil alio diynius ; ana- \
tliema sil, q. 2, c. 2, § 3, p. G7. i
lY. Si quis dixeril Sacramenla novœ legis non esse ad
scdutem necessaria, sed superfïua; et sine cis, uni eo-
rum veto, per soLvn fidem hominem à Deo graliam jnsli-
ftcationis adipisri, licèl omnia singidis necessaria non
sint; analhema sil, ibid. G8.
V. Si qnis dixerit hœc Sacramenla propter solam
fidem nulriendam insliluta fuisse; analhema sil, q. 3,
c. I, § I, p 70.
Yl. Si qnis dixerit Sacramenla novœ legis non conli-
ncre graliam quam significanl, aul graliam ipsiim non
po'iienlibns obicem non conferre, quasi signa Uuitiim cx-
terna sint acceplœ per fidem graliœ, vel justitiœ, cl nolœ
qnœdam Chrislianœ profe.^siovis quibus apud homines
discernunlur fidèles ab infidelibus; analhema sit, ibid.
\'!l. Si quis dixerit non dari graliam per hujusmodi
(1) De hisce rilibiis leçrenda «îst novissinia Consti-
tiilio édita à Bciiedicio XIV fclicilcr rcijnanle anno
MI'l , (\n:v. incipit Omnium sotHcilndi)r:nn , etc. Ilhid
xu'Aun liîc ohiler nbservo, quod noslir aiiclor videlur
co. IV.iilcre rilus Sineiiscs ab Lcclesià paritcr danina-
Ips cum rilibiis et c;ereivioniiS rcgiioriii,) .Miduiciisis,
Maysiiicnsis cl Canialensis Indiaîuni Oiieiilaliuin, qui
cimiinô dislingncndi binil.
quemcumque Ecclesiariwi pnslorcm mnlari posse ; ana-
lhema sil, (|. 7, p. 727 (1).
(l) CanDMiKiis Tridentiiiis opi)orlnnmn cril :i(ljii:i-
gere ea, t\u:v de Sacrainciilis in gcneif lialiel docictinn
concilii Fldrcntiiii jii'o insliiiclione Aiiiieiioi inn. Sic
igilin- Ik'tlcsiaî lidcni expoiiit diclinn conciliinii, vel
poliiis Engenins IV pr;ese!ilil)iis adiiiic cl appiol)an-
liiins episiopis Occidenlalibns : « Nova! legis srpli'ni
n sunl Sacramenla : vidclicel lîaplisnnis, ('.onlniiialio,
« Encli;uisli:i, Pd-nilcnlia, Exlivma IJnclio, Ordo et
1 Malrimoiiinm. ihv.v nndtinn a Sacrann-ntis dillciimt
« anli(|M r legis. Illa eniin non caiisahani graiiiun, sed
« e;\m sidùm [ler pa>sioiiem Cliiish dandam esse fign-
! rabani : li;ec veto noslia cl coiiiinonl graliam, et
« ipsam digne snscipienlilins coid'ei'ni't. Ilt.ruin (piin-
i qne piinia :ul spirilnalem nnii:S(iij,is(pi(! JKnninis lit
« seipso pcnleclioiiem ; dno nllima. ad lolins Keclesia!
«regimen, niulli; licalioneniqne ordinala snnl. l'er
« Baplismmn cnin) si)irilnaiil( r reiiasciinnr ; iierCnn-
1 iii'inalionein aiigenmr in gralià et lolKHannu' in lide;
t rcnali anlcm cl roborali, nnuinuir divinà lùicliari-
« stiaî alimonià. Qnùd si per pcecaliim ;egiilnilincni
« incm-rimns anima\ pcr Pu'nilcnliam spiiilnaliter,
« sanannn' ; spiriinaliler cliam cl coiporalilcr, pront
« anima' cxpcdil j cr Exireinam lînclionem ; jk'I' Oi-
d dincm vciô Eeclesia gnbernainrel mnlliplicalmspiii-
« Inalilcr ; per Malrimonimn cm-poralilerangeiiu'. Ibec
« omnia Sacramenla Irilms pcrIicinnUir, vidciiecl icliiis
« lan((nàm maiei ià, vcrliis laiiquàm foiiiiâ.el pei^onà
« minislri coid'erentis Sacramenlnm cnn) intenlione
« faciendi quod iacit Kcclesia, (|nornm si aiiqund desil,
«.non pciliciliii" Sacramenlnm. Inicr bac Sacianienla,
8 Iria sinit : Baptisnnis, Conlirmalio et Ordo, (|n:c
« ciiaraclerem, id est, spirituale qimddam signnm à
« ca'lei'is dislinctivinn, impiiniunt in anima indélébile.
« l!nde in eàdem personà non reileranlur. I>eli(|na
« vciù (pialuor cbaracterem non impiiniunt, et leiUi-
« ralioncni admilluiit. > (Edil.)
lADEX UERIM.
ca38H'@^^^wip
ClIAUnON MTV. 9-10
111SI()I1;E DKS sacrements, ou de Lk MAMfcuH
DONT ILS ONT ÉTK CKI.KfiUKS KT ADMlNISmÉS DANS
L'Ér.LISE, KT DE LtSAGF. QU'ON UN A I AIT DEPUIS I.E
TEMPS DES APÔTRES JLSQI'a PRÉSENT. Jh'ul.
AVERTIS-KVKNT. Jbid.
LivuK PREMIER. Du Baptëiue, île laConlinnaiion oi (!;■
llùulKiiisii.'. 11-1-2
Section Pi;EMii;RF.. Histoire du sacrement de Bap-
tême. Itid.
Pri'iiiiôie paili(\ Des préparalioiis au Baplèiiie O'.i ilii
caléclninH'iial. Jbid.
Cliapilie prriuirr. Erreurs qui se sont élevées conlrc
la dociriiic catholique louiliaiil le sacreiiieiil de
Baiiènie. Ibid.
Cli:!p. II. Ois Calécliumènes ot des diverses classes
dans lesquelles ils ét;iieiil distribués. Des avantages
doiil ils jouissaient, et du soin que l'on avait de
leur cacher les niyslères de la Ufligiou. 17
Cliap. m. De l'urigine du caléihiunéu.il. Que le nom-
bre des catéciMUiièucs élail très giaïul dans les cinq
premiers siècles. Pourquoi. École des ca;é( liu-
inènes. A qui ou conliait leur insiPiiction. Caté-
tlicses ; (luelle était la doctrine que Ton y cnsei-
guail. 2i
Chap. IV. De (nulle inanière, et avec quelles cérémo-
nies ou adinellail au calécliuaiénal ceux qui de-
maudaienl d'y cire reçus. 51
Chap. V. De la diuéc du c;:(écliuniénal et de ce qu'on
pensait de ceux cpii inouraiciil en cet élal. Partage
de beiiliuiiUls sur ce sujet et sur les devoirs qu'on
devait Iciu' rendre après lein- mort. 57
Chap. VI. Des préiiaralioiis prochaines au Baplême,
ou des exercices (pie 1 on faisait pratirpier aux calé-
chumèiR's coiupéieiils pour les disposer à recevoir
ce saereiueiit. Inslruclious qu'on leur donnait alors.
A qui il a|)|iarteiiail de les donner. 42
Chap. VU. Des scrutin-; ce que celait. Des exorcisuies
(pii s'y l'aisaieiit. Combien il y avait de scrutins,
^uaud ils ont cessé dai:s l'Église. Traces qui en
sont reslées. .49
Chap. VIII. Des solennités avec lesquelles se faisaient
les scruiiu-. Messes des scrutins. 57
Chap. IX. Des préparations plus |>rochaines au Baj»-
léine ou des rils ipii le précédaient imniéiliateiucnt,
et surtout (le la rriioucialion au diabio; de l'onc-
tion et de la confessio.i de la foi. De quelle ma-
nière liHil cela se pratiquait dans les dillereiites
églises. 00
Seconde |iarlie. Du temps, du lieu, de la manière dont
on l'a conféré aiUid'.is. De ses ellets, et de ceux à
(pii il apparlenail de duiiiier ce sacrement. OU
Chapitre premier. Du lemps anquel se donnait le
Ijapiènii'. Que hors ceilaiues circonslances, il ne
se donnait pas en tout temps indilléremmenl. En
(piel temps oji le donnait, et en (jnelles circons-
tances on passait par-dessus la règle ordi-
naire. Ibid.
Chap. II. Du lieu où se donnait le Baplèine. Des bap-
tistères; de leur forun?. Des éJiscs l'aptismalcs et
de leurs piéroi,'ali\es. 71
Chap. m. De la manière d'administrer le Baptême,
ou de II niiilière et d' la lornii; de ce sacrcnnnt.
CJue la iriple imuH.'i-.sioii est d'insliiiuiiui apostoli-
que, .lus'iuii (piaud elle a été pratiquée. Du Baplème
par inihsion. De sa validité. 81
Cha|). IV. De la bénédiction des fonts; avec quelles
cé'iémiuiies elle se faisait daiiS les premiers siècles.
Soleiiiiiies qu'on y a depuis ajoutées. 87
Chap. Y. Oà Ton iraile on particulier de la forme ii\i
liaplcmie, et l'en liiil voir ipie ce sacrement s'ot
donné di; tout temps dans lEglise sous le nom des
trois personnes do la Siiiite Trinité; addition faite
a cette mvijcalion; (livcrsil('- dans les lormnles qui
la conlieimeiil et dans la manière de la faire. Par-
tage de sentiments sur les dillerentes formules.
