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Full text of "Theologiae cursus completus ex tractatibus omnium perferctissimis ubique habitis, et a magna parte episcoporum necnon theologorum Europæe catholicae, universim ad hoc interrogatorum, designatis, unicè conflatus"

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àUCTOllUM  ET  OPERLJM 

QUI  IN  HOCCE  V0L13IINE  COiNTlNEN TUR. 


CHARDON. 

Histoire  des  Sacrements. 

DIIOUIN. 
De  Sacramentis  in  génère. 

EDITORES. 

Annotationes. 


INDEX    RERllM. 


in  via  diclA  D'Asinoisr,  Imrs  la  barrière  d'Enfor, 


THEOLOGIE 

CURSUS  COMPLETUS, 

EX   TUACTATIBliS    OMNIUM    l'ERFECTlSSIMlS    LlîIQUE    HABITIS,  ET  A   MAGNA 

PARTE  EPISCOPORUM  NEGNON  THEOLOGORUM 

EUROPyE  GATHOLICyE, 

UNIYERSIM   AD   HOC   INTERROGATORUM ,  DESIGNATIS 

UNICÈ  CONFLATUS, 

Phirimis  annotantibiis  presbyteris 
ad  docendos  leviias  pascendosve  popidos  allé  posiiis, 

ANNOTAVIT  VERO  SIMUL  ET  EDIDIT 
J.-P.   31*. 


TOniUS  VIGESIMUS. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  -  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


PAPtISIIS, 

APUD    EDITOREM, 

].N  VIA  GALLICÈ  DICTA: 

RUE  d'amboise,  barrière  d'enfer. 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/theologiaecursus20mign 

SEP  27  1961 


CHARDON  VITA. 

'  Chardon  (don  Carolus)  Ivoi-Carignan  nalus  anno  1695,  fralrum  Bencdiclinorum  ordinem  ingressus  est 
aiino  1712,  rlicloricani(jiie  ac  philosopliiani  ncciion  ihcologiam  cdocuit,  quo  quidem  muiiere  à  capilulo  geiic- 
rali  Tulli  habile  anno  1730  orbatus  est,  eu  quùd  bulkc  Unigenilus  rcstitisscl.  Groccain  linguain,  Hcbraicaniqiie  cl 
Syiiacani  callcbat,  hislorianique  ccclesiasticam  appriniè  noveral.  Ipsius  Historia  de  Sacramenlii,  quani  dcnuô 
typis  mandamus  juxla  Parisiensen»  edilionem  anni  1745,  6  vol.  in-8°,  maximâ  erudilione  elaborata  esi  :  in  hoc 
nimirùni  opère  bislorico  more  confulantiirSacranienlariorum  enores,  omniquc  criminis  labe  expurgantur  fidet 
ac  praxis  Ecclcsi;ç  ex  merâ  factornm  cnunliationc  nccnon  tcmporuni  anliquorun»  explicalione ,  unde  niirum 
in  niodinn  enieigit,  quantùui  ad  rerum  substantiam ,  egregia  sanc  priorum  simul  et  rccenliorum  seculorum 
consensio.  lllud  opus  Italicè  translatum  esl,  Brescia,  5  vol.  in-4''.  Exslal  insuper  ancloris  ejusdem  ma- 
nuscripta  Historia  variationmn  in  disciplina  Ecclesiœ ,  necnon  item  manuscriplus  Tractalus  adversits  incredutot 
receutiores. 
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HISTOIRE  DES  SACREMENTS, 

OU  DE  LA    MANIÈRE   DONT   ILS  ONT    ÉTÉ    CÉLÉBRÉS   ET   ADMINISTRÉS    DANS 
L'ÉGLISE,  ET  DE  L'USAGE  QU'ON  EN  A  FAIT  DEPUIS  LE  TEMPS  DES  APOTRES 

JUSQU'A  PRÉSENT. 


^i^ctti^%tmtni. 


Le  seul  titre  de  cet  onvrage  pourrait  tenir  lieu  de 
préface,  si  la  reconnaissance  ne  m'engageait  pas  à 
déclarer  publiquement  que  les  auteurs  dont  j'ai  tiré 
le  plus  de  secours,  sont  les  Pères  Morin  et  Marlène,  et 
M.  l'abbé  Renaudot.  C'est  la  lecture  des  œuvres  du 
premier,  qui  m'a  fait  naître  la  pensée  d'entreprendre 
en  notre  langue  une  Histoire  suivie  et  détaillée  des 
Sacrements,  en  choisissant  les  principaux  faits,  que 
j'ai  tâché  d'exposer  d'une  manière  claire  et  précise , 
autant  que  chaque  sujet  me  l'a  permis.  Je  me  suis 
surtout  attaché  aux  auteurs  anciens,  aux  Pères,  aux 
conciles  et  aux  décrets  des  Papes,  comme  aux  sources 
les  plus  pures  ;  et  j'ai  senti  par  ma  propre  expérience 
combien  les  savantes  éditions  qu'on  en  a  données  au 
public  depuis  un  siècle,  et  les  dissertations  dont  on 
les  a  enrichies,  sont  utiles  à  ceux  qui  travaillent  sur 
les  matières  ecclésiastiques. 

Quelques  gens  de  lettres,  que  je  nommerais  volon- 
tiers, s'ils  m'en  avaient  accordé  la  permission,  m'ont 
aussi  beaucoup  aidé,  en  prenant  la  peine  de  lire  at- 
tentivement mon  manuscrit,  et  d'y  faire  leurs  re- 
marques. 

J'ai  eu  soin  de  citer  mes  garants,  et  je  me  suis  ap- 
pliqué à  rendre  fidèlement  dans  mes  traductions  le 
sens  des  passages  que  j'ai  allégués.  J'ai  évité  les  dis- 
cussions théologiques,  où  je  ne  suis  entré  que  lorsque 
je  les  ai  trouvées  inséparables  de  l'histoire.  Les  termes 
injurieux  et  méprisants  sont  si  contraires  à  la  charité, 
qui  est  la  base  du  christianisme ,  que  pour  n'offenser 

TU.  XI. 


personne ,  j'ai  été  attentif  à  les  écai  ter,  même  en  ré- 
futant ceux  qui  vivent  dans  une  autre  communion  que 
la  nôtre  ,  auxquels  je  n'ai  donné  que  les  noms  qu'ils 
ont  pris  eux-mêmes. 

Je  ne  me  suis  pas  contenté  de  représenter  les  di- 
vers changements  survenus  par  la  succession  du 
temps  dans  l'adrainistralion  et  l'usage  des  sacrements 
dans  l'Église  catholique  :  j'ai  de  plus  fiiit  voir  de  quelle 
manière  ils  s'administrent  dans  les  anciennes  com- 
munions chrétiennes  séparées  de  la  nôtre.  Deux  mo- 
tifs m'y  ont  engagé  :  premièrement  j'ai  clierché  en 
cela  à  satisfaire  la  curiosité  du  lecteur.  On  sait  que  le 
récit  de  ce  qui  se  passe  dans  les  pays  fort  éloignés 
Aiit  à  peu-près  la  même  impression  sur  les  esprits 
que  celui  des  faits  arrivés  dans  les  temps  reculés. 
Ainsi  j'ai  cru  faire  plaisir  à  ceux  qui  liront  cet  ouvrage 
en  leur  apprenant  ce  qui  se  pratique  chez  les  chrétiens 
Orientaux,  par  rapport  à  la  matière  que  je  traite. 

La  seconde  et  principale  raison  qui  m'a  déterminé 
à  cela  ,  est  qwe  j'ai  jugé  qu'il  était  avantageux  à  l'É- 
glise catholique  de  montrer  que  les  peuples  de  ces 
comnmnions  ont  conservé  les  rils  essentiels  des  sa- 
crenionls  qui  nous  sont  communs  avec  eux  ;  rien  n'é  ■ 
tant  plus  propre  à  convaincre  tout  esprit  raisonnable 
que  l'Église  n'a  rien  innové  en  ce  genre,  que  quand  on 
voit  ceux,  qui,  depuis  tant  de  siècles,  se  sont  séparés 
d'elle,  convenir  dans  la  pratique  des  choses  qui  sup- 
posentune  mémccréancc.J'espèrcque  personne  n'aura 
lieu  d'en  douter  après  la  lecture  de  cell«  histoire  ; 


Il  IIISTOIUE  DES  SACUEJIENTS.  îî; 

d'aulant  plus  que,  s'il  est  anivc';  ilans  (luclqucs-unes      là,  selon  les  occurrences,  nie  dispensent  de  faire  cè- 


de CCS  sociétés  que  Ton  y  ait  aljaiidoiiué  sur  quelques 
points  l'ancienne  discipline  sacramentelle  ,  j'ai  pris 
soin  de  fixer  l'époque  do  oc  cliangement. 

Les  avertissements  particuliers  que  j'ai  semés  çà  et 


lui-ci  plus  long.  D'ailleurs  on  n'est  pas  dans  l'habitude 
de  croire  les  écrivains  sur  leur  parole,  on  veut  voir 
leurs  ouvrages,  et  connaître  par  soi-même  s'ils  ont  été 
i  (idèles  à  leurs  promesses. 


LirilE  PREMIER. 

DU  BAPTÊME ,  DE  LA  CONFIRMATION  ET  DE  L'EUCHARISTIE. 


^ 


I     Nous  suivons  l'ordre  marqué  dans  ce  titre ,  parce 
»Hrancionnement  ces  trois  sacremenls  se  conféraient 
tout  de  suite,  et  en  un  seul  jour  ,  aux  enfants  même 
à  la  mamelle.  Le  premier  de  ces  sacrements  donnait  | 
la  naissance  et  la  vie  à  ceux  qui  le  recevaient,  il  les  j 
unissait  à  l'Église  cl  à  Jésus-Christ,  son  chef;  le  se- 1 
coud  les  furiiliail  dans  celte  nouvelle  vie  ;  le  troisième  ; 
les  eutrelenail  d;ins  cet  élat,  cl  les  unissait  de  plus  en  ] 
plus  à  Jésus-Christ  en  les  remplissant  des  dons  de  sa  < 
grâce.  Jsous  partagerons  ce  livre  en  trois  sections:  une 
pour  chacun  des  sacrements  dont  nous  devons  trai- 
ter ;  et  nous  partagerons  ces  sections  en  différentes 
parties ,  suivant  que  l'éiendue  des  matières  l'exigera. 
Nous  avertissons  ici  que,  pour  ce  qui  est  de  l'Eu- 
charistie, nous  n'en  donnerons  l'histoire,  et  nous  ne 
la  considérerons  que  connue  sacrement,  et  non  comme 
sacrifice;  c'csl-à-dire,  que  nous  n'entreprendrons  pas 
;^'expliqner  toutes  les  parties  de  la  liturgie ,  ou  de  la 
messe  ,  qui  l'accompagnent,  ni  des  augustes  cérémo- 
nies qui  élaicnl  en  usage  dans  les  diverses  églises,  et 
qui  s'observaient  dans  la  célébration  du  saint  Sacri- 
fice. Tant  d'auteurs  pieux  cl  savants  ont  traité  cette 
matière,  qu'elle  est,  pour  ainsi  dire,  épuisée;  on  peut 
les  consulter.  Voyez  entre  autres  les  ouvrages  qu'ont 
donnés  là-dessus  Genebrard,  le  cardinal  Bona, D.Claude 
de  Vert,  el  le  P.  le  Brun.  Us  sont  entre  les  mains  de 
tout  le  monde. 

SECTION  PREMIÈRE. 

HISTOIRE  DU  SACREMENT    DE    BAPTÊME. 

On  ne  donnait  pas  le  Baptême  indifféremment  el 
sans  précaution  à  tous  ceux  qui  le  demandaient;  on 
éprouvait  long-temps  pour  l'ordinaire  et  avec  grand 
soin  ceux  qui  désiraient  d'être  agrégés  aux  fidèles, 
avant  de  leur  accorder  celle  grâce,  qui  ne  pouvait 
s'obtenir  que  par  lo  Baptême.  Ainsi  nous  diviserons 
cette  section  en  deux  parties.  Dans  la  première  nous 
traiterons  de  ces  préparalions  au  Baptême  ou  du  Ca- 
téchuménal.  Dans  la  seconde,  nous  parlerons  du  sa- 
crement même  du  Baptême,  de  ses  suites  ,  el  de  ses 

''   effets. 

PREMIERE  PARTIE. 

DES  PRÉPARATIONS  AU  BAPTÊME  ,  OU  DU  CATÉCHUMÉNAT. 

Nous  diviserons  celle  partie  en  divers  chapitres , 
dans  lesquels  nous  tâcherons  d'exposer  aux  yeux  du 
lecteur  ce  qui  se  pratiquait  autrefois  pour  mettre  ceux 
gui  désiraient  le  Baptême  en  état  de  le  recevoir  avec 


les  dispositions  convenables ,  et  propres  à  leur  attirer 
les  grâces  attachées  à  ce  grand  sacrement ,  aussi  bien 
qu'à  ceux  que  l'on  donnait  immédiatement  après  aux 
baptisés.  Ces  préparations  étaient  prochaines,  ou  éloi- 
gnées. Nous  verrons  dans  les  premiers  chapitres, 
quelles  étaient  celles-ci,  cl  dans  les  suivants,  quelles 
étaient  les  autres.  Mais  auparavant,  disons  un  mol  des 
hérésies  qui  se  sont  élevées  contre  ce  sacrement. 

CHAPITRE  PREMIER. 

Erreurs  qui  se  sont  élevées  contre  la  doctrine  catholique 
louchant  le  sacrement  de  Baptême. 

CHRÉTIENS  DE  S.  JEAN. 

De  tous  les  sacrements  celui  dont  nous  parlons  ici 
a  été  le  plus  violemment  attaqué  dans  tous  les  temps. 
Il  faudrait  un  volume  entier  pour  exposer  toutes  les 
erreurs  el  les  hérésies  qui  se  sont  élevées  pour  anéan- 
tir ce  sacrement.  Comme  il  est  le  plus  nécessaire  de 
tous,  il  semble  que  le  démon  ail  employé  toutes  ses 
ruses ,  et  ses  artifices  pour  priver  les  hommes  de  ce 
bien  ineffable  qu'il  a  pliî  à  Dieu  de  leur  procurer,  pour 
les  retirer  de  la  captivité  où  ils  étaient,  cl  les  délivrer 
des  suites  fâcheuses  du  péché  originel.  Nous  n'entre- 
prendrons pas  de  parler  de  toutes  ces  erreurs  ;  nous 
donnerons  seulement  une  idée  des  principales ,  et  de 
celles  dont  le  venin  s'est  communiqué  à  plusieurs  per- 
sonnes, jusqu'à  former  des  sectes  qui  ont  eu  quelque 
durée. 

Des  hérétiques  qui  ont  combattu  la  foi  catholique 
sur  ce  point  essentiel  et  fondamental  de  notre  reli- 
gion ,  les  uns  ont  entrepris  d'en  changer  la  matière  , 
les  autres  d'en  corrompre  la  forme  ;  ceux-là  d'en  nier 
la  nécessité  ,  ceux  ci  d'anéantir  sa  vertu  et  son  effi- 
cacité. Les  Gnostiques  el  les  Manichéens,  dès  le  com- 
mencemeiit  de  l'Église,  se  sont  déclarés  ennemis  de 
ce  sacrement  (1).  Les  premiers ,  par  une  fausse  spiri- 
tualité, rejetant  tous  les  signes  sensibles;  les  derniers, 
parce  qu'ils  considéraient  l'eau  comme  venant  d'un 
mauvais  principe.  D'autres  hérétiques,  suivant  la  même 
maxime  ,  ont  aussi  rejeté  le  Baptême.  Saint  Augus- 
tin (2)  en  parle  dans  son  Livre  des  Hérésies ,  et  les 
nomme  Seleuciens  et  llermians. 

La  damnable  secte  des  Manichéens  ,  qui  a  infecté 
l'Église  depuis  Manès  jusqu'au  quatorzième  siècle,  et 
qui  s'est  répandue  sous  différents  noms  ,  non  seule- 
ment dans  l'Orient  où  elle  avait  pris  naissance ,  mais 
dans  tout  l'Occident ,  s'est  déclarée  partout  ennemie 

(1)  Irenseus,  1.  2,c.  18;  Epiph.  hseresi  34;  August., 
lib.  de  Ha;res  «lœresi  46. 

(-2)  Ih'oresi  f)9. 


13  RAPTf'ME. 

ile  ce  saercmcnl  (1).  En  France,  elle  parut  en  ilivcrs 
lo:nps  sous  les  noms  de  Calarcs,  d'Albigeois,  de  Pé- 
irobusiens,  elc.  En  Espagne,  de  PribcilUai.islcs;  en  Al- 
lemagne, sous  celui  de  lieguards  el  delie^uiiics;  eu  Ha- 
lle el  dans  les  eudroils  dont  nous  venons  de  parler, 
sous  le  nom  de  Bulgares  ;  d'où  est  venu  en  notre  langue 
ce  mol  qui  marque  une  injure  des  plus  atroces,  et  qui 
prend  son  origine  de  quelques-uns  do  ces  héréliqui'S 
venus  de  Bulgarie,  où  certains  ManichéciiS  établis 
dans  le  fond  de  l'Asie  avaient  pénétré  ,  ayant  été 
iransporiéà  dans  la  Thracc  par  uu  empereur  Grec. 
C'est  de  là  que  celle  dangereuse  peste  passa  dans  la  j 
Bulgarie,  el  corrorapil  ces  peuples  nouvellcinenl  con- 
verlis;el  ensuite  se  répandit  insensiblement  dans  le 
reste  de  l'Occident,  où  elle  a  causé  la  perle  d'une  inlinilé 
d'àmes.  Je  ne  prétends  pas  que  les  Priscillianisles 
vinssent  de  cette  source  :  ils  élaient  bien  plus  anciens; 
mais  je  parle  ici  de  toutes  les  branches  du  Mani- 
cliéisme  qui  ont  paru  en  Occident  depuis  le  commen- 
eemeut  du  onzième  siècle. 

Une  autre  espèce  de  Gnostiques,  sectaleurs  d'un 
nommé  Marc,  dont  ils  portaient  le  nom,  corrompaient 
la  forme  du  Baptême  (^),  aussi  bien  que  les  Monta- 
nistes,  qui  baptisaient  au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  de 
Montan  el  de  Priscille,  femme  perdue  qui  suivait  par- 
tout cet  hérésiarque.  Il  parait,  par  le  septième  cancm 
du  premier  concile  de  Constanlinople  (3),  que  les  Sa- 
belliens,  les  Paulianisles,  ou  seclaleurs  de  Paul  de 
Samosate,  les  Pholiniens  ,  les  Eunomiens  altéraient 
de  même  les  paroles ,  avec  lesquelles  le  Sauveur  a 
voulu  que  le  Baptême  fût  conféré;  puisqu'il  rejette  ce- 
lui que  ces  hérétiques  donnaient,  el  qu'il  ordonne 
qu'on  ne  les  reçoive  dans  l'Église  que  comme  on  y 
recevait  les  païens.  Quelques  Ariens  el  d'autres  héré- 
tiques changeaient  de  même  la  forme  du  Biptème  à 
leur  fantaisie  :  c'est  ce  que  Théodorc-!e-Lecteur  (I) 
témoigne  des  premiers ,  et  ce  qui  semble  que  l'on 
peut  inférer  touchant  les  autres  du  huitième  canon  du 
premier  concile  d'Arles ,  qui  ordoime  que  l'on  inter- 
rogera certains  Africains,  quand  ils  reviendront  à  lÉ- 
glise,  louchant  le  symbole;  el  que  si  l'on  reconnail 
'  qu'ils  ont  été  baptisés  au  nom  des  trois  personnes  de 
la  Trinité,  on  les  recevra  par  l'imposition  des  mains , 
sinon  qu'on  leur  donnera  le  Baptême.  Ces  hérétiques 
d'Afrique  étaient  sans  doute  les  Donatislos, les  Nova- 
liens,  et  les  Sabelliens,  dont  quelques-uns  corrom- 
paient la  forme  du  Baptême.  Les  Sociniens  de  nos 
jours  ne  changent  pas  les  paroles  de  ce  sacrement, 
mais  ils  ne  les  croient  pas  nécessaires  (S). 

Les  Pélagiens,  sans  rien  changer  dans  la  matière 
et  la  forme  du  Baptême,  en  ont  anéanti  la  vertu,  en 
niant  qu'il  remit  le  péché  originel ,  dont  ils  ne  vou- 
laient point  reconnaître  que  notre  nature  eùl  élé  in- 

(1)  Joan.  Exlravag.  Sanclà  liomanù,  etc.,  in  sexto  ; 
Bibliolh.  PP.,  i.  25,  p.  015. 

{^)  Iren.,  I.  1,  c.  21,  et  Epiphan.,  kercs.  37. 

Î 5)  Basil.,  epist.  1  ad  Anq»hil.,  c.  1. 
4)  CoUeclancorum  1.2. 
5)  Socin.,  tract.  2  de  B;»pl.,  c.  2. 


1-'  PARTIE.  CllAP.  I.  ERREURS  TOtCIlANT  CE  SACREMENT.  14 


fcctéc,  quand  on  les  pressait  par  ces  paroles  du  Sau- 
veur :  Si  quelqu'un  ne  renaît  de  Tcaueldu  Saint-Esprit, 
il  n'entrera  point  dans  le  royanme  des.cîetix;  ils 
répondaient  que  les  enfants  morts  sans  Baptême 
n'entreraient  point,  à  la  vérité,  dans  le  royaume  des 
cieux  ;  mais  qu'ils  ne  seraient  point  privés  de  la  vie 
éternelle. 

Avant  eux  les  Massalicns  on  Euchltes,  avaient 
enseigné  que  les  hommes  ne  reliraient  aucun  avantage 
du  Baptême,  el  même  de  l'Encharislie,  prétendant, 
comme  nous  l'apprenons  de  Tliéodoret  (1),  et  de 
S.  Epiphanc  (2)  ,  que  l'oraison  continuelle  dont  ils 
faisaient  profession  détruisait  le  péché  jusqu'à  la  ra- 
cine. 

Widef,  suivant  le  témoignage  de  Thomas  Valden- 
sis  (5),  a  nié  de  même  la  nécessité  du  Baptême  pour 
le  salut,  aussi  bien  que  Zuingle ,  dans  son  livre  de  la 
vraie  cl  de  la  fausse  Religion.  Calvin  (4)  convient  qu'il 
est  nécessaire  de  nécessité  de  précepte,  mais  il  tâche 
de  persuader  qu'il  n'a  point  la  vertu  de  remettre  le 
péché  originel,  soit  aux  enfants,  soit  aux  adultes. 

Outre  les  erreurs  dont  nous  venons  de  parler  ,  il 
s'est  trouvé  dans  l'Église  des  théologiens  qui,  plus 
touchés  d'une  fausse  compassion  pour  les  enfants  qui 
meurent  sans  Baptême  que  de  la  crainte  de  défendre 
i  des  opinions  contraires  à  l'Ecriture-Sainte,  ont  sou- 
'  tenu  des  sentiments  trop  hardis  surce  sujet.  M.  Tour- 
j  neli  (5)  met  de  ce  nombre  Cajelan ,   qui  a,  dit-il ,  en- 
seigné que  les  enfants  des  Chrétiens,  auxquels  on  ne 
peut  donner  le  Baptême,  peuvent  parvenir  au  salut 
par  les  vœux  et  par  les  prières  de  leurs  parents,  non 
seulement  en  vertu  d'un  privilège  singulier,  mais  sui- 
vant une  loi  connnune  et  ordinaire. 

Le  pape  Pie  V  fit  ôlerde  l'édition  des  Œuvres  de  ce 
cardinal,  qui  se  fit  à  Rome,  ce  qu'il  avait  écrit  sar 
celle  matière-  Pigius  et  Calharin  ,  suivant  le  témoi- 
gnage deBcllarmin  (G),  ont  attribué  aux  enfants  morts 
sans  Baptême  une  certaine  félicité  naturelle,  en  quoi 
ils  ont  élé  suivis  par  le  cardinal  Sfondral  (7),  qui  n'a 
poiHl  craint  de  dire  que  ces  enfants  ne  seraient  point 
exclusdelajouissance  des  biens  naturels  ;  el  que  d'être 
préservés  du  péché  et  du  supplice  éternel  dont  ils 
auraient  élé  punis,  s'ils  fussent  parvenus  à  l'âge  adulte, 
est  un  plus  grand  avantage  pour  eux  que  le  royaume 
des  cieux. 

Nous  ne  pouvons  omettre,  en  parlant  des  erreurs 
qui  se  sont  élevées  contre  la  doctrine  de  l'Église  lou- 
chant le  Baptême,  celle  de  certains  auteurs  qui  ont 
égalé  le  Baptême  de  S.  Jean  à  celui  de  Jésus-Christ, 
quoique  la  différence  de  l'un  h  l'autre  soit  si  expres- 
sément marquée  en  divers  endroits  de  l'Ecriture ,  et 
que  l'apôlre  saint  Paul  ail  rebaptisé  ceux  qui  avaient 
reçu  celui  de  saint  Jean,  comme  il  est  rapporté  dans 

(1)  Ub.  2.  Ihtrcs.  fabul. 

(2)  Epiphan.  h;cresi  80. 
(5)  Toni.  2  Sacram.,  c.  96. 

(4)  •''^,  4lnslilul.,c.  15. 

(5)  De  ..aptisnio,  p.  158  et  seq.  ; 

(6)  Tom.  4,  1.  G,  c.  2. 

(7)  Nodus  prjcd.  part.  1,  §  1,  D.  15. 


18 

les  Actes  des  Apôtres  (1).  Malgré  ces  preuves  si  mani- 
festes, les  Calvinistes  et  les  Luthériens  n'ont  point 
craint  d'avancer  que  le  Daptêmc  de  S.  Jean  et  celui  de 
Jésus-Christ  étaient  les  mêmes  en  substance  et  en 
vertu  :  c'est  ce  qu'enseigne  Calvin  dans  son  Institution, 
1.  4,  c.  15,  Zuingle  et  les  Ceiituriaieurs,  c.  4.  Il  so 
trouve  même  parmi  nos  docteurs  scholasli(iuos  des 
auteurs  qui  ont  eu  sur  cela  des  opinions  singulières, 
et  entre  autres  le  Maître  des  sentences  (2),  qui  dis- 
lingue en  deux  espèces  ceux  qui  avaient  reçu  le  Bap- 
lêmc  du  saint  Précurseur,  dont  les  uns,  selon  lui, 
mettaient  leur  espérance  dans  ce  Baptême,  et  ne  con- 
naissaient point  le  Saint-Esprit; et  les  autres  n'y  met- 
taient point  leur  confiance,  et  avaient  le  boidieur  de 
croire  aux  trois  personnes  de  la  sainlcTrinilé.  Ce  fa- 
meux théologien,  après  avoir  ainsi  distingué  ceux  qui 
avaient  reçu  ce  Baptême,  enseigne  que  les  seconds  ne 
devaient  point  être  baptisés  du  Baptême  de  Jésus- 
.  Christ,  dont  les  premiers  avaient  besoin  pour  parvenir 
à  la  grâce  d'adopiion. 

■i  Aujourd'hui  encore  il  est  une  secte  assez  nombreuse 
qui  ne  reconnaît  point  d'autre  Baptême  que  celui  de 
S.  Jean;  et  comme  cette  secte  est  peu  connue, nous 
nous  étendrons  un  peu  plus  que  nous  n'avons  fait  sur 
les  autres  pour  la  faire  connaître.  Le  célèbre  voyageur 
.Tavernier  a  élé  dans  le  pays  où  ces  demi-chréliens 
sont  établis,  et  nous  a  fait  un  récit  assez  détaillé  de 
leur  créance  et  de  leur  culte;  dans  le  premier  volume 
doses  Voyages,  il  les  appelle  chrétiens  de  S.  Jean  ,  et 
dit  qu'ils  sont  en  grand  nombre  à  Balsara,  ville  située 
à  une  demi-lieue  de  l'Euphrate,  du  côté  de  l'Arabie,  à 
quinze  lieues  au-dessus  du  Golfe  Persique.  Nous  trans- 
crirons ici  une  partie  de  ce  qu'il  rapporte  de  ces  chré- 
tiens de  saint  Jean.  Après  avoir  remarqué  qu'ils  sont 
répandus  à  Balsara  et  dans  les  villes  circonvoisines, 
il  parle  d'abord  de  leur  origine ,  et  dit  qu'ils  habi- 
taient autrefois  de  long  du  Jourdain  ,  d'où  les  mau- 
vais traitements  qu'ils  reçiu-ent  des  Mahométans  les 
obligèrent  de  se  retirer  dans  la  Mésopotamie  et  la 
Chaldée,  où  ils  furent  quelque  temps  soumis  au  pa- 
triarche de  Babylone,  duquel  ils  se  séparèrent  il  y  a 
fioixante-dix  ans  ou  environ,  et  vinrent  s'habituer  en 
Perse  et  en  Arabie,  dans  les  lieux  où  ils  sont  à  présent, 
11  ajoute  qu'ils  n'habitent  ni  en  ville,  ni  en  village, 
qu'il  n'y  ait  une  rivière,  et  que  plusieurs  de  leurs 
évêques  l'ont  assuré  que  les  chrétiens  de  ces  lieux-là 
font  bien  près  de  2,500  maisons.  Quantàleur  créance, 
elle  est  remplie  de  quantité  de  fables  et  d'erreurs  gros- 
sières :  en  leur  langue  ils  s'appellent  Essen  dai  Jaya , 
c'est-à-dire,  disciples  de  S.  Jean,  duquel  ils  assurent 
qu'ils  ont  reçu  la  foi,  leurs  livres  et  leurs  coutumes. 
Tous  les  ans  ils  célèbrent  une  fête  l'espace  de  cinq 
jours,  pendant  lesquels ,  tant  grands  que  petits  ,  ils 
viennent  à  troupes  vers  leurs  évêques,  qui  les  rebapti- 
sent du  Baptême  de  S.  Jean. 
Ils  ne  baptisent  jamais  que  dans  les  rivières,  et  que 

<1)  Act.  c.  19,  V.  5. 
(2)  Lib.  l.dist.  «. 


HISTOIKL  DES  SACREMENTS.  48 

le  dimanche  seulement.  Avant  que  d'aller  au  fleuve, 
ils  portent  l'enfant  à  l'église,  où  se  trouve  un  évêquc 
qui  lit  quelques  prières  siu"  la  tête  de  l'enl^mt ,  et  de 
là  ils  le  portent  à  la  rivière  accompagné  d'hommes  et 
de  femmes  qui  entrent  dans  l'eau  avec  l'évêque  jus- 
qu'aux genoux.  Alors  l'évêque  lit  de  rechef  quelques 
prière?  dans  un  livre,  après  quoi  il  arrose  l'enfant 
trois  fuis  d'eau,  répétant  à  chaque  fois  ces  paroles  : 
Au  nom  du  Seigneur,  premier  et  dernier  du  monde  et  du 
paradis,  le  plus  haut  Créateur  de  toutes  choses.  Ensuite 
l'évêque  recommence  à  lire  quelque  chose  dans  son 
livre,  pendant  que  le  parrain  plonge  l'enfant  dans 
l'eau  et  le  retire  aussitôt;  et  enfin  ils  s'en  vont  tous 
dans  la  maison  du  père  de  l'enfant,  où  d'ordinaire  le 
festin  est  préparé.  Quand  on  leur  dit  que  la  forme  de 
leur  Baptême  n'est  pas  suffisante,  parce  que  les  trois 
personnes  divines  n'y  sont  pas  invoquées,  ils  se  dé- 
fendent fort  mal  et  n'apportent  aucune  bonne  raison  : 
aussi  n'ont-ils  point  de  connaissance  du  mystère  de 
la  sainte  Trinité  ;  et  ils  tiennent  seulement,  avec  les 
Mahométans,  que  Jésus-Chri-st  est  l'esprit  et  la  parole 
du  Père  éternel.  L'aveuglement  de  ces  pauvres  gens 
est  tel  que  de  croire  que  fange  Gabriel  est  le  Fils  de 
Dieu  engendré  de  lumière,  sans  vouloir  admettre  la 
génération  éternelle  de  Jésus-Christ  en  tant  que 
Dieu.  Ils  avouent  bien  qu'il  s'est  fait  homme  pour 
nous  délivrer  de  la  coulpe  encourue  par  le  péché, 
qu'il  a  été  conçu  dans  le  ventre  de  la  sainte  Vierge  ; 
mais  que  ce  fut  par  le  moyen  de  l'eau  d'une  fontaine 
dont  elle  but.  Ils  croient  qu'il  fut  crucifié  par  les 
Juifs,  qu'il  ressuscita  le  troisième  jour;  et  que  son 
âme  montant  au  ciel,  son  corps,  qui  était  en  terre , 
resta  ici-bas.  Mais  ils  corrompent  toute  cette  créance 
comme  les  Mahométans,  et  disent  que  Jésus-Christ 
disparut  quand  les  Juifs  le  voulurent  prendre  pour  le 
crucifier,  et  qu'il  mit  en  sa  place  son  ombre  sur  la- 
quelle ils  crurent  exercer  leur  cruauté. 

Pour  ce  qui  est  de  l'Eucharistie,  quand  ils  veulent 
la  célébrer,  ils  se  servent  de  pain  fait  de  farine,  qu'ils 
pétrissent  avec  du  vin  et  de  l'huile....  Pour  faire  leur 
vin,  ils  pi'cnnenl  des  raisins  cuits  au  soleil,  et  mettent 
de  feau  dessus,  qu'ils  y  laissent  pendant  quelque 
temps  ;  c'est  de  cette  sorte  de  vin  dont  ils  se  servent 
pour  la  consécration  du  calice-.  Ils  se  servent  de  ces 
raisins  secs,  parce  qu'il  leiu'  est  plus  facile  d'en  avoir 
que  non  pas  du  vin  ;  les  Persans,  et  principalement 
les  Arabes,  sous  la  domination  desquels  ils  vivent  en 
ces  quartiers-là,  ne  leur  permettant  pas  d'en  avoir,  et 
y  prenant  garde  de  bien  près.  Les  paroles  de  leur 
consécration  ne  sont  autres  que  de  certaines  longues 
prières  qu'ils  font -pour  louer  et  remercier  Dieu,  bé- 
nissant en  même  temps  le  pain  et  le  vin  en  mémoire 
de  Jésus-Christ,  sans  faire  aucune  mention  de  son 
corps  et.de  son  sang  :  Cela,  disent-ils,  n'étant  pas 
nécessaire ,  parce  que  Dieu  connaît  leur  inten- 
tion. Après  toutes  ces  cérémonies,  le  prêtre  prend 
une  partie  de  ce  pain  qu'il  consomme,  et  distribue  le 
reste  aux  assistants. 

Pour  ce  qui  est  de  leurs  évêques  et  de  leurs  pré- 


M 


CAPTÈME,  —  l"  i'AliilLi    Llivi'.  il.  DES  CATÉCHUMÈNES. 


iS 


très,  quand  il  on  moiiil  nii ,  s'il  a  un  liis  ,  ils  rélisent 
en  sa  place,  el  s'il  n'en  a  point,  ils  prennent  un  de  ses 
plus  proches  parents  qui  leur  parait  le  pins  capable  el 
le  iiiienx  instruit  »Ie  leur  relif^ion  ;  ceux  qui  font  celte 
éicclion  l'ont  (jnanliîé  de  prières  sur  celui  qui  est 
nommé  évèquc  ou  prclre.  Si  c'csl  un  cvèque ,  après 
qu'il  est  rei;u,  el  «jn'il  veut  ordonner  d'antres  prêtres, 
il  ji'ùne  six  joins  entiers  ,  pendant  lesquels  il  récite 
iricessam.uent  tles  prières  sur  celui  cpii  est  lait  prêtre, 
leipiel  de  son  côté  jeune  et  prie  pendant  ce  temps-là. 
Tavernier  parle  ensuite  de  leurs  mariages,  qui  sont 
C(''lébrés  par  1  Ovèque  ,  si  la  fille  Csl  vierge;  sinon  un 
piètre  cil  fait  la  cerémotiie,  qui  csl  précéiléc  duliap- 
lème,  el  cotisisie  à  la;re  toucher  au\  deux  époux  les 
épaules  el  !a  liiie  l'un  de  l'auire,  ei  en  des  jirièresquc 
ré\è(pie  ré'Ciie  a  plusieurs  reprises  sur  eux.  11  ajoute  • 
qu'ils  ont  des  Idocs  tres-confuses  loucli.ini  la  créa- 
tion, et  très-grossiéres  sur  le  bonlieur  de  la  vie  fu- 
ture, et  qu'ils  pensent  que  tous  ceux  de  leur  religion 
seront  s:iiivé5.  Ils  révèrent  beaucoup  la  croix,  en  font 
souvent  le  sigi-e  ,  mais  d'un  autre  c6ié  leur  culte  est 
mêlé  de  quri.ii.té  de  superstitions,  surtout  ils  ont  une 
certaine  ccronion;e  qu'ils  pratiqucnl  avec  beaucoup 


commençaient  à  être  en  quelque  façon  initiés  au 
christianisme.  Ils  dilféraient  des  premiers  à  peu  près 
comme  les  novices  dilfèrent  des  postulants,  qui  ne  sont 
encore  en  aucune  manière  agrégés  aux  eommunau- 
lés  de  moines,  dans  lesquelles  ils  souhaitent  d'entrer, 
au  lieu  que  les  novices,  sans  jouir  encore  de  toutes  les 
prérogatives  de  ceux  qui  ont  fait  profession,  font  en 
quelque  sorte  partie  de  la  communauté,  dont  ils  por- 
tent les  marques.  Nous  verrons  aussi  dans  la  suite  que 
ceux  qui  étaient  admis  dans  ce  second  ordre  des  ca- 
téchumènes, portaient  quebiues  marques  de  christia- 
nisme. 

M.  Thicrs  dit,  dans  son  Exposition  du  S.-Sacrc- 
ment,  c.  8,  qu'on  les  appelait  aussi  prosternés,  ou  age- 
nouillés, subslrali,  (jenufleclenles,  parce  qu'après  avoir 
écouté  la  parole  de  Dieu,  ils  se  mettaient  à  genoux, 
et  participaient  en  quelque  façon  aux  prières  de 
l'Église.  Le  P.  Marlène(l)  prétend  que  ce  nom  n'était 
pas  attaché  à  l'ordre  qu'ils  tenaient  entre  les  autres 
calécliûmènes,  mais  qu'on  appelait  ainsi  ceux  du  se- 
cond ordre  dont  nous  parlons,  qui,  en  punition  de 
quelques  péchés  qu'ils  avaient  commis,  étaient  con- 
\^  damnés  à  entendre  à  genoux  la  parole  de  Dieu.  Enfin 


d'appnreil,  qu'ils  appellent  de  la  V ouïe,  el  ipii  appro-  |  \q  sentiment  du  P.  Morin  (2)  est  qu'on  appelait  ainsi 

les  catéchumènes  du  second  ordre  et  proprement  dits, 
à  cause  des  pi'ièi-es  que  l'on  prononçait  sur  eux  avant  le 
sacrifice,  et  en  présence  de  toute  l'église,  pendant 
lesquelles  ils  étaient  à  genoux.  Quoiqu'il  en  soit,  nous 
laissons  cette  discussion  aux  savants  :  elle  n'est  pas  im- 
portante par  rapport  à  la  matière  que  nous  traitons, 
puisqu'il  nes'yagitque  d'une  simpledénominalion.  Le 
troisième  rang  des  catéchumènes  était  celui  des  élus, 
ou  compétents,  clecti,  fowpe/<'/Ues.- c'étaient  ceux  qui, 
après  avoir  accompli  le  temps  du  catéchuménat , 
étaient  destinés  à  recevoir  le  Baptême  à  la  première 
occasion,  c'est-à-dire,  à  Pâques  ou  à  la  Pentecôte  pro- 
chaine. Je  sais  que  quelques  auteurs  distinguent 
en  deux  classes  différentes  les  élus  et  les  compétents, 
entre  autres,  M.  Thiers  et  le  P.  Martène  (5)  ;  mais  le 
P.  Morin  n'en  fait  qu'une  même  classe  :  en  quoi  il 
paraît  plus  conforme  aux  auteurs  anciens ,  qui  ont 
donné  ces  noms  indifféremment  à  tous  ceux  qui,  avant 
été  approuvés  et  jugés  dignes  de  recevoir  le  Baptê- 
me, pratiquaient,  sous  la  direction  des  ministres  de 
l'Église,  les  exercices  propres  à  les  purifier,  et  les 
mettre  en  état  de  recevoir  ce  sacrement.  Le  P.  Mar- 
tène et  M.  Thiers,  dans  les  endroits  où  ils  en  parlent, 
paraissent  embarrassés  quand  il  s'agit  de  spécifier  la 
différence  des  uns  aux  autres,  et  l'un  attribue  aux 
compétents  ce  que  l'autre  dit  convenir  aux  élus.  Il  est 
certain  d'ailleurs  que  les  anciens  nommaient  compé- 
tents ceux  qui  étaient  destinés  et  approuvés  pour  re- 
cevoir le  Baptême,  comme  il  paraît  clairement  par  ce 
que  dits.  Ambroise,  dans  sa  lettre  à  sainte  Marcelline, 
qu'il  donnait  le  Symbole  aux  compétents  dans  le 


c!ic  lort  lies  sacrilices  profaiies  l:s  ont  aussi  beaucoup 
de  labiés  extravagantes  louchant  S.  Jean  el  le  Bap- 
tême que  >jue  Se'.gueur  a  reçu  de  lui.  M.  Assemani 
f.iit  aussi  menlion  de  ces  chrétiens  de  S.  Jean,  dans 
une  disscriaiion  qu'il  a  publiée  loucbanl  les  Nesto- 
loriens  de  Svne  (1).  Voilà  ce  que  nous  avions  à  dire 
toiuli.ii.i  les  d.lTereiites  erreurs  qui  ont  attaqué  la  foi 
aiisiijcl  du  lî.îptème.  Il  est  temps  à  présent  d'entrer  en 
matière,  et  d'exposer  aux  yeux  des  lecteurs  ce  qui  re- 
garde ce  sarremeni,  el  les  exercices  par  lesquels  on 
se  préparait  à  le  recevoir. 

CUAPITRE  IL 

Des  calécliûmènes,  et  des  diverses  classes  dans  lesquelles 
ils  étaient  distribués.  Des  avantages  dont  ils  jouis- 
saient, el  du  soin  que  l'on  avait  de  leur  cacher  les 
mystères  de  lu  Religion. 

On  appelait  calécliûmènes  autrefois  ceux  qui  n'a- 
vaient point  encore  reçu  le  Baptême,  et  que  l'on  in- 
struisait dans  la  véritable  foi,  afin  de  les  disposer  à  re- 
cevoir ce  sacrement  de  l'adoption  des  enfants  de 
Dieu.  On  les  distinguait  en  trois  classes.  Les  premiers 
étaient  ceux  qui,  désirant  de  se  convertir  de  leur  in- 
fidélité à  la  foi  de  Jésus-Christ,  écoulaient  la  parole 
de  Dieu  dans  l'église,  sans  loutel'ois  demander  le 
Baptême  :  et  ils  s'appelaient  auditeurs,  auditores,  au- 
dienlcs.  Les  seconds  étaient  ceux  qui,  après  avoir 
écoulé  la  parole  de  Dieu,  demandaient  d'être  reçus 
au  nombre  de  ceux  qui  se  disposaient  à  recevoir  le 
Baptême,  et  faisaient  inscrire  leurs  noms  sur  le  rôle 
des  catéchumènes.  Ceux-ci  étaient  nommés  catéchu- 
mènes proprement,  et  même  chrétiens,  parce  qu'ils 


(1)  Toni.  2,  part.  2,   Bibliolli.  orient, ,  pai 
el  seq. 


609 


(I  )  De  Aiiliq.  Eocl.  Rilibus,  tom.  1,  c.  6. 

(^2)  De  Pœnit.,  I.  G,  c.  I,  p.  358. 

(."))  Thiers  el  Mart.,  locis  citatis,  et  Morin.,  ibid. 


19 


HISTOIRE  DES  SACREMEiNTS. 


2Ô 


baptislère  de  réglise,  quand  on  viiiihiulirequelesof-  [ 
ficiers  de  reniperenr  étaient  venus  pour  s'emparer  de 
réglise.  S.  Augustin  (i)  leur  applique  de  nicnie  cette 
dénominalion,  en  disant  :  «  Lorsque  nous  allions  aux 
(  sacrements  de  celle  fontaine,  et  qu'à  cause  de  cela 
f  on  nous  nommait  compétents  :  >  Cùm  foutis  illiits 
sacramenla  peteremus,  alque  ob  hoc  competetUes  etiam 
vocaremur.  Nous  aurons  lieu  dans  la  suite  de  parler 
au  long  de  ce  troisième  ordre  de  catéchumènes.  Nous 
nous  arrêterons  donc,  dans  ce  chapitre  et  les  deux  ou 
irois  suivants,  à  ce  qui  regarde  les  catéchumènes  des 
deux  premières  classes. 

Tout  l'avantage  des  premiers  consistait  à  pouvoir 
assister  à  celte  partie  de  la  messe,  qu'on  appelait 
pour  cela  messe  des  caiéohumèncs  ;  et  à  entendre  la 
Uecture  des  saintes  Ecrilurcs  et  les  exhortations  ou 
i  semions  des  évêques  qui  suivaient  presque  toujours 
la  lecture  de  l'Evangile  ;  et  cet  avantage  leur  éiaii 
commun  avec  les  péuiients  de  la  seconde  station,  dils 
audUcurs,  avec  les  juifs,  les  païens,  et  même  les  hé- 
rétit[ues,  Le  sermon  étant  fini,  tous  ces  gens-là  se  ' 
relifaieat,  ce  que  le  diacre  leur  dénonçait  solennellc- 
^lent,  comme  on  le  voit  dans  les  Constitutions  aposto- 
liques (2),  où  il  est  dit  :  Vévèque  fait  une  cxhoviulïon 
au  peuple,  laquelle  éluiU  achevée....,  le  diacre,  moulant 
fur  un  lieu  élevé ,  prononce  :  Qu'il  ne  se  trouve  point 
ffauditéur  ici  (c'est-à-dire  dans  la  basilique  où  se  de- 
vaient célébrer  les  saints  mystères),  point  d'infidèles. 
Et  mjant  fuit  silence,  (juil  dise  :  Catéchumènes,  priez. 
Ces  dernières  paroles  s'adressent  aux  catéchumènes 
du  ^cond  rang,  sur  lesquels  on  faisait  des  prières, 
^usei  bien  que  sur  les  énergumènes  et  les  pénitents 
de  la  troisième  station  ;  lesquelles  étant  achevées,  on 
les  faisait  sortir  à  leur  tour  :  premièrement  les  caté- 
chumènes, ensuite  les  énergumènes,  et  enfin  les  pé- 
nitents. Après  quoi, les  portes  élant  fermées,  on  célé- 
lirait  la  messe  des  fidèles,  qui  commençait  par  l'obla- 
tion  des  dons  destinés  au  sacrifice,  ou  par  le  Symbole, 
dans  les  églises  où  il  était  d'usage  de  le  clianler  à  la 
inesse  :  ce  qui  ne  se  pratiquait  pas  à  Rome  avant  que 
les  papes  l'eussent  introduit,  à  la  prière  et  sur  les  re- 
nionlrances  de  l'empereur  Henri  l". 

Nous  pourrions  apporter  un  grand  nombre  de  preu- 
ves de  ce  que  nous  disons  ici  lonchanl  la  grâce  que 
l'Eglise  accordait  à  tous  ceux  dont  npus  avons  parlé, 
d'entendre  les  lectures  saintes,  le  chant  des  psaumes, 
et  les  discours  des  évoques  :  mais  comme  nous  en 
produirons  des  témoignages  ailleurs  (5),  nous  nous 
contenterons  pour  le  présent  de  celui  d'un  auteur  du 
quatrième  siècle,  qui  en  parle  en  ces  termes. (4)  : 
Pour  ce  (jui  regarde  les  catéchumènes  ,  les  énergumènes 
et  les  pénitents,  la  loi  de  Ut  hiérarchie  leur  permet  bien 
d'entendre  le  sacré  chant  des  psaumes  et  la  lecture  toute 
divine  de  l'Écriture  :  mais  elle  ne  les  appelle  point  cn- 

(1)  DeFide  et  Oper.,  n.  9. 

(2)  Lib.  8,  c.  5. 

(3)  Voyez  la  troisième  section,  part.  2,  ch.  1,  2, 
3,  etc. 

(4)  Dionys.,  de  Hiei^rch.  eccles..  c.  5. 


suite  à  la  célébration  des  choses  saintes,  ni  à  la  contem- 
plation de  nos  mystères,  qu'elle  ne  laisse  voir  qu'aux  tjeux 
purs  de  ceux  qui  sont  justes  et  parfaits  chrétiens.  Pos- 
side,  évêque  de Calame,  remarque  dans  la  Vie  qu'il  a 
écrite  de  S.  Augustin,  que  les  hérétiques,  aussi  bien 
que  les  catholiques,  se  pressaient  pour  venir  entendre 
les  prédications  de  ce  saint  docteur  ;  et  que  les  Ma- 
nichéens même  y  assistaient  quelquefois.  On  doit  dire 
la  même  chose  de  S.  Anibroise,  puisque  S.  Augustin, 
dans  ses  Confessions,  rapporte  qu'il  allait  souvent  par 
curiosité,  et  pour  voir  si  l'éloiiucnce  de  ce  saint  ar- 
chevêque répondait  à  sa  réputation,  entendre  les  dis- 
cours qu'il  faisait  au  peuple  dans  l'église,  quoique 
alors  il  fût  encore  manichéen.  C'est  pourquoi  (]uand 
Amalarius  (I)  dit  que  la  coulume  étail  de  chasser  les 
catéchumènes  avant  l'évangile,  il  ne  faut  pas  l'enten- 
dre de  toutes  les  assemblées  des  fidèles  dans  l'église , 
mais  de  celles  qui  se  faisaient  pour  les  scrutins,  qui, 
de  son  temps  et  depuis,  se  faisaient  après  la  mi- ca- 
rême. 

Quand  on  est  au  fait  de  cette  ancienne  coutume,  oa 
n'est  point  surpris  de  voir  souvent  dans  les  homélies 
des  Pères  les  sorties  qu'ils  font,  soit  contre  les  païens, 
soit  contre  les  juifs,  ou  contre  les  hérétiques  ;  et 
même  de  les  voir  entrer  en  conlroverse  avec  tous  ces 
gens-là,  et  employer  plusieurs  discours  de  suite  à  ré- 
futer leurs  erreurs,  et  à  les  convaincre  des  vérités 
opposées.  C'est  ce  qu'ils  font  oïdinairement  après 
avoir  expliqué  aux  fidèles  le  texte  de  l'Ecriture  Sainte, 
connne  on  le  voit  dans  les  Homélies  de  S.  Jean  Chry- 
sostôme.  Les  Pères  dans  ces  occasions  ne  se  battaient 
pas  avec  des  ennemis  imaginaires  :  ceux  contre  qui  ils 
disputaient  étaient  présents,  et  souvent  ils  se  conver- 
tissaient, quand  ces  grands  évêques  leur  avaient  dé- 
sillé  les  yeux,  et  fait  apercevoir  la  vérité  qu'ils  avaient 
abandonnée. 

D'un  autre  côié  ,  la  présence  de  ces  personnes 
étrangères  à  l'Eglise  les  rendait  extrêmement  circon- 
spects pour  ne  rien  dire  qui  leur  fit  connaître  le  secret 
de  lios  mystères  ;  ils  en  parlaient  rarement  en  leur 
présence,  et  toujours  en  termes  couverts.  L'allenlion 
qu'ils  apportaient  sur  cela  paraît  incroyable  de  nos 
jours,  où  on  parle  sans  circon«;pection  de  nos  mystè- 
res devant  tout  le  monde  indifféremment,  et  souvent 
en  présence  des  profanes  et  de  gens  qui  n'ont  aucun 
sentiment  de  religion ,  et  cela  contre  la  défense  ex- 
presse du  Sauveur,  qui  ordonne  dans  l'Évangile 
(Matih.  7,  6)  de  ne  point  jeter  les  pierres  précieuses 
devant  les  pourceaux.  Défense  que  nos  pères  ont  tou- 
jours enle:uluc  dans  ce  sens  qu'il  ne  fallait  pas  di- 
vulguer nos  mystères,  ni  les  faire  connailrc  aux  pro- 
fanes, ce  qu'ils  regardaient  comme  un  précepte  d'une 
obligation  étroite. 

Lcurnlleation  sur  ce  point  était  surtout  très-grande 
par  rapport  à  l'Eucharistie.  Saint  Andjroise  (2),  par 
exemple,  témoigne  que  tout  le  monde  ne  voit  pas  la 
profondeur  de  nos  mystères,  parce  qu'ils  sont  cachés 

(1)  Lib.  1,  ad  oITic.  Eccles.,  c.  50- 

(2)  Lib.  1  Officior.,  c.  50. 


21 


DAPTKME.  — 1"  i'AKllE.  CIIAP.  II.  DES  CATECIIL>rF.NES. 


par  les  lévites,  de  craiiilc  qu'ils  ne  soient  vus  par  ceux  1 
qui  no,  les  doivent  pas  voir.  Ne  videanl  qui  videre  non 
dcbcnl.  S.  Gaudencedc  Brescc  (1)  déclare  qu'il  faut 
de  nécessité  découvrir  aux  néopliyles  ce  qui  ne  peut 
être  expliqué  en  présence  des  calécliununes,  Quœ 
pra'seulibus  calecliumcnis,  cxplanari  non  possunl.  C'est 
sur  ce  principe  que  S.  Jean  Cîirysostôme  proteste  (2): 
Qu'il  H  II  a  que  les  initiés  qui  sachent  de  quelle  grande 
miséricorde,  cl  de  quelle  extrême  charité  le  mystère  de 
l'Eucharistie  est  rempli,  et  qu'il  voudrait  bien  parler 
clairement  de  la  chose,  mais  qu'il  n'ose  le  faire,  à  cause 
de  ceux  qui  ne  sont  pas  initiés  aux  sacrés  mystères,, 
d'autant  que  leur  présence  lui  en  rendait  l'interprétation 
difficile,  en  le  contraignant,  ou  de  s'expliquer  avec  obscu- 
rité, ou  de  découvrir  ce  qui  doit  être  caché. 

Delà  viennent  ces  façons  do  parler  qui  lui  sont  si 
fïiiniiiorcs,  aussi  bien  qu'aux  autres  Pères  dans  leurs 
Homélies  :  Les  initiés  savent  ce  que  je  dis.  Los  fidèles 
savent  ce  que  je  veux  dire,  i  Si  les  caléclinmènes,  dit 
(  S.  Augustin  (3),  ne  m'entendent  pas,  qu'ils  cnaccu- 
f  sent  leur  paresse,  et  qu'ils  se  hâtent  d'arriver  à  la 
€  connaissance  de  nos  mystères,  j  Y  a-t-il  lieu  d'être 
surpris  en  voyant  toutes  ces  précautions  des  Pères 
pour  conserver  le  secret  de  nos  mystères,  d'entendre 
les  cvêques  d'un  concile  d'Alexandrie  (i)  se  plaindre 
amèrement  des  Ariens,  qui  avaient  parlé  des  mystères 
publiquement,  et  comme  sur  un  théâtre,  en  présence  des 
catéchumènes,  et  ce  qui  est  encore  pire,  en  présence  des 
pa'icns,  sans  faire  attention  à  ce  que  dit  l'Ecriture,  qu'il 
est  bon  de  tacher  le  secret  du  roi.  Le  pape  Jule  (5)  ne 
parait  pns  moins  indigné  de  ce  procédé  des  Ariens, 
qui,  dans  l'afTairc  d'Yschyras,  dont  ils  avaient  pris 
occasion  de  calomnier  S.  Alhanase,  en  avaient  agi  de 
la  sorte.  Qui  n'aurait  horreur,  dit-il,  de  voir  traiter  une 
question  touchant  le  corps  et  le  sang  de  Notre  Seigneur 
devant  un  juge  étranger,  en  présence  des  catéchumènes. 
Non  seulement  les  Pères  prenaient  ces  précautions 
lorsqu'ils  parlaient  publiquement  au  peuple,  ils  obser- 
vaient la  même  chose  dans  leurs  écrits,  et  jusque  dans 
leurs  lettres,  et  cela  à  l'égard  de  tous  les  autres  sa- 
crements. S.  Cyrille  d'Alexandrie  (6),  écrivant  contre 
l'empereur  Julien,  et  ayant  à  parler  des  mystères  du 
Baptême,  dit  :  «  J'en  parlerais  si  je  ne  craignais  que 
I  cela  ne  vînt  aux  oreilles  de  ceux  qui  ne  sont  pas 
«  initiés.  >  El  le  premier  concile  dOrangc  (can.  19) 
porte  les  choses  si  loin  là-dessus,  qu'il  fait  un  canon 
exprès  pour  défendre  que  l'on  souffre  en  aucune  ma- 
nière l'entrée  des  catéchumènes  dans  le  baptistère  : 
Ad  baplisterium  catechumeni  nunquàm  admiltendi.  L'é- 
vè(iMe  d'Eugubio,  ayant  fait  quelques  questions  au 
pape  Innocent  1  louchant  le  sacrement  de  Confirma- 
lion,  celui-ci,  oprès  lui  avoir  développé  ses  difficid- 
lés,  venant  aux  paroles  qui  l'ont  partie  de  ce  sacre- 

(1)  Serm.  2  ad  Neophyt. 

Ci)  llom.  7-2  in  Matlh.,  et  hom.  40  in  1  ad  Cor. 

(3)  In  pMil.  lui). 

(4)  Apud  Ath;mas.  apol.  2. 

(5)  Ep.  ad  Orient,  episcopos. 
(G)  AdversùsJulian.,  1.  7. 


22 

ment,  lui  dit  :  «  Je  ne  puis  mettre  ici  les  paroles,  de 

<  peur  que  je  ne  paraisse  plutôt  trahir  les  mystères, 

<  que  répondre  à  votre  consultation.!  Verbàdicerenon 
posnum  ;  ne  magis  tradere  videar,  quàm  ad  consultalio- 
nem  respondcre. 

On  n'était  pas  moins  attentif  à  cacher  les  rits  des 
autres  sacrements  aux  catéchumènes.  Vous  avez  vu 
qu'on  ne  leur  permettait  pas  même  d'être  présents 
dans  l'église  quand  on  faisait  les  prières  sur  les  péni- 
tents. Le  concile  de  Laodicéc  (can.  lOi)  ordoime 
expressément  ([u'on  ne  les  commencera  qu'après  tpi'ils 
seront  sortis.  A  l'égard -des  ordinations  sacrées,  le 
même  concile  (can.  4)  défend  de  les  faire  en  leur  pré- 
sence. Non  oportere  ordinutiones  fieri  in  prœsentià  eo- 
rum  qui  audïunt.  Enfin  la  chose  n'est  pas  moins  cer- 
taine pour  ce  qui  regarde  le  Mariage  et  lExtrôme- 
Onction,  puisqu'on  ne  célébrait  point  de  mariage  sans 
oblation,  comme  dit  Tertnllieu  (1)  :  Ecclesia  couciliet 
matrimonium,  et  confirmet  oblatio;  et  qu'on  n'avait  pas 
coutume  autrefois  de  donner  l'Extrême  Onction  sans 
l'Eucharistie;  et  immédiatement  après,  comme  le 
p.  Marlène  le  montre  dans  son  cinquième  livre  des 
anciens  Rits  des  moines.  Or  il  est  constant  qu'on  ne 
souffrait  point  que  les  catéchumènes  assistassent  a 
l'oblation  des  dons  destinés  au  sacrifice,  ni  qu'ils  vis- 
sent les  sacrés  symboles  du  corps  et  du  sang  dcNotre- 
Seigneur. 

Enfin  on  ne  donnait  aux  catéchumènes  des  deux 
premières  classes  aucune  connaissance  ni  du  Sym- 
bole ni  de  l'Oraison  Dominicale;  on  ne  leur  enseignait 
l'un  et  l'autre  que  lorsqu'ils  étaient  compétents  et 
prêts  à  recevoir  le  Baptême,  de  la  manière  dont  nous 
le  dirons  plus  bas.  Nous  voyons  encore  des  vestiges 
de  ce  respect  ancien  pour  le  Symbole  et  la  prière  du 
Seigneur  dans  l'office  de  l'Église  :  car,  excepté  à  la 
messe  des  fidèles,  ni  l'un  ni  l'autre  ne  se  prononce  à 
haute  voix  ;  l'Église  interrompt  son  chant  quand  il  faut 
dire  les  paroles  dans  lesquelles  ils  sont  conçus,  ex- 
cepté dans  les  monastères  des  anciens  ordres,  où 
;  l'Oraison  Dominicale  se  prononce  à  haute  voix,  à  vê- 
■  près  et  aux  matines,  que  nous  appelons  aujourd'hui 
laudes,  pour  étouffer,  comme  dit  S.  Benoît  ("2),  les 
I  divisions  qui  se  trouvent  souvent  dans  les  commu- 
nautés. El  ce  saint  l'a  ainsi  prescrit,  parce  que  son 
monastère  était  éloigné  du  monde,  et  qu'il  n'était 
point  à  craindre  que  les  hommes  profanes  entendis 
sent  les  paroles  de  celle  divine  prière,  que  le  supé- 
rieur seul  prononce  à  haute  voix  dans  l'ordre  do 
S.  Benoit.  Pour  ce  qui  est  des  autres  offices,,  les  reli- 
gieux suivent  la  pratique  commune  de  l'Église,  de  ne 
réciter  le  Symbole  et  l'Oraison  Dominicale  qu'à  voix 
basse,  et  le  corps  penché  comme  pour  l'adorer. 

Avant  de  finir  ce  chapitre,  nous  donnerons  un  mo~ 
dèle  des  prières  que  l'on  faisait  publiquement  dans 
l'Église  sur  les  catéchumènes  du  second  rang,  avant 
de  les  congédier.  Les  Constiluiions  des  apôtres  les 


(1)  L.  ad  Uxorcm,  c.  2. 

(2)  Régula  S.  Bcnedicli,  c.  13. 


♦t3 


HISTOIRE  DLS  SACliEME.NTS. 

isons  doivent  être 


24 


rapportent,  el  celles  que  nous  y 
fort  anciennes,  quand  même  on  supposerait  qu'elles 
feraient  de  l'auteur  qui  a  compilé  et  ramassé  en  un 
seul  corps  ces  anciennes  instructions  et  constitutions, 
connues  dès  le  troisième  siècle  sons  les  noms  des 
apôtres,  de  S.  Ignace,  de  S.  Clément,  et  que  plusieurs 
églises  ont  mises  au  nombre  des  Écritures  canoni- 
ques, puisque  ce  compilateur  doit  être  au  moins  de  la 
lin  du  quatrième  siècle. 

Voici  ce  qui  est  prescrit  là-dessus  dans  ces  consti- 
lulions  (J)  :  Tous  étant  levés,  le  diacre,  montant  sur  w« 
lieu  élevé,  dira  :  Qu  aucun  des  auditeurs,  qn  aucun  infi- 
dèle ne  reste  ici.  Et  ayant  fait  faire  silence,  qu'il  dise  : 
Priez,  catéchumènes,  et  que  tous  les  fidèles  prient  pour 
eux  avec  attention,  en  disant  :  Seigneur,  ayez  pitié.  Que  le 
diacre  parle  pour  eux,  en  disant  :  Prions  tous  Dieu  pour 
les  catéchumènes,  afin  que  le  Seigneur,  plein  de  bonté 
et  de  miséricorde,  entende  leurs  prières  et  leurs  suppli- 
cations, et  que  les  ayant  reçues  favorablement,  il  leur 
accorde  les  demandes  de  leur  cœur  pour  leur  avantage. 
Qu'il  leur  découvre  l'évangile  de  son  Christ,  qu'il  les 
instruise  dans  la  connaissance  de  Dieu,  qu'il  leur  ap- 
■prenne  ses  commandements,  qu'il  leur  inspire  une  crainte 
chaste  et  salutaire,  qu'il  ouvre  les  oreilles  de  leur  cœur, 
afin  qu'ils  s'occupent  de  sa  loi  jour  et  nuit,  qu'il  les 
affermisse  dans  la  piété,  qu'il  les  unisse  et  les  mette  au 
nombre  de  ses  ouaiUes,  les  rendant  dignes  de  la  régéné- 
ration, du  vêtement  de  l'immortalité,  de  la  vraie  vie. 
Qu'il  les  délivre  de  toute  impiété,  qu'il  ne  donne  point 
de  prise  contre  eux  à  leur  adversaire,  qu'il  les  purifie  de 
toute  tache  de  corps  et  d'esprit,  qu'il  habite  en  eux  avec 
son  Christ,  qu'il  bénisse  leur  entrée  et  leur  sortie,  qu'il 
dirige  tous  leurs  projets  à  leur  avantage.  Prions  encore  ! 
pour  eux  avec  ferveur,  afin  que,  recevant  la  rémission  de 
leurs  péchés  par  le  Baptême,  ils  soient  rendus  dignes  des 
saints  mystères  et  de  la  demeure  des  Saints. 

Après  ces  paroles,  le  diacre  ajoute  ce  qui  suit  :  Le- 
vez-vous, catéchumènes,  demandez  la  paix  de  Dieu  par  Jé- 
sus-Christ de  vivre  tranquillement  et  sans  péché  ,  une  fin 
chrétienne,  el  que  Dieu  vous  soit  propice  ;  remettez-vous 
par  Jésus-Christ  entre  lesmains  de  Dieu,  seul  non  engen- 
dré, inclinez-vous  et  recevez  la  bénédiction.  Les  constilu- 
lions  apostoliques  ajoutent  :  Que  le  peuple  sur  cha- 
cune  des  choses   que  le    diacre  propose ,  dise  :  Kyrie 

ELEISON,  eJ  surtout  les  enfants,  xat  -ph  rràvTWv  rà  -aiûic/.. 

Ensuite  il  est  dit  :  Ceux-ci  (  les  catéchumènes  ),  bais- 
sant la  tête,  que  celui  qui  est  établi  évêque,  prononce  sur 
eux  cette  bénédiction. 

Prière  sur  les  catéchumènes. 

Seigneur  tout-puissant ,  incréé,  inaccessible,  seul  vrai 
Dieu,  Dieu  père  du  Christ  votre  filsunique,  Dieu  du  para- 
clet  et  Seigneur  de  toutes  choses,  qui  avezétabli  par  Jésus- 
Christ  les  disciples  pour  être  les  docteurs  de  la  piété,  re- 
gardez présentement  vos  serviteurs  que  l'on  instruit  de 
l'Evangile  de  votre  fils,  et  donnez-leur  un  cœur  nouveau, 
et  renouvelez  dans  leurs  entrailles  un  esprit  de  droi- 

(UUb.  8,  c.  5  et  6. 


titre,  afin  qu'ils  connaissent  et  qu'ils  accomvlissent  votre 
volonté  avec  un  cœur  plein  de  bonne  volonté  ;  rendez-les 
dignes  d'être  initiés  au  saint  Baptême ,  unissez-les  à  votre 
Eglise  sainte ,  et  rendez-les  participants  de  vos  divins 
inystères,  par  Jésus-Christ  notre  espérance,  qui  est  mort 
pour  eux ,  par  lequel  vous  soit  rendu  gloire  et  adoration 
dans  le  Saint-Esprit ,  dans  totis  les  siècles.  Amen. 

Cette  prière  finie ,  il  est  marqué  que  le  diacre  doit 
dire  :  Sortez ,  catéchumènes  ;  et  après  qu'ils  sont 
sortis  ,  il  ajoute  :  Priez  ,  énergumènes. 

L'extrait  que  nous  venons  de  donner  nous  apprend 
en  même  temps  el  quelles  éiaient  les  prières  que  l'on 
faisait  pour  les  catéchumènes,  et  la  part  que  le  peu- 
ple y  prenait ,  et  les  cérémonies  qui  s'y  observaient. 
Ce  qui  y  est  dit  des  enfants  qu'on  exhorte  surtout  à 
prier  est  digne  de  remarque  ,  et  doit  s'entendre  ou 
de  tous  les  enfants  en  général  que  S.  Basile  et  S. 
Chrysostome  (i)  veulent  qu'on  fasse  prier  dans  les 
les  besoins  publics;  leurs  prières  îivant  une  force  par- 
ticulière pour  lU'cliir  la  colère  de  Dieu  ;  ou  de  ceux 
qui,  étant  abandonnés  et  orphelins ,  étaient  nourris 
des  aumônes  de  l'Église. 

CHAPITRE  III. 

De  l'origim^  du  catéchuménat.  Que  le  nombre  des  ca- 
téchumènes était  très-grand  dans  les  cinq  premiers 
siècles.  Pourquoi.  École  des  catéchumènes ,  à  qui  on 
confiait  leur  instruction.  Catéchèses.  Quelle  était  la 
doctrine  que  l'on  y  enseignait. 

11  y  a  eu  des  catécliumènes  dans  l'Eglise   depuis 
qu'elle  est  formée  en  corps  de  religion.  Si  les  apôtres 
ont  baptisé  dans  les  premiers  jours  de  sa  formation  , 
des  milliers  d'iiommes,  sans  les  faire  passer  par  l'é- 
preuve du  catéchuménat,  c'est  qu'alors  Dieu  agissait, 
pour  ainsi  dire,  en  créateur,  pour  établir  en  peu  de 
temps  une  société  dévouée  à  son  culte  et  la  substi- 
tuer à  la  synagogue,  qui  l'avait  abandonné,  en  coiispi- 
ï  rant  unanimement  contre  son  Fils.  Et  comme  dans  la 
première  création  il  a  tiré  du  néant  tout  ce  qui  existe, 
en  un  instant ,  et  lui  a  donné  en  peu  de  jours  Tordre, 
les  proportions   et   rorneiaent  qui  lui  convient ,  de 
même,  dans  la  création  du  nouveau  monde,  il  a  tout 
fait  en  peu  de  temps.  Mais  ensuite  comme  l'ouvrage 
:  étant  achevé,  il  ne  conduit  chaque  partie  de  l'univers, 
les  hommes,  par  exemple  ,  et  les  animaux  à  leur  per- 
fection que  par  degrés  ,  Ue  même  l'Eglise  étant  une 
fois  formée  ,  il  ne  donne  pour  l'ordinaire  les  grâces 
qui  rendent   parfaits  chrétiens  que  peu  à  peu ,  et 
après  que  l'on  s'est  préparé  avec  soin  à  les  recevoir. 
C'est  pour  y  disposer  que  le  caléchuméuat  a  été  in  - 
slilué  ,  et  nous  n'en  voyons  point  le  commeiicemcnl 
dans  l'Eglise.  Teiluilien,  qui  lleurissait  cent  ans  apn's 
les  apôtres ,  en  parle  comme  d'une  chose  ordinaire 
et  si  bien  établie  ,  (jue  les    hérétiques  même  avaient 
leurs  catéchumènes  ,  et  il  leur  fait  des  reproclics  de 
ce  que,  dans  leurs  assenibléos,  ceux-ci  éuaient   mêlés 
indilToiemnient  aver  ks  lidèles,  et  ne  gardaient  point 

(1)  Basil.,  boni,  in  fainoin  cl  siccilatem  ;  Chrysost., 
boni.  1-2  in  \Iallli. 


85  BAPTÊME.  —  I"  PARTIE.  CHAP. 

le  rang  qui  convenait.  Je  ne  puis  me  dispenser  (1),  nie 
dit-il,  de  représenter  ta  manière  dont  se  conduisent  les 
hérétiques ,  qu'elle  est  peu  réglée ,  qu'elle  est  terrestre , 
qu'elle  est  humaine;  en  premier  lieu,  on  ne  sait  chez 
tux  qui  est  le  catéchumène,  qui  est  le  fidèle:  ils  s'appro- 
chent éijalemenl ,  ils  écoutent  et  prient  pêle-mêle.  On  ne 
remarque  en  eux  ni  (iravilé ,  ni  autorité ,  ni  discipline, 
tout  y  répond  à  leur  créance,  t  Inprimis  quis  calhecu- 
t  menus,  quis  fidelisincertum  est;  pariter  adeunt,  pariler 
«  audiunt,  pariler  orant.  >  Voilà  pour  ce  qui  regarde 
l'antiquité  du  caléchuraénat,  dont  on  doit ,  suivant 
la  maxime  si  connue  et  si  sage  de  S.  Augustin ,  faire 
remonter  l'origine  jusqu'aux,  apôtres  ,  puisqu'on  le 
trouve  établi  dès  les  premiers  siècles  dans  l'Eglise  ,  et 
qu'on  ne  peut  fixer  l'époque  de  son  établissement. 

Quant  aux  calécbumèiies  eux-mêmes,  on  ne  peut  dou- 
ter qu'anciennement  le  nombre  n'en  fut  très-grand  ; 
et  cela  pour  plusieurs  raisons  :  premièrenient,  il  est 
certain  que  l'Eglise  dans  les  trois  premiers  siècles, 
étant  arrosée  du  sang  des  martyrs,  était  très-féconde, 
sunguis  martyrum  senicn  clirislianorum  est,  disait  Ter- 
lullien  ;  et  si  Dieu  la  consolait  ainsi  de  la  mort  de  ses 
principaux  membres ,  elle  ne  veillait  pas  avec  moins 
de  soin  pour  empêcher  que  parmi  ceux  qui  se  présen- 
taient pour  recevoir  le  Baptême ,  il  ne  s'y  mêlât  de 
l'ivraie,  et  que  de  faux  frères  ne  s'introduisissent  chez 
elle  ,  pour  y  pervertir  ensuite  les  autres.  C'est  pour- 
quoi elle  les  éprouvait  et  tâchait  de  s'assurer  de  leur 
conversion,  avant  de  leur  accorder  cette  grâce;  suivant 
en  cela  le  précepte  de  l'apôlre  S.  Jean  :  Éprouvez 
les  esprits  pour  connaître  s'ils  sont  de  Dieu  ,  probale 
spiriius  si  ex  Deo  sunt.  [C'est  pour  cela  que  le  calé- 
chuménat  a  été  insiitué. 

Quand  dans  la  suite  le  signe  de  la  croix  fut  imprimé 
sur  le  front  des  rois ,  et  que  l'on  trouva  des  avan- 
tages temporels  à  faire  profession  du  christianisme  , 
comme  il  arriva  depuis  la  conversion  de  Constantin  , 
il  ne  faut  pas  douter  que  quantité  d'hommes  charnels 
ne  s'empressassent  d'entrer  dans  l'Eglise  ,  et  c'est  ce 
qui  engagea  les  évèques  à  redoubler  leur  soin  et  leur 
attention  pour  écarter  du  troupeau  de  Jésus-Christ  ces 
gens  qui  ne  témoignaient  tant  d'empressement  que 
par  des  vues  tout  humaines,  et  qui  fit  que  l'on  éprouva 
plus  longtemps  les  catéchumènes  avant  de  les  ad- 
mettre au  Baptême,  ce  qui  par  une  suite  nécessaire 
rendit  encore  plus  grand  le  nombre  de  ces  candidats 
du  christianisme. 

Outre  ces  raisons  qui  nous  persuadent  de  ce  que 
nous  disons  ici  touchant  le  grand  nombre  des  cati'chu- 
mènes,  nous  en  avons  plusieurs  autres.  Nous  apprenons 
par  les  anciennes  histoires  et  par  les  sermons  des  an- 
ciens évoques  ,  que  grand  nombre  de  personnes  re- 
lardaient pendant  plusieurs  années  leur  Baptême,  et 
quelques-uns  même  jusqu'à  la  mort.  Et  cela  se  prati- 
quait non-seulement  par  ceux  qui  sortaient  du  pa- 
ganisme, mais  même  dans  les  familles  chrétiennes. 
Saint  Ambroise,  par  exemple,  et  son  frère  Saivre,  S. 

(1)  Terlull,,de  Prscscript.hœres.,  c.  41. 


III.  ORIGINE  DU  CATÉCHUMÉNAT.  16 

Grégoire  de  Nazianze,  l'empereur  Théodose  ,  le  jeune 
Valentinicu,  S.  Augustin,  etc.,  sont  restes  dans  le 
catéchuniénat  jusqu'à  l'âge  d'adulte. 

Saint  Martin,  Eusèbc,  évêque  de  Césarée  en  Cappa- 
doce ,  prédécesseurs  de  S.  Basile ,  quoique  gens  de 
bien,  n'ont  reçu  le  Baptême  que  plusieurs  années  après 
avoir  été  faits  catécliumènes.  L'empereur  Constantin 
et  son  fils  Constanlius  n'ont  été  baptisés  qu'à  la  moit. 
On  pourrait  citer  une  infinité  d'autres  exemples  sem- 
blables qui  doivent  nous  persuader  que  le  nombre 
des  catéchumènes  devait  être  f«rt  grand,  et  qu'il  ne 
faut  pas  s'étonner  que  les  évèques  fissent  si  souvent 
des  discours  pour  les  presser  de  recevoir  le  Baptême. 
Nous  en  avons  plusieurs  sur  ce  sujet ,  de  S.  Jean 
Chrysostôme  ,  des  deux  SS.  Grégoire  de  Nysse  et  de 
Nazianze,  de  S.  Augustin  ,  et  de  plusieurs  autres. 

On  voit  dans  ces  discours  quels  étaient  les  motifs 
qui  faisaient  ainsi  retarder  le  Baptême  à  ces  gens-là. 
Ils  étaient  bien  différents  dans  les  différentes  person- 
nes ;  les  uns  remettaient  ainsi  le  temps  de  leur  Bap- 
tême, pour  s'y  mieux  préparer,  et  se  mettre  en  état 
{  de  recevoir  l'abondance  de  grâces  que  Dieu  a  attachées 
!  à  ce  premier  de  nos  sacrements.  Ils  craignaient  aussi 
de  perdre  l'innocence  qu'ils  devaient  acquérir  dans 
ce  bain  sacré,  et  de  courir  le  risque  de  ne  pouvoir  la 
recouvrer,  ou,  pour  mieux  dire,  de  ne  le  pouvoir  faire 
qu'avec  beaucoup  de  peine.  Les  pénitents  qu'ils  avaient 
sous  les  yeux,  et  les  longs  et  pénibles  exercices  aux- 
quels ils  étaient  assujettis ,  leur  faisant  sentir ,  com- 
bien il  est  difficile  de  réparer  ses  pertes ,  et  de  se  re- 
lever des  chutes  mortelles  après  le  Baptême. 

Quoique  TertuUien  (1)  n'ait  jamais  nié  qu'on  ne  pût 
légitimement  baptiser  les  enfanst,  il  autorise  néan- 
moins ouvertement  les  retardemcnts  dont  on  usait  alors 
et  depuis  si  communément,  lorsqu'il  parle  ainsi: 
C'est  pourquoi ,  suivant  les  différentes  dispositions,  la 
condition  et  l'âge  de  chaque  personne,  le  retardement  du 
Baptême  est  plusulile,  cl.nct.vtio  baptismi  itilior  est, 
surtout  à  l'égard  des  enfants ,  rR.tciPLÈ  tamen  circa 
PARVLLOS.CV»-  qu  est-il  nécessaire  d'exposer  les  parrains 
au  péril ,  eux  qui  peuvent  manquer  à  leurs  promesses  par 
cas  de  mort ,  et  être  trompés  par  le  mauvais  naturel  de 
ceux  dont  ils  se  rendent  les  répondants? Le  Seigneur  dit, 
à  la  vérité ,  ne  les  empêchez  point  de  venir  à  moi.  Qu'iU 
viennent  donc  quand  ils  sont  adultes ,  qu'ils  viennent 
lorsqu'ils  sont  en  état  d'apprendre,  lorsqu'on  peut  leur 
enseigner  oii  ils  viennent.  Qu'ils  deviennent  chrétiens , 
quand  ils  pourront  connaître  Jésus- Christ.  Pourquo 
dans  cet  âge  innocent  se  hùtent-ils  de  venir  à  la  rémis- 
sion des  péchés?  On  agit  avec  plus  de  précaution  dans 
les  choses  du  monde  :  on  ne  confie  point  aux  enfants  les 
biens  temporels,  il  ne  faut  pas  leur  confier  les  choses 
divines.  Qu'ils  sachent  demander  le  salut ,  afin  que  vous 
I  paraissiez  l'avoir  donné  à  ceux  qui  le  demandent,  i  Sô- 
i  rint  petere  salutem,  ut  petenti  dédisse  videaris.  » 

Je  sais  que  plusieurs,  tant  parmi  les  hérétiques  que 
parmi  les  catholiques,  ont  pris  occasion  do  ce  passage 

(1)  Lib.  de  Bapiisrao,  c,  18. 


*7 


HISTOIRE  DES  SACKEMENTS. 


28 


de  Tcrtullien,  pour  avancer  des  erreurs  grossières,  et  i|i  prît  des  hommes,  que  la  haine  qu'ils  ont  courue  contre 
des  opinions  irès-fausses  louchant  le  Baptême  des 
enfanls,  entre  autres  un  certain  Slork,  paysan  saxon, 
qui  a  soulevé  en  Allemagne  une  muliilude  incroyable 
de  1,'ens  de  sa  condition,  en  déclamant  en  furieux  con- 
tre le  Baptême  des  enfants;  Michel  Scrvet  cl  plusieurs 
autres.  Parmi  les  catholiques  ,  Erasme  et  Louis  Vi- 
ves (1),  n'ont  pas  assez  mesure  leurs  paroles,  en 
iraitaul  du  Baptême  des  enfants.  Mais  tout  ce  qu'on 
peut  conclure  de  cet  endroit  de  T(M-lullien,  c'est  qu'il 
îavorise  extrêmement  les  retards  dont  on  n'usait  que 
trop  souvent  dans  le  temps  dont  nous  parlons,  et 
qu'il  n'a  peut-être  pas  peu  contribué  à  autoriser  la 
conduite  de  ceux  qui  différaient  si  longtemps  de  re- 
cevoir le  Baptême. 

Outre  les  motifs  dont  nous  avons  parlé ,  et  sur  les- 
quels s'appuyaient  quantité  de  gens  de  bien  pour  dif- 
férer leur  Baptême ,  il  se  trouvait  un  grand  nombre 
de  personnes  qui  demeuraient  dans  l'ordre  des  calé- 
cliumèncs  jnsiiu'à  la  vieillesse,  par  des  vues  et  des  in- 
tentions tout-à-fait  inexcusables.  Je  veux  dire  ,  qu'ils 
demeuraient  en  cet  état  pour  mener  une  vie  plus  li- 
bre et  plus  conforme  aux  inclinations  de  la  nature  : 
ear  la  vie  des  chrétiens  dans  ces  temps-là,  n'était  pas 
une  vie  de  plaisir  et  divertissement,  elle  était  sérieuse 
et  austère.  Los  clirétiens  (je  parle  du  connuun  d'cn- 
Irc  eux)  ne  se  trouvaient  point  aux  spectacles  publics, 
ils  étaient  sobres  dans  le  boire  et  dans  le  manger, 
modestes  dans  leurs  habits,  dans  leurs  manières  et 
dans  leurs  paroles.  Les  jeûnes  étaient  fréquents  chez 
eux,  on  se  trouvait  souvent  aux  veilles ,  et  on  passait 
les  nuits  entières  dans  les  églises ,  les  jours  qui  pré- 
cédaient les  grandes  fêtes.  Enfin,  les  clirétiens  étaient 
rcconnaissables  à  la  vue,  par  leur  manière  de  vivre, 
et  on  distinguait  facilement  ceux  qui  étaient  baptisés, 
en  les  comparant  avec  ceux  qui  ne  relaient  pas ,  et 
avec  eux-mêmes  avant  leur  conversion.  Que  cette 
femme,  disaient  les  infidèles,  était  coquetie  cl  de  belle 
humeur  (2j  !  que  cet  homme  était  agréable  et  de  bonne 
compagnie  !  c'est  dommage  qu'il  se  soit  lArr  cuuÉ- 
TiEN...  MJi  hommme,  dit  'ïcrluWiei),  qui  autrefois  avait 
rùme  pleine  de  jalousie,  ne  peut  souffrir  sa  femme,  de- 
puis qu'elle  est  chrétienne  ,  quelque  témoignage  qu'il 
ait  de  sa  sagesse,  et  il  se  sépare  d'elle,  lorsque  ses  ac- 
tions qui  ne  respirent  que  la  modestie  ,  ont  éteint  tous 
tes  soupçons  dont  il  était  agité.  Un  père  qui  a  long- 
temps souffert  les  désobéissances  de  son  ftls ,  se  résout 
de  lui  ravir  l'espérance  de  sa  succession  lorsqu'il  exé- 
cute ses  commandements  sans  murmurer.  Un  maître 
qui  traitait  doucement  son  esclave  lorsque  sa  conduite 
lui  donnnit  quelque  sujet  de  défiance,  l'éloig)ie  de  ses 
yeux,  quand  il  a  toute  assurance  de  sa  fidélité.  C'est 
commettre  un  crime  que  de  corriger  les  désordres  de 
S'i  vie  par  le  mouvement  d'une  sainte  conversion  à  la 
foi  chrétienne,  et  le  bien  qui  est  produit  par  un  si  heu- 
reux changement ,    n'agit  pas  si  puissamment  sur  l'es- 

(l)  VitaErasm.  perPaulumMcrulam,  edit.  an.  1607; 
Vives  in  1.  S.  Auguslini  de  Civitale  Dei,  c.  27. 
(2]  Terlul.  Apol.,  c.  3. 


«OMS.  C'est  ainsi  que  la  foi  des  chrétiens  se  produi- 
sait au  dehors  par  des  efTets  dans  toutes  les  condi- 
tions, et  fai&^ait  remarquer  ceux  qui  en  faisaient  pro- 
fession par  une  vie  uniforme ,  et  par  rattachement 
aux  devoirs  de  leur  étal. 

Il  ne  se  trouvait  que  trop  de  personnes  qui  ne  vou- 
laient pas  s'assujettir  à  ce  genre  de  vie,  et  qui  pour 
ne  s'y  pas  engager  remettaient  leur  baptême  de  temps 
à  autre.  C'est  contre  ceux-là  principalement  que  les 
Pères  se  servaient  de  toute  leur  éloquence  pour  leur 
persuader  de  quitter  leur  vie  molle  et  voluptueuse, 
et  les  porter  à  se  préparer  à  recevoir  la  grâce  de  la 
régénération. 

Mais  ce  qui  est  surprenant,  c'est  que  ceux  qui  re- 
tardaient leur  baptême  par  ces  vues,  croyaient  qu'en 
le  recevant  ou  dans  leur  vieillesse ,  ou  à  la  mort,  ils 
obtiendraient  la  rémission  de  leurs  péchés,  et  qu'ils 
entreraient  dans  le  ciel  avec  ceux  qui  avaient  travaillé 
toute  leur  vie  à  se  sanctifier.  Saint  Jean  Chrysostôme 
fait  dans  ses  Homélies  tous  ses  efforts  pour  les  faire 
sortir  de  cet  étal  d'indifférence,  et  semble  quelque- 
fois autoriser  la  créance  qu'ils  avaient  touchant  les 
elTets  (|u'ils  attendaient  du  Baptême.  L'endroit  est  cu- 
rieux (1)  et  mérite  d'avoir  ici  sa  place;  il  servira  au 
moins  à  faire  voir  l'efficace  prodigieuse  que  les  an- 
ciens attribuaient  au  Baptême.  Voici  ses  paroles  : 
Que  ceux  qui  n'ont  point  encore  (ce  signe  sacré),  ne  se 
laissent  point  aller  à  une  vaine  présomption  :  car  si  quel- 
qu'un  pèche  dans  l'espérance  de  recevoir  le  Baptême  à  la 
dernière  heure,  peut-être  ne  lerecevra-t-ilpas.  Et,  croyez- 
moi,  je  ne  le  dirai  pas  pour  vous  épouvanter,  j'en  ai  vu 
plusieurs  à  qui  cela  est  arrivé,  qui,  dans  f espérance  du 
Baptême  ayant  commis  plusieiirs  péchés,  sont  morts  frus- 
trés de  leurs  espérances  :  car  Dieu  a  institué  le  Baptême, 
non  pour  augmenter  mais  pour  effacer  le  péché...  Après 
avoir  ntontré  qu'il  faut  aimer  la  vertu  pour  elle-mê- 
me, et  non  pour  la  récompense  qui  y  est  attachée,  il 
continue  ainsi  :  Supposons,  si  vous  le  voulez ,  qu'un 
homme  qui  a  commis  mille  numx  reçoive  le  Baptême  à  la 
mort,  ce  que  je  crois  ne  devoir  pas  arriver  facilement  ; 
oii  va-l-il,  diles-le  moi?  Il  sera  traité  commeun  homme  à 
qui  h  la  vérité  on  n'imputera  point  les  fautes  qu'il  a  com- 
mises,mais  il  sera,  comme  il  le  mérite,  sans  aucune  con- 
fiance. Car  celui  qui  ayant  vécu  cent  cms  n'a  produit  au- 
cune bonne  œuvre,  et  qui  n'a  pour  tout  mérite  que  de  n'a- 
voir pas  péché,  ou  plutôt  d'être  sauvé  par  pure  grâce  ; 
dites-moi,  comment  pourra-t-il  n'être  point  accablé  de 
chagrin,  quoiqu'il  ne  soit  pas  condamné  aux  tourments 
de  l'enfer ,  quand  il  verra  les  autres  chargés  de  tro- 
phées et  estimés  ? 

Saint  Chrysostôme  compare  ensuite  celui  qui  a  re- 
çu le  Baplcmc  à  la  mort  après  une  vie  lâche  et  de  pé- 
ché, et  celui  (pii  a  travaillé  sérieusement  à  l'ouvrage 
de  son  salut,  à  deux  soldats,  dont  l'un,  ayant  fait  plu- 
sieurs belles  actions,  est  élnvé  aux  premières  digni- 
tés, et  l'autre,  coupable  de  plusieurs  crimes,  demeura 

(1)  In  Ep.  ad  Hcbr.  hom.  13, 


feu 


lîAPTÈME.  —  1"  PARTIE.  CHAP.  111.  ORIGINE  DU  CATÉCHUMÉNAT. 


to 


toujours  dans  son  rnngUe  BÎmplc  soldat,  ayant  seule-  it  S.  Clément  d'Alexandrie,  et  Origène.  Ce  dernier  fut 


ment  la  vie  sauve  que  ses  crimes  auraiciil  dû  lui  faire 
perdre.  Après  quoi  il  ajoute ,  es  parlant  de  ce  der- 
nier :  //  ne  pourra  supporter  te  chagrin  de  se  voir  en  cet 
état...  étant  toujours  dans  tes  derniers  rancis,  et  n'étant 
exempt  de  supplice  que  par  la  pure  bonté  de  son  géné- 
ral, sans  qu'il  lui  en  revienne  aucun  honneur;  car  quoi- 
ique  son  général  lui  pardonne  et  le  renvoie  absous  de  ses 
{crimes,  il  vivra  dans  rignominie.  Les  autres  ne  radinire- 
Wont  pas,  puisque  quand  on  use  ainsi  d'indulgence  envers 
quelqu'un,  on  n^ admire  pas  ceux  envers  qui  on  en  use, 
mais  celui  qui  fait  sentir  les  effets  de  sa  bonté...  de  quel 
ceil  donc  verra-t-il  les  autres  récompensés  pour  leurs 
belles  actions ,  tandis  qu'il  n'aura  rien  qtn  mérite  récom- 


ciiargé  de  l'instruction  des  catéchumènes  dès  Vàge  de 
dix-lniil  ans,  iiélaiil  encore  que  laïque  ,  cl  celle  école 
devint  si  fameuse  de  son  temps,  qu'on  y  venait  des 
pays  les  plus  éloignés. 

Saint  Grégoire  Tliaumalurge  y  apprit  les  premiers 
élémenls  de  noire  foi,  et  y  (il  des  progrès  qui  le  ven- 
dirent dans  la  suite  l'admiration  de  tous  les  siècles. 
Dans  l'église  de  Carlhage,  S.  Cyprien  (1)  établit  dans 
cet  emploi  un  rhéieur  nommé  Opiat,  comme  il  le 
témoigne  en  ces  termes  :  «  Nous  avons  établi  Optât  un 
i  des  lecteurs  pour  être  le  maîlrodesaudileurs.  >  Opta- 
tum  inter  ledores,  audienlium  doctorem  conslituimus. 
!  Le  diacre  Deogratias  remplissait  deux  cents  ans  après 


pense,  et  que  le  salut  même  auquel  il  est  parvenu  ne  j  la  même  fonction  dans  la  même  église,  et  ce  fut  h  sa 


lui  vient  que  de  la  seule  miséricorde  de  Dieu?  De  même 
donc  que  si  quelqu'un  demande  qu'on  lui  accorde  la  grâce 
d'un  meurtrier,  d'un  voleur,  d'un  adultère  que  l'on 
mène  au  supplice,  et  qu'il  l'obtienne,  cet  homme,  quoi- 
que délivré  du  supplice,  n'osera  pas  même  lever  les  yeux, 
ainsi  celui  dont  nous  parlons  n'osera  paraître  :  car  ne 
vous  imaginez  pas  que  tous  jouissent  de  la  même  gloire, 
quoique  le  bonheur  que  nous  attendons  soit  appelé 
royaume.  11  fait  voir  ensuite  la  difl'érence  qu'il  y  a 
entre  les  saints  qui  sont  dans  le  ciel  par  celle  qui  se 
trouve  dans  les  cours  des  princes,  où  il  y  a  de  liauts 
et  de  bas  officiers;  et  par  la  comparaison  que  S.  Paul 
fait  enlre  les  saints,  lorsqu'il  dit  qu'il  y  a  autant  de  dif-  ! 
férence  de  la  gloire  des  uns  à  celle  des  autres,  qu'en- 
tre la  clarté  du  ?.o!eil  et  celle  des  étoiles.  D'où  i!  con- 
clut eu  adressant  loujoiu's  la  parole  à  ces  lâches  ca- 
téchumènes :  Quelle  sera  donc  notre  consolation,  quand 
nous  verrons  les  autres  briller  comme  des  soleils,  tandis 
que  nous  serons  comme  des  étoiles  que  l'on  peut  à  peine 
apercevoir  ? 

Nous  avons  vu  combien  le  nombre  des  catéchumè-  j 
nés  élail  grand  dans  les  cinq  premiers  siècles,  et  les 
raisons  qui  leur  faisaient  retarder  leur  Baptême. 
Voyons  présentement  quel  soin  l'Église  prenait  de  les 
instruire.  Outre  les  sermons  des  évêques  auxtpiels  on 
leur  permettait  de  se  trouver,  nous  voyons  dans  les 
écrits  des  anciens,  que  l'on  préposait  dans  certaines 
églises  des  personnes  pour  les  instruire  (nous  par- 
lons ici  des  catéchumènes  des  deux  premiers  rangs), 
que  l'on  nommait  catéchistes,  terme  qui  dans  les  au- 
teurs profanes,  et  très-souvent  dans  les  auteurs  ecclé- 
siasli(|ues,  se  prend  pour  ceux  qui  enseignent  les  pre- 
li  iers  élémenls  des  sciences.  Dans  la  fausse  épîlre  de 
Clément  à  Jacques,  les  catéchistes,  «D  yMT-nychrs;,  sont 
distingués  des  évêques,  des  prêtres  et  des  diacres. 
(Num.  13.) 

Dans  l'église  d'Alexandrie  il  y  avait  une  école  cé- 
lèbre de  catéchistes,  pour  instruire  ceux  (|ui  se  dispo- 
saient à  recevoir  le  Rapième,  et  de  grands  hom- 
mes en  ont  été  chargés;  entre  autres  PantjTcnus , 
qui  était  également  instruit  des  sciences  profanes  et 
des  divines  Écritures,  et  qui  alla  ensuite  porter  l'É- 
vangile dans  les  provinces  les  plus  reculées  de  l'Asie, 


prière  que  S.  Augustin  composa  son  beau  Traité  deCate- 
chisandis  rudibus,  dans  lecpiel  il  lui  donne  d'excellen- 
tes instructions,  pour  lui  apprendre  comment  il  doit 
s'acquitter  du  ministère  dont  il  élail  chargé. 

Saint  Grégoire  de  Nysse  a  écrit  un  discours  sur  le 
même  sujet,  pour  instruire  les  catéchistes,  et  les  for- 
mer, en  leur  apprenant  comment  ils  doivent  ensei- 
gner les  autres. 

Parmi  les  dignités  de  l'église  de  Constanlinople,  le 
catalogue  des  ofliciers  met  celui  des  catéchistes ,  «Ci 
y.y.zrr/r,7!)v,  dont  l'cmploi  était  d'instruire  le  peuple  et 
tous  ceux  qui  quittaient  l'hérésie  pour  rentrer  dans 
l'Église  catholique.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  cet 
officier  élail  aussi  chargé  de  l'instruction  des  infidè- 
les qui  demandaient  le  Baptême.  Tliéophane  fait 
mention  de  cet  office,  p.  507. 

Tout  ceci  fait  voir  que  l'on  confiait  cet  emploi  tan- 
tôt à  un  lecteur,  tantôt  à  un  diacre,  tantôt  à  un  sim- 
ple laïqtic,  et  que  l'on  n'avait  pas  tant  d'égard  au 
rang  des  personnes  dans  le  choix  des  catéchistes  qu'aux 
talents  et  aux  dons  particuliers  que  l'on  croyait  aper- 
cevoir en  eux. 

Dans  certaiuf^s  églises  cet  emploi  n'était  affecté  h 
personne  en  particulier,  et  on  laissait  au  zèle  et  à  la 
prudence  de  chacun  des  fidèles  ce  qui  regardait  lin- 
slruclion  des  calécliumèucs.  Saint  Augustin,  qui  fut 
fait  catéchumène  à  Milan,  ne  fait  point  entendre  qu'il 
y  eût  quelqu'un  en  particulier  chargé  de  l'instruire. 
On  ne  voit  point  non  plus  à  Rome  le  moindre  vestige 
de  ces  caléehisles.  Saint  Cyrille  de  Jérusalem  (2)  parle 
à  tous  les  fidèles,  lorsqu'il  dit  :  «  Si  vous  engendrez 
i  quelqu'un  à  Jésus-Chrisl  par  vos  instructions,  rendez- 
i  le  attentif,  s  Ailleiu-s("))illes  invite  à  combattre  géné- 
reusement contre  les  ennemis  de  l'Église,  el  à  prêcher 
l'Évangile;  il  veut  surtout  que  ceux  qui  ont  le  talent 
de  gagner  les  âmes,  y  travaillent  sans  relâche.  Mais 
ceux  qui  étaient  particulièrement  chargés  de  ce  soin, 
où  il  n'y  avait  ni  catéchistes  en  titre  d'office,  ni  école 
des  catéchumènes,  étaient  les  parrains  el  marraines, 
qui  avaient  coutume  de  former  à  la  religion  ceux  dont 

(1).  Ep.  29,  cdit.Oxon. 

(2)  Cyril.  Calèches.,  li,  n.  18. 

(3)  Idem,  catcch.  5,  n.  15. 


31 


HISTOIRE  DES 


ils  devaient  se  rendre  les  cautions  dans  le  Baptême. 
M.  Ducange  dans  son  Dictionnaire  de  la  moyenne  La- 
tinité, sur  le  mol  de  ailechizari,  dit  que  Ton  conser- 
vait encore  une  ombre  de  cette  ancienne  pratique 
dans  les  siècles  postérieurs,  lors  même  que  Ton  ne 
préseiilait  plus  guères  que  des  enfants  au  Baptême; 
les  parrains  les  catéchisant  en  quelque  sorte  en  leur 
imposant  le  nom,  et  les  offrant  au  Baptême,  après  les 
avoir  fait  ainsi  catéchumènes.  Il  cite  un  jurisconsulte, 
qui  met  en  question,  si  celui  qui  a  ainsi  catéchisé  un 
enfant  coniracle  afiinilé  avec  lui;  et  Matthieu  Paris, 
qui  sur  ranin-e  1239  dit,  en  parlant  d'Edouard  fils 
d'Henri  111,  roi  d'Angleterre,  qu'il  lut  catéchisé  par 
un  évêque  nommé  Wautier,  baptisé  par  le  légat  du 
Pape,  et  confirmé  par  l'archevêque  de  Cantorbéri,  et  ' 
que  cet  évèque  le  leva  ensuite  des  l'onis  avec  celui 
île  Londres. 

Dansées  instructions,  on  ne  découvrait  pas  aux  ca- 
téchumènes dont  nous  avons  parlé,  le  fond  des  dogmes 
de  la  religion;  mais  on  s'attachait  à  leur  faire  sentir 
la  vanilé  du  culte  des  idoles ,  et  l'absurdité  de  leur 
mythologie,  aussi  bien  que  de  la  philosophie  profane. 
On  leur  enseignait,  outre  cela,  les  précepl<!S  moraux 
de  l'Evangile,  et  les  dogmes  généraux  de  notre  reli- 
gion ,  tels  que  l'unité  de  Dieu,  le  jiigiîment  universel, 
la  résurrection  générale,  et  l'histoire  de  l'ancien  et 
du  nouveau  Testament.  Mais  on  ne  leur  parlait  pas  du 
mystère  de  la  sainte  Trinité,  ni  des  autres  choses 
dont  nous  avons  fait  mention  dans  le  chapitre  précé- 
dent, il  n'y  avait  que  les  élus,  ou  compétents  que  l'on 
instruisait;  ce  qu'il  ne  faut  pas  prendre  à  la  riguem- 
et  sans  exception.  On  était  plus  ou  moins  réservé  sur 
ces  points,  et  la  discipline  n'était  pas  là-dessus  toui- 
à-fait  uniforme;  puisque  S.  Grégoire  de  JS'azianze , 
dans  le  discours  qu'il  a  fait  pour  inviter  les  catéchu- 
mènes à  faire  inscrire  leurs  noms  avec  ceux  qui  de- 
vaient recevoir  le  Baptême,  leur  explique  sur  la  fin 
le  mystère  de  la  Trinité  et  le  symbole,  en  changeant 
néanmoins  les  ternies. 

CHAPITRE  lY. 

De  quelle  manière,  et  avec  quelles  cérémonies  on  admet- 
tait au  cutéclinménat  ceux  qui  demandaievt  d'y  être 
reçus. 

On  examinait  avec  soin  la  vie  et  la  conduite  de 
ceux  qui  se  trouvaient  dans  les  assemblées  de  l'é- 
glise pour  y  entendre  la  parole  de  Dieu ,  et  quand 
on  avait  lieu  de  croire  qu'ils  pensaient  sérieusement 
à  se  convertir,  on  leur  accordait  sans  délai  la  grâce 
d'être  admis  au  nombre  des  catéchumènes  propre- 
ment dits,  que  l'on  appelait  même  dès  lors  chréliens; 
par  anticipation,  réservant  le  nom  de  fidèles  à  ceux 
qui  avaient  été  b.^ptisés.  C'est  ce  qui  paraît  par  le  li- 
tre d'un  des  plus  ancie.-îs  ordres,  qui  porte  :  Ordo  ad 
facicndum  Clirislianum. 

Les  rils  qui  étaient  en  usage  dans  les  premiers 
siècles  pour  la  réception  de  ces  catéchumènes  étaient 
fort  simples.  Dans  la  suite,  quand  le  nombre  de  ceux 
qui  embrassèrent  le  christianisme  fut  devenu  moin- 


SACREMENTS.  Zi 

dre,  on  y  ajouta  plusieurs  cérémonies  que  l'on  n'a- 
vait coutume  d'employer  autrefois  que  sur  la  fin  du 
catéchuménat,  pour  servir  de  préparation  prochaine 
au  Baptême.  Il  y  a  même  lieu  de  croire  que  quand  il 
ne  resta  plus  que  des  enfants  à  baptiser,  et  que  l'on 
se  fut  mis  sur  le  pied  de  ne  pas  même  attendre  pour 
cela  les  jours  solennels  destinés  au  Baptême,  on  con- 
fondit ,  au  moins  en  plusieurs  endroits,  les  exorcis- 
mes  et  les  autres  pieuses  cérémonies ,  dont  on  avait 
auparavant  coutume  de  se  servir  dans  les  scrutins, 
avec  la  cérémonie  qui  était  en  usage  pour  la  ré- 
ception des  catéchumènes. 

La  manière  ancienne  de  les  recevoir  était  de  leur 
imprimer  le  signe  deMa  croix  sur  le  front,  ou  de  leur 
imposer  les  mains,  avec  des  prières  convenables,  ou 
même  d'employer  l'un  et  l'autre  ;  car  cela  se  prati- 
quait différenuncnt,  suivant  la  différence  des  lieux. 
A  l'égard  du  signe  de  la  croix  sur  le  front,  S.  Au- 
gustin rend  témoignage  en  plusieurs  endroits  (1)  de 
la  pratique  qui  était  en  usage  sur  ce  point.  Vous  navez 
pas  encore  été  régénérés  par  le  Baptême,  dit-il  en  par- 
lant aux  catéchumènes,  mais  vous  êtes  déjà  conçus  dans 
le  sein  de  l'Eglise  par  le  signe  de  la  croix.  Et  aillciu'S, 
instruisant  un  gentil  qui  vient  à  l'église  ,  et  qu'on  est 
sur  le  point  de  recevoir  au  nombre  des  catéchumè- 
nes ,  il  lui  parle  en  ces  termes  :  On  doit  aujourd'hui 
vous  imprimer  sur  te  front  le  signe  de  la  croix  et  de  la 
passion,  dont  tous  les  chrétiens  sont  marqués.  L'évêquc 
Sévère  (2)  parlant  des  Juifs  qui  s'étaient  convertis  à  la 
vue  des  miracles  opérés  par  les  reliques  de  S.  Etienne, 
dit  :  Aussitôt  nous  imprimâmes  sur  leur  front  le  signe  du 
salut.  On  peut  rapporter  pour  preuve  de  cet.  usage  ce 
qu'on  lit  dans  les  actes  du  martyre  de  S.  Quirin  :  Sa- 
voir, que  le  geôlier  sous  la  garde  duquel  il  était ,  s'étant 
converti ,  le  saint  évêque  l'exhorta  beaucoup ,  et  lui  im- 
prima le  signe  de  Noire-Seigneur  Jésus-Christ,  t  Et  con- 
€  signavit  eum  in  nomine  Domini  Jesu.  j  Marc,  dans  la 
vie  de  S.  Porphyre  de  Gaze,  parlant  d'une  certaine 
femme ,  rapjmrte  que  ses  parents  allèrent  se  jeter  à 
ses  pieds,  demandant  le  signe  de  Jésus-Christ,  et  que  le 
saint  le  leur  ayant  donné  et  les  ayant  fait  catéchu- 
mènes, les  renvoya  en  paix.  Theodorct  (3)  confirme 
dans  son  histoire  ecclésiasti(iue  le  fait  dont  il  s'agit. 

Depuis,  ou  du  moins,  dans  d  autres  endroits,  on  ne 
se  contenta  pas  d'imprimer  le  signe  de  la  croix  sur  le 
front  de  ceux  que  l'on  admettait  au  catéchuménat ,  on 
le  fit  encore  sur  d'autres  parties  dn  corps.  Dans  l'an- 
cienne liturgie  Gallicane,  qui  était  en  usage  en  France 
avant  que  Charlemagne  y  eût  fait  sid)Stilucr  celle  de 
Rome  ,  il  est  marqué  que  l'on  faisait  dans  cette  occa- 
sion deux  signes  de  croix,  l'un  sur  le  front,  l'autre 
sur  le  cœur.  C'est  ce  qui  est  prescrit  dans  le  manu- 
scrit de  Bobio,  qui  a  plus  de  mille  ans  d'anliquili',  e 
que  le  Père  Mabillon  a  fait  imprimer  dans  le  preuiici" 
tome  de  son  Mttseum  Italicum.  Dans  le  missel  Golhi- 


(1)  Aug.  1.  2,  de  Symbol,  ad  Catechum.,  c.   1  ; 
et  1.  de  Catecliizandis  rudibus,  c.  20. 

(2)  Sever.  cpisc.  Ep.  n.  12. 
(5)  Lib.  4  Hist.  Eccl.,  c.  18. 


35  BAPTÊME.  —  I"  PARTIE.  CIIAP. 

que,  publié  par  Joseph  Thomasius,  il  est  dit  que  l'on 
doit  faire  le  signe  de  la  croix  sur  les  yeux,  sur  les 
oreilles  ,  sur  le  nez  et  sur  le  cœur.  Mais  l'ancien  ri- 
tuel Ambrosien,  et  celui  de  Laudi  qui  est  encore  ma- 
nuscrit, ne  prescrivent  qu'un  seul  signe  de  croix  sur 
le  front,  conformément  à  la  plus  ancienne  pratique. 

A  l'égard  de  l'imposition  des  mains  que  l'on  em- 
ployait aussi  pour  faire  catéchumènes  ceux  qui  aspi- 
raient à  celte  grâce,  des  exemples  très-remarqnables 
ne  nous  laissent  point  lieu  de  douter  de  cet  usage. 
Sévère  Snlpicc,  dans  la  vie  de  S.  Martin  (1),  rap- 
porte qu'une  multitude  incroyable  de  païens  ayant  été 
touchée ,  il  n'y  en  eut  presque  point  qui  ne  crussent  en 
Noire-Seigneur  Jésus-Christ  et  qui  ne  souhaitassent  de 
recevoir  rimpoiilion  des  mains. 

Le  môme  auteur  ("2),  après  avoir  raconté  comment 
saint  Martin  avait  ressuscité  un  mort  en  présence 
d'un  grand  nombre  d'infidèles  ,  ajoute  qu'aussitôt  , 
toute  cette  multitude  poussa  de  grands  cris  vers  le  ciel, 
confessant  Jésus-Christ,  qu'ensuite  ils  vinrent  en  foule 
se  jeter  aux  pieds  du  saint ,  demandant  avec  foi  qu'il 
les  fît  chrétiens,  fideliter  postilantes  ut  nos  face- 
RET  CHBiSTiANOS,  et  que  sur-le-champ,  étant  au  milieu 
de  ta  campagne,  il  les  fit  tous  catéchumènes,  en  leur  im- 
posant les  mains  :  «  Cunctos,  imposità  universis  manu, 
<  catechumcnos  fecit.  »  Alors,  dit  S.  Sulpice  Sévère, 
se  retournant  vers  nous,  il  nous  dit  :  //  est  bien  juste 
de  faire  des  catéchumènes  en  pleine  campagne,  puisque 
c'est  là  que  les  martyrs  sont  d'ordinaire  consacrés. 
!     Nous  trouvons  cet  usage  établi  dès  les  premiers 
siècles.  Le  concile  d'Elvire  (can.  59)  ordonne  que 
l'on  impose  la  main  aux  gentils,  qui,  se  sentant  atta- 
qués de  maladie  ,  l'auront  demandé ,  pourvu  que  leur 
vie  soit  honnête.  Gentilcs  si  infirmitate  desideraverint 
sibi  manum  imponi;  si  fucrit  eorum  vita  ex  aligna  parte 
honrsta,  placuit  eis  maman  imponi,  et  fteri  chrislianos. 
Le  premier  concile  d'Arles  (can.  6)  établit  la  même 
discipline  en  ces  termes  :  Nous  avons  jugé  à  propos 
que  l'on  imposât  la  main  à  ceux  qui  en  maladie  veulent 
croire.  C'est  conformément  à  cet  usage  qu'au  rapport 
d'Eusèbe  (5),  Constantin-Ie-Crand  reçut  l'imposition 
des  mains  avant  d'être  baptisé  dans  le  faubourg  de 
Nicomédie  ;  ce  qui  se  fit  ainsi  parce  qu'il  n'était  ca- 
téchumène que  de  la  première  classe. 
I     II  ne  faut  pas  s'imaginer  que  ces  cérémonies  se  fis- 
sent sans  être  accompagnées  de  prières  convenables 
au  sujet  ;  elles  n'allaient  jamais  sans  cela  ,  surtout 
l'imposition  des  mains,  qui  était  d'un  usage  presque 
universel  dans  les  rils   et  dans  les  cérémonies  de 
l'Église,  et  dont  le  but  et  la  fin,  ou  l'intention  de 
celui  (pii  la  faisait,  était  marquée  et  déterminée  par 
les  différentes  prières  dont  elle  était  comme  insépa- 
rable. Nous  avons  différentes  formules  de  celles  qui 
se  faisaient  en  cette  occasion.  Nous  nous  contenterons 
ici,  pour  en  donner  une  idée,  de  représenter  celle  qui 
était  en  usage  dans  nos  Gaules,  et  que  nous  lisons  en- 

(i)  Vita  S.  Martini,  in  c.  10. 

(2)  Idem.  Dialog.  2  de  Yirtulibus  S.  Mari. 

(3)  Vita  Constantin!,  1.  4,  c.  Gl. 


IV.  CÉRÉMONIES  DU  CATÉCHtMÉNAT.  31 

core  dans  l'ancien  missel  Gallican  ,  dont  nous  avons 
parlé  ci-dessus.  Celle-ci  doit  piquer  notre  curiosité 
plus  que  les  autres,  puisque  c'est  celle  par  laquelle 
nos  pères  ont  reçu  le  premier  degré  de  la  sanctifica- 
tion. 

Ordre  ou  rit  pour  faire  un  chrétien  (1). 
Dieu ,  qui  confirmez  toute  charité ,  qui  avez  mis  la 
mort  en  fuite,  nous  vous  prions  de  garder  l'àmc  de  votre 
serviteur  N.,  afin  qu'ayant  foulé  le  diable  aux  pieds, 
vous  le  fortifiiez ,  et  qu'il  reçoive  avec  la  foi  le  nom  de 
chrétien ,  après  avoir  écarté  les  ténèbres  du  premier 
père. 

Autre  oraison. 
Dieu,  qui  réparez  ce  qui  est  perdu,  et  qui  conservez 
ce  qui  est  réparé  :  Dieu  qui  nous  avez  ordonné  de  mar- 
quer du  sceau  de  votre  nom  ,  l'opprobre  de  la  gentilité , 
afin  qu'ils  méritent  de  venir  m  la  fontaine  du  Baptême. 
Cette  prière  n'est  point  achevée. 
Autre  prière. 
Dieu  saint.  Père  tout-puissant.  Dieu  éternel,  qui  avez 
fait  le  ciel  et  la  terre,  la  mer  et  tout  ce  qu'ils  contiennent, 
daignez  regarder  la  prière  que  je  vous  fais  dans  ma  bas- 
sesse pour  votre  serviteur  N.  Confirmez-le  par  l'invoca- 
tion de  votre  saint  nom,  faites  reluire  sur  lui  la  clarté  de 
votre  visage,  daignez  le  bénir  et  le  sanctifier,  comme  vous 
avez  béni  la  maison  d'Abraham ,  d'Isaac  et  de  Jacob. 
Assignez-lui  un  ange  de  paix  et  un  ange  de  miséricorde, 
qui  le  conduise  ci  ta  vie  éternelle  par  te  secours  du  Saint- 
Esprit  ,  délivrez-le  de  ta  gueule  de  l'ennemi,  et  que  par 
te  signe  de  Jésus-Christ  il  passe  religieusement  le  temps 
de  sa  vie.  Par  Notre-Seigneur,  etc. 

Dieu ,  qui  êtes,  qui  étiez,  et  qui  demeurez  jusqu'à  la 
fm  des  siècles,  dont  on  ne  connaît  point  l'origine ,  dont 
on  ne  peut  comprendre  ta  fin ,  nous  vous  prions ,  nous 
vous  supplions  de  conserver  l'âme  de  votre  serviteur  N. 
que  vous  avez  délivré  de  l'erreur  et  de  la  très-méchante 
vie  des  gentils.  Agréez  celui  qui  baissant  ta  tête  s'humilie 
en  votre  présence.  Qu'il  parvienne  à  ta  fontaine  de  la  ré- 
génération qui  se  fait  par  l'eau  et  par  l'Esprit  saint,  qui 
avec  le  Père  et  le  Fils  vit  et  règne,  etc. 
Vous  faites  le  signe  de  la  croix  f  sur  lui ,  et  vous 
direz  le  symbole. 
Recevez  le  signe  de  la  croix,  tant  sur  le  front  que  sur 
te  cœur,  soyez  toujours  fid'ete.  Entrez  dans  le  temple  de 
Dieu  ;  quittez  les  idoles,  servez  Dieu  te  Père  tout-puis- 
sant et  Jésus-Clirist  son  Fils  qui  viendra  juger  les  vivants 
et  tes  morts  ,  et  te  siècle  par  te  feu ,  avec  l'Esprit  saint , 
dans  tous  les  siècles  des  siècles. 

Telle  était  la  formule  de  prière  qui  accompagnait 
les  rits  avec  lesquels  les  catéchumènes  étaient  reçus 
en  France  avant  qu'on  y  introduisit  le  rituel  Ro- 
main (2).  Celle  des  églises  d'Espagne,  ou  pluiôt  dos 
églises  de  France  dans  les  pays  qui  avaient  été  sou- 

(1)  Apud  Martenel,  tom.  1  de  antiq.  Disciplina, 
1  .  i.  c.  1,  art.  7. 

(2)  Vous  la  trouverez  dans  l'Appendice  de  cette 
histoire  du  Baplèmc ,  avec  une  autre  tirée  d'un  an- 
<  i  Ml  manuscrit  de  Gellonne. 


35 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


3S 


mis  aux  Gollis,  aussi  bien  que  les  autres  dans  ce  H 
temps-là,  je  veux  dire  dans  les  sept  ou  huit  prcmicis 
siècles,  difleraieiil  peu  do  celle-ci  ;  et  toutes,  quoiiiuc 
différentes  à  l'égard  des  expressions,  étaient  à  peu 
près  les  mêmes  par  rapport  au  sens.  Je  n'en  excepte 
pas  même  celles  de  l'Église  Grecque.  Nous  en  avons 
un  modèle  dans  le  premier  tome  du  Père  Martene  (1), 
tiré  de  leur  Eucologe,  qui  a  pour  titre  :  Pricre  pour 
(aire  d'un  pa'icn  un  catéchumène.  Il  ne  prescrit  autre 
chose ,  sinon  que  le  prêtre  ordonnera  à  celui  qui  se 
présentera  pour  le  catéchuméiiat  de  se  tenir  à  genoux 
devant  l'entrée  de  l'église,  qu'il  fera  sur  lui  trois  lois 
le  signe  de  la  croix ,  et  dira  une  prière  assez  courte 
qui  est  rapportée  :  laquelle  étant  finie,  il  fait  de  nou- 
veau sur  lui  le  signe  de  la  croix,  et  inscrit  son  nou! 
avec  celui  des  catéchumènes.  Toute  la  cérémonie  se 
termine  ensuite  par  une  seconde  oraison  aussi  courte 
que  la  première. 

Dans  la  suite  on  mêla  plusieurs  autres  cérémonies 
à  celles  dont  nous  venons  de  parler,  comme  les  exor- 
cismcs,  les  renonciations,  et  plusieurs  autres  que  l'on 
felsait  autrefois  sur  les  catéchumènes  pour  les  prépa- 
rer au  Baptême,  tant  dans  les  scrutins,  dont  nous  par- 
lerons hienlôt,  qu'immédiatement  avant  de  leur  con- 
férer le  Baptême.  Mais  la  plupart  de  ces  céré.monies 
n'ont  été  employées,  que  lors([ue  l'usage  était  de  ne 
baptiser  presque  que  des  enftints ,  et  cela  souvent  snns 
attendre  même  le  temps  destiné  au  Baptême  solennel  ; 
comme  il  arriva  quand  tout  le  peuple  fut  devenu  chré- 
tien et  catholique.  C'est  dans  celte  situation  qu'étaient 
les  choses  en  France,  eu  Italie,  en  Espagne,  en  An- 
gleterre, dans  le  huitième  siècle,  aussi  bien  que  dans 
la  Grèce,  à  l'exception  de  quelques  hérétiques  détes- 
tés de  tout  le  monde.  11  y  a  donc  bien  de  rajiparence 
que  l'on  confondit  alors  les  rits  et  les  cérémonies  qui 
se  faisaient  auparavant  en  différents  temps,  et  en  dif- 
férentes occasions  ;  et  que  l'on  fit  tout  d'un  coup ,  et 
tout  de  suite  ce  qui  ne  se  faisait  auparavant  que  sépa- 
rément. Ce  qui  me  confirme  dans  cette  pensée,  au 
moins  à  l'égard  de  la  plupart  des  Églises,  c'est  que 
les  différents  ordres  tant  Grecs  que  Latins  qui  con- 
tiennent les  cérémonies  ad  faciemkun  calecliume- 
nuin,  et  qui  sont  chargés  de  toutes  ces  cérémonies, 
ne  parlent  que  des  enfants  :  et  plusieurs  même  par- 
lent de  ces  enfants  comme  étant  sur  le  point  de  rece- 
voir le  Baptême.  Tel  est  celui  de  l'Église  de  Tours, 
écrit,  suivant  le  P.  Martene,  depuis  plus  de  800  ans, 
qui  commence  par  ces  paroles  :  Que  le  prèlrc  décou- 
vre la  tèle  de  l'enfant.  «  Discooperiat  caput  infantis.  t 
Celui  de  l'Église  de  Beauvais,  dont  le  caractère  est 
de  700  ans,  commence  ainsi  :  //  convient  en  premier 
lieu  dans  le  sacremeni  de  Bap'ême  de  faire  la  renoncia- 
tion, ensuite  de  souffler  trois  fois  sur  b  catéchumène.  11 
finit  en  prescrivant  au  prêtre  de  réciter  le  Credo,  en 
tenant  la  main  sur  la  tête  de  l'enfant.  Celui  de  l'Église 
de  Soissons ,  qui  est  du  temps  de  Nivelon  évêque  de 
celte  ville,  et  qui  a  pour  titre  :  Ordo  ad  faciendum  ca- 

{D  De  antiq.  Ecoles.  Kitihus,  tom.  1,  c.  7,  p,  fi5. 


lechumennm,  porte  à  la  fin  •  Aprh  cela  le  prêtre  deman- 
dera (incL  est  le  nom  de  l'enfant.  L'ordre  des  Grecs 
rapporte  par  le  même  Père  Martene,  et  qui  est  chargé 
dos  nunncs  ,  ou  semblables  cérémonies  ,  a  été  fait 
aussi  pour  initier  les  enfants ,  ce  qui  paraît  par  cette 
rubrique  qu'on  lit  après  les  trois  exorcismes  :  Et  le 
prêtre  souffle  dans  la  bojiche,  sur  le  front  et  sur  la  poi- 
trine de  l'enfant  en  disant. 

Il  est  donc  certain  que  ce  qui  a  fait  multiplier  les 
pieuses  cérémonies  dans  l'occasion  dont  il  s'agit  ici, 
est  que  de  plusieurs  qui  se  faisaient  en  différents 
temps ,  on  n'en  a  fait  qu'une  depuis  que  la  coutume 
se  fut  introduite  de  ne  baptiser  presque  plus  quo  des 
enfants.  Cependant  s'il  arrivait  que  quelque  infidèle  , 
soit  du  pays,  soit  étranger,  se  convertît,  on  séparait 
pour  lui  ces  cérémonies,  et  nous  avons  encore  des 
Ordo  où  sont  marquées  les  cérémonies  qui  s'obser- 
vaient pour  les  recevoir  catéchumènes,  lesquels  ne 
sont  point  chargés  de  toutes  celles  qui  se  trouvent 
dans  ceux  qui  prescrivent  ce  qui  se  pratiquait  à  l'é- 
gard des  enfants.  J'ai  rapporté  un  peu  plus  haut  ce- 
lui des  Grecs  pour  admettre  au  catéchuménat  un 
homme  qui  quitte  le  paganisme.  Le  Père  Martene, 
dans  le  chapitre  que  nous  avons  déjà  cité  plusieurs 
fois,  en  a  publié  un  autre  qu'il  a  trouvé  dans  plusieurs 
manuscrits,  dont  le  caractère  a  plus  de  800  ans,  qui 
confirme  ce  que  nous  disons.  Le  litre  est  :  Arf  cati- 
cuminum  de  pagano  faciendum.  11  y  est  dit  :  Quand 
vous  recevrez  un  gentil,  vous  l'instruirez .  d'abord  par 
les  paroles  divines ,  et  vous  lui  donnerez  des  avis  sU' 
lutaires ,  touchant  la  manière  dont  il  doit  se  conduire 
quand  il  aura  connu  la  vérité.  Après  cela  vous  le  faites 
catéchumène,  vous  lui  soufflez  au  visage,  vous  lui  faites 
le  signe  de  la  croix  sur  le  front ,  et  vous  lui  imposez  la 
main  sur  la  tète,  en  disant  ces  paroles.  Suivent  deux 
oraisons  assez  courtes ,  après  lesquelles  il  est  dit  : 
Ensuite  après  qu'il  aura  goûté  le  remède  du  sel,  medici- 
NAM  SALIS,  et  qu'il  aura  fait  lui-même  le  signe  de  la 
croix,  vous  prononcerez  sur  lui  cette  bénédiction.  C'est 
une  prière  assez  courte  qui  termine  toute  la  céré- 
monie. 

C'était  ainsi  que  l'on  faisait  catéchumènes  les 
adultes,  depuis  même  qu'on  eut  multiplié  les  céré- 
monies pour  les  enfants;  et  on  suivait  en  cela  l'an- 
cienne pratiqiie  ,  comme  nous  ra\ons  vu  dans  ce 
chapitre  :  mais  peu  à  peu  on  pratiqua  la  même  chose 
pour  les  adultes,  que  pour  les  enfants,  depuis  que 
les  scrutins  furent  abolis.  Je  sais  que  le  P.  Martene  , 
en  parlant  de  l'ancienne  manière  de  recevoir  au  ca- 
téchuménat, cite  des  passages  de  S.  Augustin  et  de 
Gennade,  dans  lesquels  ils  parlent  d'exorcisme  et  de 
renonciation  ;  d'où  il  infère  que  de  leur  temps  cela  était 
en  usage  pour  initier  au  catéchuménat,  mais  il  ne 
s'est  pas  aperçu  que  ni  S.  Augustin  ni  Gennade ,  ne 
parlent  point  dans  ces  passages  de  la  manière 
d'admettre  quelqu'un  au  catéchunvénat ,  mais  seule- 
ment de  ce  qui  se  pratiquait  5  l'égard  des  catéchu- 
mènes, pour  les  disposer  au  Baptême  ,  ce  qui  est  in- 
contestable, comme  nous  le  venons  dans  la  suite. 


37 


CHAPITRE  Y. 

De  la  durée  du  catéclmméml ,  et  de  ce  qiCon  ]-)eniaxt  de 
ceux  qui  mouraient  en  cet  élut.  Partage  de  senlimenls 
sur  ce  sujet,  cl  sur  les  devoirs  quon  devait  leur  ren- 
dre après  la  mort. 

Vous  avez  vu  dans  le  troisième  chapitre,  que  plu- 
sieurs dans  les  cinq  premiers  siècles  ne  se  pressaient 
point  de  recevoir  le  Baptême,  se  contentant  de  l'état 
de  catécluimène.  Ce  n'est  point  de  ceux-ci  qu'il 
s'agit  à  présent,  mais  de  ceux  qui  souhaitaient  le  Bap- 
tême ,  et  le  demandaient.  Voyons  donc  combien  de 
temps  on  les  éprouvait  avant  de  leur  accorder  la 
grâce  de  la  régénération. 

Tout  ce  que  nous  trouvons  là-dessus  d'exemples  et 
de  maximes  reçues  de  nos  pères  ,  nous  persuade  en 
général  que  cette  épreuve  durait  autant  de  temps  qu'il 
en  fallait  pour  s'assurer  (  autant  que  les  honuues  le 
peuvent  )  de  la  sincérité  de  la  conversion  de  ceux 
qui  aspiraient  à  cette  grâce ,  et  ainsi  le  temps  du  ca- 
téchuménat  pouvait  être  fort  long  à  l'égard  de  cer- 
taines personnes,  et  fort  court  à  l'égard  des  autres. 
Comme,  par  exemple ,  si  un  gentil  venait  demander 
le  Baptême  dans  un  temps  que  la  persécution  était  al- 
lumée, et  méprisait  tous  les  périls  auxquels  la  profes- 
sion du  christianisme  allait  l'engager  ;  il  ne  faut  pas 
douter  qu'on  ne  lui  accordât  bientôt  cette  grâce ,  l'ar- 
deur de  sa  foi  faisant  assez  connaître  que  l'Esprit  de 
Dieu  agissait  puissamment  en  lui. 

Mais  ces  exemples  n'étalent  point  communs,  et  n'a- 
vaient point  lieu  dans  les  temps  oii  l'Eglise  était  en 
paix.  Quelle  était  donc  la  durée  du  caléchuménatdans 
ces  temps-là?  Le  premier  concile  général  de  Con- 
stantinople  (  can.  7  ) ,  parlant  de  certains  hérétiques 
dont  il  rejetait  le  Baptême,  ordonne  qu'ils  soient  re- 
çus quand  ils  reviendront  à  l'église  de  la  même  ma- 
nière que  les  infidèles ,  ou  plutôt  comme  les  idolâtres, 
6>i  iù.r.iv.i  Ziyitj.ifjc/..  Eu  conséqucncc  ,  il  veut  que  le 
premier  jour  on  les  fasse  chrétiens,  et  le  second  caté- 
chumènes ,  que  le  troisième  on  les  exorcise  en  leur 
soufflant  trois  fois  dans  le  visage,  et  dans  les  oreilles, 
après  quoi  il  ajoute  :  i^ous  les  catéchisons  ainsi,  et 
nous  les  faisons  demeurer  longtemps  dans  féijUse  pour 
y  entendre  les  Ecritures;  ensuite  nous  les  baptisons  , 
KKi  -Koiiûixt-/  auTcù;  xfsvi^îtv  sij  t^v  i/./.iii^Mi,  paroles  qui 
à  la  vérité  marquent  que  le  temps  du  catéchuménal 
était  assez  long,  mais  qui  n'en  déterminent  pas  la  du- 
rée. 

Le  concile  d'Elvire  a  là-dessus  quelque  chose  de 
plus  positif,  et  prescrit  le  temps  que  les  catéchumè- 
nes devaient  passer  dans  celle  espèce  de  noviciat  du 
christianisme,  en  ces  termes  :  }ious  avons  jugé  à  pro- 
pos que  l'on  reçut  au  Baptême  avant  le  terme  de  deux  uns 
expirés  ,  ceux  qui  se  convertissent  à  la  foi ,  s'ils  vivent 
bien.  L'empereur  Justinicn  ,  dans  sa  Novellc  \U  , 
\  prescrit  le  même  lerme  de  deux  années  pour  le  ca- 
'  téchuménat.  Les  constitutions  apostoliques  (l)  y  en 

(1)  Gonst.  Apost.  l.  8,  c.  38. 


cile  d'Elvire  \ 
es  idolâtres,  i 


BAPTÊME.  -  I"  PARTIE.  CIIAP.  V.  DURÉE  DU  CATÉCilUMÉNAT.  38 

ajoutent  une  troisième.  Ce  que  le  concil 
(  eau.  i)  prescrit  aussi  pour  certains  prêtres 
qu'il  appelle  Flamines ,  sans  doute  parce  que  leur 
conversion  était  suspecte ,  et  qu'ils  avaient  plus  be- 
soin que  d'autres  d'êire  purifiés  par  les  exercices  du 
caléehuménal  :  car  on  avait  égard  aux  personnes  et  à 
la  condition  de  ceux  qui  demand:>icnt  le  Baptême,  et 
l'on  éprouvait  plus  longtemps  ceux  qui  avaient  exercé 
des  métiers  infâmes  ,  par  exemple  ,  et  qui  avaient  été 
plongés  plus  que  d'autres  dans  la  débauche,  ou  adon- 
nés à  des  superstitions  i)lus  dangereuses  et  plus  cri- 
minelles, telles  que  la  magie,  la  divination,  et  autres 
semblables.  On  se  défiait  en  particulier  des  philoso- 
phes et  des  gens  de  lettres  ;  et  ou  craignait  qu'ils  ne 
cherchassent  à  se  faire  initier  à  nos  mystères  plutôt 
par  un  esprit  de  curiosité  pour  en  découvrir  les  se- 
crets que  l'on  cachait  alors  avec  soin,  que  par  un 
esprit  de  religion,  et  par  une  vraie  conversion.  De  là 
vient,  au  rapport  de  S.  Jérôme  (1),  qu'Arnobe,  qui 
enseignait  l'éloquence  à  la  jeunesse  de  Rome ,  ayant 
été  averti  en  songe  de  demander  le  Baptême,  on  ne 
voulut  point  le  lui  accorder,  qu'il  n'eùl  combattu  par 
des  écrits  publics  la  religion  profane ,  dont  il  avait 
fait  profession  jusqu'alors. 

D'ailleurs ,  on  prolongeait  le  temps  du  catcchuraé- 
nat  à  ceux  qui  se  laissaient  emporter  à  leurs  passions, 
et  qui  tombaient  dans  des  fautes  considérables.  C'est 
ce  que  l'on  voit  dans  le  canon  li  du  concile  de  Ni- 
cée  ,  qui  porte  :  //  a  semblé  bon  au  saint  et  grand  con- 
cileque  les  catéclmmènes  qui  seraient  tombés,  soient  trois 
ans  entre  les  auditeurs  ,  et  qiCensuite  ils  prient  avec  les 
catéchumènes.  C'est  ainsi  que  pour  punition  de  leurs 
crimes,  le  concile  de  JNicée  relègue  les  catéchumènes 
du  second  rang  oùilsétaientaupremicrdont  ilsélaicnt 
sortis.  Le  concile  d'Elvire  (can.  Il)  prolonge  de  cinq 
ans  le  temps  de  l'épreuve  à  l'égard  des  femmes  ca- 
téchumènes qui  seraient  tombées  dans  le  péché.  Le 
concile  de  Neocésarée  enjoint  pour  pénitence  aux  ca- 
I  léchumènes  qui  auraient  péché,  d'entendre  à  genoux 
la  parole  de  Dieu ,  que  les  aulrcs  entendaient  sans 
doute,  ou  debout,  ou  assis  (2). 

En  un  mot ,  on  peut  dire  en  général  ,  qu'on  ne 
i  trouve  point  de  règle  fixe  là-dessus.  Chaque  Eglise 
sans  doute  suivait  ses  usages,  et  cela  dépendait  beau- 
coup de  la  prudence  et  de  la  volonté  des  évoques  , 
qui  dans  les  premiers  siècles  n'étaient  point  faciles  à 
accorder  la  grâce  du  Baptême  à  tout  le  monde  indif- 
féremment, craignant,  comme  dit  M.  Fleury  (5),  de 
charger  l'Eglise  de  gens  faibles  et  légers,  capables  do 
la  déshonorer  par  leurs  chutes  à  la  première  persé- 
cution. Ainsi  on  examinait  longtemps  si  la  vocation 
de  ceux  qui  se  présentaient  était  solide  et  sincère. 

Dans  la  suite  on  se  relâcha  de  cette  discipline.  I.o 
concile  d'Agde  ,  qui  fut  tenu  en  l'an  506  ,  ordonne 
(c.  54)  que  les  Juifs ,  contre  lu  perfidie  desquels  on  doit 


(1)  In  Chronico. 

(2)  Conc.  ÏNeoca-s.  can.  5,  etVcrsionc  Iwilori  Mcr- 
caloris. 

(5)  Mœurs  des  chrétiens. 


S9  HISTOIRE  DES  SACREMENTS 

prendre  des  précautions ,  demeurent  huit  mois  parmi  les 
cntccliumènes  ,  et  que  ce  temps  expiré  ,  si  on  reconnaît 
qu'ils  viennent  à  la  foi  sincèrement ,  ils  soient  admis  à  la 
grâce  du  Baptême.  Ce  loinie  ii  était  pas  fort  long,  sur- 
tout après rexpcrience  que  l'on  avait,  selon  les  Pères 
de  ce  concile ,  de  rallacliement  que  les  Juifs  avaient  à 
leur  superstition  :  allachenienl  qui  souvent  leur  fai- 
sait abandonner  le  clirisliaiiisme  après  l'avoir  em- 
brassé. Cependant  S.  Grégoire-le-Grand  (1)  permet 
que  l'on  baptise  des  Juifs  du  territoire  de  la  ville  de 
Gergcnli  en  Sicile,  après  leur  avoir  fait  pratiquer  un 
jeûne  de  quarante  jours ,  pour  les  préparer  à  recevoir 
ce  sacrement.  11  faut  croire  que  ce  saint  pape  était 
bien  informé  de  la  sincérité  de  la  conversion  de  ces 
infidèles.  Depuis  nous  voyons  que  l'on  abrégea  encore 
davantage  le  temps  du  caléchuménal ,  c'est  ce  que 
nous  apprend  l'auteur  de  la  vie  de  S.  Otton  de  Bam- 
bcrg  (2),  qui  raconte  de  ce  saint ,  qu'ayant  instruit 
avec  soin  des  mystères  de  notre  religion  ceux  qu'il 
avait  convertis  dans  ses  missions  en  Prusse  et  en 
Poméranie  ,  il  les  fit  jeûner  trois  jours,  après  les- 
quels ,  leur  ayant  dit  de  se  baigner  et  de  se  revêtir 
d'habits  blancs ,  il  les  baptisa ,  n'employant  que  l'es- 
pace de  sept  jours  pour  les  instruire ,  et  s'assurer  de 
leur  vocation  à  la  foi.  Les  Bourguignons,  s'il  en  faut 
croire  Socrate  (3),  s'étant  adressés  à  un  évèque  des 
Gaules  ,  aprAs  avoir  jeûné  et  reçu  des  instructions 
pendant  une  semaine  ,  furent  baptisés  le  huitième 
jour.  Aussi  ne  voyons-nous  pas  que  la  foi  ait  jeté  de 
profondes  racines  dans  ces  peuples,  dont  on  avait  hâté 
si  fort  le  Baptême.  Les  Bourguignons  furent  bientôt 
après  pervertis  par  les  Ariens  ;  et  les  peuples  de 
Prusse  et  de  Poméranie  ont  d'abord  suivi  les  erreurs 
de  Luther,  et  sont  encore  aujourd'hui  séparés  de  la 
communion  de  l'Eglise  catholique. 

H  est  assez  difficile  d'allier  les  retardemens  dont  on 
usait  autrefois  au  sujet  du  Baptême,  soit  volontaire- 
ment ,  soit  par  ordre  de  l'Eglise ,  avec  l'idée  que  l'on 
avait  de  sa  vertu,  et  de  la  nécessité  qu'il  y  avait  d'être 
initié  à  ce  sacrement ,  pour  parvenir  à  la  rémission 
des  péchés.  Rien  n'est  plus  propre  à  nous  Hure  com- 
prendre celte  nécessité,  que  la  description  que  fait 
S.  Grégoire  de  Nazianze  de  l'état  où  il  se  trouva, 
lorsqu'élant  sur  la  mer  le  vaisseau  où  il  était  fut  agité 
violemment  par  une  tempête  qui  survint.  11  sortait  d'A- 
lexandrie où  ses  parens  l'avaient  envoyé  pour  se  per- 
fectionner dans  les  sciences,  iL n'était  point  encore 
baptisé  ;  et  c'est  ce  qui  le  jetait  dans  une  conslerna- 
tion  qu'il  décrit  avec  son  éloquence  ordinaire.  Il  se 
regardait  comme  étant  sur  le  point  de  descendre  tout 
vivant  dans  les  enfers,  faute  d'avoir  reçu  ce  sacre- 
ment qui  est  la  porte  du  salut  ;  et  il  regarda  depuis 
comme  la  plus  grande  faveur  que  Dieu  lui  eût  faite, 
la  délivrance  qu'il  lui  accorda  en  cette  occasion  (4). 


40 


(1)  Lib.  7,  episi.  24. 

(2)  André,  abbé  du  monastère  du  mont  Saint-Mi 
chel,  près  deBamberg. 

C5)  Uist.  eccles.,  1.  7,  c.  30. 

(4)  Grcg.  Naz. ,  Carmen  de  vitâ  suà. 


Efl'eclivement  la  plupart  des  chrétiens  étaient  per- 
suadés que  l'on  ne  pouvait  obtenir  la  rémission  des 
péchés  par  d'autres  voies  que  par  le  Baptême,  ou  par 
le  martyre,  que  l'on  appelait  le  Baptême  de  sang. 
S.  Fulgence  (1)  était  dans  cette  pensée,  comme  il  pa- 
raît par  ce  qu'il  dit  dans  son  livre  de  la  foi,  adressé 
à  Pierre,  qui,  étant  sur  le  point  d'entreprendre  un  long 
voyage,  l'avait  prié  de  l'instruire  des  dogmes  de  la 
religion,  afin  qu'il  fût  en  état  d'éviter  les  pièges  que 
les  hérétiques  pourraient  lui  tendre  pour  l'engager 
dans  leurs  erreurs.  11  lui  parle  en  ces  termes  :  Sans 
le  sacrement  de  Baptême,  personne  ne  peut  parvenir  ni 
au  roijaume  des  deux,  ni  à  la  vie  éternelle ,  excepté  ceux 
qui  vcrsetil  leur  sang  vour  Jésus-Christ  dans  l'Eglise  ca^ 
tholique.  Gennade  (2)  enseigne  formellement  la  même 
chose,  lorsqu'il  dit  :  Baptizatis  tantiim  iter  esse  saliitis 
credimus.  Il  ajoute  qu'aucun  catéchumène ,  quelque 
plein  de  bonnes  œuvres  quil  soit,  ne  peut  avoir  la  vie 
éternelle  sans  le  Baptême,  à  moins  qu'il  ne  soit  lavé  de  ses 
péchés  par  le  martyre,  qui  seul  peut  tenir  lieu  du  sacre- 
ment de  Baptême,  «  excepto  martyrio  ubi  sola  baplismi 
«  sacramcnta  implentur.  > 

C'est  en  conséquence  de  cette  persuasion  qu'un  con- 
cile de  Brague  (can.  17)  défend  d'offrir  le  sacrifice 
pour  les  catéchumènes  morts  sans  avoir  reçu  la  ré- 
demption du  Baptême,  ne  voulant  pas  même  que  l'on 
chante  des  psaumes  pour  eux  :  Necjue  psallendi  impen- 
dalur  officium.  Saint  Jean  Chrysoslôme  (hom.  69)  as- 
sure aussi  qu'ils  ne  sont  pas  dignes  que  l'on  offre  pour 
eux  le  saint  sacrifice,  et  qu'il  faut  les  priver  de  tels 
suffrages,  excepté  celui  de  l'aumône,  qui  peut  leur 
procurer  du  rafraîchissement  après  celte  vie.  Cette 
pensée  est  assez  singulière,  il  est  difficile  de  compren- 
dre quel  rafraîchissement  peuvent  espérer  ceux  qui 
sont  séparés  de  Dieu,  à  moins  que  ce  ne  soit  celui  dont 
parle  saint  Augustin,  tU  mitiiis  ardeant.  Les  deux 
SS.  Grégoire  de  Nysse  et  de  Nazianze  (5)  sont  dans 
le  même  sentiment  touchant  le  salut  de  ceux  qui  meu- 
rent sans  Baptême.  Ce  dernier  se  propose  l'objection, 
disant  :  Dieu  7i'est-il  pas  miséricordieux  ?  certes  il  con- 
naît le  cœur  des  hommes ,  il  approuve  leur  volonté,  et 
leur  désir  tient  lieu  chez  lui  de  Baptême.  A  quoi  il  ré- 
pond :  Vous  me  dites  là  une  énigme,  savoir,  que  celui 
qui  n'a  pas  Dieu  pour  sa  lumière,  soit  éclairé  par  miséri- 
corde, et  qu'il  prétende  parvenir  au  royaume  de  Dieu  par 
miséricorde,  sans  faire  ce  qui  peut  l'en  rendre  digne. 
Enfin  S.  Cyrille  de  Jérusalem  (calèches.  3)  assure 
positivement  que  celui  même  dont  la  vie  est  ver- 
tueuse, ne  peut  parvenir  au  bonheur  de  la  vie  future, 
s'il  ne  reçoit  le  Baptême  :  Où5è  -/.àv  Ijûpezài  tu,  ylvrir»i 

TOXi  iûyolç,  fj-ô  ),ocêr)  Se  Tviv  Si   uSktOj  afpKvnôu. ,  staslivaeza 

Nonobstant  tout  ce  que  nous  venons  de  dire,  et  la 
réponse  de  S.  Fulgence  (epist.  H  )  au  diacre  Fer- 
rand,  par  laquelle  on  voit  que  celui-ci  doutait  du  sa- 


(1)  Fulg.  de  Fide  ad  Petnim,  c.  3 

(2)  Lib.  de  Dom.  eccles.  c.  74. 

(5)  Greg.  Nyss.  Oraiione  adversùs  eos  qtii  différant 
Baptisnid  ;  Greg.  Naz.  Oral,  in  sanctum  lavacrura. 


»» 


41  BAPTifcME.  —  r*  PARTIE.  CHAP 

lut  d'un  catéchumène,  qui  après  avoir  passé  par  Té-  1 
preuve  des  scrutins,  avait  été  baptisé  quelques  jours 
avant  Pâques,  étant  privé  de  l'usage  des  sens,  plu- 
sieurs Pères  ont  enseigné  que  le  désir  de  recevoir  le 
Baptême  pouvait  suppléer  au  défaut  de  ce  sacrement, 
et  ont  rendu  aux  catéchumènes  des  devoirs  de  religion 
après  leur  mort,  faisant  mémoire  d'eux  dans  le  saint 
Sacrilice  :  et  ce  sentiment  i'a  enlia  emporté  sur  l'au- 
tre, en  sorte  que  c'est  aujourd'hui  une  chose  décidée 
dans  l'Eglise. 

Saint  Ambroise,  dans  l'oraison  funèbre  qu'il  pro- 
nonça à  la  louange  de  l'empereur  Yalentinien-le-  ! 
Jeune,  en  présence  de  ses  sœurs,  ne  Aut  point  diffi- 
culté de  dire,  en  parlant  de  ce  prince  qui  l'avait  appelé 
en  Gaule  pour  recevoir  le  Baptême  par  son  ministère,  , 
mais  que  les  artifices  du  coniteArbogaste  avaient  fiiit 
périr,  avant  que  le  saint  évoque  eût  passé  les  Alpes 
pour  se  rendre  auprès  de  lui,  qu'il  n'avait  pas  perdu 
la  grâce  qu'il  avait  demandée  ;  sed  ille  non  amisit  (jra- 
tiam  (juam  poposcil  {]).  11  rend  liaison  de  ce  qu'il 
avance  ;  car  adressant  la  parole  aux  sœurs  de  ce  jeune 
prince  qui  étaient  inconsolables  de  sa  mort,  et  surtout 
de  ce  qu'il  n'avait  point  reçu  le  Baptême  avant  de 
mourir,  il  leur  parle  en  ces  termes  (2)  :  Mais  f  en- 
tends que  voire  douleur  vient  de  ce  qu'il  n'a  pas  reçu  le 
sacrement  du  Baptême  ;  dites-moi ,  que  pouvons-nous 
frire  autre  chose  sinon  de  demander?  or  il  avait  depuis 
lomj-lemps  te  vœu  de  ce  sacrement,  et  tn'avait  fait  sa- 
voir, qu'avant  de  venir  en  Italie,  il  voulait  être  initié  et 
baptisé  de  ma  main;  c'était  le  principal  sujet  pour  lequel 
il  m'avait  mandé.  Quoi,  il  n'a  donc  pas  la  grâce  qu'il  a 
souhaitée,  qu'il  a  demandée  ?  Certes  parce  qu'il  l'a  de- 
mandée, il  l'a  reçue,  et  c'est  parce  qu'il  est  dit,  que  le 
juste,  de  quelque  mort  qu'il  soit  prévenu,  sera  dans  le 
rafraîchissement. 

Le  saint  évèque,  après  avoir  prouvé  par  plusieurs 
autres  arguments  ce  qu'il  vient  de  dire,  prie  Dieu  de 
ne  pas  séparer  ce  prince  de  Gratien,  son  frère,  avec  ' 
qui  il  assure  qu'il  vit  devant  Dieu  ;  son  père  et  s(m  j 
frère,  dont  il  avait  imité  la  foi  et  la  piété,  ne  manquant  ' 
pas  d'adresser  pour  lui  des  prières  très-ardenles  à 
Jésus-Christ,  auxquelles  il  veut  que  tous  les  (idèles  joi- 
uent  leurs  vœux  dans  la  célébration  des  saints  mysté-  ; 
res  ;  ExtoUile,  populi,  manus  in  sancta,  uteo  saltem  mu-  \ 
ncre  vicemejus  merilis  rependamns{'^).  Il  ajoute,  en  par- 
lant de  Gralien  et  du  jeune  Yalonlinien:  Je  ne  sépare- 
rai point  tes  noms  des  deu.v  frères,  je  ne  fais  point  de  ' 
liisiinelion  de  leurs  mérites,  etc. 

On  ne  peut  pas  soupçonner  S,  Ambroise  d'avoir  parlé  I 
^•onlre  sa  pensée  dans  cette  occasion,  en  supposant  \ 
juil  voulait  consoler  les  princesses,  en  présence  des-  j 
quelles  il  a  fait  ce  beau  discours,  dont  nous  venons  de  ' 
donner  quelques  extraits.  Une  telle  supposition  ferait  ! 
injure  à  ce  grand  évoque,  dont  la  gravité  et  la  sainteté  ' 
sont  si  connues  :  cependant  lui-même  est  un  de  ceux  qui 


(\)  Anibros.  Oral,  fimebri  de  Obilu  Valent.,  n.  30. 
(2)  Idem  ibid.  n.  51. 
(ô)  Ibid.  n.  5C. 


V.  DCRKE  DU  CATÉCIIUMÉMAT.  ii 

ont  parlé  avec  plus  de  force  de  la  nécessité  indispensa- 
ble de  recevoir  le  Baptême  pour  parvenir  au  salut  (1). 
Pour([uoi  donc  parle-t-il  si  positivement  dans,  ce  dis- 
cours du  salut  de  ce  prince?  c'est  sans  doute  parce 
qu'il  le  connaissait;»  fond,  parce  qu'il  savait  les  saintes 
dispositions  où  il  était  quand  il  fut  si  cruellement  mis 
à  mort  ;  c'est  parce  qu'il  était  bien  informé  que  son 
cœur  était  embrasé  d'une  très-ardente  charité  :  elle 
était  telle,  comme  il  le  déclare  lui-même  dans  son 
oraison  funèbre,  que  le  comte  Arbogaslc  ayant  con- 
spiré la  mort  de  plusieurs  officiers  de  l'empire,  ce 
jeune  prince  s'exposa  lui-même  à  perdre  la  vie, 
plutôt  que  de  souffrir  que  ces  personnes  la  perdissent 
par  les  artifices  et  lu  violence  de  leurs  ennemis:  Quid 
iilud  qubd  mari  non  timuit  ?  imb  pro  ovimibus  se  obtulit.,.; 
occidit  itaque  pro  omnibus  quos  ditiqebat,  etc.  (2).  Il  ne 
faut  pas  douter  qu'une  telle  charité  ne  puisse  suppléer 
dans  le  cas  de  nécessité  au  défaut  du  Baptême;  et  les 
Pères  dont  nous  avons  rapporté  les  passages  ci-des- 
sus, et  qui  paraissent  opposés  à  S.  Ambroise,  tant  dans 
leurs  discours,  que  dans  ce  qu'ils  pratiquaient  à  l'é- 
gard des  catéchumènes,  morts  avant  d'avoir  reçu  le 
Baptême,  n'auraient  point  pensé  ni  agi  autrement  que 
S.  Ambroise  dans  des  ciiconsiances  pareilles.  Il  sem- 
ble donc,  s'il  est  permis  à  un  historien  de  dire  quelque- 
fois son  sentiment  sur  les  faits  qu'il  rapporte,  il  sem- 
ble, dis-je,  que  pour  concilier  S.  Ambroise  avec  lui- 
même  et  avec  les  autres  Pères,  on  doit  dire  que  le 
défaut  du  sacrement  de  Baptême  ne  peut  être  suppléé 
par  des  dispositions  communes  et  un  désir  peu  ardent 
de  le  recevoir  ;  mais  qu'il  le  peut  être  par  des  disposi- 
tions extraordinaires  et  par  une  charité  très-ardente  ; 
c'est  ce  sentiment  que  le  pape  Innocent  lll  et  S.  Ber- 
nard ont  depuis  expressément  autorisé  (3). 

CHAPITRE  VI. 

Des  préparations  procliaines  au  Baptême,  ou  des  cverci- 
ces  que  l'on  faisait  pratiquer  aux  cutécimm'enes  coni 
pétenls  pour  les  disposer  à  recevoir  ce  sacrement.  In- 
structions qu'on  leur  donnait  alors  ;  à  qui  il  appartenait 
de  les  donner. 

Quand  les  catéchumènes  avaient  accompli  le  temps 
prescrit  pour  les  éprouver,  qu'ils  demandaient  le 
Baptême,  et  qu'on  les  jugeait  dignes  de  le  recevoir, 
on  prenait  soin  de  les  y  disposer  par  divers  exercices 
de  piété,  et  surtout  par  la  pénitence  ;  c'est  ce  que 
recommande  S.  Théodore,  disciple  et  successeur  de 
S.  Pacôme,  dans  une  leltrc  adressée  à  tous  lesmonc- 
stères  de  son  ordre  (4)  :  Que  les  catéchumènes,  dit-il, 
qui  sont  dans  vos  monastères  et  qui  attendent  la  terrible 
rémission  de  leurs  pécliés,  -et  la  grâce  du  mystère  spiri- 
tuel du  Baptême,  apprennent  de  vous  (juits  doivent  pteu^ 
rer  leurs  vieux  péclics  et  en  faire  pénitence,  et  se  préparer 

(1)  Ambios.  1.2,  de  Abraham,  o.  11,  n.  8i;  Serni 
in  Psal.  118,  n.  1  i  ;  1.  de  Mysleriis,  c.  4,  n.  20. 

(2)  Orat.  de  Obilu  Valenlin.,  n.  7}-J. 

(5)  Innocent.  III.,  Epist.  ad  episo.  Cremonensem  ; 
Bernard.,  tract,  ad  Ilug.  Vicloiinuni. 

(4)  Epist.  Theodori  in  codice  regularum  ah  Hol- 
stenio  edilo.     ■ 


^^  IIISTOIUE  DES  SACREMENTS.  H 

à  la  sanctification  de  leurs  àmesd  de  leurs  corps,  afin  de  T]  cipiant.  >  Cette  sainte  pratique  a  persévéré  dans  l'É- 
pouvoir  supporter  la  majesté  du  sang  et  du  corps  de  Je-  I  glise  jusqu'au  douzième  siècle.  Pour  le  sixième,  nous 
sus-CItrist  notre  Sauveur,  auquel  on  ne  saurait  même  en  avons  un  témoignage  authentique  dans  les  lettres 
penser  sans 


frayeur.  Voilà  de  quelle  manière  ce  saint      de  Grégoira-le-Grand,  lequel   écrivant  au  défenseur 


abbé  voulait  qu'on  préparât  les  compélenls  qui  devaient 
être  agrégés  au  corps  des  fidèles  à  i'âques  prochain. 
Saint  Augustin  témoigne  aussi  que  l'on  prenait  d'eux 
un  soin  particulier  (1). 

Saint  Cyiille  de  Jérusalem,  dans  le  discours  qui  est 
à  la  lèle  de  ses  catéchèses,  exhorte  ceux  qui  se  dispo- 
saient à  recevoir  le  Baptême  à  Pâques,  à  s'y  préparer 
sérieusement  pendant  le  carême  :  Votre  nom,  leur  dit- 
il,  est  inscrit..;  vous  avez  un  assez  long  intervalle  de 
temps,  puisque  vous  avez  quarante  jours  pour  faire  péni- 
tence. Dans  le  discours  suivant  (2)  il  explique  plus  en 
détail  à  quoi  ils  doivent  s'occuper  dans  cet  espace  de 
temps,  il  veut  qu'ils  s'appli(juent  au  silence,  à  la  prière, 
aux  lectures  de  piété.  Un  ancien  auteur,  dans  un  dis- 
cours sur  le  psaume  ii  (3),  adressé  aux  néophytes, 
leur  dit  :  Que  fendant  tout  le  carêmeils  ont  vaqué  à  l'o- 
raison et  aux  jeûnes,  qu'ils  ont  dormi  dans  la  cendre  et 
le  cilice,  cherchant  la  vie  future  par  la  confession  de  leurs 
péchés  ;  mais  qu'ayant  versé  des  larmes,  et  ayant  été 
dans  la  tristesse  ils  entendront  ces  paroles  .  Ceux  qui 
sèment  dans  les  larmes  moissonneront  dayis  la  joie. 

Le  jeûne  surtout  a  été  de  tout  temps  recommandé, 
et  pratiqué  dans  l'Église  pour  se  pré|)arer  au  Baptême. 
Nous  en  avons  un  témoin  qui  louche  aux  temps  apo- 
stoliques :  c'est  le  martyr  S.  Justin,  qui  dans  sa 
deuxième  apologie  pour  la  défense  de  la  Religion,  par- 
lant de  ceux  qui  doivent  être  baptisés,  dit  :  On  leur 
enseigne  à  prier  et  à  jeûner,  à  demander  à  Dieu  le  par- 
don de  leurs  anciens  péchés.  Nous  joignons  nos  jeûnes 
et  nos  prières  aux  leurs  ;  après  quoi  nous  les  menons  où. 


marquer  quehiue  chose  de  plus  qu'un  jeûne  purement 
arbitraire;  tel  que  le  savant  évoque  d'Orléans  (4)  pré- 
tend qu'était  celui  de  catéchumènes,  II  paraît  qu'il  y 
avait  obligation  pour  eux  de  jeûner  et  de  pratiquer 
des  mortiOcaiions  durant  le  temps  qui  précédait  im- 
médiatement leur  baptême  ;  au  moins  auraient-ils  eu 
bien  mauvaise  grâce  de  vivre  dans  les  délices  pendant 
que  tome  l'Église  jeûnait  pour  eux. 

Nous  voyons  le  même  usage  dans  les  constitutions 
apostoliques  (5):  Celui  qui  est  initié  à  la  mort  de  J(  sus- 
Christ  doit  d'abord  jeûner,  ensuite  être  baptisé.  Le  qua- 
trième concile  de  Carthage  (can.  85)  prescrit  la  même 
chose,  en  ces  termes  :  Que  ceux  qid  doivent  être  baptisés 
donnent  leurs  noms  ,  et  qu'ayant  été  longtemps  éproui'^'^ 
■par  l'abstinence  du  vin  et  de  la  chair,  et  par  de  fréqueni^„ 
impositions  des  mains,  ils  soient  baptisés,  i  Baplizandi 
«  nomen  suum  dent,  et  dih  abstinentiâ  vini  et  carnium 
<  ac  manûs  impositione  crebrà  examinati  Baptismum  re- 


Faustin,  touchant  les  Juifs  qui  s'étaient  convertis  en 
Sicile,  lui  ordonne  de  convenir  avec  Tévêque  du  lieu 
touchant  le  temps  auquel  on  devait  les  baptiser,  sans 
attendre  la  solemiilé  de  Pâques,  à  cause  du  péril  du 
retard  ;  ajoutant  que  l'évèque  doit  leur  imposer  pour 
cela  un  jeûne  de  quarante  jours. 

Saint  Otton  de  Bamberg  ,  conune  nous  avons  vu  , 
faisait  aussi  jeûner  ceux  qu'il  avait  retirés  des  ténèbres 
du  paganisme,  avant  de  lesbapliser. 

Non-seulement  on  faisait  jeûner  les  compétents  avant 
de  les  initier  aux  saints  mystères  du  Baptême,  et  des 
autres  sacrements  que  l'on  donnait  tout  de  suite.  On 
recommandait  de  plus  aux  personnes  mariées  de  gar- 
der la  coiilinenee  pendant  ces  jours  d'épreuve.  Saint 
Augustin  nous  en  fournit  une  preuve  sans  réplique 
dans  son  livre  de  la  foi  et  des  œuvres  (ch.  9) ,  où  ré- 
futant ceux  qui  disaient  qu'on  devait  admettre  au 
Biiptême  tous  ceux  qui  le  demandaient  iuilillérenuucnt, 
et  même  ceux  qui  vivaient  dans  l'adultère,  il  fait  voir 
l'absurdité  de  ce  sentiment,  en  remarquant  qu'on 
n'admettrait  pas  même  à  ce  sacrement  ceux  qui  ne 
voudraient  pas  garder  la  continence  conjugale  durant 
le  temps  qui  précède  immédiatement  le  Baptême  : 
d'où  il  conclut  qu'il  est  ridicule  de  dire  que  l'on  doive 
y  admettre  ceux  qui  vivent  dans  le  désordre.  Quomodo 
igilur  ad  illa  sancla,  récusons  correctlonem  adullcr  ad- 
viitlilur,  quo  recusans  observationem  no7i  admittiliir 
conjitgntiisl  Ce  temps  de  continence  devait  connuen- 
cer,  comme  il  est  marqué  par  S.  Augustin,  dès  le  jour 
que  les  catéchumènes  avaient  fait  inscrire  leurs  noms 


il  y  a  de  l'eau.  Ces  paroles  de   S.  Justin  semblent      sur  le  rôle  des  élus,  ou  compétents.  Saint  Césaire  d'Ar- 


(1)  Aug.  1.  de  Fide  et  Oper.  c  6. 


Cateches.  1,  sub  nnem, 

(3)  In  Appendice  ad  tom.  6.  S.  Aug.  novae  edit. 

(4)  Albaspin.   1.   2  Observaiionum   d«  veteribus 
Eccl.  Riiibus,  observ.  1. 

(5)  Const.  Apost,  1.  7,  c.  25. 


les  (1)  recouuuande  inslanmient  la  même  chose  aux 
gens  mariés,  en  ces  termes  :  Avant  toutes  choses,  que 
ceux  qui  se  sentent  coupables  de  ces  fautes  prennent 
garde  d'observer  la  chasteté  avant  le  Baptême,  et  qu'a- 
près l'avoir  reçu  ils  s'abstiennent  encore  quelque  temps 
des  plaisirs,  etc. 

Une  autre  chose  qui  se  pratiquait  autrefois  pour  se 
disposer  à  recevoir  le  Baptême,  qui  paraîtra  fort  ex- 
traordmaire  à  ceux  qui  ont  tant  d'éloignemenl  de  la 
confession,  c'est  que  l'on  exhortait  au  moins,  pour  ne 
rien  dire  de  plus,  ceux  qui  étaient  sur  le  point  de  re- 
cevoir ce  sacrement,  à  confesser  leurs  péchés.  Ter- 
tullien  parle  de  cet  usage,  en  ces  termes  (2)  :  Il  faut 
que  ceux  qui  doivent  entrer  dans  le  bain  sacré  du  Bap- 
tême, fassent  de  fréquentes  prières,  et  des  génuflexions, 
qu'ils  jeûnent  et  qu'ils  passent  les  veilles  en  oraison,  il 
faut  aussi  qu'ils  se  confessent  de  toits  leurs  péchés  pas- 
sés, afin  qu'ils  représentent  aussi  le  baptême  de, Jean  : 

i  Ingressuros  Baptismum orare  oportel,  cl    cmii 

i  confessione  omnium  retrb  delictorum ,  ut  exponant 
<  etiam  baptismum  Joannis.  >  Rigant,  dans  sa  note 

(1)  Caesar.  Serm.  2^7,  in  append.  1. 1  S.  Aug. 

(2)  Tertull.  de  Baptismo,  c.  20. 


iH  BAPTÊME.  —  r*  PARTIE.  CIIAP.  VI.  PREPARATIONS  A  CE  SACREMENT.  46 

sur  ce  passage,  explique  la  conlession  doni  il  s'agit  T  d.il.s  :  Convcriissez-vonsdoiic  tous,  ei  confessant  vos 


ici,  en  disant  quelle  est  la  nit'nie  chose  que  la  con- 
version et  la  pénitence.  Mais  il  me  parait  que  c'est 
faire  violence  au  texte,  que  de  lui  donner  ce  sens.  La 
pénitence  y  est  assez  marquée  par  les  jeûnes,  les 
prières  fréiiuentes  et  les  génullexions  ;  il  faut  donc 
que  la  confession  qu'il  y  joint  marque  quel([ue  autre 
chose;  d'autant  plus  que  TertuUien  ajoute  aussitôt 
que  ceux  que  S.  Jean  baptisait  confessaient  leurs  pé- 
chés publiquement,  et  ([ue  nous  devons  nous  estimer 
heureux  de  ce  que  nous  ne  sommes  point  obligés  dans 
celle  occasion  de  confesser  publiquement  nos  turpi- 
tudes et  nos  iniquités  :  par  où  il  fait  entendre  qu'il 
suffisait  de  s'accuser  en  secret  des  désordres  de  sa  vie 
passée  :  Nobis  gratulamlitm  exl,  si  non  publicè.  confilc- 
ninriniquitates  aul  turpiludinesnoslras. 

Eusèbe  coiilirme  cet  usage,  en  parlant  du  baplèmc 
de  Constantin,  lorsqu'il  dit  (1)  :  que  ce  prince  atjant 
mis  le  genou  en  terre,  demanda  pardon  à  Dieu,  confes- 
sant ses  péchés  dans  l'église  d'un  Marlyr,  oii  il  était  et 
ail  il  reçut  l'imposition  des  mains  accompagnée  de  la 
prière  solennelle;  c'est-à-dire,  qu'il  fut  fait  catécliu-  | 
mène.  Celait  une  pratique  si  commune  de  confesser 
ainsi  ses  péchés,  avant  d'entrer  dans  le  bain  sacré, 
que  les  Pères  prenaient  soin  d'encourager  les  caté- 
chumènes à  le  faire,  en  leur  représentant  l'avantage 
qu'ils  devaient  retirer  de  cette  action  si  opposée  à  l'or- 
gueil naturel  des  hommes;  c'est  ce  que  fait  saint  Gré- 
goire de  Nazianze,  en  ces  termes  (Orat.  40)  :  iVe  dé- 
daignez pas  de  eonfesser  vos  péchés,  sachant  comment 
Jean  a  baptisé,  afin  que  par  la  honte  que  vous  souffrirez 
en  cette  vie,  vous  évitiez  celle  du  siècle  futur  (car  la 
lionte  est  une  partie  de  ces  supplices  éternels),  et 
faites  connaître  que  vous  haïssez  sérieusement  et  sincè- 
rement le  péché ,  en  le  découvrant,  comme  étant  digne 
de  honte  et  de  mépris,  et  en  triomphant  de  lui  de  cette 

manière.  M/iaTtetÇiàî/;;  ilv.yossv'jy.i  TOvr-^iv  ky.v.D-zi </.■>,..  Tra- 
pv.lii-/ij.v-i7C/.i  kÙzy,j  /.Kl  Ôptay.êsûjaç,  wj  à^t'av  ugpjwj.  C'cSt 

ainsi  que  ce  saint  excite  à  s'accuser  eux-mêmes  de 
leurs  péchés,  ceux  qui  se  disposaient  à  recevoir  le 
Baptême. 

Socrate  (2),  parlant  du  rcnvi^rsement  du  Icniplc  de 


que  les  anciens  oracles  qui'  menaçaient  d'une  ruine 
totale  ceux  qui  violeraient  la  prétendue  sainteté  de  ce 
temple,  n'en  souffraient  rien,  et  qu'ayant  confessé 
leurs  péchés,  ils  reçurent  le  Baptême.  La  coiirlisanc 
Thaïs,  s'élant  convertie  et  prosternée  aux  pieds  du 
bienheureux  Nonne,  comme  il  est  rapporté  dans  sa 
vie  (3),  la  diaconisse  romaine  lui  dit  :  Levez-vous,  ma 
fille,  afin  que  l'on  vous  exorcise,  et  confessez  tous  vos 
péchés.  Saint  Brielle  disait  aussi,  comme  il  est  mar- 
qué dans  sa  vie  manuscrite  (4-),  en  parlant  à  des  inli- 

(1)  Euseb.,  de  Vità  Constantin!,  1.  à,  c.  61. 
(2)Ilist.  Eccles.,1.5,  c.  17. 

(3)  Apud  Sur.  8  octob. 

(4)  Apud  Martene,  1.  1,  de  anti(j.  Kcd.  Rilibns, 
c.  10. 


pécliés,  recevez  le  Baplènie.  Et  peccata  veslra  confi- 
tentes,  Baptismum  snscipiie. 

Les  compétents  ou  élus  que  l'on  préi)arait  par  tous 
CCS  saints  exercices  à  recevoir  le  Bapléuie,  s'appe- 
laient coniiunnénicnt  chez  les  Grecs  puTtÇcijttevot;  soit, 
comme  quelques  savants  le  prélendenl,  à  cau.->e  que 
l'on  prenait  soin  alors  de  les  éclairer  louchant  les 
mystères  de  noire  foi,  soil  plutôt,  comme  le.  nioniro  le 
savant  éditeur  des  Calécliéses  de  saint  Cyrille  (1),  à 
cause  que  les  Grecs  désignaient  ordinairement  le 
Baplèmc  par  le  terme  de  lumière;  en  sorte  que  dans 
leur  manière  de  parler,  ces  deux  mots,  fWTiÇo/^evot  et 
BKTiTtÇiy.svot,  étaient  synonymes.  Ils  étaient  ainsi  nom- 
més, parce  qu'ils  touchaient,  pour  ainsi  dire,  au 
baptême,  et  qu'ils  étaient  en  quehine  sorle  incorpores 
à  l'Église.  Car  c'est  ce  que  signifie  ce  participe  présent 
du  passif  que  nous  ne  pouvons  exprimer  d'un  seul 
mot,  ni  en  français  ni  en  latin.  Ce  qui  est  singu- 
lier, c'est  que  dans  l'église  de  Jérusalem  on  honorait 
même  ces  catéchumènes  du  iroisiéme  ordre  du  litre 
de  Fidèles,  qui  partout  ailleurs  éiait  réservé  à  ceux 
qui  avaient  reçu  le  B  iplènie.  C'est  ce  que  l'on  voit 
dans  plusieurs  endroits  des  Catéchèses  de  saint  Cy- 
rille (2). 

On  ne  confiait  pas  l'instruction  de  ces  derniers  à 
toutes  sortes  de  personnes  ;  elle  élait  réservée  à  l'évê- 
que  qui  la  leur  faisait  dans  l'église;  on  se  reposait  de 
ce  soin  sur  un  prêtre  habile,  et  dont  les  talents  lui 
étaient  bien  connus,  et  non  sur  les  catéchistes  ordi- 
naires, dont  nous  avons  parlé  dans  le  chapitre  troi- 
sième. Nous  avons  en  eflet  peu  de  sernmns  des  Pères 
sur  ce  sujet,  qui  n'aient  élé  pr.inoncés  par  des  évê- 
ques.  Saint  Ambroise,  comme  nous  l'avons  vu  ailleurs, 
j  donnait,  ou  expliquait  le  symbole  aux  compétents. 
1  Saint  Augustin  s'acquittait  aussi  de  celle  fonction  par 
!  lui-même  depuis  son  épiscopat,  quoiqu'il  l'eût  fait 
;  aussi  n'étant  encore  que  prêtre  ;  Valère,  son  évêque, 
I  l'ayant  chargé  du  ministère  de  la  parole,  ne  pouvant 
I  s'en  acquitter  comme  il  l'aurait  souhaité,  tant  à  cause 
d'un  empêchement  de  langue,  que  parce  qu'il  ne  par- 
^  "ait  pas  facilement  le  latin,  étant  né  Grec.  A  Conslan- 


Sérapis,  ditque  plusieurs  alors  se  convertirenl,  voyant  t    ti„op|e,  le  patriarche  donnait  et  expliquait  le  symbole 

aux  compétents  le  jour  du  vendredi  saint,  montant 
pour  cela  sur  la  tribune,  comme  nous  l'apprenons  de 
I  Théodore-le-Lectenr(ir!St.,p.5G3). 

A  Rome,  le  Pape  étant  trop  occupé  durant  ce  temps, 
c'était  un  prêtre  qui  donnait  le  symbole,  c'est-à-dire, 
qu'il  expliquait  les  articles  de  la  foi  chrétienne,  conte- 
nus dans  le  synd)ole,  car  ces  termes  signifient  la  même 
chose.  Jean  de  Jérusalem,  successeur  de  saint  Cyrille, 
fusait  par  lui-même  les  Catéchèses,  suivant  le  té- 
moignage de  saint  Jérôme  (3). 

A  Antioche  ,  saint  Jean  Chrysostôme  que  Flavien 
faisait  prêcher  en  sa  présence,  instruisait  aussi  ceux 


(1)  Dissert.  3  de  Catecbcs.,  c.  4. 
{2)Procateches.  n.  C  Cat.  1,  n.  4.  Cal.  r>,  n.  1. 
(3)Epist.  58,  iiov.  edil. 


47  -  ÎIISTOIUE  DES 

qui  étaient  sur  le  point  de  recevoir  le  Baptême.  Nous 
avons  encore  de  lui  deux  discours  stn-cc  sujet.  11  pa- 
raît aussi  qu'Eusèbc  de  Césarée  s'était  acquitté  de 
cette  importante  fonction ,  avant  que  d'être  évoque. 
C'est  ce  (ju'il  remarque  dans  la  lettre  qu'il  écrivit  à 
son  peuple,  dans  laquelle,  leur  proposant  le  symbole 
de  son  église,  il  leur  dit  qu'il  leur  exprime  par  là  la 
foi  qu'il  avait  crue  et  enseignée  étant  prêtre  et  depuis 
qu'il  était  évèque.  Les  sermons  ou  catéchèses  qui  se 
faisaient  dans  ce  temps,  suivant  D.  Augustin  Toutlée, 
dans  sa  troisième  dissertation  sur  les  œuvres  de  saint 
Cyrille  de  Jérusalem,  étaient  de  trois  sortes.  Les  pre- 
mières étaient  morales.  Dans  celles-ci,  il  avertissait 
ceux  qui  demandaient  le  Baptême  de  ne  point  agir  en 
hypocrites,  mais  de  se  sonder  eux-mêmes  pour  re- 
connaître si  leur  volonté  était  droite  et  sincère.  Il  leur 
recommandait  aussi  de  se  préparer  à  cette  grâce  par 
les  travaux  de  la  pénitence.  Tel  est  le  sujet  des  deux 
premières  catéchèses  de  saint  Cyrille  et  des  deux  de 

SaintChrySOSlÔme,  npi?  to-Jj  y-îz/ovra;  j;wrtÇ£(7t)«t,  «  ccux 
quefon  doit  bientôt  baptiser.  Saint  Augustin  a  fait  aussi 
plusieurs  discours  aux  compétents  sur  le  même  su- 
jet. 

Dans  les  instructions  qui  suivaient  ces  premières, 
on  exposait  le  symbole  aux  compétents; nous  avons 
peu  de  catéchèses  des  Pères  grecs  sur  cette  matière, 
mais  les  latins  nous  en  fournissent  un  grand  nombre. 
Enfin  dans  les  dernières  catéchèses,  on  expliquait 
l'Oraison  dominicale.  Le  Père  Toultée  dit  que  chez 
les  Latins,  on  ne  la  proposait  pas  en  propres  termes  aux 
compétents,  mais  en  termes  équivalents;  et  que  dans 
l'église  d'Orient  on  ne  leur  donnait  connaissance  de 
cette  prière  qu'après  le  baptême.  Je  ne  sais  quelle 
était  sur  cela  la  discipline  des  orientaux;  mais  pour 
ce  qui  est  de  l'Occident,  la  pi  atii/ue  aijcieime  était  de 
ne  point  proférer  les  paroles  de  la  prière  du  Seigneur 
en  présence  des  compétents;  elle  n'a  pas  duré  long- 
temps, puisqu'elle  se  trouve  en  propres  termes  dans 
l'ancien  missel  gallican,  avec  une  courte  explication 
de  chacun  des  articles  qu'elle  contient,  et  qu'on  ne 
l'avait  insérée  dans  ce  missel,  ainsi  commentée,  que 
pour  servir  de  modèle  à  ceux  qui  étaient  chargés  de 
faire  ces  instructions  :  peut-être  même  ne  faisaient-ils 
que  réciter  à  leurs  auditeurs  ce  qui  est  marqué  dans 
ce  livre,  dont  le  manuscrit  a  plus  de  mille  ans  d'anti- 
quité, et  pour  représenter  par  conséquent  ce  qui  se 
faisait  dans  le  septième,  et  même  dans  le  sixième 
siècle.  Car  il  ne  faut  pas  croire  que  ce  qui  se  lit  dans 
ces  sortes  d'ouvrages,  ne  représente  précisément  que 
les  rits  et  les  cérémonies  qui  étaient  en  usage  dans  le 
temps  qu'ils  ont  été  écrits  ;  sans  doute  qu'ils  étaient 
})lus  anciens  que  ceux  qui  les  ont  rédigés  pour  servir 
de  règle  aux  autres.  Nous  pouvons  même  faire  remon- 
ter plus  haut  cette  pratique,  puisque  nous  avons  une 
homélie  de  saint  Augustin  (l),où  il  explique  l'Oraison 
dominicale  aux  compétents  :  il  y  rapporte  les  propres 
paroles  de  cette  prière,  et  les  répète  même  par  deux 

(1)  Serm.  58  in  c.  C  Malth.,  tom,  5. 


SACBE.MENTS.  « 

fois  dans  le  même  sermon.  Je  ne  parle  pas  ici  de 
l'exposition  abrégée  que  l'on  faisait  des  sacrements  à 
ceux  qui  devaient  recevoir  le  Baptême  la  veille  de 
Pâques.  Saint  Cyrille  en  fait  mention  (1),  et  nous 
avons  quelques  discours  de  saint  Gaudence  de  Bresse 
sur  ce  sujet. 

Voilà  à  peu  près  sur  quoi  roulaient  les  instructions 
ou  catéchèses  que  les  évêques  faisaient  à  ceux  qui 
étaient  sur  le  point  d'être  agrégés  au  corps  des  fi- 
dèles. On  avait  grand  soin  partout  de  leur  l'aire  bien 
comprendre  la  sainteté  de  nos  mystères,  et  de  leur 
inculquer  les  principes  de  la  foi.  Mais  il  faut  conve- 
nir que  de  toutes  les  Églises,  celle  de  Jérusalem  était 
celle  oîi  l'on  s'appliquait  davantage  à  former  ces  pro- 
sélytes de  noire  religion  ;  partout  ailleurs  on  ne  faisait 
guères  qu'uîi  discours  pour  leur  expliquer  le  symbole, 
et  deux  au  plus;  nous  n'avons  qu'un  seul  exemple  qui 
nous  fasse  connaître  qu'on  ait  fait  sur  ce  sujet  trois 
ou  quatre  instructions  :  mais  dans  la  première  Église 
du  monde,  qui  a  été  le  berceau  du  christianisme,  on 
employait  tout  le  carême  à  instruire  et  à  former  ceux 
qui  devaient  être  initiés  à  nos  mystères  ;  et  nous  avons 
encore  dix-sept  catéchèses  de  saint  Cyrille  qui  ont 
été  prononcées  pour  cela.  On  n'a  point  d'exenqjles 
semblables  dans  l'antiquité  :  au  moins  ne  nous  reste-t-il 
point  de  monuments  dans  lesquels  on  tiouve,  réu- 
nies en  un  seul  corps,  un  si  grand  nombre  d'instru- 
ctions destinées  à  former  les  candidats  du  christia- 
nisme. 11  serait  trop  long  de  donner  une  idée  de  ce 
qui  est  contenu  dans  ces  catéchèses;  mais  pour  faire 
voir  combien  les  instructions  que  l'on  faisait  dans 
cette  conjoncture  étaient  solides,  nous  donnerons  ici, 
pouréchantillon,  l'explication  de  l'Oraison  dominicale, 
qui  s'est  conservée  dans  l'ancien  missel  gallican  : 
non  que  nous  la  préférions  à  celle  qui  se  trouve  dans 
l'ancien  ordre  romain,  mais  parce  que  nous  ne  dou- 
tons pas  que  ceux  pour  qui  nous  écrivons  principale- 
ment, ne  s'intéressent  davantage  à  ce  qu'on  lit  dans  ce 
missel,  qu'à  ce  qui  se  trouve  dans  les  autres  rituels. 

Cette  exposition  est  précédée  d'une  courte  préface 
touchant  la  manière  de  prier ,  après  laquelle  suit  l'ex- 
plication de  chacun  des  articles  de  celle  sainte 
prière. 

Exposition  de  l'Oraison  Dominicale,   telle  quelle  se 
trouve  dans  l'ancien  Missel  Gallican. 

€  Notre  Père,  quiètes  aux  Cieux.n  Ces  paroles  sont 
des  paroles  de  liberté,  et  ne  respirent  que  confiance. 
Vivons  donc  de  telle  sorte,  que  nous  puissions  être  les 
enfants  de  Dieu  et  les  frères  de  Jésus-Christ.  Car  avec 
quelle  assurance  celui-là  peut-il  appeler  Dieu  son 
Père,  qui  ne  fait  pas  sa  volonté?  Rendez-vous  donc 
dignes  de  l'adoption  divine,  parce  qu'il  est  écrit  :  Il  a 
donné  à. tous  ceux  qui  ont  cru  en  lui,  la  puissance 
d'être  enfants  de  Dieu. 

«  Que  votre  Nom  soit  sanctifié.  »  Non  que  Dieu  soit 
sanctifié  par  nos  prières,  lui  qui  est  saint  :  mais  nous 

(l)Calech.  18,  n.32. 


49 


BAPTÊME.  —  1"  PARTIE.  CIIAP.YII.  DES  SCRUTINS. 


go 


demandons  que,  son  nom  soit  sanctifié  en  nous  :  afin 
qu'étant  sanctifiés  par  le  Baplème,  nous  persévérions 
dans  la  sainteté  dans  laquelle  nous  avons  commencé 
d'être  établis. 
•  f  Que  votre  règne  arrive.  >  Quand  est-ce  que  Dieu  ne 
règne  pas,  lui  dont  le  règne  est  éternel  ?  Mais  quand 
nous  disons  :  Que  votre  règne  arrive,  nous  demandons 
que  le  règne  (pie  Dieu  nous  a  promis,  et  que  Jésus- 
Clirist  nous  a  acquis  par  son  sang  nous  arrive. 

<  Que  votre  volonté  se  lasse  dans  le  ciel  et  sur  la 
terre.»  C'esl-à-dire,  que  votre  volonté  se  fasse  de  ma- 
nière que  nous  qui  sommes  sur  la  terre,  fassions 
irrépréhensibicment  ce  que  vous  voulez,  vous  qui 
êtes  dans  le  Ciel. 

t  Donnez-nous  aujourd'hui  notre  pain  de  chaque 
jour.  »  Nous  devons  ici  entendre  un  pain  spirituel.  Car 
Jésus-Christ  est  notre  pain,  lui  qui  a  dit  :  Je  suis  le  pain 
vivant  qui  est  descendu  du  Ciel.  Et  l'appelant  quo- 
tidien,  il  nous  ordonne  de  vivre  tellement  dégagés 
du  péché,  que  nous  soyons  dignes  de  recevoir  cet 
aliment  céleste. 

i  Et  remettez-nous  nos  offenses  ,  comme  nous  les 
remettons  à  ceux  qui  nous  ont  offensés,  s  Ceci  marque 
une  condition  par  laquelle  nous  devons  pardonner  à 
ceux  qui  nous  ont  offensés  :  sans  quoi  nous  ne  pou- 
vons obtenir  le  pardon  de  nos  finîtes  ,  suivant  que 
le  Sauveur  dit  dans  l'Évangile  :  Si  vous  ne  remet- 
tez, etc. 

<  Et  ne  nous  induisez  point  en  tentation.  »  Cest-à- 
dire,  ne  souffrez  point  que  nous  y  soyons  induits  par 
le  lenlalcur,  et  l'auteur  de  la  malice  :  car  Dieu  ne 
lente  personne,  mais  le  diable  est  un  tentateur  ;  et 
c'est  pour  le  vaincre  que  le  Seigneur  a  dit  :  Veillez 
et  priez,  pour  ne  point  entrer  en  tentation. 

«  Mais  délivrez-nous  du  mal.illdit  ceci  conformé- 
ment à  l'Apôtre,  qui  dit  :  Vous  ne  savez  ce  que  vous 
devez  demander.  C'est  pourquoi  nous  devons  prier  le 
Seigneur  tout-puissant,  que  notre  Seigneur  Jésus- 
Christ  daigne  nous  donner  par  sa  bonté,  d'éviter  les 
piégos  du  démon  ;  ce  que  nous  ne  pouvons  faire  de 
jious-mèmes,  à  cause  de  notre  fragilité. 

CHAPITRE  \'1I. 
Des  scrutins.  Ce  que  c'était.  Des  exorcistnes  qui  s'y 
faisaient.  Combien  il  y  avait  de  scrutins.  Quand 
ils  ont  cessé  dans  l'Eglise.  Traces  qui  en  sont  restées. 
C'était  dans  des  assemblées  que  l'on  tenait  pour 
cela  dans  le  bapiislère,  et  le  plus  souvent  dans  lé- 
glise,  que  l'on  exposait  de  la  manière  que  r.ous  l'a- 
vons dit,  le  symbole  et  la  prière  du  Seigneur,  soit 
tout  à  la  fois,  soit  à  plusieurs  reprises,  quand  celui 
qui  présidait  aux  scrutins  donnait  plus  d'étendue  aux 
explications  qu'il  faisait.  Mais  ce  qui  s'y  pratiquait  le 
plus  ordinairement,  ou  plutôt  ce  qui  s'y  faisait  tou- 
jours, était  les  exorcisuics  par  lesquels  on  purifiait 
ceux  que  l'on  préparait  au  Bapième,  et  l'on  commen- 
çait à  mettre  le  diable  en  fuite,  et  à  délivrer  de  son 
empire  ceux  que  le  péché  y  avait  assujélis.  On  y  fai- 
sait d'autres  cérémonies,  dont  nous  allons  parler. 


qu!  toutes  tendaient  à  la  même  fin.  On  appelait  les 
assemblées  où  se  faisaient  toutes  ces  choses  Scrutins^ 
parce  qu'on  v  examinait  la  foi,  et  les  dispositions  de 
ceux  qui  devaient  être  baptises.  C'est  pourquoi  oa 
ne  se  contentait  pas  dt;  leur  expliquer  le  Symbole 
et  l'Oraison  Dominicale  ;  on  les  leur  donnait  par 
écrit,  on  les  leur  faisait  apprendre  par  cœur,  on 
les  obligeait  dans  les  scrutins  suivants  de  les  ré- 
citer, et  d'en  rendre  compte.  On  leur  faisait  aussi 
remettre  l'écrit  qui  les  contenait ,  de  peur  qu'il 
ne  tombât  en  des  mains  profanes  :  et  cela  s'ap- 
pelait la  tradition  et  la  reddition  du  Symbole.  Cette 
reddition  se  faisait  ordinairement  huit  jours  après 
la  tradition  ou  l'exposition,  comme  on  le  voit  dans 
quelques  endroits  de  S.  Augustin  (1);  mais  en  cas 
que  les  catéchumènes  ne  fussent  pas  encore  en  état 
d'en  rendre  compte  au  bout  de  ce  terme,  on  le 
prolongeait.  On  voit  aussi  par  ce  que  dit  le  même 
Père,  que  l'on  donnait  le  Symbole  aux  compétents 
en  Afrique,  le  samedi  avant  le  quatrième  dimanche 
de  carême,  et  qu'ils  le  rendaient,  ou  le  samedi  sui- 
vant, s'ils  étaient  en  état  de  le  faire,  en  même  temps 
qu'on  leur  exposait  et  donnait  à  apprendre  l'Oraisou 
Dominicale,  ou  le  samedi-saint,  s'ils  ne  l'avaient  pas 
bien  appris  la  première  fois. 

Dans  l'Église  Romaine,  le  jour  assigné  pour  cette 
reddition  du  Symbole,  était  le  samedi-saint,  jour  au- 
quel on  devait  baptiser  ceux  qui  avaient  ainsi  rendu 
compte  de  leur  foi  :  cela  paraît  clairement  par  le  sa- 
cramentaire  de  S.  Grégoire,  dans  lequel  est  marquée 
pour  ce  jour  une  prière,  Ad  redden'es;  avec  cette  ru- 
brique, Dicit  Dominus  Papa  posi,  pistevis?  car  on  doit 
lire  ainsi  et  non  pas  pistegis,  comme  il  est  écrit  mal 
à  propos  dans  presque  tous  les  livres,  c'est-à-dire  ;  le 
Pape  dit  ensuite  :  Croijez-vous  ?  Un  matruscrit  de  S- 
Bénigne,  de  Dijon  ,  donne  lieu  à  cette  correction.  Ce 
mot  pistevis,  est  le  mèn^e  que  -tTreJ^tj.  C'était  par  là 
que  l'on  commençait  à  interroger  ceux  qui  rendaient  le 
Symbole.  Cette  discipline  était  fort  ancienne  ;  puisque 
le  concile  de  Laodicée  (can.  46)  ordoime  que  ceux  qui 
doivent  être  baptisés  apprennent  par  cœur  le  Symbole^ 
et  qu'ils  le  rendent  à  Cévêque  ou  an  prêtre  le  jeudi 
de  la  dernière  semaine.  Car,  pour  ce  qui  est  des 
jours  auxquels  chacune  de  ces  cérémonies  se  faisait , 
il  y  avait  une  variété  infinie.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire 
que  l'usage  de  l'Église  Ron)aine  de  faire  faire  aux 
compétents  profession  de  la  foi  publiquement,  et  d'un 
lieu  élevé,  avant  que  de  leur  donner  le  Baplème,  était 
la  même  chose  que  cette  reddition  du  Symbole,  ou  au 
moins  en  lirait  son  origine.  S.  Augustin  (2)  en  rap- 
porte un  exemple  célèbre  en  la  personne  d'un  nommé 
"Victorin,  qui  enseignait  la  rhétorique  à  Rome,  avec 
grande  réputation;  il  l'avait  appris  de  Simplicien  qui 
succéda  depuis  à  S.  Ambroise,  dans  le  siège  de  .Milan, 
et  qui  avait  contribué  à  la  conversion  de  cet  homme. 
Quand  riteure  de  professer  la  foi  fut  venue  (ce  sont  les 

(>)  Serm.  21  j,  nov.  edit. 
(-2)  Lib.  8  Confoss.,  c  2. 


SI  HISTOIRE  DES  SACREMENTS 

paroles  de  S.  Auguslin),  ce  qui  se  fait  à  Rome  en  pré- 
sence du  peuple  fuicle  par  les  paroles   du   Symbole, 
qu'on  a  apprises  par  cœur,  et  que  l'on  prononce  d'un 
lieu  élevé  ;  les  prêtres  olfrirent  à  Viclorin  de  faire  sa 
profession  de  foi  en  secret  ;  ce  qui  se  pratique  à  l'égard 
de  ceux  qui  nont  point  assez  d'assurance  pour  faire  celte 
action  publiquement.  Mais  pour  lui,  il  aima  mieux  le 
faire  en  présence  de  lu  sainte  multitude....  c'est  pourquoi 
aussitôt  qu'il  fut  monté  pour  faire  cette  déclaration  de 
sa  foi,  UT  REDDERET,  wii  cluicun  sidvant  qu'on  le  con- 
naissait (eli  !  qui  ne  le  coniiaissail  ^^^l),  un  chacun  se 
fit  signe  mutuellement,  et  on  entendit  un  bruit  sourd 
qui  marquait  la  joie  des  assistants,  qui  tous  proféraient 
le  nom  de  Victorin,  Victorin  ;  mais  ce  bruit  cessa  bien- 
tôt pour  donner  lieu  au  silence,  et  entendre  ce  qu'il  avait  j 
à  dire.  Il  prononça  avec  confiance  la  véritable  foi,  et  i 
réjouit  les  fid'eles  qui  tous  le  portaient  dans  leur  cœur,  i 
Le  Symbole  que  l'on  donnail  aux  conipélciits  était  j 
le  même  par  toute  TÉglise  avant  qu'on  en  eût  dressé  j 
d'autres   que  celui  des  apôtres,  comme  cela  se  fit  de- 
puis dans  les  conciles  de  Nicéc  et  de  Constanlinople  :  j 
mais  depuis  ce  temps,  dans  plusieurs  églises,  on  leur 
domia  celui  de  Nicée,  qui  est  le  même,  pour  le  fond, 
que  celui  di;s  apôtres,  dont  il  développe  seulement 
quehpies  articles  avec  un  peu  plus  d'étendue.  C'est 
ce  que  nous  ajiprenons  du  concile  de  Conslautiiiople 
sous  le  palriarciie  Mennas  (act.  -4),  où  il  est  dit  que  j 
trois  conciles  généraux  ont  confirmé  le  Symbole  de  | 
celui  de  Nicéc,  dans  lequel  on  est  baptisé.  El  ensuite,  ] 
il  n'est  pas  permis  d'opposer  de  vaines  sublililcs  à  celte 
définition  de  foi,  mais  il  faut  adhérer  à  ce  Sijmbole  dans 
lequel  nous  sommes  tous  baptisés,  et  que  le  Saiul-Espril 
a  prononcé  par  la  bouche  des  318  Pires  de  Mcée.  On 
voit  la  même  chose  dans  la  lettre  circulaire  de  l'em- 
pereur Rasilisciue  (1),  et  dans  l'édit  d'union  de  Zenon 
que  nous   nommons   connnunément  l'Ilénotique.  A 
Rome  on  s'est  servi  poin-  cela  de  celui  de  Constanli- 
nople, depuis  qu'on  eut  rédigé  par  écrit  et  en  un  seul 
corps  les  rits  et    les  cérémonies  qui  s'observaient 
dans  l'ÉgHse,  ce  que  je  crois  être  arrivé  vers  la  fin 
du  cinquième  siècle.  Au  moins  l'ordre  Romain  vul- 
gaire, et  celui  de  Gélaze,  n'en  représenlei.-:-ils  point 
d'autres  ;  et  il  prit  ensuite  la  place  de  celui  des  Apô- 
tres, dans  les  autres  pays  de  rOccident,  où  le  rit  Ro- 
main fut  introduit,  et  substili>é  à  ceux  qui  étaient  en 
usage  dans  ces  églises.  C'est  pourquoi  on  le  tiouve 
dans  l'ancien  pontifical  de  Salzbourg,  dans  le  premier 
ordre  du  scrutin  qui  se  lit  dans  un  très-ancien  ma-  j 
iiuscril  du  monastère  de  S.  Guilielme  du  Désert,  et  ' 
dans  un  antre  du  monastère  de  S.  Rémi  de  Reims, 
qui,  suivant  le  père  Marlène  (2),  est  écrit  il  y  a  900 
ans.   Avant  que  Cbarlemagiie  eût  fait  recevoir  en 
France  le  rit  Romain,  on  ne  donnait  point  aux  com- 
pétents d'autre  Symbole  que  celui  des  Apôtres,  (pie 
nous  trouvons  encore  aujourd'liui  dans  l'ancien  mis- 
sel Gallican,  que  les  recbercbes  dbommes  savants  et 
pieux  nous  ont  fait  enfin  heureusement  recouvrer 

(i)  Apud  Evagr.  13,Hist.  ceci.,  c.  A;  Ibid.,  c.  24. 
(2)  De  aiiliq.  Eccles.  discip.,  I.  1,  c    11. 


52 
après  tant  de  siècles.  Le  Symbole  se  donnait  en  Gaule, 
en  Espagne,  et  dans  cette  partie  de  fltalie  dont  Milan 
était  la  métropole ,  le  dimanche  des  Rameaux  ;  à 
Rome,  le  mercredi  de  la  quatrième  semaine  de  Ca- 
rême. Tout  cela  paraît  par  le  concile  d'Agde,  par  S. 
Isidore,  par  S.  Ambroise,  par  Tordre  Romain.  En 
Afri(pie,  cela  se  faisait  le  samedi  avant  le  quatrième 
dimanclie  de  carême,  comme  nous  l'apprenons  de  S. 
Augustin  (I). 

Les  exorcismes  étaient  la  principale  chose  qui  se 
faisait  dans  ces  scrutins  ;  chacune  des  autres  cérémo- 
nies n'était  point  d'un  usage  universel,  mais  les  exor- 
cismes se  faisaient  généralement  et  sans  exception 
dans  toute  l'Église,  comme  ils  s'y  font  encore  au- 
jourd'hui. Gennade  nous  rend  témoignage  de  l'uni- 
versalité de  cet  usage  dans  son  livre  des  dogmes  de 
rp^glise,  en  ces  termes  :  Nous  ne  regardons  point  avec 
des  yeux  indifférents  ce  que  l'Église  pratique  uniformé- 
ment dans  tout  le  monde  à  l'égard  de  ceux  qui  doivent 
être  bientôt  baptisés,  t  quod  circa  baplizandos  in  uni- 
i  verso  mundo  sancta  Ecclesia  uniformiter  agit  ;  i  soit 
qu'ils  soient  dans  la  jeunesse,  soil  qri'ils  soient  encore 
enfants,  quand  ils  viennent  au  sacrement  de  la  régéné- 
ration, on  ne  les  fait  point  entrer  dans  la  fontaine  de  vie, 
qu'on  n'ait  chassé  d'eux  l'esprit  immonde  par  les  cxorcis- 
vics  et  le  soufjJe  des  clercs,  i  et  exsuIflationibusClericorum,  i 
En  effet,  nous  lisons  encore  dans  tous  les  anciens 
Rituels ,  tant  Grecs  que  Latins  ,  aussi  bien  que  dans 
les  modernes,  les  prières  des  exorcismes  avec  les  rits 
et  les  saintes  cérémonies  qui  les  accompagnaient ,  à 
peu  près  telles  qu'elles  sont  encore  dans  nos  Pontifi- 
caux et  nos  Rituels.  Toute  la  différence  de  ceux  des 
Grecs  d'avec  les  nôtres,  c'est  que  ces  prières  sont 
beaucoup  plus  longues,  et  en  plus  grand  nombre  dans 
ceux   des  Orientaux  que  dans  les  nôtres,  comme  on 
le  peut  voir  en  jetant  les  yeux  sur  les  uns  et  les  au- 
tres, dont  le  Père  Martène  a  inséré  des  extraits  dans 
son  livre  des  anciens  rits  de  l'Église.  S.  Cyrille  de 
Jérusalem  (2)  nous  décrit  les  effets  des  exorcismes,  et 
la  manière   dont  ils    se  faisaient,  au  moins  de  son 
temps,  et  dans  les  églises  de  Palestine  :  Recevez  ,  dit- 
il  dans  sa  Catéchèse  préliminaire,  les  exorcismes ,  i^a- 
y.nr/«ù,-  avec  affection,  car  soit  que  l'on  souffle  sur  wus, 
soit  que  l'on  vous  exorcise  ;  cela  est  propre  à  vous  pro- 
curer le  salut.  Figurez-vous  que  vous  êtes  un  or  altéré 
et  mélangé  de  différentes  matières...  nous  cherchons  à 
avoir  l'or  tout  pur,  on  ne  peut  oter  l'alliage  que  par  le 
feu  ;  on  ne  peut  aussi  purifier  l'âme  sans  les  exorcismes. 
Us  sont  divins,  étant  composés  des  paroles  des  divines 
Ecritures.  On  vous  a  mis  un  voile  sur  le  visage,  afin  que 
pendant  que  l'on  vous  fait  les  exorcismes,   votre  esprit 
ne  se  dissipât  point,  de  peur  que  votre  vue  étant  égarée, 
ne  fit  aussi  égarer  votre  cœur  ;  lT/.i7ra;TKi  so-j  -npoiomo-i. 
Nous   parlerons  tout  à   l'heure   de  l'état  où  élaienl 

(1)  Coiic.  Agath.  c.  13  -,  Isidor.,  1.  2  de  divin.  Ollic, 
c.  17  ;  Ep.  ad  Marcellin.  sororem,  ep.  nov.  edilioms; 
Aug.,  serin.  213,  nov.  edit.  ;  de  ecclesiast.  Dogmat., 
c.  h). 

(2)  Cyril,  pro  Catech.  n.  9.  . 


53  BAPTÊME.  —  1"  PARTIE.  CilAP.  VII.  DES  SCRUTINS.  54 

les  catéchumènes  quand  on  leur  faisait  les  exorcismes,  W  sainte  frayeur  avec  laquelle  les  compétents  se  présen- 


aussi  bien  que  des  paroles  de  ces  mêmes  exorcismes. 
"Mais,  en  attendant ,  arrêtons-nous  un  moment  aux 
cflols  que  S.  Cyrille  leur  attribue. 

Conliiiuant  la  comparaison  qu'il  vient  de  faire,  il 
poursuit  ainsi  sou  discours  (1)  :  Ayanl  un  voile  sur  les 
yeux,  on  n  empêche  point  les  oreilles  de  recevoir  le  se- 
cours saluluire  ;  car  de  même  que  les  orfèvres  soufflenl 
avec  de  petits  inslruiuenis  sur  l'or  qui  est  caché  dans  le 
creuset,  et  quen  atjilanl  la  flamme,  ils  trouvent  ce  quils 
cherchent  ,  de  même  les  exorcismes  répandant  la  terreur 
far  l'Esprit  Saint,  pour  ainsi  dire,  brûlant  Tàme  qui  est 
dans  le  corps  comme  dans  un  creuset,  l'ennemi  s'enfuit , 
le  salut  et  l'espérance  de  la  vie  éternelle  restent,  et  l'ùme 
purifiée  de  ses  péchés  reçoit  le  salut.  C'était  là  la  /in 
que  l'Eglise  se  proposait  et  se  propose  encore  à  présent 
dans  les  exorcismes  qu'elle  fait  laire  par  ses  ministres, 
sur  ceux  qui  sont  sur  le  point  de  recevoir  le  Baptême. 
Elle  veut  mettre  en  fuite  les  puissances  de  l'enfer  qui 
nichent  dans  les  membres  de  ceux  qui  ne  sont  pas  en- 
core baptisés,  comme  parle  S.  Cyrille  (2)  ;  expres- 
sion assez  extraordinaire,  et  qui  marque  l'assujeltis- 
semenl  au  démon,  causé  par  le  péché  de  notre  premier 
père,  qui  est  tel,  que  les  corps  mêmes  de  ceux  qui  ne 
sont  point  régénérés  par  le  Baptême,  servent  de  re- 
traite aux  esprits  impurs.  EnsiS-o  yàp  toïî  fxs).e7i  toï? 

vixe-ztpoii     t-je^'Jtïsvo-i     olI     v.nv/.ziit.e.ic/n.    Su-jXfÂSi;.     AuSsi 

S.  Augustin  (3)  tirait-il  un  puissant  argument  des 
exorcismes  contre  le  dogme  impie  des  Pélagiens  qui 
niaient  le  péché  originel  et  ses  suites,  assurant  que 
quand  même  le  premier  homme  n'aurait  point  péché, 
nous  naiirions  tels  que  nous  naissons  à  présent. 

Les  exorcismes,  comme  dit  S. Cyrille,  étaient  com- 
posés des  paroles  de  l'Ecriture,  parce  que  ces  paroles 
saintes  ont  une  \erlu  toute  particulière  pour  mettre 
le  démon  en  fuite  ,  la  vertu  du  S.  Esprit  qui  les  a  dic- 
tées étant  encore  présente  dans  ces  divines  expres- 
sions. Par  là  on  évitait  rinconvénient  dans  lequel 
tombèrent  certaines  personnes  qui,  au  rapport  de 
S.  Allianase  (4),  s'étant  servies  de  formules  composées 
d'autres  expressions  que  de  celles  do  PEcrilnre  sainte 
pour  chasser  les  démons  d'un  possédé,  ceux-ci  se 
moquèrent  d'elles. 

Outre  levoile  dont  parle  S.Cyrille,  que  l'on  mettait 
sur  le  visage  de  ceux  que  l'on  exorcisait,  S.  Chrysos- 
tôine  (5)  nous  fiit  entendre  qu'ils  étaient  nu-pieds, 
couverts  d'un  seul  habit  :  Je  voudrais  vous  apprendre 
par  ce  discours,  dit-il,...  pourquoi  ceux  que  nous  in- 
struisons, viennent  les  pirds  nuds,  couverts  d'un  seul  vê- 
tement, et  s'approchent  ainsi  pour  écouter  la  voix  de  ceux 
qui  font  les  exorcismes.  Celte  pratique  avait  aussi  lieu 
en  Afrique  avec  quelques  autres  particidarilés  que 
S.  Augustin  (6)  nous  rcorésente,  et  qui  font  voir  la 

(1)  Cvril.  ihid. 

(2)  Càtech.  20,  n.  2. 

(3)  Epist.  ID-i,  nmn  40,  et  alibi. 

(i)  Epist.  i  ad  Marcell.  de  Ps.  n.  33. 

(5)  Hom,  ad  illimiinaiidos. 

(6)  Lib.  2,  de  Symbolo  ad  Catech.  c.  i. 


talent  dans  les  scrutins  pour  être  exorcisés.  Qu  est-ce, 
mes  chers  frères,  que  l'on  vient  de  faire  sur  vous  cette 
imit  ?  d'où  vient  que  l'on  vous  a  fait  sortir  des  lieux  w- 
crels  où,  vous  étiez,  pour  vous  produire  à  la  vue  de 
niglise,  et  que  là  ayant  la  tête  baissée,  que  vous  aviez 
élevée  auparavant,  et  les  pieds  sur  un  cilice  i  in  humililale 
i  pedum,  cilicio  substrato,  >  vous  avez  été  examinés  :  le 
diable  ayant  été  chassé  de  vous  par  l'invocation  du  nom 
de  Jésus  Christ  ?  Ces  termes,  in  humilitate  pedum,  sem- 
blent marquer  qu'ils  étaient  pieds  nuds  sur  le  cilice  : 
et  Odilbert,  archevêque  de  Milan  (1),  dans  son  livre 
du  Baptême,  confirme  cette  remarque  :  le  22*  chapitre 
de  cet  ouvrage  étant  intitulé  De  nuditate  pedum.  Jean 
Diacre,  dans  sa  lettre  à  Senarius  (2),  parle  aussi  de 
cet  usage.  Les  exorcismes  se  faisaient  principalement 
par  les  prières,  par  l'invocation  du  nom  de  Dieu, 
par  celle  du  crucifié,  par  le  signe  de  la  croix,  par  le 
souille  qui  marquait  le  mépris  que  l'on  faisait  du  dia- 
ble, ot  la  vertu  du  S.  Esprit;  par  les  menaces  et  les 
malédictions  que  l'on  prononçait  contre  cet  esprit  de 
ténèbres,  par  l'imposition  des  mains.  Voilà  ce  qui  se 
pratiquait ,  surtout  dans  les  scrutins.  A  quoi  il  faut 
ajouter  la  cérémonie  de  loucher  le  nez  et  les  oreilles 
des  catéchumènes,  que  l'on  nommait,  l'ouverture  des 
oreilles.  Le  Père  Martène  y  joint  l'onction,  mais  si  elle 
a  eu  lieu,  ce  n'a  été  que  dans  les  temps  postérieurs  ; 
car  il  paraît  par  la  dixième  épilre  du  pape  Sirice  aux 
évêqucs  de  Gaule,  que  fonction  ne  se  faisait  que  dans 
le  dernier  scrutin ,  et  que  les  églises  de  Gaule  se 
conformèrent  à  cet  usage.  C'est  ainsi  que  le  Père 
Constant  (3)  explique  ce  fameux  Canon  du  premier 
Concile  d'Orange,  dont  nous  aurons  lieu  de  parler 
dans  l'histoire  du  Sacrement  de  confirmation.  El  ce 
savant  éditeur  des  Epitres  Décrétales,  assure  dans  une 
note,  sur  un  passage  de  celte  épilre  du  pape  Sirice  , 
qu'il  suffit  pour  réfuter  ceux  qui  prétendent  que  l'on 
recommençait  l'onction  dans  chacun  des  scrutins. 

Le  même  auteur  enseigne,  contre  le  sentiment  de 
tous  les  autres  savants  ,  que  dans  l'Eglise  Romaine  il 
ne  se  faisait  dans  les  premiers  siècles  que  trois  Scru- 
tins, ce  qu'il  appuie  de  l'autorité  du  même  pape,  qui 
parle  en  ces  termes  dans  l'endroit  que  nous  venons 
de  citer  :  Si  enim  chrisma  infusum  capili  gratiam  suam 
toti  corpori  impertit,  nihilominhs  et  tertio  scrutinioscru- 
tatus,  si  oleo  fuerit  contactus,  non  sœpè,  sed  semel 
virtute  sua  Deus  operatur  in  tempore.  Sirice  avait  dit 
immédiatement  auparavant  :  .1  l'égard  de  l'huile  e.ror- 
cisée  ,  faut-il  prendre  tin  petit  nombre  de  jours,  la  pa- 
role fait  tout  en  cela.  «  De  oleo  exorcizato  capiendus  ne 
i  brevis  numerusdierum,  mullus  in  hoc  proficil  sermo.t 
D'où  le  Père  Conslant  conclut  que  rnnclion  de  Thuile 
exorcisée  taisant  partie  des  rits  du  troisième  scrutin, 
et  devant  être  faite  le  même  jour  que  se  conférait  le 
Baptême,  il  s'ensuit  que  dans  les  premiers  temps  il 
n'y  avait  point  dans  l'Eglise  Romaine  sept  scrutins , 

(1)  ApudMabill.  Analcclorum  lom.  4. 

(2)  Musœi  It.d.  lom.  1. 

(3)  Nota  in  Epist.  Syrie,  p.  G94. 


55  HISTOIRE  DES 

nuis  trois  seulement,  dont  le  dernier  ne  se  faisait  pas 
la  quatrième  férié  avant  Pâques,  mais  le  Samedi- 
Saint.  « 

II  est  pourtant  certain  que  depuis  on  fit  sept  scru- 
tins à  liome  pendant  le  Carême,  connne  tous  ceux 
qui  ont  écrit  sur  cette  matière  en  conviennent.  Dans 
les  Eglises  des  Gaules  il  y  en  avait  cincj  au  temps  au- 
quel le  Missel  Gallican,  dont  nous  avons  un  exem- 
plaire, était  en  usage  ;  c'est-à-dire  dans  les  septième 
et  sixième  siècles.  Dans  le  premier  de  ces  scrutins, 
après  les  exorcismes,  qui  ne  s'omettaient  jamais,  on 
donnait  le  Symbole,  dont  on  n'exposait  qu'une  partie, 
réservant  l'autre  partie  pour  le  scrutin  suivant.  Dans 
le  troisième,  on  récitait  aux  élus  le  commencement 
des  quatre  Evangiles.  Dans  le  quatrième,  on  leur  ex- 
pliquait l'Oraison  Dominicale  :  et  enfin  dans  le  cin- 
quième, on  leur  donnait  de  nouveau  le  Symbole. Tout 
ceci  est  tiré  d'une  remarque  du  Père  Marlène  (l),  sur 
ce  qu'il  rapporte  des  icrulins,  suivant  Kancien  Missel 
Gallican. 

On  était  en  peine  de  savoir  si  on  faisait  les  scrutins 
avant  le  Baptême  de  la  Pcnlecùte  et  de  l'Epiphanie, 
nous  n'avions  point  de  monument  qui  nous  instruisît 
là-dessus;  mais  enfin  le  même  P.  Martène,  à  force  de 
fouiller  dans  les  bibliothèques,  a  renconli'é  un  très- 
ancien  manuscrit,  qu'il  appelle  Missel  du  Monastère 
de  Gellone,  qui  est  celui  de  S.  Guilielme  du  Désert, 
dans  le  diocèse  de  Montpellier.  Ce  Missel  marque 
trois  scrutins  avant  le  Baptême  de  la  Pentecôte,  dont 
le  premier  devait  se  faire  sept  jours  avant  cette  fête  ; 
le  second,  le  jeudi  suivant  ;  et  le  troisième,  la  veille 
même  de  la  solennité.  Ce  livre  en  marque  autant 
pour  le  Baptême  de  l'Epiphanie,  et  même  avant  Pâ- 
ques, il  n'en  prescrit  que  trois  pour  le  Baptême  des 
enfants.  On  voit  que  la  même  chose  s'observait  à  Rome 
à  l'égard  des  enfants,  par  la  lettre  du  Diacre  Jean  à 
Senarius,  qui  ravaitconsullé  sur  cette  question  :  pour- 
quoi on  faisait  trois  fois  les  scrutins  pour  les  enfants 
avant  Pâques.  Quare  tertio  ante  Pasclia  scrutinenlur 
infantes. 

C'est  ainsi  que  l'on  réduisit  le  nombre  des  scrutins, 
quand  on  ne  baptisa  presque  plus  que  des  enfants.  On 
remettait  le  Baptême  de  ceux  qui  ne  périclilaient  point 
aux  prochaines  solennités  ,  et  l'on  faisait  encore  les 
trois  scrutins  ;  mais  insensiblement,  comme  dans  plu- 
'  sieurs  églises  ,  la  coutume  s'introduisit  de   baptiser 
'  les  enfants  aussitôt,  ou  très-peu  de  temps  après  leur 
•  naissance  ;  on  omit  aussi  les  scrutins  dans  ces  églises, 
et  on  se  contenta  de  faire  les  enfants  catéchumènes  , 
,  et  de  les  exorciser  en  môme  temps  et  le  même  jour. 
'  Les  choses  étaient  déjà  sur  ce  pied-là  dans  plusieurs 
endroits  dès  le  commencement  du  douzième  siècle, 
puisque  Uupert  de    Duitz  et   Hugues  de   S.  Victor 
parlent  des  scrutins,  comme  d'une  cérémonie  qui  se 
faisait  autrefois.  Cependant  quelques  églises  conser- 
vèrent  l'usage  des   scrutins  au-delà  de  ce  temps, 
comme  il  est  clair  par  le  témoignage  de  Guillaume 

(i)  De  aniiq.  Eccl.  discipl.,  l.\,  c.  10,  12. 


SACREMENTS  5(î 

Durand,  évoque  de  Mende,  qui  assure  que  de  son 
temps  ils  s'étaient  conservés  dans  les  églises  d'Italie, 
et  quelques  autres.  Encore  aujourd'hui  il  se  fait  dans 
l'église  de  Vienne  en  Dauphiné  un  scrutin  très-solen- 
nel, qui  est  celui  que  l'on  appelait  autrefois  de  rouvert 
ture  des  oreilles,  dont  l'ordre  et  les  rils  sont  rapportés 
par  le  P.  Martène  (1),  parmi  les  pièces  qu'il  a  tran- 
scrites et  jmbliées  dans  son  livre  de  l'ancienne  Disci- 
pline de  l'Eglise  ;  le  même  auteur  dit  ailleurs,  que 
l'usage  des  scrutins  subsiste  encore  dans  l'église  de 
Liège,  où  ils  se  font  le  mercredi  de  la  quatrième  se- 
maine de  Carême.  Vid.ampliss.  Collect.  lom.  7,  p. 19, 
note  A.  On  peut  dire  même  qu'il  s'est  conservé  des 
traces  de  cette  ancienne  et  auguste  cérémonie  dans 
ce  qui  se  pratique  encore  à  présent  immédiatement 
avant  la  célébration  du  Baptême  :  (  c'est  ce  que  re- 
marque Pierre  Danez  (2),  êvêque  de  Lavaur  )  la  cou- 
tume étant  avant  de  baptiser  les  enfants,  de  lire  l'E- 
vangile de  S.  Marc  (c.  10  ),  où  il  est  parlé  des  enfants 
que  le  Sauveur  ne  voulait  pas  qu'on  empêchât  d'appro- 
cher de  lui.  Après  quoi  le  prêtre  ordonne  aux  parrains 
de  mettre  les  mains  sur  la  tète  de  ceux  qui  doivent 
être  baptisés,  et  de  réciter  en  leur  nom  l'oraison  Do- 
minicale et  le  Symbole  :  ce  qui  étant  fait,  le  prêtre 
les  avertit  d'apprendre  l'un  et  l'autre  aux  enfants, 
quand  ils  seront  parvenus  à  l'âge  de  raison.  Telle  est 
la  remarque  de  cet  évêque,  dont  le  livre  passait  ci-de- 
vant pour  être  d'Etienne  Durand.  Voilà  à  quoi  se  sont 
réduits  les  scrutins  :  à  quoi  il  faut  joindre  les  autres 
cérémonies  que  l'on  observe  dans  les  exorcismes  des 
enfants;  faible  reste  de  celte  ancienne  discipline, 
dont  l'origine  remonte  jusqu'aux  temps  apostoliques  ; 
puisqu'Origêue  en  fait  mention  dans  l'ouvrage  contre 
Celse  (1.  5,  p.  141  ),  où  il  dislingue  ceux  que  l'on  pré- 
parait à  recevoir  bientôt  le  Baptême ,  des  autres  ca- 
lécimmènes,  dont  il  dit  qu'ils  n'avaient  point  encore 
recule  symbole  de  la  purification  :  par  où  il  entend 
les  exorcismes  qui  se  faisaient  dans  les  scrutins  : 

OùôiKU   TÔ    5'J//êoXov   TOu  àno/.e./.c/.fJox.'jOc/.i  àvetlvjyoTWv.    Ou 

avait  omis  dans  une  nouvelle  édition  du  Rituel  de  Pa- 
ris, de  prescrire  que  l'on  suppléerait  les  exorcismes 
que  l'on  n'avait  pu  faire  aux  enfants  prévenus  de  ma- 
ladie et  baptisés  dans  les  maisons  particulières  :  mais 
un  savant  homme  de  nos  jours  a  fait  sentir  dans  un 
ouvrage  qu'il  a  composé  exprès,  les  inconvéniens 
d'tme  pareille  omission,  et  il  y  a  fait  voir  par  un  très- 
grand  nombre  d'autorités,  tirées  tant  des  Rituels  et 
Statuts  anciens  et  modernes  des  différents  Diocèses, 
aussi  bien  que  par  la  docCinc  des  Pères  et  des  Con- 
ciles, avec  quel  soin  il  fallait  conserver  ces  précieux 
vestiges  de  la  croyance  et  de  la  discipline  de  l'Eglise. 
Le  lecteur  curieux  peut  consulter  cet  ouvrage  qui  est 
assez  connu(5)  ;  je  me  contenterai  d'appuyer  ce  qui 
B'y  trouve  établi,  en  rapportant  ce  qui  est  prescrit 
sur  ce  sujet  dans  les  statuts  synodaux  de  Wary  de 


(1)  De  anliq.  Eccles.  discipl.,  c.  1,  aitrib.  12,  t.  1. 

(2)  Lib.  1  de  Rit.  Eccles.,  c.  19. 
(.5)  Duguet,  tr.  des  Exorc. 


57  BAPTÊME.  -  i  '  ï>ARTll' .  ClIAP 

Dom  Martin  que  j'ai  ciilrc  les  mains,  cl  dont  j'aurai 
lieu  de  parler  souvent  dans  cet  ouvrage,  d'autant  plus 
([ue  je  suis  peut-être  le  seul  qui  les  ait.  Voici  ce  que 
portent  ses  Statuts  publiés  en  1508:  Quand  un  laujuc 
baptise  un  enfant  dans  le  cas  de  nécessilé,  comme  quand 
on  appréhende  qu'il  ne  meure,  on  apportera  cet  enfant 
à  l'église  s'il  revient  en  santé  ,  comme  cela  se  doit ,  afin 
qu'il  soit  oint  d'huile  sainte  et  de  chrême,  et  qu'aupara- 
vant il  soit  exorcisé  avant  d'entrer  [dans  l'éijlise ,  lolio 
verso  6.  i 

CHAPITRE  VIII.  I 

! 

Des  solennités  avec  lesquelles  se  faisaient  les  scrutins. 
Messe  des  scrutins. 
Après  avoir  parlé  de  ce  qui  se  pratiquait  dans  les 
scrutins,  je  crois  que  le  lecteur  verra  avec  plaisir  l'au- 
guste appareil  avec  lequel  se  faisait  ce  que  nous  avons 
vu  s'être  pratiqué  autrefois  dans  ces  assemblées  que 
l'on  tenait  exprès  pour  purifier,  examiner,  et  sonder 
ceux  que  l'on  préparait  à  recevoir  la  grâce  du  Bap- 
tême. Et  comme  dans  l'Église  de  Rome  ces  saintes 
cérémonies  se  faisaient  presque  toutes  dans  le  scrutin 
du  mercredi  de  la  quatrième  semaine  de  carême,  pour 
donner  une  idée  des  solennités   qui  accompagnaient 
|es  rits  qui  s'observaient  dans  celui-ci  et  dans  les  au- 
tres ,  nous  rapporterons  ici  ce  qu'en  dit  M.  Baillet 
dans  son  Histoire  des  fêtes  mobiles.  Nous  y  verrons 
ce  qui  était  en  usage  dans  cette  première  Église  du 
monde,  suivant  qu'il  était  prescrit  dans  l'ordre  romain 
et  dans  le  Sacramentaire  de  Gélase,  d'où  cet  auteur  a 
tiré  tout  ce  qu'il  rapporte  de  ces  solennités  si  propres 
à  inspirer,  et  aux   catéchumènes,   et  au   reste  des 
fidèles,  le  respect  qui  est  dû  à  nos  sacrements,   et  à 
faire  sentir  la  grandeur  et  la  sainteté  de  la  religion. 
On  regardait  (ce  sont  les  paroles  de  M.  Baillet  que 
nous  ne  ferons  guères  que  transcrire  dans  tout  ce  cha- 
pitre) le  scrutin  du  mercredi  de  la  quatrième  semaine 
de  carême,  comme  le  modèle  de  tous  les  autres  :  et 
l'on  avait  tellement  composé  l'office  du  jour,  que  tou- 
tes les  parties  avaient  un  rapport  particulier  au  Bap- 
tême, comme  nous  le  voyons  encore  aujourd'hui  dans 
ce  que  l'on  en  a  conservé.  La  grande  cérémonie  com- 
mençait à  midi  lorsque  l'office  do  la  messe  et  de  vê- 
pres ne  se  terminait  encore  qu'au  soir,  et  qu'on  ne 
rompait  le  jeune  qu'après  le  soleil  couché.  On  l'a  de- 
puis avancé  à  neuf  heures  du   matin ,  lorsqu'on   a 
avancé  l'office  à  proportion  ,  pour  pouvoir  finir  à  No- 
ne  ou  à  trois  heures  après  midi.  L'acolyte  rangeait 
devant  le  peuple  tous  ceux  qui  devaient  recevoir  le 
Baptême,  mettait  les  garçons  à  la  droite,  et  les  filles  à 
la  gauche,  et  prenait  leurs  noms  dans  deux  listes  dif- 
férentes. Le  prêtre  leur  marquait  le  front  d'abord 
d'un  signe  de  croix  avec  le  pouce ,  leur  imposait  la 
main  sur  la  tète  à  tous,  leur  disant  à  chacun  la  prière 
des  élus;  après  il  leur  mettait  du  sel  dans  la  bouche , 
mais  un  sel  qui  avait  été  béni  cl  exorcisé  en  leur  pré- 
sence :  cela  se  terminait  par  une  bénédiction  particu- 
lière qui  se  prononçait  sur  chacun  d'eux  ;  et  cotte 
prière  faite  on  les  faisait  sortir  tous  de  r('i:lisc  et  de- 


Vlll.  SOLENNITE  DES  SCRUTINS.  58 

nieurcr  hors  du  vestibule  jusqu'à  ce  qu'on  les  fît  ren- 
trer. 

Les  clercs ,  en  présence  des  fidèles  qui  étaient  res- 
tés ,  commençaient  ensuite  l'introït  ou  1  entrée  de  la 
messe ,  où  l'on  remerciait  Dieu  de  la  promesse  qu'il 
avait  faite  par  son  prophète  de  répandre  une  eau 
pure  sur  ceux  qu'il  avait  choisis  pour  être  son  peu- 
ple, etc.  L'acolyte  rappelait  aussitôt  tous  les  caté- 
chumènes par  leurs  noms,  le  portier  les  faisait  ren- 
trer, et,  lors(pie  les  parrains  et  les  marraines  les  avaient 
ramenés,  l'acolyte  les  rangeait  comme  auparavant, 
se  contentant  de  diviser  seulement  les  sexes.  Le  dia- 
cre faisait  ensuite  fléchir  le  genou  à  tout  le  monde 
pour  la  prière  que  nous  appelons  Collecte,  et  il  don- 
nait ensuitele  signal  aux  parrains  cl  aux  marraines, (jui 
allaient  à  rinstant  marquer  du  pouce  le  signe  de  la 
croix  sur  le  fiont  de  ceux  (ju'ils  devaient  présenter  au 
Baptême  et  cautionner  à  l'église.  L'acolyte  suivait,  et 
après  avoir  marqué  aussi  tous  les  catéchumènes  élus 
du  signe  de  la  croix  sur  le  front ,  il  faisait  l'exorcisme 
sur  chacun  d'eux  à  part,  ayant  la  main  sur  leur  tête. 
Un  antre  acolyte  venait  après  lui  faire  la  même  chose, 
mais  avec  une  prière  différente.  11  était  suivi  d'un 
troisième  acolyte  qui  répétait  les  mêmes  choses  dans 
les  mêmes  distances.  Ce  qu'on  venait  de  faire  pour 
les  garçons  qui  étaient  à  droite  ,  on  le  faisait  ensuite 
pour  les  filles  qui  étaient  la  gauche  ;  mais  si  les  cé- 
rémonies étaient  les  mêmes,  les  prières  de  l'exorcisme 
et  de  la  bénédiction  étaient  difïérenles  pour  les  deux 
sexes.  Après  cela,  le  troisième  acolyte  allait  aussi 
dans  les  rangs  des  catéchumènes  faire  le  même  signe 
de  croix  sur  leur  front ,  et  la  même  imposition  sur 
leur  tête ,  et  finissait  cette  cérémonie  par  une  prière 
qui  était  commune  pour  les  deux  sexes.  Nous  ajoute- 
rons que  dans  les  trois  intervalles  d'entre  les  acolytes 
et  le  prêtre  officiant ,  le  diacre  faisait  fléchir  le  genou 
à  toute  l'assemblée  pour  faire  la  prière  de  la  collecte, 
et  que  les  parrains  et  les  marraines  allaient  à  chaque 
fois  devant  les  acolytes,  et  le  prêtre  officiant  faire  les 
signes  de  croix  sur  leurs  filleuls  et  ensuite  sur  leurs 
filleules. 

Le  prêtre  étant  retourné  sur  son  siège,  on  lisait 
deux  leçons,  uned'K/.écliiel,  l'autre  d'Isaïe,  avec  leurs 
graduels.  Après  on  faisait  la  cérémonie  de  l'ouverture 
des  oreilles ,  \io\iv  mettre  les  catéchumènes  en  état 
d'entendre  lÉvangile  et  le  synd)ole  de  la  foi  qu'on  al- 
lait leur  exposer.  Pendant  que  les  prêtres  allaient 
d'ordre  leur  loucher  les  oreilles,  on  fai>ait  deux  le- 
çons de  l'Écriture,  pour  demander  à  Dieu  la  gnérison 
de  la  surdité  des  cœurs.  La  première  était  prise  du 
prophète  Isaïe  ,  la  seconde  de  l'Epitre  de  S.  Paul 
aux  Colossiens ,  et  chacune  était  suivie  de  son  gra- 
duel. 

La  cérémonie  de  l'ouverture  des  oreilles  étant  ache- 
vée, on  voyait  partir  de  la  sacristie  quatre  diacres 
portant  chacun  l'Évangile  de  chaque  évangéliste  en 
des  volumes  séparés  ,  et  précédés  de  cierges  cl  d'en- 
censoirs. Chacun  des  quatre  allait  ensuite  poser  son 
évangile  sur  un  des  quatre  coins  de  l'autel;  avant  que 


JJ9  HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  60 

d'en  ouvrir  aucun  pour  en  faire  la  lecture,  le  prélre  il  nés  qui  étaient  examinés  dans  le  scrutin  et  admis  au 


f;.is;iit  un  discours  aux  catécliumènes  pour  leur  ap- 
preiidre  ce  que  c'était  que  l'Évangile ,  et  quels  en 
étaient  les  auteurs  ;  on  prenait  ensuite  rÉvaiigile  de 
saint  Matthieu,  dont  le  diacre  allait  lire  le  commence- 
nieiit  sur  le  Jul)é,  avec  un  grand  appareil  de  cérémo- 
nies. Le  prêtre  exidiquail  ensuite  ce  que  Ton  venait 
de  lire  devant  toute  l'assemblée  :  le  diacre  allait  pren- 
dre consécutivement  les  autres  volumes  que  le  prèlre 
expliquait  de  même  ,  après  qu'on  en  avait  lu  le  com- 
mencement. 11  marquait  les  caractères  différents  de 
chaque  évangéliste,  et  les  singularités  qui  leur  étaient 
particulières,  pour  mieux  faire  goûter  les  vérités  de 
l'Évangile  aux  catéchumènes.  Celte  exposition  de  l'É- 
vangile était  regardée  comme  la  suite  des  cérémonies 
qui  se  faisaient  pour  l'ouverture  des  oreilles  des 
compétents,  et  ce  n'était  qu'un  essai  pour  leur  ap- 
prendre comment  il  fallait  écouter  et  expliquer  la 
parole  de  Dieu. 

Elle  était  suivie  de  la  tradition  du  Symbole ,  qui  se 
faisait,  comme  nous  avons  dit  dans  le  chapitre 
précédent,  avec  ces  particularités  que  dans  les  villes 
où  on  parlait  les  deux  langues ,  le  grec  et  le  la- 
lin  ,  comme  à  Rome ,  on  s'informait  quelle  était 
la  langue  que  chacun  des  catéciuiménes  par- 
lait. Un  acolyte  allait  ensuite  prendre  dans  le  par- 
quet des  garçons  un  catéchumène  de  ceux  qui 
parlaient  grec  ,  et  l'amenait  par  le  bras  gauche  de- 
vant le  prêtre  (}ui  lui  faisait  réciter  le  symbole  en 
grec  par  le  même  acolyte,  qui  pendant  tout  ce  temps 
lui  tenait  la  main  sur  la  tète.  Après  l'avoir  ramené, 
il  allait  au  parquet  des  lilles  pour  faire  la  même 
chose.  On  en  usait  ensuite  de  la  même  manière  à  l'é- 
gard des  catéchuniènes  (jui  ne  parlaient  que  latin  ;  et 
après  qu'on  leur  avait  récité  le  Symbole  en  leur  lan- 
gue, le  prêtre  terminait  la  cérémonie  de  la  tradition 
du  Symbole  qui  avait  commencé  par  une  belle  préface 
sur  rexceilence  de  cette  formule  de  notre  foi ,  par  un 
discours  dans  lequel  il  en  explitpiait  tous  les  articles 
en  peu  de  mots. 

On  passait  du  symbole  à  l'Oraison  Dominicale ,  le 
diacre  ayant  annoncé  de  <[uoi  il  s'agissait  et  imposé 
silence  à  l'ordinaire  ;  le  prèlre  faisait  à  cet  égard 
comme  nous  l'avons  explicpié  ailleurs;  et  après  qu'il 
avait  cessé  de  parler  le  diacre  faisait  sortir  tous  les 
caléclunnènes  de  l'église.  Leurs  parrains  les  condui- 
saient eux-mêmes  dehors ,  ou  bien  leurs  parents  ;  et 
les  ayant  laissés  sous  la  garde  ou  la  direction  de  quel- 
que inspecteur ,  ils  rentraient  dans  l'église  avec  les 
aulres  fidèles  pour  assister  à  la  messe. 

Après  l'Evangile,  les  parents  des  catéchumènes,  ou 
ceux  qui  élaient  retenus  pour  être  leurs  parraius,  por- 
taient leurs  offrandes  à  l'autel;  le  prêtre  en  faisait 
l'oblation  à  Dieu,  récitait  les  noms  des  parrains  et  des 
marraines  de  ceux  qui  attendaient  hors  de  l'église  , 
dans  la  commémoration  ou  le  Mémento.  Puis  à  la  fin 
de  l'actiou  du  canon  qui  précède  imiuédiatrment  la 
consécration,  il  récitait  les  noms  de  ces  catéchumè- 


Baptême  pour  la  veille  de  Pâques.  La  messe  dite,  on 
faisait  rentrer  ces  catéchumènes  pour  voir  communier 
leurs  parents  et  leurs  parrains,  et  pour  savoir  le  jour 
du  scrutin  suivant. 

Il  faut  remarquer  que  toutes  ces  clioscs  ne  se  fai- 
saient pas  ailleurs  le  même  jour,  comme  nous  l'avons 
dit  dans  le  chapitre  précédent;  et  en  ce  cas  il  y  avait 
une  messe  particulière  pour  la  tradition  du  Symbole. 
Cela  se  pratiquait  surtout  en  France  et  en  Espagne  et 
dans  l'église  de  Milan. 

CHAPITRE  IX. 
Des  préparations  plus  prochaines  au  Baptême,  ou  des 
rits  qui  le  précédaient  immédiatcmcnl,  et  surtout  de 
la  renonciation  au  diable ,  de  l'onction  et  de  la  con- 
fession de  la  foi.  De  quelle  manière  tout  cela  se  pra- 
tiquait dans  les  différentes  églises. 
La  plu|)arl  des  choses  dont  n^us  allons  parler,  se 
faisaient  le  jour  même  que  se  donnait  le  Baptême; 
mais    avant  que  de    venir  à  celui-ci ,  nous  dirons 
un    mot  de  deux  cérémonies  qui   autrefois    étaient 
considérées  comme  des  préparations  au  Baptême,  et 
que  l'on  faisait,  non  tant  pour  purifier  les  âmes  de 
ceux  qui  devaient  le  recevoir,  que  pour  qu'ils  entras- 
sent dans  le  bain  sacré  avec  plus  de  décence. 

Une  de  ces  cérémonies  élait  le  lavement  de  la  tête, 
l'autre  était  le  lavement  des  pieds.  La  première  se  fai- 
sait communément  le  dimanche  des  Rameaux,  qui, 
pour  ce  sujet,  est  nommé  dans  l'ordre  romain,  Capi- 
tolavium.  Saint  Isidore  (1)  confirme  ce  que  nous  disons 
touchant  celle  dénominalion,  et  rend  en  même  temps 
raison  de  l'instilution  de  cette  cérémonie  en  ces  ter- 
mes :  Le  peuple  appelle  ce  jour  Capitolavium  ,  parce 
que  c'est  la  coutume  de  laver  alors  la  tête  des  enfants  qui 
doivent  recevoir  l'onction,  de  peur  que  par  l'observance 
du  carême  ils  n'aient  contracté  de  la  saleté.  Raban  et  le 
faux  Alcuin  rendent  la  même  raison  de  cet  usage  (2). 
C'était  par  le  même  moiif  que  l'on  faisait  le  lave- 
ment des  pieds ,  non  pas  le  dimanche  des  Rameaux, 
mais  le  jeudi  suivant,  et  c'était  l'évêque  qui  avail  cou- 
tume de  faire  celle  cérémouie.  S.  Augustin  (3)  en 
parle  dans  son  épitre  à  Janvier,et  ne  trouve  point  de 
meilleure  raison  à  rendre  de  cette  pratique  que  celle 
que  nous  rapporlous  :  Si  vous  me  demandez,  d'ii-ïl,  d'où 
est  venue  cette  coutume  (du  lavement  des  pieds),  il  ne 
me  vient  rien  à  l'esprit  de  plus  vraisemblable ,  sinon 
qu'elle  a  été  établie,  afin  que  les  corps  de  ceu.x  qui  doi- 
vent être  baptisés  parussent  avec  plus  de  décence ,  qu'ils 
ne  feraient  sans  cela ,  ayant  été  négligés  et  ayant  con- 
tracté de  la  crasse  pendant  le  carême.  Il  faut  remarquer 
qu'une  des  macérations  de  ce  temps  déjeune  élait  de 
ne  point  fréquenter  les  bains ,  et  qu'elle  n'était  pas 
une  des  moindres,  surtout  dans  les  pays  chauds.  Dans 

(l)Lib.  G  Elym.,  c.  lS,ol  1.  I  de  divinis  Offic.,  c. 
27.(Vovezle  pèreMartène,  deAntiq.Eccl.  Ril.,  t.  I,p. 
116.) 

(-2)  Raban.,  1.  2 de  Inslit.  cleric,  c.  33;  Alcuin.,  de 
divin.  Olïie.,  de  Dominicà  Palmarum. 

(3)  Epist.  ad  Januar.,  n.  10  novic  edit.  54. 


Ci        BAPTÊME.  —  I"  PARTIE.  CHAP.  IX.  DES  lUIS  QUI  PKÉCiDAIENT  CE  SACREMENT.       62 
d'autres  églises  on  différait  cette  cérémonie  après  le  J  vers  TOccidcnt  :  mais  aussitôt  qu'ils  l'avaient  faite , 


Baptême  :  c'est  ainsi  qu'on  en  usait  dans  les  églises 
des  Gaules  et  de  la  partie  supérieure  d'Italie.  Elle 
était  très-ancienne  en  Espagne  et  se  faisait  pour  pré- 
parer au  Bapiêrae,  puisqu'il  en  est  fait  mention  au 
concile  d'E'lvire,  can.  i8,  et  qu'il  y  est  défendu  de 
la  faire  à  l'avenir  :  Nequc  pcdcs  connu  Invmidi  suiit  à 
sacerdotibus  vel  dericis;  le  concile  parle  en  cet  endroit 
de  ceux  (pii  devaient  cire  baptisés  ;  eorum  (fui  bapti 
laiidi  smit. 

Noui  avons  parlé  ailleurs  du  dernier  scrutin  qui  se 
faisait  dans  certaines  églises  le  jour  du  Samedi-Saint, 
aussi  bien  que  de  la  reddition  du  symbole  ou  profession 
de  foi.  Mais  outre  cela,  il  y  avait  trois  cérémonies 
très-importantes  qui  paitout  ('laienl  affectées  à  ce  jour, 
et  préeédaient  imuiédialemenl  le  Baptême,  soit  qu'il 
se  donnât  à  Pàiiucs,  à  la  Pentecôle  ou  à  l'Epiphanie  : 
c'était  la  renonciation  au  diable  ,  l'onclion  et  la  con- 
fession de  foi  que  l'on  exigeait  des  catécliumènesdans 
le  moment  qu'ils  étaient  sur  le  point  d'être  plongés 
dans  le  bain  sacré. 

La  renonciation  se  faisait  différemment,  suivant  les 
différents  usages  des  églises,  à  une  ou  plusieurs  re- 
prises ;  celle  qui  est  la  plus  commune  dans  nos  ri- 
tuels, et  dont  Bêde  (I)  fait  mention,  se  faisait  à  trois 
reprises.  Le  prêtre  disait  :  Reiwiicez-vous  à  Satan? 
Celui  qui  devait  être  baptisé  répondait  :  J'y  renonce  et 
à  toutes  ses  œuvres  ;  fy  renonce,  et  à  toutes  ses  pompes. 
J'y  renonce.  Dans  d'autres  endroits  cela  se  faisait  à 
deux  fois.  11  semble  que  c'était  l'usage  de  l'église  de 
Milan.  Saint  Ambroise  (2)  l'insinue  aussi  bien  que 
l'auteur  du  livre  des  Sacrements  qui  porte  son  nom  ; 
et  aujourd'hui  encore  dans  l'église  de  Milan  cela  se 
pratique  de  la  sorte,  comme  on  le  voit  par  son  rituel. 

Dans  les  constitutions  apostoliques  (3),  il  ne  se 
trouve  qu'une  seule  renonciation  ,  qui  comprend 
toutes  celles  qui  se  faisaient  ailleurs  à  plusieurs  re- 
prises. Elle  est  conçue  en  ces  termes  :  Je  renonce  à 
Satan,  et  à  ses  œuvres  ,  à  ses  pompes,  à  son  culte,  à  ses 
anges,  à  toutes  ses  machinations,  et  à  tout  ce  qui  est  sous 
le  ciel.  On  trouve  dans  plusieurs  autres  monuments 
cette  renonciation  exprimée  ainsi  tout  de  suite  ,  et 
entre  autres  dans  le  Missel  Gallican  ,  que  le  savant 
Joseph  f  liomasius  a  publié.  Celui  qui  va  recevoir  le 
Baplème  n'<.'St  interrogé  qu'une  seule  fois  de  cette 
sorte  :  Ileiwncez-vous  à  Satan  ,  aux  pompes  du  siècle, 
et  H  ses  plaisirs  ?  à  quoi  il  répond  une  seule  fois  :  J'r 
renonce.  Il  ne  faut  point  chercher  d'iiniformilé  dans 
des  choses  de  cette  nature.  S.  Cyrille  de  Jérusalem  (4.) 
fait  entendre  que  l'on  faisait  dans  son  église  quatre 
interrogations,  et  autant  de  réponses,  et  dans  l'ordre 
du  Baptême,  qui  porte  le  nom  de  Sévère,  patriarche 
d'Alexandrie,  on  y  presciit  six  renonciations. 

Celte  rcnoncialiou  se  faisait  tant  en  Orient  qu'en 
Occident  par  les  cat(''ehumènes  debout  et    tournés 

(\)  In  cap.  8,  ToI)i;e. 

(-2)  Lib.  de  mvsiic.  "2,  I.  1,  de  Sacram.,  c.  2 

(7})  (  onsl.  Apôst.,  I.  7,  c.  41. 

(4)  Cyril.  Calèches,  myslag.  1. 


ils  se  retournaient  à  l'Orient.  Saint  \mbroise  et  saint 
Jérôme  (1)  parlent  expressément  de  cet  usage,  et  en 
rendent  raison.  Je  ne  eiterai  (|ue  le  dernier,  dont 
voiei  les  paroles  :  Cest  pourquoi  dans  les  mystèrci  nous 
renonçons  premièrement  à  celui  qui  est  à  l'Occident  qm 
meurt  pour  nous  avec  les  péchés  ;  et  nous  retournant  en- 
suite à  l'Orient,  nous  faisons  un  pacte  avec  le  Soleil  de 
justice,  et  nous  promettons  de  le  servir.  Chez  les  Grecs, 
non  seulement  le  calhécumène  se  tourne  ainsi  à  l'Oc- 
cident, mais  il  élève  ses  mains  en  haut,  comme  pour 
repousser  loin  de  lui  satan  à  qui  il  renonce  :  et  celte 
pratique  doit  être  bien  ancienne  dans  les  églises  orien- 
tales, puisque  S.  Cyiille  en  fait  mention,  aussi  bien 
que  saint  Grégoire  de  ISazianze  (2).  Vous  êtes  entré , 
dit  le  premier  de  ces  pères ,  dans  l'endroit  qui  sert  de 
vestibule  au  Baptistère,  et  étant  tourné  vers  l'Occident, 
on  vous  a  dit  d'étendre  la  main,  cl  vous  avez  renoncé  à 
satan ,  comme  s'il  était  présent.  Micolas  Cabàsilas ,  qui 
vivait  dans  le  milieu  du  quatorzième  siècle,  dit  aussi 
dans  son  exposition  de  la  Liturgie,  c.  i ,  que  ceux  qui  sont 
prêts  à  recevoir  le  Ba|)tême,  doivent  se  défaire  de  leur 
chaussure  et  de  leurs  habits,  et  étant  tournés  à  l'Oc- 
cident, étendre  les  mains  et  souffler  contre  le  démon, 
au(juel  ils  renoncent.  Saint  Grégoire  de  Nazianze  dans 
le  passage  cité  il  n'y  a  qu'un  moment ,  dit  presque  la 
même  chose,  à  l'exception  du  souffle.  Nous  apprenons 
par  le  témoignage  d'Alexandre  Gaguiti  (5),  et  d'un 
autre  auteur,  qui  ont  écrit  des  coutumes  des  Mosco- 
vites ,  que  toutes  les  fois  que  les  parents  rûpondent 
pour  les  enfants  aux  interrogations  que  leur  fait  le 
prêtre  pour  le  renoncement,  ils  crachent  à  terre. 

La  cérémonie  de  la  renonciation  est  si  ancienne,  que 
saint  Basile  (4)  ne  craint  point  d'assurer  qu'elle  vient 
de  la  tradition  apostolique,  et  qu'elle  nous  a  été  trans- 
mise sans  le  secours  de  l'écriture,  et  comme  de  main 
en  main.  Si  on  en  croit  saint  Jérôme  ,  elle  est  mar- 
(juée par  l'Apôtre,  dans  sa  première  EpitreàTimoihée 
(c.  6,  V.  12),  quand  il  lui  recommande  de  travailler  à 
se  rendre  digne  de  la  vie  éternelle ,  à  laquelle  il  a  été 
appelé,  ayant  si  excellemment  confessé  la  foi  en  présence 
de  plusieurs  témoins.  Nous  apprenons  effectivement 
de  Terlullien  (a)  ,  non-seulement  qu'elle  était  avant 
lui  établie  dans  l'Eglise,  mais  que  les  apôtres  nous  ont 
enseigné  à  exiger  de  ceux  qui  sont  sur  le  point  d'être 
incorporés  par  le  Baptême  a-.'x  membres  de  Jésus- 
Ciirisl,  qu'ils  renoncent  préalalilement  au  diable,  à 
ses  pompes  et  à  ses  anges.  Il  emploie  cet  exeni/de 
pour  prouver  que  tout  ce  que  Dieu  a  appris  à  son 
Eglise,  n'a  pas  étéc(>nlié  à  l'encre  et  au  papier.  Ergo 
quœramus,  dit-il ,  an  et  traditio  nisi  scripla  non  dcbeat 
recipi  ?  plauè  negabimus  recipicndam,  si  nulla  exempta^ 
prœjudicent  aliarum   observationum  ,  quas  sine  ulliusl 

(1)  Ambros.,  1.  de  .Myst-,  c.  2,  Hieron.  in  c.  G  pro- 
pheli:v  Amos. 

(2)  Cvril.,  Catech.  \  mvstagogicà,  Greg.  Naz.,  oral. 

(.3)  Alex.  Gaguin.  in  descript.  Sarm.  Europ.;  Sigis- 
mond.  de  Rébus  Moseov.,  c.  de  Baplismo, 
(4)  Basil.,  I.  de  Spiritu  sancio,  c.  27. 
(o)  De  Coroiià  miliiis,  c.  5. 


63 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


<y% 


scrtpturœ  instrumcnto  solius  traditionis  titulo,  et  ex'mde 
consuetuditiis  patrocimo  vimUcamus.  Denique  ut  à  ba- 
ptismale ingrediar,  aquamadituri....;  sed  et  sub aliquan- 
tb  priùs  in  Ecclesiâ  siib  aiitistitis  manu  contestamur  7ios 
rennntiare  diabolo,  et  pompœ  et  angelis  e/ws. 

Outre  la  renonciation ,  on  n'omettait  jamais ,  à 
moins  qu'on  n'y  fût  contraint  par  une  nécessité  inévi- 
table, de  faire  l'onction  de  l'huile  exorcisée  aux  caté- 
chumènes avant  le  Baptême.  Dans  les  églises  d'Orient, 
on  leur  oignait  tout  le  corps  depuis  la  lête  jusqu'aux 
pieds.  Saint  Cyrille  (1)  et  S.  Jean  Chrysostôme  parlent 
de  cette  pratique  comme  d'un  usage  ordinaire  :  le 
premier  leur  dit ,  que  par  cette  onction  ils  sont  rendus 
participants  de  Jésus-Christ  qui  est  un  olivier  fertile, 
qu'ils  se  sont  dépouillés  pour  la  recevoir,  afin  de  re- 
présenter la  nudité  de  Jésus-Christ  sur  la  croix,  par 
laquelle  il  a  triomphé  de  l'ennemi  lui  ayant  enlevé  sa 

proie  :  ETra  «:io5o6svt£5  è>,aico  vilsifssds  iizopxiSTixM  K7t  àx- 

fwv  rpi^ûv  y.opvfi^i  sw;  tûv  /.ârw.  Il  enseigne  de  plus, 
que  celte  huile  ainsi  répandue  sur  le  corps  brûle  les 
démons  comme  une  flamme  et  les  met  en  fuite,  tant 
elle  reçoit  de  vertu  par  l'invocation  du  nom  de  Dieu 
et  par  la  prière.  Saint  Jean  Chrysostôme  (2)  compara 
cette  onction  à  celle  que  l'on  faisait  aux  athlètes  avant 
qu'ils  entrassent  dans  la  carrière,  et  dit  qu'elle  se  fait 
de  même  partout  le  corps. 

Dans  l'Éghse  latine  on  se  contentait  de  faire  cette  [ 
onction  de  l'huile  exorcisée,  d'abord  sur  la  tète  seule- 
ment; dans  la  suite  on  la  fit  aussi  entre  les  épaules 
et  sur  la  poitrine.  Cette  dernière  onction  était  en  usage 
dès  la  fin  du  cinquième  siècle,  puisqu'elle  est  ainsi 
prescrite  par  le  Sacramentaire  de  Gelase  et  par  les 
plus  anciens  pontificaux  et  rituels.  Mais  avant  ce 
temps  on  ne  la  faisait  que  sur  la  tète,  comme  il  pa- 
raît par  ce  qu'écrit  le  pape  Sirice  aux  évêques  des  \ 
Gaules ,  à  qui  il  dit  que  le  chrême  répandu  sur  la  tête, 
répand  sa  vertu  sur  tout  le  reste  du  corps.  Si  enini 
clirisma  infusiim  capiti,  (jraliam  suam  toto  corpori  im- 
periit  (3).  Nous  parlerons  ailleurs  de  la  consécration  de 
cette  huile  des  catéchumènes,  aussi  bien  que  de  celle  des 
infirmes  et  du  chrême,  dont  il  est  parlé  si  souvent  dans 
les  rituels  et  les  auteurs  qui  traitent  la  matière  des 
sacrements.  Mais  ,  avant  que  de  finir  ce  qui  regarde 
cette  onction,  il  est  bon  de  remarquer  que  dans  la 
France,  au  moins  du  temps  de  Leidrade,  archevêque 
de  Lyon,  au  commencement  du  neuvième  siècle ,  elle 
se  faisait  dans  les  intervalles  des  renonciations  dont 
nous  avons  ci-devant  parlé.  C'est  ce  que  ce  prélat  dit 
formellement  dans  son  livre  du  Baptême,  chap.  2,  et 
l'ancien  manuscrit  de  Gellone  que  nous  avons  déjà 
cité  plusieurs  fois,  confirme  cet  usage.  Dans  l'Église 
de  Rome,  cette  onction  se  faisait  avant  la  renoncia- 
tion; on  le  voit  par  le  Sacramentaire  de  Gelase  et 
par  d'autres  pontificaux  et  rituels.  Les  Grecs,  au  con- 
traire, ne  la  faisaient  qu'après  la  renonciation.  C'est 

(i)  Càtech.  2mystagog. 

(2)  In  Epist.  ad  Coloss.  boni.  6. 

(3)  Syrie.  Epist.  10,  n.  il,  nov.  edit.,  Epistolariim 
décret,  summorum  pontificum. 


ce  qui  paraît  par  ces  paroles  de  Théodoret  (I)  :  Som* 
venez-vous  de  cette  sacrée  myslagoyic  dans  laquelle  cettx 
qui  sont  initiés  reçoivent  le  chrême,  comme  le  sceau  du 
parfum  spirituel  et  de  la  grâce  invisible  du  Saint-Esprit, 
après  avoir  renoncé  au  tyran  et  confessé  le  véritable  roi. 
Ces  paroles  semblent  mar(|uer  qu'en  Orient,  l'onc- 
tion ne  se  faisait  même  qu'après  la  confession  de  la 
foi.  Ceiiendant  nous  avons  plusieurs  monuments  qui 
ne  laissent  point  lieu  de  douter  que  cette  dernière  cé- 
rémonie ne  précédât  immédiatement  le  baptême  ;  et 
même  on  voit  par  quelques-uns,  que  celte  confession 
se  faisait  quelquefois  par  ceux  qui  louchaient  déjà 
l'eau  sacrée  de  leurs  pieds.  C'était  la  dernière  chose 
que  l'on  exigeait  de  ceux  qui  devaient  être  baptisés- 
Le  diacre  Philippe  ayant  amené  à  la  foi  l'eunuque  de 
la  reine  Candace  (2),  et  celui-ci  lui  ayant  dit  :  Voilà  de 
l'eau,  qui  empêche  que  je  ne  sois  baptisé?  Philippe 
lui  répondit  :  Si  vous  croyez  de  tout  votre  cœur,  cela 
se  peut;  l'eunuque  ayant  fait  sa  confession  en  ces 
termes  :  Je  crois  que  Jésus-Christ  est  le  Fils  de  Bien, 
ils  descendirent  aussitôt  du  chariot,  et  le  saint  diacre 
le  baptisa.  A  Timilalion  de  ce  qui  est  rapporté  dans 
les  Actes,  le  ministre  du  sacrement  de  Baptême  inter- 
rogeait ceux  qui  étaient  sur  le  point  de  le  recevoir 
louchant  leur  foi.  Et  cette  interrogation ,  comme  dit 
S.  Cyprien  (Epist.  70),  qtii  se  fait  dans  le  Baptême,  est 
un  témoin  de  la  vérité  ;  car  quand  nous  disons  :  Croyez- 
vous  en  la  vie  éternelle  et  la  rémission  des  péchés  par  la 
sainte  Église?  nous  entendons  que  les  péchés  ne  peuvent 
être  remis  que  dans  FEglise.  Nous  lisons  dans  les  Actes 
du  martyre  de  S.  Genès  (3),  qui  en  recevant  le  baptême 
par  dérision  sur  le  théâtre,  fut  miraculeusemeiit  con- 
verti, que  l'on  interrogeait  sur  la  foi  les  catéchumènes, 
lorsqu'ils  touchaient  déjà  l'eau  dans  laquelle  ils  de- 
vaient être  plongés,  puisque  ce  saint  y  dit  :  Aussitôt 
que  l'eau  m'eut  touché  à  nu  ,  et  qu'étant  interrogé,  feus 
répondu  que  je  croyais ,  etc.  «  At  iibi  aqua  me  nudum 
i  tetigit,  et  interrogatus  me  credere  respondi,t  etc. 
S.  Denis  d'Alexandrie,  dans  sa  lettre  au  papeXiste  (i), 
parl.int  d'un  homme  qui  avait  élé  baplisé  par  les  lié- 
réiiqucs,  dit  qu'après  avoir  entendu  les  demandes 
que  l'on  faisait  dans  l'église  à  ceux  qui  devaient  être 
baptisés,  et  leurs  réponses,  il  voulut  recevoir  de  nou- 
veiu  le  Baptême. 

La  formule  la  plus  ordinaire  des  demandes  touchant 
I  la  foi  que  l'on  proposait  aux  catéchumènes  sur  les 
'  sacrés  fonts,  était  celle  qui  est  prescrite  parlessacra- 
niontaires  de  Gelase  et  de  S.  Grégoire  et  par  l'ordre 
romain.  Croyez-vous  en  Dieu  Père  lout-pvissant?  — 
R.  Je  crois.  Croyez-vous  en  Jésus-Clirisl  son  (ils  unique 
notre  Seigneur,  qui  est  né  et  a  souffert?  —  R.  Je  crois. 
Croyez-vous  au  Saint-Esprit ,  la  sainte  Église  catholi- 
que, la  remission  des  péchés,  la  résurrection  de  la  chair? 
—  R.  Je  crois.  11  paraît  pur  S.  Ambroise,  par  S.  Cy- 
rille de  Jérusalem,  par  celui  d'Alexandrie,  S.  Jérôme, 

(1)  In  Canlica. 

(2)  Act.  Apost.  c.  8.  { 
(3i  Act.  sincera  mart.  Ruinart.  '■ 
(i)  Apud  Euseb.  Ilisl.  ccclcs.,  1.  7,  c.  9.  ( 


'€5        BAPTÊME.  —  II'  PARTIE.  CIIAP.  I.  TEMPS  AUQUEL  SE  DONNAIT  CE  SAClREMENT. 


Oplal  de  Milève  (1),  que  l'on  faisait  conlcsscr  les  trois 
personnes  de  la  Sainle-Trinilé  à  trois  reprises,  pour 
répondre  à  autant  d'interrogations.  Vous  venez  de 
voir  que  la  formule  des  sacramcnlaires  de  Gélasc  et 
(le  S.  Grégoire  devait  être  bien  ancienne,  puisque 
S.  Cyprien,  dans  le  passage  que  nous  venons  de  citer 
de  lui,  y  fait  entrer,  aussi  bien  que  ces  rituels,  la 
confession  de  la  rémission  des  péchés  et  de  la  vie 
éternelle,  ou  résurrection  de  la  chair.  Mais  tout  ce 
qu'on  peut  dire  là-dessus,  c'est  que  ces  formules  de 
confession  de  foi  que  l'on  proposait  dans  cette  occa- 
sion, étaient  plus  ou  moins  étendues,  suivant  les  dilTé- 
reuts  usages  des  églises. 

Le  livre  des  sacrements  de  l'Église  gallicane  con- 
tient dans  sa  formule,  tout  le  Symbole  des  Apôtres 
divisé  en  diverses  interrogations,  après  lesquelles  il 
ajoute  :  Croyez-vous  avoir  la  vie  après  la  mort  et 
ressusciter  à  la  gloire  de  Jésus-Christ?  Vilam  liabere 
posi  morlcm,  in  (jloriam  Cliristi  resurgere.  C'est  peut" 
être  une  pareille  interrogation  que  l'on  fit  à  un  prince 
barbare  (2)  qui  entrait  déjà  dans  les  fonts  sacrés,  qui  lui 
donna  lieu  de  demander  à  celui  qui  allait  le  baptiser, 
où  était  le  plus  grand  nombre  des  rois  et  des  princes 
de  sa  nation  :  à  quoi  celui-ci  lui  ayant  répondu  qu'il 
ne  fallait  pas  qu'il  s'y  trompât,  que  tous  ses  prédéces- 
seurs qui  étaient  morts  sans  baptême  étaient  certai- 
nemonl  damnés  ;  il  retira  !e  pied  des  fonts  baptismaux, 
et  dit  :  Je  ne  puis  me  résoudre  à  quitter  la  compagnie 
des  princes  mes  prédécesseurs ,  pour  demeurer  avec 
nn  petit  nombre  de  pauvres  dans  ce  royaume  céleste 
dont  vous  me  parlez. 

Quclquelois  aussi,  on  proposait  à  croire  dans  cette  j 
conjoncture,  les  arliclcs  de  foi  opposés  aux  erreurs  qui 
infectaient  acluellcment  lÉglise  dans  les  pays  où  se 
devait  donner  le  Baptême.  Saint  Nicel,  évéque  de 
Trêves  (3),  dans  une  lettre  à  l'empereur  Justinien,  lui 
rappelle  à  la  mémoire  la  profession  de  foi  qu'il  a  faite 
au  Baptême,  et  qui  paraît  être  dans  ce  goût.  Souvenez- 
vous,  lui  dit-il,  de  ce  que  vous  avez  promis  au  Baptême.... 
Vous  aveiconfessé  un  Fils,  demeurant  en  deux  substances 
avec  le  Père  et  le  Saint-Esprit,  et  non  deux  ctiriUs.  Il 
est  aisé  de  voir  que  cette  profession  de  foi ,  telle  que 
S.  Nicet  la  suppose,  si  ce  n'est  pas  un  commentaire 
de  la  profession  de  foi  ordinaire,  a  été  faite  pour  l'op- 
poser au  dogme  de  Nestorius.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  li- 
Lerlé  que  l'on  se  donnait  sur  ce  point,  a  donné  lieu 
aux  hérétiques  d'engager  ceux  qu'ils  baplisaicnt, 
même  par  serment,  à  suivre  leurs  impiétés.  L'héréti- 
que Eudûxc  fit  entrer  l'empereur  Valens  dans  ce  fu- 
inesie  engagement  sur  les  fonts  sacrés;  et  tout  le 
'monde  sait  combien  les  suites  en  furent  lâcheuses 
pour  lui  et  pour  toute  l'Église.  C'est  Théodoret  qui 
nous  rend  témoignage  de  ce  fait  dans  son  Histoire 
Ecclésiastique  (4).  Saint  Epiphanc  assure  que  les 

(1)  Lib.  de  Myst.  c.  o;  catech.  Smystagog.;  lib 
lim  Joan.,  c.  G5;  Dial.  advers.  Luciferiauos;  lib  5 
advers.  Parmenian.  ' 

I    (2)  Uathod,  roi  des  Frisons.(V.  M.Fleuri  sur  l'an  7IG  ) 
'    (3j  ApudChesn.  llist.  Francor,,  tom.  1, 
.    (4)  Uisl.  Eccl.  Theod.,  1.  4.  c.  13;  lueres.  7G. 


:C6 

Aëiiens  avaient  coutume  d'en  user  de  même  avec  leurs 

catéchumènes. 

Il  ne  nous  reste  plus  rien  à  dire  sur  le  sujet  dont 
nous  avons  traité  dans  ce  chapitre,  sinon  deux  choses  : 
la  première,  qu'autrefois,  quand  on  présentait  les  en- 
fants au  Baptême,  on  ne  les  interrogeait  pas  en  la  se- 
conde personne,  suivant  S.  Augustin  et  le  Missel  gal- 
lican publié  par  le  père  Mabillon,  mais  en  la  troi- 
sième, et  le  parrain  répondait  pour  eux  do  même. 
Nous  interrogeons,  dit  ce  père  (1),  ceux  qui  les  pré- 
sentent, cl  nous  leur  disons:  Croit- il  en  Dieu?  etc. 
La  seconde,  que  S.  Boniface  de  Mayence  voulait 
que,  quand  on  proposait  dans  celte  occasion  la  foi  que 
devaient  confesser  les  catéchumènes,  on  le  fit  en  lan- 
gue vulgaire,  et  qu'ils  y  répondissent  de  même,  cl  fis- 
sent les  renonciations  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus. 
C'est  ce  qui  est  prescrit  dans  un  des  statuts  de  ce 
saint  apôtre  de  rAllemagne,  qui  est  le  vingt-septième 
de  ceux  que  le  père  d'Acheri  a  rapporté  de  son  Spici- 
lége;  il  est  conçu  en  ces  termes  :  Qu" aucun  prêtre  ne 
manque  d'interroger  ceux  qui  doivent  être  baptisés,  en 
leur  langue  maternelle,  afin  qulls  entendent  ce  à  quoi 
ils  renoncent  et  ce  quils  confessent;  et  que  ceux  qui  ne 
veulent  pas  le  faire  se  retirait. 

Jusqu'ici  nous  avons  tâché  d'exposer  à  nos  lecteurs 
de  quelle  manière  on  a  travaillé  dans  l'Église  à  for- 
mer au  christianisme,  ceux  qui  aspiraient  à  la  grâce 
de  la  régénération.  Nous  avons  lait  voir  quelles  étaient 
les  préparations  éloignées  et  prochaines  par  lesquelles 
on  les  disposait  à  recevoir  le  bienfait  incomparable  du 
j  Baptême;  nous  les  avons,  pour  ainsi  dire,  conduits 
jusque  sur  le  bord  de  cette  fo'ntaine  sacrée  qui  donne 
à  l'homme  une  nouvelle  naissance.  Il  ne  nous  reste 
plus  qu'à  parler  du  Baptême  en  lui-même.  C'est  ce 
que  nous  allons  faire  dans  la  seconde  partie  de  cette 
section. 

SECONDE  PARTIE. 

Du  temps,  du  lieu,  de  la  manière  dont  on  a 
conféré  autrefois  le  Baptême.  Des  ses  effets, 
et  de  ceux  à  qui  il  appartenait  autrefois  de 
donner  ce  sacrement. 

CHAPITRE  PREMIER. 

Du  temps  auquel  se  donnait  le  Baptême.  Que  hors  rcr- 
Idincs  circonstances  il  ne  se  donnait  pas  en  tout  temps 
indi/Jercmmenl.  En  quel  temps  on  le  donnait,  cl  m 
quelles  circonstances  on  passait  par-dessus  la  règle  or- 
dinaire. 

On  regardait  anciennement  comme  un  abus  intolé- 
rable, la  liberté  que  se  donnaient  quelques-uns,  de 
conférer  le  Baptême  indifféremment  en  tout  temps, 
même  les  jours  de  fêtes  solennelles,  excepté  certaines 
d'entre  ces  fêtes,  parliculièrement  affectées  à  la  célé- 
bration de  ce  sacrement.  C'est  ainsi  que  le  pape  Si- 
rice  (2)  traite  l'usage  qui  s'était  introduit  en  flspagne, 

(1)  Epist.OSad  Bonifac. 

(2)  Episl.  ad  Himer.  Tarr.,  c.  2. 


6t 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS 


66 


de  conférer  le  Baptême  aux  jours  des  fêles  des  apô- 
tres cl  (les  UKu-tyrs.  Il  le  réprouve  al)Solumcnl,  il  en 
parle  comme  d'une  confusion  qu'il  faul  corriger  cl  qm 
n'est  point  appuyée  sur  le  foiulemcnl  d'une  auloilté 
légitime,  mais  sur  la  seule  témérilé  de  ceux  qui  mé- 
prisent la  règle  de  l'Église.  Enlin,  il  avoue  (luil  a  clé 
ému  en  apprenant  ce  (pii  se  passait  à  cet  égard  en  ce 
pays-liS  et  menace  ceux  qui  ne  reviendront  point  a 
la  règle  commune  de  l'Église,  de  les  séparer  de  la 
communion  du  saint  Siège.  Nunc  prcelatam  regulam 
omnes  leiiemil  sacerdoles ,  qui  nolunt  aposlolkœ  pelrœ, 
super  quam  Clirisltis  uuivcrsalcm  conslru.dt  Ecclesiaui, 
solidilate  divelii. 

Il  excepte  de  cette  règle  commune  les  cas  de  né- 
cessité, tels  que  la  crainte  du  naufrage,  les  incursions 
des  ennemis,  l'appréhension  d'être  assiégé  dans  une 
ville,  et  toute  maladie  qui  menace  de  mort.  Aupara- 
vant ce  Pape,  du  temps  des  persécutions,  on  avait 
aussi  la  coutume  de  baptiser  les  catéchumènes  sans 
attendre  le  temps  prescrit  pour  cela,  (piand  on  pré- 
voyait, ou  qu'on  était  averti  par  quelques  visions  cé- 
lestes que  la  persécution  allait  s'allumer. 

Le  Pape  Sirice  paraît  aussi  excepler  les  enfants  de 
la  règle  ordinaire,  et  trouver  bon  qu'on  les  baptise 
aussitôt  que  les  parents  les  présenteront.  Car  après 
avoir  dit  que  le  temps  destiné  au  baptême  est  celui 
de  Pâques  et  de  la  Pentecôte,  il  ajoute  tout  de  suit" 
qu'on  doit  secourir  h^s  enfants  qui  n'ont  point  l'usage 
de  la  parole,  et  il  les  met  sur  ce  point,  dans  la  même 
classe  que  ceux   qui  se  trouvent  dans  les  cas  dont 
nous  venons  de  parler.   Skul  sacmm  ergo  pasclialcm 
revercnliam  in  nullo  dicituus  esse  viiiiueudam,  ita  infan- 
libus  qui  nondiim  loquipoteruiH  per  œlatcm,  vel  liis  qui- 
tus in  quùlibel  necessitale  opus  fuerit. .  .  omni  vulunins 
celeritatesuccurri.  Ces  paroles  donnent  à  entendre  que 
l'on  ne  différait  point  le  baptême  des  enfants,  quand  j 
même  ils  ne  couraient  aucun  risque  de  la  vie,  lors- 
que les  parents  les  présentaient,  et  souhaitaient  qu'on  , 
leur  administrât  ce  Sacrement  :  mais  ce  Pape  n'im- 
pose pas  l'obligation  aux  parents  de  les  présenter  au 
baptême  aussitôt  après  leur  naissance. 

11  ne  paraît  pas  même  que  ce  fût  anciennement 
l'usage  de  le  faire,  outre  ce  que  nous  :ivons  dit  là- 
dessus  dans  le  chap.  5'  de  la  première  partie,  quand 
nous  avons  parlé  du  grand  nombre  des  catéchumènes 
dans  les  premiers  siècles  de  l'Église.  On  voit  par  ce 
que  disent  les  Pères,  et  ce  que  nous  connaissons  de 
la  pratique  de  ce  temps-là,  que  les  parents  chrétiens 
jie  se  pressaient  pas  de  faire  recevoir  le  Baptême  à 
leurs  enfants.  S.  Grégoire  de  Nazianze  (1)  conseille 
que  l'on  attende  qu'ils  aient  atteint  l'âge  de  trois  ans 
avant  de  les  initier  à  te  sacrement ,  à  moins  qu'il 
n'y  ait  péril  de  mort.  La  raison  qu'il  en  rend,  est,  afin 
qu'ils  puissent  entendre  les  paroles  mystérieuses ,  et 
y  répondre  en  quelque  sorte.  C'est  en  suivant  cet 
esprit ,  que  l'auteur  de  la  Vie  de  S.  Euthyme  (2)  ra- 

(1)  Oral.  40  in  sanctum  Lavacrum. 

(2)  Cyril.  Scitop.  in  Vilâ  Euthymii. 


conte  de  lui  qu'il  fut  baptisé  par  Otregus ,  évèque  de 
Mélitine  à  l'âge  de  trois  ans.  Cette  raison  que  S.  Gré- 
goire de  Nazianze  rapporte  pour  retarder  le  Baptême 
des  enfants,  rappelle  la  mémoire  d'un  fait  célèbre, 
dont  il  est  parlé  dans  la  vie  de  S.  Auiand,  écrite  par 
un  moine  dumonaHérc  (1)  qui  porte  aujourd'hui  son 
nom  :  savoir,  que  ce  saint  faisant  catéchumène  Sige- 
beri ,  (ils  du  roi  Dagobert,  quarante  jours  après  sa  nais- 
sance, et  personne  ne  répondant  Amen,  après  la  prière 
qu'd  avait  prononcée  sur  lui,  Dieu  ouvrit  miracnleu-' 
sèment  la  bouche  de  l'enfant,  qui  répondit  à  haute 
voix  et  en  présence  de  toute  l'assemblée.  Amen. 

Ceux  qui  pensaient  comme  S.  Grégoire  de  Nazianze, 
n'étaient  point  disposés  à  présenter  leurs  enfants  au 
Baptême  tous  les  jours  indifféremment,  et  ne  se  fai- 
saient point  sans  doute  une  peine  d'attendre  les  jours 
solennels  que  l'Église  destinait  à  celte  grande  céré- 
monie. Non  plus  que  ceux  qui,  sans  attendre  qu'ils 
fussent  en  état  de  répondre  en  quelque  manière  par 
eux-mên!cs,  remellaienl  au  moins  le  Baptême  de  leurs 
enfants  à  quelques  jours  après  leur  naissance.  Celte 
coutume  était  si  fortement  établie  chez  les  anciens, 
qu'en  plusieurs  endroits  elle  s'observe  encore  à  pré- 
sent. Les  Grecs,  selon  le  témoignage  d'Allatius  (2), 
ne  font  baptiser  leurs  enfants  que  le  huitième  jour 
après  leur  naissance.  Les  Chrétiens  Indiens  de  Cran- 
ganor  ne   les  baptisaient   que   le  quarantième  jour, 
comme  nous  l'apprenons  de  la  reialion  de  Joseph 
l'Indien,  qui  a  été  imprimée  à  Paris  dans  le  siècle 
passé.  Sigismond  Liber  rapporte  la  même  chose  des 
Moscovites  :  et  Abraham  Echellensis  (3)  dit  que  cette 
contnme  est  très-ancienne  chez  les  Chrétiens  orien- 
taux.  Dans  les  Églises  de  Chaldée  on  observe  la 
même  pratique  à  l'égard  des  enfants  mâles,   et  l'on 
ne  baptise  les  tilles  que  quatre-vingts  jours  après 
qu'elles  sont  nées ,   comme  nous  l'apprenons  de  Nai- 
roni  (i). 

Dieu  même  autorisait  par  des  miracles  sensibles, 
la  pratique  de  ne  baptiser  que  certains  jours  de  l'an- 
née. Nous  avons  un  garant  au-dessus  de  tout  soupçon 
de  ce  que  nous  disons  ici,  en  la  personne  de  Pascha- 
sin  (5),  évêque  de  Lilybéc,  en  Sicile.  Ce  prélat,  qui  a 
été  le  premier  légat  de  S.  Léon  au  concile  de  Calcé- 
doine, écrivant  à  ce  S.  Pape  qiù  l'avait  consulté  en 
A'iô  touchant  le  jour  auquel  on  devait  célébrer  la  fête 
de  Pâques  l'année  suivante ,  rapporte  que  du  temps 
du  Pape  Zozime  on  lit  cette  fêle  en  Occident,  en  un 
jour  auquel  il  ne  convenait  pas  de  la  célébrer.  Et 
après  en  avoir  apporté  des  raisons  tirées  de  la  science 
des  nombres  et  des  supputations ,  il  confirme  ce  qu'il 
avance  par  un  miracle  arrive  de  son  temps ,  et  jjour 
ainsi  dire  sons  ses  yeux.  Il  y  a,  dit-il,  un  petit  endroit 

(1)  Baudemund.  nionachusElnonensismouast.,  in 
Vilâ  S.  Amand. 

(2)  De  Consensu  Eccl.  Orient,  et  Occident.,  c.  8, 
n.  2.  (Vid.  supra,  vol.  18  Curs.  compl.  Tlieol.) 

(3)  In  noiis  ad  conc.  Nicaju.  constitutiones  Ara- 
bicas, c.  10. 

(4)  Nairon.  in  Eupliâ  catholicre  fidei,  p.  123. 
(n)  Inler  Epislol.  S.  Lconis  post.  2,  in  nova  edit. 


69    BAPTEME.  -  11'  PARTIE.  CHAP.  I.  TEMPS 

silné  dans  des  vioulafiucs  escarpées  et  des  bois  hrs-cpais, 
dans  lequel  on  a  hàti  une  éytise  (oïl  pauvre.  La  nuil  de 
raques  les  sacres  fonts  s'y  remplissent  d'eux-mêmes, 
quoiqu'il  nij  ait  ni  canal  ni  eau  au  voisinage  :  et  te  peu 
de  qens  qui  s'y  trouvent  étant  baptisés ,  l'eau  se  retire 
d'elle-même,  quoiqu'il  n'y  ait  niconduil,  ni  issue.  Mors, 
comme  nous  avons  dil ,  du  temps  de  Zozime  d'heureuse 
mémoire,  y  ayant  erreur  dans  te  calcul  des  Occidentaux, 
les  leçons  qui  se  font  pendant  cette  sainte  nuit  étant 
achevées,  le  prêtre  attendant  selon  la  coutume  Chetire  de 
baptiser,  et  l'eau  ne  venant  point  jusqu'au  jour,  ceux  qui 
devaient  recevoir  le  Baptême  se  retirèrent.  El  pour  le  dire 
en  peu  de  mots,  la  nuit  du  dimanche  qui  était  le  dixième 
des  calendes  de  mai,  cette  fontaine  sacrée  fut  remplie 
à  l'heure  convenable. 

Le  temps  que  le  Pape  Siricc  prescrit,  comme  nous 
avons  déjà  dit,  pour  la  célébration  du  Baptême,  est 
celui  de  Pâques  et  de  la  Pentecôte,  cl  il  suit  en  cela 
la  discijjliiie  de  son  Église,  qui  pouvait  avoir  été  éta- 
blie par  les  Apôtres,  quoiqu'eux-niémes  ne  se  fussent 
point  astreints  à  celte  nègle,  comme  il  paraît  par  plu- 
sieurs endroits  des  Actes.  Nous  pouvons  au  moins 
faire  remonter  cet  usage  jusqu'aux  temps  apostoliques, 
puisqu'il  s'observait  du  temps  deTerlullien,  et  avant 
ce  Père  qui  en  parle  comme  d'une  discipline  à  laquelle 
tout  le  monde  devait  se  conformer.  La  fêle  de  Pâques, 
dit  il ,  noj(5  présente  un  jour  très-solennel  pour  le  Bap- 
tême, puisque  la  Passion  du  Seigneur,  en  qui  nous  som- 
mes baptisés,  y  a  été  accomplie....  Après  cela  la  Pente- 
côte nous  donne  encore  un  très-grand  espace  pour  rece- 
voir ce  bain  sacré,  t  Diem  baptismo  solemnîorem  Pascka 
t  prœstal,  ciim  et  Pdssio  Domini  in  quà  tingimur  ,  ad- 
<  impleta  est....  Ex  inde  Pemecosle  ordinandis  lavacris 
€  latissimum  spatium  est.  i 

Les  successeurs  de  Siricc  dans  le  S.  Siège ,  ont 
maintenu  avec  grand  soin  celle  discipline  ;  et  le  Pape 
saint  Léon  ayant  appris  qu'en  Sicile  on  s'en  écartait, 
et  que  Ton  célébrait  le  Baptême  la  veille  de  l'Epipha- 
nie, en  fut  d'autant  plus  touché,  qu'il  était  juste  que 
les  Évoques  de  cette  province  qui  recevaient  l'ordi- 
nation du  S.  Siège  à  qui  ils  étaient  soumis  immédiaie- 
niont,  n'y  ayant  point  de  métropolitains  parmi  eux,  ou 
au  moins  n'y  en  ayant  point  qui  jouissent  des  préroga- 
tives attachées  à  cette  dignité,  se  conformassent  à  la 
règle  que  le  S.  Siège  lui-nicmc  suivait  si  religieuse- 
ment. Il  en  écrivit  donc  fortement  en  447  pour  les  ra- 
mener à  l'uniformité  de  discipline  avec  l'Éj^lise  de 
Bome  dont  leur  pays  dépendait  comme  de  sa  métro- 
pole, en  qualité  de  province  suburbicaire.  Après  leur 
avoir  prouvé  fort  au  long  qu'on  ne  devait  baptiser  qu'à 
Pâques,  il  ajoute  qu'on  le  peut  faire  aussi  à  la  Pente- 
côte en  faveur  de  ceux  que  la  maladie ,  les  voy.igcs 
soit  sur  terre,  soit  sur  mer,  ou  quelques  autres  néces- 
sités auront  empêchés  de  recevoir  à  Pâques  ce  Sacre- 
ment. El  eos  quos  à  die  Paschœ  aut  motestia  infirmita- 
tis,  aut  longinquilas  itincris,  aut  navigationis  di/ficultas 
inierclusit  {[),  etc.  Il  réfute  ciisuile  les  raisons  de  ceux 

(1)  S.  Léo,  Epist.  ad  episcopos  Sicil.  quaj  est 
Il  novae  edit. 


AUQUEL  SE  DONNAIT  CE  SACREMENT.   70 

qui  donnaient  le  Baptême  à  la  fête  de  l'Epiphanie, 
parce  que  le  Sauveur  avait  été  baptisé  ce  jour-là,  et 
parle  de  ce  fait  ooniuic  étant  incertain.  Ce  doulc  sur  le  i 
temps  du  Baptême  de  notre  Seigneur  est  remarquable,  ' 
et  n'était  pas  sans  fondement,  puisque  S.  Épiphane  (1) 
qui  vivait  encore  au  comn)enccmcnt  du  ciniuième 
siècle,  croyait  que  Nolro-Seigneur  avait  été  baptisé  lu 
sixième  des  ides  de  novembre.  Le  Pape  Gélase  dans 
sa  Lettre  aux  Évèqucs  dcLucanie,  prescrit  la  même 
chose  que  S.  Léon,  aussi  bien  que  plusieurs  Conciles 
de  France  et  d'Espagne  tenus  dans  les  cinquième  et 
sixième  siècles  (2). 

Nonobstant  tous  ces  décrets,  l'usage  de  baptiser  en 
d'autres  temps  que  celui  de  Pâques  et  de  la  Pentecôte 
ne  laissa  pas  de  s'introduire,  même  dans  l'Occident, 
qui  était  plus  particulièrement  soumis  au  Pape  que  les 
Églises  d'Orient,  soit  en  qualité  de  Palriarclio  de  cette 
partie  du  monde  chrétien,  soit  parce  qu'il  était  plus 
à  portée  de  veiller  sur  la  discipline  des  Églises  de  ces 
pays.  On  se  mit  sur  le  pied  de  conférer  le  Baptême  à 
la  fête  de  Noël,  à  celle  de  S.  Jean-Bapiiste,  cl  à  quel- 
ques autres.  S.  Avit,  évêque  de  Vienne,  nous  ap- 
prend, par  exemple,  dans  la  Lettre  qu'il  écrivit  à 
Clovis,  que  ce  prince  fut  baptisé  à  Noël  :  et  ccrlaine- 
ment  son  témoignage  sur  ce  point  doit  l'emporler  sur 
celui  de  Fredegaire  et  de  flincmar  (5)  ;  d'autant  plus 
qu'il  s'accorde  avec  ce  qu'écrit  le  pape  Anastase  II 
au  roi  Clovis,  à  qui  il  dit  :  ÎVoms  vous  congratulons  de 
ce  que  vous  êtes  entré  dans  ta  religion  Chrétienne  en 
même  temps  que  nous  avons  pris  possession  du  Pontifi- 
cat. Or  il  est  certain  que  ce  Pape  ne  fut  intronisé  que 
peu  de  jours  avant  la  Nativité.  S.  Grégoire  de  Tours  (4) 
rapporte  un  fait,  lequel,  vrai  ou  faux,  prouve  que 
l'usage  de  baptiser  à  Noël  était  fort  commun ,  savoir, 
que  Marcellin,  évêque  d'Embrun,  avait  bâti  un  Baptis- 
tère ,  dont  le  bassin  se  remplissait  tous  les  ans  mira- 
culeusement à  la  fête  de  la  Nativité.  S.  Grègoire-le- 
Grand  écrivant  à  Euloge  Palriarihe  d'Alexandrie,  lui 
apprend  l'agréable  nouvelle  de  la  conversion  des  An- 
glais, et  lui  dit,  qu'Augustin,  l'Apôtre  de  celte  nation, 
en  avait  baptisé  plusieurs  milliers  à  la  fête  de  la  Nati- 
vité de  Notre  Seigneur.  Quelques  exemplaires  du  Con- 
cile do  Gironne  ajoutent  la  fêle  de  Noël  à  celles  de 
Pâques  et  de  la  Pentecôte  :  et  le  Sacramenlaire  du 
monastère  de  Gellone  qui  est  écrit  depuis  plus  de  900 
ans,  joint  à  Pâques  cl  à  la  Pentecôte  la  fêle  de  l'Epi- 
phanie, comme  un  jour  alTecté  à  la  célébration  du 
Baptême;  les  annales  de  Fulde  et  de  Metz  sur  l'an  847 
en  parlent  de  même.  Enfin  on  voit  la  même  chos . 
dans  ce  que  dit  le  roi  Contran  ,  suivant  Grégoire  df 
Tours  (5) ,  à  l'occasion  du  Baptême  de  Clotaire,  son 

(1)  Lib.  2  de  IIa;rcs. ,  hairos.  5. 

(2)  Conc.  Gerand.  amiof)l7;  Aniissiodor. ,  c.  18, 
anu.  578;  Mariscon.  Il,  ami.  585,  c.  5. 

(3)  Frcdegar.  Ilist.  c.  11;  Hincmar.  Epist.  ad 
episc.  Franc. ,  c.  1  i. 

(4)  Greg.  Turon.  Lib.  de  Gloria  confessorum, 
c.  69. 


1     (5)  Lib.  8,  c.  9. 


■Ji  HISTOIRE  DES  SACREMENTS 

neveu;  et  il  paraît  même  que  l'on  ciondait  dès-lors 


1^ 


;sans  conivadiclion  la  liberlé  que  Ton  se  donnait  là- 
Idessus ,  à  !.i  fêle  de  saint  Jcan-Baptislc.  Car  ce  roi 
étant  venu  à  Paris,  dit  en  i)résence  de  tout  le  monde: 
On  dit  (lue  ChUpcrk  ,  mon  frère,  a  laissé  un  (ils  m  mou- 
rant, dont  Ci'ux  qui  sont  charcjés  de  l'élever  ont  demandé 
à  la  prière  de  sa  mère  que  je  le  levasse  des  Fonts  Bap- 
tismaux à  la  fêle  de  Noél,  et  cependant  ils  ne  sont  point 
venus.  Ils  ni  ont  prié  ensuite  qu'il  fût  baptisé  èi  Pâques, 
et  on  n'a  pus  non  plus  apporté  l'enfant.  Enfin  en  troi- 
sième lieu,  ils  m'ont  supplié  que  cela  se  fit  ii  la  S.  Jean, 
et  il  n'est  point  encore  venu. 

I  Quoique  dans  la  suite  on  étendît  de  plus  en  plus  la 
liljorlé  ([uc  l'on  se  donnait,  loucliant  le  temps  de  la 
'célébration  du  liaplème  ;  il  faut  convenir  que  Ton  re- 
garda toujours  en  Occident  les  régies  que  le  Pape  Si- 
rice  et  S.  Léon  avaient  données  sur  cela,  comme  dos 
décrets  auxquels  il  n'était  pas  permis  de  donner  at- 
teinte ;  car  on  trouve  quelques  conciles  de  France  qui 
délendcnt  de  baptiser  la  veille  ou  le  jour  de  l'Epi- 
plianie,  comme  celui  d'Auxerre  de  l'an  578.  Et  dans 
le  renouvellement  de  la  discipline  ecclésiastique,  qui 
se  fit  sur  la  (in  du  builicme  siècle  et  au  commence- 
ment du  neuvième,  sous  le  règne  de  Cbarlemagne,  on 
rappela  ces  anciennes  règles,  et  on  en  recommanda 
fortement  l'exécution ,  comme  on  le  voit  par  les  ca- 
pitules d'Abiton,  évoque  de  Bàle  (1),  en  822,  et 
d'IIerard  (2) ,  arcbevèque  de  Tours ,  en  858.  On  ne 
s'imagina  jamais  que  le  pape  Innocent  I  (3),  dans  sa 
décretale  adressée  à  Yictrice  de  Rouen,  eût  rien  or- 
donné de  contraire  aux  décrets  des  autres  souverains 
Pontifes,  quoique  selon  quelques  auteurs,  il  ait  insi- 
nué que  le  Baplème  se  conférait  en  tout  temps,  lors- 
(pi'il  recommande  la  continence  aux  Clercs,  parce, 
dit- il ,  qu'il  ne  se  passe  point  de  jours  qu'ils  ne  vaquent 
à  l'oblation  du  S.  Sacrifice,  et  à  l'administration  du 
Baptême.  «  Nec  prwterit  dies,  quà  vel  li  Sacrificiis  dïvi- 
i  nis,  vel  à  Baptismatis  officia  vacent.  t  Par  où  ce  Pape 
a  voulu  dire  seulement,  que  ce  qui  doit  engager  les 
clercs  à  vivre  dans  un  entier  éloignement  des  fem- 
mes, est  rengagement  où  ils  sont  d'oflVir  ou  de  servir 
au  sacrifice  ,  et  d'administrer  tous  les  jours  le  Baptême 
quand  il  y  a  péril  de  mort,  soit  pour  les  calécbumè- 
nes  adultes,  soit  pour  les  enfants. 

Vers  la  fin  du  onzième  siècle,  et  dans  le  douzième, 
l'usage  s'établit  insensiblement  de  baptiser  les  enfants 
d'abord  après  leur  naissance;  de  peur,  dit  Rupert  (4), 
d'exposer  cette  nmltitude  infinie  d'enfants  qui  nais- 
sent de  parents  cbrétiens  au  danger  de  mourir  privés 
de  ce  Sacrement.  On  remarque  néanmoins  dans  le 
même  temps  que  saint  Otbon  de  Bamberg,  apôtre  de 
Poméranie,  exbortaitles  peuples  qu'il  avait  convertis, 
à  présenter  leurs  enfonts  au  Baptême  dans  le  temps 
convenable  ;  c'esl-à-dire,  au  Samedi-Saint  de  Pâques 


(1)  Spicilegii  tom.  G. 

(2)  Herard.  Capitula. 

(3)  Innocent.  1,  epist.  ad  Victric,  n.  12,  q.  2,  in 
povà  edit.  Decrelalium. 

(4)  De  divin.  Offic.  1.  4,  c.  18. 


et  de  la  Pentecôte  ;  c'est  ce  que  nous  lisons  dans  sa 
vie  (1).  Le  Concile  de  Reding  en  Angleterre  ordoima 
aussi  (pie  l'on  réserverait  au  Samedi-Saint  à  baptiser 
les  enfants  qui  seraient  nés  8  ou  10  jours  avant  Pâ- 
ques, à  moins  qu'ils  ne  périclitassent.  Et  le  Concile 
de  Londres  de  l'an  1257  se  crut  obligé  de  proscrir» 
l'opinion  extravagante  de  certaines  gens,  qui  s'étaient 
imaginé  qu'il  y  avait  du  danger  à  baptiser  les  enf;»nls 
le  Samedi  de  Pâques  et  de  la  Pentecôte.  C'est  dans 
les  îles  Britanniques  où  l'ancienne  coutume  semble 
avoir  été  le  plus  tôt  abolie;  car  dès  le  dixième  siècle 
elle  n'y  subsistait  plus,  comme  il  paraît  par  les  Ca- 
nons faits  sous  le  roi  Edgard,  en  963.  11  est  ordonne 
dans  le  quatorzième  à  tous  les  prêtres  d'administrer 
le  Baptême  à  tous  les  enfants  dans  l'espace  de  trente- 
sept  nuits  depuis  leur  naissance  ;  et  en  même  temps 
il  est  prescrit  aux  parents  de  ne  pas  tarder  à  les  pré- 
senler  à  l'évêque,  pour  recevoir  la  Confirmalion.  Dans 
les  règlements  faits  vers  ce  même  tenq)s  pour  les 
prêtres  de  Nortumberland ,  il  est  dit,  cli.  10,  que  les 
enfants  seraient  baptisés  avant  la  dixième  nuit  qui 
suit  le  jour  de  leur  naissance. 

En  Orient,  on  n'observait  pas  si  scrupuleusement  la 
coutume  de  ne  donner  le  Baptême  solennel  que  deux 

ijj  fois  l'iimiée.  Il  semble  même  que  de  tout  temps  c'eût 

j  été  l'usage  en  ce  pays-là  de  le  célébrer  à  la  fête  de 
rEpipbanie,  qui  dans  ces  églises,  pendant  les  trois 

II;  premiers  siècles  et  au-delà,  était  la  même  (pie  celle  de 
la  Nativité,  qui  était  séparée  de  l'autre  en  Occident  de 
temps  immémorial  ;  car  ce  ne  fut  que  dans  le  qua- 
trième siècle  que  l'on  fit  à  part  la  fête  de  Noël  en 
Orient,  S.  Chrysostôme  ayant  beaucoup  contribué  à 

»j  cet  établissement,  qui  n'eut  pas  si  tôt  lieu  en  Egypte, 
où  l'on  continua  encore  quelque  temps  à  réunir  ces 
deux  fêtes  que  l'on  solennisait  le  sixième  de  janvier. 
On  l'appelait  la  fête  des  lumières  à  cause  du  Baptême 
du  Sauveur  dont  on  rappelait  la  mémoire  en  ce  jour. 
S.  Grégoire  de  Nice  a  fait  un  discours  en  ce  jour 
adressé  à  ceux  qui  devaient  être  baptisés.  Jean 
Moscb  (2)  parle  du  baptistère  d'un  bourg  nommé  So- 
ruba  dorit  les  fonts  se  remplissaient  d'eux-mêmes  du- 
rant trois  beures  à  l'Epiphanie,  et  se  séchaient  ensuite 
après  qu'on  avait  baptisé  ceux  qui  se  présentaient. 
Enfin  l'Eucbologe  des  Grecs  assigne  ce  jour  comme 
un  de  ceux  qui  sont  affectés  au  Baptême  solennel. 

Il  faut  que  dès  les  premiers  siècles  la  liberlé  sur  le 
choix  des  jours  de  Baptême  ait  été  fort  grande  on 
Orient,  puisque,  si  l'on  en  croit  l'historien  Sozomène, 
après  'que  l'on  eut  fait  la  dédicace  de  la  belle  église 
que  l'empereur  Constantin  avait  fait  bàlir  à  Jérusa- 
lem, on  institua  une  fête  annuelle  pour  en  perpétuer 
la  mémoire,  et  que  l'on  y  donnait  même  les  sacrements 
du  Baptême.  Il  paraît  de  plus,  par  l'histoire  de  Victor 
de  Yile  (2),  que  c'était  aussi  la  coutume  en  Afrique  de 
conférer  le  Baptême  à  l'EiiipIianie. 

Après  avoir  parlé  des  temps  de  l'année  et  des  so- 

(1)  Apud  Sur.  2  julii. 

(2)  Prato  spirit.,  c.  21  i. 

(3)  De  Perscoulione  Wandalicà,  1.  2.  . 


7i  BAPTÊME.  —  ÎI'  PARTIE.  CIIAl 

lennités  destinées  à  la  colobralion  du  B;iplùmc,  disons 
présentement  un  mot  du  temps  précis  auquel  on  ad- 
ministrait ce  sacrement,  et  tâchons  de  désigner  l'heure 
à  hiqucUe  on  le  donnait. 

Ce  qui  a  été  dit  en  différents  endroits  de  cette  his- 
toire fait  assez  connaître  que  c'était  la  nuit  et  durant 
les  veilles  des  grandes  fêtes  que  cela  se  faisait;  et 
S.  Grégoire  de  Tours  le  confirme  (1.  5,  e.  H),  lors- 
que rapportant  le  Baptême  des  Juifs  convertis  par 
S.  Avit  de  Vienne  il  dit  :  La  sainte  nuit  de  la  Pente- 
côte, après  avoir  célébré  les  Vigiles,  il  se  rendit  au  bap- 
tistère, qui  était  hors  des  murs  de  la  ville,  et  là,  toute  la 
multitude  {des  Juifs)  s'étaitt  prosternée  devant  lui,  il 
pleura  de  joie,  et  les  ayant  lavés  dans  l'eau  et  oints  du 
saint  chrême,  il  les  fit  entrer  dans  le  sein  de  l'Église, 
toute  la  ville  fut  alors  illuminée  (I.  5,  c.  18),  etc.  Ce 
récit  fait  assez  connaître  que  le  Baptême  ne  fut  admi- 
nistré à  ces  Juifs  convertis  qu'assez  avant  dans  la  nuit, 
puisque  les  Vigiles  avaient  déjà  été  célébrées  :  Viyitiis  , 
cclebratis.  3Iais  je  ne  sais  si  l'on  ne  pourrait  pas  dire 
que  dans  cette  occasion  on  recula  le  temps  ordinaire  ; 
car  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  c'était  la  coutume  le 
plus  communément  reçue  d'administrer  le  sacrement 
au  commencement  des  Vigiles  ,  après  la  bénédiction 
des  fonts,  et  les  autres  cérémonies  dont  nous  avons 
parlé  dans  le  neuvième  chapitre  de  la  première  partie. 
Ce  qui  est  vrai,  c'est  que  S.  Jean  Chrysostôme,  dans 
sa  lettre  au  pape  Innocent,  parlant  du  tumulte  arrivé 
à  Constantinople,  lorsque  les  soldats,  excités  par  ceux 
de  la  faction  de  Théo{)hile,  envahirent  son  église,  il 
dit  qu'ils  s'y  jetèrent  sur  le  soir  du  grand  sabbat,  tt^ô,- 
£7~5c«v  j.oiTihv  T/iî  r,ij.ssxi  £7rtyivo//.£v^5-,  et  qu  en  ayant 
chassé  tout  s(fn  clergé,  les  femmes,  qui  s'étaient  déjà 
dépouillées  de  leurs  habits  pour  entrer  dans  le  bain 
sacré,  s'enfuirent  toutes  nues  saisies  de  crainte,  ce 
qui  fait  voir  que  le  Baptême  se  donnait  au  commence- 
ment de  la  nuit. 

Il  y  a  toute  apparence  que  cet  usage  était  le  plus 
généralement  observé,  parce  que  le  Baptême  et  la  Con- 
lirmalion  des  nouveaux  baptisés  devait  précéder  la  li- 
turgie, qui  était  fort  longue  les  veilles  des  grandes 
fêles,  et  pendant  laquelle  ils  devaient  participer  avec 
le  reste  des  chrétiens  aux  mystères  redoutables. 
'  La  pratique  de  baptiser  la  nuit  s'est  long-temps  con- 
servée dans  la  plupartdcs  Églises,  et  même  dans  quel- 
ques-unes jusque  sur  la  fin  du  onzième  siècle,  comme 
il  paraît  par  l'ordre  romain  dans  l'article  où  il  est 
traité  de  la  veille  de  Pâques,  et  par  Rupert  (1).  En 
cela  la  chose  répondait  parfaitement  à  la  figure,  puis- 
que ce  fut  pendant  la  nuit  que  les  enfants  d'Israël  pas- 
sèrent au  travers  de  la  mer  Rouge  pour  fuir  les  Egyp- 
tiens, qui,  les  ayant  poursuivis,  furent  engloutis  par 
le  retour  de  ses  eaux. 

Dans  la  suite,  l'heure  assignée  jiour  le  Baptême  en 
certains  endroits  fut  trois  heures  après  ^midi,  comme 
le  montrent  ces  paroles  d'Amalaire  (2)  :  Jl  faut  re- 
marquer que  l'heure  du  jour  auquel  la  sainte  Eglise  cé- 

(i)  Lib.  6  Divin.  Offic,  c.  n. 
(2)Deeccles.  Offic,  1.4,  c.  28. 

TU.    XX. 


II.  DES  BAPTISTERES.  ?; 

lèbre  le  Baptême  est  celle  en  laquelle  l'ange  apparut  à 
Corneille,  et  lui  apprit  que  ses  prierai  étaient  mo7ilée* 
jusqu'au  trône  de  Dieu. 

Nous  nous  sommes  un  peu  étendus  sur  toutes  ces 
particularités,  parce  que  les  cérémonies  de  l'Eglise, 
surtout  celles  qui  font  partie  de  la  célébration  et  de 
l'administration  des  sacrements,  sont  saintes,  parce 
qu'elles  sont  mystérieuses  et  remplies  de  piété,  et  que 
ce  sont  des  prédications  muettes  par  lesquelles  les 
apôtres  et  les  premiers  fondateurs  des  églises  nous 
parlent  encore  tous  les  jours,  nous  font  connaître  nos 
devoirs  et  nos  obligations,  et  nous  portent  à  les  ac- 
complir. Nous  devons  donc  observer  religieusement 
les  anciennçs  cérémonies  si  elles  subsistent  encore, 
et,  si  on  a  jugé  à  propos  de  les  change)',  nous  devons 
au  moins  respecter  les  traces  précieuses  qui  en  sont 
restées,  comme  il  est  arrivé  de  la  plupart,  dont  on 
voit  encore  les  restes  vénérables  dans  ce  qui  se  prati- 
que à  présent.  Si  l'Eglise  a  depuis  défendu  de  baptiser 
la  nuit,  c'est  que  l'usage  des  veilles  sacrées  s'est  aboli 
depuis  long-temps,  et  qu'il  y  aurait  à  présent  de  Tin- 
convénient  à  baptiser  en  ce  temps. 

CHAPITRE  H. 

Du  lieu  où  se  donnait  le  Baptême.  Des  baptistères,  de 
leur  forme,  des  églises  baptismales  et  de  leurs  préro- 
gatives. 

Il  ne  faut  pas  douter  qu'avant  que  les  chrétiens  eus- 
sent bâti  des  églises,  et  du  temps  des  persécutions, 
quand  on  ne  s'assemblait  que  rarement  et  avec  de 
grandes  précautions,  on  ne  conférât  le  Baptême  par- 
tout où  l'on  pouvait.  Depuis  même  que  la  paix  fut 
rendue  à  l'Eglise,  il  n'était  pas  rare  de  voir  bien  des 
gens  se  faire  baptiser  dans  le  Jourdain.  Constantin - 
le-Grand  souhaita  avec  ardeur  de  recevoir  le  Sacre- 
ment de  la  régénération  dans  ce  fleuve  dont  les  eaux 
avaient  été  consacrées  par  le  Sauveur,  comme  nous 
l'apprenons  d'Eusèbe  (1)  et  de  Théodorel  (2).  Dieu 
ayant  répandu  ses  bénédictions  sur  les  travaux  apos- 
toliques de  S.  Augustin  et  de  ses  compagnons  en  An- 
gleterre, ils  baptisèrent  des  milliers  d'Anglais  dans 
différents  fleuves,  n'y  ayant  point  encore  de  baptis- 
tères où  ils  pussent  célébrer,ce  sacrement,  comme  le 
témoigne  le  vénérable  Bède  dans  son  histoire  d'An- 
gleterre,  l.  2,  c.  16  et  19.  Enfin  nous  avons  des 
exemples  de  Baptême  administré  aux  catéchumènes 
confesseurs  dans  les  prisons  et  dans  les  maisons  par- 
ticulières aux  malades  (3). 

Mais,  généralement  parlant,  depuis  la  ^fin  des  per- 
sécutions des  païens,  le  Baptême  s'est  donné  publi- 
quement dans  les  baptistères  des  églises,  qui  étaient 
des  édifices  dont  la  forme  était  ronde,  et  qui  étaient 
séparés  du  corps  de  la  basilique  et  du  vestibule  qui  y 
était  joint,  et  placés  à  main  droite  de  l'entrée  du  vesti- 
bule à  quelque  dislance,  c'est-à-dire,  qu'ils  étaient, 


02. 


'3)  Vide  Act;»  SS.  Enuiuosi,  Eulugii,  etc.,  apud 
Kuinarl. 


(1)  Euseb.,  lil).  4  (le  Vilà  Constantini,  c. 

(2)  Theodoret.,  I.  1  llisl.eccl.,  c  ô2. 


75 

pour  l'ordinaire,  du  côté  méridional  de  l'église.  Nous 
disons  ordinairement,  parce  que  lion  avait  coutume 
de  tourner  le  fond  de  l'église  à  l'Orient,  autant  que  la 
situation  du  lieu  le  pcnncttaii;  mais  il  y  en  avait  plu- 
sieurs autrefois,  et  il  en  reste  encore  quelques-unes  qui 
sont  tournées  autrement,  soit  par  la  raison  que  nous 
venons  de  dire,  soit  parce  qu'on  avait  changé  en  égli- 
ses des  temples  d'idoles  ou  des  basiliques  qui  étaient 
différemment  consUuites,  en  sorte  qu'il  y  a  encore 
des  églises  dont  l'entrée  n'est  point  à  l'Occident, 
comme  celle  de  S.  Pierre  de  Rome  dont  les  autels  ne 
sont  point  tournés  à  l'Orient.  Socrate  (1)  témoigne 
aussi  que  l'autel  de  la  grande  église  d'Antioche  était 
tourné  à  l'Occident;  et  les  portes  de  la  magnifique 
église  du  S.  Sépulcre,  dont  Eusèbe  (2)  nous  a  donné  le 
plan,  étaient  à  l'Orient.  S.  Paulin,  sans  s'assujettir  à  la 
règle  ordinaire  de  placer  les  églises  vis-à-vis  de  l'O- 
rient, tourna  vers  la  basilique  de  S.  Félix  celle  qu'il 
bâtit  à  Noie. 

Ces  baptistères  étaient  si  grands  et  si  spacieux  dans 
les  grandes  villes,  que  Ton  pouvait  y  tenir  de  grandes 
assemblées.  Le  concile  que  tint  S.  Flavien,  dans  le- 
quel l'hérésie  d'Eutiche  lut  proscrite  pour  la  première 
fois,  fut  tenu  dans  le  baptistère  de  l'église  de  Gonslan- 
linople,  et  S.  Chrysostôme  y  tenait  ses  assemblées 
avec  quarante  évoques,  tandis  que  Théophile  et  ceux 
de  sa  faction  lui  faisaient  son  procès  dans  le  concile 
du  Chesne.  Le  P.  Mabillon  rapporte,  dans  son  voyage 
d'Italie,  qu'il  a  vu  en  plusieurs  villes  de  ces  baptis- 
tères ainsi  séparés  des  églises,  et  entre  autres  à  No- 
varre,  à  Rome,  à  Florence,  à  Pise,  à  Parme^  à  Pa- 
doue  et  en  d'autres  endroits.  On  voit  à  Tours  le 
baptistère  de  l'église  de  S.  Martin  qui  en  est  séparé 
et  qui  sert  de  chapitre  aux  chanoines.  Monsieur  du 
Gange,  dans  son  Glossaire,  nous  représente  le  baptis- 
tère de  Florence  en  ces  termes  :  A  Florence,  à  côté 
de  la  grande  église,  on  voit  une  église  bâtie  en  rond 
et  dédiée  à  S.  Jean-Baptiste,  on  l'appelle  le  Baptis- 
tère ;  elle  est  toute  de  marbre  et  a  des  portes  d'airain 
très-bien  travaillées.  On  voit,  au  milieu  de  cette  église, 
un  bossin  de  marbre  très-beau  dans  lequel  on  baptise 
tout  ie  monde  à  Florence.  Jean  Diacre,  dans  la  des- 
cription qu'il  nous  a  donnée  de  l'église  de  Latran  (3), 
remarque  aussi  que  les  fonls  baptismaux  sont  de  figure 
ronde,  et  placés  au  milieu  du  baptistère  entre  des  co- 
lonnes de  porphyre.  La  slriiclure  de  ce  baptistère  est 
aussi  en  rond,  selon  le  même  auteur.  11  y  avait  ordi- 
nairement, dans  ces  sacrés  fonts,  des  marches  qui, 
suivant  plusieurs  auteurs  (4),  étaient  au  nombre  de 
sept,  ce  qui  doit  s'entendre  de  plusieurs  endroits  et 
non  universellement. 

De  ces  marches  trois  servaient  pour  descendre  sur 
la  quatrième,  de  dessus  laquelle  on  plongeait  les  ca- 
téchumènes et  d'oii  on  remontait  par  les  trois  autres  ; 


(1)  Lib.  5  Hist.,  c.  22. 

(2)  Lib.  3  Vitai  Constantini,  c.  37. 
(3J  Joan.  Diacon.,  de  Ecclesiâ  Lateran.,  1. 12,. 
(4)  Theodulph.  Aurelianensis,  l.  2  de  Ban.,  c.  13; 

Hugo  Fia  vin.,  in  Chron.  Verdun. 


RISTOIRE  DES  SACREMENTS.  IB 

ou  bien  plutôt  cela  était  ainsi  disposé  afin  que  les  deux 
personnes,  je  veux  dire  le  prêtre  et  le  parrain  qui 
tenaient  celui  que  l'on  plongeait  dans  le  bain  sacré,  pus- 
sent remonter  chacun  à  part  et  sans  embarras,  comme 
ils  descendaient  l'un  et  Taulre  sur  la  quatrième  mar- 
che. C'est  ainsi,  ce  me  semble,  que  Ton  doit  entendre 
ce  que  dit  S.  Isidore  (1)  des  degrés  que  l'on  pratiquait 
dans  les  fonts  baptismaux.  Voici  ie  passage  dans  le- 
quel il  explique  allégoriquemcnt  ces  degrés  :  Foni 
autem  omnium  gtoriarum  origo  esl,  cujiis  septew.  gradui 
simt,  1res  iti  descensu...  très  in  ascensu...  ;  seplimus  verh 
is  est  qui  et  quartus,  stabilimenlum  pedum,  etc. 

Comme  autrefois  on  ne  donnait  le  Baptême  que» 
deux  ou  trois  fois  l'année,  comme  nous  Tavoiis  vu 
dans  le  chapitre  précédent,  et  il  se  trouvait  souvent 
plusieurs  milliers  de  personnes  à  baptiser  à  la  ibis, 
principalement  dans  les  grandes  villes ,  il  y  avait  aussi 
quelquefois  plusieurs  fonts  baptismaux  dans  le  même 
baptistère  ;  c'est  ce  que  l'on  voit  encore  aujourd'hui 
dans  celui  de  Pise,  comme  le  P.  Mabillon  nous  l'ap- 
prend dans  la  Relation  de  son  voyage  d'Italie.  Anas- 
tase-le-Biblioihécaire  parle  souvent  des  riches  orne- 
ments dont  les  papes  enrichissaient  les  baptistères; 
et  M.  de  Fleury,  dans  son  Histoire  ecclésiastique,  rap- 
porte ce  que  cet  auteur  en  a  dit,  ce  qu'il  fait  ordinaire- 
ment après  avoir  parlé  de  la  mort  des  papes  qui  ont 
fait  ces  présents  ;  on  peut  le  consulter  là-dessus.  Pour 
nous,  nous  nous  contenterons  de  dire  ici  qu'on  y  éle- 
vait des  autels  pour  y  célébrer  le  saint  sacrifice  et 
communier  ensuite  les  néophytes ,  qui ,  après  avoir 
reçu  le  sacrement  de  Confirmation,  assistaient  et  par- 
ticipaient aux  saints  mystères.  Le  pape  Ililaire  érigea, 
dans  le  baptistère  de  la  Basilique  dcCoifisianlin,  trois 
oratoires  ou  autels,  suivant  Anastase,  dont  le  premier 
était  dédié  à  S.  Jean-Baptiste,  ie  second  à  S.  Jean  l'É- 
vangéliste,  le  troisième  à  la  sainte  Croix.  Le  pape 
Symniaque,  selon  le  même  auteur,  fit  fiaire  sur  la 
fontaine  sacrée,  dans  la  basilique  de  S.  Pierre,  un 
oratoire  d'argent  dédié  à  la  sainte  Croix,  une  confes- 
sion et  une  croix  d'or.  On  voit  encore  aujourd'hui, 
comme  le  P.  Mabillon  l'a  remarqué,  un  autel  adhé- 
rant au  baptistère  de  Pise,  et  au-dessus  de  cet  auiel 
un  globe  concave,  dans  lequel,  vraisendjlablement,  on 
gardait  l'Eucharistie  pour  l'usage  de  ceux  qui  venaient 
d'être  baptisés. 

Telle  était  la  forme  et  la  situation  ordinaire  des 
baptistères  dans  les  anciens  temps.  On  a  depuis  con- 
verti en  églises  ou  paroisses  ces  baptistères,  qui  ordi- 
nairement étaient  placés  auprès  des  églises  cathé- 
drales ;  c'est  pourquoi  nous  voyons  en  plusieurs  villes 
épiscopales  des  églises  de.S.  Jean  qui  sont  toutes  voi- 
sines des  cathédrales;  telles, sont  celles  de  S.  Jean  le 
Rond  à  Paris  dont  la  dénomination  fait  encore  con- 
naître l'origine,  de  S.  Jean  du  Cloître  à  Toul,  et  de 
S.  Jean  simplement  dit  à  Verdun  en  Lorraino,  qui 
touclient  presque  aux  principales  églises.  Il  aura  élu 
facile  de  changer  en  églises  ces  baptistères  anciens^ 


(1)  Isidor.,  1. 2  de  divin.  Oflic,  c.  24. 


fin-  BAPTÊME, 

d'autant  plus  qu'on  les  dédiait  et  consacrait  quelque- 
fois, cl  que  Ton  taisait  tous  les  ans  la  tète  de  celle 
consécration,  qui  était  même  réservée  à  l'évèquc, 
comme  il  paraît  par  quelques  inonumenls  anciens  (1). 
On  voit  copcndant  quelques-uns  des  anciens  baplis- 
lires  placés  dans  rcnceinle  des  églises,  vers  la  porte 
d'entrée,  à  main  gauche.  Le  même  P.  Mabillou  dit  en 
avoir  vu  un  à  Verccilie  situé  de  celle  manière.  On 
voit,  dit-il,  à  gauche,  en  entrant  dans  Téglisc,  un 
vieux  bapiislèrc  de  marbre  (pu  a  un  siège  de  chaque 
côté.  Dans  les  temps  postérieurs,  je  veux  dire  depuis 
les  sixième  et  septième  siècles,  on  ne  plaça  guère  au- 
trement les  baptistères.  On  en  voit  un  d'airain  Irès- 
bien  travaillé  dans  l'église  de  S.  Marc  à  Venise,  il  est 
dans  une  chapelle  près  la  por.te  qui  conduit  au  palais 
du  doge,  conligu  à  celte  égliss.  Je  ne  sais  point  que 
cela  se  soit  fait  autrement  depuis,  sinon  à  Bàde  en 
Suisse,  où  le  baptistère,  comme  le  P.  Mabillon  dit  l'a- 
voir vu  dans  son  voyage  d'Allemagne,  n'est  point 
placé  à  la  porte  de  l'église,  mais  au  haut  de  la  nef  du 
côté  du  Septentrion,  y  ayant  au-dessus  une  figure  de 
colombe  suspendue. 

Les  fonts  sacrés  étaient  communément  de  pierre, 
de  marbre  ou  de  porphyre  ;  on  en  voit  un  très-beau 
et  fort  ample  de  porpiiyrc  dans  la  cathédrale  de  Metz, 
dans  lequel  on  pourrait  plonger  un  enfant,  et  qui  ne 
sert  plus  guères  aujourd'hui  que  pour  le  baptême  de 
quelques  Juifs  qui  se  convertissent  de  temps  en  temps. 
La  forme  ^de  ce  bassin  esl  ovale,  mais,  pour  l'ordi- 
naire, elle  élait  ronde,  comme  on  le  voit  encore  dans 
ceux  des  anciens  qui  restent  en  Italie.  Grégoire  de 
Tours  (2)  lidt  mention  d'un  de  ces  font5  qui  était  d'un 
marbre  jaspé  et  fait  en  forme  de  croix. 

S.  Edmond  de  Cantorbéry,  dans  ses  Constitutions, 
et  le  concile  de  Wigorgne,  ordonnent  que  les  fonts 
sacrés  soient  de  pierre  ;  mais  en  même  temps  ce  saint 
dit  que  l'on  pourra  baptiser  les  enfants  qui  périclitent 
dans  un  vaisseau  de  bois  chez  leurs  parents,  à  condi- 
tion qu'on  aura  soin  de  jeter  aussitôt  au  feu  les  vais- 
seaux dans  lesquels  on  aura  ainsi  administré  le  sa- 
crement. 

Dans  les  premiers  siècles,  comme  l'adminislralion 
.  du  Baptême  était  une  fonction  réservée  aux  évoques , 
1  il  n'y  avait  pour  tout  le  diocèse  qu'un  seul  baptistère 
j,| dans  l'endroit  on  ceux-ci  flusaient  leur  résidence,  et 
'[  il  était  attaché  à  l'église  principale  ,  où  élait  le  siège 
;  épiscopal.  Il  reste  encore  à  présent  des  vestiges  très- 
marqués  de  celle  ancienne  discipline  tant  en  Italie 
qu'en  France  en  certaines  villes  ;    c'est  ce  que  l'on 
voit  à  Florence ,  à  Pise,  à  Parme,  à  Padoue,  où  on 
ne  baptise  les  enfants  que  dans  le  baptistère  de  l'é- 
glise cathédrale.  La  même  chose  s'observe  au  Puy  en 
Yelai,  et  à  Quimper  en  Bretagne.  Le  même  usage  avait 
lieu  aussi  à  Reims,  il  y  a  environ  400  ans;  comme 
nous  l'apprenons  de  l'ancien  Ordinaire ,  ou  rituel  de 


II*  PARTIE.  CIIAP.  IL  DES  BAPTISTÈRES.  78 

celle  église,  qui  porte  dans  l'endroit  où  il  parle  des  rits 
du  Samcdi-Saini,  que  la  bénédiction  des  fonts  étant 
achevée ,  l'évèque,  s'il  est  prêt  pour  cela  ,  baptisera 
un  de  ceux  qui  doivent  être  initiés  au  sacrement  de 
Baptême ,  et  que  les  prêtres  des  paroisses  baptiseront 
les  autres  ,  qui  seront  ensuite  confirmés  par  l'évèque. 

Il  faut  excepter  de  cette  règle  la  ville  de  Rome, 
dans  laquelle,  à  cause  de  la  multitude  prodigieuse  de 
peuple  qui  se  trouvait  dans  celle  capitale  de  l'empire, 
cl  du  grand  nombre  de  ceux  qui  embrassaient  la  re- 
ligion chrétienne;  il  y  a  eu  dès  les  premiers  siècles, 
plusieurs  baptistères  d.ins  les  principales  églises  ; 
comme  à  S.  Jean  de  La  Iran  ,  à  S.  Pierre ,  à  S.  Paul , 
à  S.  Laurent  m  Daxnaso  ,  à  sainte  Agnès ,  à  S.  Pan- 
crace, et  en  quelques  autres. 

Dans  la  suite ,  quand  les  peuples  de  la  campagne 
furent  devenus  chrétiens ,  on  érigea  aussi  des  baptis- 
tères hors  les  villes  épiscopales  ;  mais  il  n'y  en  avait 
pas  partout  où  il  y  avait  ce  que  nous  appelons  aujour- 
d'hui,  cure  ou  paroisse;  et  dans  les  petites  villes 
même  qui  n'avaient  point  d'évêques  ,  et  où  il  y  avait 
plusieurs  curés ,  le  Baptême  ne  se  donnait  que  dans 
le  baptistère  d'une  seule  église  principale.  Ces  bap- 
tistères ne  pouvaient  être  établis  que  par  l'autorité 
des  évêques ,  sur  le  territoire  desquels  ces  églises 
étaient  situées  ;  c'est  ce  qui  est  expressément  ordonné 
par  le  concile  de  Vernon  (c.  7)  sous  le  roi  Pépin ,  en 
ces  termes  :  lit  puhlicnm  haptisterium  ;.:  .iv.U.ï  ecclesiâ 
esse  debeat ,  nisi  episcopus  conslituerl'.  c:  :  rivochia 
est.  On  appelait  ces  églises  où  il  y  avait  d  .  ;ùs  bap- 
tismaux, Tiluli  baptismales,  et  elles  se  nommaient  Bap- 
tismales ,  pour  les  distinguer  de  celles  qui  n'avaient 
point  les  fonts  sacrés. 

Elles  n'étaient  point  en  grand  nombre ,  soit  à  la 
campagne ,  soit  dans  les  villes  et  les  bourgades,  comme 
il  paraît  par  le  canon  -48,  du  concile  de  Meaux,  cl  par 
Burchard  (4),  qui  dit  en  propres  termes,  qu'il  ne  doit 
point  y  avoir  plusieurs  églises  baptismales  dans  le 
même  canton  ,  mais  une  seule  avec  les  chapelles  qui 
y  sont  soumises.  Plures  baptismales  ecclesiœ  in  unà  ter- 
minatione  cssenonpossunl,  sed  una  tanlummodb  cnin  siib- 
ditis  capelUs.  C'était  le  nom  que  l'on  donnait  aux  égli- 
ses qui  n'avaient  point  de  fouis  baptismaux ,  on  les 
appelait  chapelles  ou  oratoires;  et  il  n'était  point 
permis  d'y  construire  de  baptistère ,  ni  d'y  établir  un 
prêtre,  cardinal,  ou  titulaire.  S.  Grégoire-le-Grand  {t^ 
nous  l'apprend  dans  sa  lettre  à  l'évèque  d'Arimini  , 
où,  parlant  d'un  oratoire  qu'une  dame  nonnnéeTin)o- 
thée  avait  fait  bâlir  dans  cette  ville ,  il  lui  dit  :  Vous 
le  consacrerez  solennellement  sans  messes  publi(iucs,  en 
sorte  qn'à  l'avenir  on  iiy  construise  point  de  bapiislèrc  > 
et  que  vous  n'y  établissiez  point  un  prêtre  cardinal.  Le 
même  pape  (5)  avait  ordonné  la  même  chose  pour  un 
oratoire  bâti  à  Naples. 

Le  pape  Zacharie  suivit  la  même  disposition  sur  c« 


(4)  Voyez  le  Gallia  Chrisliana,  nov.  edit.,  t.  I,  et 
le  Trésor  des  Anecdotes  du  P.  Marlène,  t.  3,  p.  157G; 
Sidoine  Apollinaire,  l.  4,  ep.  L'i. 

(2)  Lib.  i  de  Gloria  mari.,  c.  23. 


(1)  Lib.3,  c.  22,  ex  concilio  quodam  Aquisgra^ 
nensi. 

(2)  Lib.  2,  Indiclionc  10,  ep.  9. 

(3)  Lib.  8,  Indictionc,  ep.  3. 


71 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


80' 


iijet ,  dans  ses  réponses  aux  capitiilos  du  roi  Pépin.  [Il     Les  moines  ont  eu  aussi  des  baptistères  dans  leurs 


A  présent  encore  dans  la  vilie  de  FJonlcnux,  qui  est  une 
des  plus  considérables  de  France,  dans  laquelle  il  y  a 
plusieurs  cures  ou  paroisses,  il  n'y  a  que  trois  églises 
baptismales  ;  savoir,  la  cathédrale  dédiée  à  S.  André, 
celle  de  Sainte-Croix  de  l'ordre  de  S.  Benoît,  et  celle 
de  S.  Sevcrin. 

Les  peuples  qui  s'assemblaient  ordinairement  dans 
ces  oratoires  ou  cbapelles,  devaient  venir  trois  fois 
l'année  dans  ces  églises  matrices,  comme  il  est  or- 
donné dans  plusieurs  conciles,  et  celte  sainte  insti- 
lulion,  dit  M.  Baluzes  (1),  a  duré  long-temps  dans 
l'église,  et  s'y  est  conservée  jusqu'au  onzième  siècle. 
11  ajoute  (ju'il  a  en  main  des  lettres  de  Pibon,  évéque 
de  Toul,  données  en  l'an  1079,  qui  confirment  cette 
discipline.  Cet  évêque  y  dit  que  l'église  de  Mung 
était  anciennement  une  chapelle  dépendante  d'une 
autre  qu'il  appelle  de  Blano  :  que  les  habitants  de  Mung 
avaient  coutume  de  se  rendre  aux  fêtes  de  Pâques,  de 
Pentecôte  et  de  Noël  à  leur  église  matrice,  et  d'y 
offrir  les  oblati»ns  au  prêtre  de  celte  église.  Il  les 
dispense  de  cette  sujétion,  et  leur  accorde  par  cette 
charte  un  baptistère,  cl  la  libre  sépulture.  Ou  voit  ici 
un  exemple  de  ce  que  pouvaient  les  évêques  en  ces 
soiles  de  matières.  Pibon  use  de  son  droit,  en  éri- 
geant en  église  baptismale  une  chapelle  ou  oratoire 
qui  relevait  anciennement  d'une  autre  qui  lui  tenait 
lieu  d'église  matrice,  dans  laquelle  seule,  ceux  qui 
s'assemblaient  à  cet  oratoire  pour  entendre  l'office 
divin,  devaient  porter  leurs  enfants  pour  être  bap- 
tisés. 

Les  églises  baptismales  tenaient ,  comme  vous 
voyez,  un  rang  distingué  entre  les  autres,  et  c'est 
pourquoi  l'empereur  Charlemagne  (  2  )  fit  une  loi, 
par  laquelle  il  était  ordonné  que  les  dîmes  des  vil- 
lages dans  lesquels  on  établirait  de  nouvelles  églises, 
apparliendraient  aux  anciennes  dans  le  territoire 
desquelles  elles  seraient  construites.  La  même  chose 
fut  ordonnée  par  Léon  lY  (3),  et  Gratien  en  conclut 
que  les  dîmes  ne  sont  dues  qu'aux  églises  baptisma- 
les ;  ot  Barthélémy  de  Bresse ,  qu'il  faut  toujours 
payer  les  dîmes  aux  églises  baptismales,  et  non  aux 
chapelles. 

L'auteur  qui  a  fait  la  description  de  la  province 
de  Galle  (4),  dit  que  les  Bretons  payaient  les  deux 
tiers  des  dîmes  aux  églises  baptismales,  et  l'autre  à 
l'évêque  diocésain.  C'est  sans  doute  en  vertu  de  ce 
droit  attaché  aux  églises  baptismales  que  les 
moines  perçoivent  les  dîmes  des  églises  qu'ils  ne 
desservent  pas,  et  qui  n'étaient  anciennement  que  des 
chapelles  dépendantes  de  l'église  principale  qui  était 
la  leur ,  et  ils  ont  conservé  dans  quelques  endroits 
la  plupart,  ou  au  moins  une  partie,  des  prérogatives  de 
ces  églises  matrices,  et  ces  prérogatives  portent  aujour- 
cl'hui  le  nom  de  droits  de  curés  primitifs. 

(1)  In  notis  ad  capitularia,  tom.  2,  p.  1064. 

(2)  In  capitul.  1  anni  815,  c.  19. 
h)  ApudGrat.  1691,  c.  45. 

(4)  Giraldus  in  Descript.  Cambriœ,  c.  18. 


églises  par  concessions  ou  privilèges,  que  la  sainteté 
de  leur  vie  leur  avait  acquis.  C'était  en  vertu  de  ces 
privilèges  que  les  monastères  de  saint  Pacôme  avaient 
ce  droit,  nous  l'avons  vu  par  le  beau  passage  de  la 
lettre  de  S.  Théodore,  que  nous  avons  allégué  dans  la 
première  partie  de  cette  histoire  du  Baptême  ;  et  l'au- 
teur de  la  vie  de  S.  Pacôme  (1),  qui  lui  était  contem- 
porain, nous  assure  que  dans  les  monastères  de  l'or- 
dre de  Tabenno,  on  y  donnait  le  sacrement  de  la 
régénération  aux  catéchumènes,  après  les  avoir  in- 
struits et  préparés  avec  grand  soin  à  cette  grande 
action.  Il  est  certain  aussi,  par  le  témoignage  d'Egi- 
nard  (2),  que  l'on  donnait  le  Baptême  dans  l'église 
de  S.  Alban  de  .Mayence.  Vous  avez  vu  la  même 
chose  du  monastère  de  Sainte-Croix  de  Bordeaux. 

Enfin  c'est  un  fait  constant  que  c'était  autrefois 
la  coutume  de  faire  baptiser  le  Samedi-Saint  les  en- 
fants des  nobles  du  voisinage  de  l'abbaye  de  la  Chaise- 
Dieu,  dans  le  baptistère  de  cette  église.  Bertrand,  qui 
a  écrit  l'histoire  des  miracles  de  S.  Robert  (3),  fon- 
dateur de  cette  maison,  était  témoin  oculaire  de  cet 
usage. 

Pour  revenir  aux  églises  baptismales  et  à  leurs  pré- 
rogatives, nous  trouvons  qu'on  les  appelait  autrefois 
Plèbes,  à  cause  de  l'alfluence  du  peuple  qui  s'y  ren- 
dait pour  s'y  acquitter  des  devoirs  du  christianisme. 
De  là  vient  sans  doute  le  nom  de  Plebani,  que  les 
curés  portent  encore  aujourd'hui  dans  certains  pays. 
On  les  nommait  aussi  Oracles,  oracula,  comme  ou 
le  voit  dans  les  capitules  de  Pépin  (4)  roi  d'Italie,  et 
ailleurs.  L'empereur  Charlemagne  ayant  égard  à  la 
dignité  de  ces  églises,  fit  une  loi,  par  laquelle  il  défen- 
dait de  les  donner  en  bénéfice  à  des  personnes  laïques 
cette  loi, quiselitdanslescapitulaires  de  l'an  793,  ne 
fut  point  mise  si  généralement  en  exécution,  qu'il  n'y 
restât  encore  des  abus  sur  ce  sujet;  puisque,  comme 
il  paraît  dans  un  cartulaire  du  prieuré  de  Parède,  l'é- 
glise de  saint  Bénigne  qui  avait  un  cimetière,  un  bap- 
tistère et  le  droit  de  sépulture,  fut  long-temps  possé- 
dée par  des  laïques  par  droit  de  bénéfice ,  dont  ils  se 
défirentdu  temps  du  prieur  Hugues. 

Une  autre  marque  de  distinction  de  ces  églises  au- 
dessus  des  autres,  était  que  celles-ci  étant  desservies 
par  un  seul  prêtre,  on  voulait  que  dans  les  premières, 
il  y  eût  un  diacre  outre  le  prêtre  ;  c'est  ce  qui  est 
prescrit  dans  des  anciens  capitules  tirés  de  quelques 
manuscrits  du  Vatican  et  du  Mont-Cassin ,  que  le  père 
Sirmond  a  fait  imprimer.  M.  Baluze  en  cite  ces  pa- 
roles dans  ses  notes  sur  les  capiiulaires  :  Ut  nulla 
ecclesia ,  cujuslibet  diœcesis,  ubi  baptismum  sil ,  presbij- 
ter  absque  diacono  reperialur. 

Nous  ajouterons  à  ce  que  nous  avons  dit  dans  ce 
chapitre  touchant  les  baptistères,  que  le  concile  d'Au- 

(1)  Apud  BoUand.  14  maii. 
f2)  In  Annalibus,  ad  aitiunn  826. 
(5)  In  libro  Tripartilo,  dist.  1,  n.  25. 
(4)  CodicelegisLongobard.  16.  In  praîcept.  Carolo 
III  iinp.  pro  Ecclesia  PergaHiensi,  apud  R.  P.  Cœlc- 
i  stinum  Capuciimm,  Ilist.  p.  599. 


ir  PARTIE.  CIIÂP.  m.  MATlERi:  ET  FORME  DE  CE  SACREMENT.  8Ï 

Terlullien  (1)  qui  touchait  aux  temps  apostoliques. 


81  BAPTÊME 

xerre  défend  d'y  enterrer  personne,  tant  la  vénération 
pour  ce  saint  lieu  était  grande  autrefois  ;  c'était  ce 
respect  qui  engageait  les  évoques  à  y  mettre  les  reli- 
ques des  sainis,  comme  on  le  voit  dans  plusieurs  en- 
droits de  l'histoire  de  S.  Grégoire  do  Tours  (1)  :  ce 
qu'il  fit  lui-même  en  mettant  dans  le  baptistère  qu'il 
avait  fait  construire ,  des  reliques  de  S.  Jean  et  de 
S.  Serge  niarlyr.  Enfin  on  voit  dans  les  décrets  du 
dix-huitième  concile  de  Tolède  (can.  13)  une  chose 
assez  particulière  touchant  les  baptistères;  savoir, 
que  quoiqu'au  commencement  du  carême  on  fermât 
les  baptistères,  la  coutume  était  en  Espagne  que 
l'évèquc  outre  cela ,  mît  le  scellé  sur  la  porte  de  sa 
propre  main,  en  y  apposant  son  sceau. 

CHAPITRE  III. 

De  la  manière  cTadministrcr  le  Baptême ,  ou  de  la  ma- 
tière et  de  la  forme  de  ce  sacrement.  Que  la  triple 
immersion  est  d'institution  apostolique;  jnsqiCà  quand 
elle  a  été  pratiquée.  Du  Baptême  par  infusion  ,  de  sa 
validité. 

Notre-Scigneur  a  prescrit  en  peu  de  mots  à  ses  dis- 
ciples la  manière  dont  le  sacrement  de  Baptême  doit 
être  conféré,  lorsqu'il  leur  a  dit  (2i  :  Allez,  enseignez 
toutes  les  naiions ,  les  baptisant  au  nom  du  Père,  et 
du  Fils,  et  du  Saint-Esprit.  Dans  ce  peu  de  paroles  il  a 
réuni  la  matière  et  la  forme  de  ce  grand  sacrement 
par  lequel  nous  devenons  chrétiens  :  le  terme  bapti- 
zantes  signifie  qu'il  faut  plonger  dans  l'eau,  comme  on 
y  plonge  les  étoffes  que  l'on  veut  teindre,  et  marquant 
en  même  temps  par  ce  qui  suit,  la  formule  de  parole 
qui  doit  accompagner  cette  action.  Terlullien  qui 
rend  ordinairement  le  terme  baptisare  qui  est  grec , 
By-TiTi'Çetv,  par  celui  de  lingere ,  l'a  pris  dans  sa  vérita- 
ble signification.  Aussi  depuis  les  Apôtres  jusqu'au 
quatorzième  siècle  et  au-delà,  on  a  donné  le  Baptême, 
en  y  plongeant  dans  l'eau  ceux  à  qui  on  l'administrait, 
comme  nous  le  verrons  bientôt. 

Nous  avons  une  preuve  authentique  de  ce  que  nous 
disons  ici,  aussi  bien  que  des  trois  immersions  qui  se 
faisaient  au  nom  des  trois  personnes  divines  ,  dans  le 
cinquantième  canon  des  apôtres,  qui  dépose  du  sacer- 
doce un  évcque  ,  ou  un  prêtre  qui  omet  dans  le  Bap- 
tême les  trois  immersions,  et  qui  n'en  fait  qu'une  en 
la  mort  du  Seigneur ,  d  Tt,-  j-tTzîTrs;  n  TrpîîSJrspî;  iJ.n 

ôiV.  ^Sa-TtT'/y.Ty.  //ïc;  /j.-jY,7î'j)i  ItlIts/Éî-/;,  «//à  i-j  ^Kartî/zK.. 

Kv-OvAptiOci.  M.Daillé  (5)  a  prétendu  prouver  que  ce  ca- 
non ne  devait  point  être  attribué  aux  Apôtres,  ni  à 
leurs  premiers  disciples;  à  cause  de  ce  nombre  ter- 
naire qu'il  exige  dans  les  immersions  du  Baplême, 
s'imaginant  (pie  ceux  qui  l'ont  prescrit  se  sont  en  cela 
éloignés  de  la  gravité  et  de  l'autorité  apostolique  ;  mais 
il  s'est  grossièrement  trompé  lui-même  en  cola  :  et  de 
tous  les  canons  attribués  aux  Apôtres,  celui-ci  est  un  de 
ceux  qui  viennent  plus  probablement  de  leur  tradition. 

(!)  Lib.  de  Vit.  Palrum,  c.  7,  et  lib.  10  Ilisl.  Franc, 
cap.  31. 

(•2)  Mallh.c.  28,  v.  19. 

(5)  De  Pseudcp.,1. 13,  c.  19. 


n'entendait  point  autremeat  les  paroles  du  Sauveur  que 
nous  avons  citées,  et  croyait  qu'elles  renfermaient  le 
précepte  de  plonger  trois  fois  dans  l'eau  ceux  qui  vou- 
laient f;ùrc  profession  du  Christianisme.  Christus.... 
dit-il ,  et  novissimè  mandans ,  ut  tinguerent  in  Patrem , 
et  Filium ,  et  Spiritum  sanctum,  non  in  unum.  Nam  nec 
semel ,  sed  ter ,  ad  singula  nomina  in  singulas  personas 
tinguimur. 

De  plus  TertuUien  (2)  prend  occasion  de  cette  prati- 
que, et  s'en  sert  comme  d'une  preuve  sans  réplique  , 
pour  faire  voir  qu'il  y  a  dans  l'Eglise  des  traditions  quL 
ne  sont  point  dans  les  Ecritures  divines,  et  qui  nous 
ont  été  transmises  de  vive  voix,  mettant  de  ce  nombre 
le  rit  dont  il  est  question.  Examinons  donc  ,  dit-il ,  si 
la  tradition  non  écrite  doit  être  reçue.  Certes  tious  le  nie- 
rons ,  si  nous  n'avons  point  d'exemples  d'autres  obser- 
vances, qui  soient  autorisées  sans  être  écrites,  sous  le 
seul  titre  da  la  tradition ,  et  l'appui  de  la  coutume.  Et 
pour  commencer  par  le  Baptême ,  avant  d'entrer  dans 
l'eau  nous  renonçons  au  diable ,  à  ses  pompes  ,  et  à  ses 
anges,  sous  la  main  de  l'évêque  ;  et  ensuite  on  nouz 
plonge  trois  fois  ,  etc.  ;  c  deliinc  ter  mergilamur.  >  i 

Saint  Basile  dans  son  livre  du  Saint-Esprit  (  c.  27  ) 
parle  dans  le  même  sens  que  TertuUien,  cl  met  comme 
lui  la  triple  immersion  au  nombre  des  rits  qui  nous» 
ont  été  transmis  par  le  canal  de  la  tradition  aposto- 
lique. Il  enseigne  d'abord,  que  des  dogmes  et  des  usa- 
ges qui  de  son  temps  étaient  prêches  et  observés  dans 
l'Eglise,  les  uns  venaient  de  la  doctrine  des  Apôtres 
qui  avait  été  écrite  :  et  les  autres  nous  avaient  été 
transmis  par  les"  mêmes  Apôtres  sans  le  secours  de 
l'écriture.  Il  prétend  ensnile  que  les  uns  et  les  autres 
ont  la  même  vertu  pour  porter  à  la  piété,  et  qu'au- 
cune personne  tant  soit  peu  instruite  n'ose  y  contre-  ; 
dire.  Après  s'être  ainsi  expliqué,  il  vient  à  ces  choses 
qui  ont  passé  des  Apôtres  jusqu'à  nous,  sans  avoir  été 
écrites  dans  les  livres  sainis,  et  met  de  ce  nombre  les  ' 
trois  immersions.  Tô  ùk  rpi?  ficA.iz-vi^s.zQ'x.t.-zh-)  â^Opuizoj -tzà'  : 
0=;,  etc.£/.:rote;£JTtvpKp»î,-.Jepourraisconfirmercetusa-  ' 
ge  par  une  infinité  de  témoignages  de  Pères  et  de  con- 
ciles, mais  ce  serait  un  ouvrage  superflu  ,  ce  jioint  de 
discipline  n'étant  point  contesté,  et  n'y  ayant  là-des- 
sus aucune  variation  ;  sinon  en  Espagne  où  le  pape 
S.  Grégoire  (3). permit,  pour  certaines  raisons,  de 
n'employer  qu'une  inmi  ersion  dans  le  Baptême.  La 
principale  était  de  s'éloigner  en  cela  des  héréliciuos, 
qui  prétendaient  autoriser  leurs  erreurs  sur  la  Trinité 
par  celle  triple  immersion,  de  laquelle  ils  inféraient 
et  tâchaient  de  persuader  aux  autres,  qu'il  y  avait  trois 
substances  dans  la  Trinité.  Le  quatrième  concile  de 
Tolède,  appuyé  sur  rautorité  de  ce  grand  pape,  or- 
]  donna  depuis  qu'on  ne  fit  qu'une  seule  immersion  dans 
I  le  Baptême.  Mais  ce  changement  de  discipline  ne  pa?«^ 
I  pas  l'Espagne ,  et  dans  le  huitième  siècle  Alcuin  (i) 

(1)  Avers.  Prax.,  c.  2G. 

(2)  Idem  de  Coron,  militis,  c.  3. 

(3)  Lil).  1 ,  opist.  ii. 
(ij  Epist.  81  adPaulinum. 


à3 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


Si 


le  reprocha   aux  Espagnols  dans  des  termes  très-  |j  fit  avec  tant  de  décence  et  de  modestie  qu'on  ne  voit 


durs,  le  regardant  comme  un  atlentat  punissable. 
AYalalrid  Strabon  (1)  n'en  parlait  guères  mieux.  Ce 
furent  sans  doute  de  semblables  invectives  qui  enga- 
gèrent le  concile  de  Vormes  de  l'an  8G8,  à  déclarer 
innocente  celle  pratique  (2)  ;  sans  cependant  l'auto- 
riser dans  les  pays  où  elle  n'était  pas  encore«reçuc. 

La  triple  immersion  continua  donc  d'avoir  lieu  dans 
toutes  les  Églises  jusqu'au  quatorzième  siècle.  J'ai  lu , 
dit  le  P.  Martène  (5) ,  bien  des  pontificaux  et  des  ri- 
tuels manuscrits ,  tant  anciens  (juc  modernes,  et  dans 
tous,  excepté  un  seul  qui  était  à  TusMge  de  l'église  de 
sainte  Madeleine  de  Beaulicu;  dont  le  caractère  est 
à  peine  de  trois  cents  ans,  j'ai  trouvé  que  l'immersion 
était  prescrite.  Le  premier  monument  où  cet  auteur, 
si  versé  dans  L(  connaissance  des  anciens  rils  de  l'E- 
glise, sur  lesquels  il  a  fait  lanl  de  recherches,  ait 
trouvé  du  changement  à  cet  égard ,  est  un  concile  de 
Uavcnne  de  l'an  1511,  qui  laisse  aux  choix  du  minis- 
tre du  Baptènie  ,  de  donner  ce  sacrement  par  immer- 
sion, ou  par  infusion.  Cependant  celte  liberté  que  le 
concile  dont  nous  parlons  laissait  sur  ce  point ,  ne 
causa  pas  un  changement  bien  sensible;  puisque, 
comme  dit  M.  Baillet  (4) ,  l'usage  des  trois  immer- 
sions... subsista  dans  l'Eglise  jusqu'au  quinzième  siè- 
cle; cc:;:me  noiis  le  persuade,  dii-il,  le  témoignage 
de  GcriO;;.  Ilajoute,  quelques  lignes  après,  qu'on  a  vu 
des  docleu::;  soutenir  encore  (nonobstant  ce  que  S. 
Grégoire  avait  iicrmis  aux  Ebpagnols)  dans  le  quator- 
zième siècle  ,  qu'il  n'y  avait  que  la  nécessité  ,  ou  un 
usage  généralement  reçu  dans  le  pays ,  qui  pût  excu- 
ser de  ne  point  faire  les  trois  immersions.  11  fallait, 
quand ,  dans  la  suite  on  a  substitué  l'infusion  à  l'im- 
niersion ,  que  l'on  répandit  l'eau  sur  ceux  que  l'on 
baptisait  avec  abondaiice,  puisque  les  statuts  syno- 
daux de  Verdun  du  commencenient  du  seizième  siècle 
la  nomment  immersion  ;  immcrsio  de  aquù.  Ils  pres- 
crivent aussi  qu'elle  se  fera  par  trois  fois ,  selon  l'an- 
cienne coutume.  FA  fuit  Irina  uquœ  immersio  de  aquâ 
benediclâ  fonlium  super  iiifantcm  sicut  est  fieri  consue- 
tum  ab  anllquo. 

M.  Baillet  prétend  que  ce  qui  contribua  à  faire  enfin 
abolir  entièrement  l'nsage  de  l'immersion,  fut  en  par- 
tie l'embarras  nécessaire  que  causaient  les  précautions 
qu'il  fallait  prendre  dans  le  baptême  des  femmes,  pour 
que  la  pudeur  n'en  souffrit  rien.  Mais  cette  raison 
paraît  bien  faible  et  hors  de  saison,  elle  aurait  eu  lieu 
tout  au  plus  dans  les  cinq  ou  six  premiers  siècles,  où 
l'on  baptisait  quclquerois  en  \\n  seul  jour  et  dans  le 
même  endroit  plusieurs  milliers  de  femmes  adultes. 
Mais  dans  les  quatorzième  et  quinzième  siècles,  où  dans 
les  plus  grandes  villes  on  n'en  baptisait  quelquefois 
pas  une  en  dix  ans,  il  était  aisé  de  se  précautioimcr 
là-dessus  sans  beaucoup  de  gène. 

On  avait  soin  dans  les  premiers  siècles  que  cela  se 

(1)  Lib.  de  Rébus  ceci  ,  c.  29 
h.\  Conc.  Worm.,  can.  5. 

(3)  De  anl,  Eccl.  Discipl.  .cl,  arl.  \^. 

(4)  Des  fèlcs  mobiles;  du  Samedi-Saint,  art.  G. 


point  de  plainte  surcetarticle,  quoique  hommes  et  fem- 
mes descendissent  nus  dans  les  fonts  sacrés.  Chaque 
catéchumène  se  dépouillait  lui-même ,  et  descendait 
dans  les  fonts  soutenu  de  son  parrain  avec  le  secours 
d'un  diacre  ou  d'un  autre  clerc  pour  la  forme.  Alors 
le  prêtre  lui  faisait  la  triple  immersion  ;  s'il  y  avait 
deux  cuves  ou  deux  fontaines ,  on  baptisait  à  part  les 
femmes  et  les  fillcfj  qui  étaient  soutenues  par  leurs 
marraines  ,  mais  déshabillées  par  les  diaconisses  ,  ou 
d'autres  personnes  de  piété  :  de  telle  manière  néan- 
moins qu'elles  avaient  toujours  le  corps  couvert ,  soit 
de  l'eau  pendant  l'action  ,  soit  de  quelque  couverture 
à  l'entrée  et  au  sortir  de  l'eau.  S'il  n'y  avait  qu'une 
cuve,  on  attendait  que  le  dernier  des  garçons  fût  sorti, 
pour  baptiser  l'autre  sexe.  On  lit  avec  édification  ce 
que  rapporte  l'auteur  de  la  vie  de  S.  Otbon  de  Bara- 
berg  (I)  touchant  les  précautions  qu'il  prenait  pour 
mettre  à  l'abri  de  tout  soupçon  la  pudeur,  tant  des  mi- 
nistres du  Baptême,  que  de  ceux  qui  le  recevaient  en 
foule  dans  les  missions  qu'il  fit  vers  la  partie  septen- 
trionale d'Allemagne. 

Les  Grecs  et  les  Jacobitcs  ont  conservé  jusqu'à  pré- 
sent la  triple  immersion  :  ceux-ci ,  suivant  le  témoi- 
gnage de  Yansleb  dans  son  histoire  de  l'Eglise  d'A- 
lexandrie (2) ,  la  font  en  forme  de  croix.  C'est  aussi  ce 
qui  se  pratiquait  en  Occident  en  plusieurs  endroits,  de- 
puis que  l'on  ne  baptisait  plus  guère  que  des  enfants. 
Cette  cérémonie  est  prescrite  dans  l'ancien  pontifical 
manuscrit  de  Salzbourg  ,  dans  lequel  il  est  dit,  que  le 
IMètre  doit  tourner  d'abord  la  tète  de  l'enfant  qn'ilbaplise 
vers  l'Orient,  tandis  que  ses  pieds  sont  étendus  vers 
l'Occident  :  en  second  lieu  vers  le  Midi  :  et  enfin  vers 
le  Nord.  Encore  aujourd'hui  le  Rituel  de  l'Eglise  de 
xMilan  ,  celle  de  tout  l'Occident  qui  s'est  le  plus  atta- 
chée à  conserver  les  anciens  rits  ,  ordonne  que  l'on 
plonge  trois  fois  dans  les  sacrés  fonts  la  tête  de  l'en- 
fant que  l'on  baptise. 

Vous  avez  vu  jusqu'à  présent  la  manière  ordinaire 
de  baptiser  dans  l'Église,  mais  il  y  avait  certaines  con- 
jonctures dans  lesquelles  il  était  dillicile,  pour  ne  pas 
dire  impossible,  de  la  mettre  en  usage  ;  comment,  par 
exemple,  plonger  tout  entier  dans  l'eau  un  homme  ma- 
lade prêt  à  expirer?  ou  bien,  comment  un  marlyrren- 
fermé  dans  une  prison  étroite  aurait-il  pu  trouvcrassez 
d'e;iu,  pour  y  plonger  ses  gardes,  ou  son  geôlier  qui  se 
convertissait,  soit  à  la  vue  de  ses  miracles,  soit  en  Con- 
sidérant sa  patience  et  son  courage?  on  pourrait  propo- 
ser plusieurs  circonstances  équivalentes  à  celles-ci.  Mais 
je  ne  voudrais  pas  mettre  de  ce  nombre,  connue  font 
quelqiuîs  uns  ,  l'embarras  prétendu  où  se  trouva  S. 
Pierre  "le  jour  delà  Pentecôte,  quand  ayant  converti 
par  sa  première  prédication  trois  mille  personnes  il 
fut  question  de  les  baptiser,  connue  l'Ecriture  (3)  sem- 
ble marquer  qu'ils  le  furent  effectivement  en  ce  jour, 


(1)  Apud  Sur.  2  juUi. 

(2)  Part.  2,  c.  21. 


(3)Acl.2,  v.  4!. 


BAPTÊME.  --  II*  PARTIE.  CIIAP.  III.  MATIÈRE  ET  FORME  DE  CE  SACREMENT. 


f{5 

lorsqu'elle  dit,  que  ce  jour-là  environ  trois  mille  pe^ 
sonnes  furent  agrégées  à  l'Eglise.  Et  appositœ  siail 
in  die  illàanimœ  circiter  tria  mitUa:  car  je  ne  vois  pas 
que  la  chose  fût  fort  difficile.  L'eau  ne  manquait  pas 
à  Jérusalem,  tous  les  Apôtres  y  étaient  alors,  et  pou- 
vaient se  faire  aider  par  les  autres  fidèles  qui  avaient 
reçu  le  Saint-Esprit  avec  eux  dans  le  cénacle,  et  ainsi  ils 
pou^'aient  fort  bien  baptiser  ce  jour-là  ces  trois  mille 
personnes  en  les  plongeant  dans  l'eau;  puisqu'à  Con- 
sianlinople,  dans  le  temps  qu'on  enleva  S.  Chrysoslôrae, 
les  prêtres  de  son  église  avaient  baptisé  trois  mille 
hommes  la  veille  de  Pâques,  sans  compter  les  person- 
nes de  l'autre  sexe,  que  les  satellites  de  Théophile 
mirent  en  fuite,  et  obligèrent  de  se  sauver  du  baptis- 
tère lorsqu'elles  étaient  sur  le  point  de  descendre 
dans  les  fonts  sacrés,  plusieurs  étant  déjà  déshabillées 
pour  cela. 

Mais  pour  en  revenir  aux  conjonctures  dont  nous 
avons  parlé,  nous  avons  des  exemples  dans  l'antiqui- 
té ,  de  personnes  malades  que  l'on  baptisait  sans  les 
plonger  dans  l'eau  comme  les  autres,  mais  par  infu- 
sion, en  leur  versant  de  l'eau  sur  la  tète  ou  sur  le 
corps;  et  entre  autres  celui  de  Novatien ,  qui  voulut 
depuis  usurper  le  Siège  de  S.  Pierre  ;  lequel  étant 
lorabé  malade  fut  baptisé  dans  son  lit.  Et  quoique 
depuis,  le  pape  S.  Corneille  ait  proposé  contre  lui 
plusieurs  reproches,  on  ne  voit  point  que  l'on  ait  ja- 
mais révoqué  en  doute  la  validité  du  Baptême  qu'il 
avait  reçu,  et  qu'on  le  lui  ait  donné  de  nouveau,  ce 
qu'il  aurait  fallu  faire  si  on  eût  douté  qu'il  fût  valida. 
Il  est  vT3ii  que  ceux  qui  avaient  été  baptisés  de  cette 
sorte  étaient  regardés  comme  irréguliers,  ou  incapa- 
bles d'être  élevés  aux  ordres  sacrés  et  aux  dignités 
ecclésiastiques ,  comme  on  le  voit  par  le  concile  Ro- 
main sous  Corneille,  et  par  celui  de  Néocésarée  (1)  : 
mais  ce  dernier  déclare  expressément  valide,  ce  Bap- 
tême que  l'on  appelait  Baptême  des  Clinicjues,  terme 
qui  vient  du  mot  grec  z/îv/7  qui  signifie  un  lit.  Eu  sorte 
que  Baptême  des  cliniques  veut  dire,  le  Baptême  reçu 
par  des  personnes  gisantes  au  lit.  Le  concile  d'Au- 
xerre  de  l'an  ol8('-2),celuide  Màcon  de  l'an  58S,  le 
quatrième  de  Paris  de  l'an  829,  conGrment  la  décision 
que  celui  de  Néocésarée  avait  faite  dans  son  douzième 
canon  sur  ce  sujet. 

Il  est  vrai  que  si  on  prend  trop  à  la  lettre  ce  que  le 
pape  S.  Corneille  écrit  à  Fabius  (3)  évêque  d'Antio- 
che  louchant  le  Baptême  de  Novatien ,  il  semblera 
douter  de  sa  validité  :  mais  en  considérant  de  plus 
près  les  reproches  qu'il  lui  fait,  il  sera  aisé  de  recon- 
naître qu'ils  ne  tombent  pas  sur  cet  article.  Voici 
les  paroles  qui  peuvent  faire  de  la  peine  :  Lorsqu'on 
le  croijait  près  de  uwurir,  et  qu'il  était  couché  dans  son 
Ht,  il  a  reçu  le  Baptême  par  itifusion,  si  cependant  on 
doit  dire  qu'il  a  reçu  le  Baptême  en  cet  état,  sïys  -/f?,  ).i- 
ystv  TÔvi  TstouTovsD.ïîçjîvKt,  subaudi  Baptismum  :  ces  pa- 
roles semblent  marquer  un  doute  touchant  la  validité 

(1)  De  l'an  314. 

(2)  Can.  18;  Matiscon.  conc.  II,  can.  2,  cap.  7. 

(3)  Apud  Euseb.  1.  3  llist.  ceci.,  c.  45. 


»8 

I  du  sacrement  que  Novatien  avait  reçu,  mais  outre 
que  ce  doute  est  levé  par  le  fait,  personne,  n'ayant 
proposé  débaptiser  de  nouveau  celui  qui  l'avait  été  de 
1  cette  manière,  on  voit  par  la  suite  du  discours,  que  ce 
n'est  qu'une  façon  de  parler  de  ce  S.  Pape,  qui  se 
j  plaint  seulement  de  ce  qu'ayant  reçu  un  Bapièn.^  si 
imparfait,  il  avait  été  élevé  au  sacerdoce  malgré  ki 
réclamation  du  peuple  et  du  clergé,  contre  les  règles 
de  l'Eglise ,  qui  en  excluaient  les  cliniques,  non  à 
cause  de  l'invalidité  de  leur  Baptême,  mais  parce  que, 
!  comme  dit  le  concile  de  Néocésarée  (can.  125),  c'é- 
tait la  nécessité  qui  les  avait  contraints  de  le  recevoir, 
quia  non  ex  proposito  fidei  illorum,  sed  ex  necessitale 
descendit.  D'ailleurs  Novatien  n'avait  point  reçu,  mcuie 
étant  revenu  en  santé,  ce  qui,  suivant  la  règle  de  l'E- 
glise, devait  être  administré  aux  néophytes,  savoir, 
l'onction  du  chrême,  ce  qui  rendait  son  Baptême  Lien 
imparfait,  et  le  privait  du  don  'du  Sahit-Esprit  qui 
est  communiqué  par  l'évêque,  en  vertu  du  sacrement 
de  Confirmation.  Enfin  il  n'avait  pas  été  préparé  par 
les  exercices  ordinaires,  et  par  les  saintes  cérémonies 
qu'on  avait  coutume  d'employer  pour  disposer  au 
Baptême  :  ce  qui  fait  que  ce  Pape  parle  de  son  Ba- 
ptême avec  une  espèce  de  mépris,  qui  tombe,  non  sur 
le  sacrement  en  lui-même  ,  mais  sur  la  personne  qui 
l'avait  reçu,  et  qui,  suivant  toute  apparence,  n'en  avait 
point  reçu  l'efiet  par  le  défaut  de  toutes  ces  choses 
dont  nous  venons  de  parler. 

Un  évêque  nommé  Magnus  proposa  vers  ce  temps- 
là  à  S.  Cyprien  (1)  cette  question  :  Si  ceux  qui  n'a- 
vaient point  été  lavés  de  l'eau  salutaire  du  Baptême , 
mais  seulement  arrosés,  devaient  être  censés  Chrétient 
légitimes,  t  An  ncmpe  tiabendi  sint  legitimi  Clirisliani 
i  qui  aquâ  salutari  non  sunt  loti ,  sed  perfusi.  t  A  quoi 
le  S.  docteur  répond  (2)  avec  beaucoup  de  modestie , 
que  suivant  son  sentiment  on  doit  les  tenir  pour  Chré- 
tiens légitimes;  il  avoue  que  son  sentiment  est,  qu'ils 
reçoivent  une  moindre  grâce  que  les  autres,  et  qu'ils 
leur  sont  inférieurs,  mais  il  trouve  mauvais  qu'on  leur 
donne  le  nom  odieux  de  cliniques.  Enfin  il  ne  prétend 
point  que  son  sentiment  porte  préjudice  à  celui  des 
autres  évêques  qui  peuvent,  s'ils  doutent  de  la  vali- 
dité de  ce  Baptême,  donner  ce  sacrement  à  ceux  qui 
l'ont  reçu  de  cette  manière  ,  devant  rendre  compte  à 
Dieu  de  la  conduite  qu'ils  tiendront  dans  cette  occa- 
sion. C'est  ainsi  que  S.  Cyprien  parlait  dans  un  temps 
où  celle  question  n'avait  pas  encore  élé  éclaircie,  et 
l'Église  a  suivi  depuis  son  sentiment  sur  ce  point, 
quant  à  la  validité  du  Baptême  donné  par  infusion. 

Si  dans  la  suite  nous  lisons  que  l'on  ait  rejeté  le 
Baptême  donné  par  infusion  ou  par  une  seule  immer- 
sion, comme  le  premier  concile  de  Consianlinople 
(can.  7)  a  fait  de  celui  des  Eunomiens,  et  le  pape  Pelage 
celui  des  Bonosicns,  connne  on  le  voit  par  son  éciil  à 
Gaudencc,  c'est  «lue  les  uns  et  les  autres  avaient  cor- 
ronipu  la  forme  ordinaire  du  Baptême.  Théodorel  (3) 

(1)  Apiiil  Cyjir.,  cpist.  76,  p.  153. 

(2)  Ibid.,  p.  lî>i  et  scq. 

(3)  Lib.  4  lia-rot.  Fab-,  in  p.  3. 


87  IllSiUlllI':  DES 

el  S.  Kpliipliaii."  (I)  le  icmoigiioni  tics  premiers,  elle 
pape  Pelage  11  (-2),  des  anlros  dont  il  dit,  qu'ils  bap- 
tisaient seiileiiient  on  la  mort  de  Jésus-Clirist  :  Bapli- 
tabant  enim  solummodù  in  mortcm  Cliristi  vnà  imtiicr- 
éone.  Nous  ne  nions  pas  néanmoins  (ju'ils  ne  condam- 
nent aussi  ces  hcréliciucs  ,  à  cause  de  la  singularité 
qu'ils  alTectaient  dans  la  manière  de  donner  le  Bap- 
tême par  une  seule  immersion,  mais  ce  n'est  point 
pour  cela  qu'ils  le  déclarent  nul  ;  puisque  quelquefois 
on  ne  pouvait  le  conférer  autrement  que  par  la  seule 
infusion,  comme  nous  avons  vu  ,  et  qu'on  ne  laissait 
pas  de  tenir  pour  (^hrélicns  ceux  qui  avaient  été  ainsi 
baptisés.  Le  P.  Mabillon,  dans  son  voyage  dllalie  ,  a 
fait  graver  la  ligure  d'un  tombeau  qu'il  avait  vu  près 
de  Naples,  dans  lequel  sont  représentés  deux  hommes 
nus  dans  une  espèce  de  cuve  dont  les  bords  ne  leur 
viennent  que  jusqu'à  la  ceinture,  et  l'on  y  voit  on  même 
temps  un  laïque  qui  leur  donne  le  Baptême,  suivant 
toute  apparence  ,  par  infusion  ,  n'y  ayant  pas  assez 
d'eau  pour  qu'ils  pussent  y  être  plongés,  quand  même 
on  supposerait  que  ces  demi-tonneaux  en  auraient  été 
remplis.  L'on  peut  conjecturer  que  ce  bassin  dans  le- 
quel ils  sont  représentés  n'était  que  pour  recevoir 
l'eau  sacrée  qu'on  leur  versait  sur  la  lèle.  Les  actes 
de  S.  Bacchus  le  jeune,  qui  ont  été  donnés  au  public 
par  le  P.  Combefis,  nous  mettent  sous  les  yeux  le 
prévôt  de  la  Laure  de  S.  Sabas  tenant  en  sa  main 
VUrne  vivifumle  sur  sa  tête,  et  le  baptisant  ainsi  au 
nom  de  la  Trinité.  Nous  pourrions  encore  alléguer 
plusieurs  autres  exemples  de  Baptême  donné  par  in- 
fusion, dans  le  temps  que  la  triple  immersion  était  en 
usage.  Mais  nous  nous  contenterons  de  ce  qui  est  rap- 
porté dans  les  actes  de  S.  Ludger  ,  par  lesquels  on 
voit  clairement  que  dans  les  cas  (Je  nécessité  on  ne 
feignait  point  d'employer  l'infusion  pour  le  Baptême. 
Il  y  est  dit  que  les  serviteurs  de  Dieu  ayant  été  chas- 
sés de  la  Frise,  ce  Saint  ordonna  à  Bérulène,  qui  n'é- 
tait que  laïque  ,  d'aller  partout  dans  les  maisons  ,  et 
de  persuader  aux  femmes  de  baptiser  leurs  enfants 
malades  en  les  plongeant,  ou  en  leur  versant  seule- 
ment sur  le  corps  de  l'eau  qui  avait  été  bénie  ,  en  in- 
voquant la  sainte  Trinité.  Inlinclos  aut  superfiisos  cum 
invocalione  sanclœ  Trinilalis. 

Tout  cela  montre  que  les  Grecs  sont  dans  l'erreur 
s'ils  croient ,  comme  l'écrit  M.  Ricaut  (5),  que  la  tri- 
ple immersion  est  aussi  essentielle  au  Baptême  que 
l'eau  elle-même  ;  sentiment  qu'il  attribue  aussi  aux 
Arméniens. 

/  CHAPITRE  lY. 

De  la  bénédiction  des  fonts ,  avec  quelles  cérémonies 
elle  se  faisait  dans  les  premiers  siècles,  solennités  qiCon 
y  a  depuis  ajoutées. 

On  consacrait  l'eau  destinée  au  Baptême  par  la  bé- 
nédiction et  l'invocation  du  nom  de  Dieu  ;  c'est  un  des 

(1)  Epiph.,  hœres.  76. 

(2)  Décret.  Ivon.,  p.  24,  col.  2. 

(3)  Etal  présentdc  l'Eglise  grecque,  p.  1G9  et  425.  | 


SACREMENTS.  U 

rils  que  S.  Basile  (1)  prétend  nous  être  venu  des  Apô- 
tres par  le  canal  de  la  tradition.  Effectivement,  nous 
voyons  que  cette  coulumc  était  déjà  si  bien  établie  du 
temps  de  S.  Cypiien  (2),  (ju'il  en  tire  un  argument  en 
faveur  de  son  opinion  touchant  l'invalidité  du  Baptême 
des  hérétiques.  Il  faut  donc,  dit-il ,  que  les  eaux  soient 
auparavant  purifiées  cl  sanctifiées  par  le  prêtre;  afin 
quelles  puissent,  par  leur  ablution  ,  laver  les  péchés  de 
celui  qui  est  baptisé...  Mais  comment  celui-là  peut-il 
purifier  et  sanctifier  l'eau,  qui  est  lui-même  immonde,  et 
qui  n'a  point  le  Saint-Esprit  ?  <  Oportel  ercjo  munduri 
i  et  sanctificari  priîts  aquam  à  sacerdote,  ut  possit  pcc~ 

<  cata  liominis  qui  baplizalur  baptismo  suo  abluere 

(  Quomodb  aulem  mundarc  et  sanctificare  aquam  polesty 
i  qui  ipse  immundus  est?...  i 

Les  constitutions  apostoliques  (5)  prescrivent  la  nia- 
uièrc  de  f;\ire  cette  bénédiction,  et  contiennent  la  prière 
avec  la(iuclle  elle  se  fait.  S.  Ambroise  (-4),  S.  Grégoire 
do  Nysse  (5),  S.  Basile  (G),  S.  Augustin  (7),  parlent  de 
telle  sorte  de  ses  effets  et  de  la  nécessité  de  l'employer, 
qu'ils  semblent  ne  reconnaître  dans  les  causes  du  Bap- 
tême aucune  vertu  pour  nettoyer  les  âmes  de  la  tache 
du  péché,  sans  celte  bénédiction.  Saint  Augustin,  en- 
tre autres,  dit,  lorsiju'il  en  parle  dans  le  sernwn  553, 
n.  3  :  <  Sed  quia  Baptismus,  id  est,  salutis  aqua,  non  est 
I  salutis  nisi  Christi  nomine  consecrata ,  qui  pro  nobis 
«  sanquinem  stium  fudit,  cruce  ipsius  aqua  sujnalur.  Mais 
i  parce  que  le  Baptême,  c'est-à-dire,  l'eau  du  salut, 
t  n'est  point  eau  du  salut ,  si  elle  n'est  consacrée  par 
i  le  nom  de  Jésus-Christ  qui  a  versé  son  sang  pour 
c  nous,  on  y  fait  le  signe  de  la  croix.  >  S.  Cyrille  de 
Jérusalem  (8)  relève  la  force  de  celle  bénédiction  ea 
des  termes  si  magnifiques  ,  que  Ton  est  porté  à  croire 
qu'il  parle  en  cet  endroit  que  nous  allons  citer,  des 
paroles  sacramentelles  du  Baptême,  plutôt  que  de 
celles  avec  lesquelles  se  faisait  la  bénédiction  de  l'eau 
des  fonts  où  l'on  devait  plonger  les  catéchumènes. 
De  même,  dit-il ,  que  ce  qu'on  offre  sur  les  autels  pro- 
fanes, quoique  simple  de  sa  nature  ,  devient  souillé  par 
l'invocation  des  démons  :  ainsi,  dans  un  sens  contraire, 
l'eau ,  qui  d'elle-même  est  un  élément  simple,  recevant 
l'invocation  de  l'Esprit  saint,  de  Jésus-Christ  et  du  Père, 
acquiert  la  vertu  de  sanctifier.  Ces  paroles,  dis-je,  sem- 
blent regarder  plutôt  la  forme  du  Baptême,  que  celle 
de  la  bénédiction  de  l'eau  avec  laquelle  il  est  adminis- 
tré. Néanmoins,  comme  le  remarque  judicieusement 
le  dernier  éditeur  des  œuvres  de  ce  saint ,  elles  doi- 
vent s'entendre  dans  ce  dcrnivr  sens.  Car,  première- 
ment, l'opposition  qu'il  met  ici  entre  l'invocation  des 
démons,  qui  souille  les  viandes  qui  leur  sont  offert  os, 
et  celles  de  la  Tiinilé  qui  sanctifie  l'eau,  fait  voir  que 
cette  cérémonie  a  été  établie  pour  cela  ,  au  lieu  que 

(1)  De  Spiritu  sancto,  c.  27. 

(2)  Epist.  70  ad  Oxon. 
(5)  Lib.  7 ,  c.  /i5. 

(4)  Lib.  dcMyst.,c.  5,  n.  14  et  20. 

(5)  Orat.  de  Bapt.  Christi,  p.  5G9. 

(6)  De  Spiritu  sancto,  c.  15. 

(7)  Lib.  G  de  Bapt.,  c.  25,  n.  /iG  et  47. 

(8)  Catcch.  3,  n.  5. 


39  BAPTÈMK.  -  II'  PAUÏIE.  CIlAl' 

l'invocation  de  la  Trinité  dans  la  forme  dn  naplciue , 
se  rapporte  pliilôi'à  la  personne  que  Ton  baptise,  qu'à 
Teau  dont  clic  est  bapliscc.  De  plus  S.  Cyrille  parle 
presque  en  niênics  tenues  de  l'invocalion  du  nom  de 
Dieu,  par  laquelle  l'huile  exorcisée,  et  le  saint  (  lirèiuc 
sont  saneliliés  ;  cependant  il  n'y  a  pas  lieu  de  douter 
qu'en  cette  occasion  il  ne  parle  de  la  bénédiction  de 
la  matière  en  elle-même,  il  en  est  donc  de  môme  ici. 
D'ailleurs,  comme  nous  avons  dit  ei-dcssus,  les  Pères 
attribuent  généralement  à  celte  bénédiction  une  très- 
grande  vertu,  en  sorte  qu'ils  semblent  ne  reconnaître 
point  dans  les  eaux  la  vertu  de  sanctifier  sans  cela. 

Ces  expressions  des  saints  ne  doivent  pas  être  pri- 
ses trop  à  la  lettre;  elles  marquent  seulement  que 
la  bénédiction  des  eaux  produit  de  très-grands  effets , 
et  préparent  ceux  qui  y  sont  plongés  à  recevoir  l'effet 
principal  qui  est  opéré  par  le  Baptême.  Car  de  même 
que,  quand   les  médecins  habiles  entreprennent  de 
guérir  quelques-uns  d'une  grande  maladie,  ils  se  servent 
de  plusieurs  remèdes  préparatoires  qui  disposent  les 
voies  à  celui  qui  est  le  principal,  et  qui  doit  emporter  le 
mal  ;  de  même  aussi  celle  bénédiction  des  eaux  du 
Baptême,  et  toutes  les  autres  dont  nous  avons  parlé 
dans  la  première  partie,  ont  chacune  leurs  effets  par- 
ticuliers ,   et  opèrent  très-réellement  ce  à  quoi  elles 
sont  destinées  ;  quoique  l'entière  et  parfaite  guérison 
soit  réservée  au  Baptême.  S.  Cyrille  altribue  à  l'eau 
ainsi  consacrée  par  la  bénédiction  ,  la  vertu  de  puri- 
fier le  corps  et  de  le  sanctifier,  en  le  rendant  partici- 
pant de  la  grâce,  comme  l'âme  est  régénérée  et  sanc- 
tifiée par  le  Saint-Esprit  et  parla  foi.  Car,   comme 
l'homme,  dit-il,  est  composé  d'àme  et  de  corps  ,  H  est 
aussi  doublement  purifié.  Ce  qui  est  en  lui  d'incorporel, 
l'est  par  quelque  chose  d'incorporel ,  et  ce  qui  est  maté- 
riel, l'est  par  quelque  chose  de  matériel.  L'esprit  consa- 
cre l'àme  ,  cy:v.-/l^ii,  afin  qu'ayant  le  cœur  purifié  par 
l'esprit ,  et  le  corps  lavé  par  une  eau  pure,  nous  appro- 
chions de  Dieu.  Lors  donc  que  vous  êtes  prêts  à  descen- 
dre dans  l'eau,  ne  la  regardez  pas  simplement  en  elle- 
même,  mais  attendez  le  salut  par  l'opération  de  l'Esprit- 
Saint  ;  car  il  est  impossible,  si  l'un  ou  l'autre  manque , 
de  parvenir  à  la  perfection.  Il  prouve  ce  qu'il  vient  de 
dire  parles  paroles  de  Jésus-Christ,  et  par  l'exemple 
de  Corneille,  qui,  quoique  sanctifié  dans  l'àme  par  les 
dons  du  Saint-Esprit,  avait  encore  besoin  de  l'êlre 
dans  le  corps;  «  a(in,  ajoutet-il,  que  l'àme  étant  ré- 
I  générée  par  la  foi,  le  corps  eût  aussi  part  à  la  grâce 

<  par  l'eau.  >  Iva  tô;  ■/«ux'iî  <^«^  ~Ôi  ^iîttîcoî  à.iu.-/vj'irfiiL^r,i, 
fj.na.'j.y.Srj  /.'jX  rà  nStax,  ôtà  -roO  ùoy.zoi  tÂ,  yi-pnoi.  CeltC 

manière  de  penser  de  S.  Cyrille  ,  touchant  le  double 
effet  du  Baptême  sur  l'àme  et  sur  le  corps,  qui  s'opère 
par  l'Esprit  et  l'eau  sanclifiée,  n'est  point  particulière 
à  ce  docteur  de  l'Église.  S.  Grégoire  de  Nazianze  (1), 
et  celui  de  Nyssc  (2) ,  aussi  bien  que  S.  Cyrille  d'A- 
lexandrie (5),  enseignent  la  même  chose. 


(1)  Oral.  iO,  r    8. 

J2)  Orat.  de  Bapt.  Clirisii,  p.  309. 

(3)  Lib.  2  in  Jojan.,  p.  147. 


IV.  BÉNÉDICTION  DES  FONTS.  9f 

Nous  nous  sommes  un  peu  étendus  sur  celte  ma- 
tière, parce  qu'il  pourrait  venir  en  pensée  à  ceux  qui 
ne  connaissent  point  assez  le  fond  de  la  religion  ,  et 
la  vertu  des  prières  de  l'Eglise  et  de  l'invocation  du 
nom  de  Dieu,  et  des  autres  saintes  cérémonies  dont 
nous  avons  parlé  dans  celte  histoire  du  Baptême  ;  que 
tant  de  bénédictions  étaient  inutiles ,  puisque  le 
Baptême  remet  tous  les  péchés.  Mais  il  est  temps  que 
nous  expliquions  comment  se  faisait  celte  béuédicilori 
des  fonts  sacrés. 

Les  passages  des  Pères  que  nous  avons  allégués 
dans  ce  chapitre,  montrent  que  cela  se  faisait  dans 
les  quatre  ou  cinq  premiers  siècles  par  des  rits  fort 
simples  ;  nous  n'y  voyons  que  la  prière  employée  pour 
cela,  le  signe  de  la  croix,  l'invocalion  du  nom  de  Dieu, 
de  la  Trinité  ,  de  Jésus-Christ.  L'auteur  des  consti- 
tutions Apostoliques  (1),  parlant  de  cette  cérémonie, 
dit  que  le  prêtre  vient  à  l'eau,  qu'il  la  bénit,  qu'il  loue 
Dieu  ,  qu'il  lui  rend  grâces ,  qu'il  l'adore  :  il  fait  le 
détail  de  tous  les  motifs  qui  doivent  l'engager  à  louer 
Dieu ,  et  ensuite  il  ajoute  :  Qu'il  invoque  donc  le  Sei- 
gneur avant  de  donner  le  Baptême,  et  qu'il  dise.  Après 
ces  mots,  suit  la  formule  de  prières  pour  la  béoédic- 
tion  des  fonts,  qui  est  conçue  en  ces  termes. 

Prière  pour  la  bénédiction  des  fonts  ,  telle  qu'elle  se  lit 
dans  l'auteur  des  conslitulions  Apostoliques. 

Regardez  du  ciel ,  à  Seigneur ,  sanctifiez  cette  eau , 
donnez-lui  une  telle  grâce  et  une  telle  vertu,  que  ceux  qui 
y  sont  plongés,  selon  qu'il  a  été  prescrit  par  votre  Christ, 
soient  crucifiés,  meurent,  soient  ensevelis,  et  ressuscitent 
avec  lui  à  l'adoption  (ju'il  leur  a  méritée  en  les  faisant 
mourir  au  péché  et  vivre  à  la  justice. 

Quand  l'eau  que  l'on  avait  bénie ,  de  la  manière 
que  nous  avons  dit,  ne  suffisait  pas  pour  la  multitude 
de  ceux  qui  étaient  à  baptiser,  on  en  faisait  entrer  dans 
[  les  lonts  par  des  canaux,  aussitôt  après  que  l'évêfjue 
I  avait  commencé  à  y  plonger  les  premiers.  Quelquefois 
celte  eau  était  versée  par  des  cerfs  d'argent,  quelque- 
fois elle  y  était  amenée  par  des  canaux  souterrains. 
Il  est  rapporté  de  divers  papes  qu'ils  ont  fait  faire  des 
cerfs  d'argent ,  ou  d'antres  figures  semblables ,  qui 
étaient  en  même-temps  des  ornements  pour  les 
baptistères,  et  qui  servaient  à  conduire  ou  à  verser 
l'eau  dans  le  bassin  sacré.  Le  pape  llilaire,  entre  autres 
ornements  qu'il  fit  dans  diverses  églises,  s'attacha 
surtout  à  end)ellir  le  Baplislaire  de  la  basiliipie  de 
Conslantin.  Il  y  avait ,  dit  .M.  de  Fleuri ,  dans  ce  saint 
lieu  tme  cuve  de  porphyre  et  trois  cerfs  d'argent ,  qui 
versaient  de  l'eau,  chacun  du  poids  de  trente  livres  ; 
un  agneau  d'or  et  une  colondje  d'or. 

Dans  la  suite  on  ajouta  plusieurs  cérémonies  à  l'an- 
cienne manière  de  bénir  les  eaux  destinées  au  Baptême, 
elles  se  faisaient  avec  grand  appareil.  Nous  en  trouvons 
le  détail  dans  le  Sacramenlaire  de  S.  Grégoire ,  et  ce 
que  nous  y  lisons  doit  être  fort  ancien  ,  quand  même 
il'viendrait  en  partie  des  additions  faites  à  ce  Sacra- 


is    (I)  Lib.  7,  c.  18. 


9|  inSTOIRE  DES 

nientaire,  puisque  le  manuscrit  que  le  P.  Dom 
Hugues  Menard  a  donné  au  public  avec  ses  savantes 
noies,  a  plus  de  huit  cents  ans.  Nous  ferons  voir  plus 
bas  en  peu  de  mots ,  que  la  plupart  des  cérémonies 
qui  y  sont  prescrites  pouvaient  être  du  temps  de  ce 
saint  pape.  Mais  auparavant  il  faut  rapporter  toute  la 
suite  de  cette  cérémonie. 

Toutes  les  leçons ,  les  cantiques ,  et  les  oraisons, 
sont  presque  les  mêmes  que  celles  que  nous  disons 
encore  aujourd'hui  le  jour  du  samedi-saint  et  celui 
de  la  Pentecôte  ;  lorsqu'elles  étaient  achevées ,  on 
marchait  vers  les  fonts  sacrés  en  procession  pendant 
laquelle ,  tant  en  allant  qu'en  revenant,on  chantait  des 
litanies  qui  se  disaient  ou  à  trois ,  ou  à  cinq ,  ou  à 
sept  chœurs,  selon  que  l'assemblée  était  nombreuse  ; 
ou  se  répétaient  par  deux  chœurs  jusqu'à  troi?,  cinq, 
et  sept  ibis  :  d'où  sont  venus  les  noms  de  (eniaire,  de 
quinaire,  et  de  septénaire  à  ces  litanies.  L'usage  le  plus 
ordinaire  des  siècles  onzième  et  douzième  était  de 
commencer  par  la  litanie  septénaire  (1),  c'est-à-dire, 
qu'on  répétait  sept  fois  chaque  .invocation  en  allant 
aux  fonts;  de  continuer  au)  milieu  de  la  bénédiction 
par  la  litanie  quinaire  qui  se  répétait  cinq  fois  ;  et  de 
fmir  en  revenant  par  la  litanie  ternaire  qui  se  répétait 
trois  fois ,  et  qui  est  presque  l'unique  manière  qui 
nous  soit  restf'e ,  quoiqu'elle  soit  même  assez  mal 
observée  en  plusieurs  endroits. 

Quand  l'évêque  ou  le  célébrant  était  arrivé  dans  le 
fcaptistâire ,  il  chantait  une  espèce  de  préface,  après 
laquelle ,  suivant  le  sacramentaire  dont  nous  avons 
parlé,  il  divisait  les  eaux  avec  la  main  en  forme  de 
croix,  et  continuant  une  très-belle  prière  qu'il  accom- 
pagnait de  temps  en  temps  de  signes  de  croix  qu'il 
faisait  sur  les  eaux  ,  on  enfonçait  dans  les  fonts  les 
deux  cierges  avec  lesquels  on  l'avait  conduit  aux  fonts, 
en  même  temps  il  soufflait  trois  fois  sur  l'eau.  Et  enlin, 
prenant  un  vase  d'or  dans  lequel  était  le  saint  chrême, 
il  en  répandait  dans  le  bassm  qui  contenait  les  eaux  ; 
faisant  celte  effusion  en  forme  de  croix ,  et  étendant 
les  eaux  avec  sa  main ,  le  tout  acco-mpagné  de  trois 
belles  prières.  iYoilà  quels  étaient  les  principaux  rits 
de  la  bénédiction  des  fonts.  Presque  toutes  ces  reli- 
gieuses cérémonies  pouvaient  être  du  temps  de 
S.  Grégoire ,  ou  lui-même  pouvait  les  avoir  ajoutées 
îiux  anciennes,  pour  rendre  cette  consécration  des 
eaux  du  Baptême  plus  auguste.  Nous  avons  vu  que  les 
anciens  se  servaient  pour  cela  de  la  prière,  du  signe 
de  la  croix ,  de  l'invocation  du  nom  de  Dieu  :  il  ne 
reste  plus  que  le  souffle  ,  et  l'injection  du  chrême  et 
des  cierges  dans  les  fonts.  A  l'égard  du  premier , 
c'est  une  espèce  d'exorcisme  qui  était  en  usage  pour 
cela  du  temps  du  pape  S.  Grégoire ,  puisque  S.  Gré- 
goire de  Tours  (2)  en  fait  mention  aussi  bien  que  du 
chrême  que  l'on  répandait  sur  les  eaux.  Tune,  dit-il , 
cum  cxorcwno  snnclïftcatam  aqtiam,  conspersnin  desupcr 
chrisma  onmis  populus  cum  devolionc  liaurit.  L'auteur 

(1)  Baillet,  Fêtes  mobiles,  Samedi-Saint. 

(2)  Lib.  i  de  gloriù  mari.,  c.  24. 


SACREMENTS.  92 

du  livre  de  la  Hiérarchie,  ch.  2  et  4,  parle  non  seulement 
du  mélange  que  l'on  faisait  du  saint  chrême  avec  l'eau 
du  Baptême  :  mais  il  dit  de  plus ,  conformément  au 
sacramentaire  de  S.  Grégoire ,  que  cela  se  faisait  en 

forme  de  croix.  ÔOcv;  wiÔi/j-Kt  èvtû  /.â.r/.priKca  BaTiTtTTïjpic;» 
tÔ  fiSfO'J  h'  (jzCMpo  etSsTt    Bo/aîg   «ttijjIwv   ô    It^kfyru.  Il  ne 

reste  que  la  dernière  cérémonie  des  cierges ,  ou  du 
cierge  pascal,  que  l'on  mettait  dans  l'eau,  dont  nous 
ne  pouvons  garantir  l'antiquité. 

Après  le  mélange  du  saint  chrême ,  qui  était  l'ac- 
complissement de  toute  cette  bénédiction,  dit  M.  Bail- 
let (i):  le  célébrant, selon  l'ordre  romain, allait  répandre 
de  cette  eau  bénite  sur  tous  les  assistants.  (Dans  le 
sacramentaire  de  S.  Grégoire,  le  Baptême  suivait  im- 
médiatement.) Tous  les  particuliers  avaient  ensuite  la 
liberté  d'aller  puiser  de  cette  eau  dans  des  vases,  et  de 
l'emporter  chez  eux  pour  s'en  servir  à  de  pieux 
usages  :  on  l'employait  dans  les  maisons  et  dans  les 
champs ,  contre  le  tonnerre ,  et  les  autres  accidents 
fâcheux.  Vous  venez  de  voir,  par  le  passage  de  S. 
Grégoire  de  Tours  que  nous  venons  de  rapporter , 
combien  celle  pratique  est  ancienne. 

Enfin  on  remplissait  de  cette  eau  les  bénitiers  des 
églises  pour  ceux  qui  y  entraient  et  qui  en  sortaient  : 
Mais  il  est  bon  de  remarquer ,  dit  encore  M.  Bail- 
let (2) ,  que  l'usage  de  ces  bénitiers  était  beaucoup 
plus  ancien  que  ces  cérémonies.  Car  dès  qu'on  eut  la 
liberté  de  bâtir,  et  d'orner  les  églises,  on  en  mit  par- 
tout dans  les  veslil»ules,  ou  aux  portes ,  pour  être  un 
signal  de  purification  à  ceux  qui  s'en  lavaient  le  front 
en  y  entrant,  ou  un  préservatif  à  ceux  qui  en  prenaient 
encore  en  sortant.  L'Église,  recevant  dans  son  sein  les 
gentils  convertis  à  la  foi  de  Jésus-Christ,  avait  substi- 
tué son  eau  bénite ,  à  l'eau  lustrale  des  païens  (3), 
qui  élait  d'un  grand  usage  dans  toutes  les  cérémonies 
de  leur  superstitieuse  religion.  Tel  élait  l'usage  que 
l'on  faisait  de  l'eau  consacrée  avant  qu'elle  eût  servi 
au  Baptême  ;  mais  après  qu'on  l'avait  employée  dans 
ce  sacrement,  on  ne  permettait  plus  d'en  emporter,  et 
on  jetait  ce  qui  en  restait  dans  quelque  lieu  sacré. 
C'est  ce  que  recommande  expressément  S.  Edmond 
de  Cantorbéri  dans  ses  Constitutions.  Il  ne  veut  pas 
que  l'on  garde  au-delà  de  sept  jours  dans  le  baplislaire 
l'eau  dans  laquelle  un  enfant  a  été  baptisé  :  mais  il 
ordonne  ,  pour  le  respect  du  Baptême ,  qu'on  la  jette 
dans  le  feu,  ou  qu'on  la  fasse  couler  et  se  perdre  en 
terre  dans  l'église,  ou  le  baplislaire.  On  a  même  porté 
si  loin  autrefois  le  respect  pour  les  eaux  ainsi  sancti- 
fiées, qu'on  a  défendu  en  certains  temps  d'en  emporter 
ai)rès  qu'on  y  avait  répandu  el  mêlé  le  saint  chrême. 
Nous  trouvons  cela  prescrit  dans  un  des  capitules  de 
nos  rois  rapporté  par  D.  Hugues  Ménard  (4)  dans  ses 
savantes  notes  sur  le  Sacramentaire  de  S.  Grégoire  : 
ce  capitule  est  le  7S'  du  sixième  livre,  il  y  est  dit  : 

(1)  Fêtes  mobiles,  Samedi-Saint. 

(2)  Ibidem. 

•(3)  Synes,   ep.   12,  Menard.   ad   Grog.  Sacra- 
ment.  p.  9o. 

(4)Noiù  519,  p.  5i»0,  ftovaj  e^il.  t.  5, 


t)3  BAPTÊME,  ir  PARTIE 

Si  tjlièlqû'iift  veut  prendre  te  samedi-saini,  ou  le  samedi 
ae  la  Pentecôte,  de  feau  consacrée,  pour  en  asperger  les 
mnmns ,  qu'il  la  prenne  avant  qu'on  y  ait  répandu  le 
chrême,  t  Anle  clirismatis  injusionem  accipiant.  > 


CHAPITRE  V. 

Où  ron  traite  en  particulier  de  la  forme  du  Baptême  ; 
et  l'on  fait  voir  que  ce  sacrement  s'est  donné  de  tout 
temps  dans  l'Église  sous  le  nom  des  trois  personnes  de 
la  sainte  Trinité.  Additions  fuites  à  cette  invocation  : 
diversité  dans  les  formules  qui  la  contiennent,  et  dans 
la  manière  de  la  faire.  Partage  de  sentiments  sur  les 
différentes  fornudes.  Opinions  singulières  de  quelques' 
uns  sur  celte  matière. 


Nous  nous  sommes  èlcndus,  dans  les  deux  derniers 
cliapilres ,  principalement  sur  ce  qu'on  appelle  dans 
les  écoles  de  liicologic ,  la  maiière  tant  éloignée  que 
prochaine  du  Baptême  ;  mais  il  nous  reste  encore 
quantité  de  choses  intéressantes  à  dire  sur  la  forme 
de  ce  sacrement ,  nous  lâcherons  de  le  faire  ave(. 
d'autant  plus  de  soin ,  que  rien  n'est  plus  propre  à 
nous  Aiirc  sentir  la  nécessité  de  la  tradition  pour 
expliquer  les  saintes  Écritures ,  et  en  concilier  les 
contradictions  apparentes ,  que  ce  qui  se  présente  à 
dire  sur  celte  imporlanie  maiière  :  il  faut  donc  Té- 
claircir  de  telle  sorte  ,  ((uc  nous  ne  trouvions  pas  , 
comme  dit  S.  Ililaire  (1) ,  les  apôtres  coupables  de 
prévarication,  pour  avoir  baptisé  sous  une  autre  forme 
que  celle  que  le  Sauveur  leur  avait  prescrite,  et  de  la- 
quelle ils  se  sont  écartés  en  ajiparence  ,  en  ne  bapti- 
sant qu'au  nom  seul  de  Jésus-Christ,  comme  plusieurs 
endroits  des  Actes  des  apôlres  (2)  nous  le  persuade- 
raient, si  la  tradition  ne  nous  en  développait  le 
véritable  sens. 

Pour  faire  coanaîlre  ce  sens ,  nous  ne  fci-ons  que 
rapporter  historiquement,  suivant  notre  méthode, 
comment  les  choses  se  sont  passées  à  cet  égard,  de- 
puis les  temps  apostoliques  jusqu'à  nos  jours.  Si  nous 
trouvons  les  successeurs  des  apôlres  dans  m»  usage 
différent  de  celui  que  le  icxle  des  Actes  semble  l'insi- 
nuer, et  qu'on  ail  de  loul  lenq)S  employé  l'iiivocaliou 
des  trois  persomies  de  la  sainte  Triuiié  dans  le  Bap- 
tême, il  n'y  aura  pas  lieu  de  douter  que  cette  forme 
n'ailélé  enseignée  à  l'Église  par  ces  premiers  maîtres 
de  notre  religion.  Or  c'est  ce  qu'il  est  aisé  de  prouver. 
S.  Justin,  qui  fleurissait  dans  le  second  siècle  de  l'É- 
glise, étant  mort  en  1U3,  nous  apprend  dislinclcmenl 
quelle  était  la  forme  du  Baptême,  lorsqu'il  parle  ainsi 
dans  sa  seconde  apologie  (5)  :  Nous  sommes  lavés  dans 
l'eau  au  nom  du  Père,  créateur  de  toutes  choses,  et  du  Sei- 
gneur Dieu  notre  sauveur  Jésus-Christ  et  du  Saint-Es- 
prit {i:)...on  invoquesur  celui  qui  veut  renaître,  au  nom  du 
Père  de  tous,  et  le  nom  du  Seigneur  Dieu.. .  On  purifie  celui 


CIIAP.  Y.  FORME  DU  BAPTEME.  H 

qui  est  illuminé  au  nom  dé  Jésus-Christ  crucifié  sous  Ponce 

]    Pilate ,  et  au  nom  du  Saint-Esprit.  On  ne  peut  mieux 

désigner  Pinvocaiioudes  troispcrsonnes.  Aussi  ïertul- 

lien  (1),  qui  vivait  dans  le  siècle  suivant,  reconnait-il 

'  dans  les  paroles  du  Sauveur  :  Allez,  baptisez,  etc.  Ite , 

docete,eic.,  la  loi  qu'il  faut  observer  en  conférant  ce 

sacrement,  etlaformequ'il  y  faut  garder,  comme  ayant 

été  prescrite  par  notre  législateur.  Lex  tingcndi  im- 

:  positu  est  et  forma  prœscripta:  Ite ,  inquit,  etc.  S.  Cy- 

I  prien  (2)  est  formel  là-dessus.  Le  Seigneur ,  dil-il , 

i  après  sa  résurrection  a  envoyé  les  apôtres  aux  nations  et 

\  ]  leur  a  ordonné  de  les  baptiser  au  nom  du  Père ,  et  du 

i    4^ils,  et  du  Saint-Esprit,  i  In  nomine  Patris,  et  Filii,  et 

i   Spirilùs  sancti  baptizare  gentilesjubentur.  > 

Celait  sur  celte  règle  que  l'on  jugeait  de  l'invalidité 
du  Baplcmc  donné  par  les  hérétiques.  Le  concile  de 
Nicée  rejette  celui  des  Paulianistes ,  parce  qu'ils  ne  s'y 
conrormaient  pas;  celui  de  Laodicée  veut,  par  la 
même  raison ,  que  l'on  rebaptise  les  montanisles. 
Nous  pourrions  en  alléguer  plusieurs  autres  (3)  qui  ont 
suivi  la  mèiïie  conduite ,  mais  nous  nous  contenterons 
de  citer  le  8'  canon  du  premier  concile  d'Arles  tenu 
en  514.  Nous  avons  ordonné,  y  est-il  dit,  que  si  quel- 
qu'un quittant  l'hérésie  revient  à  l'Eglise ,  on  l'interroge 
touchant  le  symbole;  et  si  l'on  voit  qu'il  ail  été  baptisé 
dans  le  Père,  le  Fils,  et  le  Saint-Ëspfiï,  qu'on  [uiim- 
pose  sciiiement  les  mains  pour  recevoir  le  Saint-Esprit. 
Que  si,  étantinterrogé,  il  ne  répond  point  comme  il  doit 
sur  la  Trinité ,  qu'on  le  baptise.  Celte  invocation  des 
trois  personnes  de  la  Trinilé  se  faisait  dans  le  Bap- 
tême si  généralement,  que  lé  plus  puissant  argument 
des  Pères  qui  ont  combaltu  les  hérétiques  qui  niaient 
ré;4alilé  des  personnes  divines,  et  leur  consubstanlia- 
lilé,  est  tiré  de  cette  pratique.  C'est  là-dessus  qu'in- 
sislent  principalement  S.  Basile  (4)  contre  les  enne^ 
mis  de  la  divinité  du  Saint-Esprit,  S.  Grégoire  dû 
Nazianze  (5)  contre  les  mêmes,  el  contre  les  Ariens. 
Ceux  qui  ont  quelque  teinture  de  la  doctrine  de  ces 
Pères,  qui  ont  lu  leurs  ouvrages,  savent  que  je  ne 
dis  rien  ici  que  je  ne  puisse  prouver  par  une  infinité  de 
levn-s  passagcSv  Les  anciens  sacramcntaireset  P.ituels 
nous  apprennent  la  môme  chose,  cl  en  même  temps 
les  dinérentes  manières  dont  se  faisait  cette  invoca- 
tion ,  et  les  paroles  qu'on  y  ajoutait  dans  certains 
temps  et  certains  lieux.  Dans  l'ancien  Missel  Gallican 
gothique  que  Joseph  Thomasius  a  publié ,  la  forme  du 
Baptême  est  exprimée  en  ces  ternies  :  Daplizo  te  ,  in 
nomine  Patris,  et  Filii ,  et  Sj'iritûs  Sancti ,  in  remissio- 
nem  peccatorum ,  ut  habeas  vitam  œternam.  L'ancien 
Gallican  contient  celle-ci  :  i  Je  vous  baptise ,  vous 
«  qui  croyez  au  nom  du  Père,  du  Fils,  et  du  Saint- 
I  Esprit,  afin  que  vous  ayez  la  vie  élernollc  dans  tous 

<  les  siècles  des  siècles.  Baptizo  te  crodcntcm  in  no- 

<  mine....,  ut  habeas  vitam  œternam  in  sccula  scculo- 


(1)  Lib.  de  Synod.,  num.  87. 

(2)  Cap.  2 ,  V.  28 ,  c.  8 ,  v.    12  ;  c.   10     v.  AS  ■  c. 
19,  v.  5. 

(3)  Cap.  74,  A. 

(4j  ibid.  p.  CD.  E. 


(i)  Lib.deBap.,c.l5. 

(2)  Ad  Jubayad.,  cp.  73,  p.  126. 

(3)  Le  2*  concile  d'Arles ,  le  premier  de  Conslanli- 
nople. 

(4)  De  Spiritu  Sancto,  et  libro  conlr.  EUnoiiUUà' 

(5)  Oralionibus  Zj,  30,  37,  ^ 


95 


HISTOIRL  DES  SACREMENTS. 


96 


t  rum.  >  Celle  que  nous  représente  l'ancien  Missel 
Gallican  que  le  P.  Mabillon  a  trouvé  dans  un  manus- 
crit de  Bobio ,  et  qu'il  a  fait  imprimer  dans  son  Mu- 
séum ItaUcitm  (loin,  i)  est  un  peu  différente  de  celle- 
là.  La  voici  :  Je  vous  baptise  au  nom  du  Père,  du  Fils, 
et  du  Saint-Esprit,  qui  a  uneseule.substance ,  afin  que 
vous  ayez 'la  vie  éternelle,  et  part  avec  les  saints. 
Baplizo  te....  et  Spiritùs  Sancti,  habentem  unam  sub- 
stantiam ,  ut  habeas  vitam  œternam ,  partem  cum  sanctis. 
Le  pape  Zacbaric  (1)  défendit  de  rebaptiser  ceux 
qu'un  prêtre  ignorant  avait  baptisé  avec  ces  paroles  : 
Bapiizo  te  in  nomïne  Palria ,  et  Fiiia  ,  et  Spiritùs  San- 
ctce.  Le  pape  Etienne  II ,  dans  une  réponse  qu'il  fit  sur 
cette  matière,  étant  en  France  en  754 ,  approuva  de 
môme  le  Baplème  donné  par  un  prêtre,  en  ces  termes 
rustiques ,  comme  il  dit.:  In  nomine  Patris  niergo  ,  et 
Filii  menjo ,  et  Spiritùs  sancti  mcrgo.  Sans  doute  que 
cette  décision  n'était  point  venue  à  la  connaissance 
de  Durand  de  Mende  (2),  qui  ne  craint  point  d'assurer 
que  le  Baptême  donné  en  cette  forme  est  invalide  ; 
parce  que ,  selon  lui ,  le  terme  mcrgo ,  n'est  point  sy- 
nonyme à  celui  de  baptizo. 

Les  Grcs  énoncent  la  forme  du  Baptême,  en  cette 
manière  :  Leservileur  de  Dieu  N.  estbaptisê  (BaTiTiÇîTai.) 
au  nom  du  Père,  amen,  du  Fils  ,  amen,  et  du  Saint-Es- 
prit, amen,  à  présent  et  toujours,  et  dans  les  siècles  des 
siècles.  Il  paraît,  par  ce  que  dit  Jean  Mosch,  dans  le 
cbapilre  176  de  son  Pré  spirituel ,  que  ce  n'était  ftoint 
autrefois  le  prêtre  ,  mais  le  peuple  et  le  clergé  qui  se 
trouvait  présent  qui  répondaient  ainsi,  ainen.  Fauste, 
Naironus  (3)  représente  la  forme  du  Baptême  ,  qui  se 
lit  dans  les  Rituels  des  Jacobites,  et  des  Maronites, 
conçue  en  ces  termes  :  N.  est  baptisé  au  nom  du  Père, 
amen ,  et  du  Fils  ,  amen ,  et  de  l'Esprit  vivant  et  saint  en 
la  vie  éternelle ,  amen. 

Dans  toutes  ces  formules  que  nous  avons  rapportées 
jusqu'à  présent,  on  ne  trouve  rien  qui  fasse  peine  , 
mais  on  voici  quelques  autres  sur  lesquelles  les  théo- 
logiens peuvent  former  des  contestations. 

Saint  Ambroise,  dans  le  second  livre  des  Sacrements 
(cap.  7),  semble  marquer  que  l'on  baptisait  sans  que  le 
prêtre  prononçât  aucune  formule  de  paroles  ;  Vous  avez 
été  interrogé,  dit-il,  croyez-vous  en  Dieu  Père  tout- 
puissant  ?  vous  avez  répondu  :  Je  crois  ;  et  vous  avez  été 
plongé,  c  est-à-dire,  enseveli.  On  vous  ainterrogé ensuite, 
croyez-vous  en  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  et  en  sa 
croix?  Vous  avez  dit:  Je  crois,  et  vous  avez  été  plongé 
de  nouveau,  c'est-à-dire,  que  vous  avez  été  enseveli 
avec  Jésus-Ctirist ,  car  celui  qui  est  enseveli  avec  lui 
ressuscite  avec  lui.  On  vous  a  demandé  une  troisième 
fois,  croyez-vous  au  Saint-Espriti  vous  avez- dit  :  Je 
crois,  afin  que  par  celte  triple  confession  vous  effa- 
ciez les  fautes  que  vous  avez  commises  autrefois.  Les 
éditeurs  des  œuvres  de  S.  Ambroise  disent  sur  ce 
passage  que  ce  père  y  parle  de  la  confession  de  la  foi 

(1)  Eoist.  adS.  Bonifac.;  relerlur  in  ejusVitâ,  se- 
culo  3  Benedictino ,  part.  3. 


m  Rationalisl.  6,  cap.  82. 


In  Enopliâ  fidci,  part.  2,  c.  2. 


que  l'on  exigeait  de  ceux  qui  étaient  sur  le  point  de 
recevoir  le  Baptême,  et  qu'il  n'exclut  pas  pour  cela  la 
forme  o»"dinaire  du  Baptême,  que  le  prêtre  pronon- 
çait en  plongeant  dans  l'eau  ceux  qu'il  baptisait,  et 
que  l'on  ne  peut  inférer  que  ces  demandes  et  ces  ré- 
ponses tinssent  lieu  de  cette  forme.  Mais  qu'il  me  soit 
permis  de  le  dire ,  quelque  estime  que  j'aie  pour  les 
deux  savants  hommes  qui  ont  travaillé  avec  tant  de 
succès  àce  bel  ouvrage,  que  l'on  peut  appélerun  chef- 
d'œuvre  en  son  genre,  il  me  paraît  que,  dans  cette  oc- 
casion ils  font  violence  au  texte,  et  la  preuve  qu'ils  ap- 
portent  de  ce  qu'ils  avancent  est  bien  faible.  S.  Am- 
broise, disent-ils,  fait  assez  voir  que  la  forme  ordinaire 
du  Baptême  n'a  point  été  omise,  puisqu'il  dit  un  peu 
après  :  //  a  ordonné  que  nous  fussions  baptisés  en  un  seul 
nom,  c'est-à-dire,  au  iiom  du  Père ,  du  Fils,  et  du 
Saint-Esprit ,  etc.  Ce  passage  prouve  à  la  vérité  qu'il 
faut  invoquer  la  Trinité  dans  le  Baptême,  suivant 
S.  Ambroise ,  mais  il  ne  montre  pas  que  ces  questions 
et  ces  réponses  ne  puissent  tenir  lieu  de  celle  invo- 
cation, comme  semble  le  prouver  l'endroit  que  nous 
avons  allégué. 

Ce  qui  me  fortifie  (1)  dans  l'opinion  que  telle  a  pu 
être  la  pensée  du  saint  docteur,  c'est  qu'on  trouve  la 
même  choscdans  leSacramenlaire  deCélaseque  Tho- 
masius  a  fait  imprimer,  quoique  l'on  voie  dans  ce  livre 
tous  les  rits  du  Baptême  décrits  avec  la  dernière  exac- 
titude. Un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  M.  Col- 
bcrt,dontle  caractère,  selon  le  P.  Marlène  est  de 
plus  de  800  ans ,  prescrit  aussi  la  môme  chose.  Avant 
de  finir  ce  qui  regarde  les  diverses  formules  du  Bap- 
tême, il  est  bon  de  dire  encore  ici  que  le  P.  Marlène 
dit  avoir  vu  un  Rituel  manuscrit  du  diocèse  de  Cam- 
brai ,  qui  appartient  au  monastère  de  S.  Nicolas-au- 
Bois  dans  le  diocèse  de  Laon  ;  le  caractère  de  ce  livre 
est  d'environ  trois  cents  ans,  et  dans  l'endroit  où  il 
prescrit  ce  qui  regarde  le  Baplème,  tant  des  garçons 
que  des  filles,  on  ne  lit  rien  aulre  chose  que  ces  pa- 
roles :  In  nomine  Patris,  et  Filii,  et  Spiritùs  Sancti , 
amen  ;  ces  mots  :  Ego  te  baplizo,  y  étant  absolument 
omis. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présent  dans  ce 
chapitre,  montre  évidemment  que  la  pratique  con- 
stante de  l'Église  a  toujours  été  de  conférer  le  Baptême 
au  nom  des  trois  personnes  adorables  de  la  Triiiilé; 
d'où  l'on  doit  conclure,  que  si  quelques  pères  ont 
parlé  demanièrc  à  faire  entendre  que  le  Baptême  pou- 
vait se  donner  au  nom  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ 
seulement,  on  doit  les  inlcrprélcr  favorablement. 

Il  y  a  cerlains  endroits  dans  S.  Cyprien  (2),  S.  lli- 
laire  (3) ,  S.  Basile  (4.) ,  qui  peuvent  faire  quel(|iic 
peine,  niais  celui  de  S.  Ambroise,  dans  son  premier 
livre  du  Saint-Esprit,  c.  3,  est  celui  qui  peut  causer  le 
plus  d'embarras  ;  il  s'exprime  là-dessus  d'une  n)a- 
nière  si  équivoque,  que  le  passage  où  il  en  parle  est, 

(1)  Voyez  l'appendice  à  la  fin  de  ce  traité  du  Bap- 
tême. 

(2)  Epist.  73. 

(3)  De  Synod.,  u.  8o. 

(4)  Lib.  5  de  Spiritu  sancto,  c.  3. 


97 


BAPTÊME.  —  II*  PARTIE.  CIIAP.  V.  FORMÉ  DU  BAPTÊME. 


de  l'aveu  de  ceux  qui  ont  donné  la  dernière  édition  de 
SCS  œuvres,  celui  de  tous  ses  livres  qui  donne  lieu  à 
de  plus  grandes  contestations,  en  sorte  que  plusieurs 
grands  personnages  y  ont  été  trompés,  et  entre  autres 
Bède  (1),  le  pape  Nicolas  I  (2),  Pierre  Lombard  (3)  et 
S.  Tlionias  (4).  C'est  peut-être  le  même  passage  de 
S.  Ambroise,  qui  a  fait  dire  à  S.  Bernard,  dans  sa 
lettre  à  l'archidiacre  Henri  (5),  qu'il  croyait  vérilablc- 
nicnt  baptisé  un  homme  qui  l'avait  été  au  nom  de 
Dieu  et  de  la  vraie  croix,  parce  ijuc,  dit-il,  le  son  de 
la  voix  li'a  pu  porter  préjudice  à  la  vérité  de  la  f»i  et  à 
la  piété  de  r intention. 

Nous  laissons  aux  théologiens  à  éclaircir  ces  sortes 
de  dillicuités  qui  naissent  de  quelques  passages  ob- 
scurs des  Pères,  et  M.  Tourneli,  suivant  nous,  y  a 
répondu  doctement  dans  son  irailédu  Baptême,  où 
il  développe,  avec  beaucoup  de  netteté,  le  sentiment 
des  Pères,  sur  les  paroles  desquels  on  forme  ces  difli- 
culiés.  Il  y  fait  voir  clairement  que  les  uns  ont  été  bien 
éloignés  de  croire  que  le  Baptême  donné  au  nom  d'une 
des  personnes  de  la  Trinité  était  valable;* et  il  avoue 
avec  franchise  que  les  autres  se  sont  trompés  sur  cela, 
ne  faisant  point  comme  certains  petits  théologiens  qui 
donnent  la  torture  aux  textes  des  auteurs  pour  les 
amener,  bon  gré  malgré,  à  leur  manière  de  penser. 
Il  ne  fait  pas  même  de  difficulté  d'abandonner  le 
seniinient  du  pape  Nicolas  I  et  de  S.  Bernard  sur  ce 
point. 

Ce  qui  a  pu  donner  occasion  à  l'erreur  sur  ce  point, 
est  ce  que  nous  lisons  dans  plusieurs  endroits  des  Ac- 
tes des  apôtres,  que  ceux-ci  ont  conféré  le  Baptême 
au  nom  de  Noire-Seigneur  Jésus-Christ;  mais  il  n'est 
pas  difficile  de  justifier  sur  cela  les  apôtres  et  ceux 
qui  ont  parlé  comme  eux.  Dans  ces  premiers  temps, 
il  fallait  distinguer  le  Baptême  de  S.  Jean  de  celui 
que  le  Sauveur  avait  institué  :  et  certainement  la  meil- 
leure manière  de  le  faire  était  d'appeler  l'un  le  Ba- 
ptême de  Jean,  et  l'autre  le  Baptême  de  Jésus-Christ; 
et  de  dire  que  ceux  qui  recevaient  celui-ci  avaient  été 
baptisés  au  nom  de  Jésus,  c'est-à-dire,  du  Baptême  in-  I 
slitué  par  l'autorité  de  Jésus-Christ,  lequel  se  donnait 
au  nom  du  Père  et  du  Fils  et  du  S. -Esprit.  D'où  vient 
que  le  pape  Innocent  i  assure  positivement,  dans  sa 
Icllre  aux  évêques  de  Macédoine,  que  ceux  dont  il  est 
dit  dans  les  actes  qui  ont  été  baptisés  au  nom  du  Sei- 
gneur Jésus,  l'ont  été  effectivement  au  nom  du  Père, 
du  Fils  et  du  S. -Esprit;  et  lui-même,  quoiqu'il  or- 
donne que  ceux  qui  quittent  l'hérésie  des  Novaticns  et  1 
des  Montagnards  soient  reçus  par  l'imposition  des 
mains  seulement,  parce  qu'ils  ont  été  baptisés  au  nom 
de  Jésus-Christ  :  Quia  quamvis  ab  hœreticis,  tauten  in 
Christi  nomine  sunt  baplizati;  il  tenait  néanmoins  pour 
certain  que  les  hérétiques  de  ces  deux  sectes  avaient 
été  baptisés  suivant  la  forme  ordinaire  que  Jésus-Christ 


(1)  In  Acluum  19. 

(â)  Rcspons.  ad  consult.  lOi. 

(■))  lu  4 Sent.,  dist.  3,  c.  Sedquodelsea. 

[i)  Part.  7>. 


(5)  Epist.  403,  aliàs  340. 


98 

a  prescrite;  et  c'est  pourquoi  il  rcnianiue  sagement 
que  le  Baptême  des  Paiilianisles  a  été  rejeté  par  le 
concile  de  Nicée,  parce  qu'ils  ne  baptisaient  pas  au  nom 
des  trois  personnes  divines,  ce  que  faisaient  les  Nova- 
ticns. Quia  Paulianistœ  in  nomine  Patris,  et  Filii,  et 
Spirilûs  Sancti,  mi/iimè  baplizatit,  et  Novatiani  iitdem 
nominibus  tremendis  venerandisque  bapliznnl.  (Ep.  10  ad 
Maccdon.,  n.  10.) 

Ainsi,  suivant  ce  pape  et  les  autres  Pères,  baptiser 
au  nom  de  Jésus-Christ  c'était  baptiser  du  baptême 
institué  par  Jésus-Christ  ;  et  cette  manière  de  parler 
est  si  naturelle  qu'ils  s'en  servent  eux-mêmes  pour  dé- 
signer le  Baptême  conféré  selon  la  forme  ordinaire, 
c'est-à-dire,  au  nom  des  trois  personnes  de  la  sainte 
Trinité.  Ceci  peut  servir  de  dénoûment  à  toutes  les 
diffîcullés  que  l'on  peut  former  sur  ce  sujet,  tant  à  l'oc- 
casion des  passages  de  l'Ecriture,  que  de  ceux  des  an- 
ciens Pères.  S.  Pierre  (  dit  S.  Cyprien ,  en  par- 
lant de  la  forme  du  Baptême)  fait  mention  de  Jésus- 
Christ,  non  que  le  Père  fût  omis,  mais  afin  qu'on  ajoutât 
le  Père  an  Fils  :  <  Jesu  Cliristi  mentionem  facit  Petrus, 
i  non  quasi  Pater  omitterctur,  sed  ut  Patri  quoque  Filius 
i  adjungerelur.  » 

C'est  par  ce  principe  que  l'on  réfute  aisément  ceux 
qui,  prenant  à  contre-sens  un  passage  de  S.  Cy- 
prien (I),  faute  de  bien  entendre  ses  maximes,  accu- 
sent le  pape  S.  Etienne  d'avoir  enseigné  que  le  Ba- 
ptême donné  au  nom  de  Jésus-Christ  seulement,  et  à 
l'exclusion  des  autres  personnes  divines,  est  bon  et 
valide.  Il  suffit  de  rapporter  les  paroles  de  ce  saint 
pape  et  le  commentaire  qu'en  fait  Firmilien,  uni  dans 
la  même  cause  avec  S.  Cyprien,  pour  prouver  que 
jamais  ce  ne  fut  la  pensée  d'Etienne,  dont  voici  les  pa- 
roles :  Le  nom  de  Jésus-Christ  produit  de  grands  ef- 
fets..., en  sorte  que  quiconque  et  en  quelque  endroit  qu'il 
soit,  est  baptisé  en  ce  nom,  reçoit  la  grâce  de  Jésus-Christ; 
sur  quoi  Firmilien  raisonne  ainsi  :  Ils  ne  croient  pas 
devoir  examiner  qui  est  celui  qui  a  baptisé,  parce  que 
celui  qui  l'a  été  a  pu  recevoir  la  grâce,  en  invoquant  la  Tri- 
nité des  noms  du  Père,  du  Fils  et  du  S. -Esprit.  Peut-on 
dire  rien  de  plus  évident  pour  justilior  ce  saint  pape,  et 
en  même  temps  pour  montrer  que  dans  le  style  des  an- 
ciens, baptiser  au  nom  de  Jésus-Christ  signifiait  ba- 
ptiser du  Baptême  institué  par  le  Sauveur  et  par  l'in- 
vocation des  trois  personnes  divines. 

Le  lecteur  voit  par  tout  ce  qui  a  été  dit  que  le  Ba- 
ptême a  toujours  élé  administré,  dans  toutes  les  églises, 
sous  l'invocalion  des  trois  personnes  delà  très-sainte 
Trinité,  et  que  si  quelques-uns  ont  cru  qu'il  pouvait 
l'être  autrement,  ils  ont  élé  désavoués  en  cela,  etqiie 
leur  opinion  n'a  rien  changé  dans  la  pratique  de  l'É- 
glise sur  ce  point  important.  S'ils  ont  décidé  quelqiie 
chose  de  contraire  sur  cela,  ce  n'a  pas  été  au  préju- 
dice de  la  coutume  ordinaire  de  baptiser  au  nom  de 
la  Trinité,  mais  pour  expliquer  ce  qu'ils  pensaient  sur 
quelques  cas  particuliers.  C'est  ainsi  que  le  concile  de 
Nîmes,  de  l'an  1284,  décide  qu'un  enfant  a  élé  vérila- 

(1)  Epist.  75  ad  Jubay.,  p.  12C. 


d9 


Ijlcraont  baptisé,  sî  cclnî  qui  Ini  a  donne  le  sacrement 
a  dit  :  Je  le  baptise  au  nom  du  Christ.  lUipHzo  te  in  no- 
|.')j»e  Clirisli. 

Nous  voudrions  pouvoir  dire  la  mt-me  cliosc  de  l'u- 
uiformité  de  la  pratique,  touchant  les  formules  du  Ba- 
ptême, qui  conlicnncnt  l'invocalion  de  la  Trinité,  et 
ce  qu'on  a  pensé  de  la  validité  de  ce  sacrement,  con- 
féré sous  ces  différentes  formes;  mais  il  n'en  est  pas 
de  même  :  car  sans  parler  des  excès  impardonnables 
auxquels  l'esprit  de  parti,  de  haine  et  de  fureur  ont  ! 
porté  les  Grecs  cl  les  Latins  les  uns  conlre  les  au- 
tres (1),  jusqu'à  rebaptiser  ceux  qui  favaienl  déjà  élé; 
excès  que  les  pej-sonnes  sages  des  deux  églises,  el  sur- 
tout de  rÉglise  latine,  ont  désapprouvé.  11  s'éleva  sur  ce 
.sujet,  dans  le  douzième  siècle,  une  dispute  fameuse  ;  les 
UJis  soutenant  que  ces  paroles,  Ego  te  baptizo,  étaient 
de  l'essence  du  sacrement  ;  les  autres  enseignant  au 
contraire  que  la  seule  invocation  des  trois  personnes 
divines  sulTisait  pour  la  validité  du  Baptême.  Ce  der- 
nier sentiment  était  celui  de  Pierre-le-Cliantrc,  de 
Prévôt  {Prœposilivus),  de  Hugues  de  S.  Victor,  du 
Maître  des  Sentences,  et  d'Etienne,  qui  fut  depuis  évè- 
qup  de  Tournai,  et  qui  mourut  en  1203.  Ceux  qui  dé- 
fendaient le  sentiment  opposé  étaient  Maurice,  évêquc 
de  Paris,  S.  Thomas,  dans  le  siècle  suivant,  et  sur- 
tout le  pape  Alexandre  III,  dont  la  décision  sur  ce 
point  n'a  élé  bien  connue  que  depuis  que  Raimond  de  j 
Pennafort  l'eut  insérée  dans  sa  colleclion. 

Etienne  de  Tournai  ne  manquait  pas  de  raisons  pour 
appuyer  son  sentiment.  Il  disait  en  premier  lieu,  que 
les  Pères,  quand  il  avait  été  question  de  la  validité  du 
Baptême,  ne  s'étaient  mis  en  peine  que  de  l'invoca- 
tion des  trois  personnes.  Secondement,  que  c'était  une 
coutume  reçue  que,  quand  les  laïques,  dans  le  cas  de 
nécessite,  administraient  ce  sacrement,  ce  qu'on  ap- 
pelait ondoyer,  ils  se  contentaient  de  le  faire  en  pro- 
nonçant seulement  ces  paroles  :  In  nomme  Patns,  etc. 
Eniin  il  ajoutait  que  le  Seigneur  ne  nous  avait  pas  com- 
mandé d'user  de  ces  termes,  Ego  le  bapiizo,  en  don- 
nant le  Baptême,  ni  d'autres  semblables,  mais  seule- 
ment de  conférer  ce  sacrement  au  nom  de  la  Trinité  ; 
et  que  de  môme  que,  quand  Jésus-Christ  a  dit  à  ses 
disciples,  Enseignez  toiiles  les  nations,  il  n'a  pas  pré- 
tendu pour  cela  qu'ils  disent,  lorsqu'ils  auraient  à 
remplir  le  ministère  de  la  parole  de  Dieu  :  Je  vous  en- 
seigne ;  ainsi,  lorsqu'il  leur  a  ordonné  de  baptiser  en 
son  nom ,  son  intention  n'était  pas  qu'ils  disent  :  Je 
vous  baptise,  etc.  ;  l'intention  du  ministre  de  ce  sacre- 
ment, et  son  action  étant  assez  marquée  par  toutes 
les  circonstances  qui  l'accompagnent. 

C'est  ainsi  que  résonnait  Etienne,  et  constamment 
ses  raisons  ne  sont  point  méprisnbles,  surtout  si  on  les 
joint  à  ce  que  nous  avons  rapporté  ci-dessus  des  dif- 
férentes manières  de  faire  l'invocation  de  la  sainte  Tri- 
nité dans  le  sacrement  de  Baptême,  et  entre  autres  ce 
qu'on  lit  dans  le  sacramenlaire  de  Gélase  et  le  Rituel 

(1)  Voyez  M.  Renaudot,  de  la  Perpétuité  de  la  foi 
de  l'Eglise,  l  2,  c.  5,  p.  120  du  t.  5. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  IpJ 

de  Cambrai.  D'un  autre  côté  raulorité  du  pape  Alexan- 
dre III  est  d'un  grand  poids,  en  sorle  que  les  théolo- 
giens se  sont  trouvés  embarrassés  dans  le  parti  qu'ils 
avaient  à  prendre.  Le  Père  Morin  (I),  pour  se  tirer 
de  cet  embarras,  a  cru  devoir  prendre  nn  certain  mi- 
lieu en  disant,  que  le  Baptême,  sous  l'invocation  seule 
de  la  Trinité,  était  valable  avant  le  décret  d'Alexandre^ 
mais  que  depuis  que  celte  décision  avait  été  publiée, 
il  était  nul  sans  ces  paroles,  Ego  te  baptizo;  comme 
autrefois  les  mariages  clandestins  étaient  valides,  quoi- 
qu'ils ne  le  soient  plus  aujourd'hui,  depuis  le  décret  du 
concile  de  Trente  qui  les  condamne  :  l'Eglise  ayant 
droit  d'apposer  certaines  conditions  et  certaines  lois 
dont  l'inobservation  entraîne  après  elle  la  nullité  des 
sacrements.  Mais  M.  Tourneli  (2)  remarque  que  l'excm- 
pic  dont  se  scrl  le  P.  Morin  n'a  pas  ici  son  application  ; 
car,  dil-il,  il  y  a  cette  différence  entre  les  sacrements 
dont  la  matière  consiste  en  quelque  chose  de  moral, 
et  ceux  dont  la  matière  est  physique,  que  l'Église  à 
l'égard  des  premiers  peut  mettre  des  lois  ou  des  con- 
ditions dont  l'omission  rend  les  ministres  inhabiles  à 
les  administrer  et  les  sujets  à  les  recevoir,  mais  il  n'en 
est  pas  de  même  des  autres  dont  la  matière  consiste 
en  quelque  cliose  de  physique,  cl  la  forme  dans  cer- 
taines paroles,  tel  qu'est  le  sacrement  de  Baptême. 

Je  laisse  aux  théologiens  à  éclaircir  ces  sortes  de 
dif'ilcultés  qui  ne  sont  point  du  ressort  d'un  histo- 
rien (3).  Je  remarquerai  seulement,  avant  de  finir  ce 
qui  regarde  les  formules  du  Baptême,  que  les  Cophtcs 
qui  n'ont  rien  pris  des  Latins,  ont  la  forme  exprimée 
en  la  première  personne,  et  ils  disent  :  Je  te  baptise, 
N.,  au  nom  du  père;  je  te  baptise  au  nom  du  Eils;  je  te 
baptise  au  nom  du  S. -Esprit,  ajoutant  amen  à  chaque 
fois.  Quelques  modernes  ont  cru  que  celle  forme  avait 
rapport  à  l'ancienne  hérésie  desTrilhcïtes,  qui  est  une 
subtilité  trop  raffinée  et  inconnue  à  tous  ceux  qui  ont 
écrit  contre  les  Cophtes.  Cette  répétition  de  ces  pa- 
roles :  Je  te  baptise,  à  chaque  immersion,  ne  les  doit 
pas  rendre  plus  suspects  de  croire  trois  dieux  que  la 
triple  immersion;  aussi  les  continuateurs  de  BoUan- 
dus  (4),  qui  ont  inséré  dans  un  de  leurs  volumes  une 
longue  dissertation  sur  l'Église  des  Cophtes,  justifient 
cette  formule,  comme  n'ayant  rien  qui  la  puisse  ren- 
dre suspecte,  nonobstant  les  objections  du  P.  Roderic  , 
qui  avait  été  envoyé  en  ce  pays-là  en  qualité  de  mis- 
sionnaire. 

Les  Éthiopiens,  dont  les  rits  sont  presque  les  mêmes 
que  ceux  de  l'Église  jacobite  d'Alexandrie,  ont  aussi 
la  même  formule,  quoique  dans  la  version  latine ,  qui 
a  été  faite  sous  Paul  III,  de  leur  office  du  Baptême,  et 
qui  a  été  depuis  inséré  dans  la  bibliothèque  des  Pères, 
elle  ait  été  mise  selon  la  forme  latine. 


(1)  DePœnit.,  c.  16, 1.  8. 

(2)  De  Bapt.,  p.  105. 

(3)  Renaudot,  Perpétuité  de  la  /"oj,  t.  5, 1.  2 
^•i^  Acla  SS.  Junii.  t.  5,  app..  p.  128. 


ICI 


BAPTÊME.  -  II*  PARTIE. 


CHAPITRE  VI. 

Des  parrains.  Que  dh  les  premiers  siccles  on  en  donnait 
à  ceux  qui  devaient  recevoir  le  Baptême.  Diverses  par- 
ticularités sur  cela.  Qu'autrefois  il  était  rare  qu'ils 
imposassent  les  noms  à  leurs  filleuls.  Que  les  noms  se 
donnaient  communément  aux  enfants  longtemps  avan^ 
le  Baptême.  Diverses  coutumes  des  peuples  sur  le  temps 
et  la  maiiière  dlmposer  les  noms  aux  enfants.  Depuis 
quand  la  coutume  de  les  leur  imposer  au  Baptême 
s'est  établie  parmi  nous. 

Nous  ayons  eu  plusieurs  fois  occasion  de  parler  des 
parrains  et  marraines,  dans  la  première  partie  de  ceMe 
hisloiro,  aussi  bien  que  des  devoirs  auxquels  ils  élaienl 
engagés  par  cette  qualité,  mais  il  nous  reste  encore 
quel(iue  chose  à  dire  sur  ce  qui  les  concerne,  et  nous 
ne  voyons  pas  d'endroit  plus  convenable  pour  en  par- 
ler que  celui-ci,  après  que  nous  avons  rapporté  ce 
qui  regarde  le  temps,  le  lieu,  la  matière  et  la  forme 
du  Baptême.  On  appelait  parrains  ceux  qui  présen- 
taient au  Baptême  les  personnes  qui  devaient  le  rece- 
voir, et  qui,  après  qu'elles  avaient  été  plongées,  les 
recevaient  au  sortir  des  sacrés  fonts;  c'est  ce  que  dit 
expressément  le  sixième  concile  d'Arles  (cap.  27).  Et 
patrini  eos  qiios  de  lavacri  fonte  suscipiunt,  etc.;  on  les 
nommait  aussi,  pour  cette  même  raison,  susceptores; 
et  parce  qu'ils  cautionnaient  à  l'Église  ceux  qu'ils  lui 
présentaient  pour  être  associés,  par  le  Baptême,  aux 
membres  de  Jésus-Christ,  et  qtfils  se  rendaient  ga- 
rants de  leur  foi ,  ils  portaient  aussi  le  nom  de  spon- 
sores,  c'est  celui  que  leur  donne  Tertullien  (1),  dont 
le  passage  fait  voir  en  même  temps  l'antiquité  de  cet 
usage,  et  les  engagements  oîi  entraient  ceux  qui  se 
chargaient  de  présenter  quelqu'un  au  Baptême.  11  fait 
mention  des  parrains  dans  ce  fameux  passage  que  nous 
avons  dc^a  allégué,  où  il  tâche  de  persuader  qu'il  ne 
faut  recevoir  le  Baptême  que  dans  l'âge  de  raison  : 
Quid  necesse  est,  dit-il,  spoiisores  eliam  pcriculo  ingeri. 
On  voit  l'usage  des  parrains  établi  aussi  en  Orient, 
par  ce  que  dit  le  faux  S.  Denis  (2),  qui  les  nomme 
àva5i;^sv,-,  terme  qui  répond  au  mol  latin,  susceptores, 
Sion  voulait  dans  les  premiers  siècles  que  ceux  que 
l'on  présentait  au  Baptême  eussent  des  parrains  qui 
répondissent  pour  eux ,  à  plus  forte  raison  dans  les 
Icnips  postérieurs  auxquels  on  ne  présentait  plus 
guère  que  des  enfants  ;  car,  comme  dit  fort  bien  un 
,  auteur  anonyme,  dont  on  lit  une  homélie  dans  un 
j  très-ancien  manuscrit  de  rÉghse  de  Lyon  (5)  :  Les 
j  enfants  qui  ne  savent  pas  encore  parler  reçoivent  la  ré- 
j  mission  des  péchés  par  la  foi  de  ceuoc  qui  les  reçoivent 
des  sacrés  fonts  :  cl  certes  ,  ajoute-t-il ,  il  convient  que 
ceux  qui  sont  souillés  par  le  péché  de  leur  parents  selon 
la  chair ,  soient  sauvés  par  la  foi  de  leurs  parents  selon 
l'esprit.  Aussi  voyons-nous  que  dans  la  suite  on  ne  se 
contenta  pas  des  parrains  pour  le  Baptême ,  mais  il  y 
en  eut  encore  pour  le  catéchisme,  et  la  Confirmation; 

(1)  Lib.  de  Baptismo. 

(2)  De  cœlesti  Hicrach.,  c.  2  et  7. 

(2)  In  notis  Baluzii  in  capitularia,  p.  1178,  lom.  2. 


CIIAP.  VI.  DES  PARRAINS.  102 

en  sorte  que  Jean  de  Gênes  (  loannes  de  Janun),  ju- 
risconsulle  (1) ,  propose  cclla  question  :  savoir,  si  le 
catéchisme  dirimc  le  mariage  contracté;  et  il  y  ré- 
pond que  ,  suivant  la  Glose,  on  contracte  compatcr- 
nité  par  le  Catéchisme  du  Baptême  et  par  la  Confir- 
mation, mais  qu'il  y  a  celle dini'Monce  entre  la  coni- 
palernité  qui  vient  du  Baptême  et  de  la  Confirmation, 
et  celle  qui  vient  du  catéchisme,  que  cette  dernière 
esl  si  peu  de  chose  qu'à  peine  elle  empêche  de  contrac- 
ter mariage,  au  lieu  que  celle  qui  vient  du  Baptême 
et  de  la  Confirmation  ,  dirinie  celui-même  qu'os  a 
déjà  contracté.  C'est  en  faisant  allusion  à  celte  prati- 
que que  Raoul  Glabcrtdit,  dans  la  Vie  de  saint  Guil- 
laume de  Dijon  (  num,  à)  :  Il  voulut  que  son  fils  fût 
fait  Catéchumène  par  la  main  de  l'Empereur  ,  ce  que  le 
roi  Berenger  (que  l'on  nommait  aussi  Empereur  )  ac- 
compUt,  et  lève  l'enfant  de  sa  propre  main,  lui  donnant 
le  nom  de  Guillaume,  la  reine  sa  femme ,  l'ayant  depiiis 
levé  des  sacrés  fonts.  Ceci  nous  fait  entendre  ce  que 
signifient  ces  paroles  de  Flodoard  (2),  lorsqu'il  dit  que 
Gerberge,  femme  du  roi  Louis  d'Outre-mer,  lui  donna 
un  fils ,  qui  fut  appelé  Charles  au  catéchisme ,  qui 
Carolus  ad  catechizandum  vocatus  est. 

C'était  de  plus  la  coutume  de  prendre  plusieurs 
personnes  pour  être  parrains  dans  ces  différentes 
occasions,  comme  le  témoigne  Higinus  (5),  à  moins 
que  la  nécessité  ne  contraignît  d'employer  la  même 
personne  :  Ce  n'est  pas  cependant  la  coutume  de  Rome, 
ditie  même  auteur,  mais  on  en  prend  une  différente 
pour  chacune  de  ces  choses,  11  est  remarqué  aussi  dans 
la  chronique  d'Ursperg  (ann.  1124)  que  les  pères  et 
mères  ne  doivent  pas  lonir  leurs  enfants  sur  les  fonts, 
mais  qu'ils  doivent  chercher  des  parrains,  sed  sibi 
patrinos  quœrant.  Il  y  avait  une  telle  affinité  entre  les 
parrains  et  les  filleuls ,  qu'il  est  ordonné  dans  les 
lois  (cap.  79)  de  Henri  1,  roi  d'Angleterre,  que  l'on 
paiera  au  filleul  l'ameiuli; ,  quand  on  aura  tué  son  par- 
rain ,  et  réciproquement  que  le  meurtrier  du  filleul  la 
paiera  au  parrain ,  à  proportion  de  celle  à  laquelle  il 
sera  taxé  envers  le  fisc.  Qui  altcujus  fdiolum  ,  vel  pa- 
trinum  occiderit ,  erga  cum  et  parentes  morlui  cou- 
junctim  reus  sit,  et  crescal  emendalio  secundimi  Weram, 
sicul  Manbota  secundiim  domimtm.  Enfin  il  est  ordonné, 
dans  plusieurs  synodes  (4),  que  l'on  prendra  plusieurs 
parrains  et  marraines  tout  à  la  fois,  savoir  deux 
hommes,  et  une  femme  pour  lever  des  fonts  un  gar- 
çon ,  et  deux  femmes ,  et  un  homme  pour  lever  une 
fille. 

Il  était  rare  autrefois  que  les  parrains  imposassent 
les  noms  à  ceux  qu'ils  levaient  des  fonts  ;  quoique  cela 
ne  soit  pas  sans  exemple,  le  roi  Gontrand,  au  rap- 
port de  Grégoire  de  Tours  (5) ,  ayant  donné  à  sou 
neveu  le  nom  deClotaire  en  cette  occasion;  mais, 

(1)  Dans  le  Gloss.  de  Ducange,  sur  le  mot  Caté- 
chizari. 

(2)  InChron.,  anno  945. 

(3)  De  consecratione ,  dist.  4. 

(4)  In  Eboracensi,  anno  1195,  ci;  Sailsber. , 
anno  1217,  c.  14;  Coloniensi,   anno  1280,   c.    4. 

(5)  Lib.  10,  Hist.  Franc. ,  c.  28. 


103: 

coin 

uicinc  souvent  que  roi)  clia 


comme  nous  disons,  cela  était  rare  :  il  n'arrivait  pas  1 1 
anseât  le  nom  au  Baptême,  !  i 


et  eommc  vous  avez  vu  ,  ce  n'était  pas  la  coutume 
ordinaire,  dans  les  cinq  ou  six  premiers  siècles,  de  bap- 
tiser les  enfants  aussitôt  après  leur  naissance,  à  moins 
qu'il  y  eût  péril  do  mort.  Ainsi  ils  avaient  leurs  noms, 
tant  les  eniiints  que  les  adultes,  quand  on  lesprésen- 
liiit  au  Baptême  :  et  c'était  l'ordinaire  qu'on  les  leur 
laissât.  On  prenait  même  les  noms  des  uns  et  des  au- 
tres ,  plusieurs  jours  avant  le  Baplcme,  pour  les  ins- 
crire dans  la  matricule  de  lÉglise.  Selon  l'ordre  ro- 
main vulgaire,  c'était  dans  le  grand  scrutin,  dont  nous 
avons  parlé ,  que  les  catéchumènes  doimaicnt  leurs 
noms  pour  être  inscrits.  Cependant  c'était  la  coutume 
àRome  du  temps  deSyrice  (1)  que  cela  se  fit  quarante 
jours,  et  quelquefois  plus,  avant  le  jour  auquel  le 
Baptême  devait  se  donnner ,  ce  Pape  défendant  de 
recevoir  à  la  grâce  de  ce  sacrement  ceux  qui  n'auront 
point  donné  leurs  noms  quarante  jours ,  ou  plus ,  au- 
paravant. Qui  mite  (lies  quadraginta ,  vel  eo  amptiiis  ■ 
nomcn  non  dcdcrint.  \ 

Dans     l'Église    de    Jérusalem    on   prenait     les  | 
noms  des  compétents  au  commencement  du  carême  : 
f  Vous  êtes  entré ,  dit  S.  Cyrille  (2) ,  vous   avez  été 
«  admis,  votre  nom  a  été  inscrit — ;  vous  avez  un 
<  assez  long  espace  de  temps,  on  vous  donne  quarante  ; 
t  jours  pour  faire  pénitence.  > 

On  voit  par  là,  et  par  la  demande  que  l'on  faisait  ; 
de  leurs  noms  aux  enfants  dans  les  scrutins ,  suivant 
la  remarque  de  D.  Hugues  Menard  (5),  sur  ces  paroles 
du  sacramenlaire  de  S.  Grégoire,  quis  l'ocaris ,  qu'ils 
avaient  leurs  noms  avant  le  Baptême  ;  à  plus  forte 
raison  les  adultes.  C'était  une  pratique  des  Romains 
d'imposer  les  noms  aux  garçons  le  neuvième  jour 
après  leur  naissance,  et  aux  lilles  le  huitième,  comme 
nous  l'apprenons  de  Macrobe  (i) ,  et  ces  jours  s'appe- 
laient dies  lustrici  qnibus  infantes  Itistiantur ,  atque  ds 
nomina  impomintur  .  Les  Grecs,  selon  Hésychius,  fai- 
saient cela  le  dixième  jour  ;  selon  Aristoie ,  le  sep- 
tième ;  et  la  cérémonie  se  faisait  avec  certaines  su- 
perstitions ,  en  décrivant  des  cédules  sur  le  foyer , 
d'où  vient  qu'on  les  nommait  à^ç)i5po,atc<,  selon  Ja 
remarque  d'IIésycbius,  de  Suidas,  et  de  quelques 
autres. 

C'était  aussi  la  coutume  des  anciens  Francs  de  ne 
donner  les  noms  à  leurs  enfants  que  le  neuvième 
jour.  Cela  est  évident  par  la  loi  Salique,  dans  laquelle 
il  est  dit  :  Si  quii  infanlem...  natum,  antequàm  nomen 
I  liabeal,  infra  novem  noctes  occident.  Les  anciens  Chré- 
j  liens  ,  suivant  toute  apparence  ,  ont  conformé  leurs 
usages  là-dessus,  aux  superstitions  près  qu'ils  en  ont 
retrancliées.  Les  Grecs  ,  encore  aujourd'hui,  ne  don- 
nent le  nom  à  leurs  enfants  que  le  huitième  jour 
après  qu'ils  sont  nés ,  comme  on  le  voit  par  leur  Eu- 

(1)  Epist.  ad  Himer.,  c.  2. 

(2)  Catech. .  c.  3,  num.  1. 
Cô)  Pag.  350  nova;  edit.,  t.  3, 
(4)  Lib.  1 ,  Saturnaiium,  c.  16. 


I 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  i04 

chologe.  Chez  les  Moscovites,  nn  MDPort  de  Sigis- 
mond  Liber  (1) ,  on  donne  le  nom  aux  enfants  h'  jour 
même  de  la  naissance,  quoiqu'on  ne  les  baptise 
que  quarante  jours  après  ,  à  moins  qu'ils  ne  soient 
malades. 

Puisque  nous  sommes  sur  cette  matière ,  je  crois 
devoir  ajouter,  pour  faire  plaisir  au  lecteur  curieux  , 
ce  que  je  trouve  dans  le  Voyage  de  M.  Le  Gentil , 
touchant  le  temps  auquel  les  Chinois  imposent  les 
noms  à  leurs  enfants.  Lorsqu'un  enfant  est  né,  dit-il, 
son  père  lui  donne  dans  le  terme  d'un  mois  un  petit 
nom,  SiAOMi.NG  {nom  de  tait)  sembable  à  ces  7ioms  di- 
minutifs que  les  Européens  donnent  à  leurs  enfants  ,  et 
on  ne  le  connaît  que  sous  ce  nom  pendant  son  enfance. 
Mais  quand  un  enfant  commence  à  s'appliquer  à  l'étude 
des  lettres ,  son  père  lui  donne  un  nouveau  nom  ,  quon 
met  à  la  suite  du  nom  de  famille  (car  les  Chinois  sont 
diamétralement  opposés  en  plusieurs  choses  à  nos 
coutumes) ,  ainsi,  au  lieu  que  nous  disons  ,  par  exem- 
ple ,    PiEURE    l'Allemaxd  ,    Hs  diront ,    l'Allemand 

Pierre Enfin  quand  un  jeune  homme  est  parvenu  à 

l'âge  viril,  on  lui  donne  le  bonnet  viril ,  el  dans  celte 
occasion ,  ses  atnis  lui  clioisissent  un  nom  qu'il  conserve 
toute  sa  vie.  Il  arrive  même  assez  souvent  qu'ils  si- 
gnent 'de  ce  nom  leurs  lettres  et  leurs  écrits.  M.  Le 
Gentil  avait  dit  auparavant,  qu'ils  les  signaient  com- 
munément de  leurs  noms  de  famille  ;  quoiqu'on  ne 
les  appelle  jamais  de  ce  nom  ,  à  moins  que  celui  qui 
le  fait  ne  soit  fort  supérieur  en  dignité. 

Pour  revenir  à  notre  sujet ,  ce  que  nous  avons  dit 
du  temps ,  et  de  l'occasion  où  l'on  imposait  les  noms 
aux  enfants  ,  n'est  pas  sans  exception.  Nous  avons 
plusieurs  exemples  de  noms  donnés  au  Baptême  aux 
enfants  ,  et  même  quelquefois  aux  adultes ,  qui  quit- 
taient dans  cette  sainte  cérémonie  celui  qu'ils  avaient 
porté  jusqu'alors  :  mais  ce  n'était  point  la  règle  or- 
dinaire. L'empereur  Théodose-le-Jeune  fit  baptiser 
Athenaïs,  fille  d'un  philosophe  d'Athènes,  avant  de 
l'épouser;  et  l'évêque  Attique  dans  le  Baptême  la 
nomina  Eudoxie ,  du  nom  de  la  mère  de  l'empereur, 
comme  nous  l'apprend  Socrate.  Grégoire  de  Tours  dit 
d'un  certain  diacre  appelé  Waldo,  qu'il  prit  au  Bap- 
tême le  nom  de  Berleramnus.  L'empereur  Charlema- 
gne  (2)  étant  à  Rome  en  781 ,  y  fil  baptiser  son  fils 
par  le  pape  Adrien ,  qui  lui  changea  son  nom  de  Car- 
loman  en  celui  de  Pépin. 

On  pourrait  rapporter  beaucoup  plus  d'exemples 
d'enfants  nommés  au  Baptême  :  ce  qui  arrivait  ordi- 
nairement quand  il  suivait  de  près  le  jour  de  leur 
naissance.  Mais  tout  cela  ne  prouve  pas  que  ce  lût  la 
coutume  d'en  user  ainsi  ;  et  l'on  peut  assurer,  sans 
craindre  de  se  tromper,  que  l'usage  de  donner  le  nom 
aux  enfants  dans  le  Baptême ,  ne  passa  en  coutume  , 
que  quand  on  se  fut  mis  sur  le  pied  de  les  baptiser 
d'abord  après  leur  naissance  ;  ce  qui  n'arriva  que  vers 

(1)  De  rébus  Moscoviticis. 

(2)  Apud  Chesn.,  lom.  2,  p.  22,  et  loin.  3, 
p.  183 


BAPTEME.  —  11*  PARTIE.  CHAP.  VI.  DES  PARRAINS. 


105 

le  douzième  siècle.  "Nous  apprenons  effedivemenl  par 
los  capilulaires  de  nos  rois  que  depuis  niênic  que  tout 
le  monde  fut  devenu  cluélien  ,  on  ne  seii:ilail  pas  de 
faire  baptiser  les  enfants,  jusque  là  que  l'on  fut  con- 
traint de  faire  des  lois  pour  obliger  les  pères  et  mères 
à  ne  pas  trop   différer  de  procurer  à  leurs  enfants  ce 
secours  si  nécessaire  ,  et  cela   sous  peine  d'amendes 
considérables.  Nous   en  avons  une  de  ce  genre  dans 
les  capilulaires   de  Charlemague,    publiés  en   789, 
dont  je  rapporterai  les  termes  :   Simililer  placuit  liis 
cap'Hidis  inserere  qubd  oinnes  infautes  hifra  anmim  ba- 
pCiziniiur.  La    loi  ajoute  (pie  si  ou  néglige  de  le  faire 
sans  la  permission  ou  le  conseil  du  prèlre,    celui  qui 
sera  dans  le  cas,  s'il  est  noble,  paiera  cent  sols  au 
fisc  ,  et  s'il  est  libre ,  il  en  paiera  soixante  :  que  s'il 
est  lilus,  qui  était  une  condition  mitoyenne  entre  le 
libre  et  le  serf,  il  eu  paiera  trente.  On  voit  par  là  que 
les  enfants  n'étant  pour  l'ordinaire  baptisés  que  quel- 
ques   mois  au  moins  après  leur   naissance  (  la  loi 
même  n'obligeant  pas  à  aulre   chose  )  ,  et   que  les 
noms,  suivant  la  coutume  des  Francs,    se  donnant 
quelques  jours  après  ;  les  enfants  avaient  leurs  noms 
avant  qu'on  les  présenlil  au  Baptême.    Que  si  l'on 
nous   oppose,  dit  le  P.  Menard,  le  trentième   canon 
Arabe  du  concile  de  Nicée,  et  le  passage  de  la   lettre 
de  S.  Denis  d'Alexandrie  dans  laquelle  il  dit ,  que  les 
parents  clnéliens  donnaient  à  leurs  enfants  les  noms 
des  Apôtres  ;  je  réponds,  qu'à  l'égard  de  ces  canons, 
on  ne  doit  y  avoir  aucun  égard,  n'étant  point  aulbcn- 
li(pies,  et  poin-  ce  qui  est  de  S.  Denis,    qu'il  dit  à  la 
\érilé  ce  que  pratiquaient    les   pères  et    les   mères 
cliréliens  diins  rinq)Osilion  des  noms  ;   mais  qu'il   ne 
dit  pas  qu'ils  le  lissent  au  Baplème.  Il  appuie  son  sen- 
timent de  Tautoriié  de  Jessé  d'Amiens,  dans  la  lettre 
qu'il  a  écrite  toucbant  le  Baptême,  où  on  lit  ces  pa- 
roles :  Qu'Us  viennent  à  l'église  ,  la  troisième  semaine 
de  Carême ,  la  seconde  férié;  et  avanf-  qu'ils  y  entrent , 
que  l'on  écrive  les  noms  des  enfants.  «  Scribantnr  no- 
f  mina  infantium  ab  acolijtlio.  s 

Ce  que  nous  venons  de  rapporter  de  S.  Denis  tou- 
cbant la  prali(pic  des  pères  cl  mères  cliréliens ,  ne 
doit  s'entendre  que  de  l'Orient  tout  au  plus,  où  l'on 
voit  assez  àc  personnes  depuis  le  quatrième  siècle, 
porter  les  noms  des  Apôtres  et  des  Martyrs  ;  mais 
cela  n'avait  pas  lieu,  ou  était  très-rare  en  Occident, 
soit  du  temps  que  les  Romains  y  dominaient  encore  , 
soit  depuis  que  les  barbares  s'en  furent  emparés; 
presque  tous  les  noms  de  ceux  dont  il  est  fait  mention 
dans  l'histoire  étant  profanes.  C'était  ordinairement 
les  pères  ou  les  mères  qui  les  donnaient  à  lem  s  en- 
fants,  et  ils  leur  imposaient  assez  souvent  des  noms 
qu'avaient  portés  des  personnes  de  leurs  familles,  qui 
s'étaient  distinguées  par  leur  mérite,  ou  bien  des 
étrangers  qu'ils  alfectioimaient.  C'est  ainsi  que  les  ha- 
bitants d'Antioche  donnaient  volontiers  le  nom  de 
Melece  à  leurs  enfants ,  du  vivant  même  de  ce  S. 
évéqud,  par  l'estime  et  l'affection  qu'ils  avaient  pour 

TH.   XS.. 


106 

lui,  de  quoi  S.  Chrysostômc  (1)  les  loue  beaucoup, 
et  en  prend  occasion  d'exhorter  les  Chrétiens  à  laisser 
les  noms  profanes  de  leurs  aïeux  mêmes,  et  de  donner 
plutôt  à  leurs  cuianls  ceux  des  Saints,  dont  l'exemple 
leur  serve  d'aiguillon  pour  les  excitera  la  vcitu.  Ce 
fut  aussi  par  amitié  pour  Robert  duc  des  Français, 
que  Rollon  ,  le  premier  fondateur  de  la  puissance  des 
Normands  dans  la  Ncuslrie,  quitta  son  nom  barbare  au 
Baptême,  pour  prendre  celui  de  Robert  :  ce  qui  arriva 
en  l'an  91 1 .  Ce  ne  fut  que  vers  la  fin  du  douzième  siè- 
cle et  le  commencemenl  du  treizième,  que  l'on  donna 
au  Baptême  communément  des  noms  de  Saints ,  que 
l'on  ajouta  an  nom  de  famille,  du  lieu  de  sa  naissance, 
ou  de  son  j-ays.  C'est  ainsi  qu'on  appelait  le  Maître 
des  Sentences,  Pierre  Lombard  ,  un  aulre,  Pierre  de 
Poitiers,  celui-là,  Pierre  AbaiU.rd,  celui-ci,  Jean  Scot, 
ou  Jean  d'I'm,  etc.  Avant  ce  temps  on  ne  voit  pas 
qu'en  France,  en  Italie  et  en   A.'lemagne,  on  portât 
des  noms  de  famille;  chacun  avait  le  sien  particulier, 
et  n'en  avait  qu'un.  S.  Bcriiaid  ,  par  exemple,  n'avait 
point  d'autre  nom  que .  B  rnard.   Gérard   son  frère 
n'en  avait  point  d'autre  (pu-,  Crard,  et  ainsi  des  au- 
tres.   Ces  noms  n'élaieni   ;  oint  des  noms  de  Saints  , 
ou  au  moins,  ne  leur  a^aicui  pas  été  donnés  à  cause 
de  quel :|ues  saints  personicigcs  qui  avaient  pu  les  por- 
,ter,  mais   cela  se  faisa.i  parle  clioix  arbitraire  des 
I  parents  ,  qui  suivaient  sm- cela,  p-nu' l'ordinaire  ,   la 
maxime  dont  nous  avons  parlé  ci-Jessus.  îl  y  a  pour- 
tant lieu  de  croire  que  la  pieuse  coutume  de  donner 
aux  enfants,  quand  on  les  baptise,  les  noms  des 
Saints  ,  alin  que  b'ur  pvote<  lioii  leur  tienne    lieu  de 
sauve-garde  ,  que  celle  c  »i;iume,  dis-je,  est  ancienne 
dans  quelques  Églises  d'Occid  iiî   :  puisque,   comme 
l'enseigne  Yisconli  d'aprè-,  le  <éré-inonial  de  Bérold , 
c'était  une  ancienne  pi;iiiqut'  à   Milan  que  l'arclievê- 
que  baptisât  la  veille  de  p-à  ;ii;'S  iiois  enfants,  au  pre- 
mier desquels  il  donnait  ienom  de  Pierre,  au  second, 
le  nom  de  Paul,  et  au  troisième ,  celui  de  Jean.  Je 
trouve  dans  le  Livre  du  P.  Mcriène  (2),  des  anciens 
rils  de  l'Église,  cerLines  parlkularilés  louchant    les 
prrrains  et  man;»incs,  ipii  me  sont  échappées,  et 
que  je  crois  devoir  ajouter  à  ce  que  j'en  ai  dit,  avant 
de  mettre  fin  à  ce  c  ap  tn-. 

1.  Les  constitutions  apî'Sloliques  portent  (ju'ini 
diacre  recevra  les  h.  nimes  au  sortir  des  fonts,  et  une 
diaconissc,  les  fennnes;  alin  que  tout  se  passe  avec 
décence.  Ceci  semble  exclure  la  pluralité  des  par- 
rains que  nous  avons  vue  ci-dessus  avoir  été  depuis 
en  usiige.  Le  canon  22'  du  concile  de  Nicée  de  la 
version  arabe,  aussi  bien  que  les  actes  de  S.  Sébas- 
tien, confirmeraient  celte  discipline,  si  l'on  pouvait 
ajouter  foi  à  ces  monuments.  Mais  ce  qui  csi  vrai, 
c'e>i  que  le  concileide  Metz  (cap.  6)  de  l'an  888  ordonne, 
qu'un  enfant  ne  soit  tenu  sur  les  fonts  que  par  una 
seule  persoime,  de  peur,  disent  les  Pères  de  ce  con- 
cile, de  donner  lieu  au  diable  d'avilir  un  itil  minis- 


(1)  Hom.  inGen.  21. 
i     (2)  Lib.  1 ,  toni.  1 ,  c.  1 ,  art. 


lij. 


107 


tire.  Le  P.  Martène  remarque  que  ce  règlement  fut 
mal  observé,  cl  qu'on  multiplia  beaucoup  les  parrains 
et  marraines  peu  de  temps  après  :  en  sorte  qu'il  y  en 
avait  qnelfiuefois  six  tout  à  la  fois,  trois  de  chaque 
sexe.  Ce  fut  sans  doute  pour  réprimer  cet  al)us  que 
l'on  lixa,  connue  vous  avez  vu  au  conmiencetnenl  de 
ce  cliapiire,  le  nombre  des  parrains  et  marraines  à 
trois,  en  sorte  qu'il  ne  fut  pas  permis  d'aller  au  delà. 
Cette  coutume  paraît  bien  établie  dès  le  quinzième 
siècle,  et  s'est  observée  comniunémcni  jusques  assez 
avant  dans  le  dernier.  L'usagf».  de  donner  deux  par- 
rains et  une  marraine  à  un  garçon,  cl  deux  marraines 
et  un  parrain  à  une  fdle,aélé  long-temps  en  vigueur, 
m'écrit  UM  de  mes  amis  à  qui  j'ai  communiqué  cet  ou- 
vrage, ei  qui  a  bien  voulu  me  faire  part  de  ses  re- 
marques; j'ai,  ajoule-t-il,  un  registre  des  baptêmes 
des  maisons  de  Vendôme,  de  Longueville  et  de  Guise 
du  quinzième  et  du  seizième  siècles,  où  celte  règle 
est  toujours  observée.  Elle  avait  encore  lieu  en  1G20, 
comme  cela  se  voit  dans  les  registres  de  notre  pa- 
roisse que  j'ai  parcourus.  Les  statuts  synodaux  de 
Wary  de  Domraartin  évêque  de  Verdun,  prescrivent 
la  même  chose,  défendant  absolument  d'excéder  ce 
«ombre,  parce  que,  disent  ils,  ce  qui  est  au-delà  ne 
peut  venir  que  d'un  mauvais  principe.  Nam  qiiod  am- 
plius  est  à  malo  esl  [folio  verso  17). 

2.  Les  excommuniés ,  les  pénitents  publics  et  les 
moines  ne  doivent  point  faire  la  fonction  de  parrain(l). 
Cela  est  interdit  à  ces  derniers  par  le  concile  d'.\u- 
lerre  ,  en  ces  termes  (c.  20  )  :  Il  n'est  point  permis  à 
un  abbé  de  recevoir  les  enfants  au  Baptême,  ni  aux  moi- 
nes d'avoir  des  commères.  Cq  règlement  a  été  aussi  mal 
observé  que  le  précédent.  Cela  esl  évident  par  ce 
qui  arriva  au  Baptême  de  Philippe  fils  du  loi  Louis 
VU,  lequel ,  suivant  le  lémoignage  de  nos  hisloriens 
(2),  eut  pour  parrains  trois  abbés,  et  trois  dames  pour 
marraines.  Enlin  le  concile  de  Paris  de  l'an  829,  ce- 
lui de  Metz  que  nous  venons  de  ciler,  cl  les  staïuts 
deS.  BonifacedeMayence,  ordonnent  qu'on  n'adniellra 
pour  remplir  cette  fonction,  que  ceux  qui  sont  capa- 
bles d'instruire  ceux  dont  ils  deviennent,  en  quelcjuc 
sorte,  les  pères  selon  la  foi.  Élie,  évêque  d'Lsez,  en 
exclut  ceux  qui  n'ont  point  reçu  le  sacrement  de  Con- 
fîrmalion.  S.  Charles  défend  aux  prêtres  de  se  rendre 
parrains.  Les  statuts  synodaux  de  Verdun  font  la 
môme  défense  aux  religieux  profès  et  aux  religieuses, 
auxquels,  î>joulenl-ils,  il  est  défendu  par  le  droit  de 
se  faire  des  con)pères  et  des  commères.  (Ce  sont  les  ter- 
mes.) Ces  mêmes  statuts  interdisent  la  fonciion  de 
parrains  et  de  marraines  aux  enfants,  et  ils  en  rendent 
celte  raison  ;  qu'il  est  ridicule  que  quelqu'un  soit 
père  spirituel  d'un  autre,  quand,  selon  les  lois  de  la 
nature,  il  ne  peut  encore  avoir  la  qualité  de  père.  Eu- 
fin  ils  ordonnent  que  l'on  enjoindra  aux  parrains  et 
aux  marraines  d'apprendre  à  leurs  fdleuls  ou  filleules 
l'Oraison  Dominicale,  la  Salutation  Angélique   et  le 

(1)  Capllular.,  1.  6,  c.  i82,  et  conc.  Paris.  VI ,  1. 
c.  5i. 

(2)  iiist.  Ludov.  Vil  apud  Chesn.,  tom.  i,  cap.  7. 


HISTOIRE  DES  S.\CREMENTS.  fog 

Symbole ,  quand  ils  seront  en  âge  de  recevoir  des  io- 


structions. 


CHAPITRE  VU. 


Des  effets  surprenants  du  Baptême  :  et  en  conséquence^ 
combien  lu  conduite  que  l'Église  gardait  envers  ceux 
qui  le  recevaient  en  maladie  était  différente  de  celle 
qu'elle  tenait  à  l'égard  des  fidèles  réconciliés  en  cet 
état.  Diverses  opinions  des  docteurs  de  l'école,  tou  • 
chaut  lu  (jràce  coiiférée  aux  enfants  dans  ce  sacrement. 
Baptême  sous  condition  :  quand  il  a  commencé. 

L'ouvrage  que  nous  donnons  étant  purement  histo- 
rique, il  ne  nous  conviendrait  pas  de  traiter  dogma- 
ii(]uemeni  de  la  vertu  et  des  effets  du  sacrement  de 
Baptême.  Nous  supposons  comme  incontestable  tout 
ce  que  l'Eglise  croit  et  enseigne,  tant  sur  ce  point, 
que  sur  tous  les  antres  qui  regardent  les  sacrements; 
et  notre  dessein  est  seule. lient  d'exposer  au  public  de 
quelle  manière  on  a  dispensé  dans  tous  les  temps  ces 
trésors  de  grâces,  que  Dieu  a  confiés  à  son  Eglise, 
C'est  surtout  dans  le  Baptême  qu'ils  sont  renfermés. 
On  remplirait  des  volumes  entiers  de  ce  que  les  Pères 
nous  apprennent  de  l'eflJcace  et  des  vertus  de  ce  sa- 
crement :  elhî  esl  telle,  qu'elle  renouvelle  l'homme 
enlièremenl,  cl  que,  pour  me  servir  des  expressions 
Je  la  Vérité  même,  elle  le  fait  nailre  de  nouveau  Le 
docteur  de  la  loi,  à  qui  le  Sauveur  a  dit  celle  éton- 
nante vérité  (i),  en  fut  surpris,  et  lui  dit  :  Comment 
peut  naître  un  homme  qui  est  déjà  vieux  ?  peut-il  rentrer 
une  seconde  fois  dans  le  sein  de  sa  mère  pour  naître  en  • 
core?  Mais  Jésus-Christ  ne  raballil  rien  de  ce  qu'il 
avait  avancé;  il  lui  répondit  :  En  vérité,  en  vérité,  je 
vous  dis  que  si  un  homme  ne  renaît  de  l'eau  et  de  t'eS' 
prit,  il  ne  peut  entrer  dans  le  roijaume  de  Dieu  Nico- 
dèmc,  encore  plus  étonné,  lui  ayant  demandé  com- 
ment cela  se  pouvait  faire,  Noire-Seigneur  se  con- 
tenta de  lui  répondre,  qu'il  ne  lui  disait  que  ce  qu'il 
savait,  et  qu'il  lui  rendait  lémoignage  de  ce  qu'il 
avait  vu.  C'est  ainsi  que,  sans  lui  expl.qiier  le  mys- 
tère de  celle  nouvelle  naissance,  il  lui  marquait  seu- 
lement qu'il  fallait  qu'il  le  crût,  et  qu  il  attendit  de  sa 
bonté  la  grâce  d'y  avoir  part. 

L'Apôire  ne  relève  pas  avec  moins  de  force  la  vertu  du 
Baptême,  et  les  avantages  incomparables  que  nous  ac- 
quérons en  le  recevant.  Par  ce  sacrement,  selon  lui  (2), 
nous  sommes  lavés  de  nos  péchés  et  sanctifiés.  Nous 
sommes  sauvés,  régénérés,  renouvelés.  No,;s  deve- 
nons eiifanls  de  Dieu,  nous  sommes  revêtus  de  Jésus- 
Christ.  Nous  recevons,  dans  celte  eau  sanclifianie,  la 
qualité  glorieuse  d'enfants  adoptifs  de  Dieu,  nous  de- 
venons SCS  héritiers,  et  les  cohéritiers  de  Jésus- 
Christ,  nous  sommes  ensevelis  avec  le  Sauveur  pour 
ressusciter  avec  lui.  Enfin,  d'eufanls  de  colère  que 
nous  étions  par  noire  nature,  et  par  consé(iuent  l'ob- 
jet de  la  vengeance  de  Dieu,  nous  entrons  en  société 

(1)  Joan.  3,  V.  3  et  seq. 

(2)  1  Cor.  G,  V.  H;  ad  Tilum,  3,  v.  5;  Galat.  5,  ▼« 
26  ;  Rom.  8,  v,  17  ;  Rom.  6,  v.  5  et  4. 


m  BAPTÊME.  -  II*  PARTIE.  CIIAP. 

avec  lui,  nous  avons  part  à  son  esprit,  à  sa  grâce  et  h 
son  amour.  Le  baplôme  produisant  de  tels  biens, 
romnie  l'Ecriture  nous  en  assure,  qui  n'admirera  la 
pensée  extravagante  d'un  homme,  d'ailleurs  fort  cé- 
lèbre (l),  qui  a  écrit  qu'il  fallait  interroger  les  enfants, 
toucliant  les  vœux  et  les  promesses  que  leurs  parrains 
ont  faits  pour  eux  au  Baptême,  et,  en  cas  ([uils  refu- 
sent de  les  ratifier,  les  laisser  à  eux-mêmes,  et  ne 
les  point  contraindre  à  mener  la  vie  de  Cliréiiens?  Y 
a-t-il  lieu  à  la  délibération  dans  une  affaire  de  cette 
nature  ?  délibère-t-on  entre  la  vie  et  la  mort,  entre 
les  ténèbres  et  la  lumière?  Si  les  lois  civiles  dèlVn- 
dent  aux  citoyens  de  s'oter  à  eux-mêmes  la  vie  leni- 
porclle,  et  condamnent  cet  attentat  tomme  un  crime 
énorme;  comment  l'Kglise  pourrait  elle  souffrir  que 
ses  enfants  se  privassent  eux-mêmes  de  la  vie  de 
l'àme  qu'ils  ont  reçue  dans  le  sacrement  de  Baptême; 
qu'ils  rompissent  l'alliance  qu'ils  ont  contiaclée  avec 
Dieu,  et  que  de  ses  enfanis  et  de  ses  liériiiers,  ils  de- 
vinssent doublement  ses  ennemis  et  l'objet  de  sa  colère? 
S.  Cyprien  (-2)  rend  non-seulcmonl  témoignage  de  ce 
que  nous  avons  dit  de  la  vertu  et  de  reflicace  du 
Bajjtéme ,  mais  il  assure  qu'il  l'a  éprouvée  en  sa  per- 
sonne. L'endroit  est  trop  beau,  et  trop  inslruclif  pour 
que  nous  négligions  de  le  rapporter  ici  :  Lorsque  j'é- 
tais dans  les  ténèbres  et  environné  d'une  nuit  épaisse, 
dit-il  à  un  de  ses  amis,  lorsque  fêtais  chancelant  cl  in- 
certain sur  la  mer  agitée  de  ce  siècle,  ne  me  connaissant 
pas  moi-même,  et  éloiqné  de  la  lumière  el  de  la  vérité, 
il  me  semblait  bien  difficile  à  croire,  allendu  ma  manière 
de  vivre  alors ,  que  par  l'indulgence  divine  on  pût  re- 
naître de  nouveau ,  et  que  je  pusse,  étant  animé  par  le 
bain  salutaire,  passer  à  une  nouvelle  vie  et  me  défaire 
de  mes  anciennes  habitudes,  et  enfin,  que  l'homme  de- 
meurant dans  le  même  corps,  changeât  d'esprit  et  de  vo- 
lonté. Comment  un  tel  changement,  me  disais-je,  serait-il 
possible?  Conmient  peut-il  arriver  que  l'on  se  dépouille 
tout  à  coup  des  inclinations  qui  sont  nées  avec  noits,  el 
qui  nous  sont  devenues  naturelles,  ou  bien  que  nous 
avons  contractées  par  une  longue  habitude  affermie  par 
l'âge  ?  Se  peut-il  faire  que  celui  qui  est  accoutumé  à  la 
'\bo7ine  chère,  qui  est  revêtu  d'habits  précieux,  qui  brille 
\  par  l'or  et  la  pourpre,  apprenne  à  être  sobre,  à  vivre 
;  \ruaalement,  et  à  ne  rien  avoir  qui  le  distingue  dans  ses 
habits  ?  Celui  qui  se  pluit  dans  les  honneurs  et  les  mar- 
j  jaei  de  distinction,  ne  peut  vivre  comme  une  personne 
'  privée...  étant  retenu  par  des  attraits  si  puissants.  Il  faut 
fju'à  son  ordinaire,  il  s'abandonne  aux  plaif,irs  du  vin, 
il  faut  que  Corgueil  l'enfle,  que  la  colère  l'enflamme, 
que  son  avidité  l'inquiète,  qu'il  se  laisse  aller  à  la 
cruaulé,  et  entraîner  par  l'ambition  el  l'amour  du  plaisir. 
Je  pensais  souvent  à  toutes  ces  choses  en  moi-même  : 
car  fêlais  retenu  et  comme  lié  par  les  égarements  de  ma 
vie  précédente,  dont  je  ne  croyais  pas  pouvoir  m'affran- 
chir,  tant  j'étais  accoutumé  décéder,  et,  dan  s  le  désespoir 

(1)  Erasme  dans  un  fragment  de  leitres  insérées 
dans  l'histoire  de  sa  vie,  écrite  l'an  1607. 

(2)  Lib.  ad  Donat. 


VIL  EFFETS  DE  CE  SACREMENT. 


HO 


de  pouvoir  devenir  meilleur,  jeme  plaisais  dans  mes  maux. 
Qui  m'éinicnt  devenus  comme  propres  cl  familiers.  Voilà 
luio  peinluie bien  naturelle  de l'é-lat  où  se lrou\ ail  nuire 
sainl  i.vanl  le  lîiptêine,  el  des  vices  diml  il  allenilait 
la  guérison  par  la  vorlu  de  ce  grand  sacrement. 
Voyons  présentement  les  heureux  cflt;ls  qu'il  produi- 
sit chez  lui  :  Mais,  coiiliuiie  ce  saiiil,  après  que,  par 
le  secours  de  celte  eau  qui  a  la  vertu  de  réq-'-ncrer,  les 
taches  de  mes  péchés  passés  furent  effacées,  après  que  la 
lumière  se  fut  répandue  sur  mon  àme  ainsi  purifiée, 
'après  qu'ayant  puisé  du  ciel  l'Esprit  saint,  je  me  trou- 
vai changé  par  une  seconde  naissance  en  un  nouvel 
homme  ;  je  sentis  tout  à  coup,  el  d'une  manière  admira- 
ble, mes  doutes  se  dissiper.  Ce  qui  était  fermé  pour  moi 
me  fut  ouvert,  la  lumière  succéda  aux  Inièbres  :  ce  qui 
me  paraissait  difficile  auparavant ,  me  parut  aisé,  et 
j'appris  que  l'on  pouvait  faire  ce  que  j'avais  cru  in)pos- 
sible.  Je  reconnus  qu'ilre  né  de  la  chair,  et  avoir  vécu 
dans  le  péché,  était  une  suite  de  notre  condition  toute 
terrestre;  et  que  c'était  de  Dieu  que  me  venait  la  grâce 
de  me  soitir  animé  par  l'esprit.  Vous  savez  certainement, 
el  vous  reconnaissez  avec  moi  ce  que  cette  mort  aux 
crimes  et  cette  vie  à  la  vertu  nous  a  àté,  et  ce  qu'elle 
nous  a  procuré.  Vous  savez  tout  ceci,  et  ne  le  dis  point 
par  un  esprit  de  vanité  qui  serait  odieuse  (quoique  ce  ne 
soit  point  vanité,  mais  gratitude;  quand  on  attribue 
tout  à  Dieu  el  non  à  l'homme)  ;  puisque  c'est  par  la 
foi  qu'on  ne  pèche  plus ,  comme  c'était  par  l'espri 
d'erreur  attaché  à  notre  nature  que  jwus  avons  péché. 
C'est  de  Dieu,  dis-je,  que  nous  tenons  tout  ce  que  nous 
pouvons. 

C'est  ainsi  que  cet  illustre  martyr  rond  compte  des 
effets  que  le  Baptême  avait  produits  chez  lui,  et  je 
crois  que  ce  qu'il  dit  là  dessus  est  plus  propre  à  nous 
faire  com|)renJre  les  effets  et  la  vertu  de  ce  sacre- 
ment, que  tous  les  arguments  des  théologiens  les  plus 
concluants. 

Un  autre  effet  du  Baptême  non  moins  remarquable 
que  ceux  dont  parle  S.  Cyprien ,  est  qu'il  remet  en 
même  temps  la  coulpe  et  la  peine  duc  au  lédié,  en 
sorte  que  quchpie  énormes,  el  quelque  mullipliés 
qu'aient  été  les  crimes  de  ceux  qui  Oiit  reçu  ce  sacre- 
ment, ils  sont  dispensés  d'en  faire  pénitence.  Ceci 
parait  un  paradoxe  à  Pincrédulilé.  Cependant  rien 
n'est  plus  sûr,  et  toute  la  discii)liiic  de  l'Eglise  sup- 
pose ce  principe  comme  une  vérité  incontestable  : 
nous  allons  le  faire  voir  le  |)lus  brièvement  qu'il  nous 
sera  possible.  C'était  une  maxmie  établie  ,  que  si  un 
pénilenl  lnmbail  grièvement  nialad  •,  et  (pie  sa  vie  fût 
en  péril,  on  lui  accordait  la  réconciliation ,  el  même 
l'Eucharistie;  mais  s'il  revenait  en  santé,  il  élait 
obligé  de  reprendre  le  degré  et  la  station  de  la  péni- 
tence dans  lequel  la  maladie  l'avait  surpris ,  cl  de 
continuer  à  expier  ses  fautes  dans  Ls  exercices  labo- 
rieux de  cet  (;lal  (1)  :  au  lieu  qu'im  caléelumiène  au- 
quel une  pareille  conjoncture  avait  fait  duimer  le  Bap- 

(1)  Voyez  l'histoire   de  la  Pénitence,  section  3, 
part.  2. 


ili 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


ilî 


tême,  n'élait  point  renvoyé  à  la  classe  des  caléchu- 
mèncs  d'où  il  était  sorti,  et  jouissait  paisiblement  de 
toutes  les  prérogatives  des  autres  lidèies.  Il  est  vrai 
que  le  concile  de  Laodicée  (can.  47),  veut  que  ceux 
qui  sont  ainsi  baptisés,  étant  revenus  en  con^'iles- 
cencc,  apprennent  les  principes  de  la  loi ,  et  ([u'on 
leur  lasse  connaître  le  don  divin  dont  ils  ont  été  ren- 
dus participants.  Mais  il  ne  les  renvoie  pas  pour  cela 
au  catécbuménat.  Il  était  juste  qu'ils  s'instruisissent 
des  mystères  qu'on  leur  avait  tenus  cacliés  avant  qu'ils 
y  lussent  iniliés,  comme  nous  l'avons  vu  dans  la  pre- 
mière partie  de  cette  Histoire;  mais  il  n'était  pas  né- 
cessaire pour  cela  qu'ils  reprissent  le  rang  des 
catéchumènes.  Les  fidèles  pouvaient  assister  aux  in- 
structions que  l'on  faisait  aux  catécbumènes  ,  quoique 
ceuv-ci  ne  fussent  pas  admis  à  toutes  celles  que  Ion 
pouvait  faire  aux  fidèles. 

Sur  quel  principe  était  fondée  celle  conduite?  Il 
n'y  en  avait  point  d'autre  que  la  persuasion  où  on 
était,  que  le  Baptême  remettait  également  le  péché, 
ot  la  peine  due  au  péché  ,  c'est-à-dire  ,  que  par  le 
Baptême  on  était  non-seulement  revêtu  de  la  justice, 
mais  que  l'on  recouvrait  encore  l'innocence  que  l'on 


il  tâche,  aussi  bien  que  S.  Basile  (i)  et  S.  Gré- 
goire (2)  de  Nai'-ianze,  de  les  porter  à  se  disposera  re- 
cevoir le  Baptême,  qu'ils  différaient  souvent  jusqu'à  la 
vieillesse,  dans  la  créance  où  ils  étaient  qu'alors  ils 
recevraient  par  le  moyen  de  ce  sacrement  une  pleine 
rémission  de  leurs  péchés.  Celait  là  une  occasion  de 
leur  dessiller  les  yeux ,  rien  n*élait  plus  propre  à  les 
délromper  de  celle  créance,  si  elle  avait  été  mal  fon- 
dée, que  de  leur  dire  ,  que  la  preuve  du  contraire  de 
ce  qu'ils  pensaient ,  élait  que  l'on  faisait  accomplir 
après  le  Baptême,  aux  catéchumènes,  la  pénitence  que 
leurs  péchés  avaient  mériiée.  Mais  on  ne  trouve  rien  de 
semblable  dans  ce  qu'ils  disent  pour  les  exciter  à  sortir 
de  leur  assoupissement.  D'où  vient  cela?  La  raison  en 
est,  sans  doate ,  que  la  courte  pénitence  que  l'on  im- 
posait aux  catéchumènes,  avant  le  Baptême,  n'était 
que  pour  les  disposer  à  recevoir  plus  saintement  ce 
sacrement,  lequel  étant  une  fois  reçu,  elle  n'avait  plus 
lieu  :  au  lieu  que  les  pénitents  étaient  obligés  à  dou- 
ble titre  à  subir  les  peines  qu'on  leur  im;iosait ,  tant 
pour  se  disposer  à  recevoir  le  fruit  de  l'-ibsolntion  , 
que  pour  satisfaire  à  la  justice  divine,  qu'ils  avaient  ir- 
ritée par  leurs  péchés ,  qui  d'ailleurs  étaient  incompara- 


avait  perdue  ,  soit  par  le  péché  du  premier  père ,  soit      blemenl  plus  griefs  dans  les  Chrétiens,  que  dans  ceux 
par  ceux  que  Ton  avait  commis  personnellement.  Car      qui  n'avaient  point  encore  été  baptisés, 
autre  chose  est  la  justice,  autre  chose  est  l'innocence  :     |      De  plus,  on  n'a  jamais  fait  difficulté  d'accorder  aux 
et  il  arrive  souvent  que  les  justes  sont  redevables  à  la  [;  infidèles  la  grâce  du  Baptême  à  la  mort,  et  l'on  a  lou- 
justice  de  Dieu,  et  soumis  à  de  grandes  peines  dont  jj  jours  cru  que  quand   ils  l'avaient  demandé  sincère- 


leurs  péchés  précédents  les  ont  rendus  dignes,  t 
L'evemple  de  David,  à  qui  le  Prophète  dit  que  son  l 
péché  lui  était  remis,  en  est  une  preuve  :  Translatum  \ 
est  à  le  peccatum  tuum.  Car  quoique  les  sentiments  de  \ 
componction,  dont  il  fut  touché  d'abord,  l'eussent  ré-  j 
labli  dans  la  justice  ,  et  l'eussent  fait  rentrer  en  grâce 


ment ,  et  avec  vraie  confiance ,  ils  obtenaient  sur-le- 
champ  la  rémission  de  tous  leurs  péchés,  et  la  vie 
éternelle,  s'ils  mouraient  immédiatement  après  l'avoir 
reçu.  Cela  est  évident  par  ce  que  nous  venons  de  dire. 
Il  n'en  élait  pas  ainsi  des  fidèles  qui  avaient  souillé , 
par  des  crimes ,  la  robe  nuptiale  dont  ils  avaient  été 


avec  Dieu ,  le  prophète  Nathan  ajouta  :  €  Mais  ,  parce  [;  revêtus  au  Baptême.  Nous  montrerons  dans  l'Histoire 
«  que  vous  avez  donné  occasion  aux  ennemis  du  Sci-  i'  de  la  Pénitence  ,  que  dans  les  premiers  siècles,  s'ils 

avaient  attendu  à  celle  extrémité  à  recourir  à  l'Église, 
on  leur  refusait  la  réconciliation  ;  et  que  ,  si  dans  la 
suite  ,  on  la  leur  accorda ,  ce  n'était  qu'après  leur 
avoir  prescrit  les  exercices  pénibles  par  lesquels  ils 
devaient  expier  leurs  fautes,  s'ils  revenaient  en  sanlé, 
et  leur  avoir  fait  promettre  d'accomplir  la  pénitence. 
Nonobstant  tout  cela,  on  doutait  fort  de  leur  salut. 
Nous  pourrions  le  prouver  par  une  infinité  de  passa^ 
ges  des  Pères  :  mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  le  faire , 
et  nous  nous  contenterons  d'alléguer  l'autorilé  de 
S.  Augustin  (5),  qui  en  paile  ainsi  :  Si  quelquiui 
étant  réduit  à  l'extrémité  par  la  maladie,  veut  recevoir 
\  la  pénitence,  et  la  reçoil.  atissi  bien  que  la  réconciliation, 
et  meurt  ensuite ,  je  vous  l'avoue  ,  nous  ne  lui  refusons 
pas  ce  qu'il  demande,  mais  nous  ne  présumotis  pas  avan- 
lafjeusement  des  suites...  :  je  ne  suis  pas  en  assiirance 
sur  ce  qui  le  regarde.  Pourquoi  ne  suis-je  pas  en  assu- 
rance? je  pHîS  donner  la  pénitence  ,  je  ne  puis  donner 
rassurance  :  <  Pœnilentiam  dure  possum ,  securitatem 


t  gneur  de  blasphémer  contre  lui,  le  glaive  ne  sortira  \ 
€  po.nt  de  votre  maison  ,  i  etc.  Les  anciens  ne  pen- 
saient pas  de  même  du  Baptême  ;  ils  croyaient  ferme- 
nicnt  qu'il  abolissait  également  le  péché,  et  la  peine 
qui  lui  est  due  ,  soit  en  celte  vie  ,  soit  en  l'autre.  Ca  \ 
que  les  théologiens  expriment  par  ces  termes  ,  le  réal  i 
de  la  coulpe  et  de  la  peine  ,  rcatum  pœnœ,  et  culpœ.  \ 
S.  Augustin  (1)  rend  témoignage  de  cette  créance  de  ' 
l'Église ,  lorsqu'il  dit,  en  parlant  des  catéchumènes  f 
qui  sont  à  l'extrémité  :  Fil  hoc  ubi  quemquam  forlè  \ 
dies  exlremusurgel,  ut  ad  verba  paucissima,  quibusta- 
men  omnia  continentur,  credat  ,  sacramentumque  perci- 
piat,  ut  si  ex  hàc  vità  migraveril,  liberatus  exeal  à  reatu 
peccatorum  omnium.  Yous  voyez  par  ce  passage  que 
l'on  n'exigeait  des  catéchumènes  en  cet  état  que  la 
confession  de  la  vraie  foi,  et  que  l'on  ne  doutait  pas 
qu'eu  mourant  en  cet  état,  ils  n'entrassent  en  posses- 
sion des  biens  éternels. 

Vous  avez  vu  dans  le  5*  chapitre  de  la  1'*  partie, 
ce  que  S.  Chrysos^ome  pensait  du  salut  des  catéchu- 
mènes, que  l'on  baptise  étant  sur  le  point  de  mourir  : 

(1)  De  Fide  et  Operibus,  c.  6. 


(1)  Exhort.  ad  Bapt. 

(-2)  Orat.  39  et  -40. 

(ô)  Horail.  41,  in  lib.  50  Hom. 


«5  BAPTl'ME.  —  H'  PARTIE.  CHAP. 

t  dure  non  possum.  •  Le  parallèle  i]nc  nous  venons  do 
faire  de  la  dilTércnle  conduilc  que  l'Église  gardait  en- 
vers ceux  qui  denmndaienl  le  Baptême,  et  les  chré- 
tiens (|ui  élaienl  londu's  dans  le  crime,  aussi  bien  que 
les  maximos  sur  losquollcs  elle  était  fondée  ,  sont  une 
preuve  évidente  de  ce  que  nous  avons  dit ,  ([ue  le  Bap- 
tême remcltail  en  même  temps  et  le  péché  et  les  pei- 
nes dues  au  p.'clié  ,  aussi  bien  que  des  autres  effets 
que  rÉi  rilnrc  lui  allribue. 

On  avait  cru  jiis(|u"au  douzième  siècle  que  ce  sacre- 
ment opérait  également  dans  les  adultes  et  dans  les 
enfants,  autant  que  ceux-ci  sont  susceptibles  des  dons 
de  Dieu.  Mais  connue  en  ce  temps-là  on  commença  à 
raisonner  beaucoup  sur  les  vérités  de  la  Koligion ,  et 
qu'on  voulut  pénétrer  dans  les  mystères  qu'on  s'était 
contenté  jusqu'alors  de  croire  simplement,  on  ne 
manqua  pas  de  s'égarer  dans  une  matière  aussi  abs- 
truse que  colle-là  ;  on  se  forma  des  difficultés,  et  pour 
y  répondre  on  abandonna  une  partie  de  la  vérité.  Le 
Maître  des  Sentences  lui-même,  qui  n'a  composé  sa 
théologie  que  pour  arrêter  la  curiosité  inquiète  des 
docteurs  de  son  temps  et  fixer  leurs  sentiments  par 
l'aulorité  des  Pères  dont  son  ouvrage  n'est  presque 
qu'un  tissu  de  leur  texte  ;  le  maître  des  sentences  lui- 
même  (1),  dis-jo,  n'est  pas  à  l'abri  de  ce  reproche, 
puiscpi'il  a  insiiuu';  que  l'homme  n'est  point  juste 
formellement  par  quebjue  chose  qui  lui  soit  in- 
trinsèque, mais  seulement  par  l'amour  que  Dieu 
a  pour  lui ,  à  peu  près  couime  Pierre  est  ami  de 
Jeun  ,  et  lui  est  agréable  par  l'amour  que  Jean  a 
pour  lui,  sans  qu'il  arrive  chez  lui  aucun  changement; 
ce  qui  avait  surtout  lieu ,  selon  lui ,  à  l'égard  des 
enfants. 

Cette  opinion  du  maître  des  sentences  fut  rejetée 
par  un  bon  nond)rc  des  principaux  docteurs  de 
l'école  (2) ,  qui  enseignèrent  que  les  enfants  étaient 
justifiés  dans  le  Baptême  par  une  grâce  intérieure  ,  et 
qui  leur  était  propre  ,  quoi(|ue  distinguée  des  actes  ; 
mais  cette  difficulté  étant  aplanie  ,  il  s'en  éleva  une 
autre  ,  sur  laquelle  on  disputa  beaucoup  de  part  et 
d'autre.  Il  s'agissait  de  savoir  si  celte  grâce  intérieure 
qui  rétablissait  les  enfants  dans  la  justice  originelle, 
éiait  une  qualité  distincte  du  sujet  dans  lequel  elle 
était,  et  une  habitude,  habitus,  telles  que  sont  les  ha- 
bitudes acquises  de  science  et  de  vertu.  Dominique 
Soto  (3) ,  qui  a  assisté  au  concile  de  Trente  ,  convient 
qu'il  n'a  pas  toujours  été  de  foi ,  et  qu'il  n'y  a  pas 
même  long-temps  (jue  cet  article  de  doctrine  en  fait 
partie  ;  mais  il  prétend  en  môme  temps  que  ce  sen- 
timent qui  d'abord  éiait  laissé  à  la  liberté  des  théolo- 
giens, est  enfin  par  degré  ,  gradulhn  ,  devenu  dogme 
de  foi.  Du  temps  d'Innocent  III ,  selon  lui,  c'était  en- 
core une  opinion  libre.  C'est  là  où  il  fixe  la  première 
époque  :  il  prouve  ce  qu'il  dit  là-dessus,  par  ce  qu'a 
écrit  ce  pape,  cap.  Majores  de  Daptismo.  Ensuite,  le 

(I)  Lib.  i    Sentent.,  dist.  17. 
(2>  Allissiodorensis,  1.  5  Summ.  tracl.    G,  c.  1; 
Guiiiem.  Paris.,  l.deMoribns,  c.  i,  etc. 

(3j  In  lib.  4  Sentcntiarum,  dist.  0,  q.  1,  a.  3. 


VII.  EFFETS  DE  CE  SACREMENT.  Ui 

pape  Clément  \  ,  dans  le  concile  de  Vienne  ,  déclara 
que  c'était  le  sentiment  le  plus  probable.  En  dernier 
lieu  ,  le  concile  de  Trente  lui  a  donné  le  caractère  de 
dogme  de  foi  par  le  canon  6  de  la  onzième  session. 
C'est  ainsi  que  Soto  pensait  sur  cela. 
Cependant  Melchior  Canus  qui  avait  assisté  à  ce 
!  concile,  aussi  bien  que  Soto,  enseigne  que  l'on  peut 
encore  discuter  là-dessus  ,  pour  et  contre ,  sans  bles- 
ser la  foi  (I).  Effectivement  on  ne  voit  pas,  en  pesant 
les  paroles  dont  les  Pères  du  concile  se  sont  servis  dans 
le  canon  que  nous  venons  de  citer,  qu'ils  aient  eu  in- 
tention de  décider  celle  question  qui  appartient  plus  à  la 
philosophie  qu'à  la  théologie.  Ils  y  définissent,  contre 
les  protestants,  que  l'hounne  estvivifif",  non  par  la 
seule  imputation  des  mérites  de  Jésus-Christ,  ni  par 
la  seule  rémission  des  péchés  ,  mais  par  la  grâce  et  la 
charité  qui  est  répandue  dans  son  cœur  par  le  Saint- 
Esprit.  Définition  sage  et  conforme  à  ce  qu'on  a  cru 
dans  tons  les  temps,  touchant  la  justification  des  en- 
fants dans  le  Baptême.  On  y  a  été  persuadé  que  par 
{  ce  sacrement  ils  devenaient  le  temple  du  Saint-Esprit 
i  qui  les  sanctifiait  par  sa  présence,  et  les  ornait  de  ses 
j  dons  divins.  C'étut  dans  cetle  persuasion  que  les  his- 
•  toriens  ccclésiastiqties  racontent  du  père  d'Origène , 
I  qu'il  baisait  quelquefois  la  poitrine  de  son  fils  encore 
1:  enfant,  comme  étant  le  temple  du  Saint-Esprit,  Cet 
Esprit  divin,  selon  les  Pères,  les  rend  justes  en  la  ma- 
nière qu'ils  peuvent  l'être,  et  que  nous  ne  pouvons 
comprendre  à  cause  de  la  faiblesse  de  nos  lumières; 
comme  nous  ne  comprenons  pas  comment  ils  sont  in- 
justes et  corrompus  par  le  péché  originel,  quoique  la 
foi  nous  enseigne  qu'ils  naissent  formellement  pé- 
■  cheurs  et  dignes  de  la  colère  et  de  la  vengeance  de 
Dieu. 

C'est  pour  délivrer  les  hommes,  tant  adultes  qn'en- 
fant'i  ,  d'im  élat  si  déplorable  ,  qu'on  a  toujours  été  si 
attentif  dans  l'É'ilise  à  leur  procurer  le  remède  salu- 
taire du  Baptême,  et  que  s'il  arrivait  que  l'on  doulâf, 
avec  fondement ,  que  quelqu'un  eût  été  baptisé  ,  on  no 
faisait  point  de   difficulté  de  le  baptiser  de  nouveau, 
au  hasard  même  de  réitérer  le  Baptême;  plutôt  que 
i  de  le  laisser  privé   d'un    sacrement  si    nécessaire. 
i  Nous  avons  le  canon  6*  du  concile  V  de  Carthaçre  sur 
ce  sujet ,  dont  voici  les  termes  :  Il  nous  a  semblé  bon 
nue   l'on   bnplhàt  sntis  aucun  $crupu!e  les  enfants  du 
Baptême  desquels  on  n'aurait  point  de  témoins  bien  sûrs, 
et  lorsrju'ih  ne  pourront  eux-mêmes  répondre  des  sa- 
crements qui  leur  ont  été  ~onférés  ;  car  il  ne  faut  pas 
que  la  crainte  (de  réitérer  ce  sacrement)  les  prive  de 
ce  qui  les  doit  purifier.  <r  Ahsque  ullo  serupulo  esse  bopti- 
I  f  zandos.  »    Ce  canon  fut  publié  à  l'occasion  de  la 
question  que  certaines  personnes  charitables  avaient 
I  proposée  aux  Pères  de  ce  concile,  touchant  la  ma- 
I  nièrc  dont  il  eu  fillait  user  à  l'égard  des  captifs  que 
[  l'on  rachetait  des  mains   des  barbares.  Il  fut  con- 
I  firme  en  l'an  5'25,  dans  le  concile  assemblé  sous  l'évê- 
I  que  Bonifacc.  Le  pape  S.  Léon,  Théodore,  archevêque 

i      (I)  Lib.  7,  de  Locis  Théologie.,  2. 


{15 

de  Cantorbéri,  Ilervet,  archevêque  de  Reims  ,  [ 
écrivant  à  Gui ,  ou  Widon  de  Rmieii ,  onl  établi  la 
môme  discipline,  aussi  bien  que  Grégoire  11,  qui  dans 
une  lettre  à  S.  lioniface  de  Mayence  ,  par  laquelle  il 
résout  plusieurs  diflicnltés  que  ce  saint  lui  avait  pro- 
posées, enseigne  qu'il  ne  faut  pas  feindre,  dans  le 
doute,  de  domier  le  Baptême  aux  enfants.  Voici  les 
paroles  de  ce  dernier  :  A  Cégard  des  enfants  que  l'on  a 
enlevés  à  leurs  parenls  ,  et  que  l'on  ne  sait  s  ils  ont  été 
baptisés  ou  non  :  parce  que  vous  lions  avez  demandé  ce 
qu'il  fallait  faire  ,  la  raison,  aussi  bien  que  la  tradition 
des  Pères  ,  demandent  que  vous  les  baptisiez,  s'il  n'y  a 
personne  qui  rende  témoignage  qu'ils  ont  reçu  le 
Baptême. 

C'est  ainsi  qu'on  se  conduisait  ancicniienicnt  dans 
de  pareilles  conjonctures.  Dans  la  suite  ,  soit  pour 
parer  à  rinconvénienl  de  la  réitération  du  nnptênie, 
soit  pour  faire  sentir  que  l'on  avait  en  iiorrour  la  re- 
baplisation ,  on  ajouta  à  la  forme  ordinaire  du  Bap- 
tême des  termes  condiùonnels,   tels  que  sont  ceux 
que  prescrit  le  pape  Jean  XXll  :  Si  tu  es  baptisé,  je 
ne  te  rebaptise  pas  :  mais  si  tu  n'es  pas  encore  baptisé,  T 
je  te  baptise  au  nom  du  Père  ,  etc.  Ce  qui  est   porté 
dans  les  statuts  synodaux  de  Verdun  semble  marquer 
que  rintention  principale  de  ceux  qui  se  sont  servis  |, 
de  cette  formule  conditionnelle,  a  été  effectivement 
de  prémunir  les  assistants  contre  le  dogme  impie  de 
la  rebaptisation  :  car  voici  ce  qui  est  dit  sur  ce  sujet  :  l! 
Quand  un  laïque  a  baptisé  un  enfant,  le  prêtre  doit  ■ 
interroger  celui  qui  a  administré  ce  sacrement,  pour  } 
apprendre  de  lui  s'il  Ta  fait  en  la  forme  ordinaire..  ; 
que  s'il  y  a  lieu  d'en  douter,  alors  le  prêtre  doit  bap- 
tiser l'enfant,  en  disant  à  haute  voix  ,  et  en  langage  du 
pays  :  Si  tu  n'es  pas  baptisé,  etc.  ;  et  il  en  agira  de  la 
sorte,  alin  que  leslaiipies  ne  croient  pas  que  l'on  puisse 
rebaptiser  deux  fois  la  même  personne.  El  ut  audiant  | 
asiistenles,  hoc  dicat  alla  voce  et  materna,  tie  laici  credant 
quod  aliquis  possit  bis  baplizan. 

Quelques  savants  (1)  ont  cru  que  cette  manière  de 
baptiser  sous  condition  était  de  l'invention  des  doc- 
teurs seholastiques;  mais  ,  comme  dit  le  P.  Mar- 
lène  ("2),  ils  se  sont  trompés  en  cola;  puisque  l'on 
trouve  cette  forme  usitée,  dans  quelques  endroits,  il  y 
a  plus  de  huit  cents  ans.  Isaacde  Langres  (l)  le  prescrit 
dans  ses  canons  :  Quand  on  doute  si  quelqu'un  a  été 
baptisé  ,  ou  non ,  il  faut  absolument  lui  faire  recevoir  le 
Baptême ,  mjanl  soin  cependant  de  dire  auparavant  ces 
paroles  :  Je  ne  te  rebaptise  pas  ,  mais  si  tu  nus  pas  été 
baptisé,  je  te  baptise  au  nom  du  Père ,  «'te.  i  His  ta- 
(  menverbis  prœmissis;  non  te  rebaptizo  ;  sed  si  non- 
i  diim  es  baptizatus ,  etc.  »  S.  Boniface  de  Mayence 
avait  déjà  ordonné  la  même  chose,  connue  on  le  voit 
dans  ses  statuts  »  que  le  P.  Dacbcri  a  publiés  dans  le 
neuvième  tome  du  Spicilège. 

Outre  ces  effets  du  Baptême,  dont  nous  avons  pailé, 
il  en  est  un  autre  que  nous  ne  devons  point  passer 


(i)  Apud  Odoric.  Rainald.  ad  anniim  1533,  n.  A. 
(2)  De  antiq.  eccles.  Ritibus,   t.  1,  c.  1,  art.  16. 
(3)Tit.  11,  c.  17. 


HISTOIRE  DES  S.^CREMENTS.  M6 

sous  silence ,  je  veux  dire ,  «n  caractère  inefliaçable 
qu'il  in)prime  dans  l'àme  de  ceux  qui  le  reçoivent,  en 
vertu  duquel  il  ne  peut  et  ne  doit  jamais  être  réitéré. 
Le  concile  île  Trente  l'appelle  un  signe  sacré  et  invisi- 
ble. Je  sais  (pie  ceux  qui  se  sont  séparés  de  la  com- 
munion de  l'Eglise  Catliolicpie  tonrucnt  en  ridicule  ce 
(lu'elle  croit  là-dessus,  iU  se  moquent  de  ce  signe  in- 
visible imprimé  dans  l'àme;  mais  ils  font  voir  par  là 
même  qu'ils  connaissent  bien  peu  la  doctrine  des  an- 
ciens Pères ,  pour  les(piels  ils  témoignent  d'ailleurs 
avoir  de  la  vénération   Oui,  les  anciens  reconnaissent 
dans  l'àme,  et  mémo  dans  le  corps,  des  signes  ou  des 
marques  invisibles  à  nos  yeux  ;  et  ils  en  reconnais- 
saient de  plusieurs  sortes.  Je  veux  le  faire  voir  ici, 
parce  que  cela  me  donnera  lieu  d'expliquer  encoie  un 
autre  elïel  du  Baptême,  qui  a  rapport  à  celui  sur  le- 
quel nous  nous  sommes  principalement  étendus  dans 
ce  cha|)itre,  el  à  l'occasion  duquel  nous  awiis  exposé 
plusieurs  points  de  la  discipline  de  l'Église  Le  voici. 
C'est  que  les  anciens  mettaient  celte  dillérencc  entre 
le  Baptême  cl  la  Pénitence  :  que  celle-ci  remettait  à 
la  vérité  le  péché  ,  quoiqu'avec  beaucoup  de  peines  et 
de  travaux  ,  mais  qu'elle  n'en  enlevait  pas  les  traces  , 
les  marques  ou  les  vestiges,  au  lieu  que  le  Baptême, 
eff.içait  tout  généralement,  tant  le  péché  lui-même, 
que  l'impression  qu'il  avait  faite  dans  l'àme  et  dans  le 
corps.  La  Pénitence  fermait  la  plaie  du  péché ,  mais 
elle  y  laissait  une  cicatrice,  au  lieu  que  le  Baptême, 
en  régénérant  l'homme  et  le  formant  de  nouveau,  ne 
laissait  aucune  cicatrice  de  la  plaie  qu'il  s'était  faite 
en  péchant. 

Saint  Cyrille  de  Jérusalem  (l)  explique  admirable- 
ment cette  doctrine.  Après  avoir  exhorté  ceux  qui 
étaient  sur  le  point  de  recevoir  la  grâce  de  la  régé- 
nération, à  ne  souiller  leur  corps  par  aucun  péché ,  il 
les  avertit  que  si  les  hommes  ignorent  leurs  mauvai- 
ses actions,  Dieu,  à  qui  ils  doivent  en  rendre  compte, 
les  conn:iit;  à  quoi  il  ajoute  :  «  Que  la  tache  des  pé- 
1  elles  demeure  ;  car  de  même,  dit-il,  que  si  quelqu'un 
«  a  reçu  une  grande  plaie  dans  le  corps ,  il  lui  reste 
«  après  sa  guérison  une  cicatrice  :  ainsi  le  péché  im- 
«  prime  une  tache  qui  affecte  le  corps  et  l'àme,  et  les 
i  marques  des  cicatrices  demeurent  dans  l'un  et  dans 
«  l'aulre.etne  peuvent  être  emportées  que  par  le  Bab- 

«  lême.  »  liai  cii  anuoi  oîtwv  ky-ctf-nw  y-i-JOijn t-j  s>  xw  ^oj/zari' 
UTKS.0  yào  T:}r,yr,i  7xpoyj»pr,'7it/.7ii  SJ  TÛ  !T'i),u.aTi,  zàv  ÔifC/.TXtl.x 
'/iv/jT-ci  Ti;,  0//WÎ  h  o\j'j-?i  fj-hef  ciirw  x.«î  -r,  «//apTia  Tt/viaisi 
Tr,-j 'pDyrr^  xai  tÔ  o-â//« ,  xocl  /xkJOVTVJ  o'i  tÙttoi  twv  ou/wv   gv 

■KÔLii.  C'est  ainsi  qu'il  faut  lire,  et  non  pis  -/jOwv,  cla- 
vorum  ,  comme  il  y  a  dans  quelques  éditions  :  -nsf^iKi- 

prjûjrtx.i  ôè  /j.i-JO'j  ànà   tûj  ).a.iJ.êa.jijroij -va  jovTpo-j.  S.  .^tlia- 

nase  (2)  enseigne  la  même  chose,  aussi  bien  que 
S.  Grégoire  do  Nazianze.  Le  premier  met  une  dilië- 
rence  entre  la  Pénitence  et  le  Baptême,  qu'il  fait  coa- 
sisler  en  ce  que  celui-ci  ôte  jusipi'aux  traces  et  aïK 
cicatrices  des  péchés ,  el  non  pas  l'autre.  Le  second 
I  assure  que  les  plaies  formées  par  le  péché  se  cicalri- 


(1)  Calèches.  18,  n.  20 

(2)  Lp.  i,  ad  Serap.,  n.  13. 


lu  BAPTÊME.  —  ir  PARTIE.  CIIAP 

,  sent  enfin  avtc  peine;  mais  qu'il  sonbaite  pins  qu'il 
'n'en  reste  point  de  vestige  ,  qu'il  ne  l'espère.  C'est 

ainsi  qu'il  s'en  explique  dans  sa  quarantième  Orahon, 
'  où,  après  avoir  parlé  des  larmes  et  des  gémissements 

de  la  pénilenoe,  il  ajoute  ce  que  nous  avons  dit  :  Èç  w> 

cyvoJ/td7t;  yuèv  ipj/sTat  uiyt;...  ûùk  /.«i  rà;  oO/àj  ifa/£îpw- 
fttj  otyaTTTiw  r,-J  av. 

Les  anciens  docteurs  de  l'Église  n'avaient  point  de  | 
notre  âme  des  idées  aussi  bornées  et  aussi  abstraites 
que  celles  que  nous  nous  en  sommes  formées.  Ils  la 
croyaient  susceptible  de  bien  des  clioses  qui  ne  s'ac- 
cordent pas  avec  les  principes  de  noire  pliilosopbie 
moderne  ;  ils  se  moquaient,  avec  raison,  des  .spécula- 
lions  creuses  des  pbilosopbes,  cl  ils  n'en  prenaient 
qu'autant  qu'elles  pon>nenl  s'acconnnoder  avec  l'ana- 
logie de  la  foi  et  toutes  les  vérités ,  sans  exception , 
qu'ils  avaient  reçues  par  le  canal  des  Écritures  cl  de 
la  tradition.  Ils  croyaient  que  souvent  le  péché  étant 
remis,  il  en  restait  des  traces  et  des  marques  que  les 
honunes  ne  pouvaient  découvrir,  mais  qui  étaient  bien 
connues  de  Dieu  et  des  anges.  Ils  reconnaissaient  de 
même  que  le  Baptême  imprimait  dans  les  âmes  des 
Chrétiens  un  certain  caractère  ineffi^çablequi  serait  à 
jamais  la  gloire  des  uns  et  la  confusion  des  autres. 
C'est  ce  que  nous  aurons  lieu  de  prouver  dans  le  cha- 
pitre suivant. 

S.  Cyrille  de  Jérusalem ,  celui  de  tous  les  Pères , 
avec  S.  Augustin  ,  qui  a  le  plus  répandu  do  lumière 
sur  la  matière  du  sacrement  de  Baptême,  fait  une  men- 
tion expresse  du  caractère  qu'il  imprime  dans  les 
âmes,  et  le  met  parmi  les  effets  qu'il  produit,  et  dont 
il  fait  l'énuméralion.  Le  Baptême,  dit-il  (1),  est  quelque 
chose  de  (jrand ,  il  est  le  prix  de  la  liberté  de  ceux  qui 
étaient  en  esclavage;  il  remet  les  péchés,  il  donne  nue 
7Wiivelle  nciissance  à  l'àme  :  c'est  un  vêlement  de  lumière, 
c'est  un  sceau  indissoluble  de  sainteté.  S^pa/ij  «yta  à/a- 
rà/vTO,-.  Ce  saint  dit  ailleurs  (2)  que  c'est  par  cette 
marque  que  nous  sommes  agrégés  au  troupeau  de 
Jésus-Christ,  (|ue  nous  le  recevons  dans  le  temps  que 
l'on  nous  baptise,  xarà  xatpov  Tsû  ^u.-K-zi^iJ.oi.TOi,  dans  le 
temps  que  l'eau  lave  nos  corps ,  l'Espril-Saint ,  selon 
lui,  consacre  l'àme,  et  lui  imprime  ce  sceau  sacré  :  to 

fjii   iicup   ■/.u.do.ip-i  TO    sùiax,   70    ôè    tcvîO//«    t:ff>oi.yi^n   zr,) 

\>.^jy_r,/.  Enfln  il  enseigne  ailleurs  que  ce  signe  mysié- 
.  rieux  nous  met  à  l'abri  des  attaques  de  Satan,  qui 
s'enfuit  quand  il  le  voit.  S.  Augustin  parle  souvent  du 
caniclère  ,  soit  en  le  désignant  par  ce  nom  là  même  , 
soit  par  qnel(iues  autres  termes  é(|uivak'nts.  Je  ne 
m'arrête  pas  à  rapporter  les  passages  où  il  en  est  fait 
menlion,  parce  qu'ils  sont  fort  connus,  et  cités  par 
tous  les  lliéologieiis.  J";ijontorai  seulement  ce  que 
ceux-ci  enseignent  communément  là  dessus,  savoir: 
que  c'est  en  vertu  de  ce  caractère  que  le  Bjpiênieqiii 
a  été  reçu  hors  de  lÉglise,  ou  avec  hypocrisie  dans 
l'Église  (et  qui  par  conséquent  n'a  point  opéré  la  sanc- 
tification de  ceux  à  qui  il  a  été  donné),  reprend  vie,  ' 

(1)  Procatech.,  n.  16. 

(2)  Caléch.  1,  n.  2;  catéch.  4,  n.  10-  catéch.  3, 
H.  4. 


.  VTII.  UNITÉ  DU  bAPTÈME.  118 

se  ranime  ,  cl  op.^.re ,  quand  ceux-là  rentrent  A'^tA 
l'Église,  et  que  ceux-ci  se  convertissent  sincèrement . 
en  sorte  que  les  péchés  qui  ont  précédé  le  Baptême 
leur  s(mt  remis  en  vertu  de  ce  sacrement,  et  qu'il  ne 
leur  reste  qu'à  faire  pénitence  de  ceux  qu'ils  oulcom 
mis  depuis.  l 

CHAPITRE  VIU. 

De  l'unité  du  Baptême.  Que  ceux  qui  ont  voulu  que  l'on 
rebaptisât  les  hérétiques  l'ont  toujours  soutenue.  Quel  [ 
était  leur  sentiment.  Tempérament  que  l'on  y  a  ap- 
porté depuis.  Qu^on  est  enfin  convenu  de  recevoir 
comme  valide  le  Baptême  administré  en  la  forme  légi- 
time par  toute  sorte  d'hérétiques.  En  quel  temps  on  a 
douté  depuis  si  le  Baptême  donné  par  aes  infidèles  était 
valide. 

Quoiqu'il  y  ait  eu  autrefois  des  sentiments  bien  op- 
posés dans  l'Église  au  sujet  du  Baptême  reçu  dans 
riiérésie,  et  que  les  uns  le  reconnussent  pour  valide, 
tandis  que  les  autres  le  rejetaient,  elle  réitéraient; 
cependant  l'idée  d'un  seul  Baptême  était  tellement 
imiiiimée  dans  l'esprit  de  tous  les  chrétiens,  qu'on  ne 
trouve  pas  qu'aucun  catholi.iue  l'ail  jamais  combat- 
tue. Les  deux  partis,  opposés  dans  la  différente  con- 
duite qu'ils  tenaient  sur  ce  point,  s'autorisaient  de  cet 
oracle  de  l'Apôtre  (1),  une  foi,  un  Baptême.  Utia  fidei, 
iinum  Baplisma.  Et  S.  Cyprien,  qui  a  soutenu  avec 
plus  de  zèle  que  personne  (|u'il  fallait  donner  de  nou- 
veau le  Baptême  aux  hérétiques  qui  rentraient  dans 
le  sein  de  Église ,  se  défend  avec  force  du  soupçoa 
que  sa  conduite  à  cet  égard  pouvait  donner,  qu'il  vou- 
lût introduire  la  rebaptisation.  11  se  plaint  dans  sa 
75"  lettre  à  Jubayen  qu'on  voulait  le  rendre  odieux  en 
lui  altiibuaiil  de  vouloir  rebaptiser.  Invidiâ  quâdam 
quasi  rebaptizandi  baptizare  posl  hostes  Dei  nefus  duci- 
tur.  El  il  assure  dans  la  71'  lettre  qu'il  a  écrite  à 
Quiiitus,  qu'il  ne  rebaptisait  point  les  héréti(iues, 
mais  qu'il  les  baptisait  :  JSon  rebaptizari  apud  nos,  sed 
baptizari.  Les Donatistes eux-mêmes,  tout  finieux  qu'ils 
étaient,  avaient  une  secrète  horreur,  dit  S.  Augus- 
tin (2),  d'un  nouveau  Baptême ,  et  les  laïques  parmi 
eux,  (juand  on  leur  en  parlait,  se  frottaient  le  visage, 
dans  l'embarras  où  ils  étaient,  et  avouaient  que  c'était 
la  seule  chose  qui  leur  déplût  dans  leur  secte.  Tant  il 
est  vrai ,  ajoute  noire  S.  docteur,  que  tous  les  hom- 
mes, par  une  secrète  inspiration  de  Dieu,  détestent  la 
réitération  de  ce  sacrement,  par  lequel  nous  sommes  / 
pour  toujours  consacrés  à  Dieu. 

S.  Cyprien  était  si  éloigné  de  réitérer  un  Baptême 
qu'il  eût  cru  avoir  produit  quelque  effet  dans  ceux  qui  ^ 
l'auraient  reçu,  qu'il  ne  désespérait  pas  même  du  salut 
des  hérétiques  qui  avaient  été  incorporés  à  l'Église  et 
avaient  joui  quelque  temps  de  ses  avantages,  quoiqu'il 
lût  persuadé  que  li;ur  Baptême  était  absolument  nu!  : 
tant  il  allrihuail  de  vertu  à  riinion  que  l'on  peut 
avoir  avec  les  membres  de  Jésus-Chrisl.  Que  ftra-l-on 

(1)  Ephes.  4,  V.  3. 

(2)  L.  5  de  Bapt.,  contra  Donat.  c,  5. 


H9  HISTOIRE  DES 

dit-il  (1),  (le  ceux  qui  êiant  autrefois  revenus  à  l'Église , 
y  ont  été  reçus  sans  Baptême?  A  quoi  il  répond  :  Dieu, 
par  sa  puissance,  peut  leur  faire  grâce,  et  ne  point  refu- 
ser les  dons  de  son  Église  à  ceux  qui,  y  ayant  été  reçus 
simplement,  y  sont  morts,  elc.  S.  Augustin  (2),  rappe- 
lant ces  paroles  du  S.  martyr,  les  loue,  ci  nous  dé- 
couvre avec  sa  sagesse  ordinaire  la  raison  et  le  fon- 
dement de  cette  conduite ,  lorsqu'il  dit  :  Il  croyait 
pieusement  que  ceux  qui  avaient  été  reçus  dans  l'Eglise 
sans  Baptême ,  selon  lui .  pouvaient  mériter  la  grâce  de 
Dieu,  et  jouir  des  avaiUiigcs  de  l'Eglise  :  tant  il  était 
persuadé  des  grands  biens  qui  revenaient  de  l'unité  du 
corps  de  Jésus-Christ.  «  T:iiilii;ii  l.oiinm  esse  unitaiem 
<  corporis  Cliri>li.  t 

Celait  sans  doute  d;  us  cet  fsprit  ijuc  S.  Denis  d'A- 
lexandrie (3)  consuma  l'évèque  do  Rome  de  même 
nom,  pour  apprendre  de  lui  s'il  devait  baptiser  de  nou- 
veau un  homme  qui  demandait  ce  sacrement  avec  des 
larmes  intarissables,  as >i!r:int  qu'il  avait  été  initié  à 
ce  mystère  cliez  b>  îién'iii|ues  avec  des  paroles  im- 
pies et  pleines  de  l)l:iS|ilienies.  \<;têzixi  yào  cV.sîvs  /.v.l 
/SAKifTi/iiKi  â)  T.nt^Y^çiWjxi.  Ce  qui  arrêtait  S.  Denis 
était,  comme  il  !e  dit,  que  cet  Iwmme  avait  entendu  l'ac- 
tion de  grâce ,  qu'il  (A\.it  répondu  Amen  avec  les  au- 
tres; qu'il  ùvjit  assisté  à  la  table  sacrée;  qu'il  avait 
étendît  la  vtain  pour  recevoir  la  viande  sainte,  et  qu'il 
«vait  participé  an  corps  et  au  sang  de  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ  pendant  un  fort  long  temps.  Je  n'ai  osé , 
dit  le  S.  évèque,  lui  accorder  sa  demande,  lui  disant  que 
la  communion  dont  il  av  il  long- temps  joui  lui  suffisait. 
11  ajoute  ensuite  :  Je  n'eusse  osé  le  refondre  ou  le  former 
de  nouveau  (  s'il  m'est  permis  d'exprimer  ainsi  ces  ter- 
nies ,  qui  ont  efiectivemonl  ce  sens),  tîoj  yxp  «v  i^ 
l-y.oyf,i  or.jy.7xivu^si  sTtvvi/yv-ïKtjut,  mais  je  lui  ai  dit  de  se 
rassurer  et  de  participer  avec  foi  et  avec  une  bonne  con- 
science à  nos  mystèris.  Ct pendant  cet  homme  ne  cesse 
point  de  gémir,  et  il  est  saisi  de  frayeur  quand  il  faut 
approcher  de  la  sainte  tube  :  à  peine  même  ose-t-il  as- 
sister aux  prières,  quelques  exhortations  que  nous  lui  fas- 
sions. C'est  ainsi  que  l'on  a  toujours  pensé  louchant 
l'unité  du  Baptême.  Voyons  présentement  quelles 
étaient  les  opinions  ([ue  Ton  a  eues  autrefois  sur  la  va- 
lidité de  celui  des  hérétiques  et  la  différence  de  con- 
duite que  l'on  a  teirae  sur  ce  point. 

Tout  le  monde  sait  (piel  a  été  en  cela  le  sentiment 
de  S.  Cyprien,  et  les  elForts  qu'il  a  faits  pour  autoriser 
la  conduite  qu'il  croyait  devoir  garder  sur  ce  sujet.  On 
n'ignore  pas  ([ue  son  opinion  était ,  que  le  Baptême 
reçu  hors  de  l'Église,  de  quelque  manière  qu'il  eût  été 
conféré  ,  était  absolument  nul,  et  qu'il  l'appuyait  de 
raisons  très-fortes  ,  et  dont  il  était  difiicile  de  se  dé- 
fendre, surtout  étant  proposées  par  un  homme  aussi 
éloquent  et  aussi  versé  dans  l'art  de  disputer  noble- 
ment que  ce  grand  homme.  C'est  un  elfet  de  la  provi- 
dence de  Dieu  sur  son  Église,  qu'il  se  soit  trouvé  un 
homme  aussi  ferme  et  aussi  attaché  à  l'ancienne  iradi- 

(1)  Ep.  73  veteris  edit. 

(2)  L.  2  cont.  Cresc,  c.  55.     *• 
(5)  Apud  Euseb.,  lib.  7  Hist.,  c.  9. 


SACREMENTS.  Î2() 

tion  que  le  pape  S.  Etienne,  pour  empêcher  que  l'o- 
pinion de  S.  Cyprien  ne  se  répandît  et  ne  prévalût  dans 
l'Église.  Celui-ci  s'en  tint  simplement  à  l'ancienne  cou- 
tume de  Sun  Église,  et  sa  cause  l'a  enfin  cniporlé. 
«  Qu'on  n'innove  rien,  disait-il,  que  l'on  s'en  tienne  à 
«  ce  que  nos  pères  nous  ont  appris.  JSihil  innovetur 
i  nisi  quod  tradilum  est.  n 

11  faut  avouer  néanmoins  que  S.  Cyprien  n'était  point 
autem- ce  celte  doctrine,  quil  l'avait  trouvée  établie 
dans  son  Église  lorsqu'il  en  prit  le  gouvernement. 
Agrippin,  qui  avait  tenu  le  siège  de  Carthage  plusieurs 
années  avant  lui ,  non-seulement  avait  pensé  comme 
lui,  mais  avait  décidé  dans  un  concile  de  plusieurs 
évêqncs  que  l'on  devait  rebaptiser  les  héréticiues.  11 
en  est  de  même  de  S.  Firmilicn,  évèque  de  Césarée  en 
Cappadoee,  qui,  avec  grand  nombre  dévèques  d'O- 
rient, était  dans  la  même  pratique  et  les  mêmes  senti- 
ments que  S.  Cyprien  (1).  Il  témoigne  les  avoir  reçus 
de  ses  pères.  xYohs  ne  nous  souvenons  pas  ,  dit-il ,  que 
cela  ail  jamais  commencé  parmi  nous ,  puisqu'on  y  a 
toujours  observé  de  ne  reconnaître  qu'une  seule  Eglise  de 
Dieu,  et  de  n'attribuer  le  saint  Baptême  qu'à  l'Église.  Ce 
que  nous  disons  fait  voir  que  le  canon  68' des  Apôtres, 
qui  déclare  que  ceux  qui  ont  été  baptisés  par  les  Iiéré- 
li(iues  ne  peuvent  devenir  ni  clercs  ni  fidèles,  peut  èlrc 
fort  ancien,  aussi  bien  que  le  40  et  i~\  qui  disent  à 
peu  prés  la  même  chose ,  et  ils  auraient  bien  pu  don- 
ner lieu  à  Firmilicn,  aussi  bien  qu'à  d'autres,  de  pen- 
ser comme  ils  ont  fait  sur  le  Baptême  donné  dans  l'Iié- 
résie;  à  moins  qu'on  ne  prétende,  comme  un  éciivain 
moderne ,  que  ces  canons  sont  une  suite  du  synode 
d'Agrippin,  ou  peut-être  de  quelques  conciles  tenus  en 
Cappadoee  sous  Firmilicn  :  ce  que  je  laisse  à  examiner 
aux  savants,  au  moins  duit-on  reconnaître  que  ce  sen- 
timent a  pu  avoir  lieu  avant  Teriullien  ,  qui  l'insinue 
en  plus  d'un  endroit  de  ses  écrits.  D'oii  vient,  dit  cet 
ancien  (2),  que  chez  nous  un  hérétique  estcompand'le  à 
un  paien,  et  même  pire  que  lui;  on  ne  le  reçoit  quur 
près  avoir  été  purifié  par  le  vrai  Uaplêmc,  «  Etiam  per 
«  baplisma  veritatis....,  admittilur.  t  II  dit  ailleiu'S,  en 
parlant  des  hérétiques  (">)  :  Personne  ne  peut  être  édifié 
par  oit  il  est  détruit ,  pnsonne  ne  peut  êlre  éclairé  par 
celui  qui  le  couvre  de  ténèbres.  Il  établit  encore  plus 
fortement  ce  sentiment  dans  le  livre  du  Baptême  (  c. 
lo).  Après  y  avoir  enseigné  qu'il  est  un,  il  ajoute 
qu'il  faut  examiner  ce  qu'il  faut  faire  à  Tégaid  des  hé-r 
reliques  ;  après  quoi  il  raisonne  ainsi  :  Les  hérétiques 
n'ont  aucune  part  à  notre  discipline,  eux  qui  sont  étran- 
gers à  noire  égard,  étant  séparés  de  notre  communion.  Je 
ne  dois  point  reconna'itre  dans  eux  ce  (|^n  ni  est  com- 
mandé, parce  que  nous  n'avons  point  le  même  Dieu  ct  le 
même  Christ.  Et  par  conséquent  il  n'y  a  point  de  liap'.êy.ie 
qui  soit  un ,  c'est-à-dire ,  le  même,  puisque  ne  rayant 
point  comme  il  doit  êlre ,  ils  ne  l'ont  point  cerlaineinent. 
Ainsi  ils  ne  peuvent  le  recevoir,  parce  qu'ils  ne  l'ont  ]  oint, 
i  Quem  ciiin  rite  non  habeanl,  sine  dubio  non  habent..., 

(1)  In  Episl.  inter  Cypiianicas  73,  nov,  cdit. 

(2)  Lib.  de  Pudore,"c.  19. 

(3)  De  Frccscript.  adversùs  haerct.,c.  12. 


m  BAPTEME.  —  IV  PARTIE.  Cil 

«  ila  nec  possunt  acciperc,  quia  non  liabcnt.  > 

Ces  paroles  de  Tertullicn  semblenl  marquer  que  les 
hérétiques  de  sou  temps  ne  gardaient  point  la  forme 
légitime  dn  Baptême,  mais  on  ne  peut  le  dire  de  tous, 
au  moins  quant  aux  paroles  avec  lesquelles  ce  sacre- 
ment est  administré;  et  néanmoins  il  parle  indistincte- 
ment du  Baptême  des  hérétiques  qu'il  rejette,  et  cela 
par  cette  raison  que  l'Eglise  est  une  ,  et  qu'ils  en  sont 
séparés,  qu'ils  sont  étrangers  à  son  égard ,  etc.,  ce 
•pii  regarde  également  tous  les  sectaires. 

On  sentit  les  inconvénients  de  cette  doctrine ,  quand 
les  Donaiistes  se  furent  élevés  contre  l'Eglise;  ces 
liéiéliques  ne  gardèrent  point  de  mesures  dans  l'ap- 
plication qu'ils  en  firent,  et  obligèrent  enfin  les  évê- 
ques  à  discuter  plus  à  fond  cette  matière,  qui  était 
restée  dans  l'état  où  l'avaient  laissée  S.  Cyprien  et 
S.  Etienne ,  qui  demeurèrent  jusqu'à  la  mort  chacun 
dans  leur  sentiment.  Constantin,  étant  parvenu  à 
l'empire,  assembla  à  Arles,  en  l'an  314,  un  concile 
irès-nombreux ,  où  se  trouvèrent  presque  tous  les 
cvèques  d'Occident,  On  y  travailla  surtout  à  éteindre 
ce  dangereux  et  funeste  schisme  qui  déchirait  les 
églises  d'Afrique,  et  pour  arrêter  le  cours  des  sacri- 
lèges que  commettaient  tous  les  jours  les  Donaiistes  , 
qui  rebaptisaient  ceux  de  l'Eglise  catholiipie  qu'ils 
avaient  attirés  à  leur  parti  ;  il  déclara  dans  son  hui- 
tième canon  ,  que  nous  avons  rapporté  ailleurs ,  que 
l'on  interrogerait  ceux  qui  viennent  de  Ihérésie  tou- 
chant le  symbole  :£/ si /"o?t  voit,  disent  les  Pères, 
quils  ont  été  baptisés  dans  le  Père ,  le  Fils  et  le  Saint- 
Esprit  ,  qu'on  leur  impose  seulement  les  mains  pour  re- 
cevoir le  Saint-Esprit  ;  mais  que  si ,  étant  interrogés,  ils 
ne  répondent  point  comme  il  faut  sur  la  Trinité ,  on  les 
baptise.  «  Qu'od  si  interroqatus  non  responderit  liane 
i  Trinitatem ,  baptizetur.  i 

C'est  vraisemblablement  ce  concile  que  S.  Augustin 
appelle  plénier  et  général ,  et  à  qui  il  attribue  la  gloire 
d'avoir  terminé  cette  grande  question  du  Baptême  des 
hérétiques.  Ce  saint  travailla  infatigablement  à  rame- 
ner au  sein  de  l'Eglise  les  Donatistes ,  et  employa 
toute  la  sagacité  de  son  esprit  pour  résoudre  les  ob- 
jections de  S.  Cyprien  contre  la  validité  du  Baptême 
des  hérétiques  ,  aux(iuels  ,  avant  lui ,  on  n'avait  ré- 
pondu que  fort  imparfailcment.  Dieu  bénit  ses  tra- 
vaux par  la  conversion  dun  très-grand  nombre  de 
schismatiques,  et  on  peut  dire  que  c'est  à  lui  princi- 
palement que  l'on  est  redevable  des  éclaircissements 
que  l'on  a  aujourd'hui  siu"  une  question  si  difficile.  Le 
concile  de  ^'icée ,  qui  s'assembla  dix  ou  onze  ans 
après  celui  d'Arles ,  fit  aussi  un  canon  sur  le  sujet  du 
Baptême  des  hérétiques,  ([ui  contribua  à  ramener  les 
Orientaux  au  sculiment  que  S.  Augustin  a  soutenu 
depuis.  11  les  distingue  en  deux  classes,  dont  les  uns 
ont  des  sentiments  conformes  à  ceux  de  Paul  de  Sa- 
mozate  ,  et  les  autres,  au  contraire,  ne  blasphèment 
point  contre  la  Trinité.  11  rejette  L-  Baptême  de  ceux- 
là  en  même  temps  qu'il  admet  celui  des  autres.  Voici 
comme  il  s'exprime  sur  le  premier  chef  :  «  A  l'égard 
de  ceux  qui  paulianisent  et  qui  ensuite  revicunenl  à 


\P.  VIII.  UNITÉ  DU  BAPTÊME.  m 

riiglisc  catholique,  la  règle  est  établie  :  il  faut  abso- 
lument les  baptiser  de  nouveau.  »  Jl-pi  tw  'n'/.u/r/.-t- 

<sâ.-JTCij  s.7-y.  TCOTïiuyoyTWV  Tr,  zkOs/ t/./i  E/'>  V,7'!«  JJ;î;  i/t-'- 
OsiTV.t,  àv«e«7tTiÇeîOai  âùrsOi  èÇârtavroj.  Cc  tcmie  :  CC'llX 

qui  paulianisent,  -rau/tKvijâv-wv,  ne  désigne  p.is  l:iiil 
les  disciples  de  Paul  de  Samozate  en  particulier,  ou 
ceux  qui  étaient  infectés  de  la  même  erreur  spécifuiiie, 
que  ceux  en  général  qui  blaspliémaicnt  coi:tie  I;i 
sainte  Trinité,  et  dont  le  concile  déc'are  que  fe 
Baptême  est  nul.  Pour  ce  qui  est  des  hérétiques  de  la 
seconde  classe ,  il  propose  pour  exemple  les  héréti- 
ques Novatiens ,  dont  il  déclare  le  Baptême  valide. 

Cette  décision  n'est  pas  aussi  propre  à  lever  toutes 
les  diflicultés  que  celle  du  concile  d'Arles;  aussi 
voyons-nous  que ,  depuis  qu'elle  fut  publiée ,  il  se 
trouva  encore  en  Orient  de  grands  évêiiucs  et  des 
églises  entières  qui  rejetaient  le  Baptême  de  certains 
hérétiques,  quoiqu'il  eût  été  administré  suivant  la 
forme  ordinaire  et  avec  l'invocation  des  trois  personnes 
divines ,  ces  Pères  ne  s'arrêtant  pas  tant  aux  paroles 
qu'au  sens  qu'elles  renferment ,  et  considérant  moins 
les  expressions  que  la  foi  des  ministres  du  sacrem.ent. 
C'est  ce  que  l'on  peut  assurer  de  S.  Basile  eu  particu- 
lier (1) ,  qui  rejette  le  Baptême  des  hérétiques  en  gé- 
néral ;  mais  il  ne  donne  pas  à  ce  nom  autant  d'étendue 
que  nous  lui  en  donnons  présentement ,  car  il  distin- 
gue en  deux  classes  ceux  à  qui  nous  donnons  cette 
dénomination.  Dans  la  première,  selon  lui,  sont 
compris  ceux  qui  sont  entièrement  séparés  de  l'Eglise, 
et  qui  ont  une  créance  entièrement  diflérente  de  la 

notre.    Toù;   ttkvts/wî    à:r£p;p/;7vvoj5  ,    z«î   /.«r'  aùr/iv   -zr,» 

Ttt-TTtv  v.Tzû.).oTpio>ixvjoui.  Il  appcIlc  ccux  dc  la  seconde 
espèce  schismatiques ,  lesquels ,  dit-il ,  pour  quelques 
causes  ecclésiastiques  et  des  questions  susceptibles 
d'amandèmcnt ,  se  séparent  de  l'Eglise  catholique , 
zai  oti  ^rsr.ijy.-za  (K7ty.a.  Il  vcut  quc  lou  rcjeltc  abso- 
lument le  Baptême  des  premiers ,  au  nombre  desquels 
il  met  les  Manichéens,  les  Valentiniens,  les  Marcio- 
nites  et  les  Pépuzéniens,  ou  Montanistes,  parce  qu'ils 
errent  touchant  la  foi  en  Dieu ,  tô  ixIj  tw  Kçpcn/.û-j 
-y.jztJùi  «T£(;^j«i.  Car  nos  pères  ,  dit-il ,  ont  jugé  qu'il 
fallait  recevoir  le  Baptême  de  ceux  qui  ne  s'éloignent 
point  de  la  foi,  tô  //sSèv  tôj  tt^itcw;  rtKps/.eaïvov,  par  où 
il  entend  la  foi  en  Dieu  ou  en  la  Trinité ,  comme  il  s'en 
explique  peu  après.  Ainsi  il  tenait  pour  iml  le  Baptême 
des  hérétiques  qui  erraient  sur  ce  point ,  quand  même 
ils  l'auraient  administré  au  nom  des  trois  personnes 
divines,  si  leurs  paroles  ne  répondaient  pas  à  leur 
vraie  signification.  C'est  ce  qui  paraît  clairement  par  ce 
qu'il  dit  dans  le  canon  47",  dans  lequel  il  ordonne 
que  l'on  baptise  les  Encratites,  quoiqu'i  s  assurent 
qu'ils  sont  baptisés  au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du 
Saint-Esprit,  parce  que  ,  dit-il,  ils  croyaient  Dieu  au- 
j  '  leur  du  mal. 

Pour  ce  qui  e^t  de  la  seconde  espèce  dhérétitiues, 
il  admettait  leur  Baptême,  en  quoi  il  s'éloiî^nait  de 
l'opinion  et  de  la  conduite  de  Firmilicn  ,  son  préde- 


I 


(1)  Epist.ad-Amphil.,  n.  1,  p.  2C8  et  209  nov.  edit. 


1-25 


illSTOnUE  DES  SACREMENTS. 


124 


ccsscur-,  cl  de  S.  Cyprien.  Le  motif  qui  le  portail  à  ji  personnes  divines,  que  de  la  prononciation  de  leurs 
a"ir  ainsi,  était  que  ces  derniers,   parmi  lesquels  il     |  u(ims  adorables;  en  elFel ,  après  avoir  ordonné  qu'on 


compte    les    Caliiares   et   les    liydroparastatcs ,    a 
Valent   retenu   quelque  liaison  avec   l'Eglise,    dont 
ils  avaii>nt  conservé  la  foi  sur  la  Trinité,  qui  suflisait 
pour  valider  leur  Baptême.  S.  Augustin  (1  )  admettait 
ausïii  celte  distinction  enlre  U-s  liérctifiues ,  lorsqu'il 
parle  d'eux  en  ces  termes  :  «  Ceux-ci  sont  avec  nous 
«  en  quelque  cliose,  et  dans  d'autres  il  n'y  sont  pas. 
«  Et  c'est  pourquoi  nous  les  exhortons  de  venir  et  de 
«  retourner  à  nous  pour  recevoir  ce  qui  leur  manipie.» 
lu  (Itdbusilnm  relms  nobiscum  muit ,  in  quibuscUtin  au- 
tein  nobi6CHin  non  SHiil ,  etc.  Oplat  dit  dans  le  même 
sens  ,  que  ce  qui  est  décliiré  n'est  divisé  qu'en  partie  1 
cl  non  entièrement.   Qitod  enhn  scissuni  est  ex  parte 
(livisnm  est ,  non  ex  loto.  Tel  est  le  tempérament  que  | 
S.  Basile  croyait  devoir  apporter  à  la  conduite  de  son 
prédécesseur,  laissant  néanmoins  à  ciiaque  église  la  ' 
liberté  de  suivre  son  usage  sur  ce  point ,  pourvu  qu'on 
envisageât  toujours  le  bien  et  l'ulililé  commune  du  j 
peuple  chrétien.  i 

Ce  que  nous  venons  de  rapporter  du  sentiment  de 
S.Basile,  fait  assez  connaître  (pie  la  question  du 
Baptême  des  hérétiques  n'élail  point  encore  terminée  ; 
de  son  temps  en  Orient,  puisqu'il  hlàme,  quoi(iu'en 
termes  respectueux,  S.  Denis  d'Alexandrie  d'avoir 
pensé  autrement  sur  ce  chapitre.  Ainsi  c'est  mal  à  pro- 
pos que  quelques  savants  de  ce  temps  ont  cru  que  le 
concile  de  Nicée  avaii  mis  (in  à  ceitc  dispute  par  sa 
décision.  Car  qui  connaissait  mieux  que  ce  grand  doc- 
teur ce  qui  avait  élé  décidé  dans  ce  concile  ,  pour  le- 
quel il  avait  une  vénération  si  prol'oLde?  Mais  ce  qui 
doit  persuader  que  le  règlement  de  ^'icèe,  dont  nous 
avons  parlé ,  n'a  condanmé  qu'en  partie  le  sentiment 
de  S.  Cyprien  (2) ,  est  que  S.  Alhanase  lui-même  ,  qui 
était  eu  quehiue  sorte  l'ànie  de  celte  sainte  assemblée, 
dit  (pic  plusieurs  héréti(iues  prononcent  les  noms  des 
personnes  de  la  sainte  Trinité  dans  le  Baptême,  cl  que 
néanmoins  l'eau  dont  ils  lavenl  les  corj)s  est  inulile, 
parce  qu'ils  n'oiil  pas  des  sentiments  conformes  à  la  foi 
sur  ce  mystère.  Oplat  de  Milève  (5),  lui  qui  devait  con- 
naître parfaitement  la  décision  du  concile  d'Arles, 
duquel  il  élail  à  portée,  tant  par  rap.jtorl  au  temps 
que  par  rapi>ort  au  lieu  ,  reçoit  le  Baptême  des  schis- 
mati(pies  ,  mais  il  rejelte  nettement  celui  des  héréli- 
(jiies.  Dans  (rautres  endroits  de  ses  ouvrages  (-4) ,  il 
paraît  admettre  tout  Biplème  donné  au  nom  de  la  Tri- 
nité ,  pourvu  que  ,  de  la  jiart  de  celui  à  qui  il  est  con- 
féré ,  la  véritable  foi  en  ce  mystère  se  trouve  sans 
mélange  d'erreur  capitale.  En  quoi,  dit  l'éditeur  des 
ouvrages  de  S.  Cyrille  dans  ses  disseriatious  |)réiimi- 
nair(;s ,  il  semble  avoir  suivi  l'esprit  du  concile  d'Ar- 
les ,  qui  veut  que  l'on  s'inh)rnie  avec  tant  de  soin  de 
la  loi  de  celui  (pii  se  présente  au  Baptême  ,  paraissant 
plus  altenlif  à  examiner  ce  qu'ils  pensent  des  trois 

(1)  Lih.  I  de  Bapt-,  num.  5. 

(;2)  Orat.  2,  num.  H  et  iô. 

(5)  L.  eont.  l'arm.  n.  12. 

(i)  Idem.  1.  2 ,  n.  8 ,  et  1.  j  ,  n    1  et  3. 


interrogera  sur  le  symbole  ceux  qui  reviennent  de 
l'hérésie,  il  ajoute  (pie  si  l'on  rcionnaîl  qu'il.>  ont  été 
baptisés  dans  le  Père ,  le  Fils  ,  etc. ,  manière  de  par- 
ler qui  insinue  que  la  confession  de  la  Trinité  suffisait 
sans  qu'il  fût  nécessaire  que  le  ministre  du  sacrement 
pronon(;àt  le  nom  des  trois  personnes  divines.  Car  il 
ne  dit  pas  si  l'on  reconnaît  qu'ils  ont  élé  baptisés  au 
nom  du  Père ,  etc.,  mais  dans  le  Père,  etc.  Je  laisse 
ceci  aux  réilexions  des  savants,  et  je  ne  l'ai  remarqué 
que  pour  faire  voir  que  ce  que  nous  avons  rapporté  ci- 
dessus  de  S.  Ambroise ,  du  Sacramenlaire  de  Gélase 
cl  du  Biluel  de  Cambrai ,  en  parlant  de  la  forme  du 
Baptême,  ne  contient  rien  que  l'on  puisse,  absolu- 
ment parlant,  taxer  d'erreur. 

S.  Grégoire  de  Nazianze  (I),  conformément  à  ceux 
dont  nous  venons  de  parler,  témoigne  approuver  tout 
homme  pour  ministre  du  Baptême,  pourvu  qu'il  fasse 
profession  de  la  doctrine  catholique.  S.  Ephem  ,  dans 
le  discours  qu'il  a  fait  à  la  louange  de  S.  Basile,  fai- 
sant mention  du  Baptême  que  les  Ariens  administrè- 
rent au  lils  de  Valens ,  qui  n'avait  que  six  ans,  dit 
qu'ils  le  baptisèrent  du  Baptême  de  l'eau,  el  non  de  ce- 
lui de  l'esprit.  S.  Altère  d'Amasée  (2) ,  parlant  de 
même  d'un  enfant  baptisé  par  les  hérétiipies ,  assure 
ipi'il  a  élé  plongé  dans  l'hérésie  ,  et  qu'en  entrant  dans 
le  monde  il  a  d'abord  fait  naufrage.  Enfin  S.  Epi- 
phane  (5)  nous  apprend  que  quelques  catholiques ,  de 
leur  propre  autorité  et  contre  la  coutume  de  l'Eglise, 
rebaptisaient  ceux  qui  quittaient  l'arianisme.  Cela  , 
ajoute-l-il,  n\'(ant  point  encore  décidé  par  le  jncjcmcnt 
d'un  concile  universel,  pour  faire  voir  que  c'est  pro- 
prement à  S.  Augustin  et  aux  puissantes  raisons  dont 
il  s'est  servi  pour  réfuter  la  conduite  des  Donalisles, 
louchant  ceux  qui  avaient  élé  baptisés  hors  de  leurs 
sectes,  que  l'on  est  redevable  de  la  lumière  que  l'on 
a  présenlemeiil  sur  une  matière  si  épineuse.  J'ajo;.le- 
rai  à  cequeje  viensdc  dire  ,  que  S.  Cyrille  de  Jérusa- 
lem rejetait  ouvertement,  aussi  bien  que  ceux  dont  nous 
avons  parlé,  le  Baptême  des  liéréli(iiies.  II  s'expli(pie 
sans  détour  là-dessus  dans  le  discours  {  num.  7  )  (ju'il 
a  mis  à  la  tète  de  ses  Catéchèses ,  en  ces  termes  :  // 
n'ect  pas  permis  de  recevoir  le  bain  sacré  deux  ou  trois 
fois.  Il  ntj  a  qu'un  Seigneur ,  qu'une  foi ,  qu'un  Ba- 
ptême. Car  on  rebaptise  seulement  les  hérétiques,  parce 
que  le  Baptême  qu'ils  ont  reçu  nest  point  tm  vrai  Ba- 
ptême. Le  dernier  éditeur  des  ouvrages  de  ce  l'ère 
avoue  fianchement  qu'il  n'a  pas  de  quoi  le  justifier  sur 
ce  point  ;  mais  ,  dit  il ,  il  aura  sans  doute  corrigé  sou 
oi»inion  au  concile  général  de  Consiantinople  ,  auquel 
il  a  assisté,  et  qui ,  dans  son  septième  canon  ,  a  or- 
donné que  l'on  reçût  plusieurs  hérétiques  sans  les 
baptiser  de  nouveau. 

Qui)i(;ue  le  grand  argument  que  S.  Augustin  avait 

(1)  Oral.  iO,  n.  25. 

(2i  In  i'salm.  G,  monument. Ecçl,  Grsecse.  Çoiel. 


tom. 


p.  (il. 


(."))  Anaeepiialeosin,  n.  5,  p.  151. 


i85  BAPTÊME.  —  11'  PAllTlE.  CIIA 

employé  fOurréfiiliTcoiix  (|iii  itc  rcco:iiiaissiiionl  jioiiil 
de  B;i|)téiiic  dans  los  secles  séparées  de  rF,L;lis(!,  prou 
vûl  égalomoiil  la  validilé  de  teliii  ipie  les  Juil's  el  les 
iiilideles  [(ouvaieiil  coiiléierdaiis  le  cas  de  uéeessilé; 
ce  dernier  iiéaiinioiiis  a  sotiircrl  de  plus  i^raudesdiUi 
cidlés ,  el  S.  Aiigiisliii  liii-nièine  iTosail  assurer  qu'il 
fui  valable.  Il  se  propose  dans  le  scectiid  livre  ,  tonlre 
l'arménien,  celle  (lucslion,  savoir  :  Si  te  liuplémc 
peut  i'he  donné  par  cetii  qui  n  ont  jamais  été  chrétiens. 
Sur  quoi  il  répond  qu'il  ne  faut  rien  décider  sur  une  af- 
faire de  celle  importance  f'ins  [  uutorilé  d^in  concile  suf- 
fisant,  et  qu'il  est  dançfere.ux  de  prononcer  quchiue  cliose 
sur  un  point  (jui  n'a  été  décidé  dans  aucun  concile  ré- 
gionaire  ni  plénier.  Cependant  il  dit  ce  qu'il  pense  là- 
dessus  avec  sa  modeslie  accouluniée.  Si  je  me  trouvais, 
ajoute  l-il ,  dans  un  concile  oit  on  proposât  cette  que- 
stion ,  et  que  ,  n\i>ianl  point  à  suivre  le  sentiment  de  per- 
sonne à  qui  j'aimerais  mieux  déférer,  on  me  pressa:  de 
dire  le  mien ,  je  ng  douterais  pas  que  ceux  qui  ont  reçu 
te  Uaptême  sans  dissimulation  et  avec  quelque  seiU'i- 
inent  de  foi ,  et  ci'M  aliqua  fide  ,  ne  soient  vraiment 
baptisés ,  ponva  qu'ils  raient  été  avec  les  paroles  i>rescri- 
tes  par  l'Evanqite ,  en  quelque  endroit  et  par  quelque 
personne  que  ce  puisse  être.  Tel  serait  mon  avis  si  j'étais 
da)is  la  disposition  oii  je  me  Irojtvnis  lorsijue  j'écrivais 
ceci.  On  s'est  Ciiiformé  dans  la  suite  à  l'opinion  que  ce 
grand  docleiu'  propose  avec  tanl  de  nsodeslii', connue  on 
le  voit  par  la  répouve  dn  Pape  Nicolas  1"  au.x  questions 
des  Bulgares  ,  dans  laquelle  il  dé<  lare  qu'on  ne  doit 
point  Si'  niellre  en  peine  de  la  validilé  du  Haplènic 
donné  par  un  juil'  ou  un  païen  ,  s'il  s'est  servi  des 
paroles  de  l"E<  rilurc  dans  l'aduiinislration. 

Ce  sentiment  ne  prévalut  pas  tout  d'un  coup;  plu- 
sieurs, longtemps  après  S.  Augustin  ,  tinrent  poiir  nul 
le  baptême  donné  par  les  infidèles.  On  était  encore 
conmiunément  dans  celte  opinion  aux  hiii'.iènie  et 
iiouvième  siècles.  Le  pape  Grégoire  11,  écrivant  à  S.  i 
IJonilace,  veut  que  l'on  baptise  de  nouveau  ceux  qui  j 
ont  été  baptisés  par  des  idolâtres.  Eosdem  quoque  quos 
à  paganis  baplizalos  esse  asscritis  ;  si  ita  liabetur,  ut  d.;- 
vn'o  baptizes  in  nominc  Trinitatis  mandatiius.  On  lit 
dans  le  7*  Recueil  des  cajtilnlaires  (iinm.  401),  fait 
il  y  a  plus  de  800  ans  par  l'abbé  Ansegisc  ,  et  par  Be 
noit  le  Lévite  :  Prœcipimus  ut  qui  à  paganis  baplizati 
tant,  denv'o  à  Chrisli  sacerdotibus  baptizeulur  in  nominc 
sanclœ  Trinitatis,  et  postea  ab  episcopis  (rismcnlur , 
quia  aliter  me  Christiani  esse  nec  dici  possunt.  Le 
sixième  livre  de  cette  collection  (nnm.  9i)  contient 
une  décision  encore  plus  forte;  puisqu'il  y  est  ordon- 
né ,  (]uc  si  un  prèlre  qui  n'élail  poinl  baptisé  le  recon- 
naît cnsnile,  on  le  baptise,  lui,  et  tous  ceux  qu'il  a 
baplisés  auparavant.  Si  quis  presbtjter  ordiualus ,  de- 
prehenderit  se  non  esse  baptizatum  ,  baptizetur  et  ordi- 
netur ,  iteriim ,  et  omnes  quos  priiis  baplizavit.  Bur- 
cliard,  Yves  et  Gratien  (1)  rapportent  ce  capitule.  Il 
est  aussi  cité  dans  les  Oécrétales,  I.  3,  lit.  45,  c.  1. 

On  voit  par  là  que,  depuis  S.  Auguslm,  et  même  de- 

m  L.  4,  c.  74;   part.  \ ,  c.  2G8  ;  Grat.  1,  p.  91  , 
C.  08,  Si  presbtjter.  ■ 


P.  VllL  UNITÉ  DU  BAPTÊME.  126 

\  puis  la  réponse  du  pape  Nicolas  à  la  consullation  des 
Bulgares,  le  senliment  loucliant  la  validité  du  bap- 
tême donné  par  b-s  inlidelcs  n'élail  pas  reçu  unani- 
nv-nient.  Cependant,  dès  avant  ce  pape,  le  concile  de 
Compiègne  de  l'an  7i7  l'avait  en  quel(|ue  manière  au- 
torisé, lorsqu'il  avait  déclaré  (can.  9),  qu'on  ne  de- 
vait pas  rebaptiser  ceux  à  qui  un  prèlre  non  baptisé 
avait  donné  ce  sacrement.  Voici  les  termes  (-2),  u.  9  : 
Si  quis  baplizatus  est  prcsbijtero  non  bapiizalo,  et 
sancta  Trinilas  in  ipso  baptismo  invocata  fuerit,  bapliza- 
tus est,  sicul  Sergius  papa  dixit  impositione  lumen  ma- 
nunm  ejiscopi  indiget.  Ceoryius  episcopus  Homanus,  et 
Joannes  Sacellarius  sic  senserunl  ;  c'est-à-dire,  si  quel- 
qu'un a  été  baptisé  par  un  prê'.re  non  baptisé,  si  la 
sainte  Trinité  a  été  invoquée ,  il  est  baptisé ,  comme  le 
dit  le  pape  Sergins.  H  a  cependant  besoin  de  iimposi- 
tion  des  main.^  de  l'évèque.  George ,  évèque  de  Rome  ,  et 
Jean  Sacelluire  on!  pensé  ainsi.  Ceci  est  répété  mot 
pour  mot  dans  le  5''  livre  des  Capitniaires,  n.  G,  et 
aujourd'hui  il  ne  reste  plus  de  dispute  sur  cel  arliclo 
parmi  les  théologiens  catholiques. 

CHAPITRE  IX. 
Dm  ministre  ordinaire  et  e.xlraordinaire  dit  baptême. 
Qu'anciennement  le  ministère  était  réservé  à  l'évèque 
seul ,  sa)is  la  permission  spéciale  duquel  ni  les  prêtres, 
)ti  les  di'ucres  ne  pouvaient  baptiser.  Comment ,  et  en 
quel  temps  les  prêtres  sont  devenus  tes  ministres  or- 
dinaires de  ce  sacrement.  Qu'ils  devaient  s'acquitter 
de  cette  fonction  étant  à  jeun,  en  linbit  ecclésiastique , 
et  gratuitement .  Ce  qu'on  pensait  du  Baptême  conféré 
par  les  laïques,  et  surtout  par  les  femmes,  tant  en 
Orient  qu'en  Occident. 

Dans  un  état  bien  policé  ,  il  u'apparlient  pas  à  tout 
le  monde  de  recevoir  quelqu'iiu  an  nombre  des  ci- 
toyens,  cela  lie  coMvicnl  (lu'aiix  principaux  magistrats 
et  à  ceux  à  qui  ils  en  oiit  doni;é  comn.ission.  C'est 
par  le  baplènio  <pie  nous  devenons,  pour  ainsi  dire, 
citoyens  de  l'Église  :  il  ne  convient  donc  pas  à  tous 
de  donner  ce  sacrement  ;  mais  aux  évètpies  qui  en 
sont  les  chefs,  el  à  qui  il  aiiparlicnt  d'examiner  ceux 
qui  sont  dignes  d'y  être  associés.  Aussi  l  onclion  de 
baptiser  est  tellement  atl:'.ci!ée  à  leur  dignité  sacrée  , 
que  le  Sauveur,  en  leur  donnant  la  mission  en  ia  per- 
sonne des  a|)0!res,  l'a  jointe  inséparablement  avec 
le  ministère  de  la  parole  par  laipielle  I  Eglise  dev.'.it 
être  édifiée  ,  el  se  conserver  dans  toute  la  suite  des 
siècles.  Allez  (2),  enseiiTiiez  loules  les  nalio'i;. ,  los 
baptisant:  lie,  docele  omnes  génies,  baptizaules 
eos,  etc. 

La  tradition  est  conforme  à  l'Ecriture  sur  ce  i>ii;ii!. 
S.  Ignace  (5),  disciple  des  apôtres,  en  est  un  tem:a.i 
irrejjrochable.  Il  n'est  point  permis  ,  dil-il,  de  liapli- 
ser  sans  l'évèque.  Terlullien  (4)  s'explique  là-dessu.i 
encoie  plus  précisément,  lorsqu'il  parle  en  ces  le,- 

(  I  )  Vovez  le  5"  lome  des  capilulaires  ,  p.  9."8. 
(-21  Maith.  28,  V.  19. 
(."))  Ep.  ad  Smyran. 
[i)  Lib.  de  Bapl.,  e.17 


147  niSTOIRK  DES 

inos  :  Lr  pouvoir  de  donner  le  Baplême  appartient  au 
souverain  prèlrc,  (jui  est  l'évoque,  ensuite  les  prêtres ,  et 
les  diaircH  le  peuvent ,  non  pan  néanmoins  sans  l'auto- 
rité de  révèque.  «  Duntli  (juideni  (  baptismi  )  jus  liabet 
t  summus  sacerUos  ;  deinde  presbytcri  et  diaconi ,  non 
t  tamcn  sine  cpiscopi  auctoritate.  t 

Il  esi  iiuiiile  de  nous  étendre  davantage  à  prouver 
ce  point  de  discipline  qni  appartient  en  même  temps 
à  la  loi.  Il  était  si  bien  gravé  dans  l'esprit  des  anciens 
fidèles ,  que  si  Tévèque  ne  se  trouvait  pas  dans  son 
église  au  jour  destiné  pour  le  Baptême,  on  le  différait 
jusqu'à  son  retoiu';  c'est  ce  qtie  l'on  voit  entre  autres 
dans  Pinslriiclion  du  clergé  d'Edcsse ,  adressée  aux 
évêqiies  Eusiallie  et  Mioliiis,  laquelle  se  trouve  in- 
sérée dans  les  actes  de  la  dixième  action  du  concile 
de  Calcédoine.  Ils  y  demandent  que  l'on  renvoie  l'é- 
vèque  Ibas  à  son  église  ,  à  cause  que  la  lêle  de  Pâques 
approchait,  et  que  sa  présence  y  élait  nécessaire, 
tant  pour  les  catéclnsmes ,  que  pour  administrer  le 
lîaplème  aux  calhécumènes  qui  en  seraient  trouvés 
dignes.  Les  clercs  d'Jialie,  dans  la  lettre  qu'ils  remi- 
rent aux  and)assadeurs  des  Français  qui  partaient 
pour  Conslaiilinople,  les  priaient  d'aider  Dacius, 
évoque  de  Milan  ,  qui  y  élait  retenu  depuis  quinze  ou 
seize  ans ,  et  de  faire  en  sorte  auprès  de  l'empereur 
qu'on  lui  permît  de  retourner  à  son  église,  parce  que 
la  plupart  des  évèijues  qu'il  avait  coutume  d'ordonner 
étant  morts,  une  multitude  infinie  de  peuple  mourait 
sans  avoir  reçu  le  sacrement  de  la  régénération.  Quia 
ciim  penè  ontnes  cpiscopi  quos  ordinare  solet...  mortui 
sint,  immensa  populi  multitndo  sine  baplismo  morilur. 

C'était  encore  l'usage  dans  le  sixième  siècle  que  les 
évê(pies  s'acquittassent  seuls  de  ce  ministère,  ou 
qu'au  moins,  les  pasteurs  du  second  ordre  ne  le  fis- 
senl  que  par  une  permission  spéciale  de  l'évêque. 
C'esl  ce  qu'on  doit  raisonnablement  conclure  de  ce 
qu(i  raconte  Grégoire  de  Tours  (1),  à  l'occasion  d*une 
sédition  furieuse  que  Cluodielde ,  fille  du  roi  Cliari- 
bert ,  religieuse  de  Sainte-Croix  de  Poitiers ,  excita 
contre  son  abbesse ,  qu'elle  lira  de  l'église  où  elle  s'é- 
tait réfugiée,  cl  lit  mettre  en  prison  ,  savoir,  que  l'é- 
vêque de  la  ville,  ne  sacliant  connnent  s'y  prendre 
pour  apaiser  un  lunudle  si  scandaleux ,  envoya  à 
Clirodielde  des  gens  pour  lui  dire  de  délivrer  l'abbesse, 
ou  que  autrement  il  ne  célébrerait  point  la  pàque,  et 
ne  donnerait  le  Baptême  à  aucun  catéchumène  dans  j 
la  ville.  S.  Grégoire  (2) ,  qui  vivait  dans  le  même  siè- 
cle que  notre  historien,  écrivit  à  Romain,  exarque  de 
Ravenne ,  de  renvoyer  Blandus,  évêque  d'Horlense, 
sa  présence  étant  nécessaire  dans  son  église,  où  à 
cause  de  son  absence  les  enfants  mouraient  sans  bap- 
tême. Kx  quo  fit  ut  infantes  pro  peccatis  absque  bap- 
tismale moriantut .  Un  anonyme,  dont  l'écrit  est  in- 
séré dans  le  Reçut  il  de  Duchesne ,  loin.  \  ,  rapporte 
\\\\  l'ail  singulier  au  sujet  du  ministre  du  sacrement 
d(;  Baptême  ,  lors'pi'il  dit  qu'Odile  ,  fille  d'Aldrie  ou 
d'Aticli  fut  baptisée  par  deux  évoques ,  dont  l'un  élait 

(1)  Lib.  10,  lli>t.  Franc,  c.  {6. 

(2)  Lib.  1,  Regist.,ep.  52. 


SACREMENTS.  i28 

Ilérard,  évêque  de  Ratisbonne,  et  l'autre,  Ilidulphe 
de  Trêves. 

Il  est  évident,  par  tous  ces  faits,  que  l'administra- 
tion du  sacrement  dont  nous  parlons,  élait,  dans  les 
cinq  ou  six  premiers  siècles,  une  fonction  réservée  à 
l'évêque  privalivement  à  tout  autre  :  ce  qui  n'em- 
pêchait pas  que  quelquefois  des  prêtres  et  des  diacres 
ne  le  conférassent ,  même  hors  le  cas  d<!  nécessité , 
mais  toujours  avec  subordination,  ou  pour  nùeux  dire, 
avec  une  permission  paiticulière  de  l' évêque ,  ce  qui 
doit  s'entendre,  non-seulement  des  prêtres  et  des  dia- 
cres en  général ,  mais  encore  de  ceux  mêmes  qui  gou- 
vernaient une  paroisse ,  qui  étaient  allachés  à  un  ti- 
tre ,  ou ,  pour  parler  le  langage  de  ce  lenq)s-là ,  des 
prêtres  et  des  diacres  cardinaux. 

C'est  par-là  que  l'on  doit  concilier  les  différents 
textes  des  anciens  qui  paraissent  opposés ,  mais  qui 
dans  le  fond  contiennent  la  même  discipline.  Par 
exemple ,  le  pape  Sirice ,  dans  sa  dixième  Lettre  dé- 
crétale,  on  dans  ses  Canons  adressés  aux  évêques  des 
Gaules  ,  semble  faire  enlendre  que  les  minisires  du 
second  et  du  troisième  rang  étaient  en  droit  de  don- 
ner le  Baptême  en  vertu  de  leur  ordre  :  Au  temps  de 
Pâques,  dit  ce  pape,  le  prêtre  et  le  diacre  cliarqés  du 
soin  des  paroisses ,  ont  coutume  de  donner  lu  rémission 
des  péchés  ( en  donnant  le  Baptême )  et  de  remjiiir  les 
fonctions  de  leur  ministère;  ils  descendent  même  dans  la 
fontaine  sacrée  en  présence  de  l'évèijue.  D'un  autre  c(">ié, 
le  second  concile  de  Séville  (c.  17) ,  tenu  en  019  ,  d(;- 
fend  aux  prêtres  d'entrer  dans  le  baptistère ,  ou  de 
baptiser  en  présence  de  l'évêque.  Neqxœ  coram  epi- 
scopo  licere  presbyteris  in  baptisterium  introire,  nec  pré- 
sente antistite  infantem  tingere.  Ces  deux  endroits  pa- 
raissent établir  ou  supposer  une  disposition  dill'é- 
rente  :  cependant  c'est  la  même  dans  le  fond.  Le  Pape 
Sirice  dit  que  les  prêtres  et  les  diacres  donnent  au 
temps  de  Pâques  la  rénnssion  des  péchés  par  le  Bap- 
tême ,  et  en  présence  même  de  l'évêque  ,  mais  par  son 
ordre.  Le  concile  de  Séville  déclare  au  conlraire  ((u'ils 
ne  le  peuvent  sans  l'ordre  ou  la  permission  de  l'évê- 
que. C'est  ainsi  qu'il  est  facile  de  concilier  plusieurs 
passages  de,->  Pères,  qui  paraissent  ojqiosés  sur  ce 
point.  Ceci  n'est  pas  une  vaine  écliapaloire ,  la  suite 
du  texte  de  l'épilre  de  Sirice  montre  évidcnnncnl  que 
c'est  là  véritablement  sa  pensée  ;  car  il  .njoute  immé- 
dialement  après  les  paroles  que  nous  avons  citées  : 
Ceux-là  (  les  prêtres  et  les  diacres  )  exercent  ces  fonc- 
tions ,  mais  c'est  au  nom  de  l'évêque  ;  i  illi  in  officio 
I  sunt ,  sed  illius  nomini  facit  siimma  conceditnr.  s 
Après  quoi  il  dit ,  quand  le  péril  sera  urgent ,  les  prê- 
tres ont  le  pouvoir  de  donner  ce  sacrement,  ce  (pi'il 
entend  d'un  pouvoir  ordinaire  qu'il  refuse  aux  diacres. 
Diaconis  vcrb  nulla  Uceiitia  invenitur  concessa  :  il  faut, 
dis-je,  l'interpréter  d'un  pouvoir  ordinane  ,  puisqu'il 
est  certain  (jue,  quand  une  personne  est  menacée 
d'une  mort  prochaine ,  les  diacres  ,  au  défaut  des  prê- 
tres ,  peuvent  et  doivent  la  secourir ,  et  que  nous  li- 
sons même  dans  les  Actes  des  apôtres  qiwls  en  oui 
use  ainsi  dans  certaines  circonstances  particulières. 


429  BAPTÊME.  —  II'  PARTIE.  CIIAP. 

Noas  poumons  ciler  un  beaucoup  plus  grand  nom- 
bre de  passages  des  anciens  auteurs  qui  restreignent 
de  celle  sorte  le  pouvoir  de  baptiser  tant  des  prêtres 
que  des  diacres,  qui  dans  les  cinq  ou  six  premiers 
siècles  ne  pouvaient  l'exercer  que  par  nue  permission 
spéciale  de  l'évêque ,  ou  dans  le  cas  d'une  nécessité 
pressante.  Ce  qui  avait  lieu,  non-seulement  à  l'égard 
dt's  uns  et  des  autres  en  général,  mais  de  ceux  mê- 
mes qni  étaient  incardinés  ou  préposés  pour  gouverner 
une  certaine  portion  du  diocèse,  et  cela  quand  même 
les  églises  auxquelles  ils  étaient  attachés  avaient  des 
lonls  baplismaux.  Cette  loi  obligeait  principalement 
les  diacres,  comme  on  le  voit  parla  lettre  décrélale 
du  pape  Gélase  aux  évèqucs  de  l'Abruze  ,  de  Lucanie 
et  de  Sicile  ,  dans  laquelle  il  dit  qu'il  n'est  pas  permis 
à  un  diacre  de  baptiser  sans  l'évêque  et  le  prêtre ,  à 
inoins  que,  ceux-ci  étant  trop  éloignés,  il  n'y  soit  con- 
traint par  la  dernière  nécessité.  On  ne  pouvait  donc 
s'adresser  aux  diacres  dans  le  cas  d' un  besoin  pres- 
sant qu'au  défaut  de  l'évêque  et  des  prêtres. 

La  subordination  des  autres  ministres  de  l'Église  à 
l'égard  de  l'évêque  était  si  bien  établie  à  Rome,  pour 
ce  qui  est  du  baptême ,  que ,  dès  les  premiers  temps , 
la  grandeur  de  la  ville  et  la  multitude  de  ceux  qui  se 
convertissaient,  ayant  obligé  d'ériger  en  titres  plu- 
sieurs églises ,  et  d'y  mettre  des  baptistères,  les  car- 
dinaux qui  desservaient  ces  églises  demandaient  en- 
core au  Pape ,  dans  le  douzième  siècle ,  la  permission 
de  donner  le  Baptême  dans  celles  dont  ils  étaient  ti- 
tulaires. Au  moins  voit-on  dans  l'Ordre  Romain  dé- 
crit par  Benoît,  chanoine  de  S.  Pierre  en  1145,  une 
cérémonie  qui  est  un  reste  de  cette  ancienne  pratique. 
11  porte  que  le  Pape  descendant  aux  fonts  baptismaux 
avec  les  diacres  et  les  sous-diacres  régionnaire-;,  les 
cardinaux  qui,  après  l'office  (du  samedi-sai.it)  sont 
restés  au  chœur,  sortent  par  la  fausse  porte  derrière 
l'abside,  et  s'en  vont  h  l'église  de  S. -Venant,  ou  l'ar- 
chidiacre les  ayant  envoyé  chercher  par  deux  person- 
nes, le  premier  d'entre  eux  est  amené  en  présence  du 
Pape ,  suivi  de  tous  les  autres.  Celui-ci  s'incline  de- 
vant le  saint  Père  par  trois  fois,  et  dit  :  Jubé,  domne, 
bmedicere ,  autant  de  fois  jusqu'à  ce  que  le  Pape  bé- 
nisse, en  disant  :  Ite,  bapl'nate  omnes  génies  in  nomine 
P utils,  et  Filii ,  et  Spiritùs  sancli;  et  alors  les  cardi- 
naux revêtus  de  leurs  habits  d'église  retournent  cha- 
cun à  leurs  titres. 

Dans  la  suite,  quand  le  peuple  de  la  campagne  eut 
embrassé  la  religion  chrétienne,  on  fut  obligé  d'éri- 
ger des  baptistères,  les  évêques  ne  pouvant  suffire 
seuls  à  un  si  pénible  travail,  et  d'ailleurs  pour  la  com- 
modité des  habitants  à  qui  il  aurait  été  fort  à  charge 
d'apporter  de  si  loin  leurs  enfants  dans  la  ville  épis- 
copale  pour  les  baptiser,  surtout  dans  les  grands 
diocèses  de  France  et  d'Allemagne.  On  fut  donc  obligé 
d'accorder  aux  prêtres  pour  toujours ,  et  en  vertu  de 
leurs  titres,  un  pouvoir  qu'ils  n'exerçaient  auparavant 
qu'à  l'extraordinaire,  ou  par  une  permission  particu- 
lière limitée  de  l'évêque.  Cet  usage  paraît  avoir  été 
établi  dès  ie  neuvième  siècle ,  à  en  juger  par  ce  que 


IX.  MINISTRES  DE  CE  SACREMENT.  150 

I  dit  Théodulphe  d'Orléans  (I  )  ;  </«'//  est  permis  aux 
prêtres,  soit  que  les  évêques  soient  absents  ou  présents,  de 
baptiser  et  d'oindre  les  baptisés  avec  le  chrême,  pourvu 
quil  ait  été  consacré  par  l'évêque.  Théodulphe  parie  ici 
de  l'onction  du  chrême  qui  se  fait  au  haut  de  la  tête, 
in  verlice,  différente  de  celle  qui  se  faisait  pour  la  con- 
firmation ;  et  cette  réserve  était  encore  un  reste  de 
celle  première  subordination  des  prêtres  au  sujet  de 
l'administration  du  baptême.  On  voit  dans  le  septième, 
le  dixième  et  fe  douzième  ordre  romain  ,  que  le  père 
Mabillon  a  fait  imprimer  dans  son  Musœum  Itulicum, 
que  le  Pape  ,  après  avoir  baptisé  deux  ou  trois  per- 
sonnes, laissait  aux  prêtres  et  aux  diacres  à  faire  le 
reste. 

C'est  ainsi  que  par  degrés  les  évêques  se  sont  enfin 
entièrement  déchargés  de  cette  importante  fonction 
sur  les  ministres  du  second  ordre,  et  que,  comme  dit 
le  père  Martène  (2),  une  sage-femme  baptise  un  plus 
grand  nombre  de  personnes  dans  les  maisons  parti- 
culières, qu'un  évêque  dans  son  église. 

Celle  de  Milan  a  conservé  un  reste  de  l'ancienne 
discipline  ,  dont  nous  avons  déjà  parlé  :  les  enfants 
qui  naissent  pendant  le  cours  de  la  semaine  avaut 
Pâques  ,  et  celle  de  devant  la  Pentecôte,  doivent  y 
être  baptisés  la  veille  de  ces  deux  fêtes  par  l'arche- 
vêque dans  la  principale  église.  C'est  au  moins  ce  qui 
a  été  ordonné  dans  le  quatrième  concile  de  la  province 
de  Milan  :  à  quoi  les  évêques  de  celte  assemblée  ont 
pu  êlre  excités  par  l'exemple  du  grand  S.  Ambroise, 
dont  Paulin,  auteur  de  sa  Vie,  dit  qu'il  était  infati- 
gable dans  l'exercice  des  fonctions  divines  de  son  minis- 
tère,  en  sorte  que  cinq  évêques,  dans  le  temps  qiCil 
est  mort ,  avaient  bien  da  la  peine  à  faire  à  l'égard  de 
ceux  qui  devaient  recevoir  le  Baptême,  ce  qu'il  avait  com- 
tume  de  faire  seul. 

Il  serait  superflu  de  s'étendre  en  preuves,  pour 
montrer  qu'autrefois  les  ministres  du  Baptême  étaient, 
et  doivent  êlre  à  jeun  pour  célébrer  cet  auguste  sa- 
crement. Nous  avons  vu  ailleurs  que  toute  l'ÉgUse 
même  jeûnait  pour  attirer  sur  les  catéchumènes  les 
regards  favorables  du  Seigneur;  S.  Justin  en  rend 
témoignage  :  et  d'ailleurs  ,  comme  le  Baplême  ne 
s'administrait  que  les  veilles  des  grandes  fêles  pen- 
dant les  onze  premiers  siècles ,  il  ne  se  pouvait  que 
ceux  qui  le  conféraient  ne  fussent  à  jeun  ;  cela  a  sur- 
tout lieu  à  l'égard  de  la  fête  de  Pâques,  temps  princi- 
palement desliué  au  Baplême  dans  toute  les  églises  du 
monde  chrétien.  Celait,  comme  dit  M.  Baillet  (5),  la 
plus  importante  et  la  plus  indispensable  de  toutes , 
comme  la  plus  longue  et  la  plus  chargée  de  pratiques,  ' 
joignant  innnédialcmont  l'office  de  la  grande  fête  de 
Pâques  au  sien,  sur  tout  lorsqu'elle  commençait  après 
l'heure  de  Noue ,  ou  vers  le  coucher  du  soleil  :  car 
alors  elle  se  continuait  jusqu'au  point  du  jour  du  di- 
manche par  les  fidèles  de  tout  état ,  la  plupart  à  jeun 
du  vendredi ,  et  quelques-uns  du  jeudi-saint ,  depuis 

(i)  Lib.  deBapt.,c.  17. 

(a.)  De  anliq.  Ecl.  Kilibus,  c.  1  et  3.  ''      . 

(5)  Fêles  mobiles,  Samedi-Saint,  §  2.  | 


4bi 

lè  souper 


niSTOlUE  DES  SACREMENTS. 


431 


Dniis  les  lieux  même  où  les  cérémonies 
élaicnl  plus  coiirles,  cl  où  il  y  avait  moins  de  calé-  ■ 
chumènes  à  baptiser  ,  on  avait  grand  soin  de  recom- 
mander de  no  point  (inir  les  oflices  de  celle  céléiirc 
veille  avant  le  cliaiil  du  coq ,  qui  était  Tlieurc  d'oiïrir 
le  sacrifice,  de  communier,  et  de  rompre  ensuite  le 
jeune  du  carême. 

Dans  les  autres  veilles  de  l'année  on  retournait 
après  l'heure  de  vêpres  prendre  sa  réfection  et  un 
peu  de  repos,  puis  on  revenait  à  l'Église  :  et  si  l'on  en 
excepte  celles  de  Nool  cl  de  rEiiiphanie,  elles  se  ter- 
niinaienl  ordinairement  à  minuit  ;  mais  celle  de  Pâ- 
ques n'avait  point  d'interruption,  ni  de  relâche,  faisant 
passer  les  fidèles  d'un  sole'.l  à  l'autre  dans  l'église  : 
et  cet  usage  (|ui  n'a  cessé  chez  les  Latins  que  depuis 
que  l'on  a  conmiencé  les  offices  de  celle  grande  veiile 
dès  le  malin  ou  l'heure  de  tierce  du  samedi,  subsiste 
toujours  chez  les  Grecs  :  car  ils  passent  encore  an- 
jom-d'hui  comme  aufrcfois  la  nuit  entière  dans  l'église 
à  lire  rÉcriluie-Sainle,  ou  à  chauler  jusqu'à  l'heure  de 
l'oflice  de  Pâipies,  qu'ils  conmienceut  même  tout  de 
suite  au  lever  du  soleil. 

Ce  détail  des  oi)servances  de  nos  pères,  pour  ce  qui 
concerne  les  veilles  auxquelles  on  donnait  le  Baplôme, 
fait  voir  qu'il  aurait  été  innlile  de  faire  des  règlements 
pour  obliger  les  minisires  de  l'Église  de  n'adminis- 
trer ce  sacrement  qu'à  jeun.  Aussi  n'en  trouvons-nous 
sur  ce  point  de  discipline  que  depuis  que  l'on  com-  | 
mença  à  se  mettre  sur  le  pied  de  bapiiser  en  tout  i 
temps.  Nous  en  avons  un  d'un  concile  de  Rouen  (can. 
5)  de  l'an  1075,  qui  porte  qii'inicim  prêtre  ne  baptise  un 
enfant,  sinon  à  jeun,  et  revêtu  d'aube  et  d'étole,  à  moins 
qu'il  n'y  ait  une  nécessité  pressante.  Le    concile  de 
Mayence  de  l'ai!  1549  a  renouvelle  celle  sainte  disci- 
pline, ordonnant  aux  curés  de,  ne  baptiser  que  le  ma- 
tin pendant  ou  après  l'office,  el  non  point  après  dîner, 
à  moins  qu'il  n'y  ait  danger  éminent.  Les  slaluls  sy- 
nodaux de  Verdun  portenlj^we  le  Baptême  soit  admi- 
nistré avec  beaucoup  de  révérence  et  de  respect,  par  un 
prêtre,  revêtu  de  son  surplis  ayant  l'étole  au  cou.  Ces  l 
statuts  ne  disent  point  qu'il   faut  qne  le  prêlre  qui  | 
administre  ce  sacrement  soit  à  jeun ,  ce  qui  fait  voir 
que,  dès  le  conmiencement  du  seizième  siècle,  on  s'é- 
tait relâché  sur  ce  point. 

Les  minisires  de  l'Église  se  paraient  pour  celte 
grande  cérémonie  de  leurs  habits  les  plus  magnifiques. 
Conslanlin-le-Grand,  au  rapport  de  Théodorel  (I), 
avait  fait  présent  à  l'église  de  Jérusalem  d'un  habit 
tissu  d'or ,  afin  que  l'évoque  s'en  revêlil  lorsqu'il  ad- 
minislrciait  le  baptême.  Dans  la  suite  on  se  servit 
communément  d'habits  blancs  en  celle  occasion. 
S.  Rémi  en  légua,  par  son  testament,  un  de  celte  cou- 
leur à  son  successeur  pour  cet  usage ,  ampliibaruni 
album  pasclinlem.  Il  est  nommé  ici  habit  pascal; 
parce  que  c'était  suriout  à  la  fêle  de  Pâques  que  l'on 
conférait  le  Baptême.  Grégoire  de  Tours,  parlant  de 
S.  Nicet,  fait  aussi  mention  d'un  habit  pascal  blanc 

(1)  Lib.  2  Hist.  Eccl.,  c.  27. 


qu'avaient  coutume  de  porter  les  prêtres  pendant  les 
Cèles  de  Pâques.  Vous  venez  de  voir  rc  que  le  concile 
de  Rouen  ordonne  sur  ce  sujet;  el  enfin  un  ordre  Ro- 
main très-ancien  prescrit  qu'après  la  bénédiction  des 
fonts ,  les  préires,  les  diacres,  et  même  les  acolytes, 
s'il  est  nécessaire,  changent  d'habits,  qu'ils  en  pren- 
nent de  blancs,  et  propres,  et  qu'ayant  les  pieds  nus 
ils  descendent  dans  les  fonts  baptismaux  jusque  dans 
l'eau,  p(uir  donner  le  baptême.  Le  surplis  a  succédé  à 
l'aube,  dont  le  concile  de  Rouen  vent  que  le  ministre 
du  Bapiême  soit  revêtu  dans  cette  fonction. 

Mais  ce  que  l'on  a  principalemenl  recommandé  à 
ceux  qui  sont  chargés  de  cet  important  ministère, 
c'est  le  désintéressement.  On  pourrait  alléguer  une  in- 
finité de  canons  des  conciles  qui  interdisent  aux  prê- 
tres de  rien  prendre  pour  l'adminislralion  de  ce  sacre- 
ment ,  sous  (|uel(iue  prétexte  et  en  que!(iue  manière 
que  ce  puisse  être.  Le  concile  d'Elvire  retrancha  l'a- 
bus qui  s'était  déjà  glissé  en  ce  temps-là  en  Espagne, 
de  laisser  dans  les  fonts  quelques  pièces  d'argent,  de 
peur,  disent  les  évèques,  que  les  prêtres  ne  semblent 
vendre  ce  qu'ils  ont  reçu  gratuitement.  Le  pape  Gé- 
lase(1)  menace  de  déposition  ceux  dont  la  conduite 
sur  ce  point  ne  serait  pas  irrépréhensible.  Le  con- 
cile de  Mérida  (can.  9),  célébré  vers  l'an  686,  permet 
de  prendre  ce  que  les  parents  offriront  en  cette  occa- 
sion ;  mais  le  onzième  de  Tolède  (can.  8),  pour  couper 
la  racine  aux  abus  sur  ce  point,  défend  même  de  re- 
cevoir ce  qui  sera  offert  de  bonne  volonté.  Les  staints 
synodaux  de  Verdun  font  aussi  défense  aux  prêtres 
de  rii'u  exiger  pour  le  B.ipiéme,  mais  ils  permettent 
(  fol.  7 ,  recto  )  de  recevoir  ce  qui  sera  offerl  suivant 
la  coutume. 

On  n'a  jamais  aboli  ces  règles  ,  mais  sans  y  donner 
atleinle  en  apparence,  on  a  trouvé  des  biais  pour  exi- 
ger ce  que  les  lois  condamnaient  ;  ce  qui  est  arrivé 
surtout  depuis  qu'on  eut  nmlliplié  les  églises  baptis- 
males, dont  la  plupart  n'avaient  point  de  revenus,  les 
dîmes  étant  affectées  aux  anciennes  églises,  ou  à  celles 
de  chanoines  et  de  moines.  La  manière  dont  on  éluda 
l'exécution  des  lois  faites  sur  le  sujet  dont  il  s'agit, 
est  assez  plaisante.  On  convint  toujours  que  ces  lois 
avaient  la  même  force  qu'auparavant,  et  qu'on  ne 
pouvait  rien  exiger  pour  l'administration  du  baptême, 
mais  en  même  temps,  sous  prétexte  que  plusieurs  fi- 
dèles olTraienl  aux  prêtres,  dans  celle  occasion,  quel- 
que présent,  on  déclara  que  tous  étaient  obligés  de  se 
conformer  aux  louables  coutumes;  et  on  alla  même 
jusqu'à  y  contraindre  par  censures.  C'est  ainsi  que 
s'est  établi  l'usage  que  nous  voyons  aujourd'hui  en 
plusieurs  endroits. 

Tout  ce  qui  a  été  dit  jusqu'à  présent  dans  ce  cha- 
pitre ,  regarde  les  ministres  ordinaires  du  Bap- 
lème.  11  est  temps  de  parler  des  ministres  extraordi- 
naires ,  Cl  de  faire  connaître  ce  que  l'on  en  pensait 
anllrcfTiisdansrRp%.  Je  trouve  sur  cela  de  très-belles 
choses  dihi  l'hisioire  de  M.  de  Tillemonl,  tome  neu- 

|l      (  I  )  Ep.  ad  episcojws  Lucan.,  c.  5. 


135  BAPTÊME.  —  II'  PARTIE.  CIIAP    IX 

vicme  (p.  32G  et  5-27).  C'est  à  roccasiou  du  daiijjcr  do 
périr  où  se  trouva  S.  Grégoire  de  Naziaiuc  ,  sur  la 
mer,  à  son  retour  dLgyple ,  que  cet  auteur  s'étend 
sur  celte  matière.  S.  Git-goire  n'c'.ait  point  encore 
baptisé,  quand  il  lui  assailli  par  celte  furieuse  leui- 
pélc ,  dont  il  f.iit  la  description  dans  le  puènic  qui 
conlieiit  l'histoire  de  sa  vie.  Il  faisait  entendre  ses 
sanglots  dans  ce  péril,  bc  voyant  sur  le  point  d'être 
privé  pour  lonjours  de  la  grâce  du  Dapténie,  sur  quoi 
M.  de  Tillenionl  dit  ;  //  n'y  a  poinl  d'apparence  quil 
n'y  du  plusieurs  fidèles  dans  un  vaisseau  oii  tout  le  monde 
invoquuil  Jésus  Christ,  el  le  concile  d'Ehire  avait  per- 
mis, par  so)t  irente-liuilième  canon  ,  aux  laïques  nicmcs 
de  baptiser  dans  des  néccssilés  de  celle  nulure ,  pourvu 
qiiils  ne  fussent  pas  bigames,  et  n'eussent  pas  violé  l'in- 
tégri:é  de  leur  Baptême  par  quelque  péché  mortel.  Ter- 
tullien  (l)  avait  Icuu  que  tout  chrétien  peut  en  ce  cas 
donner  ce  qu'il  a  reçu...  S.  Jérôme  (2)  suit  son  expres- 
sion et  son  sentiment;  S.  Augustin  a  cru  la  même  chose, 
el  c'est  la  doctrine  générale  de  l'Eglise. 

Mais  il  semble  que  celte  validité  du  Baptême  donné 
par  iwô  luujues  ne  fût  pas  toui-à-fait  recrwiue  des  Grecs, 
puisque  S.  Basile  dit  que,  selon  le  sentiment  de  S.  Cy- 
prien  el  de  Firmilien,  dont  il  ne  s'éloigne  pus ,  il  fallait 
considérer  ceux  qui  étaient  baptisés  hors  de  l'Eglise, 
comme  baptisés  par  des  laïques ,  et  les  purifier  pur  le 
Baptême  de  l'Eglise.  L'histoire  d'un  Juif  baptisé  avec  du 
sable,  rapportée  par  Jean  Mosch  et  par  yicéphore,  fait 
voir  que  l'égUse  Grecque ,  ou  croyait  le  Baptême  des 
laïques  invalide,  ou  le  laissait  croire  au  peuple,  de  peur 
qu'il  n'abusàl  de  ce  sacrement. 

Dans  l'Occident  même,  oii  nous  voyons  que  la  validité 
du  Baptême  des  Idiques  était  reconnue,  S.  Satyre  frère 
de  S.  Ambroise  étant  dans  le  danger  de  périr  par  un 
naufrage,  obtint  des  chrétiens  qui  étaient  dans  le  vais- 
seau qu'on  lui  donniU  l'Eucharistie  à  porter  dans  un 
mouchoir;  mais  il  attendit  à  demander  le  Baptême  qu'il 
eut  abordé  :  et  s'étant  rencontré  que  l'évêque  du  lieu  était 
luciférien ,  il  se  mit  en  mer,  et  alla  recevoir  le  Baptême 
en  un  autre  lieu.  On  ne  disait  peut-être  pas  communé- 
ment aux  laïques  qu'ils  eussent  ce  pouvoir,  de  peur  qu'ils 
n'en  abusassent  comme  on  en  a  vu  des  exemples,  et  ceux 
qui  n'ignoraient  pas  ce  pouvoir,  pouvaient  être  retenus 
par  le  respect  d'une  chose  si  sacrée,  crainte  d'y  faire  des 
fautes ,  et  noser  faire  ce  qu'ils  n'avaient  jamais  fait ,  ni  \ 
vu  faire  à  d'autres.  S.  Augustin  (3)  même  n'ose  pas  as- 
surer si  les  laïques  qui  donnent  le  Baptême  dans  ces  oc- 
casions, soiU  tout-à-fait  exempts  de  péché. 

Quoi  qu'il  en  soit,  S.  Grégoire  dit,  qu'outre  que  les 
autres  ne  craignaient  qu'une  mort  commune ,  il  pleurait 
la  mort  spirituelle  de  son  âme  :  mais,  ce  qui  peut  paraître 
incroyable,  il  donnait  des  marques  si  vives  de  sa  dou- 
leur ,  que  dans  ce  danger  commun  tout  le  monde  se  joi- 
gnait à  lui,  et  compatissait  à  son  malheur. 

Si  le  respect  pour  ce  sacrement  ne  permeltail  pas 
autrefois  chez  les  Grecs  que  les  laïques  s'ingérassent 

(l)DeBapt.,c.  17. 
2)  In  Luc,  \.  2,  p.  iôî). 
(3)  lu  Par.,  1.  5,  c.  15,  l.  7,  p.  TJ. 


MINISTRES  DE  CE  SACREMENT.  134 

de  l'administrer,  même  dans  dos  cas  pareils  à  celui 
dont  M.  de  Tillenionl  vient  de  parler,  qn'auraiont-ils 
pensé  des  fennnos  sur  ce  poinl;  surtout  les  consli- 
lulions  aposloli(nies  (pii  étaient  jilus  commos  parmi 
eux ,  déclarant  que  c'est  dans  elles  une  présomption 
impie  et  sacrilège  que  d'entreprendre  de  donner  ce  sa- 
crement. Cependant  les  Grecs  et  les  Orientaux  sont 
revoiius  depuis  de  ce  préjugé,  et  la  pkipari  d'entre 
eux  ont  cru  que,  lorsque  le  j.ét il  était  urgent,  les 
laïques  ponvaioni  administrer  ce  sacremenl,  non  seu- 
lement validement,  mais  licitement.  Nous  en  avons  la 
preuve  dans  un  canon  du  confesseur  Nicépiiore,  pa- 
triarche do  Conslantinople,  qui  est  inséré  dai.s  leur 
Droit  canoni(pic(i),oïi  il  est  com|>lé  pour  le  seizième, 
il  porte  ce  qui  suit  :  Si  l'on  trouve  des  enfants  qui  ne 
soient  pas  baptisés,  dans  un  lien  oii  il  n'y  avait  point  de 
prêtre ,  il  faut  les  baptiser ,  que  si  leur  père  ou  quelque 
autre  que  ce  puisse  être  les  baptise,  il  n'y  a  poinl  de  pé- 
ché, pourvu  que  ce  soit  un  chrétien,  e;  rj  Ba-r/jst  z«t  o 
ïoîoi  TMTr.p,  où/.  £7rtv  à'/«:Ti«.  Glycas  atlrihuc  ce  cancn 
à  NicépiHu-e,  el  aux  évèrpies  qui  étaient  assemblés 
avec  lui  en  concile,  mais  il  le  compte  pour  le  cin- 
qnante-neu.ième,  ce  qui  est  peu  iinporianl.  Toute  la 
il!Ûérence  qu'il  y  a  entre  la  manière  dont  celui  ci  le 
représente,  et  celle  que  l'on  y.voit  d.ins  le  recueil  qui 
coniieni  le  droit  des  Grecs  {i),  c'est  ([ue  cet  auteur, 
au  lieu  de  ces  mots ,  pourvu  qu'il  soit  chrétien ,  y  niel 
ceux-ci,  pouvu  qu'il  soit  orlhodo.xe. 

Ce  mèiue  Glycas  ne  déférait  pas  sans  doute  à  Tau- 
lorité  de  ^^:céphore  et  de  son  concile,  puisqu'il  semble 
adopter  la  fausse  histoire  du  Baptême  dcmné  par 
S.  Athanase  encore  enfant  à  d'antres  enfants ,  que 
S.  Alexandre  baptisa  de  nouveau.  Mais  l'auteur  dont 
Glycas  a  empruulé  celte  rêverie,  avait  lui-même  mal 
pris  les  paroles  de  l'inventeur  de  celte  fable,  qui  dit 
seulement  qu'Alexandre,  ayant  fait  l'onction  à  ces  en- 
fants ,  les  perfectionna  en  Jésus-Chrisl  par  le  sceau 

sacre  (5).  ToJtou;  i-iypC-v.i    ôiK   zr,;    i-j  XptTtw  s-^pc/.yJC0i 

£T£>c(:&)«v.  Ce  (lui  doit  s'entendre  do  la  Confirmation  cl 
non  du  Baptême.  Rulln  et  Sozomènc  en  pariant  de 
ce  fait  qu'ils  croyaient  véritable,  assinent  aussi  po.si- 
tivcment  que  le  Baptême  donné  à  ces  cnl'anls  par 
S.  Athanase  n'avait  poinl  été  réitéré.  On  pense  depuis 
longtemps  dans  les  communions  orientales  sur  le 
sujet  que  nous  traitons  ici,  do  même  que  dans  l'église 
Grecque.  C'est  de  quoi  on  peut  se  convaincre  en  jet- 
tant  les  yeux  sur  ce  qu'en  a  écrit  M.  Renaudot  (4), 
que  le  lecteur  studieux  peut  consulter,  s'il  le  juge  à 
propos.  Si  on  en  croil  M.  Simon  dans  son  Histoire 
critique  des  dogmes  et  coutumes  des  Orientaux ,  p. 
"•i,  chez  les  Géorgiens,  le  prêtre  seul  est  le  ministre 
du  Baptême,  en  sorle  que  faute  de  prêtre  un  eiiAuit , 
mourra  sans  être  baptisé  :  il  ajoute  que  quelques-uns  ' 
niêjne  de  leurs  docteurs  enseignent  qu'alors  le  Bap- 
tême de  la  mère  suftit  pour  sauver  leidant.  .Mais  outre 

(1)  llarmenop,  Episl.,  sect.  5,  til.  1. 
(2i  Aimai.,  |)art.  5,  p.  2U. 

|5)  Apnil  l'Iiocinm,  cod.  2,"i8. 

['i\  Tome  o  de  la  Verpetuité,  I.  2,  c.  5. 


lî)5 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


i36 


nue  cet  aulcur  débile  assez  souvent  dans  cet  ouvrage  >f  pour  aller  aux  fonts  baptismaux,  et  révoque  venant  vers 


SCS  iuiaginalions  pour  des  faits  certains,  comme  on  le 
lui  a  reproché  ;  il  faut  se  souvenir  que  quand  on  a  à 
juger  de  la  créance  d'une  communion  entière,  ce  n'est 
point  sur  quelques  faits  particuliers  ni  sur  ce  que 
peuvent  avoir  avancé  des  gens  sans  autorité  qu'il  faut 
former  son  jugement ,  mais  sur  les  monuments  pu- 
blics, et  sur  ce  qui  tient  lieu  de  loi  dans  celte  so- 
ciété, ou  sur  les  écrits  de  ceux  qui  s'y  sont  acquis  une 
autorité  supérieure.  C'est  sur  des  pièces  de  cette  na- 
ture que  M.  Renaudot  a  exposé  la  créance  de  ces 
peuples,  et  il  n'a  jamais  nié  pour  cela  qu'il  ne  se  trou- 
vât des  particuliers  chez  eux  qui  avaient  des  opinions 
singulières,  et  qui  tombaient  dans  des  abus  très- 
grands  en  matière  de  discipline. 

CHAPITRE  X. 

Des  cérémonies  qui  suivaient  immédiatement  te  Bap- 
tême, et  qui  étaient  en   usacje  dans  les  dilfcrentes  | 
églises.   On  recherche  leur  antiquité,  et  les  divers  \ 
changements  qui  y  sont  survenus  depuis.  Explication 
(l'un  passage  di{ficile  de  S.  Ambroise  sur  le  lavement 
des  pieds. 

Le  SacTamentaire  de  S.  Grégoire ,  tel  que  l'a  pu- 
blié D.  Hugues  Ménard ,  qui  représente  au  moins  les 
choses  telles  qu'elles  étaient  établies  dès  le  huitième 
siècle  dans  toutes  les  églises  qui  avaient  reçu  le  rit 
Romain,  décrit  en  peut  de  mots  les  cérémonies  qui  se 
prali(|uaient  immédiatement  après  le  Baptême.  Com- 
mentons par  rapporter  ce  que  nous  y  trouvons.  Aussi- 
tôt ,  y  est-il  dit ,  que  celui  qui  a  été  baptisé  est  remonté 
des  fonts,  celui  qui  le  reçoit  (  le  parrain,  qui  eum  susci- 
pil)  le  présente  à  un  prêtre  (différent  de  celui  qui  a 
donné  le  Baplème  ,  ce  qui  avait  lieu  surtout  quand  il 
y  avait  un  grand  nombre  de  personnes  à  baptiser), 
lequel  lui  imprime  avec  le  pouce  le  signe  de  la  croix  avec 
le  chrême  sur  le  haut  delà  tête,  en  disant  :  Que  Dieu 
tout-puissant,  Père  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  qui 
Ca  régénéré  de  l'eau,  et  de  l'Esprit-Saint,  et  qui  Ca 
donné  la  rémission  de  tous  tes  péchés ,  f  oigne  du  chrême 
du  salut  pour   ta  vie  éternelle.  R.   Amen.  Durant  ce 
temps  on  continue  à  baptiser  les  autres  ;  et  ceux  qui  doi- 
vent les  recevoir  se  tiennent  prêts  avec  des  linges  entre 
leurs  mains,  et  les  reçoivent  des  prêtres  qui  les  baptisent. 
L'évêque  retourne  à  la  sacristie,   attendant  là  que  l'on 
lit  habillé  les  enfants  pour  les  confirmer.  On  n'empêche 
pas  qu'on  leur  donne  à  téter,  s'il  est  besoin  avant  la 
communion.  (Le  P.  Ménard  remarque  sur  cet  endroit, 
que  dans  le  manuscrit  de  Ratold,  il  est  porté  qu'on 
prendra  garde  que  les  baplisés  ne  prennent  point  de 
nourriture  avant  la  communion;  et  que  celui  de  Reims 
prescrit  qu'on  ne  permette  point  r:ux  mères  de  don- 
ner le  sein  à  leurs  enfants  après  qu'ils  ont  été  bapti- 
sés ,   jusqu'à  ce  qu'ils  aient  communié.  )  Le  Sacra- 
mcntaire  continue  :  Les  baptisés  étant  habillés,  on  Us 
range  suivant  l'ordre  dans  lequel  leurs  noms  sont  ins- 
crits. On  tient  les  enfants  sur  le  bras  droit,  et  les  adultes 
mettent  un  pied  sur  celui  de  leurs  parr(d)>s.  L'école  des 
(hantres  reçoit  ordre   de  chanter  lu  Utu)4ii  uuinahœ 


ceux  qui  ont  été  baptisés  ,  elc.  Suit  le  rit  de  la  Conlir- 
malion  dont  nous  parlerons  en  son  lieu. 

Tels  sont  les  rits  prescrits  par  le  Sacrameniaire  de 
S.  Grégoire ,  sur  lesquels  ils  nous  faut  faire  quelques 
observations.  Ces  linges  que  les  parrains  devaient  te- 
nir prêts  pour  recevoir  leurs  filleuls  au  sortir  des 
fonts ,  étaient  sans  doute  destinés  à  les  essuyer ,  et  à 
les  couvrir  de  telle  sorte  que  la  pudeur  ne  fût  point 
offensée.  Cette  pratique  était  ancienne,  et  nous  voyons 
même  que  l'on  conservait  ces  linges  avec  soin,  conunc 
un  monument  du  bienfait  signalé  que  les  chréliens 
avaient  reçu  par  le  Baptême ,  et  comme  une  marque 
de  l'alliance  qu'ils  avaient  contractée  avec  Dieu  (1). 
Nous  avons  sur  cela  un  témoignage  remarquable  de  la 
lin  du  cinquième  siècle  ,  dans  l'histoire  de  Victor  de 
Vite ,  de  la  persécution  des  Vandales  en  Afrique.  Cet 
auteur  rapporte  que,  comme  on  appelait  par  ofdre 
tout  le  clergé  pour  être  exposé  aux  tourments ,  le 
diacre  Muriita  se  signala  entre  les  autres.  Il  avait  levé 
des  fonts  un  nommé  Elpidiphore  qui  avait  apostasie , 
et  était  alors  l'officier  le  plus  ardent  à  faire  tourmen- 
ter les  catholiques.  Après  que  les  prêtres  et  l'archi- 
diacre Salutaris  eurent  été  tourmentés,  Muritla,  qui 
était  le  second  diacre  parutà  son  tour  :  c'était  un  vieil- 
lard vénérable  :  quand  on  commença  à  l'étendre ,  et 
avant  qu'il  fût  dépouillé ,  il  tira  tout  d'un  coup  les 
linges  dont  il  avait  couvert  Elpidiphore  au  sortir  des 
fonts,  et  qu'il  avait  cachés  sous  ses  habits  ;  et  les  ayant 
étendus  devant  tout  le  monde ,  il  dit  à  Elpidiphore 
qui  était  assis  comme  son  juge  :  Voilà  les  linges  qui 
t'accuseront  quand  le  grand  juge  viendra,  et  qui  te 
précipiteront  dans  le  puits  de  soufre ,  parce  que  tu 
t'es  revêtu  de  malédiction  en  perdant  le  sacrement  du 
vrai  Baptême  et  de  la  foi.  Cet  homme  devint  confus 
entendant  ces  reproches,  et  n'osa  rien  répondre.  On 
appelait  ces  linges  sabanum,  ou,  s«fr«nrt  au  pluriel  ; 
c'est  ainsi  qu'ils  sont  nommés  par  Victor  ,  et  dans  la 
lettre  du  pape  Paul  .au  roi  Pépin,  dans  laquelle  il  le 
remercie  de  lui  avoir  envoyé  les  linges  avec  lesquels 
on  avait  enveloppé  la  fille  de  ce  prince  au  sortir  des 
fonts,  il  témoigne  les  avoir  reçus  de  lui  comme  un 
grand  présent. 

On  attribue  communément  l'onction  verticale  au 
pape  S.  Sylvestre,  et  cela  sur  le  témoignage  du  Pon- 
tifical que  les  auteurs  ont  suivi  depuis  le  neuvième 
siècle.  Cependant  je  vois  que  la  plupart  des  savants 
n'entrent  point  dans  ce  sentiment,  il  est  pourtant 
vrai  qu'elle  est  ancienne.  Le  pape  Innocent  I"  en  parle 
assez  clairement  dans  sa  décrétale  à  l'évêque  d'Eugu- 
bio  (cap.  5),  quoiqu'il  ne  désigne  pas  précisément  la 
partie  du  corps  que  les  prêtres  doivent  oindre  du 
saint-chrême  après  le  Baptême.  Car,  dit-il,  il  est  per- 
7ms  aux  prêtres,  soit  en  l'absence,  soit  en  la  présence  de 
l'évêque,  lorsqu'ils  baptisent,  cum  baptiz.vnt  ,  d'oindre 
du  chrême  ceux  qui  sont  baptisés ,  mais  d'un  chrême  qui 
aura  été  consacré  par  l'évêque.  Il  ne  leur  est  pas  permi$ 


(I)  Voyez  M.  Fleuri,  l.  7,  p.  25, 


J37         BAPTÊME.  —  II*  PARTIE.  CtTAP.  X.  CÉnËMONlES  OUI  SUIVENT  LE  BAPTÊME.  138 


cependant  de  leur  appliquer  celle  onction  an  front  ;  cela  \ 
n'est  diï qu'aux  ih'èques,  qui  donnent  le  Saint-Esprit,  clc. 
Ces  paroles  du  pape  Imioccnl  sont  expresses,  mais 
elles  seinUlciit  marquer  que  celle  oiu  lioii  verlicale  ne 
se  faisait  par  les  prêtres,  que  lorsqu'enx-mèmos  don- 
naient le  nnptênie,  et  qnVlle  s'oniellait  quand  l'évèque 
le  conlérail  lui- même.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain 
que  ce  rit  n'était  point  uuiverstllenient  en  usage.  On 
n'en  voit  pas  le  moindre  vestige  dans  le  sacramcntairc 
et  le  missel  Gallican  ,  ni  dans  le  golliiriue  qui  élait  à 
l'usage  (les  rçlises  de  celle  partie  des  Gaules  qui  avait 
été  soumise  aux  Visigoilis ,  d'où  lui  est  venu  le  nom 
de  missel  gothique  ;  ces  livres  ne  Ibni  mention  que  de 
l'oncliou  du  fronl.  Il  semble  pourlanl  que  le  premier 
ConciL  dOiange  a  élaliii  ronclion  verticale  par  un 
de  ces  canonï  don l  nous  aurons  lieu  de  |)arlcr  avec 
plus  d'étendue,  lorsque  nous  écrirons  l'Iiisloire  du  sa 
crement  de  Confirmation;  en  attendant,  ce  que  nous 
avons  dit  ici  suffit  pour  donner  une  idée  de  l'origine 
de  ce  rit,  qui  n'est  point  connu  chez  les  Grecs,  comme 
distingué  de  la  Confirmation. 

L'habillement  dont  il  est  parlé  ensuite  dans  le  Sa- 
cramenlaire,  était  l'habit  blanc  que  devaient  porter 
les  néophytes  jusqu'à  l'octave  de  Pâques  en  signe  de 
joie,  pour  la  grâce  dont  ils  avaient  été  faits  partiel-  ! 
pants  dans   le  Daptéme,    cl   de  l'imiocence  qu'ils  y  ' 
avaient  recouvrée.   Tous  les  auteurs  ecclésiastiques 
en  parlent  :  et  il  faut  que  cet  usage  soit  bien  ancien, 
puisqu'on  le  voit  élabli  dans  le  temps  même  des  per- 
sécutions des  païens  C'est  de  quoi  nous  avons  un  té- 
moignage aulhenli(|ue  dans  les  acles  du  martyre  de 
S.  Gencs  (I)  qui  lut  miraculeusement  converti  en  con- 
trefaisant i>')s  mystères  sur  le  théâtre  pour  divertir 
les  spectaleurs.  Ciimque  sacranientorum  mijsicria  com- 
pléssent,  et  indutus  vcstibus  albis  essel,  ac  vcluti  per  lu- 
dibrinm  à  iniliilbns  raptus.  Eusèbe  rapporte  dans  la 
vie  de  Constanlin  ("2),  qu'ayant  reçu   le  Iiapléme,  et 
ayant  été  revêtu  dhabils  blancs  et  royaux  qui  bril- 
laient comme  la  lumière,  il  fut  mis  dans  un  lil  très- 
blanc,  et  que  depuis  ce  temps  il  ne  voulut  pas  même 
loucher  à  sa  pourpre.  Ceci  nous  fait  souvenir  d'un 
miracle  célèbre  qid  arriva  en  Palestine  en  l'an  419, 
sous  le  consulat  de  Monaxius  et  de  Plinta,  dont  S.  Au 
gustin(5),  et  le  comte  Marcellin  (i),  tout  païen  qu'il 
élail,  rendent  léuioignage.  Savoir,  qu'à  l'occasion  des 
tremblements  de  terre  survenus  encelemps-là,  envi- 
ron sept  mille  personnes,  tant  Juifs  que  païens,  s'é- 
taatfail  baptiser,  la  croix  du  Sau\eur  parut  imprimée 
miraculeusement  sur  leurs  babils.  Oimiiiimque  bavtiza- 
lorum  in  tuuicis,  crux  Cliristi  Sulvatoris  divinilalis  nulu 
extemplo   impressa  refttlsit.  Ce  sont   les  paroles  de 
Marcellin,  qui  font  voir  que  leurs  habits  étaient  re- 
connaissables  cl  distingués  de  celui  des  autres.  Dans 
la  suite  on  ajouta  à  la  lunifpie  ou  babil  blanc,  le  chré- 
meau,  qui  depuis  a  pris  sa  place.  Jcisé  d'Amiens, 

(1)  Apud  Ruinart. 
h)  Lib.  4.  c.  (i± 
i3)  Sermone  Î9,  m  6. 
(4)  la  chronico. 

TB.  SU 


Tliéoduiplie  d'Orléans  (I),  Rab;in  (2),  l'auteur  des  di- 
vins olfites  sous  le  nom  d'Alciiin   (3)   el   plusieurs 
autres  en   font  mention,  cl  le  dislii:guent  de  l'habit 
blanc  des  néophytes.  C'était  un  vêlement  de  tête  que 
l'on  mctiail  sur  celle  de  ceux  «pii  venaient  d'être  bap- 
tisés immédiatement  après  que  le  prélre  leur  avait  l'ait 
l'onction  verlicale.  Les  uns  l'appellent  chappe,  cappa, 
les  autres,  casques,  r/o/ca,  elconuniménient(7insm«/f, 
chrénieau.  Un  anonyme  (4)  manuscrit  de  Tours  re- 
présente le  chrémcau  comme  un  iiabil  de  lin,  ay;int 
un  capuce  dont   la  tète  était  couverte  comme  d'une 
mitre  cousue  de  fil  rouge.  Jean   Lansperg,  chartreux 
allemand,  parlant  de  sainte  Elisabeth  .  dit  qu'elle  fai- 
sait avec   graiule  dévotion  de  ces    sortes  de  chrc- 
meaux  pour  les  pauvres.   Dans  certains  pays  orien- 
taux ,  on  couronnait  de  fleurs  l(>s  néophytes-  Sévère 
d'Alexandrie  (5)  le  dit  expressément,  et  l'ancien  Ri- 
tuel des  Éthiopiens  prescrilce  rit.  Durand  de  Monde  (G), 
parle  d'ime  cérémonie  usitée  de  son  temps,  dans  l'é- 
glise de  Narbomie,  qui  a  du  rapporta  cela,  quand  il 
dit  que  c'était  la  coutume  dans  ce  pays-là,  de  coiilre 
sur  le  haut  de  l'habit  blanc  de  ceux  qui  venaient  d'ê-  • 
tre  baptisés,  une  bandelette  rouge,  en  forme  de  cou- 
ronne. La  piélé  a  mis  en  u-age  ces  différentes  céré- 
monies ,  pour  inspirer  le  respect  pour  ce  grand  sa- 
crement, et  exciter  les  chrétiens  à  en  conserver  le 
souvenir.  Voilà  ce  que  nous  avions  à  dire  ,  touchant 
les  fils  marqués   dans  le  Sacramcnlaire  de  S.  Gré- 
goire, dans  l'endroit  où  il  prescrit  ce  que  Ion  doit 
faire  immédialement  après  le  Baptême. 

Celte  coutume  d'orner  ainsi  la  lêle  des  néophytes 
doit  êlre  ancienne,  puisque  le  sépulcre  que  le  P.  Ma- 
billon  a  vu  auprès  de  .Naples ,  et  dont  il  parle  dans 
son  voyage  d'iialie  ,  représente  les  deux  personnes 
que  l'on  baptise  par  infusion  ,  comme  ayant  des  cou- 
ronnes sur  la  télc.  SainlChrysosiôme  ne  lerait-il  point 
allusion  à  cette  pratique  ,  lorsqu'il  parle  ainsi  à  ceux 
qui  devaient  être  baptisés?  «Ceux-là  coiiiiaissent  la 
vertu  de  ce  calice  ,  qui  sont  iiiiliés  aux  divins  mys- 
tères ;  vous  mêmes ,  vous  pourrez  la  connaî:re  dan» 
peu.  Souvenez-vous  donc  de  moi,  quand  vous  sen- 
tirez sur  vos  têtes  celle  couronne,  plus  brillanle  que 
les  rayons  du  soleil.  >  Mais  outre  les  rits  dont  nousve- 
ntmsde  parler,  il  yen  avait  encore  (|uelques-uiis  usi- 
tés dans  d'autres  églises,  dont  il  n'est  point  fait  men- 
tion dans  ce  Sacramcnlaire,  soit  qu'ils  ne  fussent 
point  pratiqués  à  Rome  ,  comme  il  est  vrai  de  quel- 
ques-uns ,  soit  qu'ils  aient  élé  omis  dans  ce  livre.  El 
notre  iulcnlion  n'est  pas  de  nous  étendre  sur  diverses 
pariicularités  peu  intéressantes,  telles  que  celles  qui 
regardent  la  forme  et  la  matière  de  l'habit  blanc  des 
néophytes,  du  soin  qu'avait  lÉglise  d'en  fournir auJt 

(l)dcBaptismo. 

{■I)  Traet.  de  Rapt.,  c.  16. 

(3)  De  Insl.cler..  1.  1,  c.  20;  cap.  de  S;ibbato  sanclo. 

(4)  Apud  Ldm.  Mari.,  1.  1  de  aiit.  lùrl.  Uit.,  c.  1, 
art.  15. 

(3)  Biblioth.  Patrum,  loin.  G. 
(6)  Ration.  I.  6,  c.  8-2. 


jlj^  niSTOIRE  DES  SACnKMENTS.  il<^ 

nauvres     et  aulrcs   semblables;  sur  lesquelles   I'*s  8]  et  Inminibus  cœlesds  c/flnVfl/Js  ;  par  où  il  entend  les 
b"lciir.s   nui  xondiont  s'iiistniiic  penveiil  coiisiiUit    1  (■icr;-'cs  ;illiiiiiés  (iii'ils  loiiiiienl  ciilre  leurs  mains,  qui 
S.  hcnis.,  c.  (icU(t})t.,  liinou.  ,y.  1-28  ad  FubiuL,  Paul, 
cp.  1"2  itd  Sevei.,  Cic(i.  .V<4i.  Oral.  51)  insaucla  luinina. 
Socml.,  /.  7  llist  ,  c.  17  ;  Grcg.  Matjn.  l.  7,  r;).  2i. 

Luc  lie  ces  céiéinoiiit-S  iloul  le  SaciMiiu-iilairi;  de  | 


S.  Grégoire  cl  iiresi|uo  tous  les  riuuls  ne  parlcnl  pas  , 
élail  celle  de  d();iiier  aux   néophytes  un  cierge  à  la 
main.  Elle  e»t  cepeiulaiil  irès-aiicienne  ,  et  elle  s'ob- 
servail    laiil  eu  Unenl   qu'eu   Oceidenl.    Saiul  Aui- 
Lroise  (I)  la  rappelle  à  la   niénioire  d'une  vierge  qui 
s'élail  cousacrée  à  Dieu,  au  milieu  dune  troupe  de 
néophytes  (pii  soiiaieul  des  eaux  sacrées,  et  qui  depuis 
a\ait  eu  le  malheur  de  se  laisser  corrompre.  Vous  ne 
vous  êtes  point  souvenue,  lui  dit  il,  de  ce  saint  jour  (/,' 
la  résuncclioii  du  Seitjnenr,  auquel  vous  vous  êtes  offerte 
un  saint  uuld  pour  y  recevoir  le  voile  ;  vous   vinrcliiez 
duns  celle  cclibre  assemblée  de  l'Iùjlise  de  Dieu  ,  entre 
L'S   /l(unbeaux  brillants  des  néopinjtes,   «   inter  luniina  j 
t  iicoplnjioruni  splendida  ;  >  iparmi  celte  troupe  de  gens 
rcvrius  d'habits  blancs,  comme  pour  aller  épouser  le  roi 
cdeste.  S.  Gré;;oire  de  Nazianzc  (2)  découvre  les  rai- 
sons mystérieuses  de  cet  usage,  lors(pril  dit:  Après 
le  Bipicnie,  on  vous  a  amené  devant  l'autel,  cesl   un 
prélude  de  lu  gloire  (tut  vous  est  préparée;  le  chant  des  ; 
fS'.inmei  avec  liqucl  on  vous  reçoit,  vous  annonce  d'a- 
vance les  louanges  futures  ;  les  flambeaux  que  vous  allu- 
mez, signipenl  !a  lumière  avec  laquelle  vous  devez  aller 
au-devant  de  l'époux.  Saint  Grégoire  de  Tours  (7,)  ol  J 
Foriiinal  fi),  parlent  des  flambeaux   cl  des  lampes 
que  l'on  faisail  brûler  dans  loule  la  ville  de  Vienne,  à 
l'occasion  du  Baplèmc  d'une  nndiilude  de  Juifs  que 
S.  Avil  (d),  évéque  de  celle  ville,  avait  convertis.  Marc 
de  Gaze,  pailaul  du  Baptême  du  jeune  Théodose  dit 
que  loule  la  ville  de  Consiaulinople  élail  en  blanc,  ci 
qu'il  y  avail  une  si  grande  quantité  de  cierges ,  qni'il 
semblait  que  les  étoiles  fussenl  descendues  du  cirl  en 
terre.  L'aulcur  des  divins  olliies  ,  sous  le  nom  d'AI- 
cnii' ,  marque  celle  parlieularilé  louchant  ces  cierges  ; 
qu'on    les   niellait    enirc  les    mains   drs  néophvlos, 
sans  être  allumé-;,  et  que  quiind  après  la  liianie  ,  l'é- 
cole, des  chanlreseuloimait  AgnnsDei,  un  d'enlre  riix 
dis. lit  à  baule  voix,  accendite,  allumez,  cl  qu'abus  on 
es  alluui.iil  tous,  il  MJonle  :  On  mène  Ions  les  jmtrs  et 
l'éijlise  les  nouveaux  baplizés ,  étant  précédés  de  la  co- 
lonne de  cire  allumée.  C'e.^l  le  cierge  pascal,  doiii  on 
fait  remouler  l'iuslilulion  au  cinquième  siècle,  puisque 
EnnoJe,  évèque  de  Favie,  eu  a  éeril  l'éloge  cenl  ans 
avant  S.  Grégoire.  Le  véritable  Alcuin  dans  une  lettre 
à  Cbarlema-jue  ,  nous  apprend  que  les  néophytes  de 
sou  tempsavaienl  coiuume  d'assister  au  sainl  sacrilice 
durant  les  sept   jours  qui  suivaienl  leur  naplcuie.cn 
babils  blancs  cl  avec  les  lumières  de  la  clarté  céleste, 

(1)  î-ib.de  î.apsu  virg.jC.S. 

(2)  Oral   de  Ha  pi. 
(:.')  Lil).  Sllist   Franc.,  c.  H. 
('V)  Lit)  4.  Carm. 
(o)  Ep.  ad  Arcad.  imperatorein  apud  Baron,  ann. 

lOi. 


claieiil  le  symlxde  de  la  lumière  divine  qui  éclairait 
leius  âmes.  Amalarius  (l)  répèie  la  même  clio>.e. 

Lue  au  re  cérémonie  irès-am  ieuue  élail  le  lave- 
mcnl  des  pieds,  (|ui  se  ('.lisait  aux  neoi)by!cs  en  [ilu- 
sieius  endroits  après  le  Baptême  cl  même  après  la 
Confirmaliou,  pour  les  préparer  à  la  sainte  commu- 
niou,  (;n  (pio;  les  évcipies  imilaieut  le  Sauveur,  qui 
lava  les  pieds  à  ses  disciples  avaul  la  cène  mystique. 
Vous  avez  vu  ailleurs  ("2)  qu(!  celle  cérénu)nic  était 
dans  d'autres  églses  une  des  préparations  au  Bap- 
tême, (  t  qu'elle  se  faisait  le  Jendi-Saiul  ;  nuiis  en 
Gaule,  cl  dans  ectle  partie  de  l'Italie  dont  Milan  était 
i  la  métropole,  elle  se  faisail,  connue  nous  venons  dû 
le  dire,  aiuès  le  Baptême.  Les  deux  anciens  Missels 
gallicans  (pie  le  savant  Joseph  Thoma-.ius  a  publii's, 
ne  laissent  aucu  i  doule  sur  ce  sujet.  On  y  lil  aptes  le 
Baptême  et  l'onction  du  Chrême,  les  prières  qui  ac- 
comp.ignaienl  celle  cérémonie;  .Ad  luvandos  pedes.  On 
vo/lla  mêiuechose  dans  celui  que  le  père  Mabillon  (5) 
a  fail  imprimer,  où  ce  rit  est  prescrit,  apiês  (jne  les 
néo|>hyies  ont  élé  revêtus  de  la  robe  blanche. 

Ponr  ce  (pii  regarde  la  province  de  Milan,  l'auteur 
des  Livres  des  Sacrements,  que  l'on  a  attribués  long- 
temps à  S.  Ambroise  (  i) ,  nous  en  rend  lemoigu 'ge 
en  ces  termes  :  Vous  êtes  remonté  des  Fonts  sucrés  , 
qu'a -t  on  fait'!...  le  souverain  prêtre  s'élant  ceint,  vous 
a  liivé  les  pieds.  «  Succinctus   suniinus  Sacerdos  pi  des 
i  libi  lavit.  >   Ce   même  aulenr   renuuque  que  cet 
usage  n'élait   point  élabli  à  Borne.  S.  Ambroise  lui- 
même  parle  très-clairemcnl  de  ce  lavement  des  pieds 
(pn  suivait  Je  Baptême,  el  lui  allribue  laul  de  vertu  et 
de  lorce,  pour  la  rémission  des  péchés,  que  plusieurs 
théologiens  sarrèlanl  trop  à  la  lettre,  y  ont  élé  trom- 
pés :  enlre  aulrcs,  Hugues  de  S.Victor,  qui  a  cru  que 
le  péché  originel  était  remis  après  le  Baplème,  en 
verlu  de  ce  rit  :  Lolione  peduni  peccatum  originale  di- 
milii  posi  Uaptismum.  In  Joan.  13.  Voici  l'endroit,  il 
est  lire  du  livre  des  Mystères,  ch.  6.  Le  saiul  docteur, 
après  avoir  parlé  de  ce  que  Jésus-Christ  avaii  fait  à 
ses  .\}ioircs  avaul  la  Cène,  et  de  la  ré.^islance  de  S. 
l'ierre  en  ct;tie  occasion,   .aj  ule  :  Pierre  était   pur, 
mais  il  devait  encore  laver  la  plante  de  ses  pieds  ;  car  il 
avait  hérité  le  péché  par  succession  du  premier  père , 
quand  le  serpent  le  supplanta  et  lui  persuada  ferveur. 
C'est  pourquoi  on  lai  lave  les  pieds  afin  de  lui  ôter  les 
péchés  quil  u  hérités  ;  car  nos  propres  péchés  sont  re- 
mis par  le  Baptême.  <  Ideo  planta  ejus  abluilnr,  ut  liœ- 
<  redilaria  peccala  tollanlur  ;  noslra  enini  propria  pet 
t  Baplismum  relaxaniur.t  Ce  texte  est  dillicile,  el  on 
le  doii  rapprocher  des  autres  eiulroilsdeS.  An  Croise, 
où  il  parle  de  la  verlu  el  des  cHets  du  Baptême,  aussi 
bien  que  de  ceux  où  il  explique  les  elïeis  du  laveincnt 

(I)  Lib.  de  ecclcs.  Ofnc. ,  c.  29. 
(-2)  Voyez  le  chapitre  9  de  la  première  partie  de 
celle  iiisloire  du  Baj;lenie. 
(5)  .Musa-i  liai.  lom.  1. 
(4)  Lib.  5  de  Sacr.,  c.  1,  n.  4. 


Ul 


BAPTÊME.  —  II*  PARTIE.  CIIAP.  XI.  SUITE  DU  MÊME  ST  JET. 


m 


des  pieds  :  et  alors  on  verra  sans  poinc  que  le  saint  •■■  fpr;ivaiii  c(!  lornps  les  Ciil';!;  (s  n'ont  rî<^n  que  de  dé- 


docli'ur,  par  ces  [)Avo\c^,  ut  liœrcdid-triu  pecatta  lol- 
lanlur,  ne  veut  pas  dire  <pie  celle'céiénionie  reniolle 
le  pcjché  originel ,  mais  seulenienl  qu'elle  donne  une 
grâce  particulière  pour  rési.sler  au\  niouvenicnts  de 
la  concupiscence,  qu'il  appelle  ;;<;V/«i  avec  rAjiolre, 
parce  qu'elle  vicnl  du  péclié  ,  cl  qu'elle  porte  au 
péclié. 

Il  est  inutile  de  produire  les  passages  de  ce  saint,  ^ 
qui  prouvent  qu'il  allribuait  au  Baplènie  la  verUi  de  ^ 
reinetire  le  péché  originel.  S.  Augustin  s"e  l  servi 
aulrelois  de  son  aulorilé  pour  en  coinaincre  les  Pé- 
lagi'^ns.  Nous  nous  conienleutns  do;i<.-  de  citer  un 
endroit  on  il  explique  ce  qu'il  pensail  de  la  vertu  du 
lavement  des  pieds.  Il  en  parle  dans  l'exposition  du 
Psaume  48(uum.  0) ,  en  ces  termes  :  C't.'>// ou/y/ho jj'e 
croisquece  qm  le  Pruplicie  appelle  l'inuiui  é  du  talun,  ini- 
quUalem  cidcanci ,  marque  plulôl  le  penclianl  que  nous 
avons  au  péclié,  que  la  coulpe  même  de  nuire  péché. 
D'où  vient  que  le  Seigneur  dit  avec  raiiion...  «  ttivonn  nos 
pieds  »  tifiii  tjue  nous  puissions  oler  ce  penclianl  que  nous 
avons  au  vice,  que  nous  demeurions  fernics  dans  la  vertu, 
et  que  celui  qui  est  dispose  à  demeurer  dans  sfs  bonnes 
résolutions ,  ne  tombe  point  dans  l  ccj.trement  des  pre- 
miers parents,  et  qu'il  ne  craigne  puiui  de  perdre  r héri- 
tage, mais  qu'il  s'attache  constumniiiit  à  la  vertu.  «  Unde 
I  reor  iniquitatem  calcanei  magis  lubricum  delinquendi , 

<  quàm  realwn  aliquem  nostri  esse  delicti....  Luvemus, 

<  inquil,et  pedcs,  ut  calcanei  lubricum  possimus  auferre, 
t  quo  fida  slalio  possil  esse  virlulum...  et  non  melual 
I  lubricum hœrcdituiis  »,  etc. 

Toutes  ces  expressions  font  voir  que  S.  Ani!)roise, 
par  ces  termes,  lubricum  detinquendi ,  lubricum  calca- 
nei, lubricum  hœreditatis,  n'entend  autre  chuse  que  le 
foyer  de  la  concupiscence ,  qui  nous  reste  après  le 
Baptême,  et  qui  nous  vient  du  péché  originel ,  d'où 
vient  (pi'il  l'appelle  hœreditaria  peccala  ,  et  (pie  dans 
le  passage  que  nous  avons  rap|>orté  il  enseigne  seu- 
lement ([ue  nous  recevons  en  vertu  du  hivernent  d>'S 
pieds  les  grâces  propres  à  en  réprimer  les  mouve- 
ments, et  nous  soutenir  dans  la  vertu. 

CliAPlTKl^  XI.  I 

Où  l'on  parle  en  peu  de  mots  des  deux  sacrements  de  ' 
Confirmation  et  d'Eucharistie,  que  l'on  donnait  aux 
néophytes  aussitôt  après  te  Bup.ême;  de   quelques 
pratiques  et  cérémonies,  et  des  instructions  qu'on  leur 
faisait.  De  la  Pàque  annoline.  [ 

Le  père  Martcne  (1)  met  au  nombre  des  cérémo- 
nies (pii  suivaient  immédiatement  le  Baptême,  celle 
de  donner  an  nouveau  baptisé  le  baiser  au  sortir  des 
Fotit^,  ce  qu'il  croit  s'être  fait  par  le  prêtre  qui  ad- 
minislrail  le  sacrement  ;  mais  je  ne  vois  pas  que  le 
fondenient  sur  lequel  il  appuie  ce  sentiment  soit  bien 
sûr.  tin  effet,  il  n'en  a  point  d'autre  que  la  Li.-tlre  de 
S.  Cyprien  {i)  à  Fidiis,  qui  doutait ,  ou  |;lulôl  ipii  ne 
croyait  jias  que  l'on  dût  baptiser  les  enfants  avant  le 
huitième  jour  après  leur  naissance,  et  cela  sous  prétexte 


(1)  De  antiq.  Eccl.  Rit.,  c.  1,  art.  15. 
(|)Ep.  74,  e<<  Ûxou. 


gniii;ii»i,  et  qu'on  a  horrt m  de  les  baiser  en  cet  état. 
C'était  au  moins  un  des  m<  t.fs  q-i'il  alléguait  pour  au- 
toriser son  opinion.  Mai-  que   prouve  celte  opinion 
de  Fidus,   et  la  répons»;  de  .S.  Cyprien,  qui  la  r.j.  lie, 
cl  lui  a|»pren(l  que  l'on  n.-  (inii  p,,i„i  :.voir  d'horreur 
de  ce  qu'un  Dieu  a  daig;;é  <rèer,  et  que  l'on  doii,  en 
baisant  ces  enfants,  envisager  la  main  de  Dieu  en- 
core toute  récente  qui   vi.  nt  de  les  form.r?   Elle 
prouve  tout  aa  plus  qm*  r.»  i  donnait  encclivemenl  le 
baiser  à  ces  enfants,  qiia.al  ils  avaient  été  initiés  aux 
j  mystères,  mais  pen.lanl  la  liturgie,  el  quand  tous  les 
lideles  se  le  donnaient  mutuellement,  et  non  pas  au 
sortir  des  Fonls.  Ci',  n'était  donc  pas  tant  une  céré- 
monie du  Baptême,   qn'u.ie  prati(|ue  ordinaire  dans 
les  asseniblées  qui  ic  laisaicl  pour  célébrer  les  saints 
mystères. 
j      Les  néophytes ,  tant  enru,ts  qu'.idu!tes  ,  y  étaient 
admis  aussitôt  aprè.s  le  H  pième  cl  la  Confirmation, 
qu'ils  recevaient  au  sor'ii  .les  louts,  et  apiès  y  avoir 
assisté,  ils  pai  tiripaiei.t   a  l'iioslie  vivifiante  avec  le 
reste  des  lidèles  :  ani>i  \\>  ciaie:.!  njis  en  même  temps 
en  possession  de  tois  les  biens  et  les  avanlagfs  de 
l'Eglise.  Ce  que  nous  diMins  ici  et  un  point  de  dis- 
cipline si  connu,  ([ue  je  ne  nrélendrai  pas  à  le  prou- 
ver, d'autant  j  lu>  (p:e  j'aurai  lieu  d'<'n  parler  dans 
ri.istoirc  de.  sicreinents  de  Confirmatio.T  et  d'Eu- 
charistie. Il  sid'Iii  d.M-.-nnfqner  ici  que  tous  iis  .ivres 
qo»  irailcnl  di-s  rits  de  lEglise  jusqu'aux  dituzième 
et  treizième  siècles,  Iv.  |  rescrivcnl,  et  (pie  dans  cer- 
tains lieux  relie  pi  aligne  s'est  conservée  pins  long- 
temps, et  subsiste  à  prt'.-,ent  chez  les  Grecs  et  dans 
les  communions  orieniaks.  Le  R.  P.  coadjulcuir  de 
Senones  (D.  Aiigiisii:i  F.ngéj  (pii  m'a  généreusement 
commtmiqué   piusieur-;  remar.|ues  qu'il  a  faites  sur 
cet  ouvrage,  d.)iit  il  s'est  donné  la  peine  de  revoir  le 
manuscrit,  met  celle-ci  entre  antres  si:r  cet  endroit. 
La    pratique  de  commnnir   les  enfants  nouvean-néi 
était  encore  en  vifjueiir,  non  seulement  au  douzième  et 
ireizirme  siècles,  mais  elles  ob.-crvail  à  Beaii'ais  H  n'y  a 
pas  ZWans,  comme  un  le  cuit  par  I en  ordinaires  de  celle 
Eglise  qui  sont  de  ce  temps  là ,  ei  de  là  est  venue  la 
coutume  de  porter  encore  aujourd'hui  au  grand  autel  un 
enfimt  nouvenu  baptisé,  ce  qui  se  pra'iqv.e  dans  tout  le 
diocèse  de  Houcn,  cl  plusieurs  autres.   Mauléon  (1), 
Voyages  liturgiques,  p.  27. 