(>|MMion singulière de quehpies uns sur celle ma-
tière. fj3
Chap. Vl. Des parrains; que dès l(;s premiers siècles
on en do naît à ceux qui devaient recevoir le Bap-
tême. Diverses parlicularilés sur cela; (pi"aulio(ois
il élail rare (pi'ils im|iosas>enl les noms à leurs (il-
leiils. Que les noms se donnaient communément aux
enfants longlcmps avant le Baptême Diver.-es coii-
luines des pe(q)les, sur le lomps cl la manière d'im-
poser les noms aux eiifanis. Depuis quand la cou-
lumedeles leur imposer au Baplême s'est établie
parm inous. i[^[
Chap. VII. Des effets siirprenanis du Baptême, et en
conséquence combien la conduite que l'Église gar-
dait envers ceux qui le recevaient eu m.iladie était
dillereiile de celle (in'elle tenait à l'égard des lideles
léconciliés en cet étal. Diverses opinions des doc-
leurs de rE('ole, touchant la grâce conférée aux en-
fants dans ce sacrement. Bapieme sous condition ;
quand il a commencé. j08
Chap, \ III. De runilé du Baplême. Que ceux qui ont
voulu que l'on rebaptisât les hérétiques l'ont tou-
jours souienue. Quel était leur sentiment. Tempé-
rament que l'on y a appm-lé depuis. Qu'on est enfin
convenu de recevoir comme valide, le Baptême ad-
ministré en la forme légitime par toute sorte d'hé-
rétiques; en quel temps on a douté depuis si le
Baplême donné par des iulideies était valide. 1 18
Chap. IX. Du minislre ordinaire et exiraordinaire du
Baptême. Qu'anciennenient ce minisiêre était ré-
servé à l"évê(|ue seid, sans la pcrinissiou sjtéciale
duquel ni le> prêtres, ni les diacres ne pouvaient
baptiser. Comment et en (jnei temps les prêtres sont
devenus les miiuslres ordinaires de ce sacremenl.
Qu'ils devaient s'acfpiiiter de celle fom t;ou élanl à
jeun, en habil ecclésiastique et graïuilemenl. Ce
qu'on pensait du Ba|-iéme con-éré"par des laïques,
et surtout par les femmes, tant en Orient qu'en Oc-
Cl. lent. j.2(;
Chap. X. Des cérémonies qui siiivaieul immédiatement
le Baptême, et qui étaient en usages dans dillerentes
églises. On recherche leur anti(pnié et les divers
changeineiits (pii y sont survenus de|»uis. Explica-
li(m (Pun passage dil'licilc de S. Ambreise, sur le
lavenu'iil de- pieds. -155
Chap. XI. Où l'on parle en peu de mots des deux sa-
crements de coulirinalion et d'Eucharistie que l'on
ddimail aux néophyles aussitôt après le Baplême.
De(j;iel(piespraliipi"es el cerénirnies, eld.'s inslnu-
lions qu'on leur faisait. De la l>à(pie anii.>tine. l-il
Appendice. 15.)
Section seconde. Histoire de la Coxeirm^tiox.
,„ . i;.;!-l{JO
Chapitre premier. DesrilspssenlicIsdeceSacienii.s.lct
des diliérentcs formules de pai;iles qui !e.s:icc( nip.i-
gncnl, tant che/ les Latins quiî chez les Grc( s el
les aiihes Orientaux. Partage des théologiens si:r
ce point. A (pioi noi!.s devons iiiies en leiiir. De ce
qii'mi pensait à Ilome. dans le (iernier siec le, lou-
chant les rils de la Coidirniation die/, le.^ (îrien-
taiix. li.jti,
Chap. H. Delà béiiédiclion du chrême, do son anti-
1567
INDKX HEltUM.
m,s
quilé; cornincnt elle se laisail laiil en Oocideiil que
chez les Oiienlaiix. Messe clirisniale. Celle liéiié
diclioii se fail ave»', iiiaiid appareil en Orienl. KHe
est réservée! itaitonl aux seuls é\è(iiics. 1(i!)
Cliap. III. Du leini)S cl dii lieu dans leipiel se domiail
la (^oidiiinalion. Quand el pai' (picls dcgiés on a
changé rancicnnc coulunic do la donner aussiiôt
apiès le Ba pleine. 17o
Cliap. IV. De quelques rits cl cérémonies moins né- I
cessaires de la Conlirmalion cpii élaienl en usage,
surtout quand on la donnait séparément du Bap-
lènie. Des dispositions (]uc devaient y apporter les
adultes. 180
■Clia|). V. Que Ton n'a jamais cru devoir réiu'ner la
Confirmation reçue dans l'Kglise. On examine par
les faits si l'on a pen^é de même de e- Ile qii avail
élé donnée par les liéréli(pies. Conduite dilTérente
sur ce point. Ou tâche de concilier les dillérences.
Diflicullé d'y réussir. 183
Cliap. VI. Par qui le sacrement de Conlirmalion a élé
de tout temps adminislré dans l'Eglise tant en
Orient qu'en Occident. Diversité sur ce point. Ce
que l'on doit penser de la Coidliinalion donnée par
les prèlri's Grecs. Certains évècpios ont troublé mal
à propos les Orientaux dans h-ur praTupu?. 19i
Chap. Vil. Des eiiets du sacrement de (M)nlirmalion.
De la grâce intérieure el du don des miracles.
Combien ce don était commun dans les preuders
siècles de l'Eglise. En quel icmps il a cessé de
l'être. ' 199
Article premier. Des miracles el des visions surnatu-
relles. EUcts ordinaires de la Conlirmalion dans
les deux premiers siècles. Combien de temps ces
grâces ont été communes dans l'Eglise. 201
Art II. On lait voir ipie dans le troisième siècle le
don des miracles el des visions étail encore assez
couninni dans l'Eglise. 208
AriMCNDiCK. 213-2U
SiXTION TROISIÈMK. De l'Ei ClURISTIE. 217-218
Chapitre premier. On indi(pie les principales er-
reurs sur l'Eucharistie. Quelques particularités
touchant Luther el Carlostad. Epoques des nou-
veautés introduites sur le sacrenuînt de l'Eucliaiis-
lie dans le seizième siècle. Véritable cause des
progrès de Luther. Ibid.
Chap." 11. De la matière du sacrement de l'Eucharis-
tie ; de l'oblalion qui s'en faisait dans l'Eglise. Ma-
nière de faire cette oblalion. 224
Article prenner. Par qui el en (jnel ordre se faisait
autrefois l'oblalion la l du i»ain (pie du vin desti-
nés à être consacrés et à devenir le corps et le
sang de N. S. J.C. Observations et éclaircissements
sur la même matière. Ibid.
Art. u. De ce qui se faisait après que le peuple avail
fait son olTrande. Choix des dons, prières, encense-
ments. (Changement arrivé depuis (|ue les commu-
nions cessèrent d'être aussi fréiiucntes que dans
, les premiers siècles. 232
\K\l m. De (pielle manière se fait l'oblalion dans les
' Eglises Orienlales. 238
|\rl. IV. Du soin avec lequel on préparait autrefois
et on prépaie encore aujourd'lmi W pain qui doit
-, servir de matière au sacreineiil d'Enehari^tie. Abus
sur ce point dans quehpies églises. Du pain azyme
. el du pain levé. Quelles sont les églises qui niel-
lent en usage le pain azvme, el depuis quel tenqis.
242
'Cliap. UL De la consécration des espèces. 248
Cliap IV. De la comnumiou qui se faisait pendant la
eéir'bialiiin des saiiils mystères. 2.'_>2
Ailieli! premier. De Tordre, du lieu et de la posture
dans l:\(]uelle les fidèles participaient au sacrement
d'Eucbaiistie. 2J')3
Art. 11. Que l'on doniait aiiciennemenl aux fidèles
le cor|)s deNolre-Si'igneiir dans la main. Trois ma-
nièies d(î leur l'aire prendre le sang précieux. En
quel lein]).s on a cessé ca Occident de comumnier
les lidèles sous les deux espèces. 2."9
Art. III. Que l'usage de eomniimier sons les deux
espèces peiidanl la cf'débralion des sainls inyst/'res
soufïrail ces cx<!epiions. Du chant des Psaumes
peiubml la cominmiion. En (piel temps on s'esl mis
sur le |)ied de donner la Communion aux fidèli'S
hors de la messe, sans nécessité. 2G7
Chap. V. De la Communion hors les assemblées pu-
bliques de l'Eglise. 273
Ariicl.' premier. Les (idèles communiaient autrefcis
dans leurs maisons. Combien cet usage a duré tant
en Orient f|u'eii Occident. Ibid.
Art. II. De la communion des malades. Qu'ils cumimi-
niaient (pielquefois sons la seule e-pècw du pain,
et d'autres fois sons toutes les deux, s.iivanl les
dilTérenles circonslances. 277
Chap. VI. Des lemps aUcctés à la comn»iiiioii des
fidè'es. Variété de discipline sur ce poim 282
Chap. ML Que du lemps des apôtres O'. ne rece-
vait l'Eiicharisiie (|u'après un repas noirtiné agapc.
De l'ordre qui s'observait dans ce repj-%. En quel
temps on a fait une règle de commuiV"?r à jeun.
De queliiues autres dispositions pour O'niinunicr.
Sévérilé avec la(|uelle on punissait d>MS l'Église
el on punit encore à présent chez les Ondula iix les
irrévérences qui se commeltenl coiitr'* le S.icra-
ment d'Eiicharislie. 288
Chap. MU. Des divers usages de l'Eucharistie chez
les anciens. Les évêipies se l'envoyaitiit les uns
aux autres en signe de communion. On en réser-
vait du sacrilice piécédeiil pour le siiivaiu. .\ Rome,
le Pape l'envoyait à toutes les églises tilulaires.
On laporlait dans les voyages pour servir do
sauvegarde. 295
Chap. IX. On continue de parler des divers usages
de l'Eiicliaristie. Elle étail réservée pour être c<u»-
sommée par les prêtres el même par les évê(pies|)en-
daiit les (|uaranle premiers jours de leur ordination ;
pour la communion des morts, pour être enterrée
avec les morts. On s'en servait pour souscrire la coii-
damiiatioii des hérétiques, pour découvrir les vols,
pour la (léJicace des églises. 501
Cliap. X. Du lieu el des vaisseaux dans lesquels on
réservait rEucliaii^tie, tant pour la communion des
malades (|ue pour la plupart des usages dont il a
été parlé d;ins les deux derniers chapitres. 303
Cha|)itie XL Dans letpiel il est parlé des fêles insti-
tuées en l'honneur du Très-Sainl-Sacremeni, et en
"particulier de celle que nous nommons la Fêle-
Dieu. 315
Chap. Xil. Procession du Saint-Sacrement. Que celle
qui se fait aujourd'hui ii la Fête-Dieu ne s'y faisait
jias an commenecMnenl. Que néanmoins il se faisait
de ces processiiuis avant rinstitution de cette fêle.