Cela  s'est  siiriout  ol.'^cr\é  par  rapport  à  l'Eucha- 
ristie; car  pour  ce  qui  est  ilc  la  Coiilinnaiion  ,  elle  ne 
se  donnait    am  leuin-iiie  l    inm-  d'aiomcnl    après    le 
Baptême  <pie  (luarul  Wi  ê(|ue-  liapli  ail  par  lui  même, 
ou  que  les  piètres  le  faisaieni  en  sa  prési-nce  et  sous 
ses  ordres  dans  l'égiiso  où  il  se  tiniivaii  actnellcncnt  : 
ce  qui  a  été  en  nsagi'  très  lon-tcmp,,  snilont  da  iS  les 
villes  cl  leur  banlieue,  dont  tons  les  curés,  an  inoiiii 
pour  rordinaire,  baptisaient  autrefois    les  catéchu- 
mènes dans  l'église  raihèdrale,  ou  <i^u<  celle  que  l'é- 
vêquc  avait  iiidi(piée  ponrrçla.  .M..is  <,nand  le  Rap- 
lême.se  donnait  ou  en  l'absence  de  Tévèque,  ou  daiis 
(1  )  Le  Brun  des  Marelles. 


U3 


des  lictiT  fort  (<loip:n(<-;  <!(•  In  ville  (<|tis(oj>;ile.  on  :il- 
teiulail  (jHi'  Ifséiiiic  \iiii  coiliriiicr  les  iiéttpliyios,  à 
qui  on  ne  laissail  pas  de  donner  iDUJours  la  Connnu- 
liion. 

No»  «ciilcmoiililscommnniaicnl  le  jour  de  leur  Bap- 
tême, mais  ils  le  fai  aient  Ion-,  les  jours  p'iidanl  \'"C- 
lave  de  rài|Ui'S ,  ol  ^ans  douie  de  l\  INînlccole  s'ils 
avaient  élé  l>apli^és  à  celte  fêle.  L  Ordre  romain  et 
jiliisieins  antres  livres  ponlilicanx  le  prescrivenl  ainsi. 
On  cliaiiiait  nièine  exprès  pour  enx  une  nuîsse,  dès  le 
grand  matin  ,  pcmlanl  l.upitllc  ils  p;irticipaient  aux 
saints  niysièrt-s.  Cetlc  praii(|ne  de  l'.iiie  eonimnnier 
ions  Ks  jours  les  néopliyles  élail  ancienne  :  S.  Au-  ' 
gnslin  nous  en  fo  irnil  une  pnuve  Inrsipie  ,  dans  iwi 
sermon  iiuM  lit  le  jour  de  l'à(pios,  il  parle  ainsi  aux 
nouveaux  baptisés  :  Je  votu  iivais  prom*  un  discours 
dans  lequel  je  detais  vous  crplxiiicr  te  sacrement  de  lu 
table  du  Sciijueur,  que  vous  voyez  présentement^  auquel 
vous  av,'z  piirlicit)é  lu  nuit  dernière.  Vous  devez  con-  ^ 
naître  ce  que  vous  avez  reçu,  ce  que  vous  recevrez,  ce  (jue 
vous  devez  recevoir  tous  tes  jours  ,  <  quid  qnotidiè  acci- 
t  père  debeutis.  »  C'était  pour  se  rendre  dignes  de  re- 
cevoir Ions  les  jours  avec  fruit  le  pain  de  vie  (|u'on 
leur  recommandait  de  s'appliqMer  avec  plus  d'ardeur 
aux  cxercifcs  de  |>iclé,  et  de  s'éloi^niT  deloiilc«qui 
étail  capable  de  les  dissiper  cl  de  leur  faire  goûler  la 
vie  mondaine.  C  esl  dans  et  lie  vue  que  le  qualricme 
concile  de  Cartliagc  (can.  8G)  ordonne  que  tes  néo- 
plitjtes  s'<d)siieuueut  pendant  quelque  temps  des  repas  et 
des  spidactes ,  et  qn'ih  vivent  en  coniineuce  avec  leurs 
femmes.  «  Ai'o;>/ij//J  uliijunndiu  à  laulioribus  epulis,  et 
<  speclHCulis,  e  conjugibus  abstineant.  » 

IJ  n'était  pas  aisé  de  donner  rEucharistie  aux  p^lils 
enfants,  mnonl  à  ceux  qui  ctaienl  à  la  mamelle;  il 
élail  à  craindre  (piils  ne  la  rcjclasscnt  :  aussi  voyons- 
nous  qi:e,  dès  les  premiers  siè<les,  on  ne  leur  donnait 
ordinairemenl  que  le  précieux  s  ing.  Le  miracle  dont 
S.  Cyprien  (1)  nous  f.iii  le  ré(it,  cl  qui  élail  arrive 
sous  s(!S  yeux  ,  en  esl  une  preuve:  Une  petite  fille 
avait  reçu  dans  la  bouclie  un  morceau  de  pain  trempé 
dans  du  vin  (pii  avait  élé  oITcmI  aux  idoles;  ses  parents 
l'ignoraienl ,  cela  s'était  f  lil  par  la  faute  de  la  nour- 
rice. L'enfant  éiail  dans  l'église  avec  sa  mère  peiidanl 
que  S.  Cyprien  sacriliail  l'Iioslie  non  sanglante  : 
Quand  le  sacrifice  fut  achevé,  et  que  te  diacre  commenio 
à  présenter  te  calice  aux  assistants ,  tes  autres  l'ayant 
reçu,  il  vint  à  cette  petite,  qui  aussitôt,  par  un  secret  in- 
stinct de  ta  majesté  divine,  détourna  ta  tête,  serra  tes  lè- 
vres ,  et  refusa  de  boire  dans  le  calice  ;  le  diacre  persista 
et  lui  infusa  d  ins  la  bouche,  malgré  sa  résistance,  quel- 
ques gouttes  du  vin  consacré.  Incontinent  suivirent  des 
sanglots  et  des  vomissements  :  t' Eucharistie  ne  put  de- 
meurer dans  un  corps  et  une  bouche  souillés.  C'est  ainsi 
que  S.  Cyprien  rapporte  ce  miracie,  qui,  comme  vous 
voyez,  n'arriva  (pie  (jiiand  on  présenta  le  calice  ado- 
rable aux  fi  lèles  ;  cepemlaol  la  couiunmion  du  calice 
suivait  celle  du  précieux  corps  ,  suivant  l'ordre  natu- 
rel et  l'institution  du  Sauveur  :  il  iallaii,  par  conse- 
il) Ub,  de  Lapsis. 


IIlSTOmE  DES  S.\CRtMENTS.  144 

queni,  que  cctlc  enfant  n'eût  point  participé  h  l'cspccô 
du  |iain. 

Dans  le  XI!*  siècle,  pour  parer  aux  inaonvénients 
de  cette  conutiunion  des  eufanls,  le  prêtre  trempait  le 
«loigi  (|;ms  le  précieuN  sang,  et  le  mettait  ensuite  dans 
Il  bouche  de  I  enfant,  qui  le  suçait.  Hugues  de  S.- 
Victor (!)  conseille  d'en  user  ainsi  ;  et  nous  voyons 
efTirtivemeut  que  la  chose  se  faisait  en  cette  manière 
dans  (|u  Iques  Flglises.  L'ancien  pontifical  d'Apamée 
en  Syrie,  (|ui  élail  à  l'usage  de  cette  l^glise  dans  le 
leuipSfpic  les  Latin^  étaient  en  possession  de  ce  pays, 
prescrit  de  communier  ainsi  les  petits  enfants,  ou 
avec  une  feuille  trempée  dans  le  précieux  sang,  le 
prélre  disant  ces  |)aroles  :  Que  le  corps  avec  le  sang  de 
Piotre-Seigneur  Jésus-Christ  conserve  ton  àme  jiour  la 
vie  éicrnelte.  Amen.  Lu  Orient,  suiv.nui  le  témuignagc 
d'.Abraliam  Lclullensis.  on  comnnmie  encore  les  en- 
fants avec  le  doigt  trempé  dans  le  piécieux  sang,  que 
l'on  leur  fait  suier.  Wansleb  dit  la  même  chose  des 
Jiicobiies  ,  el  Naiitunis  «les  Syriens  et  des  Maronites. 
Cabrit  1  Sonile  assme  néanmoins  (pie  ces  derniers  et 
les  autres  Orientaux  donnent  ^Euclla^i^tie.  aux  en- 
fants, au  sortir  d(îs  fouis,  avec  une  coquille  trempée 
dans  le  vin  consacré,  qu'ils  leur  font  sucer,  ce  ijui  re- 
vient au  même. 

L'usage  de  donner  l'Eucliaristie  aux  nouveaux  bap- 
tisés était  si  ordinaire,  «pie  des  personnes,  «l'ailleurs 
fort  éclairées ,  croyaienl  que  ceux  qui  ne  la  rece- 
vaient pas  avitnt  la  mort  penlaient  «hî  grands  avan- 
tages, qnoi«prds  mouni  seul  incoolinent  après  le  Hap- 
léme.  C'est  ce  «pii  parait  par  la  (jneslion  «pn;  le  diacre 
Ferrand  proposait  à  S.  Fulgence  ,  à  l'occasion  d'un 
jeune  esclave  noir  «pie  son  maître  avait  fait  instruire 
«le  la  religion,  qui  avait  été  fait  caiéihumcne  ,  cl  qui 
ayant  é.é  saisi  d'une  grosse  fièvre ,  avait  été  hap- 
lisé,  el  ciail  mort  avant  de  recevoir  la  sainte  Commu- 
nion. Sur  quoi  Ferrand  disait  :  Je  demande  s'il  ne 
nuit  point  aux  baptisés  de  ne  point  manger  ta  chair  du 
Seigneur  ni  boire  son  sang,  quand  ils  meurnt  .subite' 
ment,  entre  le  Baptême  et  ta  Communion?  A  quoi 
S.  Fulg 'iice  répond  :  Qu'il  ne  faut  pas  se  mettre  en 
peine  de  ceux  qui  meurent  avant  d'avoir  reçu  te  corps  et 
le  sang  de  Jésus-Clirist.  Car  cliacun  de  nous,  dit  il, 
commence  à  participer  à  ce  pain  quand  il  commence  à 
être  membre  du  même  corps  ,  c'est-à-dire  de  Jésus- 
Christ ,  ce  qui  se  fait  au  Baptême.  Pour  preuve  de  celte 
vérité,  dit  M.  Fleuri  (2),  S.  Fulgence  rapporte  un 
sermon  de  S.  Augustin  aux  nouv(îaux  baptisés.  Et 
c'est  en  conséquMice  de  celle  doctrine  que  l'on  a 
cesé  depuis  plusieurs  siècles  de  donner,  même  aux 
enfants,  rEucharistie  avec  le  Baptême. 

On  avait  la  coutume  autrefois,  en  Occident,  dcdon-w 
ner  aux  néopbyti's,  après  la  communion,  du  lait  et  di) 
miel ,  pour  leur  faire  entendre  que  ,  par  les  sacre» 
ments  auxquels  ils  avaient  élé  initiés,  ils  étaient  en» 
très  en  possession  de  la  véritable  terre  promise,  dont 
la  Palestine  n'était  que  la  figure.  Cette  pratique  doit 


(!)  Lib.  1  de  Sacram.,  c  20. 

(2)  Tome  7  de  riiist.ecclés.,  sur  l'an  537,  p.  544, 


145 


BAPTÊME.  —  \V  PAnTIE.  CllAP.  XT.  SUITE  HU  MEME  SUJET. 


14« 


être  fort  ancienne,  puisque Tcrtiillien  o\\  fiil  uienliou 
en  CCS  ieinie>  (I)  :  Ter  mcnjilamnr,  iiide  stmccpii  lactis 
et  metlis  coiicordiam  pmgnslamus.  S.  Ji'rôuie,  dans  ^on 
Dialogue  contre  les  Lnciféricns,  parle  ausïi  tie  cet 
usage,  et  le  met  onlie  ceux  qui  nous  sont  veiuis  de  la  i 
tradiiion  des  Apôlres.  Ce|i( miaiil  le  uièuie  Père,  dans 
son  (■.oinn)eul..ire  sur  Isaïi;  (cap.  53),  ex|)li  ,uanl  li-s 
paroles  du  propluHc  |)ar  lesquelles  il  nous  e.^lordoi.né 
d'acheter  du  lait  cl  du  vin,  seiultie  faire  entendre 
qu'on  ne  donnait  aux  néopliyics  en  celte  occasion  que 
ces  deux  choses.  Qui  iiios  in  l''ccli'sii  Oicidcnl  s  liodiè 
usqiie  servalur  lit  renulia  inCliristo  vinum  laainc  tribnu- 
tur.  Mais  cvs  paroles  ne  sont  point  exclusives;  el  il  y 
a  lien  de  croire  qu'il  insiste  sur  le  lail  el  le  vin  seule- 
ment, on  cette  occasion,  parc(;  que  le  ttxte  sur  leciucl 
il  écrivaU  ne  Taisait  luenlion  que  de  cela. 

Quoi  qu'il  en  soil,  la  conlunie  de  donner  du  lail  el 
du  miel  aux  nouveaux  baptisés  conti.iua  dans  l'Eglise 
jusqu'au  IX*  siècle,  pui>que  Jean,  diacre,  dans 
sa  Lettre  à  Si'nnriiis('2).  lui  rend  raison  de  celte  pra- 
tique, sur  laijuelle  celui  ci  l'avait  interrogé.  Il  s'in- 
troduisit ntènie  un  abus  considérahle  sur  ce  |ioiiit , 
que  les  évéques  d'Afrique  se  crurent  obligés  de  répri- 
mer :  dans  ipiehpies  endroits,  on  se  mil  sur  le  |  ied  de 
mêler  le  lail  el  le  miel  dans  le  c.  lice  avec  le  vin  qui 
devait  être  consacré,  ce  qui  est  défendu  dans  le  code 
des  Canons  de  l'Eglise  d'Alri(pie  par  ce  décret  (cap. 
57)  :  Nous  défendons  que  l'on  n'offre  plus  à  l'avenir, 
dans  le  sticreinenl  du  corps  et  du  sunq  du  Seigneur,  autre 
chose  que  ce  que  le  Seigneur  a  donné  lui  même,  savoir, 
du  pain  el  du  vin  mêlé  avec  de  l'e.m.  l'our  ce  qui  est 
des  prémices ,  ou  du  miel  el  du  luit  qu'on  a  coutume 
d'offrir  au  Baptême  des  enfants  au  jour  solennel ,  quoi- 
qu'on le.i  offit  sur  l'autel,  qu'ils  aient  leur  bénédicliun  à 
part,  afin  qu'ils  soient  distingues  du  sarremenl  du  corps 
et  du  sang  du  Seigneur.  Nonobstant  ce  décret ,  il  jia- 
raîl  par  la  Lettre  du  diacre  Jean,  dont  nous  vciionsile 
parler,  qvc  cet  abus  ne  fut  pas  silôl  extir|:é  partout: 
car  la  (luesiion  (pie  lui  l'ail  Scnarins  siipj  o,e  qu'il  sub- 
sistait encore  en  Italie  :  Pourquoi,  lui  dit  il,  met  on 
du  lail  et  du  miel  dans  le  calice,  el  l'offre  l  on  le  same- 
di-saint avec  le  sacrifice?  Dans  l'ordre  du  naptcme  à 
iusage  des  Égli>es  d'Etbiojiie  (3),  on  remarque  la 
mène  prali|ue,  et  il  va  appannce  qu'elles  l'uni  ti- 
rée des  Jacobiles  d'Egypte,  au  patriarche  desquels 
elles  sont  somnises.  On  voit  en  elfel  (pi'i  s  en  usaient 
ainsi  dès  le  huitième  siècle,  par  ce  qui  est  rap[>ortéde 
Macaire,  évêque  do  Memphi.-,,  (pii  vivait  en  7o(î,  dans 
riiisloire  de  Vansicb. 

Ou:rece  que  nous  avons  dit  des  dilTérenls  rils  el 
des  diverses  pratiipiesnui  sinvaienl  inunédiaiemenl  le 
Baptême  ,  il  esl  bon  de  remarquer  ici  (pie  les  néo- 
[ihytes  élaienl  en  singulière  vénération,  jus(iue  là  que 
quand  on  voidait  obtenir  (loelque  grâce  des  em|ierems 
et  des  rois,  on  se  servait  d'eux  pour  en  faire  la  de- 
mande. Nous  pourrions  eu  alléguer  plus  d'un  exeni- 

(l)  De  Coron,  miiitis,  c.  3. 
(-2)  Musai  liai.,  l.    I. 
(3)  Biblioih.  PP.,  loni.  6. 


pie,  que  l'on  trouve  dans  Ihisioire  de  rfi;;Iise.  On 
croyait,  d(;  plus,  que  l>ieu  aliaehail  des  bénédictions 
parTiculiéi'cs  à  leur  |tréscnce ,  connue  élanl  les  lein- 
I  les  vivants  du  S. -Esprit,  (ic  lut  sans  doute  dans 
cette  |H>r.tuasi  -n  ipie,  (piand  ISélisairc  fut  sur  le  point 
de  partir  avec  sa  floiie  pour  aller  conipiérir  l'Afiiipie 
sui'  les  Vandales,  l'enqiereur  fit  amener  an  bord  de  la 
mer,  près  du  palais,  le  vaisseau  du  coimnandanl,  et 
que  là  le  patriarche  Épiphane,  ayant  l'ail  les  prières 
convenables  pour  la  bénédiction  du  vaisseau,  y  cm* 
baïqna  un  sol. lai  nouvellement  baptise,  pour  aliirer 
sur  cette  flotte  les  regards  favorables  du  Dieu  des  ar- 
mées. \ 

On  voit  dans  l'Ordre  romain  que  c'était  l'usage  à 
Rome  de  dénoncer  scdi  nnelîenr  ni  au  P^pe,  le  j  air 
de  Pà(pies,  le  nombre  de  ceux  oui  avaieir  été  bapti- 
sés la  veille,  ce  (jui  se  f  i^ait  en  (elle  manière  : 
Quand  le  S.  Père  allait  en  i;roce  sion  à  Sainte  Marie, 
avec  toute  sa  suite,  un  notaire,  étant  debout  dans  le 
lieu  nommé  Méiulanas,  le -alnail  cl  l"i  disait  :  Au, 
nom  de  Sotre-Seigneur  Jésus-Clirist ,  on  a  laptisé,  la 
nuit  d'hier,  dans  l'églite  de  Sainte  Marie,  tant  d'enfants 
mates  et  tant  de  l'autre  sexe.  Ce  même  jour,  on  lisait 
aussi  aux  baptisés  le  commencement  de  l'Évaiigile  de 
S.  Jean,  alin  (jifiis  coinprisscni  le  mysleie  inell'able 
par  l(;(pi  I  L'  F.lsde  Dieu,  s'élanl  l'ail  (ils  de  riioinme, 
les  avait  rendus  enfanls-de  Dieu  |iar  la  régénération. 
C'est  la  remanpie  (pi'ont  l'aile  les  derniers  éditeurs 
des  ouvrages  de  S.  Ang  istin  ,  sur  leSerimui  i'ii'  de 
ce  Pcre.  Cela  se  praliipiait  aussi  dans  l'Eglise  de  Pa- 
lis il  y  a  plus  de  quatre  ccnis  ans  :  c'ét;  il  la  coiiliime 
de  porter  les  eiiaiits  à  l'autel  après  avoir  achevé  tou- 
tes les  cérémonies  du  Baptême  ,  el  là  de  lire  sur  eux 
le  même  Évangile. 

Voilà  ce  (pie  nous  avons  pu  recueillir  des  rils,  des 
cérémonies  et  des  pratiipies  qui  s'ob  er\ai  ni  an  icn- 
nement,  et  d-ns  les  dillérents  leiiipi,  après  le  Bap- 
tême. Il  nous  risie  à  parler  des  insiruciions  (pie  Ion 
donnait  aux  néiqdiyies,  oij  .icenx  (pii  avaienl  été  ini- 
tiés aux  niyslèri'<.  On  i  e  »•  contentait  pas  des  caié- 
cltèseS(|u'oii  leur  avait  l'ai.'es  pour  !.■»  préparer  au  Bap- 
tême, on  leur  faisait,  de  plus,  d.  s  insiructions  tous 
les  joins  de  la  sema  ne  de  Pà  pics,  pour  leiird  luner 
1  exp'icati'  Il  des  myslèie=^^  (pi'oii  ne  pouvait  découvrir 
qu'au-x  lidèlcs ,  et  pour  leur  ■.  n  !aiie  coin;  rendre  la 
vertu  el  1 1  flicace.  On  ap|ielail  ces  discours  nvjsla- 
gogiques,  chez  lesGrecs.  parce  qu'ils  c(!nicnaie:il  l'ex- 
position de  nos  mystères  :  nous  en  avons  plu  leurs  en 
ce  genre  chez  l.s  Latins,  el  eiitre  autres  d,"  S  Gaii- 
dence  de  B:(>sse  cl  de  S.  Aiigiislin  ;  n  ais  il  nous  en 
reste  peu  des  Grecs,  hors  les  c;n(|  Cal'<bèses  mysta  • 
gogiqiies  de  S  ('yrille  de  .lérnsaleiii,  i!  n  lesquelles 'l 
instruit  les  né(q»!iytes  de  ce  (pii  coiici  i  ne  les  trois  sa- 
crements (pi'ils  \enaienl  de  recevoir. 
I  Dans  le  premier  discoirs,  il  U-ur  parle  des  céré- 
monies qui  se  fai>aieiii  à  Jériisaem  dans  bî  piirlique 
du  bnptistér ',  et ,  en  d'auires  cndioils,  s:r  les  fcn  s 
ménii's  du  Baptême;  savoir  :  des  r  iionciali  mis  e!  de 
.  Ja  cuulessiou  de  la  foi.  Dans  le  i>cconJ,  il  tiailc  de 


^^^  histoire  des 

l'oncliftn  do  rhmlc  rxnroisoe,  ft  de.  raciiim  même  du 
Bip  èine.  l>:\n-l('lroisiiin-.  J.  lontMiondiiS  -Ctnêinc^ 
ou  (le  la  Oou'iriicn'Hi-  I-»'  'ju.itruiuc  esf  (h;  FEuciia- 
lislio;  cl  le  (•iii(iiii''iiit,  <lo  la  L.lurïtie  .'l  le  la  Coinuid- 
nion.  Ou  av:u:  M\\i*  |>;.ric  ae  ces  inyslérts  à  ceux  qui 
devaicM  rocovoit  le  Baplcuifc,  mais  souimairemonl  et 
tii  peu  do  iiiots,  .Hiii  (piiis  uiguorasseu'  pas  cnliere- 
iiient  ce  qu'iis  atateul  su"  le  poiu'  de  recevoir,  clou 
reinelliùl  après  Pâques  à  leuren  dorium  une  plus  am- 
ple explication,  le  Drouiier  de  ces  discours  fut  pro- 
noncé !e  lendemain  de  l'àoues,  el  les  oualre  autres 
les  jours  suivants.  S  Cxrille  en  avait  promis  un 
sixième  |)t)ur  le  samedi,  jOur  auiiu'l  or.  incllnl  bas 
î'Iiahil  blanc  Dans  celui  ci,  d  devail  parler  de  ia  ma- 
nier- de  vivre  'îhrélicmienient  ;  mais  .  soil  que  noire 
Sainl  i!e  Tait  point  (ait  par  .]u  'Ique  eiupccbement.  soil 
qu'il  so  soit  jierdti,  itous  ii'avons  plus  celte  pièce;  el 
il  ne  nous  reste  (pie  les  cinq  d  ni  nous  venons  d'ex- 
pliquer le  suji  t,  par  les(]ucls  nous  pouvons  juger  de  \ 
ce  qui  se  praliqnail  ailleurs,  i.o  livre  d<!  S.  Ambroise, 
des  Mystères,  cl  ceux  d'un  ani>iiYiiie,  des  Sacremenls, 
paraissent  avoir  éié  composés  des  sermons  (|u'ils 
avaient  lails  aux  néopliytes,  'l  Ton  y  vo.l  à  peu  près 
la  même  mélliode  que  dans  les  Discours  myslagigi- 
ques  de  S.  Cyrille 

C'est  ainsi  que  les  évèquos -'apidiquaieut  à  former 
ces  nouveaux  Clirétions  :  en  leur  rceummandait  de 
s'abstenir  pendant  liuit  jours  de>  bains,  des  spectacles, 
de  leurs  femmes  et  des  fe^iius,  excepté  (jne  dans 
quelques  endroits  c'était  la  couinnic  (pie  les  nd(q)liyles 
donnasheiil  un  repas  à  leurs  parrains  cl  aux  nii;iis!res 
de  rÉglise.  comme  le  léuisi  gno  S.  Grcgnire  de  Ma-  j 
ziaiize,  Orat  40,  in  S.  IhiinUnio;  ce  (pii  se  pratiquait 
aussi  en  France,  comme  en  U-  vnii  par  le  2*  concile 
de  Mayeuce  cbap.  IG.  Anial.iie  nous  apprend  aussi 
qu'iîs  faisaient  des  veilles  dans  l'Église  pendant  les 
liuil  jours  qui  suivaient  leur  Urquème.  Enfin  an  làcliait  !  ; 
de  leur  faire  comprendre  la  gr;  ndeiir  de  l'étal  auquel 
Dieu  les  avait  apjielés  ,  ci  de  les  exciter  à  conserver 
durant  toute  leur  vie  la  iiiéiiioire  des  grâces  et  des 
bienfaits  qu'ils  venaient  de  ncrvnir.  Les  travaux  des  i 
évcqucs  en  cela  n'étaient  jias  vains.  Les  fidèles  se  | 
faisaient  uu  devoir  de  religinn  d»;  conserver  le  souvenir 
de  ce  bienfait  signalé  :  el  même  ("était  une  ancienne 
coutume  de  faire  lo'is  les  ans  la  lete  deleur  Baplême, 
qui  s'appelait  la  Paijue  (iiinoline.  On  iiommail  ainsi 
cet  aniiiveisaiie  du  fJaplè:ue.  parce  qu'anciennement, 
dit  un  auteur  (I)  qui  vivait  à  la  lin  du  onzième  si(;cle, 
ceux  (pii  avaient  élé  baplisi's  à  Pâques,  célébraient 
l'anniversaire  de  l  iir  ré-(''iii''iaiion  l'année  suivante, 
au  jour  (pie  s'était  fait  leiii  liaplème  ,  qui  étant  un 
jour  fixe  se  trouvait  soipeiil  éloigné  du  jour  mobile 
de  Pâques,  auquel  ils  l'aNaient  reçu.  Par  exemple, 
nous  dirions  qne  ceux  qui  ont  étj  baptisés  l'année  der- 
nière 1740,  à  Pâques,  qui  est  arrivé  le  17  avril ,  fe- 
raient le  resie  de  leur  vie  celte  Pàque  annotine  le  17 
avril ,   (juelque  jour  de  la  semaine  qu'il  tombât.  En 

(1)  Miend.  c.  70.  dans  M.  Baillct,  des  Fèles  mobiles, 
Sttus  lu  tiUe  de  Pàque  unnottne. 


SACRE-^ENTo. 


àU 


I  quoi  il  faut  remarquer  que,  quoiqu'on  eûl  reçu  le  Bap- 
tême la  veille  de  Pâques,  ou  complaii  cependant  du 
jour  du  dimaiiclift  de  Pâques. 

On  voit  ainsi  la  raison,  dit  M.  Baillot,  qui  empêch»* 
qu'on  ne  puisse  précisément  assignei  dans  les  .fastes 
et  les  calendriers  la  fête  de  la  Pàque  annotiuc ,  qui 
était  moins  une  fêle  générale  de  "'Église,  que  la  fêle 
de  cliaque  baptise  en  parlicuiier.  Cut.  pourquoi  on 
la  trouve  placée  après  lediniai!<;'ic:  ae  i'oclavcde  Pâques 
dans  le  Sacramcntairc  ancien  du  pape  Célase,  et  dans 
les  Calendriers  Uomains  des  builième  el  neuvième 
siècles  juibliés  par  le  Père  Fronleau,  et  par  Allaliiis, 
entre  !e  il*  et  li;  25*  jour  d'avril.  Ailleurs  ou  clioi- 
sis  ail  le  samedi  de  la  semaine  de  Pâques,  dit  m  atbis, 
pour  célébrei  cette  fêle,  el  Ton  joignait  ainsi  Tanni- 
veisaire  de  sou  propre  Baptême,  avcjc  1  octave  dit 
Baulème  des  néopliytes  de  rannée  courante,  an  jour 
où  ils  (piiltaiCiM  la  robe  blaiic';e.  Cela  se  pratiquait 
encore  au  treizième  si(";cie,  coniine  on  le  voit  dans  la 
Vie  de  S.  Pierre  nia.tyr.  Enfin  dans  d'autres  endroits 
la  Pà(pie  anuoline  se  céiébiail  dans  d'aulres  jours.  Et 
si  elle  t(Uiibait  eu  Caiènie,  on  mécontentait  de  retran- 
cher l'a//c'/«Ja  de  la  messe  dePâ(pics  que  l'on  chantait 
en  celle  fête;  si  on  en  excepte  rÉjiitre,  rÉvangile,  et 
les  oraisons  ipii  élaienl  propres.  Les  baj)lisés  pour 
qui  était  la  fèie,  faisaient  avec  grande  solennité  Pof- 
frand  ;  pour  le  sacrilice  :  ils  étaient  accompagnés  des 
compères  de  leur  Baptême,  c'est-à-dire,  de  leurs  par- 
rains el  de  leurs  pareiis,  surtout  lorsiju'ils  étaient 
encore  enfants.  Le  prèlre  disait  sur  eux  le  symbole  et 
faisait  encore  d'antres  cérémonies  à  l'Eglise,  d'où  on 
allait  après  le  service  à  un  festin  que  donnaient  les 
parenls  du  bapti.-é. 

Celle  fête  de  l'anniversaire  du  Baptême  semble 
avoir  disparu  dans  l'Eglise  av(;c  l'usaj^e  du  Baptôiiie 
solennel  des  Calé(  liunièiies  au  Samedi  Sainl,  el  de  la 
r>  présenlalioiides  néophytes  en  robes  blanches  durant 
la  semaine  de  Pâques.  On  peut  dire  néanmoins  (ju'elle 
n'a  pas  péri  tout  à  fail  avec  cet  usage,  puisqu'il  est 
reslé  une  liberté  entièie  à  tous  les  patticnli .rs  de 
célébrer  la  fête  aimui  Ile  de  leur  Bantème  au  jour 
anniversaire  de  sa  réception  ,  (pii  depuis  ipiehpies 
siècles  étant  joint  à  celui  de  la  naissance,  ou  en  étant 
peu  disl.int,  comme  vous  lavez  vu  ,  a  élé  cause  que 
l'on  a  confondu  ensemble  le  jnur  anniversaire  de  la 
naissance  lemporelle  (pie  l'on  céiébiail  autrefois  chez 
les  païens,  avec  celui  du  Baptême.  C'est  ce  qui  a  lait 
dire  à  I)nia.ii(i,  vers  la  lin  du  treizième  siècle,  ([ue 
l'origine  de  cette  fè!e  annuelle  du  Baptême  de  chaque 
particulier  pourrait  être  venue  des  Gentils ,  qui  con- 
sacraient le  jour  de  la  naissance  à  la  Fortune,  Genio, 
et  à  Junon  :  en  ([uoi  il  est  visible  que  Durand  s'esf 
trompé,  comme  vous  venez  de  le  voir  par  ce  ([ui  a  été 
dit.  Ce  qui  est  d'autant  plus  surprenant,  que  de  son 
lemps  il  en  reslait  encore  des  traces  assez  marquées, 
l'office  de  cette  fêle  étant  toujours  le  même  que  celui 
du  Dimanciie  de  Pâques,  avec  ce  que  nous  y  avons 
remanpié  de  i)ropre  :  mais  il  fait  juger  qu'csn  en  avait 
déjà  perdu  l'étimologie,  jpuisquau  iiuu  du  taruic 


U9  APPENDICE  SUR  LE  DAPTÈME 

û'annotin,  qui  cii  l.inpiiifïc  do  l:i  nioyoïiiic  l.iliiiil<'^ ,  ne 
voulait  ilitL'  aiilro  tïiosf,  qii'aiiiiiirl,  mi  aniiivoisairc, 
il  se  sert  de  celui  iVniuintiilif,  qui  si^nilie  1(miI  aiiire 
cliose.  Il  y  a  bien  do  rapparciice  que  celle  fêle  de  la 
Pàquc  aiiitoline  teniiinail  le  leiiips  du  iié(q)liyiisirie, 
qui,  selon  TApôlrc  el  le  2*  Canon  du  Concile  de  Nicce, 
rendait  inhabiles  cenx  qui  y  élaionl  encore  à  recevoir 
les  ordres  sacres.  On  pcnl  le  prouver  par  ce  (|iic  dit  tni 
auteur  qui  vivait  sous  le  p;q)e  Daniase,  et  qui  a  l'ail 
un  coninienlaire  sur  S.  Paul,  (pii  a  passé  sous  le  nom 
de  S.  Aniinoise,  et  dont  on  croit  que  le  diacre  llilairc 
est  le  vériialile  auteur.  Sur  ces  paroles  de  lApôlre, 
non  neo])litilum ,  cic.,cel  anieiir  parle  on  ces  ternies  : 
Cela  est  vrai ,  parce  que  celui  qui  est  encore  neuf  dans 
la  foi  a  coutume  de  se  laisser  emporter  à  l'orqucil,  sur- 
tout s'il  reçoit  C ordre.  Car  ce  changement  d'étal,  et  celte 
autorité  qu'il  acquiert  lui  enfle  le  cœur ,  «7  croit  avoir  un 
mérite  qui  le  ttislingiie  des  autres.   Car  voyant  que  la 


150 
et  par  con-^oqnent  le  néophylismene  durait  qu'un  an. 
C'est  sans  doute  sur  ceue  praliqiie  quVlail  fondée 
la  niaxinie  que  nous  trouvons  ct.iblic  dans  |ilnsieiir3 
conciies,  comme  celui  d'Arles  en  laniiée  521,  c»  le 
lr()i>ièmo  d'Orléans,  qui  délindenl  Tenlrée  des  Or- 
dres sacrés  à  ceux  qui  qniUenl  le  siècle,  à  moins  (lu'il 
I  ne  se  soit  passé  au  moins  ini  an  depuis  \v\\r  vonveision, 
car  on  ap()elait  ainsi  le  passa-e  de  Ictat  séculier  à 
l'état  cccléaiaslique. 

Nisiqu's  renalHS  fuerit  ex  ac;uà  et  Siiiritu  sanclo ,  non 
potest  inlroirc  in  regnum  Dei.  Jojinn.  3,  v.  JJ. 


APPENDICE  , 


Contenant  im  petit  nombre  de  pièces  citées  ou  indiquées 
dans  cette  histoire  Uu  Uuplénie. 

Nous  ne  rapporterons,  comme  le  litre  le  porte , 
première  année  de  sa  naissance  spirituelle  on  le  comble  jf  qn'nn  petit  nombre  de  p.cccs  que  nous  croyons  (jue  le 


d'honneur,  i  videns  enim  primo  aniio  naiivitatis  collalum 
t  in  se  lionorem,  i  il  s'imagine  qu'il  n'est  pas  tant  ap- 
pelé pour  travailler  à  sa  perfection  qu'à  celle  des  autres 
et  qu'il  donne  plus  à  la  lleligion  qu'il  n'en  reçoit  :  c'est 
ainsi  qu'il  tombe  dans  les  pièges  du  diable,  qui  le  voyant 
enflé  d'orgueil,  le  précipite.  Selon  cet  écrivain ,  être 
ordoimé  la  piemière  année  de  sa  naissance  en  Jésus- 
Chrisl,  et  cire  ordonné  néopliyie ,  c'est  la  même  chose, 


lecteur  verra  avec  plaisir,  soit  parce  (|u'eilcs  sont 
tirées  des  anciens  Sacramenlaircs  ou  Missels  Gaîli- 
cans,  soit  parce  (lu'clles  servent  à  éclaiiv.r  (pie'ipies 
poinis  de  discipline  sur  lesciuels  il  y  a  des  dii'ticukés 
que  nous  avons  loiicliées  dans  le  corps  de  l'ouvrage. 
Nous  les  rôpimrleroiis  en  laiin  et  les  traduirons  en 
français.  Le  style  fait  juger  de  l'âge  de  ces  sortes  da 
monumcols. 


Ordre  de  l'ancien  Missel  Gothique  publié  par  le  Cardinal  Thomasi  d'après  un  manuscrit 
ancien  de  plus  de  QQO  ans.  Jl  contient  la  manière  d'admettre  au  calhécuniénat  ,  et  a  pour 
titre:  Ordo  adClirisliaiiutn  faciendura. 


Seigneur,  daignci  bénir  cet  enfant  votre  serviicur, 
puisque  vous  ne  rejrtez  aucun  âge  ni  aucime  coudi- 
lion ,  votre  Fils  bien-aimé  Noire  Seigneur  disant, 
n'cmpéebez  poinl  les  enfanls  de  venir  à  moi.  Qu'ils 
soient  doue  niar(|nés.  Seigneur,  du  signe  de  la  croix, 
avant  qu'ils  connaissent  le  bien  ou  le  mal  el  qu'ayant 
besoin  de  votre  miséricorde,  Us  niérilcnl  de  recevoir 
le  Baptême  en  votre  nom. 

Autre  prière. 

Recevez  le  sceau  de  .lésns-Ciuist,  recevez  les  paroles 
divines,  soyez  éclairé  par  la  parole  du  Seigneur:  parce 
que  Jésus-Christ  vous  a  confessé  aujourd'hui.  Par 
Noire-Seigneur,  etc. 

Attire  prière. 

Je  vous  marque  au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du 


Domine,  dignare  bencdiccre  Inde  infanîi  faumlo  ttio 


I  N.f  quoniuni  me  condilione  (juisquam  ncc  œiute  depelli- 
\  lur  dicente  dilectissimo  l'iiio  tuo  Dcmino  nostro:jSo- 
lite  prohibere  infautes  ventre  ad  me.  lii  enim,  Domin\ 
atUequàm  bonum  nul  nuAum  scient,  crucij  inœ  vgil'.o 
signentur  et  qui  indigent  pieiatem,  ad  sucri  noruims  lui 
Uaplismum  percipcre  mereantur. 

Item  colleclio. 
Accipe  signaculuiu  Clirisli,  suscipe  verba  divina.,  i/< 
luminare   verbo   Domini ,    quui  hudiè  confessus   C5  ) 
Cluisto.  Per  Dominum. 

Item  colleclio, 

Slgno  te  in  nomine  Pains,  et  Filii,  et  Spiritûs  san- 
cti,  ut  sis  Christiunus;  oeulos,  ut  videas  clarilatem  Dd; 


alin  que  vous  voyiez  la  spltnileur  de  Dieu:  les  oieilles, 
afin  (jne  vous  enleudiez  la  voix  du  Seigneur  :  L-  nez. 


Saint-Esprit,  afin  (lue  vous  soyez  chrélirn  :  les  veux,    ;       '  ,.  ..        ■  ,      / 

'  .  I      I         1    I  ■  ■  1        '*  ('tires,  ut  audias  voceni  uonuni  ;  mires,  ut  odnres  sua  ■ 


vitaiem  Christi  ;   conversns  ut  coufiieuris   Piitrem ,   et 
Filium,  el  Spiritum  suuetum  :  ror,  ut  credis  ïrinilatcni 


alin  (iiic  voii-i  StiUiez  la  douceur  de  J'sus-Clirist,  «nié-    [  .  , -,        n  i,      i  n   ■  ,        /i,  ..; 

'  >   1  c  ,„^^(,pti-;ii:ilem.  Pax  tecum.  Per  .lesum  i.linMum  Donn- 


tant  convertis,  vous  confessiez  le  l'ère,  le  Fils,  e;  le   l 


i  uum  nvstruni  qui  cum  Paire  el  Spivila  sancto  vint,  eic. 

r  Ordo  ad  faciendum  Calecliiimonum  ci  oilo  manu- 

*.  .    . 

Il'  scrqilis  exlr.icliis. 

I  Ad  Calechumeniim  ex  pagano  faciendum. 

.;       Centilcni  homineni  ciim   susceperis ,   inpnmls  cate- 


Saint  Esprit  :  le  cœur,  afin  que  vous  croyiez  la  ïiii.ilé 

inséparable.  La  paix  soit  avec  vous.  P.ir  Jésus-Chrisi, 

Noire-Seigneur  qui  vil  et  règne,  etc. 

Ordre   pour   faire  un  Cutéclimnrne,   tiré  de  huit  ma- 
nuscrits d'environ  1)00  ans.  Ces  manuscrits  sont  des 
monastères  de  Cellonc,  de  S.  liemy  de  lîcims,  etc. 
Quanti  TOU§  recevez  un  paiea ,  vous  l'iûslruisez  *A  ckitus  cum  divinis  sermonibus,  el  dus  ei  monita  qacm- 


151  HISTOIRE  DES 

ri'abord  par  les  paroles  divines,  et  vous  l'averlissez 
de  quelle  manière  il  doit  vivre  quand  il  aura  connu  la 
vérilé.  Apres  cela  vous  le  faites  caiécliumène,  vous 
lui  souillez  sur  le  visage,  vous  lui  faites  le  signe  de  la 
croix  sur  le  front  ;  et  lui  imposant  la  uiain  sur  la 

lôle,  vous  dites  ce  qui  suit.  " 

Cela  suit. 

Recevez  le  signe  de  la  croix  tant  sur  le  front  que 
dans  le  cœur.  Que  vos  mœurs  .«soient  telles  que  vous 
méritiez  d'être  le  temple  de  Dieu,  et  éutnt  entré  dans 
l'Église,  reconnaissez  avec  joie  que  vous  êtes  sorti 
des  pièges  de  la  mort.  Ayez  les  idoles  en  horreur,  re- 
jetez les  images  des  fausses  divinités,  servez  Dieu  1« 
Père  tout-puissant,  et  Jésus-Christ  son  Fils,  qui  vit 
avec  le  l'ère  et  le  Saint-Esprit  dans  tous  les 
siècles,  etc. 

De  même. 

Nous  vous  prions,  Seigneur  Saint-Père  tout-puis- 
sant, Dieu  éternel,  de  daigner  montrer  la  voie  de  la 
vérité  et  de  la  connaissance  de  vous-même,  à  cet 
hoiiune  votre  servile::r  qui  est  errant,  incertain  et 
doutiiux  dans  la  nuit  de  ce  siècle;  afin  ([u'ayaiit  les 
yeux  du  cœur  ouverts,  il  vous  recoimaissc  un  seul 
Dieu  Père  dans  le  Fils,  et  le  Fils  dans  le  Père  avec  le 
Saint-Esprit,  et  qu'il  mérite  de  recevoir  le  fruit  de 
celle  confession,  ici  et  dans  le  siècle  à  venir.  Par 
Notre-Seigneur,  etc. 

Après  quil  aura  gonté  le  remhie  du  sel,  et  qu'il  aura 
fuit  le  signe  de  ta  croix,  vous  le  bénirez  en  celte 
sorte. 

Dieu  Saint,  Père  tout-puissant.  Dieu  éternel,  qui 
êtes,  qui  étiez,  et  qui  demeurez  jusqu'à  la  fin  :  Di  u 
dont  personne  ne  connaît  l'origine,  et  ne  peut  com-  I 
prendre  la  fin,  nous  vous  suppli(»ns  pour  votre  servi- 
teur que  vous  avez  délivré  de  Terreur  de  la  geniililé 
et  de  la  vie  très-impure  qu'il  menait  :  daignez  écouler 
celui  ()ui  s'humilie  en  votre  présence  en  baissant  la 
lêle  :  qu'il  parvienne  à  la  fontaine  sacrée,  afin  qu'étant 
rené  de  l'eau  et  du  Saint-Esprit,  et  qu'étant  dépouillé 
du  vieil  licmme,  il  soit  revêtu  du  nouveau,  qui  a  été 
créé  selon  Dieu,  qu'il  reçoive  le  vêtement  incorru- 
ptible et  sans  tache,  et  qu'il  mérite  de  vous  servir, 
vous  qui  êtes  Noire-Seigneur  et  notre  Dieu.  Par. 

Ordre    du    Missel    gothique   donné   par  Joseph 
Thomasi  (1). 

Prière  pour  la  bénédiction  des  Fonts. 

Il  faut  que  le  commememenl  de  celte  espèce  de  prê- 
tée soit  défectueux  dans  Ict  exemplaires  d'après 
lesquels  le  cardinal  Thomasi  l'a  copie,  et  il  est  difficile, 
pour  ne  pas  dire  impossible,  de  le  rendre  exactement  en 
français.  Je  ne  traduirai  donc  que  la  dernière  période, 
qui  commence  par  ce  mot  :  Oremus. 

Prions  donc  le  Seigneur  qu'il  veuille  bien  sanctifier 
cette  fontaine,  afin  qu'elle  devienne  pour  tous  ceux 

{\)  Cet  Ordo  contient  toute  la  suite  des  rits  du 
Baptême,  avec  les  formules  de  prières  qui  !/•*  accom- 
pagnent. 


-  i 

SACREMENTS.  «62 

admodiim  vivere  debeat  posl  coqnitam  ventatem.  El 
post  hac  facis  eum  calichuminum ,  exsufflas  in  fac'iein 
ejus  ;  et  fccis  ei  crucem  in  frontem  et  imponens  nia- 
num  luper  caput  ejus  his  verbit. 


Sequitur. 
Accipe  signuin  crucis  tam  in  fronte  quàm  in  corde. 
Talit  cslo  moribus  ut  lemphnti  Dei  esse  jam  possis,  in- 
gressusque  ecclesiam  Dei,  evasrsse  te  laqueos  mortis  lœ- 
tus  agnosce.  Horresce  idola,  respue  simulacra.  Cote 
Deum  Patrem  omnipolenlem,  et  Jesum  Christum  Filium 
ejus  qui  vivil  cum  Paire  et  Spirtlu  sancto  per  omnia,  etc. 


Item. 

Te  deprecamur,  Domine  snncte,  Pater  omnipotens, 
œtcrne  Deus,  ut  huic  famuto  luo,  qui  in  secuti  hujus 
noclc  vagatur  incertiis  et  dnbius,  viam  verilatis  et  agni- 
tionis  tuœ  jubeas  demonslrare  qualenits  reseratis  oculis 
cordis  sui,  te  unum  Deum  Piitrem  in  Filio,  et  Filium 
in  Paire  cum  Spiritu  recognoscal,  atqne  hujus  confcs- 
sionis  fruclum  et  h'tc  et  in  fuluro  seculo  percipere  me- 
reatur.  Per  Dominum. 


Inde  verô  pnstquàm  gustaverit  medicinam  salis,  et 
ipse  signavcrit,  bencdices  eum  bis  verbis. 
Domine  sancte,  Pater  omnipotens,  œlerne  Dcus,  qui 
es,  et  eras,  et  pcrmancs  sine  fine  :  cujus  origo  nescitur, 
nec  finis  compreheudi  potest.  Te,  Domine,  supplices 
invocamus  super  famuhnn  luum,  quem  libt'râsti  de  er- 
rore  gentium  et  comersnlione  lurpis'iimà  :  dignare  exaU' 
dire  ewn  qui  tibi  cerviccs  suas  humiliât,  perveniat  ad 
lavacri  fontcm,  ut  renalus  ex  aquù  et  Spiritu  sancto,  ex- 
po'.iatus  velercm  hominem,  indualur  nuvum  qui  secun- 
diim  Deum  creatus  est,  accipiat  vestem  incomiptam  et 
incontaminatam,  tibique  Domino  Dco  noslro  scrvire  we- 
reulur.  Per,  etc. 


Ordo  ex  Missali  Goibiro  à  Joseplio  Tbomaslo. 
Collectio  ad  benedicendos  Fontes. 

Stantes  fratres  charissimi,  super  ripam  vitrci  fontis 
.  dduc  fis  de  terra  liltori  mercaturos  sna  commercia  ; 
singuli  navigantes  puisent  mare  novum.  non  virgà,  scd 
cruce,  non  lactu,  sed  sensu,  non  baiulo,  scd  sficramcn- 
10,  locns  quidem  parvus,  sed  gralià  plcnns  benè  guber- 
natus  est  Hpirilus  sanclus. 

Oremus  ergo  Dominum  Deum  vostrum  vt  sanctificel 
hune  fonlem,  ut  omnes  qui  descenderinl  in  hune  fontem. 


155  APPENDICE  SUR 

qui  y  descendront,  un  bain  de  rcgénéraiion  pour  la 
rémission  de  lous  leurs  péchés.  Par  Notrc-Sci- 
gneur,  etc. 

Suit  la  Prière. 

Dieu,  qui  avez  sanclifié  la  fontaine  du  Jourdain 
pour  le  salul  des  cames,  faites  que  l'Ange  de  votre 
sanclifu.ation  descende  sur  ces  eaux,  arni  que,  vos 
serviteurs  en  étant  lavés,  ils  reçoivent  la  rémission 
des  pécliés,  et  que  renaissant  de  l'eau  et  du  Saint- 
Esprit  ils  vous  servent  à  jamais.  Par,  etc. 
Consécration. 

II  est  digne,  il  est  juste,  Seigneur  saint.  Père  tout- 
puissant,  Dieu  éternel,  auteur  de  toute  sainteté.  Père 
des  grâces,  qui  avez  institué  un  sacrement  nouveau 
par  votre  Fils  unique  Notre-Seigneur  et  notre  Dieu, 
vous,  dont  lEsprit-Saiiua  été  porlé  sur  les  eaux  ol  y 
a  répandu  ses  richesses,  qui  avez  donné  par  votre 
Ange  aux  eaux  de  Bcthsaide  la  vertu  de  guérir  les 
maladies,  qui  sanctifiez  le  lit  du  Jourdain  par  Jésus- 
Clirist  votre  Fils.  Jetez,  Seigneur,  sur  ces  eaux  pré- 
parées pour  effacer  les  pécIiés  des  hommes,  un  re- 
gard favorahle  :  envoyez  l'Ange  de  votre  miséricorde 
sur  ces  sacrés  Fonts  ;  qu'il  lave  les  taches  de  la  pre- 
mière vie,  et  qu'il  vous  prépare  une  petite  habitation, 
faisant  revivre  les  âmes  de  ceux  qui  doivent  être  ré- 
générés ;  réparez  la  nouveauté  de  ce  Baptême.  Bé- 
nissez, Seigneur,  notre  Dieu,  cette  eau,  que  votre 
vertu  descende  en  elle  :  répandez-y  votre  Esprit 
saint  et  consolateur,  envoyez-y  l'Ange  de  vérité.  San- 
ctifu'z  les  eaux  de  celle  fontaine,  con^nic  vous  avez 
fait  celles  du  Jourdain,  afin  que  eaux  qui  y  descen- 
dront au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-Esprit, 
méritent  de.  recevoir  et  la  rémission  du  péché  et  la 
grâce  du  Gainl-Esprit.  Par  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ  qui  est  béni  dans  le  Père  et  le  Saint-Esprit  dans 
lous  les  siècles  des  siècles. 

Ensuite  vous  faites  le  signe  de  la  croix  avec  le  chrême, 
et  vous  dites  : 

Je  l'exorcise,  créature  d'eau,  je  l'exorcise,  toute 
l'armée  du  diable,  toute  puissance  ennemie,  toute 
ombre  des  démons.  Je  t'exorcise  au  nom  de  Nolre- 
Seigncur  Jésus-Christ  de  Nazareth,  qui  s'est  incarné 
dans  la  vierge  Marie,  à  qui  le  Père  a  tout  soumis  dans 
le  ciel  et  sur  la  terre  :  crains  et  trend)le,  loi  et 
toute  ta  malice  :  cède  la  place  au  Saint-Esprit  ;  afin 
que  tous  ceux  qui  descendront  dans  cette  fontaine  y 
soient  régt'-nérés  et  reçoivent  la  rémission  de  tons 
leurs  péchés.  Par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  qui 
viendra  dans  le  siège  de  la  majesté  de  son  Père  avec 
ses  saints  anges,  le  juger,  toi  qui  es  son  ennemi,  et  le 
siècle  par  le  feu  dans  lous  les  siècles  des  siècles. 
Ensuite  vous  soufjlez  sur  l'eau  par  trois  fois,  vous  y  jetez 
le  chrême  en  forme  de  croix,  et  vous  dites  : 

Infusion  du  chrême  salutaire  de  Nolriî-Seignenr 
Jésus-Chrisl  afin  que  cette  eau  devienne  une  fontaine 
jaillissante  pour  la  vie  éternelle  à  lous  ceux  qui  y 
descendront.  Amen. 

Lorsque  vous  baptisez,  vout  Hnlerrogez,  et  dites  : 


LE  BAPTÊME. 


154 


facial  cis  lavacrum  bcaltssimœ  regenerationis  in  remii- 
sione  omnium  pcccatorum.  Per. 

Collectio  sequitur. 

Deus,  qui  Jordanis  fontem  pro  animarum  salule  san- 
clificasti,  descendat  super  aqnas  lias  aurjelus  sanctifica- 
tionis  luœ,  ut  quibus  pcrfusi  fumuli  tni  accipiant  reniis- 
sionem  pcccatorum,  ac  rcnuli  ex  aquâ  et  Spiritu  sancto^ 
devoti  libi  scrviant  in  œternum.  Per. 

Consecratio. 

Dignum  et  justum  est,  Domine  sancle,  Pater  omnipO' 
tens,  initialor  sanctorum,  clirismatum  Pater,  et  novi  per 
unicum  Filium  tuum  Dominum  et  Deum  nostrum  indi- 
tor  sacramenti,  qui  portanlibus  aquis  Spiritum  tuum 
sanctum  ante  divilias  mundi  largiris  ;  qui  Dcllisaidus 
angelo  procurante  procuras;  qui  Jordanis  alveum,  Cttri' 
sto  Filio  tuo  dignante,  sanctificas  :  respice.  Domine, 
super  lias  aquas  quœ  prœparatœ  sunt  ad  delenda  liomi- 
num  peccata.  Angelum  tuœ  pictatis  liis  sacris  fontibus 
adesse  dignare  ;  vilœ  prioris  macidas  abluat,  et  panum 
liabitaculum  sancli/icet  libi,  procurons  ut  regencrando' 
rum  viscera  œlerna  florescant  ;  et  verè  baplismatis  novi  • 
tas  reparelur.  Benedic,  Domine  Deus  noster ,  liane 
crealuram  aquœ  et  descendat  super  cam  virtus  tua;  de- 
super  iufunde  Spiritum  tuum  sanctum  paraclelum  aU' 
gelum  verilalis.  Sanclifica,  Domine,  liujus  laticis  undas, 
sicut  sauctificàsli  fluenta  Jordanis  ;  ut  qui  in  hune  fon^ 
tem  descenderint  in  nomine  Patris,  et  Filii,  et  Spiritûs 
sancti,  et  pcccatorum  vcniam,  Spirilùs  sancti  infusionem 
cons'qui  mereantur.  Per  D.  IS.  J.  qui  est  bcnedictus 
apud  Palrem  et  Spiritum  sanctum  per  omnia,  etc. 


Dehinc  faciscrucem  de  chrisma,  et  dicis  : 

Exorcizo  te,  crealura  aquœ;  exorcizo  (e,  omnis  exer- 
citas  diiiboli,  omnis  polestits  adversaria,  omnis  umbra 
dœmonum  ;  exorciso  in  nomine  D.  N.  J.  C.  Nazarœi 
qui  incarnatus  est  in  Maria  Virgine;  cui  omnia  subjecit 
Pater  in  cœlo  et  in  terra.  Time  et  trente,  tu  et  omnis 
malitia  tua;  da  locum  Spiritui  sanclo;  ut  oinnes  qui 
descenderint  in  hune  fontem,  fiat  cis  lavacrum  baptismi 
regenerationis,  in  rcmissiune  omnium  pcccatorum.  Per 
Dominum  no^trum  Jesum  Clirislum,  qui  ventitrus  est  in 
scdcm  majcstalis  Patris  sui  cum  sattctis  angctis  sii.s 
judicare  le,  inimice,  et  scculum  per  ignem  in  secula  se- 
culorum. 


Deinde  insufflas  in  aquam  per  très  vices,  et  miliis 
chrisma  in  modum  crucis,  et  dicis  : 
Infusio  cltrisniœ  snlutaris  Domini  nosiri  Jesu  Cliristi, 
ut  fiai  fons  aquœ  salientis  cunctii  descendcnlibus  in  eo  , 
in  vitum  œlcrnam.  .4;»^». 

Dinn  Iiapiizas,  interrogas  ei,  eldicis  : 


155  niSTOIRE  DES 

Je  le  baptise  au  non»  du  Pùrc,  cl  du  Fils,  et  du  Saint- 
Esprit  pour  la  vie  élcrnelle.  Amen. 

Lorsque  vous  touchez  avec  le  chrême,  vous  dîtes  : 
Jo  t'oins  (lu  clirènie  de  sainteté....  vêtenienl  de 
riiunioi  ialiti',q"^  Noire-Seigneur  Jésus-CZlirist  a  reçu 
le  premier  de  son  père  entier  et  sans-taclie  ,  afin  que 
tu  le  portes  ainsi  devant  le  tribunal  de  Jésus-Christ, 
et  que  lu  vives  dans  les  sièeles  des  siècles. 

Quand  vous  lui  lavez  les  pieds,  vous  dites  : 
Je  vous  lave    les   pieds ,  eomme  Notre-Seigncur 
Jésus-Clirisl  a  l'ail  à  ses  disciples  ;  faites  la  même  chose 
aux  hôtes  et  aux  étrangers,  afin  que  vous  ayez  la  vie 
'élenu'lle. 

Lorsque  vous  le  revêtez  de  l'habit,  vous  dites  : 
Recevez  Tliabit  blanc ,  et  le  portez  sans  tache  au 
tribunal  de  Jésus-Christ  Notre-Scigneur. 
Collecte. 
Prions,  mes  Irès-cliers  frères,  Dieu  Notre-Scigneur 
pour  ses  néophytes  (jui  viennent  d'èlre  baptisés  ,  afin 
que  celui  qui  les  .a  régénérés  de  l'eau  et  du  Sainl- 
Espril   les  revête  de  la  robe  salutaire  de  rimmorta- 
lité  quand  il  paraîtra  dans  sa  majesté.  Par  Noire-Sei- 
gneur. 

Autre  collecte. 

Nous  vous  prions,  Seigneur  Dieu  tout-puissant,  de 
faire  à  ceux  qui  ont  été  baptisés,  et  dont  Jésus-Christ 
est  devenu  la  couronne,  à  ceux  qui  ont  été  régénérés, 
et  ont  reçu  l'onction  du  chrême  qu'ils  ont  demandé, 
la  grâce  de  conserver  leur  Baptême  entier  jusqu'à  la 
lin.  Par  N'otre-Seigneur. 

Ordre  tiré  du  Sacramentaire  du  pape  Gélase,  par 
Thomasi. 

Le  jour  du  satucdi  les  enfants  rendent  le  sunibole. 
D'abord  vous  les  catéchisez  leur  intposant  la  main  sur  la 
tête  ,  en  disant  :  Tu  n'ignores  pas  Satan,  etc.  Ensuite 
vous  lut  touchez  le  nez  et  les  ureilles  avec  la  salive ,  et 
vous  lui  dites:  Ephphcia ,  ce  qui  vent  dire  soyez  (mi- 
vert  en  odeur  de  suaviié,  pour  loi,  Satan,  relires-t  i, 
car  le  règne  de  Dieu  esl  proche. 

Ensuite  vous  lui  touchez  la  poitrine  (  avec  l'huile 
exorcisée  )  et  entre  les  épaules  ,  et  ayant  appelé  chacun 
par  son  nom,  vous  dites  : 

Renoncez-vous  à  Salan  ?  R.  J'y  renonce.  —  El  à 
toutes  ses  œuvres  ?  R.  J'y  renonce.  —  El  à  toutes  ses 
pompes  ?  R.  J'y  renonce. 

Vous  récitez  ensuite  le  symbole  en  leur  imposant  la 
main  sur  la  tête.  Apres  quoi  l'archidiacre  leur  dit  : 

Priez,  élus  :  fléchissez  les  genoux,  terminez  votre 
prière  ensend)Ie,  et  dites  :  Amen. 

L'Archidiacre  les  avertit  de  nouveau ,  en  disant  : 

Que  les  Catéchumènes  se  rclireni ,  que  tous  les 
Catéchumènes  sortent  dehors. 

Le  diacre  dit  encore  :  Mes  trrs  cliers  enfants ,  re- 
toiH-nez  à  vos  places  :  attendant  l'iioure  qu'il  plaira  à 
Dieu  de  vous  accorder  la  grâce  du  lîiplème. 

(On  lit  après  cela  dans  cet  ordre  ce  qui  regarde  la  bé- 
nédiction du  cierge,  les  leçons,  L's  prières  et  ht  consécra- 
tion des  jonis,  après  quoi  il  revient  au  Daplême,  et  on  y 
lit  ce  qui  suit  : 


SACREMENTS.  ^  !5« 

Baptizo  te  un  in  nomme  Patris ,  et  Fîlii ,  et  Spiritûs 
$ancli  in  vitam  œlernam.  Amen. 

Dùni  cuui  clirisma  langis,  dicis  : 

Perungo  te  chrisma  !,nncliiatis...  limicani  immorlali- 
taiis,  quà  Doiuinns  uoster  Jésus  Clirislus  trnditam  à  Pâ- 
tre primus  accepit  :  ut  eam  inlcgram  et  illibalam  per- 
feras  unie  tribunal  Christi ,  et  vivas  in  iecula  seculo- 
rum. 

Dùm  pedes  ejus  lavas,  dicis  : 

Ego  tibi  lavo  pedes  ;  sicut  D.  N.  Jésus  Christus  fecit 
discipulis  suis ,  in  facias  hospittbus  et  percgrinis  ut  ha- 
beas  vitam  œlernam. 

Dîim  vestimentum  eis  imponls,  dicis  : 
Accipe  vc.'ilpm  candidnm,  qjiam  immaculatam  perferat 
ante  tribunal  D.  N.  Jesu  Christi. 

Colleclio. 

Oremus,  frntres  charissimî,  Dominum  Deum  nostrum 
pro  neopltitis  suis  .  qui  modo  baptizati  sunt ,  ut  citm  in 
majestate  suà  Salvador adveneri!,quos  regeucruvit ex aquà 
et  Spiritu  sancto ,  facial  eos  ex  œteriiilale  veslire  $alu- 
tem.  Per  Dominum. 

Item  alla. 

Baptizatis,  in  Christo  coronnlis,  qtios  Dominus  noster 
à  chrisma  pelentibus  regeneralione  do),nre  dignalus  est, 
vrecamnr,  omnipotens  DckS,  ut  Daptisnnnn  tjuod  accepe- 
runt  ,  imniiiculalum  ipsuia  perferant  usque  in  finem. 
Per  Dominum. 

Ordo  ex  libro  Sacramentorum  Gelasii  Papœ  edito  ex 
codice  M  S.  ann.  900  à  Thomasio. 

Snhhalorum  die,  manè  reddunt  infantes  Synibohun. 
I  Priùs  catechizas  eos ,  imposiià  super  capita  eorum 
l  manu  liis  verbis  :  Nec  te  lalet  Satanus ,  etc.  Inde  tan- 
i  gis  eis  nares  et  aiiros  de  spulo,  et  dicis  ad  ainem  : 
I  Ephphela,  quod  est,  adapcrire  in  odorem  suavilalis,  tu 
§  autem  cffugare,  diubole,  appropinquuvit  enim  rcgnum 
"  Dei. 

Posiea  langis  ei  peeius  el  inter  scapulas  de  oleo 
exorcizato,  el  vocalo  nondnc  singulis  ,  dicis  : 

Abrenuntias  Sntanœ  ?  II.  Abrenuntio.  —  Et  omnibus 
operibus  ejus  ?  R.  Abrenunlio.  —  Et  omnibus  pompis 
ejus  ?  R.  Abrenuntio. 

.  Inde  verô  dicis  Syndxdum  impositâ  manu  super 
capita  ipsorum.  Posiea  verô  dicilur  eis  ab  Archidia- 
coiio  : 

Orale  ,  elccti  ;  ftectite  genua  ,  complète  ,  orationem 
veslram  in  unnm,  et  dicite  :  Amen. 

Ilerîim  adnioiicr.lnr  ah  arcliidiacono,  bis  verbis  : 

Calechumeni  recédant  ,  omnes  catechumcni  exeant 
foris. 

llerùm  dicil  diaconus  :  FiUi  chnrissimi ,  revcrtimi- 
ni  in  locos  veslros,  cxspectantes  horum  quà  possit  clrca 
vos  Dei  gratia  Baplismum  operari. 

il  (  Posiea  agit  ordo  ille  de  cerei  benedictione,  iectio- 
'  num  el  oralioiumi  ri^ciiatioiie.cl  fontis  consccratioae, 
i^  (um  redit  ad  Ijapiii^muni,  subditque  sequeulia. 


157 


Ensuite,  tes  Fonta  ('tant  bc>m,  vous  buplisez  un  chacun 
en  son  rang ,  sous  ces  interrogniions.  ) 

Croyez-vous  en  Dieu  le  Père  loiil-;  "issanl?  R.  Je  crois. 

Croyez  vous  en  Jésiis-Chrisi, son  Fils  unique,  Nolio 
Seii^neiir,  (lui  est  né  el  (|ni  a  sonflcrl?  Je  crois. 

Croyez  vous  aussi  au  Siiini-Ksprit,  à  la  sainte  Eglise, 
à  la  rémission  des  pécliés,àlarésurrecliondela<liair? 

U.  Je  crois. 

Ensuite  vous  te  plongez  à  chaque  fois,vous  Icplongri 
trois  fois  dans  l'eau,  aprcsqnoi  qurjul  Cenfant  est  remon- 
té dcs  Fonts,  il  est  marqué  du  chrême  par  le  prêtre  sur 
la  tête,  avec  ces  paroles  : 


ÀPPENDlCn  SUR  LE  RArTf-.ME.  158 

Inde  lien.  (li( m  fonie.  baptizas  unumquemque  in  or» 

diiiesiio  suit  lus  iuii  rinj^Miionibus.  ) 

Credis  in  Deum  Patrem  onuiipotentem  ?  R.  Credo. 
Credis  in  Jesiim  Christum  Filium  ejus  unicum,  Domi- 

nuin  nostruni,  nutnm,  et  pussnm  ?  R.  Credo. 

Credis  et  in  Spirituni  sanction  ,  sa/ictam  Ecctesiam  , 
remissionem  pccculorum  ,  carnis  resurreclioneni  ?  R. 
Credo. 

Deinde  pcr  singulas  vices,  nicrgis  cuni  tertio  in  aquâ, 
posle.i  cimi  acced.ril  à  foule  iiifans  signalur  à  Pre- 
sbylero  in  cerebro  de  cbrisiiiale,  bis  verbis  : 


Que  Dieu  toiil-puissant  père  de  Noire-Seigneur  Je-  jj      ^^^^^  omnipotens,  Pater  Domini  nostri  Jesu  Christi, 


sns-Clirisl  qui  vous  a  régénéré  de  l'eau  et  de  l'Lspril 
saint  ,  et  ipii  vous  a  donné  la  rémission  de  Ions  vos 
peiliés,  vous  oigne  du  cluèiiie  de  saliil  en  Jcsus  CIn ist 
Notre  Seigneur  pour  la  vie  éternelle.  11.  Amen. 

Ensuite  l'évèque  leur  donne  le  Saint-Esprit  avec  ses  ■ 
sept  dons. 

{in  manuscrit  du  même  sncrnmcntnire  de  C,clnsc,que 
le  P.  Marlène  {\)  croit  avoir  .  té  <  cril  il  y  a  DOl»  ans,  cl 
qui  se  trouve  dans  ta  hlbliolhè,jue  de  M .  de  Culbert,  con- 
tient à  peu  in  es  les  mêmes  choses ,  après  les  ejcorcismes 
des  Fonts,  on  y  lit  ce  qui  snit  :  ) 

El  avant  q'  e  vous  répandiez  l'eau  sur  lui,  vous  l'in- 
terrog  z  touchant  les  ptiroles  du  Symbole,  en  disant  : 

Ci's  demandes  tt  inlerrog  liions  sont   les  inénws  que 


qui  le  regeneravit  ex  aquà  et  Spirilu  sancto,  quique  dé- 
dit libi  remissioncin  cmnium  peccatorum  ;  ipse  te  Unit 
chrismatc  salutis  in  Christo  Jesu  Domino  nostro,  in 
viiam.  R.  Amen. 

Deinde  ab   episcopo  dalur  eis  Spirilus  seplifor- 
niis. 

(  Exsl^l  in  RililintI;ocâ  CoIberli:iâ  alius  codex  ma- 
nuseiipliis  cjiisdcni  libri  Saciatnontoruni  Gtl:isii  ab 
I  annis  ciniicr  n  n!;<'n!iN  Mnilcnii!  jiulice  exarralus,  ia 
I  qiu)  {■.■ièe;id -m  vonlinriiiur.  Lig<  nd:i  vcro  pr;e  c^fieris 
f  qo;e  p  ;T('.iniss>ù  (cntis  liencditlioiie  tum  exorcismisiu 
3   b;ee  \(Mba  si'<|iinn!ur  :  ) 

El  anieiiiiàiu  pcifiindas  eum  aquà  ,  inlerrogas  ei 


celles  que  nous  venons  de  ri:pporter  de  l'ordre  Celasien,  \ 
publié  pur  le  cardinal  Thomasi.  Après  les  demandes  cl  \ 
les  réponses,  suivent  ces  pin  oies  : 

Et  quand  vous  l'inierrogez  vous  le  plongez  à  chaque 
fois,  c'est- à  dire,  iruis  fois  dans  l'eau. 

On  lit  ensuite  dans  ce  inanuserii  tes  mêmes  choses  que  \ 
7WUS  venons  de  rapporter  touchant  l'onciion  du  chrême 
par  le  prêtre.  Après  quoi  on  trouve  ce  qui  suit  : 

Ensuile  si  on  a  fuit  l'obhilion.  il  faud.u  dire  lu  messe ,   \ 
élit  communiera.  Sinon  vous  lui  donnerez  seulement  les 
Sacrements  du  corps  et  du  suiig  de  Jés'S-CinisI  en  di-   \ 
sant:Um)  le  coi  |)s  de  .Nntre-Scigneur  JésUsCiirislsoil 
pour  vous  l;i  vie  élcrneile. 

Et  vous  fuites  sur  lui  ta  prière,  en  disant  : 

(1)  Lib.  l,loin.  1,  p.  173. 


verlia  Svml)  li,  diccns  : 

ll:e  bliplizaïukriim  iiacrrognlionesresponsionesque 
ca-deui  simlruni  ii*  (piasex  ordiiie  Gclasiimo  porTIio- 
ni;isium  Cardi!i;leni  edilo  modo  relulimus.  lias  se- 
(pinnlur  lia  e  vcrlia. 

Kl  (ùm  inlcrnigtis  per  singulas  vices  mergis  eum 
tertio  in  aijuà. 

Ii:il)cl  tlfuique  liic  codex,  quic  de  infante  postquàin 
ascendil  à  fonte ,  signando  cliri-mate  per  presliyte- 
riun  in  cerebro  supcriù..  cxliibuinms.  Subjiciltpie  se- 
qiiiMilia. 

1*  islia  si  fiieril  oblala.  agenda  est  Missa  ,  et  corn- 
'  mMuicat.  Sin  aulcm,  dabis  ei  lanlùn»  sacramenla  cor- 
poris  et  saniinihis  Chri-li,  diccns:    Corpus  Doinini 
yoslri  Jesu  Christi  sii  t'ihi  in  vilnm  œlcrnum. 
1 1      Ll  dus  ei  oraliouem.  ila  dicens  : 


Cela  est  suivi  de  deux  prières  assez  courtes  ,  dans 
lesquelles  le  prêtre  demande  la  santé  de  celui  ipii 
vient  délre  baptisé  ,  citr  il  s'agit  dans  cet  ordre  du 
Ripléme  d'un  malade),  comme  un  le  voit  par  ce  cpii 
précède. 

II  y  a  bien  d'autres  clioses  ù  remarquer  dans  ce 
fingmenl  que  nous  représentons. 

{.  Dans  deux  manuscrits  aussi  anciens  que  celni-ci, 
dont  l'un  e4  de  l:i  bib  io;hèqne  du  roi  ,  l'autre  de 
Noyon,  après  ces  paroles  :  F.l  ciim  interrvgas,  per  sin- 
gulas vices  mergis  eum  tertio  in  aquii,  on  lit  celles  ci  : 
his  verbis  :  Baptizo  te  ili.i  in  nomine  ,  etc. 

2.  On  y  voit  que  l'on  communinil  quebpiefois  les 
nouveaux  baptisés  bors  le  lemjis  de  la  messe,  snrioul 
leb  malades  dont  il  s'at^il  dans  cet  ordre ,  cl  pur  coo- 


il 


séqiient  que  ces  colombes  que  l'on  suspendait  dans  les 
bapUstères  pouvaient  bien  y  èlrt-  non-seul'-menl  pour 
V  servit  d'oruiMiienls,  et  poiir  être  Iesymb(de duSainl- 
hspriî,  mais  encore  pour  y  renlermer  !c  saint  sacre- 
ment à  l'usage  (fes  mal. nies;  couinic  celles  (|ui  étaient 
•■•nspendues  sur  les  autels  le  renfermaient  certaine- 
ment. 

5.  Enfin  ce  peu  que  nous  avons  rapporté  do  c»'  m.a- 
niiscrit  prouve  (juc  l'en  <  oonnnniail  b-s  mabnles  sons 
les  deux  espèces,  <  I  (|ue  n-  anm»  ins  on  les  exprimait 
|»ar  le  seid  terme  de  CVr/'Ms  Domini  Nostri  fesu  Chris- 
ti.clc  Tant  il  L'^tvr;liqn■onél;'il  persuadé  qu'une  seule 
espèce  renferm.iil  la  réalité  et  la  vertu  des  denx ,  et 
qne  pour  en  recevoir  ui:e  seulement ,  on  ne  l'Cioait 
rien  de  l'iniéyiiié  du  sacrement. 


HISTOIRE 


DU  SACREMENT  DE  CONFIRMATION. 


SECTION  SECONDE. 

CHAPITRE  PUKMIER. 

Des  r'ils  essentiels  de  ce  Sacrement ,  et  des  di/férenles 
formules  de  paroles  qui  les  accompagnent ,  tant  chez 
Us  Latins  que  chez  les  Grecs  et  les  autres  Orientaux. 
Partage  des  Théologiens  sur  ce  point.  A  quoi  nous 
devons  nous  en  tenir.  De  ce  qu'on  pensait  à  Rome  dans 
le  dernier  siècle  touchant  les  rits  de  la  Confirmation 
chez  les  Orientaux. 

Nous  ne  connaissons  personne  parmi  les  anciens  lié- 
léliincs  qui  ait  abrogé  on  nié  le  sacrenicnUieCon- 
linnaiion.  Il  esl  vrai  que  Tliéodorel  (1)  ,  en  parlant 
des  Novaiiens  ,  assure  qu'ils  ne  donnaient  point  le 
saint  cliréine,  et  que  c'est  pourcela  que;,  lorsqu'ils  re- 
venaient à  l'Eglise,  en  voulait  ipi'ils  reçussent  l'onc- 
lion  sacrée.  Mais  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  ce  sa- 
vant évéque  s'est  trompé  en  nia,  et  qu'il  a  apjiliqué  à 
toute  la  secte  ce  que  le  pape  S.  Corneille  avait  écrit 
autrefois  à  Fabius  d'Anliocbe  loucliantNovalien.  Puis- 
que ni  saint  Pliilaslre,  ni  saint  E;  ipliane.  ni  suint  Au- 
gustin, qui  onl  dressé  des  catalogues  des  béréliques 
et  de  leurs  erreurs  ,  n'attribuent  rien  de  semblable 
aux  Novariens  ;  non  plus  que  saint  Jean  DamascèiK', 
ni  saint  Pacicn  qui  les  ont  condjallu  par  leins  écrits. 
I  C'est  aussi  mal  à  propos  que  quelques-uns  accusent 
d'erreurs  sur  ce  sujet  les  Vaudois  ;  s'ils  ont  erié,  ce 
n'était  pas  en  ce  (pi'ils  niaient  que  la  conlirmalion 
fût  un  sacrement,  mais  en  quo!(ine  autn;  p:iinl.  Il  faut 
dire  la  même  cliose  de  Wiclef  et  desllussiles,  (pii  ont 
suivi  ses  erreurs,  lesquels  prétendaient  seulement, 
aussi  bien  que  les  Vaudois,  que  les  minislies  oïdi- 
nairesdecc  sacrement  éiaienl  les  simples  prêtres.  Les 
Lutliérirns  et  les  Calvinistes  sont  les  premiers  qui 
aient  atta(pié  de  front  la  doctrine  catiioli(iue sur  cela; 
il  est  surprenant  que,  f;iisanl  profession  de  reconnaître 
pour  dogme  de  foi  ce  qui  est  enseigné  dans  !a  parole 
de  Dieu  ,  ils  aient  fermé  les  yeux  jusqu'au  point  de 
n'y  point  découvrir  un  sacrement  qui  s'y  fiiit  con- 
naître p  ir  des  trails  si  marepiés. 

Peut-on  en  effet  rien  désirer  de  pli'.s  exprès  pour  le 
désigner  que  ce  que  nous  lisons  dans  le  cliapilre  imi- 
tième  du  livre  des  Actes,  où  on  voit  qucS.  Pierre  et  S. 
Jean  furent  envoyés  à  Samarie,  pour  imposer  les  mains 
à  ceux  que  le  diacre  Pbilippe  avait  convertis  et  bapti- 
sés ,  afin  qu'ils  reçussent  le  don  du  Saint-Esprit.  La 
même  cliose  s'est  pratiquée  dans  toute  la  suite  des 
siècles.  Les  évoques  ,  à  l'imitation  des  Apôtres  ,  ont 
imposé  les  mains  à  ceux  qui  avaient  reçu  le  Baptême, 
afin  qu'ils  fussent  par  ce  nioyen  rendus  participants 
de  la  grâce  4n  Saint-Esprit. 

P'erre  et  Jean,  dit  saint  Cypricn  (2),  ont  suppléé  à 

(1^  Lib.  3  hîT^rel.  Fab. 
(2)  Episi.  13. 


ce  qui  manquait,  en  priant  cl  imposant  les  mains  pour 
invoquer  et  répandre  sur  eux  le  Saint-Esprit.  Ce  qui 
se  |trati(|ue  encore  à  présent  cbez  nous .  où  ceux  qui 
sont  bipiisés  dans  l'église  sont  présentés  aux  prélats 
de  l'Église  ;  afin  que  par  noire  prière  et  rimposilion 
de  nos  mains  ils  reçoivent  le  Saint  Esprit,  et  soient 
porfectiomiés  par  le  sceau  du  Seigneur  :  Prœpositis 
Ecclesiœ  offeranlur,  et  per  noslram  orationcm  ac  munûs 
imposiiionem  Spiritum  sancium  consequanlur,  et  signa- 
culo  Dominico  consummenlur. 

Tertullien  (1)  avant  saint  Cypricn  avait  parlé  très- 
claiiemenl  de  la  Confirntalion  .  et  de  rimposilion  des 
mains  avec  laquille  elle  esl  administn'e  :  car  après 
avoir  discouru  du  Baplême  et  de  ses  effets,  il  la  dé- 
signe par  les  rils  qui  lui  sont  propres.  Il  faut  rapporter 
le  passage  tout  entier  ,  parce  qu'il  servira  à  établir 
plusieurs  poinisdoiil  nous  allions  à  Irailerdans  la  suite. 
Etant  sortis  du  bain  sacré  nous  soniines  oinls  del'liuile 
béniie...  cette  onelion  se  fait  sur  le  cor|)s,  mais  elle 
piodiiil  son  effel  sur  l'àme....  ensuite  on  nous  impose 
les  mains  par  la  bénédiction,  en  invoquant  et  invitant 
le  Saint-Es|)ril.  Le  même  Père  dit  ailleurs  (2)  :  Caro 
nianûs  imposilione  adiimbrutur,  ul  et  anima  spiritu  illu- 
minetur. 

11  est  superflu  de  rapporter  les  textes  des  Pères  La- 
lins  (|ni  rendent  témoign.age  de  la  vertu  de  l'imposi- 
tion des  mains  dans  ce  sacremeni.  On  les  trouve  dans 
tous  les  théologiens,  et  personne  aiijonrd'biii  ne  con- 
teste qu'ils  n'aient  regardé  ce  rit  comme  essentiel  au 
sa(  renient  dont  nous  parlons,  et  qu'ils  ne  lui  allribuent 
la  vertu  d'atlirer  le  Saint-Esprit  sur  ceux  que  l'onpré- 
seiilo  aux  ministres  de  l'Église  pour  être  rendus  par- 
faits cbréliens.  On  peut  consulter  entre  antres  saint 
Jérôme  (5),  saint  Augustin  (4),  saint  !lilaire(r)), avant 
eux  le  concile  d'Elvire.  l^es  siècles  suivants  nous  four- 
nissent une  infinité  de  témoignages  de  cette  discipline. 
Je  me  contenterai  pour  ce  qui  esl  des  ailleurs  ecclé- 
siasliipies  de  citer  les  paroles  de  deux  d'entre  eux  ; 
savoir, saint  Isidore,  de Séville,  et  Haban.Le  premier, 
dans  sou  livre  des  divins  Offices,  dit:  Après  le  Bap- 
tême l'évêque  donne  le  Saint-Esprit  par  l'imposition 
des  mains.  Le  second,  dont  les  paroles  sont  citées  par 
le  maître  des  semences  (6),  assure  de  mèiiie(in'après 
que  les  cérémonies  du  Ba|)tème  sont  aciievées,  le  Saint- 
Esprit  est  donné  par  l'imposilion  des  mains  du  souve- 
rain prêtre. 

Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  fait  voir  que,  quoique  ce 
rit  ne  se  trouve  point  piescrit  dans  plusieurs  Uitueb 

(I)  HeBapt.,  c.  7  et  8. 

("2)  Lib.  de  Besiinecl.  carn.,  c.  8. 

("))  Adversùs  Lucifer. 

{ï)  Lib.  i:MleT!init.,c.  2r).  et  l.ô,  deBnpt.,c.  {G. 

{.■))  Ilom.  de  Pentecost.  sub.  nom.  Ensebii  Emis. 

(G)  Lib.  4  Sent.,  di^t.  7.  Vid.  Tlieod.,  Aurel.,  1.  de 
Bapl.,  c.lG;  Rupert.  1.3,  deOpcr.Spiriiùssajicti,c.9. 


I6f  CONFIUMATIO^.  —  CIIAP. 

anciens  à  l'iisngft  dos  Églises  d'Oicidcnl,  on  ne  l'onicl- 
lail  iioinl  pour  cela  dans  la  |)ra'ii|nc;  mais  (iiie  celle 
OMussioii  vient  de  ce  <|n'en  eis  temps- là  on  ne  mar- 
qn:iit  point  les  rid)ri(|ne'S  pour  rordinaire  ;  de  quoi 
Ton  peut  s'assurer,  en  jetant  les  yeux  snr  plnsieurs 
des  Ordres  (pie  le  V.  Marténe  a  jinldiés.  Ce|iendaiil 
cette  continue  n'était  point  si  générale  qn'elle  ne 
soaiïrit  ses  exceptions  :  et  ce  rit  se  trouve  prescrit 
dans  le  Sacraiiienlaire  de  S  Grégoire,  donné  an  pu- 
blic par  I).  lingues  Ménard,  dans  denx  niaiin.->crits  du 
Saeranientalre  de  Gélise,  -dont  le  car.iclére  est  de 
plus  de  DOO  ans,  cl  dont  l'un  est  de  la  bibliotliéqne 
du  Roi,  l'antre  s'est  trouve  à  Noyon.  On  y  lit  cette 
rubri(pic:  Ensuite  l'évèipie  leur  donne  le  Saint  Esprit, 
et  il  leur  impose  les  mains,  en  disant  •.  Dieit  tout-puis- 
saiit,  etc.  Ueiiide  ub  episcopo  datnr  eis  Spirilus  satictus 
ad  consignandum,  et  imponit  eis  maiium  in  liis  verbis  : 
Deus  ominpoiens,eic.  Cette  jiriére  contient  rinvocalion 
du  Saint-Esprit,  et  on  l'y  prie  de  répandre  ses  dons  sur 
les  n(/uxeau\  b.pti>és.  On  lit  aussi  dans  le  rontifical 
mann>crit  de  Salzltonrjj,  qni  a  plus  de  GOO  ans  d'aiiti- 
quité,  ce  qui  suit  :  L'évé(pie  venant  aux  enfants  (|iie 
l'on   vient  débaptiser,   l'arcliidiacre  tenant  le  clirè- 

me il  élève  les  mains  et  les  étend  sur  la  tète,  f  i- 

sanl  l'oraison  sur  eux  avec  l'invocation  dei^  seiit  dons 
du  Saint-Esprit  Le  Ponlilical  Romain,  qui  est  en  usage 
à  présent,  prescrit  la  même  chose  \  en  sorte  qu'il  est 
indubitable  que  depuis  les  .apôtres  jusqu'à  nous  ce  rit 
n'a  point  soullcrt  d'intcrriiplion  dans  l'Église  Occi- 
dcnlalc. 

'.  Nous  voudrions  pouvoir  en  dire  autant  des  Églises 
d'Orient.  .Mais  le  docte  cl  laborieux  Père  .Morin,  aussi 
bien  (pie .M.  Renandot,  avouent  franchement  que  depuis 
plusieurs  siècles  on  ne  trouve  aucun  vestige  de  l'iin- 
l»osilion  des  mains  pour  la  Conlirmalion,  ni  dans  le';rs 
Euc(tloges  ,  ni  dans  les  livres  qui  traitent  de  leur  riis. 
Ce  dernier  dit  à  la  vérité  que  dans  quelques-uns  de 
leurs  cérémoniaiix  elle  se  trouve  prescrite,  mais  il 
convient  (pie  dans  ceux  qui  sont  d'usage  public  elle 
n'y  parait  mille  jiart,  et  (|iie  dans  ceux  où  elle  se 
trouve  elle  n'y  est  pas  manpiée  comme  une  parlie 
principale,  non  pas  que  les  Grecs  et  les  autres  Orien- 
taux ne  lui  allribiienl  une  grande  vertu,  mais  parce 
qn'elle  se  trouve  dans  prcs(pie  tous  les  sacrements, 
et  qu'en  celui  de  la  Coiiliriuaiion,  l'onction  tient  lieu 
de  .a  principale  matière.  Ce  sont  les  paroles  de  M. 
Rcnaudot,  1.  2  de  la  Perpét.  t.  o,  c.  12.  Il  cite  outre 
cela  plusieurs  savants  honnnes  parmi  les  Grecs  mo- 
dernes, comme  Siménn  de  Tliessalonique,  Gabriel 
de  Pbiladclpliie,  Syrigiis  et  plusieurs  autre?,  lesquels 
en  parlant  de  ce  sacrement,  ne  font  mention  que  de 
la  ciirismition. 

Cependant  il  y  a  lieu  de  croire  que  l'imposition  des 
mains  a  éié  autreH^s  en  usage  dans  ces  Églisei.  S.  Cy- 
rille de  Jérusalem  (1)  le  lait  entendre  assez  claire- 
ment, lors(|ue,  comparant  les  figures  de  l'ancien  tes- 
tament avec  ce  qui  est  arrivé  depuis  l'avéneinent  de 
Noire-Seigneur,  il  dit  :  Jésus  fils  de  Navé  fut  rempli 

{D  Caiech.  16,  nurn.  26. 


I.  RIT5  DE  CE  SACr.EMENT.  i02 

de  l'esprit  de  sagesse,  .Moisc  lui  ayant  imposé  les 
mains.  Vous  \oyez  la  même  (ig  ire  dans  l'ancien  et  le 
nouveau  Testament.  l'Espril-Saint  se  donnait  du 
It'inps  (le Moïse |)ar  rimi>ositi(Mi  des  mains,  et  Pierre 
par  la  même  iinposiiion  donne  le  Sailll-E^prit.  Vous 
recevrez  aussi  cette  grâce,  vous  qni  devez éirc  bapti- 
sés, et  comment,  je  ne  le  dis  point,  car  je  ne  veux 
pas  prévenir  le  temps.  Kai  nirpo;  ^là  ytipoOeiMi  èiÔw»i 

-à  TtvîOy.a"  ij.i'/.'in.  /ai  «Tti  j«  tÔv  BaTtrtÇi/xtvcjpOàyuv  y)  yâst;. 

Quoi(pie  ce  passage  ne  soit  point  tont-à-faii  décisif, 
et  (pie  S.  Cyrille  dans  sa  iroisièine  Catéchèse  niysla- 
gogi(pie,  qui  est  toute  entière  du  sacrenieni  de  Con- 
lirmation,  ne  dise  rien  de  limposiiion  des  mains,  il 
n  y  a  guère  lieu  de  douter  qu'il  n'en  parle  à  cet  en- 
droit ;  d'autant  plus  (jue  nous  avons  des  preuves 
(pi'elle  était  autrefois  en  usage  dans  l'Église  Grec- 
que. 

Firmilien  de  Cappadoce  nous  en  fournit  une  sans 
réplique,  lorsque  dans  une  de  ses  leilres  (1),  il  dit 
(pie  dans  l'Église  les  é\èques  ont  le  pouvoir  de  bapti- 
ser, d'imposer  les  mains,  et  d'ordonner  les  Minisires; 
paroles  que  toute  la  suite  du  discours  détermine  au 
sens  que  nous  leur  donnons,  et(iu'elle  présente  natu- 
rellement à  l'esprii.  In  Ecdeaià  ubi  prœsldent  majores 
natn  qui  et  baplizandi  et  maiium  iinponeudi,  el  ordinaiidi 
possident  poft's/a/e/H.  L'auteur  des  Conslilulions  Apos- 
toli(pies  (2)  dit  de  même,  en  parlant  de  ré\ê(pie,  que 
c'est  par  limposiiinn  de  ses  mains  que  les  fidèles  ont 
reçu  le  Sainl-Kspril ,  tô  «yiov  7rv«û,«a  «  Kvpts;  h  C^t» 

Théndorel  est  dans  le  même  sentiment,  quand  il  dit 
queceux  qui  sont  baptisés  reçoivent  le  Saint-Esprit  par 
rimposilion  des  mains  des  prêtres.  Je  n'ai  pas  les  ou- 
vrages de  Tliéodoret.  Voici  le  passage  tel  que  je  le 
trouve  rapporté  par  M.  Toiirncli  (5)  :  Baplizalts  per 
manum  sacerdolalem  accipere  Spiritum  snnctum.  Nous 
pourrons  apporierd'aulres  preuves  de  celancien  usage 
des  Grecs,  lorsque  nous  parlerons  de  ce  qu'on  a  pensé 
autrefois  de  la  Confirmation  reçue  dans  l'hérésie.  En 
attendant,  nous  remarquerons  ici  que  l'imposition  des 
mains  est  foriiiellement  prescrite  dans  le  Rituel  des 
Nestoriens de  Chaldée,  dont  les  piroles  sont  citées  par 
M.  x\sseniamii,  dans  sa  Dissertation  touchant  ceux  de 
cette  secte  établis  en  Syrie  (loin.  3,  part.  2,  Diblioth. 
Orient.,  p.  272)  .Voici  ce  (pi'on  lit  dans  ce  Rituel.  Après 
que  les  enfants  de  l'un  el  de  l'autre  sexe  ont  été  bap- 
tisés, on  les  rhabille  et  on  les  amène  devant  la  porte 
de  l'autel; ensuite  le  prêtre  sort  parla  porte  des  Can- 
celles,  ayant  avec  lui  la  croix,  l'Evangile,  l'encensoir, 
les  lampes  et  la  corne  dans  laquelle  le  chrême  est 
renfermé,  etc.  Le  prêtre  récite  celle  imposition  de 
main,  c'est-à-dire,  cette  prière  accompagnée  de  l'im- 
position des  mains,  imposant  la  main  à  un  chacun, 
et  dit  ...  Suit  nue  longue  prière,  après  quoi  le  Rituel 
continue  :  il  manpie  chacun  d'eux  sur  le  front  avec 
le  pouce  droit  depuis  le  haut  jusqu'en  bas,  et  de  la 


1)  Epist.  iiiler  Cvpriaiiicas  75. 

2)  Lil).  2.C.  ôi." 

(à)  DeC:  nrirm.,p.  Vod. 


lîîSTOIRE  DES  SACREMENTS.  |64 

loi 

d  )tc  •»   la  cniiolic  en   disant  :  un  tel  est  baptise,  il  ir  tingiie  discrioment  cette  onction  du  front  de  la  vcrti; 
estiK'rrrdiiMié,  au  nom  du  l'ère,  »'lc. 

Au  iTSic,  il  faut  convouir  (\i\c  les  églisos  Orionlales 
onl  toujours  rousidéré  Poiu  liou  du  siiiiil  chroutt' 
comme  la  p..rlie  principale  de  ce  s^ureuicul,  el  celle 
à  hiquolli!  (Iles  ont  allribué  la  venu  d'iuipriuier  dans 
les  âmes  le  sceau  du  S.-Kspril:  en  socle  «lue  depuis 
plusieurs  siècles  ce  sacremeiil  porte  communément 
le  nom  de  sacrcmeut  du  clirénK;,  on  simpemcnt  de 
chrême.  Il  faut,  dit  le  coiuile  de  Laodicéc,  qui  fui 
tenu  au  enn>mencenient  du  qualiième  siède,  (pie 
ceux  qui  onl  élé  baptisés  soient  oinis  du  elncme  cé- 
leste, et  deviennent  ainsi  p;irlicii)anis  de  Jésus  Clirisl: 
Oportet  eosqni  illu-iinaiitur  post  nnplismum  inniKii  su- 
percœlesli  chrismule,  et  case  Cliiisli  rcgui  parlicipes. 
S.  Cyrille  de  Jérusalem,  dans  sa  vingl  el  imième  Ca- 
léclièsc,  nous  apprend  que  rondion    se  faisait,  dans 


leUlIfM;,      lliniT   iiji|M  ...w     .p.-     - ._         -  .  ,         . 

celte  église,  non  seulement  au  front,  mais  aux  ored-       faire  voir  ;  mais  je  laisse  aux  Iheob.gicns  ces  sortes 


cale  qui  se  donnait  par  les  prêtres  lorsipi'ils  bapti- 
saient, la  première  élaiit  réservée  à  l'évêipie  comme 
.'lyant  la  piéémiiience du  sacerdoce  :  Non  tamen  fron- 
lein  ex  eudcin  oleo  sigiéure,  qnod  sotis  debeiur  efjiscopis 
ciim  Imdiml  Spirilum  puruclclum.  Ces  dernières  paro- 
les, pour  le  dire  en  passant,  font  voir  que  c'est  mal  à 
propos  (prun  savant  lionmie  du  siècN;  passé  (1)  |)ié- 
teiidail  que  ronclion  du  front  ne  faisait  point  partie 
essentielle  de  la  Confirmation,  et  qu'elle  pouvait  en 
èlre  se.  arce  absobmieiit  ;  ce  (pi'il  appuyait  sur  Tau- 
torilé  du  concile  d'Orange,  de  la(|iiel!e  il  concluait, 
oulie  cela,  que  les  simples  i)rèlres  et  les  diacres 
mêmes  pouvaient  faire  ronclion  iUi  front;  mais  ce 
coiicile  n'élaldit  rien  de  sembiahle,  quand  même  on 
reliendiail  la  leçon  qui  se  voit  dans  les  manuscrits 
(lu'il  allègue  en  sa  faveur,  c'est  ce  qu'il  serait  aisé  de 


les,   au  nez,  à  la  poitrine.  Dans  d'aulres  cndnnls  on 
la  laisail  à  tous  les  membres  du  corps,  en  (pielipies 
uns  plus,  en  d'antres  moins.  Mais  le  même  saint  (I) 
fait  entendre  que  la  principale  oneliou  était  celle  du 
front,  de  laquelle  seule  il  lait  quelquefois   mention. 
Le  premier  concile  de  Conslanlinople,  dans  son  sep- 
tième canon,  ordonne  que  l'onction  se  fasse  a,!  front, 
aux  yeux,  au  nez,  à  la  boudie.  S.  Grégoire  de  Na- 
zianze  (2)  parle  aussi  de  rouction  des  yeux  :  R  epà- 
pu//v.Tw5i;  .y<.-ji.0hTOi.  Dans  l'Eucl^ologe,  p.  5.^0,  on 
trouve  ronclion  du  front,   des  oreilles,  du  rez,  <les 
yeux,  cl  des  pieds.  Dans  un   autre,  p.  500,  lo.icl  on 
des  l'ieds  est  omise,  aussi  bien  que  dans  un  Iroisieme,  | 
p.  S62;  mais  à  la  i>lace  de  celle  onction  on  en  sub-  ; 
stitue  d'eux  autres,  savoir,  celle  du  dedans  de  la  main, 
cl  de  l'endroit  du  cœur.  Dans  l'ordre  de  Sévère  d'An-  ! 
liocbe,  l'onction  sur  le  front  se  fait  jusqu'à  trois  i;;is, 
et  ensnile  sur  lous  les  mend.res.  Celle  onction  se  i 
faisail  en  forme  de  croix,  non  seulemenl  cliez  les  j 
Grecs,  mais  aussi  cbez  les  Lalins,  dans  les  Églises  j 
desquels  nous  la  voyons  établie  de  tout  temps  ;  mais  \ 
elle  ne  se  faisait  parmi  ceux-ci  que  sur  le  front  pour  | 
la  Confirmation.  L'onction  verlicale,  que  les  prêtres 
faisaient  au  sortir  des  fonts   aux  baptisés,   n'étant 
qu'une  cérémonie  du  Baptême,  qui,  suivant  le  senti- 
ment de  savants  bommes,  n'était  point  praliipiée  en 
Gaule  avant  le  premier  concile  d'Orange;  tenu  -  i  4il. 
\ous  avez  vu  par  le  passage  de  Terlnllien,  ,,.^devanl 
allégué,  que  non-seulement  l'ondion  se  faisail  de  son 
temps  pour  la  C»nlirmali.m,  mais  .lu'il  allribue  à  ce 
rit  la  vertu  de  s.inctilier  les  âmes.  S.  Cyprien  (5) 
pensait  de  même,  comme  le  inonlreni  ces  paroles  : 
11  est  nécessaire  d'oindre  celui  qui  a  éié  baptisé,  alin 
qu'ayant  reçu  le  cbrème,   c'est  à-dire,  l'onction,   il 
puisse  avoir  la  grâce  de  Dieu  :  Viuji  qnoqnp.  uccesse  est 
eum  qui  bupliuilHs  slt,  ut  acccplo  chrhmule,  id  est, 
iwiclione,  liabcre  in  se  graliam  Cliristi  possit. 

Le  Pape  lunocenl  I  {A)  en  fait  aussi  menlion,  cl  dis- 

(i)  Catecb.  22,  n.  7. 

(2)  Oral,  il),  p.  292. 

(3)  Epist.  70. 

(4)  Epist.  ad  Décent.  Eugub.,  c.  5. 


de  discus-ions.  Il  nous  siifiild'ajouler  ici  (pie  lous  les 
auteuis  lalins,  les  sacranienlaires,  les  rituels  prescri- 
vent unirormémcnl  l'imction  du  fronl  (juaiid  ils  trai- 
tent du  sacreinenl  de  Condrmalion,  en  sorte  que  plu- 
sieurs de  nosdi'cleiirs  scliolasliipies  (2)  ont  enseigné 
(pi'elle  élail  la  seule  nialiere  nécessaire  el.  csseiilielle 
de  C(!  sacrement. 

L'iini>osition  des  mains  et  l'onclion  dont  nous  ve- 
nonsde  parler,  n"élaic;iil  point  des  cérémonies  muellcs  : 
elles  él  ient  accompagnées  de  jiaroles  sacrées  et 
d'une  grande  verlu  pour  allirer  la  grâce  el  la  sancli- 
Ucalion  à  ceux  sur  (pii  on  les  prononçait;  et  les  an- 
ciens avaient  nu  tel  respect  jionr  ces  saintes  paroles, 
(pi'ds  les  cacbaienl  avec  grand  soin,  cl  [irenaient 
loutes  les  mesures  qu'ils  pouvaient  pour  empêcher 
qu'elles  ne  vinssenl  aux  oreilles  el  à  la  connaissance 
des  [irolanes.  On  remanpie  ce  respect  religieux  dans 
la  lettre  du  pape  S.  Innocent  (jue  nous  venons  de 
ciier  :  il  pirlo  la  précaulion  si  loin  sur  ce  point, 
qu'après  les  paroles  que  nous  avons  alléguées,  il 
ajouie  immédiatement  :  Je  ne  pi.iss  die  Its  [.aroles, 
de  peur  ([ue  je  ne  paraisse  plutôt  trahir  hu  m.'Stères 
que  répondre  à  une  consnll:ilio-u.  Verba  verb  dicerc 
non  poiisum,  ne  mcnjis  prodcre  vidcar  quàm  nd  consul- 
lationeni  respondere.  11  craignait  sans  doute  que  sa 
leiue  ne  tombât  entre  les  mains  de  (piehpi'a  ilre  que 
celui  a  (pii  il  écrivait  ;  car  il  n'y  a  poinl  d'apparence 
qu'il  ail  v.  tilu  les  caelier  à  un  évèijue. 

Les  S.icramcnlaires  de  Gélase  et  de  S.  Grégoire 
joi-neiit  à  l'imposition  des  mains  une  prièif^  par  la- 
quelle on  invflipie  K  s  sept  d(»iis  du  Saint-Esprit.  Sou- 
vent même  dans  celle  prière  on  ajoutait  plusieurs 
fois  aincn.  Par  exemple,  on  priait  Dieu  de  répaadre 
sur  Icsnéopliyles  l'esprit  de  sagesse  cl  de  conseil,  et 
on  y  ;ijO!!lail  amen,  lespril  de  science  el  de  force, 
amen,  cl  ainsi  des  autres.  11  y  a  lieu  de  croire  que 
c'étaicnl  les  assislanl>  qui  répondaient  «me».  Nous  ne 
savons  (pielle  élail  la  i.rière  qui  accompagnait  ce  ri4 

(2)  Le  P.  Sirmond.  .,,»., 

(1)  Alex.Alens.,p.4,  q.24;S.Bonav.  in4,dist.7, 

S.  Thom.  5  pari.,  q.  72,  a.  2,  ad  1. 


165  CONFIRMATION.  —  CIIAP. 

chez  les  Grecs  lorsqu'il  y  étail  en  usage  ;  nous  n'a- 
vons poiiiUle  n)oiMiiiieiil  ((ui  nous  en  instruise.  Penl- 
être celte  prière  qui  se  lit  dans  leur  iMichoIogo,  cl 
qui  précède  roiiclicui  du  cln-ènic,  ëlail-rlle  cIjc/.  eux 
un  rcsic  de  celle  qui  élail  jointe  aulrclois  à  i'iniposi- 
liiin  des  ni;iiiis.  Scignem-,  roi  de  ions  et  plein  de  bonlé, 
doiinoz-lui  le  sceau  de  volrc  Ks|)rit  Sainl,  loiil  puis- 
sant et  adorable,  et  la  coinnnniion  du  cor|)s  et  du  sang 
précieux  de  voire  Christ.  Conservez-le  dans  la  sain- 
telé,  et  conlirniez-le  dans  la  vraie  foi. 

A  présent  et  depuis  (piehpn-s  siècles  dans  l'Eglise 
Latine,  qu md  I  evè(pie  l'ait  roiiclion  du  saint  clirèinc  qui 
suii  riniposilion  desnuiins,  il  prononce  ces  paroles: 
Je  le  marque  du  signe  de  la  croix,  et  je  le  conlirnie 
duclironiediisalul,  au  nonidu  Père,  du  FilselduSaint- 
Esfirit.  Sujiw  te  sigiio  crucis,  et  coxjirmo  te  clirisniute 
salulis,  in  uoiniiie  Puliis,  etc.  Celte  formule  n'a  pas  élé 
connnnnément  en  usage  dans  nos  églises  avant  W,  12' 
siècle;  et  avant  ce  lenq»s  ,  les  paroles  qui  ac<"onq)a- 
gnaient  r(»nclion  du  chrême  élaienl  lort  dill'érenies 
suivaiit  les  lieux  et  les  temps.  L'<U(Iro  Ilonniin  qui  a 
élé  écrit  vers  le  8*  siècle  ne  conlienl  que  celle-ci  : 
Je  le  confirme  au  nom  du  Père  ei  du  Fils  ei  du  Sainl- 
Espril.  Amalarius  (I)  lait  meniion  d'iiiM,' nuire  dans 
hKpieile  eeliii  (pii  donnait  la  Conlirniaiion  di^ail  seule- 
ment en  faisant  Tonclion  :  In  nomine  Putiis,  et  Filii, 
et  Spiriiùs  suiicti ,  amen.  Suivant  le  léinoignage  d"Al- 
cuin,  qui  écrivait  vers  Pan  778,  la  même  chose  se 
pratiquait  en  France  avant  que  l'on  y  eût  intniduit  le 
rit  Uoinain.  On  invoquait  simplement  la  Trinité  |)en- 
dant  (pie  se  faisait  la  chrismaiion  sans  y  ajouter  ces 
termes  ind.c;ilifs  :  Signo  le,  confirmo  /e,  etc.  Dans  les 
Eglisi-s  d'Angleierre,  la  fornuilc  de  l'onction  ne  conle- 
nail  pas  même  l'invocation  de  la  sainte  Trinité.  Un 
Ponlifical  de  celle  église  qui  s'est  conservé  dans  un 
manuscrit  qui  a  plus  de  800  ans,  cl  qui  appartient  à 
l'église  de  Uonen,  ne  conlienl  antre  chose  que  celte 
bénédiction  :  Que  le  Seigneur  Dieu  toul-puisant  qui  a 
tout  créé  de  rien,  et  vous  a  d:)nné  dans  le  Baptême 
son  esprit  et  la  rémission  dtj  ions  vos  péchés  ,  vous 
conserve ,  amen  ;  que  celui  qui  a  donné  cet  esprit 
sainl  à  ses  di!?tii)Ie3  dans  des  langues  de  feu,  éclaire 
vos  cœurs  par  sa  splendeur,  et  les  enflannne  sans 
ces-.e  de  son  amour,  tunen ,  afin  qn'élant  purifiés  de 
tous  vices  et  protégés  par  son  secours  de  toute  ad- 
versité, nous  deTeni<ms  sun  temple,  amen,  et  qu'il  lui 
plaise  d'acconq)lir,  etc. 

LePoniilical  dEg!)cit,  archevêque  d'Yorck,  qui  vi- 
vait vers  le  milieu  du  8*  siècle  ,  représente  celle  ru- 
brique en  parlant  de  hmclion  du  chrême  :  Ici  l'évciiue 
doit  appli(iuer  le  chrême  au  front  de  cet  homme,  et 
dire  :  llecevez  le  signe  de  la  sainte  croix  par  le 
chrême  dn  salut  en  Jésus-Christ  Notre  Seigneur  pour 
la  vie  élernelle  ,  amen  :  Accipe  tiguum  sanctœ  crucis 
chrismate  salulis  in  Christo  Jesu,  in  vitam  œiernani  , 
amen.  Dans  le  Sacramentaire  de  Gélase  tel  qu'on  le 
trouve  dans  quatre  manuscrits  de  plus  de  900  ans, 
on  lit  ce  qui  suit  :  Postea  signal  eos  in  ironie  ^  dicem  : 

(i)  Lib.  de  divin.  Ofac,  c.  27» 


I.  RITS  DE  CE  SACREMENT.  1G$ 

I  Sigmun  crucis  in  vilatu  œternam.  R.  Amen.  La  même 
cli(»se  se  lit  à  peu  près  dans  un  ancien  manuscrit  de 
l'église  de  Reauvais  quia  a|»parlenu  aulrclois  à  Roger, 
évéïpic  et  premier  comte  de  cette  ville.  Dcinde  fcciat 
crncem  in  fronte  cum  clirismate,  dicens  :  Signum  Christi 
in  viiiim  œiernani ,  amen. 

Nous  avons  représenlc  ces  différentes  formules 
jointes  à  l'onction  du  chicnie  d'après  les  pièces  rap- 
portées par  les  PP.  Morin  et  Marlèi.e,  afin  de  remplir 
le  devoir  d'historien  ;  elles  sont  propres  à  faire  sentir 
quel  fond  on  peut  faire  sur  les  décidions  de  quelques 
scolasti(|uos,  qui  suiv(!nt  les  divers  systèmes  qu'ils  se 
sont  fornn';s,  entreprennent  de  déterminer  avec  une 
précision  mathémati(pn;  quelles  sont  les  paroles  de  la 
forme  de  clnupie  sacrement,  et  en  particulier  de  ce- 
lui-ci,  Sans  avoir  ccnisullé  les  anciens  usages,  d'où  il 
arrive  qu'ils  rejettent  celles  que  les  autres  admettent  ; 
et  que  si  on  était  obligé  de  se  conformer  à  leurs  déci- 
sions, il  faudrait  considérer  comme  nuls  les  sacre- 
menls  qu'ont  reçus  nos  pères.  Alexandre  de  llalés(l) 
témoigne  (pie  de  son  lenq)s  il  y  avait  de  la  diversité 
dans  la  forme  de  la  Conlirmalion  ;  mais  celles  qu'il 
en  donne  pourexenqde  difléraient  peu  entre  elles,  et 
conlenaienl  toutes  l'invocation  de  la  sainle  Trinité  ; 
ce  (|ui  n'enqiêcliait  pas  que  toutes  ces  variétés  ,  tou- 
tes faibles  qu'elles  étaient,  ne  doimassent  lieu  à  des 
dispuies  fort  écliaulfées  dans  les  écoles. 

Après  avoir  pailé des  diverses  formules  de  îa  chris.- 
mation  qui  ont  élé  en  usage  dans  nos  églises  ,  il  faut 
présentement  que  nous  rendions  compte  de  celles  dont 
se  servaient  les  églises  orientales.  Celle  que  représente 
encore  aujourd'hui  l'Eucliologe  des  Grecs  est  très- 
ancienne.  Elle  est  la  même  que  prescrit  le  premier 
concile  de  Conslantinople,  can.  7,  et  qui  se  lit  dans  de 
Irès-anciens  Euchologes  :  elle  consiste  en  ces  paro- 
les :  Le  sceau  du  don  du  Saint-Esprit,  ijifâyi;  owpiaj 
7tvcO,(/.«To;  àyteu.  Ils  y  joignaient  d'autres  prières  en  fai- 
sant ronclion  sur  les  divers  membres  du  corps  dont 
nous  avons  parlé  :  mais  ces  paroles  que  nous  venons 
de  rapporter  étaient  et  sont  proj)rcmenl  chez  eux  la 
lorme  de  ce  sacrement ,  et  se  prononcent  quand  on 
fait  l'onclion  du  front. 

Les  autres  communions  orientales  ont  leurs  formu- 
les différentes  de  celles  des  Grecs.  Les  jacol.iies  de 
Syrie  se  servent  pour  l'administration  du  Bapièine  de 
l'office  qu'ils  atliibuonl  à  Sévère,  patriarche  d'An- 
lioche  ,  dans  lequel,  après  que  les  rils  de  ce  sacre- 
ment sont  achevés,  on  lit  une  oraison  préparatoire  , 
laquelle  e>t  suivie  de  l'onclion  du  clirème  qui  se  fait 
sur  tous  les  membres  en  forme  de  croix  ,  et  trois  fois 
sur  le  front.  Pendant  que  celle-ci  se  fait ,  le  prêirc  dit 
CCS  paroles  :  N.  recevez  le  sceau  et  le  signe  du  saint 
chrême  de  la  bonne  odeur  de  Jésus-Christ  notre  Dieu 
par  le  sceau  de  la  vraie  foi ,  et  par  le  complément  du 
gage  ou  du  don  du  Saint-Esprit  pour  la  vie  éternelle, 
amen.  Dans  l'office  attribué  à  S.  Basile,  qui  est  aussi 
à  leur  usage  pour  le  Bapiéme  des  enfants  en  péril  de 
mort,  on  trouve  cette  forme  prescrite  :  «  N.  est  scellé 


1     U)  4  part.  Sum.,  quxst.  9,  num.  1. 


161 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


iiof» 


avec  le  clirêmc  pour  le  sceau  du  don  do  l.i  vie  éter- 
nelle par  le  S. -Esprit.  I  Les  jiuoitilcsCopliie-,  qui  sont 
ceux  d'Egypte,  observent  à  |icii  près  la  inéiiic  chose. 
Après  que  le  prêtre  a  récité  quatre  or.ii  oiis  sur  l'cii- 
fanl  baptisé  ,  il  lui  l'ait  Tonciioii  en  Cornic  de  croix  sur 
le  front,  en  disant  :  L'onction  du  Saiiil-FCs|iiil,  aincn. 
Ensuite  il  la  lui  fait  à  la  boiiclic,  aux  or<  illfs,  aux  ge- 
noux, aux  1  ieds ,  aux  épaules.  Joignant  à  chacune 
de  ces  onctions  des  paroles  convenables.  L'ol'lice  du 
Baptême  à  l'usage  des  églises  d'Ethiopie  est  peu  dif- 
férent de  celui  des  Coplites ,  du  patriarche  des(|U(ls 
elles  dépendent.  Il  a  été  auln^lois  tr.iduit  et  iniprinté 
à  Rome  ,  et  on  l'a  inséié  depuis  dans  la  bibliotliC(|ne 
des  Pères.  Il  y  est  porté  que  le  |)rétre  fera  l'onction 
sur  le  front  des  néophytes  avec  le  chrême, en  disant: 
SU  unctio  Sphitùs  sancli,  amen;  et  qu'ensuite  il  la  fera 
aux  oreilles  et  aux  lèvres  ,  en  prononçant  ces  paro- 
les :  C'est  le  gage  du  royaume  des  cicux,  amen.  Il 
ajoute  quelques  paroles  semblables  en  oignant  les  ge- 
noux et  les  jambes. 

Tels  sont  les  rils  et  les  formules  qui  ont  été  usités 
de  tout  temps  dans  les  dilférenles  églises  du  monde, 
elle  sont  encore  dans  ces  grandes  communions  que 
le  schisme  a  séparées  de  l'Église  catholique.  Les  sco- 
lastiques  qui  pour  la  plupart  n'étaient  point  instruits 
de  ces  divers  usages,  cl  qui  n'établissaient  leurs  prin- 
cipes et  leurs  conclusions  que  siu*  ce  qu'ils  voyaient 
se  pratiquer  de  leurs  temps  et  dans  les  lieux  où  ils 
demeuraient ,  ont  beaucoup  disputé  sur  la  matière  et 
la  forme  de  la  confirmation  ,  et  par  une  suite  néces- 
saire de  l'ignorance  où  ils  étaient  de  ces  différents 
rits ,  en  ont  parlé  de  façon  à  faire  entendre  que  la 
plupart  des  chrétiens  n'avaient  plus  et  n'avaient  ja- 
jnais  eu  ce  sacrement.  Leurs  sentiments  même  étaient 
forts  partagés.  Les  uns  enseignaient  que  la  seule  im- 
position des  mains  avec  la  prière  qui  l'acconqiagne  en 
étaient  la  matière  et  la  forme.  Les  autres  au  con- 
traire n'accordaient  cette  prérogative  qu'à  l'onction 
du  Chrême  jointe  à  la  formule  qui  lui  est  propre.  De 
ceux-ci,  les  uns  voulaient  que  l'imposition  des  mains 
ne  fut  qu'une  simple  cérémonie.  Les  autres  ensei- 
gnaient qu'elle  était  à  la  vérité  sacramentelle ,  cl 
partie  intégrante  du  sacrement;  mais  qu'elle  n'était 
point  de  son  essence;  comme  la  main,  par  exemple, 
dans  l'homme  fait  partie  de  l'homme  ,  quoiqu'elle  iie 
soit  pas  partie  essentielle  de  l'iiomme.  D'autres  enfin  , 
souliennent  que  limposition  des  mains  et  l'onction 
>ont  toutes  deux  également  matière  essentielle  mais 
prirtielle.  De  quel  côté  se  ranger  dans  un  tel  partage? 
Nous  ne  connaissons  point  de  meilleur  parti  et  de 
plus  assuré  que  d'observer  religieusement  et  exacte- 
ment tous  les  rils  qui  sont  en  usage  dans  les  lieux 
où  la  providence  nous  a  placés,  laissant  aux  autres  à 
disputer  du  plus  ou  moins  de  valeur  de  ces  différentes 
cérémonies.  Voilà ,  ce  me  semble,  ce  qu'on  peut  fiiire 
de  mieux  et  de  plus  conforme  à  l'esprit  de  l'église. 

Il  reste  néanmoins  encore  une  dilliculié  sur  cette 
matière,  laquelle  embarrasse  souvent  les  théologien-, 
es  plus  habiles  et  les  mieux  instruits  de  la  discipline  1£      (1)  Pcrpt'f.  de  la  foif  tom.  5,  p.  175 


anciermc  et  moderne  de  l'Église  C'est  Tomission  de 
celle  inq)osition  des  mains  dans  ce  sacrement ,  que 
nous  voyons  s'être  introduite  chez  les  Grecs  et  les 
autres  Orientaux  ,  et  qui  est  très-ancienne,  comme 
nous  l'avons  vu.  De  savants  hommes  se  sont  apiibipiés 
à  lever  cette  diflicidté,  dont  ils  ont  senti  tout  le  |ioids. 
Les  uns  ont  dit  que  rinq)osition  des  mains  s'élail  en 
(|uelque  sorte  conservée  chez  eux,  et  qu'elle  étai» 
devenue  mie  même  cérémonie  avec  l'onction  du 
chrême  sur  le  fit)nt,  qui  ne  peut  se  faire  qu'en  élt-n- 
d mt  la  main  sur  ia  tête  de  celui  que  l'on  confirme. 
D'autres  se  moquent  de  cette  solution  qu'ils  traitent 
de  vaine  cchapaioire:  puisque,  selon  eux,  on  pourrait 
dire  de  même  que  le  baptême  se  fait  par  l'impositioa 
des  mains ,  l'uifiision  de  l'eau  sur  la  tête  d'un  enfant 
ne  se  pouvant  faire  qu'en  étendant  la  main  sur  lui. 
Cependant  on  ne  doit  pas  mépriser  cette  réponse, 
surtout,  si  les  Grecs  Oht  intention,  en  faisant  la  chris- 
mation  d'imp;scr  en  même  temps  les  mains.  Or  il 
parait  qu'ils  l'ont  effeclivemenl  par  ces  paroles  re- 
manpiables  de  la  confession  de  foi  de  Jean  Paléologue. 
l'n  autre  mystère  est  celui  du  chrême  du  sacré  par- 
fum (I)  qui  se  donne  par  l'imposition  des  mains  de 
rÉvêque  qui  fait  l'onclion.  X>/î//îîT/;aiov  zo'ù  yphiMTOf 

ypiCf-JZOi  ïTitOiôoTai. 

Je  me  souviens  d'avoir  lu  autrefois  dans  les  ouvrages 
posthumes  du  père  Morin  ime  autre  manière  de  ré- 
pondre à  cette  difficulté  qtii  me  paraît  fort  ingénieuse, 
et  propre  à  tirer  d'embarras.  Elle  est  de  l'éditeur  de 
ses  ouvrages  ,  et  elle  consiste  à  dire  que,  tant  l'impo- 
sition des  mains  avec  la  prière  qui  y  est  jointe,  que 
l'onction  du  chrême  avec  sa  fornude,  sont  chacune 
en  particulier  la  matière  et  la  forme  complète,  ou 
pour  parler  le  langage  de  l'école  ,  adéquates  de  ce  sa- 
crement. En  sorte  (jue ,  soit  qu'on  emploie  l'un 
et  l'autre  rit  ensemble,  soit  qu'on  n'en  emploie  qu'un, 
le  sacrement  se  trouve  tout  entier  et  produit  également 
son  effet.  C'est  aux  théologiens  à  examiner  si  cette 
réponse  est  aussi  solide  qu'ingénieuse.  M.  Tourneli 
dit  qu'Estius  l'insinue,  et  que  le  cardinal  Bellarmin 
la  croit  probable.  Je  n)'en  rapporte  à  ceux  qui  ont 
plus  de  lumières  que  moi ,  et  je  laisse  le  toul  à  la  dé- 
cision du  siège  apostolique.  Quoiiju'il  en  soil,  puisque 
dans  les  dilTérentes  réunions  de  l'Église  Grecque  avec 
la  Latine  on  n'a  jamais  obligé  ceux-là  à  recevou-  de 
nouveau  la  confirmation ,  ni  à  changer  les  lils  avec 
lesquels  ils  la  dtument ,  nous  devons  croire  sans 
crainte  de  nous  tromper  qu'ils  donnent  validement  f  o 
sacrement.  On  peut  voir,  dit  M.  Renaudot  (2),  par  les 
deux  dissertations  de  Holstenius  sur  la  confirmation  , 
inquimécs  à  Rome  par  les  soins  du  cardinal  Frani^ois 
Barberin,  alors  préfet  de  la  Congrégation  de  propa- 
gaiidà  Fù/e,  etqui  était  de  toutes  les  autres  Congré- 
gatioiis,  qu'on  ne  croyait  pas  à  Rome  que  la  confir- 
mation des  Grecs  fût  nulle  et  abusive ,  puisque  ces 

(I)  Apud  Allaiium  ,  I.  3  deConcord.c.  16.  (Vid.vol. 

18  Cnri.cumpl.  Thfol.) 


169  CONFIRMATION.  —  CIIAP.  11. 

dissertations  furent  faites  poiirenipècluT  divers  cliaii- 
genieiils  proposés  pnr  des  missiuiMiaires  peu  savaiil-;, 
et  fort  scriipiileiix  pour  clajjlir  en  Oriiiil  jn^fiu'aux 
moindres  cérémonies  qui  sont  présentement  on  us  g(î 
piirmi  nous,  et  (encore  plus  hardies  piuir  condnunier 
celles  de  raucienncÊglisequ'ils  ne  coiinaissaieiil  point. 
Arcudius  et  Allatius  iiit  jnslilié  les  Grecs  suilisaiii- 
ment  :  M.  Ilabert  ,  le  P.  Sirniond  ,  le  V.  .Morin  ,  et 
tous  les  plus  grands  hommes  du  dernier  siècle  ont  été 
dans  les  mêmes  scnlinienls.  Ce  sont  eux  qu'il  faut 
suivre,  et  non  pas  dos  ignorants  desipiels  liolsleniiis 
a  dit  avec  beaucoup  de  raison,  qu'on  devait  leur  im- 
puter le  schisme  déi)lorable  qui  a  divisé  depuis  ^i 
longtemps  les  églises  d'Orient  et  d'Occident ,  à  ceux 
principalement  qui  oubliant  la  charité  chrétienne, 
veulent  par  une  démangeaison  de  disputer,  mettre 
en  question  toutes  les  choses  (jui  se  font  suivant  un 
rit  dillcrcnt  parmi  les  autres.  Tels  étaient  ceux  qui 
dans  la  Dulgaric  donnaient  laConfu-mation  n  ceux  qui 
l'avaient  reçue  avec  le  Baptême  par  les  prêtres  Grecs. 
Ce  fut  ime  des  plaintes  (lue  fit  Pliolius  contre  les 
Latins,  ajoute  .M.  Uenaudot ,  dans  sa  lettre  circulaire 
aux  Patriarches  d'Orient,  et  elle  était  forulée  en  rai- 
son, comme  le  remarque  Ilolsteniiis.  C'est  ce  que 
font  encore  présentement  ceux  qui  croient  que  la 
moindie  diversité  dans  les  rils  renverse  la  religion. 

Avant  de  terminer  ce  chapitre  il  est  bon  d'avertir 
le  lecteur  que  les  Anglicans  ont  conservé  jusqu'à  pré- 
sent une  cérémonie  qui  lient  lieu  chez  eux  de  Confir- 
mation, quoi(jue,  selon  leur  principe  j  ce  ne  soit  plus 
qu'une  pure  cérémonie  vide  de  grâce ,  à  laquelle  ils 
donnent  néannn>ins  le  nom  de  Confirmation.  Elle 
consiste  dans  l'imposition  des  mains  de  l'évèciue,  après 
un  renouvellement  de  profession  de  fui.  Le  docteur 
Hammond  a  beaucoup  écrit  pour  défendre  cet  u.sagc 
de  légiise  anglicme  contre  le  niinisire  Daillé  qui  s'en 
moque  avec  les  presbytériens,  cl  qui  raisunuc  en  cela 
plus  couséquemnieut  que  les  Anglicans  en  suivant  les 
principes  qui  leur  sont  comnnms.  Mais  si  les  Calvi- 
nistes suivaient  mieux  les  principes  de  la  réforme,  en 
retranchant  cette  inqtosilion  des  mains,  parce  «pi'ils 
prétendent  qu'elle  ne  produit  aucune  grâce  ni  saneti- 
flante  ni  gratuite;  l'église  anglicane  est  louable  par  le 
respect  (pi'elle  a  eu  pour  l'anliipiilé,  en  conservant 
au  moins  une  partie  du  rit  par  lei[uel  nus  pères  rece- 
vaient le  Saint-Esprit,  et  qu'il  est  encore  à  présent 
communique  aux  fidèles  dans  l'église  catholique. 

CHAPITRE  IL 

De  la  bênédiclion  du  chrême ,  de  son  antiquité ,  com- 
ment elle  se  faisait  tant  en  Occident  que  chez  les 
Orientaux.  Messe  chrismale.  Cette  bénédiction  se  fait 
avec  grand  appareil  en  Orient.  Elle  est  réservée  par- 
tout aux  seuls  évoques. 

Le  chrême  dont  nous  avons  parlé  dans  le  chapitre 
précédent  n'était  point  de  l'huile  ordinaire,  mais  elle 
était  bénie  et  consacrée  par  la  prière  sur  l'autel  même 
où  se  faisait  la  consécration  de  l'Euctiaristie.  S.  Cy- 

TH.  XX. 


BÉNÉmcTioN  nu  cimtME.  m 

prion  (I)  nous  apprend  cette  rircf^nstar.rc  ,  et  il  ca 
cmielnt  eonire  les  liéiéiiqin.-s  qu'ils  ne  peuvent  saue-, 
tilier  celle  liude,  n'ayant  ni  églises  i.i  autels.  Sanctim 
ficare  anteni  non  potuit  olei  crcaturam  ,  qui  nec  ultara 
tiabuit,  ncc  ecclesium.  D'où  il  infère,  outre  cela,  que 
ceux  qui  sont  séparés  de  lEglise  ne  peuvent  avoir 
l'onction  spirituelle;  Ihuile  qu'ds  emploient  aux  onc- 
tions des  baptisés  n'ayant  pu  être  sanrliiiée  chez  eux  : 
L'nde  nec  unctio  spirilualis  cpud  liœrelicos  potesl  esse^ 
quando  ccnitet  oleum  tanclificdri..,..  apudillos  umninb 
non  posse.  Quoi  qu'il  6u  sbit  de  ce  raisoririeinf^.'it  de 
S.  Cyprien  ,  on  y  voit  (jUft  la  lj<;iiédietion  du  clu-ême 
était  bien  établie  do  son  temps  :  ce  qui  sufiit  i>our  le 
sujet  que  nous  traitons  ici.  S.Basile  (2)  en  fait  remon- 
ter l'origine  jusqu'aux  apôtres,  ainsi  (jue  la  consécra- 
tion de  l'eau  du  liiplôm©  :  el  S.  Optât  de  Miîèvc  (3) 
qui  vivait  en  même  temps  en  Afrique  ,  dit  (pio  Ihuile 
que  l'on  consacre  par  la  vertu  du  nom  de  Christ,  qui 
veut  dire,  oint,  et  qui  rnafvine  l'onction  même,  s'ap- 
pelle Chrême  pour  co  sujet  aprèî  cotte  consécralioa, 
par(  c  que  Chrisma  el  Chrislm  viennent  d'une  mcine 
origine. 

S.  Cyrille  de  Jérusalem  lui  attribue  une  telle 
vertu,  qu'il  compare  cette  huile  mêlée  de  baïune  après 
qu'elle  a  été  ainsi  sanctifiée,  au  pain  Encbarislicpio,  et 
qu'il  assure  qu'elle  opère  par  la  préscnec  de  la  Divi- 
nité. Au  reste,  dit  il ,  ne  vous  iina;^incz  pas  que  ce 
parfum,  y^^îv,  soit  une  chose  commune.  Car  de  môme 
que  le  pain  de  l'Eucharistie  après  l'invocation  du 
Saint-Esprit  n'est  plus  un  pain  ftïdinainî ,  nnis  le 
corps  de  Jésus  Christ ,  de  même  lo  saint  yiaj  l'oiu 
n'est  plus  quelque  chose  de  simplf,  ou  si  Vous  vo'ùoz, 
de  profane ,  mais  un  don  de  Jésus  Christ,  Xp-.^rcv 
yà:i-ijx,  et  du  Saiut-Esprit ,  qui  es>.  devenu  efficace 
l)ar  la  présence  de  la  Divinité  :  Itz^ovra  -?,i  i:jtoD 
('ciTr,T5,- î^e^vort/.iv  vtvoy.î.c;.  Il  ajoule ,  OU  l'applique 
symlioli(iueincnt  sur  le  front  el  sur  les  autres  sens, 
et  on  n'oint  visiblement  que  le  corps  ;  mais  en  même 
temps  l'àme  est  sanctifiée  par  l'Esprit  saint  el  vivi- 
fiant. Plusieurs  mamiscrils  ont  -a.poii-!.y.i  au  lieu  de 
-aîîu7>. ,  ce  qui  signifie  que  le  chrême  produit  la 
présence  du  Saiiit-Espril ,  et  qui  ne  prouve  pas  nuiins 
la  force  et  l'cflicace  qu'il  reç/>it  pr  la  bénétru  tion. 
Cet  éloge  (pie  fait  S.  Cyrille  de  la  bénétiii  tion  du  chrême 
est  si  pompeux,  que  ceux  qui  nient  la  pri'soncc  réelle 
de  Jésus-Christ  dans  l'Eucharistie  eu  ont  tiré  des  in- 
ductions en  faveur  de  leur  op  nion ,  mais  ils  n'ont 
point  fait  d'attention  aux  expressions  dont  se  sert  ce 
Père  :  car  en  parlant  du  pain  Eucliarisliquo,  il  dit, 
qu'après  la  consécration,  il  n'est  [dus  de  paisi  simple, 
mais  le  corps  de  Jésus-Christ.  .\u  lieu  qu'en  parlant 
du  changement  survenu  à  l'huile  ainsi  sanctifiée ,  il 
se  conlcnte  de  dire  qu'elle  est  devenue  un  don  de 
Dieu  capable  d'opérer  la  sanctification  des  âmes.  En 
un  mut  il  assure  de  l'un  (lu'il  a  chanué  de  nature,  el 

(l)Epist.  70. 

(2)  De  Spiritu  sancto,  c.  17. 

(5)  Lib.  7  do  Selii^m. 


171 


il  enseigne  que  l'autre  a  seulement  reçu  une  vertu 
divine  :  par  où  il  caractérise  bien  ilifféreniment  ces 
deux  consécrations.  Gabriel  métropolitain  de  Phila- 
dclpliie  qui  a  composé  un  beau  traité  des  Sacrements 
selon  la  inéiliodc  de  nos  scolastiques ,  qu'il  avait  ap- 
prise à  Padoue  où  il  avait  étudié ,  a  prétendu  (jue  la 
,   forme  du  sacrement  de  Confirmation  consistait  dans 
j  les  prières  de  celte  bénédiction  du  cbrcme  :  en  quoi 
l  il  se  rapproclie  en  quelque  l;iÇon  du  sentiment  de 
I  plusieurs  de  nos  théologiens.  En  Orient ,  aussi-bien 
1  que  dans  nos  églises,  le  privilège  de  la  bénédiction  du 
I  chrême  avec  lequel  seul  on  administre  la  Confirma- 
\  tion,  est  réserve  aux  évoques,  et  même,  selon  M.  Re- 
naudol  (1),  dans  le  patriarcliat  d'Alexandrie  depuis 
plusieurs  siècles  elle  n'est  faite  que  par  le  patriarche. 
On  voit  par  l'histoire  des  Jacobites  que,  suivant  l'usage 
ancien  ,  les  patriarches  d'Alexandrie  allaient  ordinai- 
rement passer  le  carême  dans  le  monastère  de  S.  Ma- 
cairc ,  et  (pie  le  jeudi-saint  ils  y  faisaient  la  bénédic- 
tion  du  chrême  qui   était  distribué  daus  toutes  les 
églises  dM-lgvjitc  ;  et  on  en  envoyait  même  en  Ethio- 
pie; car  le  inolropoiilain  ,  qu'on  appelle  par  abus  pa- 
triarche, n'avait  pas  ce  droit.  Il  paraît  aussi  par  divers 
endroits  de  riiisloire  Nestorienne  que  leurs  catho- 
liques en   usaient  de  même  :  Plusieurs  églises  d'O- 
rient ont  sur  cet  article  une  tradition  très-apocryplie  à 
la  vêrilé,  mais  rpii  dans  sa  fausseté  conserve  les  traces 
d'une  véi  ilé  fort  ancienne  C'est  que  lorsque  la  femme 
poclien  sse  versa  de  l'huile  précieuse  sur  les  pieds  de 
Jêsiis-Ciirisi,  les  disciples  en  recueillirent  une  partie, 
et  qu'avant  Iciu'  séiiaralion  pour  aller  prêcher  l'Evan- 
gile, ils  partagèrent  entre  eux  ce  qu'ils  en  avaient,  et 
qu'ils  le  laissèrent  dans  les  églises  qu'ils  fondèrent 
où  on  la  mêla  avec  celles  qu'ils  bénirent,  de  soric 
que  jusqu'à  ce  temps  le  chrême  est  comme  un  re- 
nouvellement de  cette  première  liqueur. 
!     On  le  prépare  tant  cliez  les  Orientaux  que  chez  les 
Grecs  avec  un  grand  soin,  et  il  y  a  sur  cela  un  livre 
entier  qui  comprend  un  grand  nombre  de  prières ,  les 
aromates  qui  doivent  entrer  dans  la  composition  ,  et 
la  manière  de  les  faire  infuser,  et  de  les  cuire.  Ce 
traite  regarde  l'église  Cophie,  et  il  ne  contient  rien 
qui  ne  soit  observé  parmi  les  autres  communions.  Le 
patriarche  Gabriel  en  parle  assez  au  long  dans  son 
r«itucl ,  de  même  qu'Abulbircat,  l'auteur  de  la  science 
ecclésiastique ,  et  divers  autres.  Outre  l'huile  et  le 
baume ,   ils  emploient  de  la  canelle ,  de  certaines 
'  ^  fleurs  que  nous  ne  connaissons  pas,  de  l'ambre,  du 
\  ]  bois  d'alocs,qui  est  le  nom  que  plusieurs  donnent  à  ce 
(     bois  odoriférant  si  précieux  en  Orient,  des  clous  de 
I     girolle,  des  noix  muscades,  du  spica  nardi^des  roses 
f  ;  rouges  d'Irak ,  et  d'autres  choses  :  et  la  préparation 
^■-   s'en  fait  dans  l'église  par  les  prêtres  avec  beaucoup 
de  prières.  L'Euchologe  des  Grecs  marque  jusqu'à  40 
espèces  d'aromates  et  de  parfums  qu'ils  font  entrer 
dans  la  composition  du  chrême.  A  l'égard  des  céré- 
monies qui  accompagnent  cette  bénédiction  ou  con- 

(i)  Pcrpêt.  de  la  foi ,  tom.  5,  p.  171  et  seq. 


niSTOIRE  DES  SACritMENTS.  173 

sécration  du  chrême,  on  peut  remarquer,  dit  M.  Bail- 
let  fl),  qu'il  n'y  en  a  gucresdans  l'Église  que  l'on  ait 
voidu  faire  avec  plus  d'appareil.  II  n'y  avait  rien  de 
plus  augdsle  chez  les  Grecs  après  les  rits  des  redou- 
tables mystères.  C'est  pour  cela  ,  ajoute-t-il ,  que  les 
patriarches  de  Constanlinople  ont  évoqué  à  eux  la 
faculté  de  consacrer  le  saint  chrême.  lisse  faisaient  ac- 
compagner dans  cette  grande  cérémonie  de  leurs  mé- 
tropolitains ,  et  des  évêques  leurs  suffraganls  qui 
avaient  avec  eux  une  nudiitude  de  prêtres.  Comme  il 


aurait  été  incommode  d'assembler  tant  de  monde  si  j 
souvent,  ils  en  consacraient  à  la  fois  une  grande  pro- i 
vision  :  ce  qui  faisait  que  la  cérémonie  ne  se  réitéraii,'' 
pas  tous  les  ans,  et  ne  pouvait  même  se  faire  toujours 
le  jeudi-saint.  Les  patriarches  de  Constanlinople 
étaient  si  jaloux  de  leur  privilège  sur  ce  point ,  que 
l'un  d'eux  vers  l'an  1200,  refusa  an  primat  de  Bulga- 
rie et  de  Walaquie  la  permission  de  faire  le  saint 
chrême.  Le  roi  des  Bulgares  et  des  Walaques 
s'étant  réuni  avec  ses  peuples  à  l'église  Romaine , 
s'adressa  au  Pape  Innocent  III ,  ce  que  (il  aussi  le 
primat  du  pays  nommé  Basile.  Le  Pape  accorda  avec 
plaisir  à  tous  les  évêques  de  Bulgarie  et  de  Walaquie 
la  faculté  de  consacrer  le  saint  chrême,  l'huile  des 
catéchumènes,  et  l'huile  des  infirmes  au  jeudi-saint, 
suivant  le  rit  et  l'usage  de  l'église  Romaine. 

Dans  l'église  Latine,  quoiqu'on  ait  fait  paraître 
plus  de  sinq)licité,  moins  de  frais  et  de  magnilicencc 
pour  la  consécration  dont  nous  parlons,  la  cérémonie 
en  a  toujours  été  auguste  et  fort  solennelle.  Nous  nous 
contenterons  de  remarquer  que  l'évoque  doit  être  as- 
sisté de  douze  prêtres  cl  de  sept  diacres  avec  autant  de 
sous-diacrc!^,  et  d'autres  clercs  inléiieurs.  Ce  qui  pa- 
rait avoir  élé  formé  sur  ces  temps  de  l'antiquilé  chré- 
tienne ,  où  le  collège  des  ministres  de  chaciue  église 
calhédiale  était  composé  de  douze  prêtres ,  de  sept 
diacres  et  d'autant  de  mineurs  pour  l'administralion 
du  diocèse,  et  le  service  de  l'évêque  etdu  peuple. 
C'est  de  tout  temps  que  la  consécration  du  chrême 
a  été  considérée  comme  une  fonction  réservée  aux 
évêques,  et  le  1"  concile  de  Tolède,  tenu  en  iCO 
(c.  20),  ayant  sçu  que  quehiucs  prêtres  se  mêlaient  de 
la  faire  en  certains  lieux,  leur  défendil  d'entreprendre 
ainsi  sur  le  droit  et  la  puissance  èpiscopale.  C'est  une 
défense  qui  avait  été  faite  dans  le  l*'  et  le  S™*  con- 
cile de  Carthage  (2),  et  qui  fut  renouvelée  encore  de- 
puis par  le  pape  Gélase  I.  Il  est  vrai  que,  selon  ce  que 
nous  apprend  Jean  Diacre  de  l'église  Romaine,  on 
voyait  encore  au  neuvième  siècle  de  simples  prêtres 
faire  le  saint  chrême,  mais  c'était  par  une  permission 
particulière  des  évêques,  et  dans  l'Afrique,  c'esl-à  dire, 
dans  un  pays  qui,  gémissant  sous  le  joug  des  Sarrasins, 
se  trouvait  dans  une  grande  disette  d'évêques. 

Il  paraît  que  dans  les  quatre  premiers  siècles  il  n'y 
avait  point  de  jour  affecté  pour  cette  consécration. 
Cha(|ue  èvêque  choisissait  le  jour  qui  lui  clail  le  plus 
commode  ;  (c'est  toujours  M.  Baillet  qui  parle),  il  y  a 


m 


1)  Fêtes  mob.,  Jeudi-Saint. 

2)  Carlh.,  c.  5;  Mabil.,  Mus.  lUl.,  p.  75. 


475  CONFIRMATION.  —  CIIAP.  II.  Dl'NÉDICTION  DU  CHREME.  Î74 

iiii^me  "rnnde  apparence  que  l'on  ne  faisait  la  Lcncdic-  î  (iiiaml  on  ne  pouvail  coiuliiiro  à  révcque  ceux  dont 


(ion  il.'S  huiles  et  il»  Clirèmc  qu'à  mesure  que  l  on  eu 
avait  l)e>oin.  Le  1"  concile  de  Tolède  dit  (iiie  c\'t;iil 
une  cliose  constante  et  hors  de  coulcstrtiion  (jue  révèque 
ï    pouvait  faire  le  saint  chrome  en  tout  temps.  11  ajoiile 
I    seulement  que  l'évè(iue  parliculier  de  cha(|uc  diocèse 
devait  envoyer  avant  le  jour  de  Pà.iues  un  diacre  ou 
un  sonsdiacre  à  révèque  qui  dislrihuail  le  saint  chrême 
qu'il  avait  consacré  pour  le  jour  de  celle  fèic ,  c'est- 
à-dire,  saus  doute,  pour  le  Baptême  que  l'on  devait 
)  administrer  solennellement  la  veille.  Ce  fut  apparcm- 


la  nécessi'.é  de  la  maladie  ou  la  conjonclurc  de  quel- 
que çrand  péril  avait  f.iit  accélérer  le  haiiléme;  le 
Iii#rc  qui  leur  avait  ;'.diiiinislré  ce  s.icrcnicnt  devait 
en  quelque  sorte  y  suppléer  en  leur  faisant  l'onction 
vcrlicalo.  Le  i"  concile  d'Orange  (can.  2),  veut  pour 
ce  sujet,  qu'aucun  des  ministres  de  l'Église  tjni  ont 
reçu  le  pouvoir  de  haptiscr,  tels  q\i'étaient  certains 
prélrcs  et  dia(  res  préposes  pour  gouverner  des  pa- 
roisses, n'aille  nulle  part  sans  porter  avec  lui  le  saint 
chrême.    Nullits   ministromm  qw  baptizmidi   recepit 


nient  au  cinquième  siècle  que  l'on  s 


accoiilnma  dans  |j'  ofjicium,  sine  cltrismate  usquiun  progredi  débet.  Celte 


les  églises  d'Occident  à  prendre  le  jeudi  de  la  semaine  j 
sainte  pour  celte  cérémonie  :  et  la  messe  que  nous  en  | 
trouvons  avec  la  prière  de  la  béiiédiction  des  huiles  | 
dans  le  sacramenlaire  qui  porte  lo  nom  deCélase,  est  | 
jugée  plus  ancienne  (pie  le  siècle  de  S.  Grégoirc-lc-  | 
Grand.  L'usage  s'élant  fortifié  passa  depuis  en  cou-  !| 
tunie,  et  ensuite  en  loi.  De  sorte  que  le  concile  de  | 
Meaux  lit  un  décret  l'an  8io  (can.  4(i),  pour  défendre 


règle  élahlic  par  les  Pères  d'Orange,  ré,  and  du  jour 
sur  une  difiicnllé  qi:e  l'on  pourrait  former  à  l'occasion 
do  ce  qui  est  rapporté  dans  la  vie  de  S.  Boniie  (1), 
cvèquc  de  Clcrmont ,  où  nous  lisons  que  ce  Saint  étant 
en  cliemin  rencontra  deux  éuei  gumèncs  qu'il  confirma 
par  l'imposition  des  mains.  Sur  quiti  ceux  qui  pré- 
tendent que  la  seule  matière  Cbsenliello  de  1 1  confir- 
mation est  l'imposition  des  mains  pourra  icnts'auloriser: 


loulévè(|ne  de  faire  le  chrême  en  aucun  autre  jom-  J   '"'^'S  on  peut  leur  réiioudre  qu'il  pouvait  fort  bien  y 


que  la  cin(piièmc  léric  de  la  grande  semaine,  qui  porte 
le  litre  spécial  de  la  Cène  du  Seigneur.  Cela  ne  rc-  i 
gardait  encore  que  la  police  des  églises  d'Occident;  | 
et  les  papes  ont  fait  connaitre  que  la  diversité  qui  se  I 
trouvait  à  cet  égard  dans  celles  d'Orient  ne  ferait 
point  d'obstacles  à  la  réunion,  dès  que  l'on  forait  cesser 
les  autres  sujets  de  division  qui  étaient  tout  anlremcnt 
ùrporlanls.    D'ailleurs    leurs  rituels  ou   cuchologes 
leur  prescrivaienl  le  jeuili-saint  pour  cet  office. 

11  n'y  avr.il  d'abord  que  le  saint  chrême  que  l'on  se 
crut  obligé  de  consacrer  le  jeudi-  saint,  et  ce  ne  fut 
que  la  vue  d'imc  plus  grande  commodité  qui  y  fit 
joindre  ensuite  la  bénédiction  de  l'huile  des  infirmes 
Cl  de  l'huile  des  caléclmmèiies.  On  préieiid  avec  fun- 
dcmenl  que  la  plus  ancienne  est  celle  des  infirmes. 
Nous  voyons  en  eflét  que  les  bénédictions  de  la  messe 
qu'on  appelle  chrismale  ,  et  qui  élail  la  seconde  des 
trois  messes  du  Jeudi-Saint,  commençaienl  par  celle 
de  l'huile  des  infirmes  dans  les  plus  anciens  sicra- 
merdaires  de  l'Eglise,  et  l'on  s'est  fait  une  obligation 
de  suivre  cet  ordre  dans  la  suite  des  temps.  Celait  la 
1  lins  sinqile  des  bénédictions. 

,]  Elle  était  suivie  de  celle  du  saint  chrême  (1), 
^(  1  celle-ci  de  celle  de  l'huile  des  caiéchiuuènes  que 
if  on  appelle  autrement  huile  exorcisée,  d'un  nom  qui 
ï  li  est  propre ,  quoique  l'on  exorcise  aussi  l'huile  des 
\  ifirmes  et  l'huile  dont  se  fail  le  chrême.  Celle  bé- 
nédiction précédée  de  l'exorcisme  est  plus  ancienne 
que  celle  du  chrême  dans  l'église  ;  et  on  ne  la  voit 
pas  beaucoup  inférieure  à  celle  de  l'huile  des  infirmes. 
Il  en  est  souveni  parlé  dans  les  écrits  des  Pères. 
Nous  avons  eu  lieu  nous-mêmes  d'en  parler  fréquem- 
ment dans  la  premiéi'e  partie  de  la  première  section 
de  ce  livre. 

On  regardait  l'onction  du  saint  chrême  comme  une 
chose  si  nécessaire  dans  les  premiers  siècles ,  que 

(i)  Ménard,  ad  Greg.,  p.  75;  Robert.  Paul,  sub  no- 
tûiiie  llug.,  S.  "Viol.,  1.  5  de  divin.  Offic,  c.  18. 


joindre  l'on!  lion  du  chrêiue  tpie  les  minisires  |)or- 
tiîient  avec  cuà  dans  les  voyages ,  comme  l'ordonne 
le  concile  dont  nous  venons  de  citer  les  paroles. 

Comme  l'on  portait  auirefois  grand  respect  au  saint 
chrême  ,  et  qu'on  lui  attribuait  une  irès-grande  vertu  , 
celle  croyai.ce  dans  cerlains  pays,  dégénéra  en  aiius, 
et  il  se  trouva  grand  nombre  de  personnes  siuq)les 
qui  s'en  servaienl  comme  d'un  remède  ordinaire  con- 
tre les  ntaladics.  Il  y  eu  eut  môme  qui  passèrent  plus 
loin,  cl  qui  rcn^i)loycreiil  dans  les  maléfices; 
abus  énormes  que  plusieurs  conciles  (2)  Aireul  con- 
traints de  réprimer  par  les  peiii'js  les  plus  sévères.  Le 
l.iS'  capiliibiire  du  livre  cinquiè.ne  ordonne  à  ce  sujet 
aux  prêtres  de  tenir  le  sa: ni  chrême  (  nf.'rmé  so;:s  le 
sceau,  et  de  n'en  (ionner  à  personne  si  us  piétcNie  de 
remède,  cl  de  malé.'ice,  cl  cela  so!:s  p  ine  île  déposi- 
tion. Presbijlcri  sttb  sigiHo  custodiunl  (Itrisiuu,  et  nitlli 
snb  prœlexln  medkinœ ,  vd  iiutleficii,  douars  inde  prœ- 
siimaut  ;  quod  si  fcceriiil  honore  privcn'ttr.  Dans  le 
même  livre  on  décerne  une  peine  bien  pbis  rigou- 
reuse.Car  il  y  csldil,  mim.  104,  que  si  un  prêtre  donne 
le  chrême  pour  cn;pcclicr  le  jugement,  ou  plutôt  pour 
empêcher  do  parvenir  à  la  conniissance  des  crimes 
dont  on  informe,  il  sera  dépo  é,  et  aura  la  main  cou- 
pée ;  et  manum  aniillat.  Ce  qui  fail  voir  que  l'on  per- 
lait la  superstition  jusqu'au  point  de  s'imag'ner  que 
si  un  criminel  trouvait  le  moyen  de  se  froller  avec 
le  chrême,  ou  d'en  avaler,  ou  ne  pouvait  découvrir 
ses  crimes,  quelque  enquclc  que  l'on  en  fil.  C'est 
ce  que  nous  apprenons  entre  autres  du  concile  de 
Mayence  qui  vient  d'être  allégué.  Nam  criminososeo- 
dcin  cliri.^mate  uiiclos  aut  pnlalos  ncquaquàm  nl!o  exa- 
mine deprehcndi  posse  à  viullis  pnlnbatur.  Ce  fut  c& 
moiif  qui  engagea  le  concile  de  Tours  du  même  temps 
d'ordonner  aux  prêtres  dans  son  \  iugtième  canon  de  ne 

(1)  Act.  SS.  ord.  S.  Bened.,  seculoo. 

(2)Conc.  Arelal.  6,  c.  18;concil.  Mogunt.,an.815, 

1  c.  27. 


I  its  rrisTOlUE  des 

point  lircr  le  saint  chrome  de  rnrmoirc  dans  Inqiiellc  j, 
on  le  tenait  eiift'rnié,  ni  d(î  le  n»ctlre  à  fi(»i  lée  de  pou- 
voir être  louclié  par  persoiîiie.  Celle  ridicule  iniagi- 
nalion  n'était  point  encore  effacée  de  l'esprit  des  j 
peuples  sur  la  lin  du  onzième  siède.  Car  nous  voyons 
'•  dans  le  recueil  de  Bnrciiard  de  Wornis  (1),  qu'un  des 
articles  sur  lesquels  on  inlerrogoaiidans  la  conftasion 
était  celui  ci  :  Avez-voiis  hu  du  chrême  pour  empê- 
cher l'effet  du  jugement  de  Die»?  Uibisli  chrisma  ad 
iubverteiiduin  Dei  judicium?  Les  coiislilulions  syno- 
dales que  publia  le  savant  Isidore  Clarius ,  moine  du 
Mont-Cassin,  et  depuis  évé  ,ue  de  Foligni,  dont  I  éru- 
dition s'était  fait  admirer  au  concile  de  Trente, 
font  voir  (|ue  la  superstition  qui  fait  abuser  du  saint 
chrême  n'était  point  encore  éteinte  de  son  temps  en 
Italie ,  et  prouvent  en  mcme-temps  le  respect  qu'il 
Toulait  que  l'on  cftt  pour  ce  parfiun  san(  tifiant.  Que 
l'on  garde  honorablement,  dil-il,  le  corps  de  Noire- 
Seigneur  dans  une  boîte  propre  et  honnête,  et  qu'on 
l'enferme  sous  la  clef  avec  la  sainte  huile  dans  un 
lieu  décent  destiné  h  cet  usage;  que  si  quelques  pa- 
roisses n'ont  point  le  corps  de  Notre  Seigneur,  que 
Von  en  use  ainsi  à  l'égard  de  l'huile  sainte ,  et  cela 
principalement  afm  qu'on  n'en  puisse  point  emporter 
pour  s'en  servir  à  des  enchantements. 

CHAPITRE  III. 
Du  temps  et  du  lieu  dans  lequel  se  donnait  la  Confirma- 
tion.  Quand ,  et  par  quels  degrés  on  a  changé  Can- 
cienne  coutume  delà  donner  ausiilôt après  le  D.iptème. 
Nous  avons  eu  lieu  ci-devant  de  parler  du  temps 
auquel  on  avait  coutume  de  donner  anciennement  la 
Confirmation.  Mais  comme  nous  avons  traie  cette 
matière  trop  succinctement,  et  seulement  par  raj)- 
port  au  Baptême  dont  la  Confirmation  était  autrefois 
comme  une  suite  et  un  complément  ,  il  est  bon  de  la  | 
reprendre  ici,  et  de  lui  donner  quelque  étendue. 

Les  passages  de  Terluliien,  de  saint  Cyprien  et  des 
autres  que  nous  avons  allégués  dans  le  |  remier  cha- 
pitre de  cette  section,  prouvent  iiiconlesiablemenl  la 
coutume  ordinaire  de  ne  point  séparer  la  Confirmation 
duBaptème.Noiisiryjoindioiisici  qu'un  Irait  d'histoire 
dont  nous  avons  pour  garant  S.  Augustin,  qui  dans 
un  de  ses  sermons  parle  d'un  enfant  qui  ayant  éié 
ressuscité  par  les  mérites  de  S.  Etienne  ,  fut  aussiiôl 
apporté  aux  prêtres  par  sa  mère  (car  il  n'était  que  ca- 
téchumène), fut  baptisé,  reçut  l'onction  sainte  et  l'im- 
position des  mains,  et  enfin  mourut  aussitôt  après 
avoir  été  sanctifié  par  tous  les  sacrements;  baplizalus 
est,  sanclificatus  est,  iinctus  est,  imposila  ei  manus  est, 
eomplelis  omnibus  sacramenlis  ussumptus  est. 

Cet  usage  continua  dans  l'Église  jusqu'au  treizième 
siècle,  et  même  au-delà,  non  que  tous  ceux  que  l'on 
baptisait  reçussent  la  Confirmation  en  même-temps 
que  le  Baptême  (car  la  chose  était  souvent  imprati- 
cable), mais  jusqu'à  ce  temps ,  quand  l'évéque  don- 
nait lui-même  le  Baptême,  ou  qu'il  était  à  portée  du 

1)  Lib.  19,  et  can.  3  synodi  Tribut. 


SACREMENTS.  «IS 

lieu  où  il  se  donnait,  et  encore  plus  lorsqu'il  se  don- 
na.t  en  sa  présence,  ces  deux  sacrements  étaitnt  in- 
séparablement unis  ensemble,  au  moins  dans  la  plu- 
part des  églises.  Nous  avons  dit  que  la  chose  était 
souvent  impraticable  ;  cl  la  raison  en  est  claire  :  car 
si  un  prèlre,  par  exemple,  ou  un  diacre  qui  avait  reçu 
le  pouvoir  de  baptiser  voyait  u:ie  |  ersonnc  en  danger 
de  mort  dans  l'fiidroit  (|ui  lui  était  confié,  ou  même 
ailleurs,  il  ne  pouvait  lui  refuser  son  ministère,  même 
dans  les  premiers  siècles,  il  devait  lui  donner  le 
Bapicme;  mais  il  n'avait  pas  le  pouvoir  de  donner 
la  Ccnfirmalion.  Aussi  voyons-nous  que  le  concile 
d'Elvirc  ordonne  que  ceux  qui  auront  clé  ainsi  b:i|)li- 
sés  par  les  prêtres  ou  les  diacres  seront  amenés  à  l'é- 
véque pour  recevoir  de  lui  la  peifcclion. 

De  plus,  (juand  on  eut  érigé  des  baptistères  dans 
les  églises  de  la  can)pagne,  il  était  impossible  que 
ceux  (jue  Ion  y  baptisait  reçussent  la  Confirmation 
en  même  temps  que  le  Bapiéme,  les  prcircsqni  gou- 
vernaient ces  églises  n'ayant  pas  le  droit  de  conférer 
ces  deux  sacrements,  mais  le  premier  seulement  :  ce 
|touvoir  ayant  toujours  été  réservé  à  l'évéque,  surtout 
en  Occident,  comme  nous  \errons  dais  la  suite  de 
cette  histoire.  Quand  donc  nous  disons  que  la  pratique 
de  d(mner  la  Conlirnialion  en  même  temps  que  le 
Baptême  s'est  conservée  dans  l'Église  jnsipi'au  trei- 
zième siècle,  nous  voulons  dire  seidement  que  l'on 
joignait  ordinairement  ces  deux  sacrements  (inand  la 
chose  se  pouvait  faire  de  la  sorte,  au  moins  dans  la 
plupart  de  nos  églises.  Pour  ce  (jui  est  de  celles  d'O- 
rient vous  avez  vu  dans  riiisloire  du  Baptême  qu'elles 
obscrvcntencoreaiijouririmi  inviolaiilemeiit  cet  usage. 
Le  l'onlilical  de  l'église  d'Aiiamce,  dont  h;  manuscrit 
est  de  l'anl  214,  conlirme  ce(iue  nous  venons  de  dire, 
lorsqira|)rès  tous  les  rits  du  Baptême,  il  prescrit,  (pie 
si  rcvè([uc  est  présent,  il  doit  aussitôt  confirmer  avec 
le  clirème,  cl  (biiiner  la  communion,  selon  la  cou- 
timie  de  qu(!l!iues  églises.  Secundimi  cousucludiiicin 
qnarumdamecclesiarum.  Paroles  qui  montrent  que  l'u- 
sage dont  nous  avons  parlé,  de  la  manière  dont  nous 
l'avons  exi>rK|né,  subsi>tait  encore  dans  le  treizième 
siècle,  quoicpi'il  lût  déjà  aboli  dans  |d'isieurs.  Le  ri- 
tuel manuscrit  de  l'église  de  Reims  que  l'on  garde 
dans  l'abbaye  de  S.  Rémi ,  (|ui  est  posiéiieur  à  celui 
dont  nous  parlons,  nKmtreque  la  même  coutume  n'é- 
tait point  encore  abolie  dans  cette  église  :  cl  le  ponti- 
fical de  l'église  de  Noyon,  de  même  que  le  rituel  de 
Nivclon,  second  évêqiie  de  Soissons,  dont  le  premieî 
est  à  S.  Rémi  de  Reims  et  l'autre  à  S.  Corneille  de  j 
Compiégne  ,  tons  deux  ,  suivant  le  P.  Martène  (1),  à  ] 
peu  près  de  même  temps  que  le  rituel  manuscrit  de 
Reims  ,  sont  des  témoins  irréprochables  (pie  toute  la 
province  de  Reims  ne  s'était  point  départie  de  l'an- 
cien usage,  toujours  dans  le  sens  que  nous  avons  dit, 
si  l'évéque  était  présent.  Nous  lisons  de  plus  la  même 
chose  dans  l'ordinaire  de  H'glise  de  Vienne ,  une  des 
plus  anciennes  des  Gaules,  lequel  a  été  imprimé  il  y  a 
environ  140  ans,  et  dans  le  missel  romain  publié  cn- 

(1)  De  ant.  Eccl.  Rit.,  tom.  1,  c.  2,  art.  i . 


177      CONFIRMATION.  —  CIIAP.  III.  TEMPS  ET  LIEU  AUXQUELS  SE  DONNAIT  CE  SACR.      178 


viron  cent  ans  auparavant ,  et  acconinioJé  à  l'usage 
des  frères  mineurs. 

Tons  ces  lémo  gnngcs  prouvent  sans  doute  (jue  l'an- 
cien >isage  s'est  conservé  au-dolà  du  (reiziènie  siècle  . 
mais  ils  ne  pronvcnl  pas  qu'il  se  soil  conservé  parliml  ; 
c'est  ce  que  nous  ne  prétendons  pas  aussi.  Cependant 
quoicpi'il  se  Iroiire  des  rituels  plus  anciens  (luc 
ceux  que  nous  avons  cités,  qui,  en  tiaitanl  de  l'ordre 
du  r.apièuie,  n.-  lont  aucune  nienlinn  de  la  Confirma- 
tion, et  cnire  autres  un  du  monastèrcde  Kemiremont 
déplus  de  GOO  ans;  il  ne  s'ensuit  pas  que  ancien 
usage  fut  abrogé  dans  les  diocèses  d'où  ces  rituels  ou 
missels  nous  viennent  :  car  dans  ce  temps  là  comme 
tous  ces  livres  étaient  manuscrits,  il  pouvait  fort  hien 
arriver,  et  il  n'v  a  p;is  lieu  de  douier  qu'il  n'arrivai 
souvcnl,quequandqiielqu'un  transcriviiil  quehpic  livre 
de  celle  espèce,  il  n'y  mît  que  ce  qui  était  d'usngedans 
le  lieu  et  l'église  particulière  pour  laquelle  il  était  des- 
tiné; et  comme  dès  avant  le  temps  dint  nous  parlons 
on  nejoigniil  point,  et  même  on  ne  pouvait  joindre 
laCunîirmationauUaptcme  dmsles  éi,li>es  qui  élnienl 
fort  éloignée:,  de  la  ville  épiscopale ,  ou  pouvait  faci- 
leuieiit  omettre  dans  les  riluels  destinés  à  ces  en- 
droits là  le  rit  (le  la  Coiilirmation,  après  avoir  décrit 
ceux  qui  regardaient  le  l'aplème. 

Cela  est  d'aiit;.iit  plus  vrai  que  dès  le  quatrième 
siècle  on  séparait  l'administration  de  ces  deux  sacre- 
ments dans  les  églises  où  les  évêques  i:e  résidaient 
point,  et  (pii  étaient  éloigné  s  du  sié^-,'e  épiseopal. 
C'est  en  conséquence  de  cela  que  S.  Jérôme  dans 
sou  dialogue  contre  les  Lucifériens  ,  dit  :  Je  ne  nie 
pas  que  ce  ne  soit  la  coutume  des  églises  que  l'évécpic  \ 
vienne  pour  invoquer  le  Saint-Esprit,  et  imposer  les 
mains  à  ceux  qui  onlété  baptisés  par  les  prêtres  et  par 
les  diacres  dans  lesp(!lilesvilb'S  éloignées.  !Son  quidcm 
abnuo  liauc  esse  ccclesiariim  consnetudiuem  ut  ad  eos  qui 
longé  in  ininoribus  urbibus  per  presbijteros  et  diacoiios 
baptizali  siint,  e])iscopns  ad  invoculionem  Sp'ititùs  sancii 
niaiiHin  impusitnrus  exatrrat.  Ce  dernier  mot  semble 
marquer  que  les  évè(pies  se  pressaient  d'aller  donner 
la  Conlirmalion  aux  nouveaux  baptisés,  afin  de  la  sé- 
parer le  moins  qu'il  était  possible  du  Ba|)lème  auquel 
elle  était  ordinairemet  jointe.  C'était  dans  cette  vue 
que  S.  CiUbbert,  au  rapport  de  IJède  (1) ,  p.ircourait 
avec  grand  soin  les  paroisses  de  son  diocèse  pour  con- 
férer ce  sacrement  aux  néophytes.  Ct...  nuper  bap'A- 
zatis  ad  accipiendum  Spiritùs  saucli  (jratiam  tnantts  iin- 
poneret.  C'est  par  la  même  raison  que  tant  de  con- 
ciles (2)  recommandent  aux  évéqnes  de  visiter  leur 
diocèse  pour  administrer  ce  sacrement,  etaux  pi'ètres 
de  tenir  prêts  les  nouveaux  baptisés  à  le  recevoir.  Dès 
les  neuvième  et  dixième  siècles  lors  même  que  l'évcqiK! 
baptisait  par  lui-même,  ou  (jue  les  |)rêlres  le  faisaient 
en  .«-a  présence,  on  commença  à  séparer  dans  (picl- 
ques  églises  le  sacrement  d.'  Conrirmation  de  celui  du 
JJa|itème  ;  soit  à  cause  de  la  multitude  de  ceux  à  qui  il 

(i)  VilaS.  Cnth.,  c.  29. 

(-2)  Suess.  ann.  lU,  can.  4;  Cabill.  II,  ann.  813, 

li.  Cl  alla. 


fallait  le  doimiT,  la  nuit  «le  Piques  ou  de  la  Penlecôla 
ne  sullisant  pas  pour  conférer  ensemble  ces  deux  sa- 
crements, .soil  pour  quel(|nes  autres  raisons  qui  nous 
sontiiiConnncs.C'cstccqu'onlildansla  vie  de  S.  Udal- 
lie  (I),  évêquc  d'Angsbourg,  dnni  il  es»  rapjiorté  qu'il 
avait  la  eoiilunn;  de  donner  la  Confirmation  le  lende- 
main de  Pâques  dans  l'église  de  Sainte-Alrc  ,  après 
avoir  célébré  la  messe.  Ilaban  qui  vivait  dans  le  siècle 
précédent ,  assigne  pour  celle  importante  cérémonie 
le  huitième  jmir  après  le  Ba|  lême,  auquel  les  Néo- 
phytes niellaient  bas  l'habit  blanc.  Telle  est  la  règle 
qu'il  prescrit  dans  son  livre  de  rinstilution  des 
c'lercs(2),  aussi  bien  que  l'aiiteurdes  divins  Offices  (3), 
sons  le  nom  d'Alcuin.  Cuillaim.e  Durand  (4)  rend  des 
raisons  mystérieuses  de  cette  pratique  qui  s'était  con- 
servée jusqu'à  S(Mi  temps  dans  certaines  égl  >es,dont 
on  trouve  quel(|ues  exemples,  quoiqu'en  petit  nombre, 
dans  le  neuvième  siè(  le. 

Il  est  évident  par  tout  ce  qui  a  été  dit  jusqu'à  pré- 
sent dans  ce  cliapilre,  que  l'on  donnait  connnuné- 
nient  la  Conlirmalion  après  le  Baptême  le  plus  tôt  que 
l'on  pouvait  jusqu'au  douzième  et  treizième  sièi'l<  s; 
([uoique  depuis  lengtemps  ou  ne  baptizât  guère  d'adul- 
tes ;  et  on  le  faisait  amsi,  afin  ,  comme  dit  S.  Pierre 
l)amien(o),  de  ne  point  laisser  exposés  aux  attaques 
de  l'ennenn  du  salut  ceux  qui  avaient  été  régénérés, 
contre  lesquels  S:  t  n  ne  cesse  de  dresser  des  em- 
bûches. Les  évêques  d'Angleterre  avaient  si  à  cœur 
de  procurer  aux  enfants  nouvellement  baptisés  les 
avantages  de  ce  sacrement ,  qu'ils  ordonnèrent  dans 
le  synode  deWigorne  de  l'an  1240  aux  péies  et  mères 
de  faire  confirmer  leurs  enfants  dans  le  cours  de  Tan- 
née de  leur  naissance ,  sous  peine  d'être  interdits  de 
l'entrée  de  l'église  ;i)ourvu  néanmoins  que  l'évéque  se 
fùi  trouvé  à  portée  de  les  confirmer.  Celui  d'Oxfort  de 
l'an  1287  condamne  les  parents  à  jeûner  le  vendredi 
au  pain  et  à  l'eau  jusqu'à  ce  que  leurs  enfants  soient 
confir.i;és;  et  cette  peine  e>l  décernée  contre  eux 
ausbiiôl  que  leurs  enfants  .lunmt  atteinte  l'âge  de  trois 
ans.  En  «pioi  vous  voyez  que  l'on  s'était  beaucoup 
relâché  depuis  le  concile  de  NVigorne,  qui  voulait  que 
cela  se  fit  l'année  même  de  leur  naissance.  Le  concile 
de  Cologne  de  l'an  1280  est  encore  moins  exact  là- 
dessus,  puisqu'il  exige  seulement  que  l'on  fasse  bapti- 
ser les  enfants  à  l'âge  de  sept  ans  ,  et  qu'il  en  fait  une 
règle,  ne  voulant  pas  qu'ils  reçoivent  ce  sacrement 
avant  cet  âge.  En  quoi  il  a  été  suivi  par  divers  coU' 
ciles  provinciaux  tenus  en  France  depuis  le  concile  do 
Trente,  enlre  autres  celui  de  Tours  de  l'an  io83,  ce- 
lui d'Aix  de  1584,  celui  de  Bourges  de  la  même  année. 
Celui  ci  pour  obliger  ceux  qui  négligent  leur  salut 
jusqu'à  ne  se  mettre  point  en  peine  de  recevoir  ce  sa- 
crement, avertit  qu'on  n'admettra  point  à  la  comuiu- 

(1)  ActaS.Udal.,  c.  4. 

(2)  Ldt.  2,  c.  5'J. 

(5)  Kalionarii  I.  (î.  c.  8(). 

(4)  Voyez  la  vie  de  S.  Faron,  évèqiiede  Meanx.  par 
llalitgar,  c.  103. 
I      (5)  Serin .  de  Dedicatione. 


179 


nion  ni  au  mariage  ceux  qui  ne  seront  poitil  confirmés. 

il  csl  clonnaiU  après  tout  ce  qui  vient  d'être  dit  que 
le  calécliisnie  du  concile  de  Trente  exliorle  à  altendic 
Yb.^e  de  douze  ans  pour  se  présenter  à  lu  Confirma 
tien  :  d'auiant  plus  que  les  pères  cl  mères  qui  né-  î 
gligent  de  procurer  ce  sacrement  à  leurs  onlanis,  K'S  : 
privent  de  très-grands  avantages,  el  que  s'ilsviinnenl  i 
à  mourir  sans  l'avoir  reçu ,  ils  ne  scroiil  piS  d:>ns  le  ■ 
même  deL'ré  tie  pcrfeciion  que  ceux  qui  l'auront  reçu:  | 
au  moins  semble- t-il  que  c'est  ce  que  Ton  dnii  cou 
dure  de  ce  que  dil  le  docteur  Angéliinie.  Il  faut  don- 
ner ce  sacrement  av;int  la  mort  à  ceux  (jui  ne  l'ont  ; 
point  encore,  afin  que  dans  la  résurrection  générale  ils 
paraissent  parfaits:  Moriluris  hoc  sucrnmcnltim  dandum 
esl  ul  in  res^lyreclione  ^)erfecli  apparennt.   Un   aulre  ■; 
grand  théologien,  Hugues  de  S.  Victor,  avait  parlé  h"»-  \ 
dessus  avec  encore  plus  de  force,  assurant  qn'ii  y  a 
bc:\ucoupde  i;éril  pour  une  personne  de  sortir  de  celle 
vie  sans  être  coniirnîéc,  non  qu'elle  doive  èlre  d;!ni- 
nce  pour  cola,  à  moins  qu'il  n'y  eût  du  méiuis  ,  mais 
parce  qu'elle  soullVirait  un  délrinienl  de  perfection. 
D'où  vient  aussi,  ajoiilc-t-il,que  les  enliints  qui  meu- 
rent étant  confirmés,  sont  comb'és  d'une  plus  couide 
gloire  dans  l'autre  vie,  coninie  ils  reçoivent  une  plus 
grande  grâce  en  celle-ci  :  Unde  eliam  pncri  confirinati 
decedenles  majorem  gloriam  conseqiiunlur  sicut  et  h'ic  \ 
majorem  obliiienl  gratiam.  Ce  senlimcil  paraît  conforme  i 
aux  maximes  de  l'antijuité  et  fornié  sur  ses  usages,    il 

K«^us  avons  peu  de  chose  à  dire  touchant  le  lieu  où  1 
se  donnait  autrefois  la  Confirmation.  Je  ne  vois  pas  | 
qu'il  y  en  eût  d'aiïecîé  pour  cela.  Il  paraît  qu'à  cet  j 
égard  il  n'y  avait  point  d'autre  règle  (|ue  la  volonté  de 


HISTOmE  DES  SACREMENTS.  180 

du  Saint-Esprit  qui  doit  leur  être  communiqué  par  ce 
sacrement,  il  faut  qu'ils  se  tiennent  à  genoux,  les  mains 
jointes  sur  la  poitrine,  cliacnn  dans  son  rang,  priuit 
avec  dévotion  et  crainte  de  Dieu  on  silence  ;  ce  qui, 
pour  le  dire  à  la  houle  de  notre  siècle,  est  conmiuné- 
nicnl  très-mal  observé. 


CHAPITRE  IV. 

De  quelques  rits  el  céréinoities  moins  néccsunires  (/;•  la 
Coufirmallon  qui  éUiienl  en  usage,  surtout  quand  on 
lu  donnait  séparément  du  Baptême,  Des  dispositions 
que  devaient  y  apporter  les  adultes. 

Outre  les  rits  essentiels  delà  Confirmation,  dont 
nnui  avo;is  parlé  d  ir,s  le  premier  ciuipilre ,  "bn  on 
observait  encore  quelques  aulies  dont  nous  devons 
rendie  coniple,  el  lâcher  de  marquer  le  temps  auqui  1 
'Ai  01)1  coimncncé  d'être  usilés.  Vous  avez  vu  ci- 
devant  qu'il  y  avait  des  parrains  pour  la  Confirmation  : 
nous  n'en  dirons  rien  davantage,  siiiOîi  que  S.  Charles 
dans  son  ciiKiuième  conc-l-j défend  {«n'en  celle  occasion 
on  donne  des  marraines  aux  hommes  cl  des  parrains 
aux  femmes  ou  aux  filles.  Il  ne  veut  point  non  plus 
(]u'un  vieillard  prenne  pour  parrain  un  jeune  hoininc  ; 
ce  qui  en  eifel  serait  toul'à-fail  contre  la  hienséaiice. 
Le  concile  d'Aix  que  nous  avons  déjà  allégué,  prescrit 
la  môme  chose,  aussi  bien  que  Gui  laume-le-Gouver- 
neur,  évêquc  de  S.  iîalo,  dans  ses  Slaluls  Synodaux. 
Celui-ci  permet  de  plus  que  la  môme  personne  serve 
de  parrain  à  deux  ou  Irois  qui  doivent  être  conlirinés  en- 
semble. Le  concile  de  Paris  (Ij  de  l'an  829,  déclare 
incapables  de  cette  fonction  les  pénitents  publics.  C'était 


l'évèque  qui  conférailce sacrement  pour l'oidinaiic, ou  1  a«^-i  autrefois  la  couliune  que  ceux  qui  devaient  être 


dans  réi;lise  même,  ou  dans  la  sacristie,  suivant  sa 
comniodilé.  C'est  au  moins  ce  qu'on  lit  dans  l'ordre 
Romain  vulgaire ,  et  nous  n'avons  rien  là-dessus  qui 
le  contredise.  Voici  ce  qu'il  porte.  L'évèque  sort  donc 
des  sacrés  fonts,  el  vient  à  la  sacristie  où  il  a  un  siège 
préparé,  ou  Lien  dans  l'église  s'il  le  vent;  qu'il  s'y 
asseye,  el  quand  les  enfants  seront  vêtus ,  qu'il  les 
confirme.  Le  diacre  Jean  qui  a  écrit  les  actes  des 
évêques  de  Naples ,  nous  apprend  cependant  qu'un 
évèque  de  ce  lie  ville ,  nommé  aussi  Jean  ,  qui  vivait 
au  commencemenl  du  septième  siècle,  avait  fait  bâtir 
un  lieu  destiné  pour  cela,  difierent  du  bapiisièn;,  et 
que  Ton  appellail  pour  cela  Conàqnatorlum ,  dont  il 


i  confirmés  poi  lassent  avec  eux  une  bandelette  de  loile, 
■1  dont  on  leur  envehppait  le  fionl  après  que  Vvw  y 
J  avait  fait  fonction  du  siùnl  chrême.  11  faut  que  cet 
i  usage  soit  ancien,  puisqu'on  le  trouve  prescrit  dans  le 
I  Poniilical  dEgberl  archevêque  d'Yorch,  qui  est  écrit 
;|  en  beaux  caractères  Sax(!ns,  et  qui  appartient  à  fé- 
f]  gUsc  dEvreux.  Egbert vivait  vers  le  milieu  du  biii- 
I  ticme  siècle.  Selon  le  concile  de  Wigorne  (  cap.  5  ) 
I  ces  bandeleltcs  ou  bandeaux  devaient  ôire  d'une  loile 
1  neuve.  Le  concile  de  Cologne  de  fan  12.]0,  ordonne  de 
j  plus  qu'ils  soient  d'une  loile  de  lin  épaisse,  sans  nirud, 
I  cl  sans  fracture,  large  de  trois  doigts,  el  d'uiie  lon- 
f  gueur  convenable,  blancs,  el  propres.  L'usage  ancien 


décrit  l'emplaccmenl  ;  mais  de  tels  bàlin;ents  ii'élaient  J  était  de  porter  ces  bandeaux  sur  le  fronl  f  esiiace  de 
point  ordinaires.  Les  sacristies  anciennes  étaient  des  f  sept  jours  par  respect  pour  le  saint  cliiême,  afin  qu'il 
endroits  propres  à  ces  sortes  de  cérémonies  :  dautant  |  ne  s'en  perdit  rien.  Divers  auleurs(2)  rendent  des  rai- 
plus  qu'elles  étaient  plus  vastes  que  colles  que  l'on  a  J  sons  my.slérieusesde  celle  pratique,  les(inclics  je  croii 
construites  dans  les  sièdesposiérieurs.  Celle  do  sainte  '}  plus  pieuses  que  solides.  Dans  la  suite  on  n'eut  aucun 
Sophie  de  Constauîinople  élaii  un  édifice  si  considé-  i  égard  aux  raisons  mystiques  de  ces  auteurs,  qui  avaient 
rable,  que  h  s  Turcs  en  ont  fait  leur  arsenal,  un  des  j  tl't  <l>i'i'  l';'":''t  P"'lci-  ces  bandeaux  l'espace  de  sept 
nlns  fournis  de  f  univers.  11  ne  nous  resie  lien  à  dire  1  j''i"'-i  '>  cause  des  seul  d  ns  du  S  lint-Espril  ;  puisque 
Giir  celte  matière,  sinon  que  co:inne  aulrofois  on  bnp-  li  dès  le  commencemenl  du  treizième  siècle  on  abrégea 

t 
lisait  les  garçons  a  part,  el  ensuite   les  filics  cl  les  ^ 

femmes,  on  on  usait  de  même  pour  la  Confirmation.  A 
Ce  que  S.  Charles  dans  son  cinquième  synode  a  v(mi1u  'i 
être  observé:  ajoutant  qu'en  attendant  le  don  précieux  >î 


(1)  P.<\rl.1,cap.M. 

(2)  Anialar.  I.  l  de  div.  Offic,  c.  -iO  ;  Ilng.  Vicl.  l. 
2  de  Sacr.,  p.7,c.  7  ;  Joan.  Abriiic.  in  lib.  de  div. 
Oflic. 


18  CONFIRMATION.  —  CIIAP.  IV.  RITS  ET  CÉRÉMONIES  MOINS  NÉCESSAIRES. 


182 


ce  tempsen  le  réiliiisant  à  trois  jours,  comme  firent  les  ' 
conciles  de  ^Vig()^ne  et  de  Cologne.  Enlin  dans  le 
concile  deCiiarires  de  l'an  i5"20,  on  se  contenta  que 
ceux  qui  venaient  d'être  confiniiés   conservassent   le 
bandeau  sur  le  Iront  l'espace  de  vingt-quatre   heures; 
on  rend  raison  de  celle  ordonnant  c  en  ces  termes  :  Ne 
chrisma  possil  ab  aliis  lamj'i  ;de  peur  que  leclirêinc  ne 
puisse  être  touché  par  d'autres.  Je  ne  doute  pas  que  \ 
ce  ne  soit  ce  motif  (|ui  a  engagé  S.  Charles  dans  son  \ 
cin(|uièmc  concile  à  prescrire  ([u'après   que  lévètiue  ; 
aura  fait  l'onction  du  chrême  sur  le  front,  un  prêtre  ,' 
l'essuiera  aussitôt  avec  de  la  soie,  et    qu'ensuite  un  \ 
clerc  lavera  l'endroit  avec  un  linge  blanc  et  de  l'eau  î 
tiède,  que  Ton  doit  jeller  ensuite  dans  le  sacraire  du  \ 
baptistère.  C'est  ainsi  que  l'usage  des  bandeaux  a  enfin 
disparu  en  plusieurs  endroits. 


Le  petit  coup  sur  la  joue  que  l'évèque  donne  de  sa  \   Rouen  en  1581,  ordonnent  quel'on  tienne  exactement 


main  à  ceux  qu'il  vient  de  confirmer,  est  d'un  usage  \ 
très  récent.  Nuns  n'en  voyons  aucun  vestige  d'.ns  les 
vieux  Itiluels  avant  Durand  de  Monde, .qui  est  le  pre-  ' 
mier  (pie  nous  saciiions  qui  en  fasse  mcnliiMi.  Le  ; 
Pontifical  Romain  prescrit  de  plus  à  l'évèque  de  s'in- 
former des  noms  deceux  qui  sont  à  confiruier.  On  les  ; 
mettait  iiièmc[)ar  écrit,  afin  que  dans  une  autre  visite  i 
épiscopale  on  ne  tombât  point,  faute  do  colle  pré-  t 
caution,  dans  l'inconvénicnl  de  réitérer  ce  sacrement.  \ 
Il  est  bon  de  remarquer,  à  l'occasion  de  ce  Pontifical,  \ 
une  chose  qui  pourrait  causer  de  l'euibarras  aux  1 
théologiens.  C'est  qu'il  semble,  si  on  a  égard  aux  ex-  [ 
pressions  de  celui  qui  l'a  rédigé,  que  l'essence  de  la  [ 
Confirmation  consiste  uniquement  dans  l'onction  du  i 
chrême;  et  que  l'iniposilion  des  mains  avec  Tinvo-  \ 
cation  du  Saint-Esprit  ne  liennent  lieu  que  de  prépara-  | 
tion  au  sacrement  :  car  voici  comme  il  s'exprime.  Après  \ 
cette  oraison  (c'est  celle  que  fait  l'évèque  tenant  ^ 
les  mains  étendues  sur  ceux  qui  se  présentent  pour  | 
être  confirmés  )  tous  étant  rangés  par  ordre,  l'Eve-  ; 
que  étant  debout,  la  mitre  en  tête  ,  il  les  confirme  ' 
étant  à  genoux....  leur  faisant  avec  le  pouce  de  la  main  3 
droite  l'onction  du  chrême,  en  disant,  etc.  Ces  paro-  \ 
les,  comme  nous  avons  dit,  pourraient  faire  peine,  si 
l'on  ne  faisait  attention  qu'elles  apparliennent  plus  à 
celui  qui  a  rédigé  les  cérémonies  du  Pontifical  qu'au 
Pontifical  même  qui  prescrit  également  l'imposition  ; 
des  mains  comme  l'onction  du  chrême,  et  qui  n'en 
dispense  en  aucune  circonstance. 

Nous  avons  lâché  d'exposer  le  plus  exactement 
que  nous  avons  pu  les  dill'éreiils  rits  qui  ont  été  de 
tout  temps  en  usage  dans  la  confirmation,  et  dont  la 
plupart  subsistent  encore  à  présent  :  il  faut  mainte- 
nant que  nous  disions  quelque  chose  dos  dispositions 
tant  intérieures  qu'extérieures  que  l'on  exigeait  de 
ceux  qui  en  âge  de  raison  devaient  recevoir  ce  sa- 
cromonl. 

A  l'égard  des  premièrcson  voulait  surtout  que  ceux 
qui  atiendaii-nt  la  descente  du  Saint-Esprit  qui  se  com- 
munique par  la  Confirmation,  travaillassent  avec  soin 
à  purifier  leur  conscience  de  toute  tache  de  péché,  et 
que  ceux  qui  se  semaient  coupables  de  quelques-uns 


eussent  soin  de  les  effacer  en  retournant  à  la  pénitence, 
et  à  la  confession.  C'est  ce  qui  est  prescrit  dans  les 
Constitutions  d'Odon  évcque  de  Paris  (cap.  4).  iJi 
confirmandus  fueril  adutlus,  coufuculnr  prias  et  poslca 
con/innelur.Lo  concile  de  Cologne  {c:\\).  7  )  ordonne 
la  même  chose  pour  ceux  qui  on  aiieint  l'âge  de  dix 
ans,  et  la  même  chose  est  recommandée  dans  un 
grand  nombre  de  conciles  tenus  dans  le  seizième 
siècle.  On  voulait  de  plus  que  ceux  qui  recevaionl  ce 
sacrement  en  âge  de  raison  fussent  suffisannncnt 
instruits  des  principaux  mystères  de  la  Religion,  et 
que  qu.tnd  on  les  soupçonnait  d'ignorance  en  ce 
point,  on  les  interrogeât  pour  s'assurer  s'ils  étaient 
instruits  de  l'Oraison  Dominicale  ,  de  la  Salutation 
Angélique,  du  Symbole  cl  du  Décalogue.  Les  conciles 
piovinclaux  de  Narbonnc  en  1C09.,  d'Aix  en  lo87,  de 


la  main  à  cela. 

Ces  mêmes  Synodes  et  les  autres  que  nous  avons  cité, 
pour  faire  connaître  quelles  sont  les  dispositions  in- 
térieures que  l'on  doit  apporter  à  la  percopiion  de  ce 
sacrement,  recommandent  aussi  avec  soin  à  l'égard 
des  préparations  extérieures,  que  l'oïi  soit  à  jeun.  Ile- 
rard  de  Tours  le  prescrit  en  ces  termes  :  Vt  jcjnni  ad 
Confirmationem  veniaiU  perfectœ  œtaùs,  et  moneantur 
coufessioties  dare  priks,  ut  miindi  donum  Spiritûs  sancti 
valeant  percipere.  Le  concile  de  Troycs  de  l'an  1400, 
ordonne  la  même  chose  aussi  bien  que  la  |)lupart  de 
ceux  qui  se  sont  tenus  après  le  concile  de  Trente.  On 
voulait  aussi  que  la  veille  du  jour  de  cette  importante 
action  ils  se  lavassent  le  front,  et  qu'ils  se  fissent  cou- 
per les  cheveux  qui  leur  pouvaient  tomber  sur  les  yeux, 
afin  que  rien  n'empêchât  l'application  du  saint  chrême. 
Le  concile  de  Cologne  recommande  cette  pratique  dès 
le  treizième  siècle,  et  le  règlement  qu'il  a  fait  depuis 
là-dessus  a  été  souvent  renouvelé. 

L'évèque  qui  conférait  ce   sacrement  devait   aussi 
être  lui-même  à  jeun,  comme  cela  se  pratique  encore 
aujourd'hui.  Le  concile  de  Meaux  impose  cette  loi  au 
ministre  de  la  Confirmation  ,  aussi  bien  que  celui  de 
Rouen  de  l'an  1072,  c.  7.  Le  cérémonial   Ambrosien 
prescrit  aussi  à  lévêque  de  se  revêtir  en  cette  occa- 
sion de  l'étole  et  d'une  chappe  de  couleur  blanche,  et 
de  porter  sa  croix  pastorale,  la  mitre  et  la  crosse.  Sui- 
vant le  Rituel  de  Milan  de  Frédéric  Dorromée,   digne 
successeur  de  saint  Charles,  la  Confirmation   doit  se 
donner  dans  cette  villelescinqjoursdelasemaine  delà 
Pentecôte  en  commençant  au  lundi,  et  tous  lesquar-  | 
tiers  de  la  ville  et  de  sa  banlieue  y  sont  distribués  de  | 
telle  sorte  que  chacun  àsonjour  puisse  se  rendre  à  cet  i 
effet  à  la  cathédrale, ou  dans  l'église  que  l'archevêque  r 
aura  désignée  ,  afin  que  tout  se  fasse  avec  décence,  o(  I 
sans  confusion;  ce  qui  serait  inévitable  sans  celte  sagt  ' 
précaution  dans  une  ville  si  grande   et  si  peuplée,  à  , 
cause  de  la  nmliitudc  deceux  qu'il  faudrait  coulirmcr  '^ 
tous  à  la  fois. 


i33 

ciiArniΠ V. 

Qtte  l'nn  n'a  jnmais  cru  devoir  réilcrer  la  Confirmation 
reiue  dans  IT.ijlise.  On  examine  par  lea  faits  si  l'on  a 
fem^é  de  même  de  celle  qui  avait  élé  donnée  par  les 
Ilcféiiqucs.  Conduite  diij'érente  sur  ce  point.  Onlculte 
de  conriiier  ces  différences.  Difficulté  d'y  réussir. 
On  a  été  de  loiil  Icrnps  persuadé  dans  rÉglise  que 
r.on-soidi'miMil  |iai'  le  lîaplcnic  les  (idoles  élaieiil  con- 
sacrés à  Dieu  irrévocahleiiieiil ,  mais  on  a  cru  de  plus 
qiw.  la  Coiiliruialion  les  consaciail  encore  d'une  nia- 
iiière  plus  parlicidicre  :  en  sorte  (pron  aurait  cru  faiic 
un  sacriléiçc  de  réitérer  celte  consécration.  C'est  pour 
désigner  (  et  étal  (pie  S.  Cyprien  dit  de  ceux  (pii  reçoi- 
vent ce  sacrement,  (pi'ils  sont  perfectionnés  |)ar  le 
sceau  du  Seigneur  :  Si(jillo  Domini  consummnri;  et  que 
Terlullien  faisant  allusion  à  ce  (pii  se  pralicpie  dans 
ce  sacreiiieiit,  assure  que  le  diable  qui  (  si  le  singe 
de  Dieu  enrôle  ;;u^si  ses  soldats  :  Signât  ille  in  fronte 
milites  suos.  S.  Auguslin  même  ci  parlant  des  ell'els 
de  ce  sacrement  lui  attribue  en  propres  termes  celui  \ 
d'iniijrimer  le  caractère  :  vous  avez  été  baptisé,  vous 
ave/,  été  manpié  du  caractère  du  Roi ,  vous  avez  com- 
luencé  i»  être  uoarri  de  la  lable  de  votre  Roi,  signalus 
es  ne(ji.nli,ractcre.Ccsl  aiubl  qu'il  désigne  en  peu  de 
mois  les  trois  sacremcnls  qui  se  donnaient  alors  com- 
munément en  même  temps. 

Les  Grecs  comme  Ifs  Latins  reconnaissaient  ce  ca- 
raclèrc  ineffaçable  rpriniprime  la  Confirmation  dans 
les  ànics.  S.  Cyrille  sur  ces  paroles  du  Prophète  (I), 
impiiKjHÙsli  in  oleo  capnt  mcum  ,  en  pai'Ic  Irès-claire- 
nicit.  11  a  engraissé  votre  tète  avec  l'Iiuile  qu'il  a 
répandue  sur  votre  front  par  le  sceau  de  Dieu  que 
vous  avez,  afin  que  vous  deveniez  une  expressioii  du 
sceau  ,  et  (pic  vous  soyez  sanctifié  pour  Dieu.  Atà.  t^v 

gypry.-/i^M   riv  i/jii    TCÙ   0coO,    îvK    yÉv/)  i/.TJ-o>ij.y.  cfpc/.yv.Oi 

k/M^'M  ©ioD.  On  ne  peut  rien  de  plus  expressif  que 
celle  manière  de  parler  ;  on  y  voit  l'impression  d'un 
caractère  divin  et  une  consécration  bien  distingeée  de 
celle  du  lîaplème  :  la  première  nous  consacrant  à 
Dieu  piiur  cire  à  lui  comme  ses  enfaiiis,  celie-ci 
comme  ses  soldats  toujours  piêls  à  combattre  les  en- 
nemis du  salui.  M:iis  qu'est-il  besoin  d'entasser  sur  ce 
sujet  les  passages  des  Pères  ?  cette  vérité  se  démontre 
d'ePe-mêmc  :  il  suf.il  pour  s'en  convaincre  de  faire 
réilexion  qu'on  n'a  jamais  réitéré  ce  Sacrement  reçu  . 
doiS  l'Église ,  comme  on  réitère,  par  exemple,  la  Pé- 
nilenee  et  l'onelion  des  malades,  et  même  le  mariage 


HISTOIRE  Des  S.\CREMENTS.  184 

[  '  aujourd'hui  parmi  nous.  Le  P.  Goar,  pour  se  tirer 
d'embarras,  répond  que  le  rit  prescrit  dans  l'Eiiclio- 
logedonl  il  s'agit,  n'est  point  p^rtprcmcnl  un  renou- 
vellement du  sacrement,  mais  u-^  image  de  la  vraie 
Confirmation.  Je  laisse  aux  ihé-r/ogiens  à  juger  de  la 
solidit('  de  et  lie  ré|)onse;  quelle  qu'elle  soit,  il  est  cer- 
tain (pi'il  y  a  tout  lieu  de  douio  que  ce  livre  soit  de 
S.  iMclhodius,  qui  gouvernail  ^église  de  Conslanli- 
nople  vers  le  milieu  du  neuvièm<!  siècle  :  et  en  ce  cas 
on  ne  doit  pas  y  avoir  beaiicouj^  <i'égard  ;  le  schisme 
ayant  alors  aveuglé  les  Grecs,  a  pu  les  porter  à  celte 
innovation. 

Si  on  a  si  religieusement  observé  de  tout  temps  de  ne 
point  réilérer  la  Confirmation  conférée  par  les  Calho- 
liipies,  il  ne  parait  pas  qu'on  en  <jlt  usé  de  môme,  au 
moins  géiiéralemeiil,  quand  c».  sacrement  avait  élé 
donné  hors  rimi  é  catholique,  prrncipalemeiità  l'égard 
de  certains  héréiques  pour  les  scrrles  desquels  on  avait 
plus  d'Iiorreiir.  Nous  nous  contenrerons  d'exposer  his- 
toriquement ce  qui  s'est  passé  là-nessus  dans  les  diffé- 
reiils  temps  et  dans  les  difTércnle».  Eglises;  après  quoi 
nous  y  joindrons  quehjues  réllexitms.  Premièrement,  il 
est  incontestable  que  S.  Cyprien  A  ceux  qui  étaient 
dans  la  même  cause,  ne  croyaier.t  pas  que  ce  sacre- 
ment put  être  valide  dans  riiérésie.  fis  en  étaient  si  per- 
suadés, (pi'ils  croyaient  même  que  le  Pape  S.  Etienne 
pensait  comme  eux  sur  ce  point ,  et  que  quand  il  di- 
sait qu'il  ne  fallait  rien  innover,  mais  que  sans  rebapti- 
ser les  héiéli(pies,  on  devait  seulement  leur  imposer 
les  mains  pour  la  |)éiiitence.  Ht  munus  illi  imponalur 
in  pœnitentiam  ;  ils  entendaient  par  là  tpi'on  devait  leur 
imposer  les  mains   pour  la  Confirmation.  Le  saint 
évêque  de  Carthage  en  prend  môme  occasion  de  com- 
battre la  décision  du  Pape  S.  Etienne  (i),  et  forme 
entre  autres  cet  argument  contre  lui,  que  si  on  a  pu 
baptiser  quelqu'un  hors  l'Eglise  sans  avoir  la  vraie  foi, 
et  s'il  a  pu  recevoir  la  rémission  de  ses  péchés,  il  a  pu 
aussi  selon  la  même  foi  recevoir  le  Saint-Esprit,  et  il 
n'est  point  nécessaire  que  lorsfpTil  revient  on  lui  im- 
pose la  main  pour  le  faire  participant  des  dons  du 
Saint-Esprit ,  et  qu'on  le  marque  :  car,  ou  la  foi  a  pu 
faire  l'un  et  l'autre  hors  de  l'Eglise ,  ou  celui  qui  y 
était  n'a  rien  reçu  :  El  non  est  tiecesse  venienli  mamtm 
imponi,  ut  Spirilum  sanctum  conseqnatur,  et  signetur, 
(  remarquez  celle  dernière  parole  qui  désigne  visible- 
ment le  sacrement  de  Confirmation  )  aut   ulrutnque 
enim  ftdes  forispotuit,  aut  tieutriim  eorum  qui  foris  fue- 
ratuccepit. 


après  la  mort  d'im  des  époux.  C'est  là  une  preuve  ,       g  Cyirien  (2)  fait  valoir  partout  le  même  argu- 


piir'anle  à  hupielle  il  n'y  a  rien  a  reidniuer. 

Tout  ce  (prou  y  peut  raisomiablement  opposer,  et 
que  l'on  trouve  da.is  fEuclioluge  des  Grecs,  que  l'on 
atlribiie  à  S.  M  Ihodiiis,  qui  était  patriarche  de  Con- 
stantiiinple  en  8il  :  c'est  (pi'il  est  prescrit  de  confir- 
mer de  nouveau  les  apostats  (|ni  rentrent  dans  le  sein 
de  rÉglise  dans  laquelle  ils  avaient  élé  baptisés,  et 
par  coiisé(iuent  conlirmés,  surtout  chez  les  Grecs  où 
■;c  sucromeiit  n'est  point  séparé  du  Baptême,  comme 


,) 


(l)  Psal.  22,  V.  5,  calçches.  22,  n.  7. 


ment,  ausi  bien  que  les  évêijues  assemblés  avec  lui 
d.ins  le  Iroisième  concile  de  Carthage  (3).  On  le  voit 
par  les  avis  de  Secondien  et  de  Nemesien.  Ce  dernier 
dit  en  propres  termes,  en  parlant  de  S.  Etienne  et  de 
ceux  (|iii  pensaient  comme  lui  :  Ces  gens  là  reiiten- 
denl  donc  fort  mal ,  (piand  ils  disent  qu'il  faut  recevoir 
les  béiéiiques  par  l'imposition  des  mains  pour   le 

(1)  Episl.  73. 

(2^  Kpist.  45.  '■ 

(5)  Sul>Cypr.,c.  24,  ctcap,  5. ,, 


485 


CONFIRMATION.  —  CHAP.  V.  UtHÉl'.ATION  DE  CE  SACUEMENT. 


18^ 


Saint-Esprit,  puisqu'il  est  manifeste  qu'ils  doivent  re- 
naître datis  l'Eglise  catholique  par  l'un  cl  l'autre 
sacrement.  Cuni  manifestum  sil  ulroque  sacrameulo  de- 
bere  eos  reuasci  in  Ecciesià.  Ces  évèques  reganlaionl, 
comme  vous  voyez,  ce  que  S.  Etienne  avait  dit  de  l'im- 
po>iti()n  des  mains  avec  laquelle  on  devait  réconcilier 
les  liérétiques  à  TEi^lise,  comme  un  aveu  qu'il  recon- 
naissait comme  nulle  la  Confirmation  qu'ils  avaient 
revue,  d'où  ils  iiiléraienl  qu'on  devait  également  ré- 
ilcrer  le  Bapième. 

On  ne  doit  pas  être  étonné  de  voir  S.  Cyprien,  et 
tous  ceux  qui  pensaient  connue  lui  touchant  la  vali- 
dité du  Baptême  reçu  hors  de  l'unité  avoir  ces  senti- 
ments sur  la  Confirmation,  et  supposer  que  le  Pape 
S.  Etienne  les  avait  avec  eux  :  ils  étaient  une  suite  de 
leurs  principes.  Mais  il  doit  paraître  smprenant  qu'un 
auteur  anonyme  (1),  à  peu-près  du  même  temps  selon 
les  meilleurs  criti(|Mes,  leciuel  défend  la  décision  du 
Pape    contre  l'opinion    contraire ,   pense   lui-même 
que  la  Confirmation  donnée  chez  les  hérétiques  est 
nulle  et  doit  être  réitérée  ;  et  qu'il  fasse  entendre  que 
c'était  une  chose  sur  laquelle  on  convenait  de  part  et 
irmilre  :  car  voici  comme  il  propose  la  question  dont 
on  disputait  alors.  Il  s'agissait  de  savoir  si  par  une 
très  ancienne  coutume  et  par  la  tradition  ecclésiasti- 
que.... ceu\  qui  ont  reçu  le  Baptême  hors  de  l'Eglise, 
mais  au  nom  de  Jésus-Christ, devaient  seulement  rece-  f 
voir  limposiliou  des  mains  de  l'évêque ,  pour  avoir 
part  à  la  grâce  du  Saint-Esprit ,  et  si  cette  imposition 
des  mains  leur  donnait  le  signe  de  la  foi....  et  liœc 
nianùs  imposilio  siguum  (îdei  iteratum  alque  conmmma- 
ium  cis  piœstarel  :  ou  bien  s'il  était  nécessaire  qu'on 
leur  réitérât  le  Baptènie,  comme  n'ayant  rien  reçu, 
si  on  ne  le  leur  donnait  de  nouveau.  Vous  voyez  par  ce 
discours  qu'il  ne  s'agissait  pas  de  savoir  s'il  fallait  im- 
poser les  mains  pour  recevoir  le  Saint-Esprit,  ou,  ce  qui 
est  le  même,  s'il  fallait  réitérer  la  Confirmation  à  ceux 
qui  rentraient  d.ms  le  sein  de  l'Eglise ,  les  parties 
étant  d'accord  sur  ce  point  :  mais  que  toute  la  ques- 
tion était  de  savoir  s'il  fallait  aussi  les  baptiser  de 
nouveau  :  la  plupart,  du  nombre  desquels  était  cet 
auteur,  le  nient,  appuyés  sur  l'autorité  de  la  plus 
ancienne  coutume  et  de  la  tradition  ecclésiastique. 
Ecs  expressions  de  cet  auteur  caractérisent  trop  bien 
le  sacrement  de  Confirmation  pour  que  l'on  puisse 
l'entendre  autrement,  et  surtout  les  paroles  que  nous 
avons  citées,  qui  sont  les  mêmes  dont  S.  Cypi  ien  se 
sert  jioiir  le  désigner  dans  sa  75'  lettre  :  il  per  uo- 
slriim  oralionem ,  ac  inanùs  iinposilionein  Spirilum  sun- 
cluiii  cousequantiir,  cl  sùjmtculo  Dominko  consununentur . 
Les  mêmes  paroles  se  lisent  dans  les  anciens  Sacra- 
mentaires  ("2),  où,  suivant  qu'il  est  prescrit,  l'évêque 
.11  a|.pli(iuanl  le  chrême  sur  le  front,  disait  .  Le  signe 
de  Christ  pour  la  vie  élerncUc  ,  siijnnin  Clnisli  in  vitani 
ii'ti'rnam,  ou  bien,  sigillat  te  Deus  siyillo  fidei  suœ  in  1 
iùHsiqnalione  fidei.  Les  évêcpjes  du  concile  d'Arles 
assemblés  eu  ôli,  écrivant  au  pape  S.  Sylvestre,  lui 

(1)  Tertull.  édit.  deRigaut. 

(2)  Marlène,  de  aniiq.  Ecd.  Rit.,  t.  I,  p.  2ol. 


a;  |)renneiit  qu'ils  ont  ordonné  que,  si  un  hérétique  re- 
vient à  l'Eglise,  on  l'interrogera  louchant  la  foi  du 
Syndjole,  et  que,  si  l'on  voil  qu'il  a  élé  baptisé  dans 
le  Père,  le  Fils  ,  et  le  Saint-Flsprit ,  on  lui  imposera 
seulement  les  mains  :  munus  ci  tantiim  impoualitr.  C'est 
effectivement  ce  qui  est  presci  il  dans  le  huitième  Ca- 
non, où  après  ces  paroles,  <  qu'on  lui  impose  seulement 
les  mains,  •  ils  ajoutent  ,alin  qu'il  reçoive  le  Saint-Esprit, 
Ht  accipiul  Spirilum  samltim.  Il  y  a  bien  de  l'apparence 
que  ce  concile  désigne  L  rit  avec  b-quel  ou  recevait  les 
hérétiques  dans  l'Eglise  par  une  de  ses  parties  ,  sans 
exclure  l'autre,  qui  était  l'onction  du  chrême  ;  puisque 
le  second  concile  tenu  vers  le  milieu  du  siècle  suivant 
dans  la  même  ville,  en  parlant  des  sectateurs  de  Bo- 
nose,  et  des  Ariens  ,  veut,  qu'attendu  qu'il  est  mani- 
feste qu'ils  ont  été  baptisés  au  nom  de  la  Trinité  ,  ils 
soient  reçus  ,  après  avoir  confessé  la  vraie  foi  de  tout 
leur  cœur,  avec  le  chrême  et  l'imposition  des  mains. 
Bonosiacos  qtios  siciU  Arianos  baptizari  in  nomïne  Trini- 
lalis  numifesltim  est ,  diun  interrogati  fidem  nostram  ex 
tolo  corde  confessi  fuerint,  cuni  clirismateet  manùs  im- 
posilione  in  ecclesiâ  suscipi  svfficit.  Je  ne  sais  si  le  pape 
Sirice  désigne  de  même  la  manière  de  recevoir  cer- 
tains hérétiques  dans  l'Eglise  par  un  des  rils  qui 
s'observaient    en  cette   occasion ,   lorsqu'il    dit    en 
parlant  d'eux ,  et  entre  autres  des  Ariens,  qu'on  les 
recevait  comme  les  Novaiiens ,  et  autres  hérétiques, 
par  la  seule  invocation  des  sept  dons  du  Saint-Esprit, 
et  l'imposition  des  mains  de  l'évêque  ,  selon  qu'il  a  été 
déterminé  dans  le  concile;  ce  qu'observent,  ajoute- 
t-il,  l'Orient  et  l'Occident.  Sirice  parce  concile  en- 
tend sans  doute  celui  deNicée,  qui  dans  son  huitième 
canon,  ordonne  que  les  Novatiens  seront  reçus  par 
l'imposition  des  mains  :  Sanclœ  et  magnœ  synodo  visum 
est  ni  iniposilis  cis  tnanibus  sic  in  clero  maneant.  Quel- 
ques-uns, et  entre  autres  Gralicn,  ont  mal  interprété 
ce  canon ,   ayant  entendu  par  cette  imposition  des 
mains,  dont  il  est  parlé  ici,  l'Ordination  contre  l'es- 
prit même  du  concile,  et  la  pratique  constante  de 
l'Eglise  ,  qui  n'a  jamais  ordonné  de  nouveau  les  No- 
vatiens :  ce  qui  est  si  vrai  que  dans  ce  même  canon, 
il  est  dit  que  ces  schismatiques,  quand  ils  reviendront 
à  l'unité,  resteront  dans  le  rang  (ju'ils  occupaient  dans 
le  clergé  ;  en  sorte  que  dans  les  lieux  où  ils  seront 
évêques  sans  concurrence  d'évêques  catholiques  ,  ils 
resteront  seuls  évêques ,  et  que  ceux  qui  seront  sur- 
venus dans  une  Eglise  qui  avait  auparavant  son  évêque 
ou  son  prêtre,  tiendront   le   premier   rang  après  lui. 

Les  successeurs  de  Sirice  dans  le  Sainl-Siége,  tien- 
nent à  peu  près  le  même  langage,  touchant  la  manière 
de  réiiabililer,etde  faire  part  des  dons  de  la  grâce  aux 
hérétiques  qui  reviennent  à  l'unité  du  Corps  de  Jésus- 
Chrisl ,  et  leurs  expressions  semblent  désigner  le  sa- 
cremcnl  de  Confirmation.  Ceux,  dit  S.  Léon  (1) ,  qui 
ont  reçu  le  Baptême  des  héréliiiues  n'ayant  point  élé 
baptisé,  auparavant  {dans  r Eglise  callioliquc)  doivent 
êti  e  conli.  niés  par  la  seule  invocation  du  Saint-Esprit  et 
l'imposition  des  mains  :  Solà  invocaiione  Spirilùnancti 

(I)  In  Ep.  ad  Nicelam,  129,  c.  7. 


m 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


188 


jhîi-  tmposUionem  inaiiuu))t  confmnmidi  siiiit.  Il  dil  la 
uu'ine  clioso  dans  son  Ei)îlre  à  Ruslùiue  (1),  et  dans 
co'lo  qu'il  a  écrile  à  Neoii.  Nous  venons  ailleurs  ce 
qce  le  Pape  Innocent  a  dit  sur  le  même  sujet. 

Un  ancien  manuscrit  du  monastère  do  GcUone,  qui 
est  du  temps  de  Cliarleniagne,  nous  représente  la  for- 
mille  de  rinvocalion  du  S. -Esprit  que  Hiisait  Tévêque 
diiiis  celle  occasion  en  imposant  les  mains,  et  on  ne 
peut  nier  qu'elle  ne  soit  entièrement  semblable  à 
relie  qui  se  faisait  en  donnant  la  Confirmation,  comme  i 
(;!i  peut  s'en  assurer  en  la  comparant  avec  celles  que  • 
Viusporte  le  P.  Marlène(2).  Il  est  bon  delà  mcUreici.  \ 


Ih'ihUliclion  sur  ceux  qui  reviennenl  de  diverses  licn'sies. 
iPèrc  saint  et  tout-puissant  qui  avez  daigné  tirer  des 
é .^aremenis  de  rhérésie  votre  serviteur,  et  le  rappe- 
lle à  voire  sainte  Église,  nous  vous  prions.  Seigneur, 
(!('  répandre  sur  lui  vclre  Esprit  consolateur  avec  ses 
sept  diins  :  l'Esprit  de  sagesse  et  d-'inlelligencc,  l'Es- 
prit de  conseil  et  de  force,  l'Espi  il  de  science  et  de 
)  ié'té  ;  remplissez  votre  serviteur  de  l'Esprit  de  la 
I  -^inlc  du  Seiî^nenr  > 


que  l'un  ou  l'autre  étant  seul  empiojé,  faisait  le  même 
effet  que  quand  on  les  mettait  tous  deux  en  usage, 
conmie  quelques-uns  le  pensent  de  la  Confirmation, 
ou  bien  (|u'il  ne  parlait  que  de  la  pratique  de  l'Église 
de  Rome,  el'de  celles  qui  lui  étaient  pariiculièremcnt 
soumises.  On  est  porté  à  penser  la  même  cbose  du 
Pape  Sirice.  Pouvait-il  ignorer  le  T  canon  du  concile 
de  Consianiinoplc  qui  est  compté  pour  le  second  gé- 
néral, qui  mar(iue  dans  un  si  grand  détail  tout  le  rit 
de  l'onction  du  cbrcine,  avec  laquelle  il  vent  que  l'on 
rétablisse  les  béiéliques  dans  la  communion  de  l'E- 
glise? Je  ne  puis  me  le  persuader;  et  je  crois  que 
quand  il  assure  que  l'on  recevait  les  béréiiques  par 
l'imiiosilion  des  mains,  tant  en  Orient  qu'en  Occident, 
il  a  désigné  le  loul  par  sa  partie.  11  est  à  propos  de 
produire  ici  ce  c;mio!i,  si  important  au  sujet  que  nous 
traitons. «  Nous  recevons  ceux  qui,  quittant  les  béréii- 
ques, reviennent  à  la  foi  orthodoxe  de  la  manière  qui 
suit  :  Les  Aiiens,  les  Macédoniens,  iesSabbaiicns,  les 
Novadens  donneront  des  libelles  par  les(iuels  ils  ana- 
tbémr.liscront  ioiilobérésic  qui  s'éloigne  de  la  croyance 
de  la  sainte  église  Catholique  et  Apostolique,  après  quoi 


sit  que  le  pape  Sirice  et  S.  Léon  n'aient  marqué  ^   jisrecevronl  le  sceau,  c'est  à-dire  quils>eronl  d'abord 


I:i   u'.anière  de  recevoir  les  hérétiques  qui  retour 
u;  ni  à  ITglise  que  par  un  des  rits  que  l'on  y  em- 

I  lovait,  en  disant  qu'ils  y  étaient  reçus  par  l'impo- 
siiion  des  mains  accompagnée  de  l'invocation  du 
S. -Esprit,  soit  que  le  premier  de  ces  papes  n'eût 
aucun  égard  à  ce  qui  avait  été  ordonné  dans  le  pre-  \ 

II  ier  concile   général  de   Const:\nlin.iple ,  lorsqu'il  : 
dil,  que  l'Orienl  et  l'Occident  observaient  de  les  ré-  , 


oints  du  saint  chrême  au  front,  aux  yeux,  au  nez,  à  la 
bouche,  aux  oreilles,  et  en  leur  impnmanl  ainsi  le 
sceau  divio,  nous  disons  :  soyez  marqué  du  sceau  du 

don  du  Saint-Esprit  :  l\'/.i   !7p,;ay(Ç,'oa£vc,«i;    il-coi  ■/_pio;j.hcui 

TTfWTOv  tw   ôt-yiot  [t.'j^^  ,  ~à  -i  /j,i7U7Z0J /.at  jjï^isc'/i'Çsvtcî 

«Ùtoù;  't.i-/oij.Vi'  ^-fpv.yii  2wj3îàj  ■n.JVJfi.a.-zoi  ûr/io'j. 

Ce  décret  du  concile  de  Consianiinoplc  a  depuis 
servi  de  règle  dans  les  Eglises  d'Orient  à  légard  des 


lablir  dans  l'unité  du  corps  de  Jé,us  Christ  par  l'im-  |  j, -,^1^,^,^  ^^^^  ,,,,  ,,;,e  i-^,,  rebapii.ait,  cl  que 
position  des  mains  eU'iavocalion  du  S.-Espnt,  li  est  i  j,^.^  ^,^^^^^..^.  ^^^  j^  ^^^^  abjuration  de  leurs  erreurs. 


certain  que  tant  en  Orient  qu'en  Occident  on  leurfai- 
snil  aussi  l'onction  du  chrême;  nous  en  apporterons 
plusieurs  exemples   dans  l'histoire  de  la  Pénitence.'  ' 
En  altendaiil,  nous  dirons  ici,  pour  ce  qui  regarde  | 
l'Occident,  qu'outre  le  second  concile  d'Arles  dont  fi 
nous  avons  cité  les  paroles,  Fausle  de  Riez  en  parle  | 
expressément  (5),   aussi  bien  que  Gcnn;ide  de  Mar-  ] 
.seille  (i).  Ce  dernier  même  enseigne  do  plus,  que  les   1 
ÎMifanls  cl  les  insensés  qui  ont  été  baptisés  dans  les 
Vecles  hérétiques  doivent  confesser  la  foi  par  la  bou- 
cl'.e  de  leurs  parrains  avant  qu'on  leur  fasse  l'applica- 
tion du  chrême  et  qu'on  leur  impose  les  mains,  et 
qu'après  cela  on  leur  donnera  la  sainte  Eucharistie.  Et 
.sii'  mnnùs  împoshione  et  cimsmale  communiti,  Euclin- 


ou  parla  liénileiicc,  etdonl  nous  aurons  lieu  de  parler 
I  avec  qnelipie  étendue  dans  le  second  livre  de  celle 
histoire.  Le  concile  in  Trullo  répète  dans  son  97°  ca- 
non ce  7'  de  Conslantinople,  et  n'ajoute  ni  ne  change 
rien  dans  la  discipline  qu'il  a  établie  pour  ce  (pii  re- 
I  garde  les  héiéli  pies  dont  il  y  est  fait  mention.  L  é- 
I  glise   Grcccjue  l'a  depuis  religieusement  observée, 
1  comme  il  paraît  par  la  réponse  de  S.  Théodore  Stu- 
i  dite  à  .Naocrace  qui  es!  insérée  dans  le  recueildu  Droit 
J  Oriental  (1),   aussi  bien    que  par  leurs  plus  anciens 
I  catalogues  et  les  anciens   manuscrits  de  la  Grolte- 
j  Ferrée  près  de  Rome,  de  la  Bibliothèque  du  roi  elde 
I  celle  du  cardinal  Rarberin  que  le  P.  Moriu  (2)  avait 
I  consultés.  Enlin  les  Grecs,  depuis  que  le  schisme  a 


rhtiœ  myslcriis  admiltantur.  Ce^  auteurs  étaient  con-  |  ^^^i  entièrement  formé,  ne   se  sont  point  départis  de 

I  cette  ancienne  coutume,  comme  on  le  voit  jiar  la  ré- 
ponse de  Balzamon  à  Marc  d'Alexandrie.  Voilà  ce  que 
rhisloire  nous  apprend  toncliant  la  manière  de  ré- 
concilier à  l'Église  certains  hérétiques.  En  quoi  o» 
remarque  une  si  grande  ressemblance  avec  le  rit  de 
laCiniirniali(m,  que  de  très-savanls  hommes  ont  été 
persuadés  que  l'on  considérait  autrefois  comme  nulle 
celle  (lue  les  sectaires  avaient  donnée  à  leurs  néo- 


temporains  de  S.  Léon  ,   comme  on  le  sait,  ils  n'a 
vaieiil  point  établi  eux-mêmes  l'usage  dont  ils  parlent  ;  ;, 
il  n'i'-st  pas  croyable  que  ce  saint  Pape  l'ignorât.  C'est  l 
ce  (\\û  me  fait  croire  (jne  quand  il  parle  de  l'imposi 
tion  des  mains  jointe  à  l'invocation  du  S.  Esjjrit  pour  j 
iiicorporcr    les  hérétiques  à  l'Eglise,   il  n'exclut  pas 
''celioM  du  ('même,  à  moins  que  l'on  ne  veuille  dire 


{5)  Cap.  18.  et  ep.  155  ad  Néon. 
(2)  De  aiit.  Eeel.  Rit.  t.  1,  p.  '249. 
(5)  L.  de  lib.  Ârb.  c.  17. 
(i)  De  Ecd.  Dogm.  c.  52. 


(1)  Jure  Orient.,  1. -4,  p  290. 
(-2)  De  Pœuilenlià  i.  9,  c.  9. 


189 


CONFIRMATION.  —  CIIAP.  Y.  UEITÉ RATION  DE  CE  SACREMENT. 


^oo 


pliylcs,  et  il  n'est  pas  aisé  sans  doule  de  eoneilicr  les  'M  table  pénitence.  Car  dans  une  de  ses  lettres  dans  la- 


difficuliés  qui  résultent  de  l'exposé  de  ces  faits  avec  \ 
la  créance  commune  de  l'Église.  Le  P.  Coustaiit  (1) 


quelle  il  prétend  qu'on  ne  doit  point  absolument  rece- 
voir les  Ariens  et  autics  scotblables  licrciiques  dans 


l'a  tenté,  et  nous  nous  contenterons  de  faire  un  ex-  Il  les  honneurs  de  la  cléricature,  il  parle  en  ces  termes 


trait  de  ce  que  dit  ce  savant  religieux  sur  cette  ma- 
liôre. 

«  A  l'égard  du  Pape  S.  Etienne,  quelque  scnlimcnt 
que  lui  aient  supposé  les  évêques  d'Afrique,  et  l'au- 
teur anonyme  qui  pensait  comme  lui  sur  le  Baptême 
des  liérétiques,  et  qui  a  défendu  sa  décision,  les  pa- 
roles de  ce  saint  Pape  no  doimenl  aucun  lieu  à  ce 
souiçon;  elles  sont  si  mesuré.^s  et  si  exactes,  qu'on 
n'en  peut  rien  inférer  contre  la  validité  de  la  Confir- 
mation reçue  dans  Diérésie,  à  moins  qu'on  ne  soit 
prévenu ,  puisqu'il  dit  senlonienl  qu'il  faut  recevoir  ' 


de  leur  laïques  (1)  :  Nous  les  recevons  sous  l'image  de 
la  pénitence,  stib  imagiue  pœnUenliœ ,  et  ils  reçoivent 
la  sanctification  du  Saint-Esprit  par  l'imposiiion  delà 
main...  Comment  donc  se  peut-il  faire  que  nous  con- 
sidérions comme  dignes  des  honneurs  de  Jésus-Christ, 
leurs  prêtres  profines,  iious  qui  regardons  leurs  laïques 
comme  imparfaits,  cl  qui,  pour  les  rendre  participants 
delà  grâce  du  Saint-Esprit,  les  recevons  avec  l'image 
de  la  pénitence?  Cum  pœniteniiœ  imagine  recipiamus. 
Ce  raisonnement  d'Innocent  fait  connaître  clairement 
qu'il  considérait  cette  imposition  des  mains  comme  une 


ceux  qui  abandonnent  leurs  erreurs  en  leur  imposant  {  espèce  de  satisfaction,  quoi(iu' il  l'ajjpelle  d'ailleurs  ur 


les  mains  pour  la  pénitence  ou  en  signe  de  péniience: 
ul  ci  manus  imy.onalur  in  pœnilcnliam.  S.  Cypiien  lui- 
même  (2),  aussi  bien  que  Creseçnt,  évêque  de  Cirte, 
un  des  évêqnes  du  5'  concile  do  Cartliage,  nomment 
ainsi  l'imposili  n  des  mains  que  Ton  faisait  aux  lié- 
réiiqucs  à  leur  retour  à  l'église  Calliolique,  après 
l'avoir  abandonnée  et  y  avoir  été  baptisés.  Les  pa- 
roles du  saint  martyr  sont  trop  remarquables  pour 
ne  pas  avoir  place  ici.  Qnod  nos  quoquc  liodiè  ob~ 
scrvamus,  ut  qitos  constat  lîic  bnplixntos  esse,  cl  à  no- 
bis  ad  liœrcticos  transisse ,  si  postuwdinn  peccalo  suo 
cotjnilo,  et  errore  digeslo,  ad  veritatem  et  malricem  rc- 
deanl,  salis  sil  in  pccnitentiam  mannm  imponcre. 

*  On  peut  tirer  de  là  un  puissant  argumei'.î,  pour 
montrer  que  Timposition  des  mains  que  Ton  faisait  sur 
certains  liéréti.'iues  nés  et  élcA'és  dans  l'hérésie,  quand  j 
ils  l'abandonnaient,  n'était  point  une  réitération  de  la 
C'anlirmalion  :  car  enfin  n(;us  n'avons  aucun  moiiu- 
niciit  qiii  puisse  nous  faire  connaître  que  riniposiliiiu 
des  mains  que  l'on  faisait  à  ces  derniers  fût  d'une 
autre  nature  que  celle  que  l'on  faisait  aux  aposl.^ts  qui 
riM;lraient  en  cux-mènies,  et  à  qui  on  irnp;  sait  les 
mains  seulement  pour  la  péniler.ce  et  non  poijr  la 
Confirmation.  Ce  sjui  est  si  vrai  que,  quoique  l'on  n  - 
eût  les  (ioi.alisles  dans  le  rang  même  ([u'i!s  occ!;pai(  iit 
dans  le  clergé  san<i  qu'on  pensât  jamais  à  les  d-nfirincr 
(le  nouveau,  ou  leur  imposait  néanmoins  les  mains  en 
signe  de  péniience,  d'où  ils  liraient  même  avantage 
contre  l'S  catholiques  à  qui  ils  disaient,  faisant  :  l!u- 
sion  à  l'usage  de  ce  temps- là,  de  ne  point  admettre 
dans  le  clergé  ceux  qui  ava'eiil  été  soumis  à  la  péni- 
tente publi(pie.  Si  donc  il  f.ut  que  nous  nons  repen- 
tions d'avoir  été  contre  i'i'^glise  et  hors  de  r-Église  afin 
que  nous  puissions  être  sauvés,  comiiicnt,  après  cette 
péniience,  pouvons-nous  demenrcr  clercs  ou  évê;;ucs 
parmi  vous  (5)? 

t  Le  pape  Innocent  1  appelle  rcllo  impo-iiiou  des 
mains  plutôt  une  im-ge  de  la  péniience  qu'une  véri- 


(!)  Dans  unedisserlalinn  sur  le  soiilimenl  du  pape 
S.  Elienne  qui  se  troîne  dans  son  édition  des  Décré- 
tah'S  des  Papos,  |i.  2-27  et  suiv. 

(2)  E|i.  ad  (Juinlum. 

(3)  Apud  Aug.  ep.  olim  îiO,  nmic  ISa,  nuni.  4i.        |      {[)  li.noc,  ep.  2-i  ad  Alex.,  n.  4. 


image  de  la  pénitence,  parce  qu'en  imposant  ainsi  les 
mains  aux  hcrcliiiues,  on  ne  leur  enjoignait  point  les 
peines  et  les  macératious  ordinaires  de  la  pénitence  de 
ce  temps-là. 

€  Le  pape  Vigile  développe  encore  plus  clairement 
celte  matière  dans  sa  lettre  à  Profuturus,  en  distinguant 
ceux  qui  ont  été  simplement  baptisés  dans  l'hérésie  de 
ceux  qui  l'ayant  été  dans  l'Église  ont  reçu  de  nouveau 
ce  sacrement  chez  les  Ariens  :  Leur  réconciliation, 
dit-il,  se  f.iil  non  par  l'imposiiion  des  mains  qui  opère 
l'invocation  du  Saint-Esprit,  mais  par  celle  qui  acquiert 
le  fruit  de  la  péniience,  et  qui  mérite  le  rétablissement 
de  la  connnunion.  Scd  per  illamquà  pœniteniiœ  fruclus 
acqttirittir  et  sanctœ  communionis  rcstilulio.  On  dislingue 
dans  ces  paroles  du  pape  Vigile  une  double  imposition 
des  mains  :  la  première  qui  n'est  qu'une  ombre  et  une 
image  de  celle  pénitence  si  austère  et  si  laborieuse  à 
laquelle  on  assujélissait  ceux  qui  avaient  souillé  par 
des  crimes  la  robe  de  l'iiiuocence  dont  ils  avaient  été 
revêtus  dai-.s  le  baplème;  la  seconde  qui  éiait  le  com- 
mencement de  celle  même  pénitence,  ou  la  cérémonie 
par  laquelle  on  imposait  aux  pécheurs  avec  la  béné- 
diction de  l'église  ces  longs  travaux  par  lesquels  ils 
devaient  e?q)ier  leurs  crimes. 

«  On  peut  s'apercevoir  aisément  de  ce  que  cette  be- 
nédiciion,  dont  nous  avons  donné  un  modèle  ci-dessus, 
avait  de  commun  avec  celle  par  laquelle  on  conlirmail 
les  néophytes,  elcc  en  quoi  elle  en  dillèrait.  Elles  con- 
venaient entr'elles  eu  ce  que  dans  l'une  et  dans  1  aulio 
0!»  invoquait  le  Saint- Espiil;  car  l'Eglise  ne  croyait 
l  pas  que  ce  fût  assez  de  réunir  ceux  qui  rentraient  dans 
i  l'unité  par  un  culle  purement  extérieur,  si  en  même 
I  temps  elle  ne  se  les  allachait  par  des  liens   inlé- 
;  rieurs  cl  spirituels.  C'est  pourquoi  elle  invo(|uail  le 
Saint-Esprit  (pii  seul  peul  unir  ses  membres  disper- 
sés ,  et  en  loruier  un  corps  mysli(|ue  uni  au  chef  su- 
prême qui  est  Jé^us-Clirisl.  Qu'y  a-t-il  donc  d'étonnant 
qu'elle  ail  invoqué  le  Saint-Kspril  pour  produire  cet 
!  elfel?  En  cela  ces  deux  rits  convenaient  entr'eux.  lU 
!  dilléraieut  en  ce  que  dans  la  prière  qui  se  faisait  pour 
les  hérétiques  repentants,  ou  demandait  qu'ils  reçus* 


..\ 


m 


seiit  le  Saint-Esprit  qu'ils  n'avaient  point  encore  reçu  ; 
et  que  dans  celle  (|iii  se  faisait  pour  confirmer  les  ca- 
Iholiqnes,  on  (ieinanilait  qu'il  leur  fût  coninnniiqiié  avec 
l»lus  d'abondance  ,  et  que,  pour  ainsi  dire,  il  fût  plus 
fdrleinent  imprimé  dans  leurs  âmes.» 

C'est  ainsi  que  le  P.  Cousiaiil  entreprend  de  lever 
les  diUicultés  qui  se  rencontrent  sur  cette  matière,  et 
j'aurais  souhaité  qu'il  en  fût  demeuré  là.  Mjis  il  ajtuile 
une  chose  qui  peut  faire  retomber  dans  rincouvénieni 
qu'il  a  voulu  nous  faire  éviter,  lorsiju'il  insiste  sur  ce 
que,  dans  la  réconciliation  des  hérétiques,  on  ne  de- 
mandait point  à  Oieu  qu'il  imprimât  dans  leurs  âmes 
le  sceau  do!it  il  est  si  souvent  parlé  lorsqu'il  s'agit  du 
sacrement  de  Confirmation.  Quoique  ce  soit  là  le  rit 
principal  et  constitutif  de  ce  saeremeut  selon  lui, 
comme  il  le  prouve  p  ir  S.  Cyprieu  et  par  la  lettre  de 
S,  Corneille  à  Fabien,  où,  eu  parlant  d.;  iN((vatien,  il 
dit  :  iVcr/Mf  ab  episcnpo  consignutus  est.  Hoc  auiem  si- 
gmculo  minime  perceplo ,  quomodb  Spiritum  satictum 
poluil  ttccipere?  Ce  raisonnement  suppose  que  l'on  ne  , 
faisait  point  l'onction  du  chrême  sur  le  front  à  ceux 
qui  quittaient  l'hérésie  pour  se  réunir  à  l'Église,  et  ne 
peut  avoir  lieu  que  pour  ju-tilier  les  éj^lises  qui  reçoi- 
vent les  hérétiques  par  la  simple  imposition  des  mains 
jointe  à  l'invocation  du  Saint-  Esprit  :  mais  il  n'a  au- 
cune force  à  ré^,ard  de  celles  qui  joignaient  les  deux 
rils  ensemble.  Or ,  cela  étant ,  tout  ce  que  cet  habile 
théologien  vient  de  dire  est  de  peu  d'usage ,  puisqu'il 
est  incontestable  que  dans  la  plupart  des  églsis.  tant 
eu  Orient  qu'en  Occident ,  on  faisait  l'onction  du 
chrême  à  ceux  qui  revenaient  à  l'Église,  comme  vous 
l'avez  vu ,  par  ce  que  la  fidélité  de  l'I.isioire  nous  a 
obligé  de  rapporter,  et  comnie  nous  aurons  lieu  de 
le  montrer  quand  nous  traiterons  dans  l'histoire  de  la 
Pénitence  (1)  de  celle  qu'on  exigeait  des  hérétiques, 
et  des  différentes  manières  de  les  réconcilier. 

L'auteur  dont  nous  parlons  a  senti  les  suites  de  ce 
qu'il  a  dit;  et  il  convient  que  le  concile  de  Constanti- 
nojile  a  voulu  que  l'on  réitérât  la  co:^firmation  à  cer- 
tains hérétiques  dont  il  fait  le  dénombrement.  Mais, 
dit-il,  en  Occident  on  recevait  les  Ariens  par  la  seule 
inqiosilion  des  mains,  selon  le  témoignage  de  S.  Gré- 
goire dans  sa  lettre  à  Quirice.  Comme  ce  n'est  pas  le 
lieu  de  parler  ici  de  ce  passage  de  S.  Grégoire,  dont 
nous  traiterons  amplement  ailleurs  (2) ,  nous  ajoute- 
rons seulement  à  ce  qui  a  été  dit  ci  -  dessus  touchant 
la  discipline  qu'observaient  les  églises  d'Occident  pour 
la  réception  des  hérétiques,  ce  que  le  concile  d'Épaune 
(can.  IG)  ordonne  louchant  les  hérétiques  qui  dans 
le  péril  de  mort  demandaient  à  se  convertir  :  savoir, 
qu'il  est  permis  à  un  prêtre  dans  cette  conjoncture  de 
leur  faire  l'onction  du  chrême ,  que  tous  ceux  qui  se 
convertiront  quand  ils  seront  en  santé  doivent  deman- 
der à  l'évéque.  Preshijtero  propter  salutem  animarum 
quam  injunctis  oplamus  desperntis  et  dccumbentibus 
hœreticis  ,  si  conversionem  subilam  petaul ,  clirismate 
iubvenire  permittimus.  Qnod  omnes  convcrsuri ,  si  sani 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  191 

sunt ,  ab  episcopo  noverint  expetendum.  Le  premier 
concile  d'Orange  (can.  Il)  établit  p-écisément  la  mémo 
discipline.  Nous  voulons,  disent  les  évoques  de  ce  Sy- 
node, que  les  héiéliqiies  qui  périclitent,  et  qui,  en  cet 
étal,  désirent  devenir  catholiques,  soient  consignés, 
coiisifinati,  avec  le  chrême  par  un  prêtre  en  l'absence 
de  l'évéque.  Walafrid  Strabon  (I)  rend  témoignage 
aussi  que  de  son  temps  (au  milieu  du  9""  siècle)  et 
avant  lui  on  réc«inciliaii  de  même  les  hérétiques  par  le 
chrême  et  l'imposition  des  mains.  Sed  et  clirismate  et 
tnamis  imposiiione ,  quod  imper fecliun  eral ,  perfici  dé- 
bet. Hoc  in  canonibus  et  decrelis  Palrum  frequens  ha- 

betlir.  :v;*î3 

Jusqu'à  présent  nous  n'avons  traité  qu'historique- 
ment ce  qui  regarde  la  confirmation  reçue  dans  l'hé- 
résie. Mais,  s'il  m'était  permis  de  dire  mon  sentiment 
sur  celte  matière  si  embarrassée,  j'avouerais  franche- 
ment que  dans  la  jjluparl  des  églises  on  recevait  à  l'u- 
nité catholique  certains  hérétiques  avec  les  mêmes  rits 
que  ceux  du  sacrement  de  Confirmation  ;  et  je  dirais 
en  mênîc  temps  ipie  ce  n'était  point  ce  sacrement  qu'on 
leur  administrait,  parce  qu'en  employant  ces  rils  pour 
la  réconciliation  des  hérétiques  ,  on  n'avait  point  in- 
tention de  les  confirmer  de  nouveau  ,  mais  seulement 
de  leur  obtenir  la  grâce  du  Saint-Esjirit,  pour  les  unir 
intérieurement  et  utilement  au  corps  de  l'Eglise.  Et 
'  j'emploierais  les  mêmes  arguments  poiu-  prouver  cela 
à  l'égard  des  dunx  rils,  de  l'imposition  des  mains,  et 
de  l'onction  du  chrême,  (juele  P.  Constant  a  employés 
'  à  l'égard  du  premier  setdemenl.  Je  laisse  cette  réfle- 
xion au  jugement  des  théologiens,  auxquels  je  soumets 
volontiers  tout  cet  ouvrage. 

CHAPITRE  VI. 
Par  qui  le  sacrement  de  Confirmation  a  été  de  tout  temps 
administré  dans  l' Église  tant  en  Orient  qiCen  Occident, 
Diversité  sur  ce  point.  Ce  que  l'on  doit  penser  de  lu  Con- 
firmation donnée  par  les  prêtres  Grecs.  Certains 
évêques  ont  troublé  mal  à  propos  les  Orientaux  dans 
leur  pratique. 

Nous  apprenons  dans  l'Écriture  la  règle  qu'il  faut 
suivre  sur  celte  matière.  Le  diacre  Philippe  ayant 
converti  à  la  foi  les  habitants  de  Samarie,  se  contenta 
de  les  baptiser,  après  quoi  il  se  relira.  Le  bruit  e  cette 
conversion  étant  venu  à  Jérusalem,  Les  apô'.res  y  en- 
voyèrent Pierre  et  Jean  qui  leur  inq^osèrcit  les  mains 
pour  leur  communi(iuer  le  Saint-Esprit  C.).  Ils  auraient 
pu  députer  pour  cela  quelques-uns  d',s  prêtres  ;  mais 
ils  voulurent  en  cette  occasion  a|>p'-endre  à  toute  l'É- 
glise la  règle  qu'elle  devait  suivre  dans  la  dispensation 
de  la  grâce  qui  est  attachée  à  ce  sacrement ,  qui  est 
comme  le  sceau  et  la  perfection  de  la  sanctification. 
Vous  avez  vu  par  tous  les  passages  que  nous  avons 
allégués  en  différentes  occasions  dans  cette  section  et 
dans  riiisloire  du  Baptême,  que  l'ancienne  église  s'est 
religieusement  conformée  à  cette  règle.  Les  textes  de 
S.  Cyprien,  de  Tertullien  et  de  tant  d'autres,  en  font 


(1)  Voyez  la  4'  section  de  la  Pénitence. 

(2)  Ibid. 


(l)Lib.  deUeb.  Eccl.,  c.  26. 
(2)  Ad.  c.  8,  V.  i4  et  scq. 


153  CONTmMATÎON.  —  CitAP.  VT. 

foi.  Il  n'esl  pas  ncccssaiie  de  les  répéter  ici,  d'auiaiil 
plus  que  la  cliose  ne  pouvait  guère  être  auln-mcnl,  n'y 
ayant  (juo  les  évèipies,  dans  ces  premiers  siècles,  ipii 
donnassent  le  Daptènic  qui  était  suivi  aussitôt  de  la 
Confirmation.  Que  si  quelque  prêtre  ou  quelque  di;icre 
doimait  de  temps  en  temps  le  Baptême,  ce  (pii  était 
fort  rare,  on  devait  amener  à  l'évèque  celui  qui  avait 
été  baptisé,  a(in  qu'il  reçût  de  sa  main  le  sacrement  de 
Confirmation.  Celte  discipline  fut  maintenue  p;ir  le 
concile  d'Elvire  (can.  58) ,  qui  ordonne  que  si  quel- 
qu'un a  élc  baptisé  dans  un  besoin  pressant  par  quel- 
qu'aulre  que  l"évè(pic,  on  doit  le  conduire  à  l'évèque, 
en  cas  qu'il  survive,  pour  qu'il  soit  perfectionné  par 
l'imposition  de  ses  mains.  Si  supenixcrit ,  ad  cpisco- 
pum  eum  perducul ,  ut  pcr  nimiùs  imposiiioncm  perfici 
possil. 

On  peut  dire  en  général  que  celte  discipline  a  clé 
coîislanuneiil  observée  jusqu'à  présent  dans  l'église 
d'Occident,  el  n'y  a  souffert  que  de  très-légères  inter- 
ruptions. La  plus  connue  est  celle  qui  arriva  en  Sar- 
daigne,  où  les  prêtres  s'étaient  mis  sur  le  |)ied  d'ad- 
niinislror  la  confirmation  coniiiK"  ministres  ordinaires 
de  ce  sacrement.  S.  Grégoire  l'ayant  appris ,  le  leur 
défendit.  Mais,  étant  depuis  informé  que  cette  défense 
les  av;'.it  scandalisés  cl  causé  de  l'émotion  dans  les  es- 
prits, il  le  leur  permit ,  ou  plutôt  il  toléra  cet  abus 
pour  éviter  de  plus  grands  inconvénienis.  Ce  sont  les 
inolifs  qui  engagèrent  ce  grand  Pape  (1  )  à  user  de  con- 
descendance sur  ce  point ,  comme  il  le  lémoiiine  à 
Janvier,  évoque  de  Cagliari,  à  (pii  il  dil,  avec  sa  mo- 
destie ordinaire,  qu'il  l'avait  d'abord  défendu,  suivant 
en  cela  la  coulinne  de  son  église  ;  mais  que,  pour  le 
bien  de  la  paix  ,  il  leur  permet  de  suivre  l'usage  qui 
avait  prévalu  cliez  eux.  Ut  presbijtcri  etium  in  froiilibus 
baplizatos  clirismale  taïujere  debeanl  conccdimus. 

Soit  qiie  l'on  donne  à  ce  que  fit  alors  S.  Grégoire  le 
ncm  de  dispense ,  soit  qu'on  le  regarde  comme  une 
simple  lolérai'.cc ,  il  est  certain  qu'il  n'eut  point  de 
suites  en  Occident.  Los  évêques  de  celte  partie  si  con- 
sidérable do  l'Église  ont  maintenu  avec  soin  leins  pré- 
rogatives à  cet  égard,  et  se  sont  toujours  appliqués  à 
répriuR-r  les  entreprises  téméraires  dos  prêtres  qui 
voulaient  s'ériger  en  ministres  de  la  Confirmation. 
On  remarque  cotte  atlenlion  dans  les  é\ê(|ues  du  se- 
cond concile  de  Séville  qui  fui  tenu  peu  d'années  après 
la  mort  de  ce  saint  pape  (2).  Car  ils  y  défendent  aux 
prêtres  de  faire  le  cbrème,  et  d'en  faire  l'onction  sur 
le  front  des  nouveaux  baptisés  ;  A'ec  chrisma  conficae, 
uec  chrismate  bap'/natornm  frontem  signnre  {c:in.  7). 
Tliéodul|»Iie  d'Orléans  (3),  le  sixième  concile  de 
Paris  (4) ,  de  l'an  8-27,  celui  de  Meaux ,  de  l'an  845 
(can.  44),  maintiiu-ent  celle  discipline.  Ces  deux  con- 
ciles ne  permettent  pas  même  aux  corévèqnes  d'exer- 
cer celle  fonction.  D'autres  allèrent  plus  loin  ,  et 
ordonnèrent  que  l'on  donnerait  do  nouveau  la  confir- 

(1)  Lib.o  episl. 

(2)  S.  Grégoire  mourut  l'an  GOi,  et  ce  concile  fut 
assemblé  en  Glii.  i 
■    (3)  De  Bapt.,  c.  17.                                                   i 

4)  Pan.  2.  c.  27.  ' 


MINISTRES  nE  CE  S.ACHEMENT.  iU 

malion.àccuxqui  l'auraient  reçue  d'un  corévèque.  C'est 
ce  que  lit  Isaac  de  Langrcs,  dont  voici  les  paroles  :  Si 
quis  HOU  ab  cpiscopo,  xed  à  corcpiscopo  fuc>it  coufirma- 
tus,  rcilerari  iiliis  bctwdiclionibus  débet.  On  lit  la  même 
ebosc  dans  un  capitnlairc  de  l'an  803 ,  dont  l'au- 
teur (1)  témoigne  suivre  en  cela  l'autoritc  du  i)ape 
Léon  III  (pi'on  avait  consulté  sur  ce  sujet. 
L'usage  dos  Occidentaux  sur  ce  jioinl  était  si  bien 

i  établi  et  si  connu  ,  que  ce  fut  sur  cela  que  les  Grecs 
dans  le  9*  siècle  fondèrent  un  des  reproches  qu'ils 
formèrent  contre  l'Église  Latine,  comme  on  le  voit 
dans  la  lettre  du  pape  (2)  Nicolas  1,  aux  évé(|uos  des 
Gaules,  et  à  llincmarde  Reims  en  parliculicr.que  Flo- 

i  doard  nous  a  conservée  dans  son  histoire  de  l'église 
de  Beims.  Le  pape  par  cette  lettre  invitait  les  évé(|ues 

I  de  l'Église  de  France ,  la  plus  savante  qui  fût  alors  , 
à  répondre  aux  objections  des  Grecs  excités  par  Plio- 
lius,  qui  jetait  dès-lors  les  premières  semonces  de  ce 
schisme  funeste  ,  qui  a  depuis  divisé  l'Église  d'orient 
de  celle  d'occident.  Quebpies-uns  d'entre  eux  se  char- 
gèrent de  celle  importante  commission.  D'autres  con- 
fièrent la  cause  de  l'Église  au  savant  Ralram  moine 
de  Corbie.  Mais  ni  ce  dernier  ni  les  autres  ne  s'avi- 
sèrent de  nier  que  l'administration  du  sacrement  dont 
nous  parlons  ne  fût  réservée  aux  seuls  évêques  parmi 
eux  ;  et  ils  défendirent  l'usage  de  leur  Église  par 
l'aniorité  de  l'Écriture  tainle. 

Depuis  ce  temps  nous  ne  voyons  pas  que  les  prèlres, 
communément ,  aient  donné  la  Confirmation  en  oc- 
cident du  consonlement  de  l'Église  ;  et  Arcudius  est 
un  homme  trop  crédule  pour  l'en  croire  sur  sa  parole, 
lorsqu'il  assure  (5)  que  le  pape  .\drien  M  avait  per- 
mis aux  frères-mineurs  de  donner  ce  sacrement  avec 
du  chrême  consacré  par  im  évêque  dans  leurs  missions 
des  Indes,  lorsqu'il  ne  se  rencontrerait  point  d'évê- 
ques.  Cola  parait  d'autant  moins  probable  ,  (  quoi<|ue 
col  autour  ajoute  que  l'original  de  cette  dispense  se 
conserve  dans  le  monastère  de  S.  François  à  Séville  ) 
cela  j)araîl ,  dis-je  ,  d'autant  moins  probable,  que  le 
pape  Adrien  dans  les  ouvrages  qu'il  avait  compo- 
sés (4),  lorsqu'il  n'était  encore  que  docteur  de  Lou- 
vain  ,  et  qu'il  a  fait  imprimer  depuis  qu'il  fut  élevé  au 
pontificat ,  enseigne  que  le  pape  n'est  pas  en  droii 
d'accorder  une  telle  dispense ,  et  que  s'élanl  objocli- 
ce  que  fit  S.  Grégoire  à  l'égard  des  prêtres  de  Sai  - 
daigne,  il  répond  que  ce  saint  Pape  n'avait  point  per- 
mis .\  ces  prèlres  de  donner  ce  sacrement,  mais  ((u'il 
l'avait  seulement  toléré  comme  un  abus.  11  y  a  aussi 
toute  apparence  qu'Arcudiiis  aura  trop  facilemoni 
ajouté  foi  au  jésuite  Louis  l'ouseca,  qui  lui  raoonliiii 
qu'il  avait  conféré  lui-même  ce  sacrement  dans  le 
Brésil  avec  la  permission  du  souverain  Ponlilo.  Il  au- 
rait dû  lui  demander  à  voir  l'original  de  celle  dispen- 
se :  il  aurait  sans  doute  for!  l'iiibarrassé  ce  mission- 
naire. 

(1)  Apnd  Baluz.,  p.  381 .  .   ■    .i 

(-2)l.ib.  3,  c.  17. 

(5)  Lib.  2.  de  Conf.,c.  15. 

(4)  (n  idesacrnm.  ConOrm.  ,    «^ 


105  HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  IJ'. 

Cependant  l'ou  trouve  des  exemples  de  ces  privi-  V  antre  chose  que  celle  qui  se  fait  S'.ir  le  froiil  par  Ic- 
légcs  accordés  à  quclciues  abbés,  el  entre  aulres  à  celui 
du  M(»nt-Cassin,  selon  la  cliroiiique  de  ce  nionasicrc, 
page  106,  à  un  abbé  de  Notre-Dame  des  Ermites  à 


qui  Paul  m  donna  ce  pouvoir  en  1557  {GalUu  Cliri-      des  circonstances  qui   déterminent   leurs  discours  à 


veque. 

Secondement,  si   les   auteurs  eccicbiasliciiies  p::r- 
leut  simplement  de  ronclion  du  chrême,  sans  ajouter 


\  tliana  nov.  edit.,  l.  5,  p.  1020),  et  à  un  abbé  de  S.  Ur 
'  bain  dans  le  diocèse  dé  Constance,  qui  reçut  le  même 
privilège  pour  lui  et  pour  son  successeur  seulement , 
en  récompense  du  zèle  avec  lequel  il  soutenait  la  foi 
catholique,  suivant  qu  il  est  rapporté  dans  le  nouveau 
Callia  Cliristiiina,  ibid.  ,  p.  1087.  Mais  tout  cela  ne 
montre  pas  que  les  prèlres  dans  lÉ^lise  Latine  aient 
été  en  possession  de  ce  pouvoir  communément  par- 
lant. Et  tout  ce  qu'on  peut  alléguer  pour  prouver  que 
les  prêtres  y  ont  été  les  ministres  ordinaires  de  ce  sa- 
crement est  très-faible,  et  mérile  à  peine  que  Ion  s'y 
ai  rèle.  Tel  est  l'argument  qu'on  lire  du  77°  canon  du 
concile  d'Elvire,  portant  que  si  un  diacre  gouvernant 
un  peuple,  a  baptisé  quelqu'un  sans  évèque  ni  prêtre,  ; 
révoque  doit  lui  donner  la  perfection  par  la  bcnédic 
lion.  Si  qu'is  diaconus  regens  jilebcm  s'me  cpiscopo  tel 
presbytero  aliquos  baptizaverit ,  episcopns  cos  pcr  bene 


personnes  eussent  été  baptisées  par  un  prêlro ,   elles  ■ 


pour  les  conlirmer.  Mais  si  cela  est  ainsi,  pourquoi  le 
concile  renvoie-t-il  ces  personnes  à  l'cvêque  seule-  - 


l'onciion  verticale,  on  ne  peut  douter  qu'il  n'aient  en 
vue  celle  qui  constitue  le  sacrement  de  Confirmation. 
La  raison  de  cela  est  qu'il  était  assez  rare  dans  les 
premiers  siècles  que  les  prêtres  baptisassent;  celte 
fonction  étant  réservée  aux  évêques,  qui,  lorsqu'ils 
l'exerçaient  par  eux-mêmes,  faisaient  l'onctii.n  dw 
front  aux  néophytes  immédiatement  après  le  Bap- 
tèaie,  sans  que  le  prêtre  fit  celle  du  haut  de  la  tèle, 
qui  n'a  été  instituée  que  pour  suppléer  au  défaut  de 
l'évèque,  et  pour  servir  de  sauvegarde  aux  nou- 
veaux baptisés,  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  reçu  le  sa- 
crement de  Conlirmation  des  mains  de  l'évèque.  La 
coutume  s'établit  depuis  de  la  donner  aux  néophytes 
au  sortir  des  fonts,  quoiqu'ils  dussent  être  confirmés 
aussitôt  par  l'évèque. 

Le  plus  ancien  monument  qui  nous   soit  resté  de 
cetie  piaiique,  bien  avant  Tordre  romain  et  les  saora- 


dJc/ioHcmper^ceredeteift.  D'oùilsconclue.'it  quesices  1|  mentaires,  est  le  fameux  passage  de  la  lettre  du  pape 


Lu'.ocentI  à  Deceniius.  Nous  l'avons  déjà  citéailleurs, 


n'auraient  point  eu  besoin  du  ministère  de  l'évèque  ï  et  il  est  bon  d'eu  dire  encore  un  mot,  non  sur  l'onc- 


iion verticale,  dont  nous  avons  assez  parlé,  mais  sur 
celle  du  front  qu'il  semble  tellement  réserver  aux  évè- 


ment,  et  non  aux  prêtres  les  plus  voisins?  Cela  est  ||  ques,  qu'il  cxclui  absolument  les  prêtres  de  cette 
donc  ce  qu'on  appelle  un  argîiment  négatif,  dont  on  fj  fonction,  et  lesen  déclare  incapables:  Decousignaiidis 
ne  peut  rien  conclure  raiiOnnablcnien.t ,  non  jibis  que  fJ  ver'o  vifantibus  mauifcstum  est  non  iib  alio  qHàni  ab  epi- 


du  2'  canon  du  concile  de  Barcelone,  au  G'  siècle, 
qui  défend  aux  prêtres  de  r'i^n  exiger  de  ceux  à  qui 
ils  ont  fait  l'onctinn  du  clirêmc,  sous  prétexte  du  prix 
que  peut  coù'er  le  peu  de  baume  qui  ciitre  dans  la 
composition,  puisque,  comme  nous  avons  vu  plusieurs 
fois,  les  prêtres  faisaient,  surtout  en  ce  temps-là  , 
l'onciion  verticale  aux  néophytes  au  sortir  des  fonts 
baptismaux. 

Puisipic  l'ordre  des  matières  nous  a  ramené  à  cette 
onction  verticale,  je  veux  ,  pour  ôter  toute  ambiguilé 
sur  cela,  rapporter  ce  que  dit  le  savant  Uugues-Me- 
nard  (1) ,  afin  qu'on  ne  confonde  pas  des  choses  dont 
les  Pères  parlent  quelquelbis  assez  confusément;  parce 
que  l'usage  et  la  pratique  de  leur  temps  servaient  d'in- 
terprétation à  leurs  paroles.  Premièrement  il  est  cer- 
tain que  quand  les  Pères  qui  ont  vécu  avant  le  ponti- 
ficat de  S.  Sylvestre  ,  font  mention  de  l'onction  du 
chrême ,  ils  entendent  celle  qui  se  fait  au  front  par 
l'évèque,  et  qui  appartient  au  sacrement  de  Confirma- 
tion, quoique  qucbiuclois  ils  ne  la  désignent  que  sous 
le  nom  d'onction  de  l'huile  :  car  dans  ces  passages  le 
terme  huile  se  prend  pour  le  cbrômc  ou  une  huile  com- 
posée avec  du  baume.  Cette  remar(iue  a  lieu  même  de- 
puis ce  temps,  pour  ce  qui  regarde  les  Grecs,  lesquels 
omettent  l'onction  verticale  qui  se  fait  par  le  prêtre. 
Ainsi  quand  les  anciens  docteurs  de  cette  Église  par- 
lent de  ronclion  du  chrême,    ils  ne  veulent  marquer 

(l)  Not.  in  1.  Sacr.  ,  tom.  5  nov.  edii.  Operum  S. 
Grcg.,  p.  585. 


scopo  fiai  licere...  :  nam  presbijWri  ponlifiraiùs  apiccm 
non  oblinent.  Hoc  aulem  ponlijicmn  solis  deberi  epi- 

scopis ,  non  solùm  consuetudo  ecclesiasiica  demon- 

stral,  veriim  elilla  lectio Acluum  Aposlolornni.  Pour  bien 
entendre  ce  que  ditcepape,  et  ne  le  point  meitre  en 
coniradxtion  avec  le  plus  illustre  de  ses  succ<îsseurs  (  l  ) , 
il  faut  remarquer  qu'il  écrivait  ceci  à  un  évèque  voi- 
sin dd  Uome,  dont  le  pape  était  métropolitain,  et  dont 
il  avait  droit  par  conséquent  d'exiger  qu'il  se  confor- 
mât en  tout  aux  usages  de  l'église  dont  il  dépendail. 
C'est  pounpioi  il  lui  parle  de  celte  sorte;  non  qu'il 
doutât  que  les  j'rétres  avec  la  permission  de  l'évèque 
ne  pussent  absolument  conférer  ce  sacrement,  mais 
parce  qu'il  ne  voulait  pas  qu'on  leur  accordât  celle 
permission  même  à  rexlraordinaire  ;  à  plus  forte  rai- 
son que  les  piètres  cf.lreprissent  de  s'ingérer  d'eux- 
mêmes  dans  cette  fonction.  C'est  en  ce  dernier  sens 
que  le  papeGélase  dil(2),  que  les  prêtres  ne  doivent 
poinl  s'arroger  cette  faculté,  non  consignalionis  ponli- 

l,  ficalis  cdltibendœ  sibimct  arripere  faeullalcm.  M.iis  ni 
l'un  ni  l'autre  de  ces  papes  n'est  contraire  à  S.  Gré- 

r  goire ,  qui  a  cru  que  les  prêtres  pouvaient  valide- 
ment,  et  même  légitimement  confirmer,  en  le  faisant 
avec  une  permission  spéciale  de  l'évèque. 

Saint  Jérôme  (  1  )  a  reconnu  ce  pouvoir  dans  les  prêtres, 
lorsqu'il  dit  (pie  si  les  néophytes  ne  reçoivent  le  Saint- 

(1)  S.  Grég.-le-Grand,  dans  sa  lellre  à  Janvier. 
\±)  Eu.  1-2,  c.  9. 
(ô)  bial.  adv.  L'ioif. 


197 


C0NFIR>fAT10N.  —  CIIAP.  VI.  MINISTRES  DE  CE  SACREMENT. 


19S 


Esprit  que  par  i'imposiiion  de  la  main  de  révèquc,  ^  nicii'  dosliities  de  la  f.iciilie  nécessaire  pour  l'admi 
cela  est  insliliié  piulô'.  poui  riionncui  du  sacerdoce,      nislralioi»  do 


que  parce  que  la  ioi  le  prescrit.  Ad  honorem  polihs 
:acerdolii,  ptàm  aa  legis  necessiUUcm  iinlilulum.  Non- 
senlcment  3.  Jérôme  reconnaît  dans  ics  prélrcs  le 
pouvoir  de  donner  la  Conlirmalion;  mais  ii  fait  de 
plus  anlendre  qu'on  leui  permellai*  quchpicfois 
d'user  de  ce  pouvoir,  lorsqu'il  dit,  dans  sa  lellrc  à 
Evangolus:  Que  lait  révèiiuc.  excepté  Tordinalion. 
que  le  prêtre  ne  hs^zpo'iui'!  Quid  ciiim  facil  exce- 
pta ordinalion;  episcopv.s  quoa  preshijter  non  fa-  \ 
dal? 
Le  premier  coricile  deTolt;de(can.  20)  semble  supposer 
cet  usage(saiis  doute  avec  la  dépendance  nécessaireaux  ] 
évêqucs)  quand  il  interdit  aux  diacres  la  faculté  de 
faire  ionclion  du  chrèmo;  et  qu'il  permet  eu  même 
!empsau  prêtre  de  la  faire  en  l'absence  de  l'évêque, 
ou  bien  môme  en  sa  présence ,  si  celui-ci  le  lui  ot- 
^o\M\c.  S tulutiim  exl  diucomnn  non  clirismure,  sed  près- 
byterum,  absente  episcopo,  prœsenle  verb,  si  ab  ipso 
fuerit  prœcepluni.  Ce  n'est  pas  sans  beaucoup  de  vrai- 
.'emblauce  que  desavan's  hommes  (I)  prennent  dans  le 
/■jiême  sens  le  onzième  canon  du  premier  concile 
d'Orange,  et  le  seizième  de  celui  d'Epaune,  que  nous 
«vons  rapporté  sur  la  (in  du  chapitre  précédent; 
aussi  bien  que  ce  qui  est  dit  dans  le  second  concile  de 
Tolède,  de  Tan  599,  cap  2,  quand  il  défend  aux  évè- 
ques  de  rien  prendre  pour  le  prix  de  la  li(|ueur  du 
cbrème  qu'ils  donnent  aux  prêtres  pour  confirmer  les 
néophytes  :  Statutuw  est  ul  citm  chrisma  prcsbyteris 
diœcesanis  datur  pro  confirmandis  neoplnjlis,  niliil  pro 
•Âquoris  preiio  accipialiir. 

Il  est  évide.it  parle  détail  historique  que  nous  ve- 
nons de  faire,  qu'en  Occidonl  depuis  les  Apôtres  jus- 
qu'à nous,  les  prêtres  n'ont  point  été  les  ministres 
ordinaires  du  sacrement  de  Confirmation;  (si  on  en 
excepte,  peut-être  pour  un  temps  assez  court,  ceux  de 
Sardaignc)  et  que  de  plus  il  est  rare  qu'ils  aient 
exercé  cette  fonction,  même  à  l'exiraordinaire,  avecla 
permission  ou  par  le  commandement  des  évoques.  Ou 
ne  peut  dire  la  même  chose  des  églises  d'Orient,  On 
ne  peut  douter  que  dans  les  commeucemenls  ce  minis- 
tère n'y  fut  réservé  aux  évoques  comme  ailleurs.  C'é- 
tait imc  suite  de  la  discipline  établie  partout  pour 
.'administration  du  Baptême,  qui  n'était  ordinaire- 
ment conféré  que  par  les  évoques  aux  fêtes  solen- 
nelles. Saint  Chrysostômc  fait  assez  entendre  qu'on 
ne  souffrait  pas  encore  de  son  temps  que  les  prêtres 
.-•.'érigeassent  en  ministres  ordinaires  de  la  Confirma-  ; 
tion ,  lorsqu'il  dit  dans  son  commenlairc  sur  lesAc- 
.es  des  Apôtres (2), que  les  ministres inférieursavaient 
reçu  à  la  vérité  la  puissance  de  faire  des  miracles, 
mais  non  celle  de  donner  b;  Saint  Esprit,  ce  qui  était 
affecté  aux  évêques.  Après  quoi  il  ajoute  :  d'où  vient 
que  nous  voyons  que  les  principaux  et  les  premiers, 
.<opu?aiîu,-,  s'acquitten»  de  cette  fonction.  Ce  saint  ne 
croyait  pourtant   pas  que  les  prêtres  fussent  absolu- 

(1)  Entre  autres  le  P.  Constant,  dans  une  note  sur 
la  decrétale  d'Innocent  I  à  Decentiu" 
'i)  U^mil.  18. 


ce  sacromonl,  puisqu'il  assure  dans  son 
commentaire  sur  la  première  Épitrc  à  Timothée  (i  ),quc 
les  évè(iuos  ne  sont  au-dessus  des  prêtres  que  paf 
ic  pouvoi;  qu'ils  ont  de  faire  les  ordinations, 

Quoi  qu'ii  en  soit  de  l'nsage  qui  régnait  sur  le  fait 
dor.i  il  s'agit  ici,  dans  les  temps  et  les  lieux  où  a  vécu 
S.  Ciirysosiôme,  il  est  certain  que  dès-lors,  ou  peu 
après,  dans  certaines  églises  d'Orient  les  prêtres  élaien' 
en  possession  de  conférer  la  Confirmation  assez  com- 
munément Nous  avons  pour  garants  de  ce  que  nous 
avançons,  premiércmen!,  l'auteur  du  Commentaire  sur 
les  Épîtres  de  S.  Paub  que  l'on  a  cru  durant  tant  de 
siécieF  être  S.  Ambroisc,.  cl  qui,  comme  le  montrent 
les  éditeurs  des  œuvres  de  de  Pcre  ,  vivait  sur  la 
fin  du  quatrième  siècle.  Cet  auteur  assure  positive- 
ment qu'à  Alexandrie  et  par  toute  l'Égypie  le  prêtre 
donne  la  Confirmation;  si  l'évêque  ne  se  trouve  pas  pré- 
sent: Apud  jEfjijptum  prcsbyterî  consignant,  si  prœ- 
sens  non  sil  enlscopus.  Le  second  témoin  que  nous 
avons  de  celle  coutunie  est  S.  Augustin,  ou  pliiiôt 
l'ancien  auteur  des  questions  de  l'un  et  l'autre  Tesla- 
nieni,  qui  a  été  imprimé  dans  l'appendice  des  œuvres 
de  ce  saint  {2j.  JnAlexandiiù  et  per  totam  .^gypium.  .: 
desit  episcopus,  consignai  prcsbyter  ;  carc'est  ainsi  ijv'il 
faut  lire,  et  non  pas  consecral,  comme  !e  nianuj  l'ii 
de  la  bibliolliè(pie  de  M.  Colbert  en  fait  foi. 

Selon  toute  apparence,  cet  usage  des  églises  J'^.igy- 
ple  se  répandit  insensiblement  dans  toutes  les  autres 
de  l'Orient,  où  les  prêtres  jouissent  depuis  long-temps 
du  privilège  de  donner  la  Confirmation,  comme  le  Bap- 
tême; c'est-à-dire,  en  qualité  de  ministres  ordi- 
naires. Cela  était  déjà  passé  en  coutume  parmi  les 
Grecs  et  les  Orienlaux  dans  le  neuvième  siècle.  Nous 
l'avons  vu  ci-devant  dans  les  plaintes  de  Pliolius  coii- 
Ire  le  pape  Nicolas  là  qui  il  reprociic  comme  \m  at- 
tentat sacrilège  d'avoir  ordonné  que  l'un  confirmerait 
de  nouveau  ceux  qui  l'avaient  été  en  Bulgarie  par  i-s 
prélrcs  Grecs.  Les  papes  innoconl  !I!  ci  IV  voulant 
aussi  introduire  chez  les  Grecs  la  discipline  des  Oceidi'ii- 
taiixsurcft  point,  le  premier  envoya  sou  décret  sur 
cela  à  Couslautinople  dans  le  temps  que  les  Latins  m 
étaient  les  maîtres;  ie  second  eu  Chypre  :  mais  leurs 
ordonnances  n'y  furent  point  publiées,  de  peur  de  por- 
ter ces  peuples  à  des  extrémités  fâcheuses. 

An  concilede  Florence  îo  pape  Eugène  IV  demanda 
aux  Grecs  pourrpioi  leurs  évêques  parmi  eux  ne  fai- 
saient pas  l'onction  du  cbrème  aux  néop'ivleS;  ol  se 
reposaient  d;;  celte  tonclioii  sur  les  prêtres,  puisque 
c'était  là  une  des  prérogatives  de  répisco:al.  Siir  quoi 
l'évêque  de  Mililènc  satisfit  sa  Sainteté  par  sa  réponse, 
tant  sur  ce  point  que  sur  plusieurs  anlrcs,  comme  il 
paraît  par  ces  paron-s  qu'or,  lit  à  la  Un  des  actes  da 
Cimcile.  L'évêque  de  .^litilène  a  résom  légitimemcnf 
etsuivantles  canons  ce  que  lui  oui  objecte  les  Latins 
excepte  ce  qui  regarde  la  séparation  du  mariage  quant 
au  lien,    et  l'ordination  du  patriarche  hors  de  Cons- 

(I)  Ibunil.  11. 

(■il  In  cap.  4  Epist.  ad  Ephes, 


tOÔ  HISTOIRE  DES  SACREMENTS 

tanlinople.  Ainsi  quand  même  ce  que  reprochait 
Marc  d'Ephèse  aux  Latins  d'avoir  coulinué  de  nou- 
veau ceux  qui  ravaiciii  éie  ciiez  les  Grecs  scraitvrai, 
on  doit  répondre  avec  Grégoire  Prolosincelle,  quias- 
bislait  au  concile  de  Florence  en  qualité  de  vicaire  du 
palriarclie  d'Alexandrie,  et  qui  fut  depuis  lui-même 
patriarche  de  Constanlinople,  que  celte  conduite  n'é- 
tait point  approuvée  par  le  concile,  cl  qu'on  ne  doit 
point  tirer  à  conséquence  les  entreprises  téméraires 
dequchpies  ignorants. 

La  possession  dans  laquelle  sont  les  prêtres  en 
Orient  d'être  les  ministres  ordinaires  de  ce  sacrement 
doit  être  bien  ancienne,  puisque,  comme  dit  M.  Rc' 
naudot  Cl),  elle  est  antérieure  à  tous  leurs  schismes,  et 
même  aux  hérésies  de  Neslorius  et  des  Jacohitcs. 
Cependant  il  n'y  a  eu  aucune  contestation  là-dessus, 
soit  avant  le  schisme  entre  les  Grecs  ei  les  Latins,  soit 
depuis,  quand  il  s'est  agi  de  la  réunion  des  deux 
églises.  Ainsi  on  ne  peut  jusidier  la  conduite  de  l'ar- 
chevêque de  Goa  Alexis  de  Menesez,  sur  ce  que  dans 
le  Synode  de  Diamper  il  fit  une  décision  (ju'il  exé- 
cuta sans  l'autorité  du  Saint-Siège,  eii  faisant  donner  la 
Confirmation  à  tous  ceux  qui  l'avaient  reçue  dans  les 
églises  Neslorienncs  de  Malabar.  On  doit  être  surpris 
qu'un  évêque  particulier  ait  fait  de  telles  entreprises, 
surtout  après  que  les  papes  Léon  X  cl  Clément  VU 
avaient  déclaré  qu'on  ne  devait  point  troubler  les  Grecs 
dans  la  pratique  de  leurs  rils.  Cependant  on  a  vu  de- 
puis un  Synode  du  Mo:il-Uéal  en  Sicile,  tenu  sons  le 
cardinal  Peretli  deMonlalK»  archevêque  de  celte  ville, 
déclarer  que  quoique  les  évêques  Latins  pussent  abso- 
lument confirmer  ceux  qui  ont  été  baptisés,  ou  qui 
ont  reçu  la  Confirmation  par  les  prêtres  Grecs,  il  pa- 
raissait néanmoins  plus  sûr  d(.'  les  confirmer  sous  con- 
dition avec  la  forme  latine.  Le  pape  Urbain  VUi  en 
confirmant  les  décrets  desiS  prédécesseurs  sur  celle 
matière,  a  bien  fait  voir  le  peu  d'égards  que  l'on  de- 
vait avoir  pour  les  ordonnances  de  ces  synodes  parti- 
culiers qui  se  sont  visiblement  écartés  dans  ces  occa- 
sions de  l'esprit  de  l'Église,  et  qui  par  un  zèle  ouiré 
et  sans  science  ont  fait  des  choses  capables  d'empê- 
cher la  réunion  des  deux  églises,  qui  est  le  plus  grand 
bien  que  puissent  désirer  en  cette  vie  tous  les  vrais 
enfants  de  l'Église. 


«00 


CHAPITRE  VU. 

Des  effets  du  sacrement  de  confirmation.  De  la  cfràcc 
intérieure,  et  du  don  des  miracles.  Combien  ce  don 
était  commun  dans  les  premiers  siècles   de  VEglise. 
En  quel  temps  il  a  cessé  de  l'être. 
Les  théologiens  n'ont  pas  beaucoup  de  peine  à  mon- 
trer aux  proiestanls  par  l'autorité  des  Pères,  qu'outre 
le  don  des  miracles,  qui  était  dans  les  premiers  siècles 
reffet  ordinaire  de  ce  sacrement,  il  conférait  de  plus 
la  grâce  intérieure .  Je  me  contenterai,  pour  faire  con- 
naître ce  qu'on  a  cru  sur  cela  dans  toute  l'Eglise,  de 
rapporter  en  ce  lieu  ce  qu'en  ont  dit  deux  célèbres 
auteurs,  l'un  de  l'église  d'Orient,  l'autre  de  celle  d'Oc- 
(1)  Perpétuité  de  la  foi,  t.  5,  I.  2,  c.12. 


cident.  Ces  deux  auteurs  sont  S.  Cyrille  de  Jérusalem, 
et  S.  Eucher  de  Lyon,  que  j*ai  choisis  préférablement 
aux  autres,  parce  qu'ils  caractérisent  mieux  que  tous 
les  autres  la  grâce  propre  de  ce  sacrement. 

La  troisième  catéchèse  mystagogiijue  de  S.  Cyrille, 
est  toul  entière  destinée  à  expliquer  les  effets  que 
produit  la  Confirmation  dans  ceui:  qui  la  reçoivent. 
J'en  donnerai  un  extrait  :  Vous  êtes  devenus,  dit-il, 
en  parlant  aux  néophytes  ,  vous  êtes  devenus  des 
christs  ayant  recule  symbole  du  ^inl-Esprit...;  après 
que  vous  êtes  sortis  du  bam  sacré,  on  \o\rà  a  donné  le 
chrême,  qui  est  le  symbole  de  celui  dont  Jésus-Christ 
a  été  oint,  qui  est  le  Saint-Esprit...;  il  a  été  oint  d'une 
huile  de  joie,  c'est-à-dire,  du  Saint-Esprit,  qui  est  ainsi 
appelé,  parce  qu'il  est  auteur  de  la  joie  spirituelle  :  el 
vous,  en  recevant  l'onction  du  chrême, vous  êtes  deve- 
nus les  compagnons  el  les  associés  du  Christ...;  votre 
corps  a  reçu  celle  onction  extérieurement,  cl  votre  âme 
a  été  sanctifiée  par  l'Esprit  saint  el  vivifiant.  On  vous  a 
fait  l'onction,  preuùèrement  sur  lefrt-nt,  afin  de  vous 
délivrer  de  la  honte  que  le  premier  honmie  avait  mé- 
ritée par  sa  prévaricalion ,  el  qu'il  portail  partout.... 
On  vous  l'a  faite  sur  la  poitrine,  afin  qu'étant  couverts 
de  la  cuirasse  de  la  justice ,  vous  vous  souteniez  con- 
tre les  pièges  du  diable  :  car  de  même  que  le  Sauveur 
après  sou  Baptême  et  la  descente  du  Sain'-Esprit  sur 
lui  a  vaincu  le  démon ,  de  même  après  le  sacré  Bap- 
tême et  l'onction  mystique,  étant  revêius  des  armes 
du  Saint-Esprit,  \oiis  ccinballez  contre  les  puissances 
ennemies ,  et  vous  les  terrassez,  disant  ;  Je  puis  tout 
eu  celui  qui  me  donne  la  force,  itltZ\,ij.ijofzrr>  -nc-'onlUiv 

TOÛ  kyiov  irviùfiaLVOi,  tïTasOs  Ttfo;  tyjv  à;Ti/£i,u;y/;v  ôùva^atv  , 

zaîT«vTv;v  xaT«v&)viÇ£ï&«.  Saint  Cyrille  ajoute  une  chose 
remanjuable,  el  qui  doit  nous  imprimer  bien  du  res- 
pect paur  ce  sacrement.  Ayant,  dit-il,  été  rendus  di- 

;  gnes  de  recevoir  ce  saint  crhême,  on  vous  api»elle  chré- 
tiens, portant  ainsi  un  nom  conforme  à  votre  régénéra- 
lion  :  car  avant   qu'on  vous    eût  communiqué  celle 

'  grâce ,  vous  n'étiez  pas  proprement  dignes  de  celte 
dénomination;  mais  vous  vous  mettiez  en  devoir  de 
devenir  chrétiens.  T«utï5j  rT,i  TTpo'7y,yopMi  xvplo);  oh/.  ^t« 

'   àÇist,  «//'  5û«ùovTt5  TtpoêctiviETc  e'tîTÔ  thaï  xptaTtKvoi.  Notre 

saint  docteur  enseigne  ensuite  que  l'onction  que  Moïse 
;  fit  à  Aaron,  et  Sadoc  à  Salomon,  l'une  pour  le  sa- 
cerdoce, eU'autre  pour  la  royaulé,  n'étaient  qiieles  fi- 
gures de  celle  que  les  chrétiens  reçoivent  dans  ce  sa- 
crement, qui  les  rend  en  même  temps  prêtres  el  rois 
d'une  manière  toute  spirituelle.  Enfin  il  apprend  aux 
nouveaux  baptisés  que  l'onction  qu'ils  avaient  reçue 
était  une  sauvegarde  spirituelle  pour  leur  corps ,  p-- 
ia/.T/^ptiv,  un  phylactère  el  un  préservatif  salutaire 
pour  leurs  âmes.  Tels  sont  les  eU'els  de  la  Confirma- 
tion, suivant  S.  Cyrille,  qui  a  traité  exprès  cette  ma- 
tière, était  chargé  par  son  évêque  d'instruire  tant  les 
catéchumènes  compétents  avant  le  Baptême  ,  que  les 
néophytes  après  qu'ils  avaient  été  initiés  aux  sacre- 
ments. 
Saint  Eucher  de  Lyon  (!)  ne  développe  pas  cette 

1     (1)  Homil.  de  PenJi»'W^p-,  Biblioth.  PP.  t.  G,  p.  Gi9, 


201  CONFIRMÂTTON.  —  CHAF.  Vil 

matière  avec  moins  de  clmté,  et  insiste  principn'c- 
mciit  sur  la  vcrln  qn'a  ce  sacronicnl  de  forlificr  les 
ànies.  Il  est  bon  de  icoonler  lui  même  pailor.  Quel- 
qu'un dit  peut-être  en  lui-même  ,  ipie  me  sert  après 
le  mystère  du  Baptême  le  ministère  de  celui  qui  me 
confirme?  Que  votre  cliarilc  soit  attentive....  c'est  ce 
qu'exige  Tin-dre  de  la  milice.  Car,  quand  un  général 
reçoit  (piehpi'un  au  nonihre  de  ses  soldats,  non  seu- 
lement il  lui  imprime  une  marque  (  il  fail  allusion  à 
la  coutume  des  Homains ,  de  manpier  à  la  main  ceux 
qui  prenaienl  parli  dans  les  troupes)  mais  il  leur  loiir- 
nit  les  armes  conven.iltles.  Il  en  est  de  même  à  notre 
égard.  Celle  bénédiction  que  Ton  dc^nne  aux  baplizés, 
est  pour  eux  une  défense....  Le  Saint-Esprit  donc,  (lui 
est  descendu  dans  les  eaux  du  Baptême  pnur  loin" 
communi(pier  la  vertu  de  leur  procurer  le  salut,  donne 
aboiulammenl  dans  les  sacrés  fonts,  la  grâce  de  l'in- 
iiocence,  et  dans  1 1  confirmation,  une  augmentalion 
de  grâces  :  in  confirmalione  auymenlum  prœstal  ad  gru- 
tiain.  El  parce  que  dans  ce  monde  nous  devons  nous 
trouver  din'ant  tonte  noire  vie  an  milieu  de  nos  eime- 
mis  invisiitles  et  des  périls ,  nous  sommes  rég(''iiérés 
pour  la  vie  dans  le  Baptême  ,  et  après  leBaplèmc, 
nous  sommes  confirmés  poiu"  condjattre  :  confirmanlur 
ad  piuinmn.  Dans  le  Baptême  ,  nous  sommes  lavés  , 
après  le  Baplême  nous  sonmies  fortifiés,  posl  baplis- 
mum  roboriiiiiiir.  Ainsi  le  bienfait  de  la  régénération 
suffit  à  ceux  qui  doivent  bienlot  mourir,  mais  les  se- 
cours de  la  Confirmation  sont  nécessaires  à  ceux  qui 
ont  à  vivre.  C'eU  ainsi  que  ce  grand  é^èrpie  expliipie 
les  lieureux  effets  qne  produit  ce  sacrement  ;  il  est 
bien  juste  de  s'en  raiipnrier  à  lui  sur  cette  matière , 
plulôt  qu'à  Calvin  et  à  ses  sectateurs. 

Je  ne  cmyais  pas  m'étendre  si  f(n'l  sur  cetie  ma- 
tière, qui  est  plutôt  du  ressort  de  la  théologie  que  de 
riiistoire  :  mais  conmie  je  m'i'perçois  (pie  ce  chapitre 
serait  inip  long  si  j'y  joignais  ce  que  j'ai  à  dire  lou- 
chant le  second  eflei  de  la  confirmation,  je  crois  qu'il 
sera  plus  à  propos  d'en  traiter  à  part,  et  de  le  mettre 
dans  quelques  articles  séparés. 

ARTICLF,    PREMHCR. 

Des  miracles  et  des  visions  surnaliirelles.  Effets  ordi- 
naires de  la  Confirmation  dans  les  premiers  siixles. 
Combien  de  temps  ces  grâces  ont  été  communes  dans 
rÉgtise. 

Tous  ceux  qui  n'ignorent  pas  entièrement  lliisloire 
de  la  Religion,  savent  ce  qui  se  passa  à  Jérusalem  le 
jour  de  la  Pentecôte,  quand  le  Saint-Esprit  descendit 
en  forme  de  langues  de  feu  sur  les  premiers  disciples 
du  Sauveur,  et  qu'il  leur  communiqua  non  seulement 
la  grâce  sanctilianle,  et  entre  aulres  la  force  et  le  cou- 
rage tout  divin  dont  ils  avaient  besoin  pour  renver- 
ser l'empire  du  démon  ;  mais,  outre  cela,  le  don  des 
miracles  et  des  visions  snrnalurelles,  des  langues  et 
des  guérisons.  Le  livre  des  Actes  nous  apprend  au 
chapitre  8'  que  les  apôtres  communiquèrent  ensuite 
aux  autres  par  l'imposition  des  mains  ce  qu'ils  avaient 
reçn  eux-mêmes;  et  que  celle  grâce  passa  même  jiis- 
xn.  XX. 


.  EFFETS  DE  CE  SACREMENT.  503 

que  sur  les  gentils,  qui  embrassaient  la  foi  chrétienne. 
Ainsi  s'accomplit  la  prophétie  de  Joël.  Dans  ces  der- 
niers temps,  dit  le  S<igncur,  je  répandrai  mon  ef^prit 
sur  toute  chair.  Vos  fils  et  vos  filles  propliéliscrûnt  ; 
vos  jeunes  gens  auront  des  visions,  et  vos  vieillards  au- 
ront des  songe$ je  ferai  paraître  des  prodiges  dans 

le  ciel,  et  des  signes  extraordinaires  sur  la  terre.  Aussi 
voyons  nous  qu'il  y  avait  quantité  de  iirophèles  dans 
ces  commeneemenls  de  l'Eglise,  cl  de  persormes  qui 
opéraient  de-i  prodiges  et  des  miracles  en  tout  genre. 
Il  y  avait  alors  dans  l'église  d'Anliochc,  dit  S.  Luc  (1), 
des  prophètes  cl  des  docteurs,  savoir  :  Barnabe  et 
Simon,  qu'on  appelait  le  Noir ,  Lucius-Ie  Cirénéen, 
Manahen,  frère  de  lait  d'ilérode  le  Tétrarque,  et 
Saul.  Or,  peiulant  qu'ils  sacrifiaienl  au  Seigneur,  et 
qu'ils  jeûnaient,  le  Saint-Esprit  leur  dit  :  Séparez-moi 
Saul  et  Barnabe,  pour  l'oeuvre  à  laquelle  je  h  s  ai  ap 
pelés.  Vous  voyez  ici  cinq  prophètes  dans  une  seule 
ville  :  encore,  n'étaienl-ils  pas  les  seuls ,  puisque 
l'Écriture  en  parle  comme  étant  seulement  du  nombre 
de  ceux  qui  se  trouvaient  pour  lors  à  Aniiochc,  au 
moins  suivant  noire  Vulgato,  qui  porte  :  In  quibiis 
Barnabas,  etc.,  ce  qui  signifie,  parmi  lesquels  était 
Barnabe. 

Ce  n'élail  pas  seulement  à  Antioche  que  l'on  voyai* 
des  prophètes,  il  s'en  trouvait  ordinairement  dans 
chaque  église  particulière.  S.  Paul  le  témoigne  assez, 
lorsque,  parlant  aux  prêtres  de  l'église  d'Éphése, 
sur  le  voyage  (ju'il  avait  entrepris  de  faire  à  Jéru- 
salem (2),  il  leur  dit  que  son  dessein  était  de  se 
;  rendre  en  celle  ville  ;  (|uoi(pie  dans  toute >  celles  ofi  il 
\  passait,  le  Saint-Esprit  lui  fit  coimailre  (par  la  bouche 
di's  frères  qu'il  inspirail),  que  des  chaînes  et  des  affli- 
j  étions  lui  étaient  préparées;  c'est  ce  que  Ton  voit  lui 
être  arrivé  à  Tyr  (5),  où  ayant  trouvé  des  disciples, 
dit  l'historien  sacié,  nous  y  demeurâmes  sept  jours, 
et  ils  disaient  par  l'esprit  à  Paul,  qu'il  n'allât  point 
à  Jérusalem.  L'Apôtre,  avec  ses  compagnons,  étant 
passé  de  Tyr  à  Césarée,  y  logea  chez  le  diacre  Phi- 
lippe, qui  avait  quatre  filles  vierges,  qui  prophéti- 
saient. Là,  un  autre  prophète  nonnné  Agabus,  vint 
les  trouver,  et  prédit  clairement  à  Paul  les  mauvai? 
trailements  qu'il  devait  recevoir  à  Jérusalem. 

Ce  peu  que  nous  venons  de  rapporter  des  Actes 
des  apôtres  ,  montre  évidennnent  combien  les  dons 
1;  surnaturels  du  Saint-Esprit  étaient  ordinaires  dans 
i  ces  heureux  temps,  et  pour  ainsi  dire,  po[)ulaires, 
puisque  Dieu  les  répandait  si  abondamment,  non  seu- 
lement sur  les  simples  fidèles,  mais  encore  sur  les 
personnes  de  l'autre  sexe.  Aussi,  S.  Paul,  parle-t-il 
dans  ses  Épîlres  des  dons  miraculeux,  comme  de  quel- 
que chose  de  très-connu,  dit  M.  Abbadie  (i).  11  les 
appelle  les  dons  du  Saint-Esprit,  et  quehiuefois  sim- 
plement le  S:iint-Esprit.  Celui  qui  voudiait  ôter  de 
ses  Épîlres  tous  les  endroits  où  il  en  parle,  en  ôlerait 
sans  doute  une  des  plus  considérables  parties.  Dans 

(1)  Act.  ch.  13,  v.  1  et  2. 
2)  Act.  20,  23. 
5)  Act.  2.  i.  > 


303  BÏSTOIRK  DES 

la  promiôre  qu'il  écrivit  aux  Corinlhiens  (1),  vers  ] 
Tan  (le  Jésus-Christ,  57,  vingt-qualre  ans  après  la 
passion  du  Sauvenr,  il  leur  dit  :  Or,  les  dons  du  Saiiit- 
Eii[iiit  qui  se  font  ronnaitre  au  dehors,  sont  donnés  à 
chacun  pour  l'ulililc  de  l'Église.  L'un  reçoit  du  Saint- 
Esprit  le  don  de  parler  de  Dieu  dans  une  haute  sa- 
gesse :  un  antre  reçoit  du  même  Esprit  le  don  de 
parler  aux  hommes  avec  science  :  un  autre  reçoit  le 
don  de  la  loi  par  le  même  Esprit  ;  un  autre  reçoit  par 
le  même  Esprit  la  grâce  de  guérir  les  maladies  ;  un 
antre,  le  don  de  faire  des  miracles  ;  un  autre,  le  don 
de  propîiélie;  un  autre,  le  don  de  discerner  les 
esprits  ;  un  antre,  le  don  de  parler  diverses  langues; 
un  antre,  le  don  de  rinterpiélalion  des  langues,  etc. 

Vous  voyez  comment  S.  Paul  suppose  en  passant 
ces  prodiges  comme  un  fait  d'expérience,  et  que  cha- 
cun connaissait.  L'Apôtre  en  paile  de  même  dans  ce 
cha|!ilre  (2),  à  l'occasion  de  l'union  et  de  la  charité 
qu'il  reconnnande  aux  Chrétiens,  les  uns  envers  les 
autres,  les  exiiorlant  surtout  à  ne  mépriser  aucun 
d'entre  eux;  même  ceux  qui  paraissent  les  moindres 
de  tons,  parce  que  tons  sont  niemhres  du  corps  my- 
stique de  Jésus-Christ ,  et  méritent  en  cette  qualité 
d'è:rc  aimés  et  honorés.  Sur  quoi  il  leur  dit  qu« 
Dieu  a  clàhli  dans  son  Église  plusieurs  ordres  de  dons 
cl  de  i;r;ice«,  le  tout  pour  l'utilité  commune  du  corps, 
c!  non  afin  que  qnnhprun  en  prenne  occasion  de  s'é- 
cver  au-dessus  des  autres.  Tous  sont-ils  apôtres, 
•ijonte-t  il?  tous  sont-ils  prophètes?  tous  sont-ils  do- 
cteurs? tons  font-ils  des  miracles?  tous  ont-ils  la 
grâce  de  guérir  les  maladies?  tous  parlent-ils  plu- 
sieuis  langues?  tous  ont-ils  le  don  de  les  interpréter? 
C'est  ainsi  (jue  S.  Paul  ne  parle  qu'indirectement,  et 
connue  en  passant,  de  ces  diflércnts  dons;  et  cela  fait 
bien  voir  ipie  ce  fait  était  d'une  notoriété  publique. 

Que  si  l'on  veut  encore  une  plus  grande  preuve  de 
cette  vérité,  mais  une  preuve  qui  me  paraît  au-dessus 
de  la  snhtihté  di-s  exceptions,  il  suffit  de  considérer 
qu'entre  ces  dons,  celui  de  parler  des  langues  était  si 
connnini,  qu'il  survint  un  grand  Ironhle  et  une  grande 
confusion  dans  l'église  de  Corir.the,  à  cette  occasion  ; 
parce  que  ceux  (|ui  avaient  reçu  ce  don  voulant  tons 
parler  des  langues  étrangères  dans  l'église  ,  l'assem- 
blée n'en  était  point  édifiée.  C'est  ce  qui  obligea  S. 
Paul  à  leur  écrire  fortement  là-dessus  ;  et  c'est  à  quoi 
il  emploie  le  chaiiilre  14  de  sa  première  Épitre  aux 
Coriniliiens.  Je  souhaite,  leur  dit-il  (v.  3),  que  vous 
ayez  tous  le  don  des  langues,  mais  encore  plus  que 
vous  ayez  celui  de  prophétiser....  aussi,  mes  frères, 
quand  je  viendrais  vous  parler  des  langues  incon- 
nues, (|uelle  uliliié  vous  apporterais  je  (v.  (j)?...  c'est 
poinquoi  que  celui  qui  parle  une  langue  demande  à 
I)i«;u  le  don  d'interpréter  ce  qu'il  dit  (r.  15)....  Je 
loue  mon  Dieu  de  ce  que  je  parle  toutes  les  langues 
que  vous  j)arlez  (v.  18)  :  mais  j'aimerais  mieux  ne 
dire  dans  l'église  que  cinq  paroles  dont  j'aurais  l'iu- 

(A)  Traité  de  la  Religion  chrétienne,  t.  2,  c.  12. 

(1)  Cap.  12,  V.  7,  8,  9,  10. 

(2)  Ibid.  u.  28, 2i)  ci  scq. 


SACREMENTS. 


%Û^ 


telligence  pour  en  instruire  aussi  les  autres,  que  d'en 
dire  mille  en  une  langue  inconnue  (v.  19)....  Que  si 
votre  Église  étant  assemblée,  tous  parlent  diverses 
langues  (v.  23),  et  que  des  ignorants  ou  des  inlidcles 
entrent  dans  cette  assemblée,  ne  diront-ils  pas  que 
vous  êtes  des  insensés?  Mais  si  tous  propliétisent,  et 
qu'un  inlidèle  ou  un  ignorant  entre  dans  votre  assem- 
blée, tous  le  convainquent,  tous  le  jugent  :  et  ainsi 
ce  qu'il  y  a  de  plus  caché  dans  son  co-ur  est  décou- 
vert ;  de  sorte  que,  se  prosternant  le  visage  contre 
terre,  il  adorera  Dieu,  rendant  témoignage  que  Dieu 
est  véritablement  parmi  vous, 

S.  Paul,  après  avoir  fait  sentir  aux  Corinthiens 
combien  ils  avaient  tort  d'avoir  tant  d'ardeur  pour 
le  don  des  langues,  et  de  le  préférer  à  d'autres,  qui, 
quoique  moins  éclatants  étaient  plus  utiles,  règle  en- 
suite la  manière  dont  ils  devaient  user  tant  de  celui- 
ci  que  de  celui  de  prophétie,  afin  que  tout  se  fit  avec 
décence  dans  leur  assemhlée,  et  qu'il  ne  s'y  passât 
rien  que  d'édifiant,  il  parle  de  cela  comme  de  choses 
ordinaires,  et  dont  il  était  de  son  devoir  de  régler 
l'exercice.  Que  faut-il  d(jnc,  mes  frères,  que  vous  fas- 
siez (v.  26)  ?  Si  lorsque  vous  êtes  assemhlés,  l'un  est 
inspiré  de  Dieu  pour  composer  un  cantique,  l'autre 
pour  instruire,  un  antre  pour  révéler  les  secrets  de 
Dieu,  un  antre  pour  parler  une  langue  inconnue,  un 
antre  pour  l'inlerprcler,  que  tout  se  fasse  pour  l'édi- 
fication. S'il  y  en  a  qui  aient  le  don  des  langues  (v. 
27),  qu'il  n'y  en  ait  pas  pics  de  trois  qui  parlent  une 
langue  inconnue,  et  qu'ils  parlent  l'un  après  l'autre, 
et  qu'il  y  ait  quel<iu'un  (pii  interprète  ce  (pi'ils  auront 
dit.  Que  s'il  n'y  a  point  d'interprète  (v.  28),  que  celui 
qui  a  ce  don  se  taise  dans  l'Église....  Pour  ce  qui  est 
des  prophètes  (v.  29  etseq.),  qu'il  n'y  en  ait  pas 
plus  de  deux  ou  trois  qui  parlent,  et  que  les  autres 
en  jugent.  Que  s'il  se  fait  quehiue  révélation  à  quel- 
qu'un de  ceux  qui  sont  assis  dans  l'assemhlée,  que 
le  premier  se  taise.  Car  vous  pouvez  tous  prophétiser 
l'un  après  l'autre,  afin  que  tous  apprennent,  et  que 
tons  soient  consolés  ;  et  les  esprits  des  prophètes 
sont  soumis  aux  prophètes.  Car  Dieu  est  le  Dieu  de 
paix,  et  non  de  confusion  et  de  désordre  :  c'est  ce 
que  j'enseigne  dans  toutes  les  églises  des  saints. 

En  vérité  il  eût  fallu  que  S.  Paul  fiil  le  plus  insensé 
de  tous  les  hommes  parlant  de  la  sorte  aux  Corinlhiens; 
s'il  n'y  avait  point  eu  de  ces  dons  miraculeux  parmi 
eux,  ou  sine  le  croyant  pas,  il  eût  cru,  en  leur  par- 
lant ainsi ,  leur  persuader  qu'ils  avaient  chez  eux  des 
prophètes  en  grand  nombre,  et  d'autres  doués  des 
grâces  dont  il  fait  mention.  Que  ceci  soit  dit  en  pas- 
sant contre  les  incrédules.  Mais  faisons  surtout  atten- 
tion à  ces  dernières  paroles  de  l'Apôtre  :  Ceit  ce  que 
fetueigne  dunt  lotîtes  les  égli$es  di$  sainU.  Elles  mon- 
trent évidemment  que  les  grâces  dcmt  il  vient  de  faire 
l'énuniéralion  étaient  réjianducsdanri  chaque  église,  et 
qu'il  y  prescrivait  les  mêmes  règles  qu'il  vient  do 
donner  à  ceux  de  Corintl.e,  soit  pour  prévenir  les 
désordres  qui  pouvaient  s'élever  sur  ce  sujet,  soit  pour 
les  réprimer  ea  cas  qu'iU'en  fût  trouvé  de  »cml)lables. 


io^ 


CONFIRMATION.  —  CIIAP.  Vil.  EFFETS  DE  CK  SACREMENT. 


2()G 


Ce  que  l'Apôlre  dit  aux  Galalcs  sédiiils  par  de  faux  f 
apôtres  qui  voiiU.ii'nl  joindre  robservalion  de  la  loi  à 
la  grâce  de  rF-vaii;,'iit',  fait  bien  voir  qu'eircclivcinciil 
ce  don  des  niiracles  nVlaii  passculeiiicnl  dans  réjilise 
de  Coriullie,  puisqu'il  le  suppose  comme  une  chose  si 
connue  parmi  eux  (pi'il  en  lire  un  argument  sans 
rcpli(]ue,  pour  leur  prouver  combien  leur  conduite 
élait  déraisonnable  eu  ce  point.  0  Gabiles  insensés, 
leur  dit-il  (c.  5,  v.  1),  qui  vous  a  ensorcelés  pctn-  vous 

rendre  ain^i  rebelles  à  la  vérité celui  qui  vous 

communique  son  esprit  (v.  5),  et  qui  fait  tant  de  mi- 
racles parmi  vous,  le  fiul-il  parles  œuvres  de  la  loi,  ou 
par  la  lui  que  vous  avez  ouï  prèclier. 

Les  grâces  surnaturelles  coiilinucn'nt  duis  TEglise 
après  que  les  apôtres  furent  morts.  Sùnl  Ignace,  qui 
fut  martyrisé  huit  ans  après  la  mort  de  S.  Jean,  qua- 
rante après  celle  des  apôtres  saint  Pierre  et  sairil 
Paul,  l'an  de  Jésus-Ci:ri>t  107,  saint  Ignace,  dis-je, 
cet  homme  si  digned'ètre  cru  sur  sa  parole,  nous  reml 
témoignage  que  lui-même  élail  inspiré  de  Dieu.  Voici 
comme  il  en  parle  dans  sa  lettre  à  ceux  de  Pliiladel- 
pliie  (num.  7).  Car,  quoiqu'il  y  eu  ait  qui  aient  voulu 
me  séduire  selon  la  chair,  ils  n'ont  point  séduit  l'es- 
prit qui  est  de  Dieu  :  car  il  sait  d'où  il  vient  et  où  il 
va.  3'ai  crié  étant  au  milieu  d'eux,  jai  pailé  à  haute 
voix,  écoulez  les  évéques,  les  prêtres  et  les  diacres. 
Quelques-uns  ont  soupçonné  que  je  disais  cela  counne 
prévoyant  le  s<  hisme  que  certaines  personnes  devaient 
introduire.  Mais  Dieu ,  pour  ijui  je  suis  enchaîné, 
m'est  témoin  que  je  ne  l'ai  point  connu  par  les  voies 
ordinaires;  n)ais  l'esprit  nous  crie  en  disant  :  Ne 
faites  rien  sans  révê(|ue,  etc.  Le  même  saint  martyr 
parle  encore  plus  ouvertement  des  connaissances  sur- 
naturelles qu'il  avait  reçues  de  Dieu  dans  sa  lettre 
aux  Tralliens,  aux(|uels  il  dit  :  Ne  puis-je  pas  vous 
écrire  des  choses  célestes?  Mais  je  crains  que  n'étant 
encore  que  des  enfanta  (en  matière  de  religion),  je  ne 

vous  nuise  par  là.  M^  iù  èJvay.Kt  rà  ir.ojf'^-nc/.  v.iàjiat  ;  CO 

qu'il  écrit  aux  Ilomains  est  une  preuve  évidinîe  de 
ce  que  nous  disons  des  miracles  dans  ces  premiers 
siècles.  Ils  y  étaient  si  communs  ,  que  le  saint  mar  lyr 
en  est  en  peine  ,  et  qu'il  appiéliende  que  les  hèles 
farouches  auxquelles  il  était  tondaiimé  ne  l'épargnent, 
comme  elles  avaient  l'ait  quantité  d'autres.  C'est  pour- 
quoi il  dit:  Je  les  (Intlerai  nfni  quelles  me  dévorent 
ausailôi  el  qu  elles  ne  m'épargnent  pus  comme  cfunlres 
quelles  nont  osé  toucher. 

Après  S.  Ignace  vient  Quadral ,  le  prem-'cr  apolo- 
giste de  la  Religion  chrétienne,  qui  osa  même  piésrii- 
ter  sou  éciit  pour  la  défense  du  christianisme  à  l'em- 
pereur Adrien.  Ensèhe  (1)  nous  assure  qu'il  élait 
rempli  du  don  de  propliétie  aussi  bien  que  les  (illes  du 
diacre  Philippe.  Nous  apprenons  la  même  chose 
d'Aslerius  Lrhaims  aiuieu  auteur  chrétien.  Et  certes 
on  peut  croire  que  ces  vierges  proj.héiesses  ont  [tu 
vivre  juscju'à  ce  tenqts  par  ce  qu'écrit  Polycrale  au 
Pape  Victor.  La  succession  de  l'esprit  de  prophétie 

(1)  Hist.  eccl.3,  c.  57,  et  ex  Aslcrio  Urbano,  I.  5, 
C.  17. 


pnssa  dû  Quadrat  jusq!;*iiu  temps  de  Mont.in  par  Am- 
niia,  autre  propliéles.se.  C'est  ce  que  nous  ap;rejid 
.\ppolimaire  de  .léraple  tlonl  Eusèbe  l'ait  uu-nlion  (huis 
son  liisioire  eeclésiasiique  (I).  Car  si  après  Quadrat, 
dit  il,  et  .\ieniia  de  Piiilaliieliihie,  les  l'emmes  qui  sont 
à  la  suite  de  .Montan  ont  s::cfédé  au  don  de  prophétie, 
qu'ils  nous  montrent  qui  sont  ceux  qui  ont  succédé  à 
.Moiitan  el  à  ces  femmes"?  t^ar  l'Ai^ôtre  nous  enseigne 
qu'il  laiit  q-ie  le  don  de  prii|ihélie  deinenre  dans  toute 
l'Fglise  jiisqu'à  l'avenémeMl  du  Seigneur.  Ces  paroi. -s 
d'Apollinaire,  ou  d'un  autre  ancien  auteur  (.Milliade) 
(ju'il  cite,  el  q;ii  avait  aussi  combattu  par  S'S  écrits 
l'hérésie  des  Moiilau  sles,  niontrecl  é\id.Mnent  que 
non  seulemei'.l  le  don  de  propiiélie  s'état  conservé 
sans  inlerruplion  dans  l'Kglise  jusqu'à  Moiit.in  ;  mais 
qu'il  y  était  tellement  établi ,  (pie  l'on  ne  croyait  pas 
que  l'Eglise  pût  être  jamais  sans  prophètes;  eu  sorte 
que  les  Montanistes  n'eu  ayant  point  jianni  eux  qui 
.s'atirilinassent  ce  litre  ajirès  la  mort  de.Maxiniilla,  les 
catholiques  en  concluaient  contre  eux  (ju'il.-.  n'éiaient 

|)0inl  l'é-lise  de  D;eU,  ôc-t;  yà^  Etvai  -h  Ti^Cir^-i/.à;  -/y-pi- 
aij.a.    £j   ■KV.Tç    ryj   s/././.r,7ic/.  fJ-t/pi    zf,;    TS/tia;    tzv.coxjtCc/.;    i 

Il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  l'esprit  de  prophétie 
.•"ùl  renfermé  dans  les  seules  p(îrsonnes  dont  nons  ve- 
nons de  faire  mentit  n  d'après  ces  anciens  écrivains. 
II  y  en  avait  plusieurs  autres  chez  les  chrétiens  dans 
l'intervalle  du  temps  qui  s'était  écoulé  depuis  S.  Ignace 
I  jusqu'à  Monlan,qi!:  coin;i:cnça  à  pu!)lier  ses  blas- 
phèmes en  l'an  171,  selon  Eusèbe,  et  (jui,  suivant  v 
M.  de  Tillemoal  (2),  n'a  pas  commencé  |)lus  tôt ,  et  ne 
peut  l'avoir  fait  gfi  re  plus  lard.  Saint  Polyca:  pe,  qui 
soufiVit  le  martyre  l'an  147,  élait  au^si  prophète. 
C'est  ainsi  que  le  qualilient  ceux  qui  ont  éerit  IhistoirG 
de  son  martyre  (ôj,  et  ils  ajoutent  qu'i/  n'a  ritn  prédll 
qui  na'n  eu  .son  accomplissement  ou  qui  ne  doive  l'avoir 
en  son  temps,  i 

Mais  ponr(pioi  nous  arrêter  à  dos  p  rsonnes  parti- 
culières? Saint  Justin  nous  assnraiild'ur.e  uianièie  si 
positive  que  le  don  des  miracles  et  les  grâces  surna- 
turelles étaient  encore  si  communes  de  son  temps 
dans  l'Eglise ,  c'est-à-dire,  jusqu'au-delà  du  milieu 
du  second  siècle,  puis;p:e  ce  saint  embrassa  le  chris- 
tianisme, selon  .M.  de  Tillemonl,  en  l.")5.  et  qu'il  fut 
couronné  du  martyre  en  107  ou  1G8.  Voici  comme  il 
en  parle  dans  renlrelien  qu'il  eul  avec  le  Juif  Triplion  : 
Les  dons  de  prophétie  se  sont  conservés  chez  nous 
jusrpi'à  présent;  ce  qui  doit  vous  faire  compronlrc 
que  les  prérogatives  dont  vous  jouissiez  auticluis  nous 
ont  été  transférées.  Quelques  pages  plus  bas,  il  prend 
les  Juifs  eux-mêmes  à  lémoins  de  ce  qu'il  avance  en 
leur  disant  :  Vous  voyez  vous-mêmes  de  vos  yeiiï. 
(pi'il  n'y  a  point  de  prophètes  parmi  vous,  comme 
autrefois.  Mais  parmi  nous  on  voit  rt  des  femmes  U  da 
hommes  qui  ont  reçu  les  dons  du  Suint-Esprit. 

(I)  Lib.  5,  c.  17. 

[l]  Tom.  i,  p.  4.'i7. 

^j)  Apud  Lu>.eD.  Uiki.  tcc'   '.  4,  c.  I*.  ^ 


207 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


SOS 


11  fallait  donc  que  dans  l'eip;\ce  de  temps  dont  [ 
îioiis  avons  parlé,  les  dons  niiraoïdciix  qui  élaiciil 
dans  l'église  fussent  liicn  avérés  el  bien  communs 
pour  s'en  rapporter  aux  Juifs  eux-mêmes  contre  (pii 
noire  saint  niarlyr  disputait,  et  pour  en  tirer  contre 
eux  en  mème-lenips  un  art^unient  si  convaincant  el 
si  favorable  an  cbristianisnie.  Aussi  Eusèbe  (1) ,  en 
parlant  de  S.  Justin,  dit  :  //  écrit  que  les  dons  de 
prophétie  éclatuieut  de  son  temps. 

Ce  furent  même  ces  fié(|uenls  dons  du  Saint-Esprit 
qui  donnèrent  du  crédit  à  iMonlan  et  à  ses  fausses  pro- 
pliétesses  qui  s'ellurçaientd'iiniter  les  vrais  propbètes; 
car  connue  on  était  accoulumé  de  voir  des  personnes 
divinement  inspirées,  on  ne  se  délia  pas  si  loi  de  la 
supercherie  de  ces  béiétiques ,  qui  eurent  ainsi  le 
temps,  avant  qu'on  eût  découvert  leurs  arlilices  et  le  : 
principe  de  leur  enthousiasme  ,  de  pervertir  plusieurs 
fidèles  trop  crédules  ,  el  de  les  attirer  à  leur  secle. 
C'est  Eusèbe  qui  nous  lait  faire   celte  réflexion  (2). 

Sans  parler  de  quelques  personnes  parliculién  s  à 
qui  Dieu  avait  fait  part  des  dons  surnaturels  de  pro- 
phétie, tels  que  Méliton  de  Sardes,  el  Atlale,  un  des 
martyrs  de  Lyon,  dont  il  est  pailé  dans  la  lettre  que 
les  églises  des  Gaules  éerivircnl  à  celle  de  Plirygicî  ; 
nous  avons  un  lémnin  inlinimenl  respectable  de  ce 
que  nous  disons  touclianl  le  don  des  miracles  el  des 
visions  sin-nalurelles  en  la  personne  de  S.  Irénée  qui 
niourul  dans  les  premières  années  du  troisième  siècle 
de  l'Eglise,  c'est-à-dire,  en  202,  oy  peu  d'aimées  après. 
\oici  connue  il  en  parle  en  écrivant  contre  les  héré- 
tiques :Or<enx-ci  (les  eallioliques)  ont  la  connaissance 
des  choses  avant  cpTelles  arrivent ,  des  visions  el  des 
paroles  pfopbéli<iues.  Il  prend  occasion  de  là  de  com- 
battre les  héréti(iues.  Où  est  l'Eglise,  là  est  l'Esprit, 
et  ouest  l'Esprit,  là  est  l'Église  et  toute  grâce.  Il  avait 
dit  auparavant  :  On  ne  peut  faire  le  dénombrement 
des  gr.àces  surnaturelles  que  l'Église  répandue  par 
tout  le  monde  a  reçues  de  Dieu  au  nom  de  Jésus- 
Christ  crucilié  sous  Ponce  Pilale,  et  dont  les  opéra- 
lions  se  font  sentir  à  l'avantage  des  nations.  El  qu'on 
ne  croie  pas  que  le  saint  niarlyr  parle  ainsi  sur  la  foi 
des  autres;  non,  c'est  sur  ce  qu'il  voyait  el  enlendail 
lui-même  qu'il  rend  ce  témoignage.  Car  nous  avons 
ouï  nous-mêmes  dans  l'Église,  dit- il ,  plusieurs  de 
nos  frères  qui  avaient  le  don  de  prophétie,  qui  parlaient 
jilusieurs  langues  par  l'opération  dw  Saint-Esprit,  qui 
découvraient  pour  l'avantage  des  autres  ce  qui  était 
caché  dans  les  hommes,  et  qui  annonçaient  les  mys- 
tères de  Dieu.  Ce  passage  qu'Eusèbe  nous  a  conservé 
est  trop  considérable  pour  que  nous  ne  le  rapportions 
pas  tel  qu'il  est  dans  l'original.  Kal  ttcz/wv  àxoùs^ev 

àSï/cûv  ev  Tfl  Exx/>;!Jta  npC9r,zi/.à  y</.pltifxa.TU  iybi'<à/f  xal 
n«vT«5«7tats  iaycDvTwv  ôtà  toO  IIjeù^uktoj  y/woaKtî  ,  xaî 
ftoûpia  TÔv  «vfip&inwv  eî;  jsavs^àv  àyivrwv  «ttI  tw  au,u5sép6vTi, 
\i.ci.ï  T«  /*uoT/pca  TOÛ  0îoO  èx5tr,70u/xévwv. 


(i)nist.eccl.  1.  4,  c.  18. 

(2)  Hist.  Eccl.   1. 5,  cl;  ibid.  c.  U  ; 


ibid.  e.  S. 


I 


AnTici.!-:  11. 
On  l'ait  voir  que  dans  le  troisihne  sircle  le  don  des  mt- 

racles  et  des  visions  était  encore  assez  commun  dans 

l'EijIisc. 

Ce  «pie  nous  avons  dit  (bris  l'article  précédent  est 
plus  que  sulïisant  pour  montrer  combien  les  grâces 
exlérieures  et  sin-naiurelles  qtn  étaient,  suivant  les 
protestants  eux-mêmes,  les  effels  de  la  Condrmalion, 
étaient  coinnuînes,  el,  pour  ainsi  dire,  iiopulaircs  dans 
les  deux  premiers  siècles,  l'ans  le  troisième,  elles  de- 
vinrenl  plus  rares;  mais  elles  ne  cessèrent  pas  d'être 
encore  ordinaires.  Si  elles  furent  m(tins  répaïubies  sur 
la  mullilude,  elles  parurent  d'autre  part  avec  plus 
d'édat  dans  plusieurs  personnes  prixilégiées  à  qui 
Dieu  lis  connnunii|ua  ,  et  qui ,  s'il  nrest  permis  de  me 
servir  de  celle  expression,  les  honoièrent  par  la  sain- 
teté de  leur  vie  el  la  gravité  de  leurs  mœurs. 

Le  pi«'mier  exemple  que  nous  en  produirons  est 
celui  de  sainte  Perpétue,  martyre  d'Afri(|ue,  que  l'on 
peut  regarder  comme  une  véritable  proplièlesse.  Il  est 
porté  dans  les  Actes  de  son  martyre,  qui  ont  été  :  u- 
trefois  en  si  grande  vénérati(m  dans  l'Eglise,  qu'on  les 
lisait  aux  fidèles  avec  admiration,  dans  les  assemblées 
publiques,  comme  le  témoiijiie  souvent  S.  Aiigusiin, 
que  son  frère  lui  ayant  dit  :  «  .Ma  sœir,  vous  êtes  déjà 
dans  les  bonnes  grâces  de  Dieu,  et  si  avant,  que  je 
vons  prie  de  lui  demander  si  ceci  sera  suivi  de  la  mort, 
ou  non.  »  Siu"  quoi  sainte  Perpétue,  (jni  a  écrit  elle- 
même  celle  partie  des  Actifs  de  son  martyre,  dit  :  «  Et 
moi  qui  savais  combien  je  m'entretenais  familièrement 
avec  Dieu,  dont  j'avais  éprouvé  tant  de  bienfaits,  me 
confiant  en  ses  promesses,  je  lui  répondis:  Demain 
je  vous  en  dirai  des  nouvelles.  »  Celle  sainte  soulfiit 
ellèclivemenl  le  martyre  bientôt  après,  l'an  203,  ou, 
au  plus  tard,  205  de  Jésus-Chrisl.  S.  Denis  d'Alexan- 
drie était  aussi  averti,  par  des  visions  surnaturelles  et 
div'nes,  de  ce  qu'il  devail  faire  dans  les  occasions.  La 
persécution  s'étant  allumée  du  temps  de  l'empereur 
Pliili|>|>e  à  Alexandrie,  et  le  petiple  de  cette  ville,  le 
plus  insolent  et  le  plus  eni|'orté  qui  fût  alors,  s'étant 
abandonné  à  sa  fureur  contre  les  cbrélicns.  Dieu  lui 
fit  connaître  qu'il  devait  se  retirer,  et  lui  fit  même 
conn.îiire ,  par  une  voix  extraordinaire,  le  cheniia 
([u'il  devail  prendre  pour  ne  point  tomber  enlre  les 
mains  de  ses  ennemis.  C'est  ce  qu'il  raconte  lui- 
même  (1),  et  dont  il  prend  Dieu  à  témoin. 

Le  même  S.  Denis,  dai  s  une  lettre  à  Philémon,  lui 
dit  qu'il  a  appris  de  Dieu,  dans  une  vision,  qu'il  de- 
vail lire  les  livres  des  hérétiques ,  parce  qu'il  élait  en 
état  de  discerner  le  vrai  du  faux ,  el  de  les  réfuter,  t 
Quiconque  a  lu  les  ouvrages  de  S.  Cyprien ,  sait  com-  î 
bien  ce  saint,  d'un  esprit  d'ailleurs  si  solide,  était  f 
favorisé  de  visions  célestes.  Elles  lui  étaient  si  ordi-  1 
naires,  qu'il  avait  coutume  d'attendre  dans  le  gouver- 
nement de  son  Eglise  et  dans  l'exercice  même  ordi- 
naire de  sa  discipline,  ce  que  le  Seigneur  daignerait 
lui  faire  connaître  par  cette  voie.  C'est  ce  qu'il  fit  à 

(1)  Epist.  ad  Germ. 


509  CONFIRMATION.  —  CIlAl'.  Ml. 

l'égnrd  d'un  corlain  Piipiaii  qui  deuiandait  d'èire  reçu    ' 
à  la  comiuuiiinn  ecclésiaslique;  «  il  faut,  dil-il,  que 
je  con-iiilii'  preniicreniciil  iiioii  Seigneur,  pour  approu- 
drc  de  lui  si  on  doit  vous  donner  la  paix ,  et  s'il  me 
fera  coiiuaiire,  en  vision  et  par  ses  averii>senienis, 
qti'il  faut  vous  recevoir  à  la  connnunion  de  son  Ejiiise. 
('/  priiis  Doniiiium  inenin  consitlam,  un  libi  imcem  duii, 
cl  le  ad  comnmmciilionem   Ecclesiœ   suœ  admilli  snâ 
ostmsioneel  iidmonilione permiltul.  »  Il  continue  :  •  Car 
je  me  souviens  de  ce  qui  m'a  été  montré,  ou,  plulôl, 
de  ce  qui  a  été  ordonné  au  si-rviieiir  obéi-sanl  cl  en- 
tièrement dépendant  de  la  v(don'é  di\in(!  de  son  mai 
tre,  qui,  entie  les  autres  choses  (pi'd  a  daigné  lui  faire 
connaître  et  lu  révéler,  a  ajouté  (  ce  sont  sans  doute 
Icï-  paroles  de  Jésus-Christ  qui  lui  répondait  en  vision): 
«  Celui  qui  ne  croit  pas  à  Jésns-Clirist ,  qui  fiit  l'évè- 
que,  comujcncera  à  croire  hus.iu'ii  vengera  i'évéque.  ► 
Il  fallait  i|ue  ce  saint  évéque  fût  hien  acroulumé  à 
connaître  la  v<ilonté  de  Dieu,  par  la  voie  de  la  révéla- 
tion, puisqu'il  n'ose  pas  même  p- omettre  à  un  hnmnie 
repentant  de  sa  faute  ,  de  le  réialdir  dans  la  C'-unnu 
nlon ,  de  peur  que  Dieu  ne  lui  fit  coimaîire  ensuite 
que  cela  lui  déplaisait.  Il  en  usa  de  même  à  l'égard  ï 
des  prêtres  qin  avaient  rétabli  dans  la  commuiiiOu,  f 
sans  son  ordic,  ceux  (|ui  dans  la  persécution  a\aienl  | 
prévariqné  :  J'en  userai ,  dit-il,  selon  (pie  le  Seigneur  | 
me  le  fera  connaître;  il  m'ordonne,  en  altendaiil,  de 
les  suspendre  de  l'cdilalion  du  saint  saerilice.  Vlareà 
ttdmonitione,  quâ  me  Douiinus  jubel ,  ut  inlerini  prolii- 
beantur  offerrc  (Epist.  IG). 

Noire  saint  martyr  fut  averti  de  la  première  persé- 
cution (pii  s'alluma  pendant  son  épiscopal;  il  en  pré- 
dit aussi  la  fin  dans  le  lemps  qu'on  s'y  attendait  le 
moins,  cl  il  était  si  sûr  de  son  fait,  qu'il  voulit  (lu'on  ! 
lût  aux  frères  la  lettre  qui  conlenaii  cette  prédiction.  ; 
Il  se  relira  duranl  celle  |)remiere  tetni  ête,  par  l'ordre 
de  Dieu    cl  vous  saurez  tout,  dil-il  à  son  peuple, 
quand  le  Seigneur,  qui  m'a  ordonné  de  me  retirer, 
m'aura  ramené  vers  vous.  On  était  si  persuadé  que 
Dieu  l'iiispirail  ei  rinsiruisail  jtar  des  voies  surnalu- 
relles  de  ce  qu'il  devait  faire  dans  cette  conjoncture , 
où   sa  présence  paraissait  si   nécessaire,  qu'on  ne  ^ 
voit  pas  que  personne  en  ait  murmuré.  , 

Le  saint  prélat  eut  enciire  une  vision  (1) ,  dont  l'é- 1 
vénement  lui    fit   connaître    qu'elle   regardait   cinq 
prêtres  rebelles  de  son  Eglise,  qui  lui  avaient  été  re-  | 
présentés  comme  assesseurs  des  magistrats  qui  pu-  ' 
bliaienl  l'édit  de  la  persécution    Enfin  l'on  sait  com-  j 
ment  C!  i  iliuslre  martyr  fut  averli    par   un  songe 
prophétiipic,  du  temps  et  du  genre  de  sa  mort  glo- 
rieuse,  un  an  avant  (pi'elle  arrivai;   et  on  était  si 
assuré  que  Dieu  lui  révélait  les  choses  cachées,  qu'on  , 
tenait  sa  mort  pour  certaine  dès  le  milieu  de  l'année 
à  la  fin  de  hunielle  il  fui  conronné.  Mcd'io  mhUominns 
teinpore,  dit  Ponce,  son  diacre  (2),  hmrhicns  p'ishio  pro 
cerlo  ab  omnibus  scicbalur.  ' 

On  peut  doîic  considérer  à  jusic  titre  S.  Cvj.ricii 

(1)  Episl.iô.  Vid.  iiol.  Pamelii  in  banc  Episiolom.    i 
("2)  1-ontius,  in  Vità  T.ypr.  t . 


KFFEIS  DE  CE  SACKEMENT.  21Û 

conmie  im  proiihéte  du  troisième  siècle.  J'y  joins  S. 
(;régoire  Tliaumaiurge,  quoiipic  le  savant  Dodwel , 
dont  nous  avons  emprunté  une  grande  partie  de  ce 
(|ui  fait  la  matière  de  ce  chapitre,  ail  peine  à  lui  accor- 
der cette  qualité ,  sous  prétexte  que  sa  vie  n'ayant  été 
écrite  que  par  S.  Grégoire  de  Nysse  ,  longtemps  après 
sa  tnorl,  on  ne  peut  faire  de  fond  sur  sa  narration. 
Mais  (pi'il  me  soit  permis  de  répondre  ;i  ce  que  dit 
cet  auteur,  qu'outre  que  S.  Grégoire  de  Nysse  a  pu 
composer  l'histoire ,  ou  plutôt  le  paucgyrique  de  ce 
saint,  sur  des  mémoires  i>lus  anciens,  outre  que  le 
souvenir  d(î  cet  homme  divin  était  encore  tout  récent 
dti  son  temps,  auquel  on  voyait  une  infinité  de  monu- 
ments de  ses  miracles  et  de  ses  grandes  actions  :  il 
avait  de  plus,  dans  sa  propre  famille,  de  quoi  s'in- 
slruire  exactement  de  ce  qui  regardait  ce  grand 
homme,  ei\  la  personne  de  Macrine,  son  aïeule  pater- 
nelle ,  qui  avait  élevé  et  instruit  dans  la  foi  son  frère 
Basile,  et  sa  sœur  Macrine,  et  qui.  ayant  été  instruite 
elle-mènu;  par  les  disciples  de  S.  Grégoire  Thauma- 
inrge,  et  ceux  qoi  avaient  en  le  bonheur  de  vivre  avec 
lui,  avait  pu  apprendre  d'eux  toutes  les  particularités 
de  sa  vie. 

Outre  ces  hommes  privilégiés,  que  le  S.  Esprit  ani- 
mait, et  à  qui  Dieu  faiisail  connaître  ses  secrets  par 
des  songes  et  des  visions  célestes,  nous  apprenons  de 
S.  Cyprien  que  ces  grâces  extraordinaires  se  faisaient 
aus-i  sentir  quelquefois  de  son  temps  â  plusieurs  en- 
sembf'  et  dans  la  midtitude.  Quelques  prêtres  ayant 
reçu  à  la  communion  ceux  (jui  étaient  tombés  dans  la 
persécution,  contre  les  règles  de  l'Eglise  et  sans  son 
ordre  ,  Dieu  l'avertit  de  ce  qu'il  devait  en  cette  occa- 
sion. Le  Seigneur,  dil-il,  ne  cesse  de  nous  faire  sentir 
la  rigueur  de  la  censure  divine  tant  le  jour  que  la 
nuit  ;  car,  outre  les  visions  qu'il  nous  envoie  la  nuit, 
les  enfants  iimocenls  qui  sont  avec  nous  sont  rein|)lii 
de  l'E-pril-Saint,  cl  voient  comme  de  leurs  yeux  eu 
extase,  entendent  et  me  disent  ce  dont  il  plaît  à  Dieu 
de  m'avei  tir  et  de  m'inslruirc.  Prœler  uoclurnns  enim 
viaiones,  pcr  dics  qnoqne  vnplclur  apud  nos  pueronmi 
innocens  œtiis,  et  loqnUuv  ex  qnibiis  nos  Dominus  tno- 
ncre  et  insiniere  digiuitur.  Il  y  a  toute  apparence  que  oc 
fut  par  quelque  voie  sendilable,  je  veux  dire  par 
l'impression  de  l'esprit  de  Dieu  qui  se  fil  sentir  sur 
plusieurs  du  ppu|)le,  que  l<  s  cvcqnes  d'Afritpie  furent 
avertis  de  la  criiflle  perséeulion  (jui  devait  arriver  sous 
les  empereurs  Galliis  cl  Volusien.  C'est  ce  qu'ils  font 
entendre  au  Pape  S.  Corneille  ,  dans  la  lettre  (1)  qu'ils 
lui  écrivirent  IN  y  parlent ,  en  ces  termes  ,  à  l'occa- 
sion de  cetix  qui  étaient  tombés  dans  la  persécution 
précédente,  cl  qui  avaient  pb-iué  leur  faute,  mais  sans 
en  avoir  fat  aussi  long-temps  pénitence  que  les  lois  , 
dj  l'i'lglise  l'exigeaien!.  Car  comme  nous  voyons  que  | 
le  temps  d'une  :iu!re  persécution  conimoncc  à  s'appro- 
cher, cl  que  nous  sommes  avertis,  par  de  fréqiicnles 
cl  conliimclles  visions,  de  nous  tenir  prcis  cl  aruif's 
:  our  cojiibalirc  dans  la  guerre  q;ie  rcimenii  no-îc  dc- 

(!)  Epi'-t.  l",  il  ei!il.f)\'-P..  c.  fi,  7. 


m 


lîl.STOlPvE  DES  SACREMENTS. 


212 


clarc.  Et  crcbris  atque  conlhmh  cslcnsiouibus  admonca- 
mur.  Pri'piirDn  >  niissi  le  jiciiplo  <|iio  la  divine  boule  a 
conlié  à  nos  soins  ['.'ir  nos  cxliorlalioiis,  et  relirons 
dans  le  camp  du  St-iguciir  ceux  qui  veulent  s'armer  cl 
demander.:  à  eonibiillrc.  îsous  avons  cru  que  d;iiis  une 
conjoMCinre  si  pressnnlc,  il  fallait  donner  la  paix  à 
ceux  (|ui,  n'éuint  point  sortis  di;  ^E,^lisc  après  leur 
chiite,  n'ont  i)oiiil  cessé  de  f.iire  pénilenee,  de  gémir, 
et  de  prier  Dieu  depuis  ce  leni])s;  afin  (prils  puissenl 
se  présenter  au  combat  qui  leur  est  préparé,  bien  mu 
nis  et  bien  armés. 

La  persécution  arriva  elTeclivcment  comme  ces 
saints  évè:jues  l'avaient  piCiiil,  et  elle  l'iit  plus  cruelle 
que  celles  qu'ils  avaient  éprouvées  auparavant;  l'évé- 
nen.eiU  vériîi;i  ces  fiécjnentcs  ci  continuelles  visions  qui 
la  leur  av;iienl  annoncée.  Que  peul-cn  désigner  de 


(les  dieux,  mais  des  esprits  impurs,  toirles  les  fois  que 
le  moindre  des  chrétiens  le  leur  conuriiindcrait,  et  (|u'il 
consentait  qiii-  l'on  mit  à  mort  ce  chrétien,  s'il  ne  ve- 
nait à  boni  de  contraindre  ces  esprits  superbes  de 
l'aire,  en  présence  de  leurs  adorateurs,  cet  aveu  si 
humiliant.  Je  ne  crois  pas  non  plus  qu'il  eût  été  de  la 
prudence  de  produire  en  ce  temps-là,  en  favenr  de  la 
rcligio.i,  les  miracles  IVé(pieiils  et  |)resqiie  continuels 
qui  s'opéraient  dans  l'Eglise,  comme  S.  Irénée  avait  l'ait 
au|!aravant  pour  convaincre  les  hérétiques. 

Comme  nous  n'avons  rapporté  que  peu  de  choses 
de  ce  saint  sur  celle  inalière  dans  l'article  précédent, 
je  crois  que  le  lecteur  ne  sera  pas  l'àché  (pie  nous  lui 
mettions  devant  les  yeux  tout  ce  que  ce  S.  rnarlyr  en 
a  dil  dans  son  second  livre  contre  les  hérésies  (i). 
D'abord  il  assu  e  que  les  prétendus  miracles  des  héréti- 


plus  fort  tt  de  plus  posil.f  pour  faire  voir  que  dans  le  |  ques  ne  sont  que  de  vaines  illusions  du  déiiion.  Outre 

troisième  siècle,  non  seulement  il  se  irouv.it  encore  f  cela,  dil-i! ,  les  sect.:teurs  de  Simon  et  de  Carpocrate, 

dans  l'Eglise  des  p  rsoiines  remarqualjlos  par  le  don  il  et  les  an  res  que  Ton  dil  opérer  des  choses  merveil- 

de   prophétie,  mais  que  ces  grâces  surnaturelles  se  |  leuses,tin7M/('s,  ne  le  font  point  par  la  puissance  divine 

répandaieril  même  queliinefois  sur  un  grand  nombre  |  ni  dans  la  vérité.  Ce  n'est  point  non  pins  pour  conlri- 

de  lidèles  lont  à  la  lois.  Ceci  arriva  veis  le  milieu  de  |  biier  au  bien  des   hommes  (pi'ils  font  ces  choses  , 

ce  siècle,  puisque  Gallus  comuicnça  à  pcrséculer  l'E-  |  mais  pour  leur  perte,  et  pour  les  entraîner  dans  ler- 

glise  en  25:2.  .rcur,  ils  les  font  par  des  illusions  uiagiqucs ,   et  par 

Oiigène,  qui  écrivait  contre  Celse  vers  ce  même  |  j  supercherie ,  nuisant  plus  qu'ils  n'ap])orlent  d'utilité 

tem|)s  (1),  nous  rend  témoignage  de  ce  que  nous  di-  {  |  h  ceux  qui  les  croient,  parce  qu'ils  les  séduisent;  car 


sons  ici.  Voici  couime  il  s'explique  sur  celle  matière, 
après  avoir  reniartpié  «lue  ceux  qui  n'oiit  pas  la  foi 
n'ont  rien  fait  de  ^cmul.^ble  à  ce  qu'oui  fiil  les  pro- 
phètes, etfjue  les  Juifs  n'en  ont  pas  eu  chez  eux  de- 
puis qu'ils  ont  mis  à  mort  celui  (pie  les  prophètes 
avaient  prédil-  !^es  signes  du  Sainl-Espiit  he  soi;t  fiii 
connaiire,  dit  il,  dès  (pn;  Jésus  a  connncricé  à  répan- 
dre sa  doctrine.  Us  parurent  avec  |»lns  d'éclat  et  cji 
plus  graiid  nombre  après  son  ascension.  Cela  diminua 
ensuite  :  et  mijourd'hm  encore  on  en  voit  des  vestiges 
ddus  un  petit  nombre  de  personnes  qui  ont  eu  soin  de  pu- 
rifier leurs  ànies  par  lu  parole  de  Dieu,  et  par  Us  exer- 
cices des  œucres  qui  y  sont  conformes. 

C'est  ainsi  que  parlait  Origène  dans  le  7*  livre  de 
sou  ouvrage  contre  Cel.e,  le  n\eilleur  qui  soit  sorti  de 
sa  plume.  On  y  voit  conuncnl  le  don  des  miracles  di- 
minuail  à  mesure  (pie  l'Eglise  s'éleiidail  et  s'aflermis- 
sait.  Ces  gràce^exiiaordinaires  ,  n'étant  accordées  de 
Dieu  (jue  pour  parvenir  à  celle  fin,  aussi  peut  on  dire 
qu'elles  cessèrent  ei.lièrement  d'être  communes  et  po- 
pulaires ,  à  la  lin  du  lroi.-.ième  siècle,  quand  l'iglisc 
eut  enlin  terrassé  le  démon  qtii  s'élait  déelininé  cisn- 
Ire  elle,  avec  toute  sa  fureur,  dans  la  dernière  persé- 
cniion.  Les  paroles  d'Oii^ène  monlrcnt  aussi  qu'il 
s'en  fallait  beaucoup  qu'elles  fussent  aussi  communes 
dans  le  troisième  siè(  le  (|ue  dans  le  précédent;  et  il 
s'est  bien  gardé  de  faire,  en  écrivant  conire  Celse.  le 
même  défi  (pie  Terlullien  faisait  aux  païens,  dans  son 
ap'jlogie  qu'il  publia  ,  selon  M.  de  Tillemont,  avar.l  la 
fin  du  second  siècle  ,  quand  il  leur  disait  que  les  d<;- 
mons  seraient  contrainis  d'avouer  (]u'ils  n'étaient  point 


ils  ne  peuvent  rendre  la  vue  aux  aveugles ,  ni  l'ouïe 
aux  sourds,  ni  chasser  lous  les  démons, exceplé  ceux 
qu'ils  envoient  eux-mêmes ,  si  cependant  ils  le  font. 
Ils  ne  peuvent  guérir  ni  les  malades,  ni  les  boiteux  , 
ni  les  paraliliq'ies,n:  ceux  qui  sont  affligé-,  dans  quel- 
(pie  partie  de  leurs  corps  ;  comme  il  nrrive  souvent 
parmi  nous  que  tous  ceux  qui  ont  des  infirmités  cor- 
porelles recouvrent  la  santé.  Tant  s'en  faut  qu'ils  res- 
suscitent les  morts  comme  le  Seigneur  et  les  apôtres, 
et  comme  il  est  arrivé  très-souvent  pour  quehpie  be- 
soin ,  que  nos  frères  l'ont  fait,  7r»//â/.t,  ,  l'aocieime 
version ,  srt'pJAsioiè.  C'est  ce  qui  arrive  dans  les  églises 
particulières  ,  lorsque  tout  le  peuple  le  demande  par 
des  jeùm^s  et  des  prières  ;  car  l'esprit  est  rendu  aux 
morts  ,  et  Dieu  l'accorde  ainsi  aux  |U'ières  des  saints. 
Los  hérétiques  sont  si  éloignés  de  pouvoir  faire  ces 
c'ioses ,  qu'ils  ne  croient  pas  même  qu'elles  soient 
possibles. 

Dans  le  chapitre  suivant,  voulant  prouver  aux  hé- 
rétiques que  le  Sauveur  a  fait  véritablement ,  et  non 
en  apparence  seulement ,  ce  que  les  évangélisie?  ra- 
conlent  de  lui  ,  il  parle  de  celle  sorte  :  Ses  véritables 
disciples  recevant  de  lui  la  grâce,  opèrent  en  son  nom 
diverses  merveilles  pour  l'avantage  des  autres  hommes. 
Chacun  suivant  son  don.  Les  uns  chassent  très-véri- 
tablement les  démons ,  en  sorle  que  ceux  qui  sont 
ainsi  délivrés  de  ces  mauvais  esprits  embrassent  la 
fui  et  demenrenl  dans  l'Eglisi!.  Il  ajoute  ce  que  nous 
avons  cité  dans  le  chapitre  précédent  ;ensuile  il  con- 
[  linue  :  Les  autres  guérissent  les  malades  par  l'impo- 
silion  des  mains,  et  les  rélablissent  en  santé.  De  plus, 


(1)  En  249,  selon  Tilicm.,  nol.  39,  p.  773,  tom.  2.  'Il     (1)  Cap.  32  ,  n.  2  et  53,  num.  4,  nov.  edit. 


513  APPENDICE  SUR 

j  comme  nous  avons  dit ,  les  morts  sont  ressuscili5s  et 
oiil  demeuré  depuis  plusieurs  années  avec  nous.  L'E- 
,  glisc  opère  loiilcs  ces  choses  sans  séduire  personne  , 
'  sans  exiger  de  l'urgent.  Car  comme  elle  a  reçu  gra- 
I  luilemcnl,  elle  donne  graluilcmcnl.  Elle  ne  fait  rien 
de  tout  c*'la  par  l'invocalion  des  anges  ,  par  enclian- 
temenl,  ni  en  employant  de  mauvais  sccrcls,  mais  en 
adressant  à   Dieu  ses  prières  purement  et  à  décou- 
vert ,  etc. 

Si  les  dons  miraculeux  ontccssc  sur  la  fin  du  troisième 
siècle  dY'lrc  communs  cl  ordinaires  dans  l'Eglise,  ils 
n'y  ont  point  été  aholis  Cette  grâce  surnaturelle  en 
quittant  les  villes  et  les  assemblés  ordinaires  des  fi- 
dèles, se  relira,  pour  ainsi  dire,  dans  les  déscris,où  les 
solitaires  en  étaient  si  remplis  qu'ils  semblaient  se 
jouer  de  la  nature  ;  comme  nous  l'apprenons  de  saint 
Allianase,  de  Cassien,  de  Pallade,  de  S.  Jérôme  ,  de 
Rufin,  cl  de  quantité  d'autres  personnages  graves  et 


LA  CONFIRMATION.  214 

dignes  de  foi.  Quelquefois  aussi  elle  re;^arnis«ail  n\ 
public  quand  le  besoin  de  rKgli;;e  le  requérait ,  s^it 
pour  la  conversion  des  infidèles  ,  soil  pour  confondre 
les  licrétiiiues  qui  s'ciïorçaient  de  corrompre  sa  do- 
ctrine. Nous  pourrions  apporter  une  inlinilé  d'exem- 
ples de  miracles  opérés  au  milieu  des  |!enples  dans 
ces  occasions  ;  mais  cela  n'esl  pas  de  notre  su;et.  il 
suffit  que  nous  sachions  que  la  vertu  de  faire  des  pro- 
diges et  d'opérer  des  miracles  en  tout  genre  que  les 
apôtres  ont  reçue  le  jour  de  la  Pentecôle,  cl  (|n'ilsonv 
ensuite  communiquée  aux  autres  par  le  sacrement  de 
Confirmation  n'a  point  abandonné  l'Eglise ,  cl  ne  l'a- 
bandonnera pas  jusqu'à  la  consommalicm  des  siècles  ; 
quoique  Dieu  opère  plus  rarement  des  miracles,  depuis 
que  le  monde  entier  est  devenu  Chrétien. 

Accipielis  virtutan  supervenienlis  Spirilùs  iancli  in 
vos.  Act.  1  ,  V.  8. 


Qui  contient  quelques  extraits  des  plus  anciens  Pontificaux. 
Du  Pontifical  manuscrit  de  l'archevêque  Egbert,  qui  vivait  vers  le  huitième  siècle. 
Confirmât io  hominum  ab  cpiscopo  dicenda.   Quomodo  confinnare  débet.  C'est-à-dire  :  Com- 
ment l'évêquc  doit  confirmer. 


Dieu  tout-puissant  et  cicrnei,  qui  avez  daigné  régé- 
nérer votre  serviteur  de  l'eau  et  du  Saint-Esprit,  el 
qui  lui  avez  donné  la  rémission  de  tous  ses  péchés  ; 
répandez  du  haut  du  ciel  sur  lui  les  sept  dons  de  votre 
Esprit  suint.  Amen.  Donnez-lui  l'esprit  de  sagesse  el 
d'entendement.  Anu'ii.  L'esprit  de  force  el  de  conseil. 
Amen.  L'esprit  de  science  cl  de  piété.  Amen.  Remplis- 
sez-le de  l'espril  de  la  crainte  de  Dieu  el  de  notre  Sei- 
gneur Jésus-Christ,  el  scellez-le  du  sceau  de  la  sainte 
croix  7  pour  la  vie  élernelle.  Amen. 
Ici  H  doit  lui  appliquer  du  chrême  sur  te  front  et  dire  : 

Recevez  le  signe  de  la  sainte  croix  y  avec  le  chrême 
du  salut  en  Jésus-Christ  pour  la  vie  éternelle.  Amen. 
Que  la  paix  soit  avec  vous ,  et  avec  votre  esprit.  Que 

vous  et  avec  votre  esprit. 
,  Ensuite  il  doit  réciter  cette  prière. 

I     Que  Dieu  le  Père,  le  Fils,  et  le  Saint-Esprit  vous 

confirme  ;  afin  que  vous  ayez  la  vie  élernelle  ,  el  que 

vous  viviez  dans  les  siècles  des  siècles   Qu'ainsi  soil 

béni  tout  homme  qui  craint  le  Seigneur  ,  que  le  Sei- 
gneur vous  bénisse  du  haut  de  Sion  ,  cl  que  vous 

puissiez  voir  les  biens  qui  sont  en  Jérusalem  tous  les 

jours  de  votre  vie.  Que  la  paix  soil  avec  vous  pour  la 

vie  éternelle.  Amen. 

//  faut  à  présent  leur  lier  le  front. 
Dieu ,  qwi  avez  donné  le  Saint-Esprit  à  vos  apôtres, 

et  qui  avez  voulu  qu'il  fût  connnuni(|i:é  au  reste  des 

fidèles  par  eux  et  par  leurs  successeurs,  jelez  un  re-  - 

gard  de  boulé  sur  nous  qui  exerçons  le  saint  ministère     ,  no.strœ  fumntatnm  ,  et  prœsta  vl  eorum  enrumque  corda 

toul  indignes  que  nous  eu  soyons  ,  et  faites  que  les  I    quorum  ici  qunrimi  liodic  fronlem  delinivimus,  et  signa 

cœu;  s  de  ceux  et  de  celles  dont  nous  avons  oint  le  IL  cruels    confmnavimus ,    Spiritus   sanctus    advemens , 


Omnipotens  sempiterne  Deux,  qui  rcgenerare  digmtut 
es  hune  fnmulum  tuum  e.T  oquà  el  Spiritu  snnclo  ,  qui- 
que  dedisti  ci  remissionem  omnium  peccatorum ,  tu.  Do- 
mine, immittein  eumse]-'.ormcmSpiriiuin  luum  sanctuin 
de  cœlis.  Amen.  Da  ei  spirilum  sapicnliœ  et  intcllixnïs. 
;  Amen.  Spirilum  couailii  et  forliiudinis.  Amen,  ypiri- 
tum  scientiœ  el  pietatis.  Amen.  Jniptc  euni  spiiiiu  ti- 
moris  Dci  el  D.  N.  J.C.  et  consigna  cum  .';iguo  sunclœ 
cru-fcis  luœ  propilialus  in  vitam  œtcrmim.  Aiuea, 

Hic  débet  millere  chrisma  in  frontem  ipsius  hominis , 
et  dicere  : 

Accipe  signum  smclœ  cru-fcis  chrismate  salulis  ip 
Christo  Jesu  in  vitam  œlernam.  Amen.  Pax  tecum  ,  et 
cum  et  cum  cpiritu  tuo. 

Posiea  banc  oralionem  recitare  débet. 

Confirmet  te  Deus  Pater  ,  et  Filius  ,  et  Spiritus  sanc- 
tus, ui  habeas  vitam  œlernam  ,  et  viras  in  secnlu  secu- 
lorum.  Ecce  sic  benediclus  omnis  homo  qui  limet  Do- 
minum  ,  benedical  icDominus  ex  Sion  ,  et  videas  qnœ 
bona  sunt  in  Jérusalem  omnibus  diebus  vitœ  luœ.  Pas 
î  tecum  in  vitam  œlernam.  Amen. 
i 

Modo  ligandi  sunt. 

Deus,  qui  aposloUs  luis  sarictum  dedisti  Spirilum  , 
et  pcr  eos  eorumquc  successores  cœlerij  (idcHbus  iroacn- 
dum   esse   roluis  i ,    rcspice    propiiius   ad    humilitatis 


Î15  HISTOIRE  DES 

front  et  que  nous  avons  confirmés  par  le  signe  de  la 
croix,  soietit  embrasés  de  votre  amour  par  la  pré- 
sence du  Sainl-Esprit  qui  les  rende  les  temples  de  vo- 
tre gloire  en  habilaiit  dans  eux. 
Jl  faut  présentement  tes  communier  et  leur  faire  part  du 
sacrifice.  Suit  la  bénédiction  épiscopide. 

Que  le  Seigneur  lout-pui^sanl  vous  bénisse,  lui  qui 
a  tout  créé  de  rien ,  et  qu'il  vous  accorde  dans  le  Ba- 
pièmc  et  la  ConKrmaiion  la  rémission  de  tous  vos  pé- 
chés. 

Que  celui  qui  a  donné  le  Saint-Esprit  à  ses  disciples 
sous  la  forme  de  langues  de  fou  éclaire  vos  cœurs  par 
sa  lumière ,  et  les  enflamme  porpéluellcmont  de  son 
amour.  Amen. 

Afin  qu'étant  purifiés  de  tous  vices ,  et  à  l'abri  dt; 
toute  adversité  sous  sa  protection,  nous  méritions  de 
devenir  son  temple.  Amen. 

Que  celui  qui  vous  a  créé  vous  protège  contre  tous 
les  mau\  qui  vous  menacent ,  cl  contre  tous  les  dé- 
sordres. Amen.  \ 

Qu'il  le.  Amen.  Bénédiction.  Amen. 
Autre  bénédiction  pour  la  messe  après  la  Confirmation. 

Bépanilcz,  nous  vous  en  prions,  Seigneur,  voire 
bénédiction  sur  vos  serviteur  et  vos  servantes  aux- 
quels vous  avez  accordé  les  sept  donsduS.-Esprit  par 
notre  minisière,  et  accordcz-lour  la  grâce  et  les  dons 
de  cet  Es|)ril  saint.  Anun.  Afin  que  tous  ceux  qui  sont 
renés  de  l'eau  et  de  l'esprit  soient  toujours  sous  voire 
protection.  Amm.  Que  la  charité  se  répande  abon- 
damment dans  eux  par  le  Saint-Esprit,  qu'elle  cou- 
vre et  surpasse  la  multitude  de  leurs  péchés.  Amen. 

Qu'ils  soient  sous  votre  protection  divine  afin  (pie 
tous  les  péchés  s'enfuient  d'eux,  et  qu'ils  s'apjili- 
quenl  toujours  à  l'observation  de  vos  commandements. 
Amen. 

Que  celui  qui  a  reposé  autrefois  dans  sa  gloire  sur 
les  apôtres,  se  repose  sur  eux 

Qu'il  le.  Amen.  Bénédiction.  Amen. 


SACREMENTS. 


81 G 


tempium  gloriœ  tuœ  dignanter  in  habitando  perficiat. 
Per. 


Modo  communicandi  sunt  sacrificio.  Sequitur  bene- 
diclio  episcoj)alis. 

Benedicat  vos  omnipotens  Deus ,  qui  cnncta  ex  nihito 
'  creavit,  et  vobis  in  Baptismale,  et  in  confirniatione  re- 
missionem  omnium  peccalorum  Iribuat.  Amen. 

j      Quique  Spiritum  snnctum  igneis   linqvis  suis   dédit 
I  discipulis ,  corda   vestra  ,  ipsius  illustratione  irradiet  , 
'  atqiiein  sut  amorem  jngiter  accédât.  Amen. 
I      Qnateniis  ab  omnibus  viliis  emnndati ,  ipsius  opitula- 

tione  ab  onuiibus  adversitalibus  defensi  tempium  iltins  ef- 

fici  mercamur.  Amen. 

Ille  qui  vos  creavit  ab  omnibus   malis  imminentibus 
cuslodial ,  et  ab  omni  pravitale  defendat.  Amen. 
Quod  ipse.  Amen.  Benediciio.  Amen. 

Alia  benediciio  ad  missani  post  Confirmationem. 

E/j'unde ,  quœsumus  ,  Domine ,  super  lios  famulos 
tuos  et  famulas  tuas  benedictionem  tuam  ,  qnibus  per 
nos  cximium  septiformem  Spiritum  sanctum  tnum  tra- 
dcre  voluisti,  eisdemque  Spirilùs  sancti  gratium  et  dona 
largire.  Amen.  Ut  quicumque  sunt  ex  aquâ  et  spiritu  re- 
naii  scmper  sinl  tua  prolectione  munili.  Amen.  Bedun- 
del  in  eis  diffusa  charitas  per  Spiritum  sanctum  ,  quœ 
opcrial  ac  superel  omnem  multilndinem  peccatorum. 
Aniun. 

Protège  eos  et  cas  prolectione  divinâ ,  ut  fugiant  ab 
eis  universa  peccata,  et  tua  sludeant  semper  adiniplere 
prœcepla.  Amen. 

Bequicscat  in  eis  propitius  ,  qui  quondam  requievit  m 
apostolis  gloriosus. 

Quod  ipse.  Amen.  Benedictio.  Amen. 


ORDRE   POUR   L\   CONFIRMATION, 

Tiré  d'un  ponlilical  manuscrit  de  Vendôme,  ou  plutôt 

ans,  et  rue  nous  traduisons  ici  en  notre  langue. 
^  L'évéquc  rencmt  aux  enfants,  tandis  que  farchidiacre 
tient  le  chrême  ,  ugant  les  épaules  et  les  bras  enveloppés 
de  linges,  il  fail  celte  oraison  sur  eux  avec  l'invocation 
de  r Esprit  à  sept  dons  ,  ayant  les  mains  élevées  et  éten 
dues  sur  la  tête  de  tous. 

Que  le  Saint-Esprit  vienne  sur  vous,  et  que  la  vertu 
du  Très-llaiit  vous  conserve  sans  péché. 
1  Prière. 

•:     Seigtteur  Dieu  éternel ,   qui  avez  daigné  régéné- 
rer ,  etc. 

La  prière  étant  finie  les  diacres  demandent  les  noms 
d'un  chacun.  Alors,  que  le  pontife  ayant  trempé  le  pouce 
dans  le  chrême  fasse  une  croix  sur  leur  front,  en  disant  : 

Je  vous  confiritie  et  vous  manpie  an  nom  du  Père 
du  Fils  et  du  Saint-Esprit.  Amen.  Que  la  paix  suit 
avec  vous,  et  avec  votre  esprit.  , 

i>e  vlus,  tous  étant  confirmés,  au  il  dise  ces  rmrrs.-    ! 


C'est  ainsi  (pio  sera  béni  l'homme  qui  craint  le  Sei- 
gneur. Que  le  Seigneur  vous  bénisse  de  Sion,  afin  que 

votre  vie.  Que  le  Seigneur  vous  conserve  dans  sa  très- 
sainte  crainte,  Iniqnivilel règne  dans  les  siècles  des 
siècles.  Que  la  paix  soit  avec  vous,  et  avec  votreesprit. 
De  plus,  une  oraison  après  la  I  onfirmation. 
Dieu,  qui  avez  domié  le  Saint-Esprit  à  vos  apôtres 
et  par  eux  ,  etc.  ' 

Que  révêque  donne  la  bénédiction  à  ceux  qui  ont  été 
confirmés. 

Que  le  Seigneur  qui  a  tout  créé  de  rien  ,  et  vous  a 
donné  dans  le  baptême  la  rémission  de  tous  vos  pé- 
chés vous  bénisse.  Amen. 

Que  celui  qui  a  donné  à  ses  apôtres  l'Esprit  saint 
sons  la  îbnne  de  langues  de  feu,  éclaire  vos  cœurs  \m 
la  Imnière  de  ce  divin  Esprit,  et  qu'il  les  enflamme 
coirtinuellenieul  de  son  amour.  Amen. 

Afin  qn'é:aiit  purifiés  do  (nus  vices,  et  défendus  par 
sa  protection  de  toute  adversité  ,  vous  méritiez  d'être 
ses  lemplos. 


217 


EUCHARISTIE.  —  CIIAP.  1.  ERREURS  SUR  CE  SACREMENT. 


218 


Ordre  tiré  du  Sacremenlaire  de  Gélase,  et  de  quatre 
manuscrits  de  plus  de  900  ans,  qu'avait  vus  le  père 
Martène. 

Vevéqne  fait  In  prière  sur  eux ,  faisant  le  signe  de  lu 
croix  avec  le  chrême  sur  leur  front  en  invoquant  la  sainte 
Trinité,  et  il  leur  donne  l'Esprit  saini  avec  ses  sept  dons. 

Dieu  loul-puissant  Père  de  iioire  Seigneur  Jésus- 
Ciirisl,  qui  avez  régénéré  vos  serviteurs  de  l'eau  et  de 
l'Esprit  saint,  et  qui  leur  avez  donné  la  rémission  de 
tous  leurs  péchés  :  vous,  dis-je ,  Seigneur,  envoyez 
sur  eux  votre  Esprit  saint  consolateur ,  et  donnez- 
leur  l'esprit  de  sagesse  et  d'enlenilenieut,  r(S|>ril  do 
conseil  et  de  force ,  resi)ril  de  science  et  de  piété  ; 
reniplissez  les  de  resjiril  de  la  crainte  de  Dieu  et  de 
uolre  Seigneur  Jésus-Christ,  et  ordonnez  qu'ils  soient 
marqués  du  signe  de  la  croix  pour  la  vie  éternelle. 
Par,  etc. 
Après  cela  il  les  marque  sur  le  front  avec  le  chrême  , 

en  disant  : 
'    Le  signe  de  la  croix  pour  la  vie  éternelle. llrépond  : 
Amen. 

Que  la  paix  soit  avec  vous.  R.  El  avec  voire  esprit. 


Ordoex  Sacramentario  Celasiano,  it  quatuor  manuscri- 
ptis  annoriim  900  apud  lùlmiindum  Martene,  lA,  de 
Aniiq.  Ecclesiœ  [Ulilius,  loui.  1,  pag.  250. 

Dat  orationcni  ponlifex  super  eos,  euni  clirisnsalcfa- 
eicns  crucem  in  Cninlihiîs  ooriun.cuui  InvocaLione  S. 
Triuilatis,  et  tradiliis  sepliformein  S.  Spirilùs  graliani. 

Deus  vmnipolens, ,  pater  Domini  nostri  J .  C.  qui  re- 
genrràsti  fumulos  tuos  ex  aqnà  et  Spirilu  sancio  ,  qiiicuc 
dedisti  eis  remishionem  omnium  pcccAorum ,  tu  Domi- 
ne, emitte  in  eos  Spiriium  sanclnm  luum  paraditnm,  et 
da  eis  spiriium  sapicutiœ  el  inlcllecins,  spiriium  cun&iUi 
et  fortiludinifi ,  spiriium  scienliœ  cl  pîi'latis;  adimplecos 
spiritu  timoris  Dei'ct  Domini  noslri  J.  C,  et  jubc  ens 
consignari  signo  crucis  in  vitam  œlernam.  Amen. 


Postea  sigi:at  eos  iii  fronte  de  clirismnle ,  dicens  : 

Siqnum  CItrisli  in  vilam  œlernam.  Respondet.  Amen. 
Pax  lecum.  R.  /:/  cum  spirilu  luo. 

JLl 


HISTOIRE 


DU  SACREMENT  D'EUCHARISTIE. 


SECTION  TROISIÈME. 

La  matière  du  sacrement  d'Encliarislic,  principale- 
ment quant  au  dogme,  a  été  tellement  éclaircie  et  ap- 
profondie depuis  Lullier  et  Calvin  ,  que  l'on  n'y  peut 
rien  ajouter.  Je  dis  la  même  chose  de  l'Eucharistie 
considérée  comme  sacrifice  ;  et  j'ai  déjà  déclaré  ailleurs 
que  je  ne  prétendais  pas  m'engager  à  en  traiter.  Je 
n'en  parlerai  donc  que  comme  sacrement,  et  en  simple 
historien.  .Mnsi  je  ne  m'arrèlerai  pas  à  cx|trK[uer  les 
rils,  les  cérémonies  et  les  |)rières  de  la  lilurgie  qui 
accompagnent  1 1  céléhration  dii  ^aiiil  sacrilicc,  encore 
moins  celle  partie  de  la  messe  que  l'on  appelait  au- 
trefois messe  des  Caiéchumènes,  eiqui  seierminaità 
rohlaliondesdonsdesliiiés  au  sacrifice,  ou  à  l'offerloire. 
Je  ne  p:irler.ii  que  de  l'aduiinislralion  et  de  l'usage 
de  ce  irès-augusle  .';acrement,el  des  diverses  inanières 
dont  les  chrétiens  lui  ont  rendu  de  tout  temps  leurs 
hommages  .hors  l'action  du  sacrifice. 

Cependant  comme  il  y  a  une  liaison  très  intime  en- 
tre l'Eucliarislie  comuic  sacrement  et  l'Euciiarislie 
comme  sacrifice,  la  même  élanl  en  même  temps  ces 
deux  choses  selon  hîs  différentes  manièr'\s  de  l'envi- 
sager ,  nous  ne  pourrons  nous  dispenser  de  loucher 
quelque  cliose  do  celte  lilurgie  (jni  fusait  partie  de  la 
messe  des  (idèles  ,  puisqu'il  faul,  (piand  liuus  ne  lo  vou- 
drions pas,  que  noiisirailions  des  dons  devinés  à  cire 
la  matière  de  ce  sacrement ,  de  leur  consécralion  ,  et 
de  la  distrihution  qui  s'en  fiisaitaux  fidèles  dan;  l'é- 
glise. Ces  trois  choses  apparlenanl  à  l'Eucliarislij  au- 
tant comme  sacrementque  comme  sacrifice  de  la  reli- 


gion chrélicmie.  Après  cela  nous  nous  étendrons  sur  la 
Communion  des  malades,  sur  les  différents  usages 
que  l'on  a  fait  dans  tons  les  temps  de  ce  sacrement, 
et  sur  les  diverses  manières  dont  les  fidèles  lui  ont 
témoigné  leur  respect,  et  lui  ont  rendu  le  cuite  qui 
lui  est  dû. 

CîIAPITilE  PREMIER. 
On  indique   les   principsiles   erreurs  sur  rEucharislie. 

Quelques  particularités  louchant  Luther  el  Carloslad. 

Epoques  des  nouveautés  introduites  sur  le  sacrement 

d' Eucharistie  dans  le  seizième  siècle.  Véritables  causes 

des  progrès  de  Luther. 

Les  Ciiréliens  avaicist  adoré  riv.icliaristic  dnraiit 
plus  de  800  ans  sans  que  personiic  se  fût  avisé  de  con- 
tredire ce  cuile  qu'on  lui  rendait,  lorsqu'un  certani 
sopîiisic  nommé  Je:!n,  surnoinmé  Erigène,  Ecossais 
de  nation,  qui  s*él:'.;t  inlroiluit  à  la  courde  Charlcs-!e- 
Cliauve,  commença  à  dogmatiser  sur  ce  ujy.^tère,  cl  à 
avancer  des  choses  inouïes  jusqu'alors,  en  f  lisant  en- 
tendre que  tout  s'y  faisait  eu  ligure,  et  non  en  vérilé, 
selon  le  témoignage  du  moine  Acelin  (1).  Aldrovalde, 
aussi  moine  du  mona-.lèrc  de  Fleury,  fit  un  rc(  ueii 
des  passages  des  Pères  pour  l'oppc^er  à  ces  Jiou- 
vcauics,  qui  n'eurent  pour  lors  aucune  suite.  Mais 
Bercnger,  archidiacre  d'Angers,  homme  inquiet,  lé' 
ger  et  ploiu  de  lui-inêmi%  s'efforça,  dans  le  onzième 
siècle,  d'aceréd.ter  cet-lc  nouveaulé.  Il  se  rélracla 
pliisieui'sfois,  et  relomna  toujours  à  ses  erreurs,  jus- 
qu'à ce  (lu'en.'in  rentré  en  lui-même  dans  sa  vieil- 

(I)  Spiril.  f.  1-2. 


2!0 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


220 


lessc,  H  mourut  dans  le  sein  de  l'Eglise  cailioliqiie  Tan 


4188,  si  on  se  npporle  à  ce  q-i'on  lit  dans  un  nianiis-  ]   (h'dirai  sans  lu'^ilcr  de  tout  ce  que  j'ai  ensoii;iié  :j'on 


CCS  choses  pnr  ces  communes  délibcntions,  je  me 


cril  de  iVglise  de  S.  Martin  de  Tours.  On  ne  voit  pas 
que  Ik'renger  ait  formé  une  sccle  (pii  ail  depuis  lui  , 
soutenu  ses  ei  reurs,  el  encore  moins  (;ui  se  soil  sé- 
parée de  l'Eglise  :  cl  si  depuis  les  Fclrobnisiens  cl  les  • 
Ilcnricicnsonl  nié  la  vérité  du  corps  cl  du  sang  de 
Jésus-Christ  dans  rEuchaiislie,  comme  le  témoigne 
l^ierre  de  Cliuiy,  on  doit  piiilôl  allrihuer  leurs  égare- 
ments à  U!i  esprit  de  liberlin;ige,  (pii  leur  Taisait  re- 
jeter tous  ou  presque  tous  les  sacrements  el  les  pra- 
tiques de  l'Eglise,  qu'à  un  dessein  fixe  d'altaqncr  ce 
sacrement  en  particulier.  On  doit  porter  à  peu  près 
le  même  jugement  des  Albigeois  qui  élaicnt  une 
branche  de  l'hérésie  des  Maniciiéens,  la  plus  aiionii- 
nable  qui  ait  paru  dans  le  monde,  et  qui,  en  général,  ^j 
était  ennemie  de  l'Eglise,  de  ses  maximes,  de  ses 
sacrements  et  de  ses  praiicpies.  Les  Yaudois  niaient 
seulement  que  les  mauvais  prêtres  pussent  consacrer 
le  corps  de  Noire-Seigneur,  comme  le  montre  M.  de 
Meaux  dans  son  histoire  des  Varialiotis. 

Ce  n'est  donc  [iroprement  qu'au  seizième  siècle  qu'il 
s'est  lormé  une  secte  qui  ait  couibaltu  de  liront  le 
dogme  de  l'Eglise  catholique  sur  le  sacrement  de  nos  î 
autels,  el  qui  ait  souleim  là-dessus  des  erreurs  capi- 
tales. Le  premier  qui  se  soit  déclaré  ouverlemenl  là- 
dessus  a  été  un  nommé  Carlostad,  archidiacre  de  Wit- 
temberg  en  Saxe  Mais  il  n'en  vint  pas  d'abord  aux 
dernières  extrémités.  En  1521,  comme  dit  M.  lios- 
suet  (I),  dont  nous  tirerons  ce  qui  nous  reste  à  dire 
dans  ce  chapitre,  pendant  que  Luther  était  caché  par  . 
la  crainte  de  Charles  V,  qui  l'avait  mis  au  ban  de 
l'empire,  il  avait  seulement  ôlé  l'élévation  du  S.  Sa-  : 
crement  et  les  messes  basées.  Luther  en  fiU  piqué  au 
vif,  non  qu'il  improuvàt  absolument  la  chose  en  elle 
même,  mais  parce  que,  comme  il  le  témoigne  dans  ; 
une  lettre  qu'il  écrivit  sur  ce  sujet,  Carlostad  avait 
méprisé  son  autorité,  et  avait  voulu  s'ériger  en  nou- 
veau docteur.  Il  reprochait  aux  aulenis  de  celte  en- 
treprise qu'ils  avaient  agi  sans  mission.  Je  les  cléj'en- 
]  drais,  disait-il,  aisément  devant  le  Pape,  nuiis  je  ne 
■  sais  comment  les  justifier  devant  le  diable,  lorsifue  ce 
mauvais  esprit  à  r heure  de  la  murl  leur  opposera  ces 
paroles  de  rEcriture  :  Toute  plante  que  mon  Pire 
n'aura  point  plantée,  sera  déracinée;  et  encore  : ] Is  cou- 
raient, et  ce  n'était  pas  moi  qui  les  envoyais.  Que  ré- 
pondront-ils alors?  Ils  seront  précipités  dans  les  enfers. 
Voilà  ce  que  dit  Luther  pendant  qu'il  élail  encore 
caché.  Mais  au  sortir  de  Palmos  (c'est  ainsi  (pi'il  appe- 
lait sa  retraite)  il  s'éleva  avec  plus  de  force  contre 
Carlostad  et  ceux  qui  l'avaient  suivi.  11  entreprit  de 
prouver  qu'd  ne  fallait  pas  employer  les  miiins,  mais 
la  parole  tonte  seule  à  réformer  les  abus.  C'est  la  pa- 
role, disait-il,  qui,  pendant  (|i!eje  dormais  tranquille- 
ment, et  que  je  buvais  ma  bière  avec  mon  cher  M<;- 
lancton  el  avec  Amsdorf,  a  tellement  ébranlé  la 
papauté  que  jamais  prince  ni  empereur  n'en  a  fait  au- 
tant.... Au  reste,  si  vous  prétendez  continuer  à  faire 

(1^  Hist.  des  Variations,  !.  1,  p.  44. 


ferai  ma  rétractation,  cl  je  vous  laisserai  là.  Tenez-le 
vous  dit  pour  mn;  bonne  fois;  et  après  tout,  quel  mal 
vous  fera  lamtîsse  papale.  Luther,  comme  vous  voyez, 
était  jaloux  de  son  autorité,  et  il  ne  pouvait  sonlTrir 
([lie  pi-rsonne  s'en  attribuât  la  moindre  partie,  quand 
uiènie  en  agissant  il  aurait  suivi  dans  le  fond  ses  in- 
tentions ;  c'est  ce  qui  paraît  assez  dans  l'abolition  des 
messes  basses  ;  car  lui-même  les  prescrivit  depuis, 
ayant,  comme  il  le  <lit,  reçu  du  diable  sur  celle  ma- 
tière des  éclaircissements  el  des  connaissances  qui  dis- 
si.  èrenl  ses  anciens  préjugés.  Il  fait  récit  de  la 
conférence  qu'il  eut  à  ce  sujet  avec  ce  père  du  men- 
songe (1),  et  c'est  une  chose  merveilleuse  de  voir 
condjien  sérieusement  cl  vivement  il  décrit  son  réveil, 
comme  en  sursaut,  l'apparilion  manifeste  du  diable 
pour  dis|)u(er  contre  lui,  la  frayeur  dont  il  fut  saisi, 
son  tremhlemeiil  cl  son  horrible  battement  de  cœur 
dans  celle  dispute  ;  les  pressants  arguments  du  dé- 
mon qui  ne  laissent  aucun  repos  à  l'esprit  ;  le  son  de 
sa  puissante  voix,  ses  manières  de  disputer  accablan- 
tes, où  la  question  el  la  réponse  se  font  sentir  à  la  fois. 
Je  sentis  alors,  dit-il,  comment  il  arrive  si  souvent 
(ju'on  meurt  subitement  vers  le  malin,  c'est  que  le 
diable  peut  tuer  ou  étrangler  les  hommes,  et  sans 
tout  cela  les  mettre  si  fort  à  l'élroit  par  ses  disputes 
qu'il  y  a  de  quoi  en  mourir,  comme  je  l'ai  plusieurs 
fois  exi>érinienté.  Ces  dernières  paroles  font  juger 
que  Luther  avait  appris  bien  d'autres  choses  du  dia- 
ble; et  il  faut  sans  doute  que  ce  soit  lui  qui  lui  ait 
peisuadé  de  nier  la  transsnbslantialion  ou  le  change- 
ment du  pain  el  du  vin  au  corps  et  au  sang  de  Nolre- 
Seignenr  dans  l'Eucharistie. 

Mais  pour  ce  qui  est  de  la  présence  réelle  de  Nolre- 
Seigncur  dans  ce  sacrenu^nl ,  jamais  cet  esprit  de 
lé;;èbrcs  ne  put  venir  à  bout  de  la  lui  faire  cond)at- 
Irc.  Il  l'a  toujours  soutenue  tant  contre  Carlostad,  qui 
le  premier  a  altaqué  ce  dogme  de  foi ,  que  contre 
Zuiiigle  et  OEcolampade  qui  l'ont  suivi.  Il  s'engagea 
même  dans  une  conférence  qu'il  eut  avec  le  premier 
de  la  soutenir  contre  lui,  cl  ils  rompirent  à  cette  oc- 
«•asioi!.  La  chose  mérite  d'être  racontée,  pnisiine  c'est 
l'époque  de  celte  hérésie,  cpii  deiuis  s'est  répandue 
en  Frai'ce  ,  en  Suisse  ,  en  Angleterre  et  |dans  les 
l'ays-Bas. 

Carlostad  avait  été  chassé  de  Wittcmberg  ,   pour 

les  brouilleries  qu'il  y  causait.  Il  se  relira  à  Orle- 

i  I  monde ,  ville  de  Turingc,  où  il  continua  à  exciter  de 

j  grands  mouvements  par  ses  disputes.  Lulher  y  fut 

I  e;ivoyé   par  le   prince    (l'électeur    de  Saxe),   pour 

apaiser  le  peuple  ému.  En  y  alhml  il  passa  par  Jene; 

il  y  prêcha  en  |irésence  de  Carlostad,  (pi'il  traita  de 

sédiliei'A.  Celui-ci,  au  sortir  du  sermon  vint  le  trouver 

à  rOi'.rs  Noir,  où  il  logeait.  Là,  parmi  d'autres  discours, 

et  après  s'être  excusé  le  mieux  qu'il  put  sur  la  sédi- 

litju,  Carlostad  déclara  à  Lulher  quil  ne  pouvait  souf- 

(1)  Lib.  4  de  Yllist.  des  Variât.,  p.  159. 


821 


EUCHARISTIE.  —  CIIAP.  I.  EUUEIJRS  SUR  CE  SACREMENT. 


j.n 


frir  son  opinion  sur  la  présence  réelle.  Liitlicr  avec  „ 
un  air  tlcdaigncux  le  délia  d'écrire  contre  lui ,  cl  lui 
promit  un  llorin  d'or  s'il  renlreprcnail.  Il  lira  le  flo- 
rin de  sa  poche  ;  (>;irlosiad  le  mot  d;ins  la  sienne.  Ils 
louchèrent  en  main  lun  de  l'autre,  en  se  |iromcltant 
nuitiiellement  de  se  faire  honne  guerre.  Luther  hnt  à 
la  sanlé  de  Carloslad  et  du  bel  ouvrage  qu'il  allait 
mettre  au  jour.  Cailo>lad  lit  raison  et  avec  le  verre 
plein;  ainsi  la  j^ucrre  fut  déclarée  à  la  mode  du  pays 
le  22  d'août   \o-H.  L'adieu  des  combattants  fut  mé- 
morable :  Puissai  je  te  voir  sur  la  rone,  du  Cmlosuid 
à  Luther,  puisses-tu  te  rompre  le  cou  avant  que  de 
sortir  de  la  ville.  J'ai  rapporté  toutes  ces  choses 
d'après  M.    Bossuet    (1)  ,   sans  cil(tr  mes  garants, 
parce  que  ce  savant  évè.iue  l'a  f.iii,  et  que  l'on  ne 
s'est  jamais,  que  je  sache,  inscrit  en  faux  contre  ses 
dlalions,  ni  même  contre  la  vérité  des  faits  qui  y 
sont  rapportés,  lesquels  sont  tirés  des  auteurs  mêmes 
protestants,  et  des  ouvrages  de  Luther.  Carlostad  qui 
se  plaisait  si  fort  dans  la  dispute  et  le  tumulte,  avait 
déjà  introduit  une  nouveauté  élrangemcnl  scar.da- 
leuse;  car  il  fut  le  premier  prêtre  de  quelque  répuia- 
lion  qui  se  maria,  et  cet  exemple  lit  des  effets  suriwc- 
nanls  dans  l'ordie  sacerdotal  et  dans  les  cloîtres. 
Carlostad  n'était  pas  encore  brouillé  avec  Luther.  On 
se  moqua  dans  le  parti  même  du  mai  iage  de  ce  vieu.x 
prêtre;  mais  Lutlier  qui  avait  envie  d'en  faire  autant 
n'en  dirait  mol.  Il  était  amoureux  d'une  religieuse  de 
qualiié  cl  d'une  beaulé  rare  qu'il  avait  tirée  de  son 
couvent.  Mais  il  fallut  patienter  jusqu'à  la  mort  de  l'é- 
lecteur Fridéric  pour  l'épouser:  car  ces  sortes  d'alliance 
déplaisaient  à  ce  prince.  Aussitôt  qu'il  fut  expiré,  Lu- 
ther, alors  âgé  de  45  ans,  conclut  son  mariage  avec  la 
Borée  (c'était  le  nom  do  la  religieuse),  et  un  soir,  dit 
Mclanclon  à  Camérarius  son  ami,  ayant  prié  à  souper 
Poniéranus  (c'était  le  Pasteur),  un  peintre  et  un  avo- 
cat, il  lit  b'S  cérémonies  accoutiunées.  Mélancton  , 
après  avoir  déploré  la  foiblessc  de  Luther  (jui  ve- 
nait de  se  marier  ainsi  dans  un  temps  de  calamité 
publique,  ajoute  qu'il  sait  assez  que  Luther  n'est  pas 
ennemi  de  l'humanité,  et  qu'il  croit  qu'il  a  été  engagé 
à  ce  ni;',riago  par  une  nécessité  naturd'e  ;  qu'il  ne  faut 
donc  pas  s'élonner  que  la  maguanimilé  de  Lullier  se 
soit  laissé  amollir...  que  tout  ce  que  l'on  peut  blâ- 
mer d;ins  s(.n  action,  c'est  le  contre-lemps  dans  le- 
quel il  fait  une  chose  si  peu  attendue,  et  le  plaisir 
qu'il  va  donner  à  ses  ennemis  ...  Qu'an  reste  il  le 

Ivoit  tout  chagrin  et  tout  lr(ud>lé  de  ce  changement, 
et  qu'il  fait  ce  qu'il  peut  pour  le  consoler. 
;  C'est  ainsi,  disait  Erasme,  à  l'occasion  du  mariage 
d'Œoolampade,  (jui  de  moine  P.irgidin  élait  drvcnu 
pasteur  de  Bàlo,  fin  ils  se  morlifieut.  Ce  grand  homme; 
ne  cossaii  d'admirer  ces  nouveaux  apôtres ,  qui  ne 
manquaient  pas  de  quitter  la  profession  solennelle  du 
célibat  pour  prendre  des  fenunes,  au  lieu  qii2  les 
vrais  apôtres  de  Noire-Seigneur  ,  selon  la  Iradilion  de 
:ous  les  Pères,  alin  de  n'èlrc  occupés  que  de  Dieu  et 
Je  l'Évangile  quittaient  leurs  femmes  pour  embrasser 

(1)  Y.  p.  47  de  rilist.  des  Yar.,  1.  2.    »  . 


le  (éilhat.  Il  sendde,  ajoute  t-il  agréablement,  que  la 
n'-forme  aboutisse  à  défroquer  quelques  moines  ,  et  à 
marier  (iu(li|ues  prêtres,  et  cette  grande  Inigédie  se 
termine  enlin  par  un  événement  tout  à  fait  comique, 
|)'ii>qiic  tout  linit  en  se  mariant,  comme  dans  les  co- 
médies. 

Il  doit  paraître  étonnant  que  des  hommes  de  ce  ca- 
ractère aient  pu  entraîner  dans  l'erreur  et  dans  le 
schisme  une  si  prodigieuse  quantité  de  personnes  et 
iU'iS  royaumes  entiers.  Des  gens  si  méprisables  par 
euxiiiêmcs,  gens  sans  pudeur  et  sans  éducation  de- 
vaient porter  des  marques  bien  évidentes  de  la  vooa- 
lion  de  Dieu  ,  pour  pouvoir  être  crus  sur  leur  parole 
dans  une  afi'aire  de  cette  impoilaucc.  Cependant  on 
ne  \i)]L  en  eux  aucune  manjuc  de  mission  soit  ordi- 
naire ,  soit  extraordinaire.  Comment  donc  tant  de 
gens  seni-és  les  suivent-ils  encore  aujourd'hui ,  et 
pourquoi,  quand  ils  ont  paru  dans  le  monde,  s'esl-on 
attaché  à  eux?  11  est  dans  la  suite  des  siècles  des 
i  temps  critiques  :  il  se  fait,  s'il  m'est  permis  de  ra'ex- 
pi  imer  ainsi ,  des  fermentations  dans  les  esprits ,  à 
peu  prés  comme  dans  la  matière.  Une  étincelle  qui 
ton»be  sur  une  matière  combustible  bien  préjtarée  y 
cause  un  grand  embrasement;  un  brasier  qui  tombera 
sur  cette  même  matière,  sans  être  préparée  n'y  pro- 
duira que  peu  ou  point  du  tout  d'altération,  et  s'étein- 
dra de  lui  même.  Ce  ne  siml  ni  les  vertus,  ni  les  ta- 
lents de  Luther  et  de  Carlostad,  dont  je  viens  de  vous 
peindre  le  caractère  d'après  les  Pioteslants,  et  d'a- 
près eux-mêmes ,  qui  ont  causé  ce  grand  et  perni- 
cieux mouvement  dont  les  suites  ont  été  et  sont 
encore  si  funestes  à  tant  d'àmes.  Les  choses  se  pré- 
paraient depuis  longtemps  à  ces  mutations.  La  haine 
et  le  mépris  que  le  clergé  s'attirait  par  ses  désordres, 
disposaient  les  esprits  à  tout  ce  qui  arriva  depuis. 

Les  plus  grands  hommes  aussi  bien  que  les  conci- 
les du  quinzième  siècle  avaient  lâché  d'y  apporter 
j  '  quelques  remèdes  et  de  prévenir  le  mal  :  mais  leurs 
;  tentatives  n'avaient  point  réussi.  Le  cardinal  Julien  ea 
i  prévit  les  conséquences ,  il  en  écrivit  au  pape  Eu- 
gène lY  (1)  él;int  légat  en  Allemagne.  Ces  désordres 
(du  clergé)  excitent  la  haine  du  peuple,  lui  disait  il , 
contre  tout  l'ordre  ecclésiastique,  et  si  on  ne  les  cor- 
rige, on  doit  craindre  que  les  laïcs  ne  se  jetlenl  sur 
le  clergé  à  la  manière  des  Hussiies ,  comme  ils  nous 
en  menacent  baulement.  Si  on  ne  réforntait  prctuiplf^ 
ment  le  clergé  d'Alleniagne,  il  prédisait  qu'après  l'hé- 
résie de  Bohême,  et  quand  elle  serait  éteinte,  il  s'en 
élèverait  une  .autre  encore  plus  dangereuse.  Car  on 
dira,  poursnivait-il,  que  le  clergé  est  incorrigible,  et  ^ 
ne  voul  point  iipporter  de  remède  à  ses  désordres,  on  j 
se  jettera  sur  nous,  quand  on  n'aura  aucune  espé- 
rance de  notie  correction.  Les  esprits  des  hommes 
sont  en  attente  de  ce  qu'on  fera ,  et  ils  send)lenl  de- 
voir bientôt  enfanter  qiiehpic  chose  de  tragique.  Le 
venin  qn'i  s  ont  contre  nous  se  déclare.  Bientôt  ils 
croiront  faire  un  sacrifice  agréable  à  Dieu  en  inaUrai- 
tanl  ou  en  dépouillant  les  ecclésiastiques  comme  des 

(l)  Episl.  1  ad  Eug.  lY,  iiiler  op.  Silvii,  p.  66. 


^23  HISTOIRE  DKS  SACRLMENTSi. 

gens  odieux  à  Dieu  et  aux  hommes,  ei  iilongés  dans  i 
la  doniière  extrémilé  du  mal.  Le  peu  qui  rcslc  de  dé- 
votion envers  l'ordre  sacre  achèvera  de  se  piTdre. 
On  rejeltcra  la  laule  de  tous  ces  désordres  sur  la  cour 
de  Roaie,  ([troii  regardera  comme  la  cause  de  lous  les 
maux.  Ce  grand  personnage  le  prenait  dans  la  snile 
d'un  ion  plus  iiaul  :  Je  vois,  disail-il,  que  la  coignée 
est  à  la  laciu;'  :  l'arbre  penche,  et  au  lieu  de  le  soute- 
nir pendan!  ((u'on  le  pourrait  encore,  nous  le  précipi- 
tons à  terre.  Il  voit  une  prompte  désolation  dans  le 
clergé  d'Allemagne  :  les  biens  temporels  dont  on  vou- 
dra le  priver  lui  paraissent  connue  l'endroit  par  où  le 
n)al  comniencora  :  Les  corps,  dit-il,  pénioni  avec  les 
âmes  :  Dieu  nous  ôte  la  vue  de  nos  périh,  comme  il  a 
coutume  de  laire  à  ceux  (ju'il  veut  punir  :  le  feu  est 
allumé  devant  nous,  et  nous  y  courons. 

C'est  ainsi,  dit  M.  Bo^suet  (I),  que  dans  le  quin- 
zième siècle,  ce  cardinal,  le  plusgi'and  homme  de  son 
lemps  (j'ajoiUe,  et  le  plus  habile,  puiscjue  ce  fui  ci  lui 
qui  répondit  le  plus  solidement  a>ix  objections  des 
Grecs  au  concile  de  Florence)  déplor;iii  les  m;ui.\  de 
l'Eglise  ,  et  en  prévoyait  les  suites  funestes.  Ce  sont 
CCS  maux  de  l'Eglise,  et  ia  di.^positiou  de.^  e^prils  ai- 
gris depuis  longtemps  contre  ie  clergii,  (|ui  oiit  donné 
tant  do  succès  aux  emportements  inse..sés  de  Luliier, 
de  Carlostad,  de  Zuingle,  el  des  autres.  Tour  m  avoir 
un  excjuple  sensible,  il  suffit  de  liie  l'h.sloire  des  ré- 
volulu)ns  de  Suèd^'  par  .M.  l'abbé  de  Veilol.  Un  y  voit 
avec  indigiuUion,  que  les  hauteurs  et  l'espiil  d  nulé- 
pendauce  de  l'arciievéque  d'Cpsal  d'une  part,  et  de 
l'autre  l'opposition  du  der-^é  au  bien  conunuu  <le  la   i 
patrie  avaient  a.lumé  une  haine  inqjlacable  contre  la   ] 
jiuissance  ecclé»iasii(|ue,  qid  voui.ul  h'asscrvirlcstiois  j 
autres  états  du  royaume ,  el  avaient  disposé  les  peu 
jdes  à  cnibiasser  les  nouveautés  de  Luther,  qui  ne  ces-  1 
sait  de  déclamer  contre  les  ecclésiastiques,  et  contre 
les  richesses  dont  ils  étaient  en  [lossession,  et  (lui  en 
Suède  plus  qn'ailloins  les  rendaient  si  iiisolcnls  et  si 
entreprenanls,  (|u'on  a  vu  un  archcvé(|ue  d"L'i).^ai,  de 
la  famille  de  Bieliiue,  après  avoir  solennellement  ex- 
comnmnié  ie  roi  (Canulsen),  melire  bas  ses    babils 
d'église,  el  jurer  qu'il  ne  les  reprendrait  pas  qu'il  ne 
l'eûl  ciiassé  de  ses  étals  ;  eu  même  temps  il  se  revé- 
lit  d'une  cuirasse,  se  ceignit  d'un  baudrier,  el  marcha 
à  la  léte  de  ceux  qu'il  avait  excités  contre  son  souve- 
rain. Ce  (pii  lui  de  pliis  irisle,  c'est  que,  ccunnie  dil  le 
même  histitrien  ,  les  autres  évèques  rimiièient  dans 
sa  révolte,  ils  prirent  les  armes  pour  ilélendie  leurs 
priviléi^es,  et  se  joignirent  ouvertement  au  parli  Da-  ^ 
nuis  pour  maintenir  des  princes,  qui  eu  leur  absence  l 
leur  abandonnaient  lous  les  honneurs  de  la  souvcrai-  j 
neié,  et  une  partie  même  de  l'autorité  royale  :  on  vit  î 
en  dinérenles  occasions  ces  prélats  combattre  à  la  ] 
tète  des  Danois  conlre  le  roi  même,  de  sorle  que  la 


224 


CHAPITRE  II. 


De  la  matihe  du  Sucreiiieiit  d'Eucharislie,  de  l'oblatton 
qui  s'en  juisuil  tliius  l'Eijlise.  Manière  de  [aire  celle 
oblulion. 


autres  semblables  qui  sont  proprement  la  cause  des  | 
maux  dont  l'Église  gémit  depuis  deux  cents  ans. 
(l)Hisl.  des  Var.  c.  i,  p.  5,  t.  1. 


Le  Pèie  le  Brun,  qui  dans  son  livre  de  Texplicaiion 
de  la  Messe,  en  jiarlant  de  la  liturgie  Ambro^ienne, 
à  l'occasion  du  cérémonial  'le  léglisc  de  Mil. m,  décrit 
roUVande  avec  quenjue  étendue,  dil  que  ce  détail 
pourra  trouver  sa  plac.-  en  parlant  des  diLiéreuls  rits 
de  l'oblaiion.  Par  où  il  faii  enleudre  qu'il  avait  inlen- 
lion  de  traiter  de  celle  malière  en  p..riitulier ,  cl  de 
représenter  de  suite  ce  qui  se  peut  dire  là  dessus.  Je 
ne  sais  s'd  a  exécuté  ce  de.--sein  :  je  bouhaiteiais  (jifil 
l'eût  lait,  cela  me  dispenserait  de  le  laire  moi  même, 
au  umiiis  avec  quehpie  étendue. (Cependant  dans  iin- 
cerlitude  où  je  suis  sur  ce  sujet,  je  recueillerai  (au- 
tant (|ue  cela  entrera  dans  le  dessein  que  je  me  suis 
proposé)  ce  (|ue  lui-même  en  a  dil  dans  ses  (juatre 
volume»  de  re.vplicalion  de  la  messe,  à  Toccasion  des 
didéreiiles  liturgies  doal  il  traite;  et  je  tàciierai  de 
réunir  le  tout  buus  un  même  point  de  vue  suivant  celle 
méthode,  y  ajoulantce  (jne  je  trouverai  dans  les  autres 
ailleurs.  El  comme  cela  aura  quelipie  étendue  ,  no- 
nobslanl  le  soin  que  nous  avons  toujours  dans  cet 
ouvrage  d'abréger  le  plus  qu'il  nous  est  possible,  nous 
diviserons  en  articles  ce  que  nous  avons  à  dire. 

AUTlCLE  PRF.MIER. 

Par  qui  et  en  quel  ordre  se  faisuii  autrefois  l'oblaiion 
tant  du  puiii  que  du  vin,  destinés  à  être  consacrés  et 
à  devenir  le  corps  el  le  sang  de  ISolre-Seigneur  Jésus- 
Clirisl.  Oi'servalions  el  éclaircissemenls  sur  lu  même 
niuticre. 

Les  Catéchumènes  et  lous  ceux  qui  n'avaient  point 
droit  d'assister  à  la  célébration  du  saint  sacrilice  étant 
renvoyés,  et  les  portes  de  la  basilique  étant  fermées, 
la  messe  des  lidèles  commençail  dans  les  lemps  el  les 
lieux  où  l'on  ne  chaulait  point  le  Symliole  de  la  foi , 
ce  (jui  n'a  connnencé  en  Orient  (pie  dans  le  sixième 
siècle,  et  beaucoup  plus  lard  à  R  me  eien  Fiance  (1). 
Dans  les  piemierà  siècles  on  oftVaii  diverses  choses 
dai/S  l'Église,  dont  les  unes  étaient  destinées  à  l'usage 
du  sacrilice,  et  les  autres  à  celui  des  minisires  de 
l'Eglise,  el  que  Ton  mellaU  aussi  sur  l'autel.  Mais  les 
5'  el  4*"  canons  des  apôtres  délendent  dy  rien  offrir 
que  ce  qui  devait  être  la  niaiiéiodu  sacremenl.  cxc;  plé 
néannioin.-)  des  épis  de  la  nouvelle  récolte  el  de,' 
raisins  nouveaux  que  fou  y  bénissait,  de  l'huile  pou  ; 
le  luminaire,  et  de  l'encens.  Le  lroi.-ième  concile  éi 
Carlhage  retrancha  eticoi'e  ces  choses  de  l'oblaiion  des 
lidèles,  ordonnant  'can.  21)  que  dans  la  célébralion  des 
mystères  on  n'olfrirait  autre  clios;-  que  du  pain  et  du 
vin  mêlé  d'eau.  Dans  la  suite  il  fut  réglé  que  ce  ([iii 
devait  être  à  l'usage  des  clercs,  des  pauvres  cl  des 


guerre  civile  et  la  guerre  élrangère  remplissaient  ce  |!  veuves  serait  offert  à  pari  devant  la  messe,   ou  au 
royaume  de  trouble  et  d'horreur.  Ce  sot  ces  excès  et  j;  moins  avant  la  lecture  de  l'évangile,   cl  que  ce  qui 


(l)Cet  usage  n'a  commencé  îi  Rome  que  dans  le 
onzième  sieel.;,  sur  les  remoïKranccs  el  à  la  prière  de 
l'emoereur  S.  Henri. 


225  EUCIlAUlSTlli.  —  CliAP.  11. 

devait  Aiiro  nialiôie  du  sacrifice  serait  oiïei  l  à  l'ordi- 
naire dans  la  céréiiioiiic  qui  a  relciiii  le  miiii  d'o/^Vr- 
liire  ou  (Vobluiioit;  c'est  ce  qu'on  peut  leinariincr 
dans  l'.égino'.i  (1),  et  dans  les  Capilulaires  d'Ilinc- 
m;!r  (-2). 

On  a  sans  donic  voulu  relrauclicr  par  ce  moyen  les 
ahus  qui  s  étaient  introduits  à. ce  sujet,  et  couper  ra- 
cine à  la  vaine  gloire  de  ceux  qui,  pour  s'attirer  les 
applaudissements  de  la  uuiltitudc,  faisaient  des  dons 
oxtraordin.iires  à  l'autel,  pour  avoir  la  sali.-faclion 
d'entendre  réciter  leurs  noms  par  les  ministres  sacrés, 
avec  rénuiiieration  des  choses  qu'ils  oirraient. 

Saint  Jérôme  parle  de  cet  abus  en  ces  termes  (5): 
Nous  en  voyons  plusiems  (jui  oppriment  les  pauvres 
pat  leur  puissance ,  ou  qui  commeltcnl  des  brigan- 
dages ,  afin  de  l'aire  qiiebiue  pari  aux  pauvres  de  ce 
qu'ils  oui  volé,  el  <iue  le  diacre  en  récitant  les  noms 
de  ceux  (|ui  fonl  roblnlicui,  dise  :  C'e//e-f i  ofj're  tant. 
Celui-ci  a  tant  promis.  C'est  ainsi  (|u"ils  se  plaisent 
dans  les  applaudissements  populaires.  Cette  folle 
vanité  n'était  point  à  craindre  dans  celte  occasion, 
quand  chacun  des  fidèles  ([ui  devaieul  communier  of- 
frait seulement  le  pain  et  le  vin  qui  élaienl  destinés 
pour  devenir  le  sacrement  qu'il  devait  recevoir. 

Voyons  présentement  quel  était  l'ordre  de  cette 
oblation.  LUe  s'est  faite  assez  communément,  selon 
le  père  le  Brun  jus(iu'au  neuvième  siècle  de  la  manière 
que  l'ordre  Romain  le  décrit  en  ces  teinies  :  Pendant 
que  le  chœur  chante  l'offerioire  avec  ses  verseis,  les 
fidèles ,  premièrement  les  hommes,  et  ensuite  les 
femmes  font  leur  oITiande  de  pain  el  de  vin  sur  des 
nappes  blanches.  L'évé(pie  recevant  ces  oblalioris  qui 
sont  mises  par  un  sous-diacre  dans  une  nappe  tenue 
par  deux  acolytes ,  l'archidiacre  reçoit  lesbureiles, 
amulas,  en  verse  le  vin  dans  un  grand  calice  tenu  par 
un  sous-diacre,  qui  dès  qu'il  est  plein  le  verse  dans  un 
vase  porté  par  un  acolyte  •  l'oblation  du  peuple  finie, 
l'évéque  va  s'asseoir  dans  sa  chaire,  s'y  lave  les  mains, 
retourne  à  l'autel,  le  baise,  y  fait  une  prière,  reçoit 
en  pain  seulement  l'oblation  des  prêtres  et  des  dia- 
cres, <pii  seuls  peuvent  approcher  de  l'autel.  Telle 
était  la  manière  dont  se  faisait  autrefois  l'oblation. 
l'arçhidiatre  ciisuite,  suivant  l'ordre  romain,  mettait 
sur  l'autel  autant  de  dons  ollerts,  oblatus,  qu'il  en 
fallait  pour  la  communion  du  peuple,  ou  bien  les  pré- 
sentait à  l'évéque  qui  les  y  mettait,  et  versait  à  travers 
d'un  couloir  le  vin  dans  le  calice  dans  lequel  se  devait 
faire  la  consécration.  Un  sous-diacre  allait  recevoir  du 
premier  chantre  la  burette  à  l'eau  ,  fontem,  et  venait 
à  l'archidiacre,  qui  en  versait  en  forme  de  croix  dans 
le  calice,  el  le  plaçait  sur  l'autel  devant  le  Pontife, 
auprès  des  oblations  à  droite. 

Voilà  ce  qui  se  pratiquait  suivant  les  ordres  Ro- 
mains, et  qui  paraît  avoir  été  en  usage  jusqu'au  neu- 
vième siècle  dans  les  églises  qui  suivaient  les  rits  de 
l'Église  Romaine.  On  y  peut  remarquer  d'abord  que 

(i)L.  \  deEccl.  Discipl.,  n.  72  et  73. 
(2)Capitul.  l,arl.  16. 
(3)  la  Ëzech.  c.  18. 


IiI.MIERL:  DÈ  ce  SACREMLiNT. 

li 


226 


tous  les  fidèlra  sans  exception  faisaient  leur  oblalion 
pour  le  S.  sacrilicc,  honmies  el  femmes  sans  di.^lin- 
tion.  Les  anciennes  oras(uis(l)  quOi:  fait  encore 
siu'  l'oblation  aussi  bien  que  celles  du  Canon  su))po- 
senl  cet  usage.  Saint  Césaire  d'Arles  (2)  disait  à  cette 
occasion  :  Olfrez  les  dons  ipii  doivent  être  consacrés 
sur  l'autel.  Ceux  qui  sont  en  élat  de  communier  doi- 
vent ivu'^'w  de  le  faire  en  participant  aux  dons  oITerts 
par  les  autres.  On  était  même  persuadé  que  celle 
oblalion  apportait  de  grands  avantag<'S  à  ceux  qui  la 
faisaient ,  cl  c'est  pourquoi  le  concile  de  Màcon  dij 
l'an  583,  sachant  que  plusieurs  ne  la  faisaient  point 
en  fut  indigné,  el  ordonna  sous  peine  d'anatlième , 
(|ue  tous  les  dimanches  les  hommes  el  les  femmes 
olfiiraient  du  pain  el  du  vin  à  l'aulel ,  afin  que  par 
ces  oblations  ils  pussent  exiiier  leurs  péchés,  el  mé- 
riter les  récompenses  qu'ont  eues  Abel  et  les  autres 
justes  qui  ont  fait  à  Dieu  leurs  oiTrandcs.  Le  concile 
de  Mayeuce  (can.  44)  de  l'année  815,  déclare  aussi 
que  l'oblation  est  pour  les  Chrétiens  un  grand  remède 
à  leurs  âmes  el  à  celles  de  leurs  proches.  Quia  ipsa 
oblatio  sibi  et  suis  m,ig)ium  remedium  est  unimnrum.  On 
voit  encore  aujourd'hui  des  traces  de  celle  ancienne 
pratique  dans  plusieurs  églises  de  France,  mais  la 
plus  marquée  est  dans  celle  de  Milan,  ou  l'église  en- 
treneni  une  congrégation  de  dix  vie.llards  et  de 
dix  femmes  âgées,  qu'on  appelle,  rÉiole  de  S  Am- 
broise  [5j,  pour  représerier  tout  le  peuple.  Deux  de 
ces  vieillards  accompagnés  des  autres,  et  revêtus 
d'habits  particuliers  présentent  le  pain  el  le  vin.  Le 
premier  vieillard  présente  trois  hosiies,  el  laulre  une 
burette  d'aigenl  pleine  de  vin.  Deux  femmes  âgées 
ensuite  présentent  de  même  le  pain  el  le  vin.  L'of- 
frande se  fait  ainsi  à  toutes  les  fêles  solemnelles,  soit 
qu'elles  soient  célébrées  par  l'archevêque,  soit  par 
quehiu'un  des  chanoines  ordinaires.  Un  concile  de 
.Mayence  cité  par  Burchard  (4)  exclut  seulement  de 
l'oblation  les  fenunes  et  les  filles,  qui  se  trou- 
vent d.ins  ces  sorles  de  situations  (jui  sont  réglées 
par  leur  sexe  ;  il  les  condaume  à  trois  semaines  de 
pénitence,  si  elles  l'osent  faire  en  cet  élat.  Les 
Capilulaires  de  nos  rois  5)  prescrivent  aux  fidèles 
de  faire  tous  les  jours  leins  oblations  aux  prêtres  dans 
l'église,  ou  au-nioins  tous  les  dimanches  sans  y  man- 
quer. /•-'/  si  quctidiè  non  potest ,  saltem  dominicà  die 
absque  ullà  excusatiutie  put.  Cette  pratique  était  encore 
en  usage  dans  le  onzième  siècle  ,  et  le  Pape  Grégoire 
Vil,  la  recommande  fortement  dans  un  concile  de 
Lairan  (can.  12).  Au  moins  voulait-on  que  les  femmes 
le  fissent  pour  leurs  maris  el  pour  toute  leur  famille, 
comme  on  le  voit  dans  les  interrogations  que  faisait 
l'évètpje  en  visitant  les  paroisses  de  son  diocèse,  et 
dont  Réginon,  abbé  de  Prom,  nous  a  conservé  les  for- 
mules (6). 

(1  )  Secret.  Domin.  o  post  Pentecost.  Qui  tibi  ojferunt, 
(2)  Serin.  203  Ap|».  oper.  S.  Aug. 

(5)  Cer.  Amb.  1.  i. 
(4)  Lib.  19,  c.  40. 

(oj  Lib.  6,  n.  170.  /»       j 

(6)  Lib.  2  de  eccl.  Discip.  .   i,      j 


SS7 


riiSTomn  dks  sacrkments. 


in 


Une  n?ilro  ohsorv.ilion  qnî  so  pnvstMitc  à  l'aire  loii- 
chaiil  la  iiiaiiific  de  laii*- 1  oltlalioii  des  dons  dcslihcs 
à  devenir  le  eorps  cl  le  sang  de  Notre  Seipineiir  el  (|iie 
lions  avons  représenté  d'après  l'ordre  Uoniaiii,  est 
qne  les  prêtres  el  les  autres  minislres  de  l'K^lise 
faisaieiil  Umms  olVrandes  à  l'autel ,  an  lien  (pic  les 
autres  lidèles  les  l'aisaieiil  hors  du  eliœin',  ou  de  la 
balustrade  qui  séparait  le  clergé  du  peuple  :  on  sorte 
que  révè(pu'  ou  le  prêtre  oUieiant  allait  recevoir  l'ol- 
frande  de  elia  pie  lidéle  à  sa  place,  vous  l'avez  vu 
dans  l'ordre  Uoiiiaiu.  I^e  même  usage  avait  lieu  eu  ; 
France,  eomiiie  il  paraît  par  les  CapiiulaiiiN  (I)  (pii 
ordviMiii'iil  (piOii  reriiive  roltlaliou  des  lidèles  liors 
rciieciiile  de  l'antcl  :  /•-'/  ni  ohlalio  //w»  foiis  nt'pla  ultaris 
rccipidlin-.  Cela  s'observait  surtout  cxacteiiiciil  à  l'é- 


suivanl  la  règle  de  GrîmlaTcIeprc^tre  nllnit  à  la  petite 
l'enêtre  des  reclus,  lacpn'lle  prcnail  j<»nr  dans  l't'glise, 
pour  y  recevoir  leur  offrande.  Quoique  la  règle  fût 
gi'iicrale  pour  les  laïques,  l'empereur  en  était  exccjdé 
pour  le  respect  de  la  souveraine  dignllé  dont  il  èlail 
revêtu  (  I).  Il  jtorlail  lui-même  son  oirrandeà  l'autel, 
savoir,  le  pain  (piil  avait  pétri  lui-même,  comme  il 
est  rapporté  par  S.  Grégoire  de  Naziance,  de  l'em- 
pereur Valens.  Ce  que  dit  S.  Grégoire  sur  cela  , 
mérite  ici  sa  place.  L'Eiuinrcnr  élavi  à  Césnréc  vint  à 
ri'ylise  le  jour  de  ri'piplKni'w,  cuviioinié  de  tous  ses 
gtddes,  el  se  mêla,  pour  In  forme,  nu  peuple  catholique, 
]  (je  transcris  les  paroles  de  M.  FIcnry  )  ;  quatul  il 
enletidil  le  chaut  des  psnunies,  qiCil  vil  ce  peuple  iin- 
uieuse  ,  el  l'ordre  qui  rèquail  dans  le  smtrtuaire  et  aux 


pard  des  l'eiiimes,  à  qui  TluMiduIpiie  dOrlèaiis  (U-feiid  J  environs,  les  winislns  sucrés  plus  semblables  à  des  amjcs 


d'api)rocl)er  de  laulel,  vmdaiil  (pi\'lles  lasseiil  leurs 
oblalious  à  leurs  places  dans  l'église.  Ollon,  évé(ine 
de  Verccil  répète  moi  pour  mol  les  paroles  de  Tliéo- 
dulplie. 

Le  père  Marlèiic  ("2)  prétend  que  les  mctines  cl  les 
religieuses  élaieiit  distingués  sur  ce  point  des  autres 
lidèles.  Mais  il  ne  paraît  pas  (pio  les  passages  de  S. 
Jérôme  cl  de  S.  Augustin,  sur  lescpicls  il  fonde  cette 
distinction  prouvent  ce  qu'il  avance.  Le  premier, 
dans  sa  lettre  à  Ueliodore  ,  dil  sculcincnl  (pi  il  csl 
menacé  de  malheur,  s'il  ne  porte  pas  son  oUrande  à 
l'aulel.  Sccuris  ad  radicem  posilnest,  si  munus  ad  al- 
tare  non  defero.  Mais  quand  on  picndrail  ces  paroles 
dans  le  sens  le  plus  lillcral,  et  même  dans  le  sens  du 
père  Martène ,  que  peuvenl-cllcs  prouver?  S.  J(hôme 
élail  prêtre.  Le  passage  de  S.  Augustin  prouve  trop. 
H  plaint  dans  sa  lettre  le  sort  des  lilles  consacrées  à 
Dieu  (pie  les  Lt;irltares  avaient  emmenées   en  ca|ili- 


qu'ii  des  hommes;  S.  liasUc  devant  l'autel  le  corps  im- 
mobile, le  regard  fixe,  l'esprit  uni  à  Dieu  ,  comme  s'il 
ne  fût  rien  arrivé  d'extraordiïiaire;  ceux  qui  Ceuviron- 
nuienl  ronplis  de  crainte  el  de  respect.  Qutind  Valens 
vil  tout  cela,  ce  fut  pour  lui  un  spectacle  si  nouveau 
que  la  tête  lui  tourna ,  et  sa  vue  s'obscurcit.  On  ne  s'en 
aperçut  pas  d'abord  :  m\is  quand  il  fallut  apporter 

A   j/aUTF.L  son  OITllANDi:  OC'lI.  AVAIT  FAITE  DK  SA  MAIN, 

voyant  que  personiie  ne  la  recevait  suivant  la  coutume , 
parce  qu'on  ne  savait  si  saint  liasde  voudrait  l'accepter, 
il  chancela  de  telle  sorte ,  que  si  un  des  ministres  de  l'au- 
tel ne  lui  eût  tendu  la  imnn  pour  le  soutenir  ;  il  serait 
tombé  honleusement.  Ce  fui  après  que  le  grand  ïliéo- 
dose  eut  présculé  de  même  son  on'rande  à  l'aulel  , 
qu'il  lui  arriva  ce  qui  esl  connu  de  tout  le  monde. 
L'Iii  loire  rapporte  (2)  qu'aiirès  celle  cérémonie  il  dé- 
ni, lira  dans  rciiC(Miite  du  sanctuaire  ;  sur  quoi  S.  Am- 
ludise  lui  demanda  ,  s'il  désirait  (pichpie  chose  ,  cl  que 


vile;  il  les  compare  aux  Irois  jeunes  hommes  doiilil  i  le  prince  lui  ayant  ié|)0iidu  qu'il  allcndail  le  temps 
csl  parlé  dans  Daniel  ;  il  leur  applique  les  paroles  d'A-  de  la  Communion  ,  le  S.  archevêque  lui  fit  dire  par 
zarias  qui  se  plaignait  qu'il  ne  pouvait  plus  oll'rir  de  ||  l'archidiacre  :  «  Seigneur,  il  n'(^sl  permis  qu'aux  mi- 
sacrifue  an  Seigneur.  Sur  ipioi  il  dil  :  lien  esl  de  |  lli^lI'es  sacréi^  d'êire  dans  le  sanctuaire;  soi  te/,  donc  , 
même  à  l'égard  de  celles  dont  il  s'agit  iians  la  capli-  |  el  deincnrcz  dehoiil  avec  les  autres,  la  pourpre  fail 
vite  où  elles  sont.  Car,  coiiimc  ceux-ci  élaicnl  dans  |  des  princes  el  non  pas  des  prêtres  ;  >  à  quoi  ce  reli- 
iine  lerix!  on  ils  ne  ponvaicnl  sacrilier  au  Seigneur  à  l  gieux  empereur  se  soumit.  Cette  coutume  de  laisser 
leur  ordinaire ,  celles-ci  de  même  ne  le  peuvcnl  i  approcher  les  empereurs  de  l'aulel  pour  y  faire  leur 
faire  ,  ni  oll'rir  leur  ohlaliou  à  l'aulel  de  Dieu.  Sic  enlm  |  oltlatioii ,  passa  depuis  en  loi.  Le  concile  in  Trullo  en 
sunt  illiv  in  terra  captivitalis  suœ  qvomodb  eraiit  itli  in  a  lit  un  canon  exprès,  par  leipiel  il  leur  accorde  ce  pri- 
en  terra,  ubi  nec  sacrificare  morcsuo  potercnl  Domino,  :|]  vilége,  à  l'exclusion  de  tout  autre  lanjue. 


sicHl  lier  isla  possunt,  vel  ferre oblulionem  ad  ultare  Dei. 
C'est  sur  ces  dernières  parolt  s  (pie  l'aiilrtir  appuie 
son  o|iinion ,  d'où  il  s'ensuit  qu'dies  auraient  eu  aussi 
le  pouvoir  de  sacrilier  :  ce  (|ui  csl  ridicule  dans  son 
sens,  mais  très-vrai  dans  le  sens  de  S.  Augustin,  se- 
lon lequel  elles  pouvaient  faire  l'un  el  l'aulie  par  le 
ministère  des  prèires.  Le  père  Martène  avait  dans  la 
même  page  de  ipioi  se  détromper  :  car  il  remarque 
hii-mème  qu'il  csl  rapiiorié  dans  la  vie  de  S.  Ber- 
noiiard,  évê(iue  d'ilildeshcim,  au  dixième  siècle,  qu'il 
alla  de  l'aulel  au  lieu   où  élaieiil  les  religieuses  de 


11  ne  reste  plus,  dil  le  P.  Lebrun  dans  son  premier 
loincde  rLxplicaliondcs  cérémonies  de  la  messe  ,  que 
quelques  vesliges  précieux  de  cel  ancien  usage  ,  dont 
nous  venons  de  parler  dans  ccl  article.  A  Lyon,  aux 
fériés  du  carême  ,  depuis  le  lendemain  du  jucmier 
dimanche  dans  r('glise  primaliale  ,  les  deux  premiers 
prêtres,  un  de  cliaipie  e(')lé  du  cha'ur,  ollrenl  le  pain 
el  le  vin  dont  on  se  sert  pour  la  conséeralioii.  En  la 
célèbre  abbaye  de  S.  Vaasl  d'Arras,  le  supérieur,  au 
nom  de  tonte  la  communauté ,  porte  lous  les  jours  à 
l'olîi  aiide  de   la  messe  conveiiluclle ,  le  pain  cl  le  vin 


Grandesheini,  pour  y  recevoir  leur  oblalion  ;  comme  |  qui  y  doivent  èlre  consacrés,  ce  qui  se  fail  ainsi  :  vers 


(l)Lib.  5,  n.  371. 

(2)  2  aul.  Ëc«U  llit.  1.  i,c.  4,  art.  $ 


(1)  Régula 
{"1)  Thiiod. 


solit.  c.  i6. 
1.  5,c.  1«. 


2i9 


F.UCIIAIWSTIE.  —  CIIAP.  II.  MATIKRK  DE  Œ  SACREMENT. 


230 


la  fin  de  IV-vangilo  ,  on  <l(i  Cndu  ,  si  on  le  dil,  le  m;-  ' 
périciir  pivsidiinl  au  chœur,  averli  pur  le  s:i(  rislaiii , 
va  prt'iMlrtMliniore  l'aiilcl  un  cali<c  avec  ilu  vin  ,  vl 
une  pillent!  siu'  larpu  Ile  est  le  pain  ;  il  vient  ensuite 
à  l'anlel  du  eolé  de  l'éviinf^ih! ,  où  il  se  lient  lour;  é 
vers  le  cliœnr,  ansi^i  Ijieu  <|ue  le  soiis-diacnr  (;tii  tienl  le 


d.iiis  le  ten.ps  (pie  Ton  oiïrait  enroro  le  |)nin  et  le  vin. 
Mais  cela  ne  s'in'roduisit  (pie  dans  l(;s  temps  posté- 
rieurs, an  moins  pour  l'endroit  de  la  messe  ampiel  se 
l'ail  aujourd'hui  c(;lle  oirrande  ;  car  d(';s  les  conuncncc- 
menls,  o  inriie  on  a  \u  dans  cet  article,  on  of- 
liaii  «-('paiéiiH-nl  dans    r(''glise,   tout   ce  (jiii  (îtait  luî- 


calice  Cl   la  patène  vide»,  qui    doivent    servir  ii  la  A  (cssaire  pour  renlreiien  des  ministres (!t  des  pauvn^s 


messe.  Le  C('lél)i:int  après  avoir  dit  Orcmns,  pixv  eiiJe 
à  baiser  au  supiiiienr  la  croix  du  manipule,  (^iidisanl, 
paxlccnm,  nvcreude  potcr.  Le  mpt-iieur  i(J|;ond  ,  c/ 
cum  spirilu  luo  ,  et  met  le  pain  sur  la  |)al(iiie,  (  t  le  vin 
dans  le  calice  qui  sont  enlre  les  mains  du  sous-diacre. 
S'il  y  a  deux  messes,  ce  (pji  arrive  souvent,  le  sacri- 
Slin  ,  ou  en  son  absence  rauuiônier  ,  à  la  preniiére  ,  ' 
offre  le  pain  et  le  vin  au  nom  de  ceux  qin  l'ont  fon- 
dée, de  même  que  le  sujéiieur  au  nom  du  couvent, 
offre  à  la  messe  convcnlucUe.  Selon  l'ordinaire  de  \ 
Narboiine  ,  la  communauté  de  la  ville  doit  fournir  tous 
les  jours  à  la  Cathédrale ,  le  vin  pour  les  messes. 

On  ne  connail  |tlus  déj^discs  où  le  jX'Uple  olfie  à  h 
même  messe,  le  pain  et  le  vin  de  la  conséeralion.  La 
raison  de  ce  cbangcinent  vient  de  ce  que  les  prêlres 
ont  cru  devoir  offrir  à  l'autel ,  des  pains  préparés  avec 
plus  de  soin  que  ceux  qui  étaient  offerts  conmiuné- 
menl  par  le  p -uple  ,  et  de  ce  (pie  les  fidèles  eut  l'ait 
des  dons  considérables  à  1  éi^iise  ,  en  chargeant  les 
clercs  de  tout  ce  (pji  est  ntkessairc  pour  le  service  di- 
vin. Les  capilulaircs  aiilorisaicnt  les  donations  qu'on 
venait  apporter  à  l'aulcl  sous  ce  litre  :  Je  donne  et 
j  offre  à  Dieu ,  tout  ce  qui  est  écrit  dans  ce  papier,  pour 
terviruuS.  sacrifice,  à  la  sokmnilé  des  messes,  au  lu- 
minaire ,  à  l'entretien  det  clercs  el  des  pauvres.  Ainsi 
quoique  le  pain  destiné  à  être  la  matière  du  sacrifice, 
n'ait  plus  été  offert  par  le  peuple,  il  peut  être  tou- 
jours regardé  comme  l'offi  andre  di  s  (idèles,  parce 
qu'il  vient  de  leur  fondation  ou  de  leurs  bieiifails. 

Les  offrandres  en  argent  ou  en  autres  monnaies  , 
qui  sont  à  présent  en  usag(;  dans  plusieurs  églises,  oui 
succédé  aux  anciennes  oblalions  dont  ikjus  avons 
parlé.  On  trouve  sur  cela  deux  pariieidarilés  assez 
remarquables  dans  les  statuts  synodaux  de  Wary , 
évêque  de  Verdun.  La  première  ,  que  c'était  la  cou- 
tume ,  il  y  a  deux  cents  ans,  de  baiser  la  niaiii  du 
-,  prêtre  quand  on  venait  à  l'offrande,  au  lieu  de  la 
i  patène  que  l'on  présente  aujourd'hui  dans  noi  é;j;liscs. 
La  seconde ,  que  les  lépreux  n'éiaient  point  admis  à 
baiser  la  main  du  céhibranl,  maisseulemeni  ses  pied  ;. 
Nous  ordonnons,  portent  ces  statuts,  folio  recto  GZ, 
qu'aussiKH  (pi'un  homme  aura  élé  condamné  comn;e 
lépreux,  le  prélre  de  la  paroisse  de  lariuclle  il  e-t, 
avertisse  le  dimanci.e  précédent  à  son  pr(jne,  les  h.i- 
bilants  de  se  trouver  au  service  qui  doit  se  chanter 
pour  lui ,  selon  la  coutume,  et  suivant  qu'il  est  mar- 
qué dans  le  Missel  de  notre  diocè»e,  aliii  (piils  prient 
Dieu  pour  lui.  Cependant  le  lépreux  no  doit  point 
aller  à  l'offrande.  Dans  qucl(|ues  lieux  néanmoins  ,  il 
y  va,  mais  il  doit  baiser  seulement  le  pied  du  prê- 
tre ,  pour  ce  qui  est  des  autres  qui  sont  sains,  ils 
lui  baisent  b  main.  Ces  offrandes  se  faisaient  même 


l.(;  pain  béni  est  aussi  un  reste  de  l'ancien  usage.  S. 
CiT'goire  de  T(Mirs  (1)  raconte  un  fait  qui  peut  bien 
conliihuer  à  éelaircir  va\  que  nous  avons  dit  au  coin- 
meneemenl  (hî  ce  clia;.iti(;,  nous  le  rapporUtrons  d'a- 
près lui,  après  (pioi,  nous  y  ferons  nos  K-fltixions.  Il 
y  avait,  dit-il ,  à  Lyon  ,  deux  époux  de  famille  de 
sénateurs,  (pii  ayant  vécu  dans  le  mariage  sans  lais- 
ser d'enfants ,  laissèrent  leurs  biens  à  l'église. 
L'homme  étant  mort,  sa  veuve  ,  pendant  loul  le  cours 
de  l'année  ,  ne  cessa  de  s'ap|diquer  à  la  prière  ,  fai- 
sant célébrer  tous  les  jours  des  messes,  tnissarum  so- 
lemnia  quolidiè  celebruns,  et  offrant  les  dons  sacrés 
pour  la  mémoire  de  son  mari ,  espérant  de  la  misé- 
ricorde de  Dieu,  (juc  l'oblation  qu'elle  faisait  pour  lui 
au  !-jeigncur,  proeiiierail  ce  jour  là  da  repos  à  son 
;  âme.  Elle  présentait  chaque  jour  un  S(  plier  de  vin  de 
de  Gaze,  Gazeii  vini  (2),  pour  le  sacrifice  qui  devait  se 
C(''lébrer  dans  Téglise  ;  mais  un  sous-diacre  esclave 
de  son  venlre  ,  gardait  ce  vin  pour  lui ,  et  mettait  à 
sa  place  dans  le  calice  ([u'il  oll'iail,  un  vinaigre  très- 
fort  ;  cette  femme  ne  recevant  pas  toujous  la  comnni- 
nion ,  muliere  non  semper  ad  comnmuicandi  tjraliam 
acccdente.  Elle  se  leva  un  jour,  suivant  sa  coutume, 
pour  l'oflice  des  matines,  lestpielles  étant  achevées  et 
la  messe  cé!ébi(;e,  elle  s'approcha  du  breuvage  salu- 
taire ,  et  elle  bût  un  vinaigre  si  fort,  qu'il  lui  semblait 
qu'on  lui  cassait  les  dents. 

Ce  f..it,  comme  nous  avons  dil,  renferme  plusieurs 
particularités  inléressantcs;  outre  l'usage  du  calice 
qui  était  ah-rs  connnun  aux  simples  fidèles  avec  les 
ministres  de  l'autel,  o:i  y  voit  (jne  l'oblalion  se  fais  :it 
alors  parceux-mémcs  qui  ne  devaient  point  communier. 
On  y  rtiinarque  de  plus  que  le  calice  dans  b-qucl  l(;s 
fidèles  participaient  au  sang  préci(;ux  éiait  différent 
de  celui  dans  lequel  le  prêtre  le  prenait,  autrement  le 
prêtre  se  serait  d'abord  ap"r(;ii  de  la  manreuvre  du 
sous-diacre,  et  n'aurait  pu  souffrir  làprcté  de  cette 
lii;ueur  qu'il  substituait  au  vin  qu'(.ffraii  cette  pieus(î 
femme.  Ceci  nous  fait  souvenir  ,  dit  le  P.  Mabiilou  , 
d'une  réponse  du  P:ipe  Grégoire  II  à  S.  Honiface,  dans 
laquelle  il  lui  dil  qu'il  n'est  pas  convenable  de  mellre 
sur  l'autel  deux  ou  trois  calic(;s  pendant  la  célébra- 
tion de  la  messe  ;  ce  qui  fait  assez  connaître  que  cela 
se  pratiquait  ainsi  dans  (|ui  bpies  endroits.  Ces  cali(es 
sont  souvent  appelés  ministériels,  ministcriales ,  dans 
les  écrits  d'AiiaslIiase  ;  d'autres  les  nomment  calices 
de  l'offertoire,  offerlorii.  Que  devenait  le  vin  qui  y 
était  offert  quand  la  persoime  qui  faisait  l'oblalion  ne 
communiait  pas  ?  C'est  une  question  que  se  propose 

(1)  Lib.  de  Cloriâ  Confessorum ,  c.  C5. 
ii)  C'est  l'explicalion  que  donne  à  ce  mol  M.  Du- 
l    caiifc'e  dans  son  Lcxiton. 


S51 

le  P.  Mabillon ,  et  à  laquelle  il  no  juge  p^s  à  propos 
de  répondre  ;  ce  que  nous  n'oi.lrrpiTiKirons  pas  non 
plus  ,  aimant  mieux  avouer  noire  ignorance  sur  ce 
lioinl,  que  de  hasarder  une  réi.onse  doni  le  lecteur , 
pcul-èlre,  ne  serait  pas  satisfait,  tnlin  Ton  déctiuvre, 
dans  ce  récit  de  Grégoire  de  Tours,  la  croyance  dans  j 
la(iuolle  étaient  alors  les  (idoles,  que  les  oilrandes  (pie  j 
Ton  prcsenlail  à  Taulf  I  pour  les  morts  procuraient  à 
leurs  âmes  le  repos  après  Icfiuel  elles  soupiraient. 

Nous  avons  dit  plus  liant  dans  ce  chapitre,  que  Ks 
dons  ipie  les  fidèles  faisaient  à  Dieu  dans  l'église , 
étaient  oflerts  avant  ou  après  la  céiéhratinn  de  la 
messe,  excepté  ceux  qiii  élaiont  destinés  à  être  la  ma- 
tière du  sacrilice;  mais  cela  denuinde  encore  une  ex-  \ 
plication.  Cela  est  vrai  à  régi-.rd  de  tontes  les  autres 
choses  que  ron  pouvait  olîrir  à  l'église,  excepté  le  pain, 
soit  usuel,  soit  celui  qui  était  préparé  conmic  le  pain  qui 
était  destiné  au  sacrilice  ;  car  ce  qui  restait  de  celui-ci 
que  l'on  avait  oiiert  était  distribué  par  parcelles  aux  fi- 
dèles, après  la  messe,  et  on  le  regardait  comme  san- 
ctifié par  la  bénédiction  du  piètre,  quoiqu'il  n'eût  pas 
été  consacré.  Le  concile  de  Nantes  (cap.  9),  dislingue 
nettement  ces  pains,  et  veut  (pic  Ton  distribue  aux  fi- 
dèles, par  manière  d'eulogies  ,  ceux  .(lui  n"(Uil  point 
été  employés  au  sacrifice  ,  et  (jne  celle  distribution  se 
fasse  les  dimanches  et  fêles  après  la  messe. 

Les  Coutume^  de  Cluny,  écrites  par  S.  Uldaric  ,  | 
prescrivent,  conformément  à  cet  usage,  que  les  jours 
ordinaires  on  distribuera  au  réfeclinre  les  hosties  non 
consacrées  à  ceux  qui  nauiont  pas  counnunié,  el  (pie 
celte  distribution  se  fera  par  la  main  du  prêtre  célé- 
brant ,   et  avant  que  les  rel  gieux  prennent  aucune 
nourrilure.  Cet  usage  était  plus  ancien  que  rétablisse- 
ment de  Cluny  ,  connue  il  iiaraii  par  la  reipièle  que 
les  moines  de  Fulde  préseiiterenl  à  l'empereur  Cii.r- 
lemagne,  et  par  le  concile  d'Aix-la  Chapelle  (c.  08), 
de  l'an  817.  Dans  la  suite  on  substitua  de  l'argent  au 
pain  el  au  vin  que  les  laïques  avaient  coutume  d'olïrir 
pendant  la  messe  pour  le  sacrilice,  et  le  prêtre  rece- 
vait cet  argon!,  par  manière  d'aumône.  Cette  pialiiiue 
commença  à  s'introduire  dans  le  huitième  siècle  an- 
moins  pour  les  messes  privées.  On  en  voit  des  vesti- 
ges  dans  la  Uègle  de  Chrodogiang  :  mais  cet  usage 
fut  blàn\é  par  les  personnes  les  plus  piou.-es  el  les  iilns 
éclairées  (1),  enlr'autros  par  Walafrid  Slrabon  dans 
son  livre  de  Rébus  ecdesiasticis ,  c.  22,  ce  qui  en  re- 
tarda l'établissement,  qui  ne  fut  poiiit  reçu  commu- 
nément avant  le  douzième  siècle.  Cette  nouvelle  pra- 
tique abolit  insensiblement  l'ancien  usage  d'ofTrir  le 
pain  cl  le  vin  qui  devait  servir  de  malière  au  sacri- 
fice ;  ce  qui  parait  évidemment  par  les  donations  (pie 
l'on  commença  à  faire  dès-lors  aux  églises ,  de  terres 
el  de  vignes  dont  les  fruits  devaient  être  employé^  au 
sacrilice  de  la  messe.  Colle  que  fil  Charles  le-Chauve 
aux  moines  de  Saint-Denis,  est  de  cette  nature.  Il  leur 
donne  une  métairie  située  dans  les  environs  de  Paris, 
afin  qu'ils  emploient  dix  muids  devin  qu'ils  en  lireroul 

(1)  Eugène  II,  dans  un  concile  de  Rome  ,  de  l'an 
837,  c.  17  ;  Léon.  IV,  in  synod.  iiom. 


HlSTOHlt;  DES  SACREMENTS.  252 

ciiaqiie  année,  au  sacrifice  qu'ils  doivent  offrir  à  Dieu 
pour  lui  et  jiour  son  c|)Oiise 

Ceci  se  faisait  non  seulement  à  l'égard  des  nionas- 
lères,  mais  encore  des  églises  paroissiales,  puisque 
Philippe,  comie  de  Flandres,  légua,  en  1180,  un 
marc  d'argenl  i)ar  année  à  l'église  de  Sainie-.Marie 
((/('  loïKjo  villanj),  afin  ([u'elle  eût  de  quoi  acheter  le 
pain  et  le  vin  du  sacrifice.  On  pourrait  rapporler  plu- 
sieurs autres  exemples  de  ces  sortes  de  donations  (pii 
font  voir  que  l'ai  cieiiiie  coiilume  de  pré-^enter  à  l'of- 
fertoire le  pain  el  le  \iii  du  sacrifice,  est  abolie  depuis 
longlemps  dans  la  plupart  des  églises  ;  outre  celles 
qui  se  font  en  argent,  il  s'en  est  fait  encore  en  d'au- 
tres choses. 

Edmond  du  Boulai,  dans  son  Enterrement  de  Claude 
de  Lorraine,  premier  duc  de  Guise  (in-S°,  Paris,  1550, 
fol.  70  el  71),  nous  représente  une  ofi'rande  d'une 
espèce  bien  singulière.  11  dit  (pie  quand  on  fil  le  ser- 
vice de  ce  prince,  on  conduisit  du  cloître  à  l'offrande 
deux  chevaux  du  défunt.  Le  [)remier  cheval  que  maî- 
irc  Hubert  de  jilaillan  chevalier,  seigneur  de  Vaude- 
nay  ,  écuyer  du  duc  de  Guise  ,  menait  par  la  bride  , 
suiw  de  six  pages  du  feu  prince,  vêtus  de  velours  noir, 
I  fut  pour  le  cardinal  de  Givry  qui  officiait,  el  qui  était; 
':  assisté  de  six  évéïpies  et  de  douze  abbés,  sans  les 
antres  ecclésiasti(pies.  Les  chanoines  de  l'église  col- 
légiale de  Saint-Laurent  de  Joinville,  où  se  fil  cet  en- 
terrement, eurent  l'autre  cheval,  conduit  par  M.  Du- 
hainol,  autre  écuyer  de  ce  prince.  Ces  deux  chevaux 
étaient  celui  d'honneur  et  celui  de  bataille.  Les  épe- 
rons, les  gantelets,  la  lance,  l'écu,  la  colle  d'armes  et 
l'épée  dn  prince  furent  aussi  olferis  séparément  par 
autant  de  geulilshonimes. 

ARTICLE  n. 
De  ce  qui  se  faisait  après  que  le  peuple  avait  fait  son  of- 
frande. Choix  des  dons,  prières,  encensements.  Clian~ 
genienl  arrivé  depuis  que  les  communions  cessèrent 
d'être  aussi  fréquentes  que  dans  les  premiers  siècles. 
Pendant  que  le  p'-uple  et  le  clergé  faisaient  leurs 
ohlalions  de  la  manière  dont  nous  venons  de  le  dé- 
crire, le  chœur  chaniail  (luelqiios  versets  des  psaumes 
pour  l'ordinaire.    Mais  cet  usage  ne   s'est  introduit 
<ju'au  (piatrième  siècle  ;  auparaxanl  l'offrande  se  fai- 
sait en  silence.  Ce  fui  du  temps  de  S.  Augustin  qu'on 
l'introduisit  à  Cartilage  ;   et  cet  usage  fut  soutenu  par 
ce  saint  docteur  (1)  contre  la  critique  dun  tribun 
nommé  Hilarus,  el  se  répandit  dans  toute  l'église  la- 
tine. On  appelle  offertoire  ce  qui  se  chante  en  cette 
occasion  par  cette  raison,  selon  la  remarque  de  S.  Isi- 
dore (2)  d'Anialaire  ,  cl  de  Rémi  d'Auxerre.  L'anli- 
phonaire  de  S.  Grégoire  marque  les  versets  qui  de- 
vaient être  chantés,  dont  le  commencement,  qui  était 
regardé  comme  une  antienne,  élait  répété  entre  les 
verscls  autant  de  fois  qu'il  le  fallait  pour  continuer  de 
chanter  jusqu'à  ce  que  l'olTrande  fût  finie,  et  que  le 
prêtre  fit  signe  de  cesser.  Il  n'y  a  plus  peut-être  que 


(I)  Aug.,  Retract.,  lib.  2,  cap.  11. 
(-2)  I.ih   5,  cap.  18,  Exposit.  miss. 


!IS5  EUCilÂRISTIE.  —  CHAP.  U.  M 

régliscile  Lyon  qui  ait  consorvé,  aux  jours  solcniiols,  i 
l'usage  de  l'aire  cliaiileiitliisieiirs  vcrsels  à  lonfrluiro; 
présenlomoiil  roffraiicle  ilu  peuple  ne  se  faisant  pres- 
que plus,  les  auiivs  c;;lises  se  sont  coiiicutées  de  dire 
le  cDiuuionceuienl  (jui  servait  d'aiilieiiii.> ,  si  ce  n'est 
aux  messes  des  inorls  auxtpiclli  s  ,  eu  plusieurs  en- 
droits, on  oITre  encore  d:i  pain  el  du  vin  ;  dans  1  église 
de  Tours,  ei  dans  celle  de  Sainl-Marlin  en  pariicidier, 
on  chante  encore  iU:\\\  antiennes  à  l'oirerloire  dans 
certaines  fêles.  I/oUVande  linie  ,  connue  poiu'  l'ordi- 
naire on  otlrail  l)eauc()ti|)  plus  de  pain  t  tde  vin  que  les 
coninniniauts  n'en  p(iuv;iie!it  coiisninmcr,  on  ne  choi- 
sissait des  pains  qu'autant  qu'il  élait  nécessaire  pour  la 
connnunion,  et  on  les  plaçait  sur  l'autel  où  ils  devaient 
être  consacrés  ,  où  ou  les  arrangeait  en  dilîérenles 
manières,  suivant  les  divers  lieux  et  les  divers  temps. 
On  voit  jsar  un  écrit  d'un  évèipie  d'Espagne  (1) , 
non.nié  lidelonse,  qui  vivait  au  neuvième  siècle,  qu'en 
ce  pays,  cet  arrangement,  selon  les  diilérenles  solcn- 
iiités,  formait  la  ligure  tantôt  d'un  cercle,  tantôt  dun 
c;irré,  tantôt  d'iuie  croix.  Dans  les  temps  postérieurs, 
on  borna  le  nombre  des  pains  «pii  dt;valent  etie  oflerls, 
à  coudilion  (|ue  si  le  nombre  de  cunnnuniants  surpas- 
sait celui  de  ces  i)ains ,  on  ks  partageait  pour  les 
distribuer  à  la  communion.  C'est  ainsi  que  l'impéra- 
Irce  Irène,  sur  la  lin  d;i  laiilième  sièeie  ,  ordonne, 
dans  les  consl.tuli  )ns  (lu'eile  dressa  pour  un  nia.as- 
tère  de  religieuses  (pTelle  avait  fondé,  que  l'on  offri- 
rait tous  les  jours  >-e\l  pains  à  !;i  divine  l.tm-gie  (2)  ; 
un  pour  JNotre  Seigneur,  un  aulr.-  pour  la  S.iii.tJ- 
Vierge ,  celui-ci  pour  ses  parenis  moils ,  celui-là 
pour  ses  proches  et  sis  cnfiuts,  el  ainsi  de.-,  auire». 

On  faisait  pour  le  vin  la  niè.ne  cliose  que  ce  (pie 
nous  disons  des  pains  olferts.  On  en  prenait  aiilant 
qu'il  en  (iUlait ,  suivant  les  fêtes  et  JcS  s(;lennit  .s. 
pour  la  connnunion  des  lidèlcs  :  je  veux  dire  ([ue 
dans  les  fêles  ()rincipales  auxquelles  (ont  le  penjde 
comnumiail,  on  en  retenait  davantage  pour  le  sacri- 
lice,  au  lien  (|u'aux  moindres  sole.inités  on  en  rete- 
nait moins,  surtout  ([uaiid  la  piété  se  fut  refroidie,  el 
que  les  fidèles  connnuniércnt  p!us  rarement.  On  ver- 
sait donc  de  ce  qu'il  fallait  de  vin  dans  un  on  plusieurs 
calices  qui  étaient  plus  ou  moins  grands,  en  plus 
grande  ou  moindre  (piantilé,  suivant  ([ue  le  peuple  ou 
1(  s  connnu.iiantb  étaient  plus  ou  moins  nomi)i'enx. 
Mais  pour  l'ordinaire  ily  avait  plusieurs cali(e>  qu'on 
appelait  ministériels,  minislenales ,  parce  qu'ils  ser- 
vaient à  communier  les  assistants.  Les  moines  du 
Mont-Cassin  en  avaient  jusqu'à  sept  à  h  fois  pour  cet 
usage  du  t-mps  de  l'abbé  Oderise,  quoique  dès  lors  le 
pape  Grégoire  11  eût  improuvé  la  pluralité  des  calices 
^iour  la  comnninio;i,  connue  il  parait  par  une  de  .'^es 
lettres  à  saint  BonifaccdcMayence.  On  versait,  comme 
nous  r.ivons  dit ,  le  vin  dans  ces  calices  par  im  cou- 
loir, afin  qu'il  ne  s'y  mêlât  point  d'ordures,  à  (puji  on 
était  cxjmsé  quand  chacun  a|»por(ail  sa  portion  de 

(1)  Apud  Mart.  de  ant.  Eccl.  Rit.,  toni.  ! ,  p.  582 
el seq. 

(2)  Typicuniiren.  c.  7%i,  Analccl,  Greg.,  tom.  i. 

TF      XX.  r 


\TiERt:  DE  CE  SACREMENT.  234 

vin  à  l'église.  Cet  usage  de  passer  ainsi  le  vin  s'est 
conservé  à  S.  Denis  en  France,  l-es  calices  dans  les- 
quels on  le  versait  avaient  ordinairement  des  anses 
piirce  qu'ils  étaient  grands  et  pesants,  et  que  p.ir  re 
moyen,  on  les  portait  el  maniait  plus  aisémiiil,  quatiû 
il  s'agissait  de  donner  au  peu|ilc  la  communion  «Itt 
sang  de  Jésus  Christ.  Il  est  fait  mention  de  C(.'S(ali«vs 
à  anses  dans  le  testament  de  S.  Aride  (pie  le  1>.  lUn- 
nart  a  mis  à  la  (in  de  la  vie  de  ce  saint  écriie  par 
Grégoire  de  Tours.  Il  l'a  tiré»;  des  archives  de  S.  .Mar- 
tin de  Tours,  et  noire  hist'irien  Français  fait  men- 
tion de  ce  testament  dans  le  29'  chapitre  du  îO*  livie 
de  son  llisloirc  de  France.  S.  Aride,  entre  autresdons 
(pi'il  fait  àdes  lieux  saints  dont  il  parle  dans  ce  testa- 
ment, donne  quaire  calices  d'argent,  dont  deux  ont 
des  anses.  Calices  quatuor  argentros ;  duo  siinl  (i>i:aliy 
et  qui  ont  coûté  30  sols,  comparali  sulidis  triijiiitu.  Oa 
conserve  encore  à  présent  dans  l'abbaye  de  saint  Mansvi. 
If's-Toul  le  calicede  S.  Gérard,  qui  a  deux  anses. Charles- 
.Magne  donna  à  l'église  de  Home  vn  grand  calice  avec 
des  anses,  comme  Ielémoi,:^nc  Anastase-le-Bibliolhé- 
cairedansla  Viedusainl  papeGrégoiri'l'll  et  Léon  IV. 
On  voit  aussi  à  Saint-Omcr  nn  calice  à  deux  anses  dt^nt 
la  coupe  a  plus  d'un  |)ied  de  profondeur  et  presque 
autant  de  dian  êlre,  ainsi  que  nous  l'aiq)r.'nons  du 
P.Mar!ènedanssonV()yagi'liltéraire,l.l,part  2,  p.I?5. 
Le  pain  destiné  à  devenir  le  corps  de  Nolr.'-Sei- 
gnenr  se  mettait  sur  un  plat  que  les  Latins  n.Mume-it 
patina,  el  (pie  les  auteurs  de  a  moy  une  laliuiié  ap- 
pellent piileiia,  nom  qn'd  a  retenu  jusqu  a  pré.->cnî.  .M  ,;$ 
la  patène  aulreloi,  é.ait  bien  plus  ;ir..nde  (pi'à  piései.-l, 
et  il  ne  faut  pas  d  luter  (pie  q;iand  il  y  avait  ut-î 
grande  (piantilé  de  pmis  à  cm  vicier,  il  n'y  e.i  cU 
plusieurs,  comme  il  y  avait  plu>ieurs  c.il.ces  pour  its 
vin.  Saint  Aride  dnnne  aussi  par  son  leslament  une 
palcie  d'argent  val  int  soi.vanti-el-dou/.e  sols,  pfilo;-i 
arcjenlea  vidois  solidos  72.  Elle  devait  être  grande 
puisqu'elle  valait  plus  du  double  ipie  les  calices.  Les 
savants  nous  appreiint'iit  ce  (|ue  valait  le  sol  en  ce 
temps-là;  je  n'en  paiie  pas.  J'ajouterai  seuiement 
que  l'on  montre  dans  la  cathédrale  de  Beauvais  ui;s 
patène  ancienne  de  cristd  grande  et  profonde  coim-ie 
un  bon  saladier,  ce  qui  conlirme  ce  que  nous  venons 
dédire  sur  ce  sujet.  La  patène  et  les  calices  ou  le  ca- 
lice se  posaient  sur  un  linge  pr(qire  distingué  des  nap- 
P"S  ordinaires  de  l'autel.  Dans  le  rit  .\mbrosien  ou 
l'appelle  Unceid  ou  le  suaire  avec  lequel  le  corps  de 
Jésus  Christ  fui  enseveli.  M.iis  il  y  a  plus  de  1,000  à 
i  200  ans  qu'on  le  nomme  corporat.  U  est  aussi 
niMiiiné  palle  du  terme  l.itin  pallium,  (|iii  signifie  man- 
teau, et  il  portail  ce  nom,  parce  qu'étant  aussi  lon^ 
et  aussi  large  que  le  dessus  de  l'autel,  on  le  repliait 
sur  les  dons  sacrés  pour  les  couvrir.  Le  songe  qne 
S.  Grt'goiro  de  Tours  dit  avoir  eu,  suppose  cet  usaj^e» 
et  nous  apprend  de  plus  (pie  ce  cor|ioiMl  ou  palle  était 
souvent  de  suie.  Je  songeais,  dit-il,  i;ue  j'étais  dam  la 
sainte  l'asilique  oit  je  célébrais  In  messe,  el  que,  comme 
l'autel  avec  les  ablations  était  déjà  couvert  d'une  pulUde 
I  soie,  j'aperçus  le  mHhmlrnmqui  entrait,  t  Cilmqul^jam 


233 


ÎÎI^TOniE  fiE^^  SACREMEiNTS. 


2:,3 


f  altarium  ctim    olilalionibus   pftlliû  scrico   coopertum 
i  esset.  I   Qiic'li|iiefi)is  ces  pallos  do  soie  clnienl  or- 
nées d'or  cl  de  pierreries  ;  ol  il  y  :»  loiil  lieu  docroirc- 
)   que  c'est  d'elle  que  parle  S.  Aride  daus  sou  leslanieiil, 
(fuand  après  avoir  lait  luciilion  de  la  patène  d'argoil 
dont  il  avait  l'ait  présent  à  une  église!,  il  ajo  ik;  (piil 
lui  a  donné  aussi  (jualre  voiles  de  soie,  c'estaiusi  (pie 
je  rends  le  lerme,  coopcrlorid,  dont  l'un  valait  trente 
sols  et  les  autres  moins,  et  dont  deux  élaient  tissus 
d'or;  duo  ex  ipsis  auro  suiit  fabricdii.  il  ajoute,  ptilhis 
corporoles  quatuor.  Les  Cliarlnnix  ont  retenu  l'usage 
d'avoir  de  ces  grands  cor|)orau\,  et  ils  ue  se  ^-crveat 
point  de  voile  sur  le  calice  non  plus  que  de  ce  que 
nous  nommons  pâlies  aujourd'hui  :  c'est  une  reuiar 
que  de  M.  de  Mauléon  (I)  dans  ses  Voyages  liliugi 
qnes,  pag.  GO.  il  ajoute  que  dans  l'église  caiiiédrale 
de  l-yon  on  pose  l'hoslie  sur  une  partie  du  corporal, 
cl  que  de  l'autre  partie  du  même  corporal  on  couvre 
le  calice.  La  même  chose  est  prescrite  dans  lui  ancien 
ponlilical  de  l'église  d'Orléans,  et  s'y  praliipiiiit'encurc 
au  seizième  siècle,  connue  il  |)arait  par  un   missel 
de  150i.  Mais  comme  cela  était  cinharrassant,  surtout 
depuis  qu'on  a  fait  l'élévation  du  calice  rpie  queiipies- 
uns  voulaient  tenir  couvert  nièmiî  eu  l'élevanl,  on  a 
fait  deux  corporaux  plus  petits,  l'im  tproii  élcnil  sur 
îaulel,  et  l'autre  plié  d'une  manière  propre  à  couvrir 
le  calice.  A  la  place  de  ce  second,  on  a  mis  ensniie  un 
tarton  entre  deux  toiles,  alin  (pie  cela  fût  rernie  et 
qu'on  le  jnit  plus  comniodémenl,  cl  on  lui  a  toujours 
laissé  le  nom  de  palle. 

'  Tout  ceci  h\i  voir  le  profond  respect  que  l'on  ren- 
dait aux  dons  ofl'erts  à  l'autel,  cl  sanctiiiés  par  l'o- 
Llali(ui  (prcii  avaient  l'aile  les  lidèles,  et  pai'lenrdesti- 
jialion,  lîuisrpi'on  les  couvrait  ainsi  pour  en  dérober 
la  vue  aux  assistants.  On  ne  iroiive  rien  des  prières 
qui  accompagnent  aujourdliui  rohiation  du  prêtre 
dans  les  plus  anciens  ordres  romains,  non  plus  (pic 


Dans  la  suite  on  n  njoiité  les  difTércnios  pnores  (pii 
se  disent  pend.uil  l'ohlalion,  cl  il  y  avait  sur  ce  poiiil 
une  très-grande  variété  dans  les  anciens  missels,  tant 
sur  le  niiiîihre  de  ces  prières  que  sur  les  lernies  dans 
liîS(piels  el.es  étaient  conçues,  conime  on  le  peut  voir 
dans  le  livre  ilcs  anciens  I4ils  de  1  Eglise  du  P.  .■\lai- 
teiie(l)  (pii  en  rapporte  plu^ieur.5.  il  re'inaripie  (|ue 
connnuiiémeiil  le  pi cli  c  olli  ait  aiitreruis  loiit  enseniljle 
le  pain  cl  le  vin  par  une  seule  |  rièrc,  >ni'  (pioi  il  cite 
les  missels  de  pliisieuis  église-,  «  iilre  aulres  ceux 
d'.Viixeîie,  de  Cliàlons-sur-Mariie,  de  Lyon,  il  ajoute 
(jiii.  n'a  trouvé  (pie  le  iniisel  de  iNachonne  (juLit  des 
prières  dislingués  p;iur  chacune  d(s  espèces  Cela 
pouvait  vesiir  de  ce  (pie  Narboniie  élail  aulre.'ois  du 
royaume  des  Yisigoilis,  duii  les  églises  suivaient  les 
r.ts  du  missel  nioiaiabe  dniit  on  l'ail  reiiiunler  la  pre- 
mière origine  à  S.  Isidore  de  Séville.  Car  on  l.t  clans 
ce  missel  les  quatre  |  remières  pi  ière^  :  Suscipc...  Ojfe- 
riiius...  insjnritu.  .  Veiii,  saïuii/icuiur,  qui  y  sont  en 
subslaiice  et  pres(pie  mol  pmr  nml  depuis  plus  de 
mille  ans.  El  il  paraît  (jiit  l'Egl'se  de  Home  (|iii  Vers 
la  lin  du  onzièive  siècle  ôta  ce  missel  aux  églises 
d'Espagne  pour  leur  donner  le  romain,  empiunta  tes 
jiiieres  de  C(î  même  mi  sel  ipTelIe  supprima.  Elle  ad- 
mit aussi  au  douzième  siècle  la  prière  Suscipc,  siiicta 
Triiiitus,  ipii  était  en  usage  à  Milan  el  dans  plusieurs 
églises  de  Eiaiice. 

Nous  avons  lemaripié  plus  haut  que  l'on  inèlail  de 

l'eau  avec  le  vin  dans  le  eaiiee.  Lela  se  l'ail  à  riinila- 

l  lion  de  Jésus  tilirisl,  (pii,  dois  l.i  dernière  pa^pie  qu'il 

lit  avec  ses  apôtres,  (  onsaera  la  cowpe  jiascale  dans 

l  laipielle,  suivai.t  le  rit  des  Juifs,  il  y  avait  du  vin  et 

I  de  l'eau.  Eu  ellel,  S.  Jeslin,  S.  Cypiie.i,  les  IVres  du 

I  troisième  concile  de  Carthage  et  ceux  du  concile  lu 

I  7Vi(//o,  aussi  bien  ipie  S   irénée  mms  apprennenl  (pie 

selon  la  iraililion  le  vin  que  Jésus  C.irisl  coii-acra  était 

I  mêlé  d'eau.  Outre  cela,  les  Pèics  ont  cru  devoir  mè- 


Ires  |)rières  sur  les  oblaiions  que  la  secrèle.  Le  Mi- 
crologue,  vers  l'an  1090,  le  manpie  expresséine.it. 
Celle  prière,  en  elfel,  exprime  roblation  de  nos  dons; 
et  d'ailleurs  elle  est  csseuliellement  dans  le  Canon. 
0*1  ajipelle  c.  lie  prière  secrèle  p.u-  ce  qu'elle  se  dit 
secrèlemeiil.  Tandis  (pie  le  piètre  la  rai.-.ait,  les  lide- 
les  priaient  de  leur  coté  en  silence,  el  deni  .lul. lient 
que  Dieu  re(,'ùt  f.ivorablenient  Icsdons  qui  élaient  sur 
l'autel,  el  (pi'il  les  mit  eu  étal  de  lui  cire  cux-mênes 
|!résentés  conime  nue  lio^lie  agréable.  Q.ielipies-an^ 
pjil  prétendu  (pie  l'élyniid  >gie  de  ce  nom  serièlr,  ve- 
nait du  verbe  seccrnere,  séparer,  mais  c'est  saiii  r.»n- 
deuienl.  Le  I'.  Marlène  remanpic  ipie  dans  un  a.ici  n 
Sacramentaire  maauscr.l  de  règli>e  de  Tours,  ces 
prières  sont  appelées,  non  secrètes,  mais  cachées,  «>• 
cmiœ,  terme  qui  manpie  qu'elles  se  f,ii,aieiil  eu  se- 
cret, ou  à  voix  basse.  C'est  aussi  de  celle  sorte  (pie 
ceux  qui  ont  expliqué  les  anciens  rils  ont  enteadu  le 
terme  de  secrèle. 

(i  )  Le  Brun  des  Marrettes. 


dans  les  Sacranienlaires  de  Gélase  et  de  S.  Grégoire  ;   s  ,      ,.  ...  .  , 

°        '  I  1er  1  eau  avec  le  vin  dans  ce  saei  einent  pour  deux  rai- 
et,  juscpiau  onzième  siècle,  on  ne  récitait  point  d'au- 


soiis  mystérieuses:  la  première  |  oar  niar, lier  que 
le  peuple  lidèie,  représeulé  par  leaii,  e4  uni  à  Jésus- 
Cliri4  cl  offert  avec  lui  dans  le  calice  :  la  seeonde 
raismi  est  pour  le;ilé^elller  l'eau  elle  .sai.g  ipii  sorii- 
reiit  du  coté  de  Jésii^-Chiisl  sur  la  croix.  Te  les  soi.t 
les  raisoas  (pie  h  s  ['ères  remlent  de  celle  iiis  iiiition, 
e.i  averlissant  ipi'il  faut  metire  au  moins  deux  l(»is 
jdiis  de  vin  (pie  d'eau  ('2). 

Quand  lo.it  élail  ainsi  disjiosé  sur  Iaulel,  on  lai  ait 
reneeii  emen  des  oblaiions  dans  pliisleur>  ég  ises. 
Je  dis  dans  pliLsieuis  egii-.es,  i  ar  daus  celle  de  llonic 
^'.'.  d.iiis  d'aiilres  (]  li  suiv.iieiil  ses  usages,  ou  neiiciMi- 
s:;il  p  is  les  d  )us  olf-rls  à  i'aiilel.  Le  .MieroUtgiie  (.3)  le 
(Il  cx;ir.  ssémeiil  ;  et  Amala  re  qui  a  mar(|ué  en  800 
les  nsag.s  de  1  église  d(;  Home  dans  le  prologue  de  son 
liailé  des  Olliees  ecclé  ias!i(|ues,  dit  (pTaprès  l'Evan- 
gile il  ne  se  lait  point  d'encensemenl  sur  l'autel  :  cc- 
p.'iidant  il  était  en  usage  depuis  loiigJcmps  dans  l'é- 

(i)  Lib.  1,  p.  580  etsc'[. 
{-!)  Coiic.  Tr.biil.  eau.  i9 
(5)  lu  Obscr^'.  eccl.,  c.  0. 


2S7 


EÎT.UAHISTIE.  —  riIAP.  II.  MATlÈnF.  TE  Œ  SACREMENT.  238 


l;m,'C  il>'  ro.iii  ;ncc  l<^  vin  ,  (l:tns  pliisioiirs  oiulrnils, 
|)iii  ;ipros  (|iu'  In  nies»!  clail  cniiiiiiciKCO ,  ri  il  laiit 
<  ne  (-•  llu  (Icriiicrc  |ii':il  i|uc  mmI  nti  moins  Je  la  lin  du 
(1  iiizii'nic  siècle  un  du  ci  ininr>ii(-cnionl  du  su.Nanl, 
piiisijne  nous  voyons  f|irclk'  se  coiiscrvc  encore  d:ins 
l'oiiln'  do  S.  I)oniinii|no  ,  i|ni  i'anci  pri-c  s:ins  doulo 
de  rusîigo  do-  |iaY>  où  lilc  a  coinmci.cé  à  s'clablir  du- 
niiil  le  cours  du  liciiicinc  si.  do. 

AKTICLE  m. 

De  quelle  uianicre   S'   j't.il  l'olid'wn   dans  la  églises 
oiicnl.tlcs. 

Aulrcfois  les  j;i"indi's  églises  dos  Grecs  élaicnt  dis- 
tinguées ou    II  OIS   pallies,   f;avoir ,   le  vosLlu.le  o;i 


g'ise  de  Milan.  Le  Riiiicl  Ainlno  ion  le  i^rosciil 
expressôuieiil,  cl  S.  Amlunise  (I)  l'ul  inciilion  de  ccl 
eiicenscniont  par  ces  paroles  :  i'iiiiinn  ncbis  qtu  (;ue 
adolentU'us  allaria  ,  saciilichiin  de'^eren  ibus  ,  iidsi.slut 
ttiiijetus.  Gl  Usage  ét;>il  an-si  élalili  d;nis  (pu^pies 
églises  de  FiMuce  dés  le  milieu  du  ncnvième  siècle, 
quoifpf'alors  l'Église  Komaiiie  ne  reùi  pas  encore  reçu, 
Cl  ipie  ces  cgli^cs  se  conroiina>scnl  presque  en  «oui 
aux  rils  Uoniains.  On  le  voil  par  les  capiliiles  de 
Ilimaiiar  (can.li),  de  Tau  8,V2 ,  dans  lesiiiuls  il  parle 
deTenc»  iisnir  (pi!-  clia(;uccuré  dcilavoii'  po.ir  e.  cen- 
Scran  lemp-i  de  CÉvangiie,  cl  quand  on  a  ojj'eil  les  ubla- 
tions  à  l'autel.  liciiinon,  cpii  a  écril  sur  la  fin  du  neu- 
vième siècle,  dil  aus^i  (lu'un  concile  de  Tours  aval 
ord.nnédVuccnscrlesoblaUonssurraulelàla  lin  de  !  I":>va  t-.elMa  nef.  et  le   sai.clu.ire  :  |  lésculemo  t. 


\ 


r.  ff.-rloire.  Dans  le  ouzièiiie  siècle,  cel  i  se  l'aisaii 
presipie  parlout  ,  cxceplé  à  Rome  el  dans  les  égli- 
ses (|m  ne  s'écarlaienl  eu  rien  des  rils  de  celle 
église  Ci). 

il  ne  nous  rcsle,  pour  donner  une  iîée  suffisnnle  de 
la  man  ère  dont  s'est  faile  r<il.l  ilio;,  dans  réalise  d'Oc- 
cidcnl,  durant  onze  ou  douze  cents  ans,  que  de   aire 


daiisla  lauvrcléoù  'a  lyraiinie  'es  Turcs  les  réduit,  on 
se  coiileiile  pres(pie  |  arlnut  dedi^liugner  la  nef  d'avec 
le  sanctuaire,  qui  est  séparé  jiar  unj  haluslrade  ircs- 
liaiile  où  il  y  a  trois  p:iiles.  Ce  lieu  sût,  u;ii(iueineut 
de  fi.ié  au  SMcrifice ,  n'est  ([ue  pour  les  évé(]Uos,  les 
prèlrc»  cl  les  diacriS.  L'anlel  est  au  milieu  cl  i>olé. 
A  gandie .  eu  enlia  t  du  coté  du  seplentrion,  il  va 


niei.titn  d'un  usage  (pii  se  |  raiiiiii  .il  dans  les  églises  |  ""  lelit  aul<  1  a|>pclé  prulhesis,  la  prolliése  ou  propo- 
des  Gaules,  avant  (pie  le  rit  Uouiain  y  lui  a.li.  iv  Ce;  t  I  siiion,  où  l'on  préjiare  le  pain  cl  le  vin  «lui  doivent 
S.  Germai..,  évèque  de  Paris,  (pii  i.ous  l'apprend  dans   j  dii;  c(Uisacré-,  cl  de  r;iulie  coté,  vers  le  midi,  eu  en- 


un  petit  écrit  qu'on  a  trouvé  dans  le  monastère  de 
S.  Martin  d'Aulun  (ce  saint  avait  été  ahbé  de  S.  Syni- 
phorien  da'is  la  même  vil.e,  avant  d'être  élevé  à  Tépis- 
C(q)al  ).  Dom  MarteiiC  a  donné,  dans  le  ciuipiièinc  lome 
du  Trésor  des  anecdotes,  cel  écril  (pu  coi. lient  une  ex- 
posil.oii  de  la  mes-e.  On  y  voit  (pie,  tandis  qu'(Mi  portait 
les  oltlations  à  l'autel,  un  diacre  y  portail  aussi,  de  la 


liaul,  il  y  a  un  autre  pelil  iiiilel  p  iir  les  habits  cl  tout 
ce  qui  doit  servir  au  niinislère  sacré. 

C'est  en  cel  endroit,  qui  sert  de  sacristie,  où  le  cé- 
lébrant el  le  diacie  preiiKen;  les  habits  sacrés  :  el  lors- 
qu'ils sont  habillés,  ils  vont  à  la  proll.èse.  Le  diacre 
y  iiréjaic  le  |iiiiit  dans  la  i-alèiic,  (|:i  est  un  bassin 
creux  classez  graul.  Ce  p  lin  est  roui  o;i  carré,  et 


•cristie,  nue  b  liteen  forme  de  tour  dans  la(|iielle  élail  p  qnehiuefois  eu  forme  de  ciolx  à  quatre  côlés,  el  avant 

la  sainte  tiu  bi.riïl.e.  GicgiMie  (le '1  <  i;is  (c  81),  cou-  1  '!"'''  soit  cnil  (mi  y  im|iriiiie  une  ligure,  lede  (pie  l'ont 

lirnic  ce  que  dl  S.  Germa.n  dans  le  l.vre  de  la  Gl..irc  i  ^<>""ti>i  Anadius  et  le  père  Gore,  où  1 .  n  voit  le  signe 

desmai'.yis,  lors  pj'il  parle  d'un  diacre  .ni.  apics  1.  s  j  «-'c  la  croix  et  les  Ie:iies  gr(!(Yiii -s  KiXCN  KA,  poiii 

lectures  pie-crites,  le  temps  du  sacrilice  éta.  larri' é,  |  sigi'i'^er  en  abn'gé,  Jt%Hs  ClnU  est  lainqneur.  Si  le 

ayant  pris  e.  Ire  ses   ma. us  la  tour  d.in>  hupielle  le  |  1'=»'"  est  l'ail  en  croix  ,  on  imprime  la  figure  au  milieu 

mystère  du  corj  s  de  Noln-Se  gneur  état  re..f(  rnié  1  ^^  '■'  <'i"<Ji^> 

pour  la  mettre  sur  ranlel,  elle  s'échappa  di!  ses  mains,  |       Avant  de  passer  ou;re,  il  csl  bon  de  dir-,  pui-que 

el  se  porla  d'.  Ile-mème  à  l'anlel,  sans  (p;e  le  diacie  |  •'<"«  sien  se  pn'senK^  de  parler  des  I  gure.s  (pie  pnr- 

pùl  l'aileindie  de  la  main  ii  causi!  des  criiiws  dont  il  |  '<-'""  «■""  Orient  les  pains  deslii  es  à  cire  con.-.ncrés, 

était  soiiil.é.   Lecià  iq'ilur  ['..ssinne mm  rrliquis  leclio-  \  'l'"'  <''''"Z  les  Coiiblcs,  ce  pain  qu'il-  a|  pclleul  coihan, 

(1  )it  avoir  rimpies-ion  de  douze  (  roix  icnf  nuées clia- 
'^:i!!C  dans  un  carré  ,  et  dans  celui  du  n  ilieii ,  (pi'ils 


uibusquas canon saieidolr.lis  invexit  (ce:ie Passion  élail 
les  actes  du  marlyre  de  S.  Polycarpe,  dont  ou  (éle- 
hrait  h  félc),  tenii)usad  saciificiuniolJereudani  ndveni:, 
acceitn  ue  lurre  diaconus ,  in  quà  inijaleriani  duniinici 
corporis  Imliebalnr,  ferre  ca'i.it  ad  ostiuni,  hiqressus(ine 
teuipliun  ut  eaui  ullari  suj)erpo)ieret. 

Apres  avoir  exposé  le.s  rils  de  l'oblalion  tels  (pTils 
se  soat  oliservés  autrefois  dans  les  églises  d'Oei  i(b'iil, 
il  est  temps  de  passer  «n  Orieni.  M.iis  avant  de  le 
faiie,  nous  remarijucrons  eu  deux  mo'.s,  ipie  la  coii- 
ftinie  de  consacrer  le  pain  el  le  vin  olferls  par  !e  peu- 
ple ayaiil  cessé,  avant  (|ue  de  commeiKcr  la  nw;  se, 
on  piuta  à  l'autel,  ou  aiquè..  de  l'ai  tiil ,  le  pain  il  le 
vin  qui  devaient  cire  consacrés.  Oi|  lil  meiiie  le  n.é- 

(\)  lu  Luc.  c.  i. 

\t)  Le  iuux  Alcuiiu  ch.  de  Cclebr.  missx. 


a|q:ell.  ni  isbodkon,  il  doit  y  en  avoir  une  plus  grande 
(pie  les  aulrcs.  Les  douze  petites  croix  représentent 
les  douze  ap("ilres,  cl  (clIe  du  mil, eu  re|)résente  .Ndlre- 
Seigueur  même  ;  et  ordinairement  au  bord  de  ce 
corban  ils  iuipr.meu"  en  lellrcs  coplites  «yto,-,  «yic,-, 
(/./isj  RJ^iî-:.  Le  père  Wansleb  a  diuiiié  la  première 
de  ces  lig.u«,'s.  Le  père  Sirmond  a  donné  la  s(>conde, 
dans  lexpielles  la  ;;arlie  du  milieu  csl  beaucoup  plua 
grande  el  a  i.liisienrs  cioix. 

Revenons  aux  (incs.  Luire  plusierrs  cérémonies 
qui  se  f  iiit  à  la  pro;hèso,  nvec  diverses  lorniulcsde  pa- 
roles, le  prêtre  enfonce  plusieurs  lois  dans  le  pain  un 
|i(  t;l  couteau  ipùl  lient  on  main  cl  (pi'ils  appellent  la 
il,  saime  lance,  cl  ieUi^jCre  à  chaque  incision  dit  :  Prions 


83<J  HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  Î40 

Dieu;  après  (]\m  le  prêtre  coupe  In  pièce  de  croûte  'ij'  qui  couvraient  le  bassin  et  le  calice,  tire  de  l'épaule 
sur  i;ujii.;llo  sont  les  taraclores,  en  disant  :  Paire  </«c  ||  du  diacre  le  grand  voile  ,  l'encense  et  en  couvre  les 
sa  vie  aélé  ètée  de  ht  terre,  el\<i  diacre  lui  disant,  im-  tf  dons.  I.e  diacre  l'ail   ensuilc  plusieurs   |)rièrcs,  et  le 


niolez.  Seigneur ,  il  dépose  Tliostie  dans  le  bassin  en 
signe  de  sacritice,  avec  certaines  paroles.  11  enfonce 
ensuite  la  lance  dans  le  pain,  et  il  dit  :  Un  des  soldats 
ouvrit  son  coté,  et  incontinent  il  en  sortit  du  sang  et  de 
l'eau.  A  ces  paroles ,  le  diacre  met  du  vin  et  de  IVan 
d;'.ns  le  calice  après  avoir  dit  au  prêtre,  bénissez,  Sei-  j 
gnenr,  lo  prêtre  coupe  ensuite  plusieurs  p:ircelles  du 
pain  eu  l'Iionneurde  la  Saiiile-\iei!;o,  des  saints,  des 
évê(]i:es,  et  \  jr  ceux  pour  qui  il  veut  spécialeniont 
prier.  Ensuilc  le  diacre  piésonle  renccnsair  au  prêtre 
quiencmse  les  dons  e!  ce  f;ui  doit  être  mis  dessus, 
entre  antres  le  voile  (pii  doit  les  couvrir.  Il  finit  en  de- 
m-indant  à  Dieu  f|u"il  daigne  bénir  cette  oblalion,  et 
se  souvenir  de  ceux  (pi  rofirL'nt  el  poin-  qui  il  l'offre. 
Celle  préparatio  1  des  ihnis  paroii  rdfiiee  commence, 
n'est  pas  d'une  haute  ;uili(piité,  il  n'est  parlé  <le  pain  | 


chœur  ré|,ond  à  chaque  monilion  par  Kyrie  eleison,  et 
par  ces  mots,  accordez-le  nous,  Seigneur.  Cela  se  ter- 
i\iine  par  la  prière  de  l'oblatioii  que  le  prêtre  fait  en 
secret.  Tels  sont  les  rits  principaux  de  Toblaiion  dans 
les  églises  soumises  au  p;itriarclic  de  Consla!itino;jle  , 
et  dans  les  autres  églises  qui  n'y  sont  pas  pr.)|)rem?ut 
compi-ises ,  comme  celles  de  Bulgarie,  de  Valacliie, 
I  de  Moscovie,  ci  même  bs  Melciiiles  des  autres  patriar- 
cliats  ont  quitté  b-'iirs  anciennes  liturgies  pour  suivre 
celle-ci,  qui  est  attribuée  àS.  (ihrysos.ome.  Cabasilas 
remanpie  (|ue,  j^eiidanl  celle  iiroce.-sion  dont  nous  ve- 
nons de  palier,  les  assistants  se  prosternent  devant  les 
dons  sacrés  avec  beaucoup  de  respect  el  de  révérence, 
priant  le  prêtre,  que  dansl'oblatioii  des  dons,  il  se  sou- 
vienne d'eux,  zai  :Tp57-t'urCJ7lv  o-iiv  c.iôiï -â'jç /.rùeuj.uëzLa.. 
M.  Uenaudot  (1)  nous  ap|ueinl  que  les  tlopbtrs,  les 


et  de  vin  ([u'après  les  lectures  cl  le  renvoi  des  calé-  |  Ethiopiens,  et  les  Jacohites  de  Syrie   piaiiiiiieni  la 
clmnicnesdaiisS.  Justin, dans laLiturgiedeS.  Jacques,   !!  même  chose  ,  qu'ils  fout  (piehpie  cliosc  de  semblable 


aussi  bien  que  dans  les  sermons  de  S.  Clirysostôme 
lille  lie  paraît  pas  non  |  lus  dans  S.  Maxime,  (pii  écri- 
vait au  septième  siècle;  mais  tout  cela  se  faisait  cci- 
tainenient  au  douzièn'e  :  car  on  le  voit  dans  li  liturgie 
de  Consiantinople  Iradnite  par  Léon  Thiisetis  avant 
Fan  il80.  il  faut  même  remonter,  ajoute  le  V.  le  Brun 
dont  nous  avons  lié  lont  ceci,  du  moins  au  dixième 
sièc'e,  parce  que  les  .Moscovites,  qui  furent  coiiTCilis 
par  les  Grecs,  et  qui  reçurent  leur  bturgie  vers  l'an 
989  font  la  même  chose.  Selon  S.  Germain,  celle  pré- 
paration se  faisait  avec  un  peu  moins  de  céiémonie 
par  un  diacre  cpii  cnu|)ail  le  pain  avec  la  petite  lance. 
On  voit  par  la  relation  (lu  Voyage  d'Egyple  de  M.  de. Mon- 
conis,  qu'au  monastère  du  mont  Sinaï,  où  il  entendit 
tout  roni<;e  le  jour  de  Pà(p;es,  ce  ne  lut  qu'après  l'é- 
vangile, et  après  avoir  dit  (piel(|ues  oraisons,  (luel'ar- 
cbevéïiiie  al  a  à  la  protlièse  où  le  diacre  avait  t  ut  pré- 
paré, comme  ledit  S.Germain.  Ce  monastère,  qui  fut 
fondé  par  l'empereur  Jusliiùen,  cl  dont  l'ahbé  a  le 
litre  d'archevêque ,  et  ne  dépend  que  du  patriarche 
de  Jérusalem,  doit  avoir  conser.é  beaucoup  d'anciens 
usages. 

Après  cette  cérémonie  faite  à  la  prothèse,  le  prêtre 
et  le  diacre  vonl  à  rautel,  où,  après  les  prières  mar- 
quées dans  la  liuirgie  el  la  lecture  de  l'évangile,  le 
prêtre  va  à  la  pi  othese,  précédé  du  diacre  qui  porte  l'en- 
censoir et  qui  encense  les  dons.  Le  prêtre  prend  le 
grand  voile,  cl  le  met  sur  l'épaule  gauche  du  diacre, 
lequel  prend  le  ba>siu  et  le  metsur  sa  lêtc,  et  tieni  en 
même  temps  l'encensoir  avec  un  d(!igt  de  la  main 
droite  ;  le  prêlre  porle  le  calice ,  et  étant  lous  deux  ac- 
compagnés de  clercs  qui  portent  des  croix  et  tout  ce 
qui  peut  servir  à  l'autel ,  il  vont  en  procession  dans  la 
nef,  en  disant  :  Que  le  Seigneur  se  souvienne  de  nous 
dans  son  royaume,  maintenant  et  dans  tous  les  siècles. 
Le  prêlre  elle  diacre  vonl  à  l'autel  [lar  la  grande  porto 
du  sanctuaire;  et  c'est  ce  qu'on  appelle  la  grande  en- 
trée, le  prêtre  met  les  dons  surranlel,  il  ôte  les  voiles  i[l      (2)  Renandot',  'jbi(i 


à  la  |trocessiondans  laipielle  les  Grecs  p:irt:nt  Icsdoiis 
d(;stiiiés  au  sacrilicc,  cl  que  le  peuple  leur  témoigae 
la  même  vénération  que  dans  les  églises  (|ui  recon- 
naissenl  pour  chef  le  paliianhe  de  ConslaiiliiKiple  : 
C(;  (pi'il  appiiii;  du  lénioignage  de  (pianliié  de  leurs  au- 
teurs et  (le  celui  des  voyageins  (pii  Oi.t  assisté  à  leurs 
messes,  il  y  a  seulement  celle  dilï"ére!:C(ï  (pie  les  Jaco- 
!>i:es  cnmmenc.'iit  lenr  litui'gie  par  celte  piéparalion 
des  dons  et  l'invoealion ,  et  (in'ils  les  meiteni  sur  l'au- 
tel avant  d(!  comnieneer  l'oriiie  de  la  messe,  au  lieu 
(pie  les  Grecs  Melchiles  ne  font  cette  iiivocaliou  et 
l'ohlation  propienu  ni  dite  (jii'après  la  lecture  de  l'é- 
vangile, etda.is  l'endioil  où  on  le  f.iit  chozimiis.  Car 
tout  ce  que  nous  avons  ra;iiio!-ié  des  prières  el  tlescc- 
rénionies  ipi'ils  Ibi.t  d'al»  r.l  à  la  protluVe  ne  lient  liiMi 
que  de  piéparalion,  et  n'élaii  poini  aiiciennemenl  en 
usage  chez  eux  ,  y  ayant  même  encore  enlre  e:;x  des 
cgli>-es  où  cela  ne  se  pratique  |)as,  comme  celle  du 
mont  Sinaï,  ainsi  (]ue  nous  l'avons  remarqué. 

Alvarez  (cap.  1 1) assure  qoe  les  Klîiiopiens,  pendant 
celle  procession  des  dons,  sonnent  leurs  clnehcs,  et 
(pie  tous  se  mettent  à  g(;noiix.  On  peut  juger  de  là  quel 
respect  ils  ont  pour  le  sacremeni  de  l'Eucharistie  après 
qu'il  a  étéconsacré,  puisque,  avant  même  qu'il  le  soit , 
ils  rendent  de  si  grands  honneurs  aux  espèces  desti- 
nées à  devenir  le  corps  et  le  sang  de  notre  Sei.;neur, 
Ces  peuples  portent  le  respect  pour  ces  espèces  bien 
au-delà  de  celui  qu'ils  rendent  aux  images;  et  parmi 
eux  c'est  un  crime  énorme  de  marcher  dessus,  même 
avant  la  consécration,  el  on  lit  dans  l'histoire  ecclé- 
siastiijue  d'Alexandrie  (2)  qu'un  évêquc  de  Saca 
bit  déposé  pour  avoir  brisé  et  mis  le  pied  sur  une 
hostie  qui  avait  été  portée  à  l'autel ,  sans  y  avoir  été 
encore  consacrée. 

Il  y  a  longtemps  que  l'on  s'est  plaint  des  orientau.v 

(I)  Tomo  I  Lilal.  9  Orient.,  commenl.  in  Litiirg. 
Coph.  S.  Hasilii,  p,  185  el  seq. 


Ô4! 


EUCHARISTIE.  —  CH\^  11.   M\TIL(IE  Dh  CE  SACREMENT. 


i^JO) 


sur  ce  point,  el  qu'on  a  regardé  comme  excessif  le  1}  qniié  ,  cl  comme  nous  le  jtraliquons  encore.  Ils  can 


cullequ'iis  rendent  aux  espèces  non  consacrées,  lequel  ; 
senililc  approclicr  du  culle  do  l;>tiie,  mais  ils  ont  ré-  | 
po;  du  qu'ils  u'adoiiiionl  pitiul  parées  i^fénudoxious  et 
el  CCS  prosler.iements  les  espèces  avant  la  consccra-  j 
lion  ;  (|ue  seulemcul  ils  leur  témoignaient  un  resi  cet  | 
aiilieipéà  causi!  de  la  •.^aueli(icalion  qu'elles  recevaient  i 
par  leur  desliualioii,  el  les  prières  qiu;  le  prèlrc  avait  i 
laites  sur  elles.  C'est  ain-i  (|ue  s'en  expliipie  Gabriel  j 
de   Pliiladelpliie,  qui    a    fait  une  apologie  pou»- jus- 
tifier la  conluuie  des  Grecs  siu  ce  ponil.  Elle  fut  im-  | 
prinu?e  à  Venise  par  un  lrès-lialii!e  homme  en  grec  et  ! 
en  lalin  avee  divi  notes  Ires-étcndues.SiiuéondrTlies-  ' 
saliuiiqiie  aenli'cpris  au-si  de  juslilier  l'Eglise  Grecque 
de^  ri'proilies  (pi'on  lui  l'.iil  là-dessus. 

JNonolislanl  C(sexplie:ilions,  nos  voyageurs  ne  lais- 
sent pas  d'elle  scandalisés  qu:\nd  ils  assistent  à  la 
liturgie  des  orienlaiix ,  et  (pi'ils  voient  toules  les 
nianpies  de  respect  qu'ils  rendent  aux  dons  pré]>arés 
à  devenir  le  corps  el  lésa  g  de  N(>t  e-Scigneur.  M.  de 
Touriiefort,  qui  assista  chez  les  Arméniens  à  celle 
procession  des  dons ,  el  qi;i  fui  témoin  de  ce  qui  s'y 
passa,  eu  a  par!é  aveciudigualion.  A  /'o^(r/oire,  dit-il, 
le  prêtre  va  prendre  le  calice  et  la  pal! ne  en  cérémonie, 
c'est-à-dire,  sniri  des  diacres  et  dessous-diacres,  dont  quel  - 


viennent  avec  les  Grecs  et  les  autres  orientaux  dans 
l'appareil  avec  lequel,  après  avoir  liic  ces  dons  (lel'ar- 
nK)ir(î  où  ils  él;iifnl  renferni(;>;,  ils  k'S  porlenl  pro-  ' 
cessiomiellemenl  à  l'aulel,  de  la  manière  que  le'  décrit 
M.  de  Tourueforl. 

Je  finirai  cet  article  par  une  rélleNion  f;u(;  fut  le 
P.  le  Hriin  sur  l'origine  du  culle  que  les  orieulaux 
rendent  en  celle  occasion  aux  donsdesliné>  à  devenir 
le  sacrement  d'Eucharistie.  Je  crois ,  diiil,  pouvoir 
remarquer  que  celle  pompe  avec  laquelle  se  fait  la  pro- 
cession des  dons  vient  de  deux  usages  très-anciens.  Le 
premier ,  de  ce  que  les  églises  chrétiennes  jouissant  de  la 
paix,  el  voulant  relever  les  cérémonies  par  des  symboles 
majestueux ,  ont  repris  qui'lqne  chose  des  cérémonies  de 
ra)icienne  loi ,  el  surtout  par  rapport  à  la  manière 
avec  laquelle  se  fiàsaient  les  ohlalions.  Le  second  usage 
qui  a  pu  donner  lieu  à  celte  grande  vénération  des  dons 
portés  ù  l'autel,  c'est  qu  on  y  portait  ai:ssi  l'Kucharislie 
du  sacrifice  précédenl.  C'est  ce  fjii'on  jietit  voir  dans 
l'aneienne  lilurgie Gallicane  ,  qui,  coiu;ne  nous  avons 
dit  en  son  lieu,  ve;;ait  des  églises  d'Orie;;!,  S.  Potin 
{  et  S.  iréuée  à  Lyon,  S.  Crescent  à  Viei:ne,  S.  Tro- 
pliime  à  Arles,  el  plusieurs  antres  d;'  nos  premiers 
évèques  clani  orientaux,  l.epère  le  Brun  rapporte  sur' 


qucs-uns  portent  des  flambeaux ,  et  les  autres  d's  plaques 'f  cela  ce  que  nous  avons  dit  dans   l'arlicle    précédent 


de  cuivre  attachées  à  des  bâtons  assez  longs  et  garnis  de 
clochettes  qu'ils  font  rouler  d'une  manière  assez  harmo- 
nieuse ;  le  prêtre,  précédé  des  encensoirs  et  au  milieu  des 
flambeaux  et  de  ces  instruments  de  musique,  porte  les\ 
espèces  en  procession  an  milieu  du  sanctuaire.  C'esl  alors  ;j 
que  le  peuple  mal  insirnit  se  prosterne  el  adore  les  es- 
pèces non  consacrées,  le  clergé  encore  plus  coupalde 
clia::te  à  genoux  un  canli(pie,  qui  commence:  Lecoips 
du  Seigneur  est  présent  devant  nous.  Il  sen:ble  que  hîs 
Arméniens  aient  pris  celle  abominable  conlume  des 
Grecs;  car  les  Grecs  par  une  ignorance  inexcusable  , 
adorent  aussi  l(;s  espèces  avant  la  consécraiion. 

Quoiipril  en  soit  des  reproches  que  .M.  deTomneforl 
fait  ici  aux  Arméniens,  on  apeiçoit  dans  c<^  qu'il  dil 
ce  que  le  père  le  l'run  exiiose  plus  au  long  dans  son 
troi.-iième  touic  de  ilCxplicalion  de  la  messe,  où  il 
traite  foi  l  au  long  de  la  liturgie  .\rméuieime  ,  et  dont 
il  est  à  pioi»os  que  nous  rcprésentiims  d'après  lui  ce 
qui  regarde  l'oblalion  des  d(uis.  On  y  voit  (pi'ils  con- 
viennent en  quelque  chose  avec  les  antres  orieulaiix  ,  ' 
dont  nous  avons  parlé,  el  qu'ils  ont  d'ailleurs  des  rils 
particuliers  qui  semblent  a|)procher  davantage  des 
usages  anciens.  Ils  en  dillèreul  en  ce  (pi'ils  n'ont  point 
comme  eux  la  cérémonie  de  la  prothèse.  Us  se  cou-  | 
teiilenl  depuis  un  teinjjs  immémorial  de  mettre  im- 
médialement  avant  la  lilurgie  dans  une  pclite  armoire 
qui  est  dans  lesanctuaire,  l\  gauche,  en  entrant,  le  pain 
et  le  vin  qui  doivent  èlre  offerts  à  l'aulel;  et  ce  pain 
iienldu  don  des  fidèles.  Eu  des  paroissiens,  chacun 
;i  son  tour,  offre  de  la  farine  pour  faire  les  hosties,  et 
lu  vin  pour  consacrer.  Il  n'y  a  point  d'autres  prépara- 
ious  des  dons.  Le  prêtre  les  olfre  à  l'autel  après  les 
prières  et  lesleclures,  comme  on  a  fait  dans  l'anti-  !! 


du  rit  de  l'oblalion  dan-;  le>  églises  des  Gaules  du 
tem|)s  de  la  première  race  de  nos  rois,  .fe  laisse  aux  ' 
savanls  à  juger  des  rénexions  de  cet  auteur. 

ARTICLE    IV.  i 

Du  soin  avec  lequel  on  préparait  autrefois,  eion  prépare  ' 
encore  aujourd'hui  le  pain  (jui  doit  servir  de  matière  , 
au  s.'icrenioit  d'Eucharistie.  Abus  sur  ce  point  dans 
quelques  églises.  Du  pain  azyme  el  du  pain  livé.  Quel- 
les sont  les  églises  qui  mettent  en  usage  le  pain  azyme,  j 
et  depuis  quel  temps. 

Ou  ne  peut  dtuter  que  les  premiers  chrétiens,  qui 
avaie.  t  lait  de  vénération  pour  le  très-auguste  sacre- 
ment du  corps  et  du  sang  de  JN.jlre-Seigueur,   qu'ils 
a|)pe!aieiit  commuiiémenl   les   mystères  terribles ,   et 
dont  ils  faisaieiii  lenrs  plus  Chastes  délices,  n'appor- 
tassent un  grand  soin  à  préparer  ce  qui  devait  servir 
de  maliere  à  ce  banquet  divin.  Ils  ne  se  reposaient  de 
ce  soin  sur  personne,  chacun  faisait  soi-même  le  pain 
destiné  à  ce  sacrifice  ,  et  les  empereurs  même  ne  se 
dispensaient  pas  de  ce  devoir ,  comme  vous  avez  vu 
ci-devant  par  l'exemple   de   l'empereur   Valons.   La 
reine  sainte  Radegonde ,  qui  établit  son  monastère  ù 
Poitiers  sous  la  règle    de  S.  Césaire ,   faisait  de  ses 
mains  non  seulement  le  pain  ([u'elle  devait  présenler 
elle-même  aux  ministres  de  lÉglise  à  l'ollVrluire  pour 
être  consacré,  mais  elle  s'appliquait  avec  bcaucoupde 
dévotion  à  faire  ces  pains  du  sacrifice  pour  les  distri- 
buer à  b(!aucou|)  d'églises:  et  Eorluiial  dit  qu'elle  y 
enqiloya  tout  un  carême,  suivant  le  conseil  de  S.  Ger- 
main, dont  elle   prenait  les  avis  pour  sa  conduile. 
Cette  mère  de  famille   dont  il  est  parlé  dans  la  vie  île 
S.Grégoire,  faisait  la  même, chose.  El  avant  elle, 


243 


inSTOlRE  DKS  SACREMENTS. 


^4 


Caiidido,  femme  de  Trnj;in,  maîlrc  de  la   milice  (!ii 
Icnip*  d.'  rcmi»  rem-  V;do<is,  |.n>'-ail  les  iiui.sàmoii 
dro  le  lilé  dont  la  lniiie  él.iil  de^tinoo  à  faire  le  pain 
du  sacrilicc  Jai  vii  celte  illiislri:  malKiue.dil  l'aliade  ^ 
dans  le2'J"tiia|)ilie  de  rilisloireLansiaqiie.  iravailler  j 
tonle  II  miil  à  iiioiidrc  cl  à  faire  de  ses  propres  mains 
le  p  lin  de  rohlalion. 

Le  concile  de  Tolède,  de  l'an  093  (c.  G) ,  biàine  forl 
les   prélres  ipii  avaient  soulferl  «ju'on  eùl  coin  é  en 
rond   un  uiorceaii  d'un  pain   commun  pour  rtilîrir  à 
laiilrl  ;  et  il  orJoiine  que  le  pain  que  l'on  pt csciilera 
sira  cnlicr,  pnpre,  prép:>ré  avec  soin  ,  el  qu'il  ne 
sera  pas  Irop  grand,  mais  nue   pelile  ol)l;ilioii,   sui- 
vanl  la  (  oiilnnu;  ecclC'instiqne  :  Lt  non  aliler  jmnis  ùi 
alt:iri   Domiiii   sucerdulati   bencd'ulione   smicl- ficnndm 
p-0})o:i  tnr ,  v.ii  meijer  el  iiilidns,  qui  ex  sti'dio  fucrh 
pyd'parulns,  iicqne  grmule  ulitiiiid  ,  sed  wod'icu  liin  iim 
oblatu   On  a  continué  dans  les  sccles  suivai.ts  à  avoir 
celle  attention,  et  on    n'a    rien  épargné  pour  que  le 
p \in  distn.é  à  devenir  le  corp3  du  Sauveur  ft"i;  bien  ^ 
coihlilionné.  I.es  ireires  mêmes  ont  voulu  faire  ces 
pains,  eu  les  ont  f  il  faire  en  lem-  pré>enee  par  leurs  ' 
clerc?  (I).  El  rien  n'esl  plus  édilianl  que  le  soin  el  le 
resi  CCI  avec  letpiel  les  j.remiirs  moitiés  de  Cliini  i)ré- 
jiaraieiil  le  blé  el  la  fibrine  (2) ,  et  loul  ce  (|ui  était  né- 
Cissaiie  pour  faire  les  paii.s  destiné»  à  être  la  m;itière 
du  sacrement.  Les  c  .:'ii(»iii<'s  iVvid,eis  de  la  congré- 
gation  de  S. -Victor  de  Paris  (5)  n'(ltient  pas  moins 
relgiens  sur  ce  poiiit.  Leurs  C(H.slituti<>ns  (udni;ini<  ut 
quL-  le  sacristain  fil  les  liostiis  étant  rev:  1 1  de  l'anbe, 
et  qu'il  cboisil  pour  cela  le  IVomeul  le  plus  pur;  qu'il 
les  fit  dans  un  endroit  très  pr(  pre  el  couvert  de  lin 
g'S.  Elles  pre>crivaient  de  plus  (pie  deux  frères  le  ser- 
vissent en  C'-tie  ociasion.alin  qu'il  ne  fùl  piùnl  oblige 
de  l<  u(  lier  autre  cliose  ipie  b-s  liosties.  L'un  de  ces 
frères  div.iil  tiiln  lei  ir  le  feu,   l'autre  devait  tcn  r 
rinslnmieiit  de  Tr  dans  lequel  on  cuisait  les  bc.slics. 
Eulin  ,  tout  le  monde  sait  qu'on  accomiannait  c/ez 
les  moines  de  Cluiii  celle  aclion   de   prières  cl  de  la 
récitation  des  psaumes.  Celle  altenii<ui  religii'use  (\\\r 
Ton  :ip  (U-  ait  à  la  conlci  lion  du  pai  i  endiarisliqee 
était  bien    ancienne,    piiisipie  S.    l'acônie,    suivant 
qu'il  est  r;)|'porlé  -liin»  sa   \"h\  tradiiite  en  latin   par 
Denis-le-IV'i» ,  avail  ordonné   aux  lièresq'ii  hav  il 
biient  à  la  bonlanpeiie  de  ne  dire  aucune  paiob;  inu- 
tile ,  mais  de  s'oicuper  en  eux  mêmes  des  macl  -s  sa- 
lutaire^ di'  l'Knilure,   quand   ils  seraient  occupés  à 
faire  le  pain  de  fobl.ilioii  :  Qunido  faccmit  obluliotws, 
cniîHue  piiîtc  la  liaiiiction  de   Denis,  cli.  40  .  par  où 
S.    Paeome   ei.tend  lit    le   pain  destiné  au  sacrilice. 
Coninie  il  parait  \y.\r  les  cliai  ilres  17  el  19  de  sa  liè^<!e. 
Cl  coimm-  l'a  exprn|ué   S.  Oibtn  dans  le  28'  clr.ip.  du 
second  Tnro  de  s 's  conférences. 

Cela  fait  voir  (|ue   l«'s    orientaux  n'o-it  pns  moins 
lémoimié  de  religion  à  c.-l  ég  rd  que  les  occidentaux  ; 


ils  n'ei  témoignent  pas  moins  encore  aujonrd'Iini.  Le 
pain  encbarisiiipie  do It  être  fait  cliez  eux  de  la  plus 
pure  f.ir  ne,  el  leurs  caunn.  anonymes  oidonnenl  que 
le  pièire  |  rcn  !ia  le  soin  d:-  choisir  les  grains  ipii  doi-  / 
vciil  le  composer,  qu'il  les  fiMa  moudiiï  en  sa  présen-  ' 
ce,  et  qu'il  en  séparera  exactement  le  son.  Celte  pra- 
tiipie  à  la  vérité  n'est  pas  observée  généiabiinent  : 
mais  ce  cpu'  prescr.vini  sur  ce  snjel  les  con4itutions 
de  Cyrille,  fil>  de  Lok-bik,  palriarclie  d'Alexandrie, 
est  suivi  nnivd'sellenien!.  Il  faut  (1),  dii-il,  (]ue  le 
pain  eoeliaiisii<pie  m;  soit  point  cnit  ailleurs  que  dans 
le  four  de  I  Eglise,  et  q  l'il  ne  soit  ni  pétri  ni  cuit  par 
u;ic  fi  nmie  ;  ipio  si  (pii  !i|n"un  fait  autrement ,  il  soit 
exeommunié.(^i  cuit  donc  ce  pain  an  co  n  de  l'église, 
dans  une  es;  èce  de  sacristie  chez  les  Orientaux ,  el  les 
rel  lions  des  voyageurs  reuilenl  lémoigMage  de  cet 
i!s  gc.  .Mvarez  le  i-apperic  ainsi  des  Etliio|iiens,  et 
M.  Heiiandot  d:l  l'avoir  ap|)ris  de  |>lu.,ii  urs  éln:ngers 
Ncn'is  dOrieni  en  ce  p  :ys. 

Un  '  autre  chose  (jirils  observent,  esî  que  le  pain 
de  l'oblalion  ne  soit  cuit  que  le  ji  iir  n  ciik^  qu'il  doit 
être  oll'  it ,  el  ils  se  feraienl  un  scrupule  d'en  otfrir  qui 
eût  été  cuit  de  la  veill  ;  c'est  ce  qu'on  voit  dans  leurs 
recueils  de  c.  nous  ,  cl  dans  leurs  autecrs  ,  tels  (jnc 
rîar>«alibi ,  l.bnassall  ,  Alnlbireal.  (jue  cite  le  même 
M.  Reiiaiidol,  (jiii  ajoute  ipie  cela  s'observe  également 
|iar  les  Jaeobiiesde  Syrie,  comme  |)ar  ceux  d  Egypte, 
par  les  .Melcliites  el  les  Nesloriens.  Le  P.  le  lirun  dit 
de  mè  e  dis  Arméniens,  qu'un  diacre  ou  un  prêtre 
r:<il  ie  p. in  de  l'oblatioa  la  i.nit  menie  avaiM  (;ue  de 
eéélirer  le  s.iciifiee,  el  ipie  leurs  Ims  ies  sont  rondes, 
(iresqiie  aussi  grandes  (]ue  les  iiôlres,ct  pour  le  moins 
de  ré;iaisseur  d'un  écii,  et  quel(|ueriis  plus.  Qiiekiues- 
iiiis,  a  joule  t-il  .  y  m<  lient  la  ligun'  d'un  crucifix ,  et 
.l'aiitres  y  rc]  résenlciit  un  calice  d'où  l'on  voit  sortir 
le  corps  d(!  Jé>us  Clirist. 

Nous  ne  pou^^  ns  dissimuler  ici  un  abus  énorme  qui 
s'c^l  iiitrodiiil  liaiis  quebpies-iines  dece»  (ommunions 
orientales,  où  la  coutume  est  à  présenl  de  mêler  un 
peu  de  Si  I  el  d'Imile  avec  le  pain  eiicliaristiipic.  Cet 
abiis  a  lieu  p,;rmi  les  Jacobil  -s  '  yriens,  à  qui  ceux 
d'Egypte  l'oiil  rcprocbé  smivcnl,  sans  cependant  rom- 
pre de  C(miumniiui  avec  eux.  Il  fa  l  même  qu'il  soit 
-.mien,  |)uis(]ue  nous  lisons  dans  l'Iiistoire  «les  pa- 
triarc'es  d'Alexandi  lequel  ilirislodule,  qui  Pétait  dans 
1(!  12'  siècle,  ayant  élé  ordonné  l'an  1 1')7,  célébrant  un 
jour  la  lilurgie  dans  une  église  des  Jacobiics  de  Syrie, 
rejeta  avec  indignation  un  pain  ainsi  préparé,  qu'une 
liersonne  puissante  lui  piései.lait  à  leur  tnanière  pour 
être  ci  iis;iCié,  cl  ipi'il  lacliassa  de  l'église. 

Abraba.n  Ecliellensis  (2)  lait  remonter  l'origine  de 
c  l  abus  ju  qu'il  Jaunies  lî.radé,  un  des  cbels  de  la 
se<  le  dos  .lacobiles,  i;ue  Niiéphoredit  avoir  aussi  |)orlc 
le  nom  de  L  lualc  ,  ou  bien  jusqu'à   Jean   liai  susbau 


(I)  Tlu'od.  Aurel..  c.  Ti. 


t      (I)  Apud  Renaud.  Cr.nuiient.  lilurg.  S.  Basil.,  p. 
(2J  vid  •  Marl.'de  Aiiliq.  monacb.  Ril.  1.  2,  c.  8;  J  l.'î)  ei  ^eq.  .il,  liturg.  Orieiil.  •^■^■,„a: 

Cou 'uei.  C.b.n. ,  t.  4  ;  Sp.cil. ,  p.  ilG.  ,1:      (2)  In  i.o.is  ad  llebed.  Je.u  ,  el  la  EutyclilO  VUWU- 

(3j  Lib.  Ord.  S.  \  ici. ,  c.  2.  H  cat  >. 


145  euc:ia:\istie.  —  c:iap.  il 

et  Faiisic.  N:iiroiiiis,  inaroiiilc  (I)  cl  prolcssi-ur  à 
Rome,  siiilccllo  ()|tiiiioii,  (jn'il  appuie  Jii  léiiioii^iiage 
du  (alécliisiiiedes  Jacohiles,  dans  Irqiiol  il  osl  dit  qu'il 
s'éleva  un  dilHirend  enlrc  les  CnpIUes  ei  le»  Syriens  m 
roceasitm  de  ce  que  ceux-ci  niélenl  du  sel  et  de  riiiiile 
da.s  Tolditlion  :  ni;i  s  (pie  le  S.  l'ère  I5;irsuss:iii  (c'élail 
le  faux  p;ilriar.  lie  dWiilioelie)  composa  un  livre  pour 
jusiifier  cet  usage. 

Soilqu;  li'S  .NV'St!)ric:is  aient  imité  c:i  cela  les  Ja- 
cobiles  Syrieii-i,  soil  qu'eux-aièaies  soient  les  au- 
teurs de  celte  pernicieuse  praTupie,  il  est  cerlain 
qnVIie  est  en  usa;^'e  p.irmienx;el  les  uns  et  les  antres 
s'excnseiit  vainement  en  disant  qu'ils  ne  mettent  dans 
le  pain  eucliarisliipie  qn'aiilaiit  d  huile  cpi'il  en  faut 
pour  que  la  pâle  doni  il  est  formé  ne  s'allaclie  |)as  à  la 
main  des  prêtres  lorsfpi'ils  la  pétrisscnl,  et  du  sel  de 
nièuic  autai.t  seul  ment  (pi'il  est  nécessaire  pour  le 
faire  sentir  au  gnùl. 

Tontes  ces  coiiiinmiions  orientales  se  servent  de 
pain  levé  dans  rKiicliarislie,  excepté  cpichpies-mies 
dont  nous  parierons  plus  l):is.  Mais  les  églises  d"Oe- 
cid>'iit  ^o.it  depuis  longleni|);  en  pos  essioii  d'em- 
ployer le  |i:iin  azyme.  Les  Grecs  depuis  le  oiizièn:e 
siècle  ii'onl  ces^é  d'en  f.iiri;  des  reproches  très  durs 
auxLalins,  qui  n'ont  point  (ru  pom'  cela  devoir  chaii- 
ger  leur  u>age  rpii  était  ctnifor.i  c  à  ce  ipie  le  Sci.^'iicnr 
Iiii-même  avait  pratiqué,  puisqu'il  insliiua  ce  sacre- 
meiii  la  veille  de  sa  mon,  j(Mir  (pie  l'on  immolait 
l'agiiean  pascal,  jo'ir  au  piel  les  Juifs  devaie..t,  sui- 
vant la  loi,  (ilerde:  leurs  maisons  le  leviiin.  Lc.->  Grecs 
se  sont  eiilin  las>és(Ie  fiire  ce  vain  rcirocheà  l'F.glisc 
Latine  :  et  au  concile  de  Florence  on  ne  crut  pas  de 
part  el  d'autre  (pie  cette  diversité  dût  être  u  i  ohsla- 
cle  à  la  réunion.  Depuis  ce  lenip-,  d-'s  savaiil-;  distin- 
gués, tels  (pie  le  père  Sirniond,  le  cardinal  Bona,  le 
V.  Malii  liin  et  M.  (^iampini  se  sont  appliipiés  dans 
des  oiiviag  s  entiers  à  fixer  liistcriqncinent  l'origine 
de  Tu  a,îe  des  azymes.  Les  diiix  pic  niers,  dit  le 
P.  Le  IJruii,  l'ont  pent-Hre  trop  reculé,  el  le  dernier 
l'a  peiil-étie  |»la(é  trop  haut,  en  le  faisant  rcinunler 
jiisi]iran  prcinier  sièch;. 

U  ne  nous  convient  pas  de  discuter  ces  conjectures, 
nous  rapporterons  seulement  quel(pies  observalions 
que  le  P.  Le  IJrnn  l'ail  sur  celle  matière,  et  que  nous 
adcqilons  \ol.iiitiiT~,  les  Ironvant  preS(jne  enlièremcnt 
co:i!orines  à  ce  que  le  P.  Mahilloii  a  publié  sur  celle 
question,  dans  u  e  s;.v:inle  disserlalion  qu'il  adressa 
au  cardinal  Bona  en  l'an  IG7'2.  La  première  de  ces 
observalions  est  ipie  l  nies  les  églises  Orientales  se 
sont  servies  de  pain  levé,  à  la  messe  d  .puis  les  pre- 
miers siècles.  Il  suf.ii  pour  en  cire  persuadé  desavoir 
qu'on  reprocbail  aux  Eliioniles  qu'afl'ectaiil  suivant 
ranci(Mine  loi  de  ne  manger  que  du  pain  azyme  peu- 
dniil  la  semaine  de  Pà  lue-,  ils  ne  fiisiic  l  ahns  TEn- 
charistie  qu'avec  des  azymes.  La  seconde,  nw  b-san. 
ciciis  Pèj'cs  ei  p'nsienrs  liturgies  élal;lissaiit  que 
Jéstis-Christ  institua  l'Eucliarislie  après  avoir  mangé 

(i)  Euplio  ûdei,  edil.  Romx  an.  iGOi. 


VîlZVxZ  DE  CE  SACREMENT.  24G 

1  l'agneau  pascal  ,  plusieurs  églises  orientales  ont 
I  cru  (pi'il  l'allail,  à  riinilalion  de  .lésns-Cbrisl,  conSa- 
i  crer  en  piin  a/.yme,  au  moins  le  jeudi-saint,  ce  qui 
I  a  été  releuu  jusqu'à  présent  par  les  Etlii(q)iér1s, 
comme    plusieurs   auteurs  en   foui  fui,  eiilré  autres 

I  ....  .      ■    (;•  .       1 

j  .M.  Liidoliibe  (1),  qui  ne  doit  pas  être  suspect  sur  ce 
point. 

La  troisième  observation  regarde  l'usage  des  Latins 
sur  l((piel  l'auteur  dit  qu'ils  se  sont  servis  de  pain 
azyme,  n(ui  sculemenl  (jnelques  années  avant  Michel 
Cériraire,  mais  même  avant  le  schisme  de  Pholius, 
qnoi(pi'il  ne  reprochai  rien  à  l'Église  latine  sur  cet 
ariicle,  parce  (pi'il  élail  penl-êlre  trop  habile  pour  en 
faire  lin  point  de  conlroverse.  U  ajouliî  que  le  Pape 
Léon  IX,  réfutant  Michel  Céiulaire  et  les  autres 
Grecs,  regarde  l'usage  des  azymes  (onime  si  ancien, 
qu'il  traite  d'impudence  d'avoir  osé  condamner  un 
usage  élahli,  dil-il,  par  les  saints  Pères  depuis  pins 
de  m. Ile  ans,  c'e.^l-à-dirc,  dejiuis  la  mort  de  Jésus- 
C  risl,  il  n'est  |ias  raisonnable  d'avancer  sans  preuves 
incniileslables  (jne  le  papeel  les  autres  auteurs  latirts, 
(pii  f lisaient  abus  des  lecherches  sur  ce  point,  fussent 
asez  ig  .oranis  on  assez  léinéraires  pour  avancer  que 
|i  cet  usage  était  de  tout  temps,  s'il  n'eût  été  constant 
i  (pi'il  él.iil  si  ancien  qu'on  n'en  lr()uvait  point  le  com- 
menceinenl.  Si  aux  dix  et  onzième  siècles  auxquels 
le  pape  Léon  IX  a  vécu,  les  azymes  étaient  en  usage 
depuis  un  lemps  immémorial,  en  Italie,  ils  l'étaient  de 
nièine  en  Espagne;  car  lorsiju'on  y  fit  recevoir  le 
Missel  romain,  toutes  les  églises  qui  suivaient  l'ancien 
ril  gothique  ou  mozarabe  se  servaient  de  pain  azyme, 
et  elles  d.'vaient  avoir  cet  usage  au  moins  d  puis 
S.  Léandre  el  S.  Isidore,  son  frère,  qui  réglèrent  l'Of- 
fice vers  la  fia  du  sixiè.ue  siècle.  Le  concile  de  To- 
lède que  nous  avons  cité  plus  liaul,  vient  à  l'appui  de 
cette  preuve.  Enlin,  b  en  des  aimées  avant  Pholius, 
des  auteurs  fort  versés  dans  les  usages  ecclésiasti- 
(pies,  parlaient  positivement  des  azymes  comme  d'une 
chose  qui  n'était  point  en  dispute. 

Aleuiii,  écrivani  aux  chanoines  de  Lyon  vers  l'an 
790,  dit  el.iiremenl  :  Pniiis  qui  consrcralur  in  corpus 
(ibsjue  fcrnioilo  ntlius  allcrius  infcclio'iis  débet  esse 
wnmUssiiutts.  Voilà  nu  témoignage  précis  pour  l'église 
d  Angleterre  d'où  élail  .\lcuin,  et  pour  l'église  de 
Fr.ince,  on  il  écrivait. 

Raban  Maur  de  Mayence  qui  composa  son  livre  de 
l'liisliliili(tn  di-s  Clercs,  l'an  819,  ne  dit  pas  inoiiis  po- 
silivemcnl  (uie  le  pain  encharisli(nie  doitêtr.e  sans  le- 
vain  :  Erçio  pniiein  iiifeniienln\uin  et  viiium  aquu  Dnxtiim 
in  sacram^)ituin  Cqrpcris  qt  S.'wguinis.Chrislisànctfficnri 
on;ntct.  (ie  léinoiu'nan'' de  Kabane^t  décisif,  du  moins 
pour  le>.,éiilises,jil".\ll«mag)ie,  et  il  peut  1  être  même 
pour  ioiil(\s-lps  égJises.  latines  ciu'il  connaissait.  Il  ne 
iail  au^iiue  exception,  el  ce  qu'il  est  imporlani  de  re- 
mari|iier,  c'esl  tpi'il  ne  parle  pas  si  positivement  do 
rof.ice  on  de  l'ordr,;  de  l.i  messe  conforme  au  missel 
romain,  llexpos^  cet  ordre  aux  chapitres  5-2et33,  et 
en  le  li.  i>sanl  il  dit  (\n'\\  s'observe  presque  dans  lout 

(1)  Comm,  in  ilist.  /Etliiop. 


847  HISTOIUE  DES  SACREMENTS,  248 

rJlf'oidcnt,  penh  :cc\l(i  nîsiriction  csl  juste  el  romar-  »  (rElhiopie  nu  niilrn  alms  sur  cette  matière,  savoir  : 

«)).'.:ble  parce  qu'eri  t-UV-t  col  ordre  <le  i:i  messe  n'éliiil  j    de  prendre  des  niisidS  séeliés  et  de  les  f;iire  tromper 

pi'int  suivi  en  Kspngiie  ni  à  Milan.  S'il  n'a  |)as  l'ail  1    pendant  neuf  on  dix  join\s  dans  l'eau,  cl  ensuite  d'en 

Vifc  semblable  reslrielioii  en  parlant  dn  pain  azyme,  !    exprimer  te  vin  qui  doit  être  consa<ré  dans  le  calice, 

c'rfsl  qu'il  savait  que  toutes  les  égliscsd"Oeoid;nl  s'en  !    Cet  abtrs  est,  comme  vous  le  voyez,  diamétralement 

servaient  sans  cxoe,plion.  Ce  que  nous  avons  rapporté  ^ 

CJ  dessus  d»  concile  de  Tolèile,  marque  assez  que  le  » 

p;*,»!  que  l'on  olfrait   pour  le  sacriliee  était  de  figure  ! 

ronde,  ce  qui  était  aussi  en  usage  dans  l'Orient,  i)uis-  i 

que  S.  Epipliane,  dans  son  livre  intitulé  Attcoralitin,  \ 

a;  pelle  ces  p  lins  tt^jo/tu/osiÔcî;.  Po  u'  ce  qui  est  des  \ 
éj.  lises  du  rit  latin,  il  n'y  a  aucun  lieu  d'en  douter,  on 


et:  peut  voir  les  preuves  dans  le  P.  Mabillon  (1).  Le 
nitime  lait  voir  clairement  que  ces  pains  étaient  dé- 
lit s,  et  en  apporte  jiour  preuves  entre  autres,  l'usage 
f:?',pienl  des  patènes  de  verre,  grandes  et  profondes  \ 
qui  n'auraient  pu  contenir  un  grand  nombre  de  ces  5 
prAins  sans  danger  de  se  briser  s'ils  avaient   été  épais 
et  pesants.  Aussi  lu  vie  de  S.  Waadregisile  nous  ap-  j 
pM-U'i  qu:>,  dès  la  fin  du  neuvième  siècle,  on  cuisait  ces 
pains  e:.lre  deux  f.rs  mar(|ué>  de  certaines  figmes. 

Les  Arméniens  et  les  Maronili  s  sont  les  s^-ids  dar.s  ; 
nîrioniqui  se  server.l  de  pain  azyme  dans  l'Eucbari-  | 
si.e;  el  à  dite  le  vrai,  l'oiigine    de  cet  usage  parmi  l 
CiK,  ne  leur  esl    po.nl   lio  .orable.   Il  y  a  eependanl  ' 
pl.M.î  de  01. ze  cents  ans  que  les  jiiemiers  o:il  adapté  cet 
u>.>ge,  car  pou:  aflermir  par  des  signes  e\l('n  ursicur 
croyance  erronée  de  l'unité  de  la  naluie  en  Jésiis- 
Ctiris!,  les  Arméniens  résolurent  de  ne  se  servir  que 
de  pain  azyme,  et  de  ne  nietlre  (|ue  du  vin  sans  eau 
clans  le  calice.  L'époque  de  ce  ciiangement  esl  marquée 
au  dix -septième  cbapilre  des  patriarclies  arméniens, 
qui  est  le  17'  de  l'histore  arméiiicmie,  où  l'on  voit 
que  le  patriarche  Jean  l'établit  par  l'ordre  de  liomrir, 
prince  des  Sarrasins,  et  a^ec  l'appui  du  calife  de  lUi- 
by l ou e  ;  c:\r   du  temps  d'IIimiar  il  n'y  pouvait  avoir 
d'autre  cai:fe  de  Babylone  que  lui-même,  qui  coiupHt 
la  Perse  sur  Isdegerde,  le  dernier  de  la  race  des  S  is- 
saniens,  et  qui  était  lui-même  le  calile  ou  le  lieute- 
nant du  proplièlc  ;  car  c'était  le   titre  que  prenaient 


opposé  à  celui  d.'s  Arméniens,  qui  ne  niellent  point 
d'eau  dans  le  calice,  elpeut  venir  en  partie  de  l'igno- 
rance de  ces  p  ïuples,  et  eu  partie  de  la  disette  de 
vin  qui  est  en  ce  j)ays  là. 

CHAPITRK  in. 

De  la  consécration  des  espèces. 

De  toutes  les  loiimiles  des  sacrements,  celle  par 
laquelle  les  espèces  du  pain  el  du  vin  sont  changées 
au  corps  el  au  sang  de  Noire-Seigneur,  a  été  la  plus 
révérée  des  anciens,  et  sur  laipielle  ils  se  sont  crus 
plus  obligés  de  garder  un  religieux  sileie^e.  Aussi 
voyons-nous  que  souvent  i'.S;  exiiliipient ,  ou  font  al- 
lusion à  diverses  pallies  de  la  lilurgie;  mais  quand 
ils  viennent  aux  paroles  de  la  consécration,  ou  ils  les 
suppriment  eiif.èrCiDent,  ou  ils  n'en  parlent  qu'en 
terni'.s  obscurs  et  généiau?;  sa;;s  les  désigner.  Celte 
lormule  sacrée  s'rst  transmise  de  vive  voix  depuis  les 
Apôtres  jisqu'auqua;rième  siècle,  aeqe.el  un  auteur  (1) 
a  donné  |Kir  éerii,  pour  la  première  fois,  le  canon  de 
la  messe  q-;i  la  conlient,  en  recommandant  do  ne  le 
point  rcnilre  public.  11  revient  à  celui  que  l'on  trouve 
encore  aiij(und'lmi  dans  l'Eiicologe  des  Grecs,  el  ne 
ùilîèrc  du  nôlre,  qu'eii  ce  qu'il  place  rin\ocation  du 
Saint-Esprit,  par  laquelle  on  le  prie  de  changer  les 
espèces  au  corps  cl  au  sang  deNotre-Seigneur,  après 
les  paroles  avec  lesquelles  .lésns-Chrisi  a  institué  ce 
divin  sacrement.  Au  lieu  que,  dans  noire  canon,  celte 
invocation  précède  immédiaiemenl  le  réeil  de  ces  pa- 
rides  sacrées;  cardiez  nous  le  prèire,  avant  de  les 
prononcer,  fail  cette  prière  :  Qiuim  ob'ationem,  tu  Deus, 
qua-sHnius,  bmedictnm,  udscripUau,  rataui,ralionubHem, 
acceplubUeiiiqite  ff.cere  dirjueris,  ut  nobis  corpvs  et  san- 
guis  fiât  dilcclissivii  Fitii  lui  Doiuiïti  uostri  Ji'suCJirisli. 
Dans  celle  liturgie  dont  nous  venons  de  parler,  au 


les  successeurs  de  Mahomet  dont  Homar  étaii  le  se-      c«''l'-»'e.  cette  invocation  se  fait  après  que  le  prêtre 


Coud,  ayant  succédé  à  Aboubleve  premier  calife  qui 
gouverna  les  Musulmans  après  Mahomet,  cl  pril  sou- 
lemeiil  le  nom  de  Calife. 

Le  concile  in  Trullo  de  l'an  692,  condamna  les  er- 
reurs des  Arméniens  dans  le  canon  52,   tant  sur  la 
personne  de  Jé-.us-Clirislque  surTiisaged;.'  ne  nKtlre  \ 
que  de  l'eau  dans  le  calice;  mais  il  ne  paraît  pas  qu'il 
ail  touché  à  l'nsrge  de  se  servir  de  pain  azyme  dans  ■ 
l'hucliarislie.  Il  fut  seulement  défendu  dans  le  onzièuie  l 
Couon  de  ce  synode  de  manger  les  azymes  avec  les  ; 
''•  cela  sous  peine  d'analbème,  par  où  ces  évê-  -j 
'   l'observation  de  leurs  fêtes  et   de  \ 
"•^la  ne  regaide  pas  l'usage  ' 
""charislie. 

'^'^n  que  le 


a  I  rononcé  les  paroles  du  Sauveur,  et  elle  est  conçue 
en  ces  termes  :  «  C'est  pourquoi  nous  souvenant  de 
«sa  Passion,  de  sa  mort,....  nous  vous  offrons,  à 
i  vous  qui  êtes  roi  el  Dieu,  ce  pain  el  ce  calice  suivant 
s  son  ordre,  vous  rendant  grâces  par  lui  d'avoir  dai- 
(  giié  nous  faire  exercer  le  sacerdoce  en  votre  pré- 
«  sence.  Nous  vous  supplions  de  regarder  favorable- 
«  menl  ces  dons  en  rbonnenr  de  .lésus-Christ,  et  d'en- 
«voyer  sur  ce  sacrifice  voire  Saint-Esprit,  le  témoin 
I  des  souffrances  de  Jésus,  afin  qu'il  fasse  que  ce  pain 
«  soit  le  coips  de  votre  Christ,  ce  calice  son  sang,  et  que 
«ceux  qui  y  participeront  soient  confirmés  dans  la 
a  p'été,  obtiennent  la  rémissiim  de  leurs  péchés,  soient 
i  délivrés  des  séductions  du  démon,  soient  remplis 
«  du  Saint-Esprit,  cl  puissent  en  Jésus-Christ  mériter 
«  la  vie  élerhelle.  »  Aujourd'hui,  el  depuis  longtemps, 
"  Crées  font  à  peu  près  la  même  prière  après  avoir 
'  '  Constil.  Aposiol.  \ 


249 


ELH.ilARliTIE.  —  CnAP.  III.  COiSÉCRATION  DES  ESPÈCES. 


250 


récité  les  paroles  évangéliques.  «  Le  prêlre  prie  Dieu  ro  leurs  auteurs  qui  les  oui  expliqués,  que  ni  eux,  ni  les 


<  d'envoyer  son  Esprit  saint  sur  les  dons  ollerls,  et  de  ! 
t  faire  du  paiu  le  corps  de  Jc'';'is-Clirist  et  du  vin  son  I 
«sang,  les  cliangeanl  par  son  Sainl-Esptii.  >  Non- 
obstant cette  diversité,  il  n'y  a  eu  autielois  aucune  . 
dispute  sur  ce  sujet.  Les  Grics  et  les  Latins  élai.  ni 
persuadés  que  les  espèces  étaient  changés  au  corps 
et  au  sang  de  notre  Sauveur,  en  vertu  des  i)aroles  du 
canon  de  la  n>esse,  sans  examiiici'  le  nionienl  précis 
auquel  se  f;iisait  cette  transniutaiion,  ni  les  jiaroles 
qui  l'opéraient  plutôt  les  unes  que  les  autres.  Les  uns 
disaient  qu'elle  se  faisait  par  la  prière  et  l'invocation 
du  prèlre,  les  autres  disaient  qu'elle  était  l'cliVl  des 
paroles  de  Noire-Seigneur,  quand  il  institua  cet  auguste 
sacrement;  et  ils  ne  croyaient  point  que  ces  diverses 
manières  de  s'exprimer  fussent  opposées  entre  elles , 
conmie  elles  ne  le  sont  pas  elTeciivemcni,  ce  qu'il  se- 
rait aisé  de  montrer  ;  mais  nous  laissons  cela  à  traiter  j 
aux  théologiens. 

Ce  ne  fut  que  depuis  que  l'esprit  de  chicane  se  fut  | 
emparé  des  écoles  cali;oliqncs,  que  l'on  couunença  à 
disputer  là-dessus,  et  qu'on  entreprit  do  fixer  le  temps 


'  autres  .Mcleliites,  ni  les  Copliies,  ni  ceux  des  autres 

I  comnumions,  aient  cru  jan;ai.s  que  les  espèces  étaient 

chani^iios  par  la  seule  invocation  dont  nous  parlons. 

Nous  voyons  même  (|ne  dans  le  rit  des  Nesltriiens, 

l'invoeaiion  dont  il  s'agit  se   trouve  placée  dans  la 

'  première  et   la  principale  d,;   leurs  trois  liturgies, 

comme  dans  la  notre,  avant  les  paroles<le  -lésus-Cln  ist  ; 

au  lieu  que  dans  les  deux  autres,   elle  lient  sa  place 

j  après  ces  paroles,  connue  dans  l'Eneologe  des  Ci  ces. 

j  D'ailleurs,  il  est  certain  par  la  tradition  des  Nesto- 

I  liens,   qu'ils  ont  toujours  reconnu  que  la  vertu  de 

produire  ce  cliangenienl  était  surtout  reiifermée  dans 

les  i)aroies  de  Nolre-Seignem-,  et  que  l'invoeaiion  du 

Sainl-Espril  sur  les  dmis,  soit  (ju'elle  se  fil  devant  ou 

!  après  CCS  paroles,  ne  leur  |)ortail  aucun  préjudice. 

;  Les  Orientaux  seulement  oui  cru,  comme  s'explique 

;  Gabriel,  patriarche  d'Alexandrie,  que  la  consécraiion 

était  con.ommée  par  cette  invocation,  sans  examiner 

trop  seriipuleusemenl  la  manière  dont  il  plaît  à  Dieu 

de  l'opérer,  laquelle  est  inliniment  élevée  au-dessus 

des  lumières  de  l'es;  rit  humain.  Car,  comme  les  diffé- 


précis  au(piel  se  fait  la  transsubslan'iation  du  pain  et  i  renies  formules,  les  prières,  les  bénédictions  qui  se 
du  vin.  Quelques-uns  renn)nlèrenl  même  plus  haut,  |'  font  au  Baptême  et  à  la  Conlirmation,  et  dont  nous 
et  prétendirent  déterminer  la  manière  dont  Notre-  ||  avons  parlé  au  long,  ne  se  nuisent  pas  les  unes  aux 
Seigneur  lui  même  avait  fait  ce  cliangemeiil  dans  la  j|i  autres,  et  n'enipéebenl  pas  que  la  forme  essentielle  de 
cène  où  il  in-.tilua  ce  sacrement  adorable.  Ces  (pies-  {|{  ces  sacrements  n'ait  son  ellét;  de  même  dans  le  sa- 
lions fiireiit  longtemps  agitées  dans  les  écoles  et  au  ;|'  cremcnl  d'Eucharistie,  l'invocation  do  Saint-Esprit 
concile  de  Florence.  On  prtssa  les  Grecs  de  s'expii-  il;  sur  les  dons,  n'oie  i)oint  aux  paroles  du  Sauveur  l'elfet 
quer  sur  ce  point,  ce  que  lit  en  leur  nom  Dessarion,  jf'  qu'il  a  voulu  (ju'elles  eussent  pour  opérer  ce  grand 
éxèque  de  Nicée,  depuis  cardinal  de  l'Église  Romaine,  'i  niystère.  Ce  (pie  nous  disons  est  si  vrai,  que,  suivant 
par  une  déclaration  authcnticpie  (|ue  le  Père  .Mabilion  jf  le  rit  des  Copbles  (ce  (jui  se  pratique  aussi  chez  les 
a  tiou\ée  dans  une  bibliothèque  d'ilalie,  el  qu'il  a  fait  |'  antres  Orientaux),  (juand  le  prêtre  prononce  les  paroles 
impi  iuier  dans  son  Miisciun  liulicum.  Par  celle  décla- 
ration, Bessarion  lève  tous  les  soupçons  (jue  l'on  avait 
sur  cela,  en  assurant,  le  5  juillet  1458,  en  piésenoe 
du  Pape  el  des  prélats  du  concile:  «  Qu'ils  se  sont 
i  servis  des  Écritures  el  des  sentences  des  Pères  aux- 
i  quelles  ils  veideiit  bien  adhérer,  sachant  combien 
t  l'esprit  humain  est  sujet  à  s'égarer...,  et  par  ce  que 
«  nous  avons  r.ppris,  ajontet  il,  des  SS.  Pères,  et  en 

<  particulier  de  S.  Chrysoslôme,  qui  nous  est  très- 
c  connu,  que  ce  sont  les  parniesdu  Seigneur  (pii  opé- 

<  renl  la  transsubstanliati(  n,  ou  le  changement  du 
«  pain  el  d:i  vin,  au  corps  cl  an  sang  de  Jésus-Christ, 
I  et  que  ces  pandes  divines  du  Sauveur  renferuienl 
t  toute  la  verlii  delà  transsubsianliation.  Nous  suivons 
«  nécessairement  ce  saint  docteur  el  son  sentiment; 
«  nous  avons  parlé  suffisamment  de  celte  question,  el 

<  donné  à  votre  Béatitude  des  assurances  de  notre  in- 

<  teiition.  Sitbscripluw.  Aruoldus  i\olani(s.  t 

Celle  déclaraiion  des  Grecs  était  sincère  (1).  Il  est 
vrai  qu'ils  ont  toujours  attribué  à  l'invocation  une 
très-grande  vertu,  et  qu'ils  n'ont  pas  cru  que  l'Église 
priât  en  vain  dans  ses  assemblées  pnblicpies  en  se 
confiant  aux  promesses  de  sou  Sauveur;  et  on  ne 
peut  montrer  ni  par  lenrs  offices  lituriiiques,  ni  par 


il)  Renaiidol,  comment,  in  lit.  Copt.  t  lit.  Orient. 
).  ms,  et  seq.  J 


I  de  Jé^ns-Christ  à  hanlo  voix,  le  peuple  répond,  Amen, 
I  p:.r  acclamalion  à  chaque  parole  de  l'Evangile  en  cette 
1  manière  :  //  béni!.  Amen  ;  il  rompit,  Amen  ;  et  le  donna 
''.  à  ses  disciples ,  en  disant  :  Ceci  est  mo)i  corps  qm  est 
;  rompu  et  donné  pour  la  rémission  des  péchés,  etc.  Amen. 
'  jSûus  Cl  oijons  qite  cela  est  ainsi.  Les  Éthiopien-;,  qui  ont 
;  eu  leur  canon  des  Jacobiles  d'Égyp'e ,  rendent  ainsi 
j  ces  dernières  paroles  :  Je  le  crois  et  je  confesse,  cela 
1  est  vériltiblcment  voire  corps.  Si  dans  le  rit  usilé  chez 
'  nous,  après  avoir  prononcé  les  paroles  de  Jésus  Christ 
I  qui  opèrent  le  changement  des  espèces,   ou   bénit 
;  l'hostie  et  le  calice  par  le  signe  de  la  croix  lorscju'on 
i'  dil:  Ilosliam  puram ,  Ilos'.ium  stinclam ,  etc.,  (pioi(ine 
rien  ne  soit  plus  saint  que  le  corps  de  Notre-Seigiienr, 
source  de  toute  sanctilication,  pourquoi  s'alarmer  si 
fort  de  cette  invocation  du  Saint-Esprit  que  font  les 
Grecs  et  presque  tous  les  Orientaux,  après  que  les  pa- 
roles du  Sauveur  ont  élé  prononcées?  D'ailleurs  les 
chrétiens  du  Levant  ne  se  proposent  pas  rEiicharislie 
;  à  adorer  aussitôt  après  l'invocation  du  Saint-Esprit, 
el  ne  prescrivent  aucune  cérémonie  (jui  donne  à  en- 
tendre que  les  dons  sacrés  aient  changé  de  nature. 
En  un  mol,  on  ne  voit  rien  chez  eux  qui   dimne  lieu 
de  croire  qu'ils  considèrent  l'invocation   comme  le 
moment  précis  auquel  se  fail  la  transsubsianliation. 
'i      Voilà  ce  que  nous  avions  à  dire  sur  le  sujet  de  la 


t^l  HisTcriK  î»l:s 

conscornlion,  I:)is=;nnt  niix  niilniirs  liliiri,'i(|iies  à  f.  ii-<! 
iMi  plus  ample  de. ail  de  <o  qu'on  ihmiI  diio  sur  colle 
nialière  :  mais  cela  snlïil  pour  le  dessein  (pic  nous 
nous  sommes  |)i«ipo>é  Si,  a  i  reslc,  \\m  l'Oiive  que 
dans  (mis  liluigies  Syriaiincs  les  paroles  de  riiisiiiii- 
Ijdu  de  l'Eucliaiislie  se  ln»uve;il  omises,  il  ne  l'aiil 
piiinl  s'en  étonner;  car,  counnc  reinar(|ue  .M.  Ilrnaii- 
dol,  ce  n'est  pas  sur  celles-là  qu'il  fuit  ré^^lcr  les  sen- 
timents de  ces  clircliens  Orientaux,  d'autant  p!ns 
([u'elles  sont  les  plus  récent  s,  et  (jn'i  n  doit  pliiiôi 
altrihiier  celte  omission  h  1 1  l'aule  des  copistes  ipi'à 
un  dessein  prémédilé.  Voyez  ce  qu'il  dit  là  dessus 
dans  ses  observations  sur  la  litnri;ie  de  S.  Jacques. 

Nous  ajouterons  à  ce  (pie  no  is  avons  dit  pour  ex- 
pliquer le  sentiment  des  Oiienlaux  à  Toccasinn  de 
ri;iVocation  du  SainlKspt  il  sur  les  dons  sacrés,  qn'(  n 
peui  porter  d'eux  le  même  jugement  (|ue  des  c!  ré- 
iiens  Mozarabes  (qui  cerlainei  enl  étaient  bien  per- 
suadés que  les  paroles  du  Sauveur  concO(naient  an 
cliange.uent  des  e-pères  eu  son  corps),  (pic  dans  le 
n)isel  (le  ceux-ci  on  lit  des  prières  à  peu  près  c.|uiv.i- 
le  ites  à  rinvocation  des  Grées,  et  que  ces  prières  so;,l 
placées  après  la  fornmie  de  la  consécration,  ou  après 
les  paroles  de  Ti  slilulion  de  l'Iùi  barislie.  Le 
cardinal  l];)na  rapporte  pinsienrs  de  ces  prières  dans 
le  second  livre  (|irii  a  composé  loncbaul  la  liturgie  : 
nous  en  transcrirons  ici  (pielqiies-u  es.  Le  jnir  de 
Pâques  on  dit  :  Ut  hic  pniiis  ciiin  hoc  calice  in  Filii  lui 
corpus  cl  sdtKjninem  le  bciicdicciite  diliscdt.  Le  ^CCAnnï 
dimancbe  après  l'octave  de  l'Épipbanie,  le  pièlie  di- 
sait e  ilr'autres  ces  paroles  dans  la  prière  d  nt  nons 
parlons  :  Quœ'^umns  ni  obl.ilionem  hune  Spiritùs  lia 
pcrinixtione  S'inctifices  corpus  uc  sanquitiem  lJoiiii)ii 
noslri  Jesu  Chrisii  plcità  tninsfornuiiione  co)ifoi)ies 
Que  dist'nl  les  orientaux  de  plus  forl'?  >'éinm(iii.s  les 
cbréliens  d'Lspagne  n'ont  jamais  doulé,  comme  nous 
avons  déjà  dit,  (jue  les  paroles  du  Sau\eur  ne  con- 
conrnssent  à  celle  iransf  rmalioi). 

Que  si  plusieurs  d(;s  Pères  ont  dit  que  le  cbang(V 
ment  qui  s'opère  dans  ce  red  ailable  inystèiese  f.iisail 
en  vertu  des  prières  des  p;  cires,  c'esi  que  les  paroles 
divines  du  Sauveur  se  trouvaient  dans  l.i  juièie  (pie 
le  prêtre  l'ail  à  l'antel  et  (prcHes  en  lont  parti.', 
comme  on  le  voit  dans  toutes  les  lilnrgi(S;  mais  ils 
n'ont  jiMuais  pensé  (pie  cela  se  fil  à  rexcinsion  de  ces 
paroles  sacrées,  il  ne  faut  pas  croire,  connue  quel- 
ques-uns se  le  sont  imaginé,  (in'on  ail  jamais  consacré 
les  dons  par  la  seule  Oraison  Dominicale.  Ce  qw  a 
donné  lien  à  cette  imagination,  e>lccqne  dit  S  G-é- 
goire  dans  une  de  ses  lettres  (1),  que  l'on  dit  l'Orai- 
son Dominicale  airssitôl  après  la  prière,  posl  prcccm, 
(c'est  ainsi  qu'il  nomme,  comme  l)i>n  d'autres,  le  ci-  i 
non  de  la  ines>;e),  paiee  que  c'était  la  coutume  des 
apôtres  de  consacrei'  l'boslie  de  l'obi. ilion  à  celle  seule 
prière,  quia  mos  Aposloloruni  fuit  ni  ad  ipstim  solnui- 
nwdo  Orulionein  {Dvininicuiu)  oblalioiiis  hosliciin  conae- 
crarcnt. 


{l)  Lib.  1.^  epist.  64, 


1 


S.\CKE'iiL.>f..S.  2"2 

llonoritrs  d'Anlun  (I)  et  Vabifiid  S!ra!;on  (2)  rnl 
éé  Iro  !  pés  parce  passage  de  S.  Grégoire;  le  der- 
nier surl(mt,  (pii  ne  craint  point  d'avancer  (jui'  les 
apôlrcs  céléltrj'icnl  la  litnigi(!,  C(inm(;  iions  faisons 
('iKori'  à  pré:^enl  à  la  misse  des  Présancliliés  du  vcn- 
(liedi-sainl  ;  c'esl-à-dire,  sans  prononcer  les  paroles  de 
l'instilnlion.  iM.iis  ces  auteurs  ont  |iris  sans  doute  de 
travers  I  s  p  rnlcs  du  saint  pape,  parmi  l,'S(pii  lies  le 
(  ardinal  Bona  (5),  smipçonne  que  la  parlicule  s(dum- 
inodb  s'est  glissé<:  contre  son  int.'nliou.  Quoiipi'il  eu 
!-oil,  on  ne  pomia  jamais  se  persuader  (pie  S.  Gjq- 
goire  ait  par!é  ain>i  à  l'exclusion  des  paroi  s  sacra- 
mentelles et  de  la  mémoire  de  la  mort  du  Sauveur, 
qu'il  a  recommandé  si  exprt^ssémenl  (pie  l'on  fit 
tiiiiles  les  fois  (jiie  l'on  célébrerait  ce  grand  mystère. 

Il  n'e-t  pas  probable  que  les  ap()!ics  aient,  mc:;'.e 
au  conimenc-'meiil,  célébré  les  saints  myslèies  d'injc 
manière  :À  succincte;  cl  s'ils  l'ont  fait  qiiebpiefois, 
cel.i  est  arrivé  rarement  et  dans  des  cas  exliaordi- 
nainîs  :  c'était  le  senliment  de  S.  Cbrysosiôme,  qui 
dans  sa  :27'  boméiie  sur  la  première  aux  (iorinlbieiis, 
parle  en  celle  s;)iLe  de  ce  (]ne  faisiienl  les  apôtres  à 
cet  (%ard.  Quand  leti  apôlrcs  pren  ieiit  celle  sacrée  chic, 
que  faisiienl-ils?  Se  se  rép  indaieul-ils  pus  en  prière.'^,  et 
ne  chanlaicnl-ils  pas  des  Ininmcs?  Ne  vdlUiienl-ils  point 
et  n'expliiiuaienl-ih  pas  celte  dot  trine  divine  et  remplie 
d.'  la  vraie  philosophie.  Procle  de  Conslantinoiile,  suc- 
cesseur (le  saint  Cbrysostôme,  dans  le  livre  (;iril  a 
écrit  delà  Tradition  de  lu  divine  liturgie,  est  encore 
p'us  exprès  sur  cet  article.  Noire  Sauveur,  dit-il,  ayant 
été  enlevé  au  ciel,  tes  apb'.res,  avani  de  se  disperser  par 
toute  la  terre,  passaient  d'ui  coinniun  accord  tout  le  jour 
en  priera;  el  coinnie  ils  trouvaient  de  (jvand  s  consola- 
tions dans  la  ccUbraiion  dit  sacifice  mijs'.ique  du  corps 
e!  du  sang  du  Seiqn.ur,  ils  s'étendaient  beaucoup  dans 
celle  action  en  chauls  et  en  /;^.ro/('>.  Car  ils  croyaient 
que  c'ctail  à  cela  surtout ,  et  au  soin  d'enseiqiier,  qu'ils 
devni  ni  s'allacher  cuinnie  aux  chattes  priitcipalcs.  Ils 
cniploya'enl  donc  leur  temps  avec  tjrande  joie  à  célébrer 
ce  divin  sacrifice  ;  se  siuvenuiil  sans  cesse  de  ces  paroles 
da  Sejijneur  :C?x.\  rst  jio.n  Coups,  et  faites  ceci  en  mé- 
luuire  de  moi,  etc.  C'est  pour(;uoi  ils  chantaient  plusieurs 
prières  avec  un  cœur  conlri: ,  iniploranl  le  secours  de 
Dieu. 

.Nons  lermiiierons,  par  ce  passnge  de  Procle,  celte 
malien;  de  bi  consécration,  ii  laquelle  nous  ne  croyons 
pas  devoir  donner  tant  d'étendue. 
CHAPITRE  lY. 

De  ta  communion  qui  se  faisait  pendant  la  célébration 
des  s.inls  mystères. 

L(^  pie'ix  et  savant  cardinal  I5oiia  (i)  a  traité  (^'Ite 
n:a;ière  avec  tant  d'érndiliitn  el  d'exactitude,  que  nous 
ne  f.'iims,  i)onr  ainsi  dire,  (pie  le  ( opier  dans  ce  cba- 
pilie;ajonlant seulement,  àceipril  en  a  écrit,  Icscbo- 

(1)  Gemma  ani  i.a',  c    8G. 

[-1)  l>e  Ueb.  Kcel   c.  2-2.  '] 

('))  Lil».  -2  lier.  Iiliirg..c.  H.  | 

^i)  Lib.  2  Kcr.  lilurj;-,  c.  17,  18  Cl  19^ 


253 


ELXllARniiK.  —  CIlAr 


SOS  qui  loi  snnt  échappées  on  (jn'il  ii'.i  pas  jugé  ii  propns 
d'iii^éror  dans  son  livro  ;  et,  pour  plus  piaiide  facilité, 
lions  diviserons  ce  cliapilre  en  imis  arlieles. 

ARTiri.F.  pnr.Mîrn. 
De  l'ordre,  du  l'uti  et  de  lu  posture  dans  laquelle  les  fi- 
dèles piuticipaieiil  au  sacremeiil  de  l' Eucharistie. 

Autrefois,  avant  qne  la  eoniininiion  eoniniençàl,  un 
r/iaere  disait  à  liante  \oi\  ces  p  irolos  icnililcs  :  Suucta 
Sanclis  ;  comme  s'il  disait  :  Hue  ceux  (pii  ne  s(»nt  pas 
saillis  se  gardent  bien  d'approcher  de  ces  ledoulahies 
nivslércs.  Déplus,  quand  i'évciiuc  ou  le  prèlie  distri- 
buait le  corps  de  Noire-Soigncnr  il  dirait ,  (.or/jws 
Cliristi,  le  corps  de  Jésus-Christ,  et  clui  (pii  le  rece- 
vait répoiid.iil  Amen  ;  parole  par  laciuelle  il  luaniuait 
son  acquiescement  au  gr.md  ar;icle  de  foi  (oiicliaiit  la 
présence  réelle  de  Notre  S  Mgnenr  dans  ce  sacrement. 
Celte  pr.  tique  était  ét.iblie  en  Orient  comme  en  0  ci- 
diiil ,  cl  a  duré  ;.u  moins  jus(pi'au  sixiéaie  siècle. 
L'auteur  d.s  (ionstitiilions  apostoliques  (I)  en  est  un 
lénioin  antiienliipie  pour  les  Églises  d'Orient,  lorsqu'il 
pari,;  en  ces  termes  :  Qne  Nvé.jue  donne  ioblat'wn  en 
disant  :  Le  corps  di-  Jésus-Cliri  l,  et  que  celui  qui  la  re- 
çoit dise  Amen.  Que  le  di.icrc  donne  le  calice,  en  disant  : 
Le  SLiug  de  Jésus-Chribl,  breuvage  de  salut;  et  quecelid 
qui  le  boii  disi  Amen.  Terluilieii  .  dans  son  livre  des 
S,)  cla.  les.  rend  le  niêiiie  témoignage  pour  rOccident, 
lors  pi'il  re|  rend  ceux  qui,  de  la  uième  houclie,  avec 
laquelle  ils  avaient  [)rouoncé  Amen  dans  les  saints 
mystères,  faisaienl  des  acclainalions  aux  gladiateurs. 

Le  p  pe  S.  Corneille,  en  parlant  de  Novatien,  rap- 
porte un  l'ail  de  ce  scliisniatiipie,  (pii  prouve  la  même 
chose  :  c'est  dans  sa  leilre  à  F.ibieii ,  évè(|iic  d'An- 
lioche  (2),  à  ([iii  il  dit,  en  lui  dépeignant  ks  mœurs  et 
la  conduite  de  cet  homme  superbe  ,  qu'il  exigeait  de 
de  ceux  à  (pii  il  donnait  la  communion  ,  un  serment 
par  lequel  ils  s'engageaient  à  ne  point  revenir  à  l  unilé 
Calholi(pie  ;  après  (pioi  il  ajoute  :  Et  au  lieu  que  celui 
qui  recevait  ce  pain  devait  dire  Amen  ,  il  disait  :  Je  ne 
retournerai  pis  ci  après  à  Corneille.  S.  Augustin  (5), 
écrivant  contre  Faiisle  ,  dit  ces  belles  paroles  :  Le 
sang  de  Jésus  ClirtAl  jette  un  grand  cri  !>ur  la  terre,  Ivrs- 
quapr.  s  l'avoir  reçu  on  répond  Amen,  dans  toutes  Us  ««- 
tions.  Cille  réponse,  dont  parle  ce  saint  ducieur, 
suppose  q  ic  celui  qui  disiribuail  disait  les  paroles 
dont  nous  avons  fait  mention;  aussi  bien  (pièce  pas- 
sage (le  S.  Léon  (4)  :  c  Vous  devez  tellement  participer 
à  II  table  du  Seigneur,  que  vous  ne  doutiez  nullement 
de  la  vérité  du  corps  et  du  sang  de  Jésus-Christ; 
car  on  croit  p;ir  la  foi  ce  qu'on  reçoit  pir  la  bouch  •; 
1  et  ceux-là  répondent  en  vain  Amen,  qui  f  rmeiit  des 
dis|i  Iles  conire  ce  qu'ils  reçoivci.l.»  Il  est  superflu  de 
raniassi-r  un  plus  ;,Maiid  nombre  de  passages  des  Pères 
pour  prouver  cet  usage. 

Il  changea  néaiiniinns,  comme  il  est  dit  ci-dcvaiil, 

(I)  Lib    K,  c.  \7>. 

(-2)  E  seb.,  I.  4  lli^t.  ceci.,  c.  43. 
(">)  I,.b.  1-2.  c.  10. 

(4)  Serm.  G  de  Jejun.  sepliir.i  monsis,  sive  serm. 
8,9  c.  5 


iV.  LE  LA  COMMUNION.  05 1 

vers  le  sixième  siècle,  si  nous  nous  en  rappnrlonsà 
Jean  Diacre,  dans  la  Vie  de  S.  Crégoire  (lib.  -2)\ 
car  cet  auteur,  (|ui  ;i  vécu  assez  longiemps  après  ce 
saint  pajie  ,  dit,  (pi'aii  lieu  de  ces  paroles,  Corpus 
i.ttristi,  le  piélre,  du  temps  tie  S.  Grégoire,  disaii  en 
donnani  la  cominuiiioii  :  Que  le  corps  de  Nntre-Sei- 
gnetir  Jésus  Clirist  C(Uis  rxe  ton  àini!.  Aleniii,  dans  le 
hiiiiièine  siècle,  ra[>porle  celle  formulu  :  Que  le  corps 
et  le  sang  de  N.ilre-Seig:iour  Jésus  Christ  le  c(ui-erve 
pour  la  vie  élcrnelle.  La  formule  que  nous  repiéaenie 
llelgaiid  (la  .s  la  Vie  de  lloberl  ,  roi  de  Fr.mce  ,  esl 
peu  (lillérenle  :  Que  le  corps  de  Nolre-S-'ign  ur  Jé- 
sus-Chrisl  soil  pour  loi  le  salut  du  corps  cl  de  l'unie. 

Voici  l'ordre  qie  l'on  observait  pour  1 1  co innion. 

D'abord ,  le  célébrant  se  coinmuni;iil  lui-même,  en- 
siite  les  évè  pies,  s'il  s'en  trouvait  «piel  pies-uiis  de 
présents;  après  cela,  les  prêtres  qui  lui  avaici.l  servi 
d'assi-linls,  suivant  I  am  ienneté  dans  raction  du  sa- 
crifice ;  puis  les  diacres  ,  le,  sous-diacres  ,  les  <  l.ics, 
les  moines,  les  diaconisscs  ,  les  vierges  sacrées,  el 
ciilin  le  peuple,  commença  l  par  les  hommes  cl  fi- 
nissant par  l's  femmes.  L'eve;|ue  faisait  tout  cela 
étant  aidé  par  les  prêtres;  et  on  observait  le  même 
ordre  dans  la  communion  du  sang  |>récienx,  avec  celte 
dilférence,  (jue  les  prêtres  le  prenaient  par  eux- 
mêmes  ,  1  s  diacres  le  recevaiênl  des  prèire> ,  el  que 
ceux  ci  ,  suivant  l'ordre  romain  et  l'Eiicologe  des 
Grecs,  le  distribuaient  aux  aiilres.  On  i.e  communiait 
pas  Ions  les  assislanls  indJlféremment  ,  on  voulait 
coiinailre  ceux  (pii  de vaieiil  a\  oir  pai  t  à  une  si  grande 
grâce,  au  moins  c'éiail  l'usage  de  quelques  églises; 
d'o:i  vient  qne  dans  certaines  liturgies  on  lil  ces  pa- 
roles Connaissez  -  vous  ks  uns  les  autres.  Et  .injoiir- 
d'hni  encore,  cîiez  les  Grecs,  le  prêtre  s'informe  du 
nom  de  celui  ipii  est  prêlà  le  recevoir,  s'il  lui  est  in- 
connu, el  l'exprime  inénie  en  la  lui  donnani  ;  car  il 
(lit  :  Serviteur  de  Dieu,  ÎN.,  vous  recevez  le  saint 
corps  el  le  précieux  san^'  de  Notre  -  Seigneur  Jésus 
Christ  pour  la  lé.iiissiou  de  vos  péchés  cl  la  vie  éter- 
nelle. 

Les  diacres,  h  qui  radminislralion  des  biens  de 
l'Eglise  el  l'assidnilé  auprès  des  évêipics  inspiraient 
des  seiiliinenls  d'orgueil,  ont  voulu  (picbpiefoisclian- 
|jfer  cet  ordrt!  de  la  comniiinion  diuil  nous  venons  de 
parier;  niais  les  conciles  oat  eu  soin  de  les  répnmer, 
el  de  les  réduire  au  rang(|ui  leur  convenait;  ci  en  par- 
ticulier le  grand  concile  de  Nicée,  en  ordonnant  dans 

son  18' canon  qu'ils  co lUiiiassenl  après  les  prêlres, 

de  la  II  ain  de  révê:]ue,  ou  de  celle  de>  prêtres  mêmes 
anx(|nels  i!s  voulaient  se  préiérer.  Per  ordiuem  crgo 
fost  presbyteros  {iraliam  sacrœ  rommunionis  (;cci]na».t, 
aut  .'pi  copu  imt  preshijtero  p'trngenle.  Celle  faille,  que 
les  diacres  communienl  av.int  les  prêtres,  se  fiit  en- 
core anjoiird'hni  assez  iimimnnémeni  le  jeiidi--aint, 
où  le  diacre  et  sous  diacre  qui  servent  à  raiitel  re- 
çoivent la  coni  i:union  avant  les  prèlres  qui  sont  au 
c!  œur.  Cela  n'est  pas  senlement  contre  cel  ancien 
canon,  mais  même  contre  l'mdre  nalurel  ,  et  contre 
les  céiéuioniau.x  un  peu  anciens  qu'il  a  plu  à  nos  n«u« 


155 

veaux  rubricilires  de  fouler  nuv  pieds  ,  dit  un  nulcur 
moderne  {La  Dhcljilinc  de  l'Kijlise,  t.  2,  p.  2Gi.).  On 
voit  dans  le  Pré sphiiucl  Aai^Mx  Moscii  (cap.  u!l.)  que 
c'étail  la  coulume  dans  (pielijUi's  églises  de  doiiiicr  la 
coniniunion  aux  i)eli:s  1,'aiçons  aussilôl  après  les 
clerc-^,  et  ((u'on  les  plaeail  dans  l'église  atii)rès  de  la  sa- 
cristie. 


HiSTOlRi;  DES  SACKEMENTS.  256 

vinces ,  que  l'on  fil  faire  la  première  communion  en 
ce  temps-là,  depuis  que  l'on  s'ét  lit  mis  sur  le  pied  de 
ne  plus  eounnunier  les  enfants  aussitôt  après  le  Hap- 
tènie.  M.  f hi  rs  s'expriuii;  avee  justesse  (piiiml  il  dit, 
(pie  \r:iisend)lableiuenl  eette  eoulume  ét;iil  aholie  en? 
France  au  douzième  siècle  dans  plusieurs  endroits  ;• 
car  on  ne  peut  dire,  dans  la  vérité,  (prelle  le  fût  gé-[ 


Dans  d'autres  endroits, après  que  les  fidèles  avaient    !  nérdemeul,  p  lisque  ,  connue  il  parait  par  imc  lettre, 
communié,  ou  donnait  les  restes  de  l'Eucliarislic  à  de    |  de  Gilbert  de  la  Porée,  évcque  de  Poitiers,  ^^^\■M-\ 


jeunes  enfants  innocents.  Ce  fut  au  sujel  de  celle  pra- 
li'pie  qu'il  arrivi  un  miracle  siu;n;dé  à  Con.laMlini)|  le, 


di   temps  de  l'eniperenr  Jusliiiien  et  du  palrian  lie    \  mais  sons  l'espèce  seule  du  vin,  en  quelques  cniroits. 
Mennas  ,  en  la  personne  du  (ils  dm»  verrier  jud',  le-  |  La  lettre  de  ce  prélat  est  rapporté.;  dans  le  premier 


quel  ayant  été  jeté  par  son  père  dans  le  fouriiean  ar- 
d  ml  où  il  faisait  cuire  son  verre  ,  en  haine  de  ce  qu'il 
avait  mangé  les  restes  de  l'Eucliarislie,  et  y  aynl  de- 
meuré trois  jours  sans  ressentir  aucune  diiuleiir  au 
milieu  des  flammes,  parce  que  l;i  SiiinleVierg-  i';ivait 
pris  sous  sa  protection  (ainsi  qu'il  l'avoua  ensuite  lid- 
rnême).  en  fut  enliu  relire  par  l;'S  clirétiens,  qui  y  ac- 
coururent aux  cris  de  sa  mère,  rpii  se  converlil  à  celle 
occasion  ,  tandis  que  le  père  denieiuM  endnic'.  (l'e-i 
d'Évagre  (I)  que  nons  apprenons  ce  f  lil  ;  el  il  av;iil 
fail  tanl  de  brnil  dms  le  monde  ,  que  S.  Grégoire  de 
Tours  eu  fui  iid'ormé,  el  en  a  fiit  menlii  n  d;ins  son 
livre  De  la  (iloire  (L's  Martips  ,  c.  10.  .\icé|)ii(u-e(l) , 
qui  raconte  la  u;ème  histoire  ,  aj  uile,  q-i'élant  cnf  ii>l 
i!  a  souvent  mangé  les  restes  d(;  TRucLaristie.  U'où 
il  e>l  clair  que  celle  Ciuitume  a  dm-é  à  C^>n^tanlinople 
au  moins  jnsipr.iu  milieu  du  sixiè  ne  siècle,  d.ns  le- 
quel vivaient  le  palriarche  M  un  (S  el  Tempère  r  Js 
tinien,et  ailleurs,  au  moins  jus(pr..u  tiualur/dènie 
siècle,  fiui  esi  le  u^nps  de  Nic.éplM)re. 

Ou  voit  en  France  un  usage  à  peu  près  semblable 
dans  le  s'xiènie  canon  du  second  coiici'i;  de  Màcon, 
tenu  en  585,  par  lecpiel  il  est  ordonné  que  les  merere- 
dis  el  les  vendredis  on  fera  venir  des  enl'anls  inno- 
cenls,  el  qu'après  les  avoir  fail  jt  ùncuon  leni'  donnera 
les  restes  du  sacrifice  arro-és  de  vin.  Getusa^e  a  sub- 
sisté ju^(p^au  temps  de  Gharhuuagne  ;  jtnisque  le 
troisième  concile  de  Tours,  qui  fut  assemblé  sous  cet  \ 
empereur  en  8!5,  défend  de  distribuer  iudiscrèlenient 
rEucharislie  aux  enliuiis  et  au-c  auires  personnes 
(eau.  iO).  Ce  qni  siq)pose  (l'i'il  leur  éiail  permis  de 
la  leur  donner  avec  discrétion  et  jugemeul. 

Quoi  qu'd  en  soit,  dit  M.  Tbiers,  dans  son  livre  de 
rExposilion  du  Saint  Sacrement  (c.  7) ,  il  paraît  que 
cet  usage  était  aboli  à  Paris,  el  vraisemblahlemeiuen 
plusieurs  endroits  de  France  au  douzième  siècle  ,  vu 
qu'Eudes  de  Sully  ,  qui  lut  fait  évèque  de  Paris  en 
1196,  défend  positivement  aux  prêtres  de  son  diocèse 
de  donner  en  aucune  manière  aux  enfants  des  hosties, 
quoique  non  consacrées.  Le  synode  du  Mans,  sous 
révoque  Maurice,  el  celui  de  l>ayiMi\  en  iôOO  ,  défcn 


ihieu,  abbé  de  Saint  Florent,  écrite  vers  le  mil'eu  de 
ce  siè(le,  on  communia. l  encore  les  enfants  bajtisés, 


tome  des  Anecdnles  du  père  .Martène  ,  p.  4'2'>.  Le 
même  aulem-,  dans  son  qualriè:ne  lonie,  p.  1082,  a 
publié  le  Mamiel  de  Henri  de  Suze  ,  é  Cipi  '.  di;  Cisic- 
ron  ,  nnu't  en  1270  ,  dans  lequel  il  est  ordonné  aux 
fidèles  d'amener  les  enfants  âgés  de  7  ans  pour  rece- 
voir la  commuii'v.n  après  qi'iis  se  seront  conlessés  : 
c'est  ce  qni  est  prescrit  d.ii;s  1  ;  chapitre  10  de  ce 
manuel,  el  (|  li  est  coiriorine  à  ce  qie  l'on  Iroiuedans 
la  0-2'  h  tire  du  prpc  Pascal  !I  à  Ponce,  abbé  de 
l  CInni,  pir  laquelle  il  ordonne  (pie  l'on  donne  le  pain 
d' l'Eucharistie  séparément  du  vin,  excepté  aux  ma- 
lades el  aux  enfinls. 

Après  avoir  Ir  lilé  de  l'ordre  dans  lequel  on  recevait 
^  antref)is  rEuchari.-^tie,  il  faul  parler  du  lieu  où  se  fai- 
;.  sait  la  conminniiui.    La  piaTnpie  sur  ce  poini  n'était 
\  point  uniforme  dans  le   même   temps.  Dans  l'Eglise 
;  Romaine  le  céiélirant ,  comme  ecla  se  fait  encore  au- 
jourd'hui parloul ,  comuMiidail  au  milieu  de  l'autel  (1), 
^  les  prêtres  autiuir,  et  les  diacres  derrière  l'aulel ,  les 
'  sons-diacres  el  les  clercs  à  l'entrée  du  sanctuaire,  ou 
f  dans  le  ciioéur,  le  reste  des  fidèles  hors  de  la  balu- 
l  sirade  qui  séparait  le  sanctuaire  el  le  chœur  d'avec  la 
;  lud".  Il  n'y  avait  (pie  les  empereurs  (pii  fussent  dispen- 
!  ses  de  celW;  n'gle  ,  et  à  qui  il  fùl  piMinis  de  couiinu- 
nier  à  l'anlel,  comme  il  leur  était  permis  d'y  fiireleur 
offrande.  Le  09°  canon  du  con(  ile  lu  Trullo  le  près* 
cril  ainsi.  El  la  même  chose  s'observait  sans  doute  à 
Uomc  el  enOccidcnl;  quoique  nous  n'ayons  point  de 
monuments  qui  le  itrouvenl  t  lairemeni  ,  on  peut  l'in- 
férer de  l'usage  où  l'on  éiail  de  recevoir  l'oblalion  des 
princes  souverains  à  l'autel  ;  car  il  n'y  avait  pas  plus 
I  d'inconvénients  dans  l'un  que  dans  l'an  re  :  el  si  S. 
Ambroisc  fit  sortir  hors  de  la  halusirade  l'empereur 
I  Tliéodose ,  c'était  seulement ,  comme  nous  avons  dit 
I  plus  baiil ,  parce  que  c'était  une  place  affectée  aux 
eccléîiasiiqucs;  mais  cela  n'empècliaii  pas  que  dans 
j  le  temps  de  la  communion,  le  prince  ne  pùl  appro- 
ciior  de  l'aulel. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  élait  commun  aux  llo- 
mains  et  aux  Grecs,  aussi  bien  qu'à  plusieurs  églises 
d'Occident ,  cnlre  autres  à  celles  d'Espagne  ,  à  quel- 


denl  aussi  aux  prêtres  de  donner  aucune  hostie  con-  îl  que  p.ctile  différence  près;  on  le  voit  par  le  quatiièine 
sacrée  aux  enfants  qui  sont  an-de.so.is  de  sept  ans.  |  concile  de  Tolède  (eau.  17),  (pii  veut  que  le  piètre  et 
Par  ou  l'on  voit  à  quel  âge  on  voulait,  dans  les  pro-  ||  le   diacre  communient  à  l'aulel,   le  clergé  dans   le 


(\)  Lil).  i  Ilist.  ecd.,  c.  55. 
(2)  Lib.  17  IJisl.  ecd,,  c.  25. 


(î)  Bona  ,  1.  2  LU.,  c.17. 


257  EU(  [lAUISTIE.  —  CIIAP 

chœur,  et  les  simples  liilèlos  liors  du  cliœiir.  Le  pre- 
mier concile  de  Brague,  fit  aussi  nu  slalnl  sur  cela, 
sans  doute  ponr  conserver  l'ancienne  discipline.  Il  est 
conçi:  en  ces  termes  :  <  Nous  avons  jugé  à  projios 
f  d'ordonner  (ju'il  ne  soit  permis  à  aucun  des  laïcs, 
c  soit  homme  soit  femme,  d'entrer  dans  le  sanctuaire 
f  pourconummier,  mais  aux  clercs  seulement,  cpmmc 
t  les  anciens  canons  l'ont  régL*.  >  Dans  l'Égliso  Ro- 
maine,  tous  les  fidèles  coiiiminiiaienl  à  leur  j)!?i(e  , 
le  célébrant  leiu-doimanl  l'espèce  du  pain,  le  diacre 
cel!e  dn  vin  ;  ainsi  la  communion  ne  can>ait,  |iOur  ain^i 
diie  ,  aucun  niDUM  nient  dans  Tasseinhlée.  Il  n'en  était 
pas  do  même  dans  l'église  d'Afrique;  car,  (inoi.iiroii  y 
dislribiuil  la  couununio.i  aux  laies  hors  reuceinte  du 
sanctuaire,  il  paraît,  par  un  sermon  do  S.  Augustin, 
que  L'S  (idoles  ne  la  recevaient  pas,  coiimie  à  iJome  , 
chacun  dans  sa  place,  mais  qu'ils  veuaiciil  la  lecevoir 
aux  cancelles  qui  séparaient  le  sanctuaire  du  reste  de 
réi^iise.  C'est  ce  que  srnd)lent  marijuer  ces  i>aroIesdu 
S.  docteur.  Que  ceux  ijui  savent  que  y.'  connais  huns 
péciiés  ,  ne  s'approciicnl  pas  de  la  «ommunion  de  pour 
qnils  ne  soient  chassés  dc^  cancelles,  uc  (II'  caiicellis 
projicianiiir.  Mais  si  on  défendait  anx  simples  lidèl  s 
de  passer  au-delà  de  ce  teiine  pi>ur  comnumicr,  on 
l)ermeltail  au\  né  phyles,  en  considération  de  la  nou- 
velle régénération  qn'ils  venaient  de  recevoir,  d'ap- 
proclicr  de  l'ant/l  pour  ce  s  .jel.  S  An.;nsliu  le  lait 
as  ez  euteudi'o ,  lors(pi  •,  leur  adressant  la  i»arole,  il 
leur  i)arlc  de  cette  sorte  :  Je  vous  »iq);  lie  par  le  nom 
de  celui  qui  a  été  invocpié  sur  vous,  par  cet  aulel  du- 
quel vous  vous  élesappioehé-;,  per  illud allure itd quod 
accissistis. 

Ou  était  moins  scrupuleux  en  Franco.  Tout  le 
monde,  tant  hommes  que  fenuues,  ailaient  à  l'aulcl 
poiu"  y  r<ce\oir  la  conimuiuon.  Cela  est  évident  par 
le  4*  canon  dn  2^  con(;iIe  de  Tours  ,  da.s  U^jU^'l  il 
est  dit  qui;  les  laïcs  doivent  ciile.idre  rofiicedans  celle 
partie  de  Téglise  qui  est  si  parée  du  ciiu'ur  iîc^  chan- 
Ires  par  un  hainslie;  mais  qu'ils  ponrro.;l  entrer  dans 
le  Saint  des  saints  pour  y  prier  en  paiticulicr  et  ponr 
C(munmder,  suivant  raminnc  coutume  :  il  laïcise- 
eus altare qu'o  sanclti  unjslerin  cclebnmtur,  iiiter  clericos, 
laiii  ad  viijilias  (juiini  ad  missns  sliire  poiilus  non  linvsu- 
mant  :  sed  pars  illa  (luœ  à  caiicellis  lursiis  allare  dividi- 
tur,  clioris  lanluni  psullenlium  paleul  cLricorum.  Ad 
adurandum  vcrb  cl  coinmuuicaudum ,  luicis  et  feniinis , 
sicul  }Uos  est,  pateaul  Saucla  sauctoruin.  Ce  concile  fat 
tenu  eu  5(i7,  la  sixième  année  du  roi  Charihcit,  et 
cette  couuune  dès-lors  était  déjà  anciemie  ,  comme  le 
marquent  ces  mois,  sicut  mos  est.  \\i\A  on  |»ent  dire 
que  sur  ce  point  les  éjili-es  des  Ganhs  avaient  une 
discipline  didérente  des  autres.  Le  même  usage  est 
clairement  marqué  dans  un  seinion  de  S.  Cé^aijc 
d'Arles,  dans  la  vie  de  S.  .Marcel  par  Forlunat,  el  dans 
Grégoire  de  Tours,  qui  raconte  dans  son  10'  livre 
de  son  Histoire  des  Français  ,  que  Cuiiin  évèque 
d'Auvergne,  ayant  cxcomumnié  un  certain  Luialius, 
pour  les  crimes  dont  il  était  accusé,  celui  ci  vint  se 
prosternera  ses  pieds  dajis  l'église  où  le  peuple  était 


lY.  DE  LA  COMMUNION.  sgg 

I  assemblé  poin-  célébrer  la  fête  de  S.  Julien ,  se  plai- 
gnant d'avoir  élé  séjiaré  de  la  commmiion  sans  avoir 
été  ouï;  sur  quoi  révè(pie  lui  permit  d'assister  connue 
les  antres  à  la  messe.  .Mais,  ajoute  Grég  ire  de  Tours, 
I  le  temps  de  la  communion  élantvenu,  et  Eulaiius  s'é- 
tant  approché  de  l'autel  ;  verUiu  ubi  ad  cowmimicaii- 
dum  ventum  est,  et  Eulaiius  ad  attarium  accessisset  ; 
I  l'évè(|ue  lui  dit  :  Le  bruit  court  que  vous  avez  conunis 
I  un  parricide  ;  pom-  moi  je  ne  .sais  ce  qu'il  en  est  ,  et 
I  jeu  lai.sse  le  jugement  à  Dieu  et  à  S.  Julien. 
I  11  nous  reste  à  parler  dans  cet  arlicle  de  la  poslnre 
j  dans  laquelle  on  recevait  ancien:. emmi  la  conmiu- 
I  n.on.  Il  n'y  a  point  de  doule  qu'anirefois  dans  les 
;5  églises  d'Orient,  on  ail  coiunmnic  debout  non  seu- 
l^  l(un.,-nt  les  ministres  de  l'('-glisc  ,  mais  aussi  les  sim- 
\  l)les  fidèles,  c  ;  (pi'ils  f  Liaient  ponrlanl  en  baissani  un 
I  peu  la  (èle  el  louant  les  yeux  baissés,  \m\v  léa  oigner 
j  les  seulimei.ls  d'ad(u-:.tion  avec  Icsqii,  Is  ils  recevaient 
1  celle  uoiM-rilure  divine  ,  que  persimne  ,  comme  dil  S. 
1  Angnsliu,  ne  doit  recevoir  sans  ra\(  ir  adoiée  aupara- 
I  vaut.  Le  cardii.al  Boaa  (1)  ne  révo,|ue  point  en  donle 
I  l'iisîige  d  s  Grecs  sur  ce  poini,  non  pins  que  M.  lla- 
I  berl  dans  .ses  n^t  s  sur  le  Pontifical  des  Grecs,  et 
j  M.  de  Valois  dans  celles  qu'il  a  l^iites  sur  le  chàpi- 
I  ire  9  dn  septième  livre  de  l'Histoire  Ecclésiasticp.e 
j  d'Eusèbe  ,  oïl  est  rappoiié  un  extrait  d'ime  I  tire  de 
.  S.  Denis  d'Alexandrie,  dans  leqi.cl  il  ditd'im  iK.nime 
\  qui  doutait  d.'la  validi;éde  son  baptême,  qiiil  n'avait 
\  pas  cru  devoir  le  baptiser  de  nouveau ,  atiendu  qu'il 
j  avait  :!si>lé  î>ngte:nps  à  la  laide  du  Seigneur,  qu'il 
I  l'av.iit  reçu  dans  sa  main  ,  clc.  Le  terme  grec  ^end)le 
i  maifpier  quebine  cho.se  de  plus  que  la  siniple  assi- 
I  siance,  y.v.i-fy.rJ.tr,  -0:10.7-0. -w.  ;  cela  n'est  pas  enlière- 
\  nieni  déci.sil';  mais  ce  (jue  nous  lisons  dans  Ions  les 
1  Uiliiels  des  Grecs  ,  aussi  bien  que  ce  qui  se  pratique 
js  encore  à  présont  non  seidcmenl  chez  eux,  mais  en- 
I  cm;  chez  les  Éihi(q)icns  ou  Abissins  ,  est  une  preuve 
I  Sans  fépliiiuo  qu'il  faut  entendre  en  celte  manière 
j  ce  (|ne  dil  S.  Denis,  et  S.  Chrysosiome  dans  un  de  ses 

I  ser ns  (2j.  M.  Snnlh,  piélre  de  l'cgl  se  anglicane,  a 

I  été  témoin  oculaire  de  ce  qui  se  praii(|ue  aujounl'lini 
I  chez  les  Giecs  ,  et  dans  une  letlre  oïi  il  décrit  l'é.at 
]  de  réi^Iise  grec(|uc  ,  il  y  parle  en  ces  termes  :  Pciiè 
i  erecli  stant ,  nisi  quod  percepluri  sncrosancta  sutubola 
I  caput  el  (jciiua  inclinant ,  quo  pacto  sub  utràque  specic 
I  sininl  cunmun'cdl  populus.  Alvarez  (5)  et  Godin  (4) 
I  lémoign.-nt  1 1  même  ciicse  des  Ethiopiens. 
|;  Le  caidinal  Bonr,  drl  avec  sa  modestie  ordinaire  à 
l'égard  des  Latins  :  Je  n'ose  affirmer  la  même  chose, 
car  je  uc  trouve  rien  dans  les  onciius  auteurs  qui  ga- 
rantisse cet  usage,  sinon  qu  encore  ovjourd'liui  quand  le 
Pape  célèbre  lu  mesfc  solennelle ,  le  diacre  ij  communie 
debout ,  suns  doule  par  un  ancien  usage  ,  om.m.no  ^:x 
VETEni  RiTU.  Et  déplus,  ajouie-t-il,  /e  crois  que  Us  rits 
étaient  tes  mêmes  dans  les  deux  églises ,  en  ceci  comme 

(1)  Lib.  2  de  I5eb.  lilurg.,  c.  17. 

(2)  Oral,  in  encomià  pre.senl. 
(5)  Apiid  Cass.  in  Lilnrtr.,  c.  11. 

*      (4)  Godin.,  de  Reb.  Abyss.,  I.  1,  c.  05, 


25'J 

en  antres  cliosfx  dnns  1rs  cnmmencdmnts.  M.  Thiers  (I) 
VMiulrail  Ijieii  ;i|»i>ii.er  ci'  .1"^'  <'i^  '<''  ^*-  s^'^anl  cardi- 
nal ,  pu-  iiit  passage  de  Tcrlidlicn  ,  lire  du  livre  de 
l'Orahoi ,  cUu\ùlv(i  l-i.  Mais  nu  iiid  (»ii  lit  cel  endroit 
de  Tcrlullieii  à  sa  plu'e,  il  ne  paraît  pas  porter  îiatu- 
rellenicnl  ce  sens  à  l'esprit  ;  et  je  crois  que  ce  (pic 
nous  avons  de  plus  l'on  p  "Ur  autoriser  la  conjecture 
dii  cardinal  hnna  sin-  ce  point,  est  (pi'anlrelbis  les 
moines  ciunnnuiiaienl  debout ,  coinini'  le  inontie  le 
P.  Marlène  «lans  le  C(unnientaiie  cpj'il  a  l'ail  sur  la 
règle  de  S.  Benoît  (2). 

Saint  Odon  de  CInni ,  enseigne  dans  ses  conféren- 
ces, rpie  les  anciens,  p:)ur  niaripier  plus  de  respect  en- 
vers le  mystère  inelTalilc  de  rivicliari  tie,  n'en  ap- 
procliaienl  qu'à  pieds  nu^.  Je  n"ai  rien  rcmaniuc  de 
send>!al»le  ailleurs,  cl  si  cela  s'est  ainsi  pralupié,  c'é- 
tait sans  doule  une  coutume  locaie  cl  qui  avait  lieu 
seulemeMl  dans  qne'qucs  monastèies.  Mais  une  anire 
prali  pie  bien  certaine,  c'est  qu'aulrer-is  cl  encore 
aujourd'hui,  K;  pape  coinuiunii;  assis  aux  messes  so- 
lenni-'les  ,  quand  il  y  oriicie  poniincalen.cnt.  Le  car- 
dinal Dona  ex|ili(ine  en  détail  la  manière  donl  cela  se 
fait  dans  le  cliapilre  17  de  son  second  livre  d.;  la  Li- 
turgie, après  quoi  il  ajoute  qu'd  a  tiré  ce  (pi'il  a  en  dil 
du  cérémonial  du  pape  ,  qui  ddlère  |)en  de  ce  qui  se  il 
dans  un  très-ancien  Drdre  Romain  Ci\;\  ne  di>it  pas 
pTfiaiîrO'orl  s;  rpieiianl  à  ceux  (pil  savcnl  qu^  lesapo 
1res  ont  reçu  les  sacrés  mystèies  à  lal)le  à  la  manière 
des  Juifs  de  ce  temps-là.  c'est  à -dire,  couchés  sur 
Ces  lits  qui  environnaient  !a  table. 


ARTICLE  II. 

Que  l'on  donnml  miàeiiiunneiU  aux  fidrles  le  corps  de 

NoIreSeùjiHur  d.nis  la  main.  Trois  mumires  de  leur 

'faire  prendre  le  saug  précieux.  En  quel  temps  on  a 

•  cfssé  en  Occident  de  communier  les  fidèles  sous  les  deux 

'  esprces. 

C'est  une  cliose  si  constnite  et  si  connue  de  tous 
■ceux  (fui  oui  (pielipie  idée  de  ranliipiilé  ecclésia  clique, 
qiraii<;ieun<îmeiil  les  fidèles  recevaient  dans  la  mai;i 
le  corps  de  Noire-Seigneur,  dont  ils  se  commun  aient 
aussitôt  eux-mêmes  ,  qu'il  semble  iiuilile  d'entrer  en 
preuv(î  sur  ce  sujet.  Néanmoins,  pour  ne  rien  o  i.ollre , 
U' us  |)rouverons  cel  usage  par  (piebpies  passages  des 
Pères,  cl  par  des  faits  (pie  rilistoire  r  et  lésiastiquc 
nuis  a  conservés  :  commençons  par  Tcriu  lien.  Cet 
auteur  (5)  lait  clairement  allusion  à  cette  pratique, 
lorsqu'il  repioclie  à  certains  cliréticiis  de  fabrnpier 
des  id.  les  de  faux  dieux,  et  d'oser  après  cela  étendre 
leurs  n.ains  pour  y  rec(!Voir  le  corps  de  Nolre-Sei- 
gnenr  :  Eus  mmtus  ndmovere  curpori  Domini  qnœ  àœ- 
moniis  corpt.ru  conférant.. .ô  mnmtspnrcideadœ.  S  Cy- 
prien(i)  lait  la  même  allnsin,  lorsqu'é»  rivant  aux 
fidelis  pour  les  préparer  à  soutenir  l'ellorl  de  la 
persécution   dont  on  était  menacé ,  il  dil  :  .Meltoiis- 

(1)  Oiss.  sur  les  autels,  c.  17. 
(-2)  Lib.  27.r.d  . 
•".)  Lib.  df  Idohnnft  .  c.  7. 
(4)  Ep.  50,  ad  1  liibarUanos. 


r.:.- IDlRl':  DES  SACRl'MKNTS.  2S0 

leur  en  main  le  glaive  fpir'tuol  afin  qu'ils  fi'jii- 
lenl  avec  courage  les  sacrifices  funestes.  Axucmus 
d.xicrum  ijUidio  spiritali.  Le  mémo  père  (1)  raconte 
(pi'uii  lionnue  qui  s'était  souillé  |)ar  un  sacrifice  pro- 
f  ne,  osa  rccc>Oir  pirini  la  foule  ce  que  le  prèlro  avait 
sa(  rilié,  et  que  vou'aril  louci  cr  de  se-.  uia;nslc  corps 
du  Si-'ijini  ur,  il  n'y  trouva  que  de  la  c  ndre.  Sumtam 
Domiui  conlriCturc  non  potuit  ,  ciiicrcm  ferre  ne  npertis 
mun.bns  invcnil.  C'était  encore  en  faisant  allusion  à 
celte  mènie  conlume  (|iie  S.  Ainbroise  Ci),  pour  obli- 
ger Tbéodose  à  faire  péiiileiice  du  meurtre  de  Tbes- 
salonique  ,  lui  disait  :  Cninment  éleiidrez-V(Uis  \(>s 
mains  qui  dégoultent  encor  :  du  sang  (pie  vous  avez 
injuslemciit  répandu  ?  (^ommeiit  avec  de  telles  mains 
recevrcz-\ous  le  C(U'ps  du  Seigneur? 

La  même  cliosc  se  piaiicpiait  en  Orient,  comme 
nous  ra|q)rcnons  de  S.  B.isilc  (5).  de  S.  Cbryso-lo- 
mc;  (4),  de  S.  Cyrille  de  Jérusalem  (5)  cl  de  <piantil<! 
daulr  -s.  .le  ne  rapporterai  que  il  s  paroles  de  ce  derni«'r, 
par  lcs(pielles  il  instruit  Icn  (idcles  de  la  manière  de 
recevoir  ainsi  entre  leurs  mains  le  corps  dtiNotre-Sci- 
gneur.  ^iiand  vous  approcbei  pour  coiumunit  r,  leur 
d'ii-il,  il  ne  faut  pas  y  \eiiir  les  mains  éiendue»  ni  les 
do  gis  ouvert  ,  mais  smiteiianl  de  l.i  main  gauche  vo- 
tre main  droite  qui  doit  contenir  un  si  gr.uid  Roi,  re- 
cevez le  corps  de  Jcsus-Clirist  dans  le  creux  de  voii-e 
main,  en  disant  .4;iifH,- alors,  apresavoireusi  in  de  sanc- 
tifier vos  yeux  par  ralloucnenienl  d'un  corps  si  saint  et  si 
\énér.ible,  vous  y  conmiuniciez  en  le  mangeant.  .Mais 
prenez  bien  garde  qu'il  n'en  tombe  rien,  considérant 
la  perle  que  vous  feriez  de  la  moindre  miette,  comme 
:  si  vous  perdiez  queli|irun  de  vos  memlres.  Si  l'on 
'  voui  donnait  de  l'or,  iiuel  soin  n'a|ipoilriiez-vous  pas 
pour  K;  bien  garder  et  n'en  rien  perdre  ?  Quelle  pré- 
caulion  ne  devez-vous  donc  pas  avoir  pour  (|u'il  ne 
tombe  pas  la  moindre  partie  d'une  chose  in'iniuieut 
plus  précieuse  (|ue  lor  el  les  diamants. 

S.  Jean  Damascène  (ti)  recommajule  la  même  chose 
en  d'autre^  termes  ,  ce  ipii  fait  voir  (|ue  cet  usage 
s'était  conservé  en  Orient  jusipi'aii  liuiticme  siècle 
aiiipicl  Ibrissait  ce  saint  et  sav;.iil  lioimne.  Allons 
àJésus-Cliri>.l  ,dit-il,a.ecnneardeiite  cli.irilé,  el  mel- 
lanl  nus  mains  en  l'orme  de  croix,  rece\ons-y  le  corps 
du  Crucifié.  Le  vénérable  liêdcqui  vi\ail  àpeu-('iesen 
même  lemps,  puisqu'il  est  mort  en  755,  témoigne  la 
mèmeciiose  p.iur  rOccidcnl.  Car,  décrivant  la  mort 
du  moine  Celnon.  il  dil  (7),  (jue  se  sentant  sur  sa  fin, 
il  pria  (pi'on  lui  apportât  rLucliaristie,  et  (jucl'ayant  |  ri- 
seeiilresesmaiii>,  quùacceptà  in  viauu,  il  demanda  aux 
assisla;;ts  si  personne  ne  gardait  de  rancune  contre 
lui.  el  (pii!  s'élant  ainsi  foiliiié  [tar  ce  viatique,  il  SO 
prépara  à  entrer  dauj  une  autre  vie. 


(1)  Lib.  de  Inpsis. 

(2)  Apiid.  Tluod.iret.,  l.o  Ilist.  CCcL,  C.  17. 

(ô)  Lp.  iSlt.  \el.  l'dil. 

(4)  Il  .m.  -il  ad  prup.  x\lilioch. 

(.Si  Calech.  nivsl. 

((>)  Lib.  4  (Util,  l'idei,  c.ii. 

{!)  Lib.  4  Uisl.  Aii^;.,-  Cvisi. 


SOI  EUCIlARISTir.  -  ClIAP.  IV.  DP.  LA  COMMUNION. 

Los  honimos.  oommc  vous  .nvoz  vii.rcrovaieMl  TLii- 


2G2 


{  cliaiislic  dans  leur  main  nue;  aussi  avaiei.l-ils  L^rand 
.  soin, (011. nu.' on  le  voil  dans  S.  (lliiy  oslcnic,  dt-  l)i<  n 
laver leiir'>  niaiosavaiildcc'oinicunicr  :  mais  1  s  l'i  m- 
nies  di'vaiei.l  icci'voir  io  corps  do  .Icsns-CinisI  .ay  ni 
[a  main  ciuvoric  d'im  linge  idanc.  Cola  élail  éial)li  en 
Fiani'octen  Afri(|no,  ol  passait  pour  une  loi  à  laqnolJc 
iln'élai:  pas  permis  de  conlro\(.nir.  (  n  api  elail  ec  liiig(î 
(loniiiiiKtlc.  Il  n'esl  pas  poiii.i.->au.\  l'-nimo-,  dille Con- 
cile (rAiixoire,  deroeevoir  l'EMiliaii>li.'  dans  la  main, 
cesl  ainsi  (piil  s'exprime  dans  le  eamm  ob' ,  eldans  le 
-42'  il  s'exprime  en  (TSiermes  :  Que  cliacpie  lemnie, 
quan.'!  elle  conuniinif,  ail  son  dominicale,  (juc  siipicl- 
qu'iMiene  l'a  point,  (pi'elle  ne  communie poini  jusquaii 
dimanelu!  suivant  S.  Augnsiiu  |  reuail  oecasion  de 
ce.le  pi"  iliipio,  d'oxlmrlc  r  les  l'i'mmes  à  se  ci  nsorver 


if.  os  ejns  (I).  nép'inou  rapporte  co  décret  on  propres 
iCfnics,  mais  il  ralliilme    an    eoi  cJe  di;  Tours     Lo 

j  PèreMarlènc  ('i)  cnul  ijuc  l'amion  usage  avail  dès- 
lors  cessé  à  Homo  ;  ei  il  I,-  coi.clui  de  ce  qie  S.  Gré- 
goire {'})  rac.inledu  |  ajie  Aj;ap:t,  (pi'il  avail  ainsi 
eounnnn  c  un  sourd  et  m. iel , mais  nu  fait  no  prouve 
l>.is  nu  eliaiigemeul  de  dixipliue,  oi  Udiis  ne  voyons 
pas  de  règlement  conlraire  à  ce  i|;i  s'(djservail  ;»!.- 
cieniKMneul  avaiil  te  concile  iJe  Rouen.  La  jjratiipic 
ancienne  sub-islail  en  l5oème  du  temps  du  cardinal 
Cusi,  qui  m.iurut  l'an  1401,  connue  nous  lisons  dans 
une  do  ses  épitrosan  clergé  et  aux  savants  de  ce 
royaume  ;  c'est  la  seplicint;  de  ce  cardinal,  c'est  la  ci- 
lalioudeM.Tliiors.l.  I  (le  l'Expositiuit  du  S.  Sacrement, 
chap.  7.  Nous  no  p  nivons   indiquer  lo  temps  auquel 

l.  les  Orienlanx  ont  changé  l'ancien  usage  :  au  reste    il 


chastes.  Connue  lesfennues,  dit-il,  onlsoin  d'avoirun  ||  (^.^i  certaia  quedepuis  long-temps  il  ne  s'observe  pi 
linge  propre  [loiir  y  recevoir  le  c(ups  du  Sei,4i.ear,(prel- Il  p,,„.i  eux  ,  el  anjonrd'lnii,  comme  on  le   sait    r 


les  ail  ni  aussi  le  cori)s  cha-le  ol  lecu'in-  pur, 

Je  ne  m"  arrête  jias  à  la  raison  (piapporie  de  celle 
pralicpie  le  P.  Ti.éoplnle  Rainaud,  dans  mic  disserla- 
lionr/.'/,<  frétinenlalioit  des  (enims  (1),  elle  n'eu  mérile  |  à  ceux  ipii  connnu;iie;il,  les  leur  niellant  daasià  bou 


par 

j  plu-ii  uis  r(  latioiis  dos  voy:'gcur«,    et   on   parlicnlier, 

:  connn  ■  nous  rapprenons  d'Allatius   (i),  ils  donnent 

on  même-temps  le  cnrps  cl  le  sang  de.Notre-S.' gnenr 


pas  la  peiiic  :  mais  j'ajouler ai  ï-e  ilemeut,  avec  M.  ^ 
Tliiers  (•!),  que  ce: le  manière  d  ni  les  lénnues  rele- 
vaient la  communion  en  Occident  n'élail  point  élablie 
eu  Orient  :  qu'au  moins  les  sai.  ts  Pères  et  les  aulotirs 
ecclésiastiques  n'en  disent  rien.  Bien  l-indecela,  le 
concile  de  Conslantinopîe  (3)  protcstiMpril  n'approu- 
ve point  ceux  (pii  reçoivent  l'Lucbaristic  en  dos  vasos 
d'or  ou  de  ([uelqu'au.re  matière  prccieuso,  au  lieu  de 
la  recevoir  dans  leurs  maiiiS,  parce  qu'ils  préfi  renl 
uae  (réatnio  inanlUiée  à  la  main  de  l'Ir  nime.  C'étiil 
l'ordre  coiiMuimijUi;  celui  qui  avail  ainsi  reçu  la  sainte 
Eucharistie  devait  au.ssilot  la  consonuncr,  sincni  en 
certains  cas  dont  nous  parlerons  dans  la  suite,  il  y  a 
eu  sur  cola  plusieurs  règlements  des  papes,  des  con- 
ciles et  des  évèquos  ;  el  il  semble  (|ue  Lieu  les  ail  au- 
torisés par  le  miracle  dont  parb-  Sosonière  (4),au  su- 
jet d'une  femme  infeclée  dos  erreurs  de  Macéionius, 
laipielle,  pendant  ipie  S.  Jean  Chryso.slonie  célébrait  les 
saints  mystères,  roçi.t,  par  complaisance  poursim  ma- 
ri, qui  éiail  orlb^idoxe,  l'Encliarislio  :  mais  l'ayant 
reti-nnc  dans  sa  main,  elle  la  donna  à  une  servai.le  i|ui 
la  suivait,  ol  prit  eu  la  place  du  pain  coumnui  ;  onsnilc, 
comme  elle  vonlul  le  manger,  elle  senlit  (ju'il  s'élail 
«.bani;é  e.i  pioiie.  I 

Ce  rinei:l  peut  être  do  semblables  abus  qui  d('lormi- 
iicront  les  prèlais  de  l'Ég  ise  à  ne  1 1ns  donner  ainsi 
la  conununi<Mi  dans  la  main,  des  (idèlcs.  La  pre.nicre 
C| oipif  ijue  nous  connaissions  de  cbangciuent  (\v  dis- 
cipline sur  ce  |)oinl,  est  un  concile  de  Rouen  (c.  2), 
leuu  sous  l'enqicrenr  Loni  ;-!o-nèboiuiaire.  qui  ordon- 
ne aux  prêtres  de  ee  poi  ilmetlr(!  l'espèce  du  piin  d ms 
les  mains  des  (id  les,  mais  de  la  leur  porter  à  la  bou- 
che, aussi  Iiieu  aux  hommes  qu'aiix  femmes.  Nulli  tuico 
àul  femiuœ  Eudimislinm  in  muiiibus  ponul,   sed  nuiiuin  , 

(I)  Cap.  7,  p.-2(U. 

(-2)  De  l'expos.  du  S.  Sacreni.  1,  1,  c.  7. 

(3)  In  Tritllcc.  lUL  I 

(4)  Lib.  8,  c.  o.  li 


cIhï  avec  une  cnillicre,  le  corps  de  notre  Seigneur 
éla,\t  mêlé  avec  son  sang  précieux  :  il  faut  pourtant 
excepter  de  celte  règliî  èoiix  qui  servent  à  l'autel  :  car 
M.  de  Mor.conis  {;>)  fil  témoin  que  dans  le  monas- 
tère du  mont  Sinai,  l'arelicvèque  (pii  célébrait  la  mes- 
se consacra  le  |;ain  et  le  vin  dans  le  calice  :  il  avait 
ron.pu  le  [niii  en  (pialie  morceaux,  dOiit  il  on  avait 
jelé  un  dans  le  calice;  puis  ayant  rompu  les  trois  au- 
tres ou  petites  pièces,  il  eu  mit  une  partie  dans  la 
paume  de  sa  main,  et  en  donna  de  même  à  tous  les 
olliciants,  premièroinenl  dans  bîiirs  mains,  et  ils  l'.'il- 
laieiit  manger  nu  [leii  retirés,  puis  ils  venaient  boire 
trois  fois  diiis  le  calice.  Ce  narié  lait  voir  que  les 
Grecs  gardent  e::co;e  on  quelques  endroits  l'ancienne 
coutiniie  de  communier,  au  moins  à  l'égard  des  nii- 
nistri  s  sacrés,  leur  meilani  d  uis  la  main  les  particules 
du  pain  qu'ils  doivent  pre dro.  Les  Géorgiens  la  coii- 
ser.  ont  aussi,  comme  le  témoigne  Giilanns  (hiConci- 
li  il.  Eccl.  Rom.  cxm  Armciià,  pari.  1,  p.  I,"2j.  T)c 
même  que  les  Nosioi  ions  de  Syrie,  qui,  comme  nons 
l'ap;  reiious  de  M.  As«é  1  a.:i,  da  s  le  5' tome  do  ;a 
Bililiothèipuî  Orientale,  part.  -1,  r».  511,  mettent  l'En- 
cbai'iviie  outre  les  II  ains  des  (idelos  qui  communient 
sons  les  doux  csp;"ces,  ol  si  qu;  Iq  ;es-niis  se  sont  con- 
r  rmés  à  l'usag»!  do  lE^lise  La'iiie,  ils  sont  en  petit 
nombre;  r'iicore  ne  s'ysonl  ils  poité-  qu'a  la  :ollici!a- 
lioii  des  missionnaires. 

Outre  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  do  ranoienne 
manière  de  donner  la  communion  du  corps  de  Nolro- 
Soignoiir,  il  est  à  reinarquor  quaiilrefois,  même  ilc- 
piiis  que  l'usage  des  azymes  fut  devenu  ordinairo,  ou 
plulôl  luniiiue   en  Occide.t  dans    le   sacremonl  de 

(!)  Lii).  1  de  eccl.  Dise.  c.  lî)9. 
(-2)   l>e  anl.  Ceci    Kil.    l.  1,  c   2,  art,  10. 
(3)   Dial.  I.  3.  c.  3. 

(i)  Lib.    3  de    Cous.   Eccl.  Orient,   el   OccidenU 
c.  1.').  (  Vid.  v(d.  18  Cuis  corn  pi.    ïlieul.  ) 
(o)  Voyez  le  P.  le  Ibun  ,  t.  :i,  p.  465. 


26S 


/■  "" 


l'Euclinristie  ,  on  divUnit  nsscz  conimnnoment  le  pain 
sacré  aiu|iicl  les  Chréliens  iiov;iieiil  participer;  et  que 
dans  rÉgliso  de  Rome,  et  peut-être  dans  bien  d'autres, 
le  prêtre  célébrant  ne  prenait  pas  le  pain  entier  dans 
la  communion  ,  mais  (pi'il  le  rompait  en  plusieurs 
parties,  doi.t  il  prenait  Tiiiie  et  donnait  Is  aulres  au 
diacre  et  an  sous-diacre  ([ui  lui  servaie;.l  à  l'antel,  quel- 
quefois même  à  des  laïcs.  La  ciirouique  de  Cassin 
nous  fournil  un  exemple  fameux  de  ce  (pie  nous  di- 
sons en  la  personne  de  Pascal  II  ,  qui  ,  après  qu'il 
cul  fait  son  accnrd  avec  Tempereur  V,  sous  certaines 
conditions,  célélia  la  messe  ,  et  en  étant  venu  à  la 
fraction  de  l'hostie,  en  prit  une  pariie  ,  cl  donna 
l'autre  au  prince  en  dsant  ces  eflVayautes  paroles  : 
Comme  celle  partie  du  corps  vi\  iiiaul  de  Jésus-Clirisl  j  \ 
a  élé  divisée,  qu'aiosi  celui  là  soil^éiiaré  du  r-  yaume 
de  Jésus  Christ  et  de  Dieu  (;ui  ciitreprendra  de  violer 
cet  acconnnodemcnl.  L'abhé  Sugor  lait  inciilion  du 
même  fait  dans  la  vie  de  Louis  le-Gros;  et  ce  qui  est 
plus  irisle,  c'c-l  que  le  Pape  ne  crut  pas  dans  la  suili; 
de\oir  s'en  tenir  à  îin  traité,  dont  il  avait  juré  io!)- 
servalion  par  ce  serment ,  dont  la  seule  pensée  lait 
frémir. 

H  est  temps  présentement  d'exposer  la  manière 
dont  les  fidèles  recevaient  la  comumnion  du  sang  de 
Jésus  -  Clnisl  pendant  la  célébration  di's  saints  mys- 
tères. La  plus  ancienne  manière  qui  élail  connnune 
aux  églises  d'Orient  et  dOccidenl,  é'ail  de  |)iésenier 
aux  fidèles  le  calice  dans  letpiel  était  le  vin  consacré, 
et  de  leur  en  faire  boire.  S.  Cyprien  L-  dit  clairement, 
parlant  de  cette  petite  fille  à  ipii  sa  nourrice  avait  mis 
dans  la  bouche  <iuelqne  chose  de  ce  qui  axait  été  con- 
sacré aux  id(»les  :  car  il  rapporte  que  le  diacre  lui 
présentant  le  calice  pour  lui  faire  boire,  cet  enfant  le 
rejetait.  S.  Cyrille  de  Jérusalem  (I),  celui  de  tous 
les  Pères  anciens  qui  est  entré  dans  un  plus  grand 
détail  loucbanî  les  rits  des  sacrements ,  nous  apprend 
que  la  même  chose  se  pralicpiait  en  Orient;  nous  met- 
trons encore  ici  ses  paroles,  à  cause  des  parlieularités 
iniéressanlcs  iiu'elles  contiennent.  Apres  avoir  ai)isi 
communié  uu  corps  de  Jésus  Clirist ,  approchez-vous  du 
calice  du  sang,  non  pas  en  élcndanl  les  mains ,  mais  en 
vous  inclinant  comme  pour  l'adorer  et  lui  rendre  hom- 
mage, en  disant  Amen  ;  puis  sanctifiez  vous  par  l'attou- 
chement de  ce  sang  de  Jésus-Christ  que  vous  recevez  ; 
et  pendant  que  vos  lèvres  en  sont  encore  trempées ,  es- 
suyez-les avec  la  main,  et  portez-la  aussitôt  à  vos  yeux, 
à  votre  front  et  aux  aulres  organes  de  vos  sens  pour  les 
consacrer,  lînfin.  attendant  la  dernière  prière  du  prêtre, 
remerciez  Dieu  de  ce  qu'il  vous  a  rendus  dignes  de  parti- 
ciper à  des  mystères  si  grands  et  si  élevés. 

Cette  manière  de  donner  la  communion  du  sang 
précieux  élail  encore  e:i  usage  en  France  du  lemps  de 
S.  Grégoire  de  Tours  ,  c'est-à-dire  ,  jusqu'à  la  fin  du 
sixième  siècle,  comme  le  nu>nlre  évidennnent  le  re- 
prochequ',1  failaux  Ariens  dans  son  troisième  livre  de 
l'Histoire  des  Français  (c.  51),  donlil  dil  qu'ils  avaieiii 

(1)  Catccb.  myslagog.  5. 


ÎIISTOIRE  DES  S.\CREMENTS.  sà 

cont(nnc  de  communier  les  rois  d'un  calice  et  le 
peuple  d'un  autre,  il  ad  altarium  veiiientes ,  de  alto 
calice  reges  communicenl ,  de  alio  populus  minur.  Ce- 
pendant l'usage  de  prendre  la  conunnniun  du  sang 
précieux  avec  un  ciiabuneau  ,  dont  le  bout  trempait 
dans  le  calice,  et  l'autre  était  dans  la  bouche  da  com- 
muniant, pouvait  dès-lors  s'étie  introduit  à  Home.  Le 
cardinal  Bona  expose  la  manière  dont  cela  se  faisait  à 
la  messe  solennelle  d'après  uu  très-ancien  ordre  Ro- 
main, qui  est  conforme  en  cela  à  ce  qui  est  prescrit 
dans  le  cérénn)nial  paj;al.  Le  lecteur  veira  avec  plai- 
sir ce  (pi'il  eu  dit  (I.2,  c.  17.)  :  Le  Papeayant  prislecurps 
de  Jésus-Christ  (ce  sont  les  paroles  du  cérémonial  du 
Pape) ,  révêque  cardinal  assistant  lui  présente  un  cha- 
lumeau d'or  avec  lei^uel  il  prend  une  partis  du  sang, 
luiss  .Ht  le  rente  pour  le  diacre  cl  le  sous-diacre.  Le  peuple 
cnunnuniail  aussi  eu  celte  manière  après  les  ministres 
de  l'aulel,  comme  il  est  prescrit  dans  quelques  ordres 
Romains. 

Cette  précaution  de  se  servir  d'un  chalumeau  pouf 
prendre  l'espèce  du  vin,  avait  été  sans  doute  suggérée 
pour  parer  aux  iiiconvénienis ,  et  empêcher  <]ue  le 
sang  précieux  ne  se  répandit.  Dans  la  suite,  p  uir  y 
obvier  encore  plus  sûre;r;ent,  on  se  mit  sur  le  pied,  en 
pl::s:eurs  endroits,  de  donner  en  une  sctde  fois  les 
doux  esi'.èces  ;  ce  qui  se  faisait  en  mettant  dans  la 
bouche  des  coiunnusiants  un  morceau  du  pain  consa- 
cré trempé  dans  le  sang  précieux.  Burcbard  (1.  5,  c.  9) 
cite  pour  anloriser  celle  prali(pie  uu  concile  de'loars 
qui  le  dit  formellement.  Sacra  ublat.o  intincta  esse  dé- 
bet iii  sanguine  Lhristi ,  ut  vcraciter  presbyter  possil 
dicere  inftrmo  :  Corpus  et  sa)tguis  Domini  projlciat  tibi. 
Ce  conciie  ne  parle  à  la  vérité  (jne  de  la  coinmu..ion 
des  Piialades;  mais  siq)posé  que  la  même  chose  ne  se 
prali(piài  p:.s  alors  ordinairement  à  la  communion 
dans  léglise,  cet  usage  ne  larda  pas  à  devenir  com- 
mun aux  siiins  et  aux  malaiîes  dans  certains  pays , 
connneen  France  et  en  Angleterre.  Ernulphe,  évêque 
de  Roebcster,  (il  un  écrit  adressé  à  un  nonnné  Lam- 
bert, pour  le  soutenir,  et  la  principale  raison  qu'il 
apporte  pour  cela,  est  que  par -là  on  empêche  plus 
stîrement  l'cflusioii  du  vin  consacré.  Le  père  Dacheri 
nous  a  donné  cet  écrit  d'Ernulphe  dans  le  second 
tome  de  son  Spicilège.  Yves  de  Chartres  (1)  sctutient 
aussi  cet  usage  connue  le  nteilleur  par  la  même  rai- 
son ,  et  s'élanl  objecté  l'autorité  d'ui!  concile  de  To- 
lède qui  le  co;;danuie,  il  répond  qtie  la  déliniiion  de 
ce  concile  ne  regarde  que  le  prèlie  qni  ne  doit  point 
ainsi  coninjunier;  mais  non  pas  le  peuple ,  qui  pont 
éviter  de  répandre  le  précieux  sang,  peut  le  faire  do 
la  sortj. 

Celle  coutume  était  des  longtemps  établie  en 
Orient,  connnc  en  le  voit  par  les  reproches  (pie  le 
cardinal  Hambcrl  en  l'ail  aux  Grecs  avec  sa  vivacité 
ordinaire,  dans  le  lemps  de  sa  légation  à  Constauli- 
noplc  :  mais  ces  reproches   n'ont  pas  empêché  les 


[1)  Tract,  de  divin.  Offic. 


26Î5  nuriiAirsTiK.  —  nr.p 

Cr  es  do  coii'jorvcr  cclln  prjiliiine  ,  qui  a  é  é  aussi 
rrçiic  Cil  |ilii>icm>  c  I Jr.tiis  do  l'Orcideni  ,  juMpi'aii 
temps  ;iii(|iiel  la  coiiiiniinioii  sous  les  doux  espèces  a 
élé  abolie. 

Cependant  dans  d'antres  pays  on  eonservail  l'an- 
cien usage  de  donner  scpiréiieiil  1rs  deux  espères. 
Le  Iroisii'iiie  concile  de  IJiagie  (caii.  1)  défcnilil  ex- 
presséineul  au\  prcire-  ded<»niicr  TKuc  iar-i>li  '  lieui- 
pée  dans  du  vin  pour  coui|»lcnicnl  de  c(»  i.niuniou  : 
Viiio  uHidulnm  pro  coinplemenlo  cnmmumonii  porritjere. 
L'église  Roiniiini',  loiijoiu-s  allaeliée  aux  rils  ancien^, 
iinprouvail  ce  nouvel  usage,  connue  le  icnioigne 
l'anlcMir  du  Micrologne,  (jui  écrivait  p  u  avant  le 
d(Mizicnie  siècle;  el  le  i'ape  Lri)ain  liuliîrdil  absolu- 
ment au  concile  de  Clennont.  à  moins  (pi'il  n'y  eût 
quebiue  raison  pariicnlière  de  le  perimîllre,  itisi  per 
necessitutem  et  cantiium  :  par  où  il  >emhl.'  entendre  le 
cas  de  maladie  ou  de  faiblesse,  telle  (pie  celle  des 
enl'antsipii  ne  peuvent  manger  de  pais;  sans  être  dé- 
trempé. Pascal  II,  danssa  léj»  nse  à  Pone,',  ahiiéde 
Cluni,  s'explique  pnsilivemenl  là-dessus.  Ces  Papes 
vonlaient  (|ue  l'en  observai  l'ancien  usage,  parce  qu'il 
était  plus  coni'orme  à  riiislilulion  de  riiu'harislic  ; 
et  celle  rai-on  élail  solide  cl  iligne  d'eux  ;  mais  alars 
il  se  Irouvail  des  gens  assez  simples  p(un'  rejeter  I  n- 
sage  de  douncr  le  pain  consacré  tren  pé  dans  le  vin, 
par  c  lie  plaisante  rais  >n  (jne  le  Sauveur  rayait  ainsi 
donné  à  Judas  à  !a  Cène;  et  Gnillanmede  C!ian"peau\, 
dans  un  rr;>gmeut  »pie  lajyporU;  de  lui  le  P.  Maiiillou 
dans  la  préface  sur  le  Ir-i-iième  siècle  Bénédictin, 
nous  api)read  (pu:  ce  nio  if  avait  porté  a  r  jeler  celle 
pralipie;  ce  qui  dnit  satis  dnn:e  s'ei.li'ndiC  de  (piel- 
que->-i!ns,  et  non  pas  univer>ellemenl  :  Qrod  pcmis  in- 
linclus  proliibilhs  eut  nccipi,  ex  friv  là  ciiusu  fuit,  scili- 
cct  pro  bucceilà  inliuctà  quam  Dumiiius  Judœ  ad  diitm- 
clmtem  porrex'U. 

•  C'est  ainsi  (pie  se  forment  les  opinions  popnl  i  es, 
lesquelles  n'oiil  aucun  fondement,  el  njsonl  appuyé  s, 
pour  l'ordinaire,  ipie  sur  de  vaines  iniaj;iualions.  Il 
faut  ini  itre  de  ce  nombre  un  senlnnenl  ix'pandu  dans 
le  liei/.ieme  si>e!e  loncliant  la  même  iii:.tière,  savoir, 
que  le  vi  i  était  coiisaeic  |  ar  le  inél mge  iViiuc  parli- 
cule  du  I  ain  (pii  l'.ivait  élé.  Ce  seniiin.nl  avail  fiit 
de  U'is  pr<  grès,  comme  le  fuit  voir  b-s  Pères  Mabil- 
lon  (I)  cl  M.;riène  2),  (prou  en  faisait  menrhui  ex- 
presse dans  les  liluels  el  les  aiilres  livres  (Ciisage.  Je 
n'e;i  doniicrai  p  nir  exemple  (pie  le  livre  nommé  l'Or- 
din  ire  de  l'Kglise  di  C  isenze  ,  k^piel  fut  rédigé 
en  1-21)5  pu- Luc,  archevêque  de  cet:e  ville,  il  p^  rie  ; 
Qu'ils  prennent  le  torp>  de  Notre-S.  igneur  dans  I'.  n 
droit  où  d  e^t  ennservé,  (jifils  le  melli'iil  sir  I.  p  i- 
lèiie,  (piils  inelenl  ensuite  une  p  rlicule  de  l'Iio.  Le 
dans  le  calice,  de  sorte  que  .e  \in  ^oil  coi.sacré 
(e"est-à  d,r -,  c.iangé)en  saig  :  lia  ni  vinum  in  sanyni- 
uem  consecrelii  .  Le  .Mi.^sel  d'Auxerre  maiinsi  rii,  ipii 
se  con>cr\ail  dans  la  bibliuiliC(|.i  •  du  .M.  Colluri,  et 
qui  est  écrit  depuis  oOO  ans,  après  avoir  parlo  du  nié- 

(1)  Prafal.  in  Ord    Uom. 

(2)  Lib.  1  de  anl.  Lecl.  UU.,  c.  4,  n.  10. 

TH.  XX, 


IV.  ni-:  L\  COMMUNION.  tC.Q 

lange  du  p>iii  cdns.cré  nvcc  le  vin  d:i;;s  le  c.  bc  • , 
aj  Mlle  :  !.à  est  conmicré  le  vin  p(,r  le  curpi  du  Sd- 
rjiciir.  Qnebpics  docles  personnages  vovantd  nibien 
celle  opinion  s'clail  répandue,  m.reni  cniin  !a  nain  à 
la  plume  pour  dciroii.pi-rceux  qui  donnaicnl  dans  iinc 
erreur  si  gms.sière  ;  cl  entre  anires  Jacipies  de  Vi- 
iri  (I)  et  Jean  Bidellc  (2),  doiilenrs  de  Paris  sur  la 
(il  du  douzième  siècle.  S.  Ber.iard  avail  dcjii  rejelé  ce 
seii'inient  dans  sa  lettre  à  Guy,  (pii  est  l.i  do*  dans  se» 
œiivr.  s. 

Quand  j'examine  d'où  pouvait  venir  cct!e  imagina- 
tion si  o|)poséc  an  senliinenl  connniin  de  I  Lgbsu 
loiiclia  t  ia  consé(T.iti(m .  je  n'en  vois  point  d'aiilrc 
cause  que  la  coutume  (pii  s'éiail  introduite  bien  avant 
le  doii.'.iènie  siècle,  de  doiuier  au  peu|)!e  la  commu- 
nion du  caliee  avec  du  vin  d  ns  lequel  on  avait  mêlé 
ce  qui  restait  du  vin  consacré  ,  après  qec  le  (  lergé 
a\ail  communié.  Le  peuple  le  recevant  cou.me  éiant 
vérilablemenl  le.  sang  de  Jésus  Cbrisl,  s'éliil  ima- 
giné que  ce  sang  du  Sauve,  r  mêlé  avec  le  vin  non 
consacré  l'avait  réellement  changé  en  sou  sang.  Lt 
peut  êlre  avait-il  formé  le  même  jugenienl  ion:  liant 
le  \in  dans  leiptel  on  m  Uail  (juel  pies  parlicnlcs  do 
l'bosiie.  Celle  eoi.ttmie  d  ni  nous  parlois  est  claire- 
nieiil  marquée  dans  l'ordic  Romain,  el  dans  les  cou- 
tumes de  S.  Bénigne  de  Dijon  ;  mais  jt;  ne  vois  pas 
qu'elle  ail  élé  universelle.  Fi.rlniial,  dans  la  Vie  do 
S.  Marcel,  évêqiie  de  Paris,  sendile  i  siiiiier  qn'ello 
élail  (b'jà  en  iisige  de  son  temps,  lorsi|u'i!  dit  que  c;^ 
saint  ayant  clia;  gé  de  l'eau  en  vin,  n'étant  encore  (luo 
sons-diacre,  révè(pie  Prudence  ordinuia  <  n'  n  ver  àt 
ce  vin  dans  le  calic:-.  cl  qu'il  en  communiât  le  pei  pie. 

Nous  avons  ex,  o^é  jus]u'à  p^é.^elll  la  ma.iière  do 
commu.iier  les  lidcUïS  pendant  la  cé'ébrali an  des 
saillis  mystères.  Les  c!u»ses  deniciirèrenl  à  peu  près 
sur  le  même  pied  jnsipi'au  douzième  siè(;le,  auquel 
teiiqs  on  se  dcsai continua  iu!-en.-.ibleiiieni  de  doiun^r 
la  commiiiiian  sous  les  deux  espèces.  Deux  (dioses 
coniribuèreni  à  C(!  <  hangeincnt  de  discipline  :  1°  la 
crainte  de  répandre  le  préeii  nx  sang.  iiKonvcnieiit 
qni  alarmait  cxlrêmemeiit  les  fidèles  cl  le>  ministres 
de  1  Iglise,  et  qi'il  élail  néanmoins  d.f.icile  de  p.  rer, 
Siirionl  aux  grandes  solemniiés,  (jnan.i  toul  le  pi-nple 
co  iimnniail.  Il  est  souvent  pirlé  de  ce  danger  dans 
les  ailleurs  de  ce  leinps  là,  (  l  entre  anires  dan.  un 
poème  de  B  id  lplie(l  2,  c,  18;,  abbé  de  S.-Tron, 
tioiil  le  cardinal  Bona  a  inséré  ipiclipi  s  vers  d.ins 
son  livre  de  la  Lilnrgie.  On  y  voit  que  cci  abbé,  ef- 
frayé des  irrévérences  ipii  se  commella  e  l  de  leieps 
en  lein|)s  dans  la  dispensalion  du  s;.crenienl  de  l'Eu- 
cbaii  lie  sons  l'espèce  du  vin,  canscille  de  n  Iranelier 
la  coii,.e  aux  lideies.  El  il  fut  statué  pour  It  même 
rai.on  dans  I  ordre  de  Cileaiix  de  ne  ia  donnera  au- 
cun des  moiiuîs,  cxccp  c  aux  niiiiistrcs  de  l'aiiicl  re- 
xêiiis  des  habits  sacrés,  à  cause  du  péril  d  enuji(»n  ; 
l'ruptrr  penculum  1 1  saniduhun  evilmidum. 

Lue  antre  chose  qui  penlêlrc  ne  tuulriiiua  pas  peu 

I        (I)  In  lîist.  Orrid..  c.  38. 
1  I      {-!)  De  divin.  OfUc,  c.  ly. 


ta 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


m 


à  ce  changement  fui  la  rareté  du  vin  dans  les  pays 
du  Nord,  <|ni  se  coiivei  tirent  assez  lard,  U  était  en 
cffcl  bien  diHieile  que  tout  ic  petiple  communiât  sous 
respèce  du  vin  dans  ces  régions  froides,  où  souvent 
on  av;iii  bien  de  la  peine  d'en  trouver,  même  pour  le  ^ 
prèlre  à  l'autel.  Quoi  ([u'il  en  soit,  cela  se  fil,  comme  î 
j'ai  dc^à  dit,  insensiblement  et  sans  bruil  ;  et  on  ne 
voit  aucun  acte  aulbcnlique  qui  interdise  la  coupe 
aux  lidèles  avant  la  concile  de  Constance,  qui  crut 
devoir  la  relranclier.  S.  Thomas  d'Aquin  (I),  qui  vi-  : 
vait  dans  un  temps  où  la  coutume  de  communier  sous 
les  deux  espèces  était  presqueabolie  parle  non-usage, 
avait  expliqué  d'avance  la  raison  foudamenlale  de  ce  ■ 
règlement  du  concile  de  Conslance,  et  avait  élc  au-  j 
devant  des  objections  qu'on  pouvait  faire  pour  l'im- 
pugner,  en  disant  que  la  perfection  de  ce  sacrement 
ne  consistait  point  dans  l'usage  qu'en  faisaient  les  fi- 
dèles, mais  dans  la  consécration  de  ce  qui  en  HUt  la 
matière;  et  qu'ainsi  on  ne  déroge  en  rien  à  sa  per- 
fection, quand  le  peuple  prend  le  corps  sans  le  sang, 
pourvu  que  le  prêtre  q  li  consacre  prenne  l'un  et 
l'aulre. 

Tout  le  monde  sait  quelle  foule  de  malheurs  attira 
l'opposition  des  Bohémiens  au  règlement  fiiit  à  Cons- 
tance. M.  Lenfant  nous  les  dépeint  avec  loule  l'exac- 
titude possible  dans  deux  ouvrages  connus  des  sa- 
vants ;  mais  dont  le  second  (2) ,  fruit  posthume  des 
veilles  et  des  travaux  de  ce  savant  homme,  n'a  pas 
été  amené  au  même  degré  de  perfection  que  son  his- 
toire du  concile  de  Conslance.  Le  concile  de  Bàlc 
touché  de  ces  maux,  et  espérant  ramener  par  ce 
Hioyen  les  peuples  de  Bohème  et  des  provinces  voi- 
sines, leur  accorda  l'usage  du  calice.  Mais  les  brouil- 
lejûes  survenues  cnire  ce  concile  cl  le  Pape  Eugène 
empêchèrent  que  ses  bonnes  inlenleniions  n'eussent 
tout  reffel  qu'on  s'ea  était  promis.  Le  Pape  Pie  IV 
accorda  dans  les  mêmes  vues  la  coupe  aux  Eglises 
d'Allemagne  (5),  à  la  sollicitation  de  l'empereur  Fer- 
dinand et  des  autres  princes  de  rEm|)ire.  Ce  bon  Pape 
espérait  que  celte  indulgence  ramènerait  les  esprits 
aigris.  Copendanl  Pie  Y  son  successeur  n'entra  pas 
dans  ces  vues,  el  il  crut  devoir  révoquer  ce  que  son 
prédécesseur  avait  fait  sur  ce  point.  C'est  le  cardinal 
Boua  (jui  nous  apprend  ces  derniers  faits  dans  ce 
livre,  que  nous  avons  si  souvent  cité. 

ARTICLE   III. 

Que  l'usage  de  cminuiukr  sous  les  deux  etpèees  pen- 
dant la  célébration  des  saints  mystères  souffrait  ses 
exceptions.  Du  citant  des  Psaumes  pendant  la  com- 
muuio.i.  En  quel  temps  on  s'iist  mis  sur  le  pied  de 
donner  la  communion  aux  fidtlcs,  hors  la  messe,  sans 
nécessité. 
Quoique  ce  fûtTusage  ordinaire  que  tous  les  fidèles 

(1)  3  part.,  q.  8<>,  art.  12,  ad.  2. 

(2)  liisl.  du  conc.  de  Baie. 
(5)  Ce  ilLcrel  est  de  i:.a3,  et  ce  Pape  avait  suivi 

^^n  cela  l'exemple  do  Paul  111.  Palavicin.  Ilist.  conc. 
Trid.,  1. 11.  Bossuei,  lîo  la  Cunuuunion  sous  les.  deux 
espèces. 


qui  communiaient  le  fissent  en  participant  aux  deux 
espèces  qnand  ils  étaient  en  étal  d'assister  comme 
les  autres  à  la  célébration  des  saints  mystères,  el  que 
cette  coutume  fùl  même  en  quelque  manière  passée 
en  loi,  comme  toutes  les  autres  coutumes  louables 
dont  on  ne  souITrc  pas  facilement  que  les  particuliers 
se  dispensent,  celle  règle  néanmoins  sotiffrait  ses 
exceptions,  et  l'on  n'a  jamais  cru  qu'elle  fut  indis- 
pensable, ni  que  ceux  qui  ne  recevaient  le  sacrement 
que  sous  une  seule  espèce,  reçussent  moins  Jésus- 
Christ  tout  entier  que  ceux  qui  le  recevaient  sons  les 
deux  espèces;  car,  outre  les  abslèmes,  h  qui  ime  ré- 
pugnance naturelle  pour  toutes  sortes  de  liqueurs 
fortes  rendait  la  chose  impossibl»,  nous  voyons  que 
l'on  n'y  prenait  pas  garde  de  si  près,  puisque  les  ma- 
nichéens à  Rome  se  caelièrent  longtemps  parmi  les 
fidèles,  quoiqu'ils  ne  prissent  point  l'espèce  du  vin 
dont  ils  avaient  horreur,  le  regardant,  suivant  les 
principes  de  leur  secte,  comme  le  fiel  du  dragon; 
c'est  ce  que  nous  apprenons  de  S.  Léon  (1). 

Cependant  il  était  impossible,  quand  quelqu'un 
manquait  à  recevoir  l'espèce  du  vin  ,  que  l'on  ne  s'en 
aperçut  pas  ;  vous  l'avez  vu  lorsque  nous  avons  exposé 
les  trois  manières  dont  les  fidèles  ont  reçu  la  commu- 
nion de  l'espèce  du  vin.  On  pouvait  aisément  tromper 
les  ministres  de  l'Église,  quant  à  l'espèco  du  pain  que 
l'on  recevait  dans  la  main,  el  que  l'on  pouvait  par  con- 
séquent ne  pas  consumer  à  l'insu  des  autres  ;  mais  il 
n'en  était  pas  de  même  de  l'espèce  du  vin  que  l'on  re- 
cevait immédiatement  dans  la  bouche.  Cela  montre 
évidemment  qu'on  n'y  prenait  pas  garde  de  si  près, 
el  que  l'on  n'exigeait  pas  indispensablemenl  que  tous 
communiassent  sous  les  deux  espèces ,  même  quand 
ils  assistaient  à  la  célébration  des  saints  mystères.  Si 
donc  S.  Léon  (2)  ordonna  dans  la  suite  que  tous  com- 
muniassent à  la  manière  ordinaire,  ce  ne  fut  qu'à  cause 
de  la  circonstance  dont  nous  venons  de  parler,  et  par 
rapport  aux  Manichéens  qui,  aflcctant  de  ne  participer 
\  qu'à  ime  espèce ,  auraient  trouvé  moyen  de  se  cacher 
dans  la  multitude,  si  on  avait  souflerlles  exceptions 
ordinaires.  Le  pape  Gclasc,  pour  le  moins  aussi  zélé 
(|ue  son  prédécesseur  contre  la  secte  impie  des  Mani- 
chéens qu'il  envoya  en  exil,  eldont  il  fil  brûler  les  livres 
devant  l'église  de  Sainle-Marie,comme  le  rapporte  Anas- 
lase  dans  sa  vie,  renouvela  le  décret  de  S.  Léon.  Voici 
comme  ils'expli|ue  là  dessus.  Nous  avons  découvert 
que  quelques-uns  prennent  seulement  le  sacré  corps , 
et  s'alisliennent  du  sang  sacré;  il  faut  que  ceux-là 
(  puis(iu  on  les  voit  attachés  à  je  ne  sais  quelle  super- 
sl.lion)  prennent  les  deux  parties,  ou  qu'ils  soient  pri- 
vés de  toutes  les  deux  ;  parce  que  la  division  d'un  seul 
el  même  mystère  ne  se  peut  faire  sans  un  grand  sa- 
crilège, ("e  texte,  comme  vous  voyez ,  renferme  une 
clause  qui  demande  une  inlerprélaiion  favorable;  et 
il  iiiul  sans  doute  que  la  division  que  ce  docte  Pontife 
accuse  de  sacrilège  soit  une  division  affectée ,  et  qui 

(1)  Scrm.  41,  c.  5,  qui  est  -4  de  Quadrag. 

(2)  In  decr.  Grat.  deConst., di'il.i,  c.  Comperimut,  12. 


K}9  EUCHARISTIE.  —  CllAr. 

avait  sa  s^tVrc*  dans  la  siiperstilion  ou  i!:m.î  l'nvcreion  | 
qu'avaient  les  Maniolicens  pour  le  vin;  car,  comme  : 
l*inar<jH€  jwdicieusciuonl  M.  île  .Mcaux(t),  l'Kijlise 
tmiienne  a  «i  peu  cru  (fue  ce  fût  diciser  le  vujslèrc  que  de 
»«  donner  qu'une  seule  espèce,  qu'elle  a  eu  des  jours  so- 
lenn<  Is  on  elle  n'a  distribué  que  le  corps  sacré  de  Nolre- 
iiei(j>ieurdans  réqlise.  Tel  éluil  l'office  du  Veiidrcdi-Sdiul 
dans  l'église  laline,  el  tel  était  l'office  de  l'église  ijrecque 
dans  tous  les  jours  du  curènie ,  «  la  réserve  du  samedi  el 
du  dimanche. 

Pour  commencer  par  l'église  latine,  posirsuit  ce  sa- 
vant prélat ,  nous  vo'jous  dans  l'ihdre  Homaiit ,  dans 
Alculn ,  dans  Amalarius,  dans  l'abbé  Hupcrt,  dans  Hu- 
gues de  S.  Victor  ce  que  notis  pratiquons  encore  aujour- 
éi'htti,  qu'on  ne  consan-ml  pas  le  Vendredi-Saint ,  mais 
^u'on  réservait  pour  la  communion  le  corps  de  No- 
tre-Seifinenr  consacré  le  jour  précédent.  Il  est  marqué 
expressément  dans  tous  ces  lieux  qu'on  ne  rcsnviit  que 
le  corps  sans  réserver  le  sang ,  t  dont  la  raison  est ,  »  dit 
Hugues  de  S.  Victor  ([) ,  «  que  sous  chaque  espèce  on 
(  prend  le  corps  cl  le  sang  ,  el  que  l'espèce  du  rin  ne  se 
«  peut  pas  réserver  wremcnt.  »  M.  Bo^suel  fait  v:  ir  en- 
suite (pie  d'autres  ailleurs  pl:is  auricns  que  Ilagues  (nil 
apporté  la  même  raison  de  ce  qu'on  ne  réservait  pas  > 
l'espèce  du  vin  :  il  en  joint  lui-même  quolpies  au- 
tres, après  quoi  il  continue.  Cependant  il  e^t  ctrlain, 
par  tous  les  auteurs  que  nous  venons  de  citer,  que  le 
célébrant,  tout  lecliTgéet  tout  le  peuple  communiaienl 
à  ce  saint  Jour,<;l  ne  communiaienl  par  coiiséqiieiil 
que  sous  une  espèce...  Celte  coutume  était  si  bien 
établie  au  builiéme  siècle,  qu'on  n'en  voit  poii.t  l'o- 
rigine; de  sorle  que,  si  ro|)iiiion  (uii  croit  la  com- 
munion sacrilège  sous  une  espèce  avait  lie» ,  il  fau- 
di  ait  dire  que  l'ancienne  Église  aurait  justement  choisi 
le  Vendredi-Saint  et  le  jour  de  la  mort  de  Nolre-Sei- 
gnein-,  pour  profaner  un  mystère  institué  à  sa  nié-  I 
moire.  On  communiait  de  la  même  sorle  le  Samedi- 
Saint,  puis  ;ue  d'iui  côté  il  est  certain  par  tous  les  au- 
teuis  que  le  Vendredi  cl  le  Samedi- Saints  élaicjit  des 
jours  de  communion  pour  tout  le  peuple,  et  que  de 
rautrc  il  n'esi  pas  moins  constant  ipi'ou  ne  saciiliail 
pas  durant  ces  deux  jours  :  ce  qui  fait  (pi'encore  au- 
jourd'hui ,  dans  notre  Missel,  il  n'y  a  point  de  messe 
propre  au  Samedi-Sainl.  Ainsi,  on  ccminumiail  sous  la 
seule  espèce  du  pain  réservé  le  Jeudi-Saint. 

Les  Grecs  passent  encore  plus  loin  :  ils  ne  c«)nsa- 
crent  point  aux  jours  de  jiûnes,  afiirde  ne  mêler  pas 
à  la  tristesse  du  jeune  la  joie  et  la  (  élébrilé  du  sacri- 
flce  :  c'est  ce  qui  fait  que  ,  dans  le  carême,  ils  ne  con- 
sacrent que  le  dinianche  el  le  samedi ,  dans  lrs(piels 
ils  ne  jeûnent  pas.  Ils  oirrcnt  dans  les  autres  joins  le 
sacrcmcnl  réservé  dans  ces  deux  jours  solennels,  ce 
qu'ils  appellent  la  messe  inq)arfaite  ou  la  messe  des 
présanctiliés...  L'antiquité  de  celte  observance  ne 
peut  éire  eimiesiée,  puisqu'elle  fut  changée  an  sixième 
siècle  dans  le  concile  in  Trullo  (  caii.  o2  j.  Ou  en  voit 

(i  )  Traité  de  la  Communion  sous  les  deux  icsoèces 
p.  IGSelseq.  ' 

(2)  Erud.  Theol.,  1.  3,  c  30.  I 


lY.  DE  LA  COMMUNION.  ^0 

le  fondenicnl  dans  le  ipiatri^mè  c^^t:flc  de  l,aodicée 
(can.  -49  cl  'il  ) ,  cl  il  n'y  a  rien  de  pins  célèbre  parmi 
les  Grecs  que  C(  lie  metse  des  présanciilics.  Si  l'oa 
veut  mainicnanl  savoir  ce  qu'ils  y  oirrent,  il  n'y  a 
qu'à  lire  dans  leurs  Eucbologes  ci  dans  la  Bibliolhc- 
qiie  des  Pères  les  anciennes  litiugies  des  |it"ésai!Cli- 
liés  ;  (m  verra  (pi'iis  ne  réscrveui  que  le  pin  s  cré 
qu'on  apitoiie  de  la  sacTislic...  cpi'ils  niè'e  .1  dans  du 
vin  et  dans  de  l'ean  non  consacrée,  cl  qu'ils  distribtient 
enfui  à  toul  le  peuple.  Ce  qu'il  y  a  ici  de  plus  remar- 
quable,  c'est  qu'encore  qu'il  soit  si  visible  que  les 
Grecs  ne  reçoive;il  en  ce  jour  que  le  corps  de  Noire- 
Seigneur,  ils  ne  cliangeiil  rien  dans  les  formules  or- 
dinaires. Les  dons  sacrés  sont  toujour-.  iioamiés  au 
pluriel,  et  ils  n'en  parlcnl  pas  m;  ins  dans  leurs  priè- 
res du  corps  et  du  sang...  11  est  vr.ii  que  les  Giecs 
modernes  mctlcnl  en  forme  de  croix  quel  jues  gout- 
tes du  sang  précieux  dans  les  parcelles  du  corps  sacré 
qu'ils  réservent  pour  tes  jours  iuivai.ls  :  mais  cett 
coutume  est  nouve'le  parmi  eux.  Le  palriarchc  Céiu- 
larius  ne  connaissait  pas  encore  cet  usage,  comn.c  on 
le  voii  dans  le  livre  qu'ii  a  composé  pour  la  dérei.se  dr: 
l'oflice  des  présanclifiés  (1)...  cl  on  trouve  sur  les 
conciles  des  notes  d'un  célèln-e  canoniste  (i),  qui 
élait  clerc  de  Irglise  de  Coiislanlinople  ,  où  il  est  ex- 
pressément remarqué  que,  selon  la  doclr:i:e  du  bien- 
heureux Jean  (  pairiai-tlie  de  Const.  nîinnplc) ,  il  ne 
faut  point  répa  idre  le  sang  précieux  sur  Is  présarx- 
tiliés  qu'on  veut  réservi*  ;  et  c'est,  dit  il,  la  pratique 
de  notre  Eglise.  Ainsi  les  Grecs  ont  innové  sur  ce  point 
aussi  bien  que  dans  l'usage  où  ils  soiit  à  présent  dû 
mettre  le  pain  sacé  sur  leipiel  ils  ont  mis  quelques 
gouttes  du  «=aiig  de  Notre-S(!igi:eur  sur  un  réhaud 
pour  le  dc&s»;clier  et  le  réduire  <»n  poudre,  afin  de  te 
réserver  lam  pour  les  nuiladcsque  pour  les  prcsaiic- 
tifiés. 

Nous  avons  fait  ce  long  extrait  du  livre  de  M.  Bos- 
silot,  que  nous  avons  cité,  parce  que  ce  (pii  y  cvt  dit 
euiie  naliirellcmcnt  dans  cette  his:oire,  el  qu'il  y  ex- 
plique parfailemenl  le  premier  point  que  ^miis  nous 
é  ions  proposé  de  Iraiier  dans  ce  ciiapilro. 

Passons  au  second  (pii  regarde  le  chant  des  psau^ 
mes  qui  accompagnait  la  communion.  Nous  n'aurons 
pas  plus  dv.  peine  que  sur  le  pren:ier.  Le  P.  le  Brun 
nous  dispense  de  faire  d;s  reclieœhes  laborieuses  Ih- 
dessus;  il  les  a  faites  pour  muis,  ci  nous  n'aurons 
qu'à  transcrire  ce  (pi'ii  en  a  d  t  dans  le  pn^mier  lomé 
de  son  ex|.i;calion  de  la  messe  <3) où, expliquant  ces 
mots  de  la  rubrique  :  le  prêtre  va  lire  l'antienne  appelée 
communion,  il  d.t  :  c'est  un  verset  ordinairenictil  tiré 
des  psaumes  (|ui  da»!«  le  Missel  a  pour  lilre,  Comwu- 
nio,  parce  qu'il  devait  è:rcclianlé  pcmiani  qu'on  don- 
nait la  conunuuion.  Les  anciens  ordns  romains  l'ap- 
pellent antienne  pour  la  communion,  parce  qu'on  la  ré* 
pelait  alteriialivemeul  après  cliaipie  vi'rscl  dn  ps.iiim« 
dont  elle  clail  lirce,  à  peu  près  comme  nous  disons  4« 

(\)  Synodic.  seii  Pa-iidiM^i.  Giiil.  Bcvoreg.*  AQli. 
{•i)  llarnienop.,  cp.  can.,  8ecl.  2  liu  H 
(5)  Pari.  6,  art.  1,  p.  ijyi  el  seq. 


$71  ilISTOIRE  DES 

\'eiiile  e.rullrnius ,  rt  cch  clnil  conliniic  jiisf|irà  ce  que 
le  poiilire  lit  siijne  aii\  cliaiilies  de  d;re  Cloria  Putri 
à  1»  fin  de  lu  rommimion  du  |»eui  le.  11  y  a  lieu  de 
croire,  ajoute  le  P.  le  Biuu ,  que  Tusage  de  chauler  | 
un  psaïune  ou  quelque  verset  peiidaiil  la  conuuuiiion 
commença  cnOrieiil.  Car  on  v(»il  pai  rexplicaliou  de 
la  Liturgie  par  S.  Cyrilli-,  cpi'en  distribuant  la  coni    | 
niunion  ou  cnloudail  chanter  :  Coûtez  et  voyez  combien 
le  Seigneur  et>l  doux  ;  cl  les  Cousiilulious  apostoliques 
marquent  qu'on  devait  rlianter  le  |)s;iuuie  55'  dans  le- 
quel est  le  verset  gn.slute ,  etc.  L'Occident  ne  d.fléra 
pas  de  suivre  cet  usage  ,  puiscpie  S.  Augustin  nou;,  dit 
qu'eu  sou  temps  l'église  de  Cartilage  introduisit  l'u- 
sage de  faire  c''anler  des  liyuines  tirées  des  psaumes 
pendant  l'oldatiou  el  |ieiidant  la  distribution  de  rLn- 
cliaristie.  Cet  usage  de  clianler  un  psaume  avec  le 
Cloria  Palri  cl  l'antienne  durait  enc()re  vers  Tan  lO'JO, 
IvU'sque  l'anleur  du  Micrologue  écrivait.  Pendant  que 
tout  le  monde  communie,  dit  il,  on  chante  l'antienne 
qui  de  là  a  été  appctce  Communion  ,  et  on  ij  joint  le 
psaume  avec  le  Cloria  Putri,  s'il  est  )icccssaire.  iMais, 
très-peu  de  temps  après  le  Micrologtie,  on  a  regardé 
celle  antienne,  dans  plusieurs  églises,  connue  une 
liynuie  d'iction  de  grâces  (|u'on  devait  dire  ai)rès  la 
conunnniou.  Cesl  ainsi  qu'en  parle  Uniier,  qui  écri- 
vait vingt  ans  après  le  Micrnioguc.  Ilobei  l  Pullus  ou 
Hugues  de  S.  Victor  eu  parle  de  même,  et  elle  est 
appelée  pour  ce  su^el  Postcommunion  par  le  pape  In- 
nocent III ,  vers  la  lin  du  douzième  siècle.  L'église  de 
S.  Jean  »lo  Lyon  a  conservé  l'ancien  usage.  On  chaule 
encore  aujourd'hui  aux  fêles  solennelles  la  postcom- 
niunion  avec  un  versel  d'un  psaume  et  le  Cloria  Patri, 
avec  répé.itiou  de  l'antieiiie   de  la   connmmiou  en 
deux  parties ,  finissant  ainsi   le  cliant  de  la  messe 
comme  on  l'a  connnencé,  c'est-à-dire,   selon   le  rit 
de  rinttoit;  c'est  ce  que  nous  apprend  M.  de  Maii- 
Icon ,  p.  50.  Cependant  la  vraie  comnnuiion  est  l'o- 
raison ou  cidlecie  (jnc  l'on  a  toujours  dit  pour  remer- 
cier Dieu  du  bonheur  inelîable  d'avoir  participé  aux 
divins  mystères ,  et  pour  lui  demander  1 1  grâce  d'eu 
conserver  en  nous  le  fruit ,  cl  tout  ce  qui  peut  opérer 
notre  sanciincalion.  C'est  en  substance  ce  que  l'on 
demande  à  Dieu  dans  tontes  cis  oraisons  que  nous 
avons  encore  dai.s  I.î  Missel  romain ,  et  qui  étaient 
comme  une  récapitulation  des  prières  «pic  chacun  fai- 
sait en  ce  sens  dans  lÉglise,  après  avoir  reçu  celle 
nourriture  spirituelle  iles  Ames  qui  est  donnée  aux  fi- 
dèles dans  le  sacrenieiit  de  ri-:ucliari>lie. 

Il  n'est  point  nécessaire,  après  loul  ce  qui  a  été  dit 
dans  ce  chapitre,  do  mar  uer  l'emlroit  de  la  messe  où 
se  doit  faire  la  couununion  des  fidèles  suivant  l'ordre 
des  choses  cl  l'esprit  de  l'Lglisc  :  on  l'a  vu  suffisam- 
ment par  l(nne  la  snite  de  celte  histoire  de  la  Counun- 
ni(m.  Walalrid  Sirdton  (l)  et  Guillaume  Durand  (2) 
disent  expressément  qtie  le  temps  propre  pour  com- 
jnunier,  c'est  devant  la  dernière  oraison  de  la  messe. 

(1)  Lib.de  Reb.  crrl  ,  c.  2-2. 

(2)  Lrb.  i  Uaiion.  div.  oll.,  c.  54,  lit.  Ordo  mini- 
êtrtmfU  tacr,  commun. 


SACREMENTS.  l7î 

Aussi ,  dit  M.  Tbiers  (I),  le  rituel  romain  de  iVini  Y, 
el  prcsipu^  tous  les  autres  qui  oui  été  imprimés  depuis 
un  siècle  ordonnenl  que  les  fidèles  communieront 
avant  la  postcommunion ,  à  moins  qu'il  n'y  ait  quel- 
<pjc  cause  raisonnable  (|ui  oblige  de  remettre  la  com- 
munion à  un  aulrc  temps.  Si  cela  se  faisait  de  la  sorte 
comme  aulreluis,  les  chrétiens  ne  seraient  point  privés 
<lu  fruit  «pi'ils  doivent  allLiidre  des  oraisons  qui  se 
disent  après  la  comnnmion,  lestincllcs  n'ont  été  insti- 
luées  que  pour  les  communions,  selon  la  remarque  du 
Micrologne  (2)  el  de  Raoul  de  Rivo,  doyen  de  l'église 
Moire  Dame  de  Tongres.  Ce  qu'il  faut  entendre  aussi 
bien  des  laïques  qui  commiuiient  à  la  messe  que  du 
prcire  qui  la  dit,  ainsi  que  parle  le  rituel  romain.  M. 
Tbiers  (5}  ajoute  plusicm-s  autres  choses  pour  porter 
à  rappel''r  celle  ancienne  pratique  que  le  P.  Morisi  (4) 
assure  n'avoir  été  changée  que  par  les  n  ligieux  Men- 
diants, en  quoi  il  est  suivi  par  le  cardinal  Boua.  EQec- 
livemenl  on  voil  d.ms  le  nnssel  des  Jacobins  une  re- 
marque (pii  y  fui  faite  en  1254  ,  par  laquelle  il  est  dit 
que  la  comnnmion  du  peuple  se  doit  faire  pendant  la 
messe ,  à  moins  que  la  multitude  des  communiants 
n'oblige  de  la  remettre  après  :  ce  qu'on  laisse  à  la 
discrétion  du  prieur.  Les  Feuillants,  i\u\  sont  venus  si 
longtemps  après  les  Dominicains,  ne  pensaient  point 
comme  eux  sur  ce  point.  Car  Ictn-  rituel  (5)  porte  ex- 
pressément que  si  quetipTun  demande  à  conununier 
devant  ou  après  la  messe,  celui  qui  serl  à  la  messe 
l'avertira  bumblemenl  et  modeslement  «pie  cela  ne  se 
doit  pas  faire  sans  nécessité  «)U  grande  raison  ,  mais 
qu'il  faut  attendre  une  autre  messe  et  y  conuaunier 
incontinent  ;«près  le  prêtre. 

L'usage  de  faire  dire  le  Confiteor  pendant  la  messe, 
immédialemenl  avant  que  de  commencer,  s'esl  intro- 
duit depuis  environ  TjOO  ans,  dit  le  P.  le  Riun  (G),  et 
il  vient  sans  doute  de  la  condescendance  qu'on  a  eue 
de  donner  la  communion  aux  fidèles  hors  le  temps  du 
sacrifice  ...  au  treizième  siècle  les  religieux  Mendiants 
autorisèrent  l'usage  de  le  dire  avec  les  prières  de 
l'absolution  dans  le  temps  même  du  sacrifice  avant 
que  de  donner  la  commiiniim.  Cepeiulant  les. coutumes 
de  Climi  et  les  slaints  «les  Chartreux  «lu  même  temps 
ne  faisaient  aucune  mention  de  c«)h.'ssion  avant  le 
moment  de  la  connnimion,  cl  parmi  Ic^  Chai  lieux  en- 
core le  prêtre  .i|irès  avoir  c«)mmunié  «loiine  la  com- 
iimnion  sans  autre  prière  que  Corpus  Domini  nostri 
.  Jesu  Ctirikti  cnslodiiU  te  in  vitam  œternam.  Cet  en- 
droit de  la  messe  est  tellement  aiïeclé  à  la  conunu- 
nion  des  fidèles  sebin  l'esprit  de  l'Eglise  niar<iué 
par  les  formules  des  prières  de  la  poslconimunion , 
(|ui  SIlppo^ent  que  le  peuple  ou  au  moins  «|uel-  , 
«pics  mis  du  iienple  o  t  communié  avec  le  prêtre,  i 
qu'enciueaujonrd'hui,  comme  nous  l'apprend  le  cardi- 

(1)  Expnsil.  du  S  Sicrement,  1.  1,  cb.  5. 

(2)  Tii.  Ordo  ministrandi  sacrani  comm. 

(5)  Do  ObsiTV.  can. ,  prop.  25. 
(i)  L.  8  de  Pœnit..  cl). 
(.S)L.  l.c.  n,  §4.  n.  8.  S 

(6)  Tom.  1,  p.  C45ei*e(i.  '•'      t 


475  EUCHARISTIE.  —  CIIAP.  V.  DE  LA 

rai  Rona  (I),  dans  qnclqnos  ('•i^lisos  piiiicipalos  c'rsi  ' 
la  coiiIiiiik;  que  IfS  miiiislrcs  i\c  l'îiiiU'l  coimmiii  ciil  à 
la  messe  Sylt'niK'llc;  eelle  coiiiiime  s'osl  onnscrvc»;  :t 
Ronio,  I  iisr.ge  qui  en  avait  clé  inlerroiiipii  ihiiis  quel 
qiios  cgiisi's  y  ayant  été  rélahli  par  un  décret  de  la 
vi>ile  npnst«li(pie  :  oc  qni  s'e-llait  Irès-pnidcniine  t, 
ajoute  ce  canlinal ,  de  peur  (pTini  trè  -ancien  rit  de 
l'Eglise,  sans  leqnel  on  penl  à  pt-ine  entendre  les 
prières  (pie  l'on  récite  tous  les  jours  dans  la  liturgie , 
ne  v'aldilit  tout  j  fait  pai'  l^;  ii.>ii-usage. 

En  l'abbaye  de  CInni,  non  setileineiit  les  diacres  cl 
les  sous-diacrcs  coniin'  eiil  di;  coinnnniier  à  la  nie-se  so- 
lennelle, mais  ils  le  font  sons  les  deux  espèces  les  félcs 
et  les  dimanches.  El  dans  celle  di^S.  Denis  on  observe 
exaoïi  in'-nl  ce  qui  e>t  marqué  d:ins  le  cérémonial  ma- 
nuscrit, dans  le(]iu'l  il  est  piesciil  que  le  diacre  et  le 
sous-diacre  prendront  la  eiunmunion  >ons  les  deux  es- 
pèces toutes  les  fêtes  du  premier  et  du  second  ord:c, 
aux  anniversaires  solennels  des  rois  ,  ions  les  diman- 
ches do  rannt'e,  et  (piand  le  supérieur  célèbre  poiu" 
quelques  raisons  extraordinaires  ou  quel<iues  solen- 
nités. Le  Bnm  tome  5,  p.  538. 

J'ai  oublié  d^;  dire  en  parlant  du  temps  auquel  a  été 
abrogé  rusag;*  de  donner  la  conunuiiioM  aux  simples  fi 
dèles  sons  les  deux  (spèces,  qu'il  va  «Miviron  100  ans 
que  les  Manmitesse  sont  ci>i;f  u-més  à  l'usage  présent  de 
l'Eglise  catholique  sur  ce  point.  Je  dis  depuis  environ 
cent  ans,  puisi]tic  le  P.  Dandini,  jésuite,  dans  la  rela- 
tion qu'il  a  écriie  du  temps  de  (  lément  Vl'lde  son 
voyage  du  Moni-Liban  ,  ténmigne  qu'alurs  ils  l'admi- 
nisiraienl  encore  sous  les  deux  espèces. 

CHAPITRE  V. 

De  la  Communion  hors  les  assemblées  publiques  de 
l' Eglise. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  dans  le  cliapitre  précé- 
dent regarde  la  Communio.i  publique  et  ordinaire; 
mais  outre  celle-là,  il  y  en  a  eu  de  tout  temps  d'autres 
qu'on  peut  appeler  domestiques,  et  dont  nous  allons 
rendre  compte. 

ARTICLE  PREMIER. 

Les  fidrtes  commuuiaienl  atUrefois  dans  leurs  maisons. 
Combien  cet  usage  a  duré  tant  en  Orient  qu'en  Occi- 
dent. 

Les  premiers  Chréiiens  avaient  une  sainte  avidité 
de  recevoir  le  pain  vivilianlde  rEucharistie,  et  comme 
la  haine  (pi'on  leur  p  riait,  et  l'attention  de  leurs  en- 
nemis à  empêcher  leurs  assem  liées  de  re  igion  ,  ne 
leur  permetlaiont  pa-.  de  les  tenir  aussi  souvent  qu'ils 
auraient  souhaités,  ils  participaient  chez  eux  à  cet  e 
nourriture  sacrée.  Cela  se  prali(piail  dè-i  les  premiers 
commencements  du  chris!ianis;ne,  cl  lorsque  la  reli- 
gion n'était  encore  ,  pour  ainsi  dire,  que  dans  le  ber- 
ceau. S.  Luc  nous  rapprend  d;ins  le  livre  des  actes  ^c. 
2,  V.  46),  où  il  est  dit  que  les  disciples  allaient  toujours 
au  temple  et  y  persévéraient  en  prières,  et  que  rompant 
le  pain  dans  les  maisons  ils  proiiaienl  leur  nouriiluie 

(l)L.2,c.l7. 


COMMUNION  HORS  DE  L'I^CLISÉ. 


ÎU 


avec  joie  et  sinqilicité  île  cœur.  F'ar  ces  maisons  l'au- 
teur sacré  entend  les  m:iiMi.,sp;utnnl. ères  des  lidèles, 
comme  lexpliqueiit  tous  les  commenlalent;s,  el  comme 
la  suite  du  leMe  le  fiit  assez  entendre. 

Les  persécutions  dont  l'KgliM-  lut  agitée  rendirent 
«et  usage  en  (piebpie  manière  néce-saire  ,  el  nous  le 
voyons  en  eirel  observé  dans  la  siiile  connue  une 
coulmne  ordinaire.  S.  Justin,  qui  vivait  peu  de  temps 
après  les  Apôtres,  en  parle  en  ce  sens  dans  l'Apologie 
(pi'il  adressa  au  sénat.  Il  dit  qu'après  la  célébration  des 
mystères  sacrés,  l'on  réservait(|U(;Iques  parties  que  les 
diacres  portaienl  aux  lidèles  qui  n'avaient  pu  y  as- 
sister. C'est  dans  cei  esprit  que  S.  Lucien  (I),  prêtre 
di;  l'église  d'Autioche,  qui  fut  martyrisé  à  Nicomédie, 
ayant  consacré  dans  sa  prison  le  cor|)s  du  Fils  de 
Dieu  sur  soi  eslomae,  parce  (pi'il  n'avait  point  d'autel, 
el  l'ayant  distribué  aux  assistants,  l'envoya  ensuite 
aux  absents  par  les  mains  des  diacres. 

Loiigteîups  avant  ce  saint,  ipii  i  e  souiTiit  la  mort  pour 
Jésus  Christ  qu'au  comme;i(  e;i:eiil  du  qna;riéii:e  siè- 
cle. Toi  tuliien  (2)  avait  pirlé  de  celle  |)r:iiiqne  comme 
d'une  chose  ordinaire  d'ans  le  livre  adres>é  à  sa  femme, 
ou  entre  autres  motifs  dont  14  se  sert  pour  lui  per- 
suader ne  pas  épouser  nu  jiaïen  après  sa  mort,  il  lui 
(lit,  votre  mari  ne  saura  ce  (pie  vous  mangez  en  ca- 
chette avant  toute  autre  viande,  et  s'il  le  sait  il  ne 
croira  pas  qi;e  ce  pain  el  ce  (|ue  l'on  dit.  S.  Cy- 
priin  (.5)  raconte  à  ce  suj<îl  n>i  fait  (pii  fiit  voir  com- 
bieii  il  e^t  dangereux  de  s'approcher  indignement  de 
(e  mystère  ledonlaMe.  L'neremme,  dii  il,  ayanl  voulu 
niivrlr  le  co lire  dans  Ie(iuel  le  Saint  du  Seigneur, 
Sancliim  Doniini ,  était  réservé,  cl  l'ayant  voulu  tou- 
cher avec  ses  mains  profanes,  e!le  fui  épouvantée  par 
le  feu  qni  en  sortit  el  (pii  l'empêcha  de  prendre  le 
sacrement.  S.  ('îéniCiit  d'Alexandrie  (i)  rend  aussi 
témoignage  qu'apiTS  (jue  quelques-uns  avaieiil  distri- 
bué rLucharistie ,  on  permettait  à  chacun  du  peuple 
d'en  em|)orler  une  partie 

C'était  surlniit  à  l'approche  de  la  persécution  que 
l'on  faisait  |»rovision  de  cet  aliment  s.icré  :  car  comme 
les  ennemis  du  chrislianisme  en  voulaient  surtout 
aux  pasteurs  'a  qui  seuls  il  appartenait  de  consacrer, 
les  lidèles  appiéhcndaienlavec  raison  d'en  cire  privés  : 
el  c'est  |)our(i(ioi  ils  (  n  eiii|  ortaienl  chez  eux  ,  alin 
de  se  forlilier  tous  les  jours  en  le  recevant ,  el  de  se 
préparer  ainsi  au  combat  aiupiel  ils  étaient  sans  cesse 
exposés.  Dorothée,  é^é(|uede  Thessaloni(pie,  attaché 
au  parli  des  Eulycl.éons  (  ignit  d'imiter  ces  anciens 
chiéliens  ,  lors|u".  yant  appris  (pie  les  iég  tls  du  siège 
apost'  lique  venaient  à  Coiislanlino|)!e,  il  consacra  les 
sacremenls  en  si  grande  (pianlitc  «pril  en  remplit  des 
C(nbeilles  entières, el  les  di>lribua  au  pe  iple,  affeclanl 
de  craindre  la  per>éeution,  comme  l'éveqiie  Jean  el  li3 
prêtre  Epiphane  récrivirciit  au  pipe  U-rmisdas. 


(1)  In  Artib.  S.  Luc.  ap.  Sur.  7  jan. 
("2)  Lili.  "i  ti'l  Uxorem,  c.  5. 
(5)  Lib.  (le  Lapsis. 
(A)  Lib.  l  Slrom. 


«75 


HISTOIRE  Ï>ES  SACUK.Mi'NTS. 


27Ô 


Vno  niitrc  raison  de  ea  hp.'Vî^^  était  qu'aula'K)is  m 
m  (c'éliiMil  tlikiwi  IIW5  viH.!,  par  exenit>le,  qu'une  s^'ule 
messe  à  laipurlle  ions  li-s  cluélieiis  ne  poiivaiil  nssisler, 
011  éiait  ()ltlij,'éireiivoyei'  aux  absonls  rKiuli.a-islie  ou 
par  des  diacres  011  par  quel  jncs  autres  uiiwistrcs  uilé- 
rioufs  :  vous  l'avez  vu  ci-»U;vaul  des  diaei  es.  Le  mar- 
tyrologe (18  caleud.  st-pl.)  nous  fournil  uii  exemple 
d'un  acolyte  (jm  fai-ail  la  uièiuo  fonrliou  en  la  per- 
soiiiic  de  T!  arcise,  qui,  iHula;:!  ini  jour  les  sacre- 
ments du  C!;rps  de  Jésus-(.;iirisl  et  ne  voulant  poie.l 
découvrir  aux  païens  ce  d(uit  il  élait  chargé,  eu  reçut 
tant  de  coujjs  do  bàlons  qu'il  en  monrûl.  Après  les 
perséciilions,  cet  iis:ige  devint  plus  rare,  il  continua 
nJanuKÙns.  à  avoir  lieu,  quoique  par  d'anires  raisDUS 
que  celles  que  i.ous  venons  «l'alléguer  C'est  ce  (;ue 
nous  apprenons  de  S.  Basile  dans  sa  iellre  £89'  à  une 
(Jamedu  preuiier  rang,  nonunée  César'ic,.  dansLiquelle 
il  dit  :  l'ous  les  soliuilrcs  (lu'i  vivent  daiis  les  déscrls 
nmjaut  point  de  prêtres  pour  leur  donner  rF.ucImri&lie, 
l'oul  toujoms.  chez  eitx  et  communient  de  leurs  propres 


saienl  e  irer  dans  les  églises  des  martyrs  quand  il 
leur  était  arrivé  queîiiue  accident,  tandis  (juclles  no 
craigiiaiinl  poiul  de  recevoir  l'Iùicliarislie.  J'en  a])- 
pelle,  dii-i",  à  leur  conscience...  Pounjuoi  n\  nlrent- 
i!s  j)as  dans  les  églises?  Jésu'--Cl)rist  est  il  autre  dans 
le  public  que  dans  la  maison?  Ce  (|ni  n'est  poii.l  per- 
mis dans  TKglise  ne  l'esl  point  hors  de  l'Eglise,  il  ne 
l'est  point  dans  la  maison. 

Cel  usage  était  encore  en  vigueur  en  Orient  dans 
I  le  G" siècle,  Aiuisiase-Ie-Ij.bliolhécaire,nous  l'apprend 
(piand  il  dit  que  Pl!ilip|)ique,  gendre  de  l'empereur 
Maurice»  ayanl  été  appelé  la  nuil  par  ce  prince  et  crai- 
gnant pour  sa  vie,  se  mnnil  du  corps  de  Jésus -Christ 
avant  d'aller  au  palais,  ce  qui  suppose  (|u'il  lo  gardait 
chez  lui.  L'histoire  de  iMoseh  montre  cl.iirenieEil  que 
dans  le  siècle  suivant,  l'ancienne  coulumesnr  le  point 
doi:l  il  s'agit  n'était  point  encore  abolie,  mais  qu'eau 
contraire  elle  éli't  fort  ordinaire.  J'en  rapporterai 
deux  fai:s  d'après  }«L  Fleuri.  l'iès  d'Eginc,  en  Cilicie, 
dil-il,  il  y  avait  deux  styliles,  un  catholique  et  un  sé- 


maùis.  De  plus,  dans  la  ville  d'Alexandrie  et  dans  le    !  véricn.   Le  calholique  piia  celui-ci  de   lui  envoyer 


reste  dç  l" Egypte^  chaque  fidèle  garde  d'ordinaire  chez 
soi  la  connniDiiou^  car  d  puis  que  le  prêtre,  après  avoir 
célébr  le  sacrifice,  la  leur  a  distribuée,  lorsqu'ils  prennent 


ce  quils  reioii'cui  chez  eux  de  leurs  propres  mains  est  la 
même  chose  qn'  ce  qu'ils  ord  reçu  des  mains  du  prêtre  à 
l'ég'is  ?  Et  en  effci,^  nous  voyons  qm  dans  t'cijUs:',  hrsjue 
le  prêtre  a  nds  une  partie  de  l'Eucharistie  entre  les  mains 
de  chaque  fidèle,  il  d 'pend  de  celui  qui  la  reçoit  de  la 


j  l'Eucharistie  de  sa  comnnmion,  ce  que  l'aiure  lit  avec 
I  joie  croyant  l'avoir  gagné  à  son  parti.  Le  callioTupie 
I  mit  cette  Eucharistie  dans  une  chaudière  bouillante 


chez  eux  à  diverses,  fois  une  partie  de  ce  quils  ont  reçu  :  |  où  elle  fondit  à  l'instant.  Un  nouiuié  Isidore,  de  la 
du  prêtre  tqul  à  la  fois,  ne  doivent-ils  pas  croire  que  \\  même  secte  des  Sévériens,  voyant  que  sa  femme  avait 


reçu  rEueiiaristie  cat!ioli(jiie  de  sa  voisine,   prit  sa 

femme  à  la  gorge  et  la  força  de  rejeter  l'I'.ucharistie 

I  qu'il  jela  dans  la  boue,  mais  un  éclaii  l'enleva.  Deux 

j  jours  ajirès  il  vit  un  Ethiopien  couvert  de  haillons  qui 

I  lui  dit  :  Nous  sommes  tous  deux  condanmés  an  même 


viunqer^  et  c'(&I  lui  même  qui  avec  ses  mains  la  porte  à  \  i  supplice.  Je  suis  celui  qui  frappa  Jésus-Christ  sur  la 
sa  bouche.  C'est  donc  lu  même  chose  quant  au  pouvoir  |  joue.  Isidore  se  fil  moine  et  ne  cessa  toute  sa  vie  de 
que  l'on  a  de  communi.  r,  d'  recevoir  tout  à  la  fois  des  |  pleurer  sou  péché.  Ces  histoires,  ajoute  M.  Fleuri, 
mains  du  prêtre  plusieurs  portions  de  l' Eucliaris'Je  ou  1  piouvcnt  au  moins  la  créance  de  Jean  Mosch  louchant 
de  n'en  recevoir  qu'une  seule.  Ce  que  dit  S.  Basile  de  1  lEucliaristie.  El  moi  j'en  conclus  qu'elles  ne  prou- 
la  coutume  d'Egypte  cl  on  [arliculier  des  solitaires,  j:  vciit  pas  moins,  que,  du  vivant  de  cel  auteur,  la  cou- 
est  fonlirnié  par  l'alhuie  dans  so;i  Histoire  Lauziaqne  'j[  tume  de  garder  rEucharistie  chez  soi  était  encore  fort 
(c.  o2  et  0),  où  il  ra[>porte  que  les  disciples  de  S.  Apo 
Ion  ne  prenaient  aucune  nourriture  qu'ils  n'eussent 
auparavant  conununié  à  rEucharistie  de  Jésus-Clirist. 
Il  assure  la  même  <  liose  des  moines  de  Ni-trie  qui  vi- 


vaient sous  le  S.  alilié  Or  au  nombre  d."  trois  mille,  et 
il  supi  Osait  la  même  chose  dans  la  vie  qu'il  a  écrite 
de  S.  Jean  Chryso  tome,  lorsqu'il  représente  Théo- 
phile d'AIex-nidiie  faisant  mettre  le  feu  aux  cellules 
des  moices  en  I  aine  des  giands  frères,  cl  brû'ant, 
avec  les  habitations  de  ces  solitaires,  leurs  livres  et 
rEucharistie  sacrée  (pi'ils  y  conservaient. 

Ce  n'clail  pas  seulement  en  Egypte  que  les  fidèles 
jouissaieiilde  ce  privilège,  ils  C!i  étaient  en  possessirn 
dans  d'autres  pays  de  la  chrétienté.  On  le  voit  par  ce 
que  dit  S.  Crégoire  de  Nazianze  de  sainte  Gorgonie, 
sa  sœur  (1),  qu'elle  l'ut  guérie  iniraculeuseincnl  en 
appliquant  sur  ini  mal  qu'elle  avait  la  sainte  Eucha- 


onimaire. 

Elle  s'est  observée  jusqu'à  présent  chez  les  Grecs 
et  les  Orientaux.  On  le  vtiit  dans  la  Vie  de  S.  Lnc  le- 
Jeuue  (1)  qui  a  jiassé  une  grande  partie  de  sa  vie 


dans  une  sidiluîle  de  l'Achaïe.  Ce  saint  deninnda  à 
rarclievèqiie  de  Corii;ihe  de  quelle  manière  il  devait 
recevoir  la  communion  ;  à  (pioi  ce  prélat  lui  répondit 
en  lui  prescrivanl  la  manière  de  le  faire  avec  décence, 
el  eu  observant  tout  ce  qui  pouvait  contribuer  à  mar- 
quer son  respect  envers  ce  divin  sacre:;:enl.  C'est  ce 
qu'on  peut  voir  dans  les  actes  de  S.  Lu3-le-Jeinie  que 
le  père  Combefis  (2)  a  donnés  au  public.  Longtemps 
après,  un  palriarche  de  Conslantinople  disait  (ô),  dans 
les  statuts  (lu'il  prescrivit  à  un  nonnné  Paul  l  popse- 
pliiu^  de  Gallipoli,  que  l'on  versait  quehpn^s  gouttes 
du  sang  précieux  sur  le  pain  divin  que  l'on  portail 
dans  une  boîte  l'ort  propre  à  ceux  qui,  pour  vaquer  à 


ristie  trempée  de  ses  lainies;  el  par  S.  Jérôme  (2)  |,  dï^.,,^  s'étaient  ■  étirés  sur  les  montagnes,  ce  qui  mar 
lorsqu'il  reprochail  à  ceriaines  personnes  qu'elles n'o-  .Ij      ,..  .,    •     -,  .     ..^o    ■  -, ., 

(I)  Oral.  fun.  de  Soro.-e.  |î       (2)  Ton..  2  Actual.  Bibl.  PP. 

(ù.)  Epibl.  50  ad  Pammach  |       (3)  Apud  Allai,  de  .Missà  pra^.sanct,,  C.  4». 


EUCHARISTIE.  —  CIIA?.  V.  DE  LA  CO^HIUNTON  HORS  DE  L'ÉCLISE. 


277 

(\i\o  assez  que  Ton  oltservoil  rnrnrc,  à  l'égard  des  ' 

anachorclcs,  qiicliiiic  cliosc  de  l'amien  usage.  Janiis 


Î7& 

forl  dans  celte  occasion,  cl  un  voit  plusieurs  excm- 
jiles    du  viatique  reçu  dans  l'éj^'lise.   Quand  ils  ne 


Nicius  de  Nëgroponl  (1)  écrit,  conforniémcnt  h  cela,   ;  pouvaient  le  faire,  on  le  leur  portait  chez  eux,  et  ea 


que  les  ermites  avaient  a'  coutume  de  porter  avec  eux 
dans  le  dé><'rl  la  sainte  Eiicliaristie  pour  la  prendre 
dans  les  occasions;  et  Arcudius  Ci)  assure  que  les 
moines  Grecs  la  portent  avec  eux  dans  leurs  voyages, 
et  la  |)renncnt  de  leurs  propres  mains  quand  il  leur 
jiLu'l.  Ahraliani  Eehellensis  dit  une  chose  peu  diffé- 
rente de  celte  pratique,  quand,  en  exposant  les  rites 
de  la  communion  chez  les  Orientaux  il  dit,  qu'après 
que  l'on  a  comnuuiic  les  assistants  dans  l'église,  on 
porte  l'Eucharistie  aux  pâtres  et  aux  autres  gens  de 
la  campagne,  qui,  à  cause  de  leurs  affaires  ou  d  ;  l'éloi- 
gnemenl  des  lieux,  n'ont  pu  assister  à  la  célébration 
des  saints  mystères. 

Cet  usage  ne  s'est  pas  conservé  aussi  longtemps 
dans  les  églises  d'Occident,  et  ce  qui  contribua  beau- 
coup à  l'abolir,  furent  les  règlements  du  premier  con- 
cile de  Tolède  (can.4i)  et  de  celui  de  Sarngosse 
(can.  3)  tenus  dans  le  i'  siècle,  qui,  voulant  pourvoir 
aux  abus  que  les  priscillianisles,  dont  il  restait  quel- 
ques-uns encore  dans  ces  provinces,  faisaient  de 
l'Eucharistie,  ordonnèrent  à  tous  lis  fidèles,  sous 
peine  d'analhème,  de  la  consumer  dans  l'églis'^  avant 
que  d'en  sortir,  non  que  les  évèques  de  ces  conciles 


ce  cas  on  ne  leur  donnait  communément  que  l'espèce 
du  priiii,  qui  est  d'un  transport  plus  facile  et  sujet  à 
moins  d'inconvéïiicnls.  Nous   en  avons  un  exemple 
qui  a  été  souvent  proposé  dans  ces  derniers  siéf  le»  en 
la  personne  d'un  nommé  Sérapion  dont  parle  S.  Dcni* 
d'Alexandrie  dans  une  lettre  à  Fabien  d'Antiocbe  (I). 
Cet  homme  avait  été  privé  de   la  communion  pour 
avoir  succombé  dans  la  persécution  ;  il  avait  fait  pé- 
nitence de  sa  faute,  il  se  trouva  à  l'extrémité;  dans 
cet  étal  il  envoya  demander  le   saint    viatique  ;  le 
prêtre,  dit  S.  Denis,  qui  ne  put  le  porter  lui  même, 
donna  à  un  petit  garçon  une  petite  parcelle  de  lEu- 
charislic  qu'il  lui  ordonna  de  tremper  et  de  la  mettre 
ainsi  dans  la  bouche  de  ce  vieillard.  Le  jeune  homme 
1  retourné  dans  la  maison ,  trempa  la  parcelle  de  l'Eu- 
charistie, et  en  même  temps  la  fit  couler  dans  la  bou- 
che de  Sérapion,  qui,  l'ayant  avalée,  peu  à  peu  rendit 
incontinent  l'esprit. 
L'exemple  de  S.  Anibroise  sur  ce  point  est  si  connu 
\  par  les  disputes  de  nos  controversisies  contre  ceux 
I  qui  ont  abandonné  la  comnuuiion' de  l'Eglise  calholi- 
i  que,  qu'il  semble  inutile  de  le  rapporter.  Je  ne  iaisse- 
l  rai  pas  de  le  mettre  ici.  Paulin,  auteur  de  la  vie  de  ce 


blâmassent  ceux  qui  en  faisaient  usage  dans  leurs  mai- li  grand  évêque,  raconte  que  S.  Honorât,  évè(iue  de 


sons,  mais  parce  qu'ils  voulaient  empêcher  ces  héré- 
tiques qui  ne  la  consommaient  ni  dans  l'église  ni  chez 
eux  d'en  abuser.  Eucharistiœ  gratiam  si  quis  probatur 
acceptant  non  consumnu'isse  in  ecclesià,  analhema  sit. 

Nonobstant  ce  règlement  qui  ne  regardait  propre- 
ment que  les  églises  d'Espagne,  l'usage  dont  nous 
avons  parlé  ne  fut  point  sitôt  abrogé.  Il  devint  pour- 
tant fort  rare,  et  nous  n'en  pouvons  produire  d'autres 
preuves  que  ce  que  dit  le  P.  Martène  (5),  que  jusqu'au 
douzième  siècle  et  au  delà,  c'était  la  coutume  de  don- 
ner aux  vierges  sacrées,  le  jour  de  leur  consécration, 
UKe  hostie  entière  de  laquelle  elles  se  communiaient 
elles-mêmes  pendant  les  huit  jours  suivants,  comme 
nous  le  montrerons,  ajoute  cet  auteur,  quand  nous 
traiterons  de  la  consécration  des  vierges. 

Article  IL 
f>e  la  Communion  des  malades.    Qu'ils  communiaient 
quelquefois  sous  la  seule  espèce  du  pain,  et  d'autres 
fois  sous  toutes  les  deux,  suivant  les  différentes  cir- 
constances. 

On  peut  regarder  la  communion  des  malades  comme 
une  conmiunion  doniestique,  qunifin'elle  en  différât 
en  quelque  chose  au  moins  pour  l'ordinaire,  et  qu'elle 
se  fit  quelquefois  dans  l'église.  Ce  cas  devait  être 
assez  rare,  parce  que  la  maladie  ne  permet  guère  à 
ceu<  qui  sont  près  de  mourir  de  se  transporter  à  un 
lieu  éloigné  de  chez  eux  ;  cependant  ,  connue  vous 
verrez,  les  chrétiens  dévots  et  fervents  faisaient  ef- 

(1)  L.  7,  ep.  2L 

{2)  L.  3  deConcc.SO. 

(3)Deant.Eccl.  Uii..l.l,c.  5,  art.  1, 


Yerceil,  étant  venu  trouver  son  méirnpoliiain  pour 
lui  rendre  tous  les  devoirs  d'amitié  et  d'humanité  qui 
dépendraient  de  lui  pendant  sa  maliulie  ;  et  s'éiant 
retiré  un  jour  pour  le  repos  de  la  imit ,  une  voix  du 
ciel  l'avertit  que  son  malade  allait  expirer,  qu'il  des- 
cendit à  l'instant,  lui  présenta  le  corps  de  Notre-Sei- 
gneur,  et  que  le  saint  rendit  l'âme  incontinent  après 
qu'il  l'eut  reçu. 

Je  sais  que  quelques  Protestants  (2)  s'efforcent  d'é- 
luder ce  qui  résulte  de  ces  faits  si  naïvement  rap- 
portés; mais  aussi  s'en  trouve-t-il  de  meilleure  foi 
que  les  autres,  qui  conviennent  que  dans  ces  deux  cas 
le  sacrement  ne  fut  administré  |ue  sous  l'espèce  du 
pain.  Cela  avait  passé  en  coutume  chez  les  moines  de 
Cluni,  comme  on  le  voit  dan>  le  livre  que  S.  Uldaric  (3) 
a  composé  pour  laisser  à  la  postérité  la  mémoire 
des  usages  qui  s'observaient  dans  ce  célèbre  monas- 
tère. 11  y  est  marqué  positivement  que  les  religieux 
infirmes  ne  recevaient  que  le  corps  de  Nutre-Seigneur 
qu'on  leur  donnait  trempé  dans  du  vin  non  consacré. 
On  y  voit  aussi  une  coupe  dans  hxpicUe  on  le  détrem- 
pait. Les  Grecs  qui  préparent,  d^;  la  manière  que  nous 
avons  dit  plus  haut,  le  sacrement  qui  est  destiné  à 
être  le  viaticpie  des  mourants,  et  qui  le  préparent  '© 
jeudi-saint  pour  tout  le  re<te  de  l'année,  le  détreia- 
penl  de  même  aujourd'hui  dans  du  vin  ou  de  l'eau 
pour  le  faire  prendre  aux  malades. 

Il  ne  faut  pas  douter  que  dans  le  temps  où  les  chré- 
tiens étaient  dans  l'usage  de  porter  chez  eux  l'i'ucha- 

(I)  Apud  Euseb.,  1.  fi  Hist.  ceci.,  e.  41. 

(-2)  M.  Smith.,  ep.  eccl.  ,gr.  Statu,  p.  107,  et  seq. 

(5)  Consuet.  Cluniac,  I.  5,  c.  28,  t.  -i  Spicil. 


579  HISTOIRE  DF.S 

lisiii',  et  (li'Ii  ië;rrvcr  dnns  leurs  nmisoiis  (h;  la  ma-  - 
iiicn-  (|(io  iMMis  venons  «le   l'cxplifiinT   (l;ins  Tarlic  le 
piéré.le.t.  ils  ne  s'en  scrvisscnl  aussi  ponr  connnu 
nier  (0\i\  (|iii  éiaionî.cii  danger  de   inorl.  soil   par 
maladie,  soil  anlr-  nienl  :  or,  il  esl  constant  (pic  poiu' 
rorilinaiic  on  ne    réservait  ainsi  dans  les   mai>(»iis 
pisrlieiiiières  (pie  resjjèce  du  |)aiii,  celle  du  vin,  o  tre 
le  danger  de  rellusion,  irélant  point  de  nainre  à  pou 
voir   se  conserver  longlemp>,  et  d''C(>iniiicnl  en    si 
petite  ([i!ai;tilé.  Il  pareil  donc  iiidiiliil;d)!e  (jue  d'  tout 
temps  on  a  dohiié  assez  coinmniiénient  la  comnuiiiion 
aux  mourants  sons  la  seule  cspi^îce  du  pain. 

Cesl  de  cet  usage  de  porter  el  de  conserver  (liez  soi 
l'Eu  haristic  que  vint  un  alnisa^-sez  commun,  el  q  l'ou 
«Hii  Isieii  de  la  peiin;  ensuite  de  déraciner,  (pie  toute; 
SOI  tes  (l«  personnes  si-  donaaieiit  la  lihi'rlé  de  porter 
rEuelari-lie  a Mnaladi.-s,  jusipi'aux  T'imnes  mêmes. 
Cela  était  absoliimenl  iitolérahie.  siirloul  depuis  rpio 
la  p  iv  a  été  rendu.-  à  ^Egli^e,  et  qu'elle  a  eu  l.i  llbcrlé 
eiilièr;  d'exercer  tous  les  dvoirs  du  ciille  extérieur 
de  11  religion.  Aussi  voyuis  ions  «pie  les  conciles  d 
les  évéfpic-  oui  l'ail  des  statuts  rigoureux  pour  relia  i- 
clier  liue  couluii'.e  si  aluisive  que,  la  seule  néce^silé 
p-iil  auîn  iser.  Regiiiou  (  1  )  cile  sur  (;e  suj  I  un  d(î  rel 
d'un  co  cile  tie  Ueiiiis,  d  >ul  voici  les  termes  :  //  esl 
venu  à  uolfe  conimissmce  que  les  prêtres  ont  si  peu  de 
respec'pour  les  divins  imjslères,  qulls  duunea'.aux  Iniques 
et  mix  femmes  te  sacré  corps  de  Notre-Seigvenr  pour  le 
porter  aux  malades....  tcut  le  monde  voit  combien  c.la 
eit  horrible  et  dcteatablc.  C'est  pourquoi  le  concile  dé- 
\  )nl  iibsolnment  que  l'on  fasse  riot  de  semblable  à  l'ave- 
nir, et  veut  que  le  prêtre  communie  par  lui  même  les 
malades  ;  anlr  mrnt  il  courra  risque  d'être  déposé  Cette 
dé  ense,  (pielque  vigoureuse  qu'elle  so  l,  ne  put  arrê- 
ter eiilièreinenl  le  cours  de  l'alius  ipii  régna:!  sur  ce 
point.  E'arclievèipie  Ilincmar,   pour  le  répi'mer,  or- 
donne dans  les  ca;  ilules  qu'il  a  dressés  pour  servir 
d'éliipielle  aux  informations  que  l'on  doit  faire  dans 
lesvi  lies  des  paroi-.>es  que  l'on  demande  eut  autres 
clioses,    si  le  prèlre  visite  le-  nialad  s,   s'il  I  iir  fiil 
Tonetion  de  riinile  s;^inle,  s'il  les  communie  par  liii- 
mêineel  non  par  (pielijueauîr  •,  elcommunicet  per  se  t 
non  per  quemlibe!,  s'il  commuiiie  le  peuple,  el  s'il  ne 
dot  ne  iMiini  la  commuii  n  à  quelipie  laïipie  |  onr  la 
p'irleren   a  maison  el  'a  donner  à  (pi  Iqiie  malade  iprc 
ce  puisse  èlre;  >ier  tradat    commuïdonem  cuiqucm  lai- 
10,  etc.  Uéginoii  (2)  prescrit  à  peu  \  n'S  la  même  du  se 
imeliant  l'enquête  q-ii  se  doit  f  .'re  en  la  visite  épii- 
eopale  de  la  v  e  el  de  la  conduite  des  curés. 

Cet  abus  re  s'élendll  guère  au-delà  du  dixième  sc- 
cle  auquel  il  snlisislail  encore  en  (pie!(pKîs  i  ndroils. 
comme  (  n  le  \oil  |  ar  le-  statuts  dt;  Kali  ier  (3),  é  è- 
qiie  de  Yéntiie.  insérés  daii^  une  leltre  syn  di(pie, 
par  1-  quell'  il  instniil  son  clergé  de  ses  devoirs.  Alors 
les  prêtres  d^igés  de  paro'sses  se  repo-ére  l  assiz 
coinn.uiiénitiil  de  l'exerc.eo  de  j orler  la  communion 

(I  )  Lih.  2  de  ceci.  Discip.  c.  120. 
(2)  ihid    I.  i. 
(5)  S.  ici.  l  2. 


SACREMENTS.  280 

aux  n».'lades  sur  leurs  di.ncrcs.  \rus  avez  vu  ci-de- 
vant (I)  (pie  dans  les  é^li>es  matrices  ou  Irpti^males  ' 
on  joignait  pour  l'ordinaire  un  diacre  au  prêlre  (pii  la 
desservait,  alin  de  l'aid  r  dans  ses  fonclions  :  c'était  à 
ce  diacre  (|iic  Iteaiiconp  di'  |  lêlr.'S  c(Miîiaien'  ce  soin, 
et  cela  était  assez  conforme  à  raniieuiie  discipline. 
Aussi  cet  limage  s't  si-il  conservé  loiglemps  dans  U^s 
comumnaulés,  même  les  plus  réglées,  et  entre a-ilres 
chez  les  Chartreux,  dont  les  anciens  statuts  portent 
que  les  malades  poniroiit  recevoir  le  corps  du  Sei- 
gneur de  la  main  du  procureur  s'il  esl  diacre. 

Cependa:  l  dans   la  suite  on  voulut  relrancher  cet 
usage,  el  plusieurs  s'élevèrent  c  iiitre  el  le  traitèrent 
d'abus;  eiilr'autresGuil!anmc  Le  Maire,  évèque  d'An- 
gers, qui  eu  1273,  déleudit  expressément  aux  pivtrcs 
dans  son  synode  de  laisser  exercer  celle  foncliiin  aux 
diacr.s.  hors  le  cas  de  nécessilé.  el  cela  sous  peine  da 
suspense.  Le  concile  de  Nîmes  de  l'an  1282,  lit  un  ré- 
glemenl  à  peu  |)rès  semblable,  avec  celle  diiïérence 
qu'il  le  periiicl  aux  diacres,  p(uir  n  (pi'ils  aient  la  per- 
mission du  prèlre,  el  même  sans  |)eriiiis  ion.  en  cas 
(jifil  se  trouve  absent  ou  cmpê<bé,  cl  (|ue  la  chose 
presse.  Il  est  porié  dans  deux  anciens  namiscrils  de 
ChezaI  Benoît  (2),  qui  ciuilieiinenl   l'ord.e  qu'il  faut 
(d)sorver  dans  l\  visite  des  m:ilades,  ((u'uii  sous-dia- 
cre  p(Mlera  rKucliarislie,  cl  qu'un  prêlre  eu  commu- 
nier i  le  malad  •.  Rcvcimmis  présenlemiiit  à  ce  tpie  nous 
avions  commencé   de  dire  louchant  b^s  espèces  sous 
lestpielles  on  donnail  le  viaîiipic  aux  moribiuids. 
N.>us  avons  nninlré  ci-dcvanl  que  cela  se  f  lisail  assez 
'  C(uimiuiiémeiil  en  leur  domi/nl  seiileinenl  l'espèce  du 
pain.  Nous  a'  rions  pu  en  aj  porter  d'aulres  preuves: 
Il  ais  avec  tout  cela  il  faut  coiivei:ir  (jue  la  mnnièrc  la 
nliis  ordinaire  était  celle  d«!  les  co  iinuiiier  sous  les 
deux  espèces,  siirloiil  (|iiaiid   les  niaîade-;  éiaienl  en 
éiai  de  recevoir  l'iin  el  l'aiire  Ou  le  voit  par  un  an- 
cien ma  luscritdcS.  Reinide  Reims, cilé  pari). Hugues 
Meiiard  (3),  dans  !e(piel  on  1,1  pour  la  com:i;nni m  des 
m  lades  l/s  deux  formuU^s  séparément  :  Corpus  Do- 
mint  uostri  Jesn  Cbrisli  cu$!odiat  te  in  vitum  œternam; 
vl  :  Sdtujuis  Domini   nostri  Jcsu  Cliris'i  rediniit  te  in 
vitmnœlernnm.  Léo-  zième  concile  de  'Jolède  suppose 
que  les  mourants  |ireuai(^nl  les  deux  espèces,   lors- 
(|'i'expliqnaiit  dans  le  onzième  canon  du    décret  du 
premier  coi  cile  l'iiu  eu  celle  même  ville,  par  lequel 
on  déclare  séparé»  de  l'Église  ceux  ipii  ne  consomment 
pas  rE!ichari>lie,  il  dil  ipi'il  ne  doit  s'cnlenilre  (pie  de 
Ceux  ijui  le  piMiveiii ,  e'  non  de  ceux  qui  par  iiilirmité 
ne  soni  pas  eu  étal  de  le  fiire,  te's  ipie  sent  ceitai-.s 
malades:  car  nui  s  eu    vous  vu,  (lisent  les  évéïpies, 
qui,  ^oullailanl  avec  ardeur  de  recevoir  le  viatiipie  de 
la  communioii,  ont  rejeié  rEiicl:arislie  (pie  I  ■  luêtre 
leur  avait  doiiiiée,  ceipi'dsont  fail  non  par  iiilidéiilé, 
mais  parce  ipriK  n'en  pouvaient  rien  avaler,  excepté 
ce  qui  est  cfuilcnu  dans  !.'  calic'  d'i  Seign  ur  (('est- 
à-dire,  le  sang  précieux)  :  Sed  qnbd  prœtcr Dominici 

(1)  Hist.  du  Raji.  put.  2.  c  2. 

(■.)  Ap.id  .Mari.  I.  2,  c.  i.  ail.  12,  p.  iiU.  ' 

(5)  lu  i.ol.  ad  Sacra.j.  p.  ôîiO. 


sst 


EUCHARISTIE.  —  Cn\P.  VI.  TEMPS  AFFECTÉS  A  LA  COMMUNION 


283 


Califii  hiiHstitm  Irndilniii  sibi  non  prssrnt  l''.uchnristifini 
detjlnlhc.  Ces  |);ii(ilfs  soiil  :isst'Z  clMires  ol  iTiiiit  p:\> 
besoin  (le  coiuiiu'iiiiiire.  Nous  avons  un  o\iMiipli'  illii- 
Slro  (lu  viali(iiit!  adminislié  amis  les  deux  (î  pi'c.os  d  uis 
la  \it;  (le  sainte  Marie  Égypiienno,  écrite  par  S.  So- 
plironc,  (^11  il  est  dil  (jiie  /itziiiie  r(^s  rva  hikî  partie  du 
s  ng  prtîc  eux  qui  avait  él(;  ci)iisier(i  K' .loiidi  Saiiil 
l»onr  le  lui  purler  avec  le  cnrps  de  Nolre-Scigmiir, 
comme  la  sainte  l'en  nvail  prié  un  .in  auj  aravant.  ' 
Nous  avons  nièiue  des  preuves  pour  laire  voir  «[u'oii- 
Ire  \o  pain  eonsacré(pie  \\y.\  n'servailcoinmmiénicni, 
tant  |)onr  la  communion  des  malades  (jne  po:ir  celle 
dos  nouveaux  haplisés,  à  (jui  certaines  circo;  stances 
ne  permellaieni  p  is  d'attendre  le  temps  alVecté  à  la  cé- 
lébration du  lî.iplème  solennel;  on  réservait  au^si  le  ; 
sang  de  Niilie-Sv'ignem- |)oiir  servir  à  cet  nage;  au 
moins  cela  était  prati(iué  dans  (pielques  e  droits.  Je 
mets  de  ce  nombre  1 1  ville  de  Constanllnvple;  et  c'est 
S.  Jean  Clirysostôme(l)(|ui  nous  appread  (pie cela  s'y 
pratiquait  :  car  ce  saint  évêqne  pariant  de  l'invasiiju 
que  les  soldats  firenl  danssi  n  église  par  les  iiitr^gics 
de  Tlié'pli  le  d'Alexandrie,  il  dit  (juils  cnUTrenl  (la  | 
veille  de  Pâques)  dans  les  lieux  secrets  où  l'on  corj-  i 

serve     l(!S    cllOS  s    saintes ,  à/À  è  6à    rà    «-/{a   «TT^/.rjTO 
«î7£/0ivT£;   oi  îTp/.Tiûr«i,  Cl  que  qucIqucs-iMS  d'en-  ' 
tr'eux  (pii  n'étaient  point  iniiiés  aux  saints  mystères  y 
virent  ce  qui  y  éiait.  Il  ajoute,  ce  qui  prouve  ce  (pie 
nous  avançons  :  Le  sang  très-saint  de  J(:sus-Clirist  fut  1 
ré,iandu  sur  les  babi  s  des  soldats,  comme  on  peut  ' 
bien  s'ima^^iner  dans  ua  si  grand  et  si  clFroyable  tu-  . 

ITlulte ,  yè  -.à   ù.-ii.o-.o.-:'))  oXij.v.  toû    <3y^s.ipou....    si;    rà    twv 
T<coti.or,ij.ij(ai  sTDZTtÛTw^   E//âTta  iXnyyi-'o  ,  ct  poiir  faire  j 
voir  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  du  sang  qui  venait  d'être  , 
consacré  pendant  la  célébralion  de  la  liturgie,  il   dit  ' 
que  celte  irruption  se  lit  dans  le  temps  que  les  ca:é-  I 
cbmnènes  étaient  sur  le  point  d'entrer  dans  les  Ibnls 
sacrés  pour  y  nccvoir  le  Baptême.  Or  nous  avons  , 
montré  ci-deianl  ([ue  l'on  célébrait  le  iJapiême  avant 
que  de  commencer    la   l.tuigie  ou  l'office  qui  précé- 
dait et  accompagniiil  la  consécration.   D'ailleurs  les 
paroles  du  saint  docteur  nianpient  assez  claireiiient  | 
que  ce  sang  (pii  lut  répandu  était  mis  en  réserve  dans 
un  lieu  secret  destiné  à  cet  usage.  Ce  que  dit  S.  Je-  \ 
r(')mc  (2)  de  S.  Exnpère,  évèque  de  Toulouse,  qu'il 
portait  le  corps  de  iNotrc-Seigneur  dans  un  panier  d'o- 
sier, ct  sou  sang  dans  une  coupe  de  verre,  fait  aussi 
cniciidre,  ou  (pi'il  le  portail  ainsi  aux  malade<,ou  (jii'il 
le  réservait  dans  ces  vases  si  vils  ayant  vendu   tout 
son  bien  cl  celui  de  son  église  pour  s;)iilager  les  mi- 
sérables. Il  est  certain  de  plus  que  depuis  qu'on  |  rit 
la  couiume  en  (  ertains  cndroils,  comme  nous  ra\o:is 
exposé  dans  le  ciiapitre  précédent,  de  tremper  l'es- 
pèce d  1  jKii.i  dans  le  vin  consacré,  on  |»rit  aussi  celle 
de  c  iiniiunier  les  malades  en  cette  manière. 

il  arrivait  aiis>i  souvent  (pie  les  mal  ides  commu- 
niaient après  la  messe,  suit  da::s  l'église  quand  on 
pouvait  les  y  transporter,  soit  dnis  leur  cliambrc  où 

(I)  Ep.  ad  limoc.  rap.,ann.404. 
\±)  Lpisl.  ud  Ku>t. 


■  l'on  die^sail  un  aiilel  à  cet  effet  ;  mais  cotte  dernière 
pr.li(pie  était  plus  rare,  et  l'on  n'en  voit  que  pou  ou 
poiot  d'exemples  dans  les  six  ou  sept  premiers  siècles. 
Da'is  ces  deux  cas  on  donnait  encore  le  viatique  sous 
les  deux  espèces.  Saint  Odon  nous  en  rapporte  un 
exemple  eu  la  personne  de  Geraud,  comte  d'Aurillac, 
l»oiir  l(>(pi(l  on  célébra  la  messe  après  complies,  à  la 
lin  de  hupielle  il  n  çnt  le  viatique.  C'était  une  dévo- 
lion  des  personnes  de  piété  de  se  faire  ainsi  porter  à 

j  l'ég'ise  pour  y  i^ccvoir  les  derniers  sacrements.  Saint 
CiH'goin;  nous  apprend  que  S.  Benoît  en  usa  de  la 
sorte.  1*0) imi  se  ad  orator'mm  fecit,  ibique  exituni  stinm 
sucnimciilis  Ihniinicis  mitniuit.  il  ajoute  même  qu'il  y 
lendit  l'esprit  en  priant  au  milieu  de  ses  disciples. 
Sailli  Isidore  de  Scville  (1)  y  alla  aussi  pour  y  recevoir 
le  viati  |ue  (pi'oii  lui  donna  sons  les  deux  espèces, 
élaiil  cniiveri  de  cendces  et  de  cilice;  cette  mort  ar- 
riva en  COG. 

Sai  t  Edmond,  arcbevêqiic  de  Cantorbéri ,  prescrit 
dans  ses  Constitutions  (cap.  2,'))  la  manière  dont  les|)rê- 
ires  doivent  porter  b;  \  iaiiipie  aux  mourants,  en  ces  ter- 
mes :  Oitiind  il  faudra  porter  l'Eucharistie  aux  malades, 
que  le  prêtre  ait  une  boîte  propre  el  honnête,  dans  la- 
quelle  il  y  ait  un  linge  très-blanc,  el  qnil  porte  ainsi  le 
corps  du  St'iqnt'ur  au  malade,  mettant  dessus  (la  boite) 
un  linge  blanc  ;  qu'il  soit  précédé  d'une  lanterne,  à  moins 
que  le  malade  ne  suit  dans  un  endroit  trop  éloigné ,  et 
d'une  croix,  si  cela  se  y"ut,  et  qu'on  ne  Cuit  point  porté 
à  un  autre  malade.  Qu'il  soit  outre  cela  précédé  d'une 
clochette,  dont  le  son  excite  la  dévotion  des  fidèles.  Qu'il 
porte  /'Orarinin  ou  l'élole  avec  lui,  quand  il  va  vers  le 
malade  avec  l'Eucharistie,  et  que  le  malade,  s'il  n'est 
point  éloigné,  approche  décemment  de  lui,  revêtu  d'un 
surplis.  Le  même  prélat  ajoute  que  le  prêtre  doit  avoir 
un  vase  d'argent  ou  d'étain  affecté  pour  cela,  qu'il 
doit  toujours  porter  à  celte  occasion,  alni  de  pouvoir 
donner  au  malade  ,  après  le  viatique,  l'eau  ou  le  vin 
mêlé  d'eau  dans  le(iuel  il  s'est  lavé  les  doigts. 

CHAPITRE  VI. 

Des  temps  affectés  et  la  Communion  des  fidèles.   Variété 
de  discipline  mr  ce  point 

On  ne  peut  douter  que  dans  les  premiers  siècles  la 
communion  ne  fût  très -fréquentée.  Les  fidèles  n'ayriiit 
tous  qu'un  cour  cl  (pi'une  àiiie,  persévéraient  dans  la 
communion  delà  fraction  du  pain,  comme  dil  S.  Lue 
dans  les  Actes  ;  el  suivant  S.  Jiisiin  (Apol.  2)  el  les 
(]onstilulions  apostoliques  (I.  8,  c.  20),  il  est  constant 
(juc  le  prêtre,  ayant  célébré  les  divins  mystères,  dis- 
tribuait l'iiicliarislie  à  un  cliacnn,  soit  par  lui-même, 
soit  par  les  diacres.  Non  seulement  tous  ceux  qui 
avaient  assist(';  au  sacriliee  non  sanglant  partieipaiejit 
à  la  victinn;  (pii  y  avait  élé  immniolée  ,  mais  ,  comiï>e 
vous  avez  vu  ci-devant,  ils  remporlaienl  encore  clicz 
eux  l'our  s'en  nourrir  tous  les  jours  avant  que  do 
prendre  le^  autres  aliments.  C'est  ce  (jne  nous  apprend 
TerluIIien  ;  et  S.  Cyprien  conlirme  ce  que  nousdisoiii 

(i)  Grrg.  fiial.  1.  4.  .  , 


285 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


984 


de  la  ferveur  des  premiers  chrétiens,  cl  do  celte  faim 
spirituelle  qui  les  pressait  de  inan^-er  colle  cliair  vi- 
Vifiaiile,  faim  qui  est  la  iiiarque  la  pli;s  assurée  de  la 
santé  de  l'homme  iulcrieur,  comme  le  dcgoùl  et  l'in- 
diflérence  pour  elle  montre  évidemment  (jue  l'àmecst 
bien  malade.  Nous  demandons,  dit  ce  saint  do- 
cteur (i),  que  l'on  nous  donne  tous  les  jours  ce  pain 
(de  rEucharistie),  de  peur  que  nous,  qui  sommes  en 
Jésus-Chml,  et  qui  recevons  tous  tes  jours  f  Euckaris'Àe 
comme  une  viande  de  salut,  ne  soyons  séparés  du  carps 
de  Jésus-Clirisl,  si  par  quelque  grand  péché  nous  sommes 
contraints  de  nous  en  abstenir,  et  de  ne  point  participer 
à  ce  pain  céleste. 

Jusque  là  cette  discipline  s'était  observée  conslam- 
nicnt  par  le  seul  instinct  de  la  piété  des  premiers  fi- 
dèles dins  le  cours  des  trois  premiers  siècles  ;  mais 
ensuite  elle  passa  en  loi,  comme  le  montre  le  dixième 
canon  des  apôtres  (i),  qui  décerne  des  peines  contre 
les  fidèles  qui  manquent  de  communier  toutes  les  fois 
qu'ils  assistent  aux  divins  mystères.  Il  faut,  y  csi-il 
dit,  séparer  de  la  communion,  à^fopiÇnCai  yp-n  ,  l'an- 
cienne \eTsion,communione  privari,  nenis-le-Pelit,  sc- 
(jrcgari  oportet,  les  fidèles  qui,  venant  à  l'église  et  y  en- 
tendant les  divines  Ecritures ,  ne  demeurent  poinl 
pendant  la  prière  et  la  sainte  communion.  coM)me 
n'étant  propr^is  qu'à  apporter  du  trouble.  Mh  ■^^a.fy.ixi- 
vo^TKî^  xat  T>3  K'/Cci  fie-:K).r:pzi.  L'ancienne  version,  nec 
sanctam  communionem  percipiunt.  Le  concile  d'Antio- 
che,  tenu  du  temps  du  pape  Jules,  renouvela  ce  rè- 
glement dans  son  second  chapitre.  E(re(  livemenl  nous 
voyons  qu'en  plusieurs  endroits  la  coutume  de  com- 
munier tontes  les  fois  qu'on  célébrait  les  saints  mystè- 
res, c'est-à-dire,  presque  tous  les  jours,  se  conserva 
jusqu'au  cinquième  siècle.  Saint  Jérôme  (3)  le  dit  ex- 
pressément de  l'Église  de  Rome.  Je  sais  qu'à  Rome 
(ce  sont  ses  termes)  c'est  la  coutume  que  les  fidèles 
reçoivent  toujours,  semper,  le  corps  de  Jésus-Christ, 
ce  que  je  ne  blâme  ni  n'approuve.  S.  Augustin  (4)  té- 
moigne que  de  son  temps  les  coutumes  sur  ce  point 
étaient  dilFérer.tes  en  Afrique.  Ce  qui  fait  voir  que 
jusqu'au  cinquième  siècle  l'usage  de  la  conimimion 
journalière  s'était  conservé  dans  certaines  églises  ;  je 
dis  dans  certaines,  car  il  est  sûr  d'ailleurs  par  S.  Ba- 
sile, S.  Jérôme  et  S.  Augustin  ,  que  l'on  croyait  en 
d'autres  endroits  devoir  en  user  autrement,  et  le  pre- 
mier de  ces  pères  dit  de  lui-même  qu'il  ne  commu- 
niait que  deux  ou  trois  fois  la  semaine. 

Pans  la  suite,  le  nombre  des  chréliens  négligeants 
se  nmiliplianl  tous  les  jours,  le  concile  d'.\gde  (cap. 
18)  de  l'an  506,  pour  les  faire  sortir  de  ce  funeste  as- 
>oiipissement,  se  crut  obligé  d'ordonner ,  sous  peine 
irexcommunication  à  tons  généralement,  de  commu- 
nier à  Noël,  à  Pâques  et  à  la  Pentecôte.  Qui non 

communicaverint  calhoUci  non  credanlur,  nec  inter  ca- 

(1)  De  Oral.  Dominic. 

ci)  Ces  canons  sont  au  moins  de  la  fin  du  troisième 
fciècle,  on  du  commencement  du  quatrième. 

(3)  Episi.  Ad  Pamniach.  '-^ 

(4)  Epist.  52.  ' 


tliolicoi  iiabeantur.  Ce  ddcret  du  concile  d'Agde  devint 

c(uume  une  loi  dans  l'Église.  Egbert ,  an  hevcque 
d'York  (1)  le  donne  sur  ce  pied-là  ;  le  troisième  con- 
cile de  Tours  (can.  50)  veut  que  l'on  s'y  conforme, 
aussi  bien  que  l'évêque  \Ylphad  (2),  dans  un  écrit 
adressé  à  ses  curés.  Graiien  (3)  le  cite  mal  à  propos 
sons  le  nom  du  concile  d'Elvire. 

Ce  règlement  ne  prouve  pas  que  le  gros  des  chré- 
tiens portât  alors  la  négligence  jus(|u'au  poinl  de  ne 
communier  que  deux  ou  trois  fois  l'année;  il  fait  voir 
seulement  que  dès-lors  il  s'en  trouvait  un  grand  nom- 
bre (pii  témoignaient  trop  d'indillérence  pour  leur  sa- 
lut, et  qui  avaient  besoin  d'être  en  (juclque  sorte  con- 
traints de  rentrer  en  eux-mêmes,  et  de  s'appliquer  à 
mériter  par  leur  bonne  vie  de  recevoir  plus  souvent  la 
sainte  Eucharistie.  Les  bons  chrétiens  n'avaient  pas 
besoin  d'être  excités  à  communier  irois  fois  Tan  :  la 
plupart,  depuis  ce  concile  d'Agde,  le  faisaient  tous  les 
dimanches.  Théodore,  archevêque  de  Canlorbéri,  le 
fait  îissez  entendre,  lorsqu'il  dit  dans  ses  Capitules 
choisis  (i)  :  Les  Grecs  communient  tous  les  diman- 
ches, soit  clercs,  soit  laïques,  et  celui  qui  ne  communie 
pas  est  excommunié  :  pour  ce  qui  est  des  Romains,  ceux 
qui  veulent  communient  également ,  simii.iter  commu- 
nicant :  mais  ceux  qui  ne  le  font  point  ne  sont  pas  ex- 
communiés. Divers  capiinlaires  de  nos  rois  pres- 
crivent la  même  chose;  c'est  ce  que  l'on  voit  dans  le 
sixième  livre,  num.  170.  Le  182"  du  5"  livre  ordonne 
de  plus  aux  fidèles  de  communier  les  jours  de  bonnes 
fêtes,  outre  les  dimanches,  à  moins  qu'on  n'ait  dé- 
fense de  le  faire. 

Du  temps  de  Charlemagne  et  de  Louis-lc-Déhon- 
naire,  on  tenta  même  de  rappeler  rancieiine  disci- 
pline sur  ce  point  comme  sur  bien  d'autres,  comme 
on  le  voit  dans  les  auteurs  et  les  règlements  de  ce 
temps-là.  .Mais  il  y  a  beaucoup  d'apparence  que  peu 
de  gens  s'y  conl'ormèrcnt.  Cependant  il  arriva  ce  que 
l'on  voit  ordinairement,  que  pendant  que  les  uns  se. 
souciaient  peu  de  ces  beaux  règlements,  les  gens  de 
bien  et  de  piété  s'y  conformèrent,  et  crurent  qu'il 
était  tiUement  de  leur  devoir  de  communier  toutes  les 
fois  qu'ils  assistaient  an  saint  sacrifice,  qu'ils  voulaient 
n)ême  recevoir  la  comnumion  plusieurs  fois  par  jour, 
s'ils  assistaient  à  plusieurs  messes.  Walafrid  Stra- 
bon  (cap.  22)  nous  apprend  celle  particularité.  Il  en 
est,  dit- il,  qui  croient  qu'il  suffit  de  communier  une 
seule  fois  par  jour  quoiqu'ils  assistent  à  plusieurs 
messes.  D'autres  au  contraire  croient  qu'il  esl  de  leur 
devoir  de  communier  à  chaque  messe.  A  quoi  cet  au- 
teur ajoute  que  son  sentiment  est  qu'on  ne  doit  blâ- 
mer ni  les  uns  ni  les  autres,  quorum  neutros  culpun- 
dos  existimo. 

Ces  bons  chrétiens  pensaient  bien  différemment  de 
ces  prêtres  dont  parle  le  douzième  concile  de  To- 

(1)  In  Excerplis,  cap.  58. 

(2)  Anal'cl.  Mabill  ,  t.  4. 

(ô)  De  Coiist.,  dist,  2,cap.  Omnis  homo,  21,  (Régi- 
non,  c.  lOG,  dit  la  même  chose.) 
(4)  Cap.  12  Spicil.,  t.  9.  ^       ' 


585 


EUCIIAUISTIE.  —  CIIAP.  M.  TKMPS  AFFECTES  A  LA  COMMUNION. 


zm 


lède  (can.  5)  (le  r;m  GSl,  dont  il  dit:  Nous  avons  | 
appris  que  cerlains  prélrcs  ne  coiunninluicul  pas  lou- 
les  les  luis  qu'ils  offroiil  le  saint  saciifice  ;  mais  qui,  si 
dans  un  niènic  jour  i!s  s'acquillenl  de  celle  l'onction 
plusieurs  fois,  ne  reçoivent  la  coiniiuuiiou  que  la 
dernière....  Quiconque  donc  agira  de  la  sorte  ci-après, 
qu'il  saclie  qu'il  sera  suspens  resp;\ce  d'un  an  de  la 
coniHuniionqu'iia  néglijjéde  prendre  si  indécenjnient. 
Cet  ahus  a  aussi  rogné  en  France,  comme  le  montrent 
les  plainicsde  Fulbert  de  Ciiartres  contre  les  prêtres 
qui,  par  un  remors  de  conscience,  remordenle  con- 
scieniià,  ne  communiaient  pas  toutes  les  fois  qu'ils  cé- 
léhraienl  la  m(>s.Sl^ 

Nous  entrerions  dans  un  dcl:iil  ennuyeux  si  nous 
voulions  rapi  orter  les  variétés  iiifiiiies  de  la  disci- 
pline des  dillërenlos  églises  ,  loncliant  les  jours  aux- 
quels on  prescrivait  ou  on  recommandait  la  Commu- 
nion aux  fidèk'S.  Dans  les  \mes,  outre  les  tiois  prin- 
cipales fèlts  dont  nous  avons  parlé  ,  on  commimiait 
encore  ù  celle  de  la  Transfiguration,  à  laquelle  on  di- 
sait trois  messes  :  cela  se  pratiquait  en  Espagne. 
Dans  d'autres ,  on  recommandait  de  communier  le 
jeudi,  le  vendredi  et  le  samedi  saints  :  ceux-ci  vou- 
laient surtout  qu'on  communiât  les  dimuicles  de  ca- 
rême; ceux-là,  tous  les  jours  de  la  semaine  de  Pâ- 
ques. En  un  mot ,  il  y  ava  t  sur  ce  point  beaucoup  de 
diversité  (1),  et  cela  ne  pouvait  être  autrement  dans 
une  matière  de  ce gcire. 

Ce  qtii  se  fait  encore  à  présent  à  Verdun  le  jour  du 
vendrtdi-saint  est  un  reste  de  cette  ancienne  prati- 
que ;  car  ce  jour-là ,  après  qu'on  a  célébré  la  messe  à 
l'ordinaire  ,  on  verse  du  vin  dans  le  calice  ,  que  les 
chanoines  et  les  autres  ecclésiastiques  viennent  rece- 
voir, à  genoux  à  côié  de  l'autel,  de  la  main  du  célé- 
brant; après  quoi  les  aumôniers,  les  chapelains  ,  et 
autres  officiers  de  l'église  cathédrale,  versent  aussi  du 
vin  dans  deux  ou  trois  auires  (alices,  et  vont  le  pré- 
senter au  peuple,  qui  se  met  pour  k;  receviùr  dans  h's 
chapelles  des  coll;itéraux ,  où  chacun  boit  un  peu  de 
oc  vin.  Celte  pratique  peut  être  encore  considérée 
comme  un  reste  de  l'ancienne  discipline,  de  recevoir 
l'Eucharistie  sous  l'espèce  du  vin  ;  et  ce  que  prescri- 
vent les  statuts  synodaux  du  diocèse  revient  au  même, 
car  0!i  y  lit  ce  qui  suit  (  fol.  reclo  45)  :  «  Les  prêtres  i| 
avertir  nt  le  peuple  de  ne  point  venir  iumulti;aire-  Ij 
ment  à  la  Conununion  le  jour  de  Pâques  ,  mais  avec 
hum  lité,  crainte  et  dévotion;  et ,  après  qu'ils  auront 
communié  le  peuple  ,  il  est  de  la  décence  de  donner  à 
un  ciiacun  du  vin  à  boire,  si  on  peut  en  avoir  commo- 
dément. > 

Xonob.tai.t  tous  ces  règlements,  la  piété  se  refroi- 
Jissait  de  jour  en  jour,  et  l'Eglise ,  pour  arrêter  le 
rorrs  du  relâchement  ,  fut  er.fin  obligée  de  se  réddire 
à  faire  ce  fameux  règlement  du  concile  de  Latran  (2), 
qui  oblige  tous  les  cbrètii>ns  à  commimier  au  moins 
une  fois  l'an  ;  voici  ce  qu'il  porte  :  i  Que  les  fidèles 


(!)  Theodulpli.  in  cap.  n.  i[  ;  Nicol.  1,  ad  c«« 
Bnlg.  ;  Amal.  in  frag.  S|Mcil.,  t.  C. 
(i)  De  l'œnil.  et  iiemiss. 


de  tout  sexe,  quarrd  ils  seront  parvenus  à  l'âge  de 
discrétion  ,  confessenl  fidèlemeni  1  ours  péchés  à  leurs 
propres  prêtres,  et  qu'ils  s'appliquent  à  accomplir  la 
pénitence  qui  leiu-  sera  enjointe,  recevant  au  moins  à 
Pâques,  ad  minus  in  Pasclut,  le  sacrement  d'Eucha- 
ristie ;  à  moins  que ,  jvar  le  conseil  de  leurs  propres 
prêtres,  Ils  ne  croient  devoir  s'en  abstenir  pendant  un 
temps  pour  quelque  cause  raisonnable;  quo  celui  qui 
y  manquera  soit  interdit  de  l'entrée  de  l'Eglise  de 
son  vivant,  et  qu'à  la  mort  il  soit  privé  de  la  sépulture 
cliréticnne.  > 

Ce  décret  du  concile  de  Latran  a  été  inséré  dans  le 
corps  du  Droit  canonique,  et  les  docteurs  en  cette  fa- 
culté (I)  l'ont  expliqué  dans  leurs  ouvrages.  Je  rap- 
porterai iei  (luelques-unes  de  leurs  explications  :  ils 
remarquent,  1°  qu'eu  égard  au  seul  précepte  positiC 
,  de  l'Eglise,  on  y  satisfait  en  communiant  une  fois  au 
moins,  scinet  ad  minus,  à  Pâques  ,  ou  an  temps  pascal, 
qui  comprend  la  semaine-sainte  et  l'octave  de  Pâques, 
le  Pape  Eugène  lY  l'ayant  ainsi  déclaré  dans  sa  bulle 
Fide  digna;  T  que  celte  Communion  pascale  doit  se 
:  faire  dans  la  paroisic  dont  on  est ,  comme  tous  les  ri- 
tuels et  les  décrets  des  synodes  le  prescrivent  unani- 
mement, aussi  bien  que  S.  Charles  dans  son  second 
Concile  provincial  ;  en  sorte  que  le  propre  pasteur 
doit  donner  la  Communion  pascale  aux  malades»  quoi- 
qu'ils l'aient  reçue  hors  ce  temps,  à  moins  quo  le 
curé  ne  juge  à  propos  de  proroger  le  temps  parce  qu'il 
prévoit  que  le  malade  sera  bientôt  en  état  de  veoir 
lui-même  la  recevoir  a  l'église  ;  ils  enseignent  3°  que 
l'Eglise  oblige  les  fidèles  à  la  Communion  annuelle  de 
manière  cependant  qu'elle  n'y  contraint  pas,  si  quel- 
qu'un, par  le  conseil  de  celui  à  qui  il  rend  compte  de 
l'état  de  sa  conscience,  juge  à  propos  de  s'en  abste- 
nir pour  un  temps  ,  pour  des  causes  raisonnables  : 
iVîsJ  forte  de  cottsilio  proprii  sacerdolis  ob  aliqtiam  rU' 
tionabileni   causam  ad  tempus   duxerit  abslinendum  ; 
car,  disent-ils,  si  le  pasteur,  ou  quelque  autre  méde- 
cin des  à'îies,  juge  que  cet  aliment  sacré  ne  convient 
pas  à  un  malade,  et  qu'il  doive  plutôt  lui  donner  la  mort 
que  la  vie.  Dieu  nous  garde  que  l'Eglise  contraigneses 
enfants,  en  pareil  cas,  à  recevoir  la  Comnnmion  !  elle 
aime  mieux  qu'en  s'en  abstenant  plus  longtemiis,  ils  se 
disposent  à  en  approcher  dignement,  que  de  ce  qu'ils 
mangent  et  boivent  leur  propre  condamnation  en  la 
I  recevant  avec  précipitation.  L'Eglise  ne  veut  donc  pas 
\  <pie  ses  enfants  dillèrent,  par  indifférence  ou  par  mé- 
pris, la  Communion  au  delà  de  l'année;  mais  si ,  par 
les  conseils  d'un  directeur  prudent ,  ils  s'en  abstien- 
nent pour  s'y  mieux  préparer  et  la  recevoir  ensuite 
avec  plus  de  fruit,  non  seulement  elle  ne  blâme  pas  ' 
cette  conduite,  mais  elle  l'approuve.  Ce  que  nous  di-[ 
sons  est  conforme  à  ce  qu'on  lit  dans  les  Statuts  sy- 1 
nodaux  de  Verdun  (fol.  verso  44),  qui  ordonnent  aux 
curés  d'exhorter  leurs   paroissiens  de  recevoir  au 
nmins  une  fois  rEucharislie,  à  la  fêle  de  Pâques,  après 
s'être  confessés  et  avoir  accompli  la  pénitence  qui 

(1)  Van  Espen  ,  t.  2,  part.  2,  lit.  1, 1,  2. 


28t 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


288 


leur  est  enjointe,  à  moins  qnc,  par  leur  conseil ,  ils  ne  i 
iug.'nt  h  propos  de  seii  :il.sleiiir  pour  quelque  cause 
raisonnable,  et  cela  pour  un  temps  seiiloMienl.  A' /si 
de  eorum  consitio  ob  utiquani  causam  ratiounlein  duxc- 
rint  à  tait  perccptione  abuluieudinn  ad  leinpus  ;  antre- 
liient ,  est-il  dit ,  ceux  qui  négligeront  ce  devoir  n'en- 
treront point  dans  l'église,  et  seront  privés  à  la  mort 
de  la  sépulture  ecdésiasiiipie. 

Enfin,  les  canonisles  prétendent  que  l'exconinumi 
cation  dont  sont  menacés  ceux  (jui  ne  s'accpiitient  jas 
du  devoir  de  la  Conununion  pascale  n'est  pas  du  nom- 
bre de  celles  cpie  l'on  nomnuî  hilœ  sniteiilia',  mais  de 
celles  qu'ils  ap\)c\\cul  ferendœ  sutentiœ ,  ce  qu'ils  in- 
fèrent de  la  teneur  des  termes  dans  le  quels  le  décrc» 
est  conçu  :   d'où  vient  que  les   synodes  parliculiers, 
entre  autres  celui  de  Maliies,  ordonnent  (\\\c  le  cur( 
dénoncera  à  l'évêque  ceux  ([ui  n'auroiil  pas  f.iii  leurs; 
Pâques,  sans  excuse  légitime,  pour  subir  la  scntonre 
et  la  peine  qui  est  décernée  contre  e:ix  par  h  concile 
deLalran.  Ainsi,  il  n'appirtient  p.is  aux  curés  d'exé 
cutcr  de  leur  pr()|)re  autorité  ce  qui  est  ordonné  par 
le  concile,  mais  ils  doivent  porter  leur  plainte  à  \'é\è 
que,  et  l'aire  ensuite  ce  tpie  celui-ci  aui  a  ordonné  avec 
connaissance  de  cause  :   ce  qui  est  d'auiani  plus  à 
propos,  qu'ordinairement  l'omission  de  laComuumion 
pascale  n'est  point  de  notoriété  publ  que,  et  encore 
moins  les  causes  qui  ont  pu  l'enqiècber,  et  il  n'y  a 
point  de  scandr.ie  à  craindre  dans  une  cliose  de  cette 
nature.  En  tout  cas,  il  est  moins  sc:uula!eux  de  don 
ner  la  sépidlure  à  celui  qui  n'a  pus  reçu  la  Conimu 
nion  à  l'àqu.s,  que  d'admettre  à  la  pirticipatiou  dt 
ce  pain  sacré  un  criminel  notoire  avant  qu'il  ait  pu 
bliquement  sati-.rait. 

Quoique  le  concile  de  Lalran  ait  réglé  ce  qui  re- 
garde lesdevoirs  indispensables  des  clirétienstducliai.l 
la  Communion ,  il  s'est  tenu  néanmoins  depuis  des 
conciles  qui  ont  cru  être  en  droit  d'imposer  aux  cbré- 
liens  négligents  des  lois  plus  sévères ,  entre  autres 
celui  de  Toulouse  de  l'année  lii'iS,  cbap.  13,  et  celui 
d'Albi  de  l'aimée  l'25''2,cliap.  29,  riui  ordonnent  (pi'in 
se  confessera  et  ipi'on  communiera  trois  l'ois  Tannée, 
aux  trois  principales  fêtes.  C'est  une  cliose  bien  bou- 
leuse  pour  les  callioli(pies  de  faire  paraître  si  peu 
d'ardeur  pour  cette  viande  sacrée,  tandis  que,  sui- 
vant le  témoignage  de  Josopii-l'liidien ,  les  pauvres 
cbréliens  de  Cranzanor  reçoivent,  ou  plutôt  rece- 
vaient trois  fois  l'Eucbarisiie  par  an.  Allatius  (1)  té- 
moigne aussi  que  les  Grecs  sont  r<trt  négligents  eu  ce 
point,  puisque,  selon  lui,  à  l'exceiitiou  de  peu  dejonrs 
auxquels  ils  commimient,  suivant  la  coultnne  de  leur 
Eglise,  et  surtout  du  temps  pascal ,  il  ne  se  lait  parmi 
eux  presque  aucune  ccmnuuniou  ,  et  même  plusieurs, 
en  ce  temps,  s'imaginent  avoir  satisfait  h  leur  devon- 
en  prenant  de  l'eau  bénite 


(1)  Lib.  ô  de  Consens,  Ercl.  Oeoid.  et  Orient.,  c 
IS.  'Vid.  vol.  18  Tlieol.  Curs.  compl.) 


CHAPITRE  VII. 


Que  du  temps  des  Apôtres  on  ne  recevait  l'Evrliaristié 
quaprès  un  repas  nommé  Agape.  De  l'ordre  qui 
s'observait  dans  ce  repas.  En  quel  temps  on  a  fait  une 
règle  de  communier  à  jeun.  De  quelquea  antres  dispo- 
sitions pour  communier.  Sévérité  avec  laquelle  on  pu- 
nissait dans  l'église  et  on  punit  encore  à  présent  chez 
les  Orimtaux  les  irrévérences  qui  se  conimettenl  contre 
le  sacrement  d'Eucharistie. 

Personne  n'ignore  que  Notre-Seigneur  n'institua 
le  sacrement  de  son  corps  et  de  sou  sang  qu'après  la 
Cène  légale,  et  qu'il  ne  le  présenta  aux  Apôtres  qu'a- 
près avoir  mangé  l'agneau  pascal  :  il  était  juste  que 
la  ligure  précédât  la  réalité.  Les  premiers  cluéliens 
suivirent  cet  exemple.  Ils  recevaient  l'Eucbaristie 
ajjrès  avoir  fait  tm  repas  ordinaire  qu'on  appelait 
Agupe,  nom  qu'on  lui  donnait,  connue  remarque  Ter- 
luliien  (  l  ),  parce  que  c'était  nu  repas  de  cliarité  aiupiel 
contribuaient  principalement  les  ricbcs  et  auquel  les 
pauvres  étaient  invites. 

Tout  se  |)assait  dans  ce  repas  avec  beaucoup  de 
modestie;  la  table  était  frugale,  et  on  n'y  souffrait 
rien  qui  ne  tendit  à  l'édiliciUiMi.  En  un  mot  c'était  un 
repas  de  religion  auquel  présidait  l'évêque,  ou  quel- 
ques uns  des  prêtres  par  son  ordre,  comme  nous  l'ap- 
preîious  d)  S.  Ignace,  (pii  le  dit  en  proj  res  termes 
danssa!eltreàceuxdcSu)yrne{n.8):  lin  est  point  permis 
de  baptiser  sans  l'évêque,  ni  d'offrir,  ni  d'immoler  l'hos- 
tie, ni  de  c'iébrer  le  repas  ;  ours  Saxô-f  èixirùtX'.  C'est 
aiiisi  que  ce  s;iinl  Maityr  nonune  ce  repas  ùoyr,:>,  fai- 
sant sans  douti;  allusi-Du  à  ce<iuedit  le  Sauveur  (2): 
Quand  vous  ferez  un  repus,  ccyr,j ,  appelez  les  pau- 
v:es,  les  estropiés  et  les  boiteux,  etc.  El  l'allusion  est 
fort  juste,  puisque  c'était  proprement  un  repas  de 
cliarité  dont  la  dépense  se  faisait  principalement  en 
faveur  d<.'S  |  aiivres  et  d(^  tous  ceux  (pii  étaient  dans  le 
besoin.  Cependant  dès-lors  ces  festins  portaient  le  nom 
d'ngape,  comme  le  montre  le  reproclie  que  fait  l'apô- 
t'C  saint  Judeaux  corrupteurs  de  la  foi  et  des  mœurs 
i|ui  s'étaient  élevés  de  son  temps  d;>ns  l'Eglise.  Ces 
persouues,  dit-il,  sont  la  boule  et  le  dé-^bonneur  de 
vos  festins  de  cliarité,  «^  raï,-  à'/àrruiî  ô//&j;  'jTii'/.ôi;,  lors- 
qu'ils y  mangent  avec  vous  sans  aucune  retenue;  ils 
ii'onl  soin  que  de  se  nourrir  eux-mêmes.  Ou  appe- 
lait donc  ces  festins  iudidércmmcnl  ouà-zàT/;  ou  àoy-r,, 
comme  l'a  remar<iué  l'empereur  Julien  à  la  fin  d'un 
fragment  (pii  nous  a  été  conservé;  et  le  premier  de 
ces  noms  leur  a  principalement  demeuré  dans  la  suite, 
tant  c!iez  les  Grecs  (pie  cliez  les  Latins,  à  cause  de 
la  (iu  (|ue  l'on  s'y  prop!)sail,  et  poiu"  laquelle  ils  ont 
éié  institués;  connue  cliez  les  Lacédémonieus  on 
nonnnait  leurs  repas  counnuns  yiSiT'c,  pour,  ipO-inx, 
selon  la  remanpiede  Porpbyre(3),  parce  (pieLycurgue 
LMulégislaieiU'  les  avait  établis  pour  entretenir  parmi 
eux  l'au.itié  et  l'union.  Nous  voudrions ,  comme  a 


1)  Apol.,  c.  r.9. 
;2)  Luc.  L4,  13. 
(31  4  de  Absliu. 


589  EUCHARISTIE.  ClIAP 

faitBnronins(l).  pouvoir  apporter  pour  moilèlc  deci-s  ' 
l/'Sliiis  de  cliari.c  ce  (pic  l'Iiiloii  racoule  de  ceux  des 
Tliérapciilcs;  mais  ceux  de  celle  >ecle  p  irlaieiil  des 
caractères  trop  marqués  de  Jiid  lïsiiie  jioiir  i\\)v.  nous  ks 
mettions  a»  iinnibre  des  cluéliens  ;  et  un  sivanl  ma- 
gistral (i)  a  fait  voir  dans  des  écrits  pul)iics  doni  j'ai 
Iules  CMraits  dans  le  Journal  des  savants,  (pie  c'élail 
mal  à  propos  que  S.  Jérôme  et  qneltpies  aulres  lant 
anciens  que  modernes  avaient  cru  que  Pliiion,  sous  le 
nom  des  Thérapeulos  avait  peint  les  mœurs  et  la  dis- 
cipline des  premiers  chrétiens  d'Kgypte  convertis 
par  S.  Marc.  Mais  au  défaut  de  IMiilou  nous  trouverons 
de  quoi  nous  dédommager  dans  Tortnllien,  (pii  nous 
décrit  l'ordre  et  la  sainte  discipline  (pii  régnait  dans 
ces  repas.  Ce  fut  la  nécessité  de  repousseï  les  calom- 
,iiics  des  idolâtres  qui  ne  ressaient  d'accuser  les  clné- 
licnsde  désordres  abominables  dans  leurs  ;issemblées, 
qui  engagea  cet  auteur  (3)  à  exposer  ce  qui  se  passait 
dans  ces  occasions.  Notre  Cène,  dit-il,  fait  coniiailre 
ce  (pfelle  est  par  le  nom  qu'elle  porte  :  on  l'appelle 
àyà-/i,  ce  qui,  chez  les  Grecs,  signifie  (uuUié  :  quel- 
que dépense  qu'on  y  f.sse;  c'est  un  gain  que  de  la  l'aire 
pour  la  piété  :  puisque  nous  soulageons  par  là  les  pau- 
vres, non  connue  vous  qui  entretenez  une  foule  de 
parasites  qui  vous  font  leur  cour  pour  faire  bonne 
chère,  mais  parce  que  nous  savons  tpie  Dieu  consi- 
dère princi|>alemcnl  ceux  qui  sont  dans  le  besoin. 
Si  la  cause  de  ce  festin  est  lionncte,  jugez  par  là  de 
la  discipline  qui  s'y  observe,  jugez-en  par  le  devoir 
de  la  religion.  On  n'y  soullVe  ni  bassesse  ni  immo- 
destie. On  ne  se  met  point  à  table  que  l'on  n'ail  l'ait 
au|»ara\ant  la  prière  à  Dieu.  On  y  mange  autant  qu'il 
fani  pour  apaiser  la  faim.  On  y  boit  autant  qu'il  con- 
vient à  des  personnes  qui  aiment  la  chasteté.  On  s'y 
rassasie  de  (elle  sorle  cpie  l'iui  se  souvient  qu'il  faut 
adorer  Dieu  pendant  la  miit.  On  s'y  entretient  île  dis* 
cours  dont  on  sait  rpie  Dieu  est  le  témoin...  on  y  invite 
chacun  à  chanter  à  la  louange  de  Dieu  (|uelipie  cantique 
lire  de  l'Écriture  sainte  ou  que  S(mi  esiril  lui  fournit. 
Vt  quisque  de  Scripluris  sanctis  vcl  de  propriu  iiigt'iiio 
polcsl,  pyovucatHV  in  mcdiian  Deo  cancre.  De  là  il  est 
facile  de  voir  comment,  il  a  bu.  L'oraison  .termine  le 
festin,  on  se  relire,  non  p'jur  connneltre  des  meurtres, 
non  pour  courir  çà  et  là,  ou  s'abandonner  à  la  dé- 
bauche, mais  pour  s'étudier  à  vivre  dans  la  modes- 
lie  et  avec  pudeur,  en  sorte  qu'il  semble  que  l'on  soit 
venu  plutôt  pour  apprendre  à  bien  vivre  que  pour  se 
rassasier. 

Telles  étaient  les  agapes  ou  festins  de  charilé  dans 
lesquels  on  distribuait  l'Eucharistie  aux  (idèles.  Les 
Corinihiens  s'étant  écartés  de  celle  sage  discipline, 
l'Aixîlre  S.  Paul  (4)  .es  en  repril,  cl  leur  cns'  igna  de 
quelle  manière  ils  devaienl  se  comporler  dans  me 
action  si  im|V)rlantc.  J'apprends  prcniièicmeni .  leur 
dit- il,  que  lorsque  vous  vous  assemblez  dans  l'éylise,  il 

(I)  In  ann.  Christi  o7. 

i'i)  .M.  le  président  Bouyhcr. 
5)  Apol.  c.  51). 
i)  1  Cor.  IL  V.  i8,else<i. 


VU.  DES  ACAPE«5.  290 

y  a  diS  parlintilés  parmi  vous  :  et  je  le  crois  en  partie  ; 
car  il  (nul  (pCil  ij  ait  minnedes hérésies...  Je  vous  déclare 
donc  quelorsipic  vous  vous  assemble:,  comme  vous  (ailes, 
ce  n'est  plus  maïujer  la  Cène  du  Seigneur,  car  chacun  y 
manije  le  souper  qu'il  ij  apporte  sans  attendre  les  aulres  : 
et  ainsi  les  uns  n'ont  rien  à  manger,  pcndartt  que  les 
an  resfonl  bonne  chère.  N'avcz-vous  pas  losmaisons  pour 
y  boire  et  pour  y  nmnger!  Ou  mépriscz-wus  l'Église  de 
Dieu  ?  El  voulez-  vous  faire  honte  à  ceux  qui  sont  pauvres  ? 
Que  vous  dirai- je  swr  cela?  \ous  louerai-je?  non  certes, 
je  ne  vous  eu  loue  point.  Après,  r.\pôtre  représente  aux 
Corinthiens  la  manière  dont  le  Seigneur  a  institué  le 
sacrement  d'Eucharistie; cl  enpiend  occasion  de  leur 
dire  de  s'éprouver  eux-mêmes  avant  que  d'y  participer, 
de  peur  qu'en  le  faisant  indignement  ils  ne  mangent 
et  boivent  leur  propre  cond.unnation. 

Tels  sont  les  reproches  (pie  l'Apôlre  l'ail  aux  Corin- 
thiens sur  le  peu  d'ordre  qui  régiiait  dans  leurs  festins 
de  charilé  (I)  ;  par  oi!i  nous  apprenons  que  le  repas 
l'.récédait  la  Coninmnion,  ainsi  que  le  reconnaissent 
li'S  plus  habiles  interprètes  et  qu'il  le  faut  entendre,  à 
moins  (pi'iiu  ne  veuille  faire  violence  au  texte.  11  est 
donc  constant  que  du  temps  de  S.  Paul  on  recevait 
rEiicharislie  après  le  repas  ordinaire,  cl  que  cet  apô- 
tre n'y  trouvait  point  à  redire*  mais  il  est  assez  incer- 
tain (juand  on  a  clian;:é  celle  voulume  et  quelque  re- 
cherche qui  j';iiepn  faire,  je  n'ai  pu  trouver  au  juste 
quand  on  a  l'ail  une  règle  de  ne  la  recevoir  qu'à  jeun. 
Je  sais  que  S.  Augusiin,  dans  sa  lettre  54*  à  Janvier, 
fait  remonter  cet  usage  jusqu'au  temps  des  Apôtres  ; 
mais  comme  les  Père-  en  matière  de  faits  historiques 
n'ont  pas  plus  d'autorité  que  les  autres  auteurs,  il  au- 
rait été  à  souhaiter  qu'il  en  eût  apporté  quelques  preu- 
ves, ctr  il  n'est  pis  aisé  de  <Q  persuader  que  les  pre- 
miers chrétiens  comuiuniassent  toiijoirsà  jeun.  11  était 
mèiiic  ires-dilTicile  ipi'iîs  pussent  le  f.iiredansun  temps 
où  on  ne  .■>'asseniblail  iiu' en  caci.ette  ou  à  la  dérobée, 
dans  un  temps  où  il  u'y  avait  point  d'heures  fi.xes  pour 
célébrer  les  saints  mys:ères,  mais  où  on  s'assemblait 
comme  on  pouvait,  et  quand  l  occasion  se  présentait 
do  le  faire  avccnioii.s  de  |  érilelordinaircmcnt  lanuit, 
comme  nous  le  voyons  dans  les  reproches  que  les 
pa'iens  faisaient  aux  cbrélieiis  (2)  qu'ils  Irailaie.il  pour 
ce  sujet  de  nation  Incifnge,  na:io  latebtosa  et  lucifuga. 
Tertullien  parle  (3)  aussi  d'assemblées  nocturnes, 
noclurnœ  convocaliones.  Est  il  croyable  que  hu'squ'on 
s'assemblait  ainsi  à  l'entrée  de  la  nuit  ei  souvent  ino- 
pinément pour  célé'irer  les  saints  mystères,  ou  dans 
une  maison  pailicnlièrcMiu  dans  un  souterrain,  tous  les 
lidèles  fussent  il  jeun,  on  ipie  l'iui  refusât  la  partici- 
pation des  saillis  mystères  à  ceux  qui  n'y  étaient  pas? 

Je  crois  «pie  lor.sipie  leschiéti  lis  étaient  les  maî- 
tres de  leur  temps  ils  s'abstenaient  de  toute  aulre 
viande  av;inl  l'Eiichaiislie  :  Tertullien  le  fait  entendre 
dans  un  passage  que  noua  avons  allégué  ci-devanl  (i)  ; 

(T)  Yid.  Eslinm  in  Panlnm,  inhunclocum,  \ 

{•!)  Apiid  .Miiiul.  Feli(  eiii. 

{'^)  Ad  lxor.,1.  :2,  ci.  ' 

l-i)  Chip.  5,  an.  1,  -        iT...         j 


^{  HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 

Tnajsjoneptiismcpersuaderqirn  y  eùtunen'-glclixcla-  ; 
dessus,  il  i>aiail  par  les  emiroils  de  S.  Ignace  cl  de  j 
Tcriiillien,  que  nous  venons  de  citer,  que  ces  aga|»cs 
élaicntdes  :issemi*lées  de  religion,  où  présidaient  les 
évèiitres  et  les  prêtres  qni  y  faisaient  les  tonclioiis  de 
leur  ordre,  c'csl-à-dire,  qui  y  sacrifiaient  l'iioslie  sans 
taclie  à  laquelle  tous  participaient.  Os  cantiques 
dont  parle  le  dernier  de  ces  Pères,  semblent  avoir  fait 
partie  de  l'oflke  de  la  liturgie,  et  reviennmi  à  ce  que 
S.  Paul  écrivait  aux  Corintliiens  (!)  touchant  Tordre 
qu'ils  devaient  observer  dans  ces  sortes  d'assemblées. 

Quoi  qu'il  eu  soit  des  conjectures  que  nous  hasar- 
dons ici,  il  est  indubitable  que,  soit  (pie  la  défense  de 
communier  après  le  repas  ait  été  laite  du  temps  des 
Apôtres,  soit  qu'elle  n'ait  été  faite  que  depuis,  l'usage 
de  communier  en  cette  manière  seconserva  long-temps 
après  en  diverses  églises,  et  enir'aatres  dans  celle 
d'Afrique,  dont  les  évèques  voulant  le  retrancher  dons 
le  concile  de  Carthage  de  l'an  597,  crurent  devoir  1.; 
laisser  subsister  pour  le  jour  du  Jeudi-Saint,  soit  par  , 
condescendance,  soit  en  mémoire  de  la  Cène  Eucharis- 
tique, qui  avait  suivi  le  repas  ordinaire,  ^^ous  avons 
ordonné,  diseut-iU  dans  le  canon  29%  que  les  sacre- 
ments de  rantel  ne  seraient  célébrés  quà  jeun,  excepté  le 
jour  anniversaire  de  la  Cène  du  Seigneur.  Que  s'i/  faut 
faire  la  recommandation  de  quelque  défunt  après  le  dî- 
ner, qu'on  ta  fasse  par  les  seules  prières,  si  ceux  qui  la 
foui,  ont  pris  leur  repas.  Depuis  ce  temps,  et  même 
dès  auparavant,  on  n'a  communié  qu'à  jeun,  pour  le 
respect  dû  au  sacrement,  excepté  ce  jour,  et  le  casde 
maladie.  Mais  les  repas  de  chanté  n'ont  pas  laissé  d'a- 
voir lieu  en  plusieurs  endroits,  et  comme  il  s'y  mêla 
ivers  abus,  on  eut  bien  delà  peine  dans  la  suite  à  les 
relranc'ier.  On  sait  combien  S.  Augustin  et  S.  Aurcle 
de  Cartilage  y  travaillèrent.  Cependant  le  principal  i 
bulquonse  proposa  d'abord,  fut  de  faire  en  sorte  que 
ces  repas  ne  se  lissent  point  dans  les  églises. 

Le  cardinal  Baronius  traite  fort  bien  celle  matière  ^ 
dans  le  premier  tome  de  ses  Annales  sur  l'an  57  de  Jésus- 
Christ  :  on  y  voit  que  ces  festins  se  faisaient  surtout 
aux  fêles  des  martyrs  et  aux  anniversaires  des  morts, 
el  même  aux  dédicaces  des  églises.  On  connaît  assez 
ce  qm  se  faisait  aux  tombeaux  des  martyrs  sur  ce  su- 
jet, l'histoire  ecclésiastique  est  pleine  de  ces  sortes  de 
faits  el  des  plaintes  qu'on  en  af;iils,  depuis  (jne  les  abus 
qui  s'v  commettaient  avaient  fait  prendre  la  résolu- 
tion aux  prélats  de  l'Église  de  les  retrancher.  S.  Pau- 
lin, dans  une  lettre  à  Arcthius,  gendre  de  sainte 
Paule,  loue  beaucoup  la  cliarilé  qu'il  fit  paraître  en 
donnant  un  repas  à  loiis  les  pauvres  de  Rome  dans 
les  galeries  et  autour  de  l'église  de  Saint-Pierre,  à 
Toccasion  des  funérailles  de  sa  femme  Ruiine.  Et 
S.  Grégoire  (2)  parie  du  festin  qu'il  voulait  qu'on 
donnât  au  peuple  pour  la  dédicace  d-une  église  de  la 
Sainte-Vierge  dans  une  lettre  au  sous-diacpe  Pierre  (5), 


452 


(i)  1  Cor.,  c.  l-i,v.  -26. 
(2)  Regisl.  1.  1,  ép.  1-i. 

(5)  Ce  sous-diacre  était  chargé  de  radministralion 
4'une  partiedes  domaines  de  l'Eglise  Romaine. 


à  qui  il  ordiinna  de  fournir  à  cette  dépense,  loi  pro- 
menant de  la  déduire  sur  ses  comptes.  Il  permit 
même  aux  Anglais,  afin  de  les  ail  rer  au  christianis- 
me, de  faire  ces  repas  dans  les  é-'lises. 

Si  les  premiers  chrétiens  ne  recevaient  poit:t  l'Ea- 
cbarislie  à  jeun,  ils  faisaient  d'ailleurs  tout  ce  qù  dé- 
pendait deux  pour  se  rendre  dignes  de  parlieiper  à  la 
nourriture  céleste  du  corps  de  Jésus-Christ,  et  on  peut 
dire  en  un  mot  que  toute  leur  vie  était  ime  préparation 
continuelle  à  celle  importante  action.  Tous  les  vrais 
chrétiens  dans  tous  les  temps  ont  fait  la  même  chose;  et 
les  chrétiens  orientaux  encore  aujritird'hui,  non  seule- 
ment ne  reçoivait  la  conmiunion  qu'à  jeun ,  mais, 
comme  le  prouve  M.  Renaudot  (1),  ils  exigent  des 
personnes  marié<îs  qu'elles  gardent  la  continence  la 
veille  du  jour  de  la  communion  ,  suivant  l'esprit  de 
l'ancienne  Église  el  le  conse  1  de  l'Apôtre.  L'évêque 
Sévère,  l'un  de  ceux  dont  les  jacobites  respectent  le 
plus  les  décisions,  prescrit  formellement  la  même 
chose.  Si  (iuelqu''un,  dit-il  dans  son  traité  du  Jeûne, 
veut  recevoir  la  sainte  communion  un  certain  jour, 
il  doit  s*ab:4enir  dû  tout  commerce  avec  sa  femme 
depuis  le  soir  du  jour  précédent ,  comme  par  exem- 
ple, s'il  veut  comumnier  la  troisième  férié,  qu'il  s'ab- 
stienne de  sa  femme  dés  le  soir  du  second  jour  de  la 
semaine  qui  est  le  commencement  du  troisième.  Celte 
discipline  est  ancienne.  S.  Isidore  en  parle  tomme 
d'une  chose  qui  était  généralement  pratiquée  de  son 
temps,  et  dont  il  n'était  pas  permis  de  se  dispenser. 
C'est  dans  le  premier  livre  des  Oflices  divins,  chapitre 
18,  qu'il  s'explitjiie  là-dessus,  en  disant,  que  par  toute 
l'Eglise  on  reçoit  rEiicliarislie  à  jeun,  et  que  les  gens 
mariés  doivent  garder  la  continence  quelques  jours 
avant  de  commuiiier  ivide  Fleuri,  t.  7). 

LcsOrioiiiaux  excluent  aussi  de  la  commu:^ion  ecrrx 
à  qui  il  est  arrivé  quelque  accident  la  nuit,  et  cela  par 
respect  pour  le  sacr«;ment,  comme  il  est  porté  dans  le 
monocanon  des  Syriens.  Cependant ,  Michel  de  Méli- 
cha  ,  un  de  leurs  docteurs,  permet  à  un  prêlrc  à  qui 
cela  est  arrivé,  de  célébrer  la  niessc,  s'il  ne  s'en  trouve 
point  d'autres  en  état  de  suppléer,  à  condition  qu'il  se 
lavera  le  corps,  et  qu'il  se  prosternera  cent  cinquante 
f  lis,  s'il  n'a  point  de  femme,  «u  trois  cents  fois  s'il 
en  a  une.  On  trouve  dans  l'Eucologe  des  Grecs  un  of- 
fice destiné  à  l'expiation  de  ces  sortes  do  souillures. 
Ils  excluent  de  même  de  la  communion  les  femmes 
qui  sont  dans  leurs  règles  et  celles  qui  relêve:it 
récemment  de  leurs  coi'.ches.  On  lit  sur  cela  les 
décisions  de  Sévère  d'Anlioche  el  de  Jacques d'Édcsse 
daiis  le  monocanon  des  Syrien^.  Ils  portent  si  loin  l'al- 
tenlion  qu'ils  ont  à  se  préparer  à  recevoir  ilitmement 
l'anguslc  sacrement  de  nos  autels,  que  Gabi  ici,  fils  de 
Tarich,  dans  ses  constitutions,  défend  au  prêtre  qui 
doit  célébrer  le  lendemain  ,  de  boire  aucimc  lii|ueur 
qui  puisse  enivrer  depuis  le  soir  de  la  veille  de  la  li- 
lui^ie.  Théodore  Balsamon,  fameux  canoniste  grec, 
ne  veut  pas  même  que  le  jour  de  la  communion  on 


j      (1)  Litiirg.  orient.,  dissert,  io  lit.  Copt.  S.  Basil. 


305 


EUCIIArxlSTlE.  —  ClIAP.  VU.  DKS  AGAPES. 


291 


prenne  le  bain  on  qnc  l'on  s'abandonne  nnx  ilcii- if  tennis  luosquo  lonl  rciin'il  contient  liVdossus.  parce 


ces;  mais  on  doil  ce  jiun--l:'>.  dit-il,  rendre  gr;\ccs  à 
Dieu  pnnr  le  bienfait  qu'on  en  a  reçu.  C'est  ain.si  (jn'il 
parle  dans  sa  rO[ionso  à  Marc,  palriarclic  d'Alexan- 
drie. 

La  liaison  des  nialièros  demande  de  nous  qu'a- 
près avoir  parlé  des  preiiaïalions  que  Ton  exigeait 
pour  recevoir  les  saints  mystères,  nous  disions  qiiel- 
qtio  clioso  des  peines  que  l'on  inllijîcail  îï  ceux  (jui 
commett;tiont  contre  eu\  quelques  irrevérciices.  Klles 
étaient  sinères  aiurefois,  et  le  sont  encore  aujmii- 
d'bui  cliez  les  Orientaux  ;  rien  n'est  plus  propre  à 
nous  persuader  qu'ils  pensent  comme  nous  antres  ca- 
tholi(iues  loucbant  la  présence  réelle.  Vous  avez  vu 
ci-devanl  ^l)  avec  (piel  soin  S.  Cv cille  recounuanilail 
de  ne  laisser  tomber  aucune  ntielle  du  pain  consacré. 
Icrtullien  (-1),  avant  ce  saint,  avait  parle  coniornié- 
ment  en  disant:  Nous  soutirons  impatieunncul  (pie 
l'on  fasse  tomber  à  terre  quelque  (  hose  de  notre  ca- 
lice cl  de  notre  pain.  Cnlicisct  funis  nosiii  uHijuiil  </<- 
cuti  in  liirmn  aii.riî'  piuiiiiur.  Lt  Origène  ^ô)  avait  en- 
core |Kule  plus  l'orieineiil  Ki-ilessus  ,  en  déclarant 
coupables,  à  juste  titre,  ceux  par  lu  négligence  des- 
quels cela  arrive. 

Dans  la  suite,  on  ne  s'est  point  contenté  de  recomman- 
der de  prendre  tt)utes  les  préeauli<Mis  nécessaires  poiu' 
éviter  les  irrévérences  contre  cet  auguste  sacrement, 
et  d'en  faire  voir  les  fùclicux  inconvénients  :  on  a  im- 
posé de  plus  des  peines  rigoureuses  à  ceux  par  la 
faute  on  la  négligence  tlesqncls  cela  arrivait.  Le  P. 
Martène  (l)  a  donné  plusieurs  extraits  des  règlements 
qui  ont  été  laits  sur  ce  sujet,  soit  dans  les  conciles, 
soit  dans  les  anciens  livres  péuitentiaux  ([ui  ont  taxé 
les  peines  dues  à  ceux  qui  se  rendaient  coupables  tle 
ces  irrévérences,  à  proportion  de  ce  (juV  lies  étaient 
plus  ou  moins  grainles.  Le  troisième  concile  de  Bla- 
gue entre  autres,  qui  fut  célébré  en  lan  775,  après 
avoir  déploré  l'irréligion  de  ceux  qui  se  servent  des 
vases  sacrés  dans  les  rejias  ordinaires,  et  avoir  exa- 
géré d'une  ntanièro  loncliaiile  le  sacrilège  (pi'ils  com- 
DiolliMil  en  employant  à  de  p.ireils  usages  les  vases  (pii 
ont  servi  it  célébrer  les  saints  mystères,  et  siu'  les- 
(luels  on  a  invoipié  le  Saint-Esprit,  déclare  (ean  3) 
que  les  cleics  coupables  de  cet  atleiii.it  serinit  dépo- 
sés ;  griiilùs  vel  olJuii  piiiculiiin  i.usliiiibil  ;  et  que  les 
laïques  seront  soumis  à  mie  exeoniiminicaliou  perpé- 
luclle.  Si  de  icctilmihus  fitirit,  perpeluà  cicviniiiuiti- 
ealioiie  diimuetur. 

Si  on  traitait  ainsi  ceux  qui  profanaient  les  vases 
sacrés,  ipie  ne  devaient  point  allenilre  ceux  qui  trai- 
laii'Ut  indigniMuent  ou  avec  négligence  les  sacrements 
ménu'.s?  On  Ut  dans  un  ancien  penitenliel  du  inoiias- 
liM-c  dt!  llobio  (;>)  éerit  depuis  plus  de  mille  ans,  les 
peines  auxquelles  ils  sont  condamnés  ;  nous  ruppor- , 

(I)  Art.  id.i  cil.  \  de  cette  secl.  I 

(:i)  De  cororià  iiiilit.,  c.  3.  1 

(3)  lioin.  13  il)  pmmI.  j 

(0  Tom.  1  de  ant.  Eccles.  Hit.,  c.  5,  a.  -i.  n.  fl 
et  se(i.  j 

(3)  Tom.  i  Musxi  liai.  | 


(pie  tout  y  est  exprimé  en  peu  de  iiaroles,  et  que  l'on 
trouve  :Vpeu  près  les  mêmes  di>posilion9  dans  tous  les 
règlements  de  Cette  nature  rapportés  par  le  P.  Mar- 
tène, et  entre  autres  dans  le  penitentiel  de  Dede,  dans 
les  jcgenieiits  du  pape  C.rt'goire  III  et  dans  le  peniien- 
tiel  (rilaiiigaire,  évèipie  de  Cambrai,  c.  10.  Voici  ce 
que  porte  celui  deUobio:  t  Si  quelqu'mi  perd  le  sacri- 
fice par  SI  n(>g!igence,  qu'il  soit  mi  an  en  péniienee. 
Si  (pielqn'nn  a  négligé  le  sacriiice  et  ipi'il  ail  été  con- 
sumé des  vers,  (pi'il  soit  en  |iéinlence  au  pain  et  à 
l'eau  pendant  six  mois.  Ouand  un  prêtre  oiïre  (  le  sa- 
criiice) et  (|ue  l'Kucliaristie  édiappant  de  ses  mains 
tombe  à  terre,  s'il  ne  la  retrouve  pas,  (jn'il  balaie  la 
place,  qu'il  bnllela  balaynre.  qu'il  enterre  les  cendres 
sons  Taiitel,  et  qu'il  fasse  pénitence  l'espace  d'une 
demi  année  :  que  s'il  la  retrouve,  qu'il  fasse  de  même, 
et  (pi'il  soit  en  pénitence  durant  l'espace  de  quarante 
jours.  Que  si  elle  tombe  senlemenr  sur  l'autel,  (pi'il 
fasse  I  énitence  un  jmir,  que  si  elle  t(niibe  à  terre, 
qu'il  lèche  la  place  avec  sa  langue.  Si  c'est  une  table, 
(pi'il  la  lAcle;  s'il  n'y  en  a  point,  qu'il  mette  une  ta- 
ble dessus  pendant  quarante  jours,  pour  que  le  sang 
de  Jésns-C.lirist  ne  soit  point  Coulé  aux  pieds.  Que  s'il 
tombe  unegonlte  de  ce  sang  précieux  sur  l'autel,  qu'il 
la  suce  et  (pi'il  !-oit  trois  jours  en  pénitence  ...  Si  en 
portant  le  calice  il  eu  lépand  qucbpic  cbose  ;\  terre, 
(ju'il  soitdix  joui-s  eu  pénitence  au  pain  et  i^i  l'eau.  » 

C'est  ainsi  que  l'on  punissait  ceux  qui  coinmet- 
taieiil  même  par  inadvertance  quelque  irrévérence. 
corure  cet  auguste  sacrement  ,  et  cela  avant  quo 
Paschase  Katberl  ei1t  composé  ce  livre  fameux  dont 
les  Protestants  i  léieiuleiit  qtu»  l'Eglise  catholique  a 
emprimlé  son  dogme  de  la  présence  réelle.  Le  péni- 
tentiel  manuscrit  de  Hoberl  chanoine  de  S.  Victor  dû 
Paris  n'est  pas  moin<  sévère  ;  mais  cela  ne  doit  pas 
paraiire  surprenant  î"»  ces  messieurs  qui  conviennent 
«pie  du  temps  i\c  ce  dernier  la  créance  de  la  ptésenco 
réelle  était  établie  par  toute  l'Eglise. 

La  Ueligioii  n'inspin^  pas  de  moindres  précautions 
aux  Orientaux  pom- éviter  tout  ce  qui  peut  diminuer  la 
resp(H'l  envers  ci»  divin  saerenuMil.  Cabriel,  (ils  d«^. 
Taricli,  iievent  |unnt  (jne  les  jeunes  diacres  présentent 
le  calice  an  peuple  (H,  de  peur  que  par  lri»p  de  viva- 
ciié  ou  d'inatlenlion,  ils  ne  répandent  quelque  goutte, 
de  vin  ciuisaeré.  Dans  les  canons  qu'ilsaltribueiit  aux 
,\p(')lres,  et  dont  ils  respectvMil  exIiVinement  les  déci- 
sions, il  est  recommande  de  veiller,  avec  grand  soin, 
pour  empêcher (pi'aiicun  animal  immonde  ne  touche 
les  espcTCS  sacrées  (ui  (pi'il  tombe  qiiebpu'  chose,  par 
celle  raison  (in'ellis  sont  le  corps  et  le  sang  de  Jt'sns- 
Cltrisl  :  et  ensuite  :  ne  lui'prisn  point  le  snntf  de  Jésus- 
Christ,  et  ne  vous  rendi  t  point  ronpohtes  de  ce  siukj  par 
le'fuel  vous  avez  élé  rneheté.  Dans  un  d<>  leurs  livres 
(pii  contient  des  ipieslioiis  et  des  rt>jionsesji!ridi(jues, 
il  est  dit  (pie  celui  par  In  négligence  duquel    il  sera 

(I)  Apud  Uenand.  diss.  in  Lit.Copl.  S.  Basik,  t.  I, 
lit.  or.  p.  m,  el  seq. 


^:. 


296 


îrSTOlRK  DES  SACREMENTS. 


«î)6 


tombé  qiiclfiiie  clins-  du  corps  et  «lu  sang  de  Notre-  i 
Seigneur,  soiisur  l'anicl.  soil  hors  de  l'aiilol,  soit  sur 
IcslalMls  sacrés,  sera  coiidainné  à  une  ali'  linence  de 
40  joins,  suspendu  pour  aiituilde  len!|)s  des  fonc- 
tions du  ministère  et  de  la  coniniuinOn,  et  quM  lera 
de  plus  cliatiiie  nuit  cim|iiaiile  prosternations.  Miciiel, 
evêque  de  Meliclia,  ne  vent  point  ipie  celui  (pii  est 
sujet  aux  vomissenuMils  comoiunie,  sinon  après  une 
cxpéiience  de-iO  jours  de  santé.  Lis  canonislcs  Gncs 
ne  sont  pas  moins  exacts,  connue  le  monlienl  les  ré- 
ponses de  Bal>am(in,  patriarclie  d'Anlioclie,  à  Marc 
d'Alexandrie.  Jean-le-JL-ùneiir,  dans  le  monocanoii  et 
le  pénilenliLl  manuscrit,  déci'rne  nue  pénilence  de 
deux  ans  contre  ceux  p.irla  négligence  desipiels  il  sera 
toml)é(incl|iie  clii;se  du  plat  destiné  à  recevoir  les 
bos'ies,  et  du  calice  dan.  le(incl  est  contenu  le  sang 
précieux;  il  \eul  do  plus  qu'ils  se  prosternent  tous  les 
jours  deux  cents  l'ois  pour  expier  celle  faute.  Si  un 
animal  immonde  a  touclié  aux  espèces  consacrées,  la 
pénileiice  est  de  trois  ans. 

CHAPITRE  VIII. 

De  divers  usages  de  l'Kuclimistie  chez  les  anciens.  Les 
éi'êiiues  se  V cm  oyaient  les  mis  uiixaulns  en  signe  de 
communion.  On  en  tésuiail  du  sacrifice  pricident 
pour  le  suivant.  A  Rome  le  Pape  l'cnvoijail  à  loules 
les  églises  titulaires.  On  la  portail  dans  les  voijuges 
pour  servir  de  sauvegarde. 

Après  avoir  parlé  dans  les  cli."pitres  précédcnls 
de  la  cimimunioii  tant  commune  ipie  domestique  , 
l'ordre  des  matières  exige  que  nous  tr.iitidns  des 
diversautrcs  u>ages  (pie  l'on  afailaiiircf.ii>de  l'auguste 
sacreimnl  de  noire  rëdcnijilion,  que  no'.is  en  clnr- 
chioiis  les  origines,  et  que  nous  exposions  les  (lia!:ge- 
ments  qui  y  sont  survenus.  Nous  eu  verroiis  (pii  ont 
subsisté  fort  long-temps  et  jusqu'à  nos  jours,  et  d'au- 
tres au  contraire  qui  ont  élé  bieiilôl  siii»primés,  et 
aux(piels  on  a  subslilué  des  pratiques  «pii  n'avaient 
point  les  mêmes  inconvénients  que  les  anciens  usages, 
dont  l'expérience  a  fait  senlir  la  nécessité  ou  de  les 
supprimer  ou  de  les  ciianger. 

De  ce  nombre  est  lacoulimic  qu'avaient  les  évoques 
des  premiers  siècles  de  s'envoyer  riLUrluuislie  les 
uns  aux  autres  eu  signe  d'union.  Nous  la  vo^oIis 
établie  dès  les  premiers  sièi  les,  et  ils  l'eiivoyaitMit  n<:n 
seulement  à  ceux  delenrvoi<inag-\  mais  encnreà  ceux 
qui  éiaienl  dans  des  piys  fort  éloignés  de  celui  où  ils 
faisaient  leur  résidence.  On  le  voit  par  la  lettre  de 
S.  Iréiiée  au  papeViclor,  qui  menaçait  d'excommunier 
des  évêques  d'Asie  qui  i:e  se  conlbrmaicnt  pas  aux 
usages  de  son  Église  dans  la  céiébraiion  de  la  pfupie, 
mais  qui  suivaient  sur  ce  point  de  discipline  ce  qu'ils 
pré  endaieiit  avoir  appris  de  l'Apôlre  S.  ioan,  |uinci- 
pal  fondateur  des  églises  d'Asie,  on  il  était  mort  long- 
lemjis  après  les  autres  Apôtres.  Saint  Irénée,  qui  de 
son  côté  suivait  l'iis  ge  de  Rome,  mais  qui  n'osaitcon- 
dainner  jant  de  grands  hommes  qui  ne  le  suivaient 
pas,  voulant  inspiicr  au  pqu;  Victor  des  senlinienls 
plus  paciliiiucs,  lui  représunlc  cniru  autres  choses 


qu'en  se  séparant  ainsi  ih  h  coTimuMon  des  Asiaii- 
qnes,  il  s'éloignciait  de  li  xcnqilede.M  s  pic.lécesseiirs 
qui  a>aicnt  cinseivé  la  paixel  l'uiiitMi  avec  leséglises 
d'Asie,  iioiiobslant  celle  dillérence  de  discipline  dont 
ils  étaient  bien  i;. formés,  et  (pi'i's  sou!iailaien'  pou- 
voir ramènera  rnnifurinité.  il  ajoute  ensuite  (I)  p;)nr 
prouver  l'union  des  cœurs  et  diS  esprits  (|iii  régnait 
entre  eux  et  les  évêques  d'Asie, quMsIeir  envo. aient 
l'EiicIiaiisiie  :  Les  prélats,  vos  prédécesseurs, d\li],  ((pii 
r.e  gaidiiieiit  point  la  coutun:e  des  Orieiiiaiix,  tant 
S'U"  le  jour  auquel  on  devait  céléhrr  la  Pà<jue  que  sur 
le  nombie  des  jours  que  l'on  devait  jeûner  av.inl  cette 
lete),  envoyaii'nl  néanmoins  aux  évégues  de  ces  églises 
(;ui  suivaient  de;i  usages  différents  rF.ucliansti.',\r.i\  sym- 
bole d'un'.on  elle  plus  parfait  que  les  cliiétiens  puis- 
sent employer. 

Je  ne  m'arrête  pas  à  réfuter  l'imaginalion  de  Rhe- 
nanns,  que  M.  de  Valois  a  délruiie  dans  sa  i.ote  sur 
ce  jiassage  de  S.  liénée  Ci)  :  je  dini  seulement  que 
S.  Jiisliu,  dans  le  passage  cpie  nous  avons  cité  de  lui, 
ciinlirme  ce  que  dit  ici  S.  Irénée,  et  (pi'il  nomme, 
comme  lui,  Euchrrislie,  le  pain  consacré  q  le  l'on  en- 
voyait aux  absents  après  avoir  communié  ceux  qui 
avaient  assisté  à  la  célébration  des  s  lints  mystères  : 

Kai  'poyr,  v.'JTT,  /K/.tirKt  -kj'  r.y.u  eùyjx.pi'^Ti.v..   Cet  ClIVOi 

ne  pouvait  g-.'.èie  se  faire  sans  de  grands  inconvé- 
niciils,  surtout  dans  ces  temps  de  persécution.  D'ail- 
leurs, depi:is  menu  que  la  paix  fut  rendue  à  l'Église  , 
ce  divin  sacrement  p  nivail  être  exjiosé  dans  un  si 
long  trajet  à  de  làclieux  accidents  et  à  des  irrévéren- 
ces, quclipies  pré»  autions  que  l'on  prît  pour  les  parer, 
et  c'ist  pom(]U()i  le  concile  de  Laodicée,  qni  fui  tenu 
vers  le  comme. .cernent  du  qnalr.éme  siècle,  interdit 
Ci't  usage. 

0.1  déféra  presque  partout  à  ce  décret  du  14*  canon 
du  concile  de  Laodicée;  et  on  substitua  à  l'usage  de 
s'enviyer  récqir  Kpienient  rLiidiarislie  celui  d'en- 
voyer, à  ceux  avec  (|ui  on  éla'.t  |  articnl  èrement  uni, 
d  s  |iains  ordinaires  qu'on  av.il  bénis  et  (jui  expri- 
ina.ent  l'union  des  clirétiens  les  mis  avec  les  autres. 
Ou  apjiclail  ces  pains  Kutogies,  à  cause  de  li  béné- 
dielion  (p;e  l'on  y  jo  gnait  par  la  prière.  S.  Grégoire 
de  N.;ziaii7.e  (5)  paile  des  pa  ns  II  lies  manpiés  d'un 
signe  de  cioix  (pi'd  avail  contmne  de  béiiir.  S.  Paulin 
envoya  ainsi  un  pain  à  S.  Augustin  et  un  autre  à 
S.  Al.pc,  évc(piede  T.igaste,  en  lai  étiivanl  «lueii  le 
recevant  en  esprit  de  cliari  é  il  en  ferait  une  onlogie. 
Les  anciennes  formules  de  Marc(dfe  (4)  non,  a|i|)ren- 
nent  que,  justpi'au  moyen-âge,  les  évêques  s'en- 
voya eut  mutucllemenl  des  lîulogicaux  fêles  de  Noël 
et  de  Pà  jnes,  «l  <tn  y  lit  les  lernies  dont  ils  avaient 
coutnme  de  se  servir,  en  se  les  envoyant  ainsi  les 
uns  aux  autres,  qui  sont  Lîs  mêmes  dont  on  se  servait 
po:ir  les  envoyer  aux  rois,  aux  reines  et  aux  princes, 
à  l'exception  de  quelques  expressions  qui  dosignaieut 


(I)  Apud  Enseb.,  1.  o  IH-t.  orcl.,  c,  24. 

l'I)  Aiiuot.  in  KnsL'b.  Ilist.  ceci. 

(.1)  Oral.  lu.  t.  1. 

(i)  L.2,t.  42,  44  Cl  45. 


297  EUCIIAKISTIE.  —  CHAP.  Vlll.  DES  DIVERS  v^SACEiT  OE  L'EUCIlARiSTiE.  298 

CCS  dcniiors  parliculicroiiicnt.  La  décicUilc  d'Imio- n  iimnioii  de  l'éVèque  avec  ses  iirincipaiix  coopéraUnns, 


cent  I,  adressée  à  DéceiUiiis,  cvci|iic  d'Engubio,  nous 
]  fait  coimaîlre  ([iio  les  papes,  eiix-mènies  ,  sVlaient 
'confoiiiKs  au  loiicile  de  Laodicée  qui  défend  d'en- 
voyer loin  dii  lieu  <»m  Ton  est  rEucliarisiie  pour  niar- 
I  que  de  coinniimioii  :  car  ré-poudanl  à  ce  prélat,  qui  lui 
'  avait  proposf'  quchpie  claose  là-dessus  ,  il  lui  dit  : 
Quant  au  levain  ,  de  [mnciito ,  que  nous  envoyons  le 
jour  du  dimanche  aux  églises  titulaires ,  pertitutos, 
vous  nous  consultez  inutilement ,  puisque  toutes  nos 
églises  sont  dans  l'enceinte  de  la  ville,  et  comme  les 
prêtres  à  qui  elles  sont  confiées  ne  peuvent  s'assem- 
bler avec  nous,  à  cause  du  peuple,  du  gouvernement 
duquel  ils  si>nt  chargés  ,  ils  reçoivent ,  i)ar  les  acoly- 
tes, le  levain  que  nous  avons  fait  nous-mêmes  ,  fer- 
mcntum  à  uobis  confeclwn ,  afin  qu'ils  ne  croient  pas 
qu'ils  soient  séparés  de  noire  connuimion  surtout  eu 
ce  jour  :  ce  que  nous  ne  jugeons  pas  qu'on  doive 
faire  à  l'égard  des  paroisses,  parce  qu'il  ne  faut  pas 
porter  loin  les  sacrements  :  quia  ncc  longe  portauda 
stmt  sacmmenta.  Nous-mêmes,  nous  n'en  envoyons 
pas  dans  les  divers  cimetières  que  les  prêtres  de  ces 
lieux  n'aient  le  droit  et  la  pi-rinission  de  le  f;iire.  Ces 
paroles,  t  parce  quil  ne  faut  pas  porter  loin  les  sacre- 
i  menis,  i  prouvent  en  même  temps  que  les  papes 
se  conformaient  au  décret  du  concile  de  Laodicée,  ei 
que  ce  levain  ,  dont  parle  le  pape  S.  Innocent ,  était 
rEucliarisiie  ;  car  si  c'eût  élé  simplement  des  eulogies, 
il  n'y  avait  ni  décret  de  conciles  ni  inconvénients  qui 
empêchassent  qu'on  ne  les  env  )yài  loin,  juiisque. 
comme  vous  venez  de  voir  ,  on  en  envoyait  d'Ilalic  en 
Afri(pie. 

Ce  terme  de  fermento  ne  doit  pas  non  plus  êlre  tiré 
en  preuve  par  ceux  qui  voudraient  faire  croire  iju'a- 
lors  l'Église  Homaine  ne  se  servuit  que  de  pain  levé 
dans  l'Eucharistie  :  ce  pape  ne  remploie  que  pour 
faire  voir ,  que  comme  le  levain  unit  entre  elles  1-s 
parties  de  la  farine  avec  laquell  •  il  est  mêlé;  de  même 
Jésus-Christ  est  le  principe  de  l'union  .des  mend)res 
vivants  de  l'Église  entre  eux.  Et  ce  terme  se  trouve 
employé,  dans  l'anliquilé  ,  non  seulement  pour  signi- 
fier l'Eucharistie  ,  mais  aussi  pour  désigner  Jésus 
Chrisi  hors  de  l'Eucharistie.  C'est  dans  ce  sens  que 
les  évêques  de  la  Phénicie  maritime  s'en  servaient 
eu  parlant  de  Jésus-Christ,  lorsqu'ils  louent  le  cou 
cile  de  Calcédoine  (1)  d'avoir  détruit  ceux  qui,  par 
une  impiété  prodigieuse,  osaient  dire  cpie  notre  fer 
ment  (Jésus-Chrisl)  n'elait  point  de  la  Vierge,  mère 
de  bien  :  Eos  qui  prodiijiosc  non  ex  Dei  génitrice  Vir- 
gine  esse  nostrum  fermentum  credunt,  destruxil.  L'ordre 
Uomain  même,  qui  cerlainemeut  n'a  élé  rédigé  que 
depuis  que  dans  tout  l'Occident  on  se  f;iisail  luie  règle 
(le  n'employer,  pour  le  sacrement  de  nos  autels,  que 
du  pain  azyme,  désigne  né;'nmoins  souvent  l'Kucha- 
ristiesons  le  nom  de  ferment,  comme  le  P.  .Mabillon 
l'observe.  Elle  portait  donc  ce  nom  surlout  dans  celli; 
occasion,  parce  qu'elle  était  le  syndwdo  de  la  corn- 

(1)  In  Encyclio  Epistolarum  ad  Lconem  Auguslurn, 
codice  ap.  37,  tom.  4,C(tnc.  Labb,,  p.  9^20. 

TH.   %Ti. 


et  par  eux,  avec  ceux  qui  étaient  sous  leur  conduite  . 

Vt  se  à  noslrà  communione non  judi cent  separalos. 

Le  pajte  Innocent  ajoute  qu'il  n'envoyait  pas  (e 
divin  ferment  aux  églises  des  cimetières,  parce  qu'il 
n'élait  pas  permis  de  le  porter  loin  ,  et  que  c  -^ 
églises  étaient  hors  de  la  \ille,  les  anciens  n'ayant  p.  ■'■> 
la  coutume  d'enterrer  leurs  morts  dans  les  villes.  En 
même  temps  il  ne  vent  pas  (pie  l'on  praticpic  la  mèn:e 
chose  à  Eugubio  ,  parce  qu'il  n'y  avait  point,  dans 
une  ville  aussi  peu  considérable  que  celle-là  ,  d'église 
titulaire  autre  que  celle  où  était  le  siège  de  l'évèque. 

Le  |)ontincal  Romain  attribue  l'élablissement  do 
cet  usage  au  pa|)e  Melcliiade  ;  et  néanmoins  parlant 
ensuite  du  pape  Sirice,  il  semble  l'en  faiic  auteur  ; 
mais  en  cela  il  n'y  a  point  de  conirariélé,  ou  plulôj 
il  n'y  a  iju'une  contrariété  apparente.  iMelchiaùe  aura 
pu  l'établir  d'abord,  et  Sirice  aura  ensiiile  renou\elé  et 
confirmé  cet  usage.  C'est  ainsi  que  le  même  livre  pon- 
tifical parlant  encore  du  pape  Sirice  dit  de  lui,  qti'il 
ordonna  que  les  hérétiques  seraient  reçus  et  réconci- 
liés par  l'imposition  des  mains.  Conslituit  liœreiicos  sub 
manûs  imposilione  recipi  et  recomiliari.  L'auteur  do  ce 
livre,  en  s'exprimant  de  la  sorte  ,  avait  sans  doute  en 
vue  la  décrétale  de  ce  pape  à  Himéricus;  mais  il  ne 
pouvait  ignorer  <pie  longtemps  avant  lui  son  [irédeocs- 
seur,  S.  Etienne,  n'eût  fait  le  même  réglenu-nl.  Nous 
apprenons  par  les  anciennes  gloses  sur  les  décrétale* 
ci'ées  par  le  P.  Mabillon  (i),  (jue  les  prêtres  à  qui 
cette  particule  de  l'hostie  consacrée  était  envoyée  par 
révêi|ue,  la  mettaient  dans  le  calice  lorscpi'ils  disaient 
à  la  messe  :  Pax  Domini  sil  semper  vobiscum,  c'est-à- 
dire,  dans  le  même  temps  auquel  on  met  encore  au- 
jourd'hui dans  le  calice  la  petite  particule  de  l'hoslie. 

Si  l'usage  dont  nous  venons  de  parler  était  le  sym- 
bole de  la  communion  des  évê(ines  avec  les  prêlrcs,  et 
des  uns  et  des  autres  avec  les  fidèles,  celui  dont  il  est 
l;iit  mcnlion  dans  le  iremicr  ordre  Romain,  donné  au 
public  par  le  P.  Mabillon  (2),  était  le  syn.ibole  de  l'U" 
nité  du  sacrement  et  du  sacrifice  tout  ensemble.  Voici 
en  quoi  il  consistait  :  quand  l'évèque  ou  le  célébrant 
sortait  de  la  sacristie,  j)our  se  rendre  à  l'autel  et  y  com- 
mencer la  messe,  il  était  précédé  du  corps  de  Jésus- 
Christ,  que  deux  acolytes  portaient  dans  une  chasse 
devant  lui  ;  il  allait  ainsi  jusqu'à  l'autel,  où,  lorsipi'il 
était  arrivé,  il  adorait  ce  divin  sacrement,  udorubai 
snncta,  après  quoi  il  commençait  la  confession.  Les 
espèces  consacrées,  qu'on  portait  ainsi  devant  l'évo- 
(|ue  allant  à  l'autel,  avaient  clé  réservées  du  sacrifice 
|)récédeul  à  cet  elTet,  afin  de  marquer  ainsi,  d'une  ma- 
nière sensible,  que  c'est  la  même  victime  qui  est  of- 
ferle  dans  tous  les  tcn;pssnr  ims  autels,  et  (|ui  se  per- 
pétue dans  toute  la  suite  des  siècles.  Vous  avez  vu  ci- 
devant  (5)  quelque  chose  de  semblable  dans  nos  églises 
de  Gaule,  durant  la  première  race  de  nos  rois:  avec 
cette  différence  que  l'hoslie  consacrée  et  ré.servée  cki 

(I)  Analecl.  J.4,  p.  01. 
I      (2)  Musiei  liai.  t.  ±. 

(7))  Cbap.  '2  de  eeliû  section,  art.  J,  vers  la  liiu 

10 


;o9 


HIS'IOIRE  Di.S  SACllEMEMb. 


506 


(irri)ior  sacrifioc  n'élail  npporlée  àraiilel,  par  le  (lia- 'F  gcs  auxquels  rengageaient  ses  missions  chez  les  païens  : 
f  1 .',  qu'à  rufferloiic.  LU»'  était  donc  comme  un  levain       Siii  servavil  pro  viulico  dcporlandum. 


i  iriluel  qui  conununiqu;:il  sa  vorui  au  sacrifice  sui- 
\;iiil,  conune  le  levain,  qui  est  réservé  de  la  pâle  dont 
on  a  fait  le  pain,  c()mniunii|ue  la  sienne  au  pain  que 
ion  fait  ciisuile.  l'ne  autre  pratique  fort  ancienne,  qui 
s'esl  conservée  jus(iu'à  pré^ciil  dans  l'Église,  élail  celle 
(le  porter  le  corps  de  Notre-Seigneur  avec  soi  dai;s 
les  voyages,  surtout  dans  les  longs  voyages,  pour  te- 
nir lieu  de  défense  et  de  sauvegarde  contre  tous  les 
dangers,  tant  du  corps  que  de  lame,  auxquels  on  est 
oxj'Osé  dans  ces  occasions.  S.  Ambroise  (1)  nous  eu 
f.  iirnil  un  exemple  fort  connu  en  la  personne  de  Sa- 
fyi 0,  son  fr(Me,  qui  se  trouvant  en  danger  de  faire  nau- 
!r  ge  sur  la  mer,  et  craignant  non  pas  la  mnrten  elle- 
S;èiiie,  mais  de  périr  avant  que  d'avoir  reçu  le  Bap- 
Icuus  demanda  aux  fidèles  qui  étaient  avec  lui  dans  le 
vais>eau  le  divin  sacrement,  non  pour  en  repaître  sa 
cnnoàité  (il  n'était  que  catéchumène),  mais  pour  en 
o!>i(  nir  du  secours  par  sa  foi.  Ayant  obtenu  ce  (|u'il 
dtsiiandait,  il  se  le  fil  lier  au  cou  dans  un  mouchoir, 
il!  oiiirio  ;  c'est  ainsi  que  les  éditeurs  de  S.  Ambroise 
entendent  ce  terme  dans  cet  endroit  {linteum  ubsier- 
g  ndœ  facicideslinatitm),  et  sejela  ainsi  à  la  mer,  ne  ciier 
(  liant  pas  même  quelque  planche  du  navire  brisé  dont 
il  pût  s'aider,  parce  qu'il  mettait  toute  sa  confiance 
dans  les  armes  d-î  la  foi. 

S.  Grégoire-lc-Grand  rapporte  un  fait  à  peu  près 
semblable,  dans  le  5*  livre  de  ses  Dialogues.  S.  Biiin, 
évèquc  de  Dorceslre,  qu'llonorius  envoya  dans  la 
Grande-Bretagne  pour  y  prêcher  l'Évangile,  reçut  de 
ce  pape  la  palle  sur  laquelle  il  consacrait  le  corps  de 
Notre-Seigneur,  et  dans  laquelle  lui-même  l'envelop- 
pait et  le  portait  toujours  suspendu  h  son  cou.  Celte 
pratique  s'observait  surtout  dans  les  églises  Britanni- 
ques, d'où  elle  se  répandit  dans  la  plupart  des  pays  de 
la  chrétienté;  comme  en  Allemagne  où  S.  Bonilace 
l'introduisit,  ayant  ordonné,  dans  le  V  de  ses  Statuts 
qui  ont  été  publiés  dans  le  9*  tome  du  Spicilège,  que 
les  moines  n'allassent  jamais  en  voyage  sans  lEuclia- 
ristic,  et  que  les  prêtres  poitasscnl  toujours  avec  eux, 
en  campagi'.e,  l'huile  des  infirmes,  le  chrême  et  l'Eu- 
charistie. Les  discii>lrs  de  S.  Colomban  établirent 
le  même  usage  en  France.  Ils  avaient  coutume  de  con- 
server dans  un  vase,  nommé  clirismul,  une  pariie  de 
l'hostie  à  laquelle  ils  donnaient  le  nom  de  sacrifice, 
et  de  la  porter  avec  eux  dans  les  voyages;  praliciue 
que  S.  Coli.njban  av.iit  prise  du  monastèie  deBenchor, 
en  Irlande,  oîi  il  avait  été  élevé  et  où  elle  était  en  usage, 
conune  il  paraît  par  la  vie  de  S.  Comgall,  fondateur 
de  ce  monastère.  (Bolland.  9  maii.)  Adalbcrl  de  Pra- 
gue, comme  nous  l'apprenons  de  l'auteur  de  sa  vie, 
ayant  offert  le  divin  sacrifice,  ordonna  ipie  l'on  ramas- 
sât tout  ce  qui  restait  après  que  lui-même  et  les  nou- 
veaux baptisés  eurent  communié,  et,  l'ayant  enveloppé 
dans  un  linge  Irès-blanc,  il  le  garda  pour  lui  servir 
ïe  viatique,  c'est-à-dire,  pour  le  |)ôrler  dans  les  voya- 

{{}  In  1. 4  de  Excès.  Salyr.,  n.  45 


Ce  saint  apôtre  de  la  Hongrie,  de  la  Pologne  et  de 
la  Prusse  où  il  ^•ou.Trit  le  martyre,  vivait  dans  le  dixième 
siècle  ;  ce  qui  lait  voir  que  Ion  réservait  encore  coni- 
mimémeiil  l'Eucharistie  à  cet  usage  dans  ce  lenqjs-là. 
Ange  Bocca,  sacristain  du  Pape,  a  montré  dans  un  écrit 
cpi'avant  et  depuis  ce  temps  les  papes  avaient  celle 
pieuse coutume:il  en  rapporte  pour  exemple Étieimc  III, 
Etienne  V,  Grégoire  VII,  Urbain  II,  l'ascal  II,  Gé- 
lase  II,  Alexandre  III,  qui  dans  leurs  voyages  ont  porté 
1  Eucharistie  pendue  à  leur  cou  ou  sur  leur  estomac. 
Cet  usage  n'était  point  particulier  aux  souverains 
Ponllf.s,  puisque,  selon  la  rcmanpie  de  l'auteur  de  la 
vie  de  S.  Thomas  de  Cantoibéri  (1),  ce  saint,  peu 
avant  que  de  se  retirer  en  Flandres,  allant  trouver 
Henri  11,  roi  d'Angleterre,  porta  secrètement  sur  soi 
le  sacré  corps  de  iSolrc-Seigneur,  afin  de  recevoir 
une  nouvelle  force  dans  le  ctiUibat  qu'il  avait  à  seule- 
nir.  Il  est  rapporté  dans  la  vie  de  S.  Laurent  de  Du 
blin  (2),  qui  vivait  dans  le  même  temps  que  S.  Tlio- 
mas,  que  qu  ilre  prêtres,  portant  le  très  auguste  Sa- 
crement, tombèrent  entre  les  mains  des  voleurs  qui 
les  dépouillèrent,  et  qui  ayant  porté  leur  audace  jus- 
ipià  toucher,  sans  crainte  de  Dieu,  ces  redoniables 
mystères,  éprouvèrent  bientôt  les  effets  de  la  ven- 
geance de  Dieu. 

Non  seulement  les  prêtres  et  les  évêques  portaient 
ainsi  avec  eux  le  corjts  de  Nolre-Seigneiu-,  mais  les 
laijues  crurent  devoir  user  de  la  même  itrécaulion 
dans  leurs  voyages  :  vous  l'avez  vu  dans  ces  fidèles  qui 
s'étaient  eml;ari|iiés  avec  S.  Salyre,  et  nous  le  voyons 
encore  longtemps  depuis.  Ile'gaud,  moine  de  Fleuri, 
écrit,  da!;s  la  vie  du  roi  Robei  t,  qu'en  quelqu'endroit 
qu'il  voulût  aller,  il  iaisail  prépaier  un  cliariot  pour  y 
porter  la  tente  du  divin  ministère,  laquelle  étant  ten- 
due à  terre  on  y  déposait  le  corps  sacré  de  Noire-Sel- 
gneur,  depoiiebaulur  ibi  Savcta,  afin  que  comme  la  (erre 
esl  au  Seigneur,  avec  tout  ce  (pi'ellf  contient,  il  rendit 
à  Dieu  SCS  vœux  en  tout  lieu.  S  Louis,  digne  •succes- 
seur du  trône  et  de  la  piété  de  ce  bon  roi,  porta  aussi 
avec  lui,  dans  son  expédition  d'outre-mer,  l'Eucha- 
ristie, avec  la  permission  de  l'évêque  de  Tusculum, 
légat  du  Siège  apostolique,  ainsi  que  le  rajiporte  Guil- 
laume de  Nangis  (3).  11  sendjie  que  depuis  ce  temps 
le  privilège  de  porter  ou  de  faire  porter  ainsi  l'Eucba- 
risiie  en  voyage  ait  été  réservé  au  pape,  qui,  encore 
aujourd'hui,  selon  la  remarque  du  cardinal  Bona  (4), 
liirs(|u'il  entre]  rend  un  voyage  hors  de  Kome,  a  cou- 
tume de  poiter  rEuciiarislieijui  le  précède,  étant  ma- 
gnili(iucment  accompagnée  :  sur  quoi  on  peut  consulter 
l'ouvrage  d'Ange  Roeca  cl  de  Christophe  Marcel,  ar- 
clievêque  de  Corl'ou  ,  dans  le  premier  livre  des  Céré- 
monies romaines  (5).  On  voit,  dans  le  livre  de  celui- 


(1)  Lib.  1,0.  11. 

(;2)  Card.  Boi.a.  1.  2,  ch.  17,  p.  485. 

3)  L.  deC^esi.  S.  Ludov. 

4)  Lib.  2  Rer.  liturg..  c.  17. 
.■;^  Spet.  2,  4,5  «t  12. 


soi 


EUCHARISTIE.  —  CII\P.  IX.  SUITE  DU  MCME  SUJET. 


502 


ci,  que  dans  ces  derniers  temps  on  porlait  ainsi  l'Eu-  I 
charislie  devani  le  pape  dans  une  caisse  que  Ton 
chargeait  sur  «n  cheval  hlanc,  niagnirupicnieiit  enliar- 
naché.  Kndii,  quoiqu'il  semble,  comme  il  vient  dèlre 
dit,  que  cette  prérogative  soit  affectée  pré>ciilt'ment 
aux  siuverains  Pontifes,  dans  nos  églises  d'Occiti<ni, 
nous  avons  encore  des  exemples  de  paicils  Hiits  en 
d'autres  personnes.  Le  fameux  Savonarole,  religieux 
de  Ponhc  de  S.  Dominiriuo,  tenait  rEuchari.tiedanssa 
main  (I),  lorsqu'une  troupe  de  gens  séditienx,  app.  lés 
Campagnacci, mirent  le  fou  aux  portes  de  léglisc  de  son 
couvent  de  S  Marc,  à  Florence,  el  il  la  prit  avant  que 
d'être  arrêté  prisonnier,  suivant  le  rapport  de  J.  F.  l'ic, 
comte  de  la  Mirandc.  Les  Jésuites,  lorsqu'ils  sortaient 
de  Venise,  à  cause  du  ditl'érend  de  la  cour  de  Uome 
avec  le  sénat,  avaient  chacun  une  hostie  sacrée  au  con, 
pour  montrer  que  Jésus  Christ  parlait  avec  eux,  ainsi 
que  nous  le  lisons  dans  l'histoire  de  ce  différend. 

Cela  se  fait  plus  conununément  en  Orient.  Arcu- 
dins  (-2)  dit  expressément  des  moines  Grecs,  que  quand 
ils  entrepreiment  un  long  voyage,  ils  portent  avec  eux 
le  sacrement  d'Eucharistie;  et  Gabriel  Sionite  (3)  as- 
sure que  les  Maronites,  quand  ils  vont  à  la  guerre  on 
qu'ils  veulent  faire  qiielqne  voyage  périlleux  et  de 
long  cours,  ont  soin  de  l'emporter  avec  eux,  sous  la 
seule  espèce  du  pain,  alin  d'y  pouvoir  participer  dans 
les  conjonctures  fâcheuses  où  leur  vie  serait  en  péril. 

CHAPITRE  IX. 

On  continue  de  parler  des  divers  usages  de  CEucharislie. 
Elle  était  réservée  pour  être  consommée  par  les  prêtres 
et  même  par  les  évêques  pendant  les  quarante  premiers 
jours  de  leur  ordination  ;  pour  la  communion  des 
morts ,  pour  être  enterrée  avec  les  morts.  On  s''en  ser- 
vait pour  souscrire  la  condamnation  des  hérétiques , 
pour  découvrir  les  vols ,  pour  la  dédicace  des  églises. 

Tous  les  différents  usages  de  rEucharislie  dont  nous 
avons  à  parler  dans  ce  chapitre,  ne  sont  p.i s  égale- 
ment louables,  quelques-uns  incme  peuvent  être  à 
juste  titre  appelés  abusifs  ,  puisqu'ils  ont  éié  depuis 
retranchés  el  interdits  comn.c  tels  par  les  conciles  les 
plus  respectables;  mais  la  (idëlilé  de  l'histoire  ne  nous 
permet  pas  de  les  passer  sous  silence  ,  d'autant  plus 
que  les  abus  mêmes  servent  à  faire  connaître  ce  qu'on 
pensait  touchant  ce  mystère  ineffable.  D'aiil'.nrs  il  ne 
faut  |)oint  juger  précipitamment  dans  ces  matières  , 
ni  regarder  comme  abusif  tout  ce  qui  ne  s'accorde  pas 
avec  les  coutumes  et  les  maximes  qui  sont  aujourd'hui 
répandues  parmi  nous.  Les  anciens  étaient  au  moins 
aussi  religieux  que  nous  envers  cet  auguste  sacrement; 
ils  étaient  pénétrés  de  sentiments  de  respect  pour  lui; 
mais  ils  considéraient  pins  le  culte  imérienr  que  les 
apparences,  et  ils  savaient qne  c'est  surlonl  par  la  foi 
et  p:ir  l'intention  du  coeur  qu'on  Ini  rend  les  hommages 
qui  lui  sont  dus  :  ils  éunent  de  plus  persuadés  que  l'é 

!1)  Thiers,  del'Expos.  du  Saint  Sacrement,  c.  i. 
-2)  L.  3deSarr.,c.  S9. 
3)  Ep.  ad  Bertholdura  Nihurici  inter  Âlla'tM  èviiV- 
micta. 


I  tat  d'humiliation  auquel  le  Sauveur  s'est  réduit  dans 
ce  saen  nuMit  d'amour,  ne  le  déshonorait  pas  plus  q.u; 
les  (q>probres  (pi'il  a  soufferts  dînant  sa  viiî  moi  tille. 
On  peut  dire,  en  un  mot,  (|n'ils  regardaient  comme  l.i 
plus  grande  injure  ciu'on  lui  pût  faire  celle  de  le  n  (  i  • 
\oir  avec  une  conscieine  souillée  de  criiiK  s,  el  d;  îi 
une  ànie  liviée  à  ses  passions.  iNons  av.'iis  cm  dcv.  ;.' 
faire  ces  remarques  à  l;i  télé  de  <;e  ch;ipilrc  ,  pour  pic- 
vcnir  le  lecteur  sur  ce  que  nous  avons  à  dire ,  et  lui 
laiie  cnt(!iidre  «pi'il  doit  suspendre  son  jugeuient  sur 
ce  qu'il  verra  [tiali(|ué  par  des  personnes  pleines  de 
piété  et  élevées  aux  premiers  rangs  dan-,  l'I  glise  ,  qui 
ont  fait  desciioses  qui  paraissent  fort  éloignées  de  nos 
mœurs  et  de  notre  manière  de  penser  d'aujourd'hui. 
L'n  usage  fort  commun  autrefois  était  de  réserver 
l'Eucharistie  pour  être  consonnnée  par  lesévéïpiesdii- 
rant  les  quarante  jours  qui  suivaient  celui  de  leur  con- 
sécration. On  le  voit  dans  Tordre  R main  (1)  el  dans 
le  livre  des  Ofilces  divins  d'Alcuin.  Celui  qui  était  con- 
sacré consommait  à  la  messe  (pii  se  célébrait  pourcela, 
une  partie  de  l'hostie  f;ui  lui  était  présenlée  par  le 
pape,  el  réservait  le  reste  pour  conmnimer  durant  les 
quarante  premiers  jours  de  sa  promotion  au  poiilili- 
cat.  On  faisait  anciennement  la  même  chose  dans  (juel- 
ques  provinces  de  France  et  peut-être  dans  tnules, 
non  seulement  à  la  consécration  des  évêques ,   mais 
encore  à  l'ordination  des  prêtres.  Chacun  de  ces  der- 
niers réservait  une  des  hosties  consacrées  de  laquelle 
ils  se  communiaient  pendant  ce  temps ,  lorstpi'ils  of- 
fraient tous  les  jours  le  saint  sacrifice-  Il  paraît  au 
moins  que  tel  était  l'usage  de  la  province  de  Sens  par 
le  témoignage  de  Fulbert,  évéque  de  Chartres  (2) ,  qui 
nous  apprend  que  les  ordinants  recevaient  à  cet  ef- 
fet des  mains  de  l'évêque  une  grande  hostie.  On  jicut 
encore   assurer  la  même  chose  de  la  province  de 
Reims,  puisque  cet  usage  se  trouve  prescrit  dans  un 
ancien  pontifical  de  l'église  de  Soissons,  qne  l'on  con- 
serve manuscrit,  dit  le  P.  M;irlèiie  (3),  dans  le  mo- 
nastère de  S;tint  Corneille  de  Coniitiègne. 
;      M.  de  l'Aiibi'spine  (4),  évcipie  d'Orléans,  a  remar- 
qué un  autre  usage  de  rEncharistie  <iue  l'on  ne  peut 
regarder  que  comme  abusif.  Celait  de  donner  la  com- 
muni(>n  aux  morts  (pii  n'avaient  pu  la  recevoir  pen- 
dant leur  vie.  11  fallait  que  cet  abns  fût  commun  el  ré- 
pandu ,  car  nous  trouvons  plusieurs  décrets  de  con- 
ciles ,  lant  en  Orient  qu'en  Occident ,  faits  exprès  pour 
j  le  répYimer.  Le  prenner  que  nous  sachions  avoii-  été 
publié  coTitre  cet  abns,  est  celui  du  troisième  comitte, 
I  de  Cartilage ,  assemblé  des  provinces  de  Nnmidie,  des  | 
'  dent  MaiiHtanieS,  de  là  pî-ovince  de  Tripoli  el  de  ht| 
I  Consulaire ,  et  auquel  ptésidail  Anréle  ,  ce  J;rand  év'}- 
!  que  de  Carlhage.  Le  sixième  canon  porte  défense  de 
donner  ri'uciiaristie  aux  corps  des  défunts;  car,  .ajou- 
tent les  évêques ,  le  Seigneur  a  dit  :  Recevez  et  man- 

(1)  Tit.  Qualiter  eptseopus  in  Rom.  curiâ  ordin*' 
tur. 

(2)  Epist.  2  ad  Fmat. 

(3)  De  ant.  Eccl.  Rit.  \.  1,  t.  i,t.  4,  â.  2,f .  555. 
(A)  L.  1  Observ.,  obscrvaiione  9  et  iO, 


305 


ilISTOlRE  UES  SACREMENTS. 


304 


//cï;  or  les  cadavres  ne  peuvent  recevoir  ni  manger,  m  S.  Ciilhbcit ,  évêf|iie"  de  Lindisl'ain  en   Angleicn-e, 


D'ailleurs  il  est  à  craindre  que  les  faibles  ne  s'iuiagi- 
ncnt  que  l'on  peut  aussi  baptiser  1rs  morts,  lorsqu'ils 
verront  qu'on  leur  donne  ^Eucllari^lie,  cùm  Enchn 
risliam  d'à  inorluis  animadvertcrit.  C'est  ainsi  qu'on  lit 
ces  dernières  paroles  dans  le  manuscrit  d'Oxfort , 
quoique,  dans  quelques  autres  et  dans  l'édilion  des  j 
couoiles,  on  lise  :  Non  dari,  selon  la  remarque  du  der- 
nier éditeur  des  OEuvres  de  S.  Léon  (1).  Mais,  connue 
dit  cet  auteur,  l'uiie  et  l'autre  leçon  peut  avoir  un  bon 
sens.  Cela  est  clair  si  on  prend  le  texte  comme  nous 
Tenons  de  le  ci  1er  ;  et  en  le  lisant  de  l'autre  manière, 
ncn  darï ,  cela  voudrait  dire*  qu'il  était  à  craindre  que 
les  chrétiens  ignorants  voyant  qu'on  ne  donnait  pas 
l'Eucharistie  à  ceux  qui  étaient  morts  sans  Baptême  , 
ils  ne  se  missent  dans  l'esprit  qu'on  n'en  usait  ainsi 
avec  eux  qu'à  cause  qu'ils  n'étaient  point  baptisés, 
et  que  poiu-  obvier  à  cela  ils  ne  les  baptisassent. 

Le  sixième  concile  de  Carthage  (eau.  83)  confirma 
le  décret  du  troisième,  acjsi  bien  que  celui  qui  fut 
tenu  sous  l'archevêque  Bouiface,  en  525. 

Il  faui  croire  (pie  cet  abus  s'étendait  aussi  en  France, 
puis(iue  le  concile  d'Auxerrc  le  prescrivit  dans  le  dou- 
zième canon  en  ces  termes  :  11  u'esl  point  permis  de 
donner  ni  l'Eucharistie  ni  le  baiser  aux  morts  :  non  ti- 
cet  mortuis  ncqne  Euclinrhlmn  neqne  osculum  dari.  Le 
concile  in  Trullo  a  renouvelé  la  même  défense  eu  6iJ2 
dans  son  vingt  troisième  canon  ,  (pii  est  conçu  pres- 
iqn'en  mêmes  termes  (pie  le  décret  du  concile  de  Car- 
thage ,  ce  qui  lait  voir  que  cet  abus  avait  pénétré  jus- 
qu'en Orient.  Il  ne  faut  pas  confondre,  comme  font 
quelques  uns,  cet  abus  avec  une  pratiipie  bien  diffé- 
rente ,  et  que  nous  voyons  avoir  subsisté  longtemps 
après  les  conciles  dont  no.  .j  venons  de  parler  :  c'était 
celle  de  réserver  rEucliaiistie  pour  l'enterrer  avec  les 
morts.  S.  Benoît,  au  rapport  de  S.  Grégoire  (2),  en 
usa  ainsi  à  l'égard  d'un  jeune  religieux;  car  ce  saint, 
ayant  a|)pris  ipie  la  terre  avait  rejelé  par  deux  lois 
SOI!  corps  ,  il  lit  mettre  cet  adorable  sacrement  sur  sa 
poitrine  et  il  commanda  qu'on  l'euterràt  en  cet  état, 
après  quoi  la  terre  ne  le  rejeta  plus  de  son  sein , 
xîonime  elle  avait  fait  auparavant.  L'auteur  de  la  vie 
de  S.  Basile  ,  attribuée  mal  à  propos  à  S.  Ampbiloque, 
rapporte  de  ce  saint  qu'après  avoir  célébré  la  première 
fois  les  saints  mystères ,  il  divisa  le  pain  eucharistique 
eu  trois  parties  ,  dont  il  réserva  une  pour  être  enterrée 
après  sa  mort.  Je  ne  prétends  point  justifier  ce  fait; 
je  sais  que  la  vie  de  S.  Basile,  écrite  sous  le  nom  de 
S.  Ampbiloque,  lui  est  faussement  attribuée;  mais  au 
moins  ce  qui  est  dit  par  cet  auteur  grec,  qui  est  an- 
cien .  lait  voir  qut»  cette  coulnme  avait  lieu  de  son 
temps  dans  le  pays  dans  leqiiel  il  écrivait.  Amala- 
rius  (3),  cvêque  de  Trêves,  allègue  un  passage  du 
vénérable  Bède ,  dit  M.  Thiers  (4) ,  par  le(piel  il  paraît 
que  l'on   pratiipia  la  même  chose  aux  obsèques  de 

(1)  Codex  can.    Eccl.    Boni.,    adjectus  operibus 
S.  Leoiiis,  p.  49. 

(2)  L.  2  Dial.,  c.  U. 

3)  L.  4  de  Offic.  Eccl.,  c.  U. 
(4)  L.  1  de  l'Exp.  du  S.  Sacr.,  c.  2. 


qui  mourut  l'an  C87,  selon  la  chronique  de  Sigebcrt  • 
cl  il  assure  que  telle  était  la  coutume  de  l'ÉsIise  Ro- 
maine, et  que  les  Anglais  avaient  pu  rapprendre  de 
S.  Augustin,  leur  premier  a|  (îlre. 

Un  autre  usage  de  rEiicliari^tie  qui  doit  paraître 
bien  singulier  et  inspirer  une  sainte  horreur  pour  tous 
les  dogmes  pervers  qui  allèrent  le  (lép(")t  sacré  de  la 
foi  que  Jésus-Clirist  a  enseignée  à  son  Église ,  est  ce- 
lui de  tremper  dans  le  sang  du  Sauveur  la  plume  avec 
laquelle  on  souscrivait  quelquefois  la  condamnation  de 
ceux  qui  se  rendaient  les  auteurs  de  la  mauvaise  do- 
ctrine ;  c'est  ainsi  (pfeii  usa  le  pape  S.  Tlu-odore  à  l'é- 
gard de  Pirrhus  ,  patiiarclie  de  Conslanlinople,  hnpiel 
était  venu  à  Rome  et  y  avait  abjuré  le  menothélisme, 
el  qui,  en  étant  parti  pour  se  rendre  à  Rivennes,  ne 
fut  pas  plus  t()l  arrivé  en  celte  ville,  (pi'il  commença  à 
enseigner  ses  premières  erreurs.  Ce  bon  pape  Ciit  si 
outré  de  la  fourberie  et  de  rirréligion  de  cet  évêque, 
que,  comme  nous  l'apprenons  de  Paul,  diacre  d'.\qui- 
lée ,  il  assembla  un  concile  dans  l'église,  sur  le  tom- 
beau du  prince  des  apôtres  ,  el  qii'  ayant  demandé  le 
calice  divin  ,  il  mêla  le  sang  '■  ivifiant  dans  l'encre  et 
souscrivit  la  sentence  de  déposition  de  Pirrhus.  Tliéo- 
pliane  rapporte  le  même  fait  en  propies  termes  d'après 
les  auteurs  grecs  qui  l'avaient  écrit  avant  lui.  Coiic. 
LabI).,  t.  5,  p.  1699. 

Nicolas,  dans  la  vie  de  S.  Ignace,  patriarche  de 
Conslanlinople,  nous  représente  un  exenij  le  sembla- 
ble :  c'est  en  parlant  de  Photius,  dont  il  dit  (pi'ayant 
été  averti  par  les  légals  de  lîome ,  rempereiir  el  tout 
le  sénat ,  de  demander  pardon  pour  être  reçu  an  moins 
à  la  communion  laïtpie,  il  le  refusa  avec  orgueil  ,  ce 
(lui  lui  attira  une  juste  coudamualion.  Il  fut  frappé 
d'anathême  comme  violateur  des  canons  cl  iisurp  iteur 
du  sii^ge  de  Conslanlinople.  La  semence  (jne  le  pape 
Nicolas  avait  j  ronoïKéeconlre  lui  bit  condrinéc  par  le 
synode,  et  on  souscrivit  sa  coudamualion  ,  dit  Ni- 
celas  ,  non  seulement  avec  l'encre,  mais  ,  ce  qui  doit 
faire  trembler,  avec  des  plumes  trempées  dans  le  sang 
du  Sauveur,  coinine  je  l'ai  oui  assurer  à  plusieurs  per- 
sonnes qui  en  étaient  bien  iut'orniées. 

Ces  faits ,  quelque  singuliers  qu'ils  paraissent,  ne 
doivent  point  être  l)làinés  léméiairemenl.  Les  saints 
qui  en  ont  usé  de  la  seule  avaient  sans  doute  leuis 
raisons,  cl,  de  plus  ,  nous  ne  voyons  litui  en  cela  qui 
soit  contraire  au  respect  dû  à  ce  divin  sacrement. 
Mais  je  ne  sais  si  on  pourrait  dire  la  mêmccli  se  d'un 
autre  usage  de  l'Eucliarisiie  dont  il  est  parlé  dan;  le 
quinzième  canon  du  concile  de  Wormcs ,  où  on 
trouve  ce  qui  suit  (Ij  :  //  arrive  souvent  que  l'on  com- 
met des  vols  dans  les  monaslires,  et  que  ceux  r/i/i  en  sont 
les  antciirs  sotit  inconnus.  Ccst  pourquoi  nous  ordon- 
nons que  quand  les  frires  sivonl  obtig's  de  se  purger  de 
ce  soupçon  ,  l'aibé  ou  quelqxiun  de  ceux  à  qui  il  l'aura 
ordonné  célèbre  la  m  use  en  présence  de  In  communauté, 
el  qu'à  la  fin  tous  reçoivent  le  corps  et  le  sang  de  Sotre- 

(1)  Vide  notas  Baluz  in  Capitul.,  p.  1090,  t. 2  edi- 
tionis  in-folio. 


•305  EUCHARISTIE.  —  CHAP.  X.  I-liU 

Seigneur-Jésus-Cluist ,  afin  de  fmre  conmilie  ainsi  leur  i 
innocence.  Colle  manière  de  tlétoiiviir  les  vols  ne  \y.\- 
laîl  pas  roiUanoui(Hieel  elle  éuil  siijolle  à  de  j,'raiitls 
incoiivcnieiils ,  doiil  le  principal ,  sans  doule .  élail 
d'exposer  celui  ou  comx  (jui  se  senlaienl  coupables  au 
danj^ci  de  coinniellre  un  liorrible  sicrilége,  s'ils  n'a- 
vaieiil  pas  assez  de  crainle  de  Dieu  jiour  rcconniàiie 
leur  faute  en  celle  occasion  ;  ce  (pii  éiait  d'auianl  plu.>, 
à  crai.idre  (lu'en  le  confe.^sanl  ils  s'exposaioi.l  non 
seulouieul  a  la  houle  d'iui  Ici  aveu,  mais  à  de  rudos 
cliàliuieuls.  Un  aiilre  usage  de  riindianslie  (pji  a 
quel(|ue  rapporl  à  ce  que  nous  venons  de  dire,  etdonl 
nous  Ausous  nicnlion  ailleurs  dans  tel  ouvmge,  élail 
de  faire  scriminl  sur  lEucliarislie.  Il  esl  ancien  el  a 
duré  forlloi.i;  leuips.  Un  évèque  de  Beuevenl  (1)  éianl 
venu  eu  A.  glelcrre  du  Icmps  du  roi  Canul,  ely  ayant 
apporté  des  reliques  qu'il  disait  être  le  bras  de  S.  Bar- 
lliélcmi,  il  Passuia  en  jurant  sur  le  corps  el  le  sang 
de  Jésus-Cbnst.  l.l  au  qualorzième  siècle,  le  roi  d'An- 
gleterre Edouard  el  le  [uince  do  Galles,  son  (ils,  en  ju- 
rant d'obs  rvcr  les  arli(  les  dressés  à  Calais  avec  le  roi 
de  France,  lirent  un  serment  conçu  en  ces  leinies  : 
Kous  Edouard,  roid'Angleierre,  promettons Cii  loyauté, 
et  jurons  sur  le  corps  de  Jésus-Christ  el  sur  les  évan- 
giles qui  ci  sont,  tenir,  garder,  eiilériner,  et  accom- 
plir toutes  les  choses  et  cliacune  d'icelles  contenues 
el  écrites  en  ce  prcsenl  roie  ('■2),  etc. 

Nous  avons  vu  ci-desani  que  l'on  réservait  aussi 
rEucliarislie  pour  la  mess  •  des  présancliliés  :  ainsi 
nous  n'en  parK'i  oiis  point  ici.  Mais  nous  l  rioiuerous 
celte  niatiiMo  des  divers  usages  de  lEucharislie,  par 
ce  (pie  dit  le  P.  Marlèiie  (5),  qu'aux  dédicaces  des 
églises  on  prenait  tr.is  poi  lions  de  l'hostie  consacrée 
que  l'on  cnfermail  dans  l'auiel  avec  de  la  chaux.  Cet 
auteur  ajoute,  (pie  Tano-iyme  qui  a  écrit  la  vie  des 
abbés  de  Marmouliers,  raconte  que  le  pape  Urbain  11 
en  usa  ainsi  lorsqu'il  fit  la  dédicace  de  l'église  de  ce 
nioiiasiére. 

CHAPITRE  X. 

Du  Heu  et  des  vaisseaux  dans  lesquels  on  réservait  I'Fai- 
cliaristie ,  luul  pour  la  communion  des  malades,  que 
pour  lu  plupart  des  usages  dont  il  a  été  parlé  da)is 
les  deux  derniers  chapitres. 

y\.  Tliiers  a  traité  celle  matière  dans  son  livre  de 
l'Exposilioir  du  S. -Sacrement,  el  dans  une  disserta- 
lion  remplie  d'érudition  ,  qu'il  a  faite  sur  les  princi- 
paux autels  des  églises  :  nous  linîrons  priiicipalenient 
ce  ipie  nous  avons  à  dire  sur  le  sujet  dont  il  sagil,  de 
ce  drruier  ouvrage  qui  n'a  été  publié  qu'en  IGbS, 
t'esl-à-dire,  neuf  ou  dix  ans  après  l'aulre,  cl  dans  le- 
quel la  (piestion  est  traitée  avec  plus  d'cxactilude  el 
de  précision.  Tout  le  monde  co;inail  la  sagacité  de  cet 
aiiîour  pour  découvrir  les  anciens  usages  en  ces  ma- 
lière^  ;  ainsi  nous  ne  pouvons  suivre  un  meilleur  guide. 
non-  ne  prétendons  pas  néanmoins  le  suivro  en  tout , 

(1)  Amial.liei.cd.,  t.  5,  p.  401. 

(2i  Maitène,  t.  1,  p.  440. 

(5)  Tom.  1  de  Uit..  1.  1,  c.  5,  a.  4. 


OU  SK  Ul'SEUVAlT  I/KUCUAUlSTir..  50(5 

f  (!i  peut-être   serons-nous  obligés,    ciii:li>'  notre  in- 
clination, d»  faire  voir  qu'il  s'est  mépris  en  quelque    j 
chose.  i 

Ou  ne  peut  d(tuter  ipie  dans  des  choses  de  cette  na  ' 
luie  les  usages  ne  fussent  fort  dllférents,  suivant  les 
lieux  et  les  tenii)s.  .Nous  lapportcroiis  ce  ipie  nous 
trouvons  de  plus  ancien  là-dessus;  après  quoi  nous 
parlerons  de  ce  qui  reste  de  singulier  en  ce  genre  et 
de  plus  approchant  de  ranti(|uilé,  dont  on  voit  en* 
coie  des  traces  dans  ([uel([ues-une&  des  principales 
églises. 

C'est  un  fait  constaté  (lu'aulrefois  dans  l'Orient  et 
dans  nos  églises  des  Gaules  ,  on  avait  couluine  de  ré- 
server l'Eiicharislie  dans  une  espèce  de  tabernacle, 
fait  eu  forme  de  colombe  qui  élail  suspendu  sur  l'au- 
tel. Cet  usage,  dit  le  P.  le  Brun,  qui  se  conserve  dans 
un  grand  nombre  de  cathédrales  et  d'autres  célèbres 
églises  de  France,  ne  vient  pas  certainement  de 
Borne  où  cela  ne  s'est  jamais  fait,  mais  plutôt  de  quel- 
ques églises  d'Orient.  Nous  lisons  effectivement  dans 
les  actes  du  concile  de  Constanlinople,  de  l'an  518, 
que  les  clercs  et  les  moines  d'Anlioche  se  plaignirent 
contre  l'hérétique  Sévère,  leur  patriarche,  de  ce  qu'il 
avait  enlevé  les  colombes  d'or  el  d'argent  qui  étaient 
sur  leur  autels,  el  dans  leurs  baptistères.  Les  mêmes 
plaintes  sont  rapportées  dans  le  concile  de  Coiisian- 
tinople  (act.  5),  sous  Meimas  en  336,  et  dans  le  second 
concile  de  Nicée  (  act.  5  ),  où  il  esl  dit  que  cet  héré- 
siari|uealléguait,  pour  justifier  ses  \ols  el  ses  rapines, 
qu'il  ne  convenail  point  de  représenter  le  S.-tsprit 
sous  la  forme  de  colombe.  Ces  colombes  suspendues 
dans  les  baptistères  sur  les  sacrés  fonts,  représen- 
taient ce  qui  s'était  passé  au  baptême  du  Sauveur.  Et 
celles  qui  étaient  suspendues  sur  les  autels  étaient 
destinées  à  contenir  l'Eucharistie  que  l'on  r(isei  vait 
pour  les  malades.  L'auteur  de  la  Vie  de  S.Basile,  sous 
le  nom  de  S  Amphilo(|ue,  qui  doit  êlre  ancien  ,  puis- 
qu'Énée,  evèque  de  Paris  ,  qui  vivait  au  9*  siècle,  eu 
fait  mention  (1) ,  rapiiorte  aussi  de  ce  saint  que  , 
divisant  l'hoslie  en  trois  parties,  il  en  mit  une  dans  la 
colombe  d'or  qui  était  suspendue  sur  l'autel.  Éiiée,  qui 
rapporte  cet  endroit  même,  ne  devait  point  trouver  cet 
usage  extraordinaire ,  puis(iu'il  élail  tout  commun 
dans  les  églises  de  France  avant  el  après  lui.  S.  Gré- 
goire de  Tours  en  parle  en  quelque  endroit  de  ses 
ouvrages  :  dans  le  premier  livre  de  la  Gloire  des  Mar- 
tyrs (  cap.  72) ,  il  rapporie  ce  fait  :  (lu'un  soldat  ayant 
voulu  abattre  avec  sa  lance  la  colombe  d'orcpii  était 
sur  le  tombeau  ,  et  par  consé<|uenl,  sur  l'autel  de  S. 
Denis  évoque  de  Paris,  il  tomba  par  lerre,  el  se 
perça  les  côtés  de  sa  propre  lance.  Pcrpctmis,  prédé- 
cesseur de  S.  Gîégoiie  de  Totn'S,  qui  vivait  peu  après 
le  milieu  du  cinquième  siècle,  donna  par  son  lesla- 
meiil ,  qi;i  esl  inséré  dans  le  Spieilége,  une  colombe 
d'argent  au  prêtre  .Vir.alai  iiis ,  pour  y  réserver  la 
sainte  Eiicliarislie,  perislerium  et  culumbam  argenlcam 
ad  repoiituriuin.  Dans  les  anciennes  C(-'Uluines  du  mo- 

(1)  Spicil.  t.  7,  p.  81. 


S07 


HlSiOmr,  ITES  SA(.îil.MENTS. 


iiasicre  de  Cluni  (2) ,  recueillies  par  S.  Udalric ,  il  ' 
esl  parlé  d'une  colombe  d'or  conlinuellemeiil  suspen- 
due sur  l'nuld,  dans  laquelle  on  réservait  la  sainte 
Eucliariblie,  dit  M.  Tliicrs  dans  sa  Disserlalion  sur 
les  autels  (cap.  2i) ,  ou  piulôl  une  colombe  d'or  de 
laquelle  pendait  nno  boîle  où  elle  était  réscr\ée  :  car 
c'est  ce  (pie  signifient  ces  paroles,  au  nioins  suivant 
mon  opinion,  in  pixide  de  columbà  jugiler  dependetile 
iuper  ullaii.  Le  P.  Mabillon  vit  dans  la  sacristie  de 
Bobio  une  ancienne  colombe  de  métal,  (pii  servait 
autrefois  à  conserver  l'Eucbarislie;  et  cet  usage, 
comme  nous  le  verrons  liientôt,  devait  venir  du  nio 
nastère  de  Lnxeu,  d'où  S.  Coiomban  passa  en  lt:die. 
J'en  ai  vu  une  moi-mcnie  dans  le  trésor  de  l'abbaye 
de  S.  Vaast  d'Arras ,  mais  je  ne  me  souviens  pas  de 
(]uell(!  matière  elle  étiit,  je  sais  seulement  qu'elle  n'é- 
tait ni  d'or  ni  d'aigent,  et  (ju'elle  co. tenait  une  con- 
cavité capable  de  renfermer  des  bosties  à  peu  près  de 
la  fiirme  île  celles  dont  nous  r.OJis  servons  aujourd'hui. 
Nous  apprenons  des  coutumes  manuscrites  de  S.  Béni- 
gne de  Dijon ,  (pie  dans  ce  monastère,  c'était  aussi  la 
manière  de  léserver  l'Euciiaristic.  Kt  encore  aiij.  ur- 
d'bui,  d:nis  l'iiglise  de  S.  Maiir  des  Fossés,  dit  le  P. 
Martèiic  {'2) ,  on  voit  une  colombe  qui  est  suspendue 
sur  l'auiel ,  dans  laquelle  est  enfermé  le  corps  du 
Sauveur. 

Celte  manière  de  suspendre  l'Eucharistie  était  propre 
aux  églises  de  France,  mais  elle  n'a  jamais  été  prati- 
quée en  Italie  ,  comme  le  croit  le  père  Mabillon  (3)  ; 
on  ne  la  suspendait  pas  seulement  dans  des  colombes, 
mais  encore  dans  des  boîtes  de  dillerentes  matières 
plus  ou  moins  précieuses.  Hugues  de  Flavigni  [A) , 
rapporte  que  le  roi  S.  Henri  donna  au  monastère  de 
S.  Vaimedu  tempsde  l'abbé  Richard,  uneb(tîted'ony\, 
poiu-  y  réserver  le  coi  ps  du  Seigoein-  suspendu  sur 
l'autel.  Pixid-m  unam  de  oiujciito  in  quà  senarelur 
ccrpui  Doininicuin  dependens  super  allure. 

Cependiint,  quoi(preii  Italie,  on  n'ait  point  eu  l'u- 
sage de  suspendre  le  corps  de  Nitre-S.igneur  ni  dans 
des  Colombes,  ni  dans  des  boîtes,  il  est  certain, 
coiimie  iM)iis  le  verrous  dan-;  la  suiliî  de  ce  chapitre, 
que  l'on  y  mettait  aussi  pour  or.  cment,  sur  les  autels, 
des  ';oload)es  d'or  ou  d'argent.  Mais,  avant  que  d'eu 
^  parler,  il  nous  fai;t  ercore  représenter  une  autre  uia- 
nière  de  garder  l'Eui  barislie ,  usitée  dans  notre 
royaume  de  France.  Cette  manière  était  de  la  mettre 
en  réserve  dans  des  csp'ces  de  ciboires  (je  prends 
ce  terme  dans  la  signilieaiion  qu'il  a  à  prcicnt  )  faits 
en  forme  de  tour.  Il  est  souvent  parlé  dans  nos  au- 
•eurs ,  des  tours  d(!Stiné(îs  à  cet  usage.  Grégoire  de 
îmirs  ,  eu  fait  mention  dans  le  premier  lirve  de  la 
iioire  des  Martyrs  (cap.  86),  en  parlant  d'un  diacre 
souillé  de  crimes,  des  mains  duquel  elle  échappa 
lorsqu'il  la  p  >rl.tit  à  l'a.ilel.  Je  sais  que  M.  Thiers  (o), 

(I)  Lib.   1,  c.  8,  cl  9,   et  lib.  2,   c.   3,  t.  4 


Spi( 


(-2)  He  ant.  Eccl.  Rit.  1.  l,c.  5,  à3. 

(5)  Ilin.  liai  ,p.  I8l>. 

Il)  lu  (  Ail  in.  Virdun. 

(5)  Dissert. des  Autels,  c.  24. 


prétend  que  cette  tour  ne  renfermait  point  le  corps  d.. 
Noire-Seigneur ,  mais  les  vab-es  destinés  au  sacrifice. 
Ee  P.  Mabillon  (1)  doute  aussi  qu'elle  fût  un  taber- 
nacle où  était  le  divin  sacrement;  et  ce  qui  a  fait 
prendre  sur  cela  le  change  à  ces  deux  habiles  anti- 
quaires en  ce  genre ,  est  ce  terme  (ju'on  lisait  dans 
l'ancienne  édition  de  Grégoire  de  Tours  :  Acceptàque 
lurri  diaconus,  in  quà  ininislerium  Domiuici  cor  ports 
liabebutur.  Ce  term(î ,  ministerium,  se  prenant  ordinai- 
rement, comme  ils  le  font  voir,  pour  les  vases,  les 
babils  et  les  instruments  qui  servent  au  sacrifice, 
dans  le  style  des  auteurs  ecclésiastiques  de  ce  temps- 
là.  Mais  la  nouvelle  édition  des  œuvres  de  S.  Gré- 
goire lève  eniièrcnieul  celte  dilTiculié,  puisque  le  P. 
Ruiiiart,  qui  en  est  auteur,  assure  dans  une  note  que 
tous  les  manuscrits  qu'il  a  pu  lire  portent,  mijslerium, 
et  imn  \Miiî  ministerium  ,-et  que  S.  Odoii,  abbé  de  Cluni, 
qui  rapporte  cet  endroit  de  Grégoire  de  Tours,  dans 
le  second  livre  de  ses  Conférences  (cap.  52),  l'en- 
tend d'un  vaisseau  qui  contenait  le  corps  de  Nolre- 

Seigueiir  ;  capsam  cnm  eorpore  Domini Je  ne  vois 

pas  où  M.  Tliicrs  a  pris  ce  qu'il  ajoute,  que  S.  Gré- 
goire dit  positivement,  que  celte  tour  ne  renfermait 
pas  le  corps  de  Notrc-Seicjnenr.  Jolis  et  relis  cet  en- 
droit, el  je  n'y  aperçois  rien  de  semblable,  et  je  suis 
persuadé  que,  si  cet  homme  si  versé  daiis  la  con- 
naissance des  antiquités  ecclé-siastiqnes  ,  avait  eu  sous 
les  yeux  Tédition  des  œuvres  de  ce  saint  que  nous 
a  donnée  le  P.  Ruinart,  il  ne  l'y  aurait  pas  vu  non 
pins. 

Il  e.st  parlé  ailleurs  que  dans  S.  Grégoire  de  l'usage 
de  ces  tours.  S.  Renii,  archevêque  de  Reims,  ordonna 
par  son  testament  (2) ,  que  son  successeur  ferait  faire 
un  tabcroacle  ou  ciboire  en  fonne  de  tour  d'un  vase 
d'or  [K'sanl  dix  marcs,  qui  lui  avait  été  donné  |»ar  le 
roi  Clovis  (ju'il  avait  baptisé,  et  dont  il  avait  été  le 
parrain.  Foitunat,  évèque  de  Poitiers  (5),  loue  S.  Félix 
.iiclievêqne  de  Bourges,  qui  assista  au  (juatrième  con- 
cile de  Paris  de  Tan  575,  de  ce  qu'il  avait  l'ail  faire 
une  tour  d'or  très-précieuse  pour  niellre  le  corps  de 
Jésus-Christ.  Frodoard  rapporte  que  Landron,  aicbe- 
vê(pie  de  Reims,  fit  l'aire  une  tour  d'or  pour  cire 
mise  sur  l'autel  de  l'église  cathédrale  do  la  môme 
ville. 

Plusieurs  papes  ont  aussi  fait  faire  de  ces  tours  en 
bien  des  églises  de  Rome,  avec  des  colombes  d'or  ou 
d'argent  au-dessus.  Innocent  I  en  fit  faire  une  d'ar- 
gent avec  une  colombe  de  vermeil  doré ,  dans  l'église 
des  Martyrs  S.  Gervais  cl  S.  Prolais,  comnio  nous  l'ap- 
prend Anaslase-loBibliothécaire  :  Turrcm  arqentccr.t'^ 
cum  palenà  el  columbam  dcanralam  pondenlem  Lbria 
iriçjinta.  Le  pape  Hilarus  en  lit  faire  une  à  i»eu  prè? 
semblable  dans  l'église  de  Latran.  Enfin  l'empereur 
Coiislanlin,  selon  le  même  auteur,  en  fil  faire  une 
d'or  très-pur  enrichie  de  diverses  perles  et  de  pierres 
précieuses,  avec  une  colombe  de  même  matière  pour 

{{)  Dissert,  de  .\zym.  et  Ferni.,  c.  8. 

(■i)  Apud  Fr-.doard.,  l.  i  Hist.  Rem.,  c.  18. 

(5)  Lib.  5  Hist.  Kern.,  c.  <>, 


EUCHARISTIE.  —  ClIAP.  X.  LIEU  OU  SE  RÉSERVAIT  LEUCIIARISTIE. 


SfO 

«'poux  di^  l'Église  et  de  nos  àuies,  esl  appelé  propr»- 
iiieiit  ihalamus,  ou  bien  ■jza.anfàpioj.  liaronius  (\) 
prt'liïiid  que  dans  l'éi;lise  de  S.  FéliK  de  Nule ,  i-1  y  en 
avait  iiii  avec  colle  iii^cripiion  au-dessus, de  la  niai.iéro 
([u'elle  est  rappoilée  par  S.  Paulin  : 

11  ic  locu^  esl  vencranda  penus  iiiw  cundilur ,  et  quo 

l'iouiilur  aima  sucri  pompa  miiiiatirii. 
La  luur  qui  contenait  le  corps  de  Nntrc-Seigiieur, 
et  (|iie  ce  diacte,  dont  il  est  parlé  dans  S.  Grégoire  de 
Tours,  apportait  à  l'aulel,  n'était  point  non  plus  dans 
le  corps  de  la  basilique  ;  car  ce  saint  dit  qu'il  la  porta 
à  la  porte  :  et  (luélant  entré  dans  l'église  ,  elle  s'é- 
chappa. Ferre  cœpil  ad  oslium,  infireasm^que  lemplvm , 
ni  eam  ullari  siiperponeret.  Aujourd'hui  encore,  il  y  a 
d'anciennes  églises  où  il  n'y  a  point  de  tabernacle  où 
l'on  réserve  l'Eucliarisiie  ,  entr'auircs  celle  de  Lyon  , 
de  Vienne,  de  Besançon  ;  non  plus  que  chez  les  Grecs, 
doni  nous  représen lirons ,  à  la  lin  de  ce,  chapitre,  la 
manière  de  conserver  l'Eucliarisiie  pour  les  uialades. 
A  Verdun,  l'Eucharistie  pour  les  malades  se  réservait 
dans  une  boile  que  l'on  reportait  dans  le  sacraire 
ajirès  la  Kiesse.  C'est  ce  qui  était  encore  en  usage 
vers  le  coniuienccment  du  sixième  siècle,  comme  il 
parait  par  les  slaliils  synodaux  de  ce  diocèse,  dans  les- 
quels il  est  dit  (fol.  reclo  25),  que  l'on  ne  garde  pas 
le  carps  de  Jésus-Christ  que  Ton  réserve  pour  le» 
malades,  au-delà  de  huit  jours,  sous  les  peines  por- 
tées par  les  canons...  et  qu'après  la  messe,  on  mette 
dans  une  boîte  les  hosties  consacrées  à  cet  usage ,  et 
qu'on  les  porte  dans  le  sanctuaire  où  on  a  coutume  de 
conserver  le  corps  de  Noire-Seigneur,  ayant  soin  de 
le  faire  précéder  de  lumière  dans  le  trajet  ;  Et  rejwrle" 
en  quelque  endroit  d'un  vase  de  cristal  destiné  à  cet  1  ,„,.  oj  sanctuarium  ubi  consuetutn  est  dictum  sacraiis- 


S09 

l'église  de  S.  Pierre.  On  voit  encore  à  présent  de  ces  ' 
tabernacles  en  f(ume  de  tour.  C'est  ainsi  quo  Ion 
garde  le  Saiiil-Sncrenienl  à  Marmoutiers  ;  je  veux  dire 
dans  une  tour  d'argent  suspendue  au-dessus  de  l'.iuli  1. 
Les  tabernacles  suspendus  en  forme.de  coupe  cou- 
verte, ont  succédé  à  ces  tours  dans  plusieurs  églises. 
Dans  quelques  autres,  on  a  réseuvé  le  Saint-Sacre- 
ment dans  de  pi  lits  coffres  aussi  s\ispendus  an  dessus 
de  l'autel.  Oi:  en  voit  un  de  cette  forme,  (|ui  est  d'ar- 
gent duré  par  le  dedans,  dans  un  prieuré  de  l'ordre 
de  Gramniont,  proche  Chambor,  comme  le  témoigne 
M.  Tliieis.  Enlin  les  ciboires  ou  tab  rnades  dans 
lesquels  on  renfeim'ail  le  corps  de  Notre-Seigneur , 
étaient,  comme  v<mis  voyez ,  de  dilîé.enles  formes,  i 
suivant  les  temps  et  les  lienx  ;  et  il  n'y  avait  pas  moins 
de  variété  pour  ce  qui  legarde  la  matière  dont  ils 
étaient  conii>()sés.  Il  y  en  avait  d'or,  d'argent,  de 
pierres  précieuses,  comme  il  a  été  dit,  il  y  en  avait 
aussi  d'isoire  .  cl  même  de  bois.  On'  réservait,  il  y  a 
plus  de  500  ans,  l'Eiicharislit;  dans  une  urne  d'ivoire 
à  Vérone,  chez  hs  chanoines  réguliers  do  S.  Léonard, 
comme  nous  rapprenons  d'un  d'enlr'eux,  dont  It;  père 
MabiUon  a  ciié  une  lettre  dans  la  reliiion  de  son 
voyage  d'Italie.  Celui  qui  a  écrit  la  vie  de  .'^ainlc 
Claire,  jiarle  aussi  d'ime  ch.âsse  d'ivoire  couverte  d'ar- 
gent, dans  laquelle  l'Eucliarisiie  était  conservée;  et 
Riiperl,  abbé  de  Duits,  dans  l'histoire  do  i'iiuendie  de 
son  monaslcro,  fait  mention  d'une  boîle  de  bois,  pi- 
xidein  ligneam ,  &ius  lM\\nil\e  était  réservée  l'e-pècc 
consacrée.  D'autres  mettaient  ce  sacrement  dans  des 
vaisseaux  de  verte  et  de  cristal.  S.  Jérôme  le  dit  de 
S.  Exnj)ère  de  Toulouse,   et  Grégoire  de  Tours  p.n  le 


usage,  qui  s'étant  brisé  en  lombanl  à  terre,  fui  mira- 
culeusement rétabli,  et  suspendu  dans  l'éalise  en  mé- 
moire de  Cet  événement  merveilleux  :  il  fut  suspendu 
sur  l'autel.  L'historien  ne  dil  pas  (juc  l'on  y  conser\âl 
la  sainte  Eucharistie ,  mais  ce  qui  peul  donner  lieu  à 
celte  opinion,  c'est  (|u'il  est  dit  dans  les  gestes  de  Gré- 
goin;  m ,  qu'il  donna  un  calice  d'iirgeul  qui  élail  sus- 
pendu à  l'abside  de  l'église,  c'est  à-dire,  sur  l'autel, 
et  qui  ne  pouvait  guère  être  destiné  à  d'autre  usage 
qu'à  mettre  en  réserve  l'espèce  consacrée. 

Tout  ce  qui  a  été  dit  jusqu'ici  regarde  priucipale- 
ment  les  vaisseaux  dans  lesquels  on  metlail  et  réser- 
vait le  Sailli-Sacrement.  A  présent  il  esl  temps  de 
parler  des  lieux  dans  lesquels  on  le  gardait.  Nous 
avons  vu  ci-devant  qu'il  était  assez  ordinaire  de  le 
suspendre  au-dessus  des  aulcls  dans  des  colombes, 
des  coupes,  des  lours,  etc.  Mai.  outre  cela,  il  y  .avait 
j  autrefois  d'.inlres  endroits  où  ce  divin  Saereinenl  était 
mis  en  dépôt.  La  plus  aneienno  manière  élail  de  le 
meure  dans  de  petites  chambres  qui  étaient  à  côlé  des 
Églises,  ci  que  l'on  a^qielait  chez  les  Grecs,  wîto- 
fôptcc ,  chez  les  Latins ,  Thalami  ou  Sacraria,  et  que 
nous  nommerions  aujourd'hui  Sacraires  ou  Sacristie. 
C'est  en  ce  sens,  je  crois,  que  l'on  doit  entendre  ce 
que  dil  S.  Jérôme;  c'est  pourquoi  le  sacraire,  sacrarium, 
dans  lequel  gît  le  corps  de  Jésus  Christ .  le  véritable 


simunt  Corpus  observari  ,  luniine  eum  prœcedenle  ;  et 
que  là,  on  l'enferme  sous  la  clé.  Les  slaliils  .«ijoutenl 
que  l'endroit  dans  lequel  on  garde  ce  précieux  tré- 
sor, doit  être  un  lieu  éminent  et  honnête,  et  que  si 
les  facultés  de  l'Église  le  permettent ,  il  doit  toujours 
y  avoir  devant  une  lampe  allumée. 

Dans  d'antres  é;,'iises ,  si  l'on  y  réservait  l'Eucha- 
ristie, ce  n'était  point  sur  les  |  rincipaux  autels,  mais 
on  la  renfermait  dans  des  armoires  à  côté  des  autels 
dans  des  piliers,  ou  derrière  les  autels.  II  se  trouve 
encore  aujourd'hui,  quantité  de  ces  armoires  dont  on 
se  sert  en  bien  dos  lieux  pour  resserrer  les  saintes 
huiles.  Marc-Anl!)inc  de  Doniinis,  archevêque  de  Spa- 
lairo,  en  Dalmatie,  assure  qu'il  a  vu  de  ces  armoires 
dans  quelques  coins  ou  dans  quelques  piliers  de  plu- 
sieurs églises  anciennes.  Eihoio  à  présoiil,  à  Saint- 
Pierre  de  Upnie,  elle  n'est  point  réservée  sur  le  prin- 
cijial  aulel,  mais  dans  la  chapelle  qui  est  vis-à-vis  de 
celle  de  Notre-Dame  de  l'ilié,  et  où  le  pape  Sixle  IV 
a  été  inhumé.  Dans  l'église  cathédrale  do  Troyes  eu 
Champagîie,  dans  la  plupart  des  églises  du  Pays-Das, 
non  |»liis  (jue  dans  l'église  collég.ale  de  Saint-Germain 
dépendanlc  du  Mont-Cassin,  le  Sainl-Saeremenl  n'e^ 
point  non  plus  réservé  sur  le  principal  auiçl  ;  ?t  dç* 

(1)  Adaim.57,n.  1(« 


511  HISTOIRE  DES  SACKEMENTS. 

personiws  fort  versées  dans  les  rils  de  l'Église ,  pré-  ! 
tendent  qu'il  ne  convient  pas  de  céiébi-er  la  messe 
sur  les  anlc'ls  où  rejmse  le  très-Sainl-Sacrement. 

C'est  ainsi  qu'en  parle  l'anleur  du  Ccréniotiial  des 
évoques,  dont  l'ouvrage  a  été  revu  par  l'ordre  exprès 
de  Clément  Mil  et  d'Innocent  X.  Le  P.  Bartliélt-mi 
Gavantus,  consulleur  de  la  congrégation  des  rils,  n'a 
pas  d'autres  scnlimenis  sur  ce  sujet.  Les  anciens, 
dit-il  (1),  ont  eu  grande  raison  de  nous  avertir  de  ne 
pas  dire  de  messes  en  présence  du  Saint-Sacrement , 
quand  même  il  serait  renfermé  dans  son  tabernacle. 
Les  prêtres  de  la  mission,  dans  leur  Recueil  des  di- 
verses Rubriques,  disent,  conformément  à  cela,  que 
l'on  devrait  dans  les  paroisses  mettre  le  Saint  Sacre- 
ment dans  une  chapelle,  et  y  communier  le  peuple. 

J'ai  pome  à  croire  que  tous  les  savants  doivent  en- 
trer dans  ce  sentunent.  Il  est  vrai  qu'en  plusieur? 
endroits,  on  reservait  autrefois  l'Eucharislie  ailleurs 
qu'au  gi  :ind  autel  :  mais  il  n'est  pas  moins  certain , 
que  dans  piusiems  aulres,  on  la  mettait  aussi  en  ré- 
serve sur  l'autel  principal,  au-dessus  duquel  elle  était 
suspendue  de  la  manière  que  nous  l'avons  cxi-'osé  :  et 
je  crois  (|i!e  1  auteur  du  Cérémonial  des  évêqnes  et 
Gavaulus ,  ont  plutôt  considéré  la  pratiijue  d'Italie  ou 
de  Home  dans  ce  qu'ils  ont  avancé,  que  celle  du  reste 
de  l'Église,  enlr'autres,  des  églises  d'Orient  et  de 
France,  où  l'usage  contraire  a  eu  lieu  assez  commu- 
nément. 

Outre  les  preuves  que  nous  en  avons  apportées , 
nous  en  donnerons  encore  une  qui  nous  engagera  à 
expliquer  un  canon  assez  difiicile  du  second  concile 
de  Tours.  C'est  le  troisième  de  ce  synode,  sur  le  sens 
duquel  les  savants  sont  partages,  mais  qu'il  semble  (pie 
l'on  peut  réduire  à  celui-ci,  savoir,  qu'il  y  est  ordonné 
de  mettre  le  Saint-Sacrement  en  réserve  sous  le  titre 
de  la  croix  qui  était,  ou  suspendue  sur  rauiel,oii  posée 
sur  le  liant  de  la  partie  convexe  des  ciboires  qui  le 
couvraient.  Ce  canon  porte,  que  le  corps  du  Seigneur 
sera  mis  sur  l'autel,  non  pas  au  rang  des  images,  mais 
sous  le  litre  de  la  croix.  Ut  corpus  Domini  in  allmi, 
non  in  iminjinario  ordinc ,  sed  sub  crucis  tilnlo  cumpo- 
nntur.  Il  faut  remarquer  d'abord,  pour  l'inteliigence 
de  ce  canon,  que  ces  termes  hnaginario  ordinc,  s'en- 
tendent de  l'ordre  dans  lequel  on  arrangeait  les 
images  dans  les  églises.  C'est  en  ce  sens  qu'Anaslase 
dans  la  traduction  des  actes  du  second  concile  de  Ni- 
«  ée,  emploie  ces  paroles,  inuujinaria  pictura. 

Il  f;iut  remarquer  en  second  liou  que  Binius  pré- 
lciid  que  par  ce  décret  il  est  défendu  de  placer  le 
corps  de  Noire-Seigneur  sur  l'autel  avec  les  images 
que  l'on  avait  coutume  d'y  mettre,  et  qu'il  est  or- 
donné de  le  mettre  sous  la  croix  qui  répondait  au 
milieu  du  même  autel.  Le  docte  P.  Sirmond  (2) 
vent  au  confaire  que  ce  canon  n'ordonne  rien  autre 
sinon  que  le  jiain  qui  doit  être  consacré  ne  soit  mar- 
qué d'aucune  autre  ligure  que  de  celle  de  la  croix. 

Enfin  un  très-habile  homme  croit  que  par  ce  ca- 


(1)  Comm.  in  Rub.  miss.  Rom.,  p.  2,  lit.  14,  n.  1. 

(2)  Disquis.  de  Azymo,  c.  4. 


512 

non  on  règle  la  manière  d'arranger  l'espèce  du  pain 
avec  le  calice  dans  le  temps  du  sacrifice,  en  sorte 
qu'il  ne  soit  plus  permis  de  le  mettre  à  droite  ou  à 
gauche  du  coté  des  images,  mais  directement  sous  la 
croix  au  milieu  de  l'autel. 

Après  ces  observations  nous  dirons  avec  le  P.  Ma-! 
billon  (1),  que  l'on  ne  peut  entendre  ce  canon  dans  le 
dernier  sens,  puisque  chez  les  anciens  le  terme  d'/.'jt- 
charislie  ne  se  preiul  que  pour  l'hostie  consacrée,  et 
(lu'anciennenicnl  le  pain  offerl  à  l'autel  et  destiné  au 
sacrifice,  n'était  point  mis  vis-à-vis  de  la  croix,  mais 
à  la  gauche  du  calice,  celui-ci  étant  à  la  droite  de 
l'hostie ,  comme  pour  recevoir  le  sang  du  Seigneur 
qui  coula  de  son  côté  droit.  Le  Mierologue  et 
.lean  d'Avranches  le  reconnaissent  d'après  l'ordre 
Romain.  Le  sentiment  de  Binius  est  donc  le 
plus  vraisemblable.  Mais  il  s'y  ronconlre  deux  difli- 
cnltés  :  la  première ,  en  quel  endroit  on  plaçait  les 
images  dans  l'église  en  ce  temps-là  :  la  seconde,  com- 
ment on  plaçait  rEucharisiie  sous  le  litre  de  la  croix 
à  l'autel,  sub  crucis  litulo  in  àllari.Le  denoûment  de 
ces  deux  diflicnllés  nous  fera  entrer  dans  le  vrai  sens 
du  décret  du  coiicilc  de  Tours,  qui  fut  tenu  en  570, 
selon  le  P.  Cabaflut. 

Pour  ce  qui  est  de  la  première  de  ces  difficultés,  je 
ne  puis  me  persuader,  dit  le  P.  Mabillon  (2),  que  l'on 
nit  mis  des  images  sur  les  autels  pendant  les  dix  pre- 
miers siècles.  Le  pape  Léon  IV  nous  l'apprend,  dans 
une  homélie,  où  il  parle  eu  ces  termes  :  Que  l'on  ne 
mette  rien  sur  l'autel,  sinon  les  châsses  et  les  reli- 
ques, 011  peut-être,  les  (juatre  évangiles  et  nue  boîte 
avec  le  corps  de  Nnire-Seigiieur  pour  le  viatique  des 
malades,  et  buxida  cum  corpore  Domtni  ad  viulicum 
infirniis  (ces  paroles  ne  sont  pas  favorables  au  senti- 
ment de  Gavantus  et  des  autres  dont  nous  venons  de 
parler)  ;  le  pape  continue  :  Que  l'on  remelle  tout  le 
resle  dans  un  endroit  propre.  Ratliier,  évêque  de 
Vérone,  répèle  les  mêmes  paroles  dans  le  discours 
qu'il  fit  à  son  synode.  Ou  voit  cependant  dans  For- 
tunat  (3),  que  l'on  mettait  quelquefois  des  fleurs  sur 
les  autels,  et  Grégoire  de  Tours  rend  témoignage 
qu'on  avait  aussi  coutume  d'y  suspendre  une  croix. 
Or,  quoique  les  chasses  et  les  reliiiuaires  pussent  te- 
nir lieu  d'images,  il  est  constant  néanmoins  qu'on  n'a 
mis  les  reli(pies  et  les  reliquaires  sur  les  autels  tout  au 
plus  qu'un  peu  avant  le  neuvième  siècle  :  d'où  on  a 
droil  de  conclure  que  du  lemiis  de  ce  concile  de 
Tours,  ou  n'y  mettait  point  d'images.  Dans  quel  en- 
droit donc  les  mettait-on  ?  C'était  dans  les  baptistè- 
res, dans  les  sacristies,  comme  nous  parlons  aujour- 
d'hui, dans  les  galeries,  sur  les  murailles  et  aux  lam- 
bris des  églises.  Saint  Paulin  (4)  nous  apprend  que 
Sévère  fit  mettre  dans  le  baptistère  la  statue  de  Notre- 
Seigneur.    Philostorge  (5)   rend  témoignage  que  la 


(  \  )  Disq.  de  Azym.  et  Ferm.  c.  8. 

(2)  Ibid. 

(7)  )  Lib   8,  caren.  8. 

(  4  )  Epist.  12. 

(5)  llist,  I.  7. 


EUCHARISTIE.  -  CHAP.  X.  LIElJ  01  SE  RESERVAIT  L'EUCHARISTIE. 


51S 

statue  de  Notre-Seigneur  qui  lui  avait  été  érigée  par 
l'ilémorroïsse,  qu'il  avait  guérie,  et  que  les  païens 
avaient  mutilée,  fut  placée  par  les  fidèles  dans  l:i 
diaconie,  ou  sacristie  de  la  li;isiliiiiie,  cl  (|uc  V.nm  lui 
rendait  le  culle  <|ui  lui  ét.iil  dû.  Enliii,  S  Paulin, 
dans  l'endroit  que  nous  venons  de  citer,  et  le  véuéra- 
Ide  IJède,  dans  la  vie  de  Bi>cop,  si>n  alihé  (lil).  I)  , 
nous  as^urcut  (|ue  l'on  attachait  les  iinairis  dans  le> 
galeries  et  (|u'on  lespeign.iil  sur  les  lanil)ris.  Toin-  ce 
qui  est  des  reliquaires,  on  les  nieliail  en  ce  tcinps-là 
ou  sous  Taulel,  ou  au-dedans  de  l'autel,  ce  que  le  P. 
MabilliMi  prouve  au  long  dans  sa  préface  sur  le  se- 
cond siècle  Bénédictin. 

Après  ces  éclaircissements,  il  n'est  pas  difficile  de 
dévelo|)per  le  sens  de  la  pren)ière  partie  de  ce  canon 
du  concile  de  Tours,  qui  n'est  proprement  que  néga- 
tive. On  y  voit  que  quand  les  pères  de  ce  synode  dé- 
fendent de  placer  l'Eucliaristie  in  imaefinurio  online, 
ils  veulent  dire  ([u'il  ne  faut  la  nietlre  ni  dans  les  ba- 
ptistères, ni  dans  les  porli({ues,  non  plus  que  sous 
l'autel,  comme  les  reliquaires,  ainsi  qu'on  avait  cou- 
tume de  faire  en  quelques  endroits.  Il  ne  reste  plus 
après  cela  que  la  seconde  dirileullé  à  expliquei-. 

Celle-ci  regarde  la  seconde  pariie  du   déirel  du 
concile  qui  est   positive,  puisqu'il  y  est  ordonné  de 
mettre  l'Eucharistie  sous  le  titre  de  la  croix  sur  l'au- 
tel :  ul  Ettcliarislia  in  ultari  siib  ciiicis  litido  compona- 
tttr.  Le  titre  dr.  la  croix   se  prend  cerlaineinent  iei 
pour  la  croix  elle-même  (pii  était  au-dessus  de  l'au- 
tel, suivant  le  témoignage  de  S.  Grégoire  de  Tours, 
qui  dit  dans  le  livre  des  miracles  de  S.  Jnlien  (cap. 
45),  qu'il  y  avait  une  croix  d'or  très-Lien  travaillée 
suspendue  sur  un  autel,  pendcbat  super  ipstim  altcire  I 
crux  holocrisia  eleganli  opcre  fada.  Nous  ne  pouvons 
expli(|uer  au  juste   toutes   les   différentes   manières 
dont  la  croix  était  suspendue  ou  souteiuie  siw  les  au- 
tels. Mais  on  peut  dire,  sans  craindre  de  se  tremper, 
qu'une  manière  fort  naturelle  et  sans  doute  fort  or- 
dinaire de  la  mettre  sur  l'autel,  était  de  la  placer  sur 
le  liant  de  ces  ciboires  ou  hal(la(|uins  qin  servaient 
d'ornements  aux  autels,  et  qui  étaient  en  niénie  temps 
destinés  à  empêcher  (pi'il  n'y  tondtàt  des  ordures  ou 
de  la  poussière.  Il  est  donc  fort  naturel  de  croire  que 
par  le  décret  de  ce  concile  il  est  ordonné  de  réserver 
l'Eucliaristie  sur  les  autels,  et  de  la  suspendre  dans  b; 
ciboire  sous  la  croix  qui  en  terminait  le  faite,  et  (pii 
répondait  au  milieu  de  l'autel.  Les  ciboires  ou  balda 
quins  (ilaient  fort  ordinaires,  comme  reuianpie  M. 
Ducange,  dans  son  Glossaire,  où  il  dit  que  l'ordre 
Romain  les  désigne  par  les  mots  de  lecjumen  et  d'»)»- 
bniculiini  altnris.   Ils  étaient  ordinairement  soutenus 
de  quatre  colonnes  plus  ou  moins  précieuses,  aussi 
bien  que  le  ciboire  lui-même,  qui  était  en  forme  de 
dôme  ;  quelquefois  l'ouvrage  était  de  marbre  ou  de 
porphyre;  en  d'autres  endroits  il  était  d'or  et  d'ar- 
gent, orné  di;  gravures,  d'émail  et  de   pierreries.  On 
voit  dans  l'Histoire  de  l'abbaye  du  Mont-Cassin,  par 
Léon  d'Oslie  (1),  qu'il  y  en  avait  un  d'argent  orné 
(l)Lib.  l,c.  20. 


511 


d'or  et  d'émail,  sur  laulel  qu'on  avait  élevé  sur  le 
lonib.au  de  -.  Benoit.  Cet  oinement  d'autel  était  or- 
dinaire, non  seulement  dans  les  églises  d'Occident,   j 
mais  encore  en  Orient,  cornuK^  on  le  voit  dans  la  des-  * 
eription  de  l'éiilise  de  Sainte-Sophie  de  Conslautino- 
ple,  donnée  par  Paul-le-Sil.'nliaire,  et  commentée  par 
M.  Ducange.  Il  s'en  trouvait  tpii  couvraient  tout  l'au- 
tel  en  forme  de  baldaipiji,  dont  la  partie  snpi'ricure 
se  termin:iit  un  pen  en  pointe;  c'était  là  qu'était  po- 
sée la  croix,  et  tout  autour  de  cette  couverture  con- 
vexe on  metl;iit  des  cierges  pour  éclairer  l'autel  cl  le 
sanctuaire;  au  moins  \oit-o.i  dans  les  coutumes  de 
Cliuii  que  cela  se  faisait  dans  ce  monastère  :  et  Paul- 
le  Sileniiaire  assure  que  le  ciboire   de  Sainte-Sophie 
étiil  orné  de  cierges  et  de  flandjcaux  qu'on  allumait 
les  jours  d<î  fêles  et  de  cérémonies.  Le  lecteur  nous 
pardonnera   cette   petite  digresMou  sur  les  ciboires 
anciens;  l'ordre  des  matières  nous  y  a  engagé.  I!  est 
temps  de  revenir  à  notre  sujet.  Il  ne  nous  resie  plus 
rien  à  dire  pour  donner  une  idée  suffisante  de  la  ma- 
nière de  réserver  l'Eucharistie  pour  les  divers  usages 
auxquels  elle  était  dest:née,  qu'à  mettre  sous  les  veux 
du  lecteur,  suivant  notre  continno,  la  manière  dont 
les  Grecs  la  réservent  aujourd'hui,  afin  qu'après  lui 
avoir  représenté  les  usages  anciens,  il  sadn;  encore 
ce  qui  s'observe  dans  ces  églises  si  éloignées  de  nous 
par  la  distance  des  lieux  et  la  différence  des  prati- 
qises.  Il  |)aiait  (pic  l'ancienne  coniume  qui  s'observait 
autrefois  dans  ces  églises,  de  réserver  la  sainte  Eu- 
charistie dans  des  cidombes  d'or  ou  d'argent,  suspen- 
dues sur  les  autels,  est  entièrement  oubliée  dans  ces 
pay>.    Aujourd'hui   les  Gncs  n'ont  qii'nn  autel  dans 
chaque  église,  suivant  le  témoignage  du  P  Goar(l),ct 
ils  n'ont  sur  cet  anul  ni  colombes,  ni  tabernacles.  Ils 
réservent  dan>  la  sacristie,  le  pain  consacié  pour  la 
messe  des  présa:  ciliés,  et  c'est  de  là  qu'i:sle  portent 
à  l'autel  avec  grand  appareil,  [jour  y  célébrercetlc  litur- 
gie. A  l'égaiil  de  l'Eucharistie  destinée  à  servir  de  via- 
tifpieaux  malades,  et  qui  est  préparée  de  la  manière  que 
nous  l'avons  expliqué  ci  devant,  le  même  P.  Goar  (-2) 
dit  qu'ils  la  réservent  derrière  l'autel,  dans  un  lieuap- 
|>elé  pour  cela  -yp-wptoj,  devant  lequel  il  y  a  toujours 
une  lampe  allmnée.  M.  S.-iiith  (5)  assure  aussi  (pi'ils 
la  réservent  derrière  l'autel  dans  une  boîle  renfermée 
dans  un  .sac  de  soie  attaché  à  la  muraille.  Mais  .M.  de 
Nointcl  (4),  ambassadeur  du  roi  à  la  Porte,  témoigne 
dans  ses  relations  qu'ils  la  réservent  encore  ailleurs. 
Dans  le  monastère  de  .Mauromale,  dit-il,  je    trouvai 
l'Eucharisiie  dans  une  biu'te  d'argent  ou  de  fer-blanc 
posée  sur  le  coin  d'un  peiiiauttd  qui  est  celui  ou  l'on 
coiisacre.  Dansunc  autre  âjlise  un  papas  nie  la  montra 
sur  un  des  «H/i/..,  d::ns  une  boite  qui  me  parut  d'argent, 
avec   lin  papier  (/ui  débordait.   Etant  dans  l'église  de 
Calcédoine,  comme  je  m'informais  oii  était  le  S.  Sacre- 

[\)  Not.  in  Euchol.,  p.  IGet  28. 
(•2)lbid. 

(.3)  In  Ep.   de  Gr.   Ecci.  Iiodicrno  Statu,  cdil.   2, 
p.  \7A) 
(il  Tom.  7>  de  la  Perpét.  de  la  foi,  I.  8,  c.  4. 


S15 


HISTOIRK  Dï:S  SACIIKMENTS. 


3in 


ment,  un  religieux  me  montra  un  sac  de  toile  pendu  u 
un  clou,  dans  lequel  il  y  avait  une  boUe  où  était  renfer- 
mé ce  précieux  dépôt,  ci  ayant  fait  demande  à  ce  reli- 
gieux pour  quelle  raison  il  ne  tenait  pas  le  corps  de  Jésus 
Christ  d'une  manière  et  dans  un  lieu  plus  piopresjl  nie 
fit  réponse  que  céiait  ta  coutume ,  que  rétjUse  élaii 
pauvre,  et  que  dans  celles  où  il  y  avait  quelqu.s  revenus, 
on  en  usait  autrement....  Dans  une  des  ilcs  appelée 
Vrinkipio,  un  abbé  me  montra  l'Encliarislie  dans  un  pa- 
pier fort  blanc  qui  était  enfermé  dans  une  boite  qu'il  tira 
du  côté  droit  de  l'autel.  Dans  une  autre  abbaye  de  la 
même  île,  je  trouvai  le  S.  Sacrement  enfermé  dans  une 
boite  serrée  dans  un  sac  d'étoffe  de  soie  à  (leurs  d'or  et 
pendue  à  ««  clou....  En  quelques  autres  églises,  je  le 
trouvai  réservé  dans  une  boite  ou  à  côté  de  l'autel  ou  sur 
f  autel.  Enfin  datis  l'abbaye  de  l'Assomption,  je  le  trou- 
vai dans  un  ciboire  dans  un  coffre  enfermé  sous  la  clé. 
Celte  relation  fait  assez  conniiîlre  que  les  Grecs  ne 
réservent  point  le  S.  Sacrcnicnt  avec  autant  de  dé- 
cence que  l'on  a  coutume  dc^  le  l'aire  dans  rÉgiise  la- 
tine; ce  qui  pi-nl  venir  en  parti(;  de  la  pauvreté  ex- 
trême où  les  Turcs  les  ont  rétlniis. 

Outre  cela  nous  pouvons  dire  (ju'en  général  nous 
avons  surpassé  les  Orientaux  en  ce  point;  et  que  de 
tout  temps  on  a  fait  paraître  dans  nos  églises  beau- 
coup de  religion  envers  ce  divin  sacreuieiil ,  (pi  on  a 
pris  soin  de  réserver  d'une  manière  qui  répiuidit  en 
quelque  sorte  à  l'auguste  majesté  du  Dieu  (pie  nous  y 
adorons.  Nous  ajouterons  à  ce  (pie  nous  avons  dit  là- 
dessus  dans  tout  ce  chapitre,  que  la  manière  dont  on 
a  coutume  de  le  réserver  à  présent  dans  plusieurs 
églises,  enfermé  dans  une  coupe  couverte,  on  un  ci- 
boire couvert  d'un  pavillon,  doit  son  origine  à  l'or- 
dre de  Cîteaux ,  dans  lequel  cela  se  praiique  depuis 
fort  long  temps  ,  avec  cette  particularité  (pie  dans  les 
églises  de  cet  ordre  ,  c'est  ordinairement  une  image 
ou  statue  de  la  Sainte-Vierge,  (|ui  soutient  de  sa  main 
droite  le  S. -Sacrement  aiii^i  suspendu  sur  l'autel. 

CHAPITRE  XI. 
Dans  lequel  il  est  parlé  des  fêtes  instituées  en  l'honneur 

du  très-Saint-Sacrement ,  cl  en  particulier  decelleque 

nous  nommons  la  Fête-Dieu. 

Nous  ne  prétendons  pas  encliérir  ici  sur  ce  que  tant 
d'auteurs  exacts  et  éclairés  ont  écrit  sur  cette  matière, 
et  en  particulier  M.  Thiers  (1)  et  M.  Raillel  (2);  c'est, 
comme  nous  l'avons  déjà  remarqué,  l'avanlaf^e  que 
l'on  a  en  traitant  du  saeremenl  diî  l'Eucharislie,  dont 
on  a  mis  tontes  les  pariies  dans  un  si  grand  jour,  (|u'il 
n'y  a  qii'à  suivre  ceux  qui  nous  ont  |»récédés.  Nous  ne 
ferons,  pour  ainsi  dire,  que  copier  ce  dernier  qui  a 
hii-iiième  beaucoup  profité  des  lumières  (juc  M.  Tliiers 
avait  réjiandues  sur  cette  matière. 

C'est  eu  quelijue  manière  dans  l'inslitmion  de  cet 
auguste  sacrement,  qui  contien',  le  précieux  gage  de 
l'amour  de  Jésus-Clirist  pour  son  Église,  et  qui  est 
le  nœud  indissoluble  de  l'union  des  membres  du  corps 


(1)  L.  3  de  l'Exp.  du  S-Sacr.,  c.  4  et  seq. 

(2)  fêles  niubjles  sur  la  fête  du  S.-Sacr.,  § 


§2  et  3. 


mystique  du  Sauveur  entre  eux  et  avec  leur  divin  el.ef 
(|ue  l'Eglise  a  pris  sa  naissance  ,  cl  on  peut  dire  iiicme 
(pie  la  fêle  de  l'Encliarislie  a  été  perpétuelle  dans  l'É- 
glise, de  même  que  celle  de  la  Trinité;  et  qu'il  n'y  a 
point  eu  de  jours  où  on  ne  l'ail  renouvelée.  Néan- 
moins on  en  a  fait  nue  fêle  particulière  dès  les  pre- 
miers commencements  de  rÉg'ise;elle  fut  assignée 
au  jour  même  de  la  cène  du  Seigneur ,  et  célébrée 
tous  les  ans  sur  le  même  cours  que  celle  de  sa  pas- 
sion et  de  sa  résurrection  qui  l'ont  suivie  immédiale- 
menl.  On  peut  dire  même  que  l'union  de  ces  trois 
mystères  n'en  a  fait  longtemps  qu'une  fête  continuée 
sous  le  nom  de  Pâques;  parce  que  Jésus-Clirist  n'a  pas 
moins  été  considéré  comme  noire  Pàijue  dans  ce  sa- 
crement que  sur  la  croix  et  dans  sa  résnrreclion. 

Mais  un  si  grand  mystère  semblait  demander  plus 
d'étendue  qu'un  seul  jour  pour  occuper  tov  le  la  piélé  des 
fidèles;  surtout  le  Jeudi-Saint  étant  un  jour  si  n  mpli 
de  quantité  d'autres  cérémonies  très-importantes , 
qu'on  n'en  |)ouvait  consacrer  qu'une  assez  petite  par- 
tie à  la  mémoire  du  mystère  de  rEucliaiistie.  Néan- 
moins on  s'en  conlenta  jusqu'au  treizième  siècle;  et 
ce  ne  fut  qu'en  1208,  qu'une  fille  de  seize  ans  eul  les 
premières  visions  qui  servirent  de  fondement  à  l'insli- 
tulion  de  celte  fête.  Celle  fille  était  la  bienheureuse 
Julienne  du  Moiil-Cornillon  ,  religieuse  hospitalière 
aux  portes  de  la  ville  de  Liège,  dont  la  vie  se  trouve 
rapportée  par  M.  Raillel  au  cin(puème  jour  d'avril. 
Comme  la  dévotinn  extraordinaire  qu'elle  avait  dès 
lors  pour  l'Eucharistie  ,  la  faisait  méditer  sans  cesse 
sur  ce  mystère,  elle  vil  en  songe  la  lune  en  son  i)lein 
([ui  avait  une  brèche,  ce  qui  continua  encore  depuis 
de  se  présentera  son  imagination  pre^-que  toutes  les 
fois  qu'elle  se  menait  en  oraison.  Elle  fut  deux  ans 
sans  pouvoir  faire  l'application  de  sa  vision ,  quoi- 
qu'elle en  eût  demandé  souvent  rinlerprélalion  par 
d'ardentes  prières.  Elle  comprit  alors  que  la  lune  était 
J  l'Église,  cl  que  la  brèche  |iouvait  marquer  le  défaut  de 
la  fête  du  Sainl-Sacremenl  qu'elle  croyait  qui  man- 
quait dans  l'Église.  Elle  se  sentit  alors  intérieurement 
pressée  de  solliciter  auprès  de  ses  ramislres  ce  qu'elle 
croyait  que  l'esprit  de  Dieu  lui  suggérait  louchant 
rinslitution  d'une  fête  aimnelle;  mais  elle  ne  déféra 
point  à  ses  senlimenls  :  elle  fut  encore  près  de  vingt 
ans  dans  le  silence,  tàcliPiil  de  suppléer  par  le  redou- 
blement de  sa  dévotion  envers  le  corps  et  le  sang  de 
Jésus-Christ  à  ce  que  l'Église  n'avait  pas  encore 
faii. 

Lorsqn'en  12.50,  elle  fut  élue  prieure  de  la  maison 
du  Monl-Cornilloii  ,  elle  se  sentit  plus  hardie  à  se  dé- 
clarer sur  ce  sujet.  Elle  s'ouvrit  particulièrement  à 
Jean ,  chanoine  de  S.  Martin  de  Liège,  qui  s'était 
mis  en  cre^dit  dans  l'esprit  des  peujdes ,  par  ro|)iiiioji 
que  l'on  avait  de  la  sainteté  de  sa  vie  :  et  elle  lui  per- 
suada de  communiquer  la  chose  aux  théologiens  et 
aux  pasleurs.  Le  chanoine  se  chargea  de  la  commis- 
sion qu'il  exécuta  avec  beaucoup  de  zcle;  il  alla  par 
les  eliajtiires,  les  paroisses  et  les  couvents ,  où  11  per- 
suada une  grande  piirtie  de  ceux  a  qui  il  en   parla. 


517 


EUCHARISTIE.  —  CAl'.  XI.  FÊTES  EN  L'HONNEUR  DU  5.-SACREMENT. 


Slf 


Entre  plusieurs  il  iiilércssa  les  trois  professeurs  dos 
doiiiiiiicaius  deLiégo,  leur  prieur  cl  pmviiK  ial,  le 
frère  lingues  ,  dit  de  S.  Clier  ou  de  S.  Tiiiciri,  <|mi  fui 
depuis  cardinal,  l'arcliidiacre  de  régli>e  de  Liège 
nouimé  Jan|iies  Paulaléon  de  Troyes  ,  qui  fui  depuis 
évLMjiie  de  Verdun  ,  pilriarelie  dt-  Jérusalem,  et  cnlin 
papcs.uis  le  nom  d'I'rb.iin  |V,  l'évi-ijucî  de  ('.aud)rai  (1) 
el  le  (  liaueelier  de  I  luiiverMlé  de  Paris  ,  qui  pounail 
Lieu  avoir  été  le  niémiî  que  ce  prélat.  La  Mculieureuse 
Julienu.',  assurée  de  ra|»probaliou  delant  de  person- 
nes de  nianpie  ,  (il  composer  un  ollice  du  Saii.t  Sacre- 
inonl ,  dont  elle  donna  l'idée  cl  le  plan  ,  el  le  fit  ap- 
prouver   di'S   principaux   lliéclogiens  du  pays. 

Toute  l'aflaire  ainsi  conduite  avec  autant  de  pru- 
dence que  de  zèle  à  iravers  diverses  difficultés  (pie 
suscilaienl  les  personnes  mal  intcnlionnées,  était  lieu- 
rcusemeni  amenée  à  poinl ,  lor^(pren  I2ili,  i  evèque 
de  Liège,  lloberl,  déclara  d.ns  son  synode  Télalilisse- 
nienl  d'une  fêle  purliculière  du  Saiul-Sacrenient , 
dont  il  ordonna  la  céléhralion  publique  et  solcnni-lle 
par  toul  son  diocèse.  Il  piescrivil  -ni  jeûne  poar  la 
veille  ,  el  délendil  louie  u  uvrc  servile  pnur  le  jour 
comme  aux  dimanches.  11  (il  même  com|.os(;r  plus  de 
vingt  ofliccs  propres  de  la  fêle,  (pii  n'élaienl  sans  don- 
te  que  des  copies  de  celui  que  la  bienbeun-nse  Juli  n- 
ne  avait  fait  faire.  La  mal  idie  rempcclii  d'y  mi'tlre  la 
dernière  niain  par  un  mandement  ([u'il  élail  sur  le 
point  de  publi  -r;  et  il  mourut  inconliiieul  après  s'éire 
donné  la  satisfaction  de  faire  célébrer  le  nouvel  office 
de  la  fèlc  en  sa  présence.  Les  cba:ioines  de  S.-Marlin 
fuient  les  premiers  qui  la  soleniiisèrent  dans  la  ville 
de  Lié]j;e,  el  ils  commencèrciit  dès  l'an  li.'û.  Cepen- 
dant la  niorl  de  l'évêque  el  les  j  er.-éciilions  suscitées 
à  la  bienlieureu-e  Julienne  ,  qui  fui  obligée  de  qi  il- 
ler  la  ville  pour  fuir  S"s  adversaires,  el  qui  niourul 
hors  de  son  pays,  en  1258,  iraversèient  lacélébialion 
de  la  nouvelle  tëie  dans  presque  tous  les  autres  en 
droits  de  la  ville  cl  du  diocèse.  Le  cardinal  ilugues, 
qui  avait  eu  connaissance  de  toute  l'affaire  lorsqu'il 
élail  prieur  des  Dominicains  à  Liège,  élant  envoyé 
légat  du  Saiiit-Siége  ,  enlrepril  de  maintenir  cette  in- 
sliluiioii  par  un  décret  qu'il  adressa  l'an  lâoâ,  à  tous 
les  prélats  el  à  toul  le  clergé  des  provinces  de  sa  lé- 
galion.  11  fut  secondé  deux  ans  après  par  le  cardinal 
Capoccio,  qiii  lui  succéda  dans  la  même  légation. 

Un  an  ou  deux  après  l;i  moit  de  la  !{.  Jiilienn  >,  une 
ncl'.ise  de  la  ville  de  Liège,  non.nnée  Eve,  qui  avait 
été  sa  confidente  et  qui  avait  eu  beaucoup  de  pari  aix 
revélalinns  qu'clleavaileiies  sur  ce  sujet,  sollicita  for- 
teimnt  l'évèipie  Henri,   successeur  de    Robert,   de 
s'employer  auprès  du  pape  pour  f  lire  élablir  par  tonle 
l'Eglise  la  fête  du  S.  Sacrement,  cnnimeelle  se  faisait 
à  S. -Martin  de  Lié^e.  L'élévalii.a  d'UriiainlV  au  sou-  ' 
verain  poniiiical  fut  regardée  comnie  une  conjoncture  ; 
très-favoralile  ù  celle  cnlrepiise,  parce  que  ce  jiape  . 
avail  déjà  aiiprouvo  les  vues  et  les  mesures  que  la  D.  ■ 

{\)  Giiiard  ou  Guy  de  Lion  avail  été  cliancelierde  ', 
l'éçrliso  do  Paris  avant  ([ue  d'èlre  évèque  de  Cmn-  \ 
br.ii. 


Julienne  avait  prises  pour  l'établisscroeot  de  celte 
l'été  lors(|u'il  était  encore  an  b  diacre  de  l'église  de 
Liège.  On  ne  fut  point  trompé  dans  ce  (pi'on  s'était 
promis  de  ses  bonnes  dispositions;  mais,  ipioiqu'il 
ii'eùl  pas  mal  reçu l:i  proposition  de  lévèque  de  Liège, 
lt'Soccu|>ations  que  lui  donnaient  d'aulies  besoins  de 
rEgli.se|)lus  pressants,  lui  eussent  peul-élre  fa  l  diffé- 
rer et  remettre  l'affaire  il  ses  successeurs,  s'il  n'y  cùl 
été  déterminé  par  l'occasion  d'un  prodige  qu'on  disnit 
être  ariivéà  IJolsène,  au  diocèse  d'Orvielle.  Le  prodige 
élail  d'un  corporal  qui  était  demeuré  teint  et  connue 
tout  eiis:tnglanié  par  (pielques  gouiies  ipii  étaient 
tombées  du  calice  par  la  négiig''nce  d'un  prèlre  lors- 
qu'il disait  la  messe  dans  l'égli  e  de  Sainle-Cbiistine. 
(i'est  au  moins  la  conjeclure  de  la  plupart  des  écri- 
vains de  delà  les  monts  qui  (uil  peut-être  vo;ilu  igno- 
rer un  autre  motif  ipii  poiiait  le  pape  à  insiiluer  celte 
fête,  el  <pii  oui  cru  (juc  le  prodige  était  arrivé  dans  le 
temps  (|u'Urbain  était  retiré  à  Orvielte  pour  éviter  les 
vexations  et  les  insultes  des  Gibelins  el  de  Malnfroi , 
ni  de  Sicile. 

Urbain  institua  donc  la  fête  du  S. -Sacrement,  et  or- 
donna fpi'elle  serait  célébrée  avec  toutes  les  solenni- 
tés de  celles  du  premier  ordre  par  toute  la  terre  ;  il 
lui  assigna  le  jeudi  d'après  l'octave  delà  Pentecôte, 
parce  que  c'était  le  premier  jeudi  qui  fùl  libre  du 
temps  pascal ,  et  (pi'il  élail  à  propos  d.",  ne  lui  point 
donner  d'antre  jour  de  la  semaine  que  celui  auquel 
Jésus-Chrisl  avail  institué  rcucbaiislie.  U  ténioigue 
dans  sa  bulle  que  ce  qui  l'avait  porté  à  faire  cet  éla- 
bli^senuinl  élail  le  désir  qu'il  avait  de  confondre  la 
perfidie  des  hérétiques  ;  il  n'y  dissimule  pas  ce  qui 
était  arrivé  à  Liège  lorsfpi'il  éiait  archidiacre  de  celta 
ègli-^e,  el  il  marque  assez  évidemment  que  ce  qui  l'a- 
vait (lélerniiné  à  cela  était  la  révélation  que  quehpies 
personnes  caiboliques  avaient  eue  touchant  la  célébra- 
tion d'il  e  lelle  fête  ;  mais  il  n'y  fait  aucune  menlion 
dti  prodige  du  corporal  ensanglanté  à  Bolsène. 

On  ignore,  l'année  el  le  lieu  où  la  bulle  fut  donnée  ; 
mais  le  bref  que  le  pajic  en  adressa  à  Eve,  recluse  de 
S.-Marlin  de  Liège,  est  de  l'an  12t)i  et  de  la  villç 
,i'Oi  vielle,  d:tié  du  8  septembre  de  la  quatrième  an- 
née de  son  pontificat.  Ce  pape  mourut  le  second  jour 
d'octobre  suivant ,  et  personne  ne  s'intéressant  sous 
ses  successeurs  à  l'exécution  de  son  décret  avec  lo 
z.'le  que  demandait  cet  établisseuient,  il  y  eut  peu 
d'églises,  hors  celle  de  Liège,  où  l'on  célébrai  la  nou- 
velle lele,  pendant  rc>pace  de  plus  de  quarante  ais. 
C'est,  sans  doute,  le  sujet  du  silence  de  Durand,  evè- 
que de  Meiide  ,  qui ,  écrivanl  vingt-deux  ans  après  l:i 
mort  dUrltain,  n'aurait  eu  garde  de  l'onieltre  dans  lu 
suite  des  fêtes  de  l'Eglise,  si  elle  avail  été  observée  ci  '. 
son  temps.  La  fête  du  Sainl-Sacremenl  demeura  ainsi 
négligée  jusipi'au  temps  du  concile  géaéral  de  Vienne, 
ipii  fut  assemblé  l'an  151 1 .  Ce  fut  là  que  le  pape  Clt'-; 
ni' ni  V  voulant  la  rétablir,  fil  reeevoir  et  confirma  l.il 
bulle  d'inslilulion  d'Urbain.  Elle  fui  acceptée  pir  V-.Ki 
les  prélats  du  concile  en  présence  des  rois  de  France, 
(l'Ai  uhlerreet  d'Aragon.  Mais  raccomplissonienl  de 


S19 

toute  l'affaire  parut  être  réservé  au  pape  Jean  XXII, 
qui  succéda,  en  151G,  à  Clément  V  après  une  vacai  Cr 
de  plus  (le  deux  ans,  et  <|"''  P"''''='  '■'^  bnlle  d'Urbain  IV 
revéuie  de  tontes  ses  fonnalilés  ,  vers  le  connnence- 
nient  de  son  ponlilicat.  On  ne  coinnionça  en  Fiance  à 
célébrer  la  fête  du  Samt-Sacreuient  que  l'an  1318 ,  et 
il  en  coula  encore  qnel(|uos  années  depuis  pour  en 
rendre  l'observation  générale  et  uniforme  par  toutes 
les  églises  du  royaume. 

L'ofdce  du  Saint-Sacremont  étailjdù  au  soin  de  la  D. 
Julienne,  et  semblait  avoir  été  divinement  inspiré, 
lorsqu'on  considérait  que  c'était  l'ouvrage  d'une  lille 
et  d"uu  jeune  lioniuic  sans  lecture  et  sans  expérience, 
et  que  cependant  il  n'y  avait  rien  de  plus  beau  et  de 
mieux  entendu  dans  tous  les  olfieesde  l'Fglise.  11  ne 
laissa  pas  de  céder  ensuite  à  un  autre  que  l'on  disait 
être  de  la  compOMtion  de  saint  Thomas.  On  est  per- 
suadé qu'il  avait  reçu  du  pape  Urbain  IV  la  coiuinis- 
sion  d'y  travailler  dans  le  temps  qu'il  publia  sa 
bulle;  mais  il  le  forma  sur  l'usage  de  l'Eglise  romaine, 
au  lieu  que  celui  de  la  B.  Julienne  était  accordé  au 
rit  de  l'église  gallicane.  Les  continnateiirs  deBiIlan- 
dus  avaient  cru  d'abord  i|"C,  comme  le  pape  Urbain  IV 
n'avait  fait  que  suivre  l'évê  pie  de  Liège  dan^  l'insti- 
tution de  la  léle  en  la  rendant  g/'iiérale,  de  niènie 
saint  Thomas,  au  lieu  de  rien  composer  de  nouveau, 
s'était  conlenlé  de  prendre  roffice  composé  par  la  B. 
Julienne  et  de  l'accommoder  au  rit  romain,  en  y  faisant 
divers  retranchements  et  quelques  additions.  Ils 
avaient  même  rendu  leurs  cimjeclures  assez  plausi- 
))les  :  ils  ont  néanmoins  jugé  à  propos  deimis  de  les 
abandonner  sur  les  remonlranees  de  qnelfpies  Jaco- 
bins de  Paris.  Mais,  sans  entrer  dans  la  connaissuice 
de  leurs  m(>tifs,  on  peut  dire  que  leur  réiraclation  ne 
servira  qu'à  faire  admirer  encore  davantage  cetie 
conformilé  surprenanle  qu'ils  avaient  trouvée  dans 
les  deux  offices.  Tout  ceci  est  tiré  de  M.  Baillel  qui 
cite  ses  garants. 


CHAPITRE  XII. 

Procession  du  Sainl-Sacrement.  Que  celle  qui  se  fait 
aujourdliui  à  la  Fête-Dieu  ne  s'y  fuisuit  pas  au  com- 
mencement. Que  néanmoins  il  se  faisait  de  ces  proces- 
sion avant  l'inslilulion  de  cette  fêle.  De  la  procession 
du  jour  des  Rameaux,  et  de  celle  de  Pà<iucs. 

Monsieur  Tliiers  (  1  )  rapporte  les  opinions  difTérenles 
d'une  infinité  d'auteurs  louchant  le  temps  aiicpiel  en 
a  couunencé  à  lain;  la  proc  ssion  du  S. -Sacrement. 
Comme  ce  livre  n'est  point  un  ouvrage  polémirpie, 
mais  purement  historique,  il  ne  nous  convient  pas  de 
nous  étendre  à  rai.porler  ces  (q»inions,  encore  moins 
à  les  réfuter  ;  il  nous  suffit  d'établir  les  faits  tels  que 
lions  les  trouvons  attestés  par  les  nieillenrs  anlenrs. 
Kn  suivant  ce  qui  se  présenle  sur  !a  «piesiiou  dont  il 
s'agit  ici,  il  semble  que  Ton  |>ei:t  assarer  sans  craindre 
de  se  mé|)reiidre,  que  la  procession  du  S;dnt-Saoremeni 
que  nous  faisons  anjourd'hui  à  la  Fèle-Uicu,  ne  s'y 
faisait. pas  autrefois.  Une  preuve  convaincante  de  ce 

(1)  J/ib.  2  de  l'Exp.du  S.-Sacr.,  c.  1  el  seq. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  3î0 

I  que  nous  disons,  est  qu'Urbain  IV,  dans  sa  bulle  Trans- 
iturus,  par  lacpielle  il  a  institué  celte  fêle,  el  qui  a  été 
coufirmée  par  Clément  V,  an  concile  de  Vienne  en 
\7}[\,  ne  dit  pas  un  seul  mol  de  cette  procession  si 
<élèi)ru  ;  (in'M(|ue  d'ailleurs  il  accorde  des  imlnlgenees 
à  tous  les  fidèles  qui,  étant  véritablement  pénitents  et 
confessés,  assisteront  aux  olfices  divins  qui  se  célé- 
breront dans  les  églises  pendant  l'octave  de  la  Félc- 
Dien  ;  el  qu'il  y  fasse  mention  expresse  des  premières 
vêpres,  des  malines,  delà  messe,  de  prime,  de  li(!rce, 
de  sexle,  de  none,  etc.  Est-il  croyable  (prenlrantdans 
un  SI  grand  détail  de  tous  ces  exercices  de  piété,  et 
(praceordant  des  indulgences  pour  chacun  en  particu- 
lier, ileiH  omis  la  procession,  si  elle  eût  élé  inslilnéc 
en  même  temps  que  celte  fête  ?  Cela  est  d'autant  moins 
vraisemblable  que  le  pape  Martin  V  ,  dans  sa  bulle 
Inclfabilc  Sacramenlum,  d[im  mai  iA^d,  quia  aug- 
menté du  double  les  indulgences  d'Urbain  IV;  et  Eu- 
gène IV,  dans  sa  bulle  Excellentissimo ,  même  jour, 
mais  de  l'an  1435,  (pii  a  encore  augmenté  du  double 
celles  de  Martin  V,  n'ont  pas  mampié  d'en  accorder 
à  ceux  qui  assisteraient  à  la  procession,  parce  que  de 
leur  temps  elle  se  faisait. 

Déplus  le  Pape  Urbain,  dans  le  bref  qu'il  adressa  à 
Eve,  recluse  de  Liège,  (iui,s'inléressail  si  fort  à  réta- 
blissement de  la  lèle  du  S- -Sacrement,  l'assure  qu'il 
en  ainslitué  la  fête,  mais  il  n'y  parle  point  du  tout  de 
la  procession.  S.  Thomas,  qui  a  travaillé  à  composer 
l'office  de  celte  fêle,  à  la  luièredii  pape  Urbain  ,  et  qui 
pour  lécompense  de  son  travail  en  reçut  une  colombe 
d'ar^enl,  selon  Jean  i\auclerus(I),  ne  dit  rien  de  cette 
procession  dans  l'opiiscnk'  qui  en  contient  l'office  , 
quoi(pril  y  traite  des  indulgences  accordées  par  le 
pape  à  ceux  qui  assisteront  aux  offices  de  l'Église  du- 
laiil  l't  clàve  de  celle  fête. 

Mais  encore  que  la  procession  de  la  Fête-Dieu  n'ait 
pas  élé  établie  par  Urbain  IV,  elle  ne  laisse  pas  d'être 
ancienne,  pnis(pie,  pour  ne  rien  dire  ici  des  bulles  de 
Martin  V,  et  d'Eugène  IV,  que  nousavons  déjà  citées, 
et  |ui  en  parlent  en  termes  exprès,  il  en  est  fait  men- 
tion, dit  M.  Tbicrs  (2),  dans  une  charte  manuscrite 
intitulé".  De  Malriculariis  Inicis,  qui  est  au  Irésor  des 
litres  du  chapitre  de  Chartres,  et  qui  est  d'einiron 
Fan  1530,  dans  le  concile  provincial  de  Sens  de  l'an- 
née 1520,  où  il  est  dit  qu'elle  semble  avoir  élé  inlro- 
dnile  dans  l'Église  par  une  inspiration  de  Dieu  ,  et 
dans  un  acte  du  chapitre  de  Tournai  du  jour  de  l'Exal- 
latinn  de  la  sainte  Croix,  en  1325,  dont  le  même  auteur 
assure  avoir  un  exlraitenlre  les  mains,  collaiionné  sur 
le  litre  original  (pii  est  gardé  dans  la  chambre  des 
comptes  de  Lille  en  Flandre  ;  d'où  il  conclut  qu'il 
doit  deuienrer  pour  constant  qu'elle  n'est  pas  si  nou- 
velle que  l'onl  assuré  Érasme,  Cassandre  el  l'auteur 
des  anciennes  Cérémonies  ;  el  qu'elle  n'a  pas  clé  établie 
eent  ans  après  la  Fête-Dieu,  ainsi  que  le  dit  Géné- 
br.ird,  puisqu'elle  se  faisait  au  moins  dans  les  Égli- 
ses dont  nous  venons  de    parler  ,  longtemps  avant 


(1)  Volum.  2  Chronol.  général.  43,  c.  17, 

(2)  Ibid. 


EL'CIIARISTIR.  —  CIIAP.  XI!.  IROCESSlON  DU  S.-SACREMENt. 


321 

Tiin  1  i04,  qu'elle  se  (il  la  première  fois  à  Pavio,  selon  ' 

lîossiiis. 

Mais  en  (niel  loinps  iirccisément  elle  iirocossion  si 
céièliie  n-l-elle  élé  iiislidiée?  e'esl  ce  (in'il  nVsl  pus 
aisé  tl.»  iléierminer.  Proiuirieiiient  C'"la  a  pi.  se  f.iire 
pelil  à  pt  lil  el  irnne  manière  in^^•nsiltle,  comme  cela 
airive  soiiv^iil  en  nialière  di'  praliqnes  et  tle  cérémo- 
nies. i)"fli7/«;Hrs  .liun  Diestenins  lUems,  jiritur  dcS.- 
Mmtin  de  Uécjc,  estime,  (lil  M.  Thieis.  qiCelle  a  iHè  éta- 
blie pur  le  pape  Jean  XML  qui  tuourul  te  quatrième 
jour  de  décembre  de  l'an  15:)')-,  i^nivnut  la  snpjnitaticm 
d'Oiiupfire;  el  celte  opinion  est  d'autant  plus  proiable 
qu'il  est  moins  facile  de  la  convaincre  de  {nusseté,  au 
lieu  qu'il  n'est  pas  malaisé  d'en  convaincre  les  autres  qui 
reconnaissent  un  autre  auteur  de  la  procession  de  la 
Fête-Dieu  que  Jean  XXII. 

Voilà  ce  ([irun  lionnnc  irès-exact  et  très-laborieux, 
qni  a  beaucoup  lra\  aillé  à  rerlierclier  les  origines  de 
lonles  les  cérémonies  i|ni  onl  rappoi  t  an  cnlledu  Très- 
Sainl-Sacremeiila  pu  déconvrirde  pins  sur  là-dt-ssus. 
Ce  n'esl  pas  que  les  processions  du  S. -Sacrement  fus- 
sent inconmies  dans  l'Égliscî  en  ce  temps  là;  car,  sans 
parler  de  celle  des  présanclifiés,  qui  ne  peut  en  porter 
le  nom  que  trè>-impirfailenu'nl,  el  de  celle  céré;iionie 
dont  il  est  parhi  dans  l'ordre  Uomain,  et  dont  nous 
avons  fait  mention  dans  le  S*"  cliapiire  de  celle  section, 
qui  ne  le  mérite  guère  à  plus  jusie  litre  ,  nous  trou- 
vons une  procession  du  S. -Sacrement  en  bonne  forme 
établie  et  prati(piée  avec  I  eaucoup  de    solennité  dès 
le    milieu  du  on/.ième   siècle  le  jour  des  Rameaux. 
Lanfranc,   (\n\  fut  de  nis  arclievéïpie  de  Canlorl>éri, 
qni  en  marque   en  détail  tontes  les  cérémonies,  les 
prières  el  les  stations,  ne  paraît  pas  même  en  avoir  élé 
l'auteur  ;  elle  pouvait  ve.iir  de  plus  loin  :  elle  avait 
élé  éablie   pom-  honorer  et  représenter  en  quelque 
sorte  rentrée  triomplianic  de  Je  us-Clirist   à  Jérusa- 
lem qni  se  fil  en  ce  jour,  et  la  description  de  ce  qui  se 
faisait  en  celle  occasion  ne  peut  qu'édilier  le  lecteur. 
C'est  dans  les  Statuts  que  cet  homme  célèbre  a  faits 
pour  l'ordre  de  S.  Benoit  (sect.  i,  c.  1),  qu'il  pre.scril 
tout  ce  qni  s'y  devait  observer,  de  (pielle  manière  on 
doit  porter  le  brancard  ou  !a  châsse  dans  laquelle  le 
corps  du  Fils  de  Dieu  était  renfermé,  ce  (|uidoit  pré- 
céder et  sinvre  ;  comme  après  que  l'abbé  ou  le  chan- 
tre a  commencé  l'anlienne  Ave  liex  noster,  les  deux 
prêtres  qui  portent  celle  châsse  passent  an  milieu  de 
tout  le  clergé,  qui  fait  la  génuflexion  au  S. -Sacrement  ; 
coninMî  Ion  fait  une  station  aux  portes  de  la  ville  ; 
comme  l'on  nwt  la  cliàssc  sur  une  table  couverte  d'im 
lapis;  eidin  comme  Ton  fait  cnccre  une  station  à  la 
porte  du    monastère.   Nous  transcririons  volontiers 
loul  ce  que  le  B.   Lanfranc  a  éciit  là-dessus,  si  nous 
n'appréhendions  de  trop  allonger  ce  chajtiire.  Mais  ce 
qu'il  y  a  de  remarquable  dans  cdle  proccssio:!  est  que 
la  sainte  flncharistic  n'y  était  point  exposé-'  en  évi- 
dence, mais  seulement  qu'elle  y  était  renfermée  dans 
un  brancard  ou  une  chasse.  Exeaiit  saccrdotes  albis  in- 
duli  qui  portent  ferelrum...  in  quo  et  corpus  Clirisli  de- 
bel  eue  reconditum. 


5îi 

Il  se  faiienc<ue  aujiinrtrhui  une  semblable  proces- 
sion à  Rouen  par  li'S  IJoinsier-.  on  confièics  de  la 
confrérie  du  S. -Sacrement  érigée  dans  l'église  mé- 
tropolitaine. Elle  va  de  cette  église  à  celle  de  S.-rCo- 
dard  avec  assez  de  diligence,  et  elle  en  revient  d'une 
manière  pompeuse.  M.  Farin  parle  de  celte  procession 
en  plusieurs  endroi  s  de  son  liisloiic  de  la  vilh;  de 
itoiien.  Les  Statuts  delà  confrérie  faits  en  1527,  en 
parlent  aussi  en  ces  termes: 

Soijez  certains,  seignetirs  et  dames, 
Que  tous  les  ans,  le  jour  des  fiâmes, 
A  minuit,  comme  est  de  coutume, 
Jl  faut  que  chacun  s'accoutume 
D'aller  vite  comme  le  dard. 
De  Notre  Dame  à  S.-Codard, 
Trcs-liumblement  d'un  cœur  non  feint, 
Aider  à  porter  le  Corps  saint. 
D'oti  il  est  clair  que  cette  cérémonie  se  commençait 
autrefois  à  minuit  :  mainlenanl  elle  ne  se  commence 
que  SIM-  la  lin  d(!  matines.  M.  Tliiers  (l)dil  l'avoir  ap- 
pris ainsi  par  une  lettre  du  H.  P.  I).  François   Pomme- 
raye,  moine  béiiédictin  de  la  congrégaii(»n  de  S.  Maur 
el  auteur  de  l'Histoire  des  archevêques  de  Rouen. 
Voici  l'extrait  de  cette  lettre  qui  explique  les  particu- 
larités tant  de  celte  procession  (|ue  de  celle  qui  se  fait 
aussi  dans  la  même  ville  dans  la  fameuse  abbaye  de 
Sai.t-Ouen  :  Dans  l'Ég'ise  cathédrale  de  Rouen  le  jour 
des  Hameaux,  avant  matines,  les  sacristes  tirent  le  S.- 
Sacrenienl  du  ciboire  oii  il  est  suspendu  devant  le  qrand 
autel  et  le  mettent  dans  un  autre  ciboire,  et  non  pas  dans 
un  soleil,   lequel  ciboire  ils  mettent  dans  une  espèce  de 
lanterne  de  verre   carrée    qu'ils  posent  sur  un  brancard 
préparé  sur  une  table  où  le  peuple  le  vient  adorer.  En- 
suite sur  la   fin  de  mutines  deux  prêtres  chapelains    en 
aube  et  étole  viennent  pretidre  le  brancard  et  le  portent 
dans  ta  paroisse  de  S.-Godard,  sans  aucun  citant.  Ils 
sont  précédés  de  la  croix  et  des  tinterelles  ou  clochettes 
de  la  confrérie  du  S. -Sacrement,  et  d'un  grand  nombre 
de  torches  allumées,  tant  de  celles  que  les  confrères  four- 
nissent que  d'une  douzaine  que  Mil.   du  chapitre  y  en- 
voient, et  suivis  d'une  grande  midtitude  de  peuple.  Après 
que  l'on  est  arrivé  à  S.-Godard,  l'un  chante  tine  messe  du 
S. -Sacrement. 

Dans  la  cathédrale  les  rameaux  étant  bénis ,  les  chû' 
nuines  viennent  dans  l'église  de  Saint-Laurent  poiir  y 
entendre  la  prédicadon  que  l'on  faisait  autrefois  sur  un 
grand  lluàlre  qui  était  préparé  dans  l'aitre  ou  cimetière 
(lui  est  entre  l'église  de  Saint-Godard  et  celle  de  Sai,U- 
Laurenl  :  car  ces  églif.es  sont  fort  proches  l'une  de  l'autre. 
La  prédication  étant  achevée  ,  les  deux  prêtres  qui  ont 
apporté  à  Sninl-Godurd  le  Saint-Sacrement  s'arrêtent  à 
la  porte  oii  l'on  dit  quelques  prières.  Ensuite  on  fait  une 
procession  solennelle  depui-'  Saint-Godard  jusqu'à  la 
cathédrale.  Les  rues  par  oii  l'on  passe  sont  tendues  de 
tapisseries.  En  chemin  l'on  s'arrête  à  un  carrefour  ap- 
pelé la  Crosse,  l'on  y  chante  le  Gloria,  laus  et  honor, 
parce  qu'autrefois  la  porte  de  la  ville  était  en  ce  lieu-là. 

(l)Lib.  4d«  lExp.,  c.  1». 


3t3 


De  sorte  que  cette  procession  représente  l'entrée  triom-    ' 
pliante  de  y  otre-Scujneur  dans  Jérusalem.  On  continue 
puis  après  la  procession,  et  le  Saint-Sacrement  est  re- 
posé à  la  catliédratê. 

Les  religieux  de  Snint-Ouen  font  à  i-eu  près  les 
mêmes  cérémonies  dans  renccinle  de  leur  monnslère 
que  celles  dont  nonsvenonsde  parler,  iii;iis  ils  n'y  ex- 
j  posent  [)as,  non  plus  que  les  ciianoines  de  la  ralhé- 
Idrale,  le  Sainl-Sacremenl  à  découvert.  L'nc  autre 
{procession  du  Sainl-Sacreniei;t,  qui  ne  cède  ijuère  en 
anliquilé  à  celle  de  la  Fêle-Dieu,  est  celle  qui  se  faii 
dans  plusieurs  églises,  le  jour  ou  piulôila  luiit  de  Pâ- 
ques :  Tordre  que  ron  y  observe  dans  l'église  Cathé- 
drale de  Beauvais  est  prescrit  dans  un  ancien  Anli- 
plionier  qui  a  été  donné  par  Pierre  d'Argilière,  sous- 
chaulrede  celle  église,  qui  mojvnl  en  1517,  et  r;;nlcur 
ne  prescrit  point  les  cérémoines  qui  s'y  font  connue 
nouvelles  ,  mais  conmie  un  usage  re<;u  dans  celle 
église.  Les  voici  telles  qu'elles  sont  prescrites  dans  ce 
livre  (I)  :  Cette  nuit  on  ne  ferme  ^wint  réglise,  et  on  ne 
tonne  point  à  l' heure  du  coucher .  Le  dimancne  de  la  Ré- 
surrection, on  sonne  premUrenienl  tes  petites  cloches,  et 
tout  le  clergé  doit  s'assembler  à  Céglise ,  puis  on  sonne 
les  grosses  cloches  pour  le  premier  coup  de  matines  ,  et 
alors  on  ordonne  la  procession  au  sépulcre;  le  curé  de 
Sainl-Pierrc  la  condnisa)it,  l'évéque  ou  le  prêtre  semai- 
nter,  revêtu  d'une  cliappe  blanche  avec  Tétule  et  la  mitre, 
va  à  la  procession  avec  tout  l'appareil  ordinaire,  tous  les 
ecclésiastiques  tenant  des  cierges  allumés  dans  leur 
main.  La  procession  étant  lien  disposée  ,  l'évéque  ou  le 
prêtre  semainier  entre  dans  le  sépulcre  ,  prend  entre  tes 
mains  le  a  lice  ou  est  le  corps  dn  Seigneur,  et  après 
avoir  commencé  le  lî.  Chuistus  rfslrgf.ns,  le  porte  au- 
tour du  chaur  jusqu'à  l'autel;  quatre  chapelains  velus 
de  blanc  parlent  l,'  dais  ;  les  autres  ecclésiastiques  suivent 
en  chantant  le  R.  Ciihistis  RFSiRGr.NS,  son  V.  et sa'ré- 
pétitiott.  Cependant  on  sonne  toutes  les  elochrs  jusqu'à 
la  fin  de  la  procession  ;  l'on  doit  sortir  par  la  porte,  qui 
est  du  côté  gauche,  en  chantant  le  /î.  Cukistls  resir 
GENS,  le  V.  i>ic\NT  MiNC  JuDït.  La  procession  étant  de 
retour  au  chœur,  l'évéque  a  ant  remis  le  corps  du  Sei- 
gneur sur  l'ai  tel,  chante  le  Y.  Slkrexit  Domints  df. 
SEPiLCRO  ,  et  on  lui  répond  :  Qii  pro  mt.is.  Ensuite  il 
dH  l'oraison  Pr.csta.  qi/ESimls,  sans  Homims  vobis- 
'rtii  ,  ui  Uenedic \Mti>  Domino  ,  après  quoi  il  donne  la 
bénédiction  au  peuple,  et  étant  de  retour  à  sa  place  au 
chœitr,  il  commence  let  mutines. 

Là  niêuie  procession,  à  peu  près  ,  se  fait  dans  les 
églises  collégiales  ei  les  paroisses  de  la  ville,  et  dans 
qucIques-iMiiS  de  la  campagne  du  diocèse  de  Beau- 
vais. Elle  se  fait  aussi,  et  même  avec  plus  de  cérémo- 
nie ,  à  Laoïi,  où  on  commence  à  sonner  les  cloches 
pour  cela  à  deux  heures  ajirès  niinnii,  avec  celte  par- 
ticularité ,  que,  le  célébrant  élml  onlré  dans  le  sé- 
pulcre avec  deux  anciens  chanoines  qui  ]'aceonq)a- 
gnenl,  il  y  prie  quelque  temps,  et  que  ccpeiidanl  deux 
diacres  étant  debout  à  la  porte  du  sépulcre,  chanienl 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  3Î4 

ensemble  Ardens  est ,  et  qu'un  enfant  de  chœur,  qui 
est  caché  cl  deboni  dans  le  sépulcre  ,  leur  demande  : 
Quemquvritii?  à  quoi  çci:\-ci  répondent  :  Jesum  Na- 
zarœnum.  El  le  même  enfant  de  chœur  leur  ayant 
dit  :  Non  est  hic,  aussitôt  les  chantres  entonnent  Sur- 
rexit  Dominus  verè  ,  idleluia.  Après  quoi  l'on  chante 
Viciimœ  Paschnli  laudes  ,  avec  d'autres  répons,  et  l'on 
retourne  processioiniellenicnt  dans  le  chœur.  C'est 
.M.  Bélotte  qui  i!Ous  apprend  ces  détails  dans  la  de- 
scription qu'il  a  faite  de  celle  procession.  M.  Lveillon, 
chanoine  d'Angers,  assure  cpie  celle  procession  se  fait 
aussi  dans  l'église  caihéilralc  de  Sois->0!is ,  après 
le  troisième  répons  de  matines  ,  et  en  lail  une  de- 
scription circonstanciée  (jue  l'on  p^ut  voir  dans 
M.  Thiers  (I). 

Enfin,  la  même  chose  se  fait  dans  l'église  royale  et 
collégiale  de  Saint-Quentin  en  Vermandoi-;,  avant  les 
u;atines,  el  à  Bayeux  en  Normandie.  Autrefois  même, 
dans  l'église  pairiarchale  de  Bourges  ,  les  trois  der- 
niers chanoines  étaient  habillés  en  filles  .à  celle  pro- 
cession (|ni  s'y  fail  avant  matines,  et  ajirés  laquelle  on 
res-erre  l.i  (tivine  Eiicharistie.  Ces  trois  chanoines  re- 
piésenlaicnl  les  trois  Marie,  et  i!  y  avait  de  sembla- 
bles abus  dans  quelques  autres  églises  cathédrales  , 
cumme  dans  celle  de  Beauvais,  où  une  (ille  était  |)ré- 
|)osée  pDur  garder  le  sépuh  re.  Le  chapitre  lui  faisait 
donner  tons  it^s  jours  un  pain. 

Ce  n'est  pas  seulement  en  France  que  cette  céré- 
monie de  porter  ainsi  le  corps  de  Notre  -Seigneur  en 
procession  !e  joiir  de  Pârpies,  après  l'avoir  tiié  du  sé- 
pulcre, s'est  (d)servéc;  elle  est  Irès-ancienne  en  Al- 
lemagne, connue  on  le  voit  dans  le  calécliisme  de 
Fi  ideric  Nansea  (2)',,  évcqiie  de  Vienne,  en  Autriche, 
où  elle  est  représentée  d'ure  manière  irès-helle  et 
très-édiliante.  Elle  conimeiiçail  ajirès  minuit  vers  le 
point  du  jour.  Elle  est  aussi  décrite  dans  le  Sacerdotal 
de  l'église  romaine  et  des  autres  églises ,  imprimé 
à  Venise  en  1579,  ce  ([ui  lail  juger  qu'elle  était  fort 
commune  dos  ce  tenip>  el  auparavant  dans  les  (gliscs 
d'Italie.  Rien  n'est  p'iis  édi(iant(|ue  les  rils  ,  les  priè- 
res, les  chants  d'allégresse,  el  les  diverses  cérémonies 
qui  se  tioiivcnl  exactement  décrites  dans  ce  livre  , 
dont  M.  Thiers  rapporte  un  grand  extrait  que  l'on 
peiil  consulter,  aussi  bien  que  ce  qu'il  y  a  inséré  dans 
son  livre  4'  de  rExposilion,  du  Processional  di;  Fon- 
tevraiill,  louchant  cette  même  céréinonie.  Tout  ce 
iiu'ou  lit  là-dessus  ne  respire  qu'une  tendre  dévotion, 
qi'iine  s  inte  joie ,  (prune  humble  reconnais  ance  ; 
mais  nous  ne  pouvnns  transcr.re  tous  lesextiails  que 
M.  Thiers  a  donnés  des  livres  où  toi:t  cela  se  Iiouvc 
presciil.  Il  nous  suffit  d'en  avoir  donné  une  idée  par 
le  |teu  (pie  nous  en  avons  rapporté. 

Il  cm, dut  le  chapitre  (jui  contient  les  extraits  où 
ceiti'  pieuse  céiéniome  esi  déciite  en  ces  termes  : 
Voilà  ce  que  j'ai  pu  remarquer  de  cette  illustre  jno- 
ccssion,  qui  a  été  plutôt  établie  dans  l'Eglise  pour  re- 
présefiter  te  grand  mystère  de  la  résurrection  dii  Fils  de 


(fj  Thiers,  l.  4  de  l'Exp,  c.  21. 


(!)  Lib.  -Idel'Exp.,  c.  21. 

(2)  I!  avrtif  n<:«isi»»  au  roncilc  de  Trente. 


^28  EUCHARISTIE.  -  CIIAP.  Mil. 

Dieu ,  et  pour  faire  voir  que  le  jour  de  Pâques  il  n'cul 
pas  (l'WS  le  lombeau  ,  que  pour  mcllre  en  éi'iiUuce  le 
Sdcreinenl  de  son  corps  et  de  son  sang,  puisquen  effet  il 
ij  a  peu  de  lieux  oit  il  tj  soit  mis ,  et  que ,  s  il  y  est  mis 
rudque  part,  ce  uesl  t^uc  pour  un  montent,  et  pour  en 
donner  aux  fidèles  une  vue  passagère  et  scmbluble  à 
celle  qit'cut  de  Dieu  le  prophète  Elie  sur  la  montagne 
d'ilurcb.  I  El  cccc  Doiiiiiius  Iransit.  > 

CHAPITRE  X»I. 

De  Pexposition  du  Saint-Sacrement.  Depuis  quel  temps 
elle  a  commencé  à  se  faire.  On  parle  à  celte  occasion 
des  ostensoires  transparents,  de  leitr  antiquité  et  de 
leurs  diverses  formes.  Des  cérémonies  principales  aii.r- 
quelles  on  expose  le  Saint  Sacrement,et,  en  particulier, 
des  prières  des  quarante  heures  dont  on  recherche 
Corigine  el  Ls  motifs.  Des  règles  qu'il  faut  garder 
dans  l'exposition  du  Saint-Sacrement. 

Quoique  la  procession  du  Siiint-Sacrement  à  In  Fêle- 
Dieu  ail,  suivant  louleappnrence,  donné  lieu  à  l'usage 
qui  esl  établi  aujourd'hui  de  le  porter  en  évidence  el 
de  l'exposer  dans  les  églises ,  il  n'est  pas  aisé  de  fi- 
xer précisémeiil  le  temps  auquel  ce  second  usage  a 
été  reçu  ,  el  M.  Tliiers  (l),  qui  a  fail  tant  de  rcclier- 
Ches  curieuses  là-d>'SsUs,  assure  posilivemenl  que  Ton 
ne  saurait  prouver  que  ces  deux  cérémonies  i  eligieuses 
aient  commencé  en  même  temps;  et  de  plus,  qu'il  y 
a  bien  de  l'apparence  qu'au  commenccmcni  que  se  lit 
la  procession  de  la  Fête-Dieu,  on  n'y  portail  pas  le 
Saint-Sacrement  en  évidence,  mais  de  la  manière  que 
l'on  avait  accoutumé  de  le  porter  dans  les  autres  pro- 
cessions dont  nous  avons  parlé  dans  le  chapitre  pré- 
cédent, où  il  est  certain  qu'on  le  portail  couvert  el 
voilé.  Cela  paraîtra  d'autant  plus  plausible  ,  ajoute  cet 
auteur,  qnil  n'y  à  pas  encore  cent  vingt  ans  qu'en  toute 
la  Franconie  on  le  portait  renfermé  dans  une  bourse 
aux  processions  du  Saint-Sacrement  à  la  Fête  -  Dieu  , 
pratique  que  l'on  avait  sans  doute  commencée  dès  la  pre- 
mière institution  de  ces  processions  ,  et  que  l'on  n'avait 
pas  voulu  changer  dans  la  suite  des  temps  pour  s'atta- 
cher au  nouvel  usage. 

Cependant  il  faut  avouer  que  l'usage  d'exposer  le 
Saini-Sacrcment  esl  très-ancien  dans  certaines  églises, 
et  qu'il  ne  cède  pas  beaucoup  en  antiquité  àl'inslilu- 
tio;i  de  la  procession  de  la  Fêle -Dieu,  (pii,  connue  vous 
avez  pu  rcnvirqner  par  ce  que  nous  eu  avons  dit, 
n'a  pas  conmencéaussitôt  que  la  fête  du  Saint-Sacre 
ment,  ni  en  même  temps  dans  loui  les  lieux;  mais 
qui  s'csl  introduite  inscnsihlehient  el  en  diflérciils 
temps  dans  les  diverses  églises. 

Une  [irenve  sensible  de  ce  (|uc  nous  avançons  lou- 
chaiii  l'aniiquiléde  l'exposition  du  Saint- Sacrement, 
soit  dans  les  églises,  soit  aux  processions,  c$l  l'usage 
de  ces  tabernacles  porl.-itifs  que  lïon's  appelons  com- 
nninémenl  des  ostensoires,  des  nielchisédecs,  des  so- 
leils ou  des  custodes,  dont  quelques-uns  sont  fort  an- 

(I)  Expos.,  I  î,  c.  l,  sub  fin. 


EXl'OSlTlOiN  Ï)U  S.-SACKEMENT.  326 

ciens,  cl  approchent  assez  du  temps  auquel  on  a  corn* 
mencéà  faire  la  procession  de  la  Fêti'-Dicii.  Le  concile 
provincial  di;  Cologne  de  l'an  lio-2,  el  rilhislre  ar- 
cliiiliacte  de  la  inèim*  ville,  Jcnn  Cropiwîr  (I),  eu  font 
mention  S(Uis  le  nom  de  montres  (|ui  servaient  :i  l'cx- 
position  du  Saint-Sacrement.  Ce  concile  fait  même  en- 
tendre qu'il  yen  avait  de  plu>,ieurs  bori<'s.  Nous  en 
trouvons  bien  avant  ce  temps.  Il  y  avait  aulrefuis  un 
de  ces  ostensoires  d'argent  doré  en  forme  de  croix 
dans  l'église  de  Noire- Dame  de  Paris,  comme  on  le 
peut  voir  dans /'//ii^enfajred^s  reliques,  joyaux,  el  orne^ 
ments  de  drap  d'or  et  de  soie,  tapisseries,  livres,  et  attires 
cho.'ies  étant  au  trésor  de  l'église  de  Paris,  fait  le  mer- 
credi, onzième  novembre  li58.  Cet  inventaire  porle  : 
Jlem  une  croix  d'argent  doré  que  soutiennent  deux  an- 
gels  pesant  en  tout  douze  marcs,  en  laquelle  on  porle  le 
corps  de  Notre-Scigneur  au  jour  du  Saint-Sacrement, 
que  doima  M.  Gérard  de  Monlagu,  chanoine,  el  deptiis 
évcque  de  Paris.  Il  reste  même  des  ostensoires  en 
forme  de  soleil  qui  sont  fort  ancier)S.  Ou  voit,  dit  le 
lal)orieu.v  M.  Thiers  (2),  dans  un  graduel  de  la  sainte 
chapelle  (le  Paris  écrit  sur  du'vélin,  du  temps  de  Louis 
XII,  qui  mourut  eu  1515,  un  de  ces  soleils  déjieinl  eu 
miniature  dans  la  première  lettre  de  Ylntroïl  de  la 
unisse  du  Saint-Sacrement.  Il  y  esl  représenté  porté  sur 
le>  épaules  de  deux  prêtres  ou  de  deux  diacres  revê- 
tus de  sonlnm  s  ronges,  de  surplis  et  de  chappes.  Un 
roi  marche  après  accompagné  de  quelques  cardinaux 
et  de  quelques  évê(iues;  et  il  y  a  deux  marques  in- 
faillibles dans  la  même  page  aMX(pielles  on  recomiaît 
que  ce  roi  ne  peut  être  que  Louis  XII.  La  p:emière 
esl  un  pore-épie  que  Louis  Xil  piil  pour  sa  devise, 
connne  le  remarquent  plusieurs  de  nos  historiens.  La 
seconde  sont  des  IL  el  des  AA  couronnés  avec  des 
armes,  parties  de  France  et  de  Bretagne;  ce  qui  dé- 
signe assurément  Louis  Xl'I. 

On  trouve  encore  de  pareilles  images  de  soleils  vi- 
trés en  plusieurs  autres  vieux  graduels  au  connnence- 
meul  de  l'office  du  Saint-Sacrement;el  il  y  en  a  même 
de  réels  et  d'elfectifs  en  quehpies  églises,  qui  sont 
encore-plus  anciens  que  Louis  XII.  Témoin  celui  des 
Céle>tinsde  .Marcoussi,  qui  esl  si  he:;u  el  si  riche,  et 
qui  Icin-  fut  donné  du  temps  de  Charles  YI  par  leur 
fondateur  Jean  (le  Monlagu,  grand-mailrc  de  France, 
que  le  duc  de  Bourgogne  fit  décapiter  pour  crime  de 
péculal,  et  frère  d(!  Gérard  de  .Monlagu,  évè  pie  de 
Paris,  dont  nous  ven<uis  de  parler.  XI  Tliiers  ne  s'est 
pasconlenlé  de  nous  donner  une  description  détaillée 
de  celte  p  èce  curieuse;  il  en  a  donné  de  plus  la  figure 
qu'il  a  fail  graver  fort  exactement  sur  un  crayon  qui 
a  été  fail  par  le  P.  procureur  des  Céleslins  de  Mar-- 
coiissi. 

Ce  soleil  a  deux  pieds  de  haul.  Le  pied  ([ui  sert  de 
base  est  de  forme  ovale,  embouti  el  relevé  jiar-dessus. 
De  ce  pied  sort  mie  tige  ornée  de  quatre  chérubins 
adossés  l'un  contre  l'autre.  Elle  se   termine  par  ua 

(1)  Art.  3  Primar.  cle  Christ,  in  Eucharist.  ador., 
c.  3.0. 

r2)  Ibid.,  c.  î. 


547  HISTOIRE  DES 

feuillage  d'où  sortent  deux  cornes  (i'alioiulaiiceel  deux 
ceps  de  vigne  chargés  de  grap;ies  de  r.ùsin  el  entre- 
lacés d'épis  de  blé  ;  ces  cornes  d'aiwndance,  qui  se 
jelleiilàdroitoelàgaucliesoiilienneiit  les  cepsde  vigne 
et  les  épis  de  blé  qui  se  perdent  et  sont  couverts  d'un 
nuage.  Toute  celle  partie,  savoir,  le  pied,  la  tige  et 
ses  branches,  et  les  nuages  qui  sont  d'ar^icnt  doré, 
s'élève  à  la  hauteur  de  douze  pouces  et  de  trois  lignes. 
Sur  le  nuage  il  y  a  deux  anges  debout  hauts  de  cinq 
pouces  et  neuf  ligaes,  ils  sont  d'un  or  très-pur,  et 
leurs  vêtements  faits  en  manière  d'aubes.  De  leurs 
mains  ils  soutiennent  un  cristal  de  roche  taillé  en  rond 
et  en  (orme  de  cylindre,  de  trois  pouces  de  long  sur 
trois  pouces  et  demi  de  diamètre,  il  est  creux  par  de- 
dans, et  il  n'a  que  deux  lignes  d'épaisseur.  Les  deux 
bouts  sont  fermés  par  deux  plaques  d'or  gravées  de 
part  et  d'autre.  11  y  a  dans  ce  croissant  une  lunule 
d'or  qui  s'emboîte  dans  un  pivot,  et  dans  celle  limule 
on  y  niella  sainte  hostie.  Ce  cristal  est  surmonté  el 
à  denli-couvert  d'un  petit  édilice  en  façon  d'église, 
tout  d'or,  de  trois  pouces  et  demi  de  hanl. 

Les  ostensoires  en  forme  de  tourelles,  percés  à 
jour  ou  transparents,  me  paraissent  encore  plus  an- 
ciens, dilM.  Thiers  (1),  que  les  soleils  viirés.  il  s'en 
trouve  de  celle  espèce  faits  il  y  a  plus  de  300  ans;  et 
les  curieux  en  peuvent  voirchez  lesCélestins  de  Mar- 
coussi  une  très-belle  image  en  minialure  renfermée 
dans  un  D,  do  la  hauteur  d'un  pouce,  qui  est  la  pre- 
mière lettre  de  l'oraison  du  Saint-Sacrement  dans  un 
missel  Romain  écrit  à  la  main  sur  du  vélin  l'an  1374, 
comme  le  témoignent  ces  paroles  :  Correclnm  et  scri- 
ptum  per  me  Bnrlholomœum  de  l'arlholis  de  Bonomà 
scripiorem,  137-i,  indiclione  12,  lô  februar.  Jean,  due 
de  Berry,  en  fit  présent  à  ces  religieux,  l'an  1408,  lors- 
qu'il assista  à  leur  premier  établissement  àMarcoussi 
avec  Jean  de  Montagu,  leur  fondateur. 

Elle  représente  un  évè(iue  accompagné  de  deux 
acolytes  ,  portant  le  Saint-Sacrement  dans  une  tou- 
relle d'or  percée  en  quatre  endroits.  Ce  qui  sans  doute 
nous  marque  la  manière  dont  ce  mystère  adorable  était 
porté  en  procession  le  jour  de  la  Fête-Dieu  ,  â  cause 
de  l'endroit  du  missel  où  cette  figure  se  rencontre. 

On  ne  peut  pas  inlerer  de  là  précisément  en  quel 
temps  l'exposition  du  Saint-Sacrement  a  commencé 
de  se  faire  dans  l'Église,  mais  on  voit  par  tout  ce  qui 
a  été  dil  jusqu'à  présent  dans  ce  chapitre,  (|u'au  moins 
en  certains  lieux  ,  l'exposiiion  du  Saint-Sacrement  a 
suivi  d'assez  près  l'établissement  de  la  procession  : 
car  il  n'y  a  pas  grand  espace  de  temps  entre  Jean  XXII, 
qui  l'a  établie  très- probablement ,  et  qui  est  mort 
en  1353,  et  le  temps  auijuel  aéiéfaile  cette  minialure, 
qui  représente  sans  doiite  ce  (pii  se  passait,  au  moi;  s 
dans  le  pays  où  vivait  celui  qui  a  écrit  ei  peint  ce  mis- 
sel dont  nous  venons  déparier.  Enfin  il  sen.ble  que 
ce  qu'on  peut  dire  de  plus  raisomiabU;  là-dessus,  est 
que  ne  se  trouvant,  dit  M.  Thiers,  aucun  ordre  exprès 
de  l'Église,  qui  ordonne  celte  exposition,  il  faut  qu'elle 

(1)  Art.  3  Prim.  de  Clirist.  in  Euch.  ador.,  c.  30. 


SACREMENTS.  H^ 

se  soit  introduite  peu  à  peu  par  des  particuliers  quel- 
que temps  après  le  milieu  du  quatorzième  siècle. 

On  expose  ordinairement  le  Saint-Sacrement ,  au- 
jourd'hui, dans  les  jours  de  dévotions  publiques  et 
dans  les  occasions  importantes,  soit  dans  les  calami- 
tés, soit  pour  oblenir  le  secours  de  Dieu  dans  les  gran- 
des affaires.  C  est  ainsi  qu'on  le  fit  aux  états  de  Blois, 
qui  connnencèrent  par  ime  procession  célèbre  du  Saint- 
Sacrenu'iit,  cpii  se  fit  le  dimanche,  12  octobre  1.588,  et 
dont  la  pi>mp(!  et  la  magnificence  est  décrite  dans  le 
recueil  général  de?  étals  tenus  en  France  sous  les  rois 
Charles  VIII,  Ciiarles  IX,  Henri  III  et  Louis  Xill.  Celle 
qui  se  fit  le  20  d'octobre  aux  états-généraux  de 
France,  lenus  à  Paris  en  1614,  sous  ce  dernier  roi, 
ne  céda  point  en  magnificence  el  en  bon  ordre  à  celle 
des  états  de  Dlois.  On  peut  en  voir  le  détail  dans  le 
même  ouvrage  el  dans  le  récit  curieux  et  circonstan- 
cié qu'en  a  fait  M.  Florimond  Rapine,  avocat  du  roi, 
au  siège  présidid  de  Sainl-Pieire-le-Moulier  ,  député 
du  tiers-ordre  à  cette  assendjlée.  ).,es  dévolions  pu- 
bli(|ut's  sont  les  temps  de  jubilés ,  les  indulgences 
plénières,  les  prières  publiques  qui  se  font  pour  dé- 
tourner les  calamités  dont  les  peuples  sont  ou  affligés 
ou  menacé^  ;  et  enlin  les  prières  des  quarante  heures. 
On  peut  voir  ce  que  dit  sur  tout  cela  M.  Thiers,  dans 
tout  son  quatrième  livre  de  l'Exposition  du  Saint-Sa- 
crement, (in  y  trouvera  une  infinité  de  particularités 
cmieuses  et  intéressantes  ;et  on  y  verra  entre  auires 
choses  ,  que  les  prélats  de  l'Église,  pour  la  plupart, 
n'ont  usé  que  fort  sobrement  du  pouvoir  qu'ils  ont  de 
permettre  l'expo- ition  du  Saint- Sacrement  dans  de 
semblables  occasions.  S.  Charles  a  prescrit  sur  cela, 
à  l'occasion  des  prières  de  quarante  heures,  une  règle 
fort  judicieuse,  que  quantiié  de  grands  prélats  ont  sui- 
vie depuis.  C'est  dans  le  rituel  Ambrosien  (1),  où  il 
distingue  de  deux  sortes  de  prières  de  quarante  heu- 
res :  les  unes  qui  se  font  pour  une  cause  publique  et 
importante,  el  les  autres  pour  d'autres  causes,  et  il 
permet  d'exposer  l'Eucharistie  à  celles-là,  et  non  pas 
à  celles-ci.  Ne  quâvis  causa,  dit- il,  Eucliaristia  palam 
et  aperlc  exponatur,  scd  publicâ  lantùm,  eâque  gravi  ; 
(lins  verb  de  cdusis  ortitionem  40  liorarum  licebit  insti- 
luere,  sed  non  sacramcnto  aperlè  exposito. 

II  ne  me  convient  pas  d'entreprendre  de  déterminer 
ici  ce  que  l'on  doit  entendre  par  ces  causes  impor- 
tantes, par  lesquelles  on  ordonne  ou  l'on  célèbre  les 
prières  des  quarante  heures.  C'est  aux  évêques  à  ju- 
ger de  ces  choses,  à  indiquer  ces  prières,  à  les  insti- 
tuer, et  à  y  permettre,  s'ils  le  jugent  à  propos,  l'expo- 
sition du  Sainl-Sacrenienl ,  soit  dans  l'église  même  cl 
sur  les  autels,  soit  dans  les  processions  que  l'on  peut 
fiire  à  cette  occasion.  Je  me  bornerai  à  faire  quebincs 
remarques  louchant  l'origine  el  les  diverses  sortes  de 
prières  de  quarante  beun-s,  qui  sont  assurément  une 
des  pratiques  des  plus  dévotes  el  des  plus  salutaires 
que  l'on  ail  introduites  dans  ces  derniers  siècles. 

(1)  Tit.  de  sacr.  Euchar.  de  cxponcndà  sacra  Eu- 
char.,  in  Oral.  40  horarum. 


ETJCnÂlVTSTTE.  —  CHAP.  Hm.  EXPOSITION  DtJ  S.-SACREMENT.        55» 


55a 

Les  premihes  et  tes  plus  andevues  que  je  mclie,  dit 
M.  Thiers,  sont  celles  qui  oui  élé  instituns  },(ir  le  père 
Joseph  de  .Milmi,  cnpudn,  eu  mémoire  du  séjour  que 
ISolre-Seigmur  fil  dans  son  tom' eau.  C'est  ce  que  j'ap- 
prends du  pire  l'ierre  de  S.  Honiuald  ,  fruillanl,  dans 
son  Trésor  clironulogniue,  ou  il  dit  queu  iuuuée  IfJ.Mi, 
mourut  ce  reliqieux,  qnil  truite  de  qnind  et  de  savant 
personnage.  Il  ajoute  qu'on  lui  donne  lu  gloire  d'avoir  te 
premier  institué  l'oraison  des  quarante  lieures,  en  mé- 
moire de  celles  que  Jésus-Christ  demeura  au  sépulcre. 

Les  secondes  sont  celles  qui  se  faisaient  autrefois  tous 
tes  mois,  à  Rome,  pur  trs  confrrres  de  ta  confrérie  DE 
l'Orais.in  ou  i>F.  i.v  MouT,  à  l'imitation  du  jeune  de  qua- 
rante jours  que  Notre-Seigneur  garda  dans  te  désert,  et 
des  Apôtres  aussi  bien  que  des  l'ères  de  ta  primitive  KgUse,  • 
qui  priaient  sans  intermisswn  ;  elles  ont  été  confirmées  j 
et  approuvées  par  te  pape  Vie  /  V,  te  W  jour  de  no-  j 
vembre  MVM,  dans  ta  huile  Divina  disponente  ci.emf.n-  , 
TIA,  par  l:i(iuflliîil  p:ir:»it  <jiiecciix  (ini  él;iici.l  iis^ocK'ïJ  ' 
Scelle  ionfmi<-,  «li'iii  i;dèieiil  à  ce  rajiotiuil  !eiii  lui 
permis  lie  piiiier  h;  Saiiil-Sacreineiil  en  prnccsbioii  le  | 
p('iiul.iriiiciliinaiulietîecl.a(]m;mois,  ou  imaiilre  jour,  | 
au  comiiiciKeiiK  ni  de  roiaion  des  <|ii.iraiilt'  heures, 
et  (|tie  Pie  IV  ne  leur  fil  poinl  de  répon  e  snr  cet  ar 
licle.  Aussi  c  s  prières  ne  furenl-elltrs  p 'inl  éla!)l:es 
pour  une  eau  e  pul)li(pie.  mais  seulenienl  pour  salis- 
laire  à  la  dévi  lion  paiiieuliére  de  eeux  (jui  claicnl  en- 
Irés  dan>  eelle  pieuse  assocalioii. 

Les  lioisienies  soni  celles  *|iii  so  funl  durant  toute 
rainiéc,  jour  et  nuit  >ans  dise  •niinuation  el  allernali- 
venienl  dans  les  église  de  Rome,  tie  .Milan  el  de  |)lii- 
sieurs  aiit:es  ville>.  Ce  fui  Ménienl  Mil  qui  les  iiiNli- 
lua    le  i.j  de  noveniUn;  15!(2,  selon  li  bulle  C.ravsel 
diulurnœ ,  à  cause  des  non!. les  de  noire  France,   el 
pour  implorer  l'assisiaiice  du  cul  cniiire  les  liéréli(|ues 
el  les  Turcs.  Laerce  el  Ang:-  Cliérui<in  ,  .son  lils,  lé- 
rnoiguenl  (pi'elles  ont  été  coiilinuée.>  par  Paul  V,  le 
di.\ii'me  jour  dt-  mai   IGUG  ;  le  Sainl-Sa(  renient  esl 
exposé  à  K<iue  et  à  Milan  pendant  ces  prièics.   El 
cela  |iarail  a  sez  confurnie  aux  \nes  que  l'on  a  eues 
quand  on  s'est  niis  sur  !e  pied  ilexposer  ce  Sacrenienl 
adorable,  puisipie  ces  prières  dt-s  quar  nie  lieines  oui 
élé  in liliié.s  piiu'  des  iiéees->ilé-.  piddiques  et  pres- 
santes. Cependant  on    eu   a   f.iil   plusieurs    fois    en 
France,  couiine  .M.  Thiers  le  fait  voir  dans  le  neu- 
vième chapitre   de  son   premier   livre  de  l'Exposi- 
tion, etc.,  sans  qu'on  ail  pour  cela  exposé  le  Sainl- 
Sacremeut.  On  ne  Ta  pas  même  fait  dans  plusieurs 
églises  du  royaume ,  lorsqu'on  faisait  des  prières  de 
quarante  heures  pour  iheurcux  succès  des  armes  de 
sa  majesté,  el  pour  la  conservation  de  la  vie  du  roi 
Louis  XIY,  qui  éîail  si  précieuse  à  l'Éiat.  Cela  est  vi- 
sible, dit  luujoins  .\1.  Thiers,  par  une  infinité  de  man- 
denicnis  publiés  sur  ce  sujet,  el  entre  autres,  par  ce- 
lui de  .M.  de  i'arlai  de  Chanvalon,  archevêque  de  Paris, 
du  17  mai  1075. 

•  La  quatrième  sorte  de  prières  des  quMQfttc  heures. 
■  esl  celle  qui  se  lait  depuis  le  dimanche  de  la  Quincpia- 
'  gésiuie  jusqu'au   mardi  suivant  inclusivement.   Ces 

TH.    XZ. 


prières  ont  élé  instituées  pour  les  opposer  aui  dt-lnu- 
ches  el  aux   excès  qui   se  commelleni  d'ordi  aire 
durant  ce  temps,  auquel  quantité  de  mauvais(^hrétiens 
cherclieiil  à  se  d(;d')mmager,   aux   dé|  eus  de  leurs 
l'inu'S,  du  jertiie  du  carême.  S.  Charles  était  irès-zélé 
pour  celle  sainte  obsc^rvancc.  Le  savant   Augu-lin> 
é\è<|ue  de  Vérone,  (|ui  était  son  ami  1 1  qui  a  é»  rit  sa 
vie,  dit  de  lui  qu'il  avait  trouvé  un  excellent  expédient 
pour  empèelier  le  peuple  de  faire  des  sottises  pt-ndar  t 
le  carnaval  :  Crtr,  i\\\-\\ ,  tes  jours  de  fêtes  on  rliautait 
des  hymnes   dans  t'»glife ,  on  réjouissait  le  peuple  par 
des  motets  que  l'on  faisait  chanter  en  musique,  on  élevait 
tes  espri:s  par  des  discours  conçus  en   peu  de  paroles, 
mais  édifiantes,  et  par  des  oraisons  jarutaloircs.  Il  admi- 
nistrait lui-même  fréquemment  le  Très- Sainl-Sncremeut 
de  l' Eucharistie  durant  ce  temps,  el  avait  coitume  de  le 
porter  de  ses  propres  mains  par  toute  t'ég'ise  ;  en  sorte 
que  l'on  faisait,  .•iurtout  en  ce  temps,  la  guerre  au  diatil-. 
Le  zèle  de  ce  saint  archevêque  élan  d'anianl  plus 
louaiile  dans  ceite  occasion,  (pie  les  d  ssoiulious  du 
carnaval  étaient  et  sont  encere  très-gramles  en  Ita- 
lie ,  el  surtout  à    Milan  où  elles   lrio;ii|)liaiei>t ,  dit 
.M.  Gotleau,  dans  la  vie  de  S.  Charles  (I),  el  où  elles 
commenç  lient  dès  le  mois  de  janvier,  et  ne  finissaient 
que  la  première  semaine  de  ciréine. 

S»i..i  Charles  n'est  pas  le  |»remier  qui  ail  introduit 
celle  pieuse  prati(|uc  ;  le  P.  Nicolas  Oriandin  de  la  so- 
ciété de  Jésus  rapporte  (2)  qu'en  15.^(),  les  Jésuiles 
exposèreni  le  S. -Sacrement  à  Maccrala,  e.  Italie,  aux 
|)rièies  des  quarante  heures,  pendant  les  trois  der- 
niers jours  de  carnaval ,  afin  de  détourner  des  spec- 
tacles ,  que  la  plupart  des  hahiuiils  de  la  ville  as- 
sistèrent à  ces  prières,  que  r«»a  en  fil  aulaiit  les 
années  suivantes,  et  qu'enfin  l'on  pratique  la  même 
chose  dans  toutes  les  miisons  de  leur  coiiipag.iie.  Ce 
fut  sans  doute  à  rimitalion  de  ces  religieux ,  que  M. 
Benoit,  curé  de  S.  ijistaehe  de  Paris,  conf  sscur  du  rù 
Ilenri-le-Grand  ,  et  nommé  par  le  même  loi  à  i'évé- 
cbé  de  Tnyes,  tâchait  de  détourner  le  |  copie  îles 
folies  du  carnaval ,  en  prèc  :anl  to  is  les  jours  pen- 
dant ce  temps,  comme  nous  l'aiiprenons  dans  son 
(uaison  funèbre ,  (jui  fu^  prononcée  par. M  Cayel ,  lec- 
teur du  roi,  le  10  de  mais  de  l'an  iGuS,  dani>  lacpielie 
ou  lit  ces  paroles  ;  Et  même  combien  d'années  de  ses 
premières  u-t-il  élé  faisant  trois  prédicadotis  tous  tes 
jours  de  dimanches  et  de  fé!cs ,  et  tous  les  jours  encore 
une ,  jusqu'à  ne  laisser  passer  les  jours  qu'on  appelle  de 
carême-prenant?  ce  quêtes  frères  Jésuites  maintenant 
veulent  imiter.  Qui  n'admirerait  cela  ?  Ces  dernière» 
paroles  sont  un  reste  de  l'animosité  que  l'on  avait 
alors  contre  les  Jésuites  :  car  sans  nier  que  M. Benoît 
ait  fait  ce  que  son  panégyriste  dit  à  sa  louange,  on 
ne  peut  raisonnablement  contester  que  l'on  n'ailprali- 
qué  dans  la  société  ces  prières  des  quarante  heures, 
avant  ce  fameux  curé  de  S.  Euslache.  i 

Si  l'on  s'était  borné  à  l'usage  d'exposer  le  Saint- 
Sacrement  dans  des  occasions  semblables  à  celles 


(l)L.  l,c.26. 

(-2)  Lib.  lt>  Annal,  societ.  Jesu. 


U 


331 


IIISTOinK  (jE>  sacrements. 


«-ïW«- 


S32 


«Ion»  nous  venons  de  prirler  ,  on  anraii  agi  d'une  ma-  v  loplic  Man  el ,  qui  de  maître  des  cérciiioiiics  aposlo- 


iiière  plus  conforme  à  lespril  de  rKj^'IÏM!  qui  a  lon- 
joiirs  caclié  ses  iiiysUTcs  avec  un  irès-^'iand  soin  ,  cl 
SMi-lDiil  celui  de  l'Iùidiarislio,  le  plus  saiiil  el  le  plus 
lodoulalile  de  lous,  de  peur  qu'ils  ne  vinssent  à  la 
cdunai^sancc  des  impics,  cl  ^le  ceux  qui  n'y  élaient 
|M)inl  iiiiliés,  ce  (|ul  esl  inévilublc  quand  Qn  expose  ce 
sacrement  à  découvert  dans  nos  églises  où  tout  le 
monde  a  aujourd'hui  une  entrée  libre  ,  ou  qu"(Mi  le 
[toile  dans  les  rues  et  les  carrefours  des  villes  ,  où  il 
sç  peut  rencontrer  des  Juifs,  des  infidèles,  des  impies, 
elUc  ceux  mêmes  qui  blasphèment  tous  lesjours  contre 
ce  divin  sacrement ,  en  particulier.  Vous  avez  vu  plu- 
sieurs preuves  du  secret  des  mystères  qu'observaient 
nos  pères,  dans  la  première  partie  de  l'histoire  du 
IJaplèuie,  ils  portaient  si  loin  celte  religieuse  atten- 
tion ,  (prilrj  n'ont  pu  se  résoudre  à  changer  de  con- 
duite sur  ce  |)()inl,  nonobstant  les  calomnies  atroces 
dont  les  ennemis  du  christianisme  s'elTorçaient  de  les 
noircir ,  et  par  lesquelles  ils  voulaient  les  rendre 
odieux  aux  peuples,  smlout  au  sujet  de  l'Enc'aristie. 
Ils  auraient  pu  dissiper  lonles  ces  calonmies  en  s'ex- 
j;liijn:int  clairement  sur  ce  mystère,  ou  en  le  célé- 
brant en  présence  de  ceux  que  l'on  voulait  prévenir 
contre  eux  ;  mais  ils  n'ont  jamais  pu  s'y  résoudre  ,  et 
ils  ont  mieux  aimé  soiùfrir  avec  patience  durant  trois 
siècles  les  itersccutions  que  la  haine  des  peuples  pié- 
veniis  leur  attirail,  que  de  violer  le  secret  des  mys- 
tères. 

Aussi  voyons-nous  que  depuis  que  l'usage  d'exposer 
la  divine  Enchariilie  s'est  introduit,  les  souverains 
pontifes  tt  les  prélats  oiH  été  fort  réservés  sur  ce  point, 
et  qu'ils  ne  l'ont  permis  que  pour  de  bonnes  raisons 
et  larenicnt;  ils  ont  même  réprimé  souvent  l'indiscré- 
tion de  ceux  qui,  pour  s'acconunoder  au  goùl  des 
peuples,  SG  rendaient  trop  faciles  sur  cela,  et  nnilti 
pliaient  sans  nécessité  les  processions  du  S.-Sacre- 
nient,  ou  rexpo>,aienl  trop  souvent.  Cette  dévotion 
niai  entendue  est  déjà  ancienne ,  et  un  concile  de 
Cologne  tenu  en  1 152,  sous  le  savant  cardiiial  Nicolas 
de  Cusa,  légat  à  tiitcre  du  pape  Nicolas  Y,  en  Allema- 
gne, et  conlirmé  par  Thierri,  archevêque  de  Cologne  , 
«  e  concile  se  crut  obligé  d'y  apporter  quelque  tempé- 
rament. Voici  ce  qu'il  porte  :  Afin  de  rendre  plus 
d'honneur  nu  S.-SMrcmenI,  nous  ordoimons  qu'à  l'avenir 
il  ne  soil  nuctiuemenl  exposé  ni  porté  processionnelle- 
nient  à  découvert  en  quelque  ostensoire  et  cluir-voi^  que 
ce  suit,  sinon  durant  la  Irès-sainle  fèiC  du  Corps  de 
.lésus-CItrisl  etses  octaves;  et  hors  ce  temps-là,  une 
fois  l'uifuée  seulement,  eti  chaque  ville,  en  chaque  bour- 
ijudc ,  en  chaque  paroisse  ;  et  ce  par  une  pennission 
expresse  de  l'ordinutre,  pour  la  paix,  ou  pour  quelque 
autre  nécessité  pressante,  et  qu'alors  cela  se  fasse  avec 
une  extrême  révérence  et  une  parfaite  dévotion. 

Les  souverains  pontifes  ont  donné  eux-mêmes  l'e- 
xemple de  la  réserve  ([u'il  faut  garder  en  cela,  ne 
faisant  point  porter  rEucharistie  en  évidence  dans 
des  occasions  très-importantes,  telles  que  celles  de 
iç;i!  !■'•  :  •  ••■  (-  :-   '■     ■•    '<-  ■  <^'  ;i  (li'S  enirorevira-  Cliri'^- 


i(p:es,  fut  lait  archevêque  do  Corfou,  npiis  en  donne 
des  preuves  en  tli\  ors  endroits  deson  traité  des  sacrées 
cérénwiiics  de  ilùjli^e  romaine,  qui  a  éié  imprimé  à 
Venise  en  lolO,  et  déilié  au  pape  Léon  X  ;  car  au 
cliapiiie  5  (le  la  socciide  section  dn  livre  premier,  il 
léinoigne  qu'après  le  couronneme.nt  du  Lape  il  se 
fait  à  Rome  une  procession  solennelle  de  l'église 
de  S.  Pierre  à  celle  de  S.  Jean  de  Latpn,  que  le 
Pape  y  assiste  à  cheval,  et  que  le  S. -Sacrement  y  est 
porté  sons  un  dais  précieux  par  un  cheval  blanc,  doux 
et  caparaçonné  de  rouge,  a\ec  une  clochette  fort 
claire  et  bien  sonnante  perrdne  au  cou. 

Au  chapitre  4*  de  la  section  sui\aiitc  ,  il  décrit  une 
antre  procession  solennelle  ,  qui  se  f.iit  jjar-  les  mes 
de  lloine  après  le  coiri-onuement  de  l'empervun-  ,  où 
le  Pape  et  l'emiiereur  assistent  tous  deux  :  le  S. -Sa- 
crement y  eslpoi-ié  sur  un  cheval  équipé  comme  nous 
le  venons  de  dire.  Cela  se  (il  à  IJorrIogiie  le  27  fé- 
vrier io3'>,  lorsque  rciiipereiir  Charles  V  y  fut  cou- 
ronné par  Cléaient  VII .  au  rapport  de  Paid  Jove  (1). 
Dans  ces  occasions  le  S.-Sacr'ement  était  enfermé 
j  dans  un  petit  coffre,  et  couvert  d'un  voile  de  soie,  ou 
I  de  quelque  antre  matière  précieuse.  Uis  arcula  jungc- 
balur  nurea  equo  ulbo  vccta  ,  multis  luminnribus  circum- 
dnta,  in  quù  recondltu  fuit  Euchnrisli  i,  et  sericeum  de- 
super  nmbraculum  ;  ce  sont  les  termes  de  I*ie  H, 
décrivant  son  enlrée  dans  .Mantouc.  C'est  ainsi  qu'en 
ont  uséles  autres  papes  dans  ces  occasions. 

Les  anciennes  églises  cathédrales,  de  même  que 
les  plus  anciens  oïdi'es  religieux  ,  tel  que  celui  de  S. 
Benoît,  les  Chartreux  ,  cl  celui  de  Cileaux,  suivent  le 
même  esprit  ;  on  expose  rarement  le  S. -Sacrement 
dans  leurs  églises.  Dans  ce'le  de  S.  Jean  de  Lyon, 
peut  êti'e  la  plus  ancienne  et  la  |  lus  rc.speclalde  dn 
royaume  ,  et  celle  qui  s'est  le  plirs  atlachéj  Jr  conser- 
veries usages  anciens  ,  il  ne  se  fait  ([u'urre  seule  pro- 
cession du  S.-Sacrement  dans  tout  le  cours  de  rannée, 
savoir  le  jour  de  la  Fête  Dieu  ,  elle  Saint-Sacrement 
n'y  est  exposé  que  ce  jour-là  durant  la  procession,  et 
durant  la  i;rand'messe,  ensuite  de  qiroi  ou  lo  porte 
dans  l'église  de  Sainte-Croix,  qrri  esl  tout  proche,  et 
où  il  demeure  exposé  dirranl  l'octave  de  ceite  sainte 
fête.  M.  Cr;,ngier,  évè'iuede  Treguier,  lénroigue  aussi 
que  dai'S  l'église  cathédrale  île  Paris,  dont  il  avait  été 
chanoine,  orr  resserre  le  S  -Sacrement  dans  le  taber- 
nacle immédiaiemcnt  après  ï'Ite  missn  est ,  le  jour 
même  delà  Fêle-Dien,  et  celiri  de  soir  octave.  H 
ajoute  qu'on  l'expose  derechef  pendant  vcprcs  seule- 
ment :  que  tout  le  reste  de  ces  deux  jours  et  des  autres 
de  l'octave ,  on  ne  l'expose  point  ;  qu'on  ne  l'expose  pas 
même  lorsque  les  papes  envJent  des  jubilés  à  toute  la 
chrétienté  ;  qu'on  se  contente  alors  de  donner  toutes  Is 
marques  extérieures  de  dévotion  et  d'invitation  aux  peuples 
de  venir  gagner  te  jubilé  ;  qu'un  met  les  plus  beaux  or- 
nements ;  qu'on  expose  les  reliques,  nn:is  qu'il  ne  s'y 
parle  point  d'exposi:ion  du  S.-Sacrcmcnt  ;  que  si  depuis 


(il  Lé...  z/iiist.  Bui  temporip. 


555  ri!rn\nisTiE.  —  ciïap.  xiv.  rr.voTioN  eu  s.-s.\cr.nMrNT. 


534 


vingt  ang  o«  n  rél('tchét;nrl'iue  chose  de  la  prcmia-e  exa.-  ] 
titiide  à  regard  de  l  ,\rposilio:i  dn  S.S.ureniciil,  on  pi'iii 
dire  {"que  l'on  ue  l'ii  jant-.is  exposé  que  pour  le  roi  (fui 
le  demandiit  cxpressàncnt  par  ini^  lellre  de  cachet  t" 
Que  ce  n\i  jamais  été  sans  répugnance  ,  tant  de  mon- 
seigneur CarchJvégui!  de  Paris^qne  de  MM.  du  chapitre, 
lesquels  ne  inamiiiott  pus  encore  de  le  témoigner  cUaqur 
fois  que  l'on  demande  cela  d'eux  ;  et  enfin  que  c'al-la  le 
seul  cas  «hi/mc/  on  expose  le  S.-Sucrenienl  a  SolreDame 
de  Paris. 

M.  tic  l;i  Croix  (I)  tomoigiie  aussi  que  ce  Ta  en 
raniiéo  Iij-i7  iiii  mois  doclobic  que  h  proniièro  ex- 
posilitiii  ilii  S.-S.icrcmeiil  jj  décoiivcrl  sur  le  liaiil  du 
maiUe  aniel,  se  lil  eu  la  calliédiale  dr  Paris  ,  à  mie 
oraison  de  (|iiaiaiile  heures,  qui  l'iil  iiidi^inée  à  cause 
du  siège  de  la  Uoclielle,  n'y  ay:!nl  jam.iis  élé  exposé 
jusqu'alors,  sinon  pcndanl  la  procession  de  la  Fèle- 
Dieii,  suivaiii  ce  que  nous  avons  dil  ci-devant. 

CIIAPITIΠ XIV. 
Dans  lequel  il  est  parlé  de  ladévo'ion  an  S. -Sacrement, 
et  en  particulier  de  la  confrérie  dn  S.-Sacremenl,  et 
de  l'intention  de  ceux  qui  (ont  érigée  et  de  ceui  qui 
y  sont  entrés  les  premiers.  Pensées  judicieuses  de 
il.  Ttiiers  sur  cela. 

li'auilaee  avep  laquelle  Zningle ,  Calvin ,  Bèze  et 
leurs  scclaleurs  se  so.,l  élevée  lo.  ire  lo  divin  Sacio- 
njeiijdu  corps  eldu  saiigdeJésus-Clnisla  rcveilié  le  zèle 
des  pi.faiiM  de  l'tglise,  et  k-s  a  portés  à  s'a|>pliqiier 
avec  plus  d'ardeur  que  jamais  à  rendre  cl  à  l'aire 
rendre  par  loni  le  nionde  à  rEuc!iari.>iie  le  c'u!(o  i,u.; 
les  Clireliens  lui  doiveul-  0>i  a  vu  dans  c<'S  der'  i-rs 
temps  des  religieuses  ajouter  aux  observances  de  la 
vjë  monastique  mu  cullc  particulier  di|  S.-^>.i('re!oent, 
et  réparer  par  Mue  adoraiiofi  porpélu  )|o  du  Saiivi  ur 
dans  fpl  élal  le-,  blasplièmcs  et  les  iosulles  qse  ceux 
que  le  diable  avait  héduils  ne  t essaient  de  lui  f.ire. 
Vfiyez  ce  qu'en  dil  le  P.  IJcIiol  dans  divers  endroils 
do  i^on  Ipsloirc  désordres  nionasii(pios  (!2j.  Pocr  iniis, 
nous  passerons  à  un  éiablj.>semeui  d'une  plus  grande 
élçiidiu',  cl  (|ui  se  trouve  à  pré-enl  lieureusemeni  ré- 
pandu dans  presipie  toole>  les  parties  de  l'Kglise.Nous 
en  parlerons  d  auianl  plus  volontiers,  qu'il  (!sl  très- 
utile  et  q'i'il  peut  beaucoup  contribuer  à  élilier  les 
fidèles ,  et  à  a.uguiCiUer  Ja  dévplioa  cl  le  respect  qui 
est  d|)  à  ce  redontab'e  my-iére. 

Cet  éiablissenienl  es!  la  confrérie  du  S.-Sncrcmpiit, 
qui  a  élé  preniièieinenl  érigée  à  Home  dans  l'égiise 
de  Nolre-Uauie  de  la  Minerve  des  Irèics  jréi  lienrs, 
et  i  nsuile  approuvée  cj  conîinncc  par  Paul  III  à  la 
soIlicilaliOii  des  coi.frèrcs  qui  la  conq)osaiç!il  alors, 
CDiume  il  parait  par  la  jniile  de  ce  Pape,  Dominus 
nosler  J  C-,qui  est  du  lro|Uiéiuc  jour  Ue  novem- 
bre l-'vl'J. 

.>ous  mettrons  ici  quelqups  extraits  de  cette  biilie, 
par  laquelle  on  apprend  comment  s'«>t  fwrmée  celte 
p|cu§e  asso/cjalioD,  et  le  l^yt  que  SC  sont  proposé  ceux 


(1)  3  p..  lit.  du  Prêtre  célébrant,  c.  18. 
(il  T.  .T  cl  (i,  sub  finem. 


qui  y  ont  (Hé  agrégés  pour  la  proraière  fois,  ce  qui 
est  il';iulaiit  pl:s  léeessaire,  (pu;  toiiles  le?  antres 
couliéries  du  S. -Sacrement  ipii  s;;  sont  formées  dans 
la  suilo  dans  loiite-i  les  autre-,  parties  de  la  cbréticn- 
té ,  oui  été  établies  sur  le  modèle  de  l'arclii-con- 
fri'iie  de  Nnire-Damcdi  la  Minerve  à  P.omi,'.  S  os  chers 
enfants,  «lit  le  Pape,  tons  les  confrères  de  la  confrérie 
du  S. -Sacrement ,  établie  en  cj:e  \ille  dans  la  Minerve 
de  l'ordre  des  frères  Prèchetirs,  nous  ayant  depuis  peu 
exposé  par  la  requête  qu'ils  nous  ont  présentée,  que  depuis 
peu  quelques  citoyens  de  cette  ville  et  quelques  autres 
fidèles  de  notre  cour,  poussés  de  dévotion,  et  considérant 
que  le  sacrement  de  l'Eucharistie  n'ttail  pas  gardé  avec 
l  honneur  et  te  respect  qui  lui  est  dû  dans  les  églises 
paroissiales  de  cette  ville,  et  que  lorsqu'il  fiAlait  commu- 
nier les  malades,  il  n'y  avait  ,/«'««  simple  chapel  iin  qui 
le  leur  portât  par  les  rues,  sans  aueuu  honneur  ni  révé- 
rence; et  que  désirant  poi  rvoir  à  cela,  autant  qu'il  leur 
était  passible ,  ils  auraient  r.'glé  et  établi  une  société  ou 
confrérie  d'hommes  et  de  femmes ,  sous  l'invocation  du 
très  s  tint  S  crement ,  dans  l'église  de  ta  Minerve,  afin 
de  faire  rendre  à  ce  mystère  l'Itonneur,  le  culte  et  la  vé- 
néra ion  qu'il  mérite. 

Et  pour  la  direction  salutaire  et  l'accroissement  de 
ce  te  confrérie ,  il  a  été  arrêté,  entre  autres  ctioses  ,  que 
les  confrères  auraient  un  soin  très-particulier  que  le 
S  -Sacrement  fût  gardé  tant  en  l'église  de  la  Minerve, 
qu'en  chacune  des  églises  p:!roissiales  de  celte  ville  avec 
la  révérence  qui  lui  est  due,  dans  un  lieu  honnête  et  lio- 
norable ,  devant  lequel  il  y  aurait  des  lampes  allumées 
jour  et  unit,  et  que  si  le  revenu  rf,;  ces  église-,  n'  l,:it  pas 
suffis  nit,  les  confrères  fonrniniieut  tout  ce  qui  serait  né- 
ces  aire  pour  cet  I,  et  même  pour  acheter  un  dais  à  cha- 
cune desdites  ég'ises,  duquel  on  se  sei  virait  quand  on  en 
aurni'  besoin  pour  porter  l'l:ueluirislie  aux  malades. 

Il  a  é  é  encore  arrê  é  i^ue  les  curés  on  les  vie-iees  de 
ces  églises  fer„ient  sonner  certains  co;  p^i  de  elcc'-e  tou- 
tes les  fois  qu'il  sérail  nécessJe  d'administrer  le  S.  Via- 
tique à  quelque  malade  et  de  le  lui  pn-ter  dans  sa  mai- 
son, a  (in  d'avertir  les  co:.  frères  voisins  de  leurs  églises 
de  venir  eux-inê:nes  accompagner  leir  Suuv  ur,  s',ls 
n'ont  point  d'empêchement  légl  imc,  ou  s'ils  en  ont ,  de 
le  faire  accompagner  par  quelques-uns  dj  le:(rs  princi- 
p.H.t  domestiques  jusque  dans  la  maison  du  m  ,lade, 
tenant  des  cierges  ou  des  (lambeaux  dans  leirs  mains. 

Il  est  certain  que  rien  n'.>st  plis  lon.ibie  que  cet 
élablissemenl.  rie:i  de  |ilus  capable  de  faire  resp:>ctcr 
la  lîeligion.  Il  est  tfiste  à  la  vérité  jtoiir  l'Eglise  qu'il 
faille  faire,  pour  parvenir  à  !a  fin  qu'on  s'y  e<t  pro- 
posée, des  ass()ciaiioiiS|)art:cu!ièr(;s  ;  il  est  lioi.leux 
pour  Iv's  Cliiéliens  et  pour  les  mini.ir.'s  di;  l'I^glise 
(pi'ils  ne  se  portent  pas  t  .ns  d'eux  ii:èmes  à  des  de- 
voirs si  Icgilimes:  mais  dms  la  misère  des  temps  où 
la  pieté  est  si  fort  refroidie,  il  est  con-olant  pour  lÉ- 
glisc  de  voir  «pic  Dieu  inspire  à  (piel  nes-iiiis  de  ses 
enfmis  un  saint  cmprc  sèment  pour  contribuer  de 
j  tout  leur  pouvoir  au  cul:c  de  ce  divin  sacrement,  et 
a  lui  fairs  rendre  le  respect  qui  lui  est  dû,  surtout 
quand  on  le  poi le  aux  malades.  Jai  élé  uioi-mém« 


Ï'  n  lui 
fiuan 


335 


inSTOrRE  DES  SACREMENTS. 


5S!i 


Irfs-é'.liné  fin  ]o  v^ynat  ainsi  porte  dims  nue  ville  do  ^  tiiaire   oh    repose  rEucliaristîe  ;   et  Con   fait  tons  les 


Fhui.iics.  a(riiiiip:i;'iiê  «l'nii  lu»»  n(Hnl«ie  <rii(Hiiielcs 
bonrMMHS  i|ni  !e  cuiiiliisaiciil  iiMxteslenicnl,  ayanl 
cliMCini  un  llaiil  e.m  en  niain.  UiiliC  riioniienr  (|ne 
rmi  iciuià.lé>  s-CInislen  «ellcoccasinn.el  l'édilicaluui 
I)  il)Ii(|nc,  «  e-i  e.iCHie  u..e  eonsolalioii  ponr  nu  ni(n"i- 
Lo.d  ijuand  il  Vdil  se<  fièrcs  s'intéresser  à  son  mal, 
cl  le  visihr  <  n  lel.ii  ■  ù  il    e  Innne. 

Lr>  ;inii('s  iniiils  |»i>iir  les(|iiels  le  Pape  a  approuvé 
et  CdiiliiM.é  rélaliloseineiil  do  l.i  cniifrérie  dnS.-S;i- 
crcnienl.  tiesonl  jînnes  moins  inléies-,;iiils  que  celui 
dnil  II"  :s  |iiiil(»iis.  Ai'in  tjnU  soil  (jardé  duns  un  lien 
lionurabU',  d  l  ce  [•o.life,  et  qu'il  y  n'U  loujuurs  decunt 
e,l  eii'liiit  une  luinpf  ardente,  etc.  Cependant  ,  dit 
Jl.  Tlinrs  (I  ),  ne  /Vu/M/  pas  demeurer  d'accord  que  les 
frais  tpi  se  (ont  en  rctrihulions  que  l'on  donne  aux  ec- 
clésinsliiin  s  qiit  ut.sisienl  aux  nfjics  du  S-Sucrenieni, 


jours  dans  nue  ville  de  qraudes  dépenses  pour  l'e.t  po- 
sition (réqnenle,  rf*  ce  divin  nnjs:èrc.  Ne  vaudr.At-il  /  as 
mieux  les  employer  à  la  décoration  on  aux  répitratiovs 
de  églis.sde  la  cumpqne  et  de  l'achul  d<s  vaisseaux 
sacrés,  des  meubles  et  dis  ornements  dont  elles  ont  si 
grand  besoin?  i\  a  ce  pas  été  l'intention  de  l'eut  lll , 
quelles  y  fussent  employées,  comme  on  le  peut  voir  var 
les  paroles  de  la  bulle  que  }ious  avons  rap;.orlé(S? 

L'on  ne  demande  pas  que  ces  éq  isrs  soient  superbe- 
ment bitties,  qu'elles  soient  richement  meublées ,  r,«  elles 
s  ient  magm/iquenient  parées.  L'on  ne  demande  p.s 
qu'il  y  ait  des  lubernucles  du  S. -Sacrement  et  des  aulils 
de  si  grand  prix  qu'il  s'en  rcncunt:e  m  quelques  églises, 
comme  par  exem,  le,  dans  elle  de  S.-LuurenI  de  l'Ks- 
citrial ,  ou  te  tubermcle  est  eslini?  à  quinze  mille  écus, 
et  lu  structure  dit  n.a.  re  a  lel  à  cinq  cei  ti  miiie  écus. 


en  cierge  ,  en  aj.st.ments,  en  flumbeuux,  en  bouquets  et  '\  ainsi  que  le  finoigne  M.  le  Camns,  évéque  de  lUl 


en  d'antres  décor  dionsdes  églises  et  des  au  cis  au  sujet  de 
re.ri)0!'i  iiiii  (réiueiUc  du  S-Sucre^ncn!,  s"nt cause. gêné- 
ralemnil  pirluni,  qu'il  nesi  pas  qirdé  dans  les  lieux 
Iwnoratles  dcvunt  Icsiiuels  li  y  ail  toujours  une  lampe 
allumée,  et  qu'il  n'est  pus  porté  aux  malades  avec  les 
cérémoniesi't  la  décence  quesuppose  la  Bulle  de  P.  ul  III? 

Car  a  lu  »7's(;rr( ,  aji»ii|t-til,  de  quelques  villes  grandes 
et  opulnles,  ou  loit  on  que  les  prêtres  qui  le  portent  aux 
maliid  s  s'iii'iit  accompagnés  d'un  nombre  considérable 
de  fidèles  ijui  aitiU  des  flambeaux  on  des  cierges  allumés 
en  leurs  m  tins  ?  oii  roit-on  que  le  culte  qu'on  lui  rend 
dms  les  rues  lorsqu'il  est  pm-lé  aux  malades,  soil  aussi 
éclat.nii  que  cetni  qu'on  lui  rend  lorsqu'il  est  exposé 
dans  l.s  églis  s  ?  souvent  on  le  voit  porté  par  un  prêtre 
ians  dais,  sans  In^nicre,  sans  sidte.  Dans  quelques  pa- 
roisses il  1/  a  un  dais  à  lu  vérité,  mais  ou  c'esi  pour  i  s 
persimius  riches  seulement,  ou  si  on  le  porte  indifférem- 
ment à  ton:  le  mond-  ,  il  n'est  point  accompagné.  Sou- 
Vtnt  on  rencontre  Jésns-Cnrist  en  un  équipage  indigne 
de  sa  grandeur  et  de  la  piété  des  Chrétiens.  A  peine  le 
talue-t  on,  à  peine  lui  fuit-on  place ,  à  peine  s' aperçoit- 
on  qu'il  puss... 

J'avuue  que  cela  rient  en  premier  lieu  du  peu  de  foi 
de  II  plupart  des  Chrétiens... muis  cela  vient  aussi  de  ce 
que  la  plupurl  des  chariiés  semblent  se  terminer  à  don- 
ner des  cierges  pour  être  allumés  devant  le  S. -Sacrement 
tandis  qu'il  est  exposé  sur  les  autels  :  car  enfin  voilà  en 
quoi  on  emploie  la  meilleure  partie  des  aumônes  des  fidèles 
etd^s  revenus  des  fabriques;  et  tout  cela  contre  l'inten- 
tion des  premiers  auteurs  de  la  confrérie  du  S. -Sacre- 
ment et  du  Pape  qui  l'a  le  premier  confirmée. 

On  ne  se  met  pis  en  peine  comment  l'Eucharistie  est 
logée  dans  les  églises  de  la  campagne...;  la  plupart  de 
ses  églises  sont  ou  désolées,  ou,  découvertes,  ou  sans 
lambris,  ou  sans  vitres,  ou  sans  lunnnaire.  ou  sans  li- 
vres..; leurs  vaisseaux  sucrés  ne  sont  que  d'étain  ou  de 
cuivre ,  ou  même  de  plomb  en  qnelqnes  endroits  ;  leurs 
tabernacles  sont  ou  rompus,  ou  difformes,  ou  mat  ornés  ; 
ou  enfin  leurs  fabriques  n'ont  point  de  revenus  pour 
entretenir  une  lampe  toujours  ardente  devant  le  sanc- 

(\)  Lib.  5,  c.  8.  i" 


«y- 

L'on  n'y  vut  riend'exijuis  ,  rim  de  rar,  rien  de  pré- 
cieux. L'on  d:  sire  stutement  qi  e  les  chosts  néc.ssdires 
au  culte  de  Dieu  y  soient  dnns  la  proyre  é,  d^ins  la  dé- 
cence et  dans  l  hunnêielé  ou  elles  doivent  être... 

lA  comment  est  il  possible  qie  lu  plupart  (le.i  curés  de 
la  campagne  sulisfassent  à  ces  oiligations  si  ligi  imes  et 
si  prcASunles,  s'ils  ne  sont  seciurus  p.ir  les  libéralit  s  des 
gens  de  lien  qui  aiment  l'honneur  de  la  maison  de  I  uu? 
On  ne  peut  diùcon.eiiir  que  tous  les  cln:  tiens  ne  doivent 
prendre  purt  à  cet  honi.eur  et  a  ce  cuite  :  mais  aussi 
faut-il  demeurer  d'accord  que  les  con;rères  du  S.-Sa- 
creme  t  y  en  doivent  prend  e  iiivore  dtvant..g:',  puisque 
leur  confrérie  a  été  pJnc. paiement  itublie  pour  ce  effet, 
et  non  pour  procurer  l'exposition  jréquenle  du  S  -S  cre- 
meut  :  puis(pie  duns  la  bulle  de  Paul  lit,  il  n'est  point 
dit  que  rEncItarislie  sera  exposée  en  cvid<nce  dmis  les 
églises  ou  la  confrérie  sera  érigée ,  muis  seulement  qu'elle 
sera  portée  une  [ois  l'année  en  proces-^ion  le  lendemain 
de  tu  l' ête-Dieu,  sans  expliquer  si  elle  y  sera  portée  à 
découvert  et  duns  un  soLil  vi  ré ,  ou  dans  un  cib>iire  clos 
et  fermé,  il  n'y  est  point  parlé  non  plus  d'exposition  du 
S.- Sacrement  tous  les  troisièmes  dimai  dies  de  ci.aïue 
mois  dans  les  églises  de  leurs  confr.rits.  mais  seulement 
qu'ils  s'assembleront  ers  jours-là  pour  jaire  dire  des 
messes,  et  qu'à  l'élévation  du  S. -Sacrement,  ils  auront 
des  cierges  ou  des  flambeaux  allumés  dnns  leurs  mains. 

C'est  ainsi  que  M.  Tiiiers  explique  les  véritabl(!S 
devoirs  des  conrières  du  S. -Sacrement  ,  cl  likclie  de 
ramener  les  choses  à  l'espril  dans  l.'qnel  crtle  louable 
association  a  été  formée.  11  dit  ailleurs  (1)  (|ue  ces 
confréries  furent  d'abord  unifiirmcs,  paroe  ([u'on  les 
régla  à-peu-près  sur  la  bulle  de  Paul  111,  et  sur  ce  qui 
s'observait  dans  l'églisede  Nolre-Damede  la  Minerve; 
mais  que  dans  la  suite  des  temps  on  s'est  fort  éloigné  * 
de  ces  premiers  réglementa  et  de  ces  praliiiues  origi-j 
nale>i,  et  que  l'on  trouve  mai;. tenant  peu  de  confur- 
milé  entre  les  anciennes  confiéries  du  S.-Sacrt'iiieiit, 
el  la  pluiiarl  de  celles  ipn  ont  été  nonvellemeia  in- 
stituées. 11  en  apporte  plusieurs  preuves,  el  celles-ci 

(1)  Lib.  5,  c,  9,  \  V    j 


557 


EUCHARISTIE.  —  CHAP.  XV.  TSACES  ABUSIFS  DE  CE  SACREMENT.  hZi 


ciitrc autres,  que  le?  dcmitTcs  ne  cou  pinnin'nl  (|iie 
|.;s  humm.  s.  au  lieu  ,\\i'dU'>  d'ivi-iil  élr,-  pour  Iniis  l<'s 
n.lèles  tic  l'un  ei  île  ranlie  sexe,  comme  il  pnnul  par 
r»'Xlr:îil  que  nous  avons  rapp  >ric  de  h  huile  do 
l'aul  111  ,  (|ii  ■  la  plupart  t^xpostnl  le  S.-SatreuuMil,  el 
eu  font  la  i)ro»»'ssioii  loule>  les  -cmai  es,  ou  tous  les 
unis,  ou  de  irois  mois  eu  trois  mois  :  au  lii'u  (pit- 
l"ari  !ii-(onlVt''ric  de  .Noire-Dame  de  la  Aliiifrv.-,  ne 
r.xposf  .1  n'eu  fait  la  proccss.ou  qu'imc  seule  fois 
l'an  éf. 

Nous  avons  emprunté  de  M.  Thit'rs  tout  ce  que 
uini>  avons  dit  dans  ce  cliapiire,  el  mie  l)ouue  pari  c 
de  ce  ipu»  imus  avtms  avancé  dans  les  demi  is  de 
ccle  liisi  ire  «le  rEucliarislie,  parce  que  cel  auteur  a 
beaucoup  iravaill.'  sur  celle  malièrc,  el  qu'il  a  mérilé 
l'a  prni»alioii  du  pieux  el  savaiil  cardinal  Bona,  qui 
élaii  lui  méuiiî  si  versé  dans  la  discipline  de  Peglise, 
par  rappcu-l  au  sacrement  de  rKucli  .ri-^lie  (I). 

Avant  ([ii'on  eût  élalili  la  contréiie  <lu  Saint -Sa- 
creuienl,  les  éveques  avaient  sniii  dVmployr  Inns  les 
moyens  qui  déjieudaienl  d'eux  pour  procurer  au  cor;  s 
de  Notre  Seifîiiei.r,  le  culte  el  la  rcvércui  e  (\''\  lui 
sont  dus.suriout  ipiand  on  le  porte  aux  malades. 
N'ius  en  avons  un  Itil  exemple  dans  les  S;aliils  de 
AVarv,  évéïpie  de  Verilun  (lolio  verso  25),  par  leM|uel$ 
ou  voit  qu'il  accorde  même  des  indulgences  à  ceux 
qui  l'acconpagu.  roui  eu  celto  oeca>iou.  Voici  c-mnie 
il  s'explicpie  là-dessus  :  Pour  exciter  les  (idrlcs  à  la  d  - 
volioH  envers  le  Suiiil-Sacreineni,  et  à  lui  rendrti  l'hun- 
neur  qui  d.  pend  d'eux,  nuus  ordonnons.,  que  les  pritres 
av.rtissent  leurs  p/n-oissiens  les  jvurs  de  ftes,  que  qu  n.d 
ils  verront  pirter  le  cor,)s  de  Jésus-i.hrist  aux  malades  , 
ils  se  mettent  nus^iiil  à  genoix,  el  quils  l'adorent ,  s-i- 
clinnt  qn.'  ceux  q,.i  sont  vraiment  pénitents ,  €•  qui  se- 
tant  confess  s  ,  accompnqneront  le  prêire  lorsju'it  f  ra 
cett  '  fonction,  nrevioiii  l'indiJqence  de  dix  jour  ,  s'ils 
le  font  en  pL  in  jour .  el  celle  de  vin,it ,  s'ils  le  font  la 
nuit,  portant  de  la  lumière  soit  de  diez  eux,  soit  de  celle 
que  quelijues  autres  leur  (ourniront ,  et  celte  indulgence 
aura  lieu  et  le-(r  sen'ira  en  d  duclion  des  pénitcncet  qui 
leur  ont  été  imposées  :  ce  que  nous  leurs  accordons  en 
vertu  de  noire  autorité  ordinaire. 

CHAPITRE  XV. 
De  quelques  usages  abusifs  de  CEucInristie,  et  en  parti 
culier  de  ceux  qui  ont  été  inlrodniis  dans  ces  der- 
niers temps.  Du  soin  qu'ont  eu  les  prélats  de  les  sup- 
primer. 

On  aliuse  des  meilleures  choses,  el  l'on  en  ahuse 
loisqu'iHi  ne  les  euq)loie  pas  aux  usages  pour  lesi|iiels 
elles  ont  été  laites  ou  élahlies.  (.'est  ce  ipii  est  arrivé 
à  l'égard  du  sacr  nient  de  l'Ilncliarislie,  «pie  l)i;  u 
nous  a  dimné  pour  élre  la  ntuirrilure  de  n«»s  Ames, 
et  non  pour  .s'en  servir  en  de^  choses  «pii  n'y  o..l 


(!)  Voyez 'a  lellro  de  ce  cardinal  du  19  août   1752 
à  la  lele  «les  livre>  d'  i'Kxpositi  iii  «In  S  -Sacreme.,i; 
il    y   l'ail  rél«)ge  de  «et  ouviag-- ,  et    réiieile   l'auteur 
d'avoir  bi  bien    irailé  un  sujcl  qui  paraiâsail  si  slé- 
rik. 


point  de  rapport  :  ce  <|ui  n«;  se  peut  faire  «ans  .ibus, 
■>url«)ul  hirsque  ces  usages  ne  sont  |ifiiiil  approuvés 
par  l'Eglise.  Tt  I  est  celui  qin  s'était  inir"diiil  cil 
Kranc»'  el  eu  All«^ma:'ne,  selon  le  téuc  i;,'uage  m-  Jac- 
ques Sprong<T,  di»  •  iuicaiu  (  l  )  ,  et  de  Henri  tuslilor, 
de  |)ort«'r  li;  Saint  Sacrement  iiour  apaiser  tes  \cnls 
et  li's  lempèles. 

Celle  |Hatii|ue  abusive  s'émit  lelliment  n''p;indiic 
«lans  le  «piinzième  siécl«>,  el  p«!ut  élre  «les  aupaia\anl, 
«pi'ou  en  voit  des  preuves  dans  «l'anciens  i  ilucls  ,  ou 
celte  cérémonie  se  trouve  décrite  dans  toute  s«m  éten- 
due. M.  Ttii«>rs  dit  en  avoir  vu  un  où  il  était  marqué, 
«'litre  autres  cimscs  .  qui;  le  préire,  a|  ré>  a\oir  lait 
c 'rtaines  |irière>,  tirait  le  saint  ciboir«;  du  tab  inaile, 
le  |>renait  entre  ses  mains  et  le  portait  à  la  p.irle  de 
réijlise,  où  étant  arrivé  il  conjurait  bs  leinjièU'S  en 
faisant  trois  ^igues  de  croix  eu  l'air  av«'c  b'  «il.oirc, 
birsipi'il  pronoii«;ait  ces  parole-»  -f  Lhrisius  reipial  -J- 
vincil  f  et  imperal.  Friderie  .Nausea  ,  évé.iue  «le 
Viei.ne  ,  ^end)le  même  aultiriser  celle  pratiîpj  «lans 
S!  n  Caiécbisnie  catholique  (2).  lorsqu'il  du  qu'eu  «piel- 
ques  eudro  ts  l'on  prodait  l'Eiieii:  ristie  piuir  a,.aiser 
les  touiierres  el  repousser  les  tempêtes .  paii;e  «pi'oii 
espère  que  «.e  saciemenl  sera  un  puissant  secours 
contre  les  embûches  el  les  enireprises  «b-s  «lénnms,  à 
cau^e  qu'il  coiitient  le  plus  f«»rl  ei  I  •  plii>  poissa  t.  le 
Seigneur  de.^  armées  et  le  r«»i  de  gloire.  Les  tle.iX  au- 
teurs «pie  n«ius  avons  cités  l'-tniorisenl  encore  pins 
formellement,  loi-squ'ils  a>s  reiii  «piil  n'y  a  pi.int  do 
mal  ni  de  superstition  à  .»e  servir  du  Saïul  Saci«'ment 
pour  cet  us;;ge,  pourvu  «pion  ne  le  ptirle  pas  a  décou- 
verl,  mais  re  fermé  dans  le  «ibiiire.  Cepeiniaiil  celle 
pralHpie  Sllperslitleu^e  a  été  conilaïuné  '  par  b-  trei- 
z.éiiie  «:«'neile  provincial  de  Milan,  en  \'~t7>,  lequel 
défenil,  eu  termes  positifs,  aux  prein-s  ,  d«'  se  >crvir 
du  cib.ie  «lù  le  1res  saint  .Sacremoni  «It;  l'Eucbari  lie 
est  réservé  (5),  pour  «léiournei-  les  lem,  el«s,  lo  pliiii-s, 
les  orag«;s,  les  vents  el  les  grèbes,  et  leur  perni  -l  seu- 
lement d'ouvrir  le  tabernacle  dans  leipicl  il  est  sur 
l'autel,  et  de  réciter  dévotement  eu  sa  présenc«'  les 
lilanitis  cl  les  autres  prières  «pii  oui  été  insliliiée>  pour 
cela.  S.  (.barks  Borrumée  oidoiint:  presipie  1 1  même 
chose  dans  sou  tr*jisiènie  >ynode  di«)«'é>aiu  (4).  L'est 
aussi  ce  «ju  a  fait  le  cardinal  du  l'critui,  dan»  son  ri- 
tuel d'Evreux  de  l'année  IGO'.i,  en  es  m«»ts  :  Quand 
on  sera  menacé  de  queipte  tempête ,  et  qu  ,  l'air  étant 
chargé  de  nuages  épais,  on  crniudra  aiec  raison  jour  les 
champs  el  les  vignes,  que  te  pretrt  ayant  une>  lole  i.h  cou 
aille  à  l'église  ,  el  que  là  ,  après  uvuir  prié  en  silence 
uvev  tous  ceux  qui  s'y  trouve) ont  cl  allumé  les  cierges  , 
il  ouvre ,  s'il  le  croit  expédient,  la  porte  du  inbcrna- 
cle;  après  quoi,  quelqua-uns  dcmeurnnl  en  oraison  en 
présence  du  Suint-Sucremenl  ,  que  le  prêtre  ei  le  reste 
du  cUrgé  ,  dont  l'un  porte  une  petite  croix  ,   l'autre  un 

(1)2  pari.  Mallei  maleficiorum,  42,  c.  7. 
(2)  Lii).  G.  c.  iO. 

(."))   fil.  7  «le  bis  «pi:ead  Euciari  tiam  pertinent. 
H)  I'  II.  2  ,  §  5,  lit.  K.xorcismus  cont.  immmenlein 
Umpestatem. 


539 


tierge  nlhivit',  un  m:^re  tcait  béml>\  aillent  ensemble  en  ■ 
récilmil  nlimuithenu'iit  /<• /wmme  MiSr.iu-nK  Mnî,  Df.is, 
vers  l'cudroil  d'où  on  est  le  plus  tnniccé ,  et  qu'y  imn 
aniié  il  iuoliti'  sur  m  th'H  lUninelH  d'oU  )m  puisse  ^oîr  la, 
nuâes  prêtes  à  foudre  sur  le  pnys.  Ensuite,  nyuni  fini  le 
psaume  et  dit  Gi.niuA  PatUI,  que  tcUS,  èi  ctin  se  peut 
commodémcul,  mettait  le  fjuon  en  terre,  et  que  le  prêtre 
ictonrnaut  dn  côté  d'oii  vient  lu  tempête,  comment  ci  ex- 
orcime  éuitant  pendunt  qu'oU  sonnera  les  cloches ,  Trn 
SlGMJ5i  tHLcis.  Ccsl  ainsi  que  Us  plus  savants 
fvôiiiies  vcnl.oiit  que  Ton  conjUle  le.-;  t('iiipèl(>s  et  1rs 
oiif.!g.v:s,  et  non  (mi  y  |toilaiil  la  sninte  Kneliarislic, 
te  qn'ils  ont  rêgafJe  c<ininié  liiiC  incver  iici:  sacri- 
lège fi  Un  abus  piiliissablc  :  d'o-i  vient  (jtie  S.  Ftan- 
ç(fis  lie  SiiU'S  el  }^.  (l'Atenlon  d'Alex,  dans  lecrs  1ns- 
irnclioiis  syiiodîdeâ  (1),  oitl  dcft-ndu  céHe  itratii;uc 
anx  pilaires  sodS  peine  (Tcxe  nnnimiealioii. 

Un  aiilre  à'  ns  no.i  inni'is  cm.d  innal  le,  est  eeji  i  de 
ponéf  rhiifc!.ari~lio  aux  inee.dies  an  de  les  é;ein  re. 
Ct^l  abn»,  dit  M.  Tliieis  (2),  s*est  loiiid  ■  dans  lÉglise 
de|inis  fcnvinili  einqtlaiite  flils  par  le  /èle  pou  éclairé 
d'nn  religiens  de  Tmllrnse,  qui  l'a   rendn  pins  oïdi- 
luiire  et  pbi-i  e(»ii!Tnuii  qu'il  n'élail  aUiaravanl.  Elfer- 
livehié:.!  aviShl  ce  temps  cet  nbns  iie  laissait  pa^  d'a- 
voir lieti  daiis  qnelplés  coniiées  ,  mais  il  était  plus 
rare.  On  voit  qu'il  était  dé.à  éiaMi,  pur  la  question 
que  pr:'piise  Ahdié  HvpL'rins  d ms  son  livre  de  la  nia- 
ulére  détiidier  >n  t!ico  ogie,  inq)riiné  à  Stnsb  .urij  m 
!502;  il  y  demniUle  s'il  e^t  permis  d;;  se  scr\ir  de  la 
Cène  du  S,Ma;nênr  pour  éteindre  les  inceiidieS;  queS- 
ti(iii  qni  semble  supposer  que  cela  Sli  fasdt  (piebiuc- 
fni>.  Ma  s  (pioi  qn'.l  en  soit,  c'est  une  rontnme  (pii  est 
in-iitileuaiit  reçue  dans  bien  des  endroit- ,  de  porter 
rEiicharislicaux  embrasements.  Et  ii  s'est  trouvé  depuis 
quelques  années,  ilit  M.  Tbkîrs  (ô).  des  prêtres  el  des  reli- 
(jicux(t<sezléin'raires,  non  seulement  pu:  r  porter  ce  véné- 
rable mtislère  aux  incendies,  mais  même  pour  le  jeter  au 
milieu  des  je  ,r  et  des  flammes:  et.  ce  qui  est  e>icore  un 
aulrt:  trime,  sans  en  uvoif  U  permission  de  leur  évéquc. 
Cet  ftbns  serait  fort  aiicieh,  si  le  passagede  Cialier,  I. 
7,  e.  1 ,  dans  lequel  il  pai !e  de  ce  qni  élait  airivé  à  l'in- 
ccndif  dn  menastère  de  Saint-Jean  dii-MiUlier,  devait 
sclire.e(!mineonlev()ii,dansleU(Cueildel)nc!iesne(-2); 
car  il  y  est  dit  qiïële  feu  ayant  pris  aux  bâtiments  qui 
étaient  dn  temps  de  rab!)é  Guillaimie,  c'est  à  dire,  au 
cominei.cenienl  dn  onzième  siècle,  les  frères  prirent 
lec!néilieau,(7(n"simif/e,  <  tcpjel'ayam  mis  au  bout  d'une 
piqiie  Oa  d'un  bâton,  ils  I  éUvèrent  coiilre  l.'S  (lam- 
niés  qui  ne  p^!^el1t  passer  ootie.  Cependant ,  est  il  dit 
en-uite,  ce  pain  du  Sexçineur  ,  p.vnîs  ii.i.e  Dominicus, 
s'étiint  écliapjié  de  c  tte  lique  par  In  riolence  du  vent , 
fut  porté  environ  à  (le)ix  milles  ,  oii  il  s'arrêta  sur  tu 
mdhson  d'un  certain  homme,  don  il  fut  reporté  honora- 
blement au  mo.iastère.  Si  ce  passage  était  bien  rap 


IIISTOi:it  DES  SACREMENTS.  5i0 

nous  parlbiis  était  bien  ancienne  et  bien  autorisée , 
piiisi|U('  dans  lé  monastère  de  ('lind  ,  dont  rablié 
Gîiillainne  avait  été  lifé,  on  gardait  toujours  mi  cur- 
poral,  ou  cbiémean,  chrismale,  (<  ar  ces  deux  mois 
étaient  synoniés  en  cetle  occasion) ,  au  coté  triniclic 
de  l'aulel,  a(in  qu'on  l'eût  tl)lljunr^  à  poiU'c  eni:lre  les 
inc<'ndies.  ainsi  (pie  nous  l'apiilvudus  d'I'dalriC,  (|ni 
paile  en  ces  tenues  :  Major  calix  cum  simplo  corporaii 
ad  missimi,  nnm  el  unum  simplum  semper  jruel  ud  »;;;/ 
siram,  ut  ad  maiium  esse  pos>^^l  contra  incendia. 

Mais  à  Dieu  ne  plaise  que  îious  croyions  lés  moibes 
de  Ciuni  el  ceux  du  monastère  de  Saint-Jean,  gouver- 
nés par  le  vénérable  Cuill mine,  coupables  de  telles 
iiré.érenccS,  et  si  mal  inslniils  de  Irur  devoir  en- 
vers le  Saint  Sacrement.  Il  est  cenain  (pi'on  lie  doit 
p  s  lire  dans  le  pa^s:i<;e  de  Glabcr  (pu;  imus  avons 
rap.oité  punis  Domiiàcus ,   mais  pauuus  Dotninicus , 
connue  a  l'ait  lîoiivicr,  dans  son  Histoire  de  l'abbaye 
de  H;iii  l-Je:iii  (lu  M  ûlier,  où,  rapjioitaiit  ce  Ir.ngmcnl 
di'l.laber,  il  cilc,  rantius  f)omi)iicns.  (^e  qni  convient 
l;(\nir  np  mieiix  à  la  suite  du  discours;  car  ces  deux 
iikUs,  panis  ille  ,  fcnl  enieiHlre  (jne  c.Uibpie  cbose  a 
précédé,  el  (pfauparavant  il  a  jiarlé  de  I  Encbarislie  , 
dont  néanmoins  il  n'a  pas  fjiit  la  moindre  mention 
auparav;mt.  Il  est  vrai  (pi'il  avait  rapporté  un  miracle 
anpar.ivant;  niais  danS  Cet  endroit  ^  il  parle  d'autre 
c!  ose  et  il  passe  aux  miracles  (pii  se  faisaient  p:T  les 
coiporaux.  Ue  chrismale  e.iam  ,  dit  il,  quod  à  quibus- 
dam  corporntis  appellatur,  plurimum  expeitum  est  prœ- 
stare  remédia.  Après  ces   paroles,  il  ratoi.le  ce  qui 
s'était  itasé  au  monastèie  de  Saint  Jean,  et  que  nous 
venons  de  iap|»orler.  Par  on  il  est  clair  (pic  la  snilC  du 
discours  empècbe  (pie  ces  parc  es,  punis  D(.mi)ncus  , 
ne  se  rappnrient  au  cbiéuie  ni  on  coi|>oial ,  et  (pi'au 
c(uitraire  ou  timne  un  sens  suivi  et  raisOnnal)le  eu 
lisant /K/«/n/s  hominiens,  que  flnvèrt  munnie  Curporate 
Dominicum  ;  coMiirc  on  appelait  aulicf  )is  Dominicale, 
le  rmj;e  dans  le(piel  les  léimnes  recevaient  le  corps 
de  Noiie  Seignenr. 

L(;  même  Kuperl,  dans  la  relation  de  rembrasement 
de  son  monastère  de  Dnits ,  appuie  butemenl  netre 
coi.j(>ctnre  sur  la  manière  de  lire  le  passage  de  Gla- 
bcr,  OU  plntiH  ce  qiiil  dit  cbaiige  la  conjeclure  en 
preuve  convaincante.  11  raconte  (priiii  des  Irères,  ayant 
dans  celle  occasion  tiré  de  la  sacri- tie  le  corporal,  cor- 
pornle  Dominicum  ,  rallaclia  au  liant  d'une  pi(pie  et  se 
luésenla  devant  les  nanimes;  mais  ipie,  comme  le  feu 
ne  laissait  pas  de  coïKiniier  à  embraser  le  monast(  re. 
il  agita  violemment  c(>  corporal  au  milieti  d(>s  nammes 
comme  pour  percer  le  feu,  el  qn'enlin  il  lejela  avec 
le  liatim  auquel  il  était  allacbé  au  milieu  d'elles.  G(>- 
pendaiii  il  ne  pal  le  point  du  cOrps  de  Nolre-Seignem 
loisfin'ii  ra|)porle  ceiini  arriva  de  celle  pction  extrao;  - 
dinaiic ,  il  se  contente  d(!  dire  qu'on  re  ira  ce  coi  p  v 


l)lement  au  n.'O.i./sîrre.  si  ce  passage  eiaii  oien  rap-  i  ■•■ -  '  ■• ■  ■      . 

..,,.,-.,•  I  •  ,  1^    .   i   rai  sa  11  el  entier  c(n-'>oridc  illœsum  et  incontamuuUu.u  \ 

porté,  il  laudrail  due  que  la  mauiaicC  cuulume  dont  l  '•"  ^•'  "  ^  "^  '        ''    " '  ""  '"^  ,    .. 

I  iguibus.  i>-  i\n\  fait  bien  voir  que  le  pain  c(msacre  n  o 
(1)  Tom.  ôSpicil.,  p.  ôHi.  I  i;,i(  point  dans  ce  linge,  que  le  lUème  anleur  liOrtinio 

(•■2)  L;b.  7,  c.  12.  ^ 

(5)  Ibiilein. 
(4)  ïum.  4  liiâl.  Franc. 


il  SI  nleineiil  sacrum  supclleclilem  ,  parce  qu'il  était  siii 
lu  i'uutcl  dans  le  leiiips  du  sacrilice  :  mais,  comme  v«it& 


m 


EUCIIAUISTIE.  —  CIIAI'.  X\.  IMAGES  ABUSIFS  DE  CE  SACKEMENT. 


544 


avez  vu  oi-dcvnta  (I)  ,  ce  h  et;iit  iioiiil  la  contiiiiift  ni 
à  Cluiii ,  ni  Mans  le  rcsle  de  la  Fiance  ,  de  réserver  le 
corps  di!  Noire  S  igiieur  dans  ces  corporaux. 

(  IcpcMidanl  cet  u.^age  même  de  jcler  ainsi  les  corpo- 
ranx  dans  le  feii  ponrcleindrc  les  incendies  a  été  con- 
dnnnie  cl  déiondii  sons  peine  d'anallièine  dansle con- 
cile de  Salgiinslad  en  Alli-niaijno ,  coltiino  l'an  10^5 
par  Aiiiioii,  ardievciinf  de  Mayince.  Ce  concile  parle 
avec  indignalion  de  ccnx  qui  employaient  à  cet  usage 
liS  corporaux  consacrés  par  l'atioiiclienient  tlii  corps 
de  Nolre-Seigncur ,  et  iraile  de  feins  les  praires  qui  le 
faisaionl.  Couqnestum  est  in  saitclo  coucilio  de  qi.ibits- 
dam  ilntlissiniix  prcshyleris ,  elc.  Quels  lernies  n'aii- 
rail-il  donc  pas  employés  pour  liiânierla  conduite  de 
ceux  qui  par  une  présomplion  infiniment  plus  lémé-  l 


'  qnol()iipfois  des  choses  de  celle  nature  Ires-legitim.-- 
ment,  sans  (|ue  Ion  puisse  tirer  leur  exemple  à  coij: 
séfiut  iice.  IJ!»  ont  pu  èlre  pon>sés  à  le  faire  par  un 
monvcmenl  extraordinaire  du  Saint-Esprit  qui  voulait 
faire  paraître  la  puissance  de  [>ieu  entre  leurs  mains. 
Mais  ces  mouvements  sont  rares,  aussi  i)i<n  que  les 
personnes  en  (|ui  il  les  opère,  et  il  nap|i;titienl  pas 
au  conniiun  des  liounnes  don  avoir  de  seudjiahles  ou 
de  se  les  attribuer.  Nous  avons  la  prière  qui  est  m 
moyen  bt-dihairë  pour  oMenir  de  Dieu  ce  qui  nous  est 
nécessaire  ;  si  noire  prière  est  accompagnée  de  con- 
liance,  si  elle  part  d'une  ÛA  vive,  ou  Dieu  éleindra  les 
eml)rasemonts  quand  nous  aurons  recours  à  lui,  on  il 
nous  donnera  le  courage  et  la  rt^signaiion  n«5ctssairi's 
pour  en  tirer  des  avantages  plus  considérai.les  (jne  ne 


raire  jelleal  le  corps  même  de  Jésus-Christ  dans  le  feu  ^    serait  celui  de  sauver  des  llammes  k-i,  Weus  temporels 


afin  de  l'éleiudre,  et  (pielle  peine  u'aurail-il  pas  dé- 
cernée cmilre  eux  ? 

Toutes  les  |iers(umcs  éclairées  soûlent  combien  il 
est  contre  les  règles  de  portw  le  SaiHl-S;>crem«nt  aux 
incendies.  S.    Charles,  le  cardinal  de  l'errou  ,  elles 
autres  que  nous  avons  cités  c.i-devanl ,  et  qui  ont  dé- 
fendu de  s'en  servir  pour  arrcler  les  ouragans  en  le 
tirant  de  sa   place,  n'appn  uvcraieut  pas  davantage' 
qu'on  le  porlàt  ou  qu'on  l'exposât  à  Toccasiou  des 
cmhraseuunls.  Ou  voit  assez  que  celle  conduite  tond 
à  assiijélir  la   jiuissance  de  Dieu  à  ses  caprices  ,  et  à 
vouloir  l'obliger,  en  quelque  façon,  à  faire  des  mira- 
cles suivant  notre  faniaisie.  C'est  tenter  Dieu  que  de 
se  servir  de  moyens  ijui  n'ont  poiulde  proportion  avec 
les  effets  que  l'on  venl  produire  :  eh  !  qui  ne  sait  que 
Dieu  n'a  p:is  instiiné  l'enchaiislie  pour  éteindre  les  in- 
cendies, mais  pour  nourrir  nos  âmes  cl  pour  sanctifier 
nos  c(»rps  ,  et  nous  rendre  parlicipauis  des  biens  de  sa 
grâce?  Dailieurs,  agir  de  la  sorte  ,  c'eslexposer  la  foi 
des  faibles  au  danger  d  être  ébranlée,  et  de  donler  ou 
de  la  puissance  de  Je  us  Christ  on  de  sa  présence  dans 
l'Eucharistie-'  :  car  quand  ils  voient  les  ministres  de 
rÉj^lise  appoiler  le  divin  Sacrement,  et  l'opimser  à  la 
violence  des  flamnn^s,  s'il  arrive  que  le  feu  continue  à 
faire  ses  ravages  ordiuaiies  (connue  cela  arrive  sou- 
vent,  Dieu  n'élaiit  point  obiij^é  à  faire  des  miracles) 
ils  se  persuadent  que  les  prêtres  rendant  par  cette 
action  Jcsus-Ciiii-.t  en  quelque  sorte  garant  des  dom- 
mages que  cause  le  feu,  il  ne  l'a  point  éleiut;  c'est, 
dil-oii,  ou  parce  qu'il  n'esl  |)ointdans  le  sacrement, 
ou  parce  ipi'il  n'a  pu  eu  venir  à  bout.  Si  cela  u'ébriule 
pas  la  foi  des  simples,  il  est  au  uioin-;  à  craindre  que 
cela  n'expose  le  plus  saint  de  nos  trysières  aux  raille- 
ries des  iuq)ies,  et  de  ceux  que  leur  avei  g!enu;i:l  a 
1>(U  les  à  nier  la  présence  réelle  de  Jésus-Ci. rist  dans 
cet  auguste  Sacrement.  Ce  (jui  est  toujo  is  un  tiès- 
giand  inconvénient.  j 

On  ne  doit  pas  s'autoriser  de  l'exemple  de  quelques 
saints  qui  ont  peul-èlre  fait  (piehpielois  la  mèmecho    ; 
se  :  car  oulre  que  louies  les  aciions  des  sainis  ne  sont 
pas  sauites,  il  esl  certain  d'ailleurs  qu'ils  ont  pu  faire 


(Ij  Cliap.  10  de  cette  section. 


i 


qui  appartiennent  a  nous  mi  a  nos  amis.  M.  tle  llarlai 
de  Clianvalon  a  doue  eu  laison  4e  défendre  dans  son 
synode  de  l'an  1674  de  porterie  Sacieraentde  l'autel 
aux  incendies ,  et  cela  sous  peine  de  t-uspense  jp.so 
!  fdcio  ,  piior  tout  prc-ti-e. 

I  11  s'e^t  encore  introduit  un  autre  abus  dans  ces  der- 
niers temps,  qui  est  de  porter  le  Saim-Sacrcmeni  aux 
i  malades  dans  leurs  maisons  pour  le  leui'  faire  adorer 
seulement.  Le  Rituel  romain  de  P:iiil  V  (l)«ii  parle 
elle  condamne  en  même  temps  en  ces  lermes.  Il  ne 
fitnl  pas  porter  le  Saint-Sacrement  aux  malades  pour 
Vadorer  seulement  ni  pour  le  leur  montrer  tons  prétexte 
de  dévotion  ou  autrement.  Les  rituels  d'Oi  h>rrus ,  de 
Kouen,  dePaiis  et  de  plusieurs  diocèses,  pcuieiil  la 
même  défense.  Et  la  chose  a  été  ainsi  décidée  par  la 
congrégation  des  cardinaux  inliTprèles  du  concile  c^e 
Trente,  au  rapport  d'Emmanuel  Sa,  dans  ses  Aphoris- 
mes  ponr  les  confesseurs  (â^et  de  Zerola  (5>,  qui  ap- 
pelle cette  pratique  im  abux.  Voici  les  paroles  du  dé- 
cret des  cardinaux  de  celle  congrégation.  //  n'est  point 
permis  de  porter  l' Eucharistie  avx  malades  à  qui  la  vio- 
lence du  mal  ne  permet  pas  de  la  recevoir ,  pour  la  leur 
faire  baiser  en  signe  de  vénération.  F.t  si  cette  coutume 
s'est  introduite  dans  quelques  endroits ,  qu'elle  soit  <»»- 
tièremcnt  abroffée. 

Ou  doit  considérer  aussi  comme  un  usage  abusif  de 
rEucliaristie  la  pratique  qui  s'était  introduite  de  por- 
ter 1  Eucharistie  avec  soi  quand  il  s'agissait  de  prouver 
sou  innocence  en  passant  par  le  (eu.  Cet  abus  régnait 
encore  sur  la  fin  du  quinzième  siècle.  Le  continuateur 
de  M.  F.eUri  rapporte  sur  l'an  l.i98  qu'un  dominicain 
s'od'rit  de  passer  au  travers  d'iu\  feu  lue  i  allumé,  et 
d'eu  sortir  sain  et  sairf  pour  |  r»uiver  la  \éiilé  de  la 
doclriue  et  la  sainteté  de  Jc'iôme  Sa\onarole.  <*n  ac- 
cepta le  puti,  el  un  conlelier  S'engagea  a  y  passer 
aussi  peur  piouvcr  le  conîrrire;  mais  quai.d  il  fut 
question  d(>n  venir  îi  l'exéniilirtn.  el  que  le  dominicain 
se  fut  dépouillé  doses  liabiis  pour  enirer  dans  h-  feu^ 
le  cordelier  ajouta  <ju"il  ne  devait  p;is  porter  avec  lui 

(I)  Tit.  de  Coinm.  înfirmorum.  t    ! 

(-2)  Vi  rbo  l'.uch-tristia.  l 

(T))  In  \ni\\'i  epiM'oporuni  V.  Eucharistie. 


345  llîSTOIKE  DI£S  SACREMENTS.  SU 

rEiicIifiristii*,  comme  il  le  voulait. Coqiio  le  (lomiiiioaiii  •,  roTus.  Qi  i  ma.vdicat  mf-aw  carnem,  tt  hibit  meom 
refiisani  de  fiiiie,  on  s'y  ojtposa,  et  cliacuii  se  lelira  |;  sangui.nkm  ,  i.n  mk  ma.m;t,  et  kco  in  jllo.  Joun. , 
sans  avoir  rien  lail.  I;      cap.  6,  d.  ^G  et  à7.  ) 

Caiio  mka  vEnÈ  kst  cibws,  et  sanguis  mf.us  verè  est 

DS    L'F.rClIARISTlF.. 

Quoique  lions  ne  nous  soyons  propose  dans  celle  llistoiic  d/  rEncharistie  que  d'en  tiailer  en  la  considérant 
comme  sarreineHl  seidenient ,  et  non  coninie  sacrifice,  nous  croyons  cependant  Caire  plaisir  an  leclenr  de  lui 
donner  ime  idée  de  l'aneienne  lilnri^ie  g:diieane,  qn'il  pourra  consparer  avec  li  romaine  ancie.me ,  qui  a  élé 
BoiiViul  inipriiiici',  et  celle  dont  nous  nous  servons  à  présent,  qui  veut  de  celte  dernière. 
ihs^e  q;llicane ,  telle  qu'elle  st,  trouve  dans  un  ancien  M.ssel  gotliitiue,  imprimé  pir  les  soinx  du  cardinal  Thomasi. 


Pour  la  (été  de  S.  È:ienne  premier  martyr. 
Préface. 

félcbr  int  aujourd'hui  la  p  ission  sublime  et  respec- 
tai le  du  B.  Élieinu!.  pr.oiis  le  Dieu  des  martyrs,  nus 
lres-eh>  rs  Irères,  ipie,  comme  il  l'a  (ouronné  en  con- 
sidération de  si-s  mér;tes  ,  il  se  laisse  flécliir  par  ses 
prières  ,  et  nous  yccarde  en  toutes  choses  une  peine 
laisérici.rdc.  l'ar  Noiiv-S-i,^neur  Jésus-Christ. 
Suit  la  collecte. 

Dieu,  (jui  avez  accordé  à  S.  Etienne,  votre  martyr, 
la  première  place  dans  le  ministère  et  la  primauté 
dans  le  mai  lyre,  elipiiavez  consacré  la  léle  de  ce  saint 
joiir  à  sa  mémoire  et  à  sa  jîassion  ,  écoulez  lavoi-ahli;- 
meiit,  Sfigneur,  les  Innnhies  |)rières  de  votre  famille  : 
accordez-nous  h-  protect.on  particulière  de  celui  d-nt 
voas  avez  re<.n  a^ec  bonté  les  prières  cpi'il  von.>  faisait 
I our  sis  em.emis  cl  pour  des  pécheurs.  Faites  qu'.l 
tleviemie  aussi  notre  intercesseur,  lui  qui  a  supplié 
pour  ceux  qui  le  persécutaient.  Par  Jcsus-Christ,  etc. 
Collecte  aprèn  les  noms. 

Dieu  toul-p'iissanl  et  éternel,  qui  ornez  le  sacré 
corps  de  voire  Ég;lise  i)ar  les  diirérenles  vertus  des 
saints  et  (jui  avez  dédié  les  prémices  des  niai:tyrs  p  r 
le  sang  du  |;lorieux  diacre  Étiemie ,  faites-nous  la 
place  de  célébrer  avec  tout  honneur  le  jour  de  sa  fête  : 
parce  ^\v.e  m^us  avons  confiance  qu'il  pourra  s'em- 
j,l  -ycr  utilement  pour  vos  fidèles,  lui  qui,  imitant  la 
c!)arilé  de  notre  Seigneur,  a  siq)plié  pour  ses  .-nneinis. 
Faites,  par  son  intercession,  que  les  vivants  parvien 
nent  au  salut ,  et  (jue  les  défunts  jouissent  du  repos 
éternel.  Accordez-nous  cela  par,  etc. 
Collecte  pour  la  paix. 

Dieu,  de  qui  vient  la  charité.  Dieu,  qui  récompen- 
sez ceux  qui  usent  d'indulgence ,  qui  avez  diumé  à 
S-  Éti  une,  votre  martyr,  le  courage  de  souffrir  avec 
douceur  d'être  accablé  d'une  grêle  de  pierres  dans  sa  ! 
j-assion  ,  nous  nous  adrcissons  avec  ferveur  à  votre 
piété,  afin  tpie  par  son  intercession  vous  nous  accor- 
diez une  pleine  paix  avec  la  rémission  de  nos  péchés, 
pcndani  que  nous  célébrons  la  mémoire  de  sa  passion. 
Par  Jéaus-Christ,  etc. 

Conteslaiio. 
Elle  répond  h  notre  pr>^face;  rt  elle  précédait  immédintemcnt  le  canon. 

Il  est  digne,  il  est  juste,  il  est  équitable,  il  est  juste  ji      Di(jnum  et  justnm  est,  œqunm  et  juflum  est  te  lau- 
de  vous  louer,  de  vous  bénir  el  de  vous  rendre  grâces,  |  dare,  teqne  bcnedicere,  libi  (jra{ia$  agere,  Omnipotent 


In  nutali  S.  Sicphani  proiomartyris. 

Pra-latio. 

Venerabilem  ntqnc  sublimem  beatissimi  mnr'yris  Ste- 

pliani  passionem  célébrantes  liodiè ,    Dmm  nimtyriim  , 

l'ralres  churissimi ,  d' preeemiir,  ut  sicut  illi  conlempla- 

tione  meri  oritm  suoruni  corona>n  (lur<'  diyiatus  est ,  nabis 

q  oque  plenissimam  misericordium  ejus  preàbiis  (lexus  in 

omnibus  largiutur.  Per  U.  xV.  J .  C. 

C  (llectiosequitur. 

/)e«s,  qui  snncto  Stepliano  martijri  luo  et  principa- 
tuni  in  minislerio  e!  prii.cipem  in  mnrtyrio  Lcum  contU' 
listi ,  dum  uobis  smieli  diei  ejus  festivitatem  pro  >jus  vel 
commemoralione  vel  passione  dunasli  ;  exuudi ,  quœsu- 
mus.  Domine,  supplices  familiœ  tuœ  preces  ;  nobit  ejus 
peculiare  prasidium  tribue,  cujus  pro  inimicis  et  peccato- 
ribus  preces  piissinins  acceplàsti  ;  tribue  etiam  ut  pro  no- 
his  intercessor  existât  (jui  pro  suis  persecutoribus  supplia 
cuvil.  Per  Dominum  nostrum,  etc. 

Ccdleclio  post  noniim. 

Omnipotens  smpiterne  Deus,  qui  snnctorum  virtute 
mu'itiplici  Ec-  lesitr  tia'  sncrvm  corpus  exomans.  primi- 
tias  martyrum  qloriosi  levilœ  tui  Slepliuni  sanjuine  dé- 
die àsli  ;  danob's  diem  nai(dis  ejus  honore  prœripuo  ce- 
Icbrttre ,  quia  non  dilfidimus  eum  fidelibus  luts  passe 
suffragnri ,  qui  dominicœ  charitatis  imitalor  eliam  pro 
suis  perfecutaribus  fuppliciivit.  Tribue,  qua'sumus,  per 
inlerventum  ipsii'S,  ut  vivcntes  snliitem,  defuncti  requiem 
consiqnuntur  œtcrnum.  Prœsta  per  D.  .\.  Filium 
tuum,  etc. 

Ci'llertio  ad  pncem. 
Deus  charitatis  indultor,  Deus  indnhjenùœ  munerator, 
qui  snncto  marttjri  tua  Stepliano  in  passione  largitus  es, 
ut  imbrem  lapidnm  clementer  exciperct,  et  pro  lapidan- 
tibus  supplicaret  ;  pietatnn  tuam.  Domine,  subnixis  pre- 
cibus  e,ioramus,  ul  dum  marlyris  tui  yn^sionem  reco'i- 
mus ,  per  intercessianem  ipsius  paris  sicuritalem  citm 
peccatorum  nastrorum  venià  causcqui  tnereamur.  Per 
D.  N.  J.  C. 


345  APPENnirE  SI 

Dieu  toiit-puissanl  cl  élcrnci ,  Pieu  qui  vous  plonli.'Z 
dans  l";i^s(Miilil.'e  do  vos  s.iiiils  que  \(»iis  ;i\ez  iii:n(|iié> 
du  sioaii  de  volii'  l»(''iié(li('liiiii,  l<'s  ;iy«iil  ciniisisavim! 
la  rréaliitii  du  momie,  ol  les  :iy ml  unis  à  \()lri'  Fils 
unique  par  son  inc.intalioii  cl  l:i  ii'ilcmp  ion  qn'il  Icni- 
a  pronirôo  par  sacioix  ;  ay:inl  fail  réi;nr4'  en  eii\  voiie 
Esprit  s:iinl,  par  lequel  ils  sonl  jcirviiins  à  It  glo.ie 
d'un  heureux  marlyre  :  «-"esi  doue  a\ec  raison  qu--  nous 
solcnnisons  celle  fêle,  Dieu  des  verlu>.  C".  si  a  ce  rai- 
son que  nous  célébrons  eu  voire  Inumeur  ce  jour  >;;- 
Clé  auquel  le  sanj;  du  premier  des  martyr-.  Éiienne 
ayaul  élé  répandu  en  (émoi^n  jre  de  voiri'  vériié,  vous 
a  rendu  riionnefr  tpii  elail  t'ù  à  la  niap;uiliciMire  de 
voire  nom  :  car  il  esl  le  premier  (pii  a;l  ennles-é  «'e 
nom  ,  qui  esl  au-dessus  de  lonl  i.oiu,  el  d.<ns  lequel 
uniquement  vous  ave/,  mis.  ô  l'ère  éli  rnel,  t  ii  e  les- 
pérancc  de  noire  saliil.  Il  esl  celui  que  vous  avez  mis 
dans  voire  Église  pour  y  cire  im  ex 'm[:le  éelalanl 
propre  à  alleiinir  Imis  les  lidèles.  I!  esl  le  premi  ripii, 
ajuès  11  passion  de  Nolri-Seig.eur  Jésus-  :inisl ,  a 
remporté  l;i  pilnie  de  la  vi(  loiie.  C'est  lui  qui,  ayant 
été  consacré  le  premier  jiar  l'inspirai  on  du  S  i:i!-^-Spr  l 
pour  le  minis!ère.  a  paru  d'aliord  liia  le  comme  l.i  nei 
ge,  el  ei.suile  a  élé  roui,'i  de  son  sanp;.  O  ltienlieni(U\ 
fils  d'.\l>r  iiam  ,  (pii  a  élé  e  preurer  imilieurel  le 
prenii>'r  iriuiii  «le  la  d  clrineaposloli  ueei  de  la  cro:\ 
du  Seigneur,  il  a  mérilé  de  voir  les  cieux  oinerls,  «  i 
Jésus  del.oiil  à  li  driite  d-  liieii.  11  es'  domt  jusie  (|  e 
nous  l  nions  un  lui  lion  me  eu  cnnlessanl  \olre  no.r;, 
ô  L)ieulnul-pni>sai;t,  qui  I  aviz  appelé  à  une  si  gruide 
gloire,  .\ccordez-noiis  son  siilîiage  par  voire  ho.ilé, 
qu'il  soil  lel  en  priant  p:»ur  ce  peuple  qu'il  élaii  |i.rs(|  u; 
Jésu  -Christ  le  reç.it  avec  joie,  venani  cliar.;;é  du  !i(»- 
pliée  de  son  martyre,  (jiie  les  yeux  de  celui  qui,  él ml 
encore  dans  mi  corps  morlcl ,  ont  vu  le  Fils  d.-  Dieu 
à  la  diojie  de  siui  Père  à  l'i.cure  di-  sa  pass'on,  s'élè 
vent  à  Dieupoi;r  nous. Qu'il  nous  ohlieuiie  cedoiil  nous 
avons  be.soin,  lui  qui  priait  pour  ses  perséciileiiis  quand 
ils  le  la  idaieni,  6  Dieu  saini.  Père  liml-piissanl,  \,:\y 
Notie-Seigueur  Jésus-Christ  voirc  Fils,  (pii,  p  )ur  nos 
péchés,  a  d  ligné  naître  par  nm;  vierge  en  notre  chair, 
el  souHrir  la  mort  pour  instruire  lesin:>rtyrs  p:ir  son 
exemple,  lui  à  qui  lous  les  a;.ges  et  les  arclianL;cs  ne 
cessent  de  chauler  ce  cauli(|ue  :  Saii.t,  suint,  suinl. 

Collecte  après  le  Sanclus. 
Noire  Seigneur  Jésus-Christ  votre  Fils  unique  e-l 
vrainciit  saint,  vraiment  héni.  lui  cpii  a  l.iit  entier 
dans  la  cour  céleste  Ftienne,  son  martyr,  lui  qui  s'csi 
levèlu  d'un  corps  inlirmc  :  et  «p>i,  avant  que  de  léjian- 
drc  son  sang  pour  le  salut  du  genre  humain,  a  in^ti- 
l!ié  ce  niy-tcie  sacré  «|i;c  nous  sulcumisoiis.  Car  c'est 
lui  qui  la  veille  de  passion.  ! 

Aprh  le  mystère.  \ 

Nous  faisons  donc  celt,  Seig 'eur,  nous  observons 
ces  préce;  le>,  nouscunléssoiis  par  ces  sacn'es  so'en- 
niiés  la  pa  siou  que  vous  avez  eudui  éc  eu  voii  e  corps. 
Nous  vous  prions.  Dieu  loulpiii-.sanl,  que  conin.c 
nous  célébrons  dans  la  vérité  le  Saciciiieui  célesie, 


U  LLiCilAnîSTIE.  546 

1  '  s  mptirni'  Drus  .  qvi  rlnrinrix  in  cor.vcnlu  sanclorum 
tuonm.  qiios  (luti-nwudi  (OH.-.tHht.o  ou  piœi'l.clos  spiri- 
iiKili  in  cœli'slihus  bt'ucdirtiune  sirjnùsli  ;  quosqu  iuige- 
iiilii  inn  pcr  assiniii:iio<inii  citrnis  et  criids  ndeiuplionem 
mnid.'.ti  :  iii  qnihus  Sjhlium  sfiiicluin  luut»  rcgnare  fe- 
(•;.s.'(,  pcr  qnrm  ad  fclicis  warlijrii  (jluriiini  picKitis  luce 
(•.vure  vfi.c.Hiil.  DUjnè  njilur  i\\  i ,  Do)hine  virlulum  , 
fesla  S(ilriini;i:.s  <  qilur  ;  lihi  l.a.'c  dirs  wcruln  celebralur, 
qitii  lu'i  ti  Si  pli  lui  pi  hi  murHiris  lui  smiquia  in  luœ  ve- 
ritiilis  testinioiiinni  profiisus ,  nuiynificiini  vominis  lui 
livnur  m  nigm.vi  .  Hic  est  enim  iUius  iiominis  prinius 
confessor  quud  est  supra  onine  nomen ,  in  quo  luiicnm 
siitiiti>  no^lra'  pra'stdiuni,  l'atfr  <rii'nie.  pomi&li.  lîic  in 
Ixii.sin  liiù  qiuim  splrndiduin  adcunc^oruni  •mimoscon- 
lir'niiiidus,  unira;  liudis  prœcessit  exciupliim.  Uic  post 
pas  ionnn  Don.ini  nos  ri  .lisii  Ci'risli  ticloria;  palmam 
prinius  inviixi  .  II ic  in  levilico  niinistcrio  per  Spirituni 
suiictuni  piiii^ua  consccrulustsl;  uiv^-o  cmtdor.  conj'esliin 
iniicuil,  ni.  rhjrii  cniore  purpinrus.  0  beiudictuin  Abrn- 
li.ini  scinen,  apo^toliae  doctrinœ  el  domnicœ  crnris  prior 
oin  ,iuni  fattus  iiiiit.itor  et  la-is.  meritb  cœ!os  apcrtos  li- 
dil  cl  Jfsum  sltiiiem  à  dexlris  D  i.  Diqnè  igilur  ac  juste 
liileni  sub  lui  nominis  ronfessione  laiidunius,  oinnipoleits 
JJcus  qui'in  i.d  Inn  uni  (j'uri.in  vocure  diijnn  us  es.  Suffra- 
gla  ejiis  mbis  pro  lua  ph  laie  couced,\  tnlis  pru  liàc  plibe 
j  rccctur,  qu.leni  illum  post  iropban  vcnlutem  exullans 
Cliiisu.'ii'xci'iil.  llii  jro  iioiis  ocnli sublimenlur  qui  ad' 
Luc  in  loc  inortis  corporc  consli:uli  ,\t.iiilein(id  d.xlram 
l'ulris  niiuin  Dii  in  ipsii  pi;s  ioiiis  lion't  viderunl  ;  ille 
pro  nobis  oilineal  qui  pcrscculuribus  suis  dimi  tapidiire- 
lur  orubnt  ad  tt\  saucie  D.  us.  PuU^r  oninipott-ns,  per  Do- 
niiniiin  nosimm  Jesuin  Cliristum  Filium  tuum,  qui  pro 
<  pcccutis  nosiris  ni:sci  ca  ue  pr  virgincm,  el  pa:i  diynalns 
est  niortcin.  iil  tmirdjres  cuo  ]>iiii  doccret  exemplo.  Cui 
nicriià  oinues  angcli  tqie  urc'iuugeU  sine  cessatione  pro- 
cluinunt ,  diccnlcs  :  Suiuius  ,  sanclus  ,  sanclus. 


Collcclio  p'^sl  Sancif.s. 

Verè  sanclu»,  verè  bi'iiedic  us  Doini;;îis  lo^'cr  Jefus 
Clirist:  s  unig.'uitus  tuus;  qui  niarlijrcin  suiiin  Slcplinnuin 
Cidcsti^  ai.lœ  collcgii  uiuiicriivil  ;  qui  curporis  sui  infir- 
niilale.n  siiscepil  ;  priusquian  pium  sanguin 'm  j  ro  liu- 
nicnà  suinte  funderet,  ihj/s/i  W'j.j  sacrœ  solcnin  latis  iii~ 
s:ituit.  Ipse  enini  pridic  quàin  palerclur. 


Il  Post    mysteriiini. 

I  Hoc  ergn  fitcinnis,  Donii  e,  liac  pra'cepUi  scrvaniiis ; 
l  li.iiir  sf.r.  /  forp  ris  pnssioncm  sacris  sotcmn'bus  prœdi- 
f  CuniHs.  (.'uœsiinus,  oiiinip(  tcns  Dcus.  ut  su-ul  i\'ritatcin 
I  s.xrunicnll  cœlcJis  cxe.juiinur  ,  ipsi  iwriliiti  corpnris  et 


547  HISTOIRE  DES 

nous  demeurions altnclics  au  vrai  corps  cl  au  v;ai  sang 
du  Seigieiir.  Par,  elc. 

Prière  avant  l'Oraiion  Dom'mknle. 

Etant  inslriiils  |)ar  les  exemples  du  glorieux  et  15. 
niarlyr  Elieune  .  adressons  nos  priéic^  ave;;  touie  liii- 
niililé,  mes  tièâ  cliers  fières,  anU  )i  éien  cl  cl  à  Dieu 
légère,  alin  (|ue  noiise.iibiasaiil  du  feu  de  son  amour, 
il  nous  fasse  désirer  le  martyre  :  et  (|ue  nous  remplis- 
sant du  don  d'une  loi  vive  et  animée,  il  nous  rende  les 
imitateurs  de  celui  qui  a  souffert  la  mon,  noa  seule- 
ment pour  s'aeipiérir  une  i;loire  imnioi  telle,  mais  en- 
core pom-  nous  laisser  lexeinple  de  ce  (pic  nous  de- 
vons faire.  Prions-le  (|ue,  Cdunne  il  a  doimé  à  S. 
Eticiinela  force  desouHVir  la  mort,  il  lui  doi-ne  aussi 
le  désir  d'intercéder  pour  nous,  eî  ipTil  nous  peiinelli^ 
de  lui  faire  sans  cesse  civile  prière  (iuM  a  daigné  nous 
enseigner  lui-même.  Nuire  Père. 

Ainès  rOriiison  Dominicale. 

Délivrez-nous  du  mal,  Dieu  tout  puissant,  et  donnez 
à  ceux  qui  vous  prient  un  cœur  si  prc|>;;ré  à  soufl'rir 
tonte  chose  poar  Jésus-Cliri^t  (|nenons  fassions  voir 
que  ce  n'est  pas  nous  (]ui  avons  manqué  au  martyre, 
mais  que  c'est  le  nuulyre  qui  nous  a  maïupié.  l'ar 
Noire-Seigneur,  etc. 

Bénédiction  du  peuple. 

Dieu  qui  vous  êtes  tellement  atlaclié  vos  martyrs 
par  la  charité,  qu'ils  souliaitaienl  de  mourir  pour  vous 
poiu'  ne  pas  périr.  Amen. 

Et  qui  avez  armé  saint  Elieune  dune  si  grande  foi 
dans  sa  confession,  qu'il  ne  craignait  point  une  grélc 
de  pierres.  Avien. 

Ecoutez  la  prière  de  votre  famille  qui  vous  aime,  et 
qui  se  réjouit  dans  relie  fêle.  Amen. 

Que  la  voix  de  celui  quia  prié  [lonr  ses  ennemis  en 
souffranlle  martyre,  intercède  pour  le  peuple  auprès  de 
vous.  Amen. 

Alin  qu'obtenant  la  récompense  qu'il  demande  pour 
noii^,  le  peuple  que  vous  vous  èies acquis  par  lagrà.e 
parvienne  en  ce  liea,  où  le  ciel  étant  ouvert,  il  vous 
a  vu  dans  la  gloire.  Amen. 

Ce  que  nous  vous  (uious  de  faire. 

Collecte  (ipris  l'Encfiariflie. 

Dieu,  salut  éternel,  lié atitmie  inesliinahle,  accor- 
dez, nous  vous  eu  pi  ions,  à  tous  ceux  qui  ont  parli- 
cipi'aiix  d)us  sacrés,  la  grâce  do  devenir  saiuis  etheu- 
reiix.  Daignez  ie  faire. 

Fin  de  lu  Messe. 

Nous  vous  rendons  grâceSj  Seigneur,  pour  les  dons 
de  \olre  miséricorde  dont  vous  ikuis  avez  comblés, 
vous  (pii  nous  sa-iivez  par  la  Nativité  de  votre  Fils,  et 
qui  !!ous  soulciu'z  par  les  prières  d'Etienne,  voire  mar- 
lyr.  Par  Notre  Seigaeur  votre  Fils. 


S.\CRE.MENTS.  543 

snn(juinis  Dominici  ftrrrcnmus.  Per  Dominuui  noslrum 
JciUmCItrisum  Filium  luum. 

I  Anie  oralio  icm   Dominicam. 

I  (îloriosi  Levi:œ  exeniplis  el  bentissimi  marlyris  Sle- 
jilt.ini  mac/nleriis  ins:iiuli,  œlcrnc  Itefji  et  Pulii  Deo  pre- 
ceni.f  iitres  cliiiri.ssimi,cuni  omui  liumilii/ile  junda::ius; 
ut  duto  ucbis  fulei  cti'ore  i\l  miincre,    ud  marUjrii  nos 

;  dcsiderium  amoris  sui  igné  succendut,  ejusque  iniiln:ores 
cffianl ,  qui  non  soluni  pro  sui  glorià,  verum  etiani  pro 
cremplis  eruditionis  nuitrœ  pussionetn  sustinuil.  Et  cui 
co.iferre  diijnatus  esl  in  ptissiune  virlutem,  inlercedendi 
pro  iiods  tribunl  fucultiitem  ;  et  orationem  quam  privei- 
pere  ditjniliis  es/,  d:circ  sine  cunctalione  permillat. 
Pater  noslor. 


Post  Dominicam  orationem. 
Libéra  nos  à  malo,  om\iipolens  Deus,  et  tribue  nobis 
supplicibus  tuis  tam  promptmn  pro  Clirislo  tuo   ad  pa- 
liendum  animum,  ul  probemtis,  710S  non  maitijvio,    sed 
nobis  de  fuisse  murtyriuni.  Per  Dominum,  etc. 


Benediclio  populi. 

Deus,  qui  tuos  martyres ita  vinxisti  cliaritate,  ut 
pro  te  etiani  mori  cuperoit  ,  ne  périrent.  Amen. 

Et  beatiini  Step.'iunnm  in  coifessione  ita  succensisit 
fide,  ut  imbrem  Itipidnm  non  tinieret.  .\men. 

Evaiidi  precem  fumiUiV  luœ  anuttoris  inlcr  [esta  plau- 
dentem.  Amen. 

Accédât  ad  te  vox  illu  intcrcedens  pro  populo,  pro  ini- 
micis  quœ  orabal  in  ipso  martyrio.  Amen. 

L'i  se  obiinentc  cl  se  remuner/mle,  perveuint  iltitc  plebs 
acijuisiia  per  (jralium,  ubi  te  cœlls  cpaiis,  ipse  vidit  in 
g'oriain.  Amen. 

Quod  ipse  prœslare  digneris. 


('olîeelio    post  Encliarisiiam. 

Deus,  percnnissatus,  beatiludoimvslimnbilis,  da,  quœ- 
snmus,  omnibus  tuis,  ut  qui  sancin  ac  beata  sumpserunt 
et  sancti  juyUtr  et  beuti  e^se  mereantur.  Quod  ipse  prœ- 
stare  d'.gneris. 

Consimimalio  Mi.ssif. 

Gratins  nqimps  tibi.  Domine,  uiiiltipticatis  circa  nos 
misralionibus  tids  ;  qui  et  hiHi  lui  nativilute  nos  salvas, 
et  marlyris  lui  Slepliuui  deprccalione sustentas.  Per  Do- 
niinum^  etc. 


T 

DU  SACREMENT  DE  PÉNITEINCE. 

F.os   trois   premiers  sacrements  dont  nous  avons  |  sus-Christ,  pour  donner  la  vie  à  nos  âmes  et  la  leur 
parlé  dans  le  tome  préoéùeal,  oal  élé  établi,  par  Je-  |  conserver;  celui  dont  nous  enlrcprenons  à  préscaUe 


549 


rÉMTF.NCE.  —  se:;t.  i.  cr.xr.  i.  iiérésH'S  TOUt:rj.\:>T  ce  sacrement.  350 


, 


donner  ri!il:iire  sur  le  nièinc  |ilaii  que  noiis  iivcns 
suivi  dans  It's  aulrts,  a  pour  (iu  le  rcl.ihlissonici.l  i!t; 
la  vie  0!i  de  ki  sauté  de  l'àiiic  tju.'  le  |  écl.é  a  ou  eu- 
tièremenl  dé; mil;  o;i  alTaihlie. 

Nous  d.vi^e^  n<  ce  (;iie  nous  avons  à  dire  sur  ce 
sacrenicril  eu  (|u  ilre  sections  :  l)aiis  la  première  qui 
fcrvira  connie  de  ju-éludi'  à  «  elli  s  qui  suivent ,  nous 
parlenuis  do  l'auhuré  de  l'Kgiiseponr  lier  ou  iibson- 
dre  le  lécluMU-  Haiis  la  seconde  nous  Iraileroiis  de  la 
confession  dos  péel  es.  D^nis  la  tioisiènie,  nous  fe:o;is 
voir  quelle  a  c;é  dans  Ions  les  siècles  de  l'Ei^lise  ce 
que  les  anciens  apj'claient  raclimi  de  la  pénitence , 
c'est-à-d  re,  les  peines  salisractoires  et  niédi(in;des 
que  Ton  imposait  au  péelieur  pour  le  dlsposeï-  à  rece- 
voir ralisolutidu,  et  à  le  réiall.r  dans  Ions  les  droits  (pli 
lui  claieul  acquis  par  le  h.iplème  ,  et  do.il  il  éiail  dé- 
chu par  son  péché.  Enliii ,  dans  h  qualiiènie,  il  sera 
qnesti'ii  des  di:!érentes  manière  ou  lurinnles  par  les- 
qiuîlles  les  cnin  sir;  s  de  l'F.i^îise  donnaienl  Tabsululiou 
aux  lidèL's  ijui  s*él;.iinl  sounii-  à  la  poniU'nce. 

SIXTION  PUEMIÈIÎE. 

it  L'AUtrniTÉ  DE  l.'ÉGLISF.  POin  REMF.TTRE  .LES  pfCUlf.?, 
ET  PLMR  LKS  PÉCHEIRS  QLl  O.NT  VIOLÉ  LA  SAINTETÉ 
DE  LELR  BAPTÊME.  j 

Nous  voyons  cl  iriMnent  la  source  et  rélablissomcnt 
de  celte  puissance  dans  ces  paroles  du  Sauveur  par- 
lant à  S.  Pierre  (l)  :  Je  vous  douucrai  les  des  du 
royaume  des  deux;  cl  tout  ce  que  vous  aurez  lié  sur  1 1 
terre  sera  lié  dans  le  del ,  et  tout  ce  que  vous  aurtz 
délié  sur  lu  terre  sera  délié  daus  le  ciel. 

Il  fait  p;irl  de  la  même  puissance  à  tons  les  auln;s 
Apôtres  en  leur  parlai.t  en  ces  termes  (2l  :  Je  vous  le 
dis  eu  virile,  luul  ce  que  vous  durez  lié  sur  la  terre  sera 
lié  daus  le  ciel ,  et  ce  que  vous  aurez  délié  sur  la  terre 
sera  délié  daus  le  cii  l. 

Il  leur  coulirme  la  même  c'iosp  après  sa  résurroc- 
lion  siiiva.il  l'a|;ôlre  S.Jean  (5),  qui  nous  a;  prend 
qu'après  qnW  lei.r  cul  parlé,  il  souffla  sur  eux  et  leur 
dit  :  llecevez  le  Saitil- Esprit ,  les  péchés  seront  remis  à 
ceux  à  qui  vous  les  aurez  reuiis,  et  ils  seront  retenus  à 
ceux  à  qui  vous  les  aurez  retenus. 

C"esl  sur  la  vériié  de  ces  promesses  du  Fils  de  Dieu 
qu'est  fondé  ce  trihunal  sacré,  où  des  liouunes  envi- 
ronnés eux-mêmes  d'infirmilé  connaissenl  des  fautes 
de  leurs  frères ,  remédienl  aux  maladies  spirilnelles 
des  âmes,  el  enfin  réconcilient  les  pécheurs  avec 
Dieu. 

CHAPITRE  PREMIER. 

Des  hérétiques  qui  se  sont  efforcés  de  détruire  ou  d'af- 
faiblir la  puissince  que Dieuaduunée  à  son  Eglise  de 
remettre  les  péchés. 

Tonl  ce  qiu'  nous  dirons  dans  la  suite  de  celJe 
Histoire  de  la  Pénilence  servira  :i  établir  rantoii;é 
quonl  reçue  les  ministres  de  rÉjjl.se  délier  el  de 

(i)  Malih.ifî.  V.  19. 
(-2)  ll.id..  18.  18. 


délier  les  pécheurs  :  ainsi  nous  nous  conlenicrons 
pin-- le  p-résenf  j  avant  de  parier  des  liérésics  (pii  se 
soi.l  élev(vs  C'>n!re  cetl>'  puissance  que  Jésus-Christ 
a  d(Mn  ée  à  lEglisc,  d'en  laire  voir  la  prr.lique  dans 
la  conduite  de  S.  Paul. 

Cet  Apolie.aya;  l  appris  qn'il  y  a- ail  àCorintho  nn 
Ciir('tien  (jui  avait  éjiiui.sé  la  fenune  de  son  pcre  :  ce 
qui  chez  les  païens  nièn-cs  parmi  les*]  ;els  vivaient 
ces  lidèles  devait  paraiire  cxtraoï'dinaire,  puiS(pron 
avait  déleslé  .\i.tiochns  po'  r  avoir  épousé  sa  bille- 
nu're  d'i  vivant  de  sou  père  Séleucus,  fondateni'  de  la 
nnuiarchie  desSél'-Micides;  cet  Apôtre,  di-,-je,  sachant 
cela,  en  éeiivil  foilemenl  aux  Cmintuiens,  (U  leur  fit 
des  reproches  d'avo'r  .sonflVrl  palieinmcnl  un  tel 
crime,  et  di;  m;  s'être  pas  afili-és  devant  Dieu,  afin 
qu'un  tel  scandale  fût  ôlé  du  milieu  d'eux;  après  quoi 
il  aj  lute  dans  sa  preuuèrc  Epilre  à  cette  Eglise  (1)  : 
Pour  )uoi  étant  absent  de  corps,  mais  présent  en  esprit, 
j'ai  déjà  porté  ce  jucjement  comme  présent  ;  qui  est  que 
vous  el  mon  esprit  étant  assemblés  au  nom  de  A  olre-Sei- 
(jueur  Jésus-Christ,  celui  qui  eslcoupable  dece  crimesoit, 
par  lu  puissance  de  S otre-Seujneur  J ésus,  livré  au  démon 
pour  mortifier  sa  chair,  afin  qxie  son  ùme  soit  sauvée  au 
jour  de  yolre-Seiijueur  Jésus  Christ. 

Voilà  cel  lionnne  lié  par  l'Apôtre  et  les  ministres 
de  lEglitc  de  Corinthe  en  présence  du  peuple  qui  gé- 
missait devant  Dieu  ,  el  lui  demandait  avec  l.rnies 
(in'uii  tel  scandale  n'eût  point  de  suite  chez  eux,  H 
ue  leur  ;.tliràl  poii.t  les  effets  de  sa  colèr-'.  Cet  1  omme 
fiîl  ioi!(  li(',  il  rentra  en  lui  même,  il  (juilta  son  crime, 
en  un  mol  il  lit  de  dignes  fruits  de  pénilence,  il  sem- 
bla l  même  p;'rlor  son  repentir  à  1  excès  :  l'Apôtre  en 
fut  averti ,  il  jegea  (pi'il  était  temps  de  délier  celle 
àn;c,  el  voici  conunent  il  on  écrivit  aux  Corinlhicns 
dans  rEpîlre  suivante  (2)  :  //  suffît  pour  lui  (il  entend 
rinccsiuenx)  en  l'état  oii  il  est,  qu'il  ait  subi  la  correc- 
tion et  la  peine  qui  lui  a  été  imposée ,  et  vous  devez  plutôt 
le  truiur  maintemint  avec  indulgence  et  le  consoler,  de 
peur  qu'il  ne  soit  accablé  par  un  excès  de  tristesse.  Ccst 
pourquiA  je  vous  prie  de  lui  donner  des  preuves  effecti- 
ves de  votre  charité  et  de  votre  amour.  C'est  pour  cela 
même  que  je  vous  écris,  afin  de  vous  éprouver,  et  de  re- 
connaître si  vous  êtes  obéissants  en  toutes  choses.  Ce 
(jue  vous  accordez  pnr  indulgence  à  quelqu'un,  je  l'ac- 
corde aussi  :  car  si  j'tise  moi-mc.ve  d'indulgence,  j'en 
use  à  cause  de  vous  an  nom  et  en  la  personne  de  Jésus- 
Christ,  afin  que  Satan  n'emporte  rien  sur  nous;  car  nous 
n'ii;norons  pcs  ses  ruses  et  ses  artifices. 

C'est  ainsi  (pie  rinccsineux  est  délié,  son  crime  est 
ef^icé,  il  est  réconcilié  à  l'Eglise,  II  rentre  dans  la 
parlicipalion  des  biens  communs  aux  fidèles,  le  tenq  s 
niêine  de  sa  pénitence  est  abrégé  par  les  niinlstres  de 
lEglisC,  à  cause  <le  l'ardeur  ipiil  a  témoignée  dai;s 
sou  repeniir,  les  fidehs  (pii  ont  pleuré  sa  perte  se  lé- 
jonissinl  inainlenanl  de  son  réiablissement  et  lui 
deiKicnl  des  preuves  effectives  de  leur  charité. 

(!)  l  Cor.o,  V.  .^,  i,  ,5. 

(:;i  2  Cor.  2,  v.  6,  7,  8,  9.  10,  U. 


551  HISTOIÎiE  DES 

J'ai  rapporté  ceci  un  peu  an  long,  parce  (|nc  ilai;s 
celle  (•c(•:l^i•»<l  l'Apôtre  a  tncé  aux  niuislres  d<- 
l'Eglise  le  niodèlo  de  In  ciimliiile  (in'ils  doive!. l  tenir 
à  l'égard  dt>s  grands  péclieiMS,  el  (pu;  lians  l<s  ciii«i 
ou  six  premiers  siècles  on  s'esl  conforme  d;tns  riiu 
posilioii  de  la  pénitence  cl  dans  la  récincilialioii  d.'S 
péclicnrs  à  ce  (iii  s  el:iil  f;iil  dans  celli'  nMiconirc.  On 
pi'iil  même  jijuiiicr  «pie  dans  la  snilr  rKglise  :i  lo  i- 
jiinrs  suivi  le  nièmc  e>pril,  comme  non^  aurons  lieu 
de  le  faire  voir  dans  le  cours  de  celle  histoire. 

Parlons  mainlcnanl  eiv  peu  dft  mot>  des  licréliqnes 
qui  oui  all;u|uc  l'auloiité  de  l'Kglise  s;  r  ce  point  Le 
pieuiier  (pie  nous  coonaissionsiîsl  Moolan.  I*lir yi^i' n 
de  nation,  ce  (pii  a  lait  donner  à  ses  se(  lalenrs  les 
noms  de  Moutanistes  el  de  l'Mlu\>lirij(jc&  (I).  Oi 
liomme  aud)ilioiina  répiscojial ,  el  n'ayant  pu  y  pir- 
venir,  en  eut  nn  exlrènu'  dépit. 

Cette  and)ilioii  deré;^lée  donna  lien  ati\  s  rpris  s 
du  démon  d(»iil  il  lut  possédé,  en  sorte  ipi'd  panii 
tout  d'il  I  eoiip  a<;ilé  eonnie  ini  l'nrieux,  sans  aucun 
usage  de  raiso.i  [-1).  Il  eonnu:  nça  à  pirler  sauN  suite 
el  sans  jujjCiiieiil,  el  ,î  d  re  des  «choses  sur;  rr!;a;iles 
el  nouve!  es.  Le  dénr  n  ne  posséiiail  pas  ni'iin>>  s:>n 
ùuie  (pie  son  ((uiis.  Car  il  |  arail  |.ar  l!  ule  la  su  te  ipT.I 
adhérait  à  ee  (pie  cet  esprit  d  erreur  lui  f.iisail  dire. 
élanl  hien  ai-e  de  passer  pour  Proplièle  el  pour  un 
lionime  rempli  du  Saint  Flspril,  ou  pour  le  Saint-Ksirii 
même  Saint  Anasiase  Si!;aî;e  le  Ir.iile  de  map:ieien. 
Dieu  accord. lit  einore  alors  (5)  à  l'Lglise  plu  ieuis 
grâce.''  e.xtraiirdina  res,  oX  entre  autres  I  ■  d(Mi  de  |iro- 
piiélie,  ce  (pii  rendait  rarlilice  du  déino:i  plus  dange- 
reux, à  cause  de  la  dilliculli»  «lu'il  y  avait  d  •  di cerner 
cette  fausse  pr^iihélie  de  la  vérilahle,  ainsi  Ton  se 
trouva  fi  rt  parlagé  sur(e  sojtl.  Quelijues-u.is  |  re 
naicnl  Monîan  pour  ce  (pTil  était,  c'est-fi-'iir'',  po:r 
un  |)os-édé  el  un  iléiinnia(]iie  qui  iroublail  in  lili'ni»-ni 
les  peuples,  el  s'eirorçaienl  di;  reiii|ieclier  de  tarer, 
se  ress'ii  enaii!  des  cominaihlemeuls  il  des  menaces 
de  Jésus  C!ui->t,  par  lesrpielles  il  eo-is  a\erlil  de  jner- 
dre  garde  soigneusemenl  aux  faux  piojiho'.es  (jui  doi- 
vent venir. 

Ils  remarquaient  en  effet  que  celte  prélendii  ■  [iro- 
pliélie  de  M(Milan  était  bien  dillV rente  de  celle  que 
l'Eglise  a  reçue  d-  la  iradilioii  des  A;;()li'cs.  (lar  soii 
enlhonsiasme  paraissait  comme  un  accès  d»;  fureur, 
et  lui  ôiail  la  liber;é  de  sa  raison  ;  ce  ipii  ne  se  irouvaii 
point  dans  aucun  des  véi  ilaides  Preplèles  son  de  Tan- 
cien,  soil  (Il  ii'  iivoan  Te^lamenl,  les(picls  n'ont  jamais 
perdu  l'intelligeiice  el  la  suite  di;  iems  prop  lélies. 

D'autres  aucoutraire, oubliant  (pie  Jésus-Ciuist  nous 
a  recommaedé  de  veiller  |i0ur  n'être  pas  surpris  par 
li>s  artifices  des  faux  prophètes,  se  rf'jouis-aient  de  ce 
qu'ils  voyaient  dans  Monlaii,  cimine  si  c'eùl  élé  un 
efful  vérilable  du  Sainl-Espril  el  de  la  giàce  de  la 

(1)  O;  xari  4>pùy«î. 

(2)  TilleiiiOiil  Hisi.  Ee(  I. ,  l.  2,  p.  410  et  seq. 

(3)  Vers  l'an  171,  leups  au  piel  Eusè'w.  dans  sa 
Chronique,  iixe  le  commence. neul  de  l'iiéréoic  de 
Mon  tau. 


SA(.RE.\IENTS.  55« 

propliétie.  Il-  iiivilaient  même  .'i  pniler  cet  es-rit  mali-» 
cieiix,  «lui  ravi  de  se  voir  foiioré  par  des  Chiétiens, 
empbi\ail  divers  arlilic(;s  pour  les  ironiper. 

Un  de  ces  artiliies  fui  de  su  ciier  deux  femmes, 
doni  l'iiiK!  se  luunmaii  I  r  .-.(pu-  ou  Priscilla,  et  l'autre 
.Maximille;  il  les  renii  l.l  du  même  esprit  d'erreur,  et 
1rs  lit  parler  -ans  jnjjen  eut  el  sans  discrélion  oenune 
Mo.'iîan,  el  e!les  c(nilribiiêreiit  à  aui;men'er  le  nom- 
bre de  ses  seeiaieiirs,  i|iti  se  mulliplièrcnl  surtout 
dans  la  I*l;i  ygie  cl  dans  l'.Vs  e  où  l'on  liiii  de>  conciles 
pi  iir  les  co  .dam:  cr  et  les  leliancber  de  l'Eglise.  Ce 
soiil  b's  premiers  i;i:e  riiislune  de  l',!glise  nous  fas.se 
<  (»  Il  ilie  a;  res  celui  de  Jérisalem  sous  les  Apôtres, 
lis  aireieie.il  le  cours  du  mal  en  partie,  mais  non 
e;:l.(  r.  mei.l.  11  pan. il  par  la  b  lire  i\w:  les  églises  des 
Cailles  éciivireiil  à  ceile  de  IM.rygie,  à  l'oci  asioii  des 
.Mailyr-  de  Lyo:i,  que  le-  'ricins  de  Mo:)lan  avaient 
pé.  élié  dans  ce  |):iys,  el  tie[)uis  mêim;  que  les  secla- 
l>  lus  de  ct^  faux  I  11  |)!)èle  se  fiiienl  .«^é;  aré.^  de  la 
ciimn.nniou  de  l'Eg'i^e  caih  \\.\\w.  ,  ils  s.'etTorfèrent 
de  .surprendre  le  l'a  e  V  <  lo',  lors  peiil  eliC  (pi'ils 
le  V. uni  prè^  d'elle  broiii  lé  a>ee  les  '  aîholiques  de 
l'.\>ie  sur  l.<  (eie  de  Là  jues.  Il  apinou^ait  déji  les 
pro|)'  élies  d  .Mo-ilan  ,  de  l'risiine  cl  de  .M.iximille,  et 
par  celle  approbalion,  dit  Teilullieii  devi  nu  .M'Hta- 
lanlste  (1),  il  dormait  la  paix  a  x  églises  d'Asie  et  de 
1  brygie.  .Vais  Prax-  as,  (;iii  \enail  d'Asie,  cl  tpii  était 
al-  rs  coi.sidéiable  dans  Pliglise  par  la  qiialilé  de  mar- 
tyr, lui  ayiiit  l'ail  un  faux  ia|  perl,  dit  Teiiiillien,  de 
(es  prop.eles  cl  de  I  m>  é  lises  (on  pour  parler  |>Ius 
vériiablemeiit  lui  ayin!  déeoireil  la  véiilé),  el  b.i  fai- 
sant voir  qu'il  ne  l,'>  pouvait  apjiiouver  sans  coi.dam- 
iM^r  s(  s  pié.iéeesseurs,  i'iibli;.;ea  de  réiraclrr  les  lettres 
d(!  ;  alx  qu'il  avail  déjà  CiiMivé  s  ()our  les  Voiilanisles, 
et  de  cliaiiger  !e  (!es^ein  où  il  élail  de  iecc\oir  el  d'ap- 
pnmvcr  leurs  propbél.es. 

Non-  i:e  nou^  aiielerois  pas  à  raïquirler  ici  ce  qui 
no!is  reste  di?  ces  propiiélies  .  i  i  à  exposer  loiites  les 
erre  irs  de  ces  sei  laircs.  Nous  d'roiis  .seul 'ment  que 
ce-  I.ypocril  >s  aiïecianl  de  paraiire  pins  aesières  ipie 
ii's  autres  Ciiiéliens  qu'ils  Irailaienl  dtt  Vsijqnhiues  ou 
d'animaux  .ils  enseiguércul  que  l'Eglise  avail  à  la  vé- 
I  iié  le  pouvoir  de  rem»  lire  Ls  luoindi  (>s  péchés,  mais 
non  p  is  les  plus  giauds. 

Ccsi  ce  (lue  nous  apprenons  de  TerluUien ,  dans 
son  li\re  de  li  Piidicilé  (c.  2),  (pi'il  écrivit  depuis  sa 
cliiile  (2)  :  Noua  connu' asotis  ,  dit-il ,  des  causes  de  pé- 
nilnice  ,  que  nous  (tppelons  dé  ils  :  nous  les  divisons  en 
deux,  les  nus  peitv.nl  être  remis,  les  antres  ne  peuvent 
iélfe.  Plus  bas  (c  18)  il  ajouie  qie  l'on  |)ent  r(!cevoir 
de  l'évèque  le  pardon  des  ipoiiidres  péchés, et  de  Dieu 
seul  le  pariioa  des  plus  grands.  Ensuile  (c  !!•)  apii's 
avoir  rapj.oné  ipiclques  exemples  de  péchés  plus  W' 


(l)  luPiax.r.  1,  \).G:i. 

(i)  C-.iUsas  |(e.iilenli;rd  licta  rondiscimiis.  IIicc  di- 
vidiniu-  iii  duo-  exitus  •  alia  eriinl  remissibilia  ,  alia 
irr.'iiiissibilia.  Lcvioribus  deiiclis  veniaiu  ab  episcopo 


355  Pf.NITENCE.— SECT.   T.  CllAP.  I.  TU- 

gcrs,  il  pnrlr  ainsi  :  On  (1)  l'cul  ohl'vir  le  p.irdoii  di' 
ci'ux-ci  par  la  niéd'ia'tou  de  Jé-^iis-('.!irist  cH'ris  de  son 
Père;  muis  il  eu  et  d'un.res  plus  <iritiids  et  pi  s  dmige- 
renx ,  pour  isquels  il  n'y  n  point  de  ptirdon.  Tels  sont 
riiomieide ,  /  idolulii  ■ ,  Ui  fraude  ,  /■■  reniement ,  le  blus 
pliènie  ,  aussi  bien  ipie  l'iidnlthe  et  ii  farmcation,  <  l  tous 
les  aniris  erinies  ]ir.r  tesiuels  on  v:ole  le  temple  de  luen. 

Tfiiiillifn  ilaiis  lo  iiiè;iie  livr-  (c  5)  a  mut  pnsiii 
voint'iil.(|nc,  (ii:ni(|iu;  <-ciix  f|iii  oui  cinimiis  ces  sorli-s 
lie  criiiH.'s  ii'aicnl  poii.l  tic  paix  à  ailemln;  de  la  pail 
d»!S  JKtiiiiiics  ,  ils  oui  fi'i'cnilanl  iicii  ircspéier  iiiisé- 
riconle  de  l>icii,  s'ils  pcrxîvèn'iil  dans  les  liavaiix  île 
la  péniic:  ro  :  cl  si.  dit  il .  ils  iit>  i  c(.'«»iveiil  l'oiiil  la  pa.x 
ici  bas,  iiéaiinioiiis  ils  ne  Sf niciil  pii.l  ou  vain,  il-. 
ne  piTili'i.i  ])()iiii  li;  fiiiild»'  Icmiis  lia  aux  ,  mais  ils  le 
propareil'.  Et  si  liic  ptee^n  non  mctil  apud  Duminuni  , 
non  amitiit  ,  sed  pra'pa-al  (rvctum. 

On  laisi  l  donc  péiiilcnce  di's  niine  ra|>i!aii\  c!i"Z 
les  MinlaiiisU's  ,  n-pii-pics  (•(Miiiiic  clu-z  les  (lalli  li- 
ques  ,(|  i.)iipu'  eliez  ceux  là  0!i  i.e  dm  jaiiiis  en  ict:.'- 
voir  l'altsoliiLo:!.  Leurs  pénilenls  .  iiicine  ordinains  , 
ne  pas  aient  pnini  le  vesilhnit;  de  rét;li-.c  ;  mais  pour 
ce  rpii  e>l  ili'  ceux  (jai  r>'éiaieiil  smnllés  i  ar  des  crinies 
pi  s  lioJiilil'S ,  ils  !c:ir  imiiosaicnl  des  peines  heai!- 
coiip  pin-  dues  ,  el  ne  S(Mi'.-raieiil  pas  (juils  appn»- 
cli  isSi'i  l  de  ri'iilréc  de  Téglise.  C'esi  ce  que  le  n:eme 
Terlnllie.i  ixinime  en  ces  leinn-s  plrinsd'ém-igit;  (r.4): 
Pour  ce  qui  est  diS  antres  p(:ssi(,ns  fuiieiis  s  il  impies 
qui  s'exeri  eut  sni  les  cori»  et  les  s  .re»  .  et  cmitre  l  s  lois 
de  la  nature,  non  s -n'émeut  nous  ne  smif fions  p  s  que 
ceux  qui  s'//  sont  l  jssés  ail.  r  se  tiennent  à  l'entrée  de 
l'église .  mais  nous  ne  leur  permettois  pus  me. ne  d.'  se 
mettre  à  l  abri  des  injures  de  l'air  sous  le  toit  de  l'église  : 
parce  que  ce  ae  sont  pas  là  des  pécl.és  ordin  ires  ,  mais 
des  monstres  de  péchés.  *  lieliqn  :siiuten  libidinnm  furius 
«  inipids  e  in  corpora  et  in  sexus  ultra  jura  uainra' ,  mm 
i  modo  limine ,  V:  ruin  etiam  omni  ecclesin-  t  cio  s<.b:no- 
t  vemus  ,  (l'iia  uou  sunt  delicla  ,  srd  uinnslra.  » 

Nnnohslaiil  ce  tiiie  mms  venons  de  r:  pp  rlor  loii- 
cV.aiil  rene;:rd(!b  Monlanisti-s.  in  peut  einoïc  do;iier 
si  ce  fpii'  nous  avims  dU  sur  leur  nianièn'  de  se  c:in- 
duire  eiiveiN  les  pcniienls,  n'claii  pas  cm. sidéré  painii 
eux  pliilôi  ciinniifc  une  allaiie  de  discipline  (pie  comme 
un  point  de  foi.  lu  ce  qui  donne  lieu  à  ce  doute  smii 
ces  pandes  de  Terlnllien  devenu  Moiilanistc  (e.21), 
dans  le  même  livre  de  la  Piidicilé  :  31ais  r  Église , 
dites- vous,  a  la  puissance  de  remettre  les  péchés.  Je  le 
reconnais  moi-même  qui  ai  le  Snint-Lsprit ,  Iquel  dit 
dans  II  s  nouveaux  prophètes  :  L  Eglise  peut  remettre  les  pJ- 
ehés,  muis  je  ne  le  ferai  pus,  de  peur  que  ceux  ii  qui  on 
les  aura  remis  n'en  cômmelieiit  d'autres... L'esprit  de  v.'- 
rité  peut  donc  accorder  le  pardon  aux  p  cheurs,  muis  il 
ne  le  veut  point,  pour  ne  pas  caus'-r  la  p.rte  de  plu- 
tieurs...  C'est  pourquoi  l'Eglise  accordera  à  la  vérit^  le 

(I)  Moruni  ergo  crit  vcna  pcr  cxnralorem  Pétris 
Cliristiim.  Siiiil  aiileui  cl  contraria  i^lis,  u|  gnvioia 
et  exiliosa  (pu-  vcMiarn  non  capianl ,  linmicidiiiin,  ido- 
lolairia,  fraus,  ncgatio,  lil.i>plieniia,  nli(pieei  nioecliia 
ei  foruicalio,  et  si  (jiia  alia  violalio  leinpli  Dei. 


RÉ?!E=;  TOrriT.XNT  CE  SACREMENT.  554 

pardon  des  prias  ;  mais  l'Eglise  qui  est  esprit  par  les 
hummi's  s;  in:uels  ,  non  pas  l'Eglise  qii  consiste  dans  la 
multitude  des  évétiues.  t  Sed  liai  et .  inqnis,  poteslalem 
«  I  crlesiu  delictu  donandi.  Iluc  ego  ma(,is  el  aguosco 
t  et  dispono,  (jhi  ipsum  Pan  cletum  in  propheiis  novis 
<  hidfo  dicentem:  l'otcst  Ecclesia  donare  delictum  ;  sed 
i  non  faiiam  .  ne  cl  alla  dilinquanl...  Ergo  Spiritus  ve- 
1  ri:i:lis  potesl  quidem  iiidulgcie  fornicaloiihus  veui.m, 
*  sed  cum  plurium  mulo  non  mit...  El  ideb  Ecclesia 
I  quidem  dclicta  don:.bit  ;  sed  Ecclesia  sjiriius  per  spi- 
i  riiuaLuit  Iwminem ,  non  Ecclesia  uutnerus  episcopo- 
«  rum.  t 

Il  paraît  par  cet  endroit  de  Terln'lifn,  qu'il  recon- 
nais>aii  dans  l'Kglise  un  vérilable  [louvoir  de  remettre 
les  jéei.és,  même  sans  di>lim-ii()n  dc^  pinson  moins 
grands  ,  mais  qn'illc  nt;  devait  poi,  i  s'en  servir  pour 

I  e  p  'S  d  iiincr  lieu  à  une  l.cence  effrénée  d.'  pécher, 

II  (|  l'elle  ne  pouvi.il  user  de  ce  ponvi  ir  cpie  par  le 
ii:in..>tcre  des  Imniifes  .spiriluel-,  tels  qu'il  s'imaginait 
être  ceux  ilù  sa  sih  le. 

Iji  vnda  assez  loin  lia.it  Tliérésie  des  Monlanisles. 
Pas  oiis  pré.sei.lement  à  celle  des  Novaliens,  qui  après 
eux  sont  les  seuls  qui  jusqu'au  do.zieaie  on  trei- 
z,cn.e  siiile  aienl  don.  é  alliinîe  à  l'.iulorilé  (pi'a 
i'J  glise  d<-  rrmeitie  les  pécl.és.  .No::s  ne  parierons  de 
<el,e  >ecle  que  d'après  les  sa\anls  édilcur»  des  œu- 
vres de  S.  .\ m liroi.se  ,  i|;ii  o.il  mis  à  la  teie  des  livres 
il-  ce  saii.t  loncliaui  la  pén:ti'nce,  un  avcrtisseun-nt, 
d.i.  s  Icipi  ■!  ils  expliquent  lictlcment  cl  en  p  u  de 
n  ois  I  origine,  les  |  rogiès  cl  I  élai  de  celle  hérésie 
jiisq  :r  vir>  1 1  II  i  du  quatrième  siècle 

Le  N  \;!liens  Inreni  ainsi  nommes  des  auteurs  de 
leur  serliî  Nnval  el  Novat  en  ,  que  piusiciirs  des  an- 
cieas,  et  si;rlont  de>  Grecs,  i onlondt  ni  eiisemlde.  Le 
premier  é.ail  j  rélre  de  légliM-  de  (iarll.age,  mais  ne 
p.:rvii.i  jamais  à  la  dignilé  épisinpale,  en  «pioi  B;'r«>- 
niiis,  le  p.  Petau  el  quelques  au  res  savants  se  sont 
iro;;  |.é-.  Cel  liomnie  avait  Pesprit  in  |uiet.  turl. nient, 
el  iJUialtMii  de  la  noint-auié.  Il  s  était  joint  à  Kélicis- 
smie,  q.;i  piéieiulaii  qu'on  de\ait  reeoncilirr  à  l'Église 
«  eux  qui  av.ient  &acrilié  au.\  idoles,  sans  les  somnellre 
à  la  i  é..iien(  e  ;  el  alin  de  faire  valoir  Popinio  i  de  Fé- 
liiissime,  il  avait  employé  louie  sorie  d'artilices  pour 
relever  au  diacon.il,  sans  consuller  même  son  évêiiue 
S.  (■y|>rieii.  U  mit  lui-même  le  comble  à  ce  crime,  en 
eoniunl;anl  plusieurs  actions  lionieuses  et  cruelles 
|)our  lesquelles  il  fui  accusé  par  les  frères  devant  S. 
Cyprien  ;  mais  la  persécuiion.sélant  renou\elée  alors 
enij  cclia  qu'on  ne  put  faire  les  enqnèlis  nécessaires. 
Noval  se  ser\il  de  ce  préiexle  pour  s'enfuira  Uome, 
où  éiaiil  arrivé  vers  le  connnencemcnl  de  l'an  251, 
il  y  trouva  le  peuple  divisé  à  loccasion  de  l'élection 
lie  l'évéque  qui  devait  succéder  à  S.  Fabien,  qui  venait 
dèlrcî  couronné  du  niarlvie. 

Les  espiils  étaient  partagés  enlre  deux  prèlres , 
Coi\;  ille  cl  Novalien.  Celui-ci  élait  aliadié  aux  maxi- 
mes des  Stoïciens,  il  avait  l'esprit  pénétrant,  une  vaste 
érudition  el  beaucoup  d'éloipience  :  mais  outre  (ju'il 
avait  été  soumis  aux  exorcismcs,  il  avait  été  baptisé 


355  HISTOIRF.  HCS  SACREVIF.NTft.  ÎÎ56 

dans  son  lii,  (l:ins  nnc  dnngoroiisc  mnladiccl  ii'nvail  |  piioiosdans  leurs  ('gliscs'.ri^  qui  osl  difruilo  h  croire, 

poiiil  icçii  l'o»<"iii>ii  sncrôo  lie  révôniic,  coiiiine  celait    :  snrloiil  n'ayaiit   pour  garant  (|iu;  Socralc,  (i"!  l^arait 

V    i;i  coutume  aliirs  f|iic  la  Connrinalidn  suivit  iiiinicdia-   i  avoir  eu    heaiicoui)  de   peuclianl  pour  ces  scelaircs. 

I    icmenl  le  napièmo.  .NoiJdlislaiil  ces  délauls  révc(|iic    ;   l'iiisi.  insconeiles  eon  la ér(  iil  ecltc.  héré  ie,  et  pre- 

n'avail  pas  laissé  de  l'élever  au  sacerdoce,  ce  qui  avait  I  sc-rivireiil  ce  (pi'il  fallait  ohserver  pour  recevoir  i»  la 
'  beaucoiipdéplu  au  peuple.  C'est  pourquoi  la  plusjjrande  1  coMiiuuiiioii  de  ri'ii-lise  cytix  qui  s'y  réunissaient.  Mais 
et  la  plus  saine  p  irlie  du  clergé  cl  du  p(;iq)le  étant  favo-  |  quoicpie  les  plus  savants  d'entre  les  l'ercs  écrivissent 
rallie  àCorneille,  lioninic  d'une  vertu  non  ccwiinuinc et  |  contre  eux  ,  ils  ne  laissèrent  pas  de  subsister  long- 
éiM-ouvé  dans  tons  les  degrés  delà  clériciiturc  par  on  il  I  tenqis,  et  de  se  répandre  dans  presine  tous  les  en- 
avait  passé;  Novalien,  diagrin  de  ne  pouvoir  réussir  |  ilroi:s  où  l'église  callioliijue  é;ait  ét.d)lie. 
dans  son  dessein  andnlienx  ,  résolut  en  lui-nièmc  de  |  Ceux  cpii  voudront  connaître  plus  à  lond  l'Iiérésie 
rendre  inutile  l'élection  de  Corneille.  Pour  en  \enir  |  *les  Novatiens ,  peuvent  consulier  S.  Epiplianc,  avec 
à  l)onl,  il  écrivit  contre  Corneille-  ini  libelle  |tleiu  if  les  notes  et  obser\ations  du  I'.  Téiaii ,  S.  x\ugustin  , 
de  calomnies,  cl  cnlin  prétendit  (jue  son  éeciion  |  Tiiéodoret  dans  sou  livre  des  Fahics  des  liérétirpics; 
n'était  point  légitime,  sous  prétexte  qu'il  ne  rejetait  |  S.  Jérôme  d.ms  sa  chronique,  Cnsèltc ,  S.  Pacien , 
point  de  sa  communion  les  clnéliciiS  qui  s'étaient  ;|  TMiilostorge,  etc.  Pour  mous,  nous  ne  nous  étendrions 
souillés  en  offrant  de  l'encens  aux  idoles.  ||  p:is  davantage  sur  celle  matière,  si  une  d>flieullé  qui 

11  attira  dans  sa  fiction  plusieurs  «-l'entre  le  peuple.  i|  partage  les  savants  ii  leiu'  sujet  ne  nous  obligeait  de 
Noval,  ayaiit  trouvé  une  occasion  si  favorable  à  ses '|  tliic  quel(|iie  cbose  pom  réclaircir. 
desseins,  s<;  livra  eiitièrement  à  Novalien  :  et  pour  Jj  ISous  avons  dit  ci  dessus  (lue  les  Novatiens  s'étaient 
soutenir  plus  sûrement  son  parti  il  (it  en  sorte,  par  |  trouvés  réduits  à  soutenir  (pie  tous  les  pécl.és  étaient 
son  adi  esse  et  ses  ailifices ,  que  celui-ci  fût  ordonne  I  également  irrémissibles ,  mais  que  dans  la  suite  ils 
évèque  de  Uonie  i>ar  trois  évcques  simj  les  et  igno-  ||  eurent  lionle  d'une  telle  cx'ravagance.  et  (pf.ls  se  ré- 
rants,   qu'il  avidt  allirés  jionr  ce  sujet  de  la  paît  e  J  duisireni  à  dire  que  l'Église  ne  pou  ait  absoudre  des 

I  crimes  énornn;s  C'est  sur  quoi  roule  la  difticulté, 
I  (pielques-uns  prétendant  que  par  ces  crimes  énormes 
j  ils  n'entendaient  cpie  i'idolàlrie,  rhomicide,  et  la  for- 
j  nicatiun  ;  d'autres  au  contraire  soutenant  (pie  sous  ce 
j  litre  ils  (On  prenaient  gé  éralcmenl  tous  les  péchés 
I  mortels,  au  moins  ceux  (pii  étaient  soumis  i»  la  pénî- 
i  tenco  canoniipie  ;  et  c'est  ce  sentiment  (pu  paraît  la 
!  plnsconrorme  à  la  vérité. 

]      Il  .'e  peut  prouver  par  Socrale,  lequ(d   rapportant 

I  ce  (pii  SI!  passa  dans  l<'  con(;ile  de  Nicée  entre  Acézc, 

éNCcpie  Novalien  et  rcinpeieiu"C(Uistanti;i,  dit  (l)tpril 

'  s'efforça  de  justilier  sasedeen  présence  de  ce  prince, 

par  ce  qui  s'était  passé  diwanl  la  pcrséenlionde  Dcce, 

e!  jiar  l'autorité  de  cette  ancieime  rég'c  ou  canon, 

qu'il   rapporta  en  ces  terun-s  :  Qne  ceux  ipd  après  le 

Bajitènie  étaient  tombés  dans  les  crimes  ne  devaient 

!  point  être  reçus  à  la  parlici|)alion  des  saints  mystères, 

;  (pi'on  les  devait  exhorter  à   la   pénitence  sans   leur 

'  l'aire  espérer  le  pardon  de  la  part  de>  prêtres,  mais 

seu'ement  de  la  partde  Pieu,  connm^  n'y  ayant  que 

lui  (pn  ail  l'autorité  et  ie  pouvoir  do  re.net:re  ces  sor- 

j  les  de  péché-i. 

I  On  voit  de  plus,  par  les  principes  sur  lesquels  ces 
j  scbismatiques  é:ablissaient  leur  conduite,  et  |tar  les 
|)assages  de  l'ICcrilure  qu'ils  eniploy  lieiit  pour  la  sou- 
tenir, (pi'ils  le  limitaient  rien,  ([u'ils  ex(  luaienl  de 
la  participation  (!es  saints  mystères  tou>  ceux  qui 
avaient  commis  des  péeliés  à  la  nio: i,  et  (pi'ils  ne  re- 
connais^aienl  point  dans  l'Église  le  pouvoir  d"eu  re- 
mettre aucmi  de  cette  nature.  S>ciatedit  (piil  avait 
appi'is  cette  histoire  d'un  prêtre  Novalien  ipii  avait 
éé  an  concile  de  Nicéo  avec  cet  évèipie  dont  nous 
parlons.    Il  élail  foi t  jeune  quand  il   y  alla,   et  ne 


(rilalit;  la  |  lus  méiuisablc,  et  c'est  le  premier  anli- 
pape  que  !"(  n  eût  vu  depuis  que  la  religion  chrélienne 
fut  établie.  Novalien  donna  part  de  son  ordii.ation 
aux  églises  d'AIVlipic  cl  d'Orient  jiar  les  lettres  qu'il 
leur  adressa,  mais  elle  fut  rejetée  p.ailoul. 

l'n  altecdant,  pour  lendre  Corm;iili;  odieux,  cl 
s'attirer  du  respect  par  iukî  apparence  de  zèle  pour 
la  discipline  de  l'Église,  il  enseignait  que  l'Église  n'a- 
vait point  le  pouvoir  de  léconcilier  ceux  (jui  étaient 
tombés  dans  la  |)erséculi(ui,  que  l'on  dislieguait  alors 
en  trois  classes,  savoir  des  libellaiiipies,  des  apostat  , 
et  de  ceux  ipii  avaient  offert  de  l'encens  aux  idoles. 
D'abord  lui  et  ses  sectateurs  s'en  tinrent  là  ;  mais 
connue  ils  étaient  vivenient  pressés  par  S.  Cyprieii  et 
les  auties  défenseurs  (K;  l'Église,  qui  leur  reprocïiaienl 
qu'ils  ne  pouvaient  sans  inie  extrême  injustice  r.  fuser 
le  |»ai<lon  à  ceux  qui  étaient  tombés  dans  la  per.-écu- 
li(ui,  tandis  (|u'ils  l'accordaient  à  co[\\  (\\n  avaient 
commis  di  s  crimes  beaucoiq»  plus  atroces,  tels  ipie 
l'homicide  et  l'adultère,  ils  furent  réduits  à  soutenir 
que  tous  l(>s  péc'iés  étaient  également  iiiémissibles. 

Ceux  qui  vinrent  ensuite  eurent  honte  d'une  telle 
extravagance,  cl  il  s'en  trouva  plusieurs  (pii  reslrei- 
gnirent  leur  sentiment,  en  disant  (pie  l'Église  ne  pou- 
\ail  absoudre  des  crimes  énormes, 

Cettcî  apparence  de  sévérité  fut  du  geût  de  plu- 
sieurs, et  leurs  [lartisans  s'élant  mnilipliés  et  réj)an- 
dus,  ils  piiiciit,  pour  se  distinguer  des  callndlipie-.  \c 
nom  deCatares,  KàOcpci ,  qui  signilie,  purs.  Socrale  a 
dressé  un  ample  catalogue  des  évciiues  de  celle  secte, 
dont  il  parle  toujours  avanlr.geiisement  ;  il  rapporte 
aussi  les  combats  (pi'ils  ont  soutenus  pour  la  ici  de 
Jésus-Christ  et  dit  (pi'ils  firent  paraître  tant  de  con- 
stance dans  les  supplices,  q'ie  les  calholi(pies  admi- 
rant leur  courage  souhaitaient  de  pjemlre  par!  à  Irurs 


n>  ].h.  I.r.  7. 


Sr,7  PÉNITHNCE.  — SECT.  I.  CnAP. 

inoiinit  qnc  sou'?  rcnipncur  Tliéoilosc-lo-Jcnnc.  La  I 
péponseqiie  (il  rciiijicronr  à  cci  evc  |iiccoiifiriiieccqiic 
<)niis  (lisons.  Cm-  SocimIc  cl  Snzonièiic  lafoiitiMil  que 
^'  ce  priiueiiyaiit  l-iiIciuIii  |t:iiU'r  Acèze,  ne  put  sniillVir 
;  une  romlii.lo  (ini  IVrmail  le  »iel  ;i  Ions  les  lukliems, 
!  ol-iiu'il  s'oi  r;a  :  Mlcz,  Ache,  fuites  nue  i'ciiclle  pour  vous, 
,  et  montez  seul  an  ciel.  Celle  iiaioKî  ne  sérail  pas  à 
propos  si  les  Novaliciisiravaieul  rclnsé  la  récoiieilia- 
lion  qu'à  ceux  qui  avaient  commis  les  Irois  crimes 
(ionl  nous  avons  parlé,  el  elle  suppose  (pTils  en  cx- 
clnaienl  lous  cenx  qui  en  avaienl  commis  do  mortels. 
Le  même  Socralc,  faisant  menlion  du  diflorcnl 
snrvenn  entre  le  [lape  S.  Corneille  el  Novatieo,  son 
comprlitenr,  dit  (I)  qn'ils  écrivirent  cliacnn  de  leur 
côté  des  lettres  diins  les  provinces  à  l'occasion  de  cenx 
qnj  élaient  tombés  dans  la  persccnlioii.  La  lettre  de 
Movatien  contenait  (|iie  ceux  qni  avaienl  commis  nn 
péclté  mortel  après  le  IJaptcme,  peccalum  ad  uwrtcm, 
ne  pouvaient  èlrc  reçus  à  la  parlicipation  des  saints 
mystères.  Cille  du  pape  (Corneille,  au  contraire,  qm; 
Ton  ne  pouvait  pas  ôlor  l'espérance  du  pardcm  à  ceux 
qui  avaient  péché  après  le  Baptême.  Par  où  on  voit 
que  tous  deux  établissaient  leurs  sentiments  difTéronls, 
sur  deux  priiicipt'S  contraires,  mais  généraux,  qui  re- 
fusent ou  accordent  le  pardon  des  ]  échésconunis  aprcs 
le  Baplème,  et  que  Novatien  n'excluait  cenx  q  li 
élaioiil  tombés  dans  la  persécution  (|ue  parce  qu'il  en 
excluait  tous  ceux,  qui  peccalum  ad  nio  lemfecernnl. 

C'est  confiHuiéntenl  à  cela  que  S.  An;.^ns!in  dit  en 
parlant  di'cesscliismaliqu(;s,iN  refusenlia  (lénihuici;, 
pœuitentiani  denegnnt.  Saint  Epipliane  (h;cres.  59), 
marque  aussi  qu'ils  établirent  leur  schisme  S'ir  ce 
principe  général,  que  les  lionmies  n'avaient  point  le 
pouvoir  de  f.iire  miséiicorde  à  ceux  qui  étaien'  looi- 
bés  après  le  lîaplème.  Cette  hérés  c  revenait  aux 
principes  des  stoïciens,  d(Mit  Novalien  laissait  profes- 
sion, conmie  remarques  (;ypricn(Ep.  .Mjqui  pour  la 
réruler  allègue  ces  paroles  du  Sauveur,  les  sniiis  n'ont 
pas  be-foin  de  médecin,  mais  les  malades,  après  les- 
quelles il  ajoute  tout  de  suiti'  :  Quelle  (jiuhison  peut 
procurer  celui  qui  dit  :  J».  ne  prends  soin  que  de  ceuxà  (;ui 
te  médecin  uesl  point  nécessaire;  paroles  qni  monirent 
que  h  s  Novatieus  n'aiipliquaicnl  p  >int  le  reniède  de 
la  pénilenre  canonique  à  'eux  (jni  élaient  lombes  dans 
quchpi'mi  (les  grands  pècliés,  auireiuenl  ce  serait  s;uis 
foinh-mcnl  (pi'il  les  leur  ferait  dire  ;  car  ils  auraient 
pu  faire  le  dénombrement  de  lous  ceux  qui  ne  sont 
point  d(!  l'espèce  de  ces  trois  grands,  auxquels  ils 
amaicnl  ajpliqué  la  médecine  sahilaire  de  la  pé- 
nilence. 

■;  Ceux  des  aulres  Pères  qui  ont  combaKu  les  Nova- 
liens  jibis  cvaclrment  nous  apprennent  la  nuMiie 
chose.  Saint  Paeien  fKp.  5)dispulanl  contre Simpro- 
nien,  lui  fait  tenir  ce  langage  :  «  Mais  vous  remelKv 
t  les  péciics  au  |iéiiitent,  direz-vous,  cependant  il  n- 
«  vous  est  pas  permis  (le  les  lui  re:nicllre  (pic  dans  le 
i  baptême.  >  Sed  pœnilenli,  inquies,  peccata  dimiitis, 


'.ib.  I,  c.2.">. 


1 


TI.  SUITE  Dr  MEME  SUJET.  jJS 

ciun  tautuni  in  baptismale  tibi  liceal  relaxare  peccalum. 
Saint  And)roisc  dans  le  livre  de  la  PéniltMice  dit  la 
même  chose  (1).  Mais  ils  disent  qu'ils  défrent  au  Sei- 
(jneur  ce  qui  concerne  Ici  pénitence  ,  lai  à  qui  seul  ils 
réservent  la  puissance  de  r.  mettre  les  péchés.,  <  Scd 
\  aiunl  se  Domino  déferre  pœnitcntiam,  cui  soli  remit- 
i  tendorumcriminum  pote  talent  réservant.  > 

Tout  cela  donne  lieu  de  croire  (prc  les  Novatiens 
n'admetlai(;nt  aucune  p(''nilencc  canoniipie,  et  que 
s'il  se  trouve  queiipies  aiilorités  qni  semblent  insinuer 
(pi'ils  accordaient  la  grâce  de  la  ré(.'oi.cilialion  pour 
cerlains  péchés,  il  y  a  apparence  qiu;  ce  n'a  élé  que 
bien  tard  qu'ils  se  sont  trouvés  fon  es  de  le  dire,  ac- 
cablés parles  preuves  des  catindiques,  ou  qu:;  ce  n'a 
élé  (pie  (piehpies  parliculiers,  peut  élre  plus  modérés 
que  les  autres,  et  que  les  péchés  dont  ils  parlaient 
n'étaient  que  des  péchés  légers,  qni  n'étaient  point 
sujets  à  la  pénitence  canonique  dans  l'Église.  D'où 
vient  que  S.  A'.ubroise  (2)  se  faisant  celle  objection, 
mais  ils  disent,  qu'excepté  les  plus  qrands  crimes,  ils  ac- 
cordent le  pardon  des  plus  légers;  «  sed  aiunt  se,  exce- 
t  ptis  gravioribus  criminibus,  relaxare  veniam  levioribus  ;  i 
regarde  cela  conmie  nouveau  parmi  les  Novaliens. 
Non  hoc  quidem...  SoviUianus  ail.  Ce  n'est  point  ce 
que  dit  Novalien. 

CHAPITRE  11. 

0»^  la  rigueur  dont    quelques  églises  ont  usé  ancienne' 

ment  à  l'égard   de  certains  pécheurs    à  qui  on   refu- 

Sdit  il  communion,  même  a  la  mort,  n'a  rien  de  commun 

O'^ec  tes  erreurs  des  Montanistes  et  des   Novadcns. 

Deux  choses   oui  pu  contribuer  à  acrrt'diter  celle 

hérésie,  l'horreur  qu'avaient  du  crime  I  s  Chrétiens 

dans  ces  premiers   sièchs,  et  la  rigueur  dont  usaient 

(puil(|ues  ('gjises  .à  Vé'^-.wA  de  certains  pécheurs  à  qui 

elles   refusaient    les  sacrcmcLls  ou  la  lécoKcilialion, 

menu}  à  la  mort. 

Saint  ("iVprien  nous  apjjrciid  dans  sa  leUie  'o'I'  qnc 
cette  discipline  avait  élé  en  vigueur  dans  certaines 
églises  d'Arii(pu\  quoitpielh;  ne  lïil  plus  eu  usage  de 
s<ui  lenqis  :  ii.ais  il  a  Miin  en  même  lem;.s  de  nOiiS 
avertir  que  ceux  qui  en  usaient  de  la  smle  conser- 
vaient la  charité  et  la  coinnumion  avec  ceux  {|ui 
avaienl  plus  de  compassion  i)Om-  les  pécheurs.  Chez 
nos  prédécesseurs,  dit-il  ("»),  quelquesiins  des  évêqucs 
de  cette  provi'icc  ne  crurent  pas  devoir  réconcilier  les 
c.di  Itères  et  les  fornicineurs,  mo-chis,  mi:is  ils  fermè- 
rent cntihcment  la  porte  de  la  pcniienee  aux  adultères. 
C.epend.nlihne  se  s' parèrent  point  de  i:nrscollèiiues,el  ne 
rompirent  point  par  leur  attachement  h  une  discipline  si 
sévère  l'anion  catholique,  de  façon  qu'ils  se  séparassent 
de  ceux  i^ui  recevaient  les  adultères  à  la  pénitence,  de- 
meurant unis  par  les  sacrés  liens  de  ta  concorde  tes  uns 
avec  tes  autres.  <  Apud  aniecessorcs  nnsiros  quidam  de 
•.  episcopis  islic  in  piovincià  noslrà  duidam  paeem  mœ- 


(1)  Lib.  I,c.2. 

(-2)  Ibid. 

(5)  Lp.  u2.C'esl  la  S'j*  de  Tédilion  de  d'Oxferd. 


559  lîISTO'RE  DES 

<  cliistwn  putnvrritut  ;  non  t".men  à  coopii^co;  oruin  suo- 
«  nun  colli'jiio  rrcesscmni,  tint  ra'holicœ  l'.cclfsiw  uni 
f  tatem  vel  duritiw,  vcl  ccnsnrœ  suœ  ibstinatioue  tii^w- 
t  rtait,  ut  quia  iipud  ulios  adulteris  pax  dubiinr,  qui 
t  non  dabal  de  Ecclesià  aepiiran  lur,  mancnlc  coticor 
(  diœ  vinrulo  et  persiverunte  cuthoUcœ  sncrameitto.  » 
Sailli  Cypiieii  no  ii(iii<  :t|ipr(Miil  pniiil  ici  si  ces 
ëvéi|iu;s  rccrvaicnl  :i  la  iioiiilrnte  IfS  linmiciiifs  cl  ceux 
qui  avaienl  sacrilié  aux  idulcs  ;  mais  il  sciiiliic  iprils 
ne  doivent  poinl  èlre  plus  iii(liili;eiils  envers  ceux-ci 
qu'envois  les  adiillères,  d'aiilant  pins  que  lui-inème, 
suivant  l'usage  de  son  temp^  ,  iraile  l'id.là  rie  de 
crime  contre  Dieu,  el  l'appelle  le  Irès-grand  <rinie, 
crimen  maximum,  au  lien  ipie  riiimiiride  t  l  i'adullcie 
étaient  selon  lui  de  moindres  crimes,  ([n'il  nomme 
crime  co:ilre  son  frère,  crimen  iti  fra!ieiii. 

Les  évêqiies  du  concile  d'illvire  (1)  dans  la  province 
de  Béliqiie  (2)  en  K-p:ig:!e,  irenrei.l  pas  mi)in>  de 
dureté  (  s'il  m'est  permis  de  me  servir  île  ce  leriii'  ) 
el  cela  paraît  surtout  à  l'égard  de  ceux  ([ni  s'étaient 
rendus  conpahlcs  de  queliiu'nn  des  troi^  grands  cri- 
mes dont  iiniis  venons  de  p:irl.  r,  avec  (piel.pie  dJIfé- 
rciice  néanmoins  par  rapport  à  radullère,  comme 
nous  verrons  bieiuoi.  Le  premier  c.in  n  d"  ce  ccn- 
Cile.  ou  attribué  à  ce  cmicile,  (  car,  sni\;ihl  un  sa- 
vant lioinme  de  ims  jours,  c<'s  eaiions  dKlvire  sont 
plutôt  nue  espèce  de  code  on  recueil  d";iiicieiis  c  nous 
faits  dans  diverses  asseinlilées  i c  lés  ;i>li<pie«.  que  du 
seul  concile  d  tivire.  à  peu  piè-  cnmme  les  camins 
que  Ton  iiotniiie  (apostoliques)  le  piem  tîr  de  ces  ca- 
nons, dis-je,  est  eoiiçii  en  ces  lerinc- :  Il  nous  a  plu 
que  quiconque  éluut  en  âqe  de  r,:i-,o;t  el  après  /.voir 
recule  P.apUme,  irait  à  un  Uv.ple  d'.dole  pouridolà- 
trei-,  et  aurait  lait  ce  qui  est  un  crime  ca;  ilat,  ne  rece- 
vrait point  la  communion  même  à  la  mort,  i  l'ir.cn'l  ni 
I  quicumque  post  fid^m  haplismi  s:.tularis  aduilà  a'tale 
I  ad  lemplum  idoli  idolutairalurus  acres'^ril,  el  fcer  t 
t  quod  est  crimen  capitule,  nec  in  jine  cuiii  ad  com- 
i  munioneni  suscipere.  t 

Les  auteurs  de  ces  canois  élalills^ent  la  même 
chose  dans  le  seco:id.  louciianlcetix  rpii  auront  exercé 
cette  eS|ièce  de  sacerd  ice  que  les  païens  appeMei.l, 
flnminalus.  Et  cela  par  nue  raisoa  beaucoup  plus 
forte,  parce  que,  disent  ces  évèqiies,  lems  sacriliees 
renferment  tro  s  crimes  ,  l'idolâliie,  lliomicide  el 
l'adultère.  Dan-,  le  canon  73*  ils  ordonnent  :  Si  quel- 
que fidèle  est  d.laleur,  el  que  par  ce  moijen  il  fusse  pros- 
crire ou  mettre  à  mort  quelqu'un,  nous  avons  jugé  qu  il  ne 
devait  pas  recevoir  la  communion  même  «  lu  mort.  Que 
si  la  chose  qiCil  aura  déférée  est  de  peu  d'importance,  il  ; 
pourra  recevoir  lu  communion  dans  les  cinq  ans.  Ils 
font  le  même  règlement  dans  le  canon  75*  touchant 
les  faux  témoins  qni  accusent  un  évèqne,  un  prèire  | 
ou  un  diacre,  et  qui  ne  peuvent  prouver  leur  accusa-  i 
tien.  Or  il  s'agit  de  crime  digne  de  niort  dans  ce  ca-  : 

(1)  Elvire  est  une  ville  nujonrd'biii  ruinée,  auprès^ 
de  laquelle  a  été  Iiàlie  cel  e  île  Crenade. 

(2)  La  province  Bèliqiiecom  nu  ait  r.\nd:ilnnsie,  le 
royaume  de  Grenade,  el  quelques  autres  provinces 
des  environs.  I 


SACREMENTS 


360 


non.  comme  i!  pnrnil  pnr  1*»  précédent.  Par  les  e.i- 
noiis  G'  el  (i3'  ds  rernsiiit  aii-si  la  comniimiiin  à  la 
morl  .«nx  lininicides  ipii  >e  semnl  servis  de  malé.'ices 
cl  a  ceux  (pli  :'yani  coiiimi-.  un  ad^.lière  en  amoiit 
!  lait  périr  h;  Iruil,  parce  que,  disent  ct!s  anciens  évé- 
qnes,  ils  ont  c 'in-nis  in  iloiible  criaie:  ceiiv-ci,  en 
ajoutant  l'iioinicide  à  ladullère,  reiix-Ià,  e!i  y  ajon- 
laiil  i'ido'àtrie,  c'est  la  (jiialiticalion  qu'ils  d.mieiit 
aux  malélices.  Et  ils  s'expliipieiit  de  la  sorte  pour 
imihiier  seiileimnl  qu'ils  s(  lit  indignes  de  la  coin- 
miinion,  non  pour  donnera  enleiidie  que  l'atiiiilére  ou 
la  loriiicaiion  ne  mènteni  aucune  peine  caiio  iquc. 

Pour  ce  ipii  esidii  péciié  de  la  chair,  qui  est  la  troi- 
sième espèce  lies  crime- capitaux  chez  les  a,a•ic^^,  ils 
loni  nue  dinéreiive  qui  est  digne  d-  remaïqiitî;  car  ils 
ireNclne..l  p-.s  pour  lo;ijonrs  de  la  CDinmn.iinn  ceux 
ipii  l'ont  t  iimmis,  à  iiieins  qu'ils  iraieinajunle  d'antres 
crimes,  ou  q  iiIn  naienl  fait  quelque  c'iose  pire  que 
radiiliéie.  (i'crt  ce  ipie  nims  allons  vuir  par  les  ca- 
nons suivant.  Voii  i  ce  ijn'iU  disent  dans  ie  ii*  :  Les 
vierq's  qui  u'(,nl  point  conservé  leur  virginité,  si  elles 
épO'  s  m  ceux  avec  ijui  elles  ont  eu  un  •v««i'i.js  commerce 
et  ne  les  id)andiin)tint  vuini,  yaree  quelles  noi!  point 
violé  la  saimeie  des  nocx  s,  après  un  an  de  pénitence  elles- 
d..ivent  être  rccuncil.ies.  Ou  bien  si  elles  ont  péché  av^o 
d'antres  'lommes,  parce  qu  elles  se  sont  abandonnées  à 
l'impadiciié,  nous  avons  ordonné  qu'elles  ne  seraient 
ce,  ?.(■.•>  ri  la  eommituion  au'après  avoir  cccomi^H  légili- 
memrnt  cinq  ans  de  pénitence,  l'ar  où  on  v  .il  cpie  la 
lninicaiion  maniîcsie  est  expiée  pir  cin  i  ans  seule- 
nsent  lie  pé.;itence.  Vel  .-^i  alios  eognoverint,  e'o  quoi 
nmcliaia'  aint,  plaçait  per  qi.iiKiuennii  teinj:ora,  acta  lé- 
gitima pienilentiâ,  admit  i  e.s  ad  eommuni-jnem. 

Mais  liiisqce  l'on  leiomlta.l  dansée  crime  a|).'è«  en 
avoir  lait  pénitence,  on  |erdail,  selon  ces  anciefis 
iVres,  ton  e  c>i  élance  de  icicvoir  la  rommmiion.  S» 
posl  nœni'oiliani  l'i  erinl  mochati,  j  lacui'.  ulterius  liii 
non  esse  ilandam  romiiiitiiionem  {[).  De  pt'iir,  diseni-ils, 
(pi'ils  iKîsemliii  ni  vouloir  se  jouer  de  ia  coiiimniiioa 
lin  Cl)  ps  du  Seigneur.  Se  !usi>>se  de  Duminicà  corr.mu- 
nione  videautur.  La  ii;éme  cl.osc  se  trouve  et  ibliet^ans 
les  canons  7*  et  47*. 

Ailleurs  ces  séNcrescnsures  des  crimes  vont  aussi 
loin  ;  car  ils  n'accordent  point  la  communion  même 
aux  mourants,  s'ils  ont  lommis  des  crimes  plus  grands 
C'i  ce  genre  que  la  lornicaîioa  et  l'adnhère.  Voivii 
comme  ils  s'en  expliquent  dans  le  canon  12*  :  Une 
mère,  ou  tes  parents,  ou  quelque  fuièle  que  ce  soit,  s'tli 
ont  fait  métier  de  prostituer  les  autres,  ne  doivent  point 
recevoir  la  communion  même  à  l'extrémité  de  la  ne  : 
parce  qu'ils  ont  fait  commerce  des  corps  étrangers,  eu 
plutôt  du  leur.  «  Mater,  vel  furcn:es,  vel  qv.a;libet  fide- 
t  lis,  si  Lnocinium  exercuer'il,  c'a  quod  ulienum  vendide  • 
«  rit  corprs,  vel  volius  stium,  j  iucuit  eam  nec  in  fine 
I  communionem  cxcipere.  • 

\t;il.i  ce  que  les  -ivèques  d'Espagne  ont  ordonné 
autrefois  louchant  la  Fénilence,  qui  semble  aulonser 

(1)  Can.  3  conc.  Eliber. 


56C  PÉNITENCE. -SECT.  I.  CIIAP 

les  erreurs  des Montaiiistcs  et  des  Novalions,  iiqiii  on 
reproche  avec  jiisiico  imc  sévérilé,  ou  pliitot  une  du- 
re:é  excessive;  niais  il  n'est  pas  dillicile  de  ju^lilicr 
leur  foi,  et  de  mouirerqu  ils  étaient  bien  éloignés  des 
erreurs  de  ces  schismaliqucs.  Ceux-ci  ne  laissaient  aux 
pi'ciieurs  aucune  espérance  de  réconciliation  ,  parce 
qu'ils  croyaient  que  lÉgiise  n'avait  aucun  pouvoir  de 
remellre  certains  péchés  :  ceux-là  au  contraire  ne 
doutaient  nullement  du  pouvoir  de  l'Eglise  à  cet  égard, 
et  ne  se  conduisaient  de  la  sorte  que  par  économie  et 
par  des  raisons  de  i»rudeiice  qui  nous  sont  présenle- 
jnont  incoinuies,  et  qui  pouvaient  naître  de  dillerenles 
circonstances,  qui,  attendu  la  disposition  des  esprits, 
des  temps  et  des  lieux ,  rendaient  nécessaire  cette 
sévérilé  de  discipline. 

C'est  ce  qui  parait  parles  termes  dont  ils  se  servent. 
<  11  nous  a  semblé  bon  qu'ils  ne  reçoivent  point  la 
communion  même  à  la  mort,  placuit-eos  itec  in  fineac- 
cipere  comumnionem.  >  Si  l'exclusion  leur  a  paru  bonne, 
il  leur  a  pu  aussi  paraître  bon  de  les  recevoir.  De 
plus,  ils  ajoutent  (luelquefois  les  raisons  de  police 
qui  lesonl  engagés  à  user  de  celle  rigueur,  t  De  peur, 
disent-ils  quehiuefois  (1),  qu'ils  ne  semblent  se  jouer 
de  la  communion.!  D'autres  fois (2)  ils  apportent  pour 
raison  le  scandale  et  l'énormilé  du  crime.  Dans  le 
canon  soixanle-cinciuiènie  ils  ajoutent  :  De  peur  que 
ceux  dont  on  doit  attendre  l'exemple  d'une  bonne  vie  ne 
semblent  être  les  maîtres  de  l'impiété,  et  montrer  à  com- 
mettre des  crimes,  n  JSe  ab  his  qui  exemplnm  bonœ  con- 
I  versalionis  esse  debent ,  videnntur  magisteria  scelerum 
c  procedere.  » 

Cela  est  plus  que  suffisant  pour  justifier  les  évêques 
d'Espagne  dont  nous  parlons,  touchant  la  foi  ;  mais  il 
n'est  pas  si  aisé  de  rendre  raison  pourquoi  ils  ne  se 
sont  pas  conformés  au  reste  de  l'Église  sur  la  manière  g 
de  se  conduire  à  l'égard  des  pénitents,  surtout  depuis 
qu'à  roccasion  des  hérésies  des  Montanisles  et  des  i 
Novalious,  celle  discipline  était  devenue  uniforme,  et 
que  la  coutume  de  réconcilier  ceux  qui  avaient  donné 
des  marques  sincères  de  pénitence  avant  la  fin  de 
leur  vie,  avait  comme  force  de  loi  dans  l'Eglise. 

Les  plus  savants  hommes  ont  été  embarrassés  sur 
ce  point ,  et  nous  nous  contenterons  de  rapporter  en 
peu  de  mots  leurs  sentiments,  sans  entrer  nous-mêmes 
dans  aucune  discussion,  ce  qui  ne  convient  point  à  la 
nalure  de  cet  ouvrage,  où  notre  dessein  est  de  rappor- 
ter siiuplcnicnt  les  choses,  y  mêlant  le  moins  que 
nous  pouvons  nos  propres  réflexions.  Le  savant  père 
Morin  (5)  dont  nous  no  sommes,  pour  ainsi  dire,  que 
les  cojùslcs  dans  celte  histoire  de  la  l'énilence,  croit 
qu'il  faut  placer  ce  concile  un  peu  avant  l'année  ioO, 
c'est- à-dire,  avant  l'hérésie  des  Novatiens,  et  depuis 
le  décret  du  pape  Zéphyrin  dont  parle  Tertidiien  en 
ces  termes  insultants,  au  commencement  de  son  livre 
le  la  Puiliciié  qu'il  composa,  comme  nous  avons  déjà 
lit,  étant  Monlaniste,  contre  le  seniinient  de  l'Église 

fl'jCan.  G  et  53. 

(2)  Can.  18. 

('•)  De  Pnenit.  t.  0,  c.  19. 

Til.  XX. 


n.  SUITE  I)U  MÊME  SUJET,  '  S6i 

c:ttli()!i(|ne.  Il  c>l  bon  de  rapporter  ici  les  paroles  de 
cet  honiUK!  encore  pins  fameux  parsa  chuledephuable 
(|uc  par  lesrarc^l;ilciils  avec  lesquels  il  avait  si  utile- 
ment servi  l'Église  jus(|u'alors.  Le  bruit  court  que  le 
souverain  Pontife,  t'évc(iue  des  évêques,  a  proposé  un  édil, 
et  un  édit  péremptoire.  Je  remets  les  péchés  d'adultère 
et  de  fornication  à  ceux  qui  auront  accompli  leur  péni- 
tence. <  Audio  edictum  esse  proposilum ,  et  quidem  pe- 
t  remptorimn;  Pontifex  scilicet  maximus,  episcopus 
f  episcoporum  dicit  :  Ego  et  mœcliia  et  fornicationis 
1  delicta,  pœniteniiù  functis  dimitto.  i  Le  P.  Morin,  après 
avoir  llxé  cette  époque,  ne  trouve  nulle  diflicullé  à 
concilier  les  canons  du  concile  d'Elvire  avec  ce  dé- 
cret que  les  évêques  d'Espagne  ont  pris,  selon  lui,  à 
la  lettre  et  strictement,  sans  étendre  l'indulgence 
au-delà  de  ce  qu'elle  porte.  C'est-à-dire,  qu'ils  ont  usé 
de  la  plus  grande  rigueur  envers  les  idolâtres  et  les 
homicides  en  leur  refusant  la  communion  à  la  mort, 
aussi  bien  qu'à  ceux  qui  auraient  ajouté  au  péché  de 
la  chair  quel(|ue  circonstance  qui  le  rendrait  plusgrief, 
conime  nous  avons  vu  ci-devanl.  Tel  est  l'expédient 
par  lequel  le  P.  Morin  tâche  de  répondre  à  la  difli- 
cullé dont  il  s'agit.  Mais  il  est  abandonné  en  cela  par 
presque  tous  les  savants,  et  certainement  les  preuves 
dont  il  appuie  son  sentiment  sont  bien  faibles. 

Le  P.  Alexandre,  pour  se  tirer  de  cet  embarras, 
prétend  que  les  canons  d'Elvire  ne  refusent  point 
l'absolution  aux  idolâtres ,  mais  seulement  l'Eucha- 
ristie, et  qu'ainsi  ils  ne  tombent  point  dans  la  dureté 
des  Novatiens.  Mais  ils  ne  s'accorderaient  point  pour 
cela  avec  le  décret  de  S.  Cyprien  et  des  autres  évê- 
ques de  son  temps ,  car  on  ne  peut  douter  que  ce 
décret  n'accordât  rEucharislie  aussi  bien  que  l'abso- 
lution. D'ailleurs,  dit  M.  de  Tillemont,  je  ne  crois  pas 
qu'on  puisse  montrer  qu'on  ait  rcfiisé  l'Eucliarislic 
dans  l'aniiquilé  à  ceux  à  qui  l'on  accordait,  l'absolution 
dont  l'Eucharistie  élait  regardée  comme  le  sceau  et 
l'accomplissement.  Le  P.  Alexandre  avoue  au  moins 
que  ces  deux  choses  ne  se  séparaient  jamais  du  temp^ 
de  S.  Cyprien.  Il  s'étend  beaucoup  pour  prouver  que 
la  communion  ,  dans  le  concile  d'Elvire,  est  l'Eucha- 
ristie :  mais  il  no  dit  rien  pour  montrer  que  l'on  ac- 
cordait l'absolution  à  ceux  à  qui  on  refusait  l'Eucha- 
ristie. 

Le  même  M.  de  Tillenionl  (1)  est  du  sentiment  de 
Mendoza,  qui  met  la  tenue  du  concile  d'Elvire  vers  la 
fin  du  troisième  siècle  ou  au  commencement  du  sui- 
vant, c'est-à-dire  en  ôOO  ou  501,  et  il  en  apporte  plu- 
sieurs preuves  qui  paraissent  convaincantes ,  ou  qui 
prouvent  au  moins  incontestablement  qu'on  n'en  peut 
faire  remonter  l'époque  plus  haut.  Nous  ne  les  rap- 
porterons pas  ici,  de  peur  de  nous  écarter  de  notre 
dessein  ,  nous  contenlanl  de  copier  ce  qu'il  dit  pour 
la  justification  des  pères  d'Elviro.  Voici  ses  paroles  : 
Je  ne  sais  si  le  plus  court  ne  serait  point  d'avouer  que , 
même  après  le  décret  par  lequel  on  avait  accordé  la  paix 
et  ta  conntiunion  aux  tombés  ,  les  évêques  d'Espagne  ont 

(1)  Tom.  7  Ilisl.  Eccles.,  p.  712  e!  soq. 
12 


S63 


jugé  à  promis  (Ccn  IvaUcr  (incUjues-utDi  avec  plus  de  se-  »| 
vérité ,  parce  qiCils  croyaient  ([nelle  était  plus  utile  à  \ 
leurs  églises ,  usant  de  la  liberté  quant  les  évêques  de 
régler  les  choses  de  discipline  selon  qu'ils  le  jugent  plus  à 
propos  pour  le  salut  des  âmes  que  Dieu  leur  a  confiées. 
Ils  peuvent,  dit  Baronius,  avoir  eu  de  justes  raisons  d\'m- 
ploijer  des  médicaments  plus  furls  ;  car  tout  ce  qui  se  pas- 
sait alors  n'est  pas  venu  à  notre  connaissance  ,  et  qui  ac- 
cusera les  élus  de  Dieu  ?  Le  même  cardinal  a  cru  qu'ils 
avaient  eu  une  sévérité  extraordinaire ,  et  qu'ils  avaient 
effeclivemenl  refusé  lu  communion  aux  tombés  sans  res- 
triction. Mais  au  lieu  de  les  blâmer,  il  soutient  que  per- 
sonne ne  doit  être  assez  hardi  pour  le  faire ,  et  il  se  ré- 
tracte de  ce  qu'il  avait  parlé  un  peu  trop  librement  de  ces 
très-saints  pères,  comme  il  les  appelle.  Lo  cardinal 
Bona  (l),fnii  semble  vouloir  suivre  le  sonlimenl  du 
P.  Moriii  que  nous  avons  expliqué  ci-dessus,  place 
néanmoins  le  concile  d'Elvire  vers  la  Un  du  troisièuio 
siècle,  et  par  conséquent  il  doit  excuser  sa  sévérité  à  j 
peu  près  comme  le  cardinal  Baronius  et  M.  de  Til- 
lomont.  j 

On  peut  appliquer  aux  églises  d'Afrique,  dont  parle 
S.  Cyprien  dans  le  passaj'O  que  nous  avons  rapporté 
au  commencement  du  chaj)itre,  ce  que  nous  avons  dit 
pour  justilier  les  évoques  d'Espagne ,  avec  d'autant 
plus  de  fondement  que  celle  rigueur  à  l'égard  de  cer- 
tains pécheurs  était  en  usage  cliez  elles  avant  l'Iiérésie 
des  Novatiens  ,  et  avant  que  la  pratique  opposée  eût 
comme  passé  en  loi. 

Mais  il  est  inutile  d'en  faire  rapiilic;itioii  aux  églises 
de  Rome, de  Carthage  etd'Orient,que  Terlullien  accuse 
d'avoir  refusé  la  communion  à  la  mort  aux  idolâtres 
et  aux  homicides  pénitents  :  car  rien  n'est  si  aisé  que 
de  faire  voir  le  contraire  de  ce  que  Tertullien  leur 
impute  sur  ce  sujet  dans  les  ouvrages  qu'il  a  composés 
depuis  qu'il  eut  embrassé  les  erreurs  de  Montan  ,  et 
nous  n'avons  besoin  pour  réfuter  Terlullien  que  de 
Tertullien  lui-même,  tant  il  est  sujet  à  se  laisser  em- 
porter dans  la  dispute  i\  l'impétuosité  de  son  génie. 

A  entendre  cet  auteur  dans  son  livre  de  Pudicitià, 
rien  ne  paraît  si  certain  ,  puisqu'il  argumente  très- 
souvent  de  celte  sorte  contre  les  catholiques  pour  prou- 
ver fiu'on  ne  devait  point  recevoir  à  la  communion 
ceux  qui  s'étaient  souillés  par  le  crime  d'im|)urelé. 
'  \ous  n'accordez  pas  la  paix  et  la  communion  aux  ido- 
lâtres et  aux  homicides,  pourcpioi  l'aceordez-vous  aux 
impudiques?  S'il  la  faut  accorder  aux  impudiques, 
pourquoi  pas  aux  idolâtres  et  aux  homicides?  Il  se 
met  ensuite  en  frais  pour  prouver  que  le  péché  d'im- 
purelé  n'est  pas  un  moindre  crime  que  les  deux  antres. 
Enlin  il  termine  son  livre  par  ce  raisonnement  : 
Quelque  autorité ,  quelque  raison  que  l'on  ail  pour  rendre 
la  communion  ecclésiastique  aux  adultères  et  aux  forni- 
cateurs ,  les  mêmes  doivent  nous  engager  à  recevoir  les 
idolâtres  et  les  homicides  qui  se  repentent.  «  Quœcumque 
t  auctor'itas ,  quœcumque  ralio ,  mœcho  et  fornicalori 
I  pacem  ecclesiaslicam  reddil ,  eadem  debcbil  mœcho  et 
t  idololatrœ  pœnitentibus  subvcnire.  » 
(1>  Eit.  1.  l,  c.  14,  §5. 


JllslOlUE  Dl.S  SAtiKEME.MS.  3Gi 

On  ne  peut  rien  dire  de  pln^  positif.  Et  (  <-pen(ianl  rien 
n'est  plus  faux  que  ce  (jue  Tei  lullicn  suiijidse  être  en 
usage  dans  ces  églises  :  cela  parait  évidemment,  pre- 
mièrement p,ar  ce  (ju'il  dit  Ini-mème  au  commence- 
ment du  livre  que  nous  avons  si  souvent  cité,  où  il 
avoui;  qu'il  a  changé  de  sentiment  sur  cette  matière  , 
et  ([u'il  se  soucie  fort  peu  qu'on  l'aecuse  de  légèreté. 
liOrs  donc  qu'il  écrivait  le  livre  de  la  l'énilcnce,  il 
pensait  diflércmment  que  lorsqu'il  écrivait  celui-ci, 
où  il  s'applique   tout  entier  à  prouver  qu'il  y  a  deux 
(îspèces  de  péchés,  les  uns  rémissiblcs,  les  autres  ir- 
rémissibles. Cela  |)arail  de  plus  par  les  passages  que 
les  Catholiques  alléguaient  contie  lui,  et  auxipiels  il 
s'efforce  de  répcuidie,  entre  autres  à  celui-ci  de  saint 
,lean  (Ep.  1  ),  le  sang  de  Jésus  Christ  nous  purifie  de 
tout  péché.  IJifiîi  peut-(m  ntieux  s'exprimer  là  dessus 
qu'il  avait  l'ail  lui  même  au  nom  de  l'Eglise  catîioliquc 
dans  son  livre  de  la  Pénitence  dont  je  me  conlenic  de 
rapporter  cet  endroit?  Celui  qui  a  destiné  des  peines 
pour  tous  les  péchés,  soit  de  la  chair,  soit  de  l' esprit,  sait 
de  fait ,  soit  de  volonté ,  leur  a  en  même  temps  promis 
le  pardon  par  la  Pénitence,  a  Omnibus  ergo  deiictis,  scu 
«  carne,  seu  spirilu,  seu  fado,  seu  voluntate  commissis  , 
i  qui  pœnam  per  judicium  des  inavit ,  idem  et  vcniani 
«  per  Pœnilent'iam  spoponditi  (Lih.  de  Pœnil.  c.  A). 
Ajoutons  à  tout  cela  que  dans  le  li\re  même  où  il 
accuse  les  callioliijues  sur  ce  point,  il  se  contredit 
grossièrement ,  puisque  sur  la  fin  il  re|)reud  les  Ca- 
tholiques de  ce  qu'ils  accordaient  le  pardon  aux  lapses 
à  la  prière  des  martyrs.  Or  tout  le  monde  sait,  et 
S.  Cyprien  en  rend  témoignage  eu  cent  endroits  de 
ses  écrits,  (pic  c'était  surtout  poiu-  ceux  cpii  avaient 
sacrifié  aux  idoles  que  les  martyrs  intercédaient. 

Mais  en  voilà  assez  là-dessus;  revenons  maintenant 
à  ce  qui  a  un  rapport  plus  immédiat  au  tribunal  que 
Jésus-Christ  a  établi  dans  son  Église  pour  y  juger  les 
pécheurs. 

CHAPITRE  m. 

Le  for  ecclésiastique  n'était  point  autrefois  divisé  en 
deux  comme  aujourd'hui.  Quelle  était  son  étendue. 
Comment  les  princes  l'ont  augmenté  ou  diminué  en 
différents  temps.  Ce  qui  y  a  donné  occasion.  En  quel 
temps  il  a  été  divisé  en  for  intérieur  et  extérieur. 


Ouoi(pic  les  évêques  aient  inlroduit  divers  change- 
mcnls  en  différents  temps  et  pour  de  bonnes  raisons 
dans  la  discipline  de  la  Pénitence,  ils  ont  cependant 
retenu  constamment  la  juridiction  à  l'égard  de  tous 
les  crimes,  soit  capitaux,  soit  moindres  ;  soit  cachés, 
soit  publies  ,  en  vertu  de  l'aulorilé  (pie  Jésus-Ciuist 
leur  a  confiée  pour  lier  les  pécheurs  et  les  absoudre, 
sacrameniellcmeiil  :  el  il  n'y  eut  dans  l'Eglise  pendant 
onze  cents  ans  qu'un  seul  el  même  lri!)unal  pour  con- 
naître des  crimes  ou  des  fautes  plus  légères  pour  en 
juger,  et  apporter  les  remèdes  convenables  aux  ma- 
ladies des  âmes. 

On  ne  voyait  i)oinl  en  ce  lemps-là  deux  tribunaux 

dont  l'mi  donnât  l'absolution  sacramentelle,  comme 

1  parlent  ks  lliéoloi^'ieus  et   les  canonistes,  et  l'aulre 


565  PÉNITENCE.  —  SECT.  I.  CIÏAP.  III. 

l'absoliilion  de  rexcoinnuinieation ;  mais  il  ny  avait 
qu'une  mémo  personne,  savoir  :  Tévèque  ou  le  prèlre 
qui  présidât  dans  l'unique  tribunal  de  TEglisc,  cl  qui 
exerçât  son  pouvoir  tant  à  l'égard  des  cxcoinniuniés 
que  des  autres  péclieurs ,  soit  que  d'cux-nièuies  ils 
confessassent  leurs  crimes,  soit  qu'ils  en  fussent  con- 
vaincus en  présence  de  l'évoque  ou  du  prêtre  qui  gou- 
vernait le  peuple  cluélien,  et  enlin  de  qucliinc  manière 
que  les  fautes  que  cominctlaienl  les  fidèles  vinssent  à 
la  connaissance  de  celui  à  qui  le  salut  de  leurs  âmes 
était  confié. 

Aussitôt  donc  que  celui-ci  découvrait  les  crimes , 
il  se  mettait  en  devoir  de  les  punir  ;  si  les  coupables 
ne  s'accusaient  pas  euxrnèmes,  il  les  averiissait  d^: 
recoin-ir  au  remède  salutaire  de  la  pénitence;  il  exa- 
minait la  nature  et  les  circonstances  des  délits,  et  ap- 
portait d  s  remèdes  proportionnés  aux  maux,  c'et-à- 
dire,  qu'il  imposait  des  pénitences  plus  ou  moins 
grandes  suivant  la  qualité  des  fautes.  Il  examinait  en- 
suite soigneusement  si  les  pénitents  s'acquittaient  avec 
zèle  et  exaciiiude  des  exercices  laborieux  (|u'on  leur 
avait  prescrits,  et  s'il  voyait  qu'on  se  livrât  avec  ar- 
do'jr  aux  travaux  de  la  Pénitence,  et  que  les  péclicuis 
fussent  touchés  d'une  vive  componction  ,  il  abrégeait 
le  tenii)s  prescrit  par  les  canons  pour  l'expiation  des 
criuies,  et  les  recevait  i>lus  tôt  à  la  communion  :  au  lieu 
que  s'ils  se  conduisaient  noncbalammenl  et  n'embras- 
saient pas  avec  une  ferveur  extraordinaire  ces  mêmes 
travaux,  il  leur  laissait  acconi|)lir  le  temps  prescrit  par 
les  canons  et  les  usages  dans  chaque  église,  sans  en 
rien  diminuer;  et  ce  terme  expiré,  il  les  recevait  à  la 
sainte  comnumion ,  leur  remettant  leurs  pécliés  et 
n'usant  point  d'autre  formule  pour  les  exconununios 
<jue  pour  les  autres,  coupables  de  moindres  crimes. 

11  est  assez  inutile  de  nous  mettre  en  devoir  de 
prouver  ce  que  nous  avançons  touchant  la  manière 
dont  les  pasteurs  se  conduisaient  anciennement  à 
l'égard  de  toute  soi  te  de  pécheurs,  de  quelque  espèce 
de  crimes  qu'ils  fussent  atteints  :  tout  ce  que  nous 
dirons  dans  la  suite  de  ce  livre  en  fera  la  preuve.  Je 
me  contenterai  donc  pour  le  présent  de  rapporter  un 
passage  de  S.  Ambroise  qui  prouvera  qu'il  n'y  avait 
qu'un  seul  tribunal  dans  l'Kglise ,  soit  qu'on  usât  de 
«pielque  espèce  de  procédure  pour  découvrir  les  cou- 
pables, soit  qu'ils  se  découvrissent  d'eux-mêmes.  Et 
ensuite  je  citerai  quelques  canons  des  conciles  pour 
faire  voir  ce  que  nous  avons  dit,  que  l'évèquo  avait  le 
pouvoir  d'abréger  le  temps  de  la  Pénitence  canoniqin; 
CD  faveur  de  ceux  qui  donnaient  des  marques  d'un  plus 
grand  repentir. 

Pour  ce  qui  est  du  premier  point,  S.  Andiroise  nous 
■n  fournira  un  exemple  remarquable  (1).  C'est  dans 
son  livre  adressé  à  une  vierge  ipii  s'était  laissé  cor- 
rompre. 11  nous  y  apprend  en  peu  de  mots  de  quelle 
manière  ceux  qui  présidaient  au  tribunal  de  la  Péni- 
tence avaient  coutume  de  rechercher  ,  de  prouver  et 
de  punir  les  crimes  même  les  plus  cachés.  Voici  comme 

(!)  Ambr.  I.  ad  virg.  lapsam,  c.  16. 


.  DE  FOU  ECCLÉSIASTIQUE  ANCIEN.  SOG 

il  parle  à  celle  vierge  :  Il  y  a  environ  trois  am  (junn 
bruit  sourd  s  étant  répandu  sur  votre  compte ,  vous  pré- 
tendiez être  entièrement  innocente  ;  vous  demandiez  pu- 
bliquement dans  t'i'ylise  vengeance  de  ceux  qui  avaient 
mal  parlé  de  vous.  Que  d'embarras  n'eus-je  pas  puur  lors 
à  votre  sujet  ?  Que  de  peines  ne  sou/frit  pas  votre  père 
pour  soutenir  votre  réputation  ?  Nous  n'épargnâmes  au- 
cune recherche  pour  découvrir  enfin  l'auteur  de  ce  mau- 
vais bruit  :  car  c'était  pour  tmus  quel'pie  chose  de  bien, 
triste ,  et  même  d'insupportable ,  que  l'on  débitât ,  ou 
que  l'on  crût  qu'une  vierge  consacrée  à  Dieu  se  fût  dés- 
honorée. Cependant  vous  n'avez  point  été  touchée  dô 
cela ,  et  vous  n'avez  point  craint  de  tenir  une  conduite 
qui  réjouit  vos  ennemis ,  et  qui  vous  attire  l'indiqnalion 
de  cettx  qui  travaillaient   à  rélabiir  votre  réputation. 

<  Ciim  antc  triennium  rumor  quidam  et  susarralio  de  te 
«  fnisset,  tu  sinccrilatem  prœlcnd.bas  ;  vindiclamdemu- 
«  ledicis  in  ecclesià  postulubas  publiée.  Quos  œstus  eqo 
I  snslinui?  quos  paler  tuns  pro  tuà  oplnione  suslinuit 

<  labores ,  requirentes  singulos  ,  singulos  astringentes 

<  ut  ad  auctorem  infamiœ  voùremus  ?  Gruve  enim  crat 
i  nobis  et  intolerabile  de  Dei  virgine  turpe  aliquid  dici 
i  vel  credi.  Nec  hoc  verila  es,  nec  ante  oculos  liabuisli, 
«  7ie  veniresinimicistuisgnudium,  et  eoshabcresinfensos 
«  qui  pro  tuà  opinione  laborabanl.  t 

Ce  seul  passage  suffit  pour  prouver  ce  que  nous 
avons  avancé  de  l'unique  tribunal  de  l'Kglise.  Au- 
jourd'hui une  pareille  affaire  serait  du  ressort  du  for 
extérieur  et  conlenlieux ,  roflicial  en  connaîtrait  ; 
dans  ce  temps-îà  toutes  ces  enquêtes  ne  se  liiisaieu». 
que  pour  connaître  celui  qui  avait  fait  la  faute,  l'eu 
gager  à  en  faire  pénitence,  et  l'absoudre  après  (|u'k 
l'aurait  accomplie,  et  rétablir  la  réputation  cette  viergo 
à  laquelle  il  avait  donné  atteinte  par  ses  médisances. 

Venons  à  présent  au  second  point  dont  nous  avons 
fait  mention  ci-dessus,  savoir,  que  les  évoques  avaient 
droit  d'abréger  le  temps  de  la  Pénitence  en  Aiveur  de 
ceux  qui  étaient  plus  vivement  touchés  de  leurs  fau- 
tes, et  donnaient  des  preuves  plus  marquées  de  leur 
douleur. 

Quoiju'il  y  eût  des  lois  tant  générales  que  locales  , 
pour  ainsi  dire,  qui  réglassent  l'ordre  et  le  temps  de 
la  Pénitence;  il  est  cerlain  néanmoins  que  b^s  éèqui'S 
étaient  en  droit  d'abréger  ce  temp. ,  et  de  Aiire  quel- 
ques changements  dans  l'ordre  et  la  manière  d'ac- 
complir la  pénitence  canonique.  Et  cela  était  fondé 
siu-cc  qu'ils  étaient  les  successeurs  non  seulement  de 
l'anlorité  de  Jésus-Christ ,  mais  rnoore  de  sa  cbirilé; 
et  qu'ils  se  considéraient  tout  à  la  ïo'\<  comme  b-s  ju- 
ges ,  les  pères  et  les  pasteurs  des  fidèles  confiés  à 
leur  soin.  Ceci  est  important,  puisque  c'est  la  source 
des  indulgences  ,  comme  nous  parlons  aujourd'hui.  Il 
faut  donc  le  prouver  par  des  amorites  auxfiiiolfs  il 
n'y  ait  point  à  répliquer.  Voici  comme  le  concile  de 
Nicée  (c.  li)  s'exprime  là-dessus  :  Quiconque  étant  pé- 
nétré de  la  crainte  de  Dieu  témoignera  par  ses  larmes,  s(t 
patience  et  ses  bonnes  œuvres,  qu'il  a  changé  cffeelivc- 

Imenl  de  vie,  sera  par  le  mérite  dis  prières  rétabli  dans  la 
communion ,  après  avoir  acromffli  h-  i^wpa  maravé  pour 


J67  ,.  HISTOIRE  DES 

celle  station  de  la  pénitence  qu'on  appelait  des  auditeurs. 
Outre  quil  est  permis  à  Cévêque  d'en  user  avec  lui  avec 
plus  de  douceur.  Mais  pour  ceux  qui  ne  sont  pas  si  tou- 
chés ,  qui  s'embarrassent  peu  de  l'état  oii  le  péché  les  a 
réduits,  et  qui  s'imaginent  que  c'est  assez  de  venir  à  l'église 
pour  se  convertir ,  quon  ne  leur  diminue  rien  du  temps 
marqué  pour  la  Pénitence,  i  Quicumque  metn  et  lacry- 
t  7nis,  et  totcrantià  ,  et  bonis  opcribus  conversionem  cl 
I  opère  et  habitu  ostendunt,  hi  impleto  audilionis  lem- 
€  pore  ad  quod  prœfinitum  est ,  merito  oralionum  com- 
c  munionem  habebunt ,  cum  eo  quod  etiam  liceat  episcopo, 
f  humaiiius  aliquid  de  islis  statnere ,  >  elc. 

Le  concile  d'AiicyrenV'sl  pas  moins  exprès  sur  cela, 
et  donne  aux  évè(ities  le  droit  non  seulement  de  di- 
minuer le  temps  de  la  Pénitence  canonique,  mais  en- 
core celui  de  la  prolonger  en  cas  qu'ils  le  jugent  né- 
cessaire pour  l'avantage  des  pécheurs.  Nous  avons 
ordonné  ,  disent  ces  pères  (  can.  5) ,  dont  les  canons 
sont  devenus  partie  du  code  général  de  l'Église  ,  que 
les  évêques  ,  après  avoir  examiné  la  manière  de  se  con- 
duire des  pénitents,  aient  la  puissance  d'user  de  clémence 
ou  d'y  ajouter  plus  de  temps.  Avant  toutes  choses,  qu'ils 
examinent  la  vie  qui  a  précédé  et  celle  qui  a  suivi ,  et 
qu'après  cela  ils  usent  de  clémence  envers  eux.  Ce  con-  ' 
cile  avait  établi  la  même  chose  dans  le  second  de  ses 
canons  qui  regarde  la  Pénitencedes  clercs;  il  s'expri- 
me ainsi  :  Nous  ordonnons  que  tes  évêques,  après  avoir 
e3:anii>ié  leur  vie ,  aient  le  pouvoir  d'user  de  clémence  , 
ou  de  prolonger  le  temps  de  la  Pénitence.  Mais  qu'avant 
toutes  choses  ils  examinent  leur  vie  précédente  et  celle 
ifu'ils  ont  menée  depuis,  et  qu'ils  règlent  ainsi  la  manière 
dont  ils  doivent  user  de  clémence  envers  eux. 

Ce  tribunal  sacré  qui ,  dans  les  premiers  siècles, 
était  occupé  par  l'évêque  environné  de  ses  prêtres 
avec  qui  il  composait  comme  le  sénat  de  l'Eglise  ,  et 
.iuqucl  présida  depuis  l'évêque  seul ,  devint  si  respec- 
table aux  fidèles  à  cause  de  la  pureté,  de  l'équité,  de 
!a  science  et  de  la  bonne  foi  de  ceux  qui  y  réglaient 
les  choses  ,  que  tout  le  inonde  s'en  rapportait  volon- 
tiers à  eux  pour  les  dilïércnds  ,  même  sur  les  affaires 
civiles  qui  survenaient  entre  les  chrétiens  ;  en  quoi  on 
■suivait  avec  plaisir  l'intention  de  saint  Paul,  qui  ne 
veut  pas  que  les  fidèles  aillent  plaider  devant  les  tri- 
bunaux des  juges  païens. 

Jl  arriva  même  qu'après  que  les  empereurs  se  fu- 
rent convertis  à  la  foi  et  que  les  juges  et  les  magistrats 
furent  devenus  chrétiens,  la  plupart  aimèrent  mieux 
terminer  leurs  différends  par  l'arbitrage  des  évêques, 
qui  n'étaient  que  trop  occupés  de  ces  sortes  d'affaires, 
comme  S.  Augustin  s'en  plaint  souvent,  et  quePossi- 
dius  le  rapporte  dans  sa  vie. 

Les  empereurs  se  tirent  aussi  comme  un  devoir 
d'étendre  l'autorité  de  ce  saint  tribunal.  Constanlin-le- 
Grand  fit  pour  ce  sujet  un  édit  célèbre  qui  se  lit  à  la 
fin  du  code  Théodosien,  par  lequel  il  permet  à  tous 
les  ppuples  de  porter  leurs  causes  pardcvant  les  évê- 
ques, soit  en  demandant,  soit  en  défendant,  soitavant, 
soit  après  avo'  intenté  action,  pourvu  que  les  juges 
n'eussent  pas  ..ncore  prononcé.  Il  défendit  de  ]>ius 


SACREMENTS.  -  '        368 

d'appeler  de  la  sentence  des  évêques,  et  voulut  qu'elle 
fût  exécutée  aussitôt  par  ses  juges  et  même  par  les 
préfets  du  prétoire.  El  voici  la  raison  qu'il  rendit  d'un 
édit  si  honorable  pour  l'Église  (1)  :  Car  l'autorité  sa^ 
crée  de  la  religion  recherche  et  met  au  jour  plusieurs 
choses  qu'une  prescription  de  mauvaise  foi  empêche 
qu'on  ne  puisse  évincer  en  jugement.  «  Multa  enini  quce 
«  in  judicio  copiosœ  prœscriptionis  vincula  7wn  patiun- 
i  tur,  invesligat  <  t  promit  sacrosanctœ  religionis  aucto- 
€  ritas.  i  Par  où  l'on  voit  que  ce  prince  fait  allusion 
à  ce  qui  se  pratiquait  j)armi  les  chrétiens  que  les 
motifs  do  la  religion  engageaient  à  découvrir  leurs  * 
crimes  cachés,  à  en  subir  la  peine ,  et  à  réparer  de 
bon  cœur  le  tort  qu'ils  auraient  pu  faire  à  d'autres. 
L'empereur  Tliéodose  confirma  cet  édit  qui  attira  une 
foule  d'affaires  aux  évêques  qui  devinrent  ainsi  juges 
des  causes  civiles,  non  seulement  des  chrétiens  les 
uns  avec  les  autres,  mais  aussi  de  celles  qui  étaient 
entres  les  chrétiens  et  les  païens. 

Cependant ,  quelques  années  après  ces  empereurs, 
les  choses  changèrent,  et  cette  grande  autorité  des 
évêques  commença  à  diminuer  insensiblement;  car 
non  seulement  les  chrétiens  cessèrent  de  s'adresser 
aux  évêques  et  à  l'assemblée  des  prêtres,  pour  porter 
leurs  causes  devant  les  tribunaux  des  juges  laïques, 
mais  ils  y  portèrent  même  les  causes  ecclésiastiques 
qui  regardaient  les  laïques.  Les  choses  allèrent  plus 
loin,  les  clercs  eux-mêmes  s'adressèrent  souvent  aux 
juges  séculiers  pour  en  avoir  justice. 

Les  évêques  s'opposèrent  fortement  à  ces  deux 
abus  :  ils  revendiquèrent  leurs  droits,  et  défendirent 
sévèrement  que  l'on  portât  pardevant  les  magistrats 
les  causes  eccléaiastiques,  quoitju'elles  regardassent 
les  laïques,  et  que  les  clercs  s'adressassent  à  d'autres 
qu'à  eux  dans  leurs  affaires  de  quelque  nature  qu'elles 
fussent.  C'est  ce  que  prouvent  une  infinité  de  canons 
des  conciles, et  les  plaintes  que  font  là-dessus  plu- 
sieurs des  anciens  évêques. 

Nonobstant  cela,  les  tribunaux  séculiers  ne  furent 
point  abandonnés,  et  ceux  des  évêques  n'en  furent  pas 
plus  fiéquentés,  soit  que  les  chrétiens  crussent  que  ce 
que  l'Apôlre  avait  dit  touchant  les  juges  de  son  temps 
qui  étaient  tous  païens,  ne  regardait  point  ceux  du  leur 
qui  étaient  chrétiens  et  souvent  gens  de  bien  et  éclai- 
rés, soit  que  la  C(mfiance  que  s'étaient  attirée  les  an- 
ciens évêques  fût  diminuée  à  l'égard  de  leurs  succes- 
seurs. Ainsi  il  arriva  insensiblement  que  les  évêques 
convinrent  ou  au  moins  souffrirent  que  les  causes  civiles 
et  criminelles  des  chrétiens  fussent  portées  parde- 
vant les  magistrats  ;  ils  se  défirent  ainsi  volontiers  de 
cette  foule  d'alfaires  tumultueuses,  et  ne  retinrent  que 
les  causes  des  clercs  et  celles  des  laïques,  en  tant 
qu'elles  avaient  un  rapport  direct  au  spirituel  :  néan  i 
moins  cette  condescendance  des  évêques  n'empêcha 
pr.s  que  les  magistrats  n'empiétassent  sur  l'autorité 
ecclésiastique,  et  n'y  fissent  de  grandes  plaies,  sur- 
tout après  que  l'empereur  Justinien  eut  autorisé  par 

(l)Co(l.  Theod.  in  fine,  le^e  1  de  episcopali  Jui 
dicio. 


SC9  PÉNITENCE.  -  SIXT.  I.  CHAI'.  IM.  I> 

se»  édits  le  recours  aux  juges  hiiiiucs   eu  plusieurs 
cas. 

Les  choses  luieul  à  pou  près  sur  ce picd-là  jusqu'au 
règne  (les  empereurs  Francs,  Cliarleniagne,Louis-le- 
Dcbonnaire  et  sesenfanls,  quireudireul  aux  ecclésia- 
stiques leur  ancienne  aulorilé  par  rapport  aux  causes 
des  laïques,  et  rejoignirent  de  nouveau  le  for  judi- 
ciaire au  for  péniionlici,  au  moins  dans  les  Gaules, 
rAllemagne  cl  l'Italie. 

Il  y  avait  alorsdeux  espèces  de  crimes,  dont  les  uns 
étaient  punis  par  le  magistrat,  comme  le  vol  et  l'Iio- 
micide  ;  les  autres  ne  relaient  pas,  comme  la  fornica- 
tion et  rusiH-e.  Dans  l'une  et  dans  l'autre,  voici  com- 
ment on  se  conduisait  :  dans  la  première  espèce,  si 
les  coupables  étaient  punis  de  mort,  il  ne  restait  rien 
à  faire  à  l'Église  que  de  les  réconcilier.  Que  si  on  ne 
les  condamnait  point  à  la  mort,  on  les  obligeait  de 
faire  Pénitence  publique.  Dans  la  seconde  espèce, 
l'Ègli^e  niellait  le  pécheur  en  Pénitence  pu!>lique.  Il 
arrivait  même  souvent  dans  ce  temps-là,  que  le  cri- 
minel condamné  par  le  magistral  pour  quelque  crime 
que  ce  fùl,  était  soustrait  à  sa  juridiction  en  recou- 
rant à  la  Pénitence  publique.  C'est  ce  que  nous  pour- 
rons voir  plus  au  long  dans  la  suite  (l).Ceci  était 
encore  en  usage  dans  le  douzièujc  siècle,  comme  il 
serait  aisé  de  le  prouver  par  plus  d'un  exemple,  quoi- 
qii'après  la  division  de  l'empire  français  et  les  guerres 
civiles  survenues  dans  le  9'  et  10^  siècle,  les  senten- 
ces des  évêques  eu^sent  beaucoup  moins  de  poids  à 
l'égard  des  laï(pies,  dans  les  affaires  civiles. 

Mais  environ  l'an  ilOO  ou  un  peu  après,  l'u- 
sage des  anciennes  pénilenees  commençant  à  s'abo- 
lir, l'aulorilé  épiscopale  devint  très-grande  en  Occi- 
dent, par  rapport  aux  affaires  civiles  des  laïques,  et 
dans  ce  temps  même  la  théologie  scholastique  ayant 
commencé  à  s'établir  et  s'élant  emparée  bientôt  des 
écoles,  le  for  pénitentiel  commença  aussi  à  être  sé- 
paré dans  la  pratique  du  for  judiciaire,  et  l'un  et 
l'aiilre  fureni  confiés  à  des  personnes  différentes,  alin 
que  les  évèqiies  ne  fussent  point  accablés  d'une  foule 
innombrable  d'affaires  tant  des  laïques  que  des  ec- 
clésiasiiques.  Et  quoique  le  for  pénitentiel  soit  bien 
au-dessus  de  l'autre  par  l'aulorilé  dont  Jésus-Clirist 
l'a  fiil  dépositaire,  par  la  grandeur  et  l'excellence  du 
pouvoir  qui  s'y  exerce,  et  les  grâces  qui  y  sont  alta- 
cliées  ,  on  confia  néanmoins  le  for  judiciaire  à  quelque 
prêlre  distingué  dans  le  clergé,  et  qui  devait  avoir 
une  prééminence  et  quelque  autorité  sur  les  autres, 
tandis  que  Ton  abandonna  le  for  pénitenliel  aux  prê- 
tres ordinaires,  surtout  à  ceux  de  la  campagne  et  aux 
religieux  des  divers  ordres,  et  surtout  des  mendiants, 
qui  offraient  charitablement  leurs  services  aux  prê- 
ires  préposés  pour  la  conduite  des  fidèles  dans  les 
paroisses. 

Ce  premier  prêlre,  élant  ainsi  devenu  vicaire  de 
l'évêque  ,  connut  des  causes  civiles  et  criminelles  des 
clercs,  et  même  de  plusieurs  de  celles  qui  regardaient 

(1)  Dans  la  3'  section,  part.  3. 


\l  roil  KCCLÉSIASTIQUE  ANCIEN.  570 

les  lai(|ues,  et  cela  avec  l'appareil  et  les  formalités  du 
droit,  le  bruit  el  le  tunuille  du  barreau.  Il  prononçait 
seul  les  censures  ecclésiastiques ,  ou  déclarait  celles 
qu'on  avait  encourues  par  le  droit,  et  les  faisait  exé- 
cuter :  il  en  donnait  de  même  rabsolulion,  qu'il  voulut 
être  distinguée  de  celle  qui  remet  les  pécliés  et  la 
coulpe,  de  peur  que  son  tribunal  ne  se  confondit  avec 
le  for  pénitentiel  et  intérieur,  et  qu'il  n'eût  à  essuyer 
les  fatigues  et  les  embarras  qui  seraient  une  suite  de 
la  confession  secrète. 

C'est  pourquoi  on  inventa  une  nouvelle  formule 
d'absolution  de  l'excommunicalion,  qii  était  non  seu- 
lement conçue  en  termes  indicatifs  et  absolus ,  mais 
dans  la(|uelle  on  ne  laisail  aucune  nicnlion  des  péchés. 
Le  cardinal  d'Oslie  la  rapporte  tout  entière  dans  sa 
Sonune;  et  il  blâme  avec  Ilainaldus,  autre  canoniste, 
la  coutume  de  certains  prêlres  qui  se  servaient  encore 
d'une  forme  déprécaloire.  Cependant  il  paraît  qu'elle 
fut  longtemps  en  usage  ;  car  lîurchard  (1)  en  rapporte 
une  entièrement  déprécative,  par  laquelle  on  demande 
à  Dieu  le  pardon  el  la  rémission  des  péchés  pour  Te.v- 
comumnié.  Gralien  n'en  connaissait  point  d'autre,  non 
plus  que  le  pape  Innocent  III  (2). 

Après  celte  séparation  du  for  judiciaire  d'avec  le 
pénitenliel  ou  intérieur,  les  théologiens  de  l'école  ne 
firent  point  de  difficulté  d'enseigner  que  celte  autorité 
extérieure  etjudiciaire,quir*^gle  néanmoins, qui  étend, 
qui  restreint  l'autorité  du  for  intérieur,  pouvait  être 
confiée  à  un  simple  clerc,  ou,  pour  parler  selon  notre 
usage,  «  un  clerc  à  simple  tousure.  Quelques-uns  même 
allèrent  jusqu'à  dire  qu'un  pur  laïque  pouvait  en  être 
revêtu.  11  s'en  trouve  aussi ,  quoiqu'en  petit  nombre  , 
quiêtendirent  cela  jusqu'aux  femmes,  à  qui,  disent-ils, 
il  peut  être  permis,  en  vertu  des  privilèges  des  papes, 
de  présider  aux  assemblées  des  prêtres,  de  les  gouver- 
ner, de  les  corriger,  de  les  suspendre  de  leurs  ofiices, 
de  les  excommunier  et  de  les  absoudre  de  l'excommu- 
nication. 

Quelque  extraordinaire  que  paraisse  ce  sentiment, 
il  faut  avouer  néanmoins  qu'on  y  a  en  quelque  manière 
déléré  en  certaines  rencontres.  Les  privilèges  en- 
tre autres  de  l'abbessedeFonlevrauld  donnent  lieu  de 
croire  (ju'on  ne  l'a  pas  entièrement  rejeté.  Mais  qui- 
conque a  le  premier  avancé  ces  sentiments,  on  petit 
dire  de  lui  qu'il  est  auteur  d'un  grand  mal  ;  c;ir  ils  ont 
été  la  source  de  la  décadence  entière  de  la  juridiclio-i 
extérieure  de  l'Église  :  puisque  les  juges  laïques  en 
prirent  occasion  de  se  raltribuer,  et  la  retinrent  con- 
stamment après  s'en  êlie  une  fois  saisis,  surtout  après 
q<  en  France  les  parieii'.enls  fin-ent  devenus  séden- 
taires, et  qu'ils  furent  composés  de  laïques  et  d'ecclé- 
siastiques. Quoi ,  dirent-ils,  nous  n'aurons  pas  droit . 
nous  qui  sommes  ecclésiastiques  et  juges  royaux  des 
cours  souveraines ,  de  coiniaîlre  des  causes  dont  \m 
clerc  à  simple  lonsme  a  droit  de  juger  !  une  femmu 
s'allribuera  par   iirivili'ge  ou  conression  une  jnridic- 

(l)Lib.  tl,e.  S. 

(-2)  Extra,  de  Scnleiilia  e.\com.,  c.  Ao/'ts. 


571 


IllSiOiKL;  OKS  SACHEMENTS. 


372 


crili'ge,  s'il  s'ingère  de  coiiiiaîlrc  des  causes  person-  I 
iiellc»  des  clercs  ! 

Cet  axioiiic  dos  juriscoiisulles  de  riin  et  de  l'autre 
d:  oil  est  connu  do  IduI  le  monde  :  loul  ce  qui  peut 
s'u;quérii"  en  vertu  d  un  privilège  peut  se  prescrire 
paâ'  i;ne  couluine  innncnioriiile.  Quidijnid  est  (luivsibile 
prmityio  pjteat  consueliuliite  iniineiuuriali  acquiri.  Los 
cours  séculières  surent  bien  s'en  prévaloir,  el  s'attri- 
buer inseiisibleniont  les  causes  que  Ion  portail  aupa- 
ravant paitlevant  les  juges  ecclésiasliques.  Elles  Cu- 
ront  on  cela  appuyées  par  les  souverains  des  différentes 
jiaiions  cln-étionnos,  en  sorie  <pie  la  juridiclion  exté- 
rieure de  l'Église  est  aujourd'luii  réduite  à  très-peu  de 
chose  dans  tous  les  étras  catholiques,  excepté  en  Po- 
logne, où  elle  est  encore  à  peu  près  sur  le  niènie  pied 
qu'elle  était  en  France  dans  le  iroiziènie  siècle. 

En  voilà  assez  sur  ce  sujet,  qu'il  ne  nous  convient 
pas  de  traiter  plus  au  long,  puis(iue  notre  dessein  n'est 
que  de  faire  liiisloire  de  ce  qui  s'est  passé  au  sujet  du 
tribunal  de  lÉglise  qui  impose  des  peines  salutaires 
aux  pécheurs  ,  pour  leur  laire  expier  leurs  crimes  et 
les  réconcilier  avec  Dieu  ,  tribunal  dont  la  puissance 
et  la  majesté  est  bien  au-dessys  de  celui  qui  ne  con- 
naît que  des  affaires  civiles  et  purement  lunniines , 
pour  le  jugement  destpiollos  l'Apôtre  voulait  qu'on 
s'en  rapportât  aux  plus  méprisables  d'entre  les  fi-  1 
déles(i). 

SECTION  SECONDE. 

DE  LA  COXFESSIO.N  DES  PÉCHÉS  ET  DE  CE  QLI  \  A 
RAPPORT. 

Nous  n'entreprendrons  pas  de  rapporter  tous  les 
exemples  de  l'anliquilé,  beaucoup  moins  les  autorités 
des  saints  Pères  qui  prouvent  l'usage  et  la  nécessité 
delà  confession  dans  le  sacrement  de  Pénitence,  pour 
parvenir  au  bieidait  de  la  réconciliation  :  cela  regarde 
les  théologiens  et  les  controversistes.  Pour  nous,  sup- 
posant tous  les  dogmes  conmiunéoienl  reçus  dans  l'É- 
glise sur  la  nécessité  de  la  confession,  soit  auriculaire, 
soit  publi(iiie,  nous  nous  aittachcrons  à  rapporter  his- 
toriquement les  différents  usages  qui  ont  été  observés 
dans  les  divers  temps  à  cet  égard.  Mais  ,  avant  d'en- 
trer en  matière,  disons  un  mut  de  ceux  qui  oui  ensei- 
gné quehpie  erreur  sur  ce  sujet.  Ee  P.  Martène  (2)  ra 
conte,  d'après  Pratéolus,  au  livre  neuvième  de  la  vie 
des  hérétiques,  que quehpies-uns  d'entre  eux,  nommés 
Jacobites ,  débitaient  qu'il  n'était  point  iiécessaiie  de 
confesser  ses  péchés  aux  prêtres,  (pi'il  suffisait  de  les 
confesser  à  Dieu  seul 

Cette  erreur  fut ,  dit-il  ,  lenouvelée  stu'  la  fin  du 
huitième  siècle,  par  d'autres  qui  soutenaient  que  nul 
homme,  après  avoir  commis  le  |iéelié,  ne  i)Ouvail  ni  ne 
devait  se  confesser,  coiniiie  le  rappoite  le  même 
Pratéolus  en  son  premier  livre.  Celle  hérésie  fut 
réfutée  dans  le  même  lenqis  par  Alcuiu  ,  dans  une 

(1)1  Cor.  G,  V.  i. 

(2)  Deant.  ceci.  iVii.,  l.  2,  c.  1 


lion  presque  épiscopalc,  el  le  juge  royal  deviendra  sa-  j|  lettre  aux  frèresde  la  province  des  Goths,  c'est-à-dire, 

comme  je  crois,  de  la  Gaule  Narbonnaise  ,  que  nous 
appelons  aujourd'hui  LuiHjucdoc.  Le  bruit  court,  dit-il 
qu'à  cause  de  certaines  coutumes  qui  se  sont  introduites 
parmi  vous,  aucun  laïque  ne  veut  se  confesser  aux  prê- 
tres, etc. 

Il  parait  que  l'hérétique  Adalbert ,  dont  il  est  fail 
mention  dans  le  concile  de  Home  (1),  sous  le  pape  Za- 
charie,  n'estimait  pas  davantage  la  confession  ,  puis- 
qu'il disait  à  ceux  qui  venaient  se  prosterner  à  ses 
pieds ,  cl  (jui  souhaitaient  confesser  leurs  péchés  :  Je 
suis  vos  péchés ,  parce  que  le  fond  de  vos  cœurs  m'est 
connu;  c'est  pourquoi  il  nest  pus  besoin  que  vous  les  con- 
fessiez  :  retournez  donc  dans  vos  maisons  avec  assurance 
et  avec  l'absolution  de  vos  fautes  passées. 

Les  Yaudois  ou  Pauvres  de  Lyon  rejetaient  aussi  la 
confession  auriculaire ,  assurant  qu'elle  n'était  point 
nécessaire,  aussi  bien  cpie  les  protestants.  Voyez  sur 
les  Yaudois  le  livre  onzième  des  Variations  de  M.  Bos- 
suot. 

On  pourrait  ajouter  à  ceux  dont  nous  venons  de 
parler  certains  prêtres  d'Angleterre,  qui  vers  le  com- 
mencement du  quatorzième  siècle  prétendaient,  par 
une  ignorance  grossière,  que  la  confession  en  général 
(pii  se  fail  au  commencement  de  la  messe  suffisait  pour 
effacer  les  péchés  mortels.  L'archevêque  de  Canlor- 
béri  censura  ces  ignorants  dans  les  constitutions  qu'il 
publia  en  l'année  1528. 

CUAPITUE  PREMIER. 

Qu'il  arrivait  quelquefois  dans  les  premiers  siècles  ie 
l'Église  que  ceux  qui  étaient  touchés  du  regret  de  leurs 
fautes,  confessaient  même  publiquement  leurs  péchés 
secrets.  Devant  qui  se  faisait  la  confession  publique. 

La  confession  des  péchés  est  le  premier  pas  que 
fait  le  pécheur  pour  rentrer  en  grâce  avec  Dieu  ;  elle 
est,  comme  dit  S.  Césaire  d'.Xrles  (2),  le  commence- 
ment de  la  santé  de  l'àme ,  initiuni  sanitutis  est.  Les 
Grecs  rappellent  ijy.vosrJTtj,  et  quelquefois  £^o//5/.i7>;7t5; 
mais  ce  terme,  qui  est  passé  aux  L;ttins,  signifie  pins 
ordinairemcMt,  et  chez  eux  et  chez  les  Gi-ecs,  loul  le 
coui's  dos  exercices  laborieux  de  la  Pénitoncc,  comme 
le  monire  ft)rt  au  long  le  P.  Morin  (5).  Dans  la  suite, 
le  lerme  d'exoniologèse  chez  les  Latins  signifia  la 
même  chose  que  litanies  ou  prières  publi(|ucs,  comme 
le  témoigne  S.  Isidore  de  Séville  :  mais  parmi  les 
Grecs  modernes  il  se  prend  très-souvent  dans  l'an- 
cienne signification. 

Non  seulement  on  confessait  en  secret  les  péchés 
cachés  ,  comme  les  théologiens  et  nos  controversis- 
tes (  i)  le  monlrent  par  une  foule  innombrable  de  passa- 
ges les  plus  formels,  et  comme  le  prouve  suflisammoiit 
ce  que  rapporte  Pau'in  dans  la  vie  de  S.  Ambioise  , 
lorsqu'il  dit  :  Que  si  quelqu'un  lui  venait  confesser  .ses 

(1)  Actione  1. 

(2)  Serm.  233,  in  Aiipciid.  S.  Aug. 

(5)  De  Pœnit.,  1.  '-i. 

(il  Voyez,  entre  autres,  Bellarmin  ,  ie  P.  Alexan- 
dre, le  Trailé  historique  de  M.  P>!iileau.  et  ceini  de  d'Ui 
Denis  de  Saiiiie-Marlhe  sur  la  Confessioti. 


>75 


PÉNITENCE.— SIX r.  il.  CliAI'.  i-  DE  l.\  CONFESSION  PUBLIQUE. 


574 


fautes,  il  pleurait  de  telle  sorte  qu'il  l'oblitje'dt  de  verser 
des  larmes;  car  il  semblait  qu'il  fût  tombé  avec  ceux  qui 
avaient  failli  :  or,  ajoiilc-l-il ,  il  ne  parlait  des  crimes 
qu'on  lu:  avait  confessés  qu'à  Dieu  seul,  auprès  duquel 
il  intercédait  pour  les  pécheurs.  Non  sculeineiU,  dis-jc, 
on  coll^e^sait  on  sccrcl  les  péclics  cacliés,  mais  il  ar- 
rivail  souvent,  penclaiilles  six  oii  sept  pic'iiiiorssiècli^s 
de  l'Église,  qu'on  les  confessait  pulili(iuenienl.  Celle 
pratique  a  duré  i)lu.s  longtemps  dans  lÉglise  d'Occi-  , 
dent  que  dans  celle  d'Orient,  comme  nous  le  verrons 
ci-après.  Mais  auparavant  il  faut  prouver  qu'elle  était 
en  u<age  dans  les  six  premiers  siècles. 

S.  Irénée  nous  en  fournit  une  jireuve  à  laquelle  il 
est  difficile  de  se  refuser.  Il  rapporte,  dans  son  pre- 
mier livre  contre  les  liérésies  ,  et  après  lui  S.  Eplii- 
plians.  qu'un  certain  liéréViar.|ue  nommé  Marc,  ayant 
non  senlcme  .1  engagé  q\ielques  fennnes  dans  son  hé- 
résie, mais  leur  ayant,  par  le  moyen  de  quchpies 
philtres,  inspiré  de  l'amour  pour  lui,  et  les  ayant  en- 
suite corrompues,  ces  femmes  étant  revenues  à  l'É- 
glise ,  avaient  publiquement  confessé  ce  qui  s'était 
passé  e;ilrc  elles  et  ce  corrupteur.  On  ne  peut  douter 
que  de  telles  infamies  ne  fussent  fort  secrètes  :  ce- 
pendant ces  femmes  s'en  accusent  publiquement.  Mais 
écoulons  S.  Irénée  lui-même  :  Quod  autem  Mctrcus 
amaloria  qnœdam  elilteciantia  plmrmuca,  quibus  viueli- 
cel  earuin  corporibusprobrum  et  contumeliam  inférât ,  si 
non  omnibus,  al  certè  nonnullis  adliibcre  solcat ,  ipsœ 
sœpè,  ciim  ad  Dei  Ecclesiam  rediissenl,  confessée  snnt , 
seque  ab  eo  corpore  contaminatas  fuisse,  miroque  ipsius 
anwre  exar&isse.  Ces  dernières  |)arolcs  sonl  dignes  de 
remarque.  On  y  voit  que  ces  femmes  s'accusent,  non 
seulement  des  actions  honieusi'S  auxquelles  elles  se 
se  sonl  livrées,  mais  encore  des  désirs  criminels  aux- 
quels elles  s'étaient  abandonnées.  Miroque  ipsius 
amorc  cxrirsissc.  S.  Irénée  ajoute  (lu'un  diacre  ayant 
reçu  chez  lui  ce  méchant  homme,  il  corrompit  sa 
femme  qui  était  très-belle  et  de  hon  esprit,  et  (pie 
celte  femme  l'ayant  suivi  longtemps ,  et  s'étanî.  en- 
suite convertie  par  les  exhortations  des  frères,  elle  ne 
cessa  de  confesser  son  crime,  pleurant  amèrement  sa 
cliule  et  les  infamies  qu'elle  avait  commises  avec  ce 
magicien. 

On  trouve,  dans  l'IIisloire  d'Eusèbe  (i,  un  exemple 
mémorable  qui  prouve  la  même  chose.  Narcisse,  évo- 
que de  Jérusalem  ,  élail  l'ennemi  implacable  du  vice. 
Oiiclques  honmios  perdus  et  coupabl 's  de  1res  grands 
i  rimes,  trois  surtout,  craignant  d'être  punis  canonique- 
niciil  par  ce  sainl  évèque  ,  intenlércnt  contre  lui  des 
accusations  calomnieuses  et  les  conlinnèrent  par  ser- 
ine!:!. Qiioi(|ue  peu  de  personnes  y  ajouUissent  foi, 
cepe.idanl  Narcisse  ,  louché  vivement  d'une  leile  mé- 
clia;;celé,  et  d'ailleirs  désirant  ardemment  de  vivre  en 
soliti.de,  se  retira  d.ms  un  désert,  et  y  p^sssa  plusieurs 
années  inconnu.  La  vengeance  divine  éclata  contre 
ces  caloninialeurs  :  deux  d'entre  eux  périienl  misé 
lablenient  de  la  manière  tpi'iis  avaient  dit  (pi'ils  vou- 
laient |térir,  si  ce  (pi'ils  avançaient  n'était  pas  vrai. 

(!j  lîi.^t.  Eccles.,  I.  G,  c.  8,  siveO. 


I  Après  cela  (faites  ;illcntion  à  ce  que  (il  le  troisième 
pour  expier  son  crime  ),  celui  qui  restait,  épouvanlé 
par  la  vengeance  divine  (lue  les  compagnons  de  son 
crime  avaient  éprouvée ,  confessa  pHblicjuement  la 
méchanceté  qui  l'avait  porté,  lui  et  les  autres,. à  in- 
venter celte  calonmie  contre  son  évèque  :  Ovs/sysï  //i> 

TOtj   -rrâît    -rà    y.otv^  st^i^iJ  v.\j-.'Ai    £7/î'.rwpr,//c.«  ,    Cl   étant 

louché  de  Dieu  il  versa  tai.l  de  larmes  qu'il  perdil  la 
vue  ,  à  quoi  il  s'était  condamné  lui-même,  si  w.  dont 
il  accusait  Narcisse,  son  évèque,  n'était  pas  véiilahlc. 
On  voit  ici  un  crime  caché  «t  inconnu  atout  le  monde, 
que  cet  honnne  confesse  publiquenu'iil,  pour  en  oble- 
j  nir  le  pardon  d(!  Dieu  et  de  l'Eglise. 

S.  Cyprien  parle  là-dessus  d'une  manière  si  pré- 
cise, qu'il  semble  qu'on  ne  doive  rien  chercher  après 
cela  :  c'est  dans  son  livre  De  lapsis ,  c'est-à-dire,  de 
ceux  qui  étaient  tombés  dans  la  |)erséculi()n.  Là,  s"a- 
dressant  à  ceux  qui  s'étaient  souillés  par  des  sacrilices 
inipies,  et  qui  refusaient  néanmoins  de  se  soiuneure  à 
la  pénitence  canoni(iue ,  il  leur  propose  l'exemple  de 
certaines  personnes  qui,  ayant  seulement  eu  la  pen- 
sée de  sacrifier  aux  idoles,  quoiqu'elles  ne  l'eussi^nl 
pas  fait,  confessaient  néanmoins  avec  douleur  et  sim- 
plicité cette  faute  aux  prélres,  apud  sacerdoles  Dei. 
c'est-à-dire  publiquement,  piiisqu'au  moins  c'était  de- 
vant jjlusieurs  prêtres,  cl  que  d'ailleurs  si  c'eût  été 
une  confession  secrète,  comme  anjourJhui,  on  n'en 
eût  rien  su ,  n'éianl  pas  peimis  de  la  révéler  sans  le 
consentement  du  pénitent,  cl  rien  n'éianl  plus  caclk; 
que  la  simple  pensée.  Voici  les  paroles  de  S.  Cy- 
prien (1)  :  Combien  ceux-là  ont  ils  plus  de  fui  et  de 
crainte  de  Dieu ,  lesquels  ,  quoiqu'ils  ne  se  soient  souillés 
ni  par  les  Sficrificrs,  ni  p;n  les  librlles,  s'accusent  néan- 
moins avec  douleur  el/unpUcilé  aux  prêtres  de  Dieu  d'y 
avoir  seulement  pensé,  etdéclumjeanl  ainsi  leur  conscience, 
cherchent  avec  empressement  le  remède  salutaire  qui  doit 
guérir  leurs  plaies,  quoiqu'elles  soient  si  peu  considéra- 
bles, sachant  qu'il  est  écrit  qu'on  ne  se  moque  point  de 
Dieu,  t  Quantiim  et  fîde  majores  e!  timoré  meliorcs  suni, 
«  qui  quamvis  nullo  sacrificii  aut  libelli  fucinorc  con- 
i  striai ,  quoniam  tamen  de  hoc  rel  cogilaverunt ,  hoc 
4  ipsuni  apud  sacerdoles  Dei  dulenlcr  et  sjmpliciler  con- 
«  fitenles ,  exomolocjcsin  conscieniiœ  fuciunl ,  salulareni 
€  medelam  parvis  licèl  et  modicis  vulneribus  e.vquirunt.  > 
Il  ajoute  que  celui-là  pèche  plus  grièvement  qui,  pen- 
sant de  Dieu  comnic  d'un  honnne,  croit  pouvoir  évi- 
ter la  peine  due  à  son  crime ,  parce  qu'il  ne  l'a  i  as 
eonunis  publiquement.  Si  non  palam  crîmcn  admis:t. 
Après  cela,  il  exhorte  un  chacun  à  s'accuser  de  sc-> 
fautes,  tandis  que  l'on  peut  admettre  sa  confession  , 
tantlis  que  la  salisfaclion  et  la  rémission  qui  lui  isi 
accordée  par  les  prêtres,  est  encore  agréable  au  Sei- 
gneur. Diini  satisfactio  et  remissio  fada  per  sacerdoles 
apud  Doiiiinum  grata  est. 

Sainl  l'arien,  évè(iuede  Barcelone,  ne  laisse  aucun 
doute  là  dessus  (1).  Il  s'agissait  de  certaines  gens  qui 
avaient  connnis  des  crimes,  qui  à  la  vérité  étaient  ve- 

(Ij  Lib.  de  Lapsis. 

(1)  Parti'iii'S.  ad  i>ienitentes. 


575 


wus  à  la  connaissance  de  rt-vèciiie  ,  mais  que  celui-ci 
n'était  pas  en  état  de  prouver  clairement.  Que  fercz- 
vous,  leur  dil-il,  vous  qui  trowpez  le  prêtre,  ou  qui  te 
couvrez  de  confusion,  et  le  mettez  hors  d'état  de  prouver 
par  les  di/ficultcs  oii  il  se  trouve  de  le  faire  ?  «  Quid  faciès 
«  tu  qui  dccipis  saccrdolem,  aut  non  ad  plénum  scioitem 
t  probandi  difficidtate  confnndis?  »  Knsuilc, après  avoir 
averti  ces  personnes  dii  danger  où  elles  étaient  en  rc- 
l'iisant  de  découvrir  les  pLiies  de  leurs  âmes,  il  ajoute  1 
ces  paroles  qu'il  prend  de  Terlullien  :  Que  si  vous  ne 
pouvez  souffrir  les  yeux  de  vos  frères,  ne  craitpicz  point 
les  compagnons  de  votre  misère  et  de  vos  chutes.  Aucun 
corps  ne  se  réjouit  du  mal  de  ses  membres,  mais  il  y 
prend  part,  et  travaille  avec  eux  à  les  guérir,  etc.  C'est 
■pourquoi  celui  qui  ne  cache  point  ses  péchés  à  ses  frères, 
étant  aidé  par  les  vœux  et  les  larmes  de  l'Eglise,  est  ab- 
sous par  les  prières  de  Jésus-Christ.  «  Qubd  si  fratrum 

<  orulos  erubescilis,  consortes  casuum  vcslrorum  timere 

<  nolite.  i\'ullum  corpus  memhrorum  suorum  vexatione 
«  lœlalur;  parilcr  dolet,  et  ad  remedium  collaborât,  etc. 
i  Atque  idcb  qui  fratribus  cuis  peccato  non  latet,  Eccte- 
1  siœ  lacrymis  adjulns  Christi  precibiis  absolvilur.  »  On 
voit  dans  ces  paroles  du  saint  évè(iue  des  personnes 
coupables  de  crimes  connus  à  la  vérité  jusqu'à  un 
certain  point,  mais  non  publics,  comme  cela  arrive 
souvent.  Cependant  il  presse  ces  personnes  à  s'en  ac- 
cuser publiquement  dans  l'église,  el  leur  fait  sentir  l'a- 
vantage qu'ils  tireront  devant  Dieu  de  cette  accusation 
(lue  la  bonté  les  empècliait  de  faire. 

L'endroit  de  S.  (Aprien  que  nous  avons  allégué 
prouve  non  sculomeiil  que  la  confession  publi(iue  des 
pécliés  secrets  se  faisait  quelquefois  publiquement  dans 
les  premiers  siècles,  mais  encore  qu'elle  se  faisait  de- 
vant les  prêtres,  qui  avec  l'évèque  composaient  le  sé- 
nat de  l'Église.  Cela  est  d'autant  plus  vraisemblable, 
qu'il  est  certain  qu'anciennement  les  évoques  ne  fai- 
saient rien  de  considérable  sans  l'avis  du  clergé,  et 
surtout  des  prêtres,  comme  S.  Cyprien  le  témoigne  si 
souvent.  Or(iui  peut  douter  que  la  Pénitence  publique 
no  fût  une  affaire  très-importante?  C'est  pourquoi  elle 
était  imposée  en  présence  des  prèiresqui  étaient  juges 
avec  lévèque  des  crimes  soit  notoires,  soit  secrets, 
qu'on  leur  confessait  volontairement,  ou  qu'on  leur 
découvraitde  la  manière  dontilsera  parlé  ci-après (1). 
Une  preuve  certaine  de  cette  pratique,  c'est  que  dans 
qucbpies  provinces  ecclésiastiques  les  prêtres  don- 
naient conjointement  avec  l'évèque  l'alisolnlion  aux 
ju-cbours  (jui  avaient  acbevé  le  cours  de  la  pénitence 
pidtli(]ue,  et  par  conséquent  ils  devaient  connaître 
(juels  étaient  les  crimes  dont  ils  étaient  juges  avec  lui. 
C'est  ce  que  nous  verrons  plus  a:»;  long  dans  la  qua- 
trième section  de  ce  traité.  L'évèque  avait  à  la  vérité 
la  principale  aulorit('  en  cela,  mais  soit  pour  l'impo- 
silion  de  la  pénitence,  soit  poiu'  la  réconciliation  de 
ceux  qui  s'y  étaient  soumis,  il  prenait  ordinairement 
l'avis  de  ses  prêtres,  des  arcbidiacres,  des  doyens,  des 
arcbiprêlrcs  ;  ils  examinaient  ensemble  la  nature  du 

(1)  Cliap.  3  et  4. 


IIISTOIKI:  liLS  SACKKMKNTS.  576 

délit ,  ce  qui   pouvait  le   rendre   excusable  ou  plus 


atroce,  et  déterminaient  de  concert  les  peines  que  de- 
vait subir  le  pénitent,  conformément  aux  règles  près-  I 
crites  par  les  conciles  el  aux  usages  reçus  dans  leurs 
pays. 

C'est  ce  que  montre  clairement  l'exemple  du  con- 
fesseur Natalius,  dont  parle  Eusèbc  dans  son  Histoire 
ecclésiastique  (1) ,  lequel  se  repeniant  du  péclié  qu  il 
avait  commis,  vint  se  jeter  aux  pieds  du  pape  Zépby- 
rin,du  clergé  et  du  peuple,  pour  en  obtenir  le  pardon, 

y.u/ÎSy.EVOj  ù;:ô  T5'jj  Tiiôc;  0\j  jj.bjo-i  tCt-i  ij  lôt   ■/).■/, poi  ,  V.//Ù. 

xxi  zû-j  IkUm-j.  Eli!  pourquoi  du  peuple?  afin  qu'il  l'ai- 
dât de  ses  prières  auprès  deDieu,  et  lui  servît  d'inter- 
cesseur auprès  de  l'évèque  et  des  prêtres. 

La  même  discipline  se  fait  souvent  remarquer  dans 
les  écrits  de  S.  Cyprien.  Un  grand  nombre  de  per- 
sonnes étant  tombées  dans  la  persécution,  et  voulant 
être  réconciliées  sans  passer  par  les  épreuves  de  la 
Pénitence  canonique,  avaient  obtenu  des  lettres  des 
confesseurs  qui  demandaient  pour  elles  grâce  aux 
évèques;  quelques  prêtres  même  du  clergé  de  S.  Cy- 
prien avaient  pendant  son  absence  reçu  témérairement 
ces  pécheurs  à  la  comniunion.  De  quoi  ce  zélé  pasteur 
étant  indigné  écrivit  ainsi  à  ceux  de  son  clergé  (i2)  : 
Qu'on  ne  soufj're  pas  qu'ils  offrent  (le  saint  sacrifice) 
jusqu'à  ce  qu'ils  (les  prêtres)  aient  rendu  compte  de  leur 
conduite  devant  iious,  en  présence  des  confesseurs  eux- 
mêmes  et  du  peuple,  lorsque  Dieu  nous  aura  rendus  à 
l'Église  notre  mère. 

Dans  une  autre  lettre,  en  parlant  de  la  manière  do 
recevoir  les  laps,  il  dit  qu'il  veut  prendre  sur  celle 
importante  affaire  l'avis  non  seulement  de  son  Eglise, 
mais  encore  des  évèques  voisins,  et  qu'il  veut  allendre 
que  la  paix  soit  rendue  à  l'Église  pour  la  traiter  avec 
toute  la  maturité  qui  convient.  Le  clergé  de  Rome 
pendant  la  vacance  du  S.  Siège  entra  dans  les  senti- 
ments de  S.  Cyprien  (3).  Il  veut,  comme  lui,  qu'on  at- 
tende le  rétablissement  de  la  paix  de  l'Église  pour  dé- 
terminer, avec  l'avis  et  le  consentement  du  peuple  qui 
éuiit  demeuré  fidèle,  les  peines  qui  seraient  imposées 
à  chacun,  suivant  la  nature  et  les  circonstances  de  son 
crime  :  il  en  rend  cette  raison  digne  de  remarque, 
savoir  que  ce  qu'on  a  établi  el  réglé  ne  peut  avoir  de 
force,  s'il  n'est  np|)uyé  du  consentement  de  plusieurs. 
Quoniam  nec  firmuni  decretum  potest  esse,  quod  non 
plnrimorum  videbitur  habuisse  consensum. 

Finissons  ce  chapitre  par  ce  que  rapporte  Eusèbc  (i  ), 
d'après  le  pape  S.  Corneille,  touchanl  quatre  confes- 
seurs de  la  loi  qui  s'étaient  laissé  séduire  par  Noval. 
Après,  dit-il,  qu'Us  eurent  remarqué  avec  plus  d'attention 
sfi  conduite  frauduleuse  (de  Novat),  ses  parjures,  ses 
mensonges,  sa  dureté  indigne  de  l'humanité,  son  amiiié 
\  feinte  el  trompeuse,  ils  l'abandonnèrent  et  revinrent  à  l'é- 

1.     (1)  Lih.  5,  cap.  ultimo. 

I      (2)  Cypr.  cp.  10  ad  prcsbyl.  et  diaconos.  (C  est  la 

I  16"  lettre  de  l'édilioud'OxIort.) 

(5)  Epist.  (lori   Kom.  inter  Cypriamcas   cdit.  la 
melii  51,  ctO\ouiensis  50. 

(i)  Misl.  eccles.,1.  <>,  0.35.  .  ) 


377      PÉNITENCE. -SFXT.  II.  CHAP.  U.  ADOUCkSSE.MENTS  A  LA  CONFESSION  PUBLIQUE.      378 

glise,  oh  Us  déclarèrent  les  fraudes  et  les  waléfices  de  ce  ] 
méchant  homme  en  présence  de  plusieurs  évèqucs,  prêtres 
et  laïques,  s'accusant  eux-mêmes  avec  larmes,  et  déplorant 
avec  de  grands  sentiments  de  pénitence  leur  malheureux 
sort  et  leur  faiblesse  qui  les  avait  séparés  pour  un  peu  de 
temps  de  l'iùjlise  pour  s  attacher  à  ce  méchant  homme. 
On  voit  ici,  aussi  bien  que  par  loiil  ce  que  nous  avons  dit 
dans  tontcecliapilre,  que  la  confession  publique  des 
péchés  se  faisait,  dans  les  premiers  siècles,  en  pré- 
sence de  révoque,  du  clergé,  cl  même  du  peuple,  qui 
compatissait  à  la  douleur  des  pénilenis,  et  joignait  ses 
prières  aux  leurs  pour  obtenir  de  Dieu  et  de  ses  nii- 
iiislrcs  la  grâce  de  la  réconciliation.  C'est  en  faisant 
allusion  à  cette  pratiq'ie  de  son  temps  que  Tertul- 
lien  (I)  exhorte  les  pécheurs  à  recourir  aux  prêtres, 
à  embrasser  les  genoux  des  amis  de  Dieu  ,  et  à  sup- 
plier les  frères  de  prier  pour  eux.  Presbijteris  advolii, 
et  charis  Dei  aageniculari,  omnibus  fralribus  Icgationcs 
deprecationis  suœ  injuvgere. 

Telle  était  la  pratiijue  ordinaire  de  ceux  qui  se  sen- 
taient extrêmement  touchés  du  regret  de  leurs  (luîtes. 
Mais  ils  se  portaient  d'eux-mêmes  à  cette  huaiilialion, 
et  on  n'y  obligeait  point  ceux  qui  n'étaient  coupables 
que  de  péchés  cachés.  Il  suffisait  qu'ils  s'adressassent 
à  l'évèque  ou  aux  prêtres  qu'il  avait  désignés  et  qu'ils 
reçussent  d'eux  la  Pénitence  qui  devait  expier  leurs 
crimes.  C'est  ainsi  que  l'on  s'est  coniporlé  surtout  de- 
puis la  fin  du  troisième  siècle. 


CHAPITRE  II. 

Quels  tempéraments  on  apportait  dans  la  .confession 
publique  des  péchés  secrets.  Quand  la  pratique  de  les 
confesser  publiquement  a  cessé  dans  les  églises  d'O- 
rient. En  quel  temps  elle  a  été  abolie  en  Occident. 

Quoiqu'il  ne  fut  point  extraordinaire,  dans  les  pre- 
miers siècles  de  l'Eglise,  de  s'accuser  publiquement 
des  péchés  secrets,  comme  nous  venons  de  voir,  soil 
que  celte  confession  se  fît  volonlairement  et  par  le 
propre  mouvement  de  celui  qui  était  coupable ,  le- 
quel parcelle  humiliation  voulait  fléchir  la  justice  de 
Dieu  ;  soil  qu'elle  se  fil  par  le  conseil  du  prêtre  à  qui 
l'on  avait  secrètement  découvert  ses  fautes,  et  qui 
quelquefois,  pour  l'édification  publique  ou  pour  d'au- 
tres raisons,  engageait  le  pénilent  à  déclarer  en  pu- 
blic les  péchés  qii'il  lui  avait  confessés  à  l'oreille; 
l'Eglise,  néanmoins,  prenait  les  précautions  les  plus 
sages  pour  que  cette  confession  ne  portât  point  de 
préjudice  à  ceux  qui  la  faisaient;  cl  cela  était  d'autant 
plus  nécessaire,  que  sans  cela  les  pénitents  se  seraient 
exposés  à  la  rigueur  dos  lois  civiles,  qui  condamnaient 
à  mort  ceux  qui  avaient  commis  certains  crimes  sou- 
mis à  la  pénitence  publique. 

La  i>récaulion  dont  l'Eglise  usait  à  cet  égard  devint 
même  plus  nécessaire  sous  les  empereurs  chrétiens 
qui  avaient  décerné  peine  de  mort  contre  itliisieurs 
crimes  qui,  sous  les  princes  païens,  n'étaient  point  re- 

(I)  L.dePœiiit.,c.9. 


gardés  comme  ca|)ilaux.  Ainsi  on  n'obligeait  pas,  par 

exem|)le  ,  les  homicides  et  les  voleurs  à  s'accuser  pu- 

bli(iuenient  de  ces  péchés,  non  plus  que  les  femmes 

qui  étaient  lombées  dans  l'adultère  ,  ou  les  liummes 

qui  auraient  commis  ce  crime  avec  une  femme  noble 

cl  beaucoup  au-dessus  de  leur  condilion  ,   pour  ne 

point  les  exposer  à  la  rigueur  des  lois  et  aux  autres  in- 

1  convénients,(pii  auraient  ('té  une  suite  d'une  l'.aieiiledé- 

1  daration.  Nous  pourrions  apporter  plusieurs  pnïuves 

I  de  cette  sage  attention  de  l'Eglise  ;    mais  S.  Basile 

'  seul,  dont  les  canons  pénilentiaux  ont  été  si  célèbres 

dans  l'antiquité,  noussuflira. 
I      Voici  ce  qu'il  dit  là-dessus  dans  le  canon  Tti'  de  sa 
j  Lettre  à  Am|;liiloque  :  Ao.s  pères  n'ont  point  ordonné 
j  qu'on  publiât  les  crimes  des  femmes  qui ,  touchées  de 
I  Dieu  ,  ou  convaincues  de  quelque  manière  que  ce  puisse 
!'  être,  s'accuseraient  d' adultère ,  de  peur  que  nous  ne  nous 
\\  rendions  auteurs  de  la  mort  de  celles  que  l'on  aurait 
découvert  être  tombées  dans  ce  crime.  Ils  ont  ordonné 
qu'elles  resteraient  debout  dans  l'église,  sans  participer  à 
la  sainte  communion  jusquà  ce  que  le  temps  de  leur  pé- 
nitence fût  accompli. 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  nue ,  pour  parer  à  un  si 
grand  inconvénient,  on  ne  faisait,  au  moins  d'ordi- 
naire, ces  sortes  de  déclarations  publiques  des  crimes 
secrets  que  de  l'avis  de  ceux  à  qui  on  les  avait  dits  en 
particulier;  et  c'est  ce  que  semble  nous  enseigner 
Origène  dans  ce  passage  célèbre  (t),où,  après  avoir 
Ml  l'éloge  de  l'uiiliié  de  la  confession ,  il  .ijoutc  : 
//  ne  nous  reste  qu'à  considérer  attentivement  el  à  voir 
à  qui  vous  devez  confesser  votre  péché.  Eprouvez  donc 
auparavant  le  médecin  à  qui  vous  devez  découvrir  la 
cause  de  votre  mal,  qui  sache  être  faible  avec  les  faibles, 
pleurer  avec  ceux  qui  pleurent...  Et  s'il  vous  donne 
quelques  conseils,  suivez- les  e.vactement.  S'il  voit  que 
votre  mal  soit  tel  qu'il  ait  besoin  d'être  découvert  et 
traité  en  présence  de  toute  l'Eglise ,  tant  pour  édifier  tes 
autres  que  pour  vous  procurer  à  vous-même  une  guéri- 
son  certaine,  il  faut  suivre  l'avis  de  ce  sage  médecin. 
«  Tantummod'o  circumspice  diligentiùs  cui  debeas  pecca- 
i  lum  confiteri  :  proba  priits  medicum  cui  debeas  causant 
«  languoris  cxponcrc,  qui  sciât  infirmari  cum  infirman- 
i  tibus,  flerecum  pente;  ...ita  nt  demiim  si  quid  dede- 
;  «  rit  consilii  facias  et  sequaris.  Et  si  intelle.rerit  tahm 
«  esse  languorem  tuum,  qui  in  conventu  totius  Ecclesiœ 
«  exponi  debeat  et  curari ,  ex  quo  fortassis  et  ca'teri 
«  wdificentur  el  tu  ipse  facile  sanari ,  multà  hoc  detibe- 
«  ratione  et  satis  perilo  medici  illius  consilio  procuraii- 
i  dum  est.  t 

On  ne  pouvait  prendre  des  mesures  plus  justes  cl 
des  précautions  plus  sages  que  celles  que  prescrit  ici 
Origène,  en  suivant  l'esprit  el  sans  doute  la  prali(inc 
assez  commune  de  l'Eglise  de  son  temps  loucliani  la 
confession  publique  des  fautes  cachées.  Cependant , 
dans  le  quatrième  siècle ,  je  veux  dire  du  temps  de 
Nectaire,  archevêque  de  Conslantinople,  il  arriva  une 
chose,  au  sujet  de  cette  confession,  qui  eut  degran- 

(1)  Hom.2i:i  Ps.  57. 


579 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS 


380 


dos  siiiics   (I;uis  l'Eglise;  c'est  Si)craic  et  Sozomène  |f|  des  jeûnes  et  des  prières,  et  «ne  autre  en  pni^lic,  qui 


qui  nous  appremienl  ce  qui  se  passa  en  celte  occa- 
sion. Voici  le  l'ait  ; 

Du  temps  de  iNeclairo,  une  fi  inme  noiile  vint  trou- 
ver le  prêtre  pénitencier,  et  lui  confessa  dans  un 
grand  détail  tons  les  péchés  qu'elle  avait  commis  de- 
puis son  baptême.  Le  prêtre  lui  ordonna  de  s'appli- 
quer aux  jeûnes  et  à  l'oraison  ,  afin  (pi'oulre  la  con- 
l'ossion  de  ses  pceliés,  elle  l'it  de  dignes  fiuils  de  péni- 
tence. Mais  celte  Icmnie  allant  trop  loin  dans  sa  con- 
fession (  c'est  ainsi  que  traduit  Cliristopliorson  ,  en 
quoi  il  a  mieux  pris  le  sens  que  M.  de  Valois,  qui  rend 
ces  paroles  ,  rj  ôè  yvj-h  Trpiêatvîujy ,  par  eellos-ci ,  pro- 
(fressu  teinj)ons,  Diniicr) ,  s'accusa  d'un  atilre  eiinie, 


savoir,  d'un  mauvais  commerce  qu'elle  avait  eu  avec      du  discDurs)  suivirent  l'exemple  de  Nectaire,   et  ôtè 


im  diacre  de rE;;lise;  ce  qui  étant  déconvcrl,  lediacre 
fui  chassé,  et  le  peuple  fui  dans  une  grande  émolion. 


le  même  pénilencier  lui  avait  sans  doute  conseillée. 
Mais  soil  par  son  imprudencis  soit  parcelle  du  péni- 
tencier, elle  alla  trop  loin  en  découvianl  le  crime  du 
diacre,  ce  (pu  donna  lieu  àTabolilion  de  la  cliaige  de 
pénilencier. 

Voyons  présentement  ce  que  l'on  peut  raisonnable- 
ment inférer  de  ce  fait,  aussi  bien  que  des  réllexions 
que  Socrali!  et  Sozuniène  y  joignent.  Les  Protestants 
en  concluent,  counne  nous  avons  déjii  dit,  que  la  con- 
fession fut  abolie  par  Nectaire  à  Eonslantinople  et 
même  dans  tout  l'Orient  à  cette  occasion  ;  d'autant 
plus  que  Sozomène  dit  que  presque  tous  les  évêques 
(il  entend  ceux  d'Orient,  comme  il  païaît  par  la  suite 


rent  connue  lui  le  prêtre  préposé  pour  entendre  les 
confessions  des  fidèles.  Plusieurs  auteurs  catholiques 


iiDU  seuleuieut  paice  que  ce  crime  s'était  counnis ,      prélendenl  qu'il  résulte  seulement  du  récit    de  ces 


niais  encore  à  cause  de  l'infamie  doul  i!  couvrait  l'E- 
glise. 

Socraie  ajoute  (|ue,  comme  à  celte  occasion  les  ec- 
cl(''siastiques  étaient  exjiosés  à  la  risée  de  tout  le 
monde,  un  certain  prêtre  d'Alexandrie ,  nommé  Eu- 
demon,  persuada  à Neclaiie  d'abroger  le  prêtre  péni- 
tencier, et  de  laisser  approcher  un  chacun  selon  sa 
conscience  de  la  participation  des  sacrements,  puis- 
qu'on ne  pouvait  aulremenl  délivrer  l'Egli-e  de  pa- 
reils opprobres.  Il  dit  ensuite  :  Lorsque  feus  appris 
Ct^la  d'Eitdeiiion ,  je  lui  dis  :  Dieu  s(dt  si  le  conseil  que 
vous  avez  donné  à  V évoque  est  avantageux  ou  non  à  Œ- 
(jUse  ;  au  reste,  il  me  parait  que  pur  là  vous  avez  donné 
lieu  à  loul  le  monde  de  se  dispenser  de  la  correction  fra- 
termlle  ,  et  de  ne  pouvoir  observer  ce  précepte  de  l'Apô- 
tre :  Ne  communiquez  point  aux  œuvres  infructueuses 
des  ténèbres  ,  mais  plutôt  reprenez-les. 

Sozomène  raconte  la  même  chose  à  quelques  cir- 
constances près  et  (jnelques  réflexions  de  sa  façon 
qu'il  y  ajoute,  et  dont  les  Protestants  Irionqilienl, 
croyant  y  trouver  l'abolition  entière  de  la  confession 
sacramentelle.  Pour  ce  qui  est  des  circonstances  du 
fait,  il  paraît  qu'il  esl  plus  naluielde  s'en  tenir  au 
l'apjiort  de  Socrale,  qui  savait  la  chose  d'origine,  pnis- 
<iu"il  l'avait  ajiprise  du  i)rêtie  Eudemou,  qui  avait 
conseillé  à  Nectaire  d'abroger  la  charge  du  prêtre 
[wuilencier.  Arrêtons  nous  donc  un  moment  à  consi- 
dérer ces  circonstances,  puis  nous  veri  ons  ce  que  l'on 
doit  conclure  du  récit  de  cet  auteur,  et  quelles  hu'ent 
îes  suites  de  cet  événenu'ul. 

Premièrement,  on  voit  bien  elairemenl  dans  ce  ré- 
cil  la  coidessi(m  des  péchés  faite  au  prêlrc,  et  une 
confession  exacte  et  circonstanciée.  Secondement,  on 
y  voit  la  pratifpie  de  ce  que  nous  avons  dit  (jui  se  fai- 
sait assez  ordinairement  dans  l'Eglise  en  ce  temps, 
savoir,  qu'après  avoir  découvert  en  particulier  ses 
péchés  à  un  prêtre,  on  s'accusaii  ersuile,  suivant  ses 
avis,  de  certaines  fautes  en  public;  c.ir  <tn  l'cmrirque 
dans  ce  récit  de  Socrale  deux  conh'ssions,  une  au 
prêtre  pénitencier,  après  hxpielie  il  ijupose  pour  [)é- 
nitence  ii  celle  femme,  pour  l'expialiou  de  ses  péchés,   a 


deux  hisloiiens,  que  la  pénitence  puhliiiue  fui  alors 
abolie  dans  les  églises  d'Oi'ienl  et  surlout  dans  celle 
de  Constantiiiojile;  d'autres  s'en  tirent  en  diflérentes 
manières. 

Pour  ce  qui  est  de  moi,  j'estime,  avec  MM.  Witasse 
et  Tournely,  célèbres  professeurs  de  Sorbonne,  dans 
leurs  traités  de  la  Pénitence,  que  ce  que  l'on  doit  en 
inférer  raisonnablement,  c'est  que  Nectaire  et  plu- 
sieurs antres  prélats  à  son  exenqjle,  abrogèrent  la 
charge  et  les  fonctions  du  prêtre  pénilencier,  qui 
avail  élé  établi  dans  les  églises  peu  api'ès  que  l'hé- 
résie des  Novaliens  se  hit  élevée,  el  dont  le  devoir 
élail  de  veiller  sur  les  mœurs  des  fidèles,  avec  auto- 
rité de  recevoir  les  accusations  que  l'on  portail  contre 
ceux  qui  s'étaient  rendus  cou|iables  dcîqnehiue  crime, 
de  confronter  le  coupable  avec  les  témoins,  de  le  faire 
comparaître,  elc! 

Origène  (  I  )  semble  désigner  quelque  chose  de  sem- 
blable dans  l'Eglise,  lorsqu'il  dit  que  chez  les  Ciiré- 
lieiis  on  constituait  certaines  |)eisonnes  pour  s'infor- 
mer de  la  vie  et  des  mœurs  de  ceux  qui  s'approchaient 
des  choses  saintes,  afin  d'éloigner  des  assemblées  pu- 
bliques ceux  qui  comnietlent  des  actions  honteuses. 
Ce  pénilencier  devait  aussi  entendre  les  confessions  de 
ceux  qui  devaient  être  soumis  à  la  pénitenee  publique; 
il  devait  désigner  les  péchés  qui  méritaient  celle  puni- 
lion,  avoir  l'œil  sur  les  pénitenls,  voir  s'ils  accom- 
plissaient exacleinenl  la  pénitence  manpiée  par  les 
canons,  etc. 

Celte  inslilntioii  si  utile  fui  abus  abolie  daiii,  les 
églises  d'Orient,  et  les  choses  fiireiil  remises  sur  l'an- 
cien pied,  c'est-à-dire  que  l'évêque  reprit  le  soin 
qu'il  avait  confié  au  prêtre  pénilencier,  et  (pi'il  hil 
permis  dans  la  snite  aux  fidèles  de  s'adresser  |)0ur  la 
confession  secrète  à  ceux  des  prêtres  qu'ils  juge- 
raient à  propos,  sans  (pi'ai'.cun  d'eux  en  partieiilier 
fùl  chargé  du  soin  de  veiller  surles  pénileiils,  el  de 
recevoir  les  aecusations  que  les  Chrétiens  avaient 
coutume  de  faire  contre  ceux  dont  les  ciiuies  clair..! 

l  !)  Conl.  Cels.,  I.  3. 


Ul     l'ÉNITENŒ.  --  SECT.  II.  CHAI'.  II.  ADOLC 

venus  à  leur  oomiaissaiicc,  afin  ilo  les  oblij^'er  à  li's 
expier  par  laréiiileiiee,  ce  que  révèi|ue  ne  pouvait 
faire  avec  assez  d'exacliltiile,  à  cause  de  la  nuiliiiiide 
d'alT.iires  dont  il  élail  accai)lé.  Il  fut  permis  à  un  cliti- 
cini,  comme  dit  Soeral«.  d'approcher  des  choses  saintes 
suivant  sa  voloité  et  sa  conscience.  C'est-à-dire  (pie  I<\s 
crimes  ]  our  lesquels  ou  imposait  la  |iéiii(eiiee  cano- 
ni(pie  étant  iucounus  à  l'Eglise,  et  dits  en  secret  au 
prêtre,  cliacun  pouvait  iuqKuiénieul  s'approcher  des  sa- 
crements, sans  accomplir,  ni  même  subir  absolument  la 
péiiiiciice  mar([née  par  les  canons  ;  ce  qui  ne  pouvait 
se  faire  eu  suivanlla  discipiiiiequiavait  été  jusqu'alors 
en  usage  dans  l'Eglise,  soit  loucliant  la  confession 
publique  des  pécliés  secrets  dont  nous  avons  parlé, 
soit  loucbautles  accusations  que  le  zèle  des  (idèles 
leur  faisait  intenter  contre  ceux  dont  la  conduite  était 
dérangée,  de  ipioi  nous  parlerons  dans  le  chapitre  | 
suivant. 

Socrate  semble  nianiucr  celte  prati(p!0  de  déférer 
ainsi  les  pécheurs  au  prêtre  pénitencier,  lorsqu'il  dit 
à  Eudemon  que  ci-après  les  Chrétiens  ne  pourraient 
pins  reprendre  les  péchés  les  uns  des  autres,  et  Sozo- 
niène  conclut  avec  raison  de  rabolilion  de  ces  deux 
pratiques,  tant  de  celle  dont  je  viens  de  parler  que 
de  celle  de  s'accuser  publiiiuenient  de  ses  fautes  sui- 
vant les  avis  du  confesseur  ou  de  son  propre  mouve- 
menl,  ([ue  de  là  la  licence  de  pécher  devint  plus 
grande.  Car  auparavaiil,  ajoute-t-il,  les  péchés  étaient 
moindres,  comme  je  crois,  tant  à  cause  de  la  honte  de 
ceux  qui  s'accusaient  eux-mêmes  de  leurs  crimes,  quà 
cause  de  la  sévérité  des  juges  (jui  étaient  établis  pour 
cela. 

Il  n'y  a  point  lieu  de  douter  que  cette  conduite  de 
Nectaire  n'ait  été  funeste  à  la  discipline  de  la  Péni- 
tence, par  la  raison  que  je  viens  de  dire,  plutôt  que 
par  l'abolition  du  prêtre  pénitencier  ;  mais  on  en 
conchirait  mal  à  propos  (|u'i[  abolit  en  même  temps 
la  pénitence  publique,  soit  iioin-  les  crimes  notoires, 
soit  pour  ceux  que  la  crainte  de  Dieu  faisait  déclarer 
au  prèlre  en  particulier,  et  qiù,  suivant  la  règle  de 
l'Eglise,  étaient  sujets  à  la  pénilence  publi(pie.  Il  est 
surprenant  que  des  lionunes  savanis,  lelsque  !e  P.  Pé- 
lun,  aient  pu  doimer  dans  ce  seniiment,  puisque, 
comirie  remarque  judicieusement  .M.  Tourneiy  après 
l'auteur  de  la  Vie  de  S.  Clirysoslôme,  ce  saint,  qui  a 
été  le  successeur  immédiat  de  Nectaire  dans  le  siège 
de  Conslantinople,  parle  de  la  pénitence  publi(pie 
comm  •  étant  eu  usage  de  sou  temps.  C'est  ce  qu'il  fait 
en  plusieurs  de  ses  Homélies  (1),  aussi  bien  que 
S.  Nil  (2),  son  disciple.  La  même  chose  parait  encore 
clairement  par  le  canon  87'  du  concile  de  TruUe  et 
par  Mélhodius  (3). 

Les  chi>ses  restèrent  sur  l'ancien  pied  dans  les 
églises  d'Occident,  et  surtout  dans  celle  de  Ilome,  dit 
l'historien  So/omme.  Efl'eclivemenl  nous  ne  voyons 

(I)  Chrysosl.,  Ilom.  ."  in  Epist.  ad  Ephes.  9,  et  12 
ad  lleb. 

(■2)  Nil.,  Epist.  ad  Cariol. 
(o)  Apud  Coar.,  p.  890. 


SSEMENTS  A  LA  CONFESSION  PUBLIQUE.      382 

pas  qu'il  y  soit  arrivé  de  cliangemeuts  considérables 
1()U(  liant  la  discipline  de  la  pénitence  avant  la  fin  du 
seplièuie  siècle.  S.  Léon,  dans  sa  lettre  aux  cvèqiies 
deCainpanic,  qu'il  écrivit  pour  modérer  le  zèle  de 
(l'uv  (pii  contraignaient  les  péniieuts  à  s'accuser  publi- 
(incment  eux-mêmes  de  leurs  fautes  secrètes,  eu  esl 
un  lénioin  iriéprochable  :  cette  lettre  lut  écrite  quel- 
ques années  après  le  milieu  du  cin(piième  siècle;  il  y 
parle  en  cette  sorte  :  J'ordonne  qu'on  abolisse  en  toute 
manière  la  présomption  de  certaines  gens  qui,  contre  Ut 
règle  apostolique  et  contre  tout  droit,  exigent  des  fidclcs 
qu'ils  écrireïit  dans  des  libelles ,  et  qu'ils  récitent  publi- 
quement toutes  les  espèces  de  péchés  ,  puisqu'il  suffit  de 
découvrir  au  seul  prêtre  par  une  confession  secrète,  les 
péchés  dont  on  se  sent  coupable.  Car  quoique  l'ardeur 
de  la  foi  de  ceux  qui  par  la  crainte  de  Dieu  veulent  bien 
souff'rir  la  confusion  publiijue  de  leurs  fautes  ,  paraisse 
louable,  cependant  les  péchés  de  tous  ne  sont  pas  tels 
que  ceux  qui  demandent  la  Pénitence  n'aient  rien  à  crain- 
dre en  les  rendant  publics.  Qu'on  rejette  donc  celte  mau- 
vaise coutume,  de  peur  que  plusieurs  ne  soient  détournés 
de  se  servir  des  remèdes  de  la  Pénitence,  en  rougissant, 
ou  en  craignant  de  faire  connaître  ce  qu'ils  ont  fait  à 
leurs  ennemis,  et  de  s'e.rposer  ainsi  à  la  rigueur  des  lois. 

<  Prœsumptionem ,  quam  nuper  audivi  à  quibusdam 
«  illicilàusurpationc  comntilii,  niodis  omnibus  constitua 
«  submoveri;  de  Pœnitentià  videlicel,  qiiœ  ita  à  fidelibus 

<  postulalur ,  ne  de  singulorum  peccatorum  génère ,  ti- 
«  bello  scripta  professio  publiée  recitetur  ;  citm  reatiis 
«  conscientiarum  sufficiat  solis  sacerdotibus  indicari  con- 
i  fessione  secrelà  ;  quamvis  enim  plenitudo  fidei  videatur 
t  esse  laudabitis,  quœ  propter  Dei  (imorem  apud  homines 
«  eriibescere  non  veretur ,  tamen  quia  non  omnium  hu- 
«  jusmodi  sunt  peccala,  ut  eaqui  Pœnitentiam  posnmt, 
«  non  timeant  publicare,  removeatur  tam  improbabilis 
«  consuetudo,  ne  multi  à  Pœnitentiœremediis  arceantur, 
«  diim  ant  erubescunt ,  aut  metuunt  inimicis  sttis  sua 
f  facta  reserari  ,  quibus  possint  legum  constilutione 
«  percelli.  t 

€etle  lettre  de  S.  Léon  nous  montre  clairement  r 
premièrement,  que  la  coulume  de  l'Église  ne  fut  ja- 
mais de  contraindre  les  pécheurs  à  déclarer  publique- 
ment les  crimes  pour  lesquels  ils  auraient  lieu  de 
craindre,  soit  la  rigueur  des  lois,  soit  quelques  autres 
inconvénieuts  considérables;  parce  que  cela  détour- 
nerait les  fidèles  des  remèdes  salutaires  de  la  Péni- 
lence. Secondement,  que  si.quehpies-uns  néanmoins 
pour  rédili(ali()n  des  autres,  et  touchés  de  com- 
poncliou,  voulaient  déclarer  publiquement  dans  l'église 
quelques-uns  de  leurs  péchés,  ils  feraient  une  action 
louable  ;  mais  qu'on  ne  doit  y  contraindre  personne. 
Enlin  nous  voyons  qu'en  ce  lenqjs  là  cette  pratique 
élail  eneoie  dans  un  usage  commun,  et  que  même  on 
portait  sur  ce  poiutlesch  scsà  desexcèsque  ce  grand 
pape  se  crnl  obligé  de  réprimer. 

Dans  la  suite,  la  f<'rveur  des  chrétiens  dinunuant, 
et  les  inconvé..ienls  de  ces  sortes  de  confessions  se 
faisant  sentir  (ie  plus  en  plus,  la  |)ratiqne  s'en  abolit 
insensiblement.  Kl  si  d;!us  les  len'.p^  |>oslèrieurs  oneil 


583 


HISTOIRE  DES 


voil  qiieltiues  t-xeiiiples ,  ils  sont  très-rares,  "et  on  ne 
peut  dire  que  la  coiilunie  de  s'accuser  ainsi  puliliqiie- 
Dient  des  fautes  cachées  subsistât  encore. 

En  voici  quehiues-uns  que  le  lecteur  ne  sera  pas 
facile  de  tiouver  ici  pour  son  édificalioii.  Polaïuius, 
l'vrque  de  Br;igue  ,  élant  au  concile  de  Tolède  ,  que 
Ton  compte  pour  le  dixième  tenu  en  celle  ville  en 
l'année  006,  confessa  aux  évéques  assemblés  un  grand 
crime  très-caché,  et  affirma  par  serment  que  sa  con- 
fession était  véritable  ;  c'est  pourquoi  il  fut  déposé  de 
rt''|)iscopa(. 

On  trouve  dans  le  moyen -âge  plusieurs  r.ulres 
exemples  de  confessions  faites  en  même  temps  à  plu- 
sieurs  prêtres  ;  ce  qui  est  une  espèce  de  confession 
pul)liqne.  S.  Tliéodard,  ou  Audard  (1),  évêque  de  >«ar- 
J)onne,  élaularrivé  aunionailèrede  S. -Martin,  au  pays 
de  Chartres,  y  fut  attaqué  dune  grande  fièvre,  el  sen- 
lant  que  son  heure  approchait,  il  appela  Tabbé  du  mo- 
nastère el  tous  les  prêtres  qu'il  avait  sous  sa  conduile, 
01  fit  devant  eux  la  C(iiifes>ion  de  tous  les  péchés  qu'il 
avait  commis ,  lémoignanl  sa  douleur  par  ses  larmes 
el  ses  gémissemeiiis. 

S.  Annon,  arclievê(]ue  de  Cologne  (2),  quatre  se- 
maines avanl  sou  décès  fil  venir  Erphon,  abbé  de  Si- 
gebeit,  qu'il  avait  toujours  appelé  son  père  à  cause  de 
sa  vieillesse  vénérable,  el  avec  lui  les  pères  et  les  frè- 
res de  quelques  autres  monastères,  au  moins  au  nom- 
bre de  douze,  qu'il  fil  asseoir  près  de  lui,  et  auxquels 
il  exposa  tout  ce  qu'il  avait  fait  durant  lout  le  cours 
de  sa  vie  par  une  confession  publique,  s'avouanl  cou- 
pable et  pécheur.  C'est  ce  que  rapporte  lauleur  de 
l'Histoire  de  sa  vie,  1.  5,c.8. 

Orderic  Vital,  dans  son  troisième  livre  ,  dit  de  S. 
Gérale  ,  ermile,  qui  vivait  vers  l'an  1170,  qu'il  alla 
exprès  à  Rome  pour  confesser  ses  péchés  en  présence 
du  pape  et  des  cardinaux. 

Nous  apprenons  d'unauleur  anonyme,  qui  est  im- 
jirimé  parmi  quelques  ouvrages  des  liisloriens  d'An- 
gleterre, que  le  roi  Guillaunie-le-Conquérant  élant 
sur  le  point  de  mourir  se  confessa  à  hauie  voix  à  plu- 
sieurs prêtres  ensemble,  et  en  présence  des  grands  du 
royaume  et  de  Normandie  ,  de  tout  ce  qu'il  avait  fait 
depuis  sa  jeunesse  jusqu'à  sa  vieillesse  :  après  quoi  il 
les  supplia  de  demander  à  Dieu  par  leurs  prières  la  ré- 
mission de  ses  péchés ,  du  poids  desquels,  disait-il,  il 
se  sentait  accablé.  n- 

Malhieu  Paris,  dans  son  Histoire  d'Angleterre,  ra- 
conte une  chose  irès-siiigulière  qui  revienl  à  notre  su- 
jet, savoir  que  Hugues,  évêque  de  Coventry,  qui 
mourut  en  1198  ,  étant  forl  malade  el  se  sentant  près 
de  mourir ,  appela  les  personnes  religieuses  de  toute 
la  Normandie  qu'il  put  faire  venir,  abbés  et  prieurs, 
et  qu'au  milieu  de  cette  assemblée  il  confessa  à  haute 
voix,  sans  rien  dissimnlcr,  et  avec  de  grands  senti- 
ments de  douleur,  tous  les  péchés  el  les  crimes  qui  se 
présentèrent  à  sa  mémoire  :  après  quoi  les  prélats 


(1)  Acla  S.  Theod.  apud  Rolland.,  1  maii. 

(2)  Apud  Sur.,  4decemb. 


SACREMENTS.  3S4 

,  alors  présents  lui  enjoignirent  pour  pénitence  de  d» 
I  meurcr  dans  les  tourmenls  du  Purgatoire  jus(iu'au 
,  dernier  jugement.  Le  P.  Martène  (1)  rapporte  encore 
!  d'autres  exemples  de  confessions  faites  à  plusieurs 
prêtres  ensemble,  qui  lous  donnaient  l'absolulion  au 
pénitent.  1 

,  L'histoire  grecque  nous  en  fournil  aussi.  Nicéphore 
Grégoras  (2)  décrit  la  pénitence  de  l'empereur  Michel 
Paléologue,  qui ,  se  repentant  du  double  crime  qu'il 
avait  commis,  savoir,  d'une  perfidie  ,  et  d'avoir  crevé 
les  yeux  au  fils  de  l'empereur,  vint  trouver  le  pa- 
triarche Joseph,  à  qui  il  avait  coutume  de  se  confesser, 
lorsqu'environné  de  plusieurs  évêques  et  prêli-es,  il 
célébrait  les  saints  mystères  :  que  là  il  s'était  pros- 
terné devant  les  portes  du  sanctuaire  ,  et  s'était  accusé 
d'une  voix  claire  el  intelligible  de  ces  deux  crimes  : 
qu'après  cela  le  patriarche  élant  debout ,  et  Michel  à 
ses  pieds,  lui  avait  récilé  un  écrit  conlenant  son  abso- 
lution ,  ce  que  firent  tous  les  évêques  après  lui  chacun 
en  son  rang,  récitant  l'un  après  l'autre  la  même  prière 
sur  lui.  Ce  qui  élant  fini,  le  prince  s'en  retourna 
chez  lui  plein  de  joie,  croyant  que  celle  absolution 
l'avait  fait  rentrer  en  grâce  avec  Dieu. 

CHAPITRE  111. 

Dans  les  prewiers  siècles  de  l'Eglise  on  punissait  plus 
sévèrement  ceux  qui  étaient  convaincus  de  péchés,  d'Us 
ne  s'en  étaient  pas  accusés  eux-ntêmes.  On  regardait 
comme  un  devoir  de  déférer  à  févêquc  ou  au  prêtre 
celui  qui  était  tombé  dans  quelque  faute  considérable. 
Que  faisait  le  pasteur  si  celui  dont  on  lui  avait  déféré  le 
crime  n'en  voulait  poi)it  convenir. 

'■  Les  chrétiens  des  premiers  siècles  ne  connaissaient 
point  d'autres  maux  que  le  vice  el  le  péché  :  ils  en 
avaient  une  telle  horreur,  que  lous  en  général  et  en 
parliculier  travaillaient  aie  bannir  de  l'Église;  à  peu 
près  comme  nous  voyons  que  tous  les  citoyens  con- 
courent avec  le  magistral  pour  empêcher  par  de  sages 
précautions  que  la  peste  ne  pénètre  ou  ne  se  commu- 
ni(pie  dans  l'étal,  el  que  tous  contribuent,  chacun  à 
leur  manière  ,  à  arrêter  les  vols  et  les  brigandages 
dans  un  pays  ,  les  uns  en  faisant  connaître  les  retrai- 
tes des  voleurs,  les  autres  en  prêtant  main-forte  aux 
officiers  préposés  pour  purger  l'état  de  semblables 
pestes.  C'est  ce  qu'ils  avaient  appris  du  grand  Apô-- 
tre  (5)  qui  recommande  aux  fidèles  de  ne  point  pren- 
dre pari  aux  œuvres  de  ténèbres,  mais  plutôt  de  les 
reprendre  ,  el  d'ôler  le  mal  du  milieu  d'eux  ,  de  peur 
que  comme  un  mauvais  levain  il  ne  corrompe  toute  li 
masse ,  c'est-à-dire  ,  qu'il  ne  se  communique  au  rosie 
des  fidèles  comme  une  maladie  contagieuse. 

C'esl  conformément  à  ces  vues  et  à  ces  maximes 
que,  pour  empêcher  que  le  mal  ne  jetât  de  profondes 
racines  ,  et  n'infectât  enliéremenl  le  cœur  des  fidèles, 
les  saints  Pères  et  les  conciles  ont  fait  plusieurs  sla- 


d  )  Deaul.  Ecd.  Rit.,  t.  2,  c.  0. 
(2)  Lib.  A,  sub  fiuem. 
(ô)  Ephes.  .^>,  i  Cor.  5. 


^^^  PÉNITENCE.  —  SLCT.   II.  CHAI». 

liili  cl  canons  jiar  lesquels  il  osl  onlonné  que  ceux 
qm  auraient  élé  convaincus  de  péchés  ou  do  crimes , 
seraient  plus  rigoureusement  punis  que  s'ils  les  avaient 
déclarés  cux-niémes  volonlaircmont ,  a  pou  près  ooni- 
nie  nous  voyons  que  cela  se  praliiiuo  eucorc  anjuui- 
d'iiui  dans  les  monastères  bien  réglés,  suivant  la  règle 
de  S.  Benoît   (cliap.  -40) ,  où  l'on  s'acaisc  yolonlairc- 
ment  de  ses  fauies  à  peine  d'en  être  punis  plus  sévè-  | 
renient  si  le  coupable  est  découvert  par   une  autre 
voie  (|ue  par  sa  propre  déclaration  ,  avec  celle  diiré- 
rence  cependant  que  chez  les  moines  cela  n'a  lieu  que 
pour  les  fautes  légères ,  et  sans  rapport  au  sacrement , 
de  Péiiiter.ce;  au  lieu  qu'autrefois  dans  l'Église  cette  j 
règle  était  pour   toutes  sortes  de  Taules  ,   et  surtout  ; 
pour  lis  plus  grandes,  avec  un  rapport  marqué  au! 
sacrement  de  Pénitence  ;  je  veux  dire,  que  celui  qui 
était  ainsi  convaincu  élait  soumis  à  la  pénitence  cano- 
nique ,  et  que  ce  n'était  qu'après  l'avoir  dûment  ac-  j 
compile  (pi'il  était  réconcilié  avec  Dieu  par  l'absolution 
sacramcnlollo  ,  comme  parlent  les  théologiens. 

Il  faut  nécessairement  nous  borner  en  rapportant 
les  preuves  de  ce  que  nous  venons  de  dire  ,  de  peur 
d'ennuyer  le  lecteur  en  laccablanlde  citations.  Com- 
mençons par  le  concile  d'Elvirc  :  voici  ce  qu'il  on  dit 
dans  le  canon  76°  :  Si  qHelquiui  s'est  laissé  ordonner 
diacre  ,  et  qu'ensuite  on  découvre  quil  soit  tombé  dans  1 
quelque  péclié  digne  de  la  mort  éternelle ,  s'il  l'a  confessé 
volontairement ,  nous  avons  jiujé  qu'après  avoir  fait  une 
pénitence  légitime  pendant  trois  ans  ,  il  sérail  admis  à  la 
communion.  Que  si  quelqu'un  l'a  découvert ,  après  cinq 
ans  dû  pénitence  il  recevra  la  communion  laïque,  i  Qu'od 
»  si  aliquis  eum  detexit ,  post  quinquennium  actâ  pœni- 
i  tentià ,  accipcre  laicam  communionem.  s  Après  trois 
ans  de  pénitence  le  concile  rend  la  communion  ecclé- 
siastique au  diacre  qui  confesse  volontairement  son 
crime;  s'il  est  convaincu,  il  est  reçu  seulement  après 
cinq  ans  à  la  communion  laïque ,  et  privé  pour  tou-  ' 
jours  de  son  emploi.  Peut-on  rien  de  plus  fort,  pour 
le  dire  en  passant,  pour  prouver  la  nécessité  de  la 
confession,  et  ce  que  nous  avons  avancé  ?  ! 

Martin  de  Bragues  a  inséré  dans  sa  collection  (c.  ! 
2.5)   plusieurs  canons  qui  sont  une  preuve  couvain-  ! 
cante  de  la  même  maxime  réduite  en  pratique.  Je 
me  contenterai  d'en  rapporter  un  seul  que  Burchard, 
Ives  de  Chartres  et  Gratien,  ont  aussi  inséré  dans  . 
leurs  recueils  de  canons.  Si  un  prêtre,  avant  son  ordi- 
nation, a  péché,  et  qu'ensuite  il  ait  confessé  son  crime, 
qu'il  n'offre  plus  le  sacrifice  de  l'autel,  non  offer\t  ;  • 
mais  que  pour  avoir  marque  de  la  Religion,  il  porte 
encore  le  nom  de  prêtre  ;  que  s'il  ne  l'a  point  confessé 
lui-même,  mais  en  a  été  publiquement  convaincu  par 
nn  autre,  qu'il  ne  conserve  pas  même  le  nom  de  prê- 
tre, etc.  Uomarquoz  qu'il  s'agit  ici  dos  péchés  secrets 
dont  on  faisait  pénitence  publique. 

S.  Grégoire  de  Nyssc  (1)  est  témoin  que  la  même 
discipline  était  observée  en  Orient,  et  nous  donne  en 
même  temps  les  raisons  pour  lesquelles  elle  avait 

(Ij  Ep.  ad  Loloyum, 


111.  I)!:S  l'KCliÊS  iNON  AVOLÉS.  58G 

é:é  ('tablic.  C'est  dans  son  épitrc  canonique  à  Lc- 
loyus,  où  il  [tarie  avec  beaucoup  de  lumière  et  de 
piété  des  dilléicnts  degrés  de  Pénitence.  Lorsqu'il  est 
quchlion  dos  péchés  do  la  chair,  il  s'ox|)rime  ainsi  : 
Il  doit  y  avoir  de  la  dif^'érence  à  l'égard  de  ceux  qui 
sont  tombés  dans  ces  sortes  de  crimes.  Celui  qui  de  son 
mouvement  a  déclaré  ses  péchés,  parce  qu'il  s'est  rendu 
accusateur  de  lui  même,  en  découvrant  ses  fautes  se- 
crètes, sera  traité  plus  favorablement ,  comme  agant 
commencé  à  apporter  le  remède  à  son  mal,  et  donné 
des  marques  de  changement.  Mais  celui  qui  aura  été 
découvert  ou  par  quelque  soupçon,  ou  par  quelque  accu- 
sation, et  convaincu  malgré  lui ,  sera  plus  longtemps 
soumis  à  la  Pénitence,  afin  quêtant  parfaitement  purifié, 
il  puisse  être  admis  à  la  participation  des  choses  saintes. 
Touies  les  parties  de  ce  passageméritent  réflexion;  mais 
faites  seulement  attention,  je  vous  prie,  à  ces  paroles  : 
Mais  celui  qui  aura  été  découvert,  ou  par  quelque 
soupçon,  ou  par  quelque  accusation  ,  et  convaincu 
MALGRÉ  LUI,  qui  nous  font  voir  de  quelle  manière  on 
s"y  prenait  pour  obliger  les  (idèles  à  expier  leurs  fau- 
tes par  la  Pénitence.  Nous  aurons  bientôt  lieu  de 
parler  de  celle  pratique.  Continuons  à  faire  voir  com- 
ment on  punissait  plus  rigoureusement  ceux  qui  n'a- 
vaient pas  d'eux-mêmes  confessé  les  péchés  dont  ils 
se  sentaient  coupables. 

S.  Basile,  dans  sa  lettre  canonique  (cap.  61),  veut 
que  le  voleur  qui  s'est  accusé  lui-même  ne  soit  éloi- 
gné de  la  communion  que  l'espace  d'un  an;  mais,  s'il 
a  élé  convaincu,  qu'il  soit  deux  ans  en  pénitence;  un 
an  prosterné,  et  l'autre  année  parmi  ceux  qu'on  nom- 
mait consistants.  S.  Ambroise  (1)  dit  là- dessus  admi- 
rablement que  celui  qui  s'accuse  ainsi  lui-même, 
efface  par  là  son  péché,  parce  qu'il  s'est  accusé  avant 
que  d'autres  l'accusassent.  Et  Paulin,  dans  la  Vie  de 
ce  saint  évéque,  en  parlant  de  la  chariié  qu'il  faisait 
paraître  envers  ceux  qui  venaient  lui  confesser  leurs 
lautes,  ajoute  ces  belles  paroles  :  Celui  qui  prévient 
ainsi  son  accusateur,  ne  lui  laisse  rien  à  faire  contre 
lui,  etc.  Il  brise  les  dents  de  l'ennemi  prêt  à  le  dévorer 
par  une  funeste  accusation.  Il  entend  celle  que  le  dia- 
ble formera  contre  les  impénitenis  devant  le  tribunal 
de  Jésus-Christ.  Vocem  erip'ii  adverscirio,  et  quasi  den- 
tés quosdam  paratos  ad  prœdam  criminationis  infesta', 
peccatorum  suorum  confessionc  confringit. 

Ces  paroles  de  Paulin  ne  prouvent  pas  tant  la  pra- 
tique dont  nous  traitons  ici  que  la  nécessité  de  la 
confession  ;  mais  ce  que  nous  avons  dit  auparavant 
suflil  i)loinemenl  pour  l'établir,  et  il  n'est  pas  diflicile 
après  tant  de  preuves,  de  répondre  à  ce  qu'on  pour- 
rait nous  opposer,  que  le  troisième  concile  d'Orléans 
(can.  7)  décerne  les  mêmes  peines  contre  les  clercs 
adultères,  soit  qu'ils  aient  été  convaincus,  soit  qu'ils 
aient  avoué  d'eux-mêmes  leur  crime  ,  en  disant  que 
cet  aveu  dont  parle  le  concile  est  un  aveu  forcé,  au- 
quel les  accusations  et  les  soupçons  violents  que  leur 
conduite  avaient  fait  naître  avait  donné  lieu.  Celaarrivo 

^IjL.  ^doPirnil.,  o.  8.  -    *-" 


387 


nisToinr  des  sacrements. 


58* 


,ent  dans  les  tribunaux  de  la  justice,  et  nous  ou  i»  Iticineiit  les  Cluéiiens  de  s'y  conformer,  sous  peine 


avons  un  exemple  dans  le  canon  IV  des  Apôlrcs  qui 


d'èlre  punis  eux-nic'ines  pour  a\oir  niaiif|Ui''  de  clia- 


poile  :  Si  un  évèque  at  accusé  par  des  pcrsomics  dignes  \    lilé  envers  Iein\s  l'rères 
r/,,>  foi,  ses  coifrères  doivent  l\i})peler  eu  jugement,  et 
s'il  avoue,  ou  qu'il  soit  convaincu,  quon  lui  impose  lu 
peine  qu'il  mérite.  «  Et  coufessus,  aut  uygumeulis  eon- 
t  victus  fuerit.  n 

Non  seulement  le  zèle  pour  la  puie»('!  des  niunns 
portait  les  anciens  fidèles  à  s'accuser  eux-mêmes  et 
les  autres  des  fautes  dont  ils  étaient  témoins,  ou  qui 
venaient  à  leur  connaissance,  afin  (jne  révètpic  ou  !e 
prêtre  prissent  soin  de  les  faire  expier  aux  pcclicuis, 
connue  nous  l'avons  déjà  dit  plusieurs  fois  dans  le 
cours  de  celle  histoire  ;  mais  ils  regardaient  cela 
comme  un  devoir  indispensable,  prenant  à  la  lettre 
ce  que  Jésus-Chrisl  nous  enseigne  toucliant  la  cliaritc 
fraternelle,  c'esl-à-dire,  qu'après  avoir  gardé  tons  les 
degrés  de  lu  correction  marqués  dans  l'Évangile,  sui- 
vant que  la  prudence  et  les  circonstances  le  permiH- 
taicnt,  ils  déféraient  enliis  à  l'Église  celui  qui  avait 


prévariipie. 

S.  Augustin  (1),  par  exemple,  fait  un  devoir  aux 
fcunni-s  chrétiennes  de  déférer  à  l'Église  les  désor- 
dres secrets  de  leurs  maris.  Je  ne  veux  point,  dit-il, 
qu'elles  soient  pati^'ulcs  en  cela  ;  qu'elles  soient  donc 
jalouses  à  l égard  de  leurs  maris,  non  d'une  manièie 
humaine ,  mais  spirituellement  ,  pur  rapport  à  leurs 
âmes.  C'est  pourquoi  je  vous  avertis,  je  vous  ordonne, 
je  vous  commande,  moi  qui  suis  votre  évoque,  et  Jésus- 
Clirist  en  moi,.,  ne  permettez-  point  à  vos  maris  de  com- 
meltre  des  pécliés  de  la  chair;  pnurvoyez-vous  contre 
eu.r  devant  l'Église;  je  ne  dis  point  devant  le  procon- 
sul... mais  devant  Dieu;...  dans  tout  le  reste,  obéissec- 
leur  avec  une  soumission   de  servante;  mais  quand  il 


C'est  dans  ce  sens  que  l'on  doit  prc-ndrc  le  terme 
de  7VJ-:yjo>::ùj;,  cotiscius,  dans  le  canon  71°  de  S.  Basile 
où  il  parle  ainsi,  après  avoir  fait  rénuniéiation  de 
plusieurs  espèces  de  péchés  dans  les  précédents  :  Celui 
qui  saura  chacun  de  ces  péchés  et  ne  les  aura  peint 
confessés,  mais  qui  aura  été  convaincu  de  les  avoir  suSy 
sera  autant  de  temps  en  pénitence  que  celui  qui  les  aura 
commis.  Halzamon  explique  mal  à  propos  ce  terme 
'7iij;-/-jcy/.'j);  par  cclui  de  complice,  conformément  à'I'u- 
sage  de  son  temps  :  en  quoi  il  est  contraire  à  l'esprit 
de  S.  Basile  :  car  outre  qu'il  y  aurait  de  l'injustice  à 
sonmeltrii  indirréremmenlaux  mêmes  peines  les  com» 
plices  (l'un  crime  (|ue  le  coupable,  puisqu'il  peut  se 
trouver  des  circonstances  qin  diminueraient  biaucoup 
leurs  fautes,  telle  que  la  servitude,  par  exemple,  à 
l'égard  d'une  fille  que  son  maître  a  corrompue;  il 
est  certain  d'ailleurs,  qu'en  prenant  ce  terme  pour 
sciens,  celiji  qui  s.vit  le  crime  (jui  s'est  commis,  le 
S.  Docteur  parle  dans  ce  canon  d'une  manière  con- 
forme aux  maximes  et  à  la  coutume  de  son  temps.  11 
ne  reste  aucun  doute  sur  la  signification  de  ce  ternie 
dans  les  écrits  de  notre  saint  si  l'on  fait  attention 
à  ce  qu'il  dit  dans  ses  grandes  Règles(l),  où  il  s'ex- 
plique en  ces  termes  :  Quel  que  soit  te  péché  dans 
lequel  on  tombe,  il  faut  en  avertir  le  supérieur,  soit 
ceux  qui  ont  commis  la  faute,  soit  ceux  qui  en  ont  con- 
naissance, ri  Tiv.pcf.  Twv  (TuvsyvwzoTwv,  s'ils  ne  peuvent  eux- 
mêmes  remédier  au  mat;...  que  personne  donc  ne  clierche 
à  caclier  la  faute  d'un  autre,  de  peur  qxiau  lieu  de  t'a- 
mour  qu'il  doit  à  son  frère,  it  ne  se  rende  auteur  de  sa 
perte.    Vous  voyez    ici    précisément  le  même   terme 


s'agira  de  cette  espèce  d'affaires,....  réclamez  vos  droits.  1  employé  pour  signitler,  non  le  complice  du  crime 
Si  les  femmes,  selon  S.  Augustin,  sont  obligées  de  ji  d'un  autre,  mais  celui  qui  en  a  connaissance  sans  y 
déférer  à  l'Église  leurs  propres  maris  qui  ont  de  mau-  !|  avoir  contribué  en  rien  ;  ce  (pii  est  bien  marqué  par 


vais  commerces,  quoique  cette  délation  puisse  avoir 
de  fâcheuses  suites  pour  elles  ,  qui  peut  douter  que 
tous  les  Chrétiens,  suivant  l'esprit  du  S.  D.icteur,  ne 
dussent  cette  charité  à  leurs  frères,  y  ayant  beaucoup 
moins  d'inconvénients  pour  eux  h  découvrir  leurs 
fautes  aux  prélats  de  l'Église? 

Ives  de  Chartres  ('2)  rapporte  dans  son  décret  ce 
canon  tiré  du  pénitentiel  de  Théodore  de  Cantorhéri , 
dorit  le  livre  est  d'une  très-grande  autorité,  ayant 
servi  de  règle  pour  la  Pénitence  durant  plusieurs  siè- 
cles dans  presque  toute  l'égliâe  d'Occident  :  Celui 
qui  aura  celé  un  péclié  considérable,  et  qm  ne  t'aura 
point  corrigé,  suivant  ta  règle  de  t'Evangite,  première- 
ment en  pariiculier,  ensuite  devant  quelques  autres,  et 
qui  après  cela  n'aura  point  déféré  son  péclié  à  l'Eglise, 
en  cas  que  cela  fût  nécessaire,  qu'il  soit  autant  de  temps  \ 
en  pénitence  qu'il  aura  été  de  temps  à  garder  le  silence 
sur  cela.  «  Qnanto  tempore  siluit,  tanto  pœniteat.  ^  Ré- 
giuon  cl  Burcliard  coidirment  par  plusieurs  témoigna- 
ges celle  disciplini\  et  l'obligation  (iii'onl  indispensa- 

(l)llom.  49,  c.  4  et  5. 
[ij  Décret,  part.  15,  155. 


ces  termes,  s'ils  ne  peuvent  eux-mêmes  remédier  au 
mat. 

Vous  demanderez  ici  ce  que  faisaient  l'évêquc;  ou  le 
prêtre,  lorsqu'ils  soupçonnaient  quehprun  d'avoir 
commis  uncrime,  ou  qu'ils  le  savaient,  soit  par  quel- 
que délation  secrète,  soit  par  eux-mêmes,  soit  enfin 
par  la  confession  du  coupable  qui  niait  ensuite  avoir 
confessé  son  péché,  el  refusait  absolument  de  subir  la 
pénilence  ? 

A  quoi  je  réponds  (pie  la  discipline  de  ce  lemps-Ià 
était  la  même  à  cet  égard  que  celle  d'à  présent.  Qu'il 
ne  restait  au  supérieur  en  ces  cas  que  la  voie  de  re- 
monlrance  et  d'evhoi'tation  pour  engager  le  péchenr 
à  se  soumettre  aux  peines  canoniques.  Je  ne  dérouvre 
pas  ce  pécheur,  dit  S.  Augustin  (2),  je  le  reprends  en 
secret  ;  je  lui  mets  devant  les  geux  le  jugement  de  Dieu, 
j'imprime  la  terreur  dans  sa  conscience  criminelle ,  je 
lui  persuade  de  faire  pénitence.  Voilà  ce  qui  restait  à 
faire  au  paslem-  quand  il  manquait  de  preuves  pour 
convaincre  pid)llquement  le  coupable  ;  quand  même 

(1)  Regul.  fusiùs  disput.  intcrrog.  46. 

(2)  Serm.  l(j  de  verbo  Domini,  c.  8. 


589  PÉNITENCE.  —  SECT.  II.  CilAi* 

Il  aurait  su  par  lui-même  ei  vu  de  ses  propres  yeux 
ce  qui  s'él;iil  pusse  de  criminel,  il  ne  pouvait  retran- 
cher le  coupable  de  la  comniuiiion  des  choses  saiules, 
s'il  n'y  coiisoiilait.  Quoique,  dit  encore  S.  Atij,'MS- 
tin  (1) ,  ceKe  défense  d'approcher  des  choses  sahiles  ne 
cause  point  la  morf  au  pêcheur,  mais  lui  soit  salutaire, 
il  fallait  pour  en  venir  là  qu'il  avouât  volontairement 
sa  faute,  ou  qu'il  fût  convaincu  par  un  jugement,  soit 
séculier,  soit  ecclésiastique. 

liurchard  et  Ives  de  Chartres  (2)  enseignent  néan- 
moins, d'après  le  second  canon  du  concile  de  Tours, 
que  le  prêtre  doit  dénoncer  publiquement  à  un  pé- 
cIk  iir  qui  ii<;  veut  pas  avouer  son  crinie,  qu'il  est  in- 
digne de  la  (ommunion,  et  «|u"il  mériterait  d'en  être 
prive,  jusqu'il  ce  (|u'il  vienne  à  résipiscence.  Mais  ils 
parlent  en  cet  endroit  d'un  homme  dont  le  crime  a 
été  déféré  à  l'Église,  contre  lequel  il  y  a  de  forts  pré- 
jugés, et  qui  n'a  pas  succombé  dans  l'accusation  in- 
tentée contre  lui. 

Que  si  le  supérieur  ecclésiastique  ne  connaît  le 
crime  du  coupable  que  par  la  voie  de  la  confession  se- 
crète, il  ne  doit  point  trouver  mauvais,  dit  le  concile 
de  (>ai'tli;ige  (eau.  5),  qu'on  ne  Ton  croie  pas  seul,  si 
le  pénitent  nie  le  l'ait,  et  refuse  d'accepter  la  péni- 
tence canonique.  Que  s'il  dit  que  sa  conscience  ne 
lui  permet  pas  de  communiquer  avec  cet  homme  ;  les 
autres  évêques  ne  communiqueront  pas  non  plus  avec 
lui  ,  autan!  de  temps  qu'il  lui  refusera  sa  communion. 
Les  évêques  d'Afrique  ajoutent  à  leur  décision  cette 
raison  digne  de  leur  siigesse.  Afin  que  l'évêque  soit  sur 
ses  (jardes  pour  ne  rien  dire  contre  personne  dont  il  ne 
le  puisse  convaincre  par  d'autres  preuves  que  celle  de  la 
confession  secrète,  de  laquelle  Une  peut  faire  usage  que  du 
consentement  du  pénitent.  «  Utmagis  caveal  episcopus,ne 
i  dical  in  quemquam ,  quod  aliis  dociimentis  convincere 
i  non  polest.  »  Ce  règlement  est  devenu  célèbre  dans 
l'Église,  il  est  rapporté  par  tous  ceux  qui  ont  donné  des 
compilations  ou  recueils  de  canons,  comme  Burcliard, 
évêque  de  Worms ,  Ives  de  Chartres,  Gratien  ,  et 
même  par  les  canonistcs  Grecs,  enlr'autres  Zonare  et 
Jialzamou.  lia  formé  la  discipline  de  l'Église  sur  ce 
point,  et  on  en  a  toujours  depuis  suivi  l'esprit  et  la 
disposition.  Ferrant  Diacre  l'a  rendu  en  abrégé  par 
CCS  termes  (3)  :  Que  l'évêque  n'interdise  point  la  commu- 
nion pour  un  péché  qu'il  assure  lui  avoir  été  confessé 
à  lui  seul,  i  Ut  episcopus  à  communione  non  suspen- 
«  dal  cnm  quem  nsserit  de  peccato  aliquo  sibi  soli  fuisse 
«  confessum.  » 

CHAPITRE  IV. 
Continuation  de  la  même  matière.  Que  la  coutume  de  dé- 
férer les  pécheurs  aux  évêques  et  aux  prêtres  s'est  con- 
servée très- longtemps  dans  l'Église  ;  qu'il  en  reste 
encore  quelques  vestiges  aujourd'hui.  Du  sceau  de  la 
confession  sacramentelle. 

Outre  (pie  l'on  découvrait  autrefois  aux  supérieurs 
ecclésiasiiqiics,   par  un  motif  de  charité  et  pour  se 

(I)  Hoiniiià  ullimà  inleroO. 

(i)  Burcliard  16,  c.  2i  :  Ivo  Carn.  p.  10   r.  lfJ-> 

(ôjTit.  2.  c.  73.  ,        ,  — 


IN.  sLlii-  bU  MEME  SUJET. 


500 


confoiiner  à  l'esprit  de  l'Év;ingi!o  et  de  lEglise,  ceux 
qui  se  dérangeaient  dans  Irur  conduite,  quand  on  n'a- 
vait pris  aucune  part  à  leurs  dérèglements,  il  était  de 
plus  ordinaire  que  ceux  (pii  étaient  complices  de  quel- 
ques crimes  décianssenl  (.-n  confession  les  compa- 
gnons de  leurs  désordres  ,  et  cela  arrivait,  comme  le 
remarque  M.  Touriioly  (1),  après  le  père  Moriii ,  eu 
deux  cas,  dont  le  premier  est  de  précepte,  et  est  encore 
à  présent  en  vigueur  dans  l'Eglise,  et  le  second  est  seu- 
lement permis  et  louable ,  lorque  cela  se  fait  par  un 
vrai  motif  de  charité ,  et  avec  toutes  les  précautions 
qu'exige  la  prudence  chrélicnne. 

Le  premier  cas  est  celui  où  la  confession  ne  serait 
|)oint  entière  sans  la  déclaration  du  complice,  c'est-à- 
dire,  pour  parler  le  langage  des  théologiens,  celui  où 
les  diverses  circonstances  changent  l'espèce  du  pé- 
ché, ou  bien  enangmenlenl  ou  diminuent  la  griéveté, 
sans  en  changer  l'espèce. 

Le  second  cas  est  celui  où  on  déclare  au  pasteur  le 
complice  du  crime  que  l'on  a  commis,  n'ay;inl  en  vue 
que  sa  propre  utilité ,  ou  l'avantage  ,  soit  du  complice 
lui-même,  soit  de  quelques  autres,  ou  du  public. 

C'est  une  chose  si  notoire  que,  d;ins  le  premier 
cas,  les  anciens  regardaient  comme  un  devoir  de  dé- 
clarer les  complices,  qu'il  semble  superllu  d'en  raji- 
porter  des  preuves;  il  suflil  pour  cela  de  j«ler  les  yeux 
sur  les  canons  pénitenliaux.  S.Basile,  par  exemple, 
dans  le  canon  G7'  ordonne  que  l'inceste  commis  avec 
une  sœur  soit  puni  de  la  même  peine  que  l'homicide. 
Dans  les  canons  75"  et  71)"  il  veut  que  ceux  qui  se 
laissent  emporter  à  un  amour  impur  pour  leurs  belles  ■ 
mères  et  pour  leurs  sœurs,  soient  chassés  de  l'église 
jusqu'à  ce  qu'ils  renlrcnl  en  eux-mêmes,  et  (pi'rdors 
ils  pleurent  leurs  dc'sordres  pendant  trois  ans.  Celait 
la  première  station  de  la  rc'iuience  ,  rpuz-.y.j  m-îT- 
x)«tîTCd.  Or,  comment  ceux  (pii  entendaient  les  con- 
fessions, soit  secrètes,  soit  publiques  de  ces  sortes  de 
crimes,  qui  pour  rordiiinire  sont  exirèuicmcnl  jc- 
crels,  aurai(Mit-ils  pu  faire  lapplication  de  ces  règles 
de  S.  Basile,  et  d'une  iiilinilé  d'autres  semblables ,  si 
le  pécheur  n'avait  déclaré  ses  complices? 

Quelquefois  aussi  les  tiiconslances  reiidcnl  les  pii- 
cheurs  moins  criminels,  et  alors  il  fallait  les  connailre 
pour  adoucir  les  peines  attachées  par  les  canons  à 
ceriaim-s  espèces  de  crimes.  C'est  ce  qwe  l'on  peut 
voir  dans  liède ,  (pii ,  rapportant  les  anciens  canons 
dans  son  livre  intitulé  des  Remèdes  des  péchés,  dit  : 
Si  quelqu'un  a  ru  un  mauvais  commerce  avec  sa  servante, 
(ancillam),  qu'il  f<(sse  pénitence  pendant  un  an,  et  que  dans 
ce  temps  il  s'abstienne  de  sa  propre  femme;  si  la  chose 
c'est  faite  malgré  elle,  qu'elle  soit  pendant  quarante  jours 
en  pénitence. 

Ce  serait  en  vain  que  l'on  voudrait  restreindre  ce  de- 
voir aux  seuls  péchés  publics  :  car,  outre  que  les  canons 
ne  font  point  cette  distinction  ,  il  est  parlé  distincte- 
ment des  péchés  secrets  et  cachés  dans  le  concile  de, 
Tibur,  dans  celui  de  Wormes  ,  et  dans  le  pénitentiel 
romain.  D'ailleurs  ,  ceux  qui  font  ces  sortes  d'objcc- 

(\]  De  <;onfess.,  <■.  i,  I.  1,  dc  Pœnit. 


591 


lIISTOliiE  DES  SACREMENTS. 


392 


lions  ii,'iiorciit  iilisoliuiiciit  la  discipline   do  TÉglise  W  comme  dit  l'Apnlre,  aussi  bien  rjue  l*u!tliir;ilion  de  le 


dans  les  cin([  on  six  premiers  sii'cles  ,  el  même  dans 
les  siiivanls.  Si  dans  ce  lemps-Ià  (lueliiirun  eût  vécu 
dans  des  désordres  publics,  cuire  que,  conformément 
au  précepte  de  TApôtre,  les  fidèles  se  seraient  fait  un 
devoir  de  n'avoir  aucune  communication  avec  lui  ,  ce 
qui  était  d'usage  ordinaire  alois  ;  il  est  certain ,  de 
plus,  que,  comme  nous  avons  vu  par  ce  qui  a  été  dit 
ci-devant,  et,  entre  autres,  par  les  canons  de  S.  Ba- 
sile qu'on  vient  d'alléguer,  Tévêque  ou  le  prêtre  pré- 
posé pour  gouverner  quoique  portion  du  troupeau  de 
Jésus-Christ ,  n'aurait  point  ailendn  que  le  péclicur 
public  fût  venu  s'accuser  de  son  péclié  :  il  lui  aurait 
enjoint  ,  après  quelques  avertissemculs  charitables, 
de  quitter  son  désordre,  el  de  subir  la  pénitence  mar- 
quée par  les  canons,  sous  peine  d'être  exclus  de  l'en- 
trée de  l'église. 

Pour  ce  qui  est  du  secoiid  cas  dont  nous  avons 
parlé,  savoir  qu'il  élail  permis,  pour  sa  propre  ulililé 
el  pour  le  bien  public ,  ou  même  pour  celui  du  com- 
plice, de  le  découvrir  dans  la  confession  au  supérieur 
ecclésiastique,  pourvu  que  cela  se  fit  par  un  motif  de 
c'aarité  et  avec  prudence  ,  nous  l'avons  suffisamment 
prouvé  dans  le  chapitre  précédent.  Les  passages  rap- 
portés font  voir  que  l'on  se  faisait  autrefois  un  devoir 
de  faire  connaître  aux  pasteurs  de  lÉglise  les  désor- 
dres de  ses  frères  poin*  en  arrêter  le  cours.  Si  dans 
la  confession  on  le  faisait  par  celle  vue,  qui  peut  dou- 
ter que  ces  sortes  de  révélations  ne  pussent  être 
utiles,  tant  à  ceux  qui  les  faisaient,  qu'à  ceux  dont  on 
faisait  connaître  la  mauvaise  conduite  aux  pasteurs, 
afin  que  ceux-ci ,  qui  dans  les  peliles  villes  el  dans 
les  paroisses  des  grandes  villes  connaissaient  dislinr- 
temenl  les  fidèles  qui  leur  étaient  soumis,  arrêtassent 


faire,  était  si  bien  établie  dans  l'Eglise  ,  et  d'un  usage 
si  communément  reçu,  qu'il  y  a  duré  irès-longlcmp^i 
quoique  la  piété  se  fût  refioidio  dans  les  siècles  pos- 
térieurs :  car  nous  voyons  dans  le  moyen -âge  que 
dans  les  visites  épiseopales  les  arcliidiaores  el  les  ai- 
ciiiprèires  prévenaient  d'un  jour  ou  deux  l'arrivée  de 
l'évèque,  cl  ordonnaient,  sous  de  grosses  peines  ,  à 
tous  de  se  présenter  à  lui;  en  altendanl  ils  convo- 
quaient les  prêtres  des  lieux,  jugeaient  cl  accommo- 
daient les  aiïaires  de  moindre  importai'.ce  :  ensuite 
l'évèque,  élanl  présont  et  célébrant  son  synode, 
choisissait  sept  personnes  des  plus  honnêtes  gens  et 
les  plus  estimées  parleur  probité.  Là,  faisant  ap- 
porter les  reliques  des  saints  ,  il  les  engageait  à 
promellre  par  serment  de  ne  poinl  cacher  à  l'évèque, 
ni  à  celui  qui  aurait  été  envoyé  de  sa  part,  et  à  qui  il 
aurait  donné  commission  d'informer,  toutes  les  fois 
qu'ds  en  seront  requis,  tout  ce  qu'ils  sauront,  ou  au- 
ront ouï  dire  ,  ou  découvert  de  quelque  manière, 
s'être  lait  contre  la  volonté  de  Dieu  et  la  religion 
dans  la  paroisse  ;  de  n'avoir  égard  en  cela  ni  à  lami- 
lié  ni  à  la  parenté ,  mais  de  découvrir  sans  crainte , 
et  sans  être  arrêté  par  promesses,  tout  ce  qui  appar- 
tient au  ministère  de  l'évèque,  et  tout  ce  qu'il  doit 
juger  dans  son  synode. 

Ce  serment  étant  prêté,  l'évèque  les  avertissait  de 
répondre  aux  questions  qu'il  avait  à  leur  faire:  Nous 
sommes,  leur  disait  il,  les  ministresde  Dieu,  nous  ne 
recherchons  poinl  vos  biens  temporels  ,  mais  le  salut 
de  vos  âmes  ;  prenez  donc  garde  de  ne  rien  celer, 
de  peur  que  votre  silence  ne  soit  la  cause  de  votre 
perte  éternelle.  Après  cela,  il  les  interrogeait  tou- 
chant les  divers  crimes  et  les  vices  dans  lesquels  les 


le  cours  des  désordres,  el  iravaillasscnt  à  faire  ren-      paroissiens  pouvaient  tomber.  La  première  demande 


Irer  en  eux-mêmes  ceux  qui  se  perdaient  ?  car  c'est 
une  maxinie  encore  reçue  aujourd'hui ,  que  l'on  peul 
faire  usage  des  connaissances  acquises  par  le  moyen 
de  la  confession,  du  consentement  de  ceux  qui  se  sont 
confessés. 

Cependant,  à  dire  le  vrai,  ces  sortes  de  révélations,  | 
non  absolument  nécessaires,  paraissent  fort  dangereu- 
ses dans  le  siècle  où  nous  sommes  ;  et  si  on  y  avait 
égard  ,  il  serait  à  craindre  qu'elles  ne  dégénérassent 
en  délations  malignes,  que  le  tiibunal  ne  ferait  que 
couvrir  d'un  voile  spécieux,  en  imprudences,  en  ni<*- 
disances  très-réelles,  très-criminelles  et  irréparables; 
car,  ni  les  fidèles  n'ont  plus  dans  leur  pénitence  celte 
pure  lumière  qui  naît  de  la  charité  et  de  la  sln)pliciié 
chrétienne,  ni  la  plupart  de  ceux  qui  sont  chargés 
d'entendre  les  confessions,  n'ont  ni  la  prudence,  ni 
la  retenue ,  ni  la  fidélité  nécessaires  pour  garder  à 
propos  le  secret  el  user  bien  de  ces  déclarations ,  non 
plus  que  toute  la  venu  et  le  pouvoir  nécessaires  pour 
remédier  aux  maux  qu'on  leur  ferait  connaître. 

On  abuserait  donc  à  présent  de  celle  conduite  an- 
cienne ;  mais  autrefois  elle  était  très-utile,  et  la  pra- 
tique de  dénoncer  aux  prélats  de  l'Église  ceux  qui 
vivaient   dans   le  désordre  ,   hwrdinatî'  (tmbv'^niies , 


était  telle  :  Y  a-t-il  quelque  assassin  dans  celle  pa- 
roisse qui  ait  tué  quelqu'un  d'un  propos  délibéré  ,  ou 
pour  satisfaire  son  avarice,  qui  ait  fait  cela  à  regret, 
par  contrainte,  par  hasard,  ou  par  inadvertance,  pour 
venger  ses  parents,  par  ordre  de  son  maître  ,  ou  un 
maître  qui  ait  tué  son  serviteur? 

II  se  trouve  quatre-vingt-huit  demandes  de  celte 
nature  dans  le  décret  de  Burchard  (1),  aussi  bien 
que  dans  le  recueil  de  Réginon,  composé  par  ordre 
(le  Ualbod,  évèque  de  Trêves,  auquel  ce  savant  abbé 
a  joint,  suivant  l'ordre  des  titres  des  demandes,  di- 
vers canons  des  conciles ,  par  lesquels  ou  apprend 
quelle  est  la  pénitence  canonique  que  mérite  chaque 
péché.  L'un  et  l'autre  ont  tiré  des  actes  du  concile  de 
Rouen  tout  ce  qu'ils  ont  inséré  là-dessus  dans  leurs 
couq.ilaiions ,  et  dont  nous  venons  de  rapporter  un 
échantillon  ,  ce  qui  prouve  inconte>>tablement  que  la 
pratique  dont  nous  avons  tant  parlé  dans  ces  deux 
chapitres  surtout ,  était  encore  assez  ordinairement 
observée  dans  le  deuxième  siècle. 

On  trouve  quelque  chose  de  semblable  dans  un 
ancien  manuscrit  qui  contient  les  actes  d'un  concilô 

(1)  Burch.  Décret.,  lib.  1  ,  post  caputOi, 


393  PÉNITENCE.  -  SECT.  11.  ClIAP 

(le  Mayenca  (i),  qui  fut  célébré  sous  Uaban  Maur.  Je 
u"eu  rapporlerai  que  ces  paroles  q\n  élentlenl  à  tous 
les  paroissiens  le  devoir  de  découvrir  ce  qu'ils 
conn;»isseiil  de  désordres  dans  la  paroisse  :  Quil 
engage  aussi  ions  les  habitants  nobles  et  non  nobles  qui 
se  trouvent  sur  la  paroisse,  ou  bien  sous  la  religion  du 
serment,  per  b.vn.nlm  (ur.isTivNrrATis  (car,  suivant  Du- 
cauj^e,  ce  ternie,  bannusclirisiidiiiiutis  peut  avoir  l'une 
cl  laulre  signilicalion  en  pareil  cas  ),  quil  ["l)  les  en- 
gage à  ne  rien  célcr  des  choses  susdites,  de  jieur  quils 
ne  se  rendent  responsables  devant  le  tribunal  de  JSotre- 
Seigneur  Jésus-Christ  d'avoir  caché  de  si  grands  maux. 
Quehpies  lignes  après  on  lit  dans  cet  écrit  :  Que  si 
quelques-unes  de  ces  choses  ont  déjà  été  portées  devant 
l'évéque  et  terminées  par  son  autorité,  et  quon  découvre 
ensuite  qu'elles  aient  recommencé,  qu'on  les  y  porte 
de  nouveau. 

La  pratique  et  l'obligation  de  déférer  aux  prélats 
ceux  qui  avaient  conunis  quelques  crimes ,  soit  no- 
toires, soit  secrets ,  a  donc  eu  lieu  dans  l'Eglise  pen- 
dant plus  de  mille  ans.  Les  évoques  exigeaient  qu'on 
leur  découvrit  les  fautes  qui  s'étaient  commises  dans 
les  paroisses  de  leur  dépendance,  et  les  faisaient  expier 
par  une  pénitence  convenable  à  ceux  qui  en  étaient 
coupables.  Les  Pères  du  concile  de  Cologne,  de  Tan 
1556,  ont  tâché  de  renouveler  en  quelque  manière 
cette  discipline,  puisqu'ils  ont  joint  aux  actes  de  leur 
synode  ce  monument  de  l'antitiuité  dont  nous  avons 
cité  quelques  paroles,  et  de  la  découverte  duquel  on 
est  redevable  à  Rhenanus. 

Quoique  cet  usage  ait  cessé  avec  celui  de  la  péni- 
tence canonique  ,   nous   voyons  encore  aujourd'hui 
quelque  chose  qui  y  a  rapport ,  et  qu'on  peut  consi- 
dérer comme  un  reste  de  cette  ancienne  discipline ,  î 
dans  les  visites  des  archidiacres ,  et  dans  les  moui-  | 
toires  que  l'on  publie  afm  de  venir  à  révélation  des  i 
délits  dont  on   a  intérêt  de  connaître  les  auteurs 
L'usage  en  est  très-fréquent  en  ce  temps,  et  Tétait  j 
encore  davantage  avant  le  concile  de  Trente  (5),  qui 
s'est  cru  obligé  d'en  réprimer  l'abus  dans  ses  chapitres 
de  la  réformalion.    L'ancienne   pratique  dont  nous 
parlons  était  plus  digne  de  l'Eglise  que  ce  cpii  se  fait  ; 
dans  ces  sortes  de  monitoircs,  par  lesquels  l'accusa- 
teur et  le  juge  ne  cherchent  qu'à  assurer  quelque  in-  ! 
térct  temporel ,  au  lieu  qu'autrefois  les  évoques  et  les  \ 
autres  supérieurs  ecclésiastiques  n'avaient  en  vue,  en 
recherchant  les  auteurs  des  crimes,  que  leur  conver- 
sion, se  considérant  plus  comme  les  médecins  de  leurs 
âmes  que  comme  leurs  juges. 

Ce  qui  aujourd'hui  parmi  nous  a  plus  de  rapport  à 
celte  ancienne  pratique,  est  ce  qu'ordonnent  les  Pa- 
pes ,  de  faire  connaître  aux  évèques  les  prêtres  qui  , 
abusant  du  tribunal  de  la  Pénitence,  sollicitent  au 
mal  les  personnes  qui  s'adressent  à  eux  en  confession. 
Nous  avons  sur  cela  la  Bulle  de  Pie  IV,  de  l'année 
1561,  el  celle  de  Grégoire  XV.  Ce  dernier  ,  non-seu- 

(\)  Apud  benlimi  Rhonanum. 

(2)  Il  est  question  ici  de  l'évêque  et  du  préire. 

(3)  Sess.  23,  c.  5. 

TH  XX. 


.  IV.  SUITE  DU  MÊME  SUJET.  30i 

lemenl  permet,  mais  ordonne  expressément  aux  péni- 
tents de  dénoncer  et  de  déclarer  aux  ordinaires  des 
lieux  les  prêtres  qui ,  en  confession  ,  sollicitent  ceux 
ou  celles  qui  s'adressent  à  eux  à  commettre  des  ac- 
tions déshonnêtcs  el  honteuses ,  et  il  porte  des  cen- 
sures rigoureuses  contre  les  confesseurs  qui  ensei- 
gneraient que  les  pénitents  ne  sont  point  tenus  de 
faire  de  pareilles  déclarations.  Les  proclamalions  qui 
se  font  encore  à  présent  dans  certains  ordres  reli- 
gieux, contre  ceux  qui  ont  manqué  en  quelque  point 
à  la  règle,  el  qui  se  l'ont  dans  le  chapitre  en  présence 
du  supérieur  el  des  frères  assemblés ,  sont  Irés-an- 
cieimcs,  et  peuvent  être  considérées  comme  venant 
de  celte  discipline,  qui  était  autrefois  en  vigueur  dans 
l'Eglise. 

Cela,  non  plus  que  tout  ce  qui  a  élé  dit,  n'est  point 
contraire  au  sceau  de  la  confession,  dont  il  est  à  pro- 
pos de  parler  ici.  La  loi  naturelle  et  divine  prescrit 
si  étroitement  aux  prêtres  leur  devoir  là-dessus,  qn'il 
est  rare  qu'on  y  ait  contrevenu.  L'histoire  en  fournit 
peu  ou  point  d'exemples;  et  une  marque  qu'il  s'est 
trouvé  dans  la  suite  des  siècles  peu  de  gens  qui 
aient  violé  ce  sceau  sacré,  c'est  que  nous  ne  lisons 
point  de  lois  ecclésiastiques  pour  punir  les  prévarica- 
teurs en  ce  genre ,  avant  celle  que  l'on  trouve  dans 
Gratien  et  le  Maître  des  Sentences,  sous  le  nom  d'un 
pape  Grégoire ,  que  le  P.  Morin  croit,  avec  bien  de 
l'apparence,  être  Grégoire  YII,  ou  quelqu'aulre  à  peu 
prés  de  même  temps,  puis(|u'il  ordomie  que  le  prêtre 
qui  aura  découvert  le  secret  de  la  confession,  soit  dé- 
posé et  condamné  à  faire  toute  sa  vie  avec  honte  des 
pèlerinages,  ce  qui  était  une  espèce  de  pénitence  assez 
peu  connue  dans  les  premiers  temps.  IS'am  si  hoc  fe- 
cerit ,  dcponalur,  et  omnibus  diebus  vitœ  suœ  ignomi- 
niosè  peregrînando  pergal  (1). 

Balsamon,  à  l'occasion  du  Concile  de  Carthage  que 
nous  avons  cité  plus  haut,  et  qui  est  une  preuve 
convaincante  de  l'obligation  de  garder  inviolableinent 
le  secret  de  la  confession,  raconte  que  Luc,  patriar- 
che de  Constanlinople,  excommunia  le  supérieur  du 
monastère  du  Gérolrophe,  ou  de  l'Hôpilal  des  vieil- 
lards, qui  avait  élé  archevêque  d'Héraclée,  pour  avoir 
porté  témoignage  contre  son  fils  spirituel,  ce  qui  si- 
gnifie ici  un  homme  dont  il  avait  entendu  la  confes- 
sion, et  dont  il  avait  seulement  fait  connaître  que  la 
conduite  en  général  élait  criminelle.  Qu'eût  fait  ce 
patriarche  s'il  avait  clairement  désigné  le  péché  de 
cet  homme?  il  l'eiit  sans  doute  puni  bien  plus  rigou- 
reusement, puisque,  comme  dit  le  pape  Inno- 
cent m  (2),  celui-là  pèche  plus  grièvement  qui  révèle  le 
péché  du  pénitent,  que  celui  même  qui  a  commis  le  pé- 
ché. (  Graviiis  peccat  sacerdos  qui  peccatum  révélât , 
i  quàm  homo  qui  peccatum  committit.  j 

Le  décret  le  plus  authentique  que  nous  ayons  là- 
dessus  est  celui  du  concile  de  Lalran  sous  le  même 
Innocent  III;  le  Canon  qu'il  a  publié  à  ce  sujet  est 

(1  )  Can.  Sacerdos,  2,  causa  53,  quœsl.  3,  dist.  6.       ' 
(2)  Innoc.  111.  Serni.  I  do  Consecr.  Ponlif.  max.        i 

13 


5Ô5  HISTOIRE  DES  SACIŒMENTS.  596 

très-connu  (i);  le  voici  :  Que  le  prêtre  ■prenne  bien  m  crimes,  surtout  dans  l'Église  d'Occident,  et  dans  les 
garde  de  ne  découvrir  U' pécheur  en  aucune  manière,  ni  siècles  qui  ont  suivi  le  sixième,  puisque,  suivant  le 
par  parole,  ni  par  iigne;  mais  s'il  a  besoin  de  conseil,  i  sentiment  d'auteurs  (1)  très-habiles  dans  la  connais- 
qull  le  demande  prudemment  sans  faire  aucune  mention  '  sance  de  la  discipline  ancienne,  il  était  assez  ordi- 
de  la  personne  dont  il  s'aijit;  parce  que  celui  qui  aura  uairc  de  voir  des  personnes  se  mettre  par  un  motif 
découvert  le  péché  quil  aura  connu  par  lu  voie  de  la  '  d'humilité  au  rang  des  pénitents  publics,  quoiqu'elles 
confession,  in  pûenitejituli  jldicio  sibi  letectum  ,  i  ne  fussent  coupables  d'aucun  péché  soumis  à  la  péni- 
sera  par  noire  ordonnance  non-seulement  déposé  de  la  \  Icncc  canonique. 
dignité  sacerdotale,  mais  encore  enfermé  dans  un  mo-  <  I  CHAPITRE  Y 

nastère  d'une  étroite  observance,  pour  y  faire  pénitence  1 1  ,»    <  •  >      .  .      . 

Ue  la  mamere  de  se  confesser  chez  les  anaeiis ,  tant  en 

Occident  qxCen  Orient.  De  la  posture  du  pénitent  en 


le  reste  de  ses  jours. 

Tel  a  toujours  été  l'esprit  de  l'Église  sur  ce  secret 
qui  n'est  pas  un  point  de  simple  discipline  et  de  police 
ecclésiastique ,  mais  qui  est  de  droit  naturel  et 
divin;  de  telle  sorte  que  la  confession  ne  peut  avoir 
lieu,  si  ce  secret  n'est  inviolablcment  observé.  Si 
donc  autrefois,  comme  nous  avons  vu  ci-devant,  les 
chrétiens  confessaient  publiquement  certaines  fautes 
soumises  à  la  pénitence  canonique,  ils  le  faisaient  de 
leur  propre  mouvement,  ou  par  l'avis  de  ceux  à  qui 
ils  b'élaient  confessés  en  secret,  et  il  n'y  eut  jamais  de 
loi  dans  l'Église  qui  les  y  obligeât. 

H  est  vrai  que  l'on  obligeait  plusieurs  de  ceux  qui 
avaient  commis  des  péchés  secrets  d'en  faire  péni- 
tence publique,  comme  nous  avons  déjà  vu  dans  cette 
histoire ,  et  comme  nous  aurons  lieu  de  le  montrer 
plus  au  long  quand  nous  traiterons  de  l'action  de  la 
Pénitence  ;  mais  qu'en  pent-on  inférer  contre  le  se- 
cret de  la  confession?  Tout  ce  qu'on  pouvait  conclure 
alors  en  voyant  une  personne  au  rang  des  pénitents  , 
c'est  que  tout  au  plus  elle  avait  commis  quelques-uns 
des  péchés  soumis  à  la  pénitence  canonique  :  comme 
aujourd'hui  quand  on  voit  quelqu'un  sortir  du  tribu- 
nal de  la  pénitence  les  yeux  baignés  de  larmes,  on  ne 
peut  en  conclure  autre  chose  sinon  qu'il  est  pécheur  : 
mais  qui  est  l'homme  sans  péché,  et  qui  ne  soit  plutôt 
édilié  de  la  pénitence  de  son  frère,  que  scandalisé  de 
ses  fautes? 

D'ailleurs  on  punissait  plusieurs  espèces  de  crimes 
à  peu  près  des  mêmes  peines,  c'est  pourquoi  il  de- 
liieurait  toujours  incertain  pourquoi  celui-ci  ou  ce- 
lui là  était  en  pénitence.  Les  évéques  adoucissaient 
les  peines  suivant  qu'ils  remarquaient  plus  ou  moins 
de  ferveur  dans  les  pénitents,  ils  abrégaient  le  temps 
des  différentes  stations,  ou  le  faisaient  remplir  en- 
lièrement  par  la  même  raison  :  quelquefois  même  ils 
faisaient  omettre  quelques-unes  de  ces  stations  quand 
cela  leur  paraissait  convenable.  Ajoutez  à  cela  (jue  les 
pénitences  publiques  ,  en  tant  que  publiques  ,  étaient 
les  mêmes  dans  chaque  degré.  Par  exemple  ,  tous  les 
prosternés  étaient  également  vêtus  d'habits  sales  ou 
méprisables ,  tous  fléchissaient  les  genoux  ,  on  impo- 
sait les  mains  à  tous,  on  les  faisait  sortir  tous  en 
même  temps  de  l'église.  Connnent  donc  aurait-on  re- 
connu de  quel  crime  ils  étaient  coupables?  Enfin  on 
ne  pouvait  pas  même  conclure  en  voyant  des  gens  en 
pénitence  publique,  qu'ils  fussent  coupables  de  grands 

(I)  Extra,  de  pœnil.  et  Remiss.,  can.  Omnis  utritis- 
que  .'■7">(.s. 


cette  occasion.  De  ce  qui  se  pratique  encore  aujour- 
d'hui chez  les  Crées  et  autres  Orientaux.  La  Confes- 
sion abolie  parmi  les  Cophtes  d'Étjtjpte  et  autres  peu- 
ples d'Orient;  en  quel  temps  s'est  fuit  ce  chumjcmenl. 

On  a  pu  voir  par  ce  qui  a  été  dit  ci-devant,  que  la 
confession  publique  se  faisait  par  le  pécheur  à  genoux 
ou  prosterné  en  terre  ,  couvert  de  sac  et  de  cendre , 
en  présence  de  l'évêque  et  des  prêtres ,  et  quelque- 
fois même  du  clergé  et  du  peuple,  aux  prières  duquel 
le  pénitent  se  recommandait  instamment.  Cette  disci- 
pline était  la  même  en  Orient  qu'en  Occident,  il  nous 
faut  parler  maintenant  de  la  manière  dont  se  faisait 
la  confession  auriculaire,  qui  était  assez  différente  de 
celle  qui  est  à  présent  en  usage  parmi  nous. 

Quoique  les  anciens  pénitenliaux  ne  s'éiendent  pas 
beaucoup  sur  ces  sortes  de  choses  qui  étaient  de  pra- 
tique commune  et  ordinaire,  qu'on  supposait  connues 
de  tout  le  monde,  et  que  plusieurs  même  les  omettent 
entièrement,  ne  s'altachanl  qu'à  prescrire  la  manière 
d'examiner  le  pécheur,  et  de  lui  marquer  les  peines 
que  méritaient  ses  fautes,  chacune  en  particulier,  avec 
les  différentes  prières  que  le  prêtre  devait  faire  pour 
le  pénitent,  et  les  avertissements  qu'il  devait  lui  don- 
ner :  il  s'en  trouve  néanmoins  quelques-uns  qui  entrent 
dans  quelque  détail  de  la  manière  dont  se  fi^isait  la 
confession,  et  qui  font  mention  de  la  posture  du  péni- 
tent et  du  confesseur  dans  cette  importante  action. 

Alcuin,  précepteur  de  Charlemagne,  qui  a  fleuri  dans 
le  huitième  siècle,  a  inséré  dans  son  livre  des  divins 
Offices  (2)  un  long  chapitre  intitulé,  in  ccrpite  jejiinii, 
c'est-à-dire,  au  commencement  du  jeûne  de  carême , 
qui  peut  tenir  lieu  d'un  péniientiel  abrégé,  et  l'on  y 
trouve  plusieurs  particularités  remarquables  sur  ce 
sujet. 

Le  pénitent ,  selon  lui ,  doit  approcher  du  prêtre  à 
qui  il  veut  faire  sa  confession  avec  un  air  modeste, 
faisant  paraître  l'humilité  et  la  componction  dans  tout 
son  extérieur;  il  doit  mettre  bas  le  bâton  qu'il  tient 
à  la  main  (cela  doit  s'entendre  aussi  d'une  épée  et  de 
toute  autre  chose  qui  donne  du  relief) ,  st  laicus  est 
dimisso  baculo.  Le  roi  Pépin  ne  dédaignait  pas  même 
d'aller  nus  pieds  trouver  saint  Viron  à  qui  il  se  con- 
fessait, comme  il  est  r.-îpporté  dans  la  vie  de  ce 
saint  (5).  Le  pénitent  étant  à  portée  du  prêtre  s'iucli- 


'i 


(1)  Le  P.  Morin  et  M.  Raillet. 

("2i  Heperilur  in  tom.  10  Bibliot.  Patr«ni. 

(5)  Apud  Bolland.  7  iiuiii. 


597  PÉNITENCR.  —  SECT.  lî.  CllAP.  V.  ANCIENNE  MANIÈRE  DE  SE  CONFESSER.  598 

nail  prol'onilcmonl  devaiil  lui.  Alors  celui-ci  disait  des  ^}  le  siwanl  IIilario;i,  abbc  do  saiiilc  Croix  de  Jéru&aleni, 


prières  sur  le  pcnilent,  dont  l'autour  de  cet  écrit  rap- 
porte la  formule  ;  après  (|uoi  il  le  l'aibail  asseoir  jirès 
de  lui  et  entendait  sa  conl'ession.  Jnbcal  cnin  sucerdus 
sedere  contra  se,  etc.  La  confession  étant  aclievéc ,  le 


de  la  nieme  ville.  On  y  voit  presque  mot  à  niot  ce  qui 

se  lit  dans  l'éciit  d'AUuin;  cl  il  ne  faut  pas  en  être 

surpris,  puisipic  celui-ci  était  disciple  d'Egbcrt,  et 

'■    qu'il  avait  puisé,   connue  il  le  témoigne  lui-mèiuc, 


prêtre  donnait  au  pénitent  les  avis  dont  il  avait  besoin,  :    dans  la  bibliothèque  de  ce  saint  évè(pie  la   scieiice 
et  l'inlerrogeait  ensuite  sur  sa  foi  et  siu-  sa  créai..e.  j  '  qui  l'a  rendu  si  illustre  à  la  cour  de  Charlemagnc. 


(Suivant  plusieurs  rituels  anciens,  ces  demandes  de-  \ 
valent  précéder  la  confession.)  Ceci  éta4il  liiii,  poursuit 


Alcuin,  le  pénitent  mettant  les  genoux  en  terre,  éien-  ^,  des  anciens  rils  de  lEglise,  que  la  confession  se  fai- 
dant  les  mains,  et  regardant  le  prêtre  avec  un  visage  \\  sait  étant  assis,  et  qu'elle  élait  suivie  et  précédée 
qui  marquait  la  douleur  de  ses  fautes,  il  le  conjurait ,  ;!  de  génnllexions  et  de  prostrations  tant  du  pénitent 


connue  ministre  de  la  réconciliation  des  honnnes  avec 
Dieu,  d'intercéder  pour  lui.  Ensuite  il  se  prosternait 
entièrement  en  terre,  pleurait  et  gémissait  autant  que 


que  dit  confesseur  même,  au  moins  après  la  confes- 
sion. Cela  élait  nécessaire  en  ce  temps-là  oii  les  con- 
fessions duraient  longtemps   (n'étant  pas  aussi  Iré- 


Dieu  lui  en  faisait  la  grâce:  le  prêtre  le  laissait  quelque    I  qnentcs  qu'aujourd'hui,)  tant  à  cause  du  détail  des 


temps  en  cet  état  le  voyant  louché  de  l'esprit  de  com- 
ponction ;  après  ((uoi  il  lui  ordonnait  de  se  lever  et  de 
se    tenir  debout  et  lui  prescrivait   les  jeûnes  et  les  • 
abstinences  par  lesquelles  il  devait  expier  ses  péchés; 
ce. qui  étant  fait  le  pénitent  se  prosicrnait  de  nouveau 


mauvaises  actions  qui  eiait  ires-cxact,  qu'à  Ciuse  des 
peines  que  loa  imposait  suivant  les  canons  à  chaque 
espèce  de  péché.  D'ailleurs,  ceux  qui  avaient  été  une 
fois  soumis  à  la  pénitence  publique  pour  des  crimes 
;  soit  notoires,  soit  cachés,  ce  qui  était  ordinaire  avant 


aux  pieds  du  confesseur,  le  priant  de  demandera  Dieu  j  le  septième  siècle,  n'y  étaient  plus  reçus.   Ce  qui, 

pour  lui  la  force  et  le  courage  nécessaires  pour  ac-  ;    comme  vous  voyez,  rendait  la  Ct-ifession  assez  r.ire, 

complir  la  pénitence  (pii  lui  était  imposée.  Le  prêtre  '    les  chréliens  éianl  sur  leur  garde  pour  ne  point  toni- 

aussitôt  récitait  plusieurs  prières,  qui  sont  manpices  '  !  ber  dans  ce  malheur. 


au  nombre  de  sept,  et  dont  Alcuin  ne  rapporte  que  le 
commencement,  parce  (|u'elles  étaient  alors  connues  et 


prières  achevées  il  faisait  lever  le  pénilent,  se  levait 
lui  même  de  son  siège,  scd  et  ipse  smgctl  de  sedili  suo; 
el  si  le  temps  et  le  lieu  étaient   convenables,  l'iîn  et 
l'autre  (je  veux  dire,  le  confesseur  el   le  pénilent) 
étant  entrés  dans  I  église  ,   fiéchissant  les  genoux,  ou  : 
appuyés  sur  les  coudes ,  récitaient  plusieurs  psaumes 
el  prières  qui  sont  ici  mar(iucs  en  délail  :  avec  cet  \ 
avertissement  que  Ton  trouve  dans  plusieurs  autres  1 
livres  de  cette  espèce,  qu'il  ne  faut  pas  prescrire  de  si  [ 
longs  jeûnes  aux  valets  el  aux  servantes,  qu'aux  ri- 
ches, mais  seulement  la  moitié  de  ce  que  l'on  enjoint  à 
ceux-ci ,  parce  qu'ils  sont  les  maîtres  de  dispeser  ,■ 
d'eux-mêmes. 

L'ancien  ordre  Romain,  que  l'on  trouve  dans  la 
bibliothèque  des  Pères,  contient  presque  mot  pour 
mol  les  mêmes'  choses  que  nous  avt-ns  rapportées 
d'Alcuin  ,  excepté  que  les  prièies  et  oraisons  y  sont 
tout  enlièrcs.  On  peut  voir  aussi  la  même  chose 
dans  le  dix-neuvième  livre  de  IJurchard  de  Wormes, 
qui  dit  l'avoir  tiré  d'un  ancien  Pénilculiel  Romain , 
et  de  ceux  de  Théodore,  archevêque  de  Caniorbéri,  et 
de  Bède:  ce  qui  prouve  que  celle  manière  de  se  con- 
fesser était  la  même  dès  avant  le  septième  siècle  ;  car 
Théodore  (lui  vivait  en  ce  siècle  ne  l'a  pas  invenlée 
sans  doute  en  composant  son  Pénilentiel,  où  il  a  mis 
en  ordre  ce  qui  se  pratiquait  de  son  temps  avant  lui. 

Le  père  Morin  a  inséré  dans  l'appendice  de  son 
Irailé  sur  la  iiénitence  un  extrait  du  livre  pénilentiel 
d'Egberl,  archevêque  d'York,  qui  a,  dit-il,  élé  écrit  à 
Rome,  il  y  a  plus  de  six  cents  ans,  et  que  luicoramimiqun 


11  paraît  par  tous  ces  uionumeuls  et  par  plusieurs 
autres  que  l'on  peut  voir  dans  le  livre  du  P.  Maiiùne 


Les  moines  mêmes  en  ce  t^mps  se  confessaientas- 
!  sis,  comme  le  montre  le  P.  Mariène  dans  son  com- 


d'un  usage  ordinaire,  étant  à  peu  près  les  mêmes  dans  :    mentaire  sur  la  règle  de  S.  Reniiîl  (I).  Cependant  les 
tons  les  livres  pénilenliaux   reçus  en  Occident.  Ces  ;    enfants  chez  eux  se  confess:iienl  debout,  leurs  con- 


fessions n'étaiit  pas  aussi  longues  que  celles  dos  per- 
sonnes avancées  en  âge.  Les  seuls  Chartreux  el  les 
moines  de  Grandmonl  se  confessaient  à  genoux  avant 
le  treizième  sièJe,au(|iiel  les  sécidiersconnî;eacérent 
à  se  confesser  en  celle  posture  :  car  en  ce  lenins-là, 
comme  on  n'imposait  plus  la  péailencc  canonirpieaux 
pécheurs,  elqu'on  n'exigeait  plus  deux  coinniijiémciit 
qu'ils  acconq)lissent  celle  qu'on  leur  enjiiig  .ait  .'.vaut 
de  les  réconcilier,  il  devint  imilile,  à  cauce  du  court 
espace  de  temps  qui  se  trouvait  entre  la  Irénédiciion 
(pii  précédait  et  celle  qui  suivait  la  conlessiiui,  de  faire 
asseoir  le  pénilent,  l.i  coi..f,ssion  élanl  devenue  p'us 
fré(|uente  et  par  conséquent  de  moindre  duiée,  et  la 
pénilence  s'imposanl  en  un  moment;  auli  u  qu'aupa- 
ravant cela  demandait  de  longues  diseii-sions  ixiiir  ap- 
pliquer  à  ciiaques  maux  leurs  rciiièdes  spécifiques  qui 
élaient  maniués  dans  les  livres  pénilenliels. 

Ce  fut  donc  vers  le  comniencoment  du  treizième 
siècle  que  se  fit  ce  changement.  Néanmoins  Luc,  évè- 
quedeCozence.nous  fournit  un  oxcniple  remarquable 
dans  la  vie  de  Joachim  ,  abbé  de  Flore  ('i),  lecpiel 
prouve  que  la  prati(|iie  de  se  confesser  assis  n'élai 
pas  encore  abolie  vers  ce  temps.  J'étais  ,  dit-il ,  avec 
lui  un  vendredi  assis  dans  le  cloître  du  Sninl- Esprit  de 
Païenne,  quand  il  fut  app,  lé  au  palais  pur  l' impératrice 
Constance  qui  vouLiit  se  confesser  à  lui ,  il  ij  alla  et  la 
trouva  dans  l'éjlise  assise  dans  svn  sièfie  ordinaire  :  elle 


(I)  5;i  capntie. 

r2)  Apnd  nollan.,2  maii. 


39d 


le  fit  asseoir  snr  nn  petit  sié(je  auprès  d'elle,  ce  qu'il  fil  ; 
mais  lorsque  l'inipéralrice  lui  eut  dit  qu'elle  vonlail  se 
confesser ,  //  l' arrêta  et  lui  dit  avec  autorité  :  Je 
tiens  ici  la  place  de  Jésus-Clirist  et  vous  de  Madeleine 
pénitente,  descendez,  asseyez  vous  en  terre,  et  confessez- 
vous  ;  autrement  je  ne  vous  écouterai  pas.  Aussitôt 
rinipératrice  fil  ce  que  l'abbé  lui  ordonna.  On  voit  pat- 
là,  «nie ,  coinine  nous  Tavoiis  icinaniué,  la  coiilumc 
de  s'asseoir  en  se  ronfessannrélait  pas  encore  abolie 
snr  la  lin  du  dotizièn.e  siode,  aii(]ncl  (onips  nionrnl 
la  priiifessedonl  on  vient  de  parler.  Elle  élailfepen- 
dant  déjà  cli;intiée.  en  ce  qn'ani reluis  le  |)rcire  el  le 
péniieiii  éiaienl  assis  sur  ini  inèn.e  liane,  an  lieu  (pie 
l'abbé  Jctachim  exigeait  de  rinii'érairicc  qu'elle  s'assît 
à  terre  :  ce  (pii  ne  dJférail  pas  beaucoup  de  la  cou 
lunie  qui  s'inlnidnisil  alors  de  se  confe-ser  à  genoux. 
L'exemple  des  Cliarircnx  H  d»  s  moines  de  Giand- 
nioiit  no  contribua  pas  peu  à  éiablir  cet  usage.  On 
pourrait  y  ajonlcr  cclni  ilcs  moines  de  Cîieanxqui, 
au  lapporl  de  Manri(puî  (1),  ne  se  confessaient  point 
qu'ili  n'eusseiil  les  éj.aules  nues,  et  des  verges  à  la 
;iain  ,  dont  le  confesseur  frapj)ait  le  pénitent  avant 
«juede  rabsoudre.  C'est  pour  cela  que  ces  religi(!ux 
je  confessaient  onlinairenicnt  après  matines.  Manri- 
^ue  nous  apprend  cette  prati(pie  en  rapportant  les 
aclesdeS.  Walihon,  abbé  en  Ecosse,  qui  mourut  vers 
l'an  liOO;  il  y  est  dit  que  ce  saint  ahbés'élant  aper- 
<çn  que  son  confesseur  ne  le  fra  pail  pas  assez  rn- 
denienl  a  son  gié,  lui  ordoiiua  sous  peine  de  déso- 
béissanre  de  ne  le  pas  n^é  ager,  et  de  le  fiap|>ir 
jusqu'à  faire  sortir  le  sang.  Ce  (jn'il  faisait  plusieurs 
fois  par  jour,  justprà  fatiguer  son  confesseur  par  cet 
exercice. 