De la procession du jour des Hameaux, etdecellede
Pàcpies. 319
Chap. XIIL De l'exposition du Saini-Sacrement. De-
puis quel temps elle a commencé à se faire. On
parle ;i celle occasion des oslensoires transparents,
de leur antiquité, et de leurs diverses formes. Des cé-
rémonies principales auxquelles on expose bîSaint-
Sacreiiient ; el en particulier des prières des (jua-
raiite heures, dont on recherche l'origine el les mo-
tifs. Des règles (]u'il faut garder dans l'exposiiion
diiSainl-Sacremeat. 325
Cliap. XIV. Dans lequel il c.n parlé de la dévot'on
au Saint -Sacrement, el en parliciilier de la Confré-
rie du Saint Sacrement, el de l'intenlion de ceux
qui l'oîDérigéc, et de ceux qui y sont entrés les pre-
miers. Pensées judicieuses de M. Thierssur cela. 33*
Chap. XV. De qui'bpies usages abusifs do l'Eiiclia-
risiie, el en particulier de ceux qui ont élé iiilro-
diiils dans ces derniers temps. Du soin qn'on^eii
les prélats de les siqiprimer. 337
Appi;mii(;'". 34-3
Histoire du sacremknt nr, i. v Pi;\it>^nt.e. 347-348
i Sectio.n première. De ranlorité'de l'Église pour re-
VùQO
INDtX RERL.M.
1570
meUrc les pccliés, et punir les pécheurs qui ont
violé 1;> saiiilelé de Iimii' I5aptéiuc. ôiî)
Cliapilic promitT. Des liéréliiiuos (|ui se sont elTorcés
(le (lélriiii'c ou tPallaiItlir la puissance que Dieu a
ciiiiiiiée à sou Kijiise de ri-iiiollie Its |»rcliés. Ibiil.
Cliai). II. Que la rii;ucur dont (pioNpies églises oui usé
' aueicuutMuenl àl't-gardc dc-iorlains pécheurs, à (jui
ou rclu^ail la eouuuiiniou, nièuic à la niorl, u'a
rien (le coiuuiini avec les erreurs des Monlauisles
el des Novaliens. ô.'iS
Clia|). III. Le lor ecelésiailicpie nVlait point aulre-
l'ois divisé eu deux cnniuic aujourd'hui. Quelle était
sou éleudue. (iouinieul les priuees Tout aiiguu'ulé
ou diuiiuué eu dilléreuU leuips. (ie (pii y a donné
occasion. Ku (juel leui[)s il a été divisé en l'or in-
térieur el extérieur. 5Gi
StcriON SECONDE. De la confession des péchés el de
ce (pli y a rapport. 571
Chapitre premier. Qu'il arrivait (]ucli|uefois dans les
pieiniers siècles de TÉglise (pie ceux (|ui étaient
touchés du regret de leui' tantes, conlessaient inéuie
pul)li(pieuicut leur péchés secrets. Devant (jui se
faisait la coiiléssidu luihliipie. 57:2
Chap. 11. Quels lenipéranienls ou apportai! dans la
ceuléssioii puhliipie des péchés secrets. Quand la
prati(pie de les confesser publiquement a ce.-sé dans
les églises d'Orient et dans quel te.nps elle a éié
abolie en Occident. 577
Chap. m. Dans les premiers siècles de l'Église ou
punissait plus sévèrement ceux qui étaient convain-
cns de péchés, s'ils ne s'en étaient accusé-» eu\-
inèines. O.i regardait comme un devoir de déférer
à révè(|ue ou au prêtre celui ipii était lombé dans
quelque faute considérable. Que faisait le pasteur
si ctîlui dont ou lui avait déféré le ci ime n'eu vou-
lait point convenir. 584
Chap. IV. Cuuliiiuation de la même matière. Que la
coutume de déférer les pécheurs aux é^èques i taux
prêtres s'est conservée trea-longtemp^ dans l'Église ;
qu'il en reste encore cpieiqucs vertiges aujonidhin.
Du sceau de la confession sacramentelle. Ô^'J
Chap. V. De la manière de se coulésscr chez les an-
ciens, tant eu Occident i|u'en Orient De la posture
du pénitcnl en ccttte occasion. De ce(|ui se pratwiue
encore aujourd'hui chez les Git es et autres Orieii-
taiiv. La Coiifessiou abolie painii les Coplites d'E-
gypte etaulres |»euples d'Orient; en ipiel temps s'est
fait ce changemeiit. 5*JG
Chap VI Du leinp:;, du lieu et des circousiances par-
ticulières dans lesipielles se faisait la CDulessiou des
péciiés cliez les anciens, et encore à présent chez
les ciiietiens orieii'.aiix. Coufessiou à la mort; com-
ment elle se faisaii. iOo
Chap. Vil. A (pli se laisait la confession des péchés,
tant à l'ordiiiaire cpie dans le cas de nécessité. Que
les moines ont été aiiirofois employés à entendre
les coufessions. Des coiilé-siciis des princes et des
absoluii(ins réservées aux papes et aux évè-
ques. ilo
Chap. Vlli. Que le droit d'entendre les confessions des
lideles n'aiipartcnait pas autrefois a tous les prelies
indilléremiiKMit. Quels sont ceux à ipii il appartient
principalement. Conleslatioiis survenues à ce su,el
entre le cierge séculier el les religieux iii.ii-
diauts. ii'3
Chap. IX. Des coufessions générales el par écrit. Que
cellrs-ci ont été défendues. 455
Chap. X. liègles (pie suivaient les confesseurs dans
riiiiposilimi de la l'énilence. Des livres penitenliaiix
qui étaient antrelois eu usage ; en ipioi ils dillér.iieut
des canons el des Sacramenlaircs. (^c que c était,
etc. 410
Sectio.n TROiiiiÈME. Dc l'actiou de la l'énitence, ou de
la Uiscijiline extérieure ipi • l'Eglisi' a observée de-
puis les (iremieis siècle- jusipi a |)reseiit à l'égard
des pécheurs, laui clercs (jue laïques, pour les gué-
rir des plaies du péché, el les punir des fautes com-
mises depuis le haptêuic. 449
Première p.irlie conleuaiit diverses observations sur
diili'ieiits poiiiis ,U: la discipline de la Pénitence qui
était en us:ige dans les premiers siècles de l'Kglise,
et siiiloiit de|iuis les .\potres jnsqu'.iiix hi-résics dc
Mont III et de Novat, des maximes sur la Pénitence
reçues en ces temps là, cl de (pielle m.anièiv ou se
(■(Midnisait dans tes premiers siècles envers les
piiclii'iirs. 450
CliajMire premier. Des motifs qui engageaient les pas-
teurs de l'Kglise à user de rigiienr eiivcis les pé-
cheurs, et les peuples à se soiimcllre à la sévérité
de la discipline établie' dans les premiers siècles.
Ibhl.
Chap. 11. Que chez les anciens et avant riiérésie de
iSoval on n'employait (pic trois sortes de peines
pour la punition des péchés, dont deux sciilemcnl
avaient nu r.ipport immédiat au sacrement de Peni- ,
tence. Que les noms des dillé-renles sli'tioiis de la
l'énitence n'élaienl pointe. 1 usage avant cette liéré-i
sic. Que les clercs éiaii.'ut déposés pour les mêmes
crimes pour lesquels les lai(pies étaient mis eu pé-
nitence. Des peines imposées pour les moindres
fautes. QiK^ les piètres pouvaient imposer celles-ci
sans consulter l'évèijue. i.'JG.
Chap. III. Que les pécheurs deiuiindaieiit et recevaienl
la Pénitence dans un appai'eil lugubre. De ipielle
manière l'évéque ou le prêtre la leur imposait. i(J5
Chap. [V. Q;ie dans les premiers siècles de l'Eglise la
réconciliation des pécheurs n'élail sé|iai'ée par au-
cun espace dc lemjis de la participation à l'i.ucha-
rislie. i70
Chap. V. Qiia les anciens Pères divisaient les péchés
en trois classes; que ceux de la première classe
étaient soumis a la pénitence pnbli(|ue. Comment
on satisfaisait à Dieu pour les autres. Que plusieurs
aiilrelois embrassaient la pénitence publique par
dévotion. Queliu idée on avait dc sa vertu et dc
Son utilité. 472
Chap. VI. (Jue les péchés soumis à la pénilence ca-
iio!ii(jue s'expiaient publiquement, soit([u'ils lussent
secrets ou publics, avec cette dilléreiice que les pé-
cheurs publics cl scandaleux, aussi hit;n (pie ceu.\
qui éiaient juiidiipiemeiil convaincus de (rimes,
étaient contraints (le s'y soumettre par l'excomimi-
nication, au 1 eu que ceux (pii n'avaient jiéché ([u'en
.'-ecrcl ne pouvaient y être contrainis , sinon j,ar le
refus de l'absolution. Que l'Eglise punit encore au-
jourd'hui publi(|ueinent les péchés cachés. 481
(^h.i|). Nil. Que dans les premiers siècles on n'accor-
daii (pi'une seule fois la pénitence publique pour
les grands péchés, non plus ipie la léconciliation so-
lennelie ; adoucissement de celle discipline; jiisipi'à
quand elle a duré. .i[H
Chap. Mil. Indulgences dont usait quelquefois l'Eglise
primitive envers les pécheurs pé.ileiits. Libelles
des martyrs. Egard que l'on y avait. Ilauie idée
que l'o 1 avait de leur crédit aupivs de Dieu; chi-
mères de Dodwei sur ce pouvoir. .Vbus de ces li-
belles. En (piel ICiiips ils ont commencé, et ipiand
ils ont cesse .i'j'J
Seconde pai tic. De la discipline de la Pénitence ob-
servée dans rEgii->e depuis l'iicrésicde Xoval, c'est-
ii-dire, de|>nis iiiviron le milieu du trois. ènie siècle
jusipéa la lin du septième, et eu particuliei- de la
pénitence des i lercs. 50U
Chapitre prenijer. Desipiaire stations de la Pénilence
en g(''iiéial; ijuand elles ont commencé ; daus(|uel lie:
éiaient |. lacés les pénitenls dans l'église ; descri(ilioii
abixvée des anciennes églises. Ibid.