Les  Grecs  sont  encore  aujouiiriini  dan-;  l'usage  de 
s'asseoir  en  se  conlessaiil  (2),  connue  il  [laraîl  jiar 
une  lettre  de  Léon  Allatinséiiiti.'an  P.  Morin  en  lOiô, 
OÙ  il  décrit  la  m.iiiière  dont  ils  se  confessent.  Celui, 
dit-il,  qui  veut  se  confes-er  va  trouver  le  pi\  tre  ou 
à  l'église  ou  à  la  maison,  le  prêtre  orné  de  l'étole 
s'assied  sur  un  bai.c,  et  le  pénitent  aupiès  de  lui.  tète 
nue  et  avec  respect.  Le  proue  récite  (pu'lipies  prières, 
et  ce  sont  celles  (pi'nn  trouve  dans  les  |)énilenlianx 
■  anciens  et  modernes,  après  quoi  il  l'exborto  à  con- 
fesser sincèrement  tons  ses  pécliés.  La  confession 
étant  faite,  le  piètre  interroge  le  pénitent  pour  le  faire 
souvenir  des  péchés  qu'il  pourrait  avoir  oubliés,  et 
récite  snr  lui  les  oraisons  propres  après  la  confession  : 
il  lui  impose  la  pénitence ,  lui  donne  la  bénédiction 
et  le  congédie.  Si  la  pénitence  est  légère,  et  que  le 
pénitent  puisse  l'avoir  accomplie  le  même  jour ,  il 
communie  aussitôt  :  si  elle  ne  peut  être  accomplie 
qu'après  quebpies  jours,  il  communie  cependant,  et 
il  l'achève  ensuite,  à  moins  cpie  le  confes  enr  ne  reûl 
exclu  delà  participation  des  sacrements  pour  nn  cer 


HISTOIKE  DES  S.\CREMEiNTS.  40O 

nenl  communément  rabsoliUion  après  la  confe-;sion 
mais  sans  iiorniellie  la  connnunio  1,  sinon  à  ceux  qui 
sont  exempts  des  péchés  pour  lesquels  il  f.uil  une 
pins  longiK!  |)énitence.  Voilà  C(>(|ue.M.  Uonandoi  rap- 
porte (1)  de  la  pr,ili(piedes  Grecs,  d'ajirès  i.éon  Alla- 
tiiis,el  (pie  nous  .-nous  Iraiiscril  tout  de  suite  |io:ir 
d(»nner  une  idée  abrégée  de  tout  ce  (pii  ce  passe  chez 
eux  touchant  la  confession 

Simé(»n,  archevêque  de  Tliessaloni(pie  (2) ,  qui  est 
mort  vers  l'an  142."),  rend  tém  ignage  de  la  même  cou- 
liinie  de  s'as^e  lir  auprès  du  piètre  pour  lui  cnnlésser 
ses  péchés.  Il  fiul,  dit-il,  (p:e  celui  (pii  entend  les  con- 
fessions soit  assis  seul  et  éloigiié  du  tnmirte,  dans 
un  lieu  respectable  et  sacré  avec  crainte  et  ré^éicnce, 
ayaiit  le  visage  serein ,  el  faisant  par.itie  l.i  chaiité 
d'Ut  il  est  pénétré  par  ses  gestes  et  tonte  Tatiitmle 
de  son  corps  :  il  faut  de  même  que  le  pénitent  s'as- 
soie avec  coniiaiiee  el  cra  nie  de  î>ieu,  a\ec  lévéïe  ce 
et  piété  eu  préseace  du  confesseur,  ou  pluiôt  de 
.lésus-Christ  à  qui  il  se  confes.  é  en  la  personne  du 
prêtre.  Le  conlésseiir  doit  aussi  l'exhorter  à  dire  tout 
sans  hésiter  et  sans  rien  celer,  etc. 

Le  P.  .Moi  in  (5)  dit  indislinciemenl  des  Grecs  et  des 
Latins  (pranlrefois  chez  les  mis  elles  antres,  et  à  pré- 
sent encore  cl.ez  les  Grecs,  le  pénitent  se  confessait 
assis  :  mais  il  semble  (pi'à  ré,-;aid  des  églises  gree- 
(pies  la  conlume  n'était  p  s  antrefuis  (pie  la  chose 
e  fit  ainsi.  Il  paraît  par  le  péait  iiliel  el  un  di>cours 
de  Jean  le-Jeùneiir,  ipii  en  est  comme  l'abrégé,  ([u'elle 
se  faisait  debout,  el  que  le  pénilent  ne  s'asseyait  au- 
près du  con  essenr  qu'après  avoir  lait  la  déclaration 
do  ses  l'éehés  ,  et  pour  recevoir  de  lui  les  remèdes 
convenables  à  se-  |tlaies,  je  veux  dire,  la  |  eine  alla- 
eliéc  à  chacun  de  ses  péchés,  ce  qui  était,  comme  nous 
avons  ieniar(|ué  ci-devant ,  d'une  asse/.  lougue  diS' 
(Mission. 

Mais  il  ne  sera  pas  inulile  de  rapporter  dans  qnel- 
(pie  délai  comment  les  choses  se  passaient  à  cet  é,:;ard 
d  ins  le  jtemps  plus  aiicieas  chez  les  Grecs.  Nous  l'ap- 
luendrons  par  le  discour  de  Jean-le-Jcùiieur  iiatriar- 
cIk!  de  Coiislanliiiople;  il  contient  en  siibstatic(!  ce 
(pie  doivent  faire  ceux  (pii  se  co  fes  eut  et  il  est  com- 
me l'abrégé  de  ce  (pi'il  a  expo>é  plus  au  long  dans 
son  livre  péniteut-iel.  Le  P.  Morin  a  fait  imprimer 
Tun  et  l'autre  à  la  (in  de  son  traité  de  la  Pénitence. 

Voici  ce  qu'il  proscrit  là  dessus ,  tant  au  prêtre  qui 
entend  les  confessions  (ju'à  celui  qui  veut  se  confes- 
ser. Celui-ci  doit  faire  d'abord  trois  inclinations  à  l'en- 
trée de  l'autel  et  dire  trois  fois  :  Je  vous  confesse ,  ô 
Seiqneur  Dieu  du  ciel  et  de  la  terre,  tout  ce  qui  est  ca- 
ché dans  mon  cœur.  Après  cela  i!  doit  se  lev(  p  et  se 
tenir  .leboiil  en  se  confessant.  Le  prêtre  étant  aussi 
dehonl  de  son  coté  doit  l'interroger  avec  nn  visage 
serein  et  des  manières  agréables,  jiis(prà  lui  baiser  les 


lain  temps,  ou  même  pour  un  lcnq)s  considérable,  si  |j  "'i^">-',  surtout  s'il  le  voit  pénétré  de  honte  et  de  con-. 


le  pécheur  mérite  ce  chàlimeiit.  Ainsi  les  Grecs  dou- 

(1)  In  Annal.  Cister.  ad  ann.  MAI,  c.  IG,  n.  6. 

(2)  Voyez  Bollandus,  sur  le  5  août ,  1. 1,  p.  279. 


fusion.  11  lui  f.iil  ainsi  diverses  questions  sur  les  cspe- 

(1)  Perpétuité  de  la  foi,  toni.5,  c.9. 

(2)  De  sacram.  Pœnit. 
(5)  L,  idePcenit.,  c.  20. 


m 


PÉNITENCE.  —  SECT.  11.  CH\P.  V.  ANCIENNE  MANIÈRE  DE  SE'CONFESSER. 


402 


ces  de  péchés  dans  lesquels  il  n  lieu  de  croire  (|ne  le  |1  dil  le  proverbe  :  Quaudoque  bonus  donnitat  llomerus 


pôiiiieiil  peut  être  lonilié,  et  cela  peut  Taid  r  à  s'en 
f.oiiveiiir.  Le  pér.ilciiliel  que  le  P.  iMorina  public  sous 
le  nom  de  Jeun-li-Jeûneur,  contient  quatre  vingt-dix 
de  CCS  c|ueslions,  dont  srins  doute  K-  niinisire  de  la 
pciiiience  (iiisail  l'usage  que  la  prudence  lui  suggérait, 
suivant  la  qu  lllécl  la  conililion  de  ceux  qui  s'adres- 
saient à  lui.  A|uès  (pu!  le  i  énilenl  a  rép  ndu  à  ces 
questions,  le  prèire  lui  ordonne  de  se  découvrir,  à 
moins  que  ce  ne  soit  une  fenune,  eùl-ii  la  lète  cou- 
verled'iMi  diadème.  Alors  le  pénihMil  étant  à  gei-onx 
ou  prosterné  en  terre,  il  prononce  sur  lui  plusieurs 
oraisons  ;  ar  leS(pielles  il  demande  la  rémission  des 
péchés  dont  on  vient  de  s'accuser,  lesquelles  élaol 
achevées,  il  le  fait  lever  de  terre,  le  fait  couvrir  et 
asseoir  avec  lui.  Là  il  Tinterroge  de  quelle  péuilence  il 
est  capable,  et  apidique  ainsi  à  chacune  des  laiiles, 
suivant  la  force,  la  condition,  le  temps  et  l 'S  circon- 
stances, les  peines  mar|;iées  dans  les  livres  p^niten- 
liaux  (jui  enlr  ni  là  dessus  dans  un  grand  détail.  Il  , 
esl  à  remarquer  que  le  péuiîeuliel  d(ml  nous  pai  Imis 
ici,  et  qui  est  très  célèbre  chez  les  Cr  es,  onioiMie, 
de  même  que  nous  avons  vu  ci  devant  se  prali-jner  en 
Occident,  (pie  l'on  impose  aux  valets  et  aux  servaii  \i 
tes  des  peines  moindres  de  moitié  (jue  celles  (jne  l'on 
imp  sa  t  aux  maîtres  quoi(iuc  coupables  des  mêmes 
fautes. 

J'ai  donné  cette  analyse  exacie  de  la  manière  de  se 
confesser  chez  les  anciens  Grecs,  premièrement  alin 
que  le  lecteur  n'ignorât  pas  un  point  si  important  de 
leur  discipline,  secondement  poiu"  faire  voir  qu'autre- 
fois parmi  eux  on  se  confessait  deborii  ,  et  (jne  le  piè- 
tre et  le  l'.éniteulne  s'asseyaient  qu'après  que  la  con- 
fession était  faite,  et  pour  inqioser  la  pé:iilenoe  conve- 
nable au  pécheur;  (pn)ique  depuis  celle  coutinue  ait 
élé  changée,  et  (pie  les  Grecs  aussi  bien  que  les  Latins 
se  S'  ient  confessés  assis,  comun;  nous  l'avons  monlré 
ci-dessus  parle  témoignage  de  Siméou  de  Tliessaloni- 
qiie  et  celui  di;  Léon  Allalins.  Je  sais  (pie  l'on  [tour- 
rail  contester  l'aMliquilé  du  pénitenliel  atlrihué  à  J/an- 
le-Jcùneur,  parce  ipi'il  content  certaimMuenI  p  iis;ein\s 
rils  et  us:iges  pins  récents  (pie  ce  patriarche.  .Mais 
dans  ces  sortes  de  livres  d'un  usage  jonrnalier,  il 
éiait  assez  ordinaire  (pie  ceux  qui  les  décrivaient  y 
insérassent  ce  qu'on  avait  defiuis  ajouté  aux  anciens 
usages;  et  cela  n'empêche  point  qu'ils  n'eu  contien- 
ni'ut  de  très-.'UH  ieiis  tels  que  sont  ceux  «le  la  confes- 
sion (pie  nous  avons  rapoortés,  et  ipii  dillërent  de  ceux 
dont  Siméoii  de  Thessalonirpie  parle  dans  sou  traité 
du  sacrement  de  Pénitence.  Je  suis  d'autant  plus  sur- 
pris que  le  P.  Morin  n'a  point  fait  alteiilion  à  cette 
diversité  (h;  rits  <hez  les  Grecs  par  rapport  à  la  ma- 
nière de  se  conlésser,  que  c'est  chez  lui  (pie  nous  trou- 
vons les  pièces  dont  nous  avons  donné  l'extrait.  Je  ne 
fais  pas  celle  remarque  pour  insulter  ce  savant  homme 
ù  ipii  jesuis  redevable  eu  mon  partit  nlier,  mais  pour 
ne  lien  laisser  échapper  à  l'exaciiiude  de  l'histoire. 
_,  Les  plus  habiles  se  Ironipenl  quelquefois ,  cl  comme 


Le  même  P.  Morin  rapporte  les  paroles  d'un  ancien 
auteur  Grec  nommé  Jean,  moine,  et  qualifié  de  dis- 
ciple de  saint  Itasile.  il  traite  de  l'ordre  de  la  confcs- 
si(Hi  comme  Jean  ,  patriarche  d(î  Coiistaiilimqile  ,  à 
cela  i)rès  (pi'il  est  eecorc;  plus  positifsurla  posluredu 
pénitent  :  car,  après  avoir  manpié  de  quelle  manière 
le  prèlre  doit  recevoir  le  pécheur ,  les  cxhoriations 
qu'il  doit  lui  faire  pour  rciicourager  à  ne  rien  oiij(.'i!re 
dans  sa  confession,  il  :ijoule  :  Qu'il  doit  avoir  soin,  si 
c'est  un  liomnie,  qu'il  se  découvre  la  lôte,  et  qu'ils  ne  doi- 
vent s'asseoir  l'un  cl  l'autre  jusqu'à  ce  qu'il  ait  tout  con^ 
fessé  en  détail,  cl  avec  une  scrupuleuse  exactitude,  et 
qu'enfin  le  pénitent  ayant  été  intcrroqé  par  le  prêtre  sur 
toutes  les  espaces  de  péchés  ,  lui  témoigne  qu'il  ne  lui 
reste  plus  rien  à  dire.  Cela  fini,  siiivaul  le  môme  auteur, 
il  se  prosterne  en  lei  i-e,  cl  le  prèlre  ayant  fiil  sur  lui 
plusieurs  oraisons  le  fait  lever,  l'embrasse  et  lefail  as-> 
seoir  près  de  lui  pour  examiner,  comme  nous  avons 
dil  ci-dcSsus,  la  quantité  et  la  (pialilé  des  peines  (pi'il 
doit  lui  imposer  pour  satisfaite  à  la  justice  divine.  Mais 
c'en  est  assez  sur  cette  maiière  :  voyons  présentement 
cominriil  se  fait  la  confession  des  péchés  parmi  les 
Orieiit.dix. 

La  disci|)line  des  Maroidleseï  des  autres  Orientaux 
est  assez  semblable  à  celle  des  Grecs  modernes  sur  ce 
p«>int,  selon  ce  que  le  témoigne  Ai,>raham  Echellen- 
sis  au  P.  Morin  à  qui  il  écrit.  Quelques-uns  se  confes- 
sent assis,  i  s  autres  ci  bout,  d'autres  à  genoux.  On  im- 
pose une  pénitence  secrète  pour  les  péchés  secrets  ;  cl 
\  elle  consiste  ordinairement  en  cjénuflexions,  pèlerinages, 
prières,  aumônes,  etc.  ;  pour  les  péchés  publics  ,  on  en 
impose  une  publique. 

Il  cite  sur  ce  sujet  des  constitutions  des  Maroi.ites 
par  lesquelles  on  iccoiinait  que  le  relâchement  n'est 
pas  encore  si  grand  p;iruii  eux  que  les  pénitences  ne 
soient  encore  fort  i  ud(>s. 

Pour  ce  qui  est  des  Cophtes,  divers  ailleurs  anciens 
et  modernes  ont  avancé  (|u'ils  ne  connaissaient  et  ne 
prati(p!ai(jnl  pas  la  confession  des  pécliés,  ce  qu'ils  ont 
étendu  même  à  tous  les  Jacobiles.  Jacques  de  Vilry, 
dans  sim  histoire  de  Jérusalem  ,  dit  qu'une  de  leurs 
erreurs  esl  qu'ils  ne  confessent  itoiiil  leurs  iiéchésaux 
prêtres,  mais  à  Pieu  seul  el  en  secrel,  metlaut  devant 
eux  de  l'encens  sur  le  feu ,  et  s'imaginanl  que  leurs 
péchés  monlent  devant  le  Seigneur  avec  la  fumée.  Jean 
de  Mandevilîe  qui  voyagea  presque  p:'r  tonle  la  terre, 
écrit  en  1522  que  leur  opinion  esl  (|u'on  ne  doit  pas 
se  confesser  à  un  homme,  mais  à  Dieu  seul.  Gabriel 
Sioniie  el  divers  autres  écrivains  disent  la  même  chose, 
aussi  bien  que  Thomas  à  Jésus,  qui  prétend  qre  le  sa- 
crement de  Péi-.iience  est  inconnu  à  la  plupart  des 
Orientaux. 

Les  témoignages  d'un  grand  nombre  de  tl.éologiens 
el  de  canouisles  de  ces  pays  allégués  par  M.  Renau- 
dol,  donneraient  lieu  de  croire  que  ces  anleurs  se  sont 
trompés  sur  cet  arliclc;  mais  ce  savant  h<)mme  avoue 
ijuc  celle  accusation  n'est  pas  sans  fondciiieiit,  au  moins 


403 


liLVi 


s.cueme:<ts. 


m 


pour  ce  qui  concerne  les  Jncobitcs  trEgyple,  puisqu'on  ••t  Michel  ordonna  George.  Jean,  fils  d'Abugalcb,74'  pa- 
voit  deux  pairiarclies  d'Alexandrie  qui  onl  abrogé  la  !    triarcbe  d'Alexandrie,  ordonna  Isaac  sous  le  roi  La- 
confession  ,  cl  que  parmi  les  écrits  qui  nous  restent 
des  anienrs  conlenipnrains ,  il  s'en  trouve  quelques-  '■ 
uns  pour  ju>lirier  cet  abus  et  la  superstition  ridicule 
de  l'encensoir.  Nous  trouvons  en  cll'ot  d;iiis  la  cliro- 
niqucorieniale  diuinée  au  public  par  Abraham  Ecliel-  ï 
lensis  tp  e  Jean,  72"'  putriarciie  d'Alex;indric,  abrogea 
la  confession,  que  Marc,  (ils  de  Zaara  son  successeur, 
confirma  cette  nouveauté,  qui ,  étant  autorisée  par  le 
palriarcbc ,  commença  à  avoir  force   de  loi  chez  les 
Jacobites.  Abidbircat ,  auteur  qui  a  soutenu  l'innova- 
lion  de  ces  (\ou\  prélats,  enseigne  que  la  confession 
doit  se  faire  lorsque  le  prêire  encciise  le  peuple  en  fai- 
sant, le  lourde  Téglise. C'est  que,  dans  leurs  liturgies, 
les  premiers  encensen)eiils  se  font  après  une  oraison 
appelée  de  ^absolution,  qui  n'est  pas  fort  dilTérentede 
celle  do. si  les  Orientaux  se  servent  dans  l'absolution 
saeranicnlell'. 


libela  ;  et  c'est  dans  cet  intervalle  de  temps,  qui  com- 
prend près  de  deux  siècles,  que  la  confession  sur  l'en- 
ce?isoir  peut  avoir  ('lé  introduite. 

Macaire  fui  ordoiuié  l'an  de  Jésus-Christ  M  83,  et  on 
marque  le  règne  de  Lalibela  en  Ethiopie  vers  l'an  1210 
ou  environ,  car  on  dit  qu'il  régna  quarante  ans;  cepen- 
dant on  ne  trouve  pas  à  pré.>enl  chez  ces  peuples  le  moin- 
dre vestige  de  cette  supei'slilion.. M  vari'Z  ni  les  PP.  Jésui- 
tes, sur  les  mémoires  desquels  le  P.  Baltazar  Telleza 
composé  son  histoire,  n'en  font  aucune  mention.  M.  Lu- 
dolf  lui-même,  qui  avait  particulièrement  éludiécettc 
matière  ,  garde  là- dessus  un  proff>nd  silence  ,  ce  qu'il 
n'aurait  pas  fait  certainement  s'il  eut  découvert  chez 
eux  queli'ues  restes  de  cette  pratique  superstitieuse , 
lui  qui  semble  ne  s'être  proposé  d'autre  but  dans  son 
liisloire  des  Abissins  ([ue  de  les  représenter  comme 
de  parfaits  Lut'tériens.  On  ne  voit  même  rien  dans 


Comme  im  abus  en  altii'e  un  autre,  quelques-uns   |  leurs  livres  qui  donne  la  moindre  lumière  sur  ce  sujet. 


crurent  que  chacun  pouvait  faire  en  particulier  cette 
cérémonie,  en  menant  de  l'encens  et,  d'autres  i)arfums 
■  sur  le  feu  ,  et  confessant  ses  péchés  sur  la  fumée.  Cet 
abus  devint  très-cominmi ,  surtout  chez  les  Cophtcs. 
Néanmoins  il  se  trouva  plusieurs  doctes  personnages 
qui  s'y  o,  poseront  f.irtemcnt  dans  le  temps  qu'il  s'in- 
trodui-.it  en  Egypte  ,  ils  prêchèrent  avez  zèle  contre 
une  si  dangereuse  innf>vation.  M.  Renaudot  parle  sur- 
toutd'un  religieux  prêtre,  nonuué  Marc,  fils  d'Eltenbar, 


Il  faut  donc  croire  que  l'usage  de  l'encensoir  a  cédé  de 
puis  chez  eux  à  une  nouveauté  encore  plus  criminelle , 
siqiposant  qu'il  eût  été  pratiqué  en  Eihiopie.  C'est  que 
pour  les  grands  péchés  ,  principalement  pour  l'apos- 
tasie parla  profession  du  Mahomélisme,  les  Ethiopiens 
onl  institué  un  nouveau  baptême  le  jour  de  l'Epipha- 
nie, par  lequel  ils  croient  que  les  plus  grands  crimes 
I  sont  remis  sans  pénitence  ;  et  Alvarez,  témoin  oculaire 
qui  le  décrit,  ajoute  que  le  métropolitain  lui  avait  dit 


qui  poussa  plus  loin  son  zèle  pour  l'ancienne  disci-  :   que  cette  coutume  avait  été  introduite  par  le  roi,  aïeul 


pline.  Plusieurs  se  rendirent  ses  disciples,  allèrent  se 
confesser  à  lui,  et  abandonnèrent  la  superstilion  ridi- 
cule de  l'encensoir.  Le  patriarche  Marc  l'excommu- 
nia, mais  il  continua  à  prêcher  et  à  écrire  contre  cet 
abus  et  plusieurs  autres,  et  laissa  tant  de  disciples  , 
que  ceux  (pii  parlent  avec  pins  de  fureur  contre  lui, 
avouent  que  lorsqu'il  mourut  il  y  avait  plus  de  six 
mille  religieux  qui  conservaient  sa  doctrine. 

Michel,  patriarche  Jacobite  d'Antioche,  quoique  uni 
de  comnmnion  avec  ceuxd'Egypte,  écrivit  aussi  contre 
cet  abus  comme  plusieurs  antres.  De  là  vient  cettedi- 
versilé  de  pratiques  parmi  ceux  de  celte  secte  depuis 
le  douzième  siècle,  les  uns  ayant  conservé  l'ancienne  ; 
discipline,  comme  il  paraît  par  des  livres  de  ces  der-  j; 
niers  temps  qui  contiennent  l'office  de  la  réconcilia 
lion  des  pénitents  ;  d'atilres  ayant  suivi  l'abus  iniro-  ' 
'    doit  par  les  deux  patriarches  dont  nous  avons  parlé,  1| 
ce  qui  adonné  lieu  à  plusieurs  voyageurs,  et  entre    ■ 
autres    à  Yansleb ,  d'assurer   que  présentement  les 
Cophtcs  ne  se  confessent  point. 
Les  Ethiopiens,  suivant  Abuselah,  avaient  la  même 
'  superstilion  de  l'encensoir ,  et   il   ne  faut  pas  s'en 
;   étonner,  d'autant  plus  que  leurs  mélropolitains.ayanf 
été  ordonnés  en  Egypte  dans  le  temps  que  la  confes- 
sion y  avait  été  abrogée,  pouvaient  l'y  avoir  portée. 
Car  Macaire  qu'on  suppose  être  le  premier  patpiarche 


de  celui  qui  régnait  alors.  Cette  fausse  persuasion 
pouvait  d(mc  avoir  fait  oublier  la  ridicule  péniience 
de  l'encensoir ,  qui  avait  été  pratiquée  du  temps 
d'Abuselah  ;  car  on  ne  peut  que  témérairement,  dit 
M.  Uenaudot,  rejeter  son  témoignage. 

Les  Portugais  trouvèrent  la  même  superstilion  de 
l'encensoir  parmi  les  Nestoriens  de  Malabar,  selon  le 
témoignage  de  l'auteur  delà  vie  d'Alexis  de  Mcnesés; 
sur  quoi,  dit  le  même  M.  Renaudol,  tout  ce  (pie  nous 
pouvons  dire,  est  que  s'ils  pratiquaient  celle  supersti- 
lion, elle  ne  leur  était  pas  venue  de  leur  église,  où  elle 
n'a  jamais  été  connue,  puisqu'il  ne  s'en  trouve  aucune 
irace  dans  les  livres  des  Nestoriens,  mais  des  formules 
d'absolution  pour  les  pénitents. 

M.  Asscmani  dans  sa  Bibliothèque  orientale  (I) , 
confirme  ce  que  dit  ici  ce  savant  abbé.  Il  assure  que 
bien  loin  d'autoriser  cet  abus  ,  ils  se  confessent  avec 
beaucoup  d'exactilude  de  tous  leurs  péchés.  Voici  un 
extrait  de  l'ordre  de  la  confession  comme  elle  se  fait 
parmi  eux,  que  cet  auteur  a  tiré  d'un  manuscrit  de  la 
bibliothèque  du  Vatican.  Celui  qui  veut  se  confesser 
va  à  l'église  :  le  prêtre  se  tient  à  la  porte  ;  le  pénitent 
la  tête  couverte  ,  met  iin  genou  en  terre  ,  les  mains 
il  croisées  sur  la  poitrine,  et  les  yeux  baisses,  accuse 
ses  fautes  avec  toute  la  sincérité  qu'il  doit ,  déclarant 
ingénument  et  sans  détour  jusqu'aux  plus  secrètes  \ 


Jacobile  d'Alexandrie  qui  peut  avoir  donné  lieu  au  |  pensées,  et  tout  le  bien  et  le  mal  qu'il  a  fait.  Leprêlro 

changement  de  discipline,  parce  qu'il  abrogea  plu-  | 

sieurs  rits, ordonna  Sévère  métropolitain  d'Ethiopie  :  j.     (\)  T.  2,  p.  1"1  et  seq. 


ion  PÉNITENCE.  —  SECT.  II.  CHAP.  VI.  TKMl'S, 
ne  doit  point  jeter  les  yeux  sur  lui.  Après  (|ue  le  \m'-- 
nllenl  a  ùil  sa  confession,  le  confesseur  lui  dit:  i  Gar- 
«  dez-vous  bien  de  commettre  ces  fautes  à  l'avenir.  Je 
t  vous  les  remets  ici ,  et  Dieu  vous  les  remet  dans  le 
c  ciel  :  et  parce  que  vous  m'avez  découvert  ceci,  il  ne 
«  sera  point  découvert  au  jugrmcui  dernier  ,  et  vous  j 
€  n'y  serez  point  condanuié  pour  cela.  > 

Le  pénitent  met  ensuite  les  deux  genoux  en  terre, 
ot  ayant  les  mains  toujours  croisées  sur  la  poitrine,  le 
confesseur  récite  le  Gloria,  des  répons  r-t  des  liymnes 
qui  sont  suivis  de  prières  propres  pour  chaque  péché. 
Ensuite  il  étend  la  main  droite  sur  la  tète,  récite  la 
prière  qui  a  rapport  à  chacune  de  ses  fautes,  et  lui 
impose  la  pénitence  canonique.  On  réelle  le  Psaume 
Miserere,  et  entre  chaque  verset  il  y  a  un  répons;  ce 
psaume  est  suivi  d'un  autre,  d'une  antienne,  d'une 
collecte,  etc.,  d'une  leçon  de  l'Épître  de  S.  Paul  aux 
Éphésiens,  d'une  autre  tirée  de  l'Évangile  selon  S. 
Matthieu.  Le  prèlre  impose  de  nouveau  les  mains  sur 
le  pénilonl,  il  lui  souffle  trois  fois  au  visage  en  di- 
sant :  que  ce  péché  soit  chassé  de  ton  corps  et  de  ton 
âme  au  nom  dn  Père,  etc.  Après  cola  on  chante  d'nne 
voix  lugubre  l'hymne  de  S.  Jacques,  qui  ronmience 
par  ces  mois  :  i  Venez,  misérable,  répandez  des  lar- 
I  mes  de  pénitence, etc.  »  L'hymne  étant  linie,  on  chante, 
Snnctus  Deus,  et  Pater  noster.  C'est  ainsi  que  se  ter- 
mine la  cérémonie. 

CBLVPITRE  VI. 

Du  temps,  du  lieu  et  des  circonstances  particulières  dans 
lesquelles  se  faisait  la  confession  des  péchés  chez  les 
anciens,  et  encore  à  présent  chez  les  chrétiens  orien- 
taux. Confession  à  la  mort,  comment  elle  se  faisait, 

Quoi(|u'il  fut  permis  autrefois  à  tous  ceux  qui  se 
sentaient  coupables  de  quelques  péchés  de  venir  trou- 
ver les  prêtres,  et  de  les  leur  confesser  en  tout  temps  ; 
quoiijue  les  jours  de  dimanches  fussent  furlont  em- 
ployés par  les  ministres  de  l'Église  à  enlondre  les 
confessions  des  pénitents,  comme  avait  coutume  de 
faire  S.  Ililaire  d'Arles,  suivant  le  rapport  de  S.  Ho- 
norât de  Marseille  dans  la  vie  qu'il  a  écrite  de  ce 
saint  (cap.  13),  tous  néanmoins  étaient  obligés  par  le 
précepte  de  l'Église  de  faire  leur  confession  au  com- 
mencement du  carême,  soit  qu'il  tombât  le  premier 
flimanche  de  la  quarantaine,  soit  qu'il  commençât  la 
qiiaiiième  férié,  ou  le  mercredi  avant  le  dimanche. 
Ccst  ce  q\ie  l'on  peut  prouver,  non-seulement  par 
presque  tous  les  anciens  livres  pontificaux  et  rituels 
écrits  depuis  plus  de  huit  ou  900  ans,  mais  encore 
par  les  canons  des  conciles  et  les  statuts  des  évèques. 

Le  concile  d'Agde(l)  s'exprime  en  ces  termes  : 
Que  tous  les  pénitents  qui  doivent  recevoir,  ou  qui  ont 
reçu  la  pénitence  publique,  se  trouvent  au  commence- 
ment du  carême  à  la  porte  de  l'église,  et  qu'ils  se  repré- 
sentent à  révêqne  de  la  ville.  Le  concile  de  Reims  de 
l'année  G39  semble  insinuer  la  même  chose,  lorsqu'il 

(1)  Apud  Reginonem,  lib.  1,  c.  291  ;  et  Burchard, 
L  19,  c.  26.  '  i . 


LIEU,  ETC.,  DE  L'ANCIENNE  CONFESSION.    406 

dé'fend  (cap.  8)  à  qui  que  ce  soit,  hormis  aux  pasteurs, 
d'cnlendre  pendant  le  carême  les  confessions  des  pé- 
nitents ;  Rathier,  évèque  de  Vérone,  parle  plus  clai- 
rement dans  une  lettre  synodique  à  ses  curés,  lors- 
qu'il leur  dit  :  Invitez  le  peuple  à  venir  à  confesse  le 
mercredi  avant  carême. 

Le  concile  de  Meaux  de  l'an  81d  ordonne  (cap.  76) 
qu'aucun  comte  ni  autre  juge  ne  tienne  ses  plaids 
après  la  quatrième  férié  qui  est  appelée,  caput  jcjunn, 
le  commencement  du  jeûne,  en  laquelle  tous  les  pé- 
nitents reçoivent  l'imposition  des  mains,  pour  vaquer 
uniquement  aux  exercices  de  la  pénitence  et  aux  di- 
vins oflices.  Et  S.  Adelard,  abbé  de  Corbie,  dans  le 
premier  livre  de  ses  statuts (1),  dispense  du  travail  des 
mains  le  premier  jour  des  jeûnes  de  carême,  afin  que 
chacun  ait  le  temps  de  renouveler  sa  confession.  En- 
fin dans  un  ancien  ordre  de  confession  qui  se  trouve 
dans  un  manuscrit  de  l'église  de  Tours  qui  est  de  la 
fin  du  neuvième  siècle ,  le  pénitent  s'accuse ,  entre 
autres  choses,  de  ne  s'être  point  confessé  en  carême, 
suivant  l'ordre  commun.  Le  concile  de  Trente  (2)  a 
recommandé  et  confirmé  cette  ob.servance,  lorsqu'il 
dit  :  A  présent  on  observe  avec  un  très-graiid  fruit  pour 
le  salut  des  âmes  la  louable  coutume  de  se  confesser  dans 
le  temps  favorable  et  sacré  de  la  sainte  quarantaine,  ce 
que  ce  saint  concile  approuve  comme  une  chose  pieuse  et 
qiCon  ne  doit  point  omettre.  Ces  paroles,  selon  le  car- 
dinal Bellarmin,  dans  les  notes  qu'on  a  trouvées  de 
lui  dans  sa  bibliothèque,  doivent  s  entendre  de  la  con^ 
fession  que  l'on  doit  faire  non  à  la  fin  du  carême,  comme 
l'abus  s'en  est  introduit,  mais  au  commencement  de  ce 
saint  temps,  comme  il  était  autrefois  très-bien  établi. 

Théodulphe,  évèque  d'Orléans,  dans  son  capitulaire 
adressé  aux  prêtres  de  son  diocèse  (cap.  36),  prévient 
d'une  semaine  le  temps  établi  dans  toute  l'église 
d'Occident  pour  la  confession  péniientielle.  //  faut, 
dit-il,  se  confess3r  aux  prêtres,  et  recevoir  la  Pénitence 
une  semaine  avant  le  commencement  du  carême,  et  rece- 
voir d'eux  la  Pénitence  :  »  Confessiones  sacerdotibus 
1  dandœ  sunt,  et  Pœnileniia  accipienda.  »  Il  paraît 
clairement  par  tout  ce  que  nous  avons  rapporté  jus- 
qu'ici, qu'Irmocent  III  n'a  rien  ordonné  de  nouveau 
dans  le  concile  général  de  Latran,  quand  il  a  prescrit 
à  tous  les  fidèles  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  de  se  con- 
fesser au  moins  une  fois  Pan,  puisque  cela  était  en 
usage  et  passé  en  loi  tant  de  siècles  avant  lu"  dans 
lÉglise. 

On  trouve  même  plusieurs  évèques  qui  ont  obligé 
leur  peuple  à  se  confesser  trois  fois  pendant  l'année. 
Nous  avons  sur  cela  un  décret  de  Crodegrand,  évèque 
de  Metz  (3),  qui  était  illustre  par  sa  piété  dans  le  hui- 
tième et  neuvième  siècle,  où  il  est  ordonné  au  peuple 
de  faire  sa  confession  aux  prêtres  trois  fois  l'an,  c'est- 
à-dire,  dans  les  trois  carêmes;  à  quoi  il  ajoute  que 
ceux-là  feront  encore  mieux  qui  le  feront  plus  sou- 
vent. Il  veut  aussi  que  tous  les  moines  se  confessent 

3)  Rogul.  Crodeg.  c.  32. 

1)  Cap.  2Spicileg.,  t.  4. 

2)  Sess.  14,  c.  0. 


407 


IHSTOIRK  DES  SACREMENTS. 


403 


tous  les  samedis  à  lY'vêque  ou  à  leur  prieur.  Cluelques 
églises  se  confornièrent  à  ce  décret;  car  dans  un 
manuscrit  de  Noyon  ancien  de  plus  de  800  ans,  et 
qui  est  intitulé,  Ordre  pour  doiuier  la  Pénitence,  Ordo  [ 
ad  dandain  Pœtiitenliam,  on  lit  ces  paroles  :  Tel  est  Cor-  \ 
dre  de  In  Pénileiice  et  de  la  confession  que  nous  devons 
faire  devant  le  Seigneur  et  ses  prêtres,  que  le  peuple  \ 
fasse  sa  confession  trois  fois  Cun,  c'est-à-dire,  aux  trois 
carêmes,  que  les  moines  la  fassent  tous  les  samedis,  cl  les 
clercs-chanoines,  clkrici  canomci,  tous  les  troisièmes 
samedis,  hlU'vêqueou  à  leur  prieur.  Le  concile  de  Tou- 
louse de  l'an  1228  prescrit  aussi  (can.  5)  que  l'on  se 
confesse  trois  fois  l'an,  de  même  que  S.  Edmond,  ar- 
chevêque de  Cantorbéri,  dans  ses  constitutions,  et  le 
synode  de  Worcestre  de  l'an  1240,  c.  16.  S.  Otton, 
évêque  de  Bamberg,  exhortait  les  peuples  qu'il  avait 
convertis  à  la  foi  dans  la  Poméranio,  à  se  confesser  et  ï 
communier  quatre  fois  l'an,  comme  il  est  remarqué 
par  l'auteur  de  sa  vie,  que  l'on  trouve  dans  Surius. 
Le  concile  de  Sens,  sous  l'archevêque  Tr.itand,  mar- 
que cinq  fêtes  pendant  l'année  auxquelles  il  exhorte 
à  se  confesser,  sans  parler  du  temps  pascal  particu- 
lièrement destiné  à  cette  action. 

On  voit  par  tout  ce  que  nous  avons  dit ,  que  la  dis- 
cipline n'était  point  uniforme  sur  ce  sujet;  mais  il  ré- 
sulte de  toutes  ces  ordonnances  que  l'esprit  de  l'E- 
glise était  anciennement,  comme  il  l'est  encore  au- 
jourd'hui ,  que  l'on  ne  peut  trop  recourir  au  sacrement 
de  Péailence,  pourvu  qu'on  le  fasse  avec  un  esprit  de 
foi,  de  piéiéetde  componction.  Dans  l'église  de  Langres 
c'était  la  coutume  au  temps  des  rogations,  que  le  peuple 
vînt  confesser  ses  péchés  à  l'évêque  ou  à  son  vicaire, 
mais  en  l'an  1008,  Brunonqui  gouvernait  cette  église, 
permit  qu'on  s'adressât  pour  ce  sujet  aux  moines  de 
Bèze ,  et  doima  pour  cela  une  charte  qui  se  lit  dans  la 
chronologie  de  ce  monastère ,  qui  est  imprimée  dans 
le  premier  tome  du  Spicilège  de  Dom  Lue  d'Acheri. 

Nous  ne  devons  pas  omettre  ici  ce  que  rapporte  : 
Egberl  archevêque  d'York,  dans  un  dialogue  touchant 
une  louable  coutume  des  Anglais;  Depuis  le  temps  du 
pape  V italien  et  de  Théodore,  archevêque  de  Cantorbéri, 
la  coutume,  dit-il,  s'était  établie  et  était  passée  en  loi, 
ET  QUASI  LEGITIMA  TENEBATiiR,  que  non-seulcmcnt  les 
clercs  dans  les  monastères,  mais  aussi  les  laïques  avec  leurs 
femmes  et  toutes  leurs  familles,  allassent  trouver  leurs 
confesseurs ,  s'occupassent  à  pleurer  leurs  péchés ,  et  se 
sépai-assent  de  tout  désir  charnel  pendant  les  douze  jours 
qui  précèdent  la  fête  de  la  nativité  deNotre-Seigneur,  afin 
que,  s\Hant  purifiés  par  les  aumônes  ils  reçussent  avec 
les  dispositions  convenables  la  sainte  communion  à  cette 
grande  fêle. 

Tout  cela  fait  voir  quelle  était  la  pratique  de  l'E- 
glise en  général  et  des  différentes  églises  particulières 
au  sujet  de  la  confession  sacramentelle  dans  les  an- 
ciens temps.  Mais  outre  cela,  on  peut  dire  que  chacun 
s'y  portait  suivant  sa  dévotion  particulière,  surtout  { 
dans  les  occasions  importantes,  comme  dans  lesgrands 
dangers,  avant  que  d'entreprendre  des  voyages  de 
long  cours,  avant  que  d'entrer  dans  l'état  monastique, 


avant  de  s'engager  dans  l'état  militaire,  etc.;  rappor- 
tons des  exemples  de  chacune  de  ces  pratiques. 

Saint  JeanClimaque  (1)  recommande  la  confession  | 
des  péchés  à  ceux  qui  sont  sur  le  point  d'embrasser 
la  vie  monastique.  Avant  touleschoses,  dit-il,  en  adres- 
sant la  parole  aux  novices,  confessons-nous  à  7iotre 
bon  juge,  ou  à  lui  seul,  ou  à  tous  s'il  l'ordonne.  C'asl 
ainsi  que  Pallade  ,  en  parlant  du  monastère  de  Nitrie, 
désigne  le  prêtre  qui  entendait  les  confessions  des 
moines,  par  le  nom  de  juge.  Les  Grecs  aussi  bien  que 
les  Latins  le  nonnnent  ordinairement  père  spiri- 
tuel. On  trouve  la  même  pratique  établie  dans  l'ordre 
de  Cluni  et  dans  celui  des  Chartreux  (2).  S.  Udalric 
rend  témoignage  de  cet  usage  pour  l'ordre  de  CJuni, 
en  disant  que  les  novices  font  connaître  en  confession 
au  père  abbé  tout  ce  qu'ils  ont  fait  de  contraire  à  leur 
salut  dans  la  vie  séculière,  et  les  anciens  statuts  des 
Chartreux  portent  :  Nous  conseillons  et  nous  avertis- 
sons tant  les  clercs  que  les  laïques,  qu'ils  se  confessent  de 
tous  leurspéchés,  an  moi)is  quand  ils  entrent  dans  l'ordre, 
et  quand  le  prieur  change. 

Les  anciens  recommandaient  aussi  la  confession  à 
ceux  qui  étaient  sur  le  point  d'entreprendre  de  longs 
voyages  ou  des  pèlerinages  en  des  lieux  éloignés.  As- 
surez votre  voyage  par  la  confession ,  écrit  Alcuin  à 
Dametas.  S.  Anselme  écrit  aussi  à  son  frère  nommé 
Burgundius,  qui  voulait  aller  à  Jérusalem,  qu'il  lui 
conseille  et  le  prie  ,  s'il  fait  ce  voyage,  de  ne  point 
porter  avec  lui  ses  pécliés,  et  de  ne  point  les  laisser 
au  logis  ,  mais  de  s'en  défaire  entièrement  par  une  con- 
fession exacte  et  générale  de  tous  ceux  qu'il  a  commis 
depuis  son  enfance  jusqu'à  présent.  Artiiton,  évêque  de 
Bàle,  voulait  que  cette  confession  se  fit ,  non  indiffé- 
remment à  tout  prêtre  ,  mais  à  son  propre  pasteur. 
Voici  comment  il  s'exprime  là-dessus  dans  l'article 
dix-huitième  de  son  Capitulaire  (3)  :  Que  l'on  dénonce 
à  tous  les  fidèles  qui  par  dévotion  souhaitent  de  visiter 
le  tombeau  des  apôtres ,  qu'ils  aient  à  confesser  leurs 
péchés  avant  leur  départ ,  parce  qu'ils  doivent  être  liés 
ou  absous  par  leur  évêque  ou  leur  prêtre  ,  et  non  par  un 
étranger.  «  Quia  à  proprie  episcopo  suo  aut  sacerdote 
«  ligaudi  aut  exsolvendi  sunt ,  non  ab  extraneo.  » 

C'était  aussi  une  coutume  reçue  assez  communé- 
ment chez  les  anciens  de  se  confesser  avant  de  s'en- 
gager dans  l'élal  militaire.  Ingiilphe,  abbé  de  Croiland, 
nous  en  assure  en  ces  termes  :  C'était  l'usage  en  An- 
gleterre que  celui  qui  devait  se  consacrer  à  une  milice 
légitime ,  vînt  trouver  la  veille  sur  le  soir ,  l'évêque ,  un 
abbé ,  îin  moine  ou  quelque  prêtre  ;  qu'il  lui  fit  une 
confession  de  tous  ses  péchés  avec  des  sentiments  de 
componction,  et  qu'ayant  été  absous,  il  passât  la  nuit 
dans  l'église  à  prier  et  à  s'affliger  dévotement  devant 
Dieu  Le  lendemain  avant  d'entendre  la  messe,  il  posait 
son  épée  sur  t  autel,  et  le  prêtre  après  l'évangile,  la  lui 
mettait  au  col  en  le  bénissant.  Il  communiait  ensuite  à  la 
messe,  et  il  devenait  ainsi  soldat.  Miles  legitimus  ma- 

(1)  Sralv  gradii  4. 

(2)  Apud  Ùdaliic,  1.  23,  c.  26. 

(3)  Spicil.  tom  0.  :        ■       '  '■ 


409   PENITENCE.  —  SECT.  II.  CIIAI».  VI.  lEMi'b.  i^TEU,  etc.,  DE  L'ANCIENNE  CONFESSl       4^0 

NERET.  Iiigulpiic  remarque  que  cet  usage  déplaisait  w  les  Acies  des  Saints  du  troisième    siècle  de  l'ordre 


aux  Normands  qui  conquirent  l'Angleterre  :  cependant 
les  enfants  mêmes  des  rois  se  faisaient  ainsi  recevoir 
dans  la  milice,  comme  le  montre  assez  Ord(>rie  Vital, 
qui  parlant  de  la  mort  de  llicliard  fils  de  Guillaume  roi 
d'Angleterre,  dit  de  lui  (1),  qu'il  mourut  avant  d'avoir 
reçu  la  ceinture  militaire.  La  mC'mc  chose  se  prati- 
quait en  France.  Nous  apprenons  par  la  chronique 
de  Saint-Denis  que  Philippe-le-Bel  fut  fait  .«soldat  le  jour 
de  l'Assomption  de  la  Vierge,  et  que  lui-même  reçut 
dans  la  milice  ses  trois  fils  Louis,  Philippe  et  Char- 
les, le  jour  de  la  Pentecôte,  novos  milites  ordinâsse, 
termes  qui  maniucnt  assez  une  cérémonie  à  peu  près 
somhiahie  à  celle  qui  s'ohservait  en  Angleterre  dans 
cette  occasion.  Ces  princes  suivant  la  chronique  de 
Rouen  (2),  ceignirent  de  l'épce  plus  de  quatre  cents 
hommes,  et  Philippe  VI,  la  donna  à  Jean  son  fils  aîné, 
et  ordonna  plus  de  quatre  cents  soldats  aux  octaves 
après  la  fête  de  S.  Michel,  Tan  1332. 

Si  nos  Pères  étaient  si  religieux  quand  il  s'agissait 
de  prendre  le  parti  des  armes,  ils  ne  l'étaient  pas 
moins  dans  les  dangers  éminenls  de  perdre  la  vie  pour 
le  service  de  la  patrie.  L'auteur  qui  a  écrit  des  mi-  j 
racles  de  S.  Berlin,  raconte  un  fait  arrivé  de  son  i 
temps  ;   savoir  que  la  ville  de  S.  Omer  étant  assiégée  j 
par  les  Normands,  les  habitants  pour  obtenir  le  se- 
cours de  Dieu  se  purifièrent  par  la  confession   et  la 
communion.  Le  roi  Arnoul,    selon   les  aimales  de 
Fulde  sur  l'an  895,   assiégeant  Rome  fit  célébrer  une 
messe,  et  demanda  à  son  armée  ce  qu'il  était  à  pro- 
pos de  faire.  Ils  lui  promirent  tous  fidélité,  et  se  con- 
fessèrent publiquement  aux  pTèires.Coufessionemcormn 
sacerdotibus    publiée   agenles.  Guillaume  de  Malmes 


de  S.  Benoît,  par  les  statuts  de  plusieurs  ordres  reli- 
gieux. Cette  dévotion  s'étendait  même  jusqu'aux 
laïques  ,  dont  plusieurs  ne  se  lassaient  point  de 
purifier  tous  les  jours  leur  conscience  par  l'aveu  de 
leurs  fautes.  Jonas,  évèque  d'Orléans,  le  témoigne 
d'un  bon  nombre  de  gens,  et  Bèdc  le  conseille  :  mais 
comme  remarque  le  P.  Mabillon,  l'un  et  l'autre,  en 
parlant  de  ces  confessions  fréquentes  de  fautes  jour- 
nalières, ne  font  point  mention  de  la  confession  sa- 
cramentelle, mais  de  celle  que  les  chrétiens  se  fai- 
saient les  uns  aux  autres  par  un  esprit  d'humilité, 
propre  à  leur  attirer  les  regards  favorables  de  celui 
qui  se  plaît  à  combler  de  ses  grâces  ceux  qui  s'a- 
baissent devant  les  hommes.  C'est  dans  ce  sens  qu'il 
entend  aussi  ce  qui  est  porté  par  les  statuts  des  Char- 
treux (I). 

Tout  ce  que  dit  le  P.  Mabillon  sur  [cette  matière 
paraît  bien  prouvé,  mais  lui-même  ne  disconvient 
pas  que  quelques-uns  ne  se  confessassent  fréquem- 
ment aux  prêtres  des  fautes  vénielles  et  journalières, 
et  qu'ils  n'en  reçussent  l'a-bsoluiion  sacramentelle.  Il 
en  donne  des  preuves,  et  rapporte  sur  cela  l'exemple 
de  sainte  Ségolène,  dont  il  est  dit  dans  ses  Actes  (2), 
qu'elle  confessait  avec  larmes  les  péchés  les  plus 
légers  sans  lesquels  on  ne  peut  vivre  ici-bas,  et  que 
celui  à  qui  elle  faisait  sa  confession  était  prêtre  et 
moine.  Parvn  minimaque  peccata,  sine  quibits  esse  non 
possumus,  ciun  gravia  deesseut,  cum  lacrymis  confessa 
est.  C'était  sans  doute  des  péchés  de  cette  espèce  dont 
s'accusait  le  pieux  empereur  Louis,  surnommé  le 
Débonnaire,  lequel ,  comme  il  est  marqué  dans  sa 
vie  (5),  offrait  tous  les  jours  à  Dieu  entre  les  mains  de 


bury  (.5)  loue  la  piété  des  soldats  Normands,  qui  avant  [  j  Drogon,  évêque  de  Metz  son  frère,  le  sacrifice  de  sa 
de  combattre  les  Anglais,  passèrent  toute  la  nuit  à  j  |  confession  et  d'un  esprit  contrit  et  humilié  que  Dieu 
confesser  leurs  péchés.  Le  duc  Conrad,  étant  sur  le  \]  "*^  "'ép"se jamais.  Aliigaire,  dans  la  vie  de  S.  Pha- 
point  de  livrer  bataille  aux  Hongrois  l'an  955,  enten-  i  ''^"'  ^^^^  ^"**'  '"enlion  d'un  moine  nommé  Roigaire, 
dit  la  messe  et  reçut  la  communion  de  la  main  d'O-  Il  ^"'  '^^^'^^'^  ^^  '"*^'"®  ^''^^c  (4).  S.  Philippe,  archevêque 


delric  son  confesseur,  après  quoi  il  marcha  contre 
l'ennemi ,  comme  le  témoigne  la  chronii|uc  de  M;ig- 
debourg.  C'est  sans   doute  pour  cela  qu'un  concile  I 


de  Bourges,  se  confessait  de  même  tous  les  jours 
après  complies.  Et  le  bienheureux  Pierre  de  Luxem- 
bourg (5)  se  confessait  quelquefois  trois  fois  la  se- 


d'Allemagne,  dont  les  décrets  furent  confirmés  à  Lip- 
tine,  ordonna  {A)  que  te  prince  aurait  dans  son  camp 
un  ou  deux  éi'êques  avec  leurs  chapelains  ou  leurs  prêtres, 
et  que  chaque  commandant  des  troupes  aurait  un  prêtre 
qui  pût  juger  des  péchés  de  ceux  qui  se  confcsserMent  à 
lui,  et  leur  enjoindre  la  pénitence  quils  auraient  méritée. 
Ce  que  Charlemagnc  confirma  depuis  en  insérant 
dans  ses  Capitulaires  Ecclésiastiques  de  l'an  800,  le 
décret  de  ce  concile. 

On  voyait  même  autrefois  des  personnes  pieuses 
qui  se  confessaient  tous  les  jours,  d'autres  toutes  les 
semaines.  Cela  était  ordinaire  chez  les  moines, 
comme  le  prouve  le  P.  Mabillon  dans  sa  préface  sur 

(i)  IMst.  1.  5. 

0  Apud^Lab..  t.  1  Biblioth.  novte. 
(5)  Lib.  5  de  Gcslis  Aiiîîlorum.  c.  13 
(4)  Cap.  2.  .  ,        o 


maine,  et  souvent  tous  les  jours.  Il  portait  sur  cela  sa 
dévotion  si  loin,  qu'il  se  relevait  de  temps  en  temps 

;i  la  nuit  pour  se  confesser. 

On  pourrait  produire  plusieurs  autres  exemples  de 
celte  pratique,  mais  en  général  on  peut  dire  qu'ils  sont 
rares,  et  je  ne  prétends  point  en  conclure  qu'ils  aient 
jamais  passé  en  coutume  dans  l'Eglise,  non  plus  qno 

I  l'usage  de  se  confesser  toutes  les  fuis  que  l'on  devait 
comumnier  ,  quoi  qu'en  dise  le  P.  Martène  (G).  Les 
témoignages  (piil  aiipoile  pnur  prouver  celte  maxime 

î  ne  prouvent  rien  moins  :  car  ils  se  réduisent  Ions  à 
certaines  formules  de  confession ,  par  lesquelles  le 
pénitent  s'accuse  de  s'être  approché  de  la  sainte  table 

(1)  Slatuta  Guigonis,  part.  2,  c.  11. 

(-2)  CIi;ip.  2.->. 

(5)  Apiid  Che>n.  toni.  2,  Hist.  Franc. 

(4)  M;iriini',  ihes.  Anecdot.  l.  5,  p.  1931. 

(■))  Apuil  Bolhiiul.  ad  dicni  2  jiilii. 

(Oi  De  aniiq.  Eccies.  Kit.,  t.  2, 1.  i,  arX.l.  ; 


111  HISTOIRE  mi 

avec  un  cœur  souillé  et  sans  confession  :  ce  qui  prouve 
biei)  que  ceu-:  qui  ne  se  sentaient  pas  la  conscience 
nette  devaient  se  confesser  avant  que  de  participer  au 
corps  de  Jésus-Christ,  mais  n'établit  nullement  la 
coutume  de  se  confesser  toutes  les  fois  qu'on  devait 
le  recevoir.  Si  cet  usage  eût  eu  lieu  aulrel'ois,  les 
prêtres  n'auraient  pu  suffiic  pour  entendre  les  con- 
fessions, surtout  dans  les  premiers  siècles,  où  tous  les 
fidèles,  excepté  les  pénitents,  recevaient  la  sainte  com- 
munion toutes  les  fois  qu'ils  assistaient  au  saint  sa- 
crifice. 

Avant  de  finir  cette  matière,  il  est  bon  de  remar- 
quer qu'il  y  avait  anciennement  certains  ordres  abré- 
gés de  confession  pour  ceux  qui  se  confessaient  fré- 
quemment, comme  les  moines  et  autres  personnes 
dévotes.  Le  P.  Morin,  aussi  bien  que  le  P.  Marlène, 
nous  en  représentent  quelipies-uns  où  le  nombre  des 
psaumes,  des  cérémonies  et  des  prières  est  moindre 
que  dans  les  ordinaires  dont  nous  avons  parlé  ci- 
dessus,  et  qui  éioieni  en  usage  pour  le  reste  des  fidè- 
les. En  voici  un  de  celle  espèce  que  le  P.  Marlène  a 
tiré  d'un  manuscrit  qui  a  plus  de  800  ans,  et  qui  se 
trouvait  dans  la  bibliotlièque  de  M.  Colbert.  Nous  le 
rapporterons  ici  à  cause  de  sa  brièveté  : 

Ordre  ou  manière  de  donner  la  pénitence. 

«  Vous  dites  le  psaume  G  tout  entier,  et  outre  cela 
vous  dites  Oremus,  et  vous  commeiîcez  le  psaume 
Bcnedic,  animr;  inea  ,  Doininum,  et  omnia  qnœ,  etc., 
jusqu'à  renovabilur  ut  aqmlœjuvenlustiia.  Vous  dites 
le  psaume  50. 

Suit  la  Collecte. 

Nous  prions,  mes  très-chers  frères,  le  Dieu  lout-piùs- 
sant  et  miséricordieux,  qui  ne  veut  pas  la  mort  du  pé- 
cheur, mais  qu'il  se  convertisse  et  qu'il  vive,  quil  accorde 
avec  bonté  à  son  serviteur  qui  est  rentré  dans  la  voie 
droite,  le  pardon  de  ses  fautes,  et  s'il  lui  reste  encore  des 
plaies  causées  par  les  péchés  quil  a  commis  depuis  son  . 
baptême,  quil  daiqne  dans  cette  confession  publique  le 
quérir  tellement  de  ses  fautes,  qu'il  n'en  reste  pas  chez 
lui  le  moindre  vesticje. 

Les  Grecs  el  les  Orientaux  ont  aussi  des  lois  qui 
les  obligent  à  se  confesser  de  temps  en  temps.  Leurs 
Eucliologes  prescrivent  que  le  prêtre  avant  de  célé- 
brer la  liturgie  se  confessera  ;  sur  quoi  il  n'est  pas 
dillicile  de  comprendre,  dit  M.  Reiiaudol  (i),  que  cette 
confession  ne  regarde  que  les  fautes  vénielles  :  car  un 
lirètre  qui  en  aurait  commis  d'autres  serait  obligé  de 
se  séparer  du  ministère  des  autels.  Les  laïques  sont 
obligés  de  même  de  se  confesser  au  moins  à  Pâques 
et  à  Noël  de  leurs  péchés  véniels  ,  et  l'absobition  est 
aussitôt  accordée. 

Voilà  pour  les  Grecs.  A  l'égard  des  Orientaux,  on 
voit  ce  qui  se  pratique  eliez  eux  dans  la  collection  des 
canons,  que  Ton  croit  pbis  ai-ciens  que  le  recueil  de 
Uarsalibi,  métropolitain  d'Amide.  Le  oO°  porte  :  Il 
n'est  permis  à  personne  de  recevoir  te  corps  de  Jésus- 


(i)  Perpét.  de  la  foi,  t.  5, 1.  5,  c.  9. 


S.\CRE.MENTS.  412 

Christ  le  jeudi-saint,  à  la  Pentecôte,  ou  à  la  fête  de  la 
Nativité ,  sans  avoir  confessé  ses  péchés.  Cette  rtglc  est 
étendue  ,  môme  aux  ecclésiastiques ,  par  le  premier 
canon.  Barsalibi,  (bns  sa  collection,  dit  dans  le  canon 
08,  que  colui  qui  manquera  à  ce  devoir  sera  exclu 
de  la  participation  des  sacrements,  à  moins  qu'il  ne 
se  trouve  en  voyage,  ou  empêché  par  quelque  cause 
légitime,  auquel  cas  il  suffira  qu'il  se  confesse  une 
fuis.  On  voit  donc,  dit  .M.  Renaudo^,  que  cette  disci- 
pline était  établie  il  y  a  plus  de  700  ans,  et  elle  s'est 
conservée  jusqu'à  ces  temps,  conune  parmi  nous. 

C'est  assez  traiter  du  temps  et  des  circonstances 
particulières  auxquelles  se  faisait  la  confession.  Par- 
lons à  présent  du  lieu  où  on  avait  coutume  de  la  faire, 
el  des  bienséances  que  les  miuislres  de  l'Eglise  gar- 
daient à  cet  égard.  Le  lieu  destiné  pour  entendre  les 
confessions  devait  être  à  portée  d'être  vu  de  tout  le 
monde,  surtout  ([uaud  il  s'agissait  de  celle  des  fem- 
mes, afin  d'éloigner  tout  fâcheux  soupçon  des  mi- 
nisires de  ce  sacrement.  S.  Edmond  de  Cantorbéri, 
danssesconslitulions  (cap.  17),  ordonne  qu'on  enleiide 
les  confessions  des  femmes  hors  du  voile  et  dans  un  en- 
droit public,  à  la  portée  de  la  vue  et  non  de  l'ouïe. 
Le  concile  de  Beziers(can.  46),  en  l'an  1240,  défend 
de  même  de  les  entendre  dans  un  lieu  caché,  ou  hors 
la  portée  de  la  vue.  Guigue  ,  ce  grand  général  des 
Chartreux,  remarque  dans  la  vie  de  S.  Hugues (I), 
évéque  de  Grenoble,  qu'il  recevait  les  confessions  des 
femmes  avec  autant  de  |. récaution  que  de  bonté,  non 
dans  des  coins  ou  dans  des  endroits  sccrels  et  obscurs, 
mais  dans  ceux  où  il  pouvait  être  vu  de  toutle  monde. 
Il  leur  prêtait,  dit-il,  familièrement  l'oreille,  mais  il 
détournait  sa  vue  d'elles  et  la  portait  au  côté  opposé, 
disant  qu'il  ne  fiillait  se  servir  que  de  l'ouic  en  ces 
occabi  ons,  pour  éviter  les  pièges  du  diable. 

Un  concile  de  Cologne  de  l'an  1280  va  plus  loin. 
Il  défend,  sous  peine  d'cxconununication,  d'entendre 
les  confessions  des  femmes  dans  des  endroits  obscurs 
et  ténébreux,  et  vent  que  les  prêtres,  quand  ils  va- 
(|nent  à  cet  exercice,  soient  assis,  revêtus  de  leurs 
surplis  ou  de  leurs  cbappes,  ayant  l'étole  par-dessus, 
induti  super pellictisvel  cappà,  slolà  superposilà.  Il  porte 
la  précaution  jusfpi'à  défendre  aux  prêtres,  môme 
sous  peine  d'excommunication,  d'entendre  la  confes- 
sioii  d'une  femme  qui  serait  seule  dans  l'église,  et  ne 
veut  point  (ju'ils  vaquent  à  cette  fonction  avant  le 
lever  du  soleil  el  après  son  coucher,  sinon  dans  une 
grande  nécessité,  dans  un  lieu  éclairé  et  en  présence 
de  témoins. 

Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  montre  clairement  qv.c 
la  confession  se  faisait  dans  1  église  et  dans  un  en- 
droit ouvert,  où  tout  le  monde  pouvait  être  lémoiu 
de  ce  qui  se  faisait  ;  cepeiidanl  un  concile  de  Paris  (2) 
de  l'an  821),  permet,  en  cas  d'infirmité  qui  emiièche 
qu'on  ne  vienne  à  réglise,  qu'on  le  puisse  faire  dans 
•les  maisons  particulières,  mais  toujours  en  piésene.e 

(1)  Apnd  Rolland.,  13  aprilis. 

(2)  Part.  1,  c.  '.G.  -j 


413    PÉMTENCIL.  —  SFXT.  II.  CIlAr.  VI.  TEMPS,  LiKU,  r.TC,  DE  L'ANCIENNE  CONFESSION.    411 
de  témoins  qui  ne  soieiU  pas  éloignes,  non  uisi  Icsll-  |  ]  rinuque    morninlnr.    Dans  l'aclc  d'excommunicalion 

portée  contre  les  sujets  du  comte  de  Flandres,  qui 


bus  luind  procul  adslanlibus  fuit.  C'est  dans  cet  esprit 
sans  (ioute  (\ut'  S.  Basile,  dans  ses  petilcs  règles,  s'é- 
tanl  fait  cotte  demande  :  Convient-il,  quand  une  sœur 
se  co)ij\ssc  au  prêtre,  que  l'ancienne  -y.'S'jTifv.-<,  (je 
crois  qn'il  entend  la  sni)érienre)  soil  là  présente?  ré- 
pond :  Il  sera  plus  décent  cl  plus  rcli(jieux  que  la  su- 
périeure se  trouve  au  lieu  oii  le  prêtre  entend  la  confes- 
'  sion  des  sœurs. 
^  Examinons présonlemeiU  en  qiu^l  endroit  de  l'Eglise 
se  faisait  la  confession.  Le  concile  de  Taris,  que  nous 
venons  de  citer ,  l'indicpie  lorsqu'il  prescrit  ce  qui 
suit  :  Si  les  prêtres  veulent  confesser  les  reliçiieuses , 
s.vNCTi.MOMAi.F.s,77s  ne  pourront  le  (aireque  dans  l'église, 
en  présence  du  suint  autel,  et  de  témoins  assez  proches  du 
lieu.  De  là  vient  que  la  fornnde  de  confession  d'Egberl 
dYork  commence  par  ces  paroles:  Je  confesse  de- 
vant le  Dieu  tout-pui&sant ,  devant  le  saint  autel.  Aussi 
voyons  nous  que  Pierre  Daniien  (1)  raconte  de  lui- 
même ,  qu'il  entendit  la  confession  de  l'impcralrice 
Agnès  sous  la  confession  secrète  de  S.  Pierre  devant 
le  saint  autel ,  ante  sacrum  altare.  M  est  de  même  rap- 
porté dans  la  vie  de  Herltiold  (2),  ab!)é  lie  Gars,  de  l'or- 
dre de  Cileaux,  qn'ilavait  coutume  d'entendre  les  con- 
fessions devant  l'autel  de  S.  Pierre.  Le  P.  .^lartènecile 
vn  concile ,  dont  le  décret  sur  cette  matière  mérite 
attention.  C'e-l  celui  de  Ueding  petite  \il!e  d'Angle-  i 
terre  sur  la  Tamise.  N(,us  avons  jugé  à  propos,  esl-il  j 
dit  dans  ce  décret ,  d'ordon)ter  que  les  confessions  ne  se  '• 


avaient  tné  Fonlijues  archevêque  de  Reims  (l),iî 
est  défendu  à  aucun  prêtre  de  recevoii  la  coidéssion 
d<:  ces  homicides  ,  même  lorsqu'ils  seraient  malades. 
Ceci  fait  voir  avec  quel  soin  les  malades  se  confessaient 
lorsqu'ils  se  scnlaienl  en  danger  ;  et  si  dans  les  siècles 
aniériem-s  à  ceux  dont  nous  avons  rapporté  les  ré-de- 
menls  sur  celle  matière,  nous  ne  voyons  pas  d'exem- 
ples de  confessions  à  la  mort;  c'est  que  ou  ceux  qui 
ont  écrit  en  ce  tenqis  oui  omis  celte  circonstance  de 
la  n)orlde  ceux  dont  ils  ont  p.iric,  on  bien,  c'est  que 
dans  les  premiers  siècies,  les  chrétiens  vivant  plus 
saintement  avaient  moins  besoin  de  ce  remède  pour 
purifier  leurs  âmes,  et  que  la  confession  sacramen- 
telle des  fautes  vénielles  était  assez  rare  alors. 

Avant  de  finir  cet  article  ,  le  lecteur  ne  sera  pas 
fâché  de  voir  de  quelle  manière  se  faisait  la  eonfjssion 
dans  celle  exlrémité.  Nous  la  trouvons  décrite  dans 
le  péidientiel  d'Egberl  d'York  sous  ce  litre  :  Ordo  ad 
infirmo  Pœnilcnliam  dandum  :  c'est-à-dire,  l'ordre  de 
donner  la  Pénitence  au  malade.  Voici  ce  qui  est  dit 
là-dessus  :  Quand  le  prêtre  entre  chez  le  malade  ,  il 
récilepremièremenlles  prières  marquées  pour  les  in- 
firmes. Ensuite  il  s'adresse  au  malade  et  lui  demande 
pourquoi  il  l'appelle.  Le  malade.  Pour  me  donner  la 
pénitence.  Le  prêtre.  Que  le  Seigneur  Jé^us-Christ 
vous  accorde  le  pardon,  mais  s'il  vous  renvoie  la  san- 
té, aurez-vous  soin  de  laccomplir?  Le  malade.  Je  i'ac- 
fisseut  que  dans  un  lien  publie  ,  exposé  à  la  vue  îli  complirai.  Alors  le  prêtre  fait  une  croix  de  Cendre  sur 
de  tous  tes  paf^sauls  et  devant  rautel ,  sous  peine  de  nul-  il  sa  poitrine,  il  met  un  cilicc  sur  lui ,  el  dil  l'oraison  , 
lité  de  l'absolution.  Cependaul  les   religieux   -.wnieMl  '^i  Deus,  qui  neminem  vis  perire,  Ole. 


coutume  de  se  confesser  au  cliapiire,  comme  on  le 
voit  par  S.  l"da!ric,qni  le  dil  des  moines  deClunif  !. 
2,  c.  12)  par  les  consiilutions  de  l'abbaye  d'IIirsauge 
(  I.  1,  c.  45)  el  par  quelques  autres  monuments. 

Les  Grecs  se  confessaient  aussi  autrefois  devant 
l'aulcl  ,  comme  il  parait  par  le  péinlentiel  deJean-!e- 
Jcûncur.  Il  commence  ainsi  :  Le  prélre  prend  celui  qui 
veut  se  confesser  el  le  fait  tenir  debout  devant  l'autel  : 

Quoi(pie  nos  pères  eussent  si  à  cœur  que  la  confes- 
sion se  fit  dans  léglise ,  et  dans  un  lieu  où  l'on  pût 
être  vu  de  loul  le  monde;  cependant,  comme  nous 
avons  déjà  remarqué,  ils  permettaient  que  les  malades 
la  fissent  dans  leurs  maisons,  el  voulaient  en  cas 
qu'ils  se  sentissent  en  danger,  qu'ils  eussent  soin  d'ap- 
peler les  prêtres  pour  leur  faire  la  confession  et  rece- 
voir la  Pénitence.  C'est  dans  cet  e'^prit  qu'un  concile 
d'Angleterre  (3)  tenu  en  l'année  787  déclare  que  si 
'quolipi'un,  ce  (pi'à  Dieu  ne  plaise  ,  meurt  sans  Péni-  l 
jtence  ou  confession,  on  ne  prie  point  pour  lui.  C'est 
jdans  la  même  vue  que  le  sixième  concile  de  Parisdé- 


Suivenl  plusieurs  bénédictions  avec  un  averlisse- 
mciil  au  prêtre  de  donner  l'absolution  au  malade,  aus- 
silôl  (ju'il  aura  reçu  la  Pénilence,  sans  doute  à  cause 
du  danger  de  mort.  Celle  façon  de  donner  la  pénilence 
aux  nn)urants,  qui  suppose  la  confession  de  leurs  pé- 
chés, comme  le  monlrenl  les  monnmei.ls  de  ce  temps- 
là,  est  assez  semblable  à  celle  avec  laquelle  on  donnait 
la  pénitence  publique  dans  les  maisons  particulières  : 
ce  qui  se  faisait  quelquefois  pour  certaines  laisous  : 
el  la  pénitence  reçue  de  celle  sorte  s'accomplissait  en- 
suite à  la  vue  du  public. 

Ajoutons  à  ce  qui  vient  d'être  dit ,  ce  que  le  P. 
Morin  rapporte  en  substance  d'un  irès-ancien  ma- 
nuscrit de  Sicile  ,  louchant  la  pénitence  et  la  confes- 
sion des  mourants.  Il  y  a  (jnelque  différence  d'avec  ce 
que  nous  avons  rapporté  du  Pénilenliel  d'Egbei  l  :  il 
ne  faut  pas  en  être  surpris,  ces  sortes  de  rits  varient 
suivant  les  temps  et  les  pays.  Dans  celui-ci  il  est  dit 
1  '  rpie  le  prêtre  prie  en  lui-même.  2"  Que  l'on  iVvile 
sur  le  malade  prosterné  des  litanies  ,  des  prières,  etc. 
5"  Que  le  prélre  l'excile  à  entrer  dans  des  senlimenls 


.fend  qu'on  envoie  les  prêtres  de  côté  et  d'autre,  parce    '  de  pénilence  et  à  se  confesser;  après  quoi  il  rinterro.e 
quil  arrive  souvent  que  pendant  leur  absence  les  fi-  ' 
deles  meurent  sans  confession, snic  confessionc....ple-  i 

(1)  Opuse.  56. 

(2)  Ap(nlSnr.,  27ju.  . 

(3)  Conc.  Cataclutcnse,  c.  2,  cap.  29. 


sur  dilTérenles  espèces  de  pensées.  4"  Que  le  prêtre 

el  le  pénilenl  se  prosternenl  el  récitent  des  psaumes, 

qui  éianl  aehevés,  le  prêtre  l'oint  de  l'huile  sainte  au 

I  Iront,  cl  le  récon(  ilie  enfin  faisant  plusieurs  prières 

(1  )  Apud  Chesn.,  tom.  2  Ilist.  Franc,  p.  586. 


415  HISTOIRE  DES  hACREMEMS. 

par  lesquelles  il  demande  à  Dieu  la  rémission  de  ses  ^ 

péchés,  et  la  parfaite  guérisoi»  des  plaies  de  son  àme. 

Après  cela,  est-il  dit,  suit  la  messe  que  le  prêtre 

chante  pour  celui  qui  s'est  confessé  à  lui.  l'ont  hoc  se- 

quittir  niissa  quam  sacerdos  pro  sibi   confessa  cunlarc 

débet. 

On  était  si  bien  persuadé  dans  le  septième  siècle  de 
la  nécessité  de  se  confesser  aux  approches  de  la  mort 
si  on  se  sentait  coupable  de  quelque  i»éché  considé- 
rable, que  nous  lisons  dans  la  vie  de  S.  Philihert  un 
des  plus  grands  ornemenls  de  ce  siècle  ,  qu'il  rendit 
miraculeusement  la  parole  à  un  de  ses  moines,  qui  dans 
sa  maladie  était  devenu  muet ,  afm  qu'il  fût  en  état  de 
faire  la  confession  d'un  péché  caché  dont  il  n'avait 
point  fait  pénitence.  Et  qu'ayant  obtenu  de  Dieu  celte 
grâce,  il  eut  celle  confiance  que  ce  religieux  étant  mort 
aussitôt  après  s'être  confessé  et  avoir  reçu  la  pénitence 
de  ce  péché,  en  recevrait  le  pardon  de  la  mi^éiicorde 
de  Dieu.  Ceci  est  rapporté  plus  au  long  dans  l'auteur 
delaviedecesaint.quelcP.  Mabillon assure  avoir  vécu 
en  même  temps  que  lui ,  et  dont  le  nom  nous  est  in- 
connu. 


CHAPITRE  \II. 

A  qui  se  faisait  la  confession  des  pêches,  tant  à  rordi- 
naire  que  dans  les  cas  de  nécessité?  Que  les  moines 
ont  été  autrefois  employés  à  entendre  les  confes- 
sions. Des  confesseurs  des  princes,  et  des  absolulious 
réservées  au  Pape  et  aux  évêques. 

Nous  avons  vu  dans  les  premiers  chapitres  de  celte 
section,  que  dans  les  premiers  [siècles  la  confession 
des  péchés,  soit  publique  soit  secrète ,  se  faisait  à 
l'évèque  et  aux  prêtre»  ;  quehiucfois  aux  uns  et  aux 
autres  en  même  temps,  quchpiofois  à  révê(|iie  seul, 
ou  au  prêlre-cardinal,  ou  au  pénitencier  dépulé  pour 
cela  par  l'évèque.  EfTectivement.  c'est  à  eux  privati- 
vement  à  tout  autre ,  que  les  clefs  du  royaume  des 
cieux  ont  éîc  confiées,  et  il  faut  être  revélu  du  carac- 
tère du  sacerdoce  pour  exercer  ce  sacré  ministère, 
avec  autfUMiéet  eflicace. 

Cependant  nous  lisons  que  dans  le  cas  de  nécessité 
et  dans  un  besoin  pres-anl,  les  diacres  onl  quelque- 
fois rempli  celle  fonction  du  consentement  des  évo- 
ques. //  faut  aller  au-devant  drs  besoins  de  nos  frrrcs  , 
dit  S.  (  yprien  (1)  ;  nous  pernieltous  doue  que  cmx  qui 
ont  rci  11  des  libelles  de  recommandation  des  martyrs,  et 
qui  peuvent  être  aidés  par  là  auprès  de  Dieu ,  s'ils  vien- 
nent à  être  attaqués  de  quelques  maladies  ou  infirmités 
dcmgereuses,  puissent,  sans  attendre  notre  arrivée,  con- 
fesser leurs  fautes  cmprès  de  quelque  prêtre  que  ce  puisse 
être,  et  même  d'un  diacre  ,  si  le  danger  est  pressant , 
afin  que  leur  ayant  imposé  la  main  pour  la  pénitence,  ils 
aillent  ainsi  en  paix  au  Seigneur.  «  Apud  diaconum 
«  quoque  exomolosegim  facere  delicti  sui  possint.  »  De 
quelque  manière  que  Ion  preiuie  ce  leruie  iVe.romo- 
logèse,  soit  pour  l'aclion  de  celui  qui  recomt  aux 
rainislres  de  l'Église  ,  pour  recevoir  deux  la  péuilence 

(l)Ep.  i3  edil.  Pamelii  18  Oxon. 


UG 
canonique  ,  soit  pour  la  confession  même,  comme  le 
terme  semble  le  marquer  et  la  circonstance  dont 
il  s'agit;  il  est  toujours  cerlain  que  ceux  r|ue  l'on 
établit  juges  des  péclsés,  doivent  les  connaîire,  et 
par  conséquent  que  ceux  qui  s'adressentà  eux,  doivent 
les  leur  faire  connaître  en  s'en  accusant  eux-mêmes. 
Que  cette  remarque  soit  faite  une  fois  pour  tomes. 

Le  concile  d'Elvire  établit  l:i  même  disci]  liiie  on  ces 
termes  (can.32)  :  Si  quelqu'un  tombe  dans  un  péché 
digne  de  lamort  éternelle,  nous  voulons  qu'il  ne  fasse  la 
pénitence  que  suivant  qu'il  lui  sera  prescrit  par  l'évèque 
à  qui  il  doit  s'adresser  :  dans  le  cas  d'une  maladie  pres- 
sante, il  faut  que  le  prêtre  lui  donne  la  communion ,  et 
le  diacre ,  si  le  prêtre  le  lui  ordonne.  «  F.t  diaconum  si 
«  jusseril  sacerdos.  s  C'est  poul-être  suivant  l'esprit 
des  anciens  évêques  d'Esp.igne,  que  les  Pères  du 
premier  concile  du  Tolède,  relèguent  des  diacres  qui 
seront  lombes  dans  quelques  désordres,  au  rang  des 
sous-diacres,  et  les  privent  de  la  puissance  d'imposer 
les  mains  aux  pénilenls.  Je  dis,  peut-être,  car  il  y  a 
ass^ez  d'aiiparence  que  celle  imposition  des  mains  des 
diacres,  dont  parlent  les  Pères  de  Tolède  ,  est  celle 
que  les  diacres  faisaient  sur  les  pénilenls  prosternés, 
avant  di- les  meltre  hors  de  l'église,  comme  ils  la 
faisaient  certainement  sur  les  caléchumènes,  tandis 
qu'on  faisait  sur  eux  les  prières  accoutumées.  Quoi 
qu'il  en  soit,  d'anciens  ordres  pénilentiels  ,  tels  que 
ceux  (pie  représentent  les  manuscrits  de  .luniièges  et 
deNoyon,  rapportés  par  le  P.  .Marlène,  nous  font  voir 
le  même  usage  ,  et  donnent  en  même  temps  la  solu- 
tion à  toutes  les  difficultés  qui  peuvent  survenir  sur 
cela  entre  les  théologiens,  l'orsqu'ils  s'expriment 
ainsi  :  Comme  personne  ne  doit  offrir  le  sacrifice  ,  si- 
non les  évêques  et  les  prêtres  à  qui  les  clefs  du  royaume 
des  cieux  ont  été  données,  de  même  personne  ne  doit 
s'attribuer  la  puissance  judiciaire,  «  sic  nec  judicia  alii 
«  usurpare  debent,  »  si  cependant  le  cas  de  nécessité  se 
rencontre,  et  qu'il  ne  se  trouve  point  de  prêtre,  que  le 
diacre  reçoive  le  pénitent  à  la  sainte  communion.  Ce  cas 
de  nécessité  devait  êire  assez  fré  inent  quand  le  nom- 
bre des  prêtres  était  peu  considérahle  ,  el  qu'il  y  av;iit 
des  diacres-cardinaux,  incardinaii ,  ou  attachés  à  cer- 
tains canloiis  de  la  banlieue  des  \il!es  ou  aux  paroisses 
de  la  campagne,  connue  cela  se  faisait  amielois. 

I/usage  dont  nous  parlons  a  duré  longtemps  dans 
l'église,  comme  le  monlreut  diflérents  décrets  des 
conciles  et  des  évêques  ,  et  des  siècles  postérieurs,  il 
est  ordonné  ,  parexeuqile,  dans  un  concile  d'York, 
que  les  diacres  ne  liaplisenl,  (ju'ils  ne  donnent  point 
le  corps  de  Jésus  Christ,  ou  (piils  n'imposent  point  la 
pénitence  à  celui  qui  se  sera  confessé  .  vel  pœniieii- 
tiam  confitenti  imponat ,  sinon ,  d.:ns  un  grand  et  pres- 
sant besoin.  Un  concile  de  Londres,  de  l'an  1200, 
leur  défend  la  même  chose,  sinon  ,  en  deux  cas,  sa- 
voir ;  l'absence  du  prêtre  ,  ou  le  refus  insensé  qu'il 
ferait  de  baptiser  un  enfant  moribond,  ou  de  donner 
la  pé.jleiice  à  un  malade. 

Laconduile  que  lièrent  lesdiacres,  excita  conire  eux 
dans  la  suite ,  le  zèle  des  évêques  de  plus  en  plus  ;  ils 


417         PÉNITENCE.  -  SECT.  11.  CllAP.  MI.  ANCIENS  MINISTRES  DE  LA  CONFESSION.         418 


s'opposèrent  do  loii:es  leurs  forées  à  leiii;,  eiilrcprises 
aMil)ilietises.  .\ous  défendons  étroitement,  ilil  Ocloii 
(le  Paris,  dans  ses  CoiisliliUioiis,  que  les  diacres  n  en- 
tendent aucunement  les  confessions,  sinon  ,  dans  une 
très-pressante  nécessite.  11  rend  r.iison  de  celle  dé- 
l'cnce  :  Car,  :ijf>ule-l  il,  ils  n'ont  point  tes  cUfs  et  ne 
peuvent  absoudre.  Dans  les  tnqnèles  que  les  anlu- 
diaeies  du  diocèse  de  IJncolne ,  faisaienl  dans  le  cours 
de  leurs  visites  au  ireizièine  siècle  ,  ils  devaie..l  s'in- 
former si  les  diacres  n'entendaienl  pas  les  confessi  ns, 
tel  andianl  confessioncs.  Le  concile  de  Worreslre  de 
Tan  PiiO,  leur  inlerdil  (cap.  2G)  celle  foiiclion 
cninnieune  iisnrjalion  des  droits  alladiésau  sacer- 
doce ;  ce  (lue  lit  aussi  Wantitr,  cvè(pic  de  Dunelnic, 
en  leur  délendanl  d'enlendrc  les  confessions  et  d'ini- 
l)oser  la  péniiencc;  sinon,  en  cas  de  maladie  in-gcnlede 
la  part  du  p'nilent,  ou  d'absence  du  prêtre.  Le  Synode 
di-  Poitiers  do  l'an  P280,  vouianl,  comme  il  dit  (cap.  5), 
arracliei' entièrement  l'abus  que  lignorancc  a  inlro- 
duil,  enjoint  aux  diacres  de  s'abstenir  d'enlendrc  les 
confessions ,  et  de  donner  l'absolulion  dans  le  for 
péuilonliel. 

De  lant  de  témoignages,  il  résnlle  très-clairement 
que  les  diacres  ont  enlendu  les  confessions  dans  l'église 
d'Occidenl  (car  dans  celles  d'Orient  nous  ne  trouvons 
rien  là-dessvis) ,  jusqu'à  la  (in  du  ireizième  siècle  dans 
le  cas  de  nécessité,  et  même  par  un  très-grand  abus 
sans  nécessité;  puis(iuc  laul  d'évèquos  et  de  synodes 
ont  pris  des  mesures  et  fait  tant  de  défenses  pour  ar- 
rêter le  cours  de  ces  désordres,  dont  se  plaint  aussi 
Guiliaimie  ,  évcquc  d'Angers  ,  dans  un  syoode  lenu  en 
1275,  dont  les  actes  se  trouvent  imprimés  dans  le  on- 
zième tome  du  Si)icilègc  de  Dom  Dacliery. 

Non  seulemc.ton  se  confessait  aux  diacres  dans  le 
cas  de  nécessité ,  mais  encore  aux  autres  clercs  infé- 
rieurs, au  moins  pour  ce  qui  regarde  les  pécliés  se- 
crets. Lanfrauc ,  arclievèque  de  Canlorbéri ,  qui  est 
niorl  environ  GO  ans  avant  les  premiers  docteurs  de 
l'école,  distingue,  dans  un  petit  ouvrage  qu'il  a  fait 
sur  la  confession,  les  pécliés  eu  deux  classes,  dont 
il  api)elle  les  uns  cachés  et  les  autres  publics,  et  il 
enseigne  que  les  clercs  inférieurs  peuvent  entendre  la 
confession  de  ceux-là  et  en  donner  l'absoluiion  ,  ré- 
servant ceux-ci  aux  prêtres;  il  suppose  sans  doiiie  le 
cas  de  nécessilé ,  quand  il  aliribue  ce  pouvoir  aux 
clercs  inférieurs,  quoiqu'il  n'en  parle  pas  en  cet  en- 
droit. Enfm  il  ajoute  ,  ce  qui  est  plus  surprenant , 
que  s'il  ne  se  trouve  point  d'ecclésiasii(iue  à  qui  l'on 
puisse  se  confesser,  on  doit  s'adresser  à  un  bomme  de 
bien  dans  (piel(pie  endroit  rpt'il  soit. 

Ce  senlimcnl  était  si  répandu  alors,  et  tous  les 
cbrétiens  avaient  une  si  grande  idée  de  la  vertu  et  de 
refficace  de  la  confession  ,  que  plusieurs  des  anciens 
docteurs  scolaslifpies  (1)  ont  enseigné  communément 
qu'au  défaut  de  prêtres  c'  d'ecclésiastiques  a  qui  on 

(1)  Magisl.,  1.  4,  dist.  17;  Albert,  in  4,  d.  17  ;  Ha- 
lens. ,  q.  p.  Sunnn.,  (i.  19,  membro  ;  Bonav. ,  in  4, 
d.  17,  p.  5,  dubio  1  ."et  a.  1,  q.  1  ;  S.  Thom.,  in  4, 
(}.  17,  q.  5,  a.  5. 


put  so  confesser,  il  fallait  s'adresser  pour  cela  à  des 
lai(pies.  Pierre-le-Cliantrc ,  dans  sa  Somme  203,  se 
faii  celle  question,  si  on  peut,  même  dans  le  besoin 
pressant,  se  confesser  à  un  juif  qui  ne  soit  pas  scan- 
dalisé de  ce  qu'on  a  à  lui  dire,  et  laisse  à  la  conscience 
cl  à  la  prudence  de  la  personne  ce  qti'elle  jugera  à 
propos  de  faire  là-dessus,  ajoutant  qu'il  croit  que  Dieu 
donnera  à  un  homme  ainsi  touché  de  repentir  les 
lumièies  donl  il  aura  besoin  pour  prendre  le  parti  qui 
conviendra. 

Aussi  voyons-nous  celle  pratique  assez  communé- 
monl  reçue  dans  ce  lemps-là  et  depuis.  On  lit  dans 
riiisioire  d'Orderic  Vital  (lib.  7),  qu'im  cerUiin  Kicber 
do  l'Aigle  ,  de  Aquila  ,  ayant  éié  blessé  à  la  guerre  , 
C(mf.ssa  ses  péchés  à  ses  compagnons,  sodalibus  suis  ; 
et  dans  le  dialogue  du  moine  Césaire  (1  ),  que  certains 
pèlerins  qui  passaient  au  secours  de  la  Terre-Sainle, 
ayant  élé  accueillis  d'une  lempêle  et  voyant  la  mort 
comme  sous  leurs  yeux ,  commencèrent  à  se  confes- 
ser les  uns  aux  autres.  Le  sire  de  Joinville  raconte 
\  dans  la  vie  de  S.  Louis  (  cap.  43) ,  que  l'armée  ebré- 
lienne  ayant  élé  mise  en  fuite  par  les  Sarrasins ,  et 
l'ennemi  s'approcbanl,  chacun  se  confessa  au  prêtre 
qu'il  put  trouver,  et,  ([u'cn  celte  occasion,  Gui  d'Ébelin, 
connélable  de  Chypre,  s'élant  confessé  à  lui,  il  lui  avait 
donné  l'absolution.  11  est  bon  de  rapporter  ici  les  pro- 
pres paroles  de  cet  historien ,  si  connu  par  sa  lidélilé 
et  par  sa  candeur.  Je  ifs,  dit-il,  un  igrand  troupeau  de 
nos  gens  qui  là  ctoienl,  qui  se  confessaient  à  ung  religieux  de 
la  Trinité  qui  étoit  avec  Guillaume ,  comte  de  Flandres. 
Mais  en  droit  moij  ne  me  souveiiois  alors  de  mal,  ne  de 
péché  que  oncques  j'eusse  fait,  et  ne  pensois  sinon  à  rece- 
voir le  coup  de  la  mort /i/i  eouste  moij  se  agenouilla 

M'^  Gui  d'Ebelin,  conestable  de  Chypre,  et  se  confessa 
à  moy  ;  et  je  lui  donnai  telle  absolution ,  comme  Dieu 
m'en  donnoit  le  pouvoir.  On  lit  de  même  dans  la  chro- 
nique de  Ferdinand  (2),  roi  de  Caslille,  (c.  7)  que  les 
soldais  Espagnols,  étant  prêts  d'en  venir  aux  mains 
avec  les  M.iures,  sous  la  conduite  d'Alvare  Perez,  se 
confessèrent,  les  uns  aux  prêtres  qu'ils  purent  ren- 
cnntrer,  les  auires  chacun  à  leurs  camarades.  Louis, 
C(unie  de  Liège,  éiant  à  l'exlrémité,  fit  venir  une 
vierge  chrétienne,  et  lui  confessa  lous  ses  péchés  avec 
beaucoup  de  larmes  ;  et  cela  ,  dit  l'auteur  dont  nous 
tenons  ce  fait  (3) ,  non  pour  le  pardon  qu'il  put  atten- 
dre d'elle ,  mais  afin  de  l'engager  par  là  à  prier  pour 
lui.  La  remarque  de  cel  auteur  fait  voir  que  ce  qui  se 
pratiquait  en  ce  temps-là  éiait  bien  éloigné  de  l'esprit 
des  flagellants  qui,  méprisant  l'autorité  sacerdotale, 
se  confessaient  aux  laïques  et  en  recevaient  l'absolu- 
tion, comme  il  est  marqué  dans  la  vie  de  Baudouin  de 
Luxembourg  (4). 

Après  tout  ce  qui  vient  d'être  dit,  comme  remarque 
judicieusement  le  P.  Martène ,  dont  nous  avons  tiré 
une  grande  partie  de  ce  qui  a  élé  rapporté .  il  n'est  pas 

(1)  Dist.  3.  0.  21. 

(2)  Apud  BoUand.,  ôOmaii. 

(3)  Thomas  Canprat.,  1.  de  Apibus,  c.  53,  n.  25. 

(4)  C.  9,  apud  Baluz..  Miscellan.  t.  1. 


419 


lilsTOiiiL^  DES  SACIIKMENTS. 


420 


vaille  édiliun  des  (Euvrcs  de  S.  Basile,  rend  par  ces 
mois  ,  coram  seniorc,  c"esl-à-dire,  en  présence  de  la 
siiix'iiciire.  Ce  qui  est  bien  difléicnlde  ces  paroles  ,  à 
la  supérieure,  ou,  par  la  sui)éiieine  ;  elle  pouvail  être 
préscnle  sans  èlre  à  perlée  d'eulendre  ce  que  disait  au 
prèlrc  la  sœur  qui  se  confessait  au  prêtre ,  7r;i;  làv 
T.ps'^ëÙTspo-j.  Il  est  vrai  que  l'ancienne  édition  avait,  Stà, 
au  lieu  de  la  préposition,  /j.s-v.;  mais  quoiqu'elle  fa- 
vorise en  quel(pic  sorte  le  scnlinient  du  P.IMarlène, 
autre  chose  est  de  dire  que  les  sœurs  se  confesse- 
ront au  prêtre  par  la  supérieure  ,  ou,  par  le  ministère 
de  la  supérieure  ;  aulre  chose  est  de  dire  (pi'eiles  se 
confesseiont  à  elle  ;  surtout  S.  Basile  ajoulaiit  dans  le 
même  endroit  ces  paroles  :  Elles  se  confesseront  à  an 
prêtre  qui  sache  la  manière  d'imposer  la  pénitence ,  et  de 
corriger  le  vice.  D'ailleurs,  le  Saint  défeiid  dans  ces  mê- 
mes règles  (1)  de  confesser  mcramcntalement  ses  pé- 
chés à  d'aulres  qu'aux  prêtiez,  car  sur  celle  question: 
Celui  qui  veut  confesser  ses  pccliés,  le  doit  il  faire  à  tous 
indifféremment ,  et  à  qui  celte  confession  se  doit-elle 
faire  ?  Voici  ce  (pi'il  répond  :  Il  doit  vrcessaircment 
confesser  ses  pccliés  à  ceux  à  qui  est  confiée  la  dispensa- 
lion  des  divins  miistcres.  Paroles  qui  font  voir  combien 
S.  Basile  élait  éloigné  d'égaler  en  quelque  manière 
les  lidèiesaux  prêtres,  en  les  rendant  avec  eux.  dé- 
positaires des  secrets  de  la  confession.  La  manière 
dont  le  P.  Mabillon  a  lu  ce  passage  de  S.  Basile  que 
nous  avons  cilé  le  premier,  et  qui  se  triuive  dans  la 
question  liOdespcliles  règles  de  rédilion  de  Paris 
de  l'an  1G57,  a  pn  donner  lieu  aux  coiijectures  ingé- 
nieuses qu'il  fait  là-dessus.  Mais  outre  que  la  coi  rec- 
lion  l'aile  dans  la  nouvelle  édition  lève  toute  difiicullé; 
jiiciu,  Il  (.-.SI  un  jj.iiju  iiiiui-  j  je  ne  vois  pas  comment  il  a  pu  rendre  le  texte  grec  de 
'alternat  de  cei laines  abbes-  fi  l'ancienne  édition,  comme  il  le  fait  en  le  liaduisant 

ainsi  (2)  :  Si  oportet ,  ciun  aliqua  soror  confitetur  quod' 
cumque  dclictum  suum,  etinm  matrem  monctsterii  adesse? 
Honeslius  milii  videlur  esse  cl  ret'ujiosius  per  senioreni 
matrem  presbtjter  si  quid  illud  sibi  videtur  statuai  ;  et 
moduni  vel  tempus  pœnilentiœ  imponat  ad  emendulioncm 
ejus  quà  corriqi  desiderat  ;  cm- œlle  Iradiiciion  n'est 
point  exacte,  ni  conforme  à  celle  qu'a  donnée  l'au- 
teur de  cette  édition.  Ceux  qui  voudront  s'en  assurer 
le  pourront  aisément  eu  jetant  les  yeux  tant  sur  le 
texte  original  que  sur  la  traduction.  En  voilà  assez  sur 
cet  article,  sur  lequel  nous  nous  sonnnes  un  peu  éten- 
du ,  non  pour  en  prendre  occasion  de  réfuter  le  P. 
Marlène  au(piel  nous  sonmies  redevables  de  quantité 
de  bonnes  choses  que  nous  avons  insérées  dans 
cet  ouvrag(î,  mais  parce  qu'il  élait  important  d'é- 
claircir  le  sentiment  de  S.  Basile  sur  un  point  de 
celte  conséquence  par  rapport  au  dogme  et  à  la  dis- 
cipline. 

Les  évoques  sont  donc ,  comme  il  paraît  par  toul 
ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présent ,  ceux  à  qui 
appartient  principalement  le  droit  d'entendre  les 
confessions  des  pénitents ,  cl  après  eux ,  les  prêtres  à 


surprenant  que  les  abbcsses  se  soient  quehiuefois  al-  'j 
tiihiié  le  droit  d'entendre  les  confessions  de  leurs  re- 
ligieuses ,  comme  on  le  peut  voir  dans  la  vie  de  S. 
Burgtmdofare  (1),  et  dans  la  règle  d'un  mconnu,  par 
lesquelles  il  paraît  qu'on  se  confessait  aux  abbesses 
des  pcchésles  plus  graves.  La  règlede  S.  Donat  (c.25) 
send)le  les  avoir  favorisées  en  cela,  en  ordonnant  que 
les  religieuses  découvriront  trois  fois  chafjue  jour  leurs 
fautes  à  la  supérieure  ;  et  S.  Benoit,  quand  il  veut  que 
les  moines  déclarent  à  l'abbé  toutes  les  pensées  qui 
leur  viennent  à  l'esprit  :  car  la  plupart  des  abbés  dans 
le  commencement  de  son  ordre  n'étaient  pas  prêtres, 
et  lui-même,  selon  l'opinion  la  plus  commune,  ne  fut 
jamais  élevé  au  sacerdoce.  Mais  les  abbesses  poussè- 
rent trop  loin  les  choses,  et  s'attribuèrent  des  préro- 
gatives dont  leur  sexe  n'est  point  susceptible ,  ce  qui  j 
obligea  les  évêques  à  mettre  des  bornes  à  leurs  entre-  » 
prises  téméraires.  De  là  vient  que,  dans  les  capitulai-  j 
res  de  nos  rois  (1.  1 ,  c.  70),  il  est  dit  qu'il  faut  in- 
terdire aux  abbesses  le  droit  qu'elles  se  sont  arrogé ,  | 
contre  la  coutume  de  la  sainte  Église,  de  donner  des  ; 
bénédictions  et  d'imposer  les  mains  ,  cl  nmnùs  impo- 
sitioncs,  ce  (pii,  suivant  toute  apparence,  signide  don- 
ner la  pénitence  ou  l'absolution  ,  ce  qui  emporte  né- 
cessairement la  confession  des  péchés. 

Marc,  patriarche  d'Alexandrie,  n'était  pas  si  scru- 
puleux à  cet  égird  ,  lui  qui  demande  sérieusement  à  || 
Balzamon  ,  célèbie  canonisle  Grec  de  son  tenq)S  ,  si , 
lorsque  les  abbesses  demandcnl  à  l'évêipie  la  i)ernns-  ■ 
sien  d'entendre  les  confessions ,  on  doit  la  leur  ac-  ; 
corder ,  à  (pioi  Balzamon  répond  négativement.  Nous 
avons  dans  le  Droit  canoni([ue  un  décret  qui  a  beau- 
coup de  rapport  à  celte  matière  ;  il  est  du  pape  Inno 
cent  Ml  qui,  informé  de  l 

ses  d'Espagne,  qui  s'ingéraient  de  bénir  leurs  reli- 
gieuses, de  les  confesser  cl  de  prêcher  pid)liquement, 
enjoint  aux  évêques  de  \alens  et  de  Biu'gos  d'enqjê- 
cher  ce  désordre  à  l'avenir,  et  de  remédier  à  un  si 
grand  abus;  quoique,  dit-il,  la  B.  II.  Vierge  Marie  ait 
clé  supérieure  à  tous  les  ApOlres  en  dignité  et  en  mé- 
rite, ce  n'est  pas  néanmoins  à  elle,  mais  aux  Apôtres, 
que  le  Seigneur  a  conlié  les  clefs  du  royaume  des 
cieux  (2). 

Cependant,  dit  le  P.  Marlène,  S.  Ba>ile  dans  ses  pe- 
tites règles,  permet  àl'abbesse  d'entendre  avec  le  prê- 
tre la  confession  des  sœurs;  ce  que  ce  savant  religieux, 
aussi  bien  que  le  P.  Mabillon  (5),  a  cru  être  renfermé 
dans  celle  règle  que  nous  avons  citée  dans  le  chapitre 
précédent  :  mais  ,  qu'il  me  soit  permis  de  le  dire  ,  ils 
n'ont  point  fait  assez  d'attention  aux  termes  dont  se  ! 
sert  ce  grand  docteur  de  l'Eglise.  Car  s'éîant  jjroposé 
I  cette  (lucsiion  ,  s'il  faut  que  l'ancienne  soit  présente  \ 
quand  une  sœur  se  confesse  au  prêtre ,  il  lépond ,  la 
confession  au  prêtre  se  fera  avec  plus  d'honnêteté  et 
de  prudence  en  présence  de  l'ancienne  ou  la  supérieure, 
pTà  T»ij  7i/psi7êuT£p«j ,  cc  quc  D.  Gariùcr  dans  sa  sa- 


(1)  Cap.  8  et  15,  apud  Mabill.,  sect.  2,  Bened, 
(2)C.  Nova,  10,  extra,  de  Pœnit.  cl  Remiss. 
(5''  Prœfat.  in  secul.  "î  Bened.,  num,  90. 


(1)  Brcv.  reg.,  inlcrrog.  288. 
(2J  Proif.  in  sec.  5  Bened.  n,  9. 


m         PÉNITENXE.  —  SECT.  II.  CHAP.  VII.  ANCIENS  MINISTRES  DE  LA  CONFESSION.  422 


qui  une  portion  du  peuple  fidèle  est  allribuée  pour  la 
gouveriicrsuivautles  règles  de  l'Evangile;  niaiscuinnie 
les  uns  el  les  autres  ne  pouvaient  seuls  porter  ce 
poids,  le  peuple  chrétien  selant  niulliplié,  et  les  con- 
fessions étant  devenues  ])lus  fréquentes,  ils  ont  asso- 
cié les  moines  à  leur  ministère  ,  et  cenx-ci  k-ur  ont 
été  d\in  grand  secours,  et  les  ont  servis  utilement. 
Si  quelques-uns  se  sont  récriés  là-dessus,  et  ont  pré- 
Icndii  que  leur  profession  les  rendait  incapables  de  ce 
ministère,  ce  principe  ne  trouva  que  peu  d'approba- 
teurs, les  papes  et  les  évêques  l'ont  même  condanuié. 
On  dit  que  le  pape  Boniface  IV  lit  là-dessus  un  décret 
en  610 ,  dans  un  concile  de  Rome,  où  assista  Mellit , 
évèque  de  Londres,  l'tui  des  apôtres  des  Anglais  ;  et  le 
pape  L'rbain  II  fît  certainement  la  même  chose  dans 
le  concile  de  Nîmes. 

Aussi  les  cvêqucs  continuèrent-ils  ,  nonobstant  les 
oppositions  de  quelques-uns,  à  employer  les  nioi;ies 
à  entendre  les  confessions,  et  ils  s'attirèrent  tellement 
l'affection  et  la  conscience  des  peuples,  que  les  princes  ; 
et  les  seigneurs  les  clioisirent  souvent  pour  les  méde- 
cins spirituels  de  leurs  âmes,  et  pour  leui  confier  les 
secrets  de  leur  confiance.  Tel  fut  Thierry  ,  roi  de 
France  (1),  <iui  avait  pour  confesseur  Ansbert,  abi)é 
de  Fontenelle  ,  qui  en  G85  fut,  malgré  toutes  ses  op- 
positions ,  ordonné  archevêque  de  Rouen.  Tel  fut 
Charles  iMartel,  prince  des  Français  et  aïeul  de  Cbar- 
lemagne,  qui  confessait  ses  péchés  à  Martin,  moine  de 
Corbic,  comme  nous  l'apprenons  des  annales  publiées 
dans  la  bibliothèque  du  P.  Labbé.  Tel  fut  le  comte 
Walberl,  dont  il  est  rapporté  dans  les  actes  des  Saints 
de  l'ordre  de  S.  Benoit,  que  S.  Bertin  de  Sislhiu  élait  le 
confesseur,  pater cou fcssioiium. Thierry,  abbé  de  S.Pier- 
r-^  de  Chartres,  élait  aussi  confesseur  de  Richard,  duc 
de  Normandie;  Avicc,  prieur  d'un  autre  monastère, 
l'était  du  comte  Leufïoi  ;  el  Lanfranc,  du  comte  Wal- 
dèiie  ,  selon  le  témoignage  d'ingulfe.  L'empereur 
Oihon  m  se  confessait  à  S.  Romuald  ,  et  l'impératrice 
Agnès ,  mère  de  Henri  IV  ,  roi  d'Allemagne  et  empe- 
reur, avait  pris  le  B.  Pierre  Damien  pour  son  guide 
dans  la  vie  chrétienne. 

Depuis  l'établissement  des  religieux  Mendiants,  les 
confessions  devinrent  plus  fréquentes  dans  les  mo- 
nastères. Ils  obtinrent  même  pour  cela  des  privilèges 
des  papes  ,  qu'ils  firent  valoir  ,  et  qui  leur  allirèrent 
les  plaintes  des  évêques  et  des  universités.  J'aurai 
occasion  d'en  parler  bientôt;  en  attendant,  je  renvoie 
à  M.  Vanespen  et  à  M.  Tourneli  (2) ,  qui  ont  traité 
l'un  et  l'autre  cette  matière  avec  érudition  ,  celui-ci 
en  théologien  et  l'iutre  en  canoniste.  Les  Célcstins 
étaient  bien  éloignés  de  se  procurer  de  semblables 
privilèges ,  eux  qui  ont  ordonné  dans  leurs  anciennes 
constitutions  manuscrites  (c.  IG,  §  7j, qu'on  ne  recevra 
pas  ceux  qui  se  présenteront  pour  se  confesser,  à  moins 
qu'ils  n'aient  pour  cela  une  permission  spéciale  de 
leurs  curés.  Les  moines  de  Grammont  en  étaient  en 

(1)  Vita  Ansbert,  sec.  2Bened. 

(2)  De  jure  Eccl.;  de  Pœnit.,  qucest.  C,  c.  3. 


core  plus  éloignés,  leur  rcgle  (I)  ne  leur  permettant 
point  d  entendre;  la  confession  même  de  leur  père  ,  à 
l'article  de  la  mort. 

En  Orient,  les  moines  furcntencore  plus oicnpis des 
confessions  ((u'on  Occident,  puisfiui;,  connue  dit  Balza-  ' 
mon  en  son  Supplément  (p.  1 1-23),  à  peine  se  trouvait-  ! 
il  quelqu'un  en  ce  pays-là  qui  voulût  se  confesser  à  un 
évêque  ou  à  un  prêtre  ,  à  moins  qu'il  ne  fût  moine. 
Cet  usage  avait  tellement  prévalu  dans  ces  églises, 
que  Marc,  patriarche  d'Alexandrie,  entre  plusieurs 
doutes  qu'il  propose  à  résoudre  à  Balzamon  ,  lui  de- 
mande si  les  prêtres  qui  n'ont  pas  fait  profession  de 
la  vie  monastique  ,  peuvent ,  avec  la  permission  de 
l'évêque,  entendre  les  confessions. 

Avant  de  finir  ce  chapitre  ,  disons  un  mot  des  cas 
réservés  aux  évêques  et  au  pape.  Nous  le  ferons  sans 
entrer  dans  le  détail  de  ce  qui  s'est  passé  .sur  cela 
dans  les  siècles  postérieurs,  connue,  par  exemple, 
l'élablissement  des  grands  pénitenciers  dans  chaque 
diocèse  qui  s'est  fait  au  15'  siècle,  et  divers  autres 
règlements  en  ce  genre,  que  l'on  a  jugé  à  propos  de 
faire  pour  le  bien  de  la  police  ecclésiastique ,  et  que 
l'on  peut  voir  dans  les  livres  du  P.  Thomasoin ,  de 
i'ajicienne  discipline  de  l'Eglise. 

Nous  trouvons  des  traces  de  ces  réserves  ,  dans  les 
anciens  rituels  manuscrits,  oîi  on  voit  que  les  prêtres 
qui  entendaient  les  confessions  des  pénilenls,  même  le 
joiu'  du  jeudi-saint,  après  avoir  examiné  avec  soin 
ceux  qui  étaient  dignes  de  recevoir  l'absolution,  de- 
vaient les  piésenter  pour  cet  effet  à  l'évêque.  Pierre-. 
le-Chantre,  dans  sa  Souinie  des  sacre(nent-,rajq3orlc 
quelque  chose  do  semblable  des  uioines  :  «  Il  élait 
î  dit-il,  permis  autrefois  aux  frères,  d'entendre  les 
a  confessions  les  uns  des  autres,  mais  l'absolution 
«  était  réservée  à  l'abbé.  » 

Il  y  a  aussi  des  exemples  de  cas  réservés  au  Pape, 
il  y  a  plus  de  800  ans.  C'est  ce  que  l'on  peut  voir  à 
l'égard  de  l'homicide  dans  les  actes  des  saints  de  Re- 
don, qui  se  trouvent  dans  le  quatrième  siècle  des  ac- 
tes des  saints  de  l'ordre  de  S.  Benoit.  Ceux  qui  étaient 
ainsi  renvoyés  au  Pape,  lui  portaient  des  lettres  de 
leur  confesseur,  par  lesquelles  on  lui  désignait  les 
crimes  commis  par  les  pénitents.  Que  ceux  ,  dit  Ri- 
chard, éveque  de  Sarisbury  (2),  qui  sont  envoyés  au 
Pape  ,  portent  avec  eux  des  letlrcs  qui  contiennent 
l'espèce  du  péché  et  ses  circonslances,  et  qui  les  ex- 
priment suffisamment;  ou  bien  que  le  prêtre  à  qui  lu 
confession  a  été  faite,  aille  lui-même  à  Rome. 

L'Iiibtoire  cccié.siastique  nous  fournit  un  exemple 
bien  plus  ancien  d'absolution  réservée  au  supérieur. 
Un  prêtre  nommé  Jason  ayant  accusé  un  antre 
prêtre  qui  s'appelait  Lamponien  ,  celui-ci  confessa  ba 
faute,  et  pour  ce  sujet  fut  séparé  des  assemblées  eccié- 
siasticpies  par  Sinésius.  Il  lémoignait  son  icpeiilir  par 
ses  larmes  et  le  peuple  demandait  grâce  pour  lui,  mais 
Sinésius,  dit  .M.  Fleuri,  s'en  tint  à  ce  qu'il  avait  or- 


(1)  Reg.  Grandimonlens.  c. 

(2)  In  Çonslitut.  cap.  ^28. 


54. 


433 


HlSTOillt  DES 


donné,  et  envoya  l'autorUé  de  l'absoudre  à  la  chaire 
poiilificale,  c■est-à-dire,àTllé<)plliIed^\le\alld^ie.Scu- 
Jenlelll  il  I  ermit  à  tous  les  prêtres  qui  se  trouveraient 
présents  de  donner  lu  communion  à  Lamponien  s'il 
se  trouvait  en  péril  de  mort  :  car,  dit-il ,  personne  ne 
nioiirra  lié  anlaiit  qu'il  est  en  moi  ;  mais  s'il  revient  en 
santé  il  sera  sujet  aux  mêmes  peines ,  cl  attendra  de 
votre  bonté  (  c'est  Sinésius  qui  parle  à  Tliéophile)  la 
marque  de  l'indulgence.  Sur  quoi  M.  Fleuri  (I)  dit  ju- 
dicieusement, on  voit  ici  une  absolution  réservée  au 
supérieur,  mêMie  par  un  métropolitain  qui  avait  im- 
posé la  peine.  Ce  qui  est  très-remarquable  dans  une 
pareille  circonstance.  Car  pour  des  absolutions  réser- 
vées aux  évêques  de  la  pari  des  prêtres ,  outre  les 
exemples  que  nous  en  avons  rapportés  ci-dessus  aux- 
quels nous  aurions  pu  en  joindre  un  grand  nombre 
d'autres  ,  c'était  anciennement  une  pratique  ordinaire 
de  réserver  aux  évêques  l'absolution  des  pénitents  pu- 
blics. 

CHAPITRE  VIII. 

Que  le  droit  d'entetidre  les  confessions  des  fidèles 
n'appartenait  pas  autrefois  à  tous  tes  prêtres  indif- 
féremment. Quels  sont  ceux  à  qui  il  appartient 
principalement.  Contestations  survenues  à  ce  sujet 
entre  le  clergé  séculier  et  les  religieux  mendiants. 

Quoique  la  puissance  de  lier  et  de  délier,  à  laquelle 
est  attachée  celle  d'entendre  les  confessions  des  fi- 
dèles dans  le  for  pénitenliel ,  soit  inséparable  du  sa- 
cerdoce; tous  ceux  néanmoins  qui  en  sont  revêtus  ne 
sont  point  en  droit  de  l'exercer.  C'est  de  Jésus-Cinist 
que  les  prêtres  tiennent  celte  puissance,  mais  c'est  à 
l'Église  à  régler  l'usage  de  ce  pouvoir,  a  prescrire  aux 
prêtres  les  règles  qu'ils  doivent  suivre  dans  l'exercice 
de  la  puissance  qui  leur  a  été  conférée  dans  leur  or- 
dination, et  à  leur  assigner  les  sujets  sur  lesquels  ils 
doivent  l'exercer. 

Dans  la  primitive  Église  les  fidèles  étant  gouvernés 
par  l'évèque  conjointement  avec  les  prêtres,  c'était  à 
lui,  comme  nous  l'avons  vu  ci-devant,  et  quelquefois 
devant  lui  et  toute  la  communauté  des  prêtres  qu'on 
appelait  \e  sénat  ou  le  presbyte re,{]ue  se  faisait  la  confes- 
sion. Cet  usage,  selon  la  remarque  du  Père  de  Sainte- 
Marthe  (2),  de  se  confesser  à  plusieurs  prêtres  en- 
semble n'a  point  été  entièrement  aboli  dans  les  siècles 
suivants.  Le  P.  Mabillon  (5)  en  rapporte  beaucoup 
d'exemples,  et  vous  en  avez  vu  plusieurs  dans  celte 
histoire  de  la  confession. 

Dans  la  suite  l'évèque  et  le  sénat  des  prêtres  étant 
trop  chargés  d'autres  occupations,  on  établit  un  prêtre 
exprès  pour  cela,  dont  l'emploi  était  d'entendre  les  con- 
fessions. C'est  ce  que  nous  apprenons  de  Socrate('4), 
qui  en  parle  en  ces  termes  :  Depuis  que  les  Novatiens 
se  furent  séparés  de  rÉgiise  à  cause  qu'ils  ne  voulaient 
point  avoir  de  communion  avec  ceux  qui  étaient  tombés 

(1)  Tom.  2  de  l'Ilist.  eccl.,  p.  359,  in  fine» 

(2)  Traité  de  la  Confession. 


(5|  Sec.  5  Bened.,  1  part.,  prœf. 
U)  Lib.  0  Hist.  c.  "" 


19. 


SACREMt>TS.  '         424 

durant  la  persécution  de  Dèce,  les  évêques  ajoutèrent  au 
canon  de  rÉgiise,  c'est-à-dire,  au  catalogue  des  officiers 
de  l'Église ,  un  prêtre  qu'ils  établirent  pour  avoir  soin 
d'administrer  la  Pénitence,  afin  que  ceux  qui  étaient 
tombés  depuis  leur  baptême  confessassent  leurs  péchés  à 
ce  prêtre,  etc.  Vous  avez  vu  dans  ce  qui  a  été  dit  ci- 
dessus  jusqu'à  quel  temps  la  pénitence  fut  administrée 
par  ce  prèlre  pénitencier  dans  les  églises  d'Orient,  et 
à  quelle  occasion  il  fut  abrogé.  Ainsi  nous  ne  nous 
élendrons  pas  davantage  ici  sur  celte  matière.  Nous 
ajouterons  seulement  (|ue  le  peuple  chrétien  s'élant 
multiplié,  on  fut  obligé  d'établir  des  prêtres  particu- 
liers pour  gouverner  les  paroisses ,  premièrement 
dans  les  grandes  villes  comme  à  Rome  et  à  Alexan- 
drie, et  ensuite  dans  la  campagne.  Arius  était  chargé 
d'une  portion  du  peuple  fidèle  d'Alexandrie  ;  les  prê- 
tres cardinaux  faisaient  la  même  fonction  à  Rome. 

Depuis  cet  établissement  des  curés  ou  pasteurs  par- 
ticuliers dans  les  différentes  églises  des  diocèses,  sur- 
tout depuis  qu'on  en  eut  établi  dans  la  campagne ,  ce 
fut  à  ces  prêtres  que  les  pénitents  s'adressèrent  pour 
la  confession  secrète,  el  on  ne  souffrait  pas  que  d'au- 
tres s'immisçassent  dans  ce  ministère,  par  ce  que  ces 
prêtres  faisant  leur  résidence  sur  les  lieux  où  ils 
étaient  établis,  et  veillant  continuellement  sur  la  por- 
tion du  troupeau  qui  leur  était  confiée,  ils  étaient  bien 
plus  à  portée  de  connaître  les  fautes  des  fidèles  et  d'y 
apporter  les  remèdes  convenables;  de  prendre  garde 
s'ils  s'acquittaient  exactement  de  la  pénitence  qui  leur 
était  enjointe ,  et  de  donner  les  avis  convenables  à 
ceux  qui  en  avaient  besoin. 

L'Église  a  maintenu  longtemps  celle  discipline  con- 
tre ceux  qui  par  négligence  ou  autrement  voulaient 
s'en  écarter  :  nous  trouvons  sur  cela  des  règlements 
dès  le  septième  siècle,  puisque  dans  \m  concile  tenu 
à  Reims  (eau.  8)  en  l'an  659,  il  est  ordonné  que  nul 
autre  que  le  pasteur  ne  reçoive  les  confessions  des 
pénitents  pendant  le  carême.  Vous  avez  vu  ci-devant 
que  c'était  le  temps  principalement  destiné  à  la  con- 
fession. ?iemo  tempore  quadragesimœ  pœnitentium  con- 
fessiones  audiat  prœler  pastorem.  Chrodegaiid  (1)  dans 
le  siècle  suivant  recommande  la  même  chose  en  ces 
termes  :  Voici  l'ordre  de  la  pénitence  el  de  la  confession 
que  nous  devons  faire  également  devant  Dieu  et  devant 
les  prêtres.  Que  le  peuple  fidèle  fasse  sa  confession  à  son 
prêtre,  suo  sacerdoti  ,  trois  fois  chaque  année  ,  etc. 

Nous  avons  ci-devant  allégué  un  passage  des  statuts 
d'Ahylon  (2)  évéque  de  Basle,  l'un  des  principaux 
ornemenis  de  l'Église  dans  le  neuvième  siècle.  11  porte 
sur  cela  rexacliludesi  loiU;  qu'il  veut  que  ceux-mênies 
qui  vont  à  Rome  par  dévotion  pour  y  visiter  les  tom- 
beaux des  .Apôtres ,  aient  à  confesser  leurs  péchés 
avant  leur  départ  :  parce  que  ,  ajoute-t-il,  ils  doivent 
être  liés  ou  déliés  par  leur  propre  évêque  ou  par  leur 
propre  pasteur,  et  non  par  un  étranger  ;  niellant  ainsi 
le  pape  lui-même  au  nombre  des  étrangers  à  cet  égard. 

(1)  Régulai  c.  23. 

(2)  Cap.  18.  .  . 


«5    PÉNITENCE.  — SECT.  II.  CÎIAP.  VIII.  i\  QUI  APPARTENAIT  LE  DROIT  DE  CONFESSER.    -i26 


Telle  élaiiraliciilioi)  de  ce  grand  cvè(|iie  à  rM.iinlciiir 
rancieiiiic  disci|dli;c.  Quia  à  proprio  episcoj  o  mit  succr- 
dole  lifjniidi  uul  cxolvcndi  suul,  non  ub  exirunco.  Cela  esl 
d'aiilanl  plus  reiiianiiiahlc  (|irAli\lon  availclé  lire  de 
la  vie  nioiiasiiiiiic  pour  èlie  élevé  à  réjiiscopal ,  ayaiil 
élé  althé  de  l{icl;eno\v  avanl  de  iiiniilcr  sur  le  siéjje  de 
BasIe. Celle  renianitie  regarde  égaleinenl  Rrgiiion, ab- 
bé de  !*roiu  au  diiicèse  de  Trêves,  une  des  iinnicr-s  dii 
dixième  siècle,  lequel,  a|)rès  avoir  parlé  de  la  péniience 
publique  cl  de  la  couression  que  l'on  dnii  faire  avaiil 
d'y  enirer,  ajoute  (1)  :  I^ion-senlement  celui  (jui  a  com- 
mis un  péché  mortel ,  mais  aussi  quiconque  se  sent  cou- 
pable (Tuvoir  souillé  par  le  péché  la  rube  sans  tache 
de  Jéaus-Clirist  qu'il  a  reçue  dans  le  l'aplcme,  doit 
être  diligent  à  venir  à  son  propre  pasteur,  et  duil  lui 
confesser  humblement  et  d'un  cœur  pur  toutes  ses  trans- 
gressions ,  et  tous  les  péchés  par  lesquels  il  se  souvient 
d'avoir  o/jfeusé  Dieu. 

S.  Pierre  Dainieu  qui  lleurissait  dans  le  onzième 
siècle  n'esl  pas  moins  exprès  la- dessus.  Voici  de 
quelle  manière  il  parle  de  celle  obligalir)»  dans  un 
sermon  que  M.  Daillé  croil  élre  de  lui,  (|U(ii(|ue  d'au- 
tres l'alli  ibuenl  à  Nicolas,  (pii  de  moini:  de  Monliéra- 
mé  devint  secrélaue  de  S.  Beruanl  :  Lorsque  vous  vous 
disposez  à  sortir  de  l't.bime  de  vos  vices,  ayez  avant 
toutes  choses  recours  à  celui  qui  est  charfjé  du  soin  de 
votre  âme,  et  que  Dieu  a  mis  sur  voire  tète.  Au  reste  ne 
vous  mettez  pas  eu  peine  s'il  esl  ignorant  ou  indiscret  :  car 
en  cela  méu:e  (que  \ous  vous  adiesserez  à  luij  vous 
donnerez  des  marques  de  votre  humilité,  qui  doit  être  le 

principe  de  la  confession Que  si  votre  pasteur  vous 

permet  d'aller  à  un  autre,  découvrez- lui  toutefois  aupa- 
ravant le  secret  de  votre  âme  :  car  vous  n'obtiendrez 
point  parfaitement  le  salut  si  vous  fugez,  ou  si  vous  mé- 
prisez celui  auifuel  vous  devez  vous  attacher,  et  que  vous 
étiez  obliger  d'honorer. 

Nous  produirons  pour  preuve  de  celle  discipline, 
dans  le  douzième  siècle,  ce  iiui  est  rapporlé  par  lar- 
cliidiacic  qui  a  écrillaviede  S.  Aibeil,  m«»inede  l'ab- 
baye de  Crespin  eu  llainaul  ;  qie  [»lusieurs  veiiaienl  à 
lui  pour  se  confesser,  mais  qi.'il  les  renvoyait  à  leur 
évêque.  Cependant,  conli.ne  cet  auteur,  lorsipid  en 
voyait d'opiniaires  qui  juraieulcprilsneconfe'Seraieul 
jamais  leurs  criii'es  qu'à  lui,  il  les  recevait  à  la  con- 
fession, craignant  de  !e<  précipiter  par  son  refus  d.ius 
le  désespoir.  Quelques-uns  voulurent  faire  des  affaires 
au  Saint  pour  cela  :  mais  le  pape  Pascal  II  lui  ordon- 
na d'enlendie  les  c.uife^sious  de  tous  ceux  qui  se  |)ré- 
se;.lera'ent  à  lui...,  e:  de  leur  i.up'ser  la  péuiieure  à 
proportion  de  leurs  pécllc^.  Le  pape  lunoceni  II  lui  lit 
aussi  le  même  conmiandemcnt. 

Ou  voit  ici  que  ce  pieux  solilairo  qui  ciuinaissail  l'es- 
prit et  la  discipline  de  l'Kijlise.  ne  s'en  éloig:i;iit  que 
par  une  es|(èct;  de  coutiaiute,  ei  pour  uc,  poim  laisser 
périr  les  âmes  deceuv  qui  s'adressaient  à  lui.  On  y  voit 
de  plus  (pie  quoiqu'il  ik'enleudillescoufcssionsipie  d.ins 
ces  circunstances,  cela  lui  ailira  des  leproclies,  et  qu'il 

(!)  L.  1,  can.  '288. 

TH.    XX. 


OUI  besoin  d'un  cotnmanilemcul  exprès  des  so-iverains 
po..lif.s  pour  en  user  de  la  soiic.  Tant  la  ma \iine  de 
s'adresser  à  l'évèque  ou  au  ciné,  pour  la  co..fessio:i. 
était  encore  généralement  reçue. 

Cependani  il  faut  avouer  que  dès  lors  on  ciMumeii 
çail  a  s'en  écarter,  et  nous  iro  ivons  vers  ce  temp,  la 
plusieurse.\emples  de  personnes  qui,  en  vertu  des  i  er- 
missions  des  papes,  prècbaienl  et  enioiuhdeMl  les  con- 
fessions dans  les  diocèses  élraiigers,  cl  sans  ère  atia- 
cbés  à  aucune  paroisse.  Peut  être  la  prédication  de  la 
croisade  donna-l-elle  lieuà  ce  cliangenient.  Quoi  qu'il 
en  soit,  ce  lut  pour  en  arré  er  les  suites  que  le  grand 
concile  deLatrau  fit  Icf-mieux  décret  dont  voici  Tabru- 
gé  (T)  •  Que  tous  les  fidèles  de  l'tm  et  de  l'autre  sexe, 
sitôt  qu'ils  auront  atteint  l'âge  de  discrétion,  confessent 
fidèlement  tous  leurs  péchés  à  leur  propre  pasteur ,  en 
particuier,  ûu  moins  une  fois  chaque  année,  s'apvliqnant 
à  accomplir,  autant  que  leur  force  leur  ptrmet,  la  péni- 
tence qui  leur  <  si  jointe,  et  recevant  avec  respect,  au 
moins  à  Pâques,  le  sacrement  d' Eucharistie,  s'ils  ne  s  en 
abstiennent  pjur  quelque  cause  raisonnable  par  l'avis  de 
leur  pusleur,  aulrement  que  l'entrée  de  l  Église  leur  soit 
défendue  pendant  leur  vie,  et  qu'ils  soient  privés  de  la  sé- 
pulture des  chrétiens  après  leur  mort. 

Cette  loi,  selon  la  rpm;»rque  du  R.  P.  D.  Denis  de 
sainle  .Martlie  (2),  comprend  aussi  bien  ceux  qui  négli- 
gent d'approcher  de  la  sainte  communion  à  Pâques  que 
ceux  qui  refusent  de  se  confesser  une  fois  l'année.  Elle 
est  absolue  pour  la  sainte  communion,  elle  ncxt  qu'hypo- 
thétique et  conditionnelle  pour  la  confession  :  ,i  les 
fidles  qui  tte  se  sentent  coupables  d'aucun  péché  mortel 
peuvent  se  contenter  de  se  présenter  à  leur  pas'eur,  peur 
déclarer  l'étal  oit  ils  croient  être  par  la  qràre  de  iJicu, 
sans  cire  obligés  à  se  confesser  sacrame.ntalemknt. 
Cependant  s'ils  jugent  à  propos  de  le  faire,  i:s  doivent 
s'adresser  à  leur  propre  pasteur,  proprio  saccrdoti. 

Il  semble  qu'après  une  décision  si  autlic:. tique  en 
faveur  des  pasteurs  ordinaires  toucbant  la  confession 
que  les  fidèles  leur  devaient  faire  au  moins  à  Pâques, 
il  ne  devait  jamais  y  avoir  aucune  dispute  sur  cette 
matière  :  mais  il  n'en  fut  point  ainsi.  Ce  fut  vers  ce 
lenqis  que  les  ordres  .Mendiants  des  frères  Préclieurs 
el  .Mineurs  commencèrenl  à  |)arallre  dans  l'Eglise.  Ces 
religie  :x  par  leur  inslitul  se  destinaient  à  l'inslruclion 
des  fidèles  que  la  négligence  ou  l'ignorance  de  beau- 
coup de  pasteurs  laiss.iienl  sans  instruction.  Leur  zèle 
les  portail  à  venir  au  secours  des  âmes  qu'ils  vovaier.t 
ainsi  abaudouiéfts.  Ils  s'élaienl  mis  en  élat  de  leur  éii  e 
utiles  :  ils  s'appliquaient  fortement  à  l'étude,  el  ils 
avaient  parmi  eux  un  grand  nombre  de  persennages  il- 
lustres par  leurs  talents  t'I  leurscience.  Ils»  lurei.l  que 
Il  us  ces  avanl:^ges  l-iir  donaaient  ilroit  d'enirepreu- 
J-e  de  conduire  les  fidèles  dans  la  voie  ilu  salut,  saiis 
a\oir  besoin  pour  cela  de  l'agrémenldes  pasteurs  or 
dinaiics,  eupreii  conséquence  ils  devaient  entendre 

(1)  Can.  21,  el  22. 

(2)  Traité  de  la  Confession,  p.  397. 


427 


HISTOmt:  DES  SACREMEPsTS.  428 

lèpre  de  la  lèpre,  à  qui  les  choses  les  plus  difficiles  et  les 
secrets  de  Dieu  ont  été  découverts.  Cou  fessez-vous  sans 
crainte  à  nous,  ci  qui  on  a  accordé,  comme  vous  voyez,  une 
si  grande  puissance.  Il  arrivait  donc,  pountiit  lliislo- 
licn  Anglais  ,  que  plmiitirs  ,  surtout  des  n.ibles  et  des 


les  confessions  des  fidèles,  quand  même  les  pasleurs 
ïi'a^réeraiiMit  point  leur  service. 

msoliiciièrcnl  pour  cela  une  bulle  du  pape  Grégoire 
IX.  Klle '•ildoiméo  en  faveur  des  frères  Prèclieurs 
l'an  l-2-i7,  cV'Sl-à-dire,  douze  ans  après  le  concile  de  iS 

Ulian  dont  nous  venons  de  citer  le  canon,  tellt- bulle  J  dames,  se  confasaient  aux  frères  Prèclieurs,  méprisant 
est  adressée  à  tous  les  évoques  el  lesaulressupërieuri  J   leurs  propres  pasteurs  ,  et  même  tes  prélats,  te  qui  avilit 


ecclésiaslitiues,  et  le  Pape  y  dit  :  Nous  vous  prions  et 
vousen}oi>jno)>.s  de  recevoir  favorablement  les  frères  de 
cet  ordre  pour  la  prédication  à  laquelle  ils  sont  destinés  ; 
et  d'exhorter  les  peuples,  dont  vous  avez  la  conduite,  à 
tes  écouter,  puisque  pir  notre  autorité  il  leur  est  permis 
d'entendre  les  confessions  el  d'imposer  des  pénitences,  clc. 
Cet  einprcssi'iiionl  des  frères  PrécUeurs  pour  la  pré- 
dicalion  el  les  confessions,  aussi  bien  que  la  bulle  du 
Pape  qu'ils  venaienld'obtenir,  déplurent  à  beaucoup 
de  personnes  sages,  si  l'on  sen  rapporte  à  Maliliicu 
paris  (l)  qui  vivait  en  ce  temps-là;  el  il  leur  semblait 
eue  par  ces  nouveaux  piivilé^HiS  on  troublait  Tordre 
clabli  dans  VE-^Vi^a  par  les  saiuls  aiôtres  el  les  do- 
cteurs des  siècles  passés,  el  que  Ton  délrui  ail  l'au- 
toriié  des  p;;steias  que  l'on  reudâil  ainsi  méprisables 
aux  peuples.  Ou  s'en  p'.a'gnaii  baulement,  et  c'est  ce 
qui  engagea  Alexandre  de  llalez  (2)  docteur  célèbre  de 
ce  temps  de  prendre  la  défense  des  religieux  .Mendianls. 
Il  se  propose  la  question  eu  ces  termes  :  Quelqu'un 
peut-il  se  confesser,  contre  la  volonté  de  son  pasteur,  à 
un  autre  qui  soit  plus  discret  ?  Il  propose  les  arguments 
pour  el  contre,  cl  on  voit  que  celui  sur  lequel  insis- 
tjtùenl  principalement  Ctfux  qui  s'opposaient  aux  pré- 
tentions des  religieux  Mendianls,  était  tiré  du  décrci 
du  concile  de  L:Uran,  que  nous  avons  rapporté. 

pour  faire  ces.^er  les  plaiuies  sur  ce  sujet,  el  les 
oppositions  que  les  religieux  Mendiants  rencontraient 
Cil  Ângleierre  d;mà  l'e-écution  de  leurs  privilèges,  le 
j.ape  Ini;ocenl  IV  donna  commission  à  trois  évèqucs 
('e  ce  rovaunie  de  les  y  mainieuir ,  el  de  s'opposer 


extrêmement  ta  dignité  el  la  condition  des  Ordinaires  et 

les  affl'igen  beaucoup,  et  non  sans  sujet Ils  voyaient 

de  plus  leurs  paroisaiens  s^ibandunncr  au  péché  sans 
crainte  el  s /«s  pudeur,  sachant  qu'ils  n'auniient  point  à 
rouyir  de  leurs  fautes  en  les  confessant  à  leurs  pasteurs, 
ce  qui  est  très- périlleux  pour  lésâmes;  la  confusion  qui 
accompagne  la  confession  des  péchés  faisant  la  plus  iin- 
portunle  partie  de  la  pénitence.  Ceux  qui  voulaient  mener 
une  vie  licencieuse  se  disaient  les  uns  aux  autres  :  t  ai- 
sons  ce  qu'il  nous  plaira  ;  nous  nous  confesserons  à  quel' 
qucs-uns  de  ces  frères  Prêcheurs  ou  Mineurs  qui  passe- 
ront par  ici,  que  nous  u''avons  janu.is  vus,  et  que  nous  ne 
reverrons  jamais  dans  la  suite.  Ccst  ainsi  quen  mépri- 
sant les  ordinaires  et  leur  correction,  les  péchés  se  mul- 
tipliaient tons  les  jour  s.  Tandis  que  les  choses  étaient  en 
cet  état  d'agitation,  il  arriva  que  quelques-uns  des  frères 
Prêcheurs  entrèrent  dans  l'église  de  S.-Alban,  pendant 
que  l'archidiacre  tenait  un  synode  «  l'ordinaire.  Ils 
avaient  entre  les  mains  des  copies  de  leurs  privilèges, 
et  un  d'entre  eux ,  qui  paraissait  (juclque  chose  de  plus 
que  les  autres,  fit  signe  d'un  air  impérieux  quon  eût  à 
écouler  sa  prédication.  V archidiacre  lui  répondit  :  Agis- 
sez, mon  frère,  avec  plus  de  modération,  attendez  un  peu 
que  je  vous  fasse  connaître  ce  que  je  pense.  Nous  qui 
sommes  simples  et  accoutumés  aux  mœurs  antiques , 
nous  ne  pouvons  qu'être  surpris  de  cette  nouveauté;  el  il 
n'est  pas  surprenant  que  de  telles  nouveautés  nous  éton- 
nent. Pourquoi  dites-vous  sans  pudeur  que  nous  sommes 
indignes  des  emplois  qui  nous  ont  éié  confiés?  Vous  vous 
imaginez  être  les  seuls  du  nombre  des  élus,  cependant 


foilemenl  à  ceux  qui  eulreprendraienl  de  les  troubler  |  personne  ne  sait  s'il  est  digne  d'amour  ou  de  haine.  \ous 


dans  la  jouissance  des  droits  et  privilèges  que  le  Sainl- 
Sége  leur  avait  accordée,  jusqu'à  lancer  contre  eux 
rcxconununica'tion,  s'ils  ne  cessaient  de  vexer  ces  re- 
li.^eux.  Maltliieu  Paris  (5)  rapporle  les  propies  paro- 
les de  la  lettre  d'innocent  IV  (4)  à  ces  trois  évè.pics; 


vous  ingérez  nowseulcment  dans  la  prédication,  mais  en- 
core dans  les  conlessions  que  vous  extorquez  des  fidèles, 
en  sorte  qu'il  semble  qu'il  faudra  vous  appeler  dans  ia 
suite  non-seulement  ¥  lèves  Prècbeurs  ,  ;h£ijs  encore, 
Fkéres  Com  tssi:cus.  Mes  frères,  je  ne  crois  pas  qu'il 


01  il  ajoute  que  les  fièrcs  Prècbeurs  se  semant  ainsi  :  soit  èi  propos  de  quitter  le  certain  pour  l'incertain,  et 

:  ppuyés  par  la  cour  de  Rome,  monlraienl  avec  oslcn-  {  que  vous  deviez,  sans  une  niùre  délibération  et  sans  le 

1  îiion  ces  piiviiéges,  el  demandaient  qu'on  en  fil  la  |  conseil  de  votre  prieur ,  prêcher  et  entendre  les  confes- 

1  dure  dans  les  églises.  Si  on  l'en  croil  même  (car  il  |  sions  de  ceux  sur  lesquels  l'abbé  de  ce  monastère  m'a 

|:,raîl  aigri  contre  ces  religieux),  ils  demandaient  avec  !  préposé.  Cela  est  constant  par  les  décrets  qui  ont  été  pu- 

iiipudenceàceux  qu'ils  rencontraient,  avez-vous  étéà  t  btiés  dans  te  concile  général  célébré  sous  1  nnocent  1H..., 

c.idesseTelsion  leur  répondait  qu'oui,  ils  reprenaient,  |  lesriiiels  doivent  être  inviolablement  obs  rvés  dansions 


à  t,ui?  que  si  on  leur  disait,  à  mon  pasteur,  ils  Irai-   1 
l  iienl  le  curé  d'idiot,  qui  n'avait  jamais  étudié  dans  s 


les  temps.  L'arcbidiacre  ayant  ainsi  pailè  ouvr il  le  Li- 
vre, cl  (il  lire  la  Décrètale  qui  contieul  le  règlement 


les  écoles  de  Ibéologie,  ni  dans  celles  de  droit,  qui  î  du  concile  de  Latrau,  tel  que  nous  l'avons  rapporte 

li'clait  p.is  capable  de  résoudre  ime  seule  question,  et  j-  ci-dessus ,  avec  ces  paroles  qui  suivent  iniuiédiate- 

Uisaient  :  Venez  à  nous  qui  avons  appr'is  à  distinguer  la  |  ment.  C'est  pourquoi  nous  voulons  que  ce  décret  salu- 

\  taire  soit  souvent   publié   dans  l'église ,  af.n  que  pér- 


il) Ilisl.  An^liic,  ad  ann.  12.i6. 

(2)  Part.  4,  ([uiesl.  IG,  de  Confest.,  art.  11. 

(5)  Loco  cilato. 

(4)  Celle  lettre  est  de  l'an  1244, 


sonne  m  puisse  s'en  excuser  sous  prétexte  d'iguoruuice. 
Que  si  quelqu'un  pour  de  justes  raisons  veut  se  confes  ■ 
$er  à  un  prêtre  étranger  ,  \lie.\o  sacebdoti  ,  qu'il  de- 


AÎ9  PÉNITENCE.— SECT.  II.  CIIAP.  VIII.  A  QUI  APPARTENAIT  LE  DUOIT  DE  CONFESSER.    430 

mande  auparavant  In  Dcvmm'wn,  et  (iiCil  l\ibUeune  de  m  (:m\[(i^<\m\9,    des    lidèles    inalgic    leurs   cures.   Clii- 

iiiiiil  IV,  (Iniis  la  IcUrcadressce,  en  12G5,  au  niiiiisUe 
tji'iicr.il  cl  à  loiil  rdiilic  «les  fivies  Mineurs,  leur  ac- 
coriU;  a:;s>i  le  pouvoir  ilo  coule  ser  niali^jré  !ci  jiaslcuis 
ordii:air(;s.  Il  cxceple  aéatiuioius  (  crlaiiis  cas  réserves 
par  le  druiiel  la  coiiiuuie,  au  iioiubic  dcMiuclson  peut 
iiieilrc  la  coi.fcssioa  pascale,  (pu  csl  si  [  icciséuicnt 
uianpiée  dans  le  concile  de  L'ilra:!.  (/c.^l  ainsi  que 
dans  celle  dispute  lan:ùl  les  uns  l'cuiporiaicni,  tantôt 
les  aulics.  Mais  ,  l:tndis  que  les  leli^ficux  Mendiants 
pré^ala  eut  à  la  coin-  de  Uoine,  ils  leçun.'nl  un  échec 
en  Alleiuagne,  où  le  concile  provincial  de  Strasbourg 
lotu"  ôla  en  1274  tous  leurs  pouv.  irs  ,  sous  |>rclcxlc 
de  procurer  la  paix  de  lE^lise,  cl  i!e  laiius  quils 
avaient  fait  des  privilèges  et  concessii:ns  ipion  leur 
avait  accordés. 

Lesdispult's  et  les  dissensions  ne  c.  ssant  poiiil  entre 
le  clergé  séculier  et  les  moines  Meiulianls,  le  jiapc 
Martin  IV  ,  qui  monta  sur  le  siège  apostoUipte 
l'an  1281 ,  donna  celle  même  année  ui  c  coji^iiiulion 
j  par  laquelle  il  làclia,  eu  père  ci  mainn,  decondlier 
Its  diflérends  ci  les  inlérèis  des  deux  partis.  Il  permit 
aux  IVèrcs  Mineurs  d'cniendre  les  confeshioris  des  pa- 
roissiens ,  de  l(  lie  sorte  néainnoins  que  ceux  ci  se- 
raient tenus  de  seçiinfesser  à  leurs  curés  une  fois  l'an, 
suivant  le  décrei  du  concile  génér.  1.  Il  semidail  qu'un 
lompcrauient  si  sage  aurait  dû  m»  lire  lin  à  ces  en- 
nuyeuses disputes;  mais  point  dii  tout.  Elles  s'ccliauf- 
lèreni  plus  que  jamais  ,  comme  le  lémoigne  Evrard  , 
archidiacre  de  Haii^bonne  (1)  ;  les  évoques  cl  les  curés 
prétendant  que  les  (idèles  devaient  conlesser  à  leiii-s 
pasteurs  respectifs  les  niénies  péchés  (ju'ils  auraient 
confessés  aux  religieux  Mendiants;  ceux-ci,  au  con- 
Iraire  ,  assurant  qu'ils  n'y  étaient  point  lemis.  Oii 
disputa  sur  ce  p.oinl  avec  ciialeur  de  pari  et  d'aulrc, 
surtout  à  Paris,  oùlIenri-le-Gran'.l,  docteur  de  lUni- 
versité  ,  éia  t  le  principal  tenant  pour  le  clergé  :  et 


son  propre  p'èlre.  \  ruopuio  SACicr.uori:,  pidsiiHi.itlre- 
ment  il  ne  peut  iid'soiidre  ni  te  lier. 

Nous  nous  sonmies  un  |)eu  clendiis  sur  celle  con- 
testation, dont  |)arle  .Mathieu  Paris,  parct  (pie  c'est  la 
première  époque  des  divisions  survenues  depuis  dans 
toute  l'Église  à  ce  sujet,  ei  qu'il  ëiait  important  de 
marquer  «piels  étaient  les  motifs  sur  les(piels  .s\'ip- 
puyaienl  les  pasioiirs  ordinaires  pour  rejeter  les  pri- 
vilèges (pie  la  cour  de  lionie  avait  accordés  aux  reli- 
gieux Mendiants.  Au  reste  il  ne  faut  pas  allrihuer  en 
général  à  ces  ordres  respeclables ,  les  impertinences 
que  l'historien  Anglais  raconte  de  quelipies-uns  d'en- 
ire  eux.  il  se  trouve  des  imprudents  dans  les  compa- 
gnies les  mieux  composées,  telles  qu'ètaieni  les  or- 
dres des  frères  Prêcheurs  et  des  frères  Mineurs. 
D'ailleurs  on  vit  alors  parmi  eux  des  hommes  de 
haute  réputation,  (pii  piirent  la  iliune  p.iur  dèlèiidie 
leurs  privilèges,  dont  ils  croyaient  que  l'Église  devait 
tirer  de  grands  avantages.  De  ce  nombre  furent  AI- 
berl-Ic-Grand.S.  Thomas  d'Aquin  et  S.  Bonaventure, 
qui  employèrent  tout  leur  esprit  pour  défendre  une 
cause  (pii  semblait  décidée  par  le  décret  du  concile 
Je  La Iran. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  à  faire  l'analyse  des  écrits 
qu'ils  composi'irent  à  celte  occasion.  M.  dcLaunoy, 
dans  un  ouvrage  qu'il  a  |)ublié  exprès  pour  la  défense 
du  décret  de  Lalnui  Cii  a  donné  de  longs  extraits,  où 
l'on  voit  que  la  principale  raison  sur  laquelle  les  reli- 
gieux Mendiants  iiisislaicnt,  était  que  par  le  terme  de 
propre  prêtre,  prvprius  sacerdos,  on  devait  entendre 
outre  les  curés ,  le  Pape,  et  les  cvêques  chacun  dans 
leur  diocèse,  aussi  bien  que  ceux  à  qui  ils  avaient 
jugé  à  [iropos  de  faire  part  de  leur  pouvoir  d'entendre 
les  conlessions  des  paroissiens.  Il  ne  me  convient  pas 
de  discuter  cette  matière  qui  est  du  ressort  des  théo- 
logiens et  des  caiionisles,  il  me  suffit  de  rapporter  en 

historien  impartial  ce  qui  se  passa  dans  celle  fameuse  f  enfin  on  conclut  ipi'il  fallait  s'en  rapporier  sur  cela  à 

la  décision  du  Sainl-Siégo.  Lcsé^êipies  et  tout  le  vWrgé 


dispute. 

Elle  passa  bientôt  In  mer,  et  de  l'Angleterre  on  la 
vit  se  iC|iandre  dans  toute  la  chrétienté,  en  France, 
en  Allemagne,  eu  Italie;  mais  la  France  surtout  fut 
le  théâtre  de  cette  guerre,  dont  le  feu  n'est  point  encore 
entièrement  éleint  dans  l'Église.  Le  jiape  Innocent  IV, 
quinze  jours  avant  sa  mort,  [iiihlia  une  constiiuiion  da- 
tée de  Najdes,  di.  mois  de  décembre,  dans  laque'le  il 
reiraiulic  aux  religieux  Mendia. ils  tous  leurs  |;iivi- 
léges  contraires  au  concile  de  Lalran;  el  il  ordonne  que 


de  France  envoyèrent  ûa  députés  à  la  cour  de  Komc 
ponr  st>Iliciler  celle  afl'aiiv ,  et  liMir  assignèrenl  pour 
les  frais  cie  lenr  voyage  la  tinquièine  partie  des  reve- 
nus erclésiastiipies.  Mais  le  pape  Nicola>  IV,  quoique^ 
tiré  de  l'ordre  des  frères  .M 'neurs,  laissa  l'allairc  in-: 
décise;  et  elle  est  encore  aujourd'hui  en  suspi-ns,  dit! 
Evrard,  c'est  à-dire,  jusqu'à  l'an  1292. 

Ce  n'(''tait  pas  seiilcment  en  Fiance,  en  Ang'eienc 
et  en  Allemagne  que  le-  prélats  ol  Iï  cl  rgé  saigris-' 


ceux  qui  voudront  se  confesser  à  un  prêtre  étran-er      saieul  contre  les  frères  Mendiant^;  l'Italie  n'était  point'' 
en  demanderont  préalablement  la  permissiim  au  pa-      exemple  de  ces  dissensions.  On  le  voit  par  le  concile 
Slcur  ordinaire,  ou  qu'ils  se  confessent  au  moins  pic- 
mièrcmenl  à  lui,  et  en  iTçaivenirabsolulion,  sans  quoi 
ils  ne  peuvent  ê.re  absous,  etc. 

Alexandre  IV,  au  contraire,  révoqua  en  partie  la 
conslilulimi  dlnnoccnl  IV,  .sou  prcidécesseiir,  dans 
deux  rescrits,  dont  l'un  est  dalé  de  la  première  année 
de  son  pontifical ,  el  l'autre  de  la  seconde  ,  et  ctm- 
damiia  ceux  qui  souicnaieiit  que  le  Pape  et  les  cvêques 
ne  pouvaient  permettre  aux  religieux  d'entendre  les 


que  tint  à  lîavcimc,  en  12(il,  Philippe  de  Foiilainc,  ai- 
clicvèque  de  celle  ville.  Le  Pape  y  demandait  des  sub- 
sides au  clergé  (2),  pour  soutenir  la  guerre  contre  les 
Tailarcs.  Au  lieu  de  les  lui  accoriler,  le  clergé  se  i>lai- 
l  gnil  des  IVèi  os  Prêcheurs  cl  des  frères  Mineurs,  disant 
qn'ilsne  prêchaient  point  en  faveur  des  dîmes;  qu'ils 

(!)  In  annalihns,  ad  annum  1287. 
(2)    loin.   11  Conc. ,   p.  782;  liub.  1.  6,   Hist. 
p.  455. 


451 


HISTOIRE  DKS  SACREMRNTS. 


452 


recevaient  des  confessions  qni  devnieiil  èire  fuites  aux 
curés,  «loniiaieiil  la  sé|)tiltiiii'  à  leurs  [)aioissieiis .  el 
s'allribiialenl  la  |irc(licalioii  à  leur  prcjutlice  :  ce  qui 
jious  ein|ièelie,  aj(»ul;ii<Mil-ils,  de  lever  le  subside  d'ar- 
gent ordonné  contre  les  Tartares. 

D'autres  papes,  après  Nieolas  IV,  lâchèrent  d'a- 
paiser ces  fàclieuses  disputes  :  tels  furent  lîoniface  Vlll, 
L'enoit  Xi,  CicMuenl  V,  Jean  XXII,  el  quelques  autres 
dont  les  unsélaient  plus  ou  inoinsfavoralilt  s  aux  Men- 
diants :  mais  toutes  li'S  cou^tituiions  (pi'ils  firent  à  ce 
sujet  ne  fiuent  (|\ie  des  remèdes  palliatifs  ,  el  les  dis-  | 
seuslons,  loin  dt;  s'assoupir,  augnicntèienl  de  p'us  eu 
plus.  Elles  furent  portées  aux  dernièn-s  extrémilés 
l'an  1409  ,  à  l'oecasion  d'une  huile  du  pape  Aie-  | 
xandre  V,  qui  accordait  aux  religieux  Mendiants  tous 
les  privilèges  qu'ils  avaient  iravai  lé  à  ohleuir  jus(|u'a- 
lors.  Cette  constitution  d'Alexandre  étant  aniiortée  à 
Paris  y  souleva  les  esprits.  L'évècpie  et  ri!niver>iié 
s'oppohèrent  fortement  à  sa  réception  ;  et  le  clergé 
choisit  de  eonocrt  le  docleur  Gerson ,  pour  exposer 
publi(piemenl  dans  l'église  les  raisons  pour  lesquelles 
OH  reliisaitde  s'y  soumellre.  L'Université  retranciia  de 
son  corps  el  desesasscudjiées  les  religieux  Mendiants. 
Juscprà  ce  (pi'ils  lissent  révoipier  celle  huile,  ou  qu'ils 
renonçasscnl  autlienliquemenl  aux  privilèges  ([u'elle 
contenait  en  leur  faveur.  C'est  peut-èire  à  cause  de 
celle  0|tposiii()n  (jue  la  coustiluii(m  dont  nous  parlons 
ne  se  trouve  ni  dans  les  ton.'es  dea  conciles,  ni  dans 
le  Bullaire  Romain;  en  sorte  (pie  nous  ne  l'aurions  pas, 
si  Luc  Wading  ne  nous  l'avait  conservée  dans  se«  an- 
nales de  l'ordre  des  frères  Mineurs,  dans  lequel  le 
pape  Alexandre  V  avait  éié  élevé. 

Cette  facilité  de  la  cour  de  Rome  à  accorder  aux 
religieux  Mendiants  les  privilèges  (|u'ils  sollieiiaient , 
lui  causa  de  grands  préjudices.  On  eommenca  à  dispu- 
ter du  pouvoir  des  papes.  Ou  mil  en  question  s'ils 
avaient  i'autoriié  de  dé|iouiller  les  pasteurs  (udinaires 
d'une  partie  des  droits  desquels  ils  étaient  en  posses- 
sion :  ou  examina  ju.-qu'où  pcuivait  aller  le  pouvoir  des 
souverains  ponliles  à  cet  égard  ;  el  enfin  on  en  vint 
jusqu'à  soutenir  qu'ils  n'étaient  point  en  droit  de  re 
trancher  les  pouvoirs  des  curés  ei  des  prélats  ordinaires, 
pour  les  atirihuer  à  d'au  ns.  C'est  ce  i\\\c.  l'cui  peut 
remarqiuîr  dans  ce  discitm  s  que  Gerson  prononça  par 
ordre  de  l'Université.  L'Évi^ugilc,  dit-il  en  celle  ocea- 
sion,  est  la  bulle  des  curés;  il  s'en  suit  de  là  que  leur 
étal ,  suivant  l'ordre  élahli  essmlietlrmcut  et  pour  tou- 
jours dans  rEijUse,  csi.  de  luénie  condition  que  cditi  des 
prélats  cardinaux ,  des  archevêques  el  même  du  Pape , 
quoiqu'il  ne  soit  pas  si  parfait.  Il  s'ensuit  que  le  Pa\)e  ne 
-peut  détruire  ni  anéantir  cet  état,  lequel  n'est  point  fondé 
sur  quelqu'une  de  ses  ordonnances,  mais  .\ur  I'autoriié  de 
Dieu  imniédiulenieni //  appartient  aux  curés  d'en- 
tendre les  confessions lii ensuit  qu'aucun  de  ceux  qui 

ont  obtenu  det  privilèges  (du  Saint  Siège)  ne  doit  les  en- 
tendre dans  l'cglise  paroissiale  sans  le  consentement  et 
la  permission  du  curé,  etc. 

L'opposiiion  qu'éprouva  celle  bulle  d'Alexandre  V 
dn  la  part  de  l'Université  de  Paris,  aussi  bien  que  les  ! 


troubles  (pii  sin-vinrenl  alors,  et  qui  ne  furent  termi- 
né. (|u'a!i  rouelle  de  Constance,  sus|ientlit  poiu' quel- 
que lenips  les  poursuites  des  rehgienx  Mi  ndiauts,  pour 
faite  \aloir  lems  privilèges.  M;iis,aiirèsque  ces  grandes 
alfaires  larent  terminées,  la  dispute  recmiinient^a.  Ils 
obtinrent  une  bulle  du  pape  Eugène  IV,  qui  leur  était 
favorable,  il  est  vrai  que  ce  pape  ne  la  publia  pas  ;  mais 
Nicol.is  V,  son  suc<  essem- ,  la  eonfirma.  L'Univer- 
silé  de  Paris  ,  dont  les  mendues  avaieni  celle  alfaiic 
foil  à  cu'tu-,  en  fui  outrée.  Klle  nienisca  de  piivcr  les 
religieux  Mendiants  des  droits  qu'ils  "vaieni  tomme 
faisant  jiarlie  du  corjis  de  l'Universilé.  s'ils  ne  faisaient 
révo(pier  cette  bulle,  ou  s'ils  en  faisaient  usage;  elle 
prêt,  ndit  que  celle  C(uishluiion  èlail  eoiilraireau  dé- 
cret du  concile  de  L;iti;«n,  Oninis  uhinsqne  sexûs ,  et 
déclara  qu'elle  était  si  andalense  ,  (pi  elle  irnuhlail  la 
paix  el  la  ciuicorde  ,  (|u'e.le  lenversaii  Trudre  de  la 
bièrarcliie,  elc.  C'est  ainsi ,  comme  je  viens  de  le  re- 
maripier,  (|ue  la  co:ir  de  Rome  comprometlail  Sun  ;'U- 
liirilé  dans  celle  allaire. 

LUnivirsilé  ne  s'en  tint  jras  à  desimpies  menaces; 
elle  rclrancha  elfei  liveinenlde  son  corps  les  religieux 
Mcadiaiils.  Ceux-ci  emplo  èrent  en  vain  loiil  leur  cré- 
dit |)oiir  se  faire  rélablir  dans  lems  |)rérogalives  Le 
connèlable  de  France,  l'arclievèfiue  de  lleinis  ,  et  l'é- 
vcqne  de  Paris,  s'enlremirenl  pour  c'i\  dans  celte  af- 
faire; mais  ils  ne  piirenl  rien  ohleuir.  L'nniversilé  ne 
s'engagea  à  les  recevoir  de  nouveau  (pi'à  condilion 
([u'ils  renonceraient  à  la  bulle  des  |>apes  Eugène  el 
Nicolas  V,  et  qu'ils  acquiesceraient  à  celle  de  Cal- 
liste  III,  qui  révoquait  celle  d'Eugène.  Les  religieux 
se  soumirent  à  ces  C(Uidilio  s  :  m  is  ou  Callisle  ne  ré- 
voqua |(oiul  les  bulles  de  ses  préiéccsseiirs,  ou  TUni- 
versité,  dit  M.  de  Launoy  (1),  fui  lr(uni.ée  par  une  ap- 
parence de  révocaliim ,  puisque  la  bulle  de  C;dliste , 
loin  d'infirmer  celle  d'Eugène,  raiilorise  ouvertement. 
Les  moines ,  ayant  reçu  celle  bulle  ,  présenlèrenl  re- 
quête ;  Il  conseil  do  roi,  demandant  (|u'ellt!  fiil  accep- 
tée. LUiiiver^ilé  eut  rccoursà  ses  armes  ordinaires  : 
elle  priva  de  nouveau  les  religieux  Mendianis  des  pri- 
vilèges de  rUniveisilé,  el  les  iciablit  e.ifin après  bien 
des  di  pilles ,  à  condilion  ipi'ils  ne  feraient  aucun 
usage  de  ceux  qui  leur  étaient  accordés  par  les  huUeî 
d'Eugène  IV,  de  .Nie  lis  V  et  de  Callisle  III. 

Depuis  ce  temps  les  dillérenies  teiialives  que  firent 
les  religieux  Mendiants  |)oiir  faire  valoir  leur  |(iivi- 
léges  eiirenl  peu  d'eifel  Les  choses  en  vinrent  iuseiisi- 
bhîineiit  au  |)()i:  l  ampiel  nous  les  voy  ns  aijonrd'hui. 
Le  synode  de  Harlem  de  l'an  1504,  clablil  (eue  disci- 
pline, aussi  bien  que  S-  Charles  dans  sou  cmcile  de 
Milan  de  l'an  l.'G.').  en  (;es  1er. i  es  :  Ncu.s  v  n'oiis  que 
l'on  qardcin  iolahlenienl  la  Conf.hlnhon  (Ciniuccn'  111, 
publiée  dans  le  coniile  qcnérnl  de  Lutraii.  qt  i  l'.rcscrit  aux 
fidèles  de  se  confesser  an  moins  une  fois  l'an  à  leur  pro- 
pre curé  ,  l'Kopnio  pauociio.  Le  sy  oilede  Catnhrai  de 
Tau  1507,    ordonne  la  même   eliuse.    Le  c!cigé   de 


(I)  Dans  sa  disserlation  touchant  le  sens  du  canon: 
l'iriusqnr  se.rûs,  p.  2*0  de  rédilion  in -12. 


i'Ti         PÉNITFNCE.  —  SECT.  M.  CIIAP.  iX    DtiS 

F  f.ii)ff\  ilrjis  rass'uil)lée  de  Milim  de  l'an  l."79.  Ht  ^ 
ii>;^  •.aiHiiiancc  seiidilahlc.  V.i  (C  i|iii  e-l  plus  l'nrl,  le 
a.'iicili;  de  Hcims  de  l'an  l.'SÔ,  dn,,l  los  réj;Ii'inL'iils 
01)!  clé  coidiiiiics  par  le  papt;  (JiéiJîoiix^  XUI  (I  )  Je 
liiiiiai  (.'l;  ('lia;iilie  en  rappoiiaiil  les  pmprcs  Icnnc-. 
de  ce  ciiiicile  :  Que  personne  ne  s  iniuijine  qn'il  lui  soil 
piriins  desecuiilesser  à  quel  prclre  il  vondid,  tuais  il 
doit  le  faire  à  son  propre  curé.  Que  si  (jHelqiiuu,  pour 
di'jusit's  raisons,  veut  confesser  ses  péchés  à  un  piètre 
étranger,  qu'il  en  demande  et  obtienne  la  permission  de 
son  propre  pasteur,  pu  squavtreinent  il  ne  peut  ni  l'ùb- 
soudre,  ni  le  lier. 

CMAPiTRE  IX. 
Des  confessions  générales  et  par  écrit.   Que  celles-ci 

ont  été  défendues. 

On  voit  peu  de  bonnes  praliiiues  dans  TEglise  (pii 
n'aient  leurs  snurcos,  on  au  nidins  leur  fondcnienl 
dans  l'anliipiilé.  De  ce  «lonibieesl  la  Confession  gé- 
nérale de  Ions  les  péchés  coininis  dejuiis  Tùge  de 
raison,  (pu  anjonid'lini  esl  as.^ez  ordinaire  an\  p  r- 
soiiiies  (]ni  veulent  rentier  sérieisenient  en  (lies  mê- 
mes et  clianger  de  vie,  et  (pu,  poiu'  plus  grande  sùrelé, 
et  dans  la  craiiilc  de  n'avoir  uas  apporté  à  la  récep- 
tion des  sacreiucnls  les  cndiions  n-qnises  pour  le 
faire  utilenieal  et  d  une  manière  di.sne  de  vrais  chré- 
tiens, prennent  la  généreuse  résolution  de  soumettre 
do  nonv(  an  aux  cliers  de  rEglisclous  les  péchés  doi.t 
ils  se  sont  rt-ndiis  coupahles  pendant  toute  leur  vie, 
»iiu  de  les  ex|)ier  par  la  péniicnce,  et  de  se  metîre,  | 
nuianl(pic  réiat  d;  celle  vie  le  perne',  en  sùrelé  de 
conscience.  Ji;  vais  raj'porier  eu  fa\eur  de  ces  per- 
souîies  et  poiu'  les  aniuier  et  consoler,  des  exemples  \ 
anciens  de  ces  confessions  générales. 

Le  iireniier,  ([ue  je  sache,  est  celui  de  cette  femme 
dont  parlent  Socrate  et  Sozon.èie  dans  les  endroits  ^ 
que  nous  avons  cités  ci-devant,  et  qui, suivant  ces  au     | 
îciuvs  con!'e>sa  au  p  èlre  pénitencier  tons  les  péehés  | 
qu'elle  avaii  Commis  depiiis  son  /j«/i/(';HC.  On  poiirraii  | 
néanmoins  éiiiloguer   là-dessus,    et  due  (pie  c'était  | 
peut-être  h  première  confession  (|u'elle  faisait  depuis 
son   hap  èuKî,  é  ant  assez  ordi.iaire  dans  Ce  temps  de 
nereeevi  ir  le  liaplèuie  qu'assez  lard,  et  la  coid'osion 
d'ailienrsiiese faisant  pasalorsaussi  Iréipienunent  (pi'à 
préseni.  Venoi.sdmic  à  des  exemiiles  qui  aient  |)lns 
d'analogie  avec  lescoulmnes  de  noire  temps,  el  à  d(;s 
confessions  générales  de  péehés  dont  ou  s'était  d(''jà 
atxai.-é  dans  le  tribunal  de  la   pénitence.  Je  crois  (pie 
loM  peut  mellrc  de  ce  noudtro,  sans  crai  idn;  de  se 
lioniper,  ce  que  nous  ajipreiid  Gré.^oirede  Tours  dans 
la  vie  de  S.  Arede  (2)  :  Qnafm  que  nul  péché  ne  ter- 
nît sa  conscience,  il  confessa  en  présence  du  bienheu- 
reux évêqnc  Sieéliiis  tous  les  péchés  quil  avait  commis 
d.pnis  SI  premihe  jeunesF.c,  t  omnia  aeta  adolesccnti(C 
i  suce,  .  eic.  S.  Outïu  a  emprunté  ces  mènu'S  |)i(r(dcs, 
da;;S  la  vie  (pi'il  a  éerile  de  S.  Eioy  (.ï).  pour  nous 

(I)  §  de  l\i'nil. 

l'I)  A|«ii;l  Maitill.  Analect  .  t.  2. 

(3)  VilaS.  Elig.,1.  J,  c.  7. 


CONFESS.  GÉNÉRALES  ET  PAR  ÉCRIT.        .i3i 

faire  connaître  que  ce  fut  par  une  semblable  confes- 
sion que  ce  saint  commença  à  se  1  vrer  eniièremeiu  îi 
la  vie  pénitente  qn'il  mena  depuis.  L'auteni'  anonyme 
(le  la  vit;  de  S.  Tillon,  moine  de  Solniiniac,  raconte 
la  même  chose  de  ''i>  saint,  (pii  vivait  du  leni|)S.deS. 
Eloy,  c'csl-à  dire,  dèi^  le  commencemei.l  du  sepliènic 
siècle  de  l'Eglise. 

Non  seulement  cela  se  pratiquait  (îe  temps  en  temps 
par  les  persoimes  pieuses  (pii  se  sent  licnl  excitées 
par  des  mouvements  de  pénitence,  mais  il  arrivait 
aussi  (piehpiefois  que  les  plus  sages  prélats  conseil- 
laient d'en  user  ainsi,  et  ordoimaieiit  celte  confession 
générale  comme  un  remède  nécessaire  à  certaines 
gens,  (i'est  ainsi  qu'en  usa  rarchcvêque  llinciuar  à 
l'égard  du  jeune  Pépin,  autrefois  roi  dA(piilaine,  qui 
avait  mené  une  vie  pleine  de  désordres.  H  faut,  dit 
lliiicinar  (dans  un  écrit  inlitu'é  (I)  :  Conseil  louchant  lu 
Pénitence  au  jeune  Pépin),  exhorter  ce  prince  à  faire 
une  confession  sincère  et  e.iacte  de  tous  tes  péchés  quil  a 
commis  depuis  son  enfance  :  .\b  ineunte  .-ut.vte. 

Nous  axons  vu  ci  devant  que  S.  Anselme  conseil- 
lait la  même  chose  à  son  frère  qui  se  préparait  au 
voyage  de  la  Terrc-Sainle.  Et  l'impéralrif  e  Agnès  c.i 
donna  un  exemple  édifiait  pour  toute  l'Eglise,  dont 
nous  avons  pour  g  Tant  Pierre  Damien  dans  un  opus- 
cule adressé  à  cette  illustre  princesse,  où  il  lui  paiie 
de  celle  sorle  :  M<tis  afin  que  ceux  qui  vont  en  foiJ.e 
aux  tombeaux  des  Apôtres  imitent,  pour  le  bien  de  leurs 
âmes,  votre  exemple,  vous  m'avez  fait  asseoir  devant  le 
saint  autel  sous  la  confession  secrète  de  S.  Pierre,  et  là, 
commençant  avec  beaucoup  de  soupirs  et  de  gémisse- 
ments par  ce  quil  vous  esl  arrivé  depuis  Cage  de  cintf 
ans,  vous  nùivcz  déclcré  toutes  vos  fautes,  comme  si  S. 
Pierre  eut  é:é  présent  en  persotne,  dêieloppanl  avec  la 
dernière  exactitude  tous  tes  replis  de  voire  cœur,  el  dé- 
clarant tout  ce  qui  pouvait  y  (.voir  eu  de  Vuiti  dans  vos 
pensées  et  de  suyerflu  dans  vos  discours.  C'est  pour- 
quoi j'ai  cru  ne  devoir  vous  imposer  aucune  autre  péni- 
tence que  de  vous  dire,  faites  ce  que  vous  faites,  occu- 
pez-vous à  l'œuvre  que  vous  avez  commencée  Dès  lo 
commencement  de  l'ordre  de  Cîteaux,  les  novices 
aussiltit  après  leur  conversion  devaient  confesser  à 
l'abbé  tous  les  péchés  qu'ils  avaient  commis,  comme 
témoigne  le  moine  (!ésaire  (in  Dial.,  dist.  3,  c.  \),  ce 
<|iii  doit  s'entendre  d'une  confession  générale,  dont  il 
rapporte  quehpies  exempt  s  cap.  25  el  25,  auxquels 
nous  en  p(mrrions  joindre  plusieurs  autres;  mais 
nous  nous  contenterons  d'en  don  er  un  des  plus 
édifiants.  C'est  celui  de  S.  Friderie,  évè(pie  de  Liège, 
(pii,  étant  sur  le  point  d'entreprendre  le  voyage  de  Jé- 
rusalem, vint  trouver  Bérenger,  abl  é  de  S.  Laurent, 
et  lui  fil  une  co;.fessi(Mi  gérérale  de  sa  vie  passée, 
omnem  prœteritam  acluum  suoruni  vitam  in  confessione 
revcluvit  :  puis,  s'élant  recomm  .mlé  à  ses  pri.  res  et  ;i 
C(>lles  de  Ions  ses  frères,  se  mit  en  cliemiu.  Cest  ce 
<pii  esl  rapporté  dans  la  vie  de  ee  saint  évèipie,  que  h; 


ui; 


1)  Apud    Siriiiond.    in   Annal,  ad  capital.  Caroh 
i. 


I'.  Mariùnc  a  inséiocdans  sa  gronde  collection  de  pic- 
ces  anciennes  {toiii.  4,  p.  1027). 

Si  les  conicssions  générales  ont  é'é  en  usage 
MiS  in'à  présent  dans  rKgli^-e,  il  n'en  est  pas  de  même 
des  conlessions  par  écrit  laites  à  des  absents,  et  des 
absolutions  (pii  les  snivaicnt,  et  dont  nous  avons  plu- 
sieurs exemple ^  dans  rantiipiilé,  que  nous  rapporte- 
rons ici,  ntru  pour  atiloriscr  ceux  (pii  voudraient  ; 
l'aire  de  liicine,  mais  pour  rempli»'  le  devoir  d'bisio-  \ 
ïien  à  (iui  rien  de  ce  qui  est  impoilanl  et  (pii  a  un 
rapport  direct  à  son  sujet  ne  doit  é;  bajper.  j 

Ilobert,  évcip'.e  du  Mans,  étant  atlarpié  d'une  ma- 


HISTOIKE  DES  SACREMENTS.  ^ÔQ 

ceux  diMit  il  s'agit  fussent  ou  excommunies,  ou  at- 
teints de  quelques  censures  que  ce  puisse  élre.  Le 
fait  de  l'otamius,  évèquc  de  Drague,  dont  nous  avons 
fait  mention,  a  quelipie  rapp')rt  avec  ceux-ci,  puis- 
(pfil  fit  sa  confession  par  écrit  aux  évoques  du 
dixième  concile  de  Tolède,  sans  qu'il  fùl  lui-mcmo 
présciil;  mais  comme  le  crime  dont  il  s'accusait  mé- 
ritait, suivant  les  canons,  la  déposition,  les  évoques 
le  firent  venir  pour  apjtrcndre  de  lui-même  s'il  avait 
fait  cet  écrit  qui  contenait  sa  confession;  et  celui-ci 
l'iiyanl  assuré,  ils  le  déposèrent  de  l'épisci  pat,  peine 
ipii  étant  du  res'^ort  de  la  juiidiclion  extérieure  de 
1  r.giise,  demandait  que  l'on  procédât  avec  l'appareil 


ladie  dangereuse  et,   se  croyant  près  de  sa  (in,  cou 

fessa  par  écrit  ses  pécliés  aux  Pères  du  concile  de  ■  de  colle  juridiction,  et  par  consécpicnt  qu'on  s'assurât 

Douzi,  qui  fut  assemblé  sous  Jean  Ylll,  en  87-2,  et  \  du  crime  de  cet  évèqne  p;>r  sa  propre  bouche,  quand 

leur  deuianda   l'absolution,  étant  éloigne   d'eux   de  '1  la  cliose  clait  f-iisable 


vingt  milles.  Voici  les  dernières  paroles  de  l'écrit  \ 
qu'il  leur  envoya  c-our  cela  :  J'implore  avec  des  stui 
ijlols  voire  miséricorde,  afin  que  vous  me  délivriez  des  \ 
liens  de  mes  péchés ,  par  le  pouvoir  qui  vous  a  été  donné 
du  ciel,  eUjiie  par  vos  prières  vous   m'obleniez  re,\pia'  \ 
tion  de  mes  fautes,  et  qu3  je  ne  sois  pas  conduit  avec  ■ 
tes  répronvi's  aux  enfers,  mais  que  j'entre  dans  la  joie  \ 
céleste  avec  les  bienheureux.  Les  Pères  du  concile  lui 
accordèrent  ce  qu'il  demandait,  et  li:i  envoyèrent  une 
lettre  d'absolulion,  cpistola  absoluliouis,  dans  laquelle,  ' 
après  avoir  parlé  delà  vertu  cl  de  reriicr.ce  de  la  confes- 
sion des  pécIiés,  ils  lui  donnent  l'absolution  en  ces  ter- 
mes, qui  sont  les  mêmes  avec  lesquels  elle  est  expri- 
mée dans  rordre  romain  cl  les  autres  ancieii>  livres 
péiiitentiaux,  lorsqu'il  s'agit  d'ab-oudrc  une  persoimc 
seub'.  après  qu'elle  s'est  confessée.  Cest  pourquoi,  no-  ] 
tre  cher  frère  et  coUèijue,  que  Nolre-^eitjneur  Jésus- 
Christ,  par  la  puissance  ecclésiastique  d-e  l'autorité  apos 
tolique  qu'il  a  donnée  à  ses  disciples  et  à  s:s  apô:rcs  en  ', 
leur  disant  :  «   Recevez  le  Saint-Esprit ,  *  etc.,  et  par  '■ 
ses  apôtres  à  leurs   successeurs,  dont  nous  tenons  la 
vlace  quoique  indignes,  ayant  reçu  de  lui  par  le  nom  et.  . 
la  diijmté  dont  nous  sommes  revêtus  la  même  puissance  :  \ 
que  Notre-Seignetir,  qui  a  dit  à  celui  qui  croirait  en  lui , 
qu'il   vous   soit    fait  selon    votre  foi;  pur  lu  vertu  du  '. 
Sailli-Esprit  qui  est  la  rémission  de  tous  pécliés,  vous  , 
panlonne  tous  ceux  que  votis  avez  commis,  qu'il  vous 
délivre  de  tout  mal,  qu'il  vous  cons:rve  en  tout  bien, 
vous  conduise  à  la  vie  éternelle  et  à   la  compagnie  des 
saints.  Amen. 

Le  P.  Sirmond,  dans  ses  notes  sur  le  troisième 
tome  des  conciles  de  Gaule,  remarque  que  dans  le 
même  manuscrit  l'on  trouve  une  ab  olution  semblable,  î 
donnée  par  l'arclievèquc  Ilincmar  à  îlildebold,  évèrpiC  , 
de  Soissons,  qui  lavait  demaiiilée  par  lettres,  élant 
arrêté  par  la  maladie.  Le  titre  de  celle  absolution  est  ]\ 
lei  :   Lettre  exliorlaloire    d'ilincmar,  métropoiiUdn,  à  \ 
Ilildebold,  évêque  diocésain,  retenu  par  la  maladie,  par  ' 
laquelle,  suivant  la  demande  de  ses  lettres  be  co.nfes-  '[ 
sio.N,  il  l'absout  par  son  autorité  el  le  réconcilie,  quoique  ■  ' 
absent.   L'on  voit  dans  ces  deux  faits  la  confession  ji 
par  écrit  cl  l'absolution  donnée  de  môme,  sans  que  M 
l'on  puisse  dire  avec  la  nioindrc  ombre  de  raison  que  1 


Le  pape  Grégoire  VU  a  souvent  donné  de  ces  sor- 
tes d'absolutions  à  des  absenls,  el  ne  l'a  pas  fait  sans 
connaissance  de  cause,  c'est-à-dire,  sans  qu'il  connftl 
par  la  confession  des  pénitents  les  fautes  dont  il  leur 
donnait  l'absohilioii.  Voici  ce  qu'il  écrit  (  1.  1  ep.  54  ) 
à  l'évêqnc  de  Liiuolne  :  iVohs  avons  cru  devoir  vous 
cnvoijer  rabsoluticn  de  vos  pécliés  ,  par  l'autorité  des 
apôtres  S-  Pierre  et  S.  Paul  dont  nous  tenons  la  place, 
pourvu  néanmoins  qu'en  vous  appliquant  aux  bonnes 
œuvres  cl  en  pleurant  vos  fautes  vous  rendiez  votre  corps 
digne  de  devenir  le  temple  de  Dieu. 

Le  niêiiio  pape  (1)  écrivant  à  l'évêque  de  Liège, 
après  quelipies  plaintes  sur  ce  qu'il  a  appris  qu'il  n'é- 
tait pas  exempt  de  simonie,  el  l'avoir  exhorté  à 
extirper  la  fornication  de  son  clergé,  conchil  s.i 
l.ellrc  en  ces  lermes  :  /'.'/  parce  que  vous  êtes  à  l'ex- 
trémi:é  ,  touchés  de  la  compassion  fraternelle,  nous  vous 
donnons  l'absolution  par  l'autorité  des  apôtres  S.  Pierre 
et  S.  Paul ,  cl  prions  le  Seigneur  que  par  leur  interces- 
sion Vfus  soyez  digne  d'entrer  dans  ta  compagnie  des  élus. 
Donné  à  Home  le  10  des  calendes  d'avril  ,  indiet.  15.  I! 
n'y  a  guère  lieu  de  douter  que  ces  i\cm\  (îvêques 
n'eus  ont  déclaré  au  Pape  les  péchés  dont  ils  se  sen- 
taient coiq)ables  ;  car  quelle  apparence  y  aiu'ait-il  qu'il 
leuraccnrdàtl'absiilulion  des  fuites  qu'ils  ne  lui  auraient 
pns  déclarée  en  lui  deuiandant  de  les  absoudre. 

Niuis  irouvons  encore  d'autres  exeniples  de  sembla- 
bles absolutions  dans  les  lettres  de  Grégoiie  Vil  (â), 
telle  que  celle  qu'il  envoya  à  Ali)!!onse,  roid'Kspagne, 
el  aux  grands  de  son  royaume,  et  au  duc  Giielphe, 
qui  l'avait  servi  ulilemcnt  contre  ses  ennemis.  El  qu'on 
;  ne  vienne  pas  nous  dire  ici  qu'il  ne  s'agit  pas  dans  ces 
lettres  do  Grégoire  Vil ,  de  l'ahs  ilulion  des  péchés 
proprement  dits,  niais  de  la  remise  des  peines  cano- 
niques; ce  que  nous  ai-pelons  indulgences. 

Celle  réponse  ne  peut  avoir  lieu  ,  dit  le  P.  Morin  , 
surtout  à  l'égard  du  Pontife  dont  il  s'agit ,  liommo 
sévère  cl  zélé  pour  la  itisdpline  ecclésiastique  ,  pou. 
le  rétablissement  de  laquelle  il  a  tant  travaillé,  et  e- 
suyé  tant  de  contradictions.  D'ailleurs  il  ne  dit  point, 
dans  ces  occasions,  qu'il  accorde  ces  absolutions  port 


(i)Gre<ï.  Vlil,  1.2,  op.  6!. 
(2)  Lib^S.ep.  !2;1.  (> ,  cp.  ii. 


157 


PENITENCE. 


5i:CT.  11.  CITAI'.  IX.  DES 


quelques  adious  rcm.irqiiablcs  de  picié  ,  cl  ne  leur  r 
cujoiiii  aucune  œuvre  de  pcniioiice  en  couipensalion 
de  riiidu!gonce  prélcndueciu'il  accorde,  ctî  (iiiil  n'au-  i 
rail  pas  maïKiué  de  fuire  suivant  l'usage;  de  ce  leuips- 
là  ,  s'il  cùl  élé  question  d'uno  simple  iuiliilgenco.  Qui 
croira  cela  de  Grégoire  qui  a  assemble  !«;nl  de  conciles 
pour  exlenniner  la  f.iusse  pénitence,  cl  l'aire  revivre 
les  règles  de  rancieime?  Nous  lisons  d.ms  les  actes 
d'un  concile  d'Angleterre,  tenu  en  7i7,  un  fait  qui,  ij 
quoique  ddVércnt  de  ceux  que  nous  venons  de  rappor- 
ter ,  fait  voir  que  ceux  dont  nous  avons  l'ail  nienlion 
pouvaient  être  assez  fréquents  en  ce  temps-là.  Der- 
nièrement, y  est-il   dit,  un  liomme  riehe ,  puissant 
dans  le  sièclo,  demandait  qu'on  lui  donnai  au  plus  loi 
l'absolution  d'un  grand  crime,  assurant ,  dans  ses 
lettres,  que,  suivant  le  seniimenl  de  plusieurs  person- 
nes ,  ce  péché  avait  clé  aul;int  expié  qu'il  le  poi'.rrait 
èire  s'il  >  n  f.iisait  pénitence  pendant  500  ans;  ou  bien, 
tellement  expié,  que,  s'il  avait  encore  500  ans  à  vivre, 
il  aurait  satisfait.  Ut  si  deiuceps  vivere  possit  irecenlo- 
ritm  anuoium,  elc,  jiersolulum  esset  .  Cet  homme,] 
comme  vous  voyez,  demandait  par  lettres  la  réeonci-  fl 
li.ition  ,  et   ce  n'est  pas  à  quoi  s'arrcleni  les  Pères  de  i 
ce  concile,  mais  à  ce  qu'd  avait  avancé  qu''il  avait  | 
racheté  bien   au-delà  de  ce  qu'il  devait  les  péidtences  I 
canoniques  qu'on  lui  avait  imposées ,  par  les  graiules  S 
largesses  qu'il  avait  faites  aux  pauvivs  patu'  les  cnga-  | 
ger  à  jeûner  pour  lui.  Si  cet  liomuie  demaud.iit  la  j 
réconciliation  par  écrit ,   pourquoi ,  dit  le  P.  Morin  ,  il 
ne  se  serait-il  p  >s  confessé  de  même  ,  si  qiiehpic  em-  | 
barras  l'eût  empcclié  de  le  f.ùre  de  vive  voix  ?  ji 

Nous  apporienns  pour  dernier  cxcnqile  ce  que  fil  | 
S.  Thomas  de  Canloibéri.  Ce  saint  hoinme  ayant  pro-  || 
mis  avec  l)i<n  de  la  peine  et  à  la  sollicitation  près-  a 
sanic  des  évc  pies  ei  des  gnuuls  du  ro)  aume,  d'(d)Ser-  | 
ver  les  coulumes  d'Angle'erre,   dont  (|uel  iues-unes 
étaient  contraires  aux  libertés  des  É^-;lises,  se  i  élira  | 
de  rassemblée  tenue  à  Clarendon  potn*  ce  sujet  en 
llGi,  ci  prit  le  chemin  de  Vint  lieslre;  cependant  il  j 
s'éuml  une  dispute  entre  ceux  de  sa  suite,  dont  les  ' 
uns  disaient  qu'il  n'avait  pu  faire  auiiemenl,  vu  la  ! 
circonstance  du  leuqts  ;   les  autres  téMU)ignaie;it  lewr  i 
indignation  lie  ce  (p;e  la  liberté  ecclé'>iastiiiue  péris- 
sait par  la  fantaisie  d'un  seid  bonnuc.  Un  de  ceux-ci,  ' 
qui  portail  la  croix  du  prélat,  parlait  avec  jibis  d'ar-  | 
diMU'  que  les  autres  ^t^  plaignant  (pic  la  puissance  se-  ! 
ciilière  troublait  toul  ;   (pie  l'oîi   n'estimait  pins  ipie  ' 
ceux  qui  avaient  pour  les  princes  une  «  omplaisance  ! 
sans  bornes;  et  il  conclut  en  disant  :  que  deviendra  ! 
l'innocence?  (pii  comballra  pour  elle,  ai»rès  que  le  [ 
chef  est  vaincu?  quelle  vertu  a  gardé  celui  ipii  a  per-  'i 
du  la  constance  ?  à  qui  en  voule/.-voiis.  mon  (ils,  dit  \ 
larebevéqiie?  A  vous-même,  reprit  le  porte-croix,  qui  | 
avez  aujourd'hui  perdu  voire  conscience  et  votre  ré-  ' 
piilation,  laissant  un  exemple  odieux   à  la  poslciilé 
quand  vous  avez  étendu  vos  mains  sacrées  pour   pro- 
mellifc  l'observation  de  ces  coutumes  (lcle>tal)les. 

Le  prélat  dit  en   soupirant  :  Je  m'en  repens,  j'ai 
horreur  de  la  faute,  et  je  me  juge  désormais  indigne  | 


CONFESS.  GÉNÉRALES  ET  PAR  ÉCRIT.        438 

des  fonctions  du  sacerdoce,  cl  d'approcher  de  celui 
dont  j'ai  si  là(  bernent  Irali  l'Eglise  :  je  d(^nieurerai 
dans  la  iristcîsse  et  dans  le  s.  cnce  jusqu'à  ce  que  j\iic 
reçu  l'iibsolution  de  Dieu  el  du  Pape.  Dès  lors  il  s'iii-i 
terdit  du  service  de  l'autel,  et  s'imposa  pour  pénitence 
des  jeûnes  et  des  vêtements  rudes,  et  peu  de  jou-  s 
après  il  envoya  au  Pape  en  diligence.  Le  Pape,  qni 
était  pour  lors  à  Sens,  et  qui  avait  appris  ce  qui  s'éla  l 
passé  cl  la  résolulioit  de  Thomas,  avant  (pie  ceux  (pi'. 1 
avait  envoyés  fussent  arrivés  vers  lui,  )épondil  que 
la  faute  dont  il  se  croyait  coupable  n'était  pas  ri 
grande  qu'elle  méritât  cette  suspension  qu'il  s'était 
imposée  à  lui  niènie,  et  ajouta  :  Si  doue  loua  crotji'i 
avoir  fait  quelque  chose  que  la  couscieme  vous  repro- 
che, nous  vous  conseillons,  quoique  ce  puisse  êlfV-,  de  le 
confesser  à  un  prêtre  sage  et  discret.  Ce  qu  ayant  ffH', 
le  Seiqneur,  qui  est  plein  de  uiisi'ricordr,  el  qui  rcqard^ 
plutôt  le  cœur  que  les  uclions,  vous  pardonnera  suituul 
sa  bonté  ordinaire.  Kl  nous,  par  la  confiance  que  ho«)î 
avons  dans  les  mérites  des  bienheureux  apolres  S.  Pierre 
et  S.  Paul,  vous  absolvons  de  la  faute  que  wns  avci 
commise  ;  t  te  ab  co  quod  est  cononissuni  absolvimus,  i 
el  la  remettons  à  votre  fraternité  par  l'autorité  apo>>toH- 
que,  vous  conseillant  et  vous  ordonnant  de  ne  peint  vous 
abstenir  ci-aprcs  de  célébrer  la  messe.  Voilii  encore  une 
conft'ssion  el  une  absoluliou  par  écrit  dminée  à  «la 
absent,  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  supposer  ici  aucune 
censure,  puisque  le  Pape  dé(  lare  à  l'arch'.'vèipie  de 
Caiilorbéii  que  la  faute  pcuir  hiipielle  il  s'était  sus- 
pendu bii-wième  de  la  célébration  de  la  sainte  messe 
ne  mérilail  pas  celle  peine,  cl  ([u'il  ne  lui  ordonne  de 
rcpreiidro  ses  biiaiions  ordinaires  qu'apiès  lui  avoir 
remis  sou  péché  par  l'absolution.  11  cslviai  (pic  le  pape 
lui  conseille  de  se  confesser  à  un  prêtre,  mois  c'était 
sans  doute  afin  qu'on  pût  lui  imposer  une  pénitence 
convenable  à  sa  laiile,  et  qui  m,' poiivaiiètre  déleinii- 
née  (pie  suivant  les  dinércnles  cii constances  qu'un 
absent  ne  saurait  guère  counaitre  avec  toute  l'exacti- 
tude qui  convient. 

Plusieurs  docteurs  scolasliqiies  ont  mis  depuis  en 
(piestion  si  la  confession  el  l'absobilion  par  écrit  de- 
vaient être  censées  permises,  ou  au  moins  valides  ; 
et  un  gratid  nond^re  d'entre  eux  ont  soutenu  l'affir- 
maiive.  Siiarez  (1)  lait  l'éMuméraîion  de  ces  maîtres 
de  reçoit;,  dont  il  a  suivi  lui-même  le  sentiment  ; 
mais  le  pape  Clément  Mil ,  craignant  avec  raison 
qu'on  ne  tirât  à  conséquence  (piebiucs  exemples  ex- 
traordinaires, et  qu'on  ne  fil  icseiisiblemenl  passer  en 
coulume  ce  (pii  ne  s'était  fait  que  rarement  autrefois, 
et  que  par  là  on  achevât  d'énerver  enlièrcnienl  la  dis- 
cipline de  la  pénitence  qui  n'est  déjà  ([iic  trop  af[\n- 
blie,  et  dont  la  confusion  salutaire  que  les  pécheurs 
re(,'oive!il  en  s'accusantcux-uiêmcs,  fait  pallie,  défen- 
dit, par  uiiccoiislitulioiulatéedu20jnillt;t  lGU-2,(pron 
enseignai  à  l'avenir  iju'il  fùl  permis  de  se  confesser 
par  écrit  à  un  prêtre  absent,  et  de  recevoir  de  lui 
l'absolution  ;    et  déclara  que  ce  sentiment   élail  au 

(l)Disp.  19,  de  Forma  sacram.  Pœnil.,  sect.  3. 


A^)  niSTOlKE  DES 

DKiiiis  faux,  tûinénirc  et  scandalcui,  ordonnani  qu'à 
i':ivfiiir  (III  ne  renseignai  ni  en  pnblic  ni  en  particu- 
lier, ([(l'on  ne  le  sonlini  pas  môme  connue  probable, 
(I.ms  i|iiel(|ne  cas  (|nece  (lût  êlie,  el  qu'on  ne  le  ré- 
duisit point  en  pi'alii|nc. 

Quolipie  le  Pape,  dans  ce  décret,  ne  parle  pas  de 
riiivaiidilé  de  (es  sortes  de  confessions  ol  aliS(»lii- 
tinns,  les  termes  dans  lesquels  il  est  conçu  font  voir 
qu'elles  sont  également  invalides  et  illégitimes,  en  ce 
que  ce  sage  pontife  n'exceplt;  aucun  cas,  pas  même 
celui  d'une  exirènie  nécessité,  qui  pour  l'ordinaire 
rend  légilini'î  ce  qui  est  valide  par  sa  nature. 

Qnel.|nes  uns,  ayant  préteinlu  depuis  que  ce  senti- 
ment n'avait  été  condamné  qu'en  tant  (|ue  la  confession 
cl  l'absolution  tout  ensemble  se  feraient  par  écrit  el 
entre  absents,  mais  que  l'une  séparément  de  l'autre 
piMivait  se  faire  légitimement,  le  même  pape  déclara, 
dans  une  congrégation  du  saint  oflice,  (pTil  avait  C'ii- 
danmé  ci;ttc  proposition,  et  ensemble  el  M'-paiésent, 
c'«'st-à-dire,  l'une  el  l'autre  partie  de  la  proposition 
qni  contient  le  sO!:timent  dont  il  s'agit  ici,  comme  on 
le  peut  voir  dans  une  lettre  de  Pierre  Lombard,  ar- 
ciievèipie  d'Armacb,  à  Gile  Couine,  du  0  juin  1G2-4. 
Le  pape  Paul  V  fit  la  même  cimse  le  ii  juillet  de; 
l'année  1605,  et  coiulamna  rex[ilicatioii  coiiliaire  de 
Snarez,  ordomiant  qu'(m  billàt  du  tome  4  de  son  com- 
iM  ntaire  sur  la  troisième  partie  de  S.  Tbomas,  ce 
qu'il  avait  écrit  I  i-dessus. 

Je  ne  pense  pas  jpio  ces  souverains  pontifes  aient 
voulu  (pie  leurs  décrets  sur  celle  matit^re  eussent  un 
cllel  rélrcaclif  par  rapport  à  ce  que  nous  a\ons  vu 
êlre  arrivé  autrefois.  Mais  depuis  (pie  l'Église  s'est 
expliquée  là-de^sus  d'une  manière  positive,  ce  serait 
une  témérité  sacrilège  de  remeilre  eu  question  ce 
qu'ils  ont  proscrit,  el  de  vouloir  soutenir  la  validité. 
Cl  encore  plus  la  légitimité  de  ces  sortes  de  confes- 
sions et  d'absolutions. 

Car,  comme  remarque  judicieusement  M.  Toiir- 
neli  (I),  (pioique  l'Église  n'ait  pas  le  pouvoir  de  clian- 
ger  la  matière  des  sacien»ents  que  Jésus  Christ  a 
instituée ,  elle  peut  néanmoins  apposer  certaines 
coudiiinns  pour  l'adminislratinn  de  ceux  donl  la  ma- 
tière consiste  dans  quelque  chose  de  nujral  :  condi- 
tions dont  l'omission  rend  les  ministres  iidiabiles  à  les 
conférer  el  les  (idcîes  à  les  recevoir.  Il  apporte  poiu' 
exc.nple  le  sacremcnl  du  Mariage,  dont,  <|uti(pie  le 
co  iseiitemenl  récii»roque  di'S  parti,  s  coulraclantt!s 
£oit  la  matière,  selon  l'institu  ion  du  Sanvi-nr,  il  l'a 
iicaiiiUdins  lellemeut  soumis  'n  la  police  el  aux  lois  de 
l'Église  (je  pourrais  ajouter  cl  à  celles  des  |)riuces),  qne 
leur  inobservation  niui  iidiabiles  à  contracter  mariage. 
(;'rst  ainsi  (pie  les  mariages  clandestins  sou!  invalides 
à  jnéscnt.  De  même,  (pioiipie  tuiii  prêtre  dans  son 
orilinaiion  reçoive  ta  puissance  d'absoudre  des  péchés, 
i  Kglise  cependant  prescrit  <  ertaiiies  coudilions,  au 
d(ifaut  descpielUîs  les  absolutions  sonl  nulles,  par 
excnqile,  s'il  n'est  pas  approuvé  par  l'é^èiiue,  s'il  n'a 

(I  )  De  Pœnii.  art.  4  ;  de  Coud,  confcssionis,  p.  208 
et  seq. 


bACKEMENlS.  ^  440 

point  reçu  de  lui  juridiction  ,  etc.  Notis  avons  vu  ci- 
devanl  qu'un  concile  d'Augleteric  déclarait  do  nulle 
valeur  les  confessions  faites  dans  des  lieux  obscurs, 
Pour(pu)i  donc  l'Église  ne  pourrait-elle  pas  établir  qno 
la  |)ré-ence  du  prêtre  el  du  pénitent  serait  si  nécessaire 
|iour  la  confession  et  l'abscdutioi  sacramentelle ,  que 
le  défaut  de  celle  condition  rendît  ses  ministres  iidta- 
biles  à  donner  l'absolnlion  el  les  fidèles  à  se  confes- 
ser sacramentalement  ,  c'est-à-dire,  à  faire  une  con- 
fession (jui  lasse  partie  du  sacrcmeiil  de  Pénitence,  et 
qui  les  rende  propres  à  recevoir  les  fruits  salutaires 
de  ce  sacrement;  mais  c'est  assez  parler  théologique- 
ment.  Venons  |irésentemenl  aux  règles  que  suivaient 
les  confesseurs  dans  l'imposiliou  des  pénitences. 

CHAPir:!:;.  i^. 

lié  lies  <\ne  suivaient  les  confesseurs  dans  rimposilion  de 
la  Péni  euce.  Des  livres  f^éiiiteutinux  qui  étaient  au- 
trfois  en  usage,  en  quoi  ils  di/j^éraienl  des  Recueils  de 
canons  et  des  Sacramentaires  ,  ce  que  c'était ,  etc. 

Les  règles  qu'ont  suivies  nos  pères  dans  l'imposition 
des  peines  dues  aux  péchés  (jne  l'on  avait  confessés, 
n'étaient  point  arbitraires  <  t  laissées  à  la  discrétion 
des  co  ifessenrs,  m  us  elles  él  lieiil  foudétis  ou  sur  les 
textes  formels  de  lÉcriture  sainte,  ou  sur  les  canons 
(•es  anciens,  ou  sur  les  coutunuiS  des  églises  qui  fai- 
saient remonter  leur  origine  jusqu'aux  Apôtres  ou  à 
leurs  disciples.  C'est  ce  qu'on  |icul  voir  dans  les  déci- 
sions sur  celle  matière,  que  S.  Grégoire  Tbamua- 
liirge  donna  aux  églises  de  la  province  du  Pont,  qui 
I  avaientconsiilié  touclianl  la  |  éailence (pie  méritaient 
certains  crimes  (pii  s'étaient  commis  dans  ces  coi:lrées 
à  l'occasion  d'une  iiicutsion  que  les  Golhs  el  autres 
barbares  y  avaient  faite.  Ils  cxaminaieiit  avec  soin  la 
nature  .  la  (pialilé  cl  les  circon>laiices  des  crimes,  et 
s'appliquaiciit  à  y  appoi  l;r  les  remèdes  convenables, 
non  en  suivant  la  lumière  de  leur  propre  esprit,  ou  les 
préjugés  des  temps  et  des  lieux  ,  mais  en  s'allacliant 
à  l'ancienne  tradition,  el  en  ne  s'écartant  en  rien  des 
iiasimes  de  l'Éciilnre  et  des  louables  coutumes  qui  se 
trouvai(^nt  établies  dans  les  dinércutes  provinces.  La 
Leitriî  caiioni'pie  di;  S.  Pierre  d'Alexandrie,  cet  illustre 
martyr,  est  nue  prcnve  de  ce  que  nous  disons  :  on  y 
voit  (pialorze  canons  pé:iilenlia'ix  ,  dans  lesquels  il 
examine  les  diverses  espèces  de  jiécliés,  el  y  joint  les 
p;'ines  sabilaires  par  lesipiellesoii  doit  les  expier  pour 
être  (ligne  dr  pailiciper  avec  friiilanx  sacré;  mystères, 
le  tout  en  suivant  la  liiniièrcdes  divines  Ecritures,  dont 
il  lire  les  raisons  (pi'd  joint  à  cbacnni'  de  ses  décisions. 
Que  l'on  jette  les  yiMix  sur  la  Letir,'  de  S  Alhanase  à 
Riiliiiieu,  sur  les  Éjùlrt^s  canoniqies  d'  S.  Basile  à 
Ampiiilo  pie,  el  (le  S.Grégoire  de  Nysse  à  Letoyus  évo- 
que de  Mélilinc  en  Armé/ue,  on  verra  part  -ut  la  même 
mélliode  ;  leurs  répon-es  sont  loiiles  fondées  sur  la 
sainte  Écriture,  sur  lescouiuiues  el  traditions  de  leurs 
églisi-s.  S.  Basile,  après  avoir  parlé  de  lui-même  avec 
beauconp  de  luodcslii;  dans  la  préface  de  sa  première 
Éj  itre  caiio'.iiipie  à  Ami)hiluipie,  ajoute  :  Nous  avons 
été  obligrs  de  considérer  avec  nuin  ce  que  vous  nous  avez, 
proposé  j  el  de  rappeler  en  notre  mémoire  ce  (f^f  non» 


iil  PÉNITENCE.  —  SECT.  H.  CHAI 

(itoTiS  appris  des  anciens,  et  de  le  comparer  avec  1rs  choses 

qui  y  onl  rapport,  zc.i  eîti  Yi/.o\nv.;j.:t  -îic/.ç,-/.  twv  ::«î75jt;i£0/, 

a  a</.v/;70»ivat.  Dans  le  troisioiiK*  canon ,  pari. ml  di-s 
diacn-s  (jui  sonl  loml)C>  dans  le  péilié  de  la  ciiair,  il 
décide  coiirorinénienl  aux  anciens  canons,  ôiotj  v.^y.v.\oi 
is-:i  /CL  Cil,  qu'on  doit  les  déposer  cl  les  réduire  au 
rang  des  laïques,  sans  y  ajunierd'anlres  peines. 

Dans  le  canon  nt-uviènie,  apiè,->  avoir  discnlé  si  une 
fenune  est  en  droit  de  (jnilter  son  mari,  parci;  qu'il 
lui  est  in'.dele,  et  apporté  quehpu'S  pasjages  des 
saintes  Écritures,  il  décide  eidin  (lu'elle  ne  le  peut, 
parce,  dl-il,  (pie  ce  n'est  pas  la  coulunie  dans  1  Église 
de  sou/frir  cpi'ede  (piitte  sou  luari,  où/,  è'xo/'î''  tjû^o  h  rfî 

9\rirfiiî.a.  Tri   £///.»; 7 ta j-Ttzvi  TÔ  T^v.^u.Tf.pr,'j.'J., 

Ces  sortes  de  consultations  (|ue  de  grands  évêqnes, 
tels  qn'Auqdiiloque,  adressaient  à  d'autres  qu'ils  ju- 
geaient plus  liahiles  (pi'eu\,  et  plus  insirnits  des  ca- 
nons el  de  la  discipline  de  l'Église,  font  voir  avec 
quelle  circonsp-ction  les  anciens  se  conduisaient, 
quand  il  s'agissait  de  la  guérison  des  Ames  l)!e.->sées 
par  le  péché;  mais  fut-  il  èlrc  surpris  que  l'on  s'a- 
dressât pour  cela  à  des  particidiei-s  ?  quand  i;ous 
voyons  que  l'on  tenait  même  des  conciles  pour  déci- 
der quelles  peines  mériiaieiit  les  différentes  espoces  \ 
de  crimes,  quand  il  arrivait  qu'on  en  commît  de  ceux 
dont  les  exemples  étaient  |>lus  rares  ,  ou  doi:t  les  cir- 
const;uices  étaient  extraordinaires.  Nous  avons  [lu- 
sleurs  exemples  de  ces  conciles  assemblé-  pour  dé  ider 
de  ces  sortes  de  (jucslious.  Six  é^èipies  consultèrent 
S  Cvprien  pour  apprendre  de  lui  si  on  pouvait  réconci- 
lier eu  sùrelé  au  bout  de  trois  ans  d;  |)énitence,  ceux 
qui,  après  avoir  souffert  des  tnurme.its  en  présence 
du  magistral  et  du  peiqile  en  l'ureur,  avaient  e;  (in  \ 
succond)é  aux  longui'S  sonffiances  (|ue  Is;  Proconsul 
leur  avait  fait  endurer,  et  flétri  par  celle  cl  ule  la 
gloire  (ju'ils  s'étaient  acquise  dans  le  premier  combat. 
Les  six  évcMpies,  dont  nous  avons  par!é,  priaient 
S.  Cyprien  d'examiner  celle  affaire  avec  ses  collègues. 
A  quoi  il  leur  répondit  :  Parce  que  vous  m'uvcz  écrit 
de  traiter  a  fond  celte  affaire  avec  mes  collrçjues,  et 
quelU'  es',  de  telle  importance  qu'elle  mérite  d'être  exa- 
minée iniirenicnt  et  discutée  par  plusieurs  personnes,  et 
qu'en  ce  temps  de  Pâques  presque  tous  les  évêqnes  sont 
à  leurs  Églibes  ;  je  traiterai  de  cela  avec  eux  quand  ce 
temps  sera  pusse  et  qu'ils  commenceront  à  venir  ici.  afin 
ijue  nous  sachions  à  quoi  nous  en  tenir  au  sujet  de  voire 
consultation ,  et  que  nous  puissions  vous  écrire  quelque 
chose  d'a>isiiré ,  après  qu'il  aura  été  pesé  el  arrêté  par 
l'avis  de  plusieurs  évè(jnes.  «  Il  de  co  (juod  consuluislis 
«  figalur  apud  nos,  el  rescribalur  vohis  firma  sentonia, 
f  multorum  sacerdotitm  consilio  panderaUi.  »  Vous 
voyez  par  là  de  quelle  imj;orlance  S.  Cyprien  et  ces 
six  évêqnes  jugeaient  être  cotte  question. 

Ca  (liMiius  proposa  au  même  Saint  nue  autre  ques- 
tion sur  la  même  matière.  Il  s'ai;issait  (b;  certains  fi- 
dèles qui,  après  avoir  eu  le  malheiu-  de  suceond)er  h 
la  pei-séciitiou  ,  s'étaient  relevés ,  avaient  confessé  la 
foi,  el  avaient  souffert  des  tourments  pnur  sa  défense, 
leurs  biens  ayant  été  confisqués,  et  eux  etivoyés  eu 


.  X.  REGLES  DE  CONFESSION.  442 

exil.  Ces  fidèles,  avant  de  partir  pour  le  lieu  de  leur 
exil,  demandaient  d'èlre  réconciliés.  Voici  comme 
Cahlouius  parle  à  S.  Cyprien  (  remanpiez  ,  je  vous 
prie,  la  relemie  et  la  circonspection  de  cet  é.èque)  : 
Quoiqu'il  me  paraisse  qu'on  doive  les  recevoir  à  la  com- 
munion ,  cependant  je  les  renvoie  à  ce  qu'il  vous  plaira 
d'en  ordonner,  de  peur  que  je  ne  semble  prendre  témé- 
rairement cela  sur  moi.  Si  donc  vous  déterminez  là- des- 
sus (jnclque  chose  d'avis  commun,  écrivez-le  moi.  S.  Cy- 
prien répond  par  la  lettre  suivante  àCaldonius  ;  il  le 
loue  de  ce  (pi'il  est  savant  dans  les  saintes  Ecritures, 
et  de  ce  (ju'il  se  conduit  avec  sagesse  et  précaution  : 
Caillé  omnia  el  consulte  tjerat.  Il  approuve  ensuite  sou 
sentiment  à  l'égard  de  ces  fidèles  sur  le  sujet  desquels 
i!  lui  avait  demandé  conseil. 

L'affaire  de  ceux  qui  étaient  tombés  dans  la  persé- 
cution, el  (jui,  ayant  reçu  des  billets  des  martyrs, 
liriaient  qu'on  les  réconciliai  avant  qu'ils  eussent 
acbe\é  le  temps  de  leur  pénitence,  est  fameuse  en  ce 
genre,  el  nous  convaincra  que  les  é  êques  de  l'anti- 
(piilé  n'iMit  jantais  cru  que  les  peines  dues  aux  crimes 
el  les  remèdes  qu'on  doit  prescrire  aux  âmes  pour  les 
guérir  de  la  plaie  du  péché,  fussent  arbitraires,  el  ne 
dussent  pas  avoir  de  proportion  avec  les  fautes  com- 
toises. Les  iirèlres  de  l'Eglise  de  Carlbage  ayant  écrit 
sur  cela  à  S.  Cyprien,  il  leur  réjiondit  :  Vous  avez 
souhaité  d'apprendre  de  nous  la  manière  dont  il  faut  se 
conduire  en  celte  occasion.  Je  crois  avoir  répondu  assez 
au  long  dans  mes  lettres  précédentes  sur  celte  affaire, 
savoir,  que  ceux  qui  ont  reçu  des  libelles  des  martyrs  ,  et 
qui  peuvent  être  ainsi  aidés  par  leurs  prières ,  s'ils  se 
trouvenl  attaqués  de  maladies  dangereuses,  et  que  le  pé- 
ril snit  immineitî ,  soient  envoyés  au  Seigneur  avec  la 
paix  que  les  martyrs  leur  ont  promise ,  ayant  fait  l'exo- 
mulogèse  el  reçu  aupanivanl  l'imposition  des  mains  pour 
ta  pénitence.  Foi-r  ce  qui  est  des  autres,  qui  n'ont 
point  reçu  de  ces  billets,  parce  qu'ils  sont  en  grand 
nombre  et  répandus  parlout,  S.  Cyprien  veut  qu'ils 
altendeul  la  paix  de  l'Eglise  ,  qui  donne  lieu  aux  évê- 
qnes de  s'assembler  cl  de  traiter  eu  présence  du  cler- 
gé el  du  peiqde  ipù  est  demeuré  fidèle  dans  la  persé- 
cuiion  ,  l'affaire  de  leur  léeonciliation  :  Ut  prœpositi 
cum  clero  convenientes ,  pra'sente  et  slanlium  plèbe... 
disponcre  omnia  consilii  commuuis  religione  possimus. 
Le  clergé  de  Rnme,  [lendani  la  vacance  du  S. -Siège, 
jugea  de  même  (pi'il  fallait  traiter  celte  affiire  dans  un 
concile,  et  qu;'  pour  cela  ou  devait  allendreque  Dieu 
cù:  lendu  la  paix  à  son  Eglise.  //  nous  a  semblé,  di- 
sent à  S.  Cyprien  les  iirèfres  de  celte  première  Eglise 
du  UKUide  (H,  qu'on  devait  se  conduire  dans  celle  af- 
faire si  imporlanle  comme  vous  avez  marqué  ;  qu'ij  Rel- 
iait atlendre  la  paix  de  l'Eglise,  el  que  les  évêqnes  ,  les 
prêtres  ,  les  diacres ,  les  confesseurs  et  te  peuple  fidèle , 
donnant  chacun  son  avis ,  on  traitât  ainsi  la  cause  de 
ceux  qui  font  tombés.  «  Deinde,  sic  collatione  consilio- 
d  rum  cum  episcopis,  presbyleris,  diaconis,  confessorim 
i  bus,  pariier  ac  slanlibus  Inicis  factâ,  tapsorum  tracta' 

(Il  iuler  ep.  Cypriau.  50. 


445 


Hî.STOlRE  LES  SACilKMENTS. 


m 


f  re  ratisncm.  t  Ils  ajoutent  ensuite  que  loi  était  aussi 
le  senlini'înl  dos  évot|iios  voisins  do  Ronio,  et  do  ceux 
que  la  J'urcur  de  la  porsocution  y  avait  joies.  S.  Cy- 


I  ritcnt  les  crimes  tant  des  clercs  que  dos  laïques  :  ce 
.-  !  qu'on  poul  dire  à  plus  luile  raison  du  premier  con- 
-  f  !  cilc 


prion  reçut  celle  loiire  et  eu  fil  part  aussitôt  aux  cvè 
ques  d'Afrique  et  à  ses  prêtres  ,  comme  il  parait  par 
celle  qui  se  trouve  immédiatement  après  celle-ci 
dans  ses  écrits. 

Mais,  enfin,  qu'arriva-l-il  quand  la  paix  fat  rendue 
ii  l'Eglise?  Le  même  Père  nous  Tapprond  dans  sa 
Lettre  55°  :  La  persécution ,  dit-il,  élmit  assoupie,  et 
pouvant  nous  assembler,  nous  avons  fait  ce  qui  avait  été 
résolu  :  nous  nous  sommes  ironv,''s  en  même  lieu  ai\c  un 
grand  nombre  d'évêques,  que  leur  foi  cl  la  protection  du 
Seigneur  avaient  préservés  de  toute  chute.  Là,  après 
avoir  proposé  les  témoignages  des  Ecritures ,  pour  el 
contre  ,  el  après  avoir  longtemps  agité  la  question  ,  nous 
avons  pris  le  lempérument  d'une  salutaire  modération; 
savoir,  que,  d'une  part,  ou  noierait  point  «  ceux  qui  sont 
tombés  l'espérance  de  la  communion  ;  et  que,  de  l'au- 
tre ,  on  ne  se  relâcherait  pas  de  lu  rigueur  de  la  disci- 
pline  évangclique,  en  laissant  approcher  témérairement 
des  saints  mystères  les  coupables;  mais  qu'ils  feraient 
longtemps  pénitence,  et  qu'on  examinerait  les  causes,  les 
volontés  et  les  nécessités  d'un  chacun  ,  selon  qu'il  est 
contenu  dans  le  libelle  que  je  crois  qui  est  venu  jusqu'à 
vous,  «  secundimi  quod  libcllo  conlinelur,  »  dans  lequel 
nous  avons  écrit  ce  qui  a  été  arrêté  entre  nous  sur  chaque 
point,  c  ubi  singula  placitorum  capita  conacripta  sunt.  s 
S.  Cyprien  témoigne,  dans  le  même  lieu,  que  S.Cor- 
niîillo  (il  à  Home  la  même  chose  qu'il  avait  laite  en 
Afrique,  et  qu'il  régla  dans  un  concile  d'évèques  d'I- 
talie la  pénitence  que  devaient  faire  ceux  dont  il  s'a- 
gissait, suivant  les  diflcrenies  espèces  el  circonstances 
de  leur  crime. 

Celle  atlonlion  à  appliquer  les  remèdes  convena- 
bles à  chaque  espèce  de  maux  élail  si  grande,  que  l'on 
composait  même  dans  ces  conciles,  d'im  connuun  con- 
senlcmont,  dos  libelles  qui  conleuaieiit  la  peiiie  que 
Ion  devait  infliger  pour  cliaque  espèce  de  péchés ,  | 
afin  que  tous  les  évêqucs  cl  les  prêtres  s'y  conformas- 
sent dans  le  tribunal  de  la  Pénitence  ;  c'est  ce  que 
nous  venons  de  voir  dans  S.  Cyprien.  Le  libelle  qui 
avait  été  composé  à  celle  occasion  n'isi  p niul  veim 
jusqu'à  nous  non  plus  que  bien  d'aiilros,  sans  douie, 
qui  ont  été  faits  dans  ces  premiers  siècles,  et  dont 
parle  S.  Basile,  dans  sa  Lellre  canonif|ue,  comme 
nous  avons  vu  ;  mais  on  ne  voit  p;is  une  moiiulrc  ai- 
le nlion  à  appli  |ucr  des  peim  s  proportionnées  à  cha- 
que péché  dans  plusieurs  aucie.is  conciles,  dont  les 
canons,  qui  se  sont  conservés  jusqu'à  nos  jours,  ne 
contiennent,  pour  la  plupart,  (pie  lexplicaiion  de  la 
pénilence  qu'on  devait  iiujioser  pour  les  crimes  qui  se 
Oiunnietlaient  de  te;n|is  en  temps.  C'est  ce  (ju'oii  peut 
voir  dans  les  conciles  d'Elvire  et  d'Aiicyre,  dont  on 
peut  ^■re  que  les  canons  forment  comme  une  espèce 
décode  pénilentiel  :  en  effet,  celui  dElvirc  conlienl 
81  canons,  celui  d'Aiicyre  2i,  (pii  près  |ue  tous  rou- 
lent sur  cette  matière.  La  moitié  des  canons  des 
Apôtres  regardent  aussi  les  peines  différeiitos  quemé- 


e  d'Arles,  dont  la  plupart  des  canons  règlent  de 
même  la  discipline  de  la  Pénilence;  tant  les  anciens 
évèques  avaient  à  cœur  que  les  prêtres  fussent  par- 
faitement instruits  do  la  manière  dont  les  âmes  cor- 
r;>nqjnes  par  lo  péché  devaient  êlre  purifiées  et  pré- 
parées à  recevoir  le  bienfait  de  la  réconciliation.  Le 
zèle  dans  les  pasteurs  pour  maintenir  l'ancienne  dis- 
cipline de  la  Péniiciice,  cl  dans  les  fidèles  pour  la 
mettre  en  pr.itiquo,  ét:ul  cause  que  les  uns  el  les  au- 
tres s'adressaient  souvent  aux  Papes  dans  les  cas  ex- 
traordinaires, les  uns  pour  appreiulre  d'eux  de  quelle 
manière  ils  devaient  se  conduire  à  l'égard  des  pé- 
cheurs dans  ces  occasions  difficiles;  et  les  autres, 
non  pour  obtenir  dispense  des  peines  canoniques, 
mais  pour  êlre  inslruils  par  ces  saints  Pontifes  de  ce 
qu'ils  devaient  faire  pour  saiisliiire  pleinement  en  celle 
vie  à  la  justice  de  Dieu.  C'est  ce  qu'on  peut  voir  dans 
les  Décrélalos  dos  Papes  Sirice  ,  Innocent,  Céioslin  , 
Léon,  etc.,  et  dans  les  Lettres  du  pape  Nicolas  I,  qui 
se  plaint  qu'il  était  accablé  de  la  mullitnde  dos  con- 
sultations qu'on  lui  adressait  là- dessus.  Les  rois  eux- 
mêmes  ne  rougissaient  pas  d'apprendre  d'eux  com- 
ment ils  devaient  fiure  pénitence  de  leurs  désordres  : 
c'est  ce  qu'on  peut  voir  par  la  question  que  le  roi  de 
France  Tliéodebert  proposa  au  pape  Vigile  ,  pour  ap- 
prendre de  lui  quelle  pénitence  méritait  celui  qui  avait 
épousé  la  femme  de  son  frère,  et  à  laquelle  ce  Pape 
répondit  par  une  Icilrc  adressée  à  ce  roi ,  que  nous 
,  avons  encore  dans  le  premier  tome  des  Conciles  des 
Gaules  sur  l'année  558. 

C'est  sur  ces  décisions  des  conciles  et  des  papes, 
(jui  élaionl  elles-mcmcs  fondées  sur  les  règles  de 
lEcrilure  sainte  et  de  la  tradition  apostolique,  que 
les  prêtres  qui  entendaient  les  confessions  des  fidèles 
devaient  indispensabloment  se  régler  dans  l'imposition 
lie  la  I  éiiilence,   soit  publi(iue,   soit  secrète,   qui  ne 
dinéiaient    l'une  de  l'antre  que  par  la  solennilé  avec 
la(iuelle  celle-là  était  imposée  el  exécuiée  en  partie 
à  la  vue  de  loule  l'Eglise.  Dans  la  siiiti-,  après  le  qua- 
trième siècle,  en  Orient,  el  vers  la  fin  dusoplièmeou 
au  conunencemenl  du  builiéme,  en  Occidenl,  quand  la 
péniieîice  publiipie,  pour  les  péchés  secrets,  eut  été 
abolie  et  réservée  seulement  pour  les  péchés  publics, 
afin  que  les  prêtres,  à  qui  les  fidèles  s'adress;iient  pour 
l;i  confession,  eussent  des  lèglos  certaines  de  coiulnile 
dans  le  tribunal  do  laPé.iitence.  à  l'égard  des  pécheurs 
do  toute  espère  qui  se  présentaient  à  eux;  on  composa 
des   livres  pénitoiUiaux  qui  contenaient,   oulre  les 
prières,  les  formules  et  les  cérémonies  de  la  confes- 
sion el  do  l'absolulion  ,  toutes  les  espèces  de  péchés, 
avec  les  peines  par  lesquelles  on  devait  les  expier:  le 
lout  tiré  des  canons  des  conciles  et  des  coutumes  auto- 
risées dans  les  principales  églises.  On  trouvait  outre 
cela  datis  ces  sortes  d'ouvrages  des  exhortations  et 
des  avis  propres  à  faire  rentrer  les  pécheurs  eu  eux- 
mêmes,  à  leur  faire  coiinailre  l'elalde  leur  conscience, 
et  à  leur  faire  concevoir  des  bcnlimenls  de  doulettf 


445  PÉNITENCE.  —  SECT.  11.  OIlAl».  X.  REGLES  DE  CONFESSION. 


44G 


cl  de  coiiiponclion;  do  sorlc  qiriiii  prclrc,  «oit  de  la 
campagne,  snil  do  la  \\\U\  «pii  ne  pouvait  avoir  lotis 
ces  rcgleinenls  des  coniiles  (pii  uvaieiil  prescrit  ce 
qui  concernait  la  discipline  de  la  pénitence,  oti  qui 
n'avait  ni  le  temps  de  les  lire ,  ni  les  fiicidiés  néces- 
sairas  pour  se  pourvoir  de  tous  les  livres  où  ils  se 
trouvaient,  avait  une  règle  sûre  pour  se  conduire 
dans  celte  action  imporlanle,  il  n'avait  (pi'à  ouvrir  le 
pénitenliel,  cl  i!  tiouvail  sm-le-ciianip  ceijii'il  avaîl  à 
dire  et  à  faire  dans  l'iniposilion  des  peines  dues  aux 
pêches  qti'on  lui  avait  confesses. 

Ces  sortes  d'ouvrages  devinrent  bientôt  fort  com- 
muns dans  IFglise,  et  il  ne  faut  pas  s'en  étonner.  Ils 
étaient  en  efl'el  plus  conunodes  pour  les  confesseurs 
que  les  recueils  de  canons  que  l'on  a  faits  en  divers 
temps,  et  dont  quelques-uns  étaient  fails  avant  que 
les  Livres  pénileniiaux  fussent  en  usage.  Il  est  aisé  | 
de  voir  combien  ils  élaient  commodes,  par  la  dill'é- 
rence  des  uns  aux  autres.  Ces;  recueils  renfermaient 
les  canons  sur  toutes  sortes  de  matières,  rangés diiïé- 
remment,  comme  il  avait  plu  à  leurs  auteurs.  Les 
premiers  les  avaient  mis  les  uns  à  la  suite  des  autres, 
suivant  l'ordre  des  temps  où  les  Conciles  avaient  été 
célébrés  :  ils  y  avaient  joint  de  même  les  décrélales 
des  Papes  suivant  l'ordre  ciironologique.  Ensuite  plu- 
sieurs compilateurs  s'avisèrent  de  distinguer  les  ca- 
nons des  Conciles  et  les  décrets  des  Papes,  ou  en 
différents  titres,  sous  lesquels  ils  les  rangeaient,  ou 
en  livres,  par  rapport  atix  diflcrenles  matières,  pour 
l'éclaircissement  desqu-elles  ils  apportaient  les  ca- 
nons et  les  décrets  qui  tendaient  à  môme  lin  ,  y  joi- 
gnant aussi  des  sentences  des  Pères.  3Iais  les  Livres 
péiiilenliaiix  i:e  rappoitaienldes  canons  etdcsdécrcls 
que  ceux  qui  enseignaienl  quelles  peines  inéritail  chaque 
péché,  y  ajoutant  de  temps  en  temps  quelques  paroles, 
eu  les  cliangeanl  pour  mieux  faire  rapplicalion  de  ces 
règles:  ce  que  ne  faisaienl  point  les  compilaleiu'S  d.s 
canons.  De  plus,  comtne  nous  avons  dit  ci-dessus,  ils 
renfermaient  les  coutumes  établies  dans  chaque  Eglise, 
la  manière  de  se  confesser  et  d'imposer  la  pénitetice, 
les  fortnules  d'absolutions,  et  les  autres  choses  dont 
nous  avons  parlé,  (ju'on  aurait  cherohécsen  vain  dans 
les  recueils  des  canons,  surtout  dans  les  premiers. 

Les  Livres  pénileniiaux  dinéraienl  aussi  des  Ordres 
ou  Ritiicls  qui  s'étendaient  sur  tous  les  mystères  et 
ollices  de  l'Eglise,  et  prescrivaient  h  s  cérémonies 
qu'il  fallait  observer  dans  Iciu-  céiébialion,  mais  prin- 
cipalement celles  (pii  élaient  pnl)li(|ucs,  et  soleniic!- 
les;  laissant  à  part  celles  qui  se  faisaient  en  particu 
lier,  aussi  bien  que  les  paroles  par  lesquelles  on  ad 
ministrait  lis  sacremenls  :  ils  n'entraient  dans  le 
dé'lail  de  ces  choses,  qu'autant  qu'elles  avaient  de 
rapport  avec  les  offices  publies  de  l'Eglise  :  c'est 
ainsi  que,  quoique  ces  livres  nomiiîés  Ordres,  desti- 
nés à  marquer  les  rils  des  offices  divins,  expli.pia:^ 
sent  avec  assez  d'étendue  les  espèces  de  péchés,  et 
les  vertus  qui  leur  sont  opposées,  afin  que  les  prélies 
fussent  en  étal  de  faire  aux  péailcnls,  qui  venaient 
se  confesser,  les  demandes  qui  convenaient  dans  ces  | 


nrcasions,  quoiqu'ils  prescrivissent  la  manière  de 
faire  la  confession  scciète,  parce  qu'elle  devait,  sui- 
vant l'ordre  commtin,  précéder  la  pid)li(pic;  néan- 
moins quand  on  vient  à  la  réconciliation  des  pénl- 
lenls,  l(>s  ailleurs  d(!  ces  Uiluels,  sans  faire  men  • 
tioii  de  la  réconciliation  des  pénitents  cpii  se  faisait 
en  secret,  passent  aussitôt  aux  cérémonies  de  la 
réconciliation  publique,  suivant  en  cela  le  but  qu'ils 
se  sont  propo.sé  de  prescrire  tout  ce  qui  a  rajiporl 
aux  offices  publics  de  l'Eglise  :  tout  au  contraire 
des  Livres  pénileniiaux  où  [\m  voit  surtout  ce  qui  a 
rapport  à  ia  confession  et  à  l'absolulion  secrète ,  ne 
louclianl  que  légèrement  les  cérémonies  pidjliques  de 
la  Pénitence  qui  étaient  du  ressort  des  évoques  et 
d'un  petit  nombie  de  piètres,  qu'ils  déléguaient  pour 
entendre  les  confessions  publiques,  et  régler  la  péni- 
lencc  de  ceux  qui  l'avaient  fiilc,  ou  qui,  s'élant  ac- 
cusés en  secret,  consentaient  à  la  recevoir.  Ces  sor- 
tes de  Livres  péiiitenliaiix  devinrent  d'un  grand  usage 
chvi  les  Grecs  et  chez  les  Latins,  surtout  quand  les 
pénitences  publiques  furent  devenues  plus  rares,  et 
qu'on  se  fit  une  loi  de  ne  les  imposer  que  pour  les 
péchés  publics.  Nous  en  avons  encore  un  de  Jean-le- 
Jeûneur  palriarchc  de  Conslanlinople ,  qui  vivait, 
comme  on  sait,  du  temps  de  S.  Grégoire,  dans  le  si- 
xième siècle,  et  avec  qui  ce  saint  Pape  a  eu  de  gran- 
des conteslalions.  En  Occident  les  plus  célèbres  et  les 
plus  estimés  étaient  celui  de  Théodore,  archevêque 
de  Canlorhéri,  moine  Grec  natif  de  Tharsc  en  Cilicie, 
que  le  pape  Vilalien,  dans  le  septième  siècle  (1)  con- 
sacra lui-même,  et  qu'il  envoya  en  Angleterre,  où  il 
gouverna  avec  beaucoup  de  sagesse  et  de  réputation 
celle  église  pendant  plus  de  vingt  ans  :  celui  de  Hède, 
et  le  péniteiiliel  Uoinain.  Mais  le  plus  ancien  de  ceux- 
ci  esl  celui  de  Théodore,  à  l'imiiation  duquel  plusieurs 
évê([Uos  cl  hommes  savants  en  composèrent  dans  dif- 
férents temps,  que  l'on  trouve  encore  aujourd'hui,  soit 
inipi  illiés,  ?oil  niann^crils,  dans  les  anciennes  biblio- 
tlièiju  :s,  surloiit  des  églises  cathi'd raies. 

On  recommandait  soigneusement  aux  prêtres  de 
suivre  exacleineiil  ce  qui  était  prescrit  par  ces  livres 
p.énileniiaux,  louchant  l'iniposilion  de  la  ix'iiitence, 
et  on  prenait  des  mesures  pour  empêcher  (prils  n'en 
suivis-ent  de  corrompus  qui  ne  joignaient  pas  à  cha- 
que péché  des  peines  proportionnées.  Le  concile  de 
Tours  nous  fournit  U!i  exemple  du  zèle  et  de  l'alten- 
lioii  desévê  pies  en  ce  genre.  Après  s'être  plaint  an;è- 
reiiient  que  quelques  prêtres  n'imposaient  point  des 
|)énilences,  suivant  le  mérite  desTiUles,  _;H.r<rt  moduin 
peccali,  ilsajoiilent  :  C'est  pourquoi  tl  nous  a  paru  coït' 
veiuible,  (jurind  tous  les  craques  se  seront  assembles  dans 
le  sacre  palais,  qu'ils  indiquent  quel  livre  pénilenliel  des 
ancier.s  on  doit  suivre  préférublement  aux  autres.  <  Cu- 
1  jus  an  iquorum  liber  prnitenlialis  polissiniiini  sil  se-' 
i  qncndus  t  C'est  dans  le  même  esprit  (jiie  lecoiicilei 
(le  Cliàlons-^iir-Saone,  assemblé  du  temps  de  (?.harle- 
magne,  ordonne  (can.  58)  ipie  l'on  impose  la  pénitence 

(I)L'anGGS. 


w 


mSTOTRE  DLb  SACREMENTS. 


iiS 


à  ceux  qui  auront  confessé  leurs  péchés,  ou  suivant  ce 
qui  a  été  réglé  var  les  anciens  ra"nvs.  un  suivatil  l'au- 
torité des  saintes  Ecritures,  ou  suivant  lu  coutuin..  reaw 
dans  C Eglise,  rejetant  absolument  et  proscrivant  les  li- 
vres qu'Ut  nomment  pénitentiaux,  dont  les  erreurs  sont 
certaines  et  les  auteurs  incertains.  <  Repudiatis  ac  penitiis 
i  elintinntis  libellis  quos  pœnilenliales  vocant ,  quorum 
«  sunl  cerli  errores,  incerli  auclores.  »  De  peur  (iiie  Ks 
prêtres  occupés  à  ciilciidre  les  confcr^sions  n'éludas- 
sent, soil  par  ignorance,  suit  par  malice,  ce  qui  avait 
été  réglé  dans  ces  conciles  ;  celui  de  Paris  ordonne 
que  chaque  évcque  recherche  avec  soin  dans  son  di  cèse 
ces  livres  pénilentiels  corrompus,  «  erroné  s  codicillosdi- 
i  litjenter  perquirat,  i  cl  qu'après  les  avoir  trouvés,  il 
les  jette  au  feu,  t  et  inventos  igni  trudat,  »  afin  que  dans 
ta  suite  les  prêtres  ignorants  ne  trompent  plus  les  hom- 
mes. Les  Pères  de  ce  concile  rendent  rai>on  de  ce 
qu'ils  viennent  d'ordonner  en  ces  ternies  :  Parce  que 
par  la  négligence  et  l'ignorance  de  plusieurs  d'entre  eux 
(des  prêtres)  les  crimes  de  beaucoup  de  gens  sont  de- 
meurés impunis  jusqu'à  présent. 

11  était  aus^i  d'usage  autrefois  que  i'évè(|ue  dans 
rexhnrtalion  aux  prêtres,  par  laquelle  il  teru.inait  le 
synode  diocésain,  ou,  en  son  absence,  son  vicaire 
leur  recommandât  inslainiîient  de  ne  pouil  iin|oser 
pour  les  crimes,  d'autres  peines  que  celles  qui  étaieîit 
marquées  par  le  |)énitenliel  :  c'est  ce  que  nous  lisons 
encore  dans  Tordre  romain  et  da::S  plusiem'S  antres 
tant  ordres  que  jjonli'  eaux,  quan.l  ils  décrivent  la  ma- 
nière di»nl  on  doit  céli'brer  ce  synode.  L:'  ncueil  d(îs 
canons  de  lléginon  coniioence  par  la  ma  lière  de  visi- 
ter les  égises.  Celui  qui  fait  celte  fonction  l'ail  |)!u 
sieurs  questions  qui  se  trouvent  dans  cette  collecliou. 
La  59°  est  exprimée  en  ces  ternies  :  Si,  Ut  quatrième 
férié  avant  carême,  le  prêlre  invite  le  peuple  à  se  confes- 
ser, et  s'il  impose  des  pénitences  suivant  la  qn.ililé  des 
fautes,  non  suivant  sa  fantaisie,  mais  comme  il  est  mar- 
qué dans  le  pénitentiel,  i  et  ei  juxla  quuiitalen:  dclicti 
«  pœnitenliam  injungut,  non  ex  corde  suo,  scd  sicut  in 
i  pœnitentiali  scriplum  est.  > 

Entre  tous  les  livres  pénitenliaux,  ceux  qui  é' aient 
les  plus  recommandés  par  1. -s  évoques  étaient  ceux  de 
Théodore  et  di^  Bédé,  comme  les  plus  exacts  aussi  bien 
que  le  pénitentiel  romain.  C'est  ce  que  l'on  voit  en- 
core dans  la  demande  98°  que  l'on  trouve  tlans  le 
même  endroit  de  Héginon.  La  voici  telle  qu'elle  se 
trouve  adresrée  au  prêtre  chargé  du  gouvernement 
d'une  paroisse  :  S'il  a  le  pénitentiel  romain,  celui  de 
Théodore  ou  celui  de  llède,  afin  qu'il  interroge  les  péni- 
tents comme  il  est  mm  que  dans  ces  livres,  et  qu'il  impose 
les  peines  à  ceux  qui  auront  confessé  leurs  péchés,  liur- 
chard,  dans  son  recueil  de-:  canons,  écrit  environ  cent 
ans  après  celui  de  l'abbé  Uéginon,  c'est-à-dire,  depuis 
700  ans,  avertit  ceux  qui  doivent  recevoir  l'ordre  de 
piètrise,  d'apprendre  ce  (pii  leur  est  nécessaire  avant 
de  recevoir  l'imposition  des  mains  de  l'évêqinî  ;  savoir. 
le  Psautier,  le  Leetiomiaire  avec  les  Evangiles,  le  livre 
des  Sacrements ,  etc.  Outre  cela,  son  pénitentiel  qui 


doit  être  composé  selon  l'autorilé  des  canons  et  les  sen- 
tences des  trois  pénilenlitiux,  de  l'évcque  Thécdore,  des 
papes  (il  entend  le  pénitentiel  de  Rome)  et  du  vénéribls 
Vù'de;  iL'Sfpicls,  ronnne  on  voit  [)ar  cet  endroit,  ser- 
vaient de  modèles  à  tous  ceux  que  l'on  conqiosait  de 
temps  en  temps,  où  Pou  maniuail  les  changemerls 
que  les  temps,  le^  lieux  el  les  circonslanees  pouvaient 
inliodnire.  Ces  paroles  de  IJurchard  sont  tirées  en 
partie  de  Dèdc  dans  sou  livre  des  RtMuedes  des  pé- 
chés, qui  est  son  pénitenliel,  où  il  doinie,  c.  1,  le 
même  avis  à  ceux  qui  venh'iil  entrer  dans  le  sacer- 
doce :  Qu'Usaient,  dit -il,  leur  péitilcnliel  qui  soit  disposé 
en  ordre  suivant  l'autorilé  des  canons,  afin  qu'ils  y 
cherchent  ta  manière  dont  ils  doivent  juger  des  différen- 
tes espèces  de  péchés.  •(  Posleà  autem  suum  pœnitenlia- 
t  I  m  qui  hoc  ordiite  secundiim  cuno)inm  ancloritatem 
«  ordi!iatur,nidiscrelio)iesomniumcaiisriruminvesliget.  > 
Ce  livre  éiaitjugé  si  iiéeessaire,  que  ceux  cpii  ame- 
naient à  la  foi  les  nations  idolâtres,  leur  enseignaient 
de  quel  usage  il  était.  C'est  pounju'ii  les  Bulgares  de- 
mandaient à  iSicolasl  un  livre  pé:ii;eiilie!,  et  ce  pape 
leur  fît  savoir  que  les  évèiines  (pic  l'on  devait  leur 
envoyer  le  leur  porteraient  avec  le  cahier  ijui  contient 
I  les  messes  de  l'année.  C'est  ce  qu'on  peut  voir  dans 
1  la  réjio.se  de  ce  pape  à  la  (incsiio!i  7')°  de.^  Bulgares. 
Il  répond  à  la  50°  dans  la:jiu;l!e  ils  lui  demandaient 
quelle  iié.iitence  devait  faire  celui  qui  avait  tué  un 
homme  malgrs  lui,  nolens,  ou  peut-être,  sans  en 
avoir  eu  intentio.i.  ^'ous  a\o>is  ordonné  ce q:.i  eHéttbli 
par  l»s  rèijles  saintes,  que  l'évêque  qui  t,.t  parmi  vous 
doit  toujours  avoir  chez  lui  entre  les  mains.  Tant  ou  ju- 
geait inq)nrtant  alors  d'imposer  les  pé  lilences  suivant 
les  règles  des  canons  reçus  dans  l'iCglise.  C'é'ait  pour 
maintenir  cette  discipline,  et  suivant  cette  maxime, 
qie  tant  de  grands  évèiiue-;  coinpo  érent  eux-mêmes 
ou  des  livres  pénilentiaux,  ou  des  recueil -;  de  canons 
sur  la  Pénitence.  Témoin  P.ahan,  ar(  hevêque  de 
I  Mayence,qui  (it  le  sii'ii  à  la  prière  dOlgaire,  afin, 
co!3nne  il  dit  en  finissant,  qu'il  eût  en  main  de  (pioi 
juger  les  esprits  durs  et  indomptés  de  celle  nation 
nouvellement  convertie  où  il  se  irouvalt,  el  qu'ils  ap- 
prissent qu'ils  ne  pécheraient  pas  impunément. 

Témoin  encore  llalilgaire,  évêiiue  de  Cambrai,  qui, 
à  la  lin  de  la  préf.icequ'u  a  mise  à  1.»  tête  de  son  pé- 
nitentiel, dit  qu'il  a  mis  à  la  marge  le  nom  des  au- 
temsdoniil  a  tiré  ces  décisions,  alin  (pie  l'on  fù'  as- 
suré qu'elles  étaient  bien  î.uulées,  cl  riii'on  s'y  confoniu'il 
dans  la  pratique.  Ehbon  de  ReiniS  avait  excité  cel 
évêqne  à  entreprendre  cet  ouvrage,  les  sidns  don!  il 
éta;t  chargé  ne  lui  permettant  pas  de  l'entreprendre, 
quoiqu'il  le  jugeât  très-nécessaire,  à  cause  que  les 
prèlr(\s  de  son  diocèse;  avaient  des  livies  péuileiitiaux 
dillérenls  les  uns  des  amres,  d(mt  les  décisions  n'é- 
taient point  appuyées  d'autorités  sul'lisanles  :  d'où  il 
arrivait  qu'on  /l'apportait  point  les  remèdes  convena- 
bles à  ceux  qui  avaient  rec;un\s  à  la  Pénitence. 

Ce  fut  dans  la  même  vue,  et  toujours  pour  régler 

les  peines  dues  au  péché,  qn'lsaac  de  Laugres  composa 

,  son  recueil,  que,  conune  il  le  dit  dans  !a  préface,  il 


449  PÉNITENCE.  —  SECT.  III. 

lira  des  staliUs  do  S.  Boail'aco  de  iMuyeiifc,  (jne  le 
pape  Zacliarie  avail  appnmvé  en  raiinée  74i,  à  po- 
posc  pour  être  ol)>t'r\é  niviolalileiiunt dans  luiiie  VK- 
glise.  Cesl  par  la  iiièmc  raison  ([ne  lîincliard  (l)évè- 
qtio  de  Wurnies  lit  ici  ample  reeneil  (pie  nous  avons 
encore  ,  afin,  coninie  dit  ce  grand  év(}(pie,  que  le  prê- 
tre de  Jésn^-CliriKt  rv(jle  tonl,  non  suivant  son  sens  jnnis 
selon  lu  dis])osilion  drs  canons ,  faisant  attention  à  la 
diO'crence  des  sexes,  à  l\nje,  à  la  pauvreté,  à  la  cause,  à 
l\'tat,  à  la  personne  des  pénitents,  à  la  disposition  de  leur 
cœur;  et  que,  tans  s'écarter  de  ces  rrijles,  il  juqe  de 
tojites  chose.f.  sii'.v.inl  ses  lumières,  comme  un  sage  mé 
dedn;  «'esl-à  dire,  non  comme  nii  médecin  ignoranl 
el  un  enipitiipie,  (pii  he  sert  du  nièaie  remède  poni' 
tous  les  maux  ;  mais  comme  un  liabile  iiomme,  (pti 
observe  Ions  l<;s  dilléreuls  syniplùmcs  des  maladies, 
riiumeur  el  le  lempéramcnl  des  malades,  cl  leur 
donne  des  remi^-des  spéciliipies  pour  leurs  maladies. 
SolerteradnwnemusductunitjHemque  sncerdutem  Clr, isti, 
ut  lion  ex  suo  sensu,  sed  secunduni  canunum  slalula  et 
Iraditiones  patrum  universn  disponal...,  et.-,  ut  sapiens 
)nedieus  sing:du  quœque  dijudic.l,  iNous  nous  sonunes 
un  peu  élendiis  sur  celle  malière,  parce  qu'elle  eslin- 
léres^ianle,  cl  (pie  ce  (jue  nous  avons  dil  doit  servir 
comme  de  |j;ise  el  de  fondemenl  à  ce  que  nous  avons 
à  dire  dans  la  secli  n  où  nous  liailerons  de  raclion 
de  la  péiiilence. 

SECTION  TROISIÈME. 

DL  î.'aCT!0N  DF.  l.\  l'ÉNrrE.NCE,  ou  Di:  LA  DISCIPLINE  EX- 
TÉUUaKE  QLE  l'eGLISE  A  OnSERVÉE  DKPtIlS  LES  PRE- 
MIERS bitCLES  JLSyu'A  PRÉSENT  A  l.'ÉGARU  DES  PÉ- 
CIIEIJRS,  TANT  CLERCS  yUE  LAiyCES,  POLR  LES  GtÉRIR 
DES  PLAIES  VU  PÉCHÉ,  ET  LES  PLNIR  DES  FAUTES  COM- 
MISES DEPUIS  LE  UAPTÈME. 

L'esiinl  de  l'Eglise  esl  toujours  le  même,  comme 
Ton  siil,  lUiis  sa  discipline  varie  suivanl  les  (emps  , 
les  lieux  el  les  occasions,  el  reçoil  divers  cliange- 
mcnls;  c'esl  ce  (pii  esl  arrivé  loiiclianl  lu  discipline  de 
la  Pénilence,  ipie  nos  pères  oiu  loujonis  considérée 
comme  le  principal  nerf  de  la  police  de  TÉglibC.  Ce» 
difléieiils  cliangemenls  survenus  eu  divers  lenips,  ne 
scsoiil  p:isfails  lonl  d'un  coup,  el  n'onl  point  été  uni- 
versels d'abord  :  certaines  prali(pies  ont  ce.-.sc  les 
unes  plus  lot,  les  aulres  |)lus  lard.  Celles  ci  onl  élé 
abolies  dans  ceilains  pays  ,  landis  qu'elles  se  iiiaiiile- 
naienl  dans  d'autres.  Il  s'en  c^t  même  trouvé  (pii 
sont  devenues  plus  rigoureuses  dans  les  siècles  posté- 
lieui's  ipielles  n'éia  enl  auparavant ,  comme  on  le 
verra  par  la  suile  de  celle  liistoire,  ipi(!  nous  divise- 
rons en  diflereules  parties,  à  cause  de  la  va  le  élcn- 
diie  des  matières  qu'elle  renferme.  Comme,  suivant 
/es  remar.pies  ipie  nous  venons  de  faiio,  ces  malières 
onl  tant  (b-  liaison  les  unes  avec  les  anlies,  (pic  l'on 
ne  peut  exaciemenl  ks  arranger  suivanl  l'oniie  cliro- 
nologi(pio,  el  qu'on  sera  (dilijié  de  parler  dans  cei  ta  ns 
temps  de  praliipics  qui  onl  duié  bien  au  delà  de  celui 
auquel  nous  réduirons  cliaquc  partie  ;  nous  en  avcr- 

(I)Lib.  1-2,  c.  29. 


ACTION  DE  LA  PÉNITENCE.  ISO 

î|  lissoi.s  i(  i  afin  fpron  ne  prenne  point  le  cbange  là-des- 

I  sus.  Nous  làclicions  donc  de  rc  fermer  en  dificrenles 
S        •  •      •  •        ,.    , 

t   |)arti(s  (e  (pie  nous  avons  a  tiailer,  c:i  suivanl  1  ordre 

'j  des  l(;nips  uu\(piels  les  princi|iaux  cliangcmenls  sont 

survenus,  mais  en  y  mêlant  les  pratiques  (|ui  ont  eu 

lieu  dans  les  temps  postérieurs,  s'élanl  conservée* 

plus  longlemps  (jne  les  autres  sur  ce  pied-là. 

Dans  la  première  partie,  nous  Iraiicioiis  de  la  dis- 
cipline <!e  la  PénilciKc  oliservécdaiis  D'igiise  depuis  les 
Apoli(  s  jiis(praiix  liérésies  des  M(jnlanist(;s  cl  des 
Novalicns. 

Ddis  la  seconde,  nous  parlerons  de  la  manière 
doiiton  en  a  usé  envers  les  pécbenrs  depuis  ces  héré- 
sies jusque  vers  la  lin  du  septième  siècle. 

La  tidi  ième  i  eus  représentera  ce  qui  s'est  observé 
à  cet  égard  depuis  ce  temps  jiisipi'à  la  fin  du  onzième. 

Ediin,  dans  la  qualrièiir-,  n(ms  ferons  voir  par(iuels 
degrés  el  par  quelles  occas  oiis  la  discipline  de  la  Pé- 
nili  nce  s'est  relâchée  de|iiiis  la  lin  du  onzième  siècle 
jiis(prau  treizième.  Nous  diviserons  chaque  partie  en 
chapitres. 

PREMIÈRE  PARTIE. 

Contenaiil  diverses  observations  sur  diffé- 
rents points  de  la  discipline  de  la  Pénitence 
qui  élait  en  usa^e  dans  les  premiers  siè- 
cles de  l'Église,  et  surtout  depuis  les  Apô- 
tres jusqu'aux  hérésies  de  Montan  et  de 
Novat ,  des  maximes  sur  la  Pénitence  re- 
çues on  ces  temps-là,  et  de  quelle  manière 
on  se  conduisait  dans  ces  premiers  siècle» 
envers  les  pécheurs. 

CIIAIMTKE  PREMIER. 
Des  motifs  qui  engageaient  les  pasteurs  de  l'Église  à 
usa  de  rigueur  envers  les  pécheurs  ,  el  les  peuples  à 
se  soumettre  à  la  sévériié  de  la  discipline  élablie  dans 
les  prentiers  sircles. 

Tout  le  monde  sait  que  l'ancienne  pénilence  élait 
beaucoup  plus  rigoureuse  que  celle  qui  est  aujour- 
d'hui en  usage  ;  l'on  niellait  une  dinérence  totale  en- 
tre les  péchés  commis  avant  le  Baptême,  et  ceux  qui 
s'étaient  commis  après  avoir  violé  la  sainteté  de  ce 
s  icrcnient,  (  t  foulé  aux  pieds  le  sang  de  l'alliance  par 
Ie(piel  on  avait  élé  réconcilié  avec  Dieu  et  purifié  de 
ses  péchés.  Ou  se  contentait ,  pour  les  premiers ,  de 
ipielques  préparaiions  qui  précédassent  le  Baptême; 
mais  pour  les  autres,  on  exigeait  de  grands  el  longs 
travaux  :  ce  qui  a  fait  donner  à  la  Pénilence,  par  les 
anciens,  le  nom  de  Baptême  laborieux.  Le  Baptême 
était  considéré  comme  «me  espèce  de  création  de 
l'homme  nouveau,  qui  se  faisait  en  un  inslant,  conmie 
l'univers  a  élé  en  un  instant  lire  du  néant  :  la  Péni- 
lence était  regardée  comme  une  guérison  qui  ne  s'o- 
père que  petit  à  petil ,  et  qui  demande  un  longtemps. 
Les  péiiilenls  qu'on  avail  récoiu  iliés  dans  le  péril 
de  mort,  élaicnl  obligés,  s'ils  revenaient  en  cimva- 
lescenee ,  d'achever  le  cours  des  exercices  laborieux 
qui  leur  avaient  élé  imposés.  Les  catéchumènes ,  au 
"oniraire  .  baulisés  dans  cette  circonstance,  n'étaient 


4S( 

tODiis  h  rien",  et  étaient  agfrégés  s;tns  dislinclion  au 
nombre  des  aiilres  chrclieiis.  On  cioyail  <m'iui  caté- 
cliiinièiie,  et  même  mi  païen,  qui  à  lailicle  de  l:i 
mort  recevait  le  Baptême  qu'il  avait  demandé,  entrait 
dans  la  j()ni>sance  du  ixtniienr  éternel  ;  an  contraire 
lin  péclienr  pénile  t.  qni  dans  cette  exliémiié  deman- 
dait d'être  réconcilié,  ne  laissait  ancmie  assurince  de 
son  saint.  Si  on  Ini  d(tnnait  les  sacrements,  on  ne 
l'assurait  pas  d'en  recevoir  les  efl'ets  ;  on  nn  mot  l'E- 
glise exigeait  des  pénitents,  pour  inarq'ie  do  leur 
conversion,  de  longs  et  pénibles  travaux;  et  il  fallait 


histoiue  des  sacrements.  454 

nous  ravona  reçue  de  nos  pères  tel'e  quils  l'avaient 
rertie  des  leurs  jusqu'à  remonter  aux  Apôlres.  Donc 
il  faut  plier  noire  raison  pour  la  soumeltre  à  l'aulorilé 
des  premiers  temps ,  non  seulement  pour  les  ducjmes  , 
mais  pour  les  pratiques. 

Après  ce  iiréam'jule  il  entre  dans  le  détail  des  rai- 
sons et  des  motifs  (jui  ont  eiigagé  les  anciens  pasteurs 
à  user  uo  celle  rigueur  salutaire  envers  les  pécheurs, 
et  parle  en  ces  termes  :  Kxaminani  les  relisons  que  les 
anciens  nous  ont  données  de  cette  conduite  sur  la  Péni- 
tence, je  les  trouve  très-solides.  Le  péeh.é ,  disent-ils, 
est  la  maladie  de  t'àme  :  or  les  maladies  ne  se  (luérissent 


sans  do'iie  qu'elle  eût  de  bonnes  raisons  pour  en  usir 
ninsi,  rayant  fait  dès  le  co.muenccment  et  dans  les  |  pas  en  un  moment.  Il  faut  du  temps  pour  éloiyncr  les 
temps  où  la  piété  était  plus  fervente.  Nous  pourrions  f  occasions  cl  dissiper  les  inuujes  criminelles,  pour  apai^ 
en  rapporter  plusieurs  et  de  très-solide*,  tirées  des  l  «'''  ^'^^  pestions,  faire  concevoir  l'énormité  du  péclié , 
ouvraîîes  des  saints  Pères.  Le  troisième  livre  du  |  sonder  d  fond  tous  les  replis  d'une  conscience ,  déraciner 
P.  Moiin  est  emplové  tout  entier  à  mettre  dans  tout  |  ^''  »'("nudses  habitudes,  en  acquérir  de  contraires, 
leur  jour  les  rai.ons  de  ces  grands  hommes,  et  les  f  former  des  résolutions  solules ,  et  s'assurer  soi-même  de 
motifs  qu'ils  ont  eus  d'en  user  ainsi  à  Tégard  des  pé-  ^"  '"'"^''''^  '^'  ««  conversion.  Car  souvent  un  homme  se 
cheurs;  motifs  si  puissants,  que  tous  les  peuples  se  i  fompe  sans  le  vouloir  par  une  ferveur  sensible,  mais  pas- 
sont  soumis  avec  une  entière  docilité  à  toute  la  scvé-  ^  '"'J"'-  ^^  "'H^'"'^'"  lonyueur  de  la  pénitence  élan  propre 
rite  de  l'ancienne  discipline  ,  s'eslimant  trop  heureux  1  à  imprimer  furtement  l'horreur  du  péché  et  la  crainte  de  la 
de  rencontrer  celte  seconde  planche  après  le  naulVagc,  |  rechute.  Cdui  qui ,  pour  un  seul  adultère,  se  voyait  ex- 
ainsi  que  ^ exprime  Tertullieu  ,  et  de  trouver  des  |  dus  des  sacrements  pembiu  quime  ans,  avait  le  loisir 
juovcns  sûrs  île  léparer  les  pertes  que  le  démon  leur  p  </<?  connaiue  le  crime  qu'il  avait  commis ,  et  de  penser 
avait  fait  soulfrir  :  mais  nous  n'entreprendrons  pas  |  combien  il  sérail  plus  horrible  d'être  èi  jamais  privé  de 
ici  de  rapporter  toutes  les  raisons  sur  lesquelles  leur  |  ^«  »'«^  ^'^  ^^'^'«-  ^'^'/«'  'I"' ^"'''  '''""^'  '/'-"  commettre  un 
conduite  en  ceci  était  fondée,  nous  nous  contenterons  |  porcil  péché  ij  pensait  è,  deux  fois  pour  peu  qu'il  eût  de 
d'en  produire  quehpies-unes  des   principales,    que  1  religion  ,  quand  il  précoi;ait  qu'un  plaisir  d'un  moment 


M.  l'abbé  Fleury  déduit  avec  sa  précision  et  sa  nel- 
leté  ordinaire,  dans  un  de  ses  discours  sur  l'hisioirc 
Ecclésiastiipic;  c'est  celui  qu'il  a  fait  sur  ce  qu'il  avait 
écrit  des  sis  premiers  siècles  de  l'Église  ,  et  qui  s 


aurait  dès  celle  vie  de  si  lerribLs  suites;  ou  de  faire 
i  pendant  quinze  ans  une  rude  pénitence  ,  ou  d'apostasier 
I  et  retourner  an  paganisme  (I).  L'éclat  des  pénitences  fai- 
i  sait  son  effet,  non-seulement  sur  tes  pénitents,  mais  sur 


trouve  à  la  tète  du  huitième  tome.  Voici  les  propres  I  '^«  spectateurs  :  l'exemple  d'un  seul  empêchait  plusieurs 
p;>rolcs  de  ce  savant  historien.  Après  avoir  remarqré  |  F^'''"'  «^'  le  respect  humain  venait  au  secours  de  la  foi. 
que  ce  ,|u'iU  rapparié  des  anciens  canons  sur  la  l'é-  i  On  recouvre  peu  à  peu  ,  dit  S.  Augustin  ,  ce  que  l'on  a 


que  ce  (\u  ua  rappj 

nilence  doit  avoir  étonné  les  lecteurs  ,  surtout  en  ce  | 
que  les  plus  anciens  sont  les  plus  rigoureux  ,  et  (|uc'  | 
du  temps  n»èn»8  des  persécutions  ce  n'était  point  par  iS 
Tindu'gence,  mai-:p:ir  la  sévérité  des  peines  qu'on 
prétendait  retenir  les  faibles  ,  cl  eii  avoir  conclu  que 

cette  sévérité  venait  de  la  IraJiiio:.  des  Apôtres ,  et  |  '''  '^'"'''""'  '  ''  «  proportion  que  la  discipline  s'est  re 
ie  par  conséuuent  c'est  notre  faute  si  elle  nous  na-  i  '"'''''  >  '''  '"«""'•«  ''  ^«'"  corrompues.  Jamais  ,1  ne  s'e, 


I  perdu  tout  à  la  fois  :  car  si  l'homme  revenait  aussitôt  à 
son  premier  bonheur ,  il  regarderait  comme  un  jeu  la 
chute  morliUe  du  péché.  Que  si  nous  en  jugeons  par  les 
effets,  nous  verrons  encore  combien  celle  rigueur   était 

i  salutaire.  Jamais  les  péchés  n'ont  été  plus   rares  parmi 


Ijue  par  conséquent  c  est  notre  tante  si  elle  nous  pa 

raîl  excossivo;   il  ajoute  :  Mais,  direz-vous ,  tnir  d  s  y  * 

mis  en  pénitence  pour  un  seul  péché  des  ({uiiize  el  vingt  f  d'umènes  élail  plus  rigoureux,  et  les  pénitences  des  bap 


est 


converti   plus  d'infidèles  que  quand   l'e.ramcn  des  caté- 


tins,  el  quelque  f  As  toute  leur  vie?  Les  tenir  d(rs  années 
tutières  hors  la  porte  d^  l'égliss ,  expo.^és  nn  mépris  de  | 
tout  le  monde  :  puis  d'autres  années  d:iiis  l'église ,  mais 
prasterriés  :  les  obliger  à  porter  des  ciliccs,  des  cendres  | 
sur  la  tète ,  à  se  Uii.'iscr  croître  la  barbe  el  les  cheveux , 
à  jeûner  au  pain  et  à  l'eau,  à  demeurer  enfermés  el  re- 
noncer au  commerce  de  la  vie  :  n'élail-ce  pas  de  quoi 
désespérer  les  pécheurs  ,  et  rendre  la  religion  odieuse? 
J'en  dirais  autant  à  ne  considérer  que  tes  idées  ordinai- 
res ,  mais  je  suis  retenu  premièrement  par  les  faits  que 
je  vous  ai  rapportés  ;  je  ne  les  ai  pas  inventés,  ils  ne 
me  seraient  pas  même  lombes  dans  l'esprit,  ils  sont  con- 
staiils,  et  vous  pouvez  les  vérifier  vous-même.  Sur  quoi 
je  rttisomu  ain$i  :  Nous  n'avons  pas  fait  noire  religion  ; 


3  lises  étaient  tes  plus  sévères.    Mous    le  vogons   en  petit 

I  dans  les  communautés  religieuses.  Celles  qui  ont  relâché 

P  leur  observance  diminuent  de  jour  en  jour  :  quoique  te 

\  préle.rle  du  relâchement  soit  d'attirer  plus  de  sujets  ,  en 

s'aecommod.inl  à  la  faiblesse  liunnvne.  Les  maisons   les 

plus  régulières  et  les  plus  austères  sont  celtes  oii  l'on 

s'empresse  le  plus  de  trouver  place. 

Aussi  faudrait-il  être  bien  téméraire  pour  accuser  de 
dureté  ou  d'indiscrétion  ,  je  ne  dis  pas  tes  apôtres  inspi- 
rés de  Dieu,  mais  S.  Cyprien,  S.  Grégoire  Thauma- 
turge, S.  Basile,  et  les  autres  qui  nous  ont  laissé  ces 
règles  de  pénitence.  A  ne  regarder  que  les  dispositions 


(l)  Car  un  an   de  souffrance  en  cette  vie  frap(ic 
plus  l'imagination  qu'une  éternité  après  la  mort. 


US5  PÉNITENCE.  —  SECT.  IIJ.  î*  PART. 

naturelles,  twus  ne  cor.uaissons  po'ml  d'hommes  plus 
doux  ,  plus  uiges,  plus  polis  :  la  (jri'tce  veiKinl  par-d(ssus 
ne  les  avait  pas  ytUcs.  Ils  se  proposaient  toujours  pour 
modèle  celui  qui  est  venu  sauver  les  âmes ,  et  non  pas 
les  perdre,  qr.i  est  doux  et  Inovble  de  cœur.  Les  peuples 
qu'Us  avaient  à  (jouverner  net  .ient  pas  non  plus  des  na- 
tions d'ires  et  sauvaqcs  ;  c'étaient  des  Crées  et  des  !io- 
mains  ,  dont  les  mœurs  dans  la  décadence  de  l'Empire , 
n'étaient  que  trop  amollies  par  le  luxe  et  la  fausse  poli- 
tesse. D'où  venait  dune  cette  rigueur  des  pénitences?  de 
l'ardente  charité  de  ces  saints  pasteurs,  accompagnée  de 
prudence  et  de  fermeté,  ils  voulaient  sérieu^ment  la 
conversion  des  pécheurs,  et  n  épargnaient  rien  pour  y 
parvenir.  Un  médecin  flullcur,  intéressé  ou  paresseux  se 
contente  de  donner  des  remèdes  palliatifs  ,  qui  apaisent 
la  donicur  dans  le  moment ,  sans  fatiquer  le  malade. 
Il  ne  se  met  pas  en  peine  s'il  retombe  fréquemment  et 
s'il  mène  une  vie  languissante  ,  pourvu  qu'it  soit  bien 
puijé  sans  se  donner  beaucoup  de  peine,  et  qu'il  contente 
les  malades  dans  le  moment  qu'il  les  voit.  Ln  vrai  méde- 
cin aime  mieux  n'en  traiter  qu'un  petit  nombre  et  les 
guérir.  Il  examiue  tous  les  accidents  de  lu  maladie,  en 
approfondit  les  causes  et  les  effets  ;  et  ne  craint  point  de 
prescrire  au  malade  le  régime  le  plus  exact  et  les  remè- 
des les  plus  douloureux ,  quand  il  les  juge  propres  pour 
tarir  la  source  du  mal ,  il  abandonne  le  malade  indocile 
qui  ne  veut  pas  se  soumettre  à  ce  qui  est  nécessaire  pour 
guérir. 

Ainst  nos  saints  évèques  n'accordaient  la  Pénitence 
qu'à  ceux  qui  la  demandaient  et  qui  témoignaient  vouloir 
sincèrement  se  convertir.  On  ng  forçait  personne  ;  mais 
ceux  qui  ne  s'g  soumettaient  pas  étant  convaincus  de  quel- 
ques péchés  scandaleux ,  étaient  exclus  de  la  communion 
des  fidèles.  Quant  à  ceux  qui  embrassaient  la  Pénitence, 
tes  pasteurs  les  conduisaient  suivant  les  règles  qu'ils 
avaient  reçues  de  leurs  pères,  et  qu'ils  appliijuaient  avec 
un  grand  soin  et  une  grande  discrétion  selon  les  besoins 
de  chacun  :  excitant  la  tiédeur  des  uns ,  retenant  le  zèle 
des  autres;  les  faisant  avancer  ou  reculer  suivant  leurs 
progrès  effectifs  ,  pour  s'assurer  de  leur  convecùion  et  les 
préserver  des  rechutes.  Que  tout  homme  véritablement 
chrétien  juge  en  sa  conscience  si  celte  conduite  était 
cruelle  ou  charitable.  Aussi  ne  s'en  plaignait-on  point, 
et  vous  n'avez  vu  jusqu'ici  aucune  pldinle  dans  les  con- 
ciles, sinon  qu'en  quelques  églises  la  pénitence  caumen- 
çuit  à  se  relâcher  :  ce  que  l'on  regarde  toujours  comme 

,  un  abus ,  etc. 

I  C'esl  aillai  qtic  ce  judicieux  liislorien  ,  après  avoir 
exiiliqiié  une  partie  des  raisons  sur  lesquelles  l'iail 
fondée  la  conduite  des  anciens  évè(pies  au  ^ujel  de  la 
Pénitence,  en  ajoute  deux  autres  de  lui-même  »  non 
moins  solides.  La  première  tirée  de  l'expérience  qui  a 
fait  voir  clain ment  combien  ces  maximes  réduites  en 

'  pratique  avaient  été  avantageuses  au  peuple  chrétien, 
dont  elles  avaient,  pour  ainsi  dire,  Ijanni  le  vice  et  les 
désordres.  La  seconde  tirée  de  la  qualité  des  méde- 
cins des  âmes,  que  les  arelens  pasteurs  prenaieni 
volontiei-s,  et  qu'ils  prélériMent,  ce  semble  ,  à  celle 
de  juges  ,  quoique  l'uno  -U  l'autre   leur   ronvinsscni 


CHAP.  I.  PES  ANCIENNES  RIGUEURS.  454 

véritablement  par  rinstilntioii  de  Jésus-Clirist. 

Synesiiis  (Ij,  imiis  apprend  encore  une  autre  raison 
de  la  conduite  que  l'Eglise  gardait  à  l'égard  des  pé- 
cliems  ([ni  rentraient  en  eux-mêmes.  Il  prétend  avec 
les  aulres  Pères,  que  les  peines  temporelles  ont  la 
Vertu  d'expier  les  crimes  ,  et  de  nettoyer  les  âmes  des 
souillures  que  ceux  qui  les  ont  commis  ont  eonlruc- 
lées.  L'occasion  qui  lui  a  donné  lieu  de  s'expliquer 
là  dessus ,  rend  co  qu'il  dit  sur  ce  sujet  assez  sin- 
gulier. 

Un  de  ses  amis  nommé  Jean  était  accusé  d'avoir  fait 
assassiner  un  de  ses  parents;  il  se  récriait  sur  celle 
accusation  qu'il  traitait  de  calomnie  ,  cl  demandait  à 
Syné'^ius  ce  qu'il  devait  faire  dans  cette  triste  con- 
jonclure.  Celui-ci  lui  conseille  de  se  présenter  aux 
juges  lui  et  ses  complices,  soit  que  l'accusation  for- 
mée contre  lui  soit  fausse,  soit  (ju'elle  soit  véritable.  Il 
veut  en  ce  dernier  cas  qu'il  subisse  la  peine  des  lois, 
qu'il  se  lire  aux  bourreaux  ,  et  qu'il  prie  même  les 
juges  de  le  condamner  aux  supplices  ((u'il  mérite.  La 
raison  qu'il  en  donne,  est  ([u'il  esta  propos  qu'il  satis- 
fasse, plutôt  en  celte  vie  qu'après  la  mort ,  et  aux 
hommes  et  à  Dieu  ,  dont  la  justice  est  bien  plus  ri- 
goureuse que  celle  des  hommes. 

Comme  les  bourreaux ,  h-ii  dit-il ,  sont,  pour  ainsi 
dire,  les  mains  des  lois,  ainsi  les  lieine.^  font  la  même 
fonction  dans  l'ordre  de  la  nature.  Elles  sont  coumie 
des  démons  qui  purifient  ceux  qui  sont  coupables  de 
crimes.  A«:>ov£i  £tjt  /.xOy.pTY.pioi,  elles  font  le  mènjc 
effet  sur  les  âmes  que  les  foulons  sur  les  habits  sales; 

■zwii  Tot;  Tu-iv.pcii  :  or,  ajoule-!-il ,  si  les  habits  étaient 
capables  de  soiliment ,  combien  n'auraient-ils  point  à 
souffrir  étant  foulés  ,  trempés  dans  le  nitre ,  et  déchirés 
en  tant  de  manières ,  quelle  douleur  n'endureraient-ils 
point  pour  se  laver  des  ordures  et  des  taches  invétérées 
dont  ils  seraii'ul  souillés?  je  ne  parle  pas  de  ceux  dont  tes 
taches  ont  en  quelque  manière  passé  en  nature  par  ta 
longueur  du  temps  ou  par  la  qualité  qui  leur  est  propre, 
en  sorte  qu'il  est  impossible  de  netlogcr  ceux  qui  en  sont 
infectés  ,  et  qu'ils  périssent  avant  que  d'en  être  purifiés. 
Il  serait  à  souhaiter  qu'une  àme  qui  se  trouve  dans  celte 
circonstance  fût  corruptible  :  mais  il  n'en  est  pas  ainsi. 
Les  péchés  tiennent  lieu  de  ces  t.iches  ine/façibies ,  mais 
l'ùme  ne  ressemble  pas  à  cette  étoffe  sale  infectée  de  ta- 
ches :  elle  est  immortelle ,  et  par  conséquent,  quand  cite 
a  contracté  de  ces  sortes  de  souillures  inhérentes  et  qui  ne 
peuvent  se  laver,  elle  est  condamnée  à  souffrir  une  peine 
éternelle.  Au  lien  que  celui  qui  est  ciràtié  en  celte  vie  pour 
Us  fautes  qu'il  a  commises,  peut  espérer  de  guérir  du 
mal  dont  il  est  infecté  ,  l'âme  dont  les  taches  sont  encore 
récentes  en  pouvant  être  Lienlôt  puri/iée.  C'est  pourquoi 
il  faut  que  /.s  coupables  subissent  la  peine  qui  leur  est 
due  le  plus  tvt  qu'il  est  possible ,  et  qu'ils  se  livrent 
plutôt  entre  les  mains  des  bourreaux  ,  qu'entre  celles  des 
démons...  pour  moi  je  pense ,  ou  plutôt  je  vois  claire- 
ment que  l'on  é.oule  fiivorablement  celui  qui  venge  sur 

(l!  Ep   ii.  p.  I8:2elseq. 


ISS  HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  i56 

lui  même  le  mal  qu'il  a  fait...  il  fnut  donc  aijir  conra-  f  que  et-  sniiil  (^'t^qne  lui  iinposfi ,  pr^ndanl  Inquollf»  il  ne 

(jeiiscment .  Soyons  tjénéieux  ,   cl  nicpriAons  les  plaisirs  t  (iev;iil  point  poiltT  I;i  coiiidiiiie.  ol  il(!vail  jcfiiicr  deux 

que  nous  nous  sommes  procurés  pur  nos  injustiies.   I^c  1  fois  la  sciii;\iiie;  ce  qu'il  exécula  (idciciiiciii,  ei  reçut 

rougissons  point   d'être   humilies   devant  les  hommes  ,  |  au  l>oii(  dis  si'pt  aiMiëcs  la  conroiiix;  de  la  main  di;  Ic- 

confessons  noire  crime  devant  notre  juge  ,  et  supportons  |  vèqiic  ,  dont  le  zcle  ardent  et  la  généreuse  fcniieié 

présentement  les  peines  que  nous  méritons,  pour  ne  point  |  lui  avait  élé  si  avantageuse  ,   lui  ayant   fait  oxpiei  un 

encourir  celles  dont  nous  menace  une  colère  inexorable,  l  ciinie  (|ui   l'aurait  infailliblenient  précipité  dans    un 

Le  plus  grand  de  tous  les  biens  est  de  ne  point  pécher,  l  imillicui'  é:erncl. 

mais  le  second  après  celui-là,  est  de  recouvrer  la  jus-  1      Ce   cliapiire  servira  comme  de  préface  à  ce  (ji.o 

tice  que  ton  a  perdue.  Il  n'y  a  rien  de  plus  misérable  |  nous  avons  à  dire,  londiant  les  saintes  pratiques  de 

qunn  homme,  qui,  après  avoir  mut  fait,  vit  longtemps  \  la  PéniteiiCC  dans  la  suite  de  celle  section. 

dans  l'impuuilé  :  car  il  paraît  clairement  que  ni  Dieu  ni  ■ 
les  hommes  n'en  prennent  soin  ,  CiC. 

Yoilà  d'une  part  quelles  étaient  les  raisons  de  la  j 

conduite  des  pasteurs  envers  les  pécheurs,  lesquelles  i 
sans  doute  étaient  liès-solidcs,  et  méritaient  bien  (pie 
l'on  y  déférât  :  mais,  d'un  autre  côté,  qui  n'admirera 


cette  docilité  des  peuples  qui  se  soumettaient  avec  ; 
tant  de  facilité  à  des  travaux  si  durs  et  si  longs,  pour  i 
expier  des  fautes  que  les  autres  et  eux-mêmes,  avant  | 
qu'ils  fussent  chrétiens,  avaient  regardées  coiiimc 
peu  de  chose.  Quand  on  y  fait  attention  ,  on  ne  peut 
que  Ton  n'admire  la  puissance  de  la  grâce  qui  fait  de 
tels  prodiges.  Qu'y  a-t-il  en  elfel  de  plus  admirable, 
que  de  v(tir  des  gens,  de  toute  condition ,  de  tout  âge, 
de  tout  sexe,  s'assujélir  à  ces  longs  et  l.iborioux  exer- 
cices de  la  Pénitence,  pendant  des  sept,  des  dix  et  des 
quinze  années,  et  cela ,  à  la  parole  d'un  Ih.uime  pau- 
vre, d'un  évèque  qui  n'avait  rien  liumaii.ement  qui  le 
fit  respecter,  qui  n'était  revêtu  d'aucune  puissance  i 
temporelle,  qui  n'avait  au-dehors  rien  (jui  piH  impri- 
mer de  la  terreur,  ou  Hiire  naître  des  espérances 
humaines.  Il  fallait  doi;c  que  l'impression  de  la  reli- 
gion ,  cl  le  respect  que  sa  vertu  inspirait  aux  fidèles , 
les  portât  à  cette  dociliié  si  étonnante  ,  dont  ils  pon- 
vaient  impunément,  selon  le  inonde,  se  défaire,  ou 
en  retournant  au  paganisme,  dans  lequel  ils  trouvaient 
tous  les  avantages  temporels  ;  ou  même  en  cessant  de 
se  trouver  aux  assemblées  des  autres  fidèles,  sans  en 
venir  à  cette  extrémité. 

Les  raisons  que  nous  avons  rapportées  et  d'antres 
que  nous  pourrions  encore  produire,  avaient  fait  de  i 
telles  impressions  sur  tous  les  cœurs,  qu'on  a  vu  jus-  j 
qu'aux  plus  grands  empereurs  se  soumelire  à  celte 
sévère  discipline,  et  embrasser  de  bon  cœur  les  tra- 
vaux et  l'opprobre  salutaire  de  la  Péniieiicc.  C'est 
ainsi  que  le  grand  Théodose,  le  pins  grand  prince, 
après  Trajan,  qui  ait  gouverné  l'empire  Uomain,se 
mit  au  rang  des  pénitents  publics,  et  arrosa  de  ses  lar- 
mes le  pavé  de  l'église  ,  sur  lequel  il  était  prosterné 
en  présence  de  tout  b;  peiijde  (idèle.  C'est  ainsi  <|ne 
l'empereur  Louis-lc  Débonnaire  se  soumit  aussi  pu- 
Mit.]uement  à  la  pénitence,  qnoi(pril  ne  l'eût  pas  même 
méritée,  tant  la  crainte  de  Dieu  avait  pénétré  son  cœur. 
C'est  ainsi,  enfin,  pimr  r:e  pas  trop  nous  étendre , 
qu'Edgard  ,  roi  d'Angleterre,  ayant  eu  le  malheur  de  , 
se  laisser  entraîner  dans  un  péché  considérable ,  es- 
suya avec  humilité  les  vifs  reproches  que  lui  en  fit 
S.  Dunslan,  et  se  soumit  à  une  pénitence  de  sept  ans. 


CHAPITRE  II. 

Que  chex.  les  anciens  et  avant  l'hérésie  de  Novat ,  ou 
n'employait  que  trois  sortes  de  peines  pour  la  puni- 
tion des  péchés,  dont  deux  seulement  avaient  nu  rap- 
port immédiat  au  sacrement  de  Vénitence.  Que  les 
noms  des  dijfi  renies  stations  de  la  pénilencc  n'étaient 
point  en  usage  avant  cette  hérésie.  Que  les  clercs  étaient 
déposés  pour  les  même  crimes ,  pour  lesquels  les  laï- 
ques étaient  mis  en  pénitence.  Des  peines  imposées 
pour  tes  tnoindrcs  fautes.  Que  les  prêtres  pouvaient 
impos  r  celles-ci  sans  consulter  l'évéquc. 

La  manière  de  faire  pénitence  dans  les  deux  pre- 
miers sièc'es  de  l'Église,  ne  nous  est  point  aussi  con- 
nue, que  l'est  celle  dont  elle  se  faisait  dans  les  siècles 
suivants,  parce  qu'il  nous  reste  peu  de  monuments 
de  ce  lemp--lâ  qui  nous  instruisent  à  fond  là  dessus, 
la  plupart  des  auteurs  de  ce  siècle,  s'étaiit  plutôt  ap- 
pli(piés  à  combattre  le  paganisme  (|u'à  nous  faire 
connaître  ce  (pii  se  p:issait  parmi  eux,  dont  ils  ne  par- 
laient que  dans  la  nécessité.  Cependant,  nous  ne  som- 
mes pas  entièrement  dépourvus  de  moyens  pour  con- 
naître quelle  était  alors  la  discipline  de  la  pénitence, 
tant  parce  <iue  nous  en  trouvons  d;iiis  les  i»lus  anciens 
auteurs,  que  par  ce  que  nous  en  apprennent  ceux  qui 
sont  venus  après  eux. 

11  paraît  par  ce  que  nous  en  trouvons  dans  les  uns 
et  les  autres,  (p;e  les  anciens  chrétiens  distingu  lient 
les  péchés  en  trois  classes,  savoir  :  les  péchés  légers, 
les  grands  péchés,  et  ceux  qu'ils  nommaient  très- 
grands,  ryrftî'/ss/m«  ;  pour  le  châtiment  et  la  giiérison 
de-quels  ils  avaient  trois  espèces  de  peines  ou  de  re- 
mèdes,, qu'ils  exprimaient  en  termes  très-simples  et 
très-conimims.  L'habitude  dans  les  moindres  péchés 
chez  eux  était  pniiii;  par  la  privation  de  l'Eucharistie. 
Les  crimes  ou  les  grands  |)échés  méritaient,  à  ceux 
(|ui  les  aviiii-nt  commis,  non-seulemenl  d'être  privés 
de  la  iiarticipation  du  saint  sacrilice,  mais  encore  d'ê- 
tre éloignés  de  la  vue  même  cl  de  la  présence  de  ce 
mystère,  et  mitre  cela  d'être  assujélis  à  des  jeûnes 
rigoureux  et  i  diverses  antres  macérations.  P(Mir  ce  (|uï 
est  de  ceux  qui  s'étaient  abandonnés  aux  dernier»  dés- 
ordies,  aiivsi  bien  que  des  iiicorrigib'es  et  des  rél'rac- 
laires,  nitn-seulemeni  on  les  éloignait  de  la  présence 
des  mystères,  maisde  plus  on  les  chassait  entièreineiit 
des  assemblées  des  fidèles,  et  on  ne  leur  perinctlait 
[tas  nu^me  l'entrée  des  églises  où  ils  s'assemblaient. 
ïi      Les  ternies  dont  on  se  servait  pour  exprimer  cc3 


tël  PÉNITENCE.  --  SECT.  lll.  1"  Tv^T.  CllAI'.  11.  l'ElNES  DES  l'ËCIlES.  m 

diflerenccs  claiciit,  coinine  nous  avons  dit,  coniniuns  il  M;iis,  diroz-voiis,  de  quelle  nianic-rr;  l'Eglise  en  usait- 
cl  lires  de  l'usage  ordinaire.  Les  Lalins  les  marquaient  ,  elle  dans  ces  prcniicis  temps  à  l'égaid  de  ceux  qui  se 
par  le  terme  ubsiinere,  pris  dans  la  signitication  ac-  |  trouvaient  dans  ce  cas?  L'auteur  des  Constitutions 


tivc.  Les  Crées  employaient  celui  d'KjJo^i^jtv,  qui  veut 
dire  exclure,  séparer,  ségréger  :  ternie  qui  clicz  eux 
signilic  les  deu\  premières  espèces  de  i)eines  qu'on 
imposait  aux  pécheurs  pour  les  fautes  légères  cl  les 
grands  péchés,  mais  dans  un  sens  dillércnl.  Celui  qui 
n'avait  commis  que  des  liiutes  de  la  première  espèce 
participait  aux  prières  publiques  de  l'Eglise  sans  par- 
ticiper à  l'Eucliarislie,  en  ([uoi  il  élait  ài-oitjuEvo,-,  ex- 
clu, séparé  ou  sé(jrétjé.  Celui  qui  avait  commis  de 
grandes  fautes  était  de  plus  exclu  des  prières  com-  | 
niunes  de  l'Eglise.  En  Occident,  pour  marquer  celle 
seconde  espèce  de  pénitence,  on  se  servait  encore  de  j 
ces  termes  :  faire  la  pénitence  pleinement,  vraiment, 
faire  la  pénitence  légitime,  la  faire  autant  de  temps 
qu'il  convient.  Pœnitentiani  agere  plenam,  icram,  Lgl- 
timam  justo  tempore.  Les  Grecs  rexprimaicnt  aussi 
par  ces  termes,  se  repentir,  être  dans  la  repeniance, 
cire  privé  de  la  communion,  ce  qui  s'enlend  de  la 
double  comnmnion ,   tant    de  l'Eucharislie  que  des 

prières  :  jUôtkvssîv  ,  Jv  tô  yîTavota  £rvat,«zitv&jv/;TOv  eaxt. 

Enfin  les  uns  et  les  autres  l'exprimaient  par  le  mot  | 
si  commun  parmi  eux,  è^oiJ.o/.o-/ticOa.i,  exomologesim  fa 
cere.  Jusqu'au  milieu  du  troisième  siècle,  les  noms  | 
des  différentes  stations  de  la  Pénitence,  qui  sont  de- 
nuis  devenus  si  communs,  étaient  cnlièrement  incon-  I 
nus.  On  ne  se  servait  pas  de  ces  manières  de  parler,  I 
par  exemple  ,  qu'il  pleure  pendant  deux  ans  ;  qu'il  soit  | 
trois  ans  au  nombre  des  auditeurs  ou  écoutants  ;  qu'il 
soil  prosterné  quatre  ans  ;  qu'il  soit  debout  ou  parmi  les  \ 
consistants,  un  an.  Quoique,  si  on  compare  lancienne  i 
coutume  avec  celle  qui  a  élé  depuis  élablie,  il  soit  j 
vrai  de  dire  que  ce  qui  se  pratiquait  dans  les  premiers  * 
temps  revenait  aux  deux  stations  du  proslernemcnt,  ; 
qui  étaient  pour  les  grandes  Aiules,  et  de  la  consi-  i 
stancc  ,  (|ni  élait  pour  les  moindres  ou  les  péchés  lé-  [ 
gers,  levioribus  culpis.  Mais  on  ne  trouve  nulle  part  s 
chez  les  anciens  que  l'on  ait  fait  des  stations  sépa-  | 
rces  des  pleurants,  flf.ntilm,  et  des  auditeurs  ou  écou 

tantS,  .VLDITIOMS. 


Avant  deiilrer  en  preuve  de  ce  que  nous  venons  j    y  exhorte  les  fidèles  à  soutenir,  à  consoler  ceux 


d'avancer  touchant  lesdiverses  peines  afleclées  pour  les 
fautes  légères  et  pour  les  grands  péchés,  il  est  à  propos  : 
d'expliquer  le  plus  brièvement  qu'il  nous  sera  possi-  ' 
ble  c'e  qui  regarde  la  troihiènie  espère  de  peine,  dont 
nous  avons  dit  que  l'on  punissait  les  péchés  énormes;   ■ 
cl  comment  on  se  conduisait  à  l'égard  de  ceux  qui 
les  avaient  commis,  ou  qui   étant  tombés  dans   de  ; 
moindres  péchés,  y  persévéraient  opiniàlrémeiit,  et  '> 
étaient  réfractaires  aux  ordres  de  l'Eglise,  à  la  dis-  j 
cipline  de  la(juelle  ils  refusaient  de  s'assujciiir.  On  les 
chassait,  avons-nous  dit,  enlièremenl  de  l'église;  et 
c'est  pourquoi  nous  avons  remarqué  que  cette  espèce 
de  peine  n'avait  point  un  rapport  immédiat  au  sa- 
crement de  la  Pénitence.  On  appelait  cette  sorte  de 
peine  en  grec  xv/jy-ipt-n,  qui  signilie  une  entière  exclu- 
sion de  tous  les  avantages  de  l'Eglise. 

TU.    XX. 


apostolicpics,  qui  porte  faussement  le  nom  de  S.  Clé- 
ment (1),  mais  qui  a  vécu  avant   S.   Epiphane,  puis- 
que celui-ci  en  fait  mention;  cel  auleiu',  dis-je,  qui 
nous  a  conservé  beaucoup  de  précieux  restes  de  l'an- 
licitiité,  nous  assure  que  celui  qui  avait  élé  ainsi  chas- 
sé de  l'église,  ou  l'abaiidonnait  entièrement,  ne  con- 
servant aucim  désir  d'y  retourner;  et  en  ce  cas  il 
élait  regardé  comme  un  juif  et  un  païen  :  ou  il  lui 
restait  encore  quelque  étincelle  de  religion  qui  lui  fai- 
sait souhaiter  de  rentrer  dans  l'église;  cl  alors  on  lui 
permettait  de  venir  aux  assemblées  des  fidèles,  pour  y 
entendre  la  parole  de  Dieu,  comme  on  le  permellait 
aux  païens  et  aux  iiilideles.  L'évèqiie  en  même  temps 
obs(;rvait  s'il  lénioignail  du  zèle  pour  assister  aux  in- 
structions ;  il  examinait  ses  mœurs  et  sa  condui- 
te,    et   enfin   s'il  avait  lieu   d'en    être   content,  et 
qu'il  le  demandât  avec   instance ,    il  l'inscrivait  au 
rang  des  pénitents,  ce  qui  lui  acquérait  le  druil  de 
participer  aux  prières  counnuiics  de  l'Eglise,  mais 
non  pas  encore  à  celle  de  la  liturgie  ou  du  saint  sa- 
crifice. C'est  ce  que  signifient  ces  paroles  de  l'auteur 
des  constitutions,  ch.  41  du  liv.  2  :  Que  s'il  est  con- 
verti, et  fait  pénitence,  vous  l'admettrez  à  la  prière.  De 
là  vient  que  dans  l'office  de  la  liturgie,  dans  ce  même 
ouvrage  {"l),  avant  toutes  les  prières,  le  diacre  criait  à 
haute  voix  :  Qu'il  ne  se  trouve  ici  aucun  écoutant,  au- 
cun infidèle,  ;j.-ri  rt?  zûj  à/.pouy.i,i(,j-j  :  ce  qui  signifie  en 
cet  endroit  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  encore  au  nom- 
bre des  pénitents,  tels  qu'éiaienl  ceux  à  qui  l'Eglise 
avait  accordé  cet  avantage,  et  sur  qui  l'on  faisait  des 
prières,  comme  sur  les  calécliuniènes,  après  lesquel- 
les on  les  congédiait  avant  l'obl.tion  du  sacrifice  :  au 
lieu  que  ceux  qui  n'élaienl  point  an  rang  des  pénitents 
étaient  mis  dehors  innnédialemenl  après  les  lectures 
et  l'iusiruction  ,  comme  les  juifs  et  les  païens,  sans 
avoir  aucune  part  aux  prières  publiques. 

On  ne  rompait  pas  néamnoins  avec  eux  tout  com- 
merce comme  avec  les  hérésiarques  et  autres  gens  de 
celte  espèce;  puisque  dans  le  même  livre,  c.  40,  on 


qui 

sont  ainsi  sé|)arés,  pour  les  ramener  à  eux-mêmes  ;  et 
que  Terlullien  (3)  dit,  que  c'est  un  préjugé  du  juge- 
ment futur,  que  celui  qui  a  péché  soit  privé  de  la  com- 
munion, des  prières,  des  assemblées  et  de  tolt  saim 
coMMKiicr,  avec  les  autres  fidèles.  «  Summum  fuluri  ju- 
i  dicii  prajudicium  est,  si  quis  ita  deliqueril  ut  à  comiiiu- 
1  nicatione  orationis,  et  conventùs,  omnis  sancii  coin- 
«  mercii  relcgelur  ;  t  paroles  qui  fonl  enlendre  claire- 
ment que  celle  c,xcommuriieali(ui  on  séparalion  ne 
s'élenda^t  pas  an  commerce  de  la  vie  civile,  mais  seu- 
lement au  coimnerce  de  la  religion,  des  prières,  et 
de  tous  les  actes  qui  sont  propres  par  eux-mêmes  à 
unir  les  hommes  avec  Dieu. 

(1)  Const.  apost.  S.  Clem.  1.  -2,  c.  30.  , 

(:i)  Coiisl.  Clem.  I.  8,  e.  i. 
(5)  .\pologe(.  c.  ôl>. 

15  •' 


Ihd 


HISTOIRE  DES  SACUEMENTS. 


i60 


Mais  revenons.  niiVniUMiaiil  ;iii\  deux  espèces  de  pei- 
nes dont  nous  avons  dil  (juc  l'on  punissait  autrefois 
les  deux  cspèecs  de  fautes  (je  veux  dire  les  péeliés  lé- 
gers d'iiabitnde  et  les  crimes),  et  dont  la  punition  ap- 
parlcnait  propi  .nient  au  sacienient  de  Pénitence, 
dont  elle  faisait  partie,  soit  coiuine  satisfaction ,  soit 
comme  préparation  pour  recevoir  dignement  le  bien- 
fait de  rabsolulion. 

Les  canons  publiés  sous  le  nom  des  ainUrcs,  qui 
dès  le  quatrième  siècle  passaient  pour  anciens ,  et 
dont  la  i)hipart  ont  été  faits  dans  \e  second  siècle  de 
l'Ei^lise  et  au  commencement  du  troisième,  comme  il 
jiarail  par  Clément  d'Alexandrie,  Oi'igènc  et  Terlul- 
lien  ,  qui  les  connaissaient,  et  dont  cinquante  ont  été 
traduits  par  Denis-le-Pelit,  et  insérés  dans  ce  fameux 
lecucil  de  canons,  qui  a  tenu  lieu  long  temps  décode 
de  la  discipline  dans  toute  l'église  d'Occident;  ces 
canons,  dis-je,  nous  donneront  des  lumières  sur  la 
matière  di)nt  il  s'agit,  puisque,  quel  qu'ait  élé  l'auteur 
de  ce  rccu.'il  de  canons  publiés  sous  le  non  des,apô- 
ires  ,  il  est  certain  qu'ils  nous  représentent  plusieurs 
points  de  la  discipline  des  trois  premiers  siècles,  de- 
puis l'incarnation.  Voici  ce  que  nous  y  trouvons  tou- 
chant le  sujet  dont  il  s'agit. 

Dans  le  troisième  canon  il  est  ordonné  que  l'ôvêque, 
le  prclrc,  ou  le  diacre,  ne  chasse  point  sa  femme  hors  de 
citez  lui,  sous  prétexte  de  piété;  que  sll  te  fait,  (pCil  soil 
séparé,  «jJsptÇiaôw ,  que  s'il  persiste,  qu'il  soil  déposé; 
i>.or.ec/.ipd7$u.  L'on  voit  ici  deux  peines  infligées  pour 
deux  fautes  diflerenles  :  la  première  répond  à  la  cen- 
sure que  nous  appelons  aujourd'hui  suspension.  La 
seconde  est  plus  forte ,  parce  que  celui  contre  lequel 
elle  est  portée  ajoute  à  sa  faute  l'obstination.  C'est  la 
dégradation  ou  la  déposition ,  qui  réduisait  le  clerc  au 
rang  des  laïques.  Cependant  nous  voyons  souvent, 
dans  les  canons  des  aj.otres,  que  les  laïques,  soil  pour 
les  grandes  fautes,  soit  pour  les  plus  légères,  ne  sont 
punis  que  par  la  séparation,  v.-^opliiJM ,  et  cela  pour  les 
mêmes  péchés  pour  lesquels  les  clercs  sont  suspendus 
ou  déposés.  Dans  le  septième  canon ,  par  exemple , 
il  est  dit  que  les  fidèles  qui  entrent  dans  l'église ,  et 
qui  entemlcnl  la  lecture  des  saintes  Ecritures ,  s'ils  n'y 
demeurent  pas  pendant  la  prière  et  la  distribution  de 
l'Eucharistie,  doivent  être  ségrégés,  «îsoptÇsîâai  yyr,, 
connne  causant  de  la  confusion.  Ccriainemcnt  cette 
faute  n'était  pas  du  nombre  des  grands  péchés,  par 
conséquent  celte  peine  doit  s'entendre,  non  d'une  ex- 
clusion de  l'assemblée  des  fidèles,  ou  de  la  parlicipa- 
li^  n  des  prières  communes,  mais  simplement  de  la 
p'  valion  de  l'Eucharistie.  Au  contraire,  dans  le  canon 
^   aranlième  il  est  dil  :  Hi  un  Inique  ayant  chassé  sa 

unie  en  épouse  une  autre  ,  ou  prend  celle  qu'un  autre 

ira  répudiée,  qu'il  soit  ségreyé,  ^.'fopt.<;k<:Ooi.  Où  sans 

>ule  on  doit  entendie  celle  séparation ,  d'une  exclu- 

on  de  prières  conmiunes  de  l'Eglise,  qui  le  mellail 

ïu  rang  des  péniienls,  dont  il  devait  faire   tons   les 

exercices.  On  jugeait  donc  de  la  différence  de  ces  deux 

séparations  ,  par  la  nature  des  délits  pour  la  punition 

desquels  elles  étaient  imposées,  et  c'élait  l'usage  et  la 


pratique  journalière  qui  réglait  cela.  Le  laïque  était 
privé  de  la  connnimion  pendanl  un  certain  temps  peur 
les  nièmes  fautes  pour  lesquelles  le  cIimc  élait  sus- 
pendu de  l'exercice  de  ses  fondions,  et  il  élaii  ré- 
duit au  rang  des  pénitents,  c'est-à-dire  qu'il  faisaii  la 
pénitence  canonique,  pour  les  péchés  qui  alliraient 
aux  clercs  la  peine  de  déposition.  C'e>t  ce  (ju'on  va 
voir  clairement  par  les  canons  que  nous  allons  encore 
rapporter.  Dans  le  quarante-neuvième  il  est  dil  :  Si  un 
clerc  s'est  moqué  d'un  estropié ,  d'un  sourd,  d'un  aveu- 
gle ,  ou  d'un  boiteux,  qu'il  soil  séparé,  à-^optl^içOoi ,  de 
même  un  laïque,  wraJTo,-  mA  iw./.o-,.  La  faute  ici  csl  lé- 
gère; l'un  et  l'autro  sont  séparés,  c'est-à-dire  que  le 
Ij  clerc  est  suspendu  de  ses  fonctioiis,  et  le  laïque  prive 
jj  pour  im  temps  de  lu  communion.  Par  le  canon  ciii- 
quante-qnalrième,  le  clerc  est  déposé  cl  le  laïi|ue  en- 
core ségrégé  ,  c'est-à-dire  mis  au  rang  des  péniienls 
j!  sé;«arés  des  prières  comnumes  de  l'Eglise  ;  voici  les 
termes  :  Si  un  clerc  jeûne  les  jours  de  dimanche  ou 
les  samedis,  excepté  un  seul,  qu'il  soit  dépo.->é,  zaOai- 
jasiTÔw;  si  c'est  un  laïque,  qu'il  soil  sé|)aré,  à^opt^iji/w. 
Dans  le  canon  soixante-deuxième,  la  même  c).ose  esjt 
ordonnée  contre  ceux  qui  celebrenl  les  fêles  des  Juifs 
avec  eux  :  car  c'était  une  maxime  reçue  en  ces  temps 
et  dans  les  suivants ,  connne  nous  l'avons  vu  par  un 
canon  de  S.  Basile  que  nous  avons  cité,  que  la  dépo-' 
silion  tenait  lieu  aux  clercs  de  pénitence  publique. 

Cependant  il  est  à  remarquer  que  cette  niaxime 
n'avait  lien  que  pour  les  crimes  ordinaires,  au  moins 
!'  dans  ces  prenners  siècles,  et  ceux  auxquels  ils  ne  joi- 
j  gnaient  pas  la  révolte  et  l'obstination;  car  quehiue- 
fois,  quand  les  crimes  élaient  jugés  énormes,  on  ne 
j  se  contenlail  pas  de  les  déposer  et  de  les  réduire  ainsi 
I  à  la  communion  laïque,  mais  on  les  privait  encore  de 
la  sainte  commimion,  et  même  on  les  chassait  enlViro-' 
ment  de  l'église.  Les  canons  que  nous  allons  rapporter, 
nous  prouvent  ces  trois  propositions.  Le  dix-huitième 
porle  :  lin  évéquc ,  un  prêtre,  ou  un  diacre,  qui  a  été 
convaincu  de  fornication,  de  parjure  ou  de  vol,  sera  dé- 
posé, mais  ne  sera  point  ségrégé,  xccûc/ApsicOoi  x«î  ///j  àvo-^ 
ptÇsaôw,  car  l'Ecriture  dit  :  «  Vous  ne  punirez  pas  deux 
«  fois  pour  le  même  crime,  \>  il  en  sera  de  même  des  uu~\ 
très  clercs.  C'est  sans  doute  de  ce  canon  (jue  parle 
S.  Basile  dans  sa  lettre  à  Anipliilo([ue,où  illrailedela 
même  matière.  Ceci  prouve  noire  première  proposition. 
La  seconde  se  démontre  par  le  canon  vingt  iroisième: 
Si  UH  évèijue  a  recours  à  la  puissance  temporelle  pour 
envahir  les  églises  (  l'ancienne  version  et  celle  de  De- 
nis-le-Pelit  portent,  ccclesiam,  uneéglise),  qu'il  soit  dé- 
posé et  ségrégé,  xafiapetcrOw  y.vA  ù.^'ip'.^k'jfio),  avec  tous  ceux 
qui  communiquent  avec  lui.  Les  anciens  avaient  iclle- 
meiil  en  horienr  cette  anibilion  qui  porte  à  usurper 
l'épi^copal,  qu'ils  ne  se  conlcntaienl  pas  do  dé|>(iser 
les  usurpateurs,  mais  les  privaient  encore  de  la  cdui- 
munidu  laïque. 

Enfin,  lors(ine  b^s  crimes  étaient  énoi'nics,  ou  qu'on 
y  joignait  la  révolte  et  l'obstination,  outre  la  déposi- 
tion, les  clercs  étaient  encore  retranchés  eniièremeiit 
di;  la  communion  de  l'Eglise.  C'est  ee  qui  paraît  par 


461  PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  V  PART 

les  doux  cnnons  qui  préciHIoiU  celui  que  je  viens  de  ci-  ^ 
ter  (I)  :  Si  im  évéquc ,  un  diacre  ou  un  prclrc  est  par- 
uenu  à  celte  dignité  por  argent ,  qu'il  soit  déposé  avec 
celui  qui  l'aura  ordonné,  et  qu'il  soit  entièrement  retran- 
ché de  la  communion.  Kai  TravrâiraTi  sx/stttstOw  y.y.i  T'ai 

xotv6)na,-.  Denis- le  Pelil  \.rM\y\\i,  et  à  communione  modis 
omnibus  (dtscindalur .  Le  canon  vlnjjl  imiènie  conliiMil  la 
même  disposition  conlic  ceux  (|ni  refusenl  de  se  son- 
metlre.  Si  un  évèque,  tin  prêtre,  ou  un  diacre,  ayant  été 
juslemetil  déposés  pour  des  crimes  notoires ,  osent  s'ini- 
viiscer  dans  le  ministirc  dont  on  les  a  privés,  qu'ils  soient 
entièrement  relrancliés  de  l'Eglise,  è/.y.on-i^ûo  t:'/.-^7%t:u- 

Nons  nons  sommes  un  pen  étendu  sur  celle  ma- 
tière, parce  qu'on  y  voit,  dans  un  des  plus  anciens 
monuments  que  les  temps  nous  aient  conserves,  de 
quelle  manière  l'Eglise  agissait  autrefois  pour  les  pu- 
nitions des  pccliés  ,  tant  des  laïqnes  que  de  ceux  qui 
avaient  quelque  rang  dans  le  clergé.  On  y  trouve  pour 
les  laïques  trois  sortes  de  peines  :  la  séparation  de  la 
sainte  Eiicliaristie,  la  pénitence  publique,  qui  les  fai- 
sait exclure  même  des  prières  de  la  liiurgie  et  de  l'as- 
sistance an  saint  sacrifice,  et  le  retranchement  entier 
de  toute  société  en  matière  de  religion.  On  y  voit  pour 
les  clercs,  outre  ce  retranchement,  la  privation,  pour 
un  temps,  de  l'exercice  de  leurs  fonctions ,  la  dé|H)si- 
tion,  et  le  refus  de  la  communion  laïque  à  laquelle  la 
déposition  les  avait  réduits. 

Nous  ne  trouvons  rien  non  plus  dans  les  anciens 
écrivains  de  l'église  latine  ,  qui  marque  la  distinction 
célèbre  des  quatre  stations  de  la  Pénitence.  Tout  se 
réduit  cliez  eux  à  celle  (|ui  répond  au  pro^ternement, 
et  à  celle  des  consistants.  Teitullien  (2) ,  après  avoir 
parlé  de  ceux  que  l'on  chassait  entièrement  de  la  so- 
ciété des  (idèle>,  vient  à  la  pénitence  ordinaire  de  son 
temps,  qu'il  appelle  cxoinologèse,  et  qu'il  décrit  ainsi  : 
Vexomologèse  est  la  séparation  de  la  communion  de 
trières  et  d'assemblée  de  religion,  relegatio  ab  oratio- 
MS  coMMUNiCATioxE  ET  coxvENTLS ,  pan  6  que  effecti- 
vement les  pénitents  étaient  mis  hors  de  l'assendilée 
des  fidèles  quand  on  était  prêt  à  commencer  les  priè- 
res. Il  décrit,  en  |»lusicurs  endroits  de  ses  écrits,  létal 
lugubre  dans  leipiel  ces  péniienls  paraissaient  dans 
l'église,  et  les  macérations  qu'ils  ex(Mçaienl  sur  eux- 
mêmes,  cl  voilà  en  quoi  consistait  la  pénitence  pro- 
jiremenl  dite  en  ce  temps-là.  Si  lui  et  les  autres  au- 
teurs latins  de  ces  premiers  temps  pailent  de  ceux 
qu'ils  appellent  audientes,  c'est  sans  rapport  à  la  pé- 
nitence, ilsenlenilenl  par  là  les  catéchumènes,  les  Juifs, 
les  païens,  et  tous  ceux  généralement  qui  venaient 
seulement  à  l'église  pour  y  enlemlre  la  pnrole  de  Dieu, 
cl  qui  se  tenaient  debout  derrière  les  fidèles  dans  le 
vestibule  de  l'église.  Terlullien  (5)  nous  marque  cet 
ordre  des  assemblées  de  i'Kglise  lorsqu'il  reproche  aux 
hérétiques  la  confusion  qui  régnait  dans  les  leurs.  On 
ne  peut,  dit-il,  distinguer  chez  eux  qui  est  le  fidcle  ou  le 

il)  Can.  apost.  ±2. 
2)  Apol.,  c.  5!1. 
3)  Ue  Pra.scripl.,  c.  41. 


.  Cll.^P.  H.  PiEINES  DES  PÈCHES.  4^ 

ca'échumi'uc,  ils  vont  ensemble  aux  assemblées  de  reli- 
gion, ILS  i:.NTiL..\DENr  UNSiMUi.i;  la  par  le  de  Dieu,  rAiu» 
TEU  ALDitXT,  j7:>  prient  ensemble,  même  les  puïans,  s'il  j/  en 
vient.  Ils  jetteront  aux  chiens  et  aux  pourceaux  les  pier- 
res précieuses ,  quoiqu'ils  n'en  aient  pas  de  vérittMcs  à 
jeter.  S.  Cyprien  (I)  veul  aussi  que  l'on  ba|'li.sc  les  au- 
diteurs dans  le  cas  de  mort ,  |):ir  où  il  entend  les  calé»- 
cliumènes.  Audienlibiis...  miscricordia  non  dencgetur. 
Dans  tous  les  eajions  du  concile  d'Ehirc,  (jui  pie&que 
tous  regardent  la  pénitence ,  il  n'est  fait  aucune  men-r 
liiin  des  difléienlcs  si:. lions  de  la  pénitence.  Partout 
ils  déterminent  le  lemps  de  la  péniiciice,  sui\a!il  que 
les  crimes  sonl  jdus  ou  moins  grands,  cin((  ans,  sept 
ans  ,  dix  aris ,  etc.,  après  lequel  ils  ordoimcnl  quoa 
réconcilie  le  pécheur,  actà  légitima  poinilentià,  ayant 
fait  la  pénitence  légitinie.  Par  où  ces  évè(pies  enten- 
dent celle  qui  se  faisait  suivant  l'usage  et  les  cérémo- 
nies ordinaires,  avec  les  ausicrilés  et  les  observances 
qui  étaient  d'usage  alors ,  et  que  les  canons  ne  pre- 
scrivent pas,  parce  qu'elles  étaient  assez  connues  par 
la  pratique  commune  des  lieux. 

M.iis  outre  celle  pénilejicc  légitime,  il  est  aussi  fait 
mention  dans  ce  concile  (can.  21)  d'une  autre  espèce 
de  peine  ou  censure ,  que  l'on  imposait  pour  leà 
moindres  fautes  ,  et  (pic  les  canons  exprimeiit  en  ces 
termes  :  Si  quelqu'un,  étant  dans  la  ville,  laisse  passer 
trois  dimanches  sans  venir  à  l'église,  qu'il  s'austienne  un 
peu  de  temps,  afin  qntl  se  corrige ,  ou  bien  ,  afin  qu'il 
ne  demeure  pas  impuni,  i  Parvo  lempore  adstineat  , 
«  ul  correptus  esse  videalur .  >  Ce  terme,  abslinmt,  est 
expli  ;ué  par  le  canon  50,  qui  ordonne  ce  ipii  suit  :  Si 
quelqu'un,  véritablement  clerc  ou  laiqne,  mange  avec  le$ 
Juifs,  il  doit,  suivant  notre  ordonnance,  s'abstenir  de  la 
communion.  11  se  trouve  des  cas  pour  le&ipiels  ce  con- 
cile ordonne  la  privation  de  la  communion  pendant 
l'espacede  trois  ans,  n'y  ajoutant  aucune  anlre<iL'u\rc 
de  pénitence;  ce  qui  est  remarquable  dans  ce  concile 
et  dans  les  autres  de  ce  temps-là.  OiiGlquefois  même; 
les  canons  qui  imposent  cette  privation  excluent  for- 
mellement l'autre  pénitence;  c'est  ce  que  l'on  peut 
voir  dans  le  14%  où  il  est  dit  :  Les  filles  qui  n'vnt  pas 
gardé  leur  virginité,  si  elles  épousent,  et  tiennent  pour 
maris  ceux  avec  qui  elles  ont  eu  commerce,  seront  reçues, 
après  un  an,  à  la  rcconciliution  gAiXS  pénitence,  sine 
poe.nitextia.  Les  Pères  de  ce  coiifile  élablissejtt  une 
autre  dilférence  entre  ces  deux  genres  de  peines  ,  sa- 
voir, ([ue  la  pénitence  dans  les  règles,  avec  tout  l'ap- 
pareil qui  l'accompagnait,  et  dont  nous  avons  dit  un 
mot  ci-dessus  ,  ne  pouvait  être  imposée  que  par  l'é- 
véque,  au  lieu  que  l'aulre  dont  nous  venons  de  parler 
était  laissée  à  la  disposition  des  prêtres.  C'est  ce  que 
l'on  voit  dans  le  canon  52'  du  mémo  concile.  Si  quel- 
qu'un est  tombé  dans  le  péché  mortel ,  nous  ordonnons  , 
que,  pour  faire  pénitence,  il  s'adresse,  non  au  prêtre , 
mais  à  l'évêque.  {Si  quis  gravi  lapsu  in  ruivam  mortis 
ineiderit ,  plaeuit  agere  pocnilentitim,  non  debere  apud 
presbyterum,  sed  potiiis  apud  episcopum). 


[i)  Epist.  lôedil.  Pamelii. 


463 


S.  Cypricn  et  les  prêtres  de  Rome,  dans  les  lettres 
qu'ils  lui  ont  écrites,  parlent  coiitorinéiiieiit,  à  ce  que 
nous  avons  rapporté  jusqu'à  présent  dans  ce  chapitre, 
des  pleurs  et  des  sanglots  des  pénitents ,  non  comme 
faisant  une  station  à  part,  mais  comme  accompagnant 
leur  pénitence  ,  dont  ils  donnaient  des  marques  pu- 
bliques dans  les  assemblées  des  lidèles ,  en  se  pros- 
ternant et  en  fléchissant  les  genoux  ,  surtout  dans  le 
temps  que  révèiiuc  et  les  prêtres  leur  imposaient  les 
mains,  ce  qu'ils  Taisaient  fréquemment  en  priant  pour 
eux.  Le  même  S.  Cyprien  fait  souvent  sentir  la  dilfé- 
rence  des  péciiés,  en  les  distinguant  en  deux  classes , 
savoir  :  les  péchés  contré  Dieu  ,  au  nombre  desquels 
il  met  l'idolâtrie,  les  blasphèmes,  l'apostasie  et  autres 
semblables  qu'il  appelle  tiès-grands  péchés ,  et  ceux 
que  l'on  commet  contre  les  hommes,  comme  l'homi- 
cide ,  le  vol  et  ceux  qui  y  ont  rapport ,  qu'il  appelle 
moindres  et  véniels ,  non  dans  le  sens  que  nous  pre- 
nons ce  terme  à  présent,  mais  par  opposition  aux  plus 
grands.  Il  ne  dislingue  la  punition  des  uns  d'avec  les 
autres,  que  par  rapport  au  plus  ou  moins  de  temps,  de 
travaux  ,  de  jeûnes  ,  de  macérations  et  de  mortifica- 
tions que  l'on  devait  employer  pour  les  expier.  Nam 
in  minoribus  pcccatis  aganl  peccatores  pœnitentiam  justo 
leinpore  (1),  etc. 

Après  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  dans  ce  cha- 
pitre, il  est  bon  d'avertir  que,  quoique  autrefois,  c'est- 
à-dire,  dans  le  temps  dont  nous  avons  parlé,  ce  que 
l'on  appelle  depuis  fletus  et  audiiio,  ne  fit  point  partie 
de  la  pénitence  canonique,   et  que  ce  ne  fût  point 
comme  dans  la  suite  deux  stations  de  la  pénitence  ; 
il  est  pourtant  vrai  de  dire  que  ces  deux  choses  avaient 
lieu  dès  lors;  la  première,  savoir  :  fletus,  les  larmes, 
en  ce  que  l'on  ne  recevait  à  la  pénitence  que  ceux  qui 
demandaient  cette  grâce  avec  empressement ,  et  qui 
iviarquaient  leur  douleur  par  les  pleurs  et  les  gémisse- 
ments ,  qui  portaient  le  peuple  fidèle  à  s'intéresser 
pcmr  eux  auprès  du  Seigneur  pour  leur  obtenir  le  don 
d'une  vraie  componction,  et  auprès  de  l'évêque,  pour 
qu'il  leur  accordât  la  grâce  très-estimée  alors  d'être 
r.  çus  au  nombre  des  pénitents,  et  de  participer  aux 
prières  que  l'Eglise  faisait  pour  eux.  C'est  ainsi  que  ce 
qui  se  faisait  dans  les  premiers  siècles  par  un  mou- 
vement volontaire  de  piété ,  et  par  l'instinct  naturel 
d'un  cœur  touché  du  repentir  de  ses  fautes,  et  qui 
connaissait  le  prix  des  grâces  attachées  aux  peines 
imposées  par  l'autorité  et  avec  la  bénédiction   de 
IKglise,  devint  depuis  partie  de  la  pénitence  canoni- 
que, et  une  des  stations  par  lesquelles  on  expiait  ses 
péchés  pendant  un  certain  temps  marqué  par  les  lois 
de  l'Eglise.  "Vous  avez  vu  ci-devant  comment  Vaudhion 
se  pratiquait  aussi ,  sans  faire  non  plus  partie  de  la 

pénitence. 

CHAPITRE  III. 

Que  les  pécheurs  demandaient  tl  recevaient  la  pénitence 
dans  un  appareil  lugubre.  De  cfuelle  manière  l'évêque 
ou  le  prêtrr  la  leur  imposait. 
Dans  les  trois  premiers  siècles  on  n'accordait  pas 
(1)  Cyp.  cp.  10,  Pamclù 


IIISTOIUE  DES  SACUEMENTS.  4G4 

facilement  le  droit  d'entrer  dans  la  pénible  carrière 
de  la  pénitence  à  ceux  (jni  étaient  conpaiilosdc  grands 
\  crimes  ;  on  craignait  de  confier  à  dos  indignes  l'excel- 
lent don  de  la  pénitence  ,  et  les  bénédictions  dont  les 
ministres  de  l'Eglise  accompagnaient  ce  don.  C'est 
pourquoi  on  n'y  admettait  personne  qu'il  ne  l'eut  de- 
mandé avec  de  grandes  instances,  avec  larmes  el  gé- 
iKiissements.  Tertullien  (1)  nous  reiul  témoignage  de 
ce  que  nous  annonçons  ici  dans  ce  qu'il  a  écrit,  soit 
lorsqu'il  était  encore  catholique,  soit  lorsqu'il  fut  de- 
venu montanisle.  Nous  verrons  par  ses  |)aroIes  dans 
quel  appareil  les  pécheurs  se  présentaient  autrefois  à 
l'église  pour  recevoir  la  pénitence.  Lorsijue  vous  vous 
jetez  aux  pieds  des  frères,  dit-il  en  parlant  à  ceux  qui 
demandent  d'être  reçus  au  nombre  des  pénilents,  et 
que  vous  embrassez  leurs  genoux,  vous  louchez  Jésus- 
Christ,  vous  le  suppliez  :  quand  ils  répandent  des  larmes 
sur  vous,  Jésus-Christ  souffre,  etc.  En  parlant  de  la 
patience  et  de  ses  effets  (2),  il  dit  entre  autres  choses  : 
C'est  elle  qui  attend,  c'est  elle  qui  désire  et  qui  demande 
la  pénitence  avec  instance  pour  ceux  qui  doivent  un  jour 
parvenir  an  salut. 

Dans  son  livre  de  la  Pudicité  (c.   1  et  5  )  qu'il  a 
composé  depuis  qu'il  eut  renoncé  à  la  communion  de 
l'Église  catholique,  il  parle  de  cette  sorte  :  Nous  ar- 
rêtons les  bigames  à  la  porte,  nous  ne  laissons  point 
passer  outre  celui  qui  s'est  souillé  par  un  péché  de  la 
chair  ;  et  ensuite ,  ridolàtre,  l'homicide  el  C  adultère ,  se 
trouvent  là,  ils  sont  assis  ensemble,  revêtus  de  sacs  cl 
couverts  de  cendre,  «  sedent  in  sacco,  et  cinere  vihorre- 
«  scunl.  n  Ils  gémissent  également,  ils  font  les   mêmes 
prières ,  ils  sont  également  proshrnéa  aux  genoux  (  des 
frères),  ils  invoquent  également  leur  mère  {VÉ'^Wse), 
I  11  fait  ici  la  description  de  ce  qui  se  passait,  tant  dans 
!  l'Église  calholi(|ue  que  parmi  ceux  de  sa  secte  ;  d'où 
!  il  infère  que  les  Catholiques  avaient  tort  de  recevoir 
I  plutôt  les  adultères  et  les  furnicateurs  que  les  idolâtres 
et  les  homicides,  supposant,   contre  la  vérité ,  que 
l'Église  catholique   ne  voulait  point  les  recevoir  à 
pénitence,  ou  au  moins  à  la  réconciliation. 

S.Grégoire  Thaumaturge,  décrivant  les  stations  de 
la  [téiiilence  (c.  11  ) ,  dit  (jue  celle  de  ceux  qui  pleu- 
rent, qu'il  appelle  ■Kpà^-Ac/.vati,  est  hors  de  la  porte  de 
l'église,  où  il  faut  que  le  pécheur,  étant  debout,  sup- 
plie tous  ceux  qui  y  entrent  de  piier  pour  lui.  Le 
clergé  de  Rome  fait  allusion  à  cette  piati(|ne,  lorsque, 
parlant  de  ceux  qui  ét;iient  tombés  duiant  la  perhéca- 
lion,  et  qui  voulaient  être  reçus  d'abord  dans  l'église, 
il  dit  (5)  qu'ils  doivent  attendre  ce  que  les  évêques  or- 
donneront touchant  leur  pénitence,  et  qu'en  attendant, 
ils  frappent ,  à  la  bonne  heure  ,  aux  portes  de  l'église , 
mais  qu'ils  ne  les  rompent  pas ,  qu'il  s'approchent  du 
seuil ,  mais  qu'Us  ne  le  passent  pas ,  qu'ils  veillent  aux 
portes  du  camp  céleste ,  mais  armés  de  la  modestie  que 
doit  leur  inspirer  leur  désertion ,  qu'il   reprennent  la 


(1)  DePœnit.,  c.  10. 

(2)  De  Patient.,  c.  1-2. 

(3)  Apud  Cypr.,  Ep.  31  cdit.  Paaiclii,  et  50  O.vod. 


463       PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  1"  l'A^l'-  <^ll.\ 

trompette  de  Icios  piièrcs,  mais  (juils  ne  fassent  point 
entendre  des  sons  de  guerre,  etc.;  une  prière  modeste 
leur  se>-u  avunliujeitse ,...  que  leurs  larmes  leur  servent 
comme  d'ambassadeurs,  que  leurs  gémissements  et  leurs 
soupirs  leur  tiennent  lieu  d'intercesseurs ,  elc.  il  (iillail 
que  le  reste  do  la  vie  de  ceux  qui  se  présenlaienl 
pour  la  pénilcnce  répondil  à  ces  deiiors  lugubres  ;  et 
on  e\igeail  d'eux  (ju'ils  s'absliussenl  des  plaisirs  or- 
dinairos  de  la  vie.  C'est  ce  que  nous  voyons  dans  le 
li\re  de  S.  Cypricu  ,  de  Lapsis ,  où  il  eiiseii,'ne  coui- 
nient  ou  doit  se  préparer  à  recevoir  la  péiiilencc. 
Penserons-nous  que  celui-là  gémisse  et  déplore  iincère- 
ment  et  de  tout  son  cœur  ses  péchés ,  quil  s'e(]'orce  de 
se  rendre  Dieu  propice  par  ses  jeunes,  ses  pleurs  et  ses 
sanglots,  qui ,  depuis  le  moment  qu'il  a  péché  ,  va  tous 
les  jours  aux  buins ,  qui  s'engraissant  par  de  grands  re- 
pas ,  rend  le  lendemain  les  crudités  dont  il  est  chargé , 
tandis  quil  néglige  les  pauvres  avec  qui  il  ne  partage 
point  son  boire  et  son  manger  ;  qui  marche  avec  un  visage 
gai  et  serein?  comment  peut-on  dire  d'un  tel  homme  qu'il 
pleure  sa  mort  ? 

C'est  ainsi  ([ue  les  anciens  ne  se  contentaient  pas 
des  premières  déniarclies  des  péciieurs,  pour  leur  ac- 
conJer  la  grâce  d'èlre  admis  au  rang  des  pénitents,  à 
moins  que  le  reste  de  leur  conduite  ne  répondit  à  cet 
appareil  lugubre  avec  lequel  ils  demandaient  d'être 
reçus  à  pénitence.  Nous  avons  un  exemple  illustre  de 
la  manière  dont  ou  demandait  la  pénitence  dans  ces 
premiers  siècles  de  lÉglise  ,  en  la  personne  du  con- 
fesseur Nalalius ,  dont  nous  avons  déjà  parlé.  S'étant 
laissé  enirainer  par  les  îiéréliqucs  à  l'appas  des  hon- 
neurs et  des  richesses  qu'ils  lui  avaient  promis ,  ii 
avait  été  ordonné  évoque  de  leur  secte.  Jésus-Christ 
ne  voulant  pas  que  celui  ([ui  l'avait  confessé  autrefois 
périt  uiisérabienient,  l'avertit  par  plusieurs  visions 
célestes,  de  faire  pénitence  de  son  crime;  mais  étant 
endurci  et  possédé  de  l'amour  des  biens  de  cette  vie, 
il  s'embarrassait  peu  de  ces  averlissemenls,  jusqu'à  ce 
qu'un  ange  lui  déchii  a  le  corps  à  coups  de  verges  du- 
rant toute  une  nuit.  Mors,  dit  Eusèbe  (1),  s'étant  levé  le 
matin  et  couvert  de  ciliée  et  de  sac,  il  vint  la  tête  chargée 
de  poussière,  avec  une  grande  douleur  et  fondant  en  larmes 
se  jeter  aux  pieds  du  pape  Zéplnjrin,  il  embrassa  les 
genoux  de  ceux  du  clergé  et  des  laïques ,  de  sorte  que 
toute  r Eglise  touchée  de  compassion  joignit  ses  larmes 
aux  siennes.  Cependant ,  quoiqu'il  priât  avec  de  grandes 
instances,  et  qu'il  montrât  les  marques  des  verges  dont  il 
avait  été  fustigé ,  il  ne  fut  enfin  reçu  à  la  communion 
qu'avec  beaucoup  de  peine. 

Celle  coutume  de  faire  paraître  de  la  douleur  de 
ses  fautes,  et  de  remprcssemcut  pour  être  reçu  au 
nombre  des  pénitents,  n'était  point  de  pure  cérémo- 
nie, mais  elle  était  fondée  sur  la  liadiliou  la  plus  an- 
cienne, et  jugée  si  néressaire,  que  si  quehpi'un,  tom- 
bant malade  avant  d'avoir  demandé  la  pénitence,  et 
S(;  semant  pressé  jiar  la  maladie ,  demandait  d'être 
réconcilié,  on  le  lui  refusait;  au  lieu  qu'on  l'accordait 

(I)  Ilist.  Eccl.,  1.  o. 


P.  111.  ETAT  LUGUBRE  DES  PENITENTS.  1G6 
à  ceux,  ou  qui  s'étaient  déjà  soumis  à  la  pénitence,  ou 
qui  l'avaient  demandée  étant  en  santé.  C'est  ce  que 
nousapprenons  encore  deS.Cyprieu  (1)  :  C'est  pourquoi, 
mon  cher  frère ,  nous  avons  jugé  qu'il  fallait  exclure  de 
toute  espérance  de  paix  et  de  communion,  ceux  qui  n'ont 
point  fait  pénitence,  ni  témoigné  par  leurs  larmes,  une 
sincère  douleur  de  leurs  fautes,  s'ils  commencent  à  la 
demander  dans  la  maladie,  et  quand  le  danger  est  pres- 
sant ;  parce  que  ce  n'est  pas  la  repentance  de  leurs  péchés 
qui  la  leur  fait  demander ,  mai.i  l'approche  de  la  mort 
qui  les  y  contraint.  Et  celui-là  n'est  pas  digne  de  rece- 
voir à  la  mort  celte  consolation ,  qui  n'a  pas  fait  réfle- 
xion qu'il  devait  mourir.  «  Idcirc'o  ,  fraler  cliarissime , 
«  pœnitentiam  non  agentes,  nec  dolorem  delictorum  suo- 
c  rum  toto  corde  et  manifesta  lamentationis  suœ  profes- 
«  sione  testantes ,  proliibendos  omninb  censuimus  à  spe 
«  communicationis  et  pacis ,  si  in  infirmitate  atque  in 
i  pericnlo  cœperint  deprecari  ;  quia  rogare  illos  non  de- 
€  licti  pœnitentia,  sed  mortis  urgentis  admonitio  corn- 
j  peltit ,  nec  dignus  est  in  morte  accipere  solatium ,  qui 
«  se  non  cogilavit  moriturum.  »  Cette  rigueur  n'avait 
lieu  que  dans  les  premiers  siècles  ;  depuis  on  se  re- 
lâcha sur  cet  article ,  comme  nous  verrons  dans  la 
suite. 

Outre  toutes  ces  marques  d'humiliation  et  de  tris- 
tesse qu'on  exigeait  des  pénitents,  c'était  encore  la 
coutume  en  plusieurs  endroits  de  tondre  les  cheveux 
aux  pénitents  qui  demandaient  qu'on  leur  imposât  les 
peines  dues  à  leurs  péchés.  C'est  ce  que  nous  appre- 
nons entre  autres  du  canon  12'  du  3'  concile  de  To- 
lède :  Quiconque ,  soit  en  santé,  soit  en  maladie,  de- 
mande la  pénitence  à  l'évêque,  il  faut  avant  toute  chose 
que  l'évêque  ou  le  prêtre  le  tonde,  et  lui  fasse  changer 
d'habit  dans  la  cendre  et  le  cilice ,  soit  que  le  pénitent 
soit  sain  ou  malade,  et  qu'ensuite  il  lui  donne  la  péni- 
tence. Que  si  c'est  une  femme,  qu'elle  ne  reçoive  point 
la  pénitence  qu'elle  ne  soit  couverte  d'un  voile  et  qu'elle 
n'ait  changé  d'habit.  S.  Augustin  (■2)  fiiii  allusion  à 
celte  pratique,  lorsqu'il  dit.  :  Comme  si  lorsque  nous 
tâchons  de  vous  porter  à  la  pénitence,  nous  vous  disions 
d'avoir  soin  de  vous  couper  les  cheveux,  et  non  pas  d'a- 
bandonner vos  péchés,  d'arracher  vos  habits  plutôt  que 
vos  inauvaises  tnœurs.  Optât  de  Milève  reproche  aux 
Donatisles,  dans  son  second  livre,  de  ce  qu'ils  rasaient 
ignominieusement  les  prêtres  qu'ils  soumctiaient  à  la 
pénitence.  Celle  pratiijue  était  aussi  en  usage  dans 
l'église  de  Milan,  comme  il  paraît  par  le[discours  do 
S.  Ambroise  à  une  vierge  (c.  8)  qui  s'était  laissé  cor- 
rompre. //  faut  vous  revêtir,  lui  dit- il,  d'un  habit  de 
deuil,  et  punir  sévèrement  votre  esprit  et  vos  membre.'i. 
Que  l'on  coupe  ces  cheveux  qui,  pur  la  vaine  gloire,  vnl 
donné  occasion  an  péché  ;  que  votre  corps  soit  soumis 
aux  inacéralions,  qu'on  en  néglige  le  soin,  et  qu'il  fasse 
horreur,  étant  couvert  de  sac  et  de  pons&ière.Dnus  le  cin- 
quième livre  des  Capilulaires  (c.2),  ilest  ordonné  quij 
les  religieuses  qui  auront  mérité  la  pénitence  cano-. 
ni(|ue  seront  rasées.  Nouâtes  velatœ  eùdem  pœnitcn 

(!)  Epist.  12,  odit.  Pamclii,  et  lu  Oxon 
(2)  Aug.,  serni.  5S  d^:  tenipore. 


'4(>7 


ii:STO:i;e  bEâ'  ^'^v-.iJiHïKNiS. 


7m  conïïn'éâritur ,  «^  radmUur  omncs  ccipillï  capîit's 
eàrniit. 

Col  nsa!?c  né.infnoins,  dont  nous  apnortcrons  enonre 
quelques  preuves  ci-après,  n'était  point  universel; 
au  contraire  or.  voulait,  dans  certains  endroits,  que 
les  p''Mnleuts  laissassent  croîlrc  leur  barbe  et  leurs 
cbe.veux  en  signe  de  pénitence ,  mais  en  négligeant 
d'en  prcîiidre  soin.  C'était  l'iisageen  France,  au  sixième 
siècle,  au  moins  dans  la  partie  septentrionale ,  j'en 
ai  p<Mir  garant  S.  Eloi,  évèqui'  de  Noyoïi,  qui,  dans 
lin  de  ses  st>rnfinns  (boni.  11).  adresse  la  parole  aux 
pénifenls  Vh  ces  lernies  :  Cest  à  vous  maintenant  que 
fadrcuae  la  parole,  à  voua,  dis  je,  q:e  je  vois  revêtus 
di'  riiaînt  de  la  pénitence  et  pleurer  vos  péchés,  ayant 
le  ■:isoge  pâle  et  les  cheveux  longs,  t  furie  S'inaiidù  et 
criite  deniisso.  »  Saint  Litlorc  de  Séville,qni  vivait 
dans  le  même  siècle,  rend  lénioignage  de  la  même 
praliq.ic,  an  moins  pour  une  pirtie  de  l'Espagne  où 
il  vivaU,  et  où  elle  était  si  bien  établie  de  son  temps, 
que  dans  le  îivre  2'  des  offices  ecclésiastiques,  c.  16, 
il  découvre  un  sens  mystique  caciié  sous  cette  prati- 
que ;  Ceux  qui  font  pénitence,  dit  il,  laissent  croître 
teurtarbe  et  leurs  cheveux  pour  faire  voir  la  quantité  de 
crimes  dont  la  tête  du  pécheur  est  appesantie,  elc.  Ra- 
ban  M3ur(l),  qui  copie  cet  endroit  de  S.  Isidore, 
rend  parla  témoignage  qu  '  telle  était  la  pratique  des 
églises  d'an-deçà  du  Rliin  et  du  voisinage. 

S.  Eloi  rend  une  raison  moins  rechercbée  et  plus 
naUirelle  d'un  autre  usage  qui  est  d-gne  de  reniar(pie. 
Yoici  SCS  paroles  aux  péiiilents  :  Pourquoi,  leur  dit-il, 
êles-vous  placés  à  main  gauche  dans  l'église']  Ce  n'est 
pas  sans  cause  que  l'usage  a  établi  celte  coutume;  mais 
parce  que  le  Seigneur,  dans  son  dernier  jugement,  met- 
tra les  brebis,  c'est-à-dire  les  justes  à  la  droite,  et  les 
boucs,  c'est-à-dire  les  pécheurs  à  la  gtmche.  C'est  aussi 


re(;n  Fiinposiiion  des  mains  de  l'évêque  et  du  clergé 
|)Our  la  pénitence,  ante  mununi  ab  episcopo   et   clerc 
imposilam  in  pœnilentiam.  La  réponse  de  Purpurins, 
doni  Optai  de  Milève  (12)  fait  mention,  est  une  [irenvc 
évidente  de  celle  coulunie.  Cécilien,  évêipift  de  Car- 
tilage, cbagrin  de  voir  s'élever  un  schisme  dans  l'E- 
glise à  l'occasion  de  son  ordiriation,  que  ses  ennemis 
soutenaient  être  nulle,   parce    (jn'elle  avait  été  faite 
par  Féliv,  qu'ils  aicnsaient  d'avoir  livré  les  saintes 
Ecritures  pentlant  la  persécution  ,  s'offrit  à  recevoir 
I  de  nouveau  Pordination,  comme  si  la  première  devait 
,  être  censée  de  nul    effet.  A  quoi  Purpurins,  un  des 
I  chefs  des  schismatiques,  iiomme  hardi  cl  rempli  de 
I  malice,  répondit  :  Qu'il  vienne   présentement  ici  pour 
qu'on  lui  impose  les  mains  pour  l'épiscopat,  et  qu'on 
lui  casse  In  tête  en  lui  imposant  la  pénitence.  <  Et  quas- 
sctur  illi  caput  de  pœniter.tià.  j 

Ce  point  de  discipline  n'esl  pas  moins  évident  par 
ce  que  nous  trouvons  élabli  dans  les  conciles  et  les 
décrélales  des  Papes  (I),  où  il  est  défendu  de  donner 
la  pénitence  par  limposilion  des  mains  aux  prêtreS 
el  aux  diacres  qui  seront  lombes  dans  des  crimes 
qui  méritent  la  déposition  ;  car  si  les  clercs  étaient 
exempts  de  faire  la  pénitence  publique  qui  s'imposait 
de  cette  sorte  ,  il  est  clair  que  cette  cérémonie  avait 
lieu  pour  les  laïques,  suivant  celte  maxime,  que  les 
exceptions  prouvent  la  règle. 

Le  qiunzième  canon  du  concile  d'Agde  enseigne 
formellement  la  même  chose.  Que  les  pénitents,  dans 
le  temps  qu'ils  demandent  la  pénitence ,  reçoivent  du 
\  prêtre  l'imposition  des  mains  el  le  ciliée  sur  la  tête, 
comme  il  est  établi  partout,  «  sicut  ubique  constitutum 
est  ;  n  que  s'ils  ont  'gardé  leurs  cheveux,  et  n'ont  pas 
changé  d'habits,  qu'on  les  rejette.  Ce  canon  est  lépélé 
dans  les  capilnlaires  ,   el  se  trouve  dans  Burcliard , 


pour  cette  raison  que  les  ciliées  qui  servent  d'habits  aux.ïl  'ves  de  Chartres  el  Gralien. 


pénitents  se  font  de  poils  de  boucs  el  de  chèvres  :  car 
le  bouc,  suivant  la  loi,  devait  toujours  être  offert  pour 
le  péché,  elc. 

Nous  avons  exposé  jusqu'à  présent  la  manière  dont 
les  pécheurs  se  présentaient  à  l'église  pour  recevoir  la 
pénitence  publiipie,  aussi  bien  que  celle  dont  ils  l'exé- 
culaieut;carce  que  nous  avons  rapporté  prouve  assez 
clairement  (pi'ils  persévéraient  dans  cet  étal  d'humi- 
liation dans  lequel  ils  s'étaient  présentés.  Voyons  à 
présent  avec  quelles  cérémoniesles  piètres  leur  im- 
posaient la  pénitence.  Nous  avons  déjà  dit  quelque 
chose  de  la  manière  dont  elle  s'imposait  eu  |)arlanl 
de  la  confession;  mais  comme  nous  nous  sommes 
surtout  éiendu  sur  la  confession  secrète  et  la  péni- 
lence  qui  se  faisait  en  paiticulier,  il  faut  expliquer 
ici  la  manière  dont  on  imposait  la  publique.  S.  Cy- 
|)rien  nous  apprend  que  cela  se  faisait  par  rinqjosilion 
des  mains  de  révècpie  et  du  clergé;  c'est  ce  qu'on 
])eut  voir  dans  sa  lettre  onzième  (2),  dans  la(iuelle  il 
reproche  à  cert  lins  prêtres  leur  précipitation  à  re- 
cevoir les  pécheurs  à  la  paix,  avant  (pi'ils  eussent 

(1)  De  Instit.  clerie.,  c.  29. 

(2)  De  i'cdiliou  do  Pamelius,  et  lu  de  celle  d'Oxfort. 


Celte  impo>ition  des  mains  n'était  point  séparée  de 
la  prière,  par  laquelle  l'évêque  ou  le  prêtre,  el  autre- 
fois l'évêque  avec  ses  prêtres,  demandaient  à  Dieu, 
pour  le  pénitent,  la  force  et  le  courage  d'accomplir 
fidèlement  la  pénitence  qui  lui  était  imposée,  et  qu'on 
lui  donnait  par  écrit,  suivant  la  qualité  et  les  circon- 
I'  stances  qui  rendaient  son  crime  plus  ou  moins  atroce, 
surtout  quand  c'était  un  de  ces  péchés  qui  se  commet- 
tent plus  rarement;  car  pour  ce  qui  est  des  fléchés 
moins  rares,  quoique  très-grands,  comme  l'adultère, 
il  n'était  point  nécessaire  de  lui  prescrire  par  écrit  les 
ausléritcs  par  lesijuelles  il  de\ait  les  expier,  ni  le 
temps  qu'il  devait  y  employer,  cela  étant  assez  cormii 
par  l'usage  ordinaire  et  la  pralicpie  jounialièrc.  Que 
l'imposilion  des  mains  fût  accompagnée  de  la  prière 
du  prêlre,  c'est  une  chose  si  notoire,  qu'il  semble  être 
superflu  de  perdre  le  temps  à  le  prouver.  Tout  le 
inonde  sait  que  celle  cérémonie  était  inséparable  dt; 
la  prière,  jns([ue-là  que  l'on  confondait  (pichpiefois 
l'iuie  avec  l'autre.  Qu'est-ce  que  l'imposition  des  mains, 
dit  S.  Augustin,  sinon  la  prière  que  l'on  fail  sur  l'hom- 

(1)   Coiie.  Carlh.,  can.  1!  ;  S.  Léo,  ép.  90,  nunc. 
'J  2,  nov.  é(iil. 


-469    PENITENCE.  —  SECT.  III.  l"  PAKT.  C11AI>. 
me?  Mais,  pour  s'en  convaincre  dans  le  cas  présent,  ; 
il  suflii  de  jeler  les  yeux  sur  tous  les  anciens  ordres,  i 
riliioU  el  sacranicniaircs,  où  les  prières  que  l'on  doil 
refiler  sur  les  pcclieurs  qui  enlraionl  dans  la  carrière 
de  la  pénilencesonl  prescrites.  J'y  ajouterai  stMileuH-nl 
ce  qui  esl  dit  dans  un  ancien  canon  qui  est  rappoi  l(' 
dais  le  5°  livre  des  Capiiulaires,  c.  52,  en  ces  tenues  : 
Que  le  prèlrc  donne  la  pénilcnce  suivant  la  refile  canoni- 
que à  celui  qui  se  sera  confessé  à  lui,  s'il  a  laissé  tomber 
uéfjlifjenimenl  ses  cheveux,  ou  cliamjé  d' habit  ;  eUpCiUui  \^ 
impose  les  mains  selon  l'autorité  canonique,  avec  les  orai- 
sons marquées  dans  le  Sacramentaire  pour  donner  la  pé- 
nitence. Nous  avons  dit  plus  haut,  dans  le  chapitre 
sixième  de  la  seconde  section  ,  dans  quel  temps  sur- 
tout on  se  présentait  pour  recevoir  la  pénitence.  Peut-   l 
être  aurons-nous  lieu  d'en  parler  encore  dans  la  troi- 
sième partie  de  cette  section,  et  de  rapporter  plus  au 
long  ce  qui  se  faisait  autrefois  le  jour  des  cendres,  et 
,qui  est ,  depuis  un  certain  temps ,  dégénéré  en  pure 
cérémonie. 

En  alleudant,  nous  remarq\icrons  qu'il  est  resté  dans 
certaines  églises  quelques  vestiges  de  celte  ancienne 
manière  de  recevoir  les  pécheurs  à  la  pénitence  le 
mercredi  de  la  Quinquagésime ,  et  qu'on  y  distingue 
les  pécheurs  des  iiuiocents  par  des  niar(]nes  particu- 
lières. 

A  Narbonne,  par  exemple,  les  pénitents  publies 
s'abstiennent  j)endant  tout  le  carême  de  l'entrée  de 
l'église,  réduits  à  réciter  quelques  prières  dans  leurs 
maisons  pendant  la  célébration  de  la  messe.  L'ordi- 
naire de  Cambray  veut  que  l'évêque  nielle  un  cilice 
en  la  main  de  chaque  pénitent,  en  hn  disant ,  conlere 
cor  Itium,  etc.  Au  siècle  dernier,  à  Autun,  le;  feniiiies 
qu'on  mettiit  en  pénitence  ce  jour-là  couvraient  leur 
tète  d'une  partie  de  leur  robe  ,  qu'elles  relevaient  en 
forme  de  sac  :  c'est  ce  que  témoigne  M.  de  Yerl.  Nous 
parlerons  ailleurs  de  ce  qui  se  pratique  encore  à  pré- 
sent dans  l'église  de  Rouen  sur  le  mémo  sujet. 

En  d'auire?  endroits,  quoique  les  pénilciils  ne  .soient 
point  dictingués  du  reste  des  fidèles  da;;s  la  cé- 
rémonie du  jour  des  cendres  ,  on  y  aperçoit  plus  clai- 
rement les  traces  de  l'ancienne  manière  d'imposer  la 
pénitence  aux  pécheurs.  A  Avaion,  église  collégiale  du 
diorèse  d'Autun,  les  cendres  se  distiihueat  encore  à 
présent  sur  les  marches  ou  degrés  de  la  grande  porte 
de  léglise,  qui  est  l'endroit  on  en  effet  on  couvrait  au- 
trefois les  pénitents  de  cendres;  ce  qui  se  pratique  en- 
core en  d'autres  églises  (I  ).  A  Évreux,  à  Orléans,  etc., 
c'est  encore  le  pénitencier  qui  fait  la  cérémonie  des 
cendres.  A  Rome,  c'est  encore  le  grand  pénilencier 
qui  les  donne  an  pape.  Dans  l'église  de  Sens,  on  porte 
encore  aujourd'hni  un  cilice  au  bout  d'une  longue  per- 
che le  mercredi  des  cendres.  Enfin,  à  Aiitun,  c'est  un 
clerc  en  soutane  et  en  surplis  (\\\\  fait  pour  tous  les 
autres  le  personnage  de  pénitent.  On  le  chasse  de  Té-  j 
glise  le  mercredi  des  cendres,  et  on  l'y  fait  rentrer  le 
jeudi-saint. 


(I)  De  Vert,  t.  "2,  p.  5T.j  et  seq, 


IV.  l'E.MlLNTS  ADMIS  A  L'EUCHARISTIE.     470 

CHAPITRE  IV. 

Que  dans  les  premiers  siècles  de  il.qlise  la  réconcilia- 
tion des  pécheurs  n'était  séparée  par  aucun  espace  de 
temps  de  la  participation  de  l'Kncharislie, 

Depuis  cpie  Novat  eut  publié  son  hérésie,  il  était  as- 
sez ordinaire  de  melire  un  esp;in^  de  temps  entre  la 
réconciliation  et  la  réeeplion  du  corps  dr  notre  Sd- 
gneur  ;  il  arrivait  môme  quelquefois  que  l'on  était  nn, 
deux  et  trois  ans  avant  que  l'on  pflt  parvenir  à  ce  bicn- 
fail  :  et  ceux  qui  l'atlcndaient  étaient  oicofrc  censés  an 
nombre  dts  pc-nitenls,  quoique  réconciliés  et  assistant 
à  tomes  les  prières  de  l'Église,  même  à  la  célébration 
du  S.  sacrifice.  On  appelait  ceux  qui  se  trouvaient  on 
cet  état  les  consistants,  qui  composaient  la  quatrième 
station  de  la  pénitence.  Mais  auparavant  je  ne  vois  pas 
que  cela  ait  en  lien,  et  que  l'on  ait  différé  la  commu- 
nion à  Ceux  qui  avaient  été  réconciliés.  Le  conlraire 
paraît  même  assez  bien  établi  par  ces  paroles  de 
S.  Cyprien,  qui,  parlant  de  ceux  qui  se  purifiaient  par 
les  exercices  de  la  pénitence,  et  auxquels  il  avait  jugé 
à  propos  de  donner  la  paix  avant  qu'ils  eussent  ac- 
compli le  temps  de  leur  pénitence,  à  cause  de  la  per- 
sécution que  Dicn  lui  avait  fait  connaître  devoir  arri- 
ver bientôt ,  s'explique  ainsi ,  après  avoir  parlé  des 
conciles  de  Rome  et  d'Afrique,  où  il  avait  été  réglé 
que  ceux  qui  étaient  tombés  feraient  longtemps  pé- 
nitence, DIU  ACERÉ.NT  POEMTENTIAM  PLENAJI.  MaisVUtin- 

leuatU  la  paix  est  nécessaire  non  seulement  aux  infir- 
mes (I),  mais  aux  forts,  et  nous  devons  donner  la  paix, 
non  aux  mourants,  mais  à  ceux  qui  vivent,  afin  que  nous 
ne  laissions  pas  nus  et  sans  armes  ceux  cjue  nous  exci- 
tons et  exhortons  au  combat ,  mais  que  nous  les  munis- 
sions de  la  protection  du  corps  el  du  sancfde  Jésus-Christ. 
Et  puisque  l'Eucharistie  se  consacre  afin  qu'elle  tienne 
lieu  de  sauve-garde  à  ceux  qui  la  reçoivent,  nous  devons 
armer  de  sa  protection  ceux  que  nous  voulons  mettre  en 
sûreté  contre  les  attaques  des  ennemis  :  car  comment  leur 
enseifjucrons-nous  et  les  animerons -nous  à  répandre 
leur  sanq  pour  la  confession  du  nom  de  Jésus-Christ, 
si  nous  leur  refusons  son  sang,  lorsqu'ils  sont  près  d'en- 
trer au  combat?  on  comment  les  rendrous-nons propres 
(i  boire  le  calice  du  martyre,  si  auparavaiit  nous  ne  les 
admettons  point,  par  le  droit  de  la  communion,  à  boire 
dans  l'Église  la  coupe  du  Seigneur? 

Il  faudrait  transcrire  toute  cette  lettre,  dans  laquelle 
on  voit  partout  la  même  chose.  Il  n'y  parle  que  tis  la 
paix  el  de  la  communion  quo  l'on  doil ,  dans  la  con- 
joncture présente .  donner  non  seulement  aux  mala- 
des, connue  il  avait  été  arrêté  par  ces  deux  conciles 
dont  nous  avens  p.irlé,  mais  encore  aux  autres  ,  et  il 
y  prend  indidéremment  les  noms  de  paix,  de  commu- 
nion ,  et  de  corps  el  de  sang  de  Jésus-Clirist  jiour  la 
même  chose,  non  qu'ils  signifient  formellemenf  la  mê- 
me chose,  mais  parce  qu'ils  étaient  inséparable»  sui- 
vant l'nsi'.ge  de  ce  lomps-lîi,  h  l'égard  de  cf,ux  qui 
avaient  accomi:li  h'ur  pénitence,  ou  à  qui  '.Eglise  fai- 


,\      (1)  Cypr.,  episl.  M. 


471 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


47^ 


sait  gnVcc  à  cause  do  quelques  conjonctures  pareilles  ' 
à  celles  dont  il  s'agit  dans  cette  lettre,  ' 

Tout  le  livie  de Lnpsh  de  ce  saint  évêque  est  écrit 
poin-  it''[)iiiiier  l'audace  de  certains  cluéliens  qui,  après 
être  toinlics  durant  la  persécution,  avaient  reçu  des 
libelles  des  martyrs,  dans  lescpiels  se  trouvaient  or- 
dinairement ces  paroles,  nis  paccm  damts,  7ious  don- 
nons la  paix  à  ceux-ci.  Parlout  on  y  voit  qu'en  consé- 
quence CCS  tondtés  piél(;ndaient  être  reçus  à  la  |)arli- 
cipation  de  l'Eucliaristie,  et  quoS.  Cypiien  n'était 
occupé  qu'à  leur  faire  voir  que  cette  piécipitalion  leur 
serait  luneste,  et  (ju'il  serait  honteux  à  l'Église  de 
céder  à  leurs  menaces  :  preuve  ceitaine  que  S.  Cy- 
prien ,  cl  ceux  qu'il  combat,  entendaient  que  la  paix 
ne  devait  point  cire  séparée  de  la  récepliou  des  saints 
mystères.  Avant  d'avoir  croie  leurs  péclics,  ils  deman-  \ 
dent  la  paix  :  cela  n'est  pas  une  paix,  mais  une  (juerre, 
i  non  est  pax  illa,  sed  bellh  ";.  î  U  avait  dit  aupiu'avant  : 


Mon  de  la  sainte  Eucbaristie  ,  sans  y  ajouter  d'autres 
peines,  au  moins  que  nous  sachions;  car  cette  sous- 
iraclioii  tenait  lieu  de  pénitence  à  ceux  qui  avaient 
commis  des  fautes  légères,  et  ce  temps  de  séparation 
étant  expiré,  ils  étaient  reçus  par  l'absolution  à  la  par- 
ticipation des  divins  mystères  :  au  lie\i  qu'ici  il  s'agit 
des  iiécbcurscpii  ont  accom|tli  le  temps  de  la  pénitence 
qu'on  leur  avait  prescrit,  au  bout  duquel  ils  recevaient 
en  même  temps  le  double  bienl'ait  de  la  réconciliation 
et  de  la  communion  du  corps  et  du  sang  de  Notre-Sei- 
gneur. 

11  est  vrai  que  ce  que  nous  avons  dit  précédemment 
prouve  bien  que  l'on  pourrait  séparer  ces  deux  cho- 
ses ,  comme  cela  s'est  fait  depuis;  mais  il  ne  prouve 
1  pas  qu'elles  fussent  sé[)arées  dans  les  deux  ou  trois 
premiers  siècles;  et  ce  que  nous  venons  de  dire  «lans 
ce  chapilre  prouve  le  conlraire.  Passons  présente- 
ment à  une  autre  matière,  et  examinons  pour  quelle 
espèce  de  péchés  on  prescrivait  autrefois  le  remède 


Revenant  des  autels  du  di  ;\e,  ils  approchent  du  sacré 

corps  du  Seigneur  avec  dt    'nains  souillées  et  infectées  |  l'e  la  pénitence  publique,  et  comment  ceux  qui  n'ô- 

par  la  puanteur  des  sacri,'us  profanes.  (11  fait  ici  allu-  i  t«'''"t  Point  soumis  à  cette  peine  s'expiaient. 


sion  à  la  pratique  de  soi  temps ,  de  recevoir  l'Eu- 
charistie dans  la  main.)  Ces  endroits  rapprochés 
ainsi  l'un  de  l'autre,  montrent  clairement  que,  sui- 
vant S.  Cyprien,  ces  deux  termes,  paix  et  réception  de 
l'Eucliaristie,  étaient  é(juivalents  |)ar  rapport  au  f;iit. 

On  voit  la  même  discipline  établie  par  la  plupart 
des  canons  du  concile  d'Elvire  où  ces  lennes  donner  la 
paix,  recevoir,  donner  la  communion ,  se  prennent  iii- 
difléremmei  i,  aussi  bien  que  celui  d'associer  à  la  coni-  l 
viunion  du  .-eigneur ,  poterit  domimc.e  sociari  com-  I 
MUNiONi,  non  (lie  ces  manières  de  parler  signifiassent, 
comme  nous  ^vons  déjà  remarqué ,  la  même  chose , 
mais  parce  qii  )n  ne  les  séparait  point  alors  :  sans 
quoi  les  Pères  de  ce  concile  auraient  parlé  très-im- 
proprement et  auraient  tout  confondu  ,  ce  qu'on  ne 
peut  penser  d'hommes  aussi  respectables.  Le  canon 
76  porte  ainsi  ;  Si  c'est  un  fidèle,  après  avoir  fait  péni- 
tence Cespace  de  dix  ans,  qu'on  le  reçoive,  recipiatur. 
Ce  qui  est  la  même  chose  que  ce  qui  se  Kt  dans  plu- 
sieurs autres  :  Après  avoir  accompli  la  pénitence  lécji-  \ 
lime,  qu'on  lui  donne  la  communion.   <  Aelà  légitima  î 
«  pœnitentià,  communia  prœstetur.  i  El  dans  le  07"  :  j 
Après  dix  ans,  qu'il  reçoive  la  communion,  cnjanl  fait  la  \ 


CHAPITRE  Y. 

Que  les  anciens  Pères  divisaient  les  péchés  en  trois  clas- 
ses; que  ceux  de  la  première  classe  étaient  soumis  à 
la  pénitence  publique.  Comment  on  satisfaisait  à  Dieu 
pour  les  autres.  Que  plusieurs,  autrefois,  embrassaient 
la   pénitence  publique  par  dévotion.   Quelle  idée  on 
avait  de  sa  vertu  et  de  son  utilité. 
Les  anciens  distinguaient  les  péchés  en  trois  clas- 
ses différentes,  aussi  bien  que  les  remèdes  qu'ils  y  ap- 
portaient. La  première  comprenait  les  crimes  ou  les 
péchés  énormes,  qu'ils  appelaient  quelquefois  simple- 
1  ment  péchés  mortels,  d'antres  fois  canoniques,  parce 
qu'ils  élaient  soumis  à  la  sévérilc  des  canons.  La  se- 
conde  renfermait  les  péchés  qui,  à  la  vérité,  élaient 
mortels  par  eux-nième- ,  parce  (pi'ils  conduisaient  à  la 
mort  éternelle  ceux  ([ui  ne  s'en  repentaient  point  sé- 
rieuscnienl,  mais  qui  élaient  moindres  que  les  précé- 
dents, qu'ils  appelaient  gravissima.  Les  péchés  véniels 
ou  journaliers  étaient  conqiris  dans  la  troisième  classe. 
Nous  avons  déjà  fait  mention  de  celle  division  célèbre 
chez  les  anciens;  mais  la  matière  cpii  se  présente  ici 
exige  de  nous  que  nous  la  rappelions. 

Sous  la  première  classeétaient  compris  ces  trois  sor- 


pénitence  légitime.  «  Post  decem  annos  aceipiat  commu-  s    tes  dépêchés,  savoir,  ridolàlrie,  l'homicide  et  le  pé- 


t  nionem,  actà  Icgitinu'i  pœnitentiii.  »  Dans  le  canon  59 
il  est  ordonné  que  ceux  qui  reviennent  de  l'hérésie, 
s'ils  s'y  étaient  jetés  d'eux-mêmes ,  ne  recevront  la  ! 
communion  qu'après  une  pénitence  de  dix  ans,  post 
decem  annos  prœstari  communio  débet.  Ce  qui ,  sans 
doute,  doit  s'entendre  de  la  participation  de  l'Eucha- 
ristie. Que  s'ils  y  ont  été  entraînés,  ap))aremment 
par  leurs  parents  ou  autrement,  sans  avoir  l'câge  de 
discernement,  ils  seront  reçus  aussilôt ,  incnnctanler 
reripiantur. 

Ce  que  nous  avons  dit  dans  ce  chapitre  n'est  point 
contraire  à  ce  que  nous  avons  prouvé  dans  le  second 
de  cette  partie ,  entre  autres  par  le  concile  d'Elvire, 
que  l'on  punissait  les  moindres  fautes  par  la  souslrac- 


ché  de  la  chair,  et  lem-s  différentes  espèces:  par  ex- 
emple,sous  l'idolâtrie  ils  comprenaient, non  seulement 
les  sacrifices  profanes,  mais  les  augures,  les  divina- 
î  i  lions,  les  parjures,  les  blasphèmes,  l'apostasie,  eic. 
Par  le  péché  de  la  chair,  qu'ils  nommaient  mœehiu, 
ils  entendaient,  outre  l'adultère  et  la  fornication,  i)lii- 
sieurs  autres  espèces  d'inipnrclé  et  les  péchés  contre 
nature.  Il  en  élait  de  même  de  l'homicide.  Vous 
avez  pu  remanpier  dans  cet  ouvrage  que  Tertullien 
insiste  souvent  sur  ces  trois  espèces  comprises  dans 
la  première  classe  des  péchés.  Les  Pères  qui  l'ont 
suivi  en  ont  aussi  parlé  fréqiu^mment,  comme  nous 
verrons  bientôt.  Dans  les  trois  premiers  siècles,  sur- 
tout dans  les  deux  premiers,  celte  classe  élait  assez 


473  PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  1"  TAUT. 

restreinte  ;  mais  dans  la  suite  on  lui  donna  plus  dé-  jt 
tendue,  à  mesure  que  les  péchés  se  mulliplièrcnl, 
mais  ordiuaiieiiiciit,  sons  prélexte  que  les  pécliés 
auxquelson étendait  cestiois  espèces  yavaioni  du  rap- 
port. C'est  ce  que  nous  apprenons  de  S.  Basile,  qui 
dans  le  oanon  30'  de  son  Épîlre  canonique,  avoue 
qu'il  est  le  preniiiT  qui  ail  imposé  dos  peines  cano- 
ni(pios  aux  ravisseurs:  car  voici  comme  il  s'exprime 
là-dessus:  Pour  ce  qui  c^t  des  ravisseurs,  nous 
n  avons  point  d'anciens  canons,  mais  nous  propo- 
sons noire  propre  sentiment  ;  savoir  ,  qu'eux  et 
leurs  complices   soient  trois  ans  exclus  des  prières , 

etc.  /Mibit/.  jj.ï-j  w.'janô)  Wf.  syouvj,  tSiav  Ss  yv&mKjv  à-oivîsâ- 

HiOv.  Paroles  qui  confirment  ce  qur  nous  avons  dit, 
que  celle  classe  de  grands  crimes  élail  plus  res- 
treinte dans  les  premiers  temps,  par  rapport  à  la 
pénitence  canonique.  Le  canon  80'  du  même  saint 
prouve  la  même  chose,  aussi -bien  que  l'altcnlion 
que  l'on  avail  à  chercher  (pielque  rapport  avec  les 
trois  espèces  de  péchés,  dont  nous  avons  parlé,  dans 
ceux  pour  lesquels  on  déterminait,  contre  l'ancien 
usage,  des  peines  canoniques  (1).  Les  Pères,  dit-il,  ont 
passé  sous  silence  la  pohjcjamie  comme  étant  plus  di(jne 
des  bêtes  que  des  hommes.  Pour  nous  ,  nous  avuns  jugé 
quelle  était  un  péché  plus  grand  que  la  fornication,  et 
c'est  pourquoi  il  est  raisonnable  que  ceux  (jui  sont  dans 
ce  cas  soient  soumis  aux  canon-'i,  c'est  à  dire,  qu'après 
qu'ils  auront  pleuré  u}i  an,  et  auront  été  trois  ans  pro- 
sternés, ils  soient  reçus.  Vous  voyez  qu'il  compare  la 
polygamie  à  la  fornication,  et  que  c'est  en  vertu  de 
cela  qu'il  la  soumet  à  la  pénitence  canonique.  Il 
entend  ici  par  polygamie  les  mariages  qui  se  con- 
tractent après  les  quatrièmes  noces,  selon  l'inler- 
prétation  de  Balsamon,  célèbre  canonisle  chez  les 
Grecs. 

Saint  Grégoire  de  Nysse(2)nous  assure  aussi  que  les 
anciens  n'avaient  point  imposé  de  peines  canoniques 
pour  l'usure,  le  vol  secret  et  plusieurs  autres  vices, 
sans  doute  parce  qu'ils  ne  voyaient  pas  que  ces  pé- 
chés eussent  trait  à  ces  trois  espèces  dont  nous  par- 
lons; ils  s'en  tenaient  littéralement  à  cette  division. 
II  paraît  encore  par  la  lettre  canonique  de  saint 
Grégoire  Thaumaturge  aux  évoques  du  Pont,  qu'il  y 
avait  chez  eux  de  très-grands  crimes,  pour  lesquels 
les  lois  et  les  coutumes  n'avaient  puint  déterminé  de 
pénitence  ;  puisque  ce  saint  envoya  dans  celte  pro- 
vince un  de  ses  prêtres,  pour  qu'il  vît  ceux  dont  on 
devait  entendre  les  accusations,  et  ceux  qui!  fallait 
séparer  des  prières  de  l'Eglise,  ce  (pii  fait  voir  (|ue  le 
crime  dont  il  s'agissait  n'était  point  alors  soumis  à 
la  pénitence  canonique  dans  la  province  du  Pont: 
cependant  ce  crime  était  des  plus  graves,  puisqu'il 
regardait  certaines  personnes,  qui  dans  une  incursion 
de  barbares  avaient  elles-mêmes  pilh:  leurs  conci- 
toyens, et  relen.'iient  ce  qu'ils  leur  avaient  enlevé; 
mais  le  vol  avail  nn)ins  de  lapporl  à  ces  trois  espèces 

(l)Caii.  80.  epist.ad  .\mpliilochiiim,  -:,-j  -o;vy'/'/.v.v 

(2)  Ep.  ad  Eoioyiim. 


CHAI'.  V.  DIVISION  DES  PÉCHÉS.  47i 

de  péchés  qui  seul  anciennement  étaient  soumis  aux 
lois  de  la  pénitence. 

Dans  la  suite  ,  comme  nous  avons  dit,  on  joignit  à 
ces  pé'clK'S  ceux  qui  y  avaient  quehpie  rapport  (|uoi- 
(pTéloigiu',  conune  vous  venez  de  le  voir  ;  et  insen- 
siblement on  mit  dans  la  nu'nie  catégorie  généra- 
lement tous  les  grands  péchés  dont  les  effets  se  font 
sentir  ;  car  pour  ce  qui  est  des  péchés  de  l'esprit,  ou 
intérieurs,  nous  ne  voyons  pas  (ju'ils  aient  jamais  été 
soumis  à  la  pénitence  publique  par  aucune  loi  de 
l'Eglise.  Le  premier  concile  de  Tolède  nous  fournit 
une  preuve  sans  réplique  de  ce  que  nous  avançons, 
lorsqu'il  dit(c.2)  "iVoî/s  appelons  pénitent  celui  qui  après  le 
baptême  faisant  pénitence  publiffue  on  pour  un  homicide, 
on  pour  divers  crimes  et  de  très-grands  péchés,  étant 
revêtu  de  cilice,  est  réconcilié  au  saint  autel.  tPœniten- 
i  tem  dicimus  de  eo  qui  post  baplisnmm,  aut  pro  ho- 
«  micidio,  aut  pro  diversis  criminibus ,  gravissimisque 
«  peccatis,  i  etc.,  paroles  (pii  fonl  voir  que  dans  la  suite 
sans  trop  s'arrêter  à  ces  trois  espèces  de  péchés  de 
la  première  classe,  dont  nous  avons  parlé,  on  y  com- 
prenait indifféremment  tous  les  grands  péchés,  que 
l'on  soumit  à  la  pénitence  canonique. 

Avant  de  prouver  ce  changement  plus  au  long,  je 
veux  rapporter  deux  endroits  de  la  lettre  canonique 
de  S.  Grégoire  de  Nysse  à  Letoyus,  qui  font  voir  ce 
que  nous  avons  déjà  dit  du  peu  d'étendue  que  l'on 
donnait  aux  péchés  de  la  première  classe,  qui  étaient 
ceux  pour  les(piels  les  anciens  faisaient  subir  les 
peines  canoniques.  1'  ayant,  dit-il ,  plusieurs  péchés 
qui  sont  les  suites  de  la  colère  et  tous  très-dangereux; 
il  a  plu  à  nos  pères  de  ne  point  en  faire  une  recherche 
trop  exacte,  et  de  ne  se  pas  mettre  beaucoup  en  peine , 
ni  même  de  prescrire  des  remèdes  propres  à  guérir  les 
fautes  qui  naissent  de  cette  passion,  quoique  l'Ecrilure 
non  seulement  défende  de  frapper  jusqu'à  blesser  quel- 
qu'un, mais  qu'elle  interdise  toute  sorte  d'insulte,  de  pa- 
roles injurieuses  et  toute  autre  chose  semblable  que  la 
colère  produit.  Mais  ils  n'ont  pris  des  mesures  et  des 
précautions  que  contre  l'homicide,  par  les  peines  qu'ils 
ont  imposées  à  ceux  qui  commettraient  ce  crime,  ?tà  '.ùt 
£Tuzi;j.ioi-i,  ce  qui  s'entend  chez  les  anciens  des  peines 
canoniques  de  la  pénitence  publique.  Noire  saint  évêque 
se  conforme  lui-même  à  celte  ancienne  coûtante,  et  ne 
prescrit  des  pci)tes  que  pour  l'homicide,  soit  volontaire, 
soil  involontaire. 

L'autre  endroit  de  la  même  lettre  n'est  pas  moins 
remarquable  :  on  y  voit  ce  que  nous  entreprenons  de 
prouver,  et  en  même  temps  rattachement  inviolable 
de  S.  (irégoiro  aux  anciennes  règles,  quoiqu'il  eût  de 
très-fortes  raisons  de  ne  pas  s'y  conformer  si  scrupu- 
leusement. Il  est,  dit-il,  une  autre  espèce  d'idolâtrie, 
car  c'est  ainsi  que  le  divin  Apôtre  nomme  l'avarice  :  je 
ne  sais  comment  nos  pères  n'ont  prescrit  aucun  remède 

contre  ce  mal,    si/    orô'd-w;  à.O-:x-sv:oj  Ottô  twv  Try.T-f^wv 

T,;jMJ  Tta^ctij-ô/;.  Il  l'ait  voir  ici  combien  ce  vice  est  dan- 
gereux, et  répèle  encore  que  les  anciens  n'ont  point 
statué  de  peines  canoniques  pour  les  guérir.  Après 
([\un  il  ajoute  .C'est  pourquoi  celte  dangereuse  maladie 


i75 


se  répand  dans  l'Eglise,  et  on  n  examine  pas  si  ceux  qui  » 
entrent  dans  le  cleraé.  nonl  point  été  souillés  de  cette  \ 
espèce  d'idolâtrie.  Mais  nous  nous  imaginons  parce  que 
vos  pères  l'ont  omise,  que  lu  parole  sujfit  pour  la  guérir, 
et  nous  ne  regardons  comme  criminels  que  les  voleurs,  j 
ceux  qui  déterrent  tes  morts,  et  les  sacrilé>jes,  parce  que 
la  tradition  nous  a  inslimls  à  cet  égard  ;  quoique,  suivant 
l'Écriture,  l'usure  et  les  autres  manières  injustes  de  s'en- 
richir soient  éqalenwnt  défendues.  Mais  puisque,  pour  ce 
qui  nous  regarde,  les  canons  ont  clici  nous  une  entière 
autorité,  nous  ajouterons  à  ce  que  nous  avons  dit,  le  juge- 
ment des  canons  sur  ce  qui  est  constamment  défendu. 
Après  ces  paroles  il  divise  le  vol  en  ses  différenles 
espèces,  cl  iiinrqiie  les  peines  par  iesijuelles  on  devait 
expier  piililiipicjuenl  ces  séries  de  péchés.  Noire  saint 
évoque  parle  sans  douie  des  canons  (pii  élaienl  reçus 
dans  rOrient,  cl  des  usages  des  églises  de  son  pays  ; 
car  nous  trouvons  l'usure  expressémeni  délendue  et 
soumise  à  la  pénilCMce  canonique  avant  lui  en  Occi- 
dent, comme  il  est  clair  par  le  canon  20'  du  concile 
d'Elviie  que  voici.  Si  on  découvre,  dit  le  canon,  qu'un 
clerc  exerce  l'usure,  nous  ordonnons  qu'il  soit  dégradé  et 
téparé  de  la  communion ,  t  placnit  eiim  degradari  et 
f  abstineri.  »  Si  on  prouve  que  quelque  laique  ait  com- 
mis ce  péché,  et  qu'il  ait  promis  de  ne  point  continuer, 
vous  jugeons  à  propos  qu'on  lui  pardonne;  mais  s'il 
persévère  dans  celte  iniquité,  vous  voulons,  qu'il  soit 
chassé  de  l'Eglise.  „  • , 

C'est  ainsi  qu'en  matière  de  discipline  les  choses 
varient  suivant  les  diUércnls  lieux  ,  et  que  certaines 
lois  ont  lorce  dans  un  pays,  tandis  qu'elles  sonl  incon- 
nues dans  d'autres,  surtout  quand  ce  sont  des  pays 
aussi  éloignés  les  uns  des  autres  que  l'Espagne  l'esl 
de  la  Cappadoce,  où  vivait  S.  Grégoire  de  Nysse. 

Tontes  ces  décisions  des  conciles  et  des  Pères  dans 
leurs  épîlres  canoniques,  font  voir  tpielles  espèces  de 
péchés  étaient  autrefois  sujettes  à  la  pénitence  publi- 
que; car  il  ne  s'agit  que  de  celles-là  dans  la  plupart 
de  leurs  canons,  par  lesquels  ils  en  déterminent  le  lemps 
et  la  manière.  On  y  voit  que  le  nombre  de  ces  péchés 
était  moindre  autrefois,  je  veux  dire  dans  les  deux  ou 
trois  premiers  siècles,  que  dans  les  deux  ou  trois  sui- 
vants, que  diverses  raisons  ont  enfin  persuadé  à  ces 
saints  évê(|ues  de  donner  plus  d'étendue  à  la  première 
classe  des  péchés  donl  nous  avons  parlé ,  et  d'y  faire 
entrer  plusieurs  de  ceux  qu'on  n'ycomprenait  pas  au- 
paravant; d'abord  sous  prétexte  de  l'affinité  qu'ils 
avaient  avec  les  trois  espèces  comprises  dans  celte 
classe,  et  ensuite  pour  d'autres  raisons  à  peu  prés 
telles  que  celles  que  nous  Vciions  de  voir  dans  S.  Gré- 
goire de  Nysse;  et  enfin  nous  allons  voir  que  pour 
arrêter  le  cours  des  désordres  contre  lesquels  la  péni- 
tence secrète  était  un  remède  trop  faible ,  on  y  com- 
prit généralement  tous  les  grands  péchés ,  dont  les 
elTets  se  produisent  au  dehors,  que  l'on  soumit  in- 
distinctement à  la  pénitence  canoni([ue;  c'est  ce  qu'il 
faut  prouver  maintenant,  sans  entrer  dans  la  question, 
si  pour  être  soumis  à  cette  pénitence  il  fallait  qu'ils  | 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  -176 

fussent  publics  ou  non,  "^quesliou  que  nous  examiue- 
rons  dans  le  chapitre  suivant. 
S.  Auguitin  (1)  dislingue  les  péchés  suivant  leurs 
i  diflércnls  degrés,  en  trois  classes  ;  connue  nous  avons 
dit  que  cela  était  ordinaire  aux  anciens  :  S'il  n'y  avait, 
(.\[[-\\,  des  péchés  si  grands  qu'ils  méritent  riiême  l'excom- 
munication, l'Apôtre  ne  dirait  pas,  elc.  ;  il  rapporte  ici 
ce  que  dit  Tapôlre  au-x  Corinthiens  à  l'occasion  de 
l'incestueux  ;  après  quoi  il  continue  :  De  même,  s'il  n'y 
en  avait  d'autres  dont  la  guérison  peut  s'opérer  sans  cette 
humiliation  de  la  pénitence  à  laquelle  on  soumet  dcms 
l'Eglise  ceux  qu'on  applle  proprement  pénitents,  mais 
que  l'on  peut  guérir  par  le  remède  de  la  correction,  le 
Sauveur  ve  dirait,  pas  :  Corrigez-le  entre  vous  cl  lui 
seul,  elc...  Enfin  s'il  n'y  avait  de  ces  péchés  sans  lesquels 
on  ne  vit  point  ici -bas,  il  ne  nous  aurait  pus  donné  un 
remède  journalier  dans  l'oraison  qu'il  nous  a  enseignée, 
afin  que  nous  disions ,  remettez-nous  nos  péchés,  elc. 
Voilà,  comme  vous  voyez,  les  trois  degrés  de  péchés, 
bien  marqués,  et  riiumilialion  de  la  péiritenee  publi- 
que assignée  comme  le  remède  ordinaire  de  ceux  de 
la  première  classe.  11  nous  reste  à  voir  présentement 
quels  sont  ceux  qu'il  fait  entrer  dans  cette  première 
classe,  et  qu'il  appelle  gravia,  grands  péchés. 

Il  s'explique  sur  celte  matière  dans  son  homélie 
1  cinquantième,  où,  après  avoir  distingué  en  [léchés  vé- 
i.iels  et  mortels ,  et  avoir  parlé  des  remèdes  des 
premiers,  il  ajoute  que  l'on  doit  subir  l'action  de  lu  pé- 
nitence pour  les  péchés  qui  sont  contenus  dans  le  Décalo- 
gue,  cl  dont  l'Apôtre  a  dit  que  ceux  qui  les  commettraient 
n  entreraient  point  dans  le  royaume  de  Dieu.  Ce  |>assage 
semble  étendre  la  pénitence  cancinique  à  tous  les  pé- 
chés mortels  ;  mais  comme  il  ne  s'expli(pie  pas  assess 
là-dessus,  cl  que  l'on  poinrait  l'enteiulre  d'une  péni- 
tence rigoureuse  à  la  vérité,  mais  non  publique,  d'au- 
lant  plus  que  S.  Augustin,  dans  ce  passage,  ne  dis- 
lingue pas  les  péchés  de  la  piemière  cla>se  de  cens  de 
la  seconde  :  nous  en  allèguen  ns  un  plus  clair  el  qui 
sera  sans  réplique.  Nous  le  trouvons  dans  le  -41' 
sermon  des  Saints.  Là,  après  avoir  fait  après  l'Apôtre 
l'énumération  des  péchés  (ju'il  appelle  capitaux,  sa- 
voir :  le  sacrilège,  riiomicide ,  l'adulière,  le  faux  té- 
moignage, le  vol,  les  rapines,  l'orgueil,  l'envie,  l'ava- 
rice, la  colère  que  l'on  retient  longtemps;  l'ivresse, 
s'il  arrive  que  l'cui  y  tombe  souvent;  il  ])iescrit  les 
remèdes  par  lesquels  on  doit  guérir  ces  maux,  en  ces 
termes  :  Pour  les  péchés  capitaux,  cela  ne  suffit  pas  { il 
venait  de  parler  de  la  manière  il'exiiii'r  les  moindres 
péchés  ) ,  mais  il  faut  y  ajouter  des  larmes,  des  sanglots, 
des  gémissements,  des  jeûnes  ]}rolongés  durant  plusieurs 
jours,  des  aumônes  plus  abondctntes  :  on  doit  s'éloigner 
de  soi-même  de  ta  communion ,  persévérer  longtemps 
dans  le  deuil  et  la  tris'csse,  et  faire  même  pénitence  pu- 
bliquement, «  pœuitentiam  etiam  publiée  figenles  ;  »  afin 
que  celui  qui  s'est  perdu  en  entrainiint  plusieurs  pur  son 
exemple,  se  rachète  en  les  édifiant.  Ceci  n'a  pas  besoin 
de   connnenlaire  :  on  y  voit  que,   dès   le  cinquièuie 


(1)  Lib.  de  Fide  el  bonis  Opeiibus,  c,  penullimo. 


477  PENITENCE, 

siècle,  on  somni'iiait  à  la  pcniiciicc  piihliqiio.  non-  ^ 
seulcMionl  riilolàirie  ,  riioiniciclc  et  lo  péclic  do  la  i 
chair,  mais  généiaiomciit  tous  les  grands  péclics,  \ 
surtout  si  rcvè(|ue  ou  le  prèlre  à  qui  on  se  confessait,  | 
le  jugeait  à  prnpos.  C'est  ce  qu'enseigne  ailleurs  lo  j 
mèuic  saint  :  car  après  avoir  rapporte  d'après  l'Apôtre  ; 
les  œuvres  de  la  cliair  dont  il  est  (iiit  mention  dans 
l'Epître  aux  Galates  { chap.  ^i),  el  qui  s'élendcnl  à 
presque  tous  les  péchés  capilanx,  il  dit  de  celui  qui  en 
a  conuiiis  quelques-uns  (I)  :  Qu'il  vienne  trouver  les 
prèlres  (ad  (nilislites),  par  qui  les  clés  de  V Eglise  sont 
administrées,...  cl  qu'il  fusse  non  seulement  ce  qui  peut 
être  avanldcj'ux  à  son  salut,  inais  encore  ce  qui  petit  être 
utile au.v  autres  par  le  bon  exemple  :  de  sorte  que,  si  son 
péché  est  non  seulement  capable  de  lui  nuire  beaucoup, 
mais  encore  de  scandaliser  les  autres,  et  que  le  prélat 
juge  que  cela  est  expédient  pour  l'utilité  de  l'Eglise,  il  ne 
refuse  pas  de  faire  pénitence ,  non  seulement  au  su  de 
plusieurs,  mais  devant  tout  le  peuple ,  et  qu'il  n'ajoute 
point  l'orgueil  à  une  plaie  viortelle,  en  voulant  ta  cacher 
par  une  honte  déplacée.  «  Atque  hoc  expedire  utilitati 
t  Ecclcsiœ  antislili  vidcbilnr  ,  in  nolilin  mullorum,  vcl 
i  ctiam  totius  plebis  agere  pœnitentiam,  non  recusel,  non 
<  résistât.  »  Ce  passage  donne  du  jour  au  piécédent: 
nous  y  api<rcnons,  en  le  rapproclinit  de  l'autre,  que 
quoique  tons  les  grands  péchés  fussent  du  temps  de 
S.  Augustin,  soumis  à  la  ])énilence  puhliqne,  on  n'exi- 
geait pas  néannutins  toujours  des  pécheurs  qu'ils  s'y 
soumissent  ;  qu'on  laissait  cela  à  la  discrétion  du 
prêtre  à  qui  s'était  l'aile  la  déclaralion  des  péchés,  qui 
irinfligeail  celte  peine,  que  lorsqu'il  jugeait  que  cette 
salisfaelion  serait  utile  et  d'un  exemple  édifiant  pour 
toute  l'Eglise  ;  on  y  voit  de  plus,  que  quand  les  péchés 
étaient  secrets  ou  (lu'on  n'avait  pas  de  preuves  surli- 
santes pour  en  convaincre  juridiquement  celui  qui  les 
avait  commis,  on  engageait  platôt  par  persuasion  le 
pécheur  à  subir  celte  peine,  qu'on  ne  l'y  contraignait 
par  censure. 

Geimade  de  Marseille,  dans  son  livre  des  Dogmes 
de  l'Église  (c.  53),  nous  apprend  que  la  même 
maxime  et  la  même  discipline  avaient  lieu  de  son 
temps  en  France,  cVst  h-dire  quelques  années  après 
S.  Augustin.  Après  avoir  parlé  des  moindres  péchés, 
et  de  la  manière  do  les  expier ,  voici  comme  il  s'ex- 
plique touchant  les  autres.  Mais  je  dis  ceci  de  celui  à 
qui  la  conscience  ne  reproche  point  de  péchés  mortels  et 
capitaux,  t  Scd  hoc  de  illo  dico  qnem  capitalia  et  mor- 
t  talia  peccutn  non  mordent.  >  Que  fera-t-il  donc, 
celui  dont  la  conscience  est  chargée  de  ces  sortes 
de  péchés?  Car,  ajoute  t-il,  pour  celui  qui,  après  son 
baptême  se  trouve  chargé  de  péchés  mortels  ,  je  l'ex- 
horte à  satisfaire  premièrement  par  la  pénitence  pu- 
blique {publicâ  pœnitenliâ  salisfucere),  et  après  avoir  été 
ainsi  réconcilié  par  te  jugement  du  praire  ,  à  recevoir  ta 
sainte  communion,  s'il  veut  ta  recevoir  autrement  qu'usa 
condamnation. 

S:iint  Césaire  d'Arles  parle  dans  le  même  sens  dans 


SECT.  IH.  1"  PAllT.  CllAP.  V.  DIVISION  DES  PÉCHÉS. 


478 


(1)  Ilouiil.  uit.  iîUer  oO. 


sa  première  homélie,  où,aprèsavoir  instruitson  peuple 
de  la  manière  de  guérir  leurs  âmes  des  plaies  que 
leur  font  les  moindres  péchés,  il  vient  aux  crimes 
dont  il  l'ail  rénmnéralioii  ,  suivant  l'ancieime  cou- 
tume des  Pères,  dont  nous  avons  déjà  parlé  plusieurs 
fois,  après  quoi  il  ajoute  ces  paroles  :  Ces  crimes  et  de 
semblables  {hœc  et  ejusmodi  commissa)  peuvent  ab- 
solument (PKMTis)  s'expier  par  une  salisfaelion  coni' 
mum  et  médiocre,  quoique  secrète  :  mais  les  grands  péchés 
exigent  de  plus  grandes  attentions,  el  qu'on  y  remédie  pu- 
bliquement, <  sed  graves  causœ  graviores  et  acriores  pu- 
«  blicas  curas  requirunt,  i  afin  que  celui  dont  la  perte  a 
causé  de  t'ajpdion  à  plusieurs,  se  rachète  avec  t'édifi- 
cation  de  plus'enrs,  etc.  Toutes  ces  autorités  prouvent, 
ce  me  semble ,  d'une  manière  incontestable  que  tous 
les  grands  péchés  et  les  crimes  atroces,  de  quchpie 
espèce  qu'ils  fussent,  furent  enfin  soumis  à  la  péui- 
leuce  publi(jue ,  que  celle-ci  devint  le  remède  ordi- 
naire de  tontes  les  grandes  plaies  des  âmes,  et  qu'on 
donna ,  dans  les  trois  siècles  qui  suivirent  les  pre- 
miers, phis  détendue  à  la  première  classe  des  péchés 
que  l'on  ai>pel;iit  très-grands;  Icscjnels,  comme  nous 
avons  vu,  étaient  soumis  à  la  pénitence  pul)li(iue. 

Les  anciens  avaient  une  telle  idée  de  la  fi.'rce  et  de 
l'efficace  de  ce  remède ,  pour  la  guérison  des  âmes , 
qu'il  n'est  pas  rare  de  trouver  i)armi  eux  des  gens 
qui,  sans  avoir  commis  aucun  de  ces  péchés,  pour 
l'expiatio)!  des(piels  elle  avait  élé  établie,  la  deman- 
daient de  leur  propre  mouvement ,  et  s'y  assujetlis- 
saienlavec  joie;  c'étailprincipalement  dans  la  maladie 
et  quand  on  se  trouvait  réduit  à  l'extrémité,  que  l'on 
se  dévouait  ainsi  à  la  pénitence.  Les  exemples  en  sont 
fréquents,  surtout  depuis  le  sixième  siècle,  elil  ya 
tout  lieu  de  croire  que  cette  pratique  était  plus  an- 
cienne. On  peut  mettre  au  nombre  de  ceux  qui  ont 
ainsi  demandé  et  reçu  la  pénitence  le  référendaire 
Marc  ,  dont  parle  Grégoire  de  Tours,  dans  le  sixitsne 
livre  de  son  histoire,  c.  28,  lequel,  après  avoir  acquis 
do  grandes  richesses  par  ses  concussions ,  et  se  sen- 
lanl  pressé  par  la  douleur,  se  (it  tondre  les  cheveux, 
itïçiit  la  pénitence  ,  et  rendit  l'esprit ,  caput  totondit , 
atque  pœnitentiam  accipiens,  spirilum  exlialuit. 

Les  conciles  troisième  et  quatrième  de  Tolède  font 
meniion  de  cet  usage;  il  est  dit  dans  le  douzième 
(  iiapilre  de  ce  dernier  :  Quiconque  a  reçu  la  pénitence 
de  l'évéque  ou  d-i  prêtre ,  soit  en  santé ,  soit  en  maladie, 
se  fera  d'abord  couper  tes  cheveux,  si  c'est  un  homme,  el, 
suivant  ce  qui  est  ajouté  diins  quelques  exemplaires , 
chungern  d'habit  dans  le  cilice  et  la  cendre  ,  pour  rc~ 
cevoir  ta  pénitence  dans  cet  état.  Que  si  c'est  une 
femme,  qu'elle  ne  reçoive  point  la  pénitence,  à  moins 
qu'elle  n'<iil  changé  d'habit  auparavant.  Le  même  con- 
cile (c.  5)  déclare  que  ceux  qui  se  sont  ainsi  souii:is 
à  la  pénitence,  et  qui  retournent  à  la  vie  du  siècle 
qu'ils  avaient  abandonnée,  seront  coniraii.ts  par  r<'vè 
que  de  rcu);ilir  les  engagements  qu'ils  ont  contraciéj 
par  cette  démarche  ,  et  (pie  si  après  avoir  été  av-eriii 
de  reprendre  l'état  de  pénitents ,  aufiuel  ils  s'étaient 
assujettis,  iis  lo  icfuscul  avec  oiislmation ,  ils  se- 


479  HISTOIRE  DES  SACREMENTS 

ront  regardés  comme  apostats  ci  frappés  d'analhèino. 

Ces  règlements  du  coiirile  de  Tolède  moiilreiU 
conil)ieii  il  était  ordinaire  de  voir  des  gens  demander 
la  pénitence  d'eux  mêmes  lorscpfils  se  Ironvaicnl  en 
danger  de  mourir,  et  cela  sans  qu'ils  se  coid'es>assent 
coupables  d'aucun  crime,  mais  par  un  sentiment  de 
crainte  de  Dieu,  et  de  là  est  venue  ensuite  la  coutume 
si  ordinaire  de  prendre  l'habit  monastique ,  en  mala- 
die, pour  se  consacrer  le  reste  de  ses  jours  à  la  piini- 
lence  si  on  venait  à  sin-vivre  à  la  maladie.  Il  airivail 
môme  quelquefois  qu'on  la  donnait  à  un  mouranl 
qui  avait  perdu  l'usage  de  ses  sons,  à  la  prière  de  ses 
amis,  qui  la  denKuidaieiil  pour  lui  comme  ime  grande 
grâce.  Cette  praliipie  devint  même  si  frétpienle  en  Es- 
pagne, que  le  douzième  concile  de  Tolède  (c.  12),  tenu 
en  08 1 ,  se  orul  obligé  de  réprimer  l'abus  qui  com- 
mençait à  s'introduire  à  ce  sujet,  en  défendant  aux 
prêtres,  sous  peine  d'èlre  excomnnmiés  pendant  un  an, 
de  la  donner  aux  malades  qui  n'auraient  marqué  par 
aucun  signe,  soit  des  mains,  ou  autrement,  désirer  de 
la  recevoir.  Cependant  ce  même  concile  ordonne  que 
ceux  qui  étant  en  santé  auront  témoigné  quelque  désir 
de  la  recevoir  ,  et  qui  élanl  eiisuite  tombés  malades, 
et  hors  d'étal  de  la  demander  par  aucun  signe,  l'auront 
reçue,  seront  obligés  d'en  remplir  les  devoirs,  quoi- 
qu'ils protestent  qu'ils  ne  l'ont  ni  demandée  ni  reçue 
en  coimaissance  11  traite  ces  persomies  d'impruden- 
tes ,  et  regarde  leurs  Ojiposilions  en  ce  point  comme 
un  sacrilège  :  arjnnt  cautiouibns  vanis  et  opposilioiiihus 
execrandis ,  etc.  ,  et  la  raison  que  les  évèques  de  ce 
concile  apportent,  pour  appuyer  une  discipline  qui 
paraît  si  extraordinaire  ,  est  que,  comme  les  enfants 
sonl  obligés  à  tenir  les  promesses  de  leur  baptême, 
que  d'autres  ont  faites  pour  eux ,  de  même  le  don  do 
la  pénitence  qui  a  été  conférée  à  ceux  qui  n'en  avaient 
point  de  connaissance  ,  doit  être  inviolablement  con- 
servé par  ceux  qui  l'ont  reçu.  Ita  et  pœnitenliœ  donum 
(juod  nescientibus  illabitiir,  absque  ullà  repuijnantiù 
inviolabililer  In  qui  illud  excepcrint  ,  obscrvabunl. 
L'exemple  du  roi  Wamba,  dont  ce  concile  jjarle  c.  1, 
et  dont  Luc  de  Thui  nous  raconte  l'histoire,  est  assez 
connu,  et  fait  voir  cond)ien  cette  coutume  était  aocré- 
dilée  en  Espagne  ,  puisqu'en  conséquence  de  la  péni- 
tence qu'il  avait  reçue  sans  connaissance,  il  quitta, 
soit  degré,  soit  de  force,  la  couronne  royale  ,  et  se 
retira  dans  un  monastère  pour  acconq)lir  la  pénitence 
qui  lui  avait  été  ainsi  imposée,  quoiqu'il  eût  toujours  élé 
un  prince  pieux,  et  à  qui  on  ne  reproche  aucun  crime. 

Presque  loul  ce  que  nous  avons  dit  dans  ce  chapi- 
tre, regarde  les  grands  péchés,  et  les  remèdes  qui  ont 
été  en  usage  dans  les  premiers  siècles  pour  en  guérir 
les  âmes.  Pour  ce  qui  esl  de  ceux  de  la  seconde 
et  de  la  troisième  classe,  les  peines  par  lesquelles 
on  les  expiait  étaient  dincrer.lcs,  et  à  peu  près  les 
mêmes  que  l'on  emploie  aujourd'hui  pour  satisfaire 
à  la  justice  de  Dieu  ,  et  préeauiionner  les  pécheurs 
contre  les  rechutes  à  l'égaid  de  toute  scirte  de 
péchés  :  je  veux  dire  que  l'on  ordonnait  aux  péni- 
tents la  praiitpie  des  œuvres  opposées  à  celles  par  les- 


480 
quelles  ils  avaient  violé  la  loi  de  Dieu,  on  prescrivait 
aux  avares,  par  exemple,  de  faire  des  aumônes  abon- 
dantes, aux  superbes,  des  humiliations,  etc.,  de  jibis, 
on  soumettait  les  uns  et  les  autres  à  des  jeùnos,  pro- 
pres à  réprimer  les  passions  ;  et  surtout  on  leur  re- 
commandait la  prière  et  les  autres  exercices  de  piété, 
comme  de  visiter  les  malades,  d'assister  les  prison- 
niers, etc.  C'est  ce  que  nous  apiu-ennenl  presque  tous 
les  Pères,  et  en  particulier  S.  Augustin,  dans  les  en- 
droits que  nous  avons  cités  ci-dessus  à  l'occasion  des 
grands  péchés,  dans  lesquels,  comme  nous  avons  re- 
marqué, il  traite  de  ces  sortes  de  péch.és  et  des  remè- 
des que  l'on  devait  employer  pour  les  guérir,  avant 
de  parler  des  crimes.  Il  est  aussi  à  remarqier  que  la 
pénitence  pour  les  fautes  qui  n'étaient  point  soumises 
aux  peines  canoniques  ou  la  |)énilence  publique,  pou- 
vait se  réitérer  plusieurs  fois,  au  lieu  que  la  péni- 
tence proprement  dite  n'av.  il  lieu  qu'une  seule  fois, 
comme  nous  le  ferons  voir  bienlôl. 

A  l'égard  des  péchés  journaliers ,  que  nous  appe- 
lons aujourd'hui  véniels,  le  remède  le  plus  ordinaire 
c'était  l'Oraison  Dominicale ,  le  pardon  des  injures  et 
la  componctinn  du  cœur.  C'est  ce  que  nous  enseignent 
S.  Augustin  et  S.  liilairc  d'Arles,  dans  les  endroits 
que  nous  avons  allégués.  Saint  Pacien  dans  le  livre 
qu'il  a  écrit  pour  exhorter  à  la  pénitence ,  dit  (ju'il 
faut  distinguer  quels  sonl  les  crimes  cl  quels  sont  les 
péchés  :  il  ajoute  qu'il  faut  éviter  ceux  là  comme  le 
souille  des  basilics  ;  que  pour  ce  qui  esl  des  autres  , 
auxquels  les  hommes  ne  sont  que  trop  sujets,  on  doit 
y  satisfaire  par  des  aclions  qui  y  soieiil  coiitraires. 
Qucire  tenacitas,  dil-il  apparemment,  largitate,  super- 
b'ia  liumilitate  rcdimetnr,  convicium  satisfactione  pensa- 
bitur  ;  Iristitia  jucundilate,  asperitus  lenitale,  gruvilale 
levitas ,  liouesiate  pervers'Uas,  etc. 

C'est  par  ces  peines  que  l'on  satisfait  à  la  justice  de 
Dieu,  tant  pour  les  péchés  journaliers  que  pour  d'autres 
plus  considérables,  dans  lesquels  notre  faiblesse  nous 
entraîne  quelquefois,  et  comme  nous  avons  dit,  la 
pénitence  de  ces  fautes  pouvait  se  recommence)'  plu- 
sieurs fois  ;  car,  comme  dit  Origène  (1  ),  dans  les  grands 
péchés,  on  n'accorde  qu'une  fois  ou  rarement  la  péni- 
tence. Pour  ce  qui  est  de  ces  péchés  communs  dans  lesquels 
nous  tombons  souvent,  on  peut  toujours  en  recevoir  la 
pénitence  par  laquelle  on  peut  les  racheter.  11  faut  re- 
marquer que  quand  Origène  et  d'autres  disent  que 
l'on  tombe  souvent  dans  ces  sortes  de  péchés,  ils  ne 
r^ntendeiit  pas  seulement  des  chules  journalières,  tels 
que  sont  les  véjiiels ,  niais  des  chules  qui ,  quoique 
rares  chez  les  bons  chrétiens  ,  sont  telles  néanmoins 
qu'il  en  esl  peu  qui  en  soient  absolument  exempts; 
ce  que  nous  entendons  des  péchés  de  la  seconde  classe 
dans  lesquels  ceux  mêmes  qui  craigneal  Dieu  londiciil, 
quoique  rarement,  en  sorte  qu'il  esl  vrai,  comme  le 
dit  Origène,  que  l'on  tj  tombe  souvent,  si  on  l'entend  de 
la  mullilude,  dans  laquelle  il  s'en  trouve  peu  qui  n'en 
aient  commis  quelques-uns  dans  le  cours  de  leur  vie. 

(I)  laLevilic,  hom.  lo  in  c.  23. 


PÉNITENCE.  -  SECT.  Ili.  I"  PART.  CHAP.  VI.  EXPIATION  PUBLIQUE. 


CIIAPITUE  M. 

Que  les  péchés  soumis  à  lu  pénilencc  caiioitique  s'ex- 
pitiieiil  publiquement,  soit  qu'ils  fusseut  seciels  on  jm- 
blics,  avec  celle  di/)'éreiice  que  les  pécheurs  publics  et 
scmidaleux,  aussi  bien  que  ceux  qui  étuicnl  juridique- 
ment convaincus  de  crimes,  étaient  contraints  de  s'y 
sounictlre  par  rexcommunication ,  au  lieu  que  ceux  qui 
n'avaient  péché  qu'en  secret  ne  pouvaient  ij  être  eo)i- 
traints,  sinon  par  le  refus  de  l'absolution.  Que  l'Eglise 
punit  encore  aujourd'hui  publiquement  les  péchés 
cachés. 

On  peut  distinguer  trois  sortes  de  publicité  dans 
les  péolics.  La  pieniière ,  lorsqu'on  les  commet  au 
vu  et  au  su  de  tout  le  monde;  telle  est  celle  d'un 
concubinai^c  public,  à  laquelle  on  peut  joindre  la  se- 
conde espèce,  qui  est  telle  qu'à  la  vérité  le  crime  n'est 
point  aper<;u  de  tout  le  monde,  mais  qu'il  se  trouve 
assez  d'indices  et  de  témoins  pour  en  convaincre 
publiquement  le  pécbeur.  Enfin  la  troisième  espèce 
de  publicité  est  celle  qui  résulte  du  scandale  que  le 
pécheur  donne  au\  personnes,  par  exenijjie ,  de  sa 
maison,  ou  de  son  voisinage,  qui  s'aperçoivent  bien 
que  sa  conduite  en  général  est  déréglée,  mais  qui  ne 
sont  pas  en  état  d'en  administrer  les  preuves,  et  d'ar- 
ticuler les  faits.  Cette  observation  est  nécessaiie  pour 
éviter  les  équivoques  et  pour  niicu.\  entendre  ce  que 
nous  avons  à  dire  dans  ce  chapitre. 

Ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présent  dans  cette 
histoire  de  la  pénitence,  semble  établir  suffisamment 
le  point  de  disci])line  dont  il  est  question  dans  le  litre 
de  ce  chapitre ,  et  surtout  ce  qui  a  été  dit  dans  les 
chapitres  premier  et  troisième  de  la  seconde  section, 
et  dans  le  précédent.  Néanmoins  nous  ne  nous  en 
contenterons  pas ,  nous  y  ajouterons  de  nouvelles 
preuves  et  de  nouvelles  réflexions.  En  voici  une  qui 
se  présente  d'abord.  Que  l'on  considère  attentivement  | 
les  anciens  canons  pénilentiaux,  ils  imposent  des 
peines  publiques  p.our  un  certain  ordre  de  péchés, 
sans  distinguer  s'ils  sont  publics  ou  secrets,  preuve, 
ce  me  semble,  que  ces  péchés  y  étaient  également 
soumis  :  car  tant  de  grands  bommes  qui  nous  ont 
donné  ces  règles  de  pénitence ,  n'auraient  point  omis 
ime  distinction  si  importante,  si  elle  avait  eu  lieu.  Une 
seconde  réflexion  que  nous  faisons  sur  ce  que  nous 
avons  rapporté  ailleurs  de  ces  canons,  et  entre  autres 
de  ceux  de  S.  Basile  que  nous  avons  cités  dans  le 
troisième  chapitre  de  la  seconde  section,  me  paraît 
encore  plus  forte  pour  établir  ce  que  nous  avons 
avancé.  C'est  que  toute  la  distinction  que  ce  saint , 
après  les  anciens,  met  entre  xù  ^i^i--','=  "uo  l'on  aura 
volontuirenieiit  confessés,  eî  ceux  ùoni  v,..  '. ':i?a  été 
convaincu,  est  (pi'il  prcscrif.de  Oioiadres  peines  pour 
ceux  qui  se  seront  accusés  euit-naônies  que  pour  les 
autres;  et  tpi'il  abrège  le  tecaps  de  la  pénitence  en 
liweur  des  premiers  :  niais  il  prescrit  aux  uas  et  aux 
autres  le'mème  genre  de  peines  publiques  ou  canoni- 
ques. Or  qui  peut  douter  que  l'adoucissement  dont  il 
use  envers  les  pécheurs  qui  s'accuseraient  eux-mêmes 
pe  s'a(y^'"dàt  à  ceux  dont  les  péchés  étaient  ficfrct?;. 


482 

(  ou  au  moins  tels  qu'on  ne  pouvait  les  en  convaincre  en 
jugement?  car  .s'ils  eussent  élé  publics  des  deux  es- 
^  peces  de  publicilé  dont  nous  avons  parlé,  les  prélats 
de  l'Eglise,  suivant  la  coutume  de  ces  premiers  temps, 
[  n'eussent  pis  attendu  qu'ils  s'en  confessassent,  ils  les 
auraient  aussitôt  mis  en  |)énilence.  Enfin  une  Inrsième 
réflexion  qui  vient  naturellement  à  l'esprit,  est  fondée 
sur  ce  que  nous  avons  prouvé  dans  le  chapitre  précé- 
dent, que  les  Pères  distinguaient  les  péchés  eu  trois 
classes,  et  que  le  seul  remède  qu'ils  indiquaient  pour 
ceux  de  la  première,  était  la  pénitence  proprement 
dite  ou  la  pénitence  publique,  connue  quelques-uns 
le  disent  expressément  :  au  lieu  qu'ils  enseignent  que 
l'on  peut  satisfaire  à  Dieu  en  secret,  pour  ceux  des 
deux  dernières  classes.  Si  quelquefois  ils  font  mention 
du  scandale  que  ces  péchés  ont  causé,  outre  que  ce 
scandale  ne  suppose  point  que  ces  péchés  fussent 
publics  en  ces  deux  manières  dont  nous  avons  parlé, 
il  est  sûr  que  ce  n'est  point  sur  cette  notoriété  qu'ils 
fondent  la  manière  d'en  faire  pénitence,  mais  sur  la 
grandeur  ou  la  grièveté  des  péchés.  Sur  quoi  je  rai- 
sonne ainsi  :  Serait-il  possible  que  ces  hommes  si 
éclairés,  et  si  zélés  pour  la  dii^cipline  de  l'Église, 
n'eussent  point  marqué  expressément  un  point  de  di- 
scipline si  important,  savoir,  que  l'on  devait  faire  pé- 
nitence publique  pour  les  péchés  publics,  mais  qu'à 
l'égard  des  mêmes  péchés,  quand  ils  étaient  secrets, 
on  n'y  élait  point  obligé  ? 

Ces  réflexions  me  paraissent  suffisantes  pour  prou- 
ver que  l'on  imposait  autrefois  la  pénitence  publique, 
môme  pour  les  péchés  secrets  du  premier  ordre  ; 
mais  je  ne  m'en  tiendrai  pas  là,  je  veux  encore  rap- 
porter de  nouvelles  preuves  pour  établir  cette  vérité. 
Tertullien,  dans  tout  son  livre  de  la  Pénitence,  est  si 
occupé  à  prouver  la  nécessité  de  la  pénitence  publi- 
que, pour  satisfaire  à  la  justice  de  Dieu,  qu'il  semble 
avoir  oublié  qu'il  y  en  eût  une  secrète.  Après  avoir 
recommandé  aux  catéchumènes  de  se  préparer  au 
Baptême  par  la  pénitence,  il  passe  à  celle  qui  a  été 
instituée  pour  remettre  les  péchés  commis  depuis  le 
Baptême,  et  après  avoir  expliqué,  dans  le  chapitre  9, 
la  manière  de  s'en  ac(iuitter,  et  en  (pioi  elle  c(»nsi>le, 
il  s'attache  dans  les  deux  suivants  à  éloigner  les  em- 
pêchements qui  pourraient  en  délourKer;  et  premiè- 
rement la  honte  de  la  confession  publique  de  ses  fau- 
tes, en  ces  termes  :  J'en  vois  plusieurs  qui  s'éloignent 
de  celte  bonne  œuvre,  ou  qui  la  diffèrent  de  jour  en  jour, 
comme  une  diffamation  d'eux-mêmes,  étant  plutôt  tou- 
chés de  honte  que  d'amour  pour  leur  salut  :  comme  ceux 
qui  étant  blessés  dans  les  parties  que  la  nature  oblige  de 
cacher,  ne  veulent  point  se  mettre  entre  les  mains  des 
médecins,  et  périssent  ainsi  pm-  une  honte  mal  enten- 
due. De  là  il  passe  à  une  autre  chose  qui  arrêtait 
les  pénitents,  et  qui  fait  voir  qu'il  ne  s'agissait  pro- 
prement, dans  tout  ce  qu'il  recommande,  que  de  la 
pénitence  publique.  Quesi,  dit-il,  outre  cette  mauvaise 
honte  qui  les  louche  davantage,  ils  craignent  encore  les 
incommodités  du  corps,  s'ils  appréhendent  de  ne  plus 
fréquenter  les  bains,  d'être  couverts  d'habits  sales,  de 


IIISTO'.RE  DES  SACREMENTS.  m 

ciaii  incomiu  aux  hommes,  d'embrasser  la  pénitence 
telle  qu'elle  était  en  usage  de  son  temps.  Vous  avez 
perdu  voire  âme  misérablement,  vous  survivez  à  vous- 
même,  vous  mrtez  l'appareil  de  vos  funérailles,  et  vous 
ne  pleurez  pas  uiuèremeut,  vous  ne  gémissez  pas  sans 
cesse,  etc.,  {el  non  acriler  pUmcjis,  non  jng.tcr  incje- 
miscis,  elc.j  Faites  ntie  pénitence  pleine,  donnez  des 
preuves  d'un  cœur  véritablement  touché  et  d'une  ùme 
afjVujée.  i  Acjite  pœnitcntinm  plenam  ;  dolentis  ac  lamen- 
«  tantis  unimi  probale  maslitiam.  i  Après  ces  paroles, 
S.  Cyprien  décrit  (ont  ra|)paicil  Inguhrc  de  la  péni- 
tence pul)lique,  les  prières,  les  larmes,  les  veilles,  le 
sao,  la  cendre,  et  lout  ce  qui  caractérise  ce  qu'on 
;ippelait autrefois  proprement  la  pénitence. 

Ce  que  nous  vendus  d'alléguer  de  ce  saint  martyr 
paraît  d'autant  plus  fort,  que  dans  lout  son  traité,  ot!i 
il  s'elï'orce  de  faire  entrer  dans  les  voies  du  salut  deux 


483 

renoncer  aux  diverlissemcnls,  de  se  couvrir  d'un  rude  ^^ 
cilice,  d'élrg  chargés  de  poussière  et  de  s'exténuer  par  les 
jemès.  Voilà  le  remède  que  Tcrlullien  prescrit  pour 
lous  les  crimes  commis  depuis  le  Baptême  ;  remède 
qui  n'est  anlre  chose  que  la  pénitence  puhliqiie,  comme 
il  parait  par  les  traits  dont  il  la  caractérise.  S.  Cy- 
prien dans  lout  son  traité  des  Tombés  ou  des  laps  (de 
L.vi'sis),  enseigne  la  même  chose  que  Tcitullien,  son 
maître.  H  y  cond)at  partout  deux  sortes  de  personnes, 
dont  les  unes  avaient  commis  le  crime  d'idolâtrie  el 
n'en  disconvenaient  pas,  les  autres  y  étaient  tombées, 
mais  sans  en  avoir  été  accusées,  ni  l'avoir  confessé  elles- 
mêmes.  Les  premiers  sans  avoir  fait  pcnitence,  vou- 
laient être  reçus  à  la  participation  des  sacrements,  et 
les  demandaient  avec  arrogance,  les  autres  n'en  étaient 
point  exclus  ,  el  ne  le  pouvaient  être.  S.  Cyprien  ex- 
horte les  uns  et  les  antres  à  recourir  au  même  re- 
mède; et  de  plus,  il  apprend  aux  derniers  par  quel-  l|  sortes  de  personnes,  comme  nous  avons  dit,  dont  les 
ques  exemples  à  quels  périls  ils  s'exposent  en  |  unes  avaient  commis  le  crime  au  su  de  ti.ut  le  monde, 
approchant  des  saints  mystères,  avant  d'avoir  fait  une  li  les  autres  ne  l'avaient  connnis  (iu'en  secret,  il  ne  met 
vraie  pénitence.  i-1  '*"cuiie  dilïérence  dans  les  remèdes  qu'il  prescrit  aux 

Il  rapporte  entre  antres  qu'une  femme  qui  avait  sa-  Il   unes  et  aux  autres.  Oi',  qui  peut  douter  que  la  péni- 
crifié  aux  idoles,  ou  fait  quelque  crime  de  ce  genre,  |i|  tence  publique  ne  lût  le  remède  ordinaire  des  péchés 

public  s?  Il  est  donc  vrai  de  dire  que  ciuand  même  le  saint 
évêque  ne  caractérisi-rait  pas  celle  ([u'il  conseille  ici  à 
ceux  dont  les  péchés  étaient  inconnus,  par  dos  traits 
qui  font  voir  manifestement  qu'il  parle  de  cette  péni- 
tence, il  suffirait  pour  l'entendre  en  ce  sens  qu'il 
adressât  son  discours  également  aux  uns  et  airx  autres. 
S.  Ambroise,  dans  le  bt'l  ouvrage  où  il  combat  l'hé- 
résie des  Novatièns,  est  si  formel  sur  le  point  de  dis- 
cipline dont  il  s'agit  ici,  qu'il  snfiil  seul  pour  lever  tous 
les  doutes  sur  cette  matière.  La  dispute  contre  ces  hé  < 
rétiques  ne  re^'ardait  point  les  moindres  pécl.é-;,  dont 
ils  convenaient  avec  les  catholi{|ues,  (pin  l'Eglise  pou- 
vait absoudre;  mais  les  péchés  considérables,  les  cri- 
mes dont  ils  prétendaient  qu'elle  ne  pouvait  et  ne  de- 
vait délier  ceux  qui  en  étaient  coiq)ables,  quoicprils 
les  missent  en  pénitence  publique.  Notre  saint  docteur, 
dans  le  chapitre  16  du  premier  livre,  s'applique  à  faire 
voir  le  ridicule  de  ces  sectaires,  qui  se  xajuaicnt  de 
prêcher  la  pénitence,  tandis  qu'ils  la  rendaient  iiilViic- 
tuense  à  l'égard  des  grands  |)échés.  Après  cela  voici 
comme  il  leur  parle  :  Si  donc  il  se  trouve  quel'iu'un  qui 
étant  chargé  de  crimes  cachés  {occulta  crimina  habens) 
s'applique  avec  soin  à  en  faire  pénitence,  comment  en  re- 
çoit-il ici  le  fruit  si  on  ne  lui  rend  pas  la  communion?  11 
explicpie  tout  de  suite  quelle  est  la  pénitence  qu'il  en- 
idid  (pic  l'on  fasse  de  ces  crimes  caclK's.  .^6  r^îu'(]f(<c 
le  coupable  espère  le  pardon  ;  qu'il  le  demande  avec  lar- 
mes, avec  gémissements,  par  is  pleurs  de  tout  te  peuple 
fidèle,  qu'il  supplie  qu'on  lui  pardonne.  Et,  après  qu'on 
aura  remis  une  ou  deux  fois  le  temps  de  su  réconcUia- 
tion,  qu'il  croie  qu'il  la  demande  Ircp  î" :'•''•  ■■T.i?~i'.'.  ';"''-'/ 
redouble  alors  ses  pleurs;  qu'il  revienne,  qu'il  embrasse 
et   baise  les  pieds  des  fidèles,  qu'il  les  arrose  de  ses 
larmea. 
Le  P.  D.  Mathieu  Petit-Didier,  dans  ses  Remarques 
1  sur  la  Riblioihè([ue  des  auteurs  ecclésiasli(i.,  do  M.  Du- 


s'étanl  approchée  des  saints  mystères  avec  les  autres, 
elle  avait  reçu,   au  lieu  de  cette  viande  céleste,  une 
épée  et  un  venin  mortel,  de  sorte  qu'elle  commença 
à  être  agitée  furieusement  et  était  prèle  à  rendre 
l'âme  ;  elle  tomba  ainsi  tremblante  et  palpitante,  ne 
pouvant  cacher  à  Dieu  le  crime   qu'elle  avait  voulu 
cacher  aux  hommes.  Il  joint  à  cet  exemple  celui  d'un 
hommequi.  ayant  osé  recevoir  avec  les  autres  une  par- 
lie  du  sacrifice  offert  par  le  prêtre,  ne  le  put  manger 
ni  le  toucher,  et  trouva  de  la  cendre  entre  ses  mains 
au  lieu  des  espèces  eucharistiques.  Une  femme,  comme 
il  le  raconte  dans  le  même  livre,  voulant  ouvrir  avec 
des  mains  impures  un  colfre  où  elle  avait  mis,  sui- 
vant l'usage  du  temps,  la  sainte  Eucharistie,  il  en  sor- 
tit un  feu  dont  elle  futsi  épouvantée,  qu'elle  n'osa  i>lus 
y  loucher.  Après  avoir  rapporté  ces  faits  dont  il  était 
parfaitement  instruit,  il  en  prend  occasion  d'exhorter 
les  uns  et  les  autres  indilféremment  à  se  soumettre  à 
la  pénitence.   Cowbien  en  voyoïïs-nous  tous  les  jours, 
dit-il,  qui,  ne  faisant  point  pénitence,    et  ne  s'accusaut 
point  des  péchés  dont  leur  conscience  se  trouve  chargée, 
sont  remplis  des  esprits  immondes  !  Combien  en  est-il 
qui,  étant  livrés  à  l'esprit  de  démence,  sont  agités  de  fu- 
reur !  Et  il  n'est  pas  nécessaire  de  beaucoup  chercher 
po7tr  savoir  ce  qui  en  est,  puisque  parmi  tant  de  chutes 
de  nos  jours,  on  en  voit  partout  qui  sont  ainsi  affligés 
d'autant  de  différentes  peines  que  le  nombre  de  ceux  qui 
sont  tombés  dans  le  crime  est  grand.   11  reproche  en- 
suite à  ceux  (pii  avaient  commis  le  crime  en  secret, 
de  ce  qu'ils  s'imagiiuMit  pouvoir  éviter  les  peines  qui 
leur  sont  dues,  parce  que  leur  faute  n'a  point  été  pu- 
blique, si  non  palam  crimcn  admisit;  il  les  anime  par 
l'exemple  de  ceux  qui  en  ayant  eu  seulennîiit  la  pen- 
sée,   s'en  confessaient  humblement    et  avec  larmes 
aux  prclres  de  Dieu.  Aptes  (pioi  il  presse  fortement 
tant  les  prévaricateurs  notoires  (pie  ceux  dont  le  crime 


rÉ>jiTENi::E,  ^  siççT.  m.  r  paut. 


ào 

j)iii  (1;,  ouvrage  lies-o»liiiic  des  connnisseiirp,  et  qu'il 
aurait  été  àsou'.iailor  qno  l'on  eût  coiiliiuié,  prouve, 
par  les  ténioi{,Miaji;es  d'Origèno,  ce  (juc  nous  prélen- 
dons.  Je  ne  lerai  que  copier  ce  qu'il  dit  bur  cette 
matière. 

Il  parle  en  ces  ternies  :  Je  pourrais  m'en  tenir  là,  et 
j'aurais  raison  d'en  coh(  lure  qu'on  n'a  pas  bien  i)i  is  le 
sens  d'Orii^ène,  lorscpic  1  On  a  prclendu  qu'il  résullait 
de  SCS  ouvrages,  que  de  son  lenijts  l'on  ne  faisait  [w- 
nitence  publique  que  de  certains  péchés  mortels;  ou 
quand,  distinguant  les  petits  péeiiés  d'avec  les  grands, 
il  ne  coinpiait  paiiui  ceux-ci  cpie  les  plus  grands  cri- 
mes, ei  qu'il  mettait  parmi  les  pécliés  légers  une  bonne 
partie  de  ceux  (fue  nous  ajipelons  aujourd'hui  mortels. 
Mais  je  veux  pousser  plus  outre,  et  faire  voir  que  de 
son  temps  on  faisait  pénitence  publique  pour  tous  les 
péchés  mortels... 

Il  y  a  un  endroit,  dans  l'ouvrage  contre  Celse,  ex- 
primé d'une  manière  à  ne  pas  soulî'rir  de  répliqi.ie. 
C'est  au  livre  quatrième,  où  après  avoir  fait  voir  la 
piclé  et  la  pcrlcction  des  chréiiens,  cl  après  avoir  com- 
paré la  pureté  de  leur  vie  avec  les  désordres  et  les  im- 
puretés dans  lesquelles  vivaient  les  païens,  il  ajoute  : 
Je  ne  parle  point  des  autrrs  péchés  qui  se  commcltenl 
parmi  les  hommes,  auxquels  sont  sujets  tous  ceux  qui  ne 
sont  ni  juifs  ni  chrétiens,  et  dont  à  peine  se  trouvent 
exempts  ceux  qui  pas-ient  pour  philosophes,  y  en  ayant 
beaucoup  qui  portent  injustement  ce  nom.  Je  passe,  dis-je, 
sous  silence  ces  péchés  qui  ne  se  trouvent  pas  parmi  les 
chrétiens ,  si  l'on  prend  le  mot  de  chrétien  dans  sa  si- 
gnification prffjne;  ou  s'il  s'y  trouve  quelquefois,  ce  n'est 
point  parmi  ceux  qui  assistent  aux  assemblées  publiques 
(il  va  ici  une  faute  d'impression  que  j'ai  corrigée)  et 
aux  prières,  et  qui  n'en  sont  point  exclus;  si  ce  n'est 
peut-être,  ce  qui  arrive  rarement,  qu'il  s'en  cache  quel- 
qiCun   dans  la   multitude   qui  soit  inco)inu  aux  autres. 

Il  paraît  parce  passage,  premièrement,  qu'Origène 
y  parie  aussi  bien  des  péchés  cachés  que  des  aulres, 
puisqu'il  dit  que  ceux  qui  passaient  aux  yeux  des  hom- 
mes pour  philosophes  et  éloignés  de  ces  crimes,  ne  lais- 
saient pas  de  les  commettre.  Secondemenl,  qu'il  parle 
en  général  de  tous  les  péchés  qui  sont  opposés  au  chri- 
stianisme et  à  la  qualité  de  lempie  de  Dieu,  dont  il  avait 
parlé  im  peu  auparavant...  Il  faut  donc  avouer  qu'il 
parle  généralement  de  tous  les  péchés  qui  font  perdre 
la  grâce;  et,  comme  l'on  ne  peut  douicr  qu'il  ne  parle 
de  la  péniiencc  publique  en  cet  endroit,  il  faut  avouer 
aussi  que  de  son  temps  tou>  les  péclés  mortels  y  étaient 
soumis.  Cela  ne  doit  s'entendre  tout  au  plus  que  de 
l^.glise  d'Alexandrie,  comme  nous  l'avons  fait  voir; 
quoi  qu'il  en  soit,  il  résulte  de  ce  que  dit  cet  auteur, 
d'ajirès  Oiigène,  que  les  péchés  secrets  y  étaient  éga- 
lement soumis  c(unme  les  notoires  et  ceux  qui  avaient 
causé  du  scandale. 

H  se  trouve  encore  un  autre  endroit,  dans  le  même 
ouvrage,  o(i  Origèiie  (Miseignc  la  nièuie  chose;  c:ir 
après  avoir  dit  que  lorsque  les  calécliumèncslondjaicnl 

(!)  Tom.l,  p.  226  et  seq. 


CIIAP.  VI.  EXPIATION  PUBLIQUE.  486 

dansquehiues  péchés  ils  étaient  exclus  des  assemblét.s, 
ii  ajoute,  en  parlant  des  lidèlcs  :  De  quelle  sévérité 
n'use-t-on  point  parmi  nous  envers  les  pénitents,  particu- 
Ucrcmenl  envers  ceux  qui  se  sont  souillés  de  quelque  pé- 
ché d'impureté?  Ne  les  séparons-nous  pas  de  notre  com- 
munion, nous  que  Celse  ose  comparer  à  des  baladins  et  à 
des  bou/J'ons?  Comme  l'école  de  Pylhayure  avi.it  accou- 
tumé de  faire  dresser  des  sépulcres  vides  à  ceux  qui  avaient 
quitté  sa  discipline  et  Iranscjressé  ses  riyles,  «  cause 
qu'elle  les  considérail  comme  morts;  de  même  les  chré- 
tiens pleurent,  comme  perdus  cl  comme  morts  devant 
Dieu,  ceux  qui  se  sont  laissé  vaincre  par  l'impureté  ou 
par  quclifue  autre  péché;  et  après  (ju'ils  sont  venus  à  ré- 
sipiscence on  les  reçoit  comme  des  ressuscites  ;  mais  ce 
n'est  qu'après  qu'ils  ont  témoiyné  une  conversion  sincère 
pendant  un  plus  long  temps,  que  lorsqu'ils  ont  été  reçus 
la  première  fois  au  nombre  des  fidèles;  encore  n'est-ce 
qu'à  condiiion  que,  puisqu'ils  sont  tombés  après  avoir  fait 
profession  du  christianisme,  ils  ne  pourront  obtenir  au- 
cune dignité  ni  prééminence  dans  l'Église. 

Je  n'ajouterai  rien  à  ce  passage,  dit  le  P.  Petit- 
Didier,  d'autant  qu'il  parle  assez  de  lui-mêuie.  Eflec- 
tivement  que  pouvait-il  y  ajoutir  pour  prouver  que 
Ton  soumellail  à  la  pénitence  publi(jue  les  péchés  ca- 
chés, comme  ceux  qui  étaient  venus  à  la  connaissance 
du  public ,  puisqu'Origène  le  dit  formellement  des  pé- 
chés d'impureté  et  de  tous  aulres  qui  donnent  la  mort 
à  l'àme,  sans  faiie  la  moindre  mention  de  publicité  ni 
de  scandale,  ne  s'arrètant  <|u'à  lu  nattire  du  péché 
quand  elle  est  telle  qu'elle  fait  déchoir  le  pécheur  do 
la  qualité  d'enfant  de  Dieu  et  de  vrai  chrétien  ? 

Je  I  asse  sous  silence  un  grand  nombre  d'autres 
preuves  de  ce  genre  que  l'on  peut  voir  dans  le  P.  Mo- 
rin  (I  ) ,  pour  m'ailaclier  à  une  autre  qui  n'est  pas  moins 
convaincante,  cl  que  nous  fortifierons  par  des  exem- 
ples illustres  tirés  de  l'antiquité.  Nous  avons  vu  plu- 
sieurs fuis  dans  le  cours  de  cette  histoire,  et  surtout 
dans  le  second  chapitre  de  celle  partie,  que  l'on  in- 
lligeail  aux  clercs,  etsurtoutaux  prêtres  et  aux  diacres, 
la  peine  de  déposition  pour  les  mêmes  'crimes  pour 
lesquels  on  mettait  les  laïques  en  pénitence  publiipie. 
Il  est  certain  que  suivant  l'esprit  et  la  coutume  de 
rE<.;lise,  ceux  du  clergé  qui  étaient  tombés  dans  quel- 
ques crimes  capitaux,  quoique  secrets,  devaient  se  re- 
ti4*er  du  ministère  des  autels,  et  ne  plus  retournera 
leurs  fonctions;  ce  qui  sans  doute  est  équivalent  à  la 
pénitence  publique,  qui  n'interdisait  pas  même  le  re- 
tour à  la  participation  des  sacrements.  Donc  on  met- 
tait aussi  les  laïques  en  pénitence  publique  pour  les 
crimes  cachés  qu'ils  confessaient  aux  prêtres.  L'au- 
teur de  la  vie  comeniplalive  (I.  2,  c.  7)  prouve  celte 
vérité  fort  au  long,  et  exagère  avec  force  le  crime 
des  clercs  qui,  se  semant  coupables  de  ces  péchés  qui 
les  reiulaient  indignesdu  ministère  de  laulel,  avaient 
la  hardiesse  de  s'en  approcher  et  de  continuer  leurs 
fonctions,  arrêtés  par  des  respects  humains  et  par  la 
crainle  de  se  déshonorer.  Saint  Basile  est  un  garant 

I      (I)  DePo'.iit.  I.  5,  c,  10,  iZ,  14, 


jg^  IIISTOIME  DES 

sûr  de  ce  qu'enseigne  cet  luiteiir  Jans  son  canon  09', 
où  il  décide  en  celte  manière.  Un  lecteur  qui  aura  en 
commerce,  avant  son  mariacje,  avec  me  fille  qrCii  aura 
fiancée,  sera  suspendu  pendant  un  an  de  ses  fondions, 
sans  quil  puisse  à  l'avenir  être  promu  à  un  ordre  plus 
élevé  :  iJ-i""'  àTzpiMuof  que  si  avant  les  fiançailles  il  a 
eu  un  commerce  secret  avec  elle,xUipi-/v.iJr,av.i,  il  n'exer- 
ot'ia  plus  son  niinislèrc;  il  en  sera  de  même  du  sous- 
(iiacrc.  Voilà,  comme  vous  voyez,  une  satisfaction  pu- 
Llique,  et  dont  tout  le  monde  peut  s'apercevoir  pour 
un  péché  très-secret.  Lecanori suivant  n'est  pasmoins 
propre  à  faire  sentir  la  vérité  de  ce  que  nous  avons 
avancé  :  Si  un  diacre  s'est  souillé  les  lèvres  (sans  doute 
par  quelque  baiser),  et  qu'il  confesse  quil  a  commis 
cette  faute,  il  sera  inlerdit  de  ses  fonctions,  mais  il  pourra  ^ 
participer  aux  saints  mystères  avec  les  autres  diacres  : 
il  en  sera  de  même  du  prêtre.  Que  si  l'on  découvre  que 
quelqu'un  ait  passé  plus  loin,  il  sera  déposé,  dans  quelque 
degré  qu'il  puisse  être.  Je  laisse  ceci  aux  réilexions  du 
lecteur,  pour  passer  à  des  faits  connus  et  certains,  qui 
prouvent  la  même  discipline. 

Nous  avons  déjà  vu  ce  qui  est  arrivé  à  Potamius, 
évêque  de  Brague,  qui  fut  déposé  de  l'épiscopat  pour 
un  crime  très-secret,  que  l'on  n'avait  appris  que  par  sa 
propre  confession.  Cet  évêque,  touché  de  Dieu,  s'était 
déjà  renfermé  l'espace  de  neuf  mois  pour  pleurer  son 
péché  :  cependant  les  évoques  ne  laissèrent  pas  de  le 
déposer,  lui  laissant  néanmoins  l'honneur  (1)  du  sa- 
cerdoce, nomen  honoris,  dont  il  s'était  dépt)uillé  par 
le  crime  qu'il  avait  confessé,  quod  ipse  sibi  sui  crimi- 
nisconfessione  jani  tuleral,  disent  les  Pères  de  Tolède. 
Mais  en  même  temps  ils  le  condamnèrent  à  une  péni- 
tence qui  ne  devait  linir  qu'avec  sa  vie.  Nous  avons 
ordonné,  disent  ces  évéques,  par  notre  autorité,  qu'il 
soit  assujetti  aux  exercices  laborieux  d'une  perpétuelle 
pénitence,  croyant  qu'il  est  plus  avantageux  pour  lui  de 
marcher  par  la  voie  rude  et  douloureuse  de  la  pénitence, 
afin  qu'il  parvienne  un  jour  en  un  lieu  de  rafraichisse- 
ment ,  que  de  l'abandonner  à  sa  propre  volonté,  qui  le 
conduirait  dans  le  précipice  de  la  damnation.  En  con- 
séquence de  ce  décret,  Fructueux,  auparavant  évê- 
que de  Dumc,  fut  élu  archevêque  de  Brague  dans  ce 
même  concile ,  et  y  souscrivit  en  cette  qualité.  Ces 
pères  du  concile  de  Tolède  autorisèrent  leur  conduite 
dans  cette  affaire  par  un  canon  fameux  d'un  concile  de 
Valence,  et  dirent  qu'ils  auraient  pu  ai)p()rter  plu- 
sieurs autres  règlements  des  conciles ,  mais  qu'ils  les 
avaient  supprimés  de  peur  de  paraître  avoir  été  les 
auteurs  d'une  plus  grande  rigueur.  Ceci  se  passa  l'an- 
née 656. 

Environ  cent  cinquante  ans  auparavant,  il  arriva 
un  fait  encore  plus  remarquable  que  celui-là  dans 
toutes  ses  circonstances,  et  dont  Hincmar  nous  lait  le 
récit  dans  la  Vie  de  saint  Remy.  Génebaud  ,  homme 
pieux  et  savant,  avait  épousé  la  nièce  de  ce  saint 
archevêque  :  l'ayant  ensuite  quittée  pour  embrasser 
la  vie  monastique,  il  y  vécut  très-saintement  :  ce  qui 

(1)  Ou  bien  le  nom  d'évêque  ,  ainsi  que  traduit 
M.  Godeau,  dans  son  Histoire. 


SACr.EMEiNTS.  488 

fit  que  S.  Remy  ayant  établi  un  siège  épiscopal  à  Laon, 
le  lira  de  sa  solitude  pour  le  placer  sur  ce  trône  épis- 
copal. Etant  dans  celte  place  d'honneur,  il  oublia  sa 
propre  faiblesse;  il  soudrit  que  sa  femme  lui  rendit 
de  fréquentes  visites;  et  Dieu  permit,  pour  le  punir 
de  la  trop  bonne  oitinion  qu'il  avait  de  sa  vertu,  <iuil 
eût  un  conunerce  charnel  avec  celle  qu'il  ne  devait 
plus  regarder  que  comme  sa  sœur.  11  en  naquit  un 
fils,  et  parce,  dit  Hincmar,  que  ce  péché  n'était  point 
connu  des  hommes ,  de  peur  que  l'on  ne  conn'il  quelque 
soupçon  si  sa  femme  cessait  de  lui  rendre  visite .  elle 
continua  à  fréquenter  la  maison  de  l'évèque.  d'oii  il  ar- 
riva qu'elle  eût  de  lui  un  second  enfant.  Alors  Géne- 
baud, louché  du  repentir  de  sa  faute,  pria  S.  Remy 
I  de  venir  chez  lui  ;  le  saint  s'y  rendit  :  Il  y  fut  reçu 
avec  l'honneur  qui  lui  était  dû ,  poursuit  Hincmar,  el 
révêque  de  Laon  le  mena  dans  un  lieu  écarté  de  la  mai- 
son, oii  S.  liemy  lui  ayant  demandé  pour  quel  sujet  il 
l'avait  fait  venir,  cet  évêque  voulut  ôler  l'étole  qu'il  avait 
au  cou,  fondant  en  larmes  en  jetant  de  profonds  soupirs, 
mais  il  en  fut  empêché  par  le  saint.  Après  qu'ils  eurent 
versé  longtemps  des  larmes  ensemble  (  car  S.  Remy 
s'était  bien  aperçu  qu'il  avait  commis  quelque  crime, 
lorsqu'il  vit  qu'il  voulait  se  défaire  de  son  étole),  Gé- 
nebaud lui  déclara  enfin,  avec  une  voix  entrecoupée  de 
sanglots,  tout  ce  qui  s'était  passé.  Le  saint  archevêque  le 
voyant  ainsi  touché  de  componction,  et  presque  désespéré, 
le  consola  par  plusieurs  discours  touchant  la  bonté  et  la 
miséricorde  de  Dieu. 

La  faute,  suivant  que  le  remarque  l'historien,  n'é- 
lail  point  venue  à  la  connaissance  du  public,  elle  n'é- 
tait pas  énorme  :  voyons  cependant  ce  que  fit  S.  Remy. 
Après  l'avoir  exhorté,  ce  sont  les  paroles  d'Ilincmar, 
il  lui  enjoignit  «ne  pénitence,  et  ayant  fait  faire  une  pe- 
tite cellule,  avec  un  lit  en  forme  de  tombeau,  avec  de 
très-petites  fenêtres,  et  un  oratoire  que  l'on  voit  encore 
aujourd'hui  auprès  de  l'église  de  S.  Julien,  il  y  enferma 
Génebaud;  il  (S.  Remy)  gouverna  durant  sept  ans  le 
clergé  et  le  peuple  de  Laon  comme  son  propre  diocèse, 
el  venait  de  deux  dimanches  l'un  célébrer  les  saints  mys- 
tères en  cette  ville.  Dieu  fit  connaître  après  ce  temps  à 
l'évèque  pénilenl  que  sa  colère  était  apaisée;  mais 
il  ne  voulut  point  sortir  de  sa  retraite ,  que  celui  qui 
l'y  avait  mis  ne  l'en  tirât  lui-même,  ce  que  fil  S.  Remy 
après  en  avoir  lui-même  reçu  l'ordre  de  Dieu  par  le 
ministère  d'un  ange,  et  il  le  rétablit  dans  les  fondions 
de  sa  dignité.  Cet  exemple  si  fameux  n'a  pas  besoin 
de  nos  réflexions;  il  montre  trop  évidemment  que  la 
pénitence  publique  était  pour  les  crimes  cachés  aussi 
bien  (pie  pour  les  notoires  et  ceux  qui  avaient  scan- 
dalisé le  public ,  quoique  pour  ceux-ci  on  y  contrai- 
gnît les  pécheurs  sous  peine  d'être  exclus  totalement 
de  la  société  des  fidèles  ;  au  lieu  qu'on  ne  pouvait  en- 
gager ceux  qui  avaient  commis  des  péchés  secrets,  à 
les  expier  à  la  vue  du  peuple  que  par  persuasion,  en 
leur  montrant  les  règles  de  l'Eglise  sur  ce  sujet,  le 
péi'il  qu'il  y  avait  à  ne  point  se  soumettre  à  une  auto- 
rité si  sainte  et  si  respectable  ;  et  enfin  en  refusant  de 
les  réconcilier,  s'ils  ne  voulaient  point  suivre  ponc- 
tuellement ce  que  les  conciles,  les  papes  cl  l'usagQ 


480  PÉNITENCE.  -  SKCT.  III.  I"  TART. 

de  l'Eglise  avaient  si  saiiileincnl  établi  pour  la  guéri 
son  des  àines,  cl  pour  les  faire  renircr  en  giàce  avec  i 
Dieu. 

L'affaire  de  Conliiméliosiis,  évêque  de  Riez,  qui  fui 
convaincu  d'adiillèrc  en  jngeincnl,  cl  déposé  dans  nu 
concile  où  présidait  S.  Césairc^;  d'Arles,  e!>l  une  preuve 
de  la  niéiue  discipline  :  car  qnoi(iue  le  crime  de  cet 
cvêque  fût  public,  ce  ne  fui  point  sur  cela  que  Ion  se 
fonda  poiM'  le  déposer  de  l'éiiiscoiiai,  mais  sur  la  qua- 
lité du  péché  dans  lequel  il  élail  t<im!  é.  Il  paraît,  p:ir 
les  acles  de  ce  concile,  que  Ion  consniin  le  Tape  sur 
cette  affaire;  le  souverain  Pontife,  qui  ét:iil  alors 
Jean  11,  a|)prouva  ce  qui  s'était  fait  dans  le  coiîcile. 
Nous  sommes  (i[]H(jés,  répi  ndil-il,  de  la  perte  de  al 
évêque;  cependant  il  faut  s'en  tenir  à  la  rigueur  des  ca- 
nons ;  ccsl  pour(;noi  nous  le  suspendons  de  l'ordre  épis- 
copal  par  notre  autorité  :  car  il  nest  pas  permis  à  ceux 
qui  sont  souillés  de  crimes  de  faire  les  fonctions  du  saint 
ininisière.  Qu'un  le  conduise  donc  dans  un  monuitère, 
oii  il  se  souvienne  de  pleurer  son  péché,  afin  d'en  obte- 
nir le  pardon  de  Notre- Seigneur  Jésus-Clirisl  qui  est  mi- 
séricordieux. Ou  voit  dans  la  réponse  de  ce  saint  pape 
qu'il  n'insiste  point  du  tout  sur  la  nciloriété  du  crime 
de  révèque  de  Riez  ;  il  ne  considère  que  le  crime  en 
lui-même,  et  il  était  si  éloigné  d'avoir  plus  dindul- 
gence  pour  ceux  qui  auraient  assez  d'adresse  pour  pé- 
clier  eu  secret,  sans  que  cela  vînt  à  la  connaissance 
des  autres,  qu'il  ordonne  eu  même  tenqis  que  l'on 
publie  les  péchés  des  clercs  quand  on  en  aurait  con- 
naissance, afin  que  ceux  qui  seraient  peu  touchés  de 
la  crainte  de  Dieu,  fussent  .m  moins  rclenus  par  la 
crainte  de  la  diffamation.  Si  quelques-uns,  oubliant 
l'ordre  sacerdotal ,  s' abcmdonncnt  au  crime  ,  que  le  pu- 
blic les  connaisse  (et  corutn  personas  vulgus  coguoscal); 
car  ils  se  garderont  davantage  du  péché,  s'ils  voient  que 
leurs  crimes  secrets  soient  connus  des  hommes.  Mais  une 
preuve  sans  réplique  que  les  évèipies  dans  la  condam- 
nation de  Contiunéliosus  ne  considérèrent  que  la  na- 
ture et  la  qualité  du  péclié,  sans  avoir  égard  à  la  pu- 
blicité, c'est  ce  que  dit  S.  Césaire,  président  du 
concile,  qui  rendant  compte  du  jugement  qui  avait 
été  porte,  après  l'avoir  appuyé  par  l'autrjrité  du  pape 
Jean  et  de  plusieurs  canons  de  conciles  qu'il  cite, 
ajoute  :  Il  est  donc  tnanifeste,  et  par  les  litres  des  an- 
ciens pcres  envoyés  par  le  pape  Jean ,  et  par  le  décret 
des  518  pères,  et  par  ce  qui  est  contenu  dans  les  canons, 
dont  on  suit  la  disposition  dans  les  Gaules,  que  ceux  du 
clergé  surpris  en  adultère,  qui  s'en  sont  confessés  eux- 
mêmes  (aut  ipsi  confessi),  ou  qui  en  ont  été  convaincus 
par  d'autres,  ne  peuvent  plus  rentrer  dans  leur  digni.é. 
Vous  voyez  la  même  peine,  de  quehpie  manière  que 
le  crime  vienne  à  la  comiaissance  de  ceux  qui  doivent 
en  juger,  soit  par  la  voie  des  témoins,  soit  par  la  con- 
fession du  coupable ,  aut  ipsis  confessis.  Mais  qu'est-il 
nécessaire  de  nous  épinser  en  reclierclies  sur  celle 
matière,  puisque  jusqu'à  présent  nous  voyons  que 
l'Eglise  s"e^t  réservé  la  puissance  d'infliger  des  peines 
publiques  pour  des  fautes  secrètes,  cl  qu'elle  l'exerce 
lous  les  jours?  Rien  n'est  plus  coiiuu  dans  les  écoles 

TK.    XX. 


ClIAP.  VI.  EXPI.VTION  PUBLIQUE.  m 

qu'il  y  a  deux  sortes  de  censures;  l'une  que  l'on 
nomme  ab  homine ,  l'autre,  à  jure.  La  différence  es- 
sentielle cnlre  l'une  cl  l'autre,  est  que  celle-là  exige, 
avant  (pi'on  la  porte,  que  h;  crime  pour  letpicl  on  l'in- 
flige suit  notoire  on  pronvt';  lé-gitimemcnt,  et  qu'outre 
cela  elle  ;iit  éié  précédée  de  mouillons,  suivant  les 
formes  de  droit,  au  lieu  que  celle-ci  ne  requiert  rien 
de  loulcela.  Le  crime  emporte  de  lui-même  la  ccn- 
sin-e,  et  la  loi  publiée  tient  lieu  de  monitions.  L'Eglise 
s'attribue  diuic  légitimement  le  pouvoir  d'obliger  ses 
sujets  à  se  i!in;ir  eux-mêmes  du  violcinenl  de  ses  or- 
donnances, sans  qu'elle  ail  égard  à  la  publicité  des 
fautes  :  de  Hiçon  que  si  un  crime  qui  tombe  sous  la 
censure  de  droit  devient  public  de  secret  qu'il  éiait, 
el  qu'd  soi l  déféré  au  juge,  on  ne  le  puiiit  pas  d'une 
peine  dilfércnte  que  celle  (jue  la  loi  av;iil  déterminée 
contre  ce  même  crime ,  quand  il  était  caché  ;  mais 
que  l'on  déclare  seulement  qu'il  est  condamné  par  la 
loi,  cl  (pie  celui  (pii  l'a  commis  a  encouru  la  censure. 
A  l'occasion  de  ces  principes  reçus  conimuMément 
chez  tous  les  liiéulogiens  et  les  canonistcs,  on  agite  celle 
question  si  l'Église  peut  porter  des  censures  contre 
un  péché  tout  intérieur,  qui  ne  s'est  produit  au  de- 
hors par  aucun  acte;  et  plusieurs,  dont  Suarez  fait 
mention  (1),  ont  soutenu  ce  sentiment.  Tous  les  autres 
prétendent  au  contraire  qu'il  faut  pour  cela  que  l'acte 
Intérieur  se  soit  produit  au  de!;ors  dcquelque  manière 
que  ce  soit  :  ils  enseignent  d'ailleurs  qu'il  suffit  pour 
qu'il  soil  dans  le  cas  de  la  censure,  qu'outre  ce  qui 
s'esl  passé  dans  l'esprit,  on  y  ait  joint  l'acte  extérieur  ; 
mais  qu'après  cela  ce  péché,  soit  qu'il  soil  connu  ou 
inconnu,  public  ou  caché,  tout  cela,  par  rapport  aux 
censures,  n'est  qu'accidentel.  Par  exemple,  si  un 
homme  a  reçu  subrepticement  les  saints  ordres  sous 
un  faux  titre,  ou  un  faux  dimissoire  de  son  évêque, 
on  ne  s'informe  pas  si  la  fraude  est  publique  ou  ca- 
chée, il  est  suspens  de  droit,  il  doit  s'abstenir  des 
fonctions  des  ordres.  Il  en  est  de  même  de  l'irrégula- 
rité el  de  la  déposition  ;  quoique,  suivant  les  casuis- 
les,  ce  ne  soient  point  des  censures:  mais  qu'importe, 
nous  ne  les  considérons  ici,  aussi  bien  que  les  censu- 
res, qu'en  tant  qu'elles  sont  des  peines  infligées  |)ar 
l'Eglise  aux  pécheurs,  en  punition  de  leurs  fautes. 
Qu'un  ecclésiastique  ait  eu  dessein  de  faire  mourir 
un  homme,  el  que  pour  venir  à  bout  de  son  dessein 
il  ail  fait  quelques  tentatives,  il  est  déclaré  irrégu- 
lier,  c'esl-à-din;,  incapable  d'exercer  aucune  fonction 
des  saints  ordres,  soit  que  ces  tentatives  soient  con- 
nues ou  non,  publii|ues  ou  cachées  :  il  sufiil  qu'il  ait 
joint  au  mauvais  dessein  qu'il  avait  conçu  quelques 
démarches  pour  en  venir  à  l'exécution.  Suivrez  établit 
ce  que  nous  venons  de  dire,  et  développe  celle  ma- 
lière  avec  sa  pénétration  ordi-iaire,  tant  dans  l'endroit 
que  nous  avons  déjà  cité,  que  dans  la  dispute  51*, 
sect.  1,  n.  G7.  Après  quoi  il  prouve  que  l'Eglise  a  le 
pouvoir  de  porter  les  censures  contre  les  crimes  ca- 
chés, parle  décret  du  concile  de  Trente  (sess.  G,  24), 


(I)  Di^put.  4  de  Censuris,  sect.  H. 


iC 


?49i  HISTOIRE  DEi 

qni  aocnido.  ;hix  ("vôffiies  la  racnllé  d'absoudre  des 
siispcnsos  onaniriit'sponr  ces  crimes,  elpar  le  chap.7 
de  lii  session  W,  oh  il  leur  défend  de  dispenser  de 
!"irrc,:n!aiitc  edulraclée  pour  un  iiomicide  caché.  Hu- 
lidlin,  ancien  jin'iscnnsultc  el  des  plus  considérés  pour 
>ioii  savoir,  eiiseigiu^  la  même  chose,  aussi  bien  cpie 
TJonaciiia  (l),  ((ni  rend  sorulenienl  raison  de  celle 
discipline  en  ces  termes  :  Comme  ])Our  le  bon  (jonver- 
nemeiit  de  l' Eglise  on  commande  des  actes  cxtérietirs, 
de  même  aussi  on  peut  en  commander  d'inlérieurs,  sans 
lesquels  ceux-là  ne  peuvent  subsister,  selon  leur  être  mo- 
ral ou  plujMque.  D'où  il  conelul  que  l'on  pcul  à  jusic 
titre  excommunier  ceux  qui  produisent  par  queUpie 
signe  extérieur  l'hérésie  dont  ils  sont  iid'eclés  inlé- 
ricurement,  quoique  personne  n'ait  été  présent  et  ne 
l'ait  enlcndu,  clium  uullo  audiente  vel  prœsente. 

Ceci  étant  incontestable  et  connu  de  tous  les  théo- 
logien^, il  n'est  pas  moins  certain  que  le  chàliment 
dont  il  s'agit  dans  ces  censures,  est  public  et  notoire  : 
ipi'un  laicpic,  par  exemple,  soit  excommunié  de  droit, 
il  est  exclu  de  toute  assemblée  de  religion,  il  ne  peut 
plus  assister  connue  les  autres  lidèles  à  la  messe  de 
sa  paroisse,  ni  à  aucun  des  autres  oITices  qui  s'y  cé- 
lèbrent ;  tout  le  monde  peut  s'apercevoir  de  leiat  où 
il  se  trouve,  au  moins  dans  les  endroits  où  il  n'y  a 
qu'une  messe  les  jours  de  fêtes,  ce  qui  est  très-or- 
riiiiaire  dans  la  campagne.  Cela  est  encore  |ilus  sensi- 
*J)te  à  l'égard  d'un  prêtre,  ou  suspens  ou  déposé  de 
droit,  sUYloùt  s'il  est  chargé  du  soin  d'une  paroisse, 
ou  si,  en  vertu  de  l'euiphn  dont  il  est  revêtu,  il  doit 
lui-même  célébrer  les  saints  mystères  certains  jours 
de  l'année,  du  mois,  de  la  semaine,  comme  cela  est 
très-ordirairc.  Voilà  donc  une  peine  pubrujue  que  su- 
rfit un  pécheur  donl  la  faute  n'est  connue  que  de  Dieu 
et  de  lui,  el  à  laipiel'.e  il  est  obligé  de  se  soumeltrc  à 
îiuiius  qu'il  ne  renonce  à  loule  obéissance  qu'il  doit 
aux  ordres  de  l'Eglise,  et  qu'il  ne  renonce  au  repos 
de  sa  coiiscierice,  en  méprisant  une  autoriié  si  sainte. 

Il  est  vrai  qu'on  en  voit  peu  aujounrimi,  qui,  en 
exécution  des  règles  re(;.ues  dans  l'Église,  s'abstien- 
lïcnt  de  ces  devoirs  extérieurs  de  religion,  la  ciainte 
•de  Dieu  faisant  moins  dimpression  sur  eux  que  la 
lïonle  de  paraître  coupables,  s'ils  se  soumettaient  aux 
-censures.  D'ailleurs  la  facilité  d'en  obtenir  dispense 
et  la  subtilité  de  certains  docteurs  leur  donnant  le 
ïnoyen  d'éluder  ces  lois,  en  trouvant  des  biais  par 
lesquels  on  laissait  subsister  en  apparence  ces  mêmes 
tols,  on  n'est  jamais  dans  le  cas-de  la  prévarication. 
Trtais  qu'importe  par  rapp<U't  à  l'affaire  dont  il  s'agit 
ici  ?  il  n'est  pas  question  des  abus  qui  peuvent  s'être 
î^lissés  dans  l'Église,  mais  des  lois  et  des  règlements 
qui  y  sont  reçus  et  autorisés,  cl  en  vertu  desquels, 
"«oinrae  nous  venons  de  le  faire  voir,  on  iidlige  des 
peines  pubrKpies  pour  des  péchés  secrets.  Et  qu'on 
ne  vienne  pas  nous  dire  que  les  censures  donl  nous 
parlons  sont  bien  différentes  des  peines  sacramen- 
telles qui  s'imposent  dans  le  for  de  la  conscience  : 

(I)  Puncto  5,  n.  4  el  5,  eldisp.  de  Legibus,  q- 1, 
imnclo  ë2,  n.  8,  9,  et  10. 


SACUEMENTS.  492 

car,  outre  que  cela  ne  fait  rien  contre  ce  que  nous 
avons  avancé,  que  l'on  peut  châtier  publi(|uemenl  pour 
des  péchés  secrets,  et  qu'on  le  fait  encore  aujoiu'- 
d'hiii  ;  outre  que  celle  pratiipie  qui  est  encore  à  pré- 
sent en  vigueur,  prouve  (pi'elle  pouvait  avoir  lieu  au- 
trefois, et  être  d'un  usage  ordinaire,  sans  qu'il  y  eût 
rien  à  craindre  pour  le  secret  de  la  confession  :  c'est 
(|u'il  est  certain  d'ailleurs  que  les  censures,  telles 
(pi'eiles  sont  encore  présentement  (  au  nom  près  qui 
est  récent,  el  qui  fut  inventé  dans  le  temps  que  l'on  sé- 
para le  tribunal  de  l'Église  en  for  intérieur  el  extérieur), 
sont  les  mômes  que  l'on  a  iuiposécs  autrefois  pour 
l'expiation  des  péchés  dans  le  Irihutial  de  la  Péni- 
tence, et  qui  faisaient  partie  du  sacrement,  connue 
peines  salisfactoires,  ou  qui,  au  moins,  étaient  des 
conditions  essentielles  pour  parvenir  à  la  réconcilia- 
lion  sacramentelle.  Qu'élait-ce,  par  exemple,  que  la 
péoilence  publi(|ue,  sinon  une  excommunication  qui 
excluait  les  pécheurs,  non-seulement  de  la  pariicipa- 
lion  des  mystères  redoutables,  mais  encore  de  l'as- 
sislance  à  la  célébration  de  ces  mêmes  mystères? 
Nous  avons  vu  dans  le  second  chapitre  de  cette  partie 
(|ue  (|uel(jiiefois  même  on  chassait  absolument  les  pé- 
chems  de  toutes  les  assemblées  de  religion,  et  qu'on 
leur  fermait  les  portes  des  églises.  Nous  trouvons 
de  même  la  suspension  pour  les  clercs  dans  celte  es- 
pèce d'inlerdil  des  fonctions  de  leurs  ordres,  dont  on 
les  punissait  pour  un  temps  à  cause  de  certains  pé- 
chés, aussi  bien  que  la  dégradation,  ou  déposition, 
dont  on  vengerait  autrefois  les  grands  péchés,  dont 
ceux  du  clergé  s'étaient  confessés,  ou  dont  ils  avaient 
été  convaincus  :  et  le  loui  par  rapport  au  sacrement 
de  Péiiitence.  Voyez  sur  cette  matière  ce  que  nous 
avons  dit  dans  le  chap.  3  de  la  première  section,  et 
dans  le  cliapitie2  de  cette  partie  de  la  troisième  section. 

CHAPITRE  VII. 
Que  dans  les  premiers  siècles  on  n'accordait  qu'une  seule 
fois  la  pénitence  publique  pour  les  grands  péchés,  non 
plus  que  la  réconciliation  solennelle.  Adoucissements 
de  cette  discipline  :  jusqu'à  quand  elle  a  duré. 
llermas,  disciple  de  S.  Paul,  dont  les  écrits  ont  clé 
reçus  par  quehpies  église^  au  nombre  des  écritures 
canoniques,  et  lu»  publiquement  dans  les  assemblées 
de  reiigioii,  et  qui  ont  toujours  éié  regardés  de  tout 
le  monde  (à  l'exception  de  TcrtuUitii  quand  il  fut  de- 
venu Monlanisle,  el  de  quelques  auteurs  des  derniers 
temps,  donl  le  jugement  n'est  d'aucun  poids)   ci>mmc 
ayant  une   irès-grande  autorité,  tant  par  rapporta 
raiicieiinelé  qu'à  la  sainteté   de  railleur  qui  nous  a 
conservé  quantité  de  précieuses  maximes  de  l'anti- 
quité la  plus  reculée  ;  ilermas,  dis-je,  nous  rend  un 
lémoignage  fidèle  du  point  de  discipline  donl  il  s'agit, 
dans  son  livre  intitulé  le  Pasteur  (1)  :  Seigneur,   dit 
Hermas  à  l'Ange   qui  s'entretenait  aveelni.   si  quel- 
qu'un a  une  femme  fidèle  et  qu'il  la  surprenne  en  adul- 
tère, pèche-l-il,  s'il  vil  avec  elle?  A  quoi  l'Angs  lui- ré- 
pondit :  Tandis  qu'il  ignore  son  péché,  cet  homme  qui 
vit  avec  elle  n'est  point  coupable.  Mais  s  Usait  qu'elle  a 
n)  Mandat©  4. 


493 


PÉNITENCE.  —  SECT.  HI.  V  PAUÏ 


péché,  si  elle  na  point  fuit  pcuileiice,  et  qu'elle  conlimie 
dans  son  désordre,  il  pèche  en  vivant  ovi'c  clic,  il  se  rend 
conuable  et  participe  à  soti  crime.  Que  fera  donc  cet 
homme,  dit  Ilermas,  si  elle  demeure  en  cet  état?  L'Ançie 
répond  :  Quil  la  quitte  et  demeure  seul.  Que  si  l'uijanl 
quittée  il  en  épouse  une  autre,  il  tombe  lui-même  dans 
la  fornication,  moïciiatik.  Ilermas  dit  ensuite  à  rAnqe: 
Que  si  celte  femme  quil  a  ainsi  quittée  fait  pénitence  et 
veut  retournera  son  mari,  celui-ci  la  rccevra-l-il?  L'An.^e 
lui  répond  :  Sans  doute,  et  même  si  son  mari  ne  lu  re- 
çoit pas,  il  pèche  et  pèche  grièvement;  mais  il  doit  rece- 
voir celle  qui  a  fait  ainsi  pénitence ,  non  souvent,  caria 
pénitence  n'est  accordée  quune  fois  aux  serviteurs  de 
Dieu,  i  Sed  débet  recipere  peccatricem  quœ  pœriilen- 
I  tiam  egit,  sed  non  swpè,  servis  enim  Dei  pœnitentia 
i  ima  est.  »  Les  CalliDliqiiesel  le  pnpo  Zépliyriii  oppo- 
saient :ui\  Moiilaiiisles  ccl  oiidioil  dllernias  «lonimo 
un  bouclier  propre  à  repousser  tous  les  Irails  tlo  ces 
liéréliques,  cl  Tertiiliieii,  devenu  liii-inènic  Monla- 
niste,  s'en  scnlail  si  incommodé,  qu'il  ne  trouvait 
point  de  meilleur  parti  poiu-  s  en  défendre,  que  de  ré- 
voquer en  doute  l'autorité  des  livres  du  Pasteur,  et 
de  parler  avec  mépris  dnn  ouvrage  qu'il  avait  lui- 
même  cité  autrefois  avec  éloge  dans  le  livre  de  la 
Prière.  11  est  surprenant  après  cela  que  Sixte  de 
Sienne  qui  ne  manquait  pas  d'érudition,  et  celui  qui 
a  eu  soin  de  faire  impiimer  les  ouvrages  d'îlermas 
dans  la  IMbliotlièque  des  Pères,  se  soient  abusés  jus- 
qu'au point  d'accuser  l'auleur  du  livre  du  Pasteur  de 
Novalianisme,  en  quoi  ils  se  sont  rendus  aussi  ridi- 
cules qu'Auxilius  et  ceux  dont  parle  S.  Philasire  de 
Bresse  dans  son  livre  des  Hérésies  (1),  qui  ont  osé 
accuser  Osiiis  de  Cordone  de  la  même  erreur,  à  cause 
des  deux  premiers  canons  qu'il  a  j)ubiiés  à  la  léte  du 
concile  de  Sardique.  Erreur  dont  ils  n'ont  point  craint 
de  rendre  suspect  l'auteur  même  de  TEpîire  aux  Hé- 
breux, qui  est  aujourd'hui  reconnue  unanimement 
dans  l'Eglise  pour  avoir  été  inspirée  par  l'f^spril  de 
Dieu. 

!    S.  Clément  d'Alexandrie  reconnaît  la  même  disci- 
pline dans  son  second  livre  des  Stromates  (2).   Là, 
après  avoir  parlé  de  la  pénitence  (pii  précède  le  Bap- 
tême,  et  ensuite  de  la  faiblesse  de  riiomme,  de  leji- 
vie  et  de  la  haine  du  diable  contre  lui,  il  ajoute  ce 
qui  suit  :  Dieu  étant  plein  de  miséricorde,  a  donné  à 
ceux  qui  après  avoir  reçu  la  foi  sont  tombés  dans  le  pé- 
ché, une  seconde  pénitence  que  doit  recevoir  celui  qui, 
après  sa  vocation  au  christianisme,  aura  succombé  aux  \ 
artifices  du  démon,  il  lui  reste  en  cet  état  une  péni-  1 
tence  qui  n'est  point  suivie  d'une  autre ,  ij.iy.)  è-i  //^Tavîiocv  | 
àfi.eTot.-j6r,zo.i.  Il  fait  ici  l'application  du  fameux  endroit  1 
de  l'Epîlrc   aux  Hébreux,  à  ce  qu'il  vient  de   dire,  ' 
après  quoi  il  ajoute  :  Pour  ce  qui  est  des  pénitences 
qui  se  succèdent  les  tines  aux  autres  pour  les  nouveaux 
péchés  que  l'on  commet  de  temps  en  temps,  elles  ne  nous 
distinguent  point  de  ceux  qui    nont  jamais  eu  la  foi,  \ 

n)Auxiiius,  de  Ordinal.  Kcninosi,  1.  I,c.  1:2  et  Li  ; 
Phdaslr.  deli;en'sih.,  p;irt.  5,  c.  i2. 
(2)  Paulô  anle  médium. 


CHAP.  VU.  SL'lTi:  m;  minime  sujet.  49i 

!  sinon  en  ce  qu  elles  nous  font  sentir  que  nous  péchons. 
il  ajoute  un  peu  après  que  ce  nest  qu'une  apparence  el 
non  une  vraie  pénitence,  de  demander  souvent  pardon 
des  péchés  que  l'on  commet  souvent.  Par  ces  péciiés  il 
cnlend,  non  tout  ci;  (|ue  l'on  fait  contre  les  règles, 
mais  les  crimes  pour  lesquels  l"E-lise  avait  déterminé 
les  peines  par  lesquelles  ou  devait  les  expier  publi- 
quement. Tcrlidlien,  dans  son  livre  de  la  Pénilence 
qu'il  a  conqjosé  élaiit  encore  dans  l'Eglise  cailmllquc, 
suppose  el  établit  parloui  la  même  discipline.  Après 
avoir  parlé  dans  les  premiers  chapitres  de  la  pénitence 
dos  caiéehumènes  el  des  effets  du  Baptême,  il  passe 
dans  le  septième  à  la  Pénilence  qui  suit  le  Ba|)lènic  ; 
e(,  après  avoir  exhorté  par  i)lusieurs  exemples  à  lem- 
brasscr,  il  enseigne  dans  le  chapitre  9'  la  manière  de 
s'en  bien  acquitter,  et  répète  ce  qu'il  avait  déjà  dit 
qu'elle  est  unique.  Voici  ses  paroles  :  Hujus  igitur 
pœnilentiœ  secundœ  el  unins,  quanta  in  arto  negolium 
est,  lantb  operosior  prubatio  est;  ut  non  sola  conscien- 
lia  prœfcratur,  sed  aliquo  etiam  actu  administretur.  \\ 
avait  dit  auparavant  (1),  en  parlant  de  cette  pénitence 
qui  a  été  instituée  pour  remettre  les  péchés  commis 
d(>puis  le  Baptême  :  Je  ne  puis  me  résoudre  à  parler  de 
cette  seconde,  ou,  pour  mieux  dire,  de  cette  dernière 
espérance,  de  peur  qu'en  traitant  de  cette  matière  nous 
ne  paraissions  vouloir  encore  donner  lieu  au  péclié.  A  Dieu 
ne  plaise  que  quelqu'un  l'entende  ainsi,  etc.  i  Piget  se- 
i  cundœ,  im'o  jam  idtiniœ  spei  subtexére  mentionem.  i 

Origène  (2),  après  avoir  dit  (|ue  l'on  peut  toujours 
se  relever  par  la  Pénitence,  des  fautes  même  mor« 
telles,  pourvu  qu'elles  ne  soient  pas  du  nombre  des 
crimes  capitaux,  ajoulo,  en  parlant  de  ceux-ci  : 
Pour  ce  qui  est  des  grands  crimes,  on  n'accorde  la  Pé- 
nitence qu'une  fois,  ou  rarement,  i  Jn  gravioribus  crimi^ 
tnibus  semel  tantiim  tel  raro  pœnilentiœ  conceditur  lo- 
«  eus.  n  Le  Maître  des  Sentences,  citant  cet  endroit 
(1.  4,  dist.  14),  omet  ces  deux  mots,  vel  rar'o,  et  l'on 
trouve  à  la  marge  du  texle  celle  remarijue,  ita  legitur 
apud  Cyrillum.  C'est  ainsi  qu'on  lildans  Cyiille.  Quoi- 
qu'il en  soit,  dit  le  P.  Morin,  je  n'ai  rien  lu  de  sem- 
blable dans  les  Pères  Grecs  depuis  Origène.  Nous  ver- 
rons ci-après  que  quoique  suivant  la  règle  ordinaire 
la  porte  fût  fermée  à  une  seconde  pénilence,  pnur  me 
servir  des  termes  de  Tertullien,  il  est  néanmoins  ar- 
rivé, dans  quelques  occasions,  qu'on  y  admetiail  les 
pécheurs,  et  que  c'est  sans  doute  pour  celte  raison 
qu'Origène  a  ajouté  ces  mots  velrar'o,  ouraremenl  (5). 
Lareusalion  inlenlée  contre  S.  Jean  Cln yso.'lôme. 
au  conciliabule  du  Chêne,  est  encore  une  preuve  ipic 
celle  discipline  était  généralement  observée  dans 
l'Eglise.  Le  sixième  article  contenait  ce  qui  suit  :  // 
ouvre  l'entrée  aux  pécheurs  en  disant  :  Si  vous  pèche::, 
de  nouveau  ,  fuites  de  nouveau  pénitence,  et  toutes  fois 
que  vous  pécherez,  venez  à  moi  et  je  vous  guérirai.  Celle 

(I)  Terlul.  dePœnil.,  c.  7. 

(-2)  lîom.  15  in  c-  "lo-  Levil. 

(ô)  Voyez  ce  qui  est  dit  ci-dessous  de  ce  texle  d'O- 
rigène,  que  je  n'avais  pas  encore  découvert  ipiand 
j'écrivais  ceci- 

A 


49S  HISTOIRE  DES 

accusation  loiilc  Tatisse  qu'elle  est  fait  voir  coniliicii  la 
maxime  de  ces  lemps-ià  de  ne  donner  la  [)énilence 
(|trnm;  fois   (j'enleiuls  la  pénitence  pniiru|iie  ,   qu'on 
aitpiiait   prDprenienl  parlant,  pénitence)  était  coni- 
numéiiient  reçue  ,  en  sorte  ipie  Ton  regardait  connue 
un  attentat  digne  des  censures  les  plus   rigoureuses 
d'y  donner  atteinte-  S.    Jean  Clirysostôuie   offrit  , 
comme   on    sait,  de  se  purger   de    toutes  les  ca- 
lonmics  (|ue  ses  ennemis  avaient  inventées  contre  lui, 
et  ceux  (|ni  composaient  ce  faux  concile  étaient  si  per- 
suadés du  son  innocence  (pi'ils  ne  voulurent  jamais 
l'entendre,  <'t  lui  donner  lieu  de  se  juslilier;  ce  (\m 
aurait  dû  siiflire  pour  détourner  certaines  gens  d'al- 
triliucr  à   vc  saint  des  sentiments  si  op|  osés  à  sa 
doctrine.  Cei)ei)dant  il  s'est  trouvé  depuis  d'aulres  per- 
sonnes (pii  les  lui  ont  allrilmées,  et  qui  ont  enseigné 
ellcs-nicnies  sur  ce  fondement  une  doctrine  bien  dif- 
férente de  celle  que  les  anciens  nous  ont  apprise.  Mais, 
il  faut  l'avouer ,  cela  s'est  lait  sans  mauvais  dessein  ,  j 
et  ceux  qui  (uil  avancé  sur  ce  fondement  des  principos 
contraires  à  ceux  de  l'antiquité ,  ont  été  trompés  e«ix- 
mcnies  par  une  traduction  infidèle  d'un  endroit  de  S. 
Clirysoslôme  qu'ils  ont  trouvé  dans  le  Maître  des  Sen- 
tences (I).  Je  vais  rap|torler  celle  traduction  cl  la 
comparer  avec  le  texte,  eU'on  verra  du  premier  coup- 
d'œil  combien  ceux  qui  l'ont  faite  se  sont  grossière- 
ment trompcis.  Sciendum  qubd  Inc  quidam  exurguul  , 
horuin  vcrbonun  occasione  pœnitentiam  aufereules,  quasi 
per  pœnitenliam  non  valent  peccnlor  resurgeve  secundo  , 
terlio  el  deïnceps.  Verkm  etiam  in  lioc  pœnilentiam  non 
excludil ,  nec  propiliationeni  quœ  sœpè  fit  per  Pœniten- 
tiam, sed  secundum  Baptismiim  ;  ce  <pii  signifie  :  Cesl 
en  conséquence  de  cela  que  quelques-uns  s'élèvent  et  abo- 
lissent la  Pénitence,  comme  si  le  pécheur  par  elle  ne 
■pouvait  point  après  le  Baptême  se  relever  une  seconde  , 
une  troisième  fois,  et  encore  plus  souvent  ;  7nais  en  cela 
il  n  exclut  pus  la  Pénitence  ni  le  pardon  qu'on  obtient 
souvent  par  elle,  il  n  exclut  que  le  Bap'.ême.  Il  faut  re- 
marquer, pour  bien  entendre  de  quoi  il  s'agit,  que  cet 
endroit  de  S.  Clirysoslômft  est  tiré  de  son  connnen- 
taire  sur  l'Epilre  aux  Hébreux,  où  il  entreprend  d'ex- 
pliquer ce  fameux  passage  de  l'Apôtre  volunlariè  pcc- 
canlihus  nubis,clc.  Voici  ses  paroles  bien  différentes  de 
celles  que  le  Maîlre  des  Sentences  nous  représente  dans 
la  mauvaise  traduction  qu'il  a  suivie.  On  n'y  trouvera 
aucune  trace  dune  pénitence  canonique  recommencée 
deux,  trois  el  quatre  fois.  llâ/t>  Jvt«,oô«  ^juïv  èrrtjsvsvTat 

ci  zr,-J  jy.Er«votav  àvatjioOvTC;...  ri  omj  ttjsôj  «//.pOTifouâ  l'psu- 
fiev;  OTt  cù  T/îTiôi  Tîtoùrw  èvTKûOa  toDto  oy,7tv,  cùèè  t/jv /;.£- 
Tavoîav  y.jv.vpîï,  vi  tcv  0(oc //ctcvoi'k;  sÇi/aT/jtôv,  oùèswOîtxc.i 
xaTa6«/./£t  2tà  tT^;  <y.7royvW7£w;  tôv  i-:nui/.ô-v..  Où/,  oùrû; 
iyPpài  ïTTt  T^i  (:ta7r,pir/.i  T-^;  rjusTÉpc;.  A).yà  ti  ;  rà  tsuripsv 
àvatfst  /ouTfôv.Où  '/Kf.  etTrev  où/.5Tt  lirt  //.cTajoî-/.  tOSs  sO/^Tt 
«TTtvapsTti,  à//à  6v7l.c'.  où/.izi  ètti.  TouTsirt  sTKupài  JeuT;- 
poiolt/.izi  liTi  ,  OuTÎy.j  •/y.pzcûzo  za)£î. 

On  voit  clairement  dans  ces  paroles  du  texte,  com- 
bien elles  diffèrent  de  la  traduction  dont  s'est  servi  le 
Maîlre  des  Sentences  cl  plusieurs  autres  scholasiiques 

(1)  Lib.  4,  dist.  14. 


SACHEMENTS.  m 

après  lui.  Le  texte  de  notre  saint  ne  dontie  pas  la 
moindre  prise  aux  calomnies  que  l'on  a  inienlées  an- 
Irelois  ccuitre  lui ,  cl  que  ccrlains  do(  leurs  de  l'école  ( 
ont  rencuivelées  sans  y  penser,  en  lui  allribuani  sur 
celte  traduction  défectueuse  îles  sentinu-nls  qu'il  n'eut  i 
jamais.  Je  vais  traduire  ici  ce  passage  en  notre  langue,  \ 
afin  que  t(Uil  le  nH)nde  puisse  en  juger,  et  voir  s'il  y 
lail  mention  d'une  secoiicb",  d'une  troi  ième  el  de  plu- 
sieurs autres  pénitences.  Ici  s'élèvent  de  nouveau  con- 
tre  nous  ceux  qui  ubolisscnt  ht  pénitence  (il  eu  \cul  aux 
'  Nnvaliens):  que  répondrons-nous  donc  (lux  uns  et  aux  aU' 
très?  (Savoir  à  ceirv  cpii  lenieltaient  de  jour  en  jour 
leur  baptême,  parce  (piapiès  l'avoir  rrçu  il  n'y  avait 
!  plus  de  l'émission  des  pétliés  à  attendre  selon  eu\ ,  et 
I  à  ceux  qui  prétendaient  qui!  n'élail  point  sûr  de  com- 
'  muniquer  les  mystères  aux  pécbeurs ,  s'il  n'y  a  point 
de  pardon  à  attendri!  après  la  rémission  des  pécliéj 
obtenue  parle  Baptême.)  Que  iépondrons-nous,disje, 
aux  uns  et  aux  autres  ?  nous  leur  dirons  que  l'Apôtre  ne 
dit  point  cela  da)is  cette  vue,  et  qu'il  n'abolit  point  la  pé- 
nitence,ni  le  pardon  qu'on  peut  obtenir  par  son  moyen. 
Il  n'éloigne  cl  n'accable  pas  non  plus  le  pécheur  par  le 
désespoir  du  pardon.  Il  n'est  point  ennemi  de  notre  salut. 
Mais  que  veut  donc  l'Apôtre'l  (dans  le  passage  de  1  E- 
pîlre  aux  Hébreux  ,  c.  10;)  il  déclare  qu'il  n'y  a  point 
de  second  baptême  :    trtr  il  na  point  dit  :  Il  Jt'j/  a 
point   de   pénitence ,  il    n'y  a    point    de    rémission  , 
\  mais    :  Il   n'y    a    point    d' hostie,    c'est-à-dire     qu'il 
n'y  a  point  de  second  sacrifice  de  la  croix,  car  c'est 
ce  qu'il  appelle  hostie.  Si  dansipielques  au.res  endroits 
S.  Cbrysostôme  ,  pour  inviter  les  fidèles  à  participer 
aux  saints  mystères,  et  leur  ôler  tout  prétexte  de  dif- 
férer une  action  si  sainte,  leur  déclare  qu'une  prépa- 
ration de  cinq  ou  six  jours  est  suffisante ,  el  qu'ils 
peuvent  pendant  ce  temps  satisfaire  à  la  jusiic^,  de 
Dieu  ,  el  se  purifier  par  les  bonnes  œuvres;  il  dit  cela 
sans  préjinJice  à  la  coutume  d;î  son  temps  de  tenir  les 
grands  pécbeurs  plusieurs  années  en  pénitence  avant 
de  les  recevoir  à  la  conmiunioii.  Il  paile  dans  ces  oc- 
casions aux  pécbeurs  de  la  seconde  el  de  la  troisième 
classe,  dont  nous  avons  fait  mention  dans  les  cbapiires 
précédents ,  auxquels  la  porte  de  la  pénitence  était 
toujours  ouverte.  C'est  de  celle  manière  <|u'il  faut  en- 
tendre ce  que  notre  saint  dit  dans  son  discours  sur  S. 
Pliilogène. 

De  même,  si  ce  saint  docteur  dit  dans  s^n  épître  h 
Tbéodorc  ,   que  quand  il  n'aurait  fait  qu'une   petite 
partie  de  sa  pénitence  ,  Dieu  ne  le  laissera  pas  sans 
récouqiense  ,  qu'd  n'a  jias  d'égard  au  teuq)s  ,  mais  à 
la  disposition  du  cœur  :  tout  cela  ne  tend  qu'à  f.irtifier  l 
ce  moine  repentant  contre  les  pensées  de  désespoir  ,  | 
et  à  lui  persuader, ce  qui  esttrès-vrat,queDieu  regarde; 
surtout  dans  le  péebeur  la  douleur  intérieure  dont  ilj 
est  pénétré,  et  que  quand  même  il  ne  lui  resterait 
point  le  temps  nécessaire  pour  acbever  la  pé.iiiencc 
canoni(|ue  ,  il  n'y  a  pas  lieu  pour  cela  de  se  défier  de 
la  miséricorde  de  Dieu,  qui  sait  suppléer  à  ce  qui  nous 
manque  au  debors  :  car,  comme  dit  admirablement  ce 
grand  docteur  ,  où  xf''»"  "/«p  it«oT>|Tt    «//à  5MÔin% 


i<)7  rÉNITENCr.  —  SECT.  III.  1"  PAUT.  CII\l>.  MI.  SUITE  DU  MÊME  SUJET.  i^M 

^^■/.nu  r.  //ETKvîiV.  y.çi.iry.i,  OU  jiigc  (Ic  la  pciiilPtire  non  W  coticilo  ,  que  liitna  quelques  égUses  d' Espagne  on  ne  fait 


par  la  (inanlili'  du  temps  ,  niais  par  la  disposition  do 
Ta  me. 

Le  PèrcMoi'in  croit  qnc  celle  dis(i|»line  a  été  en  vi- 
gueur en  Orient  jnsrpi'aii  quatrième  siècle;  mais  en 
Occident,  elle  s'esl  conservée  plus  longtemps  ;  clic  y 
était  même  plus  Mnère  qu'elle  n'a  jamais  élé  dan  >  les 
églises  d'Orient.  Cette  sévcrilé  parait  surtout  dans  les 
canons  du  concile  d'EIvire ,  dont  plusicHrs,  comme 
nous  l'avons  vu  dans  le  second  cliapitre  de  la  pre- 
mière section  ,  n'accordent  pas  même  la  conimunion 
h  la  mort  à  certains  péclieur!;. 

S.  Pacien  (ep.  5),  répondant  à  un  Novatien  qui  lui 
objectait  :  Que  si  Dieu  ordonne  de  se  repentir  souvent , 
il  permet  aussi  de  pécher  souvent,  dit  que  cet  argument 
aurait  iiuel(|ue  force  (  par  rapport  à  la  pénitence  que 
l'on  faisait  dans  l'Eglise  pour  les  grands  péchés)  si  la 
Pénitence  él:iil  considérée  comme  des  délices.  Après 
quoi,  faisant  l'éannéralion  des  travaux  durs  et  morti- 
fiants qui  l'accompagnaient,  il  ajoute  :  Il  est  peu  de 
gens  qui  s'acquittent  comme  il  faut  de  ces  exercices  la- 
borieux, qui  se  relèvent  après  leur  chute ,  qui  se  réta- 
blissent après  les  plaies  quils  ont  reçues,  etc.,  paroles 
qui  prouvent  bien  que,  suivant  l'usage  de  ce  temps, 
on  n'accorlait  pas  deux  lois  la  Pénitence  pour  les 
crimes.  S.  Ambroise  (I)  est  si  exprès  sur  cela,  et  son 
passage  e-.t  si  connu  de  tous  les  théologiens,  que  nous 
ne  pouvons  nous  dispenser  de  le  transcrire  ici  :  C'est 
avec  justice,  dil-il,  que  nous  reprenons  ceux  gui  croient 
pouvoir  faire  souvent  pénitence...  ;  car  s'ils  la  faisnienl 
véritablement ,  ils  ne  croirait  ni  pas  devoir  la  recommen- 
cer, parce  que,  connue  il  n'y  a  qu'un  baptême ,  il  n'y  a 
non  plus  qu'une  péniunce  :  j'entends  celle  qui  se  fait  pu- 
bliquement ;  car  pour  ce  qui  est  des  péi  hés  journaliers, 
notre  pénitence  doit  être  quodienne  ;  mais  celle-ci  se  fait 
pour  l.s  fautrs  l'éijères,  cclle-lii  pour  les  grandes.  «  Me- 
I  rilb  reprehendunlur  ,  qui  sœpiùs  ugcn.lam  pveniten- 
i  liam  putant...;  nani  si  vetè  agercnt  pœnilentiam , 
i  iterandam  postea  non  putarent,  quia  sicut  nnnm  ba- 
I  p'isma,  ita  una  pœn'tenlia,  qnœ  tamen  publiée  agilur, 
«  nam  quolidiani  nos  débet  pœnitere  delicli;  srd  liœc  de- 
j  lictorum  Lviorum  ,  illa  gravi  rum.  t  Ces  paroles, 
pour  le  dire  en  passant ,  doivent  f  Ire  trenddcr  ceux 
qui  ne  craignent  pas  de  commelire  de  ci^s  sortes  do 
pédiés,  pinr  lesquels  rE:.;Iise  meilnit  awlr.foisen  pé- 
i"iti-nr-,«  pul.li.pie.  M;iis  cell.s  qui  suivr-nt  sont  encore 
plus  terribles  :  J'en  ai  plus  vu,  dit  ce  sai,;l  docteur, 
qui  ont  conservé  leur  innocence,  que  de  ceux  qui  ont  fait 
pénitence  comme  on  la  doit  faire.  .  Faciliiis  inveni  qui 
c  innocentiam  servuverinl ,  quèim  qui  congrue  pœnilcn- 
«  tiani  egerint.  » 

Cetic  discipline  a  é:é  religieusement  observée  dans 
l'Eglise  d'Occident  jusqu'au  7'  siècle  ,  comme  il  est 
aisé  d  en  juger  par  le  troisième  concile  de  Tolède,  qui 
8'est  cru  obligé  de  réprimer  les  abus  qui  commen- 
çaient à  s'introduire  contre  celte  religieuse  sévérité  : 
Par  ce  que  nous  a':ons  appris,  disent  les  Pères  de  ce 

(1)  Lib.  2  dePœnit.jC.  10. 


point  pénitence  selon  la  règle  {secundum  canonem),  mais 
tres-mul ,  de  sorte  que  c.rlaines  gens  demandent  aux 
prêtres  la  réconciliation  toutes  tes  fois  qu'il  leur  plait  de 
pécher  ;  pour  arrêter  une  présomption  si  exécrable,  il 
est  ordonné  parce  saint  concile  que  l'on  donne  la  péni- 
tence suivant  lu  forme  des  anciens  canons ,  c'est-à-dire 
que  le  prêtre  doit  d'abord  interdire  la  communion  au  pé- 
cheur qui  se  repenl  de  ses  crimes,  et  le  mettre  au  rang 
des  autres  pénitents,  pour  recevoir  souvent  l'imposition 
des  mains.  Ensuite,  ayant  accompli  le  temps  de  sa  pé' 
nitence  suivant  le  jugement  sacerdotal ,  qu'il  lui  rende  lu 
communion.  Pour  ce  qui  est  de  ceux  qui,  ou  durant  le 
cours  de  la  pénitence,  ou  après  la  réconciliation ,  re- 
tournent à  leurs  anciens  péchés ,  qu'ils  soient  condamné.'; 
suivant  la  rigueur  des  anciens  cations  :  t  Secundim 
«  priornm  canonum  teveritatem  damnenlur.  »  Nous  ve- 
nons de  voir  quels  étaient  ces  anciens  canons,  et  jus- 
qu'où s'étendait  leur  sévérité  à  l'égard  do  ceux  qui 
retombaient  dans  les  crinics  pour  lesquels  on  soumet- 
tait les  pécheurs  à  la  pénitence  publique. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présent  fait  voir 
que  la  maxime  commune  et  ordinaire  était  autrefois 
de  ne  poii.t  accorder  la  pénitence  canonique,  ni  la  ré- 
conciliation, qui  en  était  le  fruit,  à  ceux  qui  retom- 
baient dans  les  crimes  soumis  à  celle  peine  ;  mais 
cela  n'empêche  pas  que  qnchpies  églises  particulières 
u'airnl  pi  avoir  un  usage  diflërent ,  et  que-(|iielqnes 
évê(pies.  pour  des  raisons  de  prudence  ,  n'aient  quel- 
quefois pu  user  de  plus  diudnlgence  envers  les  pé- 
cheurs; car,  au  rapport  de  S.  Iré  é;;  (I.  5,  c,  4),  Cer- 
don  a  fait  plus  d'une  fois  l'e.romologèse  da  son  hérésie, 
c'est-à-diie  qu'il  a  demandé  et  obtenu  la  péniieiice  dé 
smi  apostasie;  ce  que  tén  oig:,c  aussi  Tertnllien,  de 
Valentin  et  de  Marcion  ,  <lans  son  livre  des  Prescrip- 
tions (c.  ÔO).  Le  passage  d-Origè.  c  que  nous  avons  al- 
légué ci-dessus  dénmntre  que  cela  se  faisait  quelque- 
fois, quoique  rarement ,  rarb.  pourvu  iiéuinsoins  que 
ce  mol  ne  se  scil  pas  glissé  dans  le  texte  (I). 

Cette  discipline,  eounne  rmus  avons  rem.rqiié  ,  ne 
sVendit  pas  au  delà  du  7'  siècle  dans  l'Egiise  d'Occi 
d  m.  où  elle  a  duré  le  plus  long-lemps ,  et  elle  tond)a 
presque  entièrement  avec  la  pénitence  pid.lqne,  qui 
!  n"eut  plus  lieu  dans  la  suite  que  poin-  les  |)éi  liés  pu- 
blics. A  l'égard  des  péchés  secrets  soumis  à  la  péiii- 
lence  canoni(pie,  on  continua  à  les  expier  à  peu  près 
par  les  mêmes  peines  que  les  canons  avaient  déiermi- 

(I)  Le  P.  Marlène,  dans  le  livre  I  de  aniiq.  Eccl 
Rililms,  uni   -1.  I.  I,  c.  2,  dit  que  ces  deux  mots,  v  l 
rnro,    ne  se  lionvent  point  dans  (b-iix  a  ciens  maiiu- 
sciiis  d'Oiigène  dt;  la  bUiliollieipio  de  Marmoiiii  r     f 
dont  l'on  a  pins  de  800  ans,  et  l'autre  pins  de   GOO.'  ' 
n-in  pins  (pie  dans  deux  autres  de  .jiimiége<.  cl  un  d»',  '■ 
Saii.lOiien  de  Koiieii  ;  (pi'iin  anlenr  aiiii"vnie,  qui  ^ 
écrit  un  traité  de  llié..|oi;ie  il  v  a  plus  de   500  ans,  et 
dont  I-  maiiiiserit  se  conserve  à  Marmonner,  oiiîel , 
aussi  bien  que  le  Maître  des  Senlenres,  cesdenv  mots, 
Vit  rarb,  dans  la  eitalioii  de  cel  endroit  d'Origèiie.   Le 
même  P.  Mailène,  pour  s'assurer  de  la  manière  dont" 
le  Maiire  des  Sentences  a  ciié  cet  endroit ,  dit  avoir 
consulté  trois  manuscrits  de  ses  ouvrages,  où  il  le  cile 
partout  de  iiièiue. 


HISTOHll-:  DtS  SACIIK.MKNIS. 


50ft 


nées  ;  mais  le  tont  se  faisait  en  secret  et  dans  le  parti-  'Ij 
culier.  P<tiir  ce  qui  est  des  |)ccliés  publics  et  scanda- 
leux, souuiis  depuis  le  7*  siècle  à  la  pénitence  jiubli- 
que,  non  seulement  on  accordait  à  ceux  qui  étaient 
tombés  (le  nouveau  après  la  récoiicilialion  la  facullé 
de  recoiiiineiicer  la  pénitence,  mais  même  on  y  obli- 
geait les  pé  lieurs.  C'est  ce  que  nous  voyons  dans  le 
livre  5  des  Capitulaircs,  cliap.  72  :  Ceux,  y  est-il  dit , 
qui  retombent  fréquemment  dans  leurs  prévarications , 
ou  qui  rtconimencent  lu  pénitence  à  laquelle  ils  sont 
souvent  condamnés,  s'ils  ne  s\' [forcent  de  corriger ,  par  ! 
une  vraie  satisfaction  ,  ce  qu'ils  ont  fait  de  mal ,  quils 
soient  réprimés  ou  condamnés,  afin  qu'ils  corrigent  mal- 
gré eux  ce  qu'ils  n'ont  point  volontairement  expié.  Que 
si  quelqu'un  refuse  de  le  faire,  et  qu'il  soit  réfraclairc 
mtx  ordres  de  son  prélat,  qu'il  soit  excommunié  selon  le  i 
mérite  de  sa  faute. 

Isaac,  évêque  de  L;mgres,  dans  ses  Capitules  pu- 
bliés en  874,  lait  assez  connaître  la  même  cliose  dans 
un  des  statuts  qu'il  lit  pour  maintenir  la  discipline  de 
la  péiiilonte  :  Prenez  bien  garde,  dit-il  à  ceux  à  qui  il 
parle.,  si  quelqu'un,  après  avoir  été  réconcilié  publique- 
ment,  retombe  dans  un  péché  public,  afin, que,  m'en 
ayant  averti ,  je  vous  apprenne  de  quelle  manière  vous 
devez  vous  comporter.  11  ne  dit  pas  positivement  qu'il 
fallait  le  somnetlre  de  nouveau  à  la  pénitence  publi- 
que ,  mais  cela  s'entend  assez  par  la  pratique  de  ce  \ 
temps-là;  car  c'était  alors  un  axiome  reçu  comnuiné- 
nicnt,  qu'il  lalKiit  expier  puliliquement  les  pécliés  pu- 
blics, comme  ncus  le  verrons  ailleurs.  Ce  clr.uigc- 
mcnl  dont  nous  venons  de  parler  ne  s'est  pas  lait  tout 
à  coup,  mais  insensiblement,  quoiqu'en  assez  peu  de 
temps  ,  et  il  avait  été  précédé  de  quelques  adoucisse- 
ments dont  nous  aurons  lieu  de  parler  dans  le  cbapi- 
tre  suivant. 

CHAPITRE   VIII. 

Indulgence  dont  usait  quelquefois  l'Eglise  primitive 
envers  les  pécheurs  pénitents.  Libelles  des  Martyrs. 
Egards  nue  l'on  y  avait.  Haute  idée  que  l'on  avait  de 
leur  crédit  auprès  de  Dieu  ;  chimères  de  Dodwel  sur 
ce  pouvoir.  Abus  de  ces  libelles.  En  quel  taiips  ils  ont 
commencé ,  et  quand  ils  ont  cessé. 

De  quebjue  manière  que  l'Eglise  se  conduise  avec 
ses  enfants,  soit  en  usant  de  rigueur,  soit  en  relâ- 
cliant  quelque  cbose  de  rexactilmie  de  la  discipline, 
elle  agit  toujours  en  mère  pleine  de  tendresse,  qui 
ne  cherche  (jne  leur  avantage  spirituel ,  et  à  les  con- 
duire à  Dieu  par  le  chemin  (pic  le  Sauveur  nous  a 
tracé,  fja  fin  (Hi't'lk'  se  piopose  dans  tontes  ses  prati- 
ques, sa  discipline  et  ses  léglemenls,  n'est  autre  que 
celle-là  :  pourvu,  à  l'égard  de  ce  qui  regarde  les  pé- 
cheurs et  la  pénitence  (|ui  doit  ks  guérir  et  les  récon- 
cilier avec  Dieu,  qu'elle  parvienne  à  leur  inspirer 
l'esprit  de  la  véritable  conversi(»n  ,  elle  se  met  peu  en 
peine  du  reste  ,  et  elle  n'a  jamais  soumis  les  pécheurs 
à  ces  grands  travaux  et  à  ces  exercices  durs,  austères 
et  Immiliants ,  que  dans  celle  vue.  Nous  en  avons 
pai  lé  jusqu'à  présent ,  et  nous  aurons  lieu  d'en   dire  j 


encore  quebpie  cnose  dans  la  seconde  partie  de  celte 
section  :  mais  avant  que  d'en  venir  là  ,  examinons  un 
peu  les  adoucissements,  ou  pour  parler  suivant  le 
langage  moderne  ,  l'indulgence  dont  elle  usait  dans 
certaines  occasions ,  même  dans  les  trois  premiers 
siècles;  puisque  c'est  de  la  discipline  de  ces  premiers 
temps  dont  nous  avons  fait  riiisloire  dans  celte  pre- 
mière partie  ,  et  ne  nous  étant  étendus  au-delà , 
qu'autant  que  les  prali(pies  dont  nous  avons  eu  à  par- 
ler se  sont  conservées  dans  les  tenq)s  postérieurs. 

Les  évèqucs,  connue  on  a  pu  le  voir  jusqu'à  pré- 
sent, ont  toujours  eu  une  très-grande  autorité  à  l'é- 
gard de  la  discipline  de  la  pénitence  ,  et  ils  étaient  en 
di  oit  d'en  abréger  ou  d'en  prolonger  le  temps  pour  de 
bonnes  raisons.  Les  règles  générales  ne  les  astrei- 
gnaient pas  de  telle  sorte,  qu'ils  ne  pussent ,  (piand  la 
prudence  le  leur  persuadait,  en  dispenser  en  partie. 
Ils  le  faisaient  en  plusieurs  occasions,  maisj'en  trouve 
trois  principales  dans  les  écrits  des  anciens,  savoir  : 
l"  la  ferveur  extraordinaire  des  pénitents  qui  les  por- 
tail à  se  livrer  sans  réserve,  et  à  embrasser  avec  joie 
les  travaux  qu'on  leur  avait  prescrits  pour  expier  leurs 
péchés.  ■2°  L'approche  de  la  perséculion,  qui  obligeait 
les  évcqnes  de  réconcilier  les  pénitents  avant  qu'ils 
eussent  achevé  le  cours  ordinaire  des  exercices  labo- 
rieux auxquels  on  les  avait  soumis,  afin  de  leur  pou- 
voir donner  la  sainte  communion,  comme  un  préser- 
vatif contre  les  dangers  auxquels  les  chrétiens  étaient 
(îxposés  pendant  ce  lemps  d'orage.  5°  Enfin  les  recom- 
mandations des  martyrs  ,  en  considération  desquelles 
on  remettait  aux  pénitents  une  partie  des  peines  ca- 
noniques. Kous  parlerons  en  peu  de  mots  des  deux 
premiers  motifs,  (jui  ont  porté  quelquefois  l'Eglise 
à  relâcher  quoique  chose  de  la  rigueur  de  la  disci- 
pline ,  parce  qu'ils  sont  fort  connus,  et  que  l'histoire 
nous  fournit  peu  de  faits  remarquables  sur  ce  sujet. 
Mais  no'.is  nous  étendrons  sur  le  dernier,  ces  recom- 
mandations des  martyrs  et  les  événements  qui  sont 
arrivés  à  leur  occasion  ,  étant  une  matière  curieuse  et 
intéressante,  (jui  entre  naturellement  dans  celle  his- 
toire de  la  Pénitence.  Nous  trouvons  l'indulgence 
f;;ndée  sur  le  premier  motif  dont  nous  venons  de  par- 
ler, dans  la  conduite  (pic  tint  S.Paul  à  l'é^^ard  de 
l'iiicestucux  de  Coiinthc  (I) ,  (jui  après  environ  un  an 
de  pénitence  (car  la  sec(jnde  lettre  à  cette  Église  a 
été  écrite  environ  un  an  après  la  première),  fut  récon- 
cilié par  ordre  de  cet  Apôtre,  qui  rend  en  même  temps 
raison  de  l'inilulgence  dont  il  use  envers  ce  péclieur  ; 
savoir ,  l'excessive  douleur  dont  il  était  péiiétré  qui 
donnait  lieu  de  craindre  (piil  n'en  fût  accablé  :  A'e 
(tbnnduntiori  trislitià  nbsorbeutnr.  S.  Clément  d'Alexan- 
drie, raconte  un  fait  de  l'apôtre  S.  Jean  (2),  ({ui  put 
ser\ir  d(!  preuve  à  te  ipic  nous  disons.  Il  avait  conlie 
à  un  certain  évêque  un  jeune  honiine  ,  afin  (pi'il  l'ins- 
Iruisît  et  l'élevàl  d'une  manière  clirétienne  :  ce  jenne 
homme  profita  d'abord  de  la  bonne  édiiealion  ((u'oii 
essaya  de  lui  donner,  mais  ensuite  il  se  pervertit  et  se 

(I)  Vers  l'an.')?. 

t'2j  AiHidEuseb.Uist.Eccl.  I.  2. 


SOI  PÉNITENCE.  —  SI'XT.  111.  1"  PAHT-  t" 
débaucha  de  telle  sorte  (lu'il  se  rendit  clicrdo  voliiirs. 
Le  bailli  Apolio  élaiil  allé  visilor  ot.'t  évèt|iio,  cl  ayant 
apprib  !c  luailieiir  du  jeune  hounue  ,  eu  lui  vi\  cuifiil 
ouché.  Sans  consulter  ni  sa  faiblesse  ,  ni  sou  1,'rand 
»ge,  il  se  mit  en  deviiir  d"allfr  clierciRTCi  lie  bi'bis 
égarée,  et  l'ayant  vu,  il  le  louisuivit.  Le  jeune 
honnne,  toucbé  de  la  leudre  chariié  du  disciple  bicn- 
ainié  du  Sauveur  , /V»«/'/rtsj>rt,  t'/ />«)•  ivs  larmes  et  ses 

soupirs  ,  salis/il  autant  (in'il  put    pour   sa    faule cl 

fut  baptisé  de  nouveau  dans  l'eau  de  ses  larmes.  I^' Apô- 
tre de  son  côté  l'assura  qu'il  obliendrail  du  Sauveur^ 
par  les  prières  qu'il  ferait  pour  lui ,    le   pardon  de   ses 

péchés //  le  ramena  à  l'Èijiise  :  il    fit   à  Dieu   de 

fréquentes  prières  pour  lui ,  il  jeûna  avec  lui  jusquà 
s'exténuer  ,  et  l'aijant  tranquillise  par  des  paroles  pleines 
d'une  sagesse  divine  ,  il  ne  sortit  point  de  cet  endroit, 
à  ce  que  l'on  dit ,  qu'il  ne  l'eût  rétabli  dans  l'Église. 
Vous  voyez  ici  une  pénitence  suivie  d'assez  pivs  ilc 
la  réconciliation;  car  je  crois  (|ue  c'e>t  ce  que  signi- 
lieiil  CCS  mois  ,  qu'il  ne  l'eût  rétabli  dans  l'Eglise  ,  mais 
la  componction  exlraordinaire  dont  Dieu  avait  louché 
ce  jeune  homme,  l'inlérct  particulier  que  semblait  y 
prendre  ce  irrand  apôtre,  elles  prières  i'crvenles  (juil 
adressa  à  Dieu  pour  lui ,  ont  pu  sans  donlo  niéi  iler 
que  le  temps  de  su  |)éiiitence  lût  abrégé. 

Plusieurs  conciles ,  comme  ceux  de  Néocésarée  et 
de  Laodicée,  supposent  dans  les  évcques  le  pouvoir 
d'user  d'indulgeuce  envers  les  pénitents,  en  abré- 
geant le  temp- marqué  pour  l'expialion  des  péchés, 
ou  au  moins  leur  penne: lent  d'en  user  de  la  sorle.  Je 
me  coiitenleiai  d'allé;;uer,  pour  le  prouver,  le  l"!'  ca- 
non du  concile  de  Nicée  ,  le  plus  respectable  de  tous 
ceux  qui  se  sont  tenus,  jusqu'à  présent,  depuis  celui 
des  Apôtres.  Lesévèijues  après  avoir  ordonné  dans  ce 
canon  queles  ptrlieurs,  doiit  il  s'y  agit,  seraient  pros- 
ternés pendant  dix  ans,  oulro  trois  ans  (]u'ils  avaient  dû 
passer  auparavant  dans  la  station  dite  des  auditeurs  , 
ajoutent  :  Mais  en  tout  ceci  il  convient  d'examiner  la  fin  que 
se  proposiut  les  pénitents  ,  et  l'espèce  de  leur  pénitence  : 
car  pour  ce  qui  est  de  ceux  qui  font  voir  par  la  crainte  de 
Dieu  dont  ils  sont  pénétrés ,  par  leurs  larmes  ,  par  leur 
patience ,  par  leurs  bonnes  œuvres ,  que  leur  pénitence 
est  effective,  et  non  apparente  seulement,  ils  pourront, 
après  avoir  accompli  le  temps  fixé  par  la  station  des 
auditeurs,  participer  aux  prières,  et  même  l'évèque 
pourra  les  traiter  encore  plus  favorablement.  .Mais  |iour 
ce  qui  i  st  de  ceux  qui  n'auront  pas  doimé  de  sembla- 
bles pieuvcs  de  leur  conversion  et  de  Icîir  ardeur  à 
embrasser  les  travaux  de  la  pénitence,  le  concile  veut 
qu'ds  renqdissent  tout  le  temps  dél  rminé  jinur  satis- 
faire à  la  justice  de  Dieu  par  les  cxcrcic  s  laborieux 
qui  sont  prescrits  aux  péchés. 

Le  second  moiif ,  comme  nous  avons  dit,  de  passer 
au-des>us  de-  règles  ordinaires  en  abrégeant  le  t.niis 
de  la  pénitence,  élait  l'approche  de  la  p 'r-sécutiou.  II 
suflil  pour  prouver  de  rapporter  ce  qui  se  passa  à  ce 
sujet  depuis  la  persécution  de  Dèce ,  jusqu'à  C(>Ue  de 
Gallus.  Nous  avons  déjà  remarqué  (in'mi  grand  nom-  ' 
Jjre  de  chrétiens  Aireui  aballus  dans  la  cruelle  perse-  ; 


ap.  mm.  indulgence  de  L'église,  etc.      b02 

"^  cution  que  l'empereur  Dèce  suscita  à  l'Église,  et 
(pie  se  sentant  ap[)uyés  de  leur  grand  nombre ,  et 
de  la  facililé  de  qnehpies  prètns,  piélendiient  èlrc 
reçus  à  la  counnunion  sans  passer  par  les  épreuves 
ordinaires  de  la  pénitence.  S.  Cyprien  cl  le  clergé  de 
Rome  s'y  opposèrent  fortement ,  aussi  bien  (|ue  le. 
pape  Corneille,  qui  fui  élu  quebpie  temps  après.  Us  ne, 
i  voulurent  pas  même  légler  la  pénitence  des  tombés, 
que  Dieu  n'eût  rendu  la  paix  a  son  Église,  et  ne  leur 
eiit  donné  lieu  par  ce  moyen  de  s'assembler  en  con- 
cil  •  pour  régler  celle  importante  aflaire.  S.  Cypi'ien 
nous  rend  comple  de  ce  qui  fut  arrèlé  dans  les  syno- 
des tant  d'Afrique  ipie  de  Rome, dans  ses  Lettres  ,^2' 
et  54'.  Voici  ce  qui  a  rapport  au  sujet  dont  il  est 
question  à  présent  :  //  fut  ordonné  que  l'on  n'ôle- 
ra'it  pas  l'espérance  de  la  communion  à  ceux  qui 
étaient  tombés,  de  peur  qu'ils  ne  s'abandonnassent  au 
desespoir,  si  le  retour  à  l'Eglise  leur  était  fermé  :  que 
d'autre  part  on  ne  se  départirait  point  de  la  sainte  ri- 
gueur de  l'Evangile,  en  souffrant  qu'ils  passent  témé- 
rairement à  la  communion  ;  nmis  que  leur  pénitrnce  du- 
rerait longtemps,  etc.  {sed  traiter  dur  diii  pœmtcntia). 
Dans  la  o  i%  qui  est  adressée  à  S.  Corneille ,  il  lui 
parle  en  ces  termes  :  .Yohs  av'ions  résolu  ci-devant  à 
la  vérité ,  mon  très-cher  frère ,  après  en  avoir  délibéré 
entre  nous,  que  ceux  qui  avaient  été  renversés  parles 
artifices  de  l'ennemi  durant  la  tempête  de  la  persécution, 
et  qui  s'étaient  souillés  par  des  sacrifices  immondes, 
feraient  longtemps  la  pénitence  pleine ,  et  que  si  le  péril 
de  la  maladie  élait  éminent,  ils  recevraient  la  paix  quand 
ils  seraient  sur  le  point  de  mourir:  i  Agerent  diii  pœni- 
1  tentiam  plenam  ,  et  si  pcricuhim  infirmitatis  urgeret , 
«  pacem  sub  ictu  morlis  uccipercnt.  t  Rien  de  [dus  au- 
thentique que  ce  qui  s'est  fait  dans  cette  occasion. 
Le  évèfpies,  après  avoir  soutenu  les  efforts  des  pé- 
cheurs rcbelies,  qui  prétendaient  passer  au-dessus 
des  lois  de  l'Église  en  rentrant  dans  son  sein  sans 
subir  la  péniience,  s'assemblent  en  concile  nombreux, 
où,  après  avoir  mûrement  pesé  toute  cette  affaire,  ils 
ordonnent  enliUjd'un  avis  commun ,  qu'ils  feraient 
une  longui!  péniience  avant  de  jouir  du  bienfait  de  la 
lécoiiciiialiou  ,  traheretur  diii  pœnitentia.  Agerent  diù 
pœnilenliam  plenam.  Cependant,  S.  Cyprien  ayant  ap- 
pris par  des  visions  célestes  que  la  persécution  allait 
recommencer,  il  reçut  à  la  communion  Ions  ceux  qui 
s'éiaicnl  so  unis  à  la  péniience  avant  (|u'ils  l'eussent 
achevé!!,  alin,  dit-il,  de  ne  point  les  laisser  !ius  ex- 
posés aux  coups  de  l'ennemi,  mais  de  les  fortifier  par 
la  réception  du  corps  et  du  sang  de  Jésus -Christ. 
Nous  avons  lajqiorlé  ci-dessus  le  passage-  de  la  Lellre 
de  S.  Cyprien  où  il  rend  raison  de  la  conduite  (pj'il  a 

;  tenue  en  celle  occasion ,  et  exhorte  ses  collègues  à 
faire  la  même  chose. 

Que  l'on  me  perineiie  i.  i  de  faire  une  pclile  digres- 
sion sur  ce  que  dit  le  P.  Morin  (I),  que  les  péniien- 
ces,  même  pour  les  crimes,  éiaient  fort  courtes  drjns 
les  premiers  siècles  jusqu'aux  hérésies  de  Monlan  et 

!     (I)  De  Po^nil.,  1.1,  0.11,10..  U. 


î)03 


de  Novat ,  quoique  depuis  ce  premier  liércsiarque 
jusqu'au  second  elles  fussent  d'un  peu  plus  longue 
durée,  mais  (onjours  fort  courtes  en  comparaison  de 
celles  qui  eincnl  liou  dans  les  siècles  suivants.  Ces  ter- 
mes de  îi.  Cyprien  que  nous  venons  de  citer,  paraissent 
Lien  opposés  à  ce  sentiment.  Ce  mot,  diù,  ne  marque  as- 
surément pas  un  court  iniervalle  de  temps,  et  ce  n'est 
point  sur  les  pensées  des  Novaliens qui  cominencèrenl  à 
paraître  alors,  que  ces  deux  conciles,  dont  i:oiis  venons 
de  parler,  formèrent  leur  décision;  ce  ne  fut  que  sur 
laulorité  des  saintes  Écrilines  et  les  nsage^  reçus 
dans  l'Église,  5m/)<Mm  diù  ulràque purte  prolalis ,  etc. 
De  plus  S.  Giégoire  Thaumaturge  prescrit  dans 
la  Lettre  canoni(|iie  des  peines  très  dures  et  très- 
longues  aux  pécheurs  pénitents,  il  fi.\e  même  le  temps 
que  l'on  doit  employer  pour  expier  chaque  espèce  de 
pécliés,  et  le  tout,  comme  il  le  dit,  suivant  l'usage 
de  son  Eglise.  Or  il  est  certain  qu'il  fut  fait  évèipie 
de  Néocésarée  en  240,  on,  selon  d'autres,  en  241, 
c'est-à-dire  ,  dix  ou  onze  ans  avant  que  l'iiérésio  des 
Novaliens  commençât  à  se  former,  puisque,  comme 
nous  avons  vu  d;ins  le  premier  chapitre  de  la  pre- 
mière section,  Novat  ne  se  retira  à  Uome,  oîi  il  se 
joignit  à  Novalien  pour  former  le  schisme  et  Ihéi  é>ie 
qui  divisa  depuis  l'Église,  qu'en  l'année  251.  11  fallait 
donc  que  l'usage  de  prescriie  du  longues  pénitences 
fût  reçu  dans  l'Église  avant  que  la  secte  des  Novaliens 
eût  paru  :  car  (;uoi(pie,  suivant  le  calcul  de  M.  de 
Tillemonl,  son  épilre  canonique  n'ait  été  écrite  qu'en 
Tannée  258,  ses  décisions,  comme  il  le  dit,  sont  con- 
formes à  Tosage  de  son  Église ,  dont  il  envoya  un 
prèlre  aux  évè(pies  du  Poat,  pour  les  en  iiislruiie. 
Ccrlainement  ce  grand  évéque  n'avait  pas  attendu  de- 
puis 240  jusqu'à  258,  à  régler  la  disciphne  de  la  péni- 
tence dans  son  Église ,  et  ne  l'avait  pas  fait,  sans 
doute,  sans  consulter  les  usages  reçus  dans  celles 
qui  élaicnt  ])\m  anciennes  que  (elle  que  Uieii  lui 
avait  conllée,  et  dont  il  était  comme  le  fondateur, 
n'y  ayant  à  Néocésarée  que  17  chrétiens  quand  il  y 
fut  étahli  évéque.  Mais  nn  aigcmcnl  qui  nu;  paraît 
encore  plus  fort  contre  !e  sentiment  du  1*.  Morin,  c'est 
qi:c  lui-mènie  prétend  que  le  concile  d'i.lvire  a  éié 
célébré  avant  le  schisme  de  Novat,  il  s'elforco  de  le 
prouver  en  plusiciu's  endroits  de  son  traité  de  la  Pé 
uitence  ,  et  il  le  dit  foruïellemenl  dans  la  préface  qu'il 
a  mise  à  la  lèledu  recueil  des  livres  pénitentianx,  qui 
est  à  la  iin  de  son  ouvrage.  Concilium  Elibcrhanum  qi>od 
meà  ijuidein  seiitcntià  mite  sancliiin  CyinidKuin  cclebra- 
lum  fuii.  Cela  étant,  n'esl-il  pas  sinpienant  qu'il  ait 
pu  avancer  que  la  pénitence,  avant  l'héiésie  de  No- 
vat ,  était  cnurte  et  facile  ;  puisqu'ancun  de  (  eux  qui 
ont  quelque  teinture  de  l'anliquilé  n'ignore  que  le 
concile  d'Elvire  est  celui  de  tous  qui  a  été  le  jdus 
sévère,  et  dont  les  canons  sont  plus  rigoureux  ,  soit 
par  rapport  à  l'espèce  delà  jénilence,  soit  par  rapport 
à  SI  durée,  dont  il  délermine  le  temps  exactement , 
l'égalant  souvent  avec  la  din'ée  de  la  vie  des  pénitents. 
H  ne  me  serait  pas  difficile  de  faire  voir  que  les  au 
loriiés  dont  le  P.  Morin  veut  élaver  son  sentiment  > 


HISTOIRE  DES  S.\CREMENTS.  504 

ne  le  prouvent  pas,  et  que  ses  arguments  portent  à 
faux  :  mais  je  ne  veux  pas  donner  à  cet  ouvrage  un  air 
de  controverse  qui  ne  lui  convient  pas.  M.  Tourneli, 
qui  avait  bien  lu  le  P.  Morin  sur  la  Pénitence,  comme 
il  paraît  par  tout  ce  qu'il  a  écrit  lui-même  sur  ce  sacre- 
ment, a  bien  serti  qu'en  cette  occasion  il  n'était  ap- 
piiyé  que  sur  des  preuves  très  faibles  :  car  dans  sa 
première  conclusion  de  l'article  1  ,  q.  8,  de  la  disci- 
pline de  l'Eglise,  (onie  2  ,  il  se  coulenle  de  dire  qu'il 
y  a  lien  de  conjectm-er  qu'avant  l'héiésie  de  .Monlan , 
la  pénitence  était  plus  courte  qu'elle  ne  l'a  été  depuis. 
lirevius  illud  (pœnilontia;  lempus)  fiissc  coujcinnis.  11 
est  é:oiuiant  que  des  hommes  aussi  habiles  aient  pu 
s'imaginer  que  l'Église  ail  pris  des  leçons  de  ces 
honnnes  superbes  el  sacrilèges,  qui  portaient  sur  leur 
front  leur  condamnaiion,  aÙTozaTocxpiTot,  comme  dit 
l'Apôtre  (I);  et  qu'ils  n'aient  pas  senti  qu'il  est  indi- 
gne de  la  majesté  de  l'épouse  de  Jésus  -  Christ  , 
de  croire  qu'elle  ait  réformé  la  discipline  qu'elle 
avait  reçue  des  apôtres  touchant  la  pénitence ,  à 
cause  des  vains  reproches  que  lui  faisaient  ces 
hommes  impies,  qui  n'ont  pas  craint  de  se  séparer 
de  l'imilé,  pour  se  rendre  chefs  de  parti.  En  voilà  as- 
sez sur  cela  ;  revenons  à  notre  sujet.  ] 
Le  troisième  motif  (|ui  eng;igeait  les  évêqucs  à  rc- 
melire  aux  pécheurs  une  pa:iie  de  la  pénitence  cano- 
niiiue  qu'ils  devaient  subir  suivant  la  règle  ordinaire, 
étaient  les  rccomuiandaiions  des  martyrs  et  des  con- 
fesseurs. C'était  une  prérogative  qu'on  leur  accordait 
volontiers,  mais  on  gardait  certaines  mesures,  afin 
que  cela  ne  dégénérât  point  en  abus,  et  que  la  disci- 
pline n'en  soiifliît  point  de  préjudice.  C'est  pourquoi 
on  ne  recevait  point  indistinclenient  à  la  communion 
tous  ceux  qui  étaient  chargés  de  ces  libelles  de  re- 
commandation,  mais  les  évoques  se  réservaient  le 
droit  de  les  examiner,  afin  (ju'il  ne  se  fil  rien  d'in- 
digne de  la  grâce  (|iie  ces  saints  avaient  accordée. 
f  ("est  siiivanl  ce  principe  que  S.  Cyprien  appelle  sou- 
vent celle  grâce  le  dé,ir  des  miiriyrs,  qu'on  exposait 
aux  évèqnes  pour  qu'ils  l'approuvassent  ou  le  rcstrei- 
gnissenl ,  suivant  les  dilîérenles  dispositions  des  |'é- 
niienls  cl  les  conjonctures  du  tem]is.  Mais  comme 
souve.J  ces  niailyis  et  ces  confesseurs  ne  savaient 
I  oint  écrire,  ou  ne  le  i)ouvaient  par  les  précautions 
des  perséeutt  urs  ,  les  diacres  avaient  la  charge  de  vi- 
siter les  prisons,  on  ils  étaient  enfermés,  pour  fournir 
à  leurs  besoins,  recevoir  leurs  vœiix  pour  les  |  é- 
chenrs,  les  porter  à  l'évèipie,  et  les  avertir  des  fautes 
auxquelles,  ou  la  boulé  de  leur  cœ  ir,  ou  leur  Irop 
grande  faeililé,  pouvaient  les  faire  tondjer  à  cet  égard. 
Nous  appienons  tout  cela  de  la  lettre  11'  de  S.  Cy- 
prien (2) ,  adressée  aux  martyrs  eux-mêmes.  11  leur 
recommande  dans  celle  lettre  dexaminer  ceux  qui  se 
présouent  à  eux  pour  avoir  de  ces  libelles,  cl  de  con- 
sidérer alteiil'.vemenl  la  nature  du  crime,  avant  de 
leur  accorder  la  grâce  c.u'ils  dcmand.'nt  ;  de  |)eur  que 
l'Église  W'ail  de  quoi  rougir  devant  les  païens  mêmes, 


(1)  Ep.,ad  Tit.,  c.  3,  v.  11. 

(2)  Cyp.  ep.  10,11,  12,15. 


505       PENITENCE.  -  SECT.  IFF.  V  PART.  Cil.\l\  Mil.  INDULGENCE  DE  L'ÉGLISE,  etc.        50G 


s'ils  foiU  en  celle occasionquclqncdjosc  iiinl  à  propos. 
Sailli  Cypricn  (I)  veut  aussi  qu'ils  ilésgiionl  c.\- 
prcsscinciil  p:ir  leurs  noms  ceux  à  (|ui  ils  (loiinenl  ces 
SDi'los  de  lecoinniaiitl, liions.  Il  se  plainl  niiKreiueiil, 
dans  une  aiilrc  IcUrc,  d'un  cerlain  Lucien  ,  qui ,  sans 
s'a^sujélir  à  ces  saines  précautions,  avait  donné  iiidis- 
tiucleinenl  la  paix  à  tous  les  lunibcs.  «  Le  inciiie  Lu- 

<  cien,  dit-il,  a  écrit  une  lellie  au  nom  de  tous  les 
i  confesseurs,  par  laquelle  il  roui|»t  presr|ue  enliôre- 

<  nient  le  lion  de  la  foi ,  il  atlailtlil  la  crainte  de  Dieu, 

<  le  conunandemeiil  du  Seipieur,  la  saii.lelé  et  la  vi- 
I  gueur  évangélique,  ayant  écrit  au  nom  de  loin,  pour 
«  donner  la  paix  à  tous.  »  Il  ;:piireiid  de  plus  aux  niar- 
lyrs,  dans  la  onzième  lellre  ,  (piels  élaienl  ceux  à  ([iii 
ils  devaient  doniU'r  ces  libelles  (|u  on  Icui' dcniaudait. 
«  C'est  pourquoi  je  vous  prie,  leur  dit  ce  grand  cvè- 
(  que,  de  désigner  par  leurs  noms  dans  votre  libelle 
«  ceux  dont  vous  voyez,  dont  vous  connaissez,  dont 

<  vous  savez  (|ue  la  pénitence  est  près  d'èlre  accoin- 

<  plie  ,  quorum  fioiileutiani ,  satisjaclioui  proximam 
I  conspiciiis,  et  qu'en  celle  manière  vbus  nous  envoyez 
(  des  lettres  convenables  à  la  fui  et  la  discipline.» 

Ce  fut  lauie  de  suivre  ces  avis  si  sages  qu'il  s'éleva 
alors  une  espèce  de  sédition  dans  l'Église  ;  le  nombre 
de  ceux  qui  élaient  tombés   dans  la   persécution  de 
Dèce  éiant  très-grand,  et  voulant,  à  la  faveur  de  ces 
libelles  des  martyrs,  être  reçus  à  la  communion  sans 
subir  les  lois  de  l.i  péuilcucc.  Ce  Lucien,  dont  on   a 
parlé,  ne  coiilribua   pas   peu  par   son  impmdince, 
pour  ne  rien  dire  de  jtlus,  à  faire  naiire  ce  désnrdre, 
et  pour  surcroît  de  nialbeur,  cinq  prèlies,  (pii  élaienl 
tombés  eux-mêmes  dans  la   pcrsceiilion,  Ibmeulèienl  | 
ce  tumulte,  en  recevant  contre  l'esprit  de  I  Église  cl 
rintenlion  marquée  de  leur  Évc(|ue  ces  pécbenrs  à  la 
communion.  Mais  S.  Cyprien  ne  se  rodil  pas  à  li'urs 
instances,    il  méprisa  leurs  menaces,   il  lit  paraître 
dans  celte  conjoncture  ce  cour.age  sacerdotal,  qui  faisait 
sou  caractère  parliculicr  ;  il  mainliiit  la  vigueur  de  la 
discipline  conlre  hupielle  (oui  était  conjuré,  et  lança 
contre  ces  séditieux  ces  foudres  d'une  éloquence  toute 
divine  que  tous  les  siècles  ont  adniirés  depuis,  cl  qui 
ravit  encore  aujourd'liui  ceux  qui  lisent  les  écrits  de 
cet  illustre  martyr.  Il  faut  lire  sur  cela  une   partie   de 
ses  lettres  au  clergé  de  Rome,  an  pape  Corneille,   el 
aux  martyrs  eux-mêmes.  Tout  son  traité  de  Lapais, 
roule  presque  cntièremL-nl  sur  celle  matière.  Ou  y  voit 
en  même  temps  et  combien  on  déférait  aux   rccom- 
mandati(ms  des   confesseurs  de  la  foi,   el  que   l'on 
s'oiqtosail   fortement   à  ceux  qui  en  abu-aient.  JSons 
croyons,  dil-il  dans  ce  livre,  (pie  les  mérites  des  martyr  s 
peuvent  beaucoup  auprès  du  juge  (.lésus-Cbrisi),   etc. 
Mais  si  quelqu'un  s  imagine  pouvoir  donner  à  tous  la  ré- 
mission de  L-nrspéchéi  avec  uncprécipitulion  téméraire,  ou 
ijinl  ose  enfreindre  Icscommandemcnts  du  Seigneur,  non 
f.  ulemenl  il  ne  sera  d'aucun  s.xours  aux  tond>é^,  mais  il  i 
leur  nuira  beaucoup.  1 

Dodwel,  dans  la  dissortalioii  toucliaul  ces  libelles 
des  niarlvr.s,  qui  se  trouve  avec  plusieins  autres,  dans  | 

(I)  Cyp.,  op.  23.  i 


I  l'appendice  des  Œuvres  de  S.  Cyprien,  de   l'édition 
d'Aïuvlerdam,  assure  que  ce  droit  dont  jouissaient  les 
1  martyrs  de  domier  des  libelles  de  C(unuiunion  r)u  re- 
I  C(uumand.;lion,  était  fondé   sur  deux  qualités  que  l'on 
croyait  leur  convenir   :  la  première,    sur  ce  que  les 
soniïrances  qu'ils   avaiont  oiidurées   pour  la   foi   les 
rendaieni  prêtres,  et  qu'en  celle  qualili';  ils  pouvaient 
réroncilier  les  Inumnes  avic    I)i(;u.  La  seconde  était 
celle  d'amis  ou   de   favoris  de  Dieu,    auprès  duquel 
étant  puissants  ils  pouvaient,  comme  les  principaux, 
magisirals  de  l'empire  Romain,   donner  des  lois  aux 
tribunaux   inférieurs,  el  exempter  des  peines   ceux 
qu'ils  y   avaii'iil  condamnés  suivant  les  lois.  On  est 
surpris  quand  on  lit  de  pareils   paradoxes,   de  voir  I.i 
faiblesse  des  preuves  sur  lesquelles  il  les  appuie.   Cet 
babile  bomme  est  tombé  dans  le  défaut  de  ceux   qui 
s'appliquent  à  une  érudition  trop  recbercliée,  qui  dégé- 
nère en  i  lées  creuses.  Ces  sortes  degens  ne  sont  point 
frappes  des  objets  qui  se  présentent  d'eux-mêmes,  et 
voient  clairoment  ceux  qui  n'eurent  jamais  aucune 
réalité.  Il  eût  été  à  souhaiter  que,    pour  appuyer  des 
sentiments  si  extraordinaires,  il  eût   produit  quelques 
textes  de  S.    Cyprien,  du   clergé  de  Rome,  ou   de 
qnclijues  autres,  qui  eussent   attribué  de  semblables 
prérogiiives  aux  martyrs,  ou   qui   eussent  au  moins 
rapporté  que  quelques  antres,  comme  les  tombés,  les 
leurs  atlribi'.aicnl  ;  mais  c'est  ce  qu'il  ne  fait  nulle 
part  dans  sa  dissertation,  que  l'on  peut  consulter,  si  on 
le  juge  à  propos.  Il  insiste  beaucoup  sur  le  terme  de 
prérogative,  dont  S.  Cyprien  se  sert  pour  marquer  les 
égards  que  méritaient  les  recommandaiions  de  ces 
saints,  el  parce  qu'il  trouve  ce  même    terme  dans  le 
Droit   Romain,   il  fonde   là-dessus  sa    chimère   des 
I  tribunaux  inférieurs  des  évêqnes  qu'il   soumet  à  ces 
prélendus  magistrats   souverains.    Idées    Hnisses  et 
ridicules,  démenties  par  tout  ce  que  S.  Cyprien  a  écrit 
à  celle  occasion  ;  par  où  on  voit  plus  clair  que  le  jour, 
que  quoiqu'il  regardât  les  martyrs  comme  les  amis  de 
Dieu,  Ci  comme  des  gens  qui  avaient  beaucoup    de 
crédit  auprès    de  lui,  coimne  des   saints  dont  les 
souffraiifes    pouvaient  eu  quelque  sorte  suppléer  à 
celles  que  mériiaienl  les  péclieurs,  il  ne  lui  est  jamais 
venu  dans  l'esprit  de  regarder  leurs  libelles  de  recom- 
niaiidalion  comme  des  rescrils  de   magistrats  souve- 
rains, auxfpiels  il  dût  déférer  sans  examen.    C'est   ce 
(lue  nous  avons  vu  jusqu'à  présent  dans  les   endroits 
(pie  nous  avons  rapportés,  ou  mot  à  mol,  ou  en   nous 
aliacliant  seulement  au  sens. 

Mais  (lu'ariiva-t-il  de  ee  trouble  dont  nous  avons 
parlé?  S.  CypritMi  tint  ferme,  aussi  bien  que  le  clergé 
de  Rome.  Dieu  loin  de  recevoir  ces  séditieux  dans 
lÉglise  de  la  manière  qu'ils  le  demandaienl,  ils  ne 
voulurent  pas  même  régler  alors  la  pénitence  qu'ils 
devaient  subir,  et  les  exhortèrent  à  s'.ippliqiicr  d'eux- 
mêmes  à  satisfaire  à  la  justice  de  Dieu  par  la  patience 
et  les  bnmes  œuvres,  et  à  attendre  que  la  paix  fiU 
remlue  à  lEglise  alin  que  les  évêqiies  |)ussenl  s'as- 
sembler en  concile  et  statuer  d'un  consentement 
unanime  touchant  la  pénitence  qu'ils  devaient  faire,  et 


»;07  HISTOIRE  DES 

les  égnrtls  que  l'on  devnit  avoir  en  celte  occasion 
pour  li;s  recoiiii)i:iii(i;ilioiis  dt's  martyrs.  La  paix  fut 
cfroclivonient  i)ieiitùl  reiidiio  à  l'É|^lise,  les  évèques 
s'assembleront  ;  on  tiiit  deux  conciles,  Tnn  à  Rome, 
raiilre  en  Afriqne  sur  celte  grande  affaire,  comme 
lions  l'avons  déjà  dit  plusieurs  fois,  et  voici  le  résultat 
(le  ces  synodes,  par  rapport  à  l'affaire  dont  il  s'agit 
ici.  Nous  le  trouvons,  non  dans  le  libelle  qui  fut  fait 
dans  ces  conciles  pour  régler  tout  ce  qui  avnil  rapport 
à  la  pénitence  de  ceux  (pii  élaient  tombés  en  diiTérentes 
manières  durant  la  persécution  ;  car  ce  libelle  n'existe 
pins  ;  mais  dans  plusieurs  lettres  de  S.  Cyprien,  par  | 
lesquelles  il  puniil  (pic  Ton  eut  égard  aux  reconunan- 
dalions  des  maityrs  en  deux  manières,  et  par  rapport 
aux  deux  états  différents  des  saints  et  des  malades.  Il 
fut  donc  arrêté  que  ceux  qui  élaient  en  santé  feraient 
l'exomologèse,  recevraient  l'imposition  des  mains  de 
lévèipie  pour  la  pénitence,  et  se  meltraiml  en  devoir 
de  l'accomplir  ;  mais  qu'en  considération  des  martyrs 
le  temps  en  sérail  abrégé.  C'est  ce  que  nous  apprenons 
de  la  leitre  onzième  de  S.  Cyprien,  où  il  s'élève  avec 
force  contre  les  entreprises  de  certains  prêtres  qui, 
contre  la  loi  de  Œvamfile,  contre  la  demande  respectable 
que  vous  nous  avez  faite  (il  parle  aux  Martyrs),  avant 
d'avoir  fait  pénitence,  avant  l'exomologèse  de  ce  très- 
fjrand  péché,  avant  que  l'évêque  et  le  clergé  etusent 
imposé  les  mains  pour  la  pénitence,  osent  offrir  la  paix 
aux  coupables  et  leur  donner  r Eucharistie. 

A  l'égard  des  malades  ,  il  fut  réglé  que,  pour  l'hon- 
neur des  marlvis,  ceux  même  qui  n'avaient  point  de 
mandé  la  pénitence  étant  en  santé,  s'ils  venaient  à 
l'extrémité, seraient  envoyés  au  Seigneur  avec  la  paix 
que  les  martyrs  leur  avaient  promise,  ayant  fait  l'exo- 
mologèse et  reçu  l'imposition  des  mains  pour  la  péni- 
tence, c'est-à-dire,  qu'ils  seraient  réooncil'és,  ce  que, 
comme  nous  avons  vu  (i) ,  S  Cyjirien  n';iccordail  pas 
en  ce  cas  à  ceux  qui  n'étaient  point  munis  de  recom- 
mandations des  martyrs.  Le  lecteur  curieux  ne  sera 
pas  fâché  d'apprendre  ici  quand  ce  privilège  des 
martyrs  a  commencé  à  avoir  liiîu  dans  l'Eglise.  Le  P. 
Morin  (2)  dit  sur  ce  sujet  (pi'il  n'a  rien  lu  ,  avant  Ter- 
lullien  ,  où  il  en  soit  fait  mention  ;  que  cependant  cela 
n'a  pas  commencé  du  temps  de  ce  père ,  puisque  celte 
jnérogalive  des  martyrs  était  très  connue  de  son  vivant 
dans  les  églises  de  Rome  et  d'Afrique.  Voilà  tout  ce 
(juil  nous  apprend  toncliant  l'origine  de  ce  piixilége, 
M:iis  nous  pouvons  en  rapporter  des  pr()uves  pins  an- 
(iciines  que  celles  que  l'on  peut  tirer  des  ccriis  de 
'r.iluilien,  et  qui  feront  voir  que  celte  prérogative 
{'■"ail  reconnue  non  seulement  à  Rome  et  en  Afrique, 
ii;:îis  encore  dans  les  Gaules.  Car  il  parait  manifesle- 
r.ieul  parla  lettre  que  les  églises  de  Vienne  et  de  Lyon 
é.  rivircnt  à  celles  de  Plirygie,  pour  leur  apprendre  la 
Lienlieurense  mort  des  cln  éliciis  qui  avaient  souffert 
chez  elles,  que  les  martyrs  usaient  dès  lors  de  ce  pri- 
vilège. Voici  ce  que  je  trouve  là-dessus  dans  M.  de 
Tillenioiit,  tome  5,  cliap.  9,  p.  17  cl  18  :  Ils  parlaient 

(i)  Chap.  3  de  celle  section. 

(2)  De  Pœnii.,  I.  5,  c.  27,  subfinem. 


SACREMENTS.  508 

;  à  tout  le  monde  (ce  sont  les  martyrs)  avec^  humilité 
I  comme  s'ils  eussent  fait  beaucoup  de  fautes ,  et  ne  par- 
:  laient  point  des  fautes  des  autres.  Ils  ne  liaient  per- 
;  SONNE.  M.  deTilIcmont  ajoute  de  lui-même  par  paren- 
I  thèse,  en  se  séparant  de  sa  communion ,  et  déliaient 
TOUS  ceux  (qu'ils  pouvaient),  etc.  Leitr  ardente  charité 
I  leur  fit  entreprendre  une  guerre  spirituelle  contre  le  dé- 
mon ,  afin  de  forcer  ce  cruel  dragon  de  leur  rendre  et  de 
vomir  encore  tout  vivants  ceux  qu'ils  s'imaginaient  avoir 
,  déjà  engloutis  et  dévorés  comme  morts....  Ils  avaient 
pour  eux  des  entrailles  de  mère ,  et  versaient  pour  eux 
des  ruisseaux  de  larmes ,  en  présence  du  Père  céleste. 
Dieu  leur  accorda  leur  demande.  Les  membres  vivants  de 
l'Église  redonnèrent  la  vie  à  ces  membres  7norts.  Ceux 
qui  avaient  signalé  leur  foi  par  la  confession  du  vrai 
Dieu  ,  signalèrent  encore  leur  charité  en  accordant  le 
l'ARDox  à  leurs  frères,  kyv.z'X,oi-.o ,  qui  avaient  renoncé 
à  Jésus-Christ.  El  l'Église  fut  comblée  de  joie  de  re- 
cevoir viv.nnts  dans  son  sein  tous  reux  qu'elle  en 
avait  d'abord  reje^és  comme  des  avortons  sans  vie,... 
et  qui  se  trouvèrent  assez  de  force  pmir  s'aller  présenter 
an  gouverneur.  M.  de  Tiilcmont  dans  sa  noie  sur  cet 
endroit,  p.  599  ,  tome  3,  remarque  que  comme  l'É- 
glise ne  refusait  guère  d'accorder  ce  que  les  martyrs 
lui  demandaient,  on  disait  qu'ils  donnaient  la  paix, 
lorsqu'ils  priaient  les  évêipies  de  l'accorder.  Il  ajoute, 
quelques  ligues  après  :  Il  se  peut  faire  même  que  dans 
quel(]ues occasions  ils  s'unissaient  de  communion  avec 
ceux  qui  témoignaient  se  repenlir  de  leurs  fautes, 
dans  la  conli.ince  que  l'évêque  ratifierait  ce  qu'ils  au- 
raient fait.  Mais  de  plus  les  martyrs  de  Lyon  avaient 
parmi  eux  S.  Zacliarie,qui  étant  prêtre,  pouvait  après 
la  mort  de  S.  Potin,  appuyer  par  l'autorité  de  l'Église 
les  vœux  et  les  désirs  des  autres  martyrs,  et  délier  sur 
la  terre  ceux  qu'il  jugeait  en  étal  d'être  déliés  dans  le 
ciel.  Voilà  sans  doute  la  prérogative  des  martyrs  bten 
reconnue  du  temps  de  la  persécution  arrivée  sous  Marc- 
Aùrèle,  sous  lequel  souffrirent  nos  martyrs,  c'est-à- 
dire,  en  l'année  176  ou  177  ,  et  constatée  par  des  mo- 
numents bien  authentiques  qui  nous  en  instruisent,  et 
dans  lesquels  M.  de  Tiilcmont  l'a  reconnue,  quoiiiu'il 
n'y  soit  pas  fail  menlion  de  libelles.  Mais  la  forme  n'y 
fait  rien,  quand  on  trouve  le  lond  des  choses.  Il  est  à 
croire,  comme  remarque  le  P.  Morin ,  que  ce  privi- 
lège et  cet  usage  de  déférer  ,  de  la  manière  que  nous 
l'avons  expliqué  aux  prières  des  martyrs  ,  n'ont  cessé 
dans  lÉglisc  qu'avec  les  martyrs  eux-mêmes.  Car  pour 
ce  qui  est  de  ces  lettres  des  confesseurs  dont  il  est  fait 
menliiMi  dans  le  premier  concile  d'Arles  ,  c.  9,  et  dans 
celui  dElvirc ,  c.  23,  et  (pic  ces  conciles  méprisent,  ne 
'  voulant  puiiit(pfony  ait  d'égard,  c'était  des  lettres  de 
recommandation  que  certains  confesseurs  donnaient 
de  leur  propre  autorité  aux  fidèles  pour  les  évè(iues 
étrangers ,  et  non  des  libelles  d'indulgences  avec  qui 
elles  n'ont  rien  de  commun. 

Nous  aurons  lieu  de  parler  ailleurs  (l)  des  autres 
inoiifs  qui  ont  porté  les  papes  et  lesévèques  à  accorder 
des  indulgences  dans  les  temps  postérieurs. 
(1)  Voyez  la  quatrième  partie  de  celle  secliofî. 


SECONDE  PARTIE. 

DE  LA  DISCIPLINE  DE  L\  PÉNITENCE  OBSEnvÉE  DANS  l'É- 
GLISE  DEPUIS  l'hérésie  DE  NOVAT  ,  C'EST-A-DIRE  , 
DEPUIS  ENVIRON  LE  MILIEU  DU  TROISIÈME  SlfcCLE  ,  JUS- 
QU'A LA  FIN  DU  SEPTIÈME  ,  ET  EN  PARTICULIER  DE  LA 
PÉNITENCE  DES  CLERCS. 

Nous  avons  déjà  roninrqué  dans  la  préface  de 
celte  seconde  section  qu'on  ne  penl  traiter  de  telle 
sorte  des  pratiques  propres  à  chaque  temps ,  que  Ton 
n'anticipe  ou  que  l'on  ne  pousse  pas  au-delà  du  temps 
dont  on  se  pioniet  de  parler,  ce  (pic  l'on  a  à  dire,  y 
ayant  plusieurs  coutumes  ou  pratiques  qui  ont  duré 
bien  au-delà  de  celui  dont  on  enireprend  de  parler. 
C'est  ainsi  (jue  dans  la  première  partie  nous  avons  eu 
lieu  de  traiter  de  plusieurs  usages  qui  ont  été  en  vi-  ; 
gueiir  jusqu'au  septième  siècle;  et  en  ce  cas  nous  ne 
devions  point  couper  la  matière;  il  nous  suiïisait, 
pour  remplir  le  dessein  que  nous  nous  étions  proposé 
suivant  le  lilre  de  cette  partie,  que  ces  usages  fussent 
reçus  dans  les  premiers  siècles  dont  nous  entrepre- 
nions de  parler.  Nous  nous  élendrons  moins  dans 
cette  partie  au-delà  du  temps  que  nous  avons  marqué 
dans  le  litre.  Elle  sera  surtout  employée  à  expliquer 
les  diverses  slaiions  de  la  pénitence ,  et  les  exercices 
laborieux  qui  y  étaient  attachés ,  soit  à  chacune  en 
particulier,  soit  à  toutes  en  général.  Après  quoi  nous 
parlerons  de  la  pénitence  propre  aux  clercs,  que  nous 
avons  réservée  pour  celte  partie,  afin  que  l'on  jjuisse 
voir  d'im  coup-d'œil  ce  qui  s'est  passé  à  cet  égard  dans 
les  beaux  siècles  de  l'Église. 

CHAPITRE  PREMIER. 

Des  quatre  slaiions  delà  pénitence  en  général;   quand 
elles  ont  commencé  ;  dans  quels  lieux  étaient  placés  les 
pénitents  dans  réglisc;   description  abrég.'e    des  an-  1 
cicnïies  églises.  | 

C'est  proprement  depuis  le  milieu  et  vers  la  fin  du 


:i09  PEMTENCE.  —  SECT.  ill.  PART.  il.  CilAl'.  [.  STATIONS  DE  LA  PÉNITENCE.  olO 

liMirs  profanes ,  Grecs  ou  Latins ,  et  dans  les  anciens 
Lexicons. 

Qn("!(pios-uns  on!  cru  (pie  S.  Grégoire  Thniiinatiirgc 
avait  lait  mention  de  ces  qtiatres  stations  en  même 
lemps  dans  son  Épîlre  canonique;  mais  il  est  ccrLiin 
que  l'eiidroil  où  on  les  trouve  e.\|.rimés  aiijouid'lii!) 
d:ms  celle  épîlre  a  élé. ajouté  par  (pielqu'im  (pii  Ta  liiv 
de  3  Rasil(!.  Ou  s'aperçoit  de  celle  addition  par  la 
suite  du  discours,  car  ce  n'est  point  un  canon  ,  mais 
une  cxplicaiion.  L'aiitenr  même  de  cette  addition  se 
découvre  lui-même  l(H'Si|u'il  parle  ainsi,  Caudition,  dit- 
il ,  paroles  (pii  font  voir  qiuî  lorsque  cet  auleiir  écri- 
vait, il  avait  dans  la  pensée  le  canon  de  S.  Rasile,d*où 
il  a  tiré  cotte  cxplicaiion,  qu'il  donne  à  celui  de  S.  Gré- 
goire. Il  y  a,  dit  le  P.  .Moriii,  dans  la  bibliolhèque  du 
chancelier  de  France  un  très-ancien  recueil  de  canons 
Grecs  compilés  parGrégoire,  patiianhe  de  Conslanli- 
nople,  il  y  a  plus  de  800  ans,  dans  Ie(piel  sii  trouvent 
tous  les  cinons  de  S.  Grégoire  Tliaumaiurge,  excepté 
celui  dont  il  s'agit.  Le  même  P.  Morin  fait  voir  de  plus 
par  plusieurs  bonnes  raisons  que  c'est  mal  à  propos 
que  l'on  allribne  ce  canon  à  ce  saint;  mais  ce  que  nous 
avons  dit  doit  nous  suffire. 

Saint  Basile  est  donc  le  premier  qui  ait  disiinclemeiit 
et  en  même  temps  fait  mention  de  ces  quatre  degrés 
de  la  pénitei'.ce.  Ceux  que  nous  connaissons  avant  lui 
ayant  parlé  tantôt  de  l'un  et  tantcJt  de  l'antre,  et  quel- 
quefois de  plusieurs  ensemble,  selon  que  l'occasion 
se  présentait,  et  que  les  peines  qu'ils  statuaient  contre 
les  péchés  l'exigeaient ,  mais  aucun  avant  lui  ne  les 
ayant  réunis  pour  la  punition  du  même  crime;  quoi- 
que souvent  ils  les  supposent  sans  le  nommer,  jarce 
que  c'était  une  chose  assez  connue  par  l'usage  et  la 
pratique  ordinaire.  Nous  rapporterons  en  ce  lieu  le 
canon  oG' de  S.  Basile  où  on  les  trouve  tous  réunis. 
Il  est  conçu  en  ces  termes  :  Celui  qui  a  fuit  un  homi- 
cide volontaire,  et  veut  en  faire  pénitence,  sera  pendant 
vingt  ans  séparé  de  la  communion,  tov  àytâï/zaro,-,  et  ces 
vingt  ans  seront  disiribucs  de  cette  sorte.  Il  doit  pleurer 


troisième  siècle,  que  l'on  voit  la  discipline  de  la  péiii-  1  qmtre  ans ,  hors  des  portes  de  l'oratoire,  suppliant  ceux 
tence  dans  tout  son  jour.  Quand  les  Église,  furent  |j  '/«'  y  entrent  de  prier  pour  lui,  s'accusunt  en  même 
devenues  nouibreuses  .  et  (ju'on  eut  éprouvé  pendant  |j  lemps  de  son  péché.  Après  ces  quatre  ans  il  sera  reçu 
l'espace  des  siècles  précédents  que  tous  les  eflbrts  de  ||  «^"'•''e  les  auditeurs,  et  sortira  pendant  cinqans  avec  eux. 
l'enfer  pour  étouflér  le  christianisme,  et  toute  la  puis-  si  H passera  sept  ans  avec  ceux  qui  sont  prosternés,  et  sor- 
sance  des  empereurs  em|)loyée  |)0ur  exteriiiiner  les  ||  lira  après  ta  prin-e.  Durant  quatre  ans  il  sera  debout  avec 
adorateurs  du  vrai  Dieu  ,  n'avaient  servi  qu'à  les  mul- 
tiplier, on  régla  donc  alors  l'ordre  de  la  péniience ,  et 
on  la  distingua  en  quatre  classes,  degrés  ou  stations  ; 
car  ces  lt,'rmessonl  synonymes,  et  nous  nous  eu  ser- 
virons indifléieniinenl.  La  première élail  des  pleurants, 
la  seconde  des  auditeurs,  la  troisième  des  prosternés, 
la  (piatrième  des  comistants.  Les  Grecs  les  noniinaient 

7:,ci7/./au7(5,  àzj.aTi,-.  O-OTrrWTt;,  et  tJttwtu-;  IcS  Latins, 

fletus,  auditio,  subsfratio ,  Hconsistenlia.  Ce  (|ne  nous 
remarquons  ici  une  fois  pour  tonies,  afin  que  lor.-qiie 
nous  citerons  des  passages,  soit  des  Grecs  ,  soil  des 


les  fidèles  ,  mais  il  naiini  point  départ  à  f ablation.  Ce 
terme  étant  expiré ,  il  participera  aux  sacrements.  Voilà 
les  quatre  fameuses  stations  de  pénitence  bien  mar- 
quées ,  et  cela  pour  le  même  crime.  S.  Basile  ne  les 
avail  pas  inveniées,  il  les  avait  apprises  de  ses  piv- 
décesseiirs  dans  l'épiscopat.  Nous  avons  vu  dans  le  se- 
cond chapitre  de  la  première  partie,  que  dès  les  pre- 
miers icmi'S  de  l'Eglise  il  se  prati(|uait  quelque  chose 
(le  semblable;  mais  que  toutes  ces  prali(pies  ne  fai- 
saient point  partie  de  la  i;éiiitence  canoniiiue,  comme 
ce'a  arriva  depuis.  Il  faut  (]ue  cela  ait  élé  ainsi  réglé 


Lalins,  on  sache  ce  qu'ils  veulent  faire  entendre  par  Si  vers  le  milieu  ou  li  fin  du  iroisième  siècle,  puisque 
ces  termes,  dont  on  chercherait  en  vain  la  si^nific.-tioii  'fi  les  conciles  d'Aucyre ,  de  Néocésarée  et  de  Laodicée  , 
dans  loscns  des  auteurs  ecclésiastiques ,  chez  les  au-  jl  et  de  plus  S.  GrégoircTliaumalurge  parlciU  assez  clai- 


ijH  IIISTOIUE  DES  SACREMENTS 

renient  delà  plupart  de  ces  diflerents  dogrés,  otqiril, 
fonldelonips  en  temps  :»l!iisioii  à  tons,  coniino  nous 
verrons  qnand  nous  irailerons  do  chacun  en  par- 
ticulier. 

La  plupart  des  canonislos  Grecs  ont  fait  des  com- 
mentaires sur  le  canon  attribué  à  S.  Grégoire  Thau- 
maturge, dont  nous  avons  parlé,  et  l'ont  expliqué 
chacun  à  leur  manière,  la  plupart  conlorniénicnt  à 
TancicMi  usage  qu'il  rcprésenle  cITccliveincnl.  On  y  jj 
apprend  quelle  place  occupaient  les  pénitcnls  dans  les  J 
églises  ;  c'est  |  ourquoi  nous  les  r.ipporterons  ,  mais 
pour  en  avoir  une  plusparfaileiulelligence,  cxpliipions 
nous-mêmes  aupaiavaiu  eu  piMi  de  mois  de  (inc!Ie  ma- 
nière élaienlhàiies  lesancieniieséglises.NousIercroiis 
d'après  M.  l'abhé  Fleuri  dans  son  livre  des  .Mœurs  des 
chrétiens  (c^li.  35);  nous  n'en  extrairons  (jue  ce  qui  a 
rapport  au  sujet  que  nous  irailoiis  à  présent  dais  ce 
chapitre  et  dans  les  suivants,  qu'il  serait  dilïicile  de 
bien  entendre  sans  cela. 

«L'église,  dit  cet  habile  honinio,  était  séparée 
«  aillant  qu'il  se  pouvait  de  tous  les  bâtiments  profanes, 
«  éloignée  du  bruit,  ei  eiiviio  iiiée  de  tous  côtés  de 
«  cours,  de  jardins  ,  ou  de  bàtimens  dépendants  de 
«  l'église  même,  D'abord  on  iroiivail  un  portail  on 
i  premier  vestibule  par  où  l'o  i  entrait  dans  un  péris- 
c  tyle,  c'cst-.à-dire,  une  cour  carrée,  environnée  de 
i  galeries  couvertes  ,  soulenncs  de  colonnes  ,  conmie 
«  sont  les  cloîtres  des  monastères.  Sons  ces  galeries  se 
«  tenaient  les  pauvres  ,  à  ()ui  l'on  permettait  de  men- 

<  dier  à  la  porte  île  l'égr^e  ;  et  au  milieu  de  la  cour 
i  était  une  ou  p!u^ieurs  fontaines ,  pour  sl;  laver  les  j| 
i  mains  et  le  visage  avant  la  prière  :  les  bénitiers  leur 
«  ont  succédé.  .\u  lond  était  un  double  vestibule,  d'où  ; 

<  l'on  entrait  par  trois  pirtes  dans  la  sale  ou  b.\si- 
«  liipie,  qui  é  ail  le  corps  de  l'église.  Je  dis  qu'il  était 
4  double  ,  parce  qu'il  y  en  avait  un  en  dehors  ,  et  un 


512 

«  on  en  faisait  deux  pour  laisser  le  milieu  libre,  et  ne 
I  point  cacher  raiilel.  A  la  droite  de  l'évcipie  et  à  la 
«  gauche  du  peuple  était  le  pupitre  de  l'évangile,  et 
«  de  l'auire  côté  celui  (h;  léiiitre  :  depuis  le  p\ipitre 
«  jusiju'à  laulel  était  la  place  des  chanties  qui  n'étaient 
«  que  de  simples  cicrs  destinés  à  celle,  fonciion.  Dcr- 
j  rière  l'iuitel  élait,  comme  fai  dit,  la  placedes  piètres. 
«  G'é:ail  nue  voûle  pins  basse  (jne  le  reste  de  l'église  : 
«  elle  s'ajjpcïlail  coiique ,  comme  étant  en  forme  de 
«  coquille,  ou  abside,  à  cause  de  l'arc  qui  la  terminait 
«  par  devant.  On  ai'.pelait  aussi  ce  fond  de  l'église 
«  tiihuiuil  :  parce  que  dans  les  basiliques  profanes 
«  c'étail  le  lieu  on  le  magistrat  élail  assis  accompagné 
«  de  ses  oflieiers.  Ainsi  celte  partie  de  la  basilicpie 
«  était  plus  relevée  que  le  reste,  en  sorle  que  l'évèqne 
«  descendait  pour  s'apjirocher  de  l'autel,  s 

Celle  description   que  M.  Fleuri  nous  donne  ici , 
nous  dispensera  dans  la  suite  de  bien  des  explications 
de  cérémonies  que  l'on  n'entendrait  pas  si  bien,  quel- 
que justes  qu'elles  pussent  être,  faute  d'avoir  toutes 
ces  connaissances  ainsi  liées  les  unes  avec  les  autres. 
I  Venons  préscnlemenl  au  canon  altribné  à  S.  Grégoire 
I  Thaumaturge  (I),  qui  désigiie  les  endroits  affectés  à 
i  chacune  des  classes  de  pénitents.  La  alation  aes  pieu- 
l'  ranls,  dit  ce  canon  ,  esl  hors  la  parle  de  l'oratoire,  oii  il 
\\  faut  que  se  tienne  le  pécheur ,  afin  d'entjacjer  par  ses 
\  prières  ceux  qui  entrent,  d'intercéder  pour  lui.  Celle  des 


I 


auditeurs  esl  en  dedans  de  la  porte  dans  le  narthcx  ,  oii 


il  faut  (jHC  le  yéchcnr  se  tienne  debout  pisquaux  uilé- 
chunicncs  et  qu'il  en  sorle,  car  celui,  dit-ii.  (voilà  ce 
mol  qui  découvre  (pie  ce  canon  n'est  pas  de  S.  Gié- 
goire) ,  qui  écoule  les  écritures  et  les  instructions,  doit 
être  chass',  et  )i'esl  pas  diqne  d'assister  aux  prières.  Le 
I  prosterncment  consiste  en  ce  que  celui  qui  est  dawi  ce 
deqré ,  étant  en  dedans  de  la  porte,  sort  avec  les 
catéchumènes.  Les  consistants  sont  avec  les  fidèles,  et  ne 


j  autre  en  dedans,  qne  les  Grecs  appellaienl  «ftr///cr.  j|  sortent  point  avec  les  catéchumènes.  Enfin  suit  la  par - 
i  Près  de  la  basilique  eu  dehors  étaient  d'ordinaire  i  ticipation  des  sacrements.  Ce  canon  nous  apprend,  au 


<  deux  hâtiiueiils.  Le  baptistère  à  l'entrée  ,  au  fond  la 
(  sacristie  oa  le  tr'^cr  nommé  aussi  secretariuni ,  ou 

<  diaconicum.  Souvent  le  long  de  l'é^^lise  il  y  avait  des 
i  chambres  ou  cellules  pour  h  commodité  de  ceux 
c  qui  voulaient  mé.lilerct  prier  en  paiticuiier;  nous 
«  les  appellerions  des  chapelles. 

t  La  basilique  élail  [larfagée  en  trois ,  suivant  sa 
»  largeur,  par  deux  rangs  de  colonnes  (|ni  sonlenaienl 
«  des  galeries  des  deux  côtés,  et  dont  le  milieu  était  la 
i  nef,  comme  nous  voyous  à  tomes  les  anciennes 
«  églises.  Vers  le  fond  à  l'Orient  élail  l'aulel,  derrière 

<  lequel  é'.ail  le  presbytère  ou  sanctuaire ,  où  les 
i  prêtres  élaii-nl  assis  piudant  l'oflice,  ayant  l'évêque 
I  au  milieu  d'eux,  dont  la  chaijeélaitaiisi  toiitau  fond 
«  de  la  basiliipie  et  terminail  la  vue  de  ceux  qui  en- 
«  Iraient  i)ar  la  principale  porte.  Il  y  avait  devant 
«  l'antel  un  retrancheineiit  d'une  balustrade  à  jour 


moins  confusément,  la  place  de  clia;pic  sialiou  «les 
pénitents.  Nous  aurons  lieu,  en  pailanl  de  cliacnne  eu 
pai  liculier  ,  de  nous  éelaircir  sur  cela  de  plus  en  plus. 

CiiAPiTUE  IL 

De  la  première  station  de  la  pénitence,  ou  des  pleurants. 

Quelle   élail  lu   place   qui    leur   était    as'Jgnée ,  ce 

qu'ils  II  f.isaienl.  Quand  cette  station  de  la  pénitence 

a  été  établie  dans  l'église. 

Noiisavonsvu  dans  le  canon  TiG'  <le  saint  Basil;' qu'il 
|l;.cc  celle  classe  des  lé.^lenls  lioi-s  la  porte  de  l"('- 
glise,  ou  conmie  il  s'exprime,  liors  la  porte  de  l'ora- 
toire, l'i'A  -i^  OJ,îy.;.  Dans  le  canon  75"  il  veut  de  mèiiio 
qu'ils  soi^'ii!  com:nc  des  mendiants  à  l.i  jtoi  le  de  ia 
maison  de  l'oiaison  ,  -r-^  Ov,;a  ^Tî<c£5r/y.:'-,-.  (^e  qui  doil 
s'eiîtendre,  non  delà  première  porte  par  on  l'on  entrait 
dans  l'elte  cour  dont  n'-ns  avons  parlé,  el  (jni  faisait 


c  que  l'on  peut  appeler  le  chœur  ou  le  chancel;  el  à  j'  parlie  de  l'église ,  mais  de  la  porle  d.-  la  basilique,  et 

<  rentrée  au  milieu ,  était  le  pupitre  ou  ambon ,  qui  il  du  vestibule  extérieur  dont  parle  M.  Fleuri.  Avant 
«  était  une  tribune  élevée  où  l'on  nionlaii  des  deux  li 

<  côtés,  servant  aux  lectures  publiques.  Quelquefois  É      (1)  Ej.'isl.  cauonic;c canon  n.Uimns.  , 


513 


PÉNITENXE.  —  SECT.  111.  PART.  II.  CIIAP.  II.  STATION  DES  PLEl'nANTS. 


5U 


itiêmcqiich  sliiion  dos  iilciir;inls  fil  partie  delà  pciii-  f  c.  \Q  enseigne  l;i  même  cliose,  et  dil  de  plus  (ju'ils 


Icncc  piescrilc  p;ir  les  caïKnis.  <ciix  (|iii  ;iv;\iciil  élé 
chassés  de  l'église  pour  loiiis  désordres,  cl  qui  i-oii- 
liail;iii'iil  d'y  rciilrer  cl  dcmaiidaicnl  la  ponilciico,  ne 
poiivaicni  avoir  enliéo  dans  Jcj;lise;  il  y  avail  pour 
eux  une  pclile  clianihrc,  un  porliqne  on  (piclipie  antre 
espace   dt!Slinc  pour  ces  gens-là  ,  nièine  quand  on 
lenait,  dniuMl  les  persécnlioiis,  lesassoniltiécsde  rcii-  ; 
gion  dans  les  nr.iisonsparlicnlièrcs.  et  dans  les  souter- 
rains on  cryptes.  Celle  chambre  lenùl  an  li -u  où  les 
fidèles  s'as.>cnd)laient,  niais  die  en  élail  séparée  par 
un  miu"  on  des  ais.  Saint  Jean  Clirysoslôme  l'ail  alhi-  : 
sion  à  cellt;  pratique  «lans  .son  sermon  17*  sur  S.  Mal-  i 
ihivn ,  lorsîpiil  menace  en  cette  sorte  cenx  qui  ne 
voidai  nt  pnini  proliter  des  ri'pioches  ipi'il  lenr  faisait:  | 
Je  vous  iHleidiriii  rentrée  de  ces  sacres  vestibules,  et  la  ; 

i 

participalion  des  saints  iinjslères,  comme  aux  formcalciirs,  j 
aux  adultères  et  aux  homicides 

On  1.0  rendait  à  ceux  ipii  étaient  dans  ce  degré  de  ; 
pénilence  aucun  devoir  de  piété,  on  ne  leiu'  admiiiis- 
Ir.iil  non  senlemenl  aucini  sacremonl,  mais  rien  (pii 
y  eût  rapport.  On  ne  faisait  sur  eux  aucuae  imposition 
des  mains,  aucunes  prières  expiatoires,  ou  autres  de 
cette  '^spèce.  Le  penpit;  priait  senlemenl  Dieu  pour 
eux  en  particulier ,  pour  qi«'il  hur  accordât  l'esprit 
de  pénitence,  cl  quehpicibis  intercédait  auiurs  d« 
révè(pie  cl  du  clergé,  afin  qu'on  les  admît  dans  l'église; 
c'esl-à-.dire,  qu'on  les  fit  passer  dans  les  autres  classes 
de  la  pénilence.  L'église  dans  ses  prières  pnhiiipies  ne 
priait  Dion  pour  eux  qu'en  général,  en  qualité  de  pé- 
nitents ,  ils  uétaienl  point  même  admis  dans  l'église 
pour  y  entendre  les  lectures  et  les  instruclions  de 
l'évêque,  quoiipi'on  accordai  celte  grâce  aux  Juifs  et 
aux  païens.  Cela  élait  réservé  aux  andilems  qui  com-  j 
posaient  la  seconde  classe  des  pénilenis.  Cependant  ; 
révêque  et  les  autres  ministres  du  premier  rang,  l 
comme  les  prêtres  et  les  diacres,  examinaient  la  vie  i 
de  ces  pénitents,  et  la  ferveni'  qu'ils  faisaient  parailie,  \ 
afm  d'abréger  ou  de  prolonger  le  temps  de  celle  sla 
lion  suivant  le  niérile  do  chacun.  C'est  ce  que  nous  ] 
apprenons  de  S.  Grégoire  dcNy.se,  dans  su  leilre  à  j 
Leloyus,  où  après  avoir  inarcpié  que  riumiicide  pas- 
sera neuf  ans  dans  chacune  des  stations  de  la  pénitence 
qu'il  désigne,  il  ajoute  qu'on  ausa  égard  ;i  la  ferveur 
de  sa  conversion,  de  manière  qu'au  lieu  de  neidans 
qu'il  doit  être  dans  chacune  des  stations,  on  pourra 
ne  l'y  laisser  que  six  ou  sept  ans. 

Les  pleuranls,  étant  dans  un  état  d'humiliation , 
devaient  implorer  par  leurs  prières  le  secums  de 
cenx  qui  entraient  dans  l'église,  on  confessant  Icms 
p.chcs,  comme  nous  voyons  ccilains  mendiants,  qui 
pour  attirer  la  compassion  des  passants,  moutronl  les 
plaies  dont  ils  sont  couverts.  C'est  ce  cpio  nous  avons 
vu  dans  le  canon  de  S.  Basile,  que  nous  avons  allé- 
gué dans  le  chapitre  précédent,  iÇa/îcîJwv  -i-,-'  \ùiv.j 
■xei.poiJOiJ.Mi  :  et  dans  le  canon  75*  pai  lanl  de  ces  mêmes 
penilenis,  il  vont  qu'ils  |)rientlesrulèvs  (pu  enlreiitdans 
l'oratoire  d'adresser  à  Dieu  de  ferventes  prières  pour 
eux.  Saint  Ambroise,  dans  son  livre  de  la  ï'éniicnce  , 


doivent  st;  jeter  aux  genoux  de  cenx  qui  vont  à  l'as- 
sendili-c,  (|u'ils  doivent  baiser  leurs  pas,  afm  do  les 
avoir  pniu'  |m()Ic( icius  aiq)rès  de  Dieu.  Ad  (jcmin  le 
ipsc  woslenias,  o.scitlnris  vcslitjia,  etc.  Saint  l$cnoil,  qui 
a  inséré  dans  sa  Ile-ilo  I(;s  maximes  les  plus  pures  du 
christianisme,  et  les  usages  les  plu-;  approuvés  de  son 
li'inps,  élablit  dans  le  chapitre  Al  une  discipline  à 
pou  I  rèsseinhlable  pour  les  moines  qui  auraient  com- 
mis de  grand,  s  laulos.  :  Que  celui  qui  pour  de  ijruiides 
fautes  est  excommunié  de  l'oratoire  et  de  la  table  com- 
mune ,  foit  prolerué  à  lu  porte  de  l'oratoire ,  dans  le 
temps  que  l'on  y  célèbre  l'office  divin  ;  qu'il  qarde  le 
silence  ot  cette  posture;  que  touchant  la  terre  de  sa  tête 
il  se  jette  aux  pieds  de  tous  ceux  qui  sortent  de  l'éqlise, 
et  qu'ii  continue  dans  cet  étal  d'Iiumitialion  ,  jusqu'à  ce 
que  l'abbé  juqe  qu'il  a  salisfail.  Qu'il  vienne  quand 
celui  ci  lui  ordonnera,  qu'il  se  jette  à  ses  pieds,  ensuite 
(t  cenx  de  tous  les  frères,  afin  qu'ils  prient  pour  lui.  etc. 
«  Deinde  omnium  vesliqiis  frntrum  ,  tu  orenl  pro  co.  i 
Il  proscrit  ensuite  d'autres  humiliations  au  coiqiable, 
après  qu'il  a  é;é  reçu  dans  le  chœur,  qui  ont  qnchpie 
rapport  aux  aulrcs  stations  de  la  pénitence.  C'était 
sintoul  dans  cette  piemière  station  que  les  pénilonts 
paraissaient  dans  un  app.roil  lugubre ,  couverts  de 
cendre  et  de  ciliée,  ayant  des  habits  sales,  Icscln  vcu.\ 
coupés  ou  négligés  ,  suivant  les  différentes  couliuncs 
des  pays,  conuuiî  nous  l'avons  fait  voir  ailleurs.  Eu 
un  mol,  ils  y  élai(Mil  dans  un  élat  et  une  altitude 
propre  à  exciter  la  conq)assi(in  de  tout  le  monde,  el  à 
intéresser  leurs  frères  dans  leur  malheur. 

S.  Jérôme  ,  dans  sa  lettre  trentième  à  Decanus , 
nous  fournil  un  cxenq)le  remarquable  de  la  |  énilencc 
(iue  l'on  faisait  dans  cette  station,  en  la  personne  de 
sainte  Fabiole.  Celle  illustre  matrone,  issue  de  ces 
grands  honnues  dont  les  noms  sont  si  connus  dans 
l'hisloirc  rouiaine,  avail  quille  un  mari  débauché  et  en 
avait  épousé  im  autre  du  vivant  du  premier.  Les  lois 
iuqiériales,  mémo  dos  princes  clnélit  us,  le  pcrniet- 
laionl,  comme  le  témoignent  celles  de  Tliéodose  et  de 
Valenlinieu  I  el  plusieurs  autres.  .Mais  celle  sainte  ne 
se  rassura  pas  pour  cela  ;  elle  eut  plus  de  respect 
pour  les  lois  de  l'Evangile  que  pour  celles  dos  Césars. 
Elle  se  présenta  ,  dit  S.  Jérôme,  avant  le  jour  de  Pâ- 
ques, (i  la  vue  de  toute  la  ville  de  Rome,  devant  la  basi- 
lique de  Latran,  avec  tes  pénitents,  l'évêque ,  les  prêtres 
et  tout  le  peuple  fondant  en  larmes  ;  elle  tj  parut  ayant 
les  cheveux  cpars,  le  vi.'iaqe  livide,  l;  cou  charqé  de  pous- 
sière... ;  elle  découvrit  sa  plaie  il  tous...  ;  tout  Rome  la 
vit  ayant  les  habits  déchirés,  la  tête  nue,  la  bouche  fer^ 
mée  ;  elle  n'entra  point  dans  l'église  du  Seiqneur,  elle 
se  tint  hors  du  camp  avec  Marie,  sœur  de  M  dise,  afin 
que  le  prêtre  rappelât  celle  qu'il  avait  chassée.  Elle  frap- 
pait ce  visaqe  par  lequel  elle  avait  plu  à  son  second 
mari;  elle  haissait  les  pierres  précieuses,  elle  ne  pouvait 
jeter  les  yeux  sur  les  linges  fins  ;  elle  fuyait  les  orne- 
ments, elle  était  «hsm'  touchée  que  si  elle  eut  commis  un 
adultère,  et  elle  désirait  se  servir  de  plusieurs  remèdes 
pour  guérir  une  seule  blessure.  Ce  sophiste  dont  parlç 


gi5  nisTOinE  DES  sacueml:.\ts 

bocralo,  lequel  élail  tombé  durant  la  peisécnlio))  de  ' 
Julicn-rAposlal,  élait  animé  du  même  esprit ,  lorsque 
se  jclaiit  sous  les  pieds  des  fidèles  qui  entraient  dans 
1  eulise,  il  leur  criait  :  Foulez-moi  au  pied  comme  un  j 
sel  afladi.  | 

On  demeurait  dans  celte  classe  des  pénitents  plus 
ou  moins  ,  suivant  la  grièvclé  des  crimes.  S.  Ba- 
sile (can.  56,  et  can.  58  et  59),  dans  une  pénitence  de 
vingt  ans,  veut  cpron  en  passe  quatre  dans  cette  sta- 
tion. 11  en  presoril  aulani  pour  les  aduilères,  qu'il  ne 
condamne  (pi'à  quinze  ans  l'e  pénitence,  et  deux  pour 
les  f(>riiica(eurs,  dont  il  fixe  la  pénitence  à  sept  ans. 
S.  Grégoire  de  Nyssc  est  plus  rigide  :  il  condamne 
riiomicide  à  vingt-sept  ajis  de  pénitence,  dont  il  veut 
qu'il  en  passe  neuf  entre  les  pleurants.  On  trouve 
beaucoup  de  variété  sur  ce  sujet;  cela  dépeiidail  des 
différentes  coutumes  des  endroits  où  Ton  était,  et  des 
circonstances  que  pouvaient  faire  naître  les  temps  et 
les  lieux  où  les  pénitences  étaient  quelquefois  plus 
austères,  parce  que  les  pasteurs  avaient  en  vue  la 
destruction  de  quelques  vices  qui  y  étaient  plus  com- 
muns qu'ailleurs.  Cette  raison  a  lieu  pour  la  durée  de 
la  pénitence  en  général  par  rapport  à  certaines  espè- 
ces de  péchés.  Pour  ce  qui  regarde  cette  station  dont 
nous  traitons  à  présent ,  autant  qu'on  peut  conclure 
des  canons  de  S.  Basile  ,  qui  ont  été  les  plus  célèbres 
de  tous,  il  paraît  que  cette  station  occupait  moins  que 
le  quart  du  temps  prescrit  pour  tout  le  cours  de  la 
pénitence. 

11  est  bon  de  remarquer  ici  que,  quoiqu'on  Occident 
les  pécheurs  se  présentassent  pour  recevoir  la  péni- 
tence, et  la  demandassent,  comme  nous  avons  vu  par 
l'exemple  de  sainte  Fabiole  et  par  ce  que  nous  avons 
cité  de  S.  Ambroise,  et  que  même  on  les  laissât  quel- 
que temps  hors  de  l'église,  on  ne  voit  pas  néamnoins 
que  le  flelns  ou  les  pleurants  fissent  une  station  à  part 
qui  fil  partie  de  la  pénitence  canonique.  Il  n'est  lait 
uienlion  de  cet  élal  comme  appartenant  proprement 
à  la  pénilcnce  qu'après  le  septième  siècle ,  où  nous 
remarquons  que  lefîetus  élait  quelquefois  prescrit  dans 
la  pénitence  des  péchés  publics. 

Cet  état,  comme  station  réglée  et  prescrite  par  les 
canons,  n'était  donc  jiroiire  (ju'à  TEglise  d'Oiient. 
Voyons  présentement  dans  quel  temps  il  a  conmiencé 
à  être  en  usage  sur  ce  pied-là.  Nous  avons  déjà  re- 
marqué que  S.  Basile,  qui  le  premier  (|ue  nous  sa- 
chions, les  réunit  ensemble  distinclemeiil  pour  la  pu- 
nition d'un  même  péeiié ,  n'en  est  pas  l'invenleur,  et 
qu'il  ne  nous  a  transmis  que  ce  qu'il  avait  appris  de 
ceux  qui  l'avaient  précédé.  Ou  pourrait  peul-êire  inlér(  r 
du  huitième  canou  de  S.  Grégoire  Thaumalurge,  que 
cette  station  était  (léj:i  eu  usage  de  sou  lemp-i  :  car  il  y  est 
dit  que  ceux  qui  ont  pillé  les  maisons,  et  qui,  en  ayant 
été  accusés,  seront  convaincus  ,  ne  seront  pas  même  re- 
çus parmi  les  auditeurs,  il  fallait  donc  en  ce  cas  qu'ils 
fussent,  ou  entièrement  retranchés  de  l'église  ,  ou  ré- 
duits au  rang  des  pleurants.  Il  n'y  a  point  d'apparence 
qu'on  les  ait  rctranciics  pour  ce  ciinie  ,  rpii  n'est 
Çoial  atroce  ,  surtout  n'y  ayant  point  de  contumace. 


5lG 

Reste  donc  qu'ils  aient  été  relégués  à  cette  première 
classe  dont  nous  parlons. 

Quoique  les  conciles  qui  ont  précédé  S.  Basile,  n'ex- 
priment point  ces  stations  toutes  ensemble,  parce  que 
c'élaienldcschosesd'usageque  personne  n'ignorait;  et 
qu'ils  parlent  rarement  de  celle-ci  en  paiticulier, 
parce  (pie  l'occasion  ne  s'en  présentait  pas  souvent  : 
nous  la  trouvons  pourtant  désigi.ée  assez  clairement 
dans  le  canon  il'  du  concile  d'Ancyre  qui  a  précédé 
celui  de  Nicée.  Nous  rapporterons  ce  canon  d'autant 
plus  volontiers,  que  cela  nous  donnera  lieu  d'expli- 
quer une  difliculté  qui  peut  faire  peine  en  lisant  les 
décisions  de  ce  synode.  Il  est  conçu  en  ces  ternies  : 
Le  saint  concile  a  ordonné  que  ceux  qui  ont  commis  le 
crime  de  bestialité ,  et  qui  sont  lépreux,  ou  Tout  été , 
prieraient  avec  ceux  qui  sont  exposés  aux  injures  du 
temps,  i.MEU  HiF.M.VNTKS,  x^uic/.^oiJÀKvi.  Il  s'agit  de  su- 
voir  si  le  terme  grec  est  bien  rendu  par  rinlerprète 
Laliii.  Nous  l'avons  suivi  nous-mêmes  :  cependant  je 
vois  ([uc  la  plupart  des  interprètes,  comme  Zoiiare , 
Martin  de  Braguc,  l'Abrégé  des  canons  du  pape 
Adrien,  et  de  Ferrand,  et  même  de  Denis -le  Petit,  l'en- 
lendent  dans  un  autre  sens;  savoir  :  que  ceux  dont  il 
s'agit  dans  ce  canon  prieront  avec  les  démoniaques. 
Ce  qui  aj^puie  cette  explication  est  l'usage  des  Grecs 
qui,  dans  leur  Euchologe,  ont  des  prières  pour  ceux 
qui  sont  agités  par  les  esprits  impurs,  qui  y  sont  nom- 
més s-[x£t/Ji«Çc,u5vou;.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  expli- 
cations, elles  semblent  revenir  au  même.  Le  concile 
d'Ancyre  venait,  dans  un  autre  canon,  d'ordonner  une 
très -longue  et  très-dure  pénitence  contre  ceux  qui 
étaient  coupables  du  crime  dont  il  s'agit;  mais  il  n'a- 
vait point  relégué  ceux  qui  en  étaient  coupables  dans 
les  classes  ni  des  auditeurs  ni  des  pleurants.  La  circons- 
tance de  la  lèpre,  jointe  à  ce  même  crime  ,  détermina 
sans  doute  les  évêques  à  mettre  ceux-ci  dans  le  même 
rang  que  ceux  qui  étaient  agités  de  l'esprit  impur, 
qu'ils  semblent  distinguer  des  éiierguniènes  ordinaires 
qui  él;iicnt  reçus  dans  renccinte  de  l'église;  et  par 
conséquent  il  faut  que  ceux  qui  devaient  prier  avec 
eux  en  fussent  exclus,  c'est-à-dire,  que  le  lieu  marqué 
pour  leur  pénitence  était  le  même  que  celui  de  la 
première  station. 

CHAPITRE  IH. 

De  la  seconde  classe  des  pénitents ,  ou  des  auditeurs. 
Quelle  était  leur  place  dans  les  assemblées  de  C Eglise, 
à  quoi  ils  étaient  obligés.  Dans  quel  temps  cette  sta- 
tion a  commencé,  quelle  était  peu  connue  en  Occident, 
comme  faisant  partie  de  la  pénitence. 
La  place  destinée  à  ceux  qui  étaient  dans  ce  degré 
de  la  lénitence,  dont  nous  avon-.  f  il  meniion  dans  le 
premier  chapitre  de  celte  partie,  en  même  temps  que 
des  trois  autres ,  élail  à  la  porte  de  l'église ,  dans  ce 
vestibule  qui,  comme  nous  l'avons  vu,  élait  joint  à 
l'église ,  ou  au  corps  de  la  ba!,ilique.  On  voit  encore 
aujourd'hui  dans  les  anciennes  églibCS  de  Rome  de  ces 
sortes  de  portiques  ou  vestibules  qui  sont  soulenusde 
mandes  colonnes  de  marbre,  la  structure  de  ces  bàti-~ 


{117  PÉNITENCE.  -  SECT.  lil.  PART 

nienls  fait  assez  coiinaiire  leur  aniiiniilc.  11  cm  est 
qijel(|iies-uns  du  temps  iiiènie  de  Constantin;  les  au- 
tres penvciil  avciii  éié  eoiisliiiils  environ  deux  siècles 
après  lui.  Cc^ cdilieos  (|iii  élaicnl  plus  Idiil-s  (|Uc  l;ii!,'es, 
dans  leur  diinension,  l'urenl  pour  cela  nonnnés  parles 
Grecs  ■Mf.Oi^,  ou  fende.  Lo,>  moines  Grecs  du  moyen- 
âge  donnèrent  depuis  mai  à  propos  ce  nom  à  ce  que 
nous  :ip|»eloiis  la  nel' de  l"cgli:".o. 

Ou  voit  assez  connnuncmeiil  en  i"r;mcc  de  ces  sor- 
tes de  vestibules  aux  portes  des  églises  de  la  cam- 
pagne, oîi  les  paysans  s'asscnd)lenl  pour  traiter  des 
aflaires  de  conununaMlé,  et  d'autres  send)lal)lcs,  pour 
lesquelles  il  serait  indécent  de  s'assembler  dans  les 
églises.  C'était  donc  là  «|u'étnient  autrefois  placés  les 
auditem-s.  Les  pleurants  élaiil  dans  cette  cour  dont 
nous  avons  parlé,  ou  dans  le  vestibule  extérieur,  dans 
leiiuel  on  n'était  guère  plus  à  l'abri  des  Injures  de  l'air. 
jMaisce  double  vestibule  n'était  ([ue  pour  les  grandes 
églises  et  les  grandes  viUco.  Quand  nous  disons  que 
telle  était  la  place  des  auditeurs  ;  cela  ne  doit  pas 
s'entendre  dans  une  précision  matbémati(|ue,  et  il  y  a 
tout  lieu  de  croire  que  de  temps  en  lenips ,  surtout 
quand  les  basili(jues  étaient  fort  grandes ,  ils  y  en- 
traient, et  se  tenaient  derrière  les  catécbumènes  et 
les  prosternés  au  fond  de  la  basilique  pour  être  plus 
à  portée  d'entendre  la  voix  du  lecteur  qui  lisait  les 
■saintes  Ecritures ,  et  de  l'évèque  qui  les  expliquait , 
ou  faisait  quelques  instructions  morales, 

L'état  des  auditem*»  était  peu  dillei  ent  de  celui  des 
pleurants,  ils  n'avaient  au-dessus  de  ceux-ci  que  la 
-place  elle  privilège  dentendre  les  lectures  des  sainle-.- 
Ecritures,  le  cliant  des  psaumes,  et  les  discours  de 
piélé  qui  se  faisaient  dans  l'église  ;  privilège  qui  leur 
était  commun  avec  les  Juifs,  les  païens,  les  simple;» 
caléchuniènes,  qui  n'étaient  point  encore  conipélenis. 
Au  reste,  on  ne  faisait  point  de  prières  ni  d'imposition 
de  mains  sur  eux  ,  ils  sortaient  avec  tous  ceux  dont 
nous  venons  de  parler  ,  quand  la  messe  des  catécbu- 
mènes commençait,  c'est-à-dire,  les  prières,  les  orai- 
'Sons ,  les  impositions  des  mains  que  l'on  faisait  sur 
les  catécbumènes  compétents,  et  les  pénitents  de  la 
troisième  classe  ,  qui  étaicMit  les  prosternés  ,  que  l'on 
mettait  deliors  à  leur  tour  au  commencement  de  la 
messe  des  lidèles  qui  contenait  les  prières  litingi(|ues, 
et  la  célébration  du  saint  sacrifice.  S.  Basile  dans  le 
canon  75%  parlant  de  celui  qui  était  en  ce  rang,  dit; 
Qu'il  soit  ensuite  troin  ans  réduit  à  la  seule  ai  dition,  et 
qu'ayant  entendu  tes  Ecritures  et  la  doctrine  (il  entend 
les  discours  de  piélé  «[ue  l'on  faisait  dans  l'église), 
tfti'on  le  chasse ,  et  qu'on  ne  fasse  point  sur  lui  la  prière. 
Dans  la  suite,  s'il  la  demande  avec  contrition  de  cœur 
avec  lar.nes  et  grande  tiumiiité ,  qu'on  l'admette  dans 
l'ordre  des  prosternés.  Nous  avons  vu  (|ue  cet  usag(; 
d'admeiire  même  les  païens  dans  l'église  ,  poiu-  y  en- 
tendre avec  ceux  dont  nous  venons  de  parler,  les  lec- 
tures et  ies  inslruclions  ,  n'était  pas  nouveau  dans 
l'Eglise.  Nous  le  trouvons  établi  dès  le  lenips  des 
Apôtres  (I),  comme  on  le  \oii  ciaireraenl  dans  la  pre- 

(I)  Voyez  le  c.  2  de  la  première  partie. 


IL  CIIAP.  m.  DES  AUDITEURS,  S18 

mière  Epitre  de  S.  Paul  aux  Corinthiens  (c.  14,  v. 
25  et  24),  où  il  parle  de  cette  sorie  :  Que  si,  toute  une 
église  étant  assemblée  en  un  lieu,  tous  parlent  diverses 
langues  ;  et  que  des  ignorants  oii  des  infidèles  entrent 
dans  cette  assemblée ,  ne  diront-il  pas  que  vous  êtes  des 
insensés  ?  mais  que  tous  prophétisent ,  et  qu'un  infidèle 
ou  un  ignorant  entre  dans  votre  assemblée  ,  tous  le  con- 
vainquent, tous  le  jugent ,  etc.  On  voit  la  même  chose 
dans  le  dialogue  de  Lucien  inlilnlé  Philopalris,  dans 
lequel  il  introduit  mi  chrétien  en  pariant  avec  un  païen, 
et  le  menant  à  leglise  où  il  est  reçu  de  tout  le  monde 
avec  un  visage  qui  marque  de  la  joie.  Le  concile  de 
Cartilage  a  jugé  à  |»ropos  de  niainleiiir  cet  usage  par 
le  caiimi  82%  (pii  porte  que  l'évèque  n  empêchera  per- 
sonne d'entrer  dans  l'église  ,  et  dy  entendre  la  parole  de 
Dieu,  soit  juif ,  suit  gentil,  soit  hérétique  ,  jusqu'à  la 
messe  des  catéchumènes.  Le  concile  de  Valence  en  Es- 
pagne rend  raison  de  cette  conduite  dans  le  canon  pre- 
mier :  car  après  avoir  ordonné  que  l'on  lirait  les  saints 
Evangiles  avant  lolfraiide  ,  anle  munerum  oblationem  , 
on  la  messe  des  lidèles ,  et  après  les  leçons  de  l'Apô- 
tre,  il  ajoute  :  Car  nous  savons  que  quelques-uns  ont 
été  attirés  à  la  foi  par  la  prédication  des  évéques. 

On  a  pu  remarquer  i;ar  ce  qui  a  été  dit  ailleurs  (1), 
que  dans  les  deux  premiers  siècles  et  une  partie  du 
troisième,  les  pécheurs  étaient  aussi  admis  aux  lec- 
tures et  aux  instructions  de  l'Eglise  ;  mais  alors  ils 
n'étaieni  pas  encore  censés  pénitents,  et  l'audition  ne 
faisait  point  une  partie  de  la  pénitence  canonique.  On 
ne  trouvera  pas  dans  ces  temps-là  de  règlements  ou 
canons  de  discipline  qui  disent,  par  exemple ,  comme 
on  a  dit  depuis  :  Vous  serez  trois  ans,  deux  ans,  etc.,  au 
nombre  des  auditeurs  ;  après  cela  on  vous  fera  sortir  avec 
les  catéchumènes.  Et  si  les  constitutions  de  S.  Clément 
(1.  8 ,  c.  5)  en  font  liiention  ,  il  y  a  lieu  de  croire 
(juc  cela  y  aura  été  ajouté  dans  la  suite  :  comme  c'est 
assez  l'ordinaire  dans  ces  sortes  de  livres  d'un  usage 
journalier. 

On  peut  dire  même  en  quelque  sorte  que  celle  sta- 
tion ne  faisait  point  non  plus  chez  les  Occidentaux 
partie  de  la  pénilence  ordinaire;  à  peine  en  est-il 
fait  menlioii  chez  eux,  excepté  dans  la  lettre  seplième 
du  pape  Félix  III,  adressée  à  tous  les  évéques,  dans 
laquelle  il  statue  les  mêmes  peines  contre  ceux  qui 
auront  été  baptisés,  que  le  concile  deNicée  avait  dé- 
cernées contre  les  tombés  :  Qu'ils  soient,  dit-il,  trois 
ans  entre  les  auditeurs  ,  qu'ils  soient  prosternés  sous  la 
nuiin  des  prêtres  entre  les  pénitents  pendant  sept  ans  : 
qu'on  ne  souffre  en  aucune  manière  qu'ils  fassent  l'obla- 
lion  pendant  l'espace  de  deux  ans,  mais  qu'ils  soient 
seulement  mêlés  avec  les  séculiers  dans  la  prière.  Hors 
ce  règlement  où  il  est  fait  disertcment  mention  de  la 
station  des  audiieiiis ,  nous  n'en  trouvons  point  d'an- 
tres. Presque  tous  les  monumenls  (jui  nous  reslenl  des 
sept  premiers  siècles  ne  parlent  que  de  la  séparation  de 
IKiicliarislie  pour  les  pécheurs,  quand  il  e-t  question 
de  la  pénitence,  ce  qui  s'étend  du  proslernement ,  et 
de  l'expulsion  de  l'église  dans  certains  cas.  Martin  de 

(1)  Ch.  2  de  la  première  partie. 


W9 


niSTOlRE  Di:S  SACREMENTS. 


530 


.  i 


Bra-'iic  dans  sa  compihUidn  dt-s  canons  quM  lire  on 
gVMv\o.  jtartic  des  conciles  Icmiis  en  Orinil,  uc  l'.iit 
juiint  une  slalion  particulièn:  de  /V(iu///;o« ,  (in;>i(|ir,l 
cite  des  canons  <|ni  conliennenl  celle  disposilion  ,  il 
Jes  acconunode  aux  usages  nçus  dans  le  pays  où  il 
vivait.  Cepinilanl  il  n"esl  pus  aisé  de  se  pi;rsuailer  (jne 
celle  peine  n'ait  point  clé  employée  contre  les  pé- 
dicuis  dansqiiehpies  endroits  de  l'Occid' ni,  où  les 
canons  de  Nicée,  d'Ancyre,  el  antres,  cpii  font  de 
r;indilion  une  slalion  particulière  de  la  pénitence  ca- 
jioni(pic,  étaient  irès-coninis  el  révérés. 

iNous  avons  déjà  reinar(]ué  <iu'on  n'iinp(isait  pas  les 
mains  aux  pénitents  des  deux  premières  classes;  mais 
cela  doit  s'ciUendre  de  cette  imposition  ipii  se  Taisait 
tous  les  jours  d'assemblée,  avant  la  messe  des  fidèles, 
car  on  les  leur  inipi  sait  en  recevant  la  l'énilencc, 
mais  une  lois  seuleinenl.  On  ne  voit  pas  mcnu!  qu'il  y 
eut  de  cérémonies  particnlères  pour  faire  p.isst^r  un 
pénilenl  d'im  degré  inférieur  à  un  supérieur.  Quand 
le  lemps  d'une  slalion  était  achevée  on  passait  à  l'au- 
Ire  ,  à  nmins  que  celui  qui  y  était  n'eût  mérité  ,  par  sa 
négligence  ou  (piehprantre  chose,  que  l'on  prolongeât 
le  temps.  11  est  à  propos  de  (aire  n-maitpier,  outre 
tout  ce  que  nous  avons  dil  des  deux  |)remièics  stations 
de  la  péuilence,  que.  suivant  toutes  les  api»arenccs, 
ce  n'était  pas  dans  celles-ci  (pie  l'on  inescrivait  aux  pé- 
ciieurs  les  exercices  lahoriiMix  attachés  à  l'élal  des  |ié- 
nilcnls,  connue  <le  jeûner,  de  coucher  sur  la  dare,  etc. 
la  plupart  les  pratiquaient  d'eux  mêmes  dans  ces  pre- 
mières classes ,  mais  je  ne  trouve  nulle  part,  dil  le 
Père  Morin,  qu'ds  fussent  commandés.  Tout  cela  élail 
réservé  pour  la  troisième  slalion  ,  dans  laquelle  se 
faisait  proprement  la  pénitence  expiatoire  cl  salislac- 
loire.  Les  deux  premières  stations  étant  comme  des 
préparations  à  la  troisième ,  el  connue  une  humilia- 
lion  qui  disposait  les  pécheurs  à  se  soumettre  à  loul 
ce  qui  leur  serait  pri'scril.  Dans  la  première  on  les 
séparait  du  reste  des  lidèles  comme  des  gens  infectés, 
et  capables  de  porter  la  contagion  dans  lÉsilis.;.  Dans 
la  seconde  ,  on  les  renvoyait  pour  apprendre  les  pie- 
miers  éléments  de  la  religion  et  de  la  doctrine  cîiré- 
lienne,  dans  les  in:>lriulioris  qu'on  faisait  à  l'église, 
et  les  lectures  (pi'on  leur  ptMincltait  d'y  venir  écouter. 
Et  ils  étaient  censés  les  ignon.-r,  puisqu'ils  avaient  eu 
si  peu  de  soin  d'y  rendre  leur  vie  conforme. 

CHAPITRE  IV. 

J)e  la  troisième  classe  cli-s  péiiilents;  fiucllc  place  ils 
occitpuiciU  dans  l\''(jli$e.  Comte  digression  à  ce  sujet 
sur  les  pupitres  ou  aniboiis.  Quelles  peines  étaient  ini~ 
posées  à  <  es  pénitents.  De  rimposilion  des  mains  ,  et 
de  la  prière  que  l'on  faisait  sur  eux  dans  les  assem- 
blées ordinaires  <te  riùjlise. 

Celle  slati(»n,  dite  le  prosternemeni,  était  la  princi- 
pale de  tontes,  la  plus  longue  cl  la  |ili;s  lal)orieuS(? , 
<;  était  là  proprement  où  s'expiaient  les  crimes  par  des 
peines  inqiosées  par  l'autorité  el  av(  c  la  bénédiction 
de  l'Église;  peiiies-cpii  avaient  par  ce  moyen  une  vertu 
parlicMlière  pour  expier  les  péchés   et  purifier  les 


âmes;  elle  était  même  appelée  pniitence  simplement, 
connue  en  élanl  la  pailie  cssenlielle  el  principale. 
S.  I-îasile,  d.iiis  son  2:2'  cano  i ,  niarqiiani  les  peines 
dn:'s  poiM'  le  péché  de  simple  fornication,  dil  que  la 
pénili'nce  sera  de  quatre  ans,  qui  seront  di^lribués 
de  cette  soi  le.  La  première  année,  ils  seront  cjclus  des 
prières,  el  pleureront  aux  portes  de  l'église  :  la  seconde, 
on  les  recevra  parmi  les  auditeurs.  La  troisième,  ils  se- 
ront admis  a  la  pi:.mti:.\civ  ,  ô-yOrt.y.i  si,-  ixt-.v.>o<.v.> ,  etc., 
il  parle  ensuite  de  la  consistance.  C'est  dans  ce  même 
esprit  que  les  anleiirs  Latins,  lorsqu'ils  font  mention 
de  celle  slalion,  l'appeileiil  simplemenl  pénitence,  ou 
se  servent  de  quelques  |!érip!irases  qui  piésentcnl  la 
même  idée.  Plusieurs  d'enire  eux,  s'ils  oui  à  traduire 
le  même  ternie  û^oTawit,-  dont  les  Gn;cs  se  servent 
pour  désigner  celle  slalion,  le  rendent  de  même  L'aii- 
It'ur  de  l'ancienne  version  des  canons  traduit  le  \  l* 
de  Nicée,  sept:m  annis  inter  pœnitentes  sint,  el  Félix  III, 
inlerpiélanl  les  nièmes  paroles  ,  les  rend  eu  celte 
sorle.  Septem  annis  suljaceanl  inter  pœnitentes  sub 
iiUDiibus  saccrdutnm.  «  Qu'ils  soient  prosternés  sept  ans 
a  entre  les  pénitents  sous  la  main  des  prêtres.  »  Les  pé- 
iiilenls,  comme  nous  avons  remar(p;é  il  n'y  a  qu'un 
moment,  demeuraient  ordinairemenl  plus  long-leinps 
dans  celle  classe  que  les  autres  ;  on  le  voit  clairement 
dans  les  canons  5G'  el  îiT"  de  S.  Basile.  Dans  le  pre- 
mier de  vingt  ans  de  pénitence  qu'il  prescril  pour 
Phomicitle  volontaire,  il  en  desiino  sepl  p.niir  celle 
slalion  ;  el  dans  le  suivant ,  de  dix  ans  de  |)énilence 
auxquels  il  condamne  les  homicides  involontaires  ,  il 
vent  (|u'ils  en  passent  quatre  dans  la  classe  des  pros- 
ternés. 

Le  lieu  destiné  pour  celle  slalion  élail  l'espace  qui 
se  trouvait  depuis  la  porte  de  la  hasiliipit'  jiiscpi'à  l'ain- 
hon  ou  pnpiire.  Le  canon  attribué  à  S.  Grégoire 
Thaumaturge ,  nous  rend  un  témoignage  anlheiitiquc 
de  cet  usage  ,  aussi  bien  que  Jean  ,  abbé  de  Rayle  , 
Zonareel  Ralzamon,  sur  leon/.ièmeel  le  douzième  ca- 
non de  Nicée,  el  sur  le  (luairième  el  cinquième  d'Aii- 
cyre,et  plusieurs  aulresanciens,  cmmne  llaiinenopolus 
el  Gabriel  de  Phi  adeliihie.  Les  autours  modernes  les 
plus  habiles,  connue  le  P.  Morin,  M.  Merbes  ,  le  car- 
dinal lîoiia  ,  M.  S  ■helstrate  sous-bibliolhécaire  du 
Vatican  ,  le  P.  Alexandre,  assurent  la  même  chose. 
Leuis  paroles  sur  ce  sujet  sont  rapporlées  par  M. 
Thiers  (1),  à  qui  nous  sommes  rediîvables  de  beau- 
coup de  recherches  curieuses  sur  les  antiquités  ecclé- 
siasli(pics. 

Sur  ce  pied-là,  il  me  paraît  que  M-  de  Fleury,  dans 
la  description  des  anciennes  églises  ,  que  nous  avons 
rapportée  dans  le  premier  chapitre  de  cette  parlée, 
recule  un  peu  Inp  vers  l'anlel ,  l'ambon,  pupitre  ,  ou 
jubé  (car  tous  ces  ternies  sont  synonymes),  «pril  h;  met 
Inqi  avant  dans  l'église  en  le  juignant  au  chœur  ou 
chaiicel,  qui  était  une  baluslrade  qui  terminait  le 
chœur.  C'est  la  seule  chose  qui  soii  à  réformer  dans 
le  plan  des  anciennes  églises ,  que  ce  savant  houme 

{ 1  )  Dissertation  sur  les  jubés,  chap.  2. 


1521 


PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  II.  C'.IAP.  lY.  PIlOSTERNEMENT. 


522 


nous  a  donné  dans  son  livre  des  Miviiis  des  cliréiieiis, 
et  que  nous  avons  mis  sons  les  ycnx  des  Iccleurs,  afin 
qu'ils  cnlrassenl  plus  aisénienl  dans  l'inlclligence  des 
choses  (|iie  nmis  avions  à  dire.  Nous  y  avons  Ironvé 
jusqu'à  préseul  les  places  deslinécs  à  cliacun  des  de- 
grés de  la  pénilenee;  mais  suivant  son  système  nous 
serions  fort  embarrassés  de  m;in|uer  (|uclle  élall  celle 
que  devaient  occu|)er  les  |M(isliTiiés.  (iar  si  Tamlior) 
terminait  le  choeur,  connue;  il  rinsinue  (s'étant  (uriné 
sans  doute  so/i  idée  sur  la  plupart  de  ce  (pii  nous 
reste  aujourd'hui  d'anciennes  églises,  où  la  chose  est 
sur  ce  pied-la),  où  se  seraient  mis  les  fidèles  ,  si  les 
pénitents,  les  catéchumènes  cl  les  éncrguuiènes  de- 
vaient occuper  la  place  depuis  l'enlrée  de  la  ha-ilique 
jusfpi'à  rr.mbon  ?  puisqu'il  n'élail  pas  permis  aux  sim- 
ples lideles  de  passer  au-delà  deschanceU,  cl  de  pren 
dre  place  dans  le  chœur,  (pu  était  destiné  piun*  les 
chantres  et  les  clercs  inlerieurs  ,  et  qui  dans  les  pre- 
miers temps  ne  devait  pas  èiie  dime  grande  éten- 
due :  la  |)liq)arl  des  clercs  étant  occupés  en  dillérenl-. 
endroits  de  l'église,  chacun  an  poste  (pii  hd  convenait, 
et  répandus  dans  l'asscndilée  pour  y  l'aire  observer 
l'ordre  et  la  bienséance  cmiveiiaide.  Il  fallait  dfinc  tpie 
celle  tribune  où  se  lisaient  les  saintes  Éerilnres,  où 
l'on  chaulait  les  psaumes,  où  l'évèque  prêchait  même 
quehpicfois  ,  connue  il  est  rappculé  de  S.  Jean  Chry- 
sostôme,  où  se  faisaient  tant  d'autres  fondions  d.nl 
M.  Thiers  iious  instruit  dans  sa  dissertation,  l'ùl  plus 
à  portée  du  peuple,  et  plus  avancée  vers  l'entrée  de 
l'église,  et  (pie  le  peuple  lidèle  occupât  l'espace  qui  se 
trouvait  depuis  l'cidroil  où  elle  était  placé;-,  jusqu'aux 
chancels ,  an  delà  descpiels  il  ne  lui  était  pas  permis 
d'avancer. 

Aussi  Irouvons-nous  que  la  chose  élait  telle  parce 
qui  nous  re-tc  des  monnmenls  de  l'anticpiilé  (1),  et 
ce  que  nous  voyons  dai'.s  les  plus  anciennes  églises 
qui  subsisleiil  encore  à  présent.  Le  cardinal  Iîai)soiii, 
qui  avail  élcchanoi.ie  de  Latraii,  rapporte  qu'il  y  avait 
autrefois  deux  jubés  de  marbres  dans  le  milieu  de  celle 
église patriarchale,  pioche  del'eiulroit  ouest  mainte- 
nant le  tombeau  du  pape  Mariin  V.  L»;  jubé  de  Sainl- 
Pancrace  de  Uonie  esl  du  coté  de  l'évangile,  dans  la  iieT; 
celui  de  S.dnl-Aïubroise  de  Milan,  (pii  est  1 1  principale 
église  après  la  cathédrale,  est  du  côté  do  ré|>ilre.  Celui 
de  Saint-Sauveur  de  Kaveiineest  du  même  côté,  comme 
je  l'apprends  du  voyage  manuscrit  d'Ilalie  de  M.  Chà 
telain  (ce  sont  les  parole^  de  M.  Thiers),  (pu  dit  :  Je 
vis  l'éj^lise  mélropolilaine  de  Saint-Sauveur..  ..  la 
cliairo  qui  est  entre  deux  colonnes  ,  dans  la  nef  à 
droile  ,  esl  d'un  fort  beau  marbre  pâle  avec  un  esca- 
lier droit  de  chacpie  ccilé...  elle  avait  élé  laite  pour  m 
jubé,  et  l'évangile  s'y  chante  encore  en  certains  jours. 
11  est  cons:anl  d'ailleurs  (pie  le  jubé  de  Sainle-Sophie 
de  Conslantiuople,  qui  a  été  le  pins  magnirniuc  de  tous 
les  jubés  ,  était  au  milieu  de  l'église  ,  vis-à-vis  la 
grande  poi  le  du  sancliiaire.  Paul-le  Silenliaire  ,  (|ui 
vivait  du  temps  de  l'empereur  Juslinien  qm  fit  bàlir 


(1)  M.  Thiers   Dissertation  sur  le*>  jubés ,  cliop.  -2.  | 

TH.  XX. 


celle  superbe  église,  en  rend  un  fidèle  lémoignngo.  cl 
M.  Ducange,  (pii  le  rapporte,  remarque  qu'il  élaii  éloi- 
gné de  quelque  es[>ace  de  celle  port  •,  et  qu'il  ne  lia- 
ver>ait  pas,  comme  la  plupart  de  ceux  (|ui  nous  res- 
tent aujourd'hui ,  toute  la  face  du  chœur.  Les  Grecs 
encore  à  présent  ,  suivaiit  le  I'.  Goard,  missiiinnaire 
apostoli(pie,  ont  leurs  jubés  au  niilieudc  leurs  églises. 
Soit  vis-à-vis  de  l'autel  principal,  soil  adroite  ,  sou  à 
gauche.  Que  conclurons- nous  de  tout  ce  (pu  vient  d'(i- 
tre  dit  de  la  situation  des  jubé->?  Nous  en  concluions 
deux  chost's  seulement  :  la  première,  qu'ils  élaient 
autrefois  à  pou  prés  au  milie  i  de  la  nef,  soil  (jiril  y 
en  eut  deux,  un  de  chaiine  ((ilé,  soit  (pi'il  n'y  eu  (  ùt 
qu'un,  cl  que  cet  uiii(pie  jubé  fût  an  milieu  de  l'é- 
glise, \is-à-vis  de  la  pri;  cipale  pille  du  sancinaire, 
soit  qu'il  lût  à  im  des  C(")lés  du  seplenlrion  on  du  midi, 
ce  qui  étant  une  fois  établi,  il  nei^eia  pas  dillici  e  de 
trouver  dans  les  églises  la  plaie  d(;s  pénitents  cl  de  la 
dislingner  de  celle  (pi'oecu;  ait  h;  resle  des  lidèbs. 
Tout  ce  (pii  nous  resle  de  inommients  sur  le  sujet  dont 
il  s'.gil ,  iKtns  rendant  lémoignage  (pie  les  pénitents 
é:ai:.'iit  reh'gué-  au  fond  de  l'église, et  (pi'ils  ne  pou- 
vaient dépasser  rambun  ,  d'où  il  s'ensiiil  que  h-  le^lc 
du  peuple  s'élendait  depuis  le  jubé  jusepi'aux  chan- 
cels. 

Les  pénitents  n'y  élaient  pas  seuls,  et  même,  dans 
les  premiers  siècles  où  les  crimes  élaient  rares    el  les 
candidats  qui  aspiraient  après  la  grâce  du  baj)!è:ne 
élaienl  nombreux  ,  on  peut  dire  (pi'il-,  ne  faisaieii  (|tie 
la  moindre  partie  de  ceux  à  qui  celle  place  était  des- 
tinée. Lescaléchiimènes  l'emportanl  sans  do'it.'  beau  • 
coup  en  nombre  sur  les  pénitenis,  d'autant  jibis  nue 
I  dans  ce  temps,  presque  tous  ne  recevaient  le  iîapièmn 
'■  qn  elaiil  adiilles,  même  ceux  qui  elaienl  nés  de  parents 
i  chrétiens,  comme  on  le  voit  par  S.  .\mbroiso,  S.  Gré- 
)ire  de  Nazianze,  l'empereur  i  béodose  cl  un*  infi- 
niié  d'autres  dont  on  pourrait  rapporter  les  exemples. 
C'est  pour  cela  (pi'on  appelait  messe  des  catéchu- 
mènes pliil()t  que  des  pénitents,   celle  p.arlie  d(!  la 
messe  qui   précédait  l'oblalion  ou  l'ofTertoiie,   mais 
siiiloul  celle  (pii  suivait  les  leçons  des  saintes  Éeri- 
lnres el  les  instriiclioiis  des  prél.ils,  d  ms  hKjnelle 
1  Eglise  faisait  diverses  prières  el  génuflexions  pour 
implorer  le  secours  de  Dieu,  el  obtenir  ses  grâces 
'  pour  les  gens  de  tout  état  et  en  parliculier  pour  ceux 
qui   lui   apjiarlennienl  comme  !-cs  iiiend)res.  Il  étai!; 
permis  aux  caléehiimèiies  el  aux  pénilenisde  prendre. 
pari  à  ces  prières,  après  (pioi  on  les  mettait  dediors  , 
comme  on  y  a\ail  mis  auparavant  les  and. leurs  ;  et 
non  seiilemeiiliuj  les  chassait  de  l'é^dise  avant  que  la 
messe  des  (idèles  connnençàt ,  mais  en  plusieurs  e:i- 
droils  on  en  chassait  encore  Icséxergnmiiici ,  par  où 
on  entendait  tous  ceux  sur  qui  le  démon  exeivail  vi- 
siblement sa  puissance,  soitcontiniKlIemenl,  soil  par 
iiilervalles.  Car,  connue  dit  .M.  Thiers,  dans  son  livre 
de  lExpositiou  du  Sainl-Sacrement,  loni.  1,  c.  lô  :  On 
noniinait  énergiimciics  ceux  sur  lesfiucls  le  démon  avait 
quelque  puissance  et  quelque  autorité ,  en  quelque  ma- 
nière que  ce  frit.  Ainsi  ceux  qui  élaienl  obsédés,  ceux  qui 


\7 


m  IIISTOIRK  DES  SACULMENTS 

i'iaient  travaillés  de  terreurs  paniques  ,  ceux  qui  étaient 
tourmentés  de  vaines  illusions,  et  généralement  tous  ceux 
qui  s'abandonnaient  à  l'impétuosité  et  à  la  fureur  de 
■  leurs  passions ,  s'appeluient  é.neugumènes  dans  le  lan- 
tjage  de  S.  Denis  et  de  quelques  autres  anciens  au- 
teurs. 

tous  ces  gens-là  étaient  donc  mis  hors  de  l'église 
(|!iand  on  était  sur  le  point  de  oonunencer  la  mft>se 
».!es  fidèles.  Etant  sortis,  on  fermait  les  portes,  et  alors 
(Ml  réoilaii  on  on  ciianiiiit  dans  la  plupart  des  églises 
le  Syml)()I(;  de  la  foi ,  qui  éiail  comme  le  signal  et  le 
mot  du  guet  qui  réunissait  entre  eux  les  fidèles,  et 
dont  on  ne  domiait  point  connaissance  aux  calécliu- 
mèncs,  avec  qui  les  pénitents  et  les  énergumènes 
avaient  élé  chasses.  Si  on  ne  récitait  poiat  le  Sym- 
bole de  la  lui,  la  messe  conmiençail  par  l'oblalioii  des 
dons  que  ceux  (jui  devaient  communier  porlaienl  eux- 
mêmes  à  l'autel ,  à  laquelle  a  succédé  noire  oiïer- 
toire.  ISous  poiirrions  prouver  ce  (pie  nous  venons  de 
dire  par  une  iniinilé  de  passages  des  Pères  et  de  ca- 
nons de  conciles,  mais  ce  serait  prendre  une  peine  in- 
utile, n'y  ay  nt  personne,  que  je  ^:\che,  parmi  les  au- 
teurs, qui  ait  révixjué  en  doute  ce  que  nous  disons.  Je 
iiu!  contenterai  doue  de  quelques  autorités  cIioisi(.'S. 
S.  Auibroise  dans  sa  lettre  oô"  nous  inslruil  de  cet 
usage  par  ce  peu  de  mots  qu'il  dit  comme  en  passant  : 
Le  jour  suivant,  c  était  un  dimanche,  ctprcs  les  leçons  et 
iexhortalion,  ayant  renvoijc  les  catéchumènes,  je  donnuis 
le  mjmhole  à  quelques  compétents  dans  le  baplidcre.  Le 
concile  d'Epaune,  eau.  29 ,  confirme  ce  (pii  avait  été 
ré^ié  dans  celui  d'Adge  en  ces  termes  :  Nous  imposons 
(;iii\  fidèles  qui  étaient  tombés  dans  l'Iiérésic)  une  pé- 
nitence de  deux  ans,  avec  la  condition  ci- dessous  mar- 
quée... qu'ils  riient  soin  de  se  tenir  dans  la  pluce  des 
pénitents,  et  qu'ils  y  prient  avec  humilité,  et  que  lors- 
qu'on les  avertit,  ils  aient  à  sortir  avec  les  catéchumènes. 

S.  Grégoire  de  Tours  (1)  nous  apprend  avec  quelle  vi-  j 


gaeur  les  saints  évèques  maintenaient  celle  discipline  i    ainsi  que  les  anciens  appelaient  le  saint  sarri(iec); 


524 

ordonna  aussitôt  que  tous  ceux  qui  avaient  élé  condamnés 
par  l'évèque  eussent  à  sortir.  Ce  qui  étant  fait,  le  saint 
évèquc  délivra  le  possédé  en  faisant  le  signe  de  la  croix 
sous  son  habit,  pour  n'être  point  aperçu  et  éviter  la  vaine 
gloire...  Depuis  ce  temps  le  roi  devint  plus  traitable. 

S.  Grégoire  de  Tours,  après  avoir  raconté  ce  fait, 
ajoute  une  chose  singulière  touchant  S.  Nicet,que] 
n«us  mettrons  ici ,  quoi(|u'elle  ne  ftvsse  rien  pour  le' 
sujet  présent.  Tous  Us  jours  ce  saint  pontife  prê- 
chait le  peuple,  découvrant  tes  crimes  d'un  chacun,  et 
priant  sans  cesse  pour  la  rémission  de  ceux  qui  les  avaient 
confessés.  <  Denudans  crimina  singnlorum,  et  pro  remis- 
i  sionedeprecans  assidue  confitentium.  »  Toutes  ces  pa- 
roles sont  remarf|uables  :  je  laisse  au  lecteur  instruit 
à  y  faire  ses  réflexions. 

La  pratique  dont  nous  parlons  paraît  encore  maiii- 
fesiement  dans  ce  que  rapporte  S.  Grégoire-lc-Grand 
de  deux  religieuses  que  S.  Benoît  avait  excommu- 
niées, et  qui  étant  mortes  en  cet  état  avaient  été  en- 
terrées dans  l'église.  Savoir,  que  quand  les  saints  mys- 
tères se  célébraient  dans  cette  église,  et  que  suivant  la 
coutume  le  diacre  disait  à  haute  voix  :  Si  quelqu'un  ne 
communie  pas,  qu'il  quitte  la  place;  leur  nourrice  qui 
avait  coutume  de  faire  l'oblation  pour  elhs,  lea  voyait 
se  lever  de  leur  tombeau,  et  sortir  de  l'église.  On  voit 
dans  cette  histoire,  (pii  est  rapportée  dans  le  deuxième 
dialogue  du  S.  Pape,  c.  25,  (pie  le  diacre  fiisait  ccîliî 
dénonciation  solennelle  avant  la  messe  des  fidèles, 
afin  que  ceux  à  qui  la  communion  était  interdite  se 
retirassent. 

11  est  clair  par  tout  ce  que  nous  avons  dit  dans  ce 
chapitre,  que  les  pénitents  de  la  troisième  classe, 
outre  les  jeûnes  et  les  austérités  qui  étaient  enjoints 
à  chacun,  suivant  la  grandeur  de  ses  péchés,  étaient 
privés  par  l'autorité  de  lÉglise  de  deux  grands  biens. 
Premièrement  des  prières  eucharistiques,  ou  de  l'as- 
sislancc  à  la  célébration  des  mystères  lerri!)les  (c'est 


dans  le  sixième  siècle.  Le  roi  r/ieo(/orîc  (c'est  le  premier 
de  ce  nom,  le  fils  aîné  de  Clovis)  étant  mort,  et  son  fds 
Théodebert  lui  ayant  succédé,  et  faisant  plusieurs  choses 
contre  la  justice, ou  souffrant  que  l'on  en  fit,  S.  Nicet, 
évèquc  de  Trêves,  l'en  reprenait  souvent  :  un  jour  de  di- 
manche, le  roi  étant  entré  dans  l'église  avec  ceux  que  le 
naint  évêque  avait  privés  de  la  communion  ;  les  leçons  que 
l'ancien  canon  prescrit  étant  lues ,  et  les  dons  étant  of-  I 
feris  sur  l'autel ,  l'év-que  dit  :  La  messe  ne  sera  point 
célébrée  ici  aujourd'hui,  à  moins  que  ceux  qui  sont  privés 
de  la  communion  ne  se  rcùrent  auparavant.  Le  roi  fai- 
sant difiicullé  do  sortir,  un  honinic  fut  saisi  tout  d'un 
coup  du  dé.noii,  dil  n.lrc  historien  ,  et  fit  de  grands 
reproches  au  roi  de  ce  qu'il  n'acquiesçait  pas  aux 
ordres  du  sainl  évèquc.  Le  roi  en  fut  épouvanté,  et  de- 
manda qu'on  chassât  cet  énergumî ne  de  l'église  ;  l'é- 
vèque lui  répondit  :  Que  ces  incestueux,  ces  homicides, 
ces  udulières  qui  vous  ont  suivi  dans  ce  lieu  en  soient 
chassés ,  et  alors  Dieu  fera  taire  ce  démoniaque  :  le  roi 

(4j  lu  Yuâ  Palrum,  c  M. 


secondement  de  la  participation  à  ce  divin  sacremeni; 
ce  qui  leur  était  commun  avec  la  drrnière  classe  des 
pénitents,  comme  nous  le  verrons  bitMitôt.  Mais  ceux- 
ci  avaient  l'avantage  d"y  être  présents,  ce  qui  ne  s'ac- 
cordait  pas  aux  prosternés,  qui  étaient  ain-i  nommés 
parce  que  dans  les  assembléi's  des  fidèles  l'évèque 
leur  imposait  les  mains  tandis  (pi'ils  étaient  à  genoux 
ou  |>rosiernés,  cérémonie  qui  sepratiiiuait  iniméiliale- 
mcnt  avant  qu'on  les  mil  hors  de  l'église. 

Le  canon  onzième  du  5'  concile  de  Tolède,  (pie 
nous  avons  cité  ci-dessus ,  est  une  preuve  de  ce 
([ue  nous  disons  :  Faciat  intcr  aHos  pœnitcntes  ad  wa- 
nûs  imposiiionem  crebr'o  recurrere.  Le  passage  du  pape 
Félix  m ,  qui  est  allégué  dans  le  chapitre  précédent, 
nous  apprend  aussi  la  même  chose,  au  si  bien  que  le 
concile  de  Cartliage,  i\m  ordonne  dans  son  canon  80* 
que  l'on  impose  les  mains  aux  pénitents  pendant  tout 
le  temps  du  jeûne.  Omni  temporejejunii  manus  pœni- 
tentibus  à  sacerdotibus  imponatur.  Ce  concile  veut 
même  que  durant  les  jours  de  réjouissance  pour  l'E- 
«lise.  comme  le  temps  p:^8cal ,  dans  l<ï*inei  on  ne  ïl<i- 


525  PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  11.  CllAl».  V.  PKOSTEiiNEMENT.  52o 

chls&ait  jnmais  les  genoux  à  Péglise,  les  pénilenls  les  T  clioigiis  do  ce  soin,  comme  nous  .aurons  lieu  de  le 
flécliissenl  :  siins  douie  pour  recevoir  l'iuiposilion  do       l';iirc  voir  d.ins  la  suite  de  cel  ouvr.'ige.  Mais  quoique 


la  main  des  prêtres.  Ce  que  nous  trouvons  dans  le 
canon  8:2',  pœnitentes  et'iain  diebus  rcntisiionis  gcnna 
fleclanl. 

Colle  imposition  des  mains  n'élait  point  ime  simple 
cérémonie   muclle  :  elle  ciail  acc(im])agnée   de  di- 
verses prières  que  l'évêque,  le  clergé  et  le  peuple  fai- 
saient Sîir  les  péniieiits.  C'est  ce  que  nous  apprenons  j 
du  concile  de  Laodicée,  (|ui  conlirmc  d'aiilotns  une  \ 
bonne  partie  de  ce  que  nous  avons  écrit  dans  ce  dia 


révoque  sereposât  principalement  sur  la  vigilance  de 
i'arcliidiacre  Cii  ce  point,  quand  dans  la  suite  les  gons 
do  la  campagne  curent  eml)iassc  le  «luislianisnie,  les 
doyens  riuaux  et  les  arclii[!rètres  partagèrent  ce  soin 
avoc  IfS  archidiacres  qui  ne  pouvaient  être  partout, 
surtout  dans  ces  grands  diocèses  de  Franco  et  d'Alle- 
magiie,  (jui  avaiont  trop  d  elondue  pour  qu'une  seule 
p  rsonno  l'.ùt  suffire  à  tout. 
Avant  de  finir  ceciiapitre,  il  faut  dire    un    mot 


pitre  et  les  précédents,  en  ces  termes  :  llfaul  praniè-  ,  de  ce  en  quoi  los  anciens  faisaient  consister  la  péui- 
remenl,  après  les  instructions  des  évèques,  faire  à  pari  ,  i  lence.  Pour  cela  nous  mellrons  ici  sous  les  yeux  du 
roraison  des  caléchumènes,  et  après  (juils  seront  sorlis,  )  lecteur  ce  pende  paroles  de  S.  Basile  (can.  3): 
//  fiiul  faire  celle  des  pénitents,  et  ensuite  ceux-ci  ayant  |j  Celui  qui  pour  les  plaisirs  de  la  chair  a  méprisé  la  grâce , 
reçu  riniposition  des  uviins  et  s'étant  retirés,  il  faudra  jj  nous  donnera  une  preuve  complète  du  soin  </«'//  a  de 
faire  celle  des  fidèles,  la  première  en  silence,  les  deux  i  $1  gucrison  en  affligeant  et  domptant  sa  chair,  en  sassu- 
aulres  de  vive  voix,  après  quoi  on  se  donnera  la  paix,  et  l  jélissanl  à  toute  so^te  de  travaux  pénibles,  ei  en  rcnon- 
on  fera  ainsi  la  sainte  oblalion.  On  peut  envisager  f  çant  aux  plaisirs  dont  il  s'était  rendu  esclave.  l(n\U"s  ces 
comme  un  commentaire  de  ces  paroles  ce  qui  est  rap-  |'  paroles  portent.  On  y  voit  que  dans  l'idée  de  ces  saints 
porté  dans  les  constitutions  de  S.  Clément  (1.  8,  c.5,  |i  évêqncs,  la  pénitence  n'était  point  un  état  do  simple 
6,7  et  les  suivants),  dans  lesquels  est  représenté  ||  spéculation ,  mais  d'actions  cl  d'œuvros  qui  lendaiont 
l'ordre  des  assemblées  ecclésiastiques,  loi  qu'il  était,  |  à  abattre  le  corps,  et  à  bumilier  l'esprit.  C'o.-i  dans 
au  moins  depuis  le  quatrième  siècle.  On  y  voit  qu'a-  |  ce  même  sens  que  S.  Jean  Climaque  déiinit  la  péni- 


près  la    lecture  des  apôtres  et  des  prophètes,  et 
l'exhortation  de  Tévéque,  un  diacre  disait  à  haute  voix 
d'un  lieu  élevé,  que  les  auditeurs  et  les  infidèles  se 
retirassent.  Ceux-ci  étant  sortis,  et  l'oraison  faite  sur 
les  catéchumènes,  on  en  venait  aux  énergiimcnes, 
après  avoir  prié  pour  eux,  leur  avoir  fait  des  exor- 
cismes  et  les  avoir  congédiés.  Le  diacre  (ce  sont  les  pa- 
roles de  celte  liturgie)  disait:  Priez  avec  attention, vous 
qui  êtes  en  pénitence.  Faisons  des  prières  pour  ceux  qui 
sont  en  pénitence,  afin  que  le  Dieu  de  miséricorde  leur 
montre  la  voie  qu'ils  doivent  suivre  dans  cet  état,  qu'il 
agrée  leur  repentir  et  leur  confession,  qu'il  brise  Satan 
sous  leurs  pieds,  qu'il  les  délivre  des  embûches  du  diable 
et  de  ses  attaques,  qu'il  ne  permette  pas  qu'ils  pèchent  ni 
par  leurs  discours,  ni  par  pensées,m  par  actions,  clc... 
Prions  encore  Dieu  pour  eux  avec  plus  de  ferveur...,  afin 
que  s'éloignant  de  toute  mauvaise  action,  ils  s^ippliqucnt 
à  toute  bonne  œuvre,   etc...  Disons  encore  pour  eux: 
Kyrie  oleyson,  sauvez-les.  Seigneur,  etc.  Vous  qui  êtes 
ressuscité  à  Dieu  par  Jésus-Christ,  baissez  la  tête  et  re 
cevez  la  bénédiction.  Que  récéque  fasse  donc  roraison 
en  celte  sorte.  Suit  roraison  dont  le  titre  porte  :  Impo- 
sition de  la  main  ,  et  prière  pour  ceux  qui  sont  en 
pénitence.  L'oraison  finie  le  diacre  ajoute  :  t  Sortez, 
i  t'oiM  qui  êtes  en  péni!ence  ;  que  les  autres  restent  et 
<  que  tous  les  fidèles  fléchissent  tes  genoux,  >  etc.  Voilà 
en  peu  de  mois  comment  à  peu  près  cela  se  passait 
dans  toule  l'Église,  tant  en  Orient  quVn  Occident, 
dans  les  sept  premiers  siècles  de  l'Église,  à  l'égard  des 
pénilenls  de  cette  troisième  station.  A  «juoi  on  peut 
ajouter  qu'en  Orient  révoque  préposait  un  prêtre  [>our 
veiller  sur  les  mœurs  et  la  conduite  dos  pénilenls,  ei 
s'informer  s'ils  s'acquittaient  comme  ils  devaienl  des 
exercices  laborieux  de  cette  partie  delà  pénitence.  En 


:  tence  :  Un  perpétuel  et  continuel  refus  de  toute  conso- 

j  solatiun  que  l'on  se  fait  à  soi-même ,  une  souff;  ance 

I  volontaire  de  tout  ce  qui  afflige.  Le  pénitent,  ajoule-t  il , 

\  invente  contre  lui-même  df;s  tourments  ;  il  refuse   sévè- 

I  remerU  à  son  ventre  les  aliments,  et  sen prend  sanscesst 

;  lui-même.  Sozomène  (I.  7,  c.  IG)  onlre  dans  quelque 

I  détail  sur  les  diverses  espèces  de  mortiiicaiions  dont 

les  pécheurs  se  punissaient  eux-mêmes  par  ranlorité 

des  pasteurs,   loi  squ'il  dit  :  Chacun   en  purliculier  de 

sa  propre  volonté  s  afflige  ;  ou   par  des  jeûnes,  ou  en 

s'abslenanl  de  la  nourriture,  du    pain  et  des    autres 

choses  qu'on  lui  a  prescrites,  et  attend  ainsi   le  temps 

qui  lui  a  été  marqué  par  l'évêque ,   lequel  étant  expiré , 

il  eht,  après  avoir  acquité  cette  esprce  de  dette,  absous 

et  réuni  au  reste  du  peuple  dans  l'église. 

CHAPITRE  V. 

De  ta  quatrième  et  derni.'re  station  de  ta  pénitence ,  en 
quoi  elle  consistait.  Qui  étaient  ceux  à  qui  elle  coh- 
venaii.  Eta'ient-'ih  mêlés  indislinctement  avec  le  reste 
des  fidèles  dans  Véglise. 

Cette  classe  de  la  pénitence ,  que  nous  nommons 
consistance,  terme  qui  rénond  au  mot  grec  <TÙJT«»tî , 
est  ai. isi  appelée,  non  que  cen.t  qui  y  étaient  fussent 
obligés  de  se  tenir  debout  dans  l'éijlise ,  comme  le 
terme  consi slentia semh\c\ç  marquer,  mais  pane  qu'il» 
avaient  l'avantage  d'être  nuis  avec  le  reste  dos  lidèiei 
pondant  la  célébration  du  saint  sacrifice.  Elle  était, 
connue  nous  avons  vu  ,  la  plus  ancieinie  des  stations, 
avec  la  troisième  dont  nous  venons  de  paritr,  et 
nous  en  avons  donné  des  preuves  suriisantcs  dans  le 
d.uxiéme  chapitre  de  la  première  partie  de  cetla 
section,  dans  laquelle  nous  avons  examiné  qu'elles 
étaient  les  espèces  de  la   pénitence  avant  la  On  du 


Ckciâent,  r'éiaifnt  surtout  les  arrhidiacrp?  qni  (liaient  [  i  troi-'^ièinr-   nièrl».  C^ux    <ini   ^tai<M)t  dan*  ce   fi»«^rs 


82^ 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


m 


avaient  droit  d'assister  au  sacrifice  de  nos  autels,  mais 
ils  n'av;iieni  pciinl  celui  d'y  |iarlici|ier ,  mm  (>liis  (|iie 
celui  d'offrir  leurs  dons  à  raiilcl ,  *•'.  leurs  noms  n'y 
étaient  point  récités,  comme  ceux  des  amrcs  f:dcl(^s 
qui  avaient  odcrl  les  dons,  et  qui  devaient  participer 

:uix  sainls  niVï^lères ,  en  mangeant  la  chair  de  TA-  i 

I 
gneau.  Lavanlage  qu'ils  avaient  au-dessus  des  pros- 
ternés, était  <le  prendre  part  à  toutes  les  prières  de  ; 
rEgli>e  généialeinent  et  sans  exceptidi».  C*e>t  ce  (pic 
monlrenl  les  périphrases  dont  ^e  servaient  les  anciens, 
j)Our  e.\i»rinicr  eeltc  dernière  peine  que  l'on  inlli- 
geailnux  pécheurs.  Après  avoir  parcouru  la  péiiihle 
carrière  de  la  pénlieiice  canonique  ,  ou  les  icnail  en- 
core qucjipje  temps  dans  celle  .><talii:n  pour  les  éprou- 
\cr,  et  s'assurer  de  leur  coiiversion.  On  craignait,  ce 
qui  n'arrive  que  trop  souvent,  qu'après  les  violents 
efforts  qu'ils  s'étaient  faits,  pour  soutenir  les  rudes 
travaux  aux(picls  ils  avaient  été  condauniés,  i's  ne  se 
relâchassent  tout  dun  coup,  ei  ne  reprissent  une  vie 
molle  et  pro|)re  à  les  faire  rentrer  dans  celle  «|u"ils 
avaient  nienée  avant  quMs  eussent  fait  pénitence. 

La  manière  dont  les  Pères  et  les  conciles  parlent 
de  ce  degré  delà  lénitcnce,  fait  connaître  ce  «jue 
nous  venons  de  dire  des  peines  et  des  avantages  cpii 
y  étaient  attachés.  Le  concile  de  Nicée,  c.  2,  |)ail;tn( 
de  certains  péc!:é-i,  dit  :  Ayant  achevé  le  temps  de 
i>'audition  ,  Us  auront  jnsteinenl  part  aux  prières,  £l'/.w; 
TM^ixixSij  y.otvc.v/>5V5i.  Le  Concile  d'Aueyre,  plus  ancien 
que  celui  de  Nicée,  c.  i,  pnrlc :  Fs vus  avons  jugé  qu'il 
suit  parmi  les  auditeurs  «n  an ,  prosterné  trois  ans, 
qu'il  ait  part  aux  prières  deux  ans,  et  qu'ensuite  il  ap- 
proche de  ce  qui  est  parfait,  et  (  lune  ad  id  quod  perfe- 
ctumcst  accedere).  Par  cette  ccnuuiinication  de  prières, 
ces  conciles  entendent  celles  qui  accompagnaient  la 
célébration  du  saint  sacrifice,  dont  les  pén.tents  des 
trois  autres  classes  étaient  absolument  exclus,  comme 
nous  avons  vu.  Voilà  l'avantage  que  ces  ;  énitents 
avaient  au-dessus  des  autres,  par  rapport  à  celte  es- 
pèce d'excommunication  ,  qui  était  inséparable  au- 
trefois de  la[)énllence  canonique. 

Les  mêmes  conciles  ne  désignent  pas  moins  claire- 
ment la  peine  qui  restaitencore  à  soidlVir  en  cei  étal. 
Le  concile  de  Nicée  en  fait  mention  en  ces  termes  , 
dans  le  canon  onzième  :  Ii.s  sekom  deux  ans  sans 
FAiRU  l'oblation  ,  participants  aux  prières  avec  le  peu- 
ple. Et  celui  d'Ancyre  ,  c.  5  :  Après  qu  \ls  airo.nt 
ÉTÉ  DEUX  ans  PROSTERNÉS,  (/m'»7s  communient  la  troisième 
année  sans  oblalion  ;  il  avait  dit  un  peu  auparavant  : 
S'ils  ont  rempli  les  trois  ans  de  prostration ,  qtCils 
soient  reçus  sons  oblalion  ,  x^pU  tt^wtj-o,;*;  Zf/Orr-w^ei.'. 

Pour  bien  entendre  ceci ,  il  faut  rcniari|iier  (jue 
c'était  autrefois  la  coutume,  (jue  tous  ceu\  (pii  assis- 
taient au  saint  saei  ifice ,  tant  clercs  que  lai(iucs , 
offrissent  leins  présents  à  Tanlel ,  et  que  rolfcrtoiie 
ctail  une  des  principales  parties  de  la  nu'ssc.  Pen- 
dant que  ces  dons  s'olfraienl  de  la  sorte ,  l'on  chau- 
lait des  psaumes  ;  desquels  il  nous  reste  encore  un 
verset,  qui  n  retenu  le  nom  A' Offertoire,  quoi(|ue  le 
deuple  n'offre  plus  rien ,  excepté  dans  les  églises  de 


la  canipa-ne  ,  dans  lesquelles  coite  pieuse  cérémonie 
e'esl  mieux  (Oii>ervce  que  dans  celés  des  viles. 
1/olIcrluire  élan:  lini ,  cl  les  dons  rcçns,  un  C.isait 
l'olilalion  de  ceux  qui  dexaienl  être  consaciés  et  (pii 
étaient  pour  i'ordin  ire;  du  pain  et  du  vin.  Celle 
coiUnnie  a  éé  religieusement  observé»;  dai:s  l'église 
d'Occident,  petidaia  l'espace  de  douze  ce:«ts  ans;  nous 
la  voy(msl)icn  ina:(|uée  dans  la  vie  de  S.  Ambroise, 
par  le  diacre  I  aulin  ,  (|ui  r  ipp:)rle  (|iie  ce  saint  ar- 
chv-vèiiue  ne  vi  idnt  point  reccv((ii-  les  dons  de  lem- 
pereiu",  qu  >i  jue  se-;  ofàeiers  (|ui  raccompignaient 
Il  émissent  d'ind  gnaio;i  ,  quia  muv.era  imjjcrutoris, 
qui  se  sacrileg'o  coinniiscueral,  rccipcre  noluit.  S.  Gré- 
go  re  de  Naz!an/.e  ,  dans  l'tnais  «n  funèbre  de  S.  Ba- 
sile, dit  ans.-.i  que  loisipie  l'cnipeieur  Valeiis  voiil  it 
offrir  à  laiitd  le  pain  (pi'il  avait  fait  lui-même  de  ses 
propres  mains,  ceux  du  clergé  m;  voninreiit  |  oint  le 
recevoir,  sans  en  avoir  obtenu  la  pcrniiss  v.n  du  saint 
prélat. 

C'é  ail  donc  un  privilège  des  litleles  qui  c'aicnl  en 
|)leineeomuiiiuion  avec  leurs  fr.res  d'oUVir  leur-  dons 
à  l'autel,  et  que  ces  duis  ne  fussent  p;)iiil  lejetés; 
d'autant  plus  que  ceux  de  qui  on  ne  retevait  pas  ces 
I  rèseius,  dont  on  se  servait  pour  la  consécration  du 
Cl  rps  cl  du  sa'g  de  Jésus  Christ,  étaient  privés  du 
droit  d'y  partie  iper.  Aussi  ces  termes,  comniuiiitiUer 
aux  pri(re:i  sans  oblalion,  cl  ne  pas  communiquer  an 
corps  et  au  sawj  du  Stiureur,  soiil-ils  é  |nivaleiils  chez 
les  Pèies.  D'où  vient  que  le  concile  d'Elvire  ordonne 
aux  évèiiucs  de  ne  point  recevoir  les  présents  de  ceux 
ipii  ne  communient  pas.  Kpiscopis  pluruii  ab  eo  qui 
non  co)nmunicat,  muncra  accipere  non  debere. 

Lu  autre  avantage  dont  étaient  privés  Icsco/i.s/stoji's, 
est  qu'on  n'offrait  p  linl  leurs  noms  à  l'autel,  pour  me 

servir  des  termes  de  S.  Cyprieu,  nondiim offertur 

nomen  eorum,  c'esl-à  (lire  qu'on  ne  faisait  point  mé- 
moire d'eux  (hîiis  faclion  du  ^aint  sacrifice  ;  (jn'oii  n'y 
récitait  point  leurs  noms,  et  ([n'oii  ne  rollrait  point 
pour  eux  en  particulier;  privilège  réservé  à  ceux  (jui 
avaient  droit  de  faire  leur  offnmde  à  fantel,  et  de  par- 
ticiper à  Ihostie  (jui  y  éiait  immolée.  S.  Cyprieu  nous 
rend  témoignage  de  celle  discipline  dans  sa  dixième 
lettre,  dans  la(|i!eile  il  se  plaint  de  quelques  piètres, 
((ui  avaient  admis  à  la  c  immunion  ceux  ipii  étaient 
tombés  dnraiil  la  persécution,  et  offert  leurs  i.oiiis  à 

l'autel.    Nondum ad   cotnmnnioncm    admilinnlur, 

et  offertur  nomen  eorum,  etc.  C'était  donc  nu  pié.dalile 
d'èl!*'  reçu  à  la  coinuiuirum,  [loiir  (pie  le  nom  lui  of- 
fert à  raiitel.  Cet  avaiilage  était  si  considérable  ,  ipio 
l'emp.  r  ur  Tliéodose,  après  la  s  nglante  I  ataille  où  le 
tyran  Kn^viie  fut  liéiait,  écrivit  i\  S.  Ambroise  pour 
le  prier  d'en  readro  grâces  à  Dieu  en  s')n  nom,  et  de 
fane  mémoire  pailiiulière  de  lui  dans  le  saint  sacii- 
lice.  A  (pioi  ce  saint  p  éiat  ne  mainpia  jias.  Mais  il 
faut  rapporter  'es  pr(q)res  p  roi. -s  du  saint,  i;ui  nous 
api.rennent  la  manière  siiignlièie  dmil  il  le  fil.  Vous 
avez  cru  (il  parle  à  T.  éodes  ■)  ,  que  je  devais  rendre 
qrùces  à  Dieu  pour  les  victoires  que  vous  avez  rempor- 
tées. Je  le  ferai  volontiers ,  comimst^U  combien  voui  le 


529  PÉXITENCE.  —  SECT.  III.  PAUT. 

méritez.  Il  est  cerltiin  que  l'hostie  que  l'on  offre  au  Sei- 
gneur en  voire  nom  lui  est  lujr,  uble,  «  ccrtum  est  p!ut  ilmn 
i  Deu  esse  Iwsiiiiw .  qiœ  vistro  offertur  uonnuc...  »  Je 
vous  écris  donc  ce  que  j'ai  fiiil ,  vioi  qui  suis  indique  de 
(elles  fondions,  cl  de  rendre  dr  si  ijnmds  vœux.  J'ui  porté 
avec  uioi  à  ruulel  lu  Iritre  que  votre  pié'.é  m'a  écrite,  je 
l'ui  mise  diSsus  ,  je  lui  h  nue  en  ma  main  peudunt  que 
i' offrais  le  sierifue,  nfm  que  votre  foi  parlât  par  ma  voix, 
et  que  l'S  lellrrs  de  Cempereur  linsscui  lieu  de  CMalion 
sneei dotale.  On  léciin  l  missi  les  iidins  dos  nioris  au 
sailli  >,;itri(ice ,  cl  S.  Cyprien  priva  ilc  rcl  avaiilage  un 
liomine,  f|ni.  malgré  les  licfoiihes  dos  évèfincs  ses  pié- 
dc(  essciii's,  ;iv;iii  ;  oiimié  pour  Inleiirde  ses  e::finls  un 
do  ceux  r[ui  coinposaienl  lo  cicrjic  de  TEglse  :  Car, 
dil  il,  celui  là  ne  mérite  pas  d'être  nommé  à  l'autel  de 
D'uu  dans  lu  priè.e  du  prêtre,  qui  a  voulu  distraire  du 
yninislère  de  l'autel  Ls  prêtres  et  les  ministres  de  l'aut.  l. 
Voyez  la  iolire  s()ixallle-^i^iènlc. 

Oiilrc  ceiiN  (pii  av:  ie  .1  |tassé  par  tous  les  degrés  in- 
férieurs de  la  peu  lenoeca:.oiiiine,  el  (|iii  élaieiil  ainsi 
parvenus  à  celle  dernière  stalioM,  on  y  relé^'iiail  plu- 
sieurs auires  porsoiinos;  ciilrc  aiilrr s  ceux  ou  celles 
qui ,  pour  leurs  cri  nos,  anraionl  mcrilé  de  passer 
plusieurs  années  dans  les  stations  ii.férieiiies ,  m  is 
qu'un  jugeait  à  propos  d'eu  dispenser,  de  peur  que  col 
étal  d'une  péiiilenco  liumilianle  el  proprement  dite, 
ne  fil  iiaiire  des  son;  çoiis  (|ui  les  auraient  ex[)Osés  à 
d  exliènies  périls.  C'est  d.ms  cet  esprit  que  S.  IJ  isile 
(c.  54),  comme  nous  l'avons  dit  ailliiirs,  ne  veut  point 
que  les  femmes  mariées  (|ui  Se  seront  abaiidoaiices  à 
d'autres,  s.iienl  réduiles  aux  disses  inlcrieiires  de  la 
pétiileiice,  cl  iin'il  les  lait  passer  lonl  d'un  coup  à  la 
coiisislance  ;  i|Uoi(|ue  le  même  saint  condan  ne  les 
adultères  en  général  à  quinze  ans  de  |éiiileiice,  <pi'il 
di.>>tribi:e  propuiiionncllenieiit  dans  les  quatre sImIIoiis. 

On  reléguait  aussi  parm  les  consisla;il>  qui  n'(  t.tienl 
point  c»ui5idéiés  ainsi  rjiu;  coiiiii:e  pénileiiis  )  r '|  le 
nient  dits,  ceux  (pii  n'avaioiil  comn.is  que  des  f  iiles 
légères,  ou  des  péchés  moi  iris,  mais  qui  n'élaient 
point  du  noiiibie  de  ceux  qui  éiaienl  soumis  à  la  jié- 
nilenee  canoiiiiiiic  :  quand  suil'uit  ces  f:inles  ou  ces 
péchés  faisaienl  «piel!|He  seanihile,  el  méritaient  une 
Correction  piil)li(pie.  Le  premier  concile  d'Arles,  cpii 
n  élé  asseiiililé  au  commencemeni  dn  qualriéine  siè- 
cle, nous  en  fournil  la  preuve  dans  le  canon  onzième. 
A  l'égard  des  jeunes  filles  fidèles,  y  est  il  dit ,  qui  se 
marient  avec  des  iufi.  êtes,  il  tions  a  semblé  bon  qu'elles 
s'abstinssent  quelque  temps  de  la  coti.munion.  Dans  l' 
canon  suivant  il  e^l  dil  :  Pour  ce  qui  est  des  ministres 
qui  exercent  l'usure ,  nous  a  ans  jugé  à  propr.s  ,  suivant 
la  forme  que  nous  avons  reçue  de  Dieu,  iju'ils  soient 
séparés  de  la  communion.  S.  Basile  iiifli,:;e  la  même 
pi'iue  aux  iille.squi  ^c  Sont  mariées  ni;ilgré  leurs  |>a- 
renls,  si  eni'iiie  1 -s  parents  approuvent  ce  mariage. 
Cesl  ce  qu'on  peut  voir  dans  sou  canon  "i8'.  Voyez 
aussi  ce  iy\s  nous  avons  dil  sur  la  même  matière,  c. 
2,  p.  I,  secl.  5. 

QneKpiefois  aussi  on  mellait  au  noml)re  des  ron- 
si&iai.is  seuieinent ,  ceux  qui ,  aiieudu  la  qualité  de 


il.CHAl'.  V.  Ql.\TRIÈME  STATION.  53« 

'  leurs  péfliés,  auraient  mérité  une  pénitence  beauroiip 
pi  !S  rlg'H!l•eu^e,  mais  liiii  avaient  piévenu  I.  s  accu- 
s;itioii^  (|u'oii  aurait  pu  former  contie  eux,  en  décou- 
vrant eux-mêmes  les  plaies  (pi'ils  s'étaient   faites,  et 
en  manpiaiil  i>;ir  leurs  l.irmes,  et  leur  ferveur  à  eni- 
I  l)!asser  les  travaux  de  la  pénilcnec,  une  gr.inde  con- 
\  trilion.  Mous  avons  des  exemples  de  celle  pral;i|Uô 
!  dans  S.  Grégoire  Tlianmrilnrge  et  dans  S.  Basile.  Le 
I  premier,  d;ins  son  canon   neuvième,    [larle  en  celle 
!  sorte  :  Si,  étant  ((ccusés,  ils  sont  convaincus,  qu'ilssoient 
'  comme  les  autres  ,  au  nombre  d  s  proster.m:s  Que  s'ils 
se  sont  accusés  eux-mêmes,  et  qu'ils  aient  restitué,  qu'ils 
soient  reçus  à  la  prière.  Le  second  ,  parlant  aussi  des 
!  voleurs,  dil  dans  le  canon  soixante  unième  :  Que  si 
I  celui  qui  a  volé ,  touché  de  repentir,  découvre  lui  même 
\  son  péché,  il  sera  l'espace  d'un  an  interdit  de  la  commu- 
!  nion.  Mais  s'il  est  convaincu,  il  sera  deux  ans  en  péni- 
\  tence,  une  année  prosterné ,  l'autre  consistant  :  après 
i  quoi  il  sera  digne  de  communier. 

Outre  lous  ceux  doi  l  nous  venons  de  parler,  le 
pape  Silice, dans  son  Épiire  déciélale  à Himerius,  évo- 
que de  TariTigone,  relègue  encore  au  rang  des  consis- 
lanis,  pour  le  reste  de  leur  vie,  ceux  qui,  après  avoir 
aclievé  la  pénitence  canoniiine, retournaient, contre  l'u- 
sage de  ce  lemps-Ià,  aux  emplois  el  aux  divcrtisse- 
meiis  qui  éiaienl  inlerdits  aux  pénitent-,  cl  dont  nous 
aurons  lifii  de  |iarlcr  bienlôt.  Ce  passage  esi  célèbre, 
el  il  faudra  y  revenir  plus  d'une  fos  •  c'est  ponniuoi 
nous  le  rapporleions  ici  tout  entier,  sans  entrer  dans 
les  diflicnllés qu'il  conlient,  et  que  nous  examinerons 
dans  l'occasion.  Votre  charité  a  cru  avec  raison  devoir 
consulter  le  S. 'Siège  touchant  ceux  qui,  agant  fait  pcni- 
tence,  retournent,  comme  des  chiens  el  des  pourceaux, 
à  leurs  vomissements  el  à  leurs  ordures,  s'engageant  de 
nouveau  dans  la  milice,  dans  les  plaisirs  du  théâtre,  dans 
les  marii-qes  el  dans  des  commerces  illicites  (  et  inhibilos 
appelivére  concnbilus  ),  dont  l'incontinence  est  attestée 
par  la  n(n.ss:tnce  des  enfants  qu'ils  ont  pus  dep'iis  leur 
absolution,  et  parce  que  la  porte  de  la  pénitence  est  fer- 
mée à  ces  sortes  de  gens  [de  quibusquia  j:mi  suffugium 
non  habent  prni'.endi ),  nous  avons  ordonné  (fu'ils  .'oc- 
raient seulement  unis  aux  prières  des  fdèles  dans  l'église, 
assistant  à  la  célébration  des  saints  mystères,  quoiqu'ils 
ne  le  méritent  pas  ;  mais  qu'ils  soient  séparés  du  banquet 
de  la  table  du  Seigneur,  afin  qu'étant  eu  n,oins  ainsi  pu- 
nis, ils  se  châtient  eux  mêmes  peur  leurs  faulis,  et  qu'ils 
apprennent  aux  autres  par  lei,r  exemple,  à  ne  point  s'a- 
bandonner à  de  sales  plaisirs.  Nous  voulons  cependant, 
parce  qu'ils  sont  tombés  par  la  fragilité  de  ta  chair, 
qu'on  leur  donne  le  viatique  à  la  mort  par  ta  grâce  de  la 
communion  ;  et  nous  croyons  que  l'on  doit  ol  server  la 
même  cliose  à  l'égard  des  femmes  qui  se  sont  souillées 
par  de  semblables  impuretés. 

Il  est  a  se  de  voir  q'ie  toutes  les  suites  de  li  péni- 
tence (pii  influ  lit  aii-si  dans  la  vie  civile,  eomme  nous 
le  mo  livrons  hienlôl,  ne  regardaient  inni  au  pins  que 
ceux  ipii  se  In'uvaienl  dans  l'ordre  des  consist:inls, 
après  avoir  p;issé  par  ions  on  par  quel^pies-uns  des 
auues  degrés,  aussi  bien  qu'à  l'égard  de  ceux  dont 


531  HISTOIRE  DES  SACREMENTS 

parle  le  pape  Sirice,  et  non  ceux  qui  étaient  dans  celle 
station  pour  des  faules  qui  n'étaient  point  soumises  à 
la  pénitence  canoiii(pic,  et  qni  n'étaient  point  consi- 
dérés piopreineiit  parlant  toiniue  pénitents  dans  le 
style  (les  anciens.  Les  prêtres  niénies,  sans  consul- 
ter l'évèque,  pouvaient  condaumer  à  cette  sorte  de 
peine. 

Il  nous  reste  à  examiner  quelle  place  occupaient 
dans  l'église  les  consistants.  Cerlaincnicnt  ils  étaient 
séparés  des  autres  péuilenls,  à  qui  il  n'était  pas  per- 
mis de  passer  au-delà  de  l'amljon  ou  jid)é,  comme 
nous  avoiis  vn;  mais  étaient-ils  mêlés  sans  distinction 
avec  les  antres  fidèles  ?  Les  anciens  ne  parlent  point 
jislinciement  de  cela,  cependant  ils  insinuent  que  la 
place  qui  leur  était  assignée  était  séparée  de  celle  des 
autres  fidèles.  C'est  ce  que  je  crois  apercevoir  dans  le 
canon  (|unl!ième  de  S.  Basile,  où  il  parle  de  Ciux  qui 
ont  contracté  ua  troisième  mariage.  //  ne  faiU  pas, 
dit-il,  leur  iiilnrdire  tout-à-fail  l'entrée  de  réglhe,  mais  i 
les  adnicllre  parmi  les  auditeurs  deux  ou  trois  uns;  après  I 
cela  on  leur  accordera  la  consistance,  et  lorsquils  au-  \ 
mut  donné  des  marques  de  pénitence,  on  les  rétablira 
dans  le  lieu  de  la  communion  ,  àno/aOtiTÔct  tw  tstto)  t^^  ' 
xîtvovîK^.  Qnoi(pie  cet  endroit  de  S.  Basile  ne  lève  p;is 


832 


se  faisait  d'ordinaire  que  pour  les  crimes  énormes  ou  ii 
scandaleux.  S.  Basile  est,  de  tous  les  l'èi-es,  le  plus/ 
exact  pour  éiironver  les  pécljcurs,  en  les  faisant  passer  J 
par  les  din'érenlos  stations.  Cependant  lui  même  en 
omet  souvent  une  ou  même  deux,  quand  il  prescrit  les 
peines  dues  à  certains  lîécUés.  Nous  avons  rapporté 
dans  le  précédent  chapitre  un  de  ses  canons,  qui  est 
le  quatrième,  par  lecpiel  il  n'ordonne,  contre  ceux  qui 
ont  contracté  un  troisième  mariage,  que  ^audition  et 
la  consistance.  Celui  de  S.  Grégoire  Thaumaturge,  que 
nous  avons  aussi  allégué  au  même  endroit,  ordoime 
la  prostration  à  certains  pécheurs,  s'ils  ont  été  con- 
vaincus, et  la  consistance  seulement  s'ils  se  sont  ac- 
cu es  eux-mêmes.  Ctda  est  trop  évident  pour  nous  y 
arrêter  davantage,  et  prouve  eu  mente  temps  qu'on 
n'obligeait  pas  toujours  les  pénitents  à  passer  au  degré 
qui  suivait  inunédialement  pour  monter  à  un  plus 
élevé.  Les  évèques  avaient,  par  exemple,  no»  seule- 
ment le  pouvoir,  dans  de  certaines  occasions  et  quand 
la  prudence  le  leur  suggérait,  d'abréger  le  temps  mar- 
qué par  les  canons  et  la  coutume  de  chaque  église 
pour  chacune  des  stations  de  la  pénitence,  mais  en- 
core celle  de  faire  onK'tlre  aux  pénitents  quelques- 
unes  de  ces  stations;  c'est  ce  qtic  nous  avons  démontré 


lonlos  les  didicuilés,  la  pratiipie  de  l'Eglise,  dans  ces      dans  le  neuviènie  chapitre  de  la  preniière  partie  do 


premiers  siècles,  me  fait  croire  néamnoins  que  les 
consistants  n'étaient  point  nuVés  indiirérommt'ut  avec 
les  autres  cliréiiens  dans  les  assemblées.  Le  grand 
ordre  (p:i  y  régnait  me  porte  à  embrasser  cette  opi- 
nion. Rii  n  en  ellet  n'était  si  réglé  que  ces  sairiles  as- 
sci»d)'ées.  Les  hommes  y  et  \ient  séparés  des  femmes, 
et  n'entraient  pas  Uième  par  la  même  porte;  ceux-là 
OC;  upaient  la  partie  méridionale  de  l'église,  celle-ci  le 
côté  du  sepienlrion.  Outre  cela,  les  moines,  les  vier- 
ges et  les  veuves  consaciées  à  Dieu  étaient  dans  les 
premières  places  vers  le  sanctuaire.  Derrière  eux 
étaient  rangés  les  autres  fidèles;  les  diacres  répandus 
dans  l'église  veillaient  sur  les  hommes  afin  que  tout  se 
passât  dans  l'ordre  et  la  bienséance  convenable;  les 
diaconesses  fa  saienl  la  même  chose  à  l'égard  des 
femmes.  Est-il  croyable  que  dans  des  assemblées  où 
régnait  un  tel  ordre  on  eût  souilcrt  la  confusion  dont 
nous  parlons,  et  qu'on  n'ait  pas  assigné  aux  consis- 
tants rmc  place  disting  lée  de  celle  des  autres  fidèles, 
mais  qu'on  ail  sonlferl  rpi'ils  fussent  mêlé»  indistincte- 
nienl  avec  ceux  qui  joni>saicut  de  tous  les  avantages 
de  la  parfaite  communion. 

CHAPITRE  \L 

QiCon  n^obligcnit  point  toujours  ceux  qui  avaient  commis 
des  péchc'i  soumis  à  lu  pénitence  canonique  de  passer 
p(^r  tous  tes  degrés  de  cette  pénitence.  Que  l'on  passait 
souvent  d  un  derjré  à  l'autre  en  omettant  l'inter mé- 
diat. De  quelle  manière  on  puniasail  ceux  qui  aban- 
donnaient lu  pénitence  quits  avaient  commencée. 
Noirs  avo'is  vu,  par  plusieurs  des  canons  que  nous 
avons  rapportés  de  tem|)s  en  temps  dans  cet  ouvrage, 
que  tous  ceux  qiïi  étaient  soumis  à  la  péuilenee  publi- 
que ne  passaient  point  par  toutçs  le§  stations,  cela  ne 


la  prcn;ière  section,  smlout  par  le  coircile  de  Nicée. 

11  nous  reste  à  examiner,  pour  remplir  le  titre  de 
ce  chapitre,  les  mesures  que  l'on  prenait  pour  obliger 
ceux  qiri  s'étaient  soumis  à  la  péniterrce  pubrnpre  de 
racconrjdir.ou,  ce  qui  est  la  nrème  chose  ,  de  quelles 
peines  on  punissait  les  déserteurs  de  la  pérrilence.  On 
m  usait  avec  eux,  dans  les  cinq  ou  six  prcnricrs  siècles, 
de  la  manière  que  le  Sauveur  l'a  prescrit.  On  se  con- 
tentait d'avertir  le  pécheur  de  son  devoir,  de  lui  faire 
envisager  le  danger  auquel  il  s'exposait,  en  refusant 
de  se  servir  du  seirl  remède  (lui  lui  restât  pour  se 
guérir  de  ses  plaies  :  on  lui  faisait  comprendre  quel 
crime  c'était  de  se  moquer  de  Dieu  ,  et  de  mépriser 
l'autorité  de  son  Eglise, qui  lui  avait  prescrit  les  peines 
par  lesquelles  il  devait  expier  ses  |)échés.  Que  s'il  était 
sourd  à  toutes  ces  remonti-anccs ,  on  suivait  à  la  letti'e 
ce  que  dit  le  Sauvem- ,  on  le  rctraiiçliail  enlièrenrent 
de  la  société  des  fidèles,  snivairl  ces  par-(des  de  Jésus - 
Chr'ist  :  S'il  n'écoute  pas  l' Eglise,  qu'il  soit  ii  voire  égard 
comme  un  pàien  et  un  pttblicain.  Le  pi'cmier  concile  de 
Tours,  tenu  en  461,  ne  s'écarte  en  rien  de  ce  précepte 
de  l'Evangile  lorsfpi'il  ordonne  (can.  8) ,  que  si  quel- 
'  qu'un  ,  après  avoir  reçu  la  pénitence  ,  retourne  aux  plai- 
sirs du  siècle,  comme  un  chien  à  son  vomissement,  aban- 
'  donnant  la  pénitence  qu'il  a  embrassée  ,  il  soit  séparé  de 
la  communion  de  l'Eglise  et  de  la  société  de$  fidèles  (  et 
à  coiivivio  fideiium),  afin  qu'il  puisse  rentrer  en  lui-mémi: 
par  cette  confusion  ,  et  que  les  autres  soient  épouvantés 
par  ion  exemple.  Le  premier  concile  dOrléans  ,  qtri 
fut  assemblé  en  5U  ,  me  lait  croira  que  cçs  paroles 
de  celui  de  Tours,  à  convivio  (idelium,  que  j'ai  traduites 
!;  par  celles  ci,  de  la  société  des  fidèles,  pourraient  bien 
•  s'entendre  des  repas  et  de  la  table ,  auxquels  on  dé- 
1  fend  dans  ce  concile ,  d'admçlUe  cçs  4<îseçleurs  deJa 


SSS  PÉNITENCE.—  SECT.  III.  PART.  II.  Cil 

pénitence.  Voici  le  canon  onzième  tout  entÎT  :  Pour 
ce  qui  est  de  ceux  qui,  après  avoir  reçu  In  pénitence,  re- 
tournent à  lu  vie  du  siècle,  oubliant  leur  profession,  nous 
avons  jugé  à  propos  qu'ils  fussent  suspendus  de  In  com- 
viunion  et  des  repas  de  tous  les  catholiques.  Que  si  quel- 
qu'un ,  après  cet  interdit ,  mange  avec  eux,  il  sera  aussi 
lui-même  privé  de  tacommunion.  L«  concile  dfi  Vaiinos, 
qui  fui  assemblé  en  4(i.";,  la  qiialriome  année  du  pape 
llllariis,  can.  3,  onlDimc  di>  même  que  ceux  qui  au- 
ront reçu  pubrupicmcnt  la  pénitence  ,  et  i  otoin-neront 
à  leurs  anciennes  habitudes  et  à  la  vie  du  siècle ,  non 
souieiiieiit  seront  privés  des  sacrements ,  mais  encore 
exclus  des  repas  des  fidèles. 

Jusqu'à  la  lin  du  cinquième  siècle  on  n'employa  pas 
d'autres  peines  que  celles-là ,  qui  sont  cITcclivement 
les  plus  grandes  que  l'Eglise  puisse  infliger  à  ses  enfants 
pour  les  faire  rentrer  en  eux-mêmes.  Mais  dans  la 
suite  on  lit  intervenir  la  puissance  publique  pour  o!)li- 
ger  les  pénitents  à  accomplir  ce  qui  leur  avait  été 
prescrit ,  comme  nous  le  verrons  dans  la  troisiènïc 
partie.  Dès  avant  le  milieu  du  7'  siècle  les  évêques 
d'Espagne,  qui,  depuis  la  conversion  du  roi  Récaréde, 
étaient  devenus  puissants  dans  lélat ,  se  servirent  de 
leur  autorité  pour  obliger  les  pécheurs  à  accomplir 
malgré  eux  la  pénitence  qu'ils  avaient  reçue.  C'est  ce 
que  nous  ajiprenons  du  septième  canon  du  sixième 
concile  de  Tolède ,  dans  lequel  les  évêques  disent  ; 
Quoique  les  conciles  qui  ont  été  ci-devant  céUbrés,n'' aient 
pas  gardé  le  silence  louchant  un  si  grand  crime  (  ils 
parlent  de  cetle  désertion  dont  il  s'agit  ici  ),  cependant 
ta  rnison  veut  que  les  fréquentes  prévarications  sur  ce 
point  soient  souvent  condamnées.  C'est  pourquoi,  attendu 
la  corruption  des  mœurs  qui  règne  à  présent ,  qui  est 
telle  que  ceux  qui ,  sous  un  habit  de  pénitence  ,  viennent 
ou  sont  venus  sous  la  main  du  prêtre ,  retournent  aux 
dérèglements  de  leur  première  vie  :  cette  sainte  assemblée 
ordonne  que  si  quelques  personnes  libres  de  l'un  ou  de 
l'autre  sexe,  ayant  vécu  sous  le  nom  de  la  pénitence  dans 
un  habit  religieux  (je  rends  ces  dernières  paroles  mot 
pour  mot,  de  peur  d'en  altérer  le  sens) ,  entretiennent 
après  cela  leurs  cheveux ,  portent  des  habits  sécul'iers ,  et 
retournent  au  même  genre  de  v'ie  qu'elles  avaient  quitté, 
elles  seront  malgré  elles ,  inviti  ,  reléguées  dans  les  mo- 
nastères pour  y  être  soumises  de  nouveau  aux  lois  de  la 
pénitence ,  et  cela  par  l'évêque  de  la  ville  dans  le  terri- 
toire duquel  elles  avaient  changé  de  vie.  Que  si  cela  est 
difficile  à  faire  à  cause  de  la  puissance  dont  ces  personnes 
sont  revêtues,  alors  que  ion  suive  la  disposition  des  an- 
ciens canons.  Quelles  soient  tenues  pour  excommu- 
'  niées  jusqu'à  ce  qu'elles  reprennent  l'état  qu'elles  avaient 
embrassé  ;  laquelle  excommunicai'ion  s'étendra  aussi  à 
ceux  qui ,  après  cet  interdit ,  communiqueront  avec  elles 
Vous  avez  pu  remarquer  dans  ce  canon  que  les  Pères 
du  concile  de  Tolède  reconnaissent  que  ce  qu'ils  ont 
statué  touchant  ceux  qui  abandonnent  la  pénitence  à 
laquelle  ils  se  sont  soumis,  est  nouveau  .  et  (jue  leurs 
prédécesseurs  s'étaient  contentés  de  retrancher  entiè- 
rement de  l'Eglise  ceux  qui  étaient  dans  ce  cas,  ElTec- 
tjveraent  nous  ne  voyons  pas  qu'avant  ce  leuips,  on 


\P.  VIF.  DIFFÉRENCE  DES  PI^NITENTS.  ^n 

ait  fait  intervenir  la  puissance  publique  pour  obliger 
les  pécheurs ,  ni  à  subir  la  pénitence  malgré  eux  ,  ni 
à  la  continuer  après  s'y  être  soinnis.  Si  (jnelquefois 
de  saints  évêques  ont  usé  de  contrainte  pour  faire 
rentrer  les  pécheurs  en  eux-mêmes  ,  c'a  été  sans  sor- 
tir des  bornes  de  la  puissance  que  Jésus  Cbrisl  leur 
avait  confiée,  en  les  livrant  à  Satan ,  comme  exécuteur 
de;  la  ve;  geance  divine,  pom'  faire  mourir  leur  chair  , 
afin  de  sauver  leurs  âmes  ,  comme  S.  Paul  en  a  usé  ;i 
l'égard  de  l'incestueux  de  Corinthc. 

S.  Ambroise  en  usa  ainsi  à  l'égard  d'un  esclave  du 
comte  Stilicon.  Voici  comme  la  chose  se  passa.  Cet 
homme  avait  été  délivré  du  démon  qui  le  tourmentait, 
et  demeurait  dans  la  basilique  Amhrosienne.  Son 
maître  qui  l'aimait,  l'ayant  recommandé  à  S.  Am- 
broise ,  on  découvrit  ensuite  qu'il  faisait  de  fausses 
lettres  pour  donner  la  charge  de  tribun  :  en  sorte  que 
l'on  arrêta  des  gens  qui  allaient  exercer  en  vertu  de 
ces  provisions.  Stilicon  relâcha  à  la  prière  de  S.  Am- 
broise ceux  qui  avaient  été  ainsi  trompés  ;  mais  il  ne 
punit  point  l'esclave ,  et  se  contenta  d'en  faire  des 
plaintes  au  saint  évêque.  Comme  cet  homme  sortait 
de  la  basilique,  S.  Ambroise  donna  ordre  de  le  cher- 
cher et  de  le  lui  amener.  Il  l'interrogea  ,  et  rayani 
convaincu  de  ce  crime  ,  il  dit  :  Il  faut  qu'il  soit  livré 
à  Satan  pour  lu  destruction  de  la  chair ,  afin  qu'à  l'ave- 
nir personne  n'ose  rien  faire  de  semblable.  Aa  même 
moment ,  et  avant  que  le  saint  évêque  eût  achevé  de 
parler,  l'esprit  immonde  se  saisit  de  lui,  et  commença 
à  le  déchirer  :  de  quoi  nous  fûmes  tous  fort  épouvan- 
tés ,  dit  Paulin  ,  qui  a  écrit  la  vie  de  saint  Ambroise. 
L'histoire  ecclésiasti(|ue  nous  fournit  plusieurs  aulrcs 
exemples  semblables  ou  équivalents  jusipie  dans  ces 
derniers  siècles  ,  comme  il  nous  serait  aisé  de  le  faire 
voir. 

CHAPITRE  VII. 

Quelle  différence  on  mettait  autrefois  entre  ceux  qui  s'é- 
taient soumis  à  la  pénitence  publique  pour  des  péchés 
scandaleux  et  connus  publiquement,  et  ceux  qui  s'y 
étaient  soumis  pour  des  péchés  secrets.  Que  les  premiers 
étaient  inhabiles  dans  les  sept  premiers  siècles  à  rece- 
voir les  saints  ordres,  et  à  en  exercer  les  fonctions 
après  les  avoir  reçus. 

On  a  pu  remarquer  par  ce  qui  a  été  dit  ci-devant 
que  les  pénitents  publics  étaient  de  plusieurs  sortes. 
Les  uns  subissaient  cette  peine  pour  des  crimes  no- 
toires et  scandaleux,  ou  dont  ilsavaientélé  juridique- 
ment convaincus.  Les  autres  embrassaient  cette  hu- 
niilialioii  pour  des  péchés  secrets  et  dont  ils  n'avaient 
pour  témoins  que  Dieu  et  leur  conscience,  ou,  si  vous 
voulez  encore,  la  personne  avec  qui  le  crime  s'était 
commis,  s'il  était  de  nature  à  ne  pouvoir  s'être  fait 
sans  complice.  Ceux-ci  pouvaient  se  distinguer  en 
deux  classes,  dont  les  uns,  soit  par  l'avis  du  confes- 
seur à  qui  ils  s'étaient  adressés,  soit  d'e^x-mcnjes  et 
de  leur  propre  mouvement,  touchés  de  douleur  de 
leurs  péchés,  les  avaient  confessés  à  la  face  de  l'E- 
glise, les  autres  s'étaient  contentés  d'embrasser  la  pé- 


535 


HISTOIKE  DES  SACREMENTS. 


>36 


nitence  publique  sans  énoncer  H  faire  connallre  pu-  ^  encore  plusieurs   antres  différences  entre  ces  deux 


c  pu-  . 

blii|iir-njejil  quels  éuiient  les  péclié-i  pour  lesquels  ils 
TOiilîiienl  bien  subir  cette  peine.  Enlin  il  y  en  avait 
encore,  qui,safis  avoir  counnis  des  pccliés  soumis  à 
]a  pénitence  canoniipie,  mais  d'autres,  soit  vé.iielssoil 
morlcls,  Cdinine  on  parle  anjoiird'bui,  embrassaient 
par  un  zèle  extraordinaire  ei  par  une  dévotion  parti- 
culière la  pénitence,  cl  s'assnjétissaient  volontiers  à 
cet  état  bnniiliant.  Ces  observations  nous  conduisent 
nalinellenienl  à  conelm-e  que  tous  ceux  dont  les  pé- 
cliés  étaient  venus  à  la  connaissance  du  public  de- 
vaient être  traités  sur  le  pied  de  pécheurs  publics. 
Voyons  donc  présentement  quelle  didérence  on  met- 
lait  entre  ceux-ci  et  les  autres  par  rapport  à  la  péni- 
tence. 

La  première  qui  se  présente  d'abord,  selon  le  P.  flo- 
rin, c't'sl celle  dont  il  est  f..it  mention  dans  le  concile 
5*deCartli:ii>(',  c.  ô'i,  et  dont  tous  les  compiliieurs  de 
canons  l'ont  mention.  Vo'ci  en  quoi  elle  consiste  :  Le 
pénitent  dont  le  crime  est  public  et  notoire,  agant  frap])é 
toute  r Eglise  ((jubd  lotamEcclesiam  conimoverit),  rece- 
vra rimposilion  des  imiins  devant  l'absid'.  Si  donc  le 
crime  pour  lc(iuel  la  pénitence  était  imposée  était  ve- 
nu à  la  connaissance  du  peuple,  on  imposait  solen- 
nellement les  mains  an  pécheur  pour  la  pénitence,  et 
on  le  réconciliait  de  même.  L'évéqne  étant  assis  au 
liant  de  la  nef,  devant  le  sanctuaire,  environné  du 
clergé  et  en  présence  du  peuple,  fa  sait  cette  cérémo- 
nie. D'où  il  s'ensuit  que  si  la  confession  avait  été  se- 
crète et  le  péché  caché,  l'imposition  de  la  pénitence 
et  la  récitncilialion  se  faisaient  en  particulier,  soii 
qn'tilles  se  fissent  certains  jours  solennels,  comme  le 
jeudi-saint  à  l'égard  de  la  réconciliation,  soit  dans  d'au- 
tres jours. 

Le  P.  Morin  (1)  met  encore  cette  diiïércnce  entre 
ceux  dont  les  péchés  étaient  venus  à  la  connaissance 
du  public,  et  ceux  dont  ils  étaient  cacliés,  que  ceux- 
ci,  après  le  temps  marqué  par  les  canons  et  par  celui  à 
qui  ils  s'é'aient  confessés  en  secret,  pouvaient  être 
réconciliés  secrètemiMit  par  l'évêque,  ou  même  par 
un  piètre,  sans  aucun  ap[)areil  de  cérémonies  pidjli- 
qui's;  an  lieu  que  ceux-là  ne  pouvaient  l'être  que  pu- 
bliqn  'ment  et  pendant  la  célébration  de  la  messe  so- 
lenne  le.  Miis  il  serait  à  souhaiter  (jn'il  eût  appuyé  ce 
sentiment  de  preuves  auxquelles  il  n'y  eût  rien  à  ré- 
pliquer, et  qu'il  ne  se  fût  pas  contenté  de  l'établir  sur 
(les  inductions  assez  éloignées,  qu'il  lire  du  canon  du 
concile  deCaribage,  que  nous  venons  d'alléguer.  Ce- 
pendant on  ne  doit  p  >inl  mépriser  h'  sentiment  d'un 
lunnme  aussi  versé  dans  la  connaissance  de  l'antiquité 
ecclésiastique. 

Nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  celle-ci  :  sa- 
voir, que  ceux  (|ni  auraient  conunis  des  péchés  notoi- 
res recevaient  publiquement  l'imposition  de  la  péni- 
leiice  ,  au  lieu  que  les  autres  pénitents  publics  la  re- 
cevaient secrètement,  et  allaient  se  ranger  sans  céré- 
monies au  nombre  des  autres  péuiienls.  11   y  avait 

(1)  DePœnit.  I.  5,  c.  16. 


sortes  de  pénitents,  dont  nous  avons  parié  quana  l'oc- 
casion s'en  est  présentée.  Comme  par  exemple,  que 
l'on  contraignait  les  pécheurs  publics  de  subir  la  pé- 
niiencecanoniqne.  .\n  lieu  que  ceux  dont  les  péchés 
étaient  secrets  l'endjrassaient  volonltiremcnl,  etc. 

Mais  passons  maintenant  à  celle  que  nous  avons 
annoncée  dans  le  titre  de  ce  chapitre.  Le  décret  du 
|)apc  llormisdas(ep.  2,'))  semble  exclure  également 
des  saints  ordres  tous  ceux  qui  avaient  été  soumis  à 
la  pénitence  publi(|ne,  sm-tout  si  Ton  fait  allention  à 
la  raison  pleine  de  dignité  «pie  ce  saint  pape  rend  de 
son  décret.  Il  est  bon  de  le  rapporter  ici.  Nous  défen- 
dons non-seulement ,  dit-il,  de  consacrer  (évêque)  au- 
cun Inique,  mais  même  que  ton  élève  à  ce  rang  aucun 
de  ceux  qui  ont  été  en  pénitence,  U  qui  il  n'est  pas  permis 
d'y  aspirer.  Cest  assez  qu'il  ait  obtenu  le  pardon  qu'il  a 
demandé.  Avec  quelle  conscience  celui  qui  sait  qu'il  a 
confessé  son  péché  en  présence  du  peuple  absoudra  t  il 
le  coupable  ?  Q^ii  révérera,  comme  son  évêque  et  son  pré- 
lat, celui  qu'il  a  vu  un  peu  auparavant  prosterné  avec 
les  pécheurs?  Celui  qui  porte  sur  son  front  la  tache  de 
sou  crime,  ne  mérite  pas  d'être  revêtu  de  la  dignité  toute 
sainte  et  toute  pure  du  sacerdoce.  Cette  décision,  comme 
nous  l'avons  marqué,  semble  exclure  du  sacerdoce  gé- 
néraiemenl  tous  les  péniient»  ;  et  cette  confession  pu- 
blique dont  parle  ce  pape  pont  rail  bien  s'entendre,  non 
dune  confession  de  vive  voix  seulement,  mais  d'une 
confe>sion  par  él.U,  tel  qu'était  celui  des  pénitents 
exposés:»  la  vue  de  toiue  l'Eglise.  Et  je  crois  qu'effe- 
ctivement ona  hien  |)U  ôter  dans  certaineséglises  aux 
pénitents  pu!)lics  touie  espérance  d'être  élevés  au  sa- 
cerdoct',  ou  (jn'au  moins  quand  il  s'agi->sait  du  choix 
d'un  é^è  pie,  ce  n'était  pas  sur  eux  ordinairement  que 
l'on  jetait  les  yeux. 

Cependa  il  comme  plusieurs  embrassaient  par  pure 
dévotion  cet  étal  buiniliani  de  la  pénilence,  les  uns 
sans  avoir  commis  des  péchés  qui  les  y  soumissent,  les 
autres  après  en  avoir  commis,  mais  sans  les  avoir  pu- 
bliquement confessés,  il  ne  paraît  pas  qu'il  eut  été, 
absolument  parlant,  avantageux  pour  l'Eglise  de  les 
exi  liire  également  de  l'.MiIrée  îles  saints  ordres,  ou 
d'interdire  les  fonctions  de  leurs  ordres  indistincte- 
ment à  Ions  ceux  qui  s'étaient  soumis  à  cette  péni- 
tence. Effectivement  il  paraît  certain,  et  nous  le  mon- 
trerons tout  à  l'heure,  que  rempèclitinent  ne  naissait 
point  de  la  pénilence,  mais  du  crime  pour  lequel  on 
y  était  soumis,  dont  ceux  qui  ne  le  confessaient  point 
publi(piement,  quand  il  élail  secret,  étaient  censés 
exempts  suivantcette  maxime  des  jurisconsultes,  fpic 
l'on  duii  avoir  le  mêmeégird  pour  les  choses  (pii  ne 
[taraissenl  pas,  que  pour  celli'Stpii  ne  sont  pas. /lor'u» 
quœ  uon  app  irent,  et  quœ  non  suni,  eadem  est  ratio. 
Que  si  ceux  qui  se  semaient  coupables  en  leur  con- 
science des  crimes  pour  lesipiels  on  était  exclus  des 
saillis  ordres,  ne  laissaient  pas  d'y  entrer,  ou  de  con- 
linner  à  en  exercer  les  fondions  ;  ils  avaient  Dieu  pour 
juge  de  leur  conduite  ,  et  devaient  lui  en  rendre 
coniple;  mais  l'Eglise  ne  s'en  mêlait  pas.  C'est  ce  que 


?57        PÉNITENCK.—  SECT.  III.  PART.  I.  CUAP.  Vlll.  SUITES  DE  LA  PÉNIT.  PUBLIQUE. 


>38 


le  55*  concile  de  Tolède  dit  exprossénioiil  à  la  fin  du  ||      Ces  cvônies,  comme  vous  voyez,  font  allusion  au 

.«.  .    ^         -•     :.    ^..;  .1.;..:  l,'.  1 ..:/.. .1...  .,^,1 „.  .   .1..     i'  „:i,.    .1,,  X..i,\.l«    „..„  ..« „ 


W  c.inori,  ol  ce  (jiii  aviiil  élé  décidé  (jiu'1(|iies  sièc  les 
auparavant  par  celui  de  Néocésarée,  c.  9,  à  l'occasion 
d'im  p-.èlre  qui  élail  lond)é  dans  un  crime,  à  qui  il 
laisse  l'exercice  de  ses  fondions:  i  S'il  ne  conress(î 
pas  son  péclié,  cl  qu'on  ne  puisse  le  cc.nvaimre  par 
des  lénioignages  clairs,  qubd  si  ipse  non  coii/iteulur, 
aperlè  aulein  coiivinci  iion  poluerit ,  illins  quoqne  li fini 
polesUis.  Ce  cpie  les  Pères  du  15'  concile  do  Tolède 
éleiidenl  àceuxmèmequi  sesonl  soiunis  à  la  péni 
Icnce,  en  ces  lernies  :  Que  si  en  reccvanl  lu  pôivlciite, 
il  dil  qu'il  n'a  point  commis  de  crime  morlcl,  cl  qu'il  ca- 
che dans  sa  conscience  celui  qu'il  rouqlt  de  confesser 
devant  les  hommes,  qu'il  sache  qu'on  le  remet  à  sa  con- 
science. Après  quoi  ils  ajoutent  que  si  dans  cet  étal  il 
ose  sacrifier,  il  en  rendra  compte  an  Seigneur. 

Il  n'en  étaii  pas  de  nième  de  ceux  qui  en  se  sou- 
mclianlà  la  pénitence  avaient  déclaré  puldi(|ui'mcnl 
leurs  crimes,  lis  ne  pf-uvaienl  plus  exercer  leurs  fon- 
ctions s'ils  ét.tieul  clercs,  au  iiioi;isdu  premii  r  ordie, 
ni  entrer  d;iMS  le  clergé  s'ils  étaient  laïqui'S.  La  se- 
conde de  ces  propositions  se  prouve  évidemment  par 
le  canon  54  du  (juatrième  concile  de  Tidède.  Ceux  qui 
étant  à  iexlrémilé,  y  esl-il  dit,  reçoivent  la  pénitence 
sans  confesser  aucuns  crimes  manifestes,  mais  proles- 
tant seulement  qu'ils  sont  pécheurs,  pourront,  s'ils  re- 
viennent en  santé,  attendu  la  probité  de  leurs  ma-urs  , 
parvenir  aux  degrés  ecclésiastiques  :  mais  ceux  qui  en  la 
recevant  con fessent  pid'Uquement  qu'ils  ont  commis  quel- 
que péché  mortel ,  ne  pourront  jamais  entrer  dans  le 
clergé,  ni  parvenir  aux  dignités  ecclésiastiques,  par  ce 
qu'ils  S'î  sont  notés  par  leur  propre  confeshion.  Le  di- 
xième concile  de  Tolède  a  suivi  cette  disposiiion  à 
l'égard  d'un  évèque  nommé  Gaudence,  qui  s'élaiit sou- 
mis à  la  pénitence  étant  malade,  aynnt  ensuite  ri'cou- 
vré  la  santé,  consulta  les  évêques  de  ce  concile  sur 
celte  question  :  S'il  pouvait,  après  avoir  re  u  ta  péni 
tence,  continuer  à  offrir  les  saints  mystères,  et  à  célé- 
brer la  messe  solennelle  à  l'ordinaire.  A  quoi  ces  évê- 
ques, au  nombre  de  40,  suis  comi)ter  27  dépulés  des 
absc::ts,  firent  cette  réponse  qui  conlirme  la  première 
prop  sition  que  nous  venons  d'avancer.  Savoir,  que 
ce  n"élailpasla  j  énitence  publique  en  elle-même,  mais 
le  crime  seulement,  qui  reudail  irréguliers  ou  inca- 
pables de  l'exercice  de  leurs  ordres  les  ciercsqui  étaient 
tombés,  et  que  les  règles  de  l'Eglise  le  leur  interdi- 
saient quand  ils  s'en  élaient  confessés,  ou  qu'il  était 
venu  par  qucIcpTaulre  voie  à  la  c<innaiss;uice  du  [jublic. 
Ayant  examiné,  disent  ces  évè(iues,  les  canons  sur  ce 
point,  ce  saint  concile  a  déclaré  qu'ayant  rcj  u  l'absolu- 
tion, ilpouvait  continuer  ses  fondions  ,  car  si,  aj,)utent- 
ils,  suivant  les  règles  des  anciens  Pères,  ceux  qui  étant 
prêts  à  mourir  reçoivent  la  pénitence,  sans  aïoir  con- 
fessé des  crimes  manifestes,  peuvent  parvenir  aux  digni- 
tés ecclésiastiques  (pnurvn  d'ailleurs  qu'ils  soient  de 
bonnes  mœurs),  combien,  à  plus  forte  raison,  ceux  qui 
étant  prêtres  reçoivent  la  pénitence  doivent-ils  continuer 
à  exercer  leurs  fondions  s'ils  ne  se  sont  point  noiés  eux-  i 
mêmes,  en  con  fessant  des  crimes  mortels.  j 


règlement  du  A'  concile  de  Tolède  que  nous  venons 
de  ciler.  Ce  fut  par  la  raison  contraire  que  Polamius, 
évê(]ue  de  Bragne,  dont  nous  avons  souvent  parlé,  fut 
dé|iosé.  Elcelle  discipline  était  conforme  à  ce  (pii  avait 
élé  déeidé  dans  le  iremier  concile  de  Tolèile,  plus  an- 
cien de  2">,")  ans  tpie  le  (piatrième,  où  il  est  dit,  à  l'oc- 
casion des  pénitents  incapables  d'entrer  dans  lesordres 
sacrés:  Nous  partons  de  ceux  qui  après  le  Baptême,  ayant 
fait  la  pénitence  sons  le  ciliée  pour  homicides  ou  autres 
grands'crimcs  et  péchés  griefs,  ont  élé  réconciliés  à  l'au- 
tel. Par  ces  crimes,  le  concile  enlemi  des  crimes  no- 
toiics  ou  dont  les  auteurs  avaient  été  convaincus,  soit 
p;ir  des  témoignages  aiitlientiques,  ou  par  leur  propre 
confession.  Voilà(iuelle  était  sur  ce  point  la  discipline 
[  générale  d(>  l'Eglise,  quoi(iue  peut-être  il  y  cfil  dans 
queltpies  églises  quelques  coutumes  locales  plus  sévè- 
res. Telles  que  celle  que  le  pape  llormisdas  semble 
reconnnander,  et  celle  que  l'on  peut  inférer  du  c.  9  du 
concile  de  Gironne,  et  du  c.  8  de  celui  de  Barcelone, 
ce  qui  est  conçu  en  ces  termes:  Pour  ce  qui  est  de  ceux 
qui  dans  la  maladie  demandent  et  reçoivent  la  péniience 
du  prêtre,  si  ensuite  ils  reviennent  en  santé,  qu'ils  mènent 
la  vie  de  pénitents,  excepté  l'imposition  des  mains. 

CHAPITRE  MIL 

Que  la  pénitence  publique  avait  des  suites,  par  rapport 
à  la  lie  civile,  dans  la  plupart  des  églises  d'Occidont. 
Que  les  emplois  de  ta  guerre  surtout,  les  magistratures 
elle  négoce étaientinterdits  aux  pénitents  publics, aussi 
bien  que  l'usage  dumariageàceux  qui  l'avaient  contracté, 
et  la  faculté  d'en  contracter  de  nouveaux-  Tempéra- 
ments que  l'on  apportait  de  temps  en  temps  à  celte  dis- 
cipline. Qu'elle  n'a  jamais  été  observée  en  Orient. 
Quand  elle  a  commencé  en  Occident,  et  quand  elle  y  a 
cessé,  et  comment. 

On  est  si  peu  accoutumé  aujourd'hui  à  voir  des 
cliangemeiits  remarquables  dans  la  vie  des  iionmies, 
qui  soient  une  suite  du  repentir  des  péchés,  qu'on  ne 
peut  se  ler.'iiaderque  la  pénitence  ait  opéré  autrefois 
des  cffeissi  surprenants  dans  la  vie  ordinaire,  et  qu'on 
est  tenié  de  regaider  ce  qu'en  disent  les  auteurs  mo- 
dernes connue  dos  coules  faits  à  plaisir,  ou  des  rêve- 
ries de  gens  qui  sur  (pichpics  paroles  qu'ils  ont  lues 
dans  les  écrits  des  anciens,  en  ont  inféré  mal  à  propos 
que  telle  était  rancien:;e  discipline  de  nos  églises  :  il 
faut  donc  en  venir  aux  preuves. 

Le  passage  du  pape  Syrii:e,  qui  a  élé  rapporté  dans 
le  chapitre  précédent,  suppose  nécessairement  la  dis- 
cipline dont  il  s'agit.  Ce  pape  accorde  avec  peine  h 
grieiî  d  assister  au  saint  sacrifice,  et  diffère  jusqu'à 
la  mort  la  communion  à  ceux  qui  après  avoir  em- 
brassé la  pénitence  reprennent  la  ceinture  militaire, 
l'ré.|ucnlcnt  les  bains,  et  contractent  de  nouveaux 
mariag.'s.  11  y  joint,  àla  véiilé,  ces  paroles,  e/  inhibilos 
appetivère  concubims,  mais  il  est  naturel  de  croire  que 
ce  commerce  illicite,  dont  il  parle,  n'est  elfeclive- 
mei.t  tel  (m'a  cause  de  l'étal  de  ceux  dont  il  cstques- 


B39 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


S40 


lion  c'est-à-dire,  de  Pélat  de  la  pénitence.  Car  qnelle  i  cette  injure,  elles  seront  également  séparées  de  la  eommii- 


appîireiice  y  a  l-il  que  ce  ponlife  cftl  joint  ensemble 
des  choses  si  diirérenles,  dont  les  nnes  soiii  bonnes, 
ou  au  moins  permises  en  elles-mêmes,  et  les  anires 
sont  criminelles  el  défendues  par  leur  natin-e?  D'ail- 
leurs ijuand  j'accorderais  que  par  ce  commerce  illicite 
et  celle  inconlinonce  dont  il  parle  (il  a  enlendu  le 
péché  de  la  chair  ),  il  n'en  serait  pas  moins  vrai  qui! 
reprend  el  puni'  rigoureusemeni  les  pénitents  qui  re- 
prciuient  les  armes,  ou  qui  s'eupagenl  de  nouveau 
dans  le  mariage.  Mais  il  est  irès-probable  qu'd  entend 
par  ce  connuerce  illiciie  et  celte  incontinence,  l'usage 
même  du  mariage  qu'ils  avaient  contracté  avant  d'avoir 
reçu  la  Pénitence  ,  ou  les  secondes  noces  |iour  les 
veuves,  et  le  mariage  que  conlractaienl  ceux  qui  n'y 
étaient  pas  encore  engagés.  Le  troisième  coneile  d'Or- 
léariS,  c.  24,  établit  la  même  discipline  en  ces  termes  : 
Si  quelqu'un  ayant  reçu  la  bénédiction  de  la  Pénitence, 
ose  reprendre  r habit  et  la  milice  du  siècle  ;  qu'après  lui 
avoir  accordé  le  Viatique  jusqu'à  la  mort,  il  soit  puni  d'ex- 
communication. «  Si  quis  benediclione  pœnilentiœ  su- 
I  sceplà,ad  sccularem  liabitum,  mililiamque  reverti  prœ- 
<  sumpserit,  viatico  conccsso  usque  ad  exitum,  excom- 
(  municalione  pleclulur.  »  Le  second  concile  d'Arles 
ncsl  pas  moins  exprès  là-dessus, c. 21  :  Les  pénitentes 
qui,  après  la  mort  de  leurs  maris,  atironlosése  remarier, 
ou  auront  eu  quelque  familiarité  suspecte  et  défendue 
avec  un  homme  étranger,  seront  chassées  de  l  église  avec 
cet  homme  {cum  eodem  abecclesiœ  liminibus  arceanlur);  \ 
il  en  sera  de  même  d'un  homme  qui  est  en  pénitence. 
Vous  voyez  que  ce  synode  punit  également  les  péni- 
tents qui  passent  à  de  secondes  noces,  ou  qui  entre- 
tiennent des  familiarités  suspectes  ;  qui  irétaienl  telles, 
sans  doute ,  qu'à  cause  de  l'état  où  ils  se  trou- 
vaient. 

Le  premier  concile  de  Barcelone  interdit  aux  pé- 
n>lents  les  affaires  et  les  divertissements  du  siècle, 
c.  7,(iuand  ilordonue  qu'ils  ne  se  trouveront  point  aux 
repas,  et  ne  se  mêleront  point  de  négoce  {nec  negoliis 
operam  dent  in  dalis  et  acccplis)  ;  mais  qu'ils  mèneront 
dans  leurs  maisons  une  vie  frugale.  Le  second  qui  fut 
assemblé  dans  la  même  ville  enjoint  la  continence  aux 
pécheurs  pénitents,  puisque  dans  le  c.  4,  après  avoir 
parlé  des  vierges  (jui  s'étaient  revêtues  d'un  babil 
propre  aux  dévotes,  c'est-à-dire,  à  celles  qui  avaient 
consacré  à  Dieu  leur  virginité,  il  ordonne  que  si  elles 
OH  ceux  et  celles  qui  auront  reçu  du  prêtre  la  bénédiction 
de  la  Pénitence,  contractent  volontairement  desmariages; 
ou  si  des  femmes  enlevées  par  violence  consentent  tle  de- 
meurer avec  ceux  qui  les  auront  ainsi  violées,  elles  seront 
avec  eux  chassées  de  l'église,  et  tellement  séparées  de  la 
communion  des  Catholiques,  qu'on  ne  leur  laissera  pus 
même  la  consolation  d'avoir  avec  eux  le  moindre  entre- 
tien. Le  concile  de  Lérida,  qui  fut  célébré  en  524, 
confirme  ce  qui  vient  d'être  dit,  lorsqu'il   parle  de 
celte  sorte,  can.  6  :  Si  quelqu'un  a  fait  violence  à  une 
veuve  pénitente  ou  à  une  vierge  religieuse,  et  quelles  ne 
veuillent  pas  se  séparer  de  celui  de  qui  elles  auront  reçu 


nion  et  de  la  compagnie  des  Chrétiens. 

Quoifpie  ces  usages  ne  fussent  pas  passés  en  loi 
dans  l'Afrique,  il  j^araît  néanmoins  qu'ils  y  étaient 
établis  p:irce  que  dit  S.  Augustin  dans  le  discour»  58 
de  Tempore;  car  voici  comme  il  y  parle:  Il  s'en  trou- 
vera peut-être  quelques-uns  qui  diront  :  Je  suis  engagé 
dans  l'état  militaire  ;  j'ai  une  femme  ;  comment  donc 
puis -je  faire  pénitence?  comme  si  lorsque  nous  tâchons 
de  vous  persuader  de  faire  pénitence,  nous  vous  disions 
plutôt  de  couper  vos  cheveux  que  de  quitter  vos  péchés  et 
de  changer  d'habits  que  de  mœurs.  Saint  Amhroise  n'en 
parle  pas  non  plus  connue  de  pratiques  qui  obligeas- 
sent en  vertu  du  commandement  de  l'Église,  quoiqu'il 
les  recommande  comme  des  suites  naturelles  de  l'é- 
tat des  pénitents,  à  moins  ([ue  de  bonnes  raisons  n'en 
dispensassent.  Car  voici  connue  il  s'explique  là-dessus 
dans  son  second  livre  de  la  Pénitence,  c.  10:  Peut  on 
s'imaginer  que  l'on  fasse  pénitence,  lorsque  l'on  cherche 
à  acquérir  des  dignités,  lorsqu'on  ne  s'épargne  pas  le  vin, 
que  l'on  fait  usage  du  mariage?  Il  faut  renoncer  au  siè- 
cle, il  ne  faut  point  accorder  à  la  nature  ce  quelle  exige 
de  sommeil,  il  faut  gémir,  etc.  Par  ces  paroles  S.  Am- 
hroise fait  allusion  à  l'usage  de  son  temps,  sans  le  ré- 
duire en  précepte,  quoiqu'il  le  recommande  comme 
irès-saint  el  1res  utile.  Mais  quelque  saint  (ju'il  fût, 
ou  pouvait,  pour  de  bonnes  raisons,  en  dispenser  cer- 
taines personnes.  Et  c'est  ainsi  qu'en  usa  ce  saint  ar- 
chevêque à  l'égard  de  l'empereur  Tbéodose  à  qui  il 
n'ordoiuia  rien  de  semblable,  lorsque  |)ar  sa  fermeté 
et  son  aiit(»rité  il  l'obligea  de  se  soumettre  à  la  péni- 
tence publique. 

Cette  discipline  était  si  rigidement  observée  dans 
certaines  provinces,  que  l'on  refusait  même  d'admet- 
tre à  la  pénitence  ceux  qui  ne  voulaient  pas  s'enga- 
ger à  l'observer:  c'est  ce  qui  paraît  par  le  second 
1  concile  d'Arles  c.  22,  où  il  est  .ordonné  qu'on  ne  don- 
!  nera  la  Pénilenceaux  personnes  mariées,  que  du  con- 
sentement des  deux  parties.  Elle  5* d'Orléans, c.  24, 
ne  veut  pas  que  l'on  donne  la  bénédiction  de  la  Péni- 
tence aux  jeunes  gens  el  à  ceux  qui  sont  mariés,  à  moins 
quelesdeuxparties  n'y  contentent  et  qu'ils  ne  soient  par- 
venus à  un  âge  mûr.  Le  concile  d'Agde,  c.  15,  contient 
la  même  disposition,  et  ne  veut  pas  non  plus  que  l'on 
donne  facilement  ht  Péniience  aux  jeunes  personnes 
à  cause  de  la  fragilité  de  l'âge,  propter  œtalis  fragitita- 
tem.  Cette  sévérité  paraît  incroyable  de  nos  jours,  el 
peut-être  s'en  trouvera-t-il  qui  iatr;iiteront  d'injuste, 
et  de  contraire  au  droit  que  riiomme  et  la  femme  ont 
acquis  réci|»ro(iiienienl  l'un  à  l'égard  de  l'autre  parle 
uiariiige.  Mais  les  anciens  ne  raisonnaient  pas  de  la 
sorte.  Ils  croyaient  qu'il  était  aussi  naturel  de  donner 
à  une  personne  dontl'àme  avait  contracté  la  maladie 
du  péché,  le  temps  de  se  guérir,  qu'à  celle  dont  la 
sanlé  du  corps  était  dérangée  par  de  longs  et  fâcheux 
maux,  et  (pie  comme  dans  ce  dernier  cas  une  femme, 
par  exemple,  n'a  pus  droitde  se  plaindre  de  sonniari, 
1  ni  de  rien  exiger  de  lui,  elle  ne  le  pouvait  pas  non  plus 
1  dans  lepremier.  Ce  raisonnement  paraissait  alors  d'au- 


541  PfeNITEN'CE.  —  SECT.  III.  PART.  II.  CTIAP. 
tant  plus  iiiUurol ,  qu'il  n'était  pas  extraordinaire 
dans  le  temps  dont  nous  p.irloiis.  et  même  di  |i\iis, 
d'ordonner  la  coniinciice  aux  personnes  mariée-  pen- 
dant des  temps  considéraliles.  Que  dis-je,  extraordi- 
naire ?  c'était  même  une  pratiqtie  conmninc,  comme  le 
montre  évidemment  I?è.le  dans  son  Pénilenliel,  qui 
ne  contient  que  les  usagi-s  ordinaires  de  son  temps; 
il  y  est  dit  entre  antres,  c.  10  :  Celui  (jui  pendani  le 
caréiut  avant  Pâques,  a  commerce  av  c  sa  femme,  et  nu 
point  vécu  en  continence,  fera  un  an  de  pénitence,  etc. 
La  même  cl. ose  est  ordoni.ée  pour  les  trois  nuits  qui 
précèdent  la  communion.  LoPénitcnliol  Romain,  til.  7, 
contient  à  peu  près  la   même  chose. 

Cesrèij'les  étaient  établies  généralement  pour  tous 
ceux  qui  s'étaient  soumis  à  la  pénitence  publique,  soit 
que  leurs  crinns  fussent  notoires  ou  cachés,  soit  qu'ils 
eussent  commis  des  péchés  que  les  canons  soumel- 
laient  à  la  pénitence,  soit  qu'ils  l'eussent  embrassée 
par  pure  dévotion  :  c'est  ce  (lui  paraît  par  toutes  les 
autorités  que  nous  avons  alléguées,  auxquelles  nous 
en  pourrions  joindre  plusieurs  au:res  qui  ne  niellent 
point  de  différence  sur  ce  point  entre  les  pénitents. 
Mais  les  saints  qtii  les  avaient  étaldies,  ou  conlirmées 
parleur  autorité,  savaient  en  dispenser  avec  prudence 
et  le  faisaient  souvent.  S'ils  étaient  fermes  à  niainie- 
nir  la  disci|  line,  ils  l'adoucissaient  quami  la  conjonc- 
ture et  le  besoin  ou  la  faiblesic  des  lidèlesTexigciiient. 
Il  ne  faut  pas  s'imaginer,  par  exemple,  que  quand  (m 
interdisait  le  négoce  aux  pénitents,  cela  s'eniendit  de 
ces  petits  commerces  qui  font  vivre  la  plupart  des  fa- 
milles, surtout  dans  les  villes,  et  encore  moins,  qu'il 
ne  lût  pas  permis  aux  gens  de  métier  d'acheter  ce  qui 
était  nécessaire  pour  le  mettre  en  œuvre  suivant  leur 
profession,  et  de  \  endrc  ensuite  leurs  ouvrages,  et  d'en 
recevoir  le  prix.  .Mais  on  interdisait  ce  négoce  dissi- 
pant qui  occupe  toute  la  vie  de  ceux  qui  s'y  adonnent, 
tel  qu'est,  par  exemple,  le  commerce  maritime,  qui 
engage  à  de  longs  et  fréquents  voyages.  Il  ne  faut  pas 
croire  non  plus  qu'on  ô(àt  à  un  simple  soldat  qui  de- 
mandait la  pénitence,  le  seul  moyen  qu'il  eût  de  sub^ 
sister  en  vivant  delà  paie  du  prince,  quoique  do  tou- 
tes les  professions  la  militaire  fùl  celle  qui  était  la 
plus  rigidement  défendue  aux  pénitents.  En  nu  mot 
l'esprit  de  l'Église  et  sa  pratique  dans  le  4*,  5'  et  G' 
siècle  était  d  éloigner  ceux  qui  étaient  soumis  à  la  pé- 
nitence autant  que  cela  se  pouvait,  de  tous  les  em- 
pliiis  dissipants  et  hoisorables,  pour  les  tenir  dans  le 
recueillement  et  l'humiliation  :  et  surtout  de  ceux  qu'il 
est  difliciled'exerccrsanspéché,àcause  des  occasions 
ùétpientes  qui  se  présentent  déniai  laire  dans  ces  sor- 
tes d'ét;its.  Saint  Léon  dans  sa  lettre  à  Rustique  de 
Narbonne,  expliiiue  admimblenient  cette  matière  en 
j  deux  mots,  lorMpi'd  dit  :  Cependant  il  est  plus  avanta- 
geux au  pénitent  de  souffrir  quelques  pertes  lemporelUs, 
que  de  i  exposer  aux  périts  du  négoce,  parce  qull  est 
difficile  que  le  péché  ne  se  ylisse  dans  ce  commerce  réci- 
proque d'achat  et  de  vente. 

Ce  saint  Pape  paraît  plus  rigide  à  l'égard  de  la  pro- 


VIÎI.  SUITES  DE  LA  PI^NITE>:CE  PUBLlQrE.  IMÎ 

r-ssiim  militaire;  car  l'évèque  de  Narbonne  lui  ayant 
propiK^é  celle  queslion,  s'il  est  permis  après  la  péni- 
l'iice  d'y  retourner  :  De  his  qui  post  pœnilentinm  ad  mir 
lilinnucvertunlur ;  il  répond  :  H  est  entièrement  con- 
traire  aux  règles  de  l'Eglise  de  retourner  à  la  milice  du 
Siècle,  après  l'action  de  lu  pinilence....  ;  car  celui-là  est 
(luiagé  dt.ns  les  filets  du  diable,  qui  l'est  dans  lu  milica 
de  ce  monde.  Ce  n'est  [astiu'il  blâme  la  profession 
mililaire  en  général,  comme  il  par.it  par  ce  qu'il  en- 
seigni;  ailleurs  ;  mais  il  jugi-ait  cet  état  incnnqiatible 
avec  celui  de  la  pénileiice.  Conlrarium  est  omnino  ec- 
clesiasticis  regulis,  posl  pœnitenliœ  aclioneni  redire  ad 
iiiiHtiam  secularem. 

Par  rapport  à  la  continence  des  persoimes  mariées, 
et  à  la  défense  de  coiiiincler  mariage  tant  que  dure- 
rait la  pénitence,  les  évètpies  de  ce  temps  là  savaient 
user  de  sages  lenq  éraments,  ayant  égard  à  l'.àge  des 
jiénitents  et  aux  diflérentes  circonstances.  C'est  ce 
qu'on  remarque  dans  la  même  lettre  dérrétale  de 
S.  Lé<in,  oij  il  réj.ond  de  cette  sorte  à  la  15'  de- 
mande touchant  ceux  qui,  après  la  pénitence ,  pren- 
nent des  femmes  ou  des  concubines  {De  his  qui  posl 
pœnitcnlimn  uxores  nccipiunt,  vel  concubinas  sibi  con- 
junguut)  :  Celui  qui  étant  encore  jeune,  in  adolf.sce.ntia. 
co.NSTrrui  LS,  a  fait  pénite:  ce,  pressé  par  la  crainte  de 
la  mort,  ou  celle  de  tomber  entre  les  mains  des  barbares, 
et  qui  ensuite  craignant  de  tomber  dans  l'incontinence 
ordinaire  à  son  âge  ,  s'est  marié,  de  peur  de  icmber 
dans  le  crime  de  fornication,  scmb'e  avoir  commis  une 
faute  peu  considérable,  rem  videtlk  fecisse  ve.m.vlem, 
s'il  n'a  point  connu  diantre  femme  que  la  sienne.  F.n 
quoi,  cependant,  nous  n'étublissons  point  une  règle 
mais  nous  indiquons  ce  qui,  suivant  nous,  est  plus  tolé- 
rable.  Cir  suivant  les  véritables  notions  de  la  pénitence, 
rien  ne  convient  mieux  à  celui  qui  s'y  est  soumis  {nam 
secundiim  va-am  cognitionem,  nihil  magis  ei  congniit, 
qui  pœnilenliam  gessil),  qu'une  chasteté  persévérante  de 
corps  et  d'ehprit. 

Les  paroles  de  S.  Léon  sont  dignes  de  toute  l'at- 
lcntio;i  du  lecteur  :  on  y  voit,  d'inse  part,  quelle  était 
la  lualique  ordinaire  de  son  tenips  j.ar  rapport  aux 
suites  de  l'état  de  la  pénitence  ;  d'un  autre  côté,  on 
voit  que  l'on  mitigeait  dans  les  occasions  la  sévériu- 
de  la  discipline,  non  en  approuvant  ce  qui  se  faisais 
d-'  contraire,  m;;is  en  le  tolérant  pour  éviter  de  pins 
grands  incon\énients.  .Mais  ce  qui  est  encore  plus  re- 
marquable, c'est  qu'il  semble  que  S.  Léon  suppose, 
dans  tout  ce  qu'il  écrit,  que  le  mariage  élait,  suivant 
la  coutume  ordinaire  de  ce  temps-là,  interdit  aux  pi- 
niient>  (à  plus  forte  raison  les  secondes  noces),  noii- 
soniemenl  pendant  le  cours  de  la  pénitence,  moi 
nième  après,  et  tout  le  reste  de  la  vie;  d'où  il  s'ensnii 
que  les  autres  choses ,  dont  nous  venons  de  parlci , 
relaient  aussi.  Tel  est  le  sentiment  du  P  Morin  et  du 
P.  Coulant  d.iiis  ses  savantes  notes  sur  les  Décret  des 
des  papes.  Voyez  entre  autres  ce  qu'il  dit  sur  l'article 
do  'a  déciéîale  du  p;ipe  Siriee  à  lîimérius  de  Tarra- 
gone.  que  nous  avons  rapporte  dans  le  chapitre  pré' 


cèdent.  Il  y  fémoigne  ouvoriement  ne  ponv<Mr  cniror 
dans  le  seiilinieiil  de  M.  l'aLbc  Fleuri,  (ini  se  loiirne 
de  tous  côlés,  dit  il,  pour  rcslroindre  l;i  décision  du 
pnpe  Sirlce,  au  temps  Je  la  péiiilonce  scuKnicnt, 
contre  la  lononr  niènic  de  ces  paroles.  Les  évêcines  du 
sixième  ooncile  de  Tolède,  suivant  l'esprit  de  la  dé- 
crélaledeS.  Léon,  permetlent  aux  pénileiils,  dans  nu 
cas  pareil  à  celui  qui  y  esl  cnouoé ..  de  reloniner  à 
leurs  mariages  jus(iu*à  ce  qu'ils  aieul  acquis  la  matu- 
rité d'âge  propre  à  garder  Ja  conliiience.  licdcal  ml 
pristinum  conjugiimt^  quousque  adipisci  possil  leiiipuns 
maturilate  continenliœ  slalum.  Ils  élemlent  celle  indul- 
gence aux  jeunes  femmes  comme  aux  jeimes  hommes, 
ajoutant  qu'ils  en  usent  ainsi  sans  prétendre  affaiblir 
la  règle  générale,  mais  par  économie,  et  en  relâchant 
quelque  chose  de  la  rigueur  de  la  discipline  en  celte 
occasion.  Non  quidem  yeneraliler  et  lajilhitè  prtvccplum, 
sed  constat  à  iiobis  pro  humauà  frnqilitute  fuisse  indnl- 
tum.  Tout  ceci  se  trouve  renfermé  dans  le  canou  8' 
de  ce  concile. 

La  rigueur  de  la  pénitence,  jointe  aux  suites  (;u'clle 
avait  par  rapport  à  la  vie  civile,  ét-nit  un  frein  qui  re 
tenait  ce;:x  qni  se  sentaient  agiles  par  leurs  pas>ioiis, 
et  rendait  les  crimes  plus  rares.  Que  si  qnchpi'un, 
malgré  tout  cela,  se  laissait  eniraîner  dans  le  péché, 
il  s'examinaii  à  loisir  avant  de  s'y  soumettre,  pour 
voir  s'il  se  sentait  assez  de  courage  et  de  bonne  vo- 
lonté pour  cn:rer  dans  celte  pénible  carrière,  où  on 
n'enlrait  qu'une  seule  fois.  Les  évèquos  mêmes  n'iin- 
pronv:iienl  pas  ces  retardenients,  pourvu  (|u"ils  n'eus- 
sent point  jinur  prin<  ipe  raUacbemenl  au  péché  et  le  | 
mépris  de  son  salut.  C'est  ce  qui  paraît  par  ce  que  dit 
S.  Ambroise  dans  le  livre  second  de  la  l'énilente.  c. 
M.ltestplits  ainmtfiqeux  d'attendre,  qimndon  nesescnt 
pas  encore  en  état  de  pratiquer  les  œuvres  de  pénitence, 
de  peur  de  faire  d:ns  la  pénitence  luelque  chose  qui  ait 
ensuite  besoin  d'être  expié  par  la  pénitence  ;  puisque  si 
une  fois  on  s'if  est  soumis,  et  qiCon  ne  s'en  soit  pas  ac' 
quiNé  comme  il  faut,  on  ne  retire  aucun  fruit  de  la  pre- 
mière, et  on  s'ôtc  le  droit  de  la  reoamiencer.   C'était 
aussi  ce  qui  faisait  que  tant  de  personnes  allendaient 
à  l'exliémilé  à  demander  la  pénitence.  El  de  là  vient 
que  nous  trouvons  tant  de  canons  et  de  règlements 
dans  les  anciens  conciles,  et  les  lettres  des  papes  ci 
des  évècpies,  touchant  ceux  qui  demandaient  la  péni- 
tence en  maladie  ou  dans  les  grands  périls.  S.  Léon, 
par  exemple,  dans  cette  même  décréiale  que  nous 
avons  déj;i  citée  souvent,  en  paile  et  conlirme  ce  que 
nous  venons  de  dire,  qu'm  ne  prenait  pas  toujours  rn 
mauvaise  part  les  retardenients  dis  pécheurs,  qui  dif- 
féraient de  sid)ir  la  j  éiiilence  canonique.  Car  étant 
interrogé  par  Husiicine  de  (pielle  manière  il   fallait  se 
conduire  à  l'égard  de  ceux  qni,  se  sentant  pressés  par 
la  douleur,  faisaient  venir  le  prèlre  pour  recevoir  la 
pénitence,  et  qui,  lorsqu'il  était  arrivé,  sentant  quel- 
(pi«s  soubgements,  s'excusaient  et  ne  voulaient  pins 
la  recevoir,  répond  que  celte  dissimulation  pouvait  venir, 
non  du  mépris  du  remède,  mais  de  la  crainte  de  pécher 
plus  grièveme>'i  ;  et  il  ne  veut  pas  qu'on  la  leur  refuse, 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  SU 

s'ils  •'»  demandent  cnsnitc  avec  plus  d'insiancc. 

Nous  ne  voyons  pas  qin-  la  pc  nil  née  pnlilique  ait 
influé  sur  la  vie  civile  dans  les  églises  d'Oii»!nl.  Celte 
discipline  était  propre  à  celle  d'Occident.  Outre  l'ar- 
gument négatif,   qui   en    pareille  matière  sulïit,   on 
pourrait  im  ine  produire  th  s  preuves  po^ilives  de  cette  | 
diversité.  Nous  en  aj  pirterons  qnehpies-unes  en  pe- 
tit nombre  :  S.  Basile,  par  exemple,  eau.  24',  ne  veut 
pas  même  que  l'on  assnjétisse  à  la  pénitence  cano- 
niipie  les  femmes  couvait. eues  d'adullcre,  ouq«i  s'en 
sont  confessées  d'elles-mènses;  à  plus  forte  raison  il 
ne  leur  interdit  pab  l'usage  du  muiage.  Le  25'  canon 
du  même  Père  est  plus  fort  par  rapport  au  point  dont 
il  s'agit  :  Celui,  dit-il,  qui  retient  une  femme  qu'il  a  cor- 
rompue, subira,  à  la  vérité,  la  peine  due  à  son  crime, 
mais  il  lui  sera  permis  de  garder  cette  femme.   Il  est 
clair  ([u'il  n'inlerdil  |)as  le  mariage  à  celui  qni  fait  ou 
a  fait  pénitence.  Dans  le  canon.snivanl,  en  parlant  de 
ceux   qui  soi:t  coii|iables  du  péché  de  fornication,  il 
dit  qu'il  serait  mieux  ((u'ils  se  K'parassei.t;  mais  s'ils 
n'y  consentent  pas,  quils  subissent  la  peine  de  leurs 
péchés,  cependant  qu'on  ne  les  sépare  pas,  de  peur  qu'il 
n  arrive  quelque  chose  de  pis  Nous  ne  tnuivons  que  le 
12'  canon  de  Nicée  qui  puisse  causer  quelque   em- 
barras sur  cette  matière.  Le  voici  :   Ceux  qui,  ayant 
été  louches  de  la  grâce,  ont  fait  paraître  de  l'aideur,  et 
se  sont  défaits  de  la  ceinture  mililuire,  mais  qui,  retour' 
nunt  à  leur  vomissement  ont  même  obtenu  p  r  argent  des 
emplois  militaires,  seront  dix  ans  prosternés.  Ci  lie  peut 
liii'e  que  ce  concile  condamne  la  guerre  en  général  ; 
il  regardait  donc  au  nn>iiis,  dira  t-on,  les  font  lions  de 
cet  étal  comme  iiicom|ialibles  avec  celles  de  la  péni- 
teuee.  Telle,  est  à  peu  près  l'objection  que  l'on  peut 
faire  contre  ce  (pie  nous  avons  dit  de  la  diversité  ipi'il 
y  avail  entre  les  églises  (l'Oiienl  et  celles  d'Occident, 
|)ar  rapport  aux  suites  de  la  pé.iilence.  Mais  celte  dif 
ficullé  s'évanouit  d'elle-même,  si  l'on  lait  allenlion 
que  le  concile  parle  dans  ce  canon  de  certains  soldats 
(Ml  grand  nombre,  qui,  du  temps  des  derniers  empe- 
reurs païens,  comme  Maximin  Pazia  el  Licinius,  s'é- 
taient retirés  de  p(Mir  de  se  souiller  par  (piaiililé  de 
superstilions  qui  étaient  d'usagd  dans  les  armées,  e* 
qiii,  s'ennuyant  d'être  chez  eux  à  rien  faire,  avaient  re- 
jiiis  le  bardrier,  se  niellant  peu  en  [teiiie  des  céiénio- 
nies  superstitieuses  qui  éiaienl,  dans  ce  temps,  insé- 
parables de  l'étal  militaire. 

Si  les  églises  d'Orient  n'ont  rien  prescrit  aux  péni- 
tents qui  les  retirât  du  commerce  ordinaire  de  la  vie, 
soit  par  rapport  aux  aiïaires,  soit  par  rapport  à  la 
guerre,  soit  enfin  par  rapporta  la  conlinenee,  elles 
ont  seivi  en  cela  la  pratique  des  tiois  promiers  siècles 
de  l'Kglise.  Eneflet,  nous  ne  trouvons  rien  de  sem- 
;  blable  dans  les  canons  et  les  écrits  des  Pères  de  ce 
lem[)S-là,  el  ce  n'est  q!:'aii  quatrième  siècle  de  l'E- 
gii-e  qu'on  a  doniu' celle  éleiidne  à  la  pénitence   Vers 
le  sc|)licme  siècle  la  di'-cipline  changea  .à  cet  égard, 
'  mais  le  changement  qui  survint  n'en  adoucit  pas  la 
rigueur;  car  depuis  ce  temps  jnsiin'au  douzième  siè- 
[  de,  les  peines  dont  nous  avons  parlé  devinrent  une 


5-iS      PÉNITENCE.  —  ?ECT.  III.  PART.  II.  CïlAP 

sui;e,  non  dp  l;i  péiiilmco  |>iiliii<|iic.  mais  d(!S  pccl:cs 
niéiiics,  snii  (|ir.in  L'ii  fil  poiiiu-ncc  piililiqiic  ou  se- 
crèlc,  C"  qui  leur  doiitail  I)i<'ii  pliis  d  clei!diii\  {)uvl- 
qiie  li-mp-;  .ipiès  colle  dcniirro  époqui!  les  Scohisli- 
qiii'S  rehli-i'igiiiieiil  les  ciïels  de  ci'S  crimes  a'ix  ow- 
l)Ociiemeiils  de  mariage,  non  ceux  qu'ils  aiipcilont 
dirimaiils,  mais  ceux  qui  cmpcelieiildociiilraclor  ma- 
riage, ([iioi  ;nMs  i  o  ii-  reiideiil  pas  nul  s'il  a  élé  coii- 
iraclé.  Ils  oui  eiisf'igné  de  plus  i|ue  les  évc(jucs  poii- 
vaieul  di>peuser  de  ces  mqtècliemeiils,  el  qu'ils  le  de- 
vaieiil  liés  souveul.  Nous  verrous  dans  la  partie  sni- 
vaule  JMsipi'oii  ou  a  porlé  les  choses  sur  ce  sujet 
depuis  le  liuilième  siècle. 

iMais,  avaul  de  (loir  ce  cîiapitre,  je  suis  bier.-aisc  de 
faire  remanpier  au  lectei:r  que  jusqu'au  q'i.jlorzièiue 
siècle  il  s'esl  conservé  tiaiis  Téglise  des  vosliges  a-^sez 
éilalaiils  de  celle  ancienne  di-.cipliue  doiil  nous  avons 
Iraiié  dans  c.ï  clia|)iire.  Les  docleuis  de  l'école  Irnu- 
\aiil  dans  e  décrel  di;  Gralieu  des  canons  de  coiiciles, 
dont  les  uns  CiinlenaienI  les  pi-ines  doni  nous  avons 
parlé,  les  aulres  n'eu  disaient  mol,  el  n'ayaiil  poinl  la 
criliqne  nécessaire  pour  disceru  r  en  quels  icn-.pscl  en 
quels  lieux  ces  canons  avaient  élé  faits,  el  par  C(»nsé- 
quonl  ne  piu\anl  les  concilier  cnlr'eux,  iiivcnlèrent 
une  troisième  espèce  do  pénitence  qu'ils  noinmèreut 
solennetU{\],  la  di>lingiianl  de  la  secrèle  et  de  I.i  pu- 
blique :  cl  allrihuaul  à  peu  piès  les  mêmes  cITels  que 
nous  avons  montrés  avcir  élé  autrefois  une  suile  de  la 
pénitence  pu!)li(pie.  Pierre  de  Poitiers  esi  le  premier 
qui  ail  fait  t  laiicmont  celte  dislimlion  d.-  la  pénitence 
en  trois  merahre.'.  Il  a  é!é  sni\i  eu  fiule  par  tiuis  ceux 
qui  ont  écrit  après  lui  dans  le  treizièm.!  siècle.  I  a  so- 
lennelle était,  .'vcloii  ces  auteurs,  celle  que  l'évèque 
lui-même,  ou  un  prêtre  p!c|)0sé  par  lui  cxprcssétiienl, 
imposait  pour  lirs  pécliés  énormes,  tel  que  le  parricide. 
La  publique  pouvait  èlre  imposée  par  tout  prêtre  ap- 
prouvé ;  et  elle  consistait ,  dit  S.  Kaimond  de  Pegna- 
fort  (1.  5  Siimniœ,  c.  de  Pœiiiie)il'!is  el  lîemissioni- 
bus,  §  G),  en  liélerinages  qui  se  faisaient  par  le  monde 
avec  le  hourdon  et  le  scapulaire ,  ou  quelques  antres 
babils  afïeetés  aux  pénilenis.  La  première  s'imposait 
au  comtneiicemcnt  du  csrème  avec  solcniiité,  dit  le 
même  auteur;  l'auire  pouvait  s'imposer  en  tout  temps. 
Robert  de  Flames'iourgs,  dans  son  Pénitenliel ,  après 
avoir  fait  celte  distincti'u  <le  la  pénitence  en  soLn- 
vclle  el  en  pnbrupie,  aliiil»  :e  à  ia  première  six  eireis, 
suivant  l'usage  de  son  temps,  lesquels  étaient  une  suile 
de  celle  ancienne  disCiplim^  dont  nous  avons  parlé,  cl 
qu'on  avait  re4rei:ito  à  celle  pénilence  solennelle  ,  qui 
no  dilTérail  de  la  publique  que  par  (jiiel  pies  cérémo- 
nies de  plus  que  l'oa  joignait  à  l'impiKilion  de  cello-là, 
que  les  pénitents  recevaieiii  à  la  vm;  de  toute  lÉglise 
et  avec  plus  d'appanil  que  l'autre  :  (juoiqiie  dans  le 
fond  elles  fussent  également  publiques  el  excculées  à 
la  viic  de  tout  le  monde.  Ces  ellèls,  suivant  cet  aiileur, 
étaienl  l'irrégularilé  qui  mettait  ceux  qui  étaient  as- 
êujéiis  bors  d'étal  d'être  promus  aux  ordres  bacrés , 

(1)  Pclr.  Piclav.,  in  fine  Pœnilenlialis. 


IX.  PÉNITENCE  SECRÈTE  ET  PUBLIQUE.    5i6 

de  ne  pouvoir  être  recommencée,  d'rinpêcber  ces  pé- 
nilenls  do  conlracler  mariage  après  le  cour>  de  leur 
pénilence,  de  les  obi  ger  à  quitter  l'état  militaire  ,  de 
110  pouvoir  varpier  aux  affaires  temporelles,  enfin  de 
ne  pouvoir  èlre  inqiosèe  à  mi  clerc.  Celte  discipline 
se  maintint  encore  quelque  temps,  jiisipi'à  ce  qu'enfin 
elle  cessa  entièrement  dans  le  (piatorzieme  siècle,  avec  , 
l'usage  de  la  pénilence  publique.  Les  auteurs  qui  ont  \ 
écrit  depuis  ce  lemps,  n'en  parlant  plus  que  comme 
une  chose  de  pure  spéculation. 

CHAPITRE  IX. 

D'une  espèce  de  pénilence,  parue  secrèle,  parité  pu- 
blique, qui  devint  en  usage  dunsT  Église  vers  la  fin  du 
cinquième  et  durant  le  sixième  siècle. 
Avant  que  l'iisago  de  faire  lénitence  publique  pour 
les  péchés  secrets  s'.ibolit ,  il  s'introduisit  dans  plu- 
sieurs églises  d'Occident  une  espèce  de  pé  ilence  qui 
tenait  le  milieu  entre  celle  qui  éiail  publique  et  celle 
qui  s  '  faisait  en  secret.  On  iroiive  des  preuves  de  cet 
usage  dans  les  écries  des  auteurs  de  ce  temps ,  (jui 
rendent  témoignage  de  celle  pratique  qu'ils  voyaient 
s'observer  sous  leurs  yeux.  Le  cardinal  Baronius,  sur 
rannée  598,  rapporte,  sur  la  foi  d'un  ancien  manu- 
scrit goiliii|ne,  du  n)on.".slère  do  S.  Ëmilien  en  Esjmgnc, 
im  canon  d'un  concile  de  Naiboime  (it'esi  le  sixième 
qui  fui  assemblé  en  o89),  par  lecpjcl  nous  apprenons 
de  qnolh;  manière  cette  péiiitcuce  à  denii-publi(pie  se 
pratitiuail  en  Espagne,  et  dans  celle  partie  des  Caulos 
que  pos>édaieiil  les  Yisigoths  :  iS'ous  avons  ordonné, 
disi  ni  l.s  évêfpies  de  ce  symide  ,  suivant  ce  qui  a  élé 
réglé  autrefois  par  les  conciles  des  anciens  Pères ,  que 
quiconque  des  clercs  ou  des  cilogens  honorables  de  la 
ville  se  trouvcrnit  coupable  el  serait  relégué  dans  un  mo- 
nastère, serait  traité  par  l'abbé  de  la  manière  que  l'évèque 
l'aura  prescrit.  Que  si  l'abbé  fait  autrement ,  il  sera 
suspendu  pendant  quelque  temps  afin  qu'il  se  corrige, 
rno  ror.mx.TiONE  ;  car  on  n'envoie  pas  ces  personnes  dans 
les  monastères  pour  y  être  bien  nourries  et  bien  traitées, 
mais  pottr  les  corriger,  ur  EMn.xDF.TiR.  Ces  paioles  non 
seulement  nous  apprennent  l'usage  dont  il  s'agit,  mais 
qu'il  n'élail  pas  mnn  eau,  puisque  ces  évêipies  assurent 
n'avoir  suivi  dms  ce  canon  que  ce  qui  avait  été  réglé 
par  des  conciles  antérieurs.  Sccunditm  concilia  prisco-  j 
runi  orlbodoxornm  decrevit  fraternitns  ,  etc.  Le  même 
usage  paraîl  clairement  par  le  canon  seplième  du  on-  | 
zièmc  concile  de  Tolède  ,  tenu  l'an  G75.  On  porta  des 
pla  iiles  à  celte  assondiléo  conirc  (piebiues  pré'als, 
qui,  plutôt  pour  venger  leurs  injures  parliculières  que 
par  un  zèle  louable,  iniposaiont  des  peines  Irop  fortes 
aux  péciieurs.  Pour  remédier  à  ces  abus,  les  évêques 
ordonnèrent  qu'à  l'avenir,  lorsqu'il  se  piésenlerail  des 
occasions  de  punir  pnbli(pici!iont  les  pécheurs,  les 
prélais  premiraieni  avec  eux  deux  ou  trois  personnes 
.-âges  et  instruites  des  règles,  avec  lesquelles  ils  exa- 
mineraient la  na'ine  du  crime  et  la  pénitence  qu'il  mé- 
riie;  de  lelle  sorte  néamnoins  que  s'ils  jugent  lo  cou- 
pable digne  de  l'ex  il  ou  d'être  renfermé,  ila  lamen  ut  a  rC' 
^-f/si'i?"  rel  e.riiio  dignum  etim  e*M  qni  deliquit,  judic'um 


547 


Histoire  des 


pecnthre  decreverit ,  ils  souscrivent  de  leurs  propres 
mains  la  senlonce  qu'ils  porlcnl contre  lui  en  |»rcsiMice 
de  ces  Irnis  personnes.  Il  falLiil  sans  doiile  que  riiutu- 
rité  des  évoques  fût  bien  grande  en  Espagne,  pour  pu- 
nir ainsi  les  pécheurs,  soil  par  l'exil,  soit  par  celle  es- 
pèce d'eniprisonnenicnl. 

L'ancien  sacrainentaire  romain  qui  élail  en  usage 
avant  S.  Crégoire-le-Crand  ,  quoiquil  n'ait  été  écrit 
qu'après  sa  mort,  fait  mention  de  cette  pratique  comme 
étant  ordinaire  ,  et  la  rcconmiande  comme  un  usage 
louable.  Car  voici  ce  qu'il  prescrit  touchant  ceux  (pii 
étaient  en  pénitence  publique  :  Vous  le  recevez  (ces  pa- 
roles s'adressent  à  l'évéque)  la  qualrième  [crie,  le  matin, 
au  commencemcnl  du  carême;  vous  le  couvrez  d'un  cilice, 
vous  priez  pour  lui,  et  vous  renfermez  jusqu'au  jour  de 
la  cène  du  Seigneur,  auquel  il  sera  présenté  à  l'é- 
glise, etc.  Ensuite,  à  la  tin  de  la  messe  du  Jeudi-Saint, 
on  lit  ce  (pii  sinl,  dans  le  même  livre  :  Le  pénitent  sor- 
tira du  lieu  oii  il  a  fait  pénitence,  il  se  présentera  au  mi- 
lieu de  r église,  prosterné  en  terre,  etc.  Le  pape  Gré- 
goire II  suppose  dans  sa  lettre  à  Léon  l'isauricn  celle 
pratique  comme  une  chose  connue  de  tout  le  monde 
et  par  conséquent  ancienne.  Or,  ce  pape  fut  élu 
en  71-i.  Voici  comme  il  parle  à  ce  prince  touchant  la 
différence  des  deux  puissances  ,  la  temporelle  et  la 
spirituelle  :  Si  quelqnun  vous  offense,  vous  confisquez 
sa  maison  ,  vous  lui  faites  couper  la  tête,  ou  vous  le  re- 
léguez bien  loin  de  son  pays  et  de  sa  famille.  Les  pon- 
tifes n'en  agissent  pas  ainsi;  mais,  quand  quelqu'un  a 
péché  et  s'en  est  confessé ,  au  lieu  de  ces  peines,  ils  lui 
mettent  autour  dti  cou  l'évangile  et  la  croix,  et  ils  l'en- 
ferment dans  le  sacraire  ou  la  diaconie  de  l'église, 
comme  dans  une  prison.  Là,  ils  lui  font  pratiquer  des 
jeûnes,  le  font  veiller  el  prier  Dieu  ;  et,  après  l'avoir  Lien 
châtié  et  affaibli  par  la  faim,  ils  lui  donnent  le  précieux 
corps  du  Seigneur,  etc.  Ce  que  dit  ici  le  pape  Gié- 
goire  II  se  faisait  surtout  au  connnencenicnl  du  carême, 
qui  était  le  temps  auquel  on  renfermait  ainsi  les  péni- 
tents jusqu'au  Jeudi  Saint.  Egbert,  archevècpie  d'York, 
qui  vivait  à  peu  près  au  même  temps,  prescrit  la 
même  chose  dans  son  Pénilenliel. 

En  l'amiée  742  ,  il  se  tint  un  synode  composé  des 
évêques  de  France  ,  auquel  présida  S.  Boniface  ,  ar- 
cbevê(pie  de  Mayence.  Parmi  les  décrets  de  ce  concile, 
nous  en  avons  un  conçu  en  ces  termes  :  Nous  avons 
ordonné  qu'après  ce  synode ,  qui  a  été  tenu  le  onzinne 
des  calendes  de  mai,  quiconque  des  serviteurs  ou  djs 
servantes  de  Dieu  tomberait  dans  le  crime  de  fornication, 
ferait  pénitence  au  pain  et  à  l'eau  dans  ta  prison  ;  que 
siquel'iu'un  a  été  ordonné  prêtre,  il  y  demeure  deux  ans 
après  avoir  été  fustigé  ;  que  si  un  clerc  ou  un  moine  est 
tombé  dans  le  même  crime,  après  avoir  été  frappé  de  ver- 
ges trois  fois,  il  soit  mis  en  prison,  et  qu'il  y  demeure  l'es- 
pace d'un  an  ;  que  l'on  impose  la  même  peine  aux  rili- 
gieuses  voilées,  el  qu'on  leur  rase  tous  les  cheveux  de  la 
tête.  Les  décrets  de  ce  synode  furent  confirmés  l'année 
suivaniedans  celui  que  l'on  tint  à  Lepiine.  La  première 
partie  de  ce  règlement  s'entend  en  général  de  tous  les 
chrétiens;  la  seconde ,  des  prêtre»;  la  troisième^  des 


SACREMENTS.  S48 

autres  clers  et  des  moines;  la  dernière,  dos  filles  con- 
sacrées à  Dieu.  Ces  peines  sont  extraordinaires,  et  no 
pouvaient  s'infliger  en  vertu  de  la  seule  puissance 
ecclésiastique,  au  moins  sans  le  consentement  de  ceux 
qui  avaient  commis  le  crime  pour  lequel  elles  son» 
imposées.  Cependant  les  évoques  de  ce  concile  ne  dis- 
tinguent pas  ceux  qui  acceptent  volontairement  cette 
pénitence  de  ceux  que  l'on  y  soumet  de  force.  La  rai- 
son de  cette  conduite  est  que  ces  évoques  étaient  au- 
torisés par  le  prince  Carloman  ,  qui  gouvernait  alors 
en  souverain  la  France  orientale,  que  l'on  nommait 
alors  Austrasie.  Dans  la  suite,  la  puiss^ince  des  évêques 
s'éiant  encore  acerue  davantage  en  Occident,  ces  sortes 
de  peines  devinrent  d'un  usage  commun  el  ordinaire  : 
ils  la  C(mservèrent  assez  longtemps  ,  essuyant  plus  ou 
moins  de  résistance  de  la  part  des  mauvais  chrétiens, 
et  surtout  des  seigneurs  qui  élaienl  canlonnés  dans 
leurs  châteaux  depuis  la  fin  du  neuvième  siècle  jus- 
qu'au douzième,  et  (jui  souvent  non-seulement  se  met- 
taient peu  en  peine  des  censucs  des  évêques  ,  mais 
qui  uiéprlsaient  n.cme  qtielquefois  la  puissance  royale 
dont  ils  s'efforçaient  de  les  soutenir".  Ce  désordre  de- 
vint fort  commun,  surtout  depuis  la  mort  de  l'empereur 
Char!es-le-Chanve  ,  dont  la  facilité  ne  contribua  pas 
peu  à  affaiblir  la  puissance  royale.  Dans  les  temps 
suivants,  ces  pénitences  devinrent  en  quelque  manière 
des  peines  civiles,  qui  n'eurent  plus  de  ra|,,)ort  au  sa- 
crement de  Péiiitenre;  mais,  dans  le  temps  dont  nous 
parlons,  il  n'en  élait  pas  ainsi.  Elles  étaient  des  peines 
sacramentelles  cl  satisfacloires  pour  les  pécheurs  qui 
après  avoir  confessé  leui  s  crimes  ou  en  avoir  été  con- 
vaincus, les  expiaient  sous  la  main  des  prélats,  et  en 
recevaient  l'absolution  après  qu'ils  avaient  passé  dans 
cet  étal  pénible  et  humiliant,  le  temps  prescrit  par  leur 
pénitence. 

Quoique  toutes  les  preuves  que  nous  avons  rap- 
portées jusqti'ici  pour  établir  l'usage  de  celte  péni- 
tence à  demi-publique,  soient  tirées  d'auteurs  qui  ne 
remontent  pas  au-delà  du  sixième  siècle,  il  ne  s'en- 
suit nullement  qu'elle  ne  soil  pas  plus  ancienne;  car 
outre  (pie  ces  auteurs  ne  disent  pas  que  cette  cou- 
ttnne  fût  nouvelle,  et  (|u'il  ne  parait  pas  qu'ils  soient 
les  inventeurs  de  cette  espèce  de  pénitence ,  nous  en 
trouvons  des  traces  dans  le  cinipiicme  siècle.  C'est  ce 
que  semble  insinuer  S.  Augustin,  dans  le  passage  que 
nous  avons  déjà  allégué  (1)  ailleurs,  dans  lequel  il 
dit  :  Que  si  le  péché  est  non  seulement  tel  qu'il  nuise 
beaucoup  à  l'àme  de  celui  qui  l'a  commis ,  mais  qu'il 
scandalise  les  autres,  et  que  le  Prélat  juge  que  cela  soit 
avantageux  à  l'Eglise,  qu'il  ne  refuse  point  de  faire  péni- 
tence en  présence  de  plusieurs,  ou  même  de  tout  le  peu- 
ple, etc.  €  In  7wlitià  multorum  ,  vel  etiam  totius  plebis 
i  pœnilentiam  agere.  »  Cette  alternative  met  quelque 
dinérence  entre  ces  manières  de  faire  pénitence  ,  cela 
insinue  une  publicité  plus  ou  moins  grande.  La  pre- 
mière manière  de  faire  cette  pénitence,  in  conspeclu 
multorum,  semble  faire  voir  que  dès  ce  temps-là  en 

(1)  Homil.  ult.  inier  50.  » 


549  PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  H 

Afrique  on  reléguait  cenaiiis  pénitents  dans  des  endroits 
destinés  aux  exercices  laborieux  de  cet  état,  elque  là  ils 
s'enacciuiltaientbousrinspccliondesporsonnesàquiles  ' 
évêqiies  donnaient  la  coniniission  de  veiller  sur  eux, 
Cl  de  lui  en  rendre  compte.  L'autre,  j«  conspectu  lo- 
tiusplcbis,  marque  évidemment  la  pénitence  publique 
ordinaire  en  ce  temps-là,  hKjuelle  avait  lieu,  surtout 
quand  les  pécliés  pour  ksquels  on  Timposail  avait  élé 
un  sujet  de  scandale  à  tout  le  peuple  chrétien. 

Le  premier  concile  de  Tolède,  qui  a  élé  célébré 
avant  que  S.  Augustin  eût  paru  dans  le  monde  avec 
cet  éclat  qui  l'en  a  rendu  l'admiration  ,  contient  cer- 
Idines  dispositions  qui  favorisent  ce  que  nous  venons 
d'avancer,  dans  le  canon  7*  il  est  dit  :  JSous  avons 
ordonné  que  si  les  femmes  de  quelques-uns  des  clercs  onl 
péché  (  de  peur  qu'elles  n  aient  la  licence  de  continuer 
dans  leurs  désordres),  leurs  maris  se  mettent  en  devoir 
<le  les  garder  et  de  les  lier  dans  leurs  maisons,  les  assu- 
jétissanl  à  des  jeûnes  salutaires  qui  ne  soient  pas  capa- 
bles néanmoins  de  leur  causer  la  mort  :  en  sorte  que  les 
pauvres  clers  se  prélent  pour  cela  les  uns  aux  autres  tni 
secours  réciproque,  s  ils  manquent  de  gens  de  service  en 
celle  occasion  Que  d'ailleurs  ils  ne  mangent  point  avec 
leurs  femmes  qui  auront  ainsi  péclié,  à  moins  qiCaprès 
avoir  fuit  pénitence  elles  ne  reprennent  des  sentiments  de 
crainle  de  Dieu.  Si,  suivant  la  disposition  de  ce  con- 
cile, les  maris  pouvaient  assujétir  leurs  femmes  à  une 
pénitence  en  quelque  façon  secrète,  il  y  a  tout  lieu 
de  croire  que  l'Kglise  en  ce  temps  se  servait  de  son 
autorité  pour  user  à  peu  prés  de  même  à  l'égard  de 
certains  pécheurs,  que  la  conjoncture  ou  d'autres  rai- 
sons de  prudence  obligeaient  de  traiter  avec  quelque 
ménagement.  Cet  usage  de  renfermer  ceux  qui  s'exer- 
çaient aux  œuAres  de  piété,  était  d'autant  plus  pniti- 
cable  à  l'égard  des  pénitents,  que  nous  voyons  qu'on 
l'observait  en  Afrique  à  l'égard  des  calécbumcnes. 
C'est  ce  qui  parait  par  ces  paroles  que  leur  adresse 
S.  Augustin,  (  I.  "2,  c.  1,  de  Symbolo ,  ad  Catecliume- 
nos  )  :  QiCa-l-on  fuit  aujourd'hui  à  notre  égard,  mes 
très-chcrs  frères?  qu'a-t-on  fuit  celte  nuit?  on  vous  a 
tirés  des  lieux  secrets,  oit  vous  étiez  enfermés,  on  vous  a 
produits  à  la  vue  de  toute  l'Eglise  :  et  là,  baissant  la 
tête  que  vous  aviez  tenue  élevée  mal-à-propos,  et  couchés 
sur  le  cilice.  vous  avez  été  examinés,  etc.  Si  on  prépa- 
rait ainsi  les  catéchumènes  au  Baptême  ,  dans  la  re- 
traite et  la  solitude  d'un  endroit  éloigné  du  tumulte 
ordinaire  du  monde,  je  ne  vois  aucun  inconvénient 
qu'on  ait  pu  agir  de  la  même  manière  à  l'égard  de 
certains  pénilents  dès  le  milieu  du  cinquième  siècle, 
surtout  quand  je  considère  que  dès  le  siècle  suivant, 
cela  était  passé  dans  l'usage  ordinaire. 

CHAPITRE  X. 

De  la  pénitence  des  clercs  tant  majeurs  que  mineurs.  Que 
les  uns  et  les  autres  ont  été  soumis  à  la  pénitence 
publique  pendant  les  trois  premiers  siècles.  Que  de- 
puis les  clercs  du  premier  ordre  en  ont  été  dispensés,  ' 
mais  que  la  même  discipline  a  continué  d'avoir  lieu  à 
regard  des  clercs  inférieur»,  nu  mr,-„s  ,,.,i,r  hs  ^rnndK  \ 


ClIAP.  X.  l'ÉMTEiNCE  DES  CLERCS.  65d 

crimes.  Que  les  moines  et  les  nligieuses  n''onl  point 
été  distingués  en  ce  point  des  simples  laïques.  Diverses 
particularités  touchant  la  pénitence  de  ces  derniers. 

Si  la  discipline  louchant  la  pénitence  des  évoques, 
des  prêtres  et  des  diacres,  que  nous  appelons  au- 
jomd'hui  clercs  majeurs,  quand  nous  voulons  les  dis- 
tinguer de  ceux  qui  composent  le  clergé  inférieur,  a 
varié,  comme  nous  le  fenms  bientôt  voir  ;  ce  n'a  ja- 
mais été  que  dans  la  manière  de  la  recevoir  et  de  la 
pratiquer,  cl  non  par  rappoil  aux  peines  dues  aux 
crinii'S  pour  Icsiiucls  ils  clevaii  ut  satisfaire  à  la  justice 
de  Dieu,  ce  n'a  été,  dis-je  (pie  par  rapjxut  à  la  ma- 
nière humiliante  de  la  recevoir  au  milieu  de  l'église, 
en  présence  de  tout  le  peuple,  par  l'imposition  des 
mains  de  l'évêque  ;  mais  jamais  on  n'a  cru  qu'ils  fus- 
sent dispensés  de  venger  sur  eux-mêmes  l'injui  e  qu'ils 
avaient  faite  à  Dieu  en  l'offensant,  et  que  la  seule  dé- 
position fût  une  peine  suffisante  pour  guérir  les  pi  lies 
qu'ils  s'étaient  faites  par  le  péché.  C'est  confoi  nié- 
ment  à  celte  maxime  que  S.  Jérôme  dans  sa  qinantc- 
buitième  lettre  au  diacre  Fabinien  qui  s'était  laisse 
entraîner  dans  le  désordre,  lui  écrii  :  Je  vous  ai 
exhorté  à  faire  pénitence,  et  à  vous  co2ivrîr  de  cendre  et 
de  cilice,  et  à  vous  retirer  dans  la  solitude,  à  vivre  dans 
un  monastère,  à  implorer  la  miséricorde  de  Dieu  par 
des  larmes  continuelles.  Si  donc  on  ne  tionve  pas  dans 
les  canons  qui  se  sont  faits  sin-  celte  marère  depuis 
le  quatrième  siècle,  des  peines  pour  les  crimes  des 
clercs  du  premier  ordre,  autres  que  la  dé|)Osilion  ou 
la  suspense,  il  ne  faut  pas  s'imaginer  qu'il  n'y  en  eût 
point  d'autres;  mais  on  ne  fait  mcmion  que  de  celles- 
là,  parce  que  c'étaient  les  seules  qui  fussent  publi- 
ques. 

Montrons  présentement  que,  dans  les  trois  premiers 
siècles,  on  ne  mettait  point  de  différence  entre  la  pé- 
nitence d"sévèques  et  des  prêtres,  et  celle  des  simples 
laïques.  On  en  peut  voir  des  preuves  dans  le  chapitre 
second  de  la  première  partie  de  celle  section,  où 
nous  avons  lait  voir  que  pour  certains  crimes  plus 
énormes  0!i  ne  se  contentait  pas  toujours  de  la  seule 
déposition,  mais  qu'on  y  ajoutait  de  plus  une  espèce 
d'cxcouununication,  qui  n'était  point  distinguée  de  la  f 
IxMiilence  canonique  Mais  nous  ne  nous  en  tiendrons  ' 
pas  là.  Nous  ferons  voir  par  des  autorités  irréfra- 
gables que  telle  était  la  discipline  de  ces  premiers 
lemps-là.  Le  concile  d'Elvire  entre  autres  suppose 
celte  coutume,  lorsque  dans  le  canon  7(i*  il  ordomie  :  Si 
quelque  diacre  t'est  laissé  ordonner,  etc. ,  s'il  a  confessé 
volontairement,  qu'après  avoir  fait  la  pénitence  légitime, 
l'espace  de  trois  ans,  il  soit  reçu  à  la  communion.  Ce 
sont  les  mêmes  termes  dont  ce  concile  se  sert  ordi- 
nairement pour  signifier  la  pénitence  conmmnc,  lors- 
(pi'il  parle  des  laî(|ues,  le{filima  pœnitenlia.  Le  con- 
cile de  Néocésarée  dit  équivalemment  la  même  chose, 
c.  1  :  Si  un  prêtre  a  contracté  mariage,  qu'il  soil  dé- 
gradé; que  s'il  a  commis  le  crime  de  fornication,  qu'il 
soit  chassé  et  réduit  h  la  pénitence  (  et  ad  pœnilent'iarn 
rl-'d'irifivf). 


55Î 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


Sîia 


Terlullicn  dans  tout  son  traité  de  la  Pcniicnrc ,  dans  1      Si  après  toiiîcs  ces  autoviics  il  reste  encore  quoique 


f  lequel  il  exliorte  avec  tant  d'éloquence  < eux  qui  oui 
j)crdu  l'innocence  de  Icin- baplênie  i\h\  rec(»iivr(M'  par 
)(?s  travaux  et  les  exercices  (le  la  pénitence  oïdinairc 
dans  réglise,  qu'il  décrit  si  palhéliipiemenl,  ne  fait 
aucune  distinction  sur  ce  point  entre  le  prêtre  et  le 
laïque  ;  il  n'excepte  point  les  clercs  des  Innniliaiions 
altacliées  à  cet  état  auquel  il  invite  tous  les  pi'clieurs 
d'entrer  par  l'exemple  nièuie  des  rois,  connue  de 
Nabuchodonosor  cl  des  autres. 

S.Cyprien  dans  sa  lettre  G8',  en  parlant  de  Dasilide 
qui  était  un  évciiue  espagnol ,  coupable  de  pécî.és 
d'idolâtrie  et  de  blasplième,  dit  tjit'il  s\'tuil  dcoiis  de 
répiscopat  pour  satisfaire  à  su  conscience,  qu'il  s'élail 
livré  à  la  pénitence  (  ad  agendam  pœniteulium  conver- 
sum),  et  quil  se  croyait  fort  heureux  si  on  lui  accordait 
la  coninnuiion  connue  à  un  làUpie.  Un  peu  ]>lus  bus  il 
ajoute  qu'il  a  été  réglé  d'un  consentement  unanime  des 
évèques,  qu'on  accorderuil,  à  la  vérité,  la  lénilencc  à  ces 
sortes  de  gens,  mais  qu'on  Irur  interdit  ait  l'entrée  du 
clergé  et  l'honneur  du  sacerdoce.  «  i'.jusmodi  liomincs 
«  ad  agendam  quidem  pœnilenliam  posse  admitti,  j  etc. 
Le  pape  S.  Corneille  dans  sa  letlre  à  Fabien  d'An- 
lioclie,  parlant  d'un  des  trois  évoques  qui  avaient  or- 
doriné  Novatien,  fait  entendre  clairement  qu'il  lit  une 
satisfaction  publique  de  sa  fauie,  lorsqn'd  dit  que 
peu  à  près  pleurant  amèrement,  et  faisant  la  confession 
de  son  péché  devant  tout  le  peuple  qui  intercédait  pour 
lui,  il  fut  reçu  comme  laïque  à  la  communion,  i^ou.o- 
>.ovoûy.svc;  ta  iovTy.o\j  âLiJ.'j.p-:r,ij.%. Ce  Icriiie  d'cxomoiogcse, 
coniinc  nous  avons  vu,  signifie  souvctut,  non  seule- 
ment la  confession  des  pécliés,  nrais  l'action  même 
de  la  pénitence,  et  l'acte  de  soumission  avec  laquelle 
on  la  recevait  dans  l'Eglise.  L'évè(pie  Calédimius , 
comme  on  le  voit  dans  la  19°  letlre  de  S.  Cypri  n, 
avait  demandé  à  ce  saint  martyr,  quelle  conduite  il 
devait  garder  à  l'égard  de  ceux  qui  ayant  sacrifié  aux 
idoles,  et  s'en  étant  repentis,  avaient  ensuiie  confessé 
génércuscmeni,  et  avaient  soulTerl  pour  la  foi  l'exil  et 
la  perte  de  leurs  biens.  Parmi  ceux  dont  il  était  ques- 
tion, il  se  trouvait  un  prèire  nommé  Félix.  S.  Cy- 
prien  fait  une  réponse  qui  suppose  l'usage  dont  il  s'a- 
git ici,  ne  faisant  aucune  distinctiDU  entre  ce  prélre  et 
les  autres  au  sujet  des;uels  on  demandait  s(ui  senti- 
ment. Elle  se  trouve  dans  sa  20'  leitre,  en  ces  ter- 
mes :  Comme  ils  ont  effacé  leurs  péchés  par  le  secours 
du  Seigneur,  et  qu'ils  ont  lavé  la  tache  qu^ils  avaient  con- 
tractée, par  la  confession  qu'ils  ont  faite  depuis  si  géné- 
reusement, ils  ne  doivent  pins  être  comme  abattus,  etc. , 
sous  la  puissance  du  diable.  <  Jacere  ultra  sub  diabulo 
t  quasi prostrati  non  debent.i  Rajoute  :  Plut  à  Dieu  que 
les  autres  pénitents  retournassent  ainsi  dansleur  premier 
état  dont  le  péché  les  avait  fait  déehoir  !  II  est  évident 
par  celte  réponse  de  S.  Cyjirieri ,  (pi'il  juge  que  ces 
personnes  ne  doivent  pas  subir  la  pénitence  canonique 
à  laquelle  ils  auraient  été  soumis,  s'ils  n'avaient  ré- 
paré si  avantageusement  leurs  fautes,  el  que  par  con- 
séquent le  prêtre  Félix  sans  cela  y  eût  été  soumis 
comnr«e  les  autres. 


douie  touchant  celle  discipline  qui  assujétissail  ceux 
du  cl.'i'-é  à  la  pénitence  pi:bli(pie  cgalcnienl  comme  ' 
lc-<  laï(pii's,  la  Iclli'e  aO'  du  même  saint  les  lèvera  sans  * 
peine.  Elle  esi  si  expresse  là-dessus,  el  le  cas  y  est 
si  préciséiiKMit  marqué,  qu'il  n'est  pas  possible  de  la 
méc'imiaîlre.  Kous  avons  lu  vos  lettres,  mon  cher 
frère,  dil-il,  pur  lesquelles  vous  nous  apprenez  que  Thé- 
rapius,  notre  collègue,  a  donné  à  contre-temps  et  avec 
précipitation  la  paix  à  un  certain  prêtre,  nommé  Victor, 
avant  qu'il  eut  fait  la  pénitence  pleine,  el  qu'il  eùi  satis- 
fnit  au  Seigneur  Dieu,  contre  lequel  il  a  péché  (ante- 
qnàm  pœniientiam  plcnam  egisset).  Nous  avons  été  fort 
louches  que  l'on  se  soit  écarté  de  l'autorité  de  notre  dé- 
cret, en  accordant  ainsi  la  paix  avant  que  l'on  eût  plei- 
nement et  légitimement  satisfait,  sans  que  le  peuple  le 
sut  el  le  demandât,  sans  que  l'on  fût  pressé  par  la  ma- 
ladie ou  la  néeessiié.  «  Qitœ  res  nos  salis  movit,  .succes' 
t  sum  esse  à  decreti  nostri  auctoritate,  ut  ante  igitimum 
4  et  /  leniun  tempus  satisfactionis,  et  sine  petitu  et  con- 
«  seieniiaplebis,nultà  in firmiiate urgente,  aut  necessitate 
t  cogente,  pax  ci  concederetur.  i  Peut-on  désigner  la 
péiiilence  publique  par  des  caraclères  plus  marcpiés? 
tous  les  ternies  semblent  èire  choisis  pour  cela.  Mais 
ce  qui  mérile  encore  une  alleiiliini  parliculière,  c'est 
C(!  qu'il  dii,  (pie  celle  disci|>liiic  avait  élé  réglée  par 
l'auloi  ilé  d'un  décret  ([ui  est  sans  doute  celui  dont  il 
|»ai  le  dans  sa  b'I''  et  sa  oV  lellre,  qui  ne  met  enîre  le 
clerc  el  le  laï(|ue  aucune  dinéreiice  touchant  la  p(;ni- 
lence. 

Celle  discipline  cliangca  après  que  les  persécutions 
des  païens  fiirei.l  Unies,  comme  nous  le  prouverons 
bienUJl  :   mais  ce  cbangemcnl,  comme  la  plupart  de 

'  ceux  (le  celle  espèce,  ne  se  lit  pas  siibilement  cl  uni- 
versellement, et  il  en  resta  des  ves^tiges  encore  long- 
temps après  dans  quelques  provinces  de  la  cbrélieii- 
lé.  Il  parail,  parle  dou/.ième  canon  du  premier  con- 
cile d'Orange,  qu'on  accordail  encore  depuis  ce  temps 
la  pénilence  canoiTupieà  ceux  du  clergé  qui  la  souhai- 
taient. C'est  ce  ipie  signilient  ces  paroles:  pœniten' 
liant  desiderantlbus  clericis  non  negandam,  qui  ne  peu- 
vent s'(3iilendre  raisonnablement  (pie  de  la  pénitence 
publi(pie  ou  cano!:i(pie  ;  car  qui  a  jamais  refusé  aux 
clercs  la  permission  de  faire  iiénilt-ice  en  leur  parti- 
culier? Martin  de  Drague  suppose  aussi  que  de  son 
temps  les  clercs,  même  du  premier  ordre,  ét:iieiil  en- 
Crie  soumis  à  la  pénitence  pub!i(|uedansquehpies  en- 
droits, puiscpTil  dit,  cli.  57  :  Si  quelque  prêtre,  (i  Ctuse 
de  ta  pénitence  publiijuc  qu'il  a  re,ue  par  l'autorité  sa- 
cerdiilnle,  ou  pour  antique  nécissilé.  j.  une  le  dimanche 
par  une  espèce  de  religion,  pro  quadam  reliciomc,  ou 
par  superstition  (car  c'esi.,  à  ce  que  je  crois,  ce  que 
^ig..ilieIit  ces  ternies),  qu'il  soit  anatlième.  La  coulumc 
assez  ordinaire  en  Espagne,  aux  évèques  mêmes,  de 
se  soumettre  à  la  pénitence  publique  par  un  esprit  de 
dévotion,  soil  qu'ils  eussent  commis  des  crimes  qui  la 
niéiilasscnt,  soil  (pi'ils  en  fussent  exempts,  comme 
nous  l'avons  vu  ci-devanl  par  les  exemples  de  Gau- 

'  ilcnce  et  de  Polamius,  évèques  de  ce  pays,  confinuG 


855       *        PÉNITENCE.  —  SECT.  lïl.  PART.  H. 

ce  qno  nous  avons  dit,  qiit'  celte  discipline  ancienne'' 
ne  s'esl  pas  (Iiaiigée  loiil-à-coiip   univcrsollcnienl. 
Dans  la  suiio  ce  lut  une  chose  assez  ordinaire  de  ren-  i 
fermer  ceux  du  clergé  qui  avaienl  péché,  et  de  leur 
faire  expier  leurs  crimes  par  celte  espèce  de  péiii-  ' 
lence  dont  nous  avons  parlé  dans  le  chapitre  précé- 
dent, ('/est  de  celte  manière  que  S.  Uenii  lit  expier  à 
r<''vèipie  de  Laon  la  faute  qu'il  avait  conmiise.  Voyez  ; 
ce  que  nous  en  avons  rapporté  dans  le  ch.  G  de  la 
première  partie  de  celte  section.  C'est  ainsi  que  Ton 
ménageait  l'iionnenr  du  clergé,  en  n'cx|;Osant  pas 
ceux  qui  le    composaient  à  la  pénitence  publi(|ue , 
comme  le  reste  des  fidèles;  ce  (pi'il  faut  entendre  des 
évoques,  des  prêtres  et  des  diacres.  Car  pour  ce  qui 
est  des  autres  ministres  de  l'Église,  ils  étaient  soumis 
presque  parloiil  à  la  même  pénitence  que  les  laïques, 
et  il  n'y  avait  point  sur  cela  de  dillérence  entre  eux. 
Ceci  et  1.'  changement  survenu  par  rajiport  à  la  péni- 
tence des  principaux  memhres  {\u  cltMgé,  kc  démon- 
tre évidounnent  par  le;  canon  11  du  ciii(|uième  concile 
de  C:irthage,  qui  est  conçu  en  ces  termes  :  Sous  avons 
atatiié,  lOHclutnl  les  prêtres  cl  les  diacres,  que  s'il  arrive 
(lu'ils  soient  coiivaiucus  de  quelques  grands  péchés,  pour 
lesquels  il  faille  les  éluttjuer  du  ministère,  on  ne  Umr  im- 
pose pas  les  mains  comme  aux  pénitents  ou  aux  fidèles 
laïques.  S  Léon  établit  clairement  la  même  chose  dans 
sa  lettre  à  RusTniue  de  Narhonne,  n.  2,  lorsqu'il  dit  : 
Il  est  contraire  (i  lu  coutume  ecclésiastique  que  ceux  qui 
ont  l'honneur  du  sacerdoce,  ow  qui  sont  au  rancj  des  dia- 
cres, reçoivent  le  remède  de  la  pénitence  par  l'imposition 
des  mains,  pour  les  crimes  qu'ils  ont  commis  :  ce  qui, 
ajoute-t-il,  vieiit  sans  doute  de  la  tradition  apostolique: 
t  Quod  sine  dubio  ex  upoitolicà  traditionc  descendit,  a 
Ces  dernières  pamles  font  voir  (pie  celle  prérogaiive 
des  prêtres  cl  des  diacres  était  si  bien  établie  du  temps 
de  ce  saint  pape  dans  l'église  Romaine  et  dans  colle 
d'Italie,  et  (prelle  y  élail  même  déjà  si  aiiciemic  que 
cela  lui  a  doniié  lieu  de  croire  qu'elle  venait  de  la 
tradiiion  des  apôtres  ;  ce  qui  ne  peu!  avoir  lieu,  néan- 
moins, to.l  an  plus,  qu'à  l'égard  de  l'église  de  Rome 
en  particulier.  .Mais  il  est  très-probable  que  S.  Léon, 
connaissant  ce  que  li;  pape  Syrice  avait  écrit  sur  cela 
à  llimerius  de  Tarragone,  a  c>u  qii.-  le  point  de  disci- 
pline dont  parlaii  un  de  ses  prédécesseurs,  ccnmne 
d'un  usage  ordinaire,  avait  toujours  élé  observé  dais 
l'Église.  Voici  ce  que  Syrice  écrivit  (I)  sm-  rela  en 
lannée  5So,  et  qui  semble  étendre  généralement  à 
tous   les   clercs  c^;   que   le  concile  de  Carthage  et 
S.  Léoii  n'ont  entendu  que  des  principaux  membres 
du  clergé.  Sous  avons  du  pourvoir  aussi  à  ce  que  comme 
en  n'accorde  à  aucun  clerc  de  f.ire  pénitence,  de  même 
il  ne  fut  jamais  permis  à  aucun  laïque  d'entrer  dans  le 
ctcrqé,  après  la  pénitence  et  la   réconciliation  ;   parce 
qu'encore  qu'ils  soient  purgés  de  la  contagion  des  p  'chés: 
ceux-là  ne  doivent  cependant  point  entreprendre  d'admi- 
nistrer les  sacrements,  qui  ont  été  comme  des  vases  souil- 
lés par  les  vices.  i  L'i  sicut  pœnitenliam  agere  cuiquam 

{\)  Epist.  ad  Himer.,c.  14. 

TH.  XX. 


CHAP.  X.  PÉNITENCE  DES  CLERCS.  SK4 

il  c  non  conceditur  clericorum,  etc.  .  Nutla  tnmen  dcbent 
i  gerendorum  sacramentorum  inslrumoiln  susciprre  qui 
t  dudum  fuerint  vasa  viliorum.  »  Le  P.  Miirin  (1)  s'ef- 
l'orer  de  l'aire  voii'  que  dans  ce  décret  de  Syrice  les 
minisires  inférieurs  n'y  sont  point  compris  ;  mais  il  est 
dillieile  d'entrer  dans  sou   scnlinn-nt  qtii  paraît  faire 
violence  au  texle.  Lt  le  P.  Coutanl,  dans  sa  noie  sur 
cet  entiroil  de  la  Décrétale  de  Syrice,    eonvient  de 
bonne  foi  que  les  paroles  perlent  naturellement  à 
l'esprit  le  sens  contraire  à  cette  interprétation  du 
P.  Morin,  puis(pie  ce  pape  défend  également  et  aussi 
généralement  de  soumettre  les  clercs  à  la  pénitence 
publi(pie,  tpi'il  interdit  l'enliéedu  clergé  aux  laïques 
qui  auront  élé  soumis  à  celte  pénitence.  Or  il  n'y  avait 
point  d'exception  pour  le  second  point,  et  tous  les  or- 
dres étaient  également  interdits  aux  pénitents  dans 
l'église  Romaine,  et  par  conséquent  tous  les  clercs 
indistinctement  semblent,  suivant  l'esprit  du  pape  Sy- 
rice, avoir  élé  dispensés  de  la  pénitence  publique.  Lo 
pape  Innocent  I,  dans  sa  quarantième  lettre,  nous 
rend  un  témoignage  assuié  de  ce  que  nous  dirons  ici 
de  la  maxime  de  T'égli^e  Romaine,  en  ces  termes  : 
Les  canons  de  Nicée  excluent  les  pénitents  des  offices  les 
plus  bas  du  clergé.  «  Canones  apud  ISicœam  constituti 
i  pœnitentes  etiam  ab  infim'is  officiis  clericorum  exclu- 
<i  dunt.  r.  Le  concile  qmtrième  de  Carthage  ordonne 
la  même  chose,  c.  68,  et  le  pape  Gélase,  ep.  H, 
cliap.  2. 

On  peut  dire  néanmoins  que  cette  disposition  de  la 
Décrëlale  de  Syrice  na  point  élé  suivie  ;  nous  le  ve  • 
nous  de  voir  par  le  cin(iuième  concile  de  Carthage  et 
par  S.  Léon,  qui  restreignent  ce  privilège  aux  prêtres 
et  aux  diacres;  et  ce  dernier  appuie  sa  décision  sur 
ce  point,  de  cette  parole  de  l'Écriture,  qui  ne  con- 
viendrait nullement,  s'il  éiait  question  des  ministres 
inférieurs,  tels  que  les  portiers,  les  exorcistes,  les 
acolytes,  etc.  Si  le  prêtre  pèche,  qui  priera  pour  lui? 
Le  savant  éditeur  des  decrélales  des  papes  ne  fait 
point  aussi  difficulté  d'avouer  (juc  le  pape  Félix  II  (cp. 
15,  num.  G)  s'est  éloigné  en  cela  du  sentiment  de  Sy- 
rice, soumettant  en  termes  exprès  les  ministres  infé- 
rieins  à  la  |:éniience  publi(iue  (2).  Eflectivemenl,  ce 
pajie,  qui  succéda  à  S.  Lv^^on  environ  "l-l  ans  après  sa 
nnut,  soumet  les  clercs  mineurs,  les  moines,  cl  les 
personnes  du  sexe  consacrées  à  Dieu,  aux  mêmes  pei- 
nes (pic  les  simples  laï(|ucs  :  Powr  ce  qui  est  des  clercs 
et  des  moines,  des  filles  consacrées  à  Dieu,  on  des  sécu- 
liers,  nous  ordonnons  que  l'on  observe  ce  qui  a  été  régie 
par  le  concile  de  Mcée,  à  l'égard  de  ceux  qui  sont  tom- 
bés. Savoir  que  ceux  qui,  sans  avoir  lieu  de  craindre,  et 
sans  être  menacés  d'aucun  péril,  se  sont  livrés  aux  héré- 
tiques pour  être  ri  baptisés,  si  cependant  ils  sont  vraiment 
repcnlanls,  soient  trois  ans  entre  les  auditeurs  :  qu'ils 
soient  sept  ans  prosternés  entre  les  pénitents,  sous  lu 

(1)  DePœnil.,  l.  i,  c.  12 

(2)  Je  inmve  celle  lel;rede  Félix  dans  les  Conciles 
du  p.  Labbé  sous  le  nom  de  Félix  III,  et  la  septième 
de  ce  pape.  Le  P.  Morin  la  cile  de  même  ;  je  ne  sais 
pour(|noi  le  P.  Coulant  dit  que  c'est  la  quinzième,  et 

I  qu'il  l'attribue  à  Félix  IL 

18 


55S  HISTOIRE  DE  SACREMENTS.  S5Ô 

main  des  prêtres,  elc.  Peut-on  mieux  caraciériser  la  m  «  i<>mT)és  dans  des  fautes  considérables.  C'est  ce  qui 
pénilencc  publique  et  canonique?  Conlbrniément  à       ï  obligea  les  religieux   de  Fuhlc   d'avoir  recours  à 


celle  discipline,  S.  Isidore  évèque  de  Séville,  1.  2,  de 


divntis  ùfficm.  c  16,  après  avoir  dit  que  Dieu  avait      «  et  c'est  aussi  ce  qui  donna  occasion  à  la  défense  que 


ménagé  après  le  baptême  le  remède  de  la  Pénitence 
pom*  sauver  les  hommes,  ajoute  que  ç':î  été  en  conser- 


i  Cliarlemagne,  pour  réprimer  à  l'avenir  de  tels  excès, 


j  fil  ce  grand  prince,  dans  ses  Capitulaircs  de  l'année 
«  700,  et  à  celle  du  concile  de  Francfort,  tenn  cinq 


vanl  la  dignité  due  aux  rangs,  en  série  (j^(e  les  prêtres  et       «  ans  ajirès,  oîi  Ton  condamna  ces  sortes  de  suppli-  l 


les  lévites  l'accomplissent  en  secret,  mais  que  tous  les  au- 
tres la  fassent  publiquement ,  en  présence  du  prêtre  qui 
est  solennellement  debout  devant  Dieu.  Saint  Éloi,  liom. 
15.  exhorte  indistinctement  tous  les  pécheurs  à  re- 
courir à  la  pénitence  canoniiiue,  il  n'cxcepie  tacite- 
ment que  les  clercs  du  premier  ordre.  Ce  que  je  dis 
(ce  sont  les  paroles  du  saint  évêque),  je  le  dis  à  tous, 
aux  clercs,  aux  laïques,  aux  religiettses  :  Si  quelqu'un 
se  souvient  d'avoir  commis  quelques  péchés  d'envie,  de 
médisance,  de  fornication,  d'inceste,  de  parjure,  qu'il 
recoure  au  moins  aujourd'hui  au  remède  salutaire  de  la  j 
pé7iitence,  etc. 

Avant  que  les  moines  et  les  filles  qui  avaient  em- 
brassé Téial  de  la  virginilé  eussent  des  églises  sépa- 
rées, soit  que  celles-ci  demeurassent  chez  leurs  pa- 
rents, soit  qu'elles  habitassent  plusieurs  ensemble 
dans  des  maisons  éloignées  du  commerce  du  monde, 
ceux-ci  et  celles-là  étaient  obligés  de  passer  publi- 
quement dans  réglise  par  tontes  les  épreuves  de  la 
Pénitence.  Dans  la  suite  les  monastères  de  l'un  et  de 
l'autre  sexe  s'élant  multipliés,  et  ayant  leurs  oratoires 
particuliers,  ils  faisaient  la  même  chose  dans  leurs 
oratoires,  en  présence  de  la  communauté.  On  trouve 
dans  S.  Jean  Climaque,  qui  a  été  abbé  du  monastère 
du  mont  Sinaï  vers  le  commencement  du  septième 
siècle  ou  la  fin  du  sixième,  que  dès  lors  on  reléguait 
les  moines  coupables  de  grands  péchés  dans  un  en- 
droit destiné  aux  pénilents,  que  l'on  nommait  la  pn- 
son,  où  ces  pénitents  expiaient  leurs  crimes  en  diffé- 
rentes manières,  sous  la  direction  d'un  supérieur  sage 
et  discret,  qui  veillait  continnelloment  sur  eux,  et  les 
encourageait  à  supporter  les  travaux  attachés  à  cet 
état.  Rien  n'est  si  édifiant  que  ce  que  ce  saint  raconte 
de  ces  bienheureux  pénitents  dans  le  cinquième  degré 
de  son  Echelle  spirituelle. 

Saint  Benoît ,  qui  vivait  avant  que  S.  Jean  Clima- 
que composât  le  livre  dont  il  s'agit,  prescrit  dans  sa 
règle  diverses  manières  de  corriger  les  religieux  qui 
s'écartent  de  leurs  devoirs  :  mais  il  n'y  fait  nulle  part 
mention  de  prison,  quoique  dans  le  chapitre  18  il  fasse 
un  (lénombronicnt  exact  de  toutes  les  précautions  et 
do  ions  les  di'grés  de  peines  auxquels  il  veut  que  l'on 
soinnelte  les  délinquants  avant  que  de  les  chasser 
comme  incorrigibles  du  monastère. 

i  Mais,  dit  le  P.  Mabillon  dans  tm  petit  traité  qu'il 
a  f;\ii  sur  les  prisons  des  ordres  religieux,  et  qui  se 
trouve  parmi  ses  œuvres  posthumes  (lom.  li,p. 
(  5'2I),  on  ne  demeura  pas  longlcmps  dans  un  si  juste 
€  tempérament  :  et  la  dureté  de  quelques  abbés  alla 
€  jusqu'à  un  tel  excès  (on  aurait  peine  à  le  croire), 
i  (ju'ils  mutilaient  les  membres  et  crcvaienl  quelqne- 
i  fois  les  yeux  à  ceux  de  leurs  religieux  qui  claicnt 


«  ces,  qui  ne  sont  permis  que  dans  les  tribunaux  sé- 
ï  culiers  ;  et  Ton  réduisit  les  choses  aux  termes  de 

<  la  règle  et  à  la  discipline  régulière.  Abbates  quâlibet 
«  culpà  à  monachis  commissâ  (c'est  le  règlement  du 
«  concile)  tiequaquàm  permitlinmscœcare,  aut  mcmbrO' 
«  mm  debilitatem  ingerere,  nisi  reguluri  disciplina;  sub- 
«  jaceant.  Ce  fut  en  suite  de  celle  défense  que  tous  les 
«  abbés  de  l'ordre,  étant  assemblés  en  817  à  Aix-la- 
«  Chapelle ,  ils  ordonnèrent  que  dans  chaque  mo- 
«  naslère  il  y  aurait  un  logis  séparé,  domus  semota, 
<L  pour  les  coupables,  c'est-à-dire,  une  chambre  à  feu 
«  et  une  antichambre  pour  le  travail.  Us  défendirent 
«  aussi  d'exposer  aux  yeux  des  autres  religieux  ces 
«  pauvres  misérables  tout  nus  pour  être  fusiigés,  com- 
«  me  il  s'était  pratiqué  auparavant. 

«  Il  paraît,  par  le  premier  de  ces  règlements,  que  le 
«  lieu  où  l'on  condamna  ces  pénitonls  était  plutôt  une 
n  reiraiie  qu'une  prisoii,  puisqu'il  y  avait  une  cliam- 
«  bre  à  feu  et  un  laboratoire,  et  ce  règlement  est  d'au- 
«  tant  plus  considérable,  qu'il  a  été  fait  dans  une  as- 
«  semblée  de  tous  les  abbés  de  1  empire,  c'est-à-dire, 

<  de  France,  d'Allemagne  et  d'Italie. 

«  Le  second  concile  de  Verneuil,  tenu  peu  après, 
«  c'e'st- à-dire,  en  l'an  844,  ne  prescrit  aucune  peine 
«  corporelle  contre  ceux  qui  ayant  été  chassés  du 
«  monastère  pour  leur  incorrigibilité,  retournaient 
«  d'eux  mêmes,  mais  il  ordonne  seulement  que  ceux 
«  que  l'on  reprendrait  de  force,  seraient  renfermés 
d  dans  des  prisons,  in  crgaslulis,  et  macérés  par  des 
«  pénitences  convenables  que  la  piété  charitable  sug- 
1  gérerait  à  leurs  supérieurs  ,  pielalis  intuitu  conve- 
«  nientibus  macerentur  opcribus,  jusqu'à  ce  qu'ils  don- 

<  nassent  des  marques  de  leur  repentir  et  de  leur 
i  conversion.  Ce  qui  fait  voir  l'esprit  de  l'Église  et  de 
«  la  religion,  qui  ne  met  en  usage  ces  sortes  de  péna- 
I  lités  que  pour  porter  ses  enfants  à  une  correction 
«  salutaire. 

J  Dans  la  suite  des  temps  on  inventa  une  espèce  de 
<r  prison  affreuse  où  l'on  ne  voyait  point  le  jour,  et 
«  comme  elle  était  destinée  pour  ceux  qui  y  devaient 
«  finir  leur  vie  :  on  l'appela  pour  ce  siijet,  Vadein  pa- 
4  ce.  Il  semble  que  le  premier  qui  ail  inventé  celte 
«  sorte  de  supplice  teriible  a  été  Matthieu,  prieur  de 
I  Saint-Martiii-des-Champs  ,  suivant  le  rapport  de 
«  Pierre-le-Vénérable,  qui  nous  aj)prend  que  ce  supé- 
i  rieur,  homme  de  bien  d'ailleurs,  mais  d'une  sévéri- 
«  té  outrée,  fil  construire  une  cave  souterraine  en 
«  forme  de  sépalcre,  où  il  condamna,  pour  le  reste  de 
«  ses  jours,  un  misérable  qui  hii  paraissait  incorrigi- 
«  ble.  Mais  quelque  respect  que  j'aie  pour  la  mémoire 
8  de  ce  grand  homme,  je  ne  craindrai  pas  de  dire 


5o7  PÉNITENCE.  —  SECT.  111.  PART  11. 

<  f)n'il  semble  avoir  passe,  en  cela,  les  bornes  de 
i  I  liiinKiiiité. 

«  Il  est  vrai  que  Picrre-le-Vénérable  ajonlc  que 
«  celle  rigueur  ne  fui  prali(i»ce  qu'une  Ibis  du  temps 
t  de  Malliiieu  :  mais  comme  ces  sortes  d'exem|)les  sont 
i  toujours  d'une  fâcheuse  cons«'qMence,  d'autres  snpé- 

<  rieurs,  moins  ciiaritables  que  zélés,  ne  manquèrent 
«  pas  d'en  user  de  même  à  l'égard  des  religieux  con- 
I  pabies,  et  celte  dureié  ,  tout  inluimaine  qu'elle  pa- 
i  raisse,  alla  si  luin  cl  devint  si  coinnume,  qu'elle 
i  obligea  Etienne  (I),  archevêque  de  Toulouse,  d'en 

<  porter  ses  plaintes  par  son  grand  vicaire  au  roi  Jean, 
«  couquesliis  de  horribili  rigore  quem  monaciti  exerce- 
«  haut  adversùs  monachos  graviter  pcccautes,  eos  conji- 
t  ciendo  in  carcerein  perpetuum,  tcnebroaum  et  obscurum 
i  quem  vade  in  page  vocilarit.  Ce  qui  mellail  le  com- 
I  bleau  malheur  de  ces  infortunés,  est  qu'on  leurrc- 
i  tranchait  toute  cotisolation  humaine,  ce  qui  leur 
t  était  bien  aussi  insupportable  que  de  ne  point  voir 

<  le  jour. 

«  Le  roi  eut  de  riiorrenr  de  celte  inhumanité,  et, 
I  touciié  de  compassion  pour  ces  misérables,  il  or- 
f  donna  que  les  abbés  et  les  aulres  supérieurs  les  vi- 
«  siteraient  deux  fois  par  mois,  et  donneraient,  outre 
I  cela,  deux  fois  pei  mission  à  d'aniros  religieux  à  leur 

<  choix  de  les  aller  voir;  il  fit  expédier  sur  cela  des 
.  lettres  patentes;  et  quelque  effort  que  fissent  entre  au- 

<  très  les  religieux  Mendiants  pour  faire  révoquer  cette 
I  ordonnance,  conmie  si  elle  était  fort  injuste,  on  les 
I  contraignit  à  l'observer  exa'  lenient  :  Sa  Majesté  et 
t  son  conseil  estimant  avec  raison  que  c'est  une  chose 
€  barbare  et  inhumaine  de  priver  de  toutes  consola- 
c  tiens  de  pauvres  misérables,  accablés  de  chagrin  et 
f  de  douleur.  >  Barbarum  enim  est  incarceralos,  et  sic 
afllictos  omni  solatio  et  consortio  mnicorum  privare. 
C'est  ce  que  nous  apprenons  des  registres  du  parle- 
ment de  Languedoc  en  l'an  1350. 

t  Certainement,  >  dit  le  P.  Mabillon ,  dont  nous 
avons  rapporté  ce  long  passage,  parce  qu'il  contient 
des  choses  curieuses  et  peu  connues,  et  que  nous  ne 
devons  plus  revenir  sur  cette  matière ,  «  il  est  bien 
I  étrange  que  des  religieux  qui  devraient  être  des  nio- 
t  dèles  de  douceur  et  de  compassion,  soient  obligés 
«  d'apprendre  des  princes  et  de.s  magistrats  séculiers 
c  les  premiers  principes  de  l'humanité  qu'ils  devaient 
«  pratiquer  envers  leurs  frères.  >  Il  ajoute  :  «  Quoique 

<  cet  usage  du  vade  in  pacc  ait  été  aboli  en  partie  , 
t  il  reste  encore  assez  de  ces  sortes  d'abus  qui  auraionl 
t  grand  besoin  de  remède.  Car  n'est-ce  pas  un  abus, 
i  qu'au  lieu  de  se  contenter  dans  les  cas  ordinaires 
€  d'une  justice  sommaire,  et  de  ce  que  l'on  peut  appren- 
«  dre  de  l'évidence  du  fait,  et  de  l'aveu  ingénu  d'un  cou- 
€  pable,  on  emploie  autant  de  formalités  ,  de  prrqui- 

<  sillons  et  d'enquêtes,  a:i  dedans,  et  même  au  dehors, 
c  comme  s'il  s'agissait  d'ini  crime  de  lèze-majeslé  ;.u 
«  premier  chef?  >  etc.  11  se  plaint  encore  de  ((uelqucs 

(i)  Ce  fut  on  l'ainîé'  lô'il,  nu  mois  de  janvier, 
qu'Etienne  Aldebrand  porta  ses     plaintes.   Voyez  M.  I 
Fleury,  in-12,  iouie20,  pag.  lai. 


ClIAP.  XI.  SUITE  DU  MÊME  SUJET.  rio8 

I'  autres  abus  sur  ce  sujet,  lâchant  d':i»iener  1rs  clios.  s  à 
:  ce  point,  que  les  peines  que  l'on  iinjiose  aux  coupables 
chez  les  moines  leur  deviennent  salalaires,'Ct  ne  ten- 
dent pas  tant  à  les  punir  et  à  les  chàlii'r,  qu'à  les  cor- 
riger,  et  les  faire  rentrer  eu  enx-mènics,  en  lem'  ins- 
\  |iirant  des  sentiments  de  couiponclioa  ,  et  I;  s  portant 
à  une  véritable  conversion,  ce  qui  est  le  vr;ti  esjiritdc 
l'Église  dans  tout  ce  qu'elle  prescrit  pour  la  pénilencc. 
Cet  esprit  régnait  dans  l'abbaye  de  S.  Vincent  de 
j  Vulturne,  et  se  fait  remarquer  dans  nu  de  Irurs  statuts 
qui  [)orle  que  les  moines  qui  ont  commis  des  fautes 
grièves  devaient  jeûner  le  grand  carême  au  pain  ,  à 
l'eau  et  an  sel,  excepté  le  cas  de  nécessité  comme  de 
['  maladie,  de  grandes  fêles  et  de  voyage.  Après  la  Pen- 
I  tecôle  ils  devaient  jeûner  de  même  les  mercre<iis  et 
vendredis  sans  vin  jusqu'à  la  fin  de  leur  pénitence.  Le 
\  reste  de  la  communauté  jeûnait  de  même  tous  les  ven- 
j  dredis  et  s'abstenait  de  vin  ,  si  ce  n'est  que  quelque 
H  grande  nécessité  obligeât  d'en  user  antre;nenl,  et  cela 
pour  l'expiation  des  fautes  de  Icts  confrères  pénitents. 
I  Ce  règlement  est  de  l'an  75:2.  (Yid.  cliron.  Vullttin., 
p.  554  ,  apud  Murator.  toni.  1.) 


I 


CHAPITRE  XL 


j  Que  les  clercs  déposés  pour  crimes  ne  pouvaient ,  après 
avoir  accompli  la  pénitence  ,  rentrer  dans  l'exercice 
de  leurs  ordres.  Adoucissements  que  l'on  a  apportés  à 
cette  rigueur ,  surtout  à  l'égard  des  hérétiques  qui  re- 
venaient à  l'unité.  Comment  et  par  quels  degrés  on  s'est 
reUiclié  de  cette  discipline.  En  quel  temps  elle  a  été 
enfin  presque  entièrement  abolie. 

Si ,  comme  nous  l'avons  fait  voir  ci-devant,  ceux 
qui  étaient  mis  en  pénitence  publique  pour  leurs  cri- 
mes, étaient  incapables  de  recevoir  les  ordres,  à  plus 
forte  raison  ceux  du  clergé  qui  tombaient  dans  les 
mêmes  désordres,  devaient-ils  être  déposés  sans  espé- 
rance d'être  jamais  rétablis  dans  l'exercice  de  leurs 
fo!:ctions  ;  car  qui  peut  doutto- que  la  mauvaise  vie  de 
ceux  qui  par  leur  étal  doivent  montrer  l'exemple  aux 
autres,  ne  soit  plus  criminelle  que  celle  des  sintples 
laïques  qui  ne  sont  point  chargés  du  soiu  des  irmes 
par  élat,  et  dans  lesquels  le  mauvais  exemple  est 
moins  contagieux  que  dans  les  ecclésiastiffues?  Aussi 
voyons-nous  que  jusqu'au  ncuvièn;e  siècle  ceux  qui 
s'éiaieiit  rendus  coupables  de  crimes  étaient  déposés 
sans  espérance  de  pouvoir  jamais  rentrer  dans  leurs 
fonctions.  C'est  ce  qui  est  conslaté  par  une  infinité  de 
monuments  aiilhcntiiUes  de  ces  temps-là,  dent  nous 
nous  coalenlorons  de  rapporter  un  petit  nombre. 

Le  canon  G2'  des  Apôtres  ôte  à  un  clerc  dcpo-^é  pour 
crime  toute  espérance  de  rétablissement  :  Si  quelque 
cire  pressé  par  la  crainte  d'un  juif,  d'un  gentil  ou  d'un 
liérélique ,  a  renié ,  si  c'est  le  nom  de  Jcsus-Clirist,  qu'il 
roit  chassé  ;  si  c'est  le  nom  de  clerc  (c'esl-à  dire,  à  ce 
que  je  crois,  s'il  a  nié  qu'il  fût  clerc),  qu'il  soit  déposé, 
et  que  faisant  pénitence  il  soit  reçu  comme  laïque. 

Celle  discipline  a  été  mainteriue  par  S.  Cyprien  en 

plusieurs  occasions   importantes,  et  il  en  parle  avec 

I  tant  de  force  et  de  dignité ,  que  l'on  voit  qu'il  la  re- 


»59 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


mo 


gardait  en  qiielquo  Ciçon  comme  une  cliosc  dont  on 
ne  pon»ait  se  déparlir    sans  exposer   TÉglise  à  une 
ruine  certaine.  Basilideel  Martial,  évèqnes  espagnols, 
ayant  été  convaincus  dn  crime  d'idolâtrie  et  de  pin- 
sieurs  autres ,  avaient  été  déposés  par  les  évèques  du 
pays  :  ils  n'acquiescèrent  pas  à  celte  sentence ,  et  al- 
lèrent à  Rome ,  où ,  par  de   Lmx  exposés,  ils  enga- 
gèrent le  pape  S.  Etienne  à  les  recevoir  à  sa  commu- 
nion. Etant  de  retour  chez  eux,  ils  prétendirent,  avec 
ces  lettres  de  communion ,  rentrer  dans  leurs  sièges. 
Alors  les  évêques  d'Espagne  écrivirent  à  S.  Cypiien 
pour  lui  demander  secours  en  celle  occasion.   "Voici 
ce  qu'il  leur  répondit,  ep.  68,  par  rapport  au  sujet 
dont  il  s'agit  ici.  Comme  ils  se  sotit  rendus  coupables  de 
plusietirs  autres  grands  crimes,  c'est  en  vain  quils  veu- 
lent usurper  répiscopat ,  puisqu'il  est  manifeste  que  des 
hommes  tels  que   ceux-là  ne  peuvent  point  pnhider  à 
l'Église  de  Dieu,  ni  ne  doivent  offrir  des  sacrifices.  Sur- 
tout depuis  que  Corneille  ,  notre  collègue ,  prêtre  juste  et 
pacifique,  et  qui  par  la  miséricorde  de  Dieu  vient  d'obte- 
nir l'honneur  du  martyre ,  a  décidé  depuis  longtemps 
avec  nous  et  avec  tous  les  évêqnes  du  monde,  que  de  telles 
gens  devaietit  être,  à  la  vérité  ,  admis  à  faire  pénitence, 
mais  qu'ils  ne  devaient  avoir  aucune  entrée  dans  le  clergé, 
et  qu'on  devait  leur  interdire  tout  honneur  du  sacerdoce. 
«  Ad  pœnitentiam  quidem  agendum   admitti  posse ,  ab 
f  ordinatione    autem   cLri ,    atque  sacerdotali  honore 
i  prohiberi 


dit- il,  tant  pour  lui-même,  qui,  ou  misérablement  aveu- 
glé par  le  diable,  ou  poussé  par  les  conseils  sacrib  ges  de 
certaines  personnes,  etc.,  ose  s'attribuer  le  sacerdoce  qu'il 
a  trahi,  comme  s'il  était  permis  de  passer  des  autels  du 
diable  à  l'autdde  Dit  u.  Après  avoir  dit  plusieurs  choses 
là-dessus  avec  son  éloquence  et  sa  solidité  ordinaires, 
il  conclut  enfin  en  ces  termes  :  Sous  devons  veiller 
avec  toute  l'attention  possible...  pour  empêcher  que  de 
telles  gens,  qui  ont  fuit  une  chute  plus  déplorable  que 
les  laïques  qui  sont  Ijmbés,  ne  s'attribuent  encore  le  rang 
du  sacerdoce.  Que  si  ta  fureur  de  ces  insensés  devient 
irrémédiable,  clc,  nous  travaillerons  à  séparer  tous  nos 
frères  de  la  communion  oit  leur  artifice  les  a  engagés, 
i  Ne  adliuc  agere  pro  sacerdote  conentur,  qui  ad  nior- 
i  tis  cxtrema  dejecti,  ultra  lapsos  luicos  ruinœ  nnijoris 
8  pondère  proruerunt.  s 

Nous  avons  po'ir  témoin  de  la  même  discipline, 
dans  le  quatrième  siècle,  pour  l'Occilenl,  le  pap;'  Sy- 
rice,  dan,-^  l'endroit  de  son  épître  à  Himéi  lus  que  nous 
avons  cilé  dans  le  cliapiire  piéoédeiil.  La  raison  qu'il 
y  apporte  pour  exclure  de  l'entrée  au  .  ordres  l(!S  laî- 
qiu;s  qui  oi:télé  mis  en  icnitence,  prouve  épjaiement 
que  les  clercs,  qui  ont  mérité  d'y  élre,  doiveni  aussi 
en  être  exclus.  Pour  l'Orienl.  S.  Rasile  n<nis  doit  siif- 
!  fire  dans  le  canon  5*".  lîendant  raison  pourquoi  un 
diacre,  conpai>Ii'  du  crime  de  fornication,  est  déposé 
sans  pcrdie  le  droit  de  communion  ,  il  dit  que  ceux 
qui  sont  dans  l'ordre  des  luïiues  ayant  été  chassés,  peu- 


pour  ce  sujet  démis  voloiitaircment  de  l'épiscopat , 
afin  de  Taire  pénitence.  Tout  cela  cependant  ne  fut 
pas  capable  de  le  taire  lélahiir;  Sabin  fut  mis  à  sa 
place  et  y  fut  mainlenu,  malgré  la  surprise  que  lui  et 
Martial  avaient  faite  an  pape.  C'est  ce  que  l'on  voit 


Ce  qui  mérite  allention  ,  c'est  que  l'un  de  ces  évè-      vent  être  rét(d)lis  dans  leur  droit;  au  lieu  r,«'i(»  diacre, 
ques  (Basilide)  avait  avoué  ses  f.;ules,  s"élant  même  |  contre  qui  on  a  prononcé  sentence  de  déjosi  ion.  ne  le 


peut  être,  ce  qui  lui  suffit,  dit-il,  et  on  ne  doit  pas  le 
punir  davantage,  parce  qu'on  ne  doit  plus  lui  rendre  le 
diaconat. 

S.  Grégoire-le-Crand  maintint  avec  vigueur,  dans 
le  sixième  siècle,  ce  qui  avail  été  jusqu'alors  ob>ervé 


par  la  lettre  du  concile  d'Afrique,  auquel   présidait  |  si   rtligiensement;  cela  paraîi  par  plusieurs  de  ses 

S.  Cyprien,  qui  est  adressée  au   prêtre  Félix  et  aux  I  lettres,  entiearires  par  la  5*  du  quatrième  livre  crrite 

peuples  de  Léon  et  d'Astorga ,  et  encoie  au  diacre  |  à  Vénantius  touchant  un  irétre  nommé  Saturnin,  qui, 

Lélie  et  an  peuple  de  Mérida  ,  n"y  ayant  point,   sui-  |  après  avoir  été  iri\é  du  sacerdoce  pour  un  ciime  dans 

vanl  toute  apparence  ,  alors  de   prêtres  dans  cette  I  lecpiel  il  élail  t.  nibé,  avait  re;  ris  les  fonctions  de  son 

y\\\e,  I  ministère.  Par  celte  lettre  il  lui  ordinue,  (ju'après 

On  remarque  la  même  discip'ine  dans  la  plainte  que  |  s'être  informé  exactement  de  la  vérité  du  faii .  s'il 


fait  Anlonien  à  S.  Cyprien,  de  ce  que  S.  Corneille  \ 
avail connnuniqné  avec  Trophinie.  é>êiiue  schisuiaii- 
que  et  accusé  d'idolâtrie,  et  l'avait  reconnu  connue 
évêque.  A  quoi  S.  Cyprien  lui  répond  qu'il  a  é:é  mal 
informé,  que  Corneille  avait,  à  la  vérité,  doiuié  quel- 
que chose  à  la  nécessité  pour  réimirà  l'Eglise  les  fidè- 
les que  ce  schismalique  en  avail  détachés,  mais  qu'il 
n'y  a  été  reçu  hii-nième  que  connue  nu  pur  laïque, 
sic  tamen  admissus  est  Tropliimus,  ut  laicus  communicet. 
C'est  ainsi  que  cet  évêcpie,  qui  par  simplicité  avait  or- 
donné Novalien,  fut  reçu  pir  S.  Corneille,  comme  on 
le  voit  dans  sa  lettre  à  Fabien  d'Anlioche.  C'est  ainsi 
que  Fortunatien,  évêque  d'Assuré  en  Afri(iue,  fut  ré- 
duit à  la  communion  laïque,  comme  le  témoigne  S.  Cy- 
prien dans  sa  lettre  64'.  Le  saint  docteur  se  plaint 
amèrement  de  cet  évêque,  parce  (ju'il  prétendait  ren- 
^ser  dans  son  siège  anrès  sa  eJ»ute.  Cela  m'a  aflligé, 


trouve  qu'il  soit  vérital  le  ,  il  interdise  la  counmniion 
à  ce  prêtre  jusqu'à  l'heine  de  sa  mort.  Le  même  saint 
écrivant  à  Constanlius,  évêque  de  M  lin,  lui  dit  :  Si 
on  rétablit  dans  les  fonctions  de  Unrs  ordres  ceux  qui 
!  sont  tombés,  la  vigueur  de  la  discipline  ecclésiastique  est 
énervée,  les  méchants,  dans  la  confiance  de  recouvrer  la 
I  place  qu'ils  ont  perdue,  ne  craignant  plus  de  concevoir 
1  de  mauvais  désirs.  En  conséiiueiice,  il  défend  à  réNètpic 
I  de  rétablir  dans  bs  foncliiuis  du  sacerdoce  un  certain 
Amandinus,  (pii  avail  été  déposé  par  son  prédéces- 
seur; il  permet  seulement  qu'on  lui  accorde  une  place 
honorable  au-dessus  des  antres  nmines  dans  le  mo- 
nastère dont  il  avait  été  abbé,  en  cas  (pi'il  «'en  rende 
digne  en  donnant  des  marques  d'uive  sincère  conver- 
sion, il  ajoute  :  Prenez  garde  qu'à  la  persuasion  de  qui 
que  ce  soit,  vous  ne  rétablissiez,  dans  l'ordre  sacré,  au- 
cu'dc  ccvr  qui  sont  tombés,  de  peur  qu'il  ne  /wrai^t. 


î)01  PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  l'AUT.  ! 

qrte  In  peine  que  l'on  décerne  contre  eux  ne  soit  que  pour 
un  lanj's.  Il  (udoiina  à  peu  près  la  mémo  <  liose,  é;).  l(i, 
I.  i,  à  Vé.i:uiliiis,  doiii  nous  vouons  do  parler,  l(»ii- 
ciiniil  nn  dincro  albédo  Porto- Voiioio,  sur  la  côlc  de 
Cônes,  qui  avait  n.érilé  la  déposition,  cl  lonolmnl  dos 
sons  diacres  conpahlos  iU'  laiitcs,  qu'il  rédoii  poin' 
tni! juins  à  in  co;i;nniiiio;i  I  ï(|ne  :  .17)  olficiu  suo  irrcvo- 
c  ■.hiii'.er  inter  luiras  connnunionem  accipinut. 

\.c  papo  Joan  II,  |iroiiocessonr  do  ce  grand  saint. 
a\nil  ginlc  la  mémo  conduite  dans  TaHairo  de  (  onlu 
moliosiis,  cvéquc  de  liiez.  Il  conlinna  la  sciilence  (pic 
lis  cvêqurs  tlos  Gai:l  s  avaient  j^ronoiicéo  eonlro  lui, 
cl  éori\it  à  S.  Césaite  d'Arles,  à  q:i  quoiquos-ur.s 
soulennic:i!  «pi  col  cvè(pio,  après  avoir  (ail  |  énilonce, 
dovail  être  rélalili  dans  son  siég  •,  qu'il  était  à  la  vé 
rilé  affligé  de  la  perle  de  cri  évéqi.e,  mais  qu'il  fal- 
Irù!  a!)<olumonl  suivre  1 1  rigueiu'  des  canons,  riqorem 
tmnen  ccinonum  servare  necesseesl.  S.  Isidore  de  ?évi!L', 
écrivant  à  Ilrlladius  lonchanl  un  évêquo  de  Cordrtue 
qui  était  tom'  é  dans  un  péolié  do  la  chair,  l'avcrlil  lui 
et  ses  t  ollégiics  que  cel  évéque  doit  être  déposé  par 
la  sei;lei;co  do  lour  synode.  Il  ajoute  ces  belles  pa- 
ro'es  :  Qu'il  sache  que  celui-là  a  perdu  le  nom  et  la 
dignité  du  sacerdoce  qui  a  perdu  le  mérite  de  la  suinteié; 
c'est  pourquoi  que,  par  l'autorité  de  votre  jugement,  il 
pieiire  son  crime  cl  l'Iiomieur  du  sacerdoce  qu'il  a  perdu 
par  5.1  ninucaixe  vie. 

Celle  discipline  se  conserva  sans  alteinlc  jiisipie 
Ition  avant  dans  le  linilièmo  siècle,  connno  le  montre 
la  réponse  du  pape  Zadiarie  à  Pépin,  maire  du  palais, 
et  aux  évétpios  de  France,  cpie  l'on  trouve  avec  h  s 
qiiestioas  qni  1  ri  avaient  été  proposées  ;lans  le  pre- 
mier lonre  des  conciles  d  s  Garrics.  Voici  comme  il 
parl;\  c  p.  2  :  Pour  ce  qui  est  des  évéqne.s,  des  prêtres 
et  des  diacres  qui  onté:é  condamnés,  il  a  été  dit,  suivant 
l'autorité  des  saints  opôlres,  cap.  29,  qu'ils  ne  doivent 
plus  reittrcr  dans  l<s  fonctions  de  leur  ministère,  i  qu'od 
c  pris'.innm  ofjicinm  usurpare  non  debeant.  »  Oarrs  sa 
oiizièrrio  iollre  à  S.  Boniface,  il  établit  la  même  chose 
à  l'ôg  \r  d  de  certains  prêtres  coupables  d'inrpiélé. 

Telle  a  donc  été  la  discipline  de  I  Eglise,  sirr  le  sirjel 
tpie  nou-;  traitons,  depuis  les  Apôtres  jirsqu'ari  neu- 
vième siècle  ;  si  elle  parait  sévère  aujourd'lini,  c'est 
qu'on  n'a  pas  les  mêmes  idéos  rjue  les  anciens  de  l.i 
sainloié  du  sacerdoce,  et  que  nos  pères  pensaierrl  plus 
noblenienl  que  nous  louchant  les  devoirs  des  minis- 
tres publics  de  la  reliKion.  Ils  savaient  néanmoins 
tempérer  dans  les  occasions  celte  sévérité,  ce  qu'ils 
faisaient  surtout  en  deirx  manières.  La  première,  en 
conservant  à  ceux  qu'ils  avaient  déposés  et  privés  des 
fonctions  de  leurs  ordres  le  rang  el  la  préséance  ou 
les  hormeur-s  attachés  à  ccl  ordr-e.  CesUe  qu'ordonne 
le  coiicrle  d'Ancyre,  can.  1  el  2,  à  l'égard  de  certains 
dont  les  crimes  étaient  moins  énormes.  Nous  avons 
vu,  il  n'y  a  qrr'rm  momerrt,  que  S.  Grégoire-le  Grar:d 
avait  fait  quelipre  chose  d'approchant  à  l'égard  d'un 
piètre  déposé.  Le  carron  7()'  dir  concile  d'Elvire  sem- 
ble aussi  accorder  à  un  diacre  déposé  le  rang  de  son 
ordre,  c'esi-à-dire,  l'cnlrécdu  sanciuaire.  La  seconde 


I.  (HA P.  XI.  SUITE  DU  MÊME  8LJET. 


;.62 


manière  dont  on  miligoait  quelquefois  celle  rigueur, 
élail  <rerrlretenir,  arr.x  dépens  de  l'Eglise,  ceux  des  nii- 
nislros  à  qui  oir  aval  iuicrdil  l'rrsagi;  de  leurs  lonc- 
lioMS.  Le  concile  de  Calcédoirre  ordonna  qu'on  usai  de 
col  te  indulgence  à  l'égard  de  quelqrre,-uns  qir'il  avait 
déposés.  Grégoire  VII  a  voulu  qu'on  usai  de  cette 
bonté  errvers  ceux  rpri  n'.ivaiont  poinl  do  quoi  subsis- 
ter-, nrai>,  il  n'en  est  poinl  pour  lesipjtls  l'i  gliso  ait 
l'ail  pai-aitio  plirs  de  facilité  el  de  doucMir  qiro  pour 
los  béiétiquos,  dans  le  lenip^  même  qire  sa  discipline 
était  dans  toute  sa  vigueirr.  Elle  a  porté  sa  condescen- 
dance, srrr  ce  |ioint,  au-delà  do  ce  qrr'on  poirt  s'ima- 
giner, après  avoir  l:i  ce  que  nous  venons  de  rapporter 
de  ses  ma.ximes  et  de  sa  discipline,  la  cliariié  et  l'a- 
mour de  l'unité  lui  faisant  en  quelqrre  ma'rière  oublier 
ses  règles  ordinaires  quand  il  s'agissail  de  réunir  au 
corps  niystiqrre  k\m  Jésrrs-Clirisl  ceirx  que  la  fureur  du 
schisme  ou  les  ténèbres  de  l'I.érésie  en  avaient  sépa- 
rés. On  sirivait  on  ces  tenrps-là  celle  belle  maxime  de 
S.  Arrgustin,  /.  2  contra  Crescon.,  c.  Il,  par  laquelle 
il  rend  compte  de  ciMle  comliiile  de  l'Eglise  pir  rap- 
port au  poinl  do:.l  il  s'agit  On  reçoit  ceux  du  clergé, 
dil-  1,  selon  qu'il  parait  convenable  à  la  paix  el  à  l'jtti- 
lité  de  l'Eglise;  car  nous  ne  sommes  pas  é  vaques  pour 
mus,  mais  peur  ceux  auxquels  nous  administrons  la 
parole  de  Dieu  et  les  sacrements.  C'est  pcurqnoi  nous 
devoKs  être  on  ne  pas  être  tels,  suivatit  que  l'exigent  les 
nécessités  de  ceux  que  nous  sommes  chargés  de  gouverner 
sans  scandale,  puisque  nous  ne  sommes  pas  pour  nous, 
mais  pour  eux.  En  un  mol,  chez  ces  gi-aids  hoinnies, 
le  salut  du  peuple  élail  la  L.i  suprême  (juc  l'on  suivait 
dans  les  dilïércnls  cliangemorris  de  la  discipline,  et 
ainsi  quand  il  s'agissail  norr  du  péril  de  celui-ci  ou  de 
colni-là,  mais  de  la  perle  des  peuples  entiers  que  le 
schisme  on  l'iiéré-ie  pouvait  causer,  oir  lem|  érait 
(pielque  chose  de  la  rigueur  de  la  discipiirro,  afin  de 
remédier  à  de  plus  grands  maux  par  une  charité  sin- 
cère, comme  dil  le  nrême  S.  Augirstin.  il  niajoribui 
malis  sanandis  cliaritas  sincera  subveniat.  Ej».  50. 

Nous  avons  un  exemple  de  celle  conduite  pleine 
de  sagesse  el  de  charité  dans  ce  qui  se  passa  après  la 
mort  de  l'empereur  Conslanlius  quand  la  paix  fut  ren- 
due à  lÉglise  qui  avait  été  si  violemment  agitée  par 
la  persécution  des  Ariens.  Nous  apprenons  de  S-  Alha- 
nase  coamonl  toute  l'Église  el  lui-même  se  condui- 
sirent alors  à  l'éganl  de  ceirx  qui  s'élaierrt  laissé  en- 
trarirer  dans  l'impiété.  C'est  dans  sa  lettre  à  Uulinieu 
qu'il  nous  instruit  de  ce  qui  se  passa  en  ce  temps-là; 
et  nous  le  rapp;irlerons d'autant  plus  volontiersi|uola 
conduite  qire  l'on  tint  alors  servit  depuis  de  modèle 
quand  on  se  trouva  dans  des  cas  à  peu  près  sembla- 
bles :  ce  qui  est  arrivé  plusieurs  Ibis  dans  l'Église. 
Voici  les  paroles  de  ce  défenseur  intrépide  de  la  divi- 
nité de  Jésus  Christ.  Parce  que  vous  avez  souhaité, 
comme  il  coniient  à  votre  pieté,  (Papprendre  de  nous  ce 
qui  a  été  réglé  par  les  synodes  et  par  toute  lu  terre,  tou- 
chant ceux  qui  ont  été  entraînés  par  force  sans  avoir  •  té 
corrompus  par  la  mauvaise  doctrine  ;  sachez,  mon  très- 
honoré  seigneur,  que  d'abord  les  violences  étant  cessées  , 


IllSTOHlE  DES  SACREMENTS.  564 

les  pécheurs ,  et  permisscnl  aux  clercs ,  quelque  cou- 
pables fju'ils  fussent,  de  reprendre  les  foiiciions  do 
Icuri  ordres,  après  qu'ils  auraient  expié  par  la  péni- 
tence les  péchés  dont  \h  ét.iionl  convaincus;  néan- 
moins les  évèques  du  neuviénje  siècle,  qui  d'une  };art 
couiiaissaient  les  canons  qui  établissaieul  une  disci- 
pline contraire,  et  de  Taulre  ne  pouvaient  discerner  la 
fausseté  de  ces  pièces,  prirent  uwc  espèce  de  uiiHcu 
eulie  le  relàciicnicnl  enlier  et  l'ai  lâchement  aux  an- 
ciennes règles.  Ils  établirent  pour  maxime  que  ceux 
dont  les  crimes  étaient  publics  devaient  cire  dégradés 
SUIS  retour,  au  lieu  que  ceux  qui  les  auraient  confes- 
sés en  secret  pouvaient  être  réiablis,  s'ils  élaiciU  vérila- 
Memcnt  repeulanls.  C'est  ce  que  Rab.>n  enseigne  au 
coniniencenicnl  de  son  i'énilenlicl.  Vt  lii  r/iii  di'pre- 
licnsi  vel  capli  fnerint  publkè  in  perjurio ,  fiirlo  ,  atqiie 
foruica'iione,  et  cœteris  linjitsmodi  criininibtis ,  scciindiim 
sacrorum  canonum  instimla  gradu  proprio  deponaulnr. 
En  parlant  des  autres  dont  les  péchés  sont  cachés, 
après  avoir  fait  menliDU  de  la  manière  dont  ils  doivent 
se  purifier  par  la  péaiience  :  sivoir,  les  jeûnes,  les 
veilles  et  les  aumônes,  etc.,  il  dit  :  llis  cliain gradu 
servaio  spes  venue  de  misericordià  Dei  promiltcnda  est. 
llincmar  de  Reims,  à  la  lin  de  son  second  capitule 
aux  doyens  de  son  diocèse  ,  enseigne  à  peu  près  la 
même  chose.  Voilà  ce  que  les  deux  plus  grands  évo- 
ques de  France,  l'ar  rapport  au  soin  (lu'ils  eurent  de 
mamlenir  le   bien,  purent  faire  pour  conserver  au 
moins  en  partie  l'aiicienne  discipl  ne  ,  ei  s'opposer  au 
relàcliemenl.  Mais  ce  tempérament  ne  suffit  pas  pour 
en  arrêter  le  cours,  surtout  ceux  (jui  étaient  intéres- 
sés à  l'introduire,  se  sentant  appn\és  parées  fausses 
pièces  dont  personne  ne  conleslail  iùors  raiitorité. 

Dans  le  onzième  siècle,  Pierre  Daniien,  homme  zélé 
pour  le  bien  ,  et  dont  la  science  cl  la  piété  lui  avaient 


S65 

i7  SCSI  tenu  un  synode  auquel  ont  assisté  des  cvêciues 
étrumjers.  (  Il  cnlend  par   ce  synode  celui  qu'il  tint 
lui-même  à  Alexandrie,  auquel  se  trouva,  entre  autres 
éi-rangers,  S.  Ensèbc  de  Ycrceil  avec  les  députés  de 
Lucifer  de  Cagliari.)  Il  s  en  est  tenu  encore  un  par  les 
évéïjues  de  Grèce,  aussi  bien  que  par  ceux  d'Espagne  el 
par  ceux  des   Gaules.  El  ils  ont  jugé  ,  comme  on  h  fait 
voir  ici  et  partout ,  quil  (rdlait  pardonner  à  ceux  qui  se 
sont  rendus  les  chefs  de  rimpiélé ,  el  qui  ont  entraîné 
les  autres  dans  ta  cliuia,  s  ils  font  pénitence  :  mais  qu'il 
ne  fallait  pas  les  admettre  dans  le  clergé.  Pour  ce  qui 
est  des  autres  qui  par  nécessité  et  par  violence  on!  été 
entraînés ,  ils  ont  décidé  qu'on  devait  leur  pardonner , 
et  qu'ils  garderaient  leurs  places  dans  le  clergé ,  surtout 
allant  une  excuse  apparente ,  car  ils  assurent  qu'ils  n'ont 
point  embrassé  l'impiété,  mais  qu'ils  se  sont  laissé  empor- 
ter à  la  v'wlence ,  et  ont  mieux  aimé  porter  ce  poids  sur 
leur  conscience ,  que  de  souifrir  que  l'on  établit  à  leur 
place  dans  leurs  Églises  des  impies  qui  les  auraient  cor- 
rompues, et  qui  auraient  infecté  leur  peuple  de  leurs  er- 
reurs. Les  évèques  d'Afiiipic,  pour  éteindre  le  schisme 
de:i  Donatisles,  poussèrent  encore  plus  luin  la  condes- 
cendance dans  le  siècle  suivant  ;  ils  cojiscnlircnt  ima- 
nimemenl,  au  nombre  de  286,  assenil)léj  àCailhagc,  I 
à  partager  leur  autorité  avec  les  évèques  de  celle  sec-  • 
te,  chacun  dans  la  ville  où  ils  élaiei.t  établis  ;  en  sorte  ; 
que  le  survivant  resterait  seul  évoque,  ou  même  de  | 
céder  enlièremcnl  leur  siège.  Exenqjle  rare  de  delà-  | 
chôment,  el  d'un  amour  tendre  pour  l'Église,  qui  les  ^ 
laisail  passer  par-dessus  les  lègles  ordinaires,  pour 
procurer  des  voies  de  salut  à  ces  implacables  ennemis 
de  la  paix ,  (pii  s'efforraieiit,  par  tonte  sorte  de  moyens, 
d'enqièchcr  les  peuples  qu'ils  avaient  séduits  de  ren- 
trer dans  le  sein  de  l'Église.  | 
il  tsl  tcuq)S  d'exposer  aux  yeux  du  lecteur  comment  | 
et  dans  quel  temps  l'ancienne  discipline,  qui  excluail  |;  acquis  beaucoup  de  crédit  auprès  des  papes,  travailla 

imis  1  fortement  à  remettre  sur  pied  l'ancienne  discipline. 


pour  toujours  les  clercs  coupables  de  crimes  soum 
à  la  pénitence  carionique,  de  l'exercice  de  leurs  fonc- 
tion';, a  été  changée.  Si  l'on  a  fait  de  temps  en  temps 
quclipies  tentatives  pour  ailaib'ir  celle  discipline,  on 
l'.e  peut  pas  dire  qu'on  ail  puhliquemenl  avancé  et  au- 
torisé des  maximes  coiilraires  avant  le  tieuvième  siè- 
cle. Alors,  conuiie  on  avait  déjà  fabriqué  de  fausses 
pièces  qu'on  avait  publiées  sous  des  noms  respecla- 
Lles,  les  cvê(ptes  les  plus  zélés  pour  la  pureté  de  la 
<]i-c'plinc,  n'osèrent  s'op;  oser  ouverlemenl  à  la  pra- 
liqiio  contraire  qui  commença  à  s'introduire,  et  ne  ;| 
pouvant  arrêter  enlièremenl  le  désordre,  qui  insensi 
blement  s'était  iistroduil  sur  ce  sujet ,  ils  lâchèrent  !| 
au  moins  de  sauver  du  naufrage  une  partie  de  ce  (ju'ils 
ne  purent  conserver  en  entier.  Ces  fausses  pièces  sur  :| 
lesquelles  s'appnya.icnl  iirincipalement  ceux  qui  n'ai- 
inaient  pas  la  sévérité  de  la  disci(tiine  ancienne,  élaieiit  , 
une  prétendue  lettre  de  Callisle  I,  et  une  autre  sous  j 
le  nom  de  S.  Silvesire.  De  phis  deux  autres,  une  à  | 
Secondin  sous  le  nom  de  S.  Grégoire  pape,  el  Tau-  .| 
tre  à  Massus  sous  le  nom  de  S.  Isidore.  Quoique  ces  | 
pièces,  soit  corrompues,  soit  faites  à  plaisir,  ouvris-  | 
sent  rentrée  aux  saints  ordres,  généralement  à  tous  )| 


Il  y  réussit  même  en  partie.  Le  saint  pape  Léon  IX 
déclara  pu-  une  lettre  à  ce  même  Pierre  Damien ,  que 
ceux  qui  élaienl  coupables  de  certains  crimes  qui  n'é- 
taient alors  qui;  iropcouiuiuns,  seraient  déchus  de  tout 
grade  dans,  riV:li'- .  "-•^'•^  F''"  l''i»l'"'''lé  des  saint,  ca- 
nons que  par  son  jugement.  Omnes  isti....(ib  om::ibus 
immaculalœ  Ecclcsiœ  gradibus  tam  sacrorutn  canonum, 
quîim  nostro  judicio  ,  depel'untur.  Mais  le  relâchement 
avait  g:ig;  é  de  toutes  parts  ;  Léon  se  trouva  lui-même 
dans  la  triste  nécessité  d'abandonner  son  décret  au 
moins  en  partie.  Enfin  on  fit  passer  en  maxime  que 
les  clercs  coupables  de  crimes,  soit  publics,  soit  se- 
crets, pouvaient  être  rétablis  dans  leurs  fonctions 
après  avoir  accompli  la  pénitence  qui  leur  était  impo- 
sée. C'est  ce  qu'un  peut  voir  dans  un  décret  d'un  con- 
cile d  IliLernie  cité  par  Cralien,  dist.  8-2  ,  qui  est  ap- 
puyé uniquement  sur  la  prétendue  lettre  du  pape  Pil- 
vcsîre  qu'on  ave-ue  êlre  contraire  aux  can.oas  des 
Apôtres. 

Vers  le  milieu  du  douzième  fiièclc,  les  docteurs  seo- 
laslicpies,  dislingmuit  la  pénile;ice  solennelle  de  la 
publique,  de  la  manière  que  nous  avons  dit  ailleurs, 


565     PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  III.  ClIAP 

enseigiièrcnl  que  ceux  qui  avaient  été  soumis  à  la 
première,  ne  imuvaient  être  admis  dans  le  clergé,  et 
que  les  clercs  à  (|ui  on  ne  l'imposait  fiu'après  les  avoir 
dégradés  ne  pouvaient  être  rél;iblis,  mais  ces  cas  élaicnt 
exlrcmemenl  rires.  Aujonnrhui  encore,  il  est  plu- 
sieurs crimes  ijiii  l'ont  encourir  rirrégnlarité  ,  c'est-à- 
dire,  riucap.Kilé  d'enirer  dans  les  ordres  ,  ou  d'en 
faire  les  l'ouctions,  (juand  ou  y  est  entré,  soit  que  ces 
crimes  soient  notoires,  soit  qu'ils  soient  cachés,  cl 
sans  les  dispenses  (pii  s'accordent  trop  facilement, 
on  verrait  encore  souvent  réduire  en  pratique  quel- 
que chose  de  l'ancienne  discipline. 

TROISIÈME  PARTIE. 

LE  LA  DISCIPLINE  OBSERVÉE  DANS  l'ÉGLISE  ,  DEPCIS  LA 
FIN  DU  SEPTIÈME  SIÈCLE  JLSQl'aU  DOUZIÈME  ,  TANT  A 
LÉGAR»  DE  LA  PÉNITENCE  SECRÈTE  QUE  DE  LA  PU- 
BLIQUE. 

Nous  allons  voir  la  Pénitence  changer  de  l'ace  en 
bien  des  choses,  mais  on  reconnaîtra  partout  le  même 
zèle  pour  punir  le  crime  et  le  bannir  de  l'Église  ;  si 
on  ne  remarque  pas,  dans  les  siècles  qui  ont  suivi 
ceux  dont  nous  venons  de  parler,  la  même  discrétion 
dans  l'imposition  des  peines  dues  au  péché ,  il  faut 
s'en  prendre  au  défaut  de  lumière  de  ces  tcnipsrlà 
et  à  la  grossièreté  des  peujdes,  que  les  barbares  venus 
du  Nord  ,  et  qui  avaient  inondé  l'empire  d'Occident, 
avalent  introduite.  Mais  les  évéques  et  les  princes 
aimaient  sincèremoni  l'Église  el  haïssaient  les  vices  : 
ils  les  punissaient  même  au  moins  avec  autant  de  sé- 
vérité que  l'on  faisait  dans  les  siècles  les  plus  éclairés. 

CHAPITRE  PREMIER. 
Que  vers  la  fin  du  seplième  siècle  on  commença  à  suivre 
la  maxime  de  n'imposer  la  pénitence  publi(iife  (fiie  pour 
les  péchés  publics.   Que  le  nombre  des  pénilents  pu- 
blia depuis  ce  temps  ne  laissa  pas  d'être  fort  grand  ; 
qu'on  les  distinguait  facilement  du  reste  des  fidèles.  I 
Avec  quel  soin  les  évêqnes  s'attachaient  à  découvrir  tes 
coupables  el  à  leur  faire  subir  la  pénitence. 
Le  vénérable  Bède,  qui  n'est  mort  qu'après  l'an  72.j, 
est  le  premier  que  Ion  saciie  qui  ait  ouvertement  éta- 
bli celle  maxime,  que  la  pénitence  publique  ne  devait 
s'imposer  que  pour  les  péchés  notoires  et  scandaleux  ; 
c'est  ce  qu'il  fait  dans  le  chapitre  7'  de  son  livre  des 
Remèdes  des  Pé(  liés,  oii,  en  parlant  des  prêtres,  des 
diacres  tl  des  moines,   il  dit  que  si  quelqu'un  d'eux 
s'est  marié  an  su  du  peuple  {in  conscientià  populi),il soit 
di'posé  ,  el  que  s'il  a  commis  un  adultère  avec  une  femme 
(in  conscienliù  populi),ausu  du  peuple,  il  soit  chassé 
de   l'église,  el  qu'il  fasse  pénitence  parmi  les  laïques  te 
r.'.ste  de  sa  vie.  Dans  le  premier  cimpitre  du  même  ou- 
vrage, piirnii  les  averlissemenis  qu'il  donne  au  con- 
fesseur pour  lui  appiendre  connnetit  il  doit  imposer  la 
pénitence,  il  veut  qu'il  ail  égisrd  à  la  notoriété  du 
crime;  ce  qui,  comme  il  paraît  par  Tii^aïe  qi-i  s'intro- 
duisit en  ce  temps ,  et  qui  passa  bieiil«>i  en  pratique 
commune  el  or'inaire,  doit. s'entendre  en  ce  sens,  que 
es  crimes  publics  devaient  être  punis  publiquement, 


I.  RÈGLES  DE  PÉNIT.  AU  VIII'  SIÈCLE.     5G6 

et  que  ceux  qui  étaient  cachés  devaient  être  expiés 
en  secret. 

Nous  avons  vu  dans  le  cliapiln-  7'  de  la  seconde 
partie  quelque  différence  entre  la  pénit  nce  impo-éo 
pour  les  crimes  scandaleux,  et  ceux  qui  n'étaiont  point 
Venus  à  la  connaissance  du  public.  Mais  elle  ne  con- 
sistait pas  en  ce  que  l'une  était  pubriipie,  et  l'autre 
secrète  ,  mais  dans  la  manière  d'imposer  l'une  el  l'au- 
tre, quoiqu'elles  fussent  également  publiques  dans 
l'exécution.  Il  n'en  était  pas  de  môme  dans  les  siècles 
qui  ont  suivi  le  seplième  ;  nous  le  venons  de  voir  dans 
le  Pénilcniiel  de  Bède,  qui  a  été  sui\i  en  cela  par  Ec- 
berl,  archevêque  d'York,  par  l'ordre  romain  et  Alcuin, 
qui  copient  tous  les  mêmes  paroles  que  nous  avon.s 
rapportées.  Dans  le  cinquième  livre  des  Capiiulaires, 
c.  52,  il  est  dit  :  Si  le  pécieur  s'est  confessé  en  secret 
et  volontairement,  qu'il  fasse  sa  pénitence  en  secret.  Quâ 
s'il  est  convaincu  ,  ou  s'est  confessé  publiquement ,  qu'il 
passe  publiquement  el  en  présence  de  toute  l'Église  par 
les  degrés  de  la  pénitence  canotiique;  et  qu'après  l'avoir 
accomplie  suivant  l'instilulion  canonique ,  en  secret  ou 
publiquement ,  il  soit  réconcilié,  et  qu'on  lui  impaire 
les  mains  avec  les  oraisons  qui  se  trouvent  dans  le  Sa- 
cramentaire.  Voilà  ce  qui  fut  réglé  dans  l'assemblée 
des  évoques,  de  France,  tenue  au  commencement  do 
l'année  713,  à  Leptine,  oi!i  présidiùt  Boniface,  arche- 
vêque de  Mayence  et  légat  du  Saint-Siège,  qui  conCrma 
les  canons  qui  avaient  été  publiés  dans  ce  synode. 
Isaac  de  Langres,  dans  son  Recueil,  tit.  5,  c.  9;  le 
sixième  concile  d'Arles,  tenu  en  813,  can.  25,  et  celui 
de  Châlons-sur-Saône,  qui  fut  célébré  la  mêiuc  année, 
contiennent  la  même  disposition,  aussi  bien  que  ce!;ii 
de  Nantes ,  dont  le  canon  que  nous  allons  rapporter 
fut  inséré  dans  les  Capiiulaires  de  Louis-le-Débon- 
naire,  1.  6,  c.  96,  et  renouvelé  sous  Charles-le-Chauve, 
dans  l'assemblée  de  Créci,  l'an  857.  Ce  canon,  contre 
les  ravisseurs  du  bien  d'aulrui ,  est  conçu  en  ces  ter- 
mes :  Si  cela  s'est  fait  publiquement ,  qu'il  fasse  pu'j'i- 
quement  pénitence,  conformément  aux  sai-nts  canons;  si 
c'est  en  cachette ,  qu'il  fasse  pénitence  suivant  le  conseil 
des  prêtres ,  etc. 

Quoique  celle  maxime  fût  aussi  répandue  et  auto- 
risée en  ce  temps-là  que  vous  venez  de  le  voir,  cela 
n'enqiêchail  pas  que  le  nombre  des  pénitents  publics 
ne  fùl  encore  fort  grai;d  alors,  puisqu'on  y  soumcllail 
les  homicides,  que  l'on  condamnait  rarement  à  mort 
eu  France,  on  Italie  el  en  Allemagne,  dans  le  (cmps 
de  la  première  el  de  la  seconde  race  de  nos  rois ,  la 
coulnme  éla'.ii  do  punir  ce  crime  par  dos  amendes 
pécuniaires,  qui  allaient  tant  au  prolit  du  fjsc  que  ikà 
parenls  do  celui  qui  avait  élé  tué.  C'est  ce  que  l'on 
voit  dans  les  Capiiulaires  de  Charlcmagnc,  de  Louis- 
le  Débonnaire  et  de  ses  enfants  ;  ce  qui  rendait  ces 
crimes  fort  fréquents ,  surlcut  l'usage  des  duels  éiant 
fort  commun  :  les  nations  barbares  qui  ont  onvaîii 
l'empire  romain  l'ayant  introduit  avec  elles  dans  les 
pays  dont  elles  s'étaient  emparées.  Le  rapt  dos  vierges 
ou  dos  veuves  ,  soit  qu'elles  y  consentissent  ou  non  , 
ou  même  que  les  parents  trouvassent  bon  qu'elles  so 


5^7  HlSTOllΠ DES  SACULMtiSTS.  861 

mariassent  avec  les  ravisseurs,  était  aussi  soumis  à  la  llT  ne  fasse  sur-le  champ  l'aumône,  pour  lui,  »isi  pro  eo 


péuilonce  publique.  La  forniralion  sous  proniesse  de 
mari.ige,  ou  aulromeiil,  Tadullère.  le  parjuri',  le  faux 
témoignage,  l'ivrogiieric,  le  vol,  rincendio  de  guelà- 
pcus,  le  soiiilége,  et  les  diverses  espèces  de  supcrsii 
lions  et  d'encliamemi-nls,  étaient  soumis  à  la  même 
peine.  Il  (  si  clair  que  la  |)!npail  de  ces  i»éeliés  ne 
peuvent  guère  se  c muncttre  que  cela  ne  vienne  à  la 
connaissance  du  puldic,  et  que  par  conséquent  le 
iiomlTe  de  pénitents  publics  ne  fût  encore  très-grand. 
Mais  ce  (pii  ne  conlribuait  pas  peu  à  raugmenter,  était 
l'incesle,  sous  prélcxle  de  mariage  :  car  alors  on  ac- 
cordait rarement  dispense  sur  ce  point ,  et  les  degrés 
^de  consanguinité  ou  d'affinité  s'étendaient  bien  plus 
loin  qu'à  présent.  En  un  mol,  toutes  les  fois  que  quel- 
qu'un avait  été  juiidiquemrnt  convaincu  de  crime  en 
justice,  s'il  n'était  pas  mis  à  mort,  il  fallait  qii'd  subit 
la  pénitence  publique.  S'il  se  relirait  dans  l'asile  de 
l'église,  pour  é\iler  le  supplice  dû  à  sou  crime,  les 
évéïpies  demandaient  aux  princes  qu'on  lui  épargnât 
la  vie  ou  les  tourments  ;  mais  il  ne  sortait  point  de 
l'asile  qu'il  n'eût  promis  de  faire  la  pénitcnc^  cmoiii- 
que.  C'est  ce  qu'on  voit  dans  le  concile  de  Reims  de 
l'an  650,  c.  7,  dont  les  évèqucs,  après  avoir  assuré  la 
sainteté  des  asiles  contre  ceux  qui  la  violaient,  di- 
sent :  Pour  ce  qui  est  de  relui  qui  a  clé  délivré  de  la 
mort  par  le  bienfait  de  rÉçiline,  qu'il  n'ait  point  la  liberté 
de  sortir  quil  n'ait  promis  de  faire  pénitence  pour  son 
crime ,  et  d'accomplir  celle  qui  lui  sera  imposée  suivant 
les  canons. 

Noi\  seulement  le  nomi^re  des  pénitents  publics  était 
encore  fort  grand  d  puis  le  septième  siècle,  quoiqu'on 
ne  fil  plus  pénitence  pour  les  crimes  cachés,  mais  les 
pénitents  occupaient  ime  place  séparée  dans  les  assem- 
blées de  l'Eglise,  et  portiient  outre  cela  des  in-uques 
extérieures  de  \e\\r  état  hors  de  Péglise,  qui  les  ren- 
daient reconnaissables  et  les  distinguaient  du  reste 
des  fidèles.  Cela  est  manifeste  par  ce  que  l'on  trouve 
si  souvent  dans  les  anciens  livres  i  énitentiaux  ,  en- 
tre autres  dans  lesRomain*,  dans  les  Recueils  de  Biir- 
chard,  d'Yves  de  (Ibartres,  part.  10,  c.  14.  Si  quel- 
qu'un a  tué  un  péniient  public,  qu'il  soit  puni  double- 
ment, et  qu'il  ne  reçoive  la  communion  qu'à  la  mort. 
Isaae  deLaiigres,  liv,  1,  cl,  défend  qu'aucun  prêtre 
ou  laïque  ne  contraigne  un  pénitent  à  boire  du  vin  ou  à 
manger  de  la  chair,  à  moins  qu'il  ne  paie  sur-le-champ 
un  ou  deux  deniers  pour  lui,  selon  la  qualité  de  la  péni- 
tence; c'était  une  aumône  qui  tenait  lieu  de  compen- 
sation de  la  peine  à  laquelle  le  pénitent  avait  été 
condamné.  Et  non  seul'incnt  ceux  qui  le  contrai- 
f  gnaient  à  prendre  ce  soulagement  étaient  obligés  it 
5  payer  cette  espèce  d'amende,  mais  encore  ceux  qui 
l'y  invitaient  sans  violence.  C'est  ce  que  nous  ap- 
prenons de  l'ancien  ordre  Romain,  dans  lequel  on 
trouve  une  formule  d'exhoitalion  que  révoque  devait 
faire  aux  curés  et  aux  prêtres,  après  son  synode,  qui 
contient  entre  autres  avertissements  celui-ci.  Que  per- 
sonne n'invite  un  pénitent ,  nullus  pœnitentem  invitet, 
à  manger  de  la  chair  et  à  boire  du  vin,  à  moins  qu'il 


ad  piœsens  eleemosijnam  faciat.  Ces  sortes  d'invita- 
tions étaient  regardées  connue  des  pécliés  si  considé- 
rables que  les  évéques  et  les  arcliid. acres  dans  leurs 
visites  s'iiiilbrn)aienl  exaclemcnl  des  paroissiens ,  si 
(pielqu'un  n'y  était  pas  tond)é.  Ces  sortes  de  règle- 
ments, dtmt  nous  pourrions  rapporter  un  plus  grand 
nombre,  font  voir  ipie  ces  cas  étaient  lié  pienls,  et 
par  consé(iuent,  que  les  pénitents  publics  (  laienl  en 
grand  nombre  et  reconnaissables  par  quelque  mar(|ue 
extérieure,  qui  les  disiinguaient  des  autres  fidèles. 
Mais  (pi'est  il  besoin  de  conjecturer  sur  cela?  Bur- 
cliard,  I.  lî),  nous  apprend  ce  qui  en  était,  lorsqu'en- 
tre  les  demandes  (|ue  le  confesseur  doit  faire  au  pé- 
nitent, il  y  met  celle  ci  :  Avez-vous  tué  ou  conseillé  de 
tuer  un  pénitent  public  et  qui  était  revêtu  de  l'habit  que 
ceux  qui  jeûnent  le  carême  ont  coutume  de  porter  <  et 
«  in  ipso  vel  habita  esset  quo  soient  illi  esse,  qui  carinatn 
i  jejunant  ?  »  Ce  carême  (carina)  était  un  jeûne  de 
quarante  jours  au  pain  et  .à  l'eau,  auquel  on  con- 
damnait les  pénitents  publics,  etc. 

Une  autre  chose  qui  ne  contribuait  pas  peu  à  mul- 
tiplier le  mnnbre  des  pénitents  publics,  était  le  soin 
et  la  vigilance  des  pasteurs  à  rechercher  exactement 
ceux  qui  étaient  coupables  de  crimes  soumis  à  la 
pénitence  canonique.  Ils  prenaient  pour  cela  des  me- 
sures si  justes  qu'il  était  difficile  qu'ils  leur  échap- 
passent. C'est  ce  que  l'on  peut  voir  dans  le  chapitre 
quatrième  de  la  seconde  section  de  ce  livre,  dans 
lequel  nous  avons  traité  de  cette  matière  à  l'occasion 
du  sujet  qui  se  présentait  alors.  Nous  nous  conlente- 
roe.s  donc  ici  d'ajouter  à  ce  cpii  a  été  dit  là-dessus,  ce 
qu'llinemar  de  Reims  dit  aux  prêtres  de  son  diocèse 
dans  K'sCaj  itules  (pi'il  leur  adressa  la  douzième  aimée 
de  son  éiùscopat,  et  qui  se  trouvent  dans  le  Iruisièine 
tome  des  Conciles  des  Gaules.  Que  chaque  prêtre  ait 
un  très-grand  soin,  s'il  s'est  commis  dani,  sa  paroisse  un 
homicide  public,  un  adultère,  un  parjure,  eu  quelque  autre 
crime  capital  et  public,  d'aller  trouver  l'auteur  de  ce 
crime  ou  son  complice,  aussitôt  qu'il  le  pourra,  et  qu'il 
l'exhorte  à  renie  «  pénitence,  devant  le  doyen  et  ses  col- 
lègues ;  et  que  ceux-ci  rapportent  à  nos  coopérateurs  leurs 
maîtres  qui  sont  dans  lu  ville,  ce  qu'ils  auront  découvert 
et  fait  :  afin  que  dans  l'espace  de  quinze  jours  le  pécheur 
public  se  présente  devant  nous,  et  qu'il  reçoive,  suivaiit 
tes  canons ,  la  pénitence  piddique  avec  l'imposition  des 
7nains.  Il  veut  de  plus  cpie  (luand  les  prêtres  des  di- 
verses paroisses  s'assemblent  aux  calendes  de  chaque 
nujis,  ils  confèrent  ensemble  sur  la  manière  avec  la- 
quelle chacun  s'acquitte  de  sa  pénitence,  et  qu'ils  lui 
en  rendent  compte,  alin  ([u'il  sache  quand  il  doit  le 
réconcilier.  Il  menace  ceux  qui  seront  i  égligenls  à 
remplir  ce  devoir,  de  les  interdire  et  de  les  faire  jeûner 
au  pain  et  à  l'eau,  s'il  est  instruit  par  d'antres  des 
désordres  de  leurs  paroisses,  et  de  les  déposer  si  le 
péchem-  vient  à  mourir  avant  qu'ils  aient  fait  leurs 
diligences  piuir  laverlir  de  ce  qu'il  devait  faire.  Ilé- 
rard ,  archevêque  deTuurs,  c.  i-i,  ordonnait  à  peu 
,  près  la  même  chose  à  ses  prêtres.  Ceriaioemeiil  on  ne 


569     PÉNITENCE.  —  SECT,  III.  PART.  III.  CIIAl 

pouvait  prendre  des  précaiilions  pins  sages  pour  obli- 
ger les  pécheurs  puld  es  à  réparer  par  la  pénitence 
le  scandale  «in'ils  avaient  donné;  el  on  ne  pcnl  (|no 
loniT  et  ailniiror  le  zèle  de  ces  grands  prclals  poiu* 
n)ain  tenir  l'aMcienne  discipline,  el  faire  cesser  les  dés- 
ordres dans  Lurs  diocèses. 

CHAPITRE  11. 

Que  l'on  conlraignail  les  yéchcurs  publics  à  subir  la  pé- 
7îitence  en  deux  iiiaiiières,  \'  par  l'excummuiiicaiion, 
2"  pur  lu  puissmice  sécitlièrc.  Jtisquuii  i.lluienl  ces 
deux  espi ces  de  contraintes.  Des  rits  pi.blics  (jui  s'ob- 
Si'rviiicnt  i:ans  l'action.  De  lu  pénitence,  on  des  difj'c- 
rentes  stations  qui  étaient  en  usage.  En  quoi  ces  rils 
différaient  de  ceux  qu'on  observait  dans  les  sept  pre- 
miers siècles, 

11  ne  sulfisait  pas  d'avoir  découvert  les  personnes 
coupables  de  crimes  notoires  et  capitaux,  si  on  ne 
trouvait  n>oyen  de  les  leur  faire  expier  eu  les  assujé- 
tissant  à  la  pénitence  publique.  C'est  à  quoi  les  évè- 
ques  du  temps  dont  nous  pari  ms  s'appliquaient  for- 
tement. Ils  frappaient  d'analbème  ceux  qui  refusaient 
d'embrasser  le  seul  moyen  qu'ils  eussent  d'éviter  la 
vengt  ance  divine  (jin'  leurs  crimes  méritaient  :  en  quoi 
ils  ne  se  sont  punit  écartés  de  l'ancien  usage  de 
l'Eglise;  mais  cet  anatbéme  dans  les  siècles  posté- 
rieurs avait  des  suites  plus  marquées  que  dans  les 
premiers.  Dans  les  Capitules  qui  furent  recueillis  par 
ordre  de  Cbarlemague  ,  de  ceux  que  son  père  et  son 
oncle  avaient  publiés,  on  irouve  celui-ci  (Oipiiular. 
l.  7,  c.  331),  qui  est  rapporté  par  Isaac  de  Langres, 
titre  4,  c.  14,  qui  prouve  en  même  temps,  et  que  l'on 
anatbématisait  les  rebelles  qui  ncvoulaieal  point  subir 
les  peines  caiioni(|ues  dues  à  leurs  crimes,  et  que  cet 
inalbèine  avait  de  fâcheuses  suites  pour  le  reste  de 
la  vie.  Il  regarde  les  incestueux,  mais  il  doit  sCntcn- 
dre  des  autres  pécheurs  à  proportion.  Il  est  énoncé 
en  ces  ternies  :  Que  les  incestueux,  lundis  qu'ih  demeu- 
rent dans  leurs  désordres,  ne  soient  peint  comptes  parmi 
les  fidèles  chrétiens,  mais  qu'ils  soient  considérés  comme 
les  gentils.  Us  catéchumènes  et  les  énergumènes  (jus- 
que-là voilà  l'esprit  de  l'Eglise ,  comme  nous  avons 
vu  dans  ce  qui  a  été  dit  jusqu'à  présent)  ;  qu'Us  ne 
prennent  point  leurs  repas  arec  les  chrétit-ns,  qu'ils  ne 
mangent  ni  ne  boivent  dans  le  même  vase.  Qu'ils  ne  re- 
çoivent d'eux  ni  le  baiser,  ni  le  salut....;  qu'ils  soient  ré- 
putés du  nombre  de  ceux  qui  sont  agités  par  l'esprit  im 
monde,  et  de  ceux  dont  la  vérité  dit  :  S'il  n'écoule  pas 
l'Eglise,  etc.  Tlié()dul|tbe  d'Orléans,  c.  2G,  ordonne 
à  peu  près  la  même  cbosn  des  pnrjuros,  et  Ilincntir 
de  Beims  de  tous  ceux  généralement  cpii  dans  l'espace 
de  quinze  jours  ne  se  soumettront  point  à  la  péni- 
tence canonique.  C'est  ce  qu'on  peut  voir  dans  le  troi- 
sième tome  des  Conciles  des  Gaules.  Le  pénitcnlii'I 
Romain,  tit.  1,  est  entièrement  conforme.  On  privait 
donc  dans  ce  temps  les  pécheurs  qui  refusaient  de  se 
eervir  du  remède  salutaire  de  la  Pénitence ,  de  tout 
commerce  spirituel  el  civil  avec  le  reste  des  fidèles, 
jusqu'à  ce  qu'ils  rentrassent  en  eux-mêmes,  et  qu'ils 


11.  .MODES  DE  PÉMT.  AU  VIII'  SIÈCLE.      570 

se  soumissent  aux  lois  de  l'Eglise,  en  se  soumettant 
à  la  pénitence  canonique. 

Que  si  malgré  ces  peines  qui  sont  les  plus  grandes 
que  l'Eglise  puisse  inlli^er,  ils  deiueuraienl  endurcis, 
ou  trnuvaienl  nu)yen  d'ompécher  que  ceux  4»vec  qui 
ils  avaient  à  vivre  ne  suivissent  à   leur  égard  les   in- 
tentions de  l'Eglise,  on  faisait  intervenir  la  puissance 
séculière  pour  les  contraindre  de  se  soiiniellre  à  la 
pénitence  canoni(|ue,  ei  les  princes  l'employaient  vo- 
lontiers en  cette  occasion  pour  seconder  le  zèle  des 
évèpies,  en  leur  laisant  part  à  eux-mêmes  de  celle 
dont  ils  étaient  revêtus,  el  en  ordouiiant  à  leurs  ofli- 
ciers  de  leur  prêter  main -forte  pour  faire  exécuter  les 
règles  de  la  discipline  ecclésiastique  ;  ils  punissaient 
nièine  sévèrement  ceux  qui  refusaient  leur  ministère 
aux  pasteurs  quand  ils  en  élaient  requis.  C'est  ce  cpi'il 
faul  prouver  à  présent;  en  quoi  nous  n'aurons  pas 
beaucoup  de  peine,  les  lois  sur  ce  sujet  étant  en  si 
grand  nombre  (ju'on  se  trouve  plus  embarrassé  au 
choix  de  celles  qu'on  doit  alléguer  qu(î  de  la  recherche 
qu'il  en  faut  faire.  Le  roi  Charles  le-Cbauve  fil  celle- 
ci  dans  le  concile  de  Soissons,  c.  lO  de  la  septième 
action,  laquelle  est  rapportée  dans  les  Capitulaires  du 
même  prince,  et  dans  le  3"  tome  des  Ciuiciles  des 
Gaules  sur  l'an  854.  Que  )ios  envoyés,  missi  .NOsrR!(l), 
fassent  savoir  à  tons  les  ministres  de  l'état,  que  le  comte 
el  les  officiers  publics  se  trouvent  avec  l'évêque  de  chaque 
diocèse  pour  l'aider  quand  il  fait  sis  visites,  aussitôt 
qu'il  le  leur  aura  fuit  savoir,  et  qu'ils  contraignent  par 
l'autorité  et  la  puissunee  royale  à  se  soumettre  à  lu  pé- 
nitence et  à  une  saiisfaclion  convenable,  ceux  que  l'évêque 
n'y  pourra  réduire  par  l'excommunication. 

Que  si  les  comtes  ou  leurs  officiers  refusaient  opiniâ- 
trement leur  secours  à  l'évêque  ou  à  l'archidiacre,  ils 
élaient  eux-uièmes  cxcoiiimuniés  ju  qu'à  ce  qu'ils 
eussent  rempli  leur  devoir  à  cet  égard,  et  étaient  pri- 
vés, celui-ci  de  son  comté,  et  les  autres  de  leurs  em- 
plois. C'est  ce  que  nous  apprenons  d'un  capilulaire  de 
Cbarlemagne  qui  se  trouve  1.  7  Capilular.,  c.  550, 
aliàsùùS,  et  qui  est  rapporté  par  Isaac  de  Langres, 
tit.  4,  cap.  13.  Le  même  capili  le  nous  instruit  de  la 
manière  dont  les  officiers  royau.v  toniraignaient  ceux 
dont  nous  parlons  à  subir  la  pénitence  canonique,  en 
ces  lernns  :  Si  quelqu'un,  suit  libre,  soit  ecclési  'Stique, 
soit  quelque  personne  attachée  un  fisc,  est  rebelle  à  son 
propre  évêque  ou  pasteur,  ou  à  l'archidiacre  pour  quel- 
que crime  que  ce  soit,  que  tous  ses  biens  soient  saisis  par 
le  comte  et  le  commissaire  de  l'évêque  {et  à  misso  episco- 
pi),  jusqu'à  ce  qu'il  obéisse  à  son  évêque,  et  qu'il  fusse  ta 
pénitence  canonique  ;  que  s'il  ne  se  corrige  pas  encore 
après  cela,  el  qu'il  diff'ère  de  faire  pénitence,  qu'il  soit 
appréhendé  par  le  comte  el  mis  dans  une  uide  prison, 
qu'il  soit  en  même  temps  privé  de  la  jouissance  de  son 
bien  jusqu'à  ce  (juil  obéisse  à  s  n  évêque. 

LC  roi  Arnonlil  publia  une  loi  célèbre  sur  ce  sujet, 
qui  contioni  une  disposition  singulière;  elle  est  raj»- 

(I)  C'étaient  des  commissaires  que  les  rois  de  la 
seconde  raci.'  eii\ oyaient  d.nis  toutes  les  provinces 
pour  veiller  sur  la  eunduile  diS  officiers  ordinaire. 


:ir^ 


171 


HISTOIRE  DES 


portée  dans  le  canon  3'  du  concile  de  Tibiir,  qui  fut 
cok'hië  l'an  895.  Voici  celle  disposition.   Il  est  or- 
donné par  celle  loi  que  si  ceux  que  le  comte  veut  ar- 
rèier,  dans  le  cas  dont  nous  parlons,  font  résistance 
Cl  sont  tués  en  se  défendant,  on  n'imposera  aucune 
pénitence  par  le  jugement  des  évèqnesàceux  ipii  leur 
auront  ôlé  la  vie,  et  qu'ils  ne  paieront  p;is   au  fisc 
Tamende  pécuniaire  (pii  est  taxée  par  les  lois  contre  \ 
ceux  qui  ont  tué  qnel(|u'nn.  Et  prœceplo  iiostro  Were-  j 
(jUdi  milla  ab   eis  exloniualur  composilio.  La  piélé  de  i 
nos  rois  les  rendait  si  ailentifs  à  faire  exéculer  les  i 
règles  de  rÉglisc  touchant  la  pénitence,  qu'après  la 
mort  de  Louis-le-Débonnaire,  les   états  de  ce  prince 
ayant  éié  partagés  entre  ses  enfants,  ceux-ci,  dans  une 
assemblée  tenue  en  85!,  firent,  à  la  persuasion   des  1 
évcî|ues,  un  concordai  par  lequel  ils  s'engageaient  à 
ne  pas  soulfrir,  chacun  dans  leurs  étals  respectifs, 
ceux  qui  s'y  réfugieraient  pour  éviter  la  pénitence  ca- 
nonique, mais  de  les  en  faire  sortir  au-sitôt  qu'ils  en 
auraient  reçu  avis  de  l'évéque  du  diocèse  duquel  ils 
seraient,  afin  qu'ils  y  retournassent  et  qu'ils  y  fissent 
la  pénitence  convenalile,  pour  quelque  crime  public 
que  ce  fût,  ou  qu'ils  achevassent  colle  qu'ils  avaient 
reçue,  el  de  quocnmcjne  crim'me  publico  debilain  pœui- 
teiitiam  suscipial,  aitt  susceptam,  ut  légitimé  peragat, 
compellatur.  Celle  loi  fut  renouvelée   d'un  commun 
consentement  des  rois  français,  dans  l'assemblée  de  | 
Coblentz,  l'année  860,  et  deux  ans  après,  Charles-le- 
Chauve  se  plaignit  hautement  deLothaire,  son  neveu, 
de  ce  qu'il  domiail  retraite   dans  S(m  royaume  à  im    i 
seigneur  nommé  Baudouin,  qui  avait  été  excommunié 
par  les  évéques  pour  le  rapt  qu'il  avait  fait  de  Judith, 
sa   fille.   Il  fonde  sa  plainte  sur   ce  qu'en  cela  il 
violait  les  conventions  qui  avaient  éléfailes  entre  les 
rois,  de  ne  point  permettre  que  de  pareilles  g(;ns  de- 
meurassent dans  leurs  états,  mais  de  les  obliger  à  rc 
tourner  pour  faire  pénitence,  et  ad  pœnitenliain  cujen- 
(lam,  sicut  stiitutuin  est,  redire  cogat. 

Celait  à  la  prière  des  évéques  que  les  rois  em- 
ployaient ainsi  leur  puissance,  afin  de  contraindre 
les  pécheurs  à  se  soumettre  à  la  pénitence  canoni- 
que, comme  le  fait  voir  manifestement  le  canon  10' 
du  concile  de  Pavie,  dont  les  évéques  supplient  le  roi 
Louis-le-Jeune  d'ordonner  à  ses  comtes  de  leur  prêter 
secours  pour  contraindre  les  incestueux  à  faire  péni- 
tence publique.  Les  évéques  de  Gaule  et  de  Germanie 
prièrent  aussi  l'empereur,  dans  l'assemblée  de  Thion- 
\illc,  d'ajouter  par  ses  lois  une  amende  pécuniaire 
à  l'imposition  de  la  pénitence.  Ce  qu'ils  (irenl  à  l'oc- 
casion du  meurtre  commis  conire  la  personne  d'un 
('•vèque  d'Aquitaine,  nommé  Jean,  dont  la  mort  les 
avait  extrêmement  affligés. 

Mais  en  quoi  consislait  celle  pénitence  que  les  deux 
puissances  réunies  ensemble  s'efforçaient  avec  tant  de 
zèle  de  faire  accomplir  aux  pécheurs  publics  ?  c'est 
ce  qu'il  faut  exposer  aux  yeux  de  nos  lecteurs.  Il 
n'est  pas  question  ici  de  l'iiuposilion  de  la  pénilence, 
dont  nous  avons  parlé  ailleurs,  il  s'agit  de  l'action  de 
la  pénitence,  non  en  tant  qu'on  l'accomplissait  chez 


SACKEMEiNTS.  572 

soi  et  en  son  particulier,  de  quoi  nous  aurons  lieu  de 
traiter  ci-après  ;  mais  en  tanl  qu'elle  était  exposée  à  la 
vue  du  peuide  et  qu'elle  se  faisait  publiquement  dans 
léglise.  Elle  se  faisait  remarquer  dans  le  temps  dont 
nous  parlons,  surtout  en  trois  chefs.  Il  n'éiait  point 
permis  i°  à  ceux  à  qui  on  l'imiwsail  d'enlrer  dans 
l'église  pendant  un  certain  intervalle  de  temps  mar- 
qué, ils  demeuraient  à  la  porle,  et  y  priaient.  T  Ce 
temps  étant  expiré,  on  les  introduisait  solennellement 
dans. l'église,  où  ils  demeuraient  néanmoins  séparés 
du  reste  des  fidèles  dans  un  coin  vers  la  porte,  expo- 
stis  à  la  vue  de  tout  le  monde.  Après  avoir  parcouru 
cette  station,  ils  étaient  admis  et  mêlés  indistincte- 
ment ilans  l'église  avec  les  autres  fidèles,  quoiqu'ils 
gardassent  encore  l'habit  affecté  aux  pénitents.  On 
tiouve  ces  trois  stations  dans  plusieurs  lellresdu  pape 
.Nicolas  I,  à  qui  plusieurs  pécheurs  de  toute  la  chrétienté 
s'adressaient,  suivant  l'usage  de  ce  temps,  soit  de  leur 
propre  mouvement,  soit  que  leurs  évéques,  pour  de 
bonnes  raisons,  les  renvoy.^ssent  à  lui  pour  recevoir 
la  pénitence  due  h  leurs  crimes.  Dans  celle  qu'il 
écrivit  à  l'évéque  Rivoiadro,  touchant  un  certain  Vi- 
mar  qui  avait  tué  ses  enfants,  et  qui  est  rapportée 
dans  l'appendice  des  lettres  de  ce  Ponlife,  qu'on 
trouve  dans  le  troisième  tome  des  Conciles  des  Gaules 
sur  l'an  8G2,  il  est  dit  :  Nous  uvotis  ordonné  quil  se 
tienne  trois  ans  devant  les  portes  de  réylise  pour  prier, 
(juil  soit  ensuite  quatre  ans  parmi  les  auditeurs,  quil 
passe  sept  ans  sans  recevoir  le  corps  et  le  sang  de  Noire- 
Seigneur.  Dans  une  autre  lettre  à  Frotaire,  archevêque 
de  Bordeaux,  il  prescrit  les  mêmes  stations  à  un 
nommé  Burgandus,  qui  avait  pillé  les  vases  sacrés  de 
l'église,  avec  cette  différence  qu'il  y  en  ajoute  une 
première  hors  de  l'église,  extra  ecclesiam,  qu'il  distin- 
gue de  celle  dont  nous  venons  de  parler,  qui  se  fai- 
sait devant  les  portes  ou  à  lentrée  de  l'église,  ante 
[ores  ecclesiœ  ;  cette  lettre  se  trouve  aussi  dans  le 
3"  tome  des  Conciles  des  Gaules,  sous  l'an  867.  Mais  il 
paraît  que  ce  pape  n'y  ajoute  cette  première  station 
qu'à  cause  du  sacrilé;^e  que  renfermait  le  crime  de  cet 
homme,  comme  il  s'en  explique  liii-méme  en  ces 
termes  :  Nous  ordonnons  qu'il  demeure  un  an  hors  de 
l'église  dont  il  na  point  craint  d'emporter  les  vases  sa- 
crés à  la  manière  des  paiens. 

Les  légats  du  pape  Adrien  II,  dans  le  huitième  con- 
cile général,  action  9%  imposèrenl  à  ceux  qui  avaient  , 
rendu  un  faux  témoignage  conire  le  patriarche  Ignace 
une  pénitence  qui  renferme  les  mêmes  rils  et  les 
mêmes  stations.  Ils  ordoimèrent  quils  demeurassent 
deux  années  hors  de  l'églis',  deux  autres  années  dans 
l'église,  entendant  les  divines  Écritures,  mais  sans  com- 
munier en  aucune  manicrc,  etc.  Que  les  trois  autres 
années  ils  se  joignissent  aux  fidèles,  et  méritassent  de 
recevoir  la  divine  communion  dans  les  seules  fêles  du  Sei- 
gneur. «  In  solis  Dominicis  solcmnitatibus.  »  Le  concile 
dé  Mayence,  qui  fut  asse:nblé  en  888,  ordomie  que 
ceux  qui  ont  tué  un  prêtre  soient  ein(|  ans  hors  de  l'é- 
glise, se  lenant  à  la  porte  pendant  qu'on  y  célèbre  les 
saints  mystères  ;  qu'après  cinq  ans  ils  enlrent  dans 


S73     PÉNITENCE.  -  SECT.  IH.  PART.  III.  CliAP.  II.  MODES  DE  PÉNiT.  AU  Vlir  SIÈCLE.      57  i 

1  église  sans  y  coiiiiminier  ;  qu'ils  y  soioiil  dchoit  on-  |  :,v<c  lanl  .rapimreil  el  de  dévoiion,  sur  les  péiiitenls 
Ire  les  auditeurs,  viU-y  uudieules,  ou  assis  quand  on  ;  luosleruc'S,  t^'aus  toutes  les  assemblées  de  leglise, 
le  leur  i)ein»ellra,  el  qu'après  douze  ans  ils  icçoivcnl  ;    avant  la  ccléhralion  des  saints  inysièics.  Une  seconde 


Jla  communion. 
Cette  entrée  dans.régHsc  se  faisait  avec  qucLiuc 
solennilé  ;  il  ne  leur  était  pas  poimis  de  l'cnirepren- 
dre  d'eux-mêmes,  il  fallait  que  révè(|ne  les  y  intro- 
duisît. C'est  ce  que  nous  apprend  le  concile  de  Tiliur, 
sous  le  roi  Arnould,  intjrcd'uUur  Ecclesiam  inlroduccnle 
episcopo.  11  était  défendu  aux  prêtres  de  s'attribuer 
celle  antorilésans  ordre  de  l'évèquc,  connne  témoigne  ^ 
le  même  concile, c.  20.  yullus prcf'bijinoruin (juciMjnum 
iiisi  jiissu  episcopi  in  ecclesiam  inlrodnccre  prœsumat, 
citi  pro  aliquo  deliclo  itlam  iugrcdi  iion  licent.  L'entrée 
de  l'église  ne  donnait  point  droit  aux  j)énitcnts  de  f=e 
joindre  aux  autres  lidc-ks,  comme  nous  l'avons  déjà  ' 
rcmaupié,  mais  ils  en  devaient  èlre  séparés  el  relégués  j 
dans  un  coin,  vers  la  porte.  Le  Pénitenliel  romain 
(til.  I,  cap.  22)  est  formel  là-dessus.  Vous  devez  ob- 
server, y  est-il  dit,  (juil  fuul  que  vous  soyez  (il  parle  au 
pénitent)  durant  l'espace  d'un  an  devant  Ut  porte  de  l'é- 
glise, vous  efforçant  d'attirer  sur  vous  la  diiineclcincnce.  j 
Ce  temps  expiré,  que  l'on  vous  introduise  dans  Céglise, 


difl'crence  se  fuit  sentir,  en  ce  que  les  aut(;urs  ou  les 
canons  qui  pn^scrivenl  ce  qui  se  doit  observer  par 
rapport  à  i.i  pénitence  publiiiue  ne  parient  pomt,  dans 
ce  temps,  du  renvoi  des  auditeurs  el  des  prosternés, 
el  ne  disent  point  qu'on  fermât  les  portes  de  l'église 
pour  qu'ils  n'assistassent  point  an  saint  sacrilice.  Les 
auditeurs  du  moyen  âge  étaient  dans  l'église  pendant 
qu'on  le  célébrait,  cl  ceux  mêmes  qui  élaienl  hors  dos 
portes  pouvaient,  de  l'entrée  de  ces  mêmes  portes  ou 
du  vestibule,  être  eu  quelque  façon  présents  au  sa- 
ciifice  de  nos  autels;  ce  qui,  comme  vous  avez  pu  re- 
manpier,  est  diamétralement  opposé  à  ce  qui  se  pra- 
tiquait auparavant.  Dans  quehpies  endroits,  au  lieu  de 
reléguer  les  pénitenls  dans  un  coin  de  l'église,  on  les 
laissait  à  l'entrée.  D'où  vient  que,  suivant  la  remanjue 
de  M.  de  Vert,  tom.  1,  p.  8,  on  observait  autrefois  à 
Rouen  de  reculer  la  chaire  du  prédicateur  à  l'arcade 
la  plus  proche  du  grand  portail,  pour  donner  lieu  aux 
pénitenls,  à  qui  il  étaitdéfendn  d'entrer  plus  avant  dans 
église,  d'écouter  la  parole  de  Dieu.  Quelquefois  même 


de  façon  cependant  que  vous  restiez  debout,  dans  un  coin,  |  on  co.-istruisail  des  autels  sous  le  vestibule  pour  leur 


jusqu'à  ce  que  l'année  soit  finie.  {Tamen  in  angulo  ec- 
ctcsiœ  stcs.)  Burchard  (l.  19),  après  le  chapilie  cin- 
quième, dit  la  même  chose.  Le  même  Pénitentioliros- 
cril  cinq  ans  de  pénitence,  à  l'entrée  de  l'église,  pour 
celui  qui  a  ôlé  la  vie  à  un  ecclésiastique.  Après  ces  cinq 
ans,  vous  entrerez,  dit-il,  dans  l'église,  mais  sans  com- 
munier, vous  tenant  debout  ou  a-isis  dans  un  coin,  t  Scd 
I  in  ancjulo  ecclesiœ  stes  vel  sedeas,  etc.  »  Le  Pape 
Alexandre  II,  qui  n'a  été  mis  sur  la  chaire  de  S.  Pierre 
qu'en  l'an  lOCO,  prescrit  les  mêmes  rits  elles  mônies 
stations  de  pénitence  à  un  homme  qui  avait  tué  sa 
cousine-germaine,  et  à  plusieurs  aulres,  coupables 
d'autres  crimes  :  avec  cet  e  diiïérence,  qu'il  étend  plus 
ou  moins  l'espace  de  temps  ((ue  les  pénilcnls  doivent 
passer  dans  ces  diverses  classes,  à  proportion  que  les 
crimes  sont  plus  ou  moins  énormes.  Mais,  en  général, 
le  temps  de  la  pénitence  était  encore  fort  long  de  son 
temps.  Par  exemple,  il  veut  qu'un  prêtre  qui  en  avait 
tué  un  autre  soit  trois  ans  hors  de  l'église,  et  sept  ans, 
inter  idiotas,  avec  le  peuple. 

Tel.s  ont  été  les  rils  cl  les  cérémonies  puhlicîuesqui 
s'observaient  dans  le  cours  de  la  pénitence  canonique, 
depuis  le  connnencement  du  huitième  siècle  ou  la  fin 
duseplicnie  jusrpi'au  douzième.  Si  nous  les  comparons 
avec  ce  qui  s'observait  dans  l(;s  siècles  précédents,  j 
dont  nous  avons  parlé  dan=i  les  deux  premières  parties 
de  celte  section,  nous  lemarqnerons  dans  ce  parallèle 
quatre  différences  bien  marquées.  La  première  et  la 
principale  qui  se  présente  d'abord,  consiste  en  ce  que 
la  prostration,  substralio,  0-î:;iT«Tt;,  qui  était  la  troi- 
sième station  de  laiicicnne  pénitence,  ne  paraît  point 
avoir  été  en  usage  dans  le  moyen  âge,  quant  aux  rils 
jet  aux  cérémonies  pnbli(pics  qui  l'accompagnaient; 
puisqij'on  n'y  fait  mention  nulle  part  de  l'imposition 
des  mains  et  de  la  prièie  qui  se  faisaieiil  auparavant, 


faire  entendre  la  messe.  Il  se  voit  encore  de  ces  autels 
à  Noyoïi  cl  ailleurs,  el  l'ancien  pontifical  de  Chàlons- 
sur  Saône  en  fait  mention. 

Nous  apercevons  dans  les  monuments  du  moyen 
âge  une  troisième  différence  encore  plus  importante, 
savoir  :  que  l'on  accordait  la  connnunion  aux  pénitents 
avant  qu'ils  eussent  achevé  le  cours  de  leur  pénitence, 
non  pas  à  la  véiité  dans  la  première  et  la  seconde  sta- 
tion que  nous  avons  expliquée,  mais  dans  la  troisième; 
non  pas  aussitôt  qu'ils  y  élaienl  parvenus,  mais  quel- 
que temps  ou  quehpies  années  aj)rès,  plus  ou  moins, 
suivant  ce  qui  était  réglé;  de  façon,  cependant,  qu'il 
n'était  pas  rare  que  les  pénitenls  communiassent  dans 
cette  station  plusieurs  années  avant  qu'ils  eussent 
achevé  leur  pénitence.  Nous  apprenons  ce  point  de 
discipliiie  du  concile  de  Worms,  c.  20  du  Pénitenliel 
romain  (til.  8,  c.  ultimo,  et  Cit.  i,  c.  22du  concile  de 
Tibur,  c.  5),  el  de  plusieurs  aulres,  conmie  du  pape 
Nicolas  dans  sa  lettre  à  liiiicmar,  dans  laquelle  il 
permet  à  un  homicide,  à  qui  il  prescrit  une  pénitence 
de  douze  ans,  après  avoir  passé  trois  ans  hors  de  lé- 
glise  et  deux  ans  entre  les  auditeurs,  de  communier 
les  sept  antres  années. 

Eiifin  une  quatrième  différence,  qui  mérite  d'avoir 
place  ici,  par  rapport  à  j'appareil  et  aux  rils  publics 
de  la  péiiilence  canoni  pie,  consiste  en  ce  que  les  ha 
bits  Ingidires  el  remarquables  des  pénitents  élaienl, 
à  la  vérité,  les  mêmes  dans  les  deux  âges,  je  veux  dir  • 
dans  les  sept  premiers  siècles  et  dans  les  suivants,  hi  s 
que  les  pécheurs  recevaienl  pidtliquement  la  pénilonc  (  ; 
mais  ils  avaient  quelque  chose  de  plus  smgulier,  dans 
les  pénilcnls  du  moyen  âge,  duianl  le  c(uirsuiémedc 
leur  pénitence. 

Nous  remarquons,  dans  les  lettres  des  papes  qui 
renvoicnl  aux  évêqucs  les  pécheurs  de  leur  diocèse 


575  HISTOIRE  DES 

qui  étaient  venus  i  Rome  pour  leur  demander  h  péni- 
tence, qu'une  partie  des  peines  qu'on  imposait  alors 
à  CCS  personnes,  éiait  d'aller  nn-pieds;  do  no  poii.l 
porter  do  linge,  sinon  des  fcmeianx;  d'olre  vèlns d'é- 
toffes les  plus  viles  el  |>('U  capables  de  les  inclire  à 
l'abri  des  injures  de  l'air;  de  ne  point  aller  en  voi- 
lure, elc:  c'est  ce  que  nous  apprenons  de  la  Icilredu 
pape  Nicolas  à  Rivoladre  qno  nous  a\o.;s  déjà  citée, 
et  du  concile  de  Tihur,  c.  S).  Ce  n'étuil  point  une 
chose  exlra<MNlin:iiitr  dans  ces  temps-là,  p  isijuecët  lit 
la  coutume  les  jouis  de  j(  unes  et  de  prières  p;d)li- 
ques  que  tous  les  cliréliens  en  usassent  à  |u;u  près  de 
même,  an  moins  le  leur  pn;scrivait-on ,  comme  le 
montre  ce  que  dit  Bmcliard  ,  1.  13,  c  7,  en  parlant 
des  irois  joiu'S  des  Rogalioiis.  Que  iicrsoniw  en  ers  jours 
n'use  d'Iialiits  précieux,  parce  que  nous  devons  (léinirdmic. 
le  sac  et  la  cendre,  elc.  Que  p 'nonne  ne  monte  à  cite-  î 
i'(d,  mais  que  tous  aillent  à  pieds  nus.  ; 

CHAPITRE  III.  1 

.1  quelles  austérités  él(dent  (iss}ij  tis  les  pénitents  | 
pendant  les  8' ,  9'  et  10*  siècles.  De  quelle  ma-  ij 
nière  on  dislr'.huail  alors  les  diljérentes  espèces  di  ï 
peines  dont  on  cliàtiait  les  pécheurs.  Que  la  discipline  | 
de  ce  temps  ne  cédait  point  en  sévérité  à  celle  des  six 
ou  sept  premiers  siècles  à  l'égard  de  la  pénitence  pu- 
blique. 

Après  avoii-  cxpllipié  l'ordre  et  les  rils  qui  s'ohser- 
vaieul  dans  Taction  pnhliijin!  de  la  |  énileme  depiiis  le 
liuitième  siècle,  il  faut  prcsi'iiteuient  jr.rler  des  ans- 
lérités  que  les  pé;iilenls  exerç aient  (  liez  eux  et  en 
particulier,  par  ordre  de  l'Église  de  ce  temps-là. 
Nous  rappoiierons  pour  cela  quehpies  exenq)les  de 
pénitences  imposées  pour  certains  crimes,  don:  il  sera 
facile  de  faire  l'applicalion  aux  aiilre>  espèces  de  pé- 
chés. On  y  verra  (pichpie  dillérence  entre  les:  ncirn- 
nes  pénitences  et  celles-ci  :  mais  celte  dillérence  n'est 
pas  en  ce  que  les  ai.cicnnes  étaient  |iliis  rigonrcu;es 
que  celles  qui  ontélé  en  usage  depuis  le  7'  siècle;  au 
contraire,  on  verra  que  le.^  évèipies  de  ces  temps  pos- 
térieurs ont  encliéii  en  ce  point  sm-  les  anciens. 

Le  pape  Ciégoirelil,  répondant  à  la  seplième  ques- 
tion (|ue  lui  avait  l'aile  S.  Bnniface,  cKiiii  se  Irouve 
dans  h;  premier  teme  des  Conciles  des  Gauli  s,  sous 
l'année  738,  décide  ainsi  toncliant  la  pénitence  que 
mériient  certains  homicides.  A  l'égard  de  cl'ux  qui 
ont  tué  leur  prre,  leur  mère,  leur  frère  ou  leur  sœur, 
nous  disons  qu'ils  doivent  passer  toute  leur  vie  sans  recevoir 
le  corps  du  Seigneur,  sinon  à  la  mort  en  forme  de  viati- 
que ,  qu'ils  s'abstiennent  aussi  de  manger  de  la  chair  et 
de  boire  du  vin  durant  tonte  leur  vie.  Qu'ils  jeûnent  la 
deuxième,  la  quatrième  et  la  sixième  férié,  afin  que,  pleu- 
rant ainsi  leur  péché,  ils  puissent  en  obtenir  le  pardon. 
Le  pape  Nicolas  I  imposa  à  un  honmie  qui  avait  tué 
un  moine  j-evèlu  du  sac(M'(loce  douze  ans  de  péni- 
leuce  qu'il  distribue  en  trois  stations,  connue  nous 
l'avons  expliqué  dans  le  chapitre  précédent;  il  devait 
en  passer  cinq  dans  les  deux  premières,  le  resie  dans 
la  troisième,  dans  laquelle  il  lui  permet  de  commu- 


SACREMENTS.  576 

nier  aux  |)rincipales  solennités,  mais  sans  offrande. 
Après  (pioi  il  ajoute  dans  la  lellre  (pfil  en  écrivit  à  ,' 
[  llincmar  de  Reims,  û»  dioeèse  du  piel  élaii  ce  meur- 
trier [tom.  5  Conc.  Gall.  unn.  8o7)  ;  !\éunmoins  durant 
tout  ce  temps,  «  veriimtamen  omnibus  pr.cdiitis  tempo- 
«  ribus,  1.  excepté  les  jours  de  fé  es  et  de  la  liésurrcction, 
qu'il  jeune  en  tout  u'mpsjusrju'à  vêpres  comme  oi  carême, 
que  s'il  a  un  vognge  à  faire,  qu'il  ne  se  serve  point  de  voi- 
ture, mrds  qu'il  le  fasse  à  pied.  Il  aurait  du  faire  péni- 
tence jusqu'à  la  mort,  maii  vonsid.'rant  sa  foi  et  sa  dé- 
votion qui  l'a  fit  recourir  aux  suffrages  des  saints 
apôtres,  nous  en  avons  agi  ])lus  doue  ment  avec  lui.  Ces 
dernières  paroles  sont  rcmar(pial)les.  Ou  y  voit  pre- 
niièremenl  (pi'il  regarde  connue  un  adoucissement 
une  pénitence  très-dure;  en  second  lieu  on  y  remar- 
que la  prude  ce  de  ce  pape,  (pii  read  compte,  eu 
qiieljui;  manière,  à  l'évè  , ne  diocésain  de  ce  qu'il  a 
fait,  el  des  r.dsons  (pi'il  a  eues  pour  ren.cttre  quel- 
q;u^  chose  de  la  rigueur  de  la  pé.ileuce,  et  il  l'avertit 
tie  tout,  afin  que  celui  (pii  revenait  accom|)lir  sa  pé- 
nili'nciî  dans  son  pays  ne  pût  en  imposer  à  son  évè- 
(\\\o  (\\ù  était  chai';.;é  diî  veiller  siu-  lui,  el  de  lui  faire 
expier  S(!s  crimes  d'une  manière  pro;ii'e  à  jui  ménlcr 
le  pardon  de  Ses  fautes. 

Nous  pourrions  transcrire  ici  plusieurs  aiilres  let- 
tres du  même  pape,  (pii  coniienuent  les  peines  qu'il 
enjoint  à  divers  |  éelieurs,  (|ui  ne  soal  i>as  moins  lon- 
gues et  rigoureuses  (|ue  celles-ci  à  projxu'liou  :  mais 
il  est  inutile  de  charger  ce  livre  de  tous  ces  exemples 
d  ■  pénitence;  il  nous  sullit  de  faire  voir  quelle  était  la 
discqiline  de  la  Pénitence  dans  les  siècles  dont  nous 
avons  à  parler  dans  ce  chapitre.  Nous  l'avons  vu  par 
la  réponse  de  S.  Grégoire  \\l  à  S.  Boniface  de  Mayence, 
à  l'égard  du  hnilième  siècle,  el  par  ce  que  nous  avons 
rapjiorléd  '.us  le  cliipitre  premier  de  celle  troisième  par- 
tie, des  règlements  faits  dans  une  assend)lée  des  évè- 
ques  de  France  parle  même  S.  Biuiifaee  au  sujet  de  la 
Péiitlence.  Le  pape  Nicolas  1  nous  a  instruit  de  la  ma- 
nière dont  les  choses  se  passaient  dajis  le  neuvième  siè- 
cle, à  (pu)i  nous  ajouteroi.s  ce  que  les  légats  du  pape 
Adrien  11,  S(ui  prédécesseiu",  réglèrent  dans  le  huitième 
concile  géiiéral,  louchant  iapinilencequedctvaientfaire 
les  faux  lémoiiis  (ju  ;  Pholius  avait  produits  contre  le 
paiiiarche  Ignace,  d:»nl  il  avait  usurpé  le  siège.  Ils 
doivent,  disent-ils,  s'abstenir  de  vin  et  de  chair  pen- 
dant quatre  ans,  excepté  les  jours  de  dimanche  et  les 
fêtes  du  Seigneur.  Dans  les  trois  autres  années  ils  doi- 
vent mériter  la  divine  communion  par  les  aumônes,  les 
priires  ot  les  jeûnes,  en  sorte  que  trois  jours  de  la  se- 
maine, savoir,  la  deuxUme,  la  quatrième  et  la  sixième  fé- 
rié, ils  s'abstiennent  de  chair  et  de  vin.  ' 

C'est  ainsi  que  ces  légats,  à  la  tète  d'un  concile  g('- 
néral,  règlent  la  pénitence  des  gens  qui  n'étaient  con- 
vaiacus  que  d'un  seul  crime  :  pénitence,  comme  vous 
voyez,  (jui  devait  durer  sept  années  entières,  et  qui 
paraît  Irès-iigoureuse.  11  semble  que  nous  devrions 
nous  en  tenir  là,  puisque  rien  n'est  plus  authentiipie  et 
ne  nous  apprend  plus  clairement  quelle  était  la  pra- 
tique ordinaire  de  ce  lenips  que  ces  monuments  res- 


677       PENITENCE.  -  SECT.  III.  PAr,T.  III.  CIIAP.  IIl.  AUSTÉRITÉS  AtX  SifeCLES  SUIV.       578 


peclal)l<'S.  Cependiiiil,  pour  f.iirc  connaîlro  plus  c:i 
(Iclail  les  iisngcs  roçiis  (Oinniniiénieiil  (Imiis  11-  neii 
vieille  siècle  cl  liaiis  1.;  siiiviiiit,  nous  copierons  ici  ce 
que  les  é\è(pa'Silu  concile  tle  Til)ur  prescrivciil  |toiir 
péiiilciK  e  à  celui  qui  s'est  rcuJu  coupable  duii  homi- 
cide V(ili)iil;iire. 

I>'al)(>rd  ces  évoques assuriMil  qu'ils  n'onl  ainsi  ic^^lc 
la  péuilciice  dont  il  s'agit,  que  poni  s'accmninoder  au 
temps  et  à  la  faiblesse  des  lioniines.  Après  quoi  ils 
entrent  en  matière  eu  cette  sorle  :  Si  qnelqn  un  a  com- 
mis vototitaiieiitciU  un  humicidc,  qu'on  iuiinleidise  pen- 
dunl  quarante  jours  l'entrée  de  l'église,  et  duriint  ce 
temps,  qu'il  ne  mange  que  du  pain  avec  du  sel .  et  ne 
boive  que  de  l'eau  pure,  qu'il  aille  pieds  itus,  qu'il  ne  se 
serve  qued'liubils  de  lin,  sans  fénicraux  ;  qu'il  ne  porte 
point  d''(irmes  ;  qu'il  ne  se  serve  point  devoi'ire;  qu'il 
n'npproclie  d'aucune  fenime,  non  p  s  même  de  la  sienne; 
qu'il  H  ait  pendat  l  ces  quarante  jours  aucune  communi- 
cation a^'ec  les  chrétiens,  non  ps  même  avec  les  entres 
pénients,  ni  pour  le  loire,  ni  pour  le  manger,  ni  pour 
qnelqn'autre  clios'' que  ce  puisse  être.  Le  concile  ajoute 
qiiilqucs  piéc.iutious  à  ce  qu'il  vient  d.;  régler  pour 
la  péiiiU'uie  de  c.-s  (|uaranle  jours,  qui  est  (Oniine  le 
prélude  de  celle  ipii  devait  suivre  ,  savoir  :  que  si  le 
pénitcnla  des  ennemis,  révè|i;e  aura  soi:i  de  les  ré- 
concilier avec  lui,  de  pi  ur,  s;i!is  doute,  qu'ils  ne  l'at- 
taquent éiant  ainsi  dés.irmé,  et  que  s'il  c-t  mahide 
el  lie  peut  soutenir  ce  ji  lim' ,  on  ailendr.i  que  sa 
sanlé  s  iit  réialilii'.  Après  avoir  aiu>i  |  lévenn  les  iu- 
convéïiieils,  il  pres(  rit  de  (luelle  inauièicî  il  doit  régler 
sa  vie  dans  le  cours  des  aimées  de  sa  pénilencc,  eu 
ces  (ernies  : 

Après  ces  quarante  jovrs ,  l'entrée  de  l'églii^e  lui  sera 
inl  rdiie  pi'udanl  l'espace  d'unn  anné'',  durant  laquelle  il 
s'abstiendra  de  clt.ir  ei  de  vin,  d'hydromel  e:  de  bierre 
emmiellée,  exce\:té  les  jours  de  dimanche  et  fêles  chô- 
mées; et  s'il  se  trouve  à  l'avm  e  ou  dans  quehjaes  grands 
voyages,  à  la  cour  de  son  seigneur,  ou  malade,  il  lui 
sera  permis  de  racheter  la  troisième ,  la  cinquième  férié 
el  le  samedi  pour  un  deni.nde  façon  néanmoins  que  des 
trois  chos'  s  qui  sont  interdites  ,  la  chair  ,  le  vin  et  l'hy- 
dromel, il  ne  puisse  fair-  «^^-^  que  d'une  seule.  Mais 
quand  il  sera  de  retour  de  son  voyage  ou  rétabli  de  sa 
mulad'ie,  il  ne  pourra  racheter  ces  jours.  Ce  terme  étant 
expiré,  il  Si'ra  introduit  dam  l'église  en  la  manière  des  \ 
pénitents.  La  seconde  et  la  Iroisièmc  aniié(!  il  csl  soumis 
aux  luénies  observances;  cxceplé  (pTon  lui  accorde  la 
fiicullé  de  racheter  hs  Irois  jours  dont  on  vient  de 
p;irler,  lors  u;éuie  qu'il  est  chez  lui  dans  sa  niai>on. 
La  (pialrienii;,  cinquième,  sixième  Cl  septième,  con- 
tinue le  contile  eau.  58,  il  doit  observer  ce  qui  suit. 
Qu'il  jeune  Irois  carêmes,  un  avant  traques,  s'ahstenunt 
de  fromage  elde  poissons  gras,  de  vin,  d'h  ,dromel  et  de 
bierre  emmiellée  ;  l'autre  avant  la  S.  Jean  ;  que  si  les 
quarante  jours  ne  s' g  trouienl  pas,  il  accomplira  ce  qiî 
mcnque  aprè^  celte  fcte-  Dans  le  troisième  carême  avant 
Noël,  qu'il  s'ub.itieinic  de  chair  et  des  trois  autres  choses 
dont  nous  avons  parlé.  Pendant  ces  quatre  ans,  qu'il 
boi*'  Il  mange  ce  qu'il  jugera  a  propos  le  mardi,  le  jeudi 


cl  le  samedi,  cl  quil  ait  la  faculté  de  racheter  pour  un 
denier,  o:;  sa  valeur,  le  lundi  et  le  mercredi.  Pour  ce  qui 
est  du  vendredi,  qu'il  l'observe  s<>igneusenient.  Ces  sept 
aniu'es  étant  accomplies,  qu'on  lui  rende  la  sainte  com- 
munion comme  l'on  fait  aux  pénitents,  mokk  rOE.MTEN- 
TiLM,  c'est-à  dire  ,  avec  les  cérémonies  qui  se  prali- 
(piaient  ,  eu  ce  temps,  (piand  on  réconciliait  les 
piuitenis  publies.  Le  concile  de  Worins  (caii.  50), 
qui  fut  tenu  plusieurs  années  avant  celui  dont  nous 
venons  de  rapporter  ce  long  passage  ,  condamne  un 
homme  (pii  a  eu  commerce  avec  la  fille  de  sa  femme 
à  trois  ans  de  jeùuc  quadragésimal,  dont  il  n'excepte 
(pie  les  j(uirs  de  fêles.  Ce  n'était  là  qu'une  partie  de  la 
jiéuilciice  ,  qui  devait  se  continuer  encore  plusieurs 
aulies  années,  mais  avec  quehiue  adoucissement, 
comme  nous  le  venons  de  voir.  Si  le  concile  ne  l'ex- 
plique pas,  non  plus  que  ben  d'autres  canons  de  ce 
temps,  c'est  (pie  ces  sortes  de  ciioses  élaicnt  réglées 
|)ar  l'iisagi!,  el  le  commencemenl  de  la  pénitence 
élaiit  réglé,  le  reste  était  déterminé  à  proportion. 

On  ne  relâcha  rien  de  celte  rigueur  dans  le  dixième 
siècle;  c'est  ce  (jue  pr-aive  évideuimeni  le  recueil  des 
cai.oiis  fut  par  l'abbé  Réginon  à  la  prière  de  Ralbode, 
évè(pie  de  Trêves,  vers  le  milieu  de  ce  siècle.  On  y 
voit  partout,  que  quand  il  s'agit  de  prescrire  la  péni- 
tence pour  divers  crimes,  il  ne  s'écarte  en  rien  de  ce 
qui  était  eu  usage  dans  le  siècle  précédent.  Pour  l'ho- 
micide volontaire  .   par  exemple  ,  il  iranscrit  ce  que 
nous  avons  ra|q)or!é  des  cainuis  ciuquauie-cinqnième 
el  suivants  du  concile  de  Tibur,  à  quelque^  légers 
cliangeiiie..ts  près  ,  qui  ne   font  rien  quant  au  fond. 
C'esl  ce  que  l'on  peut  voir  dans  cet  auieur,  I.  2,  c.  5. 
Il  cummenee  par  ces  paroles,  qu'il  cite  de  ce  même 
conrile,  ce  qu'il  a  à  dire  sur  ce  sujet.  Que  la  pénitence, 
pour  l'homicide,  ne  virie  pas  comme  auparavant;  mens 
que  chaque  évêtiue  prescrive  lamente.  Burchard,  évéïpie 
(le  Worms,  qui   a  fait  sa  conipilalion  des  canons  vers 
la   lin  du  dixième  siècle  ou  au  commem  emcnt  du 
onzième,  est  un  lémoin  irréprochable  de  ce  que  nous 
disons ,  coin  i  c  le  montre  tout  ce  qu'il  a  écrit  sur  la 
discipline  de  la  Pénitence.  Outre  ces  deux  auteurs, 
(pii  rendent  té  iioignage  de  ce  (pii  se  passait  de  leur 
temps,  au  sujet  de  a  pénileiice,  nous  citerons  encore 
■m  concile  de  Reims,  tenu  en  9-22.  Les  évéqiies  de 
celle   iTovince  s'étaient  assemblés  pour    consuller 
entre  eux  cl  déterminer  (piclle  satisfaction  devaient 
faire  ceux   qui   s'étaient  trouvés  à  la  guerre  (|ui   se- 
lail  allumée  onirc  (^harles-le-Simple,  roi  de  France, 
cl  lioberl.  Il  ne  semblait  pas  qu'une  pareille  malière 
méiilal  railenlioii    des    évèqiies  ;   cl  assurément  la 
faute  (luavaient   pu  comnieiire  ceux  qui  avait  ni  eu 
part  à  celle  guerre,    était  Irès-légère    siirloiit  dans 
ceux  qui  avaient  comballu  pour  le  roi  Charles.  Cepen- 
dant ces  évéïpies  ne  laissèrent  pas  de  prescrire  iiidis- 
lincleinent  à  tous  de  jeiiiier  trois  carêmes,  pendant 
trois  ans,  et  de  ces  carêmes  ils  veulent  qu'ils  se  con- 
tentent le  lundi,  le  mercredi  et  le  vendredi,  de  pain 
el  d'eau ,  à  moins  qu'ils  ne  rachètent  ce  jeune  par  des 
1  "'.'«aôiies.  Outre  cola,  ils  ordonnent  qu'ils  jevtnenl  tous 


579  HISTOIRE  DES 

les  vendredis  de  l'année,  à  moins  qu'il  ne  lonilx;  une 
fêle  ce  jour-là,  ou  qu'ils  ne  soient  nmlades,  etc. 

Le  même  Iléginoii  rap|>orle  phisitjurs  autres  canons 
extraits  des  livies  pénitcntiaux  ,  pour  apprendre  aux 
prèties  quelle  pénitence  ils  devaient  imposer  aux  pé- 
cheurs qui  s'adressaient  à  eux,  et,  entre  autres,  c.  15"2, 
il  soumet  à  une  pénitence  de  sept  ans  ceux  <pii  sor.l 
coupables  de  péelié  de  simple  fornication  ,  et  cela  en 
suivant  la  disposition  d'un  concile  do  Nantes.  Ailleurs 
il  transcrit  un  règlement  d'un  concile  de  Mayence 
contre  les  commerces  incestueux  depuis  le  premier 
degré  de  i)arenlé  juscpi'au  troisième,  dans  lequel  les 
coupables  sont  condamnés  ,  après  une  longue  péni- 
tence ,  à  s'abstenir  de  cliair  le  reste  de  leur  vie,  ex- 
cepté les  jours  de  fèics  ,  et  à  jeûner  trois  jours  de  la 
semaine.  (Vid.  Regin.,  1.  2,  c.  201.) 

Nous  Unirons  ce  cliapilre  par  un  exemple  illustre 
qui  nous  ajipreudra  quelle  était  encore  en  ce  siècle 
la  vigueur  de  la  discipliue  pénilenlielle.  Le  roi  Edgard 
s'étant  laissé  emporter  à  uiio  passion  impure,  abusa 
d'une  lille  noble  qui  était  dans  nn  monastère,  et  qui, 
pour  se  mettre  à  l'abri  de  ses  poursuites,  avait  mis 
sur  sa  tète  un  voile  de  religieuse.  S.  Dunslan  l'ayant 
appris,  dit  M.  Fleuri  sur  l'année  969,  en  sentit  une 
douleur  amère,  et  vint  trouver  le  roi,  qui  s'avança 
à  son  ordinaire,  lui  tendant  la  main  pour  le  l'aire 
asseoir  sur  son  trône  ;  l'archevêque  relira  sa  main, 
cl,  regardant  le  roi  d'un  œil  terrible,  lui  dit  :  Vous 
osez  toucher  la  main  qui  a  immolé  le  Fils  de  la 
Yierge  avec  votre  main  impure,  après  avoir  enlevé 
à  Dieu  une  vierge  qui  lui  était  destinée,  vous  avez 
corrompu  l'Épouse  du  Créateur,  et  vous  croyez 
apaiser  par  une  civilité  l'ami  de  l'Époux!  Je  ne  veux 
pas  être  l'ami  d'un  enne:ni  de  Jésus-Clu'ist.  Le  roi,  qui 
ne  croyait  pas  que  Dunslan  eût  connaissance  de  son 
péché,  l'ut  frappé  de  ce  reproclie  comme  d'un  coup 
de  foudre.  H  se  jeta  aux  pieds  du  prélat  ,  avouant 
humblement  son  crime  et  lui  demandant  pardon. 
Celui-ci  le  releva  fondant  en  larmes ,  et  lui  imposa 
une  pénitence  de  sept  ans,  pendant  lesquels  il  jeû- 
nerait deux  jours  de  la  semaine  et  ferait  de  très- 
grandes  aumônes.  De  plus  il  lui  ordonna  de  fonder 
un  monastère  de  filles  pour  rendre  à  Dieu  plusieurs 
vierges  au  lieu  d'une.  Ce  que  ce  pieux  prince  exé- 
cuta fidèlement. 

CHAPITRE  IV. 

Que  cette  sévérité  n  coutiuué  peiidant  le  onzième  siècle. 

Exemples  remarquahlos  de  pénitence    imposée  dans 

ce  temps- là.  Diverses  observations. 

Bien  loin  que  la  pénitence  se  soit  relâchée  pendant 
•  ce  siècle,  elle  a  repris  en  quelque  sorte  une  nouvelle 
vigueur,  et  on  l'a  même  portée  à  certains  excès  qui 
ont  été  ensuite  en  partie  la  cause  de  sa  décadence. 
C'est  de  quoi  nous  raisonnerons  dans  la  suite,  après 
que  nous  aurons  rapporté  simplement  et  fidèlement 
comment  les  choses  se  sont  passées. 

Le  cardinal  S.  Pierre  Damien,  qui  brûlait  de  zèle 
pour  robservation  de  l'ancienne  discipline,  et  en  par- 


SACREMENtS.  gsO 

ticulier  de  celle  de  la  pénitence,  a  travaillé  infati- 
gablement  non  seulemrnt  à  la  mainienir  ,  mais  en- 
core à  bannir  les  relàclicmcnts  qui  s'étaient  pu  in- 
troduire à  cet  égard,  et  ne  s'est  servi  du  crédit  et  de 
l'.ulorilé  que  sa  science  et  sa  vertu  lui  avaient 
acquis  auprès  des  papes  que  pour  cela.  Il  était  né 
l'an  lOOG,  et  mourut  l'an  1072  ;  et  par  conséquent  i^ 
I  est  un  garant  sûr  des  maximes  et  des  usages  de  ce 
^  siècle.  On  voit  clair  comme  le  jour  dans  son  livre  in- 
I  lilnlé  Gommorjnnus,  qu'il  adresse  au  pape  Léon  IX, 
j  surtout  depuis  le  10°  chapitre,  avec  quelle  sévérité 
jj  on  pimissait  les  péchés  soumis  à  la  pénilence  ca- 
I  noniqne  ;  il  s'y  élève  avec  force  contre  certains  li- 
vres pénileiitiaux  qui  avaient  cours  de  son  temps  , 
Sur  lesquels,  dil-il,  des  hommes  perdus  se  rassu- 
raient vainement,  in  qnibus  perdili  homines  vanâ  prœ- 
sumptione  confidunt.  Il  prétend  que  dans  ces  livres 
il  se  trouve  plusieurs  falsifications  et  plusieurs  addi- 
tions contraires  aux  canons.  Il  en  apporte  plusieurs 
exemples,  et  entre  autres  ceux-ci  :  Un  prêtre  qui  n'a 
pas  fait  les  vœux  monastiques,  péchant  avec  une  fille  ou 
une  courtisane ,  fera  pénilence  deux  ans  et  trois 
carêmes,  ne  mangeant  que  du  pain  sec  la  deuxième,  la 
il  quatrième,  la  sixième  férié  et  le  samedi.  Si  c'est  avec 

I  une  servante  de  Dieu,  il  sera  cinq  ans  en  pénitence 

Si  un  chanoine  pèche  avec  une  fille  une  fois,  il  sera 
une  demie-année  en  pénitence.  Si  cela  lui  est  arrivé  sou- 
vent, il  ij  sera  deux  ans,  etc.  Aujourd'liui  on  regar- 
derait celle  pénitence  comme  sévère.  Cependant 
Pierre  Damien,  après  avoir  rapporté  ces  exemples  et 
plusieurs  autres  où  les  peines  marquées  pour  les 
péchés  ne  sont  pas  moins  rigoureuses,  poursuit 
ainsi  son  discours  :  On  trouve  encore  plusieurs  autres 
faussetés  qui  ont  été,  par  la  malice  du  diable,  insérées 
dans  les  saints  canons,  qu'il  vaut  mieux  effacer  qttc 
d'écrire...  Cest  sur  ces  rêveries  que  les  hommes  char- 
nels se  rasstirent...  mais  voyons  si  cela  cadre  avec  la 
discipline  des  canons....  Qui  est  assez  insensé  pour 
croire  qu'une  pénitence  de  deux  ans  suffise  à  un  prêtre 
coupable  de  ce  crime  ?  si  quelqu'un  a  la  moindre  tein- 
ture de  la  discipline  de  la  pénitence  établie  par  l'auto- 
rité des  canons,  ignore-t-il  qu'un  prêtre  qui  est  tombé 
dans  le  péché  de  la  chair  doit -être  au  moins,  saltem, 
dix  ans  en  pénitence  ;  et  que  deux  ans  ne  seraient  pas 
même  ttn  temps  suffisant  pour  un  laïque  cotipable  de  ce 
Il  péché,  puisque  sa  pénitence  en  ce  cas  doit  être  de  trois 
I  ans  ?  etc.  Tel  est  l'écrit  que  Pierre  Damien  adressa 
au  saint  pape  Léon  IX,  qui  y  eut  éi,'ard,  et  qui  fit 
en  co!)séquence  une  constitution  par  laquelle  il 
dégradait  pour  toujours  certains  clercs  coupables  de 
crimes  plus  atroces,  et,  usanl  de  clémence  envers  ceux 
qui  étaient  moins  criminels,  voulut  bien  qu'ils  repris- 
sent l'exercice  de  leurs  fonctions  après  qu'ils  auraient 
fait  une  pénitence  piopoi lionée  à  la  grièvelé  de  leurs 
péchés,  et  digna  pœniteat,  neprobrosa  commissa  fuerinl. 
Rien ,  ce  me  semble ,  n'est  plus  propre  à  faire  voir 
cond)ien  on  était  éloigné  en  ce  siècle  d'abandonner 
l'ancienne  rigueur  de  la  pénitence  ;  snrloiil  quand  on 
considère  que  ce  que  Pierre  Damien   reprend  avec 


581  PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  III.  ClIAP.  IV.  PÉNITENCE  AU  XI'  SIÈCLE. 


.•)8-2 
Avant  de  qnidcr  Pierre  Damicn,  qui  a  laiil  tra- 
vaillé pour  faire  rc\ivre  l'esprit  de  la  l'énitciice,  nous 
rapporlcntiisici,  d'après  lui,  (/.  6,  ep.  32)  une  chose 
(jui  fait  voir  conibiun  elle  était  encore  sévèr-e  de  son 
temps.  Un  jour,  étant  allé  visiter  un  certain  moine 
qui  était  incommodé,  il  lui  conseilla  de  l'aire  sa  con- 
cession, et,  ajoula-t-il,  ai  qicliiue  chose  vous  empêche 
de  célébrer  la  messe,  ne  fuites  point  di(jiculté  de  vous 
soumettre  aux  canons.  Celui-ci  lui  dit  qu'il  avait  fuit  con- 
naître l'état  de  sa  conscience  à  plusieurs  personnes  spi- 
rituelles, et  qu'on  ne  lui  avait  rien  prescrit  de  semblable. 
(Remarquez  ici  en  passant  l"  la  conlession  en  usage 
pour  les  prêtres,  qu'un  certain  auteur  célèbre  a  dil 
n'avoir  jamais  trouvé  dans  les  anciens  auleurs , 
2"  une  confession  auriculaire  de  péchés  secrets,  pour 
lesquels  les  confesseurs  interdisaient  queltinefois  la 
célébration  de  la  messe  aux  prèlres.)  Ce  moine  de- 
manda ensuite  qu'on  lui  apporiïit  le  corps  de  Notre- 
Seigneur  en  viatique.  Le  prêtre  approchant  avec  ses 
minisires,  poursuit  S.  Pierre  Uamien,  le  malade  tirant 
à  part  un  des  Frères,  lai  confessa  à  l'oreille  un  tjrand 
crime  que  jlgnore.  Aussitôt,  ce  Frère  étonné,  et  ne  sa- 
chant (étant  ainsi  pris  au  dépourvu)  quelle  pénitence 
lui  prescrire,  il  lui  imposa,  en  lui  parlant  tout  bas  à 
l'oreille,  nue  pénitence  de  quinze  ans.  En  même  temps 
ce  malade  ayant  reçu  les  saints  mystères  de  la  main  du 
prêtre,  hélas  !  je  frémis  en  rapportant  ceci,  avec  ce  fiel 
l  il   rendit   rame.    Remarquez   ici   une   pénitence   de 


tant  de  force  dans  les  pénitentiaux  de  Bède,  de  Théo- 
dore cl  dans  le  Uoniain,  et  ([u'il  traite  d'insignes 
falsilicalions  ,  p.iraitrait  fort  dur  à  présent,  et  se 
trouve  même  encore  dans  les  exemplaires  qui  nous 
restent  de  ces  livres,  qui  assignent  à  chaque  espèce 
de  péch(''s  des  pénitences  pour  l'ordinaire  et  foit 
longues  et  fort  rigonrensos. 

Le  même  Pierre  Damien  fut  envoyé  avec  Anselme, 
évêqne  de  Lucques,  par  Nicolas  H  pour  réformer  les 
abus  qui  s'étaient  introduits  dans  l'église  de  Milan,  et 
surtout  pour  en  extirper  la  simonie  et  rinconlinence 
des  clercs.  Ils  trouvèrent  que  la  mauvaise  coutume 
s'y  éiait  glissée  de  payer  une  certaine  somme  d';ir- 
gent  à  l'évèque  pour  les  ordinations.  La  somme  n'é- 
tait pas  considérable,  puisque  pour  le  sousdiaconal 
on  ne  donnait  que  douze  pièces  de  monnaie  qu'il  ap- 
pelle nummus,  et  qui  était  la  taxe  ordinaire  pour  la 
nourriture  d'un  pauvre,  suivant  les  livres  péidien- 
liaux.  On  payait  à  proportion  pour  les  autres  ordres  : 
Cela  montait  jusqu'à  ii  de  ces  pièces  pour  la  prê- 
trise. Tous  étaient  coupables.  Les  clercs  pour  avoir 
donné,  l'évèque  pour  lavoir  exigé,  suivant  une  cou- 
tume reçue  parmi  eux.  Les  deux  légats  leur  (Kirsua- 
dèrenl  de  la  quitter  et  de  se  soumettre  à  la  pénitence 
qu'ils  imposèrent  de  celte  sorte  aux  clercs  inférieurs. 
Ils  leur  en  enjoiqniient  une  de  cinq  ans,  de  manière 
qu'en  tout  temps  ils  devaient  jeûner  deu.v  jours  de  la 
SEMAINE,  trois  jours  au  pain  et  à  l'eau  aux  deux  carê- 
mes de  Pâqties  et  de  la  S.  Jean.  Ceux  qui  avaient  |  ,,,ii„ze  ans  pour  un  crime  très-caché,  que  ce  mori 
donné  plus,  devaient  être  sept  ans  en  pénitence,  suivant  |  bond,  s'il  était  revenu  en  santé,  aurait  été  oblige 
la   même  forme;  après  ksquels  ils  devaient  jeûner  la  |  d'accomplir. 

si.rième  férié  le  rate  de  leur  vie.  Celui,  ajoutent-ils,  |  Alexandre  II,  qui  vivait  du  temps  de  Pierre  Da- 
qui  ne  peut  aisément  jeûner,  pourra  racheter  un  de  ces  |  mien,  et  qui  monta  sur  la  chaire  de  S.  Pierre,  ca 
jours  en  méditant  un  psautier  ou  In  moitié,  y  joi- ||  l'un  1000,  n'était  pas  moins  sévère  que  ce  cardinal. 
fjnant  cinquante  gcnufle.rions,  ou   bien  en  nourrissant  ||  C'est  ce  qui  parait  par  plusieurs  de  ses  lettres,  où  il 


un  pauvre,  et  lui  donnant  une  pièce  d'aryenl,  après  lui 
avoir  lavé  les  pieds.  Outre  cela,  le  seigneur  archevêque 
promit  de  les  envoyer  tous  fort  loin  en  pJlerinage,  soit 
à  Rome,  soit  à  Tours.  Pour  lui,  il  se  disposait  à  faire 
le  voyage  de  S.  Jacques,  en  Espagne.  Les  légats 
av.aienl  imposé  à  cet  archevêque,  qui  s'était  pros- 
terné et  avait  confessé  son  crime,  une  pénitence  de 
cent  ans,  et  en  avaient  en  même  temps  permis  le  ra- 
chat par  une  certaine  somme  taxée  pour  chaque  an- 
née. C'est  Pierre  Damien  lui-même  qi;i  nous  fait  le 
récit  de  ce  qu'il  avait  fait.  Lui  et  son  collègue  on  de- 
maïKlèrent  la  confirmation  au  pape,  et  témoignent 
craindre,  dans  l'écrit  qu'ils  lui  adressent  pour  cela, 
qu'il  ne  trouve  mauvais  qu'ils  se  soient  conip-rlés 
dans  cette  occasion  awc  trop  de  m(Miage:rent.  Ecce 
omnem  discretionis  illius  ordinan  apud  Mediolancnsem 
Kccli'siam  halntum,  breviter  cxposuimus  :  adlnic  tamen 
iiirum  Sedis  Apostolicœ  judicio  placeal  ignoramus,  etc. 
Ils  assurent  qu'ils  se  sont  beaucoup  relâchés  de  la 
rigueur  des  canons,  à  cause  du  grand  nombre  des 
coupables,  etc.  Peiil-on  rien  de  i;lus  fort  pour  faire 
voir  combien  on  était  éloigné,  en  ce  siècle,  des  miti- 
gations  et  de  tout  ce  qui  pouvait  affaiblir  la  discipline 
de  la  pénitence  ? 


fait  mention  des  pénitences  qu'il  avait  imposées  à  des 
pécheurs  qui  étaient  venus  à  lui  pour  apprendre 
comment  ils  devaient  se  conduire  pour  rentrer  en 
grâce  avec  Dieu.  Ecrivant  à  Bérenger,  évêque  de 
Bàle,  louchant  un  honune  qui  s'était  confessé  d'avoir 
coiTompu  la  fdie  de  son  oncle,  il  dit  :  Nous  lui  avons 
prescrit  quatorze  ans  de  pénitence,  pendant  chacun  des- 
quels il  doit  jeûner  trois  carêmes;  dans  celui  d'après  la 
Pentecôte  il  passera  deux  jours  de  lu  semaine  au  pain 
et  à  l'eau,-  trois  jours  avant  celui  de  l'Avent  et  du  grand 
carême,  qu'il  s'abstienne  outre  cela  de  l'entrée  de  l'é- 
glise et  de  la  communion  l'espace  dé  deux  ans.  C'est  ce 
que  rapporte  ivcs  de  Chartres  (;;.  [),  c.  9).  On  trouve 
dans  le  même  auteur  plusieurs  autres  décisions  de 
ce  pape,  non  moins  rigoureuses  {p.  iO  Deaet.,  c.  itJ, 
et  ibid.  c.  U  el  29). 

Pour  ne  point  trop  allonger  ce  chapitre,  je  me  con- 
tenterai de  citer  ici  ce  que  ce  pape  écrivit  à  l'évêquû 
de  Soissons,  el  qui  se  trouve  dans  le  même  auteur, 
(/;.  iO,  c.  51).  Cet  évêque  avait  prescrit  à  un  homme, 
qui  avait  fait  un  homicide  pendant  la  trêve  de  Dion 
une  pénitence  de  (rente  ans.  Celui-ci  s'adressa  sans 
doute  au  pape  pour  obtenir  de  lin  que  le  lenips  de  sa 
pénitence  fùt_  abrège,  eonime  il  parait  par  la  lettre  dg 


58S  HISTOiUE  I)Eb  SACUEMENTS, 

ce  ponlifo,  lîans  laqu'îllc  il  pailc  ainsiâ  révcque  :  Nous 

uautorisons  pis  ce  que  vous  avez  fait  en  imposanl  tvie 

péiiiieiice  de  trente  ans  pour  un  homicide  commis  pen- 
dant la  trêve  de  Dieu  ;  parce  que  nous  ne  trouvons  rien 
de  semblable  dans  les  sacres  canons.  Cependant. parce 
que  celle  trêve  a  été  établie  pur  des  personnes  prudentes 
el  pieuses  pour  conserver  lu  paix  dans  le  peuple,  nous 
n'improuvoits  point  ce  que  uns  avez  (ait. 

Le  p.ipe  a  raison  de  dire  (|u"il  ne  iroiive  lion  de 
semblable  dans  les  anciens  canons.  Car  celle  Irè  c 
n'avail  coniniencë  qu'environ  vingl  ans  avant  qu'il  fùl 
élu  pour  succéder  à  Nicolas  il.  Les  seigneurs  d'Aqui 
laine  furent  les  |)reiniers  (jni  en  dressèrent  les  ton- 
venlions,  de  concert  avec  les  évé(iucs,  pour  réprimer 
les  guerres  continuelles  qui  s'allumaient  entre  eux, 
dans  ce  Icnips  où  rautorité  royale  était  trop  afl^xiblie 
pour  remédier  à  ces  maux,  il  fut  donc  convenu  en- 
tr'eux,  vers  l'an  1040,  que  loules  lio>tililés  cesse- 
raieiit  de|iuis  vèjires  du  nsercredi  jusqu'au  soleil  levé 
du  lundi.  Celle  trêve  fut  trouvée  si  avantageuse, 
qu'elle  fut  e.i  peu  de  temps  reçue  d.ins  le  reste  de 
l'empiie  Français;  les  évèques  s'étant  accordés  entre 
eux  d'impobcr  de  rigoureuses  pénitences  à  ceux  qui 
la  viiiieiaienl.  Elle  fut  depuis  conlirniée  par  le  l'ape 
Lrbain  II  au  concile  de  Clermoni,  et  par  Alexandre  111 
dans  celui  de  Latran  qui  en  prorogea  le  temps,  y 
comprenant  celui  cpii  e^t  depuis  l'Aveut  jusqu'à  l'oc- 
tave des  Kois ,  el  depuis  la  Sepluagésime  juscju'aux 
octaves  de  Pâcpies,  usque  ad  octavas  Pascliœ. 

Quoiipie  les  papes  fussent  si  exacts  ob-ervaleurs 
des  canons ,  et  si  rigidis  dans  l'imposition  des  péni- 
tences, comme  nous  I'î'.vo.s  vu  dans  ce  ciiapilre  et  le 
piécédeni,  néammùns,  comme  ils  adoucissaient  quel- 
quefois les  peines  canoniques,  ayant  égard  aux  fati- 
gues aux  .uelles  s'éiaient  exposés  ceux  qui  leur  ve- 
naient demander  la  Pénitence,  il  arrivait  que  les 
évc(pies  de  temps  en  temps  n'avaient  point  d'égard  à 
l'indulgence  dont  on  avait  usé  avec  eux  ,  tant  ils 
étaient  zélés  pour  le  maintien  de  la  discipline  de  la 
pénitence.  C'est  ce  que  l'on  voit  dans  ceux  du  concile 
de  Selginstad,  qui  fut  assemblé  en  l'an  1023,  qui  lit 
ce  canon  qtii  c-l  rapporîé  par  Ives  de  Chartres,  p.  15 
et  qui  est  le  18'  de  ce  concile  ;  il  est  conçu  en  ces 
termes  :  Parce  que  quelqm  s-uns  sont  si  insensés,  qu'é- 
tant coupables  de  crimes  capitaux,  ils  ne  veulent  point 
recevoir  la  Péiiitence  de  leurs  pasteurs  ,  s'imaginant  | 
qu  allant  à  Home,  l' Apostolique  leur  remettra  tous  leurs 
péchés ,  :'/  a  semblé  bon  à  ce  concile  de  leur  rendre  celte 
indulgence  inutile  :  en  sorte  qu'on  leur  fasse  accomplir 
la  pénitence  qui  leur  sera  imposée  par  leurs  pasteurs , 
siiivanl  la  qualité  de  leurs  fautes  ;  et  qu'alors  ils  aillent 
à  Rome  s'ils  veulent  après  en  avoir  obtenu  permission  de 
leur  évéque,  qui  écrira  à  l'Apostolique  pour  l'instruire 
de  ce  qui  les  regarde.  Le  même  concile  défend  aux  pé- 
nitents d'aller  de  lieu  en  lieu,  cl  veut  qu'ils  fassent 
leur  pénitence  d.ms  l'endroit  où  ils  l'onl  reçue. 

Les  évèques  d'Espagne  n'étaient  pas  nioins  sévères 
en  ce  siècle  que  ceux  de  France  et  d'Italie.  Cette  se 


Î)S4 


rërité  parait  dans  les  peines  qu'ils  inOigenl  à  ceux  qui  *  c-^s;',,..  I.e  pape  se  laissa  enfin  fléchir;  il  reçut  l'em 


mangent  avec  les  Juifs,  ou  qui  habitent  avec  eux  dans 
une  même  maison.  C'e>t  au  concile  de  Coyac ,  tenu 
en  lOoO,  qu'ils  lirent  ce  réjjlement,  qui  défend  celle 
espèce  de  société  avec  les  infidèles,  après  quoi  ils 
ajoutent  :  Si  quelqu'un  viole  celte  constitution,  qu'il 
fasse  pénitence  pendant  sept  jours  ;  que  s'il  refuse  de  la 
faire,  si  c'est  une  personne  puissante,  elle  sera  privée  de 
lu  communion  pendant  un  an.  Si  elle  est  d'un  rang  in- 
férieur ,  elle  recevra  cent  coups  de  fouet.  Si  pour  une 
faute  si  légère  ces  évê(|ues  useni  de  tant  de  rigueur, 
que  n'auraienl-ils  point  fait  pour  les  crimes? 

Mais  qu'esl-il  besoin  de  rapporter  un  plus  grand 
nombre  de  canons  des  conciles  pour  faire  voir  ([u'eii 
ce  siècle  l'ancidne  sévérité  de  la  pénitence  s'est  con- 
servé'^? Il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  les  ouvrages  de 
Bnrcliird  (jui  llorissait  au  comraencemenl,  el  d'ives 
:  de  C. allies  qui  a  vécu  à  la  !in  du  même  siècle  el  au 
commencenienl  du  l'I'.  Ces  saints  el  savants  évêipies 
oui  composé  leur  recueil  de  canons,  principalement 
pour  aj)prendre  aux  piètres  comment  ils  doivent  im- 
poser les  pénilences,  suivant  la  qualité  de»  pécliés,  à 
ceux  ipii  s'adressent  à  eux.  C'e>t  ce  que  le  premier 
témoigne  dans  sa  préface,  et  tout  le  livre  19'  ne 
traite  que  de  cette  matière,  et  tient  lieu  d'un  pénitentiel 
complet.  Cependant  ces  deux  auteurs  ne  prescrivent 
rien  autre  chose  que  ce  qui  se  trouve  dans  les  canons 
anciens,  dans  les  livres  pénilenliaux  les  plus  approu- 
vés el  dans  les  décrets  des  papes ,  sans  rien  relâcher 
de  ce  qui  était  en  vigueur  avant  eux,  ni  admettre  au- 
cune dispense ,  sinon  dans  les  cas  où  l'observation 
exacte  des  anciennes  règles  serait  plus  préjudiciable 
au  bien  commun  qu'avantageuse.  C'est  ce  que  lénioi- 
gne  Ives  dans  la  docte  préface  qu'il  a  mise  à  la  tète 
de  son  recueil.  Tant  il  est  vrai  que  jusqu'au  douzième 
siècle  la  discipline  de  la  pénitence  s'était  conservée 
da.is  sa  vigueur. 

Les  peuples  étaient  si  imbus  de  celle  doctrine ,  el  les 
maximes  ancieniies  élaienl  si  bien  imprimées  dans  leur 
esprit,  qu'il  iTetait  pas  même  sur,  pour  les  grands  , 
de  les  mépriser,  el  que  ceux  qui  i.e  .se  soumetlaieiil 
pas  vob)..t.iiremenl  à  la  pénitence  canonique,  y 
étaient  souvent  coiilraints  malgré  eux.  L  histoire  nous 
en  fournil  plusieurs  exemples;  mais  un  des  plus  re- 
1  manpiables  est  celui  de  i'empereur  Henri  111,  dont  le 
pape  Grégoire  Vil  écrit  dans  sa  1:^'  lettre,  l.  4,  adres- 
sée à  lous  les  évèipies,  grands,  etc.,  Qu'enfin  il  vint  de 
lui-même  dans  la  ville  de  Canosse  oii  nous  étions,  sans 
aucun  appareil  de  guerre  et  avec  peu  de  gens  ;  el  là  pen- 
dant trois  jours  étant  à  la  porte  du  château ,  et  s'é- 
tant défait  de  toutes  les  marques  de  sa  dignité,  nu- 
pieds,  et  ra'étu  d'habits  de  laine,  il  ne  cessa  point 
d'implorer  avec  beaucoup  de  larmes  la  miséricorde  du 
S.  Siège  qu'il  neiil  ému  la  compassion  de  tous  ceux  qui 
élaienl  présents ,  lesquels  intercédèrent  pour  lui  avec 
beaucoup  de  prières  et  de  larmes,  en  sorte  qu'ils  s'élon- 
nuient  de  la  dureté  dont  nous  usions  avec  lui,  et  que  quel- 
ques-uns s'écriaient  que  nous  ne  montrions  pas  en  cette 
occasion  une  sévérité  apostolique ,  mais  une  cruauté  c.^ 


5gS  PbNITENCE.  —  SECT.  lîl.  PART.  111. 

pereiir  à  sa  coniniuiiion,  ei»  lovant  rexconiniunicalion 
qu'il  avait  iirononcée  contre  lui.  Ll  tous  ceux  (jui 
avaient  conniiuniqué  avec  lui  pendant  qu'il  clait  ex- 
communié, ayant  témoigné,  dit  un  historien  contem- 
porain (1),  qu'ils  étaient  prêts  à  se  soumettre  à  tout, 
Le  ]Ui])C  ayant  séparé  les  évêques  les  uns  des  autres,  les 
fu  enfermer  chacun  à  part  dans  une  cellule,  leur  interdi- 
sant toutes  sortes  d'entretien  entre  eux,  et  leur  faisant 
donner  vers  le  soir  à  manger  et  à  boire  en  petite  qtiantité. 
Il  imposa  aussi  aux  laïques  une  pénitence  convenable , 
ayant  égard  à  l'i'ige  et  aux  forces  d'un  chacun  ;  et  après 
les  avoir  ainsi  éprouvés  (judques  jours,  il  leur  donna  l'ab- 
iolution. 

Si  l'empereur  Henri  III ,  le  quatrième  roi  d'Allema- 
gne de  ce  nom,  se  soumit  avec  répugnance  à  la  satis- 
faction qu'on  exigea  de  lui  en  celle  occasion  ,  aussi 
bien  que  de  ceux  qui  avaient  suivi  son  parti ,  on  ne 
peut  dire  la  même  chose  de  Godel'roi,  duc  de  la  Basse- 
Lorraine,  qui  édilia  l'Église  par  la  pénitence  qu'il  fit 
publiquement  du  crime  auquel  l'excès  de  sa  colère 
l'avait  porté.  C'est  ce  que  nous  apprenons  d'un  histo- 
rien judicieux  de  ce  temps  (2),  qui  sur  l'an  IU40  ra- 
conte que  ce  prince  ayant  fait  brûler  l'église  de  Verdun 
par  ses  gens,  il  en  eut  peu  après  un  tel  repentir,  qu'il  se 
fit  fouetter  publiquement,  et  donna  une  grande  somme 
d'urgent  pour  qu'on  ne  lui  coupât  pas  les  clieveux  ;  il 
fournil  de  plus  les  dépenses  nécessaires  pour  le  i établis- 
sement de  l'église,  et  travailla  lui-même  à  faire  et  à 
porter  le  mortier  comme  les  plus  vils  ouvriers. 

Ces  exemples  et  tant  d'auires  que  nous  avons  rap- 
portés, aussi  bien  que  les  canons  des  conciles,  prou- 
vent également,  et  que  la  discipline  de  la  pénitence 
élail  encore  très-sévère  dans  le  onzième  siècle,  et  que 
la  pénitence  publiijue  avait  beaucoup  d'iniluence  sur 
la  vie  civde  en  ce  lemps-là.  On  irouve  dans  un  concile 
de  Uonie,  tenu  en  1U78  sous  Grégoire  Ml,  les  suites 
de  la  jiéiiilciice  bien  expliquées.  Nous  appelons  faus- 
ses pénitences,  disent  les  évèques,  celles  qui  ne  se  font 
pas  suivant  l'autorité  des  saints  Pères,  et  la  qualité  des 
crimes  ;  c'est  pourquoi  toute  personne  engagée  dans  la 
profession  des  armes,  dans  le  négoce,  ou  dans  quelque 
emploi  qui  ne  peut  s'exercer  sans  péché,  (ils  entendent 
par  là  les  emphjis  tumultueux  qui  ne  peuvent  que  dif- 
ficilement s'exercer  sans  |)éclié  ,  comme  nous  avons 
dit  ailleurs,)  doit  reconnaître  quelle  ne  peut  faire  une 
vraie  pénitence....  quelle  ne  quitte  la  profession  des  ar- 
mes pour  n'y  rentrer  jamais,  sinon  par  le  conseil  des  évè- 
ques pieux  pour  la  défense  de  la  justice,  qu'elle  n'aban- 
donne aussi  le  négoce  et  son  emploi.  Celle  discipline 
n'était  pas  nouvelle ,  connue  vous  l'avez  vu  dans  le 
chapitre  8  de  la  seconde  partie  de  celle  section.  Le 
concile  de  Rome  n'interdit  pus  l'usage  du  mariage  à 
ceii\  qui  y  étaient  engagés,  ni  la  lacullé  d'en  con- 
tracter à  ceux  qui  étaient  libres  ;  parce  (pi'un  s'était 
relâché  sur  ce  point  de  diseipline  depuis  qu<;h|ue 
temps,  et  qu'il  n'avait  plus  lieu  alurs,  que  pour  quel- 

(1)  Lambertus  Schaffnaburgensis. 
(S)  Idem. 


CriAP.  IV.  PÉNITENCE  AU  XI'  SIÈCLE. 


1^6 


qucs  crimes  énormes  pour  lesquels  on  infligeait  cette 
peine  en  la  désignant  spécialement  dans  lécrit  (jui 
contenait  la  pénitence  que  devait  subir  le  coupable. 

Il  est  bon  de  faire  (luehiues  remarques  sur  certaines 
pratiques  de  ce  temps ,  que  nous  n'avons  point  vu 
s'observer  dans  la  pénitence,  telle  qu'elle  était  ob- 
servée dans  les  six  ou  sept  premiers  siècles  de  l'É- 
glise. La  première  regarde  la  disiribulion  des  jours 
de  la  semaine,  dont  les  uns  sont  particulièrement 
affectés  au  jeûne,  tels  que  la  seconde,  la  quatrième  et 
la  sixième  férié,  les  trois  autres  admellejit  plus  lacile- 
i  ment  des  dispenses,  même  pour  ceux  qui  paréiat  sont 
condanmés  ou  engagés  à  une  vie  de  jeûne  et  de  morti* 
licaiion.  A  l'égard  du  dimanche  et  des  autres  jours  de 
fêtes,  il  y  a  toute  apparence  que  l'on  relâchait  quelque 
chose  de  l'auslérilé  de  la  pénitence  en  ces  jours-là  à 
ceux  qui  y  étaient  soumis;  mais  pour  les  autres  jours 
de  la  semaine,  nous  ne  trouvons  rien  de  semblable 
dans  les  monuments  qui  nous  restent  des  six  ou  sept 
premiers  siècles,  par  rapporta  la  pénitence  canonique. 

La  seconde  observation  qui  se  |)résenle  regaide  les 
trois  carêmes,  dont  il  est  fait  si  souvent  mention  dans 
les  livres  pénitentianxetdans  les  règlements  des  papes 
et  dos  conciles,  depuis  le  septième  siècle  dans  rim- 
position  de  la  pénitence.  Nous  ne  voyons  avant  ce 
temps  en  Occident  aucune  trace  de  ces  trois  carêmes, 
(pii  n'y  ont  jiiinais  élé  d'un  usage  ordinaire,  binon  pour 
les  i>énilenls,elquin'y  étaient  pas  même  corn  iis  avant 
lepocpie  dont  nous  venons  de  pailer,  C(unii,e  il  paraît 
par  le  canon  17'  du  second  concile  de  Tours  qui  ex- 
plique en  détail  tous  les  jeûnes  des  moines,  et  qui  n'en 
fiiil  aucune  mention.  11  est  vrai  que  dans  les  cajUides 
de  Benoit-le-Lévite,  1.  6,  c.  184,  il  s'en  trouve  un  qui 
prescrit  au  peuple  l'observation  de  ces  trois  carêmes, 
et  de  laquelle  on  parle  comme  si  elle  était  déjà  an- 
cienne. Mais  outre  quel'anciennelé  dont  il  y  csl  parlé 
ne  paraît  pas  devoir  remonter  bien  haut  suivanl  les 
termes  de  ce  capitule';  il  est  irès-probable,  selon  le 
senliment  des  plus  habiles  gens  en  ce  genre  ,  et  en- 
tre autres  du  P.  Morin  {de  Pœnil.,  l.  7,  c.  Li,  p.  409, 
colon.  2)  que  cet  endroit  est  ou  supposé  ou  corrompu. 

Quelle  est  donc  l'origine  de  celle  distribution  des 
jours  de  la  semaine  et  de  ces  trois  carêmes  si  célè- 
bres dans  les  livres  et  dans  les  c;inons  pénitenliaux  ? 
on  peut  presque  assurer,  sans  craindre  de  se  tromper, 
que  l'on  doit  considérer  Théodore  de  Canlorbéri 
comme  l'auteur  de  ces  deux  pratiques.  Cet  homme 
célèbre  ayant  composé  son  Pénilentiel,  où  il  fait  snu- 
venl  mention  de  cette  distribution  des  jours  de  la  se- 
maine, et  dos  trois  carêmes  annuels,  dans  un  temps 
où  ces  sortes  de  livres  n'étaient  point  encore  en  usage 
chez  les  Occidentaux,  et  cet  ouvrage  y  ayant  été  reçu 
avec  de  grands  applaudissements,  il  n'est  pas  surpre- 
na::t  que  C(  lie  méthode  de  partager  ainsi  les  jours 
de  la  semaine  se  soit  inlroUuile  parmi  eux,  et  dans  la 
suite  ils  y  ora  même  ajouté  le  samedi.. le  dis  la  même 
chose  des  trois  carêmes.  11  avait  ajipris  l'un  et  l'autre 
de  ces  usages  des  Orientaux  parmi  lequels  il  était  né 
B  cl  avait  été  élevé.  Car  chez  ces  peuples,  outre  le  grand 

19 


5S7 


UiSTOlRE  DES  SACREMENTS. 


S88 


carême,  on  en  reconnaissait  deux  autres  qui  étaient  t|l  disposition  cl  aux  mœurs  de  ceux  avec  qui  ils  ont  à 


■    même  chez  eux  d'un  usage  ordinaire,  savoir  :  celui 

l  qu'ils  appelaient  des  Apôlres,  qui  répond  au  carême  de 

's.  Jean  des  Occidentaux,  et  celui  de  S.  Philippe.  Les 

^livres  tiénitenliaux  des  Grecs,  entre  autres  celui  de 

'  Jeaii-le-Jeùiieiu-,  parlent  souvent  de  celte  distribution 

,.  des  joins  de  la  senniine  doal  il  est  ici  (lueslion,  et  des 

î\  trois  caièmes.  Il  est  donc  plus  (pie  probable  que  c  est 

d'eux  que  ïliéodore  a    tiré  ces  prati(|ues  inconnues 

avant  lui  en  Oecidc.it,  et  qu'elles  soûl  ainsi  devenues 

d'un  lisage  ordinaire  dans  la  pénitei.ce  canonique. 

Nous  avons  reuianpié  ailleurs  un  antre  cliangcnient 
ariivé  depuis  le  septième  siècle  dans  la  discipline 
de  la  Pénitence  ,  savoir  (pie  Ton  donnait  la  commu- 
nion aux  pénilents  avant  que  le  cours  de  lem- 
pénitence  fut  (ini.  Cependant  cet  usage  n'était  point 
si  iniiverscl  qu'il  nesonllVît  des  exceptions  ;  il  arrivait 
souvent  ([US  r.ibsolniion  et  la  itarticipalion  des  saints 
mystères  ne  s'accordait  qu'au  bout  de  la  carrière,  et 
même  on  trouve  des  cas  depuis  ce  temps  pour  les- 
quils  (U!  reliisiiil  les  sacrements  aux  pécheurs  jusqu'à 
la  mort.  Le  p:ipe  Grégoire  iil  vent  (|u'on  use  de  cette 
sévérité  à  l'égirJ  des  parricides,  comme  nous  l'avons 
vu  dans  le  cliapiire  précédent.  Dans  Ico  capilul.dres  de 
Cliarlemagne  e!  de  s  >n  lils  Louis,  I.  6,  c.  241,  il  s'en 
trouve  un  qui  ondannie  à  la  même  peine  ceux  <;ui 
sont  convaincus  do  (aux  lémoignagccontre leurs  fi'ères. 
Eos  qt:i  falsafiatjibus  capitalia  abjecisse  convicti  fue- 
rint,  placnil  usqnc  ad  exilum  non  cominunicarc,  et  infâ- 
mes seniper  cxistere.  Un  concile  de  Tonl  de  l'année  859 
Slatne  la  même  cho.'^e  conlre  les  perlurbatcurs  du  re- 
pos public,  el  le  pcnilcnliil  Romain  contre  ceux  qui 
ont  l'ail  mourir  leurs  l'enimes,  lit.  l,  c.  11.  On  trouve 
ja  même  chose  dans  Burchard  conlre  les  homicides, 
1.  6,  c.  20  et,  40  el  dans  le  déeret  d'îves  de  Ciiartres, 
p.  10,  c.  149  et  pari-  8,  c.  126,  aussi  bien  q"c  dans 
celui  de  Gr  aien,  53,  q.  2,  c.  8.  Raban  dans  son  Péui- 
î,eiiliel,  c.  2,  prescrit  la  môme  peine  conlre  les  inces-,  | 
tiieux.  Dans  le  coiuile  <le  Limoges,  qui  se  tint  l'an 
103 i,  il  est  (iil  (lu'Odilon,  abhé  de  Clnni,  consulta  le 
pa'iie  p  lur  apprendie  de  lui  si  un  lionnne  qui  s'était 
fait  moine  d.ms  son  nnniastère  après  avoir  lue  un  évê- 
qne,  pouvait  être  promu  aux  ordres.  A  quoi  il  répon- 
dit qn'd  ne  le  pouvait,  el  (pi'il  devait  s'eslinier  heu- 
reux s'il  recevait  la  conui. union  à  la  mort,  in  exitu  aii- 
tem  viuv  pro  niiscyicordià  ei  vialtcuvi  ddur. 


CILAPITIIL  V. 

Diverses  wnnirres  de  [uire  pénitence  publique,  inconnues 
aux  aiicienu ,  comme  la  fldijellalion  voluntuire ,  les 
voiinges  ,  les  pèlerinages  ,  et  la  profession  mowislique 
à  laquelle  on  condainnuii  les  coupables.  Or'Hjine  et 
progrès  de  ces  nouvelles  espèces  de  pénitences.  Plainte 
des  évèqiics  conlre  les  fréquents  voyages  des  pénitents 
à  Rome. 

Dieu,  qui  veille  toujours  sur  son  Eglise ,  y  suscite 
de  temps  eiiicmps  des  hommes  extraordinaires  pour 
réveiller  la  vtligion  des  peuples,  et  les  laire  entrer  j 
dans  la  voie  de  la  pénitence.  Et  il  proportionne  les  | 
vues  el  les  vertus  d<i.  ces  personnages  célèbres  à  la 


vivie.  Ce  fui  sans  doute  p(nir  cela  que  le  Seigneur 
husc  la  Dominique  Lorical  on  le  Cuirassé  sur  la  lin 
du  dixième  siècle  el  an  commencement  du  onzième. 
Il  fut  ainsi  nommé,  dit  M.  Elem-i  dans  son  livre  des 
mauirs  des  Chrétiens,  c.  02.  p.  3J0,  parce (ju'il  por- 
tail sur  la  chair  une  chemise  de  mailles  ,  qu  il  ne  dé- 
pouillait que  pour  se  donuer  la  discipline  ;  il  se  la  don- 
nait si  rude  et  si  fréquente,  el  y  joignait  tant  de  jeûnes  , 
de  veilles,  de  génuflexions  el  de  toutes  sortes  d'austé- 
rités, que  nous  sommes  effrayés  du  récit  que  nous  en  fait 
S.  Pierre  Dumien,  son  directeur  :  lu  délicatesse  de  no9 
mœurs  a  peine  à  s'accommoder  d'une  dévoti<jn  si  sévère, 
dont  toutefois  nous  voyons  plusieurs  exemples  dans  les 
saints  de  ce.  temps-là.  Mais  il  est  à  croire  que  Dieu  leur 
inspira  celle  conduite,  pour  le  besoin  de  leur  siècle.  Ils 
avaient  à  faire  à  une  nation  si  perverse  et  si  rebelle,  qu'il 
était  nécessaire  de  les  frapper  par  des  objets  soisibles. 
Les  raisonnements  et  les  exhortations  élaienl  faibles  sur 
des  hommes  ignorants  el  brutaux,  accoutumés  au  sang  el 
au  pillage.  Ils  n'auraient  même  compté  pour  rien  des 
austérités  médiocres,  eux  qui  étaient  nourris  dans  les  fa- 
tigues de  la  guerre,  et  cjui  porl^aieut  toujours  le  harnois. 
AJaisijuand  ils  voyaient...  un  sai)U  Dominique  Lorical  se 
mettre  tout  en  sang  en  se  donnant  la  discipline,  ils  com- 
prenaient que  ces  saints  aimaient  Dieu,  et  qu'ils  délestaient 
le  péché.  Ils  n'auraient  compé  pour  rien  l'oraison  men- 
tale, mais  ils  voyaient  bien  que  l'on  priait,  quand  on  ré-, 
citait  des  psaumes.  Enfin  ils  ne  pouvaient  douter  que 
ces  saints  n'aimassent  leur  procliain ,  puisqu'ils  faisaient 
pénitence  pour  les  autres.  C'est  ainsi  que  M.  Fleuri  nous 
l'ait  envisagercc  changementde prali(iue,  qui  surviul  eu 
ce  temps-Ui  dans  la  péuilence  canonique.  Car  non  seu- 
lement plusieurs,  à  l'imilalion  de  Dominique  et  à 
la  persuasion  de  Pierre  Dainien,qui  avait  iort  à  cœur 
de  unitre  en  vogue  la  flagcllali(m  volontaire,  em- 
brassèrent celte  pratique  par  dévotion;  mais  elle  de- 
vint une  des  peines  ordinaires  que  l'on  enjoignait  aux 
pénitents.  Nous  apprem)ns  l'un  et  rauuedc  Pierre  I)a- 
nnen  lui-même  (/.  3,e/;.  19.).  A  l'iinitalion  de  ce 
vieillard  ,  dit-il ,  la  coutume  de  prendre  la  discipline  , 
FA(;iE.ND.'E  DisciPLh\.€  (  c'cst  ainsi  (pie  dès  le  commen- 
cement on  ntHumail  celle  pratique,  qui  a  conservé  ce 
nojn  jus  [u'à  présent)  s'esi  tellement  éiublie  dans  ce 
pays,  que  non  seulement  /t'.s  hommes  ,  mais  les  femmes 
nobles  embrassent  avec  avidité  cette  espèce  de  pur- 
gatoire. Car  lu  veuve  de  Tluébaud,  femme  noble  el 
élevée  à  une  grande  dignité,  m'a  dit  autrefois  qu'elle 
avait  accompli  pur  ce  moyen  une  pénitence  de  cent  ans. 
Daiisle  même  tenqJS.rempeceur  Henri  L  faisait  volun- 
lieis  la  même  pénitence.  elRégioard,  dans  la  vie  de 
S.  Aiinon  de  Cologne  (l),  témoigne  quil  ne  prit  jamais 
les  ornements  royaux {insigni.a  regia)  quaupnravaiil  il 
n'en  eût  obtenu  la.  permission  de  quelque  prêtre,  en  se  con- 
fessant en  secrel  el  en  se  frapparU  par  pénitence.  Ce  fut 
ausjsi  en  ce  môme  temps  que  celle  pratique  s'inliodui- 
1  sit  dans   les  mi)u;.slèrcs  où  elle  est  denn;urce  jus- 


f      (S)  .\\M\ô  Siir.,  4deernib. 


589        PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  III.  CI!  \P.  V    DIVERS  GENRES  DE  PÉNITENCE         :  !)o 
qu'aujourd'hui,  y  élanl  devenue    d'ui»   usage    ordi-  |  <  st-jT»,  ne  fussent  louellés  de  verges  à  nu,  pour  loi^rs 


Daire. 

Ce  n'est  pas  sans  raison  que  nous  avons  dit  que  la 
prali(iuc  des  flagollatiDUS  volonlaircs  s'est  inlrodnile 
seuleu^eut  dans  la  discipline  de  la  péuilence  vers  la 
fin  du  dixième  ou  au  commencement  du  onzième  siè- 
cle. Car  l'usage  de  (aire  fusiij^i-r  les  pécheurs  dans  le 
cours  delà  pcnilcnce canonique,  est  bien  plus  ancien  , 
puisque  la  règle  de  S.  Coloniban,  qui  vivait  sur  la  fin  du 
sixième  siècle,  punit  la  plupart  des  fautes  des  moines, 
par  un  certain  nombre  de  coups  de  fouet.  Nous  avons 
rapporté  ailleurs  d'après  Isaacde  Laiigres  ,  un  décret 
du  concile  des  évè(pu^s  de  Fr.ince,  oii  présidait  S.  Oo- 
niface  de  Maycnce,  par  lequel  les  moines  ,  les  prêtres 
et  les  religieuses,  coupables  d'un  péché  de  la  chair, 
sont  condamnés  entre  autres  peines  à  être  fustigés. 
Le  même  Isaac  ,  lit.  4  ,  c.  13,  parie  ainsi  des  serfs  et 
des  ecclé;>ia!>ti{pies  qui  ont  commis  des  péchés  sousnis 
à  la  pénitence  canonique  :  Si  c'est  un  serf  ou  un  ec- 
cléiiuslique,  qriil  soit  publiquement  fouetté  et  tondu ,  et 
qu'il  fusse  suivant  l'ordre  de  son  évécjue ,  publiquement 
pénitence,  suivant  les  canons. 

Avant  ce  temps-là  ,  le  premier  concile  de  Maçon  , 
C.  8,  avait  ordonné  (pie  les  clercs  portassent  leurs  cau- 
ses devant  les  évècpies  el  les  prêtres,  sous  peine  pour 
les  plus  jeunes,  de  recevoir  59  coups,  el  pour  ceux  qui 
occuperaient  une  place  plus  honorable,  d'être  eoferniés 
pendant  trente  jours.  Le  concile  d'Agde  ,  en  40(5 ,  c. 
41,  veut  que  si  un  clerc  s  est  enivré,  û  soit,  stiivant  l'or- 
drecommun  ,  séparé  t\'spa,;e  de  trente  jours  de  la  commu- 
nion ,  ou  châtié  (tu  corps.  «  Qucm  clericlji  ebrium  esse 
«  constilerit,  ut  ordo  putilur,  50  dieruni  spalio  à  commu- 
(  vione  statuimus  submovendum ,  aut  corpurali  subden- 
«  dum  supplicio.  »  Le  troisième  concile  de  Bi-agne , 
eau.  7,  défend  de  frapper  les  piètres,  les  abbés  el  les 
diacres,  à  moins  qu'ils  ne  se  soient  rendus  coupables 
de  grands  péchés. 

Nous  ne  voyoïispas  effectivement  que  l'on  ait  soumis 
à  celle  peine  humilianle  les  personnes  libres  ou  de 
quelque  rang  ,  surtout  entre  les  laïques;  et  dans  la 
plupart  des  règlements  qui  ontéléfails  par  les  rois  sur 
ce  sujet ,  il  n'est  guère  mention  que  des  serfs ,  el  de 
ceux  (pi'on  appelai!  n'ors  Coloni ,  qui  étaient,  suivant 
Ducange.  dans  son  Glossaire,  ceux  (|ui  lenaieni  les  terres 
avec  des  redevances  et  des  charges  (jui  les  rendaient 
peu  difféieuls  des  serfs,  entre  lesquels  et  les  francs  ou 
personnes  libres  ,  ils  tenaient  une  espèce  île  milieu. 

Le  roi  (^harles-h-Chauve,  ordonna  à  ses  commis- 
saires que  les  maiinis  ou  seigneurs  de  ceux  qui  te- 
naient ainsi  leurs  terres  à  ferme,  n'empêchassent  point 
les  évèques  de  les  faire  fustiger  \)om  leurs  crimes , 
tant  pour  intimider  les  autres  ,  que  pnur  les  amener 
eux-mêmes  à  résipiscence  ,  et  leur  faire  faire  péni- 
tence Et  celaélait  devenu  si  commun  dans  l'onzième 
siècle  et  le  précédent,  que  dans  la  visite  des  paroisses, 
selon  Burcliard  interrug.  75 ,  on  s'informait  si  c  quel- 
<  qu'un  ne  s'ttpposait  pas  à  l'évêque  ou  à  ses  ministres, 
%  pour  empêcher  que  les  fermiers  et  les  serfs,  co/oni  «ut 


<  crnues.» 

Si  la  pratiipic  de  chàlier  de  cette  sorte  h-s  pé- 
ch(  urs  ,  était  connnune  avnnl  qu'on  eût  inlrodui:  lu- 
Siige  des  llagcllations  volonlaires ,  l'un  el  l'aulie  de- 
vinrent extrêmement  fréquents  ,  surtout  depuis  qu'<H» 
se  fut  mis  sur  le  pied  de  racheter  les  pcnite.  ces  Les 
moines  surtout,  n'élant  poinl  en  éial  de  les  rach.-ter 
par  des  aumônes,  tant  pour  eux  mêmes  que  pour  les 
autres  n'avaient  point  d'auvres  moyens  de  f  dre  ce  ra- 
dia! que  par  les  coi  p-;  de  verges  qu'ils  se  lais  icnt 
donner,  ou  se  doniaient  eux-mêmes  ,  par  des  gé.ui- 
llexions,  des  prosiratio:!S  ,  et  des  coup,  sur  la  pa  une 
<le  la  main,  qu'ils  nommaient  p dmiiiœ  ,  qu'ils  rece- 
vaient à  pîu  près  comme  les  écoliers  dins  les  cndd 
ges,  ou  qu'ils  se  donnaient  à  eux-mêmes  en  frappiwit 
le  pavé  de  la  pamne  de  la  main.  (  Voyez  Ducmge 
sur  ce  mot  palmata.)  Les  autres,  comme  nous  avons 
VH  ci-devani,  rachetaient  ces  pénitences  pour  quel  |ues 
pièces  d'argent.  Ainsi  cliacun  payait  à  sa  m:inièie , 
suivan!  celle  règle  de  droii.  If.  I.  48  ,  lit  19,1.  1,  §  5 
qui  non  liubet  inœre  suivit  in  corpore  (I), 

Une  autre  espèce  de  pénitence  qui  s'introduisit  dans 
le  moyf^n-âge  ,  ce  sont  les  voyages  hors  de  sa  patrie , 
et  les  pèlerinages.  De  tout  temps,  ceux  qui  pensaient 
sérieusement  à  leur  salut ,  sortaient  souvent  de  leur 
pays  el  de  leur  famille  pour  vaquer  à  Dieu  ,  dégagés 
de  tous  les  soins  domestiques,  et  se  reliraient  dans  hi 
solilude,  mais  on  ne  trouve  nulle  part  d.ms  les  six  ou 
sept  premiers  siècles  ,  qu'on  ait  enjoint  aux  pécheurs 
pour  pénitence,  de  courir  par  le  monde,  non  plus  que 
d'aller  en  pèlerin  ige  ,  (iuoiq  e  dès  le  commencement 
de,  l'Eglise  on  ait  fait  volontairement  et  par  un  c-prit 
de  dévotion  ,  des  voyages  piuir  visiter  les  lieux  .-.linls 
et  les  tombeaux  des  Apôtres  et  Martyrs.  Le  pénir 
tenliel  de  Bède,  prescrit  cette  peine  à  un  clerc 
cou[>able  d'homicide,  c.  7.  Exnl  septeni  annos  pœiitct, 
si  odii  meditalio  fuit.  Cehn  de  Théodore  condamne  ua 
évêque  pour  crime  de  pédérastie  ,  à  vingt  ans  de  \.é- 
niience,  dont  il  doit  en  pisser  cinq  en  jeûnant  an  p  liu 
et  à  l'eau,  el  à  voyager  jnsqn'à  la  fiii  de  sa  vie.  C'est 
ainsi  que  !e  rapporte  le  |énilcnticl  romain,  tit.  5, 
c.  2.  Qufiiine  dans  ces  livres  d'on  usag  ;  ordinaire  on 
ne  puisse  pas  facileiuenl  distinguer  ce  qui  vient 
de  l'auteur,  de  C(i  (pii  a  élé  ajoiné  dans  la  sniie, 
et  (ju'on  ne  piusse  par  consé(|uenl  inférer  avec  une 
assurance  entière  que  celle  sorle  de  pénitence  soi'.  ( 
;  aussi  ancieimc  queTliéodore  cl  Bède,  il  est  vrai  p-un-  ' 
tant  ((lie  cet  usage  est  fort  ancien ,  puisque  rempere.u  . 
Charlemague  s'est  cru  obligé  d'en  répriinci'  le 
abus  (/.  I,  c.  79.)  Quon  m  laisse  point  courir  de  c-.-.-. 
et  d'antre ,  ces  gens  chargés  de  fers ,  qui  disent  quiU  • 
sont  ainsi  vagabonds  parce  quon  leur  a  imposé  c:tte  pé- 
j  nilence  :  il  est  plus  expédient,  s'ih  ont  commis  i/H^'^Hts 
crimes  énormes  ,  et  extraordinaires  ,  (ju'ils   demeurent 

(1)  C'est  ainsi  que  Denis  Godefroi  rend  ces  p  .rôles- 
du   Digeste  :  Prœfecti  vel  prœsides  eis  ,  qui  pcennm  pe^ 
cunhiriam  egenles  cludunt,  exercitioncm  exiraordinan.iin 
i  [  inducanl. 


m 


lllSTOlUK  DKb  SA(.!iLMENTS. 


5r.2 


timis  ijiu'liiiie  l'udi-oil  })unr  y  tvavuilU'r  et  ij  (aire  la  pé-  V  coup  (h;  paiiisans  depuis  lui.  Nous  voyons  aussi    (]iif! 
nitence  qui  leur  a  été  imposée  cunonJqm'im'Hl.  L^'^  p^'V- 
sonnes  les  plus  sensées  el  les  mieux  instruites  de  l'E- 
plise,  ont  blànié,  aussi  bien  que  ce  grand  prince,  cette 
espèce  de  pénitence,  dont   elles  sentaient  les  incon- 


hiienls,  entre  autres  rarchevêque  Baban ,  dans  son 
Pénilentiel ,  c.  11. 

Dans  la  suite,  on  apporta  quelque  correctif  à  cet  usage, 
en  cliangeanl  ces  voyages  et  celte  vie  vagabonde  en 
pèlerinage  aux  lieux  saints ,  coinine  à  Rome,  au  tom- 
beau des  Apôtres,  à  S.-Martin  de  Tours  et  à  S. -Jac- 
ques ,  en  Fspagne  ,  etc.  ;  c'est  ce  que  nous  avons  vu 
dans  le  chapitre  précédent,  quand  nous  avons  parlé 
delà  légation  de  Pierre  Damien  et  d'Anselme  de  Lu- 
ques  à  Milan.  C'est  à  peu  près  le  temps  où  les  pèleri- 
nages ont  fait  partie  de  l'action  de  la  pénitence  cano- 
nique. Et  ces  pèlerinages  avaient  succédé  à  cette  es- 
pèce d'exil ,  auquel  depuis  le  septième  siècle  l'on  con- 
damnait les  pécheurs  pour  certains  crimes.  On  ne  peut 
faire  remonter  cet  usage  plus  haut  que  ce  siècle ,  ou 
au  commencement  du  huitième.  Car  on  ne  doit  comp- 
ter pour  rien  ces  prétendus  conciles  de  Tandat,  en 
Aivgleterre  ,  que  l'on  dit  s'être  tenus  veis  l'an  500, 
dans  lesquels  on  prescrit  à  un  prince  et  à  d'autres 
personnes  pour  pénitence  ces  sortes  de  voyages.  Ces 
conciles  ont  des  marques  de  su;  po>iti()ns  si  visibles  , 
qu'il  faut  être  iuiioranl  au  dernier  point,  pour  s'y  lais- 
ser surprendre.  L'no  de  ces  manpies,  qui  saule  aux 
yeux  des  moins  clairvoyants,  est  que  dans  le  troisième 
de  ces  synodes  l'on  renvoie  un  des  pénitents  dont  il 
est  question  ,  à  l'archevêque  de  Dole,  en  Bretagne, 
qui  y  est  nommé  CornugaUia  ;  mais  qui  ne  sait  que  ce 
fut  du  temps  de  Charles-le-Chauve  ,  que  rèvè(pie  de 
Dôle  prit  le  tilre  d'archevêque  à  l'occasion  du  comte 
Nomenoye,  ^' eomenoijus ,  (\ii\  entreprit  de  secouer  le 
joug  de  la  domination  française  ?  C'est  ce  qui  paraît 
par  la  lettre  du  concile  de  Soissons ,  au  pape 
Nicolas  1 ,  écrite  en  l'an  8(i6,  à  laquelle  souscrivirent 
Hérard,  archevêque  de  Tours,  mélropolitain  des  évo- 
ques de  Breiagne,  et  Vétard ,  évêiiue  de  Nantes, 
chassé  de  son  Eglise  à  celle  occasion ,  par  le  comle 
de  Bretagne. 

La  troisième  espèce  de  peine  qui  devint  en  ce 
même  temps  partie  de  la  pénitence  canonique  imposée 
par  l'autorité  de  l'Église,  fut  la  retraite  dans  un  mo- 
nastère, soit  pour  on  temps,  soit  pour  la  vie.  Car  on 
obligeait  ([uelquefois  les  pécheurs  à  y  faire  profession. 
On  prescrit  cette  pénitence  (  /.  6  Capiiular.,  c.  90) 
à  celui  qui  a  tué  im  moine  ou  un  clerc.  Qui  occident 
monachumau  clericum,  anuarelinquat,  el  Dco  in  mo- 
nasterio  serviat  cunctis  diebus  vitœ  suœ,  nunquhm  ad  se- 
culum  revcrsuniSf  el  scptem  annospublicampœniteutiam 
gérai.  Ces  dernières  paroles,  el  qu'il  fasse  sept  ans  de 
■pénitence,  f(ml  voir  que  l'auteur  de  ce  Capilulaiie  ne 
pensait  pas,  comme  plusieurs  l'onl  cru  depuis,  que  la 
vie  monasli(|ue  d'elle-même  fût  une  péniieuce  sufli- 
santc,  poïir  effacer  tous  les  péchés,  outre  laquelle  on 
ne  dût  rien  exiger  des  pécheurs.  Pierre  Damien  com- 
bat forlement  celle  opinion,  qui  néanmoins  a  eu  bei'." 


on  proposait  (pieI(|uefois  aux  pécheurs  repeiilanls  l'a 
lernative,  ou  d'accomplir  la  pénitence  canoniciue  ,  ou 
d'entrer  et  de  faire  profession  dans  un  monastère. 

Le  pénilentiel  romain  propose  à  celui  qui  a  fait 
mourir  sa  femme  ce  genre  de  vie  comme  le  plus  sm|)- 
porlable  et  le  plus  salutaire.  C'est  ce  qu'on  y  lit,  lil. 
1,  c.  11.  Le  Capitulaire  71  du  sixième  livre  propose 
la  même  chose  aux  incestueux  et  aux  parricides,  eu 
ces  termes  :  A  l'égard  des  incestueux  et  des  parricides, 
lions  voulons  qu'ils  soient  traités,  comme  il  a  été  jugé 
touchant  ceux  qui  ont  corrompu  la  fille  de  leur  belle-mère j 
que  le  mariage  leur  soit  interdit,  et  qiCils  quittent  la  cein- 
ture militaire,  el,  ou  qu'ils  entrent  dans  un  monastère  ; 
ou,  s'ils  ne  le  veulent  point,  qtt'ils  accomplissent  à  plein 
le  temps  de  la  pénitence  canonique.  Isaac  de  Langres 
lit.  4,  c  5,  propose  aussi  celle  aliernalive.  Celle  es- 
pèce de  pénitence  fut  irès-comnmnc  depuis  le  neuvième 
siècle  jusqu'au  onzième,  cl  nous  en  pourrions  ici  pro- 
duire plusieurs  exemples,  comme  celui  de  Pierre  Ur- 
séolc,  duc  de  Venise,  dont  il  est  fiit  mention  dans  ia 
vie  de  S.  Bonuiald  par  Pierre  Damien  c.  5  ;  du  comlc 
Oliban,  ibid.  c.  11,  et  de  plusieurs  autres.  Mais  celle 
pratique  était  surtout  fort  connnune  en  Espagne. 
L'exemple  du  roi  Waniha  est  trop  connu,  pour  (ju'il 
soit  besoin  de  le  rapporter  ici. 

C'étaient  les  travaux  innnciises  que  les  pénitens  pu- 
blics avaient  à  supportcr,et  le  ebangcineni  d'étal  où 
ils  enlrail,  le(|uel  ap;»rochait  fort  de  celui  des  moi- 
nes,  qui  les  rendait  plus  dociles  cl  plus  disposés  à 
embrasser  la  vie  monastitjue  tout  de  bon  el  à  s'y  con- 
sacrer le  reste  de  leur  jours. 

Est- il  étonnant,  après  ce  que  nous  venons  de  dire, 
que  l'on  vil,  surtout  dans  le-,  neuf,  dix  el  onzième 
siècles,  les  péuilenls  courir  à  Bonie  dans  respérance 
d'obtenir  quelque  adoucissement  à  des  peines  si  ri- 
goureus'^s.  Les  gens  de  toute  condition  y  allaienl  dans 
celle  vue,  mais  surtout  les  grands  el  seigneurs  ([ui 
voulaient  éviter  les  poursuites  (pie  faisaient  coiiire 
eux  les  évêijues  des  lieux  pour  les  obliger  à  satis- 
faire à  la  justice  divine  pour  les  crimes  dans  lesquels 
ils  s'étaient  plon;^és.  Ordinairement  ils  n'oblenaienl  pas 
des  papes  ce  (|u'ilsse  proposaient,  les soiiveiains  pon- 
tilès  montrant  par  leur  exemple  aux  autres  évèques 
combien  on  doit  respecler  les  canons.  M  lis  quelquefois 
(car  enfin  la  vertu  n'est  pas  inséparablement  allacliée 
à  celle  place  éminente  ),  quel(|uefois,  dis-je.  soit  par 
leur  crédit  et  leiu's  inlrigucs,  soit  par  de  faux  eximsés 
ils  réussissaient  dans  leur  dessein,  et  le  Pape  leur  re- 
mettait une  partie  des  peines  auxquelles  l'usage  el  les 
canons  les  assujétissaient.  Nous  avons  vu  les  piécau- 
lions  que  prirent  là-dessus  les  évêques  du  concile  de 
Selgunslad.  Quand,  malgré  ces  précautions  et  autres 
semblables,  les  pécheurs  obtenaient  de  Borne  ce  qu'ils 
demandaient  contre  les  canons,  il  arrivait  (piehpiefois 
(|ue  des  évê(pies  zélé-;  pour  l'observilion  des  règles, 
refusaienlde  seconfornicranx  leilresqui  en  venaient. 
L'historien  Osbert(l)  nous  en  fournit  un  exempte 
>\)  Apud  Surium,  die  19  maii. 


893         PÉNITENCE.  -  SECT.  IL.  PART.  HI.  CH 

célèbre.  Un  certain  comte,  dit-il,  avait  épousé  sa  pa- 
reille ;  sailli  Dunslan  l'avertit  plusieurs  fois  de  quitter 
celle  alliance,  el  le  voyant  obstiné  dans  son  criino,  il 
Kii  interdit  d'abord  reiiirée  de  l'église,  et  ensuile  l'ex- 
c.)njmiitiia  pour  l'obliger  à  quitter  ce  mauvais  com- 
merce, et  à  faire  pénitence.  Ce  comte  envoya  à  Rome, 
cl  on  obtint  des  lellros  par  losquelb's  il  était  ordonné 
à  S.  Dunslan  di-  l'absoinlre  do  celte e\coininunication. 
Le  saint  évèqueiépoiidil  (|n'il  le  forait  quand  le  comte 
lui  aurait  donné  dos  inaniues  d'une  véritable  péiii- 
lence.  Cet  iioinme  voyant  la  fermeté  de  l'évêque,  par- 
lie  par  pudeur,  partie  par  crainte,  quitta  ce  mariage 
inceslncux,  et  se  rcvclit  de  riiabit  de  /  énitence,  cl  Duns- 
tan  présidant  au  coucile  général  d\[i!gleterre,  oubliant 
sa  dignité,  il  vint  nu-pied^,  revêtu  d'habits  de  laine, 
teneinl  des  verges  entre  ses  mains  au  witieu  de  l'assem- 
blée et  se  prosterna  aux  pieds  de  Dunstan,  pleurant  et  gé- 
missant, oac.  C'est  ainsi  (|ue  ce  saint,  par  sa  géné- 
reuse fermeté,  obligea  ce  seigneur  à  rentrer  dans  la 
voie  de  salui,  dont  sa  passion  impure  l'avait  fait 
sortir. 

Noms  ne  connaisNons  rien  en  ce  genre  de  plus  di- 
gne d'iiiienlion  par  r.ipporlàces  pécbeurs  qui  vou- 
laient se  soustraire  à  la  sévérité  de  la  discipline  en 
reoiiuraiit  à  Uonii\  ([ue  ce  qui  s'est  passe  au  con- 
cile dr  I,iMio;;os  (le  l'aïuiée  1051.  Le  Pape  yesi accusé 
par  ipiolipios  évcqucs  dn  rcnversor  la  discipline  de  la 
pénilonc:  :  On  allCj;uij  cntr'auires  pour  exemple  le 
comio  d'Auvergne,  que  le  C.ipe  avait  absous  de  l'ex- 
comniniiicalion  lancée  contre  lui  par  son  évoque,  le- 
quel s'en  était  plaint  au  Pape  lui-même;  mais  celui- 
ci  lui  avait  répondu  que  c'élait  sa  faute,  et  qu'il  l'aurait 
dû  avertir  de  la  niaiiiore  dont  les  choses  s'étaient  pas- 
sées, afin  que  ce  comte  ne  lui  en  impos.ât  pas.  Car, 
ajoutait  le  souverain  pontife,  je  proleste  à  tous  mes 
confrères  répandus  par  tout  le  monde,  que  je  veux  les 
aider  et  les  consoler,  plutôt  que  les  contredire.  Cette  let- 
tre étant  lue  dans  le  concile,  tous  jugèrent  qu'il  n'y 
avait  aucun  reproche  à  former  contre  r Apostolique, 
et  que  toute  la  faute  venait  de  la  part  de  l'évêque  d'au- 
vergne  ou  de  Clermont. 

Il  est  fait  mention  dans  le  même  synode  d'une  au- 
tre personne  qui  avait  obtenu  du  Pape  des  lettres, 
par  lesquelles  il  priait  l'évêque  d'Angoulêmes  de  rati- 
fier la  pénitence  qu'il  avait  imposées  à  cette  personne, 
cequç  cet  évoque  refusa  tout  net,  regardant  ces  letres 
comme  subreptices.  Car,  disait-il  au  porteur  de  ces 
lettres ,  l'Apostolique  me  demade  ce  que  j'aurais  dil 
lui  demander.  Je  ne  puis  le  croire.  Cela  lui  a  été  extor- 
qué et  ne  vous  servira  de  rien.  Et  jusqu'à  ce  que  vous  re- 
ceviez la  pénitence  de  moi  ou  de  l'anliidiacre  de  cette 
église,  par  mon  ordre,  vous  demeurerez  excommunié. 
Et  aussitôt  il  le  chassa  de  l'église.  Telle  était  encore 
tlans  le  onzième  siècle  la  sévérité  de  la  pénitence,  et 
le  zèle  des  évoques,  et  des  papes  pour  la  mainle- 
ir. 

Il  se  présente  ici  une  remarque  à  faire  touchant  une 
expression  assez  commune,  surtout  depuis  le  sep- 
tiéiwe  siècle.  Je  ne  doute  pas  que  les  lecteurs,    pour 


AP.  VI.  bIVEUS  (.ENIIES  DE  CAhÊMl.  SO^i 
la  piiiparl,  no  l'aient  déjà  faite  d'eux-inénics  ;  mali 
il  est  bon  de  la  mettre  ici  pour  ceux  qui  n'y  ont  |.viint 
fait  attention.  C'est  que  quand  il  est  dit  souvent  dars 
les  canons  cl  dans  les  auteurs  de  ci!  temps,  qu'un  évè- 
(p"î,  parcxemplt!,  a  ro(;n  un  pécheur  à  sa  commiinio:» 
après  l'avoir  exhorté  à  faire  pénitence,  et  l'avoir 
excommunié  pour  son  opiniâtreté,  celte  commu- 
nion marque  seulement  qu'il  l'a  loçii  à  pénitence. 
C(da  est  évident  par  plusieurs  auteurs  (jue  nous  avons 
allégués,  etccs  paroles  de  l'évêque  d'Aagoulême  le  font 
assez  entendre. 

CHAPITRE  VI. 
i)es  différents  carêmes  que  l'on  faisait  observer  aux  pé' 
nitents,  et  de  ce  qu'on  leur  y  prescrivait  à  faire  tant 
en  public  qu'en  particulier.  Diverses  observations  sur 
différents  usages  qui  ont  rapport  à  celte  matière. 

Jusqu'à  présent  nous  avons  expliqué  de  quelle  ma- 
nière les  pénitents  publics  s'acquittaient  des  exercices 
laborieux  de  la  pénitence ,  tant  à  la  vue  du  public 
qu'en  particulier,  durant  tout  le  cours  de  l'année, 
depuis  le  septième  siècle  jusqu'à  la  fin  du  onzième. 
Nous  avons  fait  voir  les  nouvelles  espèces  de  peines 
qui  ont  fait  partie  de  la  pénitence  canonique  en  ces 
temps;  en  un  mot,  ce  que  l'on  a  ajouté  à  l'ancienne 
manière  de  faire  pénitence,  ou  ce  que  l'on  en  a  re- 
traii  hé.  Il  nous  resle,  pour  donner  un  parfait  éclair- 
cissciiicnt  sur  cotte  nialière,  de  parler,  avec  le  plus 
de  brièveté  ([u'il  nous  sera  possible,  des  exercices  de 
la  pénitence  que  l'on  imposait  aux  pénitents  durant 
les  carêmes  qu'on  leur  faisait  observer.  Nous  parle- 
rons premièrement  de  ce  qui  se  faisait  en  public,  et 
ensuile  de  ce  qui  se  pratiquait  en  particulier. 

Le  pénitentiel  romain  nous  décrit  en  peu  de  mots 
ce  qui  se  pratiquait  au  commencement  du  carêm  ;  à 
l'égard  des  pénitents  publics  :  il  nous  apprend  qu'on 
les  présentait  à  l'évêque  en  présence  du  clergé  et  du 
peuple,  (pi'on  les  couvrait  de  cendre  et  de  cilice,  et 
qu'on  les  enfermait  jusqu'au  jour  du  Jeudi-Saint,  au- 
quel on  donnait  l'absolution  à  ceux  qui  avaient  achevé 
Itf  cours  de  leur  pénitence.  In  ancien  manuscrit  de 
S  Bemi  de  Reims  porte  la  même  chose.  Ordo  agen- 
!ib-is  publicam  pœnitentiani ,  etc.  Ce  que  l'on  doit  ob- 
server à  l'égard  de  ceux  qui  font  pénitence  publique. 
Vous  le  recevez  le  malin  de  la  quatrième  férié,  au  com- 
mencement du  carême ,  et  vous  le  couvrez  d'un  cilice 
avec  la  cendre  que  vous  lui  répandez  sur  la  lèle,...  en- 
suite vous  priez  pour  lui,  et  vous  l'enfermez  jusqu'à  la 
cène  du  Seigneur,  etc.  Celte  réclusion,  sans  doute , 
prenait  son  origine  de  ce  que  nous  avons  vu  ci-de- 
vant avoir  été  pratiqué  quelquefois  à  ré,!;ard  des  pé- 
clieurs  publics  que  l'on  renfermait  dans  les  monastè- 
res, pour  y  expier  leurs  crimes.  C'est  ainsi  qu'on  en 
usa  à  l'égard  de  l'empereur  Lonis-Ie-Dêbonnaire,  qui, 
p:\r  la  faction  de  certains  évêques  qui  voulaient  com- 
plaire à  ses  enfanls,  et  surtout  à  Lolhaire  son  aine, 
enfermèrent  ce  pieux  prince  dans  le  mi  naslère  de 
Saint-.Médard  de  Soissons,  sous  prétexte  de  la  péni- 
tence publique  à  laquelle,  partie  de  gré,  partie  d« 


505 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS, 


596 


1 


foiO(^,  ils  lui  persuadèrent  de  se  soumettre. 

Les  péiiiienis,  ainsi  rcîifiîrii.cs,  avaient  des  sur- 
veillants qui  examinaient  leuroontluile,  et  s'assuraient 
s'ils  jeûnaient,  veillaient  et  priaient  assidûment  comme 
il  convenait  à  leur  étal.  C'était  surtout  les  arclii- 
di.icics  et  les  archiprélres  qui  étaient  cliargés  de  ee 
soin,  et  qui  devairnl  en  rendre  compte  à  Téèque. 
C'est  ce  qui  paraît  maniresicinent  par  l'Ordre  romain 
que  nous  a  donné  le  P.  Mabillon  dans  le  second  tome 
•  de  son  voyage  d'Italie,  par  le  Sacramentaire  romain 
1  et  parle  Pénilentii'l  dEgberl,  qui  nous  représentent 
rmciiidiacrc  ou  quelqn'antre  diacre  offrant  les  péni- 
Icnls  à  l'évoque  le  jour  du  Jeudi-Saint,  et  lui  rendant 
témoignage  de  leur  pénitence  et  des  preuves  qu'ils 
onl  d(»nnées  d'une  véritable  comiioiiclion ,  ce  qu'ils 
ne  feraient  pas  sous  les  yeux  du  peuple  et  du  clergé, 
si  par  devoir  ils  ne  s'en  étaient  pas  exactement  infor- 
més. Réginou  cite  nn  prétendu  canon  du  concile 
d'Agde,  qui  est  aussi  rapporté  par  Burcliard,  Ives  et 
Gialien,  i)ar  le(]ucl  nous  apprenons  comment  les  cho- 
ses se  passaient  en  cette  occasion,  et  qui  étaient  ceux 
qui  étaient  chargés  du  soin  de  veiller  sur  les  pénitents. 
Ils  doivent,  selon  ce  canon ,  se  présenter  à  l'évêque 
au  commencement  du  carême,  tant  ceux  qui  ont  déjà 
reçu  la  pénitence,  que  ceux  qui  doivent  la  recevoir  : 
Ils  doivent ,  dis  je,  se  présenter  devant  la  porte  de  l'é- 
glise ,  nu-pieds ,  com'cyts  de  sacs ,  le  visage  penché 
vers  la  terre,  se  confessant  coupables  par  la  tristesse  qui 
parait  dans  tout  leur  ertérienr.  Là  doivent  se  tr.uver  les 
doyens,  c'est-à-dire,  les  arcliiprètres  des  paroisses  et  les 
prêtres  des  pénitents,  à  qui  il  appartient  d'examiner  dili- 
gemtnenl  leur  conduite,  etc.  (^e  canon  ne  parle  pointde 
réclusion,  soit  que  celte  coutume  ne  fût  pas  encore  en 
usai:;e  quand  il  a  été  l'ail,  soit  qu'elle  ne  fût  pas  d'usage 
dans  le  pays  où  celui  qui  l'a  aitrihné  an  concile  d'Agde 
l'a  piiltlié.  Eilectivement,  on  trouve  (pielipielois  qu'au 
lieu  de  celle  espèce  de  prison  on  l'on  enfermait  les  I 
pcniiiMils  au  commencement  du  carême,  on  se  con- 
li'nîail  de  lem-  onioimcr  de  ne  point  sortir  durant  ce 
temps  de  leurs  paroisses,  alin  que  leurs  cinés  pus- 
sent avoir  l'œil  sur  eux,  et  s'informer  exactement  de 
la  manière  dont  ils  s'acquittaient  de  leur  pénitence. 
Cesl  ce  que  l'on  voit  par  le  19*  canon  du  concih-  de 
S  -igunslad  :  Qu'aucun  pénitent,  y  est-il  dit,  tandis  qu'il 
ieiuie  son  carême  {dum  carinani  snamjejunat),  ne  passe 
d'un  lieu  à  tin  autre,  mais  qu'il  demeure  dans  celui  oii  il 
a  reçu  sa  pénitence,  et  que  son  pasteur  lui  rende  témoi- 
fjua'je,  etc. 

On  ne  trouve  eu  aucun  temps  chez  les  Grecs  ,  ni 
diez  les  Latins,  jus(pievers  la  (indu  septième  siècle, 
que  le  comiuencemenl  du  carême,  avant  Pâques,  fût  le 
temps  destiné  partie  iilièremenl  à  imposer  la  pénitence 
publique  aux  pécheurs.  Dans  le  huitième  siècle,  cet 
nsa^e  devint  ordinaire,  cl  la  qnairièine  férié  avant  le 
premier  dimanclie  de  carême,  que  nous  appelons  le 
mercredi  des  cendres,  fut  particulièrement  de-linée 
il  i  elle  cérémonie.  Celte  férié  ,  non  phis  que  les  au- 
tres jo.irs  de  cette  siMiiaine  ,  ne  faisaient  point  encore 
partie  du  carême  du  temps  de  S.  Grégoire- Ic-Gntnd 


dans  le  sixième  siècle,  comme  il  paraît  par  l'Homé- 
lie IG'  de  ce  pape  sur  les  Evangiles,  et  par  S.  Isi- 
dore (  /.  1  de  ecclcsiast.  Offic,  c.  o6).  L'Eglise  de  Mi- 
lan a  conservé  jusqu'à  ces  di-rniers  temps  la  coutume 
de  ne  commencer  le  carême  (pie  le  premier  dimanche 
de  la  quaiantaine  ;  et  loflice  conserve  cncoie  des 
vestiges  de  celle  ancienne  pratique,  comme  on  le 
voit  par  la  préface  et  les  collectes  de  la  messe  du  pre- 
mier dimanche  de  carême. 

Cependanl  rimposition  de  la  pénitence  publique 
n'était  pas  tellement  afl'ecléc  au  coinmencenu'nt  du 
jeûne  quadragésiinal,  qu'il  n'arrivât  souvent  qu'on 
l'imposait  en  d'autres  temps.  Outre  que  le  bon  ordre 
l'exige  ainsi,  et  qu'il  n'est  p.is  croyable  qu'on  laissât 
impunis  pendant  un  long  espace  de  temps  ceux  qui 
s'étaient  confessés  de  crimes  soumis  à  la  pénilence 
canonique,  ou  qui  en  avaient  été  convaincus;  nous 
avons  ni.'o  preuve  claire  et  positive  de  ce  que  nous 
disons  dans  le  \'i'  des  capitules  d'iliiicmar  adressés 
aux  |)rctres  de  son  diocèse.  N(ms  en  avons  fait  men- 
tion ailleurs.  Il  leur  recommande,  s'il  se  trouve  dans 
leur  paroisse  qiieliprim  qui  soit  coupable  de  crime 
capital,  de  l'aller  trouver,  et  de  l'exhorter  à  venir  à 
pénitence  devant  le  doyen  et  ses  prêtres  et  compres- 
byteris  suis  (il  entend  le  doyen  rural),  afin  que  dans 
Cespace  de  quinze  jours  il  se  présente  devant  nous,  dit- 
il,  si  nous  sommes  dans  notre  diocèse,  et  qu'il  reçoive  ta 
pénitence  publique  avec  l'imposition  des  mans,  suivant 
la  tradition  canoniqus.  i  Vt  infra  quindecim  dies...  pu-> 
I  blicus  peccator...  juxta  traditionem  canonicam  ptibli- 
(  cam  pœnitcntiam  cum  mtmùs  impositione  aecipiat. 

H  nous  reste  à  voir  à  (pielles  aiisiérilés  les  pénitents 
étaient  aslreinls    pendant    les   carêmes  qu'on    leur 
prescrivait  d'observer  durant  le  cuirs  de  leur  péni- 
lence. Cela  variait  suivant  les  lieux  et  la  nauire  des 
fautes,  et  le  plus  ou  moins  de  sé\érjlé  des  é^èques, 
.dont  les  uns  plus  que  les  autres  s'attachaient  à  une 
exacte  observation  des  règles.  Mais  en  général  l'on 
peut  dire  (pie  dans  les  premières  années  la  pénilence 
était  pins  rigoureuse.  Voici  ce  que  prescrit  là-dessus 
le  péniieniiel  de  Bède  dans  le  chapitre  vu,  où  il  fait 
la  distribution  d'une  pénitence  de  sept  ans.  Chaque 
semaine  il  jeûnera  (le  pécheur  do:l  il  s'agit  en  cet  en- 
droit) trois  jours  sans  boire  de  vin  ni  d'hydromel,  et  sans 
manger  de  chair.  Ce  jeime  sera  protouqé  jusqu'à  vêpres 
(c'est  à-dire  ,   suivant  l'usage  de  ce  temps,  jusqu'au 
S(nr) ,  et  alors  il  mangera  des  viandes  sèches  :  qu'il  jeûne 
trois  carêmes  en  xérophagie ,  pendant  lesquels  il  jeûnera' 
!  trois  jours  de  la  semaine  jusqu'à  nones  (c'était  trois  heii-j 
rcs  afirès-midi)  et  trois  autres  jusqu'à  vêpres.  Aprèsi 
'  cela  lîôile  fait  l'énuméralion  des  jours  auxquels  lei^ 
pénitents   étaient  dispensés  de  jeûner  ,  qui   sont  lej 
,  dimanches,  quatre  jours  à  Noël,  autant  à  l'Epiphanie  ; 
:  hiiil  jours  à  Pâques,  et  quelques  fêtes  des  sainis.  A 
!  (pioi  il  ajoute  :  Dans  les  jours  que  nous  venons  de  nom- 
\  mer ,  qu'il  fasse  la  charité,  soit  à  des  clercs,  soit  à  des 
[  laiqucs.  Le  même  Hede .  dans  le  diTuier  chapilie , 
pariant  du  rachat  de  la  pénitence  ,  dit  :  Celle-ci  (h  se- 
i  conde  année),  (a  pénitence  sera  moins  rigoureuse ,  etc. 


891        PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PAUT.  III.  CIIAP.  VII.  PÉCHÉS  PUBLICS  ET  SECRETS.        598 
Celui  qui  ne  peut  />/»•<?  pénitence  de  la  mnniheque  nous      rnionl  vingt,   et  ccAn  pondunl  les  trois  premières  nn 


avons  dit ,  dtimiera  en  aumônes  la  ^n-emièri'  année  23 
iols;  ponr  nue  année  an  pain  et  à  l'ean,  qnit  donne  en 
aumônes  22  sols,  el  q'e  chaque  sewnine  il  jeûne  une  [ois 
jusqu'à  noues,  une  nuire  fois  jusqu^i  vêpres,  et  trois 
carêmes.  La  seconde  année  il  donnera  20  sols  Pour  la 
troisième  \Ssols,  oic.  Ceei  prouve  doux  clioscs  :  rpie 
le  jeûne  des  cariâmes  «Mail  plus  rigonreiiseniciil  exigé 
qiic  celui  du  reste  de  i'.nirice,  en  sorte  qu'on  ne  pou- 
vait le  r-iilieler ;  cl  (pie  la  pénitence  était  moins  duic 
à  mesure  qu'elle  approcliait  de  sa  fin. 

Quelquefois  on  imposait  pour  certains  crimes  le 
'eftnc  de  pln-ieuis  carêmes,  itisqn'à  quatre  el  cinq 
pour  ccrt  iiis  (rimes,  le  rcsle  de  l'ininée  en  élanl 
exempt.  Que  si  ces  mêmes  crimes  étaient  consommés, 
on  y  joignait  le  rcsle  de  l'aimée.  C'est  ce  qui  fut  sta- 
tué dans  une  nomiireusc  assemblée  leiinc  à  Thionville 
sous  Cil  nlemngiie,  comme  le  rapporte  Rurcliard ,  1. 
G,  c.  f).  Si  quelqu'un  a  calomnié ,  hlrssé  on  mutilé  nn 
sous-didcre ,  et  qu'il  en  revienne ,  qu'il  fasse  pénitence 
cinq  carêmes ,  étant  dispensé  du  jeûne  le  reste  des  an- 
nées que  doit  durer  sa  pénitence.  Que  s'il  en  meurt, 
qu'il  jeune  les  carêmes  susdits  avec  les  années  suivantes. 
Ce  qui  signifie  que  cidui  qui  n'a  que  mulilé  le  sous- 
diacre  ne  jeûnera  de  toute  l'année  que  cinq  carêmes, 
en  ca?  qu'il  ne  meure  ])as  de  ses  blessures,  mais  qu'en 
cas  de  mort,  il  jeûnera,  ouire  l'S  cinq  carêmes,  tout 
le  reste  de  l'année,  autant  de  lemps  que  durera  sa 
pénitence;  (pioiqiic  non  pas  si  rigidement  que  durant 
le  temps  d(î  ces  carêmes. 

Les  canons  qui  siiiveiit  angmenlenl  le  nombre  des 
cjrèmes  et  des  annéi's  de  jeûnes  ,  si  le  crime  s'est 
commis  conlie un  diacre  ,  nn  prêtre  ou  un  évêqiie,  le 
tout  à  proportion.  Ceci  fut  conlirmé  depuis  par  le 
concile  de  Tdjur. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  n'était  point  ordinaire; 
la  coutume  était  d'imposer  aux  pénitents  trois  carê- 
mes. Dans  (piebpies  endroits  ils  étaient  aussi  rigide- 
ment observés  les  uns  que  les  autres;  dans  d'antlcs 
celui  de  la  Saiîii-.leaii  était  moins  sévère.  Dans  cer- 
tains lieux  celui-ci  él;iii  de  vingt  jours  seulement. 
Dans  d'autres  il  dexaii  êirc  de  quaraiiie,  eu  sorte  (jue 
si  le  nombre  de  ces  jo'irs  ne  se  trouvait  point  avant 
celte  fêle,  on  obligeait  les  pénilenls  à  les  accomplir 
après.  En  un  mot,  on  trouve,  comme  c'est  l'ordinaire 
dans  ces  sortes  de  cboses,  une  gramic  variété  sul-  ce 
nsiijel ,  qiiebpie  lois  n)ême  ou  ne  prescrivait  aux  péiii- 
f lents  qu'un  seul  carême,  el  alors  la  péiiilencé  élail 
beaucoup  plus  dure,  lesauslérilés  devant  s'étendre  sur 
tout  le  reste  de  l'année,  en  sorte  néanmoins  (pie  pen- 
dant le  carême  elles  fussent  plus  grandes.  Kniin  nous 
voyons  aussi  que  l'on  ne  prescrivait  (pielquofois  que 
deux  carêmes,  (elui  rpii  précède  la  lé:e  de  Pâques,  et 
celui  d'avant  Noél.  Telle  fut  la  lénitcnce  (pre  Pierre 
Damien  et  Anselme  de  Lucques  inq)Msêrenl  aux  clercs 
de  l'église  de  .Milan.  Ce  que  iiou5  avons  dit  du  carême 
de  la  Saiiil-Jean  doit  aus^i  s'entendre,  au  moins  pour 
certains  pays,  de  celui  de  Noél.  Dans  ceux-ci  ils  ne 
-duraient  que  quinze  jours,  dans  ceu.\-là  ils  en   d 


nées  de  la  pénitence;  les  quatre  sniv.mles  ils  ne  com- 
prenaient que  le  nondn-e  de  (inalor/.c  jours  ,  si  la  pé- 
nilence  durait  sept  ans.  El  il  en  était  sans  doute  ainsi 
dis  autres  à  proportion,  suivant  le  plus  ou  moins  de 
durée  de  la  l'énilei.ee. 

A  1  "égard  du  jeûne  plus  ou  moins  rigoureux  qui 
s'o!)servait  pendant  ces  carêmes  ,  soii  p  uir  llieure  du 
rc]  as,  soit  pour  la  qualité  des  aliments  d<ml  devaient 
user  les  péiiileiils,  foit  pour  lesjnurs  pai  liculièremcnt 
destinés  au  jeûlie  ;  mi  ne  peut  douter  (pi'il  ne  se  trou- 
vât une  grande  diversité.  Il  résnlle  senlemenl  de  tout 
ce  qu'on  lit  sur  ce  sujet  dans  les  auteurs  el  les  con- 
ciles du  moyen  .^gc ,  que  ces  caièmrs  étai  iil  irès- 
rigourcux.  Voyez  le  loeg  'extrait  du  cnneilc  de  Tibur 
qi;e  nous  a^'ons  rapporté  dans  le  cliapilre  iroisièn.C 
de  cette  partie.  On  y  tiouve  une  idée  al!ré,-;é(!  de  11 
manière  dont  les  pénitents  dev.iienl  s'ac(;uilter  des 
devoirs  attacliés  .à  leur  élat  pemianl  ces  carêmes  ,  et 
même  duranl  lout  le  cours  de  l'année. 

CHAPITRE  VII. 

Que  l'on  imposait  aux  pcclic'urs  les  mêmes  peines  pour 
les  péchés  secrets  que  pour  ceux  qui  ét(ti''nl  notoires  , 
à  l'exception  de  la  solennité.  Comment  et  en  quel  letmps 
on  s'est  relâché  sur  ce  point  de  discipline. 

Celte  matière  est  imporlanie,  et  quoi(pie  ce  que 
Lons  nous  proposoii-s  ici  soil  déjà  prouvé  par  avance  , 
nouseli  apporterons  encoi'e  dé  nouvelles  preuves  ijiii 
ne  laisseront  aucun  doute  sur  cela  Jedisqsie  ce  point 
de  la  disci|)linc  du  lenqis  doisl  nous  parlons  est  déjà 
pnnivé  :  et  pour  nous  en  convaincre,  nous  n'avons 
(pi'à  relire  ou  nous  rappeler  dans  la  mémoire  ce  ijuia 
é;é  dit  dans  le  neuvième  cliapilre  l'e  la  secimde  sec- 
tion où  nous  avons  parlé  amplement  des  livres  |éni- 
icnliaiix  qui  devaient  servir  de  lègle  à  tous  les  prêtres 
cbargés  d'entendre  les  confessions  ;  du  soin  que  l'on 
avait  de  retirer  des  mains  des  ministres  de  l'Eglise 
ceux  qui  étaient  altérés  ou  corrompus,  et  qui  ne  pres- 
crivaient |)as  pour  les  pécliés  les  peines  niar- 
(piées  par  les  canons.  Dans  ces  livres,  do;ii  plusieurs 
se  sont  conservés  jusqu'à  nosjiuirs,  lanl  imprimés  que 
mamiscrils,  on  ne  trouve  nulle  part  que  les  peines  as- 
sgnées  pour  les  divers  crimesqni  se  C(unmellenl  soient 
diirérentes  quand  il  s'agit  des  mêmes  pécli-s,  soit 
qih'ils  soient  publics  ,  soit  (pi'ils  soi  ni  caeliés.  On  y 
fail  abslradion  de  la  publicité,  on  n'y  cnn^dèie  que 
l'espèce  et  la  qualité  de  la  fanle  qu'il  s'agit  d- punir,  et 
du  mal  qu'il  faut  guérir.  Toute  la  dincienee  que  voiis 
remarquez,  soil  dans  les  P/'iiiteiiliels ,  soil  dans  les 
auleurs  de  ce  temps,  à  cel  égard,  csl  (pi'on  imposait 
publiquement  et  avec  certaines  céiéhu)nies  la  péni- 
tence à  eo\\\  dont  les  pécliés  éiaienl  noio  res  el  scan- 
daleux ,  et  qu'on  l'imposait  en  s-  ciel  à  ceux  donl  les 
fautes  éiaienl  secrètes.  Ces  Pénilentiels  servaient 
comme  de  manuels,  surtout  aux  piètres  de  la  cam- 
pagne, (pir  n'avaient  pas  les  moyens  de  s'instruire  de 
ne  I  ,  la  discipline  (le  la  pénitence  dans  les  somces  mêmes  , 
u-  iL  ie  veux  dire  dans  les  canons  sans  nombre  que  les  con- 


S90 

ciles,  les  papes  et  les  docloiirs  de  l'Eglise  avaieni  pu- 
bliés sur  ce  poiril.  Si  on  avait  laissé  à  la  discnHion  des 
piôlres  d'iiiif  oser  des  pénilenccs  à  loiir  laniaisic  pour 
les  crimes  secrets,  il  était  fort  inutile  de  composer  pour 
eux  ces  sortes  de  livres,  cl  de  les  leur  ri-coium;inder 
avec  tant  de  sein  ,  afin  qu'ils  s'y  conformassent  dans 
rimiosilion  de  la  pénitence.  Je  dis  que  ces  livres  ont 
Clé  composés  princiiialemcnt  pour  les  prêtres.  Cela 
est  é.ideiit  par  le  Pénitenticl  romain  {lilnlu  ullimo , 
c.  2),  où  nous  lisons  ces  paroles  :  Nous  avertissons  un 
chacun  des  prêtres  de  Jésus- Clirisl,  qui  »oul  instruits  de 
leurs  devoirs,  qnils  doivent  se  conduire  en  toutes  choses, 
non  par  leur  propre  sens ,  mais  suivant  les  statuts  des 
canons  et  la  tradition  des  Pères ,  faisant  attention  au 
sexe,  à  Cage,  à  la  pauvreté  ,  à  l'état ,  à  la  personne  de 
chacun  de  ceux  qui  veulent  faire  pénitence.  Qu'Us  con- 
sidèrent aussi  ta  disposition  intérieure  du  pénitent ,  et, 
comme  de  s«(/w  médecins ,  qu'ils  juyent  de  toute  chose 
xuivant  ces  règles,  et  comme  ils  croient  le  devoir  faire. 
Ces  paroles  montrent  assez  clairement,  et  que  ces  Pé- 
nilenlicls  étaient  faits  pour  les  prêtres  qui  entendaient 
les  confessions  secrèies ,  et  (|uo  le  but  (|u"on  s'élait 
proposé  en  les  leur  nictiant  entre  les  mains ,  était 
d'empêcher  qu'ils  n'imposassent  la  pénitence  autre- 
ment que  les  canons  des  conciles  ne  ravalent  prescrit, 
et  que  les  usages  de  l'Eglise  ne  l'enseignaient  Les  évo- 
ques à  (pii  le  pouvoir  dimposer  la  pénitence  ptil)li([iie 
était  réservé  et  qui  l'imposaient  à  la  têle  de  leur  cler- 
gé, n'avaient  pas  le  même  besoin  de  ce  secours,  étant 
eux-mêmes  s;ivants,  et  ayant  sous  leurs  mains  des 
liommes  instruits  des  canons  et  de  la  discipline  de  la 
pénitence,  dont  ils  pouvaient  prendre  conseil  dans  les 
occasions  imporianles  et  les  conjonctnres  épineuses. 

Les  livres  pénitcntiaux  des  Grecs  prescri.vcnt  des 
peines  conformes  aux  anciens  canons ,  au  moins  or- 
dinairement :  cependant  la  pénitence  publique  est 
presque  abrogée  chez  eux  depuis  plus  de  liuit  cents 
ans.  C'est  donc  pour  les  péchés  secrets  et  pour  ap- 
prendre aux  prêtres  à  imposer  des  pénitences  secrè- 
tes, que  ces  livres  sont  en  usage  chez  eux. 

Mais  qu'est-il  besoin  de  nous  servir  d'inductions 
pour  prouver  le  point  de  discipline  dont  il  s'agit , 
avant  sur  cela  des  arguments  positifs  qui  ne  laissent 
aucun  lien  à  la  moindre  chicane?  Le  cinquième  livre 
des  Capilulaires  ,  c.  52  ,  rapporte  un  ancien  décret 
conçu  en  ces  termes  :  Qu'aucun  prêtre  n'ait  la  pré- 
somption de  juger,  saiis  ^autorité  des  canons,  des  pé 
chés  de  ceux  qui  se  confessent  à  lui ,  et  quand  il  impose 
la  pénitence,  suivant  qu'il  est  prescrit  par  tes  canons  ,  l. 
chacun  de  ceux  qui  lui  confessent  leurs  crimes,  qu'il  tcvr  j 
impose  tes  mains ,  suivant  l'autorité  des  inêmes  canons , 
avec  les  prières  qui  se  trouvent  dans  te  Sacramctitaire 
pour  donner  la  pénitence.  Si  te  pécheur  s''esl  confessé  en 
secret ,  et  de  son  propre  mouvement ,  que  cela  se  fasse 
aussi  en  secret.  «  Si  verb  occulte  et  spontè  confessus  fue- 
I  rit ,  occulté  fiât,  i  Que  s'il  a  été  publiquement  con- 
vaincu, ou  s'il  s'est  avoué  publiquement  coupable  de  quel- 
que crime,  que  cela  se  fasse  publiquement  à  ta  vue  de 
tout  le  tnonde,  et  qu'il  passe  par  la  degrés  de  {c  jiéni- 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  600 

tence  canonique  en  présence  de  toute  C  Eglise.  Ce  qn**  Ce 
décret  dit  de  l'imposition  et  de  l'action  de  la  pénitence, 
il  le  dit  de  l'absolution  ou  de  la  réconciliation  qui  se 
donnaient  aux  pécheurs  pénitents  par  l'imposition  des 
mains,  soit  que  leurs  pét  liés  fussent  publics,  soit  qu'ils 
fussent  secrets.  Quoniam  sine  manûs  impositione ,  dit 
ce  décret ,  ncmo  absoluiur  ligalus.  Pouvait-on  dire 
plus  clairement  et  plus  pL.silivemcnl  que  la  pénitence 
et  la  réconciliation  était  l.i  niênie,  et  se  donnait  de  la 
même  nianière  aux  pécheurs  publics  qu'aux  autres,  à 
l'exception  de::  ccréiiionies  et  de  la  solennité  qui  ac- 
compagnaient l'une  et  rature  quand  les  péchés  étaient 
publics ,  et  que  le  même  Sacramenlaire  et  le  même 
pénitenticl  suflisaient  pour  Inn  et  pour  Taulre,  pourvu 
que  l'on  iirescrivil  aux  pécheurs  publics  de  faire  pu- 
bliquement ce  que  les  aiilres  faisaient  en  secret. 

L'ancien  Pénilentiel  romain,  tit.  5,  c.  2G,  aussi  bien 
que  niirchaid  et  Ives  de  Chartres ,  citent  un  passage 
prétendu  de  S.  Augustin,  qui  revient  an  nièine,  et  (\m 
fait  voir  clairement,  étant  adopté  si  nnanimi-meiit  par 
les  auteurs  du  lem|)S  dont  nous  jiai Ions,  t|uclle  en 
était  la  discipline  par  rappoi  t  au  snjci  dont  il  est 
qiie.sli(tn.  Si  quelqu'un  a  coniniis  un  inceste  en  sicrel  et 
qu'il  s'en  soit  confessé  de  même  à  un  prclie  ,  qu'on  lui 
indique  te  remède  canonique  qu'il  devrait  subir  si  son 
crime  rut  été  public.  Mais  parce  qu'il  ne  l'est  point,  que 
le  piètre  lui  donne  ronseil,  afin  que  pour  le  snlut  de  M)n 
âme  il  se  guérisse  par  une  pénitence  seoèie,  c'est-à-dire, 
qu'il  avoue  de  bonne  foi  (ju'it  a  péché  ynècement,  et  qu'il 
travaille  avec  soin  a  se  purifier  par  les  jeûnes,  les  au- 
mônes ,  les  veilles  et  In  prière  accompagnée  de  larmes. 
Cela  sigiiide  qu'il  laisse  à  part  tout  ce  (pii  Osi  luihlic 
et  solennel,  comme  de  ne  pas  entier  dans  l'église,  de 
porter  l'iiahil  de  pénitents ,  d'être  chassé  de  l'Kglise 
au  commencement  du  carême ,  de  faire  des  pèleri- 
nages et  les  autres  choses  qui  étaient  en  usage  en  ce 
temps-là  dans  la  pénitence  canonique  ;  mais  (lu'au 
reste  il  fasse  tout  ce  qui  est  prescrit  par  les  canons 
pour  l'expiation  de  son  crime. 

Parmi  les  capitulaircs  de  Charlemagne  on  lit  un 
ancien  canon,  lib.  7,  qui  non-seulement  enseigne  en 
général  que  l'on  devait  satisfaire  à  Dieu  pour  les  pé- 
chés secrets  de  la  même  manière  que  pour  les  notoi- 
res, à  la  publicité  près,  mais  qui  spécifie  et  caracté- 
rise cette  péniicncc  secrète  en  ces  termes  :  Si  une 
femme  a  commis  un  adultère  et  qu'elle  vienne  se  confes- 
ser en  secret,  qu'elle  soit  sept  ans  en  pénitence ,  trois  au 
pain  et  à  l'eau.  Pour  les  autres  ,  te  prêtre  en  disposera 
suivant  sa  prudence  et  selon  qu'u  verra  qu'elle  le  peut  , 
il  lui  prescrira  les  abstinences  convenables.  Il  en  sera  de 
même  d'un  homme  coupable  de  ce  crime,  c'est-à-dire, 
qu'il  ne  commutiiera  pas  pendant  trois  ans.  Voilà  la  pé- 
nitence pour  l'adultère  secret  et  confessé  en  secret. 
Voyons  présenlenient  quelles  peines  on  inflige  à  ceux 
'  dont  le  crime  est  découvert  :  le  même  canon  nous 
rapiireiulia.  Que  si  xme  femme  a  commis  un  adultère  , 
et  que  son  mari  l'ait  surprise  était  publié  son  crime  ; 
qu'il  la  quitte,  s'il  le  veut.  Pour  ee  qui  est  d'elle,  quelle 
\  fasse  pénitence  publionc,  comme  il  vient  d'elle  dit.  Itta 


oui 


PÉNITENCE.  —  SECT.  111.  PART.  1!1.  ClIAP.  Vil.  PÉCHÉS  PUBLICS  ET  SECRETS. 


602 


verb  secimdiim  quod  supenùs  iuscrtum  est,  pnhlicè  agrit  |]  so  faisait  coHo  milij^nlion.  Un  péuitent  vint  à  mus  et  se 


pœnUenliam.  Vous  voyez  cjne  la  pcnilciico  est  la  iiR-ine 
pour  les  deux  cas  ;  on  n'y  ajoute  que  le  tonne  ]m- 
blicè. 

Ciirodegand,  évèque  de  Metz,  reg.  cmwiiic.  ,  c.  50, 
veut  indistinctement  que  l'on  donne  la  pénitence  coti- 
foiinénient  aux  canons  pour  les  |iécliés  dont  on  s'est 
confessé,  il  ne  sépare  point  en  cela  les  péchés  secrets 
des  publics,  mais  il  dit  en  «énéral  que  le  prêtre,  après 
avoir  enlendn  la  confession  ,  doit  donner  à  ceux  qui 
sont  dispo-és  à  se  soumettre  à  tout,  la  i)énilence  ca- 
nonique. Tune  da  ilU  picnilentiam  eanonkè  mcnsura- 
tam.  Ce  qu'il  ne  dirait  pas  s'il  s'agissait  de  péciiés  no- 
toires; car  alors  surtout,  suivant  la  discipline  du 
temps,  on  aurait  contraint  le  péclieur,  par  tontes  les 
voies  canoniques  et  de  fait,  à  se  soumettre  à  la  péni- 
tence. Et  si  vult  dimittere  peccata,  fac  ei  coiifitcri  ea 
et  tune  da  illi,  etc. 

Les  Capiiulaircs  (  1.  7,  c.  204)  et  Isaac  do  Langres 
(t.  !,c.  uliinio),  nous  rendent  un  témoignage  anllien- 
liqnedcla  discipline  dont  nous  parlons  :  ils  désignent 
la  confession  secrète  en  disant  :  Il  faut  que  le  prêtre , 
lorsqu'il  reçoit  la  confession  de  quelque  fidèle  que  ce 
puisse  être ,  /(.'/  dewaude  premièrement  comment  il  a 
commis  ce  péché,  s'il  ij  est  relo)nbé  fréquemntcnt,  si  c'at 
de  pleine  volonté  ou  malgré  lui ,  si  c'est  dans  l'ivresse 
ou  à  la  persuasion  de  quelqu'un,  et  quand  il  aura  décou- 
vert la  racine  du  mal,  qu'il  ij  applique  les  remèdes  con- 
venables. Quels  sont  ces  remèdes?  sonl-ils  oltaiidor.nés 
à  la  discrétion  ou  à  la  fantaisie  du  prêtre?  P()int  du  \ 
tout.  Il  les  indi(pie  aussitôt.  Us  doivent  être  tirés  des 
canons  authentiques  et  de  la  doctrine  des  Pères.  Ils 
doivent  être  conformes  à  la  volonté  de  Dieu.  Qualis 
ver'o  adliibenda  sil  medicina,  secundiim  canonuin  autlicn- 
ticorum,  et  sanctorum  Palrum  esse  débet  iiistilutionem  , 
et  non  secundiim  placitum  Itominis,  sed  secundinn  Dci 
voluntatem. 

On  voit  encore  des  restes  de  cette  discipline  au 
commencement  du  treizième  siècle,  quoique  la  péni- 
tence en  ce  temps  eût  reçu  de  cruelles  atteintes  et 
fût  fort  affaiblie.  C'est  ce  que  nous  apprenons  de  Ro- 
bert de  Flamebourg  ,  chanoine  de  Saint-Victor  de 
Paris,  qui  écrivait  son  Pénilenliel  vers  l'an  1200,  et 
qui  mourut,  dit-on,  en  1225,  en  parlant  delà  manière 
dont  se  doit  conduire  un  prêtre  avec  ceux  qui  s'a- 
dressent à  lui  pour  la  confession  ,  et  l'avoir  averti  de 
ne  point  imposer  de  pénitence  publique  pour  des  pé- 
chés secrets ,  de  peur  de  découvrir  par  cette  voie  le 
crime  du  coupable.  Il  ajoute  :  Lors  donc  qu'il  faudrait 
imposer  hhc  pénitence  publique  et  .•solennelle  pour  un  pé- 
ché caché,  s'il  était  connu  publiquement,  ôlez  la  solen- 
nité et  enjoignez- lui  simplement  la  pénitence.  Il  avertit 
ensuite  qu'il  est  rare  de  trouver  des  gens  qui  soient 
disposés  à  se  soumeltreàces pénitences,  parcequ'ellcs 
sont  fortes  et  austères.  Après  quoi  il  dit  :  Vous  les 
mitigercz  donc  un  peu  ,  afin  que  le  pécheur  ne  soit  pas 
ssns  quelque  pénitence.  «  Tu  igilur  panlalim  cl  pr.uluiim 
f  er.s  miligabis ,  ut  aliquam  tiabcai  pœnilens  pœniten- 
f  lianx.  »  il  explique  (fol.  3i,  p.  I  )  do  quelle  manière 


confessa  d'avoir  corrompu  la  fille  de  son  oncle;  nous  lui 
enjoignîmes  une  pénitence  de  quatorze  ans ,  nous  lui 
dintes  qu'il  jeûnât  trois  carêmes,  dans  celui  d'apris  la 
l'enlecote,  deu.r  jour.i  de  ta  semaine  au  pain  et  à  l'eau  ; 
dans  celui  de  l'.Avenl,  trois  ;  dans  le  grand  carême,  trois, 
et  qu'il    s'absiinl  de  l'entrée  de  l'cglise  et  de  la  com- 

I  mu7tion  l'espace  de  deux  ans.  Quelle  rigueur  en  ce 
siècle  !  mais  ilie  n'avait  lien  (pie  pour  ceux  (pii  éiaie'îi 
disposés  à  faire  ce  que  le  piêlre  croyait  leur  devoir 
imposer  conlormément  aux  canons  :  s'ils  le  refu- 
saient, la  coutume  était  dès  lors  d'adinicir  la  pénitence 
et  de  la  mettre  ainsi  par  des  tempéraments  et  des  dis- 
penses, à  la  poilée  de  ceux  que  leur  là'  I)elé  c!  leur 
faiblesse  rendaient  incapables  de  soutenir  celle  sé- 
vérité. On  leur  faisait  racheter  les  peines  caiionicpies 
en  différentes  manières,  et  on  les  commuait  en  œuvres 
de  piéié  de  diverses  espèces;  telles  que  celles  dont 
parle  le  môme  auteur,  fol.  58  et  seq.,  p.  2,  et  celle-ci 
entre  autres  :  Pour  un  jour  que  vous  devez  jeûner  au 
pain  et  à  l'eau,  vous  chanterez  cinquante  psaumes  à  ge- 
noux dans  l'église  s'il  se  peut,  ou  au  moins  dans  quelque 
endroit  convenable.  Vous  nourrirez  un  pauvre ,  et  le 
même  jour,  excepté  le  vin,  la  chair  et  le  sang,  cous 
prendrez  pour  nourriture  ce  que  vous  jugerez  à  pro- 
pos. 

Robert  finit  son  Péni;entiel  en  donnant  cet  avis  aux 
prêtres,  (pii  fait  voir  qu'on  s'aîtacliait  encore  en  ce 
ti'Hips  aiix  ri::r;ûmii>s  fôg'GS  en  imposant  la  pénitence; 
mais  (in'il  fallait  que  les  péiiilents  se  Iroînasseut  dis- 
posés à  s'y  soumettre;  restriction  auparavar.l  incon- 
nue et  qui  a  entraîné  la  ruine  entière  de  la  pénitci:ce 
canoni(;He  à  l'égard  des  péchés  secrets,  sans  parler 
des  autres  causes  qui  ont  contribué  à  cet  entier  af- 
faiblissement ,  et  dont  nous  pai  Icrons  avec  étendue 
dans  la  partie  suivante.  Voici  l'avis  dont  il  s'agit  :  Je 
veux  vous  avertir,  ô  prêtre,  que  si  par  une  ignorance 
grossière,  par  négligence  ou  par  faveur,  vous  punissez  le 
pécheur  à  votre  fantaisie  et  sans  avoir  égard  aux  ca- 
nons, plus  ou  moins  que  n'e.viycnt  les  règles  authenti- 
ques et  canoniques  de  la  pénitence,  pourvu  que  le  pécheur 
soit  disposé  à  subir  la  pénitence  canonique  quelle  qu'elle 
puisse  être,  t  Dummod'o  ipse  peccator  paralus  sit  ad 
i  qua.nlibct  canonicam  pœnitentiam.  »  Celui-ci,  comme 
je  crois,  se  sauvera  et  sera  même  délivré  du  purgatoire , 
après  s'être  acquitté  de  la  pénitence  qui  lui  est  enjointe  ; 
mais  pour  vous,  vous  serez  en  péril.  Car  que  ponrra-t-on 

j  lui  imputer  s'il  obéit  et  se  trouve  préparé  à  recevoir  In 
p'nitence  qu'on  voudra  lui  imposer  ?  Il  me  semble  donc 
que  je  vous  donne  un  bon  avis  en  vous  con^vlla^il  de  f(:ire 
tout  ce  qui  dépend  de  vuus  pour  persuader  au  pénitent 
de  se  soumettre  à  une  pénitence  canonique  et  anlhail'.- 
que  ;  alors  tout  ira  bien,  et  pour  vous  cl  pour  lui. 

C'est  ainsi  que  l'Eglise  s'efforçait  de  conserver  l'an- 
cienne discipline  delà  pénitence,  autant  qu'il  lui  éiait 
|)ossi!i!c  :  mais  la  lâcheté  des  cinétie.is  et  le  désordre 
•éiiéral  qui  s'était  introduit  alors  Tempoii  aient  souvent . 
La  maxime  e!e  ne  jsius  suivre  la  rigueur  dos  canons  a 
la  Iclire  avait  prévalu  parmi  la  luullitmie.elobligeait 


605 


lîiSTOlUE  DF.S  SACREMENTS. 


COJ 


les  iiîinistros  los.plus  zélés  fil  los  plus  éclairés  à  céder 
et  à  s'accoiiiniodei'  à  cet  aftaililisscmont  général  ,  au 
moins  à  l'égard  de  la  péuileuce  secrète ,  qui  était , 
sans  comparaison,  la  plus  commune  en  ce  temps;  la 
pcMiiUMico  piil)li(|U(!  étant  devenue  exirèmemcnt  rare 
do|)"is  le  douzième  siècle.  Le  relàcliement  devint  plus 
grand  en  peu  de  temps,  puis(|ue  Pierre  de  Poiliers, 
autre  clianoine  de  Saint-Victor  de  Paris,  qui  écrivait 
quinze  ou  vingt  ans  après  Uobeit  de  Flaniebourg,  dit 
à  la  lin  de  soi!  l'énileiiliel  :  //  ne  paraît  pas  que  pour 
les  péchés  secrets,  on  doive  astreindre  le  pénitent  malgré 
lui  à  quelque  genre  de  satisfaction  particulière,  mais  il 
peut  la  racheter  ou  la  compenser  autrement.  Il  ajoute 
tout  de  suite  ce  que  nous  venons  de  dire  louciiant  la 
pénitence  publique  ou  solemielle.  Il  nen  est  pas  ainsi 
des  crimes  ynanifestes  ,  comme  on  le  peut  voir  dans  la 
pénitence  solennelle  ,  qui  s'appelle  aussi  Carême ,  qui 
CARENA  DiciTUR,  que  l'on  a  coutume  d'imposer  pour  les 
crimes  les  plus  énormes,  comme  pour  le  parricide  ,  qui 
s'étend  selon  les  lois  aux  persotmes  unies  de  parenté  : 
en  sorte  qu'il  comprend,  non  seulement  le  meurtre  du 
pire  el  de  la  mère,  du  (ils  et  de  la  fille,  mais,  outre  cela, 
du  frère  et  de  la  sœur,  et  des  autres  semblables.  Il  en 
est  de  même  de  ceux  qui  sont  coupables  de  moi)idres 
homicides,  et  des  autres  pénilents  publics. 

Le  même  auteur  (fol.  9,  p.  1)  témoigne  que  c'était 
alors  la  coutume  de  ne  point  étendre  la  pénitence  au 
delà  de  sepl  ans,  à  moins  que  la  grandeur  du  crime  et 
d'autres  circonstances  aggravantes  ne  fissent  passer 
au  delà  de  ce  terme  Tel  était  encore  l'état  de  la  pé- 
nitence au  commencement  du  Ireizièuie  siècle. 

CHAPITRE  vm. 

De  l'action  de  la  pénitence  chez  les  Grecs  et  les  autres 
communions  orientales,  depuis  le  sixième  siècle  jus- 
qu'à présent. 

La  discipline  de  la  Pénilence  a  peu  varié  chez  les 
peuples  orientaux  depuis  le  sixième  siècle.  Avant  ce 
temps-là  elle  était  à  peu  j  rès  la  même  parmi  eux  que 
pai mi  nous,  comme  nous  l'avons  vu  dans  la  première 
et  seconde  partie  de  cette  section,  elle  est  encore  à 
présent  cliez  eux  bien  plus  conforme  à  l'ancien  ne 
qu'en  Occident;  et  ainsi  iio'is  pourrioïis  dans  un  seul 
chapitre  en  donner  Uîie  idée  sulfisanle  :  mais  comme 
ce  cl'.apitre  serait  nu  peu  long,  s'il  comprenait  tout  ce 
que  nous  avons  à  dire  ,  nous  le  diviserons  en  deux 
articles;  dans  le  premier,  nous  traiterons  de  l'his- 
toire de  la  Pénitence  chez  les  Grecs,  depuis  le  sixième 
siècle;  le  second  comprendra  ce  qui  s'est  passé  sur  le 
même  sujet  parmi  les  autres  chrétiens  orientaux. 

ARTICLE    PREMIER. 

Que  les  ancicmies  stations  et  cérémonies  de  la  Pénilence 
étaient  presque  abolies  avant  le  seplièw.e  siècle  dans 
r  Eijlise  grecque,  que  néanmoins  les  pénitences  ij  étaient 
'ongues  cl  rigoureuses  ,  el  le  f^ont  encore  à  présent, 
qu'on  ne  donne  la  communion  (in'apris  la  pénitence 
accomplie  ,  au  moins  en  partie.  Des  deux  absolutions 
qui  sont  en  usage  chez  eux,  elc 


la  dicipline  de  la  pénitence  depuis  le  sixième  siècle, 
l»uis(|ue  ce  patriarche  était  contemporain  de  S.  Gré- 
goire-le-Grand.  Elle  se  réduisait  aux  points  suivants. 
Premièrement  à  imposer  des  péiùlences  conl(i»inf.s 
aux  canons,  au  moins  jjour  la  plupart,  2"  à  différer  la 
participation  de  l'Eueliarislie  jus(|u'à  ce  que  le  pé- 
cheur eùlaccompb  sa  pénitence  ,  au  moins  en  grande 
partie,  (|uoi(pi'inuné(liatement  apiès  la  coidèssion  le 
prêtre  donnât  une  espèce  d'absolution  que  !e  P.  Mo- 
riu  croit  être  une  véritable  absolution  de  lacoidjie  du 
péché,  quoique  de  savants  honunes  en  doulentet  pré- 
tendent que  ce  n'était  que  des  |)rières  qui  répondaient 
à  celles  que  l'on  faisait  autrefois  sur  les  pénilents  en 
leur  imposant  les  |)eim;s  canoniques  par  lesipnlles  ils 
devaient  cxiticr  leurs  péchés,  o"  Entin,  à  obliger  lesiié- 
nitenls  coupables  de  certains  crimes  de  sortirdi;  l'égli- 
se pendant  la  célébration  du  saint  sacrifice,  et  de  se 
retirer  dans  le  vestibule  appelé  chez  eux  nartex,  quoi- 
qu'ils pussent  garder  leur  |»lacc  pendant  les  autres 
parties  de  l'office  de  TEglise.  C "était  connue  vous  voyez 
un  reste  de  l'ancienne  pratique,  avec  celte  diUérence 
qu'autrefois  on  contraignait  les  pénitents  à  se  retirer, 
au  lieu  que  depuis  le  temps  dont  nous  parlons,  on  leur 
ordonnait,  à  la  vérité,  mais  on  laissait  cela  à  leur 
conscience.  Voilà  ce  qui  regarde  la  pénitence  des 
laïques. 

Pour  ce  qui  est  de  celle  des  clercs,  nous  remarqtions 
dans  les  livres  pénitenliaux  des  Grecs,  que  le  jirèire 
qui  devait  enlendre  la  confession  de  (juelqu'un  du 
clergé ,  exigeait  préalablement  de  lui  une  promesse 
par  laquelle  il  s'engageait  de  (piilter  les  fonctions  de 
son  ministère,  s'il  venait  à  confesser  des  crime-;  qui 
méritassent  la  déposition  ou  la  suspense.  Mais  ce 
clerc,  suivant  la  discipline  établie  d;ins  ces  églises, 
déposé  de  cette  sorte  en  punition  d'un  crime  qu'il 
avait  avoué  à  son  confesseur  à  l'oreille,  n'était  point 
privé  de  la  communion  de  l'iMicharislie  ,  cette  pre- 
mière peine  étant  censée  suffisante.  Cela,  comme 
vous  voyez,  est  assez  coidorme  à  la  discipline  des 
siècles  anléiieurs  ,  comme  nous  l'avons  montré  ci- 
devant.  De  plus,  connue  dans  ces  églises  on  élève  au 
sacerdoce  les  cItcs  mariés,  ceux-ci  sont  leims  de 
(piitter  leurs  femmes  s'ils  apprennent  (jn'elles  se  soient 
souillées  |)ar  l'adnlière,  et  si  ajsrès  cela  ils  habitent 
avec  elles,  ils  sont  interdits  des  fonctions  de  hîur 
n:iuislère.  A  cela  près,  tout  est  égal  entre  les  laupies 
et  les  ecclésiasliipies.  Nous  nous  élendnuis  sui'  (jnel- 
([ues-uns  de  ces  points,  nous  arrêtant  à  ceux  qui  sont 
les  plus  importants.  Voilà  en  peu  de  mois  qu'elle  a 
éié  depuis  le  sixième  siècii;  h",  discipline  (pii  s'est  ob- 
servée à  l'égard  de  l'action  de  la  pénitence,  et  qui  s'est 
conservée  presque  la  même  jusqu'à  présent.  Ainsi  ((uoi- 
qiie  ce  que  fit  Nectaire,  patriarche  de  Conslanlinople, 
et  (pie  nous  avons  rapporté  dans  le  second  chapitre 
de  la  seconde  section,  touchant  le  prêtre  pénitencier, 
n'ait  pas  eu  les  suites  que  les  Proteslanls  et  ([irelipies 
uns  de  nos  théologiens  s'imaginent,  comme  il  a  éié 
ficile  de   s'en  convaincre  par  touie  la  suite  <le  cette 


Nous  apprenons   surlout  parli'  Péuitenlicl  de  Jean- 
Ifi-Jcùneur,  patriarche  de  Couslantinople,  quelle  était  ^ll&Loire,  nous  ne  pouvons  nier  néanmoins  que  cette 


605        PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  III.  CHA 

a. lion  de  Nrclaire  n';til  fait  iino  plaie  considciable  à  • 
la  discipline  d(!  la  péiiilonce  :  cl  il  est  à  croire  que  le 
proriipl  chnii!j;emenl  (pie  nous  apercfvons  dans  la 
discipline  péiiilciitielle  desOrienlanxa  éié  iinoMiile  de 
ce  qui  arriva  alors.  Mais  la  chose  n'arriva  jtas  lout 
d'un  coup  :  on  n'abrogea  pas  à  la  luis  louli-s  les  céré- 
monies ci  les  stations  de  la  pénilonce;  cela  se  fil  sans 
doute  pelil  à  polil.  Nous  trouvons  eircclivetncnt  en- 
core trois  des  célèlires  slalions  de  la  pénitence  bien 
nianpiécs  dans  le  &?'  canon  du  concile  de  Trulle  tenu 
en  69:2,  ou  quelques  années  après,  connue  le  picicnd 
le  P.  Pélau.  Il  est  vrai  que  ce  synode  ne  prescrit  les 
slalions  que  connue  inie  règle  établie  par  les  Pères, 
mais  on  voit  au  moins  par-la  que  ces  règles  n'étaient 
pas  encore  oubliées  alors,  quoique  peut  être  elles  ne 
fussent  plus  pratiquées  que  fort  imparfaitement  cl  ; 
pour  corlains  péchés  énormes.  ; 

Ce  qui  nous  ilonne  lieu  de  penser  de  la  sorte,  et  [ 
que  dés  lors  et  auparavant  même  on  ne  distingnaii 
plus  les  pénitents  en  ces  différentes  classes  in  Orient,   ^ 
et  qu'on  avait  aboli  l'usage  d'imposer  les  mains  aux 
pénitents  et  de  prier  pour  eux,  c'eslce  qu'a  éeril  S. 
Ma.'iime,   ce  lélébre  défenseur  de  la  foi  contre  l'Iiéié- 
sie  des  Monotliélites ,  qui  vivait  après  le  milieu  du 
septième  siècle    :   ce  saint  composa  un  ouvrage  de  la 
Mystagogie  ecclésiastique,    dans   lequel  il  explique  ] 
la  liturgie  ,  mais  il  n'y  fait  aucune   mention   de  la  i 
prière  et  de  rimposilion  des  mains  sur  les  pénitents,  • 
quoiqu'il  parle,  c.  14,  de  la  cérémonie  de  les  mettre  '■ 
hors  de  l'église  avant  (pie  de  commencer  les  prières 
qui  accompagnaient  racîion  du  sacrilice.  C'esl  pour- 
quoi, sur  le  chap.  5  de  S.  Denis,  où  sont  distingués  ' 
les  dilTérents  ordres  des  caléclmmèiies  ,  des  énergu-   ■ 
mènes   cl  des   pc  lilenls,  il  dit  :  cet  ordre    s'observait 
du  temps  de  ce   l'ère.  Et  un   peu  apiès   il  avertit  le   ; 
lecteur  qu'il  ne  faut  plus  se  mettre  (;n  peine  de  cher-  i 
cher  de  la  difiérence  entre  ces  choses.  | 

Une  autre  preuve  que  ces  pieuses  cérémonies  n'é-  i 
talent  plus  d'usage  dans  les  églises  d'Orient  est  (jne  ' 
depuis  le  sixième  siècle  on  ne  trouve  dcins  aucun 
canon  des  conciles  qu'il  soii  prescrit  de  demeurer 
aulanl  de  t(^mps  ,  par  exemple,  parmi  les  auditeurs, 
aillant  parmi  les  prosternés:  on  n'y  voit  jamais  ces 
différents  degrés  de  pénitence  spécifiés,  et  encore 
moins  la  prière  et  l'imposition  des  mains  sur  les  pé- 
nitents avant  la  célébration  du  saint  sacrifice.  Toutes 
les  liturgies  qui  sont  en  usage  chez  les  Grecs  gardent 
juii  profond  silence  sur  ce  point,  quoiqu'elles  soient 
jfort  anciennes,  quelques-unes  ayant  été  écrites  depuis 
plus  de  800  ans.  11  est  évident  que  du  temps  de  Zo- 
nare  et  de  Balsamon  l'imposition  des  mains  et  la 
prière  sur  les  pénitents  aNaient  cessé  depuis  long- 
temps, et  même  l'expulsion  de  l'église,  si  religieu- 
sement observée  chez  les  anciens  qui  ne  pouv:denl 
souffrir  que  ceux  qui  étaient  impurs  jouissent  même 
de  la  vue  des  saints  my>ières  :  car  ces  deux  ani(.-urs. 
cxpliipianlle  canon  lO"  du  concile  de  Laodicée,  où 
toutes  ces  choses  sont  prescrites,  avouent  que  ces 
usages  ont  cessé  dans  l'Eglise.  C'esl  ce  que  dit  Ibr- 


P.  Vlll.  Pl'iNITENCE  CHEZ  ^,ES  GRECS.        60G  ■ 


inellcment  l(>  premier  d'entre  eux  rpii  vivait  cent  ans 
avant  lialsamon,  dans  le  commentaire  (pi'il  fait  sur 
ce  canon  :  Or,  à  prcxcnt,  pour  ce  qui  est  des  pénitents, 
je  uc  sais  comment  ces  usnys  se  sont  abolis. 

On  ne  peut  tirer  à  conséquence  contre  ce  que  nous 
venons  de  dire,  la  pénitence  qu'imposèrent  les  légats 
dn  pape  Adrien  ,  dans  le  concile  8'  général,  à  ceux 
qui  avaient  rendu  im  fmx  lémoignago  contre  Ignace  : 
car  les  difléients  digrés  on  stations  dont  il  y  est  fait 
menlion,  sont  entièrement  du  goût  de  l'église  latine,  et 
telh^s  (|u'elles  s'observaienl  encore  alors  en  Occident; 
comme  nous  l'avons  fait  voir  dans  les  chapitres  2  cl  3 
de  C(!ttc  partie,  où  nous  avons  lapporlé  ce  que  firent 
alors  ces  légats  en  se  conformant  aux  usages  de  leur 
église. 

Expliquons  maintenant  plus  en  détail  (pielqucs-nns 
des  points  de  la  discipline  de  la  pénitence,  dont  nous 
avons  parlé  au   coinmeneemenl  de  cet  article.  Nous 
avons  dit    que  les   Grecs    accordent  aux  pénilents 
l'absolution  aiis.-,il(3l  apiTS  leur  confession  ,  et  après 
qu'on   leur  a  prescrit    les   peines  par  lesipiellcs  ils 
doivent  satislaire  à  !a  justice  de  Dieu  ;  c'esl  ce  qu'on 
peut    voir    dans    le    Péiiilenlid    de    Jean-le-Jeû- 
neur,  et  dans  celui  de  Jean  Moine ,   qui  se   trouve 
dans  l'appendice  de  l'ouvrage  du  P.  .Morin  sur  la  Péni- 
tence. Celle  ab.-oliilion  consiste  en  pliisieui-s  prières 
que  récite  le  piètre  sur  le  péniteiil,  demandani  à  Dieu 
qu'il  lui  accorde  la  rémission  de  ses  péchés.  Cependant 
il   ne  peut  approcher  du   sacrement  du  corps  et  du 
sang  de  Jésus  Christ,  qu'il  n'ait  accompli  la  pénitence 
qui  lui  a  été  imposée,  et  qui  dure  sonvenl  plusieurs 
années.  Il  faut  même ,  avant  qu'il  jouisse  de  la  par- 
ticij  alion   des  sainls  mystères,  qu'il  reçoive  une  se- 
conde absolution,  (pii  consiste  de  même  que  l'autre  en 
une  oraison  ou  prière  ([ui  tend  à  demander  à  Dieu  pour 
le  pé(-heur  une  parf-iile  réconciliation.  Cette  !)rioie, 
dans  le  Pénitenliel  du  palriarche  Jean ,  a  pour  titre  : 
Prière  pour  celui  qui  est  lié  par  te  prêtre  ,  quand  il  est 
absous.  Les  paroles  dont  cette   prière  est  composée 
lép.ondenl  au  litre  :  Seiyiieur,  délivrez  par  votre  bonté 
votre  serviteur  iS.,  qui  est  ici  présent,  dnjouq  auquel  il 
estassujéti ,  elc.  On  trouve  la  même  prière  dans  l'Eu- 
coiogc   des  Grecs ,  quoique  sons  un  titre  dilTérent  : 
Prière  pour  ceux  qui  sont  délivrés  de  la  pénitence  qui  leur 
avait  été impos-e.  Dans  nii  ancien  niannscrildeLéon  Al- 
latius,  on  lit  une  autre  oraison,  dcnl  le  litre  est  :  Anlre 
oraison  pour  délier  de  la  pénitence  imposée  à  celui  qui 
est  excommunié;  car  c'est  ainsi  qu'ils  nomment  souvci.l 
la  pénitence  que  l'on  donne  au  péciieiir,  canon,  pour 
marquer  (ju'elle  doit  être  conforme  aux  canons  ou  aux 
règles  établies  par  les  Pères  et  les  conciles.  Ce  litre 
appille  excommunié  celui  à  qui  celle  abs(dution  est 
donnée ,  parce  qu'il  esi  ?(''paié  de  la  parlieipalion  do 
!'Ei:cliarislie  jusqu'à  ce  ([uil  ait  reçu  celle  seconde  ab- 
soliilioii,  qui,  selon  les  auteurs  grecs,  réintègre  cl  per- 
fectionne celle  qui  a  été  auparavant  accordée.  Ce  fruit 
de  la  seconde  absolution  est  bien  marqué  par  ces  ter- 
mes dans  lesqu'  Is  la  prière  qui  se    trouve  dans  un 
ancien  Eu';ologo  d'Allaiius  est  conçue...:  Et  donne»- 


607 

lui  une  parfaite  rémission  ,  vous  qui  ûlea  bon  et  miséri- 
cordieux. 

Les  Grecs  avaient  surtout  un  très-gnnd  soin  que 
personne  n'  «pprochât  des  saints  mys'.èrcs ,  sans  être 
bien  pré,  aie  cl  purilié  de  toutes  les  taches  du  péché  , 
et  c'est  ce  qui  les  engageait  à  n'admettre  les  pécheurs 
à  la  comuiunion  ,  (ju^apros  avoir  acconqili  loule  leur 
pénitence,  au  moins  pour  ronliiiairo.  Le  pairiaiclie 
Jean,  dans  son  Pénilentiel,  le  témoigne  quand  il  parle 
de  cette  sorte  :  ^ous  déterminons  ces  différences  de  pé- 
chés et  de  pénitences  pour  la  communion  :  car  le  phis 
grand  de  tous  les  péchés  est  de  communier  indignement. 
C'est  pourquoi,  un  peu  après  ces  paroles  ,  parlant  de 
ceux  qui  retombent  souvent  dans  les  mêmes  péchés , 
il  ajoute  :  Ils  doivent  se  confesser  toutes  les  fois  qu'ils 
retombent  :  que  s'ils  ont  accompli  les  pénitences  quon 
leur  a  imposées  ,  en  sorte  qu'il  leur  soit  permis  de  com- 
munier, qu'ils  )ie  communient  pas  même  alors  ,  juMju'à  ce 
qu'ils  aient  profilé  et  qu'ils  puissent  faire  me  communion 
vureet  sans  tache.  C'est  ainsi  qu'ils  se  conduiront  s'ilsont 
pitié  d'eux-mêmes  :  car  ce  n'est  que  par  ce  moyen  qu'ils 
se  rendront  dignes  de  la  miséricorde  de  Dieu. 

Ce  que  nous  venons  de  rapporter  des  pratiques  de 
l'église  greapie ,  y  est  encore  en  usage  aujourd'hui. 
Nous  en  avons  un  lémoiii  oculaire  en  la  personne  du 
P.  Gonr,  dominicain,  qui  a  sé'ourné    longtemps  dans 
ni'  de  Chio,  cl  qui  nous  apprend  en  même  Icmp^  de 
quelle  manière  les  Grecs  suppléent  en  (luel.iue  sorte  à 
la  privation  de  TEucharistie  dont  les  pécheurs  sont  pu- 
nis chez  eux.  Il  l'aul  rai»porler  ses  paroles  (  Eucol. 
p.  (îTS  )  :  Quoiqu'on  n'impose  plus  parmi  eux  (  lesGrec.'.) 
la  pénitence  publique,  ils  interdisent  néanmoins  quelque- 
fois à  certains  pécheurs  la  communion  pendant  iine  ou 
plusieurs  années  ,  après  qu'ils  ont  expié  leurs  fautes  par 
la  confession.  lU  consolent  ceux  qui  sont  ainsi  privés  d,- 
l'Eucharistie  par  la  communion  du  pain  béni  qui  en  lient 
lieu  en  quelque  sorte  ,  et  qu'ils  nomment  pour  ce  sujet 
ivTiSôicîv,-  au  lieu  du  sang  précieux,  ils  leur  font  prendre 
de  l'eau  qui  a  été  bénie  à  la  fêle  de  la  Théophanie  :  et 
c'est  le  diacre  qui  la  présente  à  ces  pénitents  les  jours  de 
communion,  à  Pâques,  à  la  fêle  des  apàires  S.  Pierre 
et  S.  Paul,  de  l'Assomption  ,  et  de  la  Nativité  de  notre 
Seigneur,  ils  la  boivent  avec  beaucoup  de  dévotion  ;  et 
cnjin,  la  prière  que  l'on  fait  sur  ceux  que  l'on  décharge  de 
leur  pénitence  étant  récitée  ,  ils  sonl  entièrement  récon- 
ciliés à  l'Eglise.  Peut-être  le  pain  Léni  qui  se  distribue 
les  jours  de  dimanche  dans  les  églises  de  France,  n'a- 
t-il   été  d'abord  institué  que  pour  les  pénitents  dans 
l'intention  de  les  consoler  en  quel(|ue  sorte  de  la  pri- 
I  vation  des  saints  mystères  ,  qui  était  une  suite  de  leur 
état;  et  cet  usage  ensuite  sera  devenu  commun  à  tous 
■  les  lidèles ,   comme  il  l'est  chez  les  Grecs  établis  à 
•  Rome,  ainsi  que  le  P.  Morin  nous  en  assure.  Car  j'ai 
vil,  dit-Il,  dans  leur  église,  la  messe  étant  achevée  , 
que  l'on  distribuait  l'antidorum  a  la  porte  méridionale 
du  sanctuaire  ,  à  tous  ceux  qui  en  vonlaitMit.  Léon  Âl- 
laiiusdans  sa  concorde  de  l'Eglise  Orientale  avec  celle 
d'Occident,  1.  5,  c.  9,  nous  apprend  que  ce  pain  béni, 
qu'ils  nonmient  Eulogie ,  est  le  reste  de  celui  dont  on 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  608 

a  pris  une  partie  pour  la  consécration  ,  que  tous  doi- 
vent manger  à  jeun  ,  et  en  cas  (pie  celui  qui  le   reçoit 
ail  déjà  pris  quelque  chose  ,  il  doit  le  donner  à  celui 
qui  est  près  de  lui  pour  le  consommer.  Il  ajoiiio  cpie  ce- 
lui qui  ne  peut  communier  les  jours  de  grandes  fêtes, 
doit  prendre  de  l'i  au  (|ui  a  été  bénie  le  jour  de  l'Epi- 
phanie ,  autant  qu'il  peut  en  tenir  dans  une  coipiille  ou 
une  cuiller.  Siméon  de  Thessaloiii(|ue  (  E)tarralione  in 
S.  Lilurgiam,  c.  10)  rend  témoignage  de  la  même  pra- 
tique, et  nous  apprend  en  même  temps  que  ce  pain  béni 
cstceqni  reste  de  celui  qu'on  a  présenté  à  l'autel,  et  dont 
on  a  pris  le  milieu  pour  la  consécration.  Il  prétend 
que  ce  pain  a  une  vertu  toute  particulière,  à  cause  des 
prières  et  des  bénédictions  p;ir  lesquelles  il  a  été  sanc- 
tifié. Balsamon  nous  rend  témoignage  d'une  autre  pra- 
tique qui  était  encore  en  usage  de  son  temps  et  qui 
est  un  reste  de  l'ancienne  p  nilence  publique,  savoir 
que  ceux  ipii  étaient  coupables  de  grands  crimes  de- 
vaient se  retirer  dans  le   nurtex ,  durant  la  célébra- 
tion du  saint  sacrifice ,  c'est-à-dire,  dans  la  nef;  car  à 
présent  chez  les  Grecs,  et  depuis  quelques  siècles,  ils 
donnent  ce  nom  à  la  partie  basse  de  l'Eglise,  qui  est 
proprement  ce  que  nous  appelons  nef ,  et  chez  eux 
les  laïques  assistent  au  saint  saciilice  dans  le  chœur 
avec   les  chantres  et  les  aunes  ministres  inférieurs, 
(pioiqu'ils  ne  puissent  jamais  entrer  dans  le  sanctuaire 
nin  plus  que  les  clercs  inféiieurs.  Siniéiui  deThessa- 
['  Ionique  conlirme  la  même  chose  dans  le  cli.  4  du  livre 
que  nous  venons  de  citer  :  car,  parlant  du  chœur,  qu'il 
appelle  vKô^-,  il  dit  que  ceux  qui  sont  tombés  dans  le 
crime  n'osent  y  entrer. 

Après  ce  détail  de  titres  et  de  pratiques  qui  ont 
rapport  à  la  pénitence,  voyons  ce  <|ui  s'est  conservé 
chez  eux  de  la  rigueur  de  l'ancienne  discipline.  Pour 
s'en  former  une  idée  juste,  il  n'y  a  qu'à  jeter  les  yeu.x 
sur  le  pénitenliel  de  Joan-le-Jcûneur.  qui  a  servi  de- 
puis lui  de  règle  aux  confesseurs  pour  imposer  les 
pénitences  à  chaque  e-pèce  de  péohé.  Pour  peu  qu'on 
examine  ce  livre,  on  verra  que  la  pénitence  chez  eux 
est  bien  plus  rigoureuse  que  parmi  nous,  et  a  plus  de 
ressemblance  avec  l'ancienne  que  celle  que  nous  pra- 
tiiiuons.  Cependant  ils  ont  eu  si  à  conir  d'infliger  aux 
pécheurs  des  peines  conformes  à  celles  qui  sont  mar- 
quées par  les  anciens  canons,  que  plusieurs  d'entre 
eux  se  sont  plaints  de  ce  patriarche,  comme  s'd  éner- 
vait la  vigueur  de  la  discipline  par  trop  d'indulgence, 
et  ne  veulent  pas  que  l'on  s'en  rapporte  entièrement 
à  lui,  quand  il  s'agit  d'imposer  la  pénitence,  mais  que 
l'on  prenne  pour  règle  les  anciens  canons.  Aussi 
appellent-ils  encore  aujourd'hui  la  pénitence  canon. 
Donner  le  canon  chez  eux,  c'est  donner  la  pénitence 
ou  la  prescrire. 

Nicéphore  Cartophylax,.daiis  une  lettre  au  moine 
Théodose,  écrite  vers  le  commencement  du  neuvième 
siècle,  parlant  du  pénitenliel  de  Jean-le-Jeiineur,  dit: 
Pour  ce  qui  est  des  canons  publics  par  Jean-le-Jeùneur, 
no::s  avons  reçu  ta  coutume  de  modérer  la  correction 
suivant  les  forces  d'un  chacun,  excepté  que  nous  disons 
j  aue  ce  nui  lui  a  '^ar     '''e  conforme  à  la  discivitne  dci 


609 


PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  UI.  CII.VP.  VIlI.  PENITENCE  CHEZ  LES  GRECS.        610 

canons,  ne  l'est  qu'autant  (iti'ilparailra  avoir  suivi  le  sen-  »  père  mort.  La  date  de  cel  cdit  est  de  !'an  du  monde 
liment  des  Pères.  Celle  censure  indiscrèle  fil  voir  que  i    4628,  iiidict.  8.  Après  y  avoir  condamné  les  qualrièmes 


les  Grecs  ne  se  croyaient  pas  astreints  à  suivre  toujours 
lu  disposition  du  pénilentielde  ce  palriarciie,  et  qu'ils 
aimaient  mieux  souvent  aller  jusqu'aux  sources. 

Le  concile  de  Conslantinople,  tenu  sous  Alexis 
Comnène,  c'est-à-dire,  à  la  (in  du  onzième  siècle,  ne 
garde  pas  tanlde  ménagemenl  avec  Jean  :  carrépondant 
à  la  onzième  des  (pjcsiions  que  lui  avaient  proposées 
quelques  moines,  et  qui  ctaienl  conçues  en  ces  ternies: 
Faut-il,  comme  r ordonne  le  Pénitentiel  du  Jeûneur, 
agir  canoniquenient  ?  il  dit  :  Ce  droit  canonique  du 
Jeûneur  usant  d'une  trop  grande  indulgence  a  perdu 
bien  des  gens  :  ainsi  que  ceux  qui  connaissent  le  bien  et 
qui  sen  écartent,  se  corrigent.  Harmenopule,  célèbre 
canoniste  Grec,  accuse  aussi  souvent  le  patriarche 
Jean  de  trop  de  lacilité  et  d'indulgence.  Cependant 
il  n'est  pas  rare  de  trouver  dans  le  pénitentiel  de  Jean 
des  pénitences  de  dix,  de  douze  et  de  (juinz-eans, 
imposées  pour  certains  crimes  ;  pcnd;int  lesquelles  le 
pécheur  est  privé  de  l'Eucharistie,  et  obligé  pendant 
tout  ce  temps  à  des  jeûnes,  à  des  altstinences  et  à  des 
prières  particulières,  qu'il  doit  réciter  tous  les  jours. 
Il  a  mèiu.'soiii  d'ordonner,  que  l'on  donne  au  péuiient 
l'ordre  de  la  vie  et  des  exercices  qu'il  doit  pratiquer, 
de  peur  qu'il  ne  l'oublie. 

Ce  (]ui  arriva  au  conrjieucement  du  dixième  siècle, 
à  l'occasion  du  qnalriènie  inaiinge  (le  remiicreur 
Léon,  surnommé  le  Philosophe,  est  une  preuve  incon 
leslablc*  de  l'attachement  inviolable  des  cvèques  Grecs 
aux  anciens  c:inons  péniti  ntianx.  Ce  prince  ayant  eu 
trois  fennnes  ditul    il  n'.ivait  point  eu  d'enl'anls,    en 


Apres  y  avoir  condamné  les  quatrièmes 
noces  comme  un  crime  énorme,  il  ordonne  que  si  un 
homme  qui  a  atteint  l'âge  de  quarante  ans  contracte 
un  troisième  mariage  ,  quand  même  il  n'aurait  point 
eu  d'enfanl  de  ses  deux  premières  femmes,  il  soit 
privé  pendant  cinq  ans  de  la  participation  des  saints 
mystères ,  et  qu'on  ne  pourra  lui  faire  aucune  grâce 
là-dessus  :  qu'après  celte  pénitence  de  cinq  ans  il  ne 
pourra,  dans  la  suite,  communier  qu'à  la  fête  de  Pâ- 
ques, y  étant  disposé  par  le  jeûne  du  carême.  De  plus 
il  ne  vent  pas  que  l'on  permetle  absolument  les  troi- 
sièmes noces  à  ceux  qui  ont  passé  l'âge  de  40  ans ,  et 
qui  ont  des  enfants  des  premiers  mariages. 

Telle  était  encore  en  ce  temps-là  rattachement  des 
Grecs  à  l'ancienne  discipline  de  la  pénitence.  Ce  même 
esprit  s'est  conservé  chez  eux  en  quelque  sorte  jusqu'à 
présent.  C'est  ce  qu'il  est  aisé  de  voir  par  ce  qu'écrit 
Siméon  de  Thessalonique  dans  son  pénitentiel,  en  ces 
lernies  :  Q/t'j/s  prennent  garde  (les  prêtres)  de  ne  juger 
que  suivant  la  règle  des  canons,  de  peur  qu'en  se  condui- 
sant autrement,  ils  ne  se  rendent  complices  des  péchés 
des  autres.  Que  personne  ne  se  trompe,  s'imaginant  être 
en  état  de  porter  un  jugement  plus  sain  que  les  Pères. 
Qui  a  été  plus  chaste  et  plus  pur  qu'eux,  et  s'est  plus  ap' 
pliqué  à  ces  choses?  De  plus,  que  personne  n'affecte  de 
paraître  plus  compatissant  qu'eux  pour  les  faibles,  agis' 
sdiil  languissnnunent,  et  se  laissant  tjmber  avec  ceux  qui 
tombent.  Qui  est  assrz  présomptueux  pour  se  croire  plu$ 
humain  et  plus  doux  que  les  Pères?  quelle  autorité  au- 
ra-t-il  s'il  les  dépouille  de  la  leur,  et  va  contre  ce  qu'ils 
ont  statué?  Cel  auteur  ajoute  plusieurs  autres  choses 


épousa  une  f|uatrième  dont  naquit  Constantin,  qui  lui   g  d'inie  égale  force  ,  qui  prouvent  clairement  combien 
succéda  ensuite.  Le  patriarche  Nicolas  ne   pouvant  |  les  Giics  étaient  éloignés  de  régler  leurs  jugements, 


souffrir  que  l'on  violât  ainsi  les  canons  reçus  dans  les 
églises  d'Orient,  entre  autres  le  80*  de  saint  Basile  , 
assembla  un  concile  et  cxcommimia  l'empereur. 
Quelques-uns  des  évècpies  voulaient  que  cette  excom- 
munication fût  bientôt  levée,  mais  le  patriarche  sou- 
tenait qu'on  ne  devait  point  faire  grâce  au  prince  :  de 
là  se  forma  un  sciiisnx-,  les  uns  recevant  l'empereur 
à  leur  conunuiiion,  les  autres  refusant  de  1  y  recevoir, 
quoiqu'il  le  demandât  avec  de  grandes  instances, 
TTs/Àa  Sioylvov  zkI  -îzc/.px/MJ.oûjzy..  Eidin  l'enjpereur  irrité 
chassa  Nicolas  de  son  siège,  l'accusant  de  parjure,  et 
d'avoir  mancpié  à  la  parole  qu'il  lui  avait  donnée  de 
lui  remettre  la  peine  canonique,  toZ  i-i-iy.>..  Il  en  fil 
mettre  un  autre  à  sa  place,  (pi'il  prit  pour  son  père 
spirituel,  et  dont  il  obtinU'indulgence  de  la  peine  ca- 
nonicpie.  Léon  élanl  mort  quelque  temps  après,  son 
frère  Alexandre  ,  qni  lui  succéda,  rappela  Nicolas  et 
le  rétablit  sur  son  siège;  le  schisme  continuant  tou- 
jours, ceux-ci  s'atlachant  à  Nicolas,  ceux-là  à  celui 
qui  venait  d'être  chassé.  Alexandre  ne  ré;;na  pas  long- 
temps, et  eut  pour  successeiu- Constantin  son  neveu, 
qni  réunit  les  évêques  entre  eux,  ayant  puîilié  de  ieiu- 
couscntoment  un  édit  canonique,  quicoiulannie  sous 
de  grossis  peines  le  crime  qui  avait  donné  lieu  à  tous 
ces  maux    M  nyanl  obtenu  d'eux  le  p;.i<loii  pour  iron 


I  dans  le  tribunal  de  la  pénitence,  autrement  que  sur 

j  les  canons  anciens. 

Gabriel,  niélro;;olitain  de  Philadelphe.qui  a  traité 
des  sacreujents  à  la  manière  des  Latins,  cliez  lesquels 
il  avait  fait  ses  études,  et  qui  est  beaucoup  plus  récent 
que  Simé(Hi  de  Thessaloni(pie,  parlant  de  la  satisfac- 
tion (/.  de  Sacram.,  c.  8),  dit  qu'elle  consiste  à  accom- 
p  ir  exactement  la  peine  imposée  par  le  père  spirituel 
(c'est  ainsi  qu'il  nomme  le  confesseur),  selon  la  tradi- 
tion de  l'Église  et  la  règle  des  sacrés  canons  que  nous 
ont  enseignés  tes  docteurs  de  l'église  catholique  et  les  di- 
vines Ecritures.  Enfin  jusqu'à  présent  les  Grecs  ont 
conservé  cette  discipline  :  les  pénitences  chez  eux  ne 
sont  point  arbitraires  ;  ils  suivent  celles  qui  sont  in- 
di(juées  dans  des  recueils  de  canons  qu'ils  ont  pour 
cela,  et  suivant  lesquels  ils  prescriveni  au  pénitent  la? 
ma.iière  dont  il  doit  expier  ses  péchés  et  satisfaire  à  ■ 

l  la  justice  de  Dieu.  C'esi  ce  que  nous  ap.  rend  le  Père 

ÏGoar  dans  ses  notes  sur  l'Eucologe  des  Grecs,  p.  078. 
dont  nous  rapporterons  les  paroles  qui  contiennent, 
sur  le  sujet  dont  il  s'agit,  des  choses  curieuses  el  iu- 
léressantes.  Si  les  pères  spirituels,  dit-il,...  reconnais^ 
sent  que  les  fautes  dont  on  se  confesse  sont  légères  et 
vénielles,  ils  ne  donnent  point  d'absolution  ;  mais  ils  te 
4  contentent  de  donner  aniiablewent  des  avis  pieux,  et  et» 


horlent  la  personne  à  faire  quelque  œuvre  de  dévolwn,  lu  1 1 
tenvoi;avt  ainsi.  Que  s  ils  découvrent  des  péchés  mcrWb, 
au  ils  appellent  ôa;à7(//«,  ils  les  examinent  dans  le  mo- 
nocitnon  quils  ont  à  leur  portée ,  et  soumellent  à  la  ri- 
gueur des  peines ,  suivant  ce  qui  est  marqué  dans  ce 
livre,  les  péchés  dont  ont  s'est  accusé.  El  enfin  ils  réci- 
tent plusieurs  oraisons  sur  le  pénitent,  par  lesquelles  ils 
demandent  pour  lui  tant  la  rémission  des  péchés  passés, 
que  le  secours  de  Dieu  pour  n'en  plus  commettre  de  nou- 
veaux. Après  cela ,  ils  canonisant  loiis  les  péchés , 
xecvoviÇcufft ,  c'esl-à-dire  ,  que  les  ayant  cxaiuiiics  sul- 
vaiil  la  règle  des  canons,  ils  imposent  pour  péiiileiice  j 
les  peines  qu'ils  trouvent  nianinées  par  ces  mêmes 
canons  :  et  c'est  pourquoi  ils  appellent  la  peine  imposée 
canon,  comnie  étant  présente  par  les  canons. 


ARTICLF.    11. 

De  rétat  de  la  discipline  de  la  pénitence  dans  les  autres 

communions  orientales,  depuis  te  sixième  siècle  jusqu'à 

ces  derniers  temps. 

Nous  ne  pouvons  suivre  un  meilleur  guide  que  M.  Uc- 
naudol,  pour  nous  nieltre  au  lait  de  ce  qui  s'est  passé 
et  de  ce  qui  se  passe  encore  aujourd'hui ,  sur  le  sujet 
dont  il  s'agit,  dans  ces  anciennes  communions  orien- 
tales. On  sait  combien  cet  habile  homme  élail  versé 
dans  l'histoire  tant  civile  qu'ecclésiaslique  de  ces  pays, 
dont  il  possédait  les  langues  à  lond  ;  et  combien  il 
s'est  appliqué  à  connaître  les  dogmes  ,  la  discipline, 
leâ  rits  et  les  pratiques  de  ces  églises,  qu'il  nous  ap- 
prend dans  un  grand  détail  dans  ses  livres  de  la  Per- 
pétuité de  la  foi  ;  nous  ne  ferons  donc  que  copier  ici 
ce  qu'il  dit  en  différents  endroits  du  ciniiuième  tome, 
loucbant  l'état  de  la  discipline  de  la  pénitence  dans  les 
différentes  communions  chrétiennes  répandues  dans 
l'Afrique  et  l'Orient 

«  Les  Orientaux,  autant  qu'on  en  peut  juger  par  les 
-f  monuments  d'antiquité  qui  nous  restent,  avaient  de 
{  pareilles  règles  (que  les  Grecs  depuis  le  0'  siècle). 
c  On  ne  voit  dans  leurs  histoires  et  leurs  canons  au- 
I  cun  vestige  de  confession  faite  en  public;inaisilpa- 
«  raît  qu'elle  a  toujours  été  faite  en  secret,  que  toutes 
(  les  instructions  faites  pour  les  prêtres  leur  reciun- 
f  mandent  expressément,  et  même  sous  peine  de  dé- 
«  p  sition,denerévélerpas  les  péehésqui  leur  ontété 
(  dits  en  confessioii.... 
)  «  L'imposition  de  la  pénitence  canonique  suit  im- 
■  »  médialement  la  confession  dans  les  pénilcntiaux 
1  des  églises  dOrient ,  nîais  on  ne  peut  dire  absnhi- 
€  ment  que  leur  usage  ait  été  de  donner  l'absolution 

<  aussitôt,  car  ou  pourrait  même  douter  qu'elle  ail  été 

<  donnée  aussitôt  parmi  les  Grecs.  On  trouve  diverses 
«  oraisons  que  le  prêtre  pronence  sur  les  pénitents 
i  avant  la  confession  ,  d'autres  après  qu'elle  a  été 
«  faite ,  et  d'autres  après  l'imposilion  de  la  péni- 
I  tence.  Elles  conviennent  toutes  d'un  même  sens, 
(  qui  est  de  demander  à  Dieu  miséricorde  et  la  sou-   ; 

<  mission  des  péchés  pour  le  pénitent,  et  pendant  le 
€  cours  de  la  pénitence  le  prêtre  en  dit  de  paredles  ,  ; 
<(  lorsqueceluiquiyesi soumis  travaillcà  s'enacquilter 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  612 

<  La  conformité  de  ces  prières  avec  celles  qui  se  di- 
«  sent  lorsqu'on  réconcilie  entièrement  le  pénitent , 
*  peut  faire  croire  que  les  premières  coutiemient  une 
«  sorte  d'absolution.  Cependant  elle  n'est  pas  assez 
t  marquée  pour  le  pouvoir  assurer,  et  elles  ont  plus 

<  de  conformité  avec  celles  qui  se  disaient  autrefois 
I  dans  l'Église  grecque  et  dans  l'Église  latine  sur  les 

<  pénitents  lorscpi'iis  se  présentaient  pour  recevoir 

<  rimposilion  des  mains  des  évêques  et  des  prêtres... 
«  dont  il  reste  encore  quelques  vestiges  dans  nos 
t  offices  de  la  semaine  sainte.  Mais  il  y  a  beaucoup 
f  plus  de  vraisendtlance  à  croire  que  l'absolution  n'a 
«  été  proprement  donnée  qu'en  même  temps  (pie  les  pé- 
«  nitenls  étaient  admis  à  la  participation  de  l'Eucha- 
i  rislie  :  et  il  ne  paraît  pas  qu'on  puisse  prendre  dans 
c  un  autre  sens  ce  qui  est  marqué  sur  ce  sujet  dans 
i  les  pénitcntiaux  de  Baisalibi  et  d'autres  plus  an- 
i  ciens. 

I  A  l'égard  des  pénitences ,  les  Orientaux  ,  aussi 
c  bien  (jue  les  Grecs ,  les  appellent  canons  ,  parce 
î  qu'elles  ont  été  formées  d'abord  sur  les  anciens  ca- 
«  nous  des  conciles  et  des  Pères  grecs  qui  se  trouvent 

<  dans  les  collections  arabes  et  syriaques.  C'est  pour- 
€  quoi  Lchmini,  Ebnassal  et  divers  caiionisles  ,  non- 
f  seulement  les  ont  conservéesdans  les  recueils  entiers 
«  de  ceux  des  conciles,  comme  des  monuments  d'an- 

<  liquilé  respectables,  mais  ils  les  ont  insérées  dans 

<  les  abrégés  qu'ils  en  ont  fait  par  lieux  communs, 
c  Cela  ne  prouve  pasqn'ils  soient  en  usage,  mais  que)- 

<  ques-uiis  de  ces  canonisles  disent  qu'ils  les  rappor- 

<  tent,  afin  que  les  prêtres  en  étant  instruits,  s'en  ser- 
i  vent  pour  faire  comprendre  aux  pénitents  combien 
t  la  discipline  de  l'Eglise  est  mitigée  à  leur  égard,  et 

<  que  ce  motif  serve  à  leur  faire  recevoir  et  accomplir 
«  les  pénitences  qu'on  leur  prescrit,  avec  plus  de  sou- 
i  mission. 

c  Outre  ces  anciens  canons,  il  y  en  a  plusieurs  qui 
«  ne  sont  pas  de  la  même  antiquité  ,  mais  qui  ne  sont 
«  guère  pdus  récents  que  les  8*  et  9'  siècles,  d;ins  lesquels 
«  la  face  de  l'Egli.-e  d'Orient  fut  entièrement  changée, 

<  par  la  conquête  (|ue  les  M.iboniél.Mis  firent  de  la  plus 
1  grande  partie  de  l'Asie  et  de  l'Alritpie.Ces  canons  sont 
«  tirés  de  la  discipline  de  ces  temps-là  ;  et  une  mar- 

j  i  (jue  certaine  de  leur  antiipiité  ,  est  (pi'ils  sont  ordi- 

<  naiiemeni  plus  sévères  que  ceux  suivant  lesipiels  la 
«  pénitence  a  été  réglée  depuis  plus  de  six  cents  ans. 
«  Ceux-là  se  trouvent  dans  la  collection  de  Rarsalibi, 
(  et  il  y  en  a  d'autres  qui  y  sont  asse/.  conformes  , 
(  mais  de  l'âge  desquels  il  e.^t  difiicile  de  juger,  parée 
i  qu'ordinairement  on  les  trouve  sans  noms  d'auteurs. 

<  Ce  sont  là  les  règles  sur  lesquelles  toute  la  discipline 
«  orientale  a  été  fondée,  et  on  trouve  encore  un  assez 

<  grand  nombre  de  ces  canons  pour  en  faire  un  ample 

<  recueil. 
€  Après  raccomplissement  de  la  pénitence,  ou  eii- 

•t  tière  ou  en  partie  ,  car  le  confesseur  a  toujours  eu 
«  le  pouvoir  de  la  modérer ,  de  l'abréger  ou  de  la 
«  changer,  le  pénitent  recevait  l'absolution,  ei  était 
i  admis  à  la  communion,  ce  qui  était  le  sc'^au  de  sa 


61S       PÉNITENCE.  —  SECT.  111.  PART.  111.  Cil  VP.  VIH.  PÉNITENCE  CHEZ  LES  GRECS.        Ci/^ 


(  pnrfaile  et  entière  réconcilialion.  11  y  a  dans  les  ma-  ; 

<  niiscrils  un  giaïui  ii()nil)ii'  de  prières  pour  absitudie 
[i  les  péniienis,  ei.eoniiiiela  plupart  de  celles  qui  sont 

I  dans  les  pénileniiaux  grecs  cl  latins,  elles  sont  en 
t  forme  dè|iréi  aïoire ,  cl  c'est  ])ar  celle  raison  (|ue 
i  quel(nies  mis.'^ioiinaires  les  ont  eues  pour  suspectes 
(  ou  même  les  ont  condamnées,..,  i 

M.  Kenandiit  expli(pie  ensuite,  d'après  Barsalihi, 
dans  son  pénilenlici,  commeni  se  fait  la  confession,  et 
qui  n'esl  pas  contraire  à  ce  que  nous  en  avons  dil  dans 
la  deuxième  seclion  après  Ahraham  Eeliellensis.  t  Le 
€  confesseur  et  le  pénilcnl  vont  à  l'Eglise,  et  le  cou-  ■ 
t  fesseur  s'assied  à  la  porte.  Le  pénitenl  met  le  genou 

<  droit  à  terre,  et  ayant  la  icte  découverte,  les  mains 
I  joinles ,  et  les  yeux  baissés  ,  il  confesse  tous  ses  pé- 
f  elles  saiH  en  célcr  aucun.  Le  prèlre  rinlerroge,  après 
c  quoi  il  lui  fait  une  courte  exliorlaliou,  pour  lui  dire 
«  que  s'il  a  une  ferme  résoluliou  de  ne  plus  pécher  , 

<  il  (ibliendra  de  Dieu  la  rémission  ]yàv  le  ministère  sa- 
I  ceidolal ,  el  (|ue  de  Icis  pécliés  ne  seront  pas  révé- 
t  lés  à  la  coiifHsi(»n  au  jour  du  jugement ,  ni  punis 
t  comme  ils  acraieul  dû  relie.  Le  péuilenl  demeure 

<  cependant  à  genoux  et  les  mains  jointes.  L'évèque 
€  ou  le  prêtre  disent  quelques  hymnes ,  des  psaumes 
t  el  d'auV'es  prières  marquées  dans  les  oflices  ;  puis 
•  ils  en  disent  de  particulières  sur  le  péuilenl  pour 

<  chaque  péché.  11  y  eu  a  de  celte  sorte  plusieurs  re- 
«  cueillies  par  Denis  Barsalibi,  el  lorsque  le  prêtre  les 
f  prononce  il  impose  sa  main  droite  sur  le  pénitent , 
«  en  quoi  on  peut  remanpier  un  resle  de  l'ancienne 
i  discipline  suivant  laquelle  les  pénitents  doivent  re- 
»  cevoir  souvent  l'imposition   des  mains  des  prêtres. 

I  11  n'y  a  rien  dans  ces  prières  qui  puisse  nous  faire 
f  couiu'ùlre  qu'elles  siguiliasseiil  l'absolulion,  quoi- 
«  quVl'^.s  soient  assez  semblai)les  à  celles  qui  daient 
t  employées  lorsqu'on  la  donnait,  parce  que  leur  sens  i 
(  principal  est  d'implorer  la  ir.iséricorde  de  Dieu  sur  ; 
(  les  pénitents,  afin  qu'eu  accomplissant  les  règles  de 
i  l'Église,  ils  se  rendissent  dignes  de  l'absolnlion  qui  ; 

<  leur  était  accordée  pleinement,   lorsiju'ils  étaiciit 

<  admis  à  la  conununiou.  Si  cela  peut  être  regardé  ; 
t  comme  une  absolution  préparatoire,  c'est  une  ([ues-  ' 
i  lioii  que  nous  ne  trouvons  pas  dans  les  théologiens  ; 
i  orientaux,  qui  ont  ignoré  les  snblililés  que  divers 

tliéiilogiens  du  moyen  el  du  lernier  âge,  ont  appor-  ' 


i  (\m  fait  connaître  qu'ils  sont  pins  anciens,  et  que 
«  les  autres  le  sont  moins,  iiKinpie  ctrlaine  (pi'ils  sont 
«  plus  récents  ,  parce  qu'il  est  ordinaire  rju'oii  se 
I  relâche.  »  .M.  Ueiiaudol  remarque  que  les  Ncsloriens 
cl  les  Eulychieus  ou  Jacobiles,  en  se  séparant  de 
l'Église,  ne  changèrent  pas  la  discipline  qui  y  était 
établie,  au  moins  de  propos  délibéré,  et  que  leurs  re- 
cueils de  canons  ne  contiennent,  pour  la  plupart,  que 
ces  anciens  règlements  qui  avaient  été  faits  avant 
leur  entière  séparation  sur  celte  matière,  dont  les 
uns  sont  adaptés  aux  usages  du  lemps  auquel  ils  ont 
été  recueillis,  les  autres  y  sonl  reiiréseiilés  tels  qu'ils 
ont  été  faits,  plutôt  pour  montrer  au.x  prêlres  com- 
ment ils  se  de\iaient  conduire,  que;  pour  leur  pr(;s- 
crire  des  règles  auxquelles  ils  dussent  liliéralcmenl 
s'allacber  dans  l'imposilion  de  la  pénitence.  H  re- 
marque de  plus  que  les  patriarches  de  ces  dilTércnles 
communions,  abusèrent  souvent  de  l'auloriié  qu'ils 
avaient  d'abréger  le  temps  de  la  péiiileiicc,  surtout 
depuis  que  les  Maliométaus  se  furent  rendus  les  maî- 
tres des  peuples  soumis  à  leur  autorité.  Ils  usèrent 
de  celte  espèce  diiidulgrnce,  tant  par  ftiiblesse,  que 
de  crainte  que  les  péiiitenis  ne  se  portassent  au  dé- 
sespoir et  ne  se  fissent  Mahométans.  Cette  mollesse 
cul  de  fâcheuses  suites,  et  fut  cause  que  la  discipline 
de  la  pénitence  se  relâcha  exlréraeineiit  parmi  les 
Orientaux.  <  Enfin  ,  dans  le  douzième  siècle ,  on  fit 
«  quelques  nouveaux  recueils  pour  apprendre  aux  mi- 
«  uislres  de  l'Eglise  conimeiil  ils  devaient  dispenser 
«  la  grâce  de  la  réconciliation  aux  pécheurs.  Tel  fut 
i  le  dessein  de  la  collection  de  Denis  Barsalibi,  doat 
«  il  est  à  propos  de  donner  quelques  exemples.  Celui, 

<  dit-il,  qui  a  commis  voloiilairemenl  îtn  homicide  en 
i  ta  personne  (Cun  chrétien,  jeûnera  40  jours  au  pain 
i  et  à  l'eau,  sans  vin  et  sans  huile;  il  jeûnera  de  la  même 
t  manière  le  jeûne  de  Noël  et  celui  des  Apôtres,  et  pcn- 
t  dant  le  carême  il  le  rompra  seulement  le  jeudi  et  le 
€  samedi-sainl,  et  le  jour  de  Pâques  el  de  I^'oèl,  usant 
€  de  vin  el  d'huile,  cl  mamjeanl  du  poisson.  Il  passera 

<  ainsi  deux  années,  jeûnant  de  cette  manière  les  jeûnes 

<  ordinaires,  excepté  les  jours  marqués.  La  première 
I  année,  il  n  entrera  point  dans  l'église,  mais  il  demeu- 
«  rera  à  l'entrée,  prosternée"  Isire,  pleurant  ses  péchés. 
«  Enfin,  il  jeûnera  les  tnercredis  et  les  vendredis  tout  le 

reste  de  sa  vie;  el  nous  défendons,  dil  le  nièuie  ca- 


f  lées  dans  les  écoles  sur  ccwe  matière.  Ce  que  le  \    »  non,  au  prêtre  de  diminuer  cette  pénitence 


I  p.  Mi>rin  a  dit  des  Grecs,  qu'ils  donnaient  l'absolu- 
<  lion  en  imposaiil  la  i)éniicuce,  peut  avoir  rapport 
i  à  ces  prièrrs  :  mais  celle  conjecture  peut  souffrir 
I  quelque  difficullé  à  l'égard  des  Orientaux,  et  comme 
t  nous  n'avons  pas  dans  leurs  livres  les  secours  né- 
t  cessaires  pour  l'éclaircir,  nous  en  laisserons  le  ju- 
c  gemeut  aux  savants.  .Vprès  celle  première  action, 
t  qui  esi  le  fondement  de  la  pénitence  canonique,  le 
c  prêtre  imposait  \o,  canon,  c'est  à-dire,  les  peines 
i  prescrites  par  les  canons,  pour  chaque  \)écUé  sui- 
I  vaut  sa  griéveté.  Il  resle  dans  les  livres  Syriaques 
(.  et  Arabes  plusieurs  colleclious  de  ces  canons^  avec 
celte  différence  que  le-;  uns  sont  plus  sévère.-,  ce  '' 


Danc  le  même  pénilenliel  de  Barsalibi,  la  simple 

«  fornicalio'"  est  punie  d'un  au  de  pénitence,  pendant 

I  huiuelle  le  péclicur  est  privé  de  rLucharisiie  :  jeu- 

«  nanl,  outre  les  carêmes  ordinaires,  quelques  joi;i's 

I    <  de  la  semaine,  faisant  aussi  cent  génnllcvioiis  eu 

t  proslernemenls  par  jour,  et  de  plus  il  donnera  aux 

i  pauvres  d.nix  deniers  d'or.  La  iiénileiice  est  doid)!e 

j  I  «  pour  les  adultères.  i.Les  pénitences  pour  les  autres 

.  '  esjtèccs  de  péchés  sont  à  peu  près  sur  ce  pied-là,  eu 

'  égard  à  la  grandeur  ou  à  la  léi;érclé  de  la  faute  à  la- 

,^j  quelle  on  proportionnait  les  peines  satisfaetuires.  M. 

j;  Kenaudot  en  rapporte  plusieurs  cxciui»les  qu'on. peuj 

1  vo'r  l'vn.  3  de  la  l'erpéluilé,  ele.  (I.  i,  c.  2), 


glg  HISTOIRE  DES 

«  Après  coite  imposilion  des  peines  canoniques,  le 

<  prélrc  (lisail  nn  oITice  d-sliné  pour  celte  fonclion, 
«  qui  a  une  entière  coiilonnilé  avec  plusieurs  qui  se 
i  irouvenl  diiiis  nos  anciens  sacranicntaircs  avec  ce 
«  lilre  :  Ordo  ad  dundam  pœnitLnt'w.m,  et  qui  sont 
i  assez  semblables  à  ceux  des  Grecs.  Voici  ce  qu'il 

<  contient.  Le  prèlre  dit  d'abord  u)ie  oraison  pour  de- 
i  mander  à  Dieu  qiCil  oublie  nos  pécliés,  quil  nous  com- 
«  ble  de  ses  miséricordes,  el  qu'il  nous  fasse  marcher 

<  dans  ses  voies.  Puis  il  dit  im  répons  ;  le  commence- 

t  ment  du  psaume  50,  deux  autres  prières  au  nom  du  jj 
i  pénitent  :  un  autre  répons  et  quelques  oraisons.  En- 
f  suite  te  prèlre  met  de  l'encens   dans  l'encensoir,  et 
«  après  les  encensements,  il  dit  les  oraisons  pour  les  prin- 

<  cipaux  péchés,  qui  sont  marquées  dans  un  livre  à  part. 
t  11  lit  une  leçon  des  actes  des  Apôtres,  une  de  S.  J'ic- 
t  ques,  oii  il  est  parlé  de  la  confession  des  péchés,  et  une 
t  troisième  de  l'épilre  aux  Epltésiens.  Après  (iuoi,leprê- 

<  tre  impose  les  mains  sur  la  tète  du  pénitent,  puis  il 
i  récite  une  prière  au  nom  du  pénitent  en  forme  de  con- 
i  fession.  Cette  prière  (init  par  une  p  irticulière  pour 
i  le  pénitent,  qui  se  retire  alors.  Tout  ce  détail  est 

f  tiré  de  Barsalibi,  et  représente  ce  qui  se  trouve  dans  , 
«  les  autres  anlcurs  (pii  ont  parlé  de  la  Pénitence.  »  ; 
M.  Renaudot  ajoule  qu'outre  les  jeûnes,  les  pros-  j| 
ternemenls  ou  génuflexions  que  les  Grecs  nomment  | 
//sràvîiK,  nom  que  les  Syriens  et  les  Arabes  nul  cou-  j| 
serve  |)om'  sifiuifier  la  même  cliose,  les  aumônes  et  | 
austérités  qui  l'ont  chez  eux  partie  des  jeines  canoni-  '| 
ques,  ils  nvtlent  encore  de  ce  nond»ro  la  rédemption  | 
des  captifs,  snrloul  pour  les  grands  crimes,  et  le  pé-  | 
Icrinage  de  Jérusalem,  i  C'est  ce  qui  a  fait  que  depuis  | 

<  le  commencement  de  l'empire  Mahomélan.  toutes  i| 
i  les  nations  et  les  sectes  y  ont  eu  des  églises  1 1  des  h 


t  chapelles  ;  ce  (lui  subsiste  encore.  On  trouve  dans 
1  riiisloire  des  Jacobites  d'Alexandrie,  que  rien  ne 
1  les  affligea  davantage  que  la  défense  que  firent  les 
«  Francs,  lors(|u'ils  étaient  maîtres  de  Jérusalem,  d'y 

<  recevoir  les  Cophles. 

t  Les  canons  anciens  et  modernes  ordonnent,  ontre 
«  cela,  que  les  pénitents  feront  célébrer  plusieurs  li- 
«  lurgies,  et  par  conséquent  ell  s  devaient  être  célé- 
I  brées  durant  le  cours  de  la  pénitence,  puisqu'elle 
t  était  achevée  aussitôt  qu'ils  avaient  reçu  l'absolution 
«  et  la  communion,  à  moins  que  par  ces  mêmes  ca- 

<  nous,  on  ne  leur  prescrivit  quelque  mortificatio:i  (|ui 
I  devait  durer  encore  après,  comme  il  s'en  trouve 
I  des  exemples.  A  ces  liturgies,  Iç  pénitent  pouvait 
c  assister,  à  moins  qu'il  n'eût  commis  de  ces  grands 
«  péchés  pour  lesquels  il  était  exclu  duianl  quelque 
«  temps  de  l'entrée  de  l'Église.  On  ne  voit  pas  néan- 

<  moins  de  preuve  tpi'il  y  assistât,  et  cela  ne  paraît 

<  pas  nécessaire,  il  sulïisaii  (p\M  offrit  à  l'Église  ce 
c  qui  était  ordonne  pour  célébrer  une  liturgie;  car 
I  dès  le  temps  de  Barsalibi,  la  coutume  de  donner 
«  pour  cela  de  l'argent  en  forme  d'oimiôiic  parait  éta 

i  blie  ;  c'était  donc,  à  proprement  parler,  ime  messe 
«  pour  le  pénitent,  qu'il  n'aurait  pas  été  permis  de 
I  célébrer  s'il    n'avait   pas   été  actuellcmeni    daiis 


SACREMENTS.  61G 

(  l'exercice  de  sa  pénitence.  Car  quoiqu'on  priât  en 

I  c  général  pour  les  pécheurs,  c'était  comme  l'Église 
€  prie  pour  les  infidèles.  Quand  elle  recevait  Tau- 
«  mône  du  pénitent  pour  célébrer  la  liturgie,  c'était 
«  un  commencement  de  réconciliation,  qui  le  prépa- 
«  rait  à  être  bientôt  admis  à  la  sainte  table.  11  y  avait 

<  ensuite  un  second  degré  lorsqu'il  offrait  à  l'Autel 
i  son  offrande  et  qu'elle  était  reçue,  en  conséquence 

<  de  quoi  le  prêtre  le  nonnnait  dans  les  dypliques.  » 
El  alors  il  était  censé  réconcilié,  et  pouvait  recevoir 
la  communion,  suivant  le  droit  commun. 

Li;s  auteurs  de  ces  sectes  ou  communions  schisma- 
liques  couviennent  que  :  «  le  prêtre  a  la  |)uissance  de 
«  modérer  la  pénitence,  de  la  commuer  en  d'autres 
«  bonnes  œuvres ,  d'en  abréger  le  temps,  et  de  sou- 
«  lager  le  pénitent  s'il  l'en  trouve  digne.  11  est  vrai 
«  (jue  s'ils  en  avaient  usé  ,  suivant  les  règles  très- 
1  sages  de  Michel,  patriarche  d'Anlioche,  d'Ebnassals, 
c  de  Barsalibi,  cl  de  toutes  les  instructions  anony- 
i  mes,  ils  ne  seraient  pas  tombés  en  d'aussi  grands 
«  abus  que  ceux  qui  se  sont  introduits  dans  la  suite, 
«  et  qui  même  détruisent  toute  la  disci|iline  parmi 
(  les  Cophles  ;  mais  nous  parlons  des  règles  auxquel- 
«  les  ils  sont  tenus  de  se  conformer. 

Les  ecclésiastiques  ont  surtout  abusé  du  pouvoir 
qu'ils  avaient  de  faire  racheter  une  partie  de  la  péni- 
tence par  des  aumônes  ;  «  car,  sous  ce  prétexte,  nous 
«  apprenons,  dit  M.  Renaudot,  p.  255,  de  plusieurs 
4  lémoiiis  dignes  de  foi,  que  sjuvenl  toule  la  péni- 
i  tence  se  réduit  à  C(!  qui  passe  pour  aumônes,  et  qui 
«  est  cependant  une  taxe  et  une  exaction  simoniaqu?, 
«  que  les  confesseurs  s'ajiproprienl.  Ceux  qui  abu- 
«  sent  ainsi  de  leur  ministère,  sont  condamnés  par 
«  les  docteurs  de  leur  propie  Église.  »  Le  même  au- 
n  leur  nous  apprend  que  malgré  ces  abus  et  plusieurs 
autres  qui  ne  sout  (|iie  irop  fréciuents  chez  ces  chré- 
tiens d'Orient,  les  prêtres  imposent  de  rudes  péni- 
tences, surtout  des  jeûnes,  des  prosternements  et  de 
longues  prières,  que  les  pénitents  ne  peuvent  ordi- 
nairement racheter.  Il  ajoute  a  que  plusieurs  mission- 
«  naires  les  ont  scandalisés,  lorsqu'ils  leur  ont  pro- 
«  posé,  comme  un  avantage  que  leur  procurerait  la 
«  réunion  avec  l'Église  catholique,  l'exemption  entière 

<  de  toutes  les  pénitences.  Si  par  ce  moyen,  qui  n'est 
«  pas  selon  son  esprit,  ils  en  ont  attiré  quelques-uns, 
s  entre  autres  des  prêtres  qui  auraient  dû  être  séjta- 
«  rés  pour  longtemps  ,  cl  qui  recevaient  l'absolution 
î  dans  le  moment,  celte  indulgence  a  aliéné  ceux  qui 
«  ayant  de  la  crainte  de  Dieu  et  des  moeurs  plus  ré- 
t  glées,  la  regardaient  comme  un  renversement  en- 
i  lier  de  la  j  énitence.  Lu  Jubilé  envoyé  en  Ethiopie, 
I  fut  suivi  d'un  renversement  entier  des  travaux  de 
I  plusieurs  années  pour  la  réunion  de  cette  n:iiion, 
€  le  métropolitain  ayant  publié  un  bai)téme  gé:  éi  al, 
«  comme  devant  avoir  un  plus  grand  effet  pour  la  ré- 

<  misioii  des  péchés.  Quoiqu'il  y  ait  peu  de  pays 
«  chrétiens  où  la  discipline  soit  plus  renversée  qu'en 
«  Ethiopie;  que  les  ecclésiastiques  (jui  s'opposèrent 
'  le  plus  à  la  réunion  fussent  très-ignorants  ;  que  Iç 


1  S!7  rfeNtrENCE.  ~  SECT.  111.  PART.  IV.  CIlAP, 

I  désordre  fûl  général  dans  la  nation,  et  qne  par  con- 
I  sëqiient  elle  dùl  être  fort  éloignée  des  senlimcnis 
«  (jue  produit  un  zèle  éclairé  pour  la  discipline  ;  le 
I  reprociie  que  liront  les  ecclésiastiques  aux  rnission- 
c  naires  portugais,  touchant  l'aholilioii  de  la  péni- 
c  Icnce,  porta  les  peuples  à  de  si  grandes  extrémités, 
«  qne  le  mal  a  été  jusqu'à  présent  sans  remède. 

«  Il  nous  reste  à  parlor  de  la  pénitence  des  ecclé- 
t  siastiqiies,  laqiielli',   suivant   les   anciens  canons , 

<  consisiail  diiiis  la  déposilicin,  puisipi'on  ne  les  niet- 
I  lait  pas  eu  pénitence.  Celle  discipline  s'élanl  abolie 
«  peu  à  peu,  se  ironva  piesque  hors  d'usage  quand 
«  les  éi^Iises  orientales  subirent  le  joug  lyrannique 
«  des  M;di()inélans....  On  peut  juger  néanmoins  que 
c  les  anciens  canons  n'élaienf.  pas  enlièrenjoul  ou- 
t  bliés,  puisqu'ouire  ceux  des  conciles  et  des  Épîlres 
«  canoniques  insérés  dans  les  ancieimes  collections, 
«  eelies  que  nous  av(ms  citées  coi  me  plus  anciennes 
t  que  Barsalibi,  établissent  pour  pbisiein'S  péchés  la 
«  peine  de  déposition,...  mais  il  ne  s'y  trouve  qu'un 
f  petit  iiond)re  de  péchés  punis  de  celle  sorte,  en  quni 

<  celte  disci|)line  s'éloignail  de  l'ancienne,  suivant 
«  laquelle  tout  ecclésiastique  élail  déposé  pour  les 
«  péchés  ca;  ilaux  qui  l'auraient  exclu  des  ordres  sa- 

<  crés  avant  son  ordination. 

<  Le  changement  entier  lut  introduit  dans  le  dou- 
f  ziénie  siècle,  et  on  a  sujet  de  critire  (|ue  Barsalibi 
1  proposa  d'abord  ce  tempérament ,  et  qu'il  fut 
«  approuvé  comme  prudent  el  convenable  aux  circon- 

<  slances  du  temps.  Ce  lut  de  doubler  aux  ecclésiasli- 

<  ques  la  pénitiMice  que  Ion  imposait  aux  laï(|ues. 
«  On  ne  remarque  rien  ni  dans  les  canons  ni  dans 
«  l'histoire  qui  soil  contraire  à  cille  disposition,  ce 
t  qui  peut  (aire  juger  qu'elle  a  été  suivie,  d'autant 
i  plus  (pi'il  n'y  a  dans  les  collections  postérieures, 
f  presfpie  aucim  canon  particidier  sur  les  ecclésiasli- 
I  ques,  t-inon  qnel(|iies-uns  qui  paraissent  assez  con- 
(  formes  à  celle  nouvelle  discipline.  » 

Barsalibi  avait  pu  |;rendre  ce  tempérament  des  grecs 
du  moyen  âge,  chez  (pii  il  s'était  inlroduil,  comme 
nous  avoni  vu  dans  le  chapitre  précédent.  Voilà  ce 
que  M.  Benaudot  nous  apprend  de  la  discipline  des 
églises  d  Orient  louchanl  la  pénitence.  Nous  n'a.ons 
lail  que  le  transcrire,  excepté  qu'en  quel  jues  endroits 
nous  l'avons  un  peu  abrégé,  quoique  nous  ayons  mis 
des  guillemets  à  la  marge,  parce  que  nous  nous  som- 
mes servis  de  ses  paroles,  autant  (pie  la  liaison  du 
discours  l'a  permis.  Dans  les  endroits  où  nous  n'a- 
vons point  mis  ces  marques,  nous  nous  sonimcs  con- 
lenlés  d'en  rapporter  1(>  sens. 


QUATRIEME  PARTIE. 

PAR  QUF.IS  DF.CniîS  ET  PAR  QUELLES  OCCASIONS  LA  DISCI- 
PLINE DE  lA  PÉNITENCE  s'est  RELACHI'jE  DEPLIS  LA  FIN 
ru  ONZIÈME  SIÈCLE  JUSQUE  VERS  LE  MILIEU  DU  TREI- 
ZIÈME. ÉTAT  DE  LA  PÉNITENCE  DANS  LE  DOUZIÈME  ET 
LE  TREIZIÈUE  SIÈCLE. 

Après  avoir  expliqué  avec  le  plus  de  neiieié  et  de 
brièveté  qu'il  nous  a  éi4  possible  comment  la  disci- 
m.  XX. 


1.  PfiNlT.  AUX  XI*,  Xll*  ET  XIIl'  SIÈCLES.  61 8 

pline  de  la  pénitence  s'est  conservée  depuis  les  pre- 
miers siècles  jusqu'au  douzième ,  ou  la  fin  du  précé- 
dent, avec  les  divers  changements  qu'elle  a  reçus,  il 
nous  reste,  pour  remplir  nos  engagements  àcelégard, 
à  faire  voir  comment  et  par  quelles  occasions  elle  est 
enfin  décline  de  son  ancien  étal,  et  a  éléamei.ée  à  peu 
près  au  point  où  nous  la  voyons  aujourd'hui. 

CHAPITRE  PRE.MIEB. 

Idée  abrcyée  de  t'élal  de  lu  pénitence  cnnonique  dans  cet 
temps-là,  et  des  occasions  qui  ont  donné  lie"  à  su  dé- 
cadence. 

Nous  avons  commencé  celte  5'  section  de  l'action 
de  la  pénitence  parmi  extrait  d'un  discours  de  M.  l'ab- 
bé Fleuri  ,  dans  lequel  il  explique  l'étal  de  la  |iéiii- 
tence  dans  les  siècles  où  la  piété  était  la  plus  floris- 
sante el  la  plus  éclairée,  cl  en  fail  voir  tous  les  avan- 
tages pour  le  salut  des  âmes.  Nous  commencerons 
aussi  celte  quatrième  partie  ,  qui  est  à  proprement 
parler  l'Iiistoiie  de  la  chute  de  la  pénitence  canonique, 
par  quelipies  extraits  du  quatrième  et  du  sixième  dis- 
cours du  mémeauleiir  sur  le  sujet  que  nous  entrepre- 
nons de  traiter  présenlenieni.  Il  y  expliipieen  peu  de 
mots  dans  quel  état  se  trouvait  la  discipline  de  la  pé- 
nitence dans  le  douzième  et  le  treizième  siècle,  et 
par  quelles  voies  elle  élail  déchue  de  son  ancienne  ri- 
gueur. 

Cesl  ce  qui  est  arrivé  au  sujet  de  la  fénilence  ca- 
nonique. Elle  s  était  conservée,  comme  vous  avez  vu, 
avec  divers  cliangements  jusqu'au  commencemenldu 
douzième  siècle,  tant  par  la  vigilance  desévè;piesqne 
par  la  piété  de  nos  rois  qui  les  aidaient  de  tonte  leur 
puissance  pour  Aiire  exécuter  les  lois  de  TtgUse  tou- 
chant la  pénitence  ;  lorsque  l'on  vil ,  pour  ainsi  dire  , 
toul-à-coup  celle  discipline  salutaire  changer  de  face. 
«  On  tourna,  dil  M.  Fleiiry  {dise,  l,  p.  2i),  les  péni- 
«  tences  publiques  en  snp|)lices  et  en  peines  lempo- 
«  relies.  J'appelle  supplices  ces  spectacles  affreux  que 
«  l'on  donnait  au  jinblic,  faisant  paraître  le  iténilent 

<  nu  jns(iu'à  la  ceinture,  avec  une  corde  au  cou  eldes 
î  verges  à  la  main  ,  dont  il  se  faisait  fustiger  par  le 
i  clergé,  con;me  on  fit  entre  autres  à  Uaimond  le  Vieux, 
i  conile  de  Toulouse.  Je  ne  doute  point  (pie  ce  ne  soit 
î  l'origine  des  amendes  honorables  reçues  depuis  plu- 
«  sieurs  siècles  dans  les  tribunaux  séculiers,  mais  in- 
I  connues  à  toute  l'anllipiité,  el  c'est  aussi  la  soiirco 
î  de  ces  confréries  de  pénitenls  établies  dans  quel- 
«  ques  provinces....  ces  pénitences  éîaieiu  plus  spé- 
1  cieuses  ((ue  sérieuses,  ce  n'était  pas  des  preuves  de 
t  la  conversion  sincère  du  pécheur,  ce  n'éiait  souvent 
i  (jue  des  effets  de  la  crainte  de  perdre  ses  biens  tem  - 
«  porels.  Le  comte  de  Toulouse  craignait  la  croisade 
i  «pie  li-  Pape  faisait  prêcher  contre  lui...  Ce>  péni- 

j  <  tences  forcées  n'élaienl  p  is  durables  ;  -îa  honte  que 
«  l'on  y  joignait,  loin  de  produire  une  confusion  salu- 
î  taire,  ne  faisait  qu'aigrir  le  pé<  heiir,  et  lui  fiirecher- 
i  cher  la  vengeance  de  l'affionl  qu'il  avail  reçu.  Car, 
i  comme  dil  *ainl  Chrysostonic ,  celui  qui  est  insulté 

<  en  devient  plus  andacionx,  il  perd  le  rospec»  et  m^ 

20 


«19 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


620 


prise  celui  qui  l'insulte.  Pour  rendre  les  pénitences 
plus  sensibles ,  on  y  joignait  des  amendes  pécu- 
niaires que  l'on  exigeait  avant  de  donner  l'absolution  ; 
et  pourvu  qu'elles  fussent  payées,  on  passait  facile- 
ment le  reste  de  la  pénitence.  Ainsi  les  pénitences 
et  les  absolutions  devinrent  des  affaires  leniporclles 
à  l'égard  des  particuliers  aussi  bien  que  des  princes. 
Il  ne  fut  plus  question  de  s'assurer  par  de  longues 
épreuves  de  la  conversion  du  cœur  ,  qui  étaient  le 
but  des  pénitences  canoniques,  mais  de  prendre  des 
sûretés  pour  la  restitution  des  biens  usurpés  ou  pour 
le  paiement  de  l'amende  ;  et  comme  le  pénitent , 
principalement  si  c'était  un  prince ,  était  pressé  de 
faire  cesser  les  effets  de  rexcommunication  ou  de 
l'interdit  ;  il  commençait  par  se  faire  absoudre  j 
en  promettant  de  satisfaire  à  l'église  dans  un  certain  j 
terme,  sous  peine  d'être  excommunié  de  nouveau.  | 
L'exécution  manquait  souvent,  et  alors  c'était  à  re-  j 
commencer....  En  même  temps  s'introduisit  l'usage  j 
même  de  donner  l'absolution  dans  la  pénitence  se-  ! 
crête  aussitôt  après  la  confession  et  la  pénitence  j 
imposée  et  acceptée  ;  au  lieu  que  dans  l'antiquité 
on  ne  la  donnait  qu'à  la  lin  ,  ou  du  moins  après 
qu'une  grande  partie  de  la  pénitence  était  accom- 
plie. Ce  changement  fui  fondé  sur  les  raisonnements 
des  docteurs  scolastiques ,  que  l'on  ne  devait  pas 
refuser  l'absolution  extérieure  à  celui  que  l'on  de- 
vait croire  l'avoir  déjà  reçue  de  Dieu  inlérienre- 
nient  en  venu  de  la  contrition  qu'il  paraissait  avoir 
dans  le  cœui  ;  et  qu'étant  en  état  de  grâce  il  ferait 
plus  facilement  les  œuvres  salisfactoires.  Mais  il  fal- 
lait considérer  qu'un  homme  est  bien  plus  excité 
par  l'espérance  d'obtenir  ce  qu'il  désire,  que  par  la 
reconnaissance  de  l'avoir  reçu  ,  ou  par  la  lidélilé  à 
la  promesse  qu'il  a  faite  pour  l'obtenir.  Le  malade 
observe  mieux  le  régime  qui  lui  est  prescrit  pour 
recouvrer  la  santé,  que  pour  la  conserver  quand  il 
est  guéri.  On  voit  peu  de  créanciers  qui  voulussent 
donner  quittance  par  avance  sur  la  promesse  que  fe- 
rait le  débiteur,  môme  avec  serment ,  de  payer  à 
certain  terme.  D'ailleurs  les  pénitences,  c'est-à-dire, 
les  œuvres  satisfacloires,  s'éloignaient  de  plusen  plus 
de  la  sévérité  des  anciens  canons,  que  l'on  ne  propo- 
sait plus  aux  confesseurs  que  comma  des  exemples 
pour  les  diriger  et  non  des  règles  pour  les  obliger.... 
Quelques  docteurs  allèrent  jusqu'à  dire  que  c'était 
judaiser  que  de  s'attacher  à  la  lettre  des  anciens 
canons.  On  étendit  à  tous  les  prêtres  le  droit  qu'a- 
vaient toujours  eu  les  évêques  de  mitiger  les  péni- 
tences soit  en  les  adoucissant,  soit  en  en  abrégeant 
le  temps  :  enfin,  on  établit  la  maxime  générale  que 
les  pénitences  étaient  arbitraires  :  et,  comme  dès  lors 
le  nombre  des  confesseurs  était  très-grand  ,  il  ne 
laut  pas  s'étonner  si  celle  estimation  n'a  pas  tou- 
jours été  prudente  ,  et  si  les  pénitences  sont  deve- 
nues légères,  même  après  les  grands  péchés. 
«  11  est  vrai  que  la  multitude  des  indulgences  et  la 
facilité  de  les  gagner  était  un  grand  obstacle  au  zèle 
des  confesseurs  les  plus  éclairés.  H  était  difOcilc  de 


persuader  des  jeûnes  et  des  disciplines  à  un  pêcheur 
qui  pouvait  les  racheter  par  de  légères  aumônes  ou 
la  visite  d'une  église,  car  les  évêques  du  douzième 
et  du  treizième  siècle  accordaient  des  indulgences 
à  toutes  sortes  d'œuvres  pies,  comme  le  bâtiment 
d'une  église,  l'enlreiien  d'un  hôpital ,  enfin  de  tout 
ouvrage  public,  un  pont,  une  chaussée,  le  pavé  d'un 
grand  chemin.  (îes  indulgences,  à  la  vérité,  n'étaieiit 
que  d'une  partie,  mais  si  l'on  en  joignait  plusieurs, 
on  pouvait  racheter  toute  la  pénilence.  Ce  sont  ces 
indulgences  que  le  quatrième  concile  de  Latran  ap- 
pelle indiscrètes  et  superflues  qui  rendent  méprisa- 
bles les  chefs  de  l'Église  et  énervent  la  satisfaction 
de  la  pénilence.  Pour  en  réprimer  l'abus,  il  ordonne 
que  pour  la  dédicace  d'une  église ,  l'indulgence  ne 
soit  pas  de  plus  d'une  année,  quand  même  il  s"y  trou- 
verait plusieurs  évêques,  car  chacun  prétendait  don- 
ner l-a  sienne.  Guillaume,  évèque  de  Paris,  dans  le 
même  siècle,  nous  explique  les  motilsde  ces  indul- 
gences. Celui  qui  a  le  pouvoir  d'imposer  des  satis- 
factions pénales,  peut  aussi  les  augmenter  et  dimi- 
nuer, selon  qu'il  le  trouve  expédient  pour  l'honneur 
de  Dieu,  le  salut  des  âmes,  l'utililé  pnbli(jue  ou  par- 
ticulière. Or,  il  est  manifeste  qu'il  revient  plus  d'u- 
tilité aux  âmes  et  d'honneur  à  Dieu  de  la  construc- 
tion d'une  église  oii  il  soit  continuellement  servi 
par  des  prières  et  des  sacrifices  ,  que  par  les  plus 
grands  tourments  des  œuvres  pénales  ;  il  est  donc 
du  devoir  de  l'évêque  de  les  convertir  en  ces  plus 
grands  biens.  Et  ensuite  il  est  vraisemblable  que 
les  saints  qui  ont  tant  de  crédit  auprès  de  Dieu  ob- 
tiennent de  lui  de  très-grandes  indulgences  pour 
ceux  qui  les  honorent  en  faisant  du  bien  à  leurs 
églises  où  on  révère  leur  mémoire.  Quand  aux  indul- 
gences qui  s'accordent  pour  la  consiruclion  ou  la 
réparation  des  ponts  ou  des  chemins,  c'est  que  ces 
ouvrages  servent  aux  pèlerins  et  autres  qui  voya- 
gent pour  des  choses  pieuses,  sans  compter  rulilité 
commune  de  tous  les  fidèles. 
<  Ces  raisons,  si  elles  étaient  solides  ,  auraient  dû 
1  toucher  les  saints  évêques  des  premiers  siècles  qui 
i  avaient  établi  les  pénitences  canoniques  :  inais  ils 
€  portaient  leurs  vues  plus  loin.  Ils  comprenaient 
J  que  Dieu  est  infiniment  plus  honoré  par  la  pureté 

<  dos  mœurs  et  la  vertu  des  chrétiens  que  par  la  cons- 
î  truclion  et  l'ornement  des  églises  malérielîes  ,  le 

<  chant ,  les  cérémonies  et  tout  le  culte   extérieur 

<  qui  n'est  que  l'écorce  de  la  religion,  dont  l'âme  et 
t  l'essentiel  est  la  vertu.  Or,  comme  les  chrétiens, 
t  pour  la  pkqiart,  ne  sont  pas  assez  heureux  pourcon- 

<  server  l'innocence  baptismale  ;  ces  sages  pasteurs, 
i  instruits  par  les  Apôtres ,  avaient  étudié  lous  les 
«  moyens  possibles  de  relever  les  pécheurs  et  de  les 
♦  préserver  des  rechutes,  et  n'avaient  point  trouvé  de 
«  meilleurs  remèdes  que  de  les  engager  à  se  punir 
t  volontairement  eux-mêmes  en  leurs  propres  per- 
«  sonnes,  par  des  jeûnes ,  des  veilles,  la  retraite  ,  le 
«  silence,  le  retranchement  de  tous  les  plaisirs  ;  d'af- 
«  fermir  leurs  bonnes  résolutions  par  la  méditat'.oa 


621  PÉNITENCE.— SECT.  III.  PART.  IV.  CIIAP.  i.  PÉNITENCE  AUX  XI*  XII*  ET  XIII*  SIÈCLES.  62-2 


c  des  vérités  éternelles  ;  enfin  de  continuer  ces  exer- 
1  cices  pendant  Idiiglenips  pour  s'assurer  de  la  soli- 
I  dite  des  conversions.  On  a  beau  argunicnler  ctsub- 
«  tiliser,  ces  pratiques  tendaient  plus  dirccteuicnlau 
«  salut  des  àmcs,  et  par  conséfpiejit  à  la  gloire  de  Dieu, 
f  que  des  auniônes  pour  la  décoration  des  églises. 
«  Un  pécheur  véiilablenienl  pénilcnl  trouve  trop  lé- 
«  gères  toutes  les  peines  temporelles.  Celui  qui  s'cs- 
«  time  heureux  d'en  être  quitte  à  bon  marché,  n'est 
«  pas  converti  ;  il  cherche  seulement  à  apaiser  les 
«  remords  de  sa  conscience  el  îi  sauver  les  apparen- 
f  ces.  Enfin  croyons-en  l'expérience  ;  jamais  les  chré- 
t  liens  n'ont  été  saints  que  lorsque  les  pénitences  ca- 
I  noni(iucs  ont  été  plus  en  vigueur  :  jamais  ils  n'ont 
«  été  plus  corrompus  que  depuis  qu'elles  sont  abolies. 
(  Prenons  un  exemple  sensible.  Que  diriez-vous 

<  d'un  prince  qui,  par  une  fausse  clémence,  offrirait  à 
t  tous  les  criminels  des  moyens  faciles  pour  éviter 
t  le  supplice,  des  amendes  modiques,  de  légères  taxes 
«  pour  contribuer  aux  dépenses  de  ses  bâtiments  et  à 
«  l'entretien  de  ses  troupes,  une  visite  l\  son  palais, 

<  quelques  paroles  de  satisfaction  ,  el  enfin  ,  pour  l'a- 

<  bolilion  de  toutes  sortes  de  crimes,  quelques  années 
«  de  service  dans  ses  armées  ?  A  votre  avis ,  l'état  de 
t  ce  prince  serait-il  bien  gouverné?  Y  verrait-on  ré- 
«  gner  l'innocence  des  mœurs,  la  bonne  foi  dans  le 
I  commerce,  la  sûreté  des  chemins,  la  tranquillité 
I  publique?  N'y  verrait-on  pas  au  contraire  un  dé- 
«  bordement  général  de  tous  les  vices ,  une  licence 

<  effrénée ,  et  toutes  les  plus  funestes  suites  de  l'im- 

<  punilé?  L'application  est  facile...  Ce  prince,  qui  fe- 
t  rait  grâce  à  tous  les  coupables ,  userait  sans  doute 
«  de  son  droit,  puisque  je  le  suppose  souverain  ;  mais 
f  il  en  userait  indiscrètement.  11  en  est  de  même  des 
«  indulgences.  .Aucun  catholique  ne  doute  que  l'Église 
«  n'en  puisse  accorder,  qu'elle  ne  le  doive  en  certains 
i  cas,  et  qu'elle  ne  l'ait  toujours  fait;  mais  c'ef^t  à  ses 
1  ministres  à  dispenser  sagement  ces  grâces,  et  n'en  pas 
i  faire  une  profusion  inutile  ou  même  pernicieuse.  » 

Dans  le  sixième  discours,  chapitre  onzième,  M.  Fleuri 
parle  de  la  croisade  en  ces  termes  :  «  De  toutes  les 
I  suites  des  croisades,  la  plus  importante  a  été  la  ces-  ! 
«  sation  des  pénitences  canoniques.  Je  dis  la  cessation 
f  et  non  pas  l'abrogation  :  car  elles  n'ont  jamais  été 
«  abolies  par  la  constitution  d'aucun  pape  ni  d'aucun 
t  concile  :  jamais ,  que  je  sache  ,  on  n'a  délibéré  sur 
t  ce  point....  Les  pénitences  canoniques  sont  tombées 

<  insensiblement ,  par  la  faiblesse  des  évêques  el  la 
i  dureté  des  pécheurs ,  par  négligence ,  par  igno- 
c  rance  ;  mais  elles  ont  reçu  le  coup  mortel ,  jwiir 

<  ainsi  dire ,  par  l'indulgence  de  la  croisade.  .Je  sais 

<  que  ce  n'était  point  rinlcntion  du  p.^pe  Urbain  ni 
«  du  concile  deClermont.  Ils  croyaient  faire  deux  biens 
f  à  la  fois  :  délivrer  les  lieux  saints,  et  faciliter  la  pé- 
I  nitence  à  une  infinité  de  pécheurs,  qui  ne  l'au- 
j  raient  jamais  faite  aiUremcnt.  C'est  ce  que  dit  S.  Ber- 

<  nard  et  le  pape  Innocent  111.  Mais  il  est  à  craindre 
«  qu'on  n'eût  pas  assez  considéré  les  solides  raisons  des 
«  anciens  canons  qui   avaient   réglé  'e  temps  et  les 


<  exercices  de  la  pénitence.  Les  saints,  qui  les  avaient 
«  établis,  n'avaient  pas  seulement  en  vue  de  piuiir  les 
c  pécheurs,  ils  clicrchaient  principalement  â  s'assurer 
«  de  leur  conversion  ,  et  voidaicnt  encore  les  prccau- 
c  lionncr  contre  les  rechutes.  On  commençait  donc 
(  par  les  séparer  du  reste  dei;  fidèles...  on  les  éloi- 

<  gnaitde  l'occasion  du  péché...  les  prêtres  qui  pre- 
t  naicnt  soin  d'eux    ne  man(piaicnl  |)as  de  leur  re- 

<  présenter  les  vérités  capables  d'exciter  en  eux 
€  l'esprit  de  componction,  de  les  consoler,  de  les  af- 
t  fermir  peu  à  peu  dans  la  résolution  de  renoncer  pour 
t  toujours  au  péché,  et  de  mener  une  vie  nouvelle. 

<  Ce  ne  fut  que  depuis  le  huitième  siècle  que   l'on 

<  introduisit  les  pèlerinages  pour  tenir  lieu  de  saiis- 

<  faction  ;  et  ils  commencèrent  à  ruiner  la  pénitence 

<  par  les  distractions  et  les  occasions  de  rechutes, 
c  Encore,  ces  pèlerinages  particuliers  étaient-ils  bien 
f  moins  dangereux  que  les  croisades.   Un   pénitent 

<  marchant  seul,  ou  avec  un  autre  pénitent,  pouvait 
«  observer  certaines  r,è^les ,  jeûner ,  ou  du  moins 
«vivre  sobrement,  avoir  des  heures  de  recucille- 
«  ment  et  de  silence,  chanter  des  psaumes,  s'occuper 

<  de  bonnes  pensées,  avoir  des  conversations  édifian- 
i  tes  :  mais  tontes  ces  pratiques  de  piété  ne  convc- 
t  naient  plus  à  des  troupes  assemblées  en  corps  d'ar- 

<  mée.  Au  contraire,  les  croisés,  du  moins  quelques-uns, 
«  cherchaient  à  se  divertir  en  chemin  faisant,  et  me- 
«  naient  des  chiens  et  des  oiseaux  pour  chasser , 

<  comme  il  paraît  par  la  défense  qui  en  fut  faite  à  la 
f  seconde  croisade. 

1  C'était ,  pour  ainsi  dire  ,  des  pécheurs  tout  crus  , 
ï  qui,  sans  conversion  de  cœur  et  sans  préparation 

<  précédentes ,  sinon  peut-être  une  confession  telle 
t  quelle  ,  allaient ,  pour  l'expiation  de  leurs  péchés  , 

<  s'exposer  aux  occasions  les  plus  dangereuses  d'en 

<  commettre  de  nouveaux  :  des  hommes  choisis  entre 

<  ceux  de  la  vertu  la  plus  éprouvée,  auraient  en  peine 

<  à  se  conserver  en  de  tels  voyages.  Il  est  vrai  que 
t  quelques-uns  s'y  préparaient  sérieusement  à  la  mort 

<  en  payant  leurs  dettes,  resliliinnl  le  bien  m;:l  ac- 
t  quis,  et  satisfaisant  à  tous  ceux  à  qui  ils  avaient  fait 

<  quelque  tort  :  mais  il  faut  avouer  aussi  que  la  croi- 
i  sade  servait  de  prétexte  aux  gens  obérés  poin*  ne 
c  point  payer  leurs  dettes,  aux  malf.iiteiirs,  pour  éviter 
«  la  punition  de  leurs  crimes,  aux  moines  indociics. 
«  pour  quitter  leurs  doîires ,  aux  fenmies  perdues, 

<  pour  continuer  plus  librement  leurs  désoidios.  Car 
i  il  s'en  trouvait  à  la  suite  de  ces  armées,  et  quelques- 
f  unes  déguisées  en  hommes.  Dans  l'aimée  de  S.Louis, 

<  dans  son  quartier,  près  de  sa  tente,  on  trouvait  des 

<  lieux  de  débauches,  et  il  fut  obligé  d'en  faire  une  ■ 

<  punition   exemplaire.  Un  poète  du  temps  décrivit 

<  riiistoire  du  châtelain  de  Couci,  qui  partit  pour  la 

<  croisade,  passionnément  amoureux  de  la  feunnc  d'un 
«  gentilhonnne  son  voisin,  c'est-à-dire,  emportant  la- 
«  dultère  dans  le  cœur  ,  el  mourant  dans  le  voyage  , 
«  chargea  un  de  ses  amis  de  faire  embaumer  son 

<  cœur,  el  de  le  porter  à  sa  dame,  comme  il  fit.  N'é- 
t  tail-ce  pas  là  de  dignes  fruits  de  pénitence? 


625 

€  ...  Tanf  que  les  croisndos  dnrcreni ,  elles  liment 
(  lieu  do  pcnilcncc,  non  seiilcmeiil  à  ceux  qui  se  croi- 
(  sèrenl  vdloiitaircinciil ,  mais  à  tous  les  grands  ]  é 
t  clienrs  h  ipii  les  évè(|iies  ne  donnaic:.!  rabsolntion 

<  qu'à  la  cliargc  de  faire  en  personne  le  service  d(i  la 
€  Terre-Sainie  pendant  un  certain  temps  ,  ou  d"y  en- 
*  tretenir  im  non.bre  d'hommes  anr.é,.  Il  semblait 
«  donc  qu'après  la  fin  des  croisades   on   dût  revenir 

<  aux  anciennes  pcnilences,  mais  l'usage  en  était  in- 

<  terrompu  depuis  deux  cents  ans  au  moins,  et  les 
i  péiiiiences  étaient  devenues  arbitraires.  Les  évèques 
«  n'entraient  plus  guère  dans  le   détail  de  l'adininis- 

<  tralion  des  sacrements.  >  (  Vous  l'avez  pu  remarquer 
par  ce  qui  a  été  dit  dans  le  troisième  ciiapitre  de  la  ', 
première  section.)  «  Les  frères  Mendiants  en  étaient  [ 
t  les  ministres  les  plus  ordinaires;  et  ces  missionnai- 
«  res  passagers  ne  pouvaient  suivre  pendant  un  long 
I  temps  la  conduite  des  pénitents  pour  examiner  le 

<  progrès  cl  la  solidité  de  leur  conversion ,  comme 
«  faisaient  autrefois  les  propres  pasteurs  :  ces  reli- 
«  gieux  étaient  obligés  d'expédier  proniplement  les 
'.pécheurs  pour  passer  à  d'autres,  i 

C'esl  ainsi  que  M.  Fleuri  nous  fait  connaître  les 
vraies  causes  du  relâchement  de  la  discipline  canoni- 
que ,  et  les  moyens  que  l'on  a  employés  pour  la  rui- 
ner :  moyens  qui  pour  la  plupart  dans  leur  origine 
ne  paraissaient  pas  devoir  être  suivis  des  inconvé- 
nients que  nous  avons  vus ,  et  d»nl  on  s'éiait  servi 
pour  de  bonnes  fins,  sans  faire  allention  qu'il  était  dan- 
gereux de  loucher  à  ce  qui  avait  clé  si  sageiueul  réi^lé 
par  les  Pères.  11  en  est  aussi  quelques-uns  qui  ne 
pouvaient  naturellement  qu'avoir  de  fâcheuses  suites, 
comme  M.  Fleuri  le  fait  voir,  quoique  des  hommes 
pieux  et  qui  passaient  pour  savants  les  eussent  crus 
propres  à  pronurer  le  salut  des  âmes,  en  mettant  la 
pénitt-nce  à  portée,  pour  ainsi  dire ,  des  pécheurs  les 
plus  délicats.  Mais  tous  les  raisonnements  des  hommes, 
quelque  prudents  (|u"ils  parais--ent ,  ne  sont  pas  pro- 
pres à  avancer  les  affaires  de  rÉglise.  On  n'y  réussira 
jamais  qu'ensuivant  avec  sinqdicilé  (autant  que  le 
malheur  des  temps  le  peut  pernielire)  les  règles  que 
les  Apôtres  et  les  Pères  nous  ont  enseignées  par  leur 
exemple  et  par  leurs  écrits.  Vous  avez  vu  par  les  ré- 
flexions de  M.  Fleuri  couiLicn  les  raisons  sur  les- 
quelles se  sont  appuyés  ceux  «pii  ont  introduit  de  nou- 
velles prali(|ues  dans  la  discipline  de  la  pénitence, 
ëlaienl  faibles.  Ces  pratiques  étaient  boimes  et  légi- 
times à  la  vérité  ,  surtout  dans  leur  origine  ,  mais  il 
s'en  fallait  bien  (lu'elles  parassent  à  tous  les  inconvé- 
nients ,  et  qu'elles  fussent  fondées  sur  des  raisonne- 
menls  aussi  solides  que  l'étaient  celles  que  nos  pères  ' 
avaient  établies.  A  présent,  il  ne  nou>  reste  qu'à  ex- 
pliquer liisioriqiiement  et  un  piMi  pins  en  détail  l'ori- 
gine et  le  progrès  de  ces  nouvelles  pratiques  qui  ont 
donné  lieu  au  lenversement  ae  la  pénil(>nce  canoni- 
que, aussi  bien  que  les  sentiments  des  docteurs  de 
l'école  qui  sont  venus  à  l'appui  du  changement  de  dis- 
cipline qui  arriva  dans  le  douzième  et  le  treizième 
siècle. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  624 

CHAPITRE  II. 

Du  rncitut  des  pénilcuces,  première  cause  de  injfaiblh- 
sement  de  la  pénitence  canonique,  quand  il  a  com- 
mencé. Combien  il  devint  commun;  dijférenlez  ma- 
nières de  faire  ce  ncliat. 

La  première  et  la  ;  lus  ancienne  manière  d'adou- 
cir la  pénitence,  et  en  même  temps  la  première  cause 
du  relàci.emcnl  qui  s'est  introduit  dans  la  police  de 
l'Eglise  siu'  ce  point,  a  élé  le  rachat  des  peines cano- 
niipies  que  l'un  permit.  Je  suis  bien  aise  d'iiveriir  ici 
<|ue  quand  je  parle  {radoucissements,  je  ne  lenlcnds 
point  de  ceux  qui  sont  une  suite  du  la  nature  des 
choses  que  la  droite  raison  et  la  prilicpie  continuelle 
de  Vi  glise  ont  toujours  auiori>.ées  :  tel  (pi'élailcelui  d';i- 
biéger  le  temps  de  la  pénitence  à  ceux  (|ui  s'ac(|uit- 
taient  avec  une  ferveur  e\lraordin;iire  des  exercices 
laborieux  qu'elle  prescrit ,  et  qui  donnaient  tant  de 
marques  n(tn  équivoques  d'une  sincère  conversion , 
que  les  évèques  les  rélablissaient  plutôt  que  les  autres 
dans  tous  les  droits  ac(|nis  par  le  Baptême.  Vous  avez 
vu,  par  ce  qui  a  élé  dit  en  dillérenls  endroits  de  celle 
histoire,  que  l'on  a  usé  de  tout  temps  de  ccl  adoucis- 
sement de  la  pénitence  dans  l'Eglise.  Je  parle  donc 
d'un  adoucissement  ou  d'un  relacheinenl  de  la  disci- 
pline d'une  autre  espèce  ,  savoir,  du  rachat  des  iiéni- 
tences  canonii^ues,  tels  que  les  jeûnes  et  les  autres 
austérités  qui  en  faisaient  partie,  dont  on  se  rédimait 
moyennant  qu<  bjucs  pièces  d'argent  que  l'on  dimnait 
aux  pauvres,  quehjues  prières  particulières,  omiucl- 
(}ues  coups  de  fouel.  Voas  avez  vu  par  plusieurs 
canons  et  passages  dos  auiciirs,  que  nous  avons  rap- 
portés dans  la  troisième  partie  de  celle  section,  com- 
menl  se  fais-ail  ce  rachat.  Vous  avez  pu  reinar  jner  que 
dans  les  commeneemer.ts  on  gardait  beaucoup  de  me- 
sures pour  qu'il  ne  portât  point  de  préjudice  à  la 
pénitence  canonique.  On  ne  le  pernu  liait  jamais  ,  ou 
très-rarement,  la  première  année  ni  dans  les  trois  ca- 
rêmes, rarement  la  seconde  cl  la  troisième  aiuiée.  Les 
années  suivantes  on  faisait  là-dessus  moins  de  diKi- 
cullé ,  non  qu'on  put  ra<heter  tout  d'un  coup  la  péni- 
tence d'un  an,  mais  on  permettait  aisément  le  rachat 
d'un  jour  séparément  pendant  la  semaine,  avec  celle 
précauti(»n  néaniiutins  ciue  certains  joins,  connue  le 
vendredi,  ne  pouvaient  jamais  se  raclieler.  Di-  piu'?, 
dans  les  commencements,  on  ne  rachetait  |>as  la  |Ȏni- 
teiice  entière,  mais  une  |»artie  sculen»  nt,  comme,  par 
exemple,  si  un  pénilent  devait  s'abstenir  de  chair  et 
de  vin  ou  de  liqueurs  fortes  un  certain  jour,  il  pouvait 
racheter  l'abstinence  d'une  de  ces  choses  seuleinenl  : 
en  sorte  que  s'il  buvait  du  vin  ,  il  ne  pouvait  manger 
de  chair,  et  récipro(|nement  s'.l  maeg  ait  de  la  chair, 
il  ne  pouvait  boire  de  ^in.  (pioi(pril  eût  demie  de  ([uoi 
nourrir  un  pauvre  ce  jour  là. 

Voilà  de  (pielle  manière  on  permit  d'abord  le  rachat 
des  pénitences;  mais  cr\U\  sage  éco  oinie  ne  mî  sou 
tint  pas,  les  choses  tournèrent  tout  autrenienl  que 
n'avaient  cru  ceux  cpii  avaient  inventé  celle  nouvelle 
manière  de  s'acf|uiller  de  la  pénitence  canonique. 
1  l>ans  In  suite  ,  non  seulement  on  racheta  les  jours  , 


«25  PÉNITENCE.  —  SECT.  III.  PART.  IV. 

ni.'iis  les  mois  et  les  années  oiilières  loiil  à  la  fois  :  cl 
on  (ixa  les  sommes  auxquelles  iiKmtaieiil  ces  radiais. 
Vous  avez  pu  voir  des  exemples  de  ce  que  nous  di- 
Siuis  ilans  la  iroisièm*^  p.irlie.  Nous  pourrions  encore 
IM  p  u'Ier  ici  des  extraits  des  péuilenli  lux  et  des  re- 
cueils des  canons  de  Uéi^inon  ,  de  R-ncliard  et  d'Ives 
de  ('liarlres,  dans  lesquels  on  verrait  comment  se  f;ii- 
saieiitces  radiais,  cl  les  sonnnes  auxquelles  ils  étaient 
taxés;  m:us  cela  nous  parait  inutile,  parce  qu'il  n'y  a 
rien  de  (ixe  l.>des-iis,  ces  sortes  de  choses  éianl  su- 
jèles  aux  cl;angeinenls  et  variant  aisément,  suivant 
les  leinps  et  les  lieux.  Seulement  il  parait  (jue  jusqu'au 
dixième  siècle  on  ne  permcllail  ces  rachats  qu'avec 
beaucoup  de  précautions. 

Mais  avanl'que  de  passer  outre,  examinons  en  quel 
temps  eelle  pratique  s'introduisit  dans  l'Eglise.  Il  pa- 
rait, par  un  concile  général  d'Angleterre,  tenu  en  747. 
auquel  I  résid  iil  S.  Cutbcrt ,  an  hevè(|ue  de  Canlor- 
béri,  qu'elle  avait  déjà  fait  quelque  pmgrès  dans  celte 
île,  puisque  ceux  ((ui  y  assistèrent  se  crurent  obligés 
de  reirancher  cet  usage  comme  abusif,  par  le  canon 
26*  qni  y  fut  publié,  dans  lequel,  après  avoir  parlé 
des  aumônes  et  de  la  fin  que  doivent  se  proposer  ceux 
qui  la  font,  ils  aj<tu;ent  ces  paroles:  Enfin ,  qiCon  ne 
fa><se  point  rauniùne  {comme  la  mauvaise  coutume  s'en 
est  iiilroiluilc  )  pour  diminuer  ou  changer  les  peines  im- 
posées par  le  prélre ,  telles  que  le  jeûne  et  les  autres 
œuvres  saiisfadoires,  ruais  plutôt  pour  augmenter  la  pé- 
nitence, afin  (fapaiser  plus  proniptement  pur  ce  moyen 
l'indignation  de  Dieu,  etc.  //  est  bon  de  faire  des  aumô- 
nes jtiurnalières  ,  mi^is  pour  cel  .■  //  ne  faut  point  se  relâ- 
cher de  l'abstinence,  ni  du  jeûne  une  fois  imposé  suivant 
la  r'cgle  de  l'Eglise ,  sans  laquelle  les  péchés  ne  peuvent 
se  remettre.  Mais  que  cela  et  autres  choses  semblables 
concourent  à  une  plus  parfaite  expiation  des  péchés.  Dans 
le  chapitre  suivant,  les  Ptres  de  ce  concile  dirent  que 
la  ps:dn)<'die  n'a  pas  été  instituée  dans  l'Eglise  pour 
donner  droit  de  pécher  avec  plus  de  licence,  in  pour 
dispenser  d'aucune  bomie  œuvre  ,  et  entre  autres  de 
faire  l'aumône.  Après  quoi  ils  s'élèvent  avec  force 
contre  les  riches  qui  s'imaginent  (djlenir  le  bienfait 
de  la  réconciliation,  en  ne  faisant  que  peu  on  point  de 
pénitence ,  sous  prélcxle  qu'en  répandant  beaucoup 
dardent,  ils  se  procurent  les  jeûnes  cl  les  prières  de 
plusieurs  persfumcs.  Il  et  évident  par  les  paroles  de 
ce  concile,  que  dès  lors,  c'est-à-dire,  vers  le  milieu 
du  liuilième  iècle,  cette  pratique  av  it  dé'à  fait  quel- 
que proiirès  en  Angleterre.  Mais  je  crois  que  ce  serait 
mal  à  iropos  que  l'on  eu  ferait  auteur  Tln'odore  de 
Canlorbéri.  quoique  dans  son  Pénitenliel  elle  soit  au- 
torisée, car  il  n'y  a  point  d'apparence  que  Cnlbert  el 
les  autres  évè(|U('S  d'Angleterre  aient  censuré  si  ri- 
goureusemenl  nue  pralifpie  (pii  devrait  son  origine  à 
un  homme  si  c:  ièbre,  ipii  n'é.ail  morKpic  depuis  cin- 
quante ans,  et  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  ce  qui  se 
trouve  dans  «on  Pénile;:liel ,  lou  haut  le  rachat  des 
pénitences ,  y  a  été  inséré  par  quehpi'un  qui  a  vécu 
dans  le  temps  (pie  ci  lie  pialiiiue  avait  passé  en  cou- 
luaie  dans  rE{jlise.  On  doit  dire  la  iiicnie  chose  du 


CIIAP.  II.  RACHAT  TES  PÉNITENCES.  626 

Pénitenliel  Romain ,  dans  le(piel ,  après  le  prolo- 
gue d'IIaliigarius ,  on  a  ajouté  contre  son  inlenllon 
et  h(»rs  de  sa  place,  comme  cela  saute  aux  yeux,  co 
qui  regarde  le  rachat  des  péniiences.  Il  faut  donc  que 
cela  se  soit  inlrodiiit  d'abord  comme  la  |)hiparl  des 
opinions  |»opulairesqiii  n'ont  |)oint  d'auteurs  certains, 
mais  qui  se  ré|)andenl  insensiblement,  surtout  quand 
elles  favorisent  la  cupidité. 

Quelque  effort  qu'eussent  fait  les  évégucs  du  concile 
dont  nous  venons  de  parler,  pour  étoulfer  cette  pra- 
ti(|U(',  pour  ainsi  dire  dès  sa  naissance,  elle  ne  laissa 
pas  de  se  répandre  de  plus  en  plus;  elle  passa  la  mer 
et  se  trouva  ,  dès  le  counnencement  du  neuvième  siè- 
cle, établie  dans  presque  toutes  les  Eglises  d'Occident: 
mais  alors  elle  y  était  dans  sa  pureté  de  la  manière 
dont  nous  venons  de  l'expliquer.  Vous  l'avez  vu  dans 
le  troisième  chapitre  de  la  troisième  partie.  Pans  la 
suite ,  vers  la  lin  du  dixième  siècle .  elle  dégénéra  en 
abus  intolérables,  car  on  se  mit  sur  le  pied  de  rache- 
ter les  crimes  à  prix  d'or  et  d'argent;  en  sorte  que  les 
coupables  bien  souvent,  moyennant  les  sommes  qu'ils 
répandaient,  étaient  exempts  de  faire  pénitence.  Et  ce 
mal  crut  à  tel  point  dans  quelques  endroits  ,  que  les 
évêques,  soutenus  de  l'autorité  des  rois,  ordonnèrent 
en  conciles  que  l'on  punirait  les  crime»  par  des  amen- 
des pécuniaires,  au  lieu  des  peines  canoniques.  C'est 
ce  que  l'on  voit  avec  étonnement  dans  plusieurs  sy- 
nodes d'Angleterre,  entre  autres  dans  ceux  de  l'an 
958,  de  982  el  de  1054.  La  septième  loi  du  roi  AlfreiV 
et  les  suivantes,  aussi  bien  que  la  troisième  du  roL 
Edouard,  établissent  la  même  chose.  Cette  damnable 
coutume  avait  si  fort  prévalu  en  Normandie,  que  dans 
un  concile  de  Lisleboime,  dont  Orderic  Vital  fait  men- 
tion sur  l'an  1080,  la  plupart  des  crimes  tant  des 
clercs  que  des  laïques  ne  sont  punis  que  par  des 
amendes  pécuniaires.  Cet  abus  avait  surtout  lieu  en 
Angleterre  et  dans  les  pays  soumis  à  la  domination  de 
ses  rois,  et  a  beaucoup  contribué  à  la  chute  de  la  pé- 
nitence canoiii(|ue. 

Celle  pratique  de  racheter  les  pénitences  moyen- 
nant quelques  aumônes,  ou  à  prix  d'argent,  qui  tour- 
nait au  profil  des  ecclésiastiques ,  n'avait  guère  lieu 
que  pour  les  rii  hes  ;  les  pauvres  et  les  moines  les  ra- 
chetaient, comme  nous  avons  dit,  par  la  récitation  des 
p-aumes ,  par  des  coups  de  fouet  ou  d'autres  coups 
(|u*ils  recevaient  ou  qu'ils  se  donnaient  eux-mêmes  sui 
la  paume  de  la  main.  Cent  sols  racheiaieni  une  année 
de  I  énilence,  selon  Biirchard  clives  de  Chartres,  au- 
teurs du  onzième  siècle.  Itéciter  tant  de  fois  le  Psau- 
tier, en  se  donnant  tant  de  coups,  faisait  le  même 
effet.  On  évaluait  ainsi  les  mois  el  les  années  de  péni- 
tence dans  h;  onzième  siècle,  et  de  là  se  forma  une 
nouvelle  maxime  jusqu'alors  inouïe  dans  l'Eglise,  sa- 
voir (prune  même  personne  pouvait ,  en  multipliant 
les  c(»iips  de  fouets  ou  de  férule,  et  en  rt'citaiit  laiit  do 
fois  le  Psautier,  rachcler  cent  ans  et  mille  ans  do 
pénitence.  Comme  ces  évaluations  n'avaient  de  fonde- 
ment (pic  dans  l'imaginalinn  de  ciMiaines  gens,  nous 
nous  dispenserons  de  les  meiire  ici.  l'our  eu  donner 


627 


lîiSTOiKE  DES  SACREMENTS. 


AAfi 


peines  c:ino!iiques,  qu'une  compunsalion  par  laquelle 


une  idée,  nous  dirons  seulenienl  (pie  Doniinique-le-  /Jl  pei 

Cuirasse,  au  rapport  de  Pierre  Daniien,  accomplissait  i  !  on  coniniuail  les  différonls  exercices  de  la  pénitence. 


en  six  jours  une  pénitence  de  cent  ans,  en  se  donnant 
la  discipline,  et  eu  récitant  des  psaumes. 

Celte  manière  de  supputer  les  peines  canoniques,  j 
venait  sans  doute  dune  coutume  qui  s'établit  vers  la 
fin  du  dixième  siècle  ou  le  commencement  du  suivant,  | 
savoir  de  taxer  séparément  chaque  péché  qu'un 
homme  pouvait  avoir  commis,  à  un  certain  nombre 
d'années  de  pénitence,  en  sorte  que  celui ,  itar  exem- 
ple, qui  était  tombé  deux  lois  dans  le  péché  de  forni- 
cation, devait  faire  pénitence  deux  fols  autant  de  temps 
que  s'il  y  était  tombé  nno  fois  seulement;  s'il  avait 
commis  ce  crime  dix  fois,  il  devait  y  être  dix  fois  au- 
tant; de  manière  q;i<^  le  nombre  des  années  de  péni- 
tence par  cette  siqtputalion  montait  à  des  siimmes  im- 
menses. Jamais  les  canons  anciens  n'ont  rien  établi 
de  scinblablc.  Dans  les  cas  dont  nous  venons  île  paiier 
et  autres  pareils,  on  infligeait  aux  pénitents  des  pei- 
nes plus  dures  et  plus  sévères,  non  suivant  la  propor- 
tion aritlunélique,  mais  suivant  h  géoniétiique  ;  et 
par  ce  moyen  tout  pécheur  pouvait  s'acquitter  de  la 
pénitence  qui  lui  était  imposée,  quelque  énormes  et 
nombreux  que  fussent  les  crimes  dont  il  se  trouvait 
conpaNe,  au  lieu  que  selon  cette  nouvelle  méthode, 
plusieurs  se  trouvaient  dans  une  impossibilité  abso- 
lue de  satisfaire  pour  leurs  péchés,  sinon  par  la  voie 
de  rachat  dont  nous  venons  de  ])arlcr,  et  qui  fut  sur- 
tout en  vogue  en  Italie  dans  le  onzième  siècle,  par  le 
soin  que  prit  S.  Pierre  Damien  de  la  répandre  et  de  la 
faire  valoir,  en  quoi  11  réussit.  Mais  ce  saint  homme 
ne  prévoyait  pas  les  fâcheuses  suites  que  celte  mé- 
thode devait  entraîner  après  elle,  son  zèle  pour  la 
pénitence  lui  fermant  les  yeux  poin-nc  les  point  voir, 
quoiqu'elles  se  jirésontent  assez  nainrellemenl  à  l'es- 
pril. 

De  là  vint  que  pl'.îsieui-s  cnircprirL'nt  de  f.iii'C  plu- 
sieurs pénitences  outre  celle  qui  est  jirescrilc  par  les 
canons,  tant  pour  cux-nièmes  que  pour  les  autres  ;  et 
qu'o'i  accorda  outre  l'indulgenrc  pleaièrc  de  tous  les 
péchés,  des  indulgences  de  plusieurs  aimées.  Guil-  j| 
iaiMoe  d'Auxcrro,  cl  après  lui  plusieurs  doclcurs  de 
!'éc(>le,  ont  cru  que  S.  Grégoirc-le-Grnnil  avait  accordé 
«ne  indulgence  de  TiO  ans  à  ceux  qui  séjourneraient 
à  Rome  pendant  le  carême,  et  qui  s.'  iroiiveraient  aux 
processions  qui  s'y  font ,  mais  le  passage  sur  k^iucl 
ils  se  fondent,  n'est  point  de  ce'  saint  pape,  comme 
tous  les  savants  le  reconnaissent  aujourd'hui  ;  et  une 
lelîe  profusion  d'indulgences  est  bien  éloignée  de  l'es- 
prit et  des  maximes  de  ce  grand  homme. 

CHAPITRE  iir. 

De  la  seconde  el  de  la  Iroisicme  cause  de  la  chute  de  la 
pénitence  canonique ,  savoir  la  croisade  et  la  remise 
des  peines  canoniques,  qui  se  faisait  moyennant  que 
l'on  contribuât  de  ses  deniers  à  quelques  ouvrages 
pieux. 
La  croisade  qui  fut  publiéiî  sur  lu  fin  du  onzième 

giède,  n'était  pas  tant  une  indulgence  ou  remise  des 


dont  nous  avons  parlé ,  avec  les  fatigues  et  les  tra- 
vaux sans  nombre ,  aussi  bien  (jue  la  dépense  et  les 
périls  qui  accompagnaient  ce  long  et  pénible  voyage  : 
en  sorte  que  ce  voyage  tenait  lieu  de  ces  actions  hé- 
roïques pour  lesquelles  les  anciens  remcltaient  (picl- 
(piclbis  aux  pécheurs  les  peines  canonicpics  avec  celte 
dilTérence,  qu'il  était  difficile  aux  pécheurs  d'éviter  les 
occasions  de  chulcs  dans  une  entreprise  de  cette  na- 
ture ,  cl  qu'anciennement ,  et  même  juscpi'alors  ,  la 
milice  avait  été  une  des  choses  que  l'on  interdisait 
aux  pénitents.  Mais  sur  la  (in  dj  ce  siècle ,  on  crut 
que  celle  défense  ne  devait  avoir  lieu  que  pour  les 
guerres  de  chrétiens  à  chrétiens ,  et  non  quand  il  s'a- 
gissait de  la  faire  aux  infidèles  et  aux  autres  ennemis 
de  rÉglise.  La  croisade  donna  lieu  au  renouvellement 
d'une  partie  de  l'ancienne  discipline  de  la  pénitence 
(pii  élait  hors  d'usage  depuis  quatre  cents  ans,  je 
veux  dire  à  faire  pénitence  pui)lique  pour  les  pécVés 
secrets,  puis  qu'une  muliilude  innombrable  de  per- 
sonnes de  tout  état  n'entreprirent  ces  voyages  ou  pè- 
lerinages ,  comme  on  les  appelait  alors  ,  qu'en  vue 
d'expier  parcelle  espèce  de  pénilence  publique,  les 
péchés  dont  ils  se  sentaient  coupables ,  quoique  le  pu- 
blic n'eût  aucune  connaissance  de  leurs  laules. 

Notre  dessein  n'est  pas  de  faire  ici  l'histoire  des 
croisades,  que  l'on  peut  voir  dans  M.  Fleuri,  depuis  le 
treizième  tome  jusqu'au  seizième,  et  dans  celle  qu'en 
I  a  composée  le  P.  Maimbourg;  mais  de  marquer  en  peu 
de  mots  leur  origine  elles  motifs  qui  ont  engagé  aies 
entreprendre  ,  aussi  bien  que  le  rapport  qu'elles 
avaient  avec  la  jiénilence  canonique. 

On  sait  avec  quelle  dévotion  les  chiéliens  ont  visité 
de  tout  temps  les  lieux  saints,  mais  surtout  ceux  que 
le  Sauveur  a  sanctifiés  par  sa  présence  ;  plusieurs 
même  y  ont  passé  toute  leur  vie,  comme  sainte  Paule 
et  sa  fille  la  vierge  Eusloipiie.  Le  calife  Aron  ne  crut 
mieux  témoigner  à  Ciiarlemagne  reslime  qu'il  faisait 
de  lui,  qu'en  lai  envoyant  les  clefs  du  saint  sépulcre. 
Dans  le  dixiènic  siècle,  les  pèlerinages  devinrent  plus 
fréquents  que  jamais.  Les  chrétiens  allaient  en  foule 
au  saint  sépulcre;  de  toutes  les  parties  de  la  lerre  ,  et 
surtout  de  France,  d'Allemagne  et  d'Italie.  Les  évè- 
(pies  et  les  abbés  (luiltaiéiii  souvent  leurs  évêchés  et 
leurs  monnslères  pour  entreprendre  ce  voyage ,  et  le 
nombre  des  pèlerins  élait  si  grand,  qu'ils  composaient 
(luelqncfois  de  petites  armées.  Enfin  ,  nous  avons  vu 
I  ailleurs  que  ces  pèlerinages  furent  depuis  ce  lemps 
une  partie  considérable  de  la  pénilence  canonique. 
Mais  jusque  vers  la  fin  du  onzième  siècle ,  on  ne  s'é- 
tait pas  encore  avisé  de  réduire  toute  la  pénilence 
canonique  à  ce  voyage  ,  et  de  mettre  les  armes  entre 
les  mains  des  pèlerins,  non-seulement  pour  se  dé- 
fendre des  insultes  des  infidèles,  mais  pour  les  chns- 
sir  eux-mêmes  des  pays  dont  ils  étaient  les  maîtres, 
ciiangeant  ainsi  la  défensive  en  unc.gucrn;  offensive, 
(;l  donnant  une  absolution  générale  de  tous  les  pe- 


629      PÉNITENCE.  --  SECT 

cbés  à  Ions  ceux  qui  s  eiirôlcraieut  dans  celte  milice. 

Le  pape  Victor  II ,  auparavant  abbé  du  Moiil-Cas- 
sin,  est  le  premier  qui  ait  promis  une  absolution  gé- 
nérale de  tous  les  pécliés,  à  ceux  qui  foraient  h  guerre 
aux  infidèles  ;  ce  pontife  eu  l'an  1087,  poussé  d'un 
grand  zèle  d'abatlre  les  Sarrasins  d'Afrique,  qui  depuis 
plus  d'un  siècle  ravageaient  l'Ilalie,  et  qui  avaient 
entre  autres  pillé  le  monaslèie  du  Mont-Cassin  ,  qu'il 
avait  fait  rebâtir  splendidement,  assembla,  par  le 
conseil  des  évoques  et  des  cardinaux  ,  une  armée  de 
presque  tous  les  peuples  d'Italie,  et  leur  donnant  l'é- 
tendard de  S.  Pierre ,  avec  promesse  de  la  rémissioji 
de  tous  leurs  pécbés,  il  les  envoya  à  celle  entreprise. 
Ils  attaquèrent  la  ville  maritime  deMebedia,  nommée 
aussi  Afrique,  la  prirent,  et  délirent  cent  mille  Sarra- 
sins, et  la  nouvelle  en  vint  le  même  jour  en  Italie,  ce 
qui  passa  pour  un  miracle. 

Ce  ne  fut  qu'en  1095,  que  la  croisade  fut  publiée 
par  le  pape  Urbain  II ,  au  concile  de  Clermont ,  qui 
était  composé  de  treize  archevêques  et  de  deux  cent 
cinq  prélats  portant  crosse;  d'autres  en  comptent  jus- 
qu'à quatre  cents.  Le  Pape  après  avoir  réglé  les  af- 
faires ecclésiastiques,  fit  un  sermon  où  il  disait  entre 
autres  choses  :  Vous  savez  ,  mes  frères ,  que  le  Sauveur  \ 
du  monde  a  honoré  la  Terre  -  Sainte  de  sa  présence , 
qu'il  l'a  nommée  son  héritage,  et  l'a  particulièrement  \ 
chérie  ;  bien  quà  cause  des  péchés  de  ses  habitants ,  il  j 
rait  livrée  pour  un  temps  entre  les  mains  des  infidèles ,  I 
il  ne  faut  pas  croire  quil  l'ait  rejetée.  Depuis  longues 
années,  la  nation  impie  des  Sarrasins  tient  tes  saints  ] 
lieux  sous  une  dure  tyrannie.  Ils  ont  réduit  tes  fidèles  \ 
en  servitude ,  et  les  accablent  de  tributs  et  d'avanies ,  ils  \ 

tes  contraignent  d'apostasier Le  temple  de  Dim  est , 

devenu  le  siège  des  démons,  l'église  (iti  saint  sépulcre 
est  souillée  de  leurs  impuretés ,  les  autres  lieux  saints  ■ 
sont  devenus  des  étables  et  des  écuries.  Ils  nont  pas  j 
plus  d'égard  aux  personnes ,  on  met  à  mort  les  prêtres 
et  les  diacres;  dans  te  sanctuaire,  on  y  corrompt  les  fem- 
mes et  tes  vierges...  Le  Pape  après  avoir  ainsi  exposé 
les  motifs  qui  devaient  porter  les  assistants  à  entre- 
prendre cette  expédition,  et  à  tourner  contre  les  infi- 
dèles, les  armes  qu'ils  employaient  injustement  les 
uns  contre  les  autres,  les  exhorte  et  leur  enjoint  pour 
la  rémission  de  leurs  péchés,  de  compatir  à  l'affliction 
des  chrétiens  de  ce  pays-là  ,  après  quoi  il  ajoute  : 
Pour  nous,  ayant  confiance  en  ta  miséricorde  de  Dieu  ; 
et  en  l'autorité  de  S.  Pierre,  nous  remettons  à  ceux  qui 
prendront  les  armes  contre  tes  infidèles ,  tes  pénitences 
immenses  qu'Us  méritent  pour  leur  péchés.  Et  ceux  qui 
y  mourront  en  vraie  pénitence ,  ne  doivent  point  douter 
qu'ils  ne  reçoivent  le  pardon  de  leurs  pécliés ,  et  la  ré- 
compense éternelle.  Cependant  nous  prenons  sous  la  pro- 
tection de  l'Église  et  des  apôtres  S.  Pierre  et  S.  Paul, 
ceux  qui  s'engageront  dans  cette  sainte  entreprise,  etnoits 
ordonnons  que  leurs  personnes  et  leurs  biens  soient  dans 
une  entière  sûreté  :  que  si  quelqu'un  est  assez  ttardipour 
les  inquiéter,  il  sera  excommunié  par  l'évêque  du  lieu , 
jusqu'à  ta  satisfaction  convenable ,  et  les  évêques  ou  tes 


III.  PART.  IV.  ÏSîTAprnir  CROISADE  ET  REMISE  DES  PEINES.     65C 


ront  suspendus  de  leurs  fonctions,  jusqu'à  ce  qu'ils  obtien- 
nent grâce  du  S.  Siège. 

J'ai  rapporté,  dit  M.  Fleuri,  ce  discours,  suivant  le 
récit  de  Guillaume  de  Tyr,  auteur  grave  et  judicieux. 
D'autres  auteurs  le  rapportent  autrement ,  soit  que 
chacun  fasse  parler  le  pape  suivant  ce  qu'il  trouvait 
de  plus  vraisemblable,  soit  que  pendant  la  tenue  du 
concile  il  ail  fait  plusieurs  discours  sur  ce  sujet.  Ucnii, 
moine  de  S.  Ilemi  de  Reims,  qui  était  présent,  dit  que 
le  pape  ayant  dit  à  la  lin  de  son  sermon  ,  que  ceux 
qui  voulaient  entreprendre  ce  voyage  devaient  porter 
sur  eux  la  ligure  de  la  croix,  tous  l<;s  assistants  se 
prosternèrent;  alors  le  cardinal  Grégoire  prononça  la 
I  confession  ;  et  tous  frappant  leur  poitrine,  reçurent 
l'absolution  de  leurs  pécliés,  puis  la  bénédiction  ,  et 
la  permission  de  se  retirer  chacun  chez  eux. 

Voilà  ce  qui  se  passa  en  celte  importante  oecasioa 
qui  eut  tant  de  suites  l'espace  de  deux  cents  ans; 
tels  furent  à  peu  près  les  motifs  qui  portèrent  depuis 
les  papes  à  accorder  ce  qu'on  appelle  l'indulgence  de 
la  croisade.  Car  on  ne  se  conlenla  pas  de  donner  celte 
absolution  générale  des  péchés  à  ceux  qui  passaient 
en  Palestine  pour  faire  la  guerre  aux  Sarrasins  :  on 
étendit  cette  grâce  à  ceux  qui  allaient  en  Espagne 
pour  en  chasser  les  Maures,  à  ceux  qui  depuis,  firent 
la  guerre  aux  hérétiques  de  Languedoc,  et  à  ceux  qui 
allaient  au  secours  de  l'empire  de  Romanic  ou  de 
Constantinople,  qui  fut  conquis  par  une  armée  de 
Français  jointe  à  celle  des  Vénitiens.  Enfin  cctt« 
même  indidgence  se  communiqua  non-seulement  à 
ceux  qui  élaienl  en  personne  à  ces  expéditions ,  mais 
encore  à  ceux  qui  y  contribuaient  de  leurs  deniers. 
De  là  vint  la  coutume  de  donner  l'absolution  avant 
l'accomplissement  de  la  pénitence,  et  même  avant 
que  l'on  se  fût  mis  en  devoir  de  raccompiir,  sur  la 
simple  promesse  de  faire  le  voyage  de  la  croisade.  7J 
est  vrai  que  les  papes  et  les  évêques  faisaient  tout  ce. 
qui  dépendait  d'eux  pour  obliger  ceux  qui  avaient  pris 
la  croix  à  s'acquitter  de  leurs  vœux,  mais  il  n'était 
que  trop  commun  de  voir  bien  des  gens  se  mcilre  peu 
en  peine  de  satisfaire  à  leurs  obligations  ,  après  avoir 
reçu  l'absolution  générale;  l'histoire  ecclésiastique  est 
pleine  de  ces  exemples ,  comme  on  le  peut  voir  dans 
celle  de  M.  Fleuri. 

Les  choses  allèrent  de  mal  en  pis,  dans  le  treizième 
siècle  et  même  dès  la  fin  du  douzième  ;  non-seulement 
on  accorda  l'absolution  des  péchés  à  ceux  qui  fai- 
saient, comme  on  parlait  alors,  le  service  de  la  Terre- 
Sainte,  mais  on  appliqua  cette  indulgence  à  ceux  qui 
contribuaient  de  quelque  chose  au  bâtiment  d'une 
église  ,  ou  de  quelque  autre  ouvrage  qui  avait  rapport 
à  la  religion.  Il  est  vrai  que  l'on  remettait  rarement 
tous  les  péchés ,  ou ,  pour  me  servir  encore  des  ex- 
pressions des  auteurs  de  ce  temps,  que  l'on  accordait 
rarement  l'indulgence  pleine  et  entière  pour  avoir 
contribué  de  quelque  somme  d'argent  à  la  construc- 
tion de  ces  édifices  ;  on  restreignait  pour  l'ordinaire 
cette  indulgence  à  la  troisième  ou  à  la  quatrième  par- 


vrélres  qtri  ne  leur  résisteront  pas  vigomeusemenl ,  se-  i|i  lie  des  peines  canoniques  dues  au  péchés  ;  mais  par 


621  HISTOIRE  DES 

une  autre  invention  on  obtenait  facilement  l'indul- 
gence entière,  en  contribuant  à  la  construction  ou  à 
Ja  rcpar.  lion  de  trois  ou  quatre  de  ces  ouvrages  en- 
semble... C'est  par  le  moyen  de  ces  contributions 
qu'un  bon  nomi)rede  nos  principales  églises  de  France 
furent  alors  bâties  ou  réparées.  Cotie  méibode  si  fa- 
cile de  raclieler  ses  péchés,  et  de  se  dispenser  d'en 
faire  pénitence,  fut  tellement  du  g  ûl  du  peuple,  que 
^    Maurice,  évêque  d  '  Paris,  qui  succéda  à  Pierre  Lom- 
bard, quoique  né  de  parents  pauvres,  vint  à  boni  par 
cette  voie,  de  bàlir  le  superlic  édifice  de  la  catbédrale 
et  quatre  abbayes.  On  étendit  même  l'indulgence  à 
tous  ceux  qui  contribueraient  à  la  réparation  de  toutes 
sortes  d'ouvrages  publics,  comme  ponts,  chaussées, etc. 
Celte  relaxation  entière  des  pénitences  canoniques 
ne  plaisait  pas  aux  plus  éclairés.  On  voit  dans  un  ex- 
trait d'un  ouvrage  manuscrit  de  Pierre-le-Clianire , 
que  ciie  le  P.  Morin,  1. 10.  c.  20,  les  objections  qu'ils 
proposaient  contre  cette  manière  si  courte  et  si  facile 
d'expier  les  péchés;  il  ne  parait  pas  que  iui-mème 
r;q)prouvâl  beaucoup  :  néanmoins  il  n'ose,  pour  ainsi 
dire,  l'attaquer  de  front  ;  il  se  contente  de  proposer, 
comme  en  tremblant,  les  o])jecti<ms  de  ceux  qui  l'im- 
prouvaienl ,  et  n'a  rien  de  plus  plausible  à  y  opposer 
que  la   conlumc  (pii  s'élail  introduite  :  L'Eglisu  ro- 
maine, dit-il,  remet  aux  pèlerins  d'oulre-mer  trois  ans, 
le  jour  du  J eudiSaint  ;  deux  ans  aux  autres...  ;  elle  re- 
met ce  jour  là  la  troisième  ou  la  quatrième  partie  de  la 
P'Jnitence  à  ceux  qid  vont  à  la  mémoire  d'un  mnrtip-.  Il 
ajoute  :   Les  relaxations   per.'ionnelles  pour  de  bonnes 
raisons  sont  légitimes,  mais  non  pas  les  générales.    Il 
rapporte  à  cette  occasion  ce  que  dit  au  peuple  le  pape 
Grégoire  VIII,  après  avoir  dédié  l'église  de  Bénévem, 
qu'il  avait  fait  bàlir  :  Il  est  plus  sur  pour  vous  de  faire 
pénitence ,  que  je  vous  en  remette  la  quatrième  ou  quel- 
que auUe  pv.rtie...    Il  propose  ensuite  sur  celle  ques- 
tion les  différents  sentiments  et  les  raisons  pour  et. 
contre,  en  ces  t  rnies  :  Lorsque  l'on  accorde  cette  in- 
dulgence,  quelques-uns  disent  qu  elle  n'a  lieu  qu'a  pris 
la  mort,  quand  le  pécheur  n'a  pu  faire  pénitence  ;  d'au- 
tres disent  qu'il  est  aussitôt  délivré.  Savoir  qii.lle  opi- 
nion est  la  véritable ,  consultez  le  pape  ou  l'évèque  qui 
accorde  cette  relaxation...    Nous  pouvons  aussi  confir- 
mer ce  que  nous  avons  dit,  pur  ces  raisons,  quoique  fai- 
bles :  Un  prêtre  d'un  moindre  rang  allège  la  pénitence  ; 
donc,  ceux  qui  sont  dans  un  rang  plus  élevé  peuvent  la 
•émettre  entièrement;  mais  celui-là   ne  radoucit  que 
juandil  voit  qîielle  est  au-dessus  de  la  portée  du  péni- 
tent, aimant  mieux  qu'elle  soit  suppléée  par  le  Purga- 
toire, que  d'être  entièrement  rejetée  ici-bas.  Il  fait  aussi 
U7ie  remise  particulière  de  la  pénitence,  et  non  une  géné- 
rale. De  plus,  une  personne  s  ipplée  à  la  pénitence  d'une 
autre  ;  donc ,  l'évèque  peut  faire  la  même  chose.  Cela 
n'est  pas  vrai,  dira  quelqu'un  ,  parce  que  celui  qui  sup- 
plée ainsi  fait  une  pénitence  égale,  et  il  le  fait  par  les  sa- 
crements et  l'autorité  de  l'Eglise  ;  mais  là,  il  n'y  a  point 
de  peines  équivalentes. 

On  voit  par  tout  ce  raisonnement  de  Pierre-lc- 
Cljantre,  un  des  tbéologii.-ns  les  \>\m  habiles  et  les  ' 


SACHE  MENTS. 


652 


plus  pieux  de  ce  temps,  c'est-à-dire,  de  la  fin  du  dou- 
zième siècle,  combien  on  se  trouvait  embarrassé  alors 
pour  jiistilier  la  pratique  si  commune  des  indulgen- 
ces, on  de  la  relaxation  des  peines  canoniques,  et 
combien  on  avait  de  peine  à  les  accorder  avec  l'ana-  ; 
liigie  de  la  foi  et  les  maximes  de  la  Pénitence,  dont  ' 
la  mémoire  élait  encore  récente.  Cependant,  la  pra-  ■■ 
tique  de  rédimer  p:  r  celle  voix  les  peines  canoniques 
prévalut,  et  rendit  bientôt  les  pénitences  arbitraires. 
Le  bieidieureux  Etienne  d'Obasine.  qui  mourut  vers 
le  milieu  du  douzième  siècle,  et  dont  la  vie  a  été 
écrite  par  un  auteur  contenjporain,  (jue  M.  B;duze  a 
domiée  au  public  dans  le  A'  tome  de  ses  Miscellanea  ; 
ce  bienheureux,  dis-je,  sans  être  maître  en  théologie, 
s'ex[)liqua  bien  neltemenl  sur  cet  usage  d'accorder  des 
indulgences  pour  la  conslruction  des  éjjlises;  car  l'é- 
vèque lui  ayant  donné  des  lettres  qui  contenaient  des 
exhortations  aux  fidèles  à  contribuer  aux  frais  de  la 
construction  de  l'église  de  son  monastère,  et  lui  ayant 
demandé  quelles  indulgences  il  voulait  qu'on  accor- 
dât pour  cela,  le  Saint  répondit  qu'étant  accablés,  lui 
et  ses  frères ,  du  poids  de  leurs  péchés ,  ils  n'étaient 
l)oinl  en  état  de  remettre  ceux  des  autres  :  Nos,  no- 
stra  adhuc  prémuni  peccata,  ner  possumus  levure  aliéna. 
C'est  ainsi  ipie  le  fait  parler  l'auteur  de  sa  Vie,  lib.  4, 
ei  il  venait  de  dire  un  peu  auparavant  que ,  (pioique 
levé  [ue  le  pressât  souvent  de  lui  permettre  de  pu- 
blier des  indulgences  pour  ceux  qui  conlribueraienl  à 
celle  bonr)e  œuvre ,  le  Saint  n'avait  jamais  voulu  y 
consentir,  et  qu'il  réiiondit  :  Nous  ne  voulons  point  in- 
troduire cette  coutume ,  qui  serait  scandaleuse  pour  le 
peuple  et  ignominieuse  pour  nous. 

CHAPITRE  IV. 
Sentiments    des  docteurs  scolasliques    favorables    aux 

changements  arrivés  dans  la  discipline  de  la  Pénitence, 

dans  le  douzième  et  le  treizième  siècle. 

On  co  tinua,  depuis  Pierre  le-Ciiantre,  à  disputer 
de  la  vertu  des  indulgences ,  et  on  se  mil  sérieuse- 
ment en  devoir  de  satisfaire  aux  objeeiions  qui  ve- 
naii-nt  natirellemenl  à  l'esprit  de  ceux  qui  compa- 
raient rancie/ine  prali(pie  et  lt!S  maximes  des  Pères, 
avec  ci'lle  grande  facilité  d'obtenir  le  pardon  des  pé- 
chés; on  cherchait  quel  pouvait  être  le  fondement  do 
celle  profusion  de  grâces  que  les  prêtres  et  les  évo- 
ques prodiguaient,  pour  ainsi  dire,  moyennant  ([uel- 
que  i>eu  d'argent,  ou  quelques  œuvres  de  dévotion 
dont  la  n  ilure  n'était  point  incommodée.  Les  papes, 
toujours  atiachés  à  l'ancieime  discipline,  dont  l'Eglise 
rom.iine  a  conservé  plus  que  toutes  les  autres  de  pn';- 
cieux  restes,  se  trouvant  dans  l'obligation  d'arrèier  le 
cours  de  ces  abus,  restreignirent  finduigence  plo- 
nière  à  la  croisade,  et  même  à  celle  de  la  Terre-Sainte 
d.ms  les  connnencenienls  ;  et  le  pape  Innocent  III, 
dans  le  (pi;ilrième  concile  de  Latran ,  tenu  en  1-21"), 
dèleiidil  sévèremenl  ces  indulgences  indiscrètes  et  su- 
perilnes  (pu)  quelques  prél.its  ne  craignent  point  d'ac- 
corder, rendant  par  celte  conduite  l.s  clés  de  l'E- 
glise niéprisai)les,  el  énervant  la  satisfaction  delà  Pé- 
nitence :  c'est  ainsi  qu'il  s'explique  dans  bj  canon  G-2'  ; 


;     P;»ur  revenir  :iux  Misoniiemeiits  des  docleiirs  sco- 
lasiiqiies  toncliai.l  celte  nouvelle  rn.inière  d  expier  les 
peclics,  la  plupart  élablirenl  pnur  principe  que  la  con- 
trition so(dc  re.n.-itail  les  péchés,  cl  qn-  l'absolution 
du  prêtre  ne  servait  qu'à  ratifier  ce  que  Dieu  avait 
déjà  fait  intérieurement,  et  à  remettre  les  peines  dues 
aux  péchés.  C'était  à  peu  près  le.  seuliuient  de  Hugues 
et  de  Richard  de  S.  -Victor,  disciples  de  Guillaume  de 
Chanipeaux,  qui,  après  avoir  enseigné  la  philosophie 
à  Paris,  avec  de  grands  applaudissements,  se  rendit, 
étant  déjà  avancé  en  âge,  disciple  d'Anselme  de  Lion,' 
pour  étudier  sous  lui  la  théologie,   et  de  là  revint  à 
Paris  ,  où  il  établit  le  premier  une  double  école  de 
théologie,  dont  l'une  était  dans  Paris  même ,  et  l'au- 
tre dans  l'abbaye  de  S.-Victor,  qu'il  fonda.  Il  n'était 
pas  difficile  ,  comme  vous  voyez  ,  suivant  celle  opi- 
nion, de  concilier  la  pratique  de  donner  nn'^-"-  *     ""' 
solution  après  la  conlessiou   -     ^'"^  ^^'''^  ^'*^  ^''"PC"- 
ser  des  peines  ""  -■■"l"es  eu  faveur  de  quelques  bon- 
no^  vit^uvres,  avec   la  vertu   de  l'absolution  et  das 
exercici  s  de  la  Pénitence.  Mais  tous  n'entraient  pas 
dans  ce  sentiment  ;  plu<;ieurs  prétendaient  que  l'on  ne 
pouvait  être  absous  devant  Dieu,  sinui.  a,.,.A<;  \^  con- 
fession cl  l'accomplissement  de  la  salisli^ction.  C'est 
ce  que  nous  apprenons  de  Gralicn ,  qui  propose  les 
deux  senlimenls,  et  qui,  après  avoir  bien  laisonné 
pour  et  contre,  laisse  la  chose  indécise.  Le  Maître  des  ] 
Sentences,  1.  -4,  dist.  17,  propose  de  même  les  deux 
sentiments,  en  ces  termes:  Quelques-uus  diseiii  que 
personne,  sans  la  confession  et  les  œuvres  salisfacloires , 
ne  peut  être  purifié  de  ses  péchés ,  s'il  a  le  temps  de  sa- 
tisfaire. D'autres  enteiyuent  qu'avant  lu  confession  et  la 
satisfaction ,  les  péchés  sont  remis  devant  Dieu  par  la 
contrition,  si  cependant  on  a  le  désir  de  se  confesser.  Il 
embrasse  ce  dernier  sentiment,  et  s'efforce  de  le  prouver 
par  divers  passages  des  Pères. 

Il  est  clair  qu'avec  celte  opinion  on  ne  devait  point 
trouver  étrange  la  relaxation  des  peines  canoniques  , 
puis(iu'clles  ne  servaient  de  rien  pour  obl«jnir  la  ré- 
mission des  péchés,  qui  était  accordée  aussitôt  à  ceux 
qui  se  repentaient  sincèrement  de  ceux  qu'ils  avaiint 
commis;  car  c'est  sans  doute  ce  qu'ils  entendaient 
parce  terme  de  contrition  ;  mais  ,  outre  que  ce  senii- 
nient  n'était  pas  universellement  reçu  et  qu'il  souf- 
frait ses  diflicullés,  il  se  présentait  par  rap|)ort  à  l'in- 
dulgence une  objection  tirée  de  colle  maxime,  avouée 
de  pari  et  d'autre,  savoir,  que  le  péché  doit  être  puni 
de  la  part  de  Dieu,  ou  de  la  part  de  l'homme,  t  Aut 
t  Deus  punit,  aut  homo.  »  D«)ù  il  s'en>uit  que  si  les 
hommes  accordent  une  relaxation  entière  des  peines 
aux  pécheurs,  ils  tombent  en  ce  cas  entre  les  mains 
de  la  justice  vengeresse  du  Seigneur,  et  que,  par  con- 
séquent, l'indulgence  plénière  ne  pput  avoir  lieu.  Les 
docteurs  scolastiques  donnèrent  la  torture  à  leurs 
esprits  pour  résoudre  celle  difiiculté  :  accoutumés  aux 
subiUité*  dQ  la  philO!>ophie,  que  l'on  avait  commence  à 


lions 
Ma 


imagniercnl  mille  solu- 


.là  celui,  a  mon  avis,  qui  y  répondit  le  plus  so- 
hden.cnt  fut  Alexandre  de  Ilalès  ,  dont  voici  les  ter 
mes  (i  p.  Summœ ,  q.  23)  :  On  peut  dire  que  quand  t. 
Pape  donne  une  indulgence  plénière,  il  punit  lui-  même 
en  obhgeant  l  Eglise,  ou  quelqu'un  de  ses  membres   à  sa- 
lislmrc.  Ou  bien  on  peut  dire  que  te  trésor  de  l'Eglise 
'im  est  exposé  pour  satisfaire  en  son  nom  ,  est  composé 
principalement  des  mérites  de  Jésus-Christ,  elc      d'oii 
Ils  ensuit  que  Dieu  punit  les  péchés  qui  sont  remis  par 
l  indulgence,  comme  homme  et  comme  Dieu,  ensou/franl 
et  en  satisfaisant  pour  nous .  etc.   Ce  docteur  est  le 
premier  qui  ait  posé  pour  fondement  des  induken^*'^ 
ce  trésor  de  l'Eglise;  et  celte  sol"»:-        -"  ^^^^'^ 
très-célèbre,  la  nb"^—      '  '"•^'^'ogiens   ayant  suivi 
son  '="•-■      •■  ""■  ^  ^'^"^  ^'"S'  débarrassés  des  difficul- 
tés dont  ils  étaient  accablés  auparavant.    Alexandre 
de  Halès  avait  expliqué  plus  haut  en  quoi  consistait 
ce  trésor,  et  avait  fait  voir  qu'il  élait  composé  des 
mentes  surabondants  des  membres  de  Jésus-Christ  et 
de  ceux  de  ce  divm  Sauveur. 
On  voit  clairement  dans  S.  Raimond  de  Pegnaforl 

couverte  d'Alexandre  de  Ilalès,  quand  il  s'agissait 
d'expliquer  quel  était  l'objet  et  le  fondement  des  in- 
dulgences ;  car  (I.  3,  c.  de  Pœnilenliis  et  Remissioni 
bus,  §  63)  il  se  propose  la  question  :  «  A  quoi  servent 
les  indulgences  que  l'on  accorde  pour  la  construction 
des  ponts  et  autres  ouvrages  semblables?  >  A  quoi  U 
répond  :  Les  sentiments  sont  différents.  Quelqudi-uyi 
disent  quelles  n'ont  lieu  que  pour  les  péchés  d'ignorance  • 
d'autres,  qu'elles  n'ont  lieu  qu'à  l'égard  des  péchés  re- 
niels  ;  d'autres ,  que  quant  à  la  pénitence  dont  on  s'est 
acquitté  négligemment  ;  d'autres,  enfin,  que  quant  à  ta  di- 
minution de  la  peine  du  Purgatoire.  Pour  ce  qui  est 
de  moi,  je  suis  le  sentiment  commun,  qui  est  qu'elles 
onl  autant  de  valeur  que  portent  les  termes  avec  les- 
(piels  elles  sont  énoncées,  elc.  C'est  ainsi  que  les 
senliineiils  étaient  partagés  d'abord  ,  mais  depuis  ils 
se  sont  en  quelque  façon  réunis,  à  peu  de  chose  près: 
tous,  à  l'exception  d'un  petit  nond)re  de  théologiens, 
convenant  que  le  fondement  des  indidgences  est  le 
niérittî  infini  de  Jésus-Christ  et  de  ses  saints,  et  que 
leur  objet  esl  la  remise  ou  relaxation  des  peines  par 
lesquelles  les  péchés,  sans  cela,  devraient  être  expiés 
par  celui  qui  les  a  commis  et  s'est  ainsi  rendu  rede- 
vable à  la  justice  de  Dieu.  Ce  qui  est  snrprennnl, 
c'est  que  Guillaume,  évè(iue  de  Paris,  qui  vivait  en 
même  temps  qu'Alexandre  de  Ilalès ,  et  Alberl-le- 
Grand,  qui  a  suivi  à  peu  de  chose  près  le  même  sen- 
timent ,  ne  fait  aucune  mention  de  ce  trésor  de  l'E- 
glise, (]uoiqu'il  traite  fort  au  long  des  relaxations  de 
la  pénitence,  cl  qu'il  résolve  plusieurs  objections  qui 
se  présentent  sur  celle  matière.  Il  fallait  sans  doute 
que  celle  solution  de  Halès  ne  fùi  pas  encore  alors 
assez  connue  ni  assez  autorisée. 


635 


HISTOIRE  DKS  SACREMENTS. 


056 


■  ■      r.mn.Uc  résolue,  on  en  (it  une  au-  t  Mais  en  voilà  assez  là-dossus.  Parlons  prësenlemenl 
Celte  prennere  ^'^':'*^"*^"  ,X;  "'' ,,,^„,„.t.,e.Grand  S  de  Tétat  de  la  pénitence  dans  les  douzième  ei  tre.- 
••■^  '•"'  "'"  ^,r:^I'^-^^ë  ^!u:^isa,.te.  on  I  .iùn>e  sieeles.  et  e.an.inons  ...els  étaient  les  débris  de 


;,i.ait;ue  les  pénitences  s in.posaienl  aux  pécheurs, 
„ou -seulement  pour  les  punir  de  leurs  pèches,  mais  | 
pour  leur  servir  de  remède  contre  les  .naiaa.es  de  i 
l'ànie  et  pour  éteindre  les  allections  dépravées 
on  concluait  que  l'indulgence  ne  dispensait  pas  d  ac- 
c.o.nplir  les  péuitcnces  ordinai.-es,  et  (p.e  ,  par  conse- 
(Mienl,  elles  ne  servaient  de  rien.  A  (p.oi  Albert  re- 
pond que  ,  si  le  pécheur  n'est  point  tenu,  a  cause  de 
1  indulgence,  de  faii-e  la  pé.ntencc  qu'un  confesseur 
prudent  et  discret  lui  a  imposée  comme  sat.slaclion  , 
il  0.1  utile  qu-il  la  fasse  pour  lui  servir  de  remède  et 
do  préservatif  contre  les  rechutes.  El  ideb  licèt  non 
tcneatur  servare  ul  salisfaciat  pro  ream,  utile  tamen  est 
'"  '^'  -   ■       ''.^ncinà.  11  semble  qu'après  des  solul.ons 
si  lieureusement  trou..     .,  ..,  ^j^^.^n  j,^,s  ,. ester  de 
difficulté  sur  le  sentiment  commu..  ^      ....anrsde 
l'école  qui  suivirent  presque  tous  celui  du  Maître  aes 
Sentences,  que  nous  avo.is  rapporté  il  n'y  a  qu'un 
moment.  Cependant  il  .ne  paraît  diamétralement  op- 
posé à  celui  des  souvciains  pontifes,  qui,  dans  les  in- 
uiiiyciiucsiju  us  accuiuaiciu,  sui  luut  pour  Ics  croisadcs, 
ne  croyaient  pas  remettre  seulement  aux  pécheurs  les 

aussi  leur  donner  l'absolution  de  la  coulpe  du  pé- 
ché, comme  parlent  les  théologiens.  A  reatu  absolvere. 
Pour  vous  en  convaincre  ,  vous  n'avez  qu'à  relii'c  les 
termes  dont  se  servit  Uibain  II  au  concile  deClermont, 
suivant  Guillaume  de  Tyr.  Le  pape  Gélase  II,  écrivant 
à  l'armée  des  chrétiens  qui  assiégeait  la  ville  de  Sa- 
ragosse,  fait  entendre  assez  clairement  que  telle  était 
sa  pensée,  puisqu'il  leur  dit  :  Si  quelqu'un  de  vous  ayant 
reçu  la  pénitence  meurt  dans  cette  expédition,  nous  l'' ab- 
solvons, par  les  mérites  des  saints  et  les  prières  de  toute 
r Eglise  catholique ,  des  liens  de  ses  péchés.  «  Si  quis 
«  vestrûm  accepta  de  peccalis  suis  pœnitentiâ,  in  expedi- 
«  tione  hàc  morluus  fuerit ,  nos  euni  sanctorum  meritis, 
(  et  totius  Ecclesiœ  calholicœ  precibus ,  à  suorum  vincn- 
«  lispeccatorumabsolvimus.  »  Le  pape  llonorius  III  ne 
pensait  pas  dilléremment  lorsiiue ,  dans  un  sermon 
qu'il  fit  à  ^Capoue  aux  grands  et  aux  gens  de  guerre 
de  la  Pouille  et  de  la  Calabre  qui  étaient  venus  pour 
le  secourir  contre  Roger,  comte  de  Sicile,  il  leur  dé- 
clara, au  rapport  de  Romuald,  évêquedeSalerne,  dans 
sa  chroni(iue,  que  par  l'autorité  divine  et  les  mérites  de 
tn  B.  Vierge  Marie  et  des  saints  apôtres ^  il  les  récompen- 
serait en  donnant  la  rémission  de  tons  leurs  péchés  à 
ceux  qui,  ayant  reçu  la  pénitence,  tnourraient  dans  cette 
expédition.  {Peccala  tiniversa  remisit.)  Il  est  évident, 
par  ces  paroles  qui  étaient  du  style  ordinaire  des 
bulles  pour  la  croisade,  que  les  papes  étendaient  jus- 
qu'au péché,  même  l'absolution  qu'ils  accordaient 
dans  ces  occasions  et  qu'ils  ne  se  contentaient  pas  de 
oommuer  les  peines  canoniques  en  ces  sortes  d'expé- 
ditions. Je  ne  vois  pas,  sur  ce  pied-là  ,  comment  le 
sentiment  des  docteurs  de  l'école  dont  nous  avons 


cette  ancienne  discipline,  dans  ces  temps  fâcheux  où 
elle  s'est  si  fort  allàiblie. 

CHAPITRE  V. 
D'où  I  Derétat  de  la  pénitence,  tant  secrète  que  publique,  dans 
les  douzième  et  treizième  siècles. 
Malgi-é  ce  déluge  d'indulgences  dans  lequel  la  péni- 
tence canonique  semblait  devoir  péiir,  malgré  les  opi- 
nions des  docteurs  scolastiques  qui  ,  pour  la  plupart , 
étaient  favorables  au  relâchement ,  malgré  l'oubli  des 
canons  péniientiaux  dans  lequel  lombè.-ent  la  plupart 
des  mi.iistres  de  l'Eglise,  les  vertueux  d'entre  eux 
étant  occupés  à  prêcher  la  croisade  ,  malgré  ce  mou- 
vement généial  de  la  chrétienté  qui  semblait  n'être 
occupée  dans  ces  deux  siècles  qu'au  recouvrement  et  u 
la  conservation  de  la  Terre-Sainte,  et  qu'àexlermmer 
1  les  Sarrasins  et  les  hérétiques  parées  guerres  sacrées; 
•"  r  •  ..,.,^^  conserva  encore  des  restes  vénérables  de 
son  ancien.ie  ui^v......  .^    Quoiqu.e,  à  dire  le  vrai ,  ces 

restes,  surtout  par  rapport  à  la  po.--,^,,^^  publique  qui 
devint  alors  fort  rare,  fussent  mêlés  de  traiib  c^nn- 
gers  qui  la  rendaient  plus  semblable  aux  exécutions 
des  criminels  qu'à  cette  ancienne  manière  de  faire  pu- 
hiiniiûi»»"»  p»i«iiience  de  laquelle  nous  avons  parte 
dans  les  trois  premières  parties  de  celte  section.  La 
pénitence  était  surtout  rigoureuse  en  ce  temps-là  con* 
lie  les  hérétiques  qui  revenaient  à  l'Eglise  en  abju- 
rant leurs  erreurs.  Nous  nous  contenterons  d'en  rap- 
porter un  exemple.  En  l'année  1178,  l'hérésie  se  ré- 
pandant de  nouveau  dans  la  province  narbonoise  ,  on 
prit  à  Toulouse  un  certain  Pierre,  connu  par  son  opi- 
niâtreté et  ses  richesses.  Cet  homme,  partie  par  con- 
viction, partie  parla  crainte  de  la  mort,  abjura  publi- 
quement son  hérésie,  comme  le  lénioigne  Roger  d'Ho- 
veden,  auteur  du  temps  ;  néanmoins  il  fut  condamné 
à  une  pénitence  que  l'hisiorien  que  nous  venons  de 
nommer  décrit  de  cette  sorte  :  On  amena  Pierre  devant 
une  muliiludeinfmie\de  qens;on  le  fit  passer  nu  et  déchatisté 
par  l'entrée  de  l'église,  étant  fouetté  des  deux  côtés  par 
Cévêquede  Toulouse  et  l'abbé  de  S.  Sernin  jusqu'à  ce 
qu'il  vînt  aux  pieds  du  légat  sur  les  degrés  de  l'autel.  Là 
il  fut  réconcilié  en  face  de  l'Eglise  ,  ayant  abjiiré  toute 
hérésie  et  anathémalisJ  tous  les  hérétiques.  Atissiiôt  son 
bien  ayant  été  confisqué  ,  on  lui  imposa  cette  pénitence  : 
savoir  ,  qu'au  bout  de  quarante  jours,  abandonnant  sa 
patrie,  il  irait  à  Jérusalem  pour  y  servir  les  pauvres  du- 
rant trois  ans.  Que  dans  l'intervalle  de  son  départait 
irait  tous  les  dimanches  à  Toulouse,  d'église  en  église,  nu 
et  sans  chaussure ,  étant  fouetté  de  verges.  Cum  disci- 
plinalibus  virgis  ,  ce  qui  pourrait  aussi  signilier  seule- 
ment qu'il  portait  ces  verges  en  ses  mains.  0«'//  ren- 
drait aux  églises  les  biens  qu'il  leur  avait  enlevés ,  qu'il 
restituerait  les  ttsures  et  les  dommages  qu'il  avait  causés 
aux  pauvres,  cl  qu'il  détruirait  jusqu'aux  fondements  un 
château  qui  lui  appartenait  et  qui  avait  servi  aux  héré- 
tiques pour  y  tenir  leurs  assemblées.  La  pénitence  que 


parlé  a  pu  se  répandre  si  fort  et  prévaloir  parmi  eux.  |  l'on  imposa  à  ceux  qui  avaient  contribué  en  quelque 


658 


657      PÉMTElNCE.  —  SECT.  III.  PART.  IV.  ClIAP.  V.  PÉNITENCE  SECRÈTE  ET  PUBLIQUE. 
chose  au  meurtre  de  S.  Thomas  de  Caiilorbcri,  est      confiés  à  ses  soins,  et  que,  quand  il  se  présentait  sur 

I  cela  (|uclquc  diflicuilé,  il  s'adressait  aux  évcqiies  pour 


assez  du  goùi  de  celle  dont  nous  venons  de  laire  1 
description. 

Le  pape  Grégoire  IX  publia,  en  1:230  ou  pou  après, 
le  recueil  des  décrélalcs  compilées  j)ar  S.  Raymond, 
alin  qu'on  réglât  les  jugements  ecclésiastiques ,  soit 
publics,  soit  parliculicis,  sur  ce  qui  yeslconlcnu.  On 
voit  dans  celte  collection  que  quand  l'occasion  s'en  est 
présentée  il  a  lait  dos  réponses  conformes  aux  anciens 
canons  (ju'il  a  insérés  parmi  les  luis  publiques.  Dans 
le  livre  5,  (tit.  12,  c.  "1),  il  impose  pour  l'homicide 
cette  pénitence,  conformément  à  l'ancien  pénitenliel 
romain  :  Vous  avez  tué  un  voleur  dont  on  pouvait  se  sai- 
sir sans  lui  causer  la  mort,  parce  quil  a  été  créé  à  11- 
muije  de  Dieu  ;  vous  n'entrerez  point  dans  l'église  pen- 
dant quarante  jours;  et  étant  revêtu  d'un  habit  de  laine , 
t'OKs  vous  abstiendrez  des  viandes  et  des  boissons  qui  saut 
interdites.  De  plus,  vous  ne  porterez  point  d'armes  et  ne 
monterez  pas  à  cheval  pendant  lesdits  jours.  La  troisième, 

la  cinquième  férié  et  le  samedi,  vous  poury^-  ''   ' 

,         ,         ,.  ,   ,  v/xi/HCS  c<  de  petits  puis- 

ment  de  quelques  legunir^        '  .  ... 

,  ut;  la  bierre  qui  ne  soH  pas  forte.   An- 

sons,    /)"■■-  '  ri 

'eurs  {de  Accusât,  c.  8)  :  Vous  avez  porté  une  accusation 
contre  quelqu'un,  et  par  là,  vous  avez  été  ta  cause  de  sa 
mort.  A  moins  que  vous  ne  rayez  fait  pour  procurer  la 
paix   vous  ferez  pénitence  pendant  quarante  j^^..,  ..,  «,  ; 
s'appelle  carême  [caréna),  vivant  de  pain  et  d'eau  seule- 
ment avec  tes  sept  années  suivantes.  Que  si,  par  votre  dé- 
lation  il  a  été  mutilé  seulement ,  votre  pénitence  sera  de 
trois  l-arêmes.  La  même  chose  est  établie  contre  les 
médisants.  Ces  décisions  ,  et  d'autres  que  nous  pour- 
rions rapporter,  font  voir  que  l'on  n'avait  pas  encore 
oublié  dans  le  treizième  siècle  les  règles  de  la  peni- 
lence    et  que  le  pape  Grégoire  IX  qui  vivait  dans  le  j 
treizième  siècle  voulait  qu'elles  fussent  observées, 
surtout  quand  il  s'agissait  de  la  pénitence  publique, 
qui,  sous  prétexte  des  croisades  ,  dépérissait  tous  es 
jours   la  plupart  des  pécheurs  aimant  mieux  prendre  | 
partie  dans  les  guerres  contre  les  inlidèles  que  de  su-  , 
bir  les  travaux  attachés  à  cet  éial.  Voilà  une  idée  | 
abrégée  des  règles  que  l'on  suivait  encore,  ou   au 
moins  que  Ton  devait  suivre,  et  que  l'on  recomman- 
dait aux  pécheurs  convaincus  de  crimes  notoires  et 
scandaleux.  Il  reste  à  examiner  l'état  auquel  se  trou- 
vait alors  la  pénitence  secrète. 

Saint  Bernard  nous  apprend  que  les  ministres  exacts 
consultaient  les  anciens  canons  pour  savoir  comment 
ils  devaient  imposer  la  iiénitence  aux  pécheurs  qui 
s'adressaient  à  eux.  Ricnin,  évéquc  de  Toul,  lui  avaii 
envoyé  un  homme  coupable  d  un  crime  pour  qu'il  lui 
imposât  pénitence.  La  démarche  de  cet  évèque  fait 
déjà  voir  que   la  maxime  qui  fait  envisager  les  péni- 
lonces  comme  arbitraires,  n'était  point  si  générale- 
ment reçue,  puisque  cet  évè(iue  se  délie  de  ?es  pn- 
pres  lumières  eu  cotte  matière  ;  ce  qu'il  ne  ferait  p.v, 
sans  doute,  s'il  eût  cru  que  les  peines  dont  on  punit 
los  péchés  étaient  à  la  discrétion  du  confesseur.  Saint 
Bernard  lui  écrivit,  ep.  01,  qu'il  n'avait  pas  coutume 
d'imposer  des  pénitences,  sinon  à  ceux  (lue  Dieu  a\iui  ï 


èlio  édaiici  de  ses  doutes.  Eiilin ,  il  aveilil  ré\èque 
do  renvoyer  cet  lioinimi  à  son  jtropre  pasteur,  qMÏ, 
sachant  les  canons,  lui  impose  une  pénitence  conve- 
nable, de  peur  que,  s'il  vieni  à  mourir  dans  son  péché. 
Dieu  lui  redemande  compte  de  son  sang. 

Cela  fait  voir  que  si  les  gens  de  bien,  en  ces  temps, 
ne  suivaient  pas  les  anci(;iis  car.ons  pénitentiiuix  à  la 
lettre,  ils  tâchaient  au  moins  d'y  rendre  leur  conduite 
conforme  en  se  les  proposant  pour  règles.  Ce  tempé- 
rament parait  bien  naïvement  déiicint  dans  ce  que 
dit  Robeit  Pullns  qui  fut  lait  cardinal  en  l'an  11-44 
(  lib.  Sent. ,  parte  7  ,  c.  5)  :  Si  la  fragilité  du  pécheur 
est  si  grande  qu'il  ne  puisse  supporter  ni  la  qualité  ni 
la   quantité  de  la  pénitence ,   il  faut  chercher  quelque 

chose  qui  ne  demande  point  de  force,  et  uni."-  '  '     ^ 
,    ,    ,.  .  „•  .      ,,         ,         ~~  oJa^iaclion  dont  tout 

de  le   aire  sonurir.  Jl  est  ■'.-        .         .  ,         , 

,  ..^,  ira  lier,  qui  est  néanmoins  rude.etdau- 

IlOillIil/'     -III  3 

tant  pins  agréable  à  Dieu,  qu'elle  est  plus  humble;  comme 
quand  une  personne  prosternée  aux  pieds  d'un  prêtre  se 
présente  pour  être  fustigée  à  nu.  Mais  le  jeune  est  de  toutes 
les  peines ,  dont  notre  mère  la  sainte  Église  châtie  les 

pécheurs,  celle  qui  cet  prjfji-rii.uj.^-.^—  * » 

plus  eslimée  généralement.  Ces  dernières  paroles  font 
voirnnf»  r-r»  /vnr.iin^l  roniiaissait  l'esprit  de  l'Eglise, 
puisqucffecliveuîent   le   jeûne,    dans  les   meilleurs 
temps ,  a  toujours  été  considéré  et  pratiqué  comme 
la  principale  partie  de  la  pénitence.  Pierre  de  Blois  , 
qui  vivait  vers  la  lin  du  douzième  siècle,   veut  aussi 
que  l'on  n'agisse  ni  trop  mollement ,  ni  avec  trop  de 
rigueur  avec  les  pécheurs  pénitents ,  mais  que   l'on 
ga'i-de  un  juste  milieu  dans  l'imposition  des  pénitences 
en  suivant  la  règle  des  Pères.  Médium  teneat  (  il  parle 
du  confesseur),  ne  nimia  remissio,vd  nimia  austeritas 
sit  in  eo,  cerlumque  pœnitentiis  modum,  ju.xta  sanclorum 
Pairuminsiltula,  prœsaibut.  C'est  ce  qu'il  enseigne 
dans   un   petit  traité  .lu'il  a  publié  louchant  la  péni- 
tence et  la   salisfaclion  que  les  i)rèlres  doivent  impc 
ser  aux  pécheurs.  Il  lit  ce  petit  ouvrage  à  l'occasion 
d'un  abbé  (lui  obligeait  ses  moines  à  venir  se  confesser 
à  lui  el  leur  imposait  des  peines  trop  dures. 
I      Nous  avons  fait  voir  s-ur  la  lin  du  7' chapitre  delà 
troisième  partie  de  celle  section,  de  quelle  manière 
la  pénitence  s  imposait  par  les  confesseurs  dans  le 
treizième  siècle.  Robert  de  Flamebeurg,  pénitencier 
de  Paris  ,  et  Pierre  de  Poitiers,  dont  nous  avons  rap- 
porté les  passages ,  nous   y  apprennent  comment  ils   , 
miti'^eaient  les  pénitences  et  les  mettaient  à  la  portée 
lies  pénilenis  ;  on  pi  ut  les  consulter  de  nouveau.  Nous 
nous  coni.  nierons  d'ajouter   ici  ce  que  nous  trouvons 
là-dessus  dans   les  ouvrages  de  S.  Uonavenlure    qui 
fut  créé  cardinal  en  1-27-2.  Après  avoir  dit  qu'il   sem- 
ble (pie  la  laxalion  des  peines  soit  laissée  à  la  discre-) 
lien  du  prêtre,  il  ajoute  :  Afin  que  vous  sachiez   coni-\^ 
ment  le  prêtre  doit  se  conduire ,  remarquez  que  regulie- 
r.nienl  pour  l'adultère,  le  parjure,  la  fornication,  etc., 
,'/  faut  imposer  une  péuilence  de  sept  ans.  Et   ensuite  •. 
En  ca;,SK/c>.,«(  bien  cette  yc>jle  avec  ses  exceptions,  un 


659 

homni.  attentif  e^  diligent  rourra  connartre  quelle  s.- 
tu(act,ouildoit  prescrire  suivant  les  canons  pénuenltaux; 
et  le  prêtre  ne  doit  pas  s  éloigner  de  cette   règle ,  sinon 
pour  cause.  Cest  en  cela  que  consiste  le  pouvoir  qu  tl  a 
d\igir  selon  qu'il  le  jugera  à  propos  ;  cesl-a-dire  ,  qn  t/ 
doit  peser  pour  quelle  circonstance ,  quand  et    combien 
on  peut  augmenter  ou  diminuer  les  peines   canoniques. 
C'est  là  ropinion  de  certains  tlicologiens.  Tar  inallienr 
cette  opinion.-o.i  plutôt  te senliinei.t qui  est  fonde  sur 
rancicunc  prati(iue  n'était  pas  assez  commun,  puisque, 
suivant  S.  Uainionil,  la  pliqiarl  croyaiei.l  i.ulistincic- 
ment  que  les  lénilences  en  générai  étaient  ai  biti  aires, 
à  quoi  il  ajoutequc  la  coutuineaulorisaitcelle  opinion. 
"  SECTION  QUATRIÈME 

DE      L'ABSOLUTION       OU     RÉCONCILIATION     DU     PÉCHEUR 
_      COMMENT,    EN   «UEL   TEMPS,    ET    AVEC    QUELLES   CÉ 
»■""  -„    ,\   ACCORDÉE   DANS    TOUS    LES     TEMPS 

DANS  L'EGLISE.    DE  h/i   .  ^.  _  ^^^  ^^^^^^  qu'ELLE 

PRODUIT    DANS   LES   AMES. 

Il  ne'nous  reste  ,  après  ce  que  nous  avons  rapporté 
dans  les  sections  précédentes  louchant  la  l'éiiilence  , 
qu'à  parler  de  l'absolution  ,  ou  de  la  récoixilialion  du 
péclieur  avec  Dieu  ci  avec  l'Église ,  dont  il  s'était 
iiLiiiicurcii^ïL-nicni  sépare  par  ses  désordres  pour  se  li- 
vrer au  démon,  au(|uelappai  tiennent  tt)utes  les  œuvres 
a.  ./.>«, 1.  o-K.i.  jiioii.  uc    iri.icur  a    la    un  Uf  cciiu 

liisloire  ce  que  nous  avions  à  dire  sur  l'absoliilion , 
puis(iu'elle  est  l'objet  et  la  (in  pour  laquelle  le  sacre- 
ment de  Pénitence  a  été  inslilué,  et  que  toutes  les 
peines  et  les  travaux  auxquels  se  soumeltf^il  ceux  qui 
veulent  rentrer  en  grâce  avec  Dieu,  ne  teiulent  qu'à 
obtenir  la  réconciliation. 

CIIAPITKK  PREMIER. 
De  la  manière  dont  on  a  donné  rabsolution  depuis  le 
commencement  de  l'Église  jusqu'à  présent ,  tant  en 
Occident  qu'en  Orient.  Que,  jusqu'au  treizième  siècle, 
cela  s'est  fait  par  l'imposition  des  mains  et  la  prière. 
Changement  arrivé  sur  ce  point.  Que  les  Grecs  et  les 
Orientaux  ont  gardé  l'ancienne  pratique.  Que  la  fur- 
mule  de  l'absolution,  de  l'excommunication  était  même 
autrefois  déprécatoire ,  etc. 

Ce  que  nous  avançons,  est  un  fait  à  présents!  avéré 
et  si  reconnu  par  tous  ceux  qui  ont  quelque  teinture 
de  la  connaissance  de  ranti(iuiié  (icclésiasticpie,  que 
les  maîtres  l'enseignent  publi(pieineiit  à  leurs  disci- 
ples dans  les  écoles  catholiques.  C'est  ce  qu'a  fait,  il 
y  a  peu  de  temps,  en  Sorbonne,  M.  Tourneli,  dans  sa 
3*  conclusion  de  la  9'  qiuîstion,  toni.  2,  où  il  traite  de 
la  furnie  du  sacrement  de  Pénitence  ;  il  ne  se  met  pas 
même  en  frais  pour  prouver  qu'anciennement ,  et 
jusqu'au  douzième  siècle  ,  l'absolution  était  déjiréca- 
loire,  et  il  renvoie  pour  cela  à  l'ouvragcî  du  P.  Morin 
.  sur  la  Pénitence,  où  ce  point  de  discipline  est  mis 
dans  tout  son  jour,  et  démontré  par  une  infinité 
d'autorités  dans  les  chapitres  8,  10  et  H,  du  hui- 
tième livre.  Il  se  contente  d'en  rapporter  un  petit 
nombre  que  nous  transcrirons  ici.  S.  .\iiibroiscdii  po- 
sitivement (  /.  5,  de  Spiritu  sancto,  c.  18  )  ([ue 


HISTOIRE  DÊSSTCREMÏNTS.  ^40 

hommes  prêtent  leur  ministère  pour  remettre  tes  véchés. 
Mais  ils  n'exercenl  point  un  pouvoir  qui  leur  soit  pro- 
l)ic.  Car  ce  n'est  point  en  leur  nom  ,  mais  au  nom  du 
Père  ,  du  Fils  cl  du  Saint-Esprit  (|ue  les  péeiiés  sont 
remis.  Ceux-ci  prient,  la  Divinité  absout,  hti  rogant , 
Divinitas  douât. 

S.  Léon  {ep.S^5,aliàsm  )  enseigne   formellement 
l;i  même  chose  en   ces  termes  :  Indulgentia  Dei  niki 
supplicationibus  sacerdotum  nequit  obtineri.  Eteiisuile  : 
Multiim  utile  est  ac  necessnrium ,  ut  pcccutorum  realus 
ante  ultimum  diem  sacerdotali  supplicatione  sotvalur. 
Maisqu'est-il  besoin  de  transciir    ici  les  passages  des 
Pères?  il  sullii  pour  se  convaincre  de  cette  vérité, 
que  la  l'orme  ancienne  de  l'absolution  était  dépréca- 
toire ,  de  jeter  les  yeux  sur  tous  les   livres  pénilen- 
liaux  tant  grecs  que  la.ins ,  sur  les  Sacramentaircs  et 
les  autres  livres  qui  contiennent  les  rils  et  les  formu- 
les qui  étaient  en  usage  dans    l'administration  de  la 
Pénitence.  Oii'o"  l^^s  lise  et  relise  tant  qu'on  voudra, 
•■•onyera  rien  autre  chose,  quand  il  s'agit  de  la 
réconciliation  ut-:,  ...  .  ,.„.^  ^j^^  p,.ièrc>.  quelque- 

fois jusiiu'au  nombre  de  10,  12  ei  .« ,  ^„,,  lesiiuelles 
l'évèipie  ou  le  prêtre  tenant  sa  main  étendue  sur  k> 
tète  du  pénitent,  demandait  à  Dieu  qu'il  lui  remît  ses 
péchés  et  le  reçût  en  grâce 

r..i.o  .-..iiiusuion  des  mains  était  tellement  liée  avec 
la  prière  dans  celle  occasion  et  beaucoup  d'autres, 
que  S.  Augustin  semble  les  confondre  ensemble,  lors- 
que parlant  de  celle  qui  se  fait  sur  lespénilents,  il  dit 
{  1.7)  de  Baplismo  c.  6  )  :  Il  n'en  est  pas  de  l'imposition 
des  mains  comme  du  Baptême  qui  ne  peut  se  recommen- 
cer. Car  qu'est-ce  autre  chose  que  la  prière  que  l'on 
fait  sur  une  personne?  (  Quid  est  eniin  aliud ,  nisi  oratio 
super  liomincm  ?)  En  effel  elle  est  égalemciil  prescrite 
dans  les  Sacrainenlaires  cl  les  péiiilenliaux  pour  la 
réconciliation  des  péiiitents,  comme  la  prière  (jui  rac- 
compagnait. S.  Optât  fait  allusion  à  celle  pratique,  lors- 
(juc  parlant  aux  Donatisles  ,  1.  2 ,  il  leur  dit  :  Quand 
Vous  impose:,  les  mains  ,  et  que  vous  remettez  les  péchés. 
{ Diiin  manus  imponilis,  et  delicta  donalis.  )  Le  qua- 
trième concile  de  Carlliagc,  c.  16,  ordonne  que  les 
péi'ilents  soient  réconciliés  |;ar  rinipositiou  des 
mains,  llcconcilietur  per  manuum  imposiiionem.  Le 
même  canon  est  répété  dans  les  capitiilaircs,  1.  i  , 
c.  12,  dans  les  recueils  de  lléi^inon ,  de  Biircliard, 
d'Ives  de  Chartres  et  des  autres  compilateurs.  Le 
même  concile,  c.  78,  veut  que  ceux  qui  ont  reçu  le 
Viaticpie  en  maladie,  reçoivent,  outre  cela,  l'imposition 
des  mains,  sans  laquelle  ils  ne  doivent  point  se  croire 
absous.  Sine  quù  non  se  credant  ubsolutos.  Nous  omel- 
lons  (luaiiti'.é  d'autres  passages  formels  ,  entre  aulres 
un  de  S.  Léon  dans  son  éiître  à  Théodore  par  lequel 
il  ensciigiie  iiue  l'o.i  est  purilié  des  péchés  par  les 
jeûnes  et  l'imposilion  des  mains.  Cette  prali(|ue  d'im- 
poser les  mains  au  pénilent  (luand  on  le  réecuuirKî , 
s'est  conservée  jusiprà  présent  parmi  i:ous  :  et  plu- 
sieurs conciles  provinciaux  leiiiis  dans  ces  dernieis 
tonip.1  l'oiii  recommandée  spécialement.  II  esl  fâcheux 


\"-, r ,^..^,.^..^    ;es  pe    m  ' 

nilents  sont  absous  par  la  prière  des  prctres.  Les  ||  qu'on  l'ait  omise  dans  quehiues  nouvcau.\  Rituels. 


eu 


PENITENCE.  —  SECT.  IV.  rAHT. 


I.a  formule  déprécaloire  a  clé  seule  on  usage  jnsipio 
vers  l:i  lin  du  tlou/icnie  siècle  en  Occidei  t,  |iui.sr|ue 
PieiTO-le-(".li:inlr.',  (|ui  fluiissnil  à  la  lin  de  ce  sièrlc, 
n'en  re|nés(.'iil(!  point  d'autres  dans  la  Sonuiic  des 
Sacrcni  -nls  cl  d-  sConseils  de  râiue,  qucrnii  conserve 
niaiiusr  iit.'daMs  la  l)il)liolhn|uedi;S.Viclor.  Guillaume 
de  Paris,  qui  écrivail  cuvir-n  trenlcans  a[M(''s  lui.  lé- 
nioigiu'  que  de  son  ItMups  elle  était  encore  conunn- 
iTiiient  iisilce.  lorsqu'il  dit  dans  son  livre  des  Sacre- 
ments, c.  19  :  Le  Coiifrsfcitr  tie  prononce  point  à  la 
nianihe  des  jngrs  du  siècle,  nous  ^absolvons,  nous  ne  le 
condamnons  point,  mais  plutôt  H  {ail  une  oraison  sur  lui 
(le  péMi((<ni)  npn  qw^  Dieu  lui  accorde  l'absolution  et  la 
grâce  de  la  sanctification. 

Cependant,  de  son  temps  et  même  avant  lui,  on 
commença  à  mèl.T  la  forme  indicaiivc  avec  la  dépré- 
catoire,  mais  alors  cela  se  faisait  rarement.  On  trouve 
les  doux  forniides  rapportée^  dans  II  Sonun  'd'Alexan- 
dre de  llalès,  contenqwu-ain   de  Guill; le  de  Paris  : 

Absolve  le,  el  :  Dominusabsolvat  te,  etc.  Etde  llalèsaussi 
bien  que  S.  Bonaveniure  et  quelques  arU'--''  se  servi- 
rent de  ces  deux  fornujle=  -"-«fooiulion  comme  d'un 
ddnouemeiii  r-'^"'  concilier  la  vertu  des  clés  de 
^  l'Egtise  avec  la  néeessiié  de  la  contrition.  Néanmoins 
cemélangenedurapas  longiemps  ouau  moinson cessa 
bienlôl  de  considérer  la  lormu  iicpiOT>«i<.:..»  /,„.„...„ 
étant  seiil."  essentielle  au  sacrement  de  Pénitence,  et 
comme  ayant  la  vertu  de  remettre  les  péciiés.  C'est 
ce  que  nous  a|)prcnons  de  S.  Thomas  dans  un  petit 
ouvrage  qu'il  composa  contre  un  certain  docteur  qui 
attribuait  à  la  prière  du  prêtre  la  vertu  de  remettre 
les  péchés,  etqui,  pouraut(»riserson  sentiment,  disait 
que  trente  ans  auparavant,  la  forme  déprécatoire  était  la  ' 
seule  dont  on  se  servît,  et  que  Guillaume  il'Auxerre, 
Guillaume  de  Paris,  le  cardinal  lingues  étaient  de  ce 
sentiment.  A  quoi  S.  Thomas  ne  répond  autre  chose,  [ 
sinon,  qu'il  ne  sait  si  ce  qu'il  dit  est  vrai,  mais  (|ue,(iuoi  ; 
qu'il  en  »oil,  l'aulorilé  de  ceux  qn'ilallégnail  en  sa  fa-  ! 
veur  ne  pouvait  préjudicier  aux  [larolesdu  Seigneur: 
Tonlce  que  vousaurez  délié  sur  la  ;crre,He.,ui  tm  senti- 
ment des  docteurs  régents  de  Paris,  qui  décident  unani- 
mement que  sans  ces  parc'--.  Fujote  «t.so/i-o,  l'absolu- 
tion ne  peut  s(;  donner  jar  la  seule  forme  dépréca- 
toire. Numquid...  prirjvdicar^  possent  communi  sen- 
tenliœ  magislrorum  Parisiit  r,  genliuni  qui  contrariuni 
senliunt?  etc-  Celte  réponse  de  saint  Thomas  fait  voir 
en  même  temps,  et  que  la  forme  indicative  était  fort 
récente,  puis(|u'il  ne  contredit  pas  ce  docteur  qui  pré- 
j  tendait  (pi'il  n'y  avait  pas  plus  de  Irenle  ans  qu'on 
s'en  servait,  cl  que  Ton  croyait  dès  lors  que  la  forme 
indicative  était  essenl  elle. 

Saint  Thonia-^,  dans  cette  réponse,  ne  nie  pas  que  la 
forme  déprécatoire  ne  contribue  aussi  hii-n  que  l'in- 
dicative, àlarémissicm  des  péc!  és.el  il  insinue  même 
assez  onveriement  qu'elle  opérait  cet  elfel  aussi  bien 
que  l'autre.  Absolutionem  non  esse  per  solam  d  prrc:i- 
tivam  oral'onem.  Mais  oa  n'en  resta  pas  là.  Quelque 
temps  après  on  préteiulil  que  l'on  devait  attribuer  à  la 
forme  indicative,  exclusivement  à  toute  autre,  la  vertu 


IV.  CHAP.  I.  DE  L'AnSOLUTION.  U'i 

'  de  remettre  los  péchés  dans  le  sacremenlde  Pénitence 
en  sorte,  dit  le  P.  Morin,  ,pn;  l'nsage  de  la  dépréea- 
lone  cessa  dans  plusieurs  endroits.  C'est  ce  que  nous 
ai.prenons  de  François  .Maironis,  le  plus  célèbre  des 
disciples  deScot,et  que  l'on  nonnnaii  pour  sa  science 
le  1)0.  leur  illuminé  (Uocior  illuminaïus).  II  convient 
{in  A,di,t.  \.i  q.  I)  ,,„e  dansq..elques  endroits  on  ab- 
solvait encore  s..us  celle  forme  :  Que  Dieu  le  Père,  le 
FilsetleHainl-Ksprit  vous  absolvent  ;el  s'élant  proposé 
cela  en  objection,  il  y  répond  en  ces  termes  :  Il  faut 
dire  que  cela  se  pratiquait  ainsi  en  Provence,  mais  cette 
forme  a  été  rejetée  ou  au  moins  improuvée  par  les  do- 
cteurs. C'est  ainsi  que  la  lorme  indicative  a  enfin  pré- 
valu parmi  nous. 

La  grande  raison  sur  laquelle  ces  docteurs  appuyaient 
leur  sentiment  élaii  que  le  prêtre  dans  le  tribunal  de  la 
pénitence,  fai-ait  la  fonction  déjuge,  d'où  ils  concluaient 
qu  il  devait  prononcer  sa  seniencp  en  une  forme  qui 
marquât  son  autoriiô  et  son  pouvoir;  mais  cette  rai- 
son M.u  K.mie.  Le»  juges  chez  les  Romains  qui  excr- 
ç:.ient  leur  pouvoir  sous  l'aulorilé  de  la  république  ou 
des  empereurs,  et  lesemperems  eux-mêmes,  énon- 
çaent  leurs  soniences  en  termes  modestes,  soit  p.. 
condamnant  les  coupnhio.i,  eoii  en  renvoyant  les  ac- 
cusés; comme  le  remarque  Cicéron  (/.  4  academica- 

nibus,  il  rapporte  que  Lncliis  Torquatus  prononça  la 
sentence  contre  son  fils,  en  ces  termes  :  Non  lalem 
videri  in  imperio  filmm,  quales  ejus  majores  fuissent. 
La  formule  ordinaire  avec  laquelle  on  prononçait  la 
sentence  d'absolution  contre  ceux  qui  étaient  accusés 
mal  à  propos  d'avoir  fait  mourir  un  homme  contre 
les  b»is,  était  ordinairement  conçue  en  ces  termes  : 
//  paraît  qu'il  a  été  tué  justement  (celui  au  sujet  du- 
quel on  avait  porté  raccusation)  jure  cœsum  videri. 

Quoi  qu'il  en  soil  de  ces  raisons,  l'Eglise  a  usé  da 
pouvoir  qu'elle  a  en  ces  matières,  en  définissant  au 
concile  de  Trente,  sess.  U,  c.  3,  que  les  paroles  es- 
sentielles de  l'absolution  sacramentelle  sont  celles- 
ci  :  Ego  te  absolvo,  etc.,  et  que  les  prières  que  l'on  y 
joint  sont  bonnes  et  louables,  mais  qu'elles  ne  sont 
point  la  forme  essentielle  de  ce  sacrement.  M.  Toiir- 
neli  (/0JH.2,  q.  9,  art.  i),  dans  sa  première  conclusion, 
développe  parfaitement  celle  matière,  et  fait  voir  sur 
quels  fondements  la  décision  du  concile  est  appuyée. 
Je  me  contenierai  de  rapporter  ici  les  termes  de  la 
conclusion  même,  laissant  au  lecteur  studieux  le  soin 
de  lire  les  preuves  d  ml  il  l'appuie.  La  forme  sacra- 
tnenlelle  de  l'.absolut'on,  suivant  l'institution  de  Jésus- 
Christ,  el  la  nature  du  sacrement,  est  un  acte  judiciaire, 
mais  te  Sauveur  n'a  poin.  déterminé  en  quels  termes  on 
devait  l'exprimer,  absolus  ou  drprécatoires,  ayant  laissé 
celte  détermination  à  son  fùjlise.  Ainsi,  quant  à  lu  sub- 
stance du  sacrement,  c'est  la  même  chose,  soit  que  la 
forme  de  l'absolution  soit  déprécatoire  ou  indicative,  sc- 
lonqn'il  plaira  àl'Fglise  de  le  déterminer  ;  et  en  tout  cas, 
il  faut  s'en  tenir  à  ce  iiu'elle  aura  ordonné  là-dessus  et 
s'y  conformer.  C'est  à  quoi  nous  nous  en  tenons.  Après 
cela  que  celte  formule  •  Ego  te  abiolvo,  etc.,  soit  e^ 


çij  "  ^  HISTOIRE  DES 

même  temps  h  matière  et  la  forme  de  ce  sacrement, 
comme  prétendent  les  Scotistcs,  ou  qu'elle  soit  seu- 
lement la  forme,  comme  le  veulent  les  Thomistes,  ce 
sont  des  disputes  que  nous  laissons  à  ces  ilicologiens  j 
cl  dans  lesquelles  il  ne  nous  convient  point  d'cnirer.  j 
Nous  les  verrons  tranquillement  vider  k-s  ditïércnds  ! 
quils  ont  entre  eux. 

Les  Grecs  ont  conserve  rancienno  forme  de  Tubso- 
lution  déprécaioire.  Outre  leurs  livres  pénilentiaux  et , 
leur  Eucologe  qui  en  font  foi,  nous  en  produirons  un 
léraoin  bien  respectable  :  c'est  le  pape  Clément  Vlil  ; 
qui,  dans  une  instruction  qu'il  a  publiée  en  1595,  ton-  î 
chant  les  rits  des  Grecs,  décide  que  dans  h  cas  de  \ 
nécessité  les  prêtres  Grecs  catlioliques  peuvent  absoudre 
les  Latins;  qu'ils  se  servent  de  la  forme  d'absolution  qui  | 
«  été,  dit-il,  prescrite  dans  le  concile  général  de  Flo-  | 
rence  (il  entend  le  décret  qui  fut  dressé  pour  les  Ar- 
méniens), et  qu'ensuite  Us  «joutenl,  s'ils  veulent,  l'orai- 
eondéprécative  qu'ils  ont  coutume  de  airo^^ieulement  pour 
la  forme  de  l'absolution.  .  Dicanl  orutionem  illam  cte- 
,  precativam,  quam  pro  forma  hujusmodi  obsolutwms 
,  dicere  tantim  consueverunt.  .  Ce  règlement,  comme 

-^^^ ^_  ^.nfrft  que  les  Grecs  ne  se  servent  pour 

Tabsoluiion,  que  d'une  forme  déprécatoire  que  le  Pape 

uns  à  l'égard  des  autres,  mais  il  veut  qu'à  l'égard  des 
Latins  qui  en  ont  une  autre,  ils  emploient  la  formule 
indicative  qui  est  reçue  parmi  nous. 

M.  Renaudot,  dans  le  tome  5,  1.  i,  c.  3,  de  la  Per- 
pétuité de  la  foi,  rapporte  les  formules  d'absolution 
qui  sont  en  usage  tant  chez  les  Jacobites  de  Syrie  que 
chez  les  Nestoi'iens  :  elles  sont  toutes  déprécatoire?, 
cl  jointes  à  rimposition  des  mains  du  prêtre  sur  la 
tête  du  pénitent  ;  après  quoi  il  parle  en  ces  termes  : 
Telles  sont  les  oraisons  que  nous  trouvons  dans  les  rituels 
de  la  pénitence,  et  nous  n'en  avons  vu  aucune  qui  eût 
rapport  à  la  forme  :  Ego  le  absolvo,  qui  est  en  usage 
dans  l'église  Latine.  On  a  vu  ce  qu'a  remarqué  le  P.  Coar 
sur  les  formes  grecques,  qui  sont  toutes  semblables,  sans 
que  cette  différence  ait  fait  douter  de  leur  validité  ;  les 
plusliabilcs  Théologiens  qui  n'ignorent  pas  que  les  ancien- 
nes formes  d'absolution  employées  dans  l'église  occidentale 
étaient  dans  le  même  sens  et  dans  le  même  style,  etc. 

Quand  M.  Renaudot  assure  qu'il  n'a  vu  aucune 
forme  dans  les  Rituels  des  Orientaux  qui  eût  rapport 
à  celle  des  Latins ,  Ego  te  absolvo,  il  enlend  par-là 
1":  Qu'ils  n'en  ont  point  qui  soit  exprimée  en  la  forme 
indicative,  ou  par  le  conjoiiclif.  Ce  qui  est  si  vrai  que 
dans  les  langues  de  la  plupart  de  ces  peuples,  comme 
la  Syriaque,  la  Chaldaïque,  etc.,  qui  sont  dérivées  de 
rilébrai(iue,  et  qui  en  sont  comme  des  dialectes,  il  n'y 
a  pas  même  de  présent  de  rindicalif,  ni  optatif,  ni  con- 
jonctif  ;  et  que  quand  ils  veulent  exprimer  l'indicatif  des 
Grecs  et  des  Latins,  ils  se  servent  des  participes  actifs 
ou  passifs  avec  le  pronom  en  sous-enlendant  la  pre- 
mière personne  du  verbe  substantif  qui  n'est  point 
non  plus  dans  leurs  langues.  Ainsi  par  exemple  , 
pour  rendre  ces  paroles  :  Ego  te  absolvo,  ils  ne  peu- 
^<înt  dire  que  :  Ego  absolvens  te.  T  :  11  veut  dire  que 


SACREMENTS.  644 

la  forme  d'absolution  chez  eux  consiste  en  une  ou 
plusieurs   prières,  assez  longues ,  de  quelques-unes 
'  desquelles  il  rapporte  les  paroles  dans  le  chapitre  que 
;  nous  avons  cité  ,  se  contentant  d'indiquer  les  autres. 
S'il  y  eut  jamais  un  acte  juridique  dans  lÉglise,  et 
qui  requit  que  l'énoncé  en  fût  indicatif ,  c'est  l'abso- 
lulion  de  l'exconmiunication,   qui  consiste  principa-  I 
Icment  dans  le  rétablissement  d'une  personne   dans 
tous  les  droits  extérieurs  attachés  à  la  communion 
des  fidèles  ;  depuis  longtemps  même,  l'excommuni- 
caiion  est  un  acte  judiciaire  du  for  externe  séparé  de 
l'intérieur  ;  cependant  l'absolution  ou  la  révocation  de 
la  sentence  d'excommunication  se  faisait  autrefois  par 
des  prières  ou  en   forme  déprécatoire  ,  quoique  de 
tout  temps  la  sentence  de  l'excommunication  ait  été 
énoncée  en  termes  indicatifs,    comme  il  paraît  par 
celle  qui  fat  fulminée  au  concile  d'Ephèse  contre 
Neslorius,  dans  celui  de  Calcédoine  contre  Dioscore 
d'Alexandrie,  et  par  la  formule  d'excommunication 
ii».<.  Rui-chard  et  quelques  autres  nous  ont  conservée 
pour  servir  uu  «-^.lèle  dans  les  occasions.  On  ne  voit 
'  point  de  quelle  manière  i  u^,.-^i„tion  de  l'excommu- 
nication était  conçu*  dans  les  premiers  3-.i.<.ios.  Les 
Pères  et  les  canons  se  contentent  de  dire  que  l'on  re- 
cevra  l'excommunié  ,  quand  il  aura  fait  lelle  et  telle 
,  chose,  quand   il  aura  satisfait  de  telle  ou  lelle  ma- 
'  nière,    sans  exprimer  la    forme  dans   laquelle  celle 
absolution  élail  conçue.  Le  premier  auteur  qui  en 
rapporte  les  cérémonies  cl  la  formule,  au  moins  lelle 
qu'elle  était  de  son  temps,  est  Burchard,  évêque  de 
j  Wormes,  qui  comme  nous  avons  dit,  vivait  sur  la  lin 
du  dixième  et  au  connuencement  du  onzième  siè- 
cle, et  celte  formule  est  entièrement  déprécatoire.  La 
voici  telle  qu'elle  se  trouve  dans  le  11'  livre  de  cet 
auteur  :  «  L'évêque,  dit-il,  accompagné  de  douze  prê- 
tres, doit  conduire  aux  portes  de  l'église  l'excom- 
munié repentant,  demandant  grâce  et  promettant  de 
satisfaire.  Là,  après  avoir  pris  ([uelques  précaulions 
pour  s'assurer  qu'il  effectuera  ses  promesses,  il  est 
absous  de  cette  sorte  :  L'évêque  chante  les  sept  psaumes 
avec  l'Oraison: Dominicale, et  plusieurs  versets  et  répons; 
après  quoi  suit  l'oraison.  Donnez,  Seigneur,  à  cet  homme 
votre  serviteur  de  dignes  fruits  de   pénitence,  afin  que 
recevant  le  pardon  des  péchés  qti'  il  a  commis,  et  pour 
lesquels  il  avait  été  séparé  de  votre  Église,  il  recouvre  son 
innocence.  Par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  elc.  >  Suit 
une  autre  oraison  un  peu  plus  longue  ([ue  celle-là.  En- 
suite il  est  dit  :  «  L'évêque  le  prenant  par  la  main  droite 
,  l'introduira  dans  l'église  et  le  rétablira  dans  la  com- 
munion et  la  société  chrétienne.  >  Suit  une  autre  prière, 
,  laquelle  étant  achevée,  l'évêque  lui  enjoint  une  péni- 
tence proportionnée  à  sa  faute,  et  envoie  des  letires 
dans  le  canton  pour  noiilierà  tout  le  monde,  que  cet 
homme  a  été  reçu  dans  la  société  chrétienne.  11  le  fait 
'  aussi  savoir  aux  autres  évêques.  Telle  était  dans  le  dix 
!  etlfi  onzième  siècle  la  forme  d'absolution  de  l'excom- 
I  municalion,  qui  s'est  même  conservée  depuis  que  le 
I  for  interne  a  été  séparé  de  l'externe ,  puisque  le  pape 
1  Innocent  111  {extr.  de  Sent,  excomtn.,  c.  A  uobia)  n'en 


PÉNITENCE.  —  SFXT.  IV.  CIÎAP.  lî.  nI^C0N^^T\T10N  DES  PI'NITENTS. 


645 

prescrit  point  d'nulres,  non  plus  quo  Gralion  qui 
'  {causa  11,  q.  5,  c.  108)  rapporte  la  niêinc  que  Bnr- 
chard.  C'est  à  celle  qui  se  trouve  dans  Gratien,  et 
qui  ne  diffère  en  rien  de  celle  de  IJiircliard,  sinon  en  | 
ce  que  pour  abréger  il  a reiraiRhc quelques  oraisons, 
que  fait  allusion  le  pape  Innorenl  111,  dans  l'ondroit 
que  nous  venons  de  citer.  Los  Grecs  encore  aujour- 
d'hui ont  une  formule  d'absolution  déprccatoire  pour 
l'excommunication.  Elle  se  trouve  dans  l'cucologe 
que  le  père  Goar  a  donné  au  public  p.  GGG. 

CHAPITRE  II. 
Que  la  rcconcilialion  des  péuitcnls  publics  se  (disait 

pendant  la  messe  publique  eu  présence  du  peuple  qui 

joignait  ses  prières  aux  leurs  pour  obtenir  cette  grâce. 

Que  la  réconciliation  secrète  se  faisait  d'ordinaire  après 

la  messe  privée.  Variété  sur  ce  sujet. 

Il  nous  reste  plusieurs  indices  de  cette  ancienne  cou- 
tume dont  nous  parlons.  Saint  Léon,  entre  autres  (1) 
p.  88  ,  défend  aux  corévèqucs  de  réconcilier  pu- 
bliquement aucun  pénitent  pendant  la  messe.  Nec 
publiée  quidem  in  missà  quemquam  pœnitentem  reconci- 
liare.  Le  second  concile  de  Seville,  c.  7,  et  celui  de 
Wornies,  c.  8,  font  en  propres  termes  la  même  défense. 
Avant  ce  temps  les  Pères  du  second  concile  dcCaribage 
en  l'année  590,  avaient  d'un  consentement  unanime 
statué  la  même  chose  touchant  les  prêtres.  Ab  universis 

dictum   est vel    reconciliare  quemquam  in  publicà 

missà  presbytère  non  licere,  hoc  omnibus  placet. 

On  observait  la  même  discipline  dans  l'église  de  Mi- 
lan, comme  il  paraît  par  le  second  livre  de  S.  Am- 
broise,  c.  5,  dans  lequel  il  dit  :  Toutes  les  fois  que  l'on 
remet  les  péchés,  nous  recevons  le  sacrement  de  son  corps, 
afin  que  son  sang  opère  la  rémission  des  péchés.  Ce  que 
dit  ici  l'auteur  des  livres  de  la  Pénitence  de  la  récep- 
tion du  sacrement  du  corps  de  Jésus-Christ  ne  peut  s'ap- 
pliquer, suivant  l'usage  de  ce  temps,  qu'au  temps  de 
l'action  du  saint  sacrilice  ou  de  la  messe  :  il  est  certain 
qu'alors  on  ne  conservait  dans  les  églises  qu'une  par- 
ticule du  pain  consacré  pour  communier  les  malades 
en  cas  de  besoin,  et  que  ceux  qui  étaient  en  santé  ne 
communiaient  point  hors  l'action  du  saint  sacrifice.  La 
coutume  de  donner  la  communion  dans  un  autre  temps 
que  celui  du  sacrilice  est  récente,  et  doit  son  origine  aux 
religieux  mendiants  qui  l'ont  introduite  ;  elle  est  même 
contraire  aux  rubriques  du  rituel  romain.  Lors  donc  que 
l'auteur  ,  dont  nous  avons  transcrit  les  paroles  ,  dit 
que  Ion  reçoit  le  corps  de  Jésus-Christ  toutes  les  fois 
que  Ton  remet  les  péchés;  c'est  la  même  chose  que  s'il 
disait,  que  l'on  célèbre  le  saint  sacrifice  quand  on 
donne  l'absolution  aux  pénitents.  Cette  coutume  pa- 
raît établie  dès  le  temps  de  S.  Cyprien,  puisque  dans 
son  traité  des  Tombés,  parlant  de  l'empressement  dé- 
placé qu'ils  faisaient  paraître  pour  être  réconciliés,  il 
dit  :  Avant  quils  aient  expié  leurs  péchés  ,  avant  qu'ils 

(1)  Quelques  savants  doutent  avec  raison  si  cette 
lettre  est  de  S.  Léon.  Mais  n'importe  que  cette  pièce 
soit  fausse  ou  véritable  ,  il  est  certain  qu'elle  est  an- 
cienne ,  cl  par  conséquent  propre  à  prouver  ce  dont  il 
s'agit  ici. 


616 

aient  fuit  rcxotnoingise  de  leur  crime  ,  avant  quils  aient 
purifié  leur  conscience  par  le  sacrifice  et  l'imposition  des 

;  mains  du  prêtre,  ils  croient  avoir  la  paix  quecertaines  gens 
leur  promettent  par  des  paroles  trompeuses  ,  etc.  t  Anlè 
i  purgalam  conscienliam  sacrificio  et  manu  succrdotis.  i 
Ce  texte  parait  fort  clair,  et  pmuve  déinoiislrativement 
que  l'imposition  dis  niainsqui  se  faisait  pour  la  réconci- 
liation ,  était  acconqwgnée  de  la  célébration  du  saint 

j  sacrifice. 

j  Nous  voyons  cotte  coutume  bien  établie  dans  le  neu- 
vième siècle ,  et  nous  en  produirons  ici  un  exemple 
remarquable ,  dont  nous  avons  pour  garant  l'auteur  de 
la  Vie  de  Louis-le-Débonnaire  ,  qui  vivait  en  même 
temps  que  lui.  Il  rapporte  que  ce  prince,  qui  s'était 
soumis  volontairement  à  la  pénitence  publique,  dont 
ses  ennemis  avaient  pris  occasion  de  le  dcixtuiller  de 
la  digr/ité  impériale  et  de  le  renfermer  à  Saint-Médard 
de  Soissons  dans  une  espèce  de  prison  ,  s'étant  évadé 
par  les  moyens  que  lui  fournit  un  moine  de  cette  ab- 
baye ,  vint  à  Metz  et  (ut  réconcilié  en  cette  manière. 
Le  dimanche  [suivant  qui  précédait  le  carême,  dit-il, 
Vempereur  vint  à  l'église  aussi  bien  que  les  évêques  et  le 
peuple  qui  s'était  assemblé ,  et  pendant  que  l'on  célc-brail 
la  messe  sept  archevêques  firent  sur  lui  sept  oraisons  pour 
la  réconciliation  ;  ce  que  le  peuple  ayant  vu  ,  //  se  réjouit 
beaucoup  du  rétablissement  de  l'empereur,  et  rendit  grâces 
Cl  Dieu. 

Jl  est  donc  constant  que  la  réconciliation  des  péni- 
tents publics  se  faisait  pendant  la  messe.  Les  témoi- 
gnages que  nous  venons  d'alléguer,  auxquels  nous 
pourrions  joindre  ceux  des  anciens  rituels,  tant  ma- 
nuscrits qu'imprimés ,  ne  laissent  aucun  doute  sur 
cela.  Il  reste  à  examiner  dans  quelle  partie  de  la  messe 
solennelle  se  faisait  celte  réconciliation.  C'est  sur 
quoi  il  y  avait  quelque  variété,  les  usages  étant  diffé- 
rents suivant  les  temps  et  les  pays,  et  n'y  ayant  rien 
d'uniforme  sur  ce  point  dans  l'Eglise ,  au  moins  sui- 
vant quelques  auteurs.  Car  dans  cerlains  endroils 
l'absolulion  se  donnait  après  la  lecture  de  l'Evangile, 
qui  était  suivie  d'un  discours  que  l'évêque  adressait 
aux  pénitents,  comme  on  le  voit  par  plusieurs  des 
homélies  de  S.  Eloi ,  évêque  de  Noyon.  Dans  d'autres 
elle  ne  se  donnait  qu'après  la  consécration,  selon  quel- 
ques-uns, entre  autres  le  P.  Morin  ( /.  8,  c.  li  de 
Pœnil.).  Mais,  connue  remarque  le  P.  Martène,  il 
y  a  louie  apparence  que  ce  savant  et  laborieux  auteur 
s'est  trompé  en  cela,  puisque  si  les  pénitents  n'avaient 
été  absous  qu'après  la  consécration,  ils  n'auraient  pu 
communier ,  la  coulunie  étant  dans  les  premiers  siè- 
cles, et  même  longtemps  depuis  alors,  de  n'admettre 
à  la  communion  que  ceux  dont  on  avait  reçu  l'obla- 
tion  ,  et  les  pénitents  n'ayant  point  droit  de  faire  leur 
ollVande  avant  qu'ils  fussent  réconciliés.  Aussi  les 
passages  qu'il  allègue  pour  prouver  son  opinion  ne 
démontrent  nullement  ce  qu'il  prétend,  et  peuvent 
s'entendre  sans  préjudice  du  sentiment  de  ceux  qui 
croient  que  cette  réconciliation  se  faisait  avant  l'offer- 
toire ,  après  le  sermon  de  l'évêque.  Un  de  ceux  sur 

j  lesquels  il  insiste  le  plus  est  celui  de  S.  Ambroise  qMQ 


Q^f  HISTOIRE  DES 

nous  venons  de  citer,  dans  loqncl  il  dit  qiu;  toiiles  les 
fois  ^\\^o  !'<»»  rcmcl  les  jicciics  ,  on  reçoit  le  sacrement 
du  corps  de  Jésus-Christ ,  oie.;  mais  il  jv  ut  si-nilier 
seulement  que  les  pénitents  recevaient  la  communion 
à  la  messe  au  commencement  ou  avant  rofferloire,  de 
laquelle  ils  avaient  élé  réconciliés. 

Nous  irouvons  cn'ectixenient  ipie  dans  presque  tons 
les  anciens  pontilicanx  ,  les  rituels  cl  les  livies  péni- 
tenliaux  ,  l'absolution  des  péniients  e.^l  maniuée  avant 
lohlation  des  dons  sacrés  ou  Toffertoire.  C'est  ce  que 
le  p.  Martène  dit  avoir  lu  dans  un  aiicicn  manuscrit 
de    léglise    d'Evrcnx  ,    qui    contient    le    pcuilifical 
d'Egbert ,  arclievè(iue  d'York  ,  écrit  en  letlics  saxones 
il  y  a  plus  de  800  ans.  La  même  chose  se  lit  dans  deux 
autres  manuscrits  dont  le  V.  Ménard  fait  mention.  Et 
si  la  réconcilia'ion  des  pénitents  se  trouve  |)lacée  dans 
l'ancien  ordre  romain  avant  la  messe  solennelle  du 
Jeudi-Saint ,  il  est  plus  que  probable  qu'elle  ne  se 
trouve  là  que  par  anticipation  ,  puisqu'il  y  est  dit  que 
la  cérémonie  de  la  réconciliation  solennelle  ne  com- 
mence qu'après  l'heure  de  tierce,   et  qu'ensuite  on 
ajoute  que  cette  cérémonie  étant  achevée,  lorsque  la 
messe  commence ,  les  prêtres  et  les  clercs  se  revêtent 
de  leurs  habits  de  cérémonies  à  l'heure  de  tierce, 
pour  y  assister.  Puis  donc  que  la  même  heure  est  dé- 
signée pour  la  réconciliation  et  pour  la  messe  solen- 
nelle, il  paraît  évident  que  ces  deux  actions  étaient 
jointes  ensemble  et  n'en  faisaient  qu'une,  c'est-à-dire, 
que  l'absolution  se  donnait  pendant  la  messe.  L'an- 
cien pontilieal  de  Toulouse  peut  répandre  beaucoup 
de  lumière  sur  ce  sujet;  on  y  voit  que  le  jour  du  Jeudi- 
Saint  on  célébrait  trois  messes,  une  pour  les  pénitents, 
pendant  laquelle  le  prêtre  qui  la  disait  leur  faisait  une 
exhortation  après  l'évangile;  une  autre  pour  la  consé- 
cration du  chrême ,  (\u\  y  est  nommée  missa  clirismc- 
lis ,  à  laquelle  les  pénitents  assistaient  avec  le  reste  des 
fidèles ,  et  enfin  une  troisième  que  l'évèque  chantait 
solennellement.  Et  dans  celle-ci ,  après  la  lecture  de 
l'évangile ,  le  prélat  montait   sur  rand)ou  ,  le  diacre 
lui  présentait  les  pénitents  prosternés  à  terre  :  après 
que  celui-ci  lui  avait  rendu  un  témoignage  avanta- 
geux de  leur  pénitence  et  de  leur  conversion  ,  le  |)ré- 
lat  descendait  et  allait  se  prosterner  avec  ses  minist»es 
devant  l'aulel.   Durant  ce   prosiernement,   le  clergé 
chantait  de  longues  litanies  pour  les  pénitents,  lesquel- 
les étant  achevées,  l'évèque  retournait  à  l'ambon,  où, 
étant  monté,  il  récitait  sept  oraisons  sur  les  pénilenis 
prosternés  et  les  réconciliait  de  celle  sorte.  Après  quoi 
le  diacre  leur  ordonnait  de  se  lever  et  de  se  préparer  à 
la  comimmion,  à  laquelle  ils  étaient  admis  aec  les 
autres  fidèles  après  avoir  fait  leuroifrande.  Toutes  ces 
cérémonies  étant  achevées,  on  chantait  l'offertoire  et  , 
on  continuait  la  messe. 

11  résidle  de  tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  pré- 
sent dans  ce  chapitre  ,  que  l'absolution  solennelle  ne 
se  faisait  ordihairenieni  que  pendant  la  messe;  néan- 
moins cette  coutume  n'était  point  si  universelle  qu'elle 
ne  souffrît  des  exceptions,  et  que  dans  certaines  égli-  , 
ses  elle  ne  se  fit  avant  la  messe  solennelle  ;  car  dans 


SACREMENTS.  648 

nu  pontifical  de  l'église  de  Lyon,  qui ,  suivant  le 
P.  iMarlènc,  a  élé  aussi  à  1  usage  de  celle  de  Taren- 
taise  ,  nous  Irouvons  (ju'il  est  prescrit  qn'nn  prêtre 
doit  célébrer  le  mutin  une  messe  pour  les  péniients  à 
un  autel  qui  soit  près  de  la  porte  de  l'église,  devant 
laquelle  ils  doivent  se  tenir  modestement,  et  qu'en- 
suite i'évê(ine  ayant  examiné  avec  beauonp  d'atten- 
tion qui  sont  ceux  q-ui  sont  dignes  de  la  léeoncilia • 
lion ,  il  les  réconcilie  avant  la  messe.  C'est  ce  que 
nous  lisons  dans  le  livre,  De  unliq.  Ecdes.  IUlib., 
/o»i.  2,  /.  1,  c.  G. 

Ce  n'était  pas  seulement  les  pénitents  publies  que 
l'on  récoiiciliait  pendant  la  messe.  La  réconciliation 
secrète  se  faisait  aussi  aux  messes  privées  assez  ordi- 
nairement ,  ou  bien  aussitôt  après  que  celui  qui  faisait 
pénitence  en  secret  avait  reçu  l'absolution  ;  on  célé- 
brait la  messe  pour  lui,  en  sorte  que  cette  absolution 
ne  composait  (|u'uiie  même  action  avec  la  messe  qui 
suivait  nnmédiatement.  D'où  vient  qu'on  lit  encore 
dans  les  anciens  sacramcntaires,  et  entre  antres  dans 
celui  de  Sicile,  (jue  le  P.  ALirin  a  publié  :  Missa  quam 
sacerdos  pro  sibi  confesso  cantnre  débet.  Cette  messe  s'y 
trouve  etfeclivenient  tout  entière,  et  toutes  les  prières 
dont  elle  est  composée  ne  tendent  qu'à  obtenir  la  ré- 
mission des  péchés  pour  le  pénitent,  qui  ne  peut  être 
un  de  ceux  qui  étaient  en  péniie.ce  publitiue ,  puis- 
que ,  comme  nous  avons  vu  et  que  nous  le  montrerons 
encore  dans  la  suite,  la  réconciliation  de  ceux-ci  était 
réservée  à  l'évèque  ;  de  même  dans  l'ancien  pontifical 
de  Toulouse,  outre  la  messe  solemielle  pour  la  ré- 
conciliation des  pénitents  publics,  qui  se  faisait  au 
Jeudi-Saint,  on  en  trouve  deux  autres  indiquées,  que 
l'auteur  dit  êlre  dans  les  sacramcntaires  ,  qui  étaient 
en  usage.  Les  Grecs  et  lesOrienlaux  conservent  encore 
des  vcbtiges  de  cette  ancienne  pratique  :  nous  l'avons 
vu,  pour  ce  qui  est  des  connnunions  orientales,  dans 
ce  que  nous  avons  rapporté  de  leur  discipline  sur  la 
pénitence  dans  le  dernier  chapitre  de  la  troisième  par- 
tie de  la  troisième  section.  A  l'égard  des  Grecs  ,  nous 
lisons  dans  leur  Eucologe  une  prière  avant  laciuelle 
on  trouve  ce  titre  et  cotte  rubrique  :  Oraisons  d'abso- 
Itilion  de  toute  malédiction  et  excommunication  que  peut 
avoir  encourue  une  personne  décédée  /lui  doivent  être  ré- 
citées par  l'évèque  ou ,  en  son  absence ,  par  te  prêtre.  Or 
il  faut  savoir  que  ces  oraisons  doivent  êlre  lues  de  cette 
sorte  :  Tous  les  prêtres  qui  doivent  célébrer  les  lisent  à 
Cofferloire  avec  componction  de  cœur ,  et  à  la  grande 
entrée ,  les  prêtres  sortant  hors  des  cancels  avec  les  dons 
sacrés  el  se  tenant  debout,  l'évèque,  fléchissant  le  ge- 
nou ,  les  profère  à  vo'ix  haute  et  distincte ,  avec  larmes  et 
componction.  Après  qu'elles  sont  achevées ,  il  reçoit  les 
dons  sacrés.  On  voit  par  là  que  c-tte  absolution  se  fait 
pendant  la  liturgie ,  quand  on  porte  les  dons  ou  obla- 
lions  de  la  table  de  proposition  à  l'autel ,  où  l'évèque 
les  reçoit  pour  les  consacrer. 

CHAPITRE  III. 
En  quel  temps  de  l'année  se  faisait  la  réconciliation  des 
pénitents  ;  qu'elle  ne  se  faisait  pas  partout  en  même 
jour,  et  qu'on  n'y  admettait  au  jour  défiqné  que  ceux 


640 


PÉNlTLNCb:.  —  SECT.  IV.  CIIAP.  III.  SUITE  DU  MÊME  SUJET. 


€50 


qui  s'étaient  acquittés  louabieinent  de  leur  pénitence,  jm  avait  clioibi  jiour  cela  le  jeudi-saint  :  d'autres  église* 


Que   ceux  qui  nélaienl  point  en  pénitence  publique 

étaient  récunciliés  en  tout  temps,  etc. 

Après  avoir,  pour  ainsi  dire,  fixe  l'iieure  a  laquelle 
se  faisait  la  réconciliation  des  pénitents,  il  faut  pré- 
seulenient  en  rétrogradant  assigner  le  temps  ei  le 
jour  alïeclés  à  cette  importante  action.  Il  ne  paraît  pas 
que  dans  les  trois  premiers  siècles  de  l'Eglise  il  y  oui 
un  jour  destines  à  la  réconciliation  des  pénitents,  plu- 
tôt (|ue  les  autres;  au  moins  ne  voyons-nous  pas  que 
les  auteurs  de  ce  lemps-là  qui  ont  eu  lieu  de  pailcr 
souvent  de  la  Pénitence  et  de  la  réconciliation  des  pé- 
cheurs, lassent  mention  d'un  jour  all'ecté  parliculière- 
nienl  à  celte  auguste  cérémonie,  comme  il  y  en  avait 
dès  le  conuuencemenl  de  lÉglise auxquels  on  domiait 
le  Baptême,  plutôt  qu  en  daulres.  Cet  argument,  quoi- 
(jue  négatif,  ne  laisse  pas  d'avoir  sa  force.  Mais  outre 
cette  preuve,  on  pourrait  en  apporter  une  positive, 
tirée  de  ce  qu'Optât  de  Milève  reproche  aux  Donatis- 
les  qu'ils  faisaient  acception  des  personnes,  et  que 
pour  le  même  prétendu  crime  ils  niellaient  les  uns  en 
pénitence  l'espace  d'un  an,  les  autres  moins,  et  d'au- 
tres enfin  un  jour  seulement.  11  est  certain  d'ailleurs 
que  ces  schismatiques  n'avaient  poii;t  changé  les  an- 
ciens rits  qii'ds  avaient  reçus  de  l'Eglise  catholique, 
dont  ils  étaient  séparés,  et  qu'ils  réconciliaient  les  pé- 
nitents pendant  la  messe,  il  parait  donc  constant 
qu'on  n'attendait  pas  alors  le  jeudi-saint,  par  exem- 
ple, pour  réconcilier  les  pénitents,  piiis(|ue  les  Dona- 
tisles  les  reconciliaient  le  jour  même,  ou  un  mois 
après  leur  avoir  imposé  la  pénitence. 

Mais  si  la  conlnme  de  réconcilier  les  pénitents  pu- 
blics en  nn  certain  jour  de  l'année  (à  moins  qu'il  n'y 
eût  péril  de  mort,  ou  de  puissantes  raisons  (|ui  en 
dispensassent),  n'était  pas  établie  dans  les  trois  pre- 
miers siècles  ,  elle  est  au  moins  du  quatrième,  comme 
il  paraît  par  la  lettre  d'Innocent  I  à  Décenlins,  évè- 
que  d'Engnbio,  qui  e>t  la  2o°  de  ce  Pape  dans  l'édi- 
tion du  P.  Coulant.  A  Cégard  des  pénitents,  dit-il,  soil 
de  ceux  qui  sont  dans  cet  état  pour  de  grosses  juules, 
soit  de  ceux  qui  y  sont  pour  de  moindres  péchés,  la 
coutume  de  l'Eglise  romaine  fait  voir  qu'il  fdut  les  ré- 
concilier à  lu  cinquième  féric  avant  Pâques,  à  inoins 
qu'il  ne  leur  survienne  une  maladie.  Cette  épîlre  d'In- 
nocent a  été  écrite  l'an  iI6.  Dès  lors  c'était  une  cou- 
tume établie  dans  l'église  de  Rome  de  remettre  pour 
l'ordinaire  la  réconciliation  des  pénitents  au  jour  du 
jeudi-saint,  comme  on  remettait  le  Baptême  au  sa- 
medi d'avant  Pâques,  et  par  conséquent  il  y  a  tout 
In^u  de  croire  que  cet  usage  était  au  moins  du  com- 
mencement du  quatrième  siècle,  et  peut-être  plus  an- 
cien, au  moins  par  rapport  an  temps  de  la  semaine 
qui  précède  imniédiiitemenl  la  grande  fêle  do  la  Hé- 
surrection  ;  puisque  nous  voyons  que  les  nations 
chrétiennes,  à  peu  près  vers  le  temps  du  pape  Inno- 
cent, conspiraient  toutes  à  délier  les  pécheurs  dans  ce 
temps  de  grâce,  où  l'on  célébrait  le  triomphe  du  Sau- 
veur sur  la  mort  et  sur  le  péché. 

L'Eglise  romaine,  comme  vous  venez  ilc  le  voir, 

TH.  XX. 


faisaient  la  même  chose  le  jour  du  vendredi-saint,  et 
d'autres  enfin  ou  le  vendredi  ou  le  samedi-saint.  A 
l'égard  du  vendrodi-sainl,  c'était  le  jour  alfeclé  à  cetto 
absolution  solennelle  dans  les  églises  d'Espagne,  cl 
suivant  toutes  les  apparences  dans  celle  de  .Milan. 
C'est  ce  qu'insinue  S.  Ambroise  dans  un  des  ser- 
mons (1)  qu'il  fit  sans  doute  la  nuit  du  jeudi  an  ven- 
dredi-saint, dans  lequel  il  dit,  après  avoir  expliqué  les 
[iropriétés  du  coi|,  qu'il  a  exprès  prolongé  son  dis- 
cours jusqu'au  chant  du  coq,  afin  d'obtenir  la  rémis- 
sion de  ses  péchés,  et  que  son  discours  finît  le  jour 
que  se  fait  la  rémission  des  péchés.  Tempus  est  quo 
celebralur  indulgentia  peccatorum.  Je  conviens  que  ce 
passage  et  quelques  autres  du  saint  docteur  que  nous 
pourrions  alléguer,  ne  sont  pas  absolument  décisifs, 
et  qu'on  pourrait  les  entendre  sans  que  pour  cela  le 
vendredi  saint  fût  le  jour  de  la  réconciliation  géné- 
rale dans  la  province  de  Milan,  mais  ce  qui  semble 
les  déterminer  à  ce  sens,  c'est  que  le  Missel  Ambro- 
sien  ne  contient  rien  dans  l'office  du  jeudi-sauil  qui 
ait  rapport  à  l'absolution  des  pénitents  :  au  lieu  que 
la  messe  du  vendredi-saint  est  composée  d'oraisons 
qui  ne  tendent  pre>que  toutes  qu'à  obtenir  pour  les 
pécheurs  l'indulgence  et  1.;  pardon. 

C'était  constannneni  l'usage  des  églises  d'Espagne 
de  faire  celte  réconciliatioi!  la  sixième  férié  avant  le 
dimanehc  de  l'àiiues.  Le  qnalrième  concile  de  Tolède, 
qui  fui  tenu  en  ti33,  nous  l'apprend  clairement  par 
ces  paroles  (c.  6  vel  7)  :  ^'ous  avons  appris  que,  dans 
quelques  endroits,  la  sixième  férié  de  la  Passion  de  ^o~ 
Ire- Seigneur,  on  ferme  Us  portes  des  églises,  que  l'on 
n'y  fait  point  l'office,  et  que  l'on  n'y  prêche  point  la 
passion  aux  peuples,  etc.  Il  faut  ce  jour-là  prêcher  le 
mystère  de  la  croix  que  Xotre-Seigneur  a  voulu  être  an- 
noncé à  toutes  les  nations.  Il  faut  que  tout  te  peuple  de- 
mande le  pardon  de  ses  péchés  à  haute  voix,  afin  qu'étant 
purifiés  par  la  componction,  nous  méritions  de  prendre 
part  à  la  joie  de  la  résurrection,  après  avoir  obtenu  la 
rémission  de  nos  péchés,  et  de  recevoir  le  mystère  de  son 
sang.  Quoiqu'on  Occident  la  pratique  ait  été  différente 
l'esp  ce  de  sept  ou  huit  cents  ans,  elle  devint  néan- 
moms  uniforme  petit  à  petit,  et  tontes  les  églises  se 
conformèrenl  en  ce  poinl  à  l'église  de  Rome,  comme 
on  le  voit  par  les  anciens  pontificaux,  les  sacramen- 
taires  et  les  compilateurs  de  canons,  qui  presque  tous 
ont  inséré  dans  leurs  collections  le  décret  du  pape  In- 
nocenl  ([ue  nous  avons  rapporté. 

Les  Grecs  cnt  toujours  été  dans  l'usage  de  ne  faire 
la  réconciliation  solennelle  des  pénitents  que  le  Ven- 
dreili  ou  le  Samedi-Saint.  Il  sendile  que  c'est  ce  dernier 
jour  ([ue  désigne  S.  Grégoire  de  Nysse  dans  sa  lettre 
à  Létoyus,  lorsqu'il  dit  :  Les  choses  iront  bien  si  ce 
jour-  là  nous  amenons  à  Dieu,  non  seulement  ceux  qui 
sont  transformés  par  la  régénération  du  bain  sacré;  mai» 
si  nous  conduisons  comme  par  la  main  à  l'espérance  qui 
sauve  ceux  qui,  par  la  pénitence,  et  en  rejetant  les  oeu- 
vres mortes,  retournent  à  la  voie  de  la  vie.  Cet  endroit 


M)  Exnuicri  c.  ulliino. 


24 


6M 


HI^rOIKE  DES  SACiifcilEM'S. 


6St 


Muiis  persuade  que  c'était  le  joui  du  Samedi-Saint  que 
.SL'  laisait  la  réconciliation  des  pénitents,  puisque  c'était 
ceriaincnient  ce  jour  là  que  les  oaléchuniènes  rece- 
vaient le  Baptême.  Lu  plainte  des  moines  attachés  à 
l'hérésiarque  Eutychès,  que  S.  Flavien  avait  excom- 
muniés, montre  que  celle  ahsoluiion  était  accordée 
depuis  le  vendredi  jusqu'au  jour  de  la  résurrection, 
puisqu'ils  y  disent  :  Le  jour  salutaire  de  la  Passion  est 
arrivé,  et  la  nuU  sacrée,  et  la  fêle  de  la  résurrection, 
dans  laquelleon  remet  à  ftlusieurs  pécheurs,  suivant  Cin- 
tention  des  Pères,  les  peines  qu'on  leur  avait  imposées. 
Us  portent  ensuite  leur  plainte  contre  Flavien,  qui,  en 
ces  jours  sacrés,  les  avait  laissés  dans  cette  excom- 
munication ;  quoique  les  empereurs,  pour  imiter  la 
conduite  de  l'Église,  ouvrissent  les  prisons  en  ce  saint 
temps.  Depuis  que  la  pénitence  canonique  s'est  affai- 
blie chez  les  Grecs,  et  que  l'absolution  générale  de 
la  semaine  sainte  a  cessé,  il  s'est  encore  conservé 
parmi  eux  des  tr-acos  de  celte  ancienne  coutume, 
comme  ou  le  peut  voir  dan? leurs  pénilenliaux,  suivant 
lesquels  on  accorde  à  ceux  qui  étaient  encore  en  pé- 
nitence la  permission  de  communier  à  Pâques,  dans 
certaines  occasions,  et  on  leur  fait  interrompre  leur 
pénitence  pour  quelque  temps.  Ce  que  nous  avons  dit 
jusqu'à  présent  regarde  surtout  les  pénitents  publics. 
(Oar,  à  l'égard  de  ceux  qui  n'étaient  condaumés  qu'à 
«ies  peines  et  des  macérations  secrètes  pour  l'expiation 
de  leurs  fautes,  ils  recevaient  l'absolution  eu  tout 
lemps.  On  peut  s'en  convaincre  facilement  en  exami- 
nant les  livres  pénitentiaux  et  les  sacramentaircs,  lant 
les  plus  anciens  que  ceux  qui  appiochenl  un  peu  plus  | 


'  assez  communément  la  communion,  et  par  conséquent 
rabsolulion  aux  pénitents  avant  qu'ils  eussent  accom- 
pli tout  ce  qui  leur  avait  été  prescrit  pour  l'expialiou 
de  leurs  péchés,  cela  ne  se  faisait  qu'après  qu'ils 
avaient  passé  plusieurs  années  en  pénitence,  chacun 
à  proportion  des  crimes  dont  il  était  coupable.  11 
paraît  donc  assez  inutile  de  nous  étendre  ici  pour 
prouver  ce  point  de  discipline.  Néanmoins,  nous  ferons 
voir  par  des  monumenls  moins  anciens  que,  même 
dans  les  lemps  auxquels  la  discipline  péniienlielle 
était  fort  déchue  de  son  ancieime  splendeur,  on  ne 
s'était  point  lelàehé  sur  ce  point,  et  que  l'on  examinail 
soigneusement  les  pénilcnls  avant  de  les  réconcilierea 
ce  jour,  afin  que  ceux  qui  ne  s'étaient  point  acquittés 
comme  ils  devaient  des  devoirs  attachés  à  leur  élal,  fus- 
sent exclus  de  la  grâce  que  Ton  accordait  aux  autres. 
L'ancien  pontifical  de  Toulouse  met  clairement 
celte  distinction  entre  les  pénitents  qui  se  présenteiit 
pour  élre  absous  en  celle  grande  fête  :  car,  avanl  de 
décrire  les  cérémonies  de  cette  réconciliation,  ils'ex- 
plicjue  eu  ces  termes  :  Aussitôt  lévèque,  se  levant,  va 
vers  le  vestibule  de  l'érjUse,  accompagné  des  clercs  qui  le 
précèdent  et  qui  le  suiveiU^  et  là,  s'étant  assis,  le  clergé 
étant  debout  d^s  deu-xcàtés^  et  s'étant  fait  rendre  compte 
de  lu  conduite  de  clmcun  dos  péuiteuts,  et  de  quelle  ma- 
l  nière  ils  se  sont  acquiués.  de  leur  pénitence,  il  fait  le 
i  discernement  qui  convient  dos  uns  d'avec  les  autres,  et 
l'ait  placer  à  muin  droite,  suivant  que  le  lieu  le  permet , 
ceuji>  qui  ddvQut  être  véconciliés.  Après  cela  iL  entre  dans 
l'église,  etc.  Dans  un  autre  pontifical  plus  récent  de 
i  même  église,  il  est  \wrUi  (pie  révécpie  sinforme 


de  notre  temps;  on  y  -verra  que,  quand  ils  parlent  de  ^  des  prêlres  chargés  d'enleiidre  les  confessions  des  pe- 


la réconciliation  publique,  ils  désignent  le  Jeudi-Saint 
pour  cette  cérémonie  :  mais  que,  quand  il  est  question 
de  l'absolution  secrète,  qui  se  donnait  à  ceux  dont  la 


nilents,  de  la  manière  dont  ceux-ci  ont  observé  les 
pénitences  qu'on  leur  avait  prescrites,  elqueles  prêtres 
doivent  rendre  un  compte  fidèle  des  noms  des  pénilcnls. 


pénitence  était  secrète,  il-s  ne  marquent  aucun  jour  ■:   cl  des  auiices  de  péniicuce  qu'ils  ont  imposées  à  cha- 


parliculicr.  Cependant  plusieurs  de  ceux  qui  étaient  |i 
d-ans  ce  dernier  cas,  préféraient  ce  jour  à  d'autres  pour 


cun.  Ce  qui  étant  fail,  l'évêqae  avanl  sexte  exannne, 
avec  les  prêtres,  quels  sont  ceux  qui  sont  dignes  d'êlre 


recevoir  l'absolution.  Ils  croyaient  avec  raison  que  la  1  réconciliés,  ou  non.  Examinai  cum  saçerdotibus  ipsis 


gnice  de  la  rémission  était  plus  abondante  en  ce  jour  h 
et  aux  autres  grandes  fêtes  de  l'année,  et  les  prélats  t' 
recommandaient  aux  fidèles  de  se  préparer  par  la  pé-  | 
nitence  à  recevoir  les  sacrements  aux  fêtes  solennel- 
les, mais  surtout  à  celle  de  Pâques,  la  premithe  et  la 
principale  de  toutes.  Nous  en  avons  rapporté  des  preu- 
ves en  quelques  endroits  de  cette  Histoire. 

il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  quoique  le  Jeudi- Saint 
»>u  quelqu'autre  jour  de  la  semaine  sainte  fût  particu- 
lièrement alïeclé  à  la  réconciliation  des  pénitents,  ils 
y  fussent  tous  admis  indistinctenvent  ces  jours-là.  Ce 
serait  une  erreur  grossière,  et  démentie  par  tous  les 
canons  et  les  autorités  dos  Pères  des  sept  premiers 
-siècles  de  l'Église,  qui  nous  apprennent,  comme  nous 
l'avons  vu  dans  la  première  et  seconde  partie  de  la 
troisième  section  de  ce  livre,  (pic  l'absolution  no  s'ac- 
cordait, généralement  parlant,  quaprésquelo  pécheur 
avait  parcouru  la  carrière  de  la  pénitence,  qui  (îiait 
souvent  de  plusieurs  années.  Vous  avez  vu  même  (pu;, 
fci  df^piiis  rp   lemps,  dans  lo  moyen-àsc,  on  doniKiii 


diligenter,  qui  digni  sunt  rcconciiuiri,  qui  non.  L'ancien 
pontifical  de  Tours  ordonne  à  peu  près  la  même  chose. 
Dans  la  bibliothèque  de  réglise  de  Kouen ,  il  y  a  un 
sacramenlaire  romain  dont  l'écriture  est  à  peu  près 
de  400  ans.  U  y  est  dit  que  l'archevêque  s'infor- 
mera des  prêtres  quels  sont  ceux  qui  méritent  l'ab- 
solution ;  lesquels  lui  ayant  été  indiqués,  il  leur  met 
la  main  sur  la  tète  et  leur  donne  le  baiser  de  pai.r,  en 
leur  disant:  Pax  lecum;  ensuite  il  introduit  dans  l'é- 
glise les  uns  et  les  autres.  Après  quoi  le  pontifical 
ajoute  :  Que  ceux  qui  sont  réconciliés,  se  tiennent  à 
main  droite  dans  réglise,  et  que  ceux  qui  ne  le  sont  pas, 
mais  qui  sont  re^us  pour  un  temps  dans  l'église,  occu- 
pent lu  gauche  :  et  que  l'évêque  ai^cvi^e  les  uns  et,  les 
autres  d'eau  bénite  au  visage,  «  Non  veconciliati  verb, 
«  sed  ad  tempus  recepti  in  ecclesiam.  t  Ce  temps  était 
ordinairement  depuis  le  Jeudi-Saint  jusqu'à  l'octave 
de  Pâques;  cepen^Janl  le  rituel  de  Rouen,  dont  nous 
venons  de  donner  cet  ex  Irai  l,  au  lieu  do  l'oelavc  de 
P.\quos,  marque  «cllv  de  la  Pentecôte,  soit  (|ue  l'usage 


«85  PÉNITENCE.  —  SECf.  IV.  CHAP. 

lie  réalise  de  lUtuoii  fiU  diir»'ron4  des  antres,  soit  qn'il 
y  ail  faute  dans  Je  nianuscrit.  Celle  iiidulgcuco,  à  l'égard 
de  ceux  qui  n'ëtaionl  point  eiKWc  tlisposés à  peoevo'r 
ni  rabsoliuioii  iti  la  coniiiuu>ion ,  est  remarqiiahio,  et 
fait  voir  poiir(|»oi,  dans  les  anciens  sacraiiioiitaires.poii- 
lilieaiM  on  riliH>)s,  oninvilaitlonsles|>écl)eurs,etmènic 
<Mi  lenr  pi-escrivait  do  se  trouver  à  la  eérémonie  delà 
récoucilialioii  générale,  à  laqitello  lw«s  avaient  pari 
eu  quelque  maiHèiv.,  coninio  nous  venons  de  le  voir. 

CHAPITRE  IV. 
Des  cérémonies  que  l'on  observait  dans  la  réconciliation 
publique  du.  Jeudi-Saint  ;  il  reste  encore  à  présent  des 
vestiges  de  cette  ancienne  pratique.  Delà  réconciliation 
secrète,  tant  chez  las  Grecs  que  chez  les  Latins,  etc. 
Les  plus  anciens  sacranienlaires dans  lesquels  celle 
iniport;uit<i  action  d«  la  réconciliation  puliliqnedes  pé- 
nitents est  représentée  ,  sont  les  i)lus  simples  et  les 
moins  chargés  de  cércnionios,  mais  lonles  majes- 
tueuses, «l  dignes  d('  la  grandeur  et  do  la  sainlelé  de 
rÉglise^  de  Jésus -CItrist.  Le  P.  Morin  {dePœnit.,  l.  9, 
€>.  49)  noHS  met  sohs  les  yeux  ces  augustes  cérémo- 
nies tirées  d'un  ancien  S!>«ramentaire  qui  contient-plu- 
sieurs choses  qui  ont  été  en  usage  cent  ans  et  plus 
a-vant  S.  Grégoire,  et  qu'il  juge,  au  style  dos  discours 
et  des  prièies  qui  s'y  trouvent,  être  du  temps  du  pape 
Sylvestre  ou  de  Iules.  Pour  moi ,  s'il  m'était  permis 
de  dire  mon  sentiment,  il  me  semble,  en  considérant 
ce  style  coupé  et  ces  phrases  conrteset  jileinesde^cns, 
y  reconnaître  celui  de  S.  Léon  ;  mais  j'.iime  mieux 
que  l'on  défère  au  sentiment  d'un  homme  si  vcisé 
(lans  la  lecture  des  auteurs  ecclésiastiques,  qu'à  mon 
opinion.  Coq^ui  se  lit  dans  ce  sacramentairedu  P.  Mo- 
rin est  entièrement  conforme  à  ce  que  l'on  trouve 
dans  ceux  de  Grimold  et  de  Rodrade,  qui  ont  été  publiés 
par  Paméliuà  et  par  l).  Hugues  Mainard. 

Voici  rord*e  de  cette  cérémonie  tel  qu'il  nons  y  est 
dépeint,  sous  ce  titre  :  Ordo  acjenlibus  pubticaui  pœni- 
tentiam.  Le  pénitent  sort  de  lendroil  où  il  a  fait  péni- 
tence (que  l'on  me  permette  ici  de  faire  une  réilexion 
sur  ces  paroles  qui  se  trouvent  dans  tous  les  autres 
sacramentaires  et  rituels.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que 
c'était  une  coutunio  jvresque  universelle  en  Occident  de 
renfermerdans  (jucUpies  lieux  voisins  de  l'église  les  pé- 
nitents pendant  le  carême  qui  précédait  imujédiate- 
menl  leur  réconcilialion  ,  alin  do  les  y  préparer  ;  car 
il  n'y  a  point  d'apparence  qu'on  les  renfermât  tous 
ainsi,  mais  seulement  ceux  qui  touchaient  au  bout  de 
la  carrière;  comme  on  enfermait  non  pas  tous  les 
catéchumènes,  mais  seulement  les  compétents  ou 
élus,  qui  devaient  être  baptisés;»  Pâques  suivant).  Re- 
venons à  l'ordre  delà  réconciliation.  Lepénilentéiant 
sorti  de  l'endroit  où  il  s'était  exercé  durant  le  carême 
pour  se  rendre  digne  de  la  réconcilialion,  était  pré- 
senté au  milieu  de  l'église  €  le  corps  prosterné  en 
«  terre,  i  Alors  le  diacre  adressant  la  parole  à  l'é- 
vêque,  lui  représentait  que  le  temps  de  la  propiliation 
était  venu  ,  et  il  faisait  entrer  dans  son  discours ,  jiar 
manière  de  remontrance  et  de  paoteslaljon,  toutes  les 
coufeidératioiis  des  mystères  qui  s«,  j-enouvelienl  on 


.  CÉRÉMONIES  DU  JEUDI-SAINT.  «SJ 

ces  saints  jonts,  aussi  bien  rfoe  tes  gérnlVscnrùttP;  de 
toute  l'assemblée  ,  sous  fes  yetit  do  laquelle  les  pént- 
t^nH,  ainsi   prosternes,  deninindaiclit  avec  hiriïiCS'în 
gri\fc  de  l'absolu  lion.  Ce  di^rotirs,  qiit  cs't  dos  p^ffs 
l»eaux ,  étant  fini ,  l'évéqne  avirrissait  Irs  pénilfTlTS  lïc    / 
ne  plus  reimirncr  aux  dësordrc's  qu'ils  avafîéirtt  C!4l^îé's    ' 
p;M-  tant  de  travairr.  Ai)rc?  quoi  îl  proYiotiCail  Sttf  'f^Tst. 
sept  or.tisons,  qui  tendent  nniqnemciità  dfhntmjh^r  à 
Dieu  la  réfnission  de  leirrs  péchés,  fl  parait  niièmT;pr\r 
le  sacrainentaire  Ui»nt  iious  arnns  tlré-cecT,  et  qTir<*st 
celui-là  même  que  \e  pape  Gélase  petblia  âe^ùs  avec 
qwhpjes  corrections,  que  ces  prières  dnbsolutti^n  se 
faisaient  sur  chaenn  des  pénileiHS  en  parlictrtier    Al- 
cuin, d'ans  son  Abrégé,  Chrodegand,dans  ya  régie  pr.Bf 
les  chanoines ,  c.  28  ,  et  Egbert ,  archcvèpje  d'York, 
dans  son  Pénilcrriiel,  pi-éscriveiil  la  mêuTe  dit)se  à 
<}uelq»e3  psaumes,  versets  et  répons  près  qu'ils  y 
ajotitcnl,  on  qui  se  disaitmtaussi alors, mais  dont  cesa- 
crainen laire  ne  Hiit  pas  mention ,  parce  que  c'étaient  des 
choses  dim  usage  ordinaire  et  conTrtres  de  tou  t  le  monde. 
Telle  était  la  manière  d'absoudre  les  pénitents  pu- 
blics à  Rome  avant  S.  Grégoire-le  -Grand,  et  dans  le  pays 
d'en-deçà  les  Alpes,  avant  que Cliarlem^agne  y  eât  fait 
recevoir  la   réformation  de  ce  saint  pape,  comme  il 
parait  par  les  auteurs  que  nous  venons  de  citer.  Dans 
la' suite,  je  ve»x  dire  après  que  Ton  eut  reçu  le  sïicra- 
BM^ntoire  de  S.  Grégoire  avec  la  réformatron  du  chant 
ecclésiastiquequ'il  avait  faite owprocurée,  les  égiiscsde 
France, d'Allemagne etdes autres  parties  delOccidenl 
s'y  conformèrent,  quoique  avec  quelques  diversités  ; 
ohacun  ajoutant  ou  retranchant  quelque  chosedc  ces  cé- 
rémonies que  l'on  i>e  peut  toutes  exposer  en^étail.  Vous 
en-avez  vu  quelques-unes  dans  le-ehapiireprécédentet 
dansd-autresendroitsde  cette  histoire;  nous  nous  cmî** 
tenterons  ki  de  rapporter  ce-  <^\  est  prescrit  dans  l'an- 
cien ordre  de  la  réconciliation  des  pénitents  au  Jeudi- 
Saint.  Cela  est  d'autant  plus  à  propos,  que  depuis  (ui'on 
eut  reçu  en  France  le  rituel  ronK>in,cequi  y  est  prés- 
ent devint  comme  la  base  de  toutes  les  antres  eéré* 
moniesque  l'on  y  joignit  ensuiîeen  diflérentes  égiisea. 
L'évèque,  suivant  ce  rituel,  allait  s'asseoira  l'eniréo 
de  iéglisp,  les  pénitents  avec  l'archidiacre  l'atte-iliinl' 
dans  le  vestibule,  éloignés  de  quelque  dislance.  Celui- 
ci,  avant  de  les  présenter  à  l'évèque,  lui  atlresse  le 
nièinc  discours  dont  nous  venons  de  donner  l'ab;  égé. 
Après  qnil  a  cessé  de  parler,  le  prélat  enlopne  l'an- 
lieniu;  Vemtf.,    et  l'archidiacre  du  côté  des   pénifenlë 
dit  :  FuiCHissoxs  lks  cb.noux.  Ce  qui  étata  fait  p.r  let 
pénilent&y  ii  dit  enèuite  :  L^VEi^yocs.  La  même  chose  se 
fait  une  seconde  fuis,  ei  les  péiiitents  viennent  *•  placer 
au  milieu  du  veHibale  ;  enfin  l'évèque  ayant  dit  livis  foii 
tout  de  suite  :  Venite  .  venea  ,  et  les  pénitcnls  uiicnit  de 
nouveau  fléchi  les  chenaux,  ils  vienmnt  se  prosierjicr  aux 
pieds  de  révèqu^,.  ^  s'y  tinunent  jvsqu'à  ce  qu'il  se  lève 
de  son  siéqe,  et  fasse  siqne  à  un  autre  diucr.i  ;  le  cUrgé 
continuant  l'antienne:  VeiMtk,  fu-k.  \ijJ)1TE  mf..  timo- 
uuii  DoMiM  DOCLBo  vos  {vcuei,  vies  enfauls,  éiiuutex- 
nwi  f  je  vous  apprendrai  la  crainte  du  ikiffu^atr)  ^  à  la- 
'^t\'/..'.  PU  joiyit  te  psattnu  :.  Mlnfbicam  Domimm  .o.msu 


655  '"'     ..y..-  .-.-.T,  HISTOIRE  DES 

TEMPûRE-  Pendant  le  chant  de  ce  psaume,  les  curés  te-  ' 
naiil  par  la  main  les  pàiilents  [à  plebisanis),  tes  présen- 
tent à  r archidiacre;  celui-ci  les  présente  àl'évêque,  lequel 
les  rétablit  dans  l'église ,  ou  les  y  introduit.  Là  étant 
prosternés  en  terre  de  tout  le  corps  ,  révèquc  dit  l'an- 
lienne  :  Cor  mundum  créa  ,  etc. ,  avec  son  répons  et  le 
psaume  :  Miserere  mei,  Deus,  lequel  étant  achevé,  /V- 
vêque  se  prosterne  avec  les  pénitents  dans  roratoire  :  ce- 
pendant le  chœur  chante  des  lilatiies,  lesquelles  étant 
finies,  il  dit  :  Kïrie  eleison  ,  Pater  ,  quelques  versets 
et  une  courte  prière,  après  quoi  il  prononce  sur  les  pé- 
ïiitenls  les  prières  d'absolution,  dont  la  première  com- 
mence par  ces  mois:  Adesto, Domine,  etc.; ce  sont  les 
mêmes  que  celles  dont  nousavons  parlé  ci-dessus.  En- 
suite de  ces  prières  il  asperge  les  pénitents  d'eau  bénite,  les 
encense,  et  leur  dit  :  Levez-vous,  vous  qui  dormez ,  et  le 
Seigneur  vous  éclairera.  Aussitôt  ceux-ci  se  lèvent ,  et 
ainsi  finit  la  cérémonie.  La  manière  dont  s'est  faite 
autrefois  la  réconciliation  des  pénitents  publics  depuis 
S.Grégoire,  ou  au  moins  depuis  le  temps  que  son  sacra- 
mentaireaéiéreçu  en  Occident,  a  été  peu  différente  de 
4jelie-ià  dans  toutes  nos  églises. 

Dans  la  suite,  la  pénilence  publique s'abolissant  in- 
sensiblement, les  fidèles  prirent  la  place  des  péciieurs 
pénitents  au  Joudi-Saint,  comme  ils  avaient  fait  nu  mer- 
credi des  cendres  pour  recevoir  la  pénitcr.ce  générale. 
Celle  dévotion,  dit  M.  Baillct  dans  son  Histoire  des 
fêtes  mobiles,  pag.  450,  édil.  in-8",  s'est  conliiinéc 
jusqu'ici,  soit  dans  les  catliédralt- s  où  les  évêques  font 
le  Jeudi-Saint  l'absoute  générale,  et  le  premier  des 
prêtres  dans  les  églises  des  villes,  soit  au  jour  de 
Pâques  même  dans  les  paroisses  où  le>  pasteurs  parli- 
ïuliers  s'acquillent  de  cette  fonction  diversement.  En 
Leaucoup  de  lieux  l'usage  est  que  le  prêtre  fasse  pour 
loul  le  peuple  une  confession  générale  de  pres(|ue 
tous  les  pécliés  qui  peuvent  se  commettre.  Les  fidèles, 
sans  craindre  que  la  confusion  retombe  sur  aucun 
d'eux  en  particulier,  s'accisent  ainsi  d'une  multitude 
de  crimes  très-énormes  qu'ils  n'ont  jamais  commis , 
lécitent  les  psaumes  de  la  pénitence  pour  les  expier, 
et  reçoivent  ainsi  l'expiation  que  devaient  recevoir 
les  pénitents  publics.  C'est  ainsi  que  la  réconciliation 
publique  des  pénitents  est  dégénérée  partout  en  pure 
cérémonie.  Il  faut  en  excepter  l'église  de  Uouen,  où  il 
s'est  conservé  un  reste  de  l'ancienne  discipline  qui  est 
trop  beau  pour  ne  pas  trouver  place  dans  cet  ouvrage. 
\oici  un  extrait  d'un  mémoire  de  M.  de  la  Fosse, 
grand  pénitencier  de  cette  église,  de  l'an  1673,  qui  dé- 
crit les  principales  cérémonies  qui  s'observent  encore 
tians  la  réconciliation  publique  des  pénitents  le  jeudi 
absolu.  Les  pénitents  du  mercredi  des  cendres  qui  ont 
été  renvoyés  pendant  le  carême,  se  rendent  le  jeudi 
a5)solu  sur  les  finit  beures  du  matin  en  la  cathédrale 
dans  la  chapelle  du  pénitentiel.  Ils  rapportent  leurs 
cierges  qu'on  leur  avait  éteints  le  mercredi  des  cen- 
dres. Après  none  le  clergé  vient  processionnellement 
en  la  nef,  conduit  par  M.  l'archevêque  en  habits  pon- 
tificaux, ou  en  son  absence  par  le  premier  du  chœur. 
Le  diacr»  fait  lecture  par  la  leçon  qui  commence  par  , 


SACREMENTS.  650 

Adest  venerabilis  pontifex,  etc.  Pendant  qu'on  chante 
cette  leçon,  le  bedeau  vient  prendre  les  pénitents  pour 
lesconduire  hors  de  l'église,  el  pour  se  rendre  ala  grande 
porte  par  laquelle  ils  avaient  été  expulsés  le  mcreredi 
des  cendres  ,  et  lorstpie  M.  l'arelievèque  ou  rolïiciaut 
commence,  Venite,  que  le  clergé  répète  trois  fois,  on 
ouvre  la  grande  porte  aux  pénitents  qui  se  prosternent 
l'un  après  l'autre  devant  M.  l'archevêque  ou  l'officiant 
qui  leur  donne  le  baiser  de  paix  ;  et  cependant  le  dia- 
cre et  le  sousdiacre  prennent  les  cierges  éteints  et  les 
redonnent  aux  pénitents  qui  vont  en  file  au  travers  du 
clergé,  pour  se  placer  dans  un  parquet  qui  leur  est 
préparé  devant  la  chaire  au  haut  de  la  nef,  où  ils  en- 
tendent le  sermon  qui  se  fait  parle  pénitencier,  ou  par 
quelque  autre  connnis  de  sa  part.  Après  le  sermon,  que 
les  pénitents  entendent  à  genoux,  les  cierges  allumés  en 
main,  le  chantre  commence  le  psaume  G'  :  Domine, 
ne  in  furore  luo ,  etc.,  et  le  clergé  présent  contiiuic 
alternativement  les  sept  psaumes  pénitenliaux,  à  la  (in 
desquels  l'archevêque  ou  l'ofliciant,  précédé  de  deux 
acolytes  avec  leurs  cierges  allumés,  montent  en  la 
chaire  pour  faire  l'absolnlion  générale,  connue  elle 
est  prescrite  dans  le  manuel.  Les  pénitents  retomiieiit 
ensuite  en  l.\  chapelle  du  pénitencier  qui  les  renvoie 
en  i)aix  après  un  mot  d'exhorlalion. 

La  réconciliation  secrète  des  pénitents  se  faisait  de 
même  que  la  pnbli(pic,  aux  solennilés  près,  c'est-à- 
dire,  (jnelle  se  fai-ait  par  phisiems  pr.èies  très-belles, 
les  mêmes  ou  éjuivalentes  à  celles  dont  nous  avons 
parlé,  jointes  à  l'inqwsilion  des  mains,  inséparable  de 
1,1  prièie  dans  ces  occasions.  C'est  i)ounpu>i  ?onvent, 
(juand  les  auteurs  de  ce  leuq)s  i»arleul  de  la  manière 
de  reci>n( Hier  les  pécheurs,  soit  en  public,  soit  en 
particulier,  ils  renvoient,  pour  les  prières,  aux  sa- 
cramenlaires  qui  étaient  en  usage  dans  les  églises. 
C'est  ce  que  nous  voyons  dans  le  cinquième  lixie  des 
Capitulaires,  c.  25  :  Après  que  ta  pénili-nce,  y  esl-il  dit, 
est  accomplie,  selon  la  règle  des  canons,  qnon  réconcilie 
le  pécheur  canoniquement,  soit  en  secret,  soil  en  public,  et 
qu'on  lui  impose  les  mains  avec  les  oraisons  contenues  dans 
le  sacrumentaire  pour  la  réconciliation.  Celaient  donc  les 
mêmes  [trières  et  la  même  chose, excepté  les  riis  el  les  cé- 
rémonies publi(|uesque  l'on  enqiloyait  pour  l'absolution 
des  pénitents  publics,  principalement  au  Jeudi-Saint. 