Chap. II. De la première station do la l'énitence, ou
d s pleurants. Quelle était la place ipii leur elail as-
signée; ce ipi'ils y faisaieni Quand celle slalion de
la l'énilence a éic élablie dans l'Eglise. 512
Chap. III. l'e la secoiuli; classc des lenilciits, ou dos
auditeurs. Quelle ctail leur place dans les assem-
blées de l'église; à quoi ils éiaienl obliges. Dauf
JÔ7I
INDEX REUUM.
1572'
(luol (omps colle station a commence; qu'elle émit
iH'ii {■oiiiiiic eu Occiclont coiiime faisant p:irlic do
la Péiiilc'iiee. 516
Cliap. IV. De la troisième class'^ des pénitents ; (|i!clle
placo ilsoceii|iaieiil dans lï',^liso. Courte dii^ressiou
à ce sujet sur les piii)iues ou auibons. (Quelles pei-
nes élaieiit iujposées à ces iiénitcnls. De riiUj.osi-
tion des ma US , cl de la piière que l'on l'aisail sur
eux dans les assemblées (udinaires de l'Eglise. ')11)
Cliaj). V. Ue la quatrième cl deruièro station de la
Péuileuee; en (pioi elles cousislaictu. Qui élaieul
ceux à qui elle couvenail. Etaienl-ils mêlés iiidi-
slinclemeut avec le reste des lidèles dans l'église.
52 (i
Cliap. VI. Qu'on n'obligeait poiul toujours ceux (pii
avaient commis des péchés soiunis à la péuileuee
canoni(pie de passer par tous les degrés de cette
jiéuiteuce. Que l'on passait souvcul d'un digié à
l'autre en omotlanl l'inlermédiat. De quelle ma-
nière on punissait ceux qui abandonnaient la pénj-
Icnce qu'ils avaient commencée. 551
Cliap. Yll. Quelle dillérence ou nu'tlait autrefois entre
ceux qui s'étaient soumis à la pénitence pnbliipie
pour des péchés scandaleux et connus puiiliiiue-
menl et ceux qui s'y étaient soumis pour des 'pé-
cliés secrets. Que les premiers élaicnt iniiahiles
dans les sept premiers siècles à recevoir les sa.iiiîs
ordres, et à en exercer les l'oncîions après les avoir
reçus. '^i^-i
Cliap. VIII. Que la péuit: ne • publique avait des suiley
par rapport à In vie civile dans la plupart deség!,-
ses d'Occidcnl. Que les emiilois de la guerre sur-
tout, les magislraliircs cl le négoce éie.ienl iiucidits
aux pénitents publics, aussi bien (juc l'usage du
mariage à ceux (\m l'avaient contracté, el la faculté
d'eu contracicr de nouveaux. Tempéraments rpic
l'on aiq)()rlail de temps en teuqis :'» celte disciplii.e.
Qu'elle n'a jauu\is été observée en Orient. Quand elle
a commencé eu Occident, et (piand elle y a cessé ,
cl conunent. ^'^^
Cbap. IX. D'une espèce de iiénitence, partie se .rète,
partie publiipie, (pu devint en usage dans l'Kglise
vers la lin du cimpiième el durant le sixième siè-
cles. 5.0
Cbai". X. De la pénitence des clercs tant majeurs que
mineurs. Que les uns el les autres oui été soumis à
la iténilence publique pendant les ircis prenii;::s
siècles. Que depuis les clercs du premier ordre en
ont été di^pen^és, mais que la même discipline a
continué- d'avoir heu à l'égard des clercs iniérituns,
au moins pour les grands crimes. Que les moines
et les religieuses n'ont point été distingués en ( e
poii;t des simples laiques. Diverses particulaiilés
loîicliant la iiéniience de ces derniers. i'.oO
Cli;;p. Xi. Que les clercs déposés pour crimes ne pou-
vaient, après avoir accompli leur pénitence, rentrer
dans l'exercice de leurs ordres. Adoucissements
qui; l'on a apportés à cette rigueur, surtout à l'é-
!;ard des hérétiques qui revenaient à l'unilé. Com-
ii'.ent cl par quels degrés on s'est relâché de celle
discipline. En quel temps elle a été enlin presque
ciilierement abolie. 558
Troisième partie. De la discipline observée dans l'E-
! ;!lise, depuis la lin du septième siècle jusqu'au dcu
xième, tant à légiud de la pénitence secrète que de
h 1 éaitence publitpie. Slio
Cîiapiiie premier. Que vers la fin du septième siècle
où commença à suivre la maxime de n'imposer la
I ('>!:itcnce publique que pour les iiécbés publics.
Que le noml)re des pénilenis publics depuis ce temps
ne laissa pas d'être fort grand ; (m'on les distinguait
fa'eiiemenl du reste des lidèles. Avec (piel soin les
évèqucs s'atlacliaieul à découvrir les coupables et
à leur faire subir la pénitence. Ibid.
Cliap. ii. Que Ton contraignait les pécheurs publics à
subir la pénitence en deux manières': 1" par l'ex-
coimnunicalion; 2° par la puissance séculièvft Jus-
qu'où allaient CCS deux espèces de contraintes. Des
rits publics (pii s'observaient dans l'action de la pé-
nitence , ou des dilléientes stations qui étaient en
usage Eu (pioi ces rits didéraienl de ceux qu'on
obsei'vait dans les sept |ncmiers siècles. 560
Chap. ill. A cpielh^s austérités élaient assujétis les
pénilenis pendant les huit, neuf cl dixième siècles.
De quell ; manière on distribuait alors les dilf<'Tcntes
espèces de peines dont on cbâliail les pécheurs.
Que la discipline de ce temps ne cédait point en
sévériîé à celle des six ou se|,i premiers siècles à
l'égard de la pénitence publique. 575
Chap. IV. Que cette sévérité a continué pendant le
onzième siècle. E\einples remarquables de péni-
tence imposée dans ce temps-là. Diverses observa-
tions. 573
Chap. Y. Diverses manières de faire pénitence publi-
que inconnues aux anciens , comme la flagellation
volontaire, les voyages , les pèlerinages et la pro-
fession monaslique à laquelle on condamnait les
coniialdos. Origine el progrès de ces nouvelles cs-
pè es de pénitences. Plainte des évèqucs contre les
fréi;:ieiits voyages des pénitents à Rome. 587
Clirp. Ni. ?)es dinérents carêmes que l'on faisait ob-
server aux [îénitênls, et de ce qu'on leur y prescri-
v;iit à faire tant en public iju'en particulier. Diver-
ses observations sur dilléreiils usages qui ont rap-
p u't à celte matière. 50-4
G!:ap. VII. Que l'on imposait aux pécheurs les mêmes
peines pour les péchés seci'els (pie pour ceux qui
élaient notoires, à l'excepliou de la solennité. Com-
ment et en quel Icmps on s'esl relâché sur ce point
de discipline. 508
Ch.ui. V!!!. De l'action de la péniîence chez les Grecs
er les autres communions orientales , dejuiis le
sixième siècle juscpi'à présent. 603
Article premier {)u(i les anciennes stations el céré-
n;o ies delà pénitence élaient presque abolies avant
le cplième siècle dans l'Eglise grecque; que néan-
n:(si!is les |é;ii!enccs y étaient longues et rigou-
reeses, cl le sont encore à présent; (ju'on ne donne
la commuuioi) ([u'après la pénitence accomplie, au
moins en partie. Des doux absolutions qui sont en
us ge chez eux. Ibid.
Art. !:. De l'étal de la disciidine de la Pénitence dans
les ."Ulresconmiuniiiiis orientales, depuis le sixième
siècle jusqn''à ces demiiMS temps. 611
^"'atr.ème pai tie. Par quels degrés et par quelles oc-
cac:; !>.s la discipline; de la Pénitence s'est rclàclice
dcj uis i-T {"udii on/,ième siècle jusipie vers le milieu
- du Ireizicuv. Etat de la pénitence dans le douzième
el U licizième siècles. 617
Chapitre premier. Idée abrégée de l'état de h. péni-
iciKo canonique dans ces temps-là, el des occasions
qui ont donné lien à sa décadence. 618
Chap. il. Du rachat des pénitences, première cause
de rairaiblissemenl de la pénitence canonique ;
quand il a commencé; combien il devint commun;
dilférenles manièies de faire ce rachat. ' (ii't
Chap. 111. De la seconde et de la troisième causes de
la clutede la pénitence canonique, savoir : la croi-
sade et la remise des peines canoniques, qui se lai-
sail nioyennanl que l'on contribuât de ses deniers
à quelques ouvrages pieux. 627
Chap. IV. Sentiments des docteurs scolastiqucs , fa-
vorables aux changements arrivés dans la dijcipline
de la pénitence dans le douzième el le treizièine
siècles. 652
Chap. \\ De l'état de la pénitence, tant secrète (pie
publique, dans les douzième et treizième siècles.
655
Skction quatuièmk . De l'absolution ou réconciliation
du pécheur. Comment, en quel t(Mnps cl avec
quelles cérémonies on l'a aceordéi; dans tous les
temps dans l'Église. De sa vertu, et dos elfels (jifeUe
produit dans les âmes. 6-0
[ i Cl>wsiUi-» 'Wicmicr. De la vnanière doiil on a donmi
l'573
INDEX RERtM.