Nous  pourrions  nous  contenter  de  ce  que  nous  ve- 
nons de  dire  pour  faire  connaître  les  rils  qui  s'(tbser- 
vaient  anciennement  dans  la  réconciliation  secrète  des 
pénitents;  cependant,  pour  plus  grand  éclaircisse- 
ment, nous  meitrons  ici  (luehiues  extraits  des  livres 
ecclésiastiques  dans  lesquels  elle  est  repiésenlée. 
L'abbé  Réginou,  dans  son  premier  livre,  c.  2U7,  après 
avoir  expliqué  ce  qui  regarde  la  confession  el  la  péni- 
lence secrète,  vient  enfin  à  l'absolution  qu'il  décrit 
ainsi  -.Alors,  que  le  pénitent  se  prosterne  à  terre,  et 
qu'il  dise  avec  larmes  :  J'ai  péché  en  cela  et  en  bien 
d'autres  choses,  pur  pensée,  par  parole,  par  action...  Je 
me  reconnais  coupable  devant  Dieu  plus  que  personne  el 
je  m'en  confesse  ;  je  vous  prie  aussi  humblement,  à  prêtre 
de  Dieu,  d'intercéder  pour  moi  et  pour  mes  péchés   '<»• 


Cyéi^'  PÉNITENCE.  -  SF.CT.  V.  CllAP.  Y. 

prs  de  notre  f^eiqncitr  cl  Cn'nU'itr,  nfin  iju'il  inmcorde 
le  pardon  de  cca  crimes.  Ensuite,  que  le  prêtre  se  lève 
et  qu'il  dise  le  psaume  38",  7»'!/  se  prosterne  en  terre 
et  qu'il  dise  celle  oraison  •  Je  prie,  Seiyneur,  voire  clé- 
mence, etc.  Après  cela  il  ajoutera  :  Que  le  Dieu  tout- 
puissant  vous  aide  et  vous  protège;  quil  vous  accorde  le 
pardon  de  vos  péchés  passés,  présents  et  futurs.  Amen. 

Régiiioii  avcriil  qu'il  a  tiré  des  livres  pénitonliaiix 
(le  Théodore  de  Canlorbéii  et  de  lîèdc,  cet  ordre  do 
la  pénilence  et  de  rabsoliuiori  qu'il  donne;  d'où  il 
s'ensuit  qu'il  était  comniunénienl  observé  à  quelques 
circoiislaures  près  et  quelques  prières  plus  ou  moins 
longues,  dans  l'église  Latine,  au  liuiliènic  siècle  et  au  di- 
xième, auquel  vivait  cet  auteur.  La  même  forme  d'ab- 
solution se  trouve  dans  Burchard,  avec  celte  différence 
que,  outre  la  prière  Prccor,  Domine,  il  y  en  a  encore 
trois  .tulres,  par  li'Sf|ucllesle  |)rètrc  demande  à  Dieu  la 
rémission  des  péchés  des  pénitents.  Le  mamiscrit  de 
Sicile  en  met  sept  ;  cela  n'était  point  déterminé,  mais 
variai!  suivant  la  différence  des  lieux.  Pans  un  autre 
maniiscrii  de  l'église  de  P.ouen,  qui  contient  un  saora- 
menlaire  qui  a  élé  à  l'usage  de  quelque  église  d'An- 
gleterre dans  le  temps  du  règne  dis  Sixons  en  cette 
île,  il  est  prescrit  aux  pénitents  de  dire  avant  l'abso- 
lution le  psaume  50";  en  suite  de  quoi  l'évêque  pro- 
nonce sur  lui  les  litanies  qui  sont  suivies  d'une  l'orme 
d'alisolulion  indicative,  après  laquelle  il  fait  plusieurs 
prières  irès-toiichantos  pour  obtenir  de  Dieu  la  rémis- 
sion des  péchés  du  pénitent.  Ces  prières  finies,  l'évê- 
que le  prenant  par  la  main  le  l'ait  lever,  et  lui  s'éiant 
incliné  cjevant  l'évêque,  celui-ci  ajoute  une  nouvelle 
oraison  à  celle  qu'il  avait  déjà  dile  pour  le  pénitent. 
Toutes  ces  prières  se  trouvent  dans  les  chapitres  30 
et  3!  du  livre  9*  du  P.  Morin  sur  la  Pénitence,  où  les 
lecteurs  curieux  et  les  théologiens  pourront  le  con- 
sulter s'ils  le  jugent  à  propos. 

Je  crois  que  ce  qui  vient  d'élre  dit  est  suflisant  pour 
donner  une  juste  idée  de  la  manière  d'absoudre,  tant 
publique  que  secrète,  qui  était  autrefois  en  usage 
dans  les  églises  d'Occident.  A  l'égard  do  celles  d'Orient, 
nous  n'avons  point  de  monuments  qui  nous  aient  con- 
servé l'ordre  des  cérémonies  qui  étaient  en  usage  dans 
ces  églises,  pour  la  réconciliation  des  pénitents  pu- 
blics; mais  il  y  a  tout  lieu  .de  croire  qu'il  était  le 
môme  que  celui  que  nous  représente  cet  ancien  sacra- 
mentaire,  qui  expose  ce  qui  se  passait  à  cet  égard  dans 
l'église  romaine;  rien  n'est  plus  sin.ipleet  pins  majes- 
tueux que  cette  forme  d'absolution,  ni  plus  conforme 
à  l'esprit  de  l'Église.  Nous  pouvons  donc  dire  des 
Grecs  ce  que  nous  avons  dit  des  Latins:  savoir,  que 
la  réconciliation  publique  des  pénitenls  ne  différait  de 
l.T  secrète  que  par  rapport  aux  solennités  dont  celle- 
là  était  accompagnée ,  tandis  que  l'autre  se  faisait  sim- 
plement par  l'imposition  des  mains  du  prêtre,  et  par 
plusieurs  prières,  dont  les  nues  suivaient  immédiate- 
ment la  confession  des  péchés  (nous  en  avons  parlé 
dans  le  chapitre  cinquième  de  la  deuxième  section  de 
ce  livre),  et  étaient  comme  des  préparations  à  la  par- 
faite rëroncilialion  ;  les  autres  se  faisaient  quand  le 


MI.NISTIil'S  DF  1  \  iu'(.0\(.II.I\TION.  O.'iR 

pi-nilent  avait  aocoin|ili  la  pt-nilence  qui  lui  avait  (■t(' 
iinpos('('.  (/('tait  par  ces  dernières  prières  qu'il  était 
parfailcuiciit  rckoncilié  à  Dieu  et  à  l'Église,  et  qu'il 
rentrait  dans  tous  les  droits  qui  sont  attachés  aux 
membres  vivants  du  corps  mystique  de  Jésus-Christ, 
puisque  c'était  par  cette  dernière  absolution  ,  seule- 
ment, qu'il  acquérait  le  droit  de  participer  au  sacre- 
ment de  son  corps  et  de  son  sang,  qui  est  le  sceau  de 
la  parfaite  réconciliation.  La  prière  par  laquelle  on 
donnait  cette  dernière  absolution,  se  lit  encore  dans 
le  pénitentiel  de  Jean-le-Jeûneur,  sous  ce  titre  :  Orai- 
son pour  délier  celui  qui  se  confesse  après  qu'il  a  accom- 
pli le  temps  de  sa  pénitence.  On  y  demande  à  Dieu  de 
purilier  le  pécheur  des  ordures  du  péché,  et  de  le  dé- 
livrer de  la  pénitence  qui  lui  avait  été  imposée, aussi  bien 
I   que  du  péché  qui  la  lui  avait  fait  mériter,  etc.  Cette 
'   oraison  est  pi  écédée,  dans  ce  pénitentiel ,  de  plusieurs 
]   autres,  que  le  prêtre  prononçait  sur  le  pénitent  aussit(it 
j  après  la  confession,  et  qui  expriment  le  même  sens. 
Les  Grecs  d'à  présent  considèrent  cette  dernière, 
!   comme  n'ayant  d'autre  effet  que  d';.bsoudre  le  pénitent 
!   des  peines  canoniques.  C'est  ce  que  Léon  Allatius 
écrivit  au  P.  Morin,  comme  il  le  rapporte  dans  un  petit 
écrit  (pii  se  trouve  dans  l'appendice  de  S(  n  traité  sur 
la  Pénitence,  il  ajoute  que  l'archevêque  de  Tréhisond(^ 
lui  avait  dit  la  même  chose  étant  à  Paris,  et  qu'il  n'('- 
tait  pas  même  nécessaire  de  demander  cette  dernière 
absolution  au  prêtre,  quand  on  avait  accompli  toute 
;  la  pénitence  qui  avait  été  imposée,  mais  qu'il  était 
'   seulement  utile  cl  avantageux  au  pénitent  de  la  rece- 
voir. Tels  sont  peut-être  les  sentiments  des  Grecs  au- 
!  jourd'Inii  :  mais  j'ai  peine  à  me  persuader  que  c'étaient 
:  ceux  de  leurs  ancêtres  ;  car  enfin  pourquoi  le  prêtre 
•  demanderait-il  à  Dieu  de  délier  et  de  purifier  le  pé- 
!  cheur,  s'il  avait  été  parfaitement  réconcilié  immédia- 
I  tement  après  sa  confession,  par  les  prières  d'absolu- 
:  tion  qui  la  suivaient?  pourquoi  auraient-ils  séparé 
I  quelquefois  un  pénitent  de  la  communion  durant  plu- 
I  sieurs  années,  s'ils  l'eussent  cru  entièrement  absous 
1  des  liens  de  ses  péchés?  Il  y  a  donc  tout  lieu  de  croire 
I  que  cette  première  absolution  n'était  que  préparatoire , 
I  à  peu  prés  comme  celles  que  l'on  faisait  autrefois  sur 
les  pénitenls  avant  la  célébration  du  saint  sacrifice, 
dans  lesquelles  on  demandait  à  Dieu,  en  différents 
termes,  la  rémission  des  péchés  de  ceux  qui  étaient 
prosternés  au  milieu  de  l'assemblée  des  fidèles.  La 
réconciliation  a  plusieurs  degrés,  ampliits  lava  me  ab 
iniquitate  meù,  etc.,  et  comme  la  première  des  sept    ' 
oraisons  qui  sont  marquées  dans  le  sacramentaire  dont    * 
nous  avons  parlé,  pour  absoudre  le  pécheur,  n'empê-    - 
che  point  l'effet  des  autres  qui  la  suivent,  de  même 
celte  première  absolution  des  Grecs  n'empêche  poiiit 
l'effet  de  celle  qui  se  donne  après  avoir  accompli  la 
pénilence,  puisque  c'est  celle  qui  rétablit  le  péchetn- 
dans  la  jouissance  du  plus  grand  des  biens  dont  Iq 
péché  l'avait  dépouillé. 

CHAPITRE  V. 
Par  qui  se  faisait  la  réconciliation  des  pénitenls,  tant 
secrète  que  publique.  Que  cette  dernière  était  réservée 


659  lîISTOlRi:  DES  SACREMENTS 

aux  évêqnes.  Que  dmts  Véglise  d'Afrique,  du  temps  de 

S.  Cyprien,  le  clenjc  imposait  les  mains  conjointement 

avec  tévêqtie  ;  que  cette  pratique  a  peu  duré.  Que  dans 

ta  suite  les  prêtres  ont  réconcilié  publiquement  les  pé- 

chiurs,  même  hors  te  cas  de  néjcessité. 

Le  poml  4<è  discipline  dont  il  s'agit  ici  est  déjà 
proli^¥  iK»r  c<S  ij^iî  a  été  dit  dans  les  précédents  eliapi- 
Ires  de  ooUe  seétion,  èiiviont  dans  le  second,  où  nous 
avons  rapporté  les  autorités  de  S.  Léon  et  du  second 
concile  de  CàVthngo.  D'ailleurs  vmis  avez  vu  dans  ce 
criapîlJ'e  et  toiis  lés  àiriï-e's,  quand  il  s'agissait  de  la  ré- 
cOiicilialion  solennelle ,  que  dans  les  sacramcntaires 
e(  l'-s  antre^Hvï-eS  oùceUe  cérémonie  est  décrite,  il 
n'est  fait  mention  que  de  révéque,  les  prêtres  ne  pon- 
vîiii!  rien  entreprendre  de  semblable,  sinon  dans  le  cas 
de  TabsenCfe  de  Ntêqiie,  ôii  d'une  maladie  qui  le  mît 
lier-;  d'état  de  s'acquitter  d-e  cette  lonclion.  Car  il  n'est 
nnllément  probabltî  que  dans  une  pareille  conjoncture 
on  eut  remis  h  Tannée  suivante  la  réconciliation  de 


660 

comme  !>  s  assesseurs  de  l'évêque,  et  qui  composaient 
ce  rospoclahle  sénat  dont  Févêque  était  le  clief  cl  le 
président.  Le  père  Morin  croit  que  cela  pourrait  aussi 
s'entendre  des  diacres ,  fondé  sur  ce  que  nous  avons 
dit  ailleurs,  cli.  7,  M'condc  section,  touchant  le  pou- 
voir que  révoque  leur  donnait  qucbiuelois  de  recevoir 
les  péiiileiits  à  la  conuonuion  ,'en  cas  de  nécessité 
urgente,  mais  je  ne  pense  pas  que  dans  l'occasion 
dont  il  s'agit  ici,  les  diacres  prissent  part  à  la  céré- 
monie sainte  que  Jious  venons  de  représenter,  puis- 
qu'il s'agit  d'une  fonction  ordinaire  et  tonte  sacerdo- 
tale. Nous  ne  pouvons  marquer  au  juste  combien  cette, 
pratique  a  4uré  en  Afrique  depuis  S.  Cyprien.,  Tout  ce  . 
que  nous  savons  là-dessus ,  c'est  qu'au  commence- 
ment du  (lualrièioc  siècle,  elle  n'y  était  plus  en  usage, 
et  que  le  pouvoir  de  réconcilier  les  pénitents  ptdjlics 
était  alors  réservé  à  l'évêque  privalivemcnt  à  tout  ^ 
autre  :  il  f.iisail  alors  seul  la  cérémonie  de  l'imposi^ 
tion  des  mains  avec  les  prières  réconciliatoires.  C'est' 


ceux  qui  avàioftt  accompli  le  cours  de  leur  pénitence,  |  ^c  qui  pan.ît  manifeslemcnl  par  le  se(  oiul  concile  de 
et  qui  g'éfôient  préparés  durant  tom  le  carême  à  rc-  |  Caribage,  tenu  au  conimencemcr.t  de  ce  siècle,  dônt^ 
cevoir  cette   grâce  ;  puisque  les  prêtres  pouvaient  |j  "«"S  avons  rapporté  les  paroles  dans  le  second  clià  • 
frtiré  celte  fonction,  même  hors  le  cas  de  nécessité,  ji  Pil'"^  de  cette  section. 

Dans  la  suite  on  se  relâcha  de  celle  rigueur,  ell'on 
accorda  quelquefois  aux  prêtres  de  faire  celle  fonciion, 
niènie  hors  le  cas  de  nécessité.  On  reslreignil  le  sens 
des  anciens  cmons  qui  leur  défendaient  de  s'y  ingér 
rer  sans  la  permi.ssion  de  révoque  :  cnentend;inl  celle 
perniissioa  de  celle  qui  était  attachée  aux  dignités 
dont  ils  étaient  i  evèlus ,  ou  de  celle  qui  leur  venait 
par  délégation  de  l'évêque,  non  une  délégation  pas- 
sagère et  pour  une  seule  fois  seulement ,  mais  celle 
I;  qui  était  en  qnehnu;  sorte  allacbéc  à  leurs  personnes» 

L 

j  et  qui  ne  finissait  que  lorsqu'elle  élail  expressénient 
révoquée.  Le  concile  de  .Meaux  célébré  en  Tan  815,. 
accorde  cette  permission  aux  coréycques,  c  4i,  el  j.1 
letu"  donne  comme  un  pouvoir  ordinaire,  quoiqu'ayec 
sul)ordination  à  l'évêque.  loiposilioni  pœnitenliœ ,  au( 
pœiiiteiiliuni  rcconciliationi  per  parochiam  sccnndùm 
mandalum  episcopi  sui  inscrviat. 

Dans  la  suite  et  sur  la  fin  du  douzième  siècle,  quatid' 
on  commença  à  diviser  la  pénitence  en  trois  espèecs, 


avec  une  permission  spéciale  de  l'évêque,  conmio  l\ 
paraît  par  ce  que  nous  avons  rapporté  ailleurs  (1)  d& 
S.  Cyprien,  et  par  le  second  concile  de  Séville  tenu 
on  619,  dans  lequel,  quoiqu'on  se  .soit  appli<pié  à 
réprimer  les  v.nireprises  des  prêtres  qui  s'ingéraient 
lémérairemeni  dans  les  fooclions  réservé(^  aux  évè- 
qUes,  il  est  dit  néanmoins  seulement  qu'il  n'esl  point 
permis  aux  prêtres  en  présence  de  l'évêque  de  récon- 
cilier les  pénitents  sans  son  ordre.  Neque....  ticere 
cpiscopo....  présente pœmtt'nlem  Une  pvœcepln  epi- 
scopi »ut  teconcitiare . 

Nous  apprenons  de  S.  Cyprien  que  de  son  ie«ip>;, 
el  sans  doute  avîwU  lui  (car  il  ne  marque  mdle  pan 
qu'il  soit  auteur  de  celte  pratique),  l'évêque  n'était  pas 
le  seul  qui  imposât  les  mains  aux  pénitents  pour  bs 
ré'ctiricîlier,  mais  que  le  clergé  se  joijçnail  à  lui  dans 
Cette  atlguste  céréuion're.  C'est  ce  que  nous  lisons  ^j 
dans  sa  dixième  lettre,  où  on  se  plaiguanl  des  tombés  || 

(OÙ  voubiient  être  absous  sans  avoir  f:Hl  préalable-  y,  .       ,      ^ 

ment  une  pénitence  convenable,  il  leur  oppose  le  |  en  solennelle,  en  publique  el  en  secrète,  les  docteurs 


zèle  de  certains  chrétiens  fervents  et  pieux,  qui  ayant 

faHpêtUténce  pendant  nn  temps  considérable ,  viennent  | 
suivant  i'brdre  de  ta  discipline  à  l'exomoloqèse,  et  nçoi-  | 
vent  par  Timposition  des  mains  de  l'évêque  et  du  clmjé 
le  droit  de  sommunier.  «  El  per  manùs  imposiiionem  I 
<  epîsdàpi  W  élleri,  jus  commttnionis  accipitnt.  »  Dans 
la  lellré  Miivante,  il  insiste  sur  le  même  sujet,  en  ces 
termes  :  Quoique  pour  les  moindres  })échés.-.  personne  || 
ne  puisse  Venir  à  la  communion ,  qn'anparavani  l'évêque  j 
et  le  clergé  ne  lui  aient  imposé  les  mains ,  «  pins  forte  j 
raison  ceux-ci,  été.  «  Nisi  priiis  xib  episcopo  et  clero  | 
«  maniis  fiterit  imposita.  i 

11  est  plus  i»robable  que  S.  Cyprien  dans  celle  oc 
casKMi  n'entend  pas  généraleuient  tous  ceux  qui  I 
comiwtsâlVnl,  mais  sciilenient  les  prêtres. (|Qi.éU»ient 

(1)  Cbàp.  7  dé  la  secondé  9ecliofr^'*"H  'î'!'  '  ■''•■ 


enseignèrent  connnunémeiif  que  la  réconciliation  des 
pénitents  des  deux  dernières  espèces,  élail  du  rcss(ul 
des  prêtres  (1).  El  nous  voyons  encore  aujourd'hui 
que  dans  certains  diocèses  de  ce  royaume,  où  il  reste 
encore  une  ombre  de  l'ancienne  pénitence  publique  , 
telle  qu'esl  celle  que  l'on  fait  subir  aux  (illes  qui  se 
sont  laissé  corrompre,  en  les  obligeant  de  se  tenir  à 
la  messe  de  paroisse  sous  le  crucifix  un  cierge  à  la 
main  :  nous  voyons,  dis  je ,  qu'on  laisse  aux  curés  h; 
pouvoir  de  les  absoudre  quand  ils  le  jugeront  à  propos. 
Les  Grecs  du  moyen  et  du  dernier  âge  entendeni 


(1)  Outre  ce  que  nous  avons  dit  ailleurs  du  pouvoir 
d'absoudre  des  diacres,  on  peul  consnller  \ine  •'i^:'''j- 
lalion  assez  curieuse  (iiie  D.  Gcrvaise,  ancien  ai)bc  de 
la  Tiappc  a  itubliée  sur  ce  sujet .  dans  la  vie  .le  s. 
Cvprien  .  (|u"il  a  fait  imprimer  in-l"  a  l'aris  en  171 1, 
Il  ci  ee  qn'ii  dit  sur  le  même  sujet  dans  celle  \\t  «neme. 


m  PÉNITENCE.  -SECT.  lY.  CtîAP.  VI.  VERTt  ET  EFFETS  DE  L'ABSOLUTION. 


662 


les  canons  des  anciens  conciles  qui  dJ^fendent  anx 
prêtres  d'absondn»  les  prnilenls  pid)lio<;  sans  la  per- 
mission de  IV'vôtiue,  senlt'nieiit  de  la  snlionlinnlion  or- 
dinaire des  prèlres  à  leurs  ('vêqiies  ,  sans  la  permis- 
sion desquels  eliez  eux  comme  parmi  nous  les  prtMres 
ne  peuvent  entendre  les  confessions  et  absoudre  leè 
pénitents;  c'est  :>-dire,  à  moins,  ou  qu'ils  ne  soient 
placés  de  la  main  de  lévèqne  dans  mi  emploi  rJuqnel 
oefie  fonction  est  attaclK-e,  comme  est  une  cure  ou  le 
soin  dune  paroisse,  ou  qu'ils  ne  reçoivent  un  pouvoir 
spécial  pour  cela ,  tel  qu'est  celui  que  les  évèqnes 
donnent  aux  moines,  qui,  par  leur  état,  ne  sont  point 
chargés  de  la  conduite  des  âmes.  C'est  en  ce  sens  que 
Daisimion  entend  les  caiioiis  des  conciles  de  Carthag^ 
.sur  cette  matière. 

CHAPITRE  VI. 
De  la  verlH  et  des  effets  de  l'absolution.  De  ce  que  les 
Pères  ont  pensé  là-dessus.  Différentes  opinions  des 
docteurs  de  l'école  sur  ce  sujet.   De  leur  embarras 
pour  concilier  les  effets  de  rabsolulion  avec  les  dispo- 
sitions requises  pour  la  recevoir. 
Depuis  qu'on  eut  abandonné  les  œuvres  pénales  par 
lesquelles  les  pécheurs  se  préparaient  et  se  mettaient 
en  étal  de  recevoir  l'absolution  de  leurs  péchés,  on 


'  duaient  que  l'ilbsoluiion  du  prCtrc  ne  réfiictiail  point 
les  péchés  ;  mais  qu'elle  n'était  qn'unc  dénonciation 
jini(li(|ue  de  la  réconciliation  qui  était  déjà  faite  de 
l'homme  avec  Dieu.  Ce  qui  les  avait  enlrainés  dans  ce 
sentiment,  c'est  qu'ils  s'étaient  persuadé  que  tout 
acte  qui  ne  procédait  pas  de  celte  charité  cOmmé  de 
sa  source,  était  de  nulle  valeur  devant  Dieu.  Ce  sen- 
timent, com;:;cditle  P.  Morin  dans  les  premiers  cha- 
pitres du  huitième  livre  de  la  Pénitence ,  dont  nous 
avons  tiré  toirt  ce  que  nous  disons  ici  touchant  ks. 
opinions  des  docteurs  scolasliqucs  ;  ce  àetitimcnt , 
dis-je,  fut  en  vogue  durant  un  siècle  dans  les  écoles. 
Dans  la  suite  ces  docteurs  s'élant  aperçus  que  par  là 
on  réduisait  à  p?u  de  chose  la  vertu  et  refficr!cit('-  du 
sacrement  de  Pénitence,  ils  clierchèreul  un  nom  qu'ils 
pussent  donner  à  tous  les  bons  mouvements  et  les 
pieuses  affections  qui  précèdent  cette  charité  dans  les 
personnes  touchées  du  regret  de  leurs  fautes. 

Ils  les  appelèrent  du  nom  d'attrition  ,  terme  qui  fut 
introduit  dans  les  écoles  au  commencement  du 
treizième  siècle.  Ce  fol  Guillaume  de  Paris  qui  l'in- 
venta, et  il  fut  parfaitement  bien  reçu  par  tout  ;  de 
sorte  que  du  temps  d'Alexandre  de  Ilalès  il  était  digà 
très-commun  ;  mais  la  signification  n'en  était  pas  en- 


dispiila  beaucoup,  et  chacun  raisonna  à  sa  façon  sur  i  core  bien  fixée.  Car  comme  dans  ce  temps-là  on  com- 
les  dispositions  intérieures  qnil  fallait  apporter  pour  j  mcnça  à  disputer  beaucoup  dans  les  écoles  touchant 
rentrer  en  grâce  avec  Dieu,  et  sur  les  efléts  du  sacre-  !  les  habitudes,  de  habitibus,  quelques-uns  mirent  colle 
ment  de  pénitence.  L'embarras  Surtout  fut  fort  grand  ■  différence  entre  l'altrition  et  la  contrition,  que  ceIle-(  i 
parmi  les  docteurs  de  l'école  pour  concilier  ensemble  i  était  jointe  à  un  amour  de  Dieu  habituel,  et  que  celle- 
là  vertu  de  l'absolution  avec  les  dispositions  inté-  i  là  n'était  accompagnée  que  d'un  amour  aclucl.  D'au- 
rieures  que  l'on  exigeait  pour  être  en  état  de  la  re-  i  très  ne  se  contentèrent  point  de  cette  distinction  ,  et 
cevoir;  et  les  plus  subtils  d'entre  eux  employèrent  j  prétendirent  que  la  différence  entre  l'atlrition  el  la 
tout  ce  qu'ils  avaient  d'esprit  pour  trouver  un  dénoue-  |  contrition  consistait  en  ce  que  la  première  n'était  ac- 
ment  à  ce  nivud  gordien. 


Les  anciens  pensaient  sur  cela  comme  pensent  en- 
core aujourd'hui  tous  les  bons  chrétiens  el  les  per- 
sonnes les  plus  simples.  Ils  croyaient  et  disaient  que 
l'effet  de  l'absolution  était  le  pardon  des  péchés  que 
Dieu  accordait  par  la  vertu  du  S. -Esprit  qui  accom- 
pagnait l'action  du  minisU'c,  et  qui  approuvait  et  con- 
firmait dans  le  ciel  ce  que  celui-ci  faisait  en  sou  nom 
sur  la  terre.  Ils  croyaient  de  plus  que  celle  réconcilia- 
tion était  suivie  d'une  grâce  f)lus:tbondante,  el  qu'elle 
incitait  en  étal,  ceux  qui  la  recevaient,  d'approcher 
avec  confiancf  des  mystères  redoiitabies,  et  de  parti- 
t  ipcr  à  la  chair  vivifiante  du  Sauveur,  de  laquelle  on 
ne  peut  s'approcher  qu'après  qu'on  est  purifié  de  la 
tache  du  péché.  Qu'on  lise  tant  qu'on  voudra  les 
écrits  des  Pères,  on  ne  trouvera  rien  autre  chose.  Ils 
ont  cru  qu'on  ne  pouvait  apporter  assez  de  disposi- 
tion pour  recevoir  une  si  grande  grâce,  et  c'est  pour- 
quoi ils  y  disposaient  les  pénitents  par  tous  ces  saints 
exercices  dont  nous  avons  parlé  dans  celle  histoire. 

Dans  le  douzième  siècle  le  Maître  des  Sentences  et 
ses  disciples  enseignèrent  que  celui  qui  se  disposait  à 
recevoir  le  sacrement  de  Pénitence  était  intérieure- 
ment réconcilié  avec  Dieu,  en  vertu  de  la  charité  (pi'ii 
devait  avoir,  et  par  laquelle  ils  entendaient  un  amour 
de  Di^i  prédominant  sur  loutes  choses,  d'où  ils  con- 


compngnée  que  d'un  faible  amour  de  Dieu,  au  lieu 
que  la  seconde  emportait  un  amour  très-grand,  ou, 
pour  parler  comme  eux,  très-intense,  ihlensissinmm . 
Cependant  les  scolasliqucs  de  ce  second  âge  conve- 
naient unanimement  entre  eux  que  la  contrition  el 
l'altritioii  étaient  de  n)ême  espèce,  et  qu'elles  ne  dif- 
féraient que  du  plus  au  moins.  De  là  vint  parmi  eux 
l'axiome,  que  les  pénitents  confessiint  leurs  péchés, 
A'tittrits  devenaient  contrits  devant  ou  après  l'absolu- 
tion, ou  même  pendant  qu'ils  la  recevaient. 

Alexandre  de  Ilalès  el  S.  Bonavenlure  se  servirent 
de  ce  princi;  e  pour  allier  la  vertu  de  l'abst-'luiion  avec 
les  dispositions  qu'ils  requéraient  dans  le  pénitent 
pour  la  recevoir.  Car  commode  leur  temps  oii  joigiuiit 
une  forme  déprécatoire  d'absolution  avec  une  indica- 
tive, ils  enseignèrent  que  par  la  première  le  piètre 
obtenait  do  Dieu  pour  le  pénilenl  que  lïuttiit  il  d^vîul 
contrit,  el  par  là  fût  réconcilié  avec  Dieu  ,  ce  qui  lui 
était  ensuite  juridiquement  déclaré  par  la  forme  indi- 
cative. Mais  comme  les  théologiens  ne  furent  pas 
longtemps  dans  le  sentiment  qui  allrihuail  l'efficace 
du  sacrement  de  Pénitence  à  la  forme  dépiécaloire,  et 
que  presque  tous  convinrent unaniniementqu'ellc  elajl 
toute  renfermée  dans  l'indicative,  l'opitiion  de  ce.1 
docteurs  ne  se  soutint  pas  longtemps ,  el  le  déndUe- 
ment  qu'ils  avaient  trouvi*  pour  concilier  Li  vertu  do 


663 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


C64 


l'abçolulion  avec  les  dispositions  requises  pour  rece-  im      Voilà  quels  furent  les  sentiments  des   scoiasliques 


voir  le  sacrement  de  Pénitence,  devint  inutile.  Il  fal- 
lut donc  avoir  recours  à  une  autre  solution.  S.  Tho- 
mas, avec  la  s.agacité  qu'on  lui  connaît,  faisant  ré- 
flexion sur  les  inconvénients  des  réponses  que  Ton 
avait  faites  jusqu'alors  dans  les  écoles  à  cette  dif- 
ficulté, en  donna  dans  sa  Somme  une  autre  plus  ingé- 
nieuse et  plus  solide.  Il  avait  enseigné  auparavant, 
comme  la  plupart  des  autres ,  que  c'était  la  contrition 
seule  qui  remettait  la  coulpe  du  péché,  changeant 
ainsi  la  peine  éternelle  qui  >ai  est  due  en  peine  tem- 
porelle (pii  était  abolie,  tant  par  l'absolution  que  par 
la  satisfaclim;  mais  dans  sa  Somme,  le  plus  parfait 
de  ses  ouvrages,  il  expliqua  la  chose  autrement.  Il  y 
enseigna  que  la  coulpe,  ou  le  rcatus,  n'était  point  ef- 
facé par  la  contrition,  mais  en  vertu  de  rabsolulitm, 
quoique  cela  se  fasse  aussitôt  qu'il  y  a  contrition;  et 
ceta  arrive  ainsi,  parce  que,  selon  lui,  la  contrition 
est  la  matière  du  sacrement  de  Pénitence,  et  par  con- 
séquent concourt,  avec  l'absolution  qui  est  la  forme, 
à  l'abolilioii  de  la  coulpe  du  péché  qui  rend  l'homme 
digne  des  peines  éternelles.  D'où  il  s'en  suit  que  ce 
qui  se  fait  par  la  contrition  est  censé  être  fait  en  vertu 
même  du  sacrement  ;  d'autant  plus  que  la  contrition 
et  les  autres  actes  qui  font  la  partie  matérielle  de  ce 


sur  la  veitu  et  l'efl'et  de  l'absolution  sacramentelle  ,  et 
comment  ils  essayèrent  d'accorder  ces  mêmes  clfels 
avec  les  dispositions  ipie  le  |)énitent  devait  apporter 
pour  la  recevoir  dignement.  On  s'en  tint  là  dans  le  se- 
cond âge  de  la  scolastique  ;  mais  dans  la  suite  on 
passa  plus  loin,  car  posant  pour  principe  cet  axiome, 
que  le  pénitent  par  la  vertu  du  sacrement  d'altrit  de- 
vient contrit,  on  alla  jusqu'à  dire  que  la  douleur  des 
péchés,  ou  l'altrition  quand  elle  était  accompagnée  de 
quel(|uc  degré  d'amour  de  Dieu,  quelque  faible  qu'il 
fût,  était  .snlïisanie  pour  obtenir  la  rémission  des  pé- 
chés ;  cette  aitrition  se  changeant  en  contrition  dans 
le  court  espace  de  temps  qui  Sj  trouvait  alors  entre  la 
confession  et  l'absolution.  Il  y  en  eut  même  qui 
osèrent  avancer  que  l'atlrilion  ou  la  contrition  pré- 
sumée était  capable  d'obtenir  l'effit  du  sacrement, 
pourvu  que  celui  qui  l'avait  telle  crût  de  bonne  foi 
être  altrit  ou  contrit,  et  reçût  dans  cette  disposition 
le  sacrement  de  Pénitence. 

C'est  ainsi  (pi'à  force  de  subtiliser,  les  choses  les 
plus  claires  deviennent  obscures,  et  que  les  disputes 
trop  échaiiirées  répandent  des  lénèbies  sur  des  objets 
qui  sont  à  la  portée  des  plus  simp'es  qui  font  usage 
de  leur  raison.  Snivons  donc  sur  cette  importante  ma 


.sacrement,  n'opèrcnl  la  rémission  des  péchés,  dans  la  i    ii(\pg  gg  q^g  ^q^s  apprenons  des  écrits  des  Pères  et 
loi  nouvdle,  qu'autant  qu'ils  ont  rapport  aux  clés  de  i   jg  \.^  pratique  de  tous  les  siècles.  Dédirons  avec  ar- 


TEglise,   (jmlenùs  ord'umnlur  ad  ctaves  Ecclesiœ 

Suivant  ce  sentiment ,  quoique  la  contrition  ,  telle  j 
que  n(uis  l'avons  représentée,  soit  incompatible  avec  i 
l'étal  du  péché  mortel  et  le  realns  pœnœ  œternœ ,  cela 
n'enipêi  lie  pas  (lue  ce  ne  soit  en  vertu  des  clés  de 
'Eglise  que  le  pécheur  est  délivré  de  ccreaius  ou  de 
cette  obihjatiou,  quand  môme  l'absolnlion  ne  serais 
point  encore  physiquement  existante,  car  c'est  ainsi 
que  les  choses  morales  agissent,  avant  même  qu'elles 
soient  présentes  ,  comme  la  Passion  de  Jésus-Christ  a 
agi  dès  le  commencement  du   monde,  quoiqu'elle 
n'existât  pas  encore  réellement.  De  plus  on  peut  dire, 
en  un  certain  sens,  que  dans  le  cas  dont  il  s'agit  l'ab- 
solution existe  déjà,  tant  en  vertu  du  vœu  de  celui 
qui  a  la  contrition  dans  le  cœur,  qu'en  ce  qu'étant  la 
forme  du  sacrement  de  Pénitence,  elle  est  en  quelque 
sorte  rendue  présente  par  la  contrition  qui  en  est  la 
mntièvc.  C'est  pourquoi  ce  sacrement  doit  être  consi- 
déré comme  un  tout  moral,  composé  de  matière  et  de 
■  forme ,  dont  les  parties,  quoique  existantes  séparé- 
ment, agissent  néanmoins  conjointement;  de  façon 
que  quoiqu'elles   aient  leur  existence  en  différents 
temps ,  elles  sont  unies  dans  rintcntion  de  Dieu,  et 
concourent,  par  la  vertu  et  l'efficace  qu'elles  ont  reçue 
de  lui,  à  la  production  d'un  même  effet ,  qui  consiste 
dans  l'application  des  mérites  de  la  Passion,  qui  nous 
délivre  de  la  coulpe  et  de  la  p:  iiie  éternelle  due  au 
péché.  C'est  ainsi  que  le  sentiment  de  S.  Thomas,  sur 
cette  matière  épineuse,  se  trouve  explicpié  dans  un 
petit  écrit  (I)  que  M.  l'évcque  de  Castorie  a  mis  dans 
l'appendice  de  son  livre  de  YAmor  pwmicns. 

(i)  Cet  écrit  est  de  M,  Arnauld. 


deur  le  bienfait  de  l'absolution  qui  nous  fait  rentrer 
en  grâce  avec  Dieu,  et  préparons-nous  y  par  la  prière, 
par  les  aumônes,  et  surtout  par  les  oeuvres  de  péni- 
tence, sans  lesquelles  il  est  impossible  que  les  pé- 
cheurs satisfassent  à  la  justice  de  Dieu,  et  qu'ils 
guérissent  les  plaies  que  le  péché  leur  a  faites.  Ne 
craignons  point  d'en  trop  faire  en  ce  genre.  Nous  ne 
voyons  pas  dans  toute  l'antiquité  que  l'on  ait  craint 
l'inconvénient  de  rendre  inutiles  les  clés  de  l'Église 
par  la  douleur  d'avoir  olTensé  Dieu,  et  par  un  désir 
sincère  de  réparer  l'injure  qu'on  a  faite  à  sa  divine 
majesté  en  contrevenant  à  ses  ccinmandements. 

CHAPITRE  TH. 

De  la  récondliulion  des  hérétiques.  Que  l'Eglise  a  tou- 
jours agi  autrefois  avec  eux  avec  beaucoup  de  dou- 
ceur, sinon  en  certains  cas.  Quels  sont  ces  cas.  Baisons 
{juelle  a  eues  pour  cela.  Que  celte  réconciliation  se 
faisait  surtout  en  trois  manières.  Exception  en  fcveir 
des  hérétiques  ordonnés  que  l'on  recevait  dans  le  clerqé, 
et  même  dans  le  rang  qu'ils  y  occupaient  aupnrn' 
vaut. 

Nous  ne  parlennis  de  la  réconciliation  des  héré- 
tiques qu'autant  qu'elle  a  rapport  au  sacrement  de 
Pénitence,  ou  à  l'absolution  sacramentelle  ;  ayant  eu 
lieu  de  discuter  dans  l'histoire  du  Raptêmc  et  de  la 
Confiiniation  ce  (pii  peut  avoir  trait  à  ces  sacrements. 
Quand  nous  disons  ici  que  nous  ne  traiterons  de  celte 
réconciliation  qu'autant  qu'elle  a  rapport  à  l'absolu- 
tion sacramentelle,  il  faut  l'entendre  (piaiit  aux  effets  : 
I  c'est-à-dire,  quant  à  la  jouissance  des  biens  et  des 
I  I  avantages   que    procure    Pabsolulion   sacramenlelle. 


665  PÉMTENCF.   -  SF.CT.  IV.  f.llAP.  VU.  ril'CONCIIJVTION  DES  HÉRÉTIQUES.  060 

Car  il  ne  nous  npparlicnl  pas  d'ciilrcr  dans  la  qiics-  [  '  autcm  rciuisimits  Deo  omnipoicttti,  in  cujux  pole.uaie 


Mon  tiiéologiquo,  savoir  si  ccllo  réconciliation  ôlait, 
proprement  par!;inl,  snrianiciitcllo  ;  nous  l.iissoiis  ces 
sortes  de  inalioivs  à  discuter  aux  llici)l"gieiis  ;  cl  elles 
ne  doivent  point  cnircr  diuis  un  ouvrage  tonl  liisio- 
rique,  où  Ton  se  contente  de  nippoiler  sinipienicnl  les 
faits  et  les  usages  de  l'Eglise,  qni  concernent  l'admi- 
nistration des  sacrements. 

On  pent  dire  en  général  que  l'Eglise  dans  les  temps 
même  que  la  discipline  de  la  Pénitence  était  dans  tonte 
sa  vigueur,  a  fait  paraître  une  extrême  douceur  en- 
vers les  hérétiques  et  l 'S  scliismatiques  (jui  voulaient 
rentrer  dans  son  sein.  Toute  l'histoire  de  l'Eglise  est 
une  preuve  de  ce  que  nous  avançons  ici,  aussi  bien 
que  le  beau  passage  de  la  lettre  de  S.  Athanase  à  Ru- 
finien,  que  nous  avons  cité  dans  le  chap.  9  de  la  pre- 
mière partie  de  la  troisième  section  de  cet  ouvrage  : 
passage  cpii  coiilien!  nnerègl-  à  lai|nelle  l'Kglise  s'est 
toujours  confirmée  depuis  dans  les  siècles  les  plus 
éclairés,  et  qui  nous  apprend  de  plus  quel  était  le 
sentiment  des  antres  Eglises,  qui  sur  la  même  ma- 
tière pensaient  de  même  que  ce  grand  évoque,  et 
garJaicnl  la  même  conduite  ;  Cîi  sorte  que  ceux  qui  ne 
vonlun  ni  pas  s'y  conformer,  connne  Lucifer  de  Cagliari 
et  ses  seclatiïurs.  furent  regardés  comme  scbismati- 


ques. 

Cela  pourrait  sufllre  pour  faire  connaître  l'esprit  et 
la  conduite  de  l'Eglise  sur  ce  point.  Cependant  nous 
confirnieions  ce  qui  est  dit  ici  par  de  nouveaux  exem- 
ples. Nous  trouvons  par.iii  les  lettres  de  S.  Cyprien 
celle  qu  ■  le  pape  S.  Corneille  lui  écrivit,  dans  laquelle 
il  lui  apprend  que  quelques  confesseurs  s'étanl  lai-so 
enlraî::er  par  la  faction  de  Novaiien,  demandèrent  à 
rentrer  dans  l'Eglise,  que  quelques-uns  des  frères 
doutaient  si  l'on  devait  leur  accorder  celte  grâce; 
qu'ils  furent  pour  ce  sujet  appi-lés  devant  l'assemblée 
des  prêtres,  et  que  là  ayant  été  examinés,  ils  deman- 
dèrent qu'on  leur  pardoimâl  et  qu'on  mît  en  oubli 
tout  ce  qui  s'était  passé.  Ce  qui  fut  approuvé  au  grand 
contentement  de  tout  le  peuple.  //  se  fit,  dit  ce  saint 
pape  écrivant  à  S.  Cyprien,  un  grand  concours  de  nos 
firres  ;  on  n  entendit  (jaune  voix  de  tous,  qui  louaient 
liien  et  qui  faisaient  paraître  la  joie  de  leur  cœur  par  \ 
l,ursl(n-ines,  embrassant  ces  confesseurs,  comme  s'ils 
étaient  sortis  de  prison  ce  jour-là.  S.  Corneille  ajoute  : 
nous  croijous,  et  même  nous  avons  une  confiance  cer- 
tain;', que  ceux  qui  sont  encore  dans  cette  erreur  revien- 
dront bientôt  à  VEqlise,  quand  ils  verront  leurs  chefs 
réunis  avec  nous,  «  ciim  auctores  sucs  viderinl  nobis- 
cum  aqere.  »  C'était,  comme  vous  voyez,  les  chefs 
de  la  faction  qui  rentraient  dans  l'Eglise.  Le  pape 
S.  Corneille  ne  manquait  pas  de  fermeté  et  d'allache- 
menl  à  la  diseii)line  de  l'Eglise,  non  plus  que  le  clergé 
de  Home  qui  (|uelque  temps  auparavant  avait  [sou- 
tenu cette  sainte  discipline  avec  tant  de  force  et  de 
linnière,  comme  on  le  voit  par  leurs  lettres  à  S.  Cv- 
prien  :  cependant  ils  reçoivent  ces  cor)fcss(>urs  sans 
les  mettre  en  pénitence,  les  laissant  au  jugement  do 
Dieu.  C'est  ce  que  dit  le  Pape  dans  celle  lelire  ;  Omnia 


sunt  omma  reservata. 

S.  Cyprien,  bien  loin  de  trouver  mauvais  ce  qui 
s'était  passé  à  Komc ,  écrivit  au  pape  S.  Corneille, 
lui  marquant  que  c'était  avec  raison  que  le  clergé  et 
le  peuple  s'étaient  réjouis  du  retour  des  confesseurs  à 
l'unité  de  l'Eglise.  Nous  pouvons  juger,  lui  dit-il, 
quelle  a  été  votre  joie  par  celle  que  nous  avons  ressentie  : 
car  à  l'arrivée  de  vos  lettres  qui  nous  annonçaient  cette 
bonne  nouvelle,  tous  nos  frères  se  sont  réjouis  et  l'ont  reçue 
avec  les  marques  de  ta  plus  grande  satisfaction.  Qn'a-ce 
donc  été  dans  l'endroit  ou  la  chose  même  s'est  passée? 
Et  n'est-ce  pas  à  cause  de  la  qualité  de  confesseurs 
dont  ces  scliismatiques  étaient  honorés  que  l'Eglise  a 
usé  avec  eux  de  celle  douceur,  puisque  S.  Cyprien 
dans  sa  lettre  52*  témoigne  qu'il  a  reçu  de  même  un 
hérétique  fameux,  nommé  Tropbime,  qui  reconnais- 
sait sa  faute,  et  ramenait  avec  lui  en  relournaul  à 
l'Eglise  le  peuple  qu'il  en  avait  malheureusement  sé- 
paré? Il  en  avait  délibéré  avec  plusieurs  de  ces  collè- 
gues qui  furent  d'avis  de  recevoir  cet  homme,  pour 
lequel  le  retour  des  frères  qu'il  avait  séduits  te- 
nait lieu  de  satisfaction.  Tractatu  ergo  illic  cum  col- 
legis  plurimis  habito,  suscrptus  est  Tropliimus,  pro  quo 
satisjociebat  fratrum  reditus  ,  et  reslituln  mullorum 
salus. 

Le  motif  qui  engageait  les  anciens  à  passer  par- 
dessus les  régies  ordinaires  dans  celle  occasion,  était 
celle  maxime  reçue  dans  tous  les  élals  bien  policés, 
que  la  loi  suprême  de  la  république  est  le  salut  du 
peuple.  Salus  populi  suprema  lex  esto.  On  voulait  par 
là  faciliter  le  retour  des  brebis  égarées,  à  leur  bercail  : 
et  c'est  pourquoi  on  se  relâchait  de  la  rigueur  de  la 
discipline  envers  ces  déserteurs,  et  à  plus  forte  raison 
à  l'égard  de  ceux  qui  étaient  nés  et  élevés  dans  le 
schisme  ou  l'hérésie. 

Saint  Augustin  développe parfaiiementcelle  matière, 
et  rend  raison  de  la  conduitede  l'Église  dansées  rencon- 
tres, lorsqu'il  dit  (ep.  50)  :  Les  diverses  maladies  font 
trouver  diljérenls  remèdes  pour  les  guérir.  Quand  dans 
ces  sortes  d'affaires  on  craint  que  les  dissensions  dont  on 
est  menacé  ne  causent  la  ruine,  non  de  celui-ci  ou  de 
celui-là  seulement,  mais  des  peuples  entiers,  il  faut  di- 
minuer quelque  chose  de  la  sévérité  ordinaire,  afin  qu'une 
charité  sincère  subvienne  à  de  plus  grands  maux^c\c.  De 
plus,  on  espère  de  guérir  plus  doucement  leurs  maladies 
quand  ils  seront  rentrés  dans  le  sein  de  l'F.glis:',  l'opi- 
niâtreté ne  leur  ferni.mt  plus  les  tjeux  aux  rayons  de  la 
vérité.  La  crainte  d'entretenir  le  schisme  déjà  formé, 
ou  le  p<'Mil  qu'il  ne  se  formât,  était  donc  la  raison 
fondamentale  de  cette  conduite  de  l'Église.  Dans  l'em- 
barras oii  nous  met  cette  question,  dit  le  même  Pèrei///'. 
5  contra  Epist.  Parmcniaui,  c.  2),  je  ne  dirai  rien  de 
nouveau  ou  d'extraordinaire,  mais  ce  que  l'Eglise  observe 
sainement,  savoir  que  qua)id  i'ixhrétten  qui  est  dans  l'u- 
nité de  t  Eglise  est  convaincu  d'un  crime  qui  le  mid 
digne  d'anathème,  qu'on  le  prononce  contre  lui,  s'il  n'y 
a  point  de  péril  de  schisme.  Après  quoi  il  ajoute,  à  la 
suite  de  quelques  passages  de  rEcrilure  qu'il  a  cités, 


607 


IlIV:  îiUi:  DKB  SAUŒMEiNTS. 


m 


que  lorsqu'il  n'y  a  poiM  à  craindre  de  semblable  péril,  |t  par  des  exercices  laborieux.   Ces  cas  éUiieiiL  ciilie 


1  mais  qu'on  est  assuré  que  le  froment  ne  sera  point  enlevé, 
le  crime  étant  notoire  et  'détesté  de  tout  le  monde,  en 
sorte  que  personne  n'en  prend  la  défense  et  ne  veut  se 
Séparer  de  l'Eglise  pour  en  soutenir  les  auteurs,  la  dis- 
(ijiUncUe  l'EijHsene  doit  point  s'endormir,  parce  qu'alors 
il  correction  des  méchants  sera  d'a\(tant  plus  efficace 
(juc  l'on  prendra  plus  de  mesures  pour  afj'ermir  la  charité. 
C(!  ([lie  S.  Augustin  dil  ici  de  la  corrcclinn  de  ceux  qui 
élaient  encore  dans  l'Eglise,  doit  s'enleiidre  à  plus  lorle 
raison  de  ceux  qui  en  étaient  déjà  séparés,  et  dont  on 
avait  lieu  d'espérer  le  retour,  en  les  prenant  par  les 
voies  de  la  douceur.  '      '    ' 

Telles  élaient  les  raisons  pleines  cïe  prlidence  qui 
portaient  ces  grands  hommes  à  user  de  condescen- 
dance à  l'égard  des  liéréli(pies  ,  pour  ne  pas  rendre 
leurs  maux  incurables.  Jean  ,  abbé  de  Rayte  ,  disciple 
de  S.  Jean  Climaque,  nous  en  rend  une  autre  qui  me 
paraît  fort  judicieuse  et  qui  mérite  d'èiro  remarquée. 
C'est  dans  le  Commentaire  qu'il  a  fait  sur  lesouviagcs 
de  ce  saint.  Il  avait  dit  {Scalœgradu  15)  qu'un  homme 
lui  ayant  demandé  quel  crime  il  estimait  le  plus  atroce 
après  l'apostasie,  il  lui  répondit  que  c'était  Thérésie. 
Sur  quoi  cet  homme  dit  que  cependant  on  punissait 
pendant  plusieurs  années,  et  que  l'on  séparait  des  s& 
cremenis  ceux  qui  tond)aieiit  dtns  le  crime  de  iorni- 
cali.)n  ;  au  lifu  qu'on  recevait  les  hérétiques  aussitôt 
(|iri!s  renonçaient  à  leurs  erreurs.  Sur  quoi  Jean  de 
Hayte  (I)  fait  cette  réflexion  :  L'h-^résie,  à  la  vérité,  est 
un  mal  qui  agit  dans  l'àme;  mais  la  fornicniion  ven'int  de 
l'élection  du  libre  arbitre  de  l'âme  qui  consent  au  mal , 
répand  sa  corruption  jusque  dans  le  corps.  Cependant, 
comme  les  inclinations  naturelles  ne  s'opposent  point  à 
celui  qui  revient  de  son  erreur,  il  est  purifié  totalement 
par  sa  conversion  même;  mais  celui  qui  vent  sortir  de 
l'impureté  a  besoin  de  temps,  de  larmes  et  de  travail  pour 


autres,  lors(|ue  ceux  qui  avaient  abandonné  l'Église 
pour  se  livrer  aux  hérétiques,  s'étaient  laissé  bapti- 
ser de  nouveau.  Le  pape  Innocent  I  (ep.  2,  c.  8)  veut 
(jue  ceux  qui  ont  commis  ce  sacrilège  ne  soient  reçus 
qu'après  nue  longue  satisfaction.  ///  si  rcsipiscentes  et 
ruinam  suam  cogitantes, redire  voluerint,  sub  longà  pœnir 
tcntiœ  saiisfactione  admitlendi  sunl.  Félix   111   (ep.  7, 
c.  5)  prescrit  à  peu   près  la  même  chose.  Le  concili* 
de  Valence  en  (iaule,  c.  3,  les  traite  comme  ceux  (pii 
ont  sacrifié  aux  idoles,  et  veut  qu'ils  fassent  pénitr>nco 
jus(|u'à  la  mort.  Une  autre  circonstance  qui  faisait  que 
l'Eglise  usait  de  toute  la  sévérité  de  ses   lois,  était 
lorsque  ceux  qui  demandaient   à  rep.trer  dans  sa  coni- 
mimion  avaient  séduit  les  auties,  et  leur  avaient  ap- 
pris limpiété  par  leurs  discours  et  par  leur  exemple. 
Elle  n'usait  guère  de  miséricorde  contre  ces  chefs  de 
parti,  comme  saint  Alhanase  l'enseigne.  S'ils  étaient 
i    en  place,  élevés  en  dignité,  elle  ne  les  recevait  qu'à 
I  la  connnnnion  lai(pie,  ot  soumettait  ceux  qui  n'(''taicnt 
I  point  dans  ce   rang  à  une  pénitence  proportionnée  à 
I  leur  crime,  snrt<!ul  (piand  ils  ne  revenaient  à  l'Église 
s  (|ue  parce  qu'ils  se  voyaient  abandonnés  de  lems  par- 
I  tisans.  L'Histoire   e.cJésiaslique    est  pleine   de  ces 
exemples. 

De  plus  on  éprouvait  beancoup  les  Manichéens 
qui  se  convertissaient,  surtout  leurs  élus  qui  étaient 
initiés  à  letn-s  mystères  abominables.  Les  horreurs 
qui  se  prati(piaient  dans  cette  secte  donnaient  lieu  à 
ces  [irécaulions.  On  craignait  avec  raison  que  la  cor- 
ruption à  laquelle  ils  avaient  pris  part  et  dont  ils 
étaient  infect«''S,  ne  se  communiquât  aux  fidèles,  si  on 
les  recevait  a\ant  qu'on  se  fût  bien  assuré  de  leur 
entière  conversion.  L'ancien  ponlifical  romain  ra|)- 
porte  que  le  pape  Syrice  avait  ordonné  qu'ils  (nssenl 
relégués  dans  des  monastères  pour  y  faire  pénitence 


guérir  la  plaie  de  la  concupiscence,  et  s'éloigner  du  plai-  |  ]mq[\'l\  la  mort.  Cependar.t  le  pape  S.  Léon   en  usa 


sir  auquel  il  est  porté.  Ce  commentaire  est  digne  d'ini 
disciple  de  S.  Jean  Climaque  ,  et  fait  voir  que  son  au- 
teur connaissait  à  fond  les  raisons  (pii  engageaient 
l'Eglise  à  éprouver  si  longtemps  les  pécheurs,  et  à  les 
purifier  par  les  exercices  de  la  pénitence  avant  de  les 
réconcilier.  Les  péchés  de  l'esprit  ne  sont  pas  moins 
grands  devant  Dieu,  que  ceux  auxquels  le  corps  i)rend 
part;  mais  ceux-ci  ont  des  suites  plus  dangereuses, 
ils  laissent  après  eux  des  impressions  fâcheuses  et 
capables  de  troubler  l'âme  et  de  la  faire  retomber  dans 
ses  désordres.  Et  c'est  pourquoi  ils  demandent  plus 
di!  temps  pour  être  amenés  à  une  parfaite  guérison. 

La  conduite  que  l'Église  gardait  dans  ces  occasions 
n'était  pas  si  uniforme  qu'elle  n'eût  ses  exceptions  ; 
et  il  y  avait  des  cas  dans  lesquels  elle  usait  de  rigueur 
conirc  ceux  qui  revenaient  à  l'unité,  les  mettant  long- 
temps en  pénitence,  et  leur  faisant  expier  leurs  crimes 


(î)  Ou  bien  le  célèbre  Élie,  archevièque  de  Crète, 
puisque  l'on  trouve  sous  son  nom  le  Commentaire  di^ 
ï'IùhcUe  spirituelle  de  S.  Jean  Climaipiedans  la  bililio- 
Clii'ipie  du  chancelier  Séguier  ;  quoique  le  père  .Mu.'in 
le  cite  sous  le  nom  de  Jean,  abbé  do  Raytc. 


plus  doucement  à  l'égard  de  quelques-uns  qui  se  con- 
vertirent de  son  teaips,  comme  il  parait  dans  sa  se- 
conde épître  aux  évèques  d'Italie.  Il  les  mil  en  péni- 
tence, maispdur  un  temps  seulement, excepté  les  chefs 
que  l'on  exila,  comme  l'ordonnaienl  les  lois  des  em- 
P"reiu'S.  F.tita  de  voragine  impitiatis  suœ  confessas  pw- 
tiih'itliam  conccdendo,  levavimus. 

On  avait  soin  aussi  de  s'informer  si  ceux  qui  deman- 
daient à  rentrer  dans  l'Église  n'étaient  point  coupables 
(le  CI  imes  qui  méritassent  pénitence,  et  en  ce  cas  ou 
la  leur  faisait  subir;  car  on  était  bien  éloigné  de 
cliargrr  rÉ!,'lise  de  mauvais  sujets,  et  on  n'a  jamais 
préU'iuIu  autrefois  que  les  déserteurs  de  la  foi  de- 
meurassent impunis  à  la  faveur  d'une  abjuration, 
lorsqu'ils  avaient  ajouté  des  crimes  à  leur  défec- 
tion, (^est  ce  (jue  nous  apprenons  du  second  concile 
de  Milève,  c. 25,  dont  les  Pères  parlent  en  ces  termes  : 
y  uns  avons  statué  que  si  quelqu'un  venant  de  l'hérésie  a 
dil  avoir  reçu  pénitence  des  hérétiques,  les  évêques  ccllhà- 
litiurs  recherchent  dans  quel  endroit  et  pourquoi  il  a  été 
soumis  à  la  pénitence;  afin  que  lorsqu'ils  en  auront  été 
dûment  informés  ils  lui  prescrivent  te  temps  conv.iulbic 


6()9  PÉNITENCE.  —  SECT.  IV.  CHAI'.  Ml 

pour  faire  péuitcncc,  suivant  ta  qualité  du  péché,  ou  le  : 
if.concilicnt  s'il  s'est  acquitté  de  la  pénitence  qui  lui  avait 
été  imposée.  Ces  paroles  font  voir  que  si  l'on  pardon- 
nait aisénuMU  l'iiérésie,  on   n'usait   pas  de   la  nionic 
indu'gcnce  pour  les  aulres  crimes. 

Enfin  qiianil  une  sccle  était  tombée  dans  le  mépris, 
qnand  elle  n'avait  plus  l'appât  île  la  nonveanlé,  quand 
sa  contagion  no  se  réiiandail  plus  (car  Dien  arrête  li'S 
progrès  de  l'iiérésie,  lui  qni  a  mis  des  bornes  à  la 
mer;  )  alors  si  quclqn'nn  dos  fidèles  cndjrassait  celte 
secte,  il  était  rigonrcnsemcTit  puni  quand,  poussé  par 
les  remords  de  sa  conscience,  il  voulait  rentrer  dans 
le  sein  de  l'Église;  d'autant  plus  qu'alors  les  raisons 
d'écnuDinie  dont  nous  avons  parlé  cessaient  entière- 
ment; et  c'est  peut-être  en  ce  sens  qu'il  faut  entendre 
le  Oô'  canon  du  concile  d'Agde  que  les  Pèi-es  d'un 
concile  de  Tolède  renouvelèrent,  c.   13.   Il  porte, 

Cn^NDEM   REDF.VNDI    niITICt  LT  VTEM  S.VrXISSE     ANTIQIOS 

PvTRES.  C'est  de  là  aussi  que  l'on  trouve  dans  les  diffé- 
rentes parties  de  l'Eglise  tant  de  variété  d:ins  la  ma- 
nière dci-ecevoir  les  hérétiques;  car  il  arrivait  quel- 
quefois que  cens  qni  revenaient  de  la  même  hérésii; 
étaient  reçus  sans  pénitence  dans  un  pays,  tandis  que 
dans  d'antres  ou  les  y  soumettait,  parce  qu'il  n'était 
pas  extraordinaire  de  voir  la  même  secte  décriée  et 
méprisée  dans  certains  endroits,  lorsqu'elle  était  en 
crédit  dans  d'autres  et  soutenue  par  la  puissance  sé- 
culière. C'est  ce  qui  s'est  vu,  par  exemple,  à  rég;ird 
de  l'Ariaiiisme  qni  était  soutenu  en  Espagne,  en  Afri- 
que cl  ailleurs  par  les  Yisigoibs,  les  Vandales,  les 
Bourguignons  et  aulres  barbares,  pendant  qu'il  était 
délesté  et  réduit  à  peu  de  chose  dans  les  pays  soumis 
aux  empereurs  romains. 

En  voilà  assez  sur  la  conduite  <jue  l'Eglise  a  généra- 
lement gardée  à  l'égard  des  hérétiques  qui  abjuraient 
leurs  erreurs.  11  nous  resie  à  décrire  la  manière  dont 
on  les  recevait  à  la  communion  ecclésiastique.  Par 
cette  manière  j'entends  les  rits  et  les  cérémonies  que 
l'on  observait  dans  celte  réception.  S.  Grégoire-le- 
Grand  nous  rend  compte  de  ce  qui  se  pratiquait  dans 
l'église  à  cet  égard  dans  sa  lettre  à  Quirin,  qui  lui  avail 
fait  des  questions  sur  ce  sujet  Voici  les  paroles  du 
S;iiiit  qui  reviennent  à  notre  sujet  [lib.  Regisl.^,  ep. 
Ul):  Nous  avons  appris  de  ^ancienne  institution  des 
Pères,  (lue  ceux  qui  ont  été  baptisés  dans  r hérésie  au  nom 
de  lu  Trinité,  doivent,  lorsqu'ils  reviennent  à  r  Eglise  q 
être  réunia,  ou  par  Conction  du  chrême,  ou  par  rimposi- 
lion  des  mains,  ou  par  la  seule  profession  de  la  joi 
{autsolà  professione  fidei).  Cest  pourquoi  l'Occident  re- 
çoit les  Ariens  par  rimposition  de  la  main,  l'Orient  par 
l'onction  du  chrême,  et  on  reçoit  les  ^lonoplnj sites  et  les 
autres  par  la  seule  confession  de  la  vraie  foi,  parce  que  le 
saint  Baptême  qu'ils  ont  reçu  chez  les  hérétiques  commence 
à  avoir  la  vertu  de  purifier  let  âmes,  qnand  ceux  là  ont 
reçu  le  Saint-Esprit  par  l'imposition  des  mains,  et  que 
ceux  ci,  par  la  profession  de  la  véritable  foi,  sont  rentrés 
dans  le  sein  de  l'Eglise.  C'est  ainsi  que  saint  Gn'goire 
nous  explique  les  difféicnles  manières  de  vendre  |:i 


Kl  C0.NCIL1AT<0N  DES  HÉRÉTIQUES.  6*^ 

communion  à  ceux  ^ui  élaienl  st'^réâ  de  l'JBgiiâe 
par  rin-résie. 
I  II  semble,  en  s'arr^nt  à  la  IcUrc  de  ce  que  le  p^v^c 
Syrice  écrivit  à  llimérius  do  Tarragone,  qu'il  soil  oppo- 
sé à  S.  Grégoire  fcur  oc  qa'il  rapporte  sur  la  manière 
(ioiil  k'S  Orientaux  adniotlaienl  dans  I  Église  Ceux  qni 
abandonnaient  leurs  erreurs,  puisque  Syrice  assure 
qu'en  Orient,  comme  en  Occidcnl,  on  recevail  les 
Novatiens  et  les  autres  hérétiques  par  l'imposition  des 
mains  avec  l'invocation  du  Saint-Esprit,  et  qu'il  l'a- 
vertit de  ne  point  abandonner  cette  pratiipie,  s'il  ne  veut 
èlrc  séi  aréde  sa  communion.  Mais  si  on  prend  bien  le 
sens  du  pape  Syrice,  on  reconnaîtra  qu'il  n'est  point 
opposé  à  celui  de  S.  Grégoire,  llimérius  l'avait 
eonsullé  pour  apprendre  de  lui  s'il  fallait  rebaptiser 
les  Ariens  qui  conféraient  certainement  le  Baptême 
au  nom  de  la  sainte  TrinUé.  La  question  était  im- 
portante. C'est  à  cela  que  Syr'ice  s'auaclia  dans  su 
réponse;  il  lui  enseigne  qu'il  ne  fallait  pas  donner 
nu  second  Baptême  à  ceux  qui  revenaient  de  cette  hé- 
ré-Je,  et  qu'en  cela  l'Orient  et  l'Occident  étaient  d'ac- 
cord. Pour  ce  qui  est  de  la  manière  de  réconcilier  les 
Ariens  à  l'Église,  ce  n'est  pas  sur  (pioi  il  insiste,  et  il 
regardait  comme  une  chose  indifférente  que  cela  se 
IV.  par  la  chrismation  ,  comme  cela  se  pratiquait  dès 
lors  en  Orient,  ou  par  l'imposition  des  mains,  comme 
il  était  ordinaire  en  Occident.  Et  ainsi  l'accord  qu'il 
dit  éire  ealrc  l'OcciJent  et  l'Orient  consiste  unique- 
ment, selon  ce  pape,  en  ce  que  dans  fune  et  l'antre, 
église  on  ne  rebaptisait  point  les  Ariens, 

Effectivement,  il  est  constaté  par  tant  do  preuves 
que  la  réconciliation  des  hérétiques  se  faisait  en  Orient 
par  runction  du  saint  chrême  devant  et  après  le  pape 
Syrice,  qu'on  ne  peut  avoir  là  dessus  aucun  doute 
raisonnable.  C'est  de  quoi  on  peut  s'assurer  en  lisant  le 
premier  canon  de  la  lettre  de  S.  Basile  à  Ampliiloque, 
dans  lequel ,  après  avoir  partagé  en  trois  classes  ceux 
qui  sont  séparés  de  l'Église  cathiilique,  dont  il  dit  que 
les  uns  ont  rompu  toute  communion  ,  les  autres  ont  fait 
schisme  pour  des  causes  et  des  questions  qui  [leuvcnt 
s'éelaiicir,  et  qui  sont  susceplihles  île  guéi isons  ou  de 
rmièdes,  et  les  iroisièmes  sont  ceux  qni  se  sont  attachés 
à  quelque  prêtre  rebelle  qni  refuse  de  se  souu'.eltre 
aux  canons  et  s'atlribne  mal  à  propos  le  minisière  ;  il 
décide  touchant  ceux  de  la  seconde  classe,  dans  la- 
(luelle  il  fait  entrer  les  Cathares  ou  Novaliens,  les  En- 
(i-aliles,  les  Ilydroparasiales ,  etc.  ,  tous  hérétiques 
bien  déclarés ,  qu'i/  faut  absolument  que  ceux  qui  ont 
reçu  le  Baptême  parmi  eux  soient  oints  par  les  mlmstres 
fidèles ,  et  qu'ils  approchent  ainsi  des  mystères.  \\ 
rend  raison  de  sa  décision  en  disant  ipiils  n'ont  plus 
la  grâce  du  Saint-Esprit,  qui  a  été  éteinte  chez  eux  par 
leur  séparation  el  l'interruption  de  la  succession  de  celle 
grâce.  Le  second  concile  de  Constanliuople  ordonne, 
c;m.  7,  que  l'<in  recevra  de  même  les  Ariens,  les  M  i- 
cédoniens,  les  Novatiens  ,  les  Apnlliiiari-tes.  S.  Gré- 
goire avait  donc  raison  de  dire  ipie  l'on  recevail  lis 
hérétiques  en  Orient  par  la  chrismation,  comme  on.K«. 
r.ee-ait  en  Orcident  par  l'iniposilio!!  th's  mains    dmil 


fi7i  HISTOIRE  DKS 

il  en  faut  poinld'auircs  prouves  que  lui-mémo  cl  lo  pape 
Syrice,  qui  rondeiit  témoignage,  en  ce  poinl,  de  ce 
qu'ils  pratiquaient  eux-mêmes,  et  de  ce  qu'ils  voyaient 
pratiquer  tous  les  jours  sous  leurs  yeux,  et  dont  nous 
poumons  rapporter  une  infinité  do  preuves  qui  sont 
Inutiles  dans  une  affaire  si  claire  et  si  certaine. 

Mais  il  y  a  une  remarque  à  faire  t(»ucliaut  cette  im- 
position des  mains  :  c'est  que  quelquefois  elle  est 
appelée  imposition  des  mains  pour  la  Pénitence,  et  ! 
quelquefois   imposition  des  mains  pour  recevoir  le 
Saint-Esprit.  In  Pœmtentiam.  In  Spiritum  sanctum. 
S.  Augustin  rend  raison  de  celte  double  expression, 
et  Ole  tous  les  scrupules  de  ceux  qui  sont  leulés  don- 
tendre  par  celte  imposition  des  mains,  ?«  Spirimm  \ 
snnciuni,  le  sacrement  de  Cnnlirmalion.  C'osi  dans  le  | 
cinquième  livre  du  Baptême  {contra  Donat.,  cap.lô,  \ 
11.  7)3)  :  S»  on  n'imposait  point  la  main,  dil-il,  à  celui  [ 
qui  revient  de  tlicrcste,  on  serait  porté  à  jucjer  qu'il  est 
exempt  de  tonte  faute.  On  impose  donc  la  main  aux  héré- 
tiques pour  les  unir  AUX  membres  de  l'Église  par  la  cha- 
rité, qui  est  le  plus  grand  des  dons  du   Suint  Esprit,  \ 
sans  lequel  tout  ce  qui  peut  être  de  saint  dans  Chonime  \ 
ne  peut  lui  servir  pour  le  salut.  Ces  paroles  font  voir  j 
(pie  l'on  imposait  les  mains  aux  héiéliqnes  qui  se  réu- 
nissaient à  l'Église,  poiu"  deux  tins  auxquelles  répon- 
dait celle  double  expression  :  la    première,  afin  (ju'ils 
ne  parussent  j)as  innocents,  quoiqu'on  nsâl  de  tant  de 
ménagemen!sàlenrégard;maisquMsfussenten(pielqiie 
manière  soumis  à  la  pénitence,  ou,  pour  parler  connue 
le  pa|)e  Innocent  I,  dans  son  Épîire  à  Alexandre  (la 
2i°  de  l'édition  du  Père  Coulant),  que  leur  réconci- 
liation portât  au  nmins  l'image  de  la  pénitence,  eo- 
rum  laicos  sub  inuKjine  pa'nitentia'...  suscipimus.  La  se- 
conde, afin  que  la  grâce  du  Saint-Esprit,  qui  seul  j)eut 
unir  les  mend)res  de  l'Église  entre  eux  et  avec  leur 
chef,  leur  fût  communiquée  :  ce  que  le  même  pape 
ajoute  tout  de  suite  après  ces  paroles  que  nous  ve- 
nons de  ciler  :  Eorum  laicos  sub  imagine  pœnitenliœ, 
ac  sancti  Spiritùs  sanctificalione  per  manûs  impositionem 
suscipimus. 

11  ne  faut  pas  s'imaginer  que  la  clirismation  ou 
l'imposition  des  mains  qui  se  faisaient  dans  ces  occa- 
sions fussent  des  cérémonies  mnetles;  elles  étaient 
accompagnées  de  paroles ,  de  prières  ou  d'invoca-  ; 
lions.  Le  second  concile  général  prescrit  les  paroles 
qni  se  doivent  [irononcer  en  faisant  l'onction  du 
chrême,  elle  P.  Marlène  {deantiq.  lùrles.  Hit.,  tom.  \, 
p.  251,  et  paq.  240  et  seqq.),  aussi  bien  que  le  P.  Mo- 
rin  (rfe  Pœnit.,  l.  0.  c.  9  et  10),  nous  représentent 
plusieurs  fornndes  dépré'caloires  qui  accompagnaient 
l'imposition  des  mains  on  la  chrismation  qni  se  fai- 
saient sur  ceux  qni  renonçaient  à  l'hérésie ,  cl  ces 
fornniles  sont  assez  sendjlablos  à  celles  que  l'on  em- 
Dloyait  en  conférant  le  sacrement  de  Confirmation, 
comme  l'avoue  le  P.  Coulant  dans  une  dissertation 
qu'il  a  faite  pour  connaître  (lucl  était  le  vrai  senti- 
ment du  pape  S.  Etienne  tonclianl  la  réception  des 
hérétiques.  Elle  se  trouve  dans  l'édition  qu'il  a  don- 
née des  décrélalesdes  papes  (/>.  2?>0  et  seq.). 


SACIlEMEiVrS.  672 

I,a  troisième  manière  d'admettre  dans  l'Église  les 
hérétiques  qui  revenaient  dans  son  sein,  était  la  sim- 
ple ai>jnralion  des  erreurs  dans  lesquelles  ils  avaient 
été  engagés,  et  la  pr<)fessi(Ui  de  la  vraie  foi;  celle-ci 
était  fort  ordinaire.  C'e^t  ainsi  que  l'on  reçnt  an  con- 
cile de  Calcédoine  les  évèqnes  qni  avaient  autorisé  les 
erreurs  d'Eutiche  dans  le  brigainbige  d'Éphèse;  c'est 
ainsi  que  les  évèqnes  d'Afri(iuc  offiaient  de  recevoir 
les  Doiiatistesen  leur  abandomiant  même  leurs  sièges, 
s'ils  voulaient  se  réunir  à  l'Église,  quoique  ailleurs 
on  les  déposât  du  sacerdoce  :  enfin  c'est  ainsi  que 
l'on  recevait  les  Nestoriens,  les  Iconoclastes  et  les  au- 
tres qui  rentraient  en  eux-mêmes  après  leurs  égare- 
menis. 

Ce  que  S.  Grégoire  répondit  à  Quirin  touchant  les 
trois  manières  de  recevoir  les  hérétiques,  cl  que  nous 
avons  rapiiorté  ci-dessus,  est  donc  exaclenieni  vrai. 
Mais  il  faut  remarquer  que  quand  ce  saini  pape  dit 
qne  l'Occident  recevait  les  Arions  par  l'impositiou  des 
mains,  par  opposition  à  la  coulumedes  Orientaux  de 
les  réconcilier  par  la  chrismation,  cela  ne  doit  pas 
s'cnlendre  de  tontes  les  parties  de  l'Occidenl  sans  ex- 
ception, puisqu'il  est  constant  (pie  de  son  temps,  et 
même  avant  lui,  on  recevait  en  France  et  en  Espagne 
ces  liéréliqucs  p:ir  r()ncti(m  dn  chrême.  C'est  ce  (jue 
prescrit  le  second  concile  d'Arles  tenu  en -452,  c.  16 
et  17,  touchant  les  Bonosiens  qu'il  vent  que  l'on  ré- 
concilie par  l'onclion  dn  chrême  et  l'inqjosition  des 
mains  :  Cum  chrismate  it  manûs  impositiojie  in  eccle- 
siani  recipi  sufficit.  Le  premier  concile  d'Orange,  qui 
fut  célébié  avant  celui  d'Arles,  c'e>t- à-dire,  en  441, 
veut  que  si  les  héréli(ines  se  tronv.inl  à  la  mort  sou- 
liaitcnt  de  devenir  catholiques,  un  prêtre,  en  l'ab- 
sence de  l'évêqne,  leur  imprime  le  sceau  de  la  foi  par 
le  chrême  et  la  bénédiction  :  A  prcsbijteris  cum  chri- 
smate et  benediclione  consiqnari  placuil.  Grégoire  de 
Tours,  dans  sou  Histoire,  nous  fournit  des  exemples 
illustres  qui  prouvent  que  celte  pratique  était  ordi- 
naire. 11  rapporte  entre  autres  qne  quand  le  roi  Clovis 
endjrassa  la  religion  chrétienne,  sa  sœur  Lantilde  qui 
était  arienne  ayant  confessé  l'égalité  des  trois  per- 
sonnes de  la  sainte  Trinité,  recMit  le  saint  chrême, 
chrismata  est.  Le  même  auteur  parlant  de  Gondebaud, 
roi  des  Bourguignons,  dit  que  ce  prince  ayant  re- 
connu l'erreur  des  Ariens  par  les  discours  de  S.  A  vit, 
il  pria  en  secret  ce  saint  évêque  de  lui  fiiire  l'onction 
du  chrême  :  Clam  ut  chrismaretur  expeliit. 

Dans  le  livre  cinquiènn^  c.  58,  parlant  d'Ingunde, 
tille  de  Sigebert,  qui  fut  mariée  à  Lewigilde,  fils  du 
roi  d'Espagne,  il  dit  qu'elle  pressa ,  par  ses  exhorta- 
tions, son  mari  d'abandonner  l'hérésie  (Arienne)  pour 
embrasser  la  foi  catlioliiiue  :  ce  qu'il  refusa  de  faire 
longtemps  ,  jnsqu'à  ce  que,  touché  enfin  par  ses  dis- 
cours, il  professa  la  religion  calholique  et  fut  appelé 
Jean,  dans  la  cérémonie  de  l'onction  que  l'on  lui  fit. 
Ac  diim  chrismaretur  Joannes  vocitatùs. 

Ces  exemples ,  auxquels  j'en  pourrais  joindre  plu- 
sieurs autres,  font  bien  voir  que  la  chrismation  était 
la  man'u're  ordinaire  de  réconcilier  les  hérétiques  à 


673 


PÉNITENCK.  —  SL:CT.  IV.  CllAP.  MI. 


rivzliso,  iiièinc  tlaiis  une  ii:irlic  c(»iisi(lc'r;il)lc  de  TOfci-  '|' 
clei;l,  (ju(ii(iuc  riiniiusilioii  dos  mains  lut  ailleurs  em- 
ployée pour  le  niènie  ellel.  Ces  églises  élaienl  en  cela 
conformes  à  celles  irOricnl ,  comme  nous  l'avons  vu. 
Mais  il  y  a  bien  de  rapparcncc  que  dans  les  premiers 
siècles,  el  en  Orient  cl  en  Occident,  rimjjosilion  dos 
mains  était  la  seule  cérémonie  avec  huinelle  l'ahscilu- 
Jion  était  donnée  aux  héréliiiues ,  et  (joe  c'était  ainsi 
\|u'on  les  rétablissait  dans  la  conunnnion  calbolitiue. 
Ce  qui  me  le  persuade,  est  que  Firmilien  ,  évcnuc  de 
Césaréc  en  Cappadoce  ,  écrivani  à  S.  Cvpriou,  parle 
souvent  de  l'imposition  des  mains  in  Spiritum  sanclum, 
quand  il  fait  mention  du  retour  des  liéréticjues  à  l'E- 
glise, el  dit  qu'il  la  leur  faut  l'aire  après  leur  avoir 
conféré  le  Baptême.  On  ne  voit  pas  même  qu'il  fasse 
mention  de  l'onction  du  cbrème  dans  cette  occasion  : 
non  plus  (pie  S.  Denis  d'Alexandrie,  qui  dans  l'iiisloire 
d'Eusèbe,  1.  7,  c.  :2,  rapportant  le  différend  survenu 
cnlre  S.  Cyi)rien  et  S.  Etienne ,  ne  parle  que  du 
Uaptênie  et  de  l'imposition  des  mains.  Eusèbe  lui- 
même,  dans  le  même  endroit,  parlant  en  son  nom, 
dit  :  La  coutume  était  autorisée  de  nemploijer  que  l'iin- 
position  des  mains  avec  la  prière  pour  ces  sortes  de  gens- 
là  (qui  renonçaient  à  l'hérésie).  II  faut  excepter  de  la 
règle  dont  on  vient  de  parler,  les  béréliques ordonnés 
dans  les  soclos  (ju'iis  abandonnaient  pour  se  réunir  à 
l'Église  callioliq.ie,  quand  on  jugeait  à  propos  de  les  y 
rerevoir  avec  leurs  ordres  ou  dans  quel(|ues  rangs  in- 
férieuis  à  celui  (pi'ils  occupaient  parmi  cciii  de  leur 
secie.  C-ar  à  l'égard  de  ceux  ci ,  on  se  conlenlait  tou- 
jours de  la  seule  profession  de  foi,  et  on  ne  les  sou- 
nieltait  point  à  l'imposition  des  mains  qui  était  au 
moins  une  image  de  la  Pénitence. 

S.  Augusli;i  (op.  50)  n'est  pas  contraire  à  ce  que 
nous  disons,  lorsqu'il  écrit  que  par  l'anioin-  de  l'unilé, 
on  reçoit  les  évéques  ou  les  clercs  scliismaliques  dans 
leiu'  ordre,  même  après  la  pénitence;  car  il  n'entend 
point  parler  de  la  pénitence  canonique ,  mais  de  la 
pénitence  évangélique  que  t;hacun  doit  faire  pour  ses 
péchés  s'il  veut  être  sauvé.  Les  Donatistes  voulaient 
prouver  à  S.  Augustin  qu'ils  n'étaient  point  si  crimi- 
nels qu'on  le  disait;  car  si  nous  sonnncs  tels,  di- 
saienl-ils,  pourquoi  nous  recherchez-vous  ?  pourquoi 
ne  nous  faites-vous  pas  passer  par  la  pénitence'/  Quarc 
apud  te  vel  pœnitcntiam  non  ayo'.'  A  quoi  réplique 
S.  Augustin  -.Certes,  si  vous  ne  faites  pémtence , 
vous  ne  serez  point  sauvé;  car  comment  pourriez-vous 
sentit-  de  lu  joie  de  voîis  voir  converti ,  si  vous  n'avez  de 
la  dout  ur  d'avoir  été  perverti?  Par  où  il  est  clair  que 
le  saint  docteur  ne  i>arle  (pic  de  la  douleur  du  cœiu- 
cl  de  la  pénitence  donl  Notrc-Seigncur  a  dit  :  Msi 
pmntentiam  egeritis,  onmes  simul  peribitis. 

On  regardait  donc  comme  clercs  ceux  que  l'on  re- 
cevait dans  le  clergé  avec  leurs  ordres,  el  comme  dans 
ces  lemps-là  on  n'imposait  jamais  les  mains  pour  la 
pénitence  aux  clercs  qui  avaient  péché,  on  ne  les  leur 
imposait  point  non  plus  quand  ,  en  quittani  l'hérésie, 
ou  les  recevait  dans  le  clergé.  C'est  pouiquoi  S.  Au- 
gustin dit,   en  ferlant  de  ceux  (jui  reveiuiic!:!  -Iw 


KÉCONCILIATION  DES  IIÈURTIQIES.  674 

schisme  (  lib.  de  Ihipt.  vont.  Dunatistas  ,  c.  l)  :  On  ne 
les  ordonne  point  de  nouveau  (non  utiquc  rursiis  ordi- 
nnntur),mais  ou  ils  demeurent  dans  le  ministère  qu'ils 
avaient  déjà,  si  l'utilité  de  l'Kylisc  le  demande,  ou  s'ils  n'y 
demeurent  point,  ils  conservent  cependant  le  sacrement 
de  leur  ordination  ;  et  c'est  pourquoi  on  ne  leur  impose 
point  lu  main  parmi  les  laïques,  i  et  ide'o  mauus  inter 
i  laïcos  non  imponitur.  »  On  ne  faisait  donc  aux  clercs 
convertis  aucime  imposition  des  mains  quand  on  les 
admettait  dans  le  clergé ,  parce  que  celle  imposition, 
dans  une  telle  circonstance,  était  une  manpie  de  pé- 
ché, et  (pie  l'Eglise  voulait  dissimuler  el  paraître  igno- 
rer le  |)éché  des  clercs  hérétiques  ou  scliismaliques 
qu'elle  recevait  dans  leurs  ordres. 

Il  faut  donc  bien  distinguer  ce  que  ni  M.  de  Marca, 
dans  ses  notes  sur  le  concile  de  Clermont ,  ni  le  père 
Morin,  ni  les  autres  n'ont  pas  distingué,  quand  ils  ont 
examiné  les  canons  ou  les  endroits  des  Pères  qui  par- 
lent de  la  réception  des  Novatiens  par  l'imposilion  des 
mains  ou  la  chrismation  :  car  dans  ces  autorités  il 
n'est  question  que  des  laïques,  au  lieu  que  le  canon 
de  iMcée,  dont  nous  aurons  occasion  de  traiter  dans 
l'histoire  des  ordinations,  ne  parle  que  des  clercs. 

Par  celle  distinction,  on  concilie  ce  concile  avec  les 
autres  antorilés  des  Pères,  avec  la  pratique  de  l'É- 
glise, qui  al  irs  ne  soumellait  point  les  clercs  à  la  pé- 
nitence, ni  à  l'ombre  même  de  la  pénitence,  el  on 
réjiond  aiséineni  aux  objections  que  l'on  pourrait  for- 
mer sur  cotte  matière. 

Le  lecteur  doit  faire  aKeiition  a  la  dislinclion  que 
n  >us  avons  faite  des  clercs  liéiéliqucs  qui  rentraient 
dans  le  sein  de  l'Église,  en  remarquant  que  nous  n'en- 
tendions parler  que  de  ceux  à  qui  l'Eglise  conservait 
un  rang  dans  le  clergé  :  car  s'ils  abandonnaient  une 
secie  dont  le  Baptême,  par  exemjile  ,  fut  nul,  et  par 
conséquent  l'ordination  ;  ou  bien,  si  l'Église  ne  jugeait 
pas  à  propos  de  leur  conserver  leurs  ordres,  alors  on 
pouvait  l(ïs  recevoir  comme  les  laïques  par  l'impositioii 
des  mains,  in  pœnilentiam.  Comme  aussi,  si  ces  clercs 
liéié  iques  se  (ioun aient  convaincus  d'avoir  commis 
des  crimes,  qui  d'ailleurs  les  rendissent  irrégiiliers  : 
car  alors  on  ne  les  recevait  point  dans  le  clergé,  mais 
à  la  connnunion  laïque.  Nous  en  avons  des  exemples 
dans  S.  Cyprien  et  ailleurs. 

Ces  lemarques  nous  conduisent  naturellement  à 
rintolligence  du  huitième  canon  du  premier  concile 
de  Nicée,  qui  prescrit  la  manière  de  recevoir  les  Ca- 
thares ou  Novatiens  dans  l'Eglise  catholique...  iûîfs... 

o>T:cyei:.o  es  tîtoJuîvsjj  aircJj  '/.ivit-;  ij  rw  /.'/r,:(^.  Car  CCS 

paroles  nesignifienl  pas  que  les  clercs  Novatiens,  après 
avoir  reçu  rimposili(ui  des  mains,  resteront  dans  le 
clergé,  comme  l'insinue  la  version  de  ce  canon  qui  est 
imprimée  à  côté  dans  le  troisième  tome  des  Conciles 
du  père  Labbé  :  Visum  est  ut  iniposilis  cis  manibus,  sic 
in  clero  maneant.  Mais  elles  signifionl  seulement  que 
les  clors  Novatiens  ayant  été  ordonnés  par  l'iujposi- 
tion  des  mains  (qu'ils  ont  reçue  dans  leur  secte),  res- 
teront dans  le  clergé. 
De  tout  ce  (jne  nous  a\oiib  dit  dans  ce  chapitre,  il 


B78  lllSiUUiL:  IJE; 

résulte  qu'en  cette  matière  de  la  léconcilialion  des 
liéréliqucs ,  il  s'est  trouvé  bien  de  la  variélé.  Nous 
avons  tâché  de  représenter  ce  qui  était  de  pratique 
ordinaire,  mais  il  ne  faut  pas  douter  que  sovivcnt  on 
eu  usât  diflércmment,  d'autant  plus  qu'en  ces  sortes 
de  clioses,  l'Église  a  coutume  d'user  de  beaucoup  de 
prudence  el  d'économie,  ne  cliercliant  en  tout  qu'à 
sauver  les  âmes  el  à  conserver  la  sainte  rigueur  de  la 
discipline  autant  que  le  malheur  des  temps  le  permet. 

CHAPITRE  VllI. 

De  rabsolulioii  donnée  aux  pénîtcnls  malades.  Diverses 
particutarilci  touchant  la  pénitence  qui  leur  était  im- 
posée. Que  du  temps  de  S.  Cyprieii  r absolution  qu'ils 
recevaient  mettait  fin  à  leur  pénitence.  Qu'ensuite  on 
les  relégua  dans  la  classe  des  Consistants.  QiCenfin  on 
tes  obligea  à  rentrer  dans  la  station  de  la  pénitence  oii 
la  maladie  les  avait  surpris. 

Quoique  nous  ayons  quel;iue:')is  [larlé,  dans  cette 
histoire,  de  la  pénitence  des  mourants  et  de  l'absolu- 
tion qu'on  leur  donnait  ou  qu'on  leur  relusait,  suiviuit 
les  diverses  circonstances  oîi  ils  se  trouvaient  (voyez 
entre  autres  le  chapitre  8  de  la  première  pr.rtie  de  la 
troisième  section),  nous  n'avons  pu  néanmoins  entrer 
dans  tous  les  détails  qui  regardaient  ces  sortes  de 
pénitents,  et  nous  avons  été  obligés  d'ouiettre  plu- 
sieurs particularités  qui  les  concernent,  de  peur  dln- 
lerrompre  trop  souvent  le  fil  de  notre  Lisloire  en  en- 
trant trop  avant  dans  un  sujet  particuher  qui  avalises 
règles  à  part.  Nous  y  suppléerons  ici,  cl  nous  expli- 
querons, au  sujet  de  rabsolution  que  l'on  donnait  auv 
mourants,  divers  points  de  discipline  qui  ont  rapport 
à  Taclion  de  la  pénitence  que  l'on  exigeait  d'eux  lors- 
qu'ils revenaient  en  santé. 

Ceux  dont  il  est  fait  mention  dans  le  litre  de  ce 
chapitre  sont  assez  importants  et  méritent  d'être  dis- 
culés.  Nous  y  disons  que  du  lenqis  de  S.  Cyprien 
la  réconciliation  que  l'on  accordait  à  un  pénitent  en 
maladie,  le  rétablissait  pleinement  dans  la  commu- 
nion des  fidèles,  el  le  dispensait  des  travaux  ordinai- 
res de  la  pénitence.  S.  Cypiien  semble  le  supposer 
comme  une  chose  notoire  dans  sa  lettre  à  Anloiiien  , 
oîi  répondant  aux  plaintes  de  ceux  qui  disaient  que  ce 
qui  avait  été  réglé  louchant  l'absolution  qu'on  devait 
donner  aux  lombes,  quand  le  péril  de  mort  menaçiiit, 
exposait  les  fidèles  à  communiquer  avec  des  gens  qui 
n'ëlaienl  point  encore  purifiés  de  là  souillure  de  l'i- 
dolâtrie, il  se  contente  de  dire  :  Si  quelqu'un  est  atta- 
qué de  maladie,  on  vient  à  son  secours  {illis  subvc'nitur), 
comme  il  a  été  réglé.  Cependant  quand  la  pnix  leur  a  été 
accordée,  nous  ne  pouvons  pas  les  su/foquer  ni  leur  (aire 
vioteiice  pour  les  faire  mourir;  comme  sll  était  néces- 
saire qu'ayant  reçu  la  paix,  ils  mourussent.  Au  conti-aire, 
c'est  une  marque  de  la  bonté  l'I  de  la  douceur  pattrnelle 
de  Dieu  a  leur  égard,  qu'ils  survivent  au  gage  de  la  paix 
qu'ils  ont  reçu.  Si  c'eût  été  alors  la  coutume  d'obliger 
ces  personnes  à  rentrer  dans  les  travaux  de  la  péni- 
tence ,  S.  Cyprien  avait  une  réponse  péremptoire  à 
faire  â  ceux  qui  trouvaient  ifes  inoonvéïiiptits  dans  !r 


SACUt.MKNTS.  HTG 

règlement  qui  avait  été  fait.  Cependant  il  ne  dit  i  ieii 
qui  ait  rapporta  cela.  11  témoigne  sinqilemcnl  par  sa 
réponse  que  ce  qui  a  été  f:dt  ne  peut  se  rétracter,  et 
laisse  à  Dieu  le  jugement  de  tout.  C'est  ce  qu'il  expri- 
me en  ces  termes  dans  la  même  lettre  52'  :  Si  quel- 
qu'un nous  a  trompés  par  sa  dissimulation ,  que  Dieu  , 
dont  on  ne  peut  se  moquer,  et  qui  voit  le  cœur  de  l'hom- 
me ,  juge  de  ce  qui  est  échappé  à  nos  lumières,  et  qu'il 
rectifie  lui-même  la  sentence  de  ses  serviteurs. 

Le  concile  de  Nicéc  apporta  quelque  tempérament 
à  celle  facilité  en  restreignant  l'indidgence  qui  était 
la  suite  de  celle  absolution  accordée  en  péril  de  mort. 
Il  ne  veut  pas  qu'ils  jouissent,  étant  revenus  en  santé, 
de  tons  les  avantages  de  la  réconciliation  ordinaire, 
ni  qu'ils  soient  encore  soumis  aux  travaux  de  la  péni- 
tence, en  considération  de  celle  absolution  que  la  né- 
cessité a,  pour  ainsi  dire,  extorquée  à  l'Église  :  mais 
il  les  met  dans  une  espèce  de  milieu  entre  ces  deux 
étals,  en  les  reléguant  parmi  les  consistants,  qui  «l'é- 
taient point,  comme  nous  avons  vu  ,  en  pleine  jouis- 
sance de  la  communion  parfaite  ,  ne  participant  point 
aux  saints  mystères  dont  ils  avaient  seulement  la  vue, 
sans  y  pouvoir  prendre  pari.  Si  aniem  deploratùs,  et 
communionem  assecutus ,  rursiis  convatuei'il ,  sit  cuvi  iis 
qui  oratiunum  sunt  tantiim  communionis  participes.  C'est 
ce  qui  esl  réglé  par  le  canon  treizième,  cl  (pie  le  pape 
Félix  III  a  suivi  dans  sa  seplièmc  lettff;,  envers  ceux 
qui  se  sont  laissé  rebaptiser.  Que  si,  dit-il  en  par- 
lant de  ceux  qui  sont  coupables  de  ce  crime ,  quelqu'un 
avant  d'avoir  accompli  le  temps  de  sa  pénitence  ,  étant 
désespéré  des  médecins ,  et  étant  prêt  à  mourir,  reçoit  la 
grâce  de  l'a  communion,  et  revient  ensuite  en  saiilé ,  nous 
observerons  ce  que  les  canons  de  Nicée  ont  réglé  sur  ce 
sujet  ;  c'est- à- dire,  qu'il  sera  reçu  au  rang  de  ceux  qui 
communiquent  seulement  par  la  prière  ;  jusqu'à  ce  que 
le  temps  marqué  pour  sa  pénitence  soit  accompli.  .  Ser- 
«  venins  in  co ,  quod  Nicœni  canones  ordinavei-unt,  ut 
«  habeatur  inter  èos  qui  oratwne  solâ  communicant , 
s  donec  impleatur spatiitm  temporis eidem  prœslitutum.  t 
On  les  dispensait  donc  pour  le  respect  de  la  comnni  • 
nion  et  de  l'absolution,  des  travaux  pénibles  cl  humi- 
liants attaches  au  prosierncmeill  et  aiix  aiilres  sta- 
tions de  la  pénileiicc  caiionique  ;  niais  6ï\  môtné  temps 
pour  leur  faire  voii' qu'ils  ne  méritaient  pas  la  grâce 
qui  leur  avait  été  accordée  à  cause  du  péril  de  mort, 
on  les  retenait  dans  un  état  qui  ne  leur  pcnneilait  pas 
d'approcher  dèS  saints  Hiyslèfès  cAinme  les  autres  fi- 
dèles qui  n'avaient  rien  fiûl  qui  lés  en  rendît  indignes. 
Martin  de' lîraguc  a  inséré  ce  canon  de  JNicée  quant 
au  sens  dans  sa  collection,  c.  82  ,  soil  que  cet  usage 
fût  encore  en  vigueur  de  son  temps  en  Espagne ,  soit 
qu'il  ail  vôiilu  seulement  faire  connaître  par-là  quelle 
était  la  pratique  de  l'Église  sur  ce  sujet,  dans  les 
temps  nntéii<urs.  Ce  qui  est  vrai,  c'est  que  ce  milieu 
dont  nous  avons  parlé  ne  se  soutint  pas  long-temps. 
Les  inconvénients  se  firent  sentir  de  toutes  parts,  el 
obligèrent  les  évoques  à  prendi'e  sur  ce  siijetnne  con- 
duite moins  indulgente.  C'est  ainsi  qu'il  arrive  soii- 
\o\i\  qiio  les  désordres  et  l'abus  des  lois  en  ciifantenl 


677  PÉNITENCE.  —  SECT.  IN.  CIlAl' 

de  nouvelles  pour  r('piimci"  les  transgressions  aux- 
quelles on  ne  saltentlail  pas. 

♦H  arriva  donc  que  pUreionrs  de  ceux  qui  ('taieiil  en 
|x*iiilonce  iMil»li(|»Hî  feignaioiil  des  maladies  ou  exalte- 
raient beaucoup  eellrs  qui!s  avaient  cfTeeliveinciil, 
alin  d'engager  les  ministres  de  rKglisc  de  les  absou- 
dre, et  parce  moyen  de  s'affranehir  de  ces  longs  et 
rudos  travaux  auxquels  ils  étaient  condamnés  snivaiU 
les  eajM)ns  :  ce  qui  obligea  IKglise  à  clianger  sa  con- 
duile  snr  va  point,  et  à  ordonner  que  les  pénitenls  (pii 
menacée  de  mort  auraient  royu  l'absolntion  ,  relonnic 
raient,  étant  revenus  en  santé,  dans  le  même  degré  de 
pénitence  où  la  maladie  les  aurait  surpris.  Celle  disci- 
pline iiièmc  était  déjà  élablic  dans  plusieurs  endroits 
avant  le  pape  lù'lix  et  Martin  de  Brague,  puisqu'on  l;i 
trouve  prescrite  dans  la  lettrecanoniipiedeS.  Grégoire 
de  Nvsse  :  car  sur  la  fm  il  dit  généralement  :  Si  qud- 
qiCun  meurt  avant  quele  temps  de  sa  pénitence  soit  expiré, 
la  clémence  des  Pères  ordonne  qu'il  soit  rendu  partici- 
panl  de  refj'et  des  sacrements,  et  qu'il  ncnfreprcnne  pas 
ce  dernier  et  long  voyage  sans  viatique.  Que  si  après 
avoir  reçu  les  sacrements  il  recouvre  la  santé ,  qu'il  attende 
la  fm  de  sa  pénitence,  se  remettant  dans  le  degré  oii  il 
était  avant  la  communion.  Sinésius,  en  i)areil  cas,  dit 
{ep.  Ii7)  :  Quil  soit  soumis  au.v  mêmes  peines  étant  revenu 
en  santé.  Il  parle  dans  cet  endroit  d'un  certain  Lanipo- 
nieu  qu'il  avait  mis  en  pénitence,  et  à  qui ,  étant 
pressé  par  la  ma'adie,  il  accordait  la  communion. 

La  même  discipline  se  trouve  établie  en  Occident 
dans  le  quatriènte  siècle  ,  puisque  dans  le  quatrième 
concile  de  Carlbage  qui  fut  tenu  en  598,  et  ampiel  se 
trouvèrent  21  i  évêquusde  cette  florissante  Église,  il  est 
dit,  c.  7C  :  Quesile  pénitent  survit  à  la  réconciliation  qu'il 
n  reçue  en  maladie,  les  témoins  l'avertissent  de  satisfaire 
à  su  demande,  et  qu'il  suit  soumis  aux  lois  de  la  pé- 
mtenre  autant  de  temps  que  le  prêtre  qui  la  lui  a  donnée 
k  jugera  à  propos.  Dans  le  canon  suivant,  il  est  dit  que 
les  pénitents  qui  en  maladie  ont  reçu  le  viatique  de  VEu- 
churislio,  ne  doivent  point  se  croire  absous,  s  ils  survi- 
vent, à  moins  qu'ils  n'aient  reçu  l'imposition  des  mains. 
Ln  joignant  ensemble  ces  deux  canons,  on  voit  claire- 
ment que  les  Pères  de  ce  concile  entendent  que  les 
pénitents  retourneront  à  la  station  du  proslernement , 
qui  était  celle  de  la  pénitence  proprement  dite,  et  en 
tout  sens,  connue  nous  l'avons  montré  ailleurs  (c.  A, 
sect.  3,  part,  'i  ). 

Les  églises  des  Gaules  et  d'Espagne  étaient  dans 
le  même  usage.  Cela  parait  par  le  canon  troisième  du 
premier  concile  d'Orange,  par  le  30*  de  celui  d'É- 
paune,  et  le  S'  de  celui  de  IJarcelonne.  Jo  me  conten- 
terai de  rapporter  le  premier  et  le  dernier  de  ces  trois 
canons  ,  parce  qu'ils  contiennent  des  dispositions  sin- 
gidières.  Nous  avons  twuvébon,  dit  le  concile  d'Oran- 
ge, que  l'on  communiquât  avec  ceux  qui  sortent  de  cette 
vie,  ayant  reçu  la  pénitence,  mais  sans  leur  faire  l'impo- 
sition des  mains  réconc'iluitoire.  Cela  suffit  pour  la  ré- 
conciliation des  mourants ,  suii^nt  tes  ordonnances  des 
Pères ,  qui  ont  donné  aitc  raison  le  nom  de  Viatique  à 
celle  connnunion.  Que,   s'ils  stimvettt.    ih    r.e   l^vrwrnt  . 


.  Mil.  PÉNITENTS  MALADES.  C78 

au  rang  des  pénitents  ,  afin  qu'ayant  fait  voir  les  fruits 
nécessaires  de  pénitence ,  ils  reçoivent  une  communion 
légitime  avec  l'iinposilion  des  mains  réconciliutoire.  ! 
«  Qu'od  si  supervixerint,slenl  in  ord'we  pœnitenlium,  ut 
(  ostensis  necessariis  panilcntiœ  fruclibus,  legitimam 
s  communionem  cum  reconciliatorià  manùs  imposiiione 
«  accipiant.  »  Le  concile  de  Barcelonne  vent  que  tf«.i- 
qui  demandent  et  reçoivent  la  pénitence  en  maladie,  mè- 
nent la  vie  de  pénitents  s'ils  recouvrent  la  santé,  excepté 
l'imposition  des  mains.  Qu'ils  soient  séparés  de  la  com- 
munion jusqu'à  ce  que  le  prêtre  ait  approuvé  leur  con- 
dnife.  Les  Pères  de  ce  concile,  comme  vous  voyez, 
tiennent  une  espèce  de  milieu  entre  ce  qui  avait  été 
slalué  dans  le  concile  de  Nicée  et  ce  que  d'autres 
avaient  ordonné  depuis;  ils  ne  renvoient  pas  le  jieni- 
tent,  ou  ils  n'obligent  pas  cet  honm^.equi  reçoit  lacom- 
nuiîiion  à  se  mettre  au  rang  des  pénitents  ordinaires, 
mais  à  cela  prèsilslui  prescrivent  les  menus  exercices. 

Nous  avons  traité  celte  matière  sai;s  entrer  dans  la 
question  (pie  l'on  forme  louchant  ce  viatique  que  les 
conciles  et  celui  de  Nicée  en  particulier  (  can.  13  ) 
veulent  que  Ton  donne  aux  pécheurs  qui  se  trouvent 
à  l'exlrémilé  sans  avoir  jusqu'alors  obtenu  la  pénitence 
ni  le  pardon  de  leurs  fautes. 

Le  P.  Morin  ,  le  P.  Lupus  ,  M.  de  lAubcpine,  évo- 
que d'Orléans,  et  quelques  autres  croient,  que  ce  via- 
ti(pie  dernier  et  nécessaire  ,  élaii  une  absolution  des 
péchés  qui  se  donnait,  et  non  point  l'Eiicharislie,  mais 
il  parait  indubitable  qu'on  ne  peut  l'entendre  (p:e  de 
l'Eucbarislie  :  tant  parce  que  l.i  notion  comnnmc  du 
mot  de  viatique  a  un  rapport  nécessaire  à  la  lioùrri- 
lure  et  à  ce  qui  tient  lieu  de  subsistance  ,  que  parce 
que  ce  terme  est  toujours  ou  pi  esiiue  toujours  pris  ea 
ce  sens  dans  les  Pères  cl  les  auteurs  cccrésiasii(jnes. 
J'en  pourrais  citer  une  iiifinilé  d'exemides  :  ni-.is'jo 
me  bornerai  h  ce  que  dit  Paulin  en  parlait  lie  la  iiioiï 
de  S.  Ambroise  :  Corpus  Domini  ubi  glutiiTt,  èinislt'spi- 
ritum,  bonum  viaticum  secum  ferens. 

H  est  certain  d'ailleurs  qu'au  cinquième  siècle  on  a 
eut  ndu  le  canon  de  Nicée  (  15'),  iia  ut  ii  quis  è^rcr 
ditur  ex  corpore ,  ullimo  et  necessarîo  viUtiço  non  privçt- 
tur,  delà  communion  eucharistique  :  cela  est  consiant 
par  l'explication  qu'y  donne  Denis-Ie-Pelit  ,  oblatiouis 
particeps  factus  ,  et  celle  signilicalion  était  fondée  sur 
l'idée  que  l'on  avait  alors  delà  nécessité  de  l'Eucbarislie 
pour  la  vie  éternelle.  Car  c'était  dans  ce  sacrement  qni 
est  la  perfection  et  la  consommation  de  tons  les  antres 
que  les  premiers  chrétiens  mellaienl  l.i  principale  ' 
espérance  de  leur  salut,  connue  dit  le  docie  et  pieux 
Ilesselius  ;  ils  le  considéraient  connue  le  pain  de  vie, 
le  symbole,  le  gage  sacré  et  la  semence  de  la  gloire  1 
éternelle,  comme  le  sceau  de  la  réconciliation,  sans 
lequel  un  honnne  ne  pouvait  èlre  ni  parfaitement  iii- 
coriioré  à  .lésus-Chrisl ,  ni  rétabli  entièrement  dans 
la  communion  de  l'Église  ;  c'est  pourquoi  on  le  don- 
nait le  dernier  à  l'entrée  et  à  la  sortie  de  la  vie.  An 
counneiicemcnl  de  la  vie  les  chrétiens  recevaimt 
mémo  dans  l'enfance  le  lîaptème ,  la  Coulirinal.iun  cl 
i'Ku.liaii^ii.'.  h  la  fiii  on  Teur  tloi^hâit  la  Penifence, 


C79 


UISTOIKE  DLS  SACilh.MEMS. 


630 


rExlrèinc-Oiiction  et  l'Eucharistie  comme  respéraiicc 
cl  le  sceau  du  salut. 

De  plus,  si  les  malades  dout  il  est  question  n'a- 
vaient point  reçu  l'Eucliaristie  dans  l'extrémité  où  ils 
claient,  pomciuoi  le  concile  de  Nicée  et  les  autres  de 
ce  temps-là  auraient-ils  ordonné  qu'ils  ne  la  le- 
cevront  pas  s'ils  reviennent  en  sanlé ,  mais  qu'ils 
demeureront  dans  la  consistance,  connnuniant  ceu- 
lement  aux  prières?  Pouvait -on  croire  que  ceux 
qui  n'avaient  point  reçu  la  communion  en  cet  élal, 
y  prétendraient  étant  en  pleine  sanié  et  en  état  de 
l'aire  pénitence?  On  n"a  donc  |)u  faire  ce  règlement 
que  parce  que  l'on  a  bien  prévu  que  ceux  qui  avaient 
reçu  l'Eucharistie  étant  désespérés  pourraient  pré- 
tendre se  maintenir  dans  cette  possession,  ce  que 
l'on  voulait  empêcher  pour  les  raisons  (pie  nous  avons 
rapportées  ci-dessus. 

Enfin  la  sainte  Eucharistie  donnée  à  un  pénitent 
qu'on  croit  près  de  mourir,  ne  portant  point  on  soi 
l'absolution  des  peines  canoniques,  c'était  avec  rai- 
son qu'après  cette  grâce  on  ne  laissait  pas  de  le  re- 
mettre ou  dans  la  pénitence  laborieuse,  ou  dans  un 
des  degrés  de  la  pénitence  canoni(|ne;  mais  l'absolu- 
tion que  l'on  donnait  en  ce  temps-là  portant  néces- 
sairement la  rémission  de  celle  peine,  connnenl  au- 
rait-on fait  revenir  dans  la  pénilence  ceux  qui  auraient 
reçu  l'absolution,  et  les  aurait-on  éprouvés  de  nou- 
veau s'ils  revenaient  en  santé  ? 

C'est  dans  ce  sens  que  l'on  doit  prendre  ce  (\u\  esl 
dit  dïiiiâ  le  troisième  canon  du  premier  concile  d'O- 
range, qui  recedunl  de  corpore  pœnitentià  accepta,  plii- 
cuit  &\ne  reconciliatoriu  mum'is  imposilionc  cis  comimi- 
nicaii,  etc.,  aussi  bien  (pie  ce  (pie  nous  venons  de 
rapporter  du  concile  de  Nicée.  Mais  le  P.  Morin  et 
les  autres  lui  donnent  la  torture  pom-  le  faire  venir 
àleurs  sens,  et  sont  obligés  de  renverser  la  signilica- 
lion  naturelle  des  mots  ;  car  qu'y  a-t-ildc  plus  natu- 
rel que  de  prendre  ici  le  mot  de  connnunion  pour  la 
communion  eucharisiique,  et  la  récomilialion  par 
l'imposilion  des  mains,  pour  l'absolution?  ils  sont 
contraints  de  prendre  au  contraire  l'imposition  des 
mains  réconciliatoire  pour  la  communion,  et  le  mol 
de  communion  pour  l'absolution.  Le  coiuile  d'Orange 
dit  que  ce  qu'il  accorde  aux  pécheurs  pénilenls  dans 
celle  extrémité  doit  suflirc  pour  leur  consolation.  Hé 
peut-on  dire  de  bon  sens  que  l'absolution  des  peines 
canoniques  à  nn  homme  qui  va  mourir  sui'fit  pi'ur  sa 
consolation?  la  mort  n'allail-elle  pas  l'en  dispenser, 
et  n'était-ce  pas  au  contraire  une  extrême  douleur  à 
un  mourant  de  se  voir  privé  de  la  sainte  communion 
qui  faisait  l'espérance  d'un  chrétien? 

Ceci  suffit  pour  éclaircir  ce  que  les  anciens  conciles 
ont  dit  touchant  la  réconciliation  des  pécheurs  qui 
avaient  attendu  à  la  mort  à  demander  la  pénitence, 
ou  ceux  qui  après  l'avoir  reçue  relournaient  à  leurs 
désordres  dont  ils  se  repentaient  ensuite.  Revenons 
(  à  notre  sujet.  On  ne  se  relâcha  point  de  la  rigueur 
ancienne  dans  les  siècles  suivants,  jusque  sur  la  lin 
du  onzième.  Nous  pourrions  nous  dispenser  d'en  ap- 


porter des  preuves  après  ce  que  nous  avons  dit  dans 
la  5'  partie  de  la  troisième  section,  où  le  lecteur  a  vu 
que  bien  loin  qu'on  eût  adouci  la  sévérité  ancienne, 
on  l'augmenta  en  beaucoup  de  choses  ;  néanmoins  , 
comme  ce  qui  regarde  la  pénitence  et  l'absolution  des 
malades  lail  un  point  particulier  de  discipline,  nous  ' 
ajouterons  (piel([ues  autorités  à  ce  que  nous  avons  pu 
(lire  ailleurs  sur  ce  sujet.  Il  est  ordonné  (/.  5  Capl- 
tiilur.,  c.  Cl)  que  l'on  communiquera  avec  ceux  qui 
ayant  reçu  la  pénitence  sont  sort  is  de  celle  vie  sans 
avoir  élé  récoHciliés,  à  cause  qu'ils  ont  honoré  la 
pénitente.  Que  s'ils  surviveul,  est-il  dit  ensuite,  qu'ils 
se  licnnenl  au  raïuj  des  pénitents,  afin  que  dans  le  temps 
marqué  ils  rcioii'enl  la  commanioii  légitime  par  l'impo- 
sition de.  la  main  de  révoque  ou  d'un  prêtre  par  son  or- 
dre. Isaac  de  Langres  a  inséré  ce  canon  dans  son  Ke- 
cueil  {lit.  i,  c.  10).  Le  concile  de  ïribur  en  895, 
can.  ,"i-j  et  5G,  ne  dispense  point  les  pénilenls  mala- 
des des  travaux  et  des  exercices  attachés  à  leur 
élal,  sinon  pendant  la  maladie  durant  la(pielle  il  leur 
permet  queltpie-;  adoucissements,  et  même  de  com- 
nnier  les  jeùiies  en  aunnincs,  s'ils  sont  dans  une  im- 
possibilité absolue  de  s'en  acquitter.  Mais  sit(jl  qu'ils 
auront  recouvré  la  santé,  il  défend  ces  sortes  de  ra- 
(  hais,  lléginon  a  inséré  ces  canons  dans  sa  CoUeclion 
(/.2,  c.  7),  aussi  bien  que  Bmchard,  qui  expriment  la 
dernière  période  des  canons  de  Tribur  par  ces  paro- 
les :  Poslquàm...  sanilati  resliiutus  fueril,  nullam  l'i- 
cenliam  liabeal  redimtudi; c'est-à-dire  :  Après ([u'il aura 
recouvré  la  sanlé,  (pi'il  ne  lui  hoil  permis  en  aucune 
manière  de  racheter  les  peines  qui  lui  sont  imposées. 

CHAPITRE  IX. 

Que  l'absolulion  se  donnait  autrefois  à  ceux  mêmes  qui 
par  mnlad'ie  étaient  privés  de  l'usaye  des  sens,  ou 
tombés  en  démence.  Des  conditions  que  l'on  exigeait 
pour  cela:  plusieurs  scolusliques  ont  des  opinions 
trop  dures  sur  ce  sujet. 

Nous  montrerons  ici  que  dans  les  premiers  siècles 
on  donnail  la  réconciliation  à  ceux  qui,  étant  privés 
de  l'usage  des  sens  par  la  violence  du  mal ,  n'é'aient 
point  en  élal  de  la  den^ander  ni  de  la  recevoir  avec  la 
présence  d'esprit  (pie  le  respect  pour  ce  sacrement 
exige  nalurellemenl  ;  iiourvu  qu'ils  l'eussent  demandée 
ou  au  commencement  de  leur  maladie  ,  ou  peu  aupa- 
ravant ,  et  que  des  personnes  dignes  de  foi  rendissent 
témoignage  de  leur  disposition.  Celle  condition  était 
jugée  nécessaire  pour  ceux  dont  nous  parlons ,  car  à 
l'égard  des  lidèles  dont  la  vie  était  irréprochable ,  et 
de  ceux  (pu  s'étaient  soumis  jiour  leurs  désordres  à  la 
pénitence  canoni(jue,  celte  condition  même  n'élaitpas 
absolument  nécessaire  ,  puis(iue  leur  étal  parlait  pour 
eux,  et  (pi'ils  étaient  censés  vouloir  ce  qu'ils  se  met- 
taient en  devoir  de  mériter  et  d'obtenir,  les  uns  par 
une  vie  réglée  cl  chrétienne,  les  autres  par  les  travaux 
de  la  pénitence  auxquels  ils  se  livraient. 

Il  n'est  donc  question  ici  que  de  ceux  dont  la  vie 
était  notoirement  déréglée,  des  excommuniés,  des 
apostats  et  autres  semblables,  (jui  touches  de  repeutir 


681 


PÉNITENCE.  —  SECT.  IV.  CHAP.  IX.  PENITENTS  ALIÉNÉS,  etc. 


souliailaicnl  ou  léinoignaiont  ilésiror  la  pénitence  cl 
l'absolution  dans  cette  exlrcmilé.  El  je  dis  que  pourvu 
.que  ces  personnes  eussent  témoigne,  un  peu  avant  la 
[maladie  qui  leur  avait  ôté  l'usage  des  sens ,  ou  au  com- 
jUiencemenl  de  celte  maladie  avant  qu'elle  les  eût 
jeonduils  à  celte  extrcuiilé,  vouloir  recourir  à  la  clé- 
iuence  de  l'Église,  ou  ne  leur  refusait  pas  l'absolution, 
pourvu  que  des  gens  dignes  de  créance  répondissent 
de  leur  disposition.  C'est  ce  que  nous  prouverons  bien- 
tôt. Mais  auparavant  il  fatit  faire  une  remarque  sur  les 
conditions  dont  nous  parlons.  Elles  étaient  co^isidé- 
rées  comme  si  nécessaires,  que  leur  déiaul  emportait 
immanquablement  le  refus  de  l'absolution.  Il  ne  suffi- 
sait pas  que  ceux  qui  se  trouvaient  dans  cet  état 
eussent ,  étant  en  santé  ,  fait  connaître  qu'ils  avaient 
le  désir  de  se  soumcllre  à  l'Église  :  comme  la  volonté 
de  l'honmie  esl  sujette  au  cliangemenl ,  à  moins  qu'ils 
n'eussent  renouvelé  les  s:<gnesde  leur  conversion,  et 
qu'ils  n'eussent  demandé  celte  grâce  aussitôt  iju'ils  s'é- 
taient sentis  attaqués,  et  avant  que  le  mal  les  eût  mis  hors 
d'état  de  le  faire,  on  leur  refusait  absolument  le  bienfait 
de  la  réconciliation  ,  quoiqu'on  rendît  témoignage  de 
leurs  dispositions  précédentes.  Les  Pères  du  douzième 
concile  de  Tolède  ,  dont  le  décret  fut  renouvelé  dans 
le  treizième,  exigent  que  ceux  qui  se  soumettent  à 
rÉglise  témoignent  leur  désirpareux-mêmes,au  moins 
pour  ce  qui  esl  delà  pénilence  publique,  que  plu- 
sieurs dans  ce  pays  demandaient  et  recevaient  d:ins 
l'extrémilé  de  la  malailie.  Après  s'être  plaints  ([ue  plu- 
sieurs, ayant  reçu  la  pénitence  étant  sans  connais- 
sance ,  cherchaient  des  prétextes  pour  se  défaire 
de  ces  engagements,  alléguant  qu'ils  ne  l'avaient 
point  demandée,  ni  consenti  à  la  recevoir  [ugunl  cauiio- 
nibns  vanis....  qualilcr  à  se  lonsurœ  vcnerubile  siçfmim 
excellant,  atque  liabhum  reli(jionïs  abjiciant  asse- 
renies,  etc.),  ils  défendent  aux  prêtres  de  donner,  par 
une  entreprise  téméraire ,  la  Pénitence  à  ceux  qui  ont 
perdu  le  sentiment,  et  qui  ne  sont  pas  repentants ,  sans 
avoir  été  invités  à  le  faire,  on  par  la  prière  de  celui  qui 
reçoit  la  pénitence,  ou  par  quelques  signes  des  mains,  i 
ou  quelques  autres  équivalents  et  non  équivoques  ,  et  ils 
infligent  pour  peine  une  année  d'excommunication  à  tout  ' 
prêtre  qui  tiendra  une  conduite  opposée. 

11  est  certain  que  ces  signes  dont  parlent  ces  évêques  | 
devaient  être  tels  (|u'ils  ne  laissassent  aucun  doute  lou- 
chant les  dispositions  de  celui  au(iucl  on  accordait  la 
pénitence  et  l'absolution ,  et  que  par  conséi|u<Mit  ils 
précédassent  inunédialement  l'étal  d'insensibilité  où 
la  ntaladie  avait  réduit  ces  personnes ,  et  de  plus  que 

!  des  gens  dignes  de  foi  en  rendissent  témoignage.  En 

\  ce  cas  ils  ne  doutaient  pas  que  l'absolution  ne  pût  re- 

I mettre  leurs  péchés,  cl  c'est  poun|uoi  ils  la  compa- 
rent, c.  12  du  douzième  concile,  etc.  9  du  treizième, 

|au  Baptême  que  reçoivent  les  enfants,  et  prétendent 
que  ceux  qui  l'avaienl  reçue  avec  la  pénitence  qui  l'ac- 
compagnait, devaient  observer  iuviolableinent  les  rè- 
gles de  l'étal  auquel  ils  étaient  ainsi  engagés.  Unde 
sicul  baplisma,  quod  nescientibus  parvulis  sine  ullà  conten- 

tione  in  fide  lantitm  proximorum  accipilur,  ita  pœniten-  é  sunt  pietatis  conferendn  sunt.  Les  Pères  d'Elvi.      i'ail 
TH     V«,  M 


682 
'  tiœ  donum  quod  nexcicntibus  illubitur,  absqueimpugna- 
lionc  violationis  hi  qui  itlud acccperinl ,  obseriabunt.  Ces 
paroles  sont  très-remarquables,  enlre  autres  celle 
comparaison  entre  la  vertu  du  Baiilême  el  celle  de  la 
Pénitence,  el  fonl  voir  en  même  temps  que  pourvu 
qu'on  fut  assuré  par  le  témoignage  de  gens  non  sus- 
pects de  la  dernière  volonté  des  malades  quels  qu'ils 
fussent,  on  ne  faisait  point  de  dilliculté  de  leur  donner 
la  Pénitence  et  l'absolution. 

Le  troisième  concile  de  Cartliage,  c.  31,  iit  nn  ca- 
non exprès  pour  ouvrir  ainsi  la  voie  de  réconciliation 
à  tous  les  pécheurs  qui  auraient  recours,  dans  celle 
extrémité,  à  la  tendresse  el  à  la  clémence  de  lÉj^lisc. 
Que  tes  malades,  y  est-il  dit,   s'ils  ne  peuvent  répondre 
par  eux-mêmes ,  soient  baptisés  ,    lorsqu'il   constera  de 
leur  désir  par  le  téinoignage  de  leurs  proches  qui  en  ré- 
pondront à  leur  propre  péril,  i   JEgrotanles,  si  per  se 
i  responderc  non  passant ,  ciim  voluntutis  eorum  Icsli- 
I  I   monium  hi  qui  sui  sunt  periculo    proprio  dixerint , 
I  «  baptizenlur.  »  Ce  décret  est  répété  dans  le  concile  d'.V- 
j  IVique.c.  12,  et  y  estentendu  également  de  l'absoluiiun 
!  comme  du  Baptême.  Dalsamon  en  commentani  ce  pas- 
^  sage  en  a  mal  pris  le  sens:  il  s'est  imaginé  que  le  pro- 
]  nom,  sui,  était  le  génitif  et  se  rapportait  au  mot  lp-"i. 
j  monium,  d'oùila  conclu  que  les  Pères d'Afriqueavaient 
I  ordonné  que  les  moribonds  demanderaient  le  Baptême 
;  à  leur  propre  péril  ;  mais  il  est  visible  que  c'est  faute 
;  de  bien  entendre  le  latin,  que  les  traducteurs  Grecs, 
I  qui  ont  inséré  les  canons  d'Afrique  dans  leur  recueil 
j  qui  conlieui  leur  droit  canonique,  ont  interprété  ainsi 
i  celui  dont  il  s'agit,  et  que  sj<i,  dans  cet  endroit,  s'en- 
tend des   parents  du  moribond,  ou  de  ceux  qui  l'en- 
vironnent dans  l'élat  fâcheux  où  il  se  trouve.  Le  pre- 
mier concile  d'Orange  confirme  celte  discipline  dans 
son  douzième  canon,  et  ne  met  sur  ce  point  aucune 
différence  entre  le  Baptême  et  l'absolution  :  Celui,  dit- 
il,  (/«i /oa<   d'un  coup  perd    la  parole  ,  peut ,    suivant 
qu'il  a  été  statué,  être  baptisé  ou  recevoir  la  pénitence, 
si  d'autres  rendent  témoignage  de  la  volonté  qu'il  a  eue, 
ou  que  lui-même  la  fasse  paraître  par  des  signes,  t  Su- 
t   bil'o  obmutescens ,  prout  statulum  est,    baptizari,  aut 
t  pœnitenliam  accipcre   polcst ,  si   voluntatis  propriœ 
€  lestimoiiium  aliorum  verbis  habet,  aut  prœsentis  in  sua 
t  îuitu.  »    Ce  que  M.  de  l'Anbespine,  évêque  d'Or- 
léans, entend  des  excommuniés,  qui  peuvent  recevoir 
non  seulement  la  pénitence  en  ce  cas,  mais  encore  îa 
récoticiliation,  selon  le  canon  7G  du  quatrième  cou- f 
cile  di;  Carlhage.  j 

On   étendait  par  la   même  raison  colle  grâce  aux  i 
énergumènes  el  à  ceux  qui  avaient  l'esprit  troublé  et  j 
en  démence,  tant  à  l'égard  du  Baptême  que  de  la  ré-  '■ 
conciliation.  Timoihée,  palriarched'Alexandrie,  dans  sa 
lettre  canonique,  répondant  à  la  question,  si  un  ca- 
téchumène agité  par  le  démon  pouvait  recevoir  le  B.ip- 
tême,  étant  à  l'extrémilé,  répoiul  aflirnialivemont ,  et 
le  premier  concile  dOrange  décide  iudi  linclemenl  du 
Baptême  el  de  l'absolution ,  qu'on  ne  doit  point  les 
refuser   aux  insensés,   c.  15:  Ametilibus  quœcumque 


683 


iiiSTomr.  des  sachkments. 


eu 


leurs  si  rigides  observateurs  de  lo  iliscipliiic,  veulent, 
c.  37,  (juc  l'on  baptise  ceux  (fui  sont  tourmentés  par  /es 
i  imdins  esprits ,  quand  lu  maladie  les  aura  conduits  à 
■  fextrémilé,  et  que  les  fidèles  qui  seront  dans  le  même  cas 
I  reçoivent  la  communion,  i  Eos  qui  ab  immundis  spiriti- 
i  I  bus  vexanlur...,  si  fidèles  fuerint,  dandam  cis  commu- 
t  nionem.  > 

Il  ne  faut  donc  point  réconcilier  ceux  qui  ne  témoignent 
aucun  repentir  de  leurs  désordres,  et  (jui,  avant  d'èlro 
attaqués  par  la  maladie  qui  leur  a  ôlé  Tusage  des  sens, 
n'ont  fait  paraître  aucun  désir  de  recevoir  celte  gr&ce. 
Mais  quand  ils  ont  fait  paraître  une  volonté  sincère  de 
se  corriger ,  et  qu'ils  ont  demandé  le  secours  des  mi- 
nistres de  rÉglise ,  il  y  a  de  la  cruauté ,  comme  dit  le 
pape  S.  Célcstin ,  de  la  leur  refuser,  et  de  ne  point  ac- 
quiescer aux  désirs  de  ceux  qui  souhaitent  ce  remède 
pour  leurs  âmes.  C'est  ce  qu'il  écrivit  airx  évèques  des 
Gaules.  Il  ajoute:  Quovistempore...  non  est  deneganda 
pœnilentia  poslulanii.  Telle  a  été  la  pratique  de  1 É- 
glise  depuis  plus  de  mille  ans. 

Cependant  plusieurs  théologiens  de  nos  jours,  ap- 
puyés sur  des  raisonnements  plus  subtils  que  solides, 
ont  enseigné  le  contraire ,  et  ont  prétendu  que  l'on 
devait  priver  du  bienfait  de  la  réconciliation  non  seu- 
teinent  les  pécheurs  notoires  et  scandaleux,   mais 
même  les  chrétiens  ordinaires  dont  la  vie  est  irrépro- 
chable, et  ceux  qui  après  avoir  offensé  Dieu  se  sont 
mis  en  devoir  de  satisfaire  à  sa  justice  par  la  péni- 
tence, à  moins  qu'ils  ne  soient  en  état  de  faire  les 
actes  de  contriction  qui  conviennent  dans  ces  occa- 
sions ,  cl  de  demander  par  eux-mêmes  les  sacrements 
par  sigiic  ou  par  paroles.  C'est  ainsi  que  les  hommes 
sont  ingénieux  à  tourner  à  leur  désavantage  ce  qui  a 
été  établi  pour  leur  procurer  le  plus  grand  de  tous  les 
biens.  Les  motifs  qui  leur  ont  fait  embrasser  un  sen- 
timent si  dur,  se  réduisent  à  deux  chefs  principaux. 
Le  premier  consiste  en  ce  que ,  selon  eux ,  le  prêtre 
qui  absout  agit  en  juge  qui  doit  connaître  l'objet  sur 
lequel  il  doii  prononcer  sa  sentence  ;  ce  qui  ne  se  peut 
qnand  la  personne  qu'il  s'agit  d'absoudre  est  hors  d'é- 
tat, parla  violence  du  mal ,  de  faire  connaître  ses  pé- 
chés ,  son  désir  et  ses  dispositions  présentes  :  commo 
!»i  la  bonne  vie  qu'elle  a  menée ,  ou  les  œuvres  de  pé- 
nitence qu'elle  a  pratiquées  si  elle  est  tombée  dans  le 
péché,  n'étaient  pas  des  moyens  plus  sûrs  pour  juger 
du  désir  et  des  dispositions  de  cette  personne,  que  la 
demande  qu'elle  ferait  par  elle-même  des  sacrements. 
Les  Pères  ne  pensaient  pas  comme  ces  théologiens. 
Ils  faisaient ,  sans  comparaison,  plus  de  fond  sur  la 
bonne  vie  qui  avait  précédé  la  maladie ,  que  sur  les 
prières  et  même  sur  les  larmes  de  ceux  qui ,  à  l'ar- 
ticle de  la  mort,  demandaient  la  réconciliation  avec  les 
plus  vives  instances.  Il  est  vrai  ^ju'ils  accordaient  ce  que 
ces  pécheurs  leur  demandaient  ;  mais  en  leur  donnant 
les  sacrements,  ils  ne  leur  donnaient  point  râssuràncè 
d'en  recevoir  le  fruit. 

Le  second  motif  qui  a  engagé  ces  docteurs  à  s'atia- 
chcr  à  cette  opinion ,  est  que  les  actes  du  péitilcni. 
sont,  selon  eux,  la  matière  du  sacrement  de  Péni- 


]  lencc  :  d'où  ils  concluent  que  ces  actes  n'ayant  pas 
lieu  par  la  violence  du  mal,  l'absolution  qui  en  est  la 
forme  ne  peut  produire  son  effet.  Qui  ne  voit  que  c'est 
autoriser  un  sentiment  très-diu'  et  môme  préjudiciable 
au  salut  de  bien  des  gens,  sur  une  pure  opinion  ihéo 
logique  ! 

Les  Scotistes  tiennent  un  sentiment  contraire,  et 
prétendent  que  la  matière  et  la  forme  de  te  sacre- 
ment sont  renfermées  dans  les  paroles  de  l'absolu- 
tion. André  Croquet  et  Mathieu  Galenins,  théolo- 
giens célèbres  des  Pays-Bas,  ont  enseigné  dans  leurs 
catéchismes  que  la  matière  de  la  pénitence  était  les 
pénitents  eux-mêmes.  Qui  a  jamais  censuré  les  sen- 
timents des  uns  et  des  autres  ?  Il  est  permis  d'abon- 
der en  son  sens  dans  ces  sortes  de  matières.  Le  con- 
cile de  Trente  qui  a  eu  lieu  de  faire  quelques  décrets 
sur  ces  sortes  de  choses,  n'en  a  voulu  rien  faire,  et  il 
s'est  contenté  {sess.  14,  c.  3)  de  dire  que  les  trois  ac- 
tes du  pénitent  étaient  comme  la  matière  du  sacre- 
ment de  Pénitence ,  quasi  maleria ,  laissant  par  cette 
expression  la  chose  indécise,  et  la  liberté  aux  théolo- 
giens de  soutenir  sur  ce  point  ce  qu'ils  croyaient  le 
meilleur.  11  ne  faut  donc  pas  établir  un  sentiment  S\ 
dur  sur  un  fondement  si  peu  solide,  ni  nous  priver  de 
la  consolation  et  de  l'avantage  inestimable  dèlaréCoiT- 
ciliation  et  de  la  réception  du  corps  sacré  du  Sau- 
veur dans  cette  extrémité ,  sur  de  pareils  raison- 
nements. Car  enfin  qui  n'est  pas  exposé  à  ce  mal- 
heur? et  qui  peut  se  promettre  d'avoir  l'usage  de  ses 
sens  et  de  sa  raison  dans  sa  dernière  maladie?  Mais 
je  m'aperçois  que  je  sors  du  caractère  d'historien  fn 
cette  occasion.  Il  faut  me  le  pardonner  ;  le  désir  do 
revendiquer  ce  que  nos  pères  nous  ont  accordé,  m'a 
fait  faire  cette  digression  théologique,  et  j'ai  été  d'au- 
tant plus  animé  à  la  faire,  que  j'ai  vu  autrefois  déli- 
bérer fort  sérieusemc.î  en  ma  présence  si  on  devait 
donner  l'absolutioii  et  le  viatique  à  un  moribond  privé  de 
ses  sens,  qui  avait  toujours  vécu  fort  chrétiennement. 
Antonin  Diana,  qui  lient  l'opinion  que  nous  venons 
de  réfuter,  aussi  bien  que  Gdle  Connink,  assmcirt 
pourtant  qu'il  se  trouve  des  théologiens  qui  ensei- 
gnent le  contraire.  Diana  met  de  ce  nombre  (p.  3, 
tract.  3  de  Absolutionc  moribundi,  resolutione  8)  llo- 
mobon,  Molt'essius,  le  P.  Gabriel  Lothier,  dominicain, 
Salmeron,  jésuite,  et  le  P.  Loup,  capuciïi.  Il  rapporte 
les  raisons  de  ces  théologiens,  qui  sont  qtfe  les  mori- 
bonds en  cet  état  peuvent  penser  au  salut  éternel , 
et  avoir  quelque  attrilion  efficace  par  laquelle  ils 
soient  disposés  à  recevoir  l'absolution  sacramentelle, 
qui  d'attrits  les  rendra  contrits.  Antoirré  de  Litteratis, 
dans  sa  Somme  imprimée  ^  Rome  avec  l'approbation 
du  maître  du  sacré  Palais  {p.  l,  c.  57,  n.  7),  enscigr.c 
que  non-seulement  le  confesseur  peut  absoudre  en  ce 
cas,  mais  qu'il  le  doit,  parce  qu'il  peut  arriver,  dit-il, 
que  le  moribond  soit  seulement  attrit,  et  qu'il  Tcxpo- 
serait  à  la  damnation  s'il  n'était  absous.  Quia  tanien 
contingere  potesl  moribundum  esse  tantinn  attritum  , 
ulide  damneiur  nisi  nbsolvatur.  Le  Rituel  romain,  :\\)- 
i)c\é  Sacerdotale  fioiJidmtm,  myinmâ  on  \ti60  {ffd.  (>-2), 


ÔSS 


PENITENCE. 


SECT.  IV„  CflAP.  X.  PEXiTENlS  MOllTB 


G,% 


orilonno  aussi  la  mènic  cli(is(\  en  cas  qiio  le  inahulc 
ait  app<Ié  le  prélro  avunt  qu'il  ciit  perdu  h  parole  , 
parce  qu'un  doit  le  supposer  conlril  :  Débet  prœsup- 
poni  coutiiliis.  Il  parle  ici  de  ceux  qui  ont  vécu  tou- 
jours dans  le  désordre.  Car  pour  ce  qui  est  des  bous 
oliréliens,  il  ordonne  qu'on  leur  administre  l'absolu- 
tion et  l'Eutliaiislie,  (|Uoi(pi'ils  ne  laienl  pas  dciuan- 
déc  ai\paravaiil,  étant  prévenus  par  la  maladie  qui 
leur  a  ôlc  l'usage  dos  sens  ou  de  la  raison. 

CHAPITRE  X. 

Que  l'on  ne  comniunuiitait  pus  autrefois  avec  les  péiii- 
le)ils  morts  sans  avoir  reçu  l'absolulio)i,  surtout  dans 
l'E(jlise  romaine.  Quon  a  ensuite  mitigé  cette  rigueur. 
En  quel  temps.  De  la  condamnation  et  de  l'absolu- 
tion 'des  morts.  Quand  elle  a  commencé  dans  VÉglise. 
En  quoi  cite  consiste.  De  quelques  absolutions  ex- 
traordinaires et  peu  usitées. 

Nous  avons  exposé  ailleurs  les  rils  et  les  cérémo- 
nies que  l'on  observait  autrefois  communément  dans 
PEglise  dans  la  réconciliation  des  malades  [sect.  2). 
Il  i:c  nous  reste,  pour  mettre  lin  à  cet  ouvrage,  qu'à 
parler  de  ce  qui  est  annoncé  dans  le  titre  de  ce  cha- 
pitre. La  matière  mérite  bien  qu'on  s'y  arrête  un  peu  : 
on  Y  voit  combien  autrefois  on  était  rigide  observateur 
des  règles  de  la  discipline  qui  regardaient  la  punition 
des  crimes,  et  avec  quelle  bonté  l'Église  par  condes- 
cendance a  ensuite  adouci  celle  ancienne  sévérité 
pour  s'accommoder  à  la  faiblesse  de  ses  enfants.  Cé- 
lait  donc  autrefois  une  règle  dans  l'Église  romaine  de 
ne  point  communiquer  avec  ceux  que  la  mort  avait 
prévenus  av.int  qu'ils  eussent  reçu  l'absolution.  Ce 
n'est  pas  qu'elle  les  condamnât  pour  cela ,  mais  elle 
on  laissait  entièrement  le  jugement  à  Dieu  qui  sem- 
biàif  se  l'être  réservé  en  les  tirant  ainsi  du  monde 
inopincinent.  S.  Léon  dans  sa  lettre  à  Théodore  (i), 
évê(iuc  de  Fréjus,  rend  en  même  temps  témoignage  de 
cette  pratique  et  des  raisons  sur  lesquelles  elle  était 
fondée.  Ecoutons  donc  ce  ({u'il  lui  en  écrit  :  Si  quel- 
qu'un de  ceux  pour  lesquels  nous  prions  ne  parvient 
point  au  bienfait  de  la  réconciliation  présente,  par  quel- 
que obstacle  que  ce  puisse  être,  la  mort  l'ayant  prévenu 
avant  qu'il  ait  pu  se  servir  des  remèdes  établis  pour  cela, 
il  ne  pourra  recevoir,  éiant  sorti  de  celle  vie,  ce  qu'il  n'a 
pas  pu  avoir  y  étant  encore.  Car  il  if  est  pas  nécessaire 
que  nous  discutions  les  mérites  et  les  actions  de  ceux  qui 
sont  morts  de  la  sorte,  puisque  Noire- Seigneur,  dont  les 
jugements  sont  incompréhensibles,  a  réservé  à  sa  justice 
ce  qui  ne  s'est  pu  accomplir  par  le  ministère  sacerdotal, 
voulant  ainsi  nous  inspirer  une  juste  terreur  de  sa  puis- 
sance, afin  que  tous  en  profitent,  et  que  chacun  craigne  ' 
ce  qui  est  arrivé  à  quelques-uns  qui  ont  été  ticdes  et  né- 
gligent*. C'est  ainsi  que  ce  grand  pape  s'explique  lîi- 
dessus,  et  il  conflrme  ce  qu'il  a  dit  dans  la  lettre  (2) 
suivante,  la  20'  de  l'ancienne  édition,  par  cette  ma- 
xime :  JSotts  ne  pouvons  communiquer  avec  les  morts , 


(i)  Epist.  83,  cap.  5,  ultim.  edit. 
(2)  C'est  la  seconde  ..cltre  de  la  dernière  édition  , 
(tans  la  réponse  à  la  huitième  dcman'lc. 


avec  qui  nous  n'avons  poitit  commmiiijué  lorsqu'ils  étaient 
encore  vivants,  i  A' os  autem  quibus  vivenlibus  non  coni" 
«  municnvimus ,  mortuis  conimunicarc  non  possumus.  i 
Le  i)ape  Célasc  ne  parle  pas  moins  ouvertement  sur 
le  même  sujet,  en  ces  termes  :  Dieu  a  donc  réservé  à 
son  jugement  ceux  qui  ne  sont  plus  sur  la  terre,  et  l'É- 
glise n'ose  s'attribuer  ce  qui  n'a  point  été  accordé  aux- 
Apùlres,  parce  que,  autre  est  la  cause  de  ceux  qui  vivem 
encore,  autre  est  celle  des  morts.  Il  a\ait  dilai!j)arav:inl, 
qu'ils  ne  nous  demandent  pas  le  pardon  pour  les  morts. 
Ce  qu'il  nous  est  manifestement  impu.ss!ble  d'atcordrr , 
parce  qu'il  a  été  dit  :  i  Ce  que  vous  aurez  lié  sur  la 
«  terre,  i  etc.  (Nec  nos  jam  mortuis  veniam  prœstare 
deposcanl,  quod  nobis  possibile  non  esse  munifeslmn 
est,  etc.)  Ce  pape  répète  à  peu  près  les  mêmes  ciioses 
dans  sa  lettre  aux  évêqucs  de  Dardanie,  écrite  à  l'oc- 
casion de  ralfairc  d'Acacc  de  Constanlinoplo.  Et  le 
pape  Vigile  établit  les  mêmes  principes,  et  les  appuie 
de  raisons  semblables,  à  la  fin  de  son  Constitutum, 
touchant  les  trois  chapitres ,  alléguant  ce  que  nous 
venons  de  citer  de  saint  Léon  et  de  Gélase  ses  prédé- 
cesseurs, en  faveur  de  son  sentiment. 

On  voit  par  là  quelle  était  l'ancienne  tradition  de 
l'Église  romaine  sur  le  sujet  dont  il  est  ici  question. 
Mais  en  matière  de  discipline  il  arrive  souvent  que 
les  églises  en  ont  de  dillérentes  les  unes  des  autres. 
C'est  ce  que  nous  voyons  dans  rallaire  que  nous  trai- 
tons actuellement  ;  puisque  le  quatrième  concile  de 
Carthage,  c.  79,  ordonne  que  l'on  recommande  dans 
les  prières  et  les  oblations  la  mémoire  des  péiiileuts 
qui  ont  suivi  avec  exactitude  les  règles  de  lÉglise,  si 
étant  en  chemin  ou  sur  mer  ils  viennent  à  mourir, 
sans  que  l'on  puisse  les  secourir.  Pœnitentes  qui  at- 
tente leges  pœnitentiœ  exequuntur,  si  casu  in  itmere,  vel 
in  mari  mortui  fuerinl,  ubi  cis  subveniri  non  potcsl,  me- 
moria  eoruni  et  orationibus  et  oblationlbus  commende- 
tur.  Ce  canon  semble  exclure  de  cette  grâce  les  pa- 
resseux et  les  négligents  ;  mais  il  y  admet  au  moins 
ceux  qui  s'étaient  jusqu'alors  acquittés  louablerncnt 

j  des  exercices  de  la  pénitence.  En  quoi  les  églises 

I  d'Afrique  suivaient  un  usage  différent  de  celle  de 

I  Kome. 

Les  églises  des  Gaules  suivaient  sur  ce  point  la 
même  discipline  que  celles  d'Afrique,  comme  il  parait 
tant  par  le  12'  canon  du  second  concile  d'Arles  ,  que 
par  le  second  du  concile  de  Bazas  ,  qui  rend  raison  de 
cette  conduite  que  l'on  gardait  à  l'égard  des  pénitents^ 
Voici  lies  termes  dans  lesquels  ce  canon  est  exprimé  : 
//  faut  recevoir  Coblal'ion  ,  faire  les  funérailles,  et  dans 
la  suite  faire  mémoire  avec  une  a/feclion  ecclésiasliqua 
de  ceux  qui,  pmdunl  leur  vie  agant  satisfait  pour  leur$i 
fautes  avec  un  esprit  de  componction,  sont  morts  inopiné- 
ment dans  les  champs  ou  en  chemin  ,  sans  avoir  reçu  la 
communion.  Car  ce  serait  contre  tonte  justice ,  que  l'on 
excluerait  des  choses  saintes  ceux  (jui  s'étnnl  long-temps 

jugés  indignes  d'y  participer ,  se  sont  c/forcés  par  une 
pieuse  affection  de  s'en  rendre  dignes ,  et  qui,  pendant 
qu'ils  travaillaient  à  se  purifier  pour  cela,  sont  morts  sans 
I  I  recevoir  le  viatique  des  sacrements ,  etc. 

-  -.4 


6S7 


Cel  iisagfi  fut  enfin  reçu  nnivorsollomeiit.  cl  l'église  r 

romaine  dlo-njénie  s'y  conforma.  Quant  anx  aiilres 

églises,  nous  en  avons  un  témoignage  Ition  aiillien- 

tii|iie  dans  le  cloii/.ième  canon  (In  onzième  concile  de 

;  Tolède, <inr<in  voilcjnehs  (■\è(iiit'S(i'Es|jagne,aUacliés 

;  de  tout  temps  à  la  plus  févère  disciiiline  ,  préférèrent 

\  la  doncenr  d.mt  quelques  églises  nsaient  en  ce  point, 

ià  la  rigneur  ^ne  d'antres  faisaient  paraître.  Quoique  , 
disent  ces  prélats ,  par  rapport  à  ceux  qui  mjnnl  riç.u 
i  la  péuiteiu-e  sont  sortis  de  celle  vie  uvaul  que  d'élrc  ré- 
concilies ,  il  y  ait  des  décrets  différents  ,  le  sentiment  de 
ceux  qui  ont  réglé  ce  qui  les  regarde  avec  plus  de  clé- 
mence 710US  a  plu  davantage ,  el  nous  voulons  que  l'on 
fasse  nié:r.oire  d'eux  d-.ins  ri'gtise  ,  et  qne  les  prêtres  re- 
çoivent l'oblation  pour  leirs  péchés.  Il  est  honcU- remar- 
quer que  lorsque  les  Pères  de  Tolède  parlaient  des 
difTérenls  décrets  ou  usages  établis  sur  celle  maliére, 
ils  avaiciit  dajis  la  pensée  ce  que  nous  av^ns  rapporté 
de  S.  Léon,  dont  ils  citent  l'épilre  dans  le  même 
canon. 

L'église  romaine  elle-même ,  comme  nous  avons 
dit ,  entra  dans  la  suite  dans  celte  voie  de  doncenr,  et 
elle  étendit  de  plus  cette  grâce  à  ceux  (}ui  n'ay;int 
point  reçu  la  pénitence  ,  avaient  avant  de  mourir  sou- 
haité de  la  recevoir.  L'ancien  sacramenlaire  de  S.  G:  é- 
goire,  qui  appartenait  à  l'abbé  Grimobi ,  et  ([ui  a  élé 
donné  an  public  far  Pameliiis  ,  en  fait  foi ,  puisqu'on 
V  lit  ce  lilre  :  Messe  pour  les  défunts  qui  ont  désiré  la 
pénitence,  et  qui  n'ont  pu  l'obtenir.  {Missa  pro  defunctis 
desideranlibus  pœniientiuvi ,  et  ih.:''nc  conscqiientibus.) 
La  même  ebose  se  trouve  dans  un  .je-  'îucicn  sacra- 
mentaire  manuscrit  fini  ap;  ai  tenait  a  ^  "'^''•vu ,  et 
que  le  P.  Morin  ,  qui  en  avait  eu  con)munic3t  ti  as- 
sure être  ancien  de  plus  de  800  aiis.  Ces  de>.  ma- 
nuscrits contiennent  la  messe  qui  devait  être  céléb.  ^i; 
pour  eux  ,  et  de  plus  cet  averlissemost  :  Si  queUiu^un 
demandant  lu  pénitence  perd  la  parole  tandis  que  le  prê- 
tre vient  ,  il  est  ordonné  que,  s'il  a  donné  des  térao-gna  ^ 
ges  cor.venables  ,  et  que  lui-même  par  quelques  mouve- 
ments les  confirme,  le  prêtre  fasse  à  son  égard  tout  ce 
qu'on  a  coutume  défaire  pour  les  pénitents. 

Si  on  demande  quand  régliso  romaine  a  cbangé  sa 
discipline  sur  ce  i.oiul ,  je  crois  (jne  l'on  peut  dire  sans 
craindre  de  se  tro'.uper  (jneçaété  jieude  temps  après 
le  pape  Vigile  ,  ou  de  son  temps  même  :  car  alors  on 
tint  le  ciufiuième  concile  général,  où  on  disputa  avec 
beaucoup  de  cbalenr  sur  celle  qutîslion  :  si  l'on  pou- 
\ait  cond.imiier  des  personnes  après  leur  mort ,  et 
les  analbémaliser  pour  avoir  enseigné  une  mauvaise 
doctrine,  quiii qu'elles  fussent  moru  s  dans  la  commu- 
nion ecclésiastique.  Elle  fut  Eurtout  agilée  dans  la  cin- 
quième conférence  ,  dans  laquelle  Sexlilien,  évêqne 
Africain,  vicaire  de  celui  de  Carlbage,  soutint  l'afiir- 
inative,  el  assura  que  celte  coutume  était  établie  de- 
puis long-temps  en  Afrique  ,  où  plusieurs  évêipies  | 
assemblés  en  concile  avaient  ordonné  qu'on  dirait  | 
anatbème  aj-rès  leur  mort  aux  prélats  qm  laisseraient 
leurs  biens  nux  béréiiques.  Les  évéques  Grecs,  dont 
le  con«le était  prr«?que  tout  composé,  ne  pvodiusireiU  i 


niSTOlRL  DES  S.\CREMENTS.  C??8 

en  faveur  de  ce  sentiment  que  qiuMques  témoignages 
de  S.  Cyrille  et  de  Uabuia.  Le  pape  Vigile,  ipii  tenait 
pour  l.i  négative,  avait  pro  luit,  pour  apfuyer  sou  si-n- 
limenl,  de->  autorités  en  pins  grand  luunbre ,  et  jilus 
décisives  .  né.inmoins  le  contraire  l'euïporta ,  et  on 
mil,  pour  ainsi  dire,  sur-le-ebanqi  la  maxime  en  exé- 
cution, en  condamnant  Théodore  de  Mopsuesie  et  ses 
écrits  comme  béréiiques,  elen  le  retrancbant  ainsi  de 
la  communion  de  l'Eglise  dont  il  avait  joui  durant 
toute  sa  vie. 

C'est  ainsi  qti'on  alla  ouvertement  contre  li  maxime^ 
de  S.  Léon  et  des  anciens  papes,  qui  avaient  pour 
principe  de  ne  point  avoir  d'autre  communi«>n  avec 
les  morts  que  celle  qne  l'on  avait  eue  avec  eux  de  leur 
vivant  :  principe  dont  la  conséquence  manifeste  était 
de  conserver  aux  morls  la  même  commimion  dont  ils 
jouissaient  pendant  leur  vie.  Libéral  fait  remonter  plus 
haut  celle  époque  ,  la  fixant  au  concile  de  Consianti- 
r.ople  sous  Mennas  ,  qui  fut  tenu  16  ans  auparavant; 
puisque,  comme  il  le  témoigne,  Dreviarti,  c.  25,  Oii- 
gène  y  fut  condamné;  ce  qui,  dit-il,  ouvrit  la  porte 
aux  ennemis  de  l'Eglise  pour  faire  condanmer   les 
morls.  Reserato  aditu  adversariis  Ecclesiœ  ut  mortuus 
damnarctur.  Le  sixième  concile  général  confirma  de- 
puis cjtle  discipline,  en  disant  analhème  à  plusieurs 
évêtpies  qui  n'avaient  point  éîé  condamnée  élant  eu 
vie.  Les  évéques  d'Occident  refusèrent  durant  plus  de 
cent  ans  de  se  soumettre  aux  décrets  du  cinquième 
\  concile  sur  ce  point ,  mais  enfin  à  la  sollicitation  des 
pipes  il  fui  reçu  généralen)ent. 
De  là  vint  la  coutume  d'absoudre,  après  la  mort,  des 
!  censures  et  de  l'excommunication,  ceux  (lui  les  avaient 
3  encourues  de  leur  vivant.  Cela  était  bien  naturel ,  car 
si  l'Eglise  a  la  puissance  de  condamner  les  morts  et 
de  les  cbarger  d'anaibèmes,  elle  l'a  également  de  les 
absoudre  ,  son  pouvoir  n'étant  pas  moindre  pour  dé- 
lier que  pour  lier  les  pécheurs.  Il  faut  cependant  en- 
I  tendre  celle  absolution,  non  d'une  réconciliation  pro- 
I  prement  dite,  mais  d'une  réconciliation  qui  consislait 
h  leur  faire  part  de  tous  les  avantages  siùrituels  dont 
ils  étaient  susceptibles  ,  conune  de  recevoir  les  obla- 
lions  faites  en  leur  nom  à  l'autel ,  de  prier  pour  eux  , 
el  de  leur  rendre  tous  les  devoirs  (|ue  l'Eglise  a  cou- 
tume de  rendre  à  SCS  enfants  après  la  mort  :  avantages 
irès-considérables,  et  qui  peuvent  leur  élre  d'un  très- 
grand  secours  devant  Dieu  ,  si  l'arrél  irrévocable  de 
;  leur  condaumalion  n'est  point  proivoncé;  et  qui  peu- 
vent même  les  soulager  dans  ce  cas,  conune  je  l'ai  lu 
;  autrefois  dans  S.  Augustin  ,  en  adoucissant  leurs  pei- 
nes, et  en  les  rendant  moins  insupportables. 

Tout  au  contraire,  la  condanmaliou  que  l'on  pro- 
nonce contre  les  morts  ,  les  prive  des  avantages  dont 
nous  venons  de  parler.  Ainsi,  par  exemple,  si  on  con- 
danmail  un  évoque  après  sa  morl ,  comme  cela  se  fil 
depuis  le  cinquième  concile  général  célébi  é  eii  555  a 
l'égiird  de  ceux  qui  avaieiit  vécu  jusqu'à  la  lin  dans  la 
comnmnion  de  l'Eglise,  on  effaçait  son  nom  des  dyp- 
ti(iues.  on  n'oflVait  pour  lui  ni  prières,   ni  sacrifices, 


«89 


PÉNITENCE.  -     bKCT.lV. 


et  on  Itil  dtsail  analliéme  publiqueineni  el  on  pai  li' 
culier. 

11  s'est  trouvé  des  lliéologicns  qui  ont  cru  (juc  la 
condamnalion  et  rabsolulioii  dos  morts  'allaiciU  plus 
loin,  el  opéraient  aulrcinenl  que  par  voie  do  siiiïrage, 
que  nous  venons  d'expliiiner.  C'est  ce  (piMs  onl  cru 
pouvoir  avancer ,  surtout  à  l'égard  do  l'ahisoliiiion  , 
fondés  sur  une  réponse  du  pape  Innocent  111  à  labhé 
de  S.  André,  Exlra.  de  Seuleiitiù  excom. ,  c.  28,  qui 
est  conçue  en  ces  ternies  :  On  peut  cependant  cl  on 

I  doit  le  secourir  en  lui  faisant  part  du  bien  fait  de  t'E(jHse; 
en  sorte  que  s'»/  conste  de  son  repentir  par  des  si(jnes 
non  équivoques,  on  lui  donne,  même  après  sa  uwrt  , 
rabsolulion.  Il  ne  faut  pas  croire  que  ce  qui  est  dit ,  que 
la  puissance  a  été  donnée  à  l" Eglise  de  lier  les  hommes  si  a 
LA  TERRE  ,  doive  empéelier  de  te  faire,  comme  si  l'E- 
glise qui  lie  et  délie  ceux  qui  sont  sur  la  terre,  ne  pou- 
vait faire  ta  même  chose  à  C  égard  de  ceux  qui  sont  en- 
sevelis sous  la  terre  :  ni  que  ce  qu'on  lit ,  qiiil  ne  faut 
pas  communiquer  avec  un  mort ,  avec  lequel  on  n'a  point 
communiqué  étant  vivant,  soit  un  obsUuie  à  ce  que  nous 
disons  :  puisque  si  oh  n'a  pas  communiqué  avec  cet 
homme ,  on  l'aurait  dû  faire  ;  le  mépris  de  lu  religion  ne 
l'ayant  point  empêché  d'ÈTRE  Ri^co.Ntii  lÉ  ,  mais  ta  Stule 
nécessité  où  il  s'est  trouvé  ;  et  qu'il  est  certains  cas  mar- 
qués par  les  canons,  dans  lesquels  on  lit  que  l'Eglise  a 
lié  et  délié  les  morts.  Cette  décision  d'Innocent  111  n'a 
lieu  sans  doute  qu'à  légard  de  l'absolution  des  cen- 
sures,  et  ne  peut  s'entendre  d'une  absolution  satra- 
menielle  et  proprement  dite  des  péchés;  el  ceux  qui 
veulent  l'entendre  dans  un  autre  sens  font  tort  à  la  lé- 
putation  de  ce  grand  Pape;  l'Eglise  n'ayant  jamais 
cru  qu'elle  eût  le  droit  d'.ibsoudre  de  leurs  pé<  liés 
ceux  qui  ont  élé  présentés  an  tribunal  du  souverain 
Juge  ,  (|ui  a  prononcé  par  lui-même  leur  sonlenee.  In- 
nocent 111  s'en  explique  assez  clairement  lui-même,  en 
disant ,  dans  le  chapitre  qui  vient  d'ètic  cité  ,  (iu'il 
arrive  quebiuefois  que  celui  que  Dieu  a  lié,  est  absous 
par  l'Eglise,  et  que  celui  qui  est  jusliiié  devant  DicM, 
est  condamné  par  la  sentence  ecclésiasli(pie.  Con- 
tingit  interdum  ut  qui  tig.itus  est  apud  Denm  ,  apud  Ec- 
clesiam  sil  solutus  :  et  qui  liber  est  apud  Deum  ,  ecctc- 
siasticà  sit  senlentiâ  innodatus. 

i  La  foi  do  l'Eglise  sur  ce  point  paraît  bien  d'stinrtc- 
niont  dans  la  réponse  que  firent  les  évv  ques  du  con- 
cile de  Constauliuople  de  l'an  842  ,  par  la  bouche  de 
MétliOdius,  à  l'inipcralrice  Théodore.  Cette  princesse 
avait  assemblé  les  évoques  dans  le  palais  pour  le  réta- 
blissement des  saintes  images.  Ils  los  rétablirent  ell'cc- 

•  tivemeut;  ils  conlirmèreut  le  second  concile  de  Nicéo, 
et  élurent  pour  Patriarche  le  confesseur  .Méthodins. 
Les  choses  ayant  eu  un  succès  si  lu  uroux  ,  l'impéra- 
Irice  dit  (1)  :  Conmie  je  vous  accorde  le  rétablissemonl 
des  saintes  images ,  je  vous  prie  de  m'aceordiT  une 
grâce,  c'est  d'obtenir  de  Dieu  le  pardon  du  péclié  q'ic 
l'empereur  mon  époux  a  commis  sur  ce  sujet.  Méllio- 
/  dius  répondit  nu  nom  de  tout  le  concile  :  Notic  pou- 

H)  Flcury,  tom.  10,  p.  403. 


CHAH.  X.  PE.N1TENT5  MO^iS.  6Ô0 

'  I  voir,  M^idame  ,  ne  s'olriul  point  ^nr  les  r.ioMi.  iNous 
n'avons  reçu  les  clés  du  ciel  que  ponr  l'ouvrir  à  ccuX; 
qui  sont  encore  eu  cette  vie.  Il  e>t  viai  (|uo  nous  p  tu» 
vous  aussi  soulager  les  uiorls  quand  leurs  pécliCS 
élaienl  légers,  et  (pi'ils  «vnt  fait  ;  énil<  nce  :  mais  nous 
ne  i»ouv()n:i  absondi-o  cens;  qiii  soni  morts  dans  uno 
coiidauMiation  manileslo.  Limpér.ilrieo  reprit  :  Lors- 
que l'emnereiu-  mon  époux  était  près  de  mourir  ,  je  lui 
représentai  le  plus  foriemenl  (ju'd  me  fut  possible,  lo» 
sni;es  ti  rri'dcs  de  sa  mort,  s'il  persi  tait  dans  l'hérc- 
'  &ie  :  la  privation  des  prières ,  les  m:!lédiclioMS ,  le 
soulèvement  des  peuples.  Il  téuîoigua  du  repentir  ,  et 
demanda  des  images  :  je  les  lui  préseî.ttii ,  il  les  baisa 
avec  ferveur,  et  rendit  .^insi  l'esprit  entre  les  mains  des 
anges.  Elle  confirma  ce  récit  par  sermeiil ,  et  les  pré- 
lats persuadés  de  sa  vertu  ,  sur  ce  témoignr.ge  ,  et 
suî»posé  qwe  la  chose,  fût  ai. .si ,  déclarèrent  par  écrit 
que  Dieu  ferait  miséricorde  à  Tliéopliilc.  (i'esl  aiissi 
que  les  évêques  de  ce  concile  calmèient  les  inquié- 
tudes de  celte  bonne  princesse,  sans  s*ei'.g:iger  à  l'ien, 
et  sans  rien  faire  ni  dire  de  co;i!rairc  à  \\  Iraditiou 
([u'ils  avaient  reçue  de  leurs  pères  sur  le  point  dont  il 
s'agissait. 

Disons  présentement  un  mot  de  quelques  absoi'itions 
extraordinaires,  et  dont  l'us  ge  a  é.é  rare  d;'.ns  l'Eglise. 
Vou's  avez  vu  da;'.sla  seconde  seciio:)  de  et  ouviage 
des  exemples  d'absolutions  données  par  écrit, el  >ous 
avez  vu  en  même  temps  ce  qu'il  fallait  en  penrcr, 
aussi  bien  que  des  confessions  qui  se  sont  laites  p«î'  la 
même  voie  et  qui  n:ius  fut  donné  occasion  de  parier 
de  ces  absolutions.  Nous  allons  en  rejirésentcr  u  s\:- 
Ires  ,  dont  nous  laissons  le  jugement  aux  théologiens, 
(^e  sont  des  itbsolutions  données  à  jilusieurs  absents 
loiit  à  la  fois  ,  et  qiii  n'av:iient  pnint  élé  irécédées  du 
confes^i!»llS  :  telle  est  celle  que  le  pai)e  Ciég'.ire  Vil 
donna  à  tons  ceux  qui  s'allaclioraient  an  parti  de  Ro- 
dolphe (|u"il  avait  déclaré  roi  d'A!lcma-;ne  à  la  placs 
d'Henri  IV.  Le  Pape  adres-e  son  discoirs  à  S.  Pierre 
el  à  S.  Paul  en  ces  termes:  Afin  que  Hodolphe  gouverna 
te  rog:inmc  d' Allemagne  et  le  défende,  lui  qui  a  été  élu  par 
les  Alleina)ids,je  dunne  et  j'accorde  de  votre  prtrt  à  tous 
ceux  qui  lui  adhéreront ,  l'absolniion  de  tous  leurs  péchés, 
el,  meconfiar.l  en  vous. je  leur  donne  la  bénédiction  pour 
celte  vie  et  pour  l'autre.  Le  niéii'e  paoe  ,  1.  G.  ep.  il) , 
écrivant  e.nx  frères  du  monasiore  de  Mar^i^ille  ,  pour 
les  tonsuler  de  l'absence  de  leur  ab'ié  qu'il  releu.iit  à 
lîome  ,  leur  dit  :  Var  l'autorité  du  bienheureux  Pierre, 
prince  des  apôires.qui  nous  a  été  confiée quoiq:t'indigncs, 
nous  vous  promettons  le  pardon  de  tous  vos  yéeliés ,  cl 
vous  accordons  l'absolution  avec  la  bénédiction. 

Ce  pa]  c  n'est  pas  le  seni  (pii  ail  donné  de  ces  sortes 
d'ab-.olulions.  Pierre,  le  xénéraù'e  abbé  de  Climi , 
I  4,  e|>.  "9,  en  donna  une  semblable  à  ses  leligieux, 
élant  absent.  En  attendant ,  leur  dit-il  ,  je  fais  ,  étant 
éloigné  de  vous,  ce  que  je  ne  pais  faire  étant  présent,  el 
stiivant  le  devoir  de  la  charge  qui  m'a  été  confiée,  nous 
vcus  absolrons  de  tous  péchés  de  lu  part  de  Dieu  tout- 
puissant ,  créateur  de  tous,  de  Notre-Scigneur  Jé'<us- 
Christ,  eic,  en  tant  que  nous  le.  pouvons...,  iwus  confiant 


691 


mSTOlRL  DES  SACREMENTS. 


692 


dans  l'abondance  des  grâces  de  celui  qui  a  dit  à  ses  dis-  ' 
ciples  :  i  Tout  ce  que  vous  lierez  sur  la  terre,  el-c.  »  Adieu. 

Il  ne  paraît  point  que  ces  sortes  d'absolutions  eus- 
sent pour  objet  rexcomniunicaiion  ,  dont  on  ne  voit 
pas  la  moindre  apparence  dans  les  personneà  en  fa- 
veur desquelles  elles  sont  accordées,  il  ne  s'y  agit  ^ 
point  non  plus  d'indulgence  ,  les  termes  dans  lesquels  | 
elles  sont  conçues  n'y  ont  point  de  rapport.  En- 
lin,  on  ne  peut  dire  qu'elles  ne  contiennent  qu'une 
simple  bénédiction  ,  et  des  vœux  en  faveur  de  ceux 
à  qui  elles  sont  adressées. 

Qu'est-ce  donc  que  ces  absolutions  ,  quel  est  leur 
objet  et  leur  effet  ?  c'est  encore  une  fois  ce  que  nous 
laissons  à  l'examen  et  à  la  discussion  des  théologiens  ; 
aussi  bien  qu'une  autre  manière  d'absoudre  qui  peut 
faire  moins  de  peine,  mais  dont  nous  n'entreprendrons 
pas  non  plus  de  lever  les  difficultés.  Guillaume  deMa- 
lesburg  (  Hist.  l.  i  )  rapporte  qu'Henri  I ,  roi  d'An- 
gleterre étant  sur  le  point  de  mourir  fit  venir  Hugues, 
archevêque  de  Rouen  ,  afin  qu'il  l'assistât  dans  celte 
extrémité.  Hugues  étant  arrivé  auprès  du  roi,  lui  ren- 
dit tous  les  devoirs  qui  dépendaient  de  lui ,  et  en  ren- 
dit compte  au  pape  Innocent  H  ,  en  ces  termes  :  Nous 
vitimes  vers  le  roi ,  et  nous  passâmes  avec  lui  trois  jours 
dans  une  profonde  tristesse.  Il  confessait  ses  péchés  com- 
me nous  lui  disions,  frappait  sa  poitrine,  et  renonçait  à 
ses  mauvaises  volontés.  Il  promettait  d'amender  sa  vie 
suivant  les  conseils  de  Notre-Seigneur  et  desévêques.Sur 
cette  promesse,  selon  le  devoir  de  notre  charge ,  nous  l'a-  [ 
cens  absous  trois  fois  ,  et  pendant  trois  jours.  (  Tertio 
eum  ,  cl  per  triduum  absolvimus.  )  Il  adora  la  croix 
du  Seigneur ,  et  reçut  dévotement  son  corps  et  son 
sang. 

Quorum  remiseritis  pecc\ta  remittuntur  eis  ,  et 

QUORUM   RET1NUERITIS   RETENTA   SUNT.  JortH.  20,  22. 


APPENDICE  SUR  LA  PÉNITENCE. 

Puisque  nous  avons  placé  à  la  fin  de  chaque  sacre- 
ment quelques-unes  des  pièces ,  dont  nous  nous  som- 
mes servis  dans  le  corps  de  l'ouvrage,  et  qui  nous  ont 
paru  plus  importantes  ,  il  est  juste  d'en  faire  de  même 
à  l'égard  de  la  pénitence  ,  afin  que  le  lecteur  ait  sous 
les  yeux  les  pièces  originales  ,  qui  l'aideront  à  se  for- 
mer la  vraie  idée  qu'il  doit  avoir  d'un  sujet  si  intéres- 
sant. C'eslpourquoi  nous  ferons  entrer  dans  ce  recueil 
(les  monuments  de  tous  les  âges  de  l'Eglise. 

Pour  représenter  la  discipline  de  la  pénitence  dans 
les  premiers  siècles ,  nous  donnerons  la  traduciion  des 
trois  lellrcs  canoniques  de  saint  Basile,  si  célèbres  dans 
ranti(piilé.  Pour  le  moyen-âge, nous  donnerons  l'ancien 
pénitentiel  de  l'église  romaine  tiré  de  ses  archives,  et 


publié  il  y  a  environ  900  ans  par  IIalitgaire,évêque 


de  Cambrai.  Enfin,  ])0in-  les  derniers  temps,  on  trou 
vera  les  statuts  synodaux  de  Wary,  évêque    de  Ver- 
dun. 


-i 


Les  trois  lettres  canoniques  de  saint  Basile, 
évêque  (le  Césarée  en  C.ippadoce,  traduites 
de  nouveau  sur  le  texte  original  delà  der- 
nière édition  (1). 

Première  épître  canonique  (2),  adressée,  nussï 
bien  que  les  deux  autres  ,  à  saint  AmphilO" 
que,  évêque  d'Icône. 

Si,  suivant  l'Écriture  (5),  l'insensé  est  réputé  sage 
quand  il  interroge,  ilfaul  aussi  convenir  que  le  sage, 
en  interrogeant  Tinseiisé,  lui  communique  la  sagesse. 
C'est  ce  qui  m'arrive,  par  la  grâce  de  Dieu,  toutes  les 
fois  que  je  reçois  vos  lettres  :  car  les  difficultés  que 
vous  me  proposez  me  rendent  plus  savant  et  plus  in- 
telligent. Elles  me  donnent  lien  d'apprendre  beaucoup 
de  choses  que  j'ignorais  auparavant  ;  et  la  peine  que 
je  prends  pour  répondre  à  ce  que  vous  me  proposez 
me  tient  en  quelque  manière  lieu  de  maître.  Certes,, 
jusqu'à  présent  ne  m'étant  point  appliqué  particuliè- 
rement aux  choses  dont  il  est  ici  question  ,  j'ai  été 
obligé  de  les  étudier  avec  soin  pour  les  approfondir, 
de  rappeler  dans  ma  mémoire  ce  que  j'avais  oui  dire 
là-dessus  aux  anciens ,  et  d'ajouter  de  moi-même  ce 
qui  peut  avoir  rapport  aux  choses  que  j'avais  déjà  ap- 
prises. 

Canon  II  (4). 

Celle  qui  fait  périr  son  fruit  de  propos  délibéré  est 
soumise  aux  mêmes  peines  que  l'bomicide,  sans  exa- 
miner si  ce  qu'elle  portait  dans  s(»n  sein  était  formé 
ou  non  :  car  par  la  peine  qu'on  lui  impose,  on  ne 
venge  pas  seulement  celui  qui,  selon  les  lois  de  la  na- 
ture ,  devait  naître ,  mais  le  crime  de  celles  qui  ont 
attenté  à  leur  propre  vie  ;  d'autant  plus  qu'il  arrive 
souvent  qu'elles  se  donnent  la  mort  en  détruisant  leur 
fruit.  A  quoi  il  faut  ajouter  la  mort  du  fœtus,  qui  est 
une  espèce  d'homicide,  si  l'on  considère  l'intention  de 
ceux  qui  la  procurent.  A  la  vérité,  il  n'est  pas  néces- 
saire d'étendre  jusqu'à  la  mort  la  pénitence  de  celles 
qui  se  rendent  coupables  de  ce  crime,  mais  il  faut 
qu'elle  dîne  l'espace  de  dix  ans.  Au  reste,  on  jugera 
de  leur  conversion ,  non  à  raison  du  temps  qu'elles 
seront  en  pénitence ,  mais  par  la  manière  dont  elles 
s'en  acquitteront. 

Canon  III. 

Un  diacre  qui,  après  son  ordination,  est  tombé 
dans  le  péché  de  fornication ,  sera  privé  de  son  mi- 
nistère ;  mais  étant  réduit  au  rang  des  laïques,  on  ne 

(1)  Nous  ne  donnerons  de  ces  lettres  que  ce  qn 
concerne  la  Pénitence,  laissant  à  part  ce  qui  n'y  ; 
point  de  rapport,  et  qui  est  très-peu  de  chose  en  com 
paraison  du  reste.  ,    . 

(2)  Celle  première  épître  canonique  a  été  écrite  en 
l'an  574 ,  elle  est  la  188'  dans  la  nouvelle  édition. 

(3'  Prov.  17,  c.  28. 

(i)  Le  premier  canon  ne  regarde  que  la  ninniere 
recevoir  dans  l'Église  les  hérétiques  des  diiïéren 


edo 
(es 
sectes  qui  reviennent  à  l'unité,  d<Mit  les  uns  sont  bap- 
tisés de  nouveau,  les  autres  sont  réconciliés  par  1  nu- 
position  des  mains,  etc. 


€93 


APPENDICE  SCR  LA  PÉNITENCE. 


694 


lui  interdira  pas  la  communion  ;  parce  que  c'est  parmi 
nous  une  ancienne  régie ,  que  ceux  qui  sont  ainsi  dé- 
gradés ne  soient  soumis  qu'à  celte  peine.  Eu  quoi, 
eonmie  je  pense,  on  a  suivi  celte  loi  ciablie  dès  le 
commencement  :  Vous  ne  punirez  pas  deux  {ois  (a  même 
faute  (1).  On  peut  encore  rapporter  une  autre  raison 
de  cette  conduite ,  savoir  que  les  laïques  exclus  de  la 
communion  des  fidèles  peuvent  y  rentrer  ;  au  lieu  que 
le  diacre ,  ainsi  privé  de  son  ministère ,  subit  une 
peine  qui  dure  autant  que  sa  vie,  ne  pouvant  recou- 
vrer ce  dont  il  a  été  dépouillé  :  c'est  pourquoi  on  s'est 
contenté  de  le  punir  par  la  déposition.  Telles  sont  les 
lois  établies.  Au  reste,  le  moyen  le  plus  sûr  de  guérir 
la  plaie  du  péché,  est  de  s'en  abstenir.  Ainsi  celui  qui, 
en  se  livrant  aux  plaisirs  de  la  chair,  a  perdu  la  grâce, 
nous  donnera  des  preuves  convaincantes  de  sa  guéri- 
son  s'il  s'applique  à  dompter  sa  chair  par  les  macéra- 
lions,  et  à  la  réduire  en  servitude  en  s'abslenant  des 
plaisirs  qui  l'ont  entraîné  dans  le  péché.  11  fauldonc 
que  nous  sachions  Ttui  et  l'autre,  tant  ce  qui  est  de  la 
rigueur  de  la  loi,  que  ce  qui  est  établi  par  la  coutume  : 
mais  il  faut  s'attacher  à  celle  dernière,  quand  on  ne 
peut  suivre  la  rigueur  du  droit. 

C.VNO.N  IV. 

A  l'égard  de  ceux  qui  contractent  de  troisièmes 
noces  et  au-delà,  on  a  établi  les  mômes  règles  que 
pour  les  bigames,  proportion  gardée.  Ceux-ci  doivent 
être  un  an  en  pénitence,  suivant  quelques-uns,  et  deux 
années  selon  d'autres.  Pour  ce  qui  est  de  ceux  qui  se 
marient  une  troisième  fois  ,  on  les  sépare  de  la  com- 
munion trois  ans,  cl  souvent  quatre.  Car  nos  pères  ne 
traiuiient  plus  ces  noces  de  mariage,  mais  de  polyga- 
mie ,  ou  plulôt  les  considéraient  comme  une  fornica- 
tion à  laquelle  on  apporte  quelque  modération.  C'est 
pourquoi  le  Seigneur  dit  à  la  Samaritaine,  qui  avait 
eu  jusqu'à  cinq  maris  :  Celui  que  vous  avez  n'est  point 
voire  mari  (2).  Car  ceux  et  celles  qui  vont  au-delà  des 
secondes  noces  ne  sont  pas  dignes  de  porter  les  noms 
de  maris  et  d'épouses.  Pour  ce  qui  est  de  nous,  la 
coutume  de  notre  Église  est  d'éloigner  pour  cinq  ans 
de  la  communion  ceux  qui  contractent  de  troisièmes 
noces  :  ce  que  nous  avons  appris,  non  des  canons, 
mais  de  la  pratique  de  ceux  qui  nous  ont  précédés. 
Cejwndant  il  ne  faut  pas  leur  interdire  cnlièrement 
l'entrée  de  l'église;  mais  ils  seront  doux  ou  trois  ans 
parmi  les  auditeurs ,  après  quoi  on  leur  permettra 
j  d'être  dans  l'église  avec  les  consistants,  sans  partici- 
per à  la  communion  :  ensuite,  s'ils  donnent  des  mar- 
ques de  pénitence ,  on  les  recevra  à  la  participation 
dos  saints  mystères. 

Ca^on  V. 
Jl  faut  recevoir  les  hérétiques  qui  font  pénitence  à 
la  mort;  cependant  on  ne  doil  pas  le  faire  sans  exa- 
men, mais  après  avoir  éprouvé  si  leur  conversion  est 
vcriiable ,  et  si  par  les  fruits  de  leurs  bonnes  œuvres 
ils  ont  fait  connaître  qu'ils  ont  un  vrai  désir  de  se 
sauver. 

(1)  Nah.i,9. 

(2)  Joan.  4,  18. 


Canon  YI. 
Nous  ne  devons  point  tenir  pour  mariages  les  al- 
liances des  vierges  (1)  sacrées  qui  se  sont  laissé 
corrompre  ;  mais  il  faut  absolument  les  séparer  de 
ceux  avec  qui  elles  les  ont  contractées.  Car,  en  on 
usant  ainsi,  nous  pounoirons  utilement  à  la  sûroté  de 
l'Église,  et  nous  ôterons  aux  hérétiques  le  prétexte  de 
nous  calomnier ,  comme  si  nous  cherchions  à  attirer 
les  gens  à  notre  communion  en  leur  laissant  la  liberté 
de  pécher. 

Canon  VII. 

Ceux  qui  se  corrompent  avec  les  personnes  de  leur 
sexe,  ceux  qui  commettent  le  crime  de  bestialité,  les 
homicides,  les  empoisonneurs,  les  adultères  et  les  ido- 
lâtres méritent  la  même  condamnation.  C'est  pourquoi 
gardez  à  l'égard  des  uns  la  même  règle  qu'à  l'égard 
des  autres.  Or  il  n'y  a  point  lieu  de  douter  qu'il  ne 
faille  recevoir  ceux  qui  auront  foit  50  ans  {'!)  de  pé- 
nitence pour  les  impuretés  auxquelles  ils  se  sont  aban- 
donnés lorsqu'ils  étaient  dans  l'ignorance  :  car  cet  état 
les  rend  dignes  de  pardon ,  aussi  bien  que  la  confes- 
sion Yolontaire  qu'ils  ont  faite  de  leur  faute,  et  le  long 
temps  qu'ils  ont  employé  à  en  faire  pénitence.  Car  ils 
ont  été  livrés  à  Satan  presque  pendant  l'espace  d'une 
génération,  afin  qu'ils  apprissent  à  ne  plus  commettre 
des  actions  honteuses.  Vous  pourrez  donc  les  rece- 
voir sans  différer,  surtout  s'ils  vous  touchent  par  leurs 
larmes,  et  si  leur  vie  les  rend  dignes  de  compas- 
sion. 

Cano.n  VUI. 

Celui  qui  dans  la  colère  s'est  servi  d'une  hache 
pour  frapper  sa  femme  est  homicide.  Mais  vous  m'a- 
vertissez à  propos  et  d'une  manière  digne  de  votre 
sagesse,  de  m'élcndre  un  peu  plus  sur  celte  matière, 
parce  qu'il  se  trouve  plusieurs  différences  dans  les 
choses  qui  se  font  volontairement  et  dans  celles  qui 
se  font  involontairement.  Celui-là,  par  exemple,  n'a^ 
git  aucunement  de  propos  délibéré,  qui,  jetanl  un» 
pierre  à  un  chien ,  ou  contre  un  arbre ,  atteint  un 
homme  :  car  son  dessein  n'était  que  de  se  défendre 
contre  le  chien,  ou  de  jeter  quelque  fruit  à  bas  de 
l'arbre ,  et  non  de  blesser  celui  qui  par  hasard  s'est 
rencontré  là.  Cela  est  donc  involontaire.  11  en  est  de 
même  de  celui  qui,  voulant  châtier  quelqu'un,  se  sert 
I  d'un  fouet  ou  d'une  baguette ,  si  celui  qui  est  frappé 
vient  à  mourir  :  car  il  faut  avoir  égard  à  son  dessein, 
qui  n'était  point  de  lui  causer  la  mort,  mais  seulement 
de  le  corriger  pour  les  fautes  qu'il  avait  commises.  On 


(1)  J'ai  rendu  le  terme  de  xavovix.&'j  par  celui  de 
vicrfjcs  sacrées ,  suivant  en  cola  la  remarque  du  der- 
nier éditeur  des  Lettres  de  S.  Basile ,  qui  dcmonire 
que  l'on  doit  l'interpréter  ainsi ,  et  qui  prouve  que 
le  Saint,  dans  ce  canon, a  abrogé  rancicnne  coutume, 
suivant  laquelle  les  vierges  sacjées  qui  comraclaient 
mariage,  subissaient  seulement  la  même  peine  que  l'on 
imposait  :\  i)i  bigames. 

("2)  L'éditeur  de  S.  Basile  croit  avec  raison  qti'il  y  a 
faulo  dans  ce  nombre,  quoiqu'il  se  trouve  dans  tous 
les  c\onq)iaircs,  et  qu'il  en  faut  beaucoup  retrancher. 
Il  nioniro  que  l'espace  d'une  génération  ne  s'étendait 
.    IjAjî  pi  ioiii, 


695 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


696 


pmi  encore  mcilre  au  nombre  des  choses  qui  «e  font  «|  même  corps  avec  elle  ;  ol  le  proplièie  Jéréniie  (c.  3, 
involonlnirement,  la  défense  de  celui  qui ,  se  ballant ,  j  |  v.  1  )  disant  que  si  une  femme  mariée  a  commerce  avcfi 

un  autre  homme,  elle  ne  retournera  point  à  son  mari  j 
mais  qu'elle  demeurera  souillée  pour  toujours.  11  es'! 
dit  aussi  (Prov.  12,  22)  que  celui  qui  relient  chez  lui! 
luic  adultère,  est  insensé  et  impie.  Or  la  coutume  veut 
que  les  femmes  demeurent  avec  leurs  maris,  quoiqu'a- 
dultéres  et  débauchés;  en  sorte  que  je  ne  sais  si  on 
peut  traiter  d'adultère  la  femme  qui  habite  avec  un 
mari,  dont  l'épouse  a  fait  divorce  avec  lui.  Carie  crime 
en  celle  occasion  regarde  celle  qui  a  lompu  les  liens 
du  mariage,  dont  il  reste  à  examiner  pourquoi  elle 
s'est  ponée  à  prendre  celte  résolution.  Car  si  ayant 
été  frappée,  elle  n'a  pu  souffrir  ces  mauvais  traite- 
ments, il  était  plus  ex]  édient  pour  elle  de  prendre 
patience,  que  de  se  séparer  de  son  mari.  Si  elle  ne 
pfiuvjiii  souffrir  que  celui-ci  dissipât  son  bien,  ce  n'est 
piiint  là  non  plus  une  raison  suffisante.  Si  c'est  parce 
qu'il  vit  dans  la  débauche,  la  coutume  éiablie  dans 
l'Église  ne  Ini  permet  pas  de  quitter  son  mari  pour  ce 
sujel.  11  ne  lui  est  pas  même  ordonné  de  se  j-éparer  du 
mari  infidèle ,  mais  elle  doit  rester  avec  lui  à  cause 
de  riricertitiide  de  l'événement  :  Car  que  savez-vous,  è 
femme,  si  vous  ne  sauverez  point  voire  mari?  (1  Cor.  7, 
15  et  16.)  C'est  pourquoi  colle  qui  rompt  les  liens  du 


frappe  fortement  de  la  main  ou  avec  un  l)àlon  dans 
les  endroits  dangereux  celui  avec  qiii  il  a  querelle  ; 
mais  cela  approche  du  volontaire ,  car  celui  qui  se  sert 
de  pareilles  armes  pour  se  défendre,  et  qui  le  fait  avec 
violence,  fait  voir  qu'il  n'a  point  épargné  son  ennemi 
i'arce  qu'il  s'était  lui-même  livré  à  la  colère.  Il  en  est 
iie  même  de  celui  qui,  en  pareille  rencontre,  se  sert 
Àun  bâton  trop  fort  ou  d'une  pierre  trop  pesante  ; 
cola  est  regardé  comme  involontaire.  Il  se  proposait 
autre  chose  que  ce  qui  est  arrivé  :  car,  à  la  vérité, 
en  frappant  son  adversaire  dans  la  chaleur  de  la  pas- 
sion, il  lui  a  Ole  la  vie,  quoique  son  dessein  peut-être 
ne  fût  que  de  le  blesser,  et  non  de  le  tuer.  Mais  celui 
qui,  dans  ce  cas,  se  sert  d'une  épée  ou  de  quelque  au-  ^ 
tre  chose  semblable,  n'est  en  aucune    manière  ex- 
cusable, et  surtout  celui  qui  jette  une  hache  après  une 
personne.  Car  on  ne  peut  pas  dire  qu'il  l'ait  frappée 
de  la  main  en  sorte  qu'il  ait  pu  modérer  la  violence 
du  coup;  mais,  l'ayant  lancé,  il  éiait  naturel  que  la 
pesanteur  du  fer,  le  taillant  de  cet  instrument,  et  l'im- 
péluosiié  avec  laquelle  il  a  élé  jeté,  portassent  un 
coup  mortel.  De  même,  ce  qui  se  fait  par  les  voleurs 
et  dans  les  incursions  de  guerre  est  absolunicnt  vo- 
lontaire. Car  les  premiers,  voulant  enlever  les  biens 
aux  autres,  sont  bien  aises  de  prévenir  tous  les  moyens  j 
d'être  convaincus  de  leur  crime,  et  ceux  qui  font  la 
guerre  n'ont  point  intention  d'épouvanler  leurs  enne- 
mis, ni  de  les  chàlier  seulement,  mais  encore  de  leur 
ôler  la  vie.  De  plus,  nous  mettons  au  nombre  des  ho- 
micides volontaires  ceux  et  celles  qui  préparent  cer- 
tains breuvages  qui ,  étant  pris  par  ceux  pour  qui  ils 
entêté  faits,  leur  ôlent  la  vie,  quoique  ceux  qui  les 
ont  composés  n'eussent  point  celte  intention.  C'est 
ainsi  qu'il  arrive  souvent  que  des  femmes  se  servent 
d'enchantements  et  de  ligatures  pour  inspirer  de  l'a- 
mour à  quelques-uns ,  et  leur  donnent  des  breuvages 
qui  leur  troublent  l'esprit.  Celles  qui ,   niellant  en 
usage  ces  sortes  de  compositions,  sont  cause  de  la 
mort  de  quelqu'un,  se  rendent  coupables  d'homicide, 
quoiqu'elles  n'aient  point  eu  dessein  de  faire  mourir; 
et  on  les  met  au  nombre  de  ceux  qui  ont  commis  vo- 
lontairement ce  crime,  à  cause  des  moyens  illiciies  et 
dangereux  qu'elles  ont  employés  pour  parvenir  à  leur 
fin.  Il  faut  dire  la  môme  chose  de  celles  qui  procurent 
des  avortemenls  ,  et  de  celles  qui,  pour  faire  périr  le 
fruit  dont  elles  sont  enceintes ,  prennent  quelque  es- 
pèce de  poison.  En  voilà  assez  sur  cette  matière. 
Canon  IX. 
Ce  que  le  Seigneur  a  prescrit  touchant  l'indissolu- 
bilité du  Mariage,  qu'il  n'est  pas  permis  de  se  séparer 
sinon  en  cas  d'adultère,  regarde  également  les  hom- 
mes connue  les  femmes,  quand  on  le  prend  dans  son 
vrai  sens.  Cependant  la  coutume  a  introduit  sur  cela 
quelque  différence,  et  nous  trouvons  que  l'on  a  porté 
bien  plus  loin  l'evaclitude  sur  ce  point  à  l'égard  des 
feoimcs  ;  l'Apôtre  (i  Cor.  6,  16)  nous  assurant  que  ce- 
ItH  qui  »«  joint  ii  une  femme  débauchée,  devient  un 


mariage,  est  adultère,  si  elle  se  marie  à  un  autre  : 
mais  celui  qui  est  ainsi  abandonné  est  digne  de  par- 
don ;  et  on  ne  conda'i.ne  point  celle  qui  vit  conjuga- 
lement avec  lui.  Il  n'en  esi  pas' de  même  de  celui  qui 
de  lui-même  quille  sa  femme  pour  en  épouser  une 
autre  :  car  il  e4  adultère,  parce  qu'il  est  cause  qu'elle 
commet  ce  crime,  et  celle  qui  habite  avec  lui,  en  est 
aussi  coupable,  parce  qu'elle  s'approprie  un  homme 
ipti  n'est  point  à  elle. 

Canon  X. 
Que  l'on  ne  contraigne  point  ne  se  parjurer  ceux 
qui  ont  fait  serment  de  ne  point  recevoir  l'ordination. 
Quoiqu'il  y  ait  un  canon  (1)  qui  semble  les  relever  de 
ce  serment,  nous  avons  appris  par  expérience  que 
ceux  à  qui  cela  est  arrivé,  ne  réussissent  pas.  Cepen- 
dant il  faudra  examiner  l'espèce  du  serment,  les  pa- 
roles dans  lesquelles  il  a  élé  conçu,  et  la  disposition 
de  celui  qui  l'a  fait,  sans  négliger  d'entrer  dans  le  dé- 
tail de  tout  ce  qui  peut  avoir  élé  ajouté  à  ces  paroles  : 
après  quoi  si  on  ne  trouve  aucun  moyen  d'aller  con- 
tre ,  il  fimdra  laisser  en  paix  ceux  qui  se  trouveront 
ainsi  liés  (2). 

Canon  XL 

Un  homicide  involontaire  satisfera  abondamment 
par  une  péuitence  de  onze  années.  En  quoi  nous  nous 
conformerons  à  ce  que  prescrit  Moïse  à  l'égard  de 
ceux  qui  ont  élé  frappés  à  mort,  et  nous  ne  regarde- 

(1)  S  iiit  Athanase  semble  avoir  suivi  ce  canon,  en 
ordonnant  Draconce  ,  (|ui  avait  juré  de  se  retirer  si 
on  l'ordonnait  évêciue,  à  quoi  8.  Alhanase  ne  crut  pas 
qu'il  dOl  avoir  égard. 

(2)  Le  re>te  de  ce  canon  regarde  un  cas  parlicu- 
lier,  pour  la  résolution  duquel  S.  Basile  fournit  un 
expédient.  Ainsi  nous  ne  le  rapporterons  pas,  parce  que 
cela  n'a  point  de  rapport  à  la  discipline  de  la  Fcni- 
tenc«. 


097  APPLINDICE  SLU  l.A  l'ENIÏENCF. 

r(tns  imiiit  comme  inoiirtricr  celui  qui  a  fnpjie  un 
li:iDime,le(iiiel,  après  avoir  élé  blessé,  s\'^t  mis  au  lit. 
:i  la  vérité,  mais  qui  ensuite  a  marché  à  l'aiilo  d'un 
.i;iloii.  Que  si  après  sa  blessure  il  ne  s'est  point  relevé, 
icliii  qui  l'a  fra|ipé  sera  consiiléré  connue  bomicide, 
ir.ais  involontaire,  à  cause  de  rintenliun  (pTii  a  eue, 
pii  n'était  point  de  lui  ôter  la  vie. 
Caxon  Xil. 

Les  canons  excluent  absolument  du  saint  ministère 
les  bigames. 

Canon  XIII. 

Nos  pères  n'ont  point  cru  que  ceux  qui  en  guerre 
avaient  ô'é  la  vie  aux  ennemis,  fussent  bomicides  :  en 
quoi,  ce  me  semble,  ils  ont  usé  d'indulgence  en  faveur 
de  cen\  qui  combattent  pour  la  cbasteté  et  la  religion. 
Peut-être  (1)  serait-il  à  propos  de  leur  conseiller  de 
s'abstenir  durant  trois  ans  de  la  communion,  parce 
qu'ils  n'ont  point  les  mains  pures. 
Canon  XIV. 

Si  celui  qui  s'est  enrichi  jiar  le^  u-ure.s  consent  de 
distribuer  aux  pauvres  les  prolits  illiciios  (pi'il  a  faits 
par  celle  voie,  et  s'il  se  défait  de  la  iiassion  davarice, 
il  pourra  (2)  être  admis  au  sacerdoce. 

Les  deux  di^rniers  cmions  de  celle  leltrc  ne  rajardenl 
point  In  Pé)iileiice.  Ils  contiennent  sculenienl  In  résolu- 
tion de  'luclqncs  diljicultês  sur  l'ilcrilure- Suinte,  (lu'Ani- 
philoqne  avait  projwsces  à  S.  Basile. 

Seconde  épitte  canonique  (3)   de  S.  Basile. 

Je  ne  vous  ai  point  envoyé  les  réponses  que  j';ù  fai- 
tes ci-devant  à  plusieurs  questions  que  voire  piéié 
m'avait  proposées,  tant  parce  que  j'en  ai  été  cmpèclié 
par  une  longue  maladie,  que  parce  que  je  nian(|uais 
de  ^'ens  propres  à  se  charger  de  celte  connnis^ion. 
Car  chez  nous  il  se  trouve  peu  de  personnes  qui  sa- 
chent les  chemins,  et  qui  soient  disposées  à  enire- 
prendredes  voyages.  C'est  pounpioi  je  vous  prie  dix- 
cuscr  le  retanlemcnt  dont  vous  cormaissezprésciiteinoiit 
la  cause. Nous  avons  admiré  eu  même  tenq)s,  elle dé^ir 
louable  que  vous  avez  d'apprendre,  et  l'humililé  que 
vous  faites  paraî:re,  Liquelle  vous  porto  à  vou- 
loir apprendre,  vous  à  qui  le  ministère  d'instruire  les 


GO<i 


(1)  Ce  canon  n'a  point  é!é  observé,  laiit  parce  qu'il 
peut  port- r  préjudice  au  bien  pulilic.  (|iie  parce  (pTil 
esi  contraire  au  sentiment  de  S.  Allianase.  (pii,dans 
sa  lettre  à  Annis.  assure  (pi'il  est  permis  par  les  lois , 
et  digne  de.  louange  de  luer  son   ennemi  en  guerre. 
Aussi  S.  Bisile  ne  dit  l'oinl  que  ceux  (jiii  s.mt  dan-;  ce 
^  cas  aient  souille  li'ur  conscience  par  celle  action,  mais 
>  seulement  qu'ils  n'ont  point  les  mains  pines,  et  ne 
leur  lait  point  une  loi  de  s'abstenir  de  la  communion, 
mais  le  leur  conseille  seulement, 
j.  '      (2)  U  parait,  par  ce  que  dit  ici  S.  Basile,  quel'usure 
deson  temps  en  Cappadocf  n'était  point  un  péché  -ou- 
mis  à  la  pénitence  canoniipie;  car  en  ce  cas  ceux  qui 
>  en  auraient  dé  coupables,  n'auraient  |»u  être  éle».  es  au 
\  sirerdoce.  Bal  amon  croit  (|ue  la  r.iison  pour  laquelle  1 
]  ce  saint  use  de  celle  douceur  Ciivers  les  usuriers,  vient  | 
de  ce  que  les  lois  civiles  autorisaient  ces  sories  de 
gains.  Cependant  le  concile    de  .Nicée  (can.  17)  .  r 
donne  que  l'on  déposera  de  leur  ordre  les  clercs  qui 
exigent  des  usures. 

(5)  Cette  leilre  a  élé  écrite  l'an  575;  c'est  la  199' 
delà  dernière  édiiioa. 


autres  est  confié,  el  à  vouloir  apprendre  de  nous  qui 
sonmies  si  dépourvus  de  science.  .Mais  pui.^iiuc  I'. 
crainte  de  Dieu  vous  porte  à  faire  une  chose  que  peu 
de  gens  daignent  faire,  nous  devons  tenter  en  quel- 
(pie  manière  limpossible,  pour  satisfaire  à  ce  que  vous 
désire/  de  nous,  el  concourir  à  vos  bonnes  inten- 
tions. 

Canon  XVII. 
Vous  nous  avez  demandé  si  le  prê're  Bianor  peut 
cire  admis  dans  le  clergé  après  le  serment  iju'd  a  fait. 
Je  me  souviens  d'avoir  proposé  autrefois  une  règle 
commune  à  tous  ceux  du  clergé  d'Aniir)che  qui  ont 
prêté  avec  lui  ce  serment  :  savoir  qu'ils  doivent  s'abs- 
tenir des  assemblées  publiques,  mais  (pi'ils  peuvent 
en  particulier  exercer  leur  minislère  :  ce  que  celui-ci 
peui  faire  avec  d'autant  plus  de  liberté,  (|ue  son  sacer- 
doce n'est  point  à  Antioclie,  mais  à  Icnne,  où  il  est 
venu  après  avoir  quitté  celle  première  villi»,  comme 
vous  me  l'avez  mandé.  Vous  pouvez  donc  le  rece- 
voir fj)  en  exigeant  de  lui  qu'il  lasse  pénitence  du  ser- 
ment (pi'il  a  fait  si  légèrement  devant  un  infidèle, 
n'ayant  pas  eu  le  courage  de  s'exposer  ii  c  faible 
danger. 

Canon  XVIII. 
Pour  ce  qui  est  des  vierges  qui  ont  l'ail  profession 
(le  vivre  dans  la  chasteté,  et  qui,  succombant  ensuite 
aux  passions  de  la  chair,  ont  violé  leins  promesses, 
nos  pères  qui  .ngissaieni  simplemoni  el  doucement 
avec  ceux  (pii  tombaient  en  faute,  ne  les  ont  condan;- 
nées  qu'à  la  peine  des  bigames,  el  ont  jugé  (lu'on  pou- 
vait les  recevoir  au  bout  d'un  au   (2)  de  pénitence. 
Mais  il  me  seud.)le  que  puis(jiie,  par  la  grâce  de  Dieu, 
l'Église,  s'élendaiil  tous  les  jours,  devient  plus  forle, 
el  que  l'ordre  des  vierges  se  multiplie,  il  faut  faire 
plu?  d'alienlion  h  celle  aiïiiirc,  et  examinei  de  plus 
près  les  sens  de  l'Écriture,  en  comparant  ensemble, 
autant  que  nous  le  pouvons,  les  textes  qui  y  ont  ra'>- 
port.  Cerlaiucnent  la  viduitécsl  au  dessous  de  la  vir- 
ginité :  par  (onséquenl  le  péché  des  veuves  est  beau- 
coup moindre  que  celui  des  \ierges.  rxaminons  dune 
piéseiiiemciit  ce  que  l'apôtre  S.  Paul    écrit  b.  '\"\rri)- 
t!  ée  louciianl  ces  premières,  y\idmeltez  point ,  I  li 
dit-il  (1  Cor.  t,  II),  an  nombre  des  veuves,  celtes  qui 
sont  jeunes,  parce  que  la  mollesse  de  leur  vie  les  porlj-i. 
à  secouer  lejoug  de  .Jésus  C/irisl.  elles  veulent  se  renr,- 
rier,  .s'eng-igennl  ainsi  dans  lu  condnnination  pai-  leiiote- 
ment  de  la  foi,  qu'ella  lui  avaiett  donnée   nup-rcicnt. 
Que  si  la  veuve  qui  conlreviciU  aux  pronie.îs&s  qu'elle 
a  faites,  se  rend  si  coupable  d(!vant  Dieu,  que  doit-on 
penser  d'une  vier;.'e  qui  est  l'épouse  de  Jésus-C'u  i^l 
et  un  vase  de  saiKlift:.alion  oft'eri  au  Seigneur?  i'.\'[ 

(1)  On  croit  <\un  ce  prêtre  et  les  autres  <Io)!l  pnle 
ici  S.  Casile.  éîaient  du  clerg('  d'.\ntinc!ie,  qui  reron- 
r.aissait  S.  Melèce  pour  lem-  eve(|Me,  cl  i  qui  quelque 
Arier.  puissant  avail  fait  jurer  de  ne  point  exercer  les 
f  iiirkoiis  do  leur  i^i/,isièro  durant  l'ab'^er.co  de  let-r 
évè  ;ue  (pii  éîail  en  exil. 

(2)  Saint  Basile  semb.e  ici  avoic  en  vue  .'e  canon 
dixiètnc  lu  concile  d'Ancyre,  qui  règle  eircclivenenl 

de  ces  vierges. 


C99 


mSTOrilE  DES  SACREMENTS. 


700 


un  grand  péché  à  une  servante  même  de  se  marier  W  parla  foi  en  Jésus-Christ.  En  général,  nous  ne  jugeons 


chindc'siineincnt,  de  souiller  la  maison  de  son  maître, 
et  de  (léslioiioror  celui  à  qui  elle  appartient  par  une 
vie  déréglée.  Mais  c'est  bien  pis  quand  l'épouse  dé- 
lient adultère,  et  que,  méprisant  les  liens  sacrés  qui 
ïuiiissent  à  son  époux  ,  elle  se  livre  à  la  débauche.  La 
rjiivc  qui  se  trouve  dans  ce  cas  est  condamnée  comme 
lîne  servante  qui  s'est  laissé  corrompre  :  mais  la 
rii'igc  encourt  la  peine  des  adultères.  Ainsi,  comme 
LO'js  tenons  pour  adultère  celui  qui  a  commerce  avec 
une  femme  étrangère,  et  que  nous  ne  le  recevons  pas 
à  la  communion ,  qu'il  n'ait  renonce  à  son  péché  : 
nous  décernerons  la  même  chose  à  l'égard  de  celui 
qui  retient  une  vierge  consacrée  à  Dieu,  Or  il  faut  établir 
avant  toutes  choses,  que  Ton  appelle  vierge  celle  qui 
s'est  consacrée  volontairement  au  Seigneur  en  renon- 
çant au  mariage,  et  en  lui  préférant  l'état  très-saint  de 
la  virginité.  Pour  ce  qui  est  des  vœux,  nous  ne  les  ad- 
mettons que  quand  ils  se  font  dans  un  âge  auquel  la  | 
raison  est  entière.  Car  il  ne  convient  point  de  regar- 
der comme  irréfragables  les  promesses  que  font  en  ce 
gem-e  les  filles  encore  trop  jeunes  :  mais  pour  ce  qui 
est  de  celles  qui  se  sont  engagées  dans  cet  état  à  l'âge 
de  seize  ou  de  dix-sept  ans,  dont  la  raison  est  mûre, 
cl  qui,    après  avoir  été  examinées  longtemps,  ont 
persévéré  et  prié  avec  instance  qu'on  les  reçoive,  il 
faudra  les  mettre  au  nombre  des  vierges,  ratifier  leurs 
promesses,  et  les  punir  irrémissiblement,  si  elles  osent 
les  violer.  Ces  précautions  sont  nécessaires,  parce  que 
l'on  voit  des  pères  et  des  mères,  des  frères  ou  d'autres 
parents,  qui,  avant  làge  compétent,  présentent  des 
fille?,  qui  d'elles-mêmes,  et  par  leur  propre  inclina- 
lion,  ne  renoncent  point  au  mariage.  Ces  gens,  en 


point  de  ce  qui  s'est  passé  dans  la  vie  des  catéchu» 
mènes.  Or  l'Église  ne  reçoit  point  ces  sortes  de  gens 
i  sans  les  baptiser  (1)  ;  il  est  donc  très-nécessaire  de 
leur  conserver  les  privilèges  de  la  naissance. 

Canon  XXI. 
Si  un  homme  marié  ne  se  contentant  pas  de  sa 
femme,  a  commerce  avec  une  autre,  nous  le  mettons 
au  rang  des  fornicateurs,  et  nous  étendons  les  peines 
qui  sont  dues  à  ceux  qui  tombent  dans  ce  péché.  Mais 
nous  n'avons  point  de  règle  qui  le  soumette  à  la  peine 
des  adultères,  s'il  a  péché  avec  une  femme  libre; 
parce  que  la  femme  adultère,  dit  FEcrilure  (Jer.  3,  1), 
demeurera  souillée,  etueretournera  point  à  son  mari.  Et 
celui-là  est  uu  insensé  et  un  impie  (Prov.  18,  22),  ^ui 
retient  une  adultère.  Mais  celui  qui  sera  coupable  de 
fornication ,  ne  sera  point  pour  cela  séparé  de 
sa  femme.  C'est  pourquoi  la  femme  recevra  son  mari, 
après  même  qu'il  sera  tombé  dans  cette  faute  ;  mais 
le  mari  chassera  de  chez  lui  sa  femme  qui  l'aura  com- 
mise. Il  est  difficile  de  rendre  raison  de  cette  con- 
duite :  mais  la  coutume  (2)  a  prévalu. 

Canon  XXII. 

Pour  ce  qui  est  de  ceux  qui  habitent  avec  des  fem- 
mes qu'ils  ont  enlevées,  si  elles  étaient  fiancées  à 
d'autres,  on  ne  les  recevra  point,  que  ces  femmes  ne 
leur  aient  été  ôtées  et  qu'elles  n'aient  été  remises  entre 
les  mains  de  ceux  à  qui  elles  étaient  promises ,  afin 
qu'ils  puissent,  selon  leur  gré,  les  garder  ou  les  ren- 
voyer. Que  si  quelqu'un  a  enlevé  une  personne  libre 
de  tout  engagement,  il  faut  la  lui  ôter  et  la  rendre  à 
ses  proches  ,  c'est-à-dire  à  ses  père  et  mère ,  à  ses 
agissant  de  la  sorte,  ne  cherchent  que  quelques  inté-  i|  frères,  ou  à  tout  autre,  en  la  puissance  desquels  elle 
rets  temporels.  C'est  pourquoi  nous  ne  devons  point  |  g^j  s'ils  consentent  à  la  lui  donner,  il  faut  les  marier 

ensemble  :  s'ils  n'y  veulent  point  consentir,  on  ne  les 


recevoir  facilement,  celles  qui  sont  ainsi  présentées, 
jusqu'à  ce  que  nous  soyons  assurés  de  leur  véritable 
di-position. 

Canon  XIX. 

A  l'égard  des  hommes,  nous  n'avons  point  d'égard 
à  leurs  vœux,  à  moins  qu'ils  ne  soient  agrégés  à  l'or- 
dre des  moines,  lesquels  semblent  tacitement  avoir 
embrassé  le  célibat.  Encore  je  crois  qu'il  serait  à  pro- 
pos de  les  interroger  aussi  avant  qu'ils  entrent  dans 
cet  engagement,  et  de  tirer  d'eux  une  déclaration  claire 
de  ce  qu'ils  promettent,  afin  que  s'ils  s'abandimnent 
j'.ar  la  suite  aux  plaisirs  de  la  chair,  et  à  une  vie  li- 
ceiitieuse ,  ils  soient  soumis  à  la  peine  des  fornica- 
teurs. 

Canon  XX. 

Je  ne  crois  pas  que  l'on  doive  soimiellre  à  la  pénitence 
canonique  celles  qui  dans  l'hérésie  ayant  failA-œude 
virginité,  lui  ont  ensuite  préféré  l'élat  du  maria.ge. 
Car  ce  que  prescrit  la  loi,  elle  le  prescrit  à  ceux  qui  sonl 
sous  la  loi  (Rom.  3,  19).  Or  celles  qui  ne  se  sonl  pas 
encore  soumi.-os  au  joug  de  Jésus -Christ  ne  conîiais- 
sint  point  la  loi  du  Seigneur.  C'est  pourquoi  il  faudra 
les  recevoir  dans  lÉglise,  on  elles  recevront  la  ré- 


mission de  ce  péché  aussi  bien  que  de  tous  les  autres  [f  cap.  5 


;  y  contraindra  pas.  Pour  ce  qui  est  de  celui  qui  a  pro- 
curé son  mariage  avec  une  femme  qu'il  a  corrompue, 
soit  par  des  caresses,  soit  par  violence  ,  il  subira  né- 
cessairement la  peine  des  forniraieurs.  Cette  péni- 
tence doit  durer  quatre  ans.  Il  faut  que  ceux  à  qui 
cette  peine  est  imposée  soient  exclus  la  première  an- 
née des  prières  et  qu'ils  pleurent  à  la  porte  de  l'église  , 
on  les  recevra  la  seconde  année  parmi  les  auditeurs  ; 

;  la  troisième,  lisseront  reçus  à  la  pénitence;  la  qua- 
trième, ils  auront  rang  parmi  les  consistants,  sans 
faire  l'oblation  ;  après  quoi  on  leur  accordera  la  com- 
munion du  bien  par  excellence. 

^  )  Cet  endroit  est  obscur.  Pour  moi,  je  crois  que 
I  le  saint  docteur  veut  din?  par  ces  paroles,  qu'il  faut  re- 
garder ceux  qui  rentrent  ainsi  dans  l'Eglise  comme 
étant  nouvellement  nés,  et  par  consé(iuf-nl  exempts 
des  pécdiés  de  leiu-  première  vie,  qui  est  regardée 
connue  n'avar.t  point  été. 

(2)  Cette  couiimie  se  troiive  autorisée  par  l'auteur 
des  Constitutions  apostoliques,  i.  G,  c.  ii,  i)ar  le  con- 
cile de  Néocésarée,  can.  8,  et  par  celui  d'Klvire  , 
caii.  (55.  Cependant  S.  Augustin  enseigne  que  ladnl- 
!  tère  est  une  cause  légitime  de  répudier  une  feainie  , 
I  mais  non  nécessaire, "lib.  2  de  Coujuyiis  adulterims. 


îôl 


C.VNON    XXIII. 

A  regard  de  ceux  qui  épousent  les  deux  sœurs,  ou 
de  celles  qui  épouseul  les  deux  frères,  nous  avons  pu- 
Mié  une  pclile  leltre  (1  )  djifil  nous  envoyons  une  copie 
à  votre  piété.  Mais  pour  ce  qui  est  de  celui  qui  épouse 
la  fi'niuie  de  son  fière,  il  ne  recevra  point  la  com- 
iiiMiiioii  qu'il  ne  s'en  soit  séparé. 
Canon  XXIV. 
;       L'Apôtre  a  jugé  (l  Tim.  G,  11)  qu'il  fallait  cesser 
'    d'assister  (2)  la  veuve  qui ,  étant  entretenue  aux  dé- 
pens do  lEglise,  et  du  nond)ro  de  celles  qui  font  pro- 
fession de  viduité,  s'est  mariée.  Cependant  on  n'im- 
pose pas  la  même  loi  aux  hommes  veufs ,  qui  convo- 
lent à  de  secondes  noces  ;  c'est  assez  qu'ils  subissent 
la  peine  des  bigames.  Or,  la  veuve  qui ,  étant  âgée  de 
soixante  ans,  se  fiera  remariée,  sera  privée  de  la  com- 
munion, jusqu'à  ce  qu'elle  se  soit  affrancliic  de  la  pas- 
sion d'iuipureié  :  mais  si  nous  l'avons  mise  au  nombre 
des  veuves  avant  ce  temps,  c'est  à  nous  qu'il  faut  s'en 
premlre  et  non  à  celte  femme. 
Canon  XXV. 
Celui  qui  retient  pour  femme  celle  qu'il  a  corrom- 
pue, sera  soumis  à  la  pénitence  que  mérite  son  crime, 
mais  on  lui  poiineltra  de  la  garder. 

Canon  XXVI. 

La  fornication  n'est  ni  un  mariage,  ni  un  commen- 
cement de  niai'iage  :  c'est  pourquoi  si  l'on  peut  sé- 
parer ceux  qui  se  sont  unis  par  cette  voie,  ce  sera  le 
meilleur;  mais  si  absolument  ils  ne  veulent  point  se 
séparer,  qu'ils  soient  soumis  à  la  pénitence  réglée  pour 
les  fornicateurs,  et  <ju'on  les  laisse  vivre  ensemble  de 
peur  qu'il  n'arrive  pis. 

Canon  XXVII. 

J'ai  réglé  ce  qu'il  fiillait  faire  à  l'égard  d'un  prêtre 
qui  se  trouve  engagé  dans  un  mariage  illicite  (5),  sans 
en  avoir  connaissance;  savoir  :  qu'à  la  vérité  il  gar- 
derait son  rang  parmi  les  atitrcs  prêtres  ,  mais  qu'il 
s'abstiendrait  dos  fonctions  de  son  minisièrc.  Car  c'est  l 
assez  que  l'on  use  d'indulgence  envers  lui;  et  il  serait 
indécent  que  celui  qui  doit  travailler  à  guérir  ses  pro- 
pres maux  se  mît  en  devoir  de  bénir  les  autres,  puis- 
que la  sanctification  se  communique  par  la  bénédic- 
tion. Or,  comment  celui  qui  est  dépourvu  de  cette 
sanctification  à  cause  de  la  faute  qu'il  a  commise  par 
ignorance,  en  feia-t-il  part  aux  autres?  Qu'il  ne  bé- 
nisse donc  ni  en  public  ,  ni  en  particulier  ;  qu'il  ne 
distribue  point  le  corps  de  Jésus-Christ  et  qu'il 
n'exerce  aucun  ministère  sacré;  mais  (jue,  se  con- 
tentant   du     rang    d'honneur    qu'on    lui  laisse    il 

i 

(1)  C'est  la  lettre  160  I 

^  (2)  A  la  lettre ,  mépriser.  Ce  qui  en  cet  endroit 
s'eiilondde  la  ni;inière  que  nous  l'avons  rendu,  sui- 
vant les  meilleurs  interprètes.  : 

(5)  Mariacje  illhile ,  soit  à  cause  de  quelque  degré  il 
de  parenté,  soit  à  cause  que  celle  qu'il  a  épousi'o  ! 
était  veuve,  ou  av:ut  paru  sur  lo  lii(';ilre.  C'est  aiiis 


APPENDICE  SUR  LA  PENITENCE 

f 


702 

verse  (1)  des  larmes  en  présence  du  Seigneur,  afin 
d'obtenir  le  pardon  de  la  faute  qu'il  a  commise  sans 
le  savoir. 

Canon  XXVIII. 
Il  m'a  pHru  que  le  va-u  de  s'abstenir  de  la  cliair  de 
porc  était  ridicule.  C'est  pourquoi  ayez  la  bonté  de 
leur  enseigner  de  ne  point  s'engager  par  ces  sortes  de 
vœux  et  de  promesses  qui  sont  impertinentes,  puis- 
que l'usage  d-e  ces  viandes  est  indifférent  (1  Tint,  i, 
4),  n'y  ayant  point  de  créature  de  Dieu  à  rejeter, 
quand  on  les  prend  avec  action  de  grâces.  Un  vœu  de 
cette  espèce  est  ridicule,  et  une  abstinence  de  ce 
genre  n'est  point  nécessaire. 

Canon  XXIX. 
Il  faut  absolimient  travailler  à  guérir  ceux  qui , 
ayant  de  l'aulorité,  ont  fait  serment  de  maltraiter 
ceux  qui  leur  sont  assiijétis.  Or,  cette  guérison  peut  se 
faire  en  deux  manières  :  la  première  en  leur  ensei- 
gnant à  ne  point  faire  facilement  de  tels  serments;  la 
seconde  à  ne  poir.t  pci*sister  dans  nne  si  mauvaise 
résolution.  Que  celui  donc  qui,  par  légèreté,  s'est  ainsi 
engagé,  en  fasse  pénitence,  et  qu'il  ne  prétende  point 
couvrir  sa  méchanceté  du  spécieux  prétexte  de  la  re- 
ligion. Car  il  n'a  rien  servi  à  Hérode  d'avoir  accom- 
pli son  sermonl  (Matth.  14, 10),'  lui  qui,  pour  ne  poini 
se  parjurer,  a  fait  mourir  un  prophète.  Le  serment 
est  défendu  en  lui-même,   à  plus  forte  raison  celui 
qui  a  une  mauvaise  action  pour  objet  :  il  faut  donc 
que  celui  qui  l'a  fait  change  de  résolution  ,  nu  lieu 
d'accomplir  son  mauvais  dessein.  Considérez,  je  vous 
prie,  attentivement  l'absurdité  de  cette  conduite.  Se- 
rait-il à  propos,  par  exemple,  que  celui  qui  a  juré 
d'arracher  les  yeux  à  son  frère  en  vînt  à  l'exécution? 
Il  en  est  de  même  de  celui  qui  aurait  lait  serment  de 
tuer  quelqu'un,  ou  de  transgresser  quelque  précepte 
de  la  loi  de  Dieu  :  aussi  est-il  dit  (Psalm.  118,  206): 
J^ai  juré,  el  je  me  suis  eugarjé,  non  à  commettre  le  pé- 
ché, mais  à  observer  les  jugements  de  votre  justice.  Car 
comme  il  est  convenable  de  s'affermir  par  des  ser- 
ments inviolalilcs  dans  la  résolution  d'observei-  la  loi 
de  Dieu,  de  même  il  est  du  devoir  de  rompre  tous  les 
liens  qui  nous  attaciient,  en  quelque  manière  ([ue  ce 
soit,  au  péché. 

Canon  XXX. 
Nous  n'avons  point  de  canon  ancien  qui  règle  la  pé- 
nitence des  ravisseurs  :  c'est  pourquoi  nous  propdsons 
notre  propre  sentiment,  savoir  :  qu'eux  et  leurs  com- 
plices soient,  durant  l'e.^pace  de  trois  ans,  exclus  dos 
prières  (2)  ;  que  si  le  rapt  s'est  fait  sans  violence,  ctl:!i 
qiîi  en  est  coupable  ne  sera  soumis  à  aucune  poii  o  , 

pourvu  qu'il  n'ait  ér?  précédé  ni  du  péché  de  la  chair, 

> 

(1)  Quand  S.  Basile  parle  ici  de  larmes,  il  ne  pré-, 
tend  pas  relécuer  ce  prèlre  dans  l;i  classe  des  p!'':i:- ' 
tenls  (lu'on  nommait  des  ph-iiranls;  car  alors  il  i>':\h-  ' 
rail  pu  lui  conserver  son  rang  comiiio  il  fait  :  ni.îis  d 
parle  des  larnu-s  de  coiupoiiclion  qui  sft  versent  c:i  la 
présence  de  Dieu. 

2)  il  eiili'nd  par  ces  prières  tant  celles  cpii  se  fai- 


que  les  canonisles  Orecs  explKiucnl   cet  endroit  de  1   saieul  sur  les  pénitents,  que  celles  qui  accoiup;!;;- Mliwit 
S.  Basile.  î'  h  liturgie 


705 

ni  du  vol.  Or,  la  veuve  esi  maîtresse  d'elle-même,  et  • 
il  est  en  sa  puissance  de  suivre  celui  qui  Ta  ravie. 
C'est  pourquoi  en  cette  occasion  nous  ne  nous  em- 
barrassons pas  de  ce  qu'elle  fait  paraître  par  dissi- 
niulalinn,  ou  des  prétextes  dont  elle  se  couvre. 
Canon  XXXI. 
La  femme  dont  le  mari  s'est  retiré  et  a  disparu  , 
laquelle  se  marie  à  un  autre  avant  d'avoir  des  assu- 
rances de  la  mort  du  preuiier,  est  coupable  d'adul- 
tère. 

Canon  XXXH. 
Les  clercs  qui  ont  commis  un  de  ces  péchés  qui 
donnent  la  mort  à  l'àme,  seront  dépo.-ésde  leurs  or- 
dres :  on  ne  leur  interdira  pourtant  point  la  commu- 
nion laitjut',  parce  qu'il  est  écrit  :   Vous  ne  châtierez 
point  deux  fois  pour  une  même  faute  (Nah.  l,  9). 
Canon  XXXlll. 
Que  la  femme  qui  est  accouchée  étant  eus  voyage , 
et  qui  a  négligé  de  prendre  soin  de  son  fruit,  soit 
traitée  comme  les  homicides. 

Canon  XXXIV. 
Nos  pères  n'ont  point  ordomié  que  l'on  publiât  le 
crime  des  femmes  mariées,  qui,  s'élant  laissées  aller 
à  la  débauche,  s'en  sont  accusées  jtar  crainte  de  Dieu, 
ou  en  ont  été  convaincues  de  qut'I(|ue  manière  que  ce  | 
puisse  être ,  de  peur  de  les  exposer  à  l.i  mort ,  si  on 
venait  à  découvrir  leur  faulc  :  mais  ils  ont  voulu 
qu'elles  demeurassent  dans  la  chîssc  des  consistants  , 
sans  cnnununier,  juscju'à  ce  ((ue  le  temps  de  leur  pé- 
nuence  fût  accompli. 

Canon  XXXV. 
A  l'égard  du  mari  que  sa  femme  a  abandonné  ,  il 
fautira  faire  aliention  aux  motifs  (luVile  a  eus  pour  en 
agir  de  la  sorte.  Que  s'il  paraît  ([u'elle  Ta  l'ail  mal  à 
propos,  on  pardonnera  au  mari  ;  mais  pour  elle,  elle 
sera  soumise  à  la  pénitence.  En  vertu  de  ce  pardon  il  j 
conservera  la  conumuiidu  avec  IKglise. 
Canon  XXXVI. 
Les  femmes  des  soldats,  qui,  ne  retrouvant  point 
leurs  maris,  en  ont  pris  d'autres,  sidtiront  les  mêmes 
peines  que  celles  qui  se  sîuU  mariées  pendant  l'ab- 
sence de  leius  maris  qui  étaient  en  voyage  et  dont 
elles  n'ont    point    altendu  le    relour.  Au  reste,   la 
cause  des  premières  esl  plus  favorable  e|  mérite  quel- 
que indulgence,  parce  que  la  prévention  e^t  plus  pour 
elles  que  pour  les  autres  ,  à  cause  des  dangers  de 
mort    contimu'ls    auxquels    leurs    maris   sont    ex- 
posés. 

Canon  XXX Vil. 
Celui  (lui  se  mariera  après  (pi'on  l'ain-a  séparé  d'une 
femme  étrangère  (1),  sera  puni  conune  coui)ai)le  d'a- 
dultère ,  pour  avoir  eu  commerce  avec  la  pren)ière  ; 
mais  on  n'aura  rien  à  lui  reprocher  de  ce  ({u'il  vit 
I  avec  la  seconde. 

Canon  XXX VUI. 

Les  (illes  qui,  conîre  la  volonté  de  leurs  pères,  se 


(1)  J'entends  ici,  par  ce  terme  de  'emm,'  .Hrmigere 
«ne  femme  mariée  ^  un  autre. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  701 

sont  attachées  à  ceux  qu'elles  ont  épousés,  sont  cou- 
pables du  péché  de  fornication.  Cependant  cela  est  de 
nature  à  pouvoir  s'accommoder,  si  les  parents  veulent 
bien  y  entrer,  et  se  réconcilier  avec  elles  ;  mais  qu'on 
ne  les  reçoive  point  aussitôt  à  la  communion;  qu'elles 
soient  en  pénitence  l'espace  d;-  trois  ans. 
Canon  XXXIX. 

Celle  qui  vit  avec  un  adidlère  sera  regardée  aussi 
comme  telle  en  tout  temps. 

Canon  XL. 

Celle  qui,  sans  attendre  le  consentement  de  celui  à 
qui  elle  appartient,  s'est  donnée  à  un  homme,  a  com- 
mis le  péclié  de  la  chair.  Que  si  dans  la  suite  elle  a 
coniraclé  un  n  ariage  libre,  il  sera  valide.  L'un  est 
donc  fornication,  et  l'autre  un  mariage  ;  parce  que  les 
conventions  de  ceux  qui  sont  en  la  puissance  d'autrui 

s(>'!l  de  nulle  valeur. 

Canon  XLL 

La  veuve  qui  est  maîtresse  d'elle  -  même,  sera  à 

couvert  de  tout  reproche  ,  en  vivant  conjugalement 

avec  un  homme,  si  personne  ne  rompt  ce  mariage  ; 

puisque  l'Apôtre  dii  (1  Cor.  7,  59)  :  que  si  son  mari 

vient  à  mourir,  elle  est  libre  de  se  marier  à  qui  elle 

voudra,  pourvu  que  cela  se  fasse  selon  Dieu. 

Canon  XLIL 

Les  mariages  qui  se  font  sans  le  consentement  de 
I  ceux  qui  ont  autorité  sur  ceux  (pii  s'y  engagent,  sont 
plutôt  des  débauches  que  dos  alliances  légitimes  : 
c'est  pourquoi  ni  les  enfants  de  l'amiile  du  vivant  du 
père,  ni  les  esclaves  sans  celui  de  leurs  maîtres,  ne 
peuvent  les  contracter  sans  se  rendre  coupables.  Que 
si  dans  la  suite  ceux  dont  ils  dépendent  y  acquiescent, 
ces  alliances  pourront  devenir  des  mariages  légi- 
times. 

Canon  XLHL 

Celui  qui  a  blessé  quelqu'un  à  mort  est  homicide , 
soit  qu'il  ait  été  l'agresseur  ,  soit  qu'il  l'ail  fait  seule- 
ment en  se  défeiulant. 

Cano.n  XLIV. 

La  diaconesse  qui  a  commis  le  péché  de  la  chair 
avec  un  gentil,  sera  reçue  à  pénitence  (1).  Et  on  ne 
souffrira  qu'elle  fasse  son  oblation  que  la  septième 
aimée;  bien  entendu  qu'elle  aura  vécu  jusqu'alors 
dans  la  chasteté.  Mais  le  gentil  qui ,  après  avoir  eui- 
br.issc  la  loi ,  s'abandonne  à  queNpies  superstitions 
impies,  retourne  à  son  vomissemcn!.  Pour  ce  (jui  est 
de  nous  ,  nous  n  gardons  le  corps  de  la  diaconesse 
connue  ayant  été  consacré  à  Dieu  :  c'est  pourquoi 
nnus  ne  permettons  pas  (pi'elle  le  lasse  servir  davan- 
tage aux  œuvres  de  la  chair. 

Canon  XLV. 

Le  nom  de  clirélien  ne  sert  de  rien  à  celui  qui , 
l'ayant  reçu,  désîionore  Je, us-Christ. 
Canon  XLVL 

Celle  qui  a  épousé,  sans  le  savoir,  un  homme  avec 
qui  sa  femme  avait  fait  divorce,  et  qui  a  été  ensuite 

(l)  EU  ./ewvîcav,  cc  que  nous  avons  rendu  mol  poui- 
mol   :  mais  en  cet  endroit  la  Vhiilcnce  marque  la 
slaùon  des  prosternés ,  qui  étaient  les  péiuients  pro- 
j  preincnt  dits. 


?U5 


APPENDICE  SUR  LV  PENITENCE. 


706 


renvoyée  par  cel  lioninic ,   prircc  (|iic  sa   première  fj  affaires  ecclcsiasliqucs,  que  pour  rendre  visite  à  mes 


femiiio  s'esl  rco(»ii(  iiiée  avec  lui,  est  loniiiée  dans  la 
feniicalian,  ni;iis  par  iji-iioraiic*'.  ("fsl  poiiiipini  0:1  ne 
lui  inicrdir.i  pis  le  niariajje;  il  serait  pourtant  mieux 
qu'elle  y  renonçai. 

(Nous  ne  rapportorniis  po-nt  le  quarante- septième 
cnuoii,  qui  ne  regarde  (|iie  la  n)anière  de  iceoncilier 
à  l'Eglise  certains  hérétiques.  ) 

CVNON  XLVIÎl 

La  femme  que  son  mari  a  abandonnée  doit  demeu- 
rer dans  ce  étal  sans  contracter  de  mariage  avec  un 
autre.  Car  le  Seigneur  ayant  dit  que  celui  qui  quille 
sa  femme,  sinon  pour  cause  d'adullèrc ,  la  fail  devenir 
adultère  (Mattli.  5,  52),  lui  a  interdit  la  faculté  de  se 
marier  à  un  autre,  en  la  nonniiant  ainsi.  (>ar  comment 
se  p»»urrait-il  faire  (pie  son  mari  lût  déclaré  coupable, 
connue  étant  cause  de  l'adultère  de  sa  femme  dont  il 
se  sépare,  et  que  la  femuu-  elle-même  fût  innocente  ,  ! 
elle  que  le  Seigneur  traite  d'adultère  à  cause  du  ma- 
riage qu'elle  contracte  avec  un  autre  liomnie? 
Cano.n  XLIX. 

L'injure  qu'un  homme  débauclié  fait  à  une  personne 
du  sexe  par  violence,  ne  doit  point  lui  être  imputée  ; 
d  où  vient  que  l'esclave  qui  a  souflert  celle  violence 
de  la  part  de  son  maître,  n'est  point  soumise  à  la  pé- 
nitence. 

Canon  L 

Nous  n'avons  point  de  loi  touchant  les  troisièmes 
noces  ;  c'est  pounjuoi  ce  n'est  point  en  vertu  de  la  loi 
que  le  mariage  se  contracte  une  troisième  fois.  Aussi 
considérons-nous  ces  mariages  comme  les  souillures 
de  l'Eglise  :  nous  ne  les  punissons  (T)  pas  néanmoins 
publiquement,  parce  ((u'ils  sont  encore  préférables  à 
une  débauche  effrénée. 

Troisième  épUre  canonique  de  saint 
Basile  (2). 

Comme  je  revenais  d'un  long  voyage  que  j'ai  fail  | 
jusque    dans  le  Pont,  tant  pour  y  terminer  quelques 


(1)  Il  paraît  d'abord  surprenant  que  S.  Basile  dise 
ici  qu'on  ne  punit  point  publiquement  ceux  qui 
passent  à  de  troisième!;  r^^^sj,  lui  qui  dans  son  qua- 
trième canon  les  exclue  pour  cinq  ans  de  la  partici- 
pation de  l'Eucharistie.  Mais  on  peut  aiséinenl  lever 
celle  diflirulté,  et  faire  disparaître  celle,  contradiction 
apparente,  si  on  examine  de  plus  prés  ce  que  vcul 
dire  le  S.  docieur,  qui  en  inlerdisarit  rEiicbaiistie  à 
ceux  qui  sont  dans  le  cas  dont  il  s'agit  ici,  ne  les  assu- 
jétil  poiîit  à  la  pénilencc;  proprement  dite,  rjui  était 
celle  qui  se  faisait  dans  la  station  des  pleurants,  et 
surtout  des  problèmes,  mais  les  admet  d'abord  dans 
celle  des  consista, ils,  qui  devaient  s'abstenir  de  rec(!- 
voir  les  saints  mystères,  el  (|ui  n'étaient  point  regardés 
proprement  connue  pénitents  publics,  en  sorte  que 
ceux  qui  n'aTaicnl  été  n  eus  (|ue  dans  (  elle-là,  |)ou- 
vaienl  être  reçus  dans  le  cieii^é,  et  nièine  admis  au 
.sacerdoce,  |  onivii  ipi'il  n'y  eût  point  d'obstacle  d'ail- 
leurs. C'était  dans  cette  classe  de  pénileuK  que  s'ex- 
piaient les  péchés  d'iisues  el  autres  s-'iublaliles,  qui 
n'élaienl  point  du  nombre  de  ceux  pour  lesquels  on 
imposait  la  pénitence  carioni(|ne  dans  toute  son 
étendue. 


paren's,  el  (juej'avais  d'une  part  le  corps  brisé  de  fa- 
li,:,'uc,  el  de  l'antre  l'àme  accablée  de  chagrins;  ayanl 
trouvé  à  mon  arrivée  les  lettres  de  votre  piélé,  jiî  ne 
les  ai  pas  eues  plutôt  entre  les  mains,  que  je  no  me  suis 
plus  souvenu  de  lous  mes  maux.  Il  me  scnd^Iail  enten- 
dre votre  voix  qui  m'est  si  agréable,  et  voir  votre 
mam  qui  m'est  si  chère,  quand  je  jetai  les  yeux  sur 
vos  lettres.  Vous  pouvez  juger  combien  je  désire  votre 
présence  par  la  joie  que  m'a  causée  votre  lettre,  el 
plaise  à  Dieu  me  faire  la  grâce  de  pouvoir  en  jouir 
dans  quelque  lien  où  je  pourrais  me  rendre  sans  beau- 
;  coup  de  peines,  el  que  vous  nous  indiquerez  :  car  il 
ne  me  serait  pas  diflicile  de  me  rendre  à  la  maison 
que  vous  avez  à  Euphémiade,  cl  je  le  ferais  volontiers, 
tant  pour  ni'éloiguer  des  sujets   d'affliction   que  je 
rencontre  ici  de  toute  pari,  que  pour  jouir  de  votre 
charité  sincère,  dont  je  désire  avec  empressement  la 
présence.  Peut-être  même  serai-je  obligé   d'aller  à 
Nazianze,  à   cause  de  la  retraite  du  très-saint  évèquo 
Grégoire  qlii  est  arrivée,  je  ne  sais  pour  que!  sujet. 
Pour  ce  qui  est  de  cet  homme  dont  je  vous  avais  moi- 
même  écrit,  et  que  vous  croyiez  être  tout  prêt,  sachez 
donc    qu'étant   tombé   dans  de   grandes   infirmités, 
'  el  qu'ayant  mal  aux  yeux,  ce  qui  lui  vient  tant  d'une 
j  ancienne  maladie,  que  de  celle  dont  il  a  été  accablé 
j  depuis  peu,  il  est  devenu  absolument  incapable  de 
'  toutes  sortes  d'emplois.  Nous  n'eu  avons  pointd'autrcs 
'  chez  nous.  C'est   pourquoi  il  serait   mieux,    quand 
même  ils  laisseraient  le  tout  à  notre  disposition,  de 
j  ier  les  yeux  sur  quelqu'un  d'entre  eux.  Car  il  y  a 
lieu  de  croire  que  c'est  la  nécessité  qui  leur  fail  tenir 
!  ce  langage,  mais  que  dans  le  fond  ils  veulent,  ce  quils 
ont  demandé  dés  le  commencement,  que  l'on  mette  à 
I  leur  tète  quelqu'un  des  leurs.  S'il  s'y  trouve  quelque 
néophyte,  qu'il  soit  ordonné,  soit  que  Macédonius  y 
consente,  soit  qu'il  ne  veuille  pas  y  consentir.  Pour 
vous,  prenez  soin  de  le  former  avec  le  secours  de 
Dieu,  qui  ne  vous  refusera  pas  sa  grâce  dans  celte 
occasion. 


Canox  LL 

Les  canons  ont  réglé  indélinimcnt  ce  qui  regarde 
les  clercs,  en  décernant  une  même  punition  pour  ceux, 
d'entre  eux  qui  sont  lombes  dans  le  pé<"hé;  savoir 
qu'ils  seraient  déposés,  soit  qu'ils  fussent  dans  les 
rangs  les  plus  élevés,  soit  qu'ils  fussent  seulement 
cl:argés  de  ces  ministères  que  l'on  confie  sans  l'im- 
position des  mains. 

Canon  LIL 
Celle  qui  aura  négligé  de  prendre  soin  de  son  frnii, 
étant  en  voy.nge,  lorsqu'elle  pouvait  lui  sauver  la  vie, 
subira  la  peine  des  homicides,  soit  qu'elle  ail  apporté 
cette  néjjligeiice  croyant  pouvoir  cacher  sa  faule,  soil 
que  dans  celle  occasion  elle  ait  agi  avec  rinhumanité 
des  lièles.  Que  si  elle  n'a  pu  le  couvrir  ou  à  cause  que 
l'endroit  où  elle  est  accouchée  était  trop  écarté,  ou 


(2)  Celle  lettre  a  été  écrite  lan  5(J5,  c'est  la  217'  j  p:"'  '^  '^'^'"■"'t  *^^  moyens,  el  qu'il  ail  péri  de  la  sorte, 
de  la  dernière  ^ilion.  f  il  hi>dra  oardonner  à  la  mère. 


707         ~  HISTOIRE  DES  SACPxEMENTS. 

Canon  LUI. 
Peut-être  que  la  veuve  esclave  n'a  pas  fait  une 
faute  considérable,  quand  pour  se  procurer  un  second 
mari  elle  s'est  fait  enlever.  C'est  pourquoi  nous  ne 
devons  point  entrer  dans  une  alla  ire  de  co  genre  : 
car  on  ne  juge  point  des  prétextes,  mais  de  la  vo- 
lonté. Au  reste,  on  lui   imposera  la  pénitence  des 

biganie.s. 

Canon  LIV. 

Je  me  souviens  d'avoir  écrit  autrefois  à  votre  piété 
loucliaul  la  différence  qui  se  trouve  entre  les  meur- 
tres involontaires,  et  je  l'ai  lait  le  mieux  qu'il  m'a  été 
possible.  Ainsi  il  ne  me  reste  plus  rien  à  dire  sur  ce 
sujet.  Après  tout  il  dépendra  de  votre  sagesse  d'é- 
tendre ces  peines  ou  de  les  adoucir,  suivant  les  di- 
verses circonstances  de  l'action. 
Cano.n  LV. 

Ceux  qui  courront  sus  aux  voleurs,  seront  séparés 

de   la  communion,  s'ils  sont  laïques  ;  et  s'ils  sont 

clercs,  ils  perdront  .eur  place.  Car  le  Seigneur  dit  : 

Celui  qui  prend  l'épéc,  périra  par  l'épée  (Mallh.  26,  52). 

Canon  LVI. 

Celui  qui  aura  commis  un  homicide  volontaire,  sera 
exclus  pour  Aingt  ans  de  la  communion  des  choses 
saintes.  On  distribuera  ces  vingt  années  de  pénitence 
en  cette  sorte.  Il  sera  quatre  ans  entre  les  pleurants 
hors  l'entrée  de  l'église,  suppliant  les  fidèles  qui  en- 
trent d'intercéder  pour  lui,  et  confessant  son  péché  : 
après  ces  quatre  ans  il  sera  admis  au  nombre  des 
auditeurs,  avec  lesquels  il  sortira  durant  cinq  ans  : 
il  fera  sa  prière  pendant  sept  ans  avec  les  prosternés, 
et  sortira  avec  eux  :  il  sera  seulement  quatre  ans  dans 
la  consistance  avec  les  fidèles,  sans  prendre  part 
àroblation.  Tout  cela  étant  accompli,  il  participera 
aux  choses  saintes. 

Canon   LVII. 

Celui  qui  aura  commis  un  homicide  involontaire  (1) 
sera  exclus  des  choses  saintes  l'espace  de  dix  ans, 
qne  Ton  distribuera  en  cette  manière.  Qu'il  pleure 
deux  ans,  qu'il  soit  audilciu-  trois  ans,  prosterné 
quatre  ans  ;  il  sera  durant  une  année  consistant; 
après  quoi  on  le  recevra  à  la  communion  des  saints 
mystères. 

Canox  LVlil. 

Celui  qui  est  coupable  d'adultère,  sera  séparé  quinze 
ans  de  la  communion  des  Scicrements,  quatre  ans 
Pleurant,  cinq  Auditeur,  quatre  Prosterné,  deux 
Consistant,  sans  conimuiiier. 

Canon  LIX. 

Le  fornicateur  ne  participera  point  aux  choses 
saintes  durant  l'espace  de  sept  années  (2).  Il  en 


(1)  Il  y  a  tout  lien  de  croire  que  S.  Bar ile  dans  ce 
canon  ne  parlo  pas  de  toutes  les  espèces  d'iinniicides 
iîivolontaires ,  dont  il  a  fait  niculion  dans  son  hui- 
tième canon ,  mais  seulement  de  ceux  d(!iil  il  avait  I 
dii,dans  ce  même  canon,  qu'ils  approchaient  du  vo 
lontaire. 

(2)  Le  S.  docteur  n'avait  déterminé  dans  son  canon 
22  que  quatre  années  de  pénilcice  pour  les  fornica- 
leiirs.  S'il  veut  dans  celui-ci  ([u'elle  soit  de  sept  an- 
nées, c'est  que  dans  le  premier  il  parle  de  ce  crime 


708 
passera  deux  dans  le  rang  dcspicuranls,  deux  autres 
dans  celui  des  auditeurs,  deux  encore  dans  celui  des 
prosternés  ;  il  ne  sera  qu'une  année  parmi  les  con- 
sistants, et  à  la  huitième  on  le  recevra  à  la  com- 
niunlon. 

Canon  LX. 

Celle  qui  a  voué  à  Dieu  sa  virginité  et  qui  a  violé 
sa  promesse,  sera  soumise  à  la  pénitence  prescrite 
pour  les  adultères,  et  l'accomplira  dans  le  même 
ordre.  Il  en  est  de  même  à  l'égard  de  ceux  qui,  ayant 
j  fait  profession  de  la  vie  monastique,  sont  tombés  dans 
le  péché  de  la  cliair. 

Canon  LXI 

Si  celui  qui  est  coupable  de  vol  est  touché  de  re- 
pentir, et  s'accuse  volontairement,  il  sera  exclus  seu- 
lement pendant  un  an  de  la  participation  des  choses 
saintes.  S'il  en  est  convaincu,  sa  pénitence  sera  de 
deux  ans,  dont  il  passera  un  dans  la  station  de» 
prosternés ,  et  l'autre  dans  celle  des  consistants. 
Après  cela  qu'il  soit  censé  digne  de  communier. 
Canon  LXII. 

Celui  qui  aura  commis  des  actions  honteuses  avec 
des  personnes  de  même  sexe  ,  sera  traité  de  même  que 
celui  qui  est  coupable  d'adultère. 
Canon  LXIIL 

On  gardera  la  même  règle  à  l'égard  de  celui ,  qui 
qui  ayant  commis  le  crime  de  bestialité,  s'en  sera  con- 
fessé. 

Canon  LXIV 

Le  parjure  sera  séparé  de  la  communion  pour  dix 

ans,  dont  il  passera  deux  parmi  les  pleurants,  trois 

entre  les  auditeurs,   quatre  prosterné,  un  dans  la 

consistance;  après  quoi,  il  sera  digne  de  communier. 

Canon  LXV. 

Celui  qui  se  sera  accusé  de  prestiges  et  de  nialé- 
(ice  ,  subira  les  mêmes  peines  que  l'homicide  ;  et  elles 
seront  distribuées  comme  il  convient  à  l'égard  d'un 
homme  qui  s'est  reconnu  coupable  de  crimes  si 
énormes. 


Canon  LXVI. 
Que  celui  qui  fouille  dans  les  tombeaux ,  soit  sé- 
paré de  la  communion  l'espace  de  dix  ans  ;  deux  avec 
les  pleurants,  trois  entre  les  auditeurs  ;  quatre  pros- 
terné, une  année  consistant  :  après  quoi ,  qu'il  soit 
reçu. 

Canon  LXVII. 
L'inceste  avec  une  sœur  sera  puni  de   la  même 
peine  que  Thomicidc. 

Canon  LXYIIL 
Si  des  parents  se  marient  en   degrés  que  Ton  re- 


quand  il  'se  commet  par  deux  personnes  libres,  et 
(jiie  dans  l'autre  il  parle  de  eelui  qui  se  commet  avec 
des  circonstances  aggravantes;  comme,  par  exemple, 
!  quand  celui  qui  a  eu  ce  mauvais  commerce,  est  un 
lioitMue  marié  :  ce  que  notre  saint  ne  traite  point 
de  crime  d'adultère,  pourvu  que  C£lle  qui  est  com- 
plice dii  même  péclié,  soil  une  personne  libre.  Ce  a 
est  évident  par  le  canon  21.  Ainsi  il  n'y  a  point  de 
contradiction  entre  ces  deux  décisions. 


7oa 


APPENDICE  SUR  L\  PÉiNlïENCÉ. 


connaisse  être  prohibés ,    ils  subiront  la  peine  des 
adiillères  (  I  ). 
1  Canon  LXIX. 

Le  lecteur  qui  avant  le  mariage  a  commerce  avec 
sa  fiancée ,  sera  ,  l'espace  d'une  année ,  inlerdit  de 
ses  fonctions  ;  après  laquelle,  il  pourra  y  rentrer: 
mais  on  ne  relèvera  pas  à  un  raj)g  supérieur;  que  si 
cela  est  arrivé  avant  les  fiançailles,  il  sera  déposé.  La 
même  loi  aura  lien  pour  le  ministre  (2). 
Canon  LXX. 

Le  diacre  qui  a  souillé  ses  lèvres,  et  «pii  s'est  con- 
fessé de  cette  faute,  sera  interdit  de  l'exercice  de  son 
ministère;  mais  il  pourra  participer  aux  saints  mystères, 
avec  ceux  du  même  ordre.  Il  en  est  de  même  du 
prêtre.  Que  si  l'on  découvre  que  la  chose  a  été  plus  loin, 
ceux  qui  seiont  dans  le  cas,  seront  déposés,  de  quel- 
que rang  qu'ils  soient. 

Canon  LXXI. 

Celui  qui  aura  eu  quelque  part  (3),  ou  aura  concouru 
en  quelque  manière  aux  péchés  susdits,  et  ne  l'aura 
point  confessé,  mais  en  aura  été  convaincu ,  sera  au- 
tant de  temps  en  pénitence ,  que  ceux  qui  en  sont  les 
auteurs.  ^^ 

Canon  LXXII. 

Celui  qui  s'est  donné  aux  devins  ,   ou  autres   gens 
de  cette  espèce,  pour  apprendre  leur  art,  sera  en  pé- 
nitence aussi  long-temps  que  les  homicides. 
Canon  LXXIII. 

Celui  qui  a  renié  Jésus-Christ,  et  a  violé  le  mystère 
du  salut,  doit  pleurer  son  crime  le  reste  de  sa  vie  (4), 
et  en  faire  pénitence.  A  la  mort  on  lui  donnera  les 
sacrements,  dans  ia  conliance  que  nous  devons  avoir 
en  la  miséricorde  de  Dieu. 

Canon  LXXIV. 

Dans  tous  les  cas  dont  on  a  parlé ,  celui  à  qui  le 
ministère  de  lier  et  de  délier  a  été  confié  ,  pourra 
user  d'indulgence  à  l'égard  des  coupables  qui  feront 
paraître  une  douleur  plus  vive  de  leurs  fautes ,  et  qui 
s'en  corrigeront  :  en  sorte  que  s'il  voit  que  les  pé- 
cheurs embrassent  la  pénitence  avec  une  ferveur 
extraordinaire ,  il  pourra  en  diminuer  le  temps,  en 

(1)  Comme  il  y  avait  plusieurs  degrés  d'adultère,  il 
y  avait  aussi  plusieurs  degrés  de  proximité,  et  l'on 
devait  modérer  les  peines  à    proportion.  C'est  ainsi  II 
que  S.  Basile  condamne  à  sept  ans  de  pénitence  ce-  * 
lui  qui  a  épousé  les  deux  sœurs,   et  cette  iiénitence  I 
est  la  même  que  cellequ'il  avait  établie  pour  un  homme  t 
marié  qui   avait   eu    commerce    avec    une    femme  ' 
libre.  Au  lieu  que  l'adultère  proprement  dit,  était  puni 
par  une  pénitence  de  quinze  ans. 

(2)  Le  ministre  se  prend  ici  pour  le  sous-diacre ,  et 
non  pas  pour  les  ministres  inférieurs  qui  étaient  pro- 
mus à  leurs  ordres,  sans  recevoir  l'imposition  des 
mains;  puisque  ceux-ci  ne  pouvaient  être  élevés  aux 
degrés  supéiieurs,  dont  l'enticie  est  intcrdile  aux  lec- 
teurs dans  ce  canon,  aussi  bien  qu'au  ininislre  dont  il  3 
y  est  parié.  f 

(5)  C'est  ainsi  que  je  rends  le  terme  îuvsyvwxôj,-,  qui 
ne  dit  pas  tant  que  complice. 

(4.)  Cette  pénitence  est  plus  longue  que  celle  que  les  f 
anciens  avaient  prescrite;  mais  il  était  ju.ste  de  ptniir  î 
phis  sévèrement  ceux  qui ,  dans  un  tcn)ps  de  paix, 
renonçaient  à  Jésus-Christ. 


710 

quoi,  il  n'encourra  aucun  blâme;  l'Ecriture  nous 
montrant  que  ceux  qui  se  livrent  avec  ardeur  aux 
travaux  de  la  pénitence  ,  obtiennent  bientôt  miséri- 
corde de  la  bonté  do  Dieu. 

Canon  LXXV. 

On  interdira  l'entrée  de  l'éi^lisc  ,  à  celui  qui  se  sera 
souillé  par  un  connnorcc  infâme  avec  sa  sœur,  soit  de 
père,  soit  de  mère  ,  jusqu'à  ce  qu'il  quitte  une  vie  si 
impie  et  si  détestable.  Mais  après  qu'il  aura  été  lou- 
ché à  la  vue  d'un  crime  si  effroyable ,  qu'il  pleure  pen- 
dant trois  ans,  se  tenant  debout  à  la  porte  de  la  mai- 
son d'oraison  ,  suppliant  le  peuple  qui  y  entre,  afin 
que  chacun  étant  touché  de  compassion  s'intéresse 
auprès  de  Dieu  ,  en  lui  adressant  de  ferventes  prières 
pour  lui.  Qu'il  soit  reçu  trois  autres  années  dans 
l'audition,  qu'il  y  entende  la  lecture  des  Écritures, 
et  les  instructions,  après  lesquelles  il  sera  chasse, 
et  ne  sera  point  admis  à  la  prière;  qu'il  soit  en- 
suite prosterné  trois  ans,  pourvu  qu'il  ait  demandé 
c^tte  grâce  avec  des  larmes,  et  qu'il  se  soit  humilié 
devant  Dieu,  avec  contrition  de  cœur,  et  de  vifs  sen- 
timents de  son  indignité.  Après  qu'il  aura  ainsi  mon- 
tré de  dignes  fruits  de  pénitence  ,  il  sera  admis  la 
dixième  année  à  la  prière  des  fidèles,  sans  avoir  droit 
défaire  son  offrande;  il  demeurera  deux  ans  dans 
cette  classe  de  consistants,  assistant  aux  prières  avec 
les  fidèles  ;  après  quoi ,  il  sera  censé  digne  de  partici- 
per aux  saints  mystères. 

Canon  LXXYl. 

On  observera  les  mêmes  règles   à  l'égard  de  ccut 
qui  épousent  leurs  belles-mères  (I). 
Canon  LXXYII. 

Que  celui  qui  abandonne  la  femme  qu'il  a  légiti- 
mement épousée  ,  et  qui  se  marie  à  une  autre  ,  soit , 
suivant  la  parole  du  Seigneur,  condamné  commo 
adultère  (2).  11  a  été  réglé  par  les  Pères  que  ceux  qui 
sont  dans  ce  cas,  pleureraient  pendant  un  an;  qu'ils 
seraient  deux  ans  auditeurs,  trois  ans  prosternés.  Que 
la  septième  année  ,  ils  auraient  la  consistance  mêlés 
avec  les  fidèles,  et  qu'ejifin  ,  après  avoir  parcouru 
tous  ces  degrés,  ils  seraient  admis  à  faire  leur  obla- 
tion ,  pourvu  que  leur  pénitence  eût  été  accompagnée 
de  larmes. 

Canon  LXXYllI. 

Que  la  môme  chose  soit  observée  à  l'égard  de  ceux 
qui  épousent  les  deux  sœurs  ,  quoiqu'en  dill'ércnts 
temps. 

Canon  LXXIX. 

Que  ceux  qui,  par  une  passion  également  aveugle 
et  effrénée,  ahiiscnt  de  leurs  belles-mères (rfc  la  femme 
de  leur  père  ),  soient  soumis  à  la  même  peine  que  ceux 

(1)  Par  belles-mères,  S.  Basile  entend  ici  les  mères 
de  celles  qu'ils  ont  épousées;  ce  qu'en  latin  on  rend 
par  ce  mot,  uurus. 

(2)  Pourvu  que  cetl(;  femme  qu'il  a  quitléo  ne  se 
soit  point  reiulue  coupai  le  d'adultère;  car  en  ce  cas 
le  saint  docteur  ne  l'eût  point  considéré  connue  adul- 
tère en  épousant  une  autre  femme,  coinino  le  croit 
Aristène,  célèbre  caii  niste  Grec,  et  le  dernier  édi- 
teur des  œuvres  du  Saint. 


7H 


HISTOIRE  DES  SAC!\EMENTS. 


715 


qui  ont  un  mauvais  conunerce    avec   leurs   propres 

f    sceursM).  | 

l:  Canon  LXXX. 

I-'' 

i|.      Nos  pères  ont  passé  sons  sil  'nce  la  polygamit;  ("2) , 

comme  étant  plus  propre  aux  hèles  qu'aux  lionnnt's,  i 
i  et  entièrement  élrangère  à  la  nature  lunnaine.  Pour 
/  (6  qui  est  de  nous,  elle  nous  paraît  être  un  pé<'lié  plus  ! 
considérable  (pie   la  l'ornication,;  c'est  pourquoi  il  csi  I 
raisonnable  de  sounicUre  aux  canons   ceux   qui    en  j 
■'   sont  coupables.  1 

Que  ces  gens-là  donc,  api  es  avoir  é;é  pondant  une 
année  au  nombre  des  pleurants,  soient  trois  ans  pro- 
sternés, après  cela ,  qu'on  les  re(;oive. 
Canon  LXXXI. 

Puisque  plusieurs,  dans  nue  inclusion  de  barbares, 
ont  violé  la  foi  qu'ils  devaient  à  Dieu,  ayant  fait  l;s 
mêmes  jurements  que  les  idolâtres,  et  goûté  dos 
viandes  qui  leur  ont  été  présenlées  dans  lt;s  temples 
des  idoles  ;  nous  leur  imposerons  les  mèirics  peines 
que  nos  pères  avaient  staïuées  pour  ces  sortes  de  cri- 
mes, et  av.'c  la  même  di^crélion  :  car,  pour  ceux  qui 
ont  souffert  violence,  et  ont  enduré  des  supplices,  et 
qui  ensuite  ont  manqué  de  courage,  parce  qu'ils  ont 
été  plutôt  entraînés  au  mal,  qu'ils  ne  s'y  sont  portés 
d'eux-mêmes,  ils  seront  exclus  trois  ans,  deux  ans 
auditeurs,  (rois  ans  prosternés,  et  seront  ai. .si  capa- 
Ides  de  recevoir  la  communion.  Mus  pour  ce  qui  est 
de  ceux  qui,  sans  y  être  contrainls  par  de  grandes 
violences,  ont  trahi  leur  foi  en  [)reiiant  part  à  I;!  talde 
des  démons,  et  en  jurant  par  les  dieux  des  païens,  ils 
seront  chassés  de  l'église  pendant  trois  ans,  ils  se- 
ront auditeurs  deux  ans  :  ensuite,  après  qu'ils  auront 
pirié  entre  les  prosternés  l'espace  de  trois  années,  et 
autantavecles  fidèles,  ils  seront  admis  à  la  communion. 

Canon  LXXXII. 

Ceux  qui  se  sont  parjurés,  y  étant  contraints  par  la 

violence,  seront  punis  moins  rigoureusement  :  car  ils 

pourront  être  revus  après  six  ans  de  pénitence.  .Mais 

s'ils  l'ont  fait  sans  contrainte,  ils  seront  deux   ans 

entre  les   pleurants,  deux  avec  les  auditeurs,  cinq 

prosternés  ;  et,  après  en  avoir  passé  deux  autres  sans 

faire  l'oblation,  priant  avecles  (idèles,  ils  seront  enfin 

admis  à   la  communion  du  corps  de  Jésus-Christ, 

pourvu  qu'ils  aient  donné  des  preuves  d'une  véritable 

pénitence. 

Canon  LXXXIII. 

\    Ceux  qui  consultent  les  devins,  et  qui  suivent  les 

I    (l)  Leurs  propres  sœins,  de  père  et  de  mère.  Péché 
(olus   grief  que  quand  il  se  commet  avec  une  sœur  de 
'père  seulement,  ou  de  mère  seulement,  tel  qn'esl  celui 
dont  il  est  fait  menlinndans  le  canon  G,  <»ù  il  soumet 
à  la  même  pénitence  ceux  (|ui  épousent  leurs   belies- 
mères,  que  ceux  qui  se  souillent  avec  leurs  soeurs  de 
père  ou  de  mère.  Il  était  juste  de  {lunir  jibis  sévère- 
,ment  ceux  qui  font  une  telle  injure  à  leur  père. 
**     (2)  Les  canonisies  Grecs  c.oient  que  S.  Basile  en- 
tend  ici    par  polvgamie   les   (piatrièmcs  noces,  qui 
étaient  défendues  par  les  lois.  Mais  le  dernier  éditeur 
des  letlics  de  ce  Saint  croit  avoir  de  bonnes  raisons 
pour  penser  que  ce  canon  doit  8'eotendre   des  troi- 
sièmes. 


couliunes  des  païens,  ou  qui  en  introduisent  quelques- 
uns  dans  leur  maison,  pour  procurer  des  remèdes  à  f 
leurs  maux,  el  les  détourner  (par  ijuelqucs  cérémonies 
superstitieuses),  seront  relégués  dans  l'ordre  des  péni- 
tents l'espace  de  six  ans;  ils  |)leureront  un  an,  ils 
seront  une  autre  année  auditeurs,  trois  prosternés, 
el  après  qu'ils  auront  prié  avec  les  fidèles  durant  un 
an,  on  les  recevra. 

Canon  LXXXI V. 
Nous  vous  écrivons  tout  ceci,  afin  de  vous  donner 
lieu  deprouver  ceux  qui  font  pénitence,  et  de  connaî- 
tre s'ils  en  produisent  de  dignes  fiuits  :  car,  en  géné- 
ral, ce  n'est  poiiit  p;.r  le  temps  que  nous  en  jugeons,' 
mais  par  la  manière  doiit  on  s'en  acquitte.  Que  s'il 
s'en  trouve  quebpies  uns  (]ui  aient  de  la  peine  à  quit- 
ter leurs  anciennes b:d)itndes,  qui  aiinenl  mieux  sas- 
servir  aux  plaisirs  charnels  qu'au  S 'igneur,  el  qui  ne 
veuillent  point  conformer  leur  vie  à  la  règle  de  l'Évan- 
gile, nous  n'aurons  rien  de  commun  avec  eux:  car,  si 
nous  nous  trouvons  au  milieu  d'un  peuple  désol)éis- 
sant  el  rebelle,  nous  suivro:is  ce  que  dit  l'Écrilure  : 
Allachez-vous  à  sauver  votre  «me  (Gen.  19,17).  Gar- 
dons-nous donc  bien  de  nous  perdre  avec  ces  gens-là; 
mais  craignant  le  juste  jugement  de  Dieu,  et,  nous 
mettant  devant  les  yeux  ce  jour  terrible  aiupiel  il 
rendra  à  chacun  suivant  ses  œuvres,  prenons  garde  à 
nous,  afin  de  ne  point  nous  laisser  entraîner  dans  la 
prévarication,  dont  les  antres  se  sont  rendus  coupa- 
bles. Si  la  rigueur  (|ue  Dieu  a  exercée  depuis  peu 
contre  nous,  el  si  les  grandes  plaies  dont  il  nous  a 
frappés,  ne  nous  ont  point  fait  sentir  que  c'est  à  cause 
de  nos  péchés  que  le  Seigneur  nous  a  abandonnés,  et 
nous  a  livrés  entre  les  mains  des  barbares  (pu  ont 
emmené  le  peuple  en  captivité  :  si,  dis-je,  ils  ne 
comprennent  point,  après  de  tels  avertissements,  que 
le  peuple  a  été  ainsi  dispersé,  parce  que  ceux  qui 
portent  le  nom  de  Chrétiens  ont  osé  commettre  de  si 
gnndsexcès,  qui  oui  attiré  la  colère  de  Dieu,  qu'y  a- 
l-il  de  commun  entre  eux  et  nous?  Cependant  nous 
devons  les  avertir  nuit  el  jour,  et  en  particulier  et  en 
public,  sans  prendre  part  à  leur  méchanceté,  en  con- 
servant un  désir  ardent  de  les  gagner  à  Dieu,  et  de 
jes  retirer  des  lacets  du  diable.  Que  si  nous  ne  pou- 
voiis  y  parvenir,  tâchons  au  moins  de  sauver  nos 
âmes  de  la  damnation  éternelle. 

l'ancien  pémtentiel  romain ,  publié  par 
Halitgaire,  évèque  de  Cambrai,  h  la  prière 
d'Ebon,  archevêque  de  Reims  ,  et  imprimé 
pour  la  première  fois  en  1642  par  les  soins 
de  dom  Hugues  Ménard,  sur  un  manuscrit 
d'environ  cinq  cents  ans,  mais  que  le  P. 
Morin,  qui  l'avait  vu,  assure  avoir  été 
copié  d'après  un  autre  beaucoup  plus  an- 
cien. 

Commence  la  manière  dont  les  e'véques  ouïes 
prêtres  doivent  recevoir  les  pénitents. 
Touto?  V  .  r,;.-  que  Us  Chrétiens  ont  recour»  à  la 


713  APPENDICE  SUR  LA  PÉNITENCE. 

pciiilcncc,  nous  leur  imposons  ilcs  j.  unes,  cl  nous 


714 


nous  y"]!'  moi  qui  suis  piclicnr,  afin  que  je  puisse  vous  rendre  de 
proiioiis  part  noiis-nicinos,  en  jeûnant  avec  eux  une  1^  di(j)ies  aclions  de  grâces,  pour  m  avoir  élevé,  loul  indigne 
ou  deux  semaines,  ou  autant  (pic  nos  forces  nous  le 


Ipcrmollcnt;  aliii  que  Ton  ne  nous  fasse  pas  le  môme 
reproclic,  que  le  Sauveur  faisait  aux  prêtres  tics  Juifs, 
fpiaiid  il  leur  disait  :  (  Malheur  à  vous,  docteurs  de  la 
loi,  qui  aggravez  le  joug  des  autres,  et  qui  mettez  sur 
leurs  épaules  de  pesants  fardeaux,  que  vous  ne  tou- 


|;  que  j  en  suis,  au  ministère  sacerdotal,  cl  m'avuir  él(éli 
I  d'ans  cet  ordre  pour  vous  adorer,  et  intercéder  auprès  de 
I  votre  majesté  pour  les  pécheurs,  et  ceux  qui  ont  ivcoiirs 
i  à  la  pénitence.  Jlecevez  donc,  ô  Seigneur,  qtd  voulez 
I  que  tous  les  hommes  soient  sauvés,  cl  viennent  ci  lu  con- 
i   naissance  de  la  vérité,  qui  ne  voulez  point  la  mort  des 


cliez  pas  ujèniedu  bout  du  doigt.  «Cependant  personne  .,  pécheurs,  mais  qu'ils  se  converlissent ,  et  qu'ils  vivent. 


ne  peut  relever  celui  qui  tombe  accablé  sous  le  poids 

du  fardeau,  s'il  ne  se  baisse  lui-même,  et  s'il  ne  lui 

tend  la 

guérir  ! 

souffre  de  la  mauvaise  odeur  (jui  s'en  exhale.  II  en  est 

de  même  des  prêtres  et  du  pontife,  ils  ne  peuvent 


recevez  la  prière  que  je  fais  sous  les  7jeux  de  votre  clé- 
mence pour  v:s  serviteurs  et  servantes  qui  viennent  à  la 
main  :  et  il  n'est  point  de  médecin  qm  puisse  !|  Pénitence.  Par  ISotre-Seigneur  Jésus-Christ,  ctc 
les  plaies  de  ceux  qui  sont  malades,  s'il  ne  [ij  Or,  celui  qui  demande  pénitence,  voyant  le  pré- 
Ire  abattu  de  tristesse,  et  pleurant  pour  ses  péchés, 
il  sera  plus  frappé  de  la  crainte  de  Dieu,  cl  aura  plus 
guérir  les  plaies  que  le  péché  a  causées  dans  l'âme,  |  d'horreur  de  ses  crimes.  Pour  vous,  quand  vous  ver- 
ni la  purifier  de  cette  souillure,  à  moins  qu'ils  n'y  ap-  :^:  «'cz  un  pénitent  pénétré  d'une  vive  douleur,  et  s'exer- 
portenl  beaucoup  de  soin,  et  qu'ils  ne  piient  avec  j[i  Ç^"t ''^vcc  soin  dans  les  pratiques  laborieuses,  qui  sont 
larmes.  11  faut  donc,  mescliers  frères,  que  nous  soyons  ;^  ""C  suite  de  son  état,  recevez-le  aussilôl.  S'il  peutac- 
très-soigneux  à  l'égard  des  pécheurs,  parce  que  nous 
sommes  membres  les  uns  des  autres,  et  que  si  un 
incmbre  souffre,  les  autres  compatissent  à  sa  peine. 
C'est  pourquoi,  si  nous  voyons  quelqu'un  qui  soit 
tombé  dans  le  péché,  hàtons-nous  de  l'inviter  à  la 
pénitence  par  nos  exhortations  ;  et  toutes  les  fois  que 
vous  donnerez  conseil  au  pécheur,  donnez-lui  en  même 
temps  pénitence,  lui  prescrivant  les  jeûnes  qu'il  doit 
faire,  et  la  manière  dont  il  doit  racheter  ses  péchés, 
de  peur  que  vous  n'oubliiez  combien  de  jeûnes  méri- 
tent ses  péchés,  cl  que  vous  ne  soyez  obligé  de  vous 
informer  de  nouveau  des  fautes  qu'il  a  commises  :  car 
i\  pourrait  arriver  que  le  pécheur  aurait  honle  de  re- 
commencer sa  confession,  et  que  par  là  il  se  rendrait 
plus  coupable. 


I  cnmplir  les  jeûnes  qui  lui  seront  prescrits,  ne  l'en  em- 
I  pochez  pas,  mais  permettez-les  lui  :  car  ceux-là  sont 
I  plus  dignes  de  louange  qui  s'empressent  de  se  délairc 
I  du  poids  de  leurs  péchés,  cl  le  jeûne  est  un  moyen 
I  propre  à  cela.  Vous  direz  donc  à  celui  qui  est  en  pé- 
nitence, que  s'il  jeûne  et  s'il  s'acquitte  de  ce  qu'on  lui 
aura  enjoint,  il  sera  purifié  de  ses  péchés  :  et  qu'au 
contraire,  s'il  retourne  à  ses  premières  habitudes,  il 
deviendra  semblable  au  chien  qui  retourne  à  son  vo- 
missement. Tout  péiiiteiit  doit  donc  jeûner  non  seu- 
lement autant  que  le  prêtre  le  lui  a  ordonné,  mais, 
outre  cela,  après  qu'il  aura  accompli  ce  que  le  prêtre 
lui  avait  prescrit,  il  doit,  autant  qu'il  le  jugera  à  pro- 
pos, jeûner  les  quiUrième  (1)  et  sixiènie  fériés.  Car, 
s'il  fait  ce  que  le  prêtre  lui  a  marqué,  il  obtiendra  le 


Or,  tous  ceux  du  clergé,  entre  les  mains  desquels  i;  pardon  de  ses  péchés;  mais  si,  de  sa  propre  volonté 
cet  écrit  tombera,  ne  doivent  ni  le  décrire,  ni  le  lire,  \^  i'  jeûne  outre  cela,  il  acquerra  une  grande  récom- 


mais  ceux-là  seulement  qui  doivent  en  faire  usage, 
c'esl-à  dire,  les  prêtres.  Car,  conmie  le  sacrifice  ne 
peut  être  offert  que  par  les  évêques  et  les  prêtres 
aux(iuels  les  clés  du  royaume  des  cieux  ont  été  con- 
fiées, de  même  le  jugement  des  pécheurs  ne  peut  con- 
venir aux  autres.  Que  si  l'on  se  trouve  dans  le  cas  de 
nécessité,  et  que  le  prêtre  ne  soit  point  présent,  le 
diacre  alors  recevra  le  pénitent  à  la  sainte  commu- 
nion. Les  prêtres  elles  évêques  doivent  donc,  comme 
il  a  été  dil  ci-dessus,  s'humilier  et  prier  avec  larmes  f 
'  et  gémissements,  non  seulemeîit  pour  leurs  propres 


pense,  elle  royaume  des  cieux.  Que  celui  donc  quia 
jeûné  tonte  la  semaine  pour  ses  péchés,  mangect  boive 
le  samedi  et  le  dimatiche  ce  qui  con. ient  :  mais  qu'il 
prenne  garde  ffue  cela  n'aille  jusqu'à  l'ivresse  et  à  la 
crapule,  qui  sont  les  sources  de  l'impureté.  D'où  vient 
que  le  B.  Paul  nous  recommaiide  de  ne  point  nous 
Ciùvrer  de  vin  qui  porte  à  la  mollesse,  no:i  j)ar  lui- 
même,  mai-3  par  l'abus  que  l'on  en  fait  en  le  prenant 
en  tiop  grande  quantité. 

Ici  finit  le  Prologue. 
Si  quehin'un  ne  peut  supporter  le  jeûne,  et  qu'il  ait 


péchés,  mais  encore  pour  ceux  de  tous  les  Chrétiens;  |  de  quoi  le  racheter,  il  donnera  pour  sej)!  semaines, 
afin  qu'ils  puissent  dire  avec  l'Apiilre  S.  Pa\d  (2  Cor. 
11,19)  :  Qui  est  faible,  sans  que  je  m'a/faiblisse  avec 
lui  ?  qui  est  scandalisé ,  sans  que  je  brûle  ?  Lors  donc 
que  quelqu'un  viendra  trouver  un  prêtre  pour  lui  con- 
fesser ses  péchés,  que  celui-ci  lui  dise  d'attendre  un 
peu,  jus  lu'à  ce  qu'il  entre  dans  sa  chambre  pom-  prier. 
Que  s'il  n'a  point  de  chambre,  qu'il  fasse  dans  son 
cœur  celte  prière  : 


Seigneur,  Dieu  tout-puissant,  soyez-moi  propice,   à 

TH.  XX. 


I  s'il  est  riche,  vingt  sous;  s'il  n'a  p.is  de  quoi  le  faire, 
I  il  en  donnera  dix  ;  que  s'il  est  fort  pauvre,  qu'il  cii 
donne  trois.  Or  personne  ne  doit  être  surpris  de  ce 
que  nous  ordonnons'  de  donner  vingt  sous  ou  moins , 
parce  qu'il  est  plus  aisé  à  un  l.onune  riche  de  donner 
vingt  sous,  qu'à  un  pauvre  d'en  donner  trois.  Mais  que 
chacun  considère  à  qui  il  doit  donner,  soit  qu'il  faille 
employer  cet  argent  pour  la  rédemption  des  captifs, 
soit  sur  le  saint  autel,  soit  pour  les  pauvres  CJiréliens. 

(I)  C'est  ainsi  que  je  rends  ces  termes,  sivc  tetta- 
das,  sive  parascevas. 


,15  HISTOIRE  DES 

Au  reste  sachez,  mes  frères,  que  qvaxnd  il  viciil  à  vous  1 

des  valeis,  ou  des  servantes,  pour  demander  la  péni-  | 

tence,  vous  ne  devez  point  tant  les  charger,  ni  leur  | 

imposer  des  jei\i»es  aussi  rigoureux  qu'aux  riches,  | 

parce  qu'ils  ne  sont  point  leurs  niailres,  et  c'est  pour-  t! 
quoi  vous  ne  leur  ordoiuicrez  que  la  moitié  de  ce  que 
l'on  prescrit  aiux  personnes  aisées. 

Ici  commence  la  manière  de  donner  la  péni^ 
tence. 

Il  dit  d'abora  le  psaume  trente-septième  tout  cn- 
lier*ï  Seigneur,  ne  me  reprenez  pas  dans  votre  colère,  l 
Après  quoi  il  dit :Pno«s;  et  il  récite  le  psaume  cent  « 
deuxième:  Mon  unie,  bénissez  le  Sei(jneur,  jusqu'à  ces  : 
mots  :  M  a  jeunesse  se  renouvellera  comme  celle  de  uiigle. 
II  dit  ensuite  le  psaume  cinquantième  :  Seigneur,  ayez 
pitié  de  moi,  jus(iu'à  ces  paroles  :  Effacez  mes  péchés.  :| 
11  dit  après  cela  le  psaume  cinquante-troisième:  Sei-  ^j 
gneur,  en  voire  nom  ,  et  il  dit  :  Prions.  Il  dit  de  plus  le 
psaume  cinquante-unième  :  Pourquoi  vous  glorifiez- 
vous?  \\isqu' h  ces  mots,  les  justes  le  verront,  et  ils  en 
auront  peur.  Ensuite  il  dit  : 

Prions. 

Seigneur,  dont  rindulgence  est  nécessaire  à  tous  les 
hommes,  souvenez-vous  de  votre  servitetir,  qui,  étant  sur 
la  terre  enviroiiné  d'un  corps  fragile  et  dans  un  chemin 
glissant,  s'est  laissé  dépouiller  de  la  justice.  Accordez-lui 
le  pardon  des  fautes  qu'il  confesse.  Recevez  sa  prière; 
afm  que  comme  nos  péchés  portent  témoignage  contre  j 
nous  en  votre  présence  ,  nous  soyons  délivrés  par  votre  ■ 
miséricorde. 

Autre  prière. 

Dieu,  sous  les  yeus  duquel  tout  cœur  tremble,  et  toute  l 
conscience  est  effrayée ,  ayez  pitié  des  gémissements  de  •■ 
tous,  et  guérissez  leurs  plaies,  afin  que,  comme  personne 
n'est  exempt  de  péché,  personne  aussi  ne  soit  privé  du 
pardon.  Par  Notre-Seigncur  Jésus-Christ. 
Autre  prière. 

Dieu,  dont  la  miséricorde  est  infinie,  et  la  vérité  sans 
bornes,  remettez-nous  toutes  nos  iniquités,  guérissez 
toutes  les  languetirs  de  nus  âmes  ;  afm  qu'aymt  reçu 
les  gages  de  votre  bonté,  nous  nous  réjouissions  à  jamais 
dans  vos  bénédictions.  Par  Notre-Seigneur 
Autre  prière. 

J'implore,  à  Seigneur,  votre  clémence  et  votre  miséri- 
corde .  afin  que  vous  daigniez  remcilre  à  votre  servitair 
les  péchés  et  les  crimes  dont  il  s'accuse,  et  que  vous  lui 
en  accordiez  le  pardon ,  vous  qui  avez  reporté  sur  vos 
épaules  la  brebis  égarée,  et  qui  avez  écouté  favorablement 
la  prière  du  publicain ,  qui  se  reconnaissait  coupable. 
Soyez  don:,  aussi  [cvorable ,  ô  Dieu,  à  votre  serviteur , 
pyé'.cz  l'oreille  à  ses  prières,  que  ses  demandes  et  ses 
larmes  parviennent  jusqu'à  vous,  et  qu'étant  rétabli  dans 
la  participation  de  vos  autels  et  de  votre  sacrifice,  il  se 
réjouisse  de  nouveau  dans  l'espérance  de  la  joie  céleste. 
Par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ.  Ainsi  soit-ii. 
De  plus,  l'oraison  pour  l'iniposiiiori  des  mains. 

Dieu  Saint,  Père  tout-puissant  e!  éternel ,  qui,  par  \ 
J^giui-Clm.*^  voire  Fils,  et  ISotrc-Sàgncur,  avez  rlaiiji'é 


SACREMENTS.  716 

guérir  nos  plaies ,  nous  vous  demandons  et  nous  vous 
prions  d'écouter  favorablement  les  prières  que  vos  prêtres 
humiliés  en  votre  présence  vous  adressent  :  remettez  à 
votre  serviteur  tous  tes  crimes  et  tous  les  péchés,  dont  il 
s'est  rendu  coupable,  qu'il  reçoive  le  pardon  au  lieu  des 
supplices,  la  joie  au  lieu  de  la  tristesse,  la  vie  au  lieu  de 
la  mort  :  il  est  déchu  de  l'espérance  de  la  gloire  céleste , 
mais  se  confiant  en  votre  miséricorde,  qu'il  se  rende  digne 
de  jouir  de  la  véritable  paix,  et  de  parvenir  à  ta  vieéter^ 
nelle.  Par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ.  Ainsi  soit-il. 

Commence  la  réconciliation  du  pénitent  en 
la  cinquième  férié,  le  jour  de  la  cène  du  Sei- 
gneur. 

Premièrement  il  dit  le  psaume  cinquantième,  ave 
l'antienne  :  Cor  mundum ,  et  la  prière  :  Dieu  plein  de 
bonté,  qui  avez  créé  le  genre  liumain ,  et  qui  l'avez  ré- 
formé par  votre  grande  miséricorde ,  qui  avez  daigné  me 
rendre  l'instrument  de  votre  grâce  par  le  ministère  sa^ 
cerdotal ,  moi ,  qui  le  premier  de  tous  ai  besoin  de  votre 
miséricorde,  (n'ayez  point  égard {i)  à  mon  indignité), 
afin  que  la  clémence  du  Rédempteur  paraisse  avec  d'au- 
tant plus  d'éclat,  que  le  suppliant  est  plus  dénué  de 
mérite.  Par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  etc. 

Autre  prière. 
Dieu  éternel  et  tout-puissant ,  remettez  à  votre  servi- 
teur les  pécliés  dont  il  se  reconnaît  coupable  en  votre 
présence,  afin  que  les  fautes  dont  sa  conscience  est  char- 
gée, lui  soient  moins  nuisibles ,  qtie  votre  miséricorde , 
dont  il  attend  le  pardon,  lui  sera  avantageuse.  Par 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  etc. 

Autre  prière. 

Dieu  tout-puissant  et  miséricordieux ,  qui  accordez  lu 
rémission  des  péchés  à  ceux  qui  s'en  confessent  aussitôt, 
secourez  ceux  qui  sont  tombés ,  ayez  pitié  de  ceux  qui 
se  reconnçiissent  coupables,  afin  que  ceux  que  leurs  pécliés 
tiennent  enchaînés,  soient  délivrés  par  votre  grande  mi- 
séricorde. 

Prière  sur  un  malade 

Dieu,  qui  avez  prolongé  de  quinze  années  ta  vie  de 
votre  serviteur  Ezécliias,  faites  lever  de  ce  lit  votre  ser- 
viteur que  la  maladie  y  a  réduit,  et  rendez-lui  la  santé. 
Par  Notre-Seigncur  Jésus-Clirist. 
Commence  le  jugement  (2)  du  pénitent»  I. 

Si  quehiue  évéque  ou  quelqu'un  de  ceux  qui  sont 
dans  les  ordres  a  commis  un  homicide ,  si  c'est  un 
clerc  ,  qu'il  soit  dix  ans  en  pénitence,  dont  trois  au 
pain  et  à  l'eau  :  si  c'est  un  laïque,  il  y  sera  trois  ans, 
et  il  en  passera  un  au  pain  et  à  l'eau  :  si  c'est  un  sous- 
diacre,  six  ans:  un  diacre,  sept  :  un  prêtre,  dix  :  un 
c\  èi|ue,  douze.  Si  quehiu'un  a  consenti  à  ce  qui  s'est 
fait,  (ju'il  soit  sept  ans  en  pénitente,  dont  trois  au  paiu 
et  à  l'eau.  Si  un  laïque  a  fait  volontairement  un  lio- 


(1)  J'ai  ajouté  ces  paroles  pour  fonner  un  sens,  qui 
ins  cela  i  e  se  trcuvciail  p.ss,  parce  qu'il  y  avait  sans 


II 
sans  cela  i  e  se  ircuvciaii  p.ss,  parif  nu  u  \  inun  ^^^iis 
doute  une  faute  dans  rexemidaire. 

(2)  -C'esl-à-dire ,  la  règle  suivant  laquelle  les  prêtres 
doivent  imposer  les  peines  dues  aux  pécliés  de  ceux 
qui  5)'a<'ressent  à  dix. 


717 


APPENDICE  SUR 


niicide,  il  subira  sept  ans  de  pénitence,  trois  desquels 
il  sera  réduit  au  pain  et  à  l'eau.  Si  quelqu'un  a  éloud'é 
\m  enfant,  il  y  sera  trois  ans,  dont  un  au  pain  et  à 
l'eau.  La  même  rèj^le  s'observera  à  l'éijard  du  clerc. 
De  la  fornication,  II. 
Si  quelqu'un  a  commis  le  péché  do  sodomie,  qu'il 
soi!  dix  ans  en  pénilencc,  trois  au  pain  et  à  l'eau.  Si 
un  clerc  est  tombé  dans  l'adultère,  ayant  eu  connncrce 
avec  la  femme  ou  la  fiancée  d'un  aiftre  ;  s'il  est  né  un 
enfant  de  celle  conjonction  illicite,  qu'il  fasse  péni- 
tence durant  sept  ans  ;  si  elle  n'a  point  eu  de  suite, 
et  que  la  cbose  ne  soit  point  venue  à  la  connaissance 
des  boinmes,  s'il  est  clerc,  il  sera  trois  ans  en  péni- 
tence, dont  unau  painelàreau;s"ilestdiacre ou  moine, 
sept  ans,  trois  desquels  il  jeûnera  au  pain  et  à  l'eau  ; 
si  c'est  un  évoque,  douze  ans  ,  cinq  an  pain  et  à  l'eau. 
Si  un  clerc  d'un. ordre  siq)érieur  qui  est  marié  a  com- 
merce avec  sa  femme  depuis  sa  conversion  et  sa  pro- 
motion, qu'il  i^aclic  qu'il  s'est  rendu  coupable  du  pé- 
cbé  d'adultère  :  c'est  pourquoi  qu'il  fasse  pénitence, 
comme  nous  l'avons  marqué  ci-dessus.  Si  quelqu'un 
a  eu  un  commerce  cbarnel  avec  une  religieuse  ou  une 
personne  consacrée  à  Dieu,  qu'il  saclie  qu'il  a  connnis 
un  adultère,  et  c'est  pourquoi  qu'ils  fassent  pénitence 
chacun  suivant  l'ordre  dans  lequel  il  se  trouve,  comme 
il  a  été  expliqué  ci-dessus.  Si  quelqu'un  s'est  souillé 
par  quelque  impureté  qu'il  a  exercée  sur  lui-même, 
ou  avec  une  jument  ou  quelqu'autre  animal  à  quatre 
pieds  ,  qu'il  fasse  pénitence  trois  ans.  Si  qucbiu'un  a 
conçu  des  désirs  impudiques  qu'il  n'a  pu  accomplir, 
parce  que  la  femme  pour  laquelle  il  a  de  la  passion  n'a 
pas  voulu  y  consentir ,  qu'il  soit  une  demi-année  en 
pénitence  au  pain  et  à  l'eau,  et  qu'il  s'abstienne  de 
chair  et  de  vin  l'espace  d'un  an.  Si  un  clerc  après 
s'être  voué  à  Dieu  reprend  l'habit  séculier,  retour- 
nant ainsi  comme  un  chien  à  son  vomissement ,  ou 
s'il  se  marie  ,  qu'il  fasse  six  ans  de  pénitence  ,  dont 
trois  au  pain  et  à  l'eau,  et  que  de  plus  son  mariage 
soit  cassé.  Que  s'il  refuse  de  s'y  soumettre,  le  sy- 
node ou  le  siège  apostolique,  le  séparera  de  la  com- 
munion des  catholiipies.  Il  en  sera  de  même  de  la 
femme  qui  se  sera  consacrée  à  Dieu,  si  elle  commet 
ce  crime,  elle  subira  une  pareille  sentence.  Si  un 
laï([ue  pèche  en  la  manière  des  sodomites  ,qu"il  soit 
en  pénitence  sept  ans.  Si  quelqu'un  a  eu  un  lils 
avec  la  femme  d'un  autre  et  qu'il  ait  ainsi  violé  le  lit 
conjugal  de  son  prochain,  qu'il  s'abstienne  pendant 
trois  ans  de  viande  succulente  et  de  sa  propre  femme  ; 
outre  cela,  qu'il  donne  au  mari  de  la  femme  dont  il  a 
ainsi  abusé  le  prix  de  sa  cupidité.  Si  quelqu'un  a  voulu 
commetire  un  adultère  et  ne  l'a  pu  à  cause  du  refus  de 
celle  qu'il  a  sollicitée,  il  sera  en  pénitence  quarante 
jours.  Si  quelqu'un  a  eu  commerce  avec  des  fennnes, 
si  c'est  avec  des  veuves,  il  fera  pénitence  un  an  ;  si 
c'est  avec  des  iilles,  deux  ans  ;  si  les  parents  y  con-  ' 
i  sentent,  que  la  tille  dont  il  a  abusé  soit  sa  femme, 
cependant  qu'il  soit  en  pénitence  un  an.  Si  (pielqu'un 
a  eu  un  commerce  infâme  avec  des  bêles,  qu'il  fasse  ; 
pénilencc  un  an  ;  s'il   n'avait  |)oint  de  femme,  une 


LA  PÉNITENCE.  718 

demi-amiéc.  Si  quelqu'un  a  ravi  une  vierge  ou  une 
veuve,  il  sera  trois  ans  en  pénilencc.  Si  quelqu';::! 
ayant  une  fiancée,  a  conunorce  avec  sa  sœur  et  vil 
cependant  avec  celle  qu'il  a  fiancéo  comme  avec  ^:i 
femme,  si  celle  dont  il  a  abusé  se  doime  la  iporl  par 
d  sespoir ,  tous  ceux  qui  ont  quelcpie  pan  dans  m»- 
fait  de  cette  nature  seront  réduits  dix  ans  au  p.. in 
et  à  l'eau  ,  suivant  la  règle  des  canons.  Si  unefem;  c 
qui  s'est  laissée  aller  à  la  débauche  ,  a  fait  mourir  s.  n 
fruit,  ou  s'est  fait  avorier,  elle  doit  faire  pénitence 
jusqu'à  la  mort  :  cela  était  établi  autrefois.  Mais  pour 
nous,  croyant  devoir  user  d'humanité  envers  elle, 
nous  ordonnons  qu'elle  fera  pénitence  dix  ans  ,  sui- 
vant les  degrés  que  la  coutume  a  réglés  dans  la  distri- 
bution des  peines. 

Du  parjure,  III. 

Si  un  clerc  s'est  parjuré  ,  il  sera  en  pénitence  sept 
ans,  trois  au  pain  et  à  l'eau.  La  pénitence  du  laïque  qui  se 
trouve  dans  le  même  cas,  sera  de  trois  ans  ;  celle  du 
diacre,  de  sept  ;  celle  de  l'évêque  ,  de  douze.  Que 
si  un  homme  (1)  l'a  Hiii  y  étant  contraint  jiar  quelque 
nécessité  ou  par  ignorance,  qu'il  fasse  pénitence  trois 
ans,  dont  il  jeûnera  un  au  pain  et  à  l'eau.  De  plus 
qu'il  rende  une  âme,  c'est-cà-dire,  (ju'il  procure  à  ses 
dépens  la  liberté  à  un  esclave  de  l'un  ou  de  l'autre 
sexe,  et  qu'il  fasse  beaucoup  d'aumônes.  Si  quelqn'nti 
a  violé  son  serment  par  cupidité,  qu'il  vende  tout 
son  bien,  qu'il  le  donne  aux  pauvres,  qu'il  entre  dans 
un  monastère ,  et  que  là  il  serve  Dieu  jusqu'à  la 
mort. 

Du  vol.  IV. 

Si  un  clerc  a  fait  un  vol  capital,  c'est-à-dire,  de 
bêles  à  quatre  pieds,  ou  s'il  a  fait  brèche  à  une  m:ii- 
son,  ou  bien  s'il  a  pris  quelque  chose  de  conséquence, 
qu'il  soit  en  pénitence  sept  ans  ;  si  c'est  un  laïqu^ , 
il  sera  cinq  ans  :  un  sous-diacre,  six  ans  ;  un  diati  e 
sept,  un  prêtre  dix,  un  évoque,  douze.  Que  s'il  n'a 
fait  que  des  vols  peu  importants  une  fois  ou  dens-, 
qu'il  restitue  ce  qu'il  a  pris  à  son  prochain  et  qa'il 
jeûne  un  an  au  pain  et  à  l'eau.  Que  s'il  n'a  pas  de  quoi 
rendre  ,  qu'il  soit  en  [léniience  trois  ans.  Si  qiicl- 
qu'un  a  violé  un  sépujcie,  il  fora  pénilencc  pendant 
sept  ans,  dont  il  jeûnera  Irois  au  pain  et  à  l'eau."  Si 
un  laïque  a  fait  un  vol,  qu'il  rende  ce  qu'il  a  pris  .'t 
qu'il  jeûne  trois  carêmes  au  pain  et  à  l'eau.  S'il  n'a 
pas  de  quoi  restituer,  qu'il  fasse  pénitence  un  an  et 
trois  carêmes  au  pain  et  à  l'eau  ;  de  ]  lus  qu'il  fasse 
des  aumônes  aux  pauvres,  de  son  travail,  et  qu'ainsi 
il  soit  réconcilié  à  l'autel  par  le  jugement  du  piè- 
tre.- 

Du  maléfice,  V. 

Si  un  homme  a  nui  à  quelqu'un  (2)  par  maîéfin^ 

(1)  Un  homme,  ce  qui  doit  sansdomeêlre  enlcndii 
de  celui  qui  est  dans  le  clergé,  puisune  le  laïque  cou- 
pable de  parjure,  sans  iiièuie  y  avoir  été  nécessilé,  • 
n'est  condamné  qu'à  trois  ans  de  pénilence. 

(2)  C'est  auisi  que  j'ai  rendu  le  terme,  pcrdiderit, 
oui  absolument  parlant   ne  signilie  pas  faire  mourir. 


719 

il  sera  en  pénitence  sept  ans,  trois  desquels  il  se 
contenlcra  de  pain  et  d'eau  pour  sa  nourriture.  Si 
quelqu'un  s'est  servi  de  malédce  pour  insjdrer  de 
l'amour  et  qu'il  n'ait  nui  à  personne,  si  c'est  un  laï- 
que, sa  pénitence  sera  d'une  demi-année;  si  c'est  un 
clerc  ,  elle  sera  d'un  an  au  pain  et  à  Teau  ;  si  c'est 
un  diacre,  elle  sera  de  trois  ans,  dont  un  au  pain  et  à 
l'eau  ;  si  c'est   un  prêlre ,  de  cinq  ans  ,   dont  deux 


HISTOIRE  DES  bACIlEiïfiNTS.  730 

a  mangé  du  sang ,  ou  d'une  bête  morte  d'elle-mènic, 
ou  de  ce  qui  a  été  immolé  aux  idoles,  sans  qu'il  v  eût 
nécessité,  jeûne  douze  semaines. 

Touchant  quelques  autres  points,  VII. 

Si  quelqu'un  s'est  mutilé  quelque  membre  volonlai^ 
remem,  qu'il  soit  trois  ans  en  pénitence,  dont  un  au 
pain  et  à  l'eau.  La  même  peine  est  décernée  contre 


au  pain  et  à  l'eau.   Que  si  quelqu'un  parce  m^ 


I .,.      n  celui  qui  aura  procuré  volontairement  un  avorlcment, 


a  empêché  la  femme  de  concevoir,  qu'il  ajoute  à  sa 
pénitence  six  quarantaines  ,  de  peur  qu'il  ne  soit  cou- 
pable d'homicide.  Si  quelqu'un  par  la  voie  des  malé- 
fices a  excité  des  tempêtes,  qu'il  fasse  pénitence  sept 
ans,  dont  trois  au  pain  et  à  l'eau. 

Bu  sacrilège,  VI. 

Si  quelqu'un  a  commis  un  sacrilège  ,  en  consultant 
les  aruspices,  ou  les  augures,  ou  quelque  esprit  ma- 
lin, qu'il  soil  trois  ans  en  pénitence  au  pain  et  à  l'eau. 
Si  quelqu'un  a  fait  le  métier  de  devin,  ce  qui  est  dia- 
bolique, qu'il  fasse  pénitence  cinq  ans,  dont  il  jeû- 
nera trois  au  pain  et  à  l'eau  (1) Si  quelqu'un  use 

de  ce  ([u'on  appelle  mal  à  propos  les  Sorts  des  saints, 
s'il  jette  quelque  sort,  ou  s'exerce  à  la  divination, 
qu'il  fasse  pénitence  trois  ans,  un  au  pain  et  à  l'eau. 
Si  quelqu'un  fait  ou  rend  ses  vœux  à  des  arbres  ou  à 
des  fontaines,  ou  s'il  fiùl  l'un  et  l'autre  hors  de  l'Eglise, 
qu'il  fasse  pénitence  trois  ans  au  pain  et  à  l'eau,  parce 
que  cela  est  sacrilège  et  diabolique.  Que  celui  qui 
aura  bu  et  mangé  ('2)  dans  ces  endroils-là,  fasse  pé- 
nitence un  an  au  pain  et  à  l'eau. 

Si  quelqu'un,  exerçant  l'art  magi(iue,a  fait  peitlre 
par  ses  maléfices  l'esprit  à  un  homme,  qu'il  fasse  cinq 
ans  de  pénitence ,  dont  un  an  au  pain  et  à  l'eau.  Si 
quelqu'un  a  fait  des  ligatures,  ce  qui  est  détestable, 
qu'il  y  soit  trois  ans,  dont  un  au  pain  et  à  l'eau.  Si 
quelques-uns  s'assemblent  pour  faire  un  festin  dans  !| 
les  lieux  profanes,  où  les  païens  ont  coutume  de  cé- 
lébrer leurs  fêles ,  il  nous  a  semblé  bon  qu'ils  soient 

trois  ans  prosternés,  et  qu'on  les  reçoive  ainsi  (5) 

Si  quelqu'un  a  bu  ou  mangé  auprès  d'un  temple  d'i- 
doles,  si  c'est  par  ignorance,  qu'il  promette  donc 
plus  recommencer,  et  qu'il  fasse  pénitence  durant 
quarante  jours  au  pain  et  à  l'eau.  S'il  l'a  ftdt  par  mé- 
pris,'après  que  le  prêlie  l'aura  averti  que  c'est  un 
sacrilège,  et  que  c'est  communi(juer  en  quelque  sorte 
à  la  table  des  démons,  qu'il  jeûne  trois  quarantaines 
au  pain  et  à  l'eau.  Que  s'il  l'a  fait  pour  rendre  un  culte 
superstitieux  aux  démons,  qu'il  soit. trois  ans  en  pé- 
nitence. Si  quelqu'im  a  sacrifié  deux  ou  trois  fois  aux 
démons  y  étant  contraint,  qu'il  soit  trois  ans  pro- 
sterné, qu'il  communique  deux  ans  (aux  prières)  sans 
Xaire  son  offrande,  et  que  lu  troisième  année  il  soit 
reçu  à  la  participation  du  bien  parfait.  Que  celui  qui 

(1)  Il  y  a  faute  en  cet  endroit  dans  l'exemplaire, 
et  le  sens  est  inlMielligible.  Et  c'est  pourquoi  nous 
avons  passé  nue  période. 

(-1)  l'ar  esprit  du  supcrstiiiou,  sans  doute. 

(3)  Il  y  a  taule  ici  dnns  rexompifl,'!"'^.  C'est  pour- 
quoi nous  avons  fait  une  lacune 


et  contre  ceux  qui  exercent  l'usure  en  toutes  sortes  de 

manières.  Si  quelqu'un  par  autorité,  ou  poussé  par  un 

j  mauvais  esprit,  s'est  emparé  du  bien  d'aulrui,  qu'il 

\  subisse  la  môme  peine,  et  que  de  i)lus  il  fasse  d'abon- 

I  dantes  aumônes.  La  même  chose  est  ordonnée  contre 

l  celui  qui  par  de  mauvaises  voies  aura  réduit  un  homme 

en  servitude,  ou  l'aura  vendu  (1).  Si  quelqu'un  de  pro- 

î  pos  délibéré  a  brûlé  une  grange  ou  une  maison  ,  qu'il 

I  soil  soumis  à  la  même  pénitence.  Si  un  homme  en  a 

frappé  un  autre  par  colère  jusqu'à  répandre  le  sang, 

ou  s'il  l'a  rendu  impotent ,   que  d'abord  il  paie  les 

frais  (2),  et  qu'il  cherche  un  médecin.  Si  c'est  un 

laïque  qui  se  trouve  dans  ce  cas,  il  fora  pénitence  qua- 

1  rante  jours;  si  c'est  un  clerc,  deux  quarantaines,  si  c'est 

I  un  diacre,  sept  mois;  si  c'est  un  prêtre,  un  an.  Si  un 

I  clerc  va  à  la  chasse ,  il  sera  en  pénitence  un  an  ;   un 

I  diacre,  deux  ans;   un  prêtre,   trois  ans.    Si  quehpic 

f!  ministre  de  l'Eglise  vole  ou  laisse  perdre  par  sa  négli- 

3  gence  ce  qui  lui  appartient,  il  fera  pénitence  sept  ans, 

jl  dont  trois  au  pain  cl  à  l'eau.  Si  une  personne  qui  a 

S  plus  de  trente  ans,   se  corroinpl  avec  des  animaux, 

l  qu'elle  soit  en  pénitence  quinze  ans,  après  lesquels 

i  elle  méritera  de  recevoir  la  communion.  Ceiendanl 

que  l'on  s'informe  de  sa  conduite  pour  reconnaître  si 

elle  donne  lieu  d'adoucir  sa  pénitence Mais  que 

ceux  qui  sont  plus  avancés  en  âge,  cl  yni  sont  mariés, 
fassent  vingt-cinq  ans  de  pènilence,  de  manière  qu'a- 
près vingt  ans,  ils  soient  admis  à  la  communion,  et  à 
faire  leur  oblalion.  Que  si  quelques-uns  étant  mariés, 
jCt  âgés  de  plus  de  cinquante  ans ,  tombent  dans  ce 
crime,  qu'ils  ne  reçoivent  la  comnumion  qu'à  la  mort 
en  forme  de  viatique. 

De  l'ivresse,  VIII. 


Si  quelqu'un  s'est  enivré  en  buvant,  soit  de  la  bierre, 
soit  du  vin  avec  excès,  contre  le  précepte  du  Sauveur 
et  des  Apôtres,  s'il  est  engagé  à  une  vie  sainte,  il 
sera  quarante  jours  en  pénitence  pour  expier  sa  hule; 
si  c'est  un  laïque ,  il  y  sera  sept  jours. 

(Ce  qui  reste  du  pénilciUiel  Romain  dans  l'exemplaire 
que  D.  Ihujues  Ménard  a  fait  imprimer,  el  après  lui  le 
P.  Morin,  est  si  défectueux  qu'on  ne  peut  le  traduire 
que  trîs-difficilement  en  notre  langue,  et  en  y  laissant 
beaucoup  de  lacunes.  Cest  pourquoi  nous  y  suppléerons 
en  quelque  sorte  en  donnant  quelques  extraits  du  premier 
des  trois  pénitentiels  d'Angers,  que  le  Père  Morin  a  fait 
imprimer  dans  le  recueil  des  pièces  qu'il  a  mises  «  la  fin 

(1)  C'est  ainsi  que  je  rends  le  terme  de  Iransmise- 
rit ,  parce  (|u'il  me  semble  que  c'est  le  sens  le  plus 

raisontial)le. 

(2)  Ou  V:\m(ii\(\e ,  Vrierccdem.  ''^' 


721  APPENDICE  SLR  I 

de  son  traité  de  lu  Pénitence,  et  (jui  se  trouve  à  ta  paye  5'2, 
cl  suivantes  de  rappendicc  de  cet  ouvrage,  de  Védilion 
qui  s'en  est  faite  à  Paris  chez  Gaspar  Mcluias ,  en 
Cdu  IGul. 

Nous  aurions  pu  nous  dispenser  de  donner  cet  extrait,  ; 
ce  que  nous  avons  rapporté  du  pénitenlicl  Pioniain  sujfi-  ' 
sant  en  quelque  sorte  pour  nous  donner  une  idée  de  la  i 
vumière  de  faire  pénitence  dans  le  moijen-i'uje  :  puisque  le 
lecteur  peut  aisément  juger  des  peines  que  l'on  imposait 
pour  les  autres  péchés,  par  celles  qui  sont  établies  dans 
ce  pénitenlicl  pour  ceux  dont  il  y  est  fait  mention  dans 
ce  que  nous  en  avons  traduit.  Mais  comme  le  pénitenliel  i 
d'Angers   contient    certaines  dispositions  particulières, 
j'espère  que  le  lecteur  me  saura  bon  gré  de  les  lui  avoir 
mises  sous  les  yeux,  et  surtout  ce  qui  regarde  le  rachat 
des  pénitences  qui  s'était  déjà  introduit  quand  ce  livre 
a  été  composé,  quoique  d'ailleurs  il  doive  être  assez  cm- 
cien,  puisque,  comme  l'assure  le  P.  Morin  (I),  le  plus 
récent  des  papes,   dont  les  décisions  y  sont  rapportées, 
est  Grégoire  III. 

(1)  Le  P.  Morin  n'avait  point  vu  le  manuscrit  an- 
cien de  ce  pénilciitiol,  mais  une  copie  senlenient,  que 
M.  de  Loyauttj,  avocat  au  parlement  de  Paris,  et  ci- 
toyen d'Angers,  lui  avait  cominuniquée. 

Extraits   dun   ancien  pénitcntiel  d'Angers. 

De  l'homicide. 
Que  celui  qui  a  tué  un  moine  ou  un  clerc,  ne  porte 
plus  les  armes,  et  qu'il  entre  au  service  de  Dieu  (1), 
ou  qu'il  fasse  sept  ans  de  pénitence.  Celui  qui  par 
Iiaine  ,  ou  par  le  désir  d'envahir  le  bien  de  son  pro- 
chain, la  fait  mourir,  y  sera  trois  ans.  S"il  a  conunis 
ce  meurtre  pour  venger  la  mort  de  son  frère,  il  fera 
pénitence  un  an,  et  les  deux  ou  trois  carêmes  suivants 
avec  les  fériés  ordinaires  (2).  Celui  qui  aura  fait  un 
meurtre  dans  la  chaleur  de  la  colère ,  ou  d'une  que- 
relle, sera  trois  ans  en  pénitence.  Celui  qui  l'aura 
fait  par  hasard  ,  im  an  :  si  c'est  dans  une  guerre  pu- 
blique, quarante  jours.  Si  c'est  un  esclave  qui  l'a  lait 
par  le  commandement  de  son  maître,  -40  jours.  Si 
c'est  un  honnue  libre  qui  ait  commis  un  homicide  par 
ordre  de  son  Seigneur,  un  an  et  les  deux  carêmes  sui- 
vants avec  les  fériés  ordinaires 

Des  crimes  capitaux. 
Je  vais  donc  expliquer  les  crimes  capitaux  selon  les 
canons.  Le  premier  est  l'orgueil,  l'envie,  la  fornica^ 
tion  ,  la  vaine  gloire,  la  colère  que  l'on  garde  long- 
temps, la  tristesse  mondaine,  l'avarice,  la  gourman- 
dise. Saint  Augustin  y  ajoute  le  sacrilège,  c"est-à- 
dire,  le  vol  dos  choses  sacrées,  qui  est  le  plus  grand 
do  tous  les  vols,  le  culte  des  idoles,  et  les  aruspices. 
Ensuite  l'adultère ,  le  faux  témoignage,  le  vol,  les 
rapinos,  l'ivresse  fréquente,  la  mollesse,  la  sodomie, 
la  médisance,  le  parjure.  S;iinl  Paul,  S.  Augustin,  et 
!<s  autres  saints  ont  jugé  qu'il  fallait,  pour  ces  sortes 

(l)  C'est-à-dire,  à  ce  que  je  crois,  dans  un  mona- 
stèie,  pour  y  pratiquer  la  règle  des  moines. 

(â)  Legiiimis  feriis,  c'esi-à-dire,  les  jours  de  la  se- 
iiaiue  destines  pour  cela. 


\  PÉNlTIiNCE.  "^îî 

I  do  crimes,  faire  d'abondantes  aumônes,  et  jeûner 
longtemps-  C'esl-àdirc,  comme  quelques-uns, 
croient,  qu'il  faut  pour  les  crimes  capitaux,  conmie 
pour  l'adultère,  l'homicide,  la  fornication,  le  parjure, 
et  autres  semblables,  que  le  laitpic  fasse  trois  ans  de 
pénitence,  le  clerc  cinq  ans,  le  sous-diacre  six,  le 
diacre  sept,  le  prêtre  dix,  l'évêquc  douze  :  que  s'il  y 
a  iiabilude,  lévêque  doit  faire  quatorze  ans  de  péni-  ; 
tence,  le  prêtre  douze,  le  diacre  din,  le  sous-diacre  j 

sept,  le  clerc  six,  le  laïque  cin([ 

De  la  pénitence  des  clercs. 
11  est  statue  dans  le  canon  des  Apôtres  que  l'évêque, 
le  prêtre  et  le  diacre,  qui  ont  été  surpris  en  fornica- 
tion ,  en  parjure  ou  en  vol ,  seraient  déposés  ;  mais 
qu'ils  ne  seraient  point   privés  de  la   communion^ 
parce  que  Dieu  ne  juge  point  deux  fois  la  même  chose. 
Si  un  pontife  tombe  dans  le  péché  de  fornication  ,  il 
sera  coiulanmé  à  douze  années  de  pénitence,  et  il  de- 
mandera pardon  au  Seigneur  par  beaucoup  de  larmes 
et  d'aumônes.   Sa  pénitence  sera  moindre   trois  ou 
quatre  de  ces  années  (1). 
1  Quels  jours  les  hommes  mariés  doivent  s'abstenir  de 
']  leurs  femmes. 

'  Ceux  qui  sont  mariés  doivent  garder  la  continence 
l  quarante  jours  avant  Pâques,  et  avant  Noël,  et  tous 
i  les  dimanches ,  îes  mercredis  et  vendredis.  De  plus, 
I  depuis  que  la  conception  s'est  manifestée,  c'est- à- 
I  dire,  trois  mois  avant  les  couchesde  leur  femme.  Que 
i  celle-ci,  après  qu'elic  est  accouchée,  soit  trente  jours 
I  sans  venir  à  l'église,  si  c'est  un  fils  qu'elle  a  mis  au 
i  monde ,  et  quarante,  si  c'est  une  fille.  Que  celui  qui 
3  aura  eu  commerce  avec  sa  femme  dans  le  temps  de 
1  ses  ordinaires,  fasse  trente  jours  de  pénitence,  etc. 
■ji  Les  mêmes  règles  se  trouvent  établies  ensuite  dans 
I  l'article  qui  a  pour  titre  :  De  machinamentis  nnilierum, 
I  avec  la  peine  que  méritent  ceux  qui  les  transgressent,  et 
I  quelques  autres  particularités ,  que  nous  rapporterons 
l]  tout  de  suite. 

f.  Que  la  femme  vive  en  continence  avec  son  mari 
après  qu'elle  a  conçu,  trois  mois  avant  ses  couches, 
et  après  ses  couches,  quarante  jours.  Ceux  qui  auront 
usé  du  mariage  durant  ce  temps ,  seront  quarante 
jours  en  pénitence,  ou  trente,  ou  vingt.  Que  les  per- 
sonnes mariées  vivent  en  continence  pendant  le  ca- 
rême, la  nuit  du  dimanche,  le  samedi ,  la  quatrième 
et  sixième  férié,  et  les  fériés  légitimes  ;  de  plus,  les 
trois  nuits  qui  précèdent  la  communion.  Celui  qui  , 
durant  le  carême,  aura  eu  commerce  avec  sa  femme, 
et  n'aura  pas  voulu  s'en  abstenir,  sera  un  an  en  pé- 
nitence, ou  paiera  une  somme  à  l'église,  ou  donnera 
I  aux  pauvres  la  valeur  de  vingt  sous,  etc. 
Des  enfants  non  baptisés. 
Que  le  père  dont  le  fils  est  mort  sans  Baptême, 
fiisse  un  an  de  pénitence,  et  qu'il  ne  cesse  jamais  de 

(1)  Il  n'est  pas  aisé  d'allier  ce  statut  avec  ce  qui  est 
dit  d'abord  dans  cet  article,  que  l'on  se  contentera  de 
déposer  les  clercs  qui  tombent  dans  de  grands  péchés, 
sans  les  priver  do  la  connnnnion.  à  moins  que  l'on 
n'entende  ce  qui  est  dit  ici,  de  la  pénitence  qui  se  fait 
â.  en  secret. 


'm 


HISTOIRE  DES 


la  f.iire.  Si  un  prêtre,  à  qui  il  appartenait  de  donner 
le  t>.  plème,  étant  appelé  pour  cela,  a  négligé  de  venir, 
qu'il  soit  soumis  aux  peines  que  son  évèqtie  lui  infli- 
ger!, pour  avoir  été  cause  de  la  damnation  de  cette 
âiiic.  Il  est  de  plus  permis  à  tous  les  fidèles,  quand 
ils  rencontreront  quelques-uns  en  danger  de  mort  et 
qui  ne  soiit  point  baptisés,  de  L'ur  administrer  cesa- 
cromcnt,  et  même  il  leur  est  ordonné  d'arracher  ces 
âmes  au  diable,  en  donnant  le  Baptême  dans  cette 
occasion.  Il  suffira  pour  cela  de  les  plonger  dans  l'eau 
bénite,  ou  de  leur  en  verser  au  nom  du  Père,  du  Fils 
et  d:i  Saint-Esprit.  11  faut  donc  que  les  fidèles,  et 
surt:}ut  les  moines ,  sachent  baptiser ,  et  s'ils  entre- 
prennent quelque  voyage  un  peu  loin,  qu'ils  portent 
avec  eux  TEucharistie. 

Des  parjtires. 
Celui  qui  se  parjure  avec  connaissance ,  y  étant 
con'.raint  par  son  seigneur,  fera  pénitence  trois  ca- 
rêmes, et  les  fériés  ordinaires.  Celui  qui  fausse  le 
serinent  qu'il  a  prêté  entre  les  mains  d'un  évêque  ou 
d "un  prêtre,  sur  un  autel  ou  sur  une  croix  consacrée, 
sera  en  pénitence  trois  ans  ;  si  la  croix  n'est  pas  con- 
sacrée, il  y  sera  un  an.  S'il  a  fait  serment  entre  les 
mains  d'un  homme  ordinaire,  suivant  les  Grecs,  ce 
n'est  rien.  Celui  qui  dit  que  sans  le  savoir  il  a  juré  (i) 
pour  un  coupable,  et  qui  reconnaît  ensuite  qu'il  a 
fiiit  un  faux  serment,  sera  en  pénitence  un  an.  Ce 
qui  suit  dtms  cet  (trticle  revient  à  peu  près  aux  mêmes 
choses  quitte  trouvent  ensuite  dans  un  autre  qui  a  pour 
titre  :  De  minutis  causis  (des  petites  fautes).  Nous  le 
rapporterons  tout  de  suite.  Celui  qui  mange  de  la  chair 
immonde,  ou  de  celle  d'une  bêle  qui  est  morte  d'elle- 
même,  ou  qui  a  éié  déchirée  par  les  bêles,  fera  péni- 
tence quarante  jours.  Si  une  souris  est  tombée  dans 
quelque  liqueur,  qu'on  l'en  retire,  et  qu'on  asperge 
cette  llipieur  d'eau  bénite  ,  après  quoi  on  pourra  en 
faire  usage.  Que  si  la  souris  y  est  morte ,  que  l'on 
jette  celte  liqueur,  et  que  les  hommes  n'en  fassent 
point  d'usage,  soit  que  ce  soit  du  lait,  du  miel,  de  la 
bière,  ou  quelquauire  chose  s;Mnblable.  Que  si  cette 
liqueur,  dans  laquelle  un  rat  ou  une  iouris  est  morte, 
est  en  grande  quanîilé,  qu'on  la  purilie  avec  l'eau 
béiiile,  et  qu'on  en  use  dans  le  besoin.  Si  des  oiseaux 
fieiitenl  dans  quelque  chose  de  liquide,  que  l'on  ôle 
l'oidure,  et  que  l'on  purifie  avec  l'eau  bénite  ce  sur 
quoi  cette  fiente  est  tombée.  Celui  qui,  sans  le  savoir, 
a\;.l3  du  sang  avec  sa  salive,  n'en  souffre  aucun  pré- 
judice. Celui  qui  avale  de  son  propre  sang,  le  sachant, 
fora  pénitence  selon  la  mesure  de  la  pollution  qu'il 
a  Cvntraclée. 

De  l'ivrognerie. 
Si  un  évêque,  ou  quelqu'un  de  ceux  qui  sont  dans 

(!)  C'était  1;!  couînme  dans  le  moyeu-âge  de  faire 
seiiuenl  de  rinnocenee  de  ceux  dont  on  épousait  les 
iiilôièis,  (iuand  ils  étaient  accusés,  sans  «."iiifoiiucr  si 
cel'ù  pour  lequel  on  s'engageait  ainsi  él;iit  ellective- 
mo.,i  innocent.  Souvent  même  on  s'engageait  à  sou- 
te.Tr  sa  prétendue  innocence  par  le  duel,  et  l'on  re- 
gardait comme  justement  accusé  celui  dont  le  cham- 
pion .succombait  dans  le  combat. 


SACREMENTS.  734 

les  ordres  ecclésiastiques,  est  dans  l'habitude  de  s'eni- 
vrer, ou  qu'il  se  délasse  de  ce  vice  ,  ou  qu'il  soit  dé- 
j»osé.  Si  un  moine  vomit  pour  avoir  bu  avec  excès, 
(ju'il  soit  trente  jours  en  pénitence.  Si  un  prêtre  ou 
un  diacre  est  dans  le  même  cas,  il  y  sera  quarante 
jours,  un  clerc  vingt  :  les  autres  disent  sept ,  sans 
manger  de  graisse.  Si  un  laïque  s'enivre ,  il  passera 
trente  jours  sans  boire  ni  vin,  ni  bière,  et  sans  man- 
ger de  chair  :  les  autres  disent  quinze.  Si  un  laïque 
enivre  un  homme  par  malice ,  qu'il  fasse  pénitence  ' 
quarante  jours,  etc.. 

Des  remèdes  du  pénitent  (1). 
Que  celui  qui  peut  salisf;ure  de  la  manière  dont  il 
est  porté  dans  le  pénitentiel,  le  fasse;  ce  sera  unavan- 
'  lage  pour  lui.  Que  s'il  ne  le  peut ,  voici  le  conseil  que 
;  nous  lui  donnons  par  la  miséricorde  de  Dieu,  Premiè- 
rement que  le  premier  jour  auquel  il  doit  jeûner  au 
pain  et  à  l'eau,  il  chante  cinquante  psaumes  à  genoux, 
ou  soixante-dix  sans  fléchir  les  genoux  et  cela  dans 
l'église  ,  ou  dans  quelque  autre  lieu  convenable.  Cela 
vaut  pour  un  jour.  Lu  denier  vaut  également  pour  un 
jour  de  pénitence  ,  quoiqu'il  le  distribue  à  trois  pau- 
vres. Quelques-uns  disent  que  cent  coups   en  hiver 
font  la  même  valeur,  ou  cent  psaumes  en  été  :  c'est- 
à-dire  ,  qu'en  hiver ,  en  automne ,  et  au  printemps  , 
cent  coups  seront  équivalents  à  un  jour  de  pénitence, 
et  en  été  cent  psaumes ,  ou  cinquante  coups.  De  plus 
pour  un  mois  de  pénitence  qu'un  homme  doit  passer 
au  pain  et  à  l'eau,  qu'il  chante  douze  cent  soixante- 
dix  psaumes  à  genoux ,  ou  mille  six  cent  soixante-dix 
sans  fléchir  les  genoux  :  moyennant  cela  il  pourra 
prendre  sa  réfection  à  la  sixième  heure ,  excepté  la 
quatrième  et  sixième  férié  qu'il  jeûnera  jusqu'à  none , 
et  qu'il  s'abstiendra  de  chair  et  de  vin.  Pour  ce  qui 
est  des  autres  aliments,  qu'il  les  prenne  après  qu'il 
aura  psalmodié.  La  seconde  année,  la  pénitence  sera 
plus  douce.  Depuis  Noèl  juscpi'à  l'Epiphanie,  et  les 
autres  jours  dont  il  a  été  parlé  ci-dessus ,  auxquels  on 
'  ne  fait  poii.t  pénitence ,  qu'il  prenne  son  repas  à  l'or- 
dinaire. 
;      Celui  qui  ne  peut  faire  pénitence  de  lu  manière  que 
nous  avons  marquée,  donnera  en  aumône,  la  jiremière 
!  année,  vingt-cinq  sous,  et  il  jeûnera  un  jour  de  la  sc- 
'  mairie  jusqu'à  none ,  et  un  autre  jusqu'à  vêpres  ,  et 
!  outre  cela  trois  carêmes.  Pour  la  seconde  année,  il 
donnera  vingt  sous  ,  et  pour  la  troisième  dix-neuf,  ce 
!  qui  fait  soixante-quatre  sous.  Que  ceux  qui  sont  ri-  j 
i  elles,  fassent  comme  Zachée,  lorscju'il  dit  au  Sauveur.  | 
Seigneur,  je  donne  la  moitié  de  mes  biens  aux  pau- 
vres, et  si  j'ai  fait  tort  à  quelqu'un  je  suis  prêt  à  ren- 
dre le  quadruple.  Qu'ils  mettent  les  esclaves  en  li- 
berté, qu'ils  rachètent  les  captifs,  et  que  depuis  (ju'ils 
ont  cessé  de  pécher,  ils  ne  cessent  point  de  comnui- 
nior.  Comme  dit  l'Apôtre,  que  celui  qui  pêche  par  son 
corps,  soit  puni  dans  son  corps;  c'est-à-dire.  \m-  les 
^  jeùiK-s,  les  veilles  et  les  prières.  Que  celui  (|ui  se  con- 
I  Ycrtit  et  qui  confesse  tout  le  mal  (pf  il  a  fait ,  soit  par 

à 

I      ( I  )  C'est-à-dire,  dans  le  style  barbare  de  ce  lemps- 
I  là,  de  t adoucissement  de  lu  pénilètice. 


■723 


APPENDICE  SUR  LA  PÉNITENCE. 


726 


le  vol,  soit  par  la  fornioalion,  par  les  iDCiisongcs,  par  les 
juremciils,  les  parjures  et  autres  péchés,  cl  qui  promet 
qu'il  se  corrigera,  et  que  tloréiiavaiit  il  servira  Dieu 
le  reste  de  ses  jours,  soit  eu  péuilence  deux  ou  trois 
ans,  suivant  le  jugement  du  prêtre.  C'est  à  celui-ci  à 
penser  comment  il  guérira  les  âmes ,  cl  comment  il 
sauvera  la  sienne,  et  celle  des  autres,  en  enseignant 
une  saine  doctrine,  sacliant  que  s'il  se  conduit  en  bon 
serviteur,  il  aiMpicrra  un  rang  distingué  auprès  de 
celui  qui  est  Dieu  sur  toutes  choses,  béni  dans  les  siè- 
cles des  siècles.  Aiueit. 

S.  Boniface  a  enseigne  comment  on  pont  dans  une 
seule  année  accomplir  la  pénitence  de  sept  ans. 
Chanter  trois  jours  des  psaumes,  équivaut  à  une  pé- 
nitence de  trente  jours  et  trente  nuits.  Réciter  vingt 
lois  le  Psautier,  est  équivalent  à  douze  mois.  Pour  un 
jour  il  faut  réciter  cinquante  psaumes,  dire  cinquante 
fois  l'Oraison-Doniinicale,  et  faire  autant  de  prostra- 
tions qui  accompagneront  cette  prière.  C'est  ainsi  que 
l'on  satisfait  pour  un  jour  de  pénitence.  Si  quelqu'un 
ne  veut  point  psalmodier  si  longtemps,  qu'il  se  pro- 
sterne en  oraison  cent  fois,  el  qu'il  dise,  Miserere  meî , 
Deiis,  et  dimilte  wilii  delkta  inea.  Celui  qui  veut  con- 
fesser ses  péchés  avec  larmes,  parce  que  les  larmes 
ne  demandent  pas  seulement  le  pardon  ,  mais  le  mé- 
ritent ,  qu'il  prie  un  prêtre  de  chanter  une  messe  pour 
lui,  à  moins  qu'il  n'ait  commis  des  crimes  qui'ontdû 
auparavant  être  lavés  par  des  larmes.  Une  messe 
ainsi  chaulée,  peut  racheter  douze  jours  de  pénitence  ; 
dix  messes,  quatre,  mois;  vingt  messes,  huit  mois; 
trente  messes,  douze  mois.  Si  quelqu'un  veut  confesser 
SCS  fautes  avec  larmes,  il  doit  pour  une  semaine  de 
pénitence  réciter  cinquante  psaumes  de  suite,  à  l'église, 
et  à  genoux.  Celui  qui  ne  sait  pas  même  un  psaume , 
et  ne  peut  jeûner,  doit  peser  les  aliments  qu'il  prend, 
et  en  donner  moitié  aux  pauvres. 

(  Les  pièces  qtie  nous  avons  insérées  jusqu'à  présent 
dans  ce  recueil,  tendent  principalement  à  faire  connaître 
quelles  étaient  les  peines  que  l'on  infligeait  ancienne- 
ment aux  pécheurs  ,  pour  leur  faire  expier  les  crimes  et 
les  fautes,  dont  ils  s'étaient  rendus  coupables.  Il  est  bon 
présentement  de  représenter  au  lecteur  les  rits  el  les  céré- 
monies avec  lesquels  on  les  réconciliait  avec  Dieu  et 
avec  l'Eglise ,  après  qu'ils  avaient  achevé  le  cours  de 
leur  pénitence.  C'est  ce  que  nous  allons  faire,  en  lui  met- 
tant sous  les  yeux  deux  morceaux  de  pièces  authentiques, 
dont  le  premier  contient  les  rits  qui  s'observaient  dans  la 
réconciliation  publique  de:>  pénitents,  et  l'autre  ceux  qui 
étaient  en  usaqe  dans  la  réconciliation  de  ceux  qui  avaient 
fait  leur  pénitence  en  particulier. 

Le  premier  de  ces  morceaux  sera  tiré  de  la  pièce  la 
plus  ancienne  et  la  plus  respectable  que  nous  ayons  en 
ce  genre  :  je  veux  dire  du  Sacrameutaire  de  Célasc,  qui 
est  ainsi  nommé,  non  parce  que  le  pape  Gélase  est  auteur 
des  cérémonies  et  des  prières  qui  le  composent,  mais 
parce  que  ce  saint  pape  a  rédigé  dans  un  certain  ordre 


ces  rils  el  ces  prières  ,  y  en  ayant  peut-être  ajouté  quel- 
ques-unes. Cela  paraît  d'autant  plus  vraisemblable ,  que 
le  style  de  ces  prières  est  plus  pur  que  celui  du  pape 
Célase ,  comme  le  reconnaîtront  facilement  ceux  qui  se 
donneront  ta  peine  de  comparer  les  autres  écrits  de  ce 
pape  avec  ce  que  nous  allons  rapporter.  D'ailleurs  l'au- 
guste simplicité  des  cérémonies  qui  y  sont  prescrites , 
fait  assez  connaître  que  ce  livre  doit  cire  fort  ancien. 
Le  P.  Morin  (1)  en  fait  même  remonter  l'antiquité  jus- 
qu'au temps  du  pape  saint  Silvcstre  et  du  pape  Jules.  Je 
ne  prétends  pas  me  rendre  son  garant  sur  ce  point ,  mats 
je  crois  que  l'on  ne  risquera  rien  en  assurant  que  ce  que 
nous  allons  rapporter,  est  plus  ancien  que  Gclase ,  et 
pourrait  bien  cire  du  temps  de  S.  Léon.  Nous  mettrons 
le  te.vte  latin  «  côté  de  la  traduction  que  nous  en  don- 
nerons, afin  que  les  savants  soient  en  état  de  juger  eux- 
mêmes  de  la  chose ,  ce  qu'ils  feront  sans  doute  sans  s'ar- 
rêter aux  fautes  que  les  cavistes  ignorants  ont  répandues 
dans  ce  livre  en  le  décrivant. 

Nous  avons  dit  dans  l'histoire  de  la  Pénitence  ne 
quelle  manière  ce  précieux  monument  de  l'anliquilé  ia- 
crée  s'est  conservé  jusqu'à  7ious  ;  mais  comme  plusieurs 
de  nos  lecteurs  n'y  ont  peut-être  point  fait  attention,  ou 
l'ont  oublié ,  je  crois  leur  faire  plaisir  en  le  rapportant 
de  nouveau  ici.  C'est  aux  moines  de  S.  Benoît-sur' 
Loire  que  nous  sommes  redevables  de  la  conservation  de 
ce  sacrameutaire,  qui  s'étanl  trouvé  dans  leur  bibliothè- 
que, quand  le  cardinal  de  Beauvais,  leur  abbé,  et  frère  de 
l'amiral  de  Coligiuj ,  lu  mit  au  pillage  avec  tout  le  reste 
du  monastère,  tomba  entre  les  mains  d'un  soldat  hu- 
guenot ,  qui  le  vendit  à  vil  prix  à  une  personne  qui  était 
plus  capable  que  lui  de  juger  d^i  mérite  de  cette  pièce. 
Je  lie  sais  si  celui  qui  fît  cette  acquisition  était  le  père,  ou 
l'aïeul  de  M.  Peteau  ,  conseiller  au  parlement  de  Paris, 
mais  ce  qui  est  vrai ,  c'est  que  ce  dernier  en  était  en  pos- 
session dans  le  temps  que  le  P.  Morin  composait  son 
grand  ouvrage  sur  la  Pénitence  (2) ,  et  qu'il  le  lui  com- 
muniqua, pour  en  faire  les  extraits  qu'il  jugerait  à  pro- 
pos. Le  manuscrit  qui  contenait  ce  sacrameutaire ,  est 
écrit,  suivant  le  P.  Morin  (3) ,  depuis  près  de  mille  ans 
en  très- belles  lettres,  et  le  magistrat  à  qui  il  appartenait 
le  vendit  depuis  à  la  reine  Christine  de  Suède ,  qui  le 
fit  transporter  dans  sa  bibliothèque  à  Slokolm,  d'où  elle 
l'emporta  ensuite  ,  quand  ,  après  avoir  abdiqué  la  cou- 
ronne ,  elle  se  retira  à  Rome  pour  y  passer  le  reste  de 
ses  jours.  C'est  là  qu'ayant  terminé  sa  glorieuse  vie ,  elle 
légua  ce  précieux  manuscrit,  avec  le  reste  de  sa  biblio- 
thèciue  à  l'Eglise  Uomaine.  Le  pape  fit  mettre  le  tout 
dans  la  bibliothèque  du  Vatican,  oii  le  manustrit  dont  il 
s'agit  est  encore  aujourd'hui,  et  oii  il  a  été  communique 
au  père  Thomasi,  depuis  cardinal ,  lequel  en  a  fait 
l'usage  que  l'on  sait. 

(1)  DePœnit.l.  9,  c.  50. 

(2)  In  Append.,  p.  t'>-2. 
(5)  Do  Pœnit.,  1.  0,  c.  30. 


727 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


72S 


Extrait  (lu  sacramontaire  de  Gélase,  qui  représente  la  manière  dont  on  taisait  la  reconci- 
liation publique  des   pénitents  le  jour  du  jeudi-saint. 

Ce  que  nous  allons  rapporter  se  trouve  dans  ce  sacramentaire  ,  sous  ce  titre  :  Ordo  agcntibus 
pnblicam  pœnitentiam,  à  la  cinquième  férié,  jour  de  la  cène  du  Seigneur ,  après  les  orai- 
sons  de  la  messe  de  ce  jour.  , 


Le  pénitent  sort  de  l'endroit  oit,  il  avait  été  enfermé 
pour  vaquer  aux  exercices  laborieux  attachés  «  so)i  état, 
on  le  présente  au  milieu  de  l'assemblée  des  futèles.  Là, 
tandis  qu'il  est  prosterné  de  son  long  en  terre,  le  diacre 
adresse  }wur  lui  ces  paroles  à  l'évêqiie:  Voici,  ô  vénéra- 
ble ponlife,  le  temps  favorable,  les  jours  de  propitialion 
et  de  salut  potir  le  genre  liumniii,  jours  auxquels  la  mort 
est  détruite,  et  la  vie  commence  à  naître,  jours  auxquels 
il  faut  provigner  de  telle  sorte  la  vigne  du  Dieu  des  ar- 
mées, en  y  plantant  de  nouveaux  ceps,  que  l'on  ait  soin 
de  la  purger  de  l'impureté  du  vieil  homme.  Il  est  vrai 
que  Dieu  fait  paraître  en  tous  les  temps  de  riches  effu- 
sions de  sa  bonté  et  de  sa  miséricorde,  mais  c'est  princi- 
palement en  celui-ci  que  se  fait  la  rémission  des  péchés, 
et  que  la  cjràce  qui  régénère  paraît  avec  plus  d'éclat,  par 
la  multitude  de  ceux  qui  y  accourent  de  toules  parts. 
LlùjUse  se  multiplie  par  le  grand  nombre  de  ceux  qui 
reçoivent  une  nouvelle  naissance;  elle  prend  de  nouveaux 
accroissements  par  ceux  qui  rentrent  dans  son  sein.  Les 
7(ns  sont  lavés  par  feau,  les  autres  par  leurs  larmes. 
L'un  côté  nous  nous  réjouissons  en  voyant  ceux  que  Dieu 
appelle  de  nouveau,  et  de  l'autre  la  réconciliation  despé- 
nileuts  nous  remplit  d'allégresse.  De-là  vient  que  votre 
troupeau,  ayant  été  défiguré  par  les  divers  crimes  dont 
il  s'est  rendu  coupable,  en  négligeant  la  pratique  des  ecm- 
mcnuLnienls  de  Dieu  et  les  bonnes  mœurs,  se  présente  : 
aujourd'hui  devant  vous  en  suppliant,  et  qu'étant  humi- 
lié, et  prosterné  en  terre,  il  crie  avec  te  prophète  :  J'ai 
péché,  j'ai  commis  l'impiété,  ayez  pitié  demoi.  Seigneur. 
C'est  ainsi  qu'il  se  rend  docile  à  la  parole  de  l'Evangile, 
qui  nous  apprend  (jue  ceux  qui  pleurent  seront  consolés. 
Ce  pénitent,  comme  il  est  écrit,  a  mangé  le  pain  de  dou- 
leur, il  a  arrosé  son  lit  de  ses  lannes,  il  a  alJIigé  son 
cœur  par  la  componction,  et  son  corps  par  les  jeûnes, 
afin  de  recouvrer  la  santé  de  son  âme  qu'il  avait  perdue. 
Il  a  eu  recours  à  l'unique  refuge  qui  lui  restait,  qui  est 
celui  de  la  pénitence,  lequel  est  toujours  utile,  et  en 
particulier  à  ceux  qui  s'y  exercent,  et  à  tous  en  commun. 

Lors  donc  que  le  vénérable  ponlife  est  excité  lui-même 
il  1(1  pénitence  par  tant  de  grands  exemples  sous  les  yeux 
de  toute  l'Eglise  qui  gémit,  il  proteste  et  dit  :  Je  reconnais 
mes  péchés,  et  ma  faute  m'est  toujours  présente,  détournez 
vclrc  visage  de  mes  péchés,  et  effacez  toutes  mes  iniqui- 
tés, rendez-moi  la  joie  de  votre  assistance  salutaire,  et 
forlifiez-moi  par  un  esprit  qui  me  fasse  agir  de  grand  cœur. 

Tandis  qu'il  prie  da  la  sorte ,  et  qu'il  implore  avec  un 
cœur  louché  de  douleur  la  misér'icorde  de  Dieu,  que  l'ar- 
c'nidiucre  continue,  cl  ajoute  ce  qui  suit  :  Réparez,  ô 
ponlife  apostolique,  ce  qui  a  été  détruit  et  corrompu  par 
les  suggestions  nudignes  du  diable,  rapprochez  cet  homme 
vers  Dieu  par  la  divine  réconciliation ,  afin  que  celui  pui 
ci  devant  se  déplaisait  à  lui-même  à  cause  de  ses  fautes, 
se  félicite  de  sa  réconciliation  avec  DÎlU  dans  la  région  des 
vivants,  après  ([uil  aura  milieu  cel^i  qn'lia  a  donv.é  la  mort. 


Egrodilurpœiiilcnsdc  loco,  ubi  pa3iiilcnliaiii  gessit, 
et  in  greinio  pnesoiUatur  Eccicsia',  proslrato  oiiiiù 
corpore  in  icrrâ,  et  postulat  in  bis  vcrbis  diaconus  : 
Adest,  ô  vcncrabilis  Ponlifex,  lcni|)us  acceptuin,  dics 
propitialioiiis  divins;  et  salulis  bnman;v,  qnia  mors 
interitum,  cl  vila  accipit  principiinn,  quando  in  vincà 
Doniini  Sabaolb,  iiovornni  palniituni  sic  facienda  est 
plantalio,  ut  purgctur  exccralio  vctuslatis.  Quanivis 
eiiim  divitis  bonilalis,  et  pictalis  Oci  nibil  icniporis 
vaccl,  msnc  tanicnct  Kirgiorest  per  indidgentian»  le- 
niissiopeecalorum,  elcopiosior  per  graliani  assinDpiio 
renascciitiuni.  Angeniiir  rcgenerandis,  crescimusrc- 
versis.  Lavant arpixs  lavant  lacrymoe.  Inde  eslgaudiiun 
de  vocalionc  vocaloiiim;  bii;c  laHilia  de  absohilione 
poonilciititnn.  Inde  est  qiiôd  su]  plex  grcx  liais,  po- 
slcaqnàm  in  varias  formas  ciiniinuui,  negleclii  inan- 
datoruni  cœlcslinni,  eUnoruni  probabiliinii  Iransgres- 
sione  cecidit,  liumilialus  atquc  prostratus  proplielicâ 
ad  Dominuni  voce  claniel:  Peccavi,  impie  egi,  iid- 
quitalcmfeci,  miserere mcî,  Domine;  evangelicam  vo- 
cem  non  l'rustratorià  voce  capiens  :  Rcati  qui  Uigcnt, 
quoniam  ipsi  consolabuntur  ;  manducavit,  sicut  scri- 
ptum  est,  pancm  doloris,  laerymis  slralum  suum  riga- 
vit,  cor  suum  luctu,  corpus  afflixit  jcjuniis,  nt  anima; 
sua;  recipcrcl  quam  pcrdidit  sanitatcm.  Unicnm  i(a- 
quc  est  pocnilcutiyesufl'ragium,  quod  et  singulis  urod- 
est,  cl  omnibus  in  connnune  succurrit. 


Ilinc  crgo  dùm  ad  pœniludinis  aclionem  tantis  ex- 
cilatur  exemplis,  sub  cunspectu  ingemiscentis  Ecde- 
siie,  vcnerabilis  ponlifex  prolestatur,  cl  dicit:lni-' 
quitatcs  measego  cognosco,  eldcliclum  nienmconlra 
meeslsemper.  Averle  facicni  Uiam  à  peceatis  meis, 
et  omnes  iMi(]uilates  mcas  dcle.  Ucdde  mibi  la;tilian» 
salutaris  lui,  et  spiritu  principali  conlirma  me. 

Quo  ita  supplicante,  et  miscricordiam  Dei  afflicio 

corde  poscenle,  ileriim  arciiidiaconus  subjungat,  di- 

j  cens:  Uediiitegrain  co,  apostolicc  ponlilcx,  quid(|nid 

j  à  diabolo suailenle  corruptum  est,  cl  oralionum  liia- 

rnm  patrocinaulibus  merilis,   per  divinac  rccoiicilia- 

lionis  grat^am  fac   iiouiiiiem  proxinunn  Doo,    ul  (|iii 

anleain  suis  sibi  pcrversilalibus  displiccbat,  nunc  jam 

placcrc  se  Domino  in  regione  vivorum  dcviolomorlis 

3  auctore  t'raltd'.'lur. 


720  Ai>PEND(CE  ^.vw  .,:v  ;  ,,:vlif.:,NCi.:.  730 

Après  cela  révoque,  ouiitu'Uiiic  (iittrc  prclre,avcrlil le  1^      Posl   hoc    adnioiioliir    ab    opiscopo,  sivc  nh  alio 


pcnitenl  de  ne  point  retomber,  en  pcchimt  de  nouveau, 
ians  rétat  d'où  il  va  sortir. 

Pli ère. 
Soyez  attentif  à  ntes  très-humbles  prières,  ù  Seigneur, 
Il    écoutez-moi  favorablement,   moi  qui   le  premier  de 
tous  ai  besoin  de  votre  miséricorde,  donnez-moi  la  con- 


saccrdolc,  m  (piod  piniiicmlo  diltiil,   ilcrando  non 
revocof. 

Oratio. 
Adoslo,  Domino,  snpfilicalionihiis  noslris,  et  me, 
f|iii  cliain  miscricordià  tuà  piimus  iiidigco,  cleincnler 
exaiidi  :  et  qucni  non  cleclionc  merili,  scd  doiio 
fiance  de  m'acquitter  dignement  de  ce  ministère  que  vous  |  grali.TC  lu;«  consliliiisii  opcris  liiijiis  niiiiislniin,  da 
m\ivez  confié,  non  à  cause  de  mes  mérites,  mais  par  |  fidiiciani  lui  niuncris  cxcqiieiuli,  et  ipse  in  noslro 
le  don  de  votre  grt'ice,  et  daignez  vous  servir  de  moi  '^.  niinistcrio  (piod  lusc  pielatis  est  opcnrc.  Vc.v  Do- 
comme  de  votre  oinintre,  pour  produire  les  efj'els  de  l|  iniinun,  etc. 
votre  bonté.  Par  Noire-Seigneur  Jesus-CImst.  clc. 
Autre  prière. 
Accordez,  novs  vous  en  prions,  Seigneur,  à  cet  tiomme  i|j 
votre  serviteur,  de  dignes  fruits  de  pénitence,  afin  qu'é- 
tant purifié  des  péchés  qu'il  a  commis  par  le  pardon  qu'il 
recevra,  il  soit  rétabli  dans  la  communion  de  votre  Eglise, 
dont  il  s'était  rendu  indigne  par  sa  faute.  Par  Notre' 
Seigneur,  etc. 

Autre  pi'ière. 
0  Dieu   très  bon,  qui  avez  créé  le  genre  humain,  cl 
qui  ensuite  par  une  plus  grande  miséricorde  l'avez  ré- 
paré, et  racheté  du  sang  de  votre  Fils  unique,  après  que 
pur  l' envie  du  diable  il  était   déchu  de  l'espérance  de 


Alla  oratio. 

Pricsta,  qurcsumus,  Domine,    luiic  famulo   tiio  di- 

gmim  pœnilcnlia;  fruetum,  ul  EccK'sitc  sancla;  à  cn- 

f,  jus  integrilatc  deviàrat  |)e(  (  aiulo,  adinissoruni  redda- 

I  lur    innoxiu5     veniain    consequendo.    Pcr    Domi- 

I  nuni,  etc. 

I 

i  Alla  oratio. 

j      Deus,  lunnani   gencris  benignissime  condilor,  et 
I  misericordissimc  refbrmator,    qui  Iiomincm  invidii 
l  diaboli   ab   uilcrnilatc  dejectum,  unici  Filii  tui  san- 
guine rcdemisli,  vivifica  hune  fanuilum  tuuni ,  queni 


la  vie  éternelle,  rendez  la  vie  à  cet  homme  volrcservileur,   |  libi  nullatcnùs  mori  dcsideras;  et  qui  non  dcrelinquis. 


dont  vous  ne  coulez  point  la  mort  ;  recevez   en  grâce, 


aprîsquil  s'est  corrigé, celui  que  vous  n'avcz.poinl  aban-  ;|  quASUiuus,  Domine,  hiijas  lamuli  lui  lacryniosa  su- 


donné  dans  ses  désoidres.  Que  ses  soupirs  mêlés  de  lur 
mes  aliirent  sur  lui  les  regards  favorables  de  votre  clé- 


dfivium,  assume  correclum.  Movoant  piclalem  luain„ 


spiria.  Ta  cjus  medere  vuhieribus,  tu  jacenli  manuni 
porrige  salularem,  ne  Ecelesia  tua  aliquâ  sui  corpo- 


mence,  guérissez  ses  plaies,  ô  Seigneur,  tendez-lui  votre  Ij  risporlioiic  vastelur,  ne  grex  tuus  dclrimonluni  susli- 
main,  afin  que  votre  Eqlise  ne  soit  privée  d'aucun  de  ses  ';-',  neal,  ne  de  famille  tu;c  dannio  iuimicus  exullet,  ne 
membres, que  votre troupeaune  souffreaucnne perle,  ijiie  à  renatum  lavacro  saiutari  uiors  sccunda  possideat. 
l'ennemi  ne  puisse  se  réjouir  de  voir  voire  famille  dimi-  [ï  ïibi  ergo,  Domine,  supplices  prcces,  tibi  llelum  cor- 
miée,el  que  celui  qui  esl  régénéré  par  le  bain  salutaire  du  |a  dis  efl'uiidiuius,  tu  parce  confitenli,  ul  bi  in  hàc  mor- 
Baptême,  ne  devienne  point  la  proie  de  la  seconde  mort.  ''\  lalilatc  peccala  sua  te  adjuvante  diiloat,  qualiler  iii 
Nous  vous  o/]'rons  donc,  ô  Seigneur,  nos  (rcs-fmmbks  j  tremendi  judicii  die  scnlenliam  danmalionis  évadât; 
prières;  nous  répandons  en  votre  présence  les  larmes  |  et  nescial  quod  lerrct  in  loncbris,  quod  stridet  iii 
qu'une   douleur  sincère    nous  fait   l'crser.  Pcirf/o/7?,'ei  i  fiamniis,  alipie  ab  erroris  via  ad  ilcr  revcrsus  jusli- 


«  celui  qui  se  reconnaît  coupable,  et  que  celui  qui  par 
le  don  de  votre  grâce  déplore  ici  le  malheur  qu'il  a  eu 
de  vous  ofl'enser,  évite  l'arrêt  de  condamnation  dans  vo- 
tre terrible  jugement.  Qu'il  ne  connaisse  jamais  par  son 
crpérience  ces  ténèbres  effroyables  et  ce  feu  toujours  al- 
lumé qui  doivent  faire  le  partage  dos  réprouvés,  et  qu'é- 
tant rentré  dans  la  voie  de  la  justice  dont  il  s'était  égaré, 
il  ne  reçoive  plus  de  nouvelles  plaies,  mais  qu'il  con- 
serve inviolablement  ce  que  vous  lui  avez  accordé  par 
votre  grâce,  et  ce  que  vous  avez  réparé  en  lui  par  votre 
miséricorde.  Par  Notre-Seigneur,  etc. 

Autre  piière  pour  réconcilier  un  pénilcnl. 

Dieu  tout -puissant  et  éternel,  remettez  par  votre 
bonté  les  péchés  à  votre  serviteur,  qui  se  reconnaît  cou- 
pable devant  vous,  afin  que  le  péché  dont  il  sent  sa  con- 
science chargée  ,  lui  soit  moins  un  sujet  de  peine,  que  le 
pardon  que  votre  bonté  lui  accordera ,  un  sujet  de  joie. 
Par  Xotrc-Seigneur. 

Autre  prière.  ij 

Dieu  tout-puissant  et  miséricordieux,  qui  accordez  le  i 
furdon  des  péchés  à  ceux  qui  les  avouent  aussitôt,  se-  li 


l  li;v,  nequaquàm  ullra  vuhieribus  sauciclur,  sed  inte- 
grum  sil  ci  atqiie  pcrpetiiuni,  et  (iiioc!  gralia  tua  con- 
ti'.lil,  cl  quod  miscricordià  refui'niavit.  l'er  Dominuiu 
noslriju)  .îcsuiu  Clirisluui. 


Alia  oratio  ad  rcconciliandum  pirnitentcm. 
OMUiipolenssenipilerne  Deus,conlilenli  libi  Iniic  fa- 
mulo tuo  pro  tuà  pielalc  peccala  relaxa,  ul  non  pins  ci 
!  ccal  rcalus  conscienli;B  ad  pœnam,  (piàm  indnlg(Milia 
tuai  pielatis  prosil  ad  veniam.  PcrDominum,  elc. 


Alia  cralio. 
Dmnipoicns   et  u^isericors ,    qui-  pcccalorum    iu- 
dulgcnliam   in  confessione  céleri  posuisli ,  succurrc 


731 


courez  ceux  qui  sont  tombés,  ayez  pitié  de  ceux  qui  re-  ,j 
connaissent  leurs  fautes ,  afin  que  ceux  qui  se  trouvent 
enchainés  par  leurs  péchés,  soient  délivrés  par  votre  mi- 
séricorde. Par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ. 
Autre  prière. 

Dieu,  qui  purifiez  les  cœurs  de  ceux  qui  se  reconnaissent 
coupables,  et  qui  délivrez  des  liens  de  llniquité  ceux  qui 
s'accusent  eux-mêmes,  accordez  le  pardon  aux  coupables 
et  la  guérison  aux  blessés,  afin  qu'atjant  reçu  la  rémis- 
sion de  tous  leurs  péchés,  ils  participent  dans  la  suite 
aux  sacrements  avec  une  dévotion  sincère ,  et  ne  soient 
privés  d'aucun  des  avantages  de  la  rédemption  éternelle. 
Par  notre,  elc. 

(Suivent  les  autres  prières  qui  se  lisent  dans 


IllSTOIUE  DES  SACREMENTS.  732 

lapsis,  miserere  confessis,  ut  quos  delictorum  calcna 
constringit,  niiscratio  tuse  pielatis  absolvat.  Per  Do- 
luinum  nostrum,  etc. 


Alia  oratio. 
Deus,  qui  confitenliiun  libi  corda  purificas,  et  accu- 
santes suas  conscienlias  ab  onini  vinculo  ini(juitatis 
absolvis,  da  iiidulgcntiain  reis,  et  niedicinam  iribue 
vulncratis,  ut,  perceplà  reuiissione  omnium  peccato- 
runi ,  in  sacramentis  tuis  sinccrà  dcinceps  devotione 
permaneant,  et  nuUuni  redcmplionis  aitcrnae  susti- 
neanl  dctrimenlum.  Per  Dominum  nostrum,  etc. 

V ordre  romain,  à  V exception  de  la  septième.) 


Extrait  d'unmanuscrit  (l)  deVéglise  de  Rouen, 
qui   a  plus  de  huit  cents  ans  d'antiquité , 
dans  lequel  sont  décrites  les  cérémonies  et 
les  prières  avec  lesquelles  se  faisait  la  ré- 
conciliation secrète  des  pénitents. 
Commence  TabsoUition,  que  Tévêque  doit  prononcer 
sur  une  personne  qui  s'est  convertie,  et  a  fait  péni- 
tence. Que  celui  qui  est  sur  le  point  de  recevoir  celte 
grâce,  se  prosterne  devant  lautel,  et  qu'il  récite  le 
psaume  cinquantième;  que  s'il  ne  le  sait  pas,  qu'il 
dise  souvent  du  fond  de  son  cœur  :  Seigneur,  ayez 
pitié  de  moi  qui  suis  un  pécheur  et  votre  serviteur; 
Que  l'évéque    fasse  sur     lui    la  litanie   (2)  ;  après 
quoi  suivront  ces  oraisons  : 

Prière. 
Nous  vous  absolvons  au  nom  de  S.  Pierre,  dont  nous 
tenons  la  place,  et  auquel  le  Seigneur  a  donné  la  puis- 
sance de  lier  et  de  délier.  Comme  donc  il  vous  con- 
vient de  vous  accuser,  et  à  nous  de  vous  remettre  vos  pé- 
chés :  que  le  Dieu  tout-puissant  soit  votre  vie  et  votre 
salut,  et  qu'il  daigne  vous  pardonner  tous  vos  péchés. 
Par  celui  qui  vit  et  règne  pendant  tous  les  siècles  des 
siècles.  Ainsi  soit-il. 

Autre  prière. 
Seigneur,  Père  tout-puissant  et  éternel,  qui  avez  bien 
voulu  guérir  les  plaies  de  nos  âmes,  nous  vous  prions  avec 
instance,  et  nous  vous  demandons,  nous  qui  sommes  vos 
prêtres,  quelque  indignes  que  nous  en  sotjons,  de  prêter 
l'oreille  à  nos  prières.  Soyez  touché  de  l'aveu  de  ses 
fautes  que  fait  ce  pénitent,  pardonnez-lui  tous  ses  crimes 
et  tous  ses  péchés.  Changez  pour  lui  ses  supplices  en  in-  ', 
dulgence,  la  douleur  en  joie,  la  mort  en  vie,  afin  que  ce- 
lui qui  est  parvenu  à  la  haute  espérance  du  royaume  cé- 
leste, se  confiant  en  votre  miséricorde,  entre  en  possession 
de  la  paix,  et  qu'il  puisse  mériter  les  dons  célestes.  Par 
Notre-Seigneur,  etc. 

Autre  prière. 
Exaucez-nous,  Seigneur,  et  de  même  que  vousvous.êtes 
rendu  favorable  au  publicain,  dont  les  prières  et  l'aveu 

(1)  Ce  manuscrit  vient  de  quelque  église  d'Angle- 
terre, à  l'usage  de  laquelle  il  était,  avant  que  les  Nor- 
mands y  fu'isent  établis ,  et  dans  le  temps  que  les 
Saxons  y  régnaient. 

("1)  Par  litanie  on  entend  ici  Kyrie  eleison,  avec 
l'oraisou  dominicale,  elinême  sans  celte  prière. 


de  ses  fautes  ont  attiré  sur  lui  votre  miséricorde,  recevez 
aussi  en  grâce  votre  serviteur  N. ,  ne  rejetez  point  ses 
prières;  afin  que  ne  discontinuant  point  de  se  confesser 
coupable  avec  larmes  en  votre  présence,  et  de  vous  adres- 
ser sa  prière,  il  obtienne  le  pardon,  et  soit  rétabli  à  la 
participation  de  vos  autels,  et  de  vos  sacrements ,  pour 
avoir  part  ensuite  à  la  gloire  céleste.  Par  Notre-Sei- 
gneur, etc. 

Autre  prière 

Dieu  clément  et  miséricordieux,  qui  selon  la  multitude 
de  vos  miséricordes  effacez  les  péchés  des  pénitents,  et 
pardonnez  les  crimes  que  les  hommes  commettent,  jetez 
les  yeux  sur  votre  serviteur,  et  exaucez  celui  qui  vous  de- 
mande de  toute  l'ardeur  de  son  cœur  pardon  de  ses 
fautes.  Réparez  en  lui  ,  ô  Père  très-miséricordieux ,  ce 
qui  par  mie  suite  de  la  fragilité  humaine  a  été  altéré  ou 
détruit  par  la  malice  du  diable,  et  rétablissez-le  dans 
l'unité  du  corps  de  votre  Église,  et  l'union  avec  les  mem- 
bres qui  la  composent,  en  lui  accordant  la  rémission  de 
ses  péchés.  Par  notre  Seigneur,  etc. 
Autre  prière. 

Nous  vous  supplions,  ô  Majesté  toute-puissante,  d'ac- 
corder miséricordicusement  le  pardon  à  votre  serviteur 
N.,  qui  s'est  exercé  longtemps  dans  les  travaux  d'une 
pénitence  très-austère,  afin  qu'ayant  recouvré  ta  robe 
nuptiale  qu'il  avait  perdue,  il  mérite  d'être  admis  au  festin 
royal,  dont  il  avait  été  chassé.  Par  Notre-Seigneur,  de. 
Autre  prière. 

Que  votre  miséricorde  prévienne  votre  serviteur  N.  et 
que  toutes  ses  iniquités  soient  bientôt  effacées  par  le  par- 
don qu'il  attend  de  vous.  Par  Notrc-Seigncur,  elc. 
Aulre  Prière. 

Seigneur,  soyez  attentif  à  nos  supplications,  que  les 
effets  de  votre  miséricorde  se  fassent  sentir  sur  votre  ser- 
viteur, guérissez  ses  plaies,  pardonnez-lui  ses  péchés, 
afin  que  n'ayant  plus  rien  qui  le  sépare  de  vous,  il  puisse 
toujours  s'attacher  à  vous.  Par  Notre- Seigneur,  etc. 

Les  autres  oraisons  sont  dans  l'ordre  ro- 
main, c'est  pourquoi  nous  ne  les  rapportons 
pas  ici.  Le  manuscrit  poursuit  ainsi  ; 

Là,  l'évéque  prenant  le  pénitent  parla  main,  le  fait 
lever,  et  celui-ci,  étant  debout,  s'incline  devant  le  prélat. 
Prière. 

0  Dieu,  "'"''"'■  <l^  l'innocence,  qui  vous  plaît  sur 
toute  chose,  qui  avez  dit  autrefois  par  votre  prophète  .* 


733  APPENDICE  SUR  LA  PENITENCE. 

Je  l'js,  et  je  ne  veux  point  (a  mort  du  pécheur,  viais  qu'il 
se  convertisse  et  qu'il  vive;  et  ailleurs,  dans  quelque 
temps  que  le  pécheur  se  convertisse,  il  vivra  et  ne  mourra 
pas.  0  Dieu,  qui,  selon  le  Psulmisle,  ne  virpriscz  ja- 
mais un  cœur  contrit  et  humilie  à  la  vue  de  ses  îh/V/hiVc's, 
7WUS  vous  adressons  les  prières  les  plus  humbles,  ap- 
puyés uniquement  sur  votre  bonté  et  sur  vos  promesses 
et  non  sur  nos  mérites;  présentez  la  main  de  votre  misé- 
ricorde à  voire  serviteur  N.  que  nous  faisons  lever  de  la 
poussière  sur  laquelle  il  était  étendu,  et  après  l'avoir 
purifié  de  toutes  les  souillures  de  ses  péchés,  conservez-le 
dans  l'innocence.  Car  nos  églises  retentissent  de  la  grâce 
que  vous  avez  faite  au  B.  Pierre,  le  chef  de  votre  apos- 
tolat, à  qui  vous  avez  conféré  la  puissance  de  lier  et  de 
délier,  et  quoique  nous  en  soyons  très-indignes,  vous  nous 
avez  établis,  par  les  successeurs  de  cet  Apôtre,  pour  être 
prédicateurs  de  la  vérité  et  pour  la  garde  de  votre  trou- 
peau, que  nous  devons  conserver  en  liant  ceux  qui  se  dé- 
clarent vos  ennemis,  et  en  secourant  ceux  qui  se  conver- 
tissent. C'est  pourquoi  nous  vous  prions,  ô  Seigneur 
7wlre  Dieu,  qui  êtes  venu  en  ce  monde  pour  relever  le 
genre  humain  qui  était  tombé  et  perdu,  assistez  par  votre 
grâce  à  ce  que  twus  faisons  ;  et  parce  que  sans  le  secours 
qui  vient  de  vous,  le  ministère  des  hommes  devient  in- 
utile, mettez  vous-tuéme  en  liberté  votre  serviteur,  et  bri- 
sez les  liens  de  ses  crimes,  afin  qu'étant  déchargé  de  ce 
poids,  attaché  au  service  de  votre  Eglise,  délivré  des 
embûches  du  diable,  et  mis  en  la  garde  des  auges,  il 
persévère  dans  la  vie  nouvelle  qu'il  va  commencer,  et 
parvienne  enfin  au  royaume  céleste.  Pur  jSolre-Sei^ 
gneur,  etc. 


75i 


Statuts  synodaux  de  Wary  de  Dommartin  , 
évéque  deVerdun.  publiés  en  Van  1508  dans  \ 
son  synode  diocésain. 

Deux  clioscs  priiicipalomeiit  nous  engagent  à  placer 
ici  celle  partie  des  Staluls  de  Verdun  ;  la  première  est 
qu'on  y  verra  ([uels  étaient  encore  les  maximes  et  les 
usages  pratiqués  dans  TEglise  lans  ces  derniers  lemps, 
et  que,  nonobstant  rafl'aiblissement  de  la  pénitence 
survcmi  depuis  le  treizième  siècle,  on  en  avait  en- 
core conservé  l'espiit  et  même  plusieurs  pralicjULS 
anciennes.  La  seconde  est  ([u'il  se  trouve,  parmi  ces 
Staluls,  une  espèce  de  codcpéniteniiel  extrait  des  an- 
ciens, desquels  nous  avons  l'ait  plusieurs  lois  mention, 
mais  dont  nous  n'avons  pu  rapporter  qu'un  petit  nom- 
bre de  décisions. 

Il  est  bon  que  le  lecteur  ait  une  idée  un  peu  déve- 
loppée de  ces  anciens  livres  pénitentiels  que  les  con- 
fesseurs suivaient  autrefois  à  la  lettre,  mais  qui  ne 
sont  proposés,  dans  nos  statuts,  que  comme  des  mo- 
dèles que  les  prêtres  doivent  avoir  devant  les  yeux, 
non  pour  s'y  conformer  entièrement,  mais  pour  y  ap- 
prendre quel  est  l'esprit  de  l'Eglise,  et  pour  s'en  rap- 
procher autant  que  la  faiblesse  des  chrétiens  de  ce 
temps  le  peut  permettre.  Ainsi  ces  statuts  scronl 
comme  un  supplément  de  la  troisième  section  de  celte 
bislouedela  Pémlt^uice,  que  nous  n'avons  pas  poussée 
au-delà  du  treizième  siècle  ;  les  choses,  depuis  C'* 


ten)ps,  étant  demeurées  à  peu  près  sur  le  pied  qu'elles 
sont  de  nos  jours. 

('e  qui  nous  a  engagé  encore  à  transcrire  ces  Statuts 
dans  lapiiriidice  de  cette  histoire  de  la  Pénitence, 
("est  (|u'ils  ne  nous  sont  londj('s  entre  les  mains  que 
depuis  que  ce  traité  a  été  achevé,  et  qu'il  serait  trop 
embarrassant  pour  nous  de  placer  dans  les  dillérents 
endroits  les  choses  que  nous  en  voudrions  extraire, 
et  dont  le  lecteur  sera  en  état  de  porter  son  jugement 
(piaiid  il  sera  au  fait  de  ce  qui  est  dit  dans  ce  livre. 
De  la  confession. 
Que  les  prêtres,  pour  entendre  les  confessions, 
choisissent  un  lieu  éniinent  et  qui  ne  soit  pas  derrière 
l'autel,  alin  qu'ils  puissent  èlre  vus  des  survenants  ; 
qu'ils  ne  reçoivent  point  non  plus  les  confessions  dans 
des  lieux  cachés  hors  de  l'église,  sinon  dans  le  cas 
d'une  grande  nécessité  ou  d'iidirmilé,  et  qu'ils  aver- 
tissent souvent  le  peuple  de  se  confesser,  surtout  au 
commencement  du  carême. 

Que  le  prêtre,  en  entendant  les  confessions,  ait  un 
visage  qui  se  ressente  de  l'humililé,  qu'il  ait  les  yeux 
baissés  vers  la  terre,  et  qu'il  ne  regarde  point  indis- 
crètement et  (réquemnient  en  face  celui  qui  se  con- 
fesse, à  quoi  il  doit  principalement  prendre  garde 
quand  ce  sont  des  femmes  qu'il  entend  en  confession. 
Qu'il  écoute  les  pénitents  avec  patience,  qu'il  leur 
promette  l'espérance  du  pardon ,  s'ils  s'abstiennent 
de  leurs  péchés,  et  s'ils  sont  repentants  et  contrits  de 
ceux  qu'ils  ont  commis. 

Que  les  prêtres  se  gardent  bien  de  s'informer  du 
nom  des  personnes  avec  les(iuelles  ceux  qui  se  con- 
fessent ont  péché,  mais  seulement  des  circonstances 
qui  aggravent  le  péché.  Qu'ils  ne  questionnent  pas  les 
pénitents,  sinon  sur  les  péchés  ordinaires  et  non  sur 
ceux  qui  sont  plus  rares,  à  moins  qu'ils  ne  fassent 
venir  cela  de  loin,  et  pour  leur  apprendre  de  quoi  et 
en  quelle  manière  ils  doivent  se  confesser. 

Que  les  prêtres  prennent  garde  de  ne  découvrir  les 
pécheurs  ni  par  paroles,  ni  par  signes,  ni  de  quelque 
manière  que  ce  soit;  mais,  s'ils  ont  besoin  de  prendre 
conseil,  qu'ils  le  lassent  avec  précaution,  sans  expri- 
mer le  nom  des  personnes,  paice  que  celui  cpii  aura 
découvert  le  péché  qu'il  a  connu  par  la  voie  de  la 
confession,  sera  non  seulement  déposé  par  noire  ju- 
gement de  l'office  sacerdotal,  mais,  oulre  cela,  ren- 
fermé dans  un  monastère  d'une  élroile  observance 
pour  y  faire  pénitence. 

Que  les  prêtres  ne  donnent  point  aux  pénitents  l'ab- 
solution des  grands  péchés,  de  majoribus  peccatis,  tels 
que  sont  l'homicide,  le  sortilège,  le  péché  contre  na- 
ture, l'inccsle,  la  corruption  des  vierges,  le  commerce 
sacrilège  avec  les  religieuses,  l'injection  des  mains 
sur  les  parents,  sur  les  prêtres,  sur  les  clercs,  et  sur 
tous  ceux  qui  sont  engages  dans  quelque  religion,  le 
violement  des  vœux,  la  mondes  enfants éloutfés  dans 
le  lit  lors(|ii'ils  couchent  avec  les  pères  et  mères,  et 
plusieurs  autres  crimes  énormes  réservés  au  pape  ou 
à  nous,  lesquels  seront  ci-apr«s  plus  clairement  énon- 
cés. Que,  s'il  k'iy  .survient  mehiiie   doute,  ils  aient 


755  HISTOIRE  DES  SACtŒMENTS. 

toujours  soin  de  consulter  des  hommes  savants,  o» 

qu'ils  renvoient  les  pciiilenis  à  nous  ou  à  notre  vi- 
caire poin-  les  absoudre. 

Le  prêtre  doit  aussi  avoir  grand  soin  de  demander 
à  celui  qui  se  confesse  s'ij  a  de  la  dotilewr  des  péchés 
qu'il  a  commis,  lui  disant  qu'il  ne  sentira  pas  la  joie 
que  produit  la  conversion,  s'il  n'a  de  la  douleur  d'avoir 
mal  fait.  Il  lui  demandera  de  plus  s'il  est  dans  la  ré- 
solution do  ne  plus  pécher  dans  la  suite ,  cl  de  faire 
pénitence  des  excès  auxquels  il  s'est  laissé  emporter. 
<)ue,  s'il  lui  répond  qu'il  ne  peut  ou  qu'il  ne  veut  pas 
s'abstenir  de  pécher  à  l'avenir,  ou  bien  qu'il  veut  aban- 
donner quelques-uns  de  ses  désordres  et  demeurer 
jlans  les  autres,  le  prêtre  doit  nonobstant  cela  enten- 
dre sa  confession  ,  et  lui  donner  conseil  sur  ses  pé- 
chés ;  mais,  avant  de  le  faire,  qu'il  lui  dise  doucement  : 
Mon  frère,  quand  vous  donneriez  tout  votre  bien  aux 
pauvres  ,  et  quand  vous  jeûneriez  toute  votre  vie  au 
pain  et  à  l'eau ,  et  que  vous  feriez  toutes  sortes  de 
bonnes  œuvres,  tout  cela  ne  vous  servira  de  rien  pour 
la  vie  éternelle,  tant  que  vous  demeurerez  dans  le  pé- 
ché et  la  volonté  de  pécher.  Que  si,  par  ces  paroles  et 
autres  semblables ,  il  ne  peut  l'amener  à  un  vrai  re- 
pentir, il  lui  donnera  conseil  sur  les  péchés  qu'il  a 
confessés  en  celte  manière  :  Mon  frère,  je  vous  le  dis, 
je  vous  conseille  déjeuner,  de  prier,  de  faire  l'aumône 
et  autres  bonnes  œuvres ,  afin  que  par  là  vous  méri- 
tiez que  le  Seigneur  vous  louche  d'un  véritable  repen- 
tir ;  quoique  ,  si  vous  demeurez  toujours  dans  volrc 
première  disposition,  tout  cela  vous  deviendra  iimlile, 
suivanlle  témoignage  d'Isaïe,  qui  dit  ([ue  celui-là  est  un 
moqueur,  et  non  un  pénitent,  qui  couiinuede  faire  ce 
dont  il  se  rcpent.  Après  avoir  dit  ces  ciioscs,  ([u'i!  lui 
iasse  dire  Confiteor  Deo,  qu'il  Jie  lui  donne  pas  néan- 
moins l'absolution  de  ses  péchés  ,  mais  (lu'il  lui  dise 
qu'il  ne  recevra  point  le  corps  de  Notre- Seigneur , 
tant  qu'il  persévérera  dans  son  péché  ou  dans  lu  vo- 
lonté de  leconuneitre.  In  c.  Qiuiiido  (juidciu,  de  Pœu. 
et  Itcinis.  Qu'il  ail  soin  cependant,  autant  qu'il  le 
pourra,  de  ne  point  l'exposer  au  péril  du  désespoir, 
comme  les  Juifs  y  ont  poussé  Judas. 

Dans  l'imposition  delà  pénitence,  les  confesseurs 
auront  égaid  au  péché,  à  la  mainère  dont  il  a  été  com- 
mis, au  icinps,  au  lieu,  à  la  personne,  à  la  ([ualité  cl 
à  la  (piantilé  de  la  f;'.ule,  el  à  la  contrition  du  [;énitent. 
Qu'ils  n'imposent  point  des  peines  trop  grandes  cl  trop 
diu'es  ,  mais  modérées,  en  disant  au  i;éclieui'  :  Celle 
pénitence  que  je  vous  enjoins  est  trop  peu  de  chose; 
mais  ce  que  vous  ferez  de  bien  au  -  delà  ,  je  vous  le 
donne  encore  pour  pénitence  :  au  reste  absier.ez-vous 
du  péché  autant  que  vous  le  pourrez. 

{Suivent  deux  articles,  concernant  les  restitutions,  les- 
quels ne  contiennent  rien  de  particulier  ;  après  quoi  les 
Statuts  synodaux  poursuivent  en  celte  manière.) 

Qu'aucun  pièlre  ne  soit  assez  hardi  pour  célébrer 
les  n)es::es  ,  quand  il  aura  enjoint  pour  pénitence  d'en 
faire  dire,  de  peur  qu'on  ne  croie  qu'il  l'a  fait  par  in- 
lerèl  ;  que  l'on  ne  célèbre  non  i>lus  aucune  messe  de 
licamcm  pour  les  vivants. 


736 
li  Que  tous  les  prêtres  sachent  que  si  l'évêque  accorde 
I  à  quelqu'un  de  ses  sujets  (  c'esl-à-dirc,  de  ses  diocé- 
I  sains)  le  pouvoir  de  se  choisir  un  confesseur,  cehii  qu'il 
I  aura  clioisi  n'aura  pas  pour  cela  la  facullé  d'absoudre 
1  des  cas  réservés  spécialement  à  Tévêque,  à  moins  que  ; 
cette  clause  ne  soit  expressément  marquée  dans  la  - 
permission  accordée  < 

Si  un  pnroissicii  veut  pour  quelque  cause  raisonna- 
ble se  confesser  à  un  autre  qu'à  son  pasteur  {riuiim  suo 
sacerdoti),  qu'il  lui  en  demande  auparavant  la  permis- 
sion ,  puisque  lui  -  même  ne  peut  l'absoudre  ni  le 
lier,  s'il  n'en  a  la  permission  ou  le  pouvoir  du  su- 
périeur. 
Parce  que  plusieins  soîil  fori  ignoranls  ,  et  ne  sa- 
I  vent  pas  la  manière  de  se  confesser,  les  curés  les  en 
instruiront  publiquement  au  commencement  du  ca- 
rême Cl  en  quelques  autres  temps  convenables ,  leur 
disant  qu'il  faut  qu'ils  approchent  d'un  prêtre  avec  hu- 
milité cl  révérence  ;  qu'il  fautqu'ils  soient  à  genoux,  les 
mains  joiiites,  la  tête  découverte  si  ce  sont  des  hom- 
mes, et  que  les  femmes  doivent  être  voilées  ;  qu'ils 
doivent  connncncer  la  confession  par  ces  paroles  :  Je 
confesse  à  Dieu  tout-puissant,  à  la  bieidieureuse 
Vierge  L'arie,  el  à  vous ,  mon  père,  que  j'ai  beaucoup 
péché  en  telle  et  telle  chose,  tant  de  fois,  dans  tel  lieu,  - 
en  tel  temps  ,  avec  telles  personnes.  11  faut  avertir  les 
femmes  qu'elles  ne  se  mettent  pas  vis-à-vis  du  prêtre^ 
mais  qu'elles  aient  le  visage  tourné  à  côté  de  lui,  de 
peur  qu'elles  ne  soient  vues  en  face.  Au  reste,  que  les 
confesseurs,  en  écoutant  leur  confession,  se  compor- 
tent d'une  manière  si  honnête ,  si  sainlc  et  si  reli- 
gieuse, que  le  Père  céleste,  qui  voit  les  choses  les  plus 
sécrètes ,  n'en  soit  point  offensé.  Il  faut  aussi  les 
entendre  avec  patience  et  dans  un  esprit  de  douceur, 
Ks  excitant  el  les  avertissant  de  déclarer  nument  et 
entièrement  leurs  péchés ,  d'une  manière  conve- 
nable, et  qu'autrement  leur  confession  ne  vaudra  ritn. 

u  Cet  article  porte  en  marge  :  11  sera    lu  quatre  fois 

I  l'année. 

I  El  parce  que  la  mémoire  des  hommes  csl  labile,  en 
sorte  que  l'on  peut  à  peine  se  souvenir  de  ce  que  l'on 
a  fait  depuis  un  mois  et  moins  encore,  el  qu'il  csl  dan- 
gereux el  même  dommageable  de  demeurer  longlemjis 
dans  le  péché  morlel ,  puisque  les  œuvres  de  charilé 
faites  en. cet  état  ne  peuvent  directement  contribuer  au 
sailli  éternel  ;  voulant  pourvoir  à  ce  mal,  nous  ordon- 
nons que  ci-après  les  curés  avertissent  avec  soin,  et 
exliorlcnt  leurs  paroissiens  à  se  confesser  au  moins 
aux  fêles  solennelles  ,  savoir  à  Pâques,  à  la  Pentecôte, 
à  l'Assomption  de  la  Vierge,  à  la  Toussaint,  à  Noël  et 
au  commeaecmenl  du  jeûne  de  carême.  Nous  leur  or- 
donnons de  plus,  sous  de  grosses  peuies,  de  faire  des 
exhortations  tous  les  dimanches  qui  précèdent  ces  so- 
lennités, et  afin  que  le  peuple  se  porte  avec  plus  de 
dévoiio!!  à  se  confesser,  surtout  p,u  commencement  du 
jeûne  ;  afin  que  leurs  jeûnes  et  leurs  antres  bonnes 
œuvres  soi-enl  profitables  à  tous  ci  à  un  chacun,  nous 

.  accordons  trente  Jours  d'ind'.<lgcz!ce,  qui  seront  déduits 
l|  sur  les  péiiitcnces  qui  leur  auront  été  imposées,  à  tous 


737  APPENDICE  SUR  LA  PÉNITENCE,  ?lâ 

ceux  qui,  ciaiU  vrainicul  péiiilonis,  so  seront  coufc;-  ^  ccriic  le  salul  celte  sentence  redoutable  :  Maudit  soit 


*és  en  ce  jour  ou  en  quelques  aiilres  dos  trois  suivants. 
y/  est  écrit  à  la  mnrcje  de  cet  article  :  Qu'on  le  lise  au- 
l.r.it  dû  fois  qu'il  est  exprimé  par  rarlicle. 

Ilom,  comme  il  n'est  que  trop  oi'dinaire  que  dans 


riionnno,  qui  s'acquitte  négligemment  de  l'œuvre  de 
Dieu.  Qu'il  en  agisse  de  mcmcconirc  l'avarice,  l'obli- 
gcaiil  à  faire  d'abondantes  aumônes  ;  contre  la  colère , 
l'cxliorlant  à  la  patience  ;  contre  la  gourmandise,  à 


la  Semaine-Sainte,  cl  snrloullcs  trois  derniers  jours,  [     l'abslincnce  et  à  la  soi)riélé  ;  conîre  la  (léhanciie  ,  au 


il  se  trouve  dans  l'église  une  multitude  infinie  de  pa 
roissiensqui  veulent  se  confesser,  et  qu'à  cause  de  celte  ]• 
foido  on  ne  peut  les  cntoiulrc  comniodémoat  tous,  ou 
bien ,  si  on  les  entend  ,  les  proires  sont  obligés  de  les 
jiasser  légèrement,  et  ne  peuvent  ouïr  leur  confession 


les  dimanches  d 

semaine ,  surtout 

ment  du  carême.  Que,  s'ils  en  trouvent  quelques-uns 

de  négligents  en  ce  point ,  nous  jugeons  qu'après  avoir 


;  jeûne,  aux  prières,  aux  péleiinages,  aux  disciplines  et 
aux  autres  macérations  de  la  chair,  imposant  toujours 
la  pcnilencc  selon  la  condition  des  personnes ,  ayant 
égard  aux  forces  d'un  chacun,  de  peur  qu'en  assnjé- 
tis^ant  le  pécheur  à  de  trop  grosses  peines ,  il  ne 
entière  et  les  examiner  à  fond,  nous  ordonnons  a'jso-  ij  P^^thc  plus  grièvement  en  refusant  d'acconq>lir  sa  pé- 
lumcni  que  les  curés  les  exhortent  de  notre  part,  tous  11  nilcncc.  Car,  selon  saint  Clirysosiômc,  il  vaut  mieux  se 
e  carême  ,  à  se  confesser  avant  cette  |  tromper  en  inqiosant  de  moindres  peines  par  miscri- 
it  s'ils  ne  l'ont  pas  fait  au  commence-  'f  corde,  que  de  donner  lieu  au  pécheur  d'enfreindre  sa 

pénitence,  en  usant  avec  lui  de  trop  de  rigueur  :  car, 
où  le  père  de  famille  est  libéral ,  récononie  ne  doit 
condaniiié  cette  paresse,  pour  ne  pas  dire  ce  méi»ris,  ij  point  être  trop  ménager.  Si  donc  quelqu'un  a  péché  en 
ils  doivent  être  punis  par  des  jeûnes  et  par  des  aumô-  |  parlant  trop,  qu'il  satisfasse  par  le  silence  ;  s'il  a  passe 
nos.  Il  est  dit  à  la  marge  :  Que  l'on  publie  ces  régie-  \]  les  bornes  de  la  modestie  dans  ses  habits ,  qu'il  soit 
ments  au  commencement  du  carême.  ^^1  velu  pauvrement;  s'il  a  causé  du  scandale  aux  au- 

Quc  les  prêtres  annoncent  aussi  à  leurs  paroissiens  |  ti'cs ,  qu'il  les  édifie  par  son  bon  exemple;  s'il  a  fait 
que  c'est  un  grand  péché  de  consulter  !es  devins,  el  '[  tort  à  quelqu'un,  qu'il  répare  le  dommage  qu'il  lui  a 
d'ajouter  foi  aux  superstitions  et  à  toutes  les  choses  qui  |  causé. 

sont  des  resles  du  paganisme.  C'est  aussi  un  péché  I  Et  parce  que,  selon  saint  Jérôme ,  in  c.  Mcusuram, 
considérable  de  faire  le  loni-  dos  maisons  en  cerlains  |  de  Pœn.,  dis.  \,  il  n'y  a  point  de  temps  déterminé  pour 
jours  avec  des  cierges  bénits,  de  passer  par  le  feu  ou  il  h\  pénitence,  parce  que  Dieu  ne  considère  pas  le  temps, 
par  l'eau,  do  se  servir  de  ligature  ou  de  vers  supersti-  |  mais  la  douleur ,  nous  laissons  à  la  discrétion  du  con- 
tieux  pour  la  guérison  des  maladies,  parce  que  tout  |  fesseur  le  pouvoir  d'alonger  ou  d'abréger  le  temps  de 
cela  tient  du  sortilège.  Qu'ils  nous  renvoient ,  ou  1  la  pénitence ,  eu  égard  à  la  contrition  de  celui  qui  se 
à  notre  vicaire,  ceux  qui  seront  coupables  de  ces  'fJ  confesse,  et  à  la  nature  de  ses  fautes.  Que  cependant 
péchés.  tî  il  règle  tellement  toutes  choses,  qu'il  ait  soin  de  ne 

De  la  Pénitence.  |  point  avilir  l'autorilé  de  l'Église,  et  de  ne  point  char- 

El  parce  qne  la  pénitence  doit  accompagner  et  sui-  |  ger  sa  conscience, 
vre  la  confession,  il  nous  paraît  à  propos  d'ajouter  ';]  Mais  de  peur  que  des,  prêtres  peu  instruits,  el  igno- 
quelque  chose  à  ce  Siijet  :  car,  comme  les  cnlants  ne  p  rant  les  canons  dans  lesquels  la  pénitence  est  déter- 
l-euvcnl  parvenir  au  sa'nt  sans  le  baplèmc ,  de  moine  |]  minée  suivant  le  droit,  ne  soient  trop  précipités 
les  adultes  qui  ont  violé  l'alliance  qu'ils  ont  conlraclée  |  el  n'aillent  trop  vite,  quand  il  s'agit  d'abréger  ou  do 
avec  Dieu  dans  le  Baptême,  ne  peuvent  se  sauver  sans  |  modérer  le  temps  prescrit  par  le  droit  en  cette  ma- 
la  Pénitence,  au  moins  sans  celle  de  la  contrition.  Mais  |  tièrc,  nous  avons  jugé  à  propos  de  joindre  ici  les  ca- 
ils  peuvent  êlre  sauvés  par  le  propos,  et  un  désir  ar-  |  nous  pénitenliaux  ,  afin  qu'ils  saciieiit  jusqu'où  peut 
dent  de  se  confesser  cl  de  satisfaire  à  Dieu.  Ainsi,  1  s'élcndre  la  grâce  qu'ils  peuvent  faire  aux  pénilcnls , 
connue  la  vraie  pénitence  délivre  l'homnic  de  la  puis-  |;  lorsqu'ayanl  égard  aux  circonstances,  ils  voudront  re- 
sance  du  diable  ,  qu'elle  le  purifie  de  son  péché  et  le  '^'  mettre  quelque  chose  des  pénitences  prescrites  par  le 
réconcilie  avec  Dieu,  nous  avons  cru  devoir  ouvrir  une  jl  droit,  et  que  peut-être  les  larmes  el  la  contrition  do 
voie  aux  confesseurs  par  laquelle  ils  puissent  marcher.  |  celui  qui  se  confesse  les  engagera  à  user  de  colle  in- 
Car,  comme  dans  les  maladies  naturelles,  les  con-  j| 
Iraires  se  guérissent  par  les  contraires,  nous  (croyons 
qu'il  en  est  de  même  de  celles  de  l'âme. 

Que  le  prêtre  enjoigne  donc  à  celui  qui  ccnfesse  sf^s  ■ 
péchés,  et  qui  est  dans  la  résolution  de  n'y  plus  retour-  | 
ncr,  une  pénitence  et  une  correction  opposées  aux 
fautes  pour  lesquelles  le  pénitent  doit  satisfaire  ;  qu'il 
lui  persuade  de  s'humilier,  s'il  s'est  élevé  ;  qu'il  lui  en-  || 

joigne  de  prier  ;  qii'il  lui  propose  les  exemples  et  les  pa-  1  qu'il  soit  toujours  prosterné  à  la  porte  de  l'église  ca- 
rotcs  de  l'Évangile  ;  que  celui  qui  est  le  plus  grand  l  tholiquc,  cl  qu'il  rc<;oi\e  la  communion  à  la  fin  de  sa 
d'entre  vous  devienne  le  plus  petit  ;  cl  plus  vous  êtes  |  vie:  s'il  ne  l'a  pas  lait  volonlairement  mais  par  hasard, 
élevé,  plus  vous  devez  vous  humilier  en  toutes  choses,  'l  qu'il  soit  en  pénitence  cinq  ans 
Qu'il  lui  propose  contre  la  paresse  dans  ce  qui  con-  l      Celui  (pii  a  tué  un  voleur  qu'il  pouvait  prendre, 


dujgcnce,  ce  q'.ii  certainement  leur  est  permis  par  le 
droit,  c.  Deus  qui  de  Pœn.  et  Remis  ,  où  il  est  dit  que 
';"  prêtre  peut  déterminer  la  pénitence  suivant  la  ipia- 
lité  de  la  faute  et  la  conlriiion  du  coupable. 

Le  premier  canon  pénitenliel,  ex  c.  Siquis,/. 
Distinct. 

Si  quelqu'un  a  commis  volontairement  un  homicide. 


7S9 


jeûnera  au  pain  et  à  Feau  quaraiile  jours,  c.  20,  de 
JJomkhlio. 

le  prèlie  qui  tombe  dans  le  péché  de  la  chair,  sera 
eu  pcnilence  dix  ans,  82  dist.,  c.  Presbijler. 

Celui  qui  prend  la  femme  d'un  autre  par  paroles 
de  présent,  fera  pénitence  sept  ans  et  quarante  jours 
au  pain  et  à  l'eau,  c.  2,  de  Spons.  duor. 

Une  dévote  converse  (  devota  conversa }  de  quelque 
monaslère,  ou  une  religieuse  {mo)ti(dis) ,  qui  commet 
le  crime  de  fornication  ou  qui  contracte  mariage  , 
aussi  bien  que  leurs  complices,  c'est-à-dire  ceux  avec 
qui  elles  auront  eu  cet  honteux  commerce,  feront  pé- 
nitence dix  ans,  27,  q.  i,  Qui  devolam. 

Celui  qui  dit  la  messe  cl  qui  neconuuunie  point,  un 
an,  pendant  lequel  il  ne  célébrera  point.  Z>t'CoHsa'., 
dist.  2,  c.  Rclalum.  \ 

Le  prêtre  qui  enveloppe  un  mort  des  nappes  de  l'au- 
tel ,  sera  eu  pénitence  dix  ans  et  cinq  mois.  Le  diacre 
y  sera  trois  ans  et  demi.  DeConsecr.  d.  1,  c.  ]Seino  pcr 
ignoranliam. 

Le  faussaire  sera  au  pain  et  à  l'eau  toute  sa  vie.  De 
verb.sign.,  \,  c.  Novimus. 

Quiconque  se  sera  parjuré  sciemment ,  sera  quarante 
jours  au  pain  et  à  l'eau,  eten  pénitence  les  sept  années 
suivantes.  Qu'il  ne  soit  jamais  sans  pénitence,  et  qu'on 
ne  reçoive  imlle  part  son  témoignage.  Qu'après  cela 
il  reçoive  la  communion.  C.  Qiiicunujue,  6,  q.  1. 

Celui  qui  oonlracle  scieunnent  mariage,  ou  qui  a  un 
mauvais  commerce  avec  deux  sœurs  ou  commères,  ou 
avec  la  mère  et  la  ûUe,  ou  quand  le  père  et  le  ûls  voient 
la  naème  femme ,  ou  bien  deux  frères  :  dans  ces  cas 
et  autres  semblables,  les  coupables  feront  pénitence 
huit  ans.  50,  q.  4,  c.  Si  pater,  et  51,  q.  7,  c.Si  quis,  et 
C.  seq. 

Celui  qui  par  ignorance  connaît  deux  sœurs,  ou  la 
mère  et  la  fille ,  ou  la  tante  et  la  nièce ,  dont  l'une  ne 
sache  ce  qui  s'est  passé  à  l'égard  de  l'autre  ,  l'un  et 
l'autre  feront  sept  ans  de  pénitence;  que  s'ils  l'ont  fait 
sciemment ,  ils  s'abstiendront  du  mariage  pour  tou- 
jours. 

(  Je  ne  mettrai  plus  les  citations  qui  sont  à  la  suite  de 
ces  canons  pénitentianx ,  rapportés  dans  les  statuts  dont 
1  nous  transcrivons  ici  une  partie.  Ce  que  nous  en  avons  vu, 
I  suffît  pour  donner  une  idée  des  sources  ,  dans  lesquelles 
,'  a  puisé  celui  qui  a  rédigé  ces  statuts.  ) 
1     Le  sacrilège  ,  ou  celui  (pii  aura  pollué  ie  chrême,  ou 
■  un  calice  consacré  ,  fira  pénitence  sept  ans.  Les  deux 
premières  années  il  n'entrera  point  dans  l'église  ,  il 
n'offrira  point  jusqu'à  la  quatrième  année  ,  et  il  s'abs- 
tiendra trois  jours  de  chaque  semaine  de  vin  et  de 
chair;  il  jeûnera  et  fera  quelqu'autre  chose. 

Celui  qui  cèle  le  mauvais  commerce  ([u'il  a  eu  avec 
une  femme  qui  se  marie  avec  son  frère ,  sera  en  péni- 
tence sept  ans. 

Celui  qui  a  reçu  la  pénitence  solennelle ,  et  qui  re- 
tourne à  son  vomissement  ,  dix  ans.  Soteniniter  pœni- 
tens ,  etc. 

Celui  qui  contracte  mariage  avec  une  femme  avec 
qui  il  a  commis  un  adultère ,  cinq  ans.^^  .^ 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  740 

Celui  qui  connaît  une  femme  adultère  pénitente,  avant 
qu'elle  ait  accompli  sa  pénitence,  deux  ans. 

Le  prêtre  qui  assiste  à  des  épousailles  clandestins  , 
trois  ans. 

Si  le  voleur  (1)  que  l'on  mène  au  gibet  se  confesse, 
ou  veut  se  confesser,  il  sera  enterré  dans  le  cimetière, 
on  priera  pour  lui ,  et  on  lui  donnera  le  corps  de  Jésus- 
Christ. 

Que  celui  qui  célèbre  sous  un  rit  différent  de  celui 
de  sa  méln)i)ole,  soit  en  pénitence  six  mois. 

Celui  (jui  tue  sa  fenune,  ne  montera  jamaisà  cheval, 
sinon  pour  se  faire  transporter  sur  un  chariot.  Il  no 
coiiiractera  point  mariage  jusqu'à  ce  que  l'espace  de 
dix  ans  soil  écoulé  ,  il  s'abstiendra  de  vin  et  de  chair, 
cl  fera  quelcjnes  autres  choses  qui  sont  contenues  55 
q.  2,  c.  Adinonere  ,et  c.  Quicumque. 

Le  parricide  qui  a  fait  mourir  sa  mère  ,  ne  portera 
point  les  armes  l'espace  de  dix  ans  ,  et  fera  pénitence 
durant  ce  temps.  55.  c.  Latorem,  et  tant  qii'il  vivra  , 
il  sera  en  pénitence ,  aussi  bien  que  le  meurtrier  de  sa 
femme.  C'est  donc  un  plus  grand  péché .  54,  q.  i ,  Non 
aff'cramus. 
Pour  le  vœu  simple  (  que  l'on  a  violé ,  )  trois  ans. 
Celui  qui  blaspliême  contre  Dieu  et  les  saints,  sept 
semaines,  selon  la  forme  prescrite  pour  les  médisants 
(ou  ceux  qui  donnent  des  malédictions). 

Un  évêque  qui  ordonne  un  clerc  malgré  lui,  et  sans 
une  juste  cause ,  sera  suspens  l'espace  d'une  année. 

Pour  toute  sorte  de  péché  mortel  notoire  (2) ,  sept 
ans.  55,  q.  2,  c.  Hoc  ipsum ,  et  §  Hoc  autem  ;  ce  qui 
a  lieu  ,  à  moins  que  les  canons  n'en  imposent  plus  ou 
moins ,  comme  on  a  vu  dans  ceux  que  l'on  vient  d'allé- 
guer. Car  la  pénitence  qui  n'est  point  exprimée  dans 
le  droit,  est  laissée  à  la  discrétion  du  prêtre ,  qui  doit 
se  conduire  selon  les  diverses  circonstances  qui  se  ren- 
contrent en  cette  matière. 
Celui  qui  brûle  une  maison  ou  une  grange,  trois  ans. 
Celui  qui  étant  excommunié  célébrera,  fera  pénitence 
trois  ans  ,  et  s'abstiendra  de  vin  et  de  chair  les  lundis, 
mercredis  et  vendredis. 

Celui  qui  célébrera  étant  dégradé ,  sera  privé  delà 
communion  du  corps  de  Jésus-Christ  jusqu'à  sa  mort, 
et  demeurera  excommunié  ;  il  recevra  cependant  le 
viatique  avant  de  mourir. 

L'évêque  qui  ne  s'cn)barrasse  point  de  corriger  les 
abus  en  matière  de  simonie,  deux  mois. 
Le  prêtre  qui  est  dans  le  même  cas  ,  quatre  mois  ; 
i  le  diacre  trois  ;  à  l'égard  des  sous-diacres  et   des  mi- 
nistres inférieurs,  cela  regarde  le  juge  qui  les  punira 
comme  il  le  jugera  à  propos. 

Celui  qui  excommunie  injustement ,  sera  suspens 
un  mois. 

Le  prêtre  qui  a  commerce  avec  sa  pénitente,  ou  avec 

celle  qu'il  a  fait  confirmer  ,  sera  renfermé  douze  ans 

dans  un  monaslère,  l'évêque,  quinze  ans,  et  la  femme 

sera  mise  en  religion. 

Celui  qui  scienmient  a  été  rebaptisé ,  si  c'est  pour 

(1)  Cet  article  est  remarquable. 

(2)  Ceci  est  remarquable. 


741  APPENDICE  SUR  LA  PÉNITENCE 

liérésie  qu'il  l'a  fait  ,  sept  ans  ,  et  il  jeûnera  la  sixième 
férlc  et  trois  carêmes  au  pain  et  à  Tcau  ;  s'il  Ta  fait 
pour  infirmité ,  trois  ans  ;  si  c'est  par  ignorance,  il  n'y  a 
point  do  péché,  mais  il  ne  doit  point  être  pronm  aux 
ordres  ,  à  moins  qu'il  n'excelle. 
'  L'évoque ,  le  prêtre ,  le  diacre  qui  ont  été  volontaire- 
ment rebaptisés,  seront  en  pénitence  le  reste  de  leur 
vie.  Pour  ce  qui  est  des  autres  clercs ,  des  moines  et 
des  religieuses  qui  ont  été  rebaptisés  par  les  héréti- 
ques, ilsy  seront  douze  ans  ;  cinq  ans  parmi  les  caté- 
chumènes, sept  ans  avec  les  pénitents  ,  et  on  ne  rece- 
vra point  leurs  oblaiions  pcndant.deux  autres  années. 
A  l'égard  des  enfants  ,  après  la  réconciliation  ils 
seront  rétablis  dans  la  comnmuion. 

Celui  qui  rend  un  faux  témoignage  par  contrainte  , 
dont  la  mort  ne  s'ensuit  pas  ,  deux  ans.  S'il  le  fait  de 
propos  délibéré  ,  cinq  ans,  comme  il  est  porté  dans 
le  concile d'Elvire  et  dans  une  ancienne  décrétale.  De 
Criin.  fais,  cl,  §  1 . 

Celui  qui  étouffe  son  fds,  trois  ans ,  et  un  an  au  pain 
et  à  l'eau ,  s'il  est  baptisé. 

Pour  l'adultère  ,  la  fornication  et  l'homicide ,  sept 
ans: 22,  q.  1,  c.  Prœdicandum ^  33,  q.  2,  Hocipsum, 
et  §  sequenti. 

Celui  qui  accuse  un  autre  injustement  d'un  crime 
qui  mérite  la  mort ,  quarante  jours  au  pain  et  à  l'eau, 
avec  les  sept  années  suivantes.  Que  si  raccusé  perd  un 
membre,  pendant  trois  quarantaines,  ou,  selon  le  car- 
dinal d'Oslic,  pendant  trois  ans  ((/e  Accus.,  c.  Accusàsti). 
Quelques-uns  entendent  ceci  de  manière  que  le  premier 
fera  pénitence  pendant  sept  ans,  en  jeûnant  chaque 
année  dix  jours  au  pain  et  à  l'eau  et  que  le  second  sera 
en  pénitence  trois  ans,  jeûnant  chaque  année  de  ces 
trois  ans  quarante  jours.  Le  glossateur,  Speculator  , 
qui  met  cela  dans  son  répertoire  ,  l'entend  à  la  lettre, 
car  le  premier  jeûnera  quarante  jours  au  pain  et  à 
Teau,  soit  de  suite ,  soit  séparément ,  et  pendant  sept 
ans  il  fera  pénitence  ;  non  pas  cependant  au  pain  et 
à  l'eau  ,  mais  suivant  qu'il  lui  sera  enjoint  par  le  prê- 
tre. Pour  le  second  ,  il  accomplira  trois  carêmes  ,  le 
premier  avant  Noël, le  second  avant  Pâques,  le  troisiè- 
me avant  la  Saint-Jean. 

Celui  qui  a  usé  de  sortilège,  fera  pénitence  quarante 
jours. 

Celui  qui  use  de  l'art  magique,  d'enchantements  et 
autres  choses  de  cette  nature,  et  celui  qui  consulte 
les  devins,  cinq  ans. 

Le  patron  qui  dissipe  les  biens  de  l'Eglise,  est  ex- 
communié do  droit  un  an. 

Que  celui  (jui  jure  de  ne  point  se  réconcilier,  fasse 
pénitence  un  an. 

L'incendiaire  sera  un  an  oulre-nier,  ou  en  Espagne, 
{pour  II  foire  la  (juerrc  aux  infidèles),  et  celui  qui  lui 
relâche  quelque  chos  •  de  celte  peine,  est  suspens 
l'espace  d'un  an.  Aujourd'hui  l'absolution  de  cesgens- 
là  est  réservée  au  pajte  seul. 

Celui  qui  a  un  commerce  conjugal  avec  sa  fille  ou 
sa  sœur  spirituelle,  est  condamné  à  sept  ans  de  pé- 
nitence. 


742 

Si  une  goutte  du  sang  de  Jésus-Christ  est  répandue 
à  terre  (1),  le  prêtre  sera  quarante  jours  eu  péni- 
tence, on  léchera  la  terre,  on  raclera  la  table  ou  la 
planche;  .s'il  n'y  a  point  de  plandier,  on  raclera  la 
place,  on  jettera  au  (en  co  que  l'on  on  aura,  tiré,  et  la 
cendre  sera  mise  on  dedans  de  l'autel.  Si  cette  goutte 
du  sang  précieux  tombe  sur  l'autel,  et  passe  à  une  des 
nappes,  ad  uniiin  pannum  ,  la  pénitence  sera  do  deux 
jours.  Si  elle  passe  à  la  seconde,  elle  sera  do  quatre 
jours;  si  elle  atteint  la  troisième,  elle  sera  de  neuf 
jours.  Si  elle  vient  jus(|u'à  la  quatrième,  vingt.  De 
Con&ecral.,  dist.  1 1,  c.  Si  per  negligentiam. 

Si  une  souris  mange  l'Eucharistie  par  la  négligence 
du  prêtre,  quarante  jours.  Si  elle  se  perd,  trente 
jours.  Si  par  inadvertance  il  la  laisse  lonihcr  (dimisil), 
quoiqu'il  ne  soit  rien  arrivé  de  funeste,  il  est  suspens 
trois  mois  de  son  office. 

Pour  celui  qui  tue  un  jUjf  ou  un  païen,  quarante 
jours. 

L'homicide  (jui  a  commis  ce  crime  par  nécessité, 
mais  qui  pouvait  éviter  de  faire  cette  action,  fera  pé- 
nitence deux  ans. 

L'évêque  homicide,  quinze  ans;  il  est  déposé,  élira 
en  pèlerinage  le  reste  de  sa  vie.  Le  prêtre,  douze  ans, 
dont  trois  au  pain  et  à  l'eau.  Le  clerc  et  le  laïque,  sept 
ans,  trois  au  pain  et  à  l'eau.  1  dist.,  c.  Si  quis  homi- 
cidium  et  palea  est.  Dans  une  nécessité  inévitable,  il 
n'y  a  rien  quant  au  péché,  mais  seulement  pour  faire 
paraître  la  pureté  do  l'Eglise  (sic.  5i,  q.  2,  c.  In  lec- 
tum),  et  pour  la  précaution  :  il  faut  cependant  user  de 
dispense  avec  lui. 

Pour  un  inceste,  ou  pour  une  conjonction  contraire 
à  l'ordre  de  la  nature,  ou  bien  avec  des  animaux,  sept 
ans  et  plus.  Le  clerc  est  déposé  et  le  laïque  excom- 
munié. 

Celui  qui  a  un  mauvais  commerce  avec  une  reli- 
gieuse, commet  un  crime  qui  renferme  presque  toutes 
les  espèces  du  péché  de  luxure.  C'est  un  crime  d'a- 
dultère, puisqu'il  est  commis  avec  une  épouse  de  Jé- 
sus-Christ, et  cette  espèce  d'adultère  est  un  grand 
crime,  si  l'on  considère  celui  dont  cette  fille  est  épouse, 
puisqu'il  est  le  Très-Haut,  à  qui  les  anges  rendent 
leurs  hommages.  C'est  une  corruption  d'une  vierge 
consacrée  à  Dieu.  C'est  un  inceste  plus  énorme  que 
celui  qui  se  commet  avec  une  femme  mariée....  On 
peut  ajouter  que  c'est  en  quelque  manière  un  péché 
contre  nature,  puisqu'il  se  commet  avec  une  personne 
morte  et  enveloppée  dans  le  suaire  ;  car  les  religieu- 
ses professes  qui  gardent  parfaitement  leur  ordre, 
portent  continuellement  le  suaire  dans  lequel  elles 
sont  ensevelies.  Il  n'est  donc  point  étonnant  qu'il 
faille  imposer  une  pénitence  très-dure  aux  scélérats 
qui  ne  craignent  point  de  se  livrer  à  ufi  tel  crime.  On 
les  renvoie  à  l'évêque  pour  être  absous,  et  celui-ci 
leur  imposera,  selon  les  régies  du  droit,  cette  péni- 
tence. Ils  jeûneront  quarante  jours  au  pain  et  à  l'eau, 
ce  que   l'on  appelle   carême  (quod  carinam  vocant)f 


i  )  Ceci  est  remarquable. 


î/,5  HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  744 

avec  les  sept  années  suivantes  ;  et,  durant  toute  leur  |      Il  ne  faut  pas  omettre  de  remarquer  ici  que  qnaml 

vie,  ils  soroiil  réduits  au  pain  et  à  l'eau  les  vendredis.  [|  une  pénitence  de  trois,  de  sept  ans  ou  de  moins,  ou 

Celui  (lui  tue  un  moine  ou  un  clerc,  un  sous-diacre  ig  de  quarantaines  ,  est  imposée  par  le  droit ,  et  qu'il 

on  un  diacre,   sera  renreriné  pour  toujours  dans  un  j|  n'est  pas  spécifié  de  quelle  manière  un  homnic  con- 

ronastère,  sans  pouvoir  retourner  au  siècle.   11  fera  j|  damné  de  la  sorte  doit  faire  pénitence,  la  détormina- 

ipl  ans  de  pénitence  publiqtie,  cl  ne  portera  point  if  lion  en  appartient  aux  prêtres.  Les  pénitences  étant 

ii's  armes.  1  arbitraires,  comme  ilaétédit;  c'est  donc  à  faire  à 

Celui  qui  se  marie  dans  les  jours  prohibés  par  TE-  i  eux  à  les  assigner  aux  légitimes  fériés,  suivant  les  ca- 

gi  isc,   sera  en  pénitence  un  mois,  ou  on  laissera  à  la  |  nons. 

discrétion  du  coH/csseîo- la  peine  qu'il  mérilc.  %      On  peut  inférer   de  ces  canons   pénitentiaiix  ,  de 

Le  prêtre  qui,  en  se  défendant,  aura  tué  un  voleur,  [j  quelle  rigueur  et  de  quelles  auslériics  on  usait  autrc- 

fera  deux  ans  de  pénitence.  1  fois  envers  les  misérables  pécheurs  :  mais  parce  que 

Celui  qui  découvre  les  péchés  de  son  pénitent,   est  fe  la  fragilité  et  la  faiblesse  de  ceux  qui  vivent  à  présent 

reh'gué  dans  un  monastère  pour  y  faire  pénilence.  i|  ne  peut  supporter  une  discipline  si  rigoureuse,  on  a 

C.  Omnis,  de  P(cn.  et  Remiss.   Autrefois  il  devait  être  :^  permis  aux  prêtres  de  modérer   ces  peines,  tant  par 

en  pèlerinage  le  reste  de  sa  vie.  De  pœn.,  dist.  6,  c.  ;|  rapport  à  leur  durée  qu'à  leur  rigueur,  ayant  égard 

S'.icerdos.  1  en  cela  à  la  qualité  et  à  la  sincérité  de  celui  qui  s'ac- 

Pour  celui  qui  vomit  l'Eucharistie  pour  avoir  trop  t[  cuse  de  ses  péchés,  en  lui  représentant  néanmoins 

bu,  si  c'est  un  laïque,  quarante  jours  ;  si  c'est  un  |  quelle  pénitence  il  a  méritée  par  ses  péchés. 

î;      Et  parce  que  nous  voyons  que  les  hommes  de  tout 
k  âge  se  livrent  à  des  passions  honteuses,  et  que  cette 
I  peste  est  répandue  partout  :  que  les  prêtres  mêmes, 
I  par  ignorance   ou  par  malice,    n'imposent  pour  ces 
I  sortes  de  péchés  que  des  pénitences  légères,  ou  n'en 
I  imposent  point  du  tout ,  voulant  arrêter  cette  cor- 
I  ruption  et  pourvoir  au  salut  de  tous,  nous  ordonnons 
I  que  les  prêtres  s'appliquent  avec  soin  à  rechercher 
les  péchés  les  plus  connnuns  d'impureté  et  de  gour- 
mandise ,   et  à  en  connailrc  les  circonstances  :  car 
hélas!  le  genre  humain  est  étrangement  défiguré  par 
ces  passions  honteuses.  Quand  donc  ils  se  seront  mis  au 
fait  de  la  qualité  des  péchés  qui  viennent  de  ces  sour- 
ces corrompues ,  ils  enjoindront  à  ceux  qui  en  sont 
coupables  les  pénitences  ci-dessous  marquées,  les- 
quelles nous  avons  extraites  et  recueillies  des  décrets 
publiés  dans  les  conciles  des  Gaules,  à  moins  qu'ils 
ne  jugent  à  propos  d'user  de  quelque  indulgence  en- 
vers les  pécheur.^,  ayant  égard  à  la  qualité  du  péché 
et  à  la  contrition  du  pénitent  :  ce  qui  est  laissé  à  leur 
discrétion,  comme  il  a  été  dit  ci-dessus.  A  la  marge  il 
est  dit  :  Faites  attention,  lecteur,  et  lisez  cet  article 
et  le  suivant  qui  regardent  la  manière  d'imposer  la 
pénitence  en  ce  temps.  Attende,  leclor,  et  lege  istum  et 


prêtre,  soixante-dix  ;  si  c'est  un  évêque,  quatre-vingt 
dix  ;  si  c'est  un  malade,  sept  jours.  | 

Pour  celui  qui  ayant  juré  entre  les  mains  d'un  évê-  || 
que  sur  une  croix  consacrée,  se  parjure,  trois  ans.  Si  | 
la  croix  était  non-consacrée,  un  an.  S'il  l'a  fait  par  | 
ignorance  ou  par  contrainte,  trois  carêmes.  | 

Pour  celui  qui  jure  à  faux,  ou  qui  contraint  quel-  | 
qu'un  de  le  faire,  quarante  jours  au  pain  et  à  l'eau,  | 
et  sept  ans  de  pénitence.  J 

Pour  celui  qui  se  parjure  pour  une  personne,  pour  | 
quelque  chose,  ou  par  nécessité,  trois  carêmes  ou  trois 
années,  dont  une  au  pain  et  à  l'eau. 

Celui  qui,  contre  son  serment,  conspire  contre  la  | 
vie  de  son  seigneur  ou  contre  son  royaume,  abandon- 
nera le  siècle  et  sera  toute  sa  vie  en  pénitence  ;  mais 
à  la  fin  il  recevra  la  communion  avec  l'Eucharistie. 
L'évêque,  le  prêtre  et  le  diacre  seront  dégradés  pour 
le  même  crime. 

Pour  la  fausse  mesure,  trente  jours  au  pain  et  à 
l'eau. 

Pour  celui  qui  tue  un  prêtre,  douze  ans. 

Celui  qui  par  négligence  ou  par  ignorance  commu- 
î)i(pie  avec  un  hérétique  en  recevant  de  lui  la  commu- 
nion ou  en  la  lui  donnant,  sera  en  pénitence  un  an 


S'il  l'a  l'ait  sciemment,   sept  ans.    Si  sans  le  savoir  il  f  seqiœntem  artictdos  pro  pœnitcntià  lioc  lempore  ivipo- 
îni  permet  de  célébrer  dans  l'église,  quarante  jours,  is 
S'il  l'a  fait  par  un  respect  mal  entendu,  un  an.  Si  c'a  J 
Ole  pour  contribuer  à  pervertir  les  autres,  dix  ans. 
Celui  qui    prend  quel([ue   chose  (pii   appartient  à 


nendà. 

Le  vice  de  la  gourmandise  consiste  dans  l'excès  en 
matière  du  boire  et  du  manger,  ce  qui  arrive  on  cinq 
manières  diflérentes.  Que  le  confesseur  s'enquièrc 


l'église,  rendra  le  quadruple.  S'il  appartient  à  quel-  ,1!  donc  du  pénitent,  s'il  est  tombé  dans  ce  péché  en  rc- 
<iu';uiirc,  le  double  ;  outre  cela  il  fera  sept  ans  de  pé-  l  cherchant  des  viandes  trop  délicates  et  qui  engagent 
jiiiencc,  trois  au  pain  et  à  l'eau.  Si  la  chose  volée  est  |;  dans  trop  de  dépenses;  comme  ce  riche  qui  se  trai- 
dc  vil  prix,  et  qu'il  l'ait  volée  deux  fois,  il  la  rendra,  |  tait  tous  les  jours  splendidement.  S'il  a  pris  des  vian- 
-ct  fera  un  an  de  pénitence  au  pain  et  à  l'eau.  S'il  ne  |  des,  quoique  communes,  en  trop  grande  abondance, 
peut  pas  la  rendre,  il  sera  en  pénitence  trois  ans  au  ji  comme  les  habitants  de  Sodome  ,  qui  péchaient  en 
pain  et  à  l'eau.  ||  mangeant  trop  de  pain.  S'il  a  pris  sa  réfection  avec 

Celui  qui  public  un  ban  contre  l'évêtiue  ou  le  prê-  ïi  irop  d'avidité,  comme  Esaii.  S'il  l'a  prise  avec  trop 
tro,  et  (pii  pille  lEglisc  ou  lui  fait  la  guerre,  sera  I  d'appareil,  comme  les  enfants  d'Héli.  S'il  l'a  prise 
proscrit,  dépouillé  de  tous  ses  biens,  et  enfermé  pour  |.  avant  l'heure  convenable,  comme  Jonathas.  ^«c  si 
toujours  dans  un  monastère.  ji 


'Jii 


APPENNCK  SUR  L.\  PÉNITENCE. 


746 


cela  est  arrivé,  qu'il  ravcrtissc  de  ne  le  plus  faire  à 
l'avenir. 

One  Ton  lui  deinande  s'il  est  enivré,  cl  si  l'ivressi! 
1  lui  a  causé  le  voniisscnient;  s'il  l'avoue,  il  sera  enite- 
nilence  Irois  jours,  sans  manger  de  chair,  sans  boire 
de  vin,  el  sans  cliemisc  S'il  n'a  point  vomi  étant  ivre, 
quol(|ues  liabilos  gens  ont  eonluine  de  proscrire  en 
celle  occasion  au  moins  de  jcniiorune  fois  au  pain  et 
à  l'eau,  pour  chaque  lois  que  l'on  est  tombé  dans  cet 
excès. 

Que  si  quelqu'un  en  a  malicieusement  enivré  un 
autre,  qu'il  soit  en  pénitence  quarante  jours.  Que  s'il 
a  conlume  de  le  faire,  qu'il  soit  privédelaconnnunion 
jusqu'à  ce  qu'il  s'en  repente  dignement,  el  qu'il  pro- 
nielte  de  se  corriger. 

Celui  qui,  sous  prétexte  d'amilié,  oblige  un  homme 
de  senivrcr,  sera  puni  rigoureusement,  ou  il  fera  sept 
jours  de  pénitence. 

A  l'égard  du  péché  de  la  chair,  qu'on  s'informe  si 
le  péniient  a  eu  un  mauvais  commerce  avec  des  fem- 
mes prostituées,  soit  veuves,  soit  autres  ;  qu'on  lui 
demande  le  nombre  de  celles  avec  qui  il  a  eu  affaire  ; 
s'il  l'ignore,  qu'il  le  dise  au  moins  à  peu  près,  comme 
il  le  croit. 

Qu'on  lui  demande  aussi  combien  de  temps  il  est 
demeiiré  dans  ce  péché,  en  quel  lieu  il  la  commis; 
par  exemple,  si  cela  est  arrivé  dans  une  église  ou  dans 
un  cimetière. 

Qu'on  rinterroge  aussi  sur  la  personne,  si  c'est  un 
prêtre,  ini  diacre,  un  sous-diacre  ou  un  moine. 

Sur  le  temps,  si  cela  est  arrivé  dans  quelques-unes 
des  principales  fêles.  Que  si  cela  est  arrivé  ,  il  est 
convenable  qu'il  jeûne  le  reste  de  sa  vie  à  toutes  les 
vigiles  de  ces  fêles  au  pain  et  à  l'eau,  ou  au  moins 
qu'il  rachète  ce  jeûne,  et  qu'il  le  compense  d'une  ma- 
nière convenable  [redimal  compelenter j. 

Il  est  dit  dans  le  concile  de  xMeaux  que  si  un  laïque 
qui  n'est  point  engagé  dans  le  mariage  a  commerce 
avec  une  femme  qui  est  dans  la  même  situation,  il  sera 
en  pénilencc  trois  ans,  jeûnant  et  s'abslenanl  des 
viandes  communes  les  2%  4'  et  6'  fériés.  Que  si  le 
crime  se  commet  avec  une  veuve,  quatre  ans. 

Que  l'on  montre  aussi  à  ces  misérables  qui  voient 
des  prosliuiécs,  quel  danger  ils  coui'cnt.  Car  il  en 
est  peut-êlre  qui  sont  mariées,  d'autres  qui  sont  reli- 
gieuses, ou  qui  ont  habité  avec  leurs  parents  ou  avec 
des  lépreux.  Il  est  donc  à  craindre  qu'ils  ne  contrac- 
tent celle  maladie  :  c'est  pourquoi  il  laul  infliger  la 
peine  des  adultères  à  ceux  qui  s'appiochcnt  des  fem- 
mes inconnues,  parce  que  la  plupart  sont  mariées. 

Si  quelqu'un  élant  marié  a  commerce  avec  une 
femme  libre,  qu'il  fasse  pénitence  sept  ans,  jeûnant 
la  seconde,  la  quatrième  et  la  sixième  fériés,  avec  le 
tcnipéramenl  dont  nous  avons  parlé. 

Que  si  un  homme  marié  a  connu  une  femme  ma- 
riée, comme  c'est  un  pécht';  plus  considérable,  ils  se- 
ront aussi  soumis  à  une  p3us  rude  pénitence,  parce 
que  l'un  et  l'autre  ont  violé  la  foi  du  mariage. 

Celui  qui  a  conompu  des  vierges  doit  en  doter  au- 

TH.    XX. 


tant  qu'il  en  aura  connu,  si  ses  facultés  le  permettent, 
ou  (luehpies  pauvres  lilles  à  leur  place  :  au  moins,  il 
doit  leur  procurer  de  quoi  vivre,  ou  l'entrée  en  reli- 
gion si  elles  le  desirenl.  Outre  cela,  on  lui  enjoindra 
la  péuiltMice  maniuee  |ioin'  les  fornieateurs.  .S'il  ne  l'a 
fait  point,  qu'il  craigne  qu'après  Icin-  avoir  ouvert  la 
porte  du  péché,  il  ne  communique  el  ne  partici|)e  à 
tous  ceux  auxquels  elles  s'abandonneront  en  suivant 
le  penchant  de  la  nature. 

Que  l'on  nous  renvoie  ceux  (jni  coniinetlenl  le  pé  • 
ché  avec  des  religieuses,  avec  leurs  parentes  ou  leurs 
allit'es. 

Nous  lisons  qu'il  a  étc';  ordonné  dans  un  concile  de 
Uome  que,  si  quelqu'un  use  du  mariage  vers  le  temps 
des  couches  de  sa  femme,  il  doit  être  en  pénitence 
dix  jours  au  pain  el  à  l'eau.  On  peut  imposer  la  mémo 
pénitence  à  ceux  qui  fonl  celle  action  contre  l'ordre 
de  la  naliue,  quoique  sans  conunettre  le  crime  de  so- 
domie, aussi  bien  que  ceux  qui  s'approchent  de  leurs 
femmes  quand  elles  sont  dans  leurs  règles  :  il  est  à 
craindre  que  cela  n'ait  de  fâcheuses  suites  pour  les 
enfants  qui  naissent  de  parents  qui  ne  prennent  point 
de  précautions  là-dessus.  La  fenune  qui  na  pas  fait 
connaître  à  son  mari  l'élat  où  elle  se  trouvait  dans 
celle  occasion,  subira  la  même  pénitence. 

Tout  homme  ,  avant  la  sainte  communion  ,  doit 
s'abstenir  du  commerce  conjugal  avec  sa  fenmie  Irois, 
ou  quatre,  ou  huit  jours. 

[Suivent  dans  les  statuts  certains  détails  touchant  le 
péché  de  mollesse,  qu'il  est  difficile  de  rendre  en  notre 
langue  sans  blesser  la  pudeur.  On  y  voit  seulement  que 
ce  péché  y  es!  rigoureusement  puni.  Après  cela  on  lit  les 
articles  que  nous  allons  traduire,  qui  ont  rapport  au 
péché  d'impureté,  à  la  pénitence  des  malades  et  à  l'ab- 
solution.) 

11  faut  donc  avertir  ceux  qui  sont  adonnés  au  vice 
d'impurelé  en  celle  manière.  Mon  frère ,  travaillez, 
priez,  ayez  soin  d'éviter  l'oisiveté,  les  mauvaises  com- 
pagnies et  les  occasions  de  pécher,  c'est-à-dire  qu'il 
faut  se  retirer  des  lieux  suspects  et  de  la  société  des 
persomies  qui  ne  sont  pas  chastes,  et  avec  lesquelles 
on  peut  facilement  pécher  ,  car,  comme  on  dit  oidi- 
nairement,  l'occasion  fait  le  larron. 

Il  est  bon  de  remarquer  encore  que  le  prêtre  doit 
avoir  soin  de  ne  point  imposer  au  péniient  un  joug 
qui  soit  au-dessus  de  ses  forces,  (pioiqu'il  soit  disposé 
à  s'y  soumettre,  mais  qu'il  doit  tempérer  tellement 
toutes  choses,  que  l'écolier,  par  excmpic,  ne  soit 
point  obligé  de  quitter  l'étude,  ni  l'ouvrier  sa  profes- 
sion, ni  le  laboureur  l'agricnllure,  ni  tout  ae.lrc  le 
travail  légitime  auquel  il  est  occupé,  non  plus  que  le 
soin  de  sa  famille  et  de  sa  maison. 

Pc  plus  il  ne  faut  pas  soumellre  à  la  pénitence  \)u- 
blique  celui  qui  n'a  jiéché  qu'en  secret. 

Outre  cela,  le  prêtre  ûoïl  avertir  les  pénitents  de  ne 
point  faire  connaître  les  peines  qu'on  leur  a  iin|)osées, 
parce  <[ue  cela  peut  donner  lieu  de  découvrir  leurs 
péchés.  Cela  fait  partie  de  l'intégrité  du  secrel  de  la 
confession,  et  doit  être  exactement  observé,  à  moins 


24 


747 

ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  que  le  prêtre  n'cûi  porté  les 
pénilents  au  mal,  tiisi,  quocl  absit,  corifessor  pœnilen- 
tcm  ad  malum  hortalus  fuissct. 

Il  est  encore  un  remède  salutaire  contre  le  péché 
que  nous  apprenons  de  M.  Gcrson,  et  dont  les  curés 
doivent  se  servir  contre  ceux  qui,  par  leurs  mauvai- 
ses inclinations  ou  par  habitude,  tombent  dans  des  | 
péchés  énormes  dont  ils  n'ont  point  de  honte  d'assu-  '' 
rer  qu'ils  ne  peuvent  sortir.  Les  confesseurs  doivent 
soumettre  ces  gens-là  à  quelques  peines  pécuniaires 
toutes  les  fois  qu'ils  ton)I)cni  dansées  péchés;  par 
exemple,  à  une  amende  d'un  blanc,   ou  d'un  franc, 
selon  leurs  lacullés;  et  on  éprouvera  que  ce  remède 
est  très- efficace.  Que  si  après  cela  ils  ne  se  corrigent  l 
pas,  il  arrivera,  par  un  JHS/t' jugement  de  Dieu,  que  f 
ceux  qui  ne  veulent  point  se  repentir  de  leurs  fautes, 
quand  ils  le  peuvent,  ne  le  pourront  quand  ils  le  vou- 
dront. 


Ce  qiCil  faut  observer  à  Ngard  des  malades. 

Il  faut  porter  les  malades  à  faire  une  dévote  con- 
fession de  leurs  péchés  à  Tarticle  de  la  mort ,  et  ne 
leur  point  imposer  pénitence  :  qu'on  leur  fasse  en- 
tendre qu'il  faut  qu'ils  soient  convertis  de  leurs  pé- 
chés ,  tant  en  général  qu'en  particulier  :  non  pas  ce- 
pendant par  la  crainte  de  la  peine  qu'ils  ont  méritée 
en  péchant,  mais  parce  qu'ils  ont  otîensé  Dieu,  qui  est 
leur  père ,  leur  créateur  et  leur  rédempteur  ;  qu'on 
les  engage  à  supviorter  avec  joie  les  douleurs  de  leur 
maladie,  tant  qu'il  plaira  à  Dieu,  qui  les  traite  en  cela 
comme  un  bon  père,  qui  se  sert  du  fouet  pour  châ- 
tier ses  enfants  ;  et  au  lieu  de  pénitence  ,  que  le  con-  ^ 
fesseur  leur  prescrive  de  faire  des  aumônes  et  faire 
célébrer  des  messes,  s'il  arrive  qu'ils  viennent  à  mou- 
rir. Que  s'ils  recouvrent  la  santé,  qu'ils  aillent  aussi-  ;| 
tôt  trouver  le  prêtre,  pour  recevoir  de  lui  la  pénitence 
qu'exigent  leurs  fautes.  Il  est  dit  à  la  marge  de  cet  ar- 
ticle vers  le  commencement  :  Nota  PiLcnuA  pno  im  iii- 
wis.  Que  si  le  malade  a  demandé  le  prêtre  pour  se 
confesser,  et  pour  recevoir  pénitence,  et  que  celui-ci  | 
étant  arrivé,  il  vienne  toul-à-coup  à  perdre  la  parole  !| 
ou  la  présence  d'esprit,  le  prêtre,  nonobstant  cela,  \\ 
ayant  égard  aux  signes  qu'il  fait,  ou  au  témoignage  de 
ceux  qui  lui  ont  vu  donner  des  marques  de  repentir, 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  748 

ne  doit  lui  refuser  aucun  des  bons  offices  que  l'hu- 
manité  prescrit  dans  cette  occasion  ,  l'absolvant  et  lu 
réconciliant ,  disant  pour  lui  les  prières,  lui  donnant 
la  croix  à  baiser,  l'enterrant  dans  le  cimetière,  et  lui 
rendant  avec  affection  les  derniers  devoirs. 

Ayant  donc  imposé  premièrement  une  pénitence] 
proportionnée  aux  fautes  à  ceux  qui  se  seront  con- 1 
fessés ,  et  la  confession  générale  à  Dieu  étant  faite, 
que  le  prêtre  prononce  ces  paroles,  en  inq^osant  la 
main  sur  la  tête  de  celui  qui  s'est  confessé  :  a  Que  le 
Seigneur  tout-puissant  et  miséricordieux  te  donne  l'ab- 
solution et  la  rémission  de  tous  tes  péchés.  El  moi, 
par  l'autoiité  de  Notre-Seigncur  Jésus-Christ,  des  BB. 
apôtres  Pierre  et  Paul,  et  en  vertu  de  celle  que  j'exer- 
ce par  l'ofiice  qui  m'est  confié,  je  t'absous  de  ces  pé- 
chés,  dont  tu  t'es  confessé,  et  dont  tu  es  contrit, 
amen,  d  Ajoutant  que  si  dans  la  suite  il  se  rappelle  le 
souvenir  de  quelques  péchés  dont  il  ne  s'est  pas  con- 
fessé, il  revienne  à  lui  pour  les  confesser. 

Ce  dernier  article  est  jwur  tous  les  pénitenls  en  (féné- 
ral  qui  so)il  en  santé,  et  porte  à  la  marge,  absolulio:i  se-» 
Ion  la  forme  de  l'Église.  AbsoUuio  in  forma  Ecclesiœ. 

Le  reste  des  statuts  synodaux  ne  contient  rien  aune 

chose,  sinon  les  cas  réserves  à  l'évèque,  nu  nombre  de 

quarante,  dont  je  rapporterai  seulement  quelques-uns 

qui  m'ont  paru  mériter  une  attention  particidicre,  tels 

ij  que  sont  ceux-ci  : 

Onzièmement,  le  prêtre  qui  célèbre  scieniiicnt. 
dans  une  église,  ou  dans  une  paroisse  interdite,  et  qui 
bénit  les  secondes  noces. 

Quatorzièmement,  celui  qui  contracte  clandessine- 
ment  mariage,  et  tous  ceux  qui  sciemment  y  asL-isltnt, 
lesquels,  selon  les  anciens  statuts  synodaux  de  1 1  pro- 
vince de  Trêves,  sont  liés  de  l'excoiiimunicatiou. 

Seizièmement....  cl  celui  qui  n'étant  point  ordonné 
soiis-iliacre,  chante  lépitie  à  la  messe  soleiinelie  re- 
vêtu des  ornements  de  cet  ordre. 

Trente-deuxièmcment...  celui  qui  persévère  de» 
puis  long-temps  dans  le  péché  de  mollesse. 

Trcnte-huitièmeincnt ,  le  prêtre  qui  a  un  commerce 
hiînteux  avec  celle  ([u'il  a  baptisée,  ou  avec  celle  dont 
il  a  ouï  la  confession. 

Quarantiêmcment....  ceux  à  qui  il  faudra  imposer 
la  pénitence  solennelle.... 


HISTOIRE 


DU  SACREMENT  D'EXTREME-ONCTION. 


Ce  sacrement  n'a  pas  toujours  porté  le  nom  d'Ex- 
trêmc-Onclion.  Ce  nom  lui  est  venu  de  l'abus  qui  s'est  | 
introduit,  et  qui  n'est  que  trop  commun  depuis  quel- 
que temps,  d'attendre  à  l'extrémité  pour  le  recevoir, 
î^ous  découvrirons  dans  la  suite  la  source  de  cet  abus. 
Chez  les  Latinsondésignait  ordinairement  ce  sacrement 
par  ces  noms,  oleum  benedictionis,  l'huile  de  bénédic- 
tion; oleum  sanclum,  l'huile  &:n\\tG  •,sacramentumsacrœ 
Vnctionis,  le  sacrement  de  l'Onction  sacrée,  et  autres 


CHAPITRE  PREMIER. 

Des  rits  et  des  formules  de  1" Extrème-Oncùnn,  tant  chez 
les  anciens,  qu'à  présent  chez  les  Orientaux  :  leur  va- 
riété n'empêche  pas  que  la  chose  ne  soit  la  même  dans 
le  fond.  On  réfute  en  peu  de  mots  le  ministre  Dcdllc, 
qui  tâche  de  persiiader  qu'elle  n'est  point  un  des  sa- 
cremenls  institues  par  Jésus-Christ. 
On  place  fort  à  propos  le  sacrement  dont  il  est  ici 

question   après  celui  de  la  Pénitence,  dont  il  est  pour 


semblables.  Ees  Grecs  l'appelaientdemême,  â/iov  a«tov,  jl  ainsi  dire  le  complément  cl  laperfection. -Non-seulement 
J'huile  sainte,  ou  bien  ■hy:u<x.iov,  l'huile  avt;c  la  prière.  '^  il  donne  le  dernier  degré  de  perfection  au  sacrement 


Î49 


EXTRÊME-ONCTION.  —  CIIAP.  I.  RITS  ET  FORMULES. 


750 


Je  Pénitence,  mnis  il  produit  le  même  effet  à  regard 
de  la  vie  chrélieniio  en  général  ;  cette  vie  devant  èlre, 
comme  dit  oxcellonuuenl  le  concile  de  Trente  (1), 
une  pénitence  perpétuelle.  Non  modo  pœniicnliœ,  sed 
et  loiim  clirhtinnœ  vita',  quce  perpétua  pœuitcutia  esse  de- 
bel ,  constinimiilivuin  sacrameiUum  {  Exlrema-Lnclio). 
L'apolre  S.  Jac(|ues  en  parle  discrtement  dans  son  Epî- 
tre(;;aliol!(pio(c.  5,  v.  M,  i:i),  et  en  lait  sentir  tous  les 
a\anl;\ges,  lorsfpi'il  dit,  adressant  la  parole  aux  chré- 
tiens en  général  :  QneUjuim  parmi  vous  est-il  mcdadc  '! 
qn'il  appelle  les  prèlrcs  de  llùilise,  et  qu'ils  prient  sur  lui, 
l'oifiiiaiii  d'huile  au  nom  du  Seigneur;  et  la  prière  de  la 
foi  sauvera  le  malade  ;  le  Seigneur  le  soulagera,  et  s'il  a 
commis  des  péchés,  ils  lui  seront  remis. 

Ce  que  cet  apôtre  reconmiande ,  a  toujours  clé 
pratiqué  dans  lEglise,  autant  que  les  conjonctures 
des  temps  ont  jiu  le  permettre.  On  n'y  a  Jamais  douté 
que  la  prière  des  prêtres  en  celte  occasion  ne  produi- 
sît redét  principal  pour  lequel  ils  la  faisaient,  je  veux 
dire  la  réuiission  des  péciiés,  qui  restent  encore  aux 
malados  à  expier  après  avoir  satisfait  à  Dieu  par  la 
pénitence.  On  fondait  cette  persuasion  sur  la  promesse 
de  Jcsus-Ciu'isi  dont  l'apôlrc  S.  Jacques  était  le  ga- 
rant. Origène  (2)  considérant  avec  raison  ce  dernier 
sacrement  connue  une  suite  de  celui  de  la  Pénitence, 
l'indique  comme  un  moyen  (jne  Dieu  nous  a  mis 
en  main  pour  nous  purifier  de  nos  péchés.  S.  Jean 
Cl'rysostôme  (5)  se  sert  du  passage  de  S.  Jacques,  que 
nous  avons  allégué,  pour  montrer  que  les  prêtres  ont 
reçu  de  Jésus-Christ  le  pouvfjir  de  remettre  les  pé-  'j 
elles.  Le  pape  Innocent  I,  contemporain  de  ce  der- 
nier, çn  parle  encore  plus  clairement  dans  sa  lettre  ii 
Déoentius,  dont  nous  aurons  occasion  de  rapporter 
ailleurs  les  piiroles.  Il  nous  sulTit  de  dire  ici  qu'il  met 
rExirème-Oiiction  au  nombfe  des  sacrements,  lors- 
qu'il lui  dit  qu'on  ne  doit  point  la  donner  aux  péni- 
tents (non  réconciliés),  parce  que  c'est  une  espèce  de 
sacrement,  quia  genns  est  sacramenli. 

Cette  onction  des  malades  se  faisait  par  un  ou  pUi- 

si<»nrs  orèires.  Les  Actes  des  saints  nous  fournissent 
des  exemples  de  lun  ci  u<^  lo,...^,  ,._  ,,^^  ^;_ 

luels  (4),  les  uns  prescrivent  qu'elle  se  fera  par  plu- 
sieurs prêtres,  les  autres  supposent  qu'elle  n'est  faite 
que  par  un  seul,  suiva.'.t  les  divers  usages  des  églises 
et  la  commodité  des  lieux  et  des  temps  où  l'on  se 
trouvait.  Car  il  était  bien  difficile,  par  exemple,  d'as- 
sembler plusieurs  prêtres  dans  la  campagne  pour 
rctidre  ce  dernier  devoir  aux  malades,  surUmt  dans 
le  temps  que  les  prêtres  n'étaient  point  en  si  grand 
nombre  qu'il  l'ont  été  depuis.  Les  Actes  de  la  reine 
Clotilde  portent  que  le  trentième  jour  de  la  maladie  | 
par  laquelle  Dieu  l'appelait  à  une  meilleure  vie,  elle  | 
reçut,  suivant  l'ordonnancre  de  l'Apolre,  l'onction  des  ■ 
prêtres,  inuncla  à  sacerdolibus  olco  sanclo,  et  qu'ayant 
ensuite'participé  au  corps  et  au  sang  de  Jésus-Christ 

(i)  Scss.  \i,  de  Extremà  Unctione,  in  principio. 

(2)  Hom.  2  in  Lcvitic. 

(3)  Lib.  3  de  Sacerd. 

(4)  Marten.,l.  2,  C.7,  art.  4. 


en  forme  de  viatique,  elle  quitta  ce  corps  mortel.  Il 
est  dit  dans  la  vie  de  sainte  lluncgonde  que,  se  tour- 
nant vers  les  prêtres  qui  étaient  aiq)rès  d'elle  pendant 
sa  maladif,  elle  leur  demanda  l'Iniilede  l'onction  et  la 
connnunion.  Conversa  ad  eos  gui  assidebant  presbijtero.s, 
rtncliouis  olcum  et  communionem  cxpelit. 

De  ces  prêtn^s,  tantôt  l'un  faisait  l'apitlicalion  do 
riiuile  sainte,  tandis  que  l'autre  prononçait  la  l'ormn!.' 
des  prières  ;  tantôt  tous  cnsendjie  faisaient  l'onciion 
sur  toutes  les  parties  du  corps  auxquelles  on  ava;) 
coulnmc  do  la  faire,  et  récitaient  chacun  cette  inênur 
fornuile  ;  tantôt  enfin  les  uns  oignaient  une  partie  et 
les  antres  une  antre,  et  récitaient  les  prières  conve- 
nables et  prescrites  pour  l'onction  de  ces  didéients 
endroits  du  corps. 

On  ne  croyait  pas  néanmoins  qu'il  fût  de  l'essence 
de  ce~  sacrement,  que  celle  onction  se  fit  par  plii- 
sicuis  prêtres,  quoiqu'on  crût  que  cela  était  plus  con- 
venable et  plus  confurme  au  précepte  de  l'apôtre  S. 
Jacques^  comme  on  le  peut  voir  dans  S.  Tliomas  (I). 
Nous  avons  plusieurs  exemples  aiicicns  de  l'Exirême- 
Onclion  administrée  par  un  seul.  C'est  ainsi  qu'Ar- 
tè!;;e,  dont  il  est  parlé  dans  Grégoire'  de  Tours  (2), 
éiaiil  attaqué  de  la  fièvre,  et  visité  par  S.  Népotien  , 
reçut  de  lui  TOnotion  sainte.  C'est  ainsi  que  S.  Eugendc 
la  reçut  d'un  des  frères,  ab  uno  de  (rairibus,  comme 
il  est  porté  dans  sa  Vie  (5).  Nous  aurons  occasion  d'en 
rap^iortcr  encore  d'autres  exemples. 

Vous  avez  vu  ci-devant  (4)  que  la  matière  qui  ser- 
vait à  ces  Oïictions  dans  nos  églises  d'Occident,  était 
de  rimile  bénite  à  ce^  effet  par  les  évêcpies  le  jour  du 
Jeudi-Saint,  en  même  temps  que  le  chrême  et  l'huile 
des  catéchumènes  :  et  notre  coutume  sur  ce  point  doit 
être  bien  ancienne,  puisque  le  pape  Innocent  1  la 
prescrit  comme  une  pratique  usitée  de  tout  temps 
dans  l'église  de  Home,  l;;rsqne  répondant  à  la  coiisul- 
lalion  de  Décenlius,  évêque  d'Eugubio,  il  lui  dit  qnil 
est  permis  au  r.rêlres  d'administrer  ce  sacrement  avec 
de  l'huile  qui  aura  été  bénite  par  levêque. 

A  l'égard  des  parties  du  corps  auxquelles  on  faisait 
l'ai^Iicationde  cette  huile  bénite,  c"est  sur  quoi  il  y 
Dans  ceux- ci  elle  s'èfifti^:3PUe^^^^^        étales  lieux. 
de  parties,  dans  d'autres  sur  un  très-petit  nomlTre. 
En  général,  on  peut  dire  qu'elle  se  faisait  j  rincipalc- 
monl  sur  les  organes  des  sens,  comme  le  nez,  les 
oreilles,  la  bouche,  les  yeux.  Mais,  encore  une  fois,  il 
est  inip;)ssible  de  rien  déterminer  sur  ce  point  de  la 
discipline   sacramentelle,    tant    elle  a   varié.  On  a 
même  des  exemples  d'onction  faite  à  des  malades 
sur  une  seule  partie  du  corps.  S.  Eugende,  entre  an- 
tres, comme  nous  l'apprenons  de  ses  actes,  ne  fut 
j  oint'  qu'à  la  poitrine.  Ajoutons  à  cela  que  cette  onr 
tion  ayant  pour  lin,  quoique  non  principale,  la  guén- 
son  de  la  personne  malade,  on  la  faisait  surtout,  ai.. 

(1)  L.  4  contra  Génies,  c.  85. 

(2)  L.  l,c.  41,  Hist. 
Ch\  Rolland.,  1  januarii. 
(4)  Sect.  2,  c  2,  Hist.  de  la  Confirmalion. 


751 

moins  en  j)lusiours  églises,  à  la  partie  ainigée  cl 
dans  laquelle  était  le  siège  du  mal. 

On  peut  vérifier  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à 
pré  enl,  en  jetant  les  yeux  sur  les  divers  lituels 
qui  contiennent  l'ordre  de  rExIrênieOnclion.  ils 
sont  rapportés  par  le  Père  Martène  dans  le  second 
lonic  des  anciens  Kits  de  Tliglise  (1).  Durand  (2)  re- 
marque que  (|uelqnes-uns  de  son  tenq)S  enseignaient 
que  Ton  ne  devait  point  l'aire  ronelion  aux  épaules, 
parce  qu'on  l'avait  faite  au  baptême,  et  que  celui  qui 
avait  élé  confirmé  ne  devait  point  être  oint  sur  le 
front,  mais  anx  tempes  ;  de  même  que  l'on  ne  de- 
vait point  oindre  le  dedans  des  mains  des  prêtres, 
mais  scnlemenl  le  dessus,  à  cause  de  l'onction  que 
l'évcque  leur  avait  faite  au-dedans  de  la  main  à  leur 
ordination.  Nous  ne  voyons  pas  sur  quoi  sont  fon- 
dées ces  décisions  et  quelques  autres  qui  ont  rapport 
à  1,1  même  matière ,  et  dont  Durand  fait  mention 
dai's  lendroit  indiqué  ci-dessus.  Ainsi  nous  croyons 
que,  sans  y  avoir  égard,  chacun  doit  suivre  en  ce 
génie  ce  qui  se  trouve  établi  et  autorisé  par  les  ri- 
tuels, et  l'usage  de  l'église  où  il  se  trouve. 

Pendant  que  le  minisire  de  ce  sacrement  fait  les 
onctions,  il  prononce  certaines  paroles,  que  les  sco- 
lastiques  appellent  la  forme  de  rExtréme-Onction. 
('es  paroles,  dans  certains  rituels,  sont  énoncées 
d'une  manière  absolue  ;  dans  d'aulres,  elles  sont  en 
foriàie  déprécatoiie  ;  dans  d'aulres  enfin,  elles  sont 
partie  déprécatoires,  partie  absolues.  Ce  qui  donne 
bien  de  l'exercice  aux  docteurs  de  l'école  qui  dispu  - 
lent  entre  eux,  et  subtilisent  sans  fin  sur  ces  ma- 
tières, qu'ils  connaissent  peu  pour  l'ordinaire,  et  sur 
lesipielles  ils  se  sont  formé  des  principes  et  des  axio- 
mes fondés  ordinairement  sur  ce  qu'ils  voyaient  pra- 
tiquer de  leur  temps  et  dans  les  lieux  où  ils  vivaient  : 
d'où  vient  que  souvent  leurs  principes  se  contredisent, 
parce  que  la  pi'ati(|ue  était  dillérentc  dans  les  diffé- 
rents endroits.  S'iU  eussent  consulté  les  monuments 
ecclésiastiques  plus  anciens  qu'eux,  et  les  eussent 
comparés  les  uns  avec  les  autres,  il  leur  eût  été  fa" 
cile  de  se  réunir,  en  doimant  un  peu  phis  |(^éi'>i'.Y^'jj^^ 
leuçâ.^^pwrytt'^qiiê^Te  mode  ces  formules  fussent  ex- 
primées, pourvu  que  le  tout  se  fil  au  nom  du  Sei- 
gneur, comme  le  prescrit  l'Apôtre,  i'mjcnles  eum  in 
nomine  Domiiii. 

Jusqu'à  présent  nous  avons  exposé  aux  yeux 
du  lecteur  la  manière  dont  on  a  aul refois  adminisiré 
rENtrême-Onction  en  Occident.  Voyons  présentement 
comment  la  même  cliose  se  fait  dans  les  Eglises  d'O- 
rient, qui  mettent,  comme  nous,  l'onction  des  mala- 
des au  nombre  des  sept  sacrements, et  qui, comme  on  ne 
les  en  soupçonnera  pas,  ne  l'ont  point  lait  sans  doute 
par  complaisance  pour  l'Eglise  catliolique,  dont  quel- 
ques-unes de  ces  communions  sont  séparées  malheu- 
reusement depuis  plus  de  mille  ans. 

(n  C.  7,  art.  -L 

(â)  L.  1  Kalion.,  c.  8. 


lllSTOinE  DES  SACREMENTS.  75S8 

M.  l>enaudol(I),  à  qui  l'Église  el  les  savants  sont  si 
lediivahles  pour  les  laborieuses  recherches  qu'il  a 
faites  stu'ces  matières,  nous  instruira  de  la  créance 
de  ces  églises  ,  et  de  ce  qui  s'y  pratique.  Nous  ne  fe- 
rons cpie  transcrire  ici  ce  qu'il  dit  sur  ce  sujet  dans  ie 
chapitre  S(!cond  du  cinquième  livre  ,  qui  a  pour  titre  : 
Des  Cércinonics  (jue  les  Grecs  et  les  Orientaux  pratiquent 
pour  l'' Extrême-Onction,  i  Ces  cérémonies  ,  dit-il,  cou 
«  sistent  dans  un  plus  grand  appareil  de  rits  et  de 
«  prières,  qu'on  n'en  a  observé  dans  rOceideiit.  E'office 
«  se  fait  ordinairement  par  sept  prêtres,  et  en  cela 
i  ils  prétendent  pratiquer  littéralement  ces  paroles  de 
8  S.  Jacques,  inducat  presbijteros ,  etc.  »  (Nousavons 
vu  que  dans  nos  églises  plusieurs  prêtres  faisaient 
souvent  cette  cérémonie  ).  i  Si  néanmoins  le  nombre 
«  de  sept  prêtres  ne  se  trouve  [las  ,  cinq  ou  trois  cé- 
«  lèbrent  l'office  de  la  même  manière  ;  et  on  ne  voit 
«  pas  qu'ils  le  fassent  célébrer  par  un  seid. 

«  Comme,  suivant  la  discipline  d'Orient ,  on  n'at- 
«  tend  pas  que  le  malade  soit  à  l'extiémilé  pour  lui 
«  administrer  les  saintes  huiles,  cette  cérémonie  se 
«  célèbre  Irès-spuvent  dans  les  églises ,  où  il  se  fait 
«  porter.  »  (  Nous  verrons  ci-après  qiic  cela  se  faisait 
aussi  dans  l'église  latine  assez  fré(iuemment.  )  î  On 
(I  lient  faire  néanmoins  tout  rofiice  dans  la  maison 
«  du  malade  ,  (piand  il  n'est  pas  en  état  d'être  trans- 
«  porlé. 

1  On  prend  de  l'iuiile  ^.l'olive,  on  la  met  dans  une 
(  lampe  à  sept  branches,  et  le  plus  ancien  des  sept 
«  prêtres  dit  des  prières  et  des  bénédiclions  ;  ensuite 
i  on  fait  l'onction  sur  le  malade  en  diverses  parties 
«  de  son  corps,  après  avoir  allumé  la  première  bran- 
«  che,  et  ainsi  des  autres,  el  en  continuant  les  prières 
«  cl  faisant  le  signe  de  la  croix.  C'est  sur  ce  fonde- 
t  ment  que  Thomas  à  Jésu  et  quelques  autres  ont 
«  écrit  (pie  les  chrétiens  Orientaux  n'administraient 
«  point  l'Exlrême-Onction  aux  malades  ,  mais  qu'ils 
c  les  frottaient  avec  l'huile  d'une  lampe,  parce  que  ni 
«  lui,  ni  de  pareils  écrivains  ,  n'avaient  poinl  con- 
«  suite  les  gens  du  pays,  et  encore  moins  les  livres 

,  ,ioc  x~i: •  •  — ^-^  ""'  ^^^  uiiice.  Voici  comme 

«  il  est  prescrit  dans  le  Rituel  du  patriarche  des 
«  Cophtes,  Gabriel.  On  emplit  de  bonne  huile  de  Pa- 
«  lesline  une  lampe  à  sept  branches  ,  qu'on  place  de- 
«  vaut  une  image  de  la  sainte  Vierge,  el  on  met  au- 
«  près  rÉvangilc  et  la  croix.  Les  prêtres  s'assemblent 
«  au  nombre  de  sept ,  mais  il  n'importe  (pi'il  y  en  ait 
t  plus  ou  moins.  Le  plus  ancien  commence  l'oraison 
«  d'action  de  grâces  qui  est  dans  la  Liturgie  de  S.  Ra- 
«  sile;  il  encense  avant  la  lecture  de  l'épitrc  de  S. 
î  Paul  ;  puis  ils  disent  tous  :  Kyrie  eleison ,  l'Oraison 
«Dominicale,  le  psaume  trente-unième,  l'oraison 
t  pour  les  malades,  qui  est  aussi  dans  la  liturgie,  et 
«  les  autres  particulières  mar(|iiées  dans  l'office  de 
«  rExtrême-Onction.  Quand  il  les  a  achevées,  il  al- 
«  lunie  une  des  branches,  faisant  le  signe  de  la  croix 
«  sur  l'huile,  el  cependant  les  autres  chantent  de$ 

(I)  T.  ;idela  Po/ie/.,  1.5,  c.  I,2ct3,  .  •  .^ 


753 


EXTRÉME-ONCTlON.  —  CHAP.  1.  RITS  ET  FORMULES.  1U 


t  psaumes.  Aprôs  qu'il  a  adiovô  les  autres  oraisons 

<  pour  les  in:il;ui(;s ,  il  lil  la  leroii  do  l'Epilic  eallioli- 
i  que  (h;  S.  Jaccpics  eu  ooplilo  ,  diinl  la  lecture  se  l'ait 
1  eiisuilt- en  arabe;  puis  Saiictiis  ,  Cicria  Palri,  l'o- 
t  raisou  de  l'f'vnngile  ,  un  psiunuc  (pi'il  dil  allcrnali- 
I  veuicut  avec  nu  autre  itrètro  ;  juiis  uu  évangile  (;n 
c  loplile  et  eu  arabe,  les  trois   oraisons  qui  suivent 

<  dans  la  liturgie,  une  au  l'ère,  l'autre  pour  la  paix  , 
«  une  autre  générale  ,  le  symbole  de  Nicée  et  l'orai- 
«  son  qui  le  suit. 

i  Le  second  prêtre  commence  après  par  la  béné- 
«  diction  de  sa  brandie,  en  l'aidant  le  signe  de  la  croix, 
«  et  il  ralliune  :  puis  il  dil  l'Oraison  Dominicale  cl 
i  le  reste  à  peu  près  comme  le  premier.  Les  autres, 

<  selon  leur  rang,  font  les  mêmes  prières  ;  de  sorle 
«  que  l'on  dit  dans  cotte  CiM'énionie,  comme  remarque 
«l'auteur  de  la  Science  ccclésiasti(|uc ,  sept  leçons 
«  desÉpilres,  sept  des  Evangiles,  sepl  psaumes  et 
€  sepl  oraisons  particulières,  outre  les  communes  li- 
«  rées  de  la  liturgie. 

<  Lorsque  tout  est  aclicvé,  celui  pour  lequel  se  fait 
«  la  bénédiction  de  la  lampe  ,  si  ses  forces  le  lui  per- 

<  mettent,  s'approcbe  ,  cl  on  le  fait  asseoir  ayant  le 
t  visage  tourné  vers  l'Orient.  Les  prêtres  mettent  le 
«  livre  des  Evangiles  c'evé  sur  sa  tête  ,  et  lui  impose 

<  les  mains  ;  le  j)lns  ancien  prêtre  dil  les  oraisons 
«  propres,  puis  ils  font  lever  le  malade  ,  ils  lui  don- 

c  nent  la  bénédiction  avec  le  livre  des  Évangiles,  et  | 
«  on  récite  l'Oraison  Dominicale.  Ensuite  on  ouvre  le 
«  livre,  et  ou  lit  sur  lui  le  premier  endroit  sur  lequel 
«  on  tombe.  Ou  récite  le  Symbole  et  trois  oraisons , 
i  après  lesquelles  on  élève  la  croix  sur  la  tête  du  ma- 
i  lade,  cl  en  même  temps  on  prononce  sur  lui  l'abso- 
t  lution  générale,  qui  se  trouve  dans  la  liturgie. 

1  Si  le  temps  le  permet ,  on  dit  encore  d'autres 
«  prières,  et  on  fait  la  procession  dans  l'église  avec  la 
«  lampe  bénite  et  des  cierges  allumés,  pour  demander 
t  à  Dieu  la  guérison  du  malade,  par  l'intercession  des 
«  martyrs  et  des  autres  saints.  Si  le  malade  n'est  pas 
«  en  état  d'aller  lui-même  près  de  l'aulcLon  substl- 
€  tue  une  personne  à  sa  place.  Après  laprocession.les 

<  prêtres  fout  les  onctions  sur  le  malade,  puis  ils  se 
«  font  une  onction  les  uns  sur  les  antres  de  celte  bulle 
«  bénite,  et  ceux  qui  y  ont  assisté  reçoivent  aussi  une 
«  onction;  mais  ce  n'est  pas  en  la  manière  qu'elle  se 
i  fait  sur  le  malade. 

«  Tel  est  l'usage  prescrit  parle  Palriarclie  Gabriel 
»  pour  l'église  jacobite  d'Alexandrie ,  et  il  est  pareil- 
«  lement  prouvé  par  les  témoignages  d'Ebéuassal  et 
a  porcelui  d'EcInuini,..  Les  Jacobilos  Syriens  ont  des 
«  rits  et  des  prières  assez  semblables ,  dont  nous  ne 
c  rapporterons  pas  le  détail,  puisque  les  différences 
4  qui  s'y  rcncoutrent,  et  celles  de  roffice  grec  ne  sont 
«  pas  essentielles  ;  et  les  Etliiopicns  eu  ont  nue  con- 
i  forme  à  celui  d'Alexandrie.  » 

Tout  ce  ril  est  tiré  du  grec  qui  en  est  comme  l'ori- 
ginal, et  qui  a  été  approuvé  au  concile  de  Florence, 
dans  lequel  il  ne  parait  pas  même  que  l'on  eu  ait  dis- 
liuié  quand  on  s'est  luii  de  communion.  Les  Grecs  y 


ont  dé'claré  (|u'ils  reconnaissaient  le  sacrement  dEx- 
Irêute-Onction,  et  il  était  de  notoriété  publique  (piils 
le  célébraient  de  la  manière  (pi'ils  l'observent  cncure 
pré.'îentemeut,  sur  (pioi  on  ne  leur  a  formé  aucune 
(lil(icult(',  ce  qui  csl  une  marque  qu'on  ne  les  croyait 
iMiint  con|>ables  sur  ce  point.  Le  décret  d'Eugène 
poinles  Arméniens  ne  détruit  pas  ce  que  nous  disons, 
puis(pie  jamais  les  Grecs  ne  l'ont  comuj,  et  (pi'il  n'a 
(île  fait  (pi'après  leur  dépari,  et  (|ue  sans  entrer  dans 
la  discussion  de  Taulorilé  qu'il  doit  avoir,  il  ne  peut 
pas  déroger  à  celle  du  décret  général.  C'est  sur  ce 
dernier  cpie  fut  fondée  l'union  que  les  Grecs  rompirent 
depuis  :  il  contient  ce  ([ue  l'on  propose  à  ceux  qui  re- 
noncent au  scbismc ,  el  ou  ne  les  examine  pas  sur 
l'autre  qui  ne  les  regarde  point. 

Ce  qui  pourrait  faire  plus  de  peine  dans  le  rit  des 
Grecs  et  des  Orientaux  ,  c'est  qu'ils  n'emploient  pas 
pour  les  onctions  des  malades  de  l'buile  bénite  par  les 
évoques ,  mais  celle  que  les  prêtres  bénissent  eux- 
mêmes  dans  la  célébraiion  de  ce  sacrement.  Mais  le 
P.  Goar ,  dans  ses  notes  sur  cet  endroit  de  l'Euco- 
loge  ,  termine  cette  difliculté,  en  citant  l'inslructiou 
dressée  pour  les  Grecs  par  Clément  Vllf,  où  il  est  dit 
qu'ils  ne  seront  point  obligés  dans  les  lieux  où  ils  sont 
souinis  aux  Latins ,  de  prendre  l'huile  bénite  par  le 
diocésain,  parce  qu'ils  en  font  la  béiiédiclior.,  suivant 
un  ancien  usage,  dans  le  temp.i  même  qu'ils  l'admi- 
uistrcnt  :  Cùm  cjusmodi  olea  ab  sis  in  ip&à  oleoium  et 
sacrainentoriun  cxhibilioiie  ex  veieri  ritu  conjicimitur  ac 
benedicantur.  Ce  Pape  a  raison  de  dire  que  cette  cou- 
tume est  ancienne  chez  les  Gro'.  ,  puisqu'elle  était 
déjà  établie  parmi  eux  au  septième  <  ècle  ,  c<  licnc 
nous  l'apprenons  d'un  capitukire  nunu.>crl:  a?  '  béo- 
dore  de  Canlorbéri ,  qui  n'igncrait  ce/ti.ir,euierit  pas 
les  rits  des  Grecs,  étant  né  Grec  et  r  es- versé  d'uis 
la  discipline  des  deux  églises.  Selon  les  Gréa.  Jit-  il,  // 
est  permis  au  prêtre...  de  (uire  le  civéwe  voir  les 
malades ,  si  cela  est  nécessaire.  Chez  les  Romairs  ,  cela 
ne  leur  est  pas  permis,  mais  à  iévèque  seul. 

Le  P.  Goar,  pour  ne  rien  laisser  de  douteux  sur 
cette  matière,  se  met  en  devoir  de  satisfaire  même 
aux  objections  des  théologiens  les  plus  prévenus  eu 
faveur  des  principes  qui  s'enseignent  communémeut 
dans  les  écoles,  suivant  lesquels ,  lui  el  Arcudius  font 
consister  la  forme  de  ce  sacrement  tel  qu'il  se  d.ime 
chez  les  Grecs,  en  une  des  oraisons  qui  conuueuce 
par  ces  mots  :  rtr-rsp  </.yic,  1'«t/:£  tûv  ■ijyCtj  :  Père  suint , 
médecin  des  «mes ,  etc.;  cette  raisou  expliquant  ies 
principaux  ellèts  qu'on  attend  de  ce  sacrement,  qui 
sont  la  'éinission  des  péchés  et  la  guérison  du  corps 

Il  semble,  après  toutcequi  vient  d'être  dil,  qu'on  ne 
devrait  pas  s'arrêter  à  ce  qu'a  écrit  le  ministre  Daillé, 
pour  montrer  que  l'Onelion  des  malades  ne  doil  pa  être 
mise  an  nombre  des  sacrements.  11  ne  me  serait  jias 
difficile  de  faire  sentir  le  faible  de  ses  arguments,  et  de 
faire  voir  que  plusieurs  d'entre  eux  sont  de  purs  so- 
pbismes,  (|ue  les  dialecticiens  appellent,  de  fuUo  sup- 
poncnte,  et  entre  autres  celui  où  il  dil  que  les  auteurs 
des  six  premiers  siècles,  lorsqu'ils  décrivent  les  cir- 


755  IIÏSTOIUE  DES 

conslanrcs  de  In  mon  des  personnes  pieuses,  ne  i'onl  i  ' 
jamais  metUion  de  celte  Onction  ;  puisque  vo\is  avez 
déjà  vu  qu'il  eu  est  parlé  dans  la  Vie  de  la  reine  Clo- 
thilde ,  et  d'autres  dans  S.  Grégoire  de  Tours.  Mais 
laissant  à  part  les  autres  objections  de  cet  auteur,  sur 
lesquelles  la  nature  de  cet  ouvrage  et  les  bornes  que 
noi:s  nous  sommes  prescrites  ne  nous  permettent  pas 
de  nous  étendre,  je  répondrai  seulement  à  celle  qui 
paraît  la  pins  plausible. 

Cette  objection  consiste  en  ce  (ju  on  ne  voit  nulle 
part  qti'il  soit  fait  jnentionde  rExtrème-Onclion  dans 
le.'j  aiiiciirs  du  second  et  du  troisième  siècle,  dans 
Icsq'.iels  on  trouve  d'ailleurs  ce  qui  concerne  les 
aiilrcs  sncremenls;  et  que,  depuis  les  persécutions 
d:r::S  le  quatrième  siècle ,  on  ne  voit  pas  que  les  gens 
de  Lien  ,  doi;t  la  mort  est  rapportée ,  aient  reçu  ce 
sacrement. 

Cette  objection,  je  l'avoue,  est  spécieuse  pour  ceux 
qui  ne  connaissent  pas  l'état  des  cboscs  et  les  maxi- 
mes de  ces  siècles ,  mais  nous  espérons  la  dissiper 
f::cilemci!t  par  quelques  rédéxions  sur  l'un  et  sur 
l'aiilre.  Premièrement  les  anciens  avaient  pour  maxime 
-de  ne  parler  de  nos  mystères  que  lorsque  la  nécessité  5 
les  y  contraignait,  et  rien  ne  les  obligeait  à  parler  de  \ 
celui-ci  qui  n'était  point  connu  des  infidèles  ,  et  sur 
lequel  ils  ne  formaient  point  d'accusation  contre  TE-  ;^ 
glise.  Si  les  Pères  ont  parlé  dans  ce  temps  dos  autres  || 
sacrements  de  la  manière  que  nous  l'avons  vu  jusqu'ici, 
c'a  été  ou  pour  réfuter  les  calomnies  des  r.aïens ,  ou 
pour  instruire  les  catéchumènes  ;  cl  dans  ces  deux 
cas,  il  n'était  point  nécessaire  qu'ils  parlassent  de  ce 
sacrenicnt,  que  les  premiers  ne  cominissaient  pas,  cl 
dont  on  avait  tout  le  temps  d'instruire  les  seconds 
lorsqu'ils  seraient  dans  l'église.  Mais  il  Calliiii  leur 
parler  nécessairemen!.  du  Baptême,  de  la  Confirn^Uion 
et  de  l'Eucbarislie;  parce  qu'ils  devaient  recevoir  ce:> 
trois  sacrements  en  un  même  jour,  et  à  leur  entrée 
dans  l'église. 

Secondement  il  y  a  bien  de  l'appareiicc  que  dans 
les  trois  premiers  siècles  on  ne  donnait  que  i  arement 
l'Extrême-Onclion  aux  malades  :  cl  cela  pour  deux 
raisons.  La  première  est  qu'il  était  presque  impossilile 
dans  le  temps  que  les  chrétiens  étaient  mêlés  avec  les 
païens  ,  d'administrer  ce  sacrement  sans  l'exposer  à 
la  vue  des  infidèles;  ce  que  nos  pères  regardaient 
comme  un  horrible  sacrilège  :  car  d'ordinaire  il  s'en 
trouvait  toujours  dans  la  même  fan)ille  qui  étaient 
encore  païens ,  ou  au  moins  qui  n'étaient  pas  encore 
initiés  à  nos  mystères.  Si  le  mari  était  chrélien  ,  la 
femme  élaii  infidèle ,  et  réciproquement.  Si  l'un 
et.  l'autre  étaient  chrétiens ,  leurs  enfants ,  ou 
leurs  esclaves ,  ou  leurs  domestiques ,  ou  leurs 
voisins  étaient  encore  païens,  et  par  conséquent 
empêchaient  qu'on  ne  pût  faire  celle  cérémonie,  qui 
demande  du  temps  et  de  l'aide  pour  mettre  le  ma- 
lade en  état  de  recevoir  les  Onctions.  D'ailleurs  les 
ministres  de  l'Eglise  se  seraient  beaucoup  exposés  en 
cette  occasion,  en  allant  ainsi  de  maisons  en  maisons,  ]p 
et  c'est  ce  que  ne  permettait  pas  la  prudence  chré 


SACREMENTS.  756 

tienne.  Nous  voyons  même  que,  pour  éviter  cet  incon- 
vénient, on  permettait  aux  chrétiens  demporier 
l'Eucharistie  dans  leurs  maisons  pour  s'en  communier 
eux-mêmes,  soit  en  santé,  soit  en  maladie.  La  se- 
conde raison  qui  persuade  que  l'on  ne  donnait  que 
rarement  ce  sacrement  dans  les  premiers  siècles, 
c'est  qu'il  n'est  pas  absolument  nécessaire  connue  les 
autres.  On  peut  l'omettre  sans  préjudice  du  saint.  Si 
les  chrétiens  dans  ce  temps-là  se  mariaient  souvent 
sans  recevoir  le  sacrement  de  Mariage  ,  comme  lors- 
qu'ils s'alliaient  avec  des  infidèles  ,  pourquoi  n'an- 
raienl-ils  pas  omis  de  recevoir  rExtrème-Onclion, 
qui  n'est  pas  plus  nécessaire  pour  le  salul  aux  malades, 
que  le  sacrement  de  ^Mariage  à  ceux  qui  entrent  dan? 
cet  état?  Cela  est  d'antanl  plus  vraisemblable,  qu'il 
paraît  que  les  grâces  attachées  à  la  bénèdiciion  nup- 
tiale, sont  au  moins  aussi  nécessaires  aux  personnes 
mariées,  que  l'Extiême-Onction  l'csl  aux  malades. 

Les  choses  étant  sur  ce  pied  dans  les  trois  premiers 
siècles,  il  n'est  jias  siu'prenanlque  dans  le  suivant  on 
ait  encore  négligé  de  recevoir  ce  sacrement;  c'était 
une  suite  de  l'étal  où  on  s'était  trouvé  :  mais  bientôt 
après  on  mit  les  choses  sur  un  autre  pied,  et  les  fidèles 
profilèrent  de  tous  les  avantages  que  l'Eglise  leur 
l'ouriiissail,  en  se  munissant  de  ce  sacrement  aux 
approches  de  la  mort.  Ajoute/  à  tout  ce  (jui  vient 
d'être  dit,  que  l'on  n'a  pas  écrit  tout  ce  qui  s'est 
passé,  et  (pie  les  monuments  dans  lesquels  il  a  pu 
être  écrit,  se  sonl  peut-être  perdus;  d'où  vient  que 
nous  ne  trouvons  point  d'exemples  d'Onction  des 
malades  dans  les  trois  premiers  siècles,  quoiqu'elle 
n'y  fût  pas  ignorée  ,  comme  il  paraît  par  le  passag(; 
d'Origène  que  nous  avons  indiqué,  cl  par  celui  du 
pape  Innocent  I,  que  nous  rapporierons  ci-après,  dans 
lequel  il  est  parlé  de  l'OiiCtion  des  malades  comme 
d'une  clîose  ordinaire ,  et  par  conséquent  pratiquée 
longtemps  avaia  ce  pape. 

CHAPITRE   11. 

Diverses  parliculdyilés  loucliuul  f  Exlrème-Oncùon.  Elle 
se  donnait  ordinaircinoit  avant  le  vialinuc;  ju^^qn'ù 
(juand  CCI  us:'(ii'ii'cf:l  conservé.  Elle  se  donnait  rinchjue- 
fois  durant  plusieurs  jours  consécutifs.  Seitlinienl  des 
premiers  docteurs  scolasti<iues  sur  la  réitération  de  ce 
sacrement. 

Nous  avons  tant  de  monuments  qui  prouvent  in- 
conleslablement  qu'autrefois  on  donnait,  pour  l'ordi- 
naire, l'Extrême  Onction  avant  le  viatique,  que,  pour 
éviter  la  prolixité,  nous  serons  obligés  de  nous  restrein- 
dre à  un  petit  nombre  de  preuves  incontestables,  tirées 
tant  des  exemples  que  nous  fournit  l'histoire,  que  des 
livres  ecclésiastiques,  dans  lesquels  sont  prescrits  les 
rils  des  sacrements. 

L^'S  Actes  de  S.  Tresan  (1),  prêtre,  qui  vivait  dans 
le  p:\ysde  Reims,  au  sixième  siècle,  portent  expressé- 
ment qu'il  reçut  llmile  di  la  sainte  réconcihntion  avec 
une  contrition  humble  et  sincère...,  ce  qui  étant  fait,  il 

(1)  Bolhmd.  Tfehruar. 


757  EXTRÊME-ONCTION.  —  CI1A1>.  II. 

demanda  le  vUilifiue.  {Qiiic  ])ost(juàm  cxplcvU,  vialicum 
pcliit.) 

Théoilore  de  Canlorbcrirciulrn  (cmoignagc  pour  le 
siècle  suivant.  Il  fini l,  (Vil- \l,  dans  son  Pénilenliel, 
ijnc  les  nntlddes,  lorsfiiuls  se  trouvent  m  péril  de  mort, 
(lemnudenl  à  se  confesser...  ;  (juils  reçoivent  t  onction  de 
i' huile  suinte,  sHiva)ii  tes  statuts  de  s  Pères,\et  la  com- 
munion du  viatique,  i  Sacra  unctione  olei  inuncti...  com- 
t  nnuiioHC  viatici  re/iciantur.  t 

I)ède,  dans  ses  Semonces  (1)  insérées  dans  la  col- 
lection de  Kéginon,  parle  conforniémeiU  :  Après  que  le 
malade  aura  reçu  l'onction  sacrée,  qu'on  lui  donne  aitssi- 
tôt  le  corps  ct'le  sang  de  Notre-Seifineur.  Lni-mênio,  au 
rapport  de  Guillaume  de  Malesburi  [i),  ayant  A)il  venir, 
dans  sa  dernière  maladie,  toute  la  coninuuiauté,  re- 
çut d'abord  ronclion  et  ensuite  la  communion.  Le  con- 
cile d'Aix-la-Chapelle,  de  l'an  85G,  c.  5,  et  celui  de 
Mayeiicc,  de  l'an  817,  c.  2G,  prescrivei'.t  la  mènie 
cliosç.  Cliarlemagnc,  selon  le  moine  d'Angoulèmc,  qui 
a  écrit  sa  vie,  après  avoir  clé  cint  de.  riiidie  sainte 
par  les  évoques,  et  avoir  reçu  le  viatique,  rendit  l'es- 
prit. Oleo  sancto  inunctus  abepiscopis,  et  viatico  sump- 
to...,  obiit. 

Ilincmar  de  Reims,  dans  son  10"  Capitulaire,  or- 
donne aux  prêtres  de  visiter  les  malades,  de  les  oindre 
de  riuiile  sainte,  et  de  les  communier  par  eux  mêmes. 
Ralhier  de  Vérone,  dans  le  dixième  siècle,  ordonne 
de  même,  dans  sa  lettre  synodique,  adressée  aux  prê- 
tres de  son  diocèse  (3)  de  visiter  les  malades,  de  les 
réconcilier,  de  leur  faire  l'onclion  de  riuiile  sainte,  et 
de  les  communier  de  leur  propre  main.  Oleo  sancto 
inungite,  et  propriâ  manu  communicate.  On  voit  la 
même  discipline  observée  dans  le  onzième  siècle  ;  c'est 
de  quoi  rendent  un  témoignage  bien  authentique  les 
actes  du  pajic  Léon  IX,  dans  Icsquds  nous  lisons  (4), 
que  voyant  une  multitude  d'évêques,  d'abbés  et  de 
fidèles  qui  s'étaient  rendus  auprès  de  lui,  sur  la  nou- 
velle de  sa  maladie,  il  ordonna  qu'on  lui  fit  l'onction 
sacrée  en  leur  présence;  ce  qui  l'ayant  rempli  de  joie, 
il  reçut  ensuite  la  communion  du  corps  et  du  sang  du  j 
Seignetir. 

La  Règle  des  chanoines  réguliers,  de  Pierre  De  Ho- 
ncstis  (5),  prescrit  que  si  on  voit  la  maladie  empirer, 
les  prêtres  aspergent  d'eau  bénite  les  malados,  qu'ils 
leur  fassent  l'onction,  et  qu'ils  les  munissent  du  corps 
cl  du  sang  de  Jésus-Christ.  Le  roi  d'Angleterre, 
Henri  I,  au  douzième  siècle,  se  sentant  attaqué  de  la 
maladie  dont  il  mourut,  se  confessa,  suivant  Orderic 
Vital  (G),  reçut  la  pénitence  et  l'absolution  dos  prê- 
tres, l'onction  de  l'huile  sacrée  et  la  communion  vivi- 
fiante, après  quoi  il  se  rcconmianda  h  Dieu.  Oleo  san- 
ctœnnctionis  delinitus,  et  Eucliaristiàrefeclus,  etc.  Enfin 
on  voit  par  les  Actes  de  Sle  Elisabeth,  épouse  de  Louis, 
landgrave  de  liesse,  que  celte  praticpie  était  encore 

(1)  L.  1,  c.  119. 

(-2)  L.  1  Ili.t.  G,  3. 

(.3)  Spicil.l.  "2. 

(i)  Wirbert.  Archidiao.,  1.2,  c    IG. 

(:>)  L.  2,  c.  2-2. 

(6j  Lib.  15. 


DIVERSES  PARTICULARITÉS.  7S.9 

ordinaire  dans  le  treizième  siècle,  puisqu'il  y  est  dit, 
qu'après  avoir  fait  l'onction  au  prince  son  mari,  on  lui 

donna  le  viati(|ue  du  sacré  corps  de  Jésus-Christ.  Per- 
aclà  unctione,  sacrosancli  corporis  Domini  nosiri  Jesu 
CInisti  viaticum  tradiderunt.  Presque  tous  les  anciens 
rituels  manuscrits  qui  me  sont  tondjés  entre  les  mains, 
dit  le  P.  Mariênc  (1),  confirment  cet  usage;  il  s'est 
même  conservé  jusqu'au  connnenccmcnl  du  seizième 
siècle,  puisque  le  C(''rénioiiial  des  Rénédictins,  de  la 
congrégation  de  Rursfeld,  en  Allemagne,  imprinn'»  dans 
le  monastère  d'Egmond,  au  diocèse  d'Utrech,  en  1502, 
prescrit  encore  que  les  malades  recevront  l'Extrême- 
Onction  avant  le  saint  viatique;  c'est  ce  que  l'on  voit 
dans  le  chapitre  59',  qui  a  pour  titre  :  Quo  ordine  tel 
ritu  inunfjatur  et  communicetur  infirmus.  M.  de  Launoy, 
dans  son  traité  de  l'Onction  des  malades,  pag.  525  et 
seq.,  donne  des  extraits  des  rituels  de  plusieurs  églises 
de  France,  par  lesquels  on  voit  que  l'usage  de  donner 
le  sacrement  de  rExtrème-Onction  avant  le  saint  via- 
tique s'est  conservé  dans  ces  églises  au-delà  du  milieu 
du  siècle  dernier.  Le  lecteur  peut  consulter  cet  auteur, 
et  s'assurer  par  lui-même  de  ce  que  nous  disons. 

Cela  suffit  sans  doute  pour  montrer  que  la  pratique 
ordinaire  était  telle  que  nous  l'avons  représentée.  Nous 
ne  disconviendrons  pas,  néanmoins,  qu'elle  ne  sou flrit 
ses  exceptions,  et  que  quelques  églises  n'observassent 
un  usage  contraire.  C'est  ce  qu'insinue  Césaire  d'Arles, 
lorsque  reprenant  ceux  qui  cherchaient  à  guérir  leurs 
maladies  par  des  enchantements,  il  dit:  Ne  serait-il 
pas  mieux  et  plus  avantageux  pour  eux  qu'ils  vinssent  à 
l'église,  qiiils  y  reçussent  le  corps  et  le  sang  de  Notre- 
Scigneur,  et  qu'ils  se  fissent  oindre,  eux  et  les  leurs,  de 
l'huile  bénite,  selon  que  dit  l'apôtre  S.  Jacques,  et  qu'ils 
reçussent,  par  ce  moijen,  non  seulement  la  santé  du  corps, 
mais  encore  la  rémission  de  leurs  péchés?  «  Corpus  et 
x  sanguinem  Christi  acciperenl,  oleo  henedicto  se  et  suos 
«  fideliter  perungerenl?  d  Hérard,  archevêque  de  Tours, 
fait  aussi  entendre,  dans  son  Capitulaire  (n.  21),  que 
les  malades  recevaient  en  viatique  le  corps  de  Notre- 
Seigneur,  avant  l'onction,  lorsqu'il  dit  que  ceux  qui 
sont  attaqués  do  maladie  doivent,  sans  différer,  être 
réconciliés,  recevoir  le  viatique  et  la  bénédiction  de 
riiuile sacrée.  Ut  in  infirmitate  positi  absque  dilatione  re- 
concilienttir,  et  viaticum  viventes  accipianl,  et  benedi- 
ctione  sacrati  olei  non  careant.  Isaac  de  Langres,  avant 
lui,  s'était  presque  servi  des  mêmes  termes  (2).  Ce 
qui  fait  voir  que  la  continne  opposée  n'était  poinl,  ab- 
solument parlant,  reçue  partout. 

Il  parait  même,  par  le  Pontifical,  manuscrit  de 
S.  Prudence,  évèque  de  Troyes,  qui  est  en  fort  beaux 
caractères,  et  qui  a  appartenu  autrefois  au  monastère 
de  .Monslier-Ramé,  dans  le  même  diocèse,  qu'on  lais- 
sait à  la  discrétion  du  ministre  do  donner  rExtrème- 
Onction  aux  malades,  devant  ou  après  le  viatique; 
car  je  crois  que  c'est  ce  que  signifie  ce  qui  est  dit  des 
doux  connnunions,  dont  l'une  précède  l'Onction,  et 
l'autre  la  suit.  Après  quelques  prières  que  l'évèque  ou 

(1)  T.  2  deanl.  Eccl.  Rit.,  p.  108. 

(2)  CupiUd.,  t.  Il,  c.  25. 


759 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


7C0 


le  .prêtre  doit  faire  sur  le  malade,  il  est  porté  dans  ce 
rituel:  Hincdetiir  communioinfirmoUadiccndo.  «  En- 
I  suile,  que  ron  donne  la  communion  au  malade,  en  di- 
i  sani  :  Que  le  corps  et  le  sany  de  yolre-Seujneur  Jésus■ 
^  Clirisl,  »  etc.  Le  rit  de  rOiictioii  est  luaniué  ensuite, 
après  quoi  il  est  dit:  llis  explclis,  comniunicet  eum. 
On  ne  communiait  pas  les  malades  deux  fois  sur-!o- 
(iianip.  Que  signifie  donc  celte  double  connnunion '.'' 
Je  ne  puis  rien  imaginer  autre  chose,  sinon  qu'en  cas 
que  le  malade  n'eût  pas  reçu  le  viatique  d'abord,  ce 
rituel  prescrit  le  temps  et  la  circonstance  dans  laquelle 
i!  comnmnicra,  après  l'onction  de  l'huile  sainte.  Le 
P.  Mabillon  (1)  dit  avoir  vu,  dans  la  bibliothèque  des 
frères  Mineurs  ,  à  Sainte-Croix  de  Florence,  un  Pon- 
tifical manuscrit,  dans  lequel  l'onction  des  malades  est 
prescrite  après  la  communion.  On  pourrait  encore 
ajouter  quelques  exemples  à  ceux  qui  viennent  d'être 
rapi)ortés  ;  mais  ce  ne  peut  empêcher  que  l'on  ne  puisse 
regarder  l'usage  de  donner  le  viatique  après  l'Exirème- 
Onction,  connne  la  pratique  universelle  de  l'Église 
autrefois,  quoique,  comme  nous  avons  remarqué,  elle 
souffrit  quelques  exceptions. 

On  voit  aussi,  par  d'anciens  rituels,  que  l'on  réité- 
rait l'onction  aux  malades  pendant  sept  jours  consécu- 
tifs. Cela  est  prescrit,  entre  j)lusieurs  autres,  dans  un 
rituel  de  Tours,  dont  le  caractère  fait  connaître  qu'il 
a  été  écrit  il  y  a  plus  de  800  ans.  Un  autre,  de  Notre- 
Dame  de  Reims,  et  un  troisième  de  la  Ribliothèque 
du  roi,  n.  4208,  à  peu  près  de  même  âge,  selon  le 
P.  Martène,  contiennent  la  même  chose,  aussi  bien 
que  le  Pontifical  de  Salzbourg  et  un  manuscrit  de 
S.  Victor,  d'environ  500  ans,  sans  parler  de  quelques 
autres.  Cela  se  trouve  réduit  en  pratique ,  en  la  per- 
sonne de  S.  Rembert,  archevêque  de  Hambourg,  dont 
il  est  dit  dans  sa  Vie,  écrite  par  un  auteur  contempo- 
rain (2),  que  le  septième  jour  avant  sa  mort,  l'on  com- 
mença à  lui  faire  ronction  sacrée,  et  qu'il  reçut  ce  remède 
salutaire,  avec  la  communion  du  corps  et  du  sang  deJé- 
sus-Chriit,  tous  les  jours,  jtisqu'èi  celui  auquel  il  rendit  i 
l'esprit  à  Dieu. 

Cela  fait  voir  quel  fond  on  doit  faire  sur  l'opinion 
de  Geofiroi  de  Vendôme,  de  Thiébaud,  abbé  de  Sainte- 
Colombe  de  Sens,  et  de  quelques  autres  auteurs  du 
douzième  siècle,  qui  ont  enseigné  qu'on  ne  devait  pas 
plus  réitérer  l'onction  des  malades,  non  seulement 
dans  la  même  maladie,  mais  pendant  toute  leur  vie, 
que  le  Raptême,  la  Confirmation,  l'Ordination  et  l'onc- 
tion des  vases  destinés  à  la  célébration  des  saints  mys- 
tères. Nous  ne  voyons  pas  où  ces  auteurs  ont  puisé 
cette  doctrine  ;  aussi  s'est-il  trouvé,  de  leur  temps, 
des  personnages  illustres  qui  ont  réfuté  cette  opinion, 
et,  entre  autres,  Pierre-le-Vénérable,  abbé  de  Cluni, 
dans  une  lettre  adressée  à  Thiébaud,  qui  est  la  septième 
dy  cinquième  livre,  et  le  Maître  des  Sentences,  dans 
son  quatrième  livre. 

Tous  les  théologiens  qui  sont  venus  ensuite,  se  sont 


fl)  Itin.  ital.,p.  104. 
[i)  Secul.  4  Renedict. 


attachés  an  sentiment  de  ces  derniers,  et  ont  ensei- 
gné communément  que  l'on  pouvait  réitérer  l'Extrême- 
Onction ,  au  moins  dans  les  différentes  maladies. 
Qiicl([ues-uns  cependant  ont  modifié  ce  pouvoir,  en 
disant  que  cela  se  pouvait  faire  seulement  quand  ces 
différentes  maladies  arrivaient  en  différentes  années  ,' 
et  non  pas  quand  la  même  personne  tombait  plusieurs 
fois  dans  des  maladies  périlleuses  durant  le  cours  de 
la  même  année,  comme  dit  Durand  de  Mende  (I).  Je 
laisse  aux  théologiens  à  examiner  sur  quoi  est  ap- 
puyée cette  décision  ,  aussi  bien  que  ce  qu'ajoute  le 
même  auteur,  que  si  un  homme  a  reçu  l'Exlrême- 
Onction  par  le  ministère  d'un  évêque  ,  il  ne  doit  plus 
par  respect  pour  son  caractère  la  recevoir  de  la  main 
d'un  prêtre. 

CHAPITRE  III. 

On  continue  de  parler  de  quelques  particularités  qui  con- 
cernent ^administration  de  l" Extrême-Onction.  Von 
découvre  les  sources  de  l'abus  qui  s'est  introduit  d'at- 
tendre à  l'extrémité  à  recevoir  ce  sacrement ,  et  l'on 
représente  le  détail  des  cérémonies  do)tt  il  était  acconi' 
pagné  anciennement. 

Il  était  assez  ordinaire  autrefois  de  se  faire  poricr 
à  l'église ,  ou  d'y  aller  soi-même  si  l'on  pouvait,  pour 
recevoir  l'Extrême-Onction.  Vous  l'avez  vu  par  le 
passage  de  S.  Césaire  d'Arles ,  que  nous  avons  cité 
plus  haut.  Ce  saint  y  suppose  que  cette  pratique  était 
comuiune,  lorsque,  pour  détourner  son  peuple  d'avoir 
recours  aux  enchanteurs  dans  leurs  maladies,  il  leur 
dit ,  qu'ils  feraient  beaucoup  mieux  d'aller  à  l'église , 
et  de  s'y  oindre  de  l'huile  sainte ,  dont  ils  recevraient 
du  soulagement  dans  le  corps  et  dans  l'ame.  Quanib 
reclius  et  salubrius  erat  ut  ad  ecclesiam  currerent.  C'est 
en  conséquence  de  cet  usage  que  les  anciens  Statuts 
des  religieuses  de  l'ordre  de  Senqiringham  fondé  par 
le  bienheureux  Gilbert  (-2)  ,  ordonneiit  que  Ton  ait 
soin  qu'il  y  ait  dans  l'église  ,  in  ecclesià  ,  ou  dans  l'in- 
firmerie ,  un  lieu  destiné  à  faire  les  onctions  aux  re- 
ligieuses malades.  11  est  aussi  rapporté  dans  les  Actes 
de  S.  Oswald,  évêque  d'Angleterre,  qu'étant  rentuédans 
l'oratoire ,  et  ayant  ajipelé  les  frères  ,  il  les  exhorta  à 
lui  administrer  l'Extrème-Onction.  Régressas  in  orato- 
rium,  convocatis  fratribus,  hortatur  eos  impendere  sibi 
miuisterium  sacrœ  unclionis. 

Nous  apprenons  par  là  que  les  malades  ne  rece- 
vaient point  toujours  ce  sacrement,  couchés  dans 
leurs  lits ,  comme  cela  se  fait  pres(pie  toujours  à  pré- 
sent ,  et  nous  savons  d'ailleurs  par  plusieurs  rituels 
rapportés  par  le  P.  Martène  (5) ,  que,  lors  même  que 
les  malades  recevaient  lExtrème-Onction  dans  leurs 
maisons,  ils  la  recevaient  très-souvent  à  genoux  ou 
I  assis.  C'est  ce  qui  est  prescrit  principalement  dans 
I  celui  de  Salzbourg  qui  porte*:  Que  le  malade  se  mette 
à  genoux,  qu'il  se  tienne  à  la  droite  du  prêtre,  et  que 
l'on  chante  l'antienne  :  Guérissez-moi,  Seigneur,  etc., 

(1)  L.  1  Ration,  c.  8. 

(2)  Monaslic.  Anglic.  t.  2  ,  p.  773. 

(5j  T.  2,c.  7,  art.  4.  ..     ^; 


761  EXinÈME-UiNCTION.  —  CllAl 

el  sic  (leclal  (jenxio.  sua  qui  est  tauyuidus ,  etc.  (1). 
Nous  lisons  aussi  dans  la  Vie  de  S.  Ollioii  de  Bam- 
Lerg ,  qu'il  recul  ce  sacreiuenl,  ciaul,  non  couclio, 
mais  assis,  non  jacendo ,  sed  sedcndo. 

Celle  manière  do  recevoir  le  sacronicnlde  TOnclion 
sacrée,  serait  plus  conlornie  à  l'espril  de  l'Kglisc,  el 
marquerait  plus  de  respect  pour  une  cérémonie  si 
sainte  et  si  utile  à  nos  âmes.  Mais  pour  la  pratiquer, 
il  ne  laudrail  pas  allendre  à  la  dernière  extrémité 
pour  demander  ce  sacrement ,  comme  on  ne  fait  que 
trop  comnninémcnt  aujourd'hui.  C-e  qui  est  bien  op- 
posé à  l'intention  de  rÉglisc ,  comme  vous  avez  pu 
vous  en  convaincre  par  toutes  les  observations  que 
nous  avons  faites  dans  ce  cbapilre  cl  dans  le  précé- 
dent :  puis(iue  tout  ce  qui  y  est  rapporté ,  suppose 
que  le  malade  avait  encore  (piebpies  forces ,  et  sur- 
tout, qu'il  jouissait  d'une  parfaite  liberté  d'esprit  ;  au 
lieu  qu'à  présent  on  allend  qu'il  soit  à  demi-mort ,  cl 
que  pour  l'ordinaire,  il  n'a  pas  toute  la  présence  d'es- 
prit nécessaire  pour  recevoir  l'Exlrème- Onction 
connne  il  le  devrait ,  et  en  retirer  les  avantages 
qu'on  a  lieu  den  espérer  cl  pour  i'àme  el  pour  le 
corps. 

Mais  d'où  vient  cet  abus?  Comment  un  si  grand 
changement  a-l-il  pu  s'introduire?  Nous  pouvons  en 
manjucr  deux  causes.  La  première,  est  l'opinion  qui 
s'était  répandue  dans  le  troisième  siècle  (nous  ne  sa- 
vons par  quelle  voie),  que  les  malades  qui  avaient 
reçu  ce  sacrement  ne  pouvaient  plus,  s'ils  r-ccouvraienl 
la  santé  ,  faire  aucun  usage  du  niariage,  manger  de 
la  chair ,  el  marcher  les  pieds  ims.  Nous  apprenons 
d'un  concile  d'Angleterre  (2) ,  que  de  faux  docteurs 
répandaient  ces  opinions  parmi  le  peuple  ;  el  les 
évèques,  pour  les  déraciner,  déclarèrent  qu'ils  déles- 
taient el  excommuniaient  ceux  qui  en  étaient  les  au- 
teurs. Celle  décision  ne  put  arrêter  le  cours  de  la 
superstition;  puisque  le  synode  d'Oxford  (cap.  G), 
plus  de  quarante  ans  après,  en  parle  encore  connue 
d'une  chose  qui  avait  de  dangereuses  suites  ,  cl  qui 
détournail  le  peuple  de  recevoir  ce  sacrement,  cl 
qu'il  ordonne  aux  prèlres  préposés  au  goavcrnemeiit 
des  paroisses ,  d'instruire  le  peuple  sur  cet  article. 
Voici  les  paroles  dans  lesquelles  s'exprime  le  synode  : 
Parce  que  queUiucs  luitjues  ignorants  ont  de  mauvais 
sentiments  loucliant  ce  sacrement  (rExlrème-Onclion) 
en  sorte  cju  ils  l'ont  tellement  en  horreur  ,  qu'à  peine  ils 
veulent  le  recevoir  à  l'extrémité,  croijaut  follement 
qu'après  l'avoir  reçu  il  ne  leur  eut  plus  permis  de  man- 
ger de  lit  chair,  de  marcher  nu-pieds,  el  d'avoir  un  com- 
merce légitime  avec  leurs  femmes  ;  nous  ordonnons  aux 
prêtres  des  paroisses  de  prêcher  le  contraire ,  quand  ils 
apprendront  qu'une  telle  hérésie  s'est  répandue  en  quelque 
endroit.  Ce  n'était  pas  seulement  en  Angleterre,  que 
celle  opinion  populaire  avait  fait  du  progrès,  elle  avait 
passé  la  raer,  el  s'élail  établie  en  France,  ou  au  moins 
en  Normandie  (3),  comme  le  montrent  les  Statuts  de 

(1)  Sur.  -ijulii,  1.  4,  c.  i. 

(2)  Synod.  Wigorn. ,  c.  19,  ann.  I"2i0.  1 
(5;  Conc.  Nonn.,  p.  258.  | 


111.  SLITE  DL  .ME.ME  SUJET.  70"2 

Pierre  de  Collcmicu ,  archevêque  de  Rouen,  qui  con- 
tiennent à  peu  près  la  mémo  chose  que  ce  que  nous 
venons  de  rapporter  du  synode  d'Oxford.  Celle  faussa 
opinion  subsistait  encore  en  partie  sur  la  fin  du  quin- 
zième siècle.  Cela  i)arait  dans  ce  que  nous  lisons  dans 
les  Statuts  synodaux  de  Verdun ,  imprimés  au  coin- 
nuMiccment  du  siècle  suivant.  Car  ils  portent,  après 
avoir  prescrit  ce  qui  regarde  ce  sacrement  :  Que  les 
prêtres  apprennent  au  peuple  que  l'on  peut  licitement 
réitérer  l'ExIrâme-Onclion  ,  quand  dans  la  suite  il  sur- 
vient des  maladies  mortelles;  el  que  l'on  peut  apris 
l'avoir  reçue,  user  légitimement  du  mariage,  si  l'oxi  re- 
vient en  santé.  Paroles ,  qui  font  assez  entendre  (pi'a- 
lors  la  fausse  opinion  dont  nous  venons  de  parler, 
n'était  point  encore  effacée  de  l'esprit  des  peuples. 

La  seconde  cause  de  l'abus  dont  nous  parlons,  et 
qui  n'a  pas  moins  contribué  à  l'établir,  est  l'avarice 
honteuse  des  prêtres,  qui  exigaient  lanl  de  choses  de 
ceux  à  qui  ils  donnaient  ce  sacremcnl,  qu'ils  mettaient 
les  pauvres  dans  l'inq^ssibililé  de  le  recevoir,  et 
déiouiiiaieiit  les  autres  du  dessein  de  le  demander. 
Ueinier,  de  l'ordre  des  frères  Prêcheurs,  qui  a  vécu 
après  le  milieu  du  li'cizième  siècle  ,  fait  mention  de 
ce  désordre  ,  et  attribue  à  la  rapacité  des  ecclésiasti- 
ques le  peu  d'usage  que  l'on  faisait  de  ce  sacrement  : 
car  il  remarque  dans  son  cinquième  livre  contre  les 
Waudois ,  qu'ils  l'avaient  rejeté,  parce  qu'on  ne  le 
donnait  qu'aux  riches,  quia  tanlitm  divitibus  dalur ,  et 
qu'on  ne  le  donnail  à  ixMsoime  sans  payer.  Il  ajoute 
ensuite  qu'effectivement  quelques-uns  disaient  :  qu'on 
ne  devait  donner  ce  sacrement  à  qui  que  ce  soit,  à  moins 
qu'il  ne  pût  avoir  au  moins  deux  vaches  :  ce  qui  scan- 
dalisait extrêmement  les  pauvres.  «  Itemprœdicantqui- 
<f  dam  nnlli  sacramentum  hoc  debere  dari,  nisiqui  possit 
«  habere  saliem  duas  vaccas ,  s  etc.  Ils  disent  de  plus 
qu'i/  faut  au  moins  dou:.e  lumin(dres  pour  l'Onction. 
Guillaume-le-Mairc,  évêi|ue  d'Angers,  dansses  Sta- 
tuts synodaux  (1)  de  l'an  1294,  censura  fortement 
ces  maximes  si  scandaleuses  et  si  préjudiciables 
au  bien  des  âmes.  A'oiis  avons  appris  de  personnes  di- 
gnes de  foi ,  dit-il ,  que  l'on  néglige  de  recevoir  ce  sa- 
crement, sans  lequel,  comme  disent  les  saints,  il  est 
dangereux  de  sortir  de  celte  vie;  ou,  pour  parler  plus 
véritablement,  on  se  dispense  de  le  recevoir  à  cause 
de  la  rapacité  cl  de  l'avarice  des  prêtres  qui,  lorsqu'il 
s'agit  de  l'administrer,  font  des  e.vactions  nouvelles  el 
insolites,  demandant  les  linges  sur  lesquels  le  malade 
est  couché  ,  tandis  qu'on  lui  fait  t'Onelion,  C'est  par 
ces  moyens  que  Ton  s'est  mis  insensiblement  sur  h- 
pied  de  ne  demander  rExlrênie-Onclion  qu'à  la  der- 
nière cxlrémilé  ,  tant  pour  éviter  les  frais  ,  que  les 
inconvénients  dont  nous  avons  parlé  plus  liant,  el 
qu'une  fausse  opinion  dont  le  peiq^le  était  imbu,  fai- 
sait regarder  comme  inévitables  à  ceux  qui  revenaient 
en  santé.  Cette  coutume  abusive s'élant  ainsi  établie, 
on  n'a  pu  encore  venir  à  bout  de  la  corriger,  quoi- 
(pi'on  en  ait  l'ail  cesser  la  cause.  Elle  n'était  oas  en- 

(I)  Spicil.  t.  H, 


«^63  HISTOîKi":  DES 

corc  eniiôreiiionl  abolie  dans  certains  cnUroils  vers  le 
coiunieiiocniciililii  seizième  siècle,  car  on   y  exigeait 
une  espèce  de  salaire  pour  la  peine  que   Ton  s'était 
diiniiée  en  admiiiislrant  ce  sacrement.  Cela  est  clair  | 
par  les  Statuts  synodaux  de  Verdun  ,  dans  lesquels  il  | 
est  dit,  {fol.  3G  verso)  que  le  prêtre  fera  dévote- '5 
ment  les  onctions ,   après  avoir  dit    les   psaumes  de  ]p 
la  Pénitence  avec  les  litanies  et  les  oraisons  accoulu-  ilj 
mées.  Ccpendanl,  ajontcïit  les  Statuts,   il  n'exigera  p 
rien  pour  cela  ,  (nf après  avoir  aclie.é  la  cérémonie,  || 
à  moins  que,  suivant  la  coutume,  on  ne  lui  doive  quel-  [If 
que  cliose    pour  ses  peines.  ISec  propter  hoc  alicjidd 
exhjat ,  nisi  post  facliim  pro  lubore  aliquid  et   coisiictu- 
(t'nie  debenlur. 

Si  est  temps  de  donner  une  idée  des  cérémonies  qui 
accompagnaient  auirel'ois   Tadminislration  du  sacre- 
ment de  rOnelion  des  malades,  et  des  prières  (jui  s'y 
récitaient.  Nous  tirerons   ce  (pu;   nous  avons  à  dire 
là-dessus  du  plus  ancien  monument  qui  nous  reste, 
savoir  d'un  Ponlilical  manuscrit  d'Angleterre ,  que 
ron  conserve  dans  le  monastère  de  Jumièges,  et  dont  !| 
le  caractère  montre   qu'il  a  été  transcrit  il  y  a  envi-  | 
ron  000  ans.  Quand  les  prêtres,  y  est-il   dit,  auront  j 
été  invités  à  venir  visiter  un  malade ,  et  lui  faire  fOnc-  || 
lion  ,  que  celui  qui  est  digne  de  faire  cette  fonction  ,  se  | 
revête  d'un   surplis  ou  manteau  (  super liumerali),  d'une  | 
aube  et  d'une  étole..-.,    que  le  diacre  qui  porte  le  texte  <î 
de  l'Evancjile  et  l'huile  des  infirmes  ,  s'habille  aussi  avec 
les  céroféraires  chacun  selon  leurs  ordres.    Qu'un  céro- 
firuirc  porte  de  la  main  droite  un  cierge ,  et  de  la  gau- 
che tui  encensoir  avec  de  l'encens.  Etant  ainsi  liabiltcs, 
quand  ils  seront  sur  le  point  d'entrer  dans  la  maison  du 
malade,   que    le    prêtre  tienne  en  sa  main  gauche  le 
livre  qui  contient  les  oyaiso)is  de  cet  office,  et  qu'il  fasse 
ie  signe  de  la  croix  de  la  droite,    afin  qu'il  puisse  faire  | 
avec  toute  humilité  et  crainte  de  Dieu  ce  qu'il  aura  corn-  1 
vieneé.  En  entrant  qu'il  dise  cette  aniienne  :  i  Que   /«  ;| 
«  paix  soit   dans  cette  maison    et  avec   tous   ceux  qui  j| 
«  l'habiienl ,  que  la  paix  soil  sur  ceux  qui   y  entrent   cl 
i  qui  en  sortent.  > 

Le  prêtre,  élant  encore  à  la  porte,  faisait  une  prière 
qui  est  marquée.  S'avançant  ensuite  vers  l'eau  bénite, 
il  en  faisait  l'aspersion  en  disant  l'antienne  Asperges 
me.  Ai>rès  cila,  il  approcliait  du  ni:dade  avec  une  ex-  || 
trênie  douceur,  disait  une  oraison  après  l'aspersion  de  || 
l'eau  bénite,  et  une  autre  devant  le  lit  du  malade  avant  'g 
que  de  lui  parler.  Ens'.iile  se  niettant  à  genoux  devant  i| 
le  malade^  et  s'inclinanl,  il  lui  disait  -.-Pourquoi,  mon  !| 
frère,  nous  avez-vous  appelésl  Celui-ci  répoisdait:  Afin  \j 
que  vous  daigniez  me  donner  l'onction.  Alors  le  r.rètrc 
devait  l'instruire,  en  peu  de  mots,  avec  grande  dou- 
cem-,  et  lui  dire  :  Préparez-vous  à  faire  une  bonne  con- 
fession, et  oisuite  vous  recevrez  l'onction.  Si  c'était'  un  [|j 
séculier,  il  lui  disait  :  Donnez  ordre  aux  aff'aires  de  votre  | 
vudson,  et  si  vous  avez  du  ressentimiut  coitlrc  quelqu'un,  | 
pardoiinez  lui,  afin  que,  par  la  clémence  du  Seigneur,  j| 
.vous  receviez,  en  vertu  de  cette  onction,  la  rémission  de  il 
vos  péchés.  Suivait  une  prière  f(U-t  courte;  et  alors  le  i|| 
malade  se  confessait.  On  disait  lu  litanie  avec  les  capi- 1 


SACREMENTS.  76i 

tules  el  l'oraison ,  une  antienne  qui  commence  par 
ces  mots  :  Angélus  Raphaël.  Après  cela  se  faisait 
l'onciion  aux  sourcils,  aux  oreilles,  au  nez,  aux  lè- 
vres, au  cou,  aux  épaules,  à  la  poitrine,  aux  mains  et 
aux  pieds.  Cette  onction  se  faisait  en  forme  de  croix, 
et  à  chacune  on  joignait  une  prière  convenable ,  qui 
commençait  par  ces  mots  :  Ungo  te,  oculos  tuos,  etc., 
par  exenq)le,  qui  était  suivie  d'une  antienne  ou  d'un 
psaume.  Il  est  surtout  recommandé  d'oindre  la  partie 
aflligée ,  ou  celle  dans  laquelle  est  le  principe  du 
mal. 

Après  toutes  ces  onctions  et  ces  formules  ,  le  Pon- 
tifical porte  :  On  fait  ceci ,  afin  que  si  les  cinq  sens  de 
lespiit  et  du  corps  se  trouvent  infectés  de  quelque 
tache,  ils  soient  guéris  par  ce  remède  divin.  Enfin  la 
céiémonie  finit  par  huit  ou  neuf  oraisons,  par  les- 
quelles on  demande  à  Dieu  pour  le  malade  la  rémis- 
sion des  péchés  et  le  rétablissement  de  sa  santé.  Tous 
voyez  ,  par  ce  qui  vient  d'être  dit ,  que  la  cérémonie 
devait  durer  longtemps  ;  mais  les  bons  pasteurs  trou- 
vent toujours  le  temps  fort  court,  quand  ils  l'emploient 
à  prier,  à  sanctifier  et  à  consoler  ceux  que  Dieu  a 
confiés  à  leurs  soins. 

CHAPITRE  IV. 

A  qui  et  par  qui  le  sacrement  de  l' Extrême-Onction  doit 
être  conféré  suivant  l'esprit  de  l'Eglise.  On  justifie  les 
Orientaux  de  l'erreur  qu'on  leur  impute  sur  le  sujet  de 
ce  sacrement. 

L'apôtre  S.  Jacques  désigne  bien  clairement  les  su- 
jets à  (pii  on  doit  administrer  l'Onction  ,  lorsqu'il  dit, 
infirmaiur  quis  in  vobis?  paroles  qui  manjuciit  évidem- 
ment que  cela  ne  regarde  pas  les  sains  ,  n)ais  les  ma- 
lades, quand  même  ceux  qui  sont  en  sauté  devraient 
mourir  bientôt  par  sentence  du  juge,  ou  seraient  dans 
un  danger  émincnt  de  perdre  la  vie,  comme  sont  ceux 
qui  sont  sur  le  point  de  combattre  les  emiemis  en  ba- 
taille rangée.  Aussi  ne  voyons-nous  pas  que  l'on  ait 
jamais  doniié  ce  sacrement  à  ceux  qui  éîaient  simple- 
ment dans  les  circonstances  dont  nous  venons  de  i>ar- 
ler ,  mais  seulement  à  ceux  dont  la  maladie  paraissait 
dangereuse,  soit  par  la  nature  du  mal ,  soit  p<»r  quel- 
que fâcheux  symptôme  (\m  survenait,  et  qui  donnait 
lieu  d'en  appréhender  les  s;iiles. 

Ce  ([ue  raconte  Hugues  de  Flavigny  (i) ,  d'Odile  , 
fille  du  comte  Heriman  et  deMatbilde,  laquelle  reçut 
rExtrcme-Onction  dans  le  monastère  de  S.  Vanne  de  ( 
Verdun ,  des  mains  de  l'abbé  Richard ,  (pioiqu'elle  ne 
scnlît  aucune  douleur  et  qu'elle  iiarûl  en  sanlé,  n'est 
pas  contraire  à  ce  que  nous  disons  ici  ;  car  cet  auteur , 
avait  dit  :\uparavanl,  qu'élant  venue  le  mercredi  avant' 
Pàipics  à  ce  monastère,  ce  saint  abbé  lui  avait  prédit  ■ 
([u'elle  mourrait  le  lendemain.  Ce  qui  sans  doute  ne  1 
serait  point  arrivé,  s'il  n'y  eut  point  eu  chez  elle  quel-  \ 
que  principe  de  mort  procliaiiie,  que  celle  sainte  fille 
ne  connaissait  et  ne  sentait  pas,  mais  que  Dieu  avait 
fait  connaître  surnalnrellemcnt  à  l'abbé  Richard.  Ce 

(1)  Chronic.  Virdun.,  p.  107^ 


765 


EXTRÊME-ONCTION.  —  CIlAf .  IV.  SUJETS  ET  MINISTRES  DE  CE  SACREMENT.        766 


qui  la  détermina  à  repasser  sa  vie  dans  l'anicrlumc  de 
son  âme,  el  à  recevoir  à  la  messe  du  jcudi-siiinl  U-s 
sacreiiienls  viiifutiils ,  après  qn'eile  cul  été  ointe  de 
riiuile  suinte,  ce  qui  fut  suivi  de  (luelqncs  douleurs 
qui  la  firent  retourner  dans  sa  cellule ,  où  elle  rendit 
l'esprit  entre  les  bras  de  Tliomme  de  Dieu  ,  coucliée 
sur  la  cendre  el  le  ciliée. 

Si  S.  Jacques  exclni  de  ce  sacrement  ceux  qui  sont 
en  santé,  il  n'en  exciul  pas  moins  ceux  qui  ne  so:it 
coupables  d'aucun  pécbc,  tels  que  sont  les  enf.mis  et 
les  néophytes;  et  nous  n'avons  aucun  exemple  d'Kx- 
trèmc-Onctioii  donnée  aux  nouveaux  baptisés,  tandis 
qu'ils  portaient  encore  l'Iiabit  blanc.  On  voit  même , 
dans  la  vie  de  l'abbé  Adelard,  écrite  par  Pascliase  llad- 
berl  son  disciple,  et  depuis  son  successeur,  que  l'on 
doutait  que  l'on  dût  faire  recevoir  ce  sacrement  à  ceux 
dont  la  vie  avait  été  si  pure,  qu'on  ne  les  croyait  cbar- 
gés  d'aucun  péché  :  car  il  rapporte  que  l'évoque  liilde- 
man,  ayant  appris  la  maladie  de  l'abbé,  vint  àCorbie , 
cl  que  s'ctant  informé  s'il  avait  reçu  Tonciion  de 
l'huile  bénite,  que  le  R.  apôtre  a  ordonné  que  l'on 
fasse  aux  malades,  les  frères  lui  demandèrent  s'il 
voulait  qu'on  la  lui  fît,  quoique  nous  sussions  cerlai- 
iiemenl ,  dit  Paschasc,  qu'il  n'était  point  chargé  de 
péchés,  (juein  procul  clubio  sciercnuus  peccatorum  oneri- 
btis  non  (leliiteri.  Mais  le  saint  abbé  ne  pensait  pas 
comme  eux;  et  levant  les  yeux  au  ciel,  il  demanda 
avec  instance  qu'on  lui  fil  cette  onction.  Les  moines 
de  Corbie  n'auraient  point  fait  celte  demande  à  leur 
abbé,  si  c'eût  été  en  ce  temps-là  la  coutume  d'admi- 
nistrer ce  sacrement  à  tons  les  chrétiens  indiiïérem- 
nient,  el  même  à  ceux  qui ,  ayant  mené  une  vie  sainte 
et  pénitente,  devaient  cire  regardés  comme  entière- 
ment im»occnts  devant  Dieu.  C'était  donc  alors  un 
usage  assez  ordinaire  de  ne  point  donner  ce  sacre- 
ment à  ceux  de  la  sainteté  desquels  on  avait  une  es- 
pèce d'assurance  ;  et  c'est  sans  doute  en  partie  pour 
cela  que  nous  ne  voyons  aucun  vestige  de  ce  sacre- 
ment daiis  quantité  de  vies  des  saints,  dont  la  mort  a 
été  rapportée  par  ceux  qui  en  ont  écrit  les  histoires , 
cl  entre  autres  par  Giégoire  de  Tours,  qui,  en  faisant 
le  détail  des  circonstances  de  la  mort  de  plusieurs 
saints,  ne  fait  nulle  part  mention  de  ce  sacrement. 
Aussi  S.  Antoine  de  Padoue  disait-il,  peu  de  temps 
avant  sa  mort,  qu'il  n'avait  pas  besoin  de  l'Exlrèuic- 
Onciion,  ainsi  qu'il  est  rapporté  dans  sa  Yie,  que  Bol- 
landus  a  donnée  au  public  ,  dans  le  second  tome  des 
Saints  du  mois  de  juin,  p.  713. 

Pour  ce  qui  est  de  l'âge  auquel  on  doit  faire  cette 
onction  ,  les  statuts  d'Eudes,  évoque  de  Paris,  elceiix 
de  Simon  et  de  Galon  ,  légats  du  jiape  Innocent  III, 
prescrivent  qu'on  doit  la  faire  à  tous  ceux  qui  ont  at- 
teint l'âge  de  discrétion.  Ce  qui  paraît  conforme  à 
l'esprit  de  l'Eglise,  puisqu'à  cet  âge  les  enfiuils  sont 
capables  de  pécher,  et  par  conséquent  de  recevoir  un 
sacrement  établi  surtout  pour  effacer  les  péchés  dont 
cet  âge  est  plus  susceptible.  Cependant  on  trouve 
d'autres  auteurs,  entre  autres  Durand  de  Mendc  (1)  el 

(1)  Raiional.  1.  i,  c.  8,  n.  25. 


Frédéric  Nausea  (1),  évoque  de  Vienne  en  Autriche, 
qui,  pour  je  ne  sais  quelle  raison,  reculent  le  temps  de 
la  réception  de  ce  sacrement  jn-;<|u'à  l'âge  de  dix-lmit 
ans,  et  même  ce  dernier  niar(|ue  que  celui  à  (pii  on 
l'administrera ,  doit  avoir  au  moins  cet  âge,  (((I  mi- 
nus. 

Les  Statuts  de  l'église  de  Paris ,  publiés  en  l'an 
1557 ,  défendent  que  l'on  donne  ce  sacrement  aux 
jeunes  gens  privés  de  l'usage  de  la  raison,  aux  furieux, 
aux  imbécilles.  Ceux  de  Vaillant  de  Guisié,  évè(|ue 
d'Orléans,  en  1587,  en  excluent,  outre  ceux-ci,  les  cri 
mincis  condamnés  à  mort,  les  jeunes  gens  qui  n'ont 
point  encore  fait  leur  première  conununion,  el  ceux 
qui  sont  en  démence,  et  qui  n'ont  jamais  demandé 
l'Exlrême-Onclion.  G.  LeGouverneur,  évéquedeSaint- 
Malo ,  en  exciul  seulement  les  fous  qui  n'ont  jamais 
eu  l'usage  de  la  raison  ,  parce  qu'ils  n'ont  pas  pu  pé- 
cher. 

Plusieurs  auteurs  ont  accusé  les  Grecs  el  les  autres 
Orientaux  de  grands  abus  à  légard  de  ce  sacrement. 
Nous  en  avons  déjà  dit  qtielquc  chose  dans  le  premier 
chapitre,  lorsque  nous  avoiîs  traité  des  rils  de  l'onc- 
tion des  malades,  qui  sont  en  usage  parmi  eux;  mais 
comjnc  ce  qu'on  leur  reproche  tendrait,  s'il  était  tel 
que  le  supposent  plusieurs  écrivains,  à  anéantir  le  sa- 
crement de  l'Onction  des  malades  dans  ces  commu- 
nions ,  nous  sommes  obligés  de  loucher  ce  qui  regarde 
les  sujets  à  qui  on  dit  qu'ils  confèrent  l'Exlrcme- Onc- 
tion, et  à  faire  voir  que  ceux  qui  leur  font  ces  repro- 
clics,  ne  connaissaient  pas  assez  ce  qui  se  passe  à  cet 
égard  parmi  eux. 

On  les  accuse  d'administrer  ce  sacrement  aux  sains 
comme  aux  malades  ,  parce  que  les  prêtres,  après 
l'avoir  donné  aux  malades,  se  font  des  onctions  les 
uns  aux  autres,  et  ensuite  à  ceux  qui  se  trouvent  pré- 
sents ;  mais  il  paraît,  par  ce  que  dit  là-dessus  M.  Re- 
naudol  (2),  que  c'est  à  tort  que  l'on  conclut  de  là 
qu'ils  donnent  ijidifi'éremmcnl  ce  sacrement  à  ceux 
qui  sont  en  santé  comme  aux  infirmes.  Cet  auteur,  si 
versé  dans  la  connaissance  des  r'.ts  de  ces  commu- 
nions orientales,  nous  apprend  que  le  malade  ou  nom 
duquel  on  bénit  l'huile  ou  la  lampe,  est  le  seul  sur  le- 
quel on  fait  les  prières  conformes  à  l'intention  de  l'Egli- 
se, et  on  ne  les  dit  pas  sur  les  autres  ;  mais  com.ne  ce 
sacrement  n'est  pas  seulement  pour  demander  à  Dieu  la 
(jncrison  des  infirmités  corporelles,  et  que  sa  principale, 
destination  est  la  rémission  des  péchés;  que  par  une  an- 
cienne discipline  il  y  a  plusieurs  occasions  oii  l'absolu- 
tion des  pénitents,  quand  ils  on!  commis  de  trcs-(irands  pi 
elles,  aussi  bien  que  celle  des  hérétiques,  ou  réputés  'e's, 
se  fait  par  l'onction  Jointe  aux  prières;  les  Oriinl<.ux 
ont  cru  aisément  que  r huile  bénite  par  tes  cérémonies  s:i- 
crées  pouvait  être  utile  pour  leur  attirer  quelque  béi:é- 
diclion  temporelle  ou  spirituelle.  Cest  par  ce  motif  qu'a- 
près ta  cérémonie  faite  sur  le  malade,  it^  ont  ta  dévotion 
de  refcvoir  l'onction  de  l'huile  (jui  reste,  mais  sans  au- 
cun dessein  de  recevoir  le  sacrement. 


(l)Catechi>m.  1.  3,  c.  107. 
(2)  L.  5  dcia  Pcrpél.,  c.  3. 


Ï07 


nisToiuK  nts  sacrements. 


7G8 


La  preuve  en  est  claire  ,  puisiiiic  ccrlKineincut  ils  »<?  i| 
demandent  pas  la  (luérison  (juand  ils  se  portent  bien,  r/xi 
esi  un  des  effets  que  peut  produire  le  sacrement;  et  que  i 
l'antre,  qui  est  la  rémission  des  péchés,  ne  peut  non  plus 
leur  venir  en  pensée,  comme  si  pur  celle  onction  ils  les 
effaçaient  de  même  que  par  le  sacrement  de  Pénitence  : 
car  dans  tous  les  offices  de  T Extrême -Onction  Grecs,  Sy- 
riens, ou  Cophtes,  il  est  marqué  que  ce  malade,  avant  que 
de  la  recevoir,  aura  confessé  ses  péchés  oux  prêtres;  ce 
qui  fait  voir  que  les  péchés  qui  devaient  être  expiés  /j.r  la 
confession,  par  les  peines  canoniques,  et  ensuite  par 
l'absolution  sacerdotale,  ne  leur  paruissent  pas  effacés 
'  par  celte  onction.  En  Eyiipte,  oii  parmi  les  Cuphtes  la 
pénitence  canonique  a  été  abolie  pendant  un  temps,  on 
ne  trouve  pas  qu'aucun  de  ceux  (jui  l'ont  altacjuée,  comme 
Michel  Métropolitain  de  Damiette,  et  quelques  autres, 
(lient  dit  que  celte  onction  suffisait.  Elle  n'est  pas  mar- 
quée dans  les  Rituels  comme  faisant  partie  de  Coffice,  et 
elle  n'a  aucune  oraison  particulière.  On  la  doit  donc  re- 
garder con.me  une  pratique  semblable  en  son  ijenrc  à 
fdusieurs  autres  que  la  dévotion  a  introduites,  comme 
est  celle  de  donner  aux  assistiails,  après  la  lilur(iie,  ce 
qui  reste  de  pain  offert  à  l'autel,  dont  on  a  tiré  la  partie 
qui  a  été  consacrée.  On  la  distribue  à  ceux  qui  n'ont  pas 
communié,  avec  de  l'eau  bénite,  comme  on  donne,  en 
d'autres  occasions,  de  l'eau  qui  a  été  bénite  pour  le  Uap- 
tème.  I 

Si  ilans  la  suilc  ce  qui  clail  d'abord  iniioceiil  est  tlé- 
généié  en  abus,  cela  s'est  l'ail  sans  aiilorité,  et  on  ne 
Irouve  rien  dans  ics  livres  aiilbenti([nes  qui  coniien- 
iienl  les  rils  et  les  usages  de  ces  peuples,  qui  établisse 
autre  cliose  que  ce  que  nous  venons  de  ropiésentcr 
d'après  M.  lîenaudot.  Aussi  Arcudius  et  le  I*.  Goar 
ont-ils  entrepris  de  les  juslilier  sur  ce  point. 

M.  Tourneli  (!)  n'était  point  informé  sans  doute  de 
ces  particularités  du  rit  des  Grecs,  que  nous  appre- 
nons de  M.  llenaudot,  puisqu'il  suppose,  lorsqu'il  veut 
aussi  les  disculper  sur  cet  article,  qu'ils  font  absolu- 
lueul  les  uiènics  céiénionies  et  les  niènies  prières  sur 
les  sains  que  sur  les  malades,  quand  ils  leur  font 
l'onction  dont  nous  avons  parlé.  Ce  qui  fait  qu'il  se 
retranche  à  dire  que  nonobstant  cela,  ils  ne  donnent 
pas  l'Extrènie-Onction  à  ceux  qui  sont  en  santé,  par- 
,  ce  qu'ils  n'agissent  pas  de  la  même  manière,  et  que 
tant  ceux  qui  la  font  que  ceux  qui  la  re<;oivcnl,  n'ont 
pas  l'iiiiention  de  recevoir  ou  de  domier  ce  sacre- 
ment. Ce  qu'il  confirme  par  ce  qui  est  rapporté  de  la 
manière  dont  les  Grecs  recevaient  autrefois  les  liéré- 
liqucs  quand  ils  revenaient  à  l'Eglise,  y  employant 
les  mêmes  rils,  la  même  forme,  la  même  matière  et 
le  même  ministre  (jue  pour  la  Conlirmation  :  cepen- 
dant, dit-il,  ce  n'était  point  un  sacrement,  parce  que 
l'inlenlion  était  dillérente.  Je  ne  voudrais  pas  garan- 
tir ce  raisonnement  de  .M.  Tourneli  :  il  me  paraît  que 
l'on  juge  de  l'intention  par  l'aclion  (au  moins  en  ce 
genre)  et  non  de  l'action  par  l'intention.  Que  Calvin, 
par  exemple,  qui  était  prêtre,  eût  dit  qu'il  n'ontcn- 

(1)  De  Extrem.  Uucl.,  p.  58,  l.  5,  del'œuit. 


dait  pas  consacrer  le  corps  de  Jesus-Cbrisl,  qu'il  eût 
(lit  (pi'il  ne  voulait  pas  ofl'rir  le  saint  Sacrifice  comme 
l'Eglise,  qu'il  eût  même  ajouté,  comme  il  n'y  était  que 
trop  disposé,  rpi'il  détestait  ce  sacrifice  :  je  ne  doute 
pas  néanmoins  que  s'il  se  fût  servi  de  la  même  matiè- 
re et  de  la  uênie  forme  que  celle  dont  l'Eglise  sc.scri, 
il  n'eût  vérilablemcnt  consacré  ;  cl  je  crois  (|u'il  se 
trouvera  peu  de  lliéologiens  qui  pensent  autrement. 
Il  faut  donc  en  revenir  à  ce  que  dit  M.  llenaudot,  pour 
just.ifier  les  Orientaux.  Celte  réponse  est  plus  courte, 
plus  facile,  et  fondée  sur  la  connaissance  de  leur  rils 
et  de  leurs  usages. 

Nous  n'avons  presque  rien  à  dire  touchant  le  mi- 
nistre de  ce  sacrement.  Le  lecteur  a  vu  que  confor- 
ménicnt  aux  paroles  de  l'apôtre  S.  Jacques,  les  prêtres 
l'ont  toujours  administré  dans  rÉglise;ct  cet  usage  y 
était  si  bien  établi,  que  Decenlius,  évêque  d'Eugubio, 
doutait  même  que  les  évoques  pussent  l'administrer 
par  eux-mêmes,  sur  quoi  il  coiisulîa  le  pape  Inno- 
cent 1,  (jui  leva  facilement  ses  doutes  là-dessus,  en 
lui  disant  quel' apôtre  n'avait  parlé  que  des  prêtres,  parce 
que  les  évêques,  étant  occupés  de  quantité  d'autres  affai- 
res, ne  peuvent  aller  voir  tous  les  malades  :  7nais  au 
7TS/t',  ajoute- l-il,  si  l'évêque  lejicul  ou  s'il  juge 'a  propos 
de  le  faire,  il  lui  est  permis  de  les  bénir  et  de  leur  faire 
l'onction  du  chrême,  Itii  à  qui  il  appartient  de  le  faire. 

Tout  ce  qui  peut  f.tire  quelque  embarras  là-dessus, 
ce  sont  ces  paroles  de  la  même  décrélale  :  Quod  non 
est  dubiu)n  de  jidelibus  œijrotis  accipi,  vel  intell'uji  de- 
bere  (locuni  sancli  Jacobi)  qui  sancto  oleo  chrismalis 
pcruniji  possunt,  quod  ab  episcopo  confeclum,  nonsoliim 
sncerdolibus,  sed  et  omnibus  u'.i  CJtrislianis  licet,  i)i  suà 
nul  in  suorum  necessitale  umjendum.  Je  dis  que  ces  pa- 
roles peuvent  faire  queliiue  embarras,  parce  qu'elles 
semblent  faire  entendre  qu'il  était  permis  aux  fidèles 
de  s'oindre  de  cette  huile  faite  et  consacrée  par  l'évo- 
que, et  d'en  oindre  les  autres  dans  leurs  maladies. 
.M.  de  Tillemont  (I)  ne  voyait  point  d'autre  sens  à 
donner  à  ces  paroles  ;  mais  il  semble  qu'étant  par 
elles-mêmes  assez  équivoques,  il  vaut  mieux  les  en- 
tendre conformément  à  la  tradition  el  à  la  pratique 
constante  de  l'Église  ,  qui  a  toujours  confié  ce  mini- 
stère aux  prêtres  et  aux  évoques.  Ainsi,  je  rendrais 
ce  texte  en  Cette  sorte  :  //  ne  faut  pas  douter  que  [ce 
passage  de  S.  Jacques)  )ie  doive  s'entendre  des  fidèles 
malades,  lesquels  peuvent  être  oints  de  cette  huile  sainte, 
qui  a  été  consacrée  par  iévê(iue,  et  qui  doit  être  employée, 
non  seulement  pour  les  prêtres,  mais  pour  tous  les  Chré- 
tiens, tant  dans  leurs  maladies  que  dans  celles  de  leurs 

proches. 

CHAPITRE   V. 

Des  marques  de,pénilence  qui  accompaqnaient  la  récep- 
tion du  sacrement  de  f  Onction  des  malades.  En  quoi 
elles  consistaient.  Jusqu'à  quand  l'usage  de  la  cendre 
et  du  ciliée  dont  on  couvrait  les  malades ,  s'est  con- 
servé, cl  qui  sont  ceux  qui  ont  le  plus  contribué  à 
l'abolir. 
Nous   ne  pouvons  mieux  lermincr   l'histoire  des 

(1)  T.  10,  p.  665. 


760  EXTRÊME-ONCTION.  —  CIIAP.  V.  ACCESSOIRES  DE  CE  SACREMENT 


770 


deux  sacrcmenls  de  Péniicnce  et  d'ExtrcmeOnclion, 
qu'en  niellant  sous  les  yeux  des  leeleurs  les  pieuses  cé- 
rémonies qui  accoinpagnaienl  ces  sacrenicnls, quand  les 
fidèles  les  recevaient  à  l'approche  de  la  mon.  Elles  ne 
resitiriiieiil  que  lesseiiliments  dune  sincère  pénitence, 
cl  ne  pouvaienl  être  considéiées  que  coiunie  les  mar- 
ques sensibles  d'un  cœur  contrit  cl  humilié.  Les 
Chrétiens  autrefois  croyaient  que  la  meilleure  ma- 
nière de  se  préparer  à  comparaître  devant  le  redou- 
table Irihunal  de  Jésus-Christ ,  était  la  Pénilencc,  et 
les  plus  sainis  étaient  ceux  qui  en  élaienl  les  plus  con- 
vaincus. 

Sulpice-Sévère,  dans  une  Icllrc  à  Rassula,  sa  belle- 
mère  ,  décrivant  les  circonstances  de  la  mort  de 
S.  Martin,  lui  dil,  entre  autres  choses  :  t\'sl  pourquoi, 
(jUGiquil  fût  depuis  (juclques  jours  consumé  par  l'urileur 
de  la  fièvre,  Une  cessait  point  de  s'appliquera  Dieu,  et, 
passant  les  nitils  en  veilles  et  en  oraisons,  il  obli(jeail 
ses  membres,  fatigués  et  abattus  ,  à  seconder  son  esprit. 
Etant  couché  sur  la  cendre  et  le  cilice  dans  son  lit ,  et 
ses  disciples  faijant  prié  de  souffrir  que  l'on  mil  quelque 
peu  de  paille  sous  lui,  il  leur  répondit  :  Mes  oifinits,  il  ne 
convient  pas  à  un  Chrétien  de  mourir  autrement  que  sur  la 
cendre,  et  je  pécherais  sijt:  vous  donnais  l'exemple  du  con- 
traire. «  Nondecet,  inquit,  fdii,  Cliristianumnisi  incinère 
t  inori  ;  ego  si  ainul  vobis  exempluui  relinquo,  ipse  pecca- 
«  vil  T>  Sur  quoi  ,  M.  Delaunoy  (1)  dit  ces  belles  pa- 
roles :  Je  laisse  à  tous  ceux  qui  portent  le  nom  de  Chré- 
tiens, à  méditer  et  à  approfondir  ces  paroles  ;  pour  moi, 
ajoute-l-il,  je  l'avoue  franchement,  elles  me  font  grande 
peur.  En  elï'et,  on  voit  ici  ,  non  seulement  rexemjjle 
édifiant  d'un  honmie  de  Dieu  qui  meurt  dans  le  sein 
de  la  pénilencc  ,  mais  on  y  voit  de  plus  que  c'était 
une  coutume  établie  parmi  la  plupart  des  Chrélieus, 
de  mourir  en  pénitence  ;  que  selon  S.  Martin  ils  ne 
devaient  point  monrir  autrement ,  et  que  lui  même 
aurait  cru  se  rendre  coupable  ,  s'il  en  avait  agi  d'une 
autre  manière. 

Cette  pieuse  coutume  passa  depuis  en  loi  dans  plu- 
sieurs endroits  de  la  chrélienlé  ,  et  devint  en  quelque 
sorte  une  partie  du  rit  du  sacrement  d'Extrème-Onc- 
lion.  Nous  avons  rapporté  ailleurs  (-2)  ce  que  prescrit 
sur  cela  le  Poiililical  d'Egbcrt,  arcliexèque  d'York, 
par  où  l'on  voit  que  dès  lors,  en  Angleterre,  ceux  qui 
.recevaient  i'Extrème-Onction  étaient  couchés  sur  la 
cendre  et  revêtus  de  cilice. 

Un  ancien  ordre  romain  manuscrit  de  la  bil»liotliè- 
que  de  Corhie,  celui  de  Ralhold ,  et  un  troisième,  de  S. 
Rémi  de  Reims,  prescrivent  la  même  chose,  comme 
la  remarqué  D.  Hugues  Ménard  dans  ses  notes  sur  le 
Sacramentaire  de  S.  Grégoire.  Dans  le  second  de  ces 
^manuscrits  (ui  lit  ce  qui  suit  :  Tel  est  l'ordre  de  l'On- 
'  clion  des  malades.  Le  prêtre  dit  au  malade  :  Pourquoi, 
mon  frère,  m\ivez-vous  appelé?  Celui  ci  répond  :  Pour 
que  vous  me  donniez  VOnction.  Le  prêtre  lui  dit  :  Que 
le  Seigneur  Jésus-Christ  vous  donne  la  véritable  Onc- 


(i)  De  sacram.  Unclionis  iniirnmrum,  p.  574. 
(2)  Dans  le  chap.  U  de  la  secl.  2. 


tion....  Que  s'il  jette  les  yeux  sur  vous  cl  vous  guérit, 
garderez-vous  cette  Onction  !  Il  répond  :  Je  la  garderai. 
[  Alors  le  prêtre  fait  ime  croix  avec  de  la  cendre  sur  sa 
i  poitrine,  et  met  le  cilice  dessus,  en  disant,  etc. 
j      Eu   pontiiical  nuuiuscrit  de   l'c'glise  de  Cambrai , 
I  le(piel  est  aussi  très-ancien,  contient  le  même  rit,  et 
[  de  |)lus  les  oraisons  i)0ur  la  bénédiction  des  cendres 
I  et  du  cilice ,  dont  on  couvrait  le  malade  avant  de  lui 
'  administrer  l'onction.   M.  Delaunoy  (1)  a  donné  de 
longs  extraits  de  ces  manuscrits,  aussi  bien  que  des 
rituels  cl  autres  livres  de  cette  espèce  dont  nous  al- 
lons parler;  c'est  pourcpioije  me  contenterai  de  dire 
ce  qu'ils  contiennent  par  rapport  au  sujet  (pie  nous 
traitons,   sans  citer   les  textes,  sinon  très- rare- 
ment. 

Les  niar(iues  de  pénitence  (pie  donnaient  les  chré- 
tiens à  la  mort,  et  sur  le  point  de  recevoir  les  derniers 
sacremcnls ,  étaient  difrérentes  en  quel(|ue  chose  , 
suivant  les  difl'ércnts  endroits  :  nous  allons  rapporter 
ce  qui  se  pratiquait  dans  les  diverses  églises.  On  voit 

Il  dans  le  Manuel  de  l'église  de  Monde,  qui  fut  imprimé 
1  en  1327,  la  bénédiction  des  cendres  et  du  cilice  dont 
I  on  couvrait  ceux  qui  allaient  recevoir  l'Extrême-Onc- 
1  lion.  Dans  celui  de  Noyon,  de  l'an  1560,  sous  le  titre 
!ii  Ordo  Extremœ  i'nclionis  (Manière  de  donner  rExtréme- 
Onction),  après  (pfon  a  rapporté  ce  que  doit  faire  le 
prêtre  en  entrant  dans  la  maison  du  malade  à  qui  il  va 
administrer  ce  sacrement,  il  est  dit  qu'il  doit  demau' 
der  au  moribond  s'il  veut  recevoir  l'onclion  ;  à  quoi 
celui-ci  ayant  répondu  (|u"oui,  le  prêtre  le  prie  de  ré- 
citer le  Synd)ole,  ou  en  cas  qu'il  ne  le  puisse,  quel- 
que autre  pom-  lui;  ce  qui  étant  fait,  il  lui  met  le  ci- 
lice sur  la  tête  en  forme  de  croix,  et  de  la  cendre  sur 
la  poitrine,  en  disant  :  Humiliez  votre  corps  et  votre 
âme  dans  la  cendre  et  dans  le  cilice,  au  nom  du 
Père,  etc..  Amen.  Suit  la  cérémonie  de  l'onction. 

Celle  manière  d'administrer  l'Exlrême-Onclion  se 
trouve  autorisée  par  le  Manuel  qui  fut  composé  par 
ordre  du  synode  de  la  province  de  Reims,  en  1585, 
et  pour  l'usage  des  églises  qui  dépendent  de  celte 
métropole  :  car  après  avoir  prescrit  la  même  chose 
que  nous  venons  de  rapporter  du  Manuel  de  Noyon  , 
on  y  lit  CCI  averiissement  si  sage  :  Cette  cérémonie  à 
cause  de  son  anlicpiité,  ne  doit  point  être  omise  dans 
les  endroits  où  elle  est  en  usage.  Hœc  cœremonia  vbi 
est  in  usu,  non  débet  omitti  propter  antiqnilatem. 

Dans  quehpies  endroits,  après  que  le  malade  avait 
re(,^u  le  Viatiiiue,  et  avant  de  recevoir  l'Extrême-Ou- 
ction,  on  faisait  sur  sa  poitrine  une  croix  avec  de  la 
cendre  béniie,  et  après  l'onction  on  lui  mettait  le  ci- 
lice ou  bien  le  capuce  sur  la  lêtc.  C'est  ainsi  qu'on  en 
usait  dans  le  diocèse  de  Vannes,  coimne  il  parait  p;«r 
le  MaiHiel  do  cette  église,  de  l'an  1500.  Ou  aspergeait 
ce  capuce  d'eau  bénite,  el  en  le  niellant  sur  la  tête  du 
malade,  on  disait  :  Revêtez-vous  de  l'habit  blanc  au 
!  nom  (lu  nouvel  homme  qui  a  été  créé  dans  la  justice  et 


(1)  DeSacr 
cdi(.  in-8'. 


am.  Extroina}  Unclionis ,  p.  547  et  seq., 


771  HISTOIRE  DES  S 

la  saiulelé  de  la  vérilé,  qui  est  Jcsus-Cltrist  Nolre-Sei- 
tjticur,  iiiii  vil  cl  rè(jne,  etc. 

A  Uoiieii  et  à  Evrcux  (1),  dans  le  seizième  siècle, 
en  avait  coutume  de  répandre  de  la  cendre  en  forme 
de  croix  sur  la  poitrine  du  malade  sans  le  couvrir  de 
cilice  :  celle  cérémonie  se  faisait  avant  qu'on  lui  ad- 
ministrât rExlrèmc-Onclion,  cl  après  qu'il  avait  reçu 
le  Viatique.  Elle  était  accompagnée  de  celte  formule  : 
Houvenez-vous,  6  homme,  que  vous  iiêtes  que  poussière, 
el  que  vous  retournerez  en  poussière. 

A  (".onlanccs,  cela  se  faisait,  non  siu'  la  poitrine, 
mais  sur  la  lèlo  du  malade  :  col»  se  pratiquait  encore 
au  commenccmenl  du  siècle  dernier  ,  comme  on  le 
voit  par  le  Manuel  de  celte  église,  imprime  en  1609. 

Suivant  le  Manuel  du  diocèse  de  Limoges  ,  qui  fut 
publiée  en  loo5  ,  après  que  le  malade  avait  reçu  le 
suint  Viatique  et  rOnclion,on  le  revêtait  d'un  cilice, 
et  on  jetait  sur  lui  des  cendres  bénites  ,  le  lout  ac- 
compagné de  formules  de  paroles  édifiantes.  Cette 
aspersion  de  cendres  se  faisait  jusqu'à  trois  fois,  el  en 
forme  de  croix. 

Ailleurs,  le  malade  après  l'onction  el  la  commu- 
nion se  revêtait  d'un  cilice,  nuns  saiis  qu'on  jetât  de 
la  cendre  sur  lui.  On  trouve  celle  cérémonie  prescrite 
dans  le  livre  des  divins  OITices  ,  qui  porte  le  nom 
d'Alcuin,  cl  par  conséquent  clic  doit  être  ancienne. 

Celle  qui  suit  l'est  au  moins  autant,  pour  ne  pas 
dire  davantage  :  elle  consiste  à  tirer  le  malade  de  son 
lil  après  qu'il  a  reçu  les  derniers  sacrements ,  et  à  le 
coucher  sur  un  cilice  couvert  do  cendrcà  bénites.  On 
trouve  ce  rit  prescrit  dans  trois  anciens  ponlilicaux  [ 
manuscrits,  dont  le  jiremier  se  garde  dans  la  biblio-  '. 
llièque  des  frères  Prêcheurs  de  la  porte  Saint-Jac-  | 
ques,  à  Paris.  Ce  livre,  après  la  bénédiction  des  cen- 
dres el  du  cilice,  porte  ce  qui  suit  :  Alors  qu'on  étende 
un  cilice  à  terre,  cl  que  le  prêtre  fasse  une  croix  dessus 
avec  la  cendre  bénite,  qu'il  l'asperge  d'eau  bénite,  et  que 
l'on  mette  le  malade  dessus.  Que  l'on  fasse  aussi  une 
croix  sur  sa  poitrine,  que  l'on  lui  fasse  l'aspersion  d'eau 
bénite,  el  qu'on  lui  dise  :  SoiiVKNLZ-vous,  etc.  Le  prê- 
tre bà  dit  encore  :  Celte  cendre  et  ce  cilice  qui  sont  des  a 

[f 
•  iiarqucs  de  votre  pénitence  ,  par  laquelle  vous  vous  pré-  ; 

!  pari'z  à  comparaître  au  jwjement  de  Dieu,  vous  plaisent- 
ils?  Le  malade  répond, cela  me  plaît.  Les  deux  autres 
Pontificaux  ,  dont  l'un  est  de  la  bibliothèque  de  Ri- 
cbelieu,  el  l'autre  a  été  à  l'usage  de  l'église  de  Laon, 
contiennent  les  mêmes  dispositions. 

Celle  pieuse  cérémonie  est  très-ancienne  ,  comme 
il  a  été  dit,  et  élaii  autrefois  très-commune  dans  l'É- 
glise et  surtout  dans  les  monastères.  S.  Hugues  (2) , 
abbé  de  Cluni ,  en  Hiit  une  règle  générale  pour  tous 
les  religieux  de  son  ordre,  lorscju'il  ordonne  que  les 
valets  qui  gardent  les  religieux  malades,  aient  soin 
lorsqu'ils  les  verront  à  l'extrémilé,  d'étendre  un  ci- 
lice à  terre,  d'y  répandre  de  la  cendre  en  forme  de 

(1)  Rituels  de  Rouen  de  l'an  15  ii  et  de  1586  ;  ce- 
lui (i'i.vrcux  (le  i.^iii  (le  looii. 
{t)  Sla(;;i.  :•.  "i-î. 


AGREMENTS.  77-2 

croix,  eide  les  y  placer.  L'daici»;  (1)  rend  témoignage 
du  même  us;ige,  dans  le  livre  où  il  décrit  les  coulinnes 
de  Cluni,  et  qu'il  adresse  à  Guillaume ,  abbé  d'Ilir- 
saugc  en  Allemagne.  Getauleur  vivait  en  môm<!  temps 
que  S.  Hugues,  et  il  avail  été  envoyé  en  Allemagne 
pour  y  réformer  les  monastères  qui  voudraient  se 
conformer  aux  usages  de  Cluni.  Pierre-le-Vénéra- 
ble  (2),  qui  a  aussi  été  abbé  de  ce  monastère  ,  décrit 
en  ces  ternies  le  lieu  où  l'on  plaçait  les  moribonds  en 
celte  occasion:  llij  aà  Cluni,  au  milieu  de  l'infirmerie, 
un  endroit  capable  de  contenir  un  corps;  c'est  là  oii  on 
met  les  frères  qui  sont  ci  l'extrémilé,  pour  y  rendre  l'âme 
mr  la  cendre  et  sur  le  cilice. 

Le  fameux  Lanlranc,  la  plus  grande  lumière  de  l'É- 
glise dans  le  onzième  siècle  ,  lequel  avanl  d'être  ar- 
chevêque de  Cantoi  béri ,  avail  élé  successivement 
prieur  du  Bec  et  abbé  de  Saini-Éiienne  de  Caen  ,  or- 
donne la  même  chose  dans  les  règlements  qu'il  lit 
pour  ses  religieux  (5). 

Les  Charlrcux  ,  dont  l'ordre  commença  à  s'établir 
vers  ce  lemps-lâ,  étaient  trop  avides  d'humiliations  et 
d'austérités ,  pour  ne  pas  embrasser  celle-ci.  Aussi 
Guigne,  le  premier  auteur  de  leurs  Siaïuts  (c.  15),  en 
fit-il  une  règle  pour  eux,  ordonnant  qu'aussitôt  qu'un 
frère  serait  à  l'exlrénnlé  on  le  mît  sur  la  cendre  bé- 
nite, pour  y  rendre  les  dentiers  soupirs.  Ripsère,  un 
de  ses  successeurs,  fil  le  r.iêuic  régleinenl ,  qu'il  cul 
soin  de  faire  confirmer  par  le  chapitre  général  de  l'an 
1259. 

Les  anciens  Us  do  Cîlcaux  prescrivent  la  même 
chose  (c.  98)  :  Quand  quelqu'un  sera  près  de  la  mort , 
qu'on  le  mette  sur  un  sac,  sur  lequel  on  aura  répandu  de 
la  cendre  en  forme  de  croix  ,  avec  une  natte  on  un  peu 
de  paille. 

Cette  pieuse  cérémonie  néiait  pas  S'ulemeal  c)a 
blic  dans  les  monastères  ;  ceux  mêmes  qui  n'étaient 
point  moines  avaient  coutume  de  mourir  en  cet  état  : 
outre  plusieurs  exemples  que  nous  pourrions  rappor- 
ter, et  dont  nous  citerons  seulement  <]uc!(pies-uns  ci- 
après,  S.  Pierrele-Vénérable  nous  rend  lénioignage 
que  telle  était  de  son  temps  la  pratique  ordiii.-iirc  des 
Cliréùcns.  C'est  ce  que  l'on  peut  voir  dans  le  premier  ^ 
livre  des  Miracles  (cap.  A),  où  en  parlant  d'an  certain 
prêtre  nommé  Gilbert ,  qui  s'était  retiré  dans  le  mo- 
nasière  de  Sainl-Jean-d'Angély,  il  dit  qu'élanl  tombé 
grièvement  malade,  il  fut  mis  par  les  frères  sur  un  ci- 
lice couvert  de  cendres,  suivant  la  coutume  des  Chré- 
tiens, et  surtout  des  moines.  Sicul  mos  est  Cliristia- 
iiorum,  el  nmximè  monuchorum. 

Ou  ne  doit  donc  pas  être  surpris  de  ce  que  fit  le  roi 
Louis-le-Gros  ,  cl  que  nous  avons  rapporté  d'après 
l'abbé  Suger,  auteur  de  la  Vie  de  ce  prince ,  non  plus 
que  de  ce  qui  est  dit  par  Guillaume  de  Nangis,  dans  la 
Vie  de  saint  Louis,  en  1271,  qu'étant  à  l'extrémilé  il 
se  fit  coucher  sur  de  la  cendre  répandue  en  forme  de 
croix  ,  pour  y  expirer. 

(1)  L.  3,  C.29. 

(2)  L.  1  C-i  Mirac,  c  19. 
(5)  Décret,  c.  23. 


775 


EXTRÊME-ONCTION.  —  CIIAP.  V.  ACCESSOIRES  DE  CE  SACREMENT. 


774 


On  raconte  de  Ilonri  III,  roi  d'Angleterre,  une  il]  Ce 
chose  encore  plus  merveilleuse.  Ce  prince ,  dans  la  ma-  '  dr< 
ladie  dont  il  est  mort ,  après  avoir  confessé  tons  ses 
péchés  ,  preiiiièrcnu'iit  on  socivl ,  puis  en  piii)lic  de- 
vant tous  les  prélats  et  les  relii-'ieux  qui  étaient  pré- 
sents et  en  avoir  reçu  l'absolution  ,  leur  dit  de  le  tirer 
du  lit  par  une  corde  qu'il  s'était  mise  au  cou,  et  de  le 
traîner  jusque  sur  un  lit  de  cendres  qu'il  s'était  pré- 
paré. On  exécuta  ses  ordres;  on  le  mit  sur  la  cendre 
avec  deux  grosses  pierres ,  l'une  à  la  tôle  et  l'autre 
aux  pieds  ;  après  quoi ,  ayant  reçu  le  corps  et  le  sang 
de  Jésus-Christ,  il  rendit  son  âme  à  Dieu,  en  1272. 

Qui  croirait  que  cette  pieuse  cérémonie  aurait  com- 
mcnié  à  s'abolir  ciiez  les  moines  et  surtout  chez  les 
chartreux  ,  les  plus  austères  de  tous,  et  parmi  lesquels 
elle  était  passée  en  loi ,  le  règlement  qui  la  prescri- 
vait ayant  été  condrmé  par  un  de  leurs  chapitres  gé- 
néraux? Cependant  c'est  ce  qui  est  arrivé.  Ces  reli- 
gieux ne  se  sont  pas  conlonlés  de  l'omettre  et  de  la 
négliger ,  ils  l'ont  abolie  tout  d'un  coup  ,  ayant  fait  un 
règlement  exprès  pour  cela.  Ceci  arriva  du  temps  de 
D.  François  Dupuis,  prieur  de  la  Grande-Chartreuse, 
qui ,  dans  la  troisième  compilaliop.  des  Statuts  de  l'or- 
dre (cap.  11  ),  ne  craignit  point  d'abroger  <;etle  disci- 
pline en  disant  :  Que  le  malade  élant  près  de  sa  fin ,  ne 
soit  point  mis  sur  la  cendre  bénite  ,  comme  l'ancien  sta- 
tut le  prescrivait,  de  peur  d'accélérer  sa  mort  ;  mais  que 
l'on  jette  seulement  un  peu  de  cendres  sur  le  lit  dans  le- 
quel il  est  couché. 

L'inconvénient  qui  fait  tant  de  peur  à  ce  général  des 
chartreux  n'avait  point  touché  une  infhiilé  de  reli- 


gieux, tant  de  son  ordre  que  des  autres,  qui  avaient  |   (,,  ^^/«^.^y,  dans l'éiable  (de  Botbléem),  vous  fasse  j 
pratiqué  jusqu'alors  cette  sainte  cérémonie.  Les  rois      ,.,„-,,,  ^,^^,„^  ;,„•  ,,,,^  ,,„  ^^,„,.  ^^„„...  ^^  /^„,,^;^. ,    ^, 

__-  > 1    ..1 :_».,    „:„.'„:„..„„  A  1 ,;.„.-     :    I  ' 


eux-mêmes ,  dont  la  vie  est  si  précieuse  à  leurs  états, 
ne  s'en  étaient  pas  mis  en  peine ,  et  des  chrétiens  de 
tout  sexe  et  de  toute  condition  n'avaient  point  craint 
par  là  que  Ton  pût  les  accuser  davoir accéléré  Tiieure 
de  leur  mort.  D'où  vient  donc  que  ce  chartreux ,  dont 
la  vie  devait  cire  une  mort  continuelle ,  témoigne  tant 
de  crainte  à  la  vue  de  a  moment  heureux,  qui  doit 
être  le  commencement  de  sa  véritable  vie?  Il  ne  pa- 
raît pas  qu'il  fût  bicii  pénétré  de  ces  belles  paroles  de 
Terliillien  (1)  :  La  pénitence  est  la  vie,  lorsqu'on  là 
préfère  à  la  mort.  Pœnitentia  vila  est,  citni  prœponilur 
inorli. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  faut  pas  douter  que  Texcm- 
ple  des  chartreux  n'ait  beaucoup  contribué  à  faire 
abroger  cette  discipline  dans  les  lieux  où  elle  était  en 
usage.  Mais  cela  ne  se  fit  pas  tout  d'un  coup.  Nous 
connaissons  encore  beaucoup  d'églises  où  la  cérémo- 
nie dont  il  s'agit  a  continué  de  s'observer  depuis 
D.  Dupuis,  qui  vivait  du  temps  do  François  I". 
i  Elle  était  encore  en  vigueur  dans  quelques  endroits 
du  diocèse  de  Nîmes  après  l'année  1355,  comme  on 
le  voit  par  le  Manuel  de  celle  église  publié  en  ce 
temps-là;  car  il  porte  expressément  :  C'est  la  coutume 
dans  quelques  endroits  de  tirer  le  malade  de  son  lit ,  et 
de  le  ccuclia-  sur  la  cendre  et  le  cilice  avant  qu'il  meure. 

{\)  DcPœnit.,  c.  4. 


Ce  rituel  prescrit  ensuite  la  manière  de  bénir  la  ccn- 
e  cl  le  cilice,  et  la  formule  des  prières  que  l'on 
doit  employer  pour  cela.  Ce  que  fait  aussi  le  Manuel 
de  l'église  de  Monde  de  l'anné.'  1550. 

On  lobsorvait  aussi  à  Venise  il  u'y  a  j  ;ïs  longtemps, 
puisque  l'on  trouvo  dans  le  Manuel  qui  fut  imprimé 
en  155.5,  la  bénédiction  des  cendres,  sur  lesquelles  le 
malade  doit  être  placé,  et  du  cilice  dans  lequel  son 
corps  doit  être  enveloppé  après  la  mort.  Ce  sont  les 
termes  de  ce  manuel;  et  il  y  a  lieu  de  croire  que  cet 
usage  d'envelopper  les  corps  morts  dans  les  ciliées, 
sur  lesquels  on  avait  couché  les  malades,  avait  aussi 
é!é  pratiqué  en  France  :  car  j'ai  vu  moi-même  un 
corps  mort  aiusi  cnvclo|>pé,  lorsqu'on  aplanit,  il  y  a 
quelquesaimées,  le  lorrain  du  jardin  du  monastère  de 
Saint-Vanne  de  Verdu:i.  Je  l'.e  sais  s'il  s'en  trouva 
plusieurs  ainsi  couvcrls  de  ciliées  ;  mais  en  passant 
par-là,  je  me  irouvai  à  Touverture  d'un  tombeau  très- 
bien  maçonné,  dont  on  tira  un  corps  enveloppé  d'un 
rude  cilice  depuis  les  pieds  jusqu'à  la  tète ,  et  que 
l'on  transféra  avec  d'aulrcscadavres  dans  un  lieu  dé- 
cent, où  on  les  rassemblait  tous. 

Ce  Manuel  de  Venise,  après  l'exorcisme  des  cen- 
dres, porte  ce  qui  suit  : 

La  bénédiction  du  cilice. 
Suit  la  prière  p.jui' cette  bénédiction.  Après  quoi  il 

I  est  dit  :  Ayant  aspergé  les  cciidres  et  le  cilice  d'eau 

l  bénite,  qu'il  (le  prêtre)  mette  l'un  et  l'autre  sur  le 
malade,  où  môme  sur  le  mort ,  et  qu'il  dise  l'oraison 

I  suivante  :  Que  le  Seigneur  vous  couvre  du  vêtement  de 
salut,  et  que  celui  qui  a  voulu  être  couvert  des  vêtements 

pa- 
fin 
que,  comme  il  vous  a  fait  revêtir  de  cet  itabil  mâjmsable 

[  au  dehors,  il  vous  couvre  du  vêtement  de  rimnwrlalitc 
et  de  la  joie.  Par  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  etc.  La 
prière  finie,  le  prêtre  répand  la  cendre  sur  le  malade, 
et  lui  met  le  cilice,  etc. 

Celle  discipline  s'est  conservée  dans  quelques  dio- 
cèses de  France  jusqu'au-delà  de  l'année  1578;  car 
nous  lisons  dans  im  livre  intitulé  :  l'Institution  des  curéSy 
que  Pierre,  archevêque  de  Vienne,  fit  imprimer  en  ce 
temps-là  à  Lyon  ,  ce  tilre  :  La  bénédiction  des  cendres 
et  du  cilice,  sur  lequel  le  moribond  demandera  qu'on 
l'éiende.  Ce  livre  conlient  les  mêmes  choses  qui  sont 
prescrites  dans  le  Manuel  de  Venise. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présont,  prouve 
inconteslablement  que  les  fidèles  en  beaucoup  d'en- 
droits de  la  chrélienlé  avaient  coutume  de  donner  des 
marques  éclatantes  de  pénitence  à  la  mort,  et  en  quel- 
ques diocèses  devant  ou  après ,  ou  même  pendant 
qu'on  leur  administrait  le  sacrement  d'Exlrème-Onc- 
lion,  et  on  peut  dire  que  la  cérémonie  dont  nous  avons 
parlé,  on  faisait  partie  en  quel(|iu'  sorte  dans  ccrlaines 
églises  :  car  nous  ne  prétendons  pas  que  cola  se  fit 
partout,  et  bien  moins  encore  que  celte  cérémonie  lût 
une  partie  essentielle  de  ce  sacrement.  C'était  une 
coulume  louable  qui  s'observait  en  certains  lieux,  tan- 
dis qu'elle  était  inconnue  en  d'autres.  C'est  aiusi  quq 


lu 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


ne 


l'É^liso  biillc  comme  rôpousc  dos  Citiiliqnes  par  celle  [|I  sienne.  Ilolsleniiis  assure  que  celui  dont  iums  allons  don- 


a"réable  variélc   que  Ton   remaniue  dans  sa  disci- 
pline. 

La  praliquc  dont  il  s'agil,  avait  lieu  on  Occident,  et 
ne  l'avait  pas  eu  Orient,  où  on  n'en  voit  aucune  trace, 
dit  M.  Delaunoy.  Il  ne  parait  pas  même  (|u'ellc  fût  re- 
çue dans  les  églises  d'Allemagne  ,  au  moins  du  temps 
de  Burchard  de  Wornics  (I),  (pii  décrit  au  long  la  ma- 
nière d'administrer  l'Onclioa  des  infirmes,  sans  faire 
aucune  mention  de  cendre  ni  de  cilice.  Cet  auteur 
vivait  au  commencement  du  onzième  siècle  :  et  de- 
jRiis  ce  temps  nous  ne  voyons  pas  ([ue  la  cérémonie 
dont  nous  avons  parlé,  ait  élé  en  usage  dans  ce  pays- 
là  ;  si  ce  n'est  sans  doute  dans  les  monaslères  des 
cliarlreux  et  des  cisterciens,  dont  la  discipline  devait 
être  uniforme  dans  tout  l'ordre;  puisque  ces  religieux 
dès  le  commencement  de  leur  instilut  AJvaienl  en  con- 
grégation ,  étant  gouvernés  par  un  supérieur  i^énérai, 
et  par  des  chapitres  qui  s'assend)laient  de  tous  les 
lieux  et  les  provinces,  où  ils  avaient  des  éiablissc- 
nients. 

Nous  n'avons  point  de  preuves  non  plus  que  celle 
cérémonie  s'observât  eu  Espagne.  Mais  il  paraît  par 
un  ordre  Romain  manuscrit  de  la  biblioibèque  de  Cor- 
bie,  qu'elle  était  pratiquée  en  Italie,  ([u oicprelle  ne  se 
trouve  pas  prescrite  dans  celui  qui  a  été  imprimé.  Le  || 
manuel  de  Venise,  que  nous  avons  cité,  appuie  suffi- 
samment notre  conjecture.  11  y  a  lieu  de  croire  qu'en 
Angleterre  cela  se  faisait  aussi  assez  communément, 
le  Ponlilical  d'Egbert  d'York,  qui  y  devait  être  Irès- 
connu,  le  prescrivant.  Cependant  M.  Delaunoy  dit 
avoir  lu  un  Pontifical  de  l'église  de  Cantorbéri,  écrit 
il  y  a  plus  de  GOO  ans,  dans  lequel  il  n'en  est  fait  au- 
cune mention.  C'est  ainsi  qu'il  arrive  souvent  en  ma- 
tière de  discipline,  que  la  même  chose  est  religieuse- 
ment observée  dans  quelques  églises  d'un  même  pays, 
tandis  qu'elle  est  inconnue  dans  d'auUes.  En  France 
même,  où  ce  rit  a  été  plus  long-temps  et  plus  univer- 
sellement observé,  il  est  certain  qu'il  y  avait  des 
églises,  où  il  n'avait  pas  lieu,  comme  le  montrent 
clairement  les  anciens  rituels  de  ces  églises. 

Unga>:t  eum  in  nomine  Domini.  Jacob,  c.  5,  v.  14. 

APPENDICE 

DU    TRAITÉ    DE    LEXTRÊME-ONCTIO.V. 

Je  ne  donnerai  ici  qu'une  seule  pièce  qui  contient  l'or- 
dre qui  s'observait ,  il  y  a  plus  de  huit  cents  ans ,  dans 
Y  administration  de  ce  sacrement.  Elle  se  trouve  dans  un 
manuscrit  très-ancien  que  le  P.  Morin  appelle  Ma- 
nuscrit de  Sicile,  et  dont  le  savant  Luc  Holslcnivs,  alors 
bibliothécaire  du  cardinal  llarberin ,  et  depuis  sous-bi- 
i) liottiécaire  du  Vatican,  avait  envoijé  des  extraits  au 
i'.  Morin  en  l'an  IGil.  Cette  dénomination  vient  à  ce 
manuscrit  de  ce  qu'il  avait  élé  trouvé  dans  une  biblio- 
thèque deCatane,  ville  de  Sicile  ,  et  apporté  de  là  avec 
un  autre  au  cardinal  Barberin,  qui  les  fil  placer  dans  la 

(I)  Décret.  1.  18. 


ner  l'extrait,  avait  plus  de  six  cents  ans  d'antiquité ,  et 
(juil  était  écrit  en  caraclères  lombards;  et  comme  il  y  a 
plus  d'un  siècle  qu'Holstenius  rendait  ce  témoignaqc,  et 
que  d'ailleurs  ces  sortes  de  livres  contiennent,  non  seule- 
ment les  rils  et  les  prières  (jui  étaient  en  usage  dans  le 
temps  qu'ils  ont  été  écrits  ou  copiés,  mais  encore  ce  qui 
était  d'un  usaye  antérieur  ,  nous  ne  craignons  pas  de 
trop  avancer,  en  disant  que  ce  que  nous  allons  ici  tra- 
duire nous  apprend  de  fjitelte  manière  on  conférait  l' Ex- 
trême-Onction il  y  a  plus  de  huit  cents  ans. 

De  la  manière  de  faire  l'Onction  à  un  malade. 
Avant  que  défaire  l'Oiiclion  à  un  malade,  il  faut, 
avant  loules  clioscs,  qu'il  confesse  tous  ses  péchés  à 
Dieu,  et  en  même  temps  au  prêtre  chargé  de  la  con- 
duite de  la  paroisse  (I)  dans  laquelle  il  se  trouve,  et 
qu'il  reçoive  de  lui  une  pleine  réconciliation,  afin  (pic 
les  ulcères  de  ses  péchés  étant  plus  ouverts  par  la 
confession  qu'il  en  aura  faite,  rOuclion  spirituelle 
produise  des  efl'eis  plus  salutaires  en  desséchanl  la 
pourriture  cachée  de  ses  vices.  Alors  que  les  prèlres 
conunencont  par  lui  faire  rasi)ersion  de  l'eau  et  du 
sel,  et  qu'ils  la  fassent  en  disant  1  antiemie.  Asperges 
me,  Domine,  avec  le  psaume,  Miserere  mei,  Deus.  Que 
Ton  dise  aussi  la  prière ,  ci-dessus  marquée  ,  sur  le 
malade  et  sur  sa  maisoii  ;  ensuite  que  l'on  dise  celle 
qui  suit  : 

Prière. 

Seigneur  Dieu,  qui  avez  dit  par  votre  apôtre  (-2)  : 
«  QueUju'un  parmi  vous  est-il  malade?  qu'il  appelle  les 
t  prêtres  de  l'Eglise,  et  qu'ils  prient  pour  lui,  l'oignant 
'i  d'huile  au  nom  du  Seigneur,  et  la  prière  de  la  foi 
«  sauvera  le  malade,  le  Seigneur  le  soulagera  ;  et  s'il  a 
i  connnis  des  péchés  ils  lui  seront  remis;  »  guérissez, 
nous  vous  en  prions ,  ô  Rédempteur  du  genre  humain, 
les  langueurs  de  ce  malade  par  la  grâce  de  votre  Esprit 
saint.  Appliquez  le  remède  à  toutes  ses  plaies,  renultez- 
lui  SCS  péchés,  et  bannissez  de  lui  toutes  les  douleurs 
dont  son  cwur  et  son  corps  sont  affligés.  Rendez- lui  par 
voire  miséricorde  une  pleine  santé,  tant  au  dedaiis  (ju'au 
dehors ,  afin  qu'étant  rétabli  par  votre  grâce ,  il  reprenne 
l'exercice  des  devoirs  de  piété. 
Qu'ici  le  malade  se  mette  «  genoux,  qu'il  se  tiome  à  la 

droite  du  prêtre ,  et  que  l'on  chante  cette  antienne. 

Guérissez,  Seigneur,  ce  malade  dont  les  os  sont 
ébranlés ,  et  dont  lïime  est  dans  un  grand  troid)le  ; 
tournez-vous  vers  lui ,  et  guérissez-le  ;  arrachez  son 
âme  àlairort.  Seigneur,  ne  le  reprenez  point  dans 
votre  fureur.  On  cliantera  une  seconde  fois  l'an- 
tienne. 

Prière. 

Prions  le  Seigneur  Jésus  Christ,  et  supplions-le 
avec  instance  qu'il  daigne  visiter  par  son  saint  Ange 
son  sr^rviteur  N....,  le  remplir  de  joie  et  le  foftilicr. 
Lui  q\ii  règne,  etc. 

(1)  C'est  ainsi  iiuc  je  rends  ces  deux  mois,  suo  »a- 
cerdoti. 

(2)  Ep.  .Jacob.  5,  14,  15. 


?77  APPENDICE  SLR  LTXTnKME-ONCTION 

Antiev.nr.  Le  Seigtnnir  a  parlé  ainsi  à  ses  disciples  : 
Chassez  les  (léiimiis  en  ir.on  ii<in,  impose/  vos  mains 
sur  les  malades,  el  ils  rceouMeroul  la  sai.lé  (Psalm. 
Deus  deoniin  Doiuiims.) 
'.  Quiti  tous  les  prélres  imposent  les  wai»s  nu  mniade 
pussi  bien  que  leurs  ministres ,  pourvu  nénnmoins  que 
l'évê(juc  l'ordonne  ou  le  permette  ;  ear  tel  est  l'ordre 
prescrit  par  les  canons. 

Prière. 

Dieu,  qui  ne  veniez  poinl  la  mort  du  pécheur, 
mais  (|n"il  se  eonvcrlissc  eJ  qu'il  vive,  remotlez  Ions 
les  péchés  à  eel  homme  qui  se  convertit  de  tout 
son  cœur,  et  accordez-lui  la  grâce  de  la  vie  éter- 
nelle. 

Suit    rantienue. 

Secourez  ce  malade,  ô  Scigiicnr,  el  appliquez  lui  le 

remède  spiiilncl,  alin  (pi'a\ant  recouvré  si  première 

santé,  il   vous    rende   des  actions   de  i;iàces.    (Le 

psaume,  Ad  Dominwn,  ciim  tribularer ,  cUmuni ,  avec 

Cloria.) 

Prière. 


Prions  Noire-Seigneur  pour  noire  frère,  qui  est 
Tort  pressé  par  le  mal  dont  il  est  allaipié.  afin  (|ue 
le  Seigneur  daigne  lui  faire   part  des  v>  mèdes  sa- 


I  vous  puissiez  surmonter  les  puissances  de  l'air-  Au.r, 
!l  ux.  J'oins  vos  yeux    de  l'huile  sanclilice  an  nom  du 

S  Père,  du  Fils  el  du  S.  Lï-prit,  alin  nue  Inules  k>  l'aiilcs 
(pie  vous  avez  commises  par  des  rogaids  illicites 
soient  expiées  par  rapplicalion  de  celle  huile.  Aux 
oreilles  en  dehors  et  en  dedans.  J'oins  \os  oreilles  a\cc 
celte  huile  sacrée  au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  S.- 
Kspril,  afin  que  ce  remède  spirituel  lasse  disparaître 
les  I  échés  que  vous  avez  contractés  par  le  plaisir  d.j 
l'ouïe.  .4m  nez  en  dedans  et  au  dehors.  Je  oins  votre  nez 
de  l'huile  sacrée  au  nom  i\u  Pcre,  du  Fils  et  du  S.- 
EsiTit,  atiii  que  ce  remède  spirituel  vous  purifie  des 
fautes  que  vous  avez  commises  par  l'odorat,  t'ont 
vous  avez  fait  usage  inutilement.  Aux  lèvres  ejité- 
ricures  Je  vous  oins  au.\  lèvres  au  nom  du  Père,  du 
Fils  et  du  S.  Lspril,  alin  que  par  la  divine  clémence 
c  lie  onction  vous  purifie  des  péchés  que  vous  axez 
commis,  soit  en  vous  réjiandanl  en  paroles  inutiles, 
soit  en  en  proférant  de  criminelles.  Par,  etc.  Au  cou. 
Au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  S.-E-prit,  «pie  celle 
onction  de  l'huile  sanctifiée  serve  à  purifier  votre 
esprit  cl  votre  corps,  et  vous  tienne  lieu  de  préserva- 
tif el  de  défense  contre  les  traits  empoisonnés  des 
esprits  malins.  Par,  etc.  .1  la  gorqe.  Je  vous  oins  à  la 


lutains,  et  que  celui  ipii  lui  a  donné  la  vie  lui  donne  j  gorge  de  l'huile  sainte  au  nom  du  Pcre,  du  FilM-i  du 
la  sanié.  i|  S.-liisirit,  afin  que  l'esprit  immonde  ne  trouve  ain  un 

Dieu  (pii  avez  préparé  an  genre  humain  le  remède  a,  lieu  de  retraite  dans  vos  membres,  ni  dans  la  nioelle 
du  sailli  el  le  don  de  vie  éternelle,  conservez  à  voire  \  de  vos  os,  ni  dans  aucune  joiiiture  de  vos  membres; 
serviteu'  les  d<iiis  des  venus,  et  faites  qu'il  reçoive  j' qu'au  contraire  la  vertu  du  Christ  Très-llaui  J:aliiie 
non  seulement  la  gués isoii  du  coips,  mais  encoïc  celle  l  chez  vous,  et  que,  par  l'eflet  de  ce  myslèie,  par  l'oi  c- 
de  l'àme.  Par  Noirc-Seigncur.  !|  tion  de  cette  huile  sacrée  et  par  notre  prière,  éiant 

Que  chacun  des  yrélrcs  oiqne  le  malade  de  l'huile  \  guéri  jiar  la  vertu  de  la  Sainte-Triiiilé,  vous  méritiez 
sanctifiée,  en  la  lui  appliquant,  en  furme  de  croix,  sur  j  de  recevoir  voire  première  sanlé.  Au  cœur.  J'tiins 
le  cou,  sur  la  gorge,  sur  la  poitrine,  entre  les  cpai.les,  et  l  l'eiidroit  du  cœur  de  l'Iuiile  divinement  sanctifiée  en 

de  dou'cur  ;  de  plus  ^  vertu  du  don  céleste  qui  nous  a  éié  atlrihiié  au  nom 


dans  l'cndnit  ou  il  ressent  le  plus 
aux  organes  de»  cinq  sens  de  nature,  aux  sourcils,  aux 
narines  tint  au  dedans  qu'au  dehors,  à  l'extrémité  su- 
périeure des  oreilles,  aux  lèvres  en  d>  hors,  un  dehors  de 
lu  main,  afin  que  s'il  a  contracté  quelques  souillures  par 
les  cinq  s'us  du  corps  et  de  l'esprit,  il  soit  guéri  pur  ce 
remède  spirituel ,  et  qu'il  reçoive  la  miséricorde  du  Sei- 
gneur. Lors  donc  que  le  prêtre  oint  le  malade,  qu'il  ré- 
cite celle  prière  en  faisant  cette  cérémonie  lentement. 

Soyez  présent,  Seignenr,  à  ce  ipie  font  vos  servi- 
teurs, et  loopérez  avec  vos  minisires,  afin  que  lors- 
qn'en  exéciiiion  de  vos  commandements,  lious  impo- 
sons les  mains  à  voire  servileur  en  roignant  de  l'Iinil  • 
sacrée,  nous  ressentions  l'ellèl  d-  veln;  préseï  ce  ,  et 
qu'il  soil  par  la  gr.i<e  de  voire  Esprit  saii.t  délivré  de 
toute  langueur  el  de  lonle  faihlesse,  q.iM  soii  rempli 
de  vigueur  el  léUihli  en  sanlé;  qu'il  quille  le  lit  où  la 
maladie  l'avail  attaché,  qu'il  élève  son  visige  et  sou 
esprit  vers  vous,  ipii  éies  le  si>uver.;in  niéilecin ,  ci 
qu'il  rende  de  dignes  loiiaiges  à  voire  roin  pour  la 
sanlé  i,uil  aura  recouvrée.  Par  Noire-Seigneur,  elc. 
Suit  l'onction  à  la  tête. 

J'oins  votre  tète  de  l'Imile  sanctifiée  an  nom  du 
Père,  du  Fils  el  du  S.-Esprit,  alin  que  comme  un 
soldat  que  l'on  a  oint  pour  le  préparer  au  combat. 

TD.   IX. 


de  la  Saii  le-ïriniié,  afin  qu'elle  daigne,  en  vous  gué- 
rissant au  dedans  et  au  dehors,  vous  vivifier.  «île  «jui 
conserve  l'ules  les  Cl  éalures,  elles  empêche  de  rc- 
louiner  dans  leur  i.éanl.  A  la  poitrine.  J'oins  vi  tre 
poiirine  de  l"hnile  san  tifiée  au  nom  du  Père,  du  Fils 
et  du  S.  Esprit,  afin  qn'élanl  mu  i  de  cette  oiictioM, 
vous  soyez  en  état  de  repousser  1  s  traits  enflainiuéi 
des  ennemis.  Aux  épaules.  J'oins  ces  épaules  ,  ou 
l'eiitre-deiix  des  épaiiies,  de  Ihiiile  sacrée,  au  nom  du 
Pèr-,  dn  Fils  el  du  S.-Esprit,  afin  qu'étant  muni  de 
tous  cô!éx  de  la  proteciion  de  l'Esprit  saint,  vous 
puissiez  résister  follement  aux  efioi Is  des  démons  qui 
vous  I mcciit  leurs  Irails.  el  les  repousser  par  la  force 
q'ie  vous  rcîccvrez  du  secours  céleste.  .Aux  mains  en 
rf  //ors.  J'oins  ces  mains  de  l'Iiuile  sacrée,  an  nom  du 
Père,  du  Fils  cl  du  S.  Espril,  afin  qu'en  vertu  de 
celle  onction  teules  Ii'S  failles  «pie  vous  avez  cfiiil- 
mises,  jmr  des  n-nvres  défendues  ou  mauvaises,  vous 
siiieul  |iardoi.nées.  Aux  piids  p.r  dessus.  J'oins  ces 
pieds  de  l'huile  hénile,  au  nom  du  Père,  du  Fils  et 
du  S.-Es|;ril,  afin  que  toutes  Un  fautes  où  vois  êtes  ' 
touillé,  par  des  démarches  superflues  et  mauvaises,  ( 
vous  soient  remises  en  vertu  de  celte  oiicticn.  A  l 
l'<  ["'.iclr^it  oii  la  douleur  $e  fait  le  plu*  sentir.  Je  vous 


770 


niSTOlUE  DES  SACREMENTS. 


liÙ 


oins  de  Tliuile  sainte,  an  nom  du  Pèro,  du  Fils  et  du  ; 


]  diminulion  de  ses  forces  amène  à  sa  fin  ;  éteignez  en 


lui  le  l'eu  des  passions  et  de  la  fièvre  ;  énions>»ez  les 
traits  cuisants  des  douleurs  et  des  vices  ;  faites  cesser 
les  tourments  des  maladies  et  des  cupidités  ;  dissipez 
en  lui  l'enflure  de  l'orgueil  et  la  crainte  excessive  ; 
délivrez  le  des  ulcères  et  de  la  pourrituie  de  ses  vi- 
ces ;  guérissez  ses  entrailles  et  la  uiaLulie  ([ui  se  fait 
sentir  jusque  dans  son  cœur  et  la  moelle  de  ses  os  ; 
cicatrisez  ses  plaies;  prêtez  lui  secours  dans  les  pé- 
rils dont  sa  vie  est  menai  ée  ;  ré|)rimez  ses  ancien- 
nes et  violentes  passions  (I)  ; accordez-lui  lémis- 


S.-Esorit,  suppliant  sa  miséricorde  de  bainiir  de  vous 
ies  douleurs  et  les  iiiconnnodilés  du  corps,  et  de  vous  ■ 
rendre  la  force  et  le  salut,  afin  que,  par  ropération  de 
ce  sacrement  cl  noire  prière,  vous  recouvriez  votre 
première,  et  même  une  plus  forte  santé.  A  loutes  les 
jointures.  Je  vous  oins  de  l'Iinile  sainte,  en  invoquant  j 
la  souveraine  majesté,  (lui  a  ordonné  au  prop'.iète  Sa- 
muel de  consacrer  David  roi  par  rOnction.  Opérez 
donc,  ô  huile,  créature  de  Dieu,  au  nom  du  Père 
tout-puissant,  et  que  l'esprit  immonde  ne  trouve  au-  i 
cune  retraite  dans  les  membres  de  cet  homme,  dans  \  sioii  de  ses  péeliés ,  et  que  \oUc  miséricorde  le  con- 
la  moelle  de  ses  os,  et  dans  aucune  jointure  de  ses  i  serve  de  telle  sorte,  que  par  votre  assistance  !a  santé 
membres;  mais  que  la  vertu  du  Christ,  Fils  du  Très-  \  ne  le  corrompe  |)oint,  et  (jue  la  maladie  ne  le  con- 
Ilaut  (t  la  sanctification  du  S.-Esprit  habile  en  lui.  \  duise  point  à  sa  fin  ;  mais  (|iie  celle  onction  sacrée  de 
Autre  formule.  Je  vous  oins,  au  nom  du  I*ère,du  Fils  |  l'huile  soit  un  pronipl  remède  à  son  mal,  cl  la  réiuis- 
ct  du  S.-Esprit,  de  l'huile  sainte  et  consacrée  ,  a(in  |  sion  qu'il  souliailt  de  ses  péchés, 
que  cette  onction  vous  donne,  par  la  vertu  du  S.-  |  Suit  nue  hymne. 

Esprit,  la  santé  du  corps  et  de  Yùme,  pour  la  remis-  l  II csl  bon  démettre  le  texte  original  de  celte  hymne  qtie 
sion  de  tous  \os  péchés  et  la  vie  éternelle.  Amen.  \  nous  traduirons  en  prot^e  seulement.  Les  connaisseurs 
Autre  [ormule.  Uecevez  la  santé  au  nom  du  Père,  du  |  verront  par  lit  qu'il  doit  être  ancien  et  qu'il  a  dû  ctre 
Fils  et  du  S.-Esi)ril  ;  que  cette  onction  par  le  signe  ]  composé  dans  le  temps  que  la  lungue  lutine  n'était  point 
de  la  sainte  croix,  par  l'imile  sanclif:ée,  et  par  le  don  I  encore  enliirement  tombée  en  décudence,  ou  au  inoint 


de  l'Esprit  saint,  vous  donne  la  santé. 
Prière. 
Seigneur  Dieu,  notre Sauveur,'qui  êtes  le  vrai  salut, 
et  qui  remédiez  à  tous  nos  maux,  qui  nous  avertissez 
l,ar\o:re  Apôtre   d'oindre  avec  l'huile  ceux  qui  sont  ! 
malades,  et  d'implorer  en  même  temps  pour  eux  votre  ; 
miséricorde ,  jetez  les  yeux  du  haut  du  ciel  sur  votie  \ 
serviteur N.,  et  l'établissez  en  santé,  après  l'avoir  châ- 
tié, celui  que  la  langueur  conduit  à  la  mort,  et  que  la 

Christ,  (j.  i  ctcs  le  véritable  médecin  des  hommes,  par 
qui  le  l'ère  céleste  ijuér.t  nos  maux,  soyez  favorable  à  la 
piière  que  votre  peuple  vous  adresse. 

Nous  vous  supplions  pour  ces  infirmes  que  la  mala- 
die réduit  en  ce  triste 'état,  daignez  les  guérir  et  bannir 
les  maux  dont  i.s  sont  al]ligés. 


Vous  avez  fait  paraître  autrefois  votre  puissance,  en 
délivrant  de  la  fi  vre  la  belle-mire  de  S.  Pierre ,  que  sa 
ni  itudie  tenait  au  lit,  en  guérissant  le  fils  d'un  petit  roi 
et  le  serviteur  du  centurion. 

Faites  aujourd'hui  la  même  chose;  guérissez  les  ma-  i 
ladies  des  corps  et  celles  des  âmes .  afin  que  les  douleurs  \ 
qe  ressentent  ceux  qui  sont  ainsi  affligés  ne  leur  devieii-  ^ 
lient  point  inutiles. 

lienUcz  la  vigueur  au  peuple  languissant,  faites  couler 
tur  eux  avec  abondance  vos  injhiences  salutaires,  et  leur 
rendez  les  forces  que  la  maladie  leur  a  ôlées. 

Il  est  temps,  Seijneur,  qu'ayant  pitié  de  leurslarmes, 
vous  apportiez  le  remède  aux  maux  de  ceux  pour  qui 
nous  pricns,  et  que  ce  malade  éprouve  les  effets  de  votre 
main  bienfaisante. 

Que  tout  accès  capable  de  donner   la  mort,  que  toute 
\  frise  qui  augmente  la  douleur  cessent,  que  la  vigueur  de 


dans  le  renouvellement  qui  s'en  est  fait  du  temps  de 
l'empereur  Charlemugne;  puisiiue ,  depuis  lui ,  le  lan- 
gage barbare  qui  s'était  introduit  ne  permettait  pas  que 
l'on  composai  des  hymnes  d'un  style  tel  que  celui-ci. 
Cela  prouvera  que  les  rits  et  les  formules  de  l'Extrême- 
Onction  que  nous  rapportons  ici  doivent  être  assez  aw- 
ciens. 

(l)  Il  y  a  ici  trois  ou  quatre  mots  iniulelligibles. 

Christe,  cœlestis  medicina  Patris , 
Verus  l;uman;e  medicus  s  .lotis, 
Pro  lide  plcbis  precibus  potenter 

Pande  l'avorem. 
En  nobis  infroios  libi  supplicamus  , 
Qmos  no(  ens  pestis  vale:udo  quassat, 
L't  pins  morbo  reh^ves  jacentes, 

Qm)  I  atiuntiir. 
Qui  poiestaie  nianifeslus  cxias, 
Mox  socrnm  Peiri  léh.  ibus  jacentera, 
Regnli  prolcni,  puerumque  salvas 

Ccnturionis. 
Corpoi  inn  morbos  animamque  sana, 
Yulncra  quassans  adliibe  medelam, 
Ne  sine  fructu  cruciatus  urat 

Corpora  nostra. 
Fcrto  languenli  populo  vi;,'orem, 
Ef.lue  largam  populo  salulcm, 
Pri'stinis  more  sulito  reformaus 

Yiribus  ;cgros. 
Jam,  Dius noster,  misorante  fletu, 
Pro  quibuste  nunc  petimus  medere, 
Ut  tuam  cunctis  recubas  medelam, 

Sentiat  a-ger. 
Omnis  impulsus  perimens  recédât, 
Omnis  incursus  crucians  liquescat, 


781  ORDRE 

la  santé,  après  laquelle  le  malade  aspire,  succède  à  l'in- 
firmilé  dans  laquelle  il  se  trouve. 

Afin  que  ceux  qui  saveut  profiter  de  ces  maux,  entrent 
dans  le  royaume  de  Dieu,  chargés  des  fruits  des  afflic- 
tions par  lesquelles  vous  les  avez  éprouvés  ici-bas. 

Gloire  soit  au  Père  et  au  Fils  qu'il  a  engendré ,  aussi 
bien  quà  celui  qui  est  égal  à  tous  les  deux;  (jue  les  deux 
vous  bénissent,  vous  qui  avez  trois  noms  et  une  seule 
divinité. 

Amen. 


782 


Vigor  opiala;  rccrect  salutis, 

iMciiibra  (Jitlenlis. 
Qiio  pcr  illala  mala  dùn»  icrunlur, 
Eruditoruin  numéro  decori, 
Coiiipolcs  inircnlsocianlc  fruclu, 

Uegn;i  poloiuin. 
Gloria  Palri  geiiitnnque  proîi, 
Et  til)i  conipar  iilriiisque  semper, 
Noniine  irino,  Deilale  soli, 

Sidéra  clament. 
Amen. 


Prière. 
Que  le  Seigneur  soit  propice  à  ce  malade  en  lui  rc- 
niellaiit  lotis  ses  péchés  el  en  guérissant  toutes  ses 
langueurs  ;  qu'il  rachète  sa  vie  de  la  mon  clernelie, 
et  qu'il  accomplisse  pour  le  bien  ses  désirs,  lui,  qui 
seul  vit  et  règne  dans  la  Trinité  ,  dans  tous  les  siècles 
des  siècles. 

Autre  prière. 
Dieu  ,  qui  exercez  toujours  un  empire  de  douceur    \ 
sur  vos  créatures,  prêtez  Toreille  à  nos  prières  ,  et 
regardez  favorablement  voire  serviteur  N.  travaillé  | 
par  la  maladie;  visitez-le,  en  lui  faisant  pari  du  salut 


Notrc-Seigneur,  etc 

Autre  prière. 
Dieu  des  vertus  célestes,  qui  chassez  des  corps  hu 


votre  serviteur,  afin  qu'étant  délivré  de  ses  maux  et 
ayant  repris  ses  forces,  il  bénisse  votre  saint  nom  en 
santé. 

Autre  prière. 

Dieu  saint,  Père  tout  puissant  et  éternel ,  qui  affer- 
missez la  faiblesse  do  noire  nature  par  la  force  qu'y 
répand  voire  bénédiction,  cl  faites  subsister  nos  corps 
et  nos  membres  par  les  secours  que  voire  l>onlé  nous 
procure  :  jeiez  les  yeux  sur  votre  serviteur  N. ,  afin 
qu'élant  délivre  de  lous  les  embarras  que  cause  la  ma- 
ladie, il  soil  rétabli  dans  sa  première  sanlc.  Par  No- 
Irc-Seigueur,  etc. 

{Après  cela,  que  le  prêtre  donne  au  malade  la  corn- 


et appliquez-lui  le  remède   de  la  eiâcc  céleste.  Par  i  .       ■  .  ■  i     c  -  .      •■/ r 

t't    ^  ^    ^^^     ^       g  avi.  v».  ^.oii.  munion  du  corps  el  du  sang  du  Seigneur ,  et  qu  il  fasse 

lu  même  chose  durant  sept  jours;  tant  par  rapport  à  la 
i  communion  que  par  rapport  aux  autres  devoirs,  si  la  né- 
cessité le  demande..  En  ce  faisant ,  Dieu  rendra  la  santé 

mains  toute  langueur  cl  toute  infirmité  par  la  puis-      au  malade;  et  s'il  est  dans  !e péché,  il  le  lui  pardonnera, 

sance  de  votre  commandement,  assistez  avec  bonté  I  couime  dit  l'Apôtre.) 


LIVRE  DEUXIEME. 
HISTOIRE 

DES  SACREMENTS  DE  L'ORDllE  ET  DU  MAllIAGE. 


Les  deux  sacrements  dont  nous  avons  à  traiter  dans 
ce  livre,  el  surtout  le  premier,  renferment  bien  des 
difficultés  el  des  points  de  doctrine  el  de  discipline 
très-imporiants  que  nous  lâcherons  d'édaircir,  en 
prenant  pour  guides  dans  nos  recherches  les  auteurs 
les  plus  savants,  les  décrets  des  papes  et  des  conciles 


et,  enfin,  les  exemples  dos  saints  qui  ont  vécu  dans 
les  diilércnls  âges  de  l'Eglise.  Le  tout  sera  partagé  en 
trois  sections  que  nous  diviserons  en  diirérenl -s  par- 
ties, suivant  que  l'exigera  l'ordre  et  l'étendue  des 
matières. 


DE  L'ORDRE, 


OU  DES  ORDINATIONS  SACRÉES,  ET  DES  DIVERS  DEGRÉS  DE  LA  HIÉRARCHIE 

ECCLÉSIASTIQUE. 


On  peut  dire  que  le  sacrement  de  l'Ordre  e>t  le 
fondement  de  la  religion  chrétienne.  Car  il  ne  peut  y 
avoir  de  religion  sans  |irélre  el  sans  sacrifice,  cl  c'est 
ce  sacrement  qui  procure  à  l'Église  les  ministres  dos 
choses  saintes,  les  médiateurs  entre  Dieu  el  les  hom- 
mes, les  sacrificalcm's  qui  immolent  riIo->lie  sainte  el 
vivifiante  qui  a  succédé  à  tous  les  sacrifices  de  l'an- 
cienne loi.  C'est  ce  sacrement  qui  donne  aux  hom- 


mes le  pouvoir  de  remettre  les  péchés ,  et  de  réconci- 
lier lis  pécheurs  avec  Dieu  ,  qiù  perpétue  le  sacer- 
doce clirétie.i  en  le  faisant  passer  d'âge  en  âge.  C'est 
ainsi  qu'il  a  élé  transmis  des  apôlres  qui  en  possé- 
daient la  plénitude,  jusqu'à  ceux  qin  en  sont  revèlUK 
aujourd'hui  par  une  succession  non  inlerrom|)ue,  et 
c'est  en  vertu  de  cela  que  l'Église  chrétienne  est  ap» 
pelée  Aposloli^iue. 


783  niSTOIliE  l>h:s  SACUE.MKNTS 

Les  Grecs  nomment  pour  rordinaire  ce  sacrcinenl 
ytiporo-^'x,  terme  formé  de  deux  mots  >/jù«;  -zii-zu  ,  »iiii 
signifie  étendre  la  main  ;  et  cela  pour  deux  raisons. 
La  première,  parce  que  c'était  l'usage  chez  les  Grecs, 
dans  les  assemblées  du  peuple,  de  donner  son  suffrage 
p.tnr  les  éleclions  des  magistrats  en  élevant  ou  éleii- 
d  int  la  main  ,  et  que  la  même  chose  se  pralicjuail  dans 
les  éleclions  des  nunislres  de  l'Église.  La  seconde, 
parce  (pie  c'était  en  imposant  on  étendant  les  njains 
-^iir  oeii\  qui  avaient  été  élus  pour  le  sacré  minislère, 
qu'on  leur  en  conférait  la  puissance.  Ou  trouve  ce 
terme  pris  en  ces  deux  sens  en  deux  endroits  du  nou- 
veau Testament  (1),  et  il  est  consacré  dans  tons  les 
t'iicologcs  des  Grecs  et  dans  les  écrits  des  Pères  ; 
excepté  dans  le  faux  S.  Denis,  qui  adectc  partout  de 
grands  ternies,  et  qui  laisse  à  part  ceux  qui  sont 
reçus  dans  l'usage  ordinaire  comme  triviaux  et  indi- 
gnes d'un  homme  qui  avait  entrepris  de  traiter  de  la 
célesie  hiéraroliie,  quoique,  dans  le  fond,  il  ne  dise 
que  des  choses  communes  et  ordinaires  en  termes 
empoulés ,  et  de  la  plupart  desquels  il  est  le  premier 
inventeur  ,  au  moins  quant  à  l'application  qu'il  en 
fait.  I 

Nous  appelons  Ordre  ce  que  les  Gnxs  désignaient  ' 
parle  terme  de  ytipc^sjlx.  Cependant  Ordre,  Ordo  , 
marque  plutôt  l'état,  la  dignité,  la  condition  des  per- 
sonnes, qu'une  action  ou  une  consécration  par  la- 
quelle on  les  fait  passer  à  cet  état  ;  et  le  terme  d'Or- 
diiiniion  ,  qui  sigi-ifie  cette  action  ,  serait  plus  co  ive- 
na!)le  et  plus  naturel.  Quand  on  dit,  par  exemple, 
l'ordre  des  sénateurs ,  l'ordre  des  chevaliers,  ordo  se- 
untoritis  ,  ordo  equestris ,  cela  marque  l'étal  et  le  rang  ', 
des  personnes ,  et  non  l'action  par  laquelle  on  les  y  1 
place.  Quand  dans  notre  langue  nous  disons  les  trois 
ordres,  nous  entendons  par  là  le  clergé,  la  noblesse  et 
le  peuple.  Le  sacrement  dont  nous  avons  à  traiter  ne 
consiste  pas  dans  l'éial  des  personnes  ,  mais  dans  l'ac- 
tion et  les  rits  par  lesquels  on  les  consacre  ,  et  on  les 
fait  passer  à  l'état  du  sacerdoce  et  aux  divers  minis-  | 
téres  qui  y  ont  un  rapport  plus  ou  moins  éloigné.         j 

(l'est  en  ce  sens  principalement  que  nous  traiterons 
du  sacrement  de  l'Ordre,  quoique  nous  devions  aussi 
parler  do  l'ordre  ecclésiastique,  en  le  considérant 
romnie  un  étal  particulier  ;  da  quoi  nous  ne  pouvons 
guère  nous  dispenser,  puisqu'il  faudra  expliquer  les 
devoirs  et  les  fonctions  auxquels  sont  destinés  ceux 
qui  reçoivent  les  divers-'S  consécrations  qui  ont  été  de 
tout  temps  en  usage  dans  l'Église.  Ainsi  nous  divise- 
rons celte  histoire  eu  irois  parties. 

Dans  la  première,  nous  parlerons  de  ce  qui  précède 
rOrdination,  et  nous  ferons  diverses  renrarques  lou- 
chant l'âge,  le  temps,  le  lieu,  les  (jualités  des  person- 
nes destinées  à  recevoir  les  ordres  sacrés  :  ce  qui 
nous  donnera  lieu  de  parler  des  ordres  mineurs  et 
des  devoirs  qui  y  étaient  attachés  ,  comme  étant  une 
préparation  aux  ordres  supérieurs. 

D:>ns  la  seconde,  nous  traiterons  des  rits  et  des  for- 


78* 
mules  de  l'ordination  des  niioistres  sacrés,  je  veux 
dire  des  évèfpies ,  des  préires  et  des  diacres  ;  ce  qui 
nous  donnera  lieu  de  faire  Tliistoire  des  diverses  er- 
reurs et  des  questions  qui  ont  été  agitées  sur  ce  point. 
Enfin  nous  expliquerons ,  dans  la  troisième,  ce  qui 
r(g;irde  les  devoirs  et  les  |)rérogalivesallacliés  à  elia- 
cun  de  ces  trois  ordres,  et  la  subordination  des  per- 
sonnes engagées  dans  cet  étal  les  uns  aux  autres. 
Vous  voyez  par  là  que ,  dans  la  première  partie  de 
celle  l.isloire  ,  il  sera  traité  de  ce  qui  éiail  rerpiis  pour 
faire  que  l'ordination  fût  légilime  et  canonique.  Hans 
la  seconde,  de  ce  (pii  la  rendail  valide,  et  que  la  troi- 
sième contiendra  ce  (pii  regarde  la  iiiérarchie  ecelé- 
siaslitpie;  non  que  nous  voulions  y  faire  entrer  loni 
ce  qui  a  rapport  à  celle  matière,  cela  nous  mèm nit 
trop  loin,  mais  nous  louclieions  les  questions  les  plus 
curieuses  et  les  moins  connues. 

PREMIÈRE  PARTIE. 


(l)Act.  U,  V.  25;  2  Cor.,  c.  8.  *9. 


DE  CE  Ql  I  r'RECtDArr  L  ORDINATION  Dr  S  MINISTUF.S  SA- 
CRÉS. DES  ÉLECTIONS  CANONIQIESDU  TEMPS  DE  l'ORDI- 
NATION  ,  DE  l'âge  DES  ORDI.NANDS,  DES  DONNES  OU 
MAUVAISES  QUALITÉS  QUI  LES  PENDAIENT  DIGNES  OU 
INDIGNES  DE  RECEVOIR  LES  ORDRES.  DU  CHOIX  ET  DE 
l'ordination  des  clercs  INFÉRIEURS,  ET  DES  DEVOIRS 
ATTACHÉS  A  LEURS  ORDRES ,  ClC. 

CIlAI'iriΠ PREMIER. 

Du  nombre  et  de  la  disiiuctio7i  des  divers  ordn's,  tant  en 
Orient  qu'en  Occident,  de  ta  distinction  des  ordres  sa- 
cres ;  de  C''ux  à  qui  un  n'attribue  pas  ce  titre.  Depuis 
quand  te  sous-diaconal  a  été  mis  au  nombre  des  or- 
dres sacrés. 

Tous  ceux  qui  étaient  dans  le  clergé  n'étaient  point 
pour  cela  dans  les  ordres.  On  reconnaissait  ancienne- 
ment plus  ou  moins  d'ordres  ecclésiastiques,  suivant 
les  divers  lieux  cl  les  dilléients  leinp-.  Le  (pialiiènic 
concile  de  Cartilage,  qui  maripie  dans  ui\  grand  dé- 
tail les  rils  et  les  formules  avec  lesquels  chacun  des 
ordres  devait  être  conféré,  en  compte  Lcuf  :  savoir 
des  évêqiies,  des  prêtres,  des  diacres,  des  sous-dia- 
cres, des  acoljies,  des  exorcistes,  des  lecteurs,  des 
portiers  et  des  chantres,  qu'il  appelle  Psalmisiœ  Lo 
concile  de  Rome,  que  l'on  dit  s'être  tenu  sous  le  pape 
S.  Sylvestre,  en  compte  autant,  et  ne  diffère  ilu  con- 
cile de  Cartilage  qu'en  ce  qu'au  lieu  des  chanires  il 
met  custodes  marlijruni ,  les  gaidiens  des  niailyrs. 
Les  Maronites  admellenl  aussi  neuf  ordres  ;  mais  ils 
1;'S  coinpteul  b  en  diffé!e:nment,  c  mine  on  le  \oit 
dans  le  livre  qui  contienl  hhs  rils  d.-s  ord  iiilions,  cir 
ils  composent  ce  iiombie  des  chanires  .  des  lecteurs, 
des  sous  diacres  ,  des  d. acres  ,  des  archi  iiacres  ,  des 
prêtres,  des  archiprêlres ,  des  corévèques  cl  des  évê- 
qiics.  Aujourd'hui ,  dans  nos  églises  ,  on  a  réduit  le 
nombre  des  ordres  à  sept,  celui  des  chanires  ayant 
été  supprimé;  et  l'épiscopal  n'éuuit  considéré  que 
comme  un  même  ordre  avec  la  prêlrise ,  et  designé 
j  par  le  nom  commun  de  sacerdoce;  quoique,  comme 
viOMS  verrons  ci-aprè?,  les  évêques  aiont  do  tout  temps 


7Aî 


ORI>RE.—  1"  PARTlt.  CllAP.  I.  NOMURK  Kl  DISTINCTION  DES  ORDRES. 


7S0 


reçu  iiiie  consécralion  parlicnlièrc  qui  se  fait  avec 
plus  d'appareil  (|iie  l'ordiiialioii  des  prclrcs,  cl  (|iroii 
ait  jamais  doiilc  que  Cette  bcnédieti  ,n  ne  donnai  des 
gràios  piriii  ulicies  et  mi  pouvoir  plus  étendu  que 
celui  de  la  prèlrise. 

Pour  ce  qui  est  des  Grecs,  ils  n'ont  que  cinq  ordres, 
savoir,  l'épiscopat ,  la  prèlris-e,  le  dia'onal,  le  sous- 
diaconat  et  celui  de  lecieur.  S.  Maxime  ,  dans  son 
Commenlairc  sur  S.  De.is,  cli.  5,  ne  reconmiîi  (pie 
ces  ciufi  ordres .  aussi  bien  (jiie  Paetiymères  sur  le 
incnic  endroit.  El  l'on  ne  voit  point  d'ordination  potu* 
les  exorcistes  dans  les  Con>liliilions  apostoliques  ,  où 
il  est  traité  de  l'oidinaiion  des  ministres  de  1  l^j^lisc, 
1.8.  F,e  liuilicme  concile  général ,  action  10,c.  .'i, 
parlint  des  divers  degrés  de  déricalure  par  les(picls 
doivent  passer  régid.èrenieul  ceux  (|ui  parviennent 
à  l'épiscop.il,  ne  compte  de  même  ipie  les  cpiatie  or- 
dres dont  nous  venons  de  parler  ,  répisc(qial  faisant 
le  cinquième.  Le  pape  Innocent  IV,  en  l'an  12.')4, 
tenta,  dans  une  lellre  à  lévêqne  de  Tuscnlnm,  S(ui 
légal  en  Cli\pre,  d'anu-ner  les  Cirées  à  l'usage  des 
Latins  sur  ce  point,  mais  ininilement  ;  ils  ^)'ell  sont 
tenus  à  l'ancienne  pralicpie  qnils  conservent  encore 


que,  dans  un  autre  sens,  on  puisse  dire  que  ces  ordres 
soni  d'insiilnlion  apo$toli(pie  et  mémo  divine,  en  ce 
que  Jésus  Christ,  en  rendant  les  .\pôtri-s  les  maîtres 
d'établir  dans  son  I^glist;  la  disciplini;  qu'ils  jugcraitnl 
par  l'inspiration  di'  son  Esprit  être  la  plus  (((uveiiable 
et  la  plus  pr<q)re  an  bon  g<tuvernenn>nt  du  peuple  fi- 
dèle cl  au  ministère  des  choses  saintes  ,  leur  a  per- 
mis, cl  même  eu  qiielipie  manière  ordomié.d'iustiluer 
aulaiii  de  ministres  qu'il  serait  nécessaire  jiour  rem- 
plir les  diUérenles  fonctions  auxquelles  ils  les  aipi.'l- 
leraient. 

Ou  peul  dire  même ,  connue  ont  prétendu  quelipies 
docteurs  scolastiques,  que  la  cérénUMiie  par  laqu«;llc 
l'Eglise  confère  cliacim  île  ces  ordres  est  un  s.k  re- 
nient ,  aussi  bien  que  les  rits  et  les  furmllll•^  par  les* 
quels  le  prêtre  ou  le  diacre  sont  oiilunnés;  puisque 
le  Sauveur,  en  laissant  au\  A|iolieset  à  leurs  succes- 
seurs le  pouvoir  d'établir  des  niinislrcs  ii-férieiiis 
avec  cerlaines  cérémonies,  n'a  pas  voulu  sans  donle 
que  la  forme  de  Inir  institution  pour  des  minislères  si 
saint>  lût  une  pure  cérémonie  vide  de  grâce,  mais 
qu'il  s'rsl  engagé  par  là ,  en  queltpie  sorte,  à  répan- 
ilre  sm  ceux  qui  seraient  canoiiitiuement  aiipelé?  à 


anjonrd'lmi.  ce  ipii  fait  voir  eombien   on  doit  faiie  î  res  lonctions  des  grâces  proportionnées  à  leurs  eivi- 


pi  n  daltcnlion  à  ec  (pie  dit  (labriel  de  IMiiladeliiliie, 
qui  l'ail  mouler  jusqu'à  sept  le  nombre  des  (u'dies  ce- 
clésiasti(pies  chez  les  (irecs.  S.  F'pipluuie  (h  iiean- 
moins  parle  enc<ne  d'exorcistes,  d'interprètes  des  lan- 
gne>,(le  porliers.  et  de  ceux  (pii  axaient  soin  d'en^e- 
vel.r  li's  niort.>.  Mais  on  ne  voit  pa>  ijue  d.ins  l'eylise 
gre(;(iue  ceux  qui  élaicnt  chai};és  de  ces  foiielions 
aient  fait  pariie  du  clergé;  (|iioii|ue  l'on  ne  piiihse 
nier  que  dans  qnehpies  ecdroils  (piel  jiics-uiis  dCiitre 


eux  n'aient  pu  être  considérés  comnie  élaiil  de  l'or-    \  ne  voulons  point  nous  engager,  la  nature  de  cet  ou 


ploi^ ,  et  à  leur  eu  faire  remplir  dignement  toutes  les 
fonctions.  Ainsi  ces  questions  sur  lesquelles  on  a  Mi- 
pul('*  et  on  dispute  encore  avec  lanl  de  chai-  ur  dans 
les  écoles,  si  les  ordres  mineurs  sont  d'iusiitulion  di- 
vine, si  ce  sonl  des  sacrements,  sont  pr^quemenl  des 
ipiestions  de  mots  (jue  l'on  peul  résoudre  fai  ilemeiil 
eu  les  envisageant  sous  les  difl'érenls  asp(^cts  qu'elles 
pn^sentcnt,  et  en  prenant  les  choses  plus  ou  moins  à 
la  rigiii-nr.  Questions,  au  reste,  dans  les(iuelles  nous 


die  ecclésiasli(pie.  Car  on  peut  dire  vérilablemeni  (jne 
sur  celle  matièie  il  y  a  eu  beaucoup  de  \aiiéié  d.ins 
les  diver  es  é}.di  es  et  dans  les  temps  dinéit;nls,  et 
qu'on  a  établi  cesordies  mineurs.  (|ui  tous  soni  ren- 
fermés émineinniciil  dans  U\  diaconat,  suivani  le  be- 
soin (pie  l'on  en  a  en  et  (pie  ro(  c.ision  s'est  |iM'seiiléc.  i 
En  seule  ipie,  dans  les  égll^es  moins  nombreuses,  | 
les  diacres  remplissaient  tes  loiiciioiib  de  loiis  ces 
ministres  iulerieuts,  (|ui  auraieui(''ié  inutiles  et  même 
à  charge  an  C(  mmeiucment  de  l'Église,  cl  duis  les 
ICiips  et  les  lieux  où  les  chrétiens  élaienl  en  petit 
nombre.  Aiissi,  dans  la  primitive  Église,  ne  voyons- 
nous  I  as  ce  grand  nombre  de  ininislres  de  l'Eglise  et 
de  lanl  d'ordres  dinërenis.  On  n'y  reconnait  que  les 
évéques,  h  s  prêtres  el  les  diacres ,  comine  dit  le  pa|)e 
Llrba  n  II,  dan-,  un  concile  du  Rénévenl  (i) ,  elles 
Apo:res  n'ont  f.iil  d'ordonnances  touchant  les  minis- 
tres d';."É;lise,  (|ue  celles  ipii  les  regardenl.  Jlos  si- 
qi.idein  solos  priinilivtt  tegiluv  liabuissc  Ecclesm  ;  super 
lus  sotis  pra'Ci'plKin  apostuliciim  liabeiuus. 

Ce  (pie  dit  ici  ce  pape  esl  tres-véritable  dans  le 
Sens  qu'il  l'a  dit,  que  les  Apôtres  ne  m-us  ont  point 
laissé  d'ordoiiuances  sur  les  ordres  mineurs;  quoi- 


(l)IiiExposit.  fiîei,  c.  21. 

(2)  Apud.  Ivon.,  iii  Decrelo,  part,  o,  c.  72.  i 


vrage  ne  nous  le  permettant  pas. 

Autrefois,  tous  les  ordres  dont  nous  venons  de  par- 
ler élaienl  indifféremment  appelés  sacrés,  comnie  re- 
marque D.  Hugues  Ménard  ;  mais  à  présent  on  ne 
doime  ce  litre  qu'à  ceux  que  l'on  nomme  ordres  tiui- 
jeurs  ,  du  n(Mnbre  des  iu(ds  on  a  mis  de  tout  temps  les 
trois  ordies  dont  il  est  fait  menlion  expresse  dans  les 
écrits  des  Apôtres ,  savoir,  l'épiscopal,  la  prêtrise  el 
le  diaconat ,  ou ,  pour  parler  le  langage  d'à-présent . 
le  sacerdoce  el  le  diaconat.  Le  sons-diaconat,  qui 
n'était  anciennement  qu'un  ordre  inférieur,  ayanl  él(' 
depuis  réputé  ordre  majeur,  a  été  aussi  honoré  du  titre 
d'ordre  sacré.  Mais  en  quel  temps?  c'est  sur  quoi  je 
vois  les  savants  partagés. 

Le  P.  Morin(l)  croilquccet  ordre,  qui  n'a  été  établi 
dans  l'Eglise  (jue  vers  la  lin  du  second  iiècleoii  pendant 
le  troisième,  a  été  mis  au  rang  des  ordres  sacrés,  il  y 
a  plii>  de  800  ans.  el  ce  qui  l'a  déierminé  à  entrer  dans 
ce  sentiment,  c'est  «pi'il  a  vu  dans  d'anciens  rituels 
l'ordination  de-»  sous-diacres  jointe  à  celle  des  autres 
ministres  supérieurs,  et  séparée  de  celle  des  intérieurs  ; 
et  ((u'ontre  cela,  ces  livres  prescrivent  que  cette  or- 
dination se  fera  à  raniol.  Mais,  dit  le  père  P.  Mar- 


(1)  De  sacris  ordin. ,  part.  59 ,  exercit.  12,  c.  5  . 
!  n.  7. 


787 

«oiio  (  I  ).  si  ccHc  raison  est  valahle  ,  il  f;uit  dire  qiio  la  ' 
cil(l^t•  f'st  plus  ancienne  que  le  suppose  te  P.  IMorin  : 
car  j'ai  vu,  ajonlc-l-il,  des  rilneis  éciils  il  y  a  pins  de 
900  cents  ans,  dans  lesquels  le  même  ril  est  prescrit. 
C'est  donc  pins  tard  que  le  sous-diaconat  a  été  mis  au 
nombre  des  ordres  majeurs  et  sacrés,  et  certainement 
sur  la  fin   du  onzièn\c  siècle,  il  n'était  poinlencore  ré 
puté  tel,  puisque  dans  le  coiicile  de  Bénévent,  qui  futas- 
semblé  en  l'an  1091 ,  clauqiiel  présidait  le  pape  Urbain  II, 
I  il  fut  ordonné  que  personne  ne  fût  pronni  à  l'épiscopat 
qu'il  n'eu!  auparavant  vécu  louabiementdans  les  ordres 
sacrés.  Or  nous  ap])elons  ordres  sacrés,  est-il  dit  en- 
suite, le  diaconat  et  la  préirise.  Sacras  auteiu  ord'uies  di- 
chiiuSfdiaconalum  et  presbyteralum.  0\i  ne  pont  rien  dé- 
sirer de  plus  chiir  sur  le  sujet  dont  il  est  ici  question. 
Aussi  Hugues  de  S.  Victor  (^),qui  florissait  cinquante 
ans  après  ce  concile ,  témoigne  que  de  son  temps  le 
sou-diaconat  était  encore  au  rang  desordes  inférieurs, 
et  IMiilipne,  abbé  de  Bonne-Espérance,  de  l'ordre  de 
Prénioiilré,  danssot!  Iraiîédc  la  Conlinenee  des  Clercs 
(cap.  \0'),  enseigne  positivement  la  môme  chose,  en 
ces  termes  :  Ces  deux  ,  les   prêtres  el  les  diacres  ,  sont 
lionorés  des  ordres  sacrés.  {Sarris  ordinibus  d'icunlur  in- 
signili...)   Mais,  outre  ceux-là  ,  il  en  est  d'autres  qui 
sont  occupes  au  miui.slère  des  autels  ,  et  so]il  ordonnés 
pour  cela  par  les  évoques  ,  desquels  quoiqu'on   ne  puisse 
tiier  qu'ils  aient  «n  deqré  de  sainteté ,  on  n'appelle  pas 
néanmoins    ordres  sacrés  ceu.v  qui  leur  ont  été  conférés. 
Ce  fut  assez  peu  de  temps  après  Pliilippe,  abbé  du 
monastère  dont  nous  venons  de  parler ,  que  le  sous- 
diaconat  fut  mis  au   rang  des  or(/;e.s  sacrés,  puisque 
Pierrc-b>Clianlre ,  qui  mourut  en  1197,  dit  en  ternies 
exprès  (ô)  que  dejinis  peu  on  avait  établi  que  le  sons- 
diaconal  serait  un  ordre  sacré.  De  novo  inslitutunisub- 
diaconatum  sacrum  ordineni.  Ceci  fait  voirque  le  p.ipe 
Innocent  ill  est  tombé  dans  une  erreur  de  fait,  qn;ind  il 
a  assmé  (4) que  le  pape  Urbain  11  était  l'auleur  de  cette 
discipline;  il  y  a  plus  (rapparence  que  c"e>t  lui-même 
qui  i'a  établie  en  décidant  la  que.'^tion  su'"  laquelle  les 
sentiments  étaient  encore  partagés,  et  en  rendant  gé- 
néral et  uniforme  partout  ce  qui  auparavant  était  di- 
versement observé,  ce  qu'il  fit  en  permettant  que  l'on 
pût  choisir  les  sous-diacres  pour  évêques  ,  également 
comme  les  prêtres  el  les  diacres.  | 

Quand  nous  avons  dit  qu'il  n'y  avait  que  cinq  or- 
dres chez  les  Grecs ,  et  sept  chez  les  Latins  ,  nous  | 
n'avons  pas  j  retendu  que  le  clergé  chez  les  uns  et  les  j 
autres  ne  comiM'it  que  ceux  qui  étaient  engagés  dans 
ces  ordres  ;  nous    savons  qu'outre  ceux-ci  ,  il    s'en  [ 
trtinvait  ini  grand  nombre  d'autres  qui  étaient  censés  ! 
faire  pariie  du  clergé  ,  mais  ils  n'étaient  point  pour 
cela  engagés  dans  les  ordres  :  c'étaient  des    officiers  | 
destinés  à  certains  emplois  el  à  certaines  fonctions  qui 
avaient  rapport  ausQrvice  delEglise,  ou  des  évêques,  i 
mais  qui    n'étaient  point  initiés  aux  saints  ordres  ni 


(1)U.  d,c.  8.  art.  1. 

(2)  L.  2,  de  Sacr..  pnrt.  7>,  e.  13. 

(3)  lu  libro  de  Verbo  mirif. 
(i)  L.  1  Décret.,  c.  Miramur. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  733 

ordontiés  à  cet  effet.  Ils  étaient  seulement  désignés 
par  l'évêque,  mais  ils  ne  recevaient  point  l'ordination. 
La  fausse  lettre  de  S.  Ignace  à  ceux  d'Antiochc,  le 
concile  de  Laodicée,  can.  2i,  et  celui  de  Chalcédoine , 
can.  2,  font  mention  d'un  grand  nombre  de  clercs  de 
celte  espèce,  et  le  nombre  en  devint  encore  bien  plus 
grand  dans  la  suite  ;  ils  étaient  inmintiiculés  ou  coin-  ' 
pris  dans  le  canon  de  l'Eglise,  et  jouissaient  même  | 
en  partie  des  privilèges  du  clergé  sous  les  empereurs  ' 
chiéliens,  mais  ils  n'étaient  point  initiés  aux  ordres. 
Ils  étaient  officiers  de  l'Eglise,  et  non  les  ministres  des 
choses  saintes.  Tels  étaient  chez  les  Grecs  les  portiers, 
les  chantres  ,  les  exorcistes  ,  et  ceux  qui  étaient  des- 
tinés à  prendre  soin  de  la  sépidtnre  des  morts  ,  outre 
cela  les  défenseurs ,  les  économes  et  quantité  d'au- 
tres, dont  il  est  fait  mention  dans  le  droit  oriental  et 
dansCodin  (I). 

Saint  Basile  distingue  ces  officiers  do  l'Eglise  des 
clercs  pro[irement  parlant,  en  disant  de  ceux-ci  qu'ils 
sont  Ij  êaOyôi,  et  les  autres  iv  uav;p£7tV..  Les  uns  étaient 
constitués  en  dignité;  les  antres  étaient  appliqués  au 
service  de  l'église.  Et  la  différence  essentielle  des 
uns  d'avec  les  autres  ,  c'est  ([ne  b'S  officiers  de  l'é- 
glise étaienl  revêtus  de  leurs  emplois  par  une  simple 
dép'.itatiou  de  l'évoque  ,  ce  qu'ils  exprimaient  par  le 
terme  îr,c«6à/).s7e«t ,  c'esl-à-dire,  promouvoir  ,  et  que 
les  autres  étaient  ordonnés  ,  ce  qu'ils  marquaient  par 
celui  de  yncczoizij.  Nous  aurons  lieu  de  traiter  bientôt 
plus  amplement  de  cette  différence. 

De  ces  emplois  ,  les  uns  étaient  affectés  à  ceux  qui 
étaient  honorés  de  saints  ordres,  les  autres  à  ceux  qui 
n'y  étaient  point  initiés.  Et  de  ces  premiers  qu'ils 
nommaient  âpyyjn/.ix,  les  uns  étaient  exercés  par  des 
prêtres,  les  autres  par  des  diacres,  el  d'autres  enfin 
par  des  lecleins.  Le  grand  économe ,  par  exemple  , 
le  grand  sacellaire,  le  cartophylax ,  étaient  dia- 
cres. Le  catéchiste ,  l'aumônier ,  les  supérieurs  des 
hôpitaux,  etc.,  étaient  prêtres.  Mais  ils  n'étaient  point 
ordonnés  pour  ces  emplois,  ou  pour  ces  dignités;  on 
les  joignait  seulement  au  caractère  du  sacerdoce  ou 
du  diaconat  dont  ils  étaient  revêius,  et  cela  dépendait 
(le  la  disposition  de  l'évêque  ou  du  patriarclic.  Mais 
outre  ces  emplois  honorables  et  ces  dignités,  il  y  avait 
des  offices  remplis  par  des  personnes  qui  n'étaient 
point  entrées  dans  les  ordres  sacrées,  soit  supérieurs 
soit  inféiienrs.  Et  comme  ces  emplois  étaient  plus 
pénibles  que  les  premiers  ,  et  moins  honorables  ,  on 
les  exprimait  par  le  nom  de  cm/.ojix  .  qui  signifie  mi- 
nistère :  cependant  ni  ceux-ci ,  ni  ceux-là ,  n'étaient 
point  donnés  en  vertu  de  l'ordination.  Comme,  che? 
nous,  la  dignité  d'archidiacre,  d'archiprèlre,  de 
doyen,  de  trésorier,  et  toutes  les  autres  dignités  des 
églises  cathédrales  et  collégiales,  ne  sont  point  att:i- 
cliées  inséparablement  à  l'ordrequereçoiventceux  qui 
en  sont  revêtus,  et  qu'on  ne  considère  point  comme 
proinus  aux  ordres  ceux  qui  sont  employés  dans  des 
ministères  plus  laborieux  et  plus  bas ,  tels  que  les 


'     Mi  Do  Offic.  aulse  ConslanlinopoHt. 


789 


ORDRE.  —  r*  PARTIK.  CIIAP.  H.  MINISTRES  INFERIEURS. 


700 


gardiens  des  églises,  qu'on  fl|ipel;nl  niiln>fi)is  œdiiui , 
ou  mansionarii ,  les  sonneurs,  les  bedeaux  cl  antres 
bas  officiers  des  églises. 

CHAPITRE  H. 

Des  ministres  inférieurs  de  l'Kylise,  de  la  forme  de  leur 
ordination,  des  d.voirs  attachés  à  leurs  ordres,  et  de 
la  di/J'crencc  quil  ij  avait  entre  la  manière  de  conférer 
les  ordres  mineurs  chez  les  Grecs  et  chez  les  Latins. 
D'oM  peut  venir  cette  différence. 

Après  avoir  parlé  du  nombre  des  diflërcnls  ordres, 
et  de  ce  qui  les  distingue  les  uns  des  autres ,  je  crois 
devoir  exposer  la  niaitière  dont  on  lésa  cnnféiés, 
tant  en  Orient  qu'en  Occident  :  ce  qui  est  d'autant 
plus  à  propos,  que,  coinnienous  verrons  daiis  la  suite, 
on  exigeait  régulièrement  do  ceux  qu'on  élevait  aux 
ordres  supérieurs,  qu'ils  eussent  passé  par  ceux-ci,  et 
qu'ils  en  eussent  rempli  les  devoirs  sans  reproche 

M.  Fleiiii,  dans  son  livre  de  rinsliliition  au  droit 
Ecclésiastifiue  (1),  liaite  cette  maiièruavic  bi-auconp 
de  lumière  ;  nous  ne  ferons  presque  que  le  transcrire 
ici  pour  ce  qui  regarde  les  rils  de  ces  ordinations  ,  et 
les  devoirs  attaches  à  chacun  de  ces  ordres  dans  l'é- 
glise d'Occident.  Vaici  ce  qu'il  dit  sur  cela  :  Les  por- 
tiers étaient  plus  nécessaires  du  temps  que  tout  le  monde 


unit  ainsi  ceux  qui  ciaienl  i)l(is  propres  à  l'élude,  et 
qui  pouvaient  devenir  prêtres.  Leur  fonction  a  tou- 
jours éré  nécessaire ,  piMS(|ue  l'on  a  toujours  lu  dans 
l'église  les  écritures  de;  l'ancien  et  du  muivcau  Testa- 
ment, soit  à  la  messe,  soit  aux  auires  ufliccç,  princi- 
palement de  la  nuit.  On  lisait  aussi  des  lettres  des 
autres  évcques,  des  actes  des  martyrs;  et  ensuite  di-s 
Homélies  de:-.  Pères,  c(unnie  on  f;iit  encore.  Los  lec- 
teurs étaient  chargés  de  la  garde  des  livres  sacrés, 
ce  qui  les  exposait  fort  pendant  les  pcrséi  ntions.  La 
formule  de  l'ordination' qui  est  tirée,  ans>i  bien  que 
celle  des  autres  ordres  inférieurs,  du  quatrième  con- 
cile de  Cartilage,  pi>rle  (piils  doivent  lire  pour  ceKii 
qui  iirèche,  et  chanter  les  leçons,  bénii-  le  pain  elles 
fruits  nouveaux;  l'évcque  les  exhorte  à  lire  fidèlcmct 
et  à  pratiquer  ce  qu'ils  lisent,  et  les  mel  au  rang  de 
ceux  qui  aduiini<trcnt  la  parole  de  Dieu.  La  fonctioti 
de  clianier  les  leçons,  se  f.iil  aujourd'hui  ir.iiifféiem- 
ment  par  loutessorles  de  clercs,  même  par  des  prêtres. 
11  n'y  a  plus  que  des  prêtres  qui  lassent  celle  d'exor 

i  ciste,  encore  ce  n'esl  que  par  conmiission  pailiculièra 
de  l'évèque.  Ce  qui  vient  de  ce  qu'il  csl  rare  qu'il  y 
^  ait  des  possédés,  et  qu'il  se  commet  quebiuefois  des 
I  imiiostures,  sous  piéuxte  de  possession  du  démon; 
I  ainsi  il  est  nécessaire  de  les  examiner  avec  beaucoup 


Il  était  pas  chrétien,  afm  d'empêcher  les  infidrlcs  d'entrer  p  ^e  |.rudence.  Dans  les  premiers  temps  les  posse^si.ms 
dans  réglise ,  de  troubler  l'office  et  de  profaner  Us  mys-  j  éiaienl  n-équenles,  surtout  entre  les  païens ,  et  pour 
tères.  Ils  avaient  soin  de  faire  tenir  chacun  en  son  rcmg,  |  ,„arqner  un  plus  grand  mépris  de  la  puissance  du 
le  peuple  sépiré  du  clergé,  les  hommes  des  jhnmes;  et  de  j  ,]i;,i,ie  ,  on  donnait  la  charge  de  les  ciiasser  à  un  des 

I  plu-,  bas  ministresde  l'Église.  C'étaient  eux  aussi  (|iii  ex- 
!  orcisaienlles  catéchumènes.  Le  poMliiicat  marque  pour 
i  leurs  l')!.clions.  d'avertir  le  peuple  que  ceux   qui  ne 
I  cominunicnl  point  fassent  place  aux  autres.  Ce  qui  est 
I  unesnitedecequ'ilsfaisaienlpulrefois  tant  à  l'égard  des 
I  catécbutnènes  que  des  énergumènes  .  qu'ils  faisaient 
sortir  de  l'c-glise  avant  l'oblation  d  s  dons  sacrés.  11  est 
aussi  marqué  qu'ils  doivent  verser  de  l'eau  pour  le 
ministère,  imposer  les   mains  sur  les  posséilés.  Ou 
leur  recommande  de  plus  ,  d'apprendre  les  exorcis- 
mes  par  cœur,  et  on  leur  aitribue  même  la  grâce  de 
guérir  les  maladies.  Ce  qui  s'entend  surtout  de  celles 
qui  sont  causées  par  l'oi'.éralion  du  démon. 

Les  acolytes  étaient  de  jeimes  hommes,  entre  vingt 
et  trente  ans,  destinés  à  suivre  toujours  l'évèque,  et 
être  sous  sa  main.  Ils  fais  dent  ses  messages  et  por- 
taient les  eulogies.  Ils  portaient  même  l'Eucharistie 
dans  les  premiers  temps,  comme  vous  l'avez  pu  voir 
dans  notre  blsioire  de  l'Eucharistie  ;  ils  servaieut 
même  à  l'autel  sous  les  diacres,  cl  avant  qu'il  y  ett 
des  sons-diacres,  ils  en  faisaient  les  fondions.  Le  pon- 
tifical, à  présent,  ne  leur  en  donne  point  d'autre  que 
d  '  pculer  le  chandelier,  allumer  les  cierges,  et  préjja- 
rer  l'eau  et  le  vin  pour  le  sai  rilice.   Le  concile  de 
Cartilage  (can.  6)  prescrit  la  forme  de  leur  ordination  ei 
ces  termes  :  Quand  l'évèque  ordonne  l'ucohjte,  qu'il  lui 
enseiqne  de  quelle  manière  il  doit  se  conduire  dans  s  )n 
emploi ,  mais  qu'il  reçoive  le  chandelier  avec  un  cierge 
de  la  main  de  Carchidiacre,  afin  qu'il  sache  qu'il  est  de.:- 
tiné  à  allumer  les  cierges  dans  l'église  :  qu'il  reçoive  U):e 


faire  observer  le  silence  et  la  modestie.  Les  fonctions 
marquées  par  l'instruaion  que  leur  donne  l'évèque  à  l'or- 
dination ,  sont  de  distinguer  les  heures  de  la  prière  : 
garder  fidèlement  l'église,  avoir  soin  que  rien  ne  s'y 
perde,  ouvrir  et  fermer  à  certaines  heures  l'église  et  la 
sacristie,  ouvrir  le  livre  à  celui  qui  prêche.  En  leur  don- 
nant les  clefs  de  l'église ,  il  leur  dit  :  Gouvernez  -  vous 
comme  devant  rendre  compte  à  Dieu,  des  choses  qui 
sont  ouvertes  par  ces  clefs. 

Or,  pour  le  dire  une  fois  pour  toutes,  ces  formules 
des  onlinatiiuispour  les  ordres  iiilei  leurs,  au  nombre 
desquels  nous  mettons  le  sous-diaconat,  suivant  l'an- 
cienne discipline  dont  nous  donnons  l'histoire,  sont 
Irès-vée.érables ,  puisfpi'elles  sont  toutes  rapportées 
dans  le  quatrième  concile  de  Carlhage,  tenu  du  temps 
de  S.  Augustin  ,  l'an  598.  C'est  aux  portiers  à  avoir 
soin  de  la  netieté  et  de  la  décoration  des  églises,  et 
j'assend)lant  toutes  ces  fonctions,  on  voit  qu'ils  avaient 
de  quoi  s'occuper.  Cet  ordre  se  donnait  à  des  gens 
d'un  âge  assez  mùr,  pour  le  pouvoir  exercer.  Plusieurs 
y  demeuraienl  toute  leur  vje ,  quelques-uns  deve- 
naient acolytes,  ou  même  diacres.  Quelquefois  on 
donnait  cette  chargi;  à  des  laïques  ,  et  c'est  à  présent 
le  plus  ordinaire  de  leur  en  laisser  lis  fonctions. 

Les  lecteurs  étaient  souvent  plus  jeunes  que  les 
portiers,  car  c'était  le  premier  ordre  que  l'on  donnait 
aux  enfants  qui  entraient  dans  le  clergé.  Ils  servaient 
aussi  de  secrétaires  aux  évcques  et  aux  prêtres,  et 
s'instruisaient  en  lisant  et  écrivant  sous  eux  ;  on  for- 
Ci)  Première  partie,  c.  6  et  7.  i 


701 


HISTOIRE  DES 


burette  vide  pour  y  verser  le  vin  aestiiié  a  l'Eucharistie 
(lu  sang  de  Ji'sits  Christ. 

l/oii  a  njiHJîo  pliisi(Mirs  cérémonies  à  ronlinalion 
(les  soiis-tIia<  rcs,  surloiil  (icpuis  que  ccl  tmlre  a  été 
c  )iisi(léré  comme  nu  di'S  ordres  majeurs.  Ils  se  pros 
u'ineiil  avec  ceux  f|ui  doi  eiil  recevoir  le  diacoîial  cl 
'  I  prêtrise,  et  on  cliantc;  pour  eux  le-;  lit  mies  co  iimi' 
p  Mir  les  antres.  Anlrefois  cela  se  Tiisail  avec  moins 
d"a|)pareil  pour  leur  ordination.  Voici  ce  (|iren  dit  le 
concile  de  ('.arlliagi{can.  5):  Le  soMS-rfJ«cre,;)arcc  </«"j7«e 
reçoit  point  dans  son  ordination  Cimposilion  des  mains , 
recevra  la  patène  et  le  adice  vide  de  It  main  de  réeéqne, 
la  burette  avec  de  Ceau  ,  la  serviette  et  C  essuie -main  s  de 
celle  de  l'archidiacre.  A  présent  e;icore  ,  d;ius  Téglise 
I.iline  on  nMmpose  pas  la  main  au  sous-diacre  ,  mais 
revenue  lui  mel  en  main  le  calice  vide  avec  la  patène 
cl  tous  les  ornements  qui  convieimenl  à  son  oidre.  Il 
lui  doime  ensuite  le  livre  des  épîlresavec  le  pouvoir 
de  les  lire  dans  l'église.  Ainsi  le  ministère  des  sous- 
diacres  est  réduit  au  service  de  l'auiel ,  et  à  assisier 
révè(pie  ou  le  prèlre  dans  les  grandes  céiémonies. 
Anlrefois  ils  éiaienl  les  secrélaires  des  évè(|ues,  qui 
les  onij-loyaienl  dans  les  voyages  et  les  négociatii>ns 
ecclésiastiques  :  ils  étaient  cliargés  des  aumônes  et  de 
l'adminislraiion  du  leniporel,  el,  hors  de  l'égli  e ,  ils 
faisaient  ks  mêmes  fonctions  (|ue  les  diacres.  Ou  voit 
p.ir  les  lettres  du  p.ipe  S.  GiéjÇoire,  que  celait  ordi- 
naireme.l  aux  so;is-Jiacres  que  l'on  conliail,  d.;ns  l'K- 
glise  romaine  ,  l'adminislraiion  des  patrimoines  de  S. 
Pierre,  dans  les  diverses  parties  de  la  chrélienié  où 
ils  étaient  situés,  et  «pie,  non  seulement  ils  régissaienl 
ces  biens  sous  l'autorité  des  papes,  mais  qu'ils  exécu 
laienl  encore  leurs  ordres,  par  rapport  à  des  affaires 
ccclésia.--li(pies  trés-imporlantes,  telles  que  la  correc- 
tion des  abus  dans  1 -s  provinces  où  étaient  ces  biens, 
rassemblée  des  conc  L'S ,  les  avertissements  qu'ils 
étaient  cliargéi  de  donner  aux  évèipies  louclianl  leur 
conduite  ,  el  les  avis  qu'ils  donnaient  an  Pape  sur  ce 
qui  se  p.is^ait  dans  les  pays  où  ils  se  Ir.mvaient.  Voila 
quels  étaient  aiitn'fois  les  cinq  ordres  inférieurs  du 
clergé  dans  l'église  latine ,  quelle  éiail  la  forme  de 
leur  ordination,  les  devoirs  et  les  fonctions  doni 
étaienl  chargés  ceux  qui  y  étaient  appelés. 

Il  y  avait  dans  les  premiers  temps  plus  de  ces 
■\iioiu(lies  offu iers  que  de  clercs  s(q)érieurs.  Lorsque 
le  pape  S.  Corneille  fut  élu  l'art  254,  l'église  Homaine 
avait  eu  tout  132  clercs  :  44  prêtres  el  108  mini>lros, 
savoir,  7  d  acres,  7  sous-diacres,  42  acolytes.  52  tant 
exorcistes  (pic  porliers  :  ce  sont  94  de  ces  moindres 
clercs.  Le  nombre  en  a  augmenté  beaucoup  depuis 
<]onslantin,  el  pendant  4  ou  500  ans  ,  les  églises  con- 
tiiiuèrciit  d'être  magnificpiemciil  servies.  Le  partage 
cl  la  dissipation  des  biens  des  églises  a  fait  cesser  ce 
grand  nombre  d'officiers  :  l'usage  frécpiciil  des  messes 
basses  a  fait  nmliij)lier  les  prêtres  el  les  aulels,  sans 
qu'il  ait  été  possible  de  nmltiplier  à  pnqxu'lion  les 
clercs  nécessaires  j)our  les  servir  ;  ainsi  on  s'est  ac- 
coulumé  à  voir  les  églises  mal  servies,  el  à  ne  regar- 
der presque  plus  la  réception  de  ces  ordres,  surtout 


SACREMENIS.  79î 

des  quatre  premiers,  que  comme  une  formalité  néces- 
saire pour  arriver  aux  ordres  sacrés. 

Toutefois,  dit  M.  Kleiiri  (I),  il  ne  faut  pas  croire  que 
tes  saints  ijui  ont  (jouverné  l'KijHse  pendant  les  premiers 
si f des  se  fussent  amusés  à  de  petites  choses,  eu  réylant 
avec  tant  de  soin  tout  son  extérieur.  Ils  avaient  compris 
rimportuncc  de  to.t  ce  qui  frappe  nos  sen.'i,  comme  la 
beauté  des  lieux,  l'ordre  des  assemblées,  le  silence,  le 
chaut,  la  majesté  des  cérémonies.  Tout  cela  aide  même 
les  plus  spirituels  à  s'é!ever  à  Dieu  ,  et  est  absolument 
nécessaire  aux  gens  grossiers,  pour  leur  donner  une 
grande  idée  de  la  religion,  et  leur  en  f  ire  aimer  T exer- 
cice. Quand  }ious  voyons  que  le  temple  de  Jérusalem 
éluit  servi  tour  à  tour  par  tant  de  milliers  de  lévites,  et 
que  le  service  s'y  faisait  avec  tant  de  pompe  et  de  majes- 
té ,  nous  derons  avoir  une  extrême  C(mlusion  de  voir  les 
églises  oii  re^tose  le  corps  de  Jésus  Christ  si  mid  servies, 
en  comp'iraison  de  ce  temple  oit  u'éuiit  que  l'arche  d'al- 
liince;  et  même  du  second  temple  où  elle  n'était  plus. 

Tout  ce  qui  distingue  chez,  les  Grecs  l'ordination 
des  clercs  inléiieurs,  c'est -à-dire,  des  lecteurs  el  des 
sous  diacres,  de  «elle  «les  autres,  c"e>t  «pie  ceux-ci 

I  sont  ordoi.nés  dans  le  sanctuaire,  el  en  préence  de 
l'autel,  et  «pie  ceux-là  le  sont  ou  à  b  sacristie,  ou  à 
rentrée  de  li  pi  te  ^cl^telltrion  le  (piicemmuni<|iie  du 
cliuMir  à  celle  parie  de  l'église  «pi'ils  aj  pelleni  à 
liréscut  »«;7t.'X,  etipii  réjiond  à  notre  nef  ;  c'c-^t  ce  que 
l'iin  apprend  de  Siméon  de  Tliessahmique  (2),  qui  le 
dit  ex;  ressèment  après  tous  les  cucologes  anciens 
et  m«)dernes,  dans  lescpids  il  est  prescrit  «pie  l'on  fera 
les  oïdinilion.  «I«'s  prêtres,  deî  diacies  el  des  évo- 
ques devant  l'auiel,  et  pendant  l.i  messe  solennelle; 
an  lieu  <|ue  les  autres  doivent  se  faire  avant  «jue  la 
messe  soit  r:«)mniencée,  ou  dans  la  sacristie,  ou  loin 
de  l'autel  hors  du  sanctuaire.  Il  faut  «|u«î  cet  usage  soit 
bien  ancien,  puisiju'iin  des  reproches  que  les  ennemis 
de  S.  CI:ryN«)sH)me  formèrent  contre  lui ,  était  qu'il 
avait  fait  des  ordinaliiuis  de  prêtres  el  de  diacres  hors 
la  présence  de  l'autel.  Ce  «pi'ils  n'auraient  pas  man- 
«pié  de  lui  objectera  l'égaril  des  ordinations  (^esantres 
ministres  de  lE^lise ,  si  c'eût  été  la  coutume  de  les 
faire  aussi  dans  le  sanctuaire. 

Ce  (jui  pioive  ranli(piité  de  cette  discipline,  c'est 
que  la  même  chose  s'observait  autrefois  dans  l'église 
Latine,  niin  senlemenl  pour  les  «)rilrcs  mim  urs,  mais 
encore  pour  le  sous-dia«onal,  comme  on  le  voit  par 
l'auteur  du  Commentaire  sur  1  s  É[iîtres  de  S.  Paul, 
que  l'on  a  cru  si  longtemps  être  S.  Ambr«)i.se,  el  «p.i 
n'est  guères  moins  ancien  que  ce  saint.  Cet  écrivais 
dit,  en  elTei,  à  rocc.isi«m  de  ce  «pii  est  marqué  dans 
l'Épître  à  Timoliiée  sur  les  ordinations,  que  les  mi- 
nistres inférieins  ne  rcç«>ivenl  point  loidination  en 

'  l'réseiice  de;  l'autel,  parce  qu'ils  ne  sont  poiul  établis 
pour  servir  «lans  la  célébration  des  saints  mystères. 
Unde  nec  ordinationem  ante  ahare  assequuntur,  eb  qubd 
nec  mysleri'.s  ministrure  statuuntur.  Sur  «pioi  Anialaire 

(!)  Instit.  au  droit  ceelésiest. ,  c.  6. 
(2)  Initio  ir;xi   «le  sacr.  Ordinalionibns.  (V  d.  Mo- 
rin.,  «le  sacr.  Ordinal.,  part.  5,  cxcrc.  U,  c  5.) 


•795  ORDRE.  — I"  PARTIK.  f.IlAP 

reii  nrqiie  (I)  que,  selon  S.  Ainbroise  ,  les  ordres  in- 
loiit'iiis  au  (li.ici)ii:il  fl  à  la  prèlrisc  «loivoiil  èlre  coii- 
léiés  Ik'is  la  |iré-<'nee  di;  TaiiU'l,  ilcvivil  lequel,  quand 
{"évèijne  se  jnoslenie  nvant  de  {uire  l'ordiiutlwn,  nul  mi- 
tre lie  duil  se  piuslerner  avec  lui  que  ceux  qui  doivent 
être  promus  au  sncerdoce  el  nu  dimoiiat. 

Aiiiahiire,  en  parvint  do  la  suric,  (ail  al'iision  à  co 
(lui  M  i)rarn|iiail  df  son  Irriips,  el  enrorf  à  pi  est  ni, 
qiia;id  on  fail  l'onlinalidn  dos  niiiiislies  du  picinicr 
rang  C:ir  la  eéiém<»nie  (•oninience  par  les  litmies, 
dnranl  I  sqin-lles  Icvèiino  céloliraiil  <l  les  ordinants 
soiil  proslm.és  :  avec  celte  diiréience  (praulrefois  cela 
ne  se  l'aisail  (pie  pour  la  collai. on  des  ordres  majeurs, 
savoir  depuis  le  diaconat  iiulusivemenl  jusqu'à  IV'pi- 
scopal  :  an  lien  qii  à  présent  elle  se  fail  aussitôt  après 
rnidinalidii  des  acolytes.  Ralold  décrit  les  rils  des 
ordiiialions  coiiftirinéineiit  à  ce  qne  nous  venons 
de  rapporter  d"Ani:il:iire  ,  aussi  bien  que  le  Sacra 
iHenl.iire  de  l'abbé  Constantin ,  «pii  ne  marque  les 
litanies  et  les  pro  leri:emcnls  qu'airès  l'ordinalion 
des  soiis-(li:icres.  L'anci'O  Saerainentaire  de  Sens  ,  et 
celui  qui  a  été  publié  par  D.  Hugues  M.iinard  contien- 
nent la  même  disposition.  On  rajterçoit  aussi  d:ns 
ce'ui  (In  pape  Gélase,  qui,  apièsa^oir  prescrit  les  rils 
des  ordii  aliitiis  des  diacres,  des  prêtres  et  des  évê- 
qnes ,  met  séparément  celle  des  sous-diacres  et  des 
antres  clercs  inférieurs.  On  peut  observer  la  même 
chose  dans  le  manuscrit  du  Vatican,  que  l'on  trouve 
imprimé  parmi  les  Œuvres  de  S  Grégoire  :  car  après 
avoir  prescrit  les  rils  de  rordination  des  son>-diacres 
et  des  antres  clercs  mineurs,  on  trouve  snns  un  tilre 
à  part  celle  dt^s  antres  ministres  de  rÉ;;lise  (pii  sont 
présentés  à  l'évoque  célébrant  par  rarcliidlacro,  après 
que  la  mes^e  est  commencée.  Ce  manu-cril  du  Vati- 
can a  quel  ;iie  cliose  de  particuiier  rpii  lui  est  (om- 
niiin  avec  un  autre  très  ancien  du  moii:>slèrt!  de  Cor- 
bie  :  car  il  contient  an  couimencemenl  ce  titre,  on 
plutôt  C't  avertissement,  d'où  on  peut  inférer  ce  que 
nous  disons  ici  ;  il  est  conçu  en  ces  termes  :  La  pro- 
motion aux  principaux  grades  se  fait  avant  r Kvan<jile , 
et  on  donne  les  moindres  aprls  la  communion,  les  jours 
de  dimanche  s'il  est  nécessaire  :  mais  les  ordres  majeurs 
se  cotif  rent  aux  satnedis  de  douze  leçons  et  aiix  Quatre- 
Temps  seulement. 

Si  les  Grt^cs  convenaient  autrefois  avec  les  Latins 
loucbant  le  lien  et  les  circoii>lauces  dans  lescpiell  s  ils 
donnaiont  le  sons-diaconat  et  les  ordres  mineurs, 
pour  les  distinguer  des  ordres  supérieurs;  ils  dillé- 
raienl  el  diirèroul  enc(iriî  à  présent  dans  le  ril  de  l'or- 
dination, les  premiers  ayant  donné  de  tout  (emps  le 
sons-diaconat  .-t  l'ordre  do  lecteur  par  riinposilioii  des 
mains,  comme  on  le  voit  parles  (■ou-tilulidiis  aposto- 
liques, par  S.  Denis  et  ses  inleiprèlos,  el  jtar  l ms  les 
cueologes  anciens  el  moderm's  ;  et  les  autres  les  ayant 
conférés  de  temps  imméinorial  par  la  porrection  des 
instruments  propres  à  l'exercice  de  chacun  des  ordres, 
comme  il  esl  clair  par  ce  cjui  a  été  dit  dans  oc  clia-ii- 

(1)  L.  2  (le  div.  Olfic.,  c.  G. 


II.  MLMSTRCS  INFERIEURS. 


794 


ire.  h'on  peut  venir  une  différence  si  marquée?  Il  y 
a  toute  appa'ciice  que  les  Orientaux  ayant  appris  des 
Ap<itres  (pu;  les  ordinations  des  évèques,  des  prêtres 
et  dos  diacres  se  laisaienl  par  rin,p(»silion  des  mains, 
ils  auront  étendu  aiiv  auirtîs  ordres  «pie  le  besoin  a 
l;iil  ét:iblir  depuis,  ce  q'i'ils  savaient  avoir  été  prati- 
(pié  par  les  premiers  fondateurs  de  la  religion,  qui 
oui  en  cela  imité  les  Juifs  (pii  élablissaieia  aiiiM  les 
cluîfs  des  synagogues  ;  el  <iue  les  Occidentaux ,  à  la 
réserve  peut  ctrc  de  quebpies  églises ,  auront  suivi , 
dans  leur  mai.ière  d'(»rdonner  les  ministres  inférieurs 
de  l'Église,  ce  qu'ils  voyaient  se  l'raiiquer  tous  les 
jours  dans  la  création  des  magistrats  que  les  empe- 
reurs envoyaient  dans  les  province?  |iour  les  gouver- 
ner. Ce  (pii  .se  faisait  en  leur  donnant  les  marques 
extérieures  de  la  dignité  donl  ils  étaient  revêtus,  l/esl 
ainsi  que  Trajan ,  au  rapportée  Dion,  établisi-anl  nu 
préièl  du  prétoire,  lui  disait  :  Recevez  celle  épée  ,  dont 
vous  vous  servirez  pour  moi,  si  je  commande  comme  je 
dois,  ou  lien  que  vous  tournerez  contre  moi ,  si  f abuse 
de  mon  autorité.  Quand  ceux  à  (pii  les  empereurs  coii- 
liaiont  les  magislralnres  étaient  abseiils ,  el  (pi'ils  ne 
pouv;iient  leur  mettre  en  main  les  marques  el  les  sym- 
boles de  l'iiulorité  dont  ils  les  revêtaient,  ils  leur 
adressaient,  pour  suppléer  à  cette  formalilé,  des  co- 
diciles  qui ,  ontre  les  paroles  j»ar  lesquelles  ils  les  in- 
siiluaieiil,  el  les  averlisscnienîs  touchant  la  manière 
doiil  ils  devaient  se  coiuliiire  d-ms  leurs  emplois,  con- 
tenaient eiicore  l'image  des  marqntss  et  des  symboles 
de  la  I  uissance  et  de  la  dignité  qu'ils  recevaient ,  et 
qu'ils  avaienl  coutume  de  porter  sur  eux,  ou  de  faire 
porter  devant  eux  par  des  licteurs,  comme  les  liaclies 
el  les  faisceaux  de  verges  dont  les  consuls ,  les  pré- 
teurs et  les  autres  ofliciers  étaient  précédés,  quand  ils 
paraissaient  en  public.  Les  marques  de  la  puissance 
des  magi-irals  étaient  peintes  sur  ces  codiciios  ,  par 
hîsquels  le  prince  créait  les  niagislrits ,  comme  on  le 
voil  par  les  Novelles  de  Juslinien  (I).  La  notice  de 
rempire  doiin(;e  au  public  par  le  savant  Pancyrole 
ro|iré>enle  encore  quels  étaient  les  divers  symboles 
(pii  distinguaient  les  magistrats  les  uns  des  autres. 
C'est  (loue  à  l'imiiation  de  ce  qi:i  se  passait  à  cet  égard 
(pie  l'on  créait ,  dans  |  resfiue  tontes  les  églises  d'Oc- 
cident ,  les  moindres  officiers  destinés  au  service  de 
lÉglise,  en  leur  mrii;Mit  en  nain,  pour  manpie  du 
ininislèro  (lu'oii  leur  conliait ,  les  choses  dont  ils  de- 
vaient i)rendre  soin,  et  les  avertissant  de  quelle  ma- 
nière ils  devaient  s'acipiitter  de  leurs  emplois. 

Je  dis  dans  pres(pio  toutes  les  églises  d'Occident, 
car  on  ne  peut  l'a-biirer  de  toutes  sans  exception,  et  il 
y  a  toute  aiiparence  (jue  jnsipùui  milieu  du  septième 
siècle  cette  manière  d'instituer  les  ministres  infé- 
rieurs de  l'Eglise  n'élail  point  reçue  dans  la  plupart 
des  (églises  d  Espagne.  C'est  ce  qu'on  peut,  ce  sem- 
ble, raisonnablemenl  inférer  du  si.ièmc  canon  du 
buiiièine  concile  de  Tidéde  de  l'an  650.  «pii  porte  ce 
qui  suit  :  Mous  avons  appris  que  quelques  sous-diacres, 

(1)  Novell.  2'..  s;  peiiultimo,  novell.  2o  et  26. 


■795 


TilSTOmt.  i)KS  SACllEMENTS. 


796 


après  qiiils  sovt  parvenus  à  ce  decjrc,  non  srulcmoil  ri-  r  vcniiont   d'êlre    ordonrii's.   C'est   ainsi  qu'nprès  lei» 
vent  marUiilemcnt  aoec  leurs  femmes,  (jnohjnU  soit  écril 
que  ceux  qui  portent  tes  vases  du  Seitjneur  se  purifient, 
mois  encore,  ce  qui  est  honteux,  qu'ils  passent  à  de  se- 
condes noces,  assurant  que  cela  leur  est  permis,  parce  \ 
quils  ne  savent  s'ils  ont  reçu  la  bénédiction  de  l'évêqiie.  \ 
Cesl  pourquoi  nous  ordonnons,  afin  qu'il  ne  leur  reste 
aucun  prétexte  pour  s'excuser  à  l'avenir,  que  l'évêque,  1 
dans  leur  ordination,  leur  donne,  avec  la  bénédiction,  i 
les  instruments  ou  les  vases  destiiiés  à  leur  ministère,  ; 
comme  cela  se  pratiquait  anciennement  dans  certaines 
églises,  et  que  la  tradition  l'a  établi  :  «  Ut  cinn  ii  sub-  \ 
t  diacones  ordinantur,  cum  vasis  ministerii  benedictio  [ 

<  ris  ab  episcopo  detur,  sicut  in  cjuibusdam  ecclesiis  ve-  i 
f  tustas  tradit,  et  sacra  diqnoscilur  consuetudo  snbstrarc  ! 

<  protata.  »  Ce  concile  n'annulle  p;>s  les  ordinations 
faites  anlérieiiremenl  sans  la  cérémonie  de  la  porrec- 
lion  di^s  inslrnmcnls;  mais  il  veut  (pi  à  l'avenir  on 
n'en  fasse  point  sans  cela,  et  qu'on  se  conforme  à 
l'usage  reçu  dans  les  autres  églises.  Ce  (pji  prouve 
qu'auparavant  on  ordonnaii  les  soiis-diaeres  dans  ce 
pays,  c'est-à-dire,  dans  l'Espagne  et  dans  la  partie 
des  Gaules  soumise  aux  Visigollis,  assez  communé- 
ment, par  la  seule  prière,  jointe  peut-être  à  l'impoli 
lion  des  mains,  comme  cela  était  d'usage  en  OricMit. 
Ji' joins  à  l'Espagne  la  partie  des  Gaides  soumise  aux 
Yisigoths,  parce  que  dans  ce  concile,  (pii  élait  com- 
posé de  52  évêques,  sans  les  procureurs  des  absinls, 
il  s'y  en  trouvait  de  ce  pays.  ' 

Dans  la  suite  les  Gre.s  et  les  autres  Orientaux  se 

sont  mis  eumme  nous  sur  le  pied  de  mettre  aussi  en- 

tic  les  mains  de  ceux  qu'ils   ordimnenl  les  insiru- 

nients  propies  à  cliaciin  des  ordres  qu'ils  cnnlèri-nl; 

nK'.is  avec  cette  dillétcme,  (pie  celle  cérémonie  ne  se 

fail  (liez  eux  qu'après  que  rordinalion  est  achevée  : 

au  lieu  que  parmi  nous,  c'est  par  celte  céréinonie-là 

même  que  l'on  ordonne  les   sous-diacres ,  et  tous 

ceux  qui  sont  au  dessous.  C'est  ce  (pii  parait  p.ir  toiiîe 

la  suite  des  rits  de  leurs  ordinations;  et   ce  qui  est 

jnème  expressément  nianpié  dans  quelques-uns  de 

leurs  eucologcs  ,  et  dans   un  entre  autres  de  la  bi- 

Miollièque  du  roi,  qui  nomme  toujours  yjtpo-:o-j-r,0h-:e4 

eux  à  qui  on  présente  ces  instruments  de  leur  mi- 
nistère.  Siméon  de  Tiiessaloni(p!e  (1)  dit  aussi  (pie 

lévètpie  en  nse  ainsi  avec  eux  parce  qu'ils  sont  de- 
venus les  ministres  des  choses  (pii  sont  manpiées  par 

ce  qu'on  leur  met  en  main,  omoioùtu-j  '.z^\jy-h/.-ni  ehv.t. 

11  est  donc  certain  que  cela  ne  se  fait  chez  les  Grecs 

qu'après  l'ordination,  et  pour  mettre  d'abord  dans 

l'exercice  de  leurs  ordres  ceux  (pii  viennent  do  les 

recevoir.  C'est  ciimme  mie  espèce  de  iirise  de  posses- 
sion de  l'honneur  et  de  l'emploi  (pic  l'on  vient  de  leur 
conférer.  M  se  trouve  même,  dit  le  Père  Morin  (-2), 
di'ux  eucologcs  très-anciens,  dont  l'un  est  delà  bi- 
bliothèque Barberine,  qui,  au  lieu  de  la  porrection 
des  instruments,  ne  font  mention  que  de  l'exercice 
que  l'on  faisait  faire  de  leurs   emplois   à  ceux  qui 


(1)  Tract,  de  sacr.  Ord.,  c.  2. 

(2)  De  Ordinal.,  exercilal.  M,  c.  3. 


rits  d(!  l'ordination  du  sons-diacre  il  y  est  dit  -.Après 
que  l'on  a  répondu  Amen,  celui  qui  a  été  fait  »ons-dia- 
cre,  ô  yz-j6/j.E-joi  ÙTcôià/svoî,  dit  trois  fois  :  t  Quiconcitte 
t  est  fidèle,  »  etc.,  et  donne  à  laver  à  l'évêque  qui  l'a 
ordonné. 

C'est  en  l'entendant  de  la  sorte  que  nous  avons  dit 
ci-devant  que  les  Grecs  ont  de  tout  tem|is  donné,  et 
donnent  encore  à  présent,  les  ordres  de  soiis-dia- 
cr(>s  et  de  lecteurs,  qui  sont  les  seuls  ordres  miiuuirs 
qu'ils  aient  chez  eux,  par  la  seule  imposition  des 
mains.  Au  reste,  cette  cérémonie  qui  les  r.ipproclie 
un  peu  de  nos  usages  ne  doit  pas  être  fort  ancienne 
en  Orient,  puisque  ni  les  constitutions  apostoliques, 
ni  le  faux  S.  Denis,  qui  exposent  dans  un  grand 
détail  tous  les  rits  des  ordinations,  ne  font  aucune 
mention  de  celte  porrection,  non  plus  que  les  deux 
anciens  eucologcs  manuscrits  dont  nous  vem  ns  de 
parler.  Il  faut  donc  que  celle  cérémonie  se  soit  in- 
troduite insensiblement,  et  soit  venue  de  celle  dont  il 
est  fait  mention  dans  ces  eueologes  ,  qui  prescrivent 
que  l'on  fera  d'abord  exercer  les  fonctions  de  leurs 
ordres  à  ceux  qui  les  auront  reçus,  comme  pour  les 
mettre  en  possession  de  la  dignité  dont  ils  viennent 
d'être  revêtus.  A  peu  près  comme,  suivant  les  lois  ci- 
viles, on  entre  en  posse  sion  d'un  bien  vendu  ou 
donné,  ou  même  d'une  dignité,  en  recevant  ou  lou- 
chant les  instruments,  ou  en  exerçant  l'oflice  dont  on 
est  investi.  Par  exemple,  la  loi  porte  (1)  que  celui  à 
(pii  on  aura  remis  les  clés  des  greniers  dans  lesquels 
sont  renfermés  le  fromentonhîs  autres  choses  (|u'il  aura 
achetées,  en  acfpierra  aussitôt  le  domaine  et  en  sera 
en  jiossession  :  Quo  facto,  confcslim  emptor  dominium 
et  possessionem  adipiscitur. 

C'est  assez  paih-r  des  ordres  mineurs;  il  est  temps 
de  venir  aux  autres  (jue  nous  avons  principalement 
en  vue  dans  ce  traité,  étant  les  seuls  que  Jésus-Christ 
a,  proprement  parlant,  institués,  et  dont  les  rits  jiar 
les([uels  ils  sont  conférés  méiiient  ajuste  titre  le  nom 
de  sacrement  de  l'Ordre,  dont  nous  avons  entrepris 
de  faire  l'histoire.  Mais  avant  d'emrer  dans  le  détail 
de  ce  qui  a  un  rapport  plus  immédiat  à  ces  ordres, 
nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  parler  de  la  ton- 
sure cléricale,  (pii  est  aujourd'hui,  dans  l'église  lalinej 
rentr(''e  de  tous  les  ordres  ecclésiastiques,  et  nous 
espérons  en  traiter  de  telle  manière,  ipie  le  lecieur 
ne  se  repentira  pas  d'avoir  lu  ce  que  nous  en  dirons 
dans  le  chapitre  suivant. 

CHAPITRE  III. 
De  la  tonsure  cléricale.  De  son  antiquité,  de  ses  figures 
en  divers  temps  et  en  divers  lieux.  Qu'autrefois  elle 
ne  se  donnait  pas  séparément  des  ordres  ;  iiuaiid  et 
à  quelle  occasion  la  coutume  contraire  s'est  intro- 
duite. 

t  Dans  les  premiers  siècles,  dit  M.  Fleuri  {'2),  il 
I  n'y  avait  aucune  distinction  entre  les  clercs  et  les 


(1)  L.  74,  ff.  do  contrabcndà  Einplioiie. 

(2)  Institution  au  droit  canonique,  part.  1, 


C.&. 


•797  ORDRE.  —  I"  PARTIE.  CllAP 

I  laïques,  quant  aux  chovciix,  à  Ihabil,  et  à  (ont 
«  l'extérieur  :  c"cûlélé  s'exposer  .sans  besoin  à  la  per- 
€  scculiDn,  qui  était  lonjovis  plus  cruelle  contre  les 
I  clercs  que   contre   les  simples   (icitics  :   et    tons 

<  avaient  un  extérieur  si  niodesle,  (jn'il  était  digne 
I  des  clercs.  Depuis  que  l'Église  fut  en  liberté  ils 
f  gardèrent  l'Iiabit  ordinaire  des  Romains,  qui  étaient 
i  vêtus  de  long,  portaient  les  clieveux   fort  courts  et 

<  la  bari)e  rasée.  I.es  barbares  (|ui  ruinèrent  l'i-nipire 
«  romain  étaient  d'une  figure  toute  dilléreute;  les  ba- 
«  bits  courts  et  serrés,  les  cbeveux  forts  longs,  quel- 

<  ([iies-uns  sans  barbe,  quelques-uns  avec  de  grandes 
I  barbes.  Les  Romains  en  avaient  borrcur,  et  comme 
i  dans  le  temps  où  ces  barbares  s'établirent,  tous  les 
c  clercs  étaient  Romains,  ils  conservèrenl  soigneuse- 
«  ment  leur  babil  qui  devint  l'babil  clérical  ;  en  sorte 
c  que  quand  les  Francs  et  les  autres  barbares  furent 
t  devenus  cbrétiens,  ceux  {|ui  entraient  dans  le  clergé 
«  faisaient  couper  leurs  cbeveux  et  prenaient  des  lia- 

<  bits  longs.  Vers  le  même  temps,  |)lusieurs  d'entre 
(  les  évè(iues  et  les  autres  clercs,  prirent  l'babit  que 
I  les  moines  portaient  alors,  comme  plus  confoiaie 

i  à  la  modestie  cbrétiemic  ;  et  de  là  vient,  à  ce  que  j 

«  l'on  croit,  la  couronne  cléricale  :  car  il  y  avait  des 

<  moines  qui  se  rasaient  le  devant  de  la  tête  pour  se 
€  rendre  niéprisables.  Quoi  qu'il  en  soit ,  la  couronne  | 
I  était  déjà  en  usage,  et  d.'pui^  loDgtiMnps,  du   temps  | 
€  de  Bède,  qui  vivait  au  liuiliènic  siècle,  i 

C'est  ainsi  (|ue  M.  Fleuri  dit  en  abrégé  une  partie 
de  ce  qui  regarde  celle  matière,  mais  il  nous  faut  ét- 
irer dans  un  plus  grand  détail.  Il  a  raison  de  dire  que 
d'avoir  la  tête  rasée  était  une  cbose  ignominieuse  et 
qui  rendait  méprisable,  c'était  même  une  marque 
d'esclavage  chez  les  anciens  Grecs  et  Romains,  d'où 
vient  que  Aristopbane  (!)  reproclie  à  im  bomme  de 
condition  servile  de  ce  qu'il  poilait  des  cheveux, 
tizeiTx.  ôyjra  oîD^o;  &j  mij.-,,)  t/;tç.  Piiiiosliate  (2)  rap- 
porte (l'Appollonius  de  Tyane,  que  Te  :  j)oreur  Domi- 
tien  l'ayanlfait  mettre  en  prison,  lui  lit  tondre  les  che- 
veux et  la  barbe  pour  le  couvrir  d'ignominie.  S.  Cyprien 
(5)  dit  la  môme  cbose  de  plusieurs  Chrétiens  condam- 
r.és  aux  mines.  Cela  était  même  passé  en  proverbe. 
En  sorte  que  dans  le  langage  ordinaire,  toudre  un 
homme,  signifiait  se  moquer  de  lui  :  ■Kpusîpi'.-j  roù^ 
7r).sx;tt5//?.  C'est  en  ce  sens  qiie  Lucien  (i)  lait  celte 
raillerie  piquante  à  Jupiter  :  I'ojjs  qui  exh'rmiiicz  les 
géants  et  qui  domptez  les  Titans,  vous  étiez  assis  tandis 
que  l'on  vous  tondait. 

Les  preniiers  Chrétiens  ,  et  surtout  ceux  qui  com- 
posaient le  clergé,  n'avaient  donc  garde  d'alTecler 
de  se  tondre  les  cheveux  d'ime  manière  qui  les  ren- 
dit remarquables,  comme  dit  M.  Fleuri ,  mais  et  les 
i  clercs  elles  laïques  faisaient  paraître  une  très-grande 
modestie,  et  pour  retrancher  toutes  les  occasions  des 
\ains  ajustements  qu'afTeclent  les  mondains  dans  leur 

(1)  In  Avibus 

(2)  Lib.  7. 
(5J  Kpist.  77. 
l'i)  In  .Myantrop. 


.  III.  TONSURE  CLÉRICALE.  7S3 

clievelure ,  ils  portaient  les  cheveux  fort  courts  :  et 
c'est  à  quoi  les  exhortait  S.  Clément  (1),  ou  plutôt 
l'auteur  des  Constitutions  .Apostoliques;  elTcitullien 
(2)  fait  de  sanglants  reproc  lies  aux  homn)es  ipii,  pour 
plaire  aux  personnes  du  sexe,  |irenaient  soin  d'ar- 
ranger leurs  cheveux,  d'en  changer  la  couleur  et  de 
s'arracher  les  poils  de  la  barbe. 

Quand  le  temps  des  i>ersécutions  fut  passé,  la  plu- 
part des  Clirélieiis  n'étant  plus  attachés  à  cette  an- 
cienne sévé.  ité,  on  distinguait  les  personnes  qui  fai- 
saient profession  de  piété  par  le  peu  de  suin  (|u'elles 
prenaient  de  leurs  cheveux,  et  comme  les  ministres 
de  l'Eglise  étaient  les  plus  parfaits  d'entre  eux,  il  ne 
faut  pas  douter  que  pour  marquer  le  mépris  qu'ils 
faisaient  des  vanités  du  siècle,  ils  ne  portassent  les 
cheveux  fort  courts;  cl  que  ceux  qui  s'engageaient 
dans  le  clergé,  qui  était  un  état  de  perfection,  ne 
commençassent  à  porter  cette  marque  de  la  vie  ascé- 
tique, si  juscpi'alors  ils  avaient  vécu  de  la  jiianière 
ordinaire  aux  gens  du  monde.  C'est  ce  que  fait  en- 
tendre S.  Grégoire  de  Nazianze  (5),  lorsqu'il  repro- 
che à  certaines  personnes  qu'elles  n'apportaient  point 
d'autres  dispositions  pour  entrer  dans  la  charge  pa- 
storale que  celle  de  tondre  une  clievelure,  à  l'entretien 
et  à  l'ornement  de  laquelle  elles  s'étaient  honteusement 
appliquées  jusqu'alors.  Cyrille,  auteur  de  la  Vie  de 
saint  Euthyme,  rapporte  aussi  qn'Otreyus,  évêque  de 
Mcliliiie,  qui  vivait  du  temps  du  grand  Tliéodose, 
ayant  b;iptisé  ce  saint,  lui  coupa  les  cheveux  et  le  mit 
au  nombre  des  lecteurs. 

Cela  Hut  voir  que  la  Tonsure  clérieale  est  fort  an- 
cieime.Mais  celte  Tonsure  n'avait  rien  d'affecté  dans 
les  (juatre  et  cinq  premiers  siècles,  cl  elle  était  iilulôt 
une  marque  de  modestie  et  de  mépris  des  vanités  du 
siècle,  dans  les  ministres  de  l'Église,  qu'un  signe  qui 
les  distinguât  de  toutes  les  autres  personnes  pieuses, 
à  peu  près  comme,  aujourd'hui  encore,  les  babils  mo- 
destes <l:^ns  les  laïques  de  l'un  et  de  l'autre  sexe,  dis- 
tinguent ceux  qui  sont  touchés  de  Dieu  et  qui  n'aiment 
point  le  monde  de  ceux  qui  sont  livrés  aux  vanités  du 
siècle,  sans  qu'en  cela  il  y  paraisse  rien  d'affecté  et 
d'extraordinaire.  S.  Jérôme,  qui  connaissait  également 
les  usages  d"0(  (  ident  eomnie  ceux  de  l'Orient  où  il 
avait  passé  la  meilleure  partie  de  sa  vie,  nous  rend 
témoignage  de  celle  médiocrité,  en  ce  genre,  recom- 
mandée aux  Clercs,  qui  sans  s'adonner  au  soin  d'en- 
tretenir leurs  choYoux,  ne  devaient  point  non  plus  se  / 
(aire  remarquer  en  les  coiq>ant  de  trop  près.  C'est  en  ' 
expliquant  le  chapitre  H'  d'Ézéchiel  qu'il  en  parle  en 
ces  lermis  :  .1  l'égard  de  ce  qui  suit  (dans  le  texte  du 
Pnq)lièle)  qu'ils  iw  rasent  point  leurs  tètes,  et  qu'ils  )i'en- 
tretiennenl  point  leurs  cheveux,  mais  qu'ils  les  tondent  ; 
on  II  voit  clairement  que  nous  ne  devons  point  nous  raseï 
la  tète  comme  les  prêtres  d'Isis  et  deSérapis,  ni  laissn 
trop  croître  nos  cheveux,  comme  les  hommes  mfius,  les 
barbares,  et  les  soldais,  mais  que  tout  l'extérieur  des  prè- 

(1)  Lib.  1,  c.  3 

(2)  Lib.  <le  Ciiltu  femin.  c.  8. 
{:>)  Oral.  28. 


799  fllSTOlUE  DES  SACREMENTS. 

très  doit  être  honnête,  «  sed  tit  honeslus  habitussficcrdo 
i  tunt  fncic  demoustretur,  >  etc.,  suivant  re  qm  isl  dit, 
qu'il  ne  faut  pas  se  rendre  la  tête  cliauveen  la  rasiiul.  ni 
la  tondre  de  si  presque  nousresstmhlions  à  ceux  (jui  sont 
rasés  :  muis  il  f  nt  que  les  cheveux  soient  assez  grands  pour 
que  la  peau  ne  paraisse  pas.  Le  qualriome  citncilc  île 
Carlhngc exprime  eiuleux  mois  ce  que  S.  Jérôme  vioiil 
de  nous  expliquer  plus  au  loiig,l()rsqu'il  dii  (caii.  44): 
Clericus  ncc  comam  nulriat  nec  barbam. 

Le^  nmiiies  ne  se  cnireiil  pas  obligés  de  s'eiifenner 
dans  les  bornes  de  ce  sage  lempéranienl.  rliisieiirs 
d'entre  eux  pour  s'ailirer  le  mépris  du  monde  ou  se 
rasaient  eniièrement  la  lèle,  ou  laissaieni  croilre exces- 
sivement leurs  clieve  :x  et  leurs  barbes.  Quoitiue  leur 
étal  de  retraite  cl  de  renoncement  parfait  au  monde 
pûl  excuser  ce  qu'on  aurait  jusiemeni  blâmé  d;ins  les 
ecclésiasliipies  qui  devaient  vivre  avec  les  autres  hom- 
mes, S.  Jérôme  néanmoins,  qui  était  morne  lui-même, 
n'approuvait  pas  ces  singidarités.  Voici  ce  qu'il  en 
écrit  ;\  IMluslrc  vierge  Eustochium  (1) ,  dont  il  était 
le  directeur  et  le  maître.  Mais  de  peur  que  je  ne  semble 
parler  seulement  des  femmes,  évitez  aussi  ces  hommes 
que  vous  voyez  enchaînés,  qui  portent  de  long$  cheveux 
comme  les  femmes,  contre  le  précepte  de  l'Apôtre,  qui 
ont  des  barbes  comme  les  boucs,  des  man'euux  noirs,  et 
qui  vont  les  pieds  nus  malgré  les  rigueurs  des  sai- 
sons. 

Les  choses  restèrent  en  l'état  que  nous  venons  de 
représenter  depuis  S.  Jérôme  jusque  vers  la  fin  du 
cin(|uième  siècle,  ou  le  commencement  du  G',  autpiel 
temps  les  ministres  de  ^Égli^e  commencèrent  non 
seulement  à  porter  une  Tonsure  plus  apparente,  mai» 
encore  à  se  couper  les  cheveux  eu  cerck'  ou  en  Ibruit 
de  couronne.  Cet  usage  est  clairement  marqiié  par 
l'ancien  auteur  de  la  \'ie  de  S.  Géry ,  que  M.  liaillci 
dit  être  assez  exuct,  et  qu'il  assure  avoir  vécu  un  siè- 
cle environ  après  la  mort  du  Sainl.  Cet  écrivain  rap- 
porte que  Magnerio,  évêque  deTrèves,  faisant  la  vis  le 
de  son  diocèse, vint  à  Yvoix  (petite  ville  de  ce  diocèse, 
située  maintenant  dans  le  Luxembourg  Français,  sur 
la  rivière  de  Chiers)  et  qu'ayant  appris  du  curé,  et  des 
autres  ecclésiasti(iues  du  lieu,  quelle  était  la  vertu  et 
le  mérite  de  Géry,  (ils  de  Gaudeuce  <i  d'Arislidiole, 
tous  deux  de  race  noble  et  aiici  Mine,  il  lui  donna  la 
tonsure  cléricale  de  ses  propres  niains,  priant  pour  lui, 
et  que,  l'ayant  orné  de  la  couronne  royale  et  sacerdo- 
tale, il  le  consacra  pour  toujo  rs  au  service  de  Dieu. 
Gaugericnm  suis  manibus  fusa  super  eum  benedictione 
(otondtsse,  regiâque  et  sacerdotali  coronà  Domino  perpé- 
tua famulaturum  insigntsse.  C'est  ainsi  (jue  .s'exprime 
celiù  qui  a  écrit  sa  vie  qui  se  trouve  dans  Surins.  S. 
Géry  fut  faitévèquede  Cambrai  vers  l'an  580,  ol  par 
consé(|uent  ce  qui  vient  d'être  dit  doit  s'élre  p;issé  vers 
le  milieu  du  sixième  siècle,  puisqu'il  était  fort  jeune 
quand  l'évéque  Magnerie  fit  cette  première  visite  ;  et 
que  le  même  prélat  quelques  années  après  étant  re- 
venu à  Yvoix  (que  l'on  nomme  aujourd'hui  Carlgnan) 

(1)  Ep.  deCustodià  virginilatis.  |  , 


aoo 


••l  ayant  a|)pr!S  les  progrès  qu'il  faisait  dans  la  vertu, 
l'ordonna  Diaciedc  légliso  n.èiut!  d'Yvoix.  où  il  s'ac- 
qnilla  Ictiigtfuipsdes  devoirsdece  ministère  avec  beau- 
coup de  jinrelé  et  de  /.èle  avant  qiKî  demonti'i- sur  la 
ciiaire  éj)iscnp;ilc  de  Cambrai ,  où  il  fui  appelé  par  les 
\œiix  du  clergé  i;l  du  peuple  (|ui  le  dciuandèrcnl  pour 
paslenr  à  Clnldebcrl  II,  roi  i\c  l'rance  (|ui  régnait  eu 
Ansirasie.  Je  prie  le  lecteur  de  me  pardonner  si  je  nie 
suis  un  peu  trop  éti-ndu  >[iv  le  fait  tlont  il  s'agit  ici, 
j'ai  cru  devctir  cela  à  un  sainl  illu-tredont  j'ai  l'hon- 
neur d'èlre  couipaliiole,  el  que  j"invo(|ne  Ions  les  jours 
commi-moii  proiecleur  et  nnui  palr(»n. 

La  manière  d(»nt  Grégoire  de  Tours  (I)  ch'-crit  la 
naissance  de  S.  iNicel,  évèipie  de  Trèvt's,  qui  arriva 
eu  r.mnée  o6G,  prouve  lemèine  u?>age.  S.  Sicel,  dit  il, 
fut  désig)ié  l^lere  dès  sa  naissance  ;  car,  (juand  il  cul  été 
mis  au  monde,  toute  sa  léle,  comme  c'est  l'ordinaire  des 
enfants  nouveau  -  nés,  parut  su)is  poil,  excepté  un  cercle 
de  petits  cheveux  qui  étaient  autour  en  forme  de  couronne 
cléricale.  <  Incircnilu  verbmodicornmpilorum  ordoap- 
€  paruit,  nt  putares  ab  eisdem  coronam  clerici  fuisse  si- 
«  f/«rt/«m.rCet  endroit  est  si  évident  pour  montrer  (|ue 
dès  le  milieu  du  sixième  siècle  les  clercs  étaient  dis- 
tin,:,'ués  par  une  c(uir<ume  de  cheveux,  qu'on  ne  peut 
lien  désirer  de  plus  lorl  pourconsiater  cet  usage,  ipn 
est  cncnn^  appuyé  par  Sidoine  .Appollinaire,  (|ui,  par- 
lant de  l'évéque  Germaniciis,  dit  de  lui,  qu'il  avait 
l'habit  élroil  et  b-s  cheveux  coupés  en  cercle.  Ycstis 
ad.stricla...  criais  in  rotœ  spericm  arcisus. 

La  tonsure  dont  nous  venons  d<'  parler  était  bien 
plus  grande  que  celle  (pie  les  ecclésiasli(pies  portent 
à  présent,  et  ressemblaii  d.ivanlage  à  celle  des  moines 
qu'à  celle  que  l'on  v(»ii  u-ilée  chez  les  clercs.  Elle  oc- 
cupait tout  le  haut  de  la  tète  el  se  terminait  par  un 
cercle  de  clieveiix.  (ii'est  en  cette  forme  ipie  le  qua- 
trième concile  de  Tolède,  tenu  en  l'année  G33.  veut 
(Can.  41)  qiuî  les  clercs  soient  tonsuré-;.  Que  tous  les 
clercs,  ^\\l-\\,les  leclears,  les  diacres  it  les  prêtres  aient 
tout  le  dessus  de  la  tète  tondu, laissant  seulement  aiides- 
sous  une  coiironne,  non  comme  ont  coutume  de  faire  les 
lecteurs  dans  la  province  de  Galice,  où  iisont  de  grands 
cheveux  comme  les  laïques,  n  ayant  de  tondu  qu'un  petit 
endroit  en  forme  de  cercle  au-dessus  de  la  télc  :  car  cette 
maniirede  porter  la  tonsure  a  été  jusqu'à  présent  celle 
des  hérétiques.  S.  Isidore  de  Séville  et  le  concile  d'Aix- 
la-Ch.ipelle  recommandent  la  mêiiie  forme  de  tonsure, 
aussi  bien  que  quantité  d'autres  auteufv»  (jiii  en  font 
une  obligation  élroiie.  Les  uns  sctiitenaienl  qu'elle  a'e- 
vait  être  telle  pour  représenter  la  couroime  d'épines 
que  les  soldats  mirent  par  dérision  sur  la  lèle  du  Sau- 
veur ;  les  autres  prétendaient  qu'elle  marquait  le 
royaume  et  le  sacerdoce,  parce  que  les  rois  portaien/ 
à  leur  tète  un  cercle  d'or  pour  marque  de  leur  dignité, 
et  (|ue  les  prêtres  dans  rancieime  loi  avaient  la  tète 
ornée  d'une  tiare.  D'autres  enfin  enseignaient  que 
celte  couronne  était  la  manpie  de  l'empire  que  les 
clen  s  devaient  exercer  sur  leurs  passions,  et  que  ce 

(I)  Vike  Palrum  c.  17. 


m 


ORDUK.  —  I"  PARTIK.  ClIAÎ  .  Wi.  TuNSlUE  CLÉRICALE. 


sot 


rclr.inchomcnt  dos  clicveiix  ligiirail  le  rotr.iiicliL-m  ni 
lies  désirs  illiciies. 

Les  lUileiirs  occlésia  tii|uos  di'pnislc  Imilit'Miicsit'cle 
parli'iil  soiivoiilel  amiilemcnl  do  tes  sii,'iiilic;HioMS 
niysli(|iios  de  la  loiisiiro  cléricale,  ci  ils  en  dislingiieiit 
de  trois  sdrles,  ou  de  trois  formes  dillcieiiles  qui 
étaient  alors  en  usage  en  difl'érents  pays  ;  dont  la  pre- 
mière est  celle  que  nous  venons  de  décrire,  et  (pTils 
appelaient  la  tonsure  de  S  Pierre.  La  seconde  était 
^(  elle  des  inniin'S  Grecs  et  Orientaux,  qui  se  faisaie  il 
tontire  enlièrenn'nt  la  lèle  sans  réserver  ce  cercle  de 
diiveiix  (jne  les  clercs  i)'tiiaienl  dans  \r>  S'iue  tout 
rO(  cillent  :  celle-là  s'appelait  alors  la  tonsure  de  S. 
Paul,  cnnuiie  I.-  témoigne  Rè  le  ilans  le  -4*  livre  de  sou 


(^liarleniagiie  un  exenipl  lire  de  la  Rible.  M.  Baluze  a 
fait  dessiner  cetie  image  dans  ses  imlcs  sur  tes  capi- 
tiilaiies  de  uns  ri>is  d'après  un  ancien  manuscrit  do 
lé.lise  de  S.  Etienne  de  Met/.,  (|ui  a  passé  en  1673 
!  dans  la  bil)liotliè(|ue  de  M.  Ci-lbert.  Un  missel  de 
l'écamp  ,  écrit  il  y  a  environ  iOO  ans,  un  ponlilical 
manuscrit  de  l'église  de  Senlis,  qui  appartenait  à 
Pierre  de  Trigni,  évèque  de  celte  ville,  qui  mourut  eu 
15'iG,  un  missel  de  l'église  de  Poitiers,  que  l'on  cnn- 
si  rve  chez  les  cordeliers  de  Tours,  et  [ilusieurs  autres 
rilnels  (jue  le  P.  Marléne  a  vus  représenlent  tnus  la 
lonsiire  cléricale  à  peu  près  de  la  même  manière, 
(^et  a  nlcur  rappiute  de  plus  les  règlements  de  plusieurs 
ioiicilcs  des  ireizième,  quatorzième  et  quinzième  siè- 


Vitalien  avant  résolu  d'envover  le  uiitine  Théodore 


Cl!  An!;leleii'e  pour  y  gotivciiier  l'église  de  Canlorhéri,       qu'ont   fait  aussi  [dusienrs     évèques  jusqu'au   siècle 


T 


histoire  des  Anglais,  c.  I,  où  il  rapporte  (pie  le  pipe      clés  (|ui  maintiennent  cet  usage,  et  infligent  diverses 

peines   aux    ecclésia>liques    qui    s'en   écartent.    Ce 


il  fui  d'al>  rd  ordonné  sous-diacre,  mais  qu'il  attendit 
quatre  mois,  jus(pi'à  ce  que  ses  chi'veux  eussent  cru, 
afin  qu'oui  pût  les  lui  couper  en  forme  de  couronne  : 
car,  ajonte-t-il.  il  avait  la  tonsure  de  S.  Paul  à  la  ma- 
nière des  Orienlauv.  lUihurnl  euini  totisuram  more 
OrieutiiHid)!  s  ncii  P..nli  (ijiosloli.  LfS  anciens  Rrcloiis 
qui,  après  rpie  les  Saxo  s  et  les  Anglais  se  fiueiit  éia- 
blis  dans  la  plus  gr mdeet  la  meilleure  partie  de  l'Mir  i 
pays,  s'étaient  retirés  dans  la  piovince  de  Galle  d'au 
jonrd'hiii,  les  Écossais,  ou  Ilibi'rnais  rpii  étaient  les  i 
Irlandais  d'à  présent,  et  les  Pietés  qui  habilaienl  l'E- 
cosse, avaient  une  tonsure  d'une  autre  forme,  et  ne 
po^laiel^i  pas  la  couronne  entière,  mais  seidement  nn  j 
demi-cercle  de  cheveux  sur  le  devant  de  la  tète.  Ils 
avaient  tout  le  devant  de  h  lèle  rasé  eu  l'orme  de  do- 
ini  cercle  qui  s'ciendait  depuis  une  oreille  jusqu'à  l'au- 
tre, le  derrière  de  la  tète  étant  couvert  de  cheveux, 
eu  sorte  qu'ils  resseudjlaienl  en  cela  à  ceux  qui  sont 
naturellement  chauves,  et  cprilomère  appelle  pour  ce 
sujet  5-[Trîzv/2o,-.  (ilabilloit.  Prœfat.  in  sccul.  5  Jieiie 
dictin.,  ]Hi(j.  9.)  Ou  eut  bien  de  la  peine  à  les  rame- 
ner à  l'iinirormilé  sur  ce  iioint,  et  on  traita  de  ce  point 
de  discipline,  comme  d'une  alfaire  capitale.  Les  con- 
ciles, les  rois  et  h^s  évèqiUN  la  prirent  loi  t  à  cœur,  sur- 
tout en  .\iigleteire.  On  peut  voir  ce  qiu;  Rède  (1)  rap- 
porte touchant  celle  dispute  qui  dura  fort  longtemps. 
Les  .\nglais  attribuaient  par  dérision  la  tonsure  des 
Écossais  à  Simou-le-Magicien,  ap|iclant  la  leur  celle 
de  S.  Pierre,  aliii  de  la  reiidie  odieuse  au  peuple  par 
ceconir.isle.  Lesdis;intes  sur  cette  matière  passèrent 
jus  lu'en  rraucc,  où  on  agit  contre  S.  Colomban  et  ses 
discijiles  ipii  élai  ;i.l  tonsuré^,  à  la  manière  des  Bre- 
ton-;. 

Ou  \nii  pu-  d';inciennes  images  que  la  couronne, 
telle  que  la  |)res(ril  le  (pialrième  concile  «le  Tolède 
(pio  i.ou<  avons  cité  ci  des-us,  et  Ciîlle  iiiani  re  de 
linsiiii  r  les  ilercs,  ipii  consiste-  à  porter  lo:il  le  haut 
de  la  tèlcî  rasé,  avec  un  drcie  de  cheveux  un  peu  au- 
dessus  des  oreilles,  s'esl  maintenue  longtemps  dans 
nos  E.^lix'S.  C'est  ainsi  qu'est  représenté  Vivien, ablié 
de  S.  .Martin  de  Tours  avec  ses  chanoines,  ofl'rant  à  , 

(I)  Lib.  D.  Hist.  Angl. 


passé.  Le  dernier  dont  il  cite  (I)  les  statuts  sur  ce  sujet 
est  M.  de  Solminiac,  évèipie  de  Cahors.  Ils  sont 
de  IG58,  et  porieal  :  Les  ecdésiastUfues  porlerout  la 
tonsure  large  ?t  apparente,  chacun  selon  rordrc  où  il 
sera  \promu,  portant  de  petits  rabats,  le  poil  court,  les 
or  tilles  découvertes. 

Autrefois  comme  encore  à  présent  dans  les  églises 
d'Orient,  on  ne  séparait  point  la  tonsure  de  la  récep- 
tion des  ordres,  ou  ne  connaissait  point  d'ecclésias- 
ti(|ues  à  simple  lonsiire  qui  sont  si  couununs  parmi 
nous,  et  snrloul  en  France,  où  la  tonsure  est  un  litre 
suffisant  jiour  posséder  les  béné'ices  les  plus  opulents. 
La  tonsure  faisait  partie  de  la  cérémonie  par  laquelle 
on  coulerait  à  quehpi'un  les  pie  niers  ordies  de  la 
cléricatme.  Tous  les  cucolo^es  des  Grecs  anciens 
et  modernes  rendent  encore  témoignage  à  cette  dis- 
cipline, on  peut  les  voir  dans  le  P.  Morin.  On  tond, 
y  est-il  d  l,  en  forme  de  croix  celui  à  qui  Ton  donne 
l'ordre  de  lecteur,  et  aussitôt  l'évèrpie  lui  impose  les 
mains.  Cet  usage,  qui  nous  était  autrefois  cmumun 
avec  eux,  est  atteste  par  une  infinité  d'auteurs  do 
l'une  et  de  l'autre  église,  et  il  était  autrefois  ordinaire 
d'initier  les  enfants  à  l'ordre  de  lecteur.  Théodore{2), 
par  exemple,  dit  de  lui-même  qu'il  a  lu  publi(piemcnt 
les  éciidires  dans  l'église  élaiil  enc<»re  enfant,  et 
l'auteur  de  la  Vie  de  S.  Just  (5),  évèque  de  Lyon,  té- 
moigne que  quand  ce  Saint  se  relira  dans  les  S' lilu- 
des  d'Egypte,  il  n'était  accompagné  que  d'un  jeune 
girçoii.  pmruin,  nommé  Viateur,  qui  faisait  dans 
l'église  la  fonction  de  lecleiir.  On  lit  aussi  dans  l'his- 
toire de  la  persécntiou  des  Wandales  de  Vidor  de 
Vile  (I  5),  que  quand  les  clercs  de  Cartilage  furent 
exilés  au  nombre  de  cinq  cents,  il  se  trouvait 
parmi  eux  quantité  d'eiilanis  qui  étaient  lecleur>  de 
celle  il  iistre  C;ilise  Les  décrétales  des  papes  et  les 
dc'crets  des  conciles  supposent  cette  discipline.  Qtn- 
conqne.  <lil  le  pape  Siiice(4).  veut  se  dévouer  au  service 
de  l'Eg'isc,  doit  recevoir  le  Baptême,  et  être  associé  au 

(1)  Oeaniiq    Eccl.  Ril,,  toui.  2,  I.  1,  c.  8,  art.  7. 

(•2)  In  viià  Zi'iionis. 

(5)  .•\pud  Su<-.,  2,  sept. 

(4)Ep.  l,c.8.  ' 


803 

nombre  des  lecteurs  nvant  l'une  de  puberté,  clc.  Le 
papo  Zozimc  (1)  dil  dans  le  niêine  sens  :  Qui  est  assez 
présomptueux  pour  vouloir  enseigner  les  mitres  aviint 
d'avoir  appris?  quil  s'accoutume  à  vivre  dans  le  camp  du 
Seigneur,  qu'il  apprenne  à  servir  d'abord  dans  le  degré 
de  lecteur,  qu'il  ne  s'imagine  pas  qu'il  soit  au-dessous  de 
lui  de  devenir  par  degré  exorciste,  acobjle,  sous-diacre, 
diacre,  et  cela  suivant  les  temps  et  les  interstices  mar- 
qués par  les  anciens.  Le  troisième  concile  de  Carlhage 
suppose  (can.  19)  de  nicnie  que  cpiand  on  offiait  les 
ciifaiils  pour  les  melUe  dans  le  clergé,  on  les  (trdon- 
nail  leclcurs  aussilùl  en  les  y  admettant.  Il  nous  a 
semblé  bon,  disent  les  Pères  de  ce  concile,  que  l'on 
oblige  les  lecteurs,  quand  ils  seront  parvenus  à  l'âge  de 
puberté,  ou  à  se  marier,  ou  à  faire  profession  de  conti- 
nence. 

On  était  anciennement  si  éloigné  de  tenir  pour 
clercs  ceux  qui  n'étaient  point  initiés  aux  ordres,  que 
l'on  a  queliim-rois  doulé  si  ceux  (\m  n'avaient  reçu 
que  les  moindres  ordres  devaienl  èlre  censés  du 
clergé  :  le  tioisièmc  concile  de  Carlhage  prononça 
en  leur  faveur  dans  son  canon  21,  leur  pcrmellanl 
d'en  porter  le  nom.  Clericornm  noinen  ctiam  leclores, 
psalmislœ  et  osliarii  retineant.  Et  S.  Isidore  dit  abso- 
lument (2),  quand  il  counncnce  à  parler  des  cleics, 
que  l'on  appelle  ainsi  ceux  qui  sont  ordonnés  pour 
quelques  degrés  du  minislèrc  ecclésiastique.  Ensuite 
parlant  de  tous  les  degrés  de  la  ciéricalure  il  garde 
un  profond  silence  sur  ceux  qi-.o  nous  appelons  au- 
jourd'hui sinqjlement  clercs ,  quoiqu'il  traite  des 
moines,  des  vierges,  des  veuves,  et  de  tons  les  étals 
qui  composent  l'Eglise.  11  est  vrai  qu'il  fail  aussi 
mention  de  la  tonsure,  mais  ce  n'est  point  coumie 
d'une  cérémonie  à  part,  ni  connue  d'ime  cliosc  qui 
constitue  un  état  :  il  la  considère  seulement  comme 
étant  commune  à  tous  le?  ordres,  et  propre  à  ceux 
qui  se  sont  particulièrement  consacrés  au  culte  de 
Dieu. 

Si  vous  demandez  en  quel  temps  on  a  commencé 
à  donner  la  lonsiue  à  part  dans  l'Eglise  Latine,  et 
quand  la  ciéricalure  sépniément  des  ordres  a  fail  un 
état  distingué  ,  je  vous  répondrai  avec  le  V.  Morin  (5), 


(1)  Episl.  1,c.  10. 

1      (2)  Inilio  1.  2  de  Offic.  eccles. 

I  (5)  De  sanctis  Ordin.,  part.  5,  exerc  IS,  c.  5.  Le 
Père  Mabillon.  dans  sa  préface  sur  le  troisième  siècle, 
des  Actes  des  Saints  de  son  ordre,  préiend  (|iie  celle 
prali(pie  est  plus  ancienno,  et  il  m  apporti;  pour 
])reuve  entre  autics,  ce  qui  est  rapporté  de  l'aul,  é\è- 
(pie  (le  Mérida,  qui  vivait  dans  le  se|itiènie  siècle,  le- 
quel, suivant  un  diacre;  de  son  église  nommé  aussi 
Paul,  ordonna  que  l'on  loiuiil  son  noveu,  fils  de  sa 
sœur,  appelé  Fidèle,  après  quoi  le  faisant  passer  par 
tous  les  degrés,  il  le  lit  diacie.  Or,  ajoute  le  P.  Ala- 
Lillnn,  (]uoi(ju"il  soit  vrai  de  dire  que  la  tenture  se 
donnait  ordinairement  avec  les  premiers  ordres  sur 
la  lin  du  sixième  siècle,  il  est  pourtant  certain  qu'en 
ce  tenqts,  recevoir  la  tiuisure  et  èlre  lait  clerc  était 
uni'  même  chose.  D'où  vient  (pie  les  moines  à  cause 
de  la  tonsure  qu'ils  avaient  reçue  de  la  main  de  leins 
abliés  étaient  censés  clercs.  Le  même  auteiu-  f  il  voir 
(  Prœfat.insecnl.ô,  png.9  <t  10  )  que  les  simples 
prêtres  jusqu'au  dixième  siècle  doimaient  la  tonsure 
cléricale,  et  il  en  rapporte  même  plus  d'un  exemple 


IIISÏOIUE  DES  SACREMENTS.  S04 

que  cela  a  pu  co-mmencer  dès  la  fin  du  septième  siè- 
cle, à  l'occasion  de  quantité  de  gens  de  bien  qui  of- 
fraient leurs  enfants  tout  jeunes  à  l'Eglise,  et  priaient 
les  évêques  de  prendre  soin  de  leur  éducation  et  de 
leur  instruction  :  ce  que  firent  volontiers  les  évêques 
qui  considéraient  cette  jeunesse  comme  un  séminaire 
qui  leur  fournirait  des  sujets  propres  à  remplir  les 
places  vacantes  du  clergé.  Ils  faisaient  donc  élever 
ctis  Ciifanls  avec  grand  soin,  ils  leur  donnaient  pour 
maître  un  sage  vieillard,  etc'étail  assez  communément 
l'archidiacre  qu'ils  chargeaient  de  cet  emploi;  ils  lîs 
logeaienl  dans  la  maison  de  l'évéché,  et  les  faisaient  vi- 
vre dans  une  grande  discipline;  ou  bien  ils  confiaient 
leur  éducation  à  des  moines  dont  ils  connaissaient  la 
charité  et  les  talents  :  et,  comme  grand  nombre  de  ces 
enfants  étaient  encore  hors  d'éiat,  à  cause  de  la  fai- 
blesse de  leur  âge,  de  s'acquitter  des  fonctions  atta- 
chées aux  divers  ordres,  ils  ne  laissaien»  pas  de  les 
tonsurer  pour  marque  de  leur  consécration,  et  de 
leur  doimer  l'habit  ciérical,  afin  que  leurs  parents,  les 
voyant  en  quehpie  sorte  consacrés  à  Dieu ,  ne  pen- 
sassent plus  à  les  retirer  du  service  de  l'Eglise.  Nous 
pourrions  dire  bien  des  choses  sur  ces  écoles  de  clercs 
d'oîi  sont  sortis  tant  de  grands  évêques;  mais  cela  nous 
mènerait  trop  loin,  et  nous  écarterait  de  notre  sujet. 
Nous  nous  contenterons,  pour  prouver  ce  (pie  nous 
avons  dit,  de  rapporter  la  formule  de  la  cérémonie  de 
la  tonsure,  qui  se  trouve  dans  un  ancien  ordre  Romain 
écrit  il  y  a  800  ans  ;  elle  est  conçue  en  ces  termes  : 
Seigneur  Jésus-Christ,  qui  êtes  notre  chef  et  la  couronne 
de  tous  les  saints,  regardez  sur  l'enfance  de  votre  scr- 
vileur  N .,  etc.  n  Super  infantiam  famuli  tui,  eic.  >  Le 
lilre  de  cette  prière  confirme  encore  ce  que  nous  di- 
sons :  car  il  porte:  Oratio  ad  puerum  lonsurandum. 
Plusieurs  autres  anciens  rituels  contiennent  la  même 
chose,  et  voilà  sans  doute  l'origine  de  la  céiémonic 
de  la  tonsure  donnée  séparément  des  ordres. 

Longtemps  après  on  se  mit  sur  le  pied  de  laire 
pour  les  adultes  ce  qui  ne  s'était  fail  d'abord  que  pour 
les  enfants,  surtout  quand  les  évêques,  étant  devinius, 
soit  par  eux-mêmes,  soit  par  leurs  officiers,  les  juges 
de  presque  toutes  les  alfaires  civiles  et  criminelles  des 
clercs,  furent  bien  aises  de  grossir  le  nombre  de 
ceux  qui  déjjendaient  immédiatement  d'eux.  Grand 
nombre  de  gens  prenaient  en  ce  temps  la  tonsure 
pour  jouir  des  privilèges  de  la  cléricatin-e,  comme 
d'avoir  leuis  causes  commises  devant  le  juge  d'Eglise, 
de  ne  pouvoir  être  poursuivis  par  le  juge  laïque, 
(ptelqiie  crime  qu'ils  eussent  commis  (1)  ;  de  ne 
jiouvoir  être  battus  sous  peine  d'excoumuniication , 
d'être  exempts  de  taille,  etc.  Ces  privilèges  avaient 
tellement  accru  le  nombre  des  clercs  (pie  plusieurs 
engagés  dans  les  liens  du  mariage,  et  qui  ne  diffé- 
raient en  rien  ni  pour  les  moeurs,  ni  pour  les  ser- 
vices qu'ils  rendaient  à  l'Eglise,  des  autres  habitants 
des  lieux,  portaient  le   nom  de  clercs   mariés.  On 


de  lai(|ues  qui  l'ont  donné  à  d'autres,   qui  par  là  de- 
venaient clercs. 
(1)  Fleuii,  ïnslit.,  au  droit  eccl.,\).ï,c. '^, 


m  ORDRE.  -  1"  PARTIE.  CIIAP.  IV.  QU 

trouve  un  accord  fait,  en  V:u\  13-20,  entre  la  commune 
le  Meaux  et  les  clercs  mariés,  par  lequel  ceux-ci  sont 
îxemplés  de  |)ayer  ^la  laille  ;  mais  non  pas  leurs 
feninies  (!).  Dans  la  suilc  on  a  rolrantlié  ces  privilè- 
ges :  et  ccsl  ce  qui  a  fait  que  ci-s  clercs  maries  ont 
disparu  presque  partout;  et  surtout  en  France,  où  on 
ne  les  coimaît  plus  que  par  quelques  vieux  titres  qui 
en  font  mention. 

CllAPITllE  IV. 

Des  qiialilés  que  devaint  avoir  ceux  qiCon  élevait  aux 
ordres  sacrés,  cl  des  défauts  dont  ils  devaient  être 
exempts.  On  ne  faisait  pas  anciennement  d'ordinations 
vagues. 

Personne  ne  doit  s'ingérer  de  lui-même  au  service 
public  de  l'Église,  mais  chacun  doit  être  appelé  de 
Dieu.  La  vocation  se  connaît  par  le  jugement  de  l'évé- 
quo  (2j,  et  par  le  lénn)ignage  de  toute  l'Église.  Aussi 
dans  les  premiers  siècles,  les  évèqncs  n'ordonnaient 
que  ceux  dont  le  mérite  était  connu  :  souvent  s-ur  les 
pressantes  instances  du  peuple ,  et  toujours  de  son 
conscnlemejit.  On  ne  s'informait  pas  trop  de  la  volonté 
de  ceux  que  l'on  ordonnait,  et  quelquefois  on  leur  fai- 
sait \io!ence  pour  vaincre  leur  liumililé. 

Alio  de  mieux  connaître  le  méiite,  on  suivait  exacte- 
ment les  règles  que  donne  S.  Paul ,  de  ne  se  point 
presser  d'imposer  les  mains,  pnurne  point  participer 
au  péelié  d'aulrui ,  de  ne  point  élever  au  sacerdoce  un 
néopiiyie,  c'est-à-dire,  un  iiou\cau  diréiien,  de  peur 
qu'il  no  s'enflât  d'orgueil.  Si  l'on  passait  quelquefois 
sur  celte  règle,  comme  il  est  arrivé  de  temps  en 
temps,  c'était  par  des  raisons  toutes  pariiculières,  soit 
à  cause  de  l'éminence  de  la  vertu  de  ceux  que  l'on 
élevait  ainsi  au  sacerdoce,  soit  parce  que  Dieu  avait 
fait  connaître  à  l'Église  par  des  signes  surnaturels 
que  c'était  sa  volonté  que  dans  ces  occasions  on  les 
choisît.  C'cùt  ainsi  que  S.  Anthroise  fut  ordonné; 
ayant  été  élu  quoiiju'il  ne  fût  encore  que  catéchumène, 
il  fut  ordonné  peu  de  jours  après  son  Baptême. 

Les  clercs  devaient  être  choisis  entre  les  plus  saints 
des  laïques  ;  c'est  ponniuoi  les  canons  excluaient  du 
clergé  tous  ceux  (|ui  étaient  sujets  à  qnel(|ue  re- 
proche. Aussi  l'Apôtre  veut-il  que  l'évèque  et  le 
diacre  soient  irrépréhensibles  (5),  et  en  bonne  répu- 
tation ,  même  chez  les  infidèles.  On  rejetait  donc 
ceux  (|ui  après  le  Daptéine  étaient  tombés  dans  quel- 
que crime  ,  connue  l'hérésie  ,  ou  l'apostasie  ,  llionii- 
cide,  Tadultèrp,  quoiiiu'ils  en  eussent  fait  pénitence  , 
et  eussent  éié  réconciliés  à  l'Église  ;  parce  que  la  mé- 
moire en  reste  toujours,  et  que  l'on  a  droit  de  les 
croire  plus  faibles  que  ceux  dont  la  vie  est  entière. 
En  un  mot,  suivant  l'ancienne  discipline,  ceux  qui 
avaient  été  mis  une  fois  en  pénitence  publique,  ne 
pouvaient  jamais  être  ordoimés.  Cette  discipline  est 
attestée  par  tous  les  Pères  et  les  auteurs  ecclésiasti- 
ques, par  Origènc,  par  S.  Cyprien,  par  les  papes  Sirice 

(1)  Gloss.  de  Ducango,  sur  Icmol Clerici  conjuqati, 

(2    Fleuri,  ibid.,  c.  i  et  7. 

(3)  1  Tim.  3,  7,  10;Tit.  i,  6,  7. 


ALITÉS  REQUISES  POUR  L'ORDRE.  806 

et  Itmocenl  I,  par  S.  Gri'goire,  par  S.  Isidore  de  Sé- 
ville,  cl  par  les  décrets  des  conciles  des  huit  premiers 
siècles.  Nous  avons  traité  cette  matière  assez  au  long 
dans  l'histoire  de  la  Pénitence  eu  parlant  de  celle  que 
l'on  imposait  aux  clercs.  On  peut  voir  ee  que  nous 
eu  avons  dit ,  et  ladoueissement  (pi'on  apportait 
(p  elqucfois  à  cette  règle,  en  permettani  de  promou- 
voir aux  ordres  sacrés  ceux  qui  en  recevant  la  péni- 
tence publique  n'avaient  confessé  aucun  crime.  Nous 
avons  cité  sin- cela  le  l)V  canon  du  (juairièine  concile 
de  Tolède  qui  le  dit  formellement.  Mais,  connue  vous 
voyez,  cela  ne  fait  rien  contre  la  règle  générale  qui 
exclut  des  ordres  sacrés  ceux  qui  se  sont  rendus  cou- 
pables do  crimes.  Car  on  devait  présumer  (j-ue  ceux 
i|ui  nîcevaicnt  la  pénitence  sans  s'accuser  de  crimes 
en  étaient  exempts,  et  ne  s'y  étaient  soumis  que  par 
un  mouvement  particulier  de  dévotion  ..  et  par  esprit 
d'hinnililé. 

On  compte  encore  pour  irréguliers,  car  c'est  ainsi 
(|ue  l'on  nomme  ceux  qui  sont  exclus  des  ordres  :  on 
compte,  dis-je,  pour  irréguliers,  ceux  qui  ont  tué 
quel(|u'un  par  accident,  involontairement,  ou  pour 
une  juste  défense  ;  ceux  qui  ont  |  orté  les  armes 
même  en  guerre  juste  ;  ceux  (pii  ont  causé  la  mort  d'un 
criminel,  soit  comme  parties,  soit  comme  juges,  ou 
autres  ministres  de  justice.  Encore  (|u"ii  n'y  ail  point 
de  crime  à  tout  cela,  ilya  (|ucl(|ue  chose  de  contraire 
à  la  douceur  de  l'Église,  qui  abiiorrc  le  sang  (1).  Les 
bigames  sont  encore  irreguliers  :  et  on  nomme  biga- 
mie en  cette  matière,  non  pas  le  crime  d'avoir  deux 
lenimes  à  la  fois,  mais  les  secondes  noces,  ou  le  ma- 
riage avec  une  veuve  (2),  et  en  un  mol  avec  toute 
femme  qui  notoirement  n'est  pas  vierge.  On  a  regardé 
tous  ces  mariages  comme  ayant  quelque  tache  d'in- 
continence et  de  faiblesse. 

Une  aulre  espèce  d'irrégularité  (5)  suivant  l'an- 
cienne discipline  est  d'avoir  été  baptisé  en  maladie , 
ce  qui  était  frétpreutd ans  les  premiers  siècles,  où  plu- 
sieurs différaient  leur  Baptême  pour  pécher  avec  plus 
de  liberté.  On  les  appelait  cliniques,  comme  qui  dirait 
chrétiens  du  lit  ;  et  on  les  reg.irdail  comme  faibles 
dans  la  foi ,  et  dans  la  vertu.  Ceux  qui  sont  chargés 
de  grandes  dettes  et  d'affaires  embarrassantes,  soit 
pour  avoir  manié  les  deniers  publics ,  ou  autrement, 
sont  encore  irréguliers  (i),  parce  que  ceux  qui  servent 
Dieu,  doivent,  comme  dit  S.  Paul,  être  dégagés  des 
alfaiies  du  monde.  L'igiu»rance  aus.-i  est  un  obstacle 
il  l'ordination,  mais  différemment  selon  les  ordres. 
Pour  entrer  dans  le  clergé  il  suffisait  de  savoir  lire  et 
écrire  :  un  lecteur  devait  entendre  ce  qu'il  lisait  (5), 
ini  prêtre  devait  être  capable  d'instruire.  Voilà  les 
irrégularités  (pii  vii'nncnt  de  l'àme  et  des  mœurs. 

Il  y  en  a  qui  viennent  du  corps  et  de  la  naissance  : 
l'Eglise  n'observait  pas  et  n'observe  pas  encore  loulcs 


1)  Dist.  50,  c.  8,  ex  Martini  Bracar.,  c.  20. 

2)  Dist.  20. 

(■■^>)  Dist.  oi,  c.  3,  ex  conc  Cart.  I,  c.  8. 

(A)  Innocent.,  ep.  2.  Greg.,  1.  2,  epist.  02. 

(ri)  Hilar.  Papa,  ep.  2. 


807 

ccNcs  qui  sont  marquées  dansTanc  icinic  loi  ;  elle  les 
lircnail  pour  des  synibi.lcs  des  dcfauls  Si.iriliwls  :  elle 
haiTélailseideuiciilîiuxdcraiilsqni  ivi  dciil  iiic:i|):\I):<'S 
des  fondions  ,  eoniuie  élrc  sourd,  uiurl  on  ;iv(iinl<:  :  et 
à  ceux  (|ui  lendciil  nn  Iminnie  ^i  dill-inK!,  (|n:iii  lieu 
d"alliier  le  resiK*eldu  ix-uple,  il  c;insci:iii  du  sciuididc. 
Ponr  les  euiuiqiies  ,  ils  pe  .vent  enlieidans  UvcItMgé 
s'ils  sont  l<'ls  sans  qu'il  y  ail  de  ItMir  fai  le  :  mais  s'ils 
se  soûl  niulilés ,  ils  sont  in  éguliers.  Le  zèle  de  la 
pureté  a  été  auirtfois  si  grand,  (pi'd  poilail  plu  ienis 
chrétiens  juscpi'à  cet  excès.  Gcnéialcrnrnl  on  compte 
pour  irréguliers,  tons  ceux  qid  se  soûl  umli  es  de 
quelque  partie  du  corps  cpie  ce  soit.  On  rappune  aux 
défauts  corporels  la  démence,  et  la  possession  du  dé- 
mon (I),  qui  rendent  inégulier  pour  toute  sa  vie  celui 
qui  en  a  été  ui;e  fois  afili|^é. 

Quant  à  la  naissance,  tous  ceux  qui  ne  sont  pas 
nés  eu  légitime  mariage  sont  inégnlieis  (2)  ;  parce 
que  quelque  innocents  ipi'ils  soient,  ou  ne  peut  les  \oir  ! 


HISTOmî::  uns  SACREMENTS.  808  » 

'  sauce  spirituelle  et  la  validité  des  sacrements  ne  rc  ( 
ç'  il  anrin.c  a  Icii.le  de  r.ndiguilé  du  mmistie.M  xime 
''rès-véïiiahle,  mais  dont  on  ne  doil  pas  c<  iclnre  , 
dit  .M.  Mciiri  (I),  (pi'il  soit  moins  à  désirer  da- 
V  ir  des  clerc>  les  plus  veilneuv  (pi"il  soil  possible 
Qnoiqnc  les  prêtres  ne  perdent  rie.i  de  leur  pouvoir 
essentiel,  [im.r  n'être  pas  vertueux,  ils  perdent  beau- 
coup de  lenr  aniorilé  :  et,  à  Pexceplion  des  formides 
de  prières  et  des  cérénu)nies  extérieures,  ils  ne  peu- 
vent s';ic(piitliT  de  leurs  fonctions,  sans  plusieurs 
vertus,  surtout  sans  nue  grande  cliarilé. 

Cependanl  il  faut  avouer  que  dans  les  derniers 
siècles,  on  s'esl  souvent  contenté  pour  les  ordin;itions, 
qn'il  n'y  <;ùt  point  d'inégnlarités  formelles.  On  a 
même  inHivé  le  moyen  de  faire  que  les  irrégularités 
ne  fussent  pas  des  obstacles  invincibles  :  lui  en  a  dis- 
pensé d'abord  après  coup,  p  uir  ne  pas  déclarer  nulles 
des  ordinations  douteuses  ou  viiieuses.  Eiisn  le  on  en 
a  doimé  la  dispei  se  ponr  parvenir  à  l'ordination;  et 


sanssesouvenirducrime,  donl  ils  sont  le  frnil.  Leçon-  |  enfin  elles  se  sont  rendues  très-communes.  La  dis- 


ciledeMeaux(can.Gi),de  l'an 84'),  excepte  néanmoins 
de  celte  règle  le  cas  de  nécessité,  c'est  à-dire,  le  besoin 
de  ministres  dans  l'Église ,  et  te  mérite  dis  ingué  des 
personnes  nées  de  celte  sorte  ipii  les  rend  dignes  d'en- 
trer dans  le  clergé,  nonobslanl  ce  défaut.  Les  esclaves 
sont  aussi  irréguliers  (5)  ;  mais  c'est  principalement 
pour  ne  pas  les  ôler  à  lenr  mail i  es.  Les  religieux  ne 
peuvent  être  non  plus  ordonnés  sans  le  consentement 
de  leur  supérieur. 

Tous  ceux  en  qui  se  rencontrait  quelqu'une  de  ces 
irrégularités  étaient  exclus  des  ordres,  et  on  prenait 
grand  soin  de  clioisir  entre  ceux  qui  eu  étaient 
exempls.  Les  Apôtres  ponr  faire  les  premiers  diacres 
entre  tant  de  sainis  (pii  conq)osaient  lÉglise  de  .lérn- 
salem ,  choisirent  sept  hommes,  à  qui  le  peujde  ren- 
dait bon  témoignage,  pleinsdu  Sainl-Espril  et  de  sa- 
gesse, et  S.  Etienne  en  particulier  était  plein  de  fui, 
de  grâce  et  de  force,  et  faisail  de  grands  miracles. 
S.  Cyprien,  200  (4)  ans  après,  pour  récompenser  les 
confesseurs  qui  s'étaient  le  plus  signalés  dans  les 
lourmenls,  les  honorait  de  la  cliargc  di;  lecteurs. 
Depuis  qu'il  y  eut  des  moines,  ou  b-s  tirait  souvent  de 
leurs  solitudes,  pour  les  faire  servir  dans  l'Eglise,  à 
cause  de  leurs  excellentes  vertus  :  et  on  a  pratiqué 
de  tout  temps  d'élever  de  jeunes  enfants  dans  la  piété 
afin  de  les  former  de  bonne  heure  à  la  vie  cléiicalc. 
Tant  l'on  a  été  persuadé  que  l'on  ne  doit  pas  faire 
clercs  les  premiers  venus,  mais  les  choisir  entre  les 
chrétiens  les  plus  parfaits. 

On  s'est  relàclié  depuis  cinq  ou  six  cents  ans  de  celte 
pratique.  Il  y  a  eu  des  iemj)s  mi  érables  où  les  évè- 
ques  ont  été  obligés  de  se  conlenter  d»  s  sujets  les 
moins  indignes  plutôt  que  de  laisser  les  églises  aban- 
données :  el  la  multitode  des  clercs  indignes  a  fait 
appuyer  fortement  sur  celle  maxime  :  que  la  puis- 

(1)  Dist.  33,  c.  94;  conc.  Amv|.  ||| ,  c.  G. 

(2)  Dist.  r.G,  L'rban.  Il,  in  conc.  Clar.,  c.  11. 
i7i)  Can.  82  Apost. 

(4)  Cypr.,  epist.  33. 


pense  la  plus  préjudiciable  à  rÉi;lise  a  éié  celle  du 
crime.  Car  dans  C'S  derniers  temps  ()u  a  souvent  reçu 
dans  le  clergé  ceux  qui  avaient  commis  des  péc'iés 
notables  et  publics,  sous  prétexte  qu'ils  en  avaient 
fait  pénitence  ,  et  sous  le  méuu'  prétexte  on  a  rétabli 
dans  leurs  fonctions  des  clercs  criminels.  Nous  voyons 
dans  Grali  II  (2)  ce  qui  seudde  autoriser  ce  genre  de 
dispense-».  .Mais  les  trois  pièces  sur  le-(pielles  il  se 
fonde  principalement  pour  enseigner  (|ne  l'fui  peut 
rélabl.r  les  (  lercs  ciiminels,  sont  une  fausse  déerélale 
du  pape  Calixte  I,  mi  passage  très  snsiiect  de  la  lettre 
deS. CiégoireàSecimdin (3),  et  contraire  àcin(|autres 
lettres  du  même  S  Grégoire,  el  à  la  discip  ine  de  son 
siècle  el  du  suiv.nl  :  la  troisième  pièce  est  une  lettre 
de  S.  Isidore  de  Séville,  (|ui  n'est  guère  plus  certaine. 
(Cependant  celle  dispense  une  fois  aiimi.^e,  a  ouvert  la 
porle  pour  recevoir  dans  le  clergé,  on  y  lélalilir, 
même  ceux  qui  n'ont  point  l'ail  de  véritable  pénitence. 
Il  ne  suffisait  pas  autrefois  aux  évoques  de  rencontrer 
un  honnne  verlnenx ,  et  pro|  re  à  travailler  au  salut 
des  ànu'S  pour  l'ordonner,  il  fallait  de  plus  que  l'É- 
glise en  d'il  besoin.  Carc'élait  une  règle  générale  de 
ne  faire  des  clercs  qu'.à  mesure  (|u'ils  étaient  néces- 
saires pour  L'  service  de  l'Église;  soit  pour  servir 
partout  011  révê(pie  les  appliquerait ,  soil  pour  être 
ailacbés  iiim  litre ,  c'esl  à-dire ,  à  un  certain  lieu. 
Ainsi  lors(prou  ordonnait  queliprmi ,  on  le  nu^ttait 
aussitôt  en  possession  de  sa  ch.trge,  lui  en  faisant 
commencer  r«  xercice.  comme  on  fait  encore  pour  l.i 
fiuiue  dans  l'oidinalion  des  ministres  inférieurs.  On 
le  metlail  sur  le  calalogiiede  l'Église,  ri  on  lui  don- 
nait, par  mois  ou  par  jour,  les  dislril)ntious  régbies 
pour  son  Ordre,  de  >orte  q«i'il  recevait  en  même  lenqiS 
l'Ordre,  l'oflice  et  le  bénélice.  Celle  règle  s'observe 
encurcî  pour  les  évèques  ;  on  n'eu  ordonne  poiia  ipio 

:      (  n  Loeo  cilato. 

(2)  Dist.  50,  c.  14,  10. 

(3)  L.  7,  ep.  54,  cp.  20;  1.  4,  ep.  10,  17;  1.  C, 
f  op.  .59. 


£09  ORDRE.  —  1"  PARTIE.  CII.VP.  V. 

pour  remplir  une  église  vacante.  Qiianl  aux  prêtres 
el  aux  autres  clercs,  on  faisait  déjà  des  urdinalions 
vagues  en  Orient  dès  le  cinquième  siècle.  C'est  piuu- 
quoi  le  concile  de  Calcédoine  (  can.  G  )  dclèndil  d'en 
ordonner  aucun  ,  que  pour  quelque  église  de  la  ville 
ou  de  la  campagne,  el  déclara  nulles  les  ordinations 
Tagues  et  absolues. 

Cette  discipline  s'est  conservée  jusqu'à  la  fin  du  on- 
lième  siècle  ,  où  nous  voyons  qu'il  est  encore  recom- 
mandé d'ordonner  toujours  un  clerc  pour  le  mèuïc 
titre  où  il  a  été  attaché  d'abord  (1).  Mais  dans  le 
donzièma  siècle,  o  use  relùclia  de  celte  régie,  en  mul- 
tipliant extréuiemenl  les  clercs,  parce  que  les 
particuliers  cliercliaient  à  jouir  des  privilèges  de 
la  cléricature,  el  lesévéqucsà  étendre  leur  juridic- 
tion. Comme  un  des  pins  grands  désordres  qui  venaient 
de  ces  ordinations  vagues  était  la  pauvreté  des  clercs 
qui  les  réduisait  à  faire  des  métiers  sordides,  ou  à 
mendier  honteusement,  on  crut  remédier  au  concile 
dtf  Lalran  sous  Alexandre  III ,  en  cliargeart  l'évéque 
de  faire  subsister  celui  qu'il  ordonnait  sans  titre,  jus- 
qu'à ce  qu'il  l'eût  pourvu  de  quelque  place  dans 
l'Église,  et  qu'il  lui  donnât  un  revenu  assuré. 

On  trouva  encore  un  autre  remède  ;  car  sur  une 
mauvaise  explication  du  canon  de  Calcédoine,  on  éta- 
blit qu'un  clerc  pourrait  être  ordonné  sur  le  titre  de 
son  patrimoine  (-2)  ;  c'est-à-dire,  qu'il  n'étail  point  né- 
cessaire qu'il  eût  de  reveim  ecclésiastique,  ni  de 
place  certaine  dans  aucune  église,  pourvu  qu'il  eût 
un  patrimoine  suffisant  pour  sa  subsistance.  Ces  re- 
mèdes ont  eu  peu  d'effet.  Plus  un  clerc  est  pauvre, 
moins  il  est  en  état  de  contraindre  son  évèque  à  lui 
donner  sa  subsistance,  et  le  litre  patrimonial  a  été 
fixé  à  une  somme  très-n»odique.  Parles  ordonnances 
de  France,  il  suffll  d'avoir  cinquante  livres  de  rente. 
A  Paris  et  dans  plusieurs  autres  diocèses,  150  livres. 
Le  concile  de  Trente  (sess.  21,  c.  2  )  a  rappelé 
l'ancienne  discipline,  en  défendant  de  promouvoir 
aux  ordres  sacrés  aucun  clerc  séculier,  qu'il  ne  soit 
possesseur  paisible  d'un  Lénélice  suffisant .  pour  sa 
8ub--.islance  honnête,  ne  permettant  les  ordinations 
sur  patrimoine  ou  pension,  que  quand  l'évéque  le  ju- 
gera à  propos  pour  la  nécessité  ou  commodité  de 
l'Église.  Ainsi  il  marque  le  Lénélice,  comme  la  règle, 
el  le  patrimoine  comme  l'exception.  Et  ailleurs  (sess. 
23,  res.  c.  16)  il  ordonne,  en  exécution  du  concile 
de  Calcédoine,  que  personne  ne  soit  ordonné,  sinon 
pour  l'uiiliié  et  la  nécessité  de  l'Église, età  la  charge 
d'être  destiné  à  un  lieu  particulier,  où  il  exerce  sa  fonc- 
tion, elqu'il  ne  puisse  quitter  sans  congé  de  son  évèque. 

CHAPITRE  V. 
De  rage  requis  pour  recevoir  les  ordres  sacrés;  des  intersti- 
ces que  l'on  gardait  entre  les  ordinations.  De  l'omission 
de  certains  ordres,  qui  n'empêchait  pas  que  la  promotion 
à  un  plus  liant  rang  ne  fût  canonique.  Pourquoi. 
Nous  avons  parlé  ci -dessus  (5)  de  l'âge  requis  pour 

(1)  In  Synod.  Claromont.  c.  13. 

(2)  GIdss.  in  c.  1 ,  disf.  7,  in  verbo  posscisioms. 
(5)  Cbap.  2  de  cette  section. 

TO.    KX. 


AGE  REQIIS  POUR  LES  ORDRES.        810 

la  réci^ption  des  ordres  mineurs.  Nous  n'ajouterons 
riiiià  ce  (|ni  a  été  dit  sur  cela,  sinon  que  la  loi  de 
.Jusiinien  (1)  qui  vent  que  les  lecteurs  ne  soii'nt  point 
ordonnés  avant  l'âge  de  vingt-deux  ans,  n'eut  point 
son  eiïel ,  comme  vous  l'avez  pu  remarqnei*  parce 
qui  aéié  dit  dans  le  chapitre  3  et  en  dautios  occa- 
sions. Ce  même  prince  (2)  avait  lixé  à  l'âge  de  vingt- 
cinq  ans  le  temps  de  recevoir  le  sous-diaconat,  ce 
qui  n'a  pas  été  mieux  observé  ,  puisque  le  concile  de 
Trulle  (can.  15),  et  depuis,  le  concile  de  Rouen  (can. 
5j  de  l'année  1074,  prescrivent  seulement  que  les 
sous-diacres  aient  atteint  l'âge  de  vingt  ans  ;  en  quoi 
ils  sont  conformes  au  second  de  T(»léde  (can.  i),  qui 
fut  assemblé  du  temps  même  de  Jusiinien  ,  avant  le 
milieu  du  sixième  siècle.  On  trouve  même  des  règle- 
ments de  Synodes  (.")  qui  permettent  d'ordonner  les 
sous-diacres  à  l'âge  de  quatorze  ans,  et  lluguoa  de 
Saint-Victor  (4)  témoigne  (pie  cela  était  assez  ordi- 
naire de  son  temps.  Ce  qui  ne  doit  pas  paraître  sur- 
prenant, le  sous-diaconat  n'étant  point  encore  alors 
reconnu  pour  ordre  sacré. 

Il  y  a  eu  moins  de  diversité  dans  l'Église  (5)  à  l'é- 
gard de  l'âge  requis  pour  les  ordres  majeurs,  la  plu- 
p:trldes  anciens  canons  ayant  fixé  à  25  ans  l'âge  au- 
quel on  doit  donner  l'ordre  de  di.icre  et  à  50  ,  celui  de 
la  prêirisc,  àmoinsque  de  puissantes  raisons  nobligeas- 
sent  à  passer  sur  cette  règle;  et  ces  raisons  étaient 
ou  la  disette  de  ministres  pour  desservir  les  é'Iises 
qui  était  quelquefois  causée  par  les  guerres  et  les 
troubles  de  létal,  ouïe  mérite  extraordinaire  des 
personnes  que  l'on  voulait  placer  dans  ce  rang  d'hon- 
neur. Cette  discipline  s'est  maintenue  bmg-lemps 
dans  l'Eglise  nonobstant  les  malheurs  des  temps. 
On  la  voit  recommandée  par  le  (luatoiziéme  canon 
du  concile  de  Conslantinople,  dit ,  in  Trulto,  dans 
le  septième  siècle  ,  et  pratiquée  dans  le  onzième 
par  S.  Bennon,  évèque  de  Misnie,  qui  fut ,  suivant 
l'auteur  de  sa  Vie,  rapportée  dans  Surius  ,  au  22 
d'avril,  ordonné  diacre  à  25  ans,  et  prêtre  à  trente. 
S.  Bernard  dans  le  siècle  suivant  re.^arde  conme  une 
dispense  des  règles  ordinaires  ce  qui  arriva  à  S.  Ma- 
lachie,  qui  fut  ordonné  prêtre  à  l'âge  de  25  ans,  ce 
qu'il  attribue  laKl  au  zèle  de  celui  qui  lui  imposa  les 
mains  qu'au  mérite  de  l'ordinand.  C'est  ainsi  qu'il 
en  parle  dans  la  vie  qu'il  a  écrite  de  ce  saint,  lingues 
de  Saint- Victor,  ami  el  contemporain  de  S  Bernard, 
témoigne  aussi  (g)  que  telle  était  la  discipline  de  ce 
siècle.  L'église  romaine  qui  ne  manquait  pas 
de  sujets  propres  à  remplir  les  places  va- 
Il)  Novellà  123. 
(2)   Ibid. 

(5)  Conc.  Melph.,  ann.  1089,  c.  4. 
(i)  L.  2  de  Sacr.,  part.  5,  c.  21. 

(5)  Conc.  Caribag.  111 ,  c.  4;  Tolet.  II.  c.  1  ;  Tolet. 
IV.  can.  20;  Excerp.  Egberti,  cap.  95;  M.irl.  Brac, 
Capilul.  20;  Bonifae  papa,apu,l  Giat.  d.  78:  Zachar. 
papa  ,  op.  12  ad  B  >nif.  Voyrz  la  vie  de  S.  Tliéodoro 
Sicé'ito,  apuil  Boil.  2  :ipiii.:"(lc  S-  EpiplLine  de  F^ivio 
apiid  Ennod.,  etc. 

(6)  L.  2  de  Sacr.,  p.  5  ,  r   -Jl. 

2(5 


j^jj  IIISTOIRE  DES  SACREMENTS.  812 

cailles  d;ii  s  le  clergé  ,  le  jKilai»  de  Lalrau  cUuil  un  i|  qu'il  reçoive  ainsi  ta  bénédiction  du  diaconat  sil  lu  mé- 
f-éîiitnnirc  oii  se  fonnaiciTl  inic  infiniic  d'exeellcnls  |  rite.  Il  demeurera  cinq  ans  dans  cet  ordre,  s'il  s'y  conduit 
su'eis,  paraît  avoir  clé  pliîs  rigide  que  les  autres  sur  |  saqemcnt  :  ensuite  de  quoi,  ayant  donné  des  preuves  de 
ce  point,  le  pape  Sirice  (  cp.  1  )  voulant   que  les  dia-  ^^  sa  foi  dansions  ces  degrés,   il  méritera   d'être  promu 


ci^s  ne  fussent  point  ordonnes  avant  l'âge  de  trente 
ans,  les  prêtres  avant  la  Ircnlc-cinquièinc  année,  et 
les  évêques  avant  la  qiiaranlc-oinquicmo.  Le  pape 
Zo/.ime  dans  sa  prennère  épître  prescrit  presque 
la  même  chose,  et  S.  Césairc  d'Arles  ,  au  rapport 
de  CNT>t'icn  qui  a  écrit  sa  Vie,  suivait  religieusement 
cette  règle,  n'ayant  jamais  ordonne  de  diacre  qu'il 
n'eût  atteint  l'àgc  de  30  ans. 

Les  Coiislitulions  apostoliques  (1)  dcfer.dcnt  d'or-  j| 
doiuier  un  évoque  avant  la  cinquantième  année  de  j 
son  âge,  om  ï).kt70-)  èr&j  -x'.jzry.oizv.f  et  la  raison  qu'el- 
Icb  en  donnent,  c'est  qu'alors  les  hommes  ont  en 
quelque  sorte  passé  les  saillies  de  la  jeunesse,  et 
sont  à  l'abri  des  soupçons  et  des  hruiis  fâcheux  qui 
se  répandent  souvent  contre  la  réputation  des  person- 
nes en  place.  S.  Boniface  avait  en  yne  cette  ordon- 
nance, sans  doute,  lorsque  S.  Yillibrod  voulant  l'or- 
donner évèque,  il  le  refusa,  en  lui  disant  qu'il  n'a- 
vait point  encore  cinquante  ans  accomplis,  comme 
l'exigeait  la  règle  canonique  ;  c'est  ce  que  nous  ap- 
prenons de  l'auteur  de  sa  Vie.  Cette  règle  néanmoins 
n'a  pas  été  communénîent  suivie,  quoiqri'ellc  se  trouve 
aussi  prescrite  dans  les  canons  dHyîteniie  (2),  et 
que  S.  Grégoire-le-Grand,  dans  ses  Dialogues (3)  l'in-  ij 
sinue,  en  faisant  allusion  à  ce  qui  est  dit  dans  le  li- 
vre des  Nombres,  que  les  lévites  depuis  l'âge  de  cin- 
quante ans  auront  la  garde  des  vases  sacrés.  La  rè- 
gle générale  était  que  l'évèque  devait  être  âgé  de  30, 
35,  ou  40  ans,  et  si  S.  Eleuthère  d'Illyrie ,  comme 
nous  l'apprenons  de  Nicéphore  (4),  a  été  ordonné  évo- 
que à  l'âge  de  vingt  ans,  et  S.  Rémi  de  ;  cims  à  vingt- 
deux  ,  c'est  leur  vertu  prématurée  qui  a  fait  passer 
par-dessus  la  règle.  Au  reste,  ce  qui  arrive  rarement 
ne  doit  pas  passer  pour  règle  dans  l'Église,  comme 
dit  excellemment  S.  Grégoire-le-Théologien  (orat.  59), 

I  A  l'égard  des  interstices  que  l'on  gardait  entre  les 
ordinations,  la  règle  la  plus  ordinaire  et  la  plus  géné- 
ralement reçue  était  celle  que  prescrit  le  papeZozime 
dans  sa  lettre  (  cap.  3  )  à  llésychius,  évoque  de  Sa- 
lone,  puisqu'on  la  trouve  à  la  tèle  de  l'office  des  or- 
dinations dans  presque  tous  les  anciens  sacramen- 
taires  manuscrits  ,  suivant  la  remarque  du  P. 
!  Martène  (5).  Voici  les  paroles  de  ce  pape  :  7/ 
Jaul  observer  les  temps  pour  cliaque  degré.  Si  quel- 
qu'un s'est  dévoué  au  ministère  de  l'Eglise  dès  son  en- 
fance, quil  demeure  au  rang  des  lecteurs  jusqu'èi  l'âge 
de  vingt  ans.  Que  si,  étant  en  âge  mûr,  il  désire  d'entrer 
dans  ce  servite  atissitôt  après  son  Baptême,  qu'il  soit 
cinq  ans  au  rang  soit  des  lecteurs,  soit  des  exorcistes, 
qu^après  cela  il  soit  acolyte  ou  tous-diacre  quatre  ans  ;  et 

i\)-h.%c.  1. 

(2)  Spicil.  9,  p.  À. 

(3)  L.  %  c.  2. 
f4)  liist.  1.  5,  c.  29. 
(.'.)  L.  1,  c.  8,  a.  5.p.  277. 


I  au  sacerdoce  :  d'oii,   si  par  ses   bonnes   mœurs  il  s'en 

I  rend  digne  ,  il  pouira   espérer  de    pnrl'etiir  an  sou- 

II  vcraitipfonHfiC<n,{<i^ci:l-'à-â\rc,  h  l'épiscopat  ). 
Tels  étaient  les  degrés  })ar  oii  il  fallait  passer,   cl 

Il  les  interstices  qu'on  devait  garder  suivant  les  règles 
ordinaires  que  nous  pourrionsconhrmcr  par  plusieurs 
autorités  que  nous  supprimons.  Nous  remarquerons 
seulement  qu'il  n'était  pas  nécessaire,  même  en  sui- 
vant l'exactitude  des  règles,  de  passer  par  tous  les  de- 
grés de  la  cléricature  sans  exception,  et  qu'il  suffisait 
que  Ton  eût  exercé  quelque  temps  les  fonctions  d'un 
ou  de  deux  ordres  inférieurs,  au  nombre  desquels  je 
mets  le  sous-diaconat,  qui  dans  ces  temj>s-là  était  ré- 
puté tel,  et  que  l'on  pouvait  recevoir  indifféremment 
comme  celui  d'acolyte,  dont  les  fonctions  étaient  pres- 
que les  mêmes.  Quelquefois  on  exigeait  de  ceux  qu'on 
élevait  au  sacerdoce  qu'ils  eussent  exercé  tous  les  or- 
dres mineurs  ;  mais  généralement  parlant  cela  n'était 
pas  requis,  et  même  le  concile  de  Sardique  ordonne 
(eau.  10)  seuicmentqu'onne  fasse  point  un  évèque  (ju'il 
n'ait  exercé  auparavant  le  ministère  de  lecteur,  de 
diacre  et  de  prêtre...  Non  priiis  constituatnr  (  episco- 
pns  ),  quàm  lectoris,  et  diaconi,  et  presbytrri,  minislc- 
rhnn  peregerit.  C'est  en  ce  sens  que  les  canons  ordon- 
nent si  souvent  que  ceux  qu'on  élève  à  la  prêtrise  ou 
à  l'épiscopat,  passeront  par  tous  les  degrés  de  la  cléri- 
cature. C'est  pour  témoigner  leur  respect  pour  ces  règles 
si  saintes  et  si  sages,  que  ceux  mêmes  que  Ton  élevait 
presque  tout  d'un  coup  aux  premières  dignités  du 
clei'gé,  comme  S.  Ambroise  et  S.  Théodore  Sicéote, 
exerçaient  pendant  quelques  jours  tons  les  emplois 
des  moindres  ordres,  avant  de  recevoir  le  sacer- 
doce, comme  fit  le  saint  archevêque  de  Milan, 
dont  Paulin,  son  diacre,  rapporte  ,  dans  ta  vie  qu'il 
en  a  écrite  (  num.  9  ),  qu'après  son  haptème  il  remplit 
tous  les  devoirs  ecclésiastiques,  et  que  le  huitième 
jour  il  fut  ordonné  évèque  avec  rapplaudisscmcnt  de 
tout  le  monde. 

On  abrégeait  même  quelqiTefois  le  temps  des  inter- 
stices quand  la  nécessité  le  demandait.  Le  pape  Gé- 
I  lase,  sizélé  d'ailleurs  pour  la  discipline  ecclésiastique, 
I  fut  obligé  d'user  de  condescendance  en  ce  genre,  y 
|;  étant  contraint  par  les  ravages  des  guerres  qui  avaient 
privé  les  églises  de  ministres;  mais  il  n'accorde  celle 
dispense  qu'à  condition  que  quand  les  choses  seront 
rétablies  sur  un  meilleur  pied,  on  reviendra  à  l'exac- 
liiude  des  canons.  Voici  comme  il  s'exprime  là-des- 
sns(i  )  :  Si  quelqu'un  après  avoir' pratiqué  la  vie  monasti- 
que entre  dans  le  clergé,  qu'il  !>oit  fait  aussitôt  lecteur, 
notaire,  ou  bien  défenseur  ;  qu'après  trois  mois  il  soit 
acolyte,  surtout  s  il  a  Cage  compétent.  Que  le  sixième  moii 
ilreçoivele  nomde  sous-diacre  :  si  sa  conduite  est  loua 
ble  et  que  l'on  remarque  en  lui  une  volonté  sincère  descr 
vir  l'Église,  qu'on  le  fasse  diacre  le  ueuxn  vie    mois  ;  ti 

(1)  Kp.9,  cap.  1. 


8T3  ORDRE.  —  1'*  PARTIE.  CIIAP.  Y. 

iju  enfin  l'année  expirée  il  soit  élevé  au  sacerdoce.  Ce 
pape  ne  veut  pascjuo  Ton  se  presse  si  fort  puiir  ceux 
qui  sortent  du  iiiuaile  pour  entrer  dans  lo  clergé,  et  il 
n'accorde  (prà  rcgrel  celte  dispense  aux  moines  à  cause 
delà  misère  des  teuips,  comme  nous  venons  de  le  dire, 
et  à  condition  qu'elle  ne  sera  point  tirée  à  conséquence 
pour  lavenir,  à  moins  que  l'on  ne  se  trouve  dans  un 
c;is  pareil  h  celui  où  étaientccs  églises  à  qui  il  adresse 
celle  Iclire. 

Ellcctivcmenlce  n'a  jamais  été  qu'avec  une  extrême 
répugnance  que  l'Église  s'est  relâchée  de  la  rigueur  des 
règles  sur  le  sujet  des  interstices,  et  encore  plus  sur 
l'omission  de  certains  ordres,  de  la  manière  que  nous 
l'avons  expliqué,  mais  surtout  sur  dos  ordres  majeurs. 
Elle  a  soufl'ert  impatiemment  ces  ordinations  qu'on 
appelle,  per  saltum,  et  quand  elle  s'est  déterminée  à 
en  faire,  c'a  toujours  été  pour  de  puissantes  misons 
que  nous  aurons  lieu  d'exposer  bientôt,  ou  Lien  clic 
a  regardé  comme  un  désordre  l'abus  que  quelques  évo- 
ques commettaient  sur  ce  point.  Cela  est  pourtant  ar- 
rivé plusieurs  lois,  ei  nous  avons  des  exemples  de 
prêtres  ordonnés  sans  avoir  été  auparavant  diacres, 
el  même  d'cvêques  qui  n'avaient  point  reçu  l'ordre 
de  la  prêtrise.  Il  faut  rapporter  des  exemples  de  l'un 
el  de  l'autre. 

Le  premier  qui  se  présente  est  celui  de  saint  Cy- 
prien  qui  fut  prêtre  et  évêque  sans  avoir  passé  par 
les  ordres  inférieurs.  Le  diacre  Ponce  le  fait  assez  en- 
tendre lorsqu'il  parle  de  cette  sorte  de  la  promotion 
de  ce  grand  évêque.  En  sortant  de  l'erreur  du  paganis- 
me, sa  foi  était  aussi  mûre  dans  ses  commencements  que 
celle  des  autres  après  qu'ils  ont  fait  de  grands  progrès  : 
la  grâce  ne  souffrit  chez  lui  aucun  retardement.  Je  dis  peu, 
il  reçut  aussitôt  la  prêtrise  el  le  sacerdoce  (presbyteriuni 
et  sacerdotium  statini  accepil).  Car  qui  aurait  pu  ne  pas 
confier  tous  les  degrés  d'honneur  à  un  tel  homme  ?  Jl  a 
fait  bien  des  choses  n'étant  encore  que  laïque ,  il  en  a 
bien  fait  étant  prêtre.  Si  on  pèse  attentivement  ces  pa- 
roles, on  reconnaîtra  aisément  que  saint  Cyprien  n'a 
pas  passé  par  les  degrés  ordinaires  de  la  cléricaturc 
pour  parvenir  au  sacerdoce.  Ponce  se  contente  de  re- 
lever ce  qu'il  a  fait  n'étant  encore  que  laïque  ,  et  ce 
qu'il  a  fait  depuis  son  sacerdoce.  H  n'eût  pas  manqué 
sans  doute  de  louer  également  ce  qu'il  eût  fait  élatit 
diacre  ,  s'il  eût  exercé  les  fonctions  de  cet  ordre  qui 
étaient  les  plus  laborieuses  en  ce  lemps-là  ,  et  celles 
qui  exposaient  davantage  à  laperséculion.  Son  silence 
i  là-dessus  paraît  décisif,  sans  parler  de  la  manière  dont 
il  s'exprime  en  général.  Saint  Augustin  fut  de  même 
tout  d'un  coup  élevé  au  rang  des  prêtres;  écoutons  ce 
qu'en  dit  l'évêquePossidius  auteur  de  sa  Vie  (cap.  4)  : 
Dans  ce  temps  Vatère  était  évêque  de  l'église  d' Il ippone, 
et  la  nécessité  demandant  alors  que  l'on  y  ordonnât 
un  prêtre  ,  il  en  parlait  au  peuple  de  Dieu.  Aussitôt  les 
catholiques,  sachant  le  genre  de  vie  que  saint  Augustin 
s'était  proposé  de  suivre ,  mirent  tes  mains  sur  lui  tan- 
dis qtCil  élail  tranquille  et  mêlé  parmi  le  peuple  ,  ne  sa- 
chant ce  qui  devait  arriver.  Or,  il  avait  coutume,  n'étant 
que  Icâque,  comme  il  nous  disait  souvent ,  de  s'éloigner 


IGE  liEQUlS  POUR  LES  ORDRES.  8U 

n  seulement  des  églises  qui  manijuaienl  d'évêques.  Jb  le 
prirenl  donc  ,  et,  suivant  lu  coutume ,  le  présentèrent  à 
l'évèquc  pour  l'ordonner,  clc.  Cependant  il  pleurait  uinè^ 
renient  .-quelques-uns, comme  il  nous  l'a  rapporté de;:uis, 
le  consolant  et  lui  disant  que  te  rang  de  prêtre  rap- 
prochait de  l'cpiscopat.  Si  saint  Augustin  eût  été  dia- 
cre ,  il  n'eût  poiiit  été  mêlé  indistinctement  avec  le 
peuple,  et  il  n'auniil  pas  eu  lieu  de  changer  souvent 
de  demeure  pour  éviter  l'épiscopal  :  le  diaconat  élant 
un  litre  qui  demandait  résidence  dans  l'endroit  auquel 
il  était  altaclié.  Saint  Paulin  fut  à  peu  près  ordonne 
de  la  même  manière  à  Barcelone,  par  la  violence  du 
peuple,  qui  le  présenta  à  i'évêquedans  le  temps  qu'il 
ne  pensait  à  rien  moins. 

Tliéodoret ,  dans  son  Philolé  (c.  13)  nous  fournit 
plusieurs  exemples  de  solitaires  que  de  saints  évêqucs 
ont  tout  d'un  coup  ordonnés  prêtres.  Celui  du  saint 
moine  Macédonius  mérite  surtout  attention  à  cause 
des  particularités  qu'il  renferme.  Flavien,  évoque  d'An- 
tioche,  lui  manda  de  se  rendre  auprès  de  sa  pcrsoiine, 
sous  prétexte  de  se  purger  de  quelques  accusations 
intentées  contre  lui  ;  mais  véritablement  dans  l'in- 
tention de  l'élever  au  sacerdoce.  Macédonius  vint 
trouver  l'évèque  :  Le  sacrifice  mystique  étant  proposé, 
il  l'amena  à  l'autel ,  et  le  mit  au  nombre  des  prêtres. 
L'office  étant  fini ,  quelqu'un  lui  dit  ce  qui  était  arrivé  , 
car  il  l'ignorait  entièrement,  et  aussitôt  H  se  mit  en  co- 
lère, dit  bien  des  injures  à  tous  ceux  qui  étaient  présents, 
et  les  poursuivit  avec  son  bâton.  Est-il  possible  que  ce 
bon  solitaire,  s'il  eût  été  lecteur  ou  diacre ,  ne  se  fût 
pas  aperçu  qu'on  rordoimait  prêtre  ,  se  voyant  oiivi- 
ronné  des  diacres,  des  prêtres  et  de  tout  le  clergé  qui 
assistaient  à  cette  cérémonie  '?  11  n'y  a  point  d'appa- 
rence qu'il  eût  été  si  neuf  en  ces  matières.  Copendaiit 
il  l'était  à  tel  point  que  huit  jours  après  ,  qui  élait  un 
dimanche  ,  Flavien  l'ayant  envoyé  chercher  sur  sa 
montagne  pour  prendre  part,  en  sa  qualité  de  prêtre, 
à  la  célébration  du  saint  sacrifice,  il  répondit  à  ceux 
qui  étaient  venus  pour  cela  :  JS'êles-vous  pas  contents 
de  ce  qui  a  été  fait  ?  Voulez-vous  encore  me  faire  prêtre 
une  seconde  fois  ?  Et  ceux-ci  lui  disant  qu'on  ne  pouvait 
faire  deux  fois  ta  même  ordination,  il  ne  se  rendit  pus  et 
ne  voulut  point  venir  à  la  ville,  jusiiuà  ce  qu'avec  le  temps 
ceuxavecquiil  vivait  plus  familièrement  l'eussent  inslruii 
là-dessus.  Telle  était  la  simplicité  de  ce  saint  honime. 
qui  menail  la  vie  la  plus  austère  depuis  plus  de 
soixante  ans.  Simplicité  qui  ne  convient  en  aucune 
manière  à  un  homme  qui  eût  été  initié  aux  saints  or- 
dres. 

On  lit  aussi  dans  la  Vie  de  saint  Aulregesile  (1),  évê- 
que de  Rourges  ,  qu'il  fut  lait  prêtre  sans  avoir  été 
ordonnédiarre,  carilyesl  ditqu'élant  alléà  Auxerre, 
le  bienheureux  Aunarius,  évêque  de  celte  ville,  lui  cou- 
pa les  cheveux  et  l'ordonna  sous-diacre,  et  qu'ensuite 
étant  allé  rendre  visite  à  Aihérius ,  évêque  de  Lyon  , 
ce  saint  évêque  le  reçut  avec  grande  joie,  el  l'onlo!.- 
na  prêtre  et  abbé  de  saint  Nicet,  évêque  et  confesseur. 

(1)  ApudSur.,20  raaii. 


gl3  niSTOIRE  DES  SACREMENTS.  8f9 

Ces  exemples  suffisent ,  ce  me  semble,  pour  montrer  -ii  liiudc  de  gens  armés,  il  reçut  la  consécration  épisco- 


qiie  l'on  a  fait  autrefois  des  ordinations  de  prêtres  qui 
n'avaient  jamais  été  diacres. 

Voyons  présentement  si  on  peut  dire  la  même  chose 
de  la  prêtrise  à  réi^ardde  Tépiscopal:  lePèreMorin(l) 
ne  croit  pas  qu'il  y  ail  aucun  exemple  d'évèque  or- 
donne avant  qu'il  eût  été  préalablement  prêtre.  Nul- 
Itmi  exlal  exemplum  episcopatùs  non  presbtjlero  collait. 
Il  est  étonnant  qu'un  homme  qui  avait  passé  la  meil- 
leure partie  de  sa  vie  à  feuilleter  les  monuments  ec- 
clésiastiques ait  pensé  de  cette  manière.  LePèreMar- 
lène  (2)  lait  voir  clairement  que  cela  s'est  fait  plu- 
sieurs fois,  et  voici  les  preuves  qu'il  en  apporte.  Pre- 
mièrement, le  pape  Céleslin  ,  dans  sa  décrétale  aux 
évêqucs  des  provinces  de  Vienne  et  de  Narbonne,  se 
plaint  (5)  de  ce  qu'on  avait  ordonné  chez  eux  des  évê- 
ques  ,  contre  les  décrets  des  Pères  ,  qui  n'avaient  été 
initiés  à  aucun  des  ordres  ecclésiastiques.  Ordinatos 
verb  (jnosdani  episcopos  qui  millis  ecclesiasticis  ordini- 
hiis  nd  tanlœ  dignilatts  faslhjium  fueranl  instituti....di- 
scimus.  Ce  pontife,  après  avoir  l'ait  sentir  Tinconvé- 
niont  de  celte  conduite  ,  ajoute  ces  paroles  ,  qui  font 
voir  que  ceux  dont  il  parle  n'étaient  pas  même  dans 
]o  clergé  avant  leur  ordination  pour  l'épiscopat,  mais 
i]o  put  s  laïques  :  Sed  jam  non  sntis  est  taicos  ordinare, 
qnos  iiulltis  ficri  ordo  pennittit,  etc. 

C'est  sans  doute  cet  abus  qui  a  donné  lieu  à  Pho- 
Ihius  (i)  de  reprocher  aux  Latins  que  l'on  erdonnait 
chez  eux  des  diacres  évèques  sans  qu'ils  eussent  reçu 
l'ortlre  de  la  prêtrise.  Le  moine  Halramn,  dans  sa  ré- 
ponse aux  Grecs  (5) ,  traite  ce  reproche  de  mensonge 
cl  d'imposture  ;  mais  Enée,  cvêque  de  Paris,  ne  dés- 
avoue pas  la  chose  et  lâche  de  l'excuser  en  disant , 
que  tout  l'hoimeur  des  moindres  rangs  se  trouve 
renfermé  dans  ceux  qui  sont  plus  élevés  ;  à  quoi  il 
ajoute  que  ceux  qui  ordonnenl  évoque  un  diacre  sans 
donner  auparavant  l'ordre  de  prêtrise  {prœlermissà  be- 
ncdictione  presbijterali),  sont  peul-ctre  dans  le  sentiment 
de  saint  Jérôme  qui  assure,  sur  CépUre  à  Tite,  que  l'of- 
fice du  prêtre  participe  en  quelque  chose  au  ministère 
épiscopal.  Nous  n'examinons  pas  ici  la  solidité  de  celle 
réponse;  il  nous  suffit  qu'elle  constate  le  fait  dont  il 
s'agit ,  car  enlin  il  n'y  a  point  d'apparence  qu'Enée 
eut  pris  ce  biais,  s'il  eût  été  certain  que  cela  ne  se  pra- 
ti(iii;iit  point  dans  l'église  latine. 

L'hisioire  de  l'intrusion  du  pape  Constantin  dans  le 
Saint-Siège,  telle  qu'elle  est  rapportée  par  Anastase-le- 
Bililiotliécaire,  est  encore  une  preuve  que  l'on  omet- 
tait quelquefois  Tordre  de  prêtrise,  quand  il  s'agissait 
de  consacrer  quelqu'un  évêque.  Constantin,  selon  lui, 
fut  d'al)ord  fait  clerc,  c'est-à-dire,  lecleur,  par  Geor- 
ge, évêque  de  Prœneste.  Le  lendemain  malin  ,  qui 
était  un  lundi,  il  fut  ordonné  sous  diacre  et  diacre  par 
le  même  évêque  ;  cl  enlin  le  dimanche  suivant ,  s'é- 
lant  rendu  à  la  basilique  de  saint  Pierre  avec  une  innl- 

(l)  Desacr.  Ord.,  exercit.  9,  c.  9. 
h)  L.  de  ant  Eccl.  Rit-,  c  8, a.  3. 
J3J  Kp.  2,  e.  7». 

h)  Apud  Nicolaum  papam,  ep.  70. 
|5)  L.  i  cont.  o|tp.  Grrcc,  c  8. 


pale  par  trois  évêques.  Dans  tout  ce  récit,  par  lequel 
Anastase  rend  compte  dans  un  grand  détail  du  temps, 
du  lieu  et  des  ministres  de  l'ordination  de  cet  intrus, 
désignant  les  ordres  qu'il  avait  reçus,  il  ne  fait  aucune 
mention  de  la  prêtrise,  ce  qui  porle  à  croire  qu'il  ne 
l'avait  pas  reçue  eiïectivement ,  car  il  est  très-proba- 
ble que  celui  qid  s'était  fait  ordonner  diacre  et  sous- 
diacre  ,  n'eûl  point  négligé  de  se  faire  aussi  doimer 
l'ordre  de  la  prêtrise  ,  s'il  l'eût  cru  nécessaire  pour 
donner  à  son  intrusion  un  air  de  canonieité.  Ce  qui 
fortifie  la  preuve  que  nous  tirons  du  récit  d'Anastase, 
c'est  que,  dans  le  concile  que  tint  à  Rome  le  pape 
Etienne  III,  après  la  déposition  de  Constantin  ,  il  fut 
défendu,  sous  peine  d'anaihême,  d'élever  au  pontifi- 
cat aucun  laïque,  ni  tout  autre  de  quelque  ordre  qu'il 
fût ,  à  moins  qu'ayant  passé  par  les  différents  degrés 
de  la  cléricature,  il  n'eût  été  fait  diacre  ou  prêtre-car- 
dinal ,  diaconus  aut  presbyler-cardinalis  factus  [uerit. 
Celte  alternative  semble  confirmer  ce  que  nous  avons 
dit  à  l'occasion  de  l'ordination  de  Constantin,  comme 
il  est  aisé  de  le  remarquer,  aussi  bien  que  ce  qui  fut  ré- 
glé dans  la  treizième  action  de  ce  synode ,  que  ceux 
que  Constantin  avait  consacrés  évêques  retourneraient 
au  rang  qu'ils  avaient  auparavant  dans  le  clergé  ,  soit 
qu'ils  fussent  prêtres  ou  diacres,  si  quideni  priiis  pre- 
sbyteri  fuerunt,  aut  diaconi. 

Il  est  vrai  que  dans  ce  concile  on  déclara  nulles  les 
ordinations  faites  par  Constantin,  mais  ce  ne  fut  pas 
parce  qu'elles  étaient  faites,  per  saltum,  ce  fut  seule- 
ment parce  qu'elles  avaient  été  faites  par  un  intrus  et 
un  usurpateur  du  siège  apostolique.  Nous  ne  voyons 
pas  non  plus  que  les  auteurs  que  nous  avons  rapportés 
aient  regardé  comme  invalides  ces  sortes  d'ordina- 
tions, quoique,  régidièrement  parlant ,  elles  fussent 
illégitimes  et  contraires  à  la  police  de  l'Église  ;  sur- 
tout quand  on  conférait  à  quelqu'un  l'épiscopat  avant 
qu'il  eût  été  ordonné  préalablement  prêtre.  On  n'était 
pas  si  sévère  à  l'égard  des  ordinations  de  prêtres  qui 
n'avaient  jamais  été  diacres.  On  croyait  que  certaines 
circonstances  pouvaient  les  rendreexcusables.Jenesa- 
che  pas,  par  exeuïple,  que  l'on  ail  jamais  blâmé  ceux 
qui  ont  élevé  de  celle  manière  saint  Cyprien  et  saint 
Augustin  au  sacerdoce.  Ce  qui  les  faisait  regarder 
comme  légitimes,  était  le  zèle  et  l'empressement  du 
peuple  qui  les  choisissait  et  les  présenlait  à  l'évêque 
pour  être  ordonnés.  On  était  persuadé  que  ce  choix 
si  subit  et  si  désintéressé  ne  se  faisait  pas  sans  une 
conduite  particulière  du  Saint-Esprit,  surtout  quand 
il  touibaii  sur  des  personnes  d'un  mérite  au-dessus  du 
comnmn. 

Ce  qui ,  au  fond ,  justifie  ces  sortes  d'ordinations , 
c'est  que  les  ordres  supérieurs  renferment  éminem- 
ment le  pouvoir  des  inférieurs  ,  comme  dit  Enée  de 
Paris,  tous  les  ordres  ensemble  ne  faisant  qu'un  seul 
sacrement,  et  ne  renfermant  qu'un  même  pouvoir  au- 
quel ou  participe  plus  ou  moins,  suivant  le  degré  au- 
quel on  est  élevé.  L'épiscopat  contient  la  plénitude  da 
\:\  |.nivN.rii.i'  '1(1  Miinisièr»',  eiCléfii.-istique  ,  et  ccuv  qui 


S17  ORDRE.  —  J"  PARTIE.  CllAP.  \1. 

sont  subordonnés  à  l'évêque,  possèdent  chacun  une 
portion  plus  ou  •moins  grande  de  ce  ministère  ,  selon 
le  rang  qu'ils  ont  dans  la  liiéraichic. 

Une  aulre  raison  (\n\  justilic  celle  conduite  dans 
certaines  occasi(tns,  c'est  que  colle  gradation  d'or- 
dres ,  établie  dans  l'Église  pour  |>arvonir  au  sacer- 
doce, n'a  été  insiiluée  que  pour  former  des  minislrcs 
capables  de  servir  nlileincnt  le  peuple  de  Dieu,  et 
pour  amener  au  degn-  de  perfection  qui  leur  convient 
ceux  qui  sont  destinés  à  enseigner  et  conduire  les  an- 
tres. Ainsi  quand  on  trouve  des  bonunes  tout  formés, 
remplis  de  l'esprit  de  Dieu,  el  doués  des  lalenls  pro- 
pres à  la  conduite  des  âmes,  on  peut  auel(|uefois  les 
élever  aux  premiers  rangs  sans  les  faire  passer  par 
ks  degrés  inférieurs.  Régulièrement  parlant  pour  qu'un 
homme  de  guerre  soil  bon  général  d'armée  ,  il  fani 
qu'il  ail  passé  par  tous,  ou  par  la  plupart  des  degrés  de 
la  milice.  (Les  Pères  mêmes  se  servent  souvent  de 
celle  comparaison  dans  l'affaire  dont  il  s'agit  ici.) 
Mais  il  sj  trouve  de  temps  en  temps  des  hommes  ex- 
traordinaires, qui  sans  avoir  passé  par  les  dcg:és  or- 
dinaires, sont,  pour  ainsi  dire,  des  généraux-nés. 
Tel  était  ce  Lacédémonien  Xanlippus,  ([ui  se  trouvant 
par  hasard  à  Carthage  dans  le  temps  que  celle  répu- 
blique élait  aux  abois ,  el  engagée  dans  la  guerre  la 
plus  fi^cheuse  et  la  plus  cruelle  qu'elle  eut  jamais  sou- 
tenue, se  mit  à  la  téie  de  leurs  troupes,  et  défii  leurs 
ennemis.  Tel  fut  Ambroise  Spinola,  qui,  dans  ces 
derniers  lemps  devint  loiil-à-coup  général  des  trou- 
pes du  roi  d'Espagjie  dans  les  Pays-Bas,  et  qui  s'ac- 
quiila  de  cet  important  emploi  avec  le  succès  et  la 
supériorité  que  l'on  sait. 

CHAPITRE  M. 

Du  lemps  et  du  lieu  auquel  ou  célébrait  les  ordiunt'wtis. 

Le  pape  Gélase  (ep.  9,  c.  Il)  explique  en  détail 
tout  ce  qui  concerne  le  temps  des  ordinations  sacrées, 
dans  la  lettre  décréiale  aux  évêqnes  de  la  partie  mé- 
ridionale de  l'Ilalie.  Les  ordinations  des  prêtres  et  des 
diacres,  dil-il,  ne  doivent  se  faire  qu'en  certains  temps 
et  en  certains  jours.  Qu'ils  sachent  donc  qu'elles  ne  doi- 
vent se  faire  qu'au»  jeûnes  du  quatrième  mois,  du  sep- 
tième et  du  dixième  :  au  commencement  de  celui  de  ca- 
rême et  à  la  semaine  médiane  le  samedi  au  soir.  C'est 
ainsi  que  ce  pontife  marque  non  seulement  le  temps 
des  ordinations,  mais  encore  le  jour  et  l'heure. 

Celle  règle  a  été  depuis  suivie  exactement  par  tous 
ceux  qui  ont  eu  à  cœur  la  discipline  ecclésiastique , 
comme  on  le  voit  dans  tous  les  anciens  ponlificaiix 
manuscrits,  par  le  c  ncilc  de  Rome  (can.  Il)  sous  le 
pape  Zacharie,  et  par  l'hisloirc  des  évêqnes  de  Metz 
écrite  par  Paul  Diacre,  qui,  en  parlant  de  Clirode- 
gand,  dit,  qu'il  consacra  plusieurs  évêqnes  en  divers 
lieux ,  des  prêtres  et  des  diacres,  suivant  la  coutume 
de  l'église  romaine ,  aux  samedis  des  Qualre-temps. 
Les  pontificaux  font  rarement  mention  de  la  semaine 
médiane,  dont  parle  Gélase,  mais  les  auteurs  en  par- 
lent de  temps  en  temps,  et  entre  autres,  Suger,  abbé 
de  S.  Déni*,  qui  raconte  de  lui-même,  dans  la  Vie  di' 


Ti:.MPS  ET  LlKl  DES  ORDINATIONS.  818 

Louis-le  Gros,  qu'il  fut  ordonné  prêtre  le  samedi  de 
la  médiane. 

L'Eglise  a  choisi  exprès  le  jeûne  des  Qualre-temps 
pour  les  ordinations,  alin  que  les  fidèles  prient  plus 
eriicacemeut  pour  le  succès  d'une  affaire  si  impor- 
lante.  Ouelqnes  auteurs  prétendeul  {|n'avanl  le  pape 
Gélase  les  ordinations  se  faisaient  dans  tous  les  temps 
de  l'année;  mais  il  n'y  a  point  d'apparence  que  ce  pape 
soit  l(î  premier  qui  ail  fait  celte  loi,  el  la  manière  dont 
il  s'exprime  ne  le  donne  point  à  entendre.  Ives  de 
Chartres  (I)  croyait  même  que  celle  coutume  venait 
des  temps  apostoliques,  aussi  bien  qu'.Amalaire  (2), 
qui  remarque  avec  raison  que  le  Livre  Pontifical,  at- 
tribué vulgairement  à  Damas,  marque  an  mois  de  dé- 
cembre toulos  les  ordinations  faites  par  les  anciens 
papes,  sans  doute  parce  que  dans  ce  mois  il  se  ren- 
conlrait  un  des  Qualre-temps  de  l'année.  Ce  i|ue 
nous  disons  regarde  surtout  l'ordre  de  la  prêtrise  et 
du  diaconat,  auipiel  on  a  joint  depuis  le  sous-diaco- 
nal  quand  il  a  été  mis  an  nombre  des  ordres  sacrés. 
Car  pour  ce  qui  est  de  rordin:\lion  des  évèquos  elde 
celle  des  clercs  initiés  aux  ordres  mineur-;,  elle  se 
faisait  en  tout  temps,  pourvu  qu'elle  se  fil  un  jour  de 
dimanche.  Mais  on  était  si  exact  à  l'égard  de  la  prê- 
trise cl  du  diaconat ,  que  S.  Boniface  de  Mayonce 
ayant  été  dans  la  nécessité  d'en  ordonner  dans  d'au- 
tres temps,  se  crut  obligé  d'en  demander  pardon  ati 
pape  Zacharie  (ep.  i2)  qui  le  lui  accorda  volontiers. 
Quand  le  pape  Gélase  assigne  le  temps  de  l'ordiua- 
lioji  au  soir  du  samedi,  il  le  l'ail  iiarcc  que  la  vigile 
qui  commençait  au  soir  du  samedi  se  terminait  au 
malin  du  dimanche,  d'où  vient  que  la  plupart  des  an- 
ciens disent  que  les  ordinations  sacrées  se  faisaient 
le  dimanche.  On  peut  remarquer  cet  usage  dans  ])lu- 
sieurs  des  lettres  de  S.  Léon,  el  entre  autres  dans 
celle  qu'il  écrivit  à  l'empereur  Marcien,  dans  laquelle 
il  se  plaint  d'Analolius  de  Constantinople,  qui  ne  sa- 
chant, ou  oubliant  la  Iradition  apostolique,  (ce  sont  ses 
termes)  avait  ordonné  prêtre  rarchidiacrc  Aélins  un 
vendredi  ;  ce  qu'il  devait  faire  ou  le  samedi  au  soir, 
ou  le  dimanche  de  grand  malin.  Cel  usage  continua 
long-temps  après  S.  Léon,  comme  on  le  voit  clans  les 
actes  des  saints  de  Redon  (5) ,  on  il  est  rapporté  que 

J  le  moine  Condeluc  disait  :  Je  suis  venu  au  monde  un 
jour  de  dimanche,  j'y  ai  été  baptisé,  et  j'ai  reçu  le  même 

I  jour  le  degré  du  sacerdoce.  Lu  concile  de  Rouen  do 
l'an  1072  maintint  (can.  8)  celle  discipline,  un  de  ses 
canons  avant  pour  titre  :  Que  l'on  confère  les  ordres 
sacres  à  jeun  ,  ou  après  le  samedi ,  ou  le  matin  du  di- 
manche. [Ut  ordines  sacri  post  diem  sabbati,  tel  die. 
Dominico  manè  jejunii  à  jejunantihus  conferantur.)  Le 
concile  de  Clermonl  coulirma  la  même  chose  quelque 
temps  après,  el  Rupert,  ablié  de  Ouitz,  dit  (4)(|ue  les 
sacrements  des  ordinations  sont  attribués  au  jour  du 
dimanche,  se  faisant  la  veille  de  ce  jour  :  cl  qu'il  est 

(I)  Ep.  r)8  nd  capllnlum  Eccl.  Senon. 

(-2)  L.  2dediv.  Oflic,  c.  I. 

(Ti)  L.  2,  cap.  5. 

{',)  L   ôdediv.  0(T..  c.  8. 


8i9 


niSTOIRE  DES  SACREMENTS. 


820 


permis  de  les  célébrer  tant  le  soir  du  s:iraedi  que  le  f  cela  eût  été,  comme  il  ledit,  Amalaire  qui  vivait  avant 


matin  du  dimanche,  pourvu  que  ceux  qui  les  font  et 
ceux  qui  les  reçoivent  soient  à  jeun.  Tout  cela  mon- 
tre combien  on  s'est  écarté  do  l'ancienne  règle  sur 
ce  point  :  les  ordinations  se  faisant  aujourd'hui  le  sa- 
medi au  matin. 

Ces  samedis  auxquels  se  célébraient  les  ordina- 
tions portent  pour  titre  dans  tous  les  plus  anciens  sa- 
cramenlaires,  in  XII  lectionibus,  a\i\  douze  leçons. 
Les  anciens  qui  ont  traité  des  divins  oflices  apportent 
diverses  raisons  de  ce  titre  :  Amalaire  (1),  le  faux  Al- 
cuin  (2),  le  Micrologue  (o)  et  Rupert  (4)  prétendent 
que  l'on  nommait  ainsi  ces  samedis  ,  parce  qu'on  y 
lisait  six  leçons  à  l'office  de  la  messe  dans  les  gran- 
des villes  comme  à  Rome,  à  Constantinople  et  quel-  |  semblées  publiques  de  l'Église,  comme  on  le  voit  par 
ques  autres;  et  que  ces  leçons  ayant  clé  lues  d'abord  i  les  anciens  canons  qui  condamnent  les  ordinations 


que  ce  sacramonlaire  fût  écrit,  et  que  ceux  que  nous 
avons  cités  qui  vivaient  de  môme  temps  ou  peu  aprèsjj 
n'eussent  pas  ignoré  un  fait  de  cette  nature,  eux  qui 
étaient  si  curieux  d'apprendre  toutes  les  cérémonies 
qui  se  pratiquaient  à  Rome ,  et  qui  florissaicnt  dans 
un  temps  où  les  voyages  en  cette  capitale  du  monde 
chrétien  étaient  si  fréquents. 

11  est  temps  de  dire  un  mot  du  lieu  où  se  faisaient 
les  ordinations.  11  ne  faut  pas  douter  que  du  temps 
des  persécutions  elles  ne  se  fissent  partout  où  les  cir- 
constances fâcheuses  dans  lesquelles  se  trouvait  l'É- 
glise le  pouvaient  permettre.  Mais  autant  qu'il  était 
possible,  elles  se  faisaient  régulièrement  dansMes  as- 


en  grec  ou  en  latin,  on  les  lisait  ensuite  dans  l'une  ou  | 
l'autre  langue  en  faveur  de  ceux  qui  n'en  entendaient 
qu'une  des  deux  ;  ce  qui  aura  continué  et  se  sera 
étendu  dans  les  villes  mêmes  où  on  ne  parlait  qu'une  l 
seule  langue,  et  cela  en  signe  de  l'union  des  deux  | 
églises 

Cette  explication,  quoi  qu'en  dise  le  P.  Martènc  (3),  \ 
paraît  fort  vraisemblable,  et  mérite  d'autant  plus  que 
l'on  s'y  arrête,  qu'elle  est  appuyée  sur  le  témoignage  i 
de  plusieurs  auteurs  anciens ,  graves  et  versés  dans 
ces  matières,  tels  que  sont  ceux  que  nous  venons 
di'.diquer.  Ce  qui  fait  rejeter  cette  explication  au 
P.  Martène,  est  que  dans  ces  messes  des  samedis  des  \ 
guatre-temps,  on   lit  plus  de  six  leçons,  savoir  cinq  ] 
di'S  Prophètes ,  une  de  l'Apôtre  et  une  septième  de 
rF.vangile  ^  mais  qu'il  me  soit  permis  de  répoudre  \ 
que  cette  dernière  n'est  pas  proprement  ce  qu'on  ap- 
pelle leçon  de  la  Messe,  ne  se  faisant  pas  même  par 
les  mêmes  personnes  qui  Usaient  les  six  premières  : 
et  ainsi  rien  n'empêche  que  l'explication  de  ces  au- 
teurs ne  subsiste.  Le  Père  Maviène  croit  que  cette 
tl.lTiculté  est  résohic  parce  qui  est  porté  dans  un  an- 
cien Ordre  romain  écrit  il  y  a  plus  do  GCO  ans ,  ac- 
commodé à  l'usage  de  l'église  de  Salsbourg.  Car  il  y  est 
dit  qu'aux  samedis  des  Quaire-Temps  ,  le  clergé  et  le 
peuple  romain  se  rendaient.dans  une  église  où  enlisait 
douze  leçons,  après  quoi  on  en  sorl;îit  en  chantant  les 
litanies  pour  aller  à  l'oglise  de  Saint-Pierre  où  était  la 
station,  et  où  se  célébraient  les  ordinations.  Là,  après 
l'introït  et  après  que  l'on  avait  récite  cinq  leçons , 
c!;anté  les  tractes  ou  graduels,  et  dit  les  oraisons,  on 
commençait  la  célébration  de  l'ordination.  Si  cela  j 
était  ainsi,  il  y  aurait  lieu  de  croire  effectivement  que 
c'était  pour  cela  que  l'on  nommait  ces  jours,  samedis 
à  douze  leçons  ;  mais  ne  peut-on  pas  soupçonner  celui 
qui  a  digéré  ce  saeramenlaire  romain  d'avoir  dit  cela 
de  lui-même  en  explication  du  litre  dont  il  est  ici 
question?  Cela  est  d'autant  plus  probal)!e  que  l'on  ne 
trouve  cette  particularité  que  dans  ce  livre,  et  que  si 

(1)  L.  2  de  div.  Off.,  cl. 

(2)  De  div.  OiT.,  c.  12. 
(5   De-Eccl.  Obs.,  c.  28. 
(4   L.  5  do  div.  Off.,  c.  8. 
(_:;)  L.  1.  c.  8.  a.  1. 


clandestines.  Théophile  d'Alexandrie  dit  expressé- 
ment (1)  que  l'évêque  doit  faire  cette  importante 
action  en  pleine  église,  et  en  présence  du  peuple  que 
l'évoque  interrogera  pour  savoir  si  l'on  rend  bon  té- 
moignage aux  ordinands,  h  y.iizri  -z?,  è/.x/r.-iM  r.y.w-oi 
■zov  ).K5u,  etc.  Il  ajoute  que  l'Église  jouissant  de  la 
paix,  il  est  convenable  que  les  ordinations  se  fassent 
en  présence  des  saints.  Et  il  en  rend  celte  raison  : 
De  peur  qu'elles  ne  se  fassent    par  subveplion  ,    «y; 

Nous  avons  parlé  avec  étendue. d:^ns  le  second  cha- 
pitre du  lieu  de  l'église  où  se  faisaient  les  ordinations 
tant  des  ministres  inférieurs  que  des  autres,  et  de  la 
différence  que  l'on  menait  sur  cela  entre  les  divers 
ordres.  Ainsi,  il  ne  nous  reste  rien  à  dire  sur  celle 
matière,  sinon  que  les  évêques  autrefois  étaient  con- 
sacres dans  l'église  môme  dont  ils  prenaient  le  gou- 
vernement, comme  l'ordonne  le  troisième  concile 
sous  Bonifncc  II,  cl  le  quatrième  d'Orléans,  can.  5. 
Elles  se  faisaient  aussi  quelquefois  dans  les  églises 

I  métropolitaines  des  provinces  respectives.  Ce  qui  s'ob- 
servait encore  communément  dans  la  jtrovince  de 
I'  Tours  il  n'y  a  pas  plus  de  400  ans.  Il  faut  remarquer 
au  reste  que  ce  que  nous  disons  ici  ne  regarde  que 

i  ce  qui  se  faisait  suivant  la  règle  ordinaire.  Car  il  y  a 
plus  d'Un  exemple  d'ordinations  laites  ailleurs,  et  sur- 


tout de  solitaires,  qu'il  fallait  aller  chercher  dans 
leurs  déserts  et  leurs  cellules,  pour  les  élever  au  sa- 
cerdoce ou  à  l'épiscopat. 

CHAPITRE  Vil. 
De  la  promotion  des  évêques,  ou  de  la  manière  dont  se 

sont  faites  les  élections  de  tout  temps  dans  r Église. 

Après  avoir  traité  de  ce  qui  a  rapport  à  tous  les 
;  I  ordres  en  général ,  et  de  ce  qu'on  regardait  comme 
un  préalable  à  l'ordination,  il  est  lemps  de  descendre 
dans  le  particulier,  cl  d'exposer  aux  yeux  du  lecteur 
ce  qui  précédait  chacune  des  ordinations.  Ce  que  nous 
ferons  en  commençant  par  l'épiscopal  qui  est  la  plé- 
nitude du  sacerdoce  cl  la  source  de  toute  la  puis- 
sance ecclésiastique.  Nous  ne  pouvons  d'une  part  n'ius 
•  dispenser  de  traiter  cette  malière,  qui  a  Irnp  de  rap- 
port "au  sacrement  de  l'Ordre,  pour  l'omeflre  dans 

'■  i'i  riominonit.  can.  G. 


m 


ORDRE.  —  1"  PARTIE.  CHAP.  VII.  PROMOTION  DES  ÉVÈQLES. 


Dette  histoire,  et  il  ne  nous  est  pas  permis  de  l'autre 
de  le  faire  avec  étendue,  de  peur  de  sortir  dc  noire 
sujet  et  de  l'objet  que  nous  nous  sommes  jjroposé, 
qui  est  dc  traiter  des  sacrements  et  des  clioses  sacra- 
mentelles. Pour  nietlrc  plus  d'ordre  dans  ce  que  nous 
avons  à  dire  toucliant  les  élections  des  évèciucs,  ou 
de  la  manière  dont  les  choses  se  sont  passées  dans 
les  divers  temps  à  cet  égard,  nous  .diviserons  ce  que 
nous  avons  à  en  dire  en  trois  articles. 

Dans  le  premier,  nous  exposerons  la  discipline  des 
six  premiers  siècles  de  l'Église,  touchant  les  élections 
des  évèques.  Dans  le  second  nous  traiterons  cette 
matière  par  rapport  au  moyen-âge.  Dans  le  troisième 
enfin,  nous  rendrons  compte  des  divers  changements 
survenus  depuis  le  onzième  siècle,  et  nous  lâcherons 
de  faire  voir  de  quelle  manière  et  par  quelles  révo- 
lutions les  choses  ont  été  amenées  au  point  où  nous 
les  voyons  à  Diésent. 

ARTICLE    PREMIER. 

Des  éteclions  des  évèques  dans  les  cinq  ou  six  premiers  j| 
siècles  de  L'Eglise. 

La  dignité  de  l'épiscopat,  dit  M.  Fleuri   (1),  s'est  || 
mieux  conservée  que  celle  de  la  prêtrise,  parce  qu'on 
s'est  plus  attaché  à  ne  point  ordonner  d'évéque,  sinon  || 
pour  une  église  vacante.  Le  nom  d'évéque  signifie  i 
inspecteur  ou  intendant,  pourmc-ntrer  qu'il  est  chargé  j« 
de  tout  le  soin  du  troupeau  ;  il  est  souveiit  nommé  ' 
pasteur  :  souYcnt  dans  les  anciens,  préposé  :  en  Grec, 
proêslos;  en  latin,  prœposiliis,  ou  prœsul,  ou  anlistes  : 
ou  bien  on  le  nomme  sacrilicateur,  en  Grec,  hiereus  : 
en  latin,  sacerdos  ;  nom  qui  dans  les  derniers  temps 
a  été  confondu  avec  celui  de  presbyter,  et  attribué  aux 
simples  prêtres.  Les  évoques  ont  encore  élé  nommés 
pontifes  :  mais  quelques  modernes  aifeclent  de  ne 
donner  ce  nom  qu'au  pape.  Les  anciens  évêques  par- 
lant d'eux-mêmes,  se  nommaient  souvent  serviteurs 
d'une  telle  église,  ou  des  fidèles  :  et  le  Pape  a  gardé 
cette  formule. 

Jésus-Christ  appela  ses  disciples,  et  choisit  pour 
apôtres  ceux  qu'il  voulut  (2).  Il  leur  dit  après  sa  ré- 
suri'cction  (3)  :  Comme  mon  Père  m'a  envoyé,  ainsi  je 
vous  envoie.  Et  S.  Paul  dit  aux  évoques  d'Asie  (-4), 
(juc  le  Saint-Esprit  tes  a  établis  pour  gouverner  VEglise 
de  Dieu  ;  et  à  Tilc  (5)  :  Quil  l'a  laissé  en  Crète  pour 
cud'tir  par  les  villes  des  prêtres,  qu'il  appelle  ensuite 
cvèijues.  Enfin  nous  voyons  dans  toute  la  suite  de  la 
tiadiiion  que  les  évèques  ont  toujours  élé  établis  par 
d'autres  évèques.  Il  est  vrai  que  l'on  appelait  à  celte 
action  le  clergé  et  le  peuple  de  l'église  vacante;  afin 
de  ne  leur  pas  doimer  un  pasteur  qui  leur  (Vit  inconnu 
ou  désagréable,  on  les  écoutait  et  on  suivait  d'ordi- 
naire leur  désir,  choisissant  quelque  prêtre  ou  quel- 
que diacre  attaché  depuis  long-temps  au  service  de 
cette  église ,  d'une  vertu  éprouvée,  d'ime  science  et 

(1)  Institut,  au  droit  Ecclés.,  c.  10. 
(-2j  .M;iic.  5,  v.  l.'iel  lî. 
(■">)  Joan.  !20,  v.  21 
(  i)  Ad.  20,  v.  28. 
(5)  lit.  I,  V.  5,  7. 


§22 
d'une  charité  connue  de  tout  le  monde;  quelque  iU 
lustre  confesseur  pendant  les  persécutions.  Aussitôt 
qu'il  était  élu,  les  évoques  l'ordonuaienl  par  l'imposi- 
tion des  mains,  avec  la  prière  et  le  jeûne;  ils  l'intro- 
nisiiient  dans  la  chaire  épiscopale,  et  il  commentait 
dès-lors  à  exercer  ses  fonctions.  Depuis  Conslaiilin, 
le  pciq)le  chrétien  étant  fort  augmenté,  on  eut  égard 
aux  sulfrages  des  dillérenls  ordres,  des  nobles,  des 
magistrats,  des  moines  ;  mais  on  regardait  toujours 
principalemeiit  le  jugement  du  clergé. 

S.  Cyprien  nous  représente  en  divers  endroits  de 
ses  écrits,  la  manière  dont  chaque  ordre  concourait 
j  à  l'élection  des  évèques  et  la  part  qu'ils  y  prenaient, 
j  et  prétend  que  cette  manière  d'y  procéder  venait  de 
la  tradition  des  Apôtres.  Cest  pourquoi,  dit-il  (de  peur 
j;i  ([u'on  ne  place  dans  la  chaire  épiscopale  un  homme 
|{  qui  en  est  indigne)  (1),  il  faut  observer  avec  exactitude  ce 
que  twus  avons  appris  de  la  tradition  divine  et  apostoli- 
que {diligenter  de  tradilionc  divinà  et  apostolicù  obser- 
valione  observandum  est  et  lenendum),  et  ce  qui  s'observe 
I  aussi  chez  nous  et  dans  presque  toutes  les  provinces,  sa- 
voir que  pour  célébrer  les  ordinations  d'une  manière 
convenable,  tous  les  évêques  de  la  province  se  rendent 
au  lieu  cil  il  faut  ordonner  un  pasteur,  et  que  ta  il  soit 
élu  en  présence  du  peuple  qui  cannent  parfaittmcnt  la  vie  de 
chacun,  l'ayant  vu  long-temps  et  connu  sa  conduite.  Cest 
ce  que  nous  voyons  s'être  pi-aiiqué  chez  vous  dmts  L'or» 
dinalion  de  Sabin,  notre  collègue,  à  qui  on  a  déféré 
l'épiscopat  suivant  le  suffrage  de  tous  les  frères  et  le  ju- 
gement des  évêques,  tant  dc  ceux  qui  étaient  présents 
que  de  ceux  qui  avaient  fait  connaître  piir  leurs  lettres 
ce  qu'ils  pensaient  de  lui  ;  après  quoi  on  lui  a  imposé 
les  maino,  et  on  l'a  substitué  à  Basilide  (qui  avait  élé 
déposé  pour  ses  crimes).  S.  Cyprien  avait  dit  aupara- 
vant dans  la  même  lettre,  et  prouvé  pnr  l'Écriture, 
que  cette  discipline  était  fondée  sur  la  parole  de  Dieu. 
Quod  et  ipsum  videmus  de  divinà  auctoritate  descendere, 
ut  sacerdos  plebc  prœsente  sub  omnium  oculis  deiigalur. 
Après  quoi  il  ajoute  :  Dieu  commande  détablir  ls 
PRÊTRE  EX  rr.ÉSE.NCE  dc  toutc  la  Synagogue.  C'est-à- 
dire,  qu'il  nous  instruit  et  nous  apprend  que  les  ordinU' 
tions  sacerdotales  ne  doivent  se  faire  qu'au  su  du  peuple, 
afin  qu'en  sa  présence,  ou  l'on  découvre  les  crimes  des 
méchants,  on  l'on  fasse  connaître  te  mérite  des  bons,  en 
sorte  que  cette  ordination  est  juste  et  légitime,  qui  se  fdl 
par  le  jugement  et  le  suffrage  de  tous. 

Ce  fut  conformément  à  cette  règle,  que  S.  Cor- 
neille fut  élu  évêque  de  Rome,  comme  le  témoigîie 
S.  Cyprien  (2),  clericormn  plebisque  suffragio  (par  le 
suffrage  du  clergé  et  du  peuple).  Et  lui-même  ne  fut 
pas  élu  d'une  autre  manière,  au  rapport  de  Ponco 
Diacre,  mais  par  le  jugement  de  Dieu  ,  et  la  faveur, 
c'est-à-dire,  les  acclamations  du  peuple,  judicio  Dei 
et  plebis  favore.  Non  seulement  le  clergé  et  le  peuple 
de  la  ville  éjiiscopale  concouraient  par  leurs  sulfrages 
à  l'élection,  mais  encore  ceux  de  la  canqwgne  et  des 
villes  les  plus  voisines.  C'est  ce  que  l'on  remarque 


1)  Ep.  OSedil. 

2)  Ep.  il  et  i'j 


Ristar. 


823  HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 

dans  SoviTO-biilpico,  qui  parlant  de  réleclion  de  S. 
Mailiii  (I),  di(  posiliveinent  qu'il  s'assembla  pour  cela 
une  niulliuide  incroyable  de  peuple,  non  seulement 
de  Tours,  mais  des  viiles  voisines,  pour  donner  son 
suffrage  en  ceUe  occasion  :  el  (pu;  tous  unanimement 
déciarcrenl  Marlin  très-digne  de  l'épiscopat. 

I^a  discipline  éiait  précisément  la  même  en  Orient 
que  dans  Téglise  latine.  Le  peuple  y  prenait  égale- 
mont  part  aux  élections.  On  le  voit  dans  ce  que  disait 
Etienne,  évèquc  d'Eplièse,  au  concile  de  Calcédoine 
(liclione  2) ,  pour  prouver  la  canomcilé  de  son 
élection.  Quarante  évêqucs  d'Asie  m'ont  ordonne  avec  le 
suffrage  des  clarissimes,  des  principaux  ,  du  vénérable 
cierge  el  de  tonte  la  ville.  S.  Léon,  à  la  sollicitation 
du(iuel  lut  assemblé  le  concile  de  Calcédoine,  écrivant 
aux  évêques  de  la  province  de  Vienne  (2),  exige  de 
même,  pour  rendre  une  élection  légitime,  le  concours 
du  clergé  et  des  dilTérenls  ordres.  Car  après  avoir 
dit  que  l'on  doit  demander  en  paix  et  sans  lunuilte 
ceux  (pu  doivent  être  ordonnés,  il  ajoute  que  Con  ait 
[a  souscription  des  clercs,  le  témoignage  des  personnes 
honorables,  le  consentement  des  magistrats  et  du  peuple. 
Que  celui  qui  doit  être  au-dessus  de  tous  soit  élu 
par  tous.  Qui  prœfuturus  est  omnibus,  ab  omnibus  eli- 
gatur. 

Ce  qne  nous  avons  dit  Jusqu'à  présent  fait  connaître 
quels  étaient  cciix  qui  concouraient  à  l'élection  des  j 
évè(iiies,  jusqu'au-delà  du  milieu  du  cinquième  siècle  ;  ■ 
et  les  mêmes  choses  se  sont  encore  observées  depuis,  [ 

comme  il  serait  aisé  de  le  l'aire  voir.  Mais  comme  ' 

! 


SU 

tir  de  ce  qui  est  permis,  et  de  ce  qui  ne  Cett  pa$;  Mut 
ne  aevons  voinl  consentir  à  ce  qui  ne  convient  pas  {non 
his  consensum  prœberc  debemus). 

Nous  avons  un  exemple  illustre  de  cette  autorité 
des  évêqu'S  en  ce  genre  dans  l'élection  de  S.  Basile. 
On  y  voit  jusqu'où  allait  la  déférence  que  les  evêqncs 
avaient  pour  le  choix  et  les  sufl'rages  du  peuple,  et 
comment  ils  s'y  opposaient  quand  ils  s'apercevaient 
qu'ils  suivaient  plutôt  leur  i)assion  ou  l'impression 
que  faisaient  sur  eux  les  intrigues  de  quelques  ambi- 
tieux, que  les  règles  el  l'atlacliement  au  bien  public 
et  à  l'avantage  des  fidèles.  Eusèbe,  evêque  de  Césa- 
rée,  étant  mort,  le  clergé,  selon  la  coutume,  écrivit 
aux  évêqucs  de  la  province,  et  ils  vinrent  pour  pro- 
céder à  l'élection.  Grégoire  (I  ),  le  père  du  Théologien, 
y  étant  appelé  comme  les  autres,  craignit  de  n'y  point 
assister,  tant  pour  son  extrême  vieillesse  que  pour 
une  maladie  qui  lui  était  survenue.  Il  écrivit  donc  au 
clergé  et  au  peuple  de  Césarée  en  ces  termes  (2)  :  Je 
,  suis  un  pelit  pasteur  d'un  petit  troupeau  :  mais  la  grâce 
n'est  pas  resserrée  par  la  petitesse  des  lieux.  Qu'il  soit 
donc  permis  même  aux  petits  de  parler  librement  :  il 
s'agit  de  l  Église  pour  laquelle  Jésus-Christ  est  mort  : 
l'œil  est  te  flambeau  du  corps,  l'évêque  est  le  flambeau 
de  rKglise.  Puisque  vous  m'avei  appelé  suivant  les  ca- 
nons, et  que  je  suis  retenu  par  la  vieillesse  et  la  mala- 
die ,  si  le  Saint-Esprit  me  donne  la  force  d'a,^sister  en 
personne  à  l'élection  ,  car  il  n'y  a  rien  d'incroyable  aux 
fidiles,  ce  sera  le  meilleur  et  le  plus  agréable  pour  moi  : 
si  l'infirmité  me  retient,  je  concours  autant  (jue  peut  un 


qui  a  éié  dit  du  concours  de  ces  dilTérenls  ordres  pour 
les  élections. 

Tous  ceux  dont  nous  avons  parlé  y  avaient  part, 
mais  en  diverses  manières.  Car  quoique  S.  Cy|irien, 
et  quel(iucs-uns  de  ceux  que  nous  avons  cités  cl  que 
nous  pourrions  alléguer,  semîdent  ])arler  indifférem- 
ment de  ces  sulTi  âges  des  évêques ,  du  clergé  el  du 
peuple,  il  faut  se  souvenir  qu'ils  parlent  de  la  chose 
en  gros,  sans  entrer  dans  ces  différences  qui  étaient 
assez  c!)nnnes  par  l'usage  de  ce  temps-là,  auquel  il 


cela  n'est  pas  contesté,  il  vaut  mieux  développer  ce  '    absent.  Je  ne  doute  pas  que  dans  une  si  grande  ville  qui 


a  toujours  eu  de  si  grands  prélats,  il  n'y  ait  d'autres 
personnes  dignes  de  la  première  place  :  mais  je  ne  puis 
en  préférer  aucun  à  notre  cher  fils  te  prêtre  Basile.  C'est 
un  homme,  je  k  dis  devant  Dieu,  dont  la  vie  et  la  do- 
ctrine est  pure,  et  le  seul,  ou  du  moins  le  plus  propre  de 
tous  à  s'opposer  aux  hérétiques...  J'écris  ceci  au  clergé, 
aux  moines,  aux  dignités,  au  sénat,  et  à  tout  le  peuple. 
Si  mon  suffrage  est  approuvé  comme  juste  et  venant  de 
Dieu,  je  suis  présent  spirituellement,  ou  plutôt  j'ai  déjà 
imposé  les  mains  :  si  l'on  est  d'un  autre  avis,  si  l'on  juge 


e4  constant  que  les  évêtpies  comprovinciaux  avec  le  ''  par  cabales  et  par  inlérêts  de  famille,  si  le  tumulte 
métropolitain  avaient  la  niedleure  part  dans  les  éle-  '  l'emporte  sur  les  règles,  faites  entre  vous  ce  qu'il  vous 
lions.  C'étaient  eux  qui  étaient  proprement  les  élec-  !    plaira,  je  me  retire. 

leurs  :  si  on  demandait  le  conseniemenl  du  clergé,  |  :  Le  saint  vieillard  Grégoire  (3)  écrivit  à  S.  Eusèbe  de 
si  on  avait  égard  aux  désirs  du  peuple,  c'est  que,  .  Samosaie,  pour  implorer  son  secours  en  cette  occa- 
comme  dit  le  pape  S.  Célestin  (5),  il  ne  fallait  point      sion,  qnoi<iu'il  ne  fût  pas  de  la  province,  lui  représcn- 


leur  donner  un  évêque  malgré  eux.  yullns  invitis 
detur  e]iisco]ms.  Au  reste,  le  choix  en  était  toujours 
laissé  aux  évoques,  en  sorte  que  si  le  peuple  emporté 


tant  le  péiil  où  se  trouvait  l'église  de  Césarée,  par 
les  entrejrises  des  hérétiques.  S.  Eusèbe  vint  en 
edei  (i),  et  sa  présence  fui  irès-efficaee  pour  con- 


par  la  passion,  ou  aveuglé  par  l'ignorance,  demandait  soler  et  soutenir  les  catholiques   :  car  encore   que 

lumultnairement  un  sujet  indigne  ou  incapable  de  ce  S.  Basile  fût  manifestement  le  plus  digne  de  remplir 

grand  ministère,  les  évêqucs  étuienl  en  dniit  do  le  le  siège  de  Césarée,  les  |>reniières  personnes  du  i)ays 

rejeter.  Car,  comme  dit  le  pape  S.  Célestin  (4)  aux  ;  s'y  opposaient  :  ils  soutenaient  leur  faction  par  les 

évêques  de  fouille  et  de  Calaure.  il  faut  dans  ces  occa-  \  plus  méchants  d'entre  le  peuple,  et  avaient  gagné 

sions  instruire  le  peuple  et  non  pas   le  suivre,  et  i'aver-  |  une  partie  des  évêques.  Ainsi,  quand  ils  furent  asscm- 


(l)In  vità  S  Marl.,c.  7. 
(2)  Ep.  iO  nov.  edit. 
(ô)  Kp.  2,  cap.  D. 
(4)  i:p.  3,  c.  3. 


(I)  Oral.  18. 
(2)Ep.  22. 

(3)  Apud  Basil.,  op.  4. 
(.4)r.ieg.,cp.  i9. 


8Ï8  ORDRE.  —  r*  PARTIE.  CIIAP. 

blés,  ils  écrivirent  à  l'évoque  de  Nazianze,  pour  Tin- 
Viler  à  venir  ,  mais  d'une  manière  qui  lui  fil  cnlcndre 
qu'ils  ne  le  désiraient  pas.  Il  leur  marqua  par  sa  ré- 
ponse qu'il  l'avait  bien  coin|)ris  ;  et  leur  dédura  , 
comme  il  avait  lait  au  clergé  cl  au  peuple  de  Césarée, 
qu'il  donnait  son  sulTragc  au  prèlre  B;isile  eoiume  au 
plus  digne  ;  et  protesta  conire  l'élection  que  l'on  i)0ur- 
rait  faire  par  cabale.  El  si  l'on  oppose,  dil-il,  le  pré- 
texte de  sa  mauvaise  santé,  vous  ne  cliercbez  pas  un 
athlète,  mais  un  docteur  (I).  H  ne  se  conlciila  pas 
d'écrire  ;  mais  sachant  qu'il  marupiait  une  voix  pour 
rendre  l'élection  canonique,  nonobstant  son  grand 
âge  et  sa  maladie  qui  le  réduisait  à  l'extrémité,  il 
sortit  de  son  lit,  et  se  fit  porter  à  Césarée  ;  s'esiimant 
heureux  s'il  achevait  sa  vie  pour  une  bonne  œuvre. 
S.  Basile  fut  donc  élu  et  ordonné  canoni(piement 
évoque  de  Césarée  ;  el  l'Église  fait  mémoire  de  cette 
ordination  le  iV  de  juin. 

Ce  récit  renferme  bien  des  particularités  intéres- 
santes, et  propres  à  faire  connaître  la  discipline  de 
ce  lemps-là  touchant  les  élections.  On  y  voit,  en- 
tr'auires,  que  les  évéques  y  avaient  la  principale  au- 
torité, qu'ils  y  concouraient  quoiqu'abseats  ,  que  la 
pluralité  des  voix  remportait,  qu'ils  étaient  en  droit 
de  former  opposition  quand  on  voulait  conduire  une 
affaire  de  cette  importance  par  intrigues  et  par  caba- 
les ;  que  les  évéques  même  de  différentes  provinces 
s'y  trouvaient  quelquefois  pour  procurer  la  ]m\  el 
l'unanimité,  etc.  En  Afrique,  c'était  une  coulume 
reçue  dés  la  fin  du  quatrième  siècle  pour  empêciier 
les  brigues  et  procurer  les  élections  canoniques,  d'en- 
voyer dans  les  églises  vacantes  un  évéque  du  voisi- 
nage pour  disposer  le  peuple  et  le  ckrgé  à  faire  choix 
d'une  personne  digne  d'une  place  si  éniinenlc,  et  pour 
arrêter  le  cours  des  brigues  et  des  entreprises  des 
hommes  charnels  et  ambitieux.  Cet  évéque  gouver- 
nait l'église  pendant  la  vacance,  et  se  nommait  Inter- 
cessor.  D.ins  la  suite  il  fut  appelé  évéque  visileur.  On 
voit  cet  usage  dans  le  cinquième  concile  de  Cartliage, 
tenu  en  598,  lequel  ordonne  (can.  G)  à  cet  évéque  de 
ne  rien  omettre  de  ce  qui  dépendra  de  lui  pour  [iro- 
curer  l'élection  avant  que  l'aimée  de  vacance  soit  ex- 
pirée;, et  lui  défend  de  retenir  ce  siège,  quelque  in- 
stance que  le  peuple  lui  en  fasse.  11  veul  aussi  qu'il 
se  relire  au  bout  de  l'année  si  le  siège  n'est  point 
rempli,  et  qu'im  autre  vienne  prendre  sa  place,  ce 
qu'il  devait  faiie,  surtout  si  c'était  par  sa  négligence 
que  l'on  n'eût  point  pourvu  à  cette  église. 

Ce  concile  suppose  cet  usage  et  ne  l'éiablil  pas , 
comme  il  est  aisé  de  s'en  convaincre,  en  jetant  les 
yeux  sur  le  canon  où  il  eu  esl  fait  mention.  Ainsi  il 
doit  être  ancien  et  s'est  conservé  long-temps  dans  l'É- 
glise ,  comme  nous  aurons  peut-être  occasion  de  le 
faire  voir  dans  les  articles  suivants.  Le  concile  de 
Calcédoine  ne  donne  pas  un  si  long  délai  que  sendile 
faire  le  concile  de  Carlhage,  votdant  que  l'on  ne  laisse 
point  une  église  vacante  plus  de  trois  mois.  C'est 

(l)Gregor.,  orat.  10  et  lU. 


VU.  PROMOTION  DES  EVEQUES.  83« 

ainsi  qu'il  s'en  explique  dans  son  canon  vingl-cin- 
quième  :  Ayant  appris  que  quelques  mélropolUaius  né' 
ql'Kjenl  leurs  troupeaux  et  difj'èrenl  les  ordinations ,  le 
sailli  concile  a  urdoinié  qu'elles  se  fissent  dans  respace 
de  trois  mois  ,  à  moins  qu'une  nécessité  inévitable  n'o- 
biuje  à  les  nmctlre  au-delà  de  ce  terme.  Cette  ordon- 
nance de  Calcédoine  a  été  souvent  renouvelée  dans 
les  siècles  suivants,  comme  on  le  voit  dans  les  lettres 
de  S.  Grégoire  (1). 

Quand  par  les  exhortations  de  l'évèque  visiteur 
ou  aiilremciit,  les  esprits  se  trouvaient  disposés  à 
procéder  caimuiquoment  et  sans  tumulte,  au  choix 
d'un  sujet  digue  de  remplir  le  siège  vacant,  les  évo- 
ques de  la  province  qui  le  pouvaient,  se  rendaient  sur 
les  lieux.  On  indiquait  un  jeûne  de  trois  jours  pour 
implorer  les  lumières  du  Saint-Esprit  dans  une  affaire 
de  celle  importance,  comme  on  le  voil  dans  plusieurs; 
monuments  de  ranli((uilé  (2),  et  les  évéques  étant 
j  sur  les  lieux ,  ou  on  leur  mettait  en  main  le  dérret 
1  d'élection  ,  on  ceux  qui  avaient  droit  de  doimer  lem* 
j  suffrage  en  celle  occasion  ,  le  faisaient  en  leur  pré- 
sence ;  ce  qui  éiantfaii,  le  nsélropoliiain  avec  sci 
suffragnnts  exauiinaieiit  tant  le  décret  d'élection,  que 
la  personne  de  Ic'hi ,  qui  n'avail  acquis  proprement 
aucim  droit  par  les  suffrages  du  pfiuple  et  du  clergé, 
jusqu'à  ce  qu'il  fût  approuvé  par  les  évéques,  quoi- 
que ceux  ci  eussent  coutume  de  déférer  aux  vœux  et 
à  la  demande  du  clergé  el  du  peuple,  à  moins  que  de 
puissantes  raisons  ne  les  empêchassent  d'y  avoir 
j  égard.  11  est  souvent  p;irlé  de  ces  décrels  d'électior» 
présentés  aux  métropolitains ,  dans  les  auteurs  ecclé- 
siasti(|ues,  et  nous  en  avons  encore  les  formules  (3). 
Je  me  contenterai  pour  en  prouver  l'usage,  de  rap- 
porter ce  que  dit  Eusèbe,  évéque  d'Ancyre,  au  concile 
de  Calcédoine  (aclione  16).  Savoir,  qu'il  avait  ordonné 
révoque  de  Ginigre ,  toute  la  ville  lui  ayant  apporté  tes 
décrels  d'élection. 

Après  que  les  évéques  s'étaient  assurés  soit  par  la 
leclure  de  ce  décret,  soit  par  ce  qu'ils  avaient  vu 
eux-mêmes ,  que  ceux  (pii  avaient  droit  de  proposer 
un  sujet  pour  le  siège  épiscopal ,  y  avaient  procédé 
avec  paix  et  unanimité,  ne  cherchant  que  le  bien  et 
l'avantage  de  l'Eglise  ,  il  ne  restait  qu'à  examiner  ce- 
lui ([ue  l'on  demandait,  el  en  laveur  duquel  les  vœux 
des  gens  de  bien  et  de  la  plus  grande  ou  de  la  plus 
s.iii.e  partie  du  |.eiqiie  et  du  clergé  s'étaient  réunis. 
C'est  ce  qu'ils  faisaient  avec  grand  soin  ,  s'informaut 
exaclemeut  tant  de  sa  conduite  que  de  sa  doctrine. 

Le  (|ualriènie  concile  de  Carlhage  compcsé  de  21  i 
èvè(iues  du- premier  mérite,  nous  a  laissé  en  598  im 
modèle  de;  C(U  examen.  Le  voici  tel  qu'il  se  trouve 
dans  le  premier  cliapilie  :  Un  ciamincra  auparavant 
celui  qui  doit  être  ordonné  (évéque),  s'»7  est  prudent, 
s'il  est  modéré ,  s'il  est  chaste,  s'il  est  sobre,  s'il  est  at- 


î 


(1)  L.  G,  cpisl.  li,  et  episl.59. 

(2)  Aela  liassiani  Laudensis  episc,  apud  Bolland., 
10  januar.  ;  A»l.  S.  Conradi  episc;  Const.  apud  Sur., 
20  niiv.,  etc. 

{H)  In  append.  ad  lom.  2  Concilier.  Gallia;. 


827 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


828 


tentifà  scx  affmres,  sll  est  humble,  s'il  est  affable,  s'il 
est  miséricordieux,  s  il  est  iiislruil  de  la  loi  de  Dieu,  s  il 
est  versé  dans  le  sens  des  Écritures ,  s'il  est  exercé  dans 
les  dogmes  ecclésiastiques.  Voilà  sur  quoi  roulait  l'exa- 
men quant  à  la  conduile  et  aux  talents  que  Ton  exi- 
geait (le  lui.  On  l'examinait  ensuite  louchant  sa  foi  et 
pour  éviter  toute  surprise  sur  un  point  si  important, 
on  ne  se  coniciilait  pas  de  l'interroger  sur  les  points 
les  plus  importanls  de  la  religion,  ou  de  lui  faire  don- 
ner sa  confession  par  écrit  sur  les  principaux  dogmes  : 
on  prenait  de  plus  toutes  les  mesures  convenables 
pour  s'assurer  qu'il  n'était  point  infecté  des  erreurs 
qui  régnaient  dans  le  temps  et  le  pays  où  il  vivait. 
D'où  vient  que  les  confessions  de  foi  que  nous  trou- 
vons faites  dans  ces  occasions  sont  plus  ou  moins 
étendues,  et  que  plusieurs  touchent  des  points  dont  il 
n'est  pas  question  dans  d'autres. 

On  remarque  dans  celle  que  prescrit  le  concile  de 
Carthage  ,  celle  atlention  contre  les  hérésies  locales 
en  plusieurs  endroits,  et  entre  autres,  en  ce  qu'il  y  est 
dit  :  On  lui  demandera  aussi  s'il  croît  que  le  même  Dieu 
est  auteur  du  vieux  et  du  nouveau  Testament ,  ou  bien  de 
la  loi ,  et  des  écrits  des  Prophètes  et  des  Apôtres.  Si  le 
diable  est  rnauvais  par  nature ,  ou  s'il  est  devenu  mau- 
vais par  sa  propre  volonté...  s'il  n'improuve  point  le  ma- 
riage... s'il  est  persuadé  que  personne  ne  peut  être  sauvé 
hors  de  l'Église  catholique,  etc.  Ce  fut  en  conséquence 
de  cet  usage  d'exiger  de  ceux  qui  devaient  être  ordon- 
nés une  confession  de  foi  opposée  aux  dogmes  per- 
vers qui  avaient  cours ,  que  l'empereur  Juslinicn  qui 
avait  si  fort  à  cœur  la  condamnation  des  erreurs 
d'Origène  (1),  voulut  que  ceux  qui  devaient  êlre  pro- 
mus à  l'épiscopat  ou  à  la  dignité  dabbés ,  analbéma- 
tisassent  préalablement  avec  les  autres  hérésies  et 
leurs  auteurs  ,  Origène  avec  ses  erreurs  qu'il  traite 
d'impies  et  d'exécrables. 

G:et  examen  étant  achevé ,  et  le  sujet  présenté  par 
le  clergé  et  le  peuple,  ayant  été  trouvé  tel  que  les  lois 
de  l'Église  le  demandaient ,  il  était  ordonné  aussitôt 
par  le  métropolitain  assisté  au  moins  de  deux  de  ses 
snffiagants  (2).  C'est  ainsi  que  se  faisaient  les  élections 
par  toute  l'Église  dans  les  cinq  premiers  siècles  ,  et 
dans  une  grande  partie  de  la  clirétienlé  dans  le  si- 
xième. Mais  dès  ce  temps-là ,  ce  bel  ordre  et  cette 
sainte  discipline  qui  avait  produit  tant  de  grands  évê- 
ques,  commença  à  souffrir  (juehpie  altération  dans 
l)hisieurs  endroits  ,  quoiqu'on  y  observât  toujours  en 
p;u  lie  les  règles  dont  nous  venons  de  parler.  C'est  ce 
(;i!e  nous  allons  voir  dans  l'article  suivant. 

Mais  avant  de  commencer  cet  article ,  il  faut  dire 
en  mot  d'une  cérémonie  fort  ancienne  qui  s'observait 
assez  communément,  immédiatement  après  réieclion 
des  évêques.  Celle  cérémonie  consistaii  à  publier  so- 
Icunellement  sur  l'ambon  l'élection  qui  venait  de  se 
faire,  comme  le  montre  M.  Thicrs ,  dans  sa  Disserta- 
lionsur  les  Jubés, ou  Aiubons des  Églises,  ch,  15.  Celte 


(1)  Tract,  adv.  errores  Origcn. 
070. 
[i)  Synod.  Nicaena,  can.  4. 


tom.  5,  Conc.  p. 


1  publication  était  suivie  des  acclamations  du  peuple  qui 
approuvait  ce  qui  s'était  fait.  On  en  a  vu  plusieurs 
exemples,  et  nous  en  avons  un  modèle  dans  les  actes 
d'Éradius,  qui  se  trouvent  parmi  les  lettres  de  S.  Au- 
gustin. Ces  actes  portent  qu'Éradius  ayant  été  dé- 
signé évêque,  le  peuple  répéta  vingt  fois  dans  ses 
acclamations,  dignusetjnstus  cbt,  et  cinq  fois,  bcnè  mé- 
ritas, benè  dignus  ;  il  l'a  bien  mérité  ,  il  en  est  digne. 
Voyez  sur  ce  sujet  les  notes  de  M.  de  Valois  sur  le 
sixième  livre  d'Eusèbe ,  ch.  29,  et  Philostorge  liv.  9, 
ch.  10. 

ARTICLE   II. 

De  ce  qui  s'est  observé  dans  l'Église  touchant  les  élec- 
tions des  évêques  ,  depuis  le  sixième  siècle  jusque  ver$ 
la  fin  du  onzième. 

Les  empereurs  Romains,  depuis  même  qu'ils  furent 
devenus  chrétiens,  ne  se  mêlaient  point  des  élections 
des  évêques,  à  l'exception  de  celui  de  la  ville  dans  la- 
quelle ils  faisaient  leur  résidence  ordinaire ,  comme  à 
Conslantinoplc.  Pour  ce  qui  est  des  autres,  ils  lais- 
saient oïdinairement  une  entière  liberté  de  faire,  sur 
cela,  ce  qui  était  prescrit  par  les  canons,  excepté  qu'à 
l'égard  de  l'église  de  Rome,  ils  voulurent  que  le  dé- 
cret d'élection  des  papes  leur  fût  envoyé,  afin  d'obte- 
nir leur  consentement  avant  qu'ils  fassent  consacrés  : 
ce  qui  passa  en  coutume,  surtout  depuis  que  Justinien 
eut  chassé  les  Goths  d'Italie.  Hors  ces  deux  églises  et 
quelques  autres  auxquelles  ils  pourvoyaient  rarement, 
on  suivit  partout,  jusqu'au  sixième  siècle,  la  forme 
des  élections,  telle  que  nous  l'avons  représentée  dans 
l'article  précédent. 

L'église  de  Lyon,  la  plus  illustre  des  Gaules,  avait 
un  usage  louchant  la  promotion  de  ses  évêques,  qui  lui 
était  propre  :  car  nous  apprenons  de  l'auteur  de  la  Vie 
de  sainte  Consm'se,  Co«sor;/VT,  qui  lui  élait  contempo- 
rain ,  selon  le  père  Mabillon ,  qui  a  inséré  cette  vie 
].armi  celle  des  Saints  de  sou  ordre,  tom.  1,  pag. 
,248  etsccf. ,  nous  apprenons ,  dis-je,  de  cet  auteur, 
que  l'église  de  Lyon  avait  coutume  d'attendre  une  ré- 
vélation particulière  de  Dieu  ,  quand  il  était  question 
de  remplir  le  siège  vacant.  C'est  ce  qu'il  dit  à  l'occa- 
sion de  la  promotion  de  S.  Eucher  second  du  nom , 
père  de  celte  sainte  dont  il  a  écrit  la  vie.  //  arriva  en 
ce  temps-là  (sur la  lin  du  sixième  siècle)  que  l'évèque 
de  Lyon  vint  à  mourir.  Or  c'était  la  coutume  de  cette 
église,  dit  l'historien,  que  quand  la  mort  l'avait  privée 
de  son  pasteur  ,  elle  attendit  une  révélation  du  Sei- 
gneur ,  pour  lui  choisir  un  successeur.  Il  raconte  en- 
suite, comment  un  enfant  après  l'apparilion  d'un 
ange,  indiqua  S.  Eucher  qui  s'était  retiré  dans  une  ca- 
verne sur  la  Durance,  et  comment  le  peuple  et  le 
clergé ,  en  conséquence  de  cette  révélation  qui  avait 
été  faite  à  l'enfant ,  après  un  jeûne  de  trois  jours,  en- 
voya l'archidiacre  de  l'église  avec  d'antres  persoimes 
pour  lirer  S.  Eucher  de  sa  caverne  et  l'amener  à  Lyon, 
où  il  fut  reconnu  unanimement  pour  évèque.  Cela 
était  particulier  à  celte  église.  Revenons  à  notre  sujet. 
Quand  les  barbares  venus  du  nord  se  furent  répan- 
dus dans  l'empire  d'Occident,  et  y  curent  forme  diver- 


ORDRE.  —  I"  PARTIE.  CIIAP.  VII.  PROMOTION  DES  EYÉQUES. 


829 

ses  monarchies,  les  princes  qui  les  gouvcrnaicnl,  ayant 
abandonné  le  cnltc  dos  idoles,  ou  riiércsie  Arienne, 
dont  plusieurs  d'entre  eux  étaient  infeclés,  coninion- 
cèrent  à  prendre  connaissance  de  réicciion  des  évè- 
ques;  etquelque  lenijis  après,  voyant  lo  grand  crédit  que 
les  prélats  avaient  parmi  les  pcujjies  soumis  à  leur 
domination,  ils  prirent  part  àleur  élection,  et  le  fuonl 
de  telle  sorte,  qu'ils  s'en  rendirent  prescjne  les  maîtres 
absolus;  quoiqu'on  gardât  encore  au  dehors,  à  peu- 
près  les  mêmes  formalités  qu'auparavant  dans  ces 
élections.  C'est  ce  que  dit  M.  Fleuri  dans  son  Institu- 
tion au  droit  canonique,  en  ces  termes  (cap.  10): 
Dans  les  roijaunies  qui  se  formèrent  des  débris  de  rem- 
pire  Romain ,  //  falliU  aussi  avoir  le  consentement  des 
princes,  qui,  voyant  la  (jrniide  autorité  des  évoques  sur 
IfS  peuples  de  leurs  nouvelles  conquêtes,  étaient  jaloux 
de  ne  laisser  élire  que  ceux  qu'ils  croyaient  leur  être  fi- 
dèles. Ainsi  sous  la  première  race  de  nos  rois,  et  au  com- 
mencement de  la  seconde,  quoique  lu  forme  des  élections 
s'observât  toujottrs,  les  rois  en  étaient  souvent  les  maîtres. 
Cela  est  si  vrai,  que  nous  avons  encore  dans  les  for- 
mules de  Marculfe  (I),  celle  des  actes  par  lesquels  les 
rois  procuraient  l'épiscopat  à  ceux  qu'ils  jugeaient  à 
propos;  ils  sont  au  nombre  de  trois.  Premièrement 
Tordre  ou  précepte,  car  on  le  non)mail  ainsi,  par  le- 
quel le  roi  déclare  au  métropolitain,  qu'ayant  appris  la 
mort  d'im  tel  évèquc  ,  il  a  résolu  de  l'avis  des  évêques 
et  des  grands,  de  lui  donner  un  tel  pour  successeur.  C'est 
pourquoi,  ajoute  t-il,  nous  vous  ordonnons  qu'avec 
les  autres  évoques ,  qui  auront  reçu  nos  lellres,  vous 
ayez  à  le  consacrer  selon  les  règles.  Ensuite  est  une 
lettre  qui  semble  être  pour  un  des  évéques  de  la  pro- 
vince. Endn ,  on  voit  la  requête  des  citoyens  de  la  i 
ville  épiscopale,  par  laquelle  ils  demandent  au  roi  de 
leur  donner  pour  évèque ,  un  tel  dont  ils  connaissent 
le  mérite., 

Ce  dernier  acte,  dit  M.  Fleuri  (2),  fait  voir  que  Cou 
amendait  le  choix,  ou  du  moins  te  consentement  du  peuple; 
et  les  deux  autres  peuvent  exprimer  le  consentement  du 
roi,  si  l'on  veut  les  accorder  avec  le  concile  de  Paris  sous 
saint  Germain,  et  avec  tant  d'autres  (3)  qui  maintiennent 
la  liberté  des  élections ,  ou  bien  il  faudrait  dire  que  ces 
formules  marquent  moins  le  droit  que  le  fait ,  et  ce  qui 
se  pratiquait  effectivement ,  même  contre  les  règles.  Ce  ! 
que  nous  apprenons  de  l'iiisloire  de  nos  rois,  jointe  à 
ces  fornudes  de  Marculfe,  étant  couqiaré  avec  le  hui- 
tième chapitre  de  ce  concile  de  Paris,  ne  cause  pas 
moins  d'embarras  à  l'illustre  Jérôme  Bignon  (5),  tant 
il  est  difficile  de  concilier  l'un  avec  l'aulre  :  car  voici 
ce  qui  est  dit  dans  le  synode  de  Paris  (5):  Que  Ton  n'or- 
donne aucun  évèque  aux  citoyens  malgré  eux,  mais  ce- 
lui-là Si'ulement ,  que  le  clergé  elle  peuple  aura  requis 

(1)  Eih.  I,c.  !S. 

(2)  llist.  Kccics.,  I.  8,1.50,  |).  .5G0. 
(.1)  Le  concile  d'Orléans  do  V;\n  'old,  c.  20;  celui 

de  lleiiiis,  c.  2.'i  ;  celui  do  Chàlons,  c.  10. 

(-i)  Not.  in  Marc,  formulas,  t.  2  Hazid.,  p.  883. 

(o)  Ce  concile  s'est  tenu  l'an  Hbl.  Le  cinquième  de 
la  moine  ville,  assemltlé  on  Olo,  a  renouvelé  la  même 
discipline  dans  son  premier  canon. 


S30 

par  une  élection  unanime ,  «  nisi  qucm  populi  et  clcrico" 
i  rum  dectio ,  plenissimà  quœsierit  voluntate.  >  Qu'on 
ne  le  leur  donne  point  par  le  commandement  du  prince , 
contre  la  volonté  du  métropolitain  et  des  évéques  comprO' 
vin  fi  aux. 

D'un  autre  côté,  on  ne  peut  disconvenir  que  les  rosi 
ne  disposassent  à  leur  volonté  des  évôchcs  de  leurs 
royaumes,  pendant  la  première  race  et  le  commence- 
ment de  la  seconde.  Il  faut  donc  conclure  que  le  sy- 
node de  Paris  propose  la  règle  que  l'on  doit  suivre, 
quoiqu'elle  fùL  mal  observée,  aliu  que  l'on  ne  l'oubliât 
■pas,  et  que  les  prélats  fussent  excités  à  en  demander 
l'exécution  aux  rois  quand  Dieu  leur  en  ferait  naître 
l'occasion  :  ce  qui  sans  doute  est  arrivé  plusieurs  fois, 
(luoiquc  leurs  instances  pour  cela  ne  soient  point  ve- 
nues à  noire  connaissance,  et  qu'elles  aient  eu  peut- 
être  leur  succès  en  diflerenls  cas  particuliers. 

Au  reste ,  il  est  constant ,  comme  nous  avons  déjà 
dit ,  que  la  plupart  des  promotions  d'évèques  se  fai- 
saient alors  principalement  par  l'autorité  royale  et 
conformément  à  ce  qui  est  marqué  dans  les  formules 
de  Marculfe.  C'est  ce  qui  paraît  par  une  infiuiié  d'en- 
droits de  l'histoire  de  S.  Grégoire  de  Tours ,  dont  il 
est  à  propos  de  rapporter  quelques-uns.  Cet  au- 
teur (1) ,  en  parlant  d'un  certain  Jovin  qui  avait  été 
gouverneur  de  province,  dit  do  lui  que  l'église  d'Uzès 
étant  vacante  ,  il  obtint  un  ordre  du  roi  pour  s'en 
faire  ordonner  évèque.  îlegium  de  episcopatu  prœceptum 
accipit.  Dans  le  liv.  7,  c.  51,  il  fait  encore  mention  de 
cet  ordre,  qu'il  appelle  prœceptionem.  L évèque  d'Aix, 
dil-il ,  était  mort  depuis  peu,  et  Nicelius,  qui  en  était 
comte ,  avait  obtenu  un  ordre  ,  pr.*:ceptio.\em  ,  du  ro'i 
CliUpéric  ,  pours\'n  faire  ordonner  évèque,  après  s'être 
fait  couper  les  cneveux  {ut  tonsuratus  civitali  illi  sacer^ 
dos  darctur).  Le  roi  Thierry,  (ils  aîné  de  Clovis,  selon  le 
même  auteur  (2) ,  fit  établir  évèque  S.  Quinlien  ,  et  or- 
donna qu'il  fût  revêtu  de  toute  la  puissance  qui  convenait 
à  cette  dignité.  Et  aussitôt  qu'on  en  eut  apporté  la  nou- 
velle, les  évêques  et  le  peuple  s'étant  assemblés,  le  placè- 
rent sur  la  chaire  de  l'église  de  Clermont.  Grégoire  fait 
sentir  en  bien  d'autres  endroits  quelle  était  l'aulorilé 
que  les  rois  s'attribuaient  en  ce  genre,  1.  i,  c.  18: 
selon  lui  Tévcque  Pienlins  étant  mort  à  Paris  ,  Pas- 
coîilius  lui  succéda  par  ordre  du  roi  Cliaribcrt  :  Ex 
jussu  régis  Chariberli.  Ailloiu'S  (3)  il  se  sert  d'expres- 
sions équivalentes  :  liège  ordinante,  rege  eligcnte. 

Ce  qii'il  rapporte  du  roi  Go:itran  confirme  ce  que 
nous  disons.  C'est  dans  le  sixième  livre  de  son  his- 
toire, c  59,  (pi'il  parle  d'une  belle  réponse  que  Ht  ce 
prince  à  ceux  qui  voulaient  extorquer  de  lui  des  évê- 
chés  par  présents.  Voici  les  paroles  de  noire  histo- 
rien :  Après  cela  Sulpice  fut  élu  par  la  faveur  du  roi 
pour  remplir  le  siège  (  de  Bourges  )  ;  car,  comm?  plu- 
sieurs offraient  des  présents  ,  le  roi ,  dit-on,  répondit  en 
ces  termes  à  ceux  qui  recherchaient  l'épiscopat  :  «  Coi'esl 
pas  notre  coutume  de  vendre  à  prix  d'argent  le  sacerdoce; 


1)  L.  6,  c.  7. 

2)  L.  5,  c.  2. 

5)  L.  G,  c.  15;  1.  8;  c.  30. 


851 

et  H  ne  vous  convient  pas  de  Vaclieter  ,  de  peur  que  nous  r 
n  encourrions  l'infuinie  d'un  lucre  lionlcux,  et  qui-  vous 
ne  vousrendiez  senUdables  à  Sinion-le- Magicien.  >  La  loi 
des  Bavarois  (1),  un  des  peuples  soumis  à  l'empire  fran- 
çais ,  suppose  cette  autorité  de  nos  rois ,  lorsqu'elle  or- 
donne, que  si  quelqu'un  a  tué  un  évêquc  que  le  roi  a  éta- 
bli {si  quis  occidil  episcnpum  quem  constiluit  rex),  ou  que 
le  peuple  s\'sl  choisi,  qu'il  paie  au  roi  ou  au  peuple,  ouaux 
parents,  suivant  cet  édil.  On  doit  peul-clre  entendre  la 
particule  vel ,  dans  cette  loi ,  pour  et ,  comme  cela  se 
lait  assez  oïdiiiniremcnt  dans  le  moyen  âge  ;  mais, 
de  quelque  manière  qu'on  le  prenne  ,  la  lui  prouve 
toujours  que  les  rois  avaient  une  très-grande  part  à 
la  promotion  des  évèqucs.  Les  rois  de  lu  seconde  race 
n'en  eurent  pas  moins  ,  comme  le  témoignent  divers 
liistoriens.   On    lient  consulter    en  particulier  Flo- 
doart  (2),  au  sujet  de  Charles  Martel,  et  le  moine  de 
Saint  Gall  (5),  qui  fait  parler  Cliarlemagne  en  cette 
manière,   pour  marquer  son  ardeur  à  rétablir   les 
bonnes  études  dans  son  empire  :  Tâchez  de  vous  per- 
fectionner, et  je  vous  donnerai  descvéchés  et  des  monas- 
tères magnifiques.  1 
Les  rois  français  n'étaient  point  les  seuls  qui  jouis-  1 
saieiit  de  ce  privilège.  Ceux  des  Yisigotlis  d'fv.pagne  ! 
s'attribuaient  le  même  droit  dans  Ie&e[)tième  siècle,  en  \ 
sorte,  dii  Van-Esiicn  (l),  que  leur  consentement  était 
nécessaire  dans  l'élection  desévéqnes,  et  que  l'on  ne 
pouvait  en  consacrer  aucun  qu'ils  ne  reii>sent  aupara- 
vant désigné.  C'est  ce  ([u'il  prouve  par  le  sixième  ca- 
non du  douzième  concile  de  Tolède,  qui  est  rapporlé 
par  Graiien  (5),  en  pn-nve  de  cette  assertion  :  Le  con- 
sentement du  prince  ist  requis  dans  l'élection  des  évéques. 
Gardas  Loiaisa  remarque  la  même  cliose  sur  ce  canon, 
et  après  avoir  cilé  les  lettres  de  S.  Isidore  de  Séville 
et  le  décret  du  (lualorzièmc  concile  de  Tolède  ,  il  en 
conclut  qu'il  est  constant  qu'il  est  du  devoir  des  rois 
de  nommer  les  évoques;  ce  qui,  dit-il,  fc  faisait  en 
celle  manière  :  Le  roi  exposait  la  nomination  qu'il 
avait  faite  au  concile;  le  concile  examinait  si  celui  qui 
était  nommé  était  digne  de  l'épiscopat  ;  cpie  s'il  le  trou- 
vait tel,  tant  |»our  ses  mœurs  que  pour  sa  doctrine,  il 
confirmait  aussitôt  la  nomination  royale. 

L'empereur  Louis-le-l)é!)onnaire  renonça  à  ce  droit, 
assez  vraisemblablement  dans  le  parlement  d'Atligni, 
où  l'on  fit  un  capilulaire  de  vingt-neuf  articles ,  que 
l'on  rapporte  ordinairement  à  l'an  huit  cent  seize. 
Dans  le  second  ,  l'empereur  parle  ainsi  :  N'ignorant 
pas  les  sacrés  canons,  et  voulant  que  i Eglise  jouisse  de 
sa  liberté,  nous  avons  accordé  que  les  évéques  soient  élus 
par  le  clergé  cl  le  peuple,  et  pris,  datis  le  diocèse  même, 
en  considération  de  leur  mérite  et  de  leur  capacité,  gra- 
tuilemenl  et  sans  acception  de  personne.  Sur  quoi 
M.  Fleuri,  dans  son  Histoire  ecclésiastique  (G),  remar- 


(1)  lit.  l,c.  10. 

(-2)  L.  2,c.  *2. 

5)  L.  1,  c.ri2. 

(4)  .Inre  eccles.,  part.  I,  tit.  13,  c.  Z  cl  4,  t.  \ 
(fi)  Dist.  07),  c.  25. 
(6)  Tom.  10,  p.  241,  1.  40. 


HISTOIUE  DES  SACUEMEiNTS  83« 

que  que  ce  [>ieux  empereur  l'ut  le  premier  qui  ]r.\T 
celle  ordonnance  rendit  à  l't'glise  son  entière  libuté 
touchant  les  élections  des  évèqups ,  qui  avaient  clé 
troublées  par  la  puissance  séculière ,  depuis  la  doini- 
naiion  des  Francs  et  des  autres  barbares. 

En  vertu  de  cette  concession  on  remit  les  choses  sur 
l'ancien  pied,  excepté  que  les  métropolilains  eurent 
l'ius  de  part  à  la  promotion  des  évécjues  depuis  ce 
temps,  qu'ils  n'en  avaient  eu  auparavant,  et  (ju'on  ne 
faisait  rien  d'important  eu  ces  sortes  d'affaires,  sans  en 
informer  le  roi.  Nous  apprenons  tout  le  détail  de  ce 
qui  se  passait  à  cet  égard  par  l'ancienne  fornmle  de 
la  promotion  des  évê(|ues  ,  qui  nous  a  élé  conservée 
dans  le  second  tome  des  Conciles  des  Gaules  ,  et  dans 
le  huitième  des  Conciles  généraux  du  père  Labbé. 

Sitôt  qu'un  évèque  était  mort,  le  clergé  et  le  peuple 
envoyaient  des  députés  au  métropolitain  pour  l'en 
avertir  (4)  ;  le  métropolitain  en  donnait  avis  au  roi, 
et,  suivant  son  ordre  ,  nommait  un  des  évéques  de  la 
province  pour  être  visiteur.  11  écrivait  à  cet  évèque, 
et  l'envoyait  dans  l'église  vacante,  pour  solliciter  l'é- 
lection et  y  présider,  afin  qu'elle  ne  fût  point  différée 
et  que  les  canons  y  fussent  gardés.  Le  méiropolitain 
envoyait  en  même  temps  au  clergé  et  au  peuple  une 
ample  instruction  de  la  manière  dont  l'élection  se  de- 
vait faire  pour  être  canonique.  Le  visiteur  étant  ar- 
rivé, assemblait  le  clergé  et  le  peuple,  il  faisait  lire 
les  passages  de  S.  Paul ,  et  les  canons  qui  marquent 
les  qualités  d'un  évèque  ,  et  comment  il  doit  être  élu  ; 
il  exhortait  tous  les  ordres  en  particulier  à  suivre  ces 
règles  :  les  prêtres,  les  autres  clercs,  les  vierges ,  les 
veuves  et  les  autres  laïques,  c'est-à-dire  les  citoyens. 
Les  moines  avaient  grande  part  à  l'éleciion:  on  n'y 
appelait  pas  seulement  les  chanoines  et  les  clercs  de 
la  ville,  mais  aussi  les  clercs  de  la  campagne.  On  jeû- 
nait trois  jours  avant  l'éleciion  ,  et  l'on  faisait  des 
prières  publiques  et  des  aumônes. 

L'éleciion  étant  faite ,  le  décret  signé  des  princi- 
paux du  clergé  ,  des  moines  et  du  peuple  ,  était  en- 
voyé au  métropolitain  :  il  convoquait  tous  les  évéques 
de  la  province  pour  examiner  l'élection  ,  à  un  jour 
ceriain  et  dans  un  certain  lieu ,  qui  était  d'ordinaire 
l'église  vacante.  Tous  les  évéques  devaient  s'y  trou- 
ver, ou,  s'ils  avaient  quelijue  excuse  légitime,  ils  y  en- 
voyaient un  de  leiu's  clercs  chargé  de  leur  lettre, 
pour  approuver  l'élection.  L'élu  étant  présenté  à  ci] 
concile  ,  le  métropolitain  l'interrogeait  sur  sa  nais- 
sance, sa  vie  passée  ,  sa  promotion  aux  ordres  ,  ses 
emplois,  pourvoir  s'il  n'était  point  atteint  de  quelque 
irrégidarité;  il  examinait  aussi  sa  doctrine,  lui  faisait 
faire  sa  profession  de  foi  et  la  recevait  par  écrit;  s'il 
trouvait  Télection  canonique  et  l'élu  capable,  il  pre- 
nait jour  pour  sa  consécration;  mais  si  l'élu  se  trou- 
vait irrégulier  ou  incapable,  ou  si  l'élection  avait  été 
faite  par  simonie  ou  par  brigue,  le  concile  la  cassait, 
et  élisait  nu  autre  évèque. 
La  consécration  suivait  l'approbation  de  l'élu  et  la 


1)  lust.  au  droit  can.,  p.  94et8eq. 


é55  ORDRE.  —  r-  PARTli:.  CIIAP. 

confirmation  de  1  élection.  Que  si  celte  confirniaiioii 
se  faisait  hors  de  l'église  vacante,  le  niclropolilain  y 
envoyait  dos  lollrcs  pour  faire  recevoir  le  nouvel  évê- 
(|ue.  Le  roi  olail  averti  de  Ions  les  actes  importants 
de  cel'e  prorcdure  ,  principiilonienl  de  l^'ioclioii  et 
de  la  confirmation  :  car  il  avait  toujours  droit  d'exclure 
ceux  qui  ne  lui  étaient  pas  agréables. 

Telles  étaient  les  élections  au  neuvième  siècle  et 
jusqu'à  la  fin  du  onzième  dans  celle  partie  de  la 
France  qui  est  en-deçà  du  Rhin,  et  où  après  Louis-le- 
Débonnairc  régnèrent  Charles-le-Chauve  et  sos  des- 
cendants. Mais  il  ne  paraît  pas  que  celle  liberté  d'é- 
lection se  soit  longtemps  conservée  dans  les  antres 
parties  de  l'empire  français,  après  la  mort  de  i'Kmpe- 
reiir, qui  l'avaitaccordéeaux  églises,  puisqueLotliaire, 
son  fils  et  son  successeur,  dans  la  dignité  impériale, 
disposait  d«  s  évèchés  en  Italie  avec  une  autorité  pres- 
que absolue ,  comme  il  parait  par  ce  que  lui  écrit  le 
pape  Léon  IV,  à  lui  et  son  fils  Louis,  en  faveur  d'un 
certain  Colonus.  La  lettre  esl  des  plus  soumises  et 
conçue  en  ces  termes  (1)  :  ^'ous  prions  votre  douceur 
lie  vouloir  bien  accorder  le  gouvernement  de  l'érjUse  (  de 
Rioii  )  à  Colonns,  humble  diacre;  afin  quavec  votre 
prniisaion,  nous  puissions,  avec  l'aide  de  Dieu,  /'//  consa- 
crer éi'êgue.  Que  si  vous  ne  voulez  point  qu'il  soit  évèque 
de  celle  église,  que  voire  sérénité  daigne  lui  accorder  celle 
de  Tusculum  qui  est  vocanlc  [illi  icsira  serenitas  dignctur 
concede.re),  afin  qu'étant  consacré  par  notre  mini.-^tère,  il 
puisse  rendre  grâces  à  Dieu  et  à  votre  majesté.  On  trouve 
dansGraiien(2)  une  lettre  du  pape  Éiienne  IV,  adressée 
au  comte  Guy,  qui  est  conçue  à  peu  près  en  mêmes 
termes.  Que  si  ces  princes  avaient  tant  de  jtart  dans 
la  |iromoli(m  des  évèques  dépendants  immédiatement 
du  S:iinl  Siéj,'e,  que  ne  faisaient-ils  pas  à  l'égard  de 
ceux  des  autres  églises  ? 

Le  diplôme  de  Louis-!e-Débonnaire,  louchant  la  li- 
berlédes  élections,  fui  d'abord  assez  bien  observé  dans 
celle  partie  de  l'empire  Français,  qui  était  au-delà  du 
Rhin,  par  les  princes  qui  descendaient  de  lui  :  on  le 
voit  dans  ce  qui  est  rapporté  par  Adam  (3),  historien 
judicieux,  de  la  promotion  des  évèques  de  Brème,  et 
entre  antres  de  celle  d'/Io^cr,  moine  de  la  nouvelle 
Corbie,  qui  succéda  à  AJalger,  cl  qui  fut  ordonné  ca- 
noniquemcnt  par  Uerman ,  archevêque  de  Cologne, 
en  909,  et  reçut  la  férule  ou  bâton  pastoral,  du  roi 
Loids.On  lit  aussi  dans  la  Vie  de  S.  R;itl)od(i),  évèque 
d'Uircclil,  un  des  grands  ornements  de  l'église  de  Ger- 
manie, qu'il  fut  élu  en  890,  par  le  clergé  el  le  peiqile, 
avec  l'approbation  du  roi  Arnoul,  père  de  ce  Louis 
dont  nous  venons  de  parler,  qui  mourut  en  912,  le  21 
janvier,  el  en  qui  fut  éteinte  la  race  de  Charlcmagne 
au-delà  du  Rliin. 

Les  princes  qui  lui  succédèrent,  ([uoique  pleins  de 
religion,  ne  laissèrent  jias  tant  de  liberté  aux  églises 
pour  les  élections.  On  voit  par  plusieurs  exemples 

(1)  Apnd  Grat.,  dist.  63,  can.  Hi. 

(2)  Ibid.  can.  1^ 

(3)  llist.  c.  4-2. 

(A)  Acta,  sec.  .^  Bencd. ,  p.  25. 


VU.  PROMOTION  DES  ÉVÈQUES.  831 

qu'ils  s'attribuaient  une  Irès-graude  autorité  sur  ce 
point,  et  qu'ils  disposaicni  prcsqu'à  leur  volonté  des 
évèchés  vacants.  Je  me  contenterai  d'en  rappctrler 
deux  exemples.  Le  prenuer  sera  celui  de  S.  Udal- 
ric  (1).  qui,  après  la  mon  dIlislinévc.|ued'Augsbourg, 
arrivée  en  l'an  92i,  et  à  la  sollicil.ilion  de  Rurdiard, 
ducd'Allemagne,son  neveu  cl  d'autres  de  sesparenls, 
fut  présenté  au  roi  Ilenri-rOiseieur,  pourèire  pom-vu 
de  cet  évèché,  que  le  roi  lui  accorda  en  considération 
de  sa  doctrine.  Le  second  exemple  esl  encore  plus 
propre  à  faire  sentir  avec  qurlle  autoriié  les  rois  de 
Germanie  disposaient  des  évèchés.  Renouard,  évé(|ue 
de  Brème,  étant  mort  en  l'an  910,  le  peuple  el  le 
clergé  avail  élu  pour  évèque  Leidrade,  prévôl  de  cette 
église  (2) ,  (jui  allant  à  la  cour  faire  confirmer  son 
élection,  mena  avec  lui  Unni,  comme  son  chapelain. 
Mais  le  roi  Conrad,  le  premier  qui  ail  régné  en  Alle- 
magne, a|)rès  l'extinction  de  la  race  de  Charlcmagne, 
niéprisanl  la  bonne  mine  de  Leidrade,  donna  le  bâton 
pasluial  au  petit  L'iniiqui  était  derrière;  il  recul  en- 
suite lepalliinn  du  pape  Jean  X.elsa  vertu  le  filaimer 
el  resiiecler  du  roi  Conrad  el  de  Henri  son  successeur. 
Les  rois  de  Germanie  continuèrent  à  investir  des  évè- 
chés ceux  (ju'ils  y  avaient  nommés,  ou  que  le  peuple  et 
le  clergé  avaient  élus,  en  leur  mettant  en  main  le  bàloa 
pasloral  et  l'ajuiciui  au  doigt.  Ce  qui  lui  d^jas  la  suite 
le  prétexte  de  grands  troidjles  qui  s'excitèrenl  dans  la 
chrélienté  ei;surloul en  Allemagne,  el  dont  nous  serons 
obligés  de  parler  en  peu  de  mots  dans  l'article  suivant. 

ARTICLE    m. 

De  ce  qui  s'est  passé  dans  l'Église  au  sujet  des  élections 
ou  promotions  des  évèques ,  depuis  la  fin  du  onzième 
siècle  jusqu'à  ces  derniers  temps.  Du  serment  que  les 
évèques  prêtaient  avant  leur  sacre. 
La  plupart  des  empereurs  ou  des  rois  d'Allemagne 
avaient  usé  du  droit  des  investitures  avec  beaucoup  de 
religion.  Ils  avaient  été  soigneux  de  pourvoir  lÉglise 
de  bons  ministres,  et  jamais  l'église  Germanique  n'a 
été  plus  florissante  et  n'a  eu  tant  de  saints  évèques 
qtie  sousConrad,  premier  de  ce  nom,  llenrisurnommé 
l'Oiseleur ,  les  trois  empereurs  Otiion  ,  S.  Henri  qui 
succécb  à  Olhon  111,  Conrad  H,  et  Henri,  surnommé 
le  ÎN'oir,  son  lils.  Mais  Henri  lY,  fils  de  ce  dernier, 
abusa  étrangement  de  l'aulorilé  qu'avaient  les  princes 
de  conférer  les  évèchés  et  d'en  investir  ceux  qu'il  leur 
plaisait,  par  l'anneau  et  la  crosse;  il  fit  un  honteux 
conmierce  des  bénélices  de  son  royaume,  les  donnant 
à  des  personnes  indignes,  en  récompense  de  leurs  flat- 
teries ou  de  leurs  services ,  ou  ménie  en  les  vendant  à 
deniers  compianis. 

Plusieurs  bons  papes  avaient  gémi  de  ces  abus  si 
préjudiciables  au  bien  des  âmes,  mais  aucun  n'avait 
tenté  ouvertement  de  l'abolir;  il  fallait  un  homme  aussi 
intrépide  el  d'un  courage  aussi  élevé  que  Grégoire  VH, 
pour  cntiM'prendre  d'abolir  non-seulement  l'usagq 
d'investir  les  évèques,  parla  crosse  et  laimeau,  mais 

(1)  Sec.  o  Rened.,  p.  il.'î. 
rli  \dam,  Hisi.  «•■  47. 


835 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


encore  pour  oinpôclicr  que  les  princes  séculiers  ne  se  'i  chose  faile,  il  recul  une  Icllrc  du  Pape  qui  l'endissua 
mclasscat  à  l'avenir  de  lY'leclion  des  évoques.  Tout      dait.  11  élait  trop  tard,  mais  Anselme  en  conçut  un  s 


mcl 

le  monde  sait  combien  il  cul  de  conlradiclions  à  es- 
suyer et  de  coiulials  àsouleiiir,  pour  ùlcr  aux  princes 
un  droit  qu'ils  prétendaient  leur  èlrc  acquis  par  une 
longue  et  piisible  possession,  et  qui  élait  effectivement 
un  des  beaux  apanages  de  leur  couronne,  surtout  en 
Allemagne  où  les  évêques  étaient  très-puissants  et  des 
plus  grands  seigneurs  de  l'élat. 

L'histoire  Ecclésiasliquc  nous  apprend  les  suites  fâ- 
cheuses qu'eut  cette  funeste  division  entre  le  sacer- 
doce et  Tempire ,  les  troubles  qu'elle  excita  et  les 
malheurs  infinis  qu'elle  enlraaia.  Il  riC  nous  convient 
pas  d'entrer  dans  un  détail  circonstancié  des  guerres, 
des  révoltes,  des  divisions,  des  réunions  cl  des  ca- 
laslrophcs  qui  arrivèrent  à  celle  occasion  depuis 
Henri  IV,  roi  d'Allemagne,  justiu'à  la  mort  de  Frédé- 
ric II.  Il  entra  bien  des  passions  dans  la  querelle,  et 
on  se  battit  longtemps  sans  savoir  au  juste  le  sujet  de 
cette  querelle.  Tout  élait  mêlé  d'équivoques,  cl  ces 
combats  funestes  ressemblaient  à  ceux  qu'on  livre  pen- 
dant l'obscurité  de  la  nuit. 

Il  se  trouva  néanmoins  des  saints  qui,  dans  ces 
Lrouilleries  entre  les  papes  et  les  empereurs,  surent 
se  maintenir,  entre  autres,  S.  Olhon,  évoque  de  Bam- 
berg.  Il  avait  élé  avant  son  épiscopat  le  gardien  des 
anneaux  et  des  crosses  des  églises  vacantes,  qu'on  ap- 
portait à  l'empereur  à  la  mort  d'un  évèquc  (1).  S.  Olhon 
voulut  bien  recevoir  du  prince  Tinvesliiure,  parce  qu'il 
la  lui  conféra  graluilemcnl  :  il  alla  ensuite  se  faire  sa- 
crer à  Rome ,  et  ce  qui  parut  incompréhensible  à 
toute  rAllcmagnc,  c'est  que  dans  la  plus  grande  cha- 
leur du  schisme  qui  divisait  l'empire  d'avec  l'Église,  il 
sut  faire  agréer  à  l'empereur  son  union  avec  le  Pape, 
et  au  Pape,  sonailachcment  pour  un  prince  qu'on  re- 
gardait à  Rome  coujuie  l'ennemi  du  Saint-Siège  ;  jus- 
qu'à rapporter  de  la  gratification  dePaschal  II,  le  pa/- 
/(«),'!  pour  lui -même,  quoiqu'il  ne  fût  pas  métropolilaiu. 

Il  faut  avouer  que  les  saints  de  ce  siècle  étaient  di- 
versement éclairés  sur  la  matière  des  investitures, 
connne  nous  l'apprenons  de  M.  Baillet,  dans  les  vies 
de  S.  Adalbert  de  Prague,  de  S.  'SVolgang  de  Ratis- 
bonnc,  de  S.  Annon  de  Cologne  cl  de  quelques  autres 
saint  prélats  d'Allemagne,  qui  ne  firent  aucune  diffi- 
culté de  recevoir  l'inveslilure  des  enq)ereurs,  par  la  j 
crosse  et  l'anneau.  Les  scrupules  firent  varier  S.  An- 
selme de  Luque.  Croyant  que  c'était  une  chose  indigne 
de  l'Église  ,  de  recevoir  l'anneau  et  le  bâton  pastoral 
de  la  main  d'un  hu.;ue ,  il  se  contenta  d'aller  saluer 
l'empereur  Henri  IV,  et  revint  sans  investiture  contre 
l'intention  et  le  gré  du  pape  Alexandre  H,  son  oncle. 
11  fut  sacré  par  Grégoire  VII,  successeur  d'Alexandre. 
Voyant  que  ce  nouveau  Pape,  qui  se  déclara  depuis 
si  grand  ennemi  des  investilures,  ne  laissait  pas  de 
niéuager  l'empereur,  pour  obtenir  de  lui  la  confirma- 
tion de  son  élection,  il  se  détermina  enfin  à  aller  re- 
cevoir l'anneau  et  la  crosse  pour  son  investiture.  La  : 

(1)  Journal  des  Savants  de  l'an  1701,  15  août. 


grand  rcpculir,  qu'il  quitta  son  évèclié  pour  se  faire 
religieux.  Le  Pape  l'obligea  de  reprendre  ensuite  l'é- 
vèché.  Anselme  lui  remit  l'anneau  et  le  bâton  qu'il 
avait  reçus  de  l'empereur ,  pour  lui  marquer  qu'il  ne 
voulait  cire  attaché  qu'à  lui. 

Les  saints,  ajoutent  les  auteurs  du  Journal  des  Sa- 
vants, dont  nous  transcrivons  ici  les  paroles,  se  trou- 
vèrent aussi  partagés  en  France  sur  les  investitures. 
S.  Hugues,  abbé  de  Cluni,  fut  souvent  médiateur  en- 
tre l'Église  et  l'empire,  ou  du  moins  entre  Grégoire  VII, 
son  disciple,  et  Henri  IV,  son  filleul ,  pour  accommo- 
der un  si  fâcheux  différend.  Peu  de  temps  auparavant, 
S.  Gautier  ayant  élé  fait  premier  abbé  de  S.  Martin 
de  Pontoise,  fut  béni  d'abord  par  les  évêques,  puis  il 
reçut  dans  la  même  cérémonie  la  crosse  et  le  bâton 
pastoral  de  la  main  du  roi  Philippe  I ,  qui  s'élait  fait 
l'avoué  de  la  nouvelle  abbaye.  Le  roi  tenait  le  bâton 
par  le  nœud  qui  élait  près  de  la  crosse.  S.  Gautier, 
mettant  la  main  au-dessus  de  celle  du  roi  pour  le 
prendre,  lui  dit,  que  ce  n'était  pas  de  lui,  mais  de 
Dieu  qu'il  recevait  la  charge  d'abbé.  Chacun  prit  en 
bonne  part  cette  liberté,  que  l'on  voulut  bien  regarder 
par  le  côlé  favorable,  quoique  de  l'autre  elle  pût  être 
relevée  à  cause  de  son  équivoque,  mais  le  saint  n'avait 
affaire  qu'à  un  prince  de  huit  ou  neuf  ans.  En  Angle- 
terre, S.  Anselme  de  C;inlorberi  cul  aussi  diverses 
affaires  avec  le  roi  Henri  I"  (1)  pour  les  iuvesiilures. 
Il  refusa  de  sacrer  tous  les  évêques  qui  les  avaient 
reçues  de  ce  prince.  Sa  fermeté  obligea  enfin  le  roi  de 
renoncer  aux  investitures  des  évêchés  et  des  abbayes 
de  son  royaume. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  suffit  pour  donner  une  idée 
de  ce  fameux  différend,  touchant  les  investitures,  (jui 
aboutit  enfin  à  ôler  aux  princes  le  droit  qu'ils  prélen- 
daientavoir  à  la  nominaliondesévêques. Le  clergé  elle 
peuple  continua  encore  durant  une  partie  du  douzième 
siècle,  à  prendre  quelque  part  à  rélection  des  évêques  ; 
mais  dans  ce  même  siècle,  le  peuple  n'osant  se  mêler 
de  ces  élections  quand  elles  déplaisaient  aux  seigneurs 
dont  il  dépendait,  il  arriva  bieinôt  que  tout  le  droit 
d'élire  les  évêques  se  trouva  dévolu  aux  chapitres  des 
églises  cathédrales  qui  représentaient  le  clergé.  On 
voit  par  les  lettres  de  Grégoire  VII  (-2)  et  par  la  trei- 
zième et  dix-septième  de  S.  Bernard ,  la  part  que  le 
peuple  prenait  encore  dans  ces  élections,  sur  la  fin  du 
onzième  siècle  et  au  commencement  du  douzième. 
Mais  au  commencement  du  treizième  siècle,  la  préro- 
gative des  chapitres  des  églises  cathédrales  élait  tel- 
lement reconnue  en  ce  point  à  l'exclusion  de  tous 
autres,  que  les  chanoines  ou  les  moines  qui  les  com- 
posaient ne  voulaient  pas  même  souffrir  que  les  évê- 
ques de  la  province  partageassent  ce  droit  avec  eux, 
quand  il  s'agissait  de  l'éleclion  d'un  métropolitain. 

(1)  Il  faut  qu'il  y  ait  une  faute  d'imprimerie  dans  le 
journal  qui  porte  Heiui  11  ;  car  S.  Anselme  élait  mort 
quand  Henri  H  commença  à  rogner. 

(2)L.  1,  ep.  35,  etl.  5,  ep.  8.  , 


857  ORDRE.  —  r  PARTIE.  CHAP. 

On  lil  dans  riiisloirc  de  M.  Fleuri,  les  conlcstalions 
qu'eurent  sur  ce  sujet  les  moines  qui  desservaient 
l'église  cathédrale  de  Cantorbéri,  avec  les  évcqucs 
siiH'ragiinls  de  ce  grand  siège.  Los  papes  favorisaient 
la  prétention  des  cliapilres  des  églises  calliédiaics  ; 
on  le  voit  dans  ces  contestations  dont  nous  venons  de 
parler,  cl  dans  ce  qui  arriva  du  temps  d'Innocent  III, 
au  sujet  d'un  arciievèque  de  Strigonic.  Car  comme  les 
chanoines  de  cette  église  avaient  postulé  auprès  de  ce 
pape  l'archevêque  de  Coloza ,  pour  remplir  le  siège 
vacant  de  leur  église,  cl  que  les  èvè(iues  suflragants 
de  Slrigonie  prétendaient  que  cette  postulation  n'a- 
vait pas  dû  se  faire  sans  les  avoir  consultés,  eux  qui 
avaient  coutume  d'assister  à  rèlcclion  de  rarchevèquc 
avec  le  chapitre  :  ccponlifc  (1)  écrivit  au  prévôt  cl 
au  cliapilrc  de  celle  église  ce  qui  suit  :  Nous  vous  avons 
ordonné  de  procéder,  par  ime  élection  canonique  ou  par 
une  postulation  unanime ,  à  la  promotion  d'un  pasteur 
qui  vous  convienne  (après  avoir  requis  le  conscntemenl 
des  suflragants,  s'ils  ont  ce  droit,  par  une  coutume 
ancienne  et  approuvée),  autrement  nous  y  pourverrons. 
S.  Louis  trouvant  cet  usage  établi  de  son  temps,  or- 
donna, dans  sa  pragmatique  sanction  qui  est  datée  de 
l'an  12G8,  mois  de  mars,  c'est-à-dire  12G9,  avant 
Pâques,  que  les  églises  cathédrales  et  autres  eussent  la 
liberté  des  élections,  et  qu'elles  seraient  entièrement 
effectuées.  C'est  le  second  article  de  cette  fameuse  or- 
donnance que  fil  ce  saint  roi,  lorsqu'il  fit  son  voyage 
(l'outre-mer,  afin  d'attirer  sur  lui  la  protection  de  Dieu. 

Cette  liberté  entière  que  S.  Louis  accordait  aux 
chapitres  de  procéder  à  l'élection  des  évèques  n'em- 
pêchait pas  qu'ils  n'en  denuindassenl  la  permis- 
sion au  roi.  C'est  ce  que  l'on  voit  par  la  suppliciuc 
que  présentèrent  celle  même  année  à  S.  Louis  le 
doyen  et  le  chapitre  de  Térouanne  par  les  mains  de 
rarchidiacre  et  de  l'écolatrc  et  par  une  autre  du  cha- 
pitre du  Mans,  qui  lui  fut  adressée  l'année  suivante. 
On  en  trouve  plusieurs  autres  recueillies  par  M.  Pi- 
Ihou  parmi  ses  preuves  des  libertés  de  réglise  galli- 
cane (2).  Le  chapitre  de  Térouaime  parle  au  roi  en  ces 
termes  :  IS'ous  avons  député  rarchidiacre  et  Vécolalre  de 
notre  église  pour  demander  en  notre  nom  à  votre  surénii- 
nente,  magnifique  et  royale  domination ,  la  permission 
d'élire,  licentiam  eligendi ,  e/ de  nous  pourvoir  nous 
et  notre  église,  d'un  pasteur ,  etc.  Tout  cela  montre 
que  quoique  les  rois  aient  accordé  aux  églises  l'en- 
tière liberté  des  élections  aux  chapitres  des  églises 
cathédrales,  ils  ont  voulu  néanmoins  qu'ils  reconnus- 
sent tenir  ce  privilège  de  leur  libéralité,  après  fju'ilss'é- 
taienldéfaitsdu  droit  de  nomination  qu'ils  s'altiibuaient 
auparavant,  et  qu'en  conséquence  on  leur  demandât  à 
chaque  fois  la  permission  de  procéder  à  l'élection  des 
prélats.  C'est  ainsi  que  raisonne  le  savant  Chrislianus 
Lupus,  docteur  de  Louvain  (3),  de  l'ordre  des  ermites 
de  S.  Augustin. 

Les  chapitres  des  églises  cathédrales  s'élani  ainsi 

(1)  Cap.  4  de  Postul.  praelalorum, 

(2)  Tom.  1,  c.  15. 

(3)  Apud  Vancsp.,  t.  l,p.  109. 


\II.  PROMOTION  DES  ÉVÈQUES.         83S 

attribué  toute  lautoriié des  élections  des  cvêqucs,  à 
l'exclusion  du  reste  du  clergé  et  des  moines,  pendant 
le  cours  du  douzième  siècle,  auquel  l'anarchie  cl  les 
petites  guerres  rendirent  on  Occident  la  tenue  des  cou- 
(ilcs  fort  dillicile,  les  niélroiiolitains  semircuten  pos- 
session de  confirmer  seuls  les  élections  sans  y  appeler 
les  sulTragants.  Ces  jugcmcnls  avaient  moins  d'auto- 
rité ,  quelquefois  même  de  justice,  que  ceux  d'un  con- 
cile entier;  aussi  les  appellations  à  Rome  devinrent 
bien  plus  fréfiuentcs,  et  il  arriva  en  diverses  occasions 
que  les  évèques  élus  s'adressaient  directement  au  pape 
pour  lui  demander  la  confirmation  et  la  consécration, 
et  que  les  papos  fii'cnl  divers  règlements  pour  pres- 
crire la  manière  de  procéder  à  ces  élections,  et  dé- 
cider les  différciids  qui  survenaient  tous  les  jours.  Ce 
sont  ces  décisions  des  papes  qui  ont  formé  ce  qu'on  ap- 
pelle le  droit  nouveau  touchant  les  élections.  M.  Fleuri 
l'expose  en  peu  de  mots  et  avec  sa  clarté  ordinaire 
dans  son  livre  de  l'Institution  (I)  au  droit  canoiique 
auquel  je  renvoie  le  lecteur  ;  après  quoi  il  poursuit  en 
ces  termes  qui  font  voir  comment  et  par  quel  degré 
les  choses  sont  enfin  venues  au  point  où  nous  les  voyons 
aujourd'hui.  De  toutes  ces  règles  il  arriva  pendant  le 
douzième  et  treizième  siècle  que  la  provision  de  la  plu- 
part des  évêchés  venait  au  pape;  soit  parce  qu'on  n'avait 
pas  élu  dans  le  temps ,  soit  parce  que  les  élections  et  les 
confirmations  étaient  vicieuses;  on  en  voit  grand  nombre 
d'exemples  dans  les  décrétales.  D'ailleurs  il  était  notoire 
que  plusieurs  élections  se  faisaient  par  brigues  et  par  si- 
monie ,  surtout  dans  les  pays  oh  les  évèques  étaient  set- 
gneurs  temporels.  Souvent  les  princes  s'en  rendaient  /es 
maîtres  pur  autorité ,  souvent  elles  étaient  troublées  par 
des  séditions  et  des  violences.  Elles  produisaient  des 
guerres ,  ou  tout  au  moins  de  grands  procès  et  une  infi- 
nité de  chicanes.  Ces  désordres  donnèrent  sujet  aux  papes 
de  réserver  quelquefois  la  provision  de  quelques  églises 
oie  le  péril  était  grand.  Puis  ils  passèrent  à  des  léscrves 
générales  en  certains  cas  ;  comme  lorsqu'un  évêque  se- 
rait décédé  en  cour  de  Rome ,  lorsqu'il  serait  fait  cardi- 
nal, lorsqu'il  aurait  acquis  un  bénéfice  incompatible. 
Enfin  le  pape  JeanXXll  passa  jusqu'à  la  réserve  géné- 
rale de  toutes  les  cathédrales ,  quand  elles  viendraient  à 
vaquer ,  ce  cjui  était  abolir  les  élections.  Il  est  vrai  qu'on 
prétendait  y  suppléer  en  ne  donnant  les  évêchés  que  f.',; 
l'avis  des  cardinaux  assemblés  en  consistoire,  et  cpris 
plusieurs  informations. 

On  regarda  ces  réserves  générales ,  comme  un  des  abia 
qui  s'étaient  fortifiés  pendant  le  schisme.  Le  concile  (U 
Bille  voulut  les  retrancher  et  rétablir  les  élections,  et  sou 
décret  fut  inséré  dans  la  pragmatique  de  Dourges  ;  main 
il  fui  odieux  aux  papes ,  parce  qu'il  fut  fait  dans  le 
temps  qu'Eugène  1  V  était  le  plus  brouillé  uvcc  le  con- 
cile. Depuis  ce  temps ,  la  provision  aux  évêchés  a  été  dif- 
férente selon  les  pays.  En  Italie  le  pape  les  donne  tous 
librement ,  en  France  il  les  donne  sur  la  nomination  du 
roi,  en  vertu  du  concordat  de  1516.  Les  rois  d'Espagne 
cl  quelques  princes  nomment  aussi  par  des  induits  par- 
ticuliers que  le  pape  accorde  pour  la  vie  de  chaque  prince; 

(!)Tom.  l.p.  04  cl  seq. 


83')  msTOllΠ DLS  SA(;UEMi::NiS. 

en  Allemagne  les  électiwts  se  sont  constrvccs  par  le  con-  <  ' 
cordcit  de  fan  ïiïl.  M.  Van  Es|)Cii  (I)  dil  des  choses 
curieuses  et  iiiléressaiitcs  loucliaiil  le  {'Oiinirilal  fait 
eiilre  Léo»  X  cl  François  I,  dans  les(iiieiles  les  bornes 
que  nous  nous  sommes  preseriles  dans  cet  ouvrage, 
ne  nous  permeilcnl  poinl d'entrer;  mais  avant  déter- 
miner ce  chapitre,  nous  dirons  un  mol  louelianl  le 
serment  que  l'on  exige  à  présent  de  ceux  que  l'on  doit 
consacrer  évè(pies. 

Nous  ne  voyons  chez  les  anciens  aucun  vestige  de 
serment  prèle  par  les  évêques  devant  ou  après  leur 
consécration.  A  présent  on  n'en  ordonne  aucun  (jui 
lie  l'ait  l'ait.  On  se  conleniait  aiUrefois  de  bien  ciioisir 
les  sujets  (jue  l'on  élevait  à  Tépiscopat ,  et  on  présu- 
mait qu'ils  rempliraient  de  leur  mieux  les  devoirs  de 
leur  charge;  on  a  cru  depuis  qu'il  était  bon  de  les  y 
engager  par  le  serment  (lu'ils  prêtent  tant  au  supérieur 
ecclésiastique  qu'au  seigneur  temporel.  Celui  ([ue  les 
évèques  faisaient  au  prince  dont  ils  éiaient  sujets,  et 
dont  ils  relevaient  à  cause  des  terres (ju'ilj  posséd;iient 
dans  leurs  états,  paraît  le  plus  ancien.  On  voit  parla 
\ie  dllalinard  (2) ,  qui  d'abbé  de  S.  IJenigue  de  Dijon 
devint  archevèiiue  de  Lyon,  que  ce  sermeol  était  dé^à 
en  usage  depuis  long-temps  avant  le  milieu  du  on- 
zième siècle.  Nous  rapporterons  ce  qui  en  est  dit  dans 
sa  vie  ,  parce  qu'on  y  voit  avec  édification  ce  que  ce 
grand  homme  pensait  du  serment,  et  combien  il  était 
détaché  des  honneurs  du  siècle. 

Le  clergé  et  le  peuple  de  Lyon  l'ayant  élu  pour 
évêque,  envoya  au  roi  une  dépulalion  pour  lui  deman- 
der de  ratifier  leur  choix.  Le  roi  l'accorda.  Quand  il  i 
\int  pour  recevoir  l'investiture ,  le  prince  voulut  à 
l'ordinaire  lui  faire  prêter  serment,  mais  il  répondit  : 
l'Évangile  (.Maitli.5,  ôi)  et  la  règle  de  S.  Benoît  (e.  i) 
me  défend  de  jurer  ;  si  je  ne  l'observe  pas,  comment 
le  roi  pourral-il  s'assurer  que  je  garderai  plus  fidè- 
lement ce  serment?  il  vaut  mieux  que  je  ne  sois  point 
évêque.  Les  évoques  Alleniaiuls  ,  principalement  celui 
de  Spire  où  était  la  cour,  voulaient  (pi'on  robligeàt  à 
jurer  comme  eux  ;  mais  Thierry  de  Metz,  Brunon  de 
Toul  (c'est  celui  (jui  a  été  depuis  i)ape  sous  le  nom 
de  Léon  IX)  cl  Richard,  abbé  de  S.  Vanne  de  Verdun, 
amis  d'Ualinard  ,  qui  coiuiaissaienl  sa  lermcté  ,  con- 
seillèrent au  roi  de  ne  le  pas  pre^^ser.  Le  roi  dit,  qu'il 
se  présente  au  moins  afin  qu'il  paraisse  avoir  observé 
la  coutume.  Mais  Halinard  dit ,  le  (oindre  c'est  comme 
si  je  le  faisais.  Dieu  m'en  garde.  11  fallut  donc  qu'il  se 
conleulât  de  sa  simple  promesse  ;  il  assista  même  à 
!  son  sacre  et  donna  t ml  ce  qui  était  nécessaire  pour 
'  cette  cérémonie,  qui  se  fit  l'an  i046,  par  Hugues,  ar- 
chevêque de  Besançon,  aussi  sujet  du  roi  d'Allemagne 
<■!!  qualité  de  roi  de  Bourgogne,  qui  dépendait  alors  du 
royaume  Teutonique. 

\ji  serment  que  les  évèques  ont  prêté  depuis  au  su- 
périeur ecclésiastique  ne  paraît  pas  si  ancien.  11  est 
vrai  que  dès  le  neuvième  siècle  les  évèques  promel- 
laient  obéissance  à  leiu"  métropolitain ,   connue  les 


8i0 


(1)  Jus  Eccles.,  t.  I,  part.  1,  lit.  15,  c.  5. 

(2)  Vita  Halinard,  soc.  6  Bened.,  part.  2,  p.  o'k- 


prêlres  et  1  s  diacres  à  leur  cvéquc,  ainsi  qu'il  par;  il 
par  le  septième  livre  des  Capilulaires,  c.  4U0,  donl  le 
litre  porte  que  ces  derniers  promellronl  la  slabiliié  , 
l'obéissance  et  la  fidélilé  à  garder  hs  statuts,  connue 
oulevoitde  plus  à  l'égard  des  premiers,  par  la  profes- 
sion d'Adalbert  élu  évè:]ue  de  Térouane,qui  se  trouve 
dans  ra])peudice  du  huitième  tome  (col.  1882)  desC(ui- 
ciles  du  l'.  Labbé,  dont  la  teneur  est  (pi'il  obéira  à  son 
métropolitain  en  tout  suivant  les  canons.  Mais  on  était 
si  éloigné  d'exiger  le  serment,  que  le  second  concile 
de  Inhalons  tenu  dans  ce  même  siècle  (en  813),  ayant 
a|)pris  (pie  queltpies-uns  l'exigeaient  de  ceux  qu'ils 
devaient  ordonner,  le  défendit  absolument  (caii.  15). 
Qnod  juramenlum  ,  (fuia  periculosum  est ,  oinnes  tinà 
iiiliibenduni  slatuhnus.  L'assemblée  d'Aix-la  Chapelle 
de  l'an  81  G,  composée  des  évê(iues,  des  abbés,  des 
comtes  et  des  seigneurs  Français,  défendit  (1)  de 
même  aux  évèciues  de  Lombardie ,  de  se  faire  prêter 
sermenl,  et  de  recevoir  des  présents  des  ordinands, 
déclarant  que  cela  est  contraire  à  l'aulorilé  divine  et 
canonique,  et  (|ue  ceux  qui  contreviendraient  à  cette  dé- 
fense seraient  déposés  avec  ceux  qu'ils  auraient  ordon- 
nés. Ou  faisait  jurer  trois  choses  dans  le  serment  con- 
damné par  le  second  concile  de  Chàlons,  la  première, 
que  ceux  qui  se  présentaient  aux  ordres  étaient  digues. 
La  seconde ,  qu'ils  ne  feraient  rien  contre  les  canons. 
La  troisième  ,  qu'ils  obéiraient  à  l'évèipie.  Ce  concile 
jugea  ce  serment  périlleux,  et  c'est  la  raison  qui  le  lui 
fit  défendre.  11  jugeait  qu'il  était  dangereux  de  pro- 
mettre par  sermenl  de  ne  rien  faire  contre  les  canons, 
parce  (ju'oii  peut  j  é(  lier  contre  les  canons  par  igno- 
rance ,  et  par  défaut  d'intelligence.  Il  pensait  aussi 
(pi'il  y  avait  du  danger  à  s'engager  par  serment  d'o- 
béir aux  évèques,  quoiqu'on  y  soit  obligé,  parce  que 
la  règle  d'obéir  en  tout  n'étant  pas  vraie  ,  on  se  peul 
tromper  dans  le  discernement  des  ca.s  où  l'on  doit  obéir 
et  où  l'on  ne  doit  pas  obéir.  Enfin  les  Pères  de  cette 
assemblée  estimaient  qu'on  ne  pouvait,  sans  péril , 
jurer  qu'on  est  digne  ;  parce  qu'encore  qu'on  ne  doive 
pas  se  laisser  ordonner  si  on  se  croit  indigne ,  on 
n'est  pas  assez  assuré  d'être  digue  pour  en  pouvoir  jurer. 
Voilà  .sans  doute  sur  ((uoi  était  fondée  la  défense 
que  fil  le  concile  de  Chàlons,  d'exiger  le  serment  de 
ceux  (jui  devaient  être  ordonnés  ;  mais  dans  la  suite 
on  se  défit  de  ces  scrupules,  car  dès  le  onzième  siècle 
l'on  commença  en  quelques  endroits  à  joindre  le  ser- 
menl à  la  promesse  de  l'obéissance  canonique.  Ce  fui 
peut  être  en  Angleterre  où  celle  coutume  commença 
à  s'établir  à  l'occasion  des  démêlés  que  les  archevêques 
d'York  avaient  fi  éipieinment  avec  ceux  de  Canlorbéri  ; 
(pielipies-uns  relnsanl  de  reconnaître  la  priinatie  et  la 
prééminence  de  l'église  de  Canlorbéri  sur  leur  siège.  Il 
est  à  croireque  quand  les  archevé(|ues  de  Canlorbéri  en 
trouvaient  (pielques-uns  de  ceux  d'York  disposés  à  leur 
rendre  l'obéissance  qui  leur  était  due,  ils  leur  faisaient 
j  ajouter  le  sermenl  à  leur  promesse;  afin  de  rendre  la 
chose  plus  stable,  et  de  faire  cesser  les  contestations  qui 
survenaienl  souvent  surcel  article.  Au  moins  voyons- 
M»  r,rq>.  K».  referinr,  1.  1  Capitulât. ,  c.  !)t. 


f?.i 


8il         ORDRE.  —  r  PARTIE.  CIIAP 

nous  qu'en  raniiée  1 072,  Lanfranc  ayant  obligé  Thomas, 


archcv("'(iue  d'York,  à  lui  prouiollrc  obéissance  suivant 
les  canons  ,  il  le  dispensa  du  serment  qu'il  devait  lui 
faire  suivant  la  coutume,  ctium  cmn  scicramciilo,  comme 
1  il  avait  été  pra(i(|Mé  par  les  prédécesseurs  de  Thomas. 
]  C'est  ce  que  nous  apprenons  d'un  concile  d'Anf;!elerro 
qui  se  trouve  dans  le  neuvième  tome  des  Conciles 
(col.  1211). 

11  nélait  encore  question  alors  que  d'obéissance  ca- 
iioni(pie  ,  canonha  obcdu'nlia ,  et  les  papes  n'exigeaient 
rien  au-delà  avant  le  pontilicatde  Grégoire  YII ,  soit 
pour  l'drdinalion  des  évèques,  soil  lors  même  qu'ils 
accordaient  le  palUum.  Ce  pape  fut  le  piemier  (jui 
exigea,  outre  cela,  de  ceux  à  qui  il  accordait  le  pul- 
Ihiin,  un  serment  de  (idélilé  qui  ne  diiïérait  point  de 
celui  que  les  vassaux  prêtaient  à  leur  seigneur.  C'est 
ce  qu'il  lit  en  l'an  1079,  à  l'égard  du  patriarche  d'Aqni- 
lée,  dans  un  concile  Romain,  où  il  lui  prescrivait  celle 
formule  qui  élait  alors  en  usage.  Non  ero  in  concilio  , 
ncfinc  in  fado ,  ut  vilani ,  mit  membra ,  aitt  pnjialnin 
perdant,  aut  capti  sint  malà  caplione ,  etc. 

Celle  pratique  était  nouvelle  sur  la  fm  du  onzième 
siècle  ou  au  commencemetU  du  douzième  :  la  lettre 
de  Pascal  II  (1),  adressée  à  l'archevêque  de  Palerme, 
vers  ce  temps,  en  est  une  preuve  authentique,  puis- 
qu'd  y  dit  à  ce  prélat  que  les  rois  et  les  grands  ne  doi- 
vent point  être  surpris  qu'il  ail  exigé  de  lui  ce  serment; 
et  que,  dans  loule  la  suite  de  celte  leltre,  il  se  MfCt  en 
devoir  de  justifier  sa  conduite  en  ce  point ,  ce  qu'il 
n'eût  pas  fait  si  c'eût  été  un  usage  reçu  comnunié- 
nienl. 

Au  treizième  siècle,  les  papes,  lorsqu'ils  accordaient 
le  pallium  à  certains  mélropolilains,  même  de  ceux 
qui  ne  leur  étaient  pas  immédiatement  soumis,  exi- 
geaient d'eux  ce  serment,  et  dans  le  même  temps  ils 
voulurent  que  les  évoques  dont  l'ordination  leur  ap- 
partenait le  leur  prêtassent,  à  suis  cocpiscopis  sibi  i)n- 
iiicdititi:  subjectis.  C'est  ce  que  témoigne  Grégoire  IX 
{in  cap.  13  de  Majoritate  et  Obed.);  cl  il  étend  ce  droit 
aux  rnélropolitains  par  npporl  à  leurs  sutti-agimls.  Il 
est  ^arrivé  de  là  qu'après  que  la  provision  de  tous  les 
évêchés  a  été  dévolue  aux  papes  de  la  manière  que 
nous  l'avons  exposé  ,  et  que  la  conlirmalion  et  la  con- 
sccralion  des  évoques  s'est  faite  par  leur  autorité  ;  tous 
les  évèques  ont  prêté  ce  serment  au  pape.  Ce    qu'ils  ' 
font  aujourd'hui    suivant  la  forme  prescrite  par  Clé-  ' 
meut  Mil ,  qui  est  insérée  dans  le  Pontifical  romain; 
dont  on  peut  voiries  clauses,  et  observer  la  diffé-  ; 
reiicc  qui  se  trouve  entre  cette  formule  et  celle  que  ' 
Grégoire  VII  avait  prescrite  à  ceux  à  qui  il  donnait  le  ; 
pallium  (voyez  dans  le  premier  tome  de  M.  Vancspcu ,  ' 
j).  I,  t.  15,  c.  2),  Voilà  ce  que  nous  avions  à  dire  lou-  i 
chant  les  sermcnls  que  prêienl aujourd'hui  les  évèques.  I 
Il  est   tenqis  de  parler  de  ce  qui  s'observait  à  l'égard 
des  prêtres  et  des  diacres  avant  leur  ordination. 

(1)  On  en  trouve  un  fiagmcnl  /»  c.  i,  de  Klect.,  cl 
elle  est  rapponée  tont  cnlière  par  Anioine  Augustin 
danssa  première  Colleclion  des  décrèiales,  et  lo'me  10 
Cône. 

IH.    XX. 


ÉLECTION  DES  PR/>:TRES  ET  DES  DIACRES.        842 
CHAPITRE  VIN. 

De  r élection  des  prêtres  et  des  diacres.  Que  le  peuple  ij 
prenait  part  dans  les  premiers  siècles.  Il  est  reste  des 
traces  de  cette  discipline. 


Tous  Icschréliens  dans  les  preini(;rs  siècles  s'inlé- 
restaient  exlrèmement  au  bien  de  ll':j,'!i.sc,ct,  comme 
un  des  avantages  les  plus  solides  qu'elle  puisse  avoir 
est  d'èlre  pom-vue  de  bons  ministres,  tous  auirefois 
prenaient  part  au  choix  qui  s'en  faisait,  quoique  la 
principale  autorité  demeurât  aux  évèques.  .Mais  ceux- 
ci,  à  l'exemple  des  apolres,  proposaient  au  clergé  et 
au  peuple  ce  qui  concernait  ce  choix  si  important  ils 
prenaient  leurs  avis  et  écoulaient  avec  plaisir  ce  qiVils 
avaient  à  représenter,  comme  firent  les  apôires  quand 
il  s'agit  de  rélection  de  S.  Maihias  et  de  celles  des 
premiers  diacres.  Ce  qui  avait  lieu,  non  seulemenl  quand 
il  s'agissait  d'élever  quelqu'un  àrépiscopat,  conune 
vous  le  venez  de  voir  dans  le  dernier  chapitre,  mais 
encore  quand  il  était  question  de  mettre  quelqu'un  au 
rang  des  prêtres  et  des  diacres ,  et  même  de  l'agré- 
ger aux  ministres  inférieurs. 

Celle  discipline  nous  est  souvent  représentée  dans 
les  écrits  de  S.  Cyprien ,  qui  s'était  fait  une  règle 
de  ne  rien  entreprendre,  en  ce  genre,  sans  con- 
sulter auparavant  son  clergé  et  son  peuple.  Nous 
avons  cvuttune,  leur  dit-il  dans  son  épitre  53'  (I),  mes 
chers  frères  ,  de  vous  consulter  avant  de  faire  des  ordi- 
ualions  de  clercs  ;  et  de  peser  avec  vous  le  mérite  d'tm 
chacun.  «  In  ordinatimiibus  clericomm  solemus  vos  anle 
«  consulere  ,  et  mores  ac  mérita  singulorum  commimi 
i  consitio  ponderarc.  »  Ce  grand  évêque  se  dispensait 
rarement  de  celle  règle,  et  il  ne  le  faisait  jamais  que 
pour  de  puissantes  raisons,  comme  quand  Dieu  lui 
faisait  connaître  immédiatement  par  lui-même  d'une 
manière  surnalurelle  que  telle  était  sa  volonté.  En- 
core, se  croyait-il  obligé,  en  ces  rencontres,  d'en  faire 
en  quelque,  manière  ses  excuses  au  peuple  fidèle. 
C'est  ainsi  qu'ayant  ordonné  lecteur  le  confesseur  Au- 
réiius,  il  dit,  dans  la  lettre  que  nous  venons  de  citer, 
qu'il  ne  faut  point  attendre  le  témoignage  des  hom- 
nes  pour  l'ordination  de  ceux  que  Dieu  a  choisis  par 
son  sufi'rage. 

Quehpiefois  aussi  le  mérite  éclalant  et  extraordi- 
naire le  faisait  passer  sur  la  règle  qu'il  s'était  pres- 
crite, comme  quand  il  mit  l'illustre  confesseur  Célé- 
rin  au  nombre  des  lecteurs ,  à  quoi  il  fut  pousse'  par 
l'inspiration  divine,  comme  il  le  témoigne  dans  sa  3-i* 
lettre.  Il  ajoute  même  que  Célérin  doutant  s'il  devait 
consentir  en  cela  à  la  volonté  de  son  évêque.  Dieu  lui 
Ml  connaître  et  l'exhorta  la  nuit  en  vision  à  s'y  sou- 
meilre.  Une  telle  humilité  est  surprenanle  dans  un 
homme  d'un  ici  mérite ,  et  déviait  f;iire  rougir  ceux 
qui  s'ingèrent  d'eux-mêmes  dans  le  clergé.  Saint  Cy- 
prien parle  de  ce  confesseur  d'une  manière  si  admira- 
ble que  je  ne  puis  me  résoudre  à  ne  pas  rapporter 
une  partie  de  ce  qu'il  en  dit. 


(1)  Edit.  Rigalt. 


27 


8i 


r,  IliSTOIRE  r>ES  SACREMENTS.  8y 

Cesl  lui  qui  de  nos  joins  (ce  sont  les  purolcs  dii  vi  cl  à  roxaincn  de  leur  vie.  QurtJK/ (rempcrcur  Alcxan- 


sailli  cvêque)  a  combaltn  le  premier.  Ccsl  lui  qui  dans 
tes  commencements  de  celle  fiaieuse  pcrsikution  ,  uijanl 
marché  à  In  tèlc  des  soldais  de  Jésus  Clirisl  contre  celui 
qui  en  est  le  prince  et  l'auteur,  a  montré  aux  autres,  par 
sa  fermeté  à  soutenir  le  combat ,  la  manière  de  le  vain-  i 
cre.  Il  n'a  point  remporté  cette  victoire  en  un  moment ,  ! 
mais  après  de  longues  peines  et  de  lonqs  travaux.  Il  a 
été  enfermé  dix-neuf  jours  dans  la  prison,  chargé  de  fers, 
mais  son  esprit  durant  ce  temps  élait  libre  et  dégagé,  j 
La  faim  et  la  suif  faisaient  sécher  son  corps,  mais  Dieu  \ 
par  la  foi  et  la  force  qu'il  lui  donnait  repaissait  son  âme 
d'une  nourriture  spirituelle. ...  On  voit  dans  son  corps 
glorieux  les  marijucs  des  plaies  quil  a  reçues....  la  gloire  '. 
de  ces  plaies  fait  la  victoire  de  ce  serviteur  de  Dieu ,  et  j 
les  cicatr'ccs  en  conservent  la  mémoire.  S.  Cyprieii,  par 
lant  eiisuile  du  rang  de  lecleiir  où  il  le  place ,  ajoute  ; 
CCS  belles  paroles....  Que  pouvions-nous  faire  autre 
chose  que  de  placer  sur  la  îribune,  c  est-à-dire,  sur 
le  tribunal  de  l'Eglise,  cet  homme  illustre ,  afin  qu'étant 
élevé  à  celte  place  d'honneur,  il  lise  au  peuple  les  pré- 
ceptes et  l'Evangile  du  Seigneur  qu'il  a  suivis  avec  tant 
de  courage  et  de  fidélité  ?  Que  l'on  entende  donc  tous 
les  jours  cette  voix  qui  a  confessé  le  Seigneur...  Il  tt'es! 
rien  en  quoi  il  puisse  être  plus  utile  aux  frères  ,  qui, 
lorsqu'ils  entendront  de  sa  bouche  la  lecture  de  l'Evan- 
gile,  se  sentiront  animés  à  imiter  ta  foi  du  lecteur.  Il 
fallait  lui  donner  pour  compagnon  Aurélius ,  qui  t'est 
de  sa  gloire  et  de  son  mérite.  Ils  se  ressemblent  parfaite- 
ment... Jésus  Christ,  les  agant  tirés  du  sein  de  la  mort 
par  une  espèce  de  résurrection ,  les  a  conservés  îi  son 
Eglise,  afin  que  les  frères  voyant  qu'ils  sont  aussi  hum- 
bles que  glorieux ,  s'efforcent  de  les  imiter.  Nous  les 
CVQI'S  cependant  établis  lecteurs,  parce  qu'il  fallait 
viellre  la  lampe  sur  le  chandelier  pour  éclairer  les  au- 
tres ,  et  qu'il  était  à  propos  de  présenter  aux  fidèles  ces 
visages  glorieux,  en  les  plarant  sur  un  lieu  élevé,  afin 
que  tous  ceux  qui  les  verraient  fussent  excités  à  suivre 
les  traces  de  ces  illustres  confesseurs.  Au  reste ,  mes  frè- 
res ,  sachez  que  nous  leur  avons  déjîi  destiné  l'honneur 
du  sacerdoce,  etc. 

S.  Cyprien  se  conleiile  de  donner  seulement  avis 
à  son  peuple  de  ce  ([u'il  avait  résolu  de  faire  en  fa- 
veur de  ces  deux  illustres  martyrs,  ou  plulôl  en  faveur 
de  l'Église  mC'ine ,  en  lui  donnant  de  tels  ministres, 
parce  qu'il  était  persuadé  que  tout  le  monde  approu- 
verait son   choix  en    cette  occasion,  au  lieu  qu'en  , 
toute  autre  il  prenait  leur  conseil  cl  voulait  avoir  leiu' 
consentement.  Celle  exactitude  et  cette  circonspec-  \ 
lion  de  l'Église  dans  les  ordinations  a  été  connue  cl 
ndmiréc  des  païens  ,  en  sorte  qu-'il  s'est  trouvé  même 
un  de  leurs  empereurs  qui  les  a  suivies  comme  ses 
modèles  pour  le  clioix  de  ses  officiers.  C'est  ce  que  i 
témoigne  yElius  Lampridius  dans  la  vie  d'Alexandre 
Sévère.  Les  paroles  de  cet  auteur  ne  doivent  point  ^ 
cire  oubliées  en  ce  lieu  ,  parce  qti'clles  nous  appren 
iii:nt,  non  seulement  un  fait  aussi  imporlaiit  que  ce 
lui-ci,  mais  qu'elles  nous  font  même  connaître  de  \ 
quelle  manière  on  procédait  à  l'électioit  des  prêtres  i 


dre)  voulait  créer  quelques  gouverneurs ,  quelques  prési- 
dents ,  quelques  procureurs  de  provinces  ,  il  proposait 
li'urs  noms  au  peuple,  l'exhortant  s'il  avait  quelque 
crime  à  leur  reprocher  de  le  faire  librement  ,  <i  cond'i- 
tion  de  subir  la  peine  des  calomniateurs  si  le  reproche 
était  mal  fondé.  Car,  disait- il,  il  est  honteux  que  les 
chréliens  et  les  juifs  usent  de  ces  précautions  quand  il 
s'agit  de  l'ordination  de  leurs  prêtres,  et  qu'on  ne  le  fasse 
point  à  l'égard  de  ceux  qui  doivent  gouverner  les  provinces, 
eux  à  qui  l'on  confie  la  vie  et  les  biens  des  particuliers. 

Les  évêqucs  d'Afrique  suivirent  depuis  religieuse- 
ment la  conduite  de  S.  Cyi>rien ,  elle  devint  une  loi 
dans  celle  florissante  église.  On  le  voit  par  le  22' 
canon  du  troisième  concile  de  Cartilage,  qui  porte 
([u'on  ne  doit  ordonner  aucun  clerc  qu'il  n'ait  élé  ap- 
prouvé par  l'examen  des  évêqucs  ou  par  le  témoignage 
du  peuple.  Ce  que  le  quatrième  concile  de  la  môme 
vil'e  explique  encore  plus  précisément  en  disant 
(can.  S^)  :  ([uc  l'évèque  n'ordonne  point  de  clercs  sans 
le  conseil  du  clergé  ,  et  sans  requérir  le  consentement  et 
le  témoignage  du  peuple,  c  Episcopus  sine  comilio  cle- 
c  ricorum  suorum,  clericos  non  ordinet;  ila  ut  civium 
i  connivenliam  et  teslimonium  quœrat.  t  S.  Auguslia 
se  conformait  exactement  à  cette  loi  doiit  il  recon- 
naissait l'éfiuiîé  cl  l'avantage.  Possidius  le  témoigne 
dans  rilisloire  de  sa  vie,  loisqu'il  dit  de  lui  (cap.  21), 
qu'il  croyait  devoir  demander  le  consentement  de  la 
plus  grande  partie  des  chrétiens  dans  les  oïdinalions 
des  prêtres  cl  des  clercs,  et  cela  suivant  la  coutume  de 
V  E§\'i<c. Ecclesia'consuetudiuemse(iucndamarbitrabatm\ 

Cette  discipline  n'était  point  parliculièrc  à  l'église 
d'Afrique.  Elle  était  aussi  en  vigueur  dans  celle  de 
Rome,  et  le  pape  Sirice  écrivant  à  un  évèiiue  (1) 
d'Espagiie,  lui  recommande  de  s'y  conrormer,  lors- 
qu'il dit  (cap.  IG) ,  en  pailaiil  des  interstices  »pie  l'on 
doit  gtrder  dans  la  réception  des  ordres  :  De  là,  avec 
le  temps,  il  (le  diacre)  pourra  être  promu  à  la  préirise, 
ou  à  l'épiscopat ,  si  le  choix  du  clergé  et  du  peuple  l'y 
appelle.  S.  Jéiôine  faisait  allusion  à  celle  coutume, 
(piaiid  écrivant  à  Rustique,  il   lui  disait  :  Lorsque  vous 
serez  parvenu  à  un  âge  mûr,  et  que  le  peuple  ou  l'évèque 
vous  aura  élu  pour  vous  faire  entrer  dans  le  clergé  : 
remplissez  avec  cxaclilude  h  s  devoirs  de  cet  élut.  Enfin 
il  rarail  par  la  lettre  synodale  du  cimcile  de  Nicée  (2) 
qui  est  adressée  à  l'église  d'Alexandrie  et  aux  évoques 
de  lÉgypte  ,  de  la  Lybie  et  de  la  Pcnlapole,  que  celle 
coutume  était  générale  et  commune  à  toutes  les  égli- 
ses chrétiennes.  Car,  en  prescrivant  la  manière  dont 
on  doit  en  user  avec  les  iMéIctiens  ,  qui  étaient  une 
secte  de  scliismaliq,ues  répandus  dans  ces  provinces , 
cl  usant  d'indulgence  à  leur  égard,  les  évê(pics  assem- 
blés à  Nicée  disent,  après  avoir  défendu  aux  scliisma- 
liques   de    se    mêler   de    désigner  les  ministres  de 
l'Eglise  ,  et  de  nommer  ceux  qui  doivent  entrer  dans 
le  clergé,  que  si  néanmoins  quelqu'un  de  ceux  qui  sont 

(1)  Himériv.s  de  Tarragonc, 

(2)  ApudSocrat.,  1.  1,  c.  'J, 


815        ORDRE.  —  I     PARTIE.  ClIAP.  Vllf.  ÉLECTION  DES  PRÊTRES  ET  DES  DIACRES. 

chargés  des  fondions  du  iniiiistirc  vient  à 
pourra  lui  donner  pour  successeur  un 
sont  depuis  peu  réunis  à  l'KçjHse,  pourvi 


SiO 


cl  que  le  peuple  le  choisisse,  du  consentement  de  révécpte 
d'Alexandrie,  qui  confirinern  C élection  du  peuple.  Je  sais 
que  cola  s'enlcnd  parliciilièrcmenl  ilii  clioix  des  cvè- 
qiics,  mais  il  csl  cerlaiii  par  loiilo  la  siiile  de  celle  lellic 
qu'il  faiil  aussi  reiit(>iidie  dos  prèlres  el  des  diacres  ,  j 
d'aiiiaiil  plus  que  les  Pèiesde  colle  sainte  assoiiihlco en 
ont  fail  iiiio  loi  expresse  d:'.ns  leur  lu-nvièine  canon, 
(jiii  porte  :  Si  quelques  prêtres  ont  été  élevés  à  ce  rang 
sans  examen  ,  ou  bien  si  lorsquon  les  a  examinés  avant 
l'ordination  ils  ont  confessé  leurs  péchés ,  et  que  non- 
obstant leur  confession  on  leur  a  imposé  les  mains  contre 
les  canons,  la  règle  ne  les  admet  point  {taies  régula  non 
admittit),  parce  qua  l'Eglise  catholique  veut  qu'ils  soient 
irrépréhensibles.  Oi\  ne  pouvait  Taire  cet  examen  des 
nioeiMS  des  ordinands  sans  consulter  le  peuple  ;  et 
c'était  surtout  sur  les  mœurs  que  se  faisait  cet  exa- 
men, parce  que,  suivant  le  précepte  de  l'Apôtre  (1),  on  i 
exigeait  surtout  des  minisires  de  l'Église  qu'ils  fussent  l 
sans  roproclic.  C'était  une  irrégularité  que  d'être 
coupables,  de  crimes  de  quelque  nature  qu'ils  fussent, 
cl  c'est  peul-clrc  de  cette  expression  du  concile  de 
rs'icce ,  talcs  régula  non  admittit ,  que  s'est  formé  le 
terme  à'irrégnlarité ,  qui  marque  les  défauts  qui  ex- 
cluent des  ordres  ceux  qui  sont  hors  de  la  règle. 

Ce  qui  a  été  dit  jusqu'à  présent  montre  en  quel 
sens  on  doit  entendre  le  treizième  canon  du  concile 
de  Laodicée  (pii  fui  tenu  vers  le  même  lem[)S  que 
celui  de  Nicée.  Ce  canon  est  conçu  en  ces  termes  : 
Non  sit  turbis  concedendum  etectionem  facsre  eorum 
qui  altaris  ministerio  sunt  appUcundi.  Que  l'on  ne  per- 
mclte  point  à  la  multitude  de  faire  l'éleclion  (une 
autre  version  porte,  populis,  aux  peuples)  d  ceux  qui 
sont  appliqués  au  ministère  de  l'autel  ;  par  où  ce  con- 
cile a  voulu  proscrire  ces  élections  tuniullucuses  qui 
se  faisaient  quelquefois  par  la  populace  contre  le  gré 
des  évêques  et  des  persoimes  sages;  ce  qui  aniv.iil 
surtout  qiiaud  le  peuple  envisageait,  dans  ces  ren- 
conlrcs,  qnelipie  inlérét  humain.  Conm)c  il  arriva  à 
Ilippoi'.o,  quai  d  le  peuple  se  jeta  lumultuairenientsur 
Piuien,  sénateur  rom.ain,  et  h;  présenta  à  S.  Augustin 
pour  l'orcloiirier  prèlro,  dans  l'espérance  qu'il  ferait 
don  à  l'Église  des  grands  biens  qu'il  possédait.  A 
quoi  S.  Augustin  ne  voulut  point  consentir,  mais  dit 
au  peuple  :  Si  vous  prétendez  l'avoir  pour  prêtre  contre 
la  parole  que  j'ai  donnée,  vous  ne  m'aurez  point  pour  ' 
évêque.  Ce:lc  parole  ayjuil  un  peu  arrêté l'imijétuosilé  ! 
(le  ce  peuple,  il  s'échauffa  bientôt  de  nouveau,  croyant  1 
forcer  S.  Augustin  à  rompre  sa  parole,  et  faire  or-  j 
doiuicrPinien  par  un  autre  évêque.. Mais  le  saiiitévêquc  | 
leurdit:  Je  ne  puis  manquer  à  ma  parole,  el  Pinien  ne  ! 
peut  être  ordonné  par  un  autre  évêfpie  dans  l'c.^Iise  qui 
m'est  confiée,  sans  mon  conscnteniont,  cl  enfin  il  cul 
bien  de  la  peine  à  cnipêcbcr  celte  violence  donl  on 
peut  voir  le  détail  dans  le  5'  tome  de  l'Histoire  ecclé- 
siastique de  M.  Fleuri  {pag.  Zddetseq.). 

^'«)  1  Timolh.  5,  v.  10. 


icnt  à  mourir,  on  1  ç;^^^  peut-être  de  semblables  excès  qui  firent  abolir 
'  ''•-'  ^^'"■'^  '/"'  ^^'  il  pou  à  |)cu  le  droit  qu'avait  le  peuple  et  le  clergé, 
vu  qu'il  le  mente,  ^1  ,|.,„s  lY-iL-ciion  des  ministres  du  second  ordre.  Ce  qui 


est  vrai,  c'est  que  dans  le  sixième  siècle  il  ne  sub- 
istait  plus,  sinon  en  ce  qu'ils  avaient  conservé  le 
droit  de  s'y  opposer,  en  cas  que  les  ordinations  et 
promotions  de  ces  minisires  fussent  contraires  au 
bien  de  lÉglise,  conformément  à  la  loi  de  Jusli- 
nien  qui  ordonne  (I)  :  Que  si  dans  le  temps  de 
l'ordination  d'un  clerc,  de  quelque  rang  et  de  quelque 
ordre  que  ce  puisse  être,  il  se  présente  un  accu- 
sateur qui  dise  qu'il  en  est  indigne,  on  diffère  l'ordi- 
nation et  que  l'on  procède  à  l'examen.  Ce  ne  fut  plus 
qu'en  ce  sens  que  le  peuple  cl  le  clergé  prirent 
part  à  CCS  sortes  d'élections  depuis  la  fin  du  cin- 
quième siècle  ou  dans  les  commencements  du  sixième, 
connue  il  paraît  par  les  nunuments  de  ce  temps-là, 
et  entre  autres  par  les  écrits  de  S.  Grégoire,  le  plus 
grand  ornement  de  ce  siècle.  Ce  pape,  comme  dit  le 
P.  Tiiomassin  (2),  n'ayant  jamais  appelé  ni  le  clergé, 
ni  le  peuple,  pour  choisir  les  prêtres  ou  les  ministres 
el  ks  bénéliciers  inférieurs  :  Ce  pouvoir,  ajoute-l-il, 
était  déjà  rentré  dans  sa  première  origine  donl  il  était 
émané,  c'esl-à  dire,  dans  l'autorité  épiscopale.  Le  clergé 
et  le  peuple,  en  élisant  leur  évéque,  le  rendaient  comme 
le  dépositaire  de  tout  le  pouvoir  qu'ils  eussent  pu  pré- 
tendre à  toutes  ces' provisions  de  bénéfices,  el  ils  rati- 
fiaient, en  quelque  façon,  et  agréaient  par  avance  toutes 
les  élections  et  les  collations  qu'ils  devaient  faire. 

11  reste  encore  dans  'le  rit  de  l'ordination  telle 
qu'elle  est  aujourd'hui  en  usage  parmi  nous  dos  vesti- 
ges de  l'ancienne  discipline,  puisque,  suivant  le  Pon- 
tifical romain,  quand  il  s'agit  de  l'ordination  d'un 
diacre  ou  d'im  prêtre,  l'archidiacre  piésente  d'abord 
à  l'évèquc  celui  qui  doit  être  ordonné;  disant  que 
TÉglise  le  demande  pour  la  charge  du  diaconat  ou  de 
la  prêlrise.  Sur  quoi  l'évêque  lui  dit:  Savez-vous  qu'il 
en  soit  digne?  Je  le  sais  el  le  lénioigno,  répond  l'ar- 
chidiacre, autant  que  la  faiblesse  humaine  permet  de 
le  conn:iiire.  Lé\ êque  en  remercie  Dieu,  puis  s'adres- 
sant  au  clergé  el  au  peuple,  il  dit  :  Nous  élisons  avec 
j  l'aide  de  Dieu,  ce  présenl  sous-diacre,  pour  l'ordre  du 
diaconat,  si  quelqu'un  a  quelipic  chose  contre  lui, 
qu'il  s'avance  hardiment  pour  l'amour  de  Dieu,  et 
qu'il  le  dise  ;  mais  qu'il  se  souvienne  de  sa  condition. 
Puis  il  s'arrête  quelque  temps.  Cet  avertissement  mar- 
que l'anciemic  disciphnc  de  consulter  le  clergé  et  le 
peuple  pour  les  ordinations";  car  encore,  dit  M.  Fleu- 
I  ri  (5),  que  révê»iue  ail  tout  le  pouvoir  d'ordonner,  er 
j  que  le  choix  ou  le  consenlenient  des  laïques  ne  soit 
!  pas  nécessaire,  sous  peine  de  nullité  ;  il  est  néanmoins 
irès-ulile,  pour  s'assurer  du  mérite  des  ordinands.  On 
y  pourvoit  aujourd'hui  par  les  publications  (|ui  se  fout 
au  i)rôno,  les  informations  el  les  examens  qui  prccè- 
dei:t  l'ordination  :  mais  il  a  été  fort  sainlemonl  inslN 

(1)  Novell.  123,  c.  11. 

(2)  De  l'ancienne  Discipl.  de  l'Eglise,  t.    1,   p.  2 
I.2,c  13,  pug.  181.  '       ' 

(3)  Insiit.  au  droit  ccclésiast.,  t.  1,  c.  8. 


847 


HISTOIRE  DES  SACUE.MENTS. 


818 


.   I        •  „....,- .^n.oiv  (lins  l'action  même   les  or- ]f  mains   et   la   prière  dans   l'oiilination  dos  évcfiues, 
tue  do  prcboiut  I  t^in.uiv  i.....^  ^  _  _  •     .      '.      i  ,,    .        .  . 


dinanls  a  la  face  de  lEglise,  pour  s'assurer  que  per- 
sonne ne  peut  leur  faire  aucun  reproche. 

Le  Pontifical  romain  (1)  rend  raison  de  cette  céré- 
monie, en  faisant  dire  à  révoque  qui  consulte  en 
quelque  manière  le  peuple  en  cette  occasion,  de  la 
façon  que  nous  venons  de  rexpli(iuor,  qu'il  lui  fait 
celte  demande,  parce  que  c'est  un  intérêt  commun 
du  pasieur  et  du  peuple  d'avoir  de  saints  prêtres  ; 
parce  qu'un  particulier  peut  savoir  ce  que  plusieurs 
ignorent,  et  que  chacun  obéit  plus  volontiers  à  celui 
qui  a  été  ordonné  de  son  consentement.  Tels  étaient 
en  effet  les  motifs  sur  lesquels  était  fondée  la  disci- 
pline ancienne,  dont  nous  avons  fait  l'exposé  dans 
ce  chapitre. 

SECONDE  PARTIE. 

DES  RITS  ET  DES  FORMLLES  DES  ORDINATIONS  TANT  DES 
ÉVÈQLES  OLE  DES  PRÊTRES  ET  DES  DIACRES.  DIVERSES 
QUESTIONS  QUI  ONT  ÉTÉ  AGITÉES  SLR  CELA. 

Après  avoir  parlé  de  ce  qui  précédait  les  ordina- 
tions, il  est  temps  de  traiter  des  rils,  des  cérémonies 
et  des  formules  avec  lesquelles  elles  se  faisaient,  puis- 
que c'est  en  cela  que  consiste  proprement  ce  que 
nous  appelons  le  sacrement  de  l'Ordre,  Dieu  y  ayant 
attaché  les  grâces  qu'il  répand  sur  ceux  qui  sont 
initiés  aux  Ordres  sacrés,  afin  qu'ils  s'acquittent  di- 
gnement de  leur  ministère.  Nous  parlerons  aussi  à 
cette  occasion,  de  l'irréitéralion  des  ordinations,  et 
de  ce  qu'on  a  pensé  sur  ce  sujet  dans  l'Eglise  en  dif- 
férents temps.  Nous  tâcherons  de  remonter  aux  sources 
de  chaque  rit,  et  de  distinguer  les  anciens  de  ceux 
qu'un  usage  pieux  a  depuis  introduits,  et  que  des  théo- 
logiens peu  instruits  des  ancieimes  pratiques  ont  pris 
mal  à  propos  pour  les  rits  essentiels  des  Ordinations 
à  l'excUision  de  ceux  qui  ont  été  en  usage  de  tout 
temps  dans  l'Eglise.  Nous  commencerons  par  la  con- 
sécration des  évêques. 

CHAPITRE  PREMIER. 
Des   rits  de   la   consécration   épiscopalc    dans  l'église 
latine.    On  tâche  de  découvrir  l'origine  de   chacune 
des  cérémonies  qui  s'ij  pratiquent  à-  présent.    Des  or- 
dinations des  évèqnes  d'Anqlclerre. 
La  consécration   des  évèrpies  s'est  laite   de  tout 
temps  dans  l'Eglise,  par  l'imposition  des  mains  et  l'in- 
vocation du  Saint-Esprit,  conformément  à  ce  que  nous 
lisons  dans  les  Actes  des  Apôtres  (2)  et  les  Epîtres  de 
S.  Paul  (5).  Cet  usage  est  démontré  par  une  infinité 
de  passages  des  Pères,  et  par  tous  les  anciens  Ponti- 
ficaux et  Rituels  que  les  PP.  Morin  (i)  ctMartène  (o) 
ont  publiés.  Ceux  même  qui  ont  contesté  touchant  la 
matière  et  la  forme  de  ce  sacrement,  n'ont  jamais  nié 
qu'on  ait   employé   de  tout  temps  l'imposition  des 

(1)  De  Ordin.  presbvt. 

(2   Acl.  là,  v.  5. 

(ô)  l  Timoth.  i,  Y.  15. 

(4)Desacr.  Ord.,  part.  1  et  2. 

(5)L.  1  de  antiq.  Eccl.  Rit.,  c.  8,  art.  10. 


quoique  plusieurs  aient  prétendu  que  ce  n'était  point 
en  cela  que  consistait  l'essence  du  sacreinenl  d'Ordre. 
Ainsi  il  est  superflu  de  ramasser  les  témoignages  en 
tout  genre  que  l'on  peut  produire  sur  cette  matière, 
sur  laquelle  il  n'y  a  point  de  contestation  entre  ceux 
qui  ont  quelques  notions  de  l'ancienne  discipline  des 
Ordinations. 

Après  limposition  des  mains  des  évêques  consécra- 
teurs  et  l'invocation  du  Saint-Esprit,  une  des  plus  res- 
pectables cérémonies  qui  se  pratique  en  cette  occasion 
était  et  est  encore  aujourd'hui  de  mettre  le  livre  des 
Evangiles  sur  la  têle  ou  sur  les  épaules  de  celui  que 
l'on  ordonnait  évêque.  Ce  rit  est  très-ancien  tant  en 
Orient  qu'en  Occident,  et  plusieurs  de  nos  scolasti- 
ques  ont  enseigné  qu'il  était  ce  qu'on  appelle  la  ma- 
lière  essentielle  de  l'ordination ,  quoique  quelques 
l  autres  aient  cru  le  contraire  sur  ce  foiulement  que  la 
I  matière  des  Sacrements  doit  être  appliquée  par  la  pcr- 
'  sonne  même  qui  prononce  la  forme,  et  que,  suivant 
la  rubrique  du  Pontifical  romain,  c'est  un  chapelain 
qui  le  lient  sur  les  épaules  de  l'ordinand,  et  (jue,  se- 
lon l'auteur  des  Constitutions  apostoliques,  ce  soient 
les  diacres  qui  fassent  celte  fonclion. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  sentiments  et  du  fondement 
sur  lequel  ils  sont  appuyés,  il  est  certain  que  ce  rit  a 
sa  source  dans  la  plus  haute  antiquité,  et  qu'il  était 
observé  dès  le  quatrième  siècle  tant  en  Orient  qu'en 
Occident,  l'auteur  des  Constilulions  apostoliques  en 
faisant  mention,  connue  nous  venons  de  le  dire,  et 
Pallade  dans  la  Vie  de  S.  Jean  Chrysostôme  y  faisant 
clairement  allusion,  lorsipie,  parlant  d'un  certain  eu- 
nuque nommé  Victor,  que  les  parlisans  de  Théophile 
j  d'Alexandrie  avaient  ordonné  évêque  d'Ephèse,  il  dit 
qu'ils  n'ont  point  eu  horreur  d'imposer  l'Evangile  sur 
cette  lèle  impie. 
1      A  l'égard  de  l'Occident,  on  voit,  par  le  quatrième 
concile  de  Carthage  (can.  1),   que  ce  rit  y  était  en 
usage  dans  le  même  temps,  et  les  plus  anciens  rituels 
le  prescrivent,  au  moins  tous  ceux  qui,  outre  les  for- 
mules de  prières,  contiennent  les  rils  de  la  consé- 
cration des  évêques.  C'est  ce  que  léinoignent  les  pères 
Marlène  et  Morin  (1),  qui  ont  examiné  avec  grand 
soin  les  manuscrits  de  ce  genre. 

Ce  dernier,  néanmoins  (2),  ne  croit  pas  que  celte 
cérémonie  fût  conmmne  à  toutes  les  églises,  et  entre 
autres  à  toutes  celles  des  Gaules  et  de  Germanie  ;  ce 
qui  le  lui  persuade,  est  que  l'auteur  qui  a  traité  des 
offices  de  l'Eglise  sous  le  nom  d'Alcuin  et  Amalarius 
en  parle  comme  d'une  chose  qui  n'était  point  reçue 
partout.  Le  premier  en  disant  qu'on  ne  trouve  ni  dans 
l'autorité  ancienne,  ni  dans  la  nouvelle,  ni  même  dans  la 
tradition  romaine,  que  deux  évêques  tiennent  le  livre  de 
l'Evamjile  sicr  la  tête  de  l'élu,  tandis  qu'un  d'entre  eux 
faisant  la  prière,  les  autres  la  lui  louchent.  Et  le  second, 
parlant  de  l'Oidre  lomain  (5),  selon  lequel  deux  évê- 

{1) Ibid. 

(2  Part.  5,  c.  1. 

{5)  L.SdeOffic.  Eccl.,  c.  14, 


S49    ORDRK.  —  PAIiT.  Il    CIIAP.  1.  CONSKCRAT 

qiios  lieiinoiit  rEvai)i(ile,  assure  que  cela  n'est  prescrit 
ni  dans  rKcrilnrc  saiiilo,  ni  dans  les  canons.  Dicit  li- 
bellus  seciDidnni  cHJns  urdinein  celcbralitr  ordiiuiliu  apud 
qnosdam,  ni  duo  episcopi  leiicant  l'A'aïKjeliuni  super  ca- 
])ul  cjus,  quod  neqHC  velus  auctoritos  iutimct,  tiaptc  eu-  1 
nouicn.  S.  Isidore  de  Séville  (1)  seniitle  lavorisor  ce 
scnliinent  ;  car,  parlant  fort  au  long  et  dans  un  !,'rand 
détail  de  ce  qui  regarde  la  consécration  des  évoques, 
cl  faisant  mention  de  l'imposition  des  mains,  du  nom- 
bre des  ordinateurs,  de  l'anneau,  du  bàlon  pastoral  et 
dt!  plusieurs  antres  cérémonies  moins  importantes,  il 
i^'arde  un  profond  silence  loucliant  rinq)osilion  du  livre 
de  l'Evangile  sur  la  tète  de  l'ordinand .  quoique  cela 
eût  donné  beau  champ  au  sens  moral  qu'il  tire  avec 
grand  soin  des  divers  rits  de  l'ordination.  Le  P.  Mo- 
rin  croit  pouvoir  conclure  de  ce  que  dit  Puipurius, 
chef  des  Doiiatistes,  loucliant  Cécilieu,  son  neveu,  qui 
offrait  de  se  faire  réordonner  si  l'on  doulail  de  la  va- 
lidité de  sa  consécration,  qu''on  lui  casse  la  tète  en  lui 
imposaut  la  main  pcrir  la  pénitence,  qu'alors  ce  n'était 
point  l'usage  en  Afiiquc  de  mettre  le  livre  des  Evan- 
giles sur  la  tète  de  ceux  que  l'on  ordonnait  évèques  ;  ; 
parce  que  dil  cel  auteur,  si  on  eût  fait  celte  céré- 
monie en  ce  temps-là,  Purpurins,  en  pat  lant  de  casser 
la  tète  à  Cécilien  eût  plutôt  fait  allusion  à  celte  im- 
position du  livre  qu'à  celle  des  mains,  qui  est  moins 
propre  à  produire  cet  effet.  i\Iais  la  conjecture  de  ce 
savant  homme  en  celle  occasion  parait  avoir  peu  de 
solidité  ;  car,  outre  que  ce  furieux  schismatiquc  parle 
ici  du  rit  essentiel  de  l'ordination  dont  il  s'agissait,  il 
est  certain  d'ailleurs  que  les  livres  n'étant  alors  que 
des  rouleaux  bien  différents  des  nôtres,  n'étaient  pas 
plus  propres  à  produire  l'effet  dont  il  parle  que  les  I 
mains  des  évéquss  qui  célébraient  l'ordination. 

Je  ne  m'arrête  pas  ici  à  exposer  les  diverses  ma- 
nières de  placer  ce  livre  sur  la  tète,  sur  le  cou  ou  sur  | 
les  épaules  de  l'ordinand;  dans  ces  sortes  de  matières,  | 
il  ne  se  peut  qu'il  ne  se  trouve  beaucoup  de  variété,  aussi  | 
voyons-nous  sur  cela  différents  us.-iges  dans  les  églises,  i 
Dans  les  unes  on  le  plaçait  sur  les  épaules,  dans  les  i 
antres  snr  la  tète;  dans  celles-ci  on  le  tenait  ouvert,  | 
dans  celles-là  on  voulait  (pi'il  fût  fermé.  Je  me  cou-  f. 
tenterai  seulement  de  remarquer  une  chose  qui  pa.ssa  | 
comme  en  coutume  dans  le  moyen-âge,  qui  est  qu'on  ^ 
lirait  des  pronostics  louchant  le  bon  ou  mauvais  gou-  | 
vernement  de  l'évèque  que  l'on  consacrait,  des  pre-  1 
niières  paroles  qui  se  présentaient  en  ouvrant  le  | 
livre  des  Evangiles  qu'on  lui  avait  mis  sur  la  tète.  § 
L'auteur  de  la  Vie  de  S.  Ilériherl  raconte  (2)  les  heu-  ] 
rcux  présages  que  l'on  fil  de  lui  en  celle  rencontre,  i 
Celui  qui  a  écrit  la  Vie  de  S.  Lanfranc  parle  aussi  de  | 
ceux  qui  furent  faits  sur  un  moine  du  Bec  nommé  Er-  | 
nest  (jue  ce  saint  ordonna  évèque  de  Hochesicr.  .Mat-  j 
ihieu  Paris  en  fait  mention  (5)  en  parlant  de  l'ordina-  ] 
lio:i  de  S.  .\nselme,  et  plusieurs  autres.  | 

L'imposition  des  mains  des  évè(pics  consécrateurs,  |, 

(I)  L.  ^deOlfic,  c.  .^i.  I 

Ci)  Aprul  !5ollaiid.  in  .^larl.  j|| 

(7,)  H'Lsl.  Angl..  a<!  non.  101)3.  |l 


ION  ÉPISCOPAI.i:  DANS  L'ÉGLISE  LATI.NE.  S'.O 
'  jointe  à  la  bénédiction  ou  invocation  du  Saint-Espril, 
est  sui\i(!  de  l'onction  dont  nous  aurons  lieu  de  parler 
I  lorsque  nous  traiterons  de  l'ordinalion  des  prêtres,  et 
de  la  ct'rémonie  de  mettre  au  doigt  de  l'évècpie  élu 
l'aimeau,  et  le  bâton  |iastoral  eu  main,  le  tout  ac- 
conq)ai!né  de  prières  convenables.  L'évèque  ofliciant 
exhorte  celui  à  qui  il  donne  l'anneau,  à  garder  l'Eglise 
sans  tache,  comme  l'épouse  de  Dieu;  et  en  lui  pn';- 
sentant  la  crosse,  il  l'avertit  de  juger  sans  colère,  et 
de  mêler  la  douceur  à  la  sévérité.  Ces  saintes  céré- 
monies étaient  déjà  en  usage  il  y  a  huit  à  neuf  cents 
ans,  comme  il  parait  entre  autres  par  un  Pontifical 
'manuscrit  de  l'église  de  Cahors  écrit  vers  ce  temps, 
et  conservé  dans  la  bibliothèque  de  M.  de  Colbert, 
que  le  P.  Martènc  a  publié  dans  le  premier  livre  des 
anciens  Hits  de  l'Eglise  (tome  1,  page  587). 

Tels  étaient  les  rits  principaux  de  la  consécration 
des  évoques,  et  nous  ne  voyons  pas  que,  dans  les 
temps  anciens,  il  y  eût  d'autres  formules  que  diffé- 
rentes prières  et  invocations  du  Saint-Esprit  sur  l'élu, 
par  lesquelles  on  priait  Dieu  de  répandre  sur  lui  les 
dons  de  sa  grâce  pour  qu'il  s'acquittât  dignement  des 
devoirs  de  son  ministère  ;  car,  à  l'égard  de  ces  pa- 
roles, qu'on  lit  à  présent  dans  le  pontifical  Romain  : 
Accipc  Spiriium  sanctuni,  etc.,  recevez  le  Saint-Es- 
prit, etc.,  dans  lesquelles  grand  nombre  de  scolasti- 
ques  ont  cru  trouver  la  forme  essentielle  du  sacrement 
de  l'Ordre,  elles  ne  sont  point  anciennes,  les  pre- 
miers scolastiques  ,  comme  Hugues  de  Saint-Victor, 
Alexandre  de  llalès,  Guillaume  d'Auxerre,  S.  Bona- 
venture  et  S.  Thomas,  n'en  faisant  point  mention, 
quoiqu'ils  traitent  fort  au  long  et  dans  un  grand  détail 
des  rits  des  ordinations.  On  ne  les  tiouve  pas  non 
plus  dans  les  rituels  latins  au-dessus  de  400  ans,  et 
même  dans  plusieurs  des  modernes,  comme  dil  le 
P.  Morin  (I)  ;  et  jusqu'à  présent  les  Grecs  et  les  Sy- 
riens ont  absolument  ignoré  cette  formule. 

Cependant  la  foule  des  scolastiques  a  enseigné  (juc 
ces  paroles  étaient,  connue  nous  venons  de  le  dire,  la 
formule  essentielle  du  sacrement,  et  cela  fondé  sur  ce 
principe  que  les  formes  des  ordinations  doivent  être 
impéraiives;  il  s'en  est  môme  trouvé  parmi  eux  (2) 
qui  ont  osé  avancer  que  ce  principe  appartenait  à  la 
foi ,  et  (jue  le  sentiment  contraire  était  une  hérésie 
manifeste.  Mais  aujourd'hui  on  est  revenu  de  cette 
opinion  et  de  plusieurs  autres  sur  la  matière  des  sa- 
crements qui  s'enseignaient  communément  dans  les 
écoles.  Et  il  est  peu  à  présent  de  tlié(tlogiens  de  quel-» 
que  réputati(jn  (jui  ne  soutiennent  que  la  n)atière  et 
la  forme  essentielle  de  l'ordmation  ne  consistent  que 
dans  liniposilion  des  nnins  des  évèques,  jointe  à  l'in- 
vocation du  Saint  Esprit,  quoique  tous  conviennent 
de  ce  (pie  dit  le  concile  de  Trente  (5),  que  ce  n'est 
pas  en  vain  que  les  évoques  disent  dans  l'ordination  : 
\ccipe  Spiriium  sanctum,  etc.  Ce  qui  a  fait  entrer  les 

(1)  De  Ordinal.,  part.  T»,  excrc.  2. 

(2)  Nugnez,  ad  ô  part.,  q.  5i,  art.  i. 
(ô)  Sess.  2."»,  ail.  i. 


SM 


lilb'iOIlŒ  Î)ES  SACREMENTS. 


8Ô2 


théologiens  ilaiis  ce  sentiment,  est  que  Piiiiposilion 
des  mains  cl  la  prière  ont  été  les  seules  cércniouics 
que  Ton  ait  employées  de  tout  temps  et  dans  tontes 
les  églises  pour  l'ordination  des  minisires  (pii  compo- 
sent la  liiérarcliie.  Celui  qui  a  le  plus  contribué  à  les 
faire  revenir  de  ces  opinions  de  l'école,  est  le  savant 
P.  Morin,  qui,  comme  il  le  dit  dans  la  préface  qu'il  a 
mise  à  la  tète  de  son  livre  des  Ordinaiions,  étant  allé 
à  Rome  en  l'an  1659,  le  cardinal  François  Barberin, 
qui  l'avait  invité  à  faire  ce  voyage,  voulut  qu'il  fût 
d'une  congrégation  de  lliéologieiis  que  le  pape  Ur- 
bain avait  formée,  pour  y  examiner  soigneus(;ment 
l'Eucologe  des  Grecs.  Car,  voyant  que  ceux  à  qui 
on  l'avait  associé  prenaient  pour  règle,  dans  cet  exa- 
men, les  axiomes  reçus  dans  les  écoles  et  les  senti- 
ments des  scolasliques,  qu'ils  n'avaient  d'ailleurs 
aucune  teinture  de  la  discipline  des  églises  Grecques 
ni  de  la  langue  de  ces  peuples,  et  qu'ainsi  les  ordi- 
nations des  évèquos,  des  iirèlres  et  dos  autres  minis- 
tres de  l'église  Grecque  couraient  risque  d'être  dé- 
clarées nulles  par  ces  lliéologiens,  il  crut  devoir  se 
servir  de  principes  plus  sûrs  dans  un  examen  de  cette 
importance,  dont  le  premier  était  de  s'assurer  de  la 
conduite  qu'avait  tenue  l'église  latine  avec  la  grec- 
que au  sujet  des  ordinations,  et  le  second  était  de 
comparer  les  rits  et  les  formules  que  les  Grecs  et  les 
nutres  Orientaux  emploient  aujourd'hui  dans  les  or- 
dinations avec  ce  qui  &e  pmtrquait  autrefois  chez  eux 
avant  le  sc'jispie  à  cet  égard.  Par  celte  voie  il  parvint 
£.\cile.'uenl  à  découvrir  quels  étaient  les  rits  essentiels 
des  ordinations,  et  il  dissipa  les  préjugés  des  docteurs 
de  l'école  en  montrant  que  l'imposition  des  mains  et 
l'invocation  du  Saint-Esprit  avaient  été  regardées,  dans 
tous  les  temps  et  tous  les  lieux,  connne  le  rit  essen- 
tiel de  l'ordination  des  évoques,  des  prèîres  et  des 
diacres.  L'Eglise,  qui  est  conduite  j)ar  le  Saint-Esprit,  ' 
n'ayant  jamais  cessé  de  l'employer,  nonobstant  les 
préjugés  de  ceux  qui  avaient  cru,  depuis  la  fin  du 
douzième  siècle,  que  les  rits  essentiels  de  la  consé-, 
craiion  des  ministres  de  l'Eglise  consistaient  dans 
d'autres  fornmles  et  d'autres  cérémonies. 
Toutes  les  églises  du  rit  latin  pouvaient  se  glori- 


porl  au  fait  que  par  rapport  au  droit.  Ce  qui  est  vrai, 
c'est  que  celte  première  dignité  de  l'Église  a  été  ré- 
duite chez  eux  dans  un  pitoyable  état,  s'élant  trou- 
vée renfermé  tout  entière  dans  un  scuUionnne,  Rarloii 
du  temps  de  la  reine  Elisabeth.  Il  y  avait  même  lieu  de 
douter  que  cet  homme  cùl  été  ordonné  validemcnt. 
Je  sais  qu'un  auteur  (1)  trop  connu  par  sa  hardiesse  en 
matière  de  religion  (  pour  ne  rien  dire  de  plus)  et 
pour  ses  démarches  inégulières,  a  entrepris  de 
montrer  la  validité  des  ordinations  Anglaises,  mais 
je  laisse  aux  savants  à  décider  s'il  y  a  réussi.  11  ne 
me  convient  pas  d'entrer  dans  cette  controverse; 
(pioi  qu'il  en  soit,  il  serait  à  souhaiter  qu'il  eût  mis  ce 
jjoint  hors  de  doute.  Ce  serait  toujours  un  oi)Stacle 
de  moins  à  la  réunion,  dont  il  ne  faut  jamais  déses- 
pérer, et  cela  rapprocheiait  d'autant  de  l'Église 
cath(dique  cette  illustre  nation  d'où  sont  sm-tis 
tant  de  personnages  fameux  par  leur  sainteté  et  leur 
doctrine,  et  qui  est  aujourd'hui  si  recommandable 
par  le  grand  nondjre  d'iiomnies  vertueux  et  savants 
qu'elle  produit,  et  qui  se  distinguent  de  tous  ceux  qui 
ont  suivi  le  parti  de  Calvin,  par  leur  attachement  aux 
principes  de  la  hiérarcliie  et  de  l'épiscopat,  dont  les 
Anglicans  soutiennent  avec  zèle  les  droits  et  les  pré- 
rogatives, qu'ils  connaissent  mieux  que  les  autres 
sectateurs  de  Calvin,  parce  qu'ils  sont  plus  versés 
dans  la  lecture  des  ouvrages  des  Pères. 

Tous  les  gens  de  bien  dans  l'Église  catholiqtie  ne 
cessent  de  demander  à  Dieu  cette  heureuse  réunion. 
Celte  mère  de  ions  les  fidèles  ne  souiïre  qu'avec  utic 
peine  extrême  (pie  ses  enfants  soient  sortis  de  son 
sein  hors  lequel  il  n'y  a  point  de  saint.  Le  pape 
Jides  111,  animé  de  cet  esprit  de  cliarilé,  écrivit  au 
cardinal  Renaud  Polus  qui  s'était  rendu  en  Angle- 
terre quand  la  reine  Marie  eut  pris  le  gouvernement 
de  l'élat,  et  qui  y  faisait  les  fonctions  de  légat  apos- 
tolique, de  ne  rien  épargner  pour  veiùr  à  bout  du 
louable  dessein  de  ramener  les  Anglais  à  l'unité.  Il 
lui  marque  dans  le  bref  qu'il  lui  adressa  sur  ce  su- 
jet, qu'il  pourra  rélinbililer  ceux  d'culre  les  évêques  et 
les  méiropotilaiiisqui  lui  eu  pnrmlronl  dignes  et  propres 
à  ce  mimstère,  et  leur  permettre  de   gouverner  les  éyli- 


lier,  avant  ce  schisme  funeste  qui  a  séparé  de  l'uniîé  ,    ses,  après  qu'ils  les  auront  rétablis  dans  runité  de  11 


calholicpie  lant  de  nations  dans  le  seizième  siècle, 
d'avoir  des  pasteurs  ainsi  ordonnés,  et  d'avoir  par  ce 
moyen  conservé  sans  allération  la  succession  du  sa- 


I  glise  catholique,  quciquils  aient  reçu  ces   dignités   de 

la  main  des  laïques  niê)ncs  scliisniati<iues,  et  surtout  des 

I  rois    Henri  et  Edouard  son  /ils,  qu'ils  se  soient  ingérés 


cerdoce  chrétien,  qui  avait  élé  transmis  de  main  en  â  dans  l'administration  de  ces  églises,  et  qu'ils  en  aient 


main  depuis  les  Apôtres  jusqu'à  ceux  (jui  gouver- 
naient alors  rÉg'.ise.  Mais  les  sectateurs  de  Luther  et 
de  Calvin,  s'élant  déchues  les  ennemis  de  la  hiérar- 
chie, ont  fait  cesser,  dans  presque  tous  les  pays  qu'ils 
ont  imbus  de  leur  doctrine  ,  cette  succession  du  sa- 
cerdoce sans  lequel,  suivant  la  doctrine  constante  de 
l'antiquité,  et  même  suivant  les  règles  di:  bon  sens,  }| 
:  il  ne  peut  y  avoir  d'Église  et  de  religion. 

Les  Anglais  sont  les  seuls  qui  se  vanlent  d'avoir 
conservé  parmi  eux  l'épiscopat,    encore   est-ce   un 


problème,  s'ils  ont  véritablement  ce  premier  degré  Ifl 

de  la  hiérarchie,   on  dispute  sur  cela,  lant  par  rap-  '%      (  1  )  Le  père  le  Courayer. 


perçu  les  revenus  durant  itu  long  temps  ,  qnoiqu'i's 
soient  tombés  dans  l'hérésie,  comme  on  le  dit,  et  (jti'Hs 
aient  élé  clfedivemeid  hérétiques. 

CHAIMTRE  IL 
De  quelques   autres  céréw.onies  qui  s'observaient  dans 

quelques  églises,  tant  devant  qu'après  la  consrécrulion. 

Solides  instructions  que  l'on  donnait  au  nouvJ  évè- 

que. 

Les  cérémonies  dont  nous   allons   parler  dans   ce 
chapitre  ne  s'observaienl  pas  aus^i    uuisori>i.ik;..ci.t 


855  ORDRE.  —  Px\RT.  II.  CUAP.  H.  AUTIŒS  CÉRÉMONIES  DE  DIVERSES  ÉGLISES.  854 

dans  l'église  huinc  que  los  lils  iloiil  nous  avons  leii-  )W  ccrliliiionlqirils  avaient  souscrit  ce  décret  :  etlenié- 


du  coniple  dans  le  cliapilrc  précédeiil.  ("étaient  des 
coutumes  locales  (|ni  variaient  suivant  les  teniiis  cl 
les  lieux,  mais  dont  il  est  bon  d'être  informé  pour 
connaître  ce  t|ui  se  praii(iuail  chez  les  anciens  d;>;is 
cette  importante  malière. 

ri:e  de  ces  coutumes ,  ci;  qucl(|iies  endroits  ,  élait 
que  révèqucélu  passât  le  jour  (|ui  précédait  son  ordi- 
nation dans  un  monastère  pour  va(picr  plus  librement 
à  l'oraison ,  et  se  préparer  ainsi  à  la  cérémonie  du  ! 
lendemain.  II  y  avait  même  dans  |)liisiours  villcsépis- 
coimles,  ou  aux  environs,  des  monastères  affectés 
pour  cela.  Par  exemple,  les  cvèques  de  Ciiarlrcs  fai- 
saient cette  retraite  dans  le  prieuré  de  S.  Martin-du- 
Valle,  ceux  de  Beauvais  dans  l'abbaye  de  S.  Lucien. 
CuiliaumeLemaire  (1),  parlant  de  ce  qui  s'était  passé 
à  son  ordination,  dit  (pic  le  samedi  après  l'Ascension, 
veille  de  sa  consécration,  il  se  retira  ,  suivant  la  cou- 
tume de  ses  prédécesseurs ,  au  numastèrc  de  S.  Ser- 
ge.... que  la  nuit,  sur  le  soir,  il  entra  dans  la  grande 
église  du  monastère,  oii  il  récita  tout  le  Psautier,  seul 
et  à  voix  basse  devant  l'autel  de  la  Vierge.  Ce  qui  étant 
achevé,  nous  commcncànics,  dit-il,  les  matines,  que  nous 
célébrâmes  avec  nos  chapelains.  Ajnès  quoi  nous  ren- 
trâmes à  notre  chambre  pour  prendre  du  repos  jusqu'au 
malin. 

De  ce  temps  là  les  consécrations  d'évêques  se  fai- 
saient le  dimanche  de  grand  matin  ;  mais  auparavant 
elles  se  faisaient  ordinairement  la  iuiil  du  saïuedi  au 
dimanche,  le  consécrateur  et  l'élu  étant  à  jeun  dès  la 
veille  ;  et  on  commençait  la  cérémonie,.  suiva;jt  un 
ancien  Ordre  romain  de  l'abbaye  de  Nendômc,  après 
le  second  nocturne  des  matines.  C'est  ainsi  (jue  S.  Ilé- 
ribert,  archevêque  de  Cologne,  fut  consacré,  selon 
l'auteur  de  sa  Vie  (2),  la  nuit  de  Noël  pendant  la  célé- 
Lraiion  de  la  messe.  Les  pontificaux  ne  conviennent 
point  du  temps  de  la  messe  auquel  se  faisait  l'ordina- 
tion. Ils  varient  exlrèmemenl  sur  ce  point.  Cepen- 
dant la  plupart  la  placent  avant  l'évangile,  dit  le  P. 
Martènc. 

Nous  lisions  à  la  fin  du  Pontifical  romain  (5)  bien 
des  particularités  remarquables  louchant  ce  (pii  se 
pa  sait  avant  l.i  consécration,  du  temps  que  les  élec- 
tions avaient  encore  lieu,  et  qui  se  praticpiak  dans 
certains  pays,  peut-être  en  Italie.  Le  samedi  au  soir  le 
métropolitain  ,  assisté  de  ses  suffraganls  ,  était  assis 
dans  le  parvis  de  l'Eglise:  rarchidiacre  ou  larchiprêlre 
de  l'église  vacante  se  présentaitàgenonx,el  le  prélat, 
après  lui  avoir  donné  sa  bénédiction,  disait  :  Mon  fils, 
que  demandez-vous?  rarcliidiacrc  répondait: Que  Dieu 
nous  accorde  un  pasteur.  Est-H  de  \otre  Eglise?  disait 


diacre  répondait  :  La  modestie,  l'humililé,  la  patience 
et  les  antres  vertus  Le  prélat  faisait  lire  ensuite  le 
décret  d'élection  qui  rendait  témoignage  du  mérite  de 
l'élu.  Les  chanoines  qui  accompagnaient  l'archidiacre 

(1)  Spicil.tom.  iO. 

(2)  Apud  Rolland.,  10  martii. 

(5)  Scrutin  secret..  In  fine  Ponlif.  roi 


tropolilain  disait  :  Prenez  gaide  qu'il  ne  vous  ait  fait 
quelque  promesse,  car  cela  est  simoniaquc  et  contre 
les  canons.  Puis  il  ordonnait  qu'on  l'anienùt, 
j      Alors  l'élu  encore  à  jeun  élait  amené  en  procession 
cnlie  l'archidiacre   et  l'archiprètre.  Le  prélat  lui  de- 
mandait (|nt.l  rang  il  tenait  dans  l'Eglise;  combien  il 
y  avait  qu'il  élait  prêtre  ;  s'il  avait  donné  ordre  à  sa 
maison.  Après  qu'il  avait  satisfait  à  tout  cela  ,  le  mé- 
tropolitain lui  demandait  encore  :  Quels  livres  lit-on 
dans  voire  église?  11  répondait  :  Le  Pentateuque,  les 
Prophètes,  l'Evangile,  les  Epitres  de  S.  Paul,  l'Apo- 
calypse et  les  autres.  Savez-vous  les  canons?  Il  ré- 
pondait :  Apprenez-les  moi.  L'archevêque  l'instruisait 
j  sommairement ,  lui  prometiant  une  |)lus  ample  in- 
struction par  écrit.  Le  lendemain  l'élu  élait  présenté 
I  par  l'ancien  évèque  assistant ,  qui  rendait  témoignage 
j  qu'il  élait  digne  ;  on  faisait  ensuite  lexanien  et  la  con- 
sécration. 

Voilà  ce  que  nous  avons  pu  recueillir  des  diverses 
cérémonies  ipii  précédaient  l'ordinatioiî  des  évoques. 
Quand  elle  élait  achevée,  on  mettait  en  main  du  nouvel 
évèque  le  livre  des  Evangiles  qu'on  lui  avait  tenu  sur 
la  tète  ou  sur  les  épaules  pendant  la  consécration  ,  et 
le  métropolitain  lui  disait  :  Recevez  T Evangile,  et  allez 
prêcher  au  peuple  qui  vous  est  confié  ;  car  Dieu  est  puis- 
sant pour  vous  augmenter  la  grâce ,  lui  qui  vit  et  règne 
dans  tous  les  siècles.  Que  la  paix  soit  avec  vous.  Cette 
cérémonie  n'est  pas  fort  ancienne ,  puisqu'on  ne  la 
trouve  pas  dans  les  plus  anciens  livres  qui  conlien- 
I  nent  les  rits  des  sacrements.  Le  P.  Mabillon  (1)  té- 
moigne aussi  ([ue  dans  certains  lieux  on  donnait  à 
l'évèque  qui  venait  d'être  consacré  le  Pastoral  de  S. 
Grégoire  en  même  temps  que  le  livre  de  l'Evangile. 
On  lit  dans  les  pontificaux  manuscrits  de  l'église  d'A pâ- 
mée en  Syrie  et  de  celle  de  Constanlinople,  qui  sont 
écrits  depuis  000  ans,  un  édit  qui  contient  les  règles 
tirées  des  canons  pour  instruire  les  évêques,  de  quelle 
manière  ils  doivent  se  comporter  ;  lequel  édit,  selon 
!  le  Pontifical  de  Besançon  ,  devait  être  lu  par  le  chan- 
celier de  l'église  à  la  table  des  évêqucs  le  jour  de  leur 
consécration.  Ce  qui  revient  à  ce  qui  cfet  onlonné  dans 
le  treizième  concile  de  Cartilage  (can.  5),  qui  veut  que 
ceux  qui  ordonnent  un  évèque  ou  des  clercs  leur 
fassent  connaître  et  leur  exposent  les  sentences  des 
conciles.  Placttit  ut  ordinatis  episcopis  et  clericisab  or- 
dinatoribus  suis  placila  conciliorum  ,  auribus  eorum  in- 
culcentur. 

Toutes  les  cérémonies  de  la  consécration  étant 
achevées,  le  nouvel  évèque  était  intronisé;  ce  qui  se 
f;i'isait  en  France  avec  grande  s(dennité  dans  les  sep- 


le  prélat;  et  ensuite  :  Qui  vous  a  plu  en  lui  ?  L'archi-  ;    tièmeethuiiième  siècles,  puisqu'il  était  poitédans  une 


chaise  d'or  jusqu'au  trône  pontifical  par  les  mains  des 
évêqnes.  C'est  ce  ([ue  nous  apprenons  de  la  Vie  de  S. 
Wilfrid,  évèque  d'York  ,  qui  avait  été  consacré  d.ins 
ce  pays.  Car  voie'  comme  parle  l'auteur  de  colle  or- 
dination (2)  :  Lcï  évcqucs  s'assemblèrent  au  nombre  do. 

(I)  Des  études  monastiques,  p.  578. 
(-2)  NVilf.  Vita,  c.  12. 


8.S5 


douze,  entre  lesquels  l'iait  l  éeèqnc  Eiujelbert,  et  à  cause 
(le  sa  foi  dont  il  avait  donné  des  preuves ,  ils  rélevèrent 
sur  un  siéfje  d'or  suivant  leur  coutume  ,  MOut  i:oiîum,  le 
portant  de  leurs  mains  dans  roraloire  ,  sans  qu  aucun 
autre  le  louchât,  et  chantant  des  hijmnes  et  des  cantiques 
dans  le  chœur. 

A  celle  céréinonie  semble  avoir  siiccéilé  celle  di; 
porlor  soleiniellciiiciit  les  évèques  iionvelleineiil  con- 
sacH's,  lorsqu'ils  faisaient  pour  la  première  fois  leur 
oiilréi"  à  l'église  caliiédrale.  Rien  n'élait  plus  superbe 
que  colle  entrée,  puisque  les  évèriucs,  en  celle  occa- 
sion ,  éiaienl  porlés  assis  dans  leur  siège  sur  les  épau- 
les des  plus  nobles  du  pays.  On  voit  i)ar  l'Ilisloire  des 
évèquî'sd'Auxerre  (cap.  S'i,  cl  cap.  50)  que  cela  se 
faisait  ainsi  à  l'égard  de  ces  prélats,  il  y  a  plus  de  800 
ans ,  cl  que  Géran  fui  ainsi  porté  à  l'église  de  S.- 
Éliemie.  Hé'rilxTl,  200  ans  après,  reçut  le  même  bon- 
neur  le  jour  même  de  son  ordination,  suivant  la  cou- 
tume ecclésiastique  ,  dit  l'auteur  de  celte  Histoire  , 
secundinn  ccclesiasticam  consuetudinem  cathedra'  innixus 
episcopali...  ,  nobiliuni  humeris  deportatus  est.  Celte 
coutume  n'était  point  seulement  observée  à  l'égard 
des  évèques  d'Auxerre,  elle  était  commune  à  la  plu- 
part des  églises  de  France  ,  comme  il  paraît  par  les 
actes  de  Guillaume  Lcmaire  ,  évêquc  d'Augeis,  par  le 
livre  de  Jcnn  Maan  intitulé,  la  Métropole  de  Tours  , 
par  l'Histoire  de  Sébastien  Rouillard  (i),  et  parle 
Rituel  de  Nivelon,  évoque  de  Soissons,  dans  lequel 
sont  prescrits  en  détail  les  rits  de  cette  cérémonie. 
Elle  s'observe  encore  à  présent  à  Orléans  quand  l'é- 
vèque  fait  son  entrée  solennelle  (tour  la  première 
fois,  cl  il  a  même  le  privilège  d'ouvrir  ce  jour-là  toutes 
les  prisons  de  la  ville  ,  et  de  mallrc  on  liberté  tous 
ceux  qui  y  sont  détenus. 

Lc.'iCVèques  d'Allemagne  faisaient  leur  entrée  solen- 
nelle, soit  devant,  soit  après  leur  consécration,  avec 
plus  de  modestie.  Car  c'était  la  coutume  que  les  évè- 
ques la  fissent  pieds  nus.  On  pourrait  en  rapporter 
plusieurs  exemples  ;  je  nie  contenlerai  de  mettre  ici 
ceux  de  S.  Adalbcrl  de  Prague  (2) ,   qui  après  avoir 
été  consacré  à  Mayence  dont  Prague  dépendait  aJors, 
cl  étant  venu  à  sa  ville  épiscopalc  poiu'  prendre  pos- 
session de  son  siège,  se  décbaussa  pour  entrer  dans 
la  ville.  S.  Hériberlde  Cologne  en  usa  de  même  lors- 
qu'il entra  en  celte  ville  pour  y  recevoir  la  consécra- 
tion épiscopale  ,  quoiqu'alors  il  fît  un  froid  extrême. 
C'est  ce  que  témoigne  l'auteur  de  sa  vie.  Celui  qui  a 
écrit  la  Vie  de  S.  Olbon  de  Bamberg  (5)  raconte  de 
luènie  ([uc  ce  saint  évêque  approcliant  de  cette  ville  êj 
desccndil  de  cbeval ,  et  y  entra  pieds  nus.  Autrefois 
les  arc!ievè(iues  de  Tours,  après  avoir  été  consacrés 
dans  réglisc  de  S. -Julien,  allaient  aussi  à  pied  à  celle 
de  S. -Martin,  où  ayant  donné  la  première  bénédiction 
au  peuple  ils  étaient  portés  à  l'église  calbédrale  sur 
les  épaules  des  barons.  On  voit  encore  des  traces  de 

(1)  Histor.  B.  Mariœ  Carnet.,  apud  Marlcn.,  lit.  1 , 
c.  8,  a.  10. 

(2)  Sec.  5  Bened. 

(3)  Apud.  Sur.,  2julii. 


HISTOIRE  OES  SACREMENTS.  836 

celte  ancienne  pratique  dans  ce  qui  se  passe  à  Rouen, 
dont  l'arclievèque  nouvellement  consacré  vient  à  la 
ville  de  l'église  la  plus  procbainc  à  pieds  nus,  mar- 
cliant  sur  de  la  paille  qaa  l'on  a  étendue  sur  le  clie- 
min. 

C'était  outre  cela  une  coutume  très  ancienne  que  les 
évèques  des  premiers  sièges  de  l'Église  se  donnassent 
réciproquement  avis  de  leur  promotion  par  des  lettres 
qu'ils  s'écrivaient,  et  qui  pour  l'ordinaire  contenaient 
leur  profession  de  foi.L'liistoire  de  l'Église  est  pleine 
de  ces  lettres ,  par  lesquelles  on  apprend  souvent  ce 
qui  s'était  passé  de  particulier  dans  léleclion  ou  la 
consécration  de  ces  évè(iues.  Cette  pratique  servait  à 
entretenir  l'union  et  la  correspondance  de  ceux  qui 
gouvernaient  les  principales  églises,  et  contribuaient 
beaucoup  à  maintenir  les  promotions  canoniques  et  la 
communion  qui  doit  unir  ensemble  tous  les  membres 
de  l'Église  ;  car  par  ce  commerce  des  principaux  évè- 
ques entre  eux,  ils  s'unissaient  avec  ceux  qui  leur 
étaient  subordonnés ,  et  avec  tout  le  peuple  cbréiien 
qui  prenait  part   en   sa  manière  à  se  qui  se  passait , 
et  à  qui  on  lisait  même  dans  les  assemblées  publi(jue3 
ces  sortes  de  lettres.  S.  Léon  parle  de  cet  usage  dans 
sa  lettre  (1)  à  Basile,  évêque  d'Antiocbe,  à  qui  il  dit  : 
Nous  aurions  dû  connaître  votre  ordination ,    ou  par 
vous-même  ou  par  nos  frères  les  évèques  de  la  province, 
suivant  la  coutume  ecclésiastique.  (Secundiim  ecclesiasli- 
cum  morem.)  S.  Cyrille  de  même  dans  un  écrit  adressé 
à  l'empereur  Tb6odose(2) ,  parlant  de  l'ordination  de 
Nestorius,  lui  dit,  que  l'ayant  appris  par  les  évè(iucs 
qui  l'avaient  ordonné  ,  il  s'c!»  était  réjoui,  et  lui  avait 
aussitôt  réci'it  coiiimc  il  sou  frère  ,  à  son  collègue  ,  lui 
souliailant  toute  sorte  de  biens.  C'est   ainsi  que  les 
évèques  des  premiers  sièges  ratitiaient  en  quelque 
sorte  et  confirmaient  l'ordination  de  leurs  confrères; 
et  quand  ils  étaient  bien  informés  de  l'ortliodoxie  de 
ceux  qui  étaient  parvenus  à  ces  dignités  ,  et  qu'ils  y 
avaienl  été  placés  canoniquement,  ils  inséraient  leurs 
noms  dans  les  dyptiques  de  l'Église  pour  eu  faire  mé- 
moire au  saint  sacrifice  de  la  messe.  Aussi  était-ce 
l'ordinaire  que  dans  ces  lettres  d'avis  ceux  qui  les 
écrivaienl,  en  faisant  leur  profession  de  foi  ,  y  insé- 
rassent surtout  la  condamnation  ou  la  réfutation  des 
bérésics  (jui  avaient  cours  de  leurs  temps,  et  dans  les 
;  pays  où   ils  étaient.  S.  Grégoire  (3)    témoigne  que 
!  de  son  temps  les  évèques  des  (juatre  premiers  sièges 
I  avaient  coutume  de  manpier  dans  les  lettres  synodales 
ij  qu'ils  écrivaient  dans  celte  rencontre,  qu'ils  retevaienl 
les  quatre  conciles  généraux.  Le  patriarclie  Taraise, 
dans  une  lettre  [^)  à  ceux  d'Alexandrie  et  d'Antiocbe, 
dit  positivement  que  cet  usage  des  évèques,  de  se  faire 
ainsi  part  réciproquonuMil  de  leur  promotion  à  l'épis- 
coi)at,  vient  de    la  tradition  apostoli([uc,  cl  cela  n't;sl 
point  bors  d'apparence.  Au  moins  le  voyons-nous  pra  • 


(1)  Ep.  lis  nov.  edit. 

(2\  Apologet.  ad  Tbeod. 

(3)  L.  7,  ep.  5i,  ad  Secundinum. 

(4)  Elle  est  rapportée  parmi  bis  actes  du  second 
concile  deNicée,  aciinn  ~. 


857       ORDRE.  —  PART.  II.  CIIAP.  III.  0RD1N.\TI0N  KPISCOPAL  ClIE/  LES  GRECS,  kto. 

tiquer  dôs  lo  icmps  de  S.  Cyprien  ,  comme  on  le  voit 


858 


dans  pliisioni's  des  lellres  de  ce  saint  Martyr. 

Poin-  ce  (|iii  est  des  ('vèiines  des  moindres  sièges, 
il  sul'lisait  qu'ils  eussent  des  lellros  qm  rendissent  té- 
moignage de  leur  ordination,  et  qui  devaient  leur  être 
délivrées  par  le  métropolitain,  ou  par  ceux  qui  avaient 
assisté  à  leur  consécration.  Le  second  concile  de 
Milève  lit  nue  loi  de  cet  usage,  en  disant  (1),  que  tous 
ceux  qui  ci -après  seront  ordonnés  par  les  évcques,  dans 
tes  provinces  d'Afrique,  prendront  des  lettres  de  leurs 
ordinateurs ,  qui  seront  souscrites  de  leur  main  ;  dans 
lesquelles  seront  marqués  le  jour  et  le  consul.  L'église  de 
France  se  conforma  à  cet  usage,  et  il  y  était  encore 
en  vigueur  au  neuvième  siècle,  comme  le  montrent 
ces  paroles  d'IIincmar  au  second  concile  de  Sois- 
sons  (  2  ),  qui  fut  célébré  en  l'an  852  :  Quiconque  est 
élevé  au  souverain  sacerdoce...  est  tenu  de  prendre  des 
lettres  testimoniales  de  ses  ordinateurs. 

Enfin  le  métropolitain  donnait  un  édit  ou  instruc- 
tion par  écrit  à  l'évèque  qu'il  avait  consacré.  Nous 
avons  un  modèle  dans  le  Pontifical  romain  de  ces  ins- 
tructions telles  qu'elles  étaient  dans  le  temps  que  les 
élections  étaient  encore  en  vigueur.  En  voici  les  prin- 
cipaux points. 

Sachez  ,  mon  frère ,  que  vous  venez  d'être  chargé 
d'un  grand  poids  et  d'un  grand  travail,  du  gouverne- 
ment des  âmes  :   de  vous  assujétir  aux  besoins  de 
plusieurs,  et  d'être  le  serviteur  de  tous  :  et  que  vous  [ 
rendrez  compte  au  jour  du  jugement  du  talent  qui 
vous  est  confié.  Ayez  grand  soin  de  garder  la  pureté 
de  la  foi.  Observez  exactement  les  règles  de  l'Eglise 
dans  les  ordinations,  soit  pour  le  temps,  soit  pour  la 
qualité  des  personnes  :  évitez  surtout  l'avarice  et  la 
simonie.  Gardez  la  chasteté;  que  les  femmes  n'entrent 
point  chez  vous,  et  si  vous  êtes  obligé  d'entrer  chez 
les  religieuses,  que  ce  soit  en  compagnie  de  gens 
hors  de  tout  soupçon.  Évitez  de  donner  scandale.  Ap- 
pliquez-vous à  la  prédication,  prêchez  la  parole  de  Dieu 
à  votre  peuple  abondamment,  agréablement,  dislincte- 
ment  et  sans  cesse.   Lisez  continuellement  lÉcritiu-e 
sainte,  et  que  l'oraison  interrompe  la  lecture.  Demeu- 
rez ferme  dans  la  tradition   que  vous  avez  apprise  ; 
que  la  sainteté  de  votre  vie  soutienne  vos  instruc- 
tions, et  qu'elle  serve  de  règle  et  de  modèle  à  vos 
ouailles.  Ayez  grand  soin  de  votre  troupeau.  Corri- 
gez avec  douceur  et  avec  discrétion  ;  en  sorte  que  le 
ïèle  et  la  bonté  s'aident  l'un  l'autre,  et  que  vous  évi- 
tiez également  la  rigueur  excessive  et  la  mollesse.  Ne 
considérez  personne  dans  vos  jugements.  Employez 
les  biens  de  l'Eglise  avec  fidélité  et  discrétion ,  sa- 
chant que  c'est  le  bien  d'autrui  que  vous  gouvernez. 
Exercez  l'hospitalité  et  la  charité  envers  les  pauvres  : 
soid.igez  les  veuves,  les  orphelins  et  toutes  les  person- 
nes opprimées;  ne  vous  laissez  point  élever  par  la 
prospérité,  ni  abattre  par  l'adversité.  Voilà  un  abrégé 
de  cette  formule  que  l'Eglise  conserve  dans  ses  livres 
les  plus  saints  pour  l'instruction  de  tous  les  évêques. 

(1)  Can.  li,  et  cod.  Eccles.  Afric,  can.  89. 

(2)  Action  i. 


CHAPITRE  III. 


De  l'urdinuiiun  des  évéqucs  citez  les  (îrecs  et  les  Orien- 
taux. \hus  intolérable  des  Sestoriens  au  sujet  de  l'or- 
dination de  leur  patriarche. 

L'épiscopal  est  en  si  grande  vénération  dans  loutcg 
les  communions  orientales  séparées  par  le  schisme  ou 
par  riif-résie  (I),  qu'il  ne  s'en  est  trouvé  aucune  jus- 
([u'à  présent  sans  évêques ,  cl  qui  n'ait  cru  que  sans 
évêciues  il  n'y  avait  point  d'église.  Par  le  nom  d'évè- 
(lues.cesChréliens  n'onlpoint  entendu  des  superinten- 
dants, tels  qu'en  ont  les  Luthériens,  ou  des  personnes 
ordoimées  par  des  prêtres  et  par  des  laïques,  mais  des 
prêtres  qui,  selon  les  canons  avaient  reçu  l'imposition 
des  mains  de  trois  ou  de  plusieurs  évêques  ordonnés 
par  d'autres  qui  l'avalent  été  par  leurs  prédécesseurs, 
en  remontant  jusqu'aux  Apôtres.  C'est  cette  successioi- 
qui  fait  le  fondement  des  ordinations,  et  elle  subsiste 
encore  dans  les  églises  orientales.  Car  les  patriarches 
jacobiles  d'Alexandrie  ont  été  ordonnés  parDioscorc 
et  par  ses  successeurs,  dont  la  suite  n'a  jamais  été  in- 
terrompue jusqu'à  nos  jours.  Les  Grecs  depuis  la  con- 
quête de  l'Egypte  furent  97  ans  sans  patriarche  de  leur 
communion;  mais  au  lieu  d'en  faire  ordonner  un  par 
leurs  prêtres,  ils  envoyèrent  aux  églises  voisines  ceux 
qui  devaient  être  ordonnés,  et  c'est  ainsi  que  l'église 
grecque  d'Alexandne  s'est  maintenue  durant  un  siècle, 
jusiiu'à  ce  qu'ayant  ol)tenu  la  même  liberté  que  les 
Jacobiles,  elle  commença  à  avoir  son  patriarche  et  ses 
évêques.  Les  Grecs  d'Anlioche  ont  eu  de  même  les 
leurs  ordonnés  par  les  évêques  orthodoxes  ;   et  les 
Jacobiles  avaient  reçu  l'ordination  par  Sévère  et  d'au- 
tres qui  avaient  tenu  ce  siège,  hérétiques  à  la  vérité, 
mais  ordonnés  par  d'autres  dont  l'ordination  était  lé- 
gitime. Les  Nestoriens  ont  succédé  dans  le  siège  de 
Séleucie  et  de  Clésifonte  à  des  évêques  orthodoxes, 
dont  ils  se  vantent  ftiussement  d'avoir  maintenu  la 
doctrine  :  et  ils  font  remonter  celte  succession  épis- 
copale  jusqu'à  S.  Thadée,  preuve  certaine  qu'ils  ne 
croyaient  pas  qu'on  pût  former  un  corps  d'église ,  si 
celle  succession  manquait. 

On  sait  aussi  très-certainement  que  la  manière 
dont  les  évêques  ont  été  ordonnés  depuis  la  sépara- 
lion  de  ces  hérétiques,  a  été  conforme  à  l'ancienne 
tradition  de  l'Eglise  universelle  ;  qu'ils  ont  suivi  les 
rits  qu'ils  trouvaient  établis,  qu'ils  n'en  ont  point  in- 
troduil  de  nouveaux  directement  contraires  aux  an- 
ciens, cl  (|u'i!s  ont  conservé  exactemenl  tout  ce  (|n'il 
y  a  dessenliel  dans  celle  cérémonie  sacrée.  Abraham 
Echellensis  a  réfuté  solidement  ce  que  Selden  et  quel- 
ques antres  protestants  avaient  avancé  pour  prouver 
(lue  dans  l'église  d'.Mexandrie  le  patriarche  élail  or- 
donné par  de  simples  prêtres  (2).  Il  a  fait  voir  très- 
clairement  que  le  passage  de  Ihistoire  dEuiichius, 
dont  Selden  appuyait  ce  paradoxe,  ne  s'entendait  que 
de  l'élection  du  patriarche,  et  non  de  son  ordination 

(1)  Perpél.  de  la  foi,  lom.  5,  c.  10. 

(2j  Dans  un   livre   intitulé  :  lùinjchius  vindicatus. 


859 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


860 


Noiis aurons  occasion,  en  traitant  de  la  sniiéiioiilc  dos 
é\ê(|iics  an -dessus  des  prèlrcs,  de  résondre  (imliincs 
dillicnltés  sur  celle  matière,  anxiiuelles  ciilaines 
expressions  de  S.  Jérôme  et  de  Libéral  ont  donné 
lien.  Mais  ponr  ce  qui  regarde  les  sectes  orientales,  il 
n'y  a  rien  de  plus  décisif  que  la  forme  d'ordination 
pratiquée  dans  lonl  l'Orient,  que  nous  allons  expli- 
quer. 

Les  Grecs,  suivant  Tofflce  que  le  P.  Morin  a  tire 
d'un  pontifical  ïwl  ancien  ,  après  le  trixaejium  et  quel- 
ques autres  prières,  font  venir  celui  qui  doit  èlre  sa- 
cré, au  pied  de  l'anlel,  où  le  prélat  (pii  fait  l'office 
dit  la  formule,  Dhim  gratin.  Ensuite  il  met  le  livre 
des  Evangiles  sur  la  tète  et  sur  le  cou  de  celui  qu'il 
ordonne,  et  sur  lc(inel  les  autres  évoques  meltonl  la 
main;  puis  lui  imposant  les  mains,  il  dit  une  prière 
par  laquelle  il  demande  à  Dieu  que  celui  q-j'il  or- 
donne, soumis  à  TEvaiigile,  reçoive,  par  rimposilion 
des  mains  de  lui  et  des  autres  évoques,  la  dignité  pon- 
tificale par  ravénement  du  Saint-Esprit  sur  lui.  On 
dit  d'autres  prières,  et  l'officiant,  lui  posant  encore  les 
mains,  prononce  une  oraison  ;  i)uis  il  le  revêt  de 
tlwmopliorion  ,  qui  est  le  principal  des  ornements 
épiscopaiix. 

Arcudins  né  à  Corfou,  mais  élevé  à  Rome,  où  il  a 
écrit  et  enseigné,  voulant  concilier  l'église  Grecque 
avec  la  Latine,  et  croyant,  suivant  l'opinion  des  sco- 
lastiqnes  dont  il  était  prévenu,  que  la  forme  du  sacre- 
ment de  rOidre  devait  être  nécessairement  impéra- 
live,  et  ne  trouvant  rien  de  semblable  dans  les  ordi- 
nations des  Grecs,  s'esl  imagiiu;  que  la  formule, 
D'iv'ma  gralîa,  dont  nous  venons  de  parler,  était  la 
forme  essentielle  tant  de  la  consécration  des  évèques 
que  de  l'ordination  des  prêtres  et  des  diacres,  en  quoi 
il  s'est  visibicmrnt  trompé  ;  puiscpi'il  suffit  de  jeter 
les  yeux  sur  les  eucologes  des  Grecs  pour  reconnaî- 
tre que  cette  formule  que  l'on  récitait  avant  l'ordina- 
tion, et  qui  se  récite  encore  par  l'évoque,  ne  conte- 
nait que  le  décret  de  l'élection  de  celui  qui  allait  être 
ordonné,  dont  il  faisait  la  publication  avant  de  com- 
mencer l'ordination.  L'ancien  cucolo;4C  du  monas- 
tère de  la  Grotte-Ferrée,  cité  par  le  P.  Morin  (1), 
met  hors  de  doute  ce  que  nous  disons  ici.  L'ofiice  de 
l'ordination  y  commencé  en  cotte  sorte.  Après  le  iri- 
sagion  le  patriarclie  monte  au  sanclmiire  devant  l'autel, 
(ht  lui  présente  un  papier  dans  lequel  es!  écrit  :  La  grâce 
divine  qui  guérit  ce  qui  est  malail.',  et  qui  supplée  ce  qui 
manque,  promeut  (-poxe'fiÇsi)  le  très-religieux  prêtre  N.  à 
l'éj^iscopnt  pour  une  telle  ville,  par  fe  sv.jl'ragcit l'appro- 
bation des  évèques  chéris  de  Dieu,  des  saints  prêtres  et  des 
di.icres.  Prions  donc  pour  lui,  afin  qu'il  reçoive  la  grâce 
du  Saint-Esprit.  Le  patriarche  ayant  reçu  ce  papier,  et 
l'archidiacre  disant  :  Ecoulons,  il  le  lit  d'un  Ion  propre 
à  se  faire  entendre  à  tous.  Et  après  cette  lecture,  tous 
disnl  :  Kyrie  eleison.  Aussitôt  celui  qui  doit  être  or- 
donné élanl  amené  par  trois  évèques  qui  doivent  faire  cette 
foiu-lion,  le  patriarche  ouvre  te  livre  de  CEvangite,  le  lui 

(1)  De  sacr.  Ord.,  part.  5,  exere.  7;  c.  5. 


met  sur  lu  tête.  Le  reste  contient  le  rit  de  l'ordination 
tel  (pie  nous  l'avons  exposé. 

Un  exemplaire  fort  ancien  du  Vatican  contient  à 
peu  près  la  même  chose  ;  et  cft  qui  doît  convaincre 
que  la  lectiirfc  de  celte  formule  n'est  àuïre  chose  que 
la  publication  du  décret  d'élection  ,  outre  ce  qui  vient 
d'être  dit,  c'est  que  la  mêmecbose  se  pratiqiiaiuiuand 
un  évoque  était  transféré  d'un  siégé  h  un' autre.  Nous 
eii  avons  un  exemple  eu  la  personne  dé  Si  Germain, 
qui  passa  de  Cyzitpie ,  au  siège  de  Consiaminople  ; 
puisqu'au  rapport  de  Cédrène,  le  décret  de celie  tians- 
laiion  était  conçu  en  ces  termes  :  La  grâce  aivine  qui 
guérit  toujoiirs  ce  qui  est  malade,  et  qui  supplée  ci  ce 
qui  manque,  transfère  parle  suffrage  et  l'approbation 
des  évêmes  chéris  de  Dieu,  le  très-saint  Germain, métropo- 
litahi  de  Cijsique ,  ciT archevêché  de  celte  ville  irapériale. 
On  p<!Ut  voir  d'antres  preuves  de  ce  que  nobs  disons 
dans  lé  chapitre  du  père  Morin  que  nous  avons  cité  , 
et  dans  le  suivant.  Ce  que' nous  avons  dit  suffit  pour 
faire  connaître  la  méprise  d'Arcudius.  Je  remarque- 
rai seulement,  que  si  à  présent  le  prélat  officiant  tient 
sa  main  étendue  sur  l'élu,  tandis  qu'il  lait  la  lecture 
de  cette  formule,  cet  usage  est  récent,  comme  l'a  dé- 
montré évidemment  le  père  Morin. 

L'ordination  que  le  même  auteur  a  donnée,  selon 
le  rit  Nestorien  ,  commence  par  plusieurs  oraisons  , 
pour  demandera  Dieu  qu'il  accorde  la  grâce  et  le  don 
du  Saint-Esprit  au  nonvel  évêque.  On  lit  des  leçons 
de  l'Evangile ,  qui  ont  rapport  à  la  puissance  que 
Jésus-Christ  a  donnée  à  ses  apôtres  ;  puis  on  met  le 
le  livre  sur  les  épaules  de  celui  qui  reçoit  l'ordina- 
lion ,  et,  dans  ce  temps-là  même ,  tous  les  évèques 
présents  lui  imposent  les  mains.  L'évéque  officiant 
prononce  la  formule ,  Gralia  divina ,  puis  il  dit  une 
oraison  pour  demander  à  Dieu  qu'iTconfirme  l'élection. 
11  fait  sur  lui  le  signe  de  la  croix,  et  imposant  sa  main 
droilesurla  lêtedeceluiqu'il  ordomie,  ilélève  la  gauche 
vers  le  ciel ,  et  prononce  une  assez  longue  oraison  ; 
on  y  trouve  ces  paroles  remarquables:  Suivant  la  tra- 
dition apostolique  qui  est  venue  jusqu'à  nous,  pour  l'or- 
dination, et  l'imposition  des  mains  pour  instituer  les 
ministres  sacrés,  par  la  grâce  de  la  scivile  Trinité ,  et  par 
la  concession  de  nos  saints  pères,  qui  ont  été  en  Occi- 
dent, dans  cette  église  de  Kuhi  (  c'est  le  nom  de  l'an- 
cienne église  de  Séleucie  ,  qu'ils  prélcndenl  avoir  été 
bâtie  par  S.  Maris,  leur  apôtre  ),  mère  commune  de 
toutes  les  églises  orthodoxes,  nous  vous  présentons  ce 
serviteur  que  vous  avez  élu  pour  être  évêque  dans  votre 
éql'ise,  nous  vous  prions  que  la  grâce  du  Saint-Esprit 
descende  sur  lui ,  qu'elle  habite  et  repose  en  lui ,  qu'elle 
le  sanctifie,  et  lui  donne  la  perfection  nécessaire  pour  ce 
grand  et  relevé  mystère,  auquel  il  est  présenté  ;  puis  il 
fait  sur  lui  le  signe  de  la  croix.  L'archidiacre  avertit 
de  prier  pour  tel  prêtre  auquel  on  impose  les  mains  , 
afin  de  le  sacrer  évêque.  Alors  le  peuple  crie  à  haute 
voix  ci^ioi,  qui  se  dit  quelquefois  en  grec ,  (luelquelbis 
en  Syriaque.  L'officiant  dit  une  oraison  par  laquelle 
il  demande  à  Dieu  qu'il  donne  à  celui  qui  cstordoimé, 
la  puissance  d'en-haut,  afin  qu'il  lie  et  délie  dans  le 


861  ORDRE.  —  PART.  U.  tiiA?.  iU.  C.Li.NATiO.N  Él'lSCOPALE  CHEZ  1  ES  GRECS,  etc.  802 
ciel  el  sur  la  icwe  ,  que  par  rimposilion  de  ses  inaiiis  «,  UiolLMiicnt,  selon  qu'il  est  expliqué  clans  le  niaïui- 
jl  puis«e  guérir  les  malades,  et  faire  d'aulros  mer-  ;  sciit  de  Florence  ,  c'esl-à-dire  ,  qu'il  fait  comme  s'il 
veilles  à  la  gloire  de  son  nom  :  Et  </)«?  pr/r /«  pKÙssfjHcc  i    prenait  quelque  chose   avec  les  mains,  lorsqu'il  les 


de  votre  nom  ,  jY  crée  des  p)tires  el  des  diacres,  des  ' 
sous-dhtercs  cl  des  lecleurs,  p<}nr  le  viiiiistère  de  volrc 
saillie  Er,Usc.  Après  cela,  le  pi élal  oUicianl  lui  f;iit  en- 
core le  siL;no  de  la  croix  sur  le  frojil;  puis  o;i  lui 
donne  les  ornemenls  é|ii.sci>j!anx,  après  les  avoir  mis 
sur  l'autel.  Après  (|iii  i ,  il  liénil  la  crosse  iju'il  lui 
donne.  El  en  lui  faisant  le  i>igne  de  la  croix  sur  le 
front,  il  dit:  Un  lel  esl  séparé,  sunclifié  cl  consacré 
pour  roHvrafje  grand  et  relevé  de  rcpiscoput  de  telle 
ville,  au  nom  du  Père,  etc.  Le  reste  ne  contient  que 
des  ciioses  de  cérémonial.  L'ordination  ,  selon  le  rit 
Jacobile,  esl  assez  semblable.  Après  l'oflice  du  jour  et 
diverses  prières,  un  des  évoques  fait  à  hante  voix  la 
proiiamaliin  du  UDUvcl  évoque  ,  suivant  la  foruiule  , 
Divina  (jraiia.  Ce  (in'il  y  a  de  particulier,  cl  qui  ne  se 
trouv  '  pas  dans  le  rit  nestorien,  est  que  les  évê(|ues 
présentent  au  palri,'?*chc  celui  qui  doit  être  ordonné, 
qui  a  cuire  ses  maii.s  une  confession  de  foi  écrite  el 
signée  ,  dont  ii  fait  la  leclurc  ,  ensuite  de  quoi  il  la 
remet  entre  h'S  mains  do  ctlui  qui  fuit  l'ofiice.  On 
trouve  en  divers  manuscrils,  des  confessions  de  foi 
qui  paraissent  avoir  été  faites  en  de  pareilles  occa- 
sions, et  même  quelques  formules  de  ce  qu'elles  de- 
vaient contenir. 

L'évèqiie  ofiîciant,  après  avoir  mis  une  particule 
du  pain  consacré  dans  le  calice,  et  fait  ce  que  les  ri- 
tuels appeUent  la  consommation ,  ou  l'union  des  deux 
espèces,  met  ses  mains  au-dessus  du  voile  qui  couvre 
la  palène  el  le  calice  ,  pour  les  sancliiier  en  quelque 
manière  ,  en  les  approchant  des  saints  niyslèrcs,  et  en 
ini|  osant  les  mains  à  celui  qu'il  ordonne,  il  les  élève 
cl  les  abaisse  par  trois  fois,  pour  figurer,  en  quehiue 
façon ,  la  descente  du  Sainl-Es;  rit  ;  et  en  même  temps 
les  autres  évêques  tiennenile  livre  des  Évangiles  élevé 
sur  sa  lèle ,  par-dessus  les  mains  de  l'olïicianl,  qui 
après  quelques  autres  prières  dit  :  ÏJn  tel  esl  ordonné 
évêfjue  dans  la  sainte  Eijlise  de  Dieu.  Ce  qui  est  ré|)élé 
par  les  autres  évêques ,  et  on  nomme  le  nom  de  la 
ville.  Après  cela  ,  le  nouvel  évèque  étant  levé,  l'offi- 
ciaul  le  lenanl  par  la  main  ,  on  le  conduit  au  siège 
épiscopal,  où  il  est  placé.  On  le  porte  ensuite  autour 
de  l'église  ,  avec  les  acclamations  de  tous  les  assistants 
qui  crient  «su;,  il  esl  digne.  Enfin  ,  il  reçoit  la  crosse 
ou  le  bàlon  pastoral. 

M.  Renaudolcl),  que  nous  n'avons  fait  presque  ' 
que  transcrire  dans  ce  cbapiire ,  observe  qu'il  j  a  di 
verses  choses  dans  la  traduction  cl  les  remarques  sur  l 
ces  ofiices  orientaux  du  P.  Morin,  qui  mériteraient  " 
quelque  éclaircissement,  el  entre  autres,  que  dans  la  '] 
noie  1  Ii,  qu'il  a  jointe  aux  offices  Syriaques,  il  cou 
firme  ce  qu'il  a  mis  dans  sa  traduction ,  qui  donne  ■ 
lieu  de  croire  que  les  Jacol/ites  ver.  eut  dans  la  main 
de  l'évoque  quelques  particules  de  l'Eucharistie. 
Mais,  ajoule-t-il ,  il  n'y  a  rien  de  semblable  dans  le 
texl-;  elfe  qui  esl  marqué  doil   être  cnlcndu   spiri- 

(Ij  Loco  cilalo. 


approche  des  espèces  consacrées,  comme  il  a  été  dit. 
Le  même  auteur  lemarquc  aussi  que  ce  qu'il  a  dil  de 
rol'dec  neslorien  de  l'ordination,  ne  s'accorde  pas  en 
tout  avec  la  version  qu'en  a  donnée  le  P.  Morin ,  et 
que  ceux  qui  ne  lisent  ces  ordinations  qu'en  latin,  ne 
peuvent  souvent  en  entendre  le  sens  ;  le  texte  même 
n'étant  pas  bien  correct  partout. 

Lorsqu'on  fait  l'ordination  d'un  patriarche,  tous 
les  évêques  qui  sont  présents  lui  imposent  les  mains 
en  disant  :  ÏS'ou.s  imposons  les  mains  sur  ce  serviteur  de 
Dieu  ,  qui  a  été  élu  par  le  Sainl-Espril ;  etc.  On  ôle 
ensuite  le  livre  des  Évangilec,  el,  après  d'autres  orai- 
sons et  bénédictions,  celui  qui  fait  l'oflice  dil  :  In 
tel  est  ordonné  dans  la  sainte  Eglise  de  Dieu  :  el  un  des 
c\è(\ucii  amùnuii  :  Evcque  de  telle  ville;  ce  qui  est 
répété  par  celui  qui  fait  l'office.  On  lui  donne  ensuite 
les  ornements  épiscopaux,  et  on  le  place  sur  le  trône. 
Ce  sont  là  les  principales  cérémonies  de  l'ordination 
du  patriarche  jacobile  de  Syrie  ;  et  celles  des  Cophles 
sont  assCz  semblables. 

Il  est  à  remarquer  que,  suivant  le  rit  jacobile,  dans 
lequel  il  faut  comprendre  celui  que  le  P.  Morin  ap- 
pelle des  Maronites,  el  dans  celui  de  l'église  d'Alexan- 
drie, il  n'y  a  que  quelques  oraisons  qui  distinguent 
l'ordination  des  métropolitains  ,  et  même  des  patriar- 
ches, de  celle  des  antres  évêques,  ce  qui  est  conforme 
aux  règles  de  l'Eglise.  Les  Nesloricns  seuls  ,  par  un 
abus  inexcusable,  et  qui  est  particulier  à  leur  com- 
munion ,  font  des  prières,  limposilion  dos  mains,  et 
d'autres  céiémonies  essentielles  à  l'ordination,  de 
sorte  qu'ils  semblent  croire  que  le  palriarclial  est  im 
ordre  distingué. 

Cet  abus  est  inconnu  dans  les  autres  communions 
ortiiodoxes  cl  hérétiques.  Les  >'esloriens  l'ont  intro- 
duit vraisendjlablemenl  longlenips  après  leur  sépa- 
ration ,  puisqu'ils  n'avaient  pu  tirer  celte  coutume  de 
l'Église  catlioli.jue,  où  elle  n'avait  jamais  été.  Les 
Grecs  ont  les  premiers  donné  atteinte  à  l  an- 
cienne discipline,  en  violant  les  canons  qui  défn- 
daient  avec  tant  de  sévérité,  1  s  translations  des 
évêques.  Les  Jacobites  syriens  n'y  ont  pas  eu  plus 
d'égard ,  ei  quoique  l'abus  n'ait  pas  été  si  fréquent 
parmi  eux,  cl  qu'il  ne  se  soit  établi  que  dans  les 
derniers  temps,  ils  l'ont  praliipié  néanmoins.  Mais  un 
évè(|ue  transféré  à  une  métropole,  ne  recevait  pas 
parmi  eux  rinqiosilion  des  mains,  et  on  ne  praTupiait 
à  son  égard,  non  plus  que  pour  établir  un  patriarche, 
aucune  des  cérémonies  qui  eût  rapport  au  sacre  ;  on 
faisait  seulement  celle  de  l'intronisation. 

Les  Nesloricns  oui  porté  le  renversement  de  la  dis- 
ci|»line  au  dernier  excès.  On  trouve  dans  lès  mauus- 
crils  un  abrégé  de  l'histoire  de  leurs  catholiques  ou 
patriarches,  qui  va  jusqu'au  commencement  du  qua- 
torzième siècle,  cl  qui  rapporte  les  noms  de  soixjuie- 
dix-huil.  Il  )ie  parail  pas  que  les  dix-huit  premiers 
aient  été  transférés;  niais  des  autres  qui  suivent,  il 


«63 


V  en  a  fiiiaraine-ncuf  qui  (■laiciit  evL'(|ues  ou  nu'- 
Ij'opolilaiiis  avant  que  d'Olva  fails  paliiarchcs,  cl 
jiKMUC  qucl(iMes-uiis  avaienl  cltr  IranslVMVs  plus  truiie 
lois. 

Les  Jacobiles    d'Alexandrie  oui  au  conliaire  ob- 
servé Irès-exactcment  les  anciens  canons  ;  car  depuis 
S.  Marc  jusqu'à  ces  derniers  temps,  on  ne  liouvc  au- 
cun palriarclie  (pii  eût  été  allaché  par  une  première 
ordination  à  une  antre  église,  et  c'était  une  exclusion 
pour  celle  dignité   que  d'èlre  évoque,  connne  il  se 
prouve  par  les  canonistes  et  par  ceux  qui  ont  écrit 
(le  rordiiialion.  M-  Kenaudol  linil  le  livre  ciniiuième 
du  cinquième  lome  de  la  IV'rpéluilé  ,  dans  lequel  il  j 
traite  des  ordinations  orienlales ,  en  disant  :  On  fera 
peut-être  quelques   difficullés  sur  ces  ordinations, 
parce  que  (piehiuefois  elles  ont  été  condamnées  comme 
invalides.  Mais  ce  n'a  jamais  élé  par  aucun  jugement 
de  l'Eglise  ,  ni  des  papes;  et  ce  qid  peut  avoir  élé 
fait  à  leui'  insu  par  des  personnes  qui  avaient  plus  de 
zèle  que  de  science,  ne  peut  être  regardé  comme  re- 
vêtu de  leur  autorité.  Il  est  au  moins  cerlain  que  du 
Icnips  du  ponlilical  d'Urbain  YIIl  ,  on  jugea  ,  apiès 
avoir  écoulé  les  avis  de  plusieurs  grands  théologiens, 
que   les  ordinations   orienlales   élaicnt  valides  ;     et 
longtemps    auparavant  ,  Léon    X    et  Clément  YH , 
avaient  publié  un  bref  en  forme  de  conslilulion  ,  par 
lequel  ils  conlirmaienl  aux  Grecs  ,  autant  qu'il  élait 
besoin,  l'usage  de  loules  leurs  cérémonies  dans  les 
sacrements  ,  et  ils  les   conservent  encore  à  Rome 


IIISTOIUE  DLS  SACliLMKNTS.  864 

car  après  que  les  litanies  sont  (inies,  avanl  tout  autre 
clianl  cl  toute  autre  prière ,  l'évêque  met  ses  deux 
mains  en  silence  sur  la  lêle  de  cbacun  des  ordinands 
successivement,  ce  que  foui  après  lui  cl  de  la  même 
manière  tous  les  prêtres  ;  ce  qui  éianl  l'ail,  l'évêque 
et  les  prêtres ,  tenant  leurs  mains  étendues  sur  eux, 
celui-ci  prononce  une  oraison  très-ancienne,  par 
laquelle  il  invo(iue  la  grâce  du  S. -Esprit  (on  peut  la 
voir  dans  le  l'onlifical).  Celle  prière  achevée,  l'évêque 
consacre  les  mains  des  oïdinands,  et  cependant  on 
chaule  uiie  hynme  pom'  invoquer  le  S. -Esi)ril.  il  leur 
l'ail  toucher  le  calice  plein  de  vin,  cl  la  palène  avec 
le  pain,  en  disant  qu'il  leur  donne  le  pouvoir  d'oll'iir 
le  sacrifice  à  Dieu.  Après  la  communion,  le  prélat  of- 
ficiant l'ail  encore  une  autre  imposition  des  mains  sur 
celui  qui  vient  d'être  ordonné,  et  qui  se  met  à  genoux 
devant  lui,  et  lui  dit  :  Recevez  le  S. -Esprit;  ceux  à 
qui  vous  rcmellrez  les  péchés,  ils  leur  seront  remis, 
et  ceux  à  qui  vous  les  retiendrez,  ils  leur  seront  rc- 
lenus.  Tels  sont  les  principaux  rils  de  l'ordination 
des  prêtres  sur  lesquels  nous  avons  à  parler. 

A  l'égard  de  rinq)osilion  des  mains  de  l'évêque  et 
des  i:rêlres,  jointe  à  l'invocation  du  S.  Esprit,  à  la 
prière,  à  la  bénédiction  ,  car  ces  termes  sont  syno- 
nymes chez  les  anciens  ;  il  est  inutile  de  chercher  l'é- 
poque, elle  est  aussi  ancienne  que  les  ordinations  des 
évêques,  des  prêtres  cl  des  diacres.  Vous  avez  pu 
remarquer  ci-devanl ,  par  ce  qui  a  élé  dit  de  l'ordi- 
nation des  ministres  inférieurs  de  l'Eglise,  que  c''élait 


et  partout  ailleurs.  AUalius  a  donné  ce  bref  en  grec  ||  ce  rit  qui  faisait  la  dilférence  des  uns  d'avec  les  au- 
ct  en  latin,  el  M.  llabert  la  fait  imprimer  aussi  dans  i|  1res  en  Occident,  conformément  au  quatrième  concile 
son  Pontifical  des  Grecs.  ||i  de  Carlhage  (eau.  ô  et  A),  cl  le  même  concile  distin- 

gue de  plus  rordiiialion  des  prêtres  d'avec  celle   des 


CHAPITRE   lY. 

Des  rils  de  l'ordinnlion   des  prêtres;  on  détermine  te 
temps  (lutptel  citaenn  a  eommencé,  et  en  particulier 
l'onction  que  fou    a  faite   tant   aux  prêtres  qu'aux  | 
évêques,  dans  leur  consécration. 
Quoiqu'on  ne  doive  omettre  aucun  des  rils  pres- 
crits dans  les  ordinations,  il  est  bon  néanmoiiis  de 
s'appliipier  a  la  recherche  de  leur  origine  ,   puisque  : 
ceux-là  sans  doute  seront  toujours   plus  respectés  , 
qui  auront  élé  plus  longtemps   el  plus  universelle- 
ment pratiqués  dans  l'Eglise.  Nous  tâcherons  donc 
de  fixer  l'époque  de  chacune  de  ces  augustes  céré- 
monies, non  pour  donner  lieu  aux  disputes  en  vou- 
lant déterminer   quels  sonl   précisément   ceux    qui 
consliiuenl  la  matière  cl  la  l'orme  essentielle  de  l'or- 
dination; mais  pour  arrêter  le  cours  des  disputes  en 


diacres,  en  ce  que  les  premiers  recevaient  l'imposi- 
tion des  mains,  tant  de  l'évêque  que  des  prêtres,  au 
lieu  que  les  autres  la  recevaient  seulement  de  l'évê- 
que. Presbyter  ciun  ordinatur,  episcopo  eum  benedi- 
cente ,  ei  mnnum  ponenle  super  capul  ejus  .  etiam  om- 
nes  presbyteri  qui  prœsentes  snnt ,  manus  suas  juxta 
manuni  episcopi,  super  capul  illius  teneant.  Et  dans  le 
canoil  suivant  :  Diaconus  ciun  ordinatur,  solus  episco- 
pus  (fui  eum  benedicil,  niunum  super  capul  illius  ponat. 
S.  Paul  ne  désigne  pas  aulremcnl  rordiiialion  ipie 
par  l'imposition  des  mains.  C'est  en  ce  sens  qu'il  re- 
commande à  Timothée  de  ne  pas  imposer  légère- 
ment les  mains  ,  de  |)eiir,  ajoule-t-il,  de  vous  lendre 
parlicipant  des  pécliés  d'aulrui.  Celle,  manière  d'or- 
donner les  prêlres  a  élé  de  tout  lemi»s  commune'  à 
toutes  les  nalions  clirélieiuies  :  aux  Latins,  aux  Grecs, 


montrant  cpie  ceux  (pie  beaucoup  de  théologiens  mo-  |j  aux  barbares,  et  même,  comme  dit  le  P.  Morin  (1), 
dénies  ont  regardés  comme  de  puri>s  cérémonies,  ont  |||  nms  les  anciens  rituels  grecs  et  latins  ,  et  tous  les  an- 
élé  pratiqués  de  tout  teinp  ; ,  el  ne  doivent  jamais 
s'omellre  dans  celle  imporlanle  aelioii ,  quehpi'e  pré- 
texte que  l'on  ail  pour  cela ,  cl  de  ipiehiue  préjugé 
que  l'on  soit  prévenu. 

Pour  donner  du  jour  à  ce  que  nous  avons  à  dire  \ 
sur  celle  matière  ,  il  faut  remai([uer  que  l'office  de 
rordiiialion  des  prêlres  commence  par  une  double  j 
iinposilion  des  mains;  suivant  le  Pontifical  romain  ;  i] 


ciens  Pères  ne  font  mention  cpie  de  ce  i  il ,  joint  à  la 
prière.  Les  conslitulions  apostoliques  le  prescri- 
vent ("2)  ;  Evêque,  quand  vous  ordonnez  un  prêtre,  im- 
posez-lui les  mains  sur  la  tète.  S.  Jéiùine  (.j),  (pii  éUtit 

(1)  De  sacr.  ordin..  excrcit.  7,  c.  I,  p.  lôl. 
(-2)  L.  8,  c.  16. 
(-))  In  I,a'i,c.  58. 


ORDRE.  —  PART.  II.  CiiAl>    IV.  ORDINATION  DES  PRÊTRES. 


8C0 


('galcinciit  iiislriiil  ili's  iiï;.i8C3  des   éiçliscs  d'Orient  T  champ  aux  sens  moraux  cl  anagogiqucs  qui  ciaicnt  si 


et  de  celles  d'Occident,  parlaiil  des  ordinations,  dil 
qu'elles  se  font,  non  seulement  par  la  prière  qui  se 
fait  de  vive  voix,  mais  aussi  par  l'iiiiposition  de  la 
main.  .\on  soliim  ad  iniprecaîioncni  vocis,  sed  ad  impo- 
Atlioncin  impledir  uuimïs.  Ll  Théodoret  (I),  racontant 
de  quelle  manière  le  moine  Salaman  fui  promu  au 
sacerdoce,  dil  que  l'évèque  de  la  ville  ayant  appris  sa 
vertu,  lit  faire  un  trou  à  sa  cellule,  où  élans  entré,  il 
lui  imposa    la  main  et  fil  la  piièie. 

Tiiéodorel  ne  parle  point  d'onction  dans  celte  ordi- 
nation ,  parce  que  les  Grecs  ne  l'ont  jamais  employée 
à  cet  eiïcl ,  non  pas  même  dans  la  consécration  des  ; 
évè(pies.  Les  conslilutions  apostoliques  et  le  faux  S. 
Denis  exposent  avec  les  plus  grands  détails  les  rits 
des  ordinations  des  prêtres  et  des  évc(pies  ;  mais  ils 
g;irdent  un  profond  silence  sur  celle  cérémonie  ,  et  ; 
S.  Maxime,  qui  a  conuncnté  ce  dernier,  il  y  a  plus  de 
mille  ans,  ne  nous  avertit  point  que  ce  soit  une  omis- 
sion. L'ancien  Eucologc  du  cardinal  Barberin  n'en 
fiiitpas  mention  ,  non  plus  que  Siméon  de  Tliessalo- 
ni(iue  cl  Cabasilas;  et  si  quelquefois  il  se  rencontre 
(luebjucs  passages  des  Pères ,  qui  pourraient  porter  ce 
sens  à  l'esprit,  lescommentaleurs  ont  soin  d'avertir 
qu'ils  doivent  s'entendre  de  l'onction  spirituelle,  qui 
est  l'enèl  de  la  présence  du  S. -Esprit.  C'est  ainsi  qu'E- 
lie  de  Crète  ("J),  qui  a  fait  de  doctes  commentaires  sur 
S.  Grégoire  de  Nazianze,  et  Nicétas  expliquent  quel- 
ques endroits  de  ce  Père,  et  cela  conformément  au 
texte.  Enfin,  jusqu'à  présent  les  Grecs  ont  ignoré  celle 
cérémonie  dans  les  ordinations  ,  comme  le  reconnaît 
M.  Habert,  évéque  deVabres,  et  Arcudius  lui-même  est 
obligé  de  le  reconnaître. 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  églises  d'Occident. 
L'onction  ,  tant  desévêques  que  des  prêtres,  y  est  an- 
cienne ,  quoiiiue  celle  des  évêques  soit  antérieure  à 
l'autre.  Mais  toutes  lesdeuxonlélé  pratiquées  en  Gaule 
dès  les  premiers  temps  (5),  comme  il  parait  dans  un 
très-ancien  Rituel  écrit  il  y  a  près  de  douze  cents  ans, 
et  par  plusieurs  autres  vénérables  parleur  antiquité. 
L'église  d'Afrique,  suivant  toutes  les  apparences,  ne 
connaissait  ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  onctions;  puisque 
le  concile  quatrième  de  Carlbage,  qui  s'étend  sur  les 
rits  des  ordinations  des  prêtres  et  des  évêques,  qu'il  , 
prescrit  en  détail,  jusqu'à  marquer  les  points  sur  les- 
quels on  devait  les  examiner,  n'en  jiarle  en  aucune 
manière.  Le  silence  de  S.  Isidore  de  Séville  (4)  sur  la 
même  matière ,  donne  lieu  de  croire  que  celle  céré- 
monie n'avait  point  encore  pénétré  en  Espagne  de 
son  temps.  Car  ce  saint  traite  au  long  et,  si  on  l'ose 
dire ,  au-delà  des  bornes  qu'il  aurait  dû  se  prescrire  , 
de  ce  (pii  regarde  les  évc([ues  et  leur  ordination,  il 
s'étend  même  sur  celle  des  exorcistes  et  des  autres 
ministres  inférieurs.  Cependant  il  ne  dit  pas  un  mot 
de  l'onction  sacerdotale,  qui  aurait  donné  un  si  beau 


(l)Pliilo.str.,  c.  10. 

12)  Schol.  in  inil.  orat.  7. 

(3)  Morin.,  de  Ordinal., exerc. 6,  c. 

(.4)  L.  2deOnic. 


fort  de  son  goût. 

L'onction  épiscopalc  sur  la  tête  était  néanmoins 
dès-lors  cl  longtemps  auparavant  en  usage  dans  lé- 
glisc  romaine.  Elle  parait  même  i)Ius  ancienne  que  le 
temps  de  S.  Léon ,  qui  en  parle  discrlcment  en  ces 
termes  (I)  :  Car  à  présent  l" ordre  des  lévites  est  plus  il- 
lustre, la  dignité  des  prêtres  est  plus  relevée,  et  l'onction 
des  sacrificateurs  est  plus  sainte ,  parce  que  votre  croix 
(  il  pailc  à  Jésus -Clirisl  )  est  la  source  de  toutes  les  bé- 
nédictions. (  Et  sacratior  unctio  sacerdotuni  ).  Il  attri- 
bue, comme  vous  voyez,  dans  ce  passage  à  chaque 
ordre  son  épithète,  et  il  réserve  l'onction  pour  le  der- 
nier. S.  Grégoire  n'est  pas  moins  exprès  sur  cela  , 
lorsqu'à  l'occasion  de  l'onction  que  reçut  Saiil  de  la 
main  de  Samuel  Ci),  il  dil  que  cela  représente  ce  qui 
se  pratique  à  présent  matériellement  dans  l'Église,  où 
celui  qui  est  élevé  à  la  première  dignité  reçoit  le  sa- 
crement de  l'onction.  Quia  in  culmine  ponitur,  sacra- 
nwntuni  siiscipit  iniclionis. 

Mais  si  l'onction  épiscopale  est  ancienne  dans  l'é- 
glise de  Rome  ,  on  ne  peut  dire  la  même  chose  de  la 
sacerdotale,  il  paraît  même  qu'elle  n'y  était  point  en- 
core reçue  au  neuvième  siècle,  par  la  réponse  du  pape 
Nicolas  1  à  Rodulphe,  arc-bevèq^e  de  Bourges  (.5).  Car 
ce  prélat  lui  ayant  demandé  s'il  fallait  faire  aux  prê- 
tres et  aux  diacres  l'onction  du  chrême  à  la  main  , 
comme  on  la  faisait  aux  évêques,  ce  pape  lui  répondit 
que  cela  n'était  point  en  usage  dans  son  église  ,  et 
qu'il  n'avait  lu  nulle  part  que  cela  se  fût  fait  pour  les 
ministres  de  la  nouvelle  loi, 

il  n'est  pas  étonnant  que  le  pape  Nicolas  ait  ignoré 
que  cela  se  pratiquât  à  l'égard  des  diacres,  quoif|ue 
l'usage  de  leur  joindre  les  mains  fût  dès-lors  établi  en 
Angleterre  cl  dans  quelques  provinces  de  France, 
comme  il  conste  par  un  ancien  rituel  qui  se  conser- 
vait du  temps  du  P.  Morin  dans  la  bibliothèque  de 
l'église  de  Rouen.  Mais  comment  a-t-il  pu  igiiorcrquc 
l'onction  sacerdotale  se  pratiquât ,  puis(pril  parait  par 
tous  les  sacrainciilaires  et  les  rituels  de  ce  temps  qu'elle 
faisait  partie  des  rits  de  l'ordination  des  prêtres? 
Ce  qui  doit  augmenter  la  surprise  sur  cela  ,  c'est  que 
ces  livres  portent  en  têle,  pour  la  plupart ,  les  litres 
de  Sacramentaires  et  de  Rituels  de  l'église  romaine. 
Mais  il  faut  savoir  pour  résoudre  celle  dillicnlio  (|ue 
quoiqu'alors  les  rits  romains  fussent  reçus  en  France, 
et  que  les  livres  qui  les  contenaient  portassent  les  li- 
tres de  Sacramentaires  ou  de  Rituels  de  l'église  ro- 
maine, ceux  qui  les  écrivaient  en  France,  avaient 
soin  pour  l'ordinaire  d'y  joindre  les  rits  dont  l'usage 
était  établi  dans  le  pays.  Et  quand  ils  les  avaient 
omis ,  ceux  entre  les  mains  desquels  ils  tombaient  ne 
manquaient  pas  d'y  suppléer  en  les  marquant  ou  à  la 
miirgc  ou  au  bas  des  pages,  d'où  il  arrivait  aisément 
(pic  ceux  qui  les  transcrivaient  ensuite  les  inséraient 
dans  le  texte.  De  là  vienl  que,  dans  la  plupart  de  ces 

(!)  Serm.  8 de  Passion.  Dom. 

(-2)  1  Reg.  c.  10. 

(5)  Tom.  3Conc.  Gall.,  epist.  rv.t. 


807 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


863 


livres,  celle  cérémonie  de  l'onciion  se  trouve  marquée, 
(|uoiqii'ello  ne  fût  p^s  encore  praluiiice  a  llonic  du 
lomps  (lu  pape  Mcolas.  Aussi  se  rencoiilrc-t  il  de  ces 
livres  qui  coiitieiiiicnt  les  rils  purcaieul  romains, 
dans  lesquels  rouclioii  esl  omise  dans  roidiiuiliou 
des  prélres,  cl  ciilreauircs  celui  quelc  P.  Morin  a  place 
au  second  rang  dans  le  recueil  (pii  est  dans  Tappendicc 
de  son  livre  des  Ordinations.  Le  niaïuiscrit  <iui  con- 
tient CQl  ol'fice  esl  des  plus  anciens,  selon  cet  auteur, 
et  a  éiQ  décrit  d'après  le  sacrameniaire  de  Gélase  , 
avant  le  temps  de  S- Grégoire.  Le  sacrameniaire  de 
Rodrude,  qui  vivait  dans  le  même  siècle  que  le  pape 
iS'icolas,  omet  de  même  celte  cérémonie,  ce  qui  vient 
de  ce  que  cet  auteur,  ou  plulùl  ce  comiMlalenr  a  pris  à 
làclie,  comme  il  le  témoigne  lui-même,  de  ne  rien  in- 
sérer dans  ce  livre  queçc  qui  était  çerL^inement  dans 
celui  de  S.  Grégoire,  ayant  pour  ce  sujet  écarté  tous 
les  exemplaires  où  il  se  trouvait  (luchpics  cliangements 
ou  altérations. 

Le  déplacement  de  ce  rit  dans  les  anciens  rituels 
romains,  dans  lesquels  on  voit  qu'il  a  peu  ou  point  de 
liaison  avec  ce  qui  précède  et  ce  qui  suit  ;  cl  la  variété 
qui  se  trouve  là  dessus,  les  uns  prescrivant  l'oncticn 
sacerdotale  à  la  tête  cl  aux  mains,  les  autres  à  la  têle 
seulement;  ceux-ci  marquant  qu'elle  se  doit  faire  a\ec 
le  chrême,  ceux-là  avec  l'huile  siiir.ple,  et  autres  sem- 
blables ,  tout  cela  prouve  que  cet  usage  de  r(uiclion 
dans  l'ordination  d''s  prêtres  est  récent  dans  l'Église 
Romaine,  et  s'est  introduit  peu  à  peu  et  non  en  vertu 
de  quelques  délibérations  conununes  prises  en  con- 
cile, ou  de  décrets  des  papes. 

Ce  que  l'on  peut  opposer  à  ce  (lui  vient  d'être  dit,  esl 
trop  faible  pour  cpie  nous  nous  y  arrêtions.  Passons  à 
la  porrection  des  instruments,  et  examinons  en  quel 
temps  ce  rit, a  été  introduit  dans  l'office  de  l'ordina- 
lion  des  prêtres. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  ci-devant,  pour  prouver 
que  les  Grecs  ne  reconnaissaient  point  ronclion  pour 
un  des  rils  de  l'ordination  sacerdotale,  se  peut  aiipli- 
quer  à  la  porrection  des  inslnimcntsqui  n'a  jamais  été 
en  usage  parmi  eux.  El  comment  le  moine  Macédonius 
aurait-il  pu  recevoir  l'oidination  sans  s'en  aperce- 
voir, et  tant  d'autres  être  ordonnés  contre  leur  gré  et 
en  se  défendant,  si  ce  rit  eûi  fait  partie  de  cet  office  ? 
il  n'est  donc  pas  nécessaire  de  nous  étendre  davantage 
là-dessus. 

Les  anciens  rituels  latins  n'en  font  pas  plus  men- 
tion que  les  grecs.  On  a  deux  olïices  de  l'ordination 
des  prêtres  imprimés  dans  le  sacrameniaire  de  S.  Gré- 
goire ,  l'un  tiré  d'un  manuscrit  de  la  bibliothèque  du 
\alican,  l'autre  de  celle  de  Corbie  ,  (juc  D.  Hugues 
Mainard  a  publié  ,  l'un  et  l'autre  n'ont  aucun  vcslige 
de  cette  cérémonie.  Deux  autres  de  M.  Peieau  écrits 
en  lettres  unciales,  el  plusieurs  que  le  P.  Morin  a  re- 
cueillis dans  son  ouvrage  toui'liant  les  ordinations, 
où  on  p  ul  les  consulter,  omettent  également  ce  rit; 
il  s'en  trouve  même  un  de  Beauvais,  écril  du  temps 
du  roi  Robert,  dans  le(|ucl  ce  rit  n'est  point  marqué, 


d'Iuii,  Accipe  potcstalem,  etc.  Les  auteurs  qui  ont  traité 
dos  offices  ccc!ésiastii|UOS  dans  le  huitième  el  le  neu- 
vième siècle  ,  comme  S.  Isidore,  Alcuin,  Amalaire  , 
Raban,  cl  Walfride  Slrabon  ,  sont  en  cela  de  concert 
avic  les  rituels  et  lessacranienlaires,  ce  qui  forme  une 
preuve  convaincante  que  ce  rit  esl  postérieur  à  ce 
temps-là. 

Que  si  l'on  demande  quand  ce  rit  a  commencé  à 
être  on  usage  dans  l'ordination  des  prêtres ,  le  P. 
Morin  répond  que  l'on  peut  en  Gxer  l'époque  au 
dixième  siècle  :  car,  dit-il,  on  le  trouve  dans  le  ca- 
hier de  l'abbé  Constantin  Gacian,  qui  est  environ  de 
ce  temps.  11  porte  qne  l'onction  étant  faite,  l'ordinand 
recevra  la  patène  avec  des  hosties,  cum  oblulis,  et  le 
calice  avec  du  vin;  el  que  le  célébrant  dira  ces  pa- 
roles :  Recevez  la  puissmice  d'offrir  à  Dieu  le  sacrifice, 
et  de  célébrer  la  messe  au  nom  du  Seigneur,  (mil  pour 
les  vivants  que  peur  les  morts.  C'est  la  foiinule  qui  ac- 
compagne encore  à  présent  la  porrection  des  instru- 
ments, el  elle  est  presque  la  même  dans  l'ordre  ro- 
main vulgaire. 

Le  P.  Morin  remarque  que,  dans  un  manuscrit  de 
Beauvais,  qui  n'a  pas  plus  de  GUO  ans  d'anlicpiité,  ce 
rit  avec  sa  formule  ne  se  trouve  point  dans  le  corps 
du  livre,  mais  au  bas  de  la  marge,  écril  d'une  autre 
main  et  d'un  autre  caractère;  encore  n'y  est-il  ques- 
tion que  du  calice  el  non  de  la  patène  ;  ce  qui  prouve 
que,  quoiiiue  dès  le  comuiencenienl  du  onzième  siè- 
cle cela  ait  commencé  à  se  pratiquer  enquehjues  en- 
droits, l'usage  n'en  est  devenu  général  que  longtemps 
après.  Ce  qui  esl  encore  confirmé  pnr  un  manuscrit 
de  Mayence  qni  n'a  guère  plus  de  cini  cents  ans, 
dans  lequel  il  esl  prescrit  de  présenter  à  deux  des 
ordinands  seulement  ou  à  plusieurs,  le  calice  avec  la 
patène  en  leur  disant  en  général,  Accipile  potcsta- 
lem, etc. 

Mais  ce  qui  est  digne  de  romaniue  surtout,  c'est 
que,  dans  le  plus  ancien  monumci  l  où  ce  rit  esl  pres- 
crit avec  sa  formule,  je  veux  dire  dans  le  sacramen- 
laiie  de  S.  Grégoire,(|ni  vientdela  bibliojhèciue  Vali- 
cane,  cl  qui  a  été  imprimé  à  Rome  parmi  les  oeuvres 
de  ce  saint  pape ,  le  lit  dont  nous  traitons  n'est  mar- 
([ué  que  dans  la  consécration  des  évêiiucs  el  non 
pour  l'ordination  des  prêtres,  cl  cela,  immédiate- 
ment a])rès  l'imposition  des  mains  et  la  bénédictiun 
ou  prière  que  l'officiant  prononce  s',;r  celui  qu'il  con- 
sacre. 

Après  ce  qui  vient  d'être  dit,  on  sera  peut-être  sur- 
pris qne  la  plupart  des  théologiens  scolastiques  de- 
puis le  treizième  siècle,  aient  prétendu  que  ce  der- 
nier rit  et  sa  formule  soient  la  matière  et  la  forme 
essentielle  du  sacrement  de  l'Ordre,  quant  à  la  prê- 
trise, et  que  ce  soit  par  là  que  les  prêtres  reçoi- 
vent la  puissance  de  sacrifier  privalivement  à  tous 
les  autres  rils  qui  sont  en  usage  el  prescrits  dans  le 
Pontifical.  En  quoi  ils  ne  sont  pas  d'accord  avec  les 
premiers  docteurs  de  l'école,  qui  sui'posenl  que 
ceux  à  qui  le  prélat  officiant  présente  ces  instrumeuls 


lion  plus  que  la  formule  qui  l'accompagne  aujour-  |i  el  adresse  ces  paroles,  sont  déjà  ordonnés  prêtres, et  par 


8G9 


ORDRE.  —  PART.  II.  CII.M».  1 


conscqiicnl  revêtus  (Je  la  puissance s.Tccrdolale.C'osl  en 
ce  sens  que  Hugues  de  Saiiil-Yielor  dil,  dans  son  second 
livre  des  Sacreiuenls,  en  parlant  de  rordination  (I)  des 
prêtres  :  Ils  reçoivent  le  calice  avec  du  vin  cl  la  pulène 
avec  des  hoslieSy  de  la  tnain  de  l'évèqu;.  :  afin  que  par  ces 
instrumenti  ils  reconnuissenl  qu'ils  ont  reçu  la  puissance 
d'offrir  à  Dieu  des  lioslies  de  ,propitiation.  <  Ul  pcr  hoc 
(  sciant  se  accepisse  poleslateni  placubiles  Deo  /loslins 
<  o/J'crendi  ;  »  paroles  que  le  Maître  des  Seiilcnces  ré- 
pèle (2),  et  qui  sont  conformes  à  un  ancien  Poiitilical 
romain  que  Ton  conserve  manuscrit,  dans  la  biblio- 
llièque  de  M.  de  Colberl  (nnm.  ilGO),  qui  porte  ce 
qui  suit  :  Quil  prenne  (roi'licianl) /a  patène  avec  des 
pains  et  le  calice  avec  du  vin,  et  qu'il  les  mette  ensemble 
entre  les  mains  de  clincun  de  ceux  qui  ont  été  ordonnés. 
(  In  manibus  ordinati  cujuslibct.  )  Il  ne  dit  point  enlic 
les  mains  desordinands,  ordinandi  cujnstibet,  mais,  ordi- 
nati. Ce  qui  marque  que  la  chose  est  déjà  faite.  Aussi 
a-t-on  cru  anlrefois  que  les  paroles  cssenliellcs  de 
rordination  étaient  les  mêmes  que  les  prières  qui  ac- 
compagnent l'imposition  des  mains,  et  surtout  la  troi- 
sième, qui  est  assez  longue,  qui  se  chante  en  manière 
de  préface  et  qui  dans  les  anciens  pontificaux  est 
nommée  particulièrement  la  prière  de  la  consécration. 
Consecrnlio. 

Après  ces  cérémonies  de  Tordinalion,  ceux  qui  l'ont 
reçue  récitent  à  haute  voix  les  prières  (Ni  sacrifice 
avec  le  prélat  officiant  et  le  céléhranl  avec  lui,  entrant 
ainsi  en  exercice  du  pouvoir  qui  vient  de  leur  être 
conféré.  Il  faut  pourtant  convenir  que  quniqu'autre- 
fois  il  fût  ordinaire  aux  prêtres  de  célébrer  les  saints 
mystères  en  commun  et  au  même  autel  avec  l'évêque, 
ce  qui  représentait  l'uinté  du  sacrifice  et  formait  la 
communion  callui'iqne,  cela  ne  se  faisait  pas  parles 
nouveaux  prêtres  le  jour  de  leur  ordination.  Et  l'usage 
présent  n'a  pas  au-delà  de  400  ans  d'antiquité ,  et  n'a 
pas  même  depuis  ce  temps  été  reçu  d'abord  partout. 
C'est  ce  que  témoigne  le  pèrcMarlène(3),  qui  ditavnir 
lu  avec  attention  plusieiu'S  Pontificaux  et  Iliiuels  qui 
ne  prescrivent  rien  de  semblable.  Il  en  conclut  que  cet 
usage  vient  de  l'église  romaine ,  d'où  il  se  sera  ré- 
pandu, un  peu  avant  ou  après  le  concile  de  Trente, 
dans  les  autres  églises.  Autrefois  même,  les  nouveaux 
prêtres  ne  récitaient  point  les  prières  de  la  liturgie  à 
genoux  à  la  place  où  ils  ont  été  ordonnés ,  comme  à 
présent  :  mais  debout  et  étant  rangés  à  droite  et  à 
gauche  autour  de  l'autel,  suivant  qu'il  est  prescrit  dans 
un  Pontifical  romain  de  la  bibliolhèquc  de  M.  de  Col- 
berl. ils  conuniMiiaient  ensuile  sous  les  deux  espèces, 
tant  eux  que  les  diacres  qui  venaient  d'être  ordonnés, 
ce  qui  est  aussi  maniué  dans  le  Pontifical  de  l'église  de 
Dax. 

L'imposition  des  mains  qui  suit  la  comimuiion  et 
qui  est  accomi)aguée  de  cette  formide  :  Recevez  le 
Saint-Esprit ,  les  péchés  seront  remis  à  ceux  à  qui  vous 
les  aurez  remis,  etc. ,  est  encore  plus  récente  que  la 

(l)Part.  3,  c.  12. 

(2)  L.  4.  dist.  2i. 

(3)  Toui.  2,  Sel  19,  p.  521. 


V.  ORDINATION  DES  PRÊTRES.  870 

Il  porreclion  des  instruments,  cl  a  été  entièrement  in- 
!  connue  dans  l'église  |:endanl  l'espace  de  plus  de  douzo 
i  cents  ans,  dit  le  pèie  Morin  (I).  Outre  le  sdence  que 
gardent  là-dessus  tons  les  an( iens  livres  des  offices 
ecclésiastiques  et  les  aulciusqni  en  ont  traité'-,  ce  qui 
forme  une  |)rçuvc  négative  à  laquelle  on  ne  peut  rai- 
soun.'iblenient  se  refuser,  on  pcsit  encore  produire  di  s 
argunuMits  positifs  qui  mellcnt  la  chose  hors  de  donle, 
cl  font  voir  sans  réplique,  que  cette  dernière  impositiiju 
des  mains,  avec  sa  formule,  était  inconnue  aux  an- 
ciens :  car  le  quatrième  concile  de  Carthage  distingue 
l'imposition  des  mains  pour  le  sacerdoce,  de  celle  qui 
se  fait  pour  le  diaconat  :  en  ce  qce  dans  la  première, 
les  prêlres  se  joignei;l  à  révèipie  dans  celle  saiiitc  et 
auguste  cérémonie,  au  lieu  que  pour  la  seconde,  l'é- 
\  vêque  seul  impose  les  mains  ;  et  il  rend  raison  de  celte 
dilïéience  (can.  4.),  en  disant  que  cela  se  fait  ainsi, 
parce  que  les  diacres  sont  ordonn  's  seulement  pour  le 
service  de  l'église.  Sottis  episcopns  qui  eum  bencdicit, 
manum  super  illius  caput  ponal ,  quia  non  ad  saceido- 
tium,  scd  ad  ministerium  consecratur. 

Le  second  concile  de  Séville  (can.  5)  a  f.;!i  une  dé- 
cision sur  la  niatière  des  ordinations  (|ui  prouve  en 
même  leuips  ce  que  nous  disons  ici  et  ce  que  nous  avons 
démontré  ci-devanl  touclianlla  pcrrection  des  inslru- 
mcnls.  Nous  allons  la  rapporter  parce  qu'elle  esl  très- 
propre  à  faire  voir  quelle  était  la  vcrlu  que  nos 
pères  attriiiuaienl  aux  paroles  sacramentelles,  et 
pieili's  éiaieiil  ces  paroles  si  cflicaccs.  ^ous  avons 
appris,  disent  les  évêques  de  cette  assemblée,  par  le 
rapport  d'Anian,  diacre  d'F.gbare,  qu'un  évoque  ordon- 
nant pr  tre  un  clerc  et  deux  autres  diacres,  et  étant 
alors  ajflirjé  d'un  mal  d'yeux,  leur  avait  seulement  im- 
posé les  mains  tandis  qu'un  prêtre  prononçait  sur  eux 
la  bénéd'icl'wn,  le  tout  contre  l'ordre  de  la  discipline  ec- 
clrsiasliquc.  Cet  évêque  aurait  mérité  pour  une  telle  au- 
dace d'être  coudamné  par  noire  juqcmcnt ,  si  la  mort  ne 
l'avait  prévenu;  mais  comme  il  est  devant  Dieu  à  qui  il 
appartient  de  le  juger,  nous  ordonnons  que  ceux  qui  ont 
reçu  de  lui  non  pas  tant  la  cons  crution  que  la  honte 
d'une  telle  ordination,  soient  déposés  du  degré  du  sa- 
cerdoce et  de  l'ordre  léviliqne  qu'ils  ont  reçu  contre  les 
règles.  Car  ceux-Ui  méritent  d'être  écartés  du  saint  mi- 
n'isllre  qui  y  ont  été  mcd  établis.  Ce  que  nous  voulons 
être  exécuté,  afin  qu'il  n'arrive  plus  rien  de  semblable  à 
l'avenir.  Qui  ne  voit  que  le  mal  d'yeux  que  soulTrail 
cet  évêque  ne  l'eût  point  obligé  de  se  servir  du  mi- 
ni 1ère  d'uii  prêtre  pour  prononcer  les  paroles  sacra- 
mentelles qui  font  ce  que  les  théologiens  appellent  la 
forme  du  sacren.enl,  si  elles  avaient  consisté  dans 
celte  courte  formule  :  Accipe  Spirituni  snnctuin,  etc., 
qui  est  jointe  dans  nos  pontificaux  mod  rnes  à  celte 
dernière  imposilion  des  mains?  Il  fallait  do!:c  que  ces 
évêques  fussent  persuadés  que  les  pandes  essentielles 
au  sacrement  de  l'Ordre  fussent  les  oraisons  qui  ac- 
compagnent la  première  imposilion  des  mains  dont 
nous  avons  parlé  au  connnenceiuenl  de  ce  chapitre, 

(l)  De  Or.!.,  excrc.  7,c.  2. 


S7l  HISTOIRE  DES 

Opcndant  c'est  à  celle  fonmilc  jointe  à  l'imposition 
(les  mains  f|ne  fait  I  evèque  en  la  prononçant  qn'il  a 
pin  à  qnanlité  de  tliéologiens  d'attacher  le  pouvoir  de 
remettre  les  péchés  ;  en  sorte  que  selon  plusieurs 
d'enlre  eux,  comme  les  prêtres  reçoivent  par  la  por- 
rection  des  instruments,  et  en  vertu  des  paroles  qui 
raccompagnent,  la  puissance  sur  le  corps  naturel  de 
Jésus-Christ,  c'est-à-dire,  le  pouvoir  d'olliir  le  saint 
sacrifice,  ils  reçoivent  de  même  par  celle  dernière  cé- 
rémonie, la  puissance  sur  son  corps  mystique,  c'est- 
à-dire,  le  pouvoir  de  gouverner  le  peu|)Ie  cluélicn  et 
d'absoudre  les  fidèles  de  leurs  péchés  ;  de  manière 
que  celui  dans  l'ordination  duquel  on  aurait  omis  ce 
rit,  ne  serait  prêtre  qu'à  demi,  et  ne  pourrait  par  la 
vocation  de  son  évêque  entrer  en  exercice  du  pouvoir 
d'absoudre  ou  de  Merles  pécheurs,  qu'il  n'aurait  point 
reçu  dans  son  ordination. 

Je  laisse  aux  théologiens  éclairés  le  jugement  de 
ces  opinions,  il  me  suffit  de  remarquer  que  tous  n'ont 
pas  pensé  de  môme  ,  dans   le  temps  même  qu'elles 
étaient  plus  en  vogue;  et  entre  autres  le  savant  Jé- 
suite Maldonat  (1)  qui,  parlant  de  cette  imposition 
des  mains  qui  était  en  usage  chez   les  anciens,   dit 
qu'on  ne  doit  pas  la  regarder  comme  cérémonie  non 
nécessaire,  mais  comme  une  partie  essentielle  du  sa- 
crement. Ce  qui,  ajoute-il,  parait  appartenir  à  la  foi 
catholique,  et  il  lui  semble  téméraire  d'abandonner 
l'Écriture  sainte  pour  suivre  des  chimères,    c'ost-à- 
dire  des  raisons  naturelles,  etc.  Jean  Major  avant  Mal- 
donat, avait  senti  le  faible  de  cette  opinion  ,  puisipie 
dans  ses  Commentaires  sur  le   quatrième   livre  des 
Sentences  ('2),  qu'il  écrivait  à  Paris  en  I.jIG,  il  prouve 
que  cette  dernière  imposition  des  mains  n'est  point 
de  l'essence  de  l'ordination  sacerdotale,  parce  qu'elle 
ue  se  trouve  pas,  dit-il,  dans  certains  pontificaux,  cl 
qu'il  n'est  pas  probable  (ju'ils   l'eussent  omise  si  elle 
était  de  l'essence  du  sacrement.  AUrjiia  pastoraliu  liar 
non  habent,  ncc  fit  probabile  (ju'od  ileftccrciit  in  (dujuo 
tant  necessario  ad  sacramenlum.  11  faut  remarquer  que 
tie  tiiéologien  parle  ici  des  ponlilicaux  imprimés   et 
qui  étaient  en  usage  de  son  temps;  et  que  par  coiisc'- 
qucnt  on  ne  doit  pas  être  surpris  qu'elle  soit  omise 
dans  les  anciens  qui  ne  sont  que  manuscrits  ,  et  que 
dans  d'autres  plus  récents,  et  qui  ne  sont  guère  au- 
dessus  de  quatre  ou  cinq  cenis  aiis,  ou  il  n'en  soit  fait 
aucune  menlion,  ou  qu'elle  y  ait  été  ajoutée  après  coup, 
comme  l'a  remarqué  le  P.  Moriii,  qui  nous  apprend 
.  aussi  que  ,  dans  un  Pontifical  manuscrit  assez  récent 
;  (jui  appartient  au  collège  de  Foix,.  à  Toulouse,  il  est 
dit  (jue  cette  formule  :  Accipe  Spirilum  scmclum,  etc., 
se  prononçait  dans  quelques  églises  dans  la  première 
jmposition  des  mains,  mais  que,  suivant  la  coutume  de 
règlise  romaine,  elle  se  fait  en  silence.  Cette  impo- 
ëiiion  des  mains  dont  parle  le  Pontifical  du  collège  de 
Foix,  est  celle  par  laciuellc  commence  le  rit  de  l'ordi- 
nation, cl  que  nous  avons  considérée  comme  la  même 

(i)  T.  2  de  Sacr.,  tract,  de  Ordine,  q.  5,  c.  2. 
(2)  LVist.  24,  q.  1 . 


SACREMENTS.  872 

avec  celle  qui  la  suit  immédiatement  après,  et  qui  est 
joinle  à  l'invocalion  du  Saint-Esprit. 

Il  ne  nous  reste  rien  à  dire  touchant  l'ordination  des 
prèlres,  sinon  que  chez  les  Grecs,  et  dans  les  commu- 
nions orientales,  elle  se  fait  par  l'imposition  des  mains 
et  la  prière,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  cinquième 
tome  de  la  Pcrpéluilc  de  la  Foi  deM.  Renaudot  (capfj.) 
Je  ne  rapporte  jias  ici  ce  qu'eu  dit  cet  auteur,  parce 
qu'il  n'y  a  rien  de  singulier,  et  que  dans  ces  difl'é- 
rcntes  églises  les  rits  sur  ce  point  sont  peu  difl'érents 
les  uns  des  autres,  et  conformes  à  l'ancienne  simjjli- 
cil(;  avec  lacpielle  on  adminislrail  aulrefois  ce  sacre- 
ment. La  raison  de  cela  est  que  les  chrétiens  de  ces 
communions  ont  conservé  depuis  leur  séparation  de 
l'Église  ce  qu'ils  y  avaient  trouvé  établi  quand  ils  ont 
abandonné  son  unité. 

CHAPITRE   V. 

De  rordinalion  des  diacres.  On  parle  à  celle  occasion  des 
diaconesses,  de  leurs  fonctions  ,  de  leur  instilitlion,  f.t 
du  temps  auquel  on  a  cessé  de  les  ciiiploijer  dans 
Vécjlise. 

On  a  vu  par  ce  qui  a  été  dit  ci-devant ,  et  entre 
autres  dans  le  dernier  chapitre,  que  Ion  conrérait  au- 
trefois l'ordre  du  diaconat  par  l'imposition  des  mains 
et  la  prière  ou  bénédiction.  Souvenez-vous  surtout  de. 
ce  que  nous  avons  rapporté  des  conciles  de  Carlhagc 
et  de  Séville.  Il  est  donc  inutile  de  nous  étendre  da- 
vantage sur  ce  point  qui  n'est  révoqué  en  doute  par 
aucun  de  ceux  qui  ont  quelque  teinture  de  ranli(|uité 
ecclésiasti(pic  et  de  la  discipline  sacramenlelle.  Les 
anciens  rituels  confirment  ce  que  les  conciles  et  les 
auteurs  ecclésiastiques  ont  dit  sur  cela  ;  et  les  rits  qui 
sont  présentement  en  usage  dans  Tordination  des 
diacres  y  onj,  été  depuis  ajoutés  pour  la  rendre  plus 
célèbre  et  plus  auguste,  ou  bien  pour  mieux  désigner 
l'effet  du  sacrement  et  les  fonctions  auxquelles  sont 
deslinés  ceux  qui  reçoivent  cet  ordre  :  tels  sont  la 
présentation  de  la  dalmatique  et  du  livre  de  lÉvangile, 
dont,  selon  le  père  Morin  (1),  les  rituels  qui  ont  été 
écrits  jusqu'au  neuvième  siècle,  ne  font  aucune  men- 
tion, non  plus  que  des  formules  de  paroles  qui  ac- 
compagnent celle  prèsenlation,  «luoique  plusieurs 
théologiens  aient  fait  consister  la  matière  et  la  forme 
de  cette  ordination  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  rits  il 
ajoute  qu'il  y  a  à  peine  srx  cents  ans  que  l'on  a  coin 
mencé  à  i)réseiiter  l'Évangile  aux  diacres  dans  leur 
ordination,  excepté  en  Angleterre,  dont  nous  avons' 
un  sacramentaire  qui  peut  avoir  800  ans  d"anti(piité , 
dans  le(iuel  il  est  maniué  que  l'évèque ,  après  quel- 
qu'aulre  rit,  donnera  l'Évangile  à  celui  qu'il  ordonne  , 
en  lui  disant  :  Rcccvex.  ce  volume  de  r Évangile,  lisez-le, 
comprenez-le,  faites-en  part  aux  autres,  et  accomplis-  ' 
sez-le  par  vos  œuvres. 

Cette  formule ,  comme  vous  voyez  ,  est  différente 
de  celle  dont  on  se  sert  à  présent,  et  on  voit  beau- 
coup de  variété  sur  cela  ,  depuis  même  (|iie  la  ciM-é- 

(  1  j  i)e  sacr.  .Ordiu.,  exerc.  "J,  c.  1. 


875  ORDRE.  —  PART.  11.  ClIAl'.  V 

monie  de  présenter  l'évangile,  à  l'ordinaiion  du  diane,  ' 
a  été  reçue  coniinuiiéiuenl  dans  nos  églises.  Ce  qui 
n'a  pu  arriver  (pie  vers  le  onzième  siècle  ,  et  même 
depuis;  puisqu'après  ce  temps  on  remarque  dans  les 
pontificaux  beaucoup  de  diversilé,  et  dans  quelques- 
uns,  des  additions  qui  ont  élé  faites  sans  doute  par 
ceux  (pii  ont  Iranscrit  ces  livres,  et  (pii  ont  ajouté  une 
cérémonie  qu'ils  voyaient  élalilie  de  leur  temps.  Le 
père  .Morin  (I)  apporte  plusieurs  exemples  de  ce  que 
nous  disons;  et  entre  autres  celui  de  Durand,  évèque 
de  Mende,  qui  raconte  lui-même  que  la  cérémonie  de 
présenter  l'évangile  aux  diacres  dans  leur  ordination, 
ne  se  trouvait  pas  dans  un  très-ancien  ordinaire  ou 
sacramentairc  de  sui  église,  et  qu'il  l'avait  lui-même 
ajoutée  de  sa  main  au  pontilical,  aliu  que  l'église  de 
Mende  fût  en  cela  conforme  aux  autres.  (Tid.  Durand. 
in  4,  dist.  !2i,  q.  5.) 

Eiilin  ce  qui  prouve  que  ce  rit  ne  peut  être ,  à  l'ex- 
clusion des  autres ,  la  matière  et  la  forme  de  ce  sa- 
crement, c'est  que  dans  plusieurs  églises,  dans  les 
premiers  siècles,  la  cliaige  de  lire  l'Évangile  était 
confiée  aux  lecteurs ,  connue  le  moutrent  les  lettres 
de  saint  Cyprien  (p.  55  et  ôi)  a  l'occasion  des  con- 
fesseurs Aurelius  et  Celerin,  qu'il  avait  ordonnés 
lecteurs,  et  dont  nous  avons  ci-devant  rapporté  des 
extraits.  Eu  Espagne  cette  luuction  était  commune 
aux  S(uis-diacres  et  aux  diacres.  Le  premier  concile 
de  Tolède  (cnn  4.)  nous  en  fournit  la  preuve,  lors'in'il 
ordonne,  que  le  sous-diacre,  qui  après  la  mort  de  sa 
lemmc  se  sera  remarié  ,  sera  dégradé  et  relégué  au 
rang  des  portiers  et  des  lecteurs,  eu  sorte  qu'il  ne  lira 
plus  l'Évangile  ni  l'Ai  ôtre-  lin  lU  Evangclium,  et  Apo- 
siohitn  lion  Icgnt.  Ailleurs  les  diacres  et  les  prêtres  le 
faisaient  indllféremment ,  comme  il  |)araît  par  les 
Constitutions  aj)Ostiili(pies  (2).  Tout  cela  prouve  que 
la  présentation  du  livre  des  évangiles  n'a  pu  être  an- 
ciennement le  rit  essentiel  de  l'ordinatinn  des  diacres  ; 
puisque  depuis  même  que  la  fonction  de  le  lire  leur 
a  élé  particidiérement  alîectée,  on  ne  le  leur  présen- 
tait pas  dans  leur  ordination. 

Ces  raisons  et  plusieurs  autres  que  nous  pourrions 
alléguer  avaient  persuadé  plusieurs  théologiens  (5) 
que  la  matière  de  l'ordination  des  diacres  devait  être 
l'imposition  desujainsdont  il  est  fait  mention  expresse 
dans  le  livre  des  A(  tes:  mais  le  préjugé  dans  lequel 
ils  étaiei.l  que  la  forme  du  sacrement  d'Ordre  devait 
être  inipérative,  les  jetait  dans  un  grand  embarras  , 
ne  triiiivant  rien  de  send^'able  dans  les  anciens  livres 
où  1  (iflice  des  ordinations  est  prescrit,  mais  seulement 
des  prières  qui  accompagnaient  l'imposition  des 
mains.  C'est,  comme  il  y  a  tout  lieu  de  croire,  con- 
foiniément  à  ce  préjugé  que  (pichpi'un  se  sera  avisé 
d'insérer  dans  l'oraison  que  fait  l'évêque  l()r>qu'il  im- 
pose les  mains  aux  diacres,  celte  f<umnle  que  l'on 
trouve  aujourd'hui  dans  nos  pontilicaux  :  Accipe  Spi- 

(I)  Ibid. 

(-2)  L.2,  c   ;i7. 

(5)  iîunav.  in  i,  dist.  -2i,  p.  1,  a.  l  ;  Refl'ens.,  iu  lib. 
contra  capiivitatem  Babylon.,c.  12,  §  7.  Becanusde 
saer.  Ord.,  c.  2G,  q.  i. 


ORDINATION  DES  PRÊTRES.  874 

rituDi  sntictinn  ad  robiir,  ad  resistendum  diabolo  et  ten- 
tuiioiiibiis  rJKs  in  noiiiin'.  Domiiii,  lacpielle  est  visible- 
ment déplacée,  cfuipant  le  (il  du  discours ,  et  n'ayant 
aucune  liaison  avec  ce  qui  précède  et  ce  qui  suit,  et 
qui  de  plus  ne  se  lit  ni  dans  les  rituels  que  le  Père 
Mcuin  a  fait  imprimer,  ni  dans  ceux  dont  s'est  servi 
D.  Hugues  Mainard,  ni  dans  l'ancien  ordre  romain 
inq)rinu''  dans  la  bibliotbèciue  des  Pères,  ni  dans  au- 
cun des  auteurs  qui  jusqu'au  douzième  siècle  ont  traité 
de  l'ordination  des  diacres,  non  pas  même  dans  Hu- 
gues de  S.  Victor  ni  Pierre  Lombard. 

Nos  théologiens,  de  quebpie  sentiment  qu'ils  soient 
touchant  la  matière  et  la  forme  du  diaconat,  ne  doivent 
trouver  aucime  dillicuité  dans  le  rit  de  l'ordination 
des  diacres  chez  les  Grecs  et  dans  les  autres  com- 
iunnions  orientales,  puisqu'ils  y  rencontrent  tout  ce 
cpj'ils  peuvent  désirer,  je  veux  dire  l'imposition  des 
mains  jointe  à  la  prière,  et  la  présentation  des  instru- 
ments propres  à  l'exercice  de  cet  ordre.  Voici  la 
manière  dont  elle  se  fait  dans  l'église  grecque. 

Celui  qui  doit  être  ordoiuié  est  présen;é  par  deux 
anciens  diacres  (pii  l'amènent  au  sanctuaire,  dont  ils 
font  le  tour  trois  fois.  Ils  le  présentent  à  lévèque  qui 
lui  fait  trois  fois  le  signe  de  la  croix  sur  la  lete,  lui 
fait  oler  sa  ceinture  et  l'habit  de  sous-diacre.  On  le  fait 
incliner  devant  la  sainte  table  sur  bupielle  il  aipuie 
le  fronl.  L'archidiacre  dit  quelques  prières,  cl  l'évêque, 
imposaiit  les  mains  sur  sa  tète,  dit  la  firinule  .Lu 
gruce  diiine  élève  un  tel,  sous-diacre  trs-pieux ,  à  la 
digiiiléde  diacre;  prions  pour  lui,  afin  que  la  grâce  di' 
vine  descende  sur  lui.  (Ri-marquez,  je  vous  [rie,  que 
cette  formule  est  la  même  que  l'on  emploie,  selon  le 
rit  grec,  dans  roidinatioii  des  prêtres  el  des  évècpnîs, 
et  dont  nous  avons  parlé  dans  le  troisième  chaïutre.) 
On  fait  ensuite  d'autres  prières,  après  lesquelles  l'é- 
vêque, lui  imposant  les  mains,  prononce  une  oiaison 
par  laquelle  il  demande  à  Dieu,  pour  celui  qui  reçoit 
le  diaconat,  la  grâce  qu'il  accorda  à  S.  Etienne,  elc.  Il 
impose  les  mains  une  troisième  fois,  et  il  dit  une 
autre  oraison  ,  après  laquelle  il  lui  met  l'élole  sur 
lepaule  gauche,  et  alors  on  crie,  «fts,-,  //  est  digne. On 
lui  met  enfin  entre  les  mains  le  ii-icio-j  ou  éventail , 
dont  les  (Jrecs  se  servent  pour  écarter  les  mouches 
de  dessus  l'autel,  puis,  dans  la  liturgie,  il  commence 
les  prières  appelées  Diucouales,  et  lorsque  les  diacres 
ap|iroclieiit  de  la  coiiiinuiiion,  il  la  reçoit  le  premier. 

Tout  cela  est  exactement  décrit  dans  les  notes  du 
père  Go.ir  (1)  sur  l'eucologe  des  Grecs.  Cet  auteur 
ajiuite  que  dans  divers  manuscrits  très-anciens  il  est 
dit,  que  s'il  y  a  deux  calices  sur  l'autel  pour  la  célé- 
bration do  la  liturgie,  le  cél  brant  en  donnera  un  au 
nouveau  diacre  aliii  qu'il  le  distribue  au  pniple.  Il  re- 
marque aussi  que  suivant  le  rit  grec,  on  ne  présente 
pas  au  nouveau  diacre  le  livre  des  évangiles,  ce  livre 
n'étant  lu  ordinairement  dans  l'église  que  par  les 
prêtres. 

Dans  les  ordinations  que  le  Père  Moiin  a  données 


(1)  Eucol.  p.  3». 


U 


87» 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


87G 


lîii  syriaque  et  en  hiiin,  les  prcniicres  sont  celles  (lu'il 
appelle  des  Maroiiiles,  parce  que  ceux  qui  les  lui  cu- 
voyèrenl  de  Rome  leur  dounèrenl  ce  lilre,  quoiqu'elles 
soient  celles  des  Jacobiles  ;  ainsi  que  tous  les  autres 
offices  attribués  aux  premiers.  Pour  ordonner  un 
diacre,  il  est  marqué  qu'après  diverses  prières  on  tait 
approcher  de  l'autel  celui  qui  est  ordonné  :  l'archi- 
diacre le  présente  à  l'évêque.  On  fait  les  prières  com- 
munes et  une  particulière  :  révè(|ue  dit  la  formule , 
Gratta  divina,  qui  est  la  même  que  celle  des  Grecs,  et 
après  une  oraison,  on  lui  donne  l'aube  ou  yizùnoi,  et 
Ycrarium  ou  étole.  Puis  après  un  répons  et  un  psanine 
on  lui  présente  le  livre  des  Épîircs  de  S.  Paul,  et  il  lit 
l'endroit  de  l'épîire  à  Timolhéc  où  il  est  parlé  des 
devoirs  des  diacres.  On  chante  un  autre  répons  tou- 
chant la  dignité  de  l'Église  et  do  ses  ministres.  Le  nou- 
veau diacre  met  de  l'encens  dans  l'encensoir ,  et  on 
lui  fait  faire  le  tour  de  l'église  portant  le  livre  des 
Épilres.  Il  le  remet  sur  la  crédence  et  prend  Yauaphora, 
c'est  à- dire,  le  voile  dont  on  couvre  la  patène  et  le 
calic  e  quand  on  les  porte  à  l'autel ,  ce  qui  est  une 
fonction  ordinaire  des  diacres,  parce  qu'il  n'y  a  qu'eux 
qui  puissent  le  toucher.  On  chante  encore  quelques 
prières,  et  celui  qui  reçoit  l'ordinalion  se  pioslorne 
devant  l'autel.  L'évêque  lui  impose  les  mains  et  il 
dit  :  (/h  tel  esl  ordonné,  et  l'archidiacre  continue  à 
haute  voix  :  Diacre  du  S.  autel  de  la  sainte  église  de  la 
ville  N.  Pendant  que  l'évêque  impose  les  mains,  deux 
autres  diacres  tiennent  chacun  un  éventail  élevé  sur 
la  tête  de  celui  qui  esl  ordonné.  C'est  ce  qui  est  non- 
seulement  marqué  dans  les  livres ,  mais  dans  un  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  du  grand  duc.  11  baise  l'autel 
quand  on  donne  la  paix,  ensuite  levêque,  et  il  reçoit 
à  la  lin  la  couimunion ,  après  laquelle  il  écoute  une 
petite  exhortation  que  lui  fait  l'évêque. 

Il  y  a  une  grande  conformité  entre  cette  ordination 
et  celle  que  le  père  Morin  a  donnée  suivant  le  rit 
nestorien.  L'évêque  est  debout  à  sa  place,  et,  après 
quelques  prières  chantées  par  le  chœur  et  entonnées 
par  l'archidiacre,  l'évêque  demande  par  une  oraison 
à  Dieu,  la  grâce  pour  ceux  qui  sont  appelés  au  diaco- 
nat, afin  qu'ils  puissent  s'acquitter  dignemciit  de  leur 
ministère.  Il  se  prosterne  ensuite  pour  remercier  Dieu 
de  la  puissance  qu'il  lui  a  donnée  d'ordonner  les  au- 
tres. Pendant  cette  prière,  et  quelque  autre  suivante, 
ceux  qui  doivent  être  ordonnés  sont  prosternés  jusqu'à 
lerre.  Ensuite  il  leur  l'ait  le  signe  de  la  croix  sur  la 
tête,  et  il  leur  impose  la  main  droite,  tenant  la  gau- 
che élevée  vers  le  ciel  :  et,  après  une  prière,  il  leur 
fait  encore  sur  la  tête  le  signe  de  la  croix  :  ils  se  pros- 
ternent, il  leur  ôte  ensuite  l'étole  qu'ils  avaient  au 
cou,  et  il  la  leur  met  sur  l'épaule  gauche  :  il  leur  fait 
loucher  le  livre  des  Épîlres  de  S.  Paul  présenté  par 
l'archidiacre,  et  il  fait  le  signe  de  la  croix  sur  leur 
front.  Enlin  il  dit  :  Unlel  est  séparé,  sanctifié  et  consacré 
uu  rninistire  ecclésiastique  et  au  service  lévitique  de 
S.  Etienne,  au  nom  du  Père,  etc. 

L'ordination  des  diacres  selon  le  rit  Jacobitc,  tant 
pour  les  églises  que  ceux  de  cette  communion  ont  en 


Syrie  qu'en  Egypte,  est  assez  conforme,  dit  M.  Re- 
naudot,  à  celle  dont  le  Père  Morin  a  donné  rollicc 
comme  propre  aux  Maronites.  Ce  qu'il  y  a  de  particu- 
lier est  que,  dans  ce  dernier  office,  il  est  marqué  (pic 
l'évêque  imposant  les  mains,  les  met  auparavant  sur 
le  voile  qui  couvre  les  saints  mystères,  ce  (|ui  se  pra- 
tique aussi  dans  les  autres  ordinations,  comme  on  l'a 
vu,  ce  qu'il  lait  comme  pour  les  sanctifier  par  l'appro- 
che de  ces  mystères.  Cet  homme,  si  versé  dans  les 
langues  orientales  et  dans  la  discipline  de  ces  églises, 
témoigne  aussi  qu'il  se  trouve  des  fautes  dans  la  tra- 
duction que  le  Père  Morin  a  donnée  des  offices  del "or- 
dination, et  il  en  corrige  quel(]ucs-unes  qui  ne  sont 
pas  importantes,  et  qui  ne  touchent  point  à  l'essence 
du  sacrement  :  sur  quoi  le  lecltur  curieux  peut  le  con- 
sulter. Après  tout,  cela  ne  doit  rien  diminuer  de  l'es- 
time que  l'on  doit  avoir  pour  ce  docte  et  laborieux  au- 
teur, qui  a  répandu  un  si  grand  jour  sur  la  discipline 
sacramentelle  des  églises  d'Orient,  et  qui,  à  dire  le 
vrai,  étant  entré  le  preniier  dans  cette  pénible  car- 
rière, y  a  travaillé  avec  tant  de  succès  qu'il  a  eifacé  la 
gloire  de  tous  ceux  qui  l'avaient  précédé  en  ce  genre 
d'éludé  (i),  lesquels,  en  coinpaiaisou  de  lui,  n'avaient 
fait  qu'efileurer  la  matière  qu'il  a  approfondie  ;  quoi- 
que, ce  qui  est  presque  inévitable,  il  ait  fait  quelques 
fautes,  non  pas  tant  manque  d'érudition  que  pour 
avoir  été  quelquefois  mal  servi  par  ceux  qui  lui  four- 
nissaient les  pièces  qui  devaient  entrer  dans  son  ou- 
vrage ;  mais  ces  fautes  peuvent  se  corriger  aisément, 
et  M.  Renaudoty  a  très-bien  réussi.  Facile  est  inven- 
tis  addere. 

Nous  ne  pouvons  mieux  placer  qu'en  cet  endroit,  ce 
que  nous  avons  à  dire  louchant  les  diaconesses  puis- 
qu'elles recevaient  une  espèce  d'ordination,  quoiqu'on 
ne  les  ait  jamais  considérées  comme  faisant  partie  et 
comme  membres  de  la  hiérarcliie  ecclésiastique. 

Leur  inslitulion  est  aussi  ancienne  que  celle  des 
diacres  mêmes,  et  nous  la  voyons  très-clairement 
dans  les  écrits  des  Apôlres.  S.  Paul,  sur  la  liii  de  sou 
Epître  aux  Romains  (c.  Ib,  v.  1  et2),  parle  avec  éloge 
de  la  diaconesse  Phcebé  par  qui  il  l'envoya  à  Rome, 
ne  faisant  point  d^  dil'ficullc  de  confier  une  pièce  si 
précieuse  à  cette  sainte  femme.  Je  vous  recommande, 
dit-il,  notre  sœur  Pliœbé,  diaconesse  de  l'église  de  Co- 
rintlie  qui  est  au  port  de  Cenclirée  ;  afin  que  vous  la  re- 
ceviez au  nom  du  Seigneur,  comme  on  doit  recevoir  les 
saints,  et  que  vous  l'assistiez  dans  toutes  les  choses  vii 
elle  pourrait  avoir  besoin  de  vous  :  car  elle  en  a  assisté 
plusieurs,  et  moi  en  partictdier.  Depuis  ce  temps,  il  esl 
fait  fréquemment  mention  des  diaconesses  dans  les 
Pères  et  les  auteurs  ecclésiastiques,  comme  nous  le 
verrons  par  ce  qui  suit. 

On  ne  conliail  pas  ce  ministère  à  toutes  sortes  de 
personnes.  Les  évêques  les  choisissaient  avec  grand 
soin  parmi  les  filles  qui  avaient  voué  à  Dieu  leur  vir- 
ginité, ou  parmi  les  veuves  qui  n'avaient  été  mariées 
qu'une  fois,  et  qui,  après  la  mort  de  leurs  maris, 

(I)  Allalius  et  Arcudius. 


877  ORDRE.  —  PART.  II.  CHÂP.  Y. 

avaient  donné  des  preuves  d'une  piélé  solide,  cl  ^ 
avaient  promis  h  Dieu  de  gurder  la  cliastclc  le  reste 
do  leur  vie.  L'Écriture  sainte  du  nouveau  Tcslani<^,nt, 
Cl  depuis,  les  conciles  et  les  Pères  parlent  souvent 
des  (illes  cl  des  femmes  qui  avaioiii  embrassé  cet 
élai  :  les  filles  du  diacre  Philippe  dont  les  Actes  des 
Apôtres  font  mention  (c.  21),  étaient  de  ces  vierges 
consacrées  à  Dieu.  El  l'Apôtre,  prescrivant  aux  veu- 
ves la  manière  dont  elles  doivent  vivre  dans  cet  étal, 
ne  veul  pas  qu'on  y  admclle  toules.les  femmes  qui  ont 
perdu  leurs  m;iris,  mais  celles-là  seulement  de  la  li- 
déiilé  desquellfison  peut  s'assurer,  tant  par  les  bonnes 
œuvres  qu'elles  ont  pratiquées,  que  par  la  maturité  j|| 
de  leur  âge.  C'est  pourquoi  il  défend  (I)  d'admettre 
en  ce  nombre  les  jeunes  veuves,  parce  que,  dit  il,  la 
iuoltesse  de  leur  vie  les  portant  à  secouer  le  joug  de  Je- 
sus-ClirisI,  elles  veulent  se  remarier,  s'engageanl  ainsi 
dans  ta  condamnation  pur -le  violement  de  la  foi  qu'elles 
lui  avaient  donnée  auparavant. 

Ces  deux  élats  étaient  extrêmement  estimés  chez 
jios  pères.  Les  évoques  prenaient  un  soin  particulier 
de  celles  qui  y  étaient  engagées.  Mais  les  vierges 
étaient  regardées  comme  la  portion  la  plus  illustre  du 
troupeau  de  Jésus-Chrisl.  Aussi  leur  consécration 
était-elle  ditlérenle  de  celle  des  veuves,  en  ce  que  la  'p 
première  était  réservée  aux  évoques  de  qui  elles  re- 
cevaient le  voile  qu'il  avait  lui-même  béni  :  cl  que 
les  veuves  au  contraire  prenaient  elles-mêmes  de  des- 
sus Tauiel  le  voile  que  l'évèque  ou  le  prêtre  avait 
bé.ii  {i).  Le  prèlre  seul  pouvait  aussi  faire  la  cérémo- 
nie de  cette  dernière  consécration,  au  lieu  que  celle 
des  vierges  lui  était  absolument  inlerdile.  Quand  je  dis 
que  le  prêtre  pouvait  faire  cette  consécration,  j'en- 
tends seulement  qu'il  avait  droit  d'y  être  présent 
connue  ministre  de  rÉglisc,  car  les  veuves  ne  rece- 
vaient point  de  bénédiction  :  elles  devaient  seule- 
ment faire  profession  de  cliasteié  en  présence  d'un 
prèlre,  comme  le  pape  Gélasenous  l'apprend. 

On  peut  mettre  en  quelque  sorte  au  nombre  de  ces  veu- 
ves les  femmes  dont  les  maris  étaient  appelés  à  l'épisco- 
pal,  à  la  prêtrise  ou  au  diaconat  ;  ce  qui  était  fréciuent 
dans  les  premiers  siècles.  Car  ces  femmes  se  reliraient 
delà  compagnie  de  leurs  maris  pour  vivre  dans  le  céli- 
bat, et  se  consacraient  à  Dieu  quand  ils  étaient  ainsi 
élcvéi  aux  dignités  ecclésiastiques;  et  elles  portaient 
clie.'-  les  Latins  le  nom  de  l'ordre  pour  leipiel  leurs 
ni:iris  étaient  consacrés;  de  manière  qu'on  appelait 
episcupa,  la  femme  d'un  évèque,  presbijtera,  la  femme 
d'un  prêtre,  et  diaconissa  ou  diacona,  la  femme  d'un 
diacre  (3).  Mais  cela  ne  leur  donnait  aucun  rang  dans 
le  clergé;  c'était  uno  simple  dénomination.  Toute  la 
prérogative  qu'elles  avaient  sur  les  femmes  ordinal-  * 
rcs,  est  qu'elles  pouvaient  être  ordonnées  diaconesses 
proprement  parlant,  cl  qu'on  leur  accordait  volon- 
tiers ce  rang  d'honneur  lorsqu'elles  s'en  étaien  ren- 

(1)  lTiin.,c.  o,  V.  Il  cl  12. 

(2)  Concil.  Carth.  Il,  c.  3,  cl  111,  c.  ô6  ;  Hispal.  II,  ! 
C.  7;  Léo,  ep.  88;  Gelas.,  cp.  I,  ^\\c  9,  c.  lo  et  25.  i  i 

(5)Conc.  Turon.  I,  c.  Il,  et  can.  20;Conc.  An-  ; 
tiss.,  c.  21  ;  Greg.  Il,  in  conc.  Uom.,  c.  1.  '*» 


ORDINATIOD  DES  DIACRES.  878 

ducs  dignes  par  leurs  bonnes  œuvres  et  par  lagraviié 
de  leurs  mœurs. 

Telles  élaicnl  les  personnes  d'entre  lesquelles  on 
choisissait  les  plus  vertueuses  cl  celles  en  qui  on 
reconnaissait  le  plus  de  talunls,  pour  leur  coniier  en 
quelque  sorte  une  partie  du  ministère  ecclé.->iaslique, 
en  les  élevant  au  rang  de  diaconesses.  Ce  qui  se  fai- 
sait publiquement  devant  l'autel  à  peu  prés  avec  le  > 
mêmes  cérémonies  que  celles  qui  s'observaient  dans 
l'ordination  des  diacres;  car  l'évèrpic  leur  imposait  les 
mains,  et  faisait  en  mém^  temps  sur  elles  la  prière  ou 
bénédiction;  et  cela  s'appelait  ordination  chez  les  La- 
lins,  cl  yiipoToArj. ,  chez  les  Grecs,  qui  est  le  terme 
dont  ils  se  servent  pour  désigner  rordinalion  des  mi- 
nistres de  l'Église. 

INous  avons  la  forme  de  cette  ordination  dans  l.^s 
Constitutions  apostoliques  (l),qui  portent  que  l'évèque 
leur  imposera  les  mains  en  présence  du  sénat  des 
prêtres,  des  diacres  et  des  diaconesses,  cl  qu'il  dira 
celle  prière  :  Dieu  éternel,  Père  de  Notre-Seigneur  Jé- 
sus-Cliri>>l,  qui  avez  créé  l'homme  et  la  femme,  qui  avez 
rempli  de  votre  esprit  Marie,  Anne,  Débora  et  Olda,  qui 
n^ivez  pas  dédaigné  de  faire  naître  d'une  femme  votre 
Fils  unique,  qui  en  avez  établi  des  gardes  aux  portes  du 
tabernacle  et  dans  le  temple,  jetez  les  yeux  sur  votre  ser- 
vante qui  est  promue  au  ministère,  riiJ -.poxeii>tio/j.hrrj  di 
SmaojUj,  et  donnez-lui  votre  Esprit-Saint ,  purifiez- la  de 
toute  souillure  de  la  chair  et  de  l'esprit,  afin  qu'elle  puisse 
s  acquitter  dignemenl  de  l'emploi  quon  lui  confie  pour  votre 
gloire,  et  à  la  louange  de  Jésus-Christ,  avec  qui,  etc. 

Les  anciens  rituels  des  Grecs  nous  représentent  les 
aiêmes  rites  dans  l'ordination  des  diaconesses  ;  et  trois 
entre  autres  que  le  P.  Morin  (2)  avait  en  main.  Ils 
en  ajoutent  eiicore  quelques  autres  peu  différents  de 
ceux  qui  étaient  en  usage  dans  Tordinalion  dos  dia- 
cres, comme  de  leur  mettre  l'élolc  au  cou,  de  les  faire 
comnuuiler  à  l'autel,  de  leur  mettre  en  main  le  calice 
plein  du  sang  de  Jésus-Chrisl,  pour  le  leur  faire 
prendre  à  la  sainte  communion. 

Cette  espèce  d'ordination  avait  lieu  non  seulement 
dans  l'église  grecque ,  mais  encore  en  Occidenl.  C'est 
ce  qui  est  dit  assez  clairement  par  TcrUillien  (3)  dont 
nous  lisons  ces  paroles,  dans  le  livre  qu'il  adresse  à 
sa  femme  pour  la  détourner  de  la  pensée  de  se  rema- 
rier après  sa  mon.  La  discipline  de  l'Église  et  le  pré- 
cepte de  l'Apôtre  qui  défend  d'élever  aux  dignités  ecclé- 
siastiques les  bigames,  cl  qui  ne  veul  pas  que  l'on  ordonne 
une  femme  si  elle  a  été  mariée  deux  fois,  font  voir  com- 
bien tes  secondes  noces  préjudicient  à  la  foi,  et  font  de 
tort  à  la  sainteté.  {Ciim  viduani  adlcgi  in  ordinationcm 
uisi  iinivlram  non  concedit.)  L'ordre  Homain  imprimé 
dans  la  B.bliotlièque  des  Pères  contient  le  rit  de  celle 
ordination,  et  une  messe  particulière  pour  cela.  Il  y 
esl  dit  qu'elle  se  fera  en  présence  de  l'autel  pendant 
la  célébration  de  la  messe  après  l'épitre  et  le  graduel; 
et  que  la  consécration  étant  achevée,  l'évèque  lui  met- 
Il)  L.  8,  c.  19  et  20. 

(2)  Morin.,  de  Ordinal. ,exerc.  10,  c.  1. 

(3)  L.  i  ad  uxor.,  c-7. 


37S) 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


880 


tra  l'élolc,  orar'nnn,  au  COU,  en  disant  :  Stolà  jucumli- 
lalii  iiidtuit  te  Domhms;  tt  (|u'elle-nième  se  nicllra  sur 
la  léte  le  voile  qu'elle  prendra  de  dessus  l'aulel  en  pré- 
sence de  tout  le  inonde.  Après  cela  on  lui  donne  l'an- 
neau et  une  espèce  de  collier  (pie  l'ctn  met  sur  sa  tèle 
en  lorine  de  couronne  ;  enlin  on  fait  une  lecture  de 
l'Ëvaiigile,  et  là  se  termine  la  messe. 

L  s  riis  de  cette  ordination  font  assez  connaître  que 
les  diaconisses  (ou  diaconesses,  car  je  trouve  ces  deux 
expressions  dans  les  livres  les  mieux  écrits  (1)  en 
noire  langue)  élaient  censées  du  clergé,  et  nous  en 
avDus  encore  mie  preuve  dans  la  lettre  canonique  de 
S.  Basile,  qui  dans  les  peines  qu'il  leur  impose  pour 
les  crimes  où  eles  lombenl,  détermine  la  manière  dont 
elles  doivenl  l'aire  pénilei.ce,  comme  il  fait  pour  les 
clercs.  Une  diaconesse,  dit-il,  qui  a  commis  le  crime  de 
fornication  avecun  gentil,  doit  être  reçue  à  la  communion 
(des  prières);  mais  elle  ne  sera  admise  à  faire  l'oblution 
qu'an  bout  de  sept  ans  ,  si  elle  vit  chastement  jusquà  ce 
terme.  L<'s  vierges  et  Us  veuves  ord-naires,  et  même 
celles  dont  nous  venons  de  parler,  n'éiaient  point  dis- 
pensées des  st:>tion«  communes  de  la  pénitence,  non 
plusque  K'S  antres  laiiiues.  Les  diaconesses  sont  aussi- 
tôt admises  à  la  consistance,  parce  qu'elles  avaient 
été  punies  par  la  déposition,  et  qu'il  n'était  pas  juste, 
^mnie  dit  S.  Basile  dans  la  même  lettre  (can.  3-2),  en 
parlant  d;  s  clercs,  de  les  punir  deux  lois  pour  un 
même  crime.  Elle  est  ponrlant  séparée  de  la  sainte 
table,  parce  ipi  il  lui  fallait  donner  le  temps  de  pleu- 
rer sa  faMlc  et  de  se  purilier  de  celte  souillure. 

Il  fallait  que  les  diaconesses  fussent  en  grand  nom- 
bre dans  les  églises  d'Orieni,  pnisiiue  rempereur  Jus- 
linien  (2),  dans  une  loi  où  il  détermine  le  nombre  des 
clercs,  de  la  grande  é[,flie  de  Constanlinoi  le  ,  délend 
^u'il  y  ail  plus  de  GO  prêtres,  de  100  diacres,  de  40 
diaconesses.  Ce  pr  nce  a  fait  plusieurs  autres  régie- 
iiieiils  qui  les  regardent  (5).  11  y  parle  de  leur  promo- 
tion, de  leur  manière  de  vivre,  et  de  l'Age  au(iuel elles 
doiv.nt  être  ordonnées,  (|u'il  lixe  à  quarante  ans,  con- 
formément au  concile  de  Calcédoine  (can.  15),  qui  ne 
veut  pas  qu  elles  soient  ordonnées  avant  cet  âge,  et 
cela  après  un  sévère  examen,  cmn  summo  libramine ; 
et  qui  analliématise  celles  qui  se  marie.!  en  cet  état 
comme  faisant  outrage  à  la  grâce  de  Dieu  qu'elles  ont 
reçue  dans  leur  ordination.  Le  coiuile  in  TrulloA  de- 
puis renouvelé  ces  lois  (can.  14),  défendant  d'ordon- 
ner les  diacres  avant  l'âge  de  25  ans,  et  les  diaco- 
nisses avant  celui  de  quarante.  11  se  sert  même  du 
terme  xstpoTOvsiesw,  et  dans  son  canon  48'   il  nomme 
dignité  le  rang  de  diaconesse,  c:ç<5//k.  C'est  ainsi  que 
la  discipline  avait  changé,  car  l'Apôtre  (4)  voulait  que 
les  veuves  à  qui  on  conliait  ce  ministère  eussent  at- 
teint l'âge  de  soixante  ans. 

Les  diaconesses  étaient  d'un  grand  secours  aux 
évoques  pour  les  aider  dans  le  gouvernement  du  peuple 

(1)  M.  Fleuri,  Instil.  au  droit  ecclés.,  t.  i,  p.  83; 
Version  de  Mons,  Ep.  aux  Romains,  can.  44. 

(2)  Novell.  3,  c.  1. 

(.5)  Novell.  6,  c.  6  et  123,  c.  15. 
^A)  kd  Tiniotli,  1,  cap.  5,  v.  '^. 


lidèle  ;  elles  exerçaient  leurs  fonctions  tant  au  dedans 
qu'au  dehors  de  l'église.  C'était  d'elles  snrlout  que  les 
pasteurs  se  servaient  pour  prendre  soin  des  pauvres  , 
des  malades,  et  des  orphelins  de  leur  sexe.  Elles 
élaient  aussi  chargées,  selon  le  quairième  concile  de 
Cartilage  (can.  12),  d'instruire  les  pcrsoimes  du  sexe 
qui  aspiraient  à  la  grâce  du  Baplème ,  elles  leur  ap- 
prenaient comment  ellesdevaient  répondre  aux  inler- 
rogations  que  se  faisaient  avant  le  Baplême  et  com- 
ment elles  devaicntvivre  après  avoii'ieçu  celle  giàce. 
Elles  élaient  snrloul  d'un  grand  usage  dans  le 
'  temps  que  la  plupart  se  l'aisaienl  baptiser  en  âge  adulte- 
C'était  elles  qui  aidaient  le.->  lemines  à  se  dépouiller 
de  leurs  babils  pour  enlrer  dans  les  Fonts  sacrés.  De 
plus,  suivant  les  eonstitulions  apnsloli(|ues  (1),  le  dia- 
cre leur  oignait  le  front  et  les  diaconesses  leur  fai- 
saient r<iiictiou  sur  le  reste  du  corps,  comme  cela  se 
pralii|nail  en  Oriciii.  Elles  recevaient  celles  (jui  sor- 
taient (lu  bain  sacré,  coinnie  les  d'acres  rece\  aient  les 
hommes.  De  plus,  selon  les  mêmes  Consiilulions  (2), 
les  évè(|ues  elles  diacres  ne  devaient  parler  à  aucune 
femme  qu'elles  ne  fussent  présentes.  Sainl  Épipbauc(5) 
leur  allribiie  li-s  mêmes  fondions,  el  dit  que  cela  a 
été  ain>i  établi  pour  la  bienséance,  el  afin  de  me; tic 
à  couvert  des  sou]  çons  la  répulalion  des  ministres 
de  l'Eglise.  De  plus,  dans  l'église  elles  gardaient  les 
portes  par  où  enir.iii  ni  les  femmes,  qui  élaienl  diffé- 
renles,  au  moins  (mi  plusieurs  endroits,  de  celles  par 
lesipielk'S  les  bounues  y  eiilraieui ,  ce  qui  se  [iraii- 
qiiait  stnloul  en  Occident.  Elles  veill  àenl  dans  les  as- 
semblées de  religion  sur  les  peisoi.ncs  de  leur  sex(i , 
elles  avaient  soin  (pie  cliai  une  lût  pbuée  à  son  rang, 
que  le  silence  s'obser\àl,  cl  (pie  la  bienséance  fùl  gar- 
dée en  toutes  choses. 

Telles  élaient  Ls  principales  fonclions  de  ces  per- 
sonnes consacrées  à  llieu,  cl  on  a  vu  des  iL-mnies  delà 
première  condilion  se  chargerde  ce  minisière,el  ren- 
dre de  1res  grands  seivices  à  TP^glise  dans  cet  état. 
Témoin  rillusire  Olympiade  si  eonmic  dans  riiisloire 
de  l'Église  \}i)uv  sou  éminenle  venu,  et  la  liaison 
sainte  qu'elle  avait  avec  saint  Jean  Chryso&lôme  pour 
la  cause  du(piel  elle  a  laiil  sonifert. 

M.  Fleuri  ,  dans  son  livre  de  l'Inslilulion  au  droit 
ec(lésiasli(pie  (4),  <ih  qu'il  y  en  a  eu  depuis  les  Apôtres 
jusquuu  sixième  siècle.  Mais  ce  n'est  point  assez  dire. 
Les  monuments  des  siècles  postérieurs  nous  appren- 
nent que  cet  établissement  a  duré  [tins  long-temps.  La 
S(Mil  concile  in  Trullo,  dont  nous  avons  ci- dessus  cité 
les  canons  qui  en  font  mention,  en  csl  une  preuve  au- 
Ibenlique,  puisque, suivant  ceuxqui  le  placent  leplus 
toi,  comme  Baroniiiset  plusieurs  autres,  il  a  élélei.u  à  la 
lin  du  septième  siècle  en  092,  et  (pie,  s'd  en  faut  croire 
le  savant  P.  Pélau  (5),  il  a  élé  célébré  dans  le  siècle 
suivant,  en  707,  en  quoi  il  est  suivi  par  Cabassuiius, 
quoi(iu'il  soit  plus  vraisemblable  de  fixer  son  époque 

(1)  L.  3.  c.  15  et  16. 

mibid.,  cap.  7. 

(3)  De  H  i  res.,  in  fine,  et  bseresi  79. 

(i)  Tom.  1,  c.  8,  influe. 

(.■>i  !..  2  Doct.  tenip.,  et  2  Pralion.,  l.  i,  c.  15, 


881  ORDRE.  -   PART.  Il,  CHAI», 

à  l'an  701.  L'ordre  Romain  (jne  nous  avons  aussi 
allégué,  et  qui  eoiilieul  les  céréuioiiies  de  la  cou- 
sécralion  des  diaconesses,  n'est  point  non  plus  aussi 
ancien  (jue  le  sixicnic  siècle ,  et  seniiile  prouver  que 
cet  uislilut  s'est  conservé  plus  l(ing-len)ps  dans  nos 
églises  dOecideni.  De  plus  un  concile  de  Wornis 
de  lan  S08  répète  (eau.  75)  niot  pour  mol  le  15'  ca- 
non du  concile  de  (lalcédoinc  qui  regarde  uui(pie- 
nn'ul  les  diaci>nesses,  dont  il  règle  l'ordination , 
l'âge,  les  (pialilés  qu'elks  doivent  avoir,  et  les  peines 
(Imt  on  doit  les  punir  (piand  illes  aliandoimenl  lein- 
priifcssion.  Ce  concile,  sans  doute,  suppose  qu'elles 
subsistaient  encore  once  temps ;aulrenienl  il  faudrait 
dire  (|ue  les  cvèques  (jui  le  composaient  se  seraient 
arrêtés  à.îes  cli!nicres,en  prescrivant  des  règles  pour 
un  insiilut  qui  n'existait  plus  (pie  dans  la  niéuiuire 
des  hommes.  Tout  cela  prouve  ipi'il  y  avait  encori'  des 
diac(tnesses  au  9'  siècle.  Je  sais  que  dans  plusieurs 
conciles  du  sixième  et  septième,  tenus  en  France  (1), 
il  se  trouve  des  canons  qui  sendtlent  aholir  l'ordre 
des  diaconesses.  Le  P.  Morin  (2)  se  met  en  devoir  d'y 
réjtondre,  et  de  faire  voir  (|u'on  ne  doit  pas  prendre 
en  Cl-  sens  les  paiolesdaus  lestpn-lles  ils  sont  conçus, 
et  il  le  fait  doctement  à  son  ordinaire  ;  mais  cpiand 
même  nous  conviendrions  (|ue  ces  conciles  auraient 
voulu  abroger  cil  élahlissement,  il  ne  s'ensuivrait  pas 
pour  cela  qu'il  aurait  cessé  alors.  Combien  de  conciles 
n'ont-ils  pas  publié  de  canons  pour  abidir  l(;s  clior- 
évè(iues?cepe.  daiit  ils  ont  subsisté  dans  l'Église  |  lu- 
sieuis  siècles  a|)rès  ces  légl'menls. 

Le  Père  .Morin  (3)  croit  qu'elles  n'ont  cessé  de  sub- 
sister dans  lÉglise  que  vers  le  commencement  du 
douzième  siècle,  tant  en  Orient  qu'en  Occident.  Tola 
illti  discipliiKt  iii  diacouissas  et  ipsœ  diaconissœ,  abliiiic 
an)ws(jubicjenlos,  et  quid umpliks  abolitœ  sunt  etexslinctœ 
VI  utraijue  Ecclesià.  ElTeclivement  Balsamon,  qui  vivait 
sur  la  lin  de  ce  siècle,  écrivant  sur  leciuinzième  canon 
de  Calcédoine  ,  léuioigne  que  l'ordre  des  diaconesses 
n'existait  plus  de  sou  temps.  Il  ajoute  que  l'on  appe- 
lait encore  de  ce  nom  certaines  religieu  esàConstan- 
tinople,  mais  mal  à  propos  :  ces  filles  n'ayant  é;é  con- 
sacrées par  aucune  iniiosition  de  main.  Il  ne  faut  pas 
douter  quecet  institut  n'aitété  encore  plus  tôt  aboli  en 
Occident  qu'en  Orient,  n'ayant  jamais  été  si  répandu 
dans  les  églises  Latines  que  dans  celles  d'Orient.  Hu- 
gues de  S.  Vicioretle  Maître  des  Sentences,  qui  trai- 
tent dans  un  grand  détail  des  ordinations  et  de  tout  ce 
qui  y  a  rapport,  gardent  l.Vdessus  un  profond  sil(>nce. 
Ce  qui  marque  qu'il  y  avait  df'-jà  du  temps  (|ue  les 
diaconesses  ne  siibsisfaient  plus  (piaiid  ils  écrivaient. 
Pierre  de  Poitiers,  le  premier  qui  ait  conmienté  le 
Maîiredes  Semences,  assure  positivement  que  leur 
ordination  n'élait  plus  en  usage,  abut  in  dcsitctudiiiem. 
Kiilin  les  Lucologos  des  Crées  écrits  depuis  quatre 
(cnls  ans  ne  repiésentent  plus  l'oflice  de  celte  ordi- 

(1)  Turon.  Il,  can.  22;  Epaun.,c.21  ;  Araus.  I,  c. 

2(i.  etc. 

(2)  Exere.  10,  c.  3. 

(3)  Ibid. 


VI.  REITÉRATION  DES  ORDRES.  88« 

nation  (I).  Les  rituels  des  Latins,  surtout  ceux  qui  ont 
élé  écrits  eu  France,  quoii|ue  bc-aiicmip  plus  anciens, 
l'ometteul  également.  Ce  qui  peut  venir  de  ce  que  les 
diaconesses  ayant  été  assez  rares  dans  ce  pays  dans  lo 
temps  même  qu'elles  subsistaient  encore,  et  pluéieurs 
églises  particulières  n Cn  ayaiil  point,  ceux  qui  trans- 
crivaient les  rituels  pour  l'usage  de  ces  é^'llses  omet- 
taient ce  (|ul  avait  rapport  i»  celte  ordination,  comme 
une  chose  inutile. 

CHAPITllE  M. 

Que  l'on  n'a  jamais  cru  dans  F  Eglise  devoir  réitérer  les 
ordinations  canoniques.  Difl'érentc  conduite  que  l'on  a 
tenue,  et  embarras  oit  l'on  s'est  trouvé  en  certains 
temps  par  rapport  à  celles  qui  ne  l'étaient  pas.  ou  qui 
avaient  été  faites  par  des  intrus,  des  excommuniés  et 
des  hérétiques. 

Le  sujet  dont  nous  avons  à  parler  dans  ce  cliai'iire 
qui  regarde  le  caractère,  a  élé  doctement  et  liist(iri<]ue- 
ment  traité  par  d'habiles  théologiens  de  ces  derniers 
temps  (2)  ;  ainsi  nous  ne  ferons  qu'abréger  ce  qu'ils 
ont  dit  là  dessus. 

C'est  un  fait  si  constant  qu'on  n'a  jamais  cru  dans 
l'Egli  e  devoir  réitérer  l'ordination  faite  selon  les 
formes  canoniques,  et  ce  fait  est  atlesié  par  tant  de 
témoignages  des Pèresel  des  conciles,  qu'il  est  superflu 
de  se  mettre  en  devoir  de  le  pn  iiver.  C'est  confor- 
mément 'n  ce  principe  si  connu,  que  le  troisième  con- 
cile de  Carthage  défend  (can.  38).  après  celui  de  Ca- 
poue,  célébré  du  temps  du  pape  Meleliiade  qui  y  pré- 
sidait, et  que  les  évèque-;  d'.Afrique  appellent  concile 
pléiiier,  c'est,  dis-je,  eonfurniément  à  ce  principe  ijue 
ce  concile  défend  également  de  réitérer  l'Ordination 
comme  le  Baptême. 

S.  Augustin ,  en  plnsiein-s  endroits  de  ses  écrits , 
découvre  les  véritables  fmid  nients  de  cette  doctrine, 
et  entre  autres  dans  le  second  livre  contre  Parménien 
(num.  28),  où  il  traite  cette  matière  ennire  les  Dona- 
tistes,  qui  disaient  que  celui  qui  abandonnait  l'Église 
ne  perdait  pas,  à  la  vérité  sou  B:i|itêine,  mais  qu'il 
était  par-là  même  privé  du  droit  de  le  conférer  à 
d'autres.  II  les  presse  sur  cela,  en  leur  disant  preniiè- 
remeni,  qu'ils  ne  peuvent  alléguer  aucune  raison  pour 
montrer  que  celui  qui  conserve  son  Baptême  puisse 
être  privé  du  pouvoir  de  baptiser  les  autres  ;  car  l'un 
et  l'autre,  ajoute-l-il,  est  un  sacrement,  et  est  donné 
à  l'homme  par  une  espèce  de  consécration;  à  celui-lJk 
lorsqu'il  est  baptisé,  à  celui-ci  lorsqu'il  reçoit  l'Ordi- 
iiation.  Secondement,  il  prouve  la  même  chose  par  ce 
ipii  se  pratiquait  communémenl  dans  l'Église,  où  l'on 
recevait,  pour  le  bien  de  la  paix,  ceux  qui  quittaient, 
l'hérésie  pour  rentrer  dans  le  sein  de  l'Église,  qui  leur 
permettait  d'exercer  les  fonctions  attachées  à  leurs  or- 
dres, sans  les  faire  ordonner  de  nouveau. 

Le  S.  docteur  rend  ailleurs  raison  de  cette  con- 
duite ,  lorsqu'il  dit  (3)  :  Quand  l'Eglise  reçoit  les  héré- 
(\)  .Morin.,  exere.  10,  c.  â,  p.  190,  et  seq. 
(2)  .Morin,  Vilasse,  Tournelv,  etc. 
(5)  Serni.   de  Geslls  ciim  Lmeriio,  Donaiistariini 
episcopo. 


885  iliSTOiUE  DES  SACREMENTS 

tiques  avec  leurs  ordres,  elle  ne  reçoit  pas  avec  eux  leur 
mal  oit  l'hérésie ,  mais  le  bien  qu'elle  reconnait  en  eux , 
et  qui  n'est  point  d'eux,  mais  du  Sfiqnenr,  mais  de  l'E- 
glise ,  mais  de  Jésus-Christ  ;  on  invoque  le  nom  de  Dieu 
sur  leur  tête  quand  on  les  ordonne.  Cette  invocation  que 
fait  révêqne  est  une  invocation  de  Dieu,  non  de  Donat... 
Le  soldat  qui  déserte  et  qui  s'écarte  est  coupable  de  crime, 
mais  le  caractère  qu'il  porte  est  celui  du  général,  et  non 
du  déserteur...;  car  ce  n'est  point  le  soldat  déserteur  qui 
se  l'ist  imprimé ,  mais  Jésus-Chris! ,  qui  n'efface  pas  son 
caractère.  Voilà  les  solides  fomlemenis  de  la  doctrine 
de  lÉglise  sur  ce  point,  et  de  la  conduite  que  Ton  a 
lenuc  dans  les  siècles  les  pins  éclairés.  Car,  comme 
dil  le  môme  S.  Augustin  (1),  ce  caractère  est  si  invio- 
lable, qu'étant  même  reçu  hors  de  l'Église,  il  empê- 
clicqiieFon  ne  réitère  l'ordinalion,  idcbquein  Eccksiâ 
calholicà  utrumque  non  licel  iterari.  (Il  parle  du  Ba]iléme 


884 
palrinrclie  Tamise,  dans  la  première  action  du  sep- 
tième concile  général ,  avait  avancé  que  le  canon  de 
Nicée  parlait  d'une  simple  bénédiction  par  la([uclle 
il  ordonne  qu'on  reçoive  les  Novaliens  dans  leurs 
ordres. 

J'avoue  que  j'ai  autrefois  pensé  de  même;  mais, 
après  Y  avoir  réfloclii  plus  mûrement,  il  m'a  paru  (ju'il 
était  plus  probable  de  dire  que  cette  iniposilion  des 
mains  dont  il  .s'agit  dans  ce  canon  ,  xîtpoOsTou/jisveu,-  , 
doit  s'entendre  decelie'que  ces  scliismaliques  avaient! 
reçue  daiis  leur  secte.  Car  outre,  comme  le  montre  le 
père  Murin,  que  le  terme  de  y-ipoù^^ir/.  se  prend  quel- 
quefois pour  l'ordination ,  il  semble  que,  suivant  la 
discipline  de  ces  temps-là,  on  n'aurait  point  admis  dans 
le  clergé  ceux  à  qui  on  aurait  imposé  les  mains.  Celle 
cérémonie,  dans  une  telle  circonstance,  porte  toujours 
quelque  image  de  la  pénitence  dont  on  voulait  éloi- 


ct  de  l'Ordination.)  Il  ajoute  un  peu  après  en  parlant  |  gner  du  clergé  jusqu'à  l'ombre ,  comme  nous  l'avons 
de  ceux  qui  se  sont  séparés  de  l'unité  de  rÉglise  :  V  montré  ailleurs. 


Car,  comme  ils  ont  dcms  le  Baptême  ce  qu'ils  peuvent  || 
donner  it  d'antres,  de  même  ils  l'ont  dans  l'Ordination  ;  :|' 


Ce  qui  fortifie  ce  dernier  sentiment  "(car  celui  du 
P.  Morin,  qui,  dans  son  Traité  de  la  Pénileiice,  a  en- 


quoiqu'its  aient  l'un  et  l'autre  pour  leur  perte  tant  que  la  !?  tendu  celle  imposition  des  mains  do  la  Confirmation, 
charité  ne  les  fera  point  rentrer  dans  l'unité  :  mais  autre  |!  et  depuis  dans  celui  des  Ordinations,  a  cru  que  le  con- 
ctiose  est  de  ne  point  avoir  cette  puissance,  autre  chose  |j  cile  de  Nicée  avait  prescrit  par  ce  canon  d'crdoimer 
de  l'avoir  à  sa  perle,  autre  chose  de  l'avoir  d'une  ma-  |[  de  nouveau  les  Novaliens,  n'a  aucune  probabilité ),  ce 
nière  avantageuse  à  son  salut.  j;?!  qui ,  disje  ,  fortifie  ce  sentiment,  c'osl  que  diverses 

Le  dogme  que  S.  Augustin  a  si  bien  éclairci  dans  |  versions  très-auChenti(pies  ont  rendu  le  canon  de  Ni- 
ses  disputes  contre  les  Donatistes  avait  servi  de  fon-  |  cée  en  ce  sens.  1°  La  version  très-ancienne  des  ca- 
demenl  aux  Pères  de  Nicée  dans  ce  qu'ils  ont  statué  |]|  nous  de  Nicée ,  envoyée  de  Constantinople  aii:i  évc- 
louchanl  le  retour  de  ceux  (jui  avaient  reçu  l'ordina-  \  (pics  d'Afrique  en  419,  l'autorise.  Placuileos  ordinalos 
lion  des  mains  des  béi 
tre  ces  ordinations;  ils  rejettent 
celles  qui  ont  été  laites  par  ceux  donl  le  Baptême  est  |  qui  nominantur  cathari  accedentes  ad  Ecclesiam  si  ordi- 
nul  ;  et  ils  reçoivent,  au  contraire,  celles  de  ceux  dont  |j  nali  snnt,  sic  maneant  in  clero,  c.  17i;  c'est-à  dire,  que 
le  Baptême  est  valide  :  en  leur  imposant  néanmoins  les  l||  ceux  que  l'on  nomme  cathares  revenant  à  l'Église, 
mains,  pour  marque  de  leur  réconcilialion  à  TÉglise,  jjî  s'ils  sont  ordonnés,  demeurent  ainsi  dans  le  clergé. 


hérétiques  :  car  ils  distliv^uent  en-  .|  sic  manere  in  clero,  qui  ordinati  fuerunt.  2°  La  version 
;  ils  reiettent  et  déclarent  nulles  ill  de  Ferrand  Diacre  l'explique  très-clairement  :  Ut  hi 


cl  pour  attirer  sur  eux  le  Saint-Esprit,  comme  nous  i 
l'avons  expliqué  ailleurs.  Aussi  se  servent-ils  de  1er-  |^ 
mes  différents  pour  exprimer  ces  deux  espèces  d'im-  ^ 
position  de  mains.  Ils  pailenl  de  la  première  dans  le  l 
19'  canon  à  l'occasion  des  Paulianisles,  donl  ils  dé-  j| 
fendent  de  recevoir  les  clercs  dans  leurs  ordres ,  à  \ 
m(>ins  qu'ils  n'aient  été  auparavant  baptisés  et  ordon-  j| 
nés  par  un  évèque  catholique ,  à-jy.Sxmi^Oî-Jzci  yjipc-co-  jl 
vjiTÛWTa;  :  au  lieu  qu'il  est  question  de  la  seconde  dans  ;^ 
'e  buiiième  canon  ,  qui  reçoit  les  Novaliens  dans  le 
ilergé  par  la  simple  imposition  des  mains  ,  xnpoOnov- 
v.hc'j:,  que  recevaient  également  ks  laïques  qui  aban- 
ilonnaient  l'hérésie  pour  se  réimir  à  l'Église.  Tel  est 
le  sens  que  quelques  savants  donnent  au  huitième  ca- 
non de  Nicée,  ils  ajoutent  que  quelques-uns  de  ceux 
qui  ont  autrefois  traduit  ces  canons  ont  confondu  mal 
à  propos  ces  deux  ternies,  leur  appliquant  la  même 
signification,  quoiqu'elle  soit  bien  différente  ,  et  que 
l'usage  (pi'cn  ont  fait  les  auteurs  ecclésiastiques  eût 
dû  les  mettre  au  fait  de  leur  véritable  sens,  surtout 
depuis  la  dispute  de  S.  Cyprien  et  celle  des  évèqucs 
tl'Afriqwe  contre  les  Donatistes.  Ils  disent  enfin  que  le 

(1)  L.  2  cont.  Ep.  Parmcn.,  n.  28. 


3°  Enfin  deux  anciens  canonistes  Grecs,  Aristanuset 
Siméon,  traduisent  le  mot  ynpoOz-touaho'Ji  par  ceux-ci, 
qui  ont  été  ordonnés;  preuve  certaine  qu'ils  reiiten- 
daient  de  l'ordination  (pic  les  Novaliens  avaient  reçue 
dans  leur  secte. 

C'esl  donc  en  ce  sens  qu'il  faut  entendre  ces  paroles 
du  pape  Innocent  I  dans  son  épître  à  Rufus  :  Placuit 
magnœ  et  sanctœ  synodo  ut,  accepta  manùs  impusitionc , 
sic  maneant  in  clero.  C'est-à-dire,  il  a  plu  au  grand  et 
saint  concile  qu'ayant  reçu  {dans  leur  secte)  l'imposi- 
tion des  mains  ils  demeurent  ainsi  dans  le  clergé. 

Cette  manière  de  rendre  le  sensdu  canon  de  Nicée 
ne  s'éloigne  poinl  du  «texte  original:  elle  lève  tou- 
tes les  difficultés ,  cl  se  trouve  parfaitement  con- 
forme à  la  pratique  de  l'église  romaine  en  ce  temps  - 
là,  cl  l'on  peut  dire  même  à  celle  de  toute  lEglie. 
Car  c'esl  en  vain  que  le  P.  Morin  (1)  objecte  un  pré- 
tci'.du  passage  de  Théophile  d'Alexandrie  ,  qui ,  étant 
(  ensuite  au  sujet  des  Novaliens,  qui  voulaieul  se  réti- 
nii'  à  l'Église,  répond  q':e  le  graiid  concile  de  Nicée 
ayaiil  voulu  qu'ils  fussent  ordomiéj  quand  ils  revien- 
nent à  l'unité,  il  '"au   se  conformer  à  sa  décision,  puis- 

(1)  De  Ordinal.,  par    5,  exerc.  5. 


885  ORDRE.  —  PART.  II.  CU.\P.  M. 

que  nous  n'avons  pour  garant  de  celte  réponse  de 
Théophile  que  Ralsamon ,  auteur  du  douzième  siècle, 
comme  on  le  croit  couiauuiémtMit ,  et  quil  n'est  pas 
juste  de  iaire  fond  sur  un  polit  fragment  ainsi  délaclié 
qui  ne  porte  aucun  caractère  qui  l'autorise.  Il  y  a  donc 
tout  lieu  de  croire  que  jamais  Théophile  n'a  écrit  ce 
que  lui  fait  dire  ce  canonistc,  qui  a  vécu  si  long-tenq'S 
depuis  lui ,  cl  que  cet  auteur  aura  attribué  à  ce  pa- 
triaiclie  la  décision  de  quelque  autre  qui  a  vécu  long- 
temps après  lui,  et  qui  n'a  pas  la  même  aulorilé  que  ! 
Théophile  parmi  les  écrivains  ecclésiastiques  :  car  c'est  n 
lin  fait  inconloslable,  que,  depuis  le  quatrième  siècle, 
et  même  depuis  le  troisième  jusqu'au-delà  du  sep- 
tième, il  y  a  eu  peu  ou  point  de  personnes  qui  aient  j 
douté  de  la  validité  des  ordinations  faites  par  les  hé- 
rétiques, pourvu  que  l'on  y  eût  observé  la  forme  pres- 
crite par  les  canons  et  reçue  par  l'Église.  Sur  la  fm 
du  cinquième  siècle,  par  exemple,  quelques-uns  dou- 
taient qu'Acace,  palriarciie  de  Coiislaiilinoi)Io,  contre 
lequel  le  pape  Félix  II  avait  porté  son  jugement,  eût 
pu  conférer  validement  les  sacrements.  ProloJo  à  papa 
Felice  judkio  ,  posten  hiefficaciter  in  socramenlis  ,  quœ 
Acacius  nsurpavil ,  egisset.  Mais  le  pape  Anastase  II 
leva  ce  doute,  cl  répondit  (I)  que  ceux  qui  les  avaient 
reçus  de  lui  n'avaient  pas  été  privés  de  leur  effet , 
quoique  lui  même  se  fût  rendu  indigne  par  sa  faute 
de  participer  à  la  grâce. 

Si  les  anciens  pensaient  de  la  sorte  touchant  les 
effets  de  l'ordinalion  donnée  par  les  hérétiques,  il  ne 
faut  pas  douter  qu'ils  ne  portassent  le  même  juge- 
ment de  coliis  qui  avaient  été  conférées  par  des  in-  \ 
trus,  par  ceux  qui  élaienl  entrés  par  de  mauvaises 
voies  dans  le  mini!>tèrc  ecclésiastique ,  ou  par  des 
excommuniés.  Nous  pourrions  produire  plusieurs 
exemples  sur  chacune  de  ces  espèces,  pour  faire  voir 
qu'on  ne  révoquait  pas  en  doute  ni  les  ordinations 
qu'avaient  reçues  ces  gens-là,  ni  celles  qu'ils  avaient 
faites.  Mais  nous  nous  bornerons  à  ceux-ci.  Quanti  h; 
pape  Libère  fut  relégué  par  l'empereur  Constance  po'jr 
son  attachement  à  la  foi  de  Nicée ,  la  faction  Arieimc 
lui  substitua  Félix ,  il  fut  d'abord  considéré  comme 
intrus;  mais  quand  Libère  lui-même  eut  faibli  sur  la 
loi  qu'il  avait  soutenue  jusqu'alors ,  le  peuple  et  le 
(  iiMgé  de  Rome  s'attacha  à  Félix.  Il  exerça  paisible- 
ment jusqu'au  retour  de  Libère  toutes  les  fondions  du 
jOiUificat  ;  il  lit  par  conséquent  des  ordinations,  ccpen- 
(!;inl  on  re  douta  jamais  de  leur  validité. 

Au  cinquième  siècle.  Vigile,  diacre  de  l'Église  ro- 
îiiaiiic,  avait  envahi  le  saint  Siège,  parles  voies  les 
plus  criminelles.  Il  avait  promis  à  l'impératrice  Théo- 
dora,  femme  de  Justinicn,  de  condamner  le  concile  de 
Calcédoine  si  par  son  crédit  il  parvenait  au  pontificat- 
il  éli'.il  de  pins  convenu  de  doui'.or  deux  cents  livres  * 
d'or  à  Bélisaire,  général  de  l'armée  de  l'empereur,  s'il 
le  incitait  à  la  place  de  Silvérius  qui  occupait  sainte- 
ment le  saint  Siège.  Celui-ci  lui  livra  le  pape  qu'il  [ 
relégua  dans  une  île,  après  quoi  il  s'empara  de  son 

(l)F.p.  I,cap.  8. 


RÉITÉRATION  DES  ORDRES.  88G 

Eglise.  Cependant  on  n'a  jamais  douté  de  la  validité 
de  l'ordination  de  Vigile,  ni  de  celles  qu'il  a  faites 
étant  devenu  pape,  cela  même  n'a  pas  été  mis  en 
(picslion,  tant  la  doctrine  établie  et  mise  dans  un  si 
giand  jour  dans  les  siècles  précédents  était  reçue  una- 
nimement partout. 

Enfin  S.  Athanase,  S.  Chrysostôme ,  S.  Cyrille , 
Théodoret,  Jean  d'Antiochc  ,  ont  été  déposés  par  des 
évêqiies  ou  factieux  ou  prévenus  mal  à  ftropos  contre 
eux.  La  plupart  d'entre  eux,  nonobstant  la  sentence 
qu'on  avait  prononcée  contre  eux  ,  n'ont  pas  laissé 
de  faire  des  ordinations  et  de  continuer  de  gouverner  les 
églises  qui  leur  étaient  confiées.  On  n'a  jamais  douté 
néanmoins  que  ceux  qu'ils  avaient  ordonnés  ne  le 
fussent  validement,  et  ceux  même  qui  leur  avaient 
procuré  ces  mauvais  traitements  n'ont  point  jiensé  à 
ordonner  leurs  clercs  de  nouveau  ,  soit  pendant  que 
les  différends  duraient  encore ,  soit  lorsqu'il  s'est  fait 
quelquefois  des  réconciliations  et  des  accommode- 
ments, comme  entre  Cyrille  d'Alexandrie,  Jean  d'An- 
tioche  et  Théodoret.  Tout  cela  sans  doute  joint  à  ce 
que  nous  avons  dit  dans  l'histoire  de  la  Pénitence 
touchant  la  manière  de  recevoir  les  hérétiques  dans 
l'Église,  tout  cela,  dis-je,  prouve  incontestablement, 
que  les  ordinations  faites  par  des  évêques  qui  avaient 
été  consacrés  suivant  la  l'orme  ordinaire  ont  été  re- 
gardées comme  valides,  pourvu  que  dans  leur  consé- 
cration on  n'eût  rien  omis  d'essentiel. 

Cependant  cette  doctrine  s'obscurcit  dans  le  hui- 
tième siècle.  Soit  ignorance ,  soit  passion ,  il  se  ré- 
pandit des  ténèbres  sur  des  principes  que  l'on  ne 
contestait  pas  auparavant  ;  on  commença  à  douter 
de  la  validité  des  ordinations  faites  par  des  intrus,  pjr 
des  excommuniés,  et  par  ceux  dont  l'ordination  n'a- 
vait point  été  canoni(jue,  quoiqu'on  y  eût  observé  les 
rits  essentiels.  En  767  un  nommé  Constantin  se  mit 
par  violence  en  possession  du  saint  Siège,  et  reçut  la 
consécration  dans  l'église  de  Saint-Pierre  de  la  main 
de  Georges,  évêque  de  Préneste,  assisté  de  deux  autres 
évêques.  11  tint  le  saint  Siège  un  an  ou  environ.  Les 
Romains,  à  la  sollicitation  d'un  certain  Christophe , 
secouèrent  enfin  le  joug,  ils  élurent  Etienne  qu'ils 
mirent  dans  le  siège  de  saint  Pierre  à  la  place  de  l'in- 
trus. Pour  affermir  ce  pape  dans  sa  dignité,  ils  députè- 
rent en  France Scrgius,  fils  do  Christophe  ,  dont  nous 
avons  parlé,  vers  le  roi  Pépin  dont  il  apprit  la  mort  à 
son  arrivée.  Scrgius  ne  laissa  pas  de  conlinuer  son 
voyage,  et  vint  trouver  les  rois  Charles  et  Carloman 
qui  venaient  de  succéder  à  leur  père.  Ces  princes 
l'écoutèrent  favorablement,  et  envoyèrent  avec  lui  à 
Rome  douze  évêques  de  France,  dont  sept  étaient 
métropolitains.  Le  pape  Etienne  y  tint  un  concile  avec 
ces  prélats  et  ceux  qu'il  avait  convoqués  de  la  Toscane 
et  de  la  Campanie.  On  y  jugea  la  cause  de  Constantin, 
qui  comparut  et  qui,  s'étant  défendu  de  son  mieux,  fut 
chargé  de  coups  en  présence  des  évêques  et  chasse 
de  l'église  où  se  tenait  l'assemblée.  On  statua  sur  les 
ordinations  faites  par  Constaniin ,  et  le  décret  lut 


387 


HISTOIRK  DES  SACUEMENTS. 


S^ 


conçu  en  ces  termes  (1)  :  Premièrement  nous  ordon- 
nom  que  les  évêques  qiCil  a  consacres,  s'ils  étaient  aupa- 
ravant prêtres  ou  diacres ,  retournent  au  même  rang  ;  et 
qu'ensuite ,  après  avoir  fait  à  l'ordinaire  un  décret  pour 
leur  élection,  ils  viennent  au  saint  Siège,  et  reçoivent  du 
pape  la  consécration,  comme  s'ils  n'avaient  point  été  or- 
donnés évêques  {et  consecralionem  à  nostro  apostolico 
suscipiant,  ac  si  priiis  fuissent  minime  ordinali)  ;  quant 
aux  prêtres  et  aux  diacres  qu'il  a  ordonnes  dans  l'Eglise 
romaine ,  ils  retourneront  à  l'ordre  de  sous-diacres,  ou 
tels  qu'ils  exerçaient  auparavant  :  et  il  sera  en  votre  pou- 
voir {ih  pailenlau  pape)  de  les  ordonner,  ou  d'en  tiser 
comme  il  vous  plaira.  Pour  les  laïques  qu'il  a  tonsures 
et  ordonnés,  ils  ser-ont  enfermés  dans  un  monastère ,  ou 
mèneront  une  vie  pénitente  dans  leurs  maisons. 

Ce  (lécrel,  dit  M.  Fleuri  (2),  lui  oxécnlé  :  les  évê- 
ques ordonnés  por  Cunslanlin  retournèrenl  chez  eux, 
furent  élus  de  nouveau  et  revinrent  à  Rome,  où  le 
pape  Klienne  les  consacra  ;  mais  pour  les  prêtres  et 
les  diacres  de  TÉglise  romaine,  il  ne  voulut  point  les 
ordonner  de  nouveau ,  et  ils  demeurèrent  le  reste  de 
leur  vie  ce  qu'ils  étaient  auparavant.  Quelques  théo- 
logiens, ajoute  cet  historien,  prétendent  «pie  la  nou- 
velle consécration  de  ceux  qui  avaient  été  ordomiés 
par  Constantin  n'étiiit  pas  une  véritihle  ordination, 
mais  une  simple  cérémonie  de  réhabilitation  pour  leur 
rendre  l'exercice  de  leurs  (onctions. 

11  ne  me  conxient  pas  d'cntrerdans  cette  discussion; 
ce  qui  est  vrai ,  c'est  que  ces  manières  de  s'exprimer 
étaient  très-propres  à  répandre  de  l'obscurité  sur  celte 
nialière, et  (juaid  même  ceux  qui  composaienlceconcile 
auraieiil  cru  devoir  faire  réitérer  ces  ordinations,  il  ne 
s'ensuivrait  pas  qu'on  dûl  imputera  TEglise  la  faute 
qu'ils  auraient  l'aile  en  cela.  Ne  pourrait  on  p  is  ré- 
pondre à  ceux  qui  tirent  de  ce  fait  des  conséquences 
coulre  la  doctrine  conslante  de  l'Eglise  touchant  la 
validité  de  ces  ordinations  el  la  défense  de  les  réitérer, 
ce  que  M.  Tournely  dit  (5)  à  ceux  qui  inféraient  la 
même  chose  de  la  procédure  barbare  el  cruelle  d'É- 
lienne  Vil  contre  le  pape  Formose  ,  dont  il  ordonna 
de  nouveau  ceux  que  ce  pontife  avait  consacrés,  que 
les  personnes  sages  et  instruites  des  règles  de  l'Eglise 
désapprouvèrent  celle  conduite,  el  la  regardèrent 
comme  un  attentat  contre  la  discipline  ecclésiaslifjue. 
Car,  dit-il,  excepté  Etienne  el  ses  adhérents,  tous  les 
autres  tenaient  pour  valides  les  ordinations  faites  par 
Formose,  en  supposant  même  qu'il  était  coupable  des 
crimes  dont  on  l'accusait  faussement. 

C"esl,  coniinuc-i-il ,  ce  que  témoigne  Sigebert  sur 
l'an  900,  en  disant  qu'un  grand  nombre  de  personnes 
les  jugeaient  valides,  quel  qu'ait  été  Formose,  surtout 
ayant  été  absous  de  son  parjure  par  le  pape  Martin. 
Luiiprand  (4)  blâme  aussi  Etienne  d'avoir  réiléré  ces 
ordinations,  eiAuxiliusa  fait  un  ouvrage  exprès  pour 
les  défendre ,  quand  même  la  promotion  de  Formose 

(1)  Tom.  6  Concp.  1725. 

(2)  Hist.  Eccles.,  t.  9,  p.  459. 

(3)  De  Ordiiie,  p.  297  et  seq. 
(l)l-l>c.8. 


aurait  été  aussi  irrégulière  que  le  prétendaient  ses  en- 
nemis. 11  témoigne  qu'il  veut  demeurer  dans  l'ordre 
qu'il  a  reçu  de  ce  pontife,  et  il  raconte  que  Léon, 
évêque  de  Noie,  étant  sollicité  par  plusieurs  persormes 
de  se  faire  consacrer  de  nouveau  ,  parce  qu'il  l'avait 
été  par  Formose  ,  avait  consulté  sur  cela  les  éxêipies 
des  Gaules  et  plusieurs  autres,  qui  lui  avaient  con- 
seillé de  n'en  rien  faire.  C'est  dans  cet  ouvrage  qn'Au- 
xilius  reconnaît  que  les  ordinaiions  faites  par  Constan- 
tin avaient  été  réitérées. 

Le  pape  Jean  IX,  dans  un  concile  de  Ravenne  et 
dans  un  autre  de  Rome  de  Tan  904,  composé  de  74 
évêques,  condamna  et  cassa  tout  ce  (piiavait  élé  fait  par 
Étirime  Vil,  dans  le  synode  de  Rome  contre  Formose 
el  contre  les  ordinaiions  qu'il  avait  faites.  Il  fit  brûler 
les  actes  de  ce  synode,  et  confirma  les  ordinations  de 
son  prédécesseur.  Il  est  vrai  que  depuis  le  papeSer- 
giusrévo(|ua  ce  qui  avait  élé  statué  par  Jean  IX,  elqu'il 
soutint  ce  qu'avait  fait  Etienne  VU  contre  Formose. 
Mais  que  prouvent  toutes  ces  variations?  sinon  que 
quand  on  se  laisse  conduire  au  gré  de  ses  passions  on 
ne  peut  que  tond)er  dans  des  f;iutes  considérables. 
C'est  ainsi  que  M.  Tournoly  défend  la  doctrine  de 
l'Eglise  contre  la  réitération  des  ordinaiions,  el  (ont 
cela  se  réduit  à  dire  qu'il  n'est  point  juste  de  tirer  à 
conséquence  des  faits  particuliers  qui  ne  sont  point 
avoués  de  l'Eglise  ,  et  auxquels  une  passion  aveugle 
jointe  à  l'ignorance  des  dogmes  cl  de  la  discipline 
ecclésiastique  a  pu  donner  lieu. 

On  trouve  les  écrits  d'Anxiliiis  pour  la  défense  des 
ordinations  de  Formose  dans  le  livre  des  Oïdinations 
du  P.  Morin  qui  les  a  fait  im|)rimer. 

M  Fleuri  en  adnnné  un  extrait dansle  onzième fome 
desoiiLlisloireecclésiiisti(|ue,  ils  niérilenl(rèlrelus(l). 
On  peut  les  regarder  comme  un  monument  piécieux 
(le  ce  temps-là,  et  connue  une  preuve  que  la  con- 
duite irrégulière  que  l'on  tint  alors  au  sujet  des  ordi- 
naiions ne  donne  aucune  atteinte  à  la  doctrine  de 
l'Église  sur  ce  sujet. 

On  peut  expliipicr  plus  favorablement  ce  qui  s'est 
passé  dans  raflaircd'Ei)bon  de  Reims,  et  dans  celle  de 
Pholius,  dont  je  n'entreprendrai  pasde  parler,  ici  parce 
que  tous  les  théologiens  modernes  les  ont  traitées, 
et  que  ce  sont,  s'il  m'est  permis  de  m'exprimer  ainsi, 
des  maiières  reballues.  Je  remarquerai  S(!nlcmeni  que 
ce  qui  peut  f.iire  quelque  peine  dans  la  première  c^t 
(jne  le  con<;ile  de  Soissons,  où  l'on  agita  la  question  de 
la  déposition  d'Ebbon  el  des  ordinaiions  qu'il  avait 
faites,  décide  dans  la  cinquième  session  ,  que  tout  ce 
que  cet  évêque  avait  Hiil  depuis  sa  déposition ,  ex- 
ceplé  l'administration  du  Baptême ,  était  nul ,  et  que 
ceux  qu'il  avait  ordonnés,  quelque  part  qu'ils  fussent, 
étaient  privés  à  jamais  des  fonctions  de  leurs  ordres. 
Dans  la  sixième  session  il  fut  décidé  de  plus  (prilal- 
duin  de  Ilautvilliers  ijui  avait  élé  ordonné  diacre  par 
Ebbon,  et  urètre  par  Loup,  évê(iue  de  Chàlons,  qui 
remplissait  les  fonctions  de  l'arclievêquc  de  Reims 

(1)  Depuis  la  page  642  jusqu'à  lu  64&. 


8gg  ORDRE.  -  PART.  11.  CHAP.  V 

depuis  son  expulsion  ,  devait  èlre  déposé  pour  avoir 
été  oidoiiiié  prùlrc  par  siiiprise,  et  sans  èiue  diacki;. 
Per  sallum.  j 

Ces  expressions  sont  dures,  comme  vous  voyez,  cl  ' 
propres  à  faire  naître  des  doutes  sur  la  validité 
des  ordiiialioiis  laites  contre  l'ordre  des  canons  : 
nuis  il  est  à  croire  qu'elles  avaiiMit  été  suggérées  |)ar 
Ilincniar,  l'implacable  ennennd'Ebbon,  et  de  ci-nx  <|iii 
l4ii  avaient  été  attachés  :  car  il  était  Tàme  de  ce  con- 
cile de  Soissons.  C'est  ponnpioi  le  pape  !Sic<das  I, 
ayant  examiné  les  actes  de  ce  synode,  rétablit  les 
clercs  que  l'on  y  avait  déposés,  et  lit  une  sévère  répri- 
mande à  Hincmar  (l)  de  ce  qu'il  avait  usé  d'artilices, 
et  de  fraudes,  en  tronquant  les  lettres  de  Benoit  son 
prédécesseur.  Adrien ,  successeur  de  Nictdas  dans  le 
S.  Siège,  porta  le  même  jugement,  et  accorda  le  Pal- 
lium  à  Wlfade,  ini  desdercsordonnés  par  E!»l)  >n,  (jui 
avait  été  élu  arclievèque  de  Bourges,  et  (pii  lut  con- 
sacré sans  avoir  reçu  de  nouveau  les  ordres  qui  lui 
avaient  été  conférés  par  cet  archevêque  déposé. 

Cependant  le  pajie  Nicolas,  W.  même  dont  nous  ve- 
nons de  parler  ,  cl  depuis  lui  Formose,  se  sont  servis 
d'expressions ,  qui  ne  sont  guère  moins  fortes,  en  par- 
lant des  ordinations  f.iiles  par  Photius.  Le  premier 
étant  iuterrogi-  par  Ignace,  patriarche  de  Con^tanti- 
nople ,  toucliant  ce  qu'il  fallait  faire  des  clercs  qui 
s'étaicit  attachés  à  cet  intrus  ;  après  les  avoii- dis- 
tingués en  difiérenles  classes ,  dit  de  ceux  qui  avaient 
reçu  de  lui  l'ordination  qu'il  n'a  pu  leur  faire  part 
que  de  la  condamnation  qu'il  méiitait ,  que  n'ayant 
rien  il  n'a  pu  rien  donner  aux  antres.  Milii!  Itabuil, 
niliil  (ledit ,  uisi  forte  damnutionem  liubuil  ciiifim  se  se- 
(juenlibus  prophiaveril ,  etc.  Forujose  dans  sa 
lettre  à  Slylien  se  sert  à  peu  près  des  mêmes  termes 
en  parlant  de  Photius. 

Je  sais  que  l'on  peut  interpréter  favorablement  ces 
expressions  ;  mais  encore  une  fois ,  elles  n'étaient 
pas  propres  à  éclaircir  une  question  qui  commençait 
à  s'obscurcir.  En  effet  vers  l.i  fin  du  onzième  siècle 
et  au  commencement  du  douzième  ,  l'on  vit  les  es- 
prits tlottant  sur  le  parti  qu'il  y  avjsit  à  prendre  sur 
ce  point.  Messieurs  Witasse  elTournely,  qui  ont  traité 
cette  matière  avec  toute  l'érudition  que  l'on  peut  dé- 
sirer, en  conviennent  après  le  P.  Morin.  Voici  comme 
en  parle  M.  Tournely  :  Je  réponds  que  dans  ce  temps 
(lucliiues-uns  doutaient  de  la  validité  des  ordinations 
données  par  les  sinioniaqiies;  en  sorte  qu'il  i  est  trouvé 
des  évéques  qui  ont  réitéré  ces  ordinations,  comme  te 
témoigne  Pierre  Damien  dans  la  préface  d'un  de  ses 
ouvrages. 

Pii-rre  Damien  fit  cet  ouvrage  pour  empêcher  ces 
réordinations  auxquelles  quelques-uns  se  portaient, 
poussés  par  le  désir  qu'ils  avaient  d'extirper  la  simo- 
nie ,  qui  dans  ce  temps-là  faisait  de  grands  ravages 
dans  l'Eglise.  Aussi  le  livre  de  Pierre  Damien  fut- il 
très-bien  reçu,  et  nommé  pour  ce  sujet,  Cratissimus. 
11  nous  y  dépeint  l'embarras  dans  lequel  se  trouvaient 

(1)  Epislol.  ad  episc.  conc.  Suess.  III,  et  ad  Ilinc- 
niar., t.  8  Conc,  p.  843. 


KÉITÉ RATION  DES  ORDRES.  890 

alors  les  personnes  pieuses  touchant  celle  question.  A 
l'ég.ird  de  ceux  qui  ont  été  consacrés  par  des  simo)iia- 
ques,  vous  savez,  dil-il.  combien  on  en  a  disputé  pendant 
trois  ans  dans  t>ois  conciles  de  Home  ;  dans  quelle  per- 
plexité et  quel  doute  on  s'est  trouvé  ,  et  on  uijitE  encore 
tous  les  jours  en  ces   (ptnrtiers-là   cette  queslio)i  :  siir- 
tout  rincerlilude  élttnl    telle  que  quelques  évéques    ont 
été  jnsqnau  point  de  consncrer  de  nouveau  les  clercs  (péils 
avaient  ordonnés.  Il  :ijonl<'  (pie  Léon  l\  dans  le  der- 
nier concile  de  l'iome  a\ail  inié-  an  nom  de  Dieu  lous 
les  évê(pies  d'implorer  la  miM-ricorde  de  Dieu,  afin 
((u'il  il. lignai  révéler  aux  esprits  chaiicelanls  di;  quelle 
manière  il  fallait  se  conduire  dans  une  alfaire  si  em- 
birrassanle.  Ces!  ainsi  (pu;  parle  Pierre  Daiiden  dans 
la  piélace  de  son  livre.  Dans  un  autre  ouvrage  (I)  il 
nous  représente  de   nouveau    riiicertitiide   dans  la- 
(pielle  se  trouvait  là-dcssus  le  pa(>e  Li'on  IX,  dont  il 
dit  (pie  d'abord  il  tint  pour  nulles  les  ordinations  des 
simonia(pjes,  el  qu'il  les  réitéra.  Id  et  jam  nos  prœter- 
iit  qn'od  noslrœ  memoriœ  Léo  IX ,  pontifex  plerosque 
siinoniacos  ,  et  malè  promotos  ,    tanquùm  noviter  ordi- 
navit.  Dans  le  corps  du  livre  dont  nous  avons  cité  la 
j  préface,  il  assure  que  ce  même  pape  par  l'aulorilé 
I  de  son  synode  (cap.  23)  avait  cassé  toutes  les  ordi- 
nations des  simoniaques;    niats  qu'ensuite  ayant  senti 
I  lous  les  inconvénients  (lu'enlraînait  ce  décret,  il  y  avait 
apporté  le  Icmpcrament    qu'on  lui    avait  suggéré , 
conformément  à  ce  qu'avait  fait  Clément  II,  en  décla- 
r.int  nulles   non  toutes  les  ordinations  faites  par  les 
simoniaipies  ,  mais  celles-là  seulement  qui  se  seraient 
faites  pom-  de  l'argent,  soumettant  à  une  pénitence 
de  (piarante  jours  ceux   qui  n'auraient  fail   aucune 
convention  siinoniaqne,  quoique  l'évèrpie  ordinateur 
fût  coupable  lui  même  de  crime  de  simonie. 

Ces  variations  du  pape  Léon  IX,  comparées  à  ce 
que  dit  Pierre  Damien  dans  la  préface  du  livre  Gra- 
tissimus,  font  assez  voir  qu'il  ne  s'agissait  pas  seule- 
ment, dans  les  différents  décrets  qu'il  lit  contre  les 
ordinations  simoniaques,  de  déposition  ou  d'inteidit 
contre  ceux  (pii  élaienl  plus  coupables,  non  plu'»  ipie 
de  réhabilitation,  quand  on  les  admettait  dans  le 
clergé;  mais  rpi'il  était  (piestion  de  les  ordoinier  de 
nouveau  (pian;!  on  voulait  leur  faire  grâce.  El  c'est 
tr.p  sniililiscr  de  chercher  un  aulie  sens  d.ms  ce  (jin; 
dit  S.  Pierre  Damien.  Car  enliii  si  qiiehpies-uns  n'-i- 
téraienl  les  ordinations  en  ce  temps-là  ,  si  l'on  dis- 
putait sur  ce  point,  si  le  pape  dans  l'incertitude  du 
parti  qu'il  y  avait  à  prendre ,  \oiilait  (pi"on  deman- 
dât à  Dieu  (ju'il  fit  (onnaitre  par  révélation  ce  qu'il 
fallait  fair;;  n'y  a-t-il  pas  tout  lieu  de  croire  que  le 
pape, dansées  circonstances,  cnordomiant  comme  de 
nouveau, /«HC/)JH)H  noviter  orr/i//«i'//,  suivait  le  sentiment 
de  ceux  qui  étaient  pour  la  réordination.  Au  reste  je 
dis  sinipli  nient  ici  mon  sentiment,  sans  prétendre  pré- 
judiciel' à  ce'lni  des  autres ,  (pii  ont  |)eul-ètre  plus  de 
pénétration  que  moi ,  pour  découvrir  un  autre  sens 
dans  les  paroles  et  les  faits  qu'on  vient  de  rapporter. 
Je  n'entrevois  pas  non  plus  d'autre  sens  dans  ce  que 
(DOpu-c.  a,  circa  mediuni. 


S9< 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


892 


dit  le  pape  Urbain  II ,  dans  une  de  ses  loUrcs  rap-  fi  un  principe  avoué ,  après  le  97*  canon ,  qu'un  évoque 


portée  par  GratieM(l).  11  y  rend  raison  à  Pierre,  évè-  ; 
que  de  Pistoye,  et  à  Rustique,  abbé  de  Vallonibreuse, 
de  ce  qu'il  avait  fait  à  l'égard  de  Daibert ,  qui  avait 
été  ordonné  diacre  par  Nézelon  ouGuézelon,  inlrus 
dans  le  siège  de  Mayence.  Nous  avotis  appris  de  lui 
(Daibert)  par  sa  propre  confession  qu'il  avait  été  or- 
donné diacre  par  ce  sinwniaqne ,  quoique  sans  aucun 
pacte  qui  se  sentit  de  la  simonie  ,  et  suivant  la  déclara- 
tion du  B.  pape  Innocent,  il  est  constant  que  Sézelon 
qui  a  été  ordonné  par  des  hérétiques  ,  u\iijant  rien  ,  n'a 
pu  rien  donner  à  celui  ù  qui  il  a  imposé  les  mains.  Etant 
donc  appuyé  sur  l'autorité  d'un  tel  pontife ,  et  affermi 
pur  le  témoignage  du  pape  Dumase ,  qui  dit  qu'il  faut  I 
réitérer  ce  qui  a  été  mal  fait ,  nous  avons  établi  de  non-   | 
veau  diacre  Daibert  quf  a  abandonné  les  hérétique,  de  1 
corps  et  ([""esprit ,  et  qui  travaille  de  son  mieux  pour  le  "i 
bien  de  l'Eglise.    {Daibcrlum....  ex  integro  diaconum  | 
constituimus.  )  Ce  que  nous  ne  coiisidic:<s  pas  comme  i 
une  réitération,  mais  comme  une  ordination  {sed  tantiim  î 
inlegram  diaconii  dutionem)  ;  parce  que,  comme  nous  i 
avons  dit,  celui  qui  n'avait  rien  n'a  pu  rien  donner.  i| 

Celte  difl'érence  de  conduite  et  de  sentiment  ton-  | 
cliant  la  validité  des  ordinations  faites  par  ceux  doiu  | 
nous  avons  parlé  produisit  aussi  diversité  d'opinions 
sur  cette  matière  parmi  les  docteurs  scolastiques,  qui 
commencèrent  à  paraître  dans  le  douzième  siècle. 
Pierre  Lombard,  l'un  des  principaux  d'entre  eux, 
ayant  à  traiter  cette  question,  déclare  d'abord  (dist. 
25)  que  les  textes  des  docteurs  qui  seml)lent  se  con- 
trarier les  uns  les  autres ,  la  rendent  embarrassante 
et  difficile  à  résoudre.  Il  rapporte  ensuite  quatre  dif- 
férentes opinions  là-dessus;  mais  il  n'en  embrasse 
aucune,  et  laisse  la  question  indécise.  Préposilivus, 
théologien  fameux  dans  son  temps  ,  nous  apprend  (2) 
qu'alors  les  sentiments  étaient  partagés  ;  que  les  uns 
croyaient  qu'un  homme  retranché  de  l'Église  pouvait 
validement  administrer  le  sacrement  d'Ordre  s'il  i 
l'avait  reçu  lui-même  dans  l'Église ,  ou  d'un  évèque 
qui  eût  été  ordoimé  dans  l'Église,  mais  non  pas  au- 
trement. Qu'en  ce  cas  il  avait  à  la  vérité  le  pouvoir  de 
consacrer  l'Eucharistie',  mais  non  pas  de  conlérer  ce 
pouvoir  à  d'autres  :  et  d'autres,  au  contraire,  soute- 
naient qu'en  généial  toute  ordination  faite  suivant  la 
forme  de  l'Église  était  valide,  par  (|uel(iueévè(|ue  qu'elle 
fût  faite.  Ce  qui  est  le  sentiment  aujourd'hui  suivi  par 
toute  l'Église,  pour  lequel  ce  théologien  se  déclare. 

Le  célèbre  Gratien  pensait  bien  différemment,  car 
après  avoir  traité  celle  quesîion  a\ec  beaucoup  d'é- 
tendue, il  conclut  après  le  45^  canon  (ju'il  cite  sur  ce 
sujet  (1  p.,  q.  1)  :  //  est  donc  clair  que  le  sentiment  de 
S.  Augustin,  suivant  lequel  les  sacrements  administrés 
par  les  hérétiques  sortissent  leur  effet ,  ne  doit  pas  s'en- 
tendre de  tous  les  sacrements  en  général ,  mais  de  celui 
du  Baptême.  Il  dit  aussi  après  le  li'  canon  :  On  voit 
par  là  que  les  sacrements  de  l'Eglise  ne  peuvent  être 
administrés  par  les  hérétiques.  11  soutient  aussi  comme 

(1)  Decrel.,p.  G09. 

(2)  Summ.  MSS.  fol.  5G,  p.  2. 


dégradé  peut  bapiiser ,  mais  non  pas  donner  les  or- 
dres, et  il  lâche  de  concilier  les  paroles  de  S.  i  Au- 
gustin avec  son  scnlimciit. 

Le  canhnal  Robert  Pullus  qui  a  expliqué  cette  ma- 
tière avec  beaucoup  de  netlelé  (1)  a  établi  le  senti- 
ment orthodoxe  qui  est  à  présent  suivi  unanimement 
dans  toute  l'Église ,  et  dejjuis  lui  le  senlimenl  con- 
traire a  beaucoup  perdu  de  son  crédit.  Mais  cela  ne 
s'est  pas  fait  tout  d'un  coup,  puiscpie  Robert  de  Fla- 
niesbourg  qu\  écrivait  vers  l'an  1200,  et  qui  pensait 
sur  le  sujet  de  la  réitération  des  ordinations  comme 
Pullus,  témoigne  que  le  pape  Lucius  lit  ordonner  de 
nouveau  ceux  qui  l'avaient  éié  par  des  évê(iues  qui 
avaient  reçu  la  dernière  iuiposUion  des  mains  dans 
l'Église  ;  et  ce  qui  est  élomiant,  dit-il ,  c'est  que  les 
cardinaux  y  consentirent.  Mais  peut-être,  ajoute-t-il 
tout  de  suite,  suivaient -ils  la  première  opiiiion  qui  est 
fausse ,  ou  bien  ils  l'ont  fait  en  haine  du  schisme.  Si 
ce  que  rapporte  Robert  de  Flamesbourg  du  pape  Lu- 
cius, est  véritable,  il  faut  que  la  chose  soit  arrivée  en 
l'année  1184  ou  la  suivante  ,  pendant  laquelle  mou- 
rut ce  pape.  Et  cela  a  rapport  à  ce  que  nous  apprend 
.Albert  Kantzius  dans  son  Histoire  de  Saxe  (2),  lou- 
ciianl  les  instances  que  lui  fit  l'empereur  Frédéric, 
dans  une  entrevue  qu'ils  eurent  ensemble  à  Vérone  , 
pour  recevoir  en  grâce  ceux  qui  avaient  suivi  le  parti 
I  de  l'anli-papc.  A  quoi  le  Pape  résista  d'abord  ;  mais 
s'il  faut  en  croire  notre  auteur,  il  se  rendit  ensuite  aux 
prières  de  ce  prince. 

Guillaume  de  Paris  ,  docteur  célèbre  d'ailleurs  , 
embrasse  sur  ce  point  un  sentiment  des  plus  singu- 
liers (5)  :  il  enseigne  que  le  caractère  qui  est  attaché 
au  sacrement  de  l'Oidre ,  peut  être  effacé  par  la  dé- 
gradation et  par  la  déposition  :  d'où  il  inlère  qu'il 
faut  les  ordonner  de  nouveau  quand  on  veut  les  réta- 
blir dans  l'exercice  de  leurs  ordres,  afin  de  leur  ren- 
d,re  par  celle  réordination  la  grâce  et  le  caractère  dont 
ils  avaient  été  dépouillés  ;  mais  quant  aux  autres  hé- 
rétiques (4) ,  aux  apostats  et  aux  exconunuuiés ,  il 
consent  qu'on  les  réconcilie  par  une  simple  absolu- 
tion. Cette  opinion  de  Guillaume  de  Paris  n'a  pas  fait 
fortune  dans  les  écoles  catholiques  ,  car  nous  voyons 
que  de  son  temps  même  et  un  peu  après  lui  ceux  qui 
en  étaient  les  plus  brillanles  lumières,  comme  Ale- 
xandre de  Halés,  S.  Bonaventure,  S.  Thomas  et  Scol, 
s'attachèrent  au  sentiment  du  cardinal  Robert  Pullus, 
qui  a  depuis  tellement  prévalu  ,  que  l'on  ne  voit  de- 
puis ce  temps  aucun  théologien  de  qucl(|ue  réputation 
s'en  être  écarté. 

C'est  ainsi  que  la  vérité ,  après  avoir  souffert  quel 
ques  obscurcissements  ,  que  la  prévention  ,  les  pas- 
sions et  la  chaleur  des  disputes  avaient  causés,  a  en- 
fin recouvré  tout  son  éclat.  Cependant  on  peut  dire 
que  ceux  qui  durant  ce   temps  ont  pensé  difiéreni- 

(1)  Sulnm.  theol  ,  p.  7,  c.  11. 

(2)  Lih.  (5,  cap.  Al. 

(5)  i:\\).  7  de  sacr.Oidin. 

(i)  \id.  Morin.  de  Ordinal.,  exerc.  rJ,  cap.  l. 


893  ORDRE.  —  PART.  H.  CIlAl». 

nient,  el  ont  agi  en  conséquence ,  sont  en  qnelquc 
manière  excusables,  la  vcrilc  à  la(iaclle  ils  étaient  op- 
posés, ou  au  sujet  de  laijuelle  ils  élaienl  eliancclanls, 
étant  rentrée  dans  le  même  élal  d'obscurilé  où  elle 
était  du  temps  de  S.  Cyprien  ,  que  son  opposition  au 
vrai  sciilinjontde  l'Église,  toiicliaiit  la  réiléralion  du 
Bapléinc  et  dos  ordinations  ,  n'a  pas  empêché  d'être 
toujours  considéré  depuis  comme  un  des  plus  grands 
ornemenls  de  cette  même  Église.  On  peut  donc  ap- 
pliipier  à  ceux  qui  depuis  n'ont  pas  pensé  juste  sur  le 
caractère  ineffaçable  imprimé  par  l'ordinaiion  ce  que 
S.  Augustin  a  dit  avec  tant  de  lumière  cl  de  sagesse 
pour  excuser  S.  Cyprien  ;  surtout  quand  ils  ont  agi 
avec  autant  de  droiture  el  de  bonne  foi  dans  celle  af- 
faire, que  le  saint  pape  Léon  IX,  qui  ne  cherchait  en 
tout  que  la  vérité,  le  bien  do  l'Église,  et  la  réforma- 
lion  les  abus  dont  tous  les  gens  de  bien  gémissaient 
de  son  temps- 

Voilà  comme  je  répondrais  à  plusieurs  des  objec- 
tions que  l'on  a  coutume  de  proposer  dans  les  écoles 
de  théologie  contre  lindélébililé  du  caractère  de  l'Or- 
dre, si  j'avais  à  traiter  celle  matière  Ihéulogiqucmcnt. 
Cependant  je  vois  la  plupart  prendre  des  roules  dif- 
férentes pour  résoudre  ce  nœud  gordien.  Les  uns  en- 
treprennent de  montrer  que  ceux  qui  paraissent  avoir 
cru  devoir  réitérer  Les  ordinations  faites  par  ceux 
dont  on  a  parlé  ,  n'ont  effectivement  jamais  élé  de  ce 
sentiment  ;  el  en  prenant  ce  parti ,  ils  sont  souvent 
obligés  de  faire  violence  aux  textes  des  auteurs  pour 
leur  faire  dire  ce  qu'ils  prétendent.  Les  auties,  au 
contraire,  avouant  francbcmeiil  que  plusieurs  de  ceux 
dont  nous  avons  allégué  les  paroles  étaient  dans  la 
pensée  que  les  ordinations  faites  par  des  exconinui- 
niés,  des  intrus,  des  simoniaques,  etc.,  étaient  abso- 
lument nulles  et  privées  de  (oui  effet,  cherchent  d'au- 
Ires  solutions  pour  sortir  de  ce  labyrinllie. 

Le  P.  .Morin,  qui  croit  qu'effectivement  la  plupart 
de  ceux  dont  nous  avons  fail  mention  dans  ce  chapi- 
tre avaient  considéré  comme  absolument  nulles  ces 
ordinations  ,  dit,  pour  se  tirer  d'affiiire  ,  que  l'on  doit 
penser  des  ordinations  comme  du  mariage  et  de  l'ab- 
solution des  péchés,  et  que,  comme  l'Église  a  le  pou- 
voir d'apposer  aux  contrais  matrimoniaux  certaines 
conditions  dont  l'inobservation  rend  les  mariages  nuls, 
comme  par  exemple,  qu'ils  se  célèbrent  en  présence 
du  propre  pasleur,  en  présence  d'un  piètre  qui  ne  soit 
ni  dégradé  ni  déposé,  etc.,  elle  peut  de  même  en  pres- 
crire pour  les  ordinations  ,  dont  le  défaut  les  rendra 
invalides,  et  peut  aussi  ùter  celles  (pi'olle  aura  prescri- 
tes autrefois;  d'où  il  s'ensuivra  que  des  ordinations 
auront  pu  être  valides  dans  un  temps,  qui  dans  un  aulre 
n'auront  aucun  effet.  Si  cette  manière  de  concilier  les 
auteurs  ecclésiastiques  les  uns  avec  les  auti-es  était 
aussi  solide  qu'elle  est  ingénieuse  ,  on  ne  peut  nier 
qu'elle  ne  lût  très-propre  à  lever  toutes  les  diflicullés; 
mais  j'ai  peine  à  croire  que  l'on  doive  admettre  la 
comparaison  entre  le  mariage  cl  les  ordinations,  aussi 
bien  que  celle  que  l'on  fail  de  ces  nièmcs  ordinations 
avec  l'absolution,  en  disant  que,  comme  un  prêtre  Jic 


VU.  POUVOfU  DES  EVEQUES.  894 

peut  absoudre  tous  ceux  (jui  se  présentent  à  lui,  quoi- 
(pi'il  soit  approuvé  pour  certaines  personnes,  de  niêinc 
aussi  un  évêque  ne  peut  ordomier  validemcnl  toutes  sor- 
tes de  gens,  mais  eeux-l;i  seulement  qui  sont  soumis  à 
sa  juridiction  ,  non  par  le  défaut  de  puissance ,  mais 
par  celui  de  la  juridiction  que  l'on  peut  restreindre  ou 
I  étendre  dans  un  jirêtre  poin-  l'absolution,  comme  dans 
j  un  é\êque  pour  rordinalinn. 

j      C'est  aux  théologiens  à  l'aire  sentir  le  faible  de  te 
I  raisonnement;  il  nous  suflit  de  l'avoir  rapporté  histo- 
riquement ;  mais  nous  ne  pouvons  nous  dispenser  do 
i  condamner  certains  canonisles  qui  viennent  à  l'appui 
j  de  celte  solution,  eu  disant  que  les  Ordres  sacrés  ne 
j  sont  que  de  simples  dépiilations  extérieures,  en  sorte 
i  que  le  pape  peut  ordonner  quelqu'un  prêtre  ou  diacre, 
j  Cn  lui  disant  seulement ,  soyez  prêtre ,  soyez  diacre 
\  (esta  saccrdos ,  csio  diaconus).   Un   tel  sentiment  est 
diamétralement  opposé  à  toute  la  tradition  de  l'Église, 
;  qui,  depuis  les  Apôtres  jusqu'à  pré.-«nt ,  a  consacré 
i  ses  ministres  avec  corlains  rits  el  certaines  béné  • 
i  dictions,  en  vertu  desquels  elle  a  cru  qu'ils  recevaient 
la  puissance  et  la  grâce  dont  ils  avaient  besoin  pour 
I  remplir  les  fonctions  de  leur  ministère.  Car  il  n'en 
]  est  pas  des  Ordres  sacrés  comme  des  dignités  humai- 
j  nés  ou  purement  ecclésiastiques  ;  Dieu  lui-même  y  a 
:  attaché  le  [)Ouvoir  qui  leur  est  propre ,  et  on  ne  peut 
les  donner  à  quelqu'un  que  de  la  manière  qu'il  a  lui- 
j  même  établie  pour  cela.  Un  prince  peut  créer  un  ma- 
•  gistrat  par  une  simple  dcpulalion ,  le  pape  peut  de 
■  même  revêtir  un  ecclésiastique  de  la  dignité  de  cardi- 
]  nal;  mais  c'est  un  paradoxe  insoutenable  de  dire  qu'il 
puisse  faire  de  celte  manière  un  évêque,  un  prêtre  ou 
un  diacre. 

CHAPITRE  VII. 

Que  les  évêques  ont  eu  de  tout  temps,  privativemeiil  à 
tout  autre,  le  pouvoir  de  conférer  les  ordres  majeurs. 
Ilkjles  qu'ils  devaient  suivre  dans  l'exercice  de  ce  pou- 
voir :  comme  de  ne  point  faire  d'ordination  hors  de 
leurs  provinces,  de  n'en  point  faire  seuls  et  sans  être 
assistés  de  quelques-uns  de  leurs  confrères,  etc. 

Toutcequia  élé  dit  jusqu'à  présenldans  cette  histoire 
du  sacrement  de  l'Ordre  est  une  preuve  convaincante 
de  ce  que  nous  avançons  dans  le  litre  de  ce  chapitre, 
puisque  dans  le  grand  nombre  de  faits  cl  de  dé<rels 
;  des  conciles  el  des  papes  que  nous  avons  rapportés, 
on  n'en  a  pu  voir  aucun  qui  ne  lendit  à  établir  cette 
vérité,  que  les  ordinations  appartiennent  à  l'évèipie  à 
l'exclusion  de  tout  aulre,  el  connue  ministre  néces- 
saire i)ar  rapport  à  celle  des  évê(pies ,  des  prêtres  el 
j  des  diacres,  el  comme  ministre  ordinaire  par  rap!u-i  t 
I  aux  antres  clercs.  Je  dis  ministre  ordinaire  par  r:ip- 
i  port  aux  autres  clercs ,  parce  qu'effectivement  nous 
j  voyons  que  les  évêques  ont  pu  faire  part  de  leur  puis- 
sance aux  prêtres,   et  même  à  quelques  autres  pour 
l'ordinaiion  dos  clercs  inférieurs  ;  mais  ils  ne  l'ont  ja- 
mais fail  el  ne  l'iml  pu  faire  pour  celles  des  évê(pics , 
des  prêtres  cl  des  diacres.  Et  si  quelquefois  des  prê- 
i  1res  ont  osé  entreprendre  de  les  ordonner,  ces  onli- 


8»5 


HISTOIKE  DES  SACREMENTS. 


896 


Dallons  ont  éié  regardées  comme  imlles  en  louies  ma-  ( 
nières,  et  comme  ii';jyniit  pu  lirer  du  rang  des  laicines 
ceiixqiii  les  avaient  reçues.  Encore  y  a-t-il  peu  d'exem- 
ples de  cette  audace  des  prêtres,  et,  durant  l'espace 
,  de  douze  cents  ans  depuis  les  Apôtres,  nous  ne  con- 
naissons qu'un  certain  Collut,  qui,  n'élani  que  prêtre, 
avait  leulé  d'en  ordonner  d'autres  ,  du  nombre  des- 
quels était  ce  malheureux  Iscliyras,  qui  ddima  pré- 
texte aux  Ariens  de  calomnier  S.  Atiianasc  ,  et  dont 
il  est  parlé  dans  le  concile  d'Alexandrie  ,  qui  déclara  j 
qu'Iscliyras  n'ayant  été  ordoimé  que  par  un  prêtre  ne  ! 
l'avait  jamais  été  lui-même. 

11  est  donc  superflu  de  produire  de  nouvelles  auto- 
rités des  Pères  pour  constater  ce  point  de  discipline 
fondé  sur  un  dogme  diuit  on  n'a  jamais  douté  dans 
l'Eglise  jusqu'à  ces  derniers  temps  ,  que  quelques  ca- 
nonisies  ignorants  et  quelques  théologiens  sans  nom  , 
comme  uncerlain  Aureolns,  séduits  par  des  raisonne- 
ments frivoles,  se  sont  persu  dé  que  chacun  pouvait 
conférer  l'Ordre  qu'il  avait  reçu  lui  même.  Ainsi  il  ne 
nous  reste  qu'à  meure  sous  les  yeux  du  lecteur  les 
règles  (pie  lesôvêques  garduienl  dans  l'onlination  des 
minis-lres  qui  composent  la  hiéiarcliie  de  l'Eglise. 

Mais  avant  de  le  faire  ,  nous  dirons  un  mot  pour 
nionlrer  que  qneliinefois  les  évêques  ont  cru  pouvoir 
confiera  d'anli-fs  l'ordination  (lesclercs  inférieurs. LeP. 
Murin,dans  lechapilre  V  de  sa  tininzième  diss  rlation 
sur  les  ordinations,  prouve  ciairenienl  que  lion  seu- 
lement les  évèipies  ont  yu  faire  part  de  Knr  puissance 
à  cet  égard  aux  prêtres  ,  mais  (pie  depuis  longtemps 
les  abliés  en  Orient  sont  en  possession  de  ce  p;)iivoir, 
pourvu   (pi'ils  soient   eux-mêmes  ordonnés  prêtres 


autres  qui  ont  un  rapport  plus  immédiat  à  la  matière 
que  nous  traitons  dans  ce  chapitre.  Une  de  ces  règles 
était  que  les  évoques  ne  devaient  point  entreprendre 
des  ordinations  de  clercs  hors  des  diocèses  les  nus 
des  autres.  Les  Ariens  parmi  les  calomnies  dont  ils 
chargèrent  S.  Alhanase  l'accusèrent  d'avoir  violé 
cette  discipline,  et,  comme  dit  Sozomène  (1),  d'avoir 
fait  des  ordinations  dans  les  villes  qui  n'étaient  point 
de  sa  jiuidiction.  Saint  Jean  Chrysoslôme  reprocha  à 
S.  Epiphane,  qui  s'était  laissé  prévenir  contre  lui  par 
ses  ennemis ,  d'avoir  fait  la  même  chose  dans  l'église 
de  Constaiiliuople.  Vous  faites  plusieurs  choses  contre  les 
règles,  lui  dit  il  (2) ,  et  premièrement  en  ce  que  vous  avez 
fait  une  ordination  dons  une  des  cUjlises  qui  me  sont  con- 
fiées. 

Une  au're  règle  non  moins  religieusement  observée 
était  que  l'ordination  des  évêques  se  fit  par  plusieurs, 
et  non  par  deux  ou  par  un  seul.  Celle  discipline,  (jui 
est  encore  en  vigueur  à  présent,  avait  été  établie  pour 
représenter  et  conserver  l'unité  de  ré|)iseopat,  dont 
S.  Cyprien  a  dit  ces  paroles  célèbres  :  Episcopalus 
unusest,  episcoporum  mn'lorum  numerosilate  d.fj'usus. 
Elle  coutribnail  aussi  à  attirer  des  grâces  plus  abon- 
dantes sur  ceux  que  l'on  élev.iit  à  cette  suprême  di- 
gnité. Enfin  elle  était  très-propre  à  fermer  la  porte  à 
réjjiscopat  à  ceux  qui  eu  étaient  indignes,  soit  par 
leur  andjition,  soil  par  leurs  mœurs  corrompues  ,  soit 
po(u'  la  mauvaise  doctrine  dont  ils  pouvaient  élre  in- 
fectés. 

Ce  sont  ces  solides  raisons,  auxquelles  nous  pour- 
rions doiwicr  plus  d'élei;due  s'il  était  besoin,  (jui  en- 
3  gageaient  nos  pères  à  maintenir  religieusement  celte 


Tout  le   monde  sait  que  dans  nos   églises    plusieurs  Hj  ,.(.glo.  Us  voulaient ,  autant  (jue   cela  était  possible , 


abbés  préUMulent  aussi  avoir  des  [U'iviléges  pour  faire 
ces  orilinalioiis  Quoi(iu'il  en  soit,  il  paraît  par  ce  que  | 
dit  le  pape  Gélase  dans  sa  lettre  aux  évêiines  de  Lu-  f, 
canie  et  des  autres  provinces  inmiédialenienl  soumises  1 
an  Sainl-Siége.  tpie  ces  privilèges  peuvent  être  légi-  | 
times,  puis(pi'il   défend  seulement  aux  prêtres  d'or- 
do  ;ner   des  clercs  ;ui-dessous  des   di;;cres,  sans  la 
j'crmission  du  souverain  pontife,  ^ec  sibi  meminerint 
(l.ie.^liyleri)  nllà   ratione  conccdi ,  sine  sumnw  pontifice, 
md  diiiconuni ,  aul  acohjtnm  jus  liabere  faciendi. 


que  les  é\ê(pies  puissent  eu  lonl  lenips  el  dans  toutes 
sorles  de  circouslanees  conférer  validenicnt  les  or- 
dres, on  n"a  jamais  cru  ([u'ils  le  pussent  toujoin^s  légili- 
nieniint.  Il  IVdlait,  poiw  (pie  les  ordinàlions  qu'ils  fai- 
.-aienl  fussent  approuvées  de  l'Eglise,  qu'ils  gardas- 
sent eerl:'.iiies  me.  lires  et  certaines  lègles  ,  au  dé- 
faut   (lesiinelles    (îllcs    étaient    censées    illégilinies, 


que  tons  les  évêques  de  la  province  concourussent  à 
l'ordinaiion  de  ceux  qui  devaient  remplir  Ies>i('ges  va- 
cants. Vous  l'avez  vu  dans  la  première  partie  de  cette 
histoire,  quand  nous  avons  traité  de  l'élection  des  évo- 
ques ;  et  le  preinier  concile  d'Arles,  assemblé  de  tout 
rOccident,  l'ordonne  expressément  dans  son  vingtième 
canon  qui  est  conçu  en  ces  termes  :  Pour  ce  qui  est  de 
ceux  qui  s'arrogent  le  droit  de  consaoer  seuls  les  cvê- 
ques,  nous  avons  jucjé  que  nul  ne  doit  l'entreprendre 
qu'il  ne  soit  accompagné  de  sept  autres  évêques.  Que  si 


ruîveuoiis  à  l'ordination  des  clercs  majeurs.  Quoi-  j  i  ^.^j/^  ne  se  peut,  quil  nail  point  la  hardiesse  de  le  faire 


qu'il  n'y  en  ait  au  moins  trois. 

Les  évêques  de  la  province  réunis  dans  cette  oc- 
casion représentaient,  comme  dit  un  sa\aulanglais(5), 
tout  le  corps  des  évêques  ;  et  les  trois  qui  suffisaient 
en  cas  de  besoin  représentaient  tous  les  comproviu- 
ciaux.  Cette  autorité  de  l'Eglise  ,  ajoute  cet  auteur, 
qui  concourait  ainsi  à  l'ordination,  était  d'un  si  grand 


et   ceux  (pfils    avaient  ainsi    ordonnés  étaient    pri-  êj  p„id> ,  (jne  la  consécration  des  évêipies,  faite  suivant 

V(';s   de    tout  exeiciee,  du  jionvoir  el  des  fonctions  ||  j^  pit  ordiuaire,  devenait  (!U  quelque  sorte  inutile  ,  si 

altachévS  à  leurs  ordres,  en  sorte  (pi'ils  étaient,  pour  ^l  ^n^,  ^^^    intervenait;  car  quoique  ce  qui  a  été  une  fois 
ainsi  dire,  dans  le  même  état  après  ces  ordinations  ir-  I 


régulières  qu'auparavant.  Il 

Nous  avons  déjà  parié  en  plusieurs  endroits  de  ctîtle  | 
liisloire  des  règles  que   les  évè(iues  ordinateurs  de- 


1)  L.  2,c.  n,  v.  26. 

-1)  Apud  Socra!.,  1.  G,  c.  14. 

ô)  Origines  Eccl.  ,  sivo  de  Jure  et  Potestalc  Eccle- 


vaienl  .suivre,  Nous  parlerons  encore  ici  de  quelques  !  sia>,  aueloie  lb'rl)vrio  Thocdicio,  l-ondini,  an.  4074. 


897 


OUDRF. 


PART.  II.  eu  AI'.  VII 


consacre  à  Dion  lui  soil  coiiSMCrë  pour  toujours,  cc- 
pendai'l  on  ne  doit  p  )iiil  lo  considérer  comme  lin 
ayant  cli;  Icgilimomcnt  consacré,  qnand  il  Ta  élcsiUiS 
le  conconrs  do  l'antorilé  de  llv^lisc ,  qnoitpi'on  ait 
gardé  la  forme  de  la  consécration.  C'est  en  ce  sens 
<pril  expli(pic  un  pass;ige  assez  dil'licile  de  S.  Léon  , 
qui,  dans  sa  lettre  à  Rustique,  ne  veut  pas  que  Ton 
compte  au  nondtrc  des  évèipies,  et  traite  de  faux 
évoques,  pseudo-episropos ,  ceux  qui  n'ont  été  ni  élus 
par  le  clergé,  ni  demandés  par  le  peuple,  ni  consacrés 
par  les  évoques  comprovi..ciaux  avec  Tapprobiiliondu 
métro,  olilain  :  el  dont  il  raiilie  néanioins  les  ordina- 
tions des  clercs  (pi'ils  ont  pu  faire  dans  lesaulrcs  églises, 
si  elles  ont  été  faites  du  consenteniont  des  propre^ 
cvè(|ues  ,  et  avec  l'approbation  de  ceux  qui  avaient 
droit  d"y  présider.  Autrement  il  déclare  que  ces  or- 
dinations si'Ut  nulles.  Aliter  autein  vana  liabenda  est 
creatio ,  qnœ  nec  loco  fnndala  esl ,  nec  auclorc  munihi. 

Le  grand  concile  de  Nicée  veut  que  l'on  maintienne 
la  discipline,  dont  celui  d'Arles  (  can  -4  )  avait  reconï- 
mandé  l'observation  ,  el  que  ceux  des  évoques  qui  ne 
piurront  se  trouver  à  l'ordination  d'un  de  leurs  con- 
frères y  consentent  an  nn)ins  par  écrit,  en  sorte,  lou- 
lolois,  ipie  les  évoques  consécraleurs  soient  au  nn)ins 
au  noinbi  e  de  trois.  Le  troisième  concile  de  Carthage 
(can.  .ï)9)  exige  qu'ils  Soient  douze,  ou  au  moins  trois. 
(.0  nombre  de  douze  paraîtrait  exorbitant  dans  d'au- 
Ires  pays.  Mais  en  Afri(|ue,  la  chose  était  plu^  prati- 
cable qu'ailleurs,  attend:!  (jue  les  é-.èqucs  y  étaient  , 
proportions. ellemenl  parlant,  en  plus  grande  ([uantilé 
que  dans  les  autres  parties  de  la  chrétienté,  el  que 
les  évèchés  y  étaient  moins  étendus. 

Tons  ces  règlements  el  une  inlinitè  d'autres  de  ce 
genre  n'empêchaient  pas  que  quel  juefois  la  consécra- 
tion des  évéques  ne  se  fil  par  deux  seulement,  et  même 
par  un  seid,  et  quand  la  nécessité  des  temps  ou  quel, 
qn'aulres  raisons  roxigeaienl.  .\insi  on  ne  laissait  pas 
de  ratifier  ce  (jui  s'étiil  fait  dans  ces  circonstances. 
On  le  voit  par  le  premier  canon  des  A  poires  ,  (pji 
prescrit  scnlemenl  que  l'évèque  soit  ordonne  par 
deux  ou  trois.  Le  pape  Pelage  I  fut  ainsi  ordonné, 
suivant  .Vnastase  :  Car,  dit  il .  comme  on  ne  trouvait 
personne  pour  faire  la  cérémonie  de  son  sacre,  Jcan,évè- 
(ue  de  Perouze,  el  Bon  de  l'crrentine  l'ordonnèrent  avec 
André  ,  prélre  d'Oslie.  Si  Armenlarius,  évéque  d'Em- 
brun ,  fui  réduit  au  rang  des  chorévèques  |»ar  le  con- 
cile de  Riez  (can.  2)  de  Tan  4Ô9,  ce  ne  fut  pas  seule- 
ment pinu-  n'avoir  été  ordonné  que  par  deux  évéques, 
jnuis  pour  avoir  outre  cela  négligé  de  prendre  dos 
Icltrcs  d'approbation  descomprovinciaux  el  leconsen- 
lomenl  de  son  métropolitain.  Encoïc  les  ordinations 
qu'il  avait  faites  furent-elles  ratifiées ,  cl  on  lui 
pei mil  de  donner  le  sacrement  de  Conlirmation  :  pré- 
rogative de  tout  temps  réservée  aux  évè(|ues  dans  l'E-^ 
glise  Latine.  Dioscore  d'Alexandrie,  qui  fut  depuis  dé 
posé  an  concile  de  Ca,lcédoine,  avait  aussi  été  ordonné 
par  deux  évéques  seulement ,  comme  le  tém()ig^le^t 
\os  évèijues  du  Pont ,  dans   une  lettre  à  l'euipercur 


POUVOIR  DES  EVEQUES.  898 

Li'on  (I).  Cependant  cela  ne  lui  fut  pas  reproché  par 
l.  s  évèqnis  de  ce  concile  ,  dans  l(*(|uel  il  est  souvent 
Iraitéde  très-révérend  évoque ,  av;int  sa  déposition. 

Enlin  riiisloire  de  l'Eglise  nous  fournit  plus  d'un 
exemple  d'évè(pies  qui  n'avaient  reçu  la  consécration 
(pie  dun  sriil,  et  dont  ou  n'a  jamais  douté  qu'ils  ne 
fussent  véiil.iblement  honorés  du  caractère  épiscopaL 
Cir  sans  parler  des  ordinatinns  que  les  Apôtres 
étaient  (djiigés  de  faire  dans  le  cours  de  leurs  vova- 
gcs,  pour  donner  aux  peuples  qu'ils  avaient  convertis 
des  pasteurs  qui  les  gouvernassent,  ordinations  qu'ils 
ne  pouvaient  faire,  suivant  tontes  les  apparences,  ac- 
compiigiiés  de  deux  ou  trois  de  leurs  collègues  ;  sans 
|)arl(!r  <lcs  évoques  (pie  Tito  ordonne  dans  l'île  de 
Crète,  où  l'Apôtre  dit  qu'il  l'a  laissé  pour  y  établir  des 
prêtres,  c'est-à-dire  des  évéques,  (car  alors  ces  deux 
ternies  étaient  synonymes,  comme  nous  verrons  ail- 
leur-);  Théodoret  nous  apprend  que  Paulin,  qui  était 
évéque  d'une  partie  des  catlioli(pu'S  d'Antioche,  or- 
donna seul  Evagre  pour  son  successeur.  Ce  (pii  doit 
être  arrivé  en  l'an  388,  selon  M.  Tilleinonl  (-2),  ou 
l'année  d'après,  ampiel  temps  Paulin  moniul.  Il  est 
cerlai  i  au  moins  qu'il  était  mort  en  5'J2.  Quoi  qu'il  en 
soit,  Panlin  viola  ainsi  doublement  les  canons,  ce  qui 
fiiit  dire  à  S.  Ambroise  (5)  (pi'Evagre  cl  Flavien,  suc- 
cesseurs de  S.  Melèce,  se  confiaiiiil  plus  chacun  sur 
les  dél'ants  de  l'ordination  de  son  compétiteur  que  sur 
la  validité  de  la  sienne;  et  que  si  Flavien  avait  sujet 
de  Cl aindie  l'examen  de  Sa  cause,  Evagre  n'avait  point 
sujet  de  le  presser. 

Cependant,  dit  M.  de  Tillemont,  quelque  défaut 
qu'il  y  eût  dans  l'ordination  d'Evagre,  el  quoique  Fla- 
vien dût  passer  au  moins  alors  pour  le  seul  évoque 
légitime  dAnlioclie,  l'aversion  que  les  disputes  avaient 
donnée  pour  lui  à  ceux  du  parti  contraire  lit  qu'ils 
n  çurenl  Evagre  pour  évéque.  Les  prélats,  tant  de 
Rome,  c'est-à-dire  d'Occident,  que  d'bgyple,  embras- 
sèrent aussi  sa  communion,  s'il  se  faut  arrêter  à  Théo- 
doret. Mais  S.  Ambroise  nous  apprend  ipie  les  prélats 
d'Egypte  étaient  neutres,  ne  s'éianl  liés  de  coinnui- 
nio!i  ni  avec  Fiavien  ni  avec  Evagre.  Il  parait  que 
lui-même  était  dans  cette  disposition,  el  peut-être, 
selon  noire  judicieux  historien,  pourrait-on  présumer 
la  même  chose  du  reste  de  l'Occident.  Ce  cpii  esl  cor- 
tain,  c'cslqiie  quand  la  réunion  des  fidèles  d'Antioche 
se  fit,  et  (pi'ils  reconnurent  tous  .Mexandre  pour  seul 
évéque,  le  pape  Innocent  I  (i)  voulut  iprune  des  con- 
ditions de  celle  paix  fût  qu'Alexandre  reçût  dans 
leurs  grades  cl  leurs  honneurs  les  clercs  ordonnés 
pai-  Evagre. 

Nous  avons  un  exemple  à  peu  près  du  même  temps 
d'une  consécration  d'évêque  faite  par  un  seul,  en  la 
personne  de  Siderius,  qui  fui  ordonné  pour  l'église  de 
Palebisca  par  Philon,  évêipie  de  Cyrène.  C'esl  Syne- 


1 1)  Rinius,  lom.  2  Conc,  p.  400  ,  edit.  ann.  1618. 

(-2)  Tom.  10,  p.  2.';4. 

iô)  Ep.  y.  p.  i!)0. 

lîi  II».  \'i  ad  Dynifac,  lum.  2  Couc,  ii.  12W 


S99 


mSTOIRE  DES  SACREMENTS. 


900 


sius  qui  nous  apprend  ce  fait  (I),  qu'il  excuse  par  la  ! 

nécCSSilC    des    temps  à/).'  àvàyx»!  vàp  h    /.aisit,-   à7t«j5-    ! 

pv-,7<ajTot,-  T/^v  i/.^îêïtav    w-r'aêKivsîOai.   11  ajoiiie  que 
s.  Athanasc,  connaissant  les  talents  de  Sideiius,  l'a- 
vait depuis  transféré  au  siège  métropolitain  do  Plolé-  | 
maide,  pour  y  entretenir  et  y  allumer  de  plus  en  plus  j 
rétincelle  de  la  foi  qui  s'y  était  conservée  malgré  les 
efforts  des  Ariens.  Si  S.  Alhanase,  cette  colonne  iné- 
branlable de  l'Eglise,   en  usa  de  la  sorte  à  cause  des 
circonstances  des  temps  et  des  lieux  qui  demandaient 
que  l'on  relâchât  quelque  chose  de  l'exactitude  des 
règles,  nous  ne  devons  pas  être  surpris  que  S.  Gré- 
goire le  Grand,  répondant  à  S.  Augustin,  fapôtre  des 
Anglais,  qui  lui  avait  demandé  si,  attendu  la  dislance 
des  lieux,  qui  ne  permellait  pas  facilement  de  faire 
venir  des  évoques  pour  l'aider  dans  la  consécration  de 
ceux  qu'il  pourrait  établir,    il  pouvait  les  ordonner 
seul,  lui  dit  (1)  que  puisqu'il  ne  peut  être  assisté  de 
ses  confrères  dans  celte  action,   il  peut  la  faire  seul 
jusqu'à  ce  qu'il  y  ait  des  évêques  en  ce  pays  qui  puis- 
sent concourir  avec  lui  à  ces  ordinations.  Et  quidem 
in  Auglorum  Ecclcsià,  in  quâ  adliuc  solus  tn  episcopns 
inveniris,  ordinare  episcopnm  non  (dller  nisi  sine  epi- 
scopis  potes,  etc.  En  conséquence  de  cette  décision, 
Augustin,  après  avoir  soumis  au  joug  de  l'Evangile 
un  grand  nombre  de  chrétiens  en  Angleterre,  y  con- 
sacra deux  évèquesen  Tan  GOi;  savoir,  Mellit  à  Lon- 
dres, et  Juste  à  Rochester,  comme  nous   l'apprenons 
de  l'histoire  de  Bcde  (31;  après  quoi  il  se  conforma  à 
ce  que  S.  Grégoire  lui  avait  reconunaudé  tout  de  suite  ! 
dans  cette  lettre,  de  ne  point  faire  ces  ordinations  | 
sans  être  assisté  de  deux  ou  trois  autres  évoques,  i 
Cm»»  igitur,  Deo  auclore,  ita  fuerint  episcopi  etiam  in 
propinquis  sibi  locis  ordinati,  per  omnin  episcoporiun  ' 
ordinatio  sine  aggrecjatis  tribus  tel  quatuor  episcopis  '■ 
fieri  non  débet.  ' 

Telle  fut  la  réponse  que  lit  S.  Grégoire  à  son  dis-  ^ 
ciple  Augustin  sur  la  conduite  qu'il  devait  tenir  dans 
sa  mission,  au  sujet  de  la  consécration  des  évêques. 


manuscrits  dont  il  cite  un  grand  nombre,  et  de  plus 
par  Bède  ,  dans  son  Histoire  Ecclésiastique  d'Anvers, 
de  1550,  de  Bàle,  de  150.3,  de  Cologne,  de  1012,  ou- 
tre cela  par  tous  les  manuscrits  de  Bède,  de  (jui  celle 
lettre  de  S.  Grégoire  est  venue  jusfju'à  nous.  C'est  ce 
que  témoigne  le  docte  Beveregius  dans  sa  note  sur  le 
premier  canon  des  Apôtres,  à  quoi  il  ajoute  que  la 
version  saxonne  de  l'histoire  de  Bède(l),  quia  été 
faite  par  le  roi  Alfred,  rend  le  texte  de  la  manière 
que  nous  l'avons  cité,  suivant  le  témoignage  de  Guil- 
laume de  Malmesbury  (2),  qui  traduii  les  mots  saxons 
de  celte  sorte  :  Et  quidem  in  Angiiœ  Ecclcsià,  nbi  lune 
solus  inventus  es  episcopns,  non  potes  tu  alio  modo  epi- 
scopum  consecrare,  qtiàm  sine  episcopis.  El  certes  dans 
l'église  d'Angleterre,  où  vous  vous  trouvez  pour  le 
présent  seul  évèque,  vous  ne  pouvez  autrenuîul  con- 
sacrer nu  évèque,  que  sans  évêques. 

Je  ne  vois  pas,  après  tant  de  preuves  en  fiveur  de 
la  leçon  qui  se  trouve  dans  la  dernière  édition  de  S. 
Grégoire,  auxquelles  on  pourrait  ajouter  différentes 
collections  manuscrilcs  des  canons,  dont  parle  le  P.  de 
Sainte  Marthe  dans  ses  notes,  qui  toutes  représen- 
tent ce  texte  comme  nous  l'avons  allégué;  je  ne  vois 
pas,  dis  je,  comment  après  cela  M.  Tourneli  (3)  pré- 
fère l'autre  manière  de  lire  ce  texte,  et  pourquoi  il  ré- 
voque en  doute  ce  que  dit  le  jésuite  ilenriquez  ,  que  lo 
pape  Grégoire  XIII  avait  accordé  au  palriarche  d'E- 
thiopie, qui  était  de  la  société  de  Jésus,  le  pouvoir  de 
consacrer  seul  les  évêques,  s'il  le  jugeait  expédient 
dans  le  cours  de  sa  mission,  puisqu'enfin  ce  pape 
n'aurait  rien  fait  en  cela  que  de  conforme  à  la  sagesse 
d'un  souverain  pontife,  et  que  si  le  bref  qui  contient 
celte  permission  n'a  jamais  été  représenté,  comme  dit 
M.  Tourneli,  qui  le  rejette  sous  ce  prétexte,  c'est  que 
l'occasion  ne  s'en  est  point  présentée,  personne  peut- 
être  n'en  ayant  jusqu'à  présent  contesté  la  vérité. 

La  discipline  do  l'Église  sur  le  point  que  nous  venons 
de  traiter  csl  fondée  sur  ce  que  le  Fils  de  Dieu  a  dit  qu'il 
serait  présent  au  milieu  de  deux  ou  trois  qui  seraient 


l'avertissant  néanmoins  que  s'il  se  trouvait  des  évê-  |   assemblés  en  son  nom,  siu' l'exemple  de  l'élection  de  S 


ques  des  Gaules  eu  Angleterre,  il  ferait  bien  de  les 
inviter  à  concourir  avec  lui  à  l'ordination  de  ces  pre- 
miers évêques;  mais   il  ne  lui  lait  une  loi  de  faire  les 


consécrations  d'évoqués  assisté  d'autres  évêques,  que  j  n;;iion  de  S.  TinKUÎiée  qui  fut  faite  par  l'imposition 


Matthias  qui  se  fit  en  présence  de  toute  l'Eglise  chrétien- 
ne assemblée,  de  la  mission  de  S.  Paul  et  de  S.  Barnabe 
qui  se  fit  par  toute  l'Église  d'Anliochc,  et  de  l'ordi- 


lorsqu'il  en  aurait  lui-même  établi  dans  le  pays.  C'est 
ainsi  qu'il  faut  entendre  les  paroles  de  S.  Grégoire, 
comme  toute  la  liaison  du  discours  et  de  la  réponse 
avec  la  demande  le  persuade. 

Il  est  vrai  que  quelques  exenqtlaireset  l'édition  de 
Paris  de  l'an  1580  portent  au  lieu  de,  non  aliter  7iisi 
sine  episcopis,  non  aliter  nisi  clm  episcopis;  ce  qui 
ferait  un  sens  contraire.  Mais  cette  leçon,  comme  re- 
marque le  dernier  éditeur  des  œuvres  de  S.  Grégoire, 
outre  qu'elle  ne  s'accorde  pas  avec  la  suite  du  dis- 
cours, est  démentie  par  toutes  les  anciennes  éditions 
et  par  les  modernes,  aussi  bien  que  par  les  meilleurs 

(l)Ep.  07,  p.  210,  edit.  Petav 

(2)  Ep.  1.  9,  indic.  4,  cp.  04,  p.  1155,  nov.  edii. 

(3)  Lib.  2,  c.  3. 


des  mains  des  prêtres,  c'est-à-dire,  de  tous  les  prêtres 
et  évêques  qui  étaient  alors  dans  l'église  où  il  fut  or- 
donné, peut  être  à'Éphèse.  Cepend.uit  il  faut  remar- 
quer que  de  tous  les  évêques  qui  concourent  à  l'ordi- 
nation d'un  autre  évèque,  il  n'y  Cii  a  qu'un  qui  soit  le 
consécrateur,les  autres  n'étant  que  témoins,  mais  té- 
moins canoniques,  nécessaires,  cl  qui  sontpré.-cnts  de 
la  part  de  tout  le  corps  des  évoques,  pour  leur  rendre 
téuioignage  que  l'ordination  est  faite  canoniquemcnt 
selon  les  règles  apostoliques,  cl  que  ce  mariage  cé- 
leste, selon  la  conq)araison  de  S.  Grégoire-le-Grand, 
qui  se  contracte  entre  TÉglise  etl'évêque,  qui  repré- 

(1)  Coteler.,  loin.  1,  p.  455. 

(2)  InGestisreg.  Angl.,  1.  2,  c.  4. 
{',)  DeOrdine,  p.  402. 


osl  pas  un  T 
linure  prœ-   j 


901       ORDRE.  —  PART.  III.  CIIAP.  l. 

sente  et  tionl  lu  place  de  Jésus-Clirisl,  n'est  pas  un 
mariage  claïKlcsliii  :  iN'ci  unus  episcopiia  ordinare  pr 
sumal,  iw  furlivum  hciwficiitin  pnvsUirc  v'uteulur,  dil  le 
pape  liiaoconl  I,  écrivant  à  Yiclrice  de  lionen.  C'est 
pourquoi  nous  voyons  que  tantôt  les  conciles  cassaient 
cl  aiiiiuUaiont  les  ordiiialions  faites  par  un  ou  deux 
évèqiies  seidciuciit,  et  tantôt  les  approuvaient,  ou  au 
moins  les  soulfraient  et  les  toléraieni,  lorsipie  les  cir- 
constances des   choses  rendaient  les  règles  iaiprali- 
cables,  et  que  lambiiion  et  le  mépris  des  lois  de  l'É-  j 
glise  n'y  entraient  pour  rien.  Ainsi  les  dilférents  dé-  l 
crets  des  conciles  sur  celte  maiière  ne  sont  point  vé 
ritablenient  opposés,  quoiiiu"en  apparence  ils  semblent  : 
établir  une  discipline  coniraire.  C'est  ainsi  que  l'on  ■ 
peut  concilier  ce  que  dit  le  concile  de  Riez  (can.  12) 
où  Armenlarius  fut  déposé  et  chassé  du  siège  d'Em- 
brun, dont  il  avait  été  consacré  évéque  par  deux  évo- 
ques seulement  suis  l'autorité  du  métropolitain,  avec 
ce  qui  lut  réglé  deux  ans  après  dans  le  concile  d'O- 
range (1),  auquel  souscrivit  S.  Eucher  de  Lyon. 

Le  premier  de  ces  conciles  s'exprime  en  ces  termes 
touchant  l'ordination  d'Armentarius  :  IS'ous  avons  jugé 
à  propos  de  casser  cette  ordination  que  les  canons  décla- 
rent nulle,  dans  laquelle  ne  se  sont  point  trouvés  trois  évê- 
ques  ;  on  na  point  demandé  les  lettres  des  comprovin-  ; 
ciaiix,  on  un  point  requis  la  permission  du  métropolitain,   ] 
el  enfin  oii  il  ne  parait  rien  de  ce  qui  est  nécessaire  pour 
faire  un  évêciue.  {Prorsiis  niliil  quod   episcopum  faceret 
ostensum  est.)  Celui  d'Orange  veut  au  contraire   que  \ 
s'il  arrivait  que  deux  évèques  en  ordonnassent  un 
troisième  malgré  lui,  les  deux  soient  déposés,  et  que  ; 
celui  qui  a  souffert  violence  soit  mis  sur  le  siège  de  ' 
l'un  des  deux  ordinateurs.  D'oîi  vient  que  ce  concile 
confirme  l'ordination  faite  par  deux  évècpies,  tandis 
que  l'autre  la  déclare  nulle  ?  C'est  que  dans   la  pre- 
mière celin  qui  est  ordonné  n'a  point  violé  les  canons 
qui  exigent  la  présence  de  trois  évéques,  la  chose  s'é- 


DL'i'Éiaourrr:  des  êvèques  sir  lls  prêtres.     002 

un  évèqne  par  un  seul,  alors  l'ordination  serait  et  va- 
lide et  licite:  parce  qu'alors  on  n'est  pas  censé  rompre 
Tiuiilé  ni  négliger  l'anlorilé,  quand  il  n'est  pas  libre 
de  l'inierpeler  ,  en  demandant  le  consentement  des 
coniprovinciaux  et  la  permission  du  métropolitain, 
du  Pape,  ou  du  concile,  étant  certain  d'ailleurs,  qu'en- 
core que  les  canons  demandent  la  présence  de  trois 
évècpies,  il  n'y  en  a  toutefois  fpi'int  qui  consacre,  les 
deux  autres  étant  seulcnicnt  assistants  et  témoins. 


TROISIÈME  PARTIE. 

DE  LA  DISTINCTION  DES  DIFFÉRENTS  ORDRES ,  ET  DE 
LX  SUBORDINATION  DES  MINISTRES  DE  l'ÉGLISE  LES 
LNS   AUX   AUTRES. 

Nous  n'entreprenons  point  ici,  comme  nous  l'avons 
dil  ailleurs,  de  faire  un  trailé  complet  de  la  hiérar- 
chie ,  et  de  nietlrc  de  nouveau  sur  le  tapis  des  ques- 
tions qui  ont  été  si  souvent  agitées  et  traitées  avec 
tant  d'érudition  par  un  grand  nombre  d'auteurs,  dont 
nous  avons  les  ouvrages  entre  les  mains.  Notre  des- 
!  sein  est  seulement  d'éclaircir  quelques  points  de  disci- 
pline et  de  docirine  qui  ont  un  rapport  essentiel  avec 
la  matière  du  sacrement  de  l'Ordre,  et  de  traiter  en- 
suite de  ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux  cl  de  moins  connu 
touchant  la  subordination  des  ministres  de  l'Eglise  qui 
sont  dans  les  mêmes  ordres.  Ainsi  nous  ferons  voir 
d'abord  la  distinction  qu'il  y  avait  entre  les  prêtres  et 
les  cvêques ,  après  quoi  nous  parlerons  de  l'érection 
des  mélropolcs. 

CHAPITRE  PREMIER. 
La  distinction  de  répiscopal  avec  la  prêtrise,  el  la  supé- 
riorité des  évéques  stir  les  prêtres  vient  de  l'inslituliou 
divine  et  apostolique.  On  repond  à  ({uelqucs  difficultés 
qui  S3  présentent  sur  celte  matière. 

Nous  ne  connaissons  dans  tonte  l'aniiquilé  que  le 


seul  Aëriiis  qui  ait  avancé  le  contraire  (1),  encore  n'a- 
lant  faite  malgré  lui  et  sans  que  l'ambition  el  le  mé-  1!  t-il  point  foniié  de  secte  qui  soit  entrée  dans  son  sen- 


pris  des  lois  ecclésiastiques  y  eussent  part,  au  lieu  que 
tout  cela  se  reiiconlrait  dans  l'ordination  d'Armenta- 
rius ;  ce  qui  rendait  son  ordination  vicieuse  et  digne 
d'clre  rejeiée,  de  peur  qu'en  souffrant  de  tels  abus, 
cela  ne  tirât  à  consé  jucnce,  et  ne  donnât  lieu  aux  i 
ambitieux  d'envahir  l'épiscopat  par  leur  crédit  et  par  i 
leurs  intrigues. 

Encore  à  présent  les  ordinations  faites  par  un  ou 
deux  évô(|ues  seulement  seraient  rejetées  et  cassées, 
si  elles  se  faisaient  sans  la  dispense  et  la  permission  du 
Pape,  à  moins  qu'il  n'y  eût  nécessité  de  se  dispenser 
des  règles  de  l'Église,  et  que  les  choses  ne  fussent  en 
tel  élat,  qu'on  ne  pût  avoir  recours  à  son  aulurilé, 
comme  autrefois  il  fallait  que  l'anlorilé  d'un  concile  ou 
du  métropolitain  intervînt  pour  juger  s'il  était  expé- 
dient de  passer  au-dessus  des  règles  ordinaires.  Ce- 
|iendanton  peut  dire  que  s'il  se  Irouvaitdes  cas  où  on 
ne  put  avoir  recours  à  aucune  de  ces  puissances,  et 
qu'une  nécessité  pressante  obligeât  de  faire  ordonner 

(l)  Araiisican.  conc,  eau.  21. 


liment.  C'est  proprement  dans  ces  derniers  temps  que 
l'on  a  vu  des  hommes  audacieux  former  une  société 
ennemie  déclarée  de  la  hiérarchie,  et  employer  leurs 
talents  et  leur  va  te  érudition  pour  combaiire  une  vé- 
rité reconnue  sans  contradiction  durant  plus  de  qua- 
torze cents  ans.  Un  de  ceux  qui  ont  le- plus  travaillé  à 
la  supprimer,  est  le  fameux  Blondelle,  qui  a  compose 
un  gros  ouvrage  sur  cela,  et  qui  a  fait  voir  jusqu'à 
quel  point  d'aveuglement  la  passion  et  lintérèt  de 
parti  sont  capables  de  conduire  les  hommes  les  plus 
éclairés.  Ce  que  nous  dirons  dans  le  chapitre  suivant 
regardera  pli  s  particulièrement  le  senlimentdes  pres- 
bvlériens  qu'il  a  soutenu  avec  tant  de  zèle.  Dans  ce- 
lui-ci nous  nous  attacherons  uniquement  à  prouver  eu 
général  la  distinction  cl  la  supériorité  des  évoques  sur 
les  prêtres. 

Elle  parait  très-clairement  dans  les  écrits  de  ceux 
qui  ont  vécu  avec  les  Apôtres  ;  entre  autres  dans  ceux 
de  S.  Ignace  ,  martyr,  et  de  S.  Clément,  pape.  Les 

(l)  Epiphan.  ,  lucres.  7o  ,  n.  5. 


905 


IllSTOlKE  DES  SACREMENTS. 


i)Oi 


presbytériens  les  plus  zélés  en  cnnvicnucni  à  régm-d  ]V  liic-rarchios  subordonné  les  uns  aux  antres,  au-des 


du  premier.   Aussi  n'oiil-iis  rien  cicugiie  pour  oUt  ; 
toulc  croyance  à  ceux  (pii  portent  son  nom.  .Miiis  Dieu  j 
n'a  pas  permis  qu'ils  y  réussissent,  il  a  au  contraire  i 
fait  recouvrer  à  son  Église  le  précieux  trésor  des  lettres 
de  ce  grand  saint,    dont   on    n'avait  que  quelques  , 
fragments  dans  les  ''crils  des  anciens,  qui  ont  servi  | 
dans  ces  derniers  tcinjis  aux  plus  savants  criti(iues, 
pour  discerner  ce  qui  venait  véritablement  de  lui ,  et 
le  distinguer  des  lettres  qui  couraient  sons  sou  nom  . 
et  qui  porlaicnt  des  mar(pics  trop  visibles  d'altération 
pour  qu'on  y  ajoutât  foi ,  et  (pi'ellcs   pussent  faire 
preuve  parmi  les  [icrsonnes  éclairées. 

Ce  saint  évéque  d'xXntiocbe  écrivant  aux  fidèles  de 
Magnésie  fait  l'éloge  de  Damas,  leur  évèque,  de  Bassa 
et  d'Appollonius  ,  prêtres  ,  et  de  Solion  ,  diacre  de  la 
même  église  ,  après  quoi  il  ajoute  :  Vévèijne ,  étunl  au 
premier  ranj ,  lient  la  place  de  Dieu  ,  les  prêtres  repré- 
sentent le  sénat   des  apôtres ,  et  le  ministère  de  Jésus- 


sous.  des(|nels  étaient   les   laïques  ,    c'esi-à-dire,   le 
conunun  des  Juil's    qui  n'asait  aucune  part  au  mi-  ' 
nistère.  j 

Au  reste  ce  saint  ]  ape  n'est  pas  le  seul  qui  em- 
ploie ces  termes  pour  désigner  les  différents  ministres 
de  l'Église.  Tertullieii  (1)  appelle  de  même  l'évèque 
le  souverain  prêtre  ,  summum  sacerdotem ,  on  nonmrait 
aussi  les  prêtres,  sacerdotes,  dès  le  commencement 
de  l'Eglise,  et  on  voit  dans  un  grand  nombre  de  con- 
ciles les  diacres  désignés  sous  le  nom  de  Lé\itos. 
S.  Jérôme  lui-même,  dont  le  témoignage  paraît  si  fa- 
vorable aux  Calvinistes  rigides  ou  puritains,  convient 
que  l'Église  chrétienne  a  emprunté  de  la  Synagogue  sa 
discipline  touchant  l'ordre  de  ses  ministres,  et  ce  cpii 
est  plus  fort,  il  parle  de  la  sorte  dau^  sa  lettre  i\  Eva- 
gre  ou  Evangelus,  qui  est  le  plus  ferme  appui  des  en- 
nemis de  la  biéiarehie.  Voici  ses  paroles  qui  méritent 
d'être  lues  attentivement ,  d'aulanl  plus  que  c'est  par 


Christ  est  confié  aux  diacres  qui  me  sont  très-ctiers,  etc.  s  là  qu'il  termine  cette  fameuse  letlre,  qui  est  si  souvent 
Dans  l'épilre  aux  Philadelpliiens  il  leur  recommande  S  citée  par  les  t!iéoIo,;iens  et  les  auleurs  ecclésiastiques 
d'écouter  et  d'obéir  à  l'évèque ,  aux  prêtres  et  aux  din-  |  qui  ont  traité  cetle  nialière  :  El  afin  que  nous  sachions 


cres.  Il  s'explique  de  la  même  manière  en  une  infiniié 
d'autres  endroits  que  l'on  peut  consulter  par  soi- 
même,  et  qu'il  serait  inutile  de  transcrire  ici,  puisqu'il 
peine  on  peut  jeter  les  yeux  siu'  ses  écrits,  (ju'on  ne 
tombe  sur  quelques  passages  qui  prouvent  la  distinc- 
tion des  trois  différents  ordres  du  clergé ,  et  la 
subordination  où  sont  les  prêtres  à  l'égard  des  évè- 
ques. 

S.  Clément,  disciple  des  princes  des  Apôtres  ,  qui 
vivait  en  même  lenips  que  S.  Ignace  ,  dans  la  b'ttre 
qu'il  a  écrite  à  l'église  de  Corintbe,  parle  souvent  des 
prêtres  ;  mais  il  place  au-dessus  d'eux  ceux  à  qui  le 
gouvernement  de  l'Église  était  confié.  C'est  ainsi  que 
dés  le  commencement  de  cette  épître  que  quelques 
églises  ont  mise  dans  le  canon  des  Écritures  saintes 
il  enseigne  aux  Chrétiens  qu'//s  doivent  être  soumis  à 
leurs  supérieurs,  et  rendre  l'honneur  convenable  aux 
prêtres.  Ou  voit  dans  ce  passag<;  la  différence  que  cet 
homme  apostolique  met  entre  les  prêtres  et  les  é\ê- 
ques  qui  tiennent  dans  l'Église  un  rang  plus  élevé  que 
ceux-là.  Ailleurs,  il  fait  menlion  expresse  des  trois 
ê  Ordres  de  la  hiérarcliie  ecclésiastiipie  en  ces  termes  : 
l-  Le  souverain  prêtre  {ipy/.fsi)  a  des  devoirs  qui  lui  sont 
propres ,  les  prêtres  ont  la  place  qui  leur  est  assignée 
(tjT;  tîo-ruTiv),  les  léviles  ont  aussi  leur  miniulhe.  Les 
loiques  doivent  remplir  les  devoirs  allnchés  à  leur  état. 
Que  chacun  de  vous,  mes  frères,  rende  (jrùce  h  Dieu  dans 
le  rang  qu'il  occupe ,  lâchant  de  conserver  sa  cons':ience 
sans  reproche,  et  qu'il  ne  s'écarte  pus  de  la  rèijlc  de  ses 
devoirs.  On  "ne  peut  rien  désirer  de  plus  clair  en  fi- 
veur  des  trois  Ordres  qui  composent  la  hiérarchie  de 
l'Église,  et  que  notre  saint  distingue  posilivemenl  des 
laïques  ou  du  commun  des  fidèles.  Que  s'il  se  sert 
pour  cela  d'expressions  qui  étaient  propres  aux  Juifs 
Hellénistes,  c'est  que  l'ICglise  clirélienne  a  imité  en  ce 
point  lu  Synagogue  ,  dans  laquelle  Dieu  avait  établi , 
comme  il  a  fait  depuis  dans  l'Église,  ti'ois  degrés  de 


que  les  traditions  apostoliques  viennent  de  rancien  Tes- 
tament ,  que  les  évêques,  les  prêtres  et  les  diacres  s'ailri- 
buent  dans  l'fcjlise ,  ce  quAaron  ,  ses  fils  et  les  Lévites 
étaient  dans  le  temple.  Peut  on  rien  produire  de  plus 
positif  pour  montrer  que  S.  Jérôme  était  persuadé  que 
ce  n'était  point  sans  inspiration  divine  (pie  les  Apiïires 
avaient  élabli  le  même  ordre  dans  l'Eglise  chiéliennc 
par  rapport  aux  ministres  de  la  Riligion  ,  que  celui 
que  Dieu  avait  mis  entre  les  ministres  du  tabernacle 
et  du  temple,  et  qu'il  n'y  a  pas  nioins  de  distinction 
entre  les  évêques ,  les  prêtres  et  les  diacres ,  qu'il 
s'en  trouvait  entre  le  souverain  prêtre,  les  piêlres 
ordinaires  et  les  léviles,  dont  les  devoirs,  les  fondions 
et  les  prérogatives  étaient  en  beaucoup  de  choses  si 
différentes  les  nues  des  autres. 

Je  dis  en  beaucoup  de  choses,  et  non  pas  en  toutes 
sans  exception  :  car  il  est  certain  que  les  simples 
prêtres  avaient  des  fonctions  qui  leur  élaieiit  commu- 
nes avec  le  grand  prêtre ,  ainsi  qu'à  présent  dans 
l'Église  les  minisires  du  second  ordre  en  ont  qui  leur 
sont  connnunes  avec  les  évêques,  comme  celle  de  sa- 
crifier le  corps  de  Jésus-Christ  sur  nos  autels,  et 
d'inslruire  le  peuple  chrétien  des  devoirs  de  sa  reli- 
gion. C'est  pourquoi  il  arrive  quelquefois  que  les  Pères 
en  parlant  des  ministres  de  l'Église  n'en  font  (pic 
deux  classes,  savoir  des  prêtres,  sacerdoiuni,  el  des 
diacres,  comme  cela  se  fait  encore  aujourd'hui  com- 
munément parmi  nous,  sans  que  nous  piétendifuis 
pour  cela  confondre  les  prêtres  avec  les  évoques. 
Cetle  division  étant  fondée  sur  ce  que  le  sacerdoce 
est  commun  aux  prêtres  et  aux  évèipies ,  quoique 
ceux-ci  le  possèdent  plus  pleinement  (jue  ceux-là,  et 
avec  des  prérogatives  qui  les  élèvent  au  -  dessus 
d'eux. 

Les  auleurs  ecclésiastiques  ont  encore  suivi  en  cela 

(il  I.ili.  de  \h\)[.,  c.  17. 


yÔS       ORDRE.  —  PART.  III. 

la  manière  île  parler  des  .Iiiifs,  (m'i  lanlôl  faisaiciil  Irois 
classes  des  iiiiiiislrcs  du  lemple,  cl  inilôl  les  rédui- 
saient à  deux,  c'esl-à-dire  ,  aux  prclres  cl  aux  lévites, 
quoique  le  souverain  prélre  lût  dans  un  dc^ré  plus 
éminenl  que  les  simples  prêtres,  et  pût  faire  légitime- 
ment une  classe  à  part.  C'est  ainsi  qu'en  use  Plii'.on , 
qui  dans  le  livre  de  la  Vie  de  Moïse  (!)  ne  compte  que 
deux  degrés  de  la  li.érarcliie,  savoir  :  Des  prêtres  et  de 
ceux  qui  étaient  appliqués  au  service  du  temple,  et  ail- 
leurs il  met  les  premiers  au  second  rang ,  plaçant  le 
grand  prélre  au  premier  :  ce  qu'il  lait  lorsque  parlant 
de  ce  qui  est  ordonne  dans  la  loi  touchant  le  souve- 
rain prêtre  auquel  il  n'était  pas  permis  d'épouser  une 
veuve ,  il  dit  que  cela  n'est  point  défendu  aux  prêtres 
du  second  ordre ,  toîî  84UTép««  wÇ^wj.  Mais  de  quelque 
manière  que  les  Juifs  s'exprimassent  en  parlant  des 
différents  ordres  des  minisires  de  la  Religion  ;  il  est 
inconleslable  qu'ils  en  reconnaissaient  trois  distingués 
Cl  subordonnés  les  uns  aux  autres  ,  aussi  bien  que  la 
loi  qui  avait  marqué  si  clairement  les  devoirs,  les 
fonctions  et  les  prérogatives  des  uns  et  des  autres , 
quoiijue  le  souverain  prêtre  y  soit  ordinairement  nom- 
nid  simplement  prélre ,  p;n ,  et  que  dans  tout  le 
Penlateuquc  il  ne  soit  désigné  que  deux  ou  trois  fois 
sous  le  nom  de  souverain  prêtre ,  blTin  y\2. 

Il  en  a  été  de  même  dans  l'Église  chrétienne,  les 
noms  d'^i'é7weset  de  prêtres  étaient,  du  temps  desApô 
très,  communs  à  ceux  qui  étaient,  proprement  parlant, 
ce  que  nous  appelons  à  présent  évéques,  et  à  ceux 
qui  ne  tiennent  que  le  second  rang  dans  Tordre  de  la 
liiérarchie.  C'est  ce  qu'on  voit  clairement  dans  le  livre 
des  Actes  (2),  où  les  mêmes  qui  sont  appelés  prêtres, 
sont  ensuite  nommés  évéques.  Vocavit  majores  nalu 
(  rriciêvrliouî  )... ,  et  dixit  eis  :  Attendite  vobis  et  utiiver- 
so  gregi ,  in  quo  vos  postiit  Spiritus  sanctus  episco- 
pos ,  etc.  Le  nom  ô'évêque  signifie  un  homme  à  qui 
l'inspection  cl  l'intendance  sur  ceux  qui  lui  sont  sou- 
mis est  confiée  ;  et  celui  de  prêtre  ou  de  vieillard  , 
senior ,  que  S.  Pierre  et  S.  Jean  prennent  dans  leurs 
Epitres,  marquait  chez  les  Juifs  une  personne  consti- 
tuée en  dignité.  C'était  le  nom  que  portaient  les  ma- 
gistrats, C^fp,  comme  chez  les  Romains  on  appelait 
sénateurs  ceux  qui  composaient  le  conseil  de  la  répu- 
blique, terme  qui  était  dérivé  de  celui  de  senior,  dont 
vient  aussi  notre  mol  de  seiijtieur,  qui  en  notre  langue 
aussi  bien  que  dans  les  autres  qui  viennent  du  latin  , 
telles  que  l'italienne  et  l'espagnole,  signifie  une  person- 
ne élevée  au-dessus  du  commun  du  peuple,  et  revêtue 
d'autorité.  Il  n'est  donc  pas  suprenant  que  le  tilre 
d'évêquc  ait  été  donné  aux  prêtres,  cl  celui  de  prêtre 
aux  évéques,  puisque  le  sens  renfermé  dans  ces  deux 
termes  convient  aux  uns  et  aux  autres  en  plusieurs 
manières. 

On  peut  dire  même  que  le  titre  de  Diacre,  au  com- 
mencement de  l'Église,  était  souvent  attribué  à  ceux 
qui  occupaient  dans  le  clergé  un  rang  plus  élevé  que 
celui  qu'ont  aujourd'hui  ceux  à  qui  ce  nom  est  parti- 

(1)  L.  5,  p.  -462;  edit.  Turneb. ,  et  pag.  473- 

(2)  Acl.  Apost.  -20,  v.  17  et  28. 

TH.  XX. 


CIIAP.  I.  SUPÉRIORITÉ  DES  ÈVÈQIES  SUR  LES  PRÊTRES.      <J0* 
culièremeiil  affecté.  L'Apotrc  donne  ce  titre  aux  Apn- 
ires(l)  mêmes  qu'il  appelle  mini  trec ,  èià/o^jt,  du  i 
nouveau  Teslainent;  ministres,  cty./:vei,  de  la  justice,  ! 
de  l'Église,  de  l'Evangile.  Les  Apôtres  mêmes  n'établi-  i 
renl  les  sept  diacres  ,  pour  être  les  distributeurs  des 
biens  communs  de  l'Église,  que  pour  avoir  le  loisir  de 
s'appliquer  plus  particulièrement  au  ministèn!  de  la 
parole  ('2),  rvi  ôia/.oviV.  n'j  }.à-/ou.  Tychiqiie  est  atipelé 
diacre  (3)  par  S.  Paul,  aussi  bien  que  Tiinothi-e  (i), 
quoique  l'un  et  l'autre,  et  surtout  le  dernier,  fussent  ccr- 
tainement  revêtus  du  caractère  épiscopal,  comme  on  le 
Tcrra  dans  la  suite.  Le  même  Ap(3tre  parlant  aussi 
(lArchippus,  qui,  suivant  toutes  les  apparences,  était 
évêque  de  l'église  de  Colosse,  en  Pbrygie ,  recom- 
mande à  ceux  à  qui  il  écrit  de  lui  dire  (5)  :  Considérez 
le  tninislère  que  vous  avez  reçu  du  Seigneur,  j3yizî  rr./ 
Six^ojia-j,  etc.;  c'est  ce  qui  a  fait  dire  à  S.  Chrysostômc 
qu'autrefois  les  prêtres  s'appelaient  évéques  et  diacres 
de  Jésus-Christ. 

Ce  détail  déplaira  peut-être  au  lecteur,  mais  je  le 
prie  de  m'excuser.  La  nécessité  d'éciaircir  uiic  ma- 
tière que  les  ennemis  de  la  hiérarchie  s'efforcent 
d'embrouiller  par  toutes  sortes  d'artifices,  m'y  a  iii- 
dispensablement  engagé ,  et  après  ces  remar(|ucs  il 
sera  aisé  à  toutes  les  personnes  judicieuses  de  ré- 
soudre toutes  les  diflicullés  qui  se  présentent  là  des- 
sus, et  de  se  convaincre  que  les  Pères,  qui  tantôt  par- 
tagent les  ministres  de  l'Église  en  deux  ordres  ou 
classes  différentes,  tantôt  en  trois,  ne  sont  point  op- 
posés les  uns  aux  autres ,  ni  à  cirx  mêmes.  Cela  Init 
tomber  l'argument  que  les  presbytériens  tirent  si  '-•y}. 
à  propos  de  cette  division  du  clergé  en  deux  orcircs 
et  qu'ils  font  tant  valoir.  Un  des  passages  sur  leqneV 
ils  insistent  le  plus,  est  celui  de  S.  Clément  dans  sa 
lettre  à  l'Église  de  Corinihe,  où  il  dit  en  parlant  des 
Apôtres,  qu'ayant  reçu  le  commandement  de  leur  maiire, 
et  étant  dans  une  pleine  certitude  de  la  résurrection  de 
Jésus-Christ,  ils  allèrent  prêchant  le  royaume  de  Dieu, 
et  qu'ils  établirent  évéques  et  diacres  ceux  qu'ils  avaient 
■  éprouvés  par  l'esprit  de  Dieu ,  pour  servir  ceux  qui  de- 
vaient croire  à  l'Evangile. 
I  Ce  qui  a  été  dit  suffit  pleinement  pour  résoudre  la 
prétendue  difficulté  qui  résulte  des  paroles  de  S  Clé- 
ment. Mais,  outre  cela,  on  peut  dire  que,  quand  même 
01!  prendrait  les  termes  d'évêques  et  de  diacree  slric 
tement  et  dans  la  seule  signification  qu'ils  ont  à  ^r^ 
sent,  ce  que  dit  ce  saint  du  Icm^s  desApôtre>,  dont  il 
parle  en  cet  endroit ,  est  vrai  à  la  lettre.  Car  il  faut 
savoir  que  ces  saints  fondateurs  de  la  religion  n'ont 
pas  d'abord  établi  partout  et  dans  tous  les  lieux  tous 
les  ordres  de  la  hiérarchie,  mais  à  mesure  que  les 
occasions  se  présentaient,  et  que  le  nombre  des  (idéles 
augmentait.  Le  Sauveur  leur  avait  prescrit  l.i-dcssus 
ce  qu'ils  devaient  faire  ,  mais  il  avait  laissé  l'exécutio» 


(1)1  Cor.  5,  v.  .'),  et  2  Cor.  3,  v. 
2)  Act.  6,  v.  i. 
(5)  Coloss.  -4,  V.  7. 
(4)  1  Thess.  3,  v.  2. 
(o)  Coloss.  4.  V.  17;  Ep.  ad  Phil. 
20 


t). 


907 


îlISTOmE  DliS 


à  leur  prmlcMOC  ,  on  plulot  à  Tespril  de  Dieu,  qui  les 

gouvernail  ;  ils  avaieulreçu  coinmaudemeiit  de  Jésus- 

Clirist  d  établir  l'ordre  des  diacres  ;  ils  ne  rexéculèrcnl 

.  ncaumoiiis  pas  d'abord,   mais  ils  le  firent,  (juand  le 

;  nombre  des  (idèles  s'élant  multiplié  dans  l'église  de 

"  Jérusalem,  Ils  ne  purent  plus  sufiire  eux-mêmes  à  lous 

les  besoins  de  Tliglisc. 

Il  en  a  été  de  même  à  regard  des  prêtres  et  des 
évoques  ;  ils  ne  mirent  pas  d'abord  dans  cbaque  ville 
un  évèque  et  des  prêtres  comme  on  a  fait  depuis;  mais 
dans  celles-ci  ils  établissaient  un  évêque;  dans  celle- 
là  lui  prêtre  ou  plusieurs  suivant  le  besoin  :  il  est  à 
CToire  que,  dans  la  plnpnrl  des  endroits  où  ils  se  ren- 
contraient souvent,  ils  se  conleHieient  d'y  établir  des 
prêtres,  étant  à  portée  d'y  exercer  eux-mèmc^  on  j>er- 
sonne  les  lontlions  de  répiscop;it;  et  qu'au  contraire 
dans  les  lieux  i>lns  éloigiiés  et  où  ils  allaient  plus  r.s-  i 
rement,  ils  y  établissaient  des  évoques.  C'est  ainsi  que  l 
S.  Pau!  envoya  Tite  en  Crète,  en  qualité  d'évêipie ,  | 
pour  gouverner  celte  ég  ise  et  y  consacrer  des  évéïpus  , 
et  des  prêtres  dans  les  villes,  à  mesure  que  la  foi  s'y 
répandrait.  S.  Clément  a  doac  pu  dire  (pic ,  dans  les 
cohmencements  de  la  prédication  de  l'Évangile,  les  1 
Apôtres  avaient  établi  des  évéqueset  des  diacres  seu-  ; 
lenient  dans  plusieurs  lieux  ,  comme  il  aurait  pu  dire  i 
que  dans  d'autres  ils  y  avaient  établi  seulement  des 
prêtres  :  et  même  à  l'égard  des  Apôtres  les  évê(iucs 
n'étaient,  pour  ainsi  dire,  que  comme  des  prêtres, 
leur  étant  aussi  soumis  que  les  prêtres  le  sont  aux-j 
évêrjues ,  comme  on  le  voit  partout  dans  le  livre  des 
Actes  ,  et  dans  les  Épîtrcs  de  S.  Paul  à  Tiie  et  à  Ti-  i 
jîiotliée.  ' 

Dans  la  suite,  quand  l'Église  fut  entièrement  formée  ! 
en  corps  de  religion,  les  Apôtres  établirent  partout  le 
triple  ordre  de  la  biérarchie,  afin  que  le-,  évêqurs,  te-  || 
jiant  leur  place  après  leur  mort ,  gouvernassent  avec 
l'aide  des  prêtres  et  des  diacres,  le  troupeau  de  Jésus-  j 
Christ.  C'est  ce  qu'ils  avaient  fait  plus  tôt  dans  l'église 
de  Jérusalem,  la  mère  cl  le  modèle  de  toutes  les  au- 
tres,  où  se  trouvaient  des  prêtres  et  des  diacres,  et 
on,  suivant  le  témoignai^'e  de  S.  Clément  d'Alexan- 
drie (I)  et  d'Hégésippe  (2),  ils  établirent  pour  évèque 
S.  Jac(pies,  le  frère  du  Seigneur. 

iMais  de  peur  «pril  ne  send)le  à  quelques-uns  que 
nous  parlons  ici  par  conjecture,  faisiuis  voir,  par  des 
auteurs  dignes  de  foi,  que  udus  n'avançons  rien  qui 
r.e  soit  Irès-vérilable  toucliaut  la  conduite  (lu'ont  te- 
iu\e  les  Apôtres  avant  de  quitter  ce  monde  pour  passer 
au  cii;l.  Il  est  si  vrai  ipi'ils  établirs-nl  drs  snccisseurs 
de  leur  puissi'.nce ,  et  d(?s  ministres  revêlus  de  la  plé- 
nitude du  sacerdoce  cbrélien  ,  (pie  Tertullien  en  tire 
ii!i  argument  Invincible  contre  les  béréliiiu(;s  (ô),  (pii 
ne  pouvaient  pas,C(uiime  l'Église  c  ibolique,  faire 
remonter  la  succession  de  l'épiscopat  jusqu'aux  Apô- 
tres :  Qu'ils  nous  monlrent ,  dit-il,  l'origine  de  lews 
églises,  qu'ils  nous  représentent  la  suite  de  leurs  évêques 

'      (1)  L.  6,  Inst. 

(2    Euseb.,  1.  2,  c.  1,  et  c.  23. 
(3)  i'ertulî.  adv.  Hteres..  c.  52. 


SACREMENTS.  908 

qui  remontent  jusqu'au  commencement ,  en  sorte  que  le 
premier  ait  eu  pour  prédécesseur  quelqu'un  des  Apôtres, 
on  des  hommes  apostoliques  qui  aient  persévéré  avec  eux  : 
car  c'est  ainsi  que  tes  écj'.ises  apostoliques  se  font  con- 
nuitre.  Telle  est  l'église  de  Smgrne,  dont  Pohjcarpe,  qui 
y  n  été  placé  par  Jean,  a  été  le  premier  évèque.  Telle  est  • 
celle  de  Home,  pour  laquelle  Clément  a  été  ordonné  par 
Vi:rre.  Les  autres  peuvent  également  nous  montrer  ceux 
dont  ellts  tirent  leur  origine ,  et  qui  ont  été  établis  évê- 
ques par  les  Apôtres.  Le  même  Tertullien  dit  quelque 
cbosc  de  semblable  de  l'établissement  des  évê(iues, 
dans  son  quatrième  livre  contre  Marcion  ,  en  prenant 
toujours  ce  nom  d'é\êque,  suivant  la  notion  qu'il  lui 
donne  ailleurs  poiu"  )e  souverain  prêtre. 

S.  Irénée  (1),  avant  Tertullien,  avait  insisté  de 
même  sur  la  succession  des  évé(]nes,  depuis  les  Apô- 
tres jusqu'à  son  temps,  pour  prouver  (pie  la  tradition 
de  l'Eglise  catholique  était  la  seule  véritable.  Tout  le 
monde,  dit-!l,  peut  voir  par  soi  môme  la  tradition  des 
Apôtres  (jui  s'est  fuit  connaître  partout  dans  l'Eglise,  et 
nous  pouvons  compter  ceux  qui  ont  été  établis  évoques 
dans  les  églises  ])ar  les  Apôt:es,  aiissi  bien  que  leurs  suc- 
cesseurs jusqu'à  notre  temps.  Il  ajoute  que,  qu:uid  les 
bicnhem-eux  Apôtres  c'.u'eut  fondé  et  instruit  rÉglise 
de.  Uome ,  ils  y  établirent  premièrement  Lin  pour 
évèque;  qu'à  celui-ci  succéda  Anaclet,  après  la  mort 
du(juel  ils  mirent  en  troisième  lieu  Clément.  Et  post 
eum  tertio  loco  ab  Aposlolis  episcopatum  sortitur  Cle- 
mens.  Le  saint  docteur  fait  ensuite  rémunération  des 
évê(iue3  de  Rome,  jusqu'à  Eleiillière  ,  qui  gouvernait 
celte  église  de  son  temps.  Quoi  donc,  n'y  avait-il  point 
alors  d'autres  prêires  à  Rome  que  ceux  dont  parle 
S.  Irénée?  Un  seul  homme  pouvait  il  suffire  pour  la 
conduite  d'un  si  grand  nombre  de  chrétiens  qui  s'y 
trouvait?  Il  y  aurait  de  l'absurdité  de  le  penser,  puis- 
que Ciu'ncilic,  qui  fut  placé  sur  le  siège  de  cette  église 
soixante  ans  après  Eleulhère  (2),  nous  apprend  qu'il 
y  avait  de  son  temps  qu;uante-q\iatre  prêtres,  et  qu'on 
voit  du  temps  d'Lleutiière,  coutemporain  de  S.  Iré- 
née, le  séui!4  des  prêtres  bien  marqué  dans  cette 
église ,  par  ce  qui  est  l'apporlé  dans  Eusèbe  (5),  de 
certains  bérélitiues,  à  la  lète  desquels  Florin,  prêtre 
de  Rome,  (pii  avait  été  déposé  s'était  mis,  wv  riystro 
•f'/MpiJcç  ■KpnêoTEpiov  Tr,;  è/./.'itcic/.i  àrroTTSTcôv.  Pourquoi 
donc  est-il  parlé  si  rarement  des  prêtres  qui  aidaient 
l'é  ê(pie  dans  la  conduite  des  airiires  ecclésiastiques 
et  (1  IIS  l'ailministiMiion  des  sacremeiils?  Cela  vient 
sans  do:ite  de  ce  que  t  nie  l'auloi  ité  et  la  prééminence 
était  réservée  et  comme  coiicenlrée  dai;s  la  personne 
de  révê(|ue,  en  sorte  que  Ks  prêtres  ne  pouvaient 
presque  rien  entreprendre  sans  en  avoir  reçu  de  lui 
bî  commandenientoii  la  permission.  Celle  dépendance 
i  d(^s  prêtres  à  l'égard  des  évêques ,  se  découvre  bien 
I  visiblement  dans  la  lettre  du  clergé  de  Rome  à  S.  Cy- 
1  prien,  pendant  la  vacance  du  siège  (4),  par  laquelle 

'      (I V  L.  5   c.  5. 

I      (2)  Euseb.,  Ilist.  eccl.,  1.  6,  c.  43. 
I      (3)  L.  D,  c.  15. 
(1)  Cvpr..  ep.  51. 


909 


ORDRE.  —  PART.  lîl.  CIINP.  II.  SUITK  DU  MÊME  SUJET. 


910 


on  voit  que,  quoique  rafîaire  de  ccu.x  qui  claioiil  lom-  T,  Ou  voit  daus   les  autres   IrUros  de  ce  môme  saint 


bcs  durant  la  persécution  fût  des  plus  urgiMitcs ,  le 
sénat  des  prêtres  de  celte  première  église  du  monde 
ne  croyait  pas  devoir  rien  dclermiuer  sur  cela,  réser- 
vant le  tout  à  la  décision  de  celui  ([ue  Dieu  leur  don- 
nerait pour  évcquc.  Les  paroles  dont  ils  se  servent 
dans  cette  lettre  sont  remarquables;  les  voici  :  Quoi- 
que nous  ayons  une  raison  plus  pressanle  de  différer 
ce  qui  regarde  celte  affaire,  nous  qui,  depuis  le  décès  de 
Fabien,  de  Ircs-itluslre  mémoire  n'avons  encore  pu  avoir 


dont  Eusèbe  nous  a  conscr\é  de  précieux  Ira^ments, 

I  que  de  son  leuips,  c'esl-à  dire,  environ  snixanie  ans 

1  après  celui  des  Ap'^lres,  la  idujart  des  villes  avaient 

i  pour  y  gouverner  l'É^^lise,  un  jiaUeur  prineii»;»!  qui 

portait  le  nom  d'éicque,  il  fait  uicilion  d'un  ^raud 

nombre  .d'entre  eux,  et  nous  apprend   ciilrf  aiiires 

que  Denis  lAréopagitc  a  éié  le  premier  évéque  d"A- 

ibcne.-.  {I). 

Une  autre  chose  que  nous  apprenons  des  nnwn- 


d'évêque,  à  cause  de  la  difficulté  et  des  circonstances  des  ^  incnts  de  l'Église  |)rimilivi\  qui  cA  très  pro  re  à  nous 
temps  ,  ce  sera  lui  qui  la  rétjlera  avec  autorilé  et  en  pre-  j|  f^j^e  concevoir  la  dislinelion  (pi'il  y  avait  alors  entre 
nanl  conseil.  «  Qui  oninia  isla  moderetur,  et  eoruni  qui  |  l(>sévè(|ues  elles  prè:res,esl  <iue  les  prèlres  passaient 
i  lapsi  sunt,  possil  cum  auclorilale  et  consilio  kttberera-  f  (\q  ce  rang  à  celui  dcvèq'ies  ,  connue  dislmgué  et 
<  tioncm.  »  j|'  élevé  au  dessus  de  celui  qu'ils occup:iiint  auparavant. 

S.  Ircnce  parle  de  l'église  de  Smyrne  à  peu  près  ||j  Nous  en  avons  plusie(u-s  exenq)!cs,  entre  autres  celui 
comme  de  celle  de  Rome,  et  nous  assure  que  les  |  d'Iléraclas  qui  moala  sur  le  siège  d'A!exan:!rie,  après 
Apôtres  en  avaient  confié  le  gouvernement  à  S.  Poly-  |j||  avoir  été  prêtre  de  celle  Éyli^e  (2),  et  de  S  Iréaée 
carpe  en  qualité  d'èvè(iue.  Car,  après  avoir  dit  (1)  qu'il  ,|  ,,ui  sucièla  à  Potliin,  cvèqiiedc  Lyon,  qu«  suint  l'o- 
arait  été  instruit  i)ar  les  Apôlres  ,  et  qu'il  avait  vécu  :j;  lycarpe  avait  envoyé  dans  les  Gaides  (.3).  Il  n'était 
femilièrement  avec  ceux  qui  avaient  vu  le  Sei^^neur,  i^l  encore  que  prêtre,  quand  les  martyrs  de  celle  ville 
il  ajoute  que  les  Apôtres  l'avaient  établi  ei'êr/Hc  rf««s  |  jg  ti,'.p;,ièrent  an  pape  Klenllière ,  à  (|ui  ils  di  enl  en 
l'Asie,  dans  l'église  de  Smyrne,  et  qu'il  l'avait  vu  d.ms  t  parlant  de  lui  (4)  :  Si  nous  savions  que  le  rany  est  tin 
sa  jeunesse.  (Sed  eiiani  ab  Apostolis  in  Asià,  in  eu  quiv  |  ,/„.^  ^„;  donne  droit  à  in  justice  .  nous  le  recommande- 
est  Smyrnis  eccicsiâ,  constilutus  episcopus,  queni  et  nos  |;  rions  comme  prêtre  de  l'Kylise  tel  qu'il  l\'st  effective- 
vidimns  in  prima  uoslrà  œtate.  )  Eusèbe,  dans  sou  Mis  |:  „jenl,  etc.  S.  Denis  de  Rome  avait  aussi  été  |Télre  de 
toire,  nous  a  conservé  de  même  les  noms,  non  seu'e-  |  celte  église,  avant  (pi'il  fût  plaeé  sur  la  chaire  de  S. 
ment  des  premiers  évêques  des  principaux  sièges,  |  Pierre,  comme  on  le  voit  dans  la  1 -lire  de  Denis  d'A- 
inais  encore  ceux  de  leurs  successeurs  jusqu'à  sou  ,1  lexandrie  r:'pporlée  p;ir  i:usé!)e  (.'>).  î^tus  en  po  :r- 
temps,  savoir  des  églises  d'Alexandrie,  d'Anlioehe  cl  {.j  rions  pioduirc  plusieurs  antres  exeutpl.s,  mais  ceux- 
de  Jérusalem,  qui  tons  ont  étééîablis  par  les  Apôlres,  |j  là  sulliseni  pour  niontrer,  avec  tout  ce  qiu  a  élé  dit 
cl  il  ne  fait  aucune  mentioii  des  prèlres  de  ces  mêmes  i|  dans  ce  chapitre,  la  diflcreuce  ([u'i!  y  a  toujours  eu 
églises,  qui  sans  doute  étaient  en  grand  nombre,  |:  entre  les  |)rèlres  et  les  évéques,  et  pour  l'aire  \oir  (;ne 
parce  que  ceux-ci  n'avaient  d'antnrilé  et  ne  pouvaient  |l  ceux  ci  sont  aussi  élevés  au-dtîssus  des  prèlres  ,  que 
ngir  qu'autant  qu'il  plaisait  à  l'évèque  de  les  cm-  |  les  prèlres  le  sont  au  dessus  des  diacres,  cl  ce!a  par 
Ployer.  |]  riiisiiiutiou  aposlolique.cl  divine.  Puisipu;  si  l'on  n'ai- 

On  remarque  cette  prééminence  des  évoques  au-  I|]  iribue  pas  à  Dieu  ce  qu'oi:t  fait  les  A'  êtres  pour  le 


dessus  des  prêtres,  dans  la  lettre  de  S.  Polycarpe  aux 
Pliiiipjiiens,  dont  l'inscription  porte  :  Polycarpe  et  les 
prêtres  qui  sont  avec  lui ,  à  T  l'y  lise  de  Dieu  qui  est  à  , 
Philippe.  Car,  par  celle  maMière  de  pailcr,  il  se  dis-  j 
tingue  manifestenjenl  des  prêtres,  dont  il  ne  parle' 
\  qu'en  gros,  se  conlenlaut  de  inellrc  seulement  son 
nom  à  la  tête  de  cette  lettre.  Mais  rien  n'es!  plus  pro- 
pre à  nous  faire  concevoir  une  juste  idt'e  de  raiilorilé 
cl  de  la  prééminence  des  évè<pies  au-dessus  du  reste 
du  clergé,  que  les  lettres  de  S.  Denis,  évê(pie  de  Co- 
rinlhe,  qui  vivait  à  peu  près  dans  le  même  temps  que 
S.  Iiéiiée,  et  surtout  celle  ipi'il  adressa  aux  Cnossicns 
dans  laquelle  il  avertit  Piim'.us  leur  évêiiue  de  ne 
point  imposer  aux  frères,  comme  nécessaire  ,  le  joug 
pesant  de  la  chasteté  (2),  mais  d'avoir  égard  à  la  fai- 
blesse de  la  plupart  des  hommes.  Il  ne  nie  pas  qu'il 
n'eîll  le  pouvoir  d'ol)Ii;jer  les  frères,  c'est  à-dire,  ceu\ 
du  clergé,  à  vivre  dans  la  coniincuce,  tant  le  pouvoir 
des  évêques  était  grand  ,  mais  il  le  prie  de  tempérer 
son  zèle,  et  de  condescendre  à  l'inrirmiié  des  autres. 

(1)L.3,  c.  5. 

(2)  Euseb.  Hisl.  eccles.  1.  4,  c.  23. 


gouvernement  général  de  l'Eglise  ,  il  n'y  aura  plus 
rien  de  certain,  surtout  dans  la  matière  des  sarre- 
nienls.  Mais  c'est  ce  (pi'il  faut  encore  démonirer  plus 
clairement,  s'il  est  possible. 

CHAPITRE  II. 

I  On  continue  de  parler  de  la  même  matière ,  et  on  fait 
voir  que  jamais  les  églises  n'ont  été  gouvernées  >ar 
un  sénat  de  prêtres  revêtus  d'une  égale  puissance, 
mais  pur  un  seul  évèque.  On  explique  en  peu  de  mots 
les  différents  sentiments  des  docteurs  scoLisliaues 
sur  le  même  sujet. 

Pour  se  former  une  juste  idée  du  gouverne::  ent  que 
les  Apôtres  ont  établi  dans  les  é^ilises  (|u'ils  ont  fon- 
dées, il  ne  f:iul  pas  lanl  s'arrêter  à  ce  qu'ils  ont  fait 
d'abord  daiis  la  propagation  de  l'Evaigile  ,  (pi'à  ce 
qu'ils  ont  ordonné  que  l'on  observai  daiis  la  suite, 
quand  lÉglisC  aurait  été  fondée  et  répandue  .par  ioule 

(1)  Ensel).  Ili^t  I.  i,  c.  22. 

(2)  iMiseb.  M),  c.  1!). 

(3)  Greg  Turon.  liist  Franc.  1.  1,  c  24 
{i]  Apud  Euseb.  I.  .*>,€.  4.  ^ 

i.Sj  L.  7.  r.  7. 


911 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


9^2 


la  terre  Examinons  donc  prcsentemcnt  s'ils  ont  corn-  m  de  leur  Eglise.  Cœtera  cùm  venero  dtsponam  (1).  Pa- 

" '     '    '■   ''  '  —  '   ---''--    '    rôles  qui  font  assez  enlcndrc  qu'il  avait  déjà  ciabli 

des  lois  parmi  eux.  Dans  ses  épitres  à  Tite,  à  Tinio- 
ihée  il  prescrit  aussi  des  règles  générales  de  discipline, 
el  dit  à  ce  dernier  (2)  qu'il  a  reçu  le  don  du  S. -Esprit 
par  l'iinposilion  de  ses  mains  ,  ce  qui  donne  lieu  do 
croire  que  les  prêtres  (pii  l'avaient  assisté  dans  celle 
ordination  étaient,  non  des  évêques  ,  mais  de  sim|)les 
prèlres.  Mais  pourquoi  nous  arrêter  sur  ce  sujet?  il 
est  plus  clair  que  le  jour,  que  L'S  Apôtres  ont  établi  la 
discipline  qu'ils  ont  jugé  à  propos,  ciiacun  dans  les 
églises  qu'ils  ont  fondées  ,  et  qu'ils  l'ont  fait  avec  une 
i  autorité  absolue,  et  avec  non  moins  de  puissance  que 
s'ils  eussent  été  tous  réunis  pour  cela. 

Non  seulement  les  A  poires  ont  exercé  cliacun  en 
particulier  coite  aulorilé  absolue  dans  le  gouverne- 
ment de  l'Église,  mais  il  l'ont  encore  transmise  à 
d'autres  qui  devaient  l'exercer  comme  eux  après  leur 
mort,  et  même  de  leur  vivant.  C'est  ce  que  S.  Paul  a 
f;iit  à  l'éi^ard  de  Tiinolliée,  son  di^cipIe,  qu'il  avait 
laissé  à  Éplicse  pour  gouverner  l'église  qu'il  y  avait 
fiindée.  Cela  paraît ,  par  les  avertissements  qu'il  lui 
dorme,  qui  tous  supposent  ce  pouvoir  éminent  au- 
dessus,  non  seulement  des  simples  fidèles,  mais  aussi 
des  prêtres  (5).  y  imposez  pas  fiicilenioit  tes  mains  , 
lui  dit-il ,  ne  recevez  point  d'accusaiion  contre  tin  prêtre, 
sinon  sur  le  témoignaqe  de  deux  ou  trois  personnes.  Ne 
faites  rien  pur  votre  inclination  particulière,  v.v.'.v.  tt^ot- 
■f.U'iv),  etc.  11  dit  de  même  à  Tite  (l)  qu'/7  l'a  laissé  en 
Crète  pour  y  établir  une  parfaite  discipline,  et  y  corriger 
ce  qu'il  trouverait  de  défectueux,  el  établir  des  prêtres 
dans  les  villes ,  selon  le  besoin.  Ces  deux  points  reu- 
lérment  toute  l'autorité  épiscopale  et  apostolique. 
Cependant  l'Apcire  la  confie  tout  entière  à  une  seule 
j)ersonne,  et  non  à  une  assemblée  de  prêtres,  parce 
que  sans  doulc  le  Seigneur  l'avait  ainsi  ordonné.  Il 
donnait  à  d'anlres  ce  qu'il  avait  reçu  lui-même ,  et  ce 
qu'il  lit  à  l'égard  de  Tite  et  de  Timotliée ,  il  le  fit  à 
l'égard  des  antres  qu'il  établit  évêques  ailleurs,  sui- 
vant les  conjectures  el  les  circonatances  diirérenles  : 
car  il  n'avait  rien  tant  à  cu-iu"  (|ue  d'établir  une  par- 
faite uiiiformili-  dans  tout  ce  qui  était  essentiel  pour  le 
bon  gouvcriiemeiit  de  l'Église.  11  le  témoigne  assez, 
lorsqu'il  dit  (o)  :  C'est  ainsi  que  j'enseigne  dans  toute 
l'Eglise.  El  ailleurs  ((5)  :  XoUli  ce  que  j'ordonne  dans 
toutes  les  égl'ses. 

Mais  quand  nième  nous  ne  pourrions  pas  recon- 
naître la  pn'éminence  des  évê(iues  à  la  lumière  des 
Éciiluros,  riiisloire  suf.irail  pour  l'établir,  j)uisqu'on 
y  voit  que  dès  les  premiers  commencements  de  l'É-/ 
glise  el  avant  la  mort  des  Apôlres,  il  y  avait  dans 
cbaiine  ville  un  évèipie  qui  piésidait  à  toutes  les  af- 
i  faires  de  religion,  qui  gouvernait  les  fidèles,  et  était 


mis  à  un  seul  la  puissance  dont  ils  étaient  revêtus 
pour  le  gouvernement  du  peuple  fidèle  dans  chaque 
ville  et  dans  cnaque  pays  ,  ou  s'ils  ont  transmis  celle 
,)uissancc  à  plusieurs  (|ui  la  i)artageassent  également 
entre  eux  ,  et  (jni  gouvernassent  l'église  en  commun  ; 
comme  le  prétendent  ceux  contre  qui  nous  écrivons. 
Nous  avons  très-peu  de  monuments  qui  nous  insu  ui- 
sent  là  dessus.  S.  Lue  est  le  seul  (|ui  ait  écrit  les 
Gestes  ou  les  Actes  des  Apôtres;  dans  ce  livre  il  parle 
peu  de  S.  Pierre,  et  il  ne  nous  apprend  de  ce  prince  des 
apôlres,  que  ce  qu'il  a  fait  durant  la  première  et  peut- 
être  la  seconde  année  qui  s'est  écoulée  dei)uis  l'as- 
cension du  Sauveur.  Il  ne  fait  presque  aucune  nien- 
lion  des  autres  apôlres,  et ,  àlegard  de  S.  Paul  sur 
leiiuel  il  s'est  beaucoup  pins  étendu,  il  n'en  rapporte 
guère  que  ce  qu'il  a  vu  de  ses  yeux  en  l'accompa- 
gnant dans  le  cours  de  ses  voyages.  Il  est  vrai  que  S. 
Paul  a  écrit  plusieurs  épîtrcs,  mais  ce  sont  diverses 
circonstances  particulières  qui  l'ont  engagé  à  écrire 
ces  lettres  ,  dans  lesquelles  il  suppose  plutôt  (pi'il  ne 
nous  apprend  la  forme  du  gouvernement  établi  dans 
les  églises.  De  plus  ,  la  plupart  des  Apôlres  ont  vécu 
qiieliiues  lenqis  après  que  livres  du  nouveau  Testa-  [ 
ment  ont  élé  écrits  (si  on  excepte  l'Apocalypse)  et' 
c'est  surtout  durant  cet  intervalle,  que  l'Église  s'é-  i 
tant  merveilleusement  augmentée ,  ils  ont  mis  la  der- 
nière main  à  la  forme  du  gouvernement  qu'elle  devait 
avoir  dans  toute  la  suite  des  siècles. 

Nonobstant  le  peu  de  lumière  (pie  l'Écriture  sainte 
nous  donne  là-dessus,  ^i  on  l'examine  avec  attention , 
on  en  trouvera  assez  pour  reconnaître  que  l'aulorité 
du  gouvernement  a  élé  conliée  aux  évêques  ,  et  non 
au  sénat  des  prêtres,  qui  n"onl  été  (|iie  les  coopéra- 
leurs  des  évèqries  ,  destinés  à  les  aider  dans  leurs 
fonctions  avec  la  dépendance  que  les  inférieurs  doi- 
vent à  leurs  supérieurs.  Il  est  facile  de  s'en  convaincre, 
.si  on  fait  attention  que  les  Apôtres  n'ont  rien  eu  de  ) 
])lus  à  cœur  que  de  se  conformer  en  tontes  choses  ;| 
aux  intentions  de  leur  divin  maître.  Or,  il  est  incon- 
testable qu'il  avait  confié  à  chacun  d'eux  en  parlicu-  jj 
lier  tout  le  pouvoir  nécessaire  pour  le  gouvernement  ! 
de  l'Église,  el  par  conséquent,  il  ne  faut  point  douter 
qu'ils  n'aient  lait  la  même  chose  en  transmettant  leur 
puissance,  non  au  corps  ou  à  l'assemblée  des  luêtres, 
mais  à  celui  qui  en  était  le  chef  et  le  supérieur  connue 
du  reste  du  clergé. 

On  remarque  dans  tous  les  Apôlres  cette  plénitude 
de  puissance,  el  on  la  leur  voit  exercer  indépendam- 
meiil  les  uns  des  autres.  Car  sans  parler  de  ce  (jn'on 
lit  dans  le  livre  des  Actes,  où  tantôt  un  seul  Apôtre , 
lanlôtdeiu  ou  trois  dis|)OSent  des  ailaires  de  l'Eglise 
les  plus  importantes ,  S.  Paul  assure  de  lui-niême 
qu'il  est  chargé  du  soin  de  toutes  les  églises  (I),  et 
ailleurs  il  promet  aux  Corinthiens  que  quand  il 
\iendra  chez  eux,  il  ordonnera  ce  qui  sera  convenable 
pour  loul  ce  qui  reslail  à  régler  dans  le  gouvernemenl 

(l)2CorMl,28. 


(1)1  C(u-.  Il,  v.  51. 

■(■D'i  Tim.  l,c.  6. 

(5)  1  Tnnolh.o,  v.  19,  20,21,  22. 

(i)  lit.  l,v.  5. 

(a)  1  Cor.  i,  V.  17. 

((])  !l)id.  0.7,  V.  n. 


S13  ORDRE.   -  PART.  Hi.  (iiAl 

clinrgé  lie  répoiulre  ile  leurs  àini'S  dcvaiil  Oic'ii.  S 
Jean,  clans  l'A iiotalypsc.  atlicssc  la  iiarn!câii\  c".(;i|iii'S 
ilcy  sopl  églises  à  (iiii  il  écnl;  el  iiniir  ni.ui|ucr  leur 
piéiîiiiiiii'iico,  il  los  iioiuino  uinics  île  ces  ('glises,  lai- 
saiil  allusion  aux  auges  à  qui  Dieu  a  coinuiis  le  suiu 
(les  corps  sublmiaires  ,  couiuie  l'auge  des  eaux  ,  oie. 
Les  auteurs  ecciési.isliquos  nous  appieuneul  aus-<i 
qu'à  la  fin  du  premier  siècle ,  cl  avant  le  milieu  du 
secouil ,  les  églises  n'-paiulues  par  loule  la  lerre  liabl- 
lablc ,  avaieiil  chacune  leur  évèquo ,  et  aucun  d'eux 
(le  lait  mention  d'église  gouvernée  par  mi  certain 
KOinbre  de  prêtres  égaux  entre  eux,  el  indépendauls 
'  les  évc(|ucs.  Outre  ceux  dont  nous  avons  parlé  dans 
te  chapitre  et  le  précédent,  Anien  a  succédé  à  S. 
Marc  dans  le  siège  d'Alexandrie,  Cresccnt  était  évè- 
qties  des  Galales  ou  des  Gaulois  ,  car  les  Grecs  les 
nommaient  aussi  Galales.  Gains  l'était  de  Thessalo- 
nique.  Evode  fut  fait  évêque  d'Antioclie ,  quand  S. 
Pierre  quitta  cette  ville  pour  aller  à  Rome.  Siméon, 
fils  de  Cléophas,  succéda  à  S.  J.iC(|ues  dans  le  gou- 
vernement de  l'église  de  Jérusalem,  etc.  Enfin  ce  fait 
est  si  constant,  que  les  ennemis  les  plus  déclarés  de 
la  hiérarchie  sont  obligés  de  convenir  qu'un  siècle  et 
demi  après  l'incarnatitm,  l'épisco,  al  était  un  ordre 
distii.gué  de  la  prêtrise,  et  que  ceux  qui  y  étaient 
élevés  avaient  autorité  sur  les  prêtres  comme  sur  le 
reste  du  clergé  et  sur  les  fidèles. 

Ils  ne  sentent  pas  où  un  tel  aveu  les  conduit  :  car 
enfin  il  faut  ou  qu'ils  conviennent  que  ces  évèques 
étaient  placés  dans  leurs  sièges  par  l'aulorité  et  l'in- 
slilulion  de  Jésus-Ghrist,  ou  qu'ils  disent  qu'ils  avaient 
usurpé  celte  place  d'bomieur  et  cette  prééminence 
au-dessus  de  leurs  frères,  auxquels  ils  étaient  égaux 
suivant  la  première  institution.  G'est-à-dire,  qu'il  fau- 
dra qu'ils  accusent  ces  saints  évèques  qui  ont  tant 
contribué  à  augmenter  le  nombre  des  fidèles  et  à  ré- 
pandre la  lumière  de  lEvangile  pour  lequel  grand 
nombre  d'enlre  eux  ont  versé  leur  sang  ;  il  fiuidra,  dis- 
je,  qu'ils  accusent  ces  grands  hommes  d'impiété  en- 
vers Dieu,  el  d'injustice  envers  les  houmies.  Qu'v  a- 
l-il  en  effet  de  plus  impie  que  de  renverser  par  une 
entreprise  sacrilège  ce  que  Dieu  lui-même  a  établi  ; 
et  qu'y  a- 1  il  de  plus  injuste  que  de  dépouiller  ses 
frères  de  leurs  privilèges  el  de  la  puissance  dont  ils 
sont  revêtus,  pour  se  l'approprier  tout  entière  ?Peul- 
on  rien  imaginer  de  plus  tyranniquc  et  de  plus  am- 
bitieux que  de  se  rendre  les  maîtres  de  ceux  que 
Dieu  a  établis  nos  égaux  ?  Voilà  cependant  les  excès 
do.Ml  les  Calvinibtes  doivent  accuser  les  évèques  du 
premier  et  du  si-cond  siècle,  ces  hommes  dont  les 
noms  sont  en  si  grande  vénération  parmi  les  Chré- 
liens.  Et  ce  qui  est  plus  surprenant  ,  c'est  qu'il 
fiïudra,  selon  leur  système  ,  que  les  prêtres  à  qui 
les  églses  avaient  été  confiées  pour  les  régir  en 
comnmn.  aient  souffert  patiemment  que  leurs  égaux 
les  assujé  issent ,  et  qu'aucim  d'eux,  dans  tant  de 
différentes  églises  si  éhiiguées  les  unes  des  autres, 
n'ait  réclamé  contre  une  telle  violence ,  el  n'ait  re- 
vendiqué des  droits  el  des  prérogatives  dont  Jcsus- 


II.  SUITE  DC  .MÊME  SUJET. 


Mi 


Glirist  el  les  apôtres  les  avaient  honorés.  G'est  au 
le<Mein- judicieux  à  f.iire  ses  lèdcxions  sur  un  syslèuie 
si  mal  conçu,  cl  qui  niè:  (!  à  de  ti'lies  absurdités. 

Disons  di)nc,  s;ius  craindre  de  nous  tromper,  fpie, 
comme  dans  l'ancicmu^  loi  le  grand  prêtre  était  au- 
dessus  des  simples  prèlres  el  desb-viics,  comme  J('- 
sus-Chribt  était  au-dessus  des  apôtres  eldes  7:i  disci- 
ples, comme  les  apôlres  depuis  lui  avaient  autorité  sur 
les  évoques  et  sur  les  «prêtres,  de  même  les  évèques 
l'ont  eue  aussi  sur  les  prêtres  el  les  diacres  après  l;i 
mort  des  apôlres  auxquels  ils  ont  succédé,  qu'ils  Tout 
eue  même  iLi  vivant  des  apôlres,  comme  nous  l'avons 
vu  ;  qu'ils  ont  exercé  celle  juridiction  surtout  eu 
l'absence  de  ces  premier^  fondaletus  de  la  leligion, 
et  que  les  apôlres  n'ayant  rien  fait  pour  l'établissement 
de  la  discipline  g('nèrale  de  l'Eglise  que  suivant  les  or- 
dres cl  les  intentions  du  Sauveur  et  par  l'ins^iiratiou 
du  Saint-Esprit  ;  l'insiilution  des  évèques  el  leur  su- 
périorité au-dessus  des  prèlres  \ie:U  de  Dieu. 

Ceci  ne  doit  pas  passer  pnnr  une  opinion  :  car  outre 
tout  cequi  a  été  dit  jusqu'à  présent  potu-  le  prouver, 
les  Pères  du  second  et  du  troisième  siècle  l'ont  ensei- 
gné comme  une  vérité  incontestable.  Nous  avons  déjà 
rapporté  quelques-uns  de  leurs  passages,  on  en  trou- 
vera un  grand  nombre  dans  les  écrits  des  théologiens;  et 
ainsi  nous  nous  crmlenterons  d'en  citer  ici  quelques-uns, 
et  entre  autres  de  saint  Clément  d'Alexandrie  et  de 
S.  Cyprien.  Le  premier  met  la  même  dilférence  entre 
l'évèque  el  le  prêtre,  qu'entre  le  prêtre  et  le  diacre  ; 
or  personne,  que  je  sache,  ne  s'est  avisé  do  nier  la  su- 
périorité du  prêtre  au-dessus  de  ce  dernier,  et  que 
cette  supériorité  ne  soit  fondée  sur  l'insiilution  divine. 
Voici  dequelle  manière  il  cnparle(l)  :  //  y  aaussisur 
la  terre  et  dans  VEijlhe  différents  ordres  on  degrés,  ir.il 

xz!  y.i  EVTaOOa/.arà  Ty;v  \i/./.'jr,-jly.i  r.ço/.c-yÀ,  d'évècjues,  de 

prêtres  et  de  diacres,  que  je  crois  être  des  imitations  de 
la  gloire  des  anges.  Ces  paroles  montrent  que  S.  Clé- 
ment était  persuadé  que,  comme  Dieu  avait  créé  diffé- 
rents ordres  d'esprits  célestes,  il  croyait  aussi  que 
Dieu  avait  è-labli  dans  son  Eglise  dilfiMenls  ordres  drt 
ministres  subordonnés  les  uns  aux  autres.  Origène 
n'est  pas  moins  exprès  là-dessus  :  mais  S.  Cyprien, 
ce  grand  défenseurderépisco|iat,  de  l'esprit  du(|uel  il 
était  rempli,  en  a  parlé  avec  plus  de  dignitèipi'aucuii 
autre.  11  nous  rissure  (ep.  G9)  que  les  èvêipies  onl  suc- 
cédé aux  apôlres  sans  interruption  pour  tenir  leur 
place  dans  l'Eglise,  vicarià  ordinationc ,  c'csl  ainsi 
qu'il  s'exprime  dans  sa  lellre  à  Florentins  Pupianus. 
Il  dit  ailleurs  (i),  en  parlant  desèvêiiues  de  son  temps, 
que  Dieu  les  avait  clioisis  pour  être  les  chefs  de  sou 
Eglise  :  Qnoniam  apostolos,  id  est,  episcopos  et  pra-- 
posilos  Dominus  elegit.  C'est  pourquoi  (ep.  53)11  nom- 
me la  puissance  de  gouverner  l'Eglise,  une  puissance 
divine  el  sublime  :  tVf/t'si'ir  gulhrnand'V  sublimeni  et 
divi)uim  poiestatcm.  Ce  saint  martyr  emploie  ce  prin- 
cipe pour  renverser  le  projet  des  schismatiques  qui 
avaient  entraîné  dans  leur  rébellion  quelques-uns  de 

(1)  Strom.  1.6,  p.  GG7. 

(2)  .\d  Rog.  ep.  63. 


915 


IiIoTO.i.„  ï.i:6  SACUEMENTS. 


Ôî() 


ce»»  ani  avaient  souffert  durant  la  pcrsôcnlion  :  ils  j  comme  si  une  armée  proclamait  un  empereur;  ou  les 


sonlcnaiciit  qnc  ceux  qui  n'éliiioiil  point  d;ms  la  coin 
miMiion  (le  ces  prétendus  inailyrs  ne  lai,saicnt  p'iint 
partie  du  corps  de  rEgJisc.  Mais  il  leur  lit  voir  avec 
son  éloipienoe  ordinaire  qnc  les  martyrs  n'él;>iei!t 
point  le  centre  de  la  coiunmnion  caliiulique,  maisbien 
les  évèqiies  dont  on  ne  p  mvail  se  séparer  sans  sor- 
tir de  rnnilc.  Notrc-Scicjneitr  Jésus-Clirisl,  dil-il  (1), 
dont  twus  devons  respecter  et  observer  les  conunande- 
tnnits,  voulant  faire  respecter  l'étêfiue  et  prescrivant  la 
disàpli)ie  de  l'Eglise,  dit  à  Pierre  dans  CEvuiKjile  :  s  Je 
i  vous  dis  quevons  êtes  Pierre,  et  sur  celte  pierre,  etc.  ^ 
De  là  vient  l'ordination  des  érèques  qui  se  sont  succédé 


diacres  clioisissaienl  un  d'entre  eux  en  qui  ils  reeon- 
naissaient  des  lidents,  pour  le  déclarer  arcliidiacre. 

Mais  il  est  visible  que  S.  Jérôme  ne  parle  point  en 
cet  endroit  de  Tordinalio!!  des  évoques  d'Alexandrie.  11 
y  est  seulement  ([ueslion  de  l'éleelion  derévè(pie,  qui 
('ans  celte  église  él.iit  dévolue  lonl  entière  aux  prê- 
tres,  ce  qui  n'éiail  pas  un  petit  relief  pour  eux.  D'où 
vient  que  S.  Jérôme  qui  ne  se  proposait  dans  cet  écrit 
(|ue  de  relever  l'ordre  des  prêtres,  que  les  diacres 
méprisaient  mal  à  propos,  représente  cette  ancienne 
prérogative  dont  les  prêtres  de  cette  église  étaient 
en  possession,  selon  lui,  dans  le  temps  dont  il  parle. 


les  uns  aux  autres  dans  la  suite  dts  temps,  et  la  forme  S  Le  |)assage  de  Libéral,  archidiacre  de  Carlbage, 
du  gouvernement  de  TEglise  :  en  sorte  que  l'Eglise  est  'i  que  nous  avons  rapporlé  pliîs  haut,  est  dès-propre 
élitblie  sur  iesévêques,à  qui  il  appartient  d\igir  en  soh  ;|  à  celaircir  celui  de  S.  Jérôme.  On  y  voit  la  ma- 
uoni  et  de  In  gouverner.  Ceci  étant  fondé  sur  la  loi  divine,  !|  nière  dont  le  patriarche  d'Alexandrie  prenait  pos- 
je  suis jurpris  que  quelques-uns  aient  osé  w'écrire  delà  'i  session  du  siège  de  celle  église.  A  l'entendre,  il  sem- 
sorle.  l!  parle  aux  tombés,  qui,  sous  prétexte  des  bil-  %  Lierait  qn'i!  ne  recevait  aucune  consécration;  cepen- 
lets  des  marlyrs,  voulaient  èlre  léconciliés  avant  le  g  danl  il  est  inc(intestable,  et  Libéral  n'a  pu  l'ignorer, 
îcniiis,  el  le  n)enaçaient  de  se  séparer  de  sa  coin-  'j!  que  ces  patriarches  étaient,  a|irès  ces  cérémonies, 
niunion,  se  flaltanliiue  celle  des  martyrs  leur  sulïisail  ;  l|  consacrés  évêqnes  parleurs  suilragants  ou  parles 
mais  h;  sa'.nl  évê  pie  leur  lit  voir,  cl  dans  celle  lellre  }  mélropoliiains  d'Egyple,  et  que  l'ordination  préleiidue 
el  dans  [ilii  iems  aiilres  (|u'il  écrivit  à  l'occasion  du  \f  dlscliyras  lut  regardée  unanimement  comme  absolu- 
schisme  de  Féheissime,  que  les  marlyrscux-nièmes  ^  ment  nidie,  parce  (jn'elle  avail  élé  l'aile  par  le  prèlrc 
soriiraienl  de  l'^gli-e,  el  deviendraient  schismali-  |^  C(»llutu.  S.  Jérôme  Ini-ménuî  reconnaît  (pic  les  prêtres 
«pies  eii  ;^c  séparant  de  la  communion  de  l'évêque.  \t  ne  peuvent  faire  les  ordinalioiis,  et  cela  dans  sa  Icllrc 
Je  ne  puis  me  résoudre  à  sniiprimer  ce  que  dit  S.  J  à  i^vangelus  (|uc  l'on  l'ail  tant  valoir  en  cette  matière. 
Alhanase  à  un  S.  solilaiie  iiommé  Draconce  qu'il  vou-  I  Quid  enim  facit  excepta  ordinatione  episcopus,  quod 
(ait  élever  à  l'épiseopal,  que  celui-ci  refusai!  avec  une  1  presbyler  non  facial  ?  Je  ne  daigne  pas  rapporter  ici  ce 
espèce  d'opinialrelé.  dans  la  crainte  de  succoniberaiix   | 


perséeuiionîdes  Ariens,  qui  alors  ravageaient  impimé- 
nienl  l'Église:  ce  passageesl  irop  beau  pour  que  je  ne 
le  ra|>porte  pas  ici,  clfaii  bien  voiripu;  1  ;  grand  Alha- 
nase ne  pensait  pas  a;ilrement(pie  S.  Cyprien  louchant 
rinsiilution  divine  de  l'épisCopal:  Que  si  l'état  oii  se 
trouvent  les  églises  ne  vous  plaît  point,  lui  dit  il,  si  vous 
ne  croyez  point  que  le  ministère  de  l'épiscoput  ait  sa  ré- 


tine ûh  Euliquiiis  sur  le  même  sujet.  Le  livre  de  cet 
évêque  est  si  rempli  de  fables  et  d'anachronismes  , 
(pi'il  ne  mérite  pas  que  l'on  y  fasse  la  moindre  alien- 
lion. 

Les  docteurs  de  l'école  {\)  onl  traité  celle  matière 
suivant  leur  méthode  ordinaire  ;  ils  ont  beaucoup  dis- 
puté louchant  la  nature  du  ca.raeière  épiscopal,  et  la 
diiïérence  qu'il  y  a  entre  celui-ci  et  celui  de  la  prè- 


compense  devant  Dieu,  et  que  vous  méprisiez  le  Sauveur  |  .Irise.  Depuis  que  la  quei^tion  du  caracière  a  éîé  agitée 


QUI  a  établi  so)i  EijHse,n  écoutez  point  nos  conseils.  Mais  ,| 
de  telles  peni^ées  ne  sont  pas  dignes  de  Draconce  :  car  ce  ,\ 
que  le  Seigu  ur  a  institué  par  ses  Apôtres  est  bon,  el  d 
meurcra  ferme  el  inébranlable;  au   lieu  que  la  timidité  J 
des  frères  cessera  enfin.  C'est  conformément   à  celle  * 
créance  de  l'Éi^lise  tonchanl  rinsliiulinn  divine  del'é- 
piscopal  el  sa  d  stir.climi  d(î  l'ordre  de  la  prêtrise,  que 
de  tout  temps  les  évoques  ont  élé  consacrés  avec  des 
rils,  des  prières  el  des  cérémonies  difTérciitcs  de  cel- 
les qui  étaient  en  usage  dans  l'ordinalion  des  prêlres, 
comme  vosis  l'avez  vu  dans  la  seconde  partie  de  ce 
Iraiié,  à  qiie.i  on  ne  peui  rien  opposer  sinon   ce  que 
dit  saint  Jérômedans  unonvrage  qu'il  a  composé  pour 
limnllier  les  diacres,   el  leur  l'aire  sentir  combien  ils 
sont  inférieurs  aux  prêtres.  C'est  là  qu'il  dit  ce  que  les 
ennemis  de  réj)iscopil  ont  tant    relevé  depuis,  qu'à 
Alexandrie  depuis  ller.iclas  cl  D'Miis,  évêipies  de  celle 
ville,  les  prcires  ayantchoisi  l'un  d'entre  eux  et  l'ayant 
plate  dans  itn  lieu   émincnt,   le   nommaient,évê(iue, 
(i)  Ep.  ad  Laps.  27. 


parmi  les  tluiologiens,  ce  qui  n'est  arri\é  que  de- 
puis Hugues  de  S. -Victor  el  le  Maître  des  Sentences, 
qui  ayant  traité  ce  sujet  avec  étendue  n'ont  pas  fait 
mention  du  caractère,  quoique  la  chose  signifiée  par 
ce  mol  fût  comme  dans  l'église  avant  eux  :  depuis  ce 
iei;ips  les  uns  onl  avancé  (pie  la  consécration  épi-co- 
pale  iminimail  dans  l'àme  un  autre  caractère  que  l'or- 
dination sacerdotale,  les  autres  ont  prétendu  que  ce- 
lui do  l'épiscopal  n'était  qu'une  extension  du  sacerdo- 
tal, et  d'autres  enfin  onl  sonlemi  quie  le  même  était 
commun  à  l'épiscopal  cl  à  la  prèlrisr,  el  que  Tordre 
épiscopal  ajoutait  senlenient  une  relation  de  raison 
fondée  sur  une  députation  ou  destination  à  de  nouvel- 
les fondions.  C'est  ainsi  que  le  célèbre  docteur  Gama- 
che  (2)  a  cxpfKpié  celle  matière  après  Vasquez  cl  plu- 
sieurs autres  théologiens.  Quelques-uns  même  en  ont 

(1)  T(mrneli,  de  Ordine,  p.  -419. 
(-2)  T.   7>,   Sinnm.   Theolog.de  sacr.  ord.   c.    9; 
Alexand.  Hal.,  4  pari,  98,  membro  5,  art.  !,§'•; 
lll  Scot.  in  4.,  disi.  25,  q.  1,  ad  I. 


917  ORDRE.  —  PART.  III.  CHAI 

conclu  qu'un  évêque  dégradé  poiivail  cire  prive,  non  ^ 
seulement  de  rexercicc  ou  de  l'exécuiion  du  pouvoir 
ôpiscopal,  mai:;  cnc(uc  de.  la  puissance  do  cet  ordre  : 
au  lion  (pruu|irotro  neiioiil  olre  privé  do  la  puissance 
de  son  ordro  (pii  dépend  d'un  caraclère  incU'açald', 
niaissoiilcnienl  de  Pexéculion;  en  sorlequ'un  é\oi|uc 
dégradé,  par  exCMiplo,  ne  pcul  l'aire  d'ordinaiion  valide,  ; 
au  lieu  qu'ini  prètic  qui  a  eiiCduru  la  n)èrne  |)Cine,  peut 
loujouis  \alideM)eiil  cl  do  lait  coiisacror  le  corps  de  Je 
sns-Christ.  Noiro  peu  de  i)éMélrali(Ui  ne  nous  porniel 
pas  de  bion  comprendre  les  raisons  subliios  siu'  les- 
quelles sont  appuyés  ces  divirssonlnnents.  Le  lecteur 
plus  intolligcnl  pourra    consulter  les  ouvrages    dans 
lesquels  ces  questions  épineuses  sont  traitées.  Le  P. 
f.îorin  les  indique,  et  en  cite  plusieurs  passages  dans 
son  livre  des  Ordinalious  auquel  nous  renvoyons  (1),  i 
Tout  ce  qui  nous  a  paru,  c'est  que  nonobstant  cette  1 

dinérence  de  sentiments  des  tliéologiens,  ils  convion-  3 

-j 
nenteiitrooux  sur  le  lond  des  clio.-es,  (|uoiqu"ils  s'ex-  J 

priment  diversement,  et  ((u'ils  prennent  diflerentes  | 
routes  qui   mènent  au  même   terme.   Que  si  quel- 
ques-uns d'enire  eux  qui  ne  connaissaient  point  assez 
la  doctrine  et  les  prineij)es  des  anciens  pères  sur  ce 
sujet,  ont  ciu  (pierépiscopai  n'était  point  unordredis- 
tingué  de  droit  divin  et  supérieur  à  celui  de  la  prêtri- 
se, nous  avons  une  règle  là  dessus  de  laquelle  il  ne 
lions  est  pas  permis  de  nous  ée  rler,  d 'puis  que  le 
concile  de  Trente  s'est  expliqué  si   posilivenicnl  sur 
celte  matière  dans  la  25"  session  (2).  Nous  remarque- 
rons seulement  ici  que  ce  (pfi  adonné  lieu  à  plusieurs  | 
écrivains  de  parler  d'une  manière  peu  exacte  sur  la  \ 
supériorité  des  évéques  au-dessus  des  prêtres,  et  ce  ] 
qui  a  causé  tant  de  peines  aux  docteurs  do  l'école,  est   i 
le  passage  de  S.  Jéiôuie  dans  sa  lettre  à  Évangélus; 
mais  ils  ne  faisaient  point  ailcntioiiqiie,  quand  même 
ce  saint  aurait  pensé  dilTéreiimienl  dos  autres  Pères, 
ce  que  nous  ne  croyons  pas,  son  autorité  en  ce  point  ; 
ne  devait   point  contrebalancer   celle  de  tous   les 
autres. 

CHAPITRE  III. 

Des  chorévêques  et  de  leurs  jirérocjalivcs.  On  examine  iHs  ^ 

étaient  vériiublcment  évèiiues. 
j  Après  avoir  montré  quelle  était  la  différence  des 
'évéques  d'ace  les  prêtres,  la  suite  des  matières  exige 
de  nous  qu'avant  de  traiter  de  la  subordination  dos 
liiinistres  de  l'Eglise,  revêtus  du  niène  caractère, 
nous  parlions  des  chorévêques  qui  composaient  an- 
(  iennoment  une  espèce  d'ordre  mitoyen  entre  celui 
de  l'épiscopat  et  de  la  prêtrise,  et  (jue  i.oiis  représen- 
tions quelle  était  l'étendue  do  leur  pouvoir,  les  de- 
voirs et  II  s  fonctions  anx(|uols  ils  étaient  appliqués; 
c'est  par  là  que  n-ms  piaurons  juger  plus  sùromoul 
de  la  nature  de  l'ordre  auquel  ils  étaient  élevés,  les  ■ 
effets  clam  un  moyen  sûr  pour  parvenir  à  la  connais- 
sance de  la  cause  qui  les  produit.  Voyons  donc  ce 


(i)  Port.  3,  exerc.  3,  c.  2. 
(.2)  Cap.  4,  et  canone  7. 


.  111.  LES  CIIORÉVÈQUES.  9:« 

que  les  anciens  nioiiumeuts  ecclésiastiques  nous  ap- 
prennent là-dessus. 

Les  cliorévêques  étaient  ainsi  nommés  parce  qu'ils 
étaient  établis  à  la  campague,  c'est-à-dire  dans  Ici» 
P'iiles  villes  cl  les  bourgs  tpii  déi»endaieiit  de  la  ville 
éjiiscopalo;  c'est  ce  qid  fait  que  les  anciens  inter- 
prètes des  canons  (1)  les  nomment  vicaires  des  évo- 
ques, parce  qu'ils  tenaient  en  (pielque  sorto  leur  place 
dans  les  endroits  éloignés  de  leurs  diocèses ,  où  ils 
siippléaio.l,  autant  qu'ils  le  pouvaient,  à  la  présence 
de  l'évêque  à  qui  ses  occupations  ne  periuettaient 
pas  de  s'éloigner  souvent  de  la  ville  épiscopale.  Non- 
seidemcnt  les  chorévêques  résidaient  dans  les  petites 
villes  et  dans  les  bourgs  où  ils  exerçaient  leurs  fonc- 
tions ;  ils  avaient  encore  inspection  sur  les  églises 
voisines  de  ces  bourgs  ou  sur  les  cantons  qui  en  dé- 
pendaient. Ils  devaient  veiller  sur  la  conduite  des 
prêtres ,  des  diacres  et  des  antres  clercs  deslinés  à 
desservir  les  paroisses;  ils  avaient  droit  d:  les  avertir 
de  leurs  devoirs,  et  élaient  obligés  de  donner  avis  à 
révoque  de  tout  ce  q-d  les  concernait,  a!in  «pie  celui- 
ci  pût  remédier  aux  abus  qui  pouvaient  s'introduire, 
Yoilà  en  gros  ce  que  c'était  que  les  cliorévêques. 

Mais  il  faut  entrer  duis  un  plus  grand  délai!  de  ce 
qui  concerne  leurs  devoirs,  leurs  fonctions  et  leurs 
prérogatives.  Quand  on  examine  de  pi  es  ce  qui  en  est 
dit  dans  les  écrits  des  anciens,  on  remarque  aisément 
qs:e  la  discipline  de  l'Église  r.'a  point  été  uniforme 
sur  cela,  ios  cliorévêfjucs  ayant  été  revêtus  dans  cer- 
tains lieux  et  certains  temps  de  pouvoirs  plus  amples 
que  dans  d'autres,  et  les  ay.mt  exercés  sans  contradic- 
tion, au  lieu  que  dans  d'autres  endroits  ils  en  ont  eu 
beaucoup  à  essuyer  sm-  certains  chefs.  Ils  ont  été 
moins  restreints  dans  leur  iiouvoircliez  les  Grecs  que 
cinz  les  Latins,  où,  quoiqu'ils  aient  été  autrefois 
en  grand  nombre,  surtout  dans  les  Gaules  et  en  Alle- 
magne, ils  n'ont  presque  janiais  été  regardés  de  bon 
œil  par  les  évoques. 

On  ne  voit  point  en  effet  qu'on  les  ait  jamais  em- 
pêché en  Orient  de  doimer  le  sacrement  de  Confirma- 
tion ,  de  consacrer  les  églises  et  les  vierges ,  et  de 
faire  plusieurs  autres  fonctions  qui  leur  ont  été  de 
temps  en  temps  interdites  dans  l'Occident  (2)  ;  cepen- 
dant ils  y  avaient  joui  du  droit  de  confirmer  les  néo- 
phytes .  au  moins  dans  (|uelques  endroits  ;  comme  le 
prouve  assez  clairement  le  livre  de  l'Institution  des 
clercs  de  Raban-Maur ,  dans  lequel  il  dit  { i.  1,  c.  5.) 
que  les  cliorévêques  ont  été  institués  pour  avoir  soin 
dos  pauvri;s ,  afin  (jue  ceux  qui  se  trouvent  à  la  cam- 
pagne et  dans  les  villages  ne  soient  point  privés  do  la 
consolation  de  recevoir  ce  sacrement.  iVc  eis  confir- 
uhitionis  solalinm  deessct. 

Ils  assistaient  aux  conciles  tant  généraux  que  na- 
tionauv,  ils  y  avaient  voix  dolibérative,  ils  y  portaient 
lotus  suffrages,  et  y  souscrivaient  comme  les  autres 

(1)  Ferrand. ,  Dreviar.  c.  79;  Crescon.,  Breviar. 
c.  96. 

(2)  Concil.  Hispal.  Il ,  c.  7  ;  Paris,  sub  Ludoric.  et 
Loihar.  ;  Meldens.  c.  5. 


91!) 


lUSTOlUi::  Dub  SAtUEMKNTS.  920 

troHvé/i  dignes,  ils  soient  reçus.  Purgez  donc  Œghse  des 
mimstres  indignes,  et  examinez  par  la  suite  ceux  qui  doi- 
vent entrer  dans  le  clergé, et  les  y  recevez;  mais  ne  le  faites 
point  sans  nous  en  avoir  fait  le  rapport  auparavant.  Au- 
trement sachez  que  celui-là  sera  renvoyé  ,  qui  n'aura  pas  '. 
été  admis  cvec  notre  consentement.  Gcnlien  Hervel  s'est  j 
Iroinjîé  dans  la  iraducliDii  laliiie  de  celte  lellre  en  ex-  ' 
pliqiianl  de  l'ordre  sacerdotal  les  paroles  du  texte  que 
nous  avons  rapporté  ci-dessus  ,  qu'il  rend  par  celles-  ': 
ci  :  In  sacerdotalem  numerum  cooplabatit ,  ce  qui  est 
contraire  à  toute  li  teneur  de  cette  épitre  ,  dans  la- 
quelle il  est  visible  qu'il  ne  s'agit  que  des  mini%tres 
intérieurs  de  l'Église. 

Cependant  il  semble  que  l'on  ne  puisse  raisonnable- 
ment contester  que,  dans  l'Orient  surtout ,  les  clioré- 
vèques,  n'aient  été  en  possession  du  droit  d'ordonner 
des  prêtres  et  des  diacres,  quoiqu'avec  dépendance  de 
l'évèque  ,  dans  le  diocèse  duquel  ils  exerçaient  leurs 
fonctions.  C'est  ce  qui  paraît  par  le  dixième  canon  du 
concile  d'Antioche  ,  qui  porte  qu'//s  établiront  des  lec- 
;  teuvs,  des  sous-diacres  cl  des  exorcistes,  et  que   cela  leur 
doit  suffire  ;  mais  qu'à  l'égard  des  prêtres  et  des  diacres, 
I  ils  n'entreprendront  point  d'en  ordonner  sans  le  consen- 
tement de  l'évèque  auxquels  eux  et  leur  pays  sont  soumis. 
!    <  JSec  presbyter)im,  ncc  diaconum  ordinare  audea>it  abs- 
\   a  que  urbis  episcopo  ,   cni  subjicitur  ipse  et  regio.i  Le 


evéqnes.  C'osi  ce  (lu'on  voit  dans  les  souscriptions  de  , 

l)!usieurs  de  ces  assemblées  ;  mais  il  n'est  pas  aisé  de  ■ 

connaître  s'ils  jouissaient  de  ces  prérogatives  en  qua-  | 

liié  dechorévêqueSjOu  seulement  comme  vicaires  des 

évèques  qui  les  envoyaient  pour  tenir  leur  place  quand 

ils  ne  pouvaiejil  y  assister  en  personne. 

Une  de  leurs  fonctions  les  plus  ordinaires  était  l'or- 
dination des  clercs  mineurs  dans  les  paroisses  de  leur 

«anton,  je  veux  dire  des  lecteurs ,  des  exorcistes  et  des 

sous-diacrcs,  c'est  ce  que  nous  verrons  dans  la  suite. 

Les  cliorévêques  du  diocèse  de  Césarée  en  Cappadoce, 

abusèrent  de  cedroil,admettant  dans  le  clergé  plusieurs 

sujets  indignes  sans  examen  et  par  complaisance  pour 

ceux  qui  les  en  priaient  ;  c'est  de  quoi  S.  Basile  les 

reprit  fortement,  et  leur  ordonna  de  ne  point  faire  dans 

la  suite  de  ces  sortes  d'ordinations  sans  lui  en  avoir 
donné  préalablement  avis.  Je  mettrai  ici  la  traduction 
de  cette  lettre ,  parce  qu'on  y  voit  clairement  quels 
étaient  les  devoirs  et  les  fonctions  des  cliorévêques , 
ol  quiile  était  leur  dépendance  à  l'égard  de  l'évèque 
de  la  ville.  J'ai  été  extrêmement  affligé,  d\l  ce  saint  ar- 
clievêque  (1) ,  voyant  que  l'on  néglige  les  règle^i  de  nos 
pères ,  et  que  la  discipline  ecclésiastique  est  mal  obser- 
vée. Je  crains  qu'insensiblement  cette  négligence  ne  fasse 
tomber  l'Eglise  dans  une  confusion  entière.  L'ancienne 
coutume  était  d'examiner  avec  grand  soin  ceitx  qui  de- 
vaient être  admis  dans  le  clergé.  On  faisait  desinforma-  j|  concile  d'.\ncyre  ,  longtcuip-;  avant  celui  d'Antioche , 
lions  exactes  de  toute  leur  vie....  ,  afin  qu'ils  fussent  en  |  avait  reconnu  la  même  prérogative  dans  les  cborévê- 


état  de  se  perfectionner  dans  la  sanctification  sans  laquelle  j , 
personne  ne  verra  Ilieu.  Les  prêtres  et  les  diacres  avec 
lesquels  ils  vivaient ,  faisaient  ces  enquêtes  et  en  rendaient 
compte  aux  cliorévêques,  qui,  ayant  reçu  leurs  suff'rages  , 
et  en  ayant  donné  avis  à  l'évèque ,  les  mettaient  au  nom- 
bre des  ministres  (l)  sacrés  (  tû  Tàyuan  tww  hpv.ri/.Cu  ). 
Aujourd'liui ,  sans  nous  consulter ,  vous  vous  attribuez 
toute  l'autorité  ,  et  sans  vous  mêler  de  cet  examen  ,  vous 
laissez  tout  cela  à  la  discrétion  des  prêtres  et  des  diacres,  \ 
qui  introduisent  dans  l'Eglise  quantité  de  sujets  indignes  , 
sans  les  avoir  éprouvés  ,   ne  suivant  dans  ce  choix  que  \ 
leur  inclination  ,  et  n'ayant  égard  qu'à  la  parenté  et  à 
'amitié  ,  d'oii  vient  que  l'on  trouve  plusieurs  clercs  dans 
chaque  village  ;  mais  qu'on  n'en  voit  point  qui  soient  di-  \ 
gnes  de  servir  à  l'autel.  Comme  ce  mal  augmente  de 
jour  en  jour ,  surtout    dans  ce  temps  auquel  plusieurs  se 
pressent  d'entrer  dans  le  clergé ,  dans  la  crainte  d'être 
enrôlé  dans  la  milice  ;  je  me  sens  obligé  de  renouveler 
les  anciens  canons  ,  et  je  vous  ordonne  de  m' envoyer  le 
râle  des  clercs  de  chaque  bourgade,  me  faisant  savoir  en 
même  temps  par  qui  ils  ont  été  admis  ,  et  quelle  vie  ils 
mènent.  \ous  aurez  par  devers  vous  une  copie  conforme, 
il  fin  que  l'on  puisfc  comparer  votre  mémoire  avec  celui 
que  j'aurai  par  devers  moi ,  et  que  personne  ne  puisse  s'y 
faire  inscnre  à  sa  velouté. Ainsi  après  la  première  indic- 
tion ,  si  quelques-uns  sont  introduits  dans  le  clergé  par 
les  prêtres,  qu'ils  soient  réduits  au  rang  des  laïques,  et 
qu'on  les  examine  tout  de  nouveau  ,  afin  que,si  on  les  a 


(1)  Ep.  18l,vet.  edit. 

(2)  C'est  ainsi  que  S.  Basile  nomme  souvent  les 
clercs  même  inférieurs. 


ques  ,  et  la  mêaie  dépendance  sur  ce  point  à  l'égard 
de  l'évèque  diocésain.  Il  SL-mble  même  encore  plus  fa- 
vorable aux  chorévèques.  Voici  de  (iiioUe  manière  il 
s'exprime  (eau  .  15)  :  Qu'il  ne  soit  point  permis  aux 
chorévèques  d'ordonner  des  prêtres  et  des  diacres  ,  non 
plus  que  les  prêtres  de  la  ville ,  sans  la  permission  de 
f  l'évèque  par  écrit  ,  dans  les  cantons  qui  ne  sont  point 
soumis  à  leur  juridiction.  Tel  est ,  ce  semble  ,  le 
sens  de   ces  paroles  du  texte   original  :.\/;à  ar.àk 

TT^cjëurifsu;  7ri/£u;,  j;^),!!^  toO  i-ir^^c/.r:-}}  v.i,  b~à  ro~j  î-fj/.i- 
Ttsu.'/îrà  7,cy//v.àTWvi,  èjkrifc/.  r.v.:oi/.i.  MaiS  il  SCudjIc  qu'il 

y  a  faute  dans  le  texte  ,  et  qu'au  lieu  de  la  particule 
fj.rick,  il  faut  lire  simplement ///j  ,  ou  bien  ,  /j.r,ôxij.ù; ,  et 
alors  le  sens  de  ce  canon  serait  qu'il  est  permis 
aux  cliorévêques  d'ordonner  des  prêtres  et  des  dia- 
cres dans  les  endroits  du  diocèse  qui  sont  confiés  à 
leur  soin,  mais  nullement  les  prêtres  de  la  ville  ou  des 
autres  cantons.  Cette  correction  parait  d'autant  plus 
nécessaire  que  le  concile  d'Ancyre  semblerait  donner 
quelque  avantage  aux  prêtres  de  la  campagne  au- 
dessus  de  ceux  de  la  ville,  quoique, suivant  le  treizième 
canon  du  concile  de  Néocésarée  et  plusieurs  autres 
monuments  anciens,  ces  derniers  fussent  considérés 
comme  supérieurs  aux  autres. 

Les  canons  de  ces  deux  conciles  ne  laissent  aucun 
lieu  de  douter  que  l'on  ne  reconnût  en  Orient  que 
les  chorévèques  étaient  revêtus  du  caractère  episco- 
pal,  quoiqu'ils  ne  fussent  ordonnés  que  par  l'évèque 
diocésain,  sans  le  concours  d'aucun  autre.  Car,  ils 
n'auraient  pu  validemeiit  ordonner  des  prêtres,  même, 
I  avec  dépendance  de  l'évèque  principal,  s'ils  n'avaienl 


921  ouiuu:.  —  PAUT.  m.  ciiAP.  III.  ni;s  choupjvKques.  922 

reçu  Torclre  épi:^copal,  quoi  (lu'cn  dise  le  p.  Moriii  (i),  T  imrlc  des  cliorévèqucs,  conformément  aux  conciles 


après  plusieurs  lliéologiens  el  canonisles;  puisque 
ceux  nitMuesqui  ont  élélcs  plus  favorables  r.ux  prclrcs, 
couMiio  s.  JcTÙine  (2)  el  S.  Clirysoslùme  (3),  rcoon- 
iiai>si'iit  que  leur  pouvoir  ne  s'élond  pas  jusq,  e-là. 
Cepeiulanl,  les  deux  conciles  dont  nous  veiions  de 
parler,  atlribucnl  clairement  ce  pouvoir  aux  cliorévè- 
ijucs;  et  le  conimenconionl  du  canon  d'Anlioclie  que 
nous  avons  cilé,  qui  soniblo  dabord  rcstroitidre  oc 
jHMivoir  à  quol(iues-uns  d'eux,  montre  plulôl  que  oc 
pouvoir  était  couunun  à  tous,  au  moins  dans  le  pays 
d'où  étaient  les  évéqnes  qui  le  composaiciit.  Voici  les 
paroles  qui  précèdent  la  période  du  canon  que  nous 
avons  rapporté.  //  nous  a  semblé  bon,  que  ceux  qui  sont 
lions  les  bourgades  et  dans  la  campagne,  et  que  l'on 
mniime  citorévèques,  quoiqu'ils  aient  reçu  t'imposi.ion  de 
la  main  diS  évoques,  connaissent  quel  est  leur  état. 
«  Etiantsi  episcoporum  manus  imposilionem  acceperint, 
i  l'isum  csl  ul  suum  modum  sciant,  t  etc.  Denis-lc-Petit, 
dans  sa  traduction,  s'exprime  encore  plus  foriement, 
Quameis  manùs  impusitionem  episcoporum  acceperint,  el 
ut  episcopi  consecrali  sint,  etc.  Mais  celte  exception, 
bien  loin  de  dépouiller  les  cliorévêques  du  caractère 
cpiscopal,  prouve,  au  contraire,  que  tous  les  cboré- 
vèques  pouvaiiMit  faire  ces  ordinations,  quoique  avec 
déiiendanoe  de  l'évèqne  auquel  ils  étaient  soumis , 
quand  même  quelques-uns  d'entre  eux  auraient  été 
consacrés  évoques  à  l'ordinaire,  c'esl-à-dire,  par  plu- 
sieurs évêques,  ce  qui  arrivait  de  temps  en  temps  à 
l'égard  de  certains  cliorévêques,  qui  ayant  élé  or- 
donnés évêques  contre  les  règles,  étaient  déposés  de 
celle  dignité  et  réduits  au  rang  des  cliorévêques. 
C'est  ainsi  que  le  concile  de  Riez  en  usa  à  l'égard 
d'Armcntarius,  lequel,  ayant  élé  déposé  de  l'épiscopal 
pour  avoir  élé  ordonné  contre  les  canons,  par  deux 
évêques  seulement,  ^ans  attendre  le  consenlcment  des 
comprovinciaux  et  la  permission  du  méîropolitain, 
fut,  par  indulgence,  établi  cborévêqne  dans  im  canton 
des  Alpes  maritimes.  Il  arrivait  aussi  quelquefois  que, 
quand  un  évêquc  bérélique  rentrait  d.ins  le  sein  de 
r?]glise,  on  l.ii  donnait  la  place  de  clioré\êi|ue  dans 
le  diocèse  où  était  son  église,  jusqu'à  la  mort  de  l'évè 
que  callioli(|ue,  auquel  il  succédait.  C'esl  ainsi  qu'il 
fut  réglé  autrefois  (4),  que  l'on  en  agirait  avec  les  évê- 
ques Novaliens.  .Mais  ces  évêques,  ainsi  rc'duit^  au 
rang  des  cliorévêques,  n'avaient  point  une  autorité 
plus  étendue  que  les  autres,  et  le  coneib;  d'Antioclic 
le  déclare,  par  le  canon  (;nc  nous  avons  allégué. 

Kn  Occident,  on  trouve  du  pour  el  du  contre,  loii- 
rliaiit  le  pouvoir  des  chorévèipies,  à  l'égard  de  l'ordi- 
11  itioii  des  prêtres  et  des  diacres.  Quelques-uns  sem- 
blent le  reconnaître  clairement,  d'autre^  paraissent  le 
nier.  Comme  cet  ouvrage  est  i(uii  liistoriquc,  nous 
nous  contenterons  de  représenter  celle  dilTéren;  e  de 
conduite  el  de  senlimenl.   Saint    Isidore   de  Séville 

(1)  De  Ordin.,  exereit.  i,  part   5,  c.  T>. 

m  Lpisl.  85. 

(ô)  In  1  ad  Tim.  boni.  1 1. 

(4J  Dans  le  concile  de  Nicée,  can.  8. 


d'.\niioclic,  d  Ancyrc  ci  de  Neocésarce  (can.  14) ,  et 
rcconnait  en  eux,  les  mêmes  prérogatives.  Les  choré- 

vêqties,  c'esl-à-dirc,  tes  vicaires  des  évêques  (ce  sont  ses 
paroles  (1),  suivant  (juc  le  témoignent  les  canons,  ont 
ité  institués,  à  l'exemple  de  soixante-dix  vieillards, 
comme  prêtres,  pour  avoir  soin  des  pauvres.  Ils  .<iont 
dans  les  bourgs  et  les  villages,  oie  ils  gouvernent  les 
églises,  agant  le  pouvoir  d'établir  des  lecteurs,  des  sous  ■ 
diacres  et  des  cxorcisles.  A  l'égard  des  prêtres  et  des 
diacres,  qu'ils  ne  soient  pas  assez  hardis  pour  en  ordomur 
sans  le  consentement  [pra'tcr  conscieutiani)  de  CÉvêque^ 
dans  le  diocèse  duquel  ils  sont.  Leur  ordination  appar- 
tient  nu  seul  évèque  de  la  ville  dont  le  canton  dans  le- 
quel ils  sont  établis  dépend. 

Les  (cliorévêques  ne  jouirent  pas  longtemps,  sans 
contradiction,  de  ces  prérogatives  dans  l'église  latine. 
Le  deuxième  concile  de  Séville  les  leur  retrancbe  dans 
sou  septième  ca:-:on ,  aussi  bien  que  la  consécration 
des  vierges,  l'érection  el  la  bénédiction  des  aulels, 
l'imposition  des  mains  aux  béiéliqucs  qui  reviennent 
à  l'unité,  el  la  confection  du  saint  chrême,  qu'il  veut 
êlre  réservée  aux  évêqnes  privativemenl  à  lout  autre, 
I  soit  ciiorévêque,  soit  prêtre. 

Dans  les  Gaules  et  en  Germanie,  les  évêques  s'ai- 
grirenl  extrêmement  contre  les  cliorévêques  (2),  soit 
qu'ils  eussent  abusé  de  leur  pouvoir,  soit  plutôt,  parce 
qu'il  arrivait  souvent  que ,  des  prélats  plus  altacliés 
aux  honneurs  et  aux  avantages  temporels  de  leur  di- 
gnité qu'à  leurs  devoirs,  se  reposaient  entièrement 
sur  eux  des  fonctions  dont  ils  devaient  s'acquitter.  La 
chose  en  vint  à  ce  point  du  temps  de  Cliailemagne, 
que  l'on  1  évoqua  en  doute  la  validité  des  ordinations  de 
prêtres  el  de  diacres,  faites  par  les  chorévêques,  d'où 
il  arrivait  que  les  laïques  ne  voulaient  point  assister  aux 
messes  célébrées  par  cesprêtres,et  ne  souffraient  point 
que  les  chorévêqucs  confirmassent  leurs  enfants.  Pour 
apaiser  ces  disputes,  les  évêipies  de  France  résolu- 
rent d'envoyer  à  liome,  vers  le  pape  Léon  III,  nu  ar- 
chevêque, afin  d'ajqiremlre  quel  éiait,  sur  cela,  le  sen- 
timent du  saint  Siège.  Arnoii  fut  député  pour  cela,  et 
rai>porla  la  r.'ponse  du  pa[)e  Léon,  qui  dit,  que  la 
question  avait  di'jà  élé  décidée  par  ses  prédécesseurs, 
el  qu'aucun,  de  ceux  qui  avaiei:t  élé  ordonnés  par  des 
chon'vêqiics,  soit  pour  la  prêtrise,  soit  pour  le  dia- 
coii.il,  ou  le  sous-diacoiial.  n'avaient  véiitablemeiii 
reçu  ces  ordres.  Que  les  églises  qu'ils  avaient  dédi«;'e5, 
el  les  vierges  qu'ils  avaient  consacrt'es,  devaient  l'être 
de  nouveau  par  les  évêques  canoniquemenl  ordonnés, 
sans  craindre  la  réitération,  parc  e  ipie  ce  qui  n'a  point 
élé  liiil,  ne  peut  êlre  réitéré. 