V61t
1 abî:4>!cîioii depuis le coinmoncomcnt -do l'Église
jiisqn';^ prdsciil, lanl en Occident qu'en Oiiciit.
^iie jn-qu'au Ireizièmesiècliî cela s'est lait |iarri(ii-
liosiùon des iiiain-> et la |iiiort;. (!liaii;;('iiiciil ariivé
sur ce point. Que les Grecs et lis Oi ienUiiix ont
gardé l'ancienne praliipie. Que la tbrnuile di; l'alj-
snhilidii de r(!XC(»nnnunicalii)n clail iiiénie aiilre-
Tois depr(''cal()ire, elc. (i."!)
Cliap. 11. Que la récnncilialion des pi-iiilcnts piddics
se faisait pendant la messe puliliipie, en présence
du i)enple qui joignait ses piiercs an\ leurs pour
obtenir cetU! grâce. Q(u; la récon( ilialiou secrète se
faisait d'mdinaire après la messe privée. Variélé
sur ce sujet. (iiS
Cliap. Ili. Knipud temps de l'année se faisnlllaréeoiici-
lialion des pénitents ; (pi'elle ne se taisait |ias par-
tout en même jour, et (jn'on n'y admettait au jour
«lésigné que ceux ([ni s'était ntac(iuiliés louablement
dt! leur pénitence. Que ceux tpii n'élaieul point
en l'énileiice pubUipie étaient lécoiiciliés eu tout
temps , etc. Gi8
Cliap. IV. Des cérémonies qtie l'on observait dans la ré-
conciliation |inbliquedn Ji'udiSaint: il reste encore
à présent des vestiges de celle ancienne pratique.
De la réconciliation secrète tant chez les Grecs
que chez les Latins , etc. 055
Cliap. V. Par qui se faisait la réconciliation des pcidlents,
tant secrète (pie puhlnpie. Que cette dernière était
réservée aux évcipies. Que dans l'Église d'AI'ri(ine,
du lemiisdeS. Cyprien, le clergé imposait les mains
conjointement avec l'évèciue; que cette pratique a
peu duré. Que , da s la suite, les piètres ont récon
cilié publiquement les pécheurs, même hors le cas
de nécessité. 059
Cliap. M. Delà vertu et des effets de l'absolulion. De ce
que les Pères ont pensé là-dessus. Dillérentes opi
liions des docteurs de l'École sur ce sujet. De leur
embarras pour concilier les effets de l'absoli.tion
avec les dispositions requises pour la rece-
voir. (J()l
Cliap. MI. De la réconciliation des hérétiques. QnelÉ-
glise a toujours agi aulrelois avec eux avec beau-
coup de douceur, sinon en certains cas. Quels sont
ces cas. Kaisons qu'elle a eues pour cela. Que celle
réconcilialion se faisait surtout en irois manières.
Excejition en faveur des hérétiques ordoimés que
l'on recevait dans le clergé cl comme dans le rang
fju'ils y occupaient auparavant. (iOi
Cliap. Mil. Delabsolution (humée aux pcuilenls mala-
des. Diverses particularités touchant la pénilence
qui leur était imposée. Que du temps de saint Cy-
prien l'absolution qu'ils recevaient mettait lin à leur
pénitence. Qu'ensuite on les relégua d:ins la classe
des consistants. Qu'entin on les obligea à lenircr
dans la station de la pénilence où la maladie 'es
avait surpris. 675
Chap. IX. Que l'absolulion se donnait .lulrefoisàceux
même (pii , par maladie , étaient privés de l'usage
des sens ou tombés en démence. Des ccuiditions
(pie l'on exigeait pour cela. Plusieurs scholaslitpies
ont des opinions lr(»p dures sur ce sujet. G80
Chap. \. Qnel'on ne conimnni(piait i)as autrefois avec
les i)énitenls morts sans avtsir re(;u l'absolulon,
surlout dans l'Église romaine. Qu'on a ensuite mi-
tigé (Cite rigueur En ipiel lein|)S. De la condain-
nalion et dt; rabsolulitm d(!s morts. Quand t Ile a
commencé dans l'Église. \a\ i\\un elle consisle. De
quelipies absulutions extraordinaires et peu usi-
té(>s. G8.J
AlTI.NDUE. (iUl
Les trois Lellres canoniques de saint Basile, évètpie
dt! (>ésarée, en Gappadoce, tradinles de nouveau sur
le levle original de la dt'rnière édiiion. (J92
rremière Kpilre canonique ailressée , aussi bien que
les deux autres, à saint Anipiiiloquc , évéi]ue d'I-
cone. //'/(/.
Seconde Éj>ilrc c^noiiiqtîc de saint Basile. 097
Troisième L|)îlre canonique de saint Pasile. 703
L'ancien F'(;nileiiliel romain , publié ' ar llalilgaire
éveqne de Cambrai , à la prière d'Ehon , archevè-
(|ue d • Kcims, et inipii i é pour l:i lucinière fois par
les Soins (le doin lln.Liues .Ménard, sur un manuscrit
d'environ cin(| ( cnts ans, mais (pu; le P. .\lorin ,
(|ui l'avait vu , assure avoir élé copié d'apri-'s un .in-
tii! beaucoup |iliis ainieii. 712
Extiaits ilini nm im l't'nitenliel (r.\ngors. 721
Extrait du Sacrameiilaire de Gélase , qui représente
la inaiiicre dont on faisait la n'c nciliation pnhli-
(pie des péniteiils le jour du .budi-Sninl. 727-728
Extrait d'un manuscrit de l'ét;lis(î de Koiien, (pii a
plusdehnil ctints i^ns d'anli>|nilé , dais le(|uel sont
décrites les cérémonies et les prières avec les-
quelles se faisait la réconciliation secréle des itéiii-
lenls. 731
Statuts synodaux de Wary de Dtimnv.irliii , évèipie de
Veidiin, publiés, en j'an 1508, dans son Synode
diocésain. 753
lIlsTO tu. nu S.VCnF.MENT D'ExTnft.ME-O.NCTIO.N. 717-748
Cha|)itie premier. Des lits et foiimiles dt? rE.\lièiiie-
Ciiictioii , i;inl (liez les anciens (pi'à présent chez les
Oiieiitanx, leur variété n'einpéci c j-as (|ue la chose
lut Soit la même dans W. fond. On léfuie en peu de
mots le ininislrt; Daillé , (jui làcht; de persuader
qu'elle n'est point un des sacrements institués par
Jésus-Glirisl. Ibid.
Ch:ip. II. Diverses particularités touchant rExtrème-
Onclion. Elle se donnait (rdinairemi'iil avant ie
viali(p!e. Jusqu'à quand cet us:ge s'est conservé.
Elle se donnait (pu l.juelois pend. ml |)lusieuis jours
consécutifs. Sentiment des premiers docteurs sclio-
lastitpn s sur la iéiléralion de ce sacrtMiienl. loG
Chap. III. Où l'on ctiiit.nuede parli.'rde(pieltpies paiii-
cularilés ipii coi cernent l'adininislration île l'Kx-
trèmc-Onclion. L'on (iécouvre les sources d(; l'abus
qui s'est introduit d'atUindie à l'extiémilé à recc-
cevoii ce sacrement , et Ttin représente le détail
des cérémoiiies dont il était accompagiié ancienne-
ment. 700
Chap. IV. A qui et par qui le sacrement de l'Exlrème-
(înclion doit être conféré suivant l'esprit de lE-
glise. On justifie les Oiienlaux de l'erreur qu'on leur
impute sur le sujet de ce sai remenl. 704
Chap.V. Des martpiesde pénilence (pii accompagnaient
la réception du sacieinent de l'onctitui des malades.
En tpioi elles consistaient. Justpi'à tpiand l'u.-age de
la cendre et du cilice dont on coiiviail les malades
s'est conservé, et qui sont ceux tini tmt le plus con-
tribué à l'abolir. 70S
Api'KNDici:. 77o
Livre di.lxièmi:. — Histoire des sacp.ements de l'Or-
DI!E ET DL M.VRIVGi:. 781-782
De L'OiuiaE, ou des ordinations sacrées cl des divers
degiés de la hiérarch e ccclésiasti(iue. Ibitl.
Première partie De ci; qui pié(édait rortiinatiou des
niinislres sacrés. Des élections cai;oni(iuesdu temps
de rordinalion ; de làge des ordinaiils ; des bonnes
ou mauvaises ipialilés qui les rendaient dignes ou
indignes de recevoir les ordres. Du choix cl de
rordinalion des clercs inférieurs, el des tievoirs al-^'
tachés à leurs ordres. Du clntix el tie l'ordinalion .
drs clercs i.lcrieurs, et des devoirs atlacliés à leurs *
oitlres, etc. 78i
Chapitre premiçr. Du nomlire el de la disliiiclion dc's
divers t>i (1res, tant en Orient (pren Occident; de la
dislrihiiiitin des orilies sacrés; de ceux à (pii oi«
irallrihiie pas ( e lilre. De|)uis ipianti le sous dia-
conat a t'-lt" uns au nombre des oriires sacrés. Ibid.
Chap. II. Des ministres infeiiecrs de l'Église; de la forme
de leur ordination ; desdevt>iiN ait (liés à leurs or-
dres, el de la tlillérent e (jii'il y avait eiilie la ma-
nière de (oiiferei Ics i itlies inii.enrs chez lesGiecà
et chez les Latins. D'où peut venir cette diffé-
rence. 789
l j Chap. lu. De la lonsurc cléricale. De sou antiquité; d^
1575
INDEX ixc-ivUM.
157G
SCS fiptuivs en divers lonips et en divers lieux.