Les  évêques  des  Gaules  et  de  G<rmanie,  acquiescè- 
rent avec  joie  à  ce  deeret  (pi'ils  avaient  sollicité,  cl 
tinrent  un  concne  à  Kalisbonne,  où  ils  en  lirent  la 
publication,  et  oKlonnèrent  qu'il  fût  inviolablement 
observé";  ajoulant,  que  les  cliorévêques  n'avaient  point 


(1)  L.  2  de  Olf.  Kcdes.,  c.  G. 

(2)  Capilular.  10,  c,  119,  cl  coiic.  Meld.,  c,  44. 


l 


)25 


nîSTOlUE  DES  SACUEAJEKTS. 


924 


leçu  la  puissance  épiscopale,  n'ayanl  point  éié  or-  >  tondre  dos  prêtres  et  des  autres  clercs  du  canton  au- 

donnés  canoniqucnienl  par  trois  évêques.  On  peut      quel  ils  ét:iienl  proposés. 

voir  au  long,  tout  ce  (|u" ils  disent  là-dessus,  dans  le    >      Le  concile  de  Metz  n'a  pas  gardé  ce  tempérament 


second  loinc  des  Conciles  des  Gaides  (I),  sur  l'an  800. 
Lesp.tpes,  ses  prédécesseurs,  dont  parle  Léon  fil, 
dans  sa  réponse,  sont  Daniase,  S.  Léon  et  Jean  111, 


dont  nous  parlons,  ayant  ordonné  dans  son  Septième 

c  inon ,  -qiKî  l'on  consacrât  de  nouveau  les  églises  qui 

'  l'auraiciii  élc  par  les  clioiévéqnes,   ]»arce  que,  dit-il. 


dont  les  lettres,  sur  ce  sujet,  qui  portent  leurs  noms,  [  suivant  les  décrets  des  papes  Damase,  Innocent  et  Léon 

leur  sont  faussement  attribuées.  El  c'est  peul-être  (nous  avons  dil,  ci-devant,  ce  qu'il  fall.;it  penser  de  ces 

pour  cela  que  le  pape  Micola>  I,  ayant  été  consulté  par  décrets),  tout  ce  (/u'ils  ont  fait  à  l'cgard  du  ministère 

flodulplie,  arclievèqiîe  de  Bourges,  à  l'occasion  de  du  souverain  sacerdoce,  est  nul,  et  quil  est  prouvé  suffî- 


"".es  mêmes  disputes  qm  s'él  tient  r.  nouvelées,  lui  ré 
oond  en  ces  termes  (2)  :  Vous  assurez  que  les  cliorévê-  , 
lues  ont  ordonné  cliezvous  plusieurs  prêtres  et  plusieurs 
diacres,  que  quelques  évêques  déposent,  et  que  d'autres 
ordonnent  de  nouveau.  Pour  nous,  nous  disons  que  l'on 
i\e  doit,  ni  punir  ceux  qui  ne  sont  point  coupal>les,  ni 
faire  de  réordinations,  ni  denouvclles  consécra  ions  ;  car 
les  cliorévêqucs  ont  é!é  établis  sur  le  modèle  des  soixante- 
dix,  que  l'on  ne  peut  douter  avoir  été  revêtus  de' la  di- 
tjnité  épiscopale  [ad  forinam  cnini  septuaqinta  chorepi- 
scopi  facti  sunt,  quos  (juis  dubitet  episcoporuni  habuisse 
officia).  Mais  parce  que  les  sacrés  canons  défendent  que 
chacun  s'attribue  toute  sorte  de  fondions,  de  peur  que 


mmment  qu'ils  ne  différent  point  des  prêtres.  Le  père 
Morin  entreprend  de  soutenir  ce  sentiment,  ce  qui 
l'engage  nécessairement  à  proiiver  que  de  simples 
prêlres  peuvent,  i>ar  ccmniission  du  p;ipe  ou  de 
l'Église,  on  ordonner  d'autres;  (:l  il  faut  avouer  qu'il 
cite  [ilusicurs  anlcnrs,  tant  théologiens  que  canonislos, 
qui  enseignent  la  même  chose;  m:iis  les  plus  anciens 
de  ces  auteurs  ne  passent  pas  le  douzième  siècle,  et 
quand  on  lit  L'S  preuves  sur  lcs(iuolles  ils  ajipuiont 
leur  sentiment,  on  est  surpris  d'y  liouver  tant  d'igno- 
ranoe  en  matière  d'iiistoire  ecclé-iaslique,  et  de  poli- 
tesse dans  le  raisonnement.  Ceux  qui  seront  curieux 
de  voir  ce  (|ue  disent  ces  auteurs,  peuvent  consnlier 


ta  dignité  de  l'évèque  ne  semble  passer  au  ctiorivêque,   \  '^  troisième  chapitre  de  la  quritriènie  dissertation  du 
('/  qu'ainsi,  l'honneur  de  celui  là  ne  soit  avili,  nous  leur  |  P-  M:)rin.  depuis  la  page  Gl%  jusqu'à  la  64*. 


défendons  de  rien  entreprendre  contre  les  vigies.  Hien 
n'est  plus  sage  que  celte  décision  du  pape  Nicolas,  qui 
tient  un  juste  milieu  entre  les  doux  extrémités  oppo- 
sées, et  qui,  en  conservant  aux  évêques  les  préroga- 


Nous  ne  croyons  pas  sur  de  telles  preuves  devoir 
égaler  en  (;uel  lue  sorte  les  prêtres  aux  évoques, 
don',  les  Pères  ont  si  foil  relevé  la  dignité  et  la  su- 
périorité au-dessus  des  autres  ministres  de  ri^glLse. 


livos  attachées  à  leur  éminente  dignité,  ne  dégrade  \  coinme  vous  l'avez  vu  dans  les  doux  chaiiitros  préoé- 

point  les  chorévèquos,  mais  veutiprils  restent  dans  la  I  dents.  La  raison  sur  hiqnolle  le  V.  Morin  insiste  prin- 

subordination  où  ils  doivent  être  à  l'égard  du   prélat  |  cipalomonl  pour  soutenir  son  sentiment  touchant  l'é- 

qui  est  chargé  l'u  soin  de  tout  le  diocèse.  Il  ne  casse  f  lat  dos  chorévêipies,  qu'il  croit  avoir  été  de  simples 

pas  les  ordinations  qu'ils  ont  faites,  cl  il  défe.d  de  |  prêtres  ayant  quelipie  intond. ince  sur  les  autres,  est 


les  réitérer,  mais  il  veut  qu'ils  soient  plus  circor.spec  ts 
à  l'avenir,  et  qu'ils  n'enlrepronneat  point  d'en  faire, 
de  peur  d'aigrir  les  évêipics,  qui  souffraient  impatiem- 
ment qu'ils  s'attribuassonl  ces  lonciions,  ce  qui  élait 
juste,  puisipie  n'étant  proprcmcnl  que  les  vicaires  des 
évê(iues,  quoique  revêtus  du  même  caractère,  ils  ne 
devaient  point  s'ing' rer  dans  dos  fonctions  que  ceux- 
ci  étaient  disposés  à  faire  par  eux-mêmes. 

En  prenant  la  cliose  de  ce  biais,  sans  entrer  dans 
la  question  dugmali(|ue,   savoir  si  les  chorévêquos 


qu'ils  étaient  ordonnés  par  le  seul  évèfine  diocésain  , 
quoique  les  canons  défendent  si  sévèrement  cl  si  sou- 
vent {]ue  les  évê(pies  soient  consacrés  par  nn  seul, 
qu'ils  exigent  que  les  consécrat.'urs  soient  an  moins 
au  n(  nibre  de  trois,  et  qu'ils  déposent  même  de  l'é- 
piscnpal  ceux  qui  seront  ordonnés  autroment.  Mais  ce 
savant  honnne  n'a  pas  f;iil  attention  (pie  l'Eglise  a  eu 
de  puissantes  raisoiis  pour  faire  ces  règlements  tou- 
I  chant  l'ordinalion  des  évêques,  et  que  ces  raisons 
n'ont  point  leur  application  à  Tégard  des  chorévèqnes. 


élaient  véritablement  évêques  ou  non,  il  élait  aisé  !  Les  proniiers  sonl  les  pères  communs  des  fidèles,  ils 
d'assoupir  les  difi'érends  (|ui  s'étaient  élevés  dans  j  sonl  princes  de  l'Eglise,  ils  sonl  chargés  tous  en  com- 
l'église  de  Fraiice,  si;r  ce  sujet,  et  c'est  ce  qui  est  l  i""n  «'t  solidairement  les  uns  pour  les  autres  de  la 
anivé  en  partie;  le  pouvoir  dos.chorévêiiues  ayant  î  gouverner.  Ils  ne  sont  responsa!)les  qu'à  Dieu  seul  de 
élé  réduit  dans  des  bornes  fort  étroites,  comme  on  le  !  ':>  pliip;>rt  des  choses  qn'ds  font  pour  le  gouvorne- 
voil  dans  les  statutsd'Ebhon,  archevêque  do  Reims  (I),  |  ment  delà  portion  du  troupeau  de  Jésns-Chrisl  .pii 

I  leur  est  confié  en  parlicidier.  Il  était  donc  nécessaire 
I  de  prendre  de  justes  mesures  pour  que  des  hommes 
I  ambitieux  et  corrompus  ne  s'emparassent  pas  du  trône 


qui  restreint  les  fonctions  qui  les  distinguent  des  prê- 
lres ordinaires,  à  une  espèce  d'inspection  sur  eux  et 
sur  les  autres  ministres  de  l'Église ,  ([ui  leur  donne 


ilroit  de  los  avertir  do  leur  devoir  et  de  les  corriger  I  épi^copal.  Toute  l'Eglise  conconrl  en  quelque  sorte  à 


(|uand  ils  s'en  écartent;  ce  qui  doit,  sans  doute,  s'eii- 


(1)  Select  capit.  tit.  A,  c.  l  et  soq. 

(2)  Morin.  part.  5,  cxerc.  4.  c.  2. 

(3j  Flodoard  in  .\ppend.  Ilisl.  Eccl.  Uemensis, 


f  leur  élection  et  à  leur  consécration.  Elle  y  était  au- 
trefois représonlée  par  les  évêques  de  chaque  province 
ayant  le  métropolitain  à  leur  fête  ;  quand  tous  ne  pou- 
vaient s'y  trouver,  on  voulait  au  moins  qu'il  s'en  irou- 
sàl  trois  qui  représentassent  les  autres  et  qui  répou- 


925  ORDRE.  —  PART.  III.  CIIAP.  IV.  ÉPOQLH':  ET  DURÉE  DE  I/INST.  DES  CFIORÉVÉQUES.    926 

-  parle  souvent  dos  moindres  degrés  de  la  cléricatnre, 
et  le  concile  d'Elvir.-,  qui  a  fait  des  luis  conceniant 
ceux  qui  sont  cr)gagés  dans  le  clergé  depuis  les  évê- 
(|ues  jusqu'aux  sous-diacres  el  aux  clercs  iurérieiirâ, 
ne  font  de  lucnie  aucune  mention  des  cliorévé(|ues. 
S.  Cyprien  même,  qui  a  en  si  souvent  occasion  d'en 
parler,  n'en  dit  pas  un  mot,  qii()ii|u'il  ait  vécu  jusqu'a- 
près le  milieu  du  troisième  siècle. 

Cependant  les  cIiorévè(|ues  sont  plus  anciens  que 
lés  deux  conciles  dont  nous  avons  parlé  :  ce  ne  sont 
point  eux  qui  les   ont   établis.   Ils  en  font  mention 


uisscnt  en  quelque  manière  à  toute  l'Eglise  et  aux  évè- 
ques  de  la  province  en  particulier,  du  mérite  de  celui 
qu'ils  leur  donnaient  pour  collègue  par  cette  impor- 
tante cérémoi  ie.  Il  n'en  était  pas  de  nième  des  clior- 
évèipies,  ils  étaient  soumis  à  l'évèiiue  diocésain  ,  qui 
les  employait  conimmc  il  le  jl^geait  à  propos;  ils  n'a- 
vaient à  répondre  cpi'à  lui  de  leur  conduile  el  de  leurs 
actions.  Ainsi  il  n'est  pas  surprenant  qu'on  lui  en  lais- 
sât le  clioix  à  l'ordination,  puisque  personne  n'était 
plus  intéressé  que  lui  à  ce  choix,  et  qu'ils  n'étaient 
que  ses  vicaires  el  ses  coopérateurs,  dont  il  avait  droit  j 


d'étendre,  de  restreindre  et  de  suspendre  les  pou-  j!  comme  d'un  établissement  déjà  ancien,  puisqu'ils  re- 
voirs et  la  juridiction  comme  il  le  jugeait  à  propos  ||  priment  leurs  entreprises  el  rpi'ils  leur  prescrivent  les 
pour  le  bien  des  âmes  confiées  à  ses  soins.  ||  |  bornes  dans  lesquelles  ils  doivent  se  contenir.  C'est 

Après  ce  qui  a  été  dit,  il  est  inutile  d'examiner  si  |j  pourquoi  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  ces  conciles 
les  cliorévéquos  étaient  consacrés  par  ime  cérémonie  |i  ayant  été  tenus  en  Orient,  la  première  institution  des 
particulière,  dillcrente  de  celle  par  laquelle  les  évê- :J  chorévéques  se  sera  faite  dans  le  Pont,  la  Galatie 
ques  et  les  prêtres  étaient  ordonnés,  puisque  les  ab-  if  et  les  provinces  voisines,  d'olj  elle  aura  passé  aux  au- 
bes et  les  abbesses,  etc.,  reçoivent  une  espèce  de  con-  ||  Ires  parties  de  l'Orient  vers  l'an  270  ;  et  ce  qui  nous 
sécralion  qui  ne  leur  donne  aucune  part  au  sacerdoce.  i|j  porte  à  le  croire  ainsi,  c'est  que  les  Novaiiens  avaient 
Si  les  cliorévèques  étaient  véritablemen!  évoques,  ils  |  atissi  leurs  chorévêques  (I),  usage  qu'ils  n'ain-ont  pas 
recevaient  la  consécralion  épiscopale,  à  la  réserve  de  ;||  emprunté,  suivant  toutes  les  apparences  de  l'Ë"lise 
ce  qu'elle  se  faisait  par  un  seul  ésêque;  s'ils  étaient  |'  catholique  depuis  leur  séparation, 
seulement  prêtres  iis  recevaient  la  sacerdotale,  c'est-  |i  La  rcJigioii  chrétienne  ayant  fait  de  grands  progrès 
à-dire  en  un  mol ,  qu'ils  recevaient  l'imposition  des  |j  dans  le  troisième  siècle,  et  les  habitantes  de  la  canipa- 
mains  jointe  à  la  prière,  dont  l'effet  était  déterminé  !|;  gne  l'ayant  embrassée  enfouie,  les  chorévêques  dcvin- 
par  l'intention  marquée  de  l'Eglise. 

On  peut  dire  néanmoins  que  chez  les  Orientaux,  les 
chorévêques  étaient  orditmiés  par  une  cérémonie  par- 


ticulière. 0.1  en  voit  encore  aujourd'hui  la  formule 
dans  le  Rituel  des  Maronites,  ou  plutôt  des  Jacobi- 
tes,  et  la  même  chose  paraît  encore  par  le  cinquante- 


renl  en  quelque  façon  nécessaires,  et  se  midtiplièrcnt 
extrêmement  en  peu  de  temps.  On  en  trouve  deux 
souscriptions  parmi  celles  des  évêfiues  du  concile  de 
Xéocésarée  en  314.  Il  y  ea  eut  quinze  qui  souscrivi- 
rent à  celui  de  iNicée,  cinq  de  Cappadoce,  autant  d'I- 
saurie,  deux  de  Syrie,  deux  de  Bithynie,  et  un  de  Cili- 


quatrième  des  canons  arabes  (Ij.  A  l'égard  des  églises  |  cie.  La  seconde  Apologie  de  S.  Alhanase  fait  assez 
d'Occident,  on  ne  peut  asstirer  positivement  qu'elles  |  connaître  que  les  chorévêques  étaient  aussi  employés 
eussent  une  forme  particulière  d'.irdination  pour  les  ||  eu  Egypte  :  car,  en  se  défendant  contre  les  accusations 
chorévêques,  tant  parce  qu'il  ne  s'en  trouve  rien  dans  |  de  ses  ennemis,  qui  le  calomniaient  à  l'occasion  d'Is- 
nos  plus  anciens  ponlKicaux  et  rituels,  que  parce  que  |  chyras,  il  dit  que  dans  tout  le  canton  de  la  Maréote, 
cet  ordre  a  éléjntroduiliilus  lard  dans  nos  églises  quel  il  n'y  avait  jamais  eu  d'évêques   ni  de  chorévêques, 


dans  celles  d'Orient.  C'est  de  quoi  il  faut  parler  pré 
seulement. 

CHAPITRE  IV. 

Du  temps  auquel  les  cliorévèques  ont  commencé  à  paraî- 
Ire  dans  r Eglise.  Quand  et  comment  ils  ont  été  abrogés. 
Des  évoques  des  monastères. 

Les  plus  anciens  monuments  ecclésiastiques  qui 
font  mention  des  chorévêques,  ne  passent  pas  le  com- 
menc-menldn  quatrième  siècle  ;  puisque  les  premiers 
de  ceux  qui  en  parlent,  sont  les  canons  qui  nous  res- 
tent des  conciles  de  Néocésarée  el  d'Ancyre,  qui  ont 


mais  seulemetit  des  prêtres  qui  gouvernaient  les  fidè- 
les des  bourgades,  et  qui  étaient  soumis  à  l'évêquc 
I  d'Alexandrie  :  manière  de  parler  qui  fait  assez  enten^ 
!  dre  qu'il  y  en  avait  da  s  les  autres  parties  du  |iatriar- 
.  cal  d'Alexandrie.  Le  (luatrième  concile  général   en 
;  parle  comme  d'un  ordre  inférieur  à  celui  des  évêipics 
,  et  supérieur  à  celui  des  prêtres,  parce  qu'effoctive- 
'  ment  ils  avaient  des  pouvoirs  épiscopaux,  et  qu'ils 
étaient  d'ailleurs  soumis  comme  les  prêtres  à  la  juri- 
diction   de  l'évêqne  diocésain.    Si  quelqu'un,   dit-il 
(can.  2),  a  ordonné  pour  de  l'argent  un  évcque,  un  clu,r- 
évêque,  ou  un  prêtre,  ou  un  diacre,  ou  quelqu'un  dr  ccn.r 


été  célébrés  avanl  que  le  grand  Constantin  eûl  étenchi  ij  qui  sont  dans  le  clergé,  etc.;  paroles  q 


sa  domination  sur  tout  l'empire  romain.  On  n'en  voit 
aucune  trace  dans  l'Ecriture  Sainte,  ni  <lans  les  canons 
des  apôtres,  ni  dans  les  Constitutions  apostoliques 
quoique  celui  qui  les  a  recueillis  en  un  corps  soit 
peut-être  posiérieur  à  ce  temps- là.  S.  Ignace,  qui 

(i)  Morin.  de  sacr.  Ordin.  part.  3,  exerc.  4    c  '"> 
sub  iinem.  ' 


m  sont  propres 
à  persuader  que  l'ordination  des  chorévêques  était 
difrérentc  de  celle  des  prêtres  et  des  évêques.  !l  est 
aussi  fiit  mention  dans  la  première  action  de  ce  co.i- 
cile,  d'un  certain  Eutychius,c::orévêqned'iui  lien  nom- 
mé Aulara,  el  qui  est  qualilié  chef  des  Quartodéci- 
n^ans. 

(Ij  Aclione  1  conc.  Chalcedon= 


m 


iiisTomE  DES  s>':rements. 


928 


Les  chorëvériiics  parurent  plus  lard  dans  les  églises  jl  leur  juri('iclion  ,  et  d'usurper  des  droits  que  ni  les  ca- 
trOccidenl;ilenest  parlé  pour  la  première  lois  dans  le    |  nous,  ni  la  coutume  des  églises  ne  leur  accordaient. 


concile  de  Riez  de  l'an  439,  où  l'on  voit  qu'un  évêque  I 
nommé  Armentarius ,  qui  avait  été  ordonné  contre 
les  règles  ordinaires,  sans  le  consentement  de  son  mé- 
tropolitain, fut  réduit  au  rang  des  cliorévéqucs.  Ce  mê- 
me concile  dimmua  beaucoup  les  droits  et  les  privilè- 
ges dont  les  chorévêques  jouissaient  ailleurs.  On  ne 
peut  douter  qu'ils  ne  fussent  plus  anciens  dans  l'Occi- 
,dent  que  ce  concile  même;  mais  ils  y  étaient  en  ce 
lemps-là  en  petit  nombre  puisqu'avaiit  ce  synode  i* 
n'en  est  l;»it  aucune  mention ,  et  que  deux  ou  trois 
cents  ans  après  il  n'en  est  question  que  très  rarement. 
11  est  vrai  qu'il  en  est  parlé  dans  les  prétendues 
lettres  de  Damase,  de  S.  Léon  et  de  Jean  111  ;  mais 
elles  ont  éié  fabriquées  par  quelque  imposteur  ,  en- 
nemi déclaré  des  cborévèqncs ,  dont  il  croyait  sans 
doute  avoir  reçu  quelque  injure  atroce;  aussi  n'a-t-il 
rien  épargné  pour  les  rendre  odieux  ,  et  pour  les  dé- 
pouiller  de    leurs  prérogatives.    Quoiqu'il  l'ait   fait 
d'une  manière  très-grossière,  cl  que  la   fraude  se 
découvre  d'abord,  et  pour  ainsi  dire  dans  chaque  pé- 
riode de  ses  lettres,  quoique  d'ailleurs  le  style  dans 
lequel  il  fait  parler  ces  grands  papes  soit  barbare  et 
puéril,  et  tout-à-fait  indigne  de  ces  pontifes  si  élo- 
quents, surtout  de  Damase  et  de  S.  Léon,  il  n'a  pas 
laissé  d'en  imposer  à  la  postérité,  entre  autres  aux 
évècpies  de  France,  comme  on  le  voit  par  les  conciles 
de  Paris  (c.  27)  et  de  Meaux  (c.  44),  par  les  capi- 
lulaires  de  nos  rois,  et  par  ceux  d'Isaac  de  Lan- 
gres  (1).  On  peut  dire  même  qu'il  n'a  pas  peu  contri- 
bué à  l'abolition  de  cet  ordre,  comme  vous  l'avez 
vu  dans  le  chapitre  précédent;  mais  quoiqu'il  y  eût 
peu  de  chorévêques  dans  l'Occident,  on  n'y  pouvait 
i>'norer  ce  que  c'était  que  cet  Ordre,  puisqu'il  en  est 
parlé  dans  les  conciles  généraux  de  Nicée  et  de  Cal- 
cédoine (2),  dont  les  canons  étaient  reçus  partout,  et  ; 
avaient  été  ijisérés  dans  le  code  de  l'Église  univor-  j 
selle.  On  ne  s'en  servit  pas  néanmoins  d'abord  :  on  ne  ; 
voit  pas  même  que  les  évèques  d'Afrique  les  aient  \ 
employés  dans  les  quatrième,   cinquième  et  sixième 
siècles;  mais  dans  la  suite,  et  même  auparavant  dans  j 
ks  Gaules,  on  les  voit  faire  partie  du  clergé  en  di-  I 
verses  églises.  Us  se  muUiplièrent  aussi  beaucoup 
dans  les  septième  et  builièmc  siècles  durant  les 
désordres  qui  arrivèrent  dans  l'enqiire  français ,  et 
les  guerres  dont  il  fut  agité  sur  la  fin  de  la  première 
race  de  nos  rois  et  au  commencement  de  la  seconde. 
Car  alors  les  princes  donnant  souvenl  les  évècliés  à 
des  personnes  qui  n'avaient  d'autres  dispositions  pour 
entrer  dans  l'épiscopat  que  le  désir  de  s'enrichir,  et 
de  mener  une  vie  oisive  et  voluptueuse,  ces  prélats 
mercenaires  furent  ravis  de  trouver  des  chorévè(jues 
sur  lesquels  ils  pussent  se  décharger  de  toutes  les 
fonctions  pénibles  attachées  à  leur  dignité,  ce  fut  ce  | 
qui  donna  lieu  aux  chorévêques  d'étendre  beaucoup 

(1)  Capilul.  Caroli  et  LudoY.,  1.  Ti,  c.  1G8,  1.  6,  c 
llî),  1.  7,  c.  187,  523,  etc. 

(2)  T'I,  ll,c.  30  et  31. 


Ce  fut  ?rssi  par  là  qu'ils  commencèrent  à  se  rendre 
odieux,  en  sorte  que,  qi-'nd  la  discipline  de  l'Église 
eut  été  ^établie  sous  le  règne  de  Charlemagne,  les 
évèques  voulurent  revendiquer  leurs  droits,  et  s'ap- 
pliquèrent à  humilier  ceux  qui  avaient  voulu  s'élever 
à  leur  préjudice.  Ceux-ci  s'efforcèrent  aussi  de  se 
maintenir  dans  les  prérogatives  qu'ils  avaient  ac- 
quises par  la  négligence  et  l'incapacité  des  anciens 
prélats,  et  de  là  vinrent  tous  ces  règlements  des  con- 
ciles de  la  fin  du  huitième  et  du  neuvième  siècle,  par 
lesquels  on  réduisit  leur  pouvoir  dans  des  bornes  très- 
étroites,  comme  il  a  été  dit  ci-devant. 

Ce  que  nous  disons  ici  paraît  manifestement  par  le 
44„  canon  du  concile  de  Meaux.  On  y  voit  ce  qui  a 
donné  lieu  à  la  multitude  des  chorévêques.  Ce  canon 
porte  :  Si  Nvêque  de  ta  ville,  soit  pur  paresse,  soit  pour 
aller  plus  librement  de  côté  et  d'autre  hors  de  son  dio- 
cèse ,  soit  à  cause  de  ses  infirmités,  permet  aux  choré- 
vêques de  passer  leurs  pouvoirs  ,  il  doit  savoir  qu'il  sera 
soumis  à  une  sentence  canonique.  Le  119'  capilulaire 
du  C  livre  marque  la  même  chose,  et  nous  fait  voir 
en  même  temps  que  l'ambition  des  chorévêques,  qui 
anticipaient  trop  sur  la  juridiction  épiscopale ,  porta 
les  princes,  de  concert  avec  les  évèques ,  à  chercher 
lus  moyens  d'éteindre  cet  Ordre.  Ce  capitulairc  est 
conçu  en  ces  termes  :  Nous  avons  jugé  à  propos  que 
ton  ne  fit  point  à  l'avenir  de  chorévêques ,  parce  que 
jusqu'à  présent  ceux  qui  en  ont  créé  iijnoruient  les  dé 
crels  des  saints  Pères,  et  surtout  ceux  des  Papes ,  et  ne 
cherchaient  que  leur  repos  et  leur  plaisir. 

C'est  ainsi  que  les  évê(iues,  sentant  enfin  l'incon- 
vénient (pi'il  y  avait  pour  eux  à  avoir  pour  vicaires 
dos  ecclésiastiques  revêtus  du  caractère  épiscopal, 
pensèrent  tout  de  bon  à  s'en  défaire.  Ils  traitèrent  de 
cette  affaire  dans  plusieurs  coiicilca,  comme  dans 
ceux  de  Paris ,  de  Raiisbone  et  de  Metz,  où  on  révo- 
qua en  doute  la  qualité  de  chorévêques  et  les  pouvoirs 
dont  ils  avaient  joui  jusiju'alors,  et  il  fut  résolu  de  les 
abolir  entièrement. 

Cela  ne  put  s'exécuter  si  promptcmeni  ;  il  est  rare 
que  tous  soient  du  même  sentiment  sur  des  sujets  de 
cette  nature.  Aussi  les  chorévêques  se  maintinrent  en- 
core durant  tout  le  neuvième  siècle,  cl  ce  ne  fut  que 
vers  le  milieu  du  dixième  qu'ils  furent  insensiblement 
abrogés  par  un  consenlemenl  tacite  des  évèques,  tant 
d'Orient  (1)  que  d'Occident,  les  évèques  se  réservant 
les  fonctions  épiscopales  dont  les  chorévêques  s'é- 
taient acquitté,  el  donnant  aux  archiprêlres  le  rang 
et  les  prérogatives  convenables  à  leur  ordre ,  dont 
ceux-ci  avaient  joui  jusqu'alors,  telles  que  l'inspec- 
tion sur  les  églises  de  la  campagne,  la  correction  des 
abus  qui  pouvaient  s'y  introduire,  cl  l'autorité  sur 
les  prêtres  el  les  clercs  de  ces  églises. 

Ces  prérogatives  des  archiprêlres  sont  oien  mar- 
quées dans  un  canon  d'un  concile  de  Rome  (ean.  12), 

I      (1)  Morin.  do  Ordin.  p.  5,  exercit.  4,  C.  6. 


9^0  ORDRE.  —  PART.  III.  CHAP.  IV.  ÉPOQUE  ET  DURÉE  DÉ  L'INST.  DliS  CIIORÉVÈQUES.    93Ô 

ou,  comme  quelques  «ns  le  veillent,  de  Ravenne ,  qui  -^  nom,  s'appliquant  au  nlittit^t(re  delà  parole  de  Dieu, 


tic  liiit  ;hi  lommeiicemeiil  du  dixième  siècle  (I).  Il  y 
esl  ilil  :  .\<)(/s  vonlous ,  pour  que  le  peuple  de  Dieu  ne 
soit  poivl  destitué  de  secours,  que  l'on  élublisse  des  nr- 
cliiprêlres  dans  chaque  canton  (  sinyulis  plebibus  ) ,  qui 
non  seulement  prennent  soin  du  peuple,  mais  qui  veil- 
lent aussi  sur  tes  prêtres  qui  sont  dans  les  moindres 
titres;  qnils  s'informent  exactement  de  leur  manière  de 
vivre,  et  comment  ils  s'acquittent  de  leurs  fonctions  pour 
en  rendre  con'fle  à  Cévéque.  Et  que  l'évèque  ne  s'excuse 
pas  en  disant  qu'il  n'a  que  faire  d'archiprétres ,  parce 
que,  quoi  qu'il  soit  très-capable  de  gouverner  son  peuple, 
il  est  expédient  néanmoins  qu'il  partage  avec  d'autres  le 
fardeau  dont  il  est  chargé,  et  que  comme  il  préside  dans 
l'église  matrice  (c'est-à-dire  caliiédrale),  de  même  ces 
prêtres  régissent  celles  de  la  campagne.  Au  reste ,  que 
ceux-ci  fassent  à  l'évèque  le  rapport  de  tout,  et  qu'ils  ne 
soient  point  assez  hardis  pour  entreprendre  quoique  ce 
soit  contre  ses  ordres.  Voilà  à  peu  près  les  fouclions 
qui  couveuaieul  aux  chorévèques  comme  prêtres  ,  cl 
qui  furent,  vers  ce  temps  là,  attribués  aux  archiprè- 
ires,  ce  qui  lit  abolir  les  autres,  qui  par  ce  moyen 
devinrent  inutiles,  les  prélats  s'élant  cbargés  de 
remplir  les  fonctions  qu'ils  exerçaient  comme  évo- 
ques. 

Outre  les  évèqucs  cbargés  de  la  conduite  d'un  dio- 
cèse, les  évêques  régionaires  dont  nous  avons  dit 
qiielr[ue  cbose,  cl  les  cborévêqnes  dont  nous  avons 
parlé  dans  ces  deux  cbapitres,  il  y  en  avait  encore  au- 
trefois d'une  autre  espèc(?:  c'était  les  évéques  des  mo- 
nastères exempts  de  la  juridiction  des  ordinaires; 
tels  étaient  ceux  de  S. -Martin  de  Tours  ,  de  S.-Denis 
eu  France,  de  Laube  en  llainaull,  et  d'un  certain  mo- 
nastère d'Alsace  assez  proche  de  Strasbourg. 

Comme  ces  monastères  avaient  plusieurs  églises 
dans  leur  dépendance,  que  l'on  appelait  communé- 
ment Celles,  Cellœ ,  et  que  l'on  avait  peine  à  trouver 
des  évêques  qui  y  exerçassent  les  fonctions  épisco- 
pales  ,  on  y  pourvut ,  en  faisant  ordonner  évèque  un 
moine ,  qui  pût  s'acquitter  de  ce  devoir.  C'est  la  raison 
que  les  papes  Etienne  et  Adrien  rendent  de  cette 
institution  dans  les  privilèges  qu'ils  accordèrent  pour 
cela  aux  abbayes  de  S.-lMartin  de  Tours  et  de  S.-De- 
nis. Des  lettres  du  pape  Etienne  sont  en  original  dans 
les  arcbives  de  ce  dernier  monastère  ;  le  père  Ma- 
billon  les  a  fait  imprimer  dans  l'Eloge  de  l'abbé  Fui- 
rade.  On  y  lit  entre  autres  ces  paroles  :  Et  parce  qu'à 
la  prière  de  Clovis  ,  fils  de  Dagobert ,  Landery  ,  évèque 
de  Paris  ,  avec  le  conseil  de  ses  chanoines  et  de  ses  col- 
lègues, a  accordé  l'exemption  à  votre  monastère  et  à 
tous  les  clercs  qui  exercent  leur  ministère  dans  cette  en- 
ceinte, de  quelque  ordre  qu'ils  puissent  être,  nous  vous 
accordons  la  même  chose ,  et  vous  donnons  le  privilège 
singulier  d'avoir  un  évèque  qui  sera  élu  d'entre  vous  par 
l'abbë  ou  par  les  frères ,  et  qui  sera  consncié  p'ir  nos 
frères  les  évêques  du  pays.  Cet  évèque  prendra  soin  des 
monastères  que  vous  avez  bàlis  et  les  gouvernera  en  notre 


(1)  Eu  904. 


1 


tant  dans  votre  monastère  que  dans  ceux  qui  lui  sont 
soumis.  Le  P.  Sirmond  (I)  a  mis  au  jour  d'autres  let- 
tres du  pape  Adrien ,  par  les(|iielies  il  conlirme  le 
privilège  accordé  par  Etienne  III,  son  prédécesseur, 
voulanlqu'il  leur  soit  permis  d'avoir  un  évèfjuc  comme 
ils  en  ont  eu  depuis  longtemps  jusqu'à  présent ,  a 
priscis  temporibus  et  usque  hacleniis  fuit;  alin  que  p:ir 
ses  prédications  les  peu|)ies  (|ui  vieiment  de  divers 
pays  visiter  le  tombeau  du  martyr,  reçoivent  la  gué- 
rison  des  maladies  de  leurs  âmes. 

Ce  pape  se  sert  presque  des  mêmes  ternies  dans  le 
privilège  qu'il  accorde  au  monastère  de  S.-Martin,  tel 
qu'il  est  rapporlè'  par  Raoul  Moiiior  dans  la  Défense 
•des  droits  de  cette  église  (c.  2).  Celle-ci  conserva  plus 
longtemps  ses  évoques  que  celle  de  S.-Denis  ;  car, 
suivant  le  même  auteur  (c.  5) ,  il  y  en  eut  jusqu'au 
pontificat  d'Urbain  III,  «pii  étant  venu  à  Saint-Martin 
en  ôta  l'cvê(|ue,  voulant  que  dans  la  suite  ce  monas- 
tère lui  fût  iuimédiatement  soumis,  ce  qu'il  fit  sur 
les  plaintes  des  évêques  de  France  et  des  légats  du 
Saint-Siège  que  les  chanoines  de  S. -Martin  refusaient 
de  recevoir  avec  les  honneurs  convenables.  A  l'égard 
de  S.-Denis  il  ne  parait  pas  qu'il  y  ait  eu  d'évéques  au 
delà  du  règne  de  Louis-le-Débonnaire.  C'est  ce  que 
l'ondoitconclurc  di  s  paroles  d'un  auteur  très-ancien, 
qui  a  écrit  du  temps  de  Cbarles-lc-Cbauve  deux  livres 
sur  les  miracles  de  S.  Denis  ;  puisqu'en  parlant  dans 
le  premier  de  ses  livres  (e.  G)  d'un  miracle  arrivé  sur 
un  piysan,  il  dit  qu'il  vint  trouver  révê(pie  Herbert , 
car,  ajoute-t-il(2),  cette  église  a  eu  pendant  quelque 
temps  des  évêtpies.  Moris  qtiippe  ei  fuit  ecclesiœ  ali- 
quandiii  habere  episcopos.  Ce  miracle  s'était  fait  du 
temps  de  l'abbé  Fulrade,  à  qui  le  pape  Etienne  avait 
accordé  le  privib'ge  d'avoir  un  évèque  dans  son  ab- 
baye, et  les  paroles  de  cet  anonyme,  que  nous  venons 
de  rapporter,  font  voir  que  de  son  temps,  c"esl-à- 
dire  peu  après  la  mort  de  Louis-le-Débonuaire,  le 
monastère  de  Saint-Denis  ne  jouissait  plus  de  ce  pri- 
vilège. 

Quelquefois  ces  évêques  étaient  en  même  temps 
abbés;  d'autres  fois  ces  dignités  étaient  sép.irces  cf 
possédées  par  deux  personnes  dilTérentes.  C'est  ainsi 
que  cet  Herbert,  dont  ii«hs  avons  parlé ,  était  évèque 
de  Saint-Denis  dans  le  temps  que  Fulrade  gouvernail 
ce  monastère.  Nous  lisons  de  même  dans  de  très-an- 
ciennes annales  de  France  (3),  qui  ne  s'étendent  pas 
au-delà  de  l'annét;  71)7,  que  Wiclerbus  ('lait  en  même 
temps  évèque  et  abbé  de  l'église  de  Saint-Martin  de 
Tours,  au  contraire,  un  nommé  Andegariiis  en  était 
évèque  sous  le  gouvornemenl  d'Alciiiii,  qui  ne  fut  ja- 
mais que  diacre. 

I,es  premiers  abbés  de  Laube  Ursmar,  Erminon 
el  Tlièotbiliilie  étaient  en  même-temps  revêtus  de  la 
(liL'iiili-  ('  iscopale  ,   railleur  de  la   elironiqiie  de  ce 

(I)  Tmi.  -2   C.'ve    CMI. 

{"I)  .Maliii.  pra'i'.  iii  ^enii.  T>.  Wnvul. 

(.r.)   M  ,l.il.  iliid.,  I». -22. 


951  niSTomr:  des 

nioiiiisli'rc  (Kolciiiiiiis)  en  recliciclie  la  cause,  cl' parle 
sur  ce  sujet  <i'u:iC  manière  fort  sensée.  ISos  aucuns 
varieiU  sur  cela,  liit-il  :  selon  queltjms-tins  cela  a  clé 
ainsi  étubh  itfm  (pi^  ces  abbés  pussent  \necher  à  ces 
peuples  uuuvellement  convertis,  et  couibutlre  le  culte 
suj)eislitieiix  que  quelque-iins,  parmi  ce  peuple  encore 
barbare,  roulaient  aux  idoles  ;  d  autres  croient  que  l'on 
a  joint  la  dignité  épiscopale  avec  celle  d'abbé,  parce  que 
le  lieu,  oii  fut  bu.i  le  monastère  venait  de  la  libéralité  des  ; 
rois,  et  quil  éti.it  tout  proche  du  palais  royal  de  Lcp- 
Une,  dont  on  ne  confiait  le  soin  à  personne,  qu'il  ne 
fût  ordonné  évéque ,  cl  celte  dignité  s'est  conservée 
dans  plusieurs  de  leurs  successeurs,  comme  nous  le  | 
dirons. 

Quelquefois  aussi  les  niona.>tèi'es  étaient  les  sièges  'k 
des  ciiorévèqiies.  Il  y  a  toute  apparence  que  celui  de 
S.  Martin  de  Cantorbéri  était  de  ce  nombre.  11  y  en  [. 
eut  en  ce  lieu,  qui  est  situé  dans  le  faubourg  oriental 
de  celte  ville,  jusqu'au  pontificat  de  Lanfranc,  lequel 
suivant  Panleur  anonyme  du  Monaslicon  Anglicimum, 
ne  substitua  point  de  successeur  à  Godwiii  (jui  mourut 
de  son  temps,  disant  <iu  il  ne  convenait  point  qu'il  y  f^ 
eut  deux  évoques  dans  une  même  ville,  iie  considé-  [i 
rant  point  dit  Tanonyme ,  que  cet  évêque  de  saint  | 
Martin  n'avait  point  son  siège  dans  la  ville.  | 

On  lit  aussi  dans  la  cbronique  de  S.  Bénigne  de  | 
Dijon  les  noms  de  plusieurs  abbés,  qui  éiaieiit  en  | 
jnèmc  temps  cborévêques  de  l'évêquc  de  Langres,  i| 
et  que  l'auteur  de  celte  cbroaique  appelle  mal  à  | 
propos  Coévèqu  s.  C'est  ainsi  qu'il  qualilie  llerlicrl  | 
qui  était  abbé  de  sainl  Bénigne  du  icinits  do  révê(|ue  | 
Albéric,  et  Bertilon  qui  faisait  la  même  fonclion  | 
sous  révê'iue  Isaac,  qui  lui  doiiua  pour  adjoint  dans  |: 
la  conduite  de  ce  nioîiaslère  un  nommé  Saran,  Bertilo  f 
coepiscopus  et  abbas.  Selon  le  P.  Mabillon  plusieurs  j, 
abbés  de  ce  monaslère  silué  aupiés  de  Slrtsbouig,  r 
el  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus,  ont  été  aussi  lio-  I 
norés  du  litre  d'évèques,  soil  qu'ils  eussent  été  au-  .l^ 
trefois  élevés  à  la  dignité  épiscopale,  soil  qu'ils  fussent 
évêqiKiS  régioiuiaires,  n'ayanl  aucu  i  siège  iixe,  soil 
enfin  qu'ils  fûsS'ul  les  vicaires  et  les  cbi)révê>}U('S  du 
prélat  qui  gouveTnerait  alors  l'église  de  Strasbourg, 
comme  le  croit  Jodocas  Cuccius  (1).  Ce  qui  est  plus 
vraisemblable  que  ce  que  François  Guilleman  (i)  ne 
craint  point  d'assurer,  qu'autrefois  ce  diocèse  était 
divisé  en  deux,  dont  l'un  était  gouverné  par  l'évéque 
qui  résidait  à  Strasbourg,  et  l'autre  par  celui  qui  avait 
son  siège  dans  ce  monastère. 

Voilà  ce  que  nou,  avions  à  dire  des  évéques  des 
monastères.  Aujourd'hui  il  y  en  a  peu  en  Occidcnt(3) 
et  en  Orient  je  n'en  connais  qu'un  qui  soil  proprement 
tel,  savoir  celui  du  monastère  de  Sinaï.  Car  à  l'égard 
des  autres  prélats  d'Orient,  quoique  plusieurs  demeu- 
rent dans  des  nmnastères,  leur  juridiction  s'étend  sur 
de  grands  diocèses. 


(l)  L.  de  Dagoberlo,  c.  14. 

(•2)  L.  de  Kpiscopis  Argenlor.  c.  b.  .  .      i 

(ô)  Quand  Chardon  écrivait  ceci,  il  y  avait  un  éve-  : 
uue  à  Fuldc  depuis  quelques  année*  '  I 


SACREMENTS.  032 

CHAPITRE  V. 

De  la  subordination  des  évéques  les  uns  aux  autres.  On 
recherche  l'origine  des  métropoles  Lcclésiastiques 
et  des  principales  dignités  de  l'Eglise  primitive. 

Les  Apôtres,  auxquels  les  évê(pics  ont  succédé, 
élaient  tous  égaux  entre  eux,  à  l'exception  de  S,  Pierre 
à  qui  le  Sauveur  avait  donné  h  primauté.  Leurs  suc- 
cesseurs sont  aussi  revêtus  de  la  même  dignité,  el  en 
vertu  de  Tordre  épiscopal  ils  jouissent  das  mêmes 
prérogatives.  Ils  sonl  tous  assis  sur  la  même  chaire, 
et  sont  tous  également  les  princes  de  l'E-lisc  et  les 
chefs  du  troupeau  que  le  souverain  pasteur  a  ra- 
cheté au  piix  de  son  sang;  cepcnda;:!,  pour  éviter  la 
coiifusion  (pii  pourrait  se  trouver  dans  le  gouveriie- 
inenl  ecclésiasliqne ,  si  tous  les  prélats  n'avaient 
aucune  dépendance  les  uns  des  autres,  il  a  fallu  mettre 
entre  eux  une  espèce  de  subordination.  Comme  ils 
devaient  sassembler  de  temps  en  temps  pour  pour- 
voir au  bien  général  des  églises,  et  en  particulier  de 
celles  des  provinces  où  ils  faisaient  leur  résidence;  il 
était  Cîi  quelque  sorte  nécessaire  qu'ils  reconnussent 
nu  supérieur  (]ui  eût  droit  de  convoquer  ces  assem- 
blées, el  d'y  présider  pour  le  maintien  du  bon  ordre. 

C'est  aussi  ce  qui  est  arrivé,  et  quoiqu  avant  le 
quatrième  siècle  on  ne  trouve  point  de  lois  et  de  ca- 
nons des  conciles  qui  éiablissent  celte  subordination 
des  évéques  les  uns  aux  autres,  excepté  le  54°  canon 
des  A  poires,  dont  quel(|ues-uiis  révoquent  en  doute 
l'aulorilé,  on  la  voit  néannuuns  établie  par  un  con- 
sentement universel  quoique  tacite,  el  par  une  cou- 
tume générale  qui  lient  lieu  de  loi  en  ces  matières, 
suivant  la  n;axune  des  anciens  juiisconsulles(t)  :  car 
comme  dil  Ulpien,  diuturna  consuetudo  pro  jure  et  lege 
in  his  quœ  non  ex  scripto  descendant,  observari  solet. 
Ilermogenien  dit  dans  le  même  sens  (lib.  53)  :  Sed 
en  quœ  longà  consuetudine  comprobata  sunt,  velut  tacita 
civium  convenlio,  non  miniis  quàm  ea  quœ  scripta  sunt, 
jura  servantur.  Conformément  à  ces  anciennes  cou- 
tumes, le  grand  concile  de  Nicée  régla  les  droits  et 
l'étendue  de  la  juridiction  des  principaux  évéques  de 
la  chrétienté,  en  quoi  il  n'innova  rien,  mais  il  af- 
fermit seulement  ce  qui  s'ol'.servait  auparavant  dans 
l'Eglise.  Que  l'on  garde  les  anciennes  coutumes,  disent 
les  Pères  de  cette  sainte  assemblée  (can.  G),  zà  àpx«t« 
é'9/j  /.pa-rsirw  Que  l'évéque  d'Alexandrie  ait  autorité  sur 
tous  ceux  d'Iujfiple,  de  Lybie  el  de  la  Pentapole,  puisque 
l'évéque  de  Rome  l'a  aussi  dans  certai.m:s  provinces 
en  vertu  de  la  coutume  ;  qu'il  en  soit  de  même  à  regard 
d'Antioche,  et  que  l'on  conserve  aux  églises  leurs  privi- 
lèges, ou  plutôt  leurs  prééminences  ou  leurs  prérogatives 
dans  les  autres  provinces,  h  toTî  «//«tj  i-^zv.oyla.ii  iv. 

Voilà  l'anliquiJédeces  coutumes  bien  établie.  Exa- 
minons présentement  jusqu'où  on  peut  les  faire  re- 
monter. Mais  avant  d'en  venir  là,  remarquons  en  pas- 
sant que  les  privilèges  (pie  le  concile  de  Nicée  main- 
tient dans  ce  canon,  sont  ceux  des  mélropolilains, 

(1)  L.  55  de  Legibus. 


ORDRE.  —  PART.  III.  CIIAP.  V.    SURORDINATION  MUTUELLE  DES  ÉYÈQUES. 


953 

dont  ils  élaiciil  en  possession  dins  leurs  provinces; 
c'est  ce  qui  parait  thiircMicnt  par  lesdernièns  paroles 
du  canon  (pie  nous  venons  de  rapporter,  puis(|uc  le 
terme  d'èTrap^iat;  se  prend  cerlaincmont  |)0!ir  celui 
de  provinces,  au  moins  dans  l'ancienne  notice  de 
l'Eiilise.  Cc!a  est  encore  plus  évident  par  ce  qui  suit 
immédialeuiciil;  car  les  Pères,  après  avoir  assuré  à 
chacune  des  provinces,  leurs  privilèges,  ajoutent  aus- 
sitôt :  Or  il  esi  d'une  notoriété  entière  qite  si  quelqu'un 
est  promu  à  répiscopnt  sans  le  consentement  du  mého- 
politain,  te  grand  concile  a  défini  qu'il  ne  doit  point  éire 
évêqne.  Ces  parnlcs  l'ont  bien  voir  (ju'il  s'agit  suMoul 
ici  des  niélrop^ditains,  et  non  de  ceux  que  l'on  a  ap- 
pelés depuis  I  rimais  cl  patriarches,  car  c'était  aux  mé- 
tropoliiains  principuiement  à  concourir  a  réieclion  et 
à  la  consécration  des  évoques  de  leurs  provinces 
respectives,  et  c'est  pourquoi  les  I  ères  de  ÎS  cée  leur 
attribuent  le  droit  de  les  conlirmerdans  leur  dignité, 
connue  on  le  voit  dans  leur  i'  canon,  où,  après  avoir 
statué  que  l'évéque  sera  ordonné  par  tous  ceux  de  la 
province,  ou  au  moins  par  trois  d'entre  eux  avec   le 


954 

pr(;mier  ranj;  dans  celte  assemblée,  w,-  KpyuioTc/.Tc;, 
soit  (pie  le  siège  d'i.éradée,  métropole  delà  province 
lût  vacani,  soit  que  qnebpie  inlirmilé  cmpccliàt  ce 
rnéiropoliiain  de  s'y  trouver.  Tous  les  autres  doni  il 
parle  élaient  ceriaineiueut  évoques  d'églises  nièlro- 
politainos,  comme  Tlièopliile  de  Césarée,  Victor  de 
Rome,  cl  Iréuée  de  Lyon,  qui  était  alors  la  seule 
ville  métropolitaine  des  Gaules,  suivant  toutes  les 
apparences. 

L'é  è(pie  d'^lia  ou  de  Jérusalem,  était  aussi  nom- 
mé dans  1rs  actes  dii  concile  de  P;.lesline,  quoiqu'il 
ne  lui  point  métropolitain  alors,  parce  qtie  l'ayant  été 
autrefois,  et  cette  ville  étant  fort  considérée  des  chré- 
tiens comme  le  berceau  du  christianisme,  on  a\ail 
dor.né  un  rang  d'honneur  à  son  évéqne,  et  le  privi- 
lège d'être  le  premier  entre  les  snfiragrnls  du  siège 
de  Césarée  qui  avait  été  établi  méiropole  au  moins  do 
la  première  Palestine,  par  l'empereur  Vcspasien,  tant 
parce  qu'il  y  avait  éié  déclaré  empereur,  comme  dit 
Jnslinieu  (Novell.  103),  que  parfe  que  c'était  alors  la 
pins  grande  ville  do  cette  province  depuis  la  ruine  de 


consenleinenl  par  écrit  des  absents,  ils  ajouienl  que  jj  Jérusalem,  ce  qui  donna  lieu  d'y  établir  le  siège  niè- 
le  métropolitain  confirmera    ce   qui  aura   été  fait.  Ce  |i  tropolilain  qui  y   est  demeuré  plusieurs  siècles  ;    en 


qui  est  sans  doute  un  grand  privilège,  (pi'ils  avaient 
acquis  par  rancienne  coutume  dont  parle  le  con- 
cile; mais  il  n'était  pas  le  seul.  Us  avaient  de  plus 
le  pouvoir  d'examiner  la  vie  ,  la  conduite  et  la 
doctrine  des  évêques  de  leurs  provinces ,  de  les 
convoquer  aux  synodes,  de  juger  les  diflërends 
qui  pouvaient  naître  entre  eux,  cl  de  régler  les  af- 
faires ecclésiastiques  qui  regardaient  toute  la  province 


sorie  que  les  évêques  de  Jérusalem  élaient  soumis  à 
ceux  de  Césarée,  mais  avec  quelqiies  prérogatives  qui 
les  distinguaient  des  antres  siiffraganis.Le  concile  de 
JNicée  leur  conserva  ces  prérogatives,  mais  sans  pré- 
judice des  droits  du  mètro|)olilain,  il  en  parle  dans  le 
septième  canon  en  ces  lern!c-s  :  Parce  que,  mirant  la 
coutume  et  l'ancienne  tradition,  l'évéque  d'yElie  doit  être 
honoré,  qu'il  ,'JI  rang  immédiatement  après  le  métropoli- 


en  général.  Tels  sont  les  droits  et  les  prérogatives  |  tain,  en  conservant  à  la  métropole  sa  dignité.  C'est  ainsi 
des  métropolitains  que  le  concile  de  Mcée  a  mainte-  ,§  (jue  ces  saints  évêques  ont  réglé  ce  qui  regarde  le 

siège  de  Jérusalem  sans  s'éloigner  des  anciens  usages 
et  sans  déroger  aux  privilèges  du  métropolitain,  s'at- 


nues,  et  dont  ils  jouissaient  suivant  l'ancien  usage. 

Revenons  à  présent  à  l'origine  de  cette  coutume. 
On  en  voit  des  traces  bien  marquées  dans  les  synodes  I  tachant  iiiviolablement  aux  coutumes  anciennes  dans 
qui  se  tinrent  sur  la  (in  du  second  siècle,  à  r(!Ccasion  fe  le  septième  canon,   comme  ils  avaient  fait  dans   le 


de  la  question  qui  s'était  élevée  dans  l'Eglise  louchant 
le  jour  auquel  on  devait  célébrer  la  fête  de  Pâques. 
On  voit  encore,  dit  Eusèbc  (1),  l'écrit  des  évêques  de 
Palestine  qui  s'assen:blerenl  alors  polr  jlger  de  cette 
AFFAïKE  ;  Théophile,  évéque  de  Césarée,  ij  présidait,  et 
iS'arcisse  de  Jérusalem.  Il  se  linl  aussi  un  synode  à 
Rome  sur  la  même  question,  auquel  on  voil  que  prési- 
dait Victor.  Pulmas,  comme  le  plus  ancien  des  évêques 
du  Pont,  était  à  la  têie  de  ceux  de  sa  province,  et  Irénée, 
chef  des  églises  des  Gaules ,  présidait  au  concile  qui  se 
tint  dans  ce  pi/i.Vous  voyez  dans  ce  discours  d'Eusèbe 
qui  avaitentrc  les  mains  les  îctcs  authrntiqnes  de  ces 
conciles,  que  chacune  de  ces  assemblées  avait  son 
chef  et  son  président  dont  cet  bisloiien  fait  mentim 
expresse,  rendant  eu  même  temps  rai^on  pounpioi 
l'un  d'entre  eux  qui  n'était  point  èvèipie  de  la  ville 
métropolitaine  de  sa  province,  présidait  néanmoins  au 
synode  de  la  provi.ice  du  Pont,  savoir  son  ancienneté, 
soit  d'âge,  soit  d'épiscopat.  Cet  évèque  étail  Palinas 
d'Amaslride  (2)  qui,  comme  dit  Eusèl)e,   tenait  le 


(l)  Hist.  eccles.  i.  5,  c.  23. 

h)  Eusèbe  fait  meutir^n  d'une  lettre 


S.   Heiiis 


sixième,  par  lequel  ils  avaient  confirmé  les  dreils 
et  les  prérogatives  des  évècpies  d'Alexandrie,  d'An- 
tiocbe  et  des  autres  métropoliiains;  et  voilà  pourquoi 
l'on  voyait  dans  les  Actes  do  ce  concile  de  Palestine, 
le  nom  do  Narcisse,  évèque  de  Jérusalem,  avec  celui 
de  Théophile  de  Césarée. 

Dans  les  autres  parties  de  la  chrétienté  n'y  ayant 
point  d'évêques  distingués  des  autres  sulTragants  par 
des  priviléges'part.cnliers,  il  ne  faut  pas  être  surpris 
si  les  actes  des  conciles  des  autres  provinces  porlaieiit 
en  tète  les  noms  des  seuls  nié  ropoliiains.  De  là  vient 
aussi  que  les  historiens  ecclésiastiques  en  parlant  des 
évécpies  de  leur  temps  dans  les  premiers  siècles,  ne 
foui  guère  mention  que  de  ceux  des  premiers  sièges, 
et  nous  ignorerions  enlièremenl  ceux  des  autres 
évéqnes,  si  quelques-uns  d'entre  eux  ne  s'étaient 
distingués,  soit  par  leurs  écrits,  soit  par  quelque 
action  d'éclat;  au  lieu  que  nous  avons  les  catalo- 
gues des  évêques  des  grands  sièges,  quoiqu'il  ne  se 

;  d'Alexandrie  adressée  aux  églises  du  Pont  et  en  par- 
i  ticulier  à  celle  d'Amaslride,  dans  laquelle  il  nonuiic 
*  l'évéque  appelé  Palmas.  Hist.  eccl.  i,  c.  25. 


Q^^  ii;sTOinE  Di:s 

trouve  rien  de  singulier  clans  la  plupart  d'cnlie  eux. 

Eusèbe  remarque  (pie  saint  liéiiéc  pn^siduit  sur  les 
églises  des  Gaules,  parce  (prcn'ectiveinciit  Lyon  élall 
l'église  matrice  d"où  la  Un  s'éuiit  répmJue  dans  ces 
pays,  cl  (pie  d'ailleurs  celle  ville  tUait  alors  la  prin- 
cipale ;  c'est  pourquoi  les  cvècpies  s'y  assembli.'renl 
pour  traiter  la  question  de  la  Pàque  qui  agitait  touies  | 
les  églises,  et  S.  Irénée  présida  à  celte  assemblée  , 
couune  primat  ou  mélropoiuuin  des  Gaules  (car  alors 
ces  deux  teiines  signifiaient  la  même  cliose,  comme 
M.  de  Marca  l'a  fort  bien  remartpié  au  cominencemenl 
de  la  savante  dissertation  (|u'ila  composée  sur  la  pri- 
nialie  de  Lyon  (I)  et  les  autres.  Le  terme  de  -apou.ix, 
parœcia,  suivant  le  style  des  anciens  écrivains  ecclé- 
siastiques, et  les  canons  des  conciles,  signiliait  un 
territoire  dans  lequel  un  évèque  exerçait  sa  juridi- 
ction, c'est-à-dire  qu'il  marquait  la  même  chose  que 
ce  que  nous  appelons  aujourd'hui,  diœcesis ,  diocèse, 
et  plusieurs  ensemble  faisaient  une  province  que  ces 
mêmes  écrivains  désignaient  par  le  terme  iViw.pyix. 
Ainsi  quand  Eusèbe  dit  de  S.  Irénée,  qu'il  avait 
l'intendance  des  diocèses  des  Gaules,  ■kxcqva'm-j,  c'est 
oonimc  s'il  disait  qu'il  était  le  métropolitain  ou  le 
chef  de  plusieurs  égl'ses  qui  avaient  chacune  leur 
ëvêque  ;  ce  qui  n'empêcliait  pas  (pi'il  n'eût  une  église 
qui  lui  fût  propre,  et  dont  il  était  l'évêque  en  parti- 
culier savoir  l'église  de  Lyon  ;  ce  que  le  même  Eu- 
sèbe dit  expressément,  en  ces  termes  (2)  :  hénée 
succéda  à  Potin  dans  l'église  de  Lyon  dont  il  fut  fait 
évèque.  On  peut  dire  même  que  S.  Irénée  était  le  seul 
métropolitain  des  Gaules,  la  loi  n'étant  pas  encore 
assez  répandue  alors  dans  les  Gaules,  pour  y  former 
plusieurs  provinces  ecclésiastiques. 

Outre  ces  synodes  dont  nous  venons  de  parler,  et 
qui  jugèrent  que  la  Pàque  devait  être  célébrée  à  la 
manière  dont  nous  l'observons  encore  aujourd'hui,  il 
s'en  assembla  encore  un  autre,  composé  des  évéques 
de  l'Asie  proconsulaire,  onde  la  province  d'Asie  [)ro- 
prenient  dite,  dans  lequel  on  remarque  la  même  su- 
bordination des  évéques  soumis  à  un  niélroiiolitaiii, 
et  la  même  discipline,  l'assemblée  fut  convoquée  par 
Polycrale,  évêque  d'Éphèse,  métropole  de  cette  pro- 
vince, selon  Ulpien  (5).  Il  y  présida,  et  son  nom  seul 
se  trouvait  inscrit  à  la  tête  des  lettres  qui  furent  en- 
voyées de  la  part  de  ce  concile  an  pape  Victor,  quoi- 
que les  évéques  qui  s'étaient  rendus  à  ce  synode 
lussent  en  grand  nombre  ;  et  ce  qui  est  encore  plus 
remarquable,  c'est  que  ce  pape  avait  prié  Polycrale 
de  le  convoquer;  tant  il  était  persuadé  de  l'aiilorilé 
des  Métropolitains,  quoique  sur  la  (piestion  dont  il 
s'agissait  Polycrale  fût  d'un  sentiment  opposé  au  sien. 
Tout  ce  que  nous  disons  ici  paraît  par  la  lettre  que 
Polycrale,  à  la  tête  de  ses  suffraganis,  écrivit  au  pape, 
et  dont  Eusèbe  nous  a  conservé  les  paroles.  J'aurais 
j>«,  lui  dil-il  (4),  faire  mention  des  évéques  présents  a 

{l)Elle  selrouvedans  l'Appendice  des  œuvres  de  ce 
prélat,   imprimés  par  les   soins  de  Cayhize  en  1708 

(2)  Hist.  Eccles.,  1.  5,  c.  5. 

(3)  L.  i,  §  de  Officie  proconsulis  ellegaii. 
(i)  Hist.  ÈccL,  1.  5,  c.  24. 


.AGREMENTS.  9"G 

ci:  SYNODE,  que  vous  avez  demandé  que  j  nssemb{nsr,a, 
el  que  foi  assemblé,  dont  xons  connaîtriez  la  multitude, 
sij'rcrivcisici  leurs  noms.  Peut-on  mieux  marquer  les 
droits  et  les  prérogatives  des  métropolilains?  On  voit 
dans  ces  paroles  un  évê(|iie  que  lesautiei  locoimais- 
sent  poMi  Kîur  chef,  aux  ordres  duifuel  ils  obéissent, 
cl  se  rendent  au  lieu  (pTil  leur  dés'gne.  Cet  évèipie 
principal  préside  à  l'assemblée  de  ses  collègues,  il  en 
écrit  le  résultat  en  leurs  noms,  et  se  conlenle  de 
niellre  le  sien  à  la  lètc;  de  ces  lettres.  Telle  était  l'au- 
lorilé  des  métropolitains  dès  la  fin  du  second  sii'cle. 

C'est  sans  doute  en  vertu  de  (^ette  discijliiie  établie 
dès  lors  dans  toutes  les  églises,  que  S.  Denis  D'A- 
lexandrie écrivant  aux  églises  de  Crèle,  à  présent 
Candie,  met  celte  inscription  à  la  lêle  de  sa  lettre  :  A 
r église  qui  est  à  Gorlgne,  avec  les  autres  églises  qui  sont 
en  Crèle,  el  que  de  tous  les  évéques  de  celle  île  il  ne 
nomme  (pie  Pliilip|»e,  évêque  de  Goriyne  métropole 
de  ce  i>ays,  quoique  toutes  les  églises  de  celle  pro- 
vince se  fussent  rendues  recommandables  par  la 
grandeur  de  leur  foi,  comme  le  dit  S.  Eusèbe.  Et  pour 
remonter  plus  liant,  ne  peut-on  pas  dire,  sans  crain- 
dre de  trop  s'avancer,  que  c'est  dans  ce  sens  que  le 
célèbre  martyr  S.  Ignace  se  qualifie  évèque  de  la  Syrie 
dans  son  Épîlre  aux  Romains  :  car  il  est  plus  que 
probable  ((u'il  y  avait  alors  dans  ce  pays  plusieurs 
évéques,  outre  celui  d'Anliocbc,  qui  était  le  premier 
d'entre  eux. 

Passons  en  Afrique,  et  voyons  quelle  était  la  dis- 
cipline de  cette  éi,'lise  dans  les  pivniiers  siècles  sur  le 
point  dont  il  s'agit.  Nous  ne  pouvons  guère  tirer  de 
lumières  là-dessus  que  des  écrits  de  S.  Cyprien,  qui 
a  eu  plusieurs  fois  occa,>ion  de  parler  de  ce  ipii  a  rap- 
port à  cette  matière  :  aussi  est-ce  à  lui  que  nous  nous 
atlachcrons,  pour  découvrir  quel  élait  l'ordre  de  la 
hiérarchie  cl  la  subordination  des  évéques  dans  celle 
illustre  portion  de  l'Église.  Ce  saint  parlant  des  héré- 
tiques qui  rentrent  dans  le  sein  de  l'Église,  dit  posili- 
ven»entdans  saleltreà  Juboyen,  r/î('i7  y  a  plusieurs  an- 
nées el  long-lenips  (multi  jam  anini  sunt,  cl  lomja  (Ctas) 
que  les  évoques  d'Afrique  s'étant  assemblés  sous  Agrip' 
pin  d'heureuse  mémoire,  avaient  ordonné  oui:  l'on  les 
BAPTisEn.uT,  etc.  Ces  paroles  doivent  être  considérées 
avec  alteitlion  :  on  y  voit  des  vestiges  de  celle  auto- 
rité que  les  évéques  de  Oirthage  exerçaient  sur  les 
autres  évéques  de  ces  vastes  régions.  Les  évéques 
d'Afrique  sont  convoqués  par  Agrippin,  évèque  de 
Cartilage,  ils  s'asseniblent  en  concile,  ils  délibèrent 
sur  le  naplènie  des  hérétiiiucs,  ils  décident  ipi'il  est 
nul  :  ils  foriueiit  un  décret  qui  contient  leur  d('cision, 
ce  décret  est  allri4)ué  surtout  à  Agrippin,  qui  luési- 
dait  à  cette  assemblée  Tout  cela  esl  équivalemmciit 
renfermé  dans  celle  lettre  de  S.  Cyprien,  qui  élait 
évèque  de  Cartljage  longtemps  après  Agripiiin,  longa 
(Ctas,  l(>quel,  par  conséquent,  devait  avoir  occupé  ce 
siège  au  commencement  du  troisième  siècle  ou  sur  la 
fin  du  second,  puisque  noire  saint  martyr  lleurissait 
vers  le  milieu  du  troisième,  ayant  étt'  élevé  à  Voym- 
co]):\{  fpieique  temps  avant  l'an  250. 


^057 


rAur.  m.  chap.  v.  iituoROiNAiiors  mitielle  des  évèqles. 


ORDIŒ, 

Les  cvcd.nes  (ini  se  Iroiivcrenl  à  co  concile  sons 
Agi'ippiii,  éliiieiil  des  |  roviiices  (l'Afiit|Ui;  el  de  Nu- 
n)idie,  suivaiil  le  ténioignag^;  du  saiiM  ninrlyr(l); 
ce  qui  fait  vdir  de  (nielle  étendue  clai(  lit  dès-lors  les 
pays  soMinis  à  la  n.élro|iole  de  Carlhagc  Mais  pour 
le  l)ie!)  entendre  ,  il  faiU  ienKU(|iier  que  le  mot  Afri- 
que, se  prend  chez  les  amieiisen  trois  sens  dinércnis. 
Prcnnèr.nient,  pour  une   province  particulière  ,  dans 


Pioconsulaire ,  parce  qu'elle  était  gouvernée  par  un 
niairiotral  revêtu  de  la  dignité  de  proconsul.  En  se- 
cond lieu  ,  pour  tous  les  pays  situés  sur  la  côte  sep- 
tentrionale d'Afrique,  depuis  les  colonnes  d'Hercule 
ou  le  détroit  de  Gibraltar,  jusqu'à  la  province  de  Cy 
rénaïde  ,  qui  était  soumise  à  révéïjue  dAlexandrie, 
ci  qui,  dans  le  civil,  faisait  partie  du  gouvernement  de 
l'Egypte.  Ces  grandes  régions  avaient  été  ainsi  appe- 
lées par  les  Romains ,  qui  les  avaient  conquises ,  du 
nom  delà  province  d'Afrique  qu'ds  avaient  subjuguée 


1er  loucliant  un  co:vcdien  qui  domjndait  déirc  reçu 
à  la  comninnioii  des  saints  My^tc^es,  sans  quitter  sa 
profession,  sur  quoi  S.  (^yprien  lui  répondit  (  Ép.  01)  : 
Je  ne  crois  pas  qu'il  convienne  à  la  maj.sté  divine  el  à 
la  discipline  (te  r  Evangile,  que  r  honneur  de  CtgUse 
soii  souillé  par  une  telle  infamie.  Janvier  et  les  autres 
évè(pics  de Nnmidie  le  consiiltèi(;nt  de  même  (  Ép.  70  ) 
sur  ce  qu'il  fiillait  faire    par  rapport  aux  hérétiques 


laiiuelle  Cartilage  était  située  ,  el  que   l'on  appelait      qui  souliaitaient  se  réunir  à  rFglisc,  aussi  bien  que 


Jubayen  (Ép.  75),  cvèque  de  la  province  d'Afrique, 
elQuiiitus  (Ép.  7i)  tic  celle  de  Mauritanie.  Un  nulro 
cvè(iue  de  îa  Mauritanie  Tingitane,  ayant  é!c  oatrajé 
par  son  diacre  ,  le  prélat,  qui  aurait  pu  le  cli&ticr  p»r 
son  autorité,  jugea  à  propos  d'en  porter  ses  pkiliiles 
à  S.  Cy|;rien,qui  lui  répondit  (  Ép.  01  )  cnces  teiii.cs, 
qui  11  arquent  en  même  temps  son  respect  pour  ceux 
qui  lui  étaient  soumis,  et  son  .lutorilé;  Nous  avons  été 
louches  sensibleme.nl,  mon  très-cher  frère,  moi  et  mes 
collàjnes ,  qui  se  sont  trouvés  ici  présents ,  en  lisant  les 


la  première;  c'est  dans  ce  sens  rue  ces  i>roviiices  :()id  'i    lettres  par  lesquelles  vous  vous  plaignez  de  ce  diacre,  qui, 

oubliant  d'une  part  l'honneur  du  sacerdoce,  cl  de  l'autre 
son  devoir  et  son  ministère ,  vous  a  outragé.  Vous  nom 
avez  rendu  l'honneur  qui  nous  est  dû  ,  et  vous  arei  ugî 
avec  votre  humilité  ordinaire,  aini.int  mieux  nous  perler 
vos  plaintes  de  cette  injure,  que  de  le  punir  comme  il 
le  mnilail,  et  comme  vous  le  pouviez,  par  la  puissance 
que  Dieu  vous  a  mise  en  main.  Vous  deviez  être  per- 
suadé que  vos  collègues  ne  manqueraient  pas  de  raiiftcr 
ce  fiue  vous  feriez  par  l'autorité  st.cerdotale ,  pour  le 
cnàtimenl  de  ce  diacre  insolent,  pnis';m  vous  étiez  au- 
tori.se  sur  cela  par  la  loi  du  Seigneur.  Telle  était  la  àâ- 
férence  que  tous  les  évêques  d'Afrique  avaient  pour 
leur  chef,  l'évêque  de  Carihage,  et  telle  était  d'autre 
par:  ia  manière  honor:ib!e  dont  il  agissait  avec  eux, 
quand  ils  avaient  rectuws  à  lui. 

Ce  qui  est  de  parliculier  à  cette  Église,  c'est  quo 
quoique  tant  de  grandes  provinces  fussent  soumises  à 
l'évêque  de  Carthage,  et  que  ces  pioviiiC(  s  eussent 
cliacuni!  leur  ville  principale,  ou  métropole,  dans  la- 
quelle les  gnnveriienis  faisaient  leur  résidence,  elles 
reconnaissaient  toutes*  néanmoins  Carthage  pour  leur 
Uiélrojiole  commune  ;  les  évèipies  des  villes  cipilales  , 
n'ayant  aucune  prérogative  sur  ceux  des  autres  villes, 
et  même  quand,  dans  ta  suite  du  temps,  l'éloignenient 
des  lieux  ,  el  la  multiplication  des  églises  épiscopales 
eut  obligé  d'établir  dans  chaque  province  un  primat  ' 
qui  présidât  aux  assemblées  ,  el  aux  ordinations  des 
évoques  des  provinces  particulières  ,  celte  charge  8t 
celle  prééminence  ne  fut  point  attachée  com.nic  ail- 
leurs au  siège  de  la  ville  capitale  de  1 1  province,  mais 
elle  était  dévolue  au  plus  ancien  évêque  du  pays  qui 
y  exerçait  sa  charge  sous  raulorilé  de  l'évêque  de  Car- 
thage, qui  par  là  demeurait,  eu  qiiehpie  s-orle,  le  scid 
Il  élropolilain  de  toutes  les  provinces  d'Afrique.  On 
aperçoit  celte  discipline  dont  nous  parlons  dans 
le  Sr  canon  du  Code  de  l'Église  d'Alri(pie,  d.ms  le- 
quel,  sur  la  contestation  (pii  s'était  élevée  touchant 
'e  lieu  où  l'on  devait  conserver  les  registres  de  la  pro- 
vince, il  est  ordonna,  du   coiiscnlemenl  de  t«us  k? 

30 


nommées  .l/>"/(/"t'  dans  la  première  notieede  lEinpire. 
Enliu  le  nom  d'Alri(|ue  a  été  rendu  commun  à  toute 
celle  partie  du  monde,  qui  le  porte  encore  aujour- 
d'hui. 

L'Afrique  prise  dans  le  second  sens  ,  fut  divisée 
dans  la  suite  en  six  provinces,  savoir  la  Proconsniaire, 
la  Byzacène,  la  Tiii-.olilaine  ,  la  Nnmidie,  et  les  deux 
Mauritanies.  dont  l'une,  plus  à  l'orient,  était  appelée 
Césarécniie,  du  no  .  de  (.ésaiée,  sa  capitale,  l'aulie 
Tingilane  ,  à  cause  de  Tanger  (pii  était  la  principale 
de  ses  villes.  Mais  du  temps  de  S.  Cyprien,  et  avant 
lui,  la  province  Proconsulaire  avait  bien  plus  d'éten- 
due :  car  elle  comprenait  la  Trip(dilaine  et  la  Ryza- 
cène,  outre  celle  qui  a  toujours  retenu  le  nom  de  Pro- 
consulaire, et  dans  laipielle  était  la  ville  de  Carthage  , 
ce  qui  montre  (|ue  du  temps  d'Agrippin,  toute  celle 
partie  de  l'Afrique  qui  s'étend  depuis  Tripoli  jusque 
vers  la  ville  deCésarée,  qui  était  à  peu  près  ouest  à 
présent  Alger,  reconnaissait  Cariliago  pour  sa  métro- 
pole, et  que  l'évêque  de  cette  ville  était  le  chef  des 
églises  qui  s'y  trouvaient;  puisque  les  évêques  de  Nu- 
niidie  assistèrent  à  son  coi.cilc  ,  el  que  la  Nnmidie 
conrinait  à  hi  Mauritanie  Césaréi  une. 

r»ii  f  tnps  de  S.  Cyi>rien  ,  cell(!  primauté  de  l'Église 
de  Carthage  était  si  bien  établie,  que  les  écrits  do  ce 
saint  sont  pleins  des  marques  de  respect  que  les  évo- 
ques d'Afrique  lui  rendaiiMit  comme  à  leur  chef ,  ce 
qui  a  lieu  non-seu'ement  à  l'ég::rd  des  évêques  de  la 
rovince  Proconsnlaire  et  de  Numidie  ,  mais  encore 
li  ceux  de  .Maiiritinie.  On  y  voit  (|u'ils  n'entrcpre- 
ai  ent  rien  de  considérable  sans  l'avoir  consulté,  qu'ils 
'adressaient  à  lui  quand  ils  avaient  qiieliues  sujets 
ic  plainte  contre  leurs  frères,  qu'ils  avaient  recours  à 
lui  dans  les  qnesiituis  difiieiles ,  et  qu'enfin  il  les  as- 
semblait pour  délibérer  avec  eux  sur  les  affaires  im- 
porlantes  (jiii  survenaient. 

Eiicharius,  évèque  de  Thèue,crul  devoir  le  consul- 

(I)  Ep.  71  adQuintiim. 

TU.  XX. 


959 

évêques  qui  ont  souscrit  au  concile ,  que  ta  matricule 
et  les  archives  de  Numidie  seraient  mises  en  dépôt  dans 
r Église  du  premier  siège  et  dans  la  métropole  ,  c'esi-à- 
dire ,  à  Constantine. 

Le  premier  siège,  dontil  est  ici  queslion,  était  celui 
du  priiu".:  de  Numidie ,  ou  du  plus  ancien  cvèque  de 
■  la  province,  et  la  métropole  était  la  capitale  de  la  pro 
vince  dans  le  gouvernement  civil ,  dont  Tévéque  n'a- 
vait aucune  prérogative  qui  l'élevàt  au-dessus  de  ses 
confrères,  chez  qui  cependant  on  jugeait  à  projms  de 
déposer  aussi  les  archives  de  la  province,  parce  qu'el- 
les y  devaient  être  plus  en  sûreté,  que  dans  une  bour- 
gade ouverte,  telle  qu'était  quelquefois  le  siège  du 
primat. 

Ces  primats  ou  premiers  évêques  de  chaque  pro- 
vince d'Afrique,  ne  furent  institués  qu'après  le  lem|)s 
de  S.  Cyprien  ,  et  quand  on  eut  divisé  rAfri(pie  en  six 
provinces;  car  avant  l'empire  de  Constantin  ,  on  n'en 
voit ,  dans  les  monuments  ecclésiastiques  ,  aucune 
trace  ,  et  tous  les  évêques  étaient  immédiatement 
soumis  à  celui  de  Cartilage.  Ce  ne  fut,  comme  il  a 
été  dit  ci  devant,  que  l'accroissement  du  nombre  des 
églises  et  des  évêques  dans  ces  lieux  trop  éloignés  de 
Carthage,  qui  donna  lieu  à  cet  établissement,  afin 
que  les  affaires  ecclésiastiques  fussent  plus  prompte- 
nienl  expédiées,  et  que  les  églises  ne  demeurasbcnt 
pas  trop  longtemps  vacantes,  s'il  fallait  attendre  les 
ordres  ou  la  présence  de  l'èvêque  de  Carthage  pour 
consacrer  les  évêques.  C'est  ainsi  que  cet  évêque,  de 
métropolitain  proprement  parlant,  devint  ce  que  nous 
appelons  aujourd'hui  primat  ;  et  c'est  peut-être  en 
cette  manière  que  les  grands  sièges  d'Alexandrie  et 
d'Anlioche,  sont  devenus  sièges  palriarcliaux  :  la  foi 
s'étant  répandue  de  ces  églises  matrices  dans  les  pro- 
vinces du  voisinage,  où  ils  envoyèrent  d'abord  de 
simples  évêques ,  auxquels  dans  la  suite,  on  fut  obligé 
de  donner  des  chefs  ou  métropolitains  qui  demeurè- 
rent soumis  à  ces  i)remiers  sièges.  Mais  ce  qui  a  éiè 
particulier  aux  églises  d'Afrique,  c'est  que  ces  chefs 
des  évêques  de  chaque  province  étaient  les  plus  an- 
ciens évêques  ;  au  lieu  que  dans  les  autres  parties  de 
la  chrétienté  le  siège  du  primat,  ou  du  métropoli- 
tain fut  attaché  à  la  ville  capitale  de  la  province  dans 
Tordre  du  gouvernement  civil.  D'où  vient  aussi  que 
l'on  remarque  dans  la  discipline  des  églises  d'Afrique 
une  espèce  de  censure  singulière  inconnue  ailleurs , 
i\\ù  consistait  à  déclarer  un  évêque  incapable  de  par- 
venir à  la  dignité  de  primat ,  sans  le  priver  de  l'épis- 
copal.  S.  Augustin  fait  mention  de  cette  peine  caiiO- 
nique  dans  sa  lettre  261,  à  l'occasion  d'un  évêque 
nommé  Priscus  à  qui  on  l'avaii  infligée,  et  à  qui  \l 
fait  dire  ces  i>aroles  :  Anl  ad  primatum  locus  tnilii  p((tere 
debuit  siciit  cœteris,  aut  episcopatus  rniln  remanere  non 
debuil  (ou  j'ai  eu  droit  de  pi  étendre  à  la  primauté, 
ou  on  a  dû  me  dépouiller  de  Pépiscopat  ).    ^_ 

Il  est  assez  étonnant  que  les  églises  d'Affîque  aient 
eu  cet  usage,  puisque  partout 'aîMurs  les  villes  capi- 
tales des  provinces  èiaiei-U  les  sièges  des  premiers 
évéiiu«b,  et  qu'il  semble  (juc  les  apôtres  aient  pris  à 


HISTOIRE  DKS  SACREMENTS.  940 

tâche  d'accommoder  l'état  des  églises  à  celui  de  l'em- 
pire romain  ,  qui  était  di.strihué  en  provinces  ,  dont 
chacune  était  gouvernée  par  un  magistrat,  qui  portait 
différents  noms,  suivant  la  dignité  des  provinces,  et  qui 
résidait  dans  la  ville  capitale,  que  l'on  nommait  pour 
ce  sujet  ville-mère,  ou  métropole.  On  reuianpie  cette 
intention  dans  les  Épîtres  de  S.  Paul,  qui  toutes  sont 
écrites  ou  aux  églises  métropolitaines  des  provinces,  à 
l'exception  peut-être  de  celle  qui  est  adressée  aux 
P/iilip|)iens  ,  ou  aux  évêques  qui  étaient  chargés  de 
les  gouverner.  Ainsi  l'épître  aux  Romains  ne  s'adres- 
sait pas  seulement  aux  fidèles  de  cette  grande  ville, 
mais  à  tous  ceux  qui  étaient  dans  la  dépendance  du 
préfet  de  la  ville,  lequel  eu  cette  qualité  gouvernait 
aussi  ITlalie  ,  ou  au  moins  tout  le  pays  qui  était  aux 
environs  de  Rome  jusqu'à  l'étendue  décent  milles  (1), 
comme  nous  l'apprenons  de  la  lettre  de  l'empereur 
Sévère  à  Fabien  Cilon,  préfet  de  la  ville.  La  première 
èpîlre  aux  Corinthiens  porte  cette  inscripiion  :  A 
l'Ecjlise  de  Dieu  qui  est  à  Corinthe.  Cette  ville  était 
aussi  la  capitale  de  l'Acliaïe,  et  la  résidence  du  pro- 
consul; et  si  l'Apôtre  adresse  cette  lettre  à  ceux  de 
Corinthe,  c'était  afin  qu'après  l'avoir  lue  eux-mêmes, 
ils  la  ûssent  passer  aux  autres  églises  qui  èiaienl  dans 
la  même  province  ;  c'est  ce  qu'on  voit  par  l'adresse 
qui  se  lit  à  la  tète  de  la  seconde  èpître,  qui  est  conçue 
en  ces  termes  :  Paul,  apôtre  de  Jésus- Christ  par  la 
volonté  de  Dieu,  et  Timothée  so'i  frère,  à  l'Église  de 
Dieu  qui  est  à  Corinthe ,  avec  tous  les  saints  qui  sont 
répandus  dans  toute  fAchdie.  Il  adresse  de  même  une 
autre  èpître  à  ceux  de  Colosse ,  parce  qu'alors  cette 
ville  était  une  des  principales  de  Phrygie.  II  a  écrit 
deux  lettres  à  l'Église  de  Thessalonique ,  pour  ins- 
truire tous  les  fidèles  de  Macédoine,  dont  Thessaloni- 
que était  l'Église  principale  cl  la  métro|)ole,  au  moins 
de  cette  partie  où  elle  était  située,  conmie  Philippe 
pouvait  l'être  de  l'autre  partie  qui  regarde  le  Nord. 
Enfin  il  adresse  deux  autres  de  ces  lettres  à  Timothée, 
et  une  à  Tite  :  le  premier  était  évêque  d'Éphèse ,  mé- 
tropole de  la  province  d'Asie,  et  l'autre  de  Crète,  où  , 
comme  nous  avons  vu,  il  exerçait  le  pouvoir  de  mé- 
tropolitain, ou  plutôt  d'apôtre  de  cette  île  (2),  dont 
le  premier  siège  était  à  Gortyne.  C'est  aussi  sans 
doute  pour  cela  que  l'apôtre  S.  Jean  donnant  des  avis 
dans  l'Apocalypse  (c.  2,  v  1  ),  à  sept  évêques  des 
principales  églises,  commence  par  celui  d'Ephèse, 
connue  le  chef  et  le  principal  d'entre  eux.  Ce  rapport 
et  cette  dépendance  des  églises  d'une  province  de  la 
I  métropole  paraît  encore  dans  ce  qui  est  dit  dans  les 
Actes  fc  20),  que  l'apôtre  S.  Paul  voulant  donner 
des  avis  salutaires  aux  prêtres  et  aux  évêques  d'Asie, 
envoya  de  Milet  à  Éplièse,  afin  qu'ils  le  vinssent  trou- 
ver :  car  ces  prêtres  et  ces  évêques ,  comme  les  ap- 
pelle S.  Irénèe  (  1.  5,  c.  I  i  ),  n'étaient  pas  tous  de  l'E- 
glise d'Éphèse,  puisqu'il  leur  dit,  qu'ils  étaient  les 
tèmoii.sde  la  manière  dont  il  s'était  comporté  avec 
eux,  et  qu'il  avait  passé  chez   eux  en   prêchant  le 

(1)  IJIpian.,  I.  1  ,  n".  de  Oflic.  prsefecli  urbis. 
(^y  TJuêîfi^    Ilist.ocel.  1.  5,  c.  4;  conc.  Clinlced- 


Ûu 


ou  DUE. 


l'AUT.  111.  CliVP.   M. 


royaume  de  Dieu ,  vos  oiimes  pcr  (iiios  iruiisivi  piœdi- 
cans  regnmn  Dci.  Ce  qui  l':>il  assez  enleiidrc  qu'ils 
étûieiit de  diverses  villes,  où  l'Apôirc  avait  rcpandu 
avec  tant  de  fruil  la  parole  de  Dieu,  cl  où  il  avait  con- 
verti un  si  grand  nombre  de  personnes  ,  (pie  l'orfèvre 
Déniétrius  disait  à  ses  ouvriers  pour  les  animer  con- 
tre lui ,  qu'il  avait  détoinné  du  culle  de  Diane  une 
grande  multitude  de  presque  toute  l'Asie ,  tolius  ferè 
jUiœ  (  Act.  19,  20)  ;  cependant  i)Our  les  assembler  il 
se  contente  d'envoyer  à  Éphèsc.  Pourquoi  cela?  parce 
que  celle  église  étant  comme  la  n)ère  dos  autres ,  il 
suflisail  d'y  envoyer  ses  ordres,  pour  qu'on  les  fit  pas- 
ser à  toutes  celles  qui  en  dépendaient. 

De  tout  ce  qui  vient  d'être  dit, on  peut ,  ce  semble, 
inférer  raisonnablement  que,  quoique  les  Apôtres 
n'aient  point  f;iit  de  lois  expresses  par  lesquelles  ils 
aient  ordonné  que  les  évè(|ues  de  cluxpie  province  re- 
connaîtraient pour  leur  chef  celui  de  la  capitale  ,  ils 
ont  eu  cependant  intention  que  la  chose  fût  ainsi  ,  et 
qu'ils  ont  posé  le  fondemoMit  de  ce  gouvornemenl.Ces 
hommes  divins  avaient  de  puissantes  raisons  pour  cela, 
car  quoiqu'ils  se  confiassent  entièrement  dans  le  se- 
cours de  Dieu  ,  et  qu'ils  attendissent  uniquement  de 
lui  le  succès  de  leurs  travaux  ,  ils  ne  négligeaient 
point  les  moyens  humains  (jue  la  Providence  leur  pré- 
sentait pour  éiendre  l'Évangile,  et  pour  procurer  aux 
églises,  après  leur  mort,  la  forme  de  gouvernement  la 
plus-avantageuse  au  maintien  de  la  foi  et  de  la  disci- 
pline. Or  ,  rien  n'éiait  plus  proi)re  pour  réussir  dans 
ce  dessein,  que  d'établir  les  principaux  sièges  des  égli- 
ses dans  les  villes  capitales  des  provinces  d'où  la  foi 
pouvait  se  répandre  plus  aisément  dans  les  autres 
lieux,  et  d'où  les  évêques  qui  occupaient  ces  princi- 
paux sièges  auraient  plus  de  facililé  pour  veiller  sur 
la  conduite  de  leurs  collègues,  el  corriger  les  abus  qui 
pourraienl  s'introduire  dans  la  province  dont  ils  se- 
raient les  chefs  ;  les  peuples  ayant  coutume  de  se  ren- 
dre en  foule  dans  les  villes  capitales  ,  où  les  gouver- 
neurs rendaient  la  justice  à  tous  ceux  qui  s'adressaient 
à  eux. 

De  là  vient  que  le  concile  d'Antioche,  voulant  ré- 
primer certains  évêques  qui  alfeclaient  l'indépendan- 
ce, sous  prétexte  que  leurs  églises  avaient  été  fondées 
par  les  Apôtres,  ordonna  (can.  9)  que  ceux  de  chaque 
province  reconnaitraienl  pour  supérieur  (npos^zâ^oi.)  ce- 
lui de  la  métropole  ,  el  que  celui-ci  prendrait  soin  de 
toute  la  province,  parce  que  tous  ceux  qui  ont  des  affaires 
vont  de  toutes  parts  à  la  métropole.  C'est  pourquoi,  di- 
sent les  pères  de  ce  concile,  il  nous  a  semblé  bon  que 
l'évéque  de  cette  première  ville  eut  des  prérogatives  d'hon- 
neur ,  et  que  les  autres  prélats  ne  fissent  rien  sans  lui  ,  , 
telon  la  très-ancienne  règle  qui  a  prévalu,  xai  Tè/  àx«io- 
repov  jx  "c&i  TtaTi/swv  /mwom  ,  par  OÙ  iis  entendent  sans 
doute  le  canon  34* des  Apôtres,  qui  avait  établi  celle 
discipline.  Le  concile  de  Turenne  s'y  eslconformé  en- 
lièrement  dans  la  cause  des  évoques  d'Arles  et  de  Vien- 
ne, qui  disputaient  ensemble  de  la  primauté,  car  voici  ; 
le  jugement  que  portèrent  les  pères  de  cette  asscni- 
Weé,  qui  se  tint  environ  cinquante  ans  après  le  con- 


I'Kiâch'ALa  rrvKQijES  dokii.m.  91?- 

cile  d'Anlioche  ,  donl  nous  venons  de  pailcr.  Il  a  été 
défini  louchant  l'affaire  des  évêques  d'Arles  et  de  Vieil- 
lir,  qui  ont  disputé  devant  nous,  louchant  l'honneur  de 
lu  priiiiauié,  que  celui  d'entre  eux  qui  prouverait  que  sa 
ville  est  métropole,  aurait  l'honneur  de  la  primauté  dans 
toute  la  province,  el  que,  smvaiit  la  règle  des  canons  ,  il 
aurait  ta  principale  autorité  dans  les  ordinations. 

CHAPITRE  VI. 

Des  principaux  évoques  par  qui  les  églises  d'Orient  étaient 
gouvernées  ;  des  patriarches,  des  exarques,  etc.  Chan- 
gements arrivés  par  Cérertion  du  patriarchal  de  Cons- 
tantinoplc.  Du  Catholique  des  JSesloriens;  prodigieuse 
étendue  de  sa  juridiction. 

La  plupart  des  églises  dons  nous  avons  parlé  dans 
le  chapitre  précédent,  s'élant  considérablement  èlcn- 
diies  parla  conversion  des  idolâtres,  qui  enlrérent  en 
foule  dans  l'Église  vers  la  fin  du  troisième  siècle  et  le 
Cl  nnnencement  du  quatrième,  les  évê(pies  de  ces  pre- 
miers sièges,  qui  avaient  longtemps  gouverné  les  égli- 
ses de  leur  dépendance  en  qualitéde  niéiropolilains,  se 
sentirent  obligés  d'en  établir  de  nouveaux  dans  les 
provinces  les  plus  éloignées  de  la  ville  où  ils  faisaient 
leur  résidence  ,  afin  que  l'on  y  pùl  tenir  des  conciles 
provinciaux,  et  y  régler  sur  les  lieux  ce  qui  concer- 
nait l'adniinislration  des  ali'aires  ecclésiastiques,  sans 
qu'il  fut  nécessaire  d'appeler  les  évêques  trop  éloignés, 
et  de  leur  faire  entreprendre  pour  cela  de  Irop  longs 
voyages.  De  là  se  formèrent  les  dignités  de  patriar- 
ches, d'exarques,  etc.;  qnelques-uns  dtsévêquesdeces 
])rcniiers  sièges  s'élant  réservé  la  juridiction  et  le  droit 
d'appel  sur  les  métropolitains,  qu'eux  ou  leurs  i)rédé- 
cesscnrs  avaient  établis  dans  les  provinces  qui  d'a- 
bord leur  étaient  immédiatement  soumi  es,  soit  pour 
les  amener  à  la  foi,  soit  pour  y  gouverner  les  églises 
j  qui  y  étaient  déjà  établies,  el  qui  n  étaient  qu'en  petit 
nombre  dans  les  premiers  siècles. 
Toutes  les  églises  chrétiennes  de  l'Orient  étaient 
I  ainsi    gouvernées    au   commeiicement  du  quatrième 
siècle.  Elles  étaient  partagées  en  cinq  parties  (pie  l'on 
nounnail  diocèses  ,  dont  chacune  contenait  plusieurs 
provinces  qui  avaient  leurs  métropolitains ,  lesquels 
reconnaissaient  pour  supérieur  un  autre  évéque,  sa- 
voir ,  celui  (pii  occniiail  le  premier  siégi;  du  diocèse, 
et  qui  se  nommait  alors  ou  archevêque  ,  ou  j):ilriar- 
ciic,  ou  exanpie,  ou  l'évéque  ayant  intendance  sur  le 
diocèse  ;  c'est  ainsi  que  s'exprime  le  premier  concile 
de  Conslantiin)ple  (can.  2),  ci  ûizip  ôioUr^au  inlzA.onot, 
ce  que  Denis  le-Pelil  rend  mot  pour  mol,  qui  siait  su- 
per diœcesim  episcopi.  Ces  diocèses  étaient  dans  l'En)- 
pire  d'Orient,  1°  celui  d'Egypte,  dont  Alexandrie  éiail 
la  capitale  ;  2"  celui  d'Orient  pris  pro|»rement ,  qui 
renfermait  plusieurs  provinces  limilroiihes  de  la  Perse, 
connue  la  Syrie,  la  Mésopotamie,  l'Osmène,  etc.  Cel- 
les-ci reconnaissaient  l'évéque  d'Anlioche  pour  leur 
chef;  5*  celui  d'Asie  ,  dont  Ephèse  élaii  la  capitale, 
et  <]ui  s'étendait  dans  toutes  les  provinces  méridiona- 
les de  ce  qu'on  a  appelé  depuis  l'Asie-MiBeure  jusqii'è. 
la  Cilicie  ,  qui  faisait  partie  du  diocèse  d'Utieui.  S»^ 


Oit 


IllSTOlRF.  DES  SACIŒMENTS. 


Ul 


quoi  il  faut  remarquer  que  chez  les  anciens  le  terme  fil  pas  pour  eux  un  lilre  vain,  et  un  simple  droit  de  pré 


d'Asie  se  prenait  en  trois  sens  dilTérenls,  c'esl-à-dire, 
que  tantôt  il  signifiait  celle  partie  du  monde  qui  en 
conseï  ve  encore  le  nom  parmi  nous,  tantôt  il  maïquail 
celle  partie  de  l'Asie,  qui  s'élend  di'p;)isl'Arciiii)cl  jus- 
qu'en Syrie  cl  en  Arménie,  ou  jusqu'au  nioul  Taurus. 
Tantôt  enfin  il  se  prenait  pour  une  province  parlicu- 
lière,  dans  laquelle  les  Grecs  avaient  fondé  plusieurs 
colonies,  el  dont  Ics  villes  principales  étaient  Epfièse, 
Smyrne,  Milel,  elc.  Il  y  a  niémc  bien  de  l'apparence 
que  les  premii.rs  liabilanis  de  la  Grèce  étaient  passés 
de  celle  proviixe  eu  Europe,  d'où  vient  que  l'Écriture 
appelle  les  Grecs,  descendants  de  Java,  parce  que  les 
Ioniens  qui  liahitaienl  celle  partie  de  l'Asie  avaie;^t 
peu|»lé  la  Grèce  ,  qui  dans  la  suite  envoya  plu^ieurs 
colonies  en  ces  pays  là,  qui  quitta  1,>  nom  d'Ioniepour 
prendre  celui  d'Asie  ;  -4°  le  quatrième  diocèse  était 
celui  du  Pont,  composé  de  ce  qui  restait  des  provin- 
ces de  l'Asie-Mineurc,  je  veux  dire  les  plus  soplen- 
trioiiales.  Césarée,  enCappadoce,  en  é'-^it  la  capitale; 
5°  le  cinquième,  enfin,  élail  celle  de  Thrace.  dont  Hé 
raclée  était  le  premier  siège,  avant  que  Constantin  eût 
fait  de  Bysance  la  capitale  de  l'empire  Romain. 

Cescliefsdes  diocèses  ordonnaient  les  métrnpdliiaiiis, 
et  connaissaieiii  dts  causes  des  provinces,  qui  étaient 
portées  par-devant  eux  par  appel ,  surtout  lorsque  les 
évêques  avaient  lieu  de  se  plaindre  de  l<urs  métropo- 
litains, el  c'était  à  eux  à  terminer  les  diffi-rends.  Les 
canons  9  et  17  du  concile  di-  Cliakédoine  supposent 
celle  discipline  ,  suivant  la(iuolle,  lorsqu'il  survenait 
quelque  affaire  de  cette  nature  ,  l'exarcpie  ou  le  pa- 
triarche, ou  si  vous  voulez  le  primai,  comme  nous  en- 
tendons ce  terme  à  présent ,  asseuîblait  les  évéques 
de  son  diocèse,  et  portail  avec  eux  son  jugement;  car 
autrefois  les  supérieurs  ecclésiastiques  ne  termiiiaient 
guère  d'affaires  sans  concile,  et  quand  on  appebùt  à 
€ux  ,  on  apjielail  en  même  lem|>s  au  coiuile,  dont  ils 
éiaieiil  les  présidents  nés.  Quelquefois  même  on  s'fx-  I 
primait  en  C(  lie  manière:  J'en  apjielle  au  concile  de 
i?ome,  au  oncile  d'Alexandrie,  etc.  C'est  ainsi  qu'en  j 
usa  Eulychès  pour  se  soustraire  au  jugement  de  Flavien 
de  Constaniiniiple. 

Tel  était  l'étal  des  églises  d'Orient ,  et  la  forme  de 
îcur  gouvernement,  liirs(|ue  |iour  donner  du  relief  à  la 
ville  de  Consiantinople  qui  était  tlevenue  la  capitale 
tle  l'empire,  le  premier  concile  qui  y  fut  assemblé,  non- 
seulemeni  en  slîrancliii  l'évêque  de  rassiijélissement 
à  celui  d'Héraclée  en  Thrace  dont  il  était  autrefois 
sulfraganl,  mais  lui  donna  encore  une  espèce  de  préé- 
minence sur  tons  les  autres  évoques  d'Orient.  Le  se- 
cond canon,  par  lequel  l'église  de  Consiaritinople  est 
élevée  en  ce  rang  d'honneur  est  c<mçu  en  ces  termes  : 
Que  l'évêque  de  Const(inli)ioplc  ail  riiomicur  de  la  pri- 
mauté (rà  Ttpeaês'M  Tr,i  Tt>r;;),  (tprès  févéque  de  Rome, 
parce  que  celte  ville  est  /'»  nouvelle  Rome.  La  version 
de  Denis-le-Pelit  porte  :  Habeat  piiivatum  honoris 
posl,  etc. 

Ce  rang  d'honneur  que  le  second  concile  général 
doiuia  aux  évêques  do  Consiantinople  en  381  ,  ne  fut 


séance  :  en  vertu  de  cette  concession  et  du  crédit  que 
leur  donnait  auprès  des  empereurs  la  place  qu'ils  oc- 
cupaient, ils  se  mirent  en  possession  de  coimailrc  des 
causes  des  mélropolilains.  !\octaire  (jui  fut  mis  sur  le 
siège  de  celte  nouvelle  Rome  par  le  concile  même  (jui 
lui  avait  accordé  ce  privilège,  termina  par  son  auto- 
rité l'affaire  qui  élail  entre  Agapius  cl  Gabalius(l), 
qui  se  dispulai(>nl  le  siège  de  Rostre,  métropole  de  l'Ara- 
bie; ,  provinre  du  diocèse  d'Orient.  Et  saint  Ambroisc 
iiyaiit  appris  ([u'un  certain  Géronce,  diacre  de  son  égli- 
se, qu'il  avait  chassé  de  son  clergé,  avait  obtenu  ré\ê- 
ché  deNicomédic,  écrivit  à  ce  même  Nectaire  pour  le 
prier  de  le  déposer  de  l'éjùscopat  qu'il  n'était  capable 
que  de  déshonorer,  cy^aj/s  Ns/.Tan'&j  à-^sli<sOv.i  Vspov-i's-j 
Trv  Upoi^-jj-rrj ,  dit  Sozomène,  1.  8,  c.  6.  Atlicus,  qui, 
quelques  années  après,  succéda  à  Nectaire,  jugea  aussi 
de  la  cause  de  Tiiéodose  et  d'Agapel,  qui  prétendaient 
l'un  et  l'autre  èlre  métropolitains  de  la  Plirygie  Paca- 
tiem\e  ('i),  el  écrivit  à  Agapet,  lui  mandant  de  ne  point 
abaiidonnercelleéglise.  Jean  et  Procle,  archevêques  de 
Conslantin  pie  avaient  aussi  assoupi  parleur  autorité 
le  différend  survenu  entre  l'évêque  de  Nicée  el  le  mé- 
Iropolilain  de  Nicomédio  touchant  l'eudinalion  de  l'é- 
vêque de  Basinojile,  el  leur  jugement  fut  ensuite  ap- 
prouvé par  le  concile  de  Chalcédoine  ,  ([ui  porta  une 
sentence  péremploire  sur  cette  même  affaire,  comme 
on  le  voit  dans  la  15'  session. 

Celle  autorité  des  évêques  de  Constanlinople  paraît 
encore  avec  jilus  d'éclat  dans  l'allaire  dlbas  évêque 
d'Édesse  qui  était  du  diocèse  d'Orient.  Ce  prélat 
ayant  éié  accusé  par-devanl  Domnus  d'Anlioche  ,  ses 
accusalcurs  sentant  peut-être  qu'ils  ne  réussiraient  pas 
devant  ce  tribunal ,  le  Iraduisirenl  à  celui  de  l'évêque 
I  de  Consiantinople  qui  élail  alors  occupé  |  ar  Flavien, 
lequel  délégua  trois  niélroi)olitainsdu  diocèse  d'Orient 
pour»  11  connaître,  savoir  :  PholiusdeTyr,  Eustathe  de 
Bérythe,  et  Urauius  d'ilimère,  qui  s'assemblèrent  à 
Tyr  pour  ce  sujet.  Nous  apprenons  ces  parliculaiilés 
des  actes  «le  ce  concile  de  Tyr,  dans  les(piels  ou  voit 
Euloge,  diacre  de  Coiislanlinople,  qui  dil  entre  autres 
chi»ses  à  ses  juges  délégué-.  :  Les  clercs  {de  l'église 
d'Edesse)  séttinl  adressés  un  très-suinl  archevêque  Fla- 
vien, et  otjaul  intenté  accusation  contre  Ibas,  Jean  et  Da^ 
niel  ;  sa  sainteté  juge  i  à  propos  que  vous  connussiez  de 
cette  affaire.  Samuel  el  les  autres  prélres  d'Édesse 
fonl  aussi  mention  (5)  de  cette  délégation  de  Fiavien 
munie  du  rescril  du  |)rince  dans  le  libelle  qu'ils  pré- 
sentèrent aux  juges.  Cependant  pour  épargner  rh<in- 
neur  du  patriarche  d'Anlioche  donl  les  droits  étaient 
si  visiblemenl  lésés  dans  celle  procédure,  les  juges  dé- 
légués ne  fonl  mention  que  du  rescril  de  l'eiupcreiu' 
dans  la  senlei'ce  inlerlocuioire  qu'.ls  rendireni  à  Tyr. 
et  ils  n'msérèrent  que  celle  pièce  daus  les  actes  de 
leur  sviiode. 


(1)  Vide  excerpla  synodi  h.âc  de  rc  liahit;el.  2.  S  n- 
lenliaruni  syuodalium  in  Colleclione  juris  Gr.eco-Ro- 
mani. 

(2)  Socrat.,  1.  7,  c.  5, 

(3)  Conc.  TyTiiacta  relata,  act.  10,  conc.  Chalcod 


Oi:j  OXDRE.  —  PART.  III.  CIIAP    VI. 

Nous  iiuiinions  apporter  plusieurs  aiiircs  exemples  ' 
de  jugemenis  roiidii.s  par  les  cvèques  de  Conslaiiliiio- 
ple  dans  diiïére;  les  all'aires  qui,  suivant  raucicnrie 
discipline  do  l'Kglise,  devaient  être  portées  par  de- 
\anl  les  exarques  et  les  palriarelies  des  antres  dioeè- 
ses;  mais  ceux  là  suffiseiil  pour  faire  coimailre  quelle 
élaii  i'anlorilé  de  cet  évèqiie,  mtMue  ava.it  que  le  con- 
cile di!  Clialeédiiueei'il  fait  en  sa  laveur  ces  décrets 
dont  S.  Léon  et  ses  successeurs  se  sont  plainls  à  si 
juste  liire. 

Avant  que  r.ous  rapportions  ces  décrets  ,  il  est  bon 
de  remanpier  (|ue  les  évê(iues  de  Con^tanlinople  ren- 
daient ces  jiigemeiils  (pie  Ton  portail  devant  eux,  non 
avec  les  seuls  évèqiies  de  Thrace,  dont  ils  étaient  de- 
venus les  chefs  presque  en  même-temps  que  Conslan- 
linopl;  fut  élevée  à  ce  haut  rang  d'honneur  où  elle  a 
été  depuis  Constantin,  mais  d.ms  un  concile  composé 
de  tous  les  évèqncs  dc's  différentes  proviiices  de  l'em- 
pire d'Orient,  que  les  affaires  qu'ils  avaient  à  la  cour 
attiraient  en  celle  viilo,  et  qui  dans  les  occasions  s'as- 
semblaient à  la  réquisition  de  l'archevêque  pour  juger 
avec  lui  des  causes  ecclésiastiques  qui  se  présentaient, 
en  quoi  l'on  mar(piaii  quoique  égard  pour  les  évèques 
et  les  antres  prélats  des  provinces  les  plus  éloignées, 
auxquels  il  aurait  élé  dur  de  se  voir  assujétis  aux 
seuls  évêques  du  diocèse  de  Thrace.  Ce  synode, 
qoe  la  co'î'.^îP.ie  avait  ailroduit,  s'appelait  ht f,^.o'jGex. 
cj-'jôi,,  p:;!  0;.pos!t!0!i  aux  autres  conciles,  qui  étaient 
composés  d'evèques  convoqués  exprés  et  asseniidés 
par  les  ordres  du  supérieur  ecclésiastique,  comme  il 
paraît  par  les  actes  du  synode  tenu  par  Flavien  con- 
tre Eutiche,  (;ui  prit  occasion  d'en  mépriser  raulorilé 
comme  si  celle  assemblée  n'eût  point  été  canonique  ; 
car  ce  rusé  vieillard,  dans  k-  libelle  qu'il  présenta  au 
second  concile  d'Epiièse,  se  p'aignit  (pi'il  avait  élé  con- 
damné.par  les  evèqucs  qui  se  trouvaient  alors  àCon- 
stanlino])le  pour  leurs  affaires  particidières,  lotuv  î/ty.y. 
uirwj.  Cependant  la  coutume  avait  aulonsé  ces  as- 
semblées, et  les  Massaliens  avaient  élé  condaïuiiés 
dans  un  concile  semblabJe"i)ar  Si^iniiius  de  Constanii- 
nople.  dont  le  premier  cimcile  d'Ephèse  avait  ratifié 
la  scnleucc  (action.  7) ,  et  depuis  ,  Anatolins,  un  des 
successeurs  de  Sisinnius,  en  défendit  ouverten  eut 
l'aulorilé  et  la  canonicilé  dans  le  concile  de  Cliaicé 
doine. 

Apiès  ce  qui  vient  detre dit,  il  ne  doit  pas  paraître 
siirprenantquece  mênieconcile  de  Ch.dcédoine  ail  per- 
mis à  ceux  qui  auraient  des  plaintes  à  faiie  contre 
leurs  métropolitains  de  les  poiter  au  tribunal  du  pri- 
mat du  diocèse  ou  à  celui  de  l'archevêque  de  Cou 
stantinople,  ce  qui  était  attribuer  à  r  'lui-ci  le  droit  de 
prévi'iition.  C'est  ce  qu'il  a  fait  dans  ses  canons  9'  et 
17'.  Il  est  dit,  dans  le  pn-mier,  que  si  un  evèque  on  un 
clerc  a  à  se  plaindre  du  inélropolilain  de  la  province,  il 
s'adresse  ou  au  primai  du  diocèse  ,  ou  à  l'évêqne  de  la 
ville  impériale,  cl  soil  jugé  par  devant  lui.  Le  second 
porte  que  si  quelqu'un  esl  lésé  par  le  mélropolilain,  qu'il 
soit  jugé  par  le  primat  du  diocèse  ou  par  le  siège  de 
Constanlinonle,  cnmme  il  a  élé  dit  ci -devant.  Le  concile 


rniNciPALX  ÉvÈorns  d'orient. 


0-1 G 


'  de  Chalcédoinc,  qui  sendilail  avoir  aUcrmi  pour  tou- 
jours ce  privilège  insigne  du  siège  de  Conslantinopic, 
de  conniiilre  de  toutes  les  affaires  des  métropolitains 
de  l'empire  d'Orient,  l'affaiblit  en  quchpie  Sdrie  sans  y 
penser,  par  une  antre  concession  qu'il  lui  fit  en  érigeant, 
ce  siège  en  patriarchai,  et  en  lui  soumetlant  les  trois 
diocèses  d'Asie,  du  Pont  et  de  Thrace,  qui  auparavant 
avaient  eu  loin  s  exarcpies  on  |;riniats,  dont  l'aiitorilé 
n'était  guère  inl'éricure  à  celle  des  p.itriai'clies.  Cela 
se  fit  à  la  fin  du  concile  à  riiisu  des  légats  d'Occident, 
et  1(!S  papes  se  récrièrent  fortemeal  contre  le  décret 
qui  introduisait  un  tel  changenienl  dans   l'étal  des 
ég'ises  d'Orient.  Cependant  di'puis  ce  temps  r.iiitorilé 
de  ce  concile  dont  nous  avons  parlé  dimiaia  insensi- 
blement (1),  cl  la  juridiclloi)  des  patriarches  de  Con- 
stanlinoiilc  se  trouva  quehpte  tenips  après  renferméci 
dans  la  seule  étendue  de  leur  palriaiclial,  en  sorte  que 
par  là  les  patriarches  d'Orient  recouvreront  Icntiérc 
i  juridiction  sur  les  m'iropolilaiiis  de  leurs  diocèses  ;  et 
I  afin  que  l'on  n'y  donnât  plus  d'atteinte  h  l'avenir, 
\  l'empereur  Juslinien  fit  une  loi  sur  ce  sujet,  qui  est 
I  conçue  en  ces  tonnes  (2)  :  S'ilija  quelque  plainte  contre 
le  mélropolilain  de  la  pari  d'un  évèqnc,  d'un  clerc  ou  de. 
quelque  autre  personne,  que  le  bienheureux  palriarclie 
'  du  diocèse  juge  celle  affaire.  Photius,  dans  son  No- 
I  mocanon  (5),  ex|)rime  celle  loi  en  deux  mots  :  Si  le 
mclropoiitain  esl  accusé,  que  son  patriarche  en  connair.se, 
i  -c.-:picf.cxr,i  aÙTîO  axo-tx.  La  50^  loi  du  codc,  de  Epi- 
scopali  audienlià,  n'est  point  contraire  à  ce  que  nous 
j  disons,  comme  le  montre  clairement  M.  de  Marca  (3), 
I  qui  fait  voir  que  ce  qui  a  donné  lieu  à  quelpies  sa- 
vant  de  former  des  difficultés  sur  ce  sujet,  \ientdii 
défaut  de  la  traduction  latine.  Le  lecteur  cm  ienx  peut 
consulter  l'endroit  indiipié. 

Je  ne  m'arrête  pis  ici  à  faire  voir  commonl  la  juri- 
diction du  p.itiiarche  d'Anlioche  fut  diniiiuiéi-  en  diffé- 
rents temps  par  rérectnui  du  patriarcat  de  Jérnsalen:, 
et  par  la  primalie  du  métropolitain  de  Chyfire.  dont 
la  province  fut  soustraite  de  la  dépendance  de  ce  pa- 
triarche sous  prétexte  que  les  églises  qui  la  comç.o- 
saient  avaionl  été  fondées,  par  S.  Barnabe.  Ce  sont  des 
faits  trop  connus  et  qui  ne  siuit  ii^norés  d'aucun  de 
ceux  qui  sont  tant  soit  peu  versés  dans  la  connaissan.'  o 
de  l'histoire  e^clésiabticpie.  liais  nous  ne  p  uivons  pas- 
ser sous  silence  une  autre  chose  (pii  ne  conlribiic  jias 
peu  à  relever  celle  illustre  Église  dans  laquelle  les 
disciples  de  Jésus-Christ  ont  élé  loiir  la  pri'inicre  fois 
apiclcs  Chrétiens.  C'est  que  si,  d'une  pari,  on  a  re- 
tranché quelques  provinces  de  la  juridiction  de  ses 
évèipies,  elle  s'est  extrêiiio;nc;:t  étendue  de  l'aulre 
par  le  moyen  d,'s  prédicalems  '  •  l'i^'an^ik  (urdle  a 
envoyés  en  Orient  cl  au-di;ià  des  bornes  de  l'empire 
romain.  Ces  saints  persO., nages  firent  entre  autres  dt; 

(1)  C'est  celui  que  l'on  appelait  sijnodus,  tjcr.y.cïizy.. 

Ci)  Vov.  II.  ii3,  c.  22. 

(.5)  Tu.  9,  c.  1,  ex  i.ovell.  1Ô7. 

(i)  Dans  sa  Dissertation  loucliant  la  primalie  de 
Lyon,  pages  20  et  21,  qui  se  trouve  à  rappendice  de 
ses  Ofiivie»;  imprimées  à  Lyon  en  1708. 


OiT 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


948 


grands  progrès  dans  la  Perse,  où  ils  formèrent  plu-  i 
sîenrs  églises.  Ces  églises  étaient  gouvernées  par  un 
évèque  qui  avait  autorité  sur  tous  les  autres  répandus 
dans  la  Perse  et  <laus  l'Arménie,  et  il  était  ordonné 
par  le  patriarche  d'AnliocIie  auquel  il  était  soumis,  i 
On  le  nommait  c«t//o//V/H(',  peut-être  à  cause  de  reton- 
due de  sa   juridiction,  à  laquelle  étaient  soumis  les 
métropolitains  de  ces  vastes  pays  aussi  bien  que  les  ' 
simples  évêques. 

On  peut  considérer  ces  catlioliques  comme  IVisant 
(Micore  nu  ordre  particulier  dans  la  iiiérarcliie  ecclé- 
siastique, et  l'on  peut  mettre  de  ce  nombre  celui  qui, 
(lie/  les  Moscovites,  prenait  ci-devant  le  titre  de  pa- 
tiiarche,  et  qui  ayant  été  longtemps  soumis  à  l'arche- 
vêque de  Coiislaritinople  et  s'élant  depuis  soustrait  à 
son  obéissance,  exerçait,  avant  le  règne  de  Pierre 
Alexiowitz,  ime  très-grande  autorité  en  ce  pays-là, 
jusqu'à  se  rendre  formidable  au  czar  même,  comme  il 
parut  en  1662.  Car  le  prince  fut  cité  par  le  patriarche 
pour  avoir  trouvé  à  redire  au  culte  des  images,  et  pour 
(juclqucs  autres  changemonls  qu'il  méditait  dans  la 
religion  ;  et  quoi  qu'il  pût  alléguer,  il  fut  obligé  de 
subir  la  peine  qu'on  lui  imposa.  La  plus  ordinaire,  en 
cette  rencontre,  était  d'être  relégué  à  la  campagne 
dans  une  de  ses  maisons  où  il  vivait  en  particulier, 
pendant  que  le  palriarche  avait  ratitorilé  impériale  et 
usait  de  tous  ses  droits.  Mais  le  czar  Pierre  a  bien 
abaissé  cette  autorité,  et  lui  a  même  interdit  le  titre 
de  palriarchc,  comme  le  témoigne  M.  de  Voltaire  dans 
la  Vie  de  Charles  XII,  roi  de  Suède. 

Revenons  au  catholique  de  Perse,  dont  nous  venons 
de  parler.  Il  tenait  son  siège  à  Séleucie  et  à  Ciési- 
pbonte.  Il  arriva  ensuite  que  les  Ncsioriens  ayant  été 
chassés  des  terres  de  l'empire  par  les  édits  des  princes, 
et  s'éiaut  retirés  dans  la  partie  de  la  Mé^ispotamie  oc- 
cupée alors  par  les  Perses,  avec  leurs  évêques  et  leurs 
ecclésiasiiiiues  ,  cenx-ci  y  répandirent  leur  hérésie , 
et  s'y  étant  multipliés,  y  eurent  aussi  un  évêque,  à 
qui  ils  donnèrent  d'abord  le  nom  de  cathulUjue,  et  qui 
jirit  ensuite  le  titre  de  ;j«/n«JT/u'.  Ce  prélat  envoyant 
|)artout  des  missionnaires,  attira  un  grand  nombre 
de  peuple  à  sa  secte,  tant  par  la  Aiveur  des  rois  de 
Perse,  à  (jui  les  Romains  et  leur  religion  étaient 
odieux,  que  par  celle  dos  princes  Mahométans  qu'ils 
eurent  soin  de  cultiver. 

Ceux  ci  ayant  conquis  la   Perse  (1),    confirmèrent 
I  aux  catlioliques  ou  patriarches  des  Nestoriens  qui  s'y 
\  trouvaient  établis  toute  l'anloiité  (pi'ils  avaient,  et  elle 
était  l'oit  étendue,  puisqu'ils  n'y  était  resté  presque 
aucun  autre  chréiien.  x-Xprès    que  ces  mêmes   catho- 
liques eurent  transféré  leur  siège  à  Bagdad,  ils  usur- 
pèrent h)ngtemps  une  entière  juridiction   sur  les  or- 
ithodoxes  et  sur  les  Jacobites  mêmes,  étant  maintenus 
par  des  patentes  des  califes,  qui  terminaient  ces  dis- 
putes par  ranti(juiié  de  la  possession.  Ils  la  perdirent 
à  la  vérité  dans  la  suite,  et  il  lut  permis  aux  Mehjui- 
les  ou  orthodoxes,  et  aux  Jacobites  d'avoir  leurs  catho- 
lifpies,  et  de  n'obéir  qu'à  eux.  Mais  dans    l'espace  de 
(i)  Renaud  ,  de  la  Vi'rpét.  de  la  foi ,  t.  4,  I.  1,  c.  7. 


200  ans,  les  Nestoriens  se  servirent  de  cette  juridic- 
tion usurpée  pour  étendre  leur  hérésie  :  en  quoi  ils 
réussirent  au-delà  de  toute  espérance,  tant  parce  que 
plusieurs  autres  chrétiens  n'ayant  ni  églises,  ni  évo- 
ques, ni  prêtres,  se  trouvèrent,  presque  sans  le  savoir, 
engagés  dans  la  communion  des  Nesl-^iens,  que  parce 
qu'ils  envoyèrenl  prêcher  le  christianisme  jusqu'aux 
extrémités  de  l'Asie. 

On  voit  eiïecli veinent  par  la  notice  de  leurs  églises, 
qu'ils  avaient  des  évêques  et  des  métropolitains  dans 
toute  la  Perse,  dans  le  Turquestan,  dans  la  grande 
Tartarie,  dans  les  Indes-Orientales  et  jusque  dans  la 
Chine,  et  on  sait,  par  la  suite  de  l'histoire  de  leurs 
catholiques,  que  ces  métropoles  et  ces  évèchés ,  dont 
il  est  mention  dans  cette  notice,  ne  sont  pas  des  noms 
en  l'air,  puisqu'on  trouve  souvent  nommés  ceux  qui 
les  ont  occupés.  Les  Portugais  trouvèrent  un  Mar-Jo- 
seph  cl  un  Mar-Jacob  dans  les  Indes,  qui  avaient  le 
titre  de  métropolitains  des  Indes  et  de  la  Chine.  Uiig- 
Clian  ,  sultan  des  Tartares,  défait  par  Ginghis-Clian, 
était  Nesîoiien,  et  il  avait  un  évê(|ne  dans  son  pays. 
Marco- Polo,  Riibriguis,  Odéric-Jean-de-Plano-Car- 
piiii,  Mandeville,  étions  les  anciens  voyageurs  remar- 
quent qu'ils  trouvaient  un  nombre  prodigieux  de  Ne- 
storiens dans  la  Tartarie,  et  même  il  ne  paraît  [las 
qu'il  y  eût  d'autres  chrétiens,  non  plus  que  dans  la 
Chine,  soit  que  ces  hérétiques  eussent  corrompo  la 
foi  de  ceux  (pii  étaient  avant  eux,  ce  qui  peut  avoir  eu 
lieu  au  moins  dans  quelques-unes  de  ces  régions 
orientales,  dans  lesquelles  l'ancienne  tradition  veut 
(pie  ra|tôtre  S.  Thomas  ait  porté  la  foi  par  lui-même 
ou  par  ses  disciples,  soit  que  ces  sectaires  y  aient 
les  premiers  prêché  le  chrislianisme.  Voyez  ce  que 
dit  sur  cela  !\1.  Renaudot  dans  l'endroit  ci-dessus  in- 
diipié  ;  il  mérite  d'èlre  lu  par  ceux  qui  souhaitent  de 
counaitre  l'état  de  ces  églises  et  de  ces  peuples,  dont 
riiisloire  est  à  notre  égard  si  étrangère,  qu'à  peine 
nous  en  connaissons  les  noms. 

Pour  ce  qui  est  des  Indes,  elles  nous  sont  à  pré- 
sent beaucoup  plus  connues  que  la  grande  Tartarie  ; 
et  les  Portugais,  (pii  les  premiers  des  Européens  y  ont 
fait  des  établissemenls,  sont  d'accord  avec  les  anciens 
voyageurs  dans  les  histoires  de  leurs  navigations,  ils 
coiiviennenl  qu.--!  les  chrétiens  iju'ils  y[lrouvèrent  étaient 
Nestoriens.  Il  est  certain  d'ailleurs  que  depuis  plus  de 
mille  ans  on  n'a  trouvé  d'autres  chrétiens  dans  le  Mala- 
bar que  ceux  de  cette  secte  qui  passèrent  même  jiis(pi'à 
la  Chine,  comme  il  est  aisé  de  s'en  convaincre  par  l'in- 
seiiplion  chinoise  et  syriaque  (1)  que  l'on  y  a  décou- 
verte en  1025.  Elle  marque  un  assez  grand  nombre 
d'ecclésiasti(]ues  qui  furent  envoyés  à  la  Chine ,  et 
l)armi  les  principaux  on  en  trouve  qui  élaienl  venus 
de  Raieh  et  de  Tacaristan  ,  qui  est  la  même  cho.s(;  que 
le  Turquestan  ,  qu'ils  étaient  tous  Syriens  et  même 
Nestoriens  ,  comme  on  le  reconnaît  par  leurs  noms 
!  propres,  et  que  leur  supérieur  ecclésiaslicjutt  était 
Aiiaiiicchua,  catholique,  (jui  élail  celui  des  Nestoriens 
dans  ce  même  temps,  c'esi-à-diie,  en  780  d6Jé§u«-r 
(l)Chin.  illtist.,  p.  12  et  seq. 


9i9  ORDRE.  —  PART.  IM 

Chrisl.  Un  de  ces  missioiiDaires  clail  izdbuzid,  qiia- 
lilic  pièlro  cl  chorévcquc  de  Cumbduii,  ccsl-à-dirc  , 
Naiikitig.  Un  aiilic  se  nonimait  M(ir-Si'rgis,c'c^i  à- 
dire,  Sergius,  chorévèciue,  saiisntarqiier  do  (niel  lieu. 
On  y  lisait  aussi  le  nom  iïAdtim,  diano  du  clioiévêqne 
cl  papas  de  la  Chine.  On  n"a  ,  dil  M.  Uenaiidol  (t)  , 
aucune  connaissance  en  diMail  de  ces  ccclési:isuques  : 
mais  luiisquc  dans  le  dernier  article  la  dignité  de  dioi- 
cvcque  csl  jointe  à  celle  de  papas,  qui  signilie  la  même 
chose  que  mclropolilain  de  laCiiine,  on  peut  con- 
jecturer avec  fondement  que  ces  cliorcvcqnes  avaienl 
la  puissance  épiscopale  pour  ordonner  des  i)rèlres,  des 
diacres ,  et  d'autres  niiiiislres  inféiieuis,  ainsi  qu'il 
était  nécessaire  dans  le  nouvel  clablissement  d'une 
église. 

CHAPITRE  VU. 

De  forig'me  des  divers  primats  daus  nùjlise  d'Occident; 

quà  l'exception  d'un  ou  de  deux  tous  les  autres  sont 

récents.  De  ce  qui  y  a  donné  lieu.  Ancienne  forme  du 

gouvernement  des  églises  occidentales. 

L'Occident  était  partagé  en  divers  diocèses  (dans 
le  sens  que  nous  avons  entendu  ce  terme  dans  le  cha- 
pitre précédent)  aussi  bien  que  l'Orient,  et  ces  dio- 
cèses étaient,  celui  des  provinces  stdnirbicaires,  celui 
des  Gaules,  celui  d'Esjtagne,  celui  de  Bretagne,  celui 
d'Afriiiuc,  et  celui  d'Ulyrie,  (pii  fut  depuis  divisé  en 
deux  par  l'empereur  Tliéodose  ,  en  sorte  que  la  Ma- 
cédoine et  la  Dacie  lirenl  partie  de  l'empire  d'Orient. 
Mais  les  églises  de  ces  diocèses  n'avaient  point  une 
forme  de  gouvernement  send)Iable  à  celle  des  églises 
orientales  :  car  à  l'exception  de  ce  diocèse  d'Afrique, 
et  de  celui  des  provinces  du  dé|tartement  du  vicaire 
du  prétoire  de  Rome,  dont  l'une  reconnaissait  l'évê- 
que  de  Cartilage  pour  son  chef,  et  l'autre  l'évêcpie  de 
Rome,  qui  les  gouvernaient  à  peu  près  de  la  même 
manière  que  les  patriarches  et  les  exarques  d'Orient 
gouvernaient  les  leurs  ,  il  n'y  avait  point  en  Occident 
de  primat  proprement  piirlant  dans  le  sens  que  l'ou 
a  pris  depuis  ce  terme  ,  quoique  toutes  ces  églises  , 
aussi  bien  que  colle  d'Orient ,  roconmisscnt  l'évèque 
de  Rome  pour  le  premier  des  évoques  et  le  clicf  de 
tout  l'ordre  hiérarchique,  et  qu'en  particulier  les  Oc- 
cidentaux le  considérassent  comme  leur  patriarche  , 
quoiqu'il  n'exerçât  point  dans  les  autres  diocèses  le 
pouvoir  patriarcal  on  la  manière  dont  en  usaient 
ceux  d'Orient. 

Ainsi  on  peut  dire  que,  quoique  le  terme  de  primat, 
fut  (rès-connu  de  tout  temps  en  Occident,  puisque  les 
métropolitains  y  élaieni  souvent  appelés  de  ce  nom, 
cl  que  les  premiers  évcques  des  provinces  du  dio- 
cèse d'Afrique  n'en  portaient  point  d'autre  ,  la  chose 
signifiée  par  ce  terme  y  était  absohmient  ignorée  jus- 
qu'au huitième  siècle,  auquel  l'imposlcur,  qui  a  fabri- 
qué les  lettres  supposées  des  promiors  papes,  com- 
mença à  mettre  ce  mot  en  usage  pour  signifier  un 
évoque  auquel  étaient  assujétis  plusieurs  mélropoli- 


(1)  Tom.  S  de  la  Perpét.  delà  foi,  1.  5,  c.  9 


Cn.\P.  Vïl-  v/u.GiXE  DES  PRIMATS  DOCCIDENT.  950 

tains.  C'est  en  ce  senscju'il  fait  parler  le  pape  Anac'.et 
dans  la  lettre  qu'il  lui  ;illrihue  ,  en  lui  faisant  dire  que 
les  lois  divines  et  ecctcsiuslKiiws  ont  prescrit  que  l'on  mît 
dans  les  plus  grandes  villes  des  patriarches  ou  des  pri- 
vmts,  qui  ont  un  même  rang,  quoique  leurs  noms  soient 
différents.  Cet  liouune  avait  puisé  celle  idée  de  primai 
dans  la  traduction  latine  des  9*  et  17*  canons  d»i  con- 
cile de  Chalcédoine,  telle  qu'elle  se  trouve  dans  l'an- 
cienne  collection  de  saint  Isidore  et  celle  de  Denis-lc- 
Pclit;  mais  il  aurait  dû  observer  que  les  interprètes 
ne  disent  point  simplement  primatem  pour  marquer  le 
chef  du  diocèse,  mais  primatem  diœceseos  :  par  consé- 
quent,il  n'aurait  pas  dû  conclure  que  le  terme  déprimât, 
sans  y  rien  ajouter,  signiliaii  la  même  chose  que  celui 
de  patriarche,  puisqu'on  appelait  communément  avant 
lui  primats  les  métropolitains  en  Occidenl,  comme  l'a 
fort  bien  montré  llincmur  de  Reims,  qui,  après  avoir 
cité  les  canons  d'Afrique,  de  Nicée  cl  do  Sardique,  et 
les  décrets  des  papes  Léon  et  Hilaire,  en  infère  ce  qui 
suit  :  Il  paraît,  parles  canons  et  les  décrets  du  siège  de 
Rome,  que  les  métropolitains  étaient  en  même  temps  pri- 
mats chacun  dans  leur  province.  J'entends  ceux  qui, 
suivant  l'ancienne  coutume,  comme  nous  l'avons  dit,  et 
la  tradition  apostolique,  selon  les  canons  de  Meée,  peu- 
vent  convoquer  des  synodes ,  ordonner  des  évèques ,  et 
être  ordonnés  eu.v-mêmes  par  les  évèques  de  leurs  pro- 
vinces sans  dépendance  d'aucun  primat  ;  qui  peuvent,  en 
un  mot,  régler  les  affaires  de  leurs  provinces  sans  qu'ils 

SOIENT    OBLIGÉS  D'eN  RENDRE    COMPTE  ,  SINON    EN  CAS  DE 

CONTRAVENTION,  auqucl  cas  llincmar  ne  niait  pas  que 
le  pape  n'en  pût  prendre  connaissance. 

Telle  était  la  condition  de  presque  tous  les  métro- 
politains d'Occident,  à  rexce|)liou  de  ceux  des  pro- 
vinces urbicaires  ;  car  ,  en  Afrique ,  il  n'y  en  avait 
point  proprement  parlant,  quoiqu'il  y  eût  des  primats 
en  la  manière  que  nous  l'avons  expliqué  ailleurs.  La 
dignité  de  primai,  pri.->e  dans  le  sens  que  nous  lui  at- 
tachons aujourd'hui,  était  donc  incoiunie  dans  nos 
églises,  cl  si  l'évèque  de  Thessalonique  faisait  des  l'onc- 
I  lions  qui  avaienl  beaucoup  de  rapport  à  celle  dignité, 
c'était  moins  en  qualité  de  primat  ou  d'exanjuc  du 
diocèse  d'Ulyrie,  qu'en  celle  de  vicaire  du  S.-Siége  qui 
lui  avait  été  conférée  suivant  tou'.cs  les  apparences  par 
le  pape  Boniface  I,  cl  qui  fui  comme  attachée  à  son 
église ,  depuis  qu'après  la  ruine  de  Sirmium  par  Attila, 
en  592  ,  Thessalonique  fut  devenue  le  siège  du  préfet 
du  prétoire  d'Ulyrie.  Ces  évèques  exercèrent  princi- 
palement leur  autorité  sur  les  sept  provinces  do  ce 
qu'on  appelait  l'Illyric  orienlale ,  et  en  celte  qualité 
ils  avaient  des  prérogatives  considérables ,  et  on  les 
comptait  parmi  les  évoques  des  premiers  sièges,  après 
lesquels  ils  avaient  séance  dans  les  conciles  généraux, 
connue  on  le  voit  dans  ceux  d'Ephèse  cl  de  Chalcé- 
doine. 

Ce  ne  fut  donc  que  depuis  la  publication  de  la  col- 
lection d'Isidore  que  l'on  pensa  en  Occident  h  insti- 
tuer des  primats,  à  quoi  ne  contribuèrent  pas  peu  les 
capitules  du  pape  Adrien  à  Angilrimn,  r:\pportesdans 
le  seplième  livre  des  Capitulaires  de  nos  roi?,  dans 


9S1  IIISTOIKE  DEb  MCREAiENTis. 

lesquels  on  entend  les  paroles  des  conoiles  d'Afrique  , 
(jiji  font  mention  des  primats  ou  des  évèiiues  des  pre- 
miers sièges  de  chaque  province,  comme  si  (|uelques-  j 
uns  des  métropolitains  élaienl  primais  dans  le  sens  que 


9a2 


nous  aitaclioiis  présentement  à  ce  terme,  cl  dinéiaient  i 
ainsi  des  autres  niétropol  taiis  ;  d'où  on  conclui  que  f 
non  seulement  les  primats  élaient  la  même  cliose  que  f 
les  patriarches,  coum)8  le  portaient  les  fausses  lettres  | 
de  Cléiuent ,  d'Aiiicet  et  d'Anaclet ,  mais  encore  qu'ils 
étaient  la  même  chose  que  les  mélrnpnljtains.  En  sorte 
que,  pour  éviter  cette  contradiction  ,  on  supposa  deux 
espèces  de  primus,  dont  les  uns  étaient  eo.i.mc  les 
patriarches  et  primats  du  premier  rang,  et  les  autres 
irélaieni  primais  que  du  second  rang,  inférieurs  en 
dignité  aux  premiers,  et  supérieurs  aux  niéiropolilains 
ordinaires.  C'est  de  celle  seconde  espèce  de  primats 
dont  parle  Ilincmar  dans  le  passage  que  nous  avons 
cité  ci-dessus ,  et  en  ce  cas  o,i  peut  dire  que  presque 
tous  les  niélropolilains  d'Occident  1  el.iient  à  l'excep- 
tion de  ceux  des  provinces  suburbicaires,  et  peut-être  ^ 
de  ceux  d'Afrique  ;  quoique  ces  derniers  ne  dépen- 
dissent pas  tant  de  l'évèipie  de  Carlliage  que  les  mé- 
tropolitains d'Orient  ne  dépendaient  de  leurs  patriar- 
ches et  de  leurs  exarques. 

Les  choses  ont  demeuré  sur  ce  pied  là  jusqu'après 
leiTiilieu  du  huitième  sèicle,  car  on  ne  doit  compter  | 
pour  rien  le  prétendu  pairiarchai  d'Aquilée,  dans  le 
ressort  duquel  il  ne  se  trouvait  aucun  mélropnlit ain.  | 
C'étail  une  dignité  de  nom  seulement,  et  ce  liom  leur 
venait  de  l'usaijc  dans  lequel  étaient  les  rois  golîis,  qui 
s'étaient  rendus  les  maîtres  de  l'Italie,  do  donner  ce  ! 
tiire  aux  uiéiropiliiains  et  auxévèjues  de  leur  royau-  \ 
me ,  comme  oii  le  voit  dans  la  lettre  dWthalaric  au 
paiie  Jean.  Ce  titre  plut  à  Elie  ,  évéque  o'AquiléL'  (1), 
qui,  quehiues  années  après,  se  sé;iara  de  la  coinnm- 
nion  de  lEglise  romaine,  à  l'occasion  de  l'affaire  des 
trois  chapitres,  d'autant  l'his  qu'il  le  croyait  propri- au 
dessein  qu'il  avait  de  s'affranchir  de  la  dépend. mec  du 
S. -Siège  ;  et  c'est  pourquoi  lui  et  ses  successeurs  ne 
nianq'ièrenl  pas  de  le  retenir  ;  et  il  parut  si  beaii  et  si 
inipor!anl(|uc  dans  la  suite  les  empereurs  de  Cons- 
tan'incple  s'étaiit  emparés  de  la  partie  maritime  de 
ristrie  et  de  la  Véiiélie,  et  le  diocèse  d'A(inilée  ayant 
été  partagé  en  deux,  l'évéque  de  Grade  (lui  en  occupa 
une  partie,  prit  aussi  le  litre  de  patriarche,  ce  qui  fut 
raiifié  quand  les  évêques  d'istrie  et  de  Yénélie  ren- 
trèrent dans  la  conmnmion  du  S.  Siège.  Celui  ci  s'ap- 
p:  !aii  patriarche  de  la  nouvelle  Aquilée  ,  et  ce  titre  (2) 
fut  depuis  transféré  à  levéque  de  Venise  en  MM  par 
le  papeNico'as  V.  Telle  est  l'origine  de  ce  palriarchat 
et  de  celui  de  Venise  ,  mais  tout  c>la  ,  comiîie  vous 
voyez,  n'a  rien  de  contraire  à  ce  que  nous  venons  de 
•Jirc. 

La  première  église  qui  ait  été  honorée  de  la  dignité 
piiniatiale  proprement  dite,  api  es  les  deux  anciennes 
d'Occident,  je  veux  dire  celle  de  Rome  et  celle  de 
Cartilage,  est  celle  de  Bourges.  Elle  ne  peut  néan- 

(l)Cassiod.,  1.  9  Ep'sl. 

l'i)  Marca,  I)iss.  do  Primalu  Lngdue. 


nioms  avoir  acquis  celle  prérogative  que  depuis  l'anTSGt 
puisipie  le  pape  Adrien  n'accoiaa  à  révê(|ue  de  celle 
ville  le  pallinm  que  Cliarlemagne  demandait  pour  lui, 
qu'après  rpril  eut  été  informé  que  Bourges  était  une 
ville  mèti(q)olitaine  dans  l'Aquitaine,  il  ne  dit  point  de 
rAiluilidiie,  mais  dans  IWqinluine.  C'est  ce  que  porto 
la  letire  de  ce  prince  au  pape,  et  le  pontife  y  eut  égard, 
ayant  appris  d'Ermenbeit  lui-même  qu'il  n'était  sous 
la  juridiclion  d'aucun  archevêque.  Qui...  nobis  con- 
fcssns  est  ut  sub  uttllius  arcliuyiscopi  jurisdiclione  esie 
vidcretur  (1  ). 

Jtisque-là  l'arch^'vêque  de  Bourgf^s  ne  s'attribuait 
rien  au  delà  de  la  dignité  de  métropolitain. .Mais  quel- 
que, temps  ai)rès,  il  prit  occasion  de  l'érection  de  sa 
ville  en  capitale  du  royaume  d'A(iuitaine  pour  s'at- 
tribuer le  droit  do  primauté  (2)  sur  les  provinces  de 
Bordeaux ,  d'Auch  et  même  de  Narhonne ,  quoique 
cette  dernière  ne  fût  pas  une  de  ces  provinces  que  l'on 
appelait  autrefois  Aquitiiines.  Nous  ne  savons  si  ce 
droit  fut  accordé  aux  an  hevèques  de  Bourges  en 
vcitu  de  quelque  rescrit  des  papes ,  ou  si  la  politique 
des  rois  de  France  ,  qui  voulaient  peut-être  par-là  ac- 
coutumer les  esprits  flers  de  ces  peuples  à  leur  domi- 
nation en  les  aitiiani  au  cœur  du  royaume  sous  pré- 
texte de  tcrinioer  les  affaires  ecdésiastifjues,  fut  la 
cause  de  l'érection  du  cette  primatie  ;  mais  il  est  cer- 
tain qu'elle  éiait  bien  reconnue  ,  au  moins  dans  les 
trois  Aquitaines  ,  dan>  le  neuvième  siècle,  comme  il 
paraît  par  la  lettre  de  Nicolas  1  à  Raoul,  archevèiiuc 
de  Bourges,  ccri'.e  en  864,  dans  l.iquelle  il  le  iraile  de 
primai  et  de  patriarche.  Cette  lettre  se  trouve  en  en- 
tier dans  le  recueil  des  conciles,  et  Gratieu  en  a  inséré 
un  fragment  dans  son  décret.  11  est  même  à  remar- 
quer que  Sigcbod  de  Narbimne ,  dont  l'Eglise  pouvait 
à  S!  juste  titre  rejeter  celte  prétention,  avoui^il  que 
l'on  pouvait  appeler  des  sentences  rendues  dans  sa 
lirovince  à  l'archevêque  de  Bourges,  comme  à  nn  pa- 
triarche, quoiqu'il  soutînt  qu'en  vertu  de  son  patiiar- 
chat  il  n'axait  aucun  pouvoir  sur  les  clercs  et  les  biens 
de  l'église  de  Narbonne;  c'est  ce  que  l'on  voit  dans 
cette  lettre  du  pape  Nicolas. 

Cette  piéémiueuce  de  réglisc  de  Bourges  et  celle 
autoriié  ((u'elle  avait  acquise  par  l'érection  du  royau- 
me d"A(piilaiue  s'a!]ail)lil  bientôt  après  que  ce  roy- 
aume fut  éteint.  L'archevêque  de  iNarbonn  '  fut  le 
premier  (jui  recouvra  son  ancienne  liberté  sous  la  do- 
mination des  marquis  de  Golhie  ou  des  ducs  de  Xar- 
boiine  ;  et  elle  en  étiit  si  bien  affranchie  en  l'an  1097, 
(pie  le  pape  Liban  II  donna  même  à  son  archevèipie 
le  droit  de  primauté  sur  la  province  d'Aix  ,  et  qu'A- 
lexandre III,  dans  im  rescrit  adressé  en  1IG-i  à  Vô- 
vèque  de  Bourges,  ne  lui  confiruie  son  droit  de  pii- 
inatiiî  (jue  sur  la  province  de  Bordeaux ,  sans  faire 
aucune  ineiifioii,  ni  de  celle  de  Narboime  ,  ni  de  celle 
d'Auch,  cette  dernière  a\ant  secoué  ce  joug  par  la  la- 
veur des  ducs  de  Gascogne.  Enfin,  l'archevêque  de 

(1)  Codex  Carolin.,  ep.  87. 

(2)  Aldervald.  Floriac,  c.  53,  de  Translat.S.  B(  ne- 
dicli. 


or,-,  ORDUi:.  —  TAUT.  III.  CÎ!AP.  VU.  ORIGINH  DF.S  PHIMATS  D'OrCIDENT. 


!).*,; 


Bordciux  liii-nicme  se  rolira  do  l'obéissmicc  qil'il  rttnit 
rendue  jiiMiin'-là  à  celui  deDoiirgcs,  à  rocciision  des 
guerres  qui  s'allimièri-iil.cnlre  les  Françiiis  el  les  An- 
glais ;  ceux-ci  clnnl  devenus  les  niailres  de  la  Guyenne 
par  le  mariage  d'r.léoiiore.  (ille  diiduc  Guillanine,  qui 
épousa  le  roi  d'Ai  glelerre  aprèsavoir  élé  répudiée  par 
Louis  VII,  roi  de  France.  Le  roi  l'inlippe-Angusle  (il 
ce  ([u'il  put  pour  en: pêcher  que  Bourges  ne  fui  dé- 
poiiillé  de  ce  |)rivilége,   connue  il  parail  par  sa  leilre 
au  pape  Innoccni  111 ,  en  Ii28  ;  mais  ses  efibris  n'eu- 
rent point  le  succès  qu'il  avait  lieu  d'en  attendre,  et 
dc|)nis  plus  de  100  ans  le  nom  de  palriarcli!^  est  de- 
\en  I  pour  les  îirdie-  è.|ues  de  Boni  g  s  un  simple  titre 
d'lion:ieurqui  n'a  aucun  efl'el  hors  de  la  province  ecclé- 
siastique de  Bourges  ,  dans  laquelle  les  appellations  ' 
des  sentences  des  évécpies  sufTragans  sont  portées,  | 
quand  il  plait  à  la  partie  plaignante ,  de  l'oKicial  nié-  j 
troiioliiain  à  celui  (pii  rend  la  justice  au  nom  de  cet  j 
arclicvèquc  comme  primat. 


ces  deruiers  tenq)s.  On  sait  comment  la  chose  s'es/ 
passée. 

L'arclievéque  de  Vii'une  prétend  aussi  à  la  primau- 
té :  mais  celte  prétention  est  plus  récente,  et  n'est 
fondée  (|ue  sur  un  rescrit  du  pape  Calliste  II,  qui  avait 
été  lui  même  arclievè<|ue  de  Vienne  ,  et  qui,  conser- 
vant dans  le  poiiiificat  beaucoup  de  tendresse  pour 
son  ancienne  épouse,  établit,  en  1120,révêque  de 
celle  église  primat  sur  les  provinces  de  Vienne ,  de 
Bourges,  de  Bordeaux,  d'Auch,  d'.\ix  et  d'Embrun  : 
et  afin  qu'iu)  cliangcment  si  considérable  dans  l'état 
de  PÉglise  de  France  fut  mieux  reçu  ,  le  Pape  préten- 
dit en  cela  s'être  conformé  à  ce  qu'avait  fait  autrefois 
ses  prédécesseurs,  et  entre  autres  S.  Sylvestre;  le 
tout  fondé  sur  des  écrits  supposés  publiés  depuis  par 
.lean  Boscli.  Aussi  ce  privilège  de  Callisle  n'eul-il  au- 
cun effet ,  et  il  n'est  resté  à  Parclievêque  de  Vienne 
des  prérop.atives  qu'il  lui  attribue  que  levain  lilrede 
primat  des  prin.ats  qu'il  s'est  approprié  depuis,  parce 


le  ne  parle  pas  de  la  dignité  à  laquelle  le  pape  |  que  quelques-unes  des  églises  comprises  dans  sa  pri- 


Jean  Vlll,  en  876  ,  éleva  An  égise  de  Sens,  à  la  prière 
de  rempcreurCliarlcs-le-Cliauve;  elle  était  personnelle, 
et  l'on  sait  avec  quelle  force  Uincmar  de  Reims  s'y 
opposa  au  nom  des  évéquos  de  France.  Le  titre  que 
reçut  cet  arcbevêque  de  Sens  eut  si  peu  delTel,  qu'au 
concile  de  Troyes,  auquel  présida  ce  même  pape  en 
878,  llincmar  lépoudit  au  pipe  au  nom  de  rassem- 
blée, et  souscrivit  avant  Anségise. 

Le  seul  privilège  en  ce  genre  qui  ait  sorti  on  partie 
son  effet  jusqu'à   présent  dans    l'église  de  France, 
est  celui  (juc  le  pape  Grégoire  Vil  accorda  à  l'église 
de  Lyon,  doiit  il  déclara  l'arcbevêque  primat  des  qua- 
tre provinces  lyonnaises.  H  y  avait  déjà  quelque  temps 
que  les  évoques  de  cette  ville  vouiaieiit  s  •  distinguer 
des  autres  métropolitains.  L'ambition  d'Anségise  de 
Sens  avait  réveillé  celle  des  évêques  des  principales 
villes,  qui  chercliaient,  ou  à  s'affrancliir  de  ce  nou- 
veau joug  ou  à  l'imposer  eux-mêmes  aux  autres.  Le  se- 
cond concile  de  Cliàlons  assemblé  en  894  ,  à  l'occa- 
sion du  moine  Gerfroid,  accusé,  ou  au  moins  soup- 
çonné d'un  crime  atroce,  avait  donné  à  Aurélien  le 
litre  fastueux  de  primat  de  toutes  les  Gaules.  Le  saint 
abbé  Odilon,  dans  la  vie  de  saint  Mayeul,  dit  de  cette 
ville,  que  suivant  l'ancienne  coutume  et  le  droit  ec- 
clésiaslicpie,  elle  est  le  cbef  de  toute  la  Gaule  ,  quœ  lo- 
tiiis  Gnlliœ  cxaiitiquo  more  et  ccclesuistico  jure  rclinerel 
urcem.  Ain-i,  il  n'est  pas  surprenant  que  cette  opinion 
s'élanl  déjà  répandue  dans  le  pays,, Grégoire  VII,  qui 
avait  été  élevé  àCluuy,ait  déclaré  l'arcbevêque  de 
Lyon  primat  des  quatre  Lyonnaises ,  eu  quoi  il  lui  a 
moins  accordé  que  ce  que  lui  attribuait  saint  Odilon. 
Gepcudant  le  rescrit  de  ce  pape  essuya  bien  des  cou 
lr;i(li(lioiis  de  la  part  de  Richer  ,  archevêque  de  Sens, 
et  de  qnoicpios-uns  de  ses  successeurs  qui  s'y  sont  en- 
fin soumis  aussi  bien  que  ceux  de  Tours  et  de  Uo'ien, 
Raoul,  évèquedc  Tours,  n'ayant  fait  aucune  difliculté 
sur  cela ,  du  temps  même  de  l'érection  de  cette  pri- 
luatie;  et  celui  de  Rouen  n'ayant  travaillé  tout  de  bon 
à  secouer  ce  joug  do  la  primauté  de  Lvou  que  duis 


matie  avaient  déjà  été  honorées  de  la  primauté  par 
les  papes  précédents. 
I      L'Église  de  Tolède,  après  la  ruine  de  Carthagèno, 
métropole  de  la  province  Carthaginoise  (1),  qui  fut 
détruite  vers  le  milieu  du  cinquième  siècle  ,  élan;  de- 
venue la  première  de  la  province  et  la  capiiale  du 
royaume  des  Gollis,  futdejjuis  considérée  en  quoique 
sorte  comme  la  principale  de  toutes  les  églises  d'Es- 
I  p:igne;  et  le  douzième  concile  tenu  en  celte  ville  en 
l'an  681  lui  attribua  une  prérogative  qui  différait  peu 
I  de  celles  dos  exarques  ou  primats  dOrieut;  savoir, 
j  d'examiner  et  de  consacrer  tous  les  évêques  d'Espagne 
élus  par  les  rois.  Cependant  ce  coucile  ne  lui  accor- 
da pas  le  droit  de  connaître  des  appellations  des  juge- 
monls  portés  par  les  autres  métropolitains,  on  quoi 
consiste   proprement  le  droit  de  primauté.  Quelque 
temps  après  l'Espa^tnc  étant  tombée  entre  les  mains 
des  Sarrasins,  Tolède  ayant  gémi  sous  ce  joug  durant 
368  ans,  il  ne  fut  plus  question  de  cette  espèce  de  pri- 
maulé,  jusqu'à  ce  ([ue  le  roi  Alphonse  VI,  ayant  chassé 
les  Sarrasins  de  Tolède  on  10S8,  le  pape  Urbain  11,  à 
la  prière  de  ce  prince,  déclara  Bernard,  qui  en  était 
évêque,  primai  de  toute  l'Espagne,  à  quoi  l'évèquc  de 
Tarragonc  s'élanl  opposé  ,  et  poul-êlro  quelques  au- 
tres, celle  priuiaulé,  dont  les  évêques  de  Tolède  n'ont 
jamais  fait  usage  (1),  s'est  réduite  à  se  faire  précéder 
de  la  croix  dans  toule  l'Espagne,  quand  ils  sont  en 
voyage ,  ce  que  le  pape  Martin  V,  leur  a  permis  par 
son  rescril  de  l'an  1  l'Siî. 

C'est  ainsi  que  les  méiropolitainsd'Occident  qui  tous 
éiaienl  égaux  entre  eux  cl  i-  l'pondanls  les  uns  des 
autres,  oui  élé  troublés  dans  la  jouissance  des  droits 
el  des  prérogatives  attachées  à  leur  dignité  parTérec- 
tion  des  primalies.  Ils  entraient  en  pleine  possession 
de  ces  droits  et  prérogatives  en  vertu  do  leur  élection 
et  conséoralioii  par  les  évèipies  comprovinciaux  ;  et 
c'est  sur  quoi  il  est  encore  arrivé  un  changement  uo- 

(I)  Isid.,  1.  loOrig. 

(1)  Mariana,  I.  11,  o.  19. 


955  HISTOIRE  V.FS  SACREMENTS 

lahle  dans  la  discipline  de  l'Église  par  le  moyen  du 


95« 


p;iirmni ,  que  les  papes  leur  oui  accordé.  Il  faul  en  ren- 
dre compte  ;ui  Iccleiir,  qui  ne  sera  pas  fàclié  d'appren- 
dic  comment  coh>  s'est  l'ait.  Le  pallium  depuis  long- 
temps a  trop  de  rapport  à  la  dignité  archiépiscopale, 
cl  il  en  est  trop  souvent  parlé  dans  l'histoire  de  TÉ- 
glise,  pour  que  nous  puissions  nous  dispenser  de  trai- 
ter cette  matière  ,  qui  est  plus  iu)portanle  qu'elle  ne 
paraît  à  ceux  qui  ne  considèrent  les  choses  que  légè- 
rement. 

CHAPITRE  vni. 

Comment ,  par  quel  degré,  et  en  quel  temps  le  pillium 
est  devenu  commun  en  Occident  à  tous  les  métropoli- 
tains, et  l'exercice  de  la  juridiction  archiépiscopale  y 
a  t-il  été  attaché? 
.   Quoique  l'usage  du  pallium  fût  commun  à  tous  les 
patriarches,  de  qui  les  métropolitains  le  rccevident 
connue  une  marque  d'honneur  qui  les  distinguait  des 
antres  évéques,  ce  n'est  ncamnoins  que  par  degré,  et, 
pour  ainsi  dire,  insensiblement,  que  cette  prérogative 
est  devenue  commui.e  à  tous  les  métropolitains  dans 
hîs  églises  d'Oceident.  Je  parle  ici  du  pallium  qu'il- 
recevaient  et  qu'ils  reçoivent  encore  à  présent  du  sou- 
verain pontife.  Car  il  se  peut  faire  qu'ils  avaient  une  i 
espèce  de  pallium   qui  leur   était  propre  ,  avant  qne  ' 
l'usage   eût  introduit  celui  de  Rome  ,  comme   nous  j 
venons  dans  ce  cliapitie  et  le  suivant,  dans   lequel 
i;ons  traiterons  de  l'origine,  de  l'usage  et  des  préro- 
gatives de  cet  ornement.  | 

Pour  entendre  la  nialière  dont  il  s'agit,  il  faut  se 
souvenir  qne,  quoitpie  le  patriaicat  de  Rome  scteii 
(lil,  suivant  toutes  les  appaienees ,  dans  tout  TOcci- 
ilenl,  l'évèipie  de  Rome  Ci'pendant  n'exerç;iii  pas  pai- 
(ont  le  même  pouvoir.  C'est  de  ces  diverses  manières 
d'exercer  le  pouvoir  palriarchal  qu'est  née  la  dilfé 
renée  que  l'on  remurqne  dans  la  discipline  touchant 
la  coiicession  du  pallium.  Pour  donner  une  idée  de 
ectle  différence  de  gouvernement  dans  les  églises 
d'Occident,  commençons  par  l'Afrique.  Quoique  ce 
diocèse  fùl  divisé  en  six  provinces  très-éiendues , 
il  n'avail  à  proprement  parler  qu'un  seul  primat, 
(pii  était  l'évèquc  de  Carlhage  :  ions  les  antres  évoques 
étaient  égaux  entre  eux,  ou  bien  si  dan>la  suite  quel- 
ques provinces  ont  eu  des  primats  particuliers ,  ce 
droit  était  attribué,  non  aux  sièges  épiscopaux  de  cer- 
taines villes,  mais  au  plus  aiicien  évêque  de  la  pr©- 
vince  ,  quelle  que  fût  son  églis  ■,  et  il  ne  portait  le  ti- 
ire  ni  d'archevêque,  ni  de  métropolitain,  mais  on  l'àp- 
prlliii  seulement  l'évèque  du  premier  siège,  comme 
il  paraît  par  le  troisième  concile  de  Carlhage.  Aussi 
iaiil  que  celte  illustre  église  a  subsisté,  elle  n'a  jamais 
admis  l'usage  du  |)allium  romain,  et  aucun  de  ses  évê- 
qacs  n'a  reçu  du  pape  cet  ornement  avant  l'invasion 
des  Sarrasins. 

Dans  les  Gaules  et  dans  l'Espagne  le  gouvernement 
ecclésiastl.iue  était  tout  difiérent  ;  car  les  É-lises  des 
diverses  provinces  de  ce  pays  étaient  soumises  à  leurs 
Biétropolilaiiis,  et  aucun  d'entre  eux  n'était  soumis  à 


un  autre;  et  quoique  vers  les  commencements  du 
cinquième  siècle  celte  discipline  souffrît  quelque  alté- 
ration par  l'introdiiclion  des  vicaires  apostoliques, 
cette  dignité  néanmoins  ne  devait  porter  aucun  pré- 
judice aux  droits  des  métropolitains. 

L'Illyrie  avait  une  forme  de  gouvernement  qui  lui 
était  propre.  L'évèque  de  Thessalonique  y  exerçait 
une  très-grande  anlorilé,  surtout  depuis  la  ruine  de 
Sirmimn,  la  ville  princ  pale  de  l'illyrie  occidentale, 
sou  pouvoir  diflérait  peu  de  celui  des  patriarches; 
il  s'attribuait  l'ordination  des  métropolitains,  et  d'au- 
tres prérogatives  qui  l'égalaient  presque  à  ceux  qui 
remplissaient  les  chaires  patriarchales,  après  lesquels 
immédiatement  il  a  eu  séance  pins  d'une  fois  dans  les 
conciles  généraux.  Cette  autorité  de  l'évéïpie  de  Thes- 
salonique souffrit  un  échec  considérable  du  temps  de 
l'eujpereur  Justinien,  qui  détacha  de  son  diocèse  six 
provinces  pour  les  soumettre  à  l'évèque  d'Acride,  ville 
située  sur  les  confins  de  la  Macédoine  cl  de  l'Albanie, 
que  les  Turcs  nomment  présentement  Giustandil,  où 
ce  prince  avait  pris  naissance. 

La  partie  d'ilalie,  dont  Milan  était  la  ville  princi- 
|:<ale,  formait  un  autre  diocèse  composé  connne  les 
autres  de  plusieurs  provinces,  et  jouissait  de  certains 
privdéges  qui  restreignaient  le  pouvoir  que  le  pape  y 
avait  connne  patriarche  de  l'Occident;  d'où  vient  que 
l'évèipje  de  Milan,  le  principal,  et  peut  être  le  chef  ou 
primai  de  ces  églises,  était  consacré  par  ceux  qui 
étaient  sous  sa  juridiction,  quoiqu'avec  l'agrément  du 
pape:  au  moins  les  choses  étaient-elles  sur  ce  pied-là 
du  temps  de  S.  Grégoire,  connne  il  paraît  par  la  50* 
letire  du  second  livie  dans  laquelle  il  eu  parle  conmie 
d'un  usage  ancien. 

Oi:tre  ces  grands  diocèses  dont  nous  venons  de  par- 
ler, il  y  en  avait  encore  un  autre,  qui  comprenait  les 
provinces  diles  Uiéicaires  ou  Suburbicaircs,  lesquelles 
élaiiMit  lellemenl  soinnises  au  pape,  qu'il  y  exerçait 
absolument  toute  la  juridiction  patriarchale,  et  même 
au  delà.  Tous  les  évoques  de  ces  provinces  recevaient 
d  •  lui  la  consécration.  Ils  avaient  coutume  de  venir  à 
ilome  à  certains  temps  marqués.  S'il  s'élevait  quelques 
(liiiéienls  entre  eux,  ou  dans  leurs  églises,  ils  de- 
vaient se  rendre  au  synode  aussitôt  qu'ils  y  étaient 
appelés  par  le  pape.  Ces  provinces  étaient  propre- 
ment le  diocèse  de  Rome,  dans  laquelle  l'évètpie  do 
celte  première  chaire  pairiarcliale  exerçait  une  juri- 
diction semblable  à  celle  que  l'évèque  d'Alexandrie 
a  voit  en  Égyple.  C'est  pour(juoi  Justinien  (1)  parlant 
de  synodes  des  patriarches,  dit  positivement  (jue  tous 
les  évoques,  donl  l'ordination  leur  appartient  doivent 
s'y  trouver,  et  le  huilièmc  concile  confirme  celte  loi, 
comme  venant  de  l'ancien  usage  de  l'Église.  Non- 
senlemenl  le  pape  exerçait  dans  les  provinces  subur- 
bicaircs la  juridiction  patriarchale  dans  toute  son 
étendue,  mais,  par  un  privilège  particulier,  qui  ve- 
nait d'une  ancienne  coutume,  il  y  avait  une  juridic- 
tion assez  semblable  à  celle  des  métropolitains  dans 

i 

I      (1)  Novclles-,  consiilul.  125  et  157. 


957 


ORDRE.  —  ARl.  111.  CîlAl 


leurs  provinces.  C'était  un  privilège  parlicnlicr  à 
celle  église,  duquel  jouissait  aussi  le  siège  d'Alexau- 
drie,  à  l'égard  des  provinces  d'Égyple ,  de  la  Lyijie  cl 
de  la  Peniapolc;  et  ce  privilège  a  clé  conservé  à  lé- 
{ilise  d'.\lexaiulrie  par  le  sixième  canon  du  concile  de 
Nicèe,  le(|uel,  ;)près  avoir  réglé  dans  les  ici  5  ca- 
nons le  gouvcrneuionl  ordinaire  des  églises,  cunlir- 
nie  dans  le  sixième  les  privilèges  du  siège  dWlexan- 
drle,  privilèges  (pii  lui  étaient  particuliers,  et  que  le 
concile  autorise  pai  l'oxoniplede  ceux,  dont  l'èvèqne 
de  Konte  était  en  possession  dans  certaines  provin- 
ces de  sa  dépendance;  lesquels  privilèges  déro- 
geaient au  droit  commun.  Tel  était  celui  de  ne  point 
faire  d'ordiiiaiion  d'évéques,  sinon  de  son  consente- 
ment ou  par  son  autorité.  C'est  le  sens  le  plus  natu- 
rel qu'il  semble  cpie  l'on  puisse  donner  au  sixième 
canon  de  Nicèe,  par  lequel  nous  apprenons  quelle 
était  retendue  du  pouvoir  que  le  pape  exerçait  dans 
les  Églises  suburbicaires. 

Ces  remarques  étaient  nécessaires  pour  nous  faire 
connaître  comment  l'usage  du  pallium  romain  est  pas- 
sé aux  autres  églises  d'Occident,  l^cs  papes  ne  le  don- 
naient d'abord  qu'aux  évoques  qui  leur  étaient  immé- 
dialenienl  soumis  de  la  manière  (|ue  l'étaient  ceux 
des  provinces  urbicaires.  C'est  ce  que  fait  entendre 
assez  ouvertement  le  huitième  concile  général  (can.  17), 
lorsqu'il  ordonne  que  suivant  l'ancienne  coutume  les 
métropolitains  se  rendront  au  synode  des  patriarches, 
dont  ils  reçoivent  l'ordination  et  le  pallium,  à  quibus 
pallium  suscepêre.  Vous  voyez  par  ce  canon  que  l'o- 
bligation de  se  rendre  au  synode  du  patriarche  ou  du 

I  rimai  est  joinle  à  la  réception  du  pallium  :  et  connue 
il  conste  que  les  seuls  èvèqui'S  des  provinces  urbicai- 
res se  rendaient  autrefois  à  Rome  aux  synodes  ordi- 
naires ,  et  qu'ils  éiaienl  les  seuls  qui  fussent  ordon- 
nés par  le  pape ,  on  doit  en  conclure  qu'ils  étaient 
aussi  les  seuls  qui  reçussent  de  lui  le  pallium.  On 
voit  la  même  chose  dans  les  anciennes  formules  de 
la  concession  du  palTunn ,  (jui  se  lisent  dans  le  Ii\i-e 
dit  le  Diurnus  fiomanorum  ponlificiint,  que  le  {kto 
Garnier  a  fait  imprimer.  Le  pape  y  exliorle  ceux  à  ijui 
il  l'accorde  à  remplir  dignement  les  devoirs  attachés 
au  sacerdoce,  à  peu  près  comme  ce.'a  se  fiisiit,  et  se 
fait  encore  aujourd'hui  dans  l'ordination  des  é\èques. 

II  exige  d'eux  la  profession  de  foi,  et  y  dit  iiiusieurs 
autres  choses  qui  supposent  une  soinuission  immè 
diate.  Le  pape,  quand  il  c  nvoyait  le  pallium  à  ces  évè- 
ques  absents,  ce  qui  arrivait  lors(|u'il  donnait  com- 
mission à  quelqu'un  de  les  ordonner  sur  les  lieux,  y 
joignait  celte  lormide  d'exhortation  ,  qui  devait  tenir 
lieu  de  celle  qu'il  leur  aurait  faite  de  vive  voix  s'il  les  ' 
avait  ordonnés  en  personne.  C'est  conrorniément  à 
celte  formule  que,  quand  le  pape  S.  Grégoire  accorde 
l'usage  du  palliuin  aux  èvèqurs  du  diocèse  de  Rome, 
il  n'allègue  d'autres  causes  de  celle  grâce  que  l'an- 
cienne coutume,  et  ne  dil  pas  un  mot  ni  du  vicariat 
apostolique  ,  ni  des  autres  prérogatives  qui  ont  été 
depuis  accordées  aux  évèques  des  autres  parties  de 
l'Église,  auxquels  les  papes  faisaient  cet  honneur.  On 


viîi.  ls.\gf:  du  pallium.  95I 

peut  remarquer  ce  que  nous  disons  dans  plusieurs 
lettres  de  ce  saint  [wipc,  et  entre  autres  dans  la  .'iC* 
du  dixième  livre  :  aussi  la  formule  qui  accompagnait 
l'envoi  du  pallium  ,  que  les  papes  accordaient  à  leurs 
vicaires  dans  les  provinces  des  autres  parties  de  l'Égli- 
se, èlait-clle  bien  dilTèrente  de  cclli!  rpii  était  en  usage 
pour  ceux  du  diocèse  de  Rome,  qui  recevaient  de  lui 
cet  ornement,  comme  une  nianpie  de  leur  soumission 
parliculière  en  sa  qualité  de  leur  patriarche  ,  dont  ils 
dépendaient  immédiatement,  et  plus  que  tous  les  au- 
tres évè(pies  de  l'occident,  ainsi  ((u'on  le  voit  par  ce 
qui  a  été  dit  ci-dessus. 

Voilà  ceux  à  qui  les  papes  donnaient  anciennement 
le  pallium,  comme  les  autres  patriarches  le  donnaient 
à  ceux  de  leur  dépendance.  Dans  la  suite,  ils  firent 
part  de  cet  ornement  à  ceux  à  <|ui  ils  conliaient  le  vi- 
cariat des  diverses  provinces  dOccidenl;  et  c'est  ce 
qui  donna  beaucoup  de  relief  au  iiallium  romain.  Cela 
ne  se  fit  pas  d'abord,  mais  sur  la  fin  du  cinquième 
siècle;  puisque  avant  ce  temps  on  voit  plusieurs  de  ces 
vic;iires  apo^toliques ,  à  qui  les  Papes  n'envoyaient 
point  cet  ornement,  qu'ils  joignirent  depuis  à  la  di- 
gnité du  vicariat,  tant  pour  représenter  plus  sensible- 
ment la  majesté  du  siège  apostolique,  que  pour  s'at- 
tacher davantage  ceux  à  qui  ils  confiaient  leur  pou- 
voir. 

Le  premier  des  papes  qui  ait  joint  le  pallium  au 
vicariat  apostolique  est  Symmaque.  Avant  lui ,  Ze- 
non et  Saluste,  évèques  de  Séviile,  el  Jean,  évèque  de 
Tarragone  ,  avaient  élé  honorés  de  cette  importante 
commission  en  Cspngne ,  sans  avoir  jamais  reçu  la 
pallium  de  Rome.  Ou  doit  dire  la  même  chose  de  S. 
Rémi  de  Reims,  de  Patrocle,  de  Léonce  ,  et  de  quel- 
(|!ies  autres  évèques  d'.\r!es  ,  aussi  bien  que  de  Rufus 
cl  d'Aiiysius  de  Thcssaloniqiie,  et  de  plusieiu'S  autres, 
qui  tous  ont  exercé  les  fonctions  de  vicaires  apostoli- 
(pies  dans  les  provinces  de  leurs  départements,  sans 
avoir  jamais  reçu  le  pallium  de  Rome.  S.  Césaire 
n;è:ne,  qui  le  premier  des  vicaires  apostoliques  a 
porté  le  pallium  romain  ,  ne  reçut  pas  cet  ornement 
en  mème-leni|is  que  la  comndssion  du  vicariat,  puis- 
rjue  cet  honneur  lui  fut  confié  lorsqu'il  élail  dans  les 
Gaules,  comme  il  paraît  par  la  Ictlre  dixième  de  Sym- 
maque, et  (pTil  reçut  le  pallium  eri  personne  des 
m '.ins  du  Pajie  à  R'>nie,  où  il  était  allé  après  un  voyage 
qu'il  avait  fait  à  Ravenne,  pour  quehjues  alVairos  de 
son  église ,  comme  nous  l'apprenons  de  Cyprien ,  son 
disciple,  évèque  de  Toulon,  qui  a  écrit  sa  vie  (1).  Ce 
qui  prouve  que  S.  Césaire  est  le  premier  qui  des  évè- 
ques étrangers  ait  été  revêtu  de  riioniieur  du  pallium 
romain;  c'est  ce  (pie  nous  lisons  dans  la  lettre  du  pape 
Vigile  à  Auxanius,  successeur  de  ce  saint  dans  le 
siège  d'Arles,  par  la(pielle  il  lui  nuirque  qu'il  lui  a 
confié  son  pouvoir  dans  les  Gaules,  suiv;int  la  cou- 
tume de  ses  prèdécessems,  h  »|Uoi  il  ajoute  :  i  et 
I  parce  (pie  nous  croyons  raisonnable  que  celui  que 
I  nous  revêtons  de  noire  pouvoir  soit  orné  du  pal- 
I  lium  ,  nous  vous  en  accordons  l'usage ,  comme  no- 

(1)  Seculo  1  Benodiclino. 


959 


c  Ire  piédéct'.ssc'm'  de  samie  iiiénioii'e  l'a  accordé  au  ; 
«  vôlre  par  l'autorité  de  S.  Pierre.  *  Ces  paroles  sont 
suffisantes  pour  montrer  que  cela  ne  s'était  poiil  fait 
avant  Syinniaque;  car  il  n'aurait  point  passé  sous  si-., 
lerice  les  autres  papes  qui  anraiciil  fait  la  même  cliosc 
aux  évéques  d'Arles  ,  si  avant  ce  pape;  il  y  en  eût  eu 
des  exemples. 

Depuis  ce  temps,  le  pallium  fut  connue  ainiexé  in- 
séparabloment  avec  la  dignité  de  vicaire  apostolique, 
ail  moins  pour  l'Occidenl;  et  il  faut  convenir  que,  si 
l'usage  de  cet  ornement  était  honorable  pour  ceux  qui 
exerçaient  les  fonctions  de  vicaires  du  Pape,  cela, 
d'autre  pari,  ne  contribua  pas  peu  à  mettre  le  pallium 
en  crédit;  d'autant  plus  que  les  papes  avaient  cou- 
tume d'établir  lecus  vicaires ,  les  évèquos  des  plus 
grands  sièges,  et  qui,  indépendamment  &.'  cette  com- 
mission, avaient  beaucoup  d'autorité  sur  les  églises  de 
leur  pavs  ,  et  jouissaient  de  grandes  prérogatives  qui 
les  distinguaient  même  des  autres  mélropol  tai::ss. C'est 
ce  qui  fit  que  plusieurs  é^èques  aspirèrent  à  C(ît  hon- 
neur, et  que  de  grands  princes  ne  dédaignaient  pas 
d'employer  leurs  prières  e'  leur  crédit  auprès  des  pa- 
pes pour  l'obtenir  en  faveur  des  évèqucs  (jui  avaient 
accès  auprès  d'eux,  et  qu'ils  honoraieni  de  leur  bien- 
veillance. C'est  ainsi  que  la  reine  Bruneliaud  le  de- 
manda à  S.  Grégoire  pour  Sy;'grius  ,  évèqiie  d'Auliiii , 
cl  le  roi  Récarède  pour  S.  Léandre,  évèque  de  Sé- 
ville.  Cet  usage  d'accorder  le  pallium  à  quelipies  au 
1res  qu'aux  métropolitains  des  églises  siibuibicaires  et 
aux  vicaires  apostoliques  était  déjà  reçu  du  temps  de 
S.  Grégoire;  et  c'est ,  s'il  m'est  permis  de  me  servii' 
de  'Cite  expression  ,  le  troisième  degré  de  la  fortinie 
du  pallium.  On  voit  même  qu'il  pouvait  èlre  un  peu 
plus  ancien  que  ce  saint  pape  ,  comme  il  parait  par  sa 
lettre  au  roi  Uécarède  (1),  et  par  celle  qu'il  écrivit  à 
Didier,  évèque  de  Vienne,  qui  lui  avait  demandé  le 
pa//ji(i«,  connne  ses  prédécesseurs  l'avaient ,  disail- 
il ,  demandé  et  obtenu  des  papes  :  sur  quoi  S.  Gré- 
goire lui  répond  (pi'il  n"a  rien  trouvé  de  semblable 
dans  les  archives  de  son  église,  et  l'exhorlc!  à  recher- 
cher dans  celles  de  la  sienne,  étant  disposé  à  lui  faire 
le  même  homicur,  s'il  lui  montre  (luehpies  documenis 
qui  piouvenl  que  ceux  à  qui  il  a  succédé  aient  reçu  le 
pallium. 

Cet  empressement  que  témoignaient  ceriains  évé- 
ques distinguée  par  leur  mérite  ou  par  la  bienveillance 
des  princes  ,  augmenta  de  plus  en  plus  la  lépnlation  • 
du  pallium  romain  ,  aussi  bien  que  ce  que  fit  S.  Gié- 
goire  à  l'égard  de  l'église  d'Angleterre,  doiu  il  était 
comme  le  fondateur ,  en  acc(H"dant  cet  ornement  à 
l'évèque  de  Londres  et  à  celui  d'Yorek  ,  (u'il  voulait 
établir  les  chefs  et  les  métropolitains  de  tous  les  évè- 
que de  cette  île  (2).  La  chose  n'eut  pas  lieu  pour  Lon- 
dres, le  siège  archiéj)iscopal  étant  deuieuré  à  Cau- 
torbéri  :  mais  depuis ,  les  successeurs  de  S.  Grégoire 
continuèrent  à  donner  le  pallium  aux  deux  archevê- 
ques  d'Angleterre.   Cependant ,   jusqu'au  neuvième 

(l)L.7.  ind.  2,  ep.  i-27. 
{i)  Kp.  M>.  I.  \i,  ad  Angust. 


IllSTOÎRK  Oi:^  SACREMKNTS.  9G0 

siècle,  les  métropolitains  ne  crurent  point  avoir  be- 
soin du  pallium  pour  les  confirmer  dans  leur  dignité, 
soit  qu'ils  hissenl  persuadés  que  les  sacrés  canons 
avec  l'ordination  leur  suffisaient  pour  se  maintenir, 
soit  qu'ils  eussent  une  espèce  de  pallium  qui  leur  était 
propre,  cl  qui  les  distinguait  des  sinq)les  évèiines. 

M.  de  Marca  croit  pouvoir  l'assurer  de  ceux  des 
Gaules  ;  et  véritablement  il  semble  qu'il  n'est  pas 
facile  d'entendre  autrement  le  sixième  canon  du  pre- 
mier concile  de  Màcon  ,  qui  fut  assemblé  en  l'an  582, 
sous  le  roi  Contran  ,  lequel  ordonne  que  l'archevêque 
ne  pourra  célébrer  les  messes  sans  le  pallium,  ut  ar- 
clnepiscopus  sine  pallio  missas  dicere  non  prwsumat.  Ce 
qui  ne  peut  s'entendre  raisonnablement  de  l'ai^chevè- 
que  d'Arles,  qui  était  pour  lors  sujet  des  Goths,  et 
qui  n'assistait  point  à  ce  concile,  ni  du  pallium  romain, 
cet  archevêque  étant  alors  le  seul  qui  jouit  de  cet  hon- 
neur dans  les  Gaules.  1!  reste  donc  à  dire  que  le  con- 
cile de  Màcon  parle  d'un  pallium  propre  aux  métro- 
politains des  Gaules,  et  qui  est  sans  doute  ce  ratio- 
nal ,  raiionale ,  lonl  il  est  lait  mention  dans  un  ancien 
inventaire  des  ornements  pontificaux  de  l'église  de 
Reims  (I),  rappoilé  par  Marlot,  dont  la  forme  est 
assez  seniblabie  à  l'ancien  pallium  romain  ,  et  la  ma- 
gnificence au  rational  du  grand-prélrc  des  Juifs. 
S.  Uemi  est  représenlé  dans  d'anciennes  ligures,  tant 
dans  l'église  métropolitaine  de  Reims  que  dans  d'au- 
tres de  cette  ville,  revêtu  de  cet  ornement,  et  l'ancien 
rituel  de  cet  église  fait  mention  du  rational. 

L'auteur  ,  qui  a  écrit  sous  le  nom  d'Alcuin  ,  dit  po- 
sitivement (  cap.  58  j,  que  de  son  temps  les  mctropo- 
lilains  s'étaienl  défaits  de  ce  rational  pour  prendre  le 
(.ailiuiii  du  siéjje  aposloli(iue  :  et  nous  voyons  en  effet 
(lue,  depuis  (jue  les  archevêques  se  furent  mis  sur  le 
pied  de  demaiider  à  Rome  le  pallium  ,  ils  ne  se  servi- 
rent plus  de  l'ancien  que  les  simples  évêques  s'ap- 
proprièienl,  conni.c  il  paraîl  par  ce  que  dit  Ives  de 
(>Iiarlres,  dans  son  troisième  sermon  ou  discours,  et 
par'  la  messe  d'lll}ricus,  dans  bujuelle  on  lit  une 
prière  Ad  Ratiomtlc,  qui  doit  être  récitée  par  l'évèque 
quand  il  s'habille  pour  célébrer  la  messe. 

(!c  rational  a  servi  d'ornement  ordinaire  aux  arche- 
vè.'iues  jusque  vers  la  fin  du  huiiièmc  siècle,  auquel 
le;i  ps  la  plupart  d'entre  eux  conuiiencèrcnl  à  se  ser- 
vir de  celui  de  Rome.  Ce  changement  de  discipline  ar- 
riva iirincipalement  par  les  soins  de  S.  Boiiiface ,  de 
Mayence,  cpii ,  ayant  fort  à  cœur  l'union  des  évêques 
avec  le  S  lini-Siége ,  fit  or.lonner  dans  le  concile  de 
Soissons  de  l'an  742  que  tous  les  niélropulitains  de- 
manderaient le  pallium  au  siège  apostolique.  C'est  ce 
qu'il  témoigne  lui-même  dans  une  lettre  à  un  évèque 
d'.ingleterrc  (2). 

Le  pape  Zacharie,  qui  gouvcrr.ail  alors  l'Eglise  ro- 
maine, sentit  une  grande  joie  de  ce  décret  ,  que  tous 
les  évccpies  du  concile  de  Soissons  avaient  souscrit  et 
envoyé  au  corps  de  S.  Pierre,  et  il  se  disposait  à  en  - 
voyer'le  pallium  aux  trois  nouveaux  archevècpies  do 


1)  liisl  Eccl.  Rem.,  lom.  2,  1.  T>. 
\)  Lp.  iOo  ad  Culhlicrtum. 


961  OUDIU::.  —  l'AKi.  III.  CI! A 

Reims  ,  de  Sens  et  de  lloiieu  ,  pour  lesquels  S.  lîoiii- 
face(l),  en  c()n<^.éqiienec  et  en  exéeulioii  de  ec  dc- 
crel,  ravaiideiiiaiulé.  Mais  sa  joie  fut  tempérée  par  les 
rclardements  «prapitortèreril  deux  de  ces  préhits; 
soit,  comme  le  soupçonne  M.  de  Marea,  qu'ils  crai- 
gnissent p;ir-ià  de  s'assujétir  au  Pajie  plus  qu'ils  ne 
Pétaient  aiiparavaul  ,  soil  qu'ils  ap|iréliend:issent  que 
sons  ce  prétexte  on  exigeât  d'eux  des  sommes  d';ir- 
geiil  pour  avoir  cet  ornement.  Q\ini  qu'il  en  soil,  Gri- 
nion,  arclicvéque  de  Rouen,  fut  le  ^cul  de  ces  (rois  qui 
le  reçut ,  et  S  Boniface  (2)  s'excusa  de  son  niieux  au- 
près (lu  Pape  qui ,  de  son  côté ,  eut  soin  d'écarter  les 
soujiçons  que  les  évéqucs  de  Fiance  pouvaient  avoir 
sur  cela. 

Cependant  les  archevêques  des  Gaules  et  de  Ger- 
manie balancèrent  encore  sur  celle  affaire ,  nonob- 
stant les  éclaircissements  (lu  pape  Zacliarie;  cl  Ra- 
ginfride,  successeur  de  Grimou ,  dans  le  siège  de 
Rouen,  négligea  le  pal.linm  de  Uonie ,  qu'il  ne  de- 
manda jamais,  comme  on  le  voit  dans  le  P.  le  Cointe, 
sur  l'an  751,  n.  15.  Peu  de  piéials  se  mirent  en  de 
Voir  de  l'obtenir ,  excepté  ceux  qui  voulaient,  pour 
quelques  raisons  parlicnlières,  faire  conliriner  par  le 
Sainl-Siége  les  privilèges  de  leurs  églises.  Tilpin,  ar- 
chevêque de  Reims,  par  exemple,  ne  reçut  le  pailiiun 
que  du  temps  du  pape  Adi  ien,  (pioicpie  loi:g(emps  au- 
paravant il  eût  été  à  Rome,  où  Charlemagne  l'avait 
envoyé  pour  l'afiairc  du  pape  Constantin,  qui  avait 
envahi  le  Sainl-Siége;  et  on  voit  dans  la  lettre  qu'A- 
drien lui  écrivit,  en  lui  donnant  celte  marque  d'hon- 
neur,  que  l'intention  de  Til|iin,  en  le  sollicitant,  était 
d'alTerinir  les  prérogatives  de  son  église,  qui  avaient 
souffert  luj  grand  pnyudice  par  la  mauvaise  con- 
duite de  Milon  ,  son  prédécesseur,  qui  avait  retenu 
par  la  violence  durant  quarante  ans  le  siège  deReinis 
dont  il  s'était  emparé. 

Ce  fut  à  cette  occasion  que  Charlemagne,  prince 
Irès-dévot  envers  le  Saint-Siège,  ordonna  dans  un  de 
ses  capitulaires  (5),  que  l'on  honorerait  les  métropo- 
litains qui  auraient  reçu  le  pallium,  ni  nielropolitani 
qui  paUio  siiblituali  essciit  Iwnorurenlnr.  Depuis  ce  dé- 
cret il  y  eut  peu,  ou  poial  de  métropolitains  dans  l'em- 
pire français,  qui  négligeassent  de  se  procurer  cette 
marque  de  considération  de  la  pari  du  siège  aposto- 
lique. 

La  chose  alla  plus  loin  :  plusieurs  des  métropoli- 
lains  portéienl  leur  respect  envers  le  Sainl-Siége 
jusqu'à  ne  faire  aucune  des  fondions  attachées  à  leur 
dignité,  qu'ils  n'eussent  reçu  de  Rome  le  pallium.  Ils 
ne  croyaient  pas  néanmoins  alors  que  la  juridiction 
archiépiscopale  fût  attachée  à  cet  ornement,  connue 
on  le  voit  par  la  lettre  d  llincmar  (  ep.  26  )  au  pape 
Nicrslas  I.qni  lui  avait  fait  des  reproches  de  ce  qu'il  se 
servait  tous  les  jours  du  pHllium  :  car  ce  savant  cvè- 
qne  lui  répondit  qu'il  ne  recoin  aissail  aucune  juri- 
diction ou  prééminence  dans  cet  ornement,  et  que  ce 

(1)  Epist,  Zachar.jinterBonif.  142. 

(2  Bonif.  Ep.  141,  et  Zachar.,  inier  Bonif.  142. 

(5)  Capilular.  d.  1,  c.  7!}, 


Mil.  LSAGE  LL  l'ALLIL.M.  Û5« 

qiiç  les  canons  cl  les  privilèges  du  siège  apostolique 
accordaient  à  cluKpie  métropolitain  lui  suffisait  ;  qu'au 
reste",  s'il  avait  solli(  iiè  les  privih'gcs  du  Sainl-Siége 
(•'('lait  pour  réprimer  quelques  hommes  charnels  et 
igno;anls,  cl  les  engager  à  avoir  plus  de  repecl  pour 
son  si(''ge.  Fulbert  de  Chartres  pensait  de  mêmc.flu 
conunenccmenl  du  onzième  siècle.  Cela  est  évident 
par  la  lettre  (ep.  47)  (pi'il  écrivit  à  Arnoul,  archevê- 
que de  Tours,  lequel,  doutant  s'il  devait  abandonner 
son  siège,  parce  que  Benoît  Vill,  je  ne  sais  pour 
quelle  raison,  refusait  de  lui  envoyer  le  pallium  ,  lui 
dit  que  ce  n'élail  pas  là  une  raison  légitime  de  quitter 
son  église,  et  que  si  le  pape  persistait  dans  ce  refus 
injuste,  il  pouvait  cependant  exercer  les  fonctions  de 
son  nnnisière,  quoiqu'il  avoue  qu'il  y  aurait  de  la  lé- 
tnériié  à  le  faire,  avant  ([ue  d'avoir  fait  l(js  démarches 
ordinaires  pour  l'obteiur. 

Cependant  le  paiie  Nicolas  avait  déjà  fait  une  loi 
pour  l'archevêque  de  Bulgarie  (i).  de  ce  que  plusieurs 
n'avaient  fait  jnsqn'aloi's  cpie  pour  témoigner  plus  de 
respect  envers  le  Saint-Siège  :  car  il  permet,  à  la  vé- 
rité, aux  évé(iues  de  ce  pays,  de  consacrer  leur  mé- 
tropolitain ;  mais  il  défend  à  celui-ci  de  consacrer  des 
évêques  et  d'assembler  des  synodes  jusqu'à  ce  qu'il  ait 
reçu  le  pallium  du  Saint-Siège.  Le  pape  avait  de  fortes 
raisons  pour  prescrire  celle  loi  à  l'archevêque  de 
Bulg;irie,  que  les  Grecs  lâchaient  de  s'assujétir;  mais 
ces  raisons  n'avaient  pas  lieu  dans  les  autres  parties 
de  la  chrétienté.  Il  arriva  néanmoins  bientôt  après 
que  le  pape  Jean  VMI,  qui  succéda  quelques  années 
après  à  Nicolas  ,  voulut  faire  une  loi  générale  dans 
l'Eglise  ,  de  ce  que  celui-ci  avait  prescrit  pour  l'ar- 
chevêque des  Bulgares,  et  de  ce  que  plusieurs  avaient 
fait  par  un  sentiment  de  vénération  pour  le  siège  de 
S.  Pierre  :  c'est  ce  qu'il  fit  dans  un  concile  de  Ra- 
venne  de  l'an  871,  dont  le  premier  canon  porte,  que 
le  mélropolitain  qui,  dans  les  trois  mois  après  sa  con- 
sécration, n'aiM-a  poiul  envoyé  à  Rome  pour  obtenir 
le  pallimn,  s«'ra  privé  de  sa  dignité,  et  ne  pourra  con- 
sacrer ses  suffraganis,  ni  exercer  les  antres  fonctions 
de  son  minisière,  tant  qu'il  aura  négligé  de  le  deman- 
der :  auquel  cas ,  les  archevêques  les  plus  voisins  , 
après  ui.e  seconde  et  une  troisième  moinlion,  pren  1 
dront  soin  de  l'église  vacante  et  y  consacreront  les 
évêques  qui  en  dépendent. 

Il  est  vrai  qu'il  ne  se  trouva  à  ce  concile  que  des 
évêques  d'Italie ,  sur  lesquels  le  pape  exerçait  une  ju- 
ridiction plus  étendue  :  mais  le  pape  Jean  avait  cette 
affaire  fort  à  eœnr,  et  il  fil  tous  ses  efforts  pour  faire 
observer  ce  décret  dans  le  reste  de  l'Occident,  et  en 
France  en  parliculier  :  on  le  voit  par  deux  lettres  qu'il 
en  écrivit  à  Roslaing,  archcvâiue  d'Arles  (2),  dans 
ies(iucl!es  il  examine  son  si-ntiment  en  cette  sorte  : 
Uélus ,  (fuellc  douleur  pour  nous  !  quand  nous  élions 
il..ns  les  Vailles,  nous  y  avons  trouvé  un  abus  cnlr'autres 
trèa  condamnable.  Les  métropolitains,  avant  d'avoir  'cçu 
le  pallium  du  siège  apostolique ,   ont  Cuudace  de  faire 

(1)  Respons.  ad  Bul?.,  c.  72. 

(i)  Epist.  93ciy4.  "  j 


i^z 


lUSTOilU«:  DES  SACREMENIS. 


964 


des  eonsécralions  d'évêques  ;  ce  que  nous  avons  défendu,  I 
nous  et  nos  prédécesseurs,  par  un  décret  canonique.  Ce 
décret  doiit  parle  le  pape  Jean  n'esl  sans  doiile 
que  la  réponse  du  pape  Nicolas  aux  Bulgares ,  el  le 
x;anon  du  concile  de  Ilaveniie,  dont  on  vient  de  parler. 
En  conséquence,  il  ordonne  à  Uoslaing,  son  vicaire, 
dans  les  Gaules,  de  faire  tout  ce  qui  dépendra  de  lui 
pour  obliger  les  cvèqncs  de  France  à  seconlornicr  en 
ce  point  à  ses  intentions:  et  pour  que  la  chose  réussît 
mieux,  il  écrivit  à  tous  les  évècjues  de  cette  nation  en 
général  (cp.  95),  pour  qu'aucun  métropolitain  n'en- 
treprît de  consacrer  ses  sulFragants,  sans  avoir  préa- 
lablement reçu  le  palliuni. 

Les  monuments  de  ce  lemps-là  ne  nous  apprennent 
pas  si  les  instances  de  ce  pape  curent  le  succès  qu'd 
avait  lieu  d'en  attendre  ;  mais  il  paraît  par  Tbistoire 
des  temps  qui  suivirent  ce  pape  qu'elles  ne  furent  pas 
sans  eflet  :  puisque  la  nécessité  d'être  revêtu  du  pal- 
ium ,  pour  exercer  légitimement  les  fonctions  archié- 
piscopales ,  se  trouve  établie  presque  partout  dans  le 
siècle  suivant.  Je  pune  de  l'Occident  et  du  pallium  de 
Rome  ,  et  je  dis,  presque  :  car  il  est  certain  (pi'avant 
^.Malaciiie  le  pallium  romain  éla^t  incommen  Irlande, 
Gorame  le  témoigne  S,  Bernard,  dans  l'iiisloire  de  la 
vie  de  ce  saint  évê(iue.  (Cap.  15  el  IG.) 

C'est  ainsi  que  la  coutume  de  demander  el  de  rece- 
voir le  pallium  s'est  si  bien  établie  dans  tout  l'Occi- 
dent ,  qu'entre  les  autres  lois,  qui  font  partie  du  corps 
du  droit  canonique ,  il  s'en  trouve  sous  le  titre  ,  de 
fuscye  el  de  rautorité  du  pallium  ,  où  il  est  dit ,  (jue  j 
personne  ne  doit  prendre  la  qualité  d'archevêque  ,  j 
qu'il  n'ait  reçu  auparavant  du  siège  de  Kome  le  pal- 
lium ,  dans  lequel  est  renfermée  la  plénitude  de  la 
jurisdiclion  ponlilicale.  Ce  déciet  fut  f.àl  par  Inno- 
cent 111,  pontife  très-zélé  pour  la  déft'nse  des  droits 
pi  prérogatives  du  Saint-Siège,  et  il  aiïermittcilenient 
par-là  l'autorité  du  pallium,  que  depuis  ce  tcMups  per- 
sonne ne  s'y  est  opposé,  l^n  sorte  que  depuis,  les  ar- 
chevêcpics  qui  entraient  autrefois  en  pleine  jouissance 
de  toutes  les  fonctions  et  prérogatives  de  leur  di-  'j 
gnilé,  en  vertu  de  l'électio.  et  de  l'ordination,  n'ont 
1  eu  presque  aucune  juridictioii  el  aucun  pouvoir,  el 
!  môme  n'ont  point  porté  cette  (pialité  dans  leurs  pro- 
j  vinces  sans  le  pallium.  Celle  prévention  avait  telle- 
ment prévalu  parmi  les  lai(|ues  ,  môme  dans  le  12' 
i  siècle ,  que  l'archevêque  de  Cologne  ne  pu  sacrer  le 
roi  Conrad  ,  parce  qu'il  n'avait  point  encore  reçu  le 
pallium  du  siège  apostolique,  comme  le  témoigne  Ot- 
ton  de  Freising  (1.  7,  c,  2i). 

CHAPITRE  IX. 

De  l'oriffijie  du  pallium.  De  sa  forme  ancienne  tant  en 
Orient  quen  Occident,  et  des  prérogatives  dont  jouis- 
saient dans  l'Eglise  latine  les  simples  évéqucs  qui  en 
étaient  revêtus. 

Puisque  nous  avons  connncncé  à  parler  du  pallium, 
doBl  nous  avons  représenté  historiquement  les  progrès 
dans  les  divers 'igcs  de  l'Église,  je  crois  qu'il  esl  à 
propos,  cl  ([uo  le  lecteur  verra  avec  plaisir,   tout  cr 


qui  concerne  cet  ornement  célèbre,  dont  l'usage  n'a 
pas  peu  contribué  à  changer  la  discipline  de  l'Église 
comme  on  a  vu  ci-devant. 

Nous  commencero.  par  rechercher  son  origine  , 
qui  est  d'autant  plus  obscure ,  que  les  progrès  en  ont 
été  plus  grands  et  plus  rapides.  Pour  y  parvenir,  sans 
nous  arrêter  au  pallium  ou  manteau,  qui  était  une  es- 
pèce d'habillement,  communaux  hommes  cl  aux  fem- 
mes chez  les  Grecs  (I) ,  et  (|ui  répondait  à  la  robe  , 
ou  toge  des  Romains  ,  sur  le(piel  Tertullien  a  fait  son 
curieux  traité  de  Pallio ,  nous  examinerons  d'abord 
ce  qu'on  trouve  dans  les  auteurs  ecclésiastiques  lou- 
chant cet  ornement ,  et  ce  qui  a  pu  donner  lieu  à  son 
introduction  dans  l'Église,  et  dans  la  célébration  des 
saints  mystères. 

C'est  sur  quoi  je  vois  les  sentiments  bien  partagés, 
el  les  hommes  les  plus  savants  suivre  des  roules  tou- 
tes différentes.  On  peut  voir  ce  que  dit  là-dessus  le 
P.  Ruinarl ,  dans  la  savante  dissertation  qu'il  a  com- 
posée sur  cette  matière  (2),  et  dont  ce  que  nous  avons 
dit,  el  ce  que  nous  dirons  encore  sur  ce  sujet ,  n'est 
proprement  qu'un  extrait  ou  un  abrégé.  Nous  nous 
contenterons  de  rapporter  ceux  qui  ont  plus  de  vrai- 
semblance, et  qui  ont  été  soutenus  par  les  auteurs  les 
plus  connus  par  leur  érudition. 

Quel([ues-uns  prétendent  que  le  pallium  tire  son  ori- 
gine des  empereurs  romains,  qui,  quand  ils  eurent 
embrassé  le  chiislianisme,  conununiquèrcnt  aux  prin- 
cipaux évêques  l'usage  de  cet  ornement ,  dont  ceux-ci 
firent  ensuite  part  à  ceux  qui  leur  élaienl  soumis. 
L'illustre  M.  de  Marca  (5) ,  el  après  lui  M.  Baluze, 
sont  entres  dans  ce  sentiment ,  non  qu'ils  regardas- 
sent comme  véritable  la  prétendue  donation  de  Cons- 
tantin ,  dans  laquelle.il  en  est  fait  menlion  ,  el  de  la 
supposition  de  laquelle  aucun  savant  ne  doute  à  pré- 
sent, mais  par  d'autres  raisons  ,  dont  nous  parlerons 
bientôt.  Le  cardinal  Baionius  rejette  cette  opinion  (4), 
comme  peu  honorable  à  l'Eglise  romaine,  prétendant, 
qu'il  est  absurde  de  faire  remonter  l'origine  d'un  ha- 
billement sacré  el  ecclésiastique  à  un  pru»ce  séculier. 
Cependant  ,  il  est  constant  que  l'Église  a  pris  des 
Juifs  et  même  des  païens  plusieurs  de.  ses  cérémonies, 
dont  nous  pourrions  faire  ici  rénuméraiion,elque  ces 
cérémonies  n'en  sont  pas  pour  cela  moins  respecta- 
bles, ayant  été  consacrées  par  l'usage  qu'elle  en  a 
fait ,  et  n'ayant  rien  d'ailleurs  de  mauvais  en  elles- 
mêmes.  Tels  sont  entr'autres  les  prières  et  les  jeû- 
nes publics  ,  les  processions,  etc.  Ce  cardinal  convient 
d'ailleurs  (5) ,  qu'il  n'esl  fait  imlle  part  mention  du 
pallium  ,  comme  faisant  partie  des  ornements  ponti- 
ficaux ,  avant  le  pape  S.  Marc  ,  c'est-à-dire  avant  le 
A'  siècle,  quoiqu'il  soit  persuadé  que  l'origine  en  soit 
plus  ancienne.  Ce  qui  lui  fait  croire  que  du  temps  de 
ce  pape  il  a  été  parlé  du  pallium,  est  ce  que  rapporte 


1)  Snelon.  in  Aug.;  Tacit.  I.  5  Hist. 

2)  Ouvrages  posthumes  du  P.  Mabill.  ,  t.  2. 
(5)  L.  G  de  Concord.  ,  c.  G. 

(i)  lluron.,  I.  o  Aimai.,  edil.  Rom.  p.  651. 

(-■.j  i)e  Pallio,  l.  2  Oper.  poslh.  MabU.,  p.  iUSelseci. 


965  ORDRE.  —  PART.  111.  CllAi'. 

Anaslasc-le-lîibliolliécaire,  (jnccc  poinifc  en  accorda 
Fusage  à  révciiue  d'Oslie  ;  mais  ce  liiotil.  n'est  pas  sul- 
fisaiit  pour  persiiailorque  le  paUiiuu  fût  alors  en  usage. 
Il  e.sl  hieii  vrai  ipie,  dès  le  temps  de  S.  Aiigiislin  , 
révèîjued'Oslie  était  en  possession  de  sacrer  révèiiiie 
de  iionie  (1).  Mais  Anastasc  e^t  un  auteur  trop  ré- 
cent et  trop  peu  accrédité ,  pour  lairc  croire,  sur  sa 
parole,  que  le  pape  Marc  a  aceordé  l'usage  du  pallium 
à  ce  premier  évè(iue  de  la  province  de  Rome. 

Le  fondenicnl  principal  sur  lequel  M.  de  Alarca 
appuie  son  opinion  sur  l'origine  du  pallium  ,  est  (jiril 
paraît  par  plusieurs  lettres  des  papes  ,  qu'ils  n'accor- 
daient celte  marque  de  distinction ,  qu'avec  la  per- 
mission des  eni]  ereurs.  >'ous  avons  un  exemple  re- 
marquable de  cette  déférence  des  pontifes  Ixomains 
envers  les  empereurs  sur  ce  point  dans  ce  qu'écrit  le 
pape  Vigile,  qui ,  rè|>ondant  à  Anxanins  ,  archevêque 
d'Arles  ,  qui  lui  avait  demandé  le  pallinuï  ,  lui  dit , 
qu'il  ne  pouvait  lui  faire  celle  grâce,  qu'il  n'eût  appris 
auparavant  si  l'empereur  le  trouverait  bun,  et  qui  (en- 
suite, ayant  obtenu  par  le  crédit  de  Bélisaire  l'agié 
ment  de  ce  prince  ,  marque  à  cet  é  èque,  qu'il  doit 
rendre  grâces  à  l'empereur  et  à  l'impératrice,  et  prier 
pour  eux,  après  qu'ils  ont  consenti  avec  tanl  de  bonté, 
qu'il  lui  accordât  un  tel  privilège.  Le  même  pape  (2) 
prit  aussi  celte  précaution  (piand  il  fut  question  d'en- 
voyer le  pallium  à  Aurélien ,  successeur  d'Auxanius, 
et  le  pape  S.  Grégoire  en  usa  de  la  même  manière 
pour  accorder  cette  grâce  à  Syarius ,  évèque  d'Au- 
Uin  (3),  comme  on  le  voit  dans  sa  lettre  à  Jean 
Diacre  (4),  son  apocrisiaire  à  Constantinoplc ,  qu'il 
charge  d'en  demander  la  permission  à  Maurice  qui 
régnait  alors.  M.  de  Marca  prétend  que  les  autres  pa- 
triarches tenaient  également  cet  ornement  des  empe- 
reurs ,  et  il  le  prouve  par  ce  que  dit  Libéral  (5) , 
qu'Anlime,  en  quittant  le  siège  de  Constanlinople  , 
rendit  an  prince  son  pallium,  ce  qu'il  ne  pouvait  faire, 
selon  ce  savant  évèque,  si  cet  ornement  ne  venait  point 
de  la  libéralité  des  empereurs. 

Mais  quoique  les  princes  fussent  dans  l'usage  de. 
faire  quel<iuefois  part  des  ornements  impériaux  à 
certaines  personnes  ,  comme  l'empereur  Commode 
qui  permit  à  Claude  Albin  ,  qi-'il  voulait  déclarer 
César  ,  de  porter  le  manteau  de  pourpre  ('G)  ,  cette 
.permission  que  demandaient  les  papes  à  leurs  souve- 
rains, avant  d'envoyer  le  pallium  à  ceux  qui  le  leur 
demandaient ,  ne  prouve  pas  qu'ils  linssent  cet  or- 
nement de  la  concession  des  princes.  Car  première- 
ment les  papes  ne  s'astreignaient  pas  toujours  à  ce 
joug  ,  et  ne  faisaient  cette  démarche  que  lorsqu'ils  en 
avaient  quchpies  raisons  particulières.  Vigile  et  S. 
Grégoire  étaient  dans  des  circonstances  critiques,  qui 
demandaient  d'eux  de  grandes  précautions,  pour  ne 


(1)  Brevicul.  collât.,  die  5,  c.  17. 

(2)  Tom    5  ConC.  Labb.,  c.  319  et  109. 

(3)  Kp.  6,  Vigil.,  ibid. 

(4)  Ibid.,  col.  52.1. 

(5)  LiberaliBreviar.,  c.  21. 
(Oj  Julius  Capitolin. 


iX.  UlUGINK  DU  PALLIUM,  etc.  96G 

pas  s'exposer  à  l'indignation  du  prince  ,  qui  pouvait 
trouTcr  mauvais  qu'ils  eussent  des  relations  trop  mar- 
quées avec  des  évè(|..!ies  étrangers  ,  soumis  à  d'autres 
souverains.  Ils  étaient  éclairés  de  près  par  des  exar- 
ques d'Italie,  qui  n'auraient  pas  manipié  de  les  rendre 
suspects  à  la  cour,  et  voilà  pour([uoi  ils  avaient  cette 
complaisance  afin  d'écarter  tous  les  soupçons.  Aussi , 
hors  de  pareilles  circonstances  ,  ne  voyons-nous  pas 
(pie  les  papes  aient  eu  recours  à  l'empereur  pour  ac- 
corder le  pallium  ;  et  S.  Grégoire  lui-même ,  avant 
qu'il  eût  été  calomnié  auprès  de  l'empereur  .Maurice  , 
avait  dontic  le  pallium  à  Vigile  d'Arles  sans  consulter 
le  prince  :  ce  que  M.  de  Marca  avoue  lni-n)ème. 

De  plus  quand  on  conviendrait  que  jamais  les  papes 
n'accordaient  aux  autres  évoques  cette  mar(|uo  de  dis- 
tinction sans  la  permission  des  princes,  ce  ne  serait 
pas  une  preuve  que  le  pallium  vînt  d'eux.  Les  prin- 
ces eux-mêmes  ont  donné  pendant  longtemps  les  in- 
veslilures  desévêchés  et  des  abbayes  par  la  fémle  ou 
bâton  pastoral;  s'en  suit-il  de-là  que  cela  leur  fût  pro- 
pre, et  que  ce  bâton  fût  un  ornement  impérial?  Mais  ce 
qui  revient  davantage  à  notre  sujet,  les  papes  et  cntce 
autres  le  pape  Vigile,  ont  souvent  demandé  l'agré- 
ment des  empereurs  pour  créer  des  vicaires  du  Saint- 
Sié^e  dans  les  provinces  éloignées  de  Rome  (i),  et 
je  ne  crois  pas  qu'on  se  soit  avisé  jusqu'à  présent  d'en 
conclure  que  les  évêques  de  Rome  croyaient  que  le 
pouvoir  qu'ils  confiaient  à  leurs  vicaires  vînt  de  ces 
princes. 

En  voilà  assez  sur  cette  matière  :  disons  présente- 
ment ce  qui  nous  paraît  plus  probable  louchant  l'ori- 
gine du  pallium. 

Ce  qui  semble  le  plus  approcher  de  la  vérité  sur  le 
sujet  dont  il  s'agit  ici ,  est  que  le  pallium  a  une  ori- 
gine commune  avec  les  autres  ornements  sacerdotaux 
dont  se  revêtaient  les  ministres  de  lÉglise  lorsqu'ils 
exerçaient  les  fonctions  de  leurs  ordres,  surtout  dans 
la  célébration  du  S.  Sacrifice.  Car  comme  les  mi- 
nistres de  divers  ordres  et  de  différents  rangs  étaient 
distingués  les  uns  des  autres  par  quelques  marques  ou 
habillenienls  alfectés  à  l'ordre  et  au  rang  qu'ils  occu- 
paient ,  il  est  raisoimable  de  croire  que  les  évè(iues 
des  principales  Eglises  auxquels  plusieurs  de  leurs 
confrères  étaient  soumis ,  et  qui  recevaient  d'eux  la 
consécration  ,  avaient  aussi  des  marques  distinctivcs 
par  lesquelles  on  les  reconnaissait,  et  que  celte  mar- 
que était  le  pallium  que  ces  évoques ,  dont  la  juri- 
diction s'étendait  sur  plusieurs  provinces,  communi- 
quaient ensuite  aux  méiropoliiaiiis  ,  qui  étaient  les 
principaux  évêques  de  chaque  province  ecclésiasti- 
que :  au  lieu  que  les  patriarches  ,  primats  ou  exar- 
(pies  qui  étaient  consacrés  par  les  évêques  de  leur 
dépendance,  prenaient  d'eux-mêmes  le  pallium.  Sui- 
vant ce  sentiment  il  faudra  dire  que  le  pallium  est 
aussi  ancien  que  la  division  des  provinces  ecclésiasti- 
ques, dont  nous  avons  parlé  ailleurs. 

(1)  Ep.  Vigilii  papa;  ad  Auxan.  Arelat.  episcopum  ; 
Coi*c.  Labb.  t.  5,  col.  320. 


967 

Tout  ce  que  nous  IisoM<;  daus  les  inonuinfiUs  de 
l'antiquilé  ecclésia-.tiqiie  mui'  persuade  (pio  telle  esi 
l'origine  de  cet  ornement  célèi^re.  Le  Imitième  con- 
cile général  supposait  que  celle  discipline  a\;iil  élé 
prescrite  par  le  concile  de  Nicée  eu  3:i5,  lor^(]u'il  or- 
donne dans  son  dix-seplicuie  ciiuon  (i)  que  lous  les 
métropolitains  convoqués  pai*  leurs  palriaiclics,  dont 
ils  l'cçoivenl  riinposilion  des  mains,  ou  pas'  lesipiels 
ils  sont  conlirmés  p;ir  la  concession  du  pallium,  sire 
pcr  pallii  daliotieiii  episcopnlis  dujn'Udtis  firniildh'in  iic- 
cijyiunt,  se  rendront  à  leur  synode,  suivant  rancienue 
coutume,  que  le  premier  concile  universel  a  ordonné 
d'observer. 

Ce  canon  nous  apprend  au  moins  deux  choses  très- 
dignes  de  remarque.  La  première,  que  les  palri:irclies 
d'Orient  jouissaient  aussi  bien  que  le  pape  du  droit 
d'accorder  le  palliiun  aux  méiropoliiains  de  leur  dé- 
pendance. La  seconde,  que  ce  droit  étaii  ancien.  Ce 
qui  est  si  vrai,  que  quoique  nous  trouvions  (pie  les  pa- 
pes ont  quelquefois  créé  des  vicaires  du  S. -Siège  cm 
Orient,  nous  ne  lisons  j:imais  qu'ils  leur  aient  envoyé 
le  paliium,  comme  ils  faisaient  à  ceux  qu'ils  établis- 
saient dans  les  provinces  d'Occident.  C'est  ainsi  que 
le  pape  saint  Martin  dans  le  septième  siècle  honora 
de  cette  commission  Jean,  évéque  de  Philadelphie , 
mais  sans  faire  aucune  meniion  du  pallium;  quoiqu'il 
explique  au  long,  dans  les  lettres  qu'il  lui  adressa  pour 
cela  (2)  lous  les  devoirs  et  les  prérogatives  attachées 
à  celte  dignité. 

11  est  donc  incontestable  que  les  patriarches  d'Orient 
jouissaient  indépendamment  du  pape  de  l'honneur  du 
Pallium  ;  ce  qui  est  confirmé  par  ce  que  dit  Lil>é- 
rat  (3),  archidiacre  de  Carlhage,  de  celui  d'Alexan- 
drie, que  c'était  la  coutume  dans  celle  Église  que 
quand  l'évêque  était  mort,  celui  qui  lui  succédait  pas- 
sait la  nuit  en  veille  auprès  de  son  corps  ,  quil  mettait  la 
main  droite  du  défunt  sur  su  tête,  et  qu'ensuite  rayant 
enseveli ,  il  prenait  le  pallium  de  saint  Marc,  qu'il  met- 
tait à  son  cou ,  après  quoi  il  s'asseyait  dans  le  siège  pa- 
triarclial.  C'est  conformément  à  cette  discipline  qu'An- 
time,  dont  nous  avons  parlé  ci-devant,  en  quittant  le 
Siège  de  Constanlinople,  remit  à  l'enq^ereur,  par  l'au- 
torité duquel  il  y  était  entré,  le  pallium,  quoique  le 
pape  fût  alors  en  celle  ville,  con)mc  nous  l'apprenons 
du  même  Libérât  dans  le  chapitre  suivant.  Avant  lui 
Métrophane,  évéque  de  la  même  ville,  ayant  quille  l'é- 
piscopat  à  la  prière  de  Constantiu-le-Giand,  comme 
Pholius  le  rapporte  dans  sa  Bibliolhè(pio  (4),  remit 
son  pallium  sur  l'autel ,  ordonnant  qu'on  le  réservai 
pour  son  successeur. 

Tout  cela  montre  combien  le  cardinal  lînronius  s'est 
trompé  quand  il  a  cru  que  cet  ornement  de  lèle , 
nommé  Phrygium ,  que  Pholius  et  Balsamon  disent 
avoir  élé  envoyé  à  saint  Cyrille  p:ir  le  pape  (^éleslin, 
clait  le  pallium  :  car  il  est  conslanl  que  cet  ovnenicnl 


(\)  Conc.  Labb.  t.  8.  col.  4150. 
ri)  Ep.  5  Martini  pa|»;e,  t.  G  Co> 
CS)  Breviar.  c.  50. 
(I)  Col.  1414,  edit.  Genevens. 


iiisroiiiE  d:^3  sacrement  s.  ocg 

'  qu(^  nons  appelons  présentement  Mitre,  n'était  aulre 
<  h  tse  qu'une  espèce  de  bonnet  couvert  p:ir  en  haut 
et  (pli  était  terminé  p.ir  le  bas  d'un  cercle  d'o  .  C'était 
la  forme  de  l'ornement,  dont  les  papes  alors  cou- 
vraient leur  lête.  Le  pajie  Boniface  VIII  y  ajouta  de- 
puis un  second  cercle  d'or,  et  Urbain  V,  im  troisième, 
ce  qui  lui  a  fait  doiuier  le  nom  de  Tiare. 

Telle  est,  selon  nous,  l'origine  du  pallium,  qui  était 
comnuni  à  tous  les  patriarches,  (pii  en  faisaient  p:irt 
aux  principaux  évô(iues  dépendants  de  leurs  sièges. 
Cl  cela  sans  aucune  dépendance  les  uns  des  autres. 
Que  si  dans  la  suile  les  patriarches  d'Orient  le  deman- 
dèrent a:ix  pipes,  ce  ne  fut  que  depuis  (jue  les  Francs 
se  fur  ni  emparés  des  pays  orientaux  dans  la  guerne 
des  Croisades,  qui  ne  contribuèrent  pas  peu  à  augmen- 
I  1er  l'autorité  et  le  pouvoir  du  Souvcrain-Ponlil'e  dans 
I  celte  partie  de  l'Église. 

I       Les  Grecs  nommaient  leur  Pallium  Omopliorion , 
I  parce  (pie c'était  une  espèce  d'iiabillenienl  qui  couvrait 
I  les  épaules  :  en  quoi  il  avait  plus  de  ressemblance 
i  avec  celui  (jue  les  Latins  portaient   anciennement  que 
I  le  nôtre  n'en  a  à  présent  avec  celui  qui  ètail  en  usago 
I  dans  nos  églises.  C'est  de  (jiioi    n  peut  s'assurer  pur  co 
I  que  rapporte  lediacrc  Jean  (1) delà  dèeouverledu  corps 
I  de  saint  Grégoire,  qui  fut  faite  de  son  temps  ou  envi- 
ron, et  que  l'on  trouva  revêtu  de  son  pallium  qui  était 
de  lin,  cl  qui  lui  envelopp-.iil  les  é[)aules  sans  être  at- 
taché avec  des  épingles,  comme  cela  s'est  fait  df|uiis. 
Il  parait  ipic  celle  ancienne  l'orme  des  palliums  subsis- 
tait enc(!re  au  neuvième  siècle,  par  i!u  ancien  sacra - 
menlaire  manuscrit  (2)  de  saint  Rémi  de  Rheims,  où 
ce  saint  et  le  pape  saint  Grégoire   sont  représentés 
revêtus  de  leurs  habits  ponlilicaux  ,  ayant  le  paiiinm 
par-dessus  sans  aucune  épingle ,   les  exlrémilés  eu 
étant  jointes  ensemble,  ii  la  manière  des  Grecs. 

Aujourd'hui  le  pallium  ou  VOnioplwrion  est  com- 
nmn  à  tons  les  évoques  en  Orient,  coumie  le  P.  Mo- 
rin  nous  lapprend  dans  ses  notes  sur  les  ordinations 
des  Grecs  (5)  ;  et  il  paraît  même  que  dès  le  temps  de 
Pholius ,  il  était  assez  ordinaire  que  les  simples  évê- 
ques  fussent  revêtus  de  cet  ornemeul,  puisque  le  pape 
Jean  Vlll  lui  délènd  (ep.  202)  de  l'envoyer  non-seule- 
ment à  l'archevcîque  de  Bulgarie,  mais  encon;  aux 
simples  èvéques  :  ce  qui  marque  que  cela  se  faisait 
assez  conmiunément.  Cela  n'est  pas  surprenant,  le 
pallium  dans  ces  églises  ne  donnant  aucun  titre  de 
|)rééminence  ,  et  ne  changeant  rien  dans  les  rangs  et 
la  subordination  des  prélats  les  uns  aux  autres,  comme 
en  Occident,  où  celle  niar([ue  de  distinction  enqior- 
tailde  grands  privilèges,  princi()alement  dans  les  pro- 
vinces éloignées  de  Rome  :  car  pour  les  urbicaii'cs , 
nous  ne  voyons  pas  que  la  même  chose  ait  eu  lieu. 

Nous  terminerons  ce  que  nous  avions  à  dire  sur 
celle  matière,  eu  mellanl  sous  les  yeux  du  lecteur  les 

(1)  L.  4,  c.  8,  vila'S.  Greg. 

(2)  Le  P   Menard  s'est  servi  de  ce  manuscrit  pour 
-^l'-if      M    ■*»    i   l'fdiiion  de  s  ui;ini:'nf.ùn^  de  suint  Grégoire,  et  il 

44*ir<-  qu'i  fl  élé  é<  rit  Jjii  tWKp  dû  Chîrlemagne. 


D6g 


ORDRE.  -  PART.  III.  CUAP.  IX.  ORIGINE  t.U  PALLIU.M,  etc. 


970 


priviléiïes  que  les  simples  évèqnos  se  sont  atlribucs  à 
roctasiiMi  du  p:illiiiiii.  Le  premiir  a  élé  le  nom  d'ai- 
chevè(|ue ,  que  preuaieiil  ceux  qui  avaient  reçu  du 
'pape  celle  marque  de  distinction  :  le  second  élait 
'exemption  de  la  juridiction  de  leurs  mélropolilains. 

Les  choses  n'en  sont  pas  venues  d'abord  à  ce  point, 
par  les  sages  précautions  que  prenaient  les  papes  en 
accordant  le  pallium,  d'avertir  qu'ils  ne  voulaient  pas 
que  cela  portât  préjudice  aux  droits  des  mélropoli- 
lains et  des  aulres  éxèques,  et  que  la  discipline  des 
églises  en  soulfrit.  C'est  ainsi  que  le  pape  iiormisdas 
en  usa ,  iors(|u'd  t léa  son  vicaire  en  Espagne,  Jean, 
évèque  de  Tarragone,  et  Symmaque,  quand  il  lit  le 
même  honneur  à  saint  Césaire.  Saint  Grégoire  fut 
aussi  très-altentif  sur  ce  point,  lorsqu'il  accorda  le 
pallium  à  Tévèque  dAutun ,  poiu-  lui  et  pour  ses  suc- 
cesseurs, lui  (léclaranl  (1;  qu'il  demeurerait  soumis  à 
l'archevêque  de  Lyon  ,  et  cpi'il  aurait  seulement  le 
premier  rang  entre  ses  sullraganls.  Les  choses  de- 
meurèrent en  cet  élat  à  peu  près  jusqu'au  neuvième 
siècle. 

Alors  on  vit  ceux  qui  avaient  reçu  de  Rome  le  pal- 
lium, prendre  le  titre  d'.irchevèques,  et  vouloir  se- 
couer le  joug  de  l'obéissance  canonique,  lant  il  est 
diliicile  de  donner  des  bornes  à  r.imbil.on ,  surtout 
lorsqu'elle  e&t  couverte  du  prétexte  spécieux  de  pro- 
curer l'honneur  el  l'avantage  de  l'Eglise.  Le  premier 
qui  cerlainemenl  ait  pris  le  nom  d'archevèipie  à  cette 
occasion ,  a  été  Godegrand ,  évèque  de  Melz ,  le- 
quel ayant  procuré  de  grands  secours  à  Etienne  111 
que  le  roi  des  Londiards  voulait  (q)primer,  el  l'ayant  j 
accompagné  quand  il  vint  en  France  trouver  le  roi 
Pépin  pour  implorer  sa  proleclion,  reçut  de  ce  pon- 
tife riiouueur  du  pallium.  Angelram,  son  successeur, 
s'attribua  aussi  le  titre  d'archevêque,  et  il  est  qualifié 
tel  dans  quelcjues  vieilles  chartes,  et  dans  le  concile  , 
deFrancfurl  de  lan  794.  Drogon,  (ils  de  Cliarlemagne, 
prélat  également  dislingué  par  son  mérite  et  sa  nais- 
sance, fut  aussi  (jualilié  d'archevêque,  lant  à  cause  du 
pallium ,  que  de  la  légation  des  Gaules  et  de  la  Ger- 
manie, que  lui  conféra  le  pape  Sergius  l'an  844.  Il 
exerça  même  pendant  quehiue  temps  les  fonctions 
atlachées  à  celle  charge  sans  conlradiclion,  en  sous- 
crivant aux  conciles  avant  les  autres  archevêques  {"2), 
et  même  avant  son  métropolitain.  Mais  dans  la  suite  il 
eut  des  oppositions  à  essuyer,  enire  autres  au  second 
concile  de  Vernon  (cm.  1 1)  ;  el  ily  a  lieu  de  croire  que 
ce  prélat,  qui  élait  doué  d'une  modesiie  singulière, 
ne  se  mit  pas  en  devoir  de  pousser  les  choses  plus 
loin,  pour  ne  point  do. .lier  lieu  à  des  conleslalions 
fâcheuses,  et  à  des  scandales  dans  l'Eglise  à  son  oc- 
casion. C'est  ce  qui  fait  dire  à  liiiicmar,  que  ce  privi- 
lège de  Urogon  n'eut  point  d'elTel. 

Comme  les  papes  accordaient  souvent  cet  honneur 
aux  évêquesde  Metz,  Berlulfe,  archevèijue  de  Trêves, 
craignant  enfin  que  ce  titre  d'aichevéque  que  son  suf- 

(1)  Greg.  1.  7,  ep.  113. 

(2)  Au  concile  de  Thionville  et  !*  l'assemblée  d'In- 
gelhcim. 

TH.  XX. 


fragant  portait,  ne  nuisît  au  droit  de  son  église  ,  et 
(|u'il  ne  s'allribnàt  la  dignité  de  inétropoliiaiii,  refusa 
de  recevoir  les  lettres  du  pape  Jean  ,  qui  avait  doiiiié 
le  pallium  à  Wala,  évêtpie  de  Melz,  selon  Flodoard  (  I  ). 
De  plus  il  lui  en  interdisait  l'usage,  à  moins  qu'il  ne  lui 
eût  auparavant  demandé  la  permission  de  le  porter. 
C'est  ce  que  nous  lisons  dans  les  Annales  de  'I  rê- 
ves (Labb.).  Ces  oppositions  lurent  cause  sans  doute 
que  les  papes  furenl  plus  réservés  dans  la  suite  pour 
donner-le  pallium  aux  évêques  de  Metz,  puisque  de- 
puis Robert,  qui  succéda  à  Wala  ou  Waion,  nous  n'en 
connaissons  point  qui  ait  eu  le  pallium,  à  l'exceplioii 
d'Etienne  de  Bar,  qui  l'obtint  du  pape  Calixle  II,  son 
oncle  ,  sous  la  condition  que  cela  ne  porterait  aucun 
préjudice  aux  prérogatives  de  l'archevêque  de 
Trêves. 

Quelquefois  les  papes,  en  accordant  le  pallium  à  de 
simples  évêques,  y  joignaient  1.'  privilège  de  ne  pouvoir 
être  jugés  que  par  le  Pape,  si  une  fois  ils  avaient  appelé 
au  siège  aposloii(|ue.  C'esl  ce  que  fit  Adrien  11  à  l'é- 
gard d'Hébard,  évèque  de  Nantes  (2).  D'où  vient 
qu'en  vertu  d'un  semblable  privilège  ,  Théodulphe 
d'Orlé.ns,  accusé  de  conspiration  contre  son  souve- 
rain, refusa  de  subir  le  jugement ,  non  seulement  de 
son  méiropulilain,  mais  même  de  toute  l'église  Galli- 
cane assemblée  en  concile,  qui  ne  laissa  pas  néan- 
moins (le  porter  sentence  contre  lui. 

Le  i-ape  Léon  IX  fit  plus  en  faveur  de  l'évêque  de 
Mende,  auquel,  en  donnant  l'usage  du  pallium,  il  or- 
donna qu'il  ne  pourrait  élre  consacré  par  aucun  autre 
que  par  le  souver.iin  pontife,  ce  qui  l'a  rendu  par-là 
suffi agaiit  immédiat  de  Rome,  en  sorte  qu'il  ne  rc- 
connait  aucun  autre  métropolitain  que  le  Pape. 

On  sait  combien  de  troubles  a  causés  dans  l'Eglise 
Gallicane  la  prélenlion  de  l'évêque  de  Dol  en  Breta- 
gne, qui,  sous  prèle.vte  du  pallium,  s'ériga,  de  sa  pro- 
pre autorité,  en  métropolitain,  voulant  se  soustraire, 
j  lui  et  plusieurs  aulres  évêques  de  celle  province,  à  la 
métropole  de  Tours.  M.  Fleuri  en  parle  souvent  dans 
son  Histoire  ecclésiastique.  Ce  scandaleux  procès  dura 
plus  de  trois  cents  ans,  cl  fut  enfin  terminé  par  le 
pape  Innocent  III  dont  la  pénétration  d'esprit  extraor- 
dinaire lui  faisait  saisir  aussitôt  le  vrai  dans  les  affai- 
res les  plus  embrouillées 

Ce  sont  de  pareils  inconvénients  qui  ont  arrêté  le 
cours  de  ces  grâces  en  faveur  des  simples  évê.|ues. 
Les  papes  ne  les  ont  accordées  depuis  longtemps  que 
rarement,  pour  ne  point  troubler  l'ordre  établi  entre 
les  évêques  et  la  subordination  que  l'Eglise  a  mise 
entre  eux. 

Ce  qui  a  pu  donner  lieu  à  ces  prétentions  exorbi- 
tantes des  simples  évêques  honorés  du  pallium,  a  élé, 
outre  la  persuasion  dans  laquelle  on  était  au  neuvième 
siècle  ,  que  cet  ornement  était  la  marque  distinetive 
des  archevêques,  l'exemple  de  S.  Villibrord  et  de 
S.  Boniface,  lesquels  n'étant  encore  qu'évêques  régio- 

(1)  Lib.  3Hist.  Ecd.  Remens.,  c.  23. 

(2)  Epist.  (»Sirnioii(l.,  l.  3  Conc. 

31 


971  HISTOIRE  DES 

naires,  avaient  reçu,  avec  l'usage  du  pallium,  le  lilre 
d'arolievc'|ucs,  comuie  le  lénioigne  Bède  du  premier 
de  ces  saints  (1.  5,  c.  12),  et  connue  nous  l'apprenons 
du  second,  par  tous  les  monuments  du  temps,  dans 
l'escpiels  on  voit  qu'il  était  reconnu  pour  tel ,  avant 
même  qu'il  eùtélé  allaclié  à  l'église  de  M.iyence.  Mais 
ces  exemples  n'auraient  point  dû  tirer  à  Ciinsé(|uence  : 
ces  saints  missionnaires  n'ayant  souslrait  aucune 
église  à  la  juiidictiun  de  leurs  métropolitains,  et 
n'ayant  travaillé  qu'à  en  ériger  de  nouvelles  dans  des 
pays  où  la  loi  n'avait  point  encore  été  prèchée. 

CHAPITRE  X. 

Des  archiprêlrcs,  -  de  leurs  prérogatives  dans  les  diffé- 
rents temps.  Comment  ils  ont  été  dans  la  plupart  des 
endroits  assujettis  aux  archidiacres  ;  retranchemenl  de 
leurs  pouvoirs. 

Si  la  nécessité  de  conserver  le  bon  ordre  dans 
l'iiglise  univeisclle  a  lait  établir  divers  rangs  parmi 
les  évèqiies ,  outre  la  primauté  que  le  Sauveur  lui- 
même  avait  donnée  entre  tous  à  S.  Pierre  et  à  ses  suc- 
cesseurs ,  il  ne  faut  pas  s'étonner  si  le  nombre  des 
ministres  de  l'Eglise  b'étanl  multiplié  à  pioportion  de 
celui  des  (iilèles,  on  a  établi  de  la  subordination  dans 
chaque  é.-lise  particulière  ,  non  seulement  dans  le 
reste  du  cleigé  en  général,  mais  encore  entre  ceux  du 
clerué  (pii  élaienl  honorés  du  même  ordre  et  tenaient 
le  même  rang  dans  la  hiérarchie ,  afin  que  tout  se  fit 
avec  plus  de  décence,  et  d'éviier  par  ce  moyen  la  con- 
fusion qui  nail  nalurollement  de  l'égalité,  qui  se 
trouve  entre  plusieurs  personnes  chargées  des  mômes 
fonctions.  C'est  dans  celle  vue  que  les  anciens  ont 
voulu  que  les  archiprélres  précédassent  le  reste  des 
prêtres ,  les  archidiacres  ceux  de  leur  ordre  ,  et  les 
primiciers  les  ministres  inférieurs  de  l'Eglise.  C'était 
ce  bel  ordre  qui  faisait  l'ornement  précieux  de  l'Eglise, 
qui  la  rendait  respectable  aux  peuples  et  qui  la  faisait 
ressembler  à  une  armée  rangée  en  bataille. 

On  ne  peut  maniuer  au  juste  quand  ces  rangs 
(llionneur  ont  commencé  dans  l'Eglise  ;  cela  s'est 
fait  dans  certains  endroits  plus  tôt,  dans  d'autres  plus 
lard,  suivant  que  la  foi  y  a  éié  annoncée  plus  tôt  ou 
plus  lard,  et  qiie  le  nombre  des  ministres  de  l'Eglise 
s'y  est  accru  assez  pour  former  un  corps  considérable 
de  clergé,  ce  (jni  ne  s'est  f  lit  (jwe  petit  à  petit  et  à 
mesure  que  les  besoins  du  peuple  fidèle  se  niulll- 
pliaiei.t.  Alors  les  évê(iues  ne  [louvanl  suffire  à  tout , 
orilonnaient  des  prêtres  et  des  diacres,  pour  les  sou- 
lager dans  leurs  différentss  fonctions;  et  ceux-ci  ne 
pouvant  encore  y  suffiie,  surtout  depuis  (pie  les  églises 
furent  deveimes  nombieuses,  etqu'c  lies  eurent  acquis 
des  biens,  dont  il  fallait  faire  u.  e  sage  dispensation  , 
on  créa ,  outre  ceux  du  clergé  dont  nous-  venons 
do  parb-r,  divers  ministres  inférieurs,  pour  aidei'  et 
soulager  les  autres,  tant  à  l'égard  du  ministère  dCvr^ii- 
lel  et  de  tout  ce  qui  avait  rapport  aux  assemblées  de 
religion,  qu'à  l'égard  de  l'administration  des  biens 
temporels  ,  et  de  1.;  distribution  (pii  devait  s'en  faire 
3UX  pauvres,  aux  veuves,  aux  orphelins,  etc. 


SACREMENTS.  972 

On  établit  donc  les  archiprélres  dans  les  églis(  s 
particulières  ,  tant  dans  les  villes  épiscopales  qu'à  la 
campagne,  quand  le  sénat  des  prêtres  fut  formé  dans 
les  villes  et  que  le  christianisme  eut  fait  un  lel  pro- 
grès dans  la  campagne,  qu'il  fut  besoin  d'y  ordonner 
plusieurs  prêtres  pour  y  administrer  les  sacrements  , 
y  instruire  et  gouverner  le  peuple  lidèle.  S.  Grégoire 
de  Nazianze  fait  assez  entendre  que  celte  dignité  élait 
déjà  établie  de  son  temps  ,  quand,  racontant  la  pre- 
mière visite  qu'il  rendit  à  S.  Basile,  après  sa  promo- 
tion ,  il  dit  (1),  qu'il  lui  olfrit  l'honneur  de  la 
chaire,  c'est-à-dire  ,  séance  dans  le  saiicluaire  et  le 
premier  rang  entre  les  piètres,  -criv  twv  TrpesêuTspwv» 
nf>oTii/.r,<:fj,  qu'il  refusa,  avec  sa  modestie  accoutumée. 
Ce  qui  fait  voir  que  non  seulement  il  y  avait  un  prê- 
tre qui ,  en  vertu  de  son  rang ,  prenait  place  dans  ce 
lieu  saint,  qui  s'appelait  le  tribunal,  Ô7iy.y.,  mais  que  ce 
rang  n'était  pas  toujours  attaché  à  l'ancienneté  de 
l'ordination  ,  quoique  sans  doute  cette  place  fût  dé- 
férée pour  l'ordinaire  au  plus  ancien  prêtre  ,  comme 
on  verra  ci-après.  Libéral  conlii'oie  cette  pensée  , 
lorS(|ue,  |)ailanl  de  la  promoliou  de  ?roterius,  qui  fut 
élu  archevêque  d'Alexandrie,  après  la  déposition  de 
Dioscore  au  concile  de  Calcédoine,  il  dit  (cap.  li  ) , 
(|ue  cela  se  fit ,  parce  que  Dioscore  lui-même  l'avait 
fait  son  arehiprêtre  ,  et  lui  avait  commis  la  conduite 
de  son  église,  lorsqu'il  alla  au  concile  :  In  Prolerium 
invversorum  sententia  deciinavit,  ulique  oui  et  Dioscorus 
commendavit  Ecclesiam,  qui  et  eum  arcliipreshytirum 
/'eccra/.  Cel  auteur,  qui  parle  ici  à  la  manière  des  La- 
tins, chez  qui  le  terme  (ïarcliipiêtre  était  usilé,  au 
lieu  que  chez  les  Grecs  on  les  nommail  simplement 
premiers  prêtres,  TrfWTOTrpetrêuTspot,  nous  apprend  en 
même  temps  (pie  le  choix  de  ce  premier  prêtre  appar- 
tenait aux  évèques  en  Orient,  et  (pic  les  fonctions  qui 
étaient  attachées  à  ce  rang  d'honneur  éiaient  très- 
considérables,  et  donnaient  à  ceux  qui  les  exer- 
çaient une  espèce  de  droit  de  monter  à  la  chaire 
poniiticale ,  après  la  mort  ou  la  déposition  du 
prélal 

11  était  assez  convenable  que  celui  qui  tenait  le  pre- 
mier rang  dans  le  clergé,  après  révô(pie,  et  qui  avait 
donné  des  preuves  de  sa  capacité,  en  aidant  celui-ci 
à  remplir  ses  devoirs  et  ses  fondions  ,  lui  succédât. 
Ce  fut  dans  celte  vue  (lue  S.  Félix  de  Noie  (2)  refusa 
l'épiscopat,  pour  lequel  il  était  demandé  d'une  voix 
commune,  disant  qu'il  était  juste  que  Qnintus ,  qui 
avait  été  ordonné  prêtre  avanl  lui,  fût  aussi  évêciuc 
avant  qu'il  le  fût  lui  même. 

On  a\ait  donc  beaucoup  d'égard  à  l'aneienneté  de 
la  prêtrise  en  Occident,  et  il  ne  paraît  pas  que  les 
évèques  fussent  communément  en  droit  de  mettre  à 
la  101(2  des  prêtres  ceux  dont  l'odination  était  plus 
,r€Cenle,  puisque  l'on  considérait  même  comme  une 
injustice,  au  moins  dans  certaines  circonstances,  de 
ne  point  déférer  l'épiscopat  au  plus  ancien  prêtre  , 

(1)  Orat.  20. 

(5)  Paulii!.,  iiatali  5  S.  Eelieis. 


975  ORDRE.  —  PART.  111.  Cil 

quand  il  n'aTait  rien  l'ail  qui  Jeu  reudii  indique,  qu'il 
avait  d'ailleurs  les  lalenls  el  les  verlus  nécessaires,  et 
propres  à  remplir  celle  place  éminenle.  S.  Li-on  nous 
apprend  (ep.  5)  (incllc  clail  sur  ce  point  la  discipline  des 
églises  dOecidcnl,  lorscpie,  ayant  ap|>ris  (|ue  Dorus, 
évéque  de  Bénévcnt ,  avait  donné  à  un  prêtre  ,  nou- 
vellement ordonné,  le  premier  rang  et  la  préséance 
avant  tous  les  autres  prêtres  de  son  église  ,  et  (|ue  les 
deux  anciens  prèlres  y  avaient  consenti;  il  lit  une 
sévère  c(trreclion  à  cet  évéque  d'avoir  renversé  l'ordre 
canonique  de  son  clergé ,  et  d'avoir  laissé  prendre  à 
un  ambitieux  usurpateur  les  avantages  qui  n'étaient 
dus  qu'à  ceux  que  leur  âge,  leur  expérience  et  leur>^ 
services  rendaient  vénérables  ;  il  déclare  que  ces  deux 
anciens  prêtres  n'auraient  pas  dû  céder  leur  |)ri- 
mauté,  et  n'avaient  pu,  en  la  cédani,  reculer  ceux  qui 
élaienl  plus  jeunes  qu'eux.  Enfin,  pour  punir  la  lâche 
conq)laisaiice  de  ces  deux  anciens,  il  ordonne  qu'ils 
seront,  à  l'avenir,  les  derniers  de  tous  les  |.rêlres  de 
cette  église;  et  il  assure,  qu'à  moins  d'adoucir  la  ri- 
gueur des  canons,  il  eût  fallu  les  déposer,  licct  privari 
etiam  sacerdolio  mererentur. 

Le  quatrième  concile  de  Carthage  nous  fait  con- 
naître (eau.  47)  quels  élaienl  les  devoirs  des  arcbi- 
prélres  ,  lorsqu'il  ordonne  que  révê(pie  prendra  soin 
des  veuves,  des  pupilles  et  des  étrangers  ,  non  par 
luiTmème,  mais  par  son  archiprêtre  ou  son  archidia- 
cre, non  per  seipsuni,  sed  psr  archipresbylerum...  agat. 
Ces  paroles  n'expliquent  point  loules  las  fondions 
afléclées  à  cette  dignité;  mais  en  spécifiant  celles-ci, 
elles  font  entendre  que  l'arcliiprélre  el  l'arcbidiacre 
élaienl  comme  les  vicaires  nés  de  Tévéque  ,  auxquels 
il  faisait  part  de  ses  soins  et  di;  son  autorité ,  selon 
leurs  talents  et  la  confiance  qu'il  avaii  en  eux. 

Jusqu'alors,  je  veux  dire  jusqu'au  cinquième  siècle 
el  après,  dans  plusieurs  églises  il  ne  parail  pas  quïl  y 
eût  plus  d'un  archiprêtre  el  d'un  a)"chidiacre  dans 
chaque  diocèse.  S.  Jérôme  le  dit  positivement  de  son 
temps.  Singiili  ecclesiarnni  episcopi,  singuli  arcliipre- 
sbijteri,  simjidi  urcindïaconi,  et  omnis  wdo  ecclesiaslicus 
suis  rectoribus  nililur  (i).  Mais  dans  la  suite  on  en 
établit  aussi  à  la  campagne  ,  qui  étaient  chargés  de 
veiller  sur  les  prèlres  piéposés  pour  le  gouvernement 
des  paroisses  el  des  clercs  qui  les  aidaient  dans  leurs 
fonctions.  A  l'exception  de  la  juridiction  purement 
épiscopale,  ces  archiprélres  faisaient  la  n)ênie  chose 
que  les  cliorévèques,  el  leur  autorité  s'étendait  non 
seulement  sur  le  clergé  des  bourgs  où  ils  faisaient  leur 
réMdence,  mais  sur  diverses  paroisses,  el  sur  les  curés 
cl  aulrefe  ccclésiasliques  destinés  à  gouverner  ces  pa- 
raisses. 

Le  nombre  de  ces  archrprélres  s'atigmenla  consi- 
déiablemenl  depuis  que  l'on  eut  abnigé  les  chorévô- 
qncs,  mais  il  y  en  avait  déjà  du  temps  même  que  les 
chorévê(|ues  élaienl  employés.  S.  Grégoire  de  Tours 
en  parle  en  plusieurs  enwoils  et  ses  écrits  (2)  ;  et  il 

lij  Epist.  adRustic. 

(2)  Miracul.,  1.  1,  c.  78;  1.  2,  c.  2i2,  de  Gior.  c  )iTf. 
.ç.  5;  Vil»  Palrum.,  c.  9. 


AP.  X.  DES  ARCmPRÉTRES.  974 

parait  par  plusieurs  conciles  des  sixième  et  septième 
siè.les  ,  que  leur  antruité  était  très  grande.  Le  con- 
cile de  Cliàlonssur-Saône  (I)  défendit  auv  juges  sécu- 
liers de  cOMlinner  les  courses  ou  les  visites  qu'ils 
avaient  commencé  de  faire  dans  les  paroisses  de  la 
campagne  et  dans  les  monastères,  s'ils  n'y  étaient 
conviés  par  l'arcliiprêtre  ou  par  l'abbé.  Les  arcl.i- 
prètres ,  sans  recourir  an  bras  séculier,  avaient  aussi 
le  pouvoir  de  châtier  les  prêtres,  les  diacres  et  les 
autres  clercs  qui  élaienl  en  faute ,  car  le  second  con- 
cile de  Tours  (2)  les  condamne  eux-mêmes  à  faire  pé- 
nitence dans  un  monastère  ,  s'ils  n'ont  pas  veillé  sur 
la  continence  des  prêtres,  des  diacres  et  des  sous . 
diacres  avec  leurs  femmes,  et  à  y  jeûner  un  mois  en- 
tier au  pain  et  à  l'eau ,  s'Us  ne  les  ont  pas  punis  ri- 
goureusement, en  cas  qu'ils  aient  fiiit  quelque  ch(»se 
contre  la  purelé  cléricale.  Le  synode  d'Auxerre  (3) 
impose  de  même  un  an  de  pénitence  à  ceux  qui  seront 
négligents  sur  ce  point.  Mais  en  même  temps  (can.  U) 
il  retranche  de  la  communion  les  laïques  qui  n'obéiront 
point  aux  avertissemenls  de  l'archiprélre ,  et  il  ies 
soumet ,  outre  cela  ,  à  la  peine  temporelle  que  le  roi 
avait  prescrite  pour  ces  désobéissances  :  Insuper  el 
mulctam  quum  rex  prœcepto  stio  insiittiit ,  suslineat 
(can.  43). 

Tout  cela  prouve  que  les  archiprélres,  qui  étaient  à 
la  campagne,  avaient  une  assez  grande  juridiction  sur 
les  curés  et  les  autres  ecclésiastiques  de  leur  ressort. 
Nous  apprenons  même  par  le  second  -oncile  de  Tours 
(can.  7),  que.  lorsque  les  évêques  les  avaient  une  fois 
institués,  ils  ne  pouvaient  plus  les  priver  de  cet  em- 
ploi que  dans  un  synode,  el  par  le  coi.seil  de  tous  les 
prêtres  et  des  abbés.  Si  les  archiprélres  du  dehors 
jouissaient  d'une  telle  autorité,  il  ne  faut  pas  douter 
que  celui  de  la  cathédrale  n'eût  des  prérogatives  sin- 
gulières et  qui  le  distinguaient  de  tous  les  autres.  Il 
éiail  si  respecté  à  Rome,  que,  pendant  la  vacance  du 
Sainl-Siége,  il  était  la  première  personne  du  clergé  et 
chargé  <lu  gouvernement  de  l'Eglise,  avec  ce  privilège 
singulier,  qu'il  précédait  même  le  pape  élu.  Cela  pa- 
raît évid(Miimeiit  par  la  lettre  que  l'église  romaine 
envoya  en  Irlande  ou  en  Ecosse,  pour  l'affermissement 
de  la  foi  et  de  la  discipline,  et  que  Bèdea  insérée  dans 
le  second  livre  de  son  Histoire  (caji.  13).  Elle  porte, 
en  effet,  les  noms  àHilaire  ,  archiprêtre,  et  tenant  la 
place  du  Sninl-Siége  apostolique,  de  Jean,  diacre  (4),  et 
t'7?(  «K  HO/»  r/t' />/c'«  (pour  remplir  leSaint  Siège) rfcJcflH, 
piimicier,  et  de  Jean  ,  conseiller  du  Siège  apusloligue. 
{  Hilarius  archipresbijter  servans  locum  sanctœ  Scdij 
«  apostolicœ ,  Joannes  diaconus  et  i»  -")«  iiomine  elc- 
«  dus,  >  etc.  Non  seulement  il  y  avai'  ;in  archiprèl!  o 
de  l'église  cathédrale  ,  outre  ceux  de  la  campagne  , 
desquels  nous  avons  expliqué  eu  partie  les  devoirs  cl 
les  prérogatives;  mais  il  parait  même  que  dans  les 
grandes  villes,  comme  à  Rome,  il  y  en  avait  dans 


(1)  An  650,  cit. 
2)  An  567,  c.  19. 
(3)  An  578,  c.  iO. 
(i)  C'est  le  papo  Jean  IV. 


^,j,  HISTOIRE  DES 

plusieurs  autres  églises  ,  puisque  le  concili;  tenu  eu 
celle  ville,  sous  le  pape  Syniiiîa(pic,  rcpréseiilc,  dans 
5cs  SGUscriplious,  le  nom  de  Laurent,  aiciiiprétre  de 
Sainte-Praxéde.  que  dans  une  autre  assemblée  ,  sous 
Léon  IV,  on  y  lit  le  nom  de  Romain,  arcliiprêtre  du 
litre  deSaiiile-Pudentianne;  et  que,  dans  les  conciles 
généraux  sept  et  huitième  (1),  il  est  fait  mention  de 
Pierre,  archiprêlie  de  Saint-Pierre  et  légal  du  pape , 
cl  de  Laurent,  arcliiprélre  de  Saint-Laurenl  in  Lu- 
ànà.  Kncore  aujourd'hui  les  trois  églises  patriarcales 
de  Rome ,  savoir  :  telle  de  Sainl-Jean  de  Latran,  de 
Saint-Pierre  du  Vatican  ,  et  de  Sainte-Marie-Majeure, 
ont  leurs  archiprèlres,  et  depuis  quehiues  siècles 
cette  dignité  est  affectée  à  des  cardinaux.  Cela  s'est 
ainsi  pratiqué  à  l'éi^ard  de  l'église  de  Latran  ,  depuis 
Boniface  VIII  ,  qui  changea  hs  chanoines  de  cette 
église  de  réguliers  en  séculiers  (â),  et  le  cardinal 
Jacqui  s  Colonne,  avant  Boniface  ,  était  archiprétre  de 
Sainte-Marie-Majeure. 

L'aiitorilé  des  archiprèlres  de  la  campagne  s'accrut 
consiilérahlemeut  dans  le  moyen-âge,  à  cause  des 
fréquentes  absences  des  évêques  que  la  nécessité  de 
suivre  la  cour  de  nos  rois,  qui  avaient  beaucoup  de 
conliance  en  eux,  faisaient  souvent  sortir  de  leurs 
diocèses.  Les  parlements  qui  se  tenaient  aussi  tous  les 
ans,  et  dans  lescjnels  ils  avaient  le  rang  le  plus  hono- 
rable et  le  service  de  guerre  qu'ils  faisaient  souvent 
en  pers<tnne,  à  cause  des  (iefs  qu'ils  tenaient  de  la  cou- 
ronne, les  empêchant  de  faire  une  résidence  exacte  , 
lis  eiaieui  ..biiçTÔs  de  partager  avec  leurs  archiprèlres 
le  som  (lu  gouvernement  de  leins  cj^lises  et  de  se  re- 
poser sur  eux  d'une  partie  de  leurs  fonctions.  C'étaient 
eux  qui  présentaient  à  l'ordination  ceux  (jui  asi)iraienl 
aux  ordres  sacrés  (3).  Ils  étaient  ciiargés  de  faire  ou 
faire  faire  les  procès  aux  auteurs  des  maléfices  (4),  à 
Dndiiiou  de  ne  point  leur  ôler  la  vie.  On  voit,  par  un 
règlement  altrihuc  au  concile  d'Agde  ,  mais  ([ui  con- 
vient mieux  au  temps  de  Régincm  (5),  qui  le  rapporte 
aussi  bien  que  Burchard  (G)  et  Gratien  (7) ,  qu'ils 
étaient  aussi  obligés  de  veiller  siu-  les  pénilenls  de 
leur  res  orl,  el  de  rendre  témoignage  à  lévè(iue  de 
la  manière  dont  ils  s'étaient  conduits  dans  le  cours  de 
leur  pénitence ,  el  d'appuyer  ce  témoignage  de  celui 
du  curé  de  la  paroisse  el  de  quelques  témoins.  Les 
statuts  de  Riciille  de  Soissons  (cap.  20)  portent  ipic 
les  curés  de  cha(iiie  doyeniié  devaient  s'assembler 
tous  les  premiers  jours  de  chaque  mois  ,  pour  traiter 
de  ce  qui  concernait  leurs  paroisses ,  et  quand  ils  se 
menaient  à  table  pour  prendre  leur  réfection .  c'était 
à  l'archiprèlre  à  faire  la  prière,  selon  Réginon  (8). 
Enfin,  suivant  le  concile  de  Pavie  (9),  les  archiprèlres 

(1)  Concilio  generali  Vil(,  aclione  7. 

(2)  Oclav.  Pancyr. ,  de  Thesauris  abscondilis  ur- 
bis  Rom;ie. 

(3)  Conc.  Nann.,  can.  li. 
h)  Capituler,  anni  805. 
(5)  Rcgin.,  I.  1,  p.  741. 
(0)  Burchard,  I.  19,  c.  2G 

(7)  Grat.,  d.  50,  c.  64 

(8)  Lib.  l,c.  215. 

(9)  An.  850,  can.  C. 


S.\CREMENTS.  978 

devaient  obliger  ceux  qui  avaient  commis  des  crimes 
publics  à  f.iire  aussi  pénitence  publicpie,  cl  désigner 
ceu\  des  cuiés  et  des  piètres  de  leurs  districts  qu'ils 
en  jugeraient  les  plus  capables  pour  entendre  la  con- 
fession des  fautes  caciiées. 

Ces  pouvoirs  et  ces  prérogatives  enflèrent  le  cœur 
aux  airhiprêtres,  el  il  s'en  trouva  qui  en  abusèrent 
pour  faire  des  extorsions  sur  le  clergé  et  sur  le  peuple 
de  leur  dépendance.  Le  second  concile  d'Aix-la  Cha- 
pelle (1)  s'en  plaignit,  et  voulut  arréler  le  curs  de  ce 
désordre  qu'il  reproche  aussi  aux  chorévèques  el  aux 
archidiacres.  Nous  avons  appris,  disent  les  évèqii  s  de 
celte  assemblée,  que  les  miuislres  de  cerluins  évêques, 
savoir,  les  chorévèques.  les  archiprèlres  et  les  archidia- 
cres, exercenl  plutôt  une  sordide  avarice  sur  les  prêtres 
et  le  peuple  de  leurs  cantons,  qulU  ne  veillent  à  futiliié 
de  VEqUae  et  au  snlut  du  peuple.  Le  concile  de  Pavie  (2) 
spécilie  ce  que  l'on  reproche  ici  aux  archiprèlres,  en 
disant   qu'il   faut  abolir  la   détestable  c(uitumc  qui 
commençait  à  s'introduire  en  ([uelques  endroits,  où 
quelques  archi|irèlres  et  ipielques  autres  titulaires  em- 
portent les  revenus  des  antres  églises  en  leurs  mai- 
sons. Tollenda  est  enini  prava  consuctudo,  quœ  in  non- 
nultis  locisoriri  cœpil,quia  nonnulli  archipresbyteri,  vel 
aliornm  titulorum  custodes,  j'nuies,  vel  aliarum  eccle- 
sinruni  redilus  ad  proprias  domos  abducunt.  Voilà  peut- 
être,  dit  le  P.  Thoniavsiu  (5),  les  commencements  des 
dé|)i)rts  ou  des  annales  que  les  arcliiprelres  ou  archi- 
diacres prenaient  sur  les  cures  vacantes,  dont  ils 
1  étaient  les  gardiens,  el  dont  ils  faisaient  porter  les 
I  fruits  chez  eux  (tl'où  vient  peut  être  ce  terme  (ie  dé- 
!  port),  et  dont  ils  changeaienl  la  garde  en  dépouille, 
c'est-à-dire,  la   conservation   Cii  pillage.  Hujus  e.rpi- 
!  lalionis  tanquàm  furti  reos. 

Les  archidiacres  ne  donnaient  pas  moins  lieu  aux 
,  plaintes  que  les  arcliiprètrcs,  mais  ceux-là  surent 
mieux  se  soutenir,  et  plusieurs  choses  contrihuèreiit  à 
él  ndre  leur  autorité;  nous  aurons  lieu  d'en  parler 
d;ins  le  chapitre  suivant.  11  nous  suffit  de  remari|uer 
ici  que  la  juridiction  des  archidiacres  s'accrut  de  lelic 
sorte,  que  les  arctii|U"èli'es  eux-mêmes  n'en  furent  pas 
exempts,  en  sorte  qu'ils  avaient  droit,  dans  le  trei- 
zième siècle  eldès  auparavant  dans  iihisicurs  endroits, 
de  les  instituer  et  de  les  destituer  de  concert  avec 
l'évèque  ;  c'est  ce  qui  paraît  pnr  une  réponse  du  pape 
limoeenl  111  (4),  el  Arnoul  de  Lizieux  dit  neltenient 
que  c'esl  à  l'anhidiacre  de  i)réseiiter  rarcliiprèlie  à 
l'évê  )ue,  qui  peut  le  refuser  s'il  le  juge  indigne  de 
celte  charge,  mais  qu'il  ne  peut  instituer  un  archi- 
prétre malgré  l'archidiacre,  parce  que  ce  serait  lui  op- 
poser un  autre  archidiacre  dans  son  archidiaconé. 
Ciini  ei  in  archidiaconatu  suo  alius  quodanimodb  archi- 
diuconus  unnascnlur  (5). 
Lu  si  gr;md  changement  ne  survint  pas  loul-à-coiip 

(1)  An.  8.06,  ci. 

(2)  An.  855,  can.  5. 
(3J  De  la  Discipline  de  l'Eglise,  t.  2,  part.  3,  1.  1, 

c.  11 

(A)  C.  Adhœc,  de  Officio  archidiaconi. 

(5)  Arnulph.  Lexov.,  Ep.  27.  j 


977 


ORDRE. 


PART.  m.  CHAP.  X.  DES  ARCIUFUÊTRES. 


978 


sans  doute,  cela  n'a  pu  se  faire  que  petit  à  pelii  et  in- 
sensiblement ;  mais  rien  ne  citntribua  |»lns  à  dégrader 
ainsi  les  arcliiprèlres  el  à  les  mellre  dans  la  dépen- 
dance de  ceux  (|ui,  suivant  l'ordre  de  la  hiérarcliie, 
K'ur  étaient  inférieurs,  (pi'une  période  (pie  quelqu'un 
jugea  à  propos  d'insérer  dans  une  lettre  de  S  Isidore 
de  Séville  à  LenlVoid,  évè(pie  de  (>oidoue,  à  qui  il 
(  xplique  les  devoirs  des  archidiacres,  hupiclle  période 
:»  depuis  été  cilée  par  Gratien  dans  son  décret  (1).  La 
voici  telle  qu'elle  se  lit  dans  rei:droit  indiqué  :  Or. 
'lue  rarcliifirêlre  sache  qu'il  est  soumis  à  V archidiacre. 
Il  fju'jt  doit  obéir  à  ses  ordres  comme  à  ceux  de  l'évèqiie, 
juil  appuriieiit  spé  ialement  à  son  ministère  de  prendre 
soin  des  prêtres  de  son  ressort,  d'être  toujours  à  l'é- 
glise, de  célébrer  la  messe  solennelle  à  l'absence  de  l'évè- 
que,  et  de  dire  les  collectes  ou  de  désigner  celui  qni  le 
fera.  Ces  paroles  transentes  dans  le  décret  aclievèrenl 
de  rn  ncr  l'autorité  des  arciiiprètre-,  et  elles  passèrent 
en  loi  dans  la  plupart  des  églises  d'Occident.  Cepen- 
dant S.  Isidore,  à  qui  on  les  attribue,  n'avait  rien  dit 
(le  seniltl  ble,  non  plus  que  le  concile  de  Tolède, 
d'après  leipiel  on  les  cite  {extr.  de  Officio  arcliiprcsbtj- 
tcri,  c.  1),  et  elles  ne  se  trouvent  |)as  dans  m)  très- 
ancien  manuscrit  de  la  bibliollièipie  du  roi  d'E^pagne 
à  Madrid,  lequel  contient  la  lettre  de  S.  Isidore  à  l'é\ê- 
qne  de  Cordouc,  connue  Ta  remarqué  Garcias  dans  ses 
jioies  sur  le  huitième  concile  de  Tolède,  non  plus  que 
dans  Bnrcliard,  qni  rapporte  la  lettre  de  ce  saint  dans 
son  .5°  livre,  c.  41.  De  plus,  celui  qui  a  donné  l'édition 
du  décret  d  Ives  de  Chartres,  a  mis  à  la  marge,  à  côté 
de  ces  paroles  ajoutées  à  la  lettre  en  question,  cette 
remarque  :  On  ne  trouve  point  cela  dans  le  manuscrit 
du  roi,  et  il  m'a  toujours  paru  suspect,  parce  que  l'archi- 
prétre  y  est  soumis  aux  archidiacres,  ce  que  personne, 
tant  soit  peu  versé  dans  les  canons  des  conciles,  ne  peut 
ignorer.  Enfin,  comme  dit  le  P.  iVlorin  (2),  celle  pé- 
liode  est  contraire  an  d  voir  de  l'archidiacre,  tel  que 
S.  Isidore  le  décrit  dans  celle  lettre,  car  il  ne  lui  at- 
tribue d'autorité  que  sur  les  autres  diacres  et  sur  les 
clercs  inférieurs,  et  il  n'y  fait  aucune  mention  des 
prèlres  ;  et  quand  il  compare  les  prêtres  avec  les  ar- 
chidiacres, il  parle  toujours  de  ciux-ci  comme  étant 
les  ministres  des  prêtres  et  non  leurs  mairies,  ce  que 
le  lecteur  peut  aisément  reconnaître  par  lui  même. 

Nonob-lanl  celte  maxime  placée  dans  le  corps  du 
droit  canoni(iue ,  laquelle  assnjétissait  les  archiprê- 
tres  aux  archidiacres,  l'ancien  usage  piévalut  en  plu- 
sieurs endroits  où  ils  conservèrent  beaucoup  d'autorité, 
dont  quelques-uns  même  abusèrent,  en  sorte  que  l'on 
se  trouva  dans  la  nécessité  de  les  réprimer,  surtout  à 
l'égard  de  la  juridiction  contenlieuse  qu'ils  exerçaient 
et  dont  les  synodes  des  treizième  et  quatorzième  siè- 
cles ont  retranché  l't'lendue  en  plusieurs  occasions. 
Le  concile  de  la  province  de  Tours,  t<  nu  à  Laval 
en  12i2,  leur  défendit  (cap.  4),  aussi  bien  qu'aux  ar- 
chidiacres, de  juger  des  causes  matrimoniales,  des 
causes  de  simonie,  et  enfin  de  celles  où  il  s'agissait 

,      (1)  Dist.  27,  c.  1. 

*      (2)  De  Sacr.  Ordin.,  part,  ô,  excrc  1-4,  c.  3. 


de  la  déposition,  de  la  dégradation  ou  de  la  perle  des 
bénéfices,  s'ils  n'avaient  luie  commission  particulière 
de  révê(|ue.  Ce  concile  leur  défendit  aussi  d'avoir  des 
officiaux.  Tonles  ces  défenses  avaient  déjà  été  faites 
au  concile  de  Château  Gonlier  (eau.  8),  eu  1231,  et 
elles  furent  réitérées  dans  celui  de  Saiimur  en  1253, 
où  on  ne  lein-  permit  de  juger  »rl  de  prononcer  hors 
les  villes  qu'en  propre  personne,  el  non  pas  par  des 
officiaux  ou  des  subslitnis  à  gage.  Le  concile  de  Lan- 
!,'és  (eau  2),  en  1278,  réitéra  la  même  défense  contre 
les  officiaux  des  archiprèlres  el  des  archidiacres,  qui 
n'obéissaient  qu'avec  beaucoup  de  peine  à  ces  dérrets. 
Les  ordonnances  synodales  (1)  d'Angers,  en  1282,  assi- 
gnèrent aux  trois  archidiacres,  aux  trois  archiprèlres 
cl  aux  quatre  doyens  ruraux,  entre  lesquels  lout 
l'évéché  était  partagé,  deux  ou  Irois  villes  ou  places 
considérables  où  ils  devaient  rendre  ju-lice,  ubicuusus 
et  placila  audiunt,  et  déterminèreiil  le  nombre  de  leurs 
appariteurs. 

Le  synode  de  Poitiers  (2),  tenu  en  1280,  nous  ap- 
prend que  celle  longue  résistance  des  archiprèlres  à 
tant  de  commandements  canoniques  venait  de  leur 
avarice,  qni  les  |)ortait  à  établir  divers  Irihiinaux  de 
justice  dans  leur  ressort,  et  autant  de  vicaires  géné- 
raux ou  d'ofliciaux  pour  instruire  les  procès,  pour 
examiner  les  contrats  et  les  testamenls,  et  pour  juger 
même  en  leur  absence.  Ce  synode  les  réduit  à  un  seul 
tribunal  ou  tout  au  plus  à  deux  si  c'était  une  ancienne 
coniunie  qu'ils  en  eussent  plusieurs.  Ce  synode  leur 
interdit  aussi  les  causes  majeures  du  mariage,  de  la 
simonie,  des  sortilèges,  usures  et  autres  semblables. 

Le  concile  de  Saumur  de  l'an  1294  découvrit  et 
condamna  l'abus  de  quelques  archiprèlres  (3),  qui  rC' 
mettaient,  pour  des  amendes  pécuniaires  qu'ils  s'appro- 
priaient, les  crimes  énormes  d'adultère,  de  fornication, 
d'inceste  et  d'autres  dont  ils  ne  pouvaient  absoudre, 
et  qui  avaient  des  officiaux  pour  examiner  les  contrats 
el  les  sceller  en  leur  absence.  Le  synode  de  Baveux  (4), 
en  1300,  interdit  les  causes  matrimoniales  à  tous  les 
juges  inférieurs,  les  réservant  à  l'évéque  seul  Enfin 
le  concile  de  Ravcnne  (5),  en  1317,  lit  à  ,  eu  près  la 
même  ordcuinance  contre  les  archiprèlres  el  les  juges 
inférieius,  qui  enlreprei  aient  de  faire  le  pro(èsà  des 
curés  et'à  d'autres  béuéficiers,  jusqu'à  les  déposer,  ce 
qu'il  dit  être  très-contraire  aux  canons. 

Tout  ce  qui  vienl  d'être  dit,  montre  la  grande  éten- 
due de  la  juridiction  coutenlieuse  qui  était  resiée  aux 
archiprèlres  en  certaines  églises,  même  dans  les  der- 
niers siècles ,  et  les  justes  raisons  qu'on  eut  ensuite 
de  lui  donner  des  biunes  plus  étroites.  Il  n'est  pas 
hors  d'apparence  cpie  les  évêques  leur  avaient  délé- 
gué durant  (pielques  siècles  celle  grande  autorité, 
qu'une  longue  durée  de  temps  avait  fait  passer  celte 
délégation  pour  un  droit  commun  et  ordinaire,  et  la 


(l)Spicil.  t.  11,  p.  226. 
(2)  Conc.  t.  11.  part.  2,  p.  1138. 
5)  Conc.  t.  Il,  part.  2,  p.  1396. 

(4)  Ibid.,  p.  1464. 

(5)  Cap.  15,  ibid,,  p.  166G. 


979 


commission  ponr  un  ofdce ,  et  que  les  abus  s'y  étant 
ensuite  glissés,  on  révoqua  ces  pouvoirs  avec  plus  de 
justice  qu'on  ne  les  avait  accordés.  C'est  ce  que  dit  le 
p.  Tliomassiu  (1);  à  quoi  on  peut  ajouter  que  les  ar- 
chidiacres ,  qui  avaient  pris  le  dessus  sur  les  archi- 
prètres  dans  la  plupart  des  églises,  s'emparèrent  enfin 
de  toute  leur  autorité,  en  sorte,  (juà  rexcei)ti()n  de 
celles  de  Turin  et  de  Padoue,  où  les  arcbiprètres  pré- 
cèd 'nt  encore  les  archidiacres,  nous  n'en  connaissons 
point  où  ils  ne  leur  soient  inférieurs  ou  même  as- 
sujétis. 

Avant  de  terminer  ce  chapitre,  nous  remarquerons 
que  le  rang  d'archiprétre,  chez  les  Grecs,  ne  répond 
pas  exactement  à  celui  qu'ils  avaient  autrefois  parmi 
nous,  avant  qu'on  leur  eût  substitué  les  vicaires  fo- 
rains, ou  doyens  de  chrétienté;  car  chez  eux  le  pre- 
mier prèire,  ou  -,iwTow.ua?,  était  seulement  le  premier 
d'entre  plusieurs  prêtres  qui  desservaient  une  paroisse, 
ce  que  les  Latins  appelaient  prêtres-cardinaux,  au  lieu 
que  l'arcbiprétre  hilin  présidait  à  un  certain  nombre 
de  curés  ,  de  la  conduite  desquels  il  rendait  compte  à  i 
l'évêque.  Le  protopape  du  palais,  dont  il  est  quelquefois 
parlé  dans  Codin  ,  dans  Zonare  ,  dans  Cedrcnus ,  et 
dans  les  notices  de  l'Empire  ,  était  aussi  le  premier  [ 
prêtre  de  tout  le  clergé ,  qui  faisait  l'office  dans  la 
chapelle  du  palais. 

CHAPITRE  XL 

De  i'orighie  des  archidiacres,  de  leur  pouvoir  et  de  leurs 
fondions.  Comment  ils  se  sont  élevés  au  -  dessus  des 
prêtres.  Chan(jenients  arrivés  à  cette  occasion  dans 
Vordre  hiérarcliique.  La  dignité  d'archidiacre  éteinte 
dejmis  longtemps  dans  l'église  romaine.  Le  pouvoir  des 
archidiacres  fort  borné  dans  l'église  grecque. 

L'origine  des  archidiacres  est  la  même  que  celle  des 
archiprêtres  ,  dont  nous  avons  parlé  dans  le  dernier 
chapitre.  Il  est  difficile  de  déterminer  quelle  est  la 
plus  ancienne  de  ces  deux  dignités  :  les  anciens  mo- 
numents ne  nous  apprennent  rien  de  précis  là  dessus. 
Il  est  souvent  fait  mention  de  ces  olficiers  dans  le 
quatrième  concile  de  Carthage.  El  Optât  de  Milève 
(lib.  1),  parlant  de  Cécilien  ,  qui  fut  fait  évêque  de 
Carthage  pendant  le  fea  de  la  persécution  de  Dioclé- 
•  ien,  l'appelle  archidiacre,  ch/h  correptionemarehidia- 
coni  Cœciliani  ferre  non  posset,  etc.,  peut-être,  suivant 
l'usage  reçu  de  sou  temps ,  de  désigner  par  ce  titre 
le  premier  des  diacres  :  car  ailleurs  il  l'appelle  simple- 
ment diacre;  et  dans  les  actes  proconsulaires  (2),  qui 
furent  produits  par  les  ordres  de  l'empereur  Constan- 
tin, dans  la  révision  de  la  cause  des  Donalistes ,  tou- 
chant li's  traditeurs  des  livres  sacrés  ,  Cécilien  n'y  est 
quali.fié  que  de  diacre  ;  ce  qui  donne  lieu  de  croire  que 
le  titre  et  la  dignité  d'archidiacre  étaient  encore  alors 
inconnus  dans  l'Église.  Cependant  cette  dignité  fut 
bientôt  après  établie  parfont,  et  du  temps  de  S.  .lérù- 
nie  elle  était  ordinaire,  comme  il  paraît  par  sa  lettre  à 
Évagre  ou  Évangélus 

(1|  Discipline  de  l'Église,  part.  4,  1.  I,  c.  2i,  t.  2. 
(2)  M.  Pithou  a  publié  ces  Actes. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  980 

Au  concile  de  Calcédoine  (4),  Photin,  archidiacre, 
tenait  la  place  de  l'évêque  Théoctisie.  Un  autre  Pho- 
tin, aussi  archidiacre  (2),  y  représentait  Dorothée  , 
éyêquc  de  Néocésarée.  On  y  voit  atissi  Aetius,  archi- 
diacre de  Constantinople  (Z).  S.  Jean  Chrysosiôme 
parle  aussi  de  son  archidiacre  dans  sa  lettre  au  pape" 
Innocent  I.  Tout  cela  montre  que  cette  dignité  était, 
fort  ordinaire  dans  les  églises  d'Orient ,  elle  ne  l'était' 
pas  moins  dans  l'église  latine,  comme  il  paraît  par  les 
conciles  cpii  s'y  sont  letuis  (4). 

Les  fonctions  des  archidiacres  étaient  en  grand 
nombre  et  fort  considéraoles  (5),  en  sorte  que  dès  le 
cinquième  siècle  on  regardait  cette  place  comme  plus 
importante,  en  quelque  manière,  que  celle  de  prêtre. 
Cela  paraît  évidemment  par  les  lettres  qu'écrivit 
S.  Léon  à  l'empereur  Marcien  et  à  Pulchérie ,  son 
épouse  (G) ,  dans  lesquelles  il  se  plaint  d'Anatolius , 
évêque  de  Constantinople,  de  ce  qu'il  avait  dégradé 
Aetius  ,  archidiacre  de  cette  église  ,  sous  prétexte  de 
lui  faire  honneur  ;  cap  n'ayant  rien  à  lui  reprocher 
pour  la  foi  ni  pour  les  mœurs ,  dit  ce  saint  pape  (7). 
illuiaôléla  (onction  d'archidiacre,  qui  lui  donnait 
ime  grande  autorité,  parce  qu'elle  comprenait  l'admi- 
nistration de  toutes  les  affaires  de  l'église  ,  pour  le 
[  condamner  à  une  espèce  d'exil ,  en  l'attachant  à  un 
cimetièie  hors  de  la  ville,  et  en  un  lieu  écarté  :  et  ce- 
la parce  qu'Aetius  avait  toujours  été  attaché  à  S.  Fla- 
vien  et  à  la  foi  catholique.  Les  remontrances  du  pape 
n^  furent  pas  sans  effet,  puisipi'.^natolius,  pressé  par 
rempereur,écriviidepuisàS.Lcon(8)  que  le  prêtre  Ae- 
tius avait  été  rétabli  dans  l'église  en  son  premier  rang 
d'honneur,  ce  qui  ne  signifie  pas  qu'il  eût  repris  la 
place  d'archidiacre  (il  ne  le  pouvait  pas  étant  prêtre), 
mais  seidemeniit  qu'on  l'avait  tiré  du  cimetière  où  il 
était  comme  relégué,  ponr  le  remettre  dans  le  clergé 
de  la  cathédrale.  Anatolius  ajoutait  qu'André ,  qui 
avait  été  honoré  de  la  dignité  d'archidiacre  ,  après  la 
promotion  d'Aetius  à  la  prêtrise,  avait  été  séparé  de 
l'église,  etc.  Tout  cela  montre  combien  dès-lors  les 
fonctions  de  l'archidiacre  étaient  importantes,  (pi'elles 
ne  pouvaient  être  exercées  que  par  un  diacre,  ei  en- 
fin, que  ce  diacre  était  au  choix  de  l'évêque. 

La  chose  ne  pouvait  être  autrement  |)our  ce  qui 
legarde  l'importance  de  cette  place  ,  puiscpie  le  pre- 
mier des  diacres  était  chargé  de  l'administration  des 
biens  temporels  de  l'église  et  de  la  dispensaiion  des 
saints  mystères.  Gela  paraît ,  parce  qui  est  dit  de  S. 
Laurent,  qu'il  avait  distribué  aux  pauvres  les  trésors 
(le  l'église  ,  et  par  les  paroles  qu'il  adressa  au  pape 
Xiste  ,  que  l'on  conduisait  à  la  mort  :  Pourquoi  m'a- 
bandonnez-vous ,  mon  père?...  éprouvez  si  vous  avez 
fait  un  bon  choix  en  me  confiant  la  dispensatio)i  du  xnng 


(1)  Initio  aciionum. 

(2)  Aciione  2. 

(3)  Act.  1,  post  hune  lilulum  :  Ephcsi  acia. 
i)  Tolel.  I,  c.  20;  Agatli.,  c.  20  et  2.'^. 

(5)  Emeril.,  c.  10,  Anlissiod.,  c.  G,  20,  43;  Bacta.  I, 

5. 

(())  Ep.  84  et  8:i,  al.57ct  ri8. 

(7)  Fleuri,  Ilist.  eccl.,  t.  7,  p.  477. 

(8)  lbid.,p.407. 


981  ORDRE.  —  PART.  III.  ClIAP.  XI.  ORIGINE,  FONCTIONS  DES  ARCHIDIACRES.  989 

de  Jésus-Christ.  C'est  donc  à  juste  litre  que  les  anciens  Ij  dans  les  bornes  de  leurs  devoirs.  Plusieurs  conciles  se 


appelaient  l'a rclii diacre  l'œil  de  l'cvèiiuo  el  le  coad- 
jnleiir  du  niinislèrc  cpiscopal  (1),  puisrpi'il  avait 
part,  en  sa  manière,  à  tout  ce  que  faisait  révè(|ue. 
Il  l'aidait  dans  les  ordinations,  comme  il  parait, 
par  les  canons  5,  6  et  9  du  quatrième  concilo  de  Car- 
thage.  I!  concourait  à  la  réconcilialion  pul)li(piod('S 
pécliem-s  péiiitcnls  :  cela  est  évident  par  ce  (pie  nous 
avons  dit  dans  l'Histoire  dtï  la  Pénilonce,  par  le  ponlifi- 
cal  et  l'ancien  ordre  r(»main.  Lorsquelcîsévcques  célé- 
braient lesmesses  solennelles,  les  archidiacres  étaient 
chargés  do  s'arquider  d'un  grand  nombre  di;  cérémo- 
nies selon  l'Ordre  rom.iin  ,  dont  les  quatre  premiers 
chapitres  contiennent  celles  qu'ils  devaient  observer 
en  celte  occasion.  Nous  avons  vu  ci-devant  qu'ils 
étaient  obligés,  aussi  bien  que  les  arcliiprêtrcs  ,  de 
prendre  soin  des  veuves  ,  des  orphelins  et  des  étran- 
gers. Suivant  le  concile  de  Drague  (c.  7),  ils  devaient 
avec  les  arcbiprêtres  distribuer  les  biens  temporels 
de  l'église,  et,  dans  la  suite  même,  ils  en  furent  char- 
gés seuls  ,  à  condition  de  rendre  compte  à  lévèque 
de  leur  administration. 

Leur  autorité  s'étendait  de  plus  sur  les  autres 
clercs,  el  c'est  pourquoi  le  concile  d'Agde  (c.  20)  veut 
qu'ils  aient  soin  de  leur  faire  garder  la  modestie  dans 
leurs  bidjits  et  dans  tout  leur  extérieur,  et  qu'ils  cou- 
pent les  cheveux  à  ceux  qui  ne  les  portent  pas  confor- 
mément à  leur  état,  quand  même  ces  clercs  n'y  f  oiisen- 
liraienl  p:,s.  Les  prêtres  chargés  du  gouvernement 
des  paroisses  (2)  devaient  avoir  recours  tous  les  ans 
à  eux  pour  la  distribution  du  saint  chrême.  Si  un 
clerc  ou  un  laïque  appelait  au  concile  (3) ,  il  devait 
dénoncer  son  appel  à  l'archidiacre  du  métropolitain  , 
qui  lui  faisait  donner  audience  parle  concile.  II  avait 
aussi  l'aulorifé  d'excommunier  les  antres  diacres. 
Enfin,  l'archidiicre  prenait  soin  des  clercs  des  églises 
ou  des  chapelles  des  maisons  des  grands  ,  et  avait 
droit  de  correction  sur  eux  (4). 

Les  pouvoirs  et  les  prérogatives  dont  nous  venons 
de  parler,  et  dont  les  archidiacies  ont  joui  sans  con- 
tradiction jusqu'au  dixième  siècle,  n'ont  rien  d'illégi- 
lime,  non  plus  que  quebpies  autres  dont  il  sera  |)arlé 
dans  la  suite  ;  et  s'ils  s'en  étaient  lemis  là,  on  n'au- 
rait rien  eu  à  leur  reprocher;  mais  il  est  difficile  à  ceux 
qui  sont  en  place  de  se  maintenir  dans  de  justes  bor- 
nes; on  ain)e  à  s'agrandir,  on  néglige  une  antoriié 
qui  n'est  point  contestée ,  el  on  se  porte  avec  ardeur 
jVers  celle  qui  nous  est  interdite.  Les  archidiacres  ne 
se  conlenlèrent  pas  de  jouir  paisiblement  de  ces 
beaux  privilèges  dont  nous  venons  de  pailer,  et  de 
plusieurs  autres  de  même  nature,  plus  on  moins  éten- 
dus, suivant  les  lois  et  les  coutumes  des  lieux  ;  ils  am- 
bitionnèrent encore  la  préséance  sur  les  prêtres,  el 
entreprirent  de  se  les  assujélir ,  el  les  évéques 
curent  besoin  de  toute  leur  autorité  pour  les  contenir 

(1)  Ludovic,  imp.  Ili,  c.  I,  t.  5  Conc.  Galli;c. 

(2)  Conc.  Antissiodor.,  c.  G. 
3)  Conc.  Chalccd.,acl.  10. 

(4j  Cime.  Aurc!.;  IV,  c.  2(). 


crurent  dans  l'obligation  d'arrêter  ces  entreprises  lé- 
méraires  ,  et  il  nous  reste  sur  cela  quantité  de  ca- 
nons (t),  qui  seront  des  monuments  éternels  de  l'am- 
bition des  diacres,  que  le  concile  d'Angers  reprima  en 
ordoimant(c.  2)  qu'ils  déférassent  aux  prêtres  en  loulC 
buniililé,  ttl  dinroni  presbijleris  uoveriiit  ciim  omtii  liu- 
mtlilitte  dcfereiidiim  esse.  Le  pape  G('!lase,  ce  zélé  dé- 
fenseur de  l'ordre  de  la  discipline  ecclésiastique,  s'ap- 
pli(|iia  aussi  à  réprimer  l'andiition  des  diacres.  Voici 
comme  il  s'explique  lii-dessus  dans  la  neuvième  lettre: 
Nous  ne  pcrmellons  point  aux  diacres  de  s'élever  au- 
dessus  de  leur  état,  et  de  passer  les  bornes  que  l>-s  canons 
leur  ont  prescrites.  Ils  ne  doivent  point  non  plus  s'in- 
gêrrr  dans  un  ministère  qui,  suivant  les  anciennes  cou- 
tumes, appartient  à  ceux  qui  sont  élevés  anx  ordres  su- 
périeurs, etc.  Ils  ne  doivent  point  s'asseoir  dans  le  pres- 
bytère ,  quand  on  célèbre  les  saints  mijstères ,  on  qnmid 
on  y  traite  des  affaires  ecclésiasiiques. 

Ces  sages  règlements  ne  purent  arrêter  les  entre- 
prises des  diacres,  h  plus  forte  raison  de  ceux  qu'ils 
considéraient  comme  leurs  chefs  et  leurs  supérieurs, 
et  nous  voyons  les  mêmes  plaintes  se  renouveler  dans 
les  siècles  suivants.  Le  second  concile  de  Cliâlons, 
parlant  en  particulier  des  archidiacres  (c.  15),  leur 
fait  de  vifs  reproches  de  ce  qu'ils  s'efforçaient  de  s'é- 
lever au  dessus  des  prêtres  :  On  dit  :  Ce  sont  les  pa- 
roles de  ce  synode,  que  dans  plusieurs  endroits  les  archi- 
diacres exercent  une  espèce  de  domination  sur  les  prêtres 
des  paroisses  {super  presbyteros  parochianos) ,  et  qu'ils 
en  exigent  des  sommes  d'argent ,  ce  qui  ressent  plus  ta 
tyrannie  que  l'amour  du  bon  ordre. 

Les  choses  n'étaient  point  encore  tout-à-fait  portées 
à  ce  point  du  temps  de  S.  Jérôme.  Cependant  dès-lors 
les  diacres  se  faisaient  remarquer  par  leurs  entrepri- 
ses téméraires,  el  affeclaient  des  airs  de  hauteur  que 
ce  saint  ne  souffrait  qu'avec  beaucoup  d'impatience. 
Il  s'en  plaint  plus  d'imc  fois  avec  amertume,  et  nous 
lait  connaître  en  même  temps  ce  qui  était  le  principe 
de  celle  ambition  des  diacres,  et  ce  qui  leur  attirait 
tant  de  considération  dans  le  clergé.  Il  en  apporte 
deux  raisons,  la  première  était  leur  petit  i;ond>re  en 
comparaison  de  celui  des  prêtres  :  car,  connue  il 
dit  (:2) ,  on  estime  comnaniéuienl  ce  qui  est  rare.  Il 
faut  remarquer  que  S,  .lérônie  parle  ici  des  diacres  de 
Uoine,et  peut-être  de  ceux  d'Italie,  etqu'aulrelois  d.ms 
celte  grande  ville  il  n'y  avait  (|uc  sept  diacres,  an  lieu 
que  les  prêtres  y  étaient  sans  comparaison  en  plus 
grand  noMd)re.  Mais  celle  raison  n'avait  pas  lieu  dans 
les  autres  églises,  el  surtout  en  Orient,  où  le  nombre 
des  diacres  surpassait  beaucoup  celui  des  prêtres  , 
coumie  on  le  voit  par  la  requête  que  le  clergé  d'E- 
desse  présenta  au  concile  de  Calcédoine  (5),  à  la- 
quelle souscrivirent  quinze  prêtres  et  trente- huit  dia- 
cres, el  par  la  matricule  du  clergé  de  Coiislanlinopla 

(1)  Conc.  Nie,  c.  14;  Laodlc. ,  c.  2i;  Carthag. 
lY,  c.  57;  Ardai    I,c.  li. 

(2)  Kp.  ad  Evag. 

(3)  Actione  10. 


983  HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 

dressée  par  ordre  de  Juslinien,  le  nombre  des  prêtres 
y  étant  fixé  à  soixante  et  celui  des  diacresà  cent.  L'au- 
tre motif  qu'avaient  les  diacres  de  s'en  faire  accroire, 
et  en  même  temps  la  raison  qui  les  faisait  si  fort 
considérer,  et  en  parliculier  les  archidiacres,  éiait 
leur  assiduité  auprès  des  évè(iucs,  qui  se  reposaient 
sur  eux  d'une  grande  partie  des  soins  de  leurs  diocè- 
ses, qui  ieur  laissaient  ^adnlini^traliou  du  temporel 
de  l'église,  et  leur  donnaient  le  droit  de  ieur  dénon- 
cer ceux  qni  élaienl  en  faute.  Toutes  prérogatives  pro- 
pres à  attirer  à  une  personne  la  crainte  et  le  respect 
(ies  autres. 

Aussi  le>  archidiacres  surent-ils  bien  se  prévaloir 
de  ces  avantages,  et  plusieurs  en  abusèrent  étrange- 
ment. Non  seulement  ils  s'altribnèrenl  la  préséance  et 
l'autorité  sur  les  prêtres,  mais  ils  firent  sur  eux  et  sur 
les  peuples  des  exactions  honteuses.  Le  concile  de 
Paris  tenu  sous  les  empereurs  Louis  et  Lothaire,  en- 
treprit d'à  rêter  le  cours  de  ces  désordres.  JSousavous 
apiiris  nonsculcmeut  par  le  bruit  public,  disent  les  évè- 
ques  de  cette  assemblée  (cap.  25),  inuis  encore  par  des 
(ails  notoires ,  que  les  ministres  de  certains  évêques  exer- 
cent sur  les  prêtres  et  sur  les  peuples  des  paroisses  leur 
avarice,  au  lieu  de  servir  utilement  C Église.  Après  avoir 
détesté  mic  conduite  si  blâmable,  ils  ajoutent  :  Sous 
avons  ordonné  d'un  consentement  unanime  que  chaque 
évêque  veillerait  avec  plus  de  soin  sur  ses  archidiacres, 
parce  queptufienrs  sont  scandalisés  de  leur  avarice  et  du 
déréijUmcnt  de  leur  conduite;  que  par  là  le  ministère  sa- 
cerdotal est  avili,elquà  cause  d'eux  les  prêtres  uéglicjent 
plusieurs  choses.  Le  second  concile  d'Aix-la  Chapelle 
(c.  4)  fit  le  même  règlement. 

Toutes  ces  ordonnances  de  ces  conciles,  et  d'autres 
que  nous  pourrions  alléguer,  ne  purent  faire  cesser  ces 
désordres.  Les  archidiacres  continuèrent  à  s'élever 
au-dessus  des  prêtres  et  à  faire  des  exactions.  Cette 
préséance  et  quantité  de  droits  odieux  qu'ils  s'attri- 
buèrent, passèrent  enfin  en  droit-;  conimuns,  dans 
les(pii'ls  ils  se  maintinrent  malgré  les  évèques,  chan- 
ge nt  ain  i  leur  office  ou  commission  en  titre  et  en  di- 
gnité; à  quoi  ne  coniribîièrent  pas  peu  les  paroles 
ajoutées  à  la  lettre  de  S.  Isidore  insérée  d  ins  le  corps 
du  droit,  dont  il  a  été  parlé  dans  le  chapitre  précé- 
dent. 

C'est  peut-être  ce  qui  a  donné  lieu  à  l'extinction  des 
archidiacres  dans  l'église  romaine  ,  les  papes  n'ayant 
point  trouvé  de  moyens  plus  propres  pour  f  are  cesser 
ces  excès,  que  celui  d'abroger  l'euqdoi  de  ceux  dont 
on  se  plaignait  depuis  si  longtemps.  Onuphre(l)  pré- 
tend que  le  pape  Grégoire  VU  a  été  le  dernier  des  ar- 
cliidiacrcs  de  cette  église,  et  que  le  Camérier  a  suc- 
cédé aux  empl  lis  que  ceux-ci  exerçaient  avant  ce 
temps.  Il  ne  dit  point  comment  la  chose  est  arrivée; 
mais  on  peut  conjecturer  que  la  dignité  de  cardinal  q 
beaucoup  contribué  à  cette  abrogation,  sans  parler  des 
plaintes  que  l'on  formait  de  toute  part  contre  les  ar 
chidiacres  :  car  en  effet  ceux  qui  étaient  revêtus  de 


981 

cette  dignité  ,  ayant  communément  la  préséance  sur 
les  prêtres,  et  toujours  sur  les  diacres ,  il  eût  été  dur 
aux  cardinaux,  tant  prêtres  que  diacres ,  de  se  voir 
rabaissés  au-dessous  de  ces  officiers.  Quoi  qu'il  en  soit 
de  celte  conjecture,  il  est  certain  qu'Onuphre  s'est 
trompé,  quand  il  a  dit  qu'après  llildebrand  ,  qui  fut 
depuis  le  pape  Grégoire  VII,  il  n'y  a  plus  eu  d'archi- 
diacres à  Rome,  puisque  lui-même  fit  archidiacre  de 
celte  église  un  certain  Jean,  qui  embrassa  depuis  le 
parti  de  l'anii-pape  Clément  III.  Après  ce  Jean,  dit! 
Ciaeonins,  je  n'ai  point  observé  qu'il  y  ait  eu  aucun 
archidiacre  dans  l'église  romaine. 

L'autorité  qu'acquirent  enfin  les  archidiacres  sur  ce 
reste  du  clergé,  et  le  rang  auquel  ils  s'élevèrent  au 
préjudice  de>  prêtres  en  troublant  l'ordre  hiérarchi- 
que, y  fil  une  plaie  fâcheuse,  qui  a  eu  de  très-grandes 
suites,  en  donnant  lieu  à  l'établissement  de  plusieurs 
juridictions  et  dignités  auparavant  inconnues.  Nous 
rapporterons  d'après  le  savant  Onuphre  Panvini  (1) 
l'origine  et  le  piogrès  de  ce  qui  est  arrivé  dans  l'é 
glise  romaine  par  rapport  au\  dignités  et  aux  pré- 
séances ,  par  où  Ton  verra  quel  changement  s'est  fait 
dans  l'ordre  de  la  hiérarchie ,  que  nos  pères  avaient 
conservé  avec  tant  de  soin,  et  qui  rendait  l'Église  si 
respectable.  Ce  que  nous  dirons  là-dessus  fera  voir  ca 
que  l'on  doit  penser  des  changements  sinvenus  dans 
les  autres  églises,  desquels  nous  ne  pouvons  parler 
sans  trop  nous  écarter  de  notre  sujet. 

Il  est  constant,  suivant  l'auteur  dont  nous  donnons 
ici  l'extrait  après  le  P.  .M  «rin  (â),  (|ue  depuis  la  pre- 
mière origine  des  cardinaux  jusiprà  Grégoire  VII,  ou 
même  jusqu'à  Urbain  II,  les  évêcpies ,  dits  cardi- 
naux, n'avai 'Ht  aucune  pr  éminence  ni  présé  mce  sur 
les  autres  évêques  dans  les  assemblées  et  dans  les  sy- 
nodes ,  et  qu'ils  suivaient  pour  le  rang  l'ordre  de  leur 
consécration.  Car  ils  n'ont  point  été  nommés  cardi- 
naux ,  parce  qu'ils  étaient  les  premiers  des  évêques, 
comme  les  prêtres  et  les  diacres,  en  vertu  de  leurs  ti^ 
très  qui  ieur  donnaient  rang  au-dessuS  du  reste  du 
clergé,  étaient  I  s  principuix  d'entre  les  autres  prê- 
tres et  diacres  de  celte  église;  mais  ils  ont  eu  ce  ti- 
tre dans  les  tentps  posléiieurs.  parce  (pi'ils  assistaient 
le  Pape  lors(iu'il  officiait  danS  1  église  de  Latran, 
comme  les  sept  prêtres  cardinaux  faisaient  dans  les 
quatre  autres  églises  pilriarcales  On  voit  de  quelle 
manière  cela  se  faisait  dans  les  anciens  rituels  et  au 
commencement  de  l'Ordre  romain  (3).  C'est  pour  cela 
qu'ils  étaient  appelés  hebdomadaires.  Une  autre  rai- 
son qui  a  pu  leur  faire  donner  le  titre  d'évêques- car- 
dinaux, est  qu'ils  étaient  les  seids  évêques  de  la  pro- 
vince romaine,  ou  du  voisinaj;e  de  Kome,  qui  cuss-'ut 
part  avec  les  prêtres  et  les  cardinaux-diacres  à  l'éle- 
ction du  Pape. 

Cependant  après  le  pontificat  d'Urbain  II,  ces  car- 
dinaux-évêciues  conmiencèrcut  à  s'élever  au-dessus 

(i)  Lilicllo  de  Episcopatibus ,  Titulis,  et  Diaco- 


(1)  In  libelle  de  Interpret.  vocum  Eccl.  obscura- 
rum. 


(-1)  De  sacr.  Ord.  p.  3,  cxerc.  14,  c.  3. 
(3)  3  et  A  titulo. 


onriRR-  -    vwvï.  ii..  ouigi.nf.,  fonciiuns  des  ARCiiiniAcni^s. 


985 

des  autres  évèques,  cl  bientôt  après  au  dessus  tics 
archevêques  iiièiiics,  et  eiifiii  îles  palriarclics.  Jusqu'à 
la  liu  du  ponliliiat  d'Alexandre  III,  et  jusprà  ce  que 
la  tour  di^  Rome  eût  réduit  r«'n)pcreur  Frédéric  à  se 
souniellrc,  c'cst-à-dirt^,  jiisi|u';i  l'an  1181),  les  seuls 
évci|ues-cardinanx  s'alliilxièrcnt  celle  préséance. 
Pour  ce  (pii  esl  dos  prélres  et  des  diacrcs-cardiiiaiix  , 
quoiqu'on  les  préférât  avec  justice  à  tous  ceux  de  leur 
ordre,  ils  ne  prétendirent  point  s'égaler,  encore  moins 
s'élever  au  dessus  des  évèques;  et  quand  ils  étaicnl 
parvenus  eux-mêmes  à  l'épisropat,  ils  qniit:iienl  leurs 
litres  et  le  noiri  de  cardinal,  luxu"  prendre  simpli;- 
ment  celui  d'évèque,  dont  l'éclat  eff.içail  le  premier; 
et  ou  aurait  trouvé  trop  éîrange  qu'un  homme  se  qua- 
lifiât en  même  lemps  prèlre-i  ardiiiaj  et  évèque.  Il  (al- 
lait donc  que  la  chose  commeii(;àt  par  1rs  é\èi|ues 
cardinaux,  et  cela  se  fit  plutôt  par  cas  fortuit  que  de, 
propos  délibéré.  Conrad,  archevêque  de  M;iyenec,  fut 
le  premier  qui  retint  le  titre  de  cardinal  ave  celui  de 
sa  première  église.  Ce  prélat  avait  été  chassé  par 
rempereur  pour  s'êlre  allaché  à  la  cour  de  Rome.  Le 
Pape  eut  pitié  de  lui ,  et  lui  domia  l'évéehé  de  Sabine. 
Le  schisme  étant  apaisé,  il  rentra  dans  son  église  de 
Mayence,  mais  il  conserva  l'é  êché  que  le  Pape  lui 
avait  donné,  et  ajouta  au  tilre  archevêque  de  Muyeiec 
celui  de  cardiual-évêque  de  Sabine.  Ciaconius  remar- 
que ceci  comme  une  chose  nouvelle  et  jusqu'alors 
innsilée  :  Primus  omnium  cardinalium  duas  ecciesias 
simttt  oblhiuit,  novo  nec  uiiquàm  audito  exempta  (1). 
De  là  vinl  la  coutume  de  dimrier  aux  évèques  élran-  l 
gcrs,  que  le  Pape  créait  cardinaux,  quelques-uns  de 
ces  évêchés  aux(iuels  le  cardinalat  était  attaclié.  En-  l 
core  les  choses  ne  restèrent  elles  pas  longiemps  en  i 
cet  état,  et  les  évèques  non  seulement  ne  dédaignèrent  i 
pas  les  litres  de  prêtres  et  de  diacres  de  l'église  ro-  ; 
maine,  mais  il  les  recherchèrent  avec  emjiressemenl  :  ; 
lanl  la  dignité  de  caidiiial  était  devenue  considé- 
rable. 

Un  des  premiers  exemples  que  nous  ayons  de  celle 
coutume,  est  celui  de  Guillaume,  archevêque  de  Reims, 
beau-Irère  de  Louis  Ml,  et  oncle  de  Philippe-Auguste 
par  sa  sœur  Adélaïde  ou  Adèle,  mère  de  ce  prince.  Car 
ce  prélat  ayant  été  fait  cardinal  par  Alexandre  III  en 
1179,  il  reiinl  rarchevècbé  do  Reims,  et  prenait  en 
même  lemps  le  lilre  d'archevêque  avec  celui  de  cardi- 
nal-prêtre de  Sainte-Sabine,  avec  celle  précaution 
néanmoins  que,  prenant  cesqualités,  il  faisait  précéder 
celle  d'archevêque,  et  mettait  ensuite  celle  de  cardi- 
nal prêtre,  ce  que  le  Pape  observait  aussi,  soit  en  lui 
écrivant  à  lui-même  (2),  soit  en  parlant  de  lui  à  quel- 
que auire. 

Un  autre  changement  arrivé  au  sujet  des  cardinaux, 
esl  qu'autrefois  les  é\ê(iues  conservaient  toujours 
leurs  titres,  et  les  prêtres  et  les  diacres  n'eu  chan- 
geaienl  que  pour  passer  à  un  ordre  supérieur.  Cela 
était  conforme  à  l'ancienne  discipline.  Ce  ne  fut  que 
vers  le  commencement  du  quinzième  siècle  que  l'on 

(!)  Cincon.  in  Alex.  III. 
{'i)  Innocent.  111,  1. 1  Lpist. 


^86 


commença  à  y  donner  aiieinle.  C'est  ce  que  nous  ap- 
prenons de  Ciaconius,  qui,  en  pailant  d'Alexandre  V, 
dit  de  lui,  (pi'il  ne  lit  aucun  nouveau  cardinal,  mais 
ipi'il  (  liangea  seulement  quel(|ues  titres,  parce  qu'à 
e;iuse  du  schisme  qui  était  survenu  dans  la  cour  de 
Rome,  il  s'en  trouvait  plusieius  qui  portaient  les  mê- 
ii:es  litres.  De  là,  dit  cet  historien,  esl  veim  l'usage 
de  faire  changer  de  tilies  aux  cardinaux  d'un  même 
ordre,  en  sorte  qu'ils  passent  du  litre  d'une  diaconie 
à  celui  d'une  aniie  diaconie,  par  exemple;  ce  qui  jus- 
qu'alor-  n'avait  puinl  été  pratiqué:  mais  ce  qui  élait 
fait  d'aixird  par  nécessité  ou  pour  le  bien,  s'est  fait 
ensuite  arbitrairement  Tant  il  e.-t  dangereux  de  s'é- 
carter en  quelque  point  de  l'exaciiludedes  canons. 

De  plus  jusqu'à  Sixte  IV,  c'est-à-dire,  jusqu'à  l'an 
1180,  on  n'accordait  les  diaconies qu'aux  diacres,  les 
titres  ou  églises  titulaires  qu'à  des  prélres,  elles  évê- 
chés auxquels  le  cardinalat  est  attaché  qu'à  des  évè- 
ques ;  mais  Sixte  renversa  cet  ordre  :  il  doima  des  égli- 
ses tliidaires  à  des  diacres,  et  des  diaconies  à  des 
prêtres.  Cela  était  bien  contraire  aux  règles;  mais  ce 
qui  s'est  fait  depuis  l'est  bien  davantage.  Je  veux  dire 
l'usage  de  faire  diacres-cardinaux,  ou  plutôt  de  don- 
ner des  diaconies  auxquelles  le  cardinalat  est  attaché 
à  ceux  qui  n'ont  aucun  degré  dans  l'Église,  et  qui  sont 
simplement  tonsurés  :  car  c'est  élever  de  simples  clercs 
au-dessus  même  des  prêtres  et  des  évèques.  Nous  ne 
voyons  pas  d'exemples  de  cela  avant  le  seizième 
siècle. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  touchant  les  cardinaux,  ou, 
si  vmis  voulez,  celte  digression,  qui,  comme  je  crois, 
ne  déplaira  pas  au  lecteur,  fait  voir  de  quelle  impor- 
tance il  était  de  s'opposer  efficacement  aux  entreprises 
des  aicbidiacres,  et  d'empêcher  qu'il  n'anticipassent 
sur  les  droits  des  autres,  et  ne  troublassent  le  bel  or- 
dre de  la  hiérarchie.  Car  après  tout  l'église  romaine 
n'a  pas  été  la  première  qui  y  ail  introduit  des  change- 
ments. Les  prérogatives  des  archidiacres  étaient  établies 
dans  la  plupart  des  églises  d'Occident,  et  leur  autorité 
sur  les  prêtres  reconnue,  quand  la  dignité  de  cardi- 
nal a  été  élevée  à  un  si  haut  point  de  grandeur.  On 
avait  vu  même  dans  un  coin  du  monde  une  chose  en- 
core pins  extraordinaire  en  ce  qui  regarde  la  hiérar- 
chie, et  cela  avant  que  les  archidiacres  eussent  pris 
l'essor  ,  cl  cusseul  prétendu  s'élever  au  dessus  de 
l'ordre  sacerdotal.  Je  veux  dire  tous  les  évèques  d'une 
province  soumis  à  un  prêtre.  Cr lie  province  élait  celle 
des  Pietés,  en  Ecosse,  dont  tous  les  évèques  lecon- 
naissaienl  l'abbé  du  monastère  de  l'ile  de  Ili  pour  leur 
supérieur,  parla  vénération  que  loule  la  nation  avait 
pour  Colomb,  fondateur  de  ce  monastère,  qui  avait  été 
son  apôlre.  Bède,  qui  nous  apprend  ce  point  d'hislt-irc 
si  remanpiable,  dit  dans  le  troisième  livre  de  son  Ilis- 
loire,  c.  i,  que  celle  discipline  extraordinaire  subsis- 
l.iil,  encore  du  temps  qu'il  écrivait,  c'est-à-dire,  plus 
de  150 -ims  après  que  S.  Colonib  eut  converti  ce  [leu- 
plc  à  la  foi  avec  le  secours  de  douze  de  ses  disciples. 
Comme  la  chose  est  très-remarquable,  il  est  bon  de 
rapporter  ici  les  paroles  de  cet  historien  :  Hubert^ 


987 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


988 


nntem  solet  ipsa  hisnla  reclorem  semper  abbatem  pres- 
hijtetum,  cujus  jnri  et  omnis  provinàu,  el  ipsi  etiain  epi- 
scopi  ordine  inusUato  debeanl  esse  subjecti. 

Les  arcliiili:icres  n'ont  pus  en  le  niènic  succès  dans 
les  églises  d'Orient;  qii()i(|ue  dans  les  premiers  siè- 
cles ils  y  fussent  à  peu -près  sur  le  niônie  pied  que 
dans  l'Occident,  comme  vous  avez  vu  au  commence- 
ment de  ce  chapitre.  Les  Grecs  modernes  ont  à  la  vé- 
rité des  arcliidiacres,  mais  ils  n'ont  aucune  juridic- 
tion liors  de  l'enceinte  du  sanctuaire  cl  des  offices  di- 
vins. 1  ouïes  leurs  prérogatives  ont  passé  au  cliarlo- 
plnjhtx,  ou  garde-charles  :  d'où  vient  que  cliez  eux 
c'est  une  maxime  reçue,  (]uel'arcliidiaconat  n'est  point 
une  dignilé,  mais  un  simple  oflice.  C'est  pounpioi  l'an- 
<'ienne  notice  dit  que  l'arciddiacre  est  honoré  au-des- 
sus de  ions  les  ofliciers  dans  l'église,  au  saint  autel, 
cl  dans  la  par  icipalion  des  saints  mystères  ;  il  est 
même  en  cela  au-dessus  du  cliartophylax  :  mais  pour 
ce  qui  est  du  gouvernement  du  diocèse  el  de  lovii  ce 
qui  y  a  rapport,  il  n'a  aucune  autorité;  elle  est  dévo- 
lue au  garde-cliarles  par  une  ancieime  coutume.  Le 
lilre  même  d'archidiacre  est  éteini  dans  réj;lise  de  Con- 
siantinople;  etceluidechariophyl.ixluia  été  substitué;  ■ 
avec  cette  condition  que  celui-ci  doit-être  diacre,   ce 


qu'au  8' siècle,  puisque,  selon  lui,  le  pape  Léon  III 
en  institua  huit  dans  l'église  de  Liège,  qui  avaient 
chacuii  leur  déiiartemenl;  cl  cela  subsiste  encore  à 
présent. 

Mais  il  esl  à  remarquer  que  quar.d  on  a  ainsi  dé- 
membré en  quehpie  manière  l'oflice  ou  la  dignilé  d'ar- 
chidiacre, celui  de  lacatiiédrale  a  conservé  une  espèce 
de  prcémiiience  sur  les  autres,  cl  sa  jurisdiclion  s'é- 
lendait  pour  l'ordinaire  sur  les  paroisses  de  la  villu  et 
de  la  baidieue.  C'est  ainsi  que  Léon  111  voulut  que  le 
prévôt  de  S.-Land)ert  fût  le  premier  des  archiiliacres 
de  Liège,  el  qu'il  lui  donna  la  ville  pour  son  déparle- 
;  ment.  //  en  esl  de  même  à  Tout,  où  l" archidiacre  de 
la  ville,  surnommé  le  Grand,  et  onciennemeil  appelé 
î  cardinal-archidiacre,  lient  te  premier  rang,  dit  le  père 
Rt'uoit,  et  a  sa  place  au  chœur  à  la  droite  de  l'évêque,  et 
dans  le  chapitre  immédiatement  après  le  doyen.  Il  avait, 
ajoute  cel  historien,  juridiction  sur  toutes  les  parois^ 
ses  de  son  archidiaconé  ;  mais  celte  juridiction  qui  lui 
avait  été  contestée  par  les  évêques  Thomas  de  Bnrlemont 
et  Christophe  de  la  Vallée  lui  fut  enfin  entièrement  ôlée 
par  Jacques  de  Fieux,  leur  successeur. 

Celle  jurisdiclion  dont  jouissait  le  grand  archidia- 
cre de  Toul  dans  son  district  n'était  autre  que  l'épis- 


qiii  rend  la  chose  plus  excusable.  Le   clergé  impérial  ;   copale,  comme  nous  Tappreimns    par  le   môme  ou- 


dans  le  bas-empire  avait  néauiioins  un   archidiacre, 
qui  exerçait  son  autorité  sur  toul  le  clergé  de  la  cour, 
comme  le   témoigne   Codin  (cap.  9) ,   el  l'empereur 
avait  droit  de  le  choisir  parmi  les  clercs  les  plus  ho-  | 
iiorables,  el  qui  approchaient  de  plus  près  le  patriarche,  j 
Revenons  à  nos  archidiacres. 

CHAPITRE  Xll. 

On  continue  à  parler  des  pouvoirs  des  archidiacres,  qui, 
de  délégués  des  évéques,  exercèrent  ensuite  une  juri- 
diction ordinaire,  et  s'approprièrent  même  le  pouvoir 
(les  prélats.  E/j'orls  ijue  ceux  ci  ont  fait  pour  reven-  ' 
diquer  leurs  droits.  Prérogatives  qui  sonl  restées  aux 
archidiacres. 

Mous  ne  voyons  pas  que  dans  les  premiers   siècles 
il  y  eût  plus  d'un   archidiacre  dans  ciiaque  église  ou 
diocèse,  mais  dans  la  suite  on  en  établit  plusieurs, 
auxquels  on  répartit  les  diverses  portions  ou  cantons 
de  ce  même  diocèse,  ce  qui  devint  en  quelque  ma-  j 
nière  nécessaire  à  cause  de  la  foule  d'affaires  dont  ils 
lurent  chargés.  Celte  i)lura!..ité   des  arcliidiacres  était   ] 
déjà  établie  dans  le  9*  siècle,  au  moins  dans  les  grands 
diocèses  (1).  Cela  esl  évident  par  les  excellentes  lus-  |  dans  Verdun 
tructions  qu'IJincmar  adressa  aux  deux  archidiacres  l 
de  son 
plus  gr 

de  Toul,  qui  ont  été  depuis  réduits  à  six  (2).  Aussi 
ce  diocèse  est  un  des  plus  étendus  de  toutes  les  Gau- 
les. Si  nous  en  croyons  M.  Yanesi)cn  (5),  il  faudra 
faire  remonter  ce  grand  nondjre  d'archidiacres  jus- 

(i)  Conc.  Gall.  tom.  3,  p.  r.i2. 
(2)  llislore  du  diocèse  de  Toul,  par  le  R.  P.  Renoit, 
capurin,  pa^e  1G4. 

(3^  JusEcd.  part.  l,tit.  12,  n.  799. 


vrage,  où  il  est  dit,  c.  11,  pag.  705,  au  sujet  de  M. 
de  Fieux  (1),  que  le  grand-archidiacre  s\Uant  remisen 
possession  de  la  juridiction  cpiscopule,  de  laquelle 
François  de  Roziêres,  auteur  du  Slemmata  ducimi  Lo- 
iharingiiBel  Rarri,  avait  été  dépouillé  par  sentence  de 
ta  Rote,  confirmée  pa.r  un  bref  de  Clément  VIII,  dans 
le  procès  que  lui  fil  Christophe  de  la  Vallée  son  évêqne, 
ce  successeur  de  M.  de  la  Vallée  entreprit  M"'.  Charles 
de  Bretaigne,  et,  par  un  arrêt  du  conseil  privé,  le  rédui- 
sit aux  termes  des  autres  archidiacres. 

Verdun  a  eu  aussi  son  premier  archidi.Tcre,  qu'on 
nommait  princiiT,  dont  la  place  au  chœur  était  do 
l'aulre  côté,  el  parallèle  à  l'évêque  ;  ?a  juridiction 
était  dans  la  ville,  il  précédait  le  doyen,  avait  un  tri- 
bunal et  des  prérogatives  considérables,  aussi  bien 
qu'im  très  gros  revenu.  Cette  dignité  a  été  réunie 
au  corps  du  chapitre  ainsi  (pie  le  revenu,  à  charge 
de  nommer  tous  les  trois  ans  nu  chanoine  ])oiir  fiire 
les  visites  dans  la  ville  el  dans  le  district  de  cet  archi- 
diactmé,  sans  en  avoir  ni  l'honoralile,  ni  l'iitih!,  i:i 
niêiiic  la  place  qui  a  été  affectée  depuis  celle  union  au 
commandant  jiour  le  roi,  en  l'absence  du  gouverneur 


Les  évè(iiies  soufflaient  depuis  longtemps  avec  iin- 
église.  Dans  la  suite  le  nombre  en  devint  bien  f  patience  le  pouvoir  excesifcpio  les  archidiacres  s'é- 
and.  Il  V  (Ml   avait  autrefois  huit  dans  l'église       talent  altribiié  dans  leurs  diocèses,   par  la  facilité  et 


la  n(>gl!gence  de  leurs  prédécesseurs;  el  ils  faisaient 
de  temps  en  temps  des  tentatives  ponrrenlrer  en  pos- 
session de  la  juridiclion  qui  leur  avait  été  enlevée, 
tantôt  en  leur  iMiciitant  procès  pour  qu'ils  eussent  à 
se  désister  de  leurs  prétentions,  tantôt  en  faisant 
avec  eux  des  traiisaclioiis  par  lesquelles  ils  recouvraient 

(1)  Ilist.  ecfl.ol  poliliq;iede  Toul. 


989  ORDRE.  —  PART.  III.  CII.M».  Ml 

une  partie  de  Icura  droits,  et  proincllaiciit  de  laisser  j 
leurs  archidiacres  en  paisible  possession  des  autres.  I 
Wassebourg,  dans  sou  cinquièuie  livre  des  .antiquités 
de  la  Gaule  I5elgi(iue(l),  parle  d'une  trausarlion  de 
cette  espèce,  dans  la(|uelle  ou  voit  jusqu'ciù  all;iil  au- 
cieiinenienl  raulorité  des  archidiacres  dans  l'église 
de  Verdun.  En  l'an  1229,  dit  cet  auteur,  notre  évè,ine 
Ihdnlplie,  et  lecliapHre  de  Verdun,  primicicr  cl  nrclii- 
diacres,  désirants  pacifier  et  corriger  aulcnns  différents 
quils  avaient  entre  eulx,àraison  de  la  juridiction eolé- 
siastique,  esleurent  deux  sçavans  personnaiges,  pour 
terminer  leurs  dicts  différents,  sçavoir  est  pour  la  part 
dndict  évêque,  Guillaume  de  la  Porte,  son  officiai,  et  pour 
le  chapitre  et  arcliidiacrcs  N.  doyen  de  ladicteécjlise, 
(lusquels  donnèrent  puissance  et  authorité  rédiger  par 
cscript,  et  déclarer  pur  leur  sentence  (après  avoir  été 
deueinenl  informés  par  les  anciennes  coutumes  et 
usags's)  quelle  jurisdiction  un  chascun  d'eulx  dévoient  ' 
avoir  ;  promcttans  solemnellcment,  tant  pour  eulx  que 
pour  leurs  successeurs,  tenir  et  observer  tout  ce  qui  se- 
roil  dicl  et  rapporté  par  les  dicts  dculx  arbitres...  lu  te- 
neur desquelles  je  metternij  ici. 

Ces  deu.\  jiiges rendirent  leur  seiilence  arbitrale  sur 
quelques  autres  points,  .le  me  contenterai  de  mettre 
sous  les  yeux  du  lecteur  ce  qui  concerne  la  juridic- 
lio'i  des  archidiacres  durant  la  vie  de  l'évéque,  et  je 
traduirai  ce  qu'ils  ont  dit  sur  cela  dans  celte  sen- 
tence, qu'ils  avaient  écrite  en  latin.  Nous  avons  remar- 
qué (fue  les  coutumes  qui  se  sont  observées  jusqu'à  pré- 
sent en  nuUière  spirituelle  entre  l'évéque  et  les  archidia- 
cres de  Verdun  et  leurs  prédécesseurs,  hors  la  vacance 
du  siège,  étaient  telles  ;  savoir  :  Que  le  primicier  et  les 
autres  archidiacres  avaient  par  une  coutume  ancienne 
approuvée,  et  de  temps  immémorial,  et  ont  encore  dans 
leurs  archidiaconés  une  juridiction  paisible,  en  ce  qui 
regarde  tant  les  causes  matrimoniales,  que  celles  quicon- 
cernnit  les  testaments,  les  usures  et  les  autres  excès;  le 
droit  d'appel  en  ces  causes  étant  seulement  réservé  à  l'é- 
véque. Item,  ils  ont  eu  et  ont  le  droit  d'investir  ceux  que 
tes  véritables  patrons  présentent  pour  avoir  soin  des 
âmes,  et  cela  sans  recourir  à  l'évéque  (episcopo  irrequi- 
sito).  Item,  les  susdits  primiciers  et  archidiacres  ont  été 
cl  sont  encore  en  possession  paisible  de  visiter  les  mona- 
stères cl  les  églises  paroissiales  de  leurs  archidiaconés,  | 
(/'//  faire  des  corrections,  et  d'ij  recevoir  les  procura-  S 
lions  ;  nu  contraire,  l'évéque  diocésain  n'a  eu  droit  jus-  S 
qu'à  présent,  que  de  visiter  les  monastères  de  la  ville  et  | 
du  diocèse.  Le  primicier,  le  doyen  et  le  chapitre  ont  éU' 
en  possession  paisible  de  ces  droits.  Mais  comme  les 
évéques  de  Verdun  n'ont  eu  et  ti'ont  encore  aucune  ju- 
ridiction ecclésiastique,  sinon  en  cas  d'appel,  les  susdits 
primiciers  et  archidiacres,  du  consentement  de  tout  le 
chapitre,  et  pour  le  respect  qu'ils  portent  à  liudulplie, 
ont  donné  et  accordé  audit  seigneiu  et  révérend  père,  cl 
uses  successeurs,,  la  juridiction  potit. connaître  descauscs 
EN  PREMiÈRR  INSTANCE,  en  sorte  que  le  premier  qui  sera 
saisi  de  l'affaire,  la  terminera. 

(1)  Fol.  3.'ll  et  seq. 


POUVOIRS  ni:s  archidiacres.  990 

I      Ce  beau  traité  fut  ralilié  de  part  et  d'autrCf  et  les 
',  choses  demeurèrent  en  cet  étal  jus(|u'an  conimence- 
j  ment  (lu  seizième  siècle,  c'esl-;i-diri\  jusqu'en  1503, 
I  (\\u'.  Warin  de  Domiuiirlin,  successeur  de  Radulplie, 
I  sachant  (|uc  les  droits  sacrés  de  l'épiseopat  sont  im- 
1  prcîscriptibles,  ne  se  crut  point  obligé  à  s'en  tenir  à  la 
[  tr.insaeliou  dont  nous  venons  de  donner  un  extrait. 
!  Kl  pour  me  servir  des  ternies  de  Wasselwurg  (1),  (|ui 
avilit  il  cœnr  colle  alTaire,  étant  lui-même  un  des  ar- 
\  chidiacres  de  Vcrdim;  cet  évêque,  dès  le  commence- 
ment de  son  administration,  print  en  regrets  et  desdains 
lesjurisdictions  ecclésiastiques,  que  te  chapitre  commr 
PRINCIER,  par  l'union  de  la  princerieà  sa  niense,  et  les 
archidiacres  avaient  chacun  en  son  district  par-tout  l'é- 
vêché,  commune  avec  lui,  et  cognoissnns  de  toute  ma- 
tière el  prévention.  Et  fit  sur  ce  de  grandes  entreprises  : 
car  il  avait  officiai,  scelleur,  ministres  el  officiers  pro- 
pres à  exécuter  toys  ses   plaisirs.   El  tellement,  qu'en 
toute  matière  et  actions,  ils  troubloienl  les  jurisdictions 
des  dessusdits,  combien  que  iSicolas  Chouart,  son   offi- 
ciai, fut  chanoine  de  l'Eglise,  el  sçut  bien  à  la  vérité  que 
toute  jurisdiction  el  cognoissance  des  causes  en  première 
instance,  que  les  évéques  avoient  en  noire  diocèse  de  Ver- 
dun, venoit  de  faccompaignemcnt   que  les  princiers  et 
archidiacres  leur  avoieiil  fait.  Car  auparavant  ils  n'a- 

voient  aulcune  cognoissance,  sinon  par  appellation 

Cependant  ledit  évêque  Domp-Martin  et  ses  ministres 
lâchoienl  alors  totalement  en  priver  et  débouter  tesdils 
princier  et  archidiacres,  évocans  toutes  causes  des  courtz 
d'iceux  par  dev mil' officiai  dudit  évêque,  dont  survinrent 
plusieurs  appellations  en  cour  de  Home,  el  ses  causes 
commises  en  la  Rôle. 

Tous  ces  diirérends  se  terminèrent  par  une  nouvelle 
transaction,  dont  nous  représenteions  ici  les  articles 
qui  ont  rap;)ortà  la  matière  que  nous  traitons,  sans  y 
ajouter  les  aposiilles  que  Wassebourg  a  jugé  à  propos 
d'y  l'aire.  11  fit  donc  réglé  par  les  arbitres  choisis  de 
port  et  d'autre,  i*  que  les  visites  que  f.iisaienl  tous 
les  ans  les  archidiacres  ne  se  feraient  plus  dans  [a 
suite  que  de  trois  ans  en  trois  ans,  et  que,  dan-;  les 
années  interméiliaires  les  évoques  pourraient  visiter, 
en  réservant  aux  seuNévèques  la  visite  des  monastères, 
des  hôtels-dieu,  el  des  ciiapelics  épiscopales.  2"  Que, 
quant  aux  droits  de  patronage,  le  chapitre,  à  rai>o;i 
de  la  priiicerie  (2)  unie,  conférait  pleno  jure,  sans  l'é'- 
vèijue  ,  tous  les  béiiélices-cnres  et  autres,  qu'il  avait 
coutume  de  conférer  aneiennement,  en  cas  de  vacance 
des  dit>  bénélices  ;  mais  qu'en  cas  de  perinnialiou,  les 
évoques  les  admettraient,  et  couféreraieiit  les  dits  bé- 
né^ioe-i,  en  quelques  endroits  (pi'ils  fussent  situés. 
3°  Qne  ci-après  les  diis  princier  et  archidiacres  ne 
prendraient  plus  connaissance  des  cas  graves,  comme 
de  simonie,  sortilège,  violemcnt,  sacrilège,  incendie 

(l)L   7,  C.7.  p  645. 

(2)  La  priiicerie,  autant  que  j'ii  pn  le  coujceiurer 
dans  ce  ipnî  j'ai  !u  dans  Wassclioiir;,',  ('lait  le  premier 
aicliiiliaeniié,  où  le  priMiiier  archidiacre  él  'il  en  iin-me 
temps  princier,  el  ce  bénélice,  avec  ses  droits  et  éino- 
liimenls,  avait  été  réuni  à  la  niense  commune  du 
chapitre. 


'991 


lilS^TOlilE  DLS 


des  églises,  homicide,  jugeineni  des  icpreiix.  érec- 
ction  d'églises  el  d'autels,  injection  des  mains  violen- 
tes sur  les  personnes  ecclésiastiques,  falsilicalion  de 
lettres  apostoliques  cl  épiscopales.k-sduelb  cesseraient 
réservés  à  la  connaissance  des  évêques  et  de  leurs 
©niciaux.  Et  quant  aux  autres  actions,  lesdits  prin- 
cier et  archidiacres  pourraient  en  prendre  connais- 
sance conmie  l'évèque  par  prévention,  i"  Quant  à  la 
dispense  des  proclamations  des  bans  de  niaiiagc,  il 
fut  arrêté  que  le  chapitre,  comme  piincier,  dispense- 
rait de  deux  bans,  les  archidiacres  d'un  ban  seule- 
ment, combien,  ajoute  Wasseboiu'g,  //«'j/s  pussent  an- 
puravanl  dispenser  de  trois  biins  chacun  en  son  territoire 
et  district.  o°  On  ôte  aux  archidiacres  raiiloriié  de 
donner  des  démissoires  pour  prendre  les  ordres  liors 
du  diocèse,  de  donner  lu  cure  aux  quêtants,  de  prêcher 
(ce  sont  les  termes),  de  donner  lettres  nonobstantiules, 
de  contracter  mariages  aux  personnes  qui  ne  sont  du  dio- 
cèse. 6°  Il  l'ut  réglé  que  les  arcliidiaores,  qui  avaient 
droit  de  recevoir  les  fruits  des  églises  paroissiales  la 
première  année  de  la  vacance,  en  faisant  desservir  ces 
églises  ou  les  desservant  eux-mêmes,  et  qui  ne  payaient 
aux  évêques  aucuns  subsides,  ni  redevances,  seraient 
tenus  ci-après,  à  raison  de  celle  régie  des  cires  va- 
cantes, de  payer  les  subsides  el  les  autres  charges  or- 
dinaires el  cxtraordiiiaij'cs,  comme  les  autres  ciué.s  du 
diocèse. 

Ce  (|ui  a  été  dit  jusqu'à  présent  dans  ce  chapitre 
fait  voir  en  même  temps  et  quelle  élail  l'étendue  de  la 
juridiction  des  archidiacres,  et  leur  indépendance 
dans  l'exercice  de  leurs  pouvoirs,  cl  cnlin  |>ar  quelhîS 
voies  les  évêques  s'efforçaient  de  recouvrer  l'auîorilé 
légitime,  dont  les  archidiacres  s'étaient  emparés  les 
uns  plus,  les  autres  moins  dans  leurs  églises,  et  dont 
ils  jouissaient  depuis  le  douzième  siècle,  non  plus  ; 
comme  délégués  des  évêques,  mais  coiume  titulaires 
et  indépendants.  Un  autre  moyen  (|u'eiiiployèrent  les 
évêques,  pour  dépouiller  les  archidiacres  du  pouvoir 
qu'ils  exerçaient  contre  leur  gré,  fui  de  créer  dt.-s 
grands-vicaires,  et  des  ofiiciaux  amovibles,  dont  les 
uns  furent  chargés  d'exeicer  en  leur  nom  la  juridic- 
tion volontaire,  et  les  autres  la  contenlieuse.  Aliiis 
comme  ces  ofliciers  renconlraienl  souvent  des  obsla- 
cles  de  la  part  des  archidiacres  qui  ne  pouvaient  souf- 
frir qu'ils  attirassent  à  leurs  tribunaux  des  adaires 
dont  ils  se  regardaient  comme  chargés  par  étal,  les 
prélats  en  France  ont  eu  recours  aux  cours  souveraines, 
po'ur  faire  lever  ces  obstacles,  et  ce  sont  ces  arrêts  de  Cl's  \ 
cours,  qui,  comme  dit  M.  d'Héricour  (I),  ont  le  plus 
contribué  à  réduire  l'autorité  des  archidiacres  à  de  justes 
bornes.  Ils  ne  leur  permettent  que  de  visiter  les  parois- 
sci  de  leur  archidiaconé,  de  dresser  des  procrs-verbaux 
de  leurs  visites  qtuls  doivent  remettre  entre  les  mains  de 
l'évèque,  de  statuer  quand  ils  sont  en  possession  sur  des 
affaires  peu  considérables,  qui  ne  demandent  point  d'in- 
struction judiciaire.  Il  y  a  cependant  des  archidiacres 
qu''on  a  mamienus  dans  la  possession  d'avoir  un  officiai, 

(i)Loisecclés.,p.  50. 


SACREMEISÎS.  992 

pour  jucjpr  quelques  affaires  contenlieuses  à  la  cliarqc  de 
l'appel  à  l'officiatité  épiscopale. 

Ce  que  dit  ce  savant  jurisconsulte  n'empêche  pas 
que  'es  archidiacres  n'aient  conservé  dans  quelques 
églises  du  royaume  plusieurs  droits  honorifiques  et 
lucratifs,  dans  lesquels  ils  ont  même  été  maintenus 
par  des  arrêts  des  parlements,  quand  on  a  voulu  les 
leur  conlesler.  L';iuti-ur  des  délinilions  du  droit  cano- 
nique en  rapports  plusieurs  exemples  (1),  L'archidia- 
cre de  Paris,  entre  autres,  est  fondé,  selon  lui,  en  ju- 
ridiction ordinaire  :  ce  qui  néamnoins,  ajoute-t-il,  se 
doit  entendre  civilemeni,  sauf  la  prévention  de  l'cvê- 
queel  de  son  olficial,  comme  juge  supérieur.  Le  par- 
Itment  l'a  ainsi  jugé  par  un  arrêt  du  18  avril  1578, 
entre  défunt  maître  Jean  Bréda,  archidiacre  de  l'église 
de  Paris,  et  messire  Pierre  de  Gondy,  pour  lorsévêque 
de  la  même  ville,  etc.  Les  avantages  que  l'archidiacre 
de  Laon  possède,  dit  le  même  auteur,  ne  sont  pas 
moins  importants  que  ceux  de  l(tus  les  autres.  01- 
(Irade,  dans  siui  conseil  194,  rapporte  que  cet  archi- 
diacre, lors  de  la  vac:mce  du  siège  épiscopal,  jouit 
de  tous  les  profits  de  la  juridiction  de  l'évèque  :  ce 
qui  a  été  ainsi  réglé  par  un  archidiacre  de  l'église  de 
L:ion,  pour  lors  cardinal,  et  Jean,  évéque  de  la  même 
ville,  entre  lesquels  il  fut  arrêté,  que,  jusqu'à  ce  que 
le  siège  fut  rempli,  l'archidiacre  jouirait  de  tous  les 
émoluuienls  de  la  justice  :  mais  que,  durant  la  vie  de 
l'évèque,  il  se  contenterait  d'une  somme  annuelle  pour 
le  tiers  de  ses  droits  dans  la  justice  spirituelle.  Ce 
concordat  fut  homologué  par  Clément  VI  vers  le  mi- 
lieu du  (pialoi'zième  siècle.  L'archidiacre  de  Sens  est 
en  possession  d'ime  prérogative  des  plus  honorables. 
C'est  d'installer,  nm  seulement  les  suffragants  de  l'ar- 
chevêque, mais  d'introniser  ce  prélat  lui-même  et  le 
mettre  en  possession  de  son  archevêché,  et  de  rece- 
voir pour  cela  un  certain  droit  appelé  marc  d'or, 
comme  les  deux  chanoines  qui  servent  d'assislants  ù 
l'archidiacre  dans  C(;tte  cérémonie  reçoivent  chacun 
un  marc  d'argent.  Ce  droit  lui  a  été  autrefois  con- 
testé, mais  un  ancien  jurisconsulte  rapporte  un  ar- 
rêt (2),  qui  l'a  mainleiui. 

Le  droit  le  plus  lucratif  qu'aient  à  présent  les  ar- 
chidiacres, el  dont  ils  jouissent  en  plusieurs  endroits, 
est  celui  de  déport ,  dont  nous  avons  parlé  dans  le 
chapitre  des  archiprêlres.  Je  n'estime  pas  mal-à-pro^ 
/;os,  dit  l'aulem-  desDéfinilions  du  droit  canonique  (3), 
de  parler  des  abus  qui  se  sont  autrefois  pratiqués  pour  en 
jouir.  Ces  abus  prenaient  leur  source dansles  lâches  senti- 
ments qu'inspire  ord'inairemenl  l'avarice.  Ce  démon  cruel, 
qui  7i'é parque  personne,  faisait  naître ,  dans  l'esprit  de 
la  plupart  dcsarchidiacres,  des  motifs,  pour  s'approprier 
pcndamun  temps  le  revenu  descures  dans  l'étendue  de  leur 
juridiction  :  de  manière  que  sous  prétexte  d'un  procès, 
qu'ils  avaient  eux-mêmes  bien  souvent  suscité,  ils  commet- 
taient des  vicaires  à  gages  pour  desservir  ces  cures  durant 
le  litige,  et  par  ce  moijen  ils  s'en  appropriaient  le  revenu. 

(1)  Tome  2  des  archidiacres,  p.  112  et  suiv. 

(2)  Peleus,  daiis  ses  actions  for. 

(5j  Loco  citato,  et  lom.  1,  p.  95  et  seq. 


ORDRE.  —  PART.  III  CIIAP.  XIII.  VARlÉTh:  DANS  L'ORDRE  CHEZ  LES  GRECS.  994 


09 

Mais  commt'.  (e  ))(irlemcnl  est  ennemi  de  ces  sortes  d'ac-  ]i 
lions,  dès  lors  qu'il  en  a  la  connaissance ,  il  ne  manque 
jamais  d'en  interrompre  le  cours,  pour  empêcher  la  suite 
des  abus  qui  sinirodmsenl  trop  fucilcmenl  dans  l'Eglise, 
par  l'avidité  du  gain,  qui  cause  hii'ii  souvent  la  ruine  de 
notre  honneur  et  la  perte  de  notre  ùme  ;  de  manicre  qu'il 
a  rendu  plusieurs  arrêts  qui  servent  de  barrière  à  ces 
âmes  vénali's. 

Ce  n'est  pas  ,  conliniio  noire  aulciir,  que  ,  comme  ce 
droit  est  sonifert  dans  l'Eglise,  les  archidiacres  ne  puissent 
Icqitimcmenl  le  percevoir  en  deux  ou  trois  cas  ,  comme 
un  droit  de  garde.  Le  premier  est  lorsque  la  cure  est  va- 
cante de  droit  ou  de  fait car  alors  il  peut  tirer  le 

revenu  de  la  première  année,  qui  est  son  annale.  Le 
second  est  lorsqu'elle  est  litigieuse  entre  deux  ou  plu- 
sieurs ,  comme  il  arrive  assez  ordinairement ,  par  la  di-   \ 


oollc  place,  que  dVii  remplir  les  oblifçalions.  Ce  fut 
pour  répriuier  cel  ahus  que  h-  concile  (le  Bourges, 
en  lOûi  ,  ordonna,  c:it(.  4,  que  personne  ne  pourrait 
cln- arcliidiaerc  sans  ("■tre  diacre.  Ul  archidiaconatum 
nullus  habeal,  nisi  diaconus  efficiatur,  ce  qui  fui  con- 
(irnic  dans  le  concile  de  Clermont,  can.  3,  sous  Ur- 
bain FI, cl  dans  celui  deLalran.can.2,  sous  Callistc  II. 
Le  concile  de  Londres  de  l'an  W^l  enjoignit,  nièuic 
aux  évèqucs,  de  déijrader  ceux  qui  s'opiniàlreraienl  à 
ne  pas  recevoir  le  diaconat. 

11  était  bien  raisonnable  que  ceux  qui  remplissaient 
une  place  si  émincnle  dans  l'Église ,  qui  y  exerçaient 
une  icllft  autorilc  sur  le  reste  du  clergé ,  fussent  au 
moins  revèius  de  l'ordre  de  diacre.  Il  semble  même, 
qu'il  aurait  élc  à  propos  d'obliger  les  arcbidiacres  de 
recevoir  la  prcirise,  depuis  que  leur  juridiction  se 


versité  qui  se  peut  rencontrer  des  provisions  ,  l'un  étant  f  fut  étendue  sur  les  prêtres.  Hincmar,  archevêque  de 

pourvu  PF.R  onnuM ,  un  autre  par  résignation ,  un  autre  l  Ueiuis  ,  avait  donné  l'exemple  d'une   innovation   si 

par  permutation,  par  dévolul,  ou  par  quelque  antre  genre  j  rais  innable  ,  [tnisque  nous  lisons  dans   ses  ouvrages 

de  vacance,  ou  bien  entre  des  gradués ,  de  manière  que  j  qu'il  adressait  la   publication  et  l'exécution  de  ses 

durant  ce  litige  il  a  droit  de  commettre  pour  la  desserte,  ï  ordonnances  à  ses  archidiacres  prclres.   Gunthario 

et  par  ainsi  en  tirer  le  revenu.  Le  troisième  est  lorsque  i  et   Odelhardo  archidiaconibus  presbyteris.   Cependant 

celui  qui  en  est  pourvu  n'est  pas  promu  à  Tordre  de  prê-  |  longtemps  depuis  on  ne  pouvait  contraindre  les  ar- 

trise.  Tels  sont  les  cas  dans  lesquels  quelques  arclii-  [  cliidiacres  de  recevoir  Tordre  de  prêtrise,  comme  il 

diacres  en  France  jouissent  encore  à  présent  du  droit  |  paraît  par  une  lettre  de  Pierre  de  Blois  (ep.  125), 

de  déport.  Cependant  il    arrive  souvei.t  que  dans  les  \  lequel,  quoiqu'il  fût  archidiacre  de  Londres,  et  que 

contestations  qui  surviennent  touchant  les  cures,  ou  \  son  évêque  le  pressât  d'entrer  dans  le  sacerdoce, 

quelque  autre  bénéfice,  un  des  conltMidants  obtient  |  s'en  excusa  sous  divers  prétextes  :  cependant  le  vrai 


une  sentence  de  récréance ,  «pii  le  mel  par  provision 
en  possession  des  revenus  du  bénclice  ,  et  alors  ,  sui- 
vant la  jurisprudence  de  nos  parlemenls  (i),  Tavchi- 
diacrc  eH  privé  de  son  droit  de  dépôt. 

Si  l'autorité  et  la  juridiction  des  arcbidiacres  a  été 
réduite  à  des  bornes  si  étroites  dans  Télendue  du 
royaume,  et  dans  quelques  autres  pays  de  la  chré- 
tienté, il  n'en  a  pas  éié  de  même  partout.  Dans  le 
pays  de  Liège,  et  dans  lAllemagne  ,  où  les  évèques 
sont  princes  temporels  ,  ils  ont  encore  «à  peu  près  les 
mêmes  droits  et  la  même  juridiction,  dont  ils  jouis- 
saient autrefois  ailleurs ,  et  dont  l'abus  qu'ils  en  ont 
fait  leur  a  attiré  tant  de  défenses  des  conciles  des 
treizième  et  quatorzième  siècles  ,  et  tant  de  décrets  , 
par  lesquels  les  évêqnes  se  soni  eflorcés,  ou  de  retran- 
cher les  abus,  ou  d'abolir  une  puissance  qui  leur  était 
devenue  justement  à  charge,  et  (|ui  leur  faisait  om- 
brage. On  peut  voir  ce  que  dit  là-dessus  le  P.  Tho- 
massin  dans  la  quatrième  partie  de  son  livre  de  la 
Discipline  de  l'Église  (2).  Nous  remarquerons  seule- 
ment, avant  de  (inir  ce  qui  appartient  à  ce  sujet,  que 
la  dignité  d'archidiacre  était  en  ti  lie  considéraliim  en 
ce  temps  là,  et  apportait  des  profils  si  grands  à  ceux 
qui  en  étaient  pourvus ,  que  les  (ils  des  rois  el  les 
plus  grands  seigneurs  de  la  cour  de  nos  rois  ,  ne  dé- 
daignaient pas  ces  sortes  d'emplois.  Il  se  tmuvait 
même  des  personnes  ambitieuses  qui  aspiraient  à 
cette  dignité  sans  être  diacres,  ayant  plus  en  vue 
l'honneur  et  les  émoluments  qui  leur  revenaient  de 

(1)  Rebuffc,  sur  le  §   Volumus,  de  Collât. 

(2)  Lib.   1,  c.  25. 


moiifde   son  refus  l'ut  la  crainle  religieuse  que  lui 
;  inspirait  la  sainteté  du  sacerdoce ,  que  son  humilité 
'  lui  faisait  envisager  comme  étant  incompatible  avec 
la  vie  qu'il  avait  menée  jusqu'alors. 

Dans  la  call.édrale  de  Verdun  les  archidiacres 
n'ont  d'autres  fonctions  que  celles  de  diacre,  qu'ils  sont 
tenus  de  remplir  à  leur  tour  sous  de  simples  cha- 
noines, sans  jamais,  quoique  prêtres,  y  faire  de  se- 
maines de  grand-prèlre  à  raison  de  leur  canonicat. 
Deux  de  ces  archidiacres  y  bornent  de  chaque  côté 
du  chœur  les  stalles  ,  dites  le  banc  des  diacres. 

CHAPITRE  XHI. 

Du  changement  arrivé  dans  l'ordre  hiérarchique  chez  let 
Grecs.  Des  o/ftciers  du  patriarche  de  Conslantinople^ 
èÇw/aTà/.oi/ot,  et  en  particuler  du  charlophylax ,  dt 
leurs  fonctions  et  de  leurs  prérogatives. 

H  est  arrivé  dans  l'église  Grecque,  par  rapport  à  la 
hiérarchie,  à  peu  prés  hi  même  chose  que  dans  l'é- 
glise Latine.  On  y  a  vu,  et  l'on  y  voit  encore  des  dia- 
cres qui ,  à  raison  des  dignités  dont  ils  étaient  revêtus, 
prétendaient  avoir  la  préséance  non  seulement  sur  les 
prêtres,  mais  encore  sur  les  évèques  et  sur  les  mé- 
tropolitains ,  non  pas  à  la  vérité  dans  les  choses  qu 
appartiennent  directement  à  la  célébration  des  saints 
mystères  (cela  ne  se  pouvant  pas  absolument),  mais 
dans  toiUcs  les  autres  assemblées  ecclésiastiques. 

Balsamon  (I)  remarque  que  les  choses  ne  sont  point 
venues  à  ce  point  sans  opposition  de  la  part  des  cvê- 

i\)  In  can.  18  conc.  Nicceni. 


W6 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS 


99G 


aucs   nui  prétendaient  avec  raison  que  celte  innova-  I  était  encore  inférieur  aux  évéques,  et  peul-èlre  même 
tien  était  contraire  à  la  discipline  des  canons.  Mais,       anx  prèlrcs.  Ceci  est  confirmé  p.ir  le  concile  lui  même, 
(lit-il,  ils  furent  enlin  obligés  de  céder  à  Pédit  de  Tem- 
pereur  Alexis  Comnène ,  que  ce  même  auteur  rap-  \ 


porte,  et  dans  lequel  ce  prince  dit  positivement,  (pi  en 
cela  il  ne  statue  rien  de  nouveau,  mais  qu'il  maintient 
ce  qui  était  autorisé  par  une  coutume  ancienne,  et  par  ^ 
l'approbation  des  patriarcbes  et  des  autres  pontifes, 
d'où  il  conclut  que  si  les  évè(iues  ne  s'accommodent 
pas  de  ce  qu'il  a  réglé  sur  ce  sujet,  il  leur  est  loisible 
de  se  retirer  de  Conslantinople ,  pour  n'avoir  pas  le 
cliagrin  de  voir  de  simples  officiels  du  [)atiiaicbe 
prendre  le  pas  au-dessus  d'eux.  Balsamon  avoue  que 
ce  changement  dans  l'ordre  liiérarclii(iue  excita  bien  ' 
des  scandales,  et  qu'avant  que  les  clioses  fussent  ainsi 
réglées  par  l'empereur  Alexis,  on  prononça  des  juge- 
ments bien  différents  sur  ce  sujet  ;  mais  enfm  ces  offi- 
ciers l'emportèrent,  et  depuis  ce  prince,  les  choses 
sont  demeurées  paisiblement  en  cet  état.  Les  évéques 
curent  beau  alléguer  les  canons,  le  prince  leur  dit  pour 
toute  raison  que  les  patriarches  l'avaient  soulTert , 
qu'eux-mêmes  Tavaienl  enduré  pendant  un  fort  long 


qui  écrivit  au  Pape,  pour  le  prier  de  sontîiir  que  Paul 
lut  élevé  à  réj)iscopat.  Le  droit  de  préséance  de  ces 
officiers,  et  du  chartopbylax  en  particulier,  quoi(|u'en 
un  sens  le  jikis  considérable  de  tous,  n'était  donc  pas 
si  ancien  (pie  le  supixtse  Alexis  Comnène ,  et  il  y  a 
toute  apparence  que  le  premier  qui  ail  terminé  les  dif- 
férends (jui  s'étaient  élevés  à  ce  sujet,  est  l'empereur 
Michel,  dont  parle  narménopiilus  (1),  lequel  ne  peut 
être  que  Michel  Ducas,  pms(pie  Michel  Paléoiogue  est 
postérieur  à  ce  canoniste  grec.  Or  Michel  Ducas  ré- 
gnait peu  de  temps  avant  Alexis  Comnène ,  puisqu'il 
ne  commença  à  prendre  les  rênes  de  l'empire  que  vers 
l'an  1071. 

Ce  fut  donc  vers  ce  temps  que  les  hauts  officiers  du 
patriarche  de  Constanlinople  se  mirent  en  possession 
de  la  préséance,  au  dessus  même  des  prélats ,  et  que 
par  un  visible  attentat  sur  la  dignité  sacrée  des  évé- 
ques, ils  préicndirent  s'élever  an-dessus  des  princes 
de  l'Église,  renversani  ainsi  ce  bel  ordre  de  la  hiérar- 
chie, que  tant  de  conciles  avaient  maintenu  jusqu'a- 


temps,  et  que  pour  punition  d'avoir  trahi  leurs  lumiè-  |  lors. 
res  et  leur  conscience ,  en  souffraul  qu'on  violât  les  j      Ces  officiers  étaient  au  moins  au  nombre  de  cinq  : 
canons  qu'ils  alléguaient  en  leur  faveur,  il  fallait  qu'ils      il  y  a  même  quelques  notices  ("2)  dans   lesquelles  il 
souflrissenl  celle  humiliation  devoir  un  diacre  au-  |  s'en  tiouve  six,  quoique  au  commencement  on  n'en 
dessus  d'eux  (1).  1  comptât  que  cin([.  Dans  Codin  ils  sont  conijuis  sous 

Cependant,  quelque  ancienne  (pie  rempcieur  Alexis  |  le  titre  de  premier  qurnaire ,  et  cependant  on  y  lil  les 
suppose  celte  prérogative  des  officiers  du  patriarche  1  noms  de  six  ,  entre  lcs(iuels  se  trouve  le  premier  (/<?'- 
nommés  £|w/.aTà/.ot/ot,  elle  était  encore  inconnue  dans  ■   fcisenr.  Leurs  dignités  élaienl  celles  de  grand  écono- 

le  temps  du  concile  de  Trulle,  composé  de  227  évé-  -J  nome,  de  grand  sacellaire,  de  grand  tiésorier,  ou  gar 

ques  d'Orient  assemblés  dans  le  palais  de  Constanti-  1 

noplc,  pour  y  régler  la  discipline  des  églises  Orienta-  | 

les,  puisque  dans  le  septième  canon,  ces  prélats  y  | 

parlent  en  ces  termes  de  l'ambilion  de  certains  dia- 


cres :  Parce  que  nous  avons  appris  que,  dans  quelques  '• 
églises ,  des  diacres  ont  des  emplois,  et  que  pleins  d'ar-  ? 
rogance  et  d'audace,  ils  en  prennent  occasion  de  s'élever  ] 
au-dessns  des  prêtres ,  à  qui  ils  disputent  In  préséance, 
nous  avons  ordonné  que  les  diacres  ,  de  quelque  dignité 
quils  soient  revêtus,  et  quelque  emploi  qti'its  aient,  ne 
s'asseieronl  point  au-dessus  des  prêtres.  Plus  d'un  siècle 
et  demi  après  ce  concile,  ni  le  charlophylax,  ni  les 
officiers  du  même  ordre,  n'avaient  point  encore  porté 
si  loin  leur  préleniion.  Cela  est  clair  par  une  remar- 
que d'Anastase-le-Bibliothécaire  sur  le  huitième  con- 
cile général,  et  par  ce  concile  même  :  car  cel auteur  (2),  • 
parlant  du  charlophylax  Paul ,  (jui  avait  été  consacré 
archevêque  par  Pholins,    dit  qu'ayant  été   condamné 
par  le  pape  Nicolas,  il  fut  fait  charloj)liylax  de  l'église  j 
de  Constanlinople  par  le  patriarche  Ignace ,  parce 
qu'il  élail    homme  capable  de  servir  utilement  l'É- 
glise, et  qu'Ignace  en  avait  ainsi  usé  avec  lui,  sur  ce  ' 
que  le  Pape  lui  avait  écrit,  qu''l  pouvait  élever  Paul 


dien  des  vases  sacrés  ,  de  charlophylax  ,  de  préfet  de 
la  chapelle,  prœfeclus  sacelli,  et  de  premier  défenseur. 
Ces  six  officiers  sont  à  l'égard  du  patriarche  de  Con- 
stanlinople ,  à  peu  près  <ie  que  les  cai  dinaux  sont  à 
l'égard  du  Pape,  et  il  ne  se  fait  rien  dans  celte  église 
de  quelque  importance ,  à  quoi  ils  ne  prennent  part, 
ayant  séance  dans  les  assemblées  ecclésiastiques  im- 
médiatement après  le  Patriarche.  La  dignité  de  proto- 
notaire  était  inférieure  à  celle-ci ,  et  comme  un  degré 
pour  y  monter. 

Codin  remarque  qu'anciennement  ceux  qui  étaient 
revêtus  de  ces  dignités  étaient  prêlres,  et  qu'ils  gou- 
vernaient chacun  une  église  qui  avait  son  clergé  ,  en 
sorte  (pi'il  arrivait  ordinairement  (pi'anx  fêles  solen- 
nelles ils  étaient  occupés  à  faire  l'office  dans  leurs 
églises  ,  ce  qui  était  cause  que  les  patriarches  n'étaient 
point  assistés  dans  ces  occasions  des  minisires  les  plus 
honorables  de  kur  clergé.  Ce  fut  ce  qui  détermina, 
selon  lui,  un  i)alriarche,  à  ordonner  (ju'à  l'avenir  ils 
ne  fussent  que  diacres,  afin  (|u'en  ces  jours  de  céré- 
monie il  !ie  fût  point  privé  de  leur  ministère.  Ce  que 
dit  cel  auteur  peut  être  vrai,  mais  il  est  constant 
d'ailleurs  (juc  de|)uis  très-longtemps  ils  ne  sonl  point 


à  quelle  dignité  il  jugerait  à  propos  ,  excepté  celle  du  j    par  état  initiés  au  sacerdoce.  Cela  paraît  par  la  sous- 
sacerdoce.  Ce  qui  montre  qu'alors  le  charlophylax  ,.,,..  ,»-.,•    c  i    i       s  ^.>«  -î 
^                   ^                                       |0  Epitome  m  sect.  2,  tit.  4,  m  Scbol.,  ad  can.  7 

(I)  Cet  édit  d'Alexis  se  trouve  aussi  dans  le  second  |  conc.  in.  TruUo. 
livre  du  Droit  oriental.  1      (2)  Notitiai  ex  Bibliothecâ  regià,  el  ah»  quas  ex- 

{2)  Schol.  Anast.,  act.  2  synod.  VUL  i^'  ^'■' iosil  Coarii-;. 


997 


ORDRE.  —  PART.  111.  CllAP.  XIU.  VARIETE  DANS  L'ORDRE  CHEZ  LES  GRECS. 


998 


criptioil  d'un  nommé  Georges,  cloiil  il  csl  lïiit  nicii- 
lion  dans  la  i»reniiéro  action  du  sixième  (?()ii<il(î,  car 
il  se  qnalilie  ciiarlo|iliyUix  et  diane  :  il  semMe  que 
s.don  la  seconde  novelle  d'Iléraclius,  ils  élaitMit  indif- 
léremmeni  prèlres  on  diacres.  Au  reste  depuis  long- 
lemps  ils  n'ont  que  l'ordre  de  diacres,  et  néanmoins  ils 
précèdent  les  évèiiues  et  les  mélropuiilains  dans  les 
assemblées  ecclésiaslicines;  ce  qui  est  vrai  non  seide- 
nient  à  l'égard  du  cliarl'iphylax ,  mais  aussi  de  ceux  i 
que  l'on  appelle  conune  lui  du  nom  connnun  iïexoca- 
tacœles.  Que  si  l'on  ne  voit  pas  que  les  évoques  aient 
conlesié  ci-  rang  et  celte  autorité  aux  autres ,  connue 
au  cliaitopliylax,  cela  ne  vient  |  as  de  ce  que  ceux-là 
étaient  inférieurs  à  celui  ci,  puis-que  même  (|Uidques- 
uns  d'entre  eux  avaient  le  pas  au-dessus  de  lui ,  mais 
de  ce  que  les  fonctions  dont  ils  étaient  chargés  n'a- 
vaient rien  de  commun  avec  celles  des  évèqucs.  Au  \ 
litu  que  le  cliarlopliylax  se  trouvait  souvent  en  con- 
currence avec  eux  ,  étant  chargé  de  l'administration 
de  toutes  les  adaires  qui  avaient  rappoit  à  la  juri- 
diction épiscopale  du  patriarche,  dont  il  était  en  même 
temps  ce  que  nous  appellerions  suivant  nos  usages  le 
grand-vicaire  de  l'oliicial,  à  peu  près  comme  nous 
avons  vu  dans  les  chapitres  précédents  qu'étaient  au- 
trefois les  archidiacres  à  l'égard  des  évèques,  ce  (jui 
lui  donnait  lieu  de  se  trouver  souvent  avec  les  prélats, 
et  d'avoir  afl'aire  avec  eux. 

Cette  prééminence  des  ol'liciers  du  patriarclie  se  fait 
remarquer  dans  ce  qui  se  passa  an  concile  de  Flo- 
rence :  car  ils  furent  les  premiers  qui  saluèrent  le 
Pape  après  le  Patriarche  ,  et  le  baisèrent  à  la  joue 
avec  les  évoques,  au  lieu  (|ue  les  autres  ne  furent  ad- 
mis qu'à  lui  baiser  la  main.  Il  est  inutile  de  recher- 
<;nci  rorigiue  de  ce  terme,  i|(ri/.«Tâxot/ot ,  sur  lequel 
les  savants  font  diverses  conjectures.    Souvent  les 
choses  prennent  leur  nom  par  une  rencontre  fortuite,  i 
souvent  dans  le  temps  ménie  qu'elles  changent  de  \ 
nom,  on  ignore  quelle  est  la  cause  de  ce  changement.  ; 
Laissant  donc  à  part  ce  qui  concerne  l'étymologie  de  ' 
ce  nom,  sur  laquelle  les  savants  sont  partagés,  sans  \ 
qu'on  puisse  déterminer  au  juste  lesquels  d'entre  eux  i 
ont  été  plus  heureux  dans  leurs  conjectures,  nous  nous  i 


graiid  sacellaire  d(;vait  veiller  sur  tous  les  monastères, 
tant  de  la  ville  (pic  de  la  campagne  ;  le  grand  tréso- 
rier était  chargé  de  la  garde  des  vases  sacrés  et  des 
m(;nl)l('s  de  l'église:  mais  le  ciiailo|ihylax  ,.  dont  cet 
auteur  décrit  en  termes  emphali(|ut's  1rs  devnjis  et  les 
diverses  fonctions,  exerçait,  pom-  le  dire  en  un  mot, 
la  juridiction  tant  volontaire  que  contcntirusc  au  nom 
du  patriarche  dont  il  était  le  vicaire-général  cl  le 
i  chancelier. 

Cette  dignité  était  déjà  fort  considérable  dans  le  '.)' 
siècle.  Anasiase- le -Bibliothécaire  en  décrit  les  pré- 
rogatives, quilditêtre  les  mêmes  (piecellesdub. bliolhé- 
caire  de  l'église  de  Uoine.  Il  dit,  entre  autres,  qu'aucun 
préial  ni  clerc  étranger  n'est  rciu  à  C  audience  du  patriarche 
sans  lui  ;  qu'aucun  n'est  présenté  dans  les  assemblées  ec- 
clésiastiques que  par  lui  ;  (|ue  le  patriarche  ne  reçoit  point 
de  lettres  qu'elles  ne  lui  aient  passé  par  les  mains  ;  qw'au- 
cun  n'est  élevé  à  la  prélature,  ni  aux  moindres  degrés  de 
la  cléricalure,  ni  au  gouvernement  des  monastères,  qu'il 
ne  l'ail  approuvé  et  recommandé,  et  qu'il  n'en  ail  dit  son 
avis  au  patriarche  à  qui  il  le  présente.  Si  dès  lors  le  pou- 
voir du  chartopliylax  avait  tant  d'étendue  ,  il  ne  faut 
pas  s'étonner  si  cet  oi'licier  a  depuis  acquis  une  si  ample 
juridiction  dans  les  églises  d'Orient  :  car ,  comme  on 
sait ,  toute  puissance  tend  toujours  à  son  accroisse- 
ment. 

Anastasc  remarque  judicieusement  que  le  nom  de 
charlo|>hylax  vient  originairement  de  ce  que  celui  qui 
le  portait  était  clsargé  de  la  garde  et  de  la  conservation 
des  chartes  de  l'église.  Balsanmn  se  récrie  mal  à  propos 
i  contre  cette  étymologic.  Quelques-uns,  dil-il,  prétendent 
--  que  ce  nom  vient  de  ce  que  le  cliartophylax  avait  le  soin 
]  de  garder  les  écrits  et  les  tnéinoires  qui  concernaient  les 
affaires  de  l'église;  mais  il  faut  ôter  le  scandale  qui  pour- 
rail  naître  de  cette  opinion.  Le  cliartophylax  n'est  point 
un  gardien  du  secret  et  un  portier ,  mais  il  a  soin  de  la 
conservation  des  droits  épiscopaux.  Ce  discours  est  froid 
et  insipide.  Ce  qu'il  dit  contre  cetie  élynn)logie  si  na- 
turelle n'est  point  contraire  au  sentinicnt  dAnastase, 
puisque,  selon  le  patriarche  Nicolas  (  1),  les  portiers  qui 
étaient  chargés  de  la  garde  des  chartes  étaient  sub- 
ordonnés au  chartophylax,  marque  certaine  qu'il  avait 


contenterons,  après  ce  qui  a  été  dit  en  général  de  ces  :   ^^'^  em|doi,  et  qu'il  l'exerçait  en  chef  par  les  bas  of- 


ofliciers  de  l'église  de  Cimsiantinople ,  de  remarquer 
que  celui  d'entre  eux  qui  est  le  plus  occupé,  et  dont 
les  fonctions  ont  le  plus  de  rapport  au  gouvernement 
de  l'Église,  est  le  chaitophylax. 

Balsamon,  (pu,  avant  de  monter  sur  le  siège  pa- 
triarcal d'Anliochc ,  avait  exercé  cet  emploi ,  nous 
dorme  une  idée  des  Hmctions  qui  y  sont  attachées,  en 
distinguant  ce  (pu  reganle  l'Église  en  général  de  ce  qui 
regarde  la  juridiction  que  les  canons  Oiit  attribuée  à 
l'évéque  de  Conslanlinople  en  pailiculier.  Sur  quoi  il 
dit  que  les  autres  cxoc;vtacœlcs  étaient  chargés  de 
l'administration  des  aflaircs  qui  avaient  rapport  à 
l'Église;  mais  que  le  chartoph\la\  était  le  vicaire  du 
patriarche  dans  ce  qui  conceine  l'administration  dos 
affaires  de  la  seconde  espèce,  .\insi,  le  grand  économe 
devait  prendre  soin  des  biens   fonds  de  l'église;  le 


ficiers  qui  étaient  à  ses  gages  ou  à  ceux  de  l'église. 

Les  Grecs  d(!S  derniers  temps  ont  ajouté  au  litre  de 
chartophylax  celui  de  grand ,  que  ne  portait  pas  an- 
ciennement cet  officier.  Caiitacnzène  (:2)  nous  apprend 
la  raiso.i  de  ce  changement  :  savoir,  que  le  jeune 
Andronic  étant  |>arvenu  à  lYMupire,  voulut  réoompen- 
i  ser  le  chartophylax  (nonnné  C\lalis),  dont  les  soins  et 
i  les  conseils  lui  avaient  été  fort  uiih  s.  Il  ajoute  q-e 
celui-ci  refusa  les  hoimeurs  qu'il  lui  oiTr.iit  :  ce  que 
voyant  le  prince,  il  ajouta  au  nom  de  sa  dii:niié  K'  titre 
de  grand,  «pie  .ses  successecu'S  ont  conservé.  Parions 
p  ésentemcnt  de  quelques  oUiciers  dont  l'Église  se  ser- 
vait anciennement,  et  dont  les  emplois  ont  depuis  été 
abolis. 

(1)  Lih.  i  .Iinis  oriental. 
("2)  Lih.  %  e.  I. 


CHAPITRE  XIV- 

Des  économes  des  églises  laiil  en  Orient  qu'en  Occident; 

de  leurs  fonctions,  de  leur  ordre.  Celti-  d'içjnité  est  depuis 

longtemps  abolie  en  Occident  ;  elle  subsiste  encore  dans 

r église  grecque. 

C'est  une  chose  connue  de  tous  ceux  qui  n'igno- 
rent pasenlièrenienl  l'étal  ancien  de  l'Église,  que  d'a- 
bord les  ministres  de  la  leligion  ne  vivaient  (juc  dos 
ol)lalions  volontaires  et  journalières  des  fidèles.  L'E-  | 
glise  daus  la  suite  ayant  eu  des  fonds  de  terre,  ils  ap- 
partinrent à  tous  en  coiuiuuu,  cliacun  d'eux  eu  liiaut 
sa  subsistance  suivant  le  rang  qu'il  occupait  daus  le 
ministère,  et  les  services  qu'il  rendait.  Ou  sait  que  de- 
puis on  partagea  tant  les  revenus  des  fonds ,  que  ce 
que  les  fidèles  offraient  tous  les  jours  en  quatre  parties 
égales ,  dont  la  première  était  affectée  à  l'évéque  .  la 
seconde  au  clergé,  la  troisième  aux  pauvres,  la  qua- 
trième à  la  fabrique,  ou  à  l'entretien  et  à  la  réparaiion 
des  bâtiments  des  églises  et  des  biens  qui  en  dépen- 
daient. 

Tant  que  ces  dispositions  ont  eu  lieu,  l'évéque,  à  qui 
seul  on  attribuait  une  de  ces  portions  à  cause  de 
l'hospitalité,  cimime  dit  saint  Grégoire  (1),  était  l'éco- 
nome et  le  dispensateur  en  chef  de  ces  biens  sacrés. 
Mais,  comme  il  était  accablé  d'une  foule  d'affaires  in- 
finiment plus  importantes,  et  qui  avaient  un  rapport 
plus  direct  à  la  sanctification  des  ùme>que  l'adminis- 
tration de  ces  biens  temporels,  il  ne  faut  pas  s'iuuigi- 
ner  qu'il  en  fît  sa  principale  occupaiiou  ,  et  qu'il  em- 
ployât un  temps  si  précieux  à  dresser  des  comptes  de 
dépense  et  de  recette,  il  fallait  qu'il  eût  des  personnes 
de  confiance  sur  lesquelles  il  pût  se  reposer  de  ce  soin, 
sans  cependant  l'abandonner  entièrement.  Il  devait 
veiller  sur  l'économe,  mais  il  réservait  son  temps  pour 
vaquer  avec  plus  de  loisir  à  la  prièrii  et  à  la  prédica- 
tion de  la  parole  de  Dieu,  tant  en  public  qu'en  parti- 
culier. C'étaient  là  proprement  les  deux  fonctions  es- 
sentielles de  s<m  ministère  ;  il  abandonnait  le  reste  à 
la  fidélité  et  à  la  prudence  des  ministres  subalternes, 
qui  devaient  au  moins  lui  rendre  un  compte  sommaire 
de  leur  gestion. 

Ces  ministres  subalternes  étaient  les  économes  des 
églises,  qui,  comme  vous  voyez ,  devaient  être  bien 
anciens.  Les  évècpies  et  les  prêtres  n'étant  pas  en 
état  de  vaquer  aux  affaires  leniporelles  ,  et  ayant 
d'ailleurs  besoin  de  remettre  ladministration  des 
biens  temporels  de  l'église  entre  les  mains  d'une 
tierce  personne  pour  se  conserver  une  réputation 
entière,  et  ôter  toute  occasion  de  les  soupçonner  d'a- 
varice: car  rien  n'est  plus  nécessaire  aux  minisires 
sacrés  qu'une  réputation  exempte  de  toute  flétris- 
sure, et  rien  n'est  plus  capable  de  détruire  tout  le  fridt 
de  leurs  travaux  que  le  soupçon  d'inlérét.  C'e^t  la  raison 
^  pour  laquelle  le  concile  de  Calcédoine  (eau.  26)  veut 
absolument  qu'il  y  ait  un  économe  dans  chaque  église 
pour  en  régir  les  biens.  Voici  comme  il  s'exprime  là 
dessus  :  Parce  que  dans  quelques  églises,  ainsi  que  nous 

(1)  Ad  intcrrog.  S.  Aug.  resp.  1. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  1000 

Cavons  appris,  les  érêques  administrent  tes  affaires  de 
l'église  sans  économe,  il  nous  a  sentblé  bon  que  toute 
église  qui  a  un  évèiiue,  ait  aussi  un  économe  tiré  de 
son  clergé,  afin  que  rien  ne  se  fusse  sans  témoin,  que 
les  biens  de  l'église  ne  soient  point  dissipés,  et  que  la 
réputation  du  pontife  ne  soil  souillée  par  aucune  flétris- 
sure. Telle  était  l'atteiition  des  anciens  pour  conser- 
ver aux  prélats  une  réputation  hors  de  toute  atteinte. 
Comme  ils  voulaient  qu'ils  fussent  toujours  accompa- 
gnés des  clercs,  même  dans  leurs  maisons,  pour  être 
les  témoins  irréprochables  de  leur  conduite  domesti- 
que, d'où  vient  que  ces  clercs  s'appelaient  sijncelles, 
de  même  ils  exigeaient  d'eux  qu'ils  n'entreprissent 
pas  seuls  et  par  eux  mêmes  de  régir  les  biens  lem- 
porels  de  l'église,  mais  qu'ils  en  confiassent  la  charge 
à  un  économe,  ou  au  moins  qu'ils  la  partageassent 
avec  lui,  afin  qu'on  ne  pût  les  soupçonner  de  s'ap- 
proprier rien  des  biens  communs. 

Ce  can(in  du  concile  de  Calcédoine  suppose 
manifestement  la  coutume  de  faire  régir  les  biens  ec- 
clésiastiques par  un  économe  ;  et  connue  il  est  re- 
nouvelé par  le  quatrième  concile  de  Tolède  (cap.  48), 
et  par  le  second  de  Séville  (  cap.  9  ),  on  peut  assurer 
sans  craindre  de  se  tromper  que  cet  usage  était  gé- 
néra! dans  toute  l'Eglise. 

Dans  la  suite  les  prélats  connaissant  moins  leurs 
obligations  essentielles,  et  les  sages  raisons  qui 
avaient  introduit  cette  coutume,  la  négligèrent  in- 
sensiblemeiil,  et  se  mirent  sur  le  pied  de  se  passer 
d'économes.  Pour  remédier  à  cet  abus,  le  second 
concile  de  Nicée  (can.  H)fit  l'ordonnance  suivante. 
Si  cliacun  des  métropolitains  établit  un  économe  dans 
son  église,  à  la  bonne  heure;  sinon  il  sera  permis  à  révé- 
que  de  Constuutinople  d'en  établir  par  sa  propre  autorité 
dans  l'église  du  métropolitain,  comme  le  métropolitain 
pourra  le  faire  à  fégard  des  évêques  qui  lui  sont  sou- 
mis,  s'ils  manquent  de  le  faire.  Qu'on  observe  ta  même 
chose  à  l'égard  des  monastères.  Cet  usage  s'est  con- 
servé dans  les  monastères,  où  les  biens  sont  encore 
en  conuuun  :  mais  depuis  longtemps  il  est  devenu 
inutile  dans  les  autres  églises,  depuis  le  partage  que 
l'on  y  a  fait  des  biens  communs,  dont  chacun  s'est 
approprié  une  portion. 

Selon  le  canon  du  concile  de  Calcédoine,  l'économe 
de  l'église  devait  êtie  membre  du  clergé;  les  con- 
ciles de  Tolède  et  de  Séville  disent  la  même  chose, 
et  ce  dernier  en  exclut  absolument  les  l.iïques,  mais 
ils  ne  déterminent  pas  de  quel  ordre  du  clergé  il 
devait  être  pris.  INous  voyons  néanmoins  par  plu- 
sieurs monuments  de  l'antiquité  ecclésiastique  et  par 
divers  traits  d'histoire,  que  l'économe  était  assez  or- 
dinairement prêtre  ou  diacre.  Par  exemple,  un  nom- 
mé Charisius,  prêtre  et  éeonouîe  de  l'église  de  Phila- 
delphie, se  trouve  dans  les  Actes  du  concile  d'Éphèsc 
avoir  souscrit.  Anastase,  dans  son  Histoire  (I),  écrit 
qu'un  certain  Jean  de  Tabeime,  de  prêtre  et  économe 
I  de  l'église  d'Alexandrie,  en  avait  été  fait  évéque  ;  et 
(1)  Tom.  2,  c.  29  d  30,     ad  scptimum   Zenonis 


1001           ORDRE.  -  PART.  111.  CllAP.  XIV.  DES  ÉCONOMES  DES  DIVERSES  EGLISES.  ^002 

que    Paul   ..rclunèaMc  ,1e  ConslanliMopIc.    iuail  ô.é  ||  lÏTono.ue  doit  cire  caulion  pour  ou v  ;  mais  n„c  s'il 
nnparavant  prelro  et  ccono.nc   de    cette  église    (1).  ;,  s'agit  daflaires   ecciésias.in.L.  on  i  '     .:  ' 


.niiparavaiit  prêtre  et  économe  de  cette  église  (1^. 
D'un  autre  cXi'-  il  pan.il  par  les  Actes  des  Apôtres  que 
les  diacres  rureiil  élabiis  en  partie  pour  prendre  soin 
des  biens  len.porels  de  l'église.  On  voit  ,,uc  saint 
Laurent  en  avait  à  Rou.e  ladriiinislralion  ;  cl  nous 
avons  vu  dans  le  chapitre  |.rocéd.Mit  que  les  six  offi- 
ciers de  l'église  de  Constantinople  nommés  Exo- 
caiaoœles,  do.it  l'économe  tenait  le  premier  rang, 
élaienl  diacres,  quoique,  suivant  Codin  (c.  9),  iîs 
eussent  été  prêtres  ancienncnieiil.  Tout  cela  montre 
que  l'usage  sur  ce  point  n'était  point  uniforme,  et 
que  dans  certains  lieux  les  économes  étaient  prêtres, 
et  dans  d'aulres  seulement  diacres. 

Les  évêques  avaient  la  principale  part  dans  le  choix 
de  l'économe,  mais  le  clergé  concourait  avec  eux  à 
cède  élection.  Outre  que  plusieurs  conciles  (2),  sem- 
blent l'insinuer  assez  clairenient,  Théophile  d'Alexan- 
drie ne  laisse  aucun  doute  là-dessus  ,  lorsqu'il  dit  :  (5) 
Que  ron  élise  un  autre  économe  du  commun  consente- 
ment  de  Cordre  sacerdotal....  ,  af,n  que  les  biens  ecclé-  1 
smttques  soient  employés  à    des  usages   convenables.  \ 
Dans  la  suite  les  évêques  s'attribuèrent  le  droit  d'élire  ' 
seuls  l'économe  ,    au  moins,  dans  plusieurs  endroit, 
comme  il  paraît  qu'on  doit  l'inférer  du  règlement  dû 
second  concile  de  Nicée ,  que  nous  avons  rapporté    et  • 
du  second  concile  de  Séville.  Les  princes  mêmes  se  ^ 
sont  m,s  en  possession  de  faire  ce  choix,  au  moins  en 
Orient.   Ce  que  téu.oigne  assez  Zonare ,  lorsqu'il  loue 
1  empereur  Isaac   Comnène  d'avoir  remis  au  patriar- 
che lechoix  du  grand  économe,  et  du  trésorier  que 
ses  prédécesseurs  avaient  élus  depuis  long-temps 

Quoique  le  nom  d'économe  de  l'église  fasse   assez 
connaître  quel  était  son  emploi  et  ses  fonctions,  il  est 
bon  néanmoins,  d'en  tracer  une  idée,  d'après  ce  que 
les  anciens  en  ont  dit.  S.  Isidore  de  Séville  les  expli- 
que en  détail  {i}:CestàCéconome,   dit-il,  quL- 
partwH  la  réparation  et  la  construction   des   églises 
t  est  a  lui  qu'il  convient  de  soutenir  les  intérêts   de  ré- 
gltse,  soit  en  demandant,  soit  en  défendant  devant  les 
mes.  Cest  lui  qui  est   le   receveur  des   redevances    et 
<iui  en  tient  registre.  Il  prend  soin  de  la  culture  des 
champs  et  des  vignes,  des  affaires  qui  concernent  les  pos- 
sessions de  r église  et  les  servitudes  qu'elle  a  droit  d'exi- 
ger.  Il  est  chargé  de  distribuer  aux  clercs,  aux  veuves 
et  aux  dévotes,  les  choses  dont  elles  ont  besoin  chaque 
jour  pour  vivre.  Il  a  [soin  de  ce  qui  regarde  les  habille- 
ments,  et  du,  vivre  des  domestiques,  des  serfs   et  des  ar- 
t,sunsl,  et  il  doit  exécuter  tout  cela  sous  les  ordres  et  avec 
m  dépendance  de  révèque.  Ce  que  S.   Isidore  dit  ici 
touchant  les  causes  de   l'église  que  doit  souieni.' 
leconome,  est  conforme  à  la  loi  qui  se  lit  dans  le  i 
Code  (5),  par  laquelle  il  est  ordonné,  que  si  on  atta- 
que les  prêlres en  justice,  en  leurs pr..p,os personnes 


(I)  Idom  in  Horacloona. 

j^jOan^r.  Mil,  Anlio.h.  c.5;  Toict.,  48;Meld  47 

(4)  Ep.  ad  Lcudof.  Cordul).  Episcopum. 
o)  Uc  Lpiscopis  et  Clericis  I.  55,  §  2  et  i. 


s'agit  d'affaires   ecclésiasliqiies,  on  iiilenliia  action 
contre  l'économe  lui-même. 

Les  empereurs    Charlemagne  et  Louis-le-Dèbon- 
iiairo  (1)  rendent  les   économes  responsables  de  tous 
les  dommages  qui  arrivent  à  l'église,  par   les  aliéiia- 
lioiis  injustes,  et  veulent  qu'ils  soient  déposés  de  leur 
emploi,  pour  n'avoir  point  empêché  les  évêques  d'a- 
liéner les  biens  de  r.'glise.    Le  concile  de  l'oniion , 
dont  les  actes  se  lisent  dans  le  troisième  tome  des 
Conciles  des  Gaules  (2),  veut  que  les  biens  de  l'église 
et  de  révêqucdéfunl,  soient  mis  ès-mains  de  l'éco- 
nome, pendant  la  vacance  du  siège,    afin  qu'ils    ne 
soient  poinl  pillés  par  les  clerc-,  et  les  laïques.  Lecon- 
cile  de  Woruies   (cap.  70)    prescrit  la  même  chose, 
et  iMiur  la  même  raison.  Cequi  avait  déjà  été  ordonné 
anlèrieuremcnt  par  plusieurs  autres  synodes  (5),  quoi- 
que ces  derniers  ne  fassent  point  mention  expresse  de 
l'économe.   Les  fonctions  de  l'économe  étaient  à  peu 
près  les  mêmes  en  Orient  que   dans  nos  églises.  Cela 
parait  par  diverses  notices  des  officiers  ecclésiastiques, 
i  dont  le  P.  Morin  donne  les  extraits  sur  la  lin  de  son 
I  livre  des  Ordinations  (i),  et  parce  que  disent  Codin  et 
Simeon  de  Thessalonique  (5).  Celui-ci  en  parle  en  ces 
termes  :  Véconome  est  ordonné,  afin  qu'il  ait  soin  des 
possessions  et  des  revenus  de  l'église  assignés  à  un  cha- 
cun. Il  faut  qu'il  soit  attentif  an  bien  public   et  au  bon 
ordre  des  affaires  ecclésiastiques,  elc. 

L'église  de  Consianiinople  ,  en  particulier,  avait  un 
officier  chargé  de  ce  soin  ,  lequel  tenait  le   premier 
rang  dans  le  clergé  ,  et  avait  sous  lui  divers  officiers 
subalternes,  pour  l'aider  dans  ses  funciions  ,  et   on 
rappelait  pour    ce    sujet,  le  grand  économe,    ou  le 
premier  économe.  Celle  dignité  môme  subsiste  encore 
dans  cette  église,  autant  que  le  misérable  état  où  elle 
est  réduite  sous  la   domination  des  Turcs   le   peut 
permettre.  Mais  parmi  nous,  elle  est  éteinte   depuis 
plus  de  cinq  cents   ans,  èlanl  devenue  inutile  par  le 
partage  des  biens  de  l'église  ,  ,]iii  ont  élé  donnés  en 
bénéfice  aux  divers  membres  du  clergé.  Fulbert  de 
Chartres  a  écrit  une   lettre  (85)  à  l'économe  de  l'é- 
glise d'Orléans,  qui  lui  avait  demandé   l'éclaircisse- 
ment   dune  question   difficile ,  et  le  même  auteur 
dai.s  une  lettre  (80)  au  roi  Robert,    lui    lait    savoir 
qu'il  a  reçu  ses  ordres  par  l'économe  de  l'église  de 
Sainte-Croix,  qui  est  la  cathédrale  de  celte  ville. 
^  Urbain  II,  parle  encore  de  l'économat  ((i), comme 
d'une  dignité  subsislanlc,  et  des  plus  considérables  du 
clergé.  Elle  n'était  pas  encore  éteinte  cent  ans  après, 
puisque  le  pape  Innocent  II  en  fait  aussi  mention  dans 
le  second  concile  de  Latran.  Mais  à  présent,  il  n'y  a 
plus  d'économe  en  litre  d'office,  et  il  paraît'  par  les 
décréiales  île  Grégoire  IX,  (pièces  officiers  ne  sont  de- 


5;   Valenlin.  in   Hisp.  c.  2; 


m.  XX. 


nCapilnlar.  I.  2,  c.  29. 
2)  Pag.  Ii2. 
(5)  Conc.  Hegiens.  c 
Trullen    c.  7>o. 
(i)  Pan.  5,  exerc.  IG,  c.  (3. 
(.'il  Codin.  deOir.  eccl.  Constanslinop 
(G)  I .  q.  3,  c.  Salvator. 

32 


1003  lîiSTOIIŒ  DES 

puis  ce  lomps  (pic  pr»r  (Commission,  cl  ("inljlis  pour 
un  U'Uips  s;eu(omcnt  ot  pour  quelqiu-s  aft'Miros  parli- 
ciilièrcs.  Le  concile  de  Tienle  en  (larie  on  ce  sens  (1), 
et  il  ordonne,  entre  autres,  que  leoliapilre,  pendant 
la  vacance  du  siège  ,  dans  les  endroits  où,  suivant  la 
coulninc  ,  le  soin  de  percevoir  les  revenus  de  révècho 
lui  appartient,  créera  un  ou  plusieurs  ccononies  fidèles 
et  diligents,  pour  régir  les  biens  et  les  revenus  ecclé- 
siastiques, dont  ils  rendront  compte  à  ceux  à  qui  il 
appartiendra.  La  dignité  d'économe  est  tombée  depuis 
si  longtemps  dans  l'oubli,  que  l'auteur  de  la  Glose  (2) 
confond  l'économe  dont  il  est  i)arlé  dans  le  cliapilre 
Salvator,  avec  les  prévôts  des  chanoines,  auxquels  les 
chapitres  confiaient  pour  un  temps,  dans  certaines 
églises  collégiales  ou  cathédrales  (5),  une  portion  des 
biens  du  chapilre  à  gouverner. 

CHAPITRE  XV. 

Des  défenseurs  des  églises,  quand  et  à  queUe  occnsion  ils 
ont  été  institués.  De  leurs  emplois  et  de  leur  condi- 
tion. 

Il  est  souvent  fait  mention  des  défenseurs  des  églises 
dans  les  auteurs  et  les  monuments  ecclésiaslicpies, 
depuis  le  temps  des  persécutions.  Celaient  des  offi- 
ciers chargés  d'intercéder  auprès  des  piinct'S  et  des 
magistrats,  pour  l'église  et  les  personnes  ccclésiasli- 
qnes,  et  de  maintenir  leurs  privilèges,  leurs  innnuni- 
lés,  et  leurs  prérogatives.  Il  n'arrivait  que  trop  sou- 
vent, dans  les  étals  même  les  mieux  policés,  que  des 
magistrats  ordinaires  abusaient  de  leur  autoriié,  et 
que  l'on  se  irouvail  obligé  d'avoir  recours  aux  princes 
pour  arrêter  le  cours  de  leurs  injtisliccs.  De  |)lus  il  se 
trouvait  des  personnes  puissantes  qui  exerçaient  des 
violences.  L'église  n'avait  pas  de  quoi  se  mettre  à 
l'abri  de  leurs  vexations,  étant  désarmée,  et  ne  pou- 
vant se  défendre  que  p;>r  l'excommunication  ,  (pii  est 
la  plus  grande  peine  qu'elle  puisse  infliger,  mais  dont 
se  moquent  ceux  qui  ne  sont  pas  touchés  de  la  crainte 
de  Dieu.  Enfin  ,  l'église  prenait  sous  sa  protection  les 
pauvres,  les  aflîigés,  les  veuves,  et  les  orphelins,  et 
il  arrivait  souvent  que,  faute  d'être  elle-même  dé- 
fendue ,  celle  protection  devenait  inutile.  Ce  sont 
toutes  ces  raisons  qui  oui  porté  les  empereurs  cliré- 
liens  à  donner  à  l'église  des  défenseurs  qui ,  par  leur 
autoriié,  la  missent  à  couvert  des  violences  des  mé- 
chanls,  ouqui  au  moins  se  chaigcassent  de  poursui- 
vre ses  causes,  soit  civiles,  soit  criininetlcs ,  aupiês 
des  princes,  des  juges  et  des  magistrats. 

Telle  a  été  la  véritable  origine  des  défenseurs,  dont 
par  conséquent  on  ne  peul  faire  rcmonler  le  comuien- 
ccment  au-delà  du  temps  que  les  princes  ont  embrassé 
le  christianisme.  Ou  ne  voit  pas  même  que  l'Eglise 
ait  eu  recours  à  ce  remède  contre  les  violences  aussi- 
tôt après  la  conversion  des  princes.  Les  premiers  qui 

(1)  Sess.  21,  c.  16. 

(2)  In  dist.  99,  c.  1,  in  c.  S(dvator.  i,  q.  5,  ad  no- 
men.  Prœpositnm. 

(5)  Cela  se  fait  encore  dans  le  chapitre  delà  cailié- 
drale  de  Yeidun. 


SACREMENTS.  KiOl 

aient  imploré  pour  OC  sujet  leur  protection  cl  qui 
aient  demandé  des  défenseurs,  fnreni,  suivant  loiile 
apparence  ,  les  évèquos  d'Afrique ,  qui  résolurent  , 
dans  le  concile  de  Milève  (c.  10) ,  de  demander  celle 
grâce  aux  empereurs,  en  les  suppliant  de  donner  aux 
églises  des  scolastlrptes  ,  c'est-à-dire,  de^  ftvocals  ou 
jmisconsultcs  habiles  ,  qui  défendissent  les  causes 
ecclésiastiques  à  la  manière  des  évèques  des  provin- 
ces, et  qui  eussent  mi  libre  accès  auprès  des  juges 
pour  y  prendre  la  défense  des  causes  de  Téglise  con- 
tre les  hommes  Ironippurs  ,  et  pour  dire  aux  magis- 
trats ce  qu'ils  croiraient  convenable  et  nécessaire 
dans  les  difïérenles  coujonclures.  Le  concile  d'A- 
frique (c.  64)  députa  pour  ce  sujet  deux  légals  aux 
empereurs  ,  savoir,  Vincent  et  Forlunalien  ,  et  le 
cinquième  concile  de  Cartbage  (can.  9),  explique  les 
motifs  de  cette  dépulation  en  disant  :  //  nous  a  semblé 
bon,  à  cause  des  maux  dont  les  pauvres  sont  accablés, 
et  de  l'affliction  quen  souffre  incessamment  l'Kqtise,  de 
nous  joindre  tous  ensemble  pour  dcm.nuler  eux  ent- 
pereurs  qu'ils  dai(jn<nl  leur  donner  des  défenseurs  au 
choix  des  évéques,  pour  les  mettre  à  couvert  de  la 
puissance  des  riches  qui  les  oppriment.  «  Ab  imperato- 
4  ribus  univcrsis  visum  est  poslulandum  propter  ajflictio- 
i  ncm  pauperum,  quorum  violestiis  sine  intermissione 
i  fitliqnlur  Ecclesia,  ut  defensorcs  cis  advcrsus  poten- 
«  tias  divitum  cum  episcoporum  provisione  delegcnlur.  i 
S.  Grégoire-le-Grand(l)nous  apprend  que  le  princi- 
pal devoir  des  défenseurs  était  de  protéger  les  pauvres 
et  de  Ivs  mettre  à  l'abri  des  oppressions  des  riches  ; 
mais  sous  le  uom  de  pauvres  il  faut  aussi  c<imi)rendre 
lous  les  faibles,  comme  les  veuves,  les  orphelins,  etc. 
dont  TEglLse  prenait  un  soin  particulier. 

L'Eglise,  en  demandant  des  défenseurs  au  prince  , 
n'a  point  fait  une  chose  extraordinaire.  Ces  ofliciers 
n'élaient  point  nouveaux  dans  l'empire  Plusieurs 
cités  avaiejit  testeurs;  car,  à  l'imilalion  de  Rome, 
qui  avait  son  sénat,  ses  consuls  et  des  Iribims  du 
peuple  qui  élaient  proprement  les  défenseurs  des 
droits  il  de  la  lilicrlé  des  citoyens:  elles  avaient 
aussi  leur  cour,  curium,  qui  représentait  le  sénat,  et 
(pii  était  composée  des  déeurious  et  des  duumvirs  qui 
répondaient  aux  deux  consuls,  et  enfin  des  défenseurs 
du  peuple  dont  la  charge  était  à  peu  près  la  même  que 
celle  des  tribuns  à  Rome.  On  le  nonimail  (2)  defenso- 
rcs lucorum ,  patroni,  defensorcs  ruslicoru)n,  etc.,  et 
leui' emploi  élait  tautôl  quinquennale,  tantôt pourdeux 
ajis  seulement. 

Les  princes  qui  les  avaient  établis  voulaient  qu'ils 
tinssent  lieu  de  pères  au  peuple  (5),  qu'ils  s'opposas- 
sent aux  exactions  injustes  que  l'on  voudrait  faire  sur 
lui,  et  qu'ils  résistassent  même  aux  juges  en  conser- 
vant pour  eux  les  égards  dus  à  leur  dignité.  Ils  vou- 
laient de  plus  qu'ils  eussent  droit  d'entrer  cltui  les 
magistrats  quand  ils  le  jugeraient  à  propos,  el  qu'ils 
empêchassent    toules    les    fraudes    et  les  injustices 

(1)  Lib.  i,  ep.  25. 

(2)  L.  ûi,  cod.  de  Defensnr.  civit. 
(5)  L.  1,  cod.  de  011".  jnrid,  Alex. 


1005  ORDRE, 

qu'on  entreprendrait  de  faire  au  peuple,  et  qu'ils  en 
exigeassent  la  rcpnralion.  C'est  ce  que  nous  lisons 
dans  le  Code  sous  le  litrerfi-s  Dcfi'uscins  des  cités  (I). 
Une  aiilic  loi  ("2)  comprend  en  peu  de  mois  Ions  ces 
devoirs  en  disant  :  Qu'ils  tucltciit  à  ronvcrl  le  peuple 
et  les  décurious  de  l'insolence  des  inécluinis,  et  ijuils  ne 
cessent  jamais  d'être  ce  que  leur  nom  siijuijie.  l'nc  autre 
porte  (3)  :  Qn'ils  ne  soujfrent  point  que  les  crimes  se 
vinltiplient  par  l'impunité.  Qn'ils  éloignent  les  protec- 
tions que  clierclient  les  coupables ,  de  peur  que  les  mé- 
chants, se  sentant  soutenus,  ne  soient  plus  portés  à  s'a- 
bandonner aux  crimes. 

Ce  sont,  comme  vous  voyez,  les  mêmes  raisons 
pour  losipielles  les  empereurs  ont  créé  des  défon- 
seiirs  du  peuple,  qui  ont  engagé  les  évoques  à   leur 


PART.  1:1.  CHAP.  XV.  DÉFENSEURS  DES  EGLISES. 


looe 


'  la  dignité  de  d(''reiisein',  et  qu'il  mit  Ic  prÈm'Wr 
d'entre  eux  au  nomltre  des  hauts  officiers  de  son 
église.  Zonarc,  et  après  lui  Blastarcs,  nous  instrui- 
sent aussi  de  ce  qui  regarde  leur  charge  et  leurs  fonc- 
tions, I()rs<|u'ils  disent  que  c'était  à  eux  à  prêter  se- 
cours à  ceux  qui,  par  la  crainte  des  personnes  puis- 
santes, se  rcfiigiaient  dans  l'église  cl  imploraient  sa 
protection,  soit  qu'Us  fussent  vexés  injustement,  soit 
qu'ils  eussent  mérité  [>ar  leur  conduile  quelque 
punition  ;  cl  ((u'cnlin  ils  devaient  surtout  protéger  les 
personnes  libres  que  l'on  voulait  réduire  en  servi- 
tude: c'est  pour  ceux-là  principalement,  ajoute  Zonarc, 
que  l'on  crée  des  défenseurs  :  ôC  sj;  è'/.ôi/.oiyivsvTs:'.. 

S.  Grégoire  avait  coutume  de  condor  à  des  défen- 
seurs la   régie  des  patrimoines  que  l'église  llomaine 


en  demander  pour  l'Eglise.  Et  comme  ces  iirinccs ,  |  possédait  en  diverses  provinces;  c'est  pour(iuoi  il  se 
outre  le  droit  d'intercession  qu'ils  avaient  donné  à  |  trouve  un  grand  nombre  de  ses  lettres  adressées  à  ces 
ces  oflicicrs  ,  leur  avaient  encore  accordé  quebines  |  oCliciers,  ou  écrites  à  des  persomies  puissantes  et  à 
prérogatives  et  une  espèce  de  juridiction  ;  car  ils  ju-  p,  des  niagislrals  pour  les  leur  rcconnnander,  et  ,les 
geaient  des  causes  pécuniaires  entre  les  gens  de  la  i  prier  de  les  appuyer  de  leur  anloriié.  On  y  lit  mémo 
campagne,  les  pauvres  et  le  menu  peiq)Ie,  jus(iu"à  une  |  la  formule  de  leur  instilution,  qui  contient  les  de- 
certaine  sonnne;  de  même  les  évè(pies  et  les  conciles  i  voirs  qu'ils  avaient  à  remplir  dans  cette  administra- 
avaient  doimé  quelque  juridiclion  aux  défenseurs  de  I  l''>n,  et  la  manière  dont  ils  devaient  s'en  acquitter. 
l'Eglise.  I  C'est  ce  que  l'on  peut  voir  dans  quelques-unes  des 
C'est  ce  qui  parait  par  le  vingt-troisième  canon  du  |  lc:ltres  de  ce  saint  pape,  et  entre  autres  dans  cello 
concile  de  Calcédoine,  qui  ordonne  aux  défenseurs  I  qu'il  adressa  au  défenseur  romain,  et  dans  la  34*  du 
de  l'église  de  Constantinople  d'avertir  les  clercs  et  |  neuvième  livre  et  la  40"  du  10'.  Suivant  la  il'  du 
les  moines  qui  élaientdans  la  ville  imiiériale  sans  la 
permission  de  leur  évêque,  d'en  sortir  au  plus  tôt,  et 


de  retourner  chez  eux,  et  en  cas  qu'ils  ne  le  fassent 
pas,  de  les  en  chasser.  Suivant  les  lois  (4),  quand  les 
clercs  étaient  en  procès  pour  des  choses  qui  leur 
étaient  personnelles,  ils  devaient  donner  pour  cau- 
tion les  défenseurs  de  leurs  églises.  Le  défenseur 
avait  aussi  droit  (o)  de  faire  des  enquêtes  à  la  charge 
des  clercs,  qui ,  pendant  la  célébration  de  la  liturgie, 
manquaient  à  leurs  devo'u's,  et  surtout  à  la  psalmodie. 
Quoique  l'on  ne  puisse  pus  représenter  exactement 
les  droits  des  défenseurs,  et  jusqu'où  précisément  s'é- 
tendait leur  pouvoir,  et  sur  quelles  personnes,  les 
écrivains  ecclésiasti(jues  en  ayant  parlé  assez  confu- 
sément, on  peut  néanmoins  s'en  former  une  idée 
quoliprimpaifaite  ,   au  moins  à  l'égard   de     l'église 


même  livre,  écrite  à  ceux  qui  cu!tiv;iicnt  les  terres 
de  l'église  Romaine,  et  qui  étaient  une  espèce  de 
demi-serfs,  on  y  remarque  que  ces  paysans  devaient 
avoir  une  entière  soumission  aux  ordres  du  défen- 
seur, qui  avait  pouvoir  de  les  châtier,  en  cas  qu'ils 
refusassent  de  lui  obéir  dans  les  choses  qui  regardaient 
l'ulilité  de  l'Eglise. 

La  condition  de  défenseur  n'était  pas  la  même  par- 
tout et  en  tous  les  temps.  Il  est  plus  que  probable, 
pour  ne  pas  dire  qu'il  est  très-certain,  que  les  défen- 
seurs que  les  églises  d'Afrique  demandaient  aux  em- 
pereurs étaient  non  seulement  laïques,  mais  des  avo- 
cats qui  plaidaient  devant  les  juges.  On  peut  aussi 
légitimement  inférer  de  ce  que  dit  le  pajic  Zozime  à 
la  tin  de  sa  première  lettre,  que  de  son  temps  les  dé  • 
fenseurs  dans  régli>e  llomaine   étaient  de  siniples 


grecque,  sur  ce  qu'en  disent  divers  auteurs  de  cette  S  laïques,  //  faut  aussi,  dit  ce  pape,  que  les  défenseurs 
connnunion  ,  dans  laquelle  ces  officiers  ont  subsisté  |  de  l' Église,  qui  se  tirent  de  l'état  laïque,  soient  tenus  de 
jusqu'aux  derniers  siècles.  Les  premières  notices  les-  |  garder  ces  règles,  s'ils  méritent  d'enlrcr  dans  le  clergé  : 
Ircignenl  extrêmement  leur  juridiction,  ne  \(:i\v  ï  <>  Sanè  ut  etiam  defensores  Ecclcs'œ,  qui  ex  laicis  fiunt, 
donnantiacliargequedejuger  lesnioindresair.iires.  On  |  ^  supra  dicta  observalione  teneantiir,  >  clc.  Ce  décret 
y  voit  néanmoins  que  le  premier  défen!>enr  de  l'église  I  de  Zozime  a  été  inséré  dans  l'ordre  romain  et  dans 


de  Constantinople  (G)  en  avait  douze  qui  lui  étaient 
subordonnés,  et  nous  apprenons  par  le  droit  orien- 
tal (7)  que  le  patriarche  Xipinlin  ,  qui  gouvernait 
cette   église  sur  la   fin  du  douzième  siècle  ,  releva 

(1)L.  4,  cod. 

(2)  Lex  seq. 

là)  L.  «^ 

(4)  L.  33,  §  2.  cod.  de  Episcopis  et  Clericis. 

(.^i)  L.  4-2,  §  10. 

(6)  Morin.,  p.  297  Exercilalionum. 

(7)  Lib.  5. 


plusieurs  rituels  manuscrits,  pour  servir  d'avertissc  - 
ment  que  l'on  faisait  aux  ordinands  avant  de  procéder 
à  l'ordination,  d'où  il  paraît  clairement  qu'il  n'était 
l)oinl  extraordinaire  de  voir  des  dçiçnsenrs  simples 
laïques. 

Cependant  dans  la  première  action  du  concile  de 
C'Icédoine,  il  est  fait  i)lus  d'une  fuis  mention  d'un 
nommé  Jean,  piètre  et  défenseur,  et  ceux  que  S.Gré- 
goire envoyait  dans  les  patrimoines  de  son  église, 
étaient  presque  toujours  ou  des  diacres  ou  des  sous- 


1007  HISTOIRE  DES 

diacres,  commo  le  lémoignc  Jean,  diacre,  dans  sa  | 
vio(l),  et  qufliiiielbis  même  cvèqucs,  comme  il  pu-  j 
•«.    raît  par  IV'pilre  4G  du  dixième  livre.  Ce  saint  pontife, 
'":    selon  railleur  de  sa  vie  {i),  s'était  même  fait  une  règle 
de  ne  confier  les  emplois,  non  seiilenieat  ecclésiasli- 
ques,  mais  domestiques,  qu'à  des  clercs,  ce  qui  s'est 
depuis  religieusement  observé  par  ses  successeurs,  et 
s'observe  encore  à  présent  |)ar  les  papes,  dont  tous 
les  officiers,  tant  du  palais  que  ceux  à  ([ui  ils  con- 
fient le  gouvernement  des  places  de  leur  état,  sont 
clercs.  De  plus,  S.  Grégoire  (5)  permet   aux  dé- 
fenseurs de  prendre  séance  dans  les  assemblées  des 
clercs  à  l'absence  de  révê(iue.    Ils  jugeaient  aussi 
souvent  des  aiïaires  qui  avaient  rapport  aux  biens 
ecclésiaslifiues  (-4),  ce  que  ce  saint  pontife  ne  leur  eût 
pas  accordé,  s'ils  eussent  été  de  purs  laïques.  Enfin 
si  l'on  voulait  examiner  de  près  la  nature  des  affaires 
pour  lesquelles  il  les  commet  dans  (luehines-uncs  de 
.    ses  lettres  (5),  on  y  trouverait  qu'il  en  est  plusieurs 
qui   passent  de  beaucoup  la  condition    des  défen- 
seurs (6j,  mais  qui  supposent  qu'ils  avaient  rang  dans 
le  clergé,  et  que  ce  pape ,  connaissant  leur  zèle  et  | 
leurs  II  lents,   se  servait  d'eux   pour   exécuter  des  | 
commissions  très-importantes  en  matière  ccclésias-  | 
tique  dans  les  lieux  dont  ils  étaient  à  portée,  ce  qui  | 
ne  doit  point  tirer  à  conséiiuence  pour  les  autres  dé- 
fenseurs. 

CHAPITRE  XVI. 

Des  avoues  et  des  vidâmes  qui  ont  succédé  aux  défenseurs 
dans  lu  plupart  des  églises  d'Occident,  de  leurs  diver- 
ses (onctions;  abus  qu'ils  font  de  leurs  poutoirs.  Ils 
Ront  abolis  presque  partout. 

L'église  romaine  est  celle  qui  a  conservé  le  plus 
longtemps,  en  Occident,  l'ordre  des  Défenseurs.  Saint 
Grégoire  le-Grand  en  avait  établi  sept  pour  la  ville 
de  Rome,  qu'on  appelait  Réijionaux,  et  il  l'avait  fait , 
comme  il  dit  (7) ,  à  l'exemple  de  ses  prédécesseurs , 
qui  avaient  institué  sept  sous-diacres  et  sept  notaires 
régionaux,  dont  chacun  était  deslini'  pour  deux  ré- 
gions, ou  deux  quartiers  de  cette  ville.  Ce  qui  l'avait 
porté  à  faire  cet  établissement ,  était  l'utilité  et  les 
services  que  l'Église  et  les  papes  tiraient  du  travail  de 
ces  officiers.  Quia  dcfensoruni  officimn  in  causis  eccle- 
siœ  cl  obsequiis  noscitur  laborare  pontiftcuni,  etc.  Ce  fut 
■aussi  sans  doute  ce  motif,  qui  fit  que  l'église  romaine 
les  conserva  plus  longtemps  que  toutes  celles  d'Occi- 
dent :  puisqu'Anastliase,  dans  la  vie  du  pape  Cons- 
tantin, les  représente  comme  subsistant  encore  de 
son  temps,  c'està  dire,  on  708.  Queicpic  temps  après, 
le  pape  Grégoire  III,  ayant  célébré  un  synode  à  Rome, 
en  envoya  les  décrets  à  l'empereur  Léon  l'isaurien  . 
par  Constantin ,  défenseur.  Depuis  encore,  le  pape 

(1)  L.  1,  c.  53. 

(2)  Joan.  diac,  1.2,  c.  11. 
(5)  L.  7,  ep.  17. 

(4)  L.  7,  ep.  10,  et  1.  8,  ep.  26. 

(5)  Ep.  55  S.  Gregor.  ;  1.  11,  ep.  55  ;  1.  11. 

(6J  L.  7,  ep.  59  ;  1.  7,  ep.  10  ;  1.  8,  ep.  2tj,  etc. 
(7)  Lib.  7,  indict.  1,  ep.  17. 


SA(.REMENTS.  1Ô08 

Adrien  envoya  Anastbase,  premier  défenseur,  à  Par- 
dus,  abbé  de  S.  Sabas,  à  Didier,  roi  des  Londjards  , 
pour  retirer  de  ses  mains  ,  les  villes  que  Pépin  ,  roi 
des  Français,  avait  données  à  l'église  romaine.  Enfin 
il  parait  par  l'ordre  romain  (1),  que  longtemps 
après  (2),  l'école  des  défenseurs  régionaux  subsistait 
à  Rome ,  et  qu'elle  avait  son  piimicier ,  qui  assistait 
et  servait  avec  les  autres  aux  messes  solennelles  des 
papes. 

Dans  la  plupart  des  autres  églises  la  chose  n'était 
point  ainsi.  Les  fâcheuses  conjonctures  des  temps,  et 
les  obligations  qu'elles  avaient  contractées  envers  les 
rois  qui  les  avaient  coni!)lécsde  biens  et  de  licliesses  , 
les  avaient  engagées  à  substituer  aux  défenseurs  des 
officiers  d'une  autre  espèce,  qui,  outre  quelques-unes 
des  fonctions  des  premiers  dont  ils  s'acquittaient, 
étaient  occupés  à  d'autres  bien  différentes,  et  qui  n'a- 
vaient guères  de  rapport  à  l'état  ecclésiasli(iue.  Ces 
officiers  étaient  ceux  (jne  l'on  appelait  Avoués ,  les- 
quels étaient  de  purs  laïiiues,  et  étaient  chargés  prin- 
cipalement de  défendre  les  églises  contre  ceux  (|ui  en- 
treprenaient quelque  chose  contre  elles  ,  et  cela  non 
seulement  en  plaidant  devant  les  tribunaux  séculiers, 
mais  encore  en  prenant  les  armes  ,  et  en  les  mettant 
entre  les  mains  des  vassaux  des  églises  et  des  leurs, 
et  en  les  conduisant  à  la  guerre  :  et  cette  dernière 
fonction  fut  presque  la  seule  dans  laquelle  ils  servi- 
rent les  évèques  et  les  abbés ,  depuis  que  l'empire 
Français  s'étant  extrêmement  affaibli  dans  le  neuvième 
siècle,  par  diverses  circonstances,  les  seigneurs  et  les 
grands  de  l'État  devinrent  connue  indépendants  des 
princes,  et  remplirent  la  France,  l'Italie  et  l'Allema- 
gne de  confusion,  en  s'attribuanl  les  droits  de  souve- 
rains, et  en  se  déclarant  publiquement  la  guerre  les 
uns  aux  autres. 

Ce  fut  sur  la  fin  du  huiiième  siècle  et  au  commen- 
cement du  neuvième  ,  que  les  églises  recherchèrent 
ces  sortes  de  protecteurs  :  car  c'est  dans  ce  temps 
que  les  auteurs  ecclésiastiques  en  font  mention.  Nous 
ordonnons,  dit  le  concile  de  Mayence,  de  l'an  815  ,  à 
tous  tes  évèques,  les  abbés  et  le  clenjé  d'avoir  des  vidâmes, 
des  prévôts,  des  avoués  ou  bien  des  défenseurs  qui  soient 
gens  de  bien.  Ces  titres  étaient  synonymes  dans  plu- 
sieurs endroits;  quoique  dans  d'autres  endroits  et 
dans  d'autres  temps,  ils  signifiassent  des  choses  diffé- 
rentes, comme  on  le  verra  ci-après. 

Quelquefois  on  demandait  aux  princes  les  avoués  ; 
cela  est  prescrit  ipar  le  capitulaire  505  du  1'  livre  , 
dans  leqifcl  il  est  dit  :  Qu'on  demande  des  exécuteurs, 
ou  avoués,  ou  défenseurs  au  prince  ,  toutes  les  fois  que 
l'o)i  en  aura  bemn  :  d'autres  fois  les  princes  eu  don- 
naient eux-mêmes.  C'est  ainsi  qu'au  usa  Charlemagne, 
à  l'égard  d'un  monastère  d'Allemagne  (5)  ,  à  qui  il 
donna  pour  avoué,  Adelbcrt,  son  parent,  suivant  une 
charte  rapportée  par  ISauclerus,  sur  l'au  809.  Les  fon- 
dateurs des  églises  leur  doimaient  aussi  des  avoués. 

(I)  Col.  12,  lietseq. 

(2J  C'est-à  dire,  jusqu'au  onzième  siècle. 

(5)  Weissenuw. 


4009 


ORDRE.  —  PART.  111.  CHAI>.  XVI. 


Otgaire,  aroliovèquc  do  Maycncc ,  en  usa  de  la  sorte 
à  l'égard  du  monastère  dllirsaiige  (1),  auquel  il  donna 
pour  avoué  le  comte  KrlalVide  ,  avec  celle  condition  , 
que  le  père  étant  mort,  le  lils  ne  lui  succéderait  pas 
dans  cet  emploi,  à  moins  qu'il  ne  lût  ciioisi  par  i'iibbé 
et  les  moines. 

Dans  les  commencements  de  cet  établissement, 
c'était  assez  l'ordinaire  que  les  évèques  et  le  clergé, 
ou  bien  l'abbé  et  les  moines  eussent  le  choix  de  leurs 
avoués  ,  conmie  on  le  voit  par  un  dialogue  qui  se 
trouve  imprimé  parmi  les  oeuvres  d'ilincmar,  de  l'é- 
dition qui  s'en  fit  à  Paris  en  1015  ,  et  par  ce  que  dit 
Flodoart  {i),  de  Tarclievèque  Wuli'aire,  qu'il  eut  soin 
que  les  églises  fussent  pourvues  de  bons  avoués  et  de 
bons  vidâmes  ;  mais  dans  la  suite ,  la  plupart  devin- 
rent perpétuels  et  irrévocables  ,  et  faisaient  passer  à 
leurs  cnlanls  leurs  avoueries,  dont  plusieurs  familles 
illustres  portaient  les  noms,  ou  le  nom  des  terres  et 
des  domaines  que  les  églises  leur  avaient  affectés, 
pour  récompense  des  services  qu'ils  étaient  obligés 
de  leur  rendre.  Cependant ,  quelques-unes  s'affran- 
chissaient de  ce  joug ,  et  obtenaient  quelquefois  des 
princes  que  les  avoués  fussent  à  leur  choix  ;  mais  soit 
que  rautorilé  royale  ne  fût  point  assez  respectée  dans  ' 
ce  temps-là,  soit  que  la  coutume  eût  prévalu,  la  plu- 
part avaient  des  avoués  perpétuels ,  et  dont  la  charge 
avec  les  biens  qui  y  étaient  attachés,  passait  à  leurs 
descendants,  ensorte  que  Geoffroy,  duc  de  Lorraine, 
crut  faire  une  grâce  spéciale  à  un  monastère  qu'il  avait 
fondé,  en  constituant  pour  avoué  de  celle  église  les 
comtes  de  Louvain ,  avec  celle  clause ,  qu'ils  n'en 
pourraient  substituer  d'autres  en  leur  place  (5). 

Ordinairement  les  avoués  ou  vidâmes,  car  chez 
nous  ces  deux  termes  signifient  la  même  chose,  au  moins 
depuis  le  dixième  siècle,  reconnaissaient  les  évèques 
et  les  abbés  pour  seigneurs  ,  en  vertu  des  fiefs  qu'ils 
tenaient  d'eux ,  et  dont  ils  étaient  obligés  de  leur 
faire  hommage,  les  relevant  à  chaque  mutation  ,  à 
moins  qu'eux-mêmes  ne  fussent  les  fond;ileurs  et  les 
patrons  des  églises  ,  ce  qui  arrivait  quelquefois. 

On  peut  voir  plusieurs  choses  très-curieuses  sur 
cette  matière  dans  le  dictionnaire  de  Ducange,  sur  les 
mots  Advocalus,  et  Viccdominus.  Je  me  contenterai 
ici  d'en  rapporter  quelques-unes,  en  faveur  de  ceux 
qui  n'ont  pas  cet  ouvrage.  Il  élait  permis,  suivant  la 
loi  des  Lombards ,  aux  évèques ,  aux  abbés  et  aux 
abbesses,  d'avoir  deux  avoués,  dont  l'un  poursuivait  les 
affaires ,  et  l'aulre  prêtait  le  serment,  parce  qu'on  ne 
pouvait  contraindre  ni  les  évèques,  ni  les  clercs,  à  le 
faire  dans  toute  sorte  de  cause ,  soit  criminelle ,  soit 
civile;  et  c'est  pourquoi  ils  déléguaient  leurs  avoués 
pour  faire  le  serment  à  leur  place.  De  plus  ,  conmie 
les  évertues  et  les  al)hés  devaient,  à  cause  des  fiefs 
qu'ils  tenaient  de  la  couronne  ,  aider  les  rois  à  soute-  j 
nir  l'État,  et  leur  envoyer  leurs  vassaux  armés  quand 
ils  étaient  en  guerre,  ces  prélats,  à  qui  les  canons  dé- 

(1)  Trithom.,  Chron.  hist.  Au^. 

h)  Hist.  Rem.,  lib.  2,  cap.  \S. 

(5)  Molan.,  lib.  2  de  Canonicis,  cnp.  .10. 


DKS  AVOUÉS  ET  DES  VIDAMES.  1010 

fendaient  de  porter  les  armes ,  donnaient  assez  sou- 
vent cette  commission  à  leurs  avoués  ou  vidâmes,  qui 
devaient  aussi  les  défendrt'  eux-mêmes  contre  leurs 
propres  ennemis.  Ces  officiers  étaient  aussi  charj^és 
de  rendre  la  justice  aux  vassaux  des  prélats,  et  ou 
appelait  les  assemblées  qu'ils  tenaient  pour  ce  sujet  les 
Plaids  du  Vidanie,  Plc.ciliim  Vicedomhmluin  (\).  Outre 
cela,  ils  prêtaient  main  forte  aux  evêipies  ,  quand  ils 
avaient  quelques  abus  populaires  à  réformer,  et  qu'il 
élait  à  craindre  que  les  habitants  des  lieux  où  ré- 
gnaient ces  abus  ne  se  soulevassent.  C'est  ce  qui  est 
marqué  par  un  capitulaire,  dans  lequel  il  est  dit  (2)  : 
Nous  avons  ordottné  que  suivant  les  canons,  chaque  évê- 
quc,  dans  son  diocèse,  ait  soin  d'empêcher  les  supersti- 
tions païennes  ,  avec  le  secours  du  comte  qui  est  le  dé- 
fenseur de  Œcjlise.  <  t/...  adjuvante  graphionc,  qui  est 
«  defensor  Ecclesiœ,  populus  Dci  pacjanias  non  facial.  > 
C'est  ainsi  que  je  rends  le  mot  qraphione ,  qui  est  un 
terme  tudesque  latinisé,  lequel  sigiiilie  encore  comte, 
en  allemand  ,  c'est-à-dire  ,  une  dignité  moindre  que 
celle  de  duc.  De  là  viennent  ces  termes  de  landgraves , 
margraves,  burgraves,  etc.,  que  portent  encore  à  pré- 
sent de  grands  seigneurs  en  Allemagne. 

Enfin  un  des  plus  essentiels  devoirs  des  avoués  ec 
des  vidâmes,  élait  d'empêcher  qu'à  la  mort  des  évè- 
ques, et  pendant  la  vacance  du  siège,  les  biens  qu'ils 
avaient  laissés,  soit  dans  la  maison  épiscopale,  soit 
dans  les  autres  de  leur  dépendance,  et  dans  la  cam- 
pagne, ne  fussent  pillés,  suivant  la  détestable  coutume 
qui  s'était  inlroduite  depuis  long-temps,  et  qui  régnait 
à  Rome  aussi  bien  qu'ailleurs.  Ce  droit  des  vidâmes 
est  attesté  par  une  requête  de  l'évêque  d'Ami  ns  au 
roi  Phili)»pe,  en  faveur  du  vidame  de  son  église,  par 
laquelle  il  rend  un  témoignage  avantageux  de  sa  fidé- 
lité en  ce  point  (3). 

Mais  par  malheur  il  se  rencontrait  peu  d'avoués 
d'une  intégrité  pareille  à  celui  dont  il  est  parlé  dans 
celle  requête.  Souvent  ils  étaient  les  premiers  à  s'em- 
parer de  ces  biens,  comme  firent  ensuite  les  rois  qui, 
sous  prétexte  de  mettre  les  biens  des  églises  sous 
leurs  mains  et  leur  sauvegarde,  se  les  appropriaient 
pendant  la  vacance,  et  souffraient  que  leurs  officiers 
emportassent  les  effets  mobiliers  qui  se  trouvaient 
dans  toute  l'élendue  du  domaine  de  l'église  vacante  : 
ils  imposaient  de  plus  des  tailles  extraordinaires  aux 
sujets  des  églises  dans  cette  conjoncture,  et  ce  n'est 
qu'avec  beaucoup  de  peine  el  jjetii  à  petit  (pi'on  a 
obtenu  de  la  piété  des  rois  et  des  grands  seigneurs, 
comme  les  comtes  de  Champagne  el  autres  sembla- 
bles, qu'ils  renonçassent  à  un  droit  que  la  mauvaise 
coutume  leur  avait  acquis. 

Les  vidâmes  et  les  avoués  ne  se  contenlèreni  pas 
de  se  rendre  les  maîtres  des  biens  des  évéchés  cl  des 
abbayes  durant  la  vacance  des  sitjges  :  comme  ils 
étaient  armés,  et  que  les  sujets  des  prélats  étaient  ac- 

(1)  Diplom.  Berengarii,  episcopi  Vird.;  ilug.  Fia. 
vin..  Chron.  an.  O.'il. 
fè)  Lib.  5,  cap.  2. 
(~>)  Fa  Tabulaiiis  f"ori)eiensi  et  Pinconicnsi 


iOll 


HISTOIRE  DKS 


couïunïés  .Vloiir  obéir,  ils  accablaient  encore  d'exac- 
tions les  églises,  du  vivant  même  des  prélats,  cl  obli- 
geaient les  sujets  à  leur  payer  les  redevances  (|ue  l'a- 
vai'ice  leur  faisait  invenier.  Ils  coloraient  ces  vexations 
de  divers  titrés,  dont  il  est  parlé  dans  les  Dccréla- 
les  (1),  et  sous  prétexte  de  ces  redevances  qu'ils  s'é- 
laicnt  attribuées,  ils  se  croyaient  en  droit  de  disposer 
par  vente  on  autrement  de  lems  avoncries.  Quoiiiam 
advocali  Ecclrsiaium  jus,  (uhocalionh,  donutionis  vel 
cmptioiis  litulo,aius(ine  pro  siiû  voUmtatc  coiilraciUnis, 
in  uUos  traiisferre  pra'sumniit  ,  fodrum,  idbergms,  re- 
giiiin,  et  smilln,  tnnqnam  à  propriis  rusticis  exiorquen- 
tès.  Ces  deux  termes,  fodrum  et  cdbcrcj'ms  .  viennent 
de  la  langue  ludcsqiic.  Par  le  premier  on  entendait  le 
droit  de  se  faire  fouinir  le  foin,  la  ]>ailie  et  les  autres 
choses  nécessaires  pour  les  chevaux,  d"où  nous  vient 
sans  doute  le  mot  (omracje,  et  celui  de  fourrier  on 
notre  langue.  Le  second  signifiait  le  droit  que  s'é- 
taient ûilribué  les  avoués  d'clre  reçus  eux  et  leur 
suite  dans  la  maison  épiscopale,  et  celles  qui  dépen- 
daient du  domaine  de  révèiiuc;  et  c'est  peut-être  de 
là  que  nous  vient  le  mol  (Miébercjer.  Ces  prétendus 
défenseurs  des  é;j;liscs  ,  non  seulement  exigeaient  ces 
droits  quand  ils  allaient  en  personne  dans  les  terres 
et  les  maisons  du  domaine  des  églises  ,  mais  souvent 
sans  y  aller,  ils  s<'  les  faisaient  payer  ou  les  appréciaient 
en  argent  à  leur  fantaisie,  et  les  exigeaient  avec  beau- 
coup de  dureté,  aussi  bien  que  les  tributs  qui  étaient 
naturellement  dus  au  souverain,  marqués  par  le  mot 
de  Rcrjîum.  Ce  sont  toutes  ces  concussions  qui  ont 
enfin  porté  les  prélats  à  chercher  les  moyens  de  se 
défaire  de  ces  fâcheux  prolecteurs,  qui  d'ailleurs 
étaient  devenus  inutiles  depuis  que  les  rois,  sous  la 
race  qui  règne  si  glorieusement  aujourd'hui,  ont  re- 
couvré leur  autorité,  et  ont  établi  une  si  bonne  police 
dans  leurs  étais,  que  personne  ne  peut  y  nuire  impu 
némenl  aux  moindres  de  leurs  sujets.  C'est  ce  qu'ont 
fait  en  i)artic  les  autres  princes  de  l'Europe  a  leur 
imilalion  :  eu  sorte  que  les  ecclésiastiques  peuvent  à 
;i)résent  exercer  paisiblement  leurs  fonctions,  sans 
craindre  les  insultes  de  personne,  quehpie  puissante 
qu'elle  soil.  Aussi  ne  reste  t-il  plus  de  ces  avoués  ou 
villames;  ou  s'il  en  reste  quelques-uns,  ils  sont  sans 
fonctions  et  ne  conservent  que  le  litre  d'une  charge 
^ue  leurs  auteurs  ont  exercée  autrefois. 

(2)  Lucius  111  ;  Ep.  Greg.  1.  3,  lit.  58,  c.  25. 


SACREMENTS.  1012 

ISous  avons  dit  ci-devant  que  dans  les  temps  posté- 
rieurs les  termes  de  vidanie  et  iVavoué  signifiaient  la 
même  chose,  mais  nous  avons  remarqué  en  même 
temps  (pie  cela  u'éiait  pas  vrai  généralement ,  mais 
seidement  à  l'égard  de  la  plupart  des  endroits.  C'est 
de  quoi  il  n'y  a  pas  lieu  de  douter  par  rapport  à  l'é- 
glise romaine  en  particulier ,  dans  laquelle  les  vidâ- 
mes ne  sont  guère  moins  anciens  que  les  défenseurs 
mêmes  dont  nous  avons  parlé  dans  le  chapitre  précé- 
dent, et  où  ils  ont  subsisté  fort  long-temps,  ayant  des 
fonctions  bien  dillérentes  de  celles  des  avoués  et  des 
défenseurs. 

Anaslase  le  bibliothécaire,  en  parlant  du  pape  Vi- 
gile, fait  mention  d'Amplial  prêUe,  et  son  vidame, 
qu'il  envoya  à  Rome  avec  un  évéque  nommé  Valcn- 
tin,  pour  garder  le  palais  patriarcal  de  Lalran,  et 
gouverner  le  clergé.  Le  même  auteur  nous  apprend 
ailleurs  (1)  que  l'apparlement  que  le  vidame  occupait 
dans  ce  palais  s'appelait  la  vidamie,  viccdoniUnum  : 
et,  selon  lui  (2),  quelquefois  un  évêque  exerçait  cet 
emploi,  quelquclois  Un  diacre,  selon  qu'il  [ilaisait  au 
Pape.  Col  emploi,  selon  S.  Grégoire,  qui  en  parle  de 
temps  en  temps,  était  à  peu  près  le  même  (jue  celui 
de  ces  olliciers  qu'on  a  depuis  nommés  majordomes  : 
il  était  comme  l'intendant  de  la  maison  épiscopale,  et 
servait  l'évèquc  dans  l'intérieur  de  sa  famille,  le  sou- 
lageant dans  les  devoirs  et  les  soins  domcstitiues, 
c'est-à-dire,  dans  l'exercice  de  l'hospilalité  et  dans 
l'aUenlion  sur  tous  ceux  qui  composaienlsa  famille  (5), 
entre  lesquels  il  devait  maintenir  la  paix  et  le  bon 
ordre. 

Ce  vidame  du  Pape  était  un  des  principaux  officiers 
domestiques  du  Pape,  donl  il  élait  comme  l'économe 
à  l'égard  des  biens  qui  lui  étaient  propres,  je  veux 
dire  de  la  quatrième  partie  des  revenus  de  l'église  qui 
élait  assignée  aux  évoques  pour  l'enlretien  de  leur 
maison. Quand  le  Pape  marcliaiteu  pompe  solennelle, 
il  le  suivait  immc-diatemenl  avec  le  nomenclaleur,  ce- 
lui (pii  avait  l'intendance  de  la  gaiderobe,  veslia- 
rius  (i),  cl  le  sacellaire  :  et  sou  autorité  était  telle 
qu'il  avait  niênie  un  notaire  qui  lui  était  alfeclé,  et 
duquel  il  se  servait  pour  dresser  les  expéditions  qui 
avaient  rapport  à  sa  charge. 

(1)  InvitâStephani  III.  sive  IV. 

(2)  Ibid.,  et  in  Consianlino  i)apà. 
(3j  Ep.  (i(i,  l.  9,  etep.  li,lib.  1. 
(4)  OrdoRum.,  coi.Mell5. 


HISTOIRE 


DU  SACREMENT  DE  MARIAGE. 

CHAPITRE  PREMIER. 


Observations  préliminaires  sur  la  nature  du  Mariage. 
On  parle  en  même  temps  des  erreurs  qui  se  sont  éle- 
vées sur  cette  matière. 

Les  théologiens  et  les  jurisconsultes  désigncnl  le 


sacrement  donl  nous  entreprenons  de  traiter,  suivant 
notie  méthode  ordinaire,  par  les  noms  de  Mariage , 
de  noces,  et  d'union  conjugale,  qui  forment  dans  nos 
esprits  l'idée  de  sa  nature,  de  ses  causes,  de  bcs  en- 
gagemenls  ;  mais  sans  nous  arièler  à  l'élymologie  de 
ces  lerines,  nous  nous  conlenlerons,  pour  en  dottiicr 


iO:3 


MARIAGE.  —  CIIAI'.  J.  ODSERVATIONS  l'Rf.U.MINAmES. 


iOU 


xmc   iiolion  siiffis;inlc,  (!<>  nipporter  la  ilcliiiitioii  que  Tj  sa  provaricalioii,  ne  fùl  pK'jiidiciable  àsa  poslérilé,  cl 
le  M:iîlrc  des  Sentences  en  a  donnée  (I),  cl  (pii  a  paru  |  nn  obstacle  à  lenr  naissance. 

si  exacte,  (pie  le  calccliisnie  du  concile  de  Ticiile  l'a  1       Saint  Angnstin  ayant  eu  lieu  depuis  d'approfondir 
adoptée.  Le  Mar'uuje,  dit-il,  csl   ritnion   coiijiujule  de  l  davantage  cette  matière,  à  l'occasion  de  riiéré.-ie  des 

Pélagiciis,  (pii  ne  reconnaissaient  rien  delionlenx  dans 
!     I(;s  nioiivcnients  (le  la  coiiciipisccnco,  et  (pii  piélcii- 


riiomiiie  et  de  lit  femme,  (jui  se  co>itr(icle  entre  des  per- 
sonnes qui  en  sont  capables  selon  les  lois,  et  qui  les  obVuje 
de  vivre  inséparablement  l'une  avec  l'autre. 


(laicnt  (pic  leslionmies  y  étaient  sujets  avant  le  |  éclié, 


C'est  une  union  parce  que,  comnie  dit  l'auteur  des      expli(pia  ce  (ju'il  axait  dit  aulrelois  là-dessus,  en  écri- 


Conlérences  de  Paris  (-2),  le  Mariage  ne  consiste  pro- 
prement et  essonlieliemcnt  que  dans  l'ohligalion  et  le 
lien  qui  est  exprimé  par  le  mot  iVunion.  Kslius  en 
donne  la  raison,  c'est  que  le  consentement  intérieur 
des  parties,  et  le  pacte  extérieur  (lu'elles  font  par  pa- 
roles de  présent,  ne  dure  qu'un  instant,  et  que  le 
Mariage  subsiste  jiis(|u'à  la  mort  de  l'un  des  deux  époux. 

C'est  une  union  conjugale,  pour  la  distinguer  de 
toutes  les  autres  conventions  ,  par  lesrpielles  les 
hommes  et  les  femmes  peuvent  s'obliger  les  uns 
envers  les  autres  pour  se  secourir  mutuellement, 
soit  par  vente,  achat,  ou  autrement.  Cette  union  doit 
être  entre  des  personnes  qui  en  sont  capables,  selon 
les  lois,  pour  marquer  que  certaines  personnes,  (elles 
que  sont,  par  exemple,  les  parents  en  ligne  directe, 
ne  peuvent  la  contracter  ensemble.  Enfin  cette  union 
est  indissoluble,  parce  qu'elle  oblige  le  mari  et  la 
femme,  et(}u'ils  sont  obligés  de  vivre  inséparablement 
l'un  avec  l'autre. 

Le  Mariage  est  donc  un  contrat  permanent ,  parce 
que  c'est  un  accord  mutuel,  (]ui  forme  les  engagements 
onire  les  deux  époux,  lesquels  diu'cnt  jusqu'à  la  mort 
(le  l'un  des  deux,  et  ce  contrat  est  en  même  temps  na- 
liuel  et  civil,  et  de  plus  il  est  sacrement,  quand  il  se 
fait  entre  des  fidèles  catholiques. 

Comme  (outrât  naturel,  il  est  de  linstilulion  du 
Cré.iteur,  comme  nous  en  assure  le  Sauveur,  lorsqu'il 
dit  (.")  que  Dieu  a  institué  les  deux  sexes  à  celte  in- 
tention, et  il  le  fit,  lorsqu'il  bénit  Adam  et  Eve,  et 
lelJr  dit  :  Croissez  et  multipliez-vous,  etc.  H  est  vrai  que 
S  Chrysoslônle  {A),  S.  Augustin  (5)  et  S.  Jean  Da- 
mascène  (6)  ont  cru  qu'Adam  et  Eve  ont  vécu,  et  au- 
raient toujours  vécu  comme  des  vierges,  s'ils  eussent 
élé  fidèles  à  suivre  les  ordres  de  Dieu  dans  le  paradis 
teriestre.  Ils  ont  même  enseigné  aux  chrétiens,  pour 
les  porter  à  la  continence,  et  combattre  les  erreurs 
des  Manichéens,  qui  blâmaient  l'usage  du  mariage, 
(pie  si  riiommc  et  la  femme  n'eussent  pas  péché,  ils 
seraient  devenus  père  et  mère  d'une  race  d'enfants 
aussi  saints  et  alissi  heureux  qu'eux,  sans  user  du 
mariage. 

Mais  cela  n'a   pas   empêché  S.   Clirysost()me,  ot 
S.  Jean  Damascène  d'enseigner  que  Dieu  avait  insti- 
tué le  Mariagt'  pendant  l'état  d'innocence,  et  que  Dieu, 
prévoyant  la  chute  d'Adam^  avait  voulu  par  là  einpê 
cher(jue  la  mort,  qui  devait  être  la  suite  cl  la  peine  de 

(l)In4,  dist.  27. 

(2)4..  1,0.  1. 

h)  Matlh.  19. 

(i)  Hom.  13,  in  Gènes. 

(fi)  Lib.  de  Gen.,  cent.  Manich.,  c.  19. 

(6j  Fid  orlhodox.,  I.  2,  c.  50,  cl  1.  i,  c.  25. 


vaut  contre  les  .Manichéens,  hérésie  diamétralement 
opposée  en  beaucoup  de  points  à  celle  des  Pélagiens, 
et  dit  avec  beaucoup  de  modestie  dans  ses  Uétracta- 
lions  (I),  que  s'il  avait  avancé  dansleLivre  de  la  vé- 
ritable Religion,  qu'il  n'y  aurait  point  eu  d'alliance  et 
de  génération  enire  les  hommes,  s'ils  n'eussenl  |  as 
péché,  parce  (pTils  ne  fussent  pas  morts,  il  n'avait  pi'.s 
encore  prévu  (pie  les  hommes  pouvaient  dans  l'état 
d'innocence  naître  (sans  concupiscence)  les  uns  des 
aulres,  non  pour  se  succéder,  mais  pour  être  ensemble 
dans  le  ci«^l.  C'est  conformément  à  cette  explication  si 
claire  ipie  S.  Aiigiislin  a  donnée  de  ses  sentiments  à 
l'égard  du  mariage;  pendant  l'état  d'innocence,  que  le 
l)apc  Innocent  111  a  condamné  comme  une  erreur  (2) 
l'opinion  de  ceux  qui  croyaient  que  les  hommes  se  se- 
raient mnllipliés  sans  l'usage  du  mariage,  s'ils  fussent 
demeurés  dans  l'élat  d  innocence. 

Le  M  liage  est  aussi  un  contrat  civil,  parce  que  les 
conventions  en  doivent  cire  réglées  par  les  lois  de 
l'Eglise  et  des  i)rinces,  et  que  même  ces  dernières,  si 
elles  sont  violées,  rendent  le  mariage  nul,  au  moins 
quant  aux  effets  civils,  en  rendant ,  par  exemple  ,  in- 
habile à  succéder  les  enfants  qui  nailraient  de  ces  con- 
jonctions. 

Enfin  le  mariage  est  un  sacrement,  non  seulement 
en  ce  qu'il  est  la  figure  de  l'union  mystique  de  Jésus- 
Christ  avec  son  Église,  ce  qui  est  commun  à  tous  les 
mariages  légitimes,  soit  avant,  soit  depuis  la  publica- 
tion de  l'Évangile,  mais  encore  parce  qu'il  a  plu  à 
Dieu  d'attacher  des  grâces  particulières  à  cet  état;  et 
que  Jésus-Christ  a  voulu  l'élever  au  rang  des  aulres 
sacrements  qu'il  a  inslilnés  pour  la  sanclification  do 
ccu\  qui  cioiiMient  en  lui.  C'est  nn  poinl  de  doctrine 
sur  lequel  presque  tous  ceux  qui  font  professiem  du 
Christianisme  conviennent  entre  eux,  quelque  divisés 
qu'ils  soient  d'ailleurs  touchant  les  aulres  scntimi'iits, 
comme  .M.  Uenaudol  le  fait  voir  des  Grecs  et  des 
autres  communions  Oiivnlales,  dans  le  ti'  livre  du 
h'  tome  de  la  Perpétuité  de  la  Foi,  auquel  nous  ren- 
voyons le  lecteur. 

C'est  sous  ce  point  de  vue  que  nous  devons  envisa- 
ger le  Maiiage  dans  ce  Irailé,  où  nous  exposerons  his- 
toritpiemcnt  les  riis  et  les  cérémonies  qui  s'obser- 
vaient aiiirefuis  dans  la  célébration  de  ce  sacrement, 
sans  entreprendre  de  délerminer  quelles  sonlprécisé- 
menlcellesauxquellesDieua  aiiacliéses grâces,  ou  bien 
qui  en  sont,  comme  disent  les  ihéulogiens,  la  matière 
et  la  forme,  et  qui  en  con:>tilnenl  l'essence.  Ce  serait 
même  une  témérité  à  nous  de  le  tenter,  puisque  ceux 

l)Lib.  1,  c.  13. 

2)  Cap.  Dumnumus,  de  Sum.  Trin 


1015  lllSTOiriE  DKS 

qui  ont  écrit  sur  cette  maiière  sont  si  partagés  entre 
eux,  que  jiis(|ii"à  présent  on  ne  peut  rien  dire  de  iiien 
assuré  là-dessus,  l'Éijiise  nayaulpas  jugé  à  propos  de 
faire  aucune  délinition  qui  lixâl  les  opinions  sur  ce 
sujet;  ensorle  ([u'il  est  permis  à  chacun  d'abonder 
dans  son  sens,  pouvu  que  les  opinions  diilérenles  ne 
s'éloignent  point  de  l'analogie  de  la  foi. 

Je  n'entreprendrai  pas  ici  de  rei)résentcr  les  divers 
sentiments  des  théologiens  scolasticpies  ;  cela  nie  mè- 
nerait trop  loin.  Je  nie  contenterai  de  reniarcpier 
qu'ils  peuvent  se  réduire  à  trois,  dont  on  peut  voir 
une  explication  plus  ample  dans  ks  écrits  de  la  plu- 
part denlrc  eux.  Les  uns  enseignent  que  l'essence  de 
ce  sacrement  consiste  tout  entière  dans  la  bénédiction 
nuptiale,  ou  (lu'elle  tient  au  moins  lieu  de  forme  ;  le 
consentement  des  parties  contractantes  en  étant  la 
matière  ;  d'autres  prétendent  que  tonte  l'essence  est 
renfermée  dans  les  signes  et  les  paroles  qui  ex- 
priment ce  consentement,  et  le  don  mutuel  de  leurs 
corps  que  se  font  l'époux  et  l'épouse,  ou  bien  ils 
disent  que  les  corps  de  l'un  et  de  l'autre  sont  la  ma- 
tière, et  que  les  signes  de  consenicment  qui  accom- 
pagnent le  don,  qu'ils  s'en  font,  en  sont  la  forme  En- 
lin  quelques  autres,  à  la  tète  desquels  il  faut  mettre 
ie  cardinal  Bellarmin  (l)  ,  croient  qu'à  cet  égard  on 
doit  raisonner  du  sacrement  de  Mariage ,  comme  de 
celui  d'Eucharistie;  et  que  comme  celui-ci  esl  ce  qu'on 
appelle  un  sacrement  permanent,  qui  ne  consiste  pas 
dans  une  action  de  peu  de  durée,  mais  dans  les 
espèces  mêmes,  consacrées  par  les  paroles  mysté- 
rieuses; de  même  le  Mariage  est  sacrement,  en  ce 
qu'avant  été  célébré  suivant  la  forme  reçue  dans  l'É- 
glise, il  est  le  symbole  de  l'union  de  Jésus-Christ  avec 
l'Église,  et  renferme  les  grâces  propres  à  faire  remplir 
les  obligations  de  cet  étal  à  ceux  qui  s'y  sont  engagés. 

Nous  laissons  aux  théologiens  le  choix  de  ces  diffé- 
rentes opinions  et  des  autres  qui  ont  eu,  ou  qui  ont 
encore  à  présent ,  cours  dans  les  écoles  catholiques, 
et  dont  on  peut  se  mettre  au  fait  par  la  lecture  de  leurs 
ouvrages,  et  entre  autres  de  ceux  de  M.  Tourneli  (î). 
ÎSous  dirons  seulement  ici  que  la  première  et  la  der- 
nière paraissent  les  plus  probables;  celle-là,  parce 
qu'elle  a  plus  d'analogie  avec  la  discipline  des  sacre- 
ments ;  celle-ci,  parce  qu'elle  souffre  moins  de  diffi- 
cultés, et  qu'en  la  soutenant  on  pare  plus  aisément  aux 
objections  que  l'on  propose.  Mais  sans  rien  déterminer 
sur  une  matière  aussi  douteuse  et  qui  n'est  point  de 
notre  ressort ,  nous  nous  contenterons  de  rapporter 
dans  cette  Histoire ,  la  manière  dont  on  a  célébré  de 
tous  temps  dans  l'Église  les  mariages  chrétiens. 

Avant  de  le  faire ,  disons  un  mot  des  principales 
erreurs,  qui  ont  été  publiées  contre  la  sainteté  du  Ma- 
riage. L'apôtre  S.  Paul  les  avait  prévues,  et  il  en  parle  à 
son  disciple  Timothée ,  comme  d'erreurs  très-perni- 
cieuses, et  qui  devaient  avoir  de  fâcheuses  suites  pour 
les  âmes.  Yoici  les  termes  dans  lesquels  il  s'ex- 

(1)  L.  1,  c.  6.  de  sacram.  Malrimonii. 

(2)  DcMalrim.,  à  pag.  41. 


SACREMENTS.  1016 

prime  (1)  :  Or  rEuprit  de'Dieu  dit  expressément  quedans 
le  toiips  à  venir  (inelques-tius  abandonneront  la  foi ,  en 
auivant  des  esprits  d'erreur ,  et  des  doctrines  diaboliques 
enseignées  par  des  imposteurs  pleins  d'hypocrisie,  dont  la 
conscience  est  noircie  de  crimes  ,  qui  interdiront  le  Ma- 
riage. 

Ces  imposteurs  ne  tardèrent  pas  à  paraître,  comme 
lApôtre  l'avait  prédit.  De  ce  nombre  furent  lesSimo- 
niens,  les  Nicolaïtes,  les  ïatiens,  les  Saturniens,  les 
Marcionites,  les  Encratites,  les  Adamites,  les  Aposio- 
li<iues,  les  Ilieracites ,  et  surtout  les  Manichéens  qui 
publièrent  que  le  Mariage  était  illicite  et.de  l'inven- 
tion du  démon.  C'est  ainsi  que  ces  hommes  perdus  sé- 
duisaient la  multitude  sous  le  faux  prétexte  d'amour 
pour  la  continence  ,  tandis  qu'ils  s'abandonnaient  la 
plupart  aux  plus  infâmes  débauches ,  qui  donnaient 
lieu  aux  idolâtres  de  calomnier  et  de  persécuter  les 
vrais  chrétiens  dont  ils  s'étaient  séparés.  S.  Irénée, 
S.  Épiphaiie,  saint  Augustin  et  Théodoret  ont  com- 
baitu  ces  hérésies.  Saint  Augustin  (2)  nous  apprend 
que  quoique  les  Manichéens  condamnassent  le  Ma- 
riage, ils  ne  laissaient  pas  de  soufTrir  que  plusieurs 
d'entre  eux  qui  n'étaient  point  encore  initiés  à  leurs 
mystères  impies,  et  qu'ils  nommaient  auditeurs ,  s'y 
engageassent  par  la  nécessité  de  vivre  en  société. 

Outre  ceux  qui  ont  rejeté  les  noces  comme  mau- 
vaises, Jean  Hus,  Luther  et  Calvin  sans  blâmer  le  Ma- 
riage ,  l'ont  avili ,  en  le  dépouillant  de  la  dignité  du 
sacrement  proprement  parlant;  et  ce  qui  est  plus  fâ- 
cheux, c'est  qu'ils  se  sont  appuyés  du  témoignage  de 
quelques-uns  de  nos  théologiens ,  qui  n'avaient  point 
assez  réfléchi  sur  cette  matière,  et  entre  autres  de 
Durand  (3)  qui  avait  enseigné  que  le  Mariage  n'était 
sacrement  qu'improprement  parlant ,  œquivocè ,  en  ce 
qu'il  est  le  symbole  d'une  chose  sainte. 

CHAPITRE  H. 

Des  rils  et  des  cérémonies  observés  tant  en  Orient  qu'en 
Occident  dans  la  célébration  du  Mariage. 

En  traitant  des  cérémonies  du  Mariage ,  nous  ne 
prétendons  pas  les  mettre  toutes  de  niveau  :  nous  sa- 
vons que  quelques-unes  sont  plus  nécessaires  que  d'au- 
tres ,  et  qu'il  en  est  que  l'on  peut  appeler  essentielles 
et  qui  ne  s'omettent  jamais  ,  tel  qu'est,  par  exemple, 
le  consentement  des  parties  marqué  par  paroles  oi; 
par  signes ,  etc.  Mais  nous  parlerons  ici  de  toutes  les 
principales ,  dont  nous  lâcherons  de  découvrir  l'anli- 
quité  et  les  vestiges  qui  en  sont  restés.  Pour  le  faire 
avec  plus  d'ordre  ,  nous  partagerons  ce  chapitre  en 
quelques  articles  :  dans  le  premier  nous  parlerons  des 
cérémonies  qui  précédaient  le  Mariage  ,  el  dans  les 
suivants  nous  représenterons  celles  qui  l'accompa- 
anaienl  et  le  suivaient. 


(i)  1  Timoth.  4,  v.  1,  2,3. 

(2)  Contr.  Faust.,  1.  50,  c.  6, 

(3)  in  lib.  4  Sent. ,  dist.  20,  q.  2. 


1017 


MARIAGE. 


ClIAP.  II. 


ARTICLE    rUKMIKU. 

Des  cérémonies  qui  pirccdaiciil  le  Mariage  des  cbrlietis, 
et  entre  autres  de  la  publication  des  bans  ,  des  fian- 
çailles,  des  tables  matrimoniales,  des  arrhes,  de  l'an- 
neau ,  etc. 

Dès  le  commencement  du  second  siècle,  les  fidèles 
ne  se  m.iriaient  qu'après  en  avoir  informe  leur  évo- 
que ,  qui,  en  leur  (iiisant joindre  les  mains  Tun  avec 
l'autre ,  leur  donnait  sa  bénédiction.  M.  de  l'Aubcs- 
pine  (I)  croit  que  les  Iiommes  s'adressaient  aux  dia- 
cres, et  les  femmes  aux  diaconesses  pour  kur  propo- 
ser leurs  Mariages ,  et  les  supplier  d'en  informer  Té- 
vêque,  pour  savoir  de  lui  s'il  les  agréait.  Ce  savant 
évèque  d'Orléans  croit  que  ce  sont  ceux  que  Tertullien 
appelle  les  médiateurs  des  Mariages,  consiliarii  nnp- 
tiarum. 

L'Église  en  usait  de  la  sorte  dans  les  premiers  siè- 
cles avec  les  fidèles ,  pour  les  empêcher  de  s'allier 
avec  les  païens ,  les  Juifs  et  autres  infidèles  ;  et  comme 
il  n'y  avait  point  d'empècliemenls  dirimants  établis 
par  les  canons  ,  il  n'était  point  nécessaire  d'annoncer 
aux  fidèles  les  futurs  Mariages  des  promis ,  pour  pou- 
voir les  découvrir. 

Mais  dans  la  suite  des  temps,  l'Église  ayant  jugé  à 
propos  de  défendre  le  mariage  à  certaines  personnes 
sur  peine  de  nullité  ,  il  s'établit  dans  l'église  latine  , 
une  coutume  de  publier  et  d'annoncer  aux  messes  de 
paroisse  les  futurs  mariages  des  chrétiens  pour  pou- 
voir découvrir  s'il  ne  leur  élait  point  défendu  par  les 
canons  de  se  marier  avec  leurs  promis.  Cette  cou- 
tume qu'on  ne  voit  pas  avo'r  jamais  été  en  usage  dans 
l'église  grecque ,  fut  reçue  et  observée  en  diverses 
provinces  de  l'Europe.  Cujas  (2)  dit  que  c'était  un 
usage  très-commun  en  Angleterre.  Innocent  III  re- 
connait(3)que  cela  se  prati(iunit  ainsi  en  France  dans 
le  diocèse  de  Beauvais.  Nous  en  voyons  des  vestiges 
dans  l'ordonnance  synodale  d'Eudes  de  SuUi,  évèque 
de  Paris,  sur  la  fin  du  douzième  siècle.  Cette  coutume 
de  France  et  d'Angleterre  fut  trouvée  si  sage  et  si  pru- 
demment établie  ,  qu'elle  fut  approuvée  par  le  pape 
Innocent  III  dans  le  quatrième  concile  de  Latraii  (4) 
en  1215.  Ce  pape  la  fit  étendre  à  toute  l'église 
latine  par  une  loi  générale ,  que  depuis  ce  temps 
tous  les  fidèles  furent  obligés  d'observer  dans  l'Oc- 
cident. On  ordonna  dans  cette  assemblée  (|ue  les 
curés  annonceraient  dans  l'église  les  futurs  Mariages 
de  leurs  paroissiens,  mais  sans  spécifier  ni  quels 
jours ,  ni  combien  de  fois  il  fallait  faire  cette  publica- 
tion. 

Cette  loi  du  concile  de  Latran  n'étant  déjà  plus  en 
usage  vers  le  temps  du  concile  de  Trente,  dans  plu- 
sieurs endroits  de  l'Occident,  par  exemple,  en  Espagne, 
comme  le  témoigne  Dominique  Soto  qui  a  écrit  entre 
la  treizième  et  vingl-qualiièmc  session  de  ce  con- 
cile, cette  sacrée  assemblée  l'a  ordonné  tout  de  nou- 

(i)  Conférences  de  Paris,  1.  4,  §  1. 

il)  In  com.  ad  1.  fin.  de  cland.  Despons. 
5)  C.  Qun  in  tuù. 
4)  Cap.  Citminhibilio,  de  cland.  Despons. 


KITS  ET  CÉIIÉMONIES.  1018 

veau  dans  la  vingt-quatrième  session.  Les  Pères  de 
ce  concile  ont  n)èine  sp<''cifié  toutes  les  principales  cir- 
constances de  cette  publication  :  ce  sage  règlement 
de  discipline  s'y  fit  à  la  prière  des  évè(|ues  de  France. 
Nous  avons  encore  la  harangue  que  M.  de  Morvillier, 
théologien  du  cardinal  de  Lorraine,  fil  dans  une  con- 
grégation ,  pour  solliciter  le  concile  à  renouveler  le 
décret  de  Latran ,  au  sujet  de  la  publication  des  bans 
de  Mariage. 

Cette  loi  du  concile  de  Trente  fut  aussitôt  en  vi- 
gueur en  France,  et  s'observe  aussi  en  Angleterre, 
quoique  le  concile  n'y  ait  jamais  été  reçu  ;  les  Angli- 
cans suivant  en  cela  leur  ancien  usage  expliqué  dans 
leur  Liturgie.  Celte  publication  se  nonmie  ban,  qui  est 
un  vieux  mot ,  qui  désignait  parmi  les  Allemands  la 
publication  des  édits  des  souverains  ,  et  que  l'Église  a 
emprunté  d'eux. 

Voilà  ce  que  nous  avions  à  dire  touchant  les  bans 
de  Mariage  :  passons  aux  fiançailles,  qui  sont  en  usage 
encore  à  présent  dans  la  plupart  des  églises  d'Occi- 
dent et  dans  telles  d'Oiient.  Tout  le  monde  sait  que 
les  fiançailles  sont  une  promesse,  que  deux  personnes 
qui  sont  en  état  de  se  marier,  se  font  mutuellement  de 
vive  voix,  ou  par  signe  assez  manifeste,  de  s'épouser 
un  jour. 
Cette  cérémonie  est  Irès-ancienne.  Elle  était  même 
j  en  usage  chez  les  peuples  avant  qu'ils  eussent  reçu  la 
^  foi  de  Jésus-Christ ,  et  comme  elle  n'a  rien  de  con- 
I  traire  à  la  religion  ,  elle  s'est  conservée  dans  le  chris- 
:  lianisme.  Pline  dans  le  trente-troisième  livre  de  son 
!  Histoire  Naturelle  (cap.  1)  en  faitmenlion,  et  nous  as- 
j  sure  que  de  son  temps  c'était  encore  la  coutume  d'en- 
I  voyer  à  la  future  épouse ,  un  anneau  de  fer  sans 
!  aucun  ornement   de  pierre  précieuse,  ce  qui  était 
!  un  reste  de  l'ancienne  simplicité  des  Romains-,  chez 
qui  les  anneaux  d'or  étaient  interdits  à  tout  le  monde  , 
excepté  à  ceux  qui  étaient  chargés  de  traiter  des  af- 
faires importantes  chez  les  peuples  étrangers,  en  sorte 
que  Marins  n'en  porta  point  même  dans  son  triomphe 
sur  Jugurlha,  et  qu'il  ne  commença  à  en  avoir  qu'à  son 
troisième  consulat. 

C'était  ainsi  que  les  futurs  époux  s'engagaient  ré- 
ciproquement leur  foi,  l'un  en  donnant,  l'autre  en 
!  recevant  :  d'où  vient  que  Tertullien  appelle  cet  an- 
^  ncau,  annntus  pronubus.  S.  Grégoire  de  Tours   (1) 
parle  disertemont  de  cette  cérémonie  dans  la  vie  de 
j  S.   Leobard,    reclus   du  monastère  de  Marmoutier. 
j  Quand  il  fut,  dil-il,  parvenu  à  l'âge  convenable,  ses  pa- 
\  rents  le  contraignirent  d'envoyer  des  arrhes  à  la  fille 
'  qu'il  devait  prendre  pour  sa  femme,    «  ut  arrham  puellœ 
I  i  quasi  uxoremaccepturus  darct,  impellitur.  t   Le  saint 
,  voulait  passer  sa  vie  dans  le  célibat  et  la  pénitence  ; 
mais  ne  pouvant  résister  aux  instances  de  son  père, 
il  donna  l'anneau  et  le  baiser  à  son  épouse  future,  il 
lui  présenta  les  souliers  ;  on  célébra  avec  joie  les  épou- 
sailles. Dcnique  dato  sponsaliœ  annulo,    porrigit  oscu- 
lum,  prœbet  calceamentum,   célébrât  sponsaliœ  fésluni 

(1)C.  20de\ilisPatrum. 


i019  IIISTOIUE  DES  SACREMENTS. 

aiem.  Celait  ainsi,  comme  remanjuc  un  savant  au- 
teur (Marollius),  que  l'époux  prenait  en  quelipie  sorte 
possession  de  son  épouse,  en  lui  liant,  pour  ainsi  dire, 
les  pieds  elles  mains  par  la  chaussure  et  l'anneau  (1). 
S.  Isidore  (2)  parle  aussi  des  anneaux  que  ceux  qui 
voulaient  contraeler  mariage  envoyaient  à  leurs  liitu- 
res  épouses,  lorsipfil  dit  (pie  les  leimnes  n'usaient 
point  d'autres  anneaux  que  de  ceux  (pie  l'époux  leur 
avait  envoyés  avant  leur  mariage,  et  qu'elles  n'avaient 
point  coutume  d'en  porter  aux  doigts  plus  de  deux.  Le 
juènie  auteur,  dans  le  second  livre  des  Offices  divins 
(e.  19),  fait  assez  entendre  que  celte  présenlaiion  de 
l'anneau  était  devenue  une  cérémonie  religieuse  dans 
le  clirisliaiiisme,  quand  il  assure  que  l'époux  c-lonne 
ranneau  à  son  épouse  en  signe  de  la  foi  mutuelle,  (!U 
Lien  {)liit()t  pour  unir  leurs  cœurs  par  ce  gage  pré- 
cieux de  leur  amour  ;  d'où  vient,  ajoule-t-il,  que  l'an- 
neau se  met  au  quatrième  doigt  delà  main,  parceque, 
comme  on  le  dit,  il  y  a  une  veine  qui  porte  de  là  le 
sang  jusqu'au  cix'ur. 

Léon  Allatius  (")  nous  apprend  que  la  même  chose 
à  peu  près  se  pratique  dans  l'église  grecque.  Mais 
chez  les  anciens  Francs,  au  lien  d'anneaux,  l'époux, 
dans  les  fiançiiilles,  doiiiiait  à  sa  fulUre  épouse  quel- 
ques pièces  de  monnaie,  c'est-à-dire  un  sou  et  un  d '- 
liicr  suivant  la  loi  saliqiie.  Ce  l'ut  en  cette  manière, 
sclrtii  Frédégaire,  que  le  roi  Clovis  épousa  Clolilde. 
Legali  ofj'erentcs,  soiulo  et  detiario,  lit  mos  eral  Frun- 
coriim,  ccim  parlihus  Clilodôvœi  desponsahi.  Nous  avons 
encore  les  anciennes  formiiles  (.\c  ces  épousailles  (4), 
où  il  est  parlé  du  soU  et  du  deliier  que  le  futur  mari 
donnait  à  sou  épouse.  Dian  et  ego  te  per  solidum  et  de- 
Uarium  seciindiui)  Icgem  f^alicam  I'/shS  jui  sponsnre.  | 

Celle  cërémtinie  ëlait  iiti  restfed'tme  Ircs-ancictine 
cbiitnuie  établie  cllbz  li'.usîiéiirs  halibiis,  d'acheter  les 
femmesque  l'on  voulait  épouser,  ce  qui  était  en  usage 
non  seuiemenl  parmi  les  Gci'màins,  mais  encore  par- 
mi d'autres  peuples,  coiunie  les  Saxons  et  les  Bour- 
guignons. On  le  voil  pdr  leè  lois  des  Uns  cl  des  antres; 
celle  des  S.ixons  (c.  58)  pôl'le  :  Celui  qui  doit  épou- 
ser une  femvie,  donnera  500  sous  à  ses  parents.  El  celle 
des  Bourguignons  (lit.  12)  veut  que  le  ravisseur  paie 
six  fois  le  prix  de  celle  qu'il  auia  ravie,  sexies  puelke 
pretium  exsolvat.  Celle  manière  de  fiancer  était  parti- 
culière aux  Francs  el  aux  autres  peuples  Germaniqurs, 
desquels  elle  est  passée  chez  nous.  Car  ni  S.  Isidure, 
ni  le  pape  Nicolas,  dans  sa  réponse  aux  consullalions 
des  Bulgares  (cap.  3),  n'en  font  aucune  mention.  Vous 
avez  vu  ci-dessus  ce  qu'en  dit  le  premier.  L'autre  parle 
)t  la  vérité  des  fianç-ailles  el  des  gages  des  noces  futu- 
res ;  il  parle  des  arrhes  et  de  l'anneau  que  l'époux 

(1)S.  Léobard  se  trouvant  libre  peu  après  par  la 
mort  de  son  père,  renoïK^'a  aux  engagements  qu'il 
avait  pris  avec  celte  tille,  cl  se  relira  pour  se  consa- 
crer à  Dieu.  (Greu;.,  ibid.) 

(2)  L.  20  Etyniol. 

(5)  L.  5  de  Cens.  Eccl.  Occid.  et  Orient.,  cap.  i6, 
n.  15. 

(  l)  Inter  formulas  Bignonianas  5,  el  velus  formula 
apud  Franciscum  Pitha;uni. 


1020 
donnait  à  son  épouse  avant  la  célébralion  du  mariage, 
ujaisil  ne  dit  rien  des  sous  eldes  deniers  que  l'époux 
devait  donner.  Scd  posl  sponsalia,  quœ  futurarum  sunt 
nnptiarnni  promissafœdera,...  el  postquàm  arrliis  spon- 
sam  sibi  sponsus  per  digitum  fidei  à  se  unnulo  insigni- 
tuni  desponderit...,  uinbo  ad  nuplialia  fœdera  perdu- 
cunttir. 

Ce  pape  ne  dit  point  que  ces  tiançaillcs  dussent  se 
faire  dans  l'église  en  présence  du  prêtre,  cl  le  rituel 
romain  ne  le  prescrit  pas  non  plus.  Il  y  a  aussi  plu- 
sieurs églises  de  France  et  d'Italie  où  les  lian(,'aillcs 
ecclésiastiques  sont  inconnues,  qnoi()ue  dans  d'autres 
elles  soient  ordonnées  el  prali(iuées,  et  même  depuis 
le  treizième  siècle,  comme  on  le  voit  dans  les  statuts 
d'Eudes  de  Sulli,  évèque  de  Paris  (1). 

Mais  il  n'y  a  poinl  de  pays  où  elles  se  fassent  avec 
plus  d'appareil  que  chez  les  Grecs,  où  elles  sont  ac- 
compagnées de  beaucoup  de  prières  et  de  solennités. 
Et  cet  usage  n'est  pas  récent  parmi  eux,  puisque 
nous  voyons  que  l'empereur  Alexis  a  fait  des  lois  sur 
ce  sujet,  par  lesquelles  il  défend  entr'  autres  choses, 
de  se  (iaiicer  dans  l'église  avant  l'âge  de  puberté,  et 
de  ronqjre  les  engagements  pris  en  vertu  de  cette 
cérémonie.  C'est  pourquoi  les  Grecs  ont  coutume  de 
se  fiancer  le  même  jour  qu'ils  se  marient  (2),  elles 
deux  cérémonies  des  fiançailles  et  du  mariage  se  font 
en  Orient  tout  de  suite  et  en  même  temps.  Cet  empe- 
rem'  avait  aussi  ordonné  qu'on  ne  se  fiancerait  pas  à 
l'église  le  Dïème  joiu"  qu'on  se  marierait.  Mais  comme 
on  ne  peut  pas,  dans  l'église  grecque,  résilier  des  fian- 
çailles solennelles  et  ccclésiasrKines,  les  Grecs  n'ont 
pas  laissé  de  continuer  à  se  fiancer  et  marier  le  même 
jour.  C'est  la  remarque  du  Père  Goarl  dans  son  rituel 
des  Grecs. 

Les  fiançailles  étaient  suivies  du  contrat  de  mariage, 
que  S.  Augustin,  qui  en  parle  plus  d'une  fois,  a])pelle 
tables  matrimoniales.  Elles  contenaient  les  clauses  et 
les  conditions  sous  lesiiuelles  les  futurs  époux  s'enga- 
g(>aient  réciproquement,  aussi  bien  que  celles  sous 
les(pielles  les  pères  et  mères,  ou  les  parents  des  deux 
parties  consentaient  à  cet  engagement  ;  et  tous  ceux 
(pii  y  assistaiiîul  et  qui  y  prenaient  intérêt  y  appo- 
saient leurs  sceaux  :  c'est  pourquoi  C(unme  révè(|ue 
était  le  père  commun  des  fidèles,  il  y  souscrivait 
aussi.  C'est  ce  (pie  léinoigne  S.  Augustin  (5).  Isiista- 
bulis  subscripsit  episeopus.  El  il  se  sert  souvent  de  co 
qui  était  manjué  dans  ces  tables  pour  rappeler  les 
maris  el  les  femmes  à  leur  devoir,  en  les  faisant  sou- 
\einr  désengagements  qu'ils  avaient  pris,  el  de  la  fin 
([u'ils  s'étaient  proposée  en  entrant  dans  l'état  conju- 
gal. Ce  qui  fait  voir  que  ces  tables  contenaient  non 
seulement  les  conventions  matriinoniaies  (jui  regar- 
daient les  intérêts  de  famille,  mais  qu'on  y  insérait 
encore  ce  qui  avait  rapport  aux  devoirs  des  gens  ma- 
riés cl  àu.x  vues  toutes  saintes  et  loùles  pures  qu'ils 

(1)  Conférences  de  Paris,  1.  3,  §  1. 

(2)  Novel.  Alex.  Cornn.  Apud  Mathmon,  la  Quœsi. 
malrim. 

(")  Seriii.  S52,  nov.  edit. 


40-21  MARIAGE.  —  CIIAP.  11. 

devaient  se  proposer  en  se  niarianl.  Le  saint  docteur 
cxpiiaiio  CM  plusieurs  endroits  ces  clauses  du  coiilrat 
Qui  avaient  rapport  à  la  religion  :  il  s'en  sert  dans 
l'endroit  (pic  nous  venons  d'indicpier,  pour  prouver 
aux  maris  que  si,  à  certains  égards,  ils  ont  pouvoir 
sur  leurs  femmes,  ils  leur  sont  égaux  en  d'autres,  et 
qu'ils  leur  doivent  une  fidélité  inviolable. 

Dans  un  autre  de  ses  siinions  (I)  il  s'elTorce  de  ré- 
primer la  passion  des  maris,  en  leur  parlant  de  cette 
sorte  :  Celui  qui  (tinir  flus  le  corps  do  su  femme,  que 
ne  le  prescrit  l'ordre  de  lu  nature,  suivmit  lequel  on  ne 
doit  user  du  Mariage  que  dans  la  vue  d'avoir  des  en- 
l'unts ,  agit  contre  les  tables  mutrimoniules.  On  les 
récite  et  ou  les  récite  en  présence  de  tous  hs  assis- 
tants, et  on  ]j  lit  qu'on  est  entré  dans  l'état  du  mariage 
pour  avoir  des  cnfa)ils,  on  les  nomme  tables  matrimo- 
niales. Si  on  le  faisait  pour  une  autre  (in,  si  on  se  ma- 
riait par  d'autres  vues,  qui  est  l'homme  qui  aurait  assez 
peu  de  pudeur  pour  livrer  sa  fille  à  la  passion  d'un 
étranger?  Mais  afin  que  les  parents  n'en  rougissent  pas, 
on  récite  ce  qui  est  contenu  dans  ces  tables,  afin  qu'ils 
soient  beaux-pères  et  belles-mères,  et  non  des  ministres 
de  débauche,  en  donnant  leur  fille  ci  celui  qui  la  leur 
demande,  etc. 

On  voit  quelque  chose  d'assez  semblable  à  ce  que 
S.  .\uguslin  dit  de  ces  tables  matrimoniales,  dans  ce 
qui  se  pi'aliqiiait  en  France  quand  le  mari  futur  con- 
sliluait  une  dot  à  son  épouse.  Nous  avons  des  modèles 
de  l'acte  qui  se  faisait  pour  cela,  parmi  les  formules 
de  Lindembroog  (2).  On  y  rappelle  l'institution  du 
Mariage,  et  on  y  fait  mention  de  la  fin  que  se  propo- 
saient les  firturs  époux  dans  cette  action  importante. 
Je  vais  donner  un  extrait  de  la  formule  qui  est  au  nom- 
bre 75'  et  de  la  79"  :  la  première  a  pour  titre,  aussi 
Lien  que  les  suivantes  :  Libellus  dotis.  Ma  très-douce 
et  très-aimable  épouse  N.,  puisque  nos  parents  respectifs 
ont  agréé  que  je  vous  fiançasse  par  le  sou  et  pur  le  de- 
nier au  nom  du  Seigneur,  selon  la  loi  Salique,  comme 
j'ai  fait  ;  de  même,  il  nous  a  paru  bon  que  je  vous  don- 
nasse en  litre  de  dot  quelque  chose  des  biens  qui  ni  ap- 
partiennent, ce  que  j'ai  fait.  C'est  pourquoi  je  vous 
donne  par  le  présent  acte,  en  toute  propriété  et  pour 
toujours  tels  et  tels  biens,  etc..  Il  y  a  ici  une  énuméra- 
tion  de  ces  biens,  puis  l'époux  continue  :  Bien  entendu 
que  quand  le  jour  de  noire  mariage  arrivera,  vous  en- 
triez en  possession  de  ces  biens,  etc. 

Dans  l'autre  fornmie  l'époux  commence  ainsi  : 
Puisqu'il  est  constant  que  la  fécondité  du  genre  humain 
lient  du  Seigneur,  qui  a  dit  :  Croissez  et  multiplier,  et 
que  ta  femme  a  été  tirée  du  côté  de  l'homme  et  lui  a  été 
donnée  pour  l'aider,  et  que  de  plus  afin  que  nous  sus- 
sions que  le  Mariage  est  bon  et  institué  de  Dieu,  notre 
Sauveur  a  assisté  aux  noces  et  g  a  changé  l'eau  en  vin, 
j'ai  résolu  moi  N.,  à  l'imitation  de  mes  pères  et  au  nom 
de  Dieu ,  avec  le  consentement  des  hommes  illustres 
mes  pcn-ents,  et  suivant  les,  lois  de  contracter  un  Mariage 

(I)  Sorm.  îil. 

{i)  lialuz.,  ton).  2,  p.  o32  cl  seq. 


RITS  ET  CERE.M0NIE3. 


!0« 


légitime  arec  A'.,  pour  en  avoir  postérité,  et  de  lui  don- 
ner en  dot,  etc. 

AKTICLL    ir. 

Des  cérémonies  qui  se  pratiquaient  à  ta  célébration  du 
Mariage. 
La  j)Iupart  des  cérémonies  que  nous  pratiquons 
encore  aujomd'liui  dans  la  célébration  du  Mariage 
sont  très-anciennes,  comme  on  le  verra  par  ce  que 
nous  allons  dire  :  mais  il  en  est  quelques-unes  qui 
ont  été  changées  depuis,  ou  me  ne  abolies,  an  moins 
dans  plusieurs  pays  de  la  chrétienté. 

En  général  on  i)eut  direque  de  tout  temps  les  chré- 
tiens ont  cru  devoir  sanctifier  letir  entrée  dans  le 
Mariage  par  les  prières  communes  de  l'Eglise,  et  la 
bénédiction  de  ses  ministres  ;  et  il  n'y  a  autun  lieu  de 
douter  que  cela  ne  vienne  de  la  tradition  apostolique, 
puisque  S.  Ignace  martyr,  disciple  des  Apôtres,  le  re- 
commaiide,  quoiqu'en  d'autres  termes,  mais  qui  sont 
très-dignes  de  notre  attention.  Si  quelqiCun,  dit-il  (I), 
peut  garder  la  virginité  en  l'honneur  de  la  chair  du  Sei- 
gneur, qu'il  ne  s' en  élève  pas  :  que  s'il  s'enffle  d'orgueil, 
il  est  perdu....  Or  il  convient  aux  hommes  et  aux  femmes 
qui  se  marient  de  faire  cette  alliance  suivant  le  jugement 
de  l'évèque,  afin  que  le  Mariage  soit  selon  le  Seigneur, 
et  que  la  cupidité  n'en  soit  point  le  principe.  L'évèque  ou 
le  prêtre  en  cette  occasion  ne  se  contentait  pas  de 
donner  simplement  son  avis  sur  le  choix  de  la  per- 
sonne avec  qui  on  voulait  contracter  alliance  :  mais 
il  priait  pour  l'heureuse  réussite  du  Mariage,  il  bé- 
nissait ceux  qui  entraient  dans  l'état  conjugal,  et  tous 
les  fidèles  se  joignaient  à  lui  pour  allirer  sur  l'époux 
et  l'épouse  les  grâces  dont  ils  avaient  besoin,  pour 
remplir  les  devoirs  d'un  état  environné  de  tant  de 
peines  et  d'embarras,  et  qui  d'ailleurs  était  si  impor- 
tant à  l'Eglise,  de  laquelle  il  devait  multiplier  les 
enliuits. 

Tertullien  nous  développe  cette  ancienne  discipline 
dans  le  second  livre  adressé  à  sa  femme,  quand  il 
dit,  (pie  ce  mariage  est  heureux,  qui  se  Hiit  par  la  mé- 
diation de  l'Eglise,  et  qui  est  confirmé  et  scellé  par 
l'oblaiion  et  dont  les  anges  rendent  compte  à  Dieu. 
Félix  connubium,  quod  Ecclcsia  conciliât  ,  confirmât 
oblalio  et  obbignatum  angeli  rcnuntiaiit.  On  aperçoit  dans 
Tertidlicn  la  disci|)line  que  TEglibC  a  toujours  depuis 
observée  dans  la  célébiation  des  mariages  chrétiens. 
On  y  voit  que  dès  ce  temps-là  ils  se  célébraient  pu- 
bliquement 01  par  l'autorité  de  l'Eglise,  dont  lés  mi- 
nistres les  reconnuaiidalcnl  à  Dieu  (îahs  r.iclioh  du 
saint  sacrifice,  que  les  futurs  époux  y  faisaient  ki;i- 
oblation  avec  les  antres  fidèles,  et  qu'on  y  récilail 
leurs  noms  en  particidier  ;  cai*  c'est  de  que  sigtiilient 
les  paroles  de  ce  Père,  obsignatuni  angeli  rèiiiMiant. 
On  tenait  pour  saints,  et  l'Eglise  ratifiait  les  Mariages 
ainsi  célébrés.  Autrement  on  les  considérait  ccinmie 
des  alliances  profanes  ;  non  qu'on  dout.^l  de  lellr  vali- 
dité, puisqu'ils  étaient  faits  selon  les  lois  :  mais  oa 

Cl)  Epist.  ad  Polycarp. 


1013 


HISTOIUE  DES  SACREMENTS. 


i024 


ne  les  comptait  pas  parmi  les  clioses  sacrées.  C'est  ce 
que  veut  dire  TerluUien,  fnioi(iiril  s"ex|niinc  d'une 
manière  assez  dure,  quand  il  ajoute,  que  chez  les 
chrétiens  les  Mariages,  qui  ne  se  faisaient  point  en 
présence  de  l'Eglise,  couraient  risque  de  passer  pour 
débauche.  Apud  nos  nnptiœ  )W)i  piiks  apud  l'A-clesiam 
professœ,  de  mœcliià  judicari  pericU((in(ur. 

Il  est  assez  ordinaire  à  TerluUien  de  se  servir  d'ex- 
pressions outrées  :  celle-ci  en  est  une,  et  on  ne  doit 
pas  la  prendre  à  la  lellre;  car  quoicfue  l'Apùtrc  rc-  j 
commande  aux  chrétiens  de  ne  point  s'allier  avec  les 
infidèles,  il  est  bien  éloigné  de  traiter  ces  Mariages 
de  fornications,  et  nous  voyons  dans  l'ancienne  bis-  j 
loire  de  l'Eglise  qu'une  infinité  de  personnes  des  deux 
sexes  ont  contracté  de  ces  sortes  d'alliances,  soit  que 
leurs  parents  ou  ceux  de  qui  elles  dépendaient, 
comme  les  tuteurs  et  les  curateurs,  les  y  engageas- 
sent contre  leur  gré,  soit  par  quelques  autres  raisons. 
Nous  savons  même  qu'un  grand  nombre  de  ces  per- 
sonnes se  sont  sanctifiées  dans  ces  Mariages  ;  S'  Mo- 
nique en  est  uu  exemple  illustre  qui  n'est  ignoré  de 
personne. 

Celle  discipline  dont  nous  avons  parlé  était  com- 
mune à  toutes  les  Eglises  ;  et  les  Pères  parlent  de 
la  bénédiction  impliale,  non  comme  d'une  ^.rmplc 
cérémonie,  mais  comme  d'une  source  de  grâces,  à 
laquelle  même  ils  semblent  attribuer  la  vertu  de  ren- 
dre le  mariage  indissoluble.  Le  pape  Syrice,  dans  sa 
décrétale  à  Himerius,  en  parle  en  ces  ternies  :  Cesi  un 
sacrilège  pcmni  tes  chrétiens  de  violer  par  aucune  trans- 
gression celte  bénédiction  (juc  reçoit  du  prêtre  celle  qui 
se  marie. 

S.  Ambroise  (1)  dit  que  le  Mariage  doitèlre  saiicli- 
fié  par  la  bénédiction  sacerdotale.  Le  quatrième  con- 
cile de  Carthage  veut  que  l'époux  et  l'épouse  qui  sont 
présentés  à  l'Eglise  par  leurs  parents  ou  par  leurs  pa- 
ranymplies,  gardent  la  virginité  la  première  nuit  de 
leurs  noces ,  pour  le  respect  de  la  bénédiciion  du 
prêtre  qu'ils  ont  reçue.  Ives  de  CIi  irtrrs  cl  Gratien 
rapportent  un  décret  du  pape  llorinisdas,  qui  défend 
de  faire  les  Mariages  en  secret  ;  et  celle  discipline,  qui 
avait  été  dès  les  premiers  temps  observée  en  France, 
s'y  esl  conservée  depuis.  Nous  avons  encore  les 
prières  que  l'on  faisait  à  la  célébration  des  Mariages 
dans  un  manuscrit  de  900,  du  monastère  de  Gelione, 
qui  contient  le  missel  du  pape  Gél.ise(2) ,  dans  lequel 
on  voit  que  ces  prières  mêmes  faisaient  partie  de  la 
messe  que  l'on  célébrait  pour  attirer  les  regards  favo- 
rables de  Dieu  sur  ceux  qui  se  mariaient.  Ce  «pii 
prouve  qu'il  ne  manquait  rien  à  la  publicité  des  Ma- 
riages. 

La  pratique  de  célébrer  les  mariages  à  la  face  de 
l'Église,  passa  en  loi  tant  en  Orient  qu'en  Occident, 
en  sorte  qu'on  y  déclara  nuls  ceux  qui  se  seraient 
faits  clandestinement ,  el  qui  n'auraient  point  été  ac- 
compagnés de  la  bénédiction  des  prêtres  ou  des  évê- 

l\\  Episl.  70. 

(2)  Mari,  de  anl.  Ecd.  Discipl.  t.  %  I.  1,  c.  11, 
a.  5. 


qucs  :  on  le  voit  par  la  loi  que  publia  1  empereur 
l,éon-le-Philosoplie  (1),  qui  le  dit  expressément  de 
ceux  (jui  se  seront  faits  x^p'?  eOxwv/.ai  te/otïj^  '",'««,  ou 
bien  comme  il  i)arle  plus  ])i\s,oly!/.  rrn  ys-jo/juaixi-jm 
îO/s/iy-,-.  L'empereur  Alexis  Comnène  étendit  même 
celte  nullité  aux  fiançailles,  cl  Basile  le  Macédonien 
défend  (pie  ces  bénédictions  se  fa.ssenl  en  cachette, 
/j.ii  oùj  yàSpc/.  yh-zOa.t.  TXi  yà/jM-j  ûpo/ovia?.  Nos  rois  n'ont 
point  été  moins  religieux  pour  conserver  la  sainteté 
des  mariages,  et  ils  ont  étendu  aux  effets  civils  la 
peine  de  ceux  qui  négligeraient  de  les  célébrer  selon 
les  règles  prescrites  par  l'usage  immémorial  de  l'Église, 
c'est-à-dire,  sans  recevoir  la  bénédiciion  des  minisires 
des  sacrements.  C'est  dans  celte  vue  qu'ils  ont  déclaré 
nuls  les  mariages  qui  n'auraient  point  été  contiaclés 
publiquement,  et  avec  les  prières  prescrites  dans  le 
sacranenlaire  (2).  Publicœ  nuptiœ  ab  his  qui  nubere 
cupiiint  fiant.  El  plus  bas  :  Cum  benediclione  sacerdotis, 
sicut  in  sacramentario  continetur,....  et  non  occulté  du- 
cenda  est  uxor.  L'empereur  Louis-le-Débonnaire  con- 
firme cette  pratique,  et  emprunte  pour  cela  les  termes 
tirés  d'une  lt)i  du  code  des  Wisigoths  (3)  :  A'on  aliter 
quàm  sacerdotali  benedictione  intra  sinum  sanctw  eccle- 
siœ  perceptà ,  conjngium  cuiquam  adiré  perniittimus.  Il 
est  vrai  qu'ensuite  il  y  a  une  peine  pécuniaire  ordon- 
née au  profit  du  prince  contre  l'infraclion  de  cette 
loi ,  ou  cent  coups  de  fouet.  Mais,  comme  remarque 
M.  de  Marca  (4),  cela  n'empêche  pas  l'effet  de  la  nul- 
lité, qui  était  déjà  ordonné  dans  les  capilulaires. 

Celte  bénédiction  sacerdotale  si  recommandée  con- 
sistait en  plusieurs  prières  Irès-dévoles,  que  le  prêlre 
faisait  avant  el  pendant  la  inesse  nuptiale ,  pour  de- 
mander à  Dieu  les  grâces  propres  à  remplir  les  obliga- 
tions de  l'élat  du  Mariage  pour  ceux  qui  s'y  enga- 
geaient ;  et  on  ne  trouve  rien  autre  chose  dans  les 
anciens  rituels,  où  il  n'est  fait  aucime  mention  de 
ces  paroles,  ego  vos  conjungo  ,  etc.  ;  dans  lesquelles 
plusieurs  de  nos  scolastiques  ont  prétendu  faire  con- 
sister la  forme  du  sacrement  de  Mariage.  C'est  de 
(|uoi  l'on  ])eui  s'assurer  en  jetant  les  yeux  sur  les 
extraits  des  anciens  sacramentaires  et  rituels  que  le 
Père  Marlène  a  publiés.  Cet  auteur  dit,  de  plus  ,  que 
ces  paroles  sont  omises  dans  deux  rituels  maïuiscrils 
de  l'abbaye  du  Bec  ,  dans  un  pontifical  de  Sens  de 
300  ans ,  et  dans  un  ancien  rituel  de  Bourges. 

La  discipline  dont  nous  avons  parlé  jusqu'à  pré- 
sent dans  cet  article,  s'était  conservée  sans  altération 
dans  l'Eglise,  lorsque  quelques-uns  prirent,  il  y  a 
environ  000  ans,  occasion  d'un  mol  qu'avait  dit  le 
pape  Nicolas  I,  dans  sa  réponse  aux  consnilalions  des 
Bulgares,  de  changer  ce  qui  s'était  jusqu'alors  si  re- 
ligieusement observé  Ce  pape,  après  avoir  exposé 
l'ordre  de  la  solennité  des  noces  dans  l'église  ro- 
maine ,  avait  ajouté  sur  la  fin  :  Nous  ne  disons  pas 
que  ce  soit  un  péché,  si  tout  cela  ne  s'y  trouve  pas. 


(1)  Novell.  89. 

("2)  Capilul.  1.  7,  lom.  1,  cap.  7. 

3)  Add.  Ludov.,  I.  1,  è  legibus 'SYisig.,  1.  12. 

i)  Opuscule  du  mariage. 


1025  MARIAGE.  —  ClIAP.  II 

rcccatum  auiem  esse  ,  sî  liœc  cuncla  in  nnpliali  fœdere 
non  inlerveniant ,  non  dicimus,  comme  l'on  voil  dans 
Gr;ilicn(l)./)'oiu7s  conclurent,  commedilM.  dcMarca, 
que  le  pape  ne  metlait  point  le  consentement  des  pères , 
ni  lu  béncdiclion  du  prêtre  pour  nécessaires ,  )to)i  plus 
(juc  les  autres  menues  observations  qu'il  avait  dénom- 
brées :  au  lieu  que  l'on  devait  inférer  le  contraire  de  ce 
que  le  pape  reconnaît  quil  en  faut  retenir  quelques-unes, 
et  particulièrement  la  bénédiction  du  prêtre,  qui  tendait 
à  conserver  l" lionnêleté  dit  sacrement. 

Copeiidant  ce  fut  principalement  sur  ce  fondement 
que  s'appuyèrent  ceux  qui  soulinrcnt  la  validité  des 
mariages  clandestins,  et  ce  fut  leur  opinion  qui  donna 
lieu  à  rélablissenienl  do  cet  abus,  que  le  -V  concile  do 
Latran  s'appliipia  à  réprimer,  jusqu'à  déclarer  illégi- 
times les  enfants  qui  en  naîtraient ,  ce  que  lit  aussi 
Roger,  roi  de  Sicile,  en  privant  de  toute  succession 
ceux  qui  auraientconlracié  maiiago  sans  les  solennités 
publiques,  solemnilule  débita  et  sacerdotali  bencdiclione 
prœtermissis  {i).  Celte  rigueur  ne  put  arrêter  le  cours 
de  cet  abus,  et  il  a  fallu  que  le  concile  de  Trente,  re- 
nouvelât le  décret  de  celui  de  Latran ,  et  déclarât 
illégitimes  ces  sortes  de  mariages. 

Celte  bénédiction  nuptiale  si  recommandée,  qui  se 
donnait  aux  époux  lorsqu'ils  se  mariaient  pour  la  pre- 
mière fois  (car  à  l'égard  des  secondes  noces ,  elle  ne 
se  donnait  pas  autrefois  dans  l'église,  comme  nous 
verrons  dans  le  cbapilre,  où  on  traitera  du  mariage 
des  veuves)  ;  cette  bénédiction,  dis-je  ,  était  accompa- 
gnée de  certaines  cérémonies,  dont  il  est  temps  à  pré- 
sent que  nous  parlions. 

Le  pape  Nicolas  I ,  dans  sa  réponse  aux  Bulgares 
(cap.  5) ,  après  avoir  parlé  des  épousailles  ou  fiançail- 
les, des  arrhes,  et  de  l'anneau  que  l'époux  futur  met- 
tait au  doigt  de  son  épouse,  du  consentement  des  pa- 
rents, et  de  la  dot  ru'il  lui  constituait  par  un  écrit 
authentique,  représente  ensuite  les  cérémonies  du 
Mariage  en  ces  ternies  :  On  les  amène  à  réqlise  avec 
les  offrandes  qu'ils  doivent  faire  au  Seigneur  par  la  main 
du  prêtre ,  et  ils  reçoivent  ainsi  la  bénédiction  et  le  voile 
céleste...  Après  cela,  étant  sortis  de  réqlise ,  ils  portent 
sur  leurs  têtes  des  couronnes ,  que  Con  a  coutume  de  ré- 
server dans  l'éqlise.  Ces  cérémonies  ,  selon  le  pape 
Nicolas ,  suivaient  immédiatement  celles  de  donner 
les  arrhes,  de  présenter  l'anneau  et  l'écrit  contenant 
la  dot  de  l'épouse  ,  ou  bien  elles  se  faisaient  quelque 
temps  après,  aut  mox ,  ant  apto  tempore. 

Il  paraît  même  par  les  plus  anciens  rituels  qui  nous 
restent  sur  celte  matière,  dont  l'un,  suivant  le  P. 
Martène ,  est  écrit  il  y  a  environ  700  ans ,  et  l'autre 
un  siècle  après,  que  ces  cérémonies  des  épousailles 
ne  faisaient  en  quebpie  façon  qu'une  même  action 
avec  celle  de  la  célébration  du  Mariage  :  ce  qui  n'est 
pas  contraire  àce  qui  a  été  dit  dans  rarliclc  précédent 
touchant  les  fiançailles.  Car  outre  que  ce  que  nous 
avons  dit  peut  s'entendre  des  fiançailles  civiles  ;  on 
peut  encore  l'entendre  des  fiançailles  ecclésiastiques, 

(1)  C.  Nostrates,  30,  q.  5. 

(2)  Lib.  3  Const.  Sicul.,  t.  20. 


RITS  ET  CÉRÉMONIES.  10Î6 

qui  dans  les  premiers  temps  étaient  séparées  par  quel- 
que espace  de  temps  de  la  célébration  des  noces ,  cl 
qui,  dans  la  suite,  y  furent  jointes  quand  on  le  jugeait 
à  propos ,  comme  du  temps  du  pape  Nicolas,  et  lors- 

[  qu'on  se  mil  enfin  sur  le  pied,  au  moins  en  France,  de 
les  joindre  communément  à  la  célébration  du  Mariage  : 
en  sorte  que  tout  cela  ne  faisait  qu'une  même  action. 
Le  lecteur  sera  sans  doute  bien  aise  de  voir  dans 
quel  ordre  tout  cela  se  faisait.  Je  vais  le  lui  exposer 
comme  il  est  prescrit  dans  ces  deux  anciens  rituels 
que  je  viens  do  citer,  dont  l'un  est  tiré  d'un  missel  de 
l'église  de  Rennes,  et  se  conserve  dans  la  bibliothèque 
de  S.  Catien  de  Tours ,  el  l'autre  d'un  pontifical  ma- 
nuscrit du  monastère  de  Lire.  Dans  le  premier,  il  est 
dit  (pic  le  prêtre,  quand  il  aura  un  mariage  à  célébrer, 
se  rendra  devant  la  porte  de  l'église  en  aube  et  en 
étole  avec  l'eau  bénite ,  dont  ayant  aspergé  les  futurs 
époux  ,  il  s'informera  s'ils  ne  sont  point  parents,  elles 
instruira  de  la  manière  de  vivre  qu'ils  doivent  garder 
dans  l'état  qu'ils  veulent  embrasser.  Après  cela  ,  est-il 
dit,  qu'il  dise  aux  parents  ,  3uivant  la  coutume,  de  don- 
ner leur  fille  à  l'époux ,  et  à  celui-ci  de  lui  donner  sa 
dot ,  dont  il  fera  lire  récrit  en  présence  de  tous  les  assis- 
tants ;  qu'il  la  lui  fasse  aussi  épouser  avec  un  anneau 
béni  au  nom  de  la  Sainte-Trinité  ,  qu'il  lui  mettra  à  la 
main  droite,  et  honorer  de  quelques  pièces  d'or  ou  d'ar- 
gent suivant  ses  facultés.  Qu'ensuite  il  fasse  la  béné- 
diction qui  est  marquée  di<ns  les  livres ,  laquelle  étant 
achevée,  ils  entreront  dans  l'église,  el  lui  (le  prêtre) 
commencera  la  messe.  Or ,  l'époux  et  l'épouse  porteront 
des  cierges  allumés  en  leur  main  pendant  la  messe ,  et  y 
feront  leur  offrande  ;  et  avant  que  l'on  dise  Fax  Do- 
mini  ,  etc. ,  ils  se  mettront  sous  n)i  voile  suivant  la  cou- 
tume,  là  ils  recevront  la  bénédiction  nuptiale.  (La  for- 
mule de  celte  bénédiction  est  rapportée  et  a  pour 
titre  :  Benedictio  super  sponsum  et  sponsam ,  et  est 
assez  courte.)  A  la  fin  l'époux  recevra  la  paix  du  prêtre^ 
qu'il  donnera  à  son  épouse. 

Le  second  monument  que  nous  avons  cité,  expose 
l'ordre  de  ces  saintes  cérémonies  dans  un  plus  grand 
détail,  et  répand  du  jour  sur  ce  qui  vient  d'êlre  dil 
dans  le  premier.  Je  traduirai  ici  toutes  les  rubriques, 
sans  rapporter  les  prières  qui  sont  plus  longues  que 
dans  le  premier.  Il  est  dit  dans  celui-ci  comme  dans 
l'autre ,  que  l'époux  et  l'épouse  se  rendront  à  l'entrée 
de  l'église ,  où  le  prêtre  requerra  leur  consente- 
ment, et  fera  lire  l'acte  qui  contient  la  dot  que  l'époux 
fait  à  son  épouse  {et  fiat  recapitulatio  de  dote  mulieris). 
Qu'ils  mettent  ensuite  quelques  dénias ,  csl-il  dit ,  pour 
être  distribués  aux  pauvres,  et  qu'alors  le  père  ou  les  amis 
donnent  la  fille  à  l'époux,  qui  la  recevra  en  foi  de  Dieu 
pour  la  conserva-  toute  sa  vie  soit  en  maladie ,  soit  en 
santé ,  qu'il  la  prenne  par  la  miiin  ,  tandis  que  le  prêtre 
fait  une  courte  prière. 

Celle  prière  est  suivie  de  la  bénédiction  de  l'anneau, 
laquelle  étant  finie,  l'époux  le  prend,  et  après  l'avoir 
présenté  avec  le  prêlre  à  trois  des  doigts  de  la  main 
de  l'épouse ,  il  le  laisse  ù  un  des  doigts  de  la  main 
gauche,  â  la  dilTérenco,  est-il  dit,  de  l'anneau,  que 


,(^27  HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  1023 

les  évoques  doivent  porter  à  la  main  droile.  Suivent  p  ziaiize  en  parle  comme  d'une  pratique  ordinaire  en 


des  prières ,  après  lesquelles  la  rubriiiue  porte  qu'on 
les  introduira  dans  l'église,  et  qu'ils  se  prosterneront 
au  milieu  ,  tandis  que  le  prêtre  prononce  un  psaume 
et  plusieurs  oraisons  :  lesquelles  élanl  aclicvces  ,  on 
les  fait  entrer  dans  le  chœur  de  l'Ei^lise  où  ils  occu- 
pent le  côté  droit,  la  fenmie  étant  à  la  droile  du  mari. 
Ici  commence  la  messe  nuptiale.  Après  le  Sanclus , 
les  époux  se  prosternent  de  nouveau  pour  prier ,  et 
on  étend  sur  eux  un  poêle,  palliiiDi,  qui  doit  être  tenu 
par  les  quatre  coins  ,  par  quatre  hommes  ;  et  avant 
que  l'on  dise ,  Pax  Domiui,  que  le  prêtre  fasse  sur  eux 
celle  prière.  C'est  proprement  là  que  se  iaii  la  béné- 
diction nuptiale ,  qui  consiste  en  deux  oraisons  fort 
dévoles.  Lesquelles  achevées,  on  dit,  Pax  Dom'mi 
sit ,  etc.,  et  Agnus  Dei  :  aussilôt  les  deux  époux  se 
lèvent,  et  le  mari  reçoit  la  paix  du  prêtre  qu'il  donne 
à  l'épouse ,  et  non  à  d'autres  ;  mais  un  clerc  la  rece- 
vant du  prêtre,  la  porte  aux  assistants.  (Celle  paix 
était  le  saint  baiser.  ) 

Après  la  messe  ,  dit  la  même  rubrique  ,  que  /'oh  bé- 
liisse  du  pain  et  du  vin  dans  un  vase,  et  qu'ils  en  goûtent 
■au  nom  du  Seigneur.  Suit  une  courte  bénédiction.  La 
miit  quand  les  deux  époux  se  seront  coucliés ,  que  le 
prêtre  vienne  et  bénisse  la  chambre.  La  formule  de  celte 
bénédiction  est  rapportée.  Et  il  est  dit  ensuite  :  Qu'il 
fasse  aussi  la  bénédiction  sur  eux.  Cette  bénédiction 
consiste  en  deux  versets  assez  courts,  par  lesquels  il 
leur  souhaite  toute  sorte  d'avantages  spirituels  et  tem- 
porels. 

Tel  est  l'ordre  des  cérémonies  qui  s'observaient  au- 
trefois en  France,  et  qui  différaient  sans  doute  en  quel- 
que chose  suivant  les  temps  et  les  lieux.  Yous  voyez 
en  ce  second  monument  quelque  différence  d'avec  le 
■premier,  mais  le  fond  est  le  même,  cl  je  suis  dans  ce 
sentiment  que  tout  ce  qui  se  passe  à  la  porte  de 
féglise  doit  passer  simplement  pour  les  fiançailles 
ecclésiastiques.  Au  lieu  que  la  bénédiction  qui  se 
adonne  pendant  la  messe  nuptiale,  est  proprenienl  la 
bénédiction  du  .Mariage ,  tout  le  resle  tenant  lieu 
des  cérénionies  qui  accompagnaient  celle  importante 

action. 

Examinons  présentcmenl  ranti(iui  é  de  celles  de 
ces  cérémonies,  dont  nous  n'avons  point  encore  parle. 

ARTICLE  ni. 

On  reclierclie  l'antiquité  de  quelques-unes  des  cérémonies 
de  la  célébration  du  Mariage.  Des  cérémonies  qui  se 
pratiquent  à  présent  dans  les  églises  d'Orient. 

Nous  avons  suffisamment  parlé  dans  les  «rticles 
précédents  de  l'anneau  que  l'époux  metlaii  au  doigt 
de  sa  promise  :nous  avons  vu  en  quoi  cohsislaienlles 
arrhes  qu'il  donnait,  ce  que  c'était  que  la  bénédiction 
nuptiale,  etc.  11  faut  présentement  rechercher  l'anti- 
fjuilé  de  quelques  autres  cérémonies  ,  dont  nous  n'a- 
vons fait  mention  qu'en  passant. 

L'ne  de  ces  cérémonies  était  que  l'époux  prenait 
parla  main  celle  avec  qui  il  allailconlracter  mariage. 
Elle  est  très-ancienne,  puisque  S.  Grégoire  de  Na- 


son  temps.  C'est  ce  tpie  l'on  \oildanssa  lellre  à  Any- 
siuj  (I) ,  où  s'excusant  de  ne  pouvoir  assister  au  .Ma- 
riage de  sa  fille  ,  parce  qu'il  était  retenu  par  la  mala- 
die, il  Itii  dit  :  J'y  suis  en  esprit  et  par  affection  ;  je  cé- 
lèbre la  fêle  de  ces  noces ,  et  je  joins  les  mains  de  ces 
jeunes  gens  l'une  à  l'autre,  et  toutes  les  deux  à  celle  de 
Dieu.  Dans  quelques  provinces  le  prêtre  faisait  mellrc 
la  main  droite  de  l'époux  sur  celle  de  l'épouse,  pour 
marquer  la  soumission  où  celle-ci  devait  être  à  l'égard 
de  l'autre.  Et  eu  Moscovie ,  dès  que  l'époux  avait 
donné  l'anneau  à  son  épouse,  elle  se  jetait  à  ses  ge- 
noux et  lui  baisait  les  pieds,  pour  l'assurer  de  l'obéis- 
sance qu'elle  lui  promettait  :  et  l'époux  pour  marquer 
à  son  épouse  qu'il  serait  sou  prolecteur  et  un  mari 
fidèle,  la  couvrait  de  son  nianleau.  C'est  un  and)as- 
sadeur  de  la  reine  Elisabeth  auprès  du  czar  ,  qui  en  a 
assuré  Seldenus. 

S.  Au)broise  parle  du  voile,  ou  comme  on  dit 
conmiunément  du  poêle  qu'on  étendait  sur  !a  têle 
des  deux  mariés.  Cette  cérémonie  leiir  apprenait 
que  la  pudeur  devait  être  la  règle  de  leiu'  condr.ito. 
S.  Ambroise  (2)  l'appelle  flammenm  nuptiale,  sans 
doule  parce  qu'il  était  de  couleur  de  pourpre,  pour 
mieux  marquer  cette  vertu  si  convenable  aux  per- 
soimes  mariées,  dentelle  fait  le  principal  ornement. 
Ce  saint  fail  aussi  entendre  assez  clairement  que  la 
bénédiction  nu}itiale  se  faisait  pendant  que  les  époux 
étaient  couverts  de  ce  voile,  lorsqu'il  dit  (3)  :  Puis- 
qu'il  faut  que  te  mariage  soit  sanctifié  par  le  voile  et  la 
bénédiction  sacerdotale.  Le  pape  Syrice,  faisant  allusion 
à  cette  cérémonie  (-i),  parle  excellennnent  de  la  vir- 
ginité ,  en  ces  termes  dignes  d'un  pontife  si  éclairé  : 
Certes,  nous  ne  rejetons  point  les  noces ,  puisque  nous 
g  assistons  par  la  cérémonie  du  voile,  mais  nous  liono' 
roiis  davantage  celles  que  le  Mariage  produit,  et  qui 
consacrent  à  Dieu  leur  virginité.  Les  bigames  qui  ne 
recevaient  la  point  bénédiction  nuptiale,  n'étaient  point 
mis  non  plus  sous  le  voile.  El  dans  un  manuscrit  de  S. 
Victor  ,  il  est  porté  de  plus  que  quand  les  deux  époux 
se  donnent  la  main  ,  celui  qui  se  marie  en  secon- 
des noces  ne  présente  point  sa  main  nue  ,  mais 
couverte. 

La  cérémonie  du  couronnement  des  époux  aux 
premières  noces  n'est  pas  moins  ancienne  que  celle 
dont  nous  venons  de  parler.  11  paraît  qu'elle  a  été  do 
tous  lenqis  en  usage  en  Orient,  où  elle  se  pratiijue 
encore  à  présent,  comme  le  dit, M.  Ducange  .dans 
son  Glossaire  grec,  après  le  père  Goart,  et  celle  cou 
ronne  que  le  prêtre  met  sur  la  tête  des  époux , 
est  ordinairement  composée  d'un  rameau  d'olivier  or- 
né de  lisières  blanches  et  couleur  de  pourpre.  S.  Chry- 
sostôme  (5)  parle  de  ce  couronnement,  et  dit  qu'il  a 
été  introduit  pour  f;nre  connaître  la  pureté  et  l'inno- 
cence de  vie  (pie  les  épouses  apportent  dans  le  ina- 

(1)  Epist.  57. 
\       (-2)  L.  de  Virgin.,  c.lo. 
(5)  Idem,  ep.  li). 
(4)  Ep.  ad  .Mediolan.  Ecc. 
[b)  Hom.  9  in  1  ad  Cor. 


im 


MARIAGE.  —  CIIAP.  II.  RITS  ET  CEREMONIES.  1030 


riage  et  la  victoire  qu'elles  ont  remporlûo  s^iir  leurs  pas  • 
sions.  La  même  cliosc  se  praliiiuail  ;\tilrefi>is  on 
Oocidciil,  comme  on  lo  voit  ilaiis  la  rcponse  do  M(  o 
las  I  aux  Bulgares  ,  et  avant  lui  dans  l'Iii^loire  do 
de  S.  Grogoire  de  Tours  (1)  ,  où  il  parlo  iU'  iopoiiso 
du  sénateur  liijnriosits  ,  qui  ne  ^'(■•l.^U  mai  iô,  (]iii; 
pour  ne  point  s'opposer  à  la  voloiilc  do  ses  paionls, 
et  qui,  soiiliaitant  do  conserver  sa  viigiuilô  dans  lo 
mariage,  disait  à  son  époux  la  pirmioïc  niril  d/  iciiis 
noces,  on  répandant  beaucoup  do  larmes  :  llcUts  !  fui 
été  abandonnée  d'un  époux  immortel  fini  me  promcltidt 
le  ciel  pour  dot..,  et  au  lieu  de  ces  ros'!s  qui  ne  souffrent 
aucune  flétrissure  je  suis  ornée  ou  plutôt  déshonorée  par 
ces  roses  qui  se  sèchent  en  un  nwni'Vtt.  Et  pro  rosis 
immarcessibiHbus,arentiuni  me  rosmum  non  ornai,  sed 
déformât  spolium.  Il  est  aussi  parlé  dans  la  vie  do 
S.  Amateur  (2) ,  d'une  couronne  en  forme  de  tour, 
que  son  épouse  portait  à  la  cérémonie  de  ses 
noces. 

Cette  cérémonie  n'a  pas  été  loiigicmps  en  usage 
en  Occident,  suivant  toutes  apparences ,  au  moins  en 
France ,  puisque  nos  plus  anciens  rituels  n'en  fout 
point  menlion  :  cl  s'il  y  a  encore  des  pays  où  les  épouses 
se  mettent  sur  la  tète  un  chapeau  de  fleurs,  il  n'en  est 
parlé  à  présent,  dit  l'autour  des  Conférences  de 
Paris  (5) ,  que  dans  très-peu  de  rituels  :  et  celui  de 
Paris  n'eu  dit  pas  un  mot. 

Il  n'eu  est  pas  ainsi  des  Grecs  :  cette  cérémonie  est 
lellemeiil  établie  parmi  eux,  que  Théophane,  Léon-le- 
Grammairien,  et  d'autres  historiens  se  servent  de  ce 
mot  en  plusieurs  endroits,  et  les  canonistes  (4)  n'en 
ont  point  d'autres  pour  signifier  la  bénédiction  nu- 
ptiale,   -:à  TÔç  e'j'/oyix;  rwv  •jy.ij.wj  v.'jI  Tzpb  zSn  cTî^â-wv, 

dit  le  scoliaste  Harinéuopnle;  et  quelques  canons  qui 
défendent  la  bénédiction  des  secondes  noces,  disent 
simplement,  §tya«oî  où  a-zs^fv.jov-zon,  on  ne  couronne  pas 
le  bigame;  y.-fiozli  //•jtti/.w,-  <7zrjy.joj70'j>,  que  personne  ne 
soit  marié  clandestinement,  et  ainsi  du  reste,  il  est  même 
à  remarquer  que  les  Orientaux  Melcbites,  Nestoriens, 
cl  Jacobites  appellent  de  même ,  couronnement ,  la 
bénédiction  nuptiale  ;  et  comme  on  ne  voit  pas  qu'ils 
aient  rien  pris  de  l'Église  orthodoxe,  depuis  leur  sé- 
paration, il  est  très-vraisemblable  que  cet  usage  est 
plus  ancien  que  les  schismes.  Encore  à  présent,  c'est 
la  coutume  que  le  prêtre  ôte  solennellement  la  cou- 
ronne nuptiale  aux  époux  ,  au  bout  de  huit  jours,  et 
il  y  a  même  j>our  cela  une  oraison  particulière  dans 
l'eucologe  des  Grecs  (o). 

Vous  avez  vu  ci-devant,  que  l'usage  de  donner  la 
bénédiction  nuptiale  pendant  l'action  du  sacrifice,  que 
le  prêtre  interrompait  pour  cola  ,  est  de  la  première 
antiquité,  puisque  Toilnllicn  en  parle,  et  hs  plus 
wiciens  rituels,  et  entre  aiilrcs  lo  missel  du  i)ape  Gé- 
lase.  L'offrande  qu'y  ('.lisaient   les  époux ,  est  aussi 

(1)  Uist.  France  1.  i,  n.  42. 

(2)  Rollraid.  i  maii. 
(5)  Tom.  ô,  p.  20 i. 

(4)  Jur.  Gra;c.  Rom.  l.  2,  p.  137. 
^5)  Ducang.  in  Gloss, 


une  preuve  qu'ils  y  communiaient,  la  communion 
étant  dans  les  premiers  temps  et  même  depuis  ,  insé- 
parable de  la  bénédiction  nuptiale  (1).  Il  y  a  beaucoup 
d'apparence  que  cet  usage  était  autrefois  comnnin  à 
toiiles  les  églises,  puis(|ue  plusiiurs  d'Orient  le  coii- 
servenl  encore  ,  et  la  Latine  parcill  ment  (j'enleuds 
l'usage  de  célébrer  les  noces  durant  loblation  du  S. 
sacrifice).  C'était  apparemment  de  la  coniinne  do  com- 
nmiiicr  à  la  messe  nuptiale,  qu'était  venu;  la  di.ci- 
pliue  ancieime  d'observer  la  continence  dniant 
quelques  jours  à  l'exemple  du  jeune  Tobie  ,  connue 
marquent  quelques  canons,  ou  comme  on  trouve  dans 
celui  queciicEgl)eri,  archevêque  d'York,  et  Curchard. 
Celte  coutume  a  duré  fort  longtemps  ,  et  même  elle 
donna  lieu  à  un  grand  abus  (2),  parce  qu'en  (piehiues 
endroits  les  ecclésiastiques,  sous  prétexte  de  maintenir 
la  discii)line,  exigeaient  des  droits  pour  en  dispenser, 
ce  qui  dma,  dit  M.  Uenaudot ,  jusqu'à  ce  qu'Éliennc 
Ponclicr,  évè(iue  de  Paris,  le  défendit,  ayant  inséré 
dans  SCS  statuts  un  an'èt  da  parlement  de  l*aiis  ,  ([ui 
supprima  cet  abus,  sur  la  plainte  qu'en  firent  les  ha- 
bitants d'Abbcville. 

Dans  tous  les  eucologes  modernes  il  n'est  point 
parlé  de  communi(ui,  ni  de  liturgie  pour  les  mariés, 
et  même  il  no  semble  pas  qu'elle  puisse  présenlement 
avoir  lieu,  parce  que  les  Grecs  font  ordinairement 
leurs  mariages  le  soir.  Mais  dans  de  plus  anciens  ma- 
nuscrits, dont  le  PéreGoart  a  rapporté  les  extraits, 
on  voit  qu'autrefois  on  dormait  la  couununiou  à  ceux 
qiii  iccevaieul  la  bénédiction  nuptiale  chez  les  Grecs; 
et  ce  qui  est  plus  remarquable ,  on  les  communiait 
avec  les  présanctifiés,  (^etie  coutume  subsistait  encore 
du  temps  de  Siméon  de  Thessalonique  ;  car  il  la  rap- 
porte comme  une  des  parlics  de  la  cérémonie.  Les 
prcsanctifiés  éiaient  dans  un  calice,  et  on  en  mettait, 
comme  dans  l'office  ordinaire  des  présanctiûés ,  une 
particule  dans  un  autre  calice  où  il  y  avait  du  via 
ordinaire  ,  que  quelques-uns  croyaient  être  sanctifié  , 
ou  même  changé  par  ce  mélange.  On  donnait  aux 
communiants  une  particule  consacrée ,  et  ensuite  le 
prêtre  versait  du  vin  ordinaire  dans  un  vase  de  verre, 
il  en  faisait  la  bénédiction  par  une  prière  particulière, 
après  laquelle  lépoux  et  l'épouse  buvaient  un  peu  de 
ce  vin,  et  le  vase  était  cassé  sur  le  champ. 

Depuis  longtemps  parmi  nous,  pour  éviter  l'incon- 
vénient de  faire  communier  les  nouveau-mariés  dariS 
un  jour  sujet  à  une  si  grar.de  dissipaîion,  on  s'était 
contenté  de  bénir  du  pain  et  du  vin,  qu'on  leur  faisait 
manger  et  boire  pendant  la  cérémonie.  Vous  avez  vi' 
celte  cérémonie  prescrite  dans  ce  pontifical  manu& 
crit  de  l'abbaye  de  Lire,  que  nous  avons  cité  daur: 
l'article  précédent,  et  ijui  est  du  douzième  siècle.  On 
lit  la  même  chose  dans  un  ancien  rituel  do  Salisbury, 
où  l'on  peut  voir  la  manière  dont  on  faisait  celle  bé- 
nédiction. On  l'observait  encore  dans  ipiehpios  pro- 
vinces de  France  dans  le  dernier  siècle. 


(1)  Renaud.,  de  la  Perpét.,  t.  5,  p.  ilO. 

(2)  Regin.,  1.  5,c.  155;  Rurch.,  1.  0,  c.  5. 


ii 


j034         -      •  HISTOIRE  DI'S 

Le  pontificftl  de  Lire,  dont  nous  avons  parlé,  mot 
entre  les  cérémonies  du  mariage  la  bénédiclion  de  la 
chambre  nuptiale.  Et  les  rituels  de  Salisbnry  et 
d'York,  qui  sont  très-anciens,  disont  les  Conféreiices 
de  Paris,  nous  font  remarquer,  ipie  l'on  bénissait  aussi 
le  lit  des  deux  époux,  et  que  cela  se  faisait  avec  l'en- 
cens et  l'eau  bénite  ,  selon  une  ancieiuie  coutume  : 
Sccundiim  morem  anti<iuum  llnmficnnlur  loms  cl  thala- 
mus. Elle  se  fait  à  l'église  chez  les  Abyssins ,  qui  y 
portent  une  espèce  de  lit.  On  l'omet  qucbiuefois,  con- 
liime  l'auteur  de  ces  Conléroiices,  quand  le  curé 
prévoit  que  la  disposition  des  assisl;uUs  ne  peruuUlrait 
pas  de  la  faire  avec  bienséance.  Il  faut  que  les  lidèles 
aient  porté  la  corruption  bien  loin  ,  pour  obliger  les 
ministres  de  l'Église  à  s'abslenir  de  leur  procurer  par 
une  bénédiclion  sainte  ,  les  grâces  dont  ils  ont  tant 
de  besoin  dans  le  coniniencement  de  leur  mariage. 
'  Après  avoir  exposé  aux  yeux  du  lecteur  les  cérémo- 
nies qui  s'observaient  autrefois  dans  la  célébration  des 
mariages  chrétiens ,  et  avoir  remonté  aux  sources, 
autant  (jue  nous  avons  pu  percer  à  travers  des  obscu- 
rités que  l'éloignement  dos  temps  a  réi)audues  sur 
cette  matière  ;  je  crois  qu'il  verra  avec  plaisir  (juclques 
détails  des  rits  qui  sont  encore  à  présent  en  usage 
chez  les  chrélieiis  Orientaux,  quoique  nous  en  ayons 
déjà  louché  quelque  chose  dans  ce  ciiapitre  :  nous  ne 
ferons  que  suivre  dans  ce  récit  ce  que  le  docte  M.  Re- 
naudot  (I)  en  a  écrit. 

Les  rits  et  les  prières  qui  composent  l'office  du 
couronnement  (c'est-à-dire,  delà  célébration  du  ma- 
riage) prouvent  clairement,  dit-il,  (|ue  les  Grecs  le 
considèrent  comme  un  sacrement.  Non  seulement  il 
se  célèbre  dans  l'église,  mais  on  y  lait  les  fiançailles, 
avec  celte  différence  que  les  accordés  demeurent  à  la 
porte  du  sanctuaire  dans  cette  première  cérémonie. 
Ils  se  présentent  au  prêtre ,  et  on  met  sur  l'autel  deux 
anneaux,  l'un  d'or  et  l'autre  d'argent  :  on  leur  donne 
à  chacun  un  cierge  allumé,  puis  on  les  fait  entrer  dans 
l'église  :  le  prêtre  fait  sur  eux  par  trois  fois  le  signe  de 
la  croix;  et  on  dit  plusieurs  prières,  auxquelles  les  as- 
sistants répondent  Kijric  eleison,  les  dernières  sont 
pour  ceux  qui  sont  fiancés,  afin  de  demander  à  Dieu 
qu'il  les  conserve  et  qu'il  leur  donne  des  enfants,  une 
charité  parfaite,  la  paix  et  la  concorde,  et  enfin  qu'il 
leur  accorde  le  mariage  honorable  et  la  couche  sans 
tache.  Le  prêtre  prononce  sur  eux  quehiues  oraisons, 
pour  demander  à  Dieu  qu'il  bénisse  en  toute  manière 
le  mariage  (jifils  sont  prêts  de  contracter,  ensuite  il 
donne  l'anneau  d'or  au  fiancé,  et  celui  d'argent  à  la 
fiancée,  en  disant  :  Ce  servilcur  de  Dieu  fiance  cette  ser- 
vante de  Dieu  au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Saint- 
Esprit,  cl  il  en  dit  autant  à  la  fiancée,  après  quoi  il 
prononce  sur  eux  une  bénédiction. 

L'office  du  couronnement,  d;uis  lequel  consiste  pro- 
prement le  sacrement  de  Mariage,  continue  l'auteur, 
et  qui  est    appelé  «xou/ouôiV.  zoû  îTsyavcôuar;;,  se  fait  en 

cette  manière.  Ceux  qui  doivent  être  mariés   entrent 


SACREMENTS.  1054 

dans  l'église  avec  des  cierges  allumés  qu'ils  portent 
à  la  main,  le  prêtre  marchant  devant  eux  avec  l'en-' 
cens,  on  chante  le  psaume  Beati  omnes  qui  liment 
Dominum,  (ili\  chaque  hémistiche  le  peuple  dit  •.Gloire 
à  vous.  Seigneur;  le  prêtre  finit  par  la  doxologie  or- 
dinaire. Ensuite  le  diacre  commence  à  annoncer  les 
prières  ordinaires  pourla  paix,  pour  la  tranquillité  de 
l'Église,  et  enfin  pour  les  mariés  et  leur  conservation, 
;ilin  que  Dieu  bénisse  leur  Mariage,  connne  les  noces 
de  Cana  :  (ju'il  leur  donne  la  tempérance,  une  heu- 
reuse lignée,  et  une  vie  irréprochable.  Lorsque  la  prière 
commune  est  finie,  le  prêtre  en  dit  une  autre  à  haute 
voix,  par  Ia(|uelle  il  demande  à  Dieu  sa  bénédiction 
sur  ce  Mariage,  puis  il  parle  des  bénédictions  répan- 
1  dues  sur  Abraham,  Sara,  Isaae,elc.  La  seconde  orai- 
I  son  que  dit  le  prêtre  regarde  particulièremeni  les  béné- 
dictions spirituelles.  Celle-ci  est  suivie  d'une  troi- 
sième qui  est  la  principale,  et  dans  laquelle  le  prêtre 
dit  entre  autres  choses  ;  Unissez-les  par  une  parfaite 
concorde  ;  cl  couronnez-les,  afin  qu'ils  soinl  une  seule 
\  chair.  Donnez-leur  le  fruil  da  Mariage,  et  qu  ils  soient 
heureux  en  enjants,  etc.  Enfin  le  prêtre  prenant  les  cou- 
ronnes, en  mot  une  sur  la  tête  de  l'époux,  et  l'autre 
sur  celle  de  l'épouse,  en  disant:  Sréjjsrat  é  SoO;,o;  «0 

Q-oÛTr,.'  cioi)'}.r,-i  zoxt  0£Ou  Ssïva,  d^  TÔS;o/;ia  Toun«Tpèî,etC., 

ce  (jui  signifie  :  Un  tel  serviteur  de  Dieu  épouse  une  telle 
servante  de  Dieu,  au  nom  du  Père,  etc.  ;  car  le  mot 
Gtépixt/A  ne  peut  être  pris  en  un  autre  sens,  ni  selon 
la  construction  grammaticale,  ni  selon  le  style  ecclé- 
siastique ;  c'est  pourquoi  le  P.  Goart  a  traduit  :  Coro- 
natur  servus  Dei  propter  ancillam  Dei  ;  et  il  remarque 
fort  bien  qu'on  ne  doit  pas  traduire,  coronat;  car  ce 
n'est  pas  lépoux  qui  couronne  l'épouse,  ni  elle  qui 
couronne  l'époux,  mais  c'est  l'Église  qui  couronne 
l'un  et  l'autre.  Ce  rit  a  assez  de  rapport  à  ce  qui  se 
pratique  aujourd'iuli  parmi  nous,  où  le  prêtre  dit  :  Ego 
vosconjungo,  etc.,  comme,  ego  te  baptizo,  a  rapporta 
ce  i[ue  dit  le  ministre  du  sacrement  du  Baptême  chez 
les  Griica  {{),  baplizaliir,  etc. 

Les  cérémonies  que  pratiquent  les  Orientaux  sont 
fort  semblables  à  colles  des  Grecs.  Les  Cophtes  sui- 
vent le  rituel  du  patriarche  Gabriel,  qui  les  prescrit 
de  cette  manière.  Après  les  matines  et  la  prière  du 
point  du  jour,  l'époux  sort  de  sa  maison  avec  ses  pa- 
rents et  ses  amis.  Quelques  prêtres  et  diacres  le  reçoi- 
vent à  la  porte  de  l'église,  ayant  des  cierges  cl  des 
sonnettes  :  on  chante  quelques  répons,  et  ayant  mis 
l'époux  au  lieu  où  se  doit  faire  la  cérémonie,  on  va 
de  même  recevoir  l'épouse,  qui  est  menée  à  l'endroit 
où  se  mettent  les  fournies.  Le  prêtre  est  revêtu  de 
ses  habits  sacerdotaux,  et  le  diacre  des  siens.  On  met 
cependant  sur  l'autel  du  côlé  de  l'évangile  une  robe 
neuve,  une  ceinture,  une  croix,  un  anneau  et  de 
l'encens.  On  récite  les  psaumes  péniienliaux,  puis  , 
quelques  répons,  Kyrie  eleison,  le  psaume  31;  puis 
on  dit  l'épilre  et  l'évangile  en  cophte,  et  ensuite  en 
1  Arabe  avec  les  cérémonies  de  la  liturgie,  l'oraison 


(l)  Perpél.,t.  5,  p.  iO-ietseq. 


(1)  Rci^aud.,  ibid.,p.  418. 


MARIAGE.  -  CIIAP.  Hl.  TEMPS  ET  LIEU  AUXQUELS  IL  SE  CÉLÉBRAIT. 


1033 

générale  pour  la  paix,  le  symbole,  la  prière  d'aclion 
de  grâces,  cl  rabsoliilioii  comme  dans  la  liturgie.  Le 
parrain  découvre  les  habits  destinés  à  l'époux,  que 
le  prêtre  bénit  et  les  lui  fait  niotlre  :  puis  il  le  ceint 
de  la  ceinture  qui  est,  en  Egypte,  depuis  plusieurs  siè- 
cles, la  marque  extérieure  du  cbrislianisnie;  il  lui  met 
l'anneau  au  doigt,  puis  on  va  au  lieu  où  se  doit  l'aire 
le  couronnement.  Ensuite  on  mène  l'époux  à  l'endroit 
où  sont  les  fennnes,  et  on  le  présente  à  l'épouse,  qui 
est  assise  à  sa  place,  il  luit  met  dans  la  main  droite 
lanneau  auquel  est  attachée  la  couronne,  après  les 
avoir  reçus  du  prêtre,  et  l'épouse  étendant  la  main 
pour  recevoir  l'anneau  et  la  couronne,  témoigne  ainsi 
qu'elle  doime  son  consentement,  et  qu'elle  accepte 
pour  son  mari  celui  qui  les  lui  présente. 

La  marraine  de  l'épouse  la  mène  dehors,  et  la 
place  à  la  droite  de  l'époux.  On  étend  sur  leurs  tètes  un 
voile  blanc,  pour  signifier  qu'ils  sont  joints  par  une 
union  chaste,  pure  et  sainte,  on  chante  quelques  ré- 
pons, et  on  lit  encore  un  évangile  :  après  ([uoi  le  prê- 
tre prononce  la  bénédiction  sur  l'un  et  sur  l'autre,  et 
à  chaque  fois  qu'il  prononce  leurs  noms,  il  fait  sur 
eux  le  signe  de  la  croix.  Puis  il  bénit  de  l'huile,  et  il 
en  fait  une  onction  sur  eux  :  après  quoi  il  bénit  les 
couronnes,  il  dit  une  oraison,  et  il  les  leur  met  sur  la 
lête,  en  disant  :  Le  Père  les  couronne  d'honneur  et  de 
gloire,  le  Fils  bénit,  le  Saint-Esprit  couronne,  descend 
<'/ «c/ièi'c.  (On  répond,  aÇw^,  il  est  digne.  On  trouve 
iassi  une  oraison  plus  ample,  qui  est  en  forme  de 
bénédiction,  et  dans  les  mêmes  termes  que  celles  des 


103^ 

qui  se  pratiquaient  présntemciit  pour  les  mariages  eu 
ce  pays. 

Voici  comme  la  chose  se  passa,  suivanlla  narration 
deM.leUrun.  Sur  le  midi  on  vintaverlir  l'époux  qu'il 
élait  temps  de  sen-ndre  au  lieu  où  il  devait  être  ma- 
rié :  c'élait  une  petite  chapelle  du  palais,  qui  n'en 
était  éloignée  que  de  quelques  pas.  Aussitôt  qu'il  y 
fut  arrivé,  on  envoya  quéiir  la  mariée,  qui  parut  au 
bout  d'une  demi-heure.  Lorsquelle  fut  arrivée  au  pa- 
lais {\),  elle  y  fut  reçue  par  deux  seigneurs,  qui  devaient 
lui  servir  de  pères,  qui,  l'ayant  prise  par  la  main,  la  me- 
nèrent à  la  chapelle,  oii  ils  la  placèrent  à  côté  de  son 
époux...  elle  était  habillée  magnifiquement...  elle  avait 
sur  le  haut  de  la  télé  une  petite  couronne  garnie  de  dia- 
mants. Lorsqu'on  commença  la  cérémonie,  le  prêtre  vint 
se  placer  devant  les  mariés,  et  se  mit  à  lire  dans  un  li- 
vre qu  il  tenait  à  la  main,  ensuite  de  quoi  le  marié  mit 
une  bague  au  doigt  de  son  épouse.  Alors  le  prêtre  prit 
deux  couronnes  unies  de  vermeil  doré,  qu'il  leur  fit 
baiser,  et  puis  les  leur  mit  sur  la  tête.  Apres  cela  il  se 
remit  à  lire,  et  les  mariés  se  donnèrent  la  muiu  droite, 
effilent  trois  fois  le  tour  de  la  chapelle  de  cette  maniire. 
Ensuite  le  prêtre  prit  un  verre  de  vin  rouge,  dont  il  fit 
boire  le  marié  et  puis  la  mariée.  Ceux-ci  en  ayant  un 
peu  bu,  le  rendirent  au  prêtre,  qui  le  donna  à  ceuxcjui 
officiaient  auprès  de  lui.  Le  czar,  qui  se  promenait  cepen- 
dant un  bâton  de  maréchal  à  la  main,  voyant  que  le 
prêtre  allait  recommencer  à  lire,  lui  ordonna  d'abréger 
la  cérémonie,  et  un  moment  après  il  donna  ta  bénédic- 
tion nuptiale.  Sa  Majesté  ordonna  ensuite  au  marié  de 
donner  un  baiser  à  la  mariée.  Elle  en  fit  d'abvrd  quelque 


rituels  Grecs  et  Latins.)  Après  quoi  on  commence  la 

liturgie.  Ce  rituel  ne  marque  pas  que  les  nouveaux  ^'  difficulté,  mais  le  czar  l'ayant  ordonné  une  seconde  fois, 
mariés  y  reçoivent  la  communion,  mais  il   paraît  que  g  elle  obéit...  Peu  après  on  se  mil  à  table,  le  marié  parmi 

les  hommes,  et  la  mariée  avec  les  femmes,  à  table  com- 
mune dans  le  grand  salon.  Ces  noces  durèrent  trois  jours 
de  suite,  qu'on  passa  à  danser  et  dans  toutes  sortes  de 
réjouissances. 

Cette  manière  de  célébrer  les  mariages,  ajoute  ce  cu- 
rieux voyageur,  est  fort  diff'ércnte  de  celle  qui  se  pra- 
tiquait autrefois,  et  on  pourra  la  comparer  avec  d'au~ 
très  relations,  que  d'autres  voyageurs  en  ont  faites. 

CHAPITRE  111. 

Du  temps  et  du  lieu  auxquels  on  célébrait  les  mariages, 

et  du  temps  auquel  on   recommandait   la  continence 

aux  personnes  mariées  ;  pourquoi,  et  sous  quelle  peine? 

Il  est  certains  temps  de  l'année  incompatibles,  en 

quelque  sorte,  avec  la  joie  et  les  divertissements  qui 

accompagnent  ordinairement  la  c  élébration  des  noces  ; 

aussi  les  anciens  les  défendaient-ils  en  ces  temps-là: 

et  ils  étendaient  même  cette  défense  sur  certains  jours 

particulièrement  destinés  au  culte  de  Dieu,  quoique 

ces  jours,  loin  d'être  affectés  à  la  pénitence,  fussent 

au  contraire  des  jours  de  joie  pour  les  chrétiens,  mais 

d'une  joie  bien  dillércnle  de  colle  qui  éclate  dans  les 

fêles,  (pi'on  a  coutume  de  faire  dans  les  familles  à 

l'occasion  des  mariages. 

En  général  les  jours  destinés  à  la  pénitence  étaient 


cela  doit  èlresousenteiidu,  parce  que  les  auteurs  cités 
ci-devant  le  marquent  expressément,  outre  qu'en  di- 
vers traités  eu  offices  il  est  marqué  qu'on  ne  la  donne 
pas  aux  bigames,  ce  qui  fait  juger  que  ceux  qui  se 
mariaient  en  premières  noces,  la  recevaient.  Abulbar- 
caldansleschapitresoù  il  traite  du  mariage,  rapporte 
les  mêmes  cérémonies:  ceciui  doit  être  ainsi,  puis- 
que cet  auteur  explique  la  créance  et  la  discipline  de 
l'église  cophte,  dont  Gabriel,  patriarche  d'Alexandrie, 
était  le  chef. 

Avant  de  terminer  ce  chapitre  ,  je  rapporterai  d'a- 
près M.  Corneille  le  Brun,  quelles  sont  les  principales 
cérémonies  des  mariages  en  Moscovie.  Ce  fameux  voya- 
geur devait  être  bien  au  fait  de  ce  qu'il  en  dit,  puis- 
qu'il s'était  placé  derrière  le  marié,  dans  la  chapelle 
où  se  fil  la  cérémonie  en  1703.  Ce  mariage  se  fit  avec 
une  magnificence  extraordinaire,  et  le  czar  voulut 
lui-même  y  faire  l'office  de  maréchal,  en  considéra- 
lion  des  personnes  qui  conlraclaicnt  cette  alliance, 
qui  était  d'une  part  IvanFeudcrowilz  Colowin,(m  Jean 
Théodore,  fils  du  comte  Celoivin,  premier  ministre  d'é- 
tat, et  de  l'autre  la  dame  Dorosowitz  Czercmetecf,  fille 
de  Boris  Théodore  Wclt,  maréchal  de  Czeremelof.  Quoi- 
que l'impatience  du  czar  fît  un  peu  abréger  la  céré- 
monie, on  ne  laisse  pas  d'y  voir  les  principaux  rits, 

TH.  XX. 


(1)  Voyage  de  le  Brun,  t.  5,  p.  173  et  suiv. 

53 


1035  HISTOIRE  DES 

des  jours  prohibes,  aussi  bien  que  les  jours  de  fêles, 
et  mènio  la  seiiiaiiic  de  l'àiiues,  que  l'on  fêtait  atilre- 
fois  loul  eiilière  en  cerlaiiis  endroits.  Mais  du  reste 
il  y  avait  bien  de  la  variété  là-dessus.  Dans  certains 
erdroits  les  mariages  n'élaienl  défendus  qu'en  ca- 
rême (I),  ou  depuis  la  Quinquagésiuio  jusqu'après 
l'octave  de  Pâques.  Eu  d'autres  on  y  comprenait 
aussi  le  temps  qui  précède  la  fêle  de  Noël  jusqu'après 
l'Épipbanie,  et  trois  semaines  avant  la  fête  de  S.  Jean 
Baptiste,  et  cette  règle  qui  avait  été  prescrite  par  un 
concile  de  Lérida  fut  longtemps  observée,  Gratien  (2) 
l'ayant  insérée  da!)s  son  décret.  Cependant  ni  Martin 
de  Brague(cap.  48)  ni  le  pape  Nicolas  dans  sa  réponse 
aux  Bulgares  (cap.  88),  n'avait  fait  mention  que  du 
carême.  Maison  devint  plus  rigide  dans  la  suite,  puis- 
qu'un concile  de  Nîmes  de  l'an  1284  prescrit  la  même 
chose  que  celui  de  Lérida,  rapporté  par  Gratien,  ex- 
cepté qu'il  omet  les  trois  semaines,  avant  la  S.  Jean, 
et  qu'à  leur  place  il  défend  de  se  marier  depuis  les 
trois  jours  qui  précèdent  l'Ascension  jusciu'au  pre- 
mier dimanche  après  la  Pentecôte.  Un  concile  de 
Sens  (art.  5,c.  5)  de  l'an  148o  est  conforme  à  celui  de 
Nîmes,  et  ces  trois  jours  qui  précè  dent  l'Ascension  y 
sont  prohibés,  à  cause  des  rogations  qui  sont  des  jours 
destinés  à  la  prière. 

C'est  sans  doute  pour  cette  raison  que  le  synode 
d'ALx-la-Chapelle  ,  tenu  en  836,  ne  veut  point  (eau. 
58)  que  l'on  célèbre  de  mariage  les  dimanches, 
pour  le  respect  d'une  telle  solennité,  pro  reverentià 
tantœ  solemnilatis,  et  qu'avant  ce  synode,  Grégoire  111 
avait  dit  (3)  que  celui  qui  se  niaiier.iit  en  ce  jour  de- 
vait en  demander  pardon  à  Dieu  et  faire  pénitence  un 
ou  trois  jours.  Egbert  (4),  archevêque  d'York,  pousse 
sur  cela  la  rigueur  plus  loin,  condamnant  ceux  qui  se 
marient  le  dimanche  à  sept  jours  de  pénitence,  ceux  ! 
qui  le  font  la  -i'  et  la  G'  férié  à  (rois  jours,  et  à  un  an 
ceux  qui  le  font  en  carême. 

Pour  ce  qui  est  de  l'heure  à  laquelle  on  doit  célé- 
brer les  mariages,  l'esprit  de  l'Église  a  toujours  été 
que  cela  se  fit  le  malin  avant  l'heure  du  repas  ,  les 
époux  et  le  prêtre  étant  à  jeun.  Nous  avons  sur  cela 
plusieurs  règlements  des  conciles,  niêuie  de  ces  der- 
niers temps,  que  l'on  peut  voir  dans  le  P.  Martène  (5); 
cela  d'ailleurs  paraît  assrz  par  ce  que  nous  avons  dit 
dans  le  chapitre  précédent.  Je  remarquerai  seulement 
ici  que  quelques-uns  (G)  de  ceux  qui  ont  fait  défense 
de  se  marier  la  miit,  eu  ont  apporté  pour  motif  la 
crainte  des  maléliccs.  Tous  les  canons  et  les  règle- 
ments qui  ont  été  faits  contre  les  mariages  clandes- 
tins, peuvent  se  rapporter  à  la  même  clio-e  :  mais  ce 
qui  est  curieux,  c'est  que  parmi  ces  règlements  nous 
en  avons  un  dans  le  1'  livre  des  Capitulaires  de  nos 
rois,  c.  179,  qui,  après  avoir  prescrit  que  les  maria- 
ges se  fassent  en  public,  ajoute  :  Parce  que  des  mar'ia- 

(\)  Ilerard.  in  Capit.,  n.  212. 
(2)  Décret.  33,  q.  A. 
(5)  In  Judiciis,  c  30. 
(A)  Excerpt.,  cap.  106. 

(5)  De  anl.  Eccl.  hit.,  t.  2,  p.  603  et  scq. 

(6)  Le  concile  de  Reims  de  l'an  1583. 


SACREMENTS.  1036 

(jcs  clandcalins  naissent  ordinairement  des  aveugles,  des 
boiteux,  des  bossus,  des  cliassicux,  ou  des  enfants  mar- 
qués de  quelque  di/J'ormilé. 

Ce  (jui  a  été  dit  ci  devant  montre  assez  que  les  ma- 
riages se  célébraient  autrefois  dans  l'église,  en  pré- 
sence de  l'assemblée  du  peuple  chrétien.  H  est  rare 
(ju'on  se  soit  dispensé  de  cette  règle;  nous  eu  avons 
pointant  quebiues  exemples,  et  surtout  quand  il  s'a- 
gissait des  princes,  qui  recevaient  quelquefois  la  béné- 
diction nuptiale  dans  leur  p;dais.  C'est  ainsi  que  le  pa- 
triarche Jean,  au  rapport  de  Tliéophylacte  Simoea- 
ta  (1),  couronna  eu  même  temps  Maurice,  et  comme 
éjtonx,  cl  comme  empereur.  S.  Amateur,  évêque 
d'Auxerre,  selon  le  lémoignage  de  l'auteur  de  sa 
Vie  (2),  et  de  celui  qui  a  composé  l'Histoire  des  évé- 
ques  de  cette  ville,  reçut  dans  la  chambre  nuptiale  la 
bénédiction  de  l'évêque  Valérien,  qui,  ayant  lu  par 
méprise,  au  lieu  des  prières  affectées  à  ce  sacrement, 
celles  que  l'on  avait  coutume  de  l'aire  pour  l'ordination 
des  lévites,  les  deux  époux  prirent  cela  pour  liue  mar- 
que que  la  volonté  de  Dieu  était  qu'ils  vécussent  en- 
semble dans  le  mariage  comme  frère  et  sœur  :  ce  qu'ils 
firent. 

Mais  ces  exemples  sont  rares,  et  pour  éviter  les 
inconvénients,  l'Église  a  depuis  ordonné,  sous  de  gros- 
ses peines,  que  les  mariages  se  fissent  pubruiuement, 
en  présence  de  l'autel.  Gui.llaume-le-Maire  (5),  évéïpie 
d'Angers,  et  le  concile  de  Sens  (4),  sous  l'archevêque 
Tristand,  menacent  d'aiiathème  ceux  qui  contrevien- 
dront à  celte  règle. 

Nos  pères  éiaienl  bien  éloignés  de  permettre  de  con- 
tracter mariage  en  loul  temps  indilféreuuncnt,  puis- 
qu'ils recommandaienl  avec  lantde  soin  aux  personnes 
mariées  de  garder  la  continence  en  certains  jours,  en 
certains  temps  et  en  certaines  conjonolin'es,  comme 
nous  Talions  voir.  Nous  avons  remarqué  ci-devant  (|ue 
l'on  exigeait  cela  des  nouveaux  mariés  le  jour  qu'ils 
avaient  reçu  la  bénédiction  nuptiale.  La  règle  qu'avait 
prescrite  sur  cela  le  concile  de  Cartilage,  a  été  depuis  plu- 
sieurs foisrenouveléedans  l'Église,  comme  on  le  voit 
parles  écrits  d'Egbei  t  d'York  (5),  deBurebard  (G),  et 
d'Ilérard  de  Tours  (7).  Ce  dernier  étend  inème  cela 
à  deux  ou  trois  jours  après  la  célébration  du  mariage, 
aussi  bien  que  les  Capitulaires  de  nos  rois  (8),  qui  al- 
lèguent pour  raison  de  cette  discipline,  le  besoin 
qu'ont  ler.  nouveaux  mariés  de  vaquera  l'oraisofl  dans 
ces  premiers  jours,  pour  attirer  les  grâces  et  les  bé- 
nédictions de  Dieu  sur  leur  mariage,  et  sur  les  enfants 
qui  en  doivent  naître. 

Cet  usage  si  louable  s'est  même  conservé  jusqu'à 
ces  derniers  Icnips  :  au  moins  l'Église  l'a-t-elle  re- 
commandé, comme  on  le  voit  par  un  Pontifical  de 
l'église  de  Lyon,  qui  n'est  écrit  que  depuis  500  ans, 

(1)  llist.  Mauric.,  1.  1. 

(2)  Rolland.,  I  maii. 

(û)  In  Slatutis,  Siiicil.,  l.  II. 

(4).  Art.  4,  c.  5,  Spicil.,  t.  5. 

(5)  Exeerpt.,  c.  88. 

(G)  L.  9,  c.  5.  i 

(7)  Capiinl.,  n.  89. 

(8)  L.  7,  c.  4G5.  1 


i037  MARIAGE.  —  CIIAP.  IV.  SECONDES, 

dans  CMix  de  Limogi-s,  de  Liôge  et  de  Bordeaux,  qui 
ont  élc  inipiimés  dans  le  siècle  dernier,  dit  le  P.  Mar- 
lène  (1),  et  dans  le  Rituel  de  Milan  (art.  /*),  qui  l'a  élc 
au  conimcnccinent  de  ce  siècle,  La  nièrue  chose  se 
pratiquait  chez  les  Grecs,  comme  il  paraît  par  lîalsa- 
mon,  dans  son  Su|>pléMicnl  des  canons,  où  il  dit  que 
le  patriarche  Luc  avait  imposé  des  peines  à  ceux  qui 
usaient  du  mariage  le  jour  de  leurs  noces  ;  et  on  voit 
la  même  chose  dans  le  Droit  Oriental,  1.  5,  p.  5G7. 

Les  jours  de  fêtes  cl  les  dimanches,  et  même  les  sa- 
medis, chez  les  Grecs,  étaient  aussi  des  jours  de  con- 
tinence pour  les  personnes  engagées  dans  le  mariage. 
On  le  voit  parles  réponses  canoniques  (num.  15)  de 
Timothée,  patriarche  d'Alexandrie,  et  par  l'hisloirc 
que  rapporte  S.  Grégoire  de  Tours  (â),  d'un  homme 
e\lrêniement  contrefait,  et  dont  la  mère  répondait 
avec  larmes  à  ceux  qui  lui  demandaient  d'où  venait 
qu'elle  avait  mis  au  monde  un  enfant  si  monstrueux  , 
qu'elle  l'avait  conçu  la  nuit  du  dimanche,  confilebutur 
cum  lacnjmis  nocle  illum  dominicà  generatum.  Quoi  qu'il 
en  soit  de  la  cause  de  celte  dillormilé,  cela  montre 
toujours  ce  que  pensaient  les  chrétiens  eu  ce  temps- 
là,  louchant  le  devoir  de  la  continence  conjugale  aux 
jours  de  fêles. 

Aussi  voyons-nous  que  les  évoques  dans  leurs  ser- 
mons insistaient  souvent  sur  ce  point,  et  qu'un  de 
leurs  motifs,  pour  reconunandcr  celle  sainte  prati(iue, 
était  d'engager  par  là  les  chrétiens  à  recevoir  la  com- 
munion avec  plus  de  pureté  cl  de  révérence.  Celui-là, 
disait  S.  Césaire  d'Arles  (5)  est  «n  bon  chrétien  qui, 
toutes  les  fois  que  les  solenniiés  viennent,  garde  plusieurs 
jours  auparavant  la  chasteté  avec  son  épouse,  pour  com- 
munier plus  sûrement,  et  se  présenter  à  l'autel  du  S  i- 
gneur  avec  un  corps  chaste  et  un  cœur  pur.  Le  même 
saint  répète  la  même  chose  en  différentes  manières 
dans  plusieurs  de  ses  homélies  (4),  et  après  lui, 
Tliéodulphe  d'Orléans  (o),  et  les  Capiuilaires  de  nos 
rois. 

Lgbert  d'York  (G)  marque  plus  précisément  le  lemps 
auquel  on  doit  garder  la  continence,  à  l'occasion  de 
la  communion,  voidant  que  cela  se  fasse  trois  jours 
avant  cl  un  jour  après.  Celle  discipline  était  encore 
en  vigueur  au  douzième  siècle,  comme  il  paraît  par  la 
lettre  de  Wasselin  à  l'abbé  de  Florenne,  qui  a  pour  li- 
tre :  De  la  continence  que  les  gens  mariés  doivent  gar- 
der avant  la  communion. 

Ce  qui  n'était ,  pour  ainsi  dire  ,  que  recommandé 
dans  les  lemps  dont  nous  avons  parlé ,  devenait  mi 
devoir  en  quelque  sorte  indispensable  dans  l(>s  temps 
déjeune,  selon  l'esprit  des  Pères.  C'est  ce  qui  fait  dire 
à  Tiiéodiilplic  d'Orléans  (7)  que  le  jeûne  était  presque 
compté  pour  rien  sans  la  continence.  Mhil  penè  valet 
ji'junium  ,  quod  conjugali  opère  polluilur.  Saint  Augus- 

(1)  De  ant.  Eed.  Rit.,  t.  2,  c.  9. 

(2)  L.  2  de  Mirac.  S   Martin.,  c.  24. 

(5)  Serm.  2.'ji,  nov.  Append.  oper.  S.  Ang. 
h)  Serm.  142  et  29-2,  ibid. 
(5)  Capilular.  H,  1.  2,  p.  43. 
(O)  Excerpt.,  c.  109. 
(7J  Capitular.  42. 


TROISIÈMES  ET  QUATRIÈMES  NOCES.  1058 

lin  semble  en  faire  un  devoir  aux  personnes  enga- 
giies  dans  le  mariage,  lorsqu'il  dit  (1):  L'adultère  et 
la  fornication  sont  exécrables  en  tout  temps,  mais  c»  ces 
jours  (de  carême)  il  faut  encore  s'abstenir  de  sa  femme. 
Dans  un  autre  de  ses  sermons  (217)  il  dit  de  plus  : 
Je  ne  crois  pas  que  lu  chasteté  conjugale ,  dans  C(  lie  so- 
Icutiilé  de  Pâques,  doive  être  considérée  comme  quelque 
chose  de  bien  grand,  puisque  les  vierges  praliqucnl  en  tout 
lemps  celte  vertu,  ^ainl  Césaire  d'Arles  (2)  et  Tl.éo- 
dore  de  Cantorhéri  (3)  veulent  que  les  chrétiens  gar- 
dent celle  espèce  d'abstinence  pendant  tout  le  carême 
et  la  semaine  de  Pâques.  Il  y  avait  même  des  péni- 
tences pour  ceux  qui  contrevenaient  à  ce  devoir, 
connue  on  le  voit  par  le  Pénilentiel  de  Bède  (4)  :  et 
si  on  en  croit  les  écrivains ecclésiasliques  (5),  Dieu, 
en  certaines  occasions ,  a  fait  éclater  sa  vengeance 
contre  ceux  qui  méprisaient  la  discipline  de  l'Église 
en  ce  point.  Ce  (|ue  nous  disons  du  carême,  doit  s'en- 
tendre des  vigiles  des  fêles  à  proportion,  et  du  temps 
qui  précède  la  fêle  de  Noël ,  quand  il  fut  devenu  un 
temps  de  jeûne  dans  l'Église ,  comme  cela  était  en 
quelques  endroits. 

Si  les  fidèles  déféraient  aux  lois  de  l'Église  touchant 
la  continence  conjugale,  ils  n'étaient  pas  moins  exacts 
à  observer  celles  de  la  nature,  qui  interdit  l'esage  du 
mariage,  quand  les  femmes  sont  parvenues  à  un  cer- 
tain ternie  de  leur  grossesse,  et  qu'elles  allaitent  leurs 
enf  mis.  Fidèles,  dit  Hérard  de  Tours  (6)  se  conlineant 
à  coitu  prœgnanlium  uxorum.  Et  saint  Grégoire,  ré- 
pondant aux  questions  de  S.  Augustin  d'Angleterre: 
Ad  ejus  verb  concubitum  tir  suus  accedere  non  débet, 
quoadusque  qui  gignilur  ablactelur.  Ce  même  pape  at- 
tribue à  l'incontinence  des  femmes  le  peu  de  soin 
qu'elles  ont  d'allaiter  elles-mêmes  leurs  enfants. 

Le  roi  saint  Louis  se  conlormait  religieusement  à 
ces  règles  saintes  ,  comme  nous  l'apprenons  de  Geo- 
froy  deBcaulieu  dans  le  livre  qu'il  a  pid)Iié  de  la  Vie 
de  ce  prince,  où  il  dit,  qu'il  vivait  en  continence,  du 
consentement  de  la  reine,  durant  tout  Pavent  et 
pendant  tout  le  carême,  et  outre  cela  cerlnins  jours 
de  la  semaine,  de  plus  aux  vigiles  et  aux  jours  de 
grandes  fêtes  ;  cl  (pie  dans  les  solennités  auxquelles 
il  devait  communier,  il  prati.juait  la  même  chose  plu- 
sieurs jours  avant  et  après  pour  le  respect  des  sacrés 
mystères. 

CHAPITRE  IV. 

Des  secondes,  troisièmes  et  quatrièmes  noces.  De  ce  que 
les  anciens  en  pensaient.  Des  avantages  dont  étaient 
privés  ceux  et  celtes  qui  s'y  engageaient ,  et  de  la  pé- 
nitence à  laquelle  ils  liaient  soumis. 

Comme  la  matière  dont  nous  entreprenons  de  par- 

(1)  Serm.  207,  qui  est  3  in  Quadrag. 

(2)  Serm.  lit  in  .\pp.  S.  .\ug.  * 
(">)  Capitid.  n.  35,  Sj^icii.  I.  9. 
('()  De  l'.emed.  peccal..  e.  18. 

('))  (Jnillelin.  Malmesbiir. ,  L2  de  Ponlif.  Angl.  ; 
Canoiies  Hibern.,  loni.  9,  p.  42,  Spicil.,  Ralher.  Ve- 
ron.  Synod.  epist.,  Spicil.  lom.  2. 

(6U;ai)itiil.  12;i. 


1059 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


lOiO 


lor  clans  ce  cliapilre  a  quelque  élcndue,  nous  serons 


obligés  (le  diviser  on  artirlcs  ce  que  nous  croyons  en     ;  de  ces  mariages  des  veuves  en  ces  termes  :  //  arrive 


devoir  dire. 

ARTICLE    rUEMIER. 

De  r estime  que  l'on  a  eue  de  tout  temps  dans  l'Eglise  de 

Cétat  de  viduilé,  et  de  quel  œil  on  y  regardait  tes 

mariages  réitérés. 

Saint  Paul  dans  sa  première  Épître  à  Timolliée  (i) 
développe  en  peu  de  mots  la  doctrine  de  TÉglise  sur 
le  sujet  dont  il  s'agit  ici.  On  y  voit  d'abord  l'estime 
qu'il  a  pour  l'état  de  viduilé,  qui  a  toujours  été  depuis 
en  vénération  parmi  les  Chrétiens.  Honorez  et  assistez 
les  veuves  qui  sont  vraiment  veuves,  di',-il.  Il  ne  compte 
pas  de  ce  nombre  foutes  celles  (jni  ayant  perdu  leurs 
maris,  vivent  dans  le  célibat  ;  mais  celles-là  seulement 
qui  n'espèrent  qu'en  Dieu ,  et  persévèrent  jour  et  nuit 
dans  les  prières  et  les  oraisons.  Pour  ce  qui  est  dos 
jeunes  veuves  fainéantes,  causeuses,  curieuses,  etc., 
elles  ne  sont  pas  du  nombre  de  celles  qu'il  met  dans 
cet  ordre  respectable  ;  il  veut  qu'elles  se  marient, 
qu  elles  aient  des  enfants ,  qu'elles  gouvernent  leurs 
ménages,  a(in  de  ne  donner  aucun  sujet  aux  ennemis 
de  notre  religion  de  nous  faire  des  reproches. 

Voilà  en  peu  de  mots  ce  que  l'Église  a  pensé  et 
pense  encore  sur  cette  matière  :  ce  qui  n'a  pas  empê- 
ché qu'elle  n'ait  exhorté  les  veuves  à  demeurer  en  cet 
état  comme  le  plus  avantageux,  et  cela  à  l'exemple 
de  l'Apôlre;  et  qu'elle  n'ait  regardé  avec  une  espèce 
d'indignation  les  secondes  noces,  à  pins  forte  raison 
les  troisièmes  et  les  quatrièmes ,  comme  nous  le  ver- 
rons ci-après. 

Deux  raisons  surtout  faisaient  entrer  les  chrétiens 
dans  ces  sentiments.  La  première  élaitque  les  secondes 


Il  représente  ensuite  les  inconvénients  qui  naissent 


quelquefois  aux  maris  étant  à  table  de  pleurer  tendrement 
leurs  premières  femmes,  dont  quelque  aventure  leur  rap- 
pelle le  souvenir.  Ces  pleurs  irritent  une  seconde  femme  ; 
elle  se  jette  en  furie  sur  son  mari,  et  le  punit  de  l'amour 
qu'il  conserve  pour  son  épouse  qui  n'est  plus  ;  que  s'il 
prétend  donner  quelque  louange  à  sa  mémoire,  il  n'en 
faut  pas  davantage  pour  faire  naître  une  source  éternelle 
de  querelles. 

Nous  pardonnons  à  nos  ennemis  après  leur  mort,  notre 
haine  expire  après  leur  vie.  Tout  le  contraire  arrive  aux 
secondes  femmes  ;  si  on  en  loue  en  leur  présence  une 
quelles  n'ont  jamais  vue,  dont  elles  n'ont  reçu  aucune 
injure,  ces  louanges  allument  leur  haine,  elles  ne  peuvent 
encore  les  supporter  toutes  mortes  qu'elles  sont.  Peut-on 
avoir  de  la  jalousie  pour  un  peu  de  cendre  et  de  pous- 
sière, et  faire  la  guerre  ci  des  ossements  pourris  ou  des- 
séchés ? 

Saint  Basile  avait  dit  dans  le  même  sens  (1),  pour 
détourner  les  hommes  d'épouser  les  sœurs  de  leurs 
premières  femmes.  0  hommes ,  ne  fuites  point  une 
marâtre  de  la  tante  de  vos  enfants,  et  n'allumez  point 
contre  eux  une  jalousie  implacable  dans  celle  qui  doit 
leur  tenir  lieu  de  mère.  Car  les  [belles-mères  sont  une 
espèce  particulière  de  gens  qui  poussent  leur  haine  au- 
delà  de  ta  mort.  Tous  les  autres  se  réconcilient  avec 
leurs  ennemis  quand  ils  sont  morts  ;  mais  celles-ci  com- 
mencent à  tes  hair  quand  ils  ne  sont  plus. 

Saint  Chrysostônic  continue  ainsi  :  Le  mal  ne  s'ar- 
rête pas  1(1  :  car  que  les  secondes  femmes  aient  des  en- 
fants, ou  n'en  aient  point ,  on  ne  peut  éviter  les  disputes 
et  les  dissensions.  Si  elles  n'ont  point  d'enfants,  elles 


noces  portaient  un  certain  caractère  d'inconlincnce  i  meurent  d'ennui,  et  déchargent  leur  haine  sur  les  enfants 
et  de  faiblesse,  qui  ne  s'accommodait  pas  avec  les   j 
mœurs  austères  des  premiers  temps,   et  avec  cet 
esprit  de  mortification  et  d'éloignement  de  tous  plai- 
sirs sensuels  qui  régnait  alors  parnii  eux. 

Un  autre  motif  qui  leur  faisait  blâmer  les  secondes 
noces,  sans  cependant  les  regarder  comme  illégitimes, 
était  les  inconvénients  qu'elles  entraînent  après  elles, 
jcs  jalousies  et  les  dissensions  qu'elles  excitent  dans 
les  familles,  surtout  quand  celui  ou  celle  qui  sd  re- 
marie a  des  enfants  du  premier  lit.  Los  Pères  font  \ 
souvent  de  vives  peintures  de  ces  désordres,  pour  , 
détourner  les  veuves  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  de 
rentrer  dans  les  liens  du  mariage.  S.  Jean  Chrysostôme, 
entre  autres,  en  parle  avec  son  éloquence  ordinaire  dans 
son  46*  sermon  (2)  où,  après  avoir  dit  que  comme  la 
virginité  est  préférable  au  mariage,  et  la  viduilé  aux 
secondes  noces,  quoiqu'elle  ne  soit  point  commandée, 
mais  qu'on  se  contente  seulement  d'y  exhorter  ceux 
qui  en  sont  capables  ;  il  ajoute  ,  que  de  ne  pas  se  re- 
marier, est  le  moyen  d'établir  la  paix  et  la  tranquillité 
dans  sa  maison,  et  qtie  les  seconds  mariages  ne  sont 
propres  qu'à  exciter  des  dissensions. 

M)  Cap.  5,  V.  5,  4  l'i.  15. 

(-2)  Sermons  choisis  de  S.  Chrysoslôme,  t.  2,  éd. 
1(190,  p.  53  et  suivantes. 


de  la  première  femme  ;  elles  les  traitent  comme  des 
ennemis  qui  leur  auraient  fait  les  derniers  outrages , 
parce  que  leur  vue  redouble  le  chagrin  qu'elles  ont  de 
leur  stérilité  :  si  elles  ont  des  enfants ,  elles  n'en  sont 
pas  pour  cela  plus  commodes  envers  les  autres: pour  se 
venger  de  l'amour  que  leur  père  a  pour  eux  et  de  la  ten- 
dresse qu'il  conserve  pour  sa  première  femme ,  celles  du 
second  lit  veulent  que  leurs  enfants  soient  préférés,  et  ne 
regardent  les  autres  que  comme  des  valets.  Tous  ces 
désordres  sont  capables  de  renverser  les  familles  ,  et  de 
rendre  la  vie  insupportable  aux  maris. 

C'étaient  ces  tristes  suites  des  secondes  noces,  jointes 
à  la  foiblesse  que  témoignent  ceux  qui  s'y  engagent,  qui 
donnaient  tant  d'éloigneuîeni  aux  anciens  de  ceux  qui 
les  contractaient  ;  ce  qui  fait  que  quelquefois  ils  se  sont 
exprimés  d'une  manière  fort  dure  là-dessus  ,  quoique 
dans  le  fond  ils  ne  les  regardassent  pas  comme  illé- 
gitimes ;  si  on  en  excepte  les  Montanistes  et  les  Nova- 
liens  :  ce  qui  fait  que  TertuUien  (2),  devenu  Monta- 
niste, reprend  avec  aigreur  l'auteur  du  livre  du  Pasteur, 
qui  les  avait  autorisées.  Cependant,  quoique  les  anciens 
ne  les  rejetassent  point  absolument ,  et  qu'ils  les 


(l)Ep.  161,  nov.  edit. 
(2)  De  Pudicit.  c.  10. 


1041  MARIAGE.  —  CIIAP.  IV.  SEC0M)lS, 

regardassent  comme  de  vrais  mariages ,  ils  les  blâ- 
maient exlrèniement.  On  le  voit  entre  autres  par 
l'Apologie  d'Athéiiagorc  (1) ,  dans  laquelle  il  loue  les 
Cliréiiens  de  ce  qu'ils  ne  passent  pas  à  de  secondes 
noces  ,  qu'il  traite  de  fornication  couverte  d'un  voile 

de    bienséance,    sjTXce-xr,^     è^n     aoiy^eia....     yoiy^ài     iiTt 

irapax£/a)iù/;i//.£vo,-.  Théophile  d'Antiociie  relève  aussi 
le  christianisme  (2),  en  ce  que  ceux  qui  embrassaient 
celle  religion ,  se  contentaient  d'un  seul  mariage.  On 
voit,  dit-il,  de  la  modestie  chez  tes  clnrlicns,  on  y  exerce 
la  contbit'nce,  on  s'y  contenled'un  seul  mariage,  iJ.cJoyc/.y.M 
T>7pîîTat ,  on  y  garde  la  chasteté.  Minutius  Félix  a  dit 
dans  le  même  sens  (3)  :  JSoiis  portons  la  pudeur  non 
$ur  le  visage  ieulement,  mais  dans  l'âme.  ISous  n'avons 
point  de  répugnance  pour  les  liens  d'un  seul  mariage ,  et 
le  désir  d'avoir  des  enfants  ne  nous  fait  point  passer  à  de 
secondes  noces.  <  Cupidilatem  procreandi  aut  unam 
I  scimns,  aut  nullam.  i 

Si  ces  anciens  écrivains  ecclésiastiques  s'étaient 
contentés  de  louer  et  de  rendre  témoignage  à  la 
cliasieté  et  à  la  continence  des  ciirétiens  de  leur 
temps  sur  ce  point,,cela  ne  causerait  aucun  embarras  ; 
mais  ce  qui  fait  peine,  c'est  que  quelquefois  leur  zèle 
pour  la  conliiience  les  porte  à  se  servir  d'expressions, 
par  lesquelles  ils  semblent  condamner  absolument  les 
mariages  réitérés.  C'est  ainsi  qu'en  ont  usé  S  I renée, 
S.  Clément  d'Alexandrie,  Origène,  et  quelques  autres, 
qu'il  faut  interpréter  favorablement  et  conformément 
à  l'analogie  de  la  foi  que  l'Apôtre  a  si  clairement  ex- 
pliquée. Origène,  enire  autres ,  a  sur  cela  une  pensée 
assez  plaisante  dans  son  homélie  17'  sur  S.  Luc.  Là, 
après  avoir  exhorté  les  personnes  mariées  à  ne  point 
s'engager  dans  de  secondes  nociîs  après  la  mort  de 
l'un  des  deux ,  il  ajoute  :  A  présent  on  en  voit  qui 
passent  à  de  secondes,  troisièmes  et  quatrièmes  noces,  et 
nous  n'ignorons  pus  que  de  tels  mariages  nous  chassent 
du  royaume  de  Dieu  :  car  non  seulement  la  fornication 
nous  exclut  des  dignités  ecclésiastiques ,  mais  de  même 
que  les  bigames  ne  peiivent  être  admis  ni  au  rang  des 
évè/iucs,  Mt  à  celui  des  prêtres,  des  diacres  et  des  veuves 
(il  entend  ici  les  diaconesses) ,  de  même,  peut-être,  la 
bigamie  exclut-elle  de  l'Eglise  des  premiers-nés  qui  sont 
sans  tache.  Non  que  les  bigames  doivent  pour  cela  être 
envoyés  au  feu  éternel;  mais  parce  qu'ils  ne  doivent  point 
avoir  de  part  au  royaume  de  Dieu. 

Je  ne  sache  pas  que  cette  opinion  singulière  d'Ori- 
gène  ait  eu  des  partisans  :  quoi  qu'il  en  soit ,  il  est 
certain  que  le  concile  de  Nicée  (4)  a  déclaré  légitimes 
les  secondes  noces,  en  ordonnant  que ,  quand  les 
Calliarcs  ou  Novaiiens  voudraient  revenir  à  l'Eglise 
catholique,  on  les  obligerait  de  ne  plus  regarder 
comme  excommuniés  ceux  qui  avaient  passé  à  de 
secondes  noces.  Le  concile  de  Laodicée  (c.  1)  les  ap- 
pelle des  mariages  légitimes.  Et  S.  Ambroise  (î>)  dit 

(\)  Légat,  pro  Christ. 

(2)  L.  3  ad  Autolycum. 

(3)  In  Dialog. 

(4)  Mc.en.  conc.  1,  c.  8. 
(3)  L.  de  Viduis. 


«UiSir..uES  ET  QL'ATRIÈ.MES  NOCES.  104- 

que,  suivant  la  doctrine  de  l'Apôtre  ;  il  ne  veut  pas 
condamner  les  secondes  noces ,  quoiqu'il  ait  de  ia 
peine  à  approuver  la  conduite  de  ceux  qui  s'y  enga- 
gent, et  qu'il  y  ait  beaucoup  plus  de  grandeur  et  de 
perfection  à  s'en  abstenir.  Ct.'S  paroles  de  S.  Ambroise 
expriment  très-clairement  ce  que  lesCatlioliiiues  ont 
toujours  pensé  des  secondes  noces  jusqu'à  Photius  , 
que  son  animosilé  contre  l'Eglise  latine  a  porté  jus- 
qu'à lui  reprocher  comme  une  erreur  de  les  regarder 
comme  légitimes. 

Il  faut  donc  lire  avec  précaution  ce  que  dit  Ra- 
tramne(l),qu'àConsianiinople,  selon  le  témoigna.ge  de 
Socrate,on  était  partagé  louchant  les  bigames, quelques- 
uns  recevant  et  d'autres  rejelantlcursmariages,  tandis 
que  toute  l'Eglise  d'Occident  les  reçoit  sans  conlradic- 
tion  :  car  cet  autcui  a  mal  pris  le  sens  de  cet  historien, 
qui  dans  son  livre  5%  c.  22  (llist.  Tripart.),  parle  seule- 
ment des  Novaiiens,  et  dit  d'eux  qu'àConslanlinople 
ils  connivaient  à  la  bigamie,  et  cachaient  leurs  vérita- 
bles sentiments,  mais  qu'ailleurs,  comme  en  Phrygie, 
ils  la  rejetaient  ouvertement. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présent  regarde 
les  secondes  noces.  Pour  ce  qui  est  des  troisièmes  et 
des  qualrièmes,  les  Pères  en  parlent  d'une  manière 
capable  de  faire  rougir  ceux  qui  les  contractent ,  et 
peu  s'en  faut  qu'ils  ne  les  traitent  ouvertement  de 
concubinage.  L'auteur  des  constitutions  apostoliques 
(1.  3,  c.  2)  dit  que  les  troisièmes  noces  sont  une  preuve 
d'incontinence,  et  que  celles  qui  sont  au-delà  sont 
censées  une  fornication  manifeste.  Saint  Basile  (2)  dit 
que  l'on  regarde  ces  sortes  de  conjonctions  comme 

les  ordures  de  l'Eglise,  wj  pvnà.tjjj.a.-zv.  tyjî  èxx/njiria;  wf  û/iev. 

Nous  ne  les  soumettons  pas  néanmoins,  ajoute-t-il,  à 
une  condamnation  publique,  parce  qu'elles  sont  préfé- 
rables à  une  fornication  manifeste.  Ailleurs  il  traite 
ces  sortes  de  mariage  de  polygamie,  ou  plutôt,  dit-il, 
d'impudicilé  réduite  dans  des  bornes,  //.â/).ojo£7topvi«> 
/£>:î/aïy.lv/;v.  Cc  qui  doit  saus  doute  s'entendre  impro- 
prement, et  seulement  quand  ceux  qui  conlratlcnt  ces 
alliances  ne  sont  conduits  que  par  leur  passion  : 
puisque  nous  voyons  des  gens  de  bien  dans  l'Eglise 
qui  ont  eu  jusqu'à  sept  ou  huit  femmes  conséculi  vcment, 
et  entre  autres  Charlemagne,  dont  la  mémoire  sera  en 
bénédiction  dans  tous  les  siècles. 

Aussi  faut-il  convenir  que  l'on  a  été  plus  rigide  sur 
ce  point  dans  1  église  grecque  que  dans  la  latine ,  et 
qu'on  a  même  porté  dans  celle-là  la  rigueur  jusqu'à 
l'excès  à  cet  égard.  C'est  ce  qu'on  voit  dans  la  Novelle 
de  l'empereur  Basile  (5),  par  laquelle  il  ordonne  de 
punir  les  troisièmes  noces  selon  la  rigueur  des  canons, 
et  ajoute ,  que  si  Justinien  et  les  lois  romaines  n'ont 
pas  condamné  les  quatrièmes  noces ,  il  les  défend , 
commes  des  concubinages  ,  parce  qu'elles  sont  con- 
damnées par  la  loi  de  Dieu. 

L'empereur  Léon,  fds  et  et  successeur  de  Basile, 

({)  L.  -4conl.  Grrccos,  c.  2,  Spicil.  t.  1 

I  2^  Ad  Amphiloch.  can.  50. 

*  5)  Apud  Leunclav.  1.  2. 

j4)  Conférences  de  Paris,  t.  5,  p.  105  et  seq. 


1045  HISTOIRE  DES 

confirma  h\  constitution  de  son  père  (4) ,  et  voyant 
que  les  qnalrièmes  noces  étaient  fort  fiét|iionlos  dans 
ses  états,  il  ordonna  (1)  qu'on  Its  punirait  de  la  ma- 
nière qui  est  marquée  par  les  canons,  sans  l'aire  grâce 
à  ceux  qui  se  seraient  maries  une  troisième  l'ois,  parce 
que  leur  inconliuencc  est  blâmée,  dit-il,  môme  parmi 
les  bêtes. 

Léon  porta  le  premier  la  peine  de  sa  constitution, 
(|u'il  viola  en  se  mariant  pour  la  quatrième  fois,  n'ayant 
point  eu  d'enfants  de  ses  trois  premières  femmes. 
rSicolas,  patriarche  de  Conslanliiiople,  s'y  opposa  de 
toutes  ses  forces,  mais  il  ne  put  rempéclier.  Lui  cl 
les  prélats  de  sa  dépendance  ne  voulurent  point  assis- 
ter, suivant  la  coutume,  au  baptême  de  Constantin 
qui  naquit  de  ce  dernier  mariage.  Il  excommunia 
Léon,  et  celui-ci  le  chassa  de  son  siège,  où  il  ne  ren- 
tra ([u'après  la  mort  de  cet  empereur,  sous  le  règne  de 
de  Constanlfn,  son  fils.  Ce  prince  assembla  les  évèqucs 
de  son  empire  afin  de  réunir  les  esprits,  c».  de  rétablir 
en  qucliiue  sorte  la  mémoire  de  son  père.  Ces  prélats 
entrèrent  tous  dans  le  même  sentiment,  cl  rendirent, 
au  sujet  des  personnes  qui  se  lemariaient,  une  sen- 
tence en  forme  de  règlement,  qui  fut  appelée  le  livre 
de  l'Union.  Ils  y  réglèrent  trois  choses  :  i"  Que  les 
secondes  noces  seraient  permist  s ,  pourvu  qu'on  se 
remariât  avec  des  intentions  toutes  chrétiennes.  2°  Que 
les  troisièmes  noces  ne  seraient  plus  permises  à  ceux 
qui  auraient  trente  ou  quarante  ans,  quand  ils  auraient 
des  enfants  de  leur  premier  mariage;  et  s'ils  contre- 
venaient à  cette  loi,  ils  devaient  être  punis  d'une 
manière  différente.  Que  ceux  qui  seraient  mariés  une 
troisième  fois  à  quarante  ans ,  devaient  ètie  mis  en 
pénitence  durant  cinq  ans  ,  et  ne  pourraient  commu- 
nier le  reste  de  leurs  jours  qu'une  fois  ramiée.  Qu'à 
l'égard  de  ceux  qui  n'auraient  que  trente  ans,  leur 
pénUence  ne  serait  que  de  quatre  années  ,  après  les- 
quelles ils  pourraient  ensuite  conununier  trois  fois 
Tannée.  5'  Que  pour  les  quatrièmes  noces,  on  ne  pou- 
vait les  regarder  comme  des  alliaiices  légitimes,  mais 
comme  des  concubinages. 

Constanlin  Porphyrogénèle  autorisa  par  une  consti- 
tution ce  décret  bizarre,  et,  suivant  le  moine  Matthieu, 
Balsamon  et  le  patriarche  Manuel ,  on  l'observe  a  la 
lettre  dans  l'église  grecque ,  où  on  regarde  même  les 
troisièmes  noces  comme  une  espèce  de  polygamie. 

Nous  ne  voyons  pas  que  dans  l'église  occidentale 
on  ait  jamais  traité  aussi  rigoureusement  ceux  qui 
passaient  à  de  secondes  et  troisièmes  noces  :  on  re- 
gardait celle  conduite  comme  une  faiblesse,  mais  on 
ne  dél'endail  pas  les  mariages  réitérés,  excepté  en 
Espagne,  où  les  évc(iuesdu  15*  concile  de  Tolède 
(can.  5)  condamnent  à  la  peine  éternelle  les  reines 
veuves  des  rois  qui  se  remarieront,  et  les  retranchent 
de  tonte  conununion  avec  le  reste  des  Chrétiens;  peines 
qu'ils  étendent  sur  ceux  qui  les  auront  épousées , 
fussent-ils  rois  eux-mêmes.  Siquis...  violare  prœsum- 
pseril,  sit  ab  omni  clirisiianonim  commumone  secliisus , 

(1)  Novell.  90  Leonis  apud  Godefrid. 


S.VCUEMENTS.  loU 

el  siilplmreis  cum  diabolo  contradatur  ignibui  exurcmius. 

Le  concile  de  Saragosse  ,  tenu  huit  ans  après  celui 
de  Tolède,  c'est-à-dire,  en  091 ,  fit  quelque  chose  de 
plu-J,  quand  il  ordonna  (can.  3)  que  les  reines,  aussitôt 
après  la  mort  de  leurs  maris ,  se  déferaient  de  l'habit 
séculier  pour  prendre  celui  de  religion  ,  el  passer  le 
reste  do  leur  vie  dans  un  monastère  de  vierges. 

il  faut  avouer  que  c'était  réduire  ces  princesses  à  une 
condition  bien  dure,  et  il  fallait  sans  doute  que  des 
raisons  d'état  eussent  porté  les  évêques  d'Espagne  à 
faire  de  tels  règlements;  ce  qui  les  rend  en  quelque 
manière  excusables,  d'autant  plus  que  sous  le  règne 
des  Visigoths  ils  avaient  très  grande  part  au  gouverne- 
ment, dont  ils  ont  abusé  plus  d'une  fois,  comme  on 
le  voit  dans  les  monuments  de  ce  temps-là. 

On  ne  voit  point  de  semblables  règlements  ailleurs, 
ni  pour  les  reines  veuves,  ni  pour  les  autres  qui  se 
trouvaient  en  cet  état.  Il  était  permis  à  tout  le  monde 
de  se  remarier  librement,  en  subissant  les  peines  dont 
nous  parlerons  dans  l'article  suivant,  mais  on  voulait 
que  cela  se  fit  avec  bienséance.  On  ne  permettait  pas, 
par  exem|)le,  à  une  femme  qui  avait  perdu  son  mari 
d'en  épouser  un  autre,  pendant  l'année  de  son  deuil, 
autrement  elle  était  privée,  suivant  le  droit  romain, 
do  ses  conventions  matrimoniales,  et  notée  d'infamie. 
C'était  la  loi  de  Gratien,  de  Valenlinien  et  de  Théo- 
dose (1).  Avant  ces  empereurs  les  lois  ne  demandaient 
que  dix  mois. 

Cette  loi  passa  dans  l'Église,  en  certains  endroits, 
comme  il  paraît,  par  les  Capitules  de  Théodore  de 
Cantorbéri  (i),  qui  sont  répétés  mol  pour  mol  dans 
les  extraits  d'Egbert  (ô),  archevêque  d'York.  On  y  voit 
qu'il  est  défendu  aux  hommes  de  se  remarier,  sinon 
un  mois  après  la  mort  de  leurs  premières  femmes,  et 
aux  fenmies,  un  an  seulement  après  le  décès  de  leurs 
maris;  mais  elles  ne  sont  pas  notées d"infamie si  elles 
le  font.  11  semble  même  que  l'Eglise  n'ait  pas  approuvé 
celle  rigueur;  el,  dans  la  suite  des  temps,  Urbain  111  et 
Innocent  III  la  condamnèrent  (4)  ;  quoiqu'il  ne  soit  pas 
fort  honorable  à  une  veuve  de  convoler  à  de  secondes 
noces  aussitôt  après  la  mort  de  son  mari.  A  l'égard 
de  l'autre  peine  portée  contre  les  veuves  qui  coiitre- 
viemient  à  la  loi  de  Gratien,  les  jurisconsultes  disent 
(pi'ellcs  ne  sont  pas  observées  à  présent,  même  hors 
de  France;  mais  dans  la  partie  de  ce  royaume  qui  suit 
le  droit  romain,  comme  dans  les  parlements  de  Tou- 
louse, do  Provence  el  de  Grenoble,  la  lui  est  encore 
aujourd'hui  eu  vigueur. 

Tels  sont  les  sentiments  que  l'on  a  eus  dans  l'Église, 
en  difîérenls  t 'inps,  touchant  les  secondes,  troisièmes 
et  qnalrièmes  noces.  Nous  avons  lâché  de  les  repré- 
senter le  plus  fidèlement  et  le  plus  brièvement  qu'il 
nous  a  été  possible  ;  voyons  présentement  comment 
l'Église  se  conduisait  à  l'égard  de  ceux  qui  se  trou- 
vaient dans  ces  cas. 

(1)  Cnd.  Tbéod.,  1.  3,  tit.  8,  de  secundis  Nuptih. 

(i)  Num.7-2,  t.  9,  Spicil. 

(5)  Excerpl.,  c.  116. 

(4)  Cap.  C'ùni  secmdùm,  el  c.  de  secundis  Nuptiis, 


lOiS  MARIAGE.  —  CIIAP.  IV.  SECONDES,  TROISIÈMES  ET  QUATRIEMES  NOCES. 

ARTICLE  II.  I  y 


1046 


De  quelle  iiianine  on  trailait  ceux  qui  controctnù'ut  d(^s 
seconds  cl  troisièmes inariiujcs.  Pénilemc qu'on  leur  im- 
posail.  Ou  leur  refusait  la  bénédiclion  nuptiale.  Clian- 
gemenl  de  discipline  arrivé  tant  en  Orient  qnen  Occi- 
dent sur  ce  sujet,  etc. 

Dans  It!  premier  arliclc  de  ce  cliapiire  ikuis  nous 
sommes  parlienlièrcmi'ni  :ippli(iiiés  à  faire  voir  (iiiel 
élail  Tcspril  do  IK^tise  à  ré^jard  des  secondes el  Iroi 
sièmes  noces;  dans  celui-ci  nous  reprcseiilcroiis  qiiolie 
élail  sa  discipline,  ou  la  manière  dont  elle  se  condui- 
sait à  regard  des  .chrétiens  faiijles,  (pie  lassujétisse- 
ment  à  leurs  passions  réduisait,  en  qnolipie  sorte,  à  la 
néccs'-ilé  d'avoir  recours  au  remède  dos  secondes  et 
troisièmes  noces. 

C'est  une  vérité  incontestable,  dans  riiistoire  de  la 
discipline  de  rKglisc,  qu'autrefois  on  soumettait  à  la 
pénitence  ceux  qui  passaient  à  des  secondes  et  troi- 
sièmes noces  :  le  concile  do  Néocésaréo  (can.  5)  en 
parle  comme  d'un  l;iil  iiot  )ire;  il  dit  seulement  que 
leur  foi  et  leur  lionne  vi(!  mérileroiit  que  Ion  en  abrège 
le  temps.  Sed  cenversalio  eortini  et  fida  lenipus  abbrevial. 
Celui  de  Laodicée  (can.  10),  à  peu  près  du  même 
temps,  parlant  des  venis  qui  se  remarient,  qu(>i(pri!s 
le  fassent  publiquement  el  légitimement,  ordonne  qu.'ils 
passent  quelque  temps  dans  la  prière  et  les  jeûnes, 
avant  d'èlre  reçus  à  la  communion  de  lEglise,  qui  leur 
fera  grâce.  Vciccnt  orationi  cl  jcjuniis,  qiilbus  eliam 
juxla  induUjcnliam,  communionem  reddi  decrevimus. 

Cette  discipline  était  commune  à  toutes  les  Églises 
du  monde  ciiréiimi;  les  canons  de  ces  deux  concilos 
ayant  élé  insérés  dans  le  Corle  des  canons,  qui  était 
également  reçu  dans  l'église  latine  comme  dans  celle 
d'Orient.  Celait  en  conséquence  de  ce  qui  s'observait 
là-dessus,  qne  le  concile  de  Néocésarée  (can.  7)  dé- 
fendit aux  prêtres  de  se  trouver  aux  festins  des  noces 
de  ceux  qui  se  remariaient,  parce  que,  comme  remar- 
que fort  judicieusement  Zonare  sur  ce  canon,  en  s'y 
Irouvanl  ils  approuvaient  les  secondes  noces,  ctiTé- 
taienl  plus  en  étal  de  mellre  en  pénitence  ceux  qui 
s'y  cngngeaicnl. 

Saint  Dasilo,  dans  sa  leltre  à  Amphilofiue,  si  fa- 
meuse dans  tous  les  siècles,  où  elle  a  élé  considérée 
comme  un  des  monuments  des  plus  respectables  de  la 
discipline  de  l'Église,  et  comme  une  règle  sur  laquelle 
les  prélats  réglaient  leur  conduite  par  rapport  aux  pé- 
nitences dues  aux  diversrs  espèces  de  pécliés,  S.  Ba- 
sile, dis-jc,  entre  d;uis  un  |)lus  giand  délail  de  la  sa- 
tisfaction que  l'on  iniposail  à  ceux  qui  se  remaiiaie:it. 
/Voici  ce  qu'il  en  dit  dans  le  V  canon  :  Quelques-uns 
séparent  de  la  communion  les  bigames  l'espace  d'un  an, 
les  autres  deux  uns  ;  et  ceux  qui  passent  à  de  troisièmes 
noces,  trois  ou  quatre  ans...  Pour  nous,  nous  avons  ap- 
pris, non  par  les  canons,  mais  par  la  coutume  et  par  une 
tradition  non  interrompue,  qui  nous  vient  de  ceux  qui 
nous  ont  précédés,  qull  faut  séparer  de  la  communion, 
pendant  cinq  ans,  ceux  qui  se  remarient  pour  la  iroi- 
sicme  fois.  Cependant  il  ne  faut  pas  leur  imerdire  l'en-  i 


trée  de  l'église,  mais  il  faut  les  admettre  au  rang  des  au- 
diteurs deux  ou  trois  ans,  après  quoi  ils  pourront  être 
reçus  parmi  les  con,sistunts  avec  les  fidèles,  mais  sans 
participer  aux  saints  mystères.  Enfin,  après  avoir  donné 
des  preuves  de  leur  repentir,  ils  seront  rétablie  dans  la 
communion.  ', 

Théodore  de  Cantorbéri  (I)  et,  après  lui,  Egbert 
d'York  condamnent  les  bigames  à  s'abslenir  de  chair 
pei)daiit  un  an  la  4'  el  la  6'  férié,  cl,  onlrc  cela,  pen- 
dant l'espace  de  trois  carêmes.  C'est  dans  cel  esprit 
que  l'archevêipie  d'York  (2),  dont  nous  venons  de 
|)arler,  ne  veut  pas  que  les  prêtres  assistent  au  festin 
nuptial  des  bigames,  auxquels  ils  sont  tenus  d'imposer 
pénilence. 

Outre  la  pénitence  à  laquelle  les  bigames  et  les  au- 
tres à  proportion  étaient  soumis,  ils  étaient,  comme 
nous  avons  vu  ci-devant,  privés  de  la  bénédiction  nup- 
tiale; en  quoi  les  églises  d'Occident  étaient  encore 
d'accord  avec  celles  d'Orient.  S.  Césaire  rend  témoi- 
gnage de  celte  discipline  lorsqu'il  dit  (5)  :  Que  celui 
qui  souhaite  de  se  marier  soit  vierge,  comme  il  voudrait 
que  celle  qu'il  épouse  le  soit,  parce  que  ,s'i/  ne  fesl  pas, 
il  ne  méritera  pas  de  recevoir  la  bénédiction  avec  son 
épouse.  Le  chapitre  150,  du  sixième  livre  des  Capitii- 
laires  de  nos  rois,  suppose  cette  disciplino,  quand  il 
défend  à  ceux  qui  n'ont  pas  été  mariés  auparavant,  de 
le  faire  sans  la  bénédiclion  du  prêtre,  neque  sine  be- 
nedictione  sacerdotis  qui  unie  innnpii  erant,  nubere  au- 
deant.  Paroles  qui  font  entendre  manifestement  que 
ceux  qui  avaient  lUé  mariés  auparavant  ne  recevaient 
point  celte  bénédiclion.  Cet  usage  s'est  conservé  dan. 
nos  églises  jusqu'au  treizième  siècle,  comme  cela  pa- 
raît, par  ce  qne  dit  Guillaume  Durand,  dans  sou  Ra- 
tional  (4)  ;  mais  cet  auteur  et  bien  d'autres  de  ce  temps, 
et  même  auparavant,  en  ignoraient  la  vraie  raison, 
s'imaginant  faussement  qu'on  ne  bénissail  pas  les  veufs 
quand  ilsse  remariaient,  parce  qu'ils  l'avaient  déjà  élé 
unefois,  et  qu'il  ne  fallait  point  réitérer  la  bénédiclion 
nuptiale.  Quia  c'um  alià  vice  benedicti  sini,  eornm  bcne- 
diciio  iterari  non  débet.  Durand  ajoute  que  dans  (piel- 
qucs  endroits  on  bénissait  les  mariages  des  veufs  quand 
l'une  des  parties  eiail  \ierge.  i 

Saint  Théodore  Slndile  e\pli  juc  admirablement  ce 
qui  regarde  celle  matière,  dans  unelelireàNançrace, 
son  disciple,  tant  par  rapporta  la  pénilence  à  laquelle 
on  soumettait  les  bigames,  qu'à  l'égard  de  la  privation 
de  la  bénédiclion  sacerdolale,  el  lève  en  même  temps, 
en  grand  théologien,  une  difiicullé  considérable,  qui 
se  présente  là-dessus.  Les  secondes  noces,  dit-il,  sont 
permises  par  l'Apôtre  cl  par  Jésus-Chrislmème;  mais 
ce  n'est  pas  une  loi,  comme  dit  S.  Grégoire-lc-Théolo- 
gien,  ce  n'est  (prune  indul^'ence  :  or  l'iiKliiîgence  sup- 
pose une  faiblesse  et  une  action  reprchensible.  L'Apo- 
tre  le  manjue,  en  disant  :  S'ils  ne  se  contiennent  pas, 
qu'ils  se  marient;  cari'inconiinence  est  une  faiblesse. 


(»i 


1)  Capitular.,  n.  14,  Spicil.  t.  9. 

2)  Excerpl  ,  n.  8'J. 
Sciin.  2X0,  in  appen.  novœ  edit.  oper.  S.  Aug. 

(4)  L.  l,c.  y. 


1047 


C'est  |»ourquoi,  ajoutc-t-il,  les  Pères  ont  soumis  à  la 
pcnileiice  les  bigames,  etdéfcntiiiaux  prêtres  de  pren- 
dre part  aux  festins  des  secondes  noces.  Donc  il  est 
juste  de  couronner  le  premier  mariage,  qui  est  propre- 
ment légitime  cl  victorieux  de  l'incontinence.  S.  Théo- 
dore parle  ici  suivant  l'us;ige  des  Gnîcs  qui,  comme 
nous  l'avons  dit  ailleurs,  nomment  couroimcment  la 
bénédiction  nuptiale.  11  est,  continue- i-il,  suivi  de  la 
sainte  communioii,  et  les  prêtres  prennent  part  au 
ferlin,  à  rexcmplede  Jésus-Christ  même;  mais  le  se- 
cond mariage  n'est  point  couronné,  pcucc  qu'on  y 
succombe  à  la  faiblesse,  et  on  n'y  communie  point, 
parce  qu'on  doit  être  privé  de  la  communion  une  année 
ou  deux;  il  n'y  a  point  do  bénédiction,  parce  qu'il  n'y 
en  a  ([u'une  seule  pour  les  premières  noces.  Il  s'ensuit 
donc,  selon  l'Écriuire  et  les  Pères,  que  le  prêtre  ne 
h'ii  point  la  célébration  des  secondes  noces,  et  ne  re- 
çoit ceux  qui  les  ont  contractées  qu'après  la  pénitence 
accomplie,  lorsqu'il  leur  est  permis  de  communier, 
alors  il  leur  donne  une  espèce  de  bénédiction  nup- 
tiale. Que  si  vous  demandez,  dit  encore  S.  Tbéodore, 
conmicnt  donc  ils  habitent  ensemble ,  je  dirai  que  c'est 
en  vertu  du  contrat  civil,  comme  dans  la  trigamic  et 
la  ])olygamie;  car  les  Pères  ont  ainsi  nommé  les  ma-  I 
riages  au-delà  du  troisième.  Peut-être  demauderez- 
vous  encore,  quand  l'une  des  parties  est  vierge,  s'il 
faut  lui  mettre  la  couronne  sur  la  tête  et  à  l'autre  sur 
l'épaule,  comme  disent  quelques  uns?  Cela  me  paraît 
ridicule,  car  où  mellra-t-on  la  couronne  pour  les  troi- 
sièuH'S  noces?  J'estime  donc  que  la  partie  vierge  mé- 
rite de  perdre  son  privilège  en  s'unissant  par  son  choix 
à  celle  qui  ne  l'est  pas,  et  qu'elle  se  soumet  par  là  à 
la  peine  de  la  bigamie. 

C'est  ainsi  que  Théodore  Sludite  explique  en  même 
temps  et  le  dogme  et  la  discipline  sacramentelle  par 
rapport  au  mariage,  et  confirme  les  usages  dont  nous 
avons  fiùt  mention  en  divers  endroits  de  ce  traité.  Ce 
qu'il  vient  de  dire,  qu'après  que  les  bigames  ont  ac- 
compli leur  pénitence  ,  ils  reçoivent  une  espèce  de  bé- 
iiédiciion  nuptiale,  peut  beaucoup  contribuer  à  éclaircir 
une  difliculté  qui  se  rencontre  sur  ce  sujet  dans  les 
euchologes  des  Grecs ,  qui  paraissent  se  contredire  : 
car.  d'une  part,  on  y  lit  ces  paroles  touchant  les  ma- 
riages réitérés  (i)  :  Le  bigame  n'est  point  couronné , 
hijv,a.oi  iJ-h  ozs.^v.-jouxrM ,  et,  de  l'aulre,  on  y  voit  l'office 
allVcté  à  la  célébration  des  secondes  noces,  dont  un 
des  nts  est  le  couronnement,  ce  qui  ne  peut  se  conci- 
lier qu'en  disant  que  cet  office  n'est  pas ,  proprement 
parlant,  celui  du  mariage;  mais,  comme  dit  S.  Théo- 
dore Sludite,  une  espèce  de  bénédiclion  nuptiale  ,  qui 
est  irès-différente  de  celle  (jui  se  donne  à  ceux  qui  se 
marient  pour  la  première  fois;  outre  que  les  Grecs, 
dei>uis  le  Tome  d'union  dont  nous  avons  parlé,  lequel 
fut  fiitdu  temps  de  l'empereur  Constantin  Porphyro- 
genète,  ont  fort  altéré  leur  discipline  sur  les  seconds 
mariages,  comme  le  remarque  M.  Renaudot  (2). 
Voici  comme  les  choses  se  passent  à  présent  chez 

(1)  Euchol.,p.  401. 

(2)  Perpél.,  t.  5,  p.  457. 


HISTOIRE  DES  SACRE.MENTS.  1048 

eux  à  cet  égard.  On  dit  d'abord  les  oraisons  ordinai- 
res, et  on  prononce  deux  bénédictions  sur  les  mariés, 
auxquels  le  prêtre  donne  les   anneaux  comme  aux 
l)remières  noces,  ensuite  il  dit  une  prière  qui  convient 
particulièrement  aux  secondes  ,  par  laquelle   il  de- 
mande pnnci|)alement  à  Dieu  la  rémission  de  la  faute 
que  coîumetlent  ceux  (pii  rentrent  de  nouveau  dans 
les  liens  du  mariage.  Cette  prière  est  conçue  en  ces 
termes  :  Seianeur,  qui  pardonnez  à  tous ,  et  qui  veillez 
sur  tous,  qui  connuisscz  ce  que  les  hommes  ont  de  caché, 
pardonnez-nous  nos  péchés,  cl  remettez  les  iniquités  de 
vos  serviteurs ,  en  les  appelant  à  la  pénitence ,  en  leur 
accordant  le  pardon  de  leurs  fautes  et  la  rémission  de 
'leurs  péchés  volontaires  ou  involontaires.  Vous  qui  con- 
naissez la  faiblesse  de  la  nature  humaine  dont  vous  êtes 
le  formateur  et  le  créateur ,  vous  qui  avez  pardonné  à 
Raab  la  pécheresse ,  et  qui  avez  accepté  la  pémtencc<,du 
publicain,  ne  vous  souvenez  pas  de  nos  péchés...  Vous, 
Seigneur,  qui  unissez  vos  serviteurs  tel  et  telle  ,  unis- 
sez-les par  une  charité  réciproque;  accordez-leur  la 
conversion  du  publicain,  les  larmes  de  la  pécheresse ,  la 
confession  du  larron  ,  afin  que  par  une  sincère  pénitence 
de  tout  leur  cœur,  accomplissant  vos  commandements 
dans  la  concorde  et  dans  la  paix,  ils  puissent  parvenir  à 
votre  royaume  céleste. 

La  seconde  oraison  est  encore  en  termes  plus  forts  : 
Pardonnez,  Seigneur,  l'iniquité  de  vos  serviteurs,  qui  ne 
pouvant  soutenir  le  poids  du  jour,  ni  l'ardeur  de  la 
chair,  s'unissent  par  un  second  mariage,  ainsi  que  vous 
l'avez  ordonné  par  Paul ,  votre  apôtre,  vase  d'élection, 
qui  a  dit,  pour  nous  autres  abjects,  qiCil  «  vcdait  mieux 
se  marier  que  de  brûler,  t  Vous  dune  q'jii  êtes  bon  et  plein 
de  miséricorde  envers  les  hommes,  pardonnez  et  remet- 
tez nos  péchéo,  etc.  11  n'y  a  pas  beaucoup  de  difTcrcnce 
dans  les  prières  qui  suivent,  parce  que  l'usage  présent 
de  l'église  grecque  étant  de  couronner  les  secondes 
noces,  on  prend  celles  qui  sont  propres  au  couronne- 
ment ordinaire,  ce  qui  ne  se  faisait  pas  autrefois.  Les 
Grecs  font  la  même  chose  aujourd'hui  à  l'égard  des 
troisièmes  noces  ;  mais  pour  les  qualrièmcs ,  il  ne  pa- 
raît pas  qu'ils  aient  aucune  bénédiclion  sj)éciale ,  et 
ils  les  regardent  comme  un  abus  qu'ils  sont  obligés 
de  tolérer  pour  le  bien  de  la  paix ,  mais  sans  l'ap- 
prouver. 

Les  Jacobites  ont,  de  même  que  les  Grecs,  une  cé- 
rémonie et  des  prières  différentes  pour  la  bénédiclion 
des  secondes  noces  (1).  Voici  ce  que  nous  trouvons  sur 
j  cela  dans  leurs  anciens  rituels.  Les  premières  orai- 
sons  qui  regardent  rinslilution  primitive  du  mariage  , 
I  dans  la  loi  de  nature,  sont  les  mêmes  que  dans  l'office 
des  premières  noces.  Us  ne  lisent  pas  la  même  épîlre, 
mais  une  particulière,  tirée  de  la  première  Épîlre  aux 
Corinthiens,  c.  7  ,  dans  laquelle  S.  Paul  permet  les 
I  secondes  noces  ;  on  omet  le  couronnement  et  les  priè- 
!  res  sur  les  couronnes ,  et  au  lieu  de  l'oraison  qui  y 
'  est  propre,  on  en  dit  une  autre,  qui  comprend  ce  qui 
suit,  entre  autres  :  Nous  supplions  votre  bonté,  vous 


Il     (!)  Renaud.,  t.  5,  1.  G,  c.  6. 


1049  MARIAGE. 

qui  êtes  plein  d\unour  pour  les  hommes ,  en  faveur  de  [I 
votre  serviteur  N.  et  de  votre  servante  N.,  qui  s'unissent  \ 
présentement  par  le  mariage,  à  cause  de  leur  faiblesse ,  I 
et  parce  que  le  célibat  leur  paraît  trop  dur.  Cest  pour-  j 
quoi,  Seigneur,  ne  leur  imputez  pas  ce  péché ,  mais  ac-  ^. 
cordez-leur  le  pardon  et  l'absolution ,  etc.  On  prononce 
ensuilcsiirciixrabsoltition.  Il  y  a  d'aulies formules  en- 
core plus  expresses,  pour  niarquerque  l'Eglise  regarde 
ce  mariage  comme  une  faute  vénielle,  puisque,  par  les 
prières,  on  domando  à  Dieu  qu'il  donne  aux  mariés  la 
pénilence  du  bon  larron  ,  elo.,  comme  dans  les  grec- 
ques. C'est  pourquoi  Echmini  ayant  rapporté  celle 
discipline,  et  parlant  des  prières  que  font  les  prêtres, 
ajoute  :  La  prière  que  le  prêtre  fait  sur  eux  est  unique- 
ment pour  demander  le  pardon  de  leurs  péchés.  Si  l'un 
des  deux  n'a  pas  été  marié,  on  le  bénit  seul. 

Dans  d'autres  rituels  jacobites,  et  particulièrement 
dans  celui  qui  est  attribué  à  Jacques  d'Édesse,  ni  dans 
un  autre  qui  est  dans  les  manuscrits ,  il  n'y  a  aucune 
prière,  ni  aucun  rit  prescrit  pour  les  secondes  noces, 
ce  qui  peut  donner  lieu  de  croire  que  les  Jacobites  sy- 
riens observaient  à  la  rigueur  la  défense  portée  par 
les  anciens  canons  contre  les  bigames ,  qu'il  est  dé- 
fendu de  couronner,  c'esl-à-dire ,  de  leur  donner  la 
bénédiction  nuptiale. 

De  même ,  dans  un  office  du  couronnement  pour 
l'usage  des  Nestoriens,  composé  par  Bcnbam,  il  n'y  a 
aucune  prière  pour  les  secondes  noces;  et  comme  cet 
office  est  conçu  presqu'en  mêmes  termes  que  ceux  des 
Syriens  jacobites  pour  les  premières  noces ,  qui  ne 
conviennent  pas  aux  secondes  noces ,  il  est  très-pos- 
sible que  l'Église  nestorienne  n'ait  eu  aucun  rit  parti- 
culier pour  les  célébrer.  Car,  suivant  ce  qui  a  été 
remarqué  ci-devant,  les  Grecs  ont  changé  leur  disci- 
pline à  l'égard  des  bigames,  en  les  couronnant  ;  et 
alors  il  a  fallu  composer  de  nouvelles  prières  pour 
cette  cérémonie.  Les  Nestoriens  ,  dont  la  séparaMon 
est  aussi  ancienne  que  le  concile  d'Épbèse,  peuvent 
donc  avoir  ignoré  de  semblables  prières,  qui  n'étaient 
point  en  usage  avant  qu'ils  se  fussent  séparés  de  l'é- 
glise grecque. 

A  l'égard  de  l'église  latine  (1),  son  ancienne  disci- 
pline est  présentement  abolie,  par  rapport  aux  secon- 
des et  troisièmes  noces.  Ceux  qui  s'y  remarient ,  le 
font  avec  la  même  liberté  que  ceux  qui  se  marient 
pour  la  première  fois,  et  à  peine  y  fait-on  attention, 
il  n'y  a  plus,  en  Occident,  de  pénilence  pour  les  bi- 
games, il  n'est  plus  défendu  aux  prêtres  de  se  trouver 
aux  festins  des  secondes  noces.  11  ne  nous  reste  plus 
de  colle  ancienne  discipline  que  l'irrégidarité  que 
contractent  ceux  qui  se  marient  en  secondes  noces , 
ou  épousent  des  veuvqs,  et  la  défense  de  bénir  solen- 
nellement les  secondes  noces  :  encore ,  suivant  l'avis 
de  S.  Charles,  on  peut  les  bénir  dans  les  lieux  où  la 
coutume  a  prévalu ,  surtout  lorsque  c'est  une  fille  qui 
épouse  un  homme  veuf. 
M.  de  Marca  remarque  encore  une  autre  différence 

(1)  Coufcrenccs  de  Paris,  p.  109. 


CIIAP.  V.  INDISSOLUBILITÉ  DES  MARIAGES. 


1050 

on  ce  point,  demi  il  parle  dans  un  opuscule  qu'il  a  pu- 
blié sur  le  sacrement  du  Mariage,  donl  je  rapporterai 
les  dernières  lignes,  parce  qu'on  y  voit  ce  (ju'il  pense 
touchant  une  difficulté  théologique ,  qui  nait  de  l'an- 
cienne discipline,  par  rapport  aux  seconds  et  troisiè- 
mes mariages.  On  y  voit  qu'il  pensait  sur  ce  point  à 
peu  près  comme  S.  Théodore  Studile,  dont  nous  avons 
expose  le  sentiment  ci-dessus.  Voici  ses  paroles  : 
Depuis,  l'Eglise  relâchant  de  l'ancienne  rigueur,  a  fait 
célébrer  les  mariages  des  bigames  par  des  prêtres  qui  les 
conjoignenl  en  mariage,  reçoivent  leurs  oblulions,  et  célè- 
brent le  sacrifice  pour  eux,  de  sorte  que ,  par  ce  moyen, 
ce  contrat  civil  devient  tin  vrai  sacrement  de  la  nouvelle 
loi;  mais  pour  conserver  en  quelque  façon  la  défense  des 
anciens  canons,  on  ne  récite  pas  sur  les  bigames  quelques 
prières  qui  contiennent  des  bénédictions  pour  les  mariés, 
que  l'on  récite  en  faveur  des  premières  noces. 

Peut-être  pourrait-on  regarder  comme  un  reste  de 
ridée  que  l'on  avait  autrefois  de  la  faiblesse  de  ceux 
qui  convolaient  à  de  secondes  noces,  les  charivaris 
que  l'on  fait  en  quelques  endroits  à  la  porte  de  ceux 
qui  se  remarient,  quoiqu'ils  soient  opposés  à  l'esprit 
de  l'Église,  et  même  à  la  bonne  police.  Cet  abus  n'est 
pas  nouveau,  puisqu'un  concile  de  Langres  de  l'an 
1421 ,  défend  de  faire  pareilles  insultes  aux  veufs  de 
l'un  et  de  l'autre  sexe  qui  se  remarient ,  et  le  Iraite 
d'action  digne  de  condamnation.  Un  concile  de  Nar- 
boime,  du  commencement  du  siècle  dernier,  ordonne 
aux  évéques  de  défendre  ces  jeux  indécents ,  sous 
peine  d'excomnuuiication. 

Mais  comme  ces  Statuts  ecclésiastiques  n'arrêtaient 
poini  le  cours  de  ce  mal,  la  puissance  publique  est 
intervenue,  cl  a  remédié  plus  efficacement  à  ce  mal,  eu 
infligeantdes  amendes  pécunaires,  à  ceux  qui  feraient 
à  l'avenir  des  charivaris.  Quelques-uns  même  de  nos 
parlements  ont  décerné  des  punitions  cori)orelIes 
contre  les  contrevenants,  et  c'est  ce  qui  a  fait  cesser 
cette  mauvaise  coutume  presque  par  tout  le  royaume. 
Cependant,  je  me  souviens  d'avoir  vu  dans  ma  jeu- 
nesse oes  sortes  de  charivaris  se  faire  encore  dans 
mon  pays,  devant  les  maisons  de  ceux  qui  se  rema- 
riaient pour  la  seconde  ou  troisième  fois  (I). 

CHAPITRE  Y. 

De  l'indissolubilité  des  mariages.  Abus  sur  cette  matière 
corrigé  dans  la  suite,  lien  reste  encore  à  présent  chez 
les  Grecs. 

Entre  plusieurs  maux  que  la  religion  chrélienne  a 
fait  cesser  dans  le  monde,  on  ne  peut  nier  que  le  di- 
vorce ne  soit  un  des  principaux,  et  un  des  plus  capa- 
bles de  porter  le  trouble  et  la  confusion  partout,  de 
renverser  l'ordre  dans  les  familles,  et  d'y  faire  naître 
une  infinité  d'inconvénients,  qui  rejaillissenl  sur  les 
états ,  qui  peuvent  en  soulIVir  de  grands  préju- 
dices. 

L'on  sait  jusqu'où  les  Juifs  avaient  porté  la  licence 
sur  ce  point,  sHiuaginant  faussement,  que  ce  que 

(1)  Voyez  M.  Thicrs,  irailé  des  Jeux,  c.  "24. 


1051 

Moysc  leur  avait  permis,  à  cause  de  la  dureté  le  leur 
cœur,  les  autorisail.  Il  y  avait  uièine,  si  nous  nous  en 
rappo'nonsà  S.  Jérôme  (1),  deux  scclesparmi  eux, 
qui  enchérissaient  en  cela  l'une  sur  l'autre.  La  pre- 
mière était  celle  des  Samméens,  qui  croyait  qu'il  était 
permis  de  renvoyer  sa  femme,  mais  seulement  quand 
elle  avait  commis  une  action  honteuse,  auqutd  cas 
il  était  permis  d'en  épouser  une  autre.  La  seconde, 
qui  avait  pour  maître  Ilillel,  qui  vivait  peu  de  temps 
avant  le  Sauveur,  tenait  pour  principe,  que  le  divorce 
était  permis  pour  quelque  cause  que  ce  lût.  Il  paraît 
que  Joseph  l'historien  étaient  de  cette  seote  ;  il  avoue 
■  dans  l'histoire  de  sa  vie,  qu'il  a  répudié  sa  femme, 
qu'il  avait  épousée  à  Césarée  pour  se  marier  à  une  au- 
tre à  Alexandrie. 

Rien  n'était  si  commun  étiez  lés  Romains,  que  de 
voir  des  hommes  répudier  leurs  femmes ,  et  des 
femmes  mêmes  répudier  leurs  maris,  pour  en  épouser 
d'autres  :  ce  qui  a  fait  dire  à  Terlullien  (2),  qu'il 
semblait,  à  voir  la  conduite  qu'ils  tenaient  en  cela, 
que  le  divorce  était  comme  le  but  et  le  fi  uit  du  Ma- 
riage :  Repudium  vero  jam  quasi  volum  est,  et  malii- 
monii  fructiis.  Cependant  la  raison  naturelle  est  oppo- 
sée à  cet  abus,  et  condamne  une  conduite  qui  tend  à 
dégrader  le  Mariage,  et  à  le  conduire  à  l'état  du  con- 
cubinage, qu'Aristote  (3)  et  les  païens  ont  condamné, 
connue  contraire  à  riionnèlelé,  à  l'éducation  des  en- 
fants, qui  est  la  fin  du  Mariage,  et  à  l'union  qui  doit 
se  trouver  entre  ceux  qui  s'y  sont  engagés  l'un  à 
l'autre  par  ce  contrat  si  saint  et  si  solennel.  Aussi 
Yalùre  Maxime  assure-l-il  (1.  2)  que  la  république 
romaine  avait  subsisté  plus  de  300  ans  avant  qu'on  y 
eût  entendu  parler  delà  répudiation  des  femmes.  Spu- 
rius  Cabilius  fut  le  premier  qui  osa  renvoyer  sa 
fenmie,  sous  prétexte  de  sa  stérilité,  pour  en  prentlre 
une  autre  ;  mais,  dit  cet  historien,  quelque  tolérable 
que  parût  ce  prétexte,  Spurius  ne  laissa  pas  d'èlre 
blâmé,  parce  qu'il  ne  devait  pas,  disait-on.  préférer 
le  désir  d'avoir  des  enfants  à  la  foi  conjugale. 

Mais  il  y  avait  longtemps  que  l'on  avait  oublié  dans 
l'empire  romain  celte  belle  maxime;  et  l'abus  opposé  i 
avait  jeté  de  si  profondes  racines,  que  nonobstant  ce 
que  le  Sauveur  avait  ordonné  i)our  rétablir  la  sainteté 
des  mariages,  l'Église  ne  put  se  préserver  entière - 
ment  de  la  contagion  répandue  siu-  ce  point.  C'est  ce 
que  nous  allons  examiner,  non  en  tbéulogien  ni  en 
jurisconsulte,  mais,  suivant  notre  coutume,  en  simple 
historien,  rapportant  seulement  ce  qui  s'est  j.assé  sur 
ce  sujet. 

Les  princes  chrétiens  ne  se  sont  pas  contentés  de 
tolérer  cet  abus,  ils  l'ont  quelquefois  autorisé  dans 
leurs  états  :  Constantin  a  permis  les  divorces  dans 
tout  l'empire  par  une  loi  qu'on  lit  encore  dans  le 
code  Théodosien  (1.  5,  lit.  IG)  :  elle  laissait  aux  Ro- 
mains la  liberté  de  dissoudre  leurs  mariages  toutes 
les  fois  qu'ils  le  jugeraient  à  propos.  Justinien  a  cru 

(i)  Inisai.,  cap.6- 

(;2)  Apol.,  c.  G. 

(ù)  L.  7  Politic,  c.  16. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  1052 

beaucoup  faire,  de  ne  permettre  les  divorces  que 
pour  certaines  raisons,  qu'il  marque  dans  une  de  ses 
Novelles. 

A  rimilation  des  empereurs  romains,  les  rois  des 
différentes  nations  qui  se  sont  emparés  des  diverses 
provinces  de  l'empire  ,  ont  permis  et  autorisé  le 
même  dérèglement  ;  entre  autres  Théodoric,  roi  des 
Oslrogoths  eu  Italie,  sur  la  fin  du  cinrpiième  siècle,  et 
les  rois  des  Yisigolhs  en  Espagne,  où  le  divorce  a  ré- 
gné depuis  le  cinquième  siècle  jusqu'au  treizième, 
qu'Alphonse  X  l'y  défendit  dans  ses  Parlidcs.  Les 
rois  de  France  de  la  première  et  seconde  race  l'ont 
,  aussi  autorisé.  Le  moine  Marculfe  et  Lindenbroog 
nous  rapportent  la  formule  dont  on  se  seivait  dans 
les  Gaules  pour  faire  le  divorce.  Cet  abus  dura  aussi 
quelque  temps  durant  la  seconde  race  ;  on  jieut  le 
voir  dans  les  Capitulaires  de  Cbarlemagne,  qui  en 
avait  lui-même  donné  l'excnq^le,  en  répudiant  la 
fille  de  Didier,  roi  des  Lombards ,  qu'il  avait  épou- 
sée. Cependant  il  ne  fut  pas  de  longue  durée  après 
lui,  puisqu'il  est  défendu  dans  trois  endroits  des  Ca- 
pitulaires. Les  lois  d'Allemagne  ont  aussi  permis  le 
divorce  dans  le  septième  siècle  ;  nous  voyons  encore 
(pi'il  était  permis  dans  les  lies  Brilanniques,  même 
vers  le  dixième  siècle,  par  un  roi  de  Cambridge  ;  c'é- 
tait surtout  dans  l'Irlande.  Le  pape  Grégoire  VII,  dit 
Baronius,  écrivit  à  Lanfranc  de  Cantorbéri  ,  de  tra- 
vailler à  faire  abolir  les  divorces  qui  étaient  très- 
communs;  cl  Lanfranc  s'employa  auprès  de  deux  rois 
d'Irlande,  pour  les  porter  à  les  défendre  dans  leurs 
états.  S,  Anselme,  son  successeur,  i)rit  le  même  soin, 
1  et  nous  avons  encore  la  lettre  ([u'il  écrivit  à  deux 
rois  de  cette  île,  pour  leur  faire  voir  que  le  divorce 
était  condamné  dans  le  christianisme,  et  que  dans 
les  pays  où  il  était  autorisé  par  les  princes,  on 
devait  le  regarder  comme  un  reste  du  paganisme  et 
du  judaïsme  ,  et  un  effet  de  l'ignorance  des  peu|)les. 
Quand  Gaguin  parle  du  divorce  qui  était  autrefois  en 
Moscovic,  mais  qui  est  défendu  à  présent,  puiscju'on 
n'y  donne  la  communion  qu'à  la  mort  à  un  mari  qui 
aurait  répudié  sa  femme,  il  remarque  que  les  peuples 
de  ce  pays  avaient  retenu  cet  usage  des  païens.  Le 
divorce  a  été  aussi  longtemps  permis  en  Ethiopie,  et 
cet  abus  n'y  a  été  défendu  que  dans  le  seizième  siècle 
par  le  ministère  des  missionnaires,  que  le  roi  de  Por- 
tugal a  envoyés  aux  |)rinces  de  ce  pays. 

Tout  ceci  fait  voir  la  vérité  de  ce  qui  a  été  dit  lou- 
chant l'abus  des  divorces  qui  étaient  si  invétérés,  que 
les  Chrétiens  ne  s'en  sont  défaits  qu'avec  beaucoup  de 
peine.  Je  n'ai  point  cité  les  endroits  sur  lesquels  tout 
ce  refit  est  appuyé,  parce  que  je  n'ai  fait  nioi-mème 
q';;.:  copier  les  Conférences  de  Paris  (1),  dansles([ueiles 
ils  sont  indiqués,  et  j'ai  cru  que  les  lecteurs  dans 
cette  occasion,  voudraient  bien  s'en  rapporter  à 
l'exaclitude  de  l'auteur  quia  rédigé  ces  Conférences. 
On  a  donc  vu  des  Chrétiens  dans  ce  senliuient,  que 
le  lien  du  mariage  pouvait  se  dissoudre  du  vivant 


(1)  Tom.l,  p.  420. 


1055  MARIAGE.  —  CIIAP.  Y.  INDISSOLUBILITÉ  DES  MARIAGES. 


105i 


même  dos  deux  époux,  snrloul  à  omise  dos  débau- 
ches de  l'un  d'eux,  el  de  sou  iiilidélilé  ;  ol  ceux  que 
le  piéjugé  du  louips  avaii  eMtr.iiués  dans  ce  seuli- 
nicut,  se  croyaient  aulo^i^é^  par  ce  (pic  dit  Jésus- 
Clirisl  (1).  Il  s'en  est  Uiènie  Irouvé  qui  oui  cru  qu'un 
mari  ol  nue  femme  pouvaicnl  dissoudre  leur  mariage 
pour  d'aulres  causes  que  l'adullère.  Telle  élait  celle 
femme  chré;ieiine  doul  parle  S.  Justin  dans  sa  iire- 
mière  Apologie,  qui,  avec  l'avis  et  les  conseils  de  ses 
parents,  selon  les  droits  quo  lui  en  donnaient  les  lois 
romaines,  se  sépara  de  son  mari,  à  cause  de  la  mau- 
vaise conduite  de  celui-ci,  parce  qu'elle  désespérait 
de  le  voir  jamais  cliaiigor.  Origène  (•2)  remarque  aussi 
qu'il  y  avait  dos  évèqucsqui  de  son  lemps  toléraient 
ces  divorces;  mais  il  ajoute  qu'ils  ne  les  soulfraient 
que  par  condescendance,  pour  empèclier  les  hommes 
de  vivre  dans  la  dissolution  cl  la  débauche.  Cepen- 
dant il  est  rare  que  l'on  ail  porté  la  licence  des  di- 
vorces jusqu'à  ce  point  parmi  les  Chrétiens,  cl  pres- 
que tous  ceux  qui  ont  cru  que  le  lien  du  mariage  n'é- 
tait point  indissoluble,  ont  été  dans  celte  pensée  qu'il 
no  pouvait  èlre  rompu  que  par  le  crime  d'adultèie; 
encore  n'allribuaient-ils  pas  le  même  droit  à  l'épouse 
qu'au  mari  sur  ce  point,  ne  croyant  pas  que  celle-ci 
pût  faire  divorce  et  contracter  mariage  du  vivant  de 
son  premier  époux,  parce  que  les  lois  romaines  n'ap- 
pellent adultère  que  le  crime  de  l'épouse  qui  est  infi- 
dèle. Que  s'il  se  trouve  quelques  exemples  d'une  con- 
duite opposée,  comme  celui  de  l'illuslre  Fabiole,  qui 
s'étanl  séparée  de  son  premier  mari  à  cause  de  ses 
débauches  publiques,  se  remaria  de  son  vivant  avec 
un  anlre,  il  est  certain  que  ces  exemples  sont  rares, 
et  qu'ils  n'étaient  point  autorisés  dans  l'Église  :  aussi 
celle  saiîite  fit-elle  une  réparation  bien  authentique 
du  scandale  qu'elle  avait  donné  en  celte  occasion. 

Celte  maxime  du  droit  romain  ,  qui  ne  Iraile  d'a- 
dullèreque  le  crime  de  l'épouse,  qui,  contre  la  fidé- 
lilé  (prelle  doit  à  son  mari,  se  prostitue  à  d'aulres, 
avait  même  passé  dans  l'Eglise,  comme  nous  l'appre- 
nons du  21'  canon  de  S.  Basile,  dans  lequel  il  s'ex- 
prime ainsi  :  Si  h«  homme  engagé  dans  le  mariage,  et 
s'en  dégoûtant  ensuue,  tombe  dans  la  fornication  ,  nous 
le  tenons  pour  fornicaleur  {-ipjoj  zf£.c;/îv  ri-;  zoioîj-oj), 
et  nous  lui  imposons  une  plus  longue  pénitence  :  ce- 
pendanl  nous  n'avons  point  de  canon  qui  le  soimielte 
à  la  peine  duc  au  crime  d'adultère,  s'il  a  commis  celle 
faute  avec  une  personnii(|ui  i.'est  point  mariée  (où  /xh 

TZi  iyO'j.i-jy.v.JO-JO.   tw  r^î    /j.oiy-ii/.^    v.h-hi    ûaayayîîv    tj/.lri- 

//.ort...  ).  Ainsi  celui  quia  commis  ce  crime  ne  sera  point 
privé  du  droit  d'habiter  avec  sa  femme;  el  la  femme  re- 
cevra son  mari  qui  revient  de  ses  débauches,  mais  le  mari 
chassera  de  chez  lui  sa  femme  qui  se  sera  souillée  de  ce 
crime.  Il  nest  pas  aisé,  ajoute  le  saint  docteur,  rfe  ren- 
dre raison  de  cette  différence; mais  la contume a  prévalu. 
La  rcmarqueque  fait  ici  S.  Basile  est  (rès-judicieuse 
cl  digue  de  lui  :  car,  en  elfet,  il  semble  qu'à  cet  égard 
Il  coudiiion  du  mari  et  de  la  femme  est  eniièrcraent 

(1)  Mallh.  5,  v.  ôl  et  seq. 

(2)  Tract.  7inMatlb. 


égale,  et  que,  (-omme  il  dit  ailleurs  (can.  9),  le  com- 
mandement de  Jésus-Christ  de  ne  point  dissoudre  le 
Mariage,  sinon  en  cas  d'adultère  ,  doit  s'entendre  en 
h;  prenant  à  1 1  lotlre,  de  l'nn  et  laulre  é|>onx  égale- 
mont;  mais,  ajoute-t-il,  la  coutume  n'csl  piDint  toile, 
il  Zk  (j\iTffle.iv.  o'\>x  oÛTw;  fc'x"-  ^'^^  ••  couclul  quune 
femme  qui  contracte  Mariage  avec  un  homme  répudié 
par  son  épouse,  ne  doit  point  èlrelrailée  d'adultère  : 
an  liou  qu'une  femme  répudiée  par  son  mari,  rpii  en 
épouse  un  autre  ,  est  une  adultère,  cl  doit  en  subir  la 
peine.  L'époux  répudié,  selon  lui,  mérite  indulgence; 
et  celle  avec  laquelle  il  s'allie  par  le  Mariage,  ne  doit 
point  être  condamnée  :  au  lieu  que  si  c'est  l'homme 
qui  fait  divorce  avec  sa  femme,  il  devient  adultère 
loi  s(pril  en  épouse  une  autre,  et  fait  tomber  dans  le 
même  crime  celle  avec  laquelle  il  se  marie  ;  parce 
que,  dit-il,  elle  s'est  approprié   le   mari   d'une  autre 

femme  (Ciiit  a.)XàTfioi  cîjopa.  TTcô;  iauT/,v  u.îtiît/;^;^). 

On  ne  peut  rien  désirer  de  plus  formol  eu  favourde 
l'imlissolubililé  du  Mariage,  et  l'on  pouldire  qucc'est 
principalement  à  ce  sainl  que  l'on  est  redevable  du 
relraiichemcnt  des  abus  en  ce  poinl,  sur  lequel  les 
préjugés  du  lemps,  les  loisdes  princes,  et  la  difiioulté 
qui  se  reiicontn!  dans  les  textes  de  rEoriliire  qui  les 
coudamnonl,  avaient  répandu  des  ténèbres  qui  n'ont 
pu  être  dissipées  d'abord  :  plusieurs  auteurs  ecclésias- 
liques  s'élant  même  laissés  entraîner  dans  Terreuf  sur 
colle  matière,  et  entre  autres  Laclance({)  el  S.  Astèrc 
d'Amasée,  qui  dit,  dans  ses  Homélies  sur  S.  Malhiou, 
que  le  lien  du  Mariage  est  rompu  par  l'adultore,  de 
môme  que  par  la  mon  de  l'épouse  ;  parce  que  l'adul- 
tère d'une  femme  détruit  l'amour  conjugal  dans  son 
cœur,  et  l'cmpéche  de  donner  des  enfants  légitimes  à 
son  mari. 

Lue  autre  chose  qui  avait  pu  contribuer  à  fomen- 
ter cet  abus  cl  à  répandre  des  obscurités  sur  celte  ma- 
tière, élait  les  ménagements  que  les  conciles  avaient 
gardés  pour  les  princes  lorsqu'ils  avaient  voulu  re- 
trancher le  divorce,  que  les  lois  inqiérialcs  autori- 
saient. Car  ils  ne  s'étaient  pas  toujours  déclarés  ou- 
vertement, à  cause  du  respecl  dû  aux  souverains,  et 
ils  avaient  gardé  des  mesures  en  proscrivant  cet  abus, 
[larce  que  l'Eglise  ne  pouvait  contraindre  les  lidèles 
dans  le  for  extérieur  à  lui  obéir. 

C'est  ainsi  que  le  concile  d'Elvire  (can.  9)  déclara 
qu'il  n'était  pas  permisà  une  femme  fidèle  qui  a  (]uitlé 
son  mari  pour  cause  d'adultère  d'en  épouser  un  autre, 
et  que  si  elle  le  faisait,  elle  ne  devait  point  être  ad- 
mise à  la  communion,  jusqu'à  ce  que  celui  ([u'elle 
avait  quille  lut  mort,  à  moins  que  le  péril  de  la  mala- 
die n'oblige  de  la  lui  accorder. 

Le  concile  d'Arlos  de  l'au  51  i  (can.  10),  dont  les 
Pères  font  assez  enlendre  d'ailleurs  ce  qu'ils  pensent 
du  divorce,  s'était  aussi  contenté  de  conseiller  aux  fi- 
dèles qui  trouvent  leurs  femmes  en  adultère  de  n'en 
point  épouser  d'autres  pendant  qu'elles  seront  en  vie, 
quoique  les  lois  leur  pernieltent  de  le  faire.  Enfin  lo 

CI)  L.  0  de  divinislnst.,  c.  23. 


1055 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


i056 


concile  de  Vénélie(caii.2)  dcraniOS,  suivant  le  même  jjj  Car  sur  le  fondement  qu'ils  établissaient  dans  les  pa- 
cnt  détendu  d'admettre  à  la  coni-  j    rôles  de  Jésus-Christ  touchant  Tindissolubiliié  du  Ma- 


espril,  avait  seulenicn 
inunion  les  époux  qui  se  séparent  de  leurs  fennnes, 
et  se  remarient  sans  les  avoir  convaincues  d'adultère. 
Ce  qui  ne  prouve  pas,  comme  le  prétendent  quelques- 
uns,  qu'en  cas  qu'ils  eussent  convaincu  juridiquement 
leurs  épouses  de  ce  crime,  ils  pouvaient  impunément 
contracter  Mariage  avec  d'autres;  mais  seulement  que 
les  cvèques  de  cette  assemblée  ont  voulu  réprimer 
l'abus  des  époux  qui,  sous  prétexte  d'adultère  de  leurs 
fennnes,  en  épousaient  d'autres,  sans  se  mettre  en  de- 
voir de  donner  des  preuves  de  leurs  désordres. 

De  tous  les  conciles  anciens  celui  qui  s'est  déclaré 
le  plus  ouvertement  sur  ce  sujet,  est  celui  de  Milève 
de  l'an  416,  qui  ne  laisse  aucun  nuage  ni  aucun  doute, 
cl  qui  parle  même  plus  positive.!. eut  là-dessus  que 
S.  Basile,  en  mettant  le  mari  et  la  femme  de  niveau, 
et  en  défendant  même  au  mari  répudié  par  sa  femme 
d'en  épouser  une  autre  du  vivant  de  la  première.  Sur 
quoi  il  veut  que  l'on  sollicite  le  prince  de  publier  une 
loi  impériale  (can.  17):  Plaçait  ut  secnmlUm  cvaiigeli- 
cainct  apostolicam  clisciplinain,  neqiic  dimissits  ab  uxo- 
re,  neque diitiissa  àmarito,  olteri  conjtuujantur ;  sed  ita 
maneanl,  mil  sibimct  recoucilientur.  Quod  si  contempse- 
rinl,ad  pœnitcnliam  redigantur.  In  quâ  causa  legem 
mperialein  petendam  promtilgari. 

C'est  sur  cette  décision  ,  qui  renferme  une  disci- 
pline plus  ancienne,  fondée  sur  la  tradition  aposto- 
lique, que  l'église  latine  a  formé  ses  sentiments  et  sa 
conduite,  et  qu'elle  a  toujours  condamné  par  les  plus 
célèbres  de  ses  docteurs (1)  l'abusopposé,  nonobstant 
les  édits  des  princes  qui  l'autorisaient.  11  faut  pour- 
tant convenir  que  cette  décision  si  lumineuse  n'eut 
pas  d'abord  partout  le  même  succès,  que  la  vérité  ne 
prit  le  dessus  que  petit  à  petit,  et  qu'il  se  trouve  quel- 
ques conciles  (2)  et  quelques  lois  des  princes  chré- 
tiens, qui,  dans  les  temps  postérieurs  au  concile  de 
Milève,  ont  autorisé  l'abus  contraire;  et  que  ce  ne 
fut  proprement  que  dans  le  septième  et  le  huitième 
siècle  que  les  ténèbres  répandues  sur  ce  point  si  im- 
portant du  dogme  et  de  la  discipline  de  l'Eglise  furent 
entièrement  dissipées,  et  que  la  pratique  opposée  fut 
considérée  comme  un  véritable  abus.  Tiiéodore  de 
Canlorbéry  (5),  le  vénérable  Bède  (4),  Primasius  et 
un  concile  de  Nantes  du  dixième  siècle  (cap.  12)  nous 
la  représentent  sous  cette  idée,  aussi  bien  que  plu- 
sieurs autres  conciles  de  France,  et  les  papes,  entre 
autres  Jean  \1II,  dans  une  de  ses  lettres  à  Edelrède. 

Mais  ,  connne  dit  M.  Renaudot  (5),  si  rOccident  fit 
céder  les  lois  romaines  et  les  constitutions  de  plusieurs 
peuples,  qui  permettaient  le  divorce,  avec  la  liberté  de  se 
remarier  à  ceux  qui  avaient  convaincu  leurs  femmes 
d' adultère,  l' Orient  conserva  une  pratique  toute  contraire. 

(1)  Hieron.  ep.  10;  Ambros.,  1.  1  de  Abraham,  c. 
4  et  7. 

(2)  Le  concile  d'Agdecn  506,  c.  2.5.  (Voyez  ce  qui 
a  été  dit  au  conuuencement  de  ce  chapitre.) 

(3)  In  c.  lOMarci. 

(4)  In  7  c.|l  ad  Coi' 

(5)  L.  6dc  hPerpêluUé  de  la  Foi,  c.  7,  toni.  5. 


riagc,  les  Orientaux  la  reconnaissaient  telle,  qu'ils 
n'accordaient  pas  le  divorce  en  plusieurs  cas  aux- 
quels les  lois  romaines  le  permettaient.  Mais  trouvant 
que  Jésus-Christ  avait  excepté  l'adidtèrc,  ils  enten- 
dirent ces  paroles  de  telle  manière  qu'ils  crurent  que 
le  divorce  entier,  enfermant  la  liberté  de  se  remarier, 
pouvait  en  ce  cas-là  être  accordé  :  et  telle  a  été  et 
est  encore  présentement  la  pratique  de  toutes  les 
églises  orientales. 

L'église  latine,  sans  approuver  ccl  abus,  l'a  toléré 
dans  les  Grecs,  et  ne  les  a  pas  contraints  de  l'abandon- 
ner dans  les  différentes  réunions  des  deux  églises,  qui 
se  sont  faites  de  temps  en  temps.  Au  concile  de  Flo- 
rence, cette  difficulté  fut  proposée  aux  Grecs  ;  mais  ce 
ne  fut  qu'après  la  publication  solennelle  du  décret 
d'union,  qu'on  leur  fit  cette  question  avec  quelques 
autres,  sur  lesquelles,  selon  les  actes  grecs,  et  même 
selon  les  actes  latins,  ils  répondirent  à  la  satisfaction 
du  pape.  On  ne  sait  pas  quelles  furent  ces  réponses  : 
mais  il  est  certain  que  le  pape  n'ajouta  rien  au  décret, 
que  l'union  fut  publiée  et  l'acte  signé;  qu'ensuite  les 
Grecs  partirent  pour  aller  à  Venise,  où  ils  s'embar- 
quèrent pour  retourner  à  Constantinople. 

Arcudius  (1  )  a  traité  cette  matière  fort  au  long,  et  il 
a  rapporté  un  grand  nombre  de  témoignages  des  Pères 
grecs  pour  prouver  l'indissolubilité  du  mariage ,  mais 
la  plupart  ne  prouvent  pas  le  point  principal,  qui  est 
le  cas  de  l'adultère.  Le  concile  de  Trente  (2)  a  fixé 
sur  cela  nos  sentiments ,  en  établissant  ce  qui  avait 
été  cru  dans  l'Église  depuis  plusieurs  siècles,  et  qui 
était  reçu  généralement  dans  toute  l'Église  latine, 
lorsqu'il  lit  celte  décision  :  Si  quelqu'un  dit  quel" Eglise 
est  en  erreur ,  lorsqu'elle  a  enseigné  et  qu'elle  enseigne , 
suivant  lu  doctrine  évangélique  et  apostolique,  que  le  lien 
du  Mariage  ne  peut  être  dissous  à  cause  de  l'adultère  de 
l'une  des  deux  parties,  etc.,  qu'il  soit  anatlième.  Kien 
n'est  plus  mesuré  ni  plus  prudent  que  ce  que  lit  le 
concile  sur  cette  matière  ;  il  justifia  la  doctrine  an- 
cienne de  l'Église  latine ,  que  les  Luthériens  atta- 
(juaient  témérairement ,  sans  donner,  dit  M.  Renau- 
dot (5) ,  aucune  atteinte  directe  ou  indirecte  à  la  pra- 
tique des  Grecs,  qui  était  fondée  sur  l'opinion  de 
plusieurs  Pères  ;  comme  l'Église  grecque,  même  de- 
puis le  schisme ,  n'a  pas  condamné  dans  les  Latins 
l'opinion  qu'ils  avaient  que  le  lien  du  Mariage  n'était 
pas  rompu ,  même  pour  cause  d'adultère.  C'est  une 
vérité  qui  a  été  reconnue  par  l'historien' le