Qu'anircfois elle no se donnait pas sépaiénionl des
ordn-s ; quand et à quelle occasion la coulunic con-
traiie s'est introduite. 7'JG
Cliap. IV. De? qualités que devaient avoir ceux qu'on
élevait aux ordres sacrés, et des dél'.iuts dont ils
devaient être exempts. On ne faisait pas ancienne-
d'ordinalioMS vagues. 805
Cliaj). Y. De Tàge requis pour recevoir les ordres sa-
cr(;s; des interstices que l'on gardait entre les or-
dinations. De l'oinissioii de certains ordres , qui
n'empêchait pas que la promotion à un plus haut
degré ne fi\l oanoniipie. Pourquoi. 809
Cliap. M. Du temps et du lieu aux(iuels on célébrait les
ordinations. 817
Cliap. Vil. Delà promotion desévê(pies , ou de la ma-
nière dont se sont laites les élections de tout temps
dans rÉglise. 8i20
Article premier. Des élections des évèques dans les
ciii I on six premiers siècles de l'Église., 821
Art. II. De ce qui s'est obi^ervé dans l'Église tou-
cliaiit les élections des évèques, depuis le sixième
siècle jusque vers la lin du onzièiue . 828
Art. m. De ce qui s'est passé dans l'Église au sujet
des élections ou promotions des évèques . depuis la
lin du onzième siècle jusqu à ces derniers temps.
Du serment que les évèques prêtaient avant leur
sacre. 834
Cliap. Ylll. De l'élection des prêtres et des diacres. Que
le peuple y prenait part dans les premiers siècles.
Il est resté des traces de cette discipline. 8i2
Seconde partie. Des rits et des formules des ordi-
nations tant des évèques que des prêtres et des
diacres. Diverses questions qui ont été agitées sur
cela. 8i7
Chapitre premier. Des rits de la consécration épisco-
pale dans l'Église latine. On làclie d'y découvrir l'o-
rigine de cliacune des cérémonies (pii s'y pratiquent
à présent. Des ordinations des évèques d'Angle-
terre, ibid.
Cliap. 11. De quelques autres cérémonies qui s'obser-
vaient dans quelipics églises, tant devant (pi'apres
la coiisèciation. Solides instructions que l'on don
liait au iiouve! évècpie. 852
Cliap. 111. De roidinalion des évèques chez les Grecs et
les Oiienlaux. Abus intolérables des Nestoriens au
sujet de l'oidiiialion de leur |»alriarclic. 858
Cliai». IV. D s rils de l'ordination des prêtres ; on
délerinine 1(î temps auquel ciiacun a commencé , cl
en parliculier l'onction (pie l'on a faite tant aux prê-
tres (pi'aux èvèipies, dans leur consécration. 809
Cliap. V. De l'ordination des diacres. On parle à cette
occasion des diaconesses , de leurs fonctions , de
leur inslilution et du temps auquel on a cessé de
les employer dans l'Église. , 872
Cliap. VI. Que l'on n'a jamais cru dans l'Église de-
voir réitérer les ordinations canoniques. Dilfé-
rente conduite que l'on a tenue , et embarras où
l'on s'est trouvé en certains temps par rapport
à celles qui ne l'étaient pas , ou (pii avaient élé
f liles par des intrus, des excommuniés et des liéré-
Tupie.-;. 882
Cil ip. Vil. Que les évèques ont eu de tout temps ,
l)iivativemenl à tout autre , le pouvoir de conférer
les ordres majeurs. Règles qu'ils devaient suivre
dans l'exercice de ce pouvoir, comme de ne point
faire d'ordination hors de leurs provinces, de n'en
point faire seuls et sans être assistés de quelques-
uns de leurs confrères, etc. 89-i
Troisième partie. De la distinction des différents
ordres , et de la subordination des ministres de l'É-
glise les uns aux autres. 902
Chapitre premier. I-a distinction de l'épiscopatavcc la
prèlri.-^e, et la supériorité des évèques sur les piè-
tres, vicul de rinslitutioii divine cl aposloli(pie.
On répond à quel({ues diflicuUés qui se présentent
sur celle inaiière. Ibid.
> Cliap. 11. On continue à parler de la înèma matière,
et on fait voir que jamais les égli-es n'ont été
gouvernées |)ar un sénat de piètres revêlua
d'une ég.de puissance, mais par un seul évèquc.
On explique eu peu de mois les dillérents sen-
timents des docteurs scholasliques sur le mémo
•sujet. 910
Cliap. 111. Des cliorévèques et de leurs prérogati-
ves. On examine s'ils étaient véritableineiit evè-
qnes. 917
Cliap. IV. Du temps auquel les, cliorévèques ont
commencé à paraître dans l'Église. Quand et
comment ils ont été abrogés. Des évètpjcs des
monastères. 925
Chap. V. De la subordination des évè(pies les uns aux
autres. On recherche l'origine des mélioiioles ec-
clésiastiques cl des principales dignités de l'église
primitive. 932
Chap. VI. Des principaux évê pies par qui les églises
d'Orient étaient gouvernées ; des palriarclies, des
exarques, etc. (>liaiigenients arrivés par l'érection
du patriarchat de Conslantinople. Du Catholique
des Nestoriens ; prodigieuse étendue de sa juridic-
tion. 942
Chap. VII. De l'origine des divers primais dans l'É-
glise d'Occident ; qu'à l'exception d'un ou de deux,
ions les autres sont récents. De ce qui y a donné
lieu. Ancienne forme du gouvernemeiil des églises
occidendales. 949
Chap. VIII. Comment, par quels degrés, en (piel (enips
le palliuin est devenu commun en Occident à tous
les métropolitains, et l'exercice de la juridiction ar-
chié|)iscopale y a-l-il été ailaché. 955
Chap. IX. De l'origiiie du palliuin. De sa forme an-
cienne tant en Orient qu'e.i Occident, cl des préro-
gatives dont jouissent dans l'Église latine les sim-
ples évèques cpii en étaient revêtus. 905
Ch.p. X. Des archiprêlres , de leurs i)rérogalives
dans les difléients temps. Comment ils ont été
dans la plupart des endroits assnjétis aux archi-
diacres ; rclraiichenicnl de leurs pouvoirs. 971
Chap. XI. De l'origine des archidiacres, de leur pou-
voir cl de leurs fonclioiis. Comment ils se sont
élevés au dessus des prêtres. Changenienls arrivés
à cette occasion dans l'ordre hiéraichiipie. La di-
gnité d'archidiacre éteinte depuis longtemps dans
l'Église romaine. Le pouvoir des archidiacres fort
borné dans l'Église grecipie. 979
Cbaj). XII. On coutimie à parler des pouvoirs des
archidiacres, qui, de délégués des évèipies , exer-
cèrent ensuite une juridiction ordinaire, et s'appro-
prièrent même le pouvoir des prélats. Llforts (jue
ceux-ci ont laits pour revendiquer leurs droits. Pré-
rogatives qui sont restées aux archidiacres. 987
Chap. Xlll. Du changemenl arri\édaiis l'ordre hié-
iarclii(pie chez les Crées. Des ofliciers du patriar-
che de Conslantinople, ilo>/.c<.-:(/./.aù.oi, et en parli-
culier du chartophylax ; de leurs fonctions et da
leurs prérogatives. 994
Chap. XIV. Des économes des églises tant en Orient
ipi'en Occident. De leurs fonctions, de leur ordre,
cette dignité est depuis longlemps abolie en Oc-
cident. Elle subsiste encore dans l'Église grec-
ci ue. 999
Chap. XV. Des défenseurs des églises , quand cl à
quelle occasion ils ont élé institués. De leurs
emplois et de leur condition. iOOô
Chap. XVI. Des avoués cl des vidâmes qui ont suc-
cédé aux défenseurs dans la plupart des églises
d'Occident ; de leurs diverses fonctions ; abus qu'ils
font de leurs pouvoirs. Ils sont abolis presque |)ar-
toul. 1007
Histoire du sacreme.nt de M\ni.\Ge. 1011-1012
.Chapitre premier. Observalioiis préliminaires sur la
nature du .Mariage. On parle en même tenq.s des
erreurs qui se sont élevées sur celle matière. Ibid.
Chap. H. Des riis et des cérémonies observées tant
4Î577 INDEX
engageaient, et de la pt-niienee h laquelle ils élaieiit !
soumis. 1058
Article premier. De l'estime que l'on a twO de tout
temps dans l'Église de l'élal de vidnité, et de quel
œil on y regardait les mariages rcilt'rés. 1039
An. II. De quelle manière on liailaii ceux qui con-
tractaient des seconds et troisièmes m.iriages. I»é-
nilence qu'on leur imposait. On leiw refusait la
bénédiction nuptiale. Changement de discipline
arrivé tant en Orient qu'en Occident sur ce sujet,
etc. lOio
Chap. V. De l'indissoluljilité des mariages. Abus sur
celte matière corrigés dans la suite. Il en reste
encore à présent chez les f.recs. 1050
Chap. M. De la nature dos empêchements de ma-
riages en général. Que la puissance ecclésiastique
et la séculière ont droit d'en établir d'irritants.
Usage que l'une et l'auire ont fait de leur pouvoir
en ce point. Différentes manières dont ces empê-
chements ont élé établis. 1058
Chap. Vil. Des empêchement» dirimants , de l'er-
reur, du crime, de la violence et de la condition.
Diverses particularités touchant les mariages des
serfs et gens de main-morte. 1067
Chap. YIII. De l'empêchement des vœux , tant sim-
ples que solennels. Différence de ces vœux, et de
la discipline de l'Église par rapport au mariage de
ceux qui y sont engagés. 1074
Chap. IX. De l'empêchement de l'ordre. L'on traite
en peu de mots à celte occasion du célibat des
clercs dans la primitive Église , et l'on montre la
différence de la discipline sur ce point, survenue,
depuis le cinquième siècle, entre l'Église d'Occident
et celle d'Orient. En quel temps les ordres sacrés
sont devenus un empêchement dirimant du ma-
riage. Des femmes sous-introduites ; l'abus sur ce
point confirme ce qui est dit dans ce chapitre tou-
chant le célibat des ministres de rÉglise. 1082
Chap. X. Des empêchements de la parenté, de l'affi-
nité el de l'honnêteté publique. 1089
Article premier. Jusqu'à quel degré la parenté natu-
relle a-l-elle élé un empêchement de mariage?
Diversité d'usage sur ce point. Sur quel droit est
fondé tant cet empêchement que celui qui résulte
de la parenté spirituelle et légale, etc. Ibid.
Art. II. De l'affinité et de l'honnêteté publique. Jus-
qu'à quel degré s'étendaient autrefois les empêche-
ments qui résultent de l'une et de l'autre. 1090
Chap. XI. De l'empêchement du rapt, et des diverses
peines dont on a puni ce crime dans les différents
iemps. L'on représente comment après avoir ri-
goureusement puni les ravisseurs jusque vers le
onzième siècle, on a été ensuite plus indulgent en-
vers eux. On parle à celle occasion des mariages
des enfants de famille, et l'on examine ce que les
anciens ont pensé de leur validité. llOi
Chap. XM. De l'empêcheme
celle occasion des conçu
TH. XX.
RRRl M.
1578
urvaudiie. liui
eut du lien. L'on parle à jl
dtines ci il > Iimm dilléronlf J
coniliiion dans les divers temps. Sur quoi est fon-
dé cet einpèclicmont. Pn'-caulions que l'on prend
pour que les règles saintes ne soient point violées
en ce poinfpar les hommes débauchés. 1010
Chap. XIII. I)»' renipècht'inont de la divorsilt- de re-
ligion. En (|uoi il consiste ; (piand cl coninicnl il
s'est établi. De ce qui s'observe dans la célébration
des mariages des catholiques avec les héréti-
ques, lil.'î
! Chap. XIV. De l'impuissance naturelle cl surna-
lurelle. De (|uel!e manière, on se conduiviit autre-
fois, el l'on s'esl conduit depuis, à l'égard de ce«x
qui en étant alleinls s'engageaient dans le mariage.
L'on parle en peu de mots, à celle occasion, du
mariage des vieillards, des impubères cl dos fem-
mes stériles. II 'il
Chap. XV. De l'empêchomenl de la (•land('>linilé.
Par qui, poin-quoi, et en quel temps il a été éta-
bli. Des mariages à la goniine, et de ceux que l'on
nomme de conscience. 1120
Chap. XVI. Des dispenses des empêchements de
mariages. Les anciens étaient ircs-réservés, quand
il s'agissait d'en accorder ; on s'est ensuite beau-
coup relâché sur ce point. Lethe de S. Ambroise
contre les mariages entre proches parenls. 1135
Appendice. 1143
DROl INVITA. 1151-1152
DE RE SACRAMENTARl.\ CONTRA PERDUELLES
IL'ERETICOS. 1153-1154
Pr.cf\tio. Ibid.
DE SACR.\MENTIS IN GENERE. 1161-1162
Qc,€STio PRIMA. De essenlià Sacramentorum. Ibid.
Caput primum. Exponilur catholicum dogma. 1163
§ 1. Quse et quoluplex vocis sacramenlum signifi-
catio. Ibid.
§ 2. Afferuntur et explicantur Sacramentorum novre
legis conditioncs. 1166
§ 3. .\ffertur et explicatur definilio Sacramentorum.
1170
Objectio. 1171
§4. De parlibus Sacramentorum. 1174
Objecliones. 1177
§ 5. Oslendilur maierias et formas Sacramentorum
à Chrislo esse delerminalas , ade6que immuia-
bilcs. 1179
§ 6. Proponunlurelresolvunlur quîedamquscstiones.
1181
Cap. IL Refelluntur pravœ hacreticorum de Sacra-
mentorum naturà el definilione senlenlia'. 1 190
§ 1. Refellimlur hx definitiones generalibus argn-
menlis. HOU
.\rg. 1 , ex Scriplnrâ. Ibid.
Arg. 2, ex tradilione. 1197
Arg. 5, ex consensionc universalis Ecclesia'. 1108
§ 2. Singulalime;edem definiliones ri'f.lluniur. 1201
r Sociniani et .\nabaplista-. Ibid.
2° Zuinglius. 1204
3 ■'.iilbcrani. 1203
;;o
<579
r caiviluis. isoe
Qu.€STio SFXUN'D.v. De Sacrainenlis tmn quoad sla-
luni inriocentix , tum quoad statum hgis natiinR et
Mosaica'. ' -1209
Caput primum. l'irùm in slntu iiinoceiitiie aliqiia
admittenda sint, aiit admilli valeant SacranieiUa.
Ibid.
('.ap. H. Ulrùm admiltere oporteat Sacramenta in
slatu legis naturœac Mosaicae , et quccnani ea fuc-
rint. 12! i
Cap. III, De Sacramentls legis Mosaicse. 1219
Qu.-ESTio TERTiA. De cxisteniiâ Sacramenlonim wo\x
Ic2;is.
1221
:i
Caput primum. Utrùm necessarium fuerit in nova
loge insliluere Sacramenta. Ibid.
Arg. 1 , ex condilione naturce lapsœ. 1222
Arg. 2 , ex divinrc Providenti?c suavitate. Ibid.
Arg. 5 , ab exlernis vinculis religionis. Ibid.
Arg. 4, ex comparalionc Icgis uo\x cuni veteri.
1223
Arg. 5, ex ipsâ Dei volanlate. Ibid.
Objecliones. Ibid.
Cap. II. Utrùm et quo numéro sint in nova lege Sa-
cramenta. 1228
Couclusio. Septem omniuô sunt legis novoe Sacra-
menta, Baptismus, Contirmalio, Eucharistia, Pœ-
nitenlia, Exlrema Unctio, Ordo et Matrimonium.
Ibid.
1 1. Afferuntur divini dogmatis cerlissima argumen-
ta. Ibid.
Arg. 1 , ex prœscriptione. Ibid.
Arg. 2 , ex Graecorum eucologiis et rilualibus Latino-
rum. ^"2^^
Arg. 5, ex auctoritate traditionis. 1234
Arg. 4 , ex Scripturis. 125G
§ %, Proponuniur et resolvunluradversariorumobje-
ctiones. '1238
Proponilur et resolvilur cornm objectio qui conten-
dinit i)lura esse Sacramenta qiiàm septem. 1244
Sûlvitur objectio altéra. 12o0
§ 3. Proponuntur et resolvuntur aliquit quaîstiones.
1252
Qu^STio QUABTA. De efficacià ct vlrlutc Sacramento-
rum. 12j8
Caput primum. Sacramenlorum novae legis efficacià
contra receiiliores h^crelicos vindicatur. Ibid.
§ I. Oslcndiiur Sacramenta gratiam sancliiicanlem
ex opère operalo producere. 1259
Probatio 1 , ex auctoritate Scripturcc. 1200
Probatio 2, ex traditio e perpétua. Ibid.
Prol)aiio 3 , ex ibeologicà ratione. 1204
Uljjecliones. 1260
§ 2. Ostenditur , verba Sacramentorum ncc concio-
nalia , née merè promisspria , sed verè consecrato-
ria esse. 1271
Probalio primic partis. 1273
Probatio H partis. 1275
Prolialio 111 partis. 1270
Objectiones. Ibid.
INDEX RERUM. 1.^80
I Cap. II. Thomistarum de pbysicà Sacramenlorum
efficacitale senlonlia propugnalur. 1281
Causa physica quid sit , quid moralis. 128^
Couclusio : Tutior ccrliorque Tliomist:)Fum ilocirina
est, anirniaiiliimi Sacramenta esse instrumenta
Dei, non moraliter tantùm , sed et pljysicè graiiaui
cfficientia. 1284
Probalio prima , ex supremâ Dei potestate. Ibid.
Probatio 2 , ex sanctorum Pairum senlejUii.8. 4288
Probalio 5 , ex sacris Scripturis. 1298
Probatio 4, ex naturâ Sacramenlorum, 1299
Solvuntur objectiones. 1301
Qd-.«6tio QiiiTA. De effectibus Sacraqienlorum.
1300
Caput prinmm. Dfi gralià sacranientali' 1307
Cap. 11. De cbaractere sacrameniali, }3i7
§ 1. Affertur et explicalur deflnitio cljariiCteris.
1318
§ 2. Calboljcum dognia vindicatur. 1321
Probalio 1 , ex pr;vscriplionc. Ibid.
Probatio 2 , ex traditione Palrum, 132^
§ 3. Adversariorum o))jectiones refellunlur. 1529
§ 4. Proponuniur ct resolvuntur aliqua; quœstiones.
1541
Qu.csTio SEXTA. De auctorfi Sacrameulorum. 1544
§ 1, Ciirislum Dcum-Hominem auctorcm e*e Sacra-
mentorum ostenditur. Ibid.
Conclusio prima. Sacramenta priucipaliter et aucto-
ritate proprià insliluere, soli Deo exinîium est.
Ibid.
ConcUisio 11. Cbrislus, ut bomo praeeellenlem habnit
in Sacramentorum inslilulione potoslaiem. 1'
Conclusio Ht. Fidei est , Cbristmn Deum-IIoniiiieni
omnia nova; legis Sacramenta sallem mcdialè if)gti-
luisse, atque adeô omnia et singula juris divini
esse.- 1547
Conclusio IV. Proximè ad fidem accedit, omnia nov.i}
legis Sacramenia immédiate et spécifiée, proprio
Cbrisli ore esse instituta. 1348
Arg. 1 , ex comparatione îegis novœ eum veteri.
Ibid.
Arg. 2 , ex comparatione Sacramentorum novai legis
ad invicem. 1549
Arg. 3 , ex ipsà Apostolorum confessione. Ibid.
Arg. 4, ex novitale doctrin» conlrari». 4550
I Arg. 5 , ex defmiiione Ecclesise. Ibid.
§2. Diluuniur quajdam objectiones. 4551
§ 5. Proponuniur et resolvuntur aliquœ quœstione?.
1550
QL'.tsTto SEPTiMA. De mlnlslpîs Sacramentorum.
15G0
Caput primum. Utrùm minister Sacramenlorum sit
iiidiscrimlnalim omnis liomo. 4501
I 1. Ostenditur, solùm quidem,nonomnem tamenbo-
minem vlalorem , eliam bapiizatum , owe ordina-
liuni Sacrantentoruni minislmm. 1"'(>2
Probalio 1 , ex Scripturis. 1304
Probatio 2, ex traditione. 4505
Probatio 3 , ex ibeologicà ratione. Ibid.
i58i f:*<nF.x
§ 2. Rofiilnnlur ï.mlifranoriim olijcrlionos. 1 ")<!<>
Cap. II. Ail iiemo nisi (|iii lidciii iiili';:;i:mi , vi(;r(iuc
sanclilalcm liabcat, validé possil Sacraincnla adiiii-
nislrarc. i375
Sedio prima. De li;vrclicis cl schismaiicis. Ibid.
§ 1. Uebapli/.aiiliiim liisloria loxilur. Ibid.
§ 2. Error rebaplizanliiini rcfiilalur , simidqiicoston-
ditiir Sacramenla rilu cvangelico. consecrala, iie-
nue licercsi , ncque scliisiiialc posse irrita liori.
1383
Probatio 1 , ex perpétua caibolicce Ecclesia) consiiotu-
4ine. 138G
Probatio 2, ex dccrelis concilioruni. 1388
Probatio 3 , ex sanclis Palribiis. 1390
Probalio i, ex llicoloi,'icâ ralionc. 13yl
§3. r.cfcllmmir objcctioncs rcbaptizantium. iSOG
Objt'clio 1 . ex auclorilate niajoruni, Ibid.
Objcciio 2, ex auctoritale Scripluroc. 1103
Objectio 3, ox nitionc. 1-415
§ i. Propoiiiinliir et rcsolvuiitur qiucdam ncccssariie
quopslioncs. 1422
Qu.TSt. 1. L'irùm ad (idem pcrtiiioret, de baptisnio
bcereliconiiii non ilcrando sentcntia? Ibid.
Re>p. affirmalivc. Ibid.
Quiest. 2. Utrùin qua^stionem banc ad (idem perli-
nere rcverà Cyprianus cum suis coilegis piitave-
rit? Ii23
Resp. aflirmativè. 1-424
Objectio. 1427
Qu;v;st. 3. L'trùm rêvera S. Ponlife.x Stepbaims S.
Cyprianum eique conjunclos episcopos excommu-
nicaverit? 1430
Resp. négative. Ibid.
Objectio. Ii33
Quiïst. 4. Utrùni Cyprianus , Firmilianus , et alii
Africse et Orientis episcopi errorem deposuerint,
et judicio Stepbani acquieverinl? Ibid.
Resp. négative. Jbid.
Objectio. 1435
Quîest. 5. An Steplianiis Papa agens adversùs reba-
ptizantes in errorem oppositum )apsi]S sjt, et om-
nium promiscuè ba;relicoruni bapUïma approbave-
ril? 1457
Objectio. 1438
Qu.TSt. 6. Utrùm Firmilianus, Cyprianus, cisquc coH'
sociati episcopi, Stepbano resislenilo pcfcaycrinl ?
Jbid.
Re§p. Ibid.
Qua;sl. 7. An et qualcnùs S. Cyprianus cum suis vn-
leat excusari ? 1439
Hesp. Ibid.
Qucesl. 8. Utrùm babilnm aliquod oonciliimi fiieiit ,
in quo iiinata et solidala verilas sit? 1440
Resp. afrirmalivr. Ibid.
IJuxst. 9. Qiiandoct ubinam genlium celcbratnm sit?
Ibid.
Quocst. nllima. Utriini oclebrato, quod S. Augustinus
t:iin scrpè laiidal, pb/nario coiiciiio , slalim idji pic
gontium Ecdesia^ pax rcddila fncril , omne^que
vorilatem amplexi sini? liiO
Re.:p. negaiivi"'. Ihid.
Spct. 11. De impmbifi et fcolestis mJnisirlS, utrùm
valeanla!) iis rollala Sicramonta? 1441
§ 1. Novatianorum, Oonatistnrum ri aliorum errop
noialiir. Ibid.
^ 2. Ostonditur, ininistrorum pcrvcrsitale ncc pollui
Sacramenla, ncc irrita ficri. 1442
Probatio 1, ex comparalione malonim cum Iwretiris
et sebismaticis. Ibid.
Probatio 2, ex innatâ Sacramcnlonim virlulc. 1443
Probatio 3, ex auctoritale et consensu majorum. Ibid.
Probalio 4, ex ralionc. 144.'}
§3. Pibumtur Poiiaiislarum objcctione«. 1449
§ 4. Proponuntur qux'dam qu.cstiones. 1451
Cap. 111. De necessariâ in Sacramcnlis adminlstrandis
intcntione. 1402
Seciio prima. Utrùm debcat minlster Sacramenlorum
aliquam babcre inlcnlionem ? Ibid.
§ 1. Aperitur status quaistionis. Ibid.
§ 2. Ostenditur ministre Sacramenlum conferendi
necessariam esse inlcnlionem saltcm virlualem.
14G6
Probatio 1, ex auclorilate ScriptunTC. 1467
Probalio 2, ex anliquo Ecclesia; more. 1468
Probatio 3, ex Ibeologicâ ralionc. 1469
§ 3. Dilmmlur bccrelicorum objeclioncs. 1470
Sectio II. Qiia3 et qualis minislrorum intentio esse dé-
blai? 1479
§ 1. Aperitur status quaîstionis. Ibid.
§ 2. Ostenditur, ad valorem Sacramenti sulficerc in-
lonlioncm seriô peragendi exlerni rilùs. 1483
Probatio 1, ex divinis Litteris. Ibid.
Adversariorum exceplio refutatur. 1485
Prol)alio 2, ex latis contra Donaistas judiciis. 148G
1487
1488
Ibid.
1490
1492
1495
1408
Prœcluditur adversariorimi effugium.
Probalio 3, ex perpcluo Ecclesice sensu.
Occurrilur adversariis.
Probalio 4, ex dccrelis Ecclcsiie.
Probatio 5, ex S. Angiisiino.
Adversariorum eiïugia pnccluduntiM'.
Probatio 6, ex auctoritale S. Tbom;e.
Sancli Tiiomajauclorilas ab adversariorum cavillalio-
nibus vindicatur. 1409
Probalio 7, ex definitione concilii Tridenlini. 1501
Adversariorum liallucinatio dctogilur, refulalur. 1502
Probalio 8, c\ llieologicà ralionc. 1504
§ 3. Diluunliir advcrsariorinn objeclioncs. 150G
Objectio 1, cjuiovltaio. Ibid.
Objcciio 2, ex Insliluiione Sacramenlorum. l.MO
Olijeolio 3, OK d<'crciis Ecclesice. 1514
Objcciio 4, ex Ecclesiaî disciplina. 1520
Objectio 5, ex auclorilate S. Tbom;e. 1525
Objectio 6, ex ralione, 1527
Appendix de necessarià in suscipienlibus Sacramenla
inleiiliono. 1528
Appendix altéra. 1531
Qi.F.STio ocTAYA. Dc cjcrcmonus Sacramenlorum.
155j
1S8Ô 'NDEX
Qna'riUir i, qiiid sit o^rcmonia? l^')^->
Q. 2, ulrùin ritiis oiunes qui soient in Saoïaiiicnlo-
rum celebralioiie observai! , pari debeanl loco lia-
beri? '^^^
Q. 3, qui ritus essentiales , qui accessorii ilici ile-
1 beanl? ^'"■''•
Q. 4, unde debeat de Sacramenloruin rilibus, sinl ne
I csseniiales \o\ accessorii, sumi judiciiun ? Ibid.
Q. 5, ulriim rilus omnes accessorii pari aniiquilaie cl
I auclorilale pnefulgeanl? Il^i'l-
Q. G, uiide iiabcanius plerasque cœrenionias ab Apo-
I slolis iustiiulas ? 1<'57
Q. 7, ulrùm Ecclesia auclorilalem babuerit. et eliam-
nùm babeat, cœremonias sacras iiisliluciidi ? 1538
Objeclio. ^(^id-
Q. 8, utrùm iidenî ubiquc genruini in Ecclesià ritus
observentur? l'^SO
Q. 9, cùm eosdem ubique ritus non baboat, qnomodô
una Ecclesià dici possit ? Vi»/(/.
Q. 10, quœ cœremoniarum divisio sit? l^iiO [
RERIJM. 1584
I Q. 11, qnid utilitatis cierenioniae habeant. 4540
Objcctio. 1541
Q. 12, nuni cœremonise qujc Sacramcntalia generatim
dicuntur prosinl ad certos peculiares efleclus , cl
quomodô ' 1550
Q. 15, niiinquid forci satiùs, vulgari idiomalc Sacra-
nienta et eorum cxM-emonias celebrare, (juàni La-
linà linguà, majori fidelium parti incognilà? 1553
Q. \'t . ulriini ad arbitriuni niinistroruni niutari pos-
sinl, ncgligi, aut etiani abrogari ciereinoni;ii Sacra-
nicntorum? 155G
Q. 15, quid si casus occurrcrit, in quo videanlur rilus
aliqui prudeiiter esse prccleriniltendi ; numquid
privatusquilibet poterit in suo sensu abundans.quod
bonuni visuni fucrit faccrc? 1559
Q. IC, uhimi bujusniodi prielermissiones, aut quasvis
alias in sacris rilibus inimulaiiones l'acilè perniit-
icre Ecclesià debeat? Ibid.
Iniiex reulm. 1565-1566
FINIS TOMl VIGESniI THF.OLOCiLE.
MIGNE,J.P.
Theologiae cursus
complctus.
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V. 20.
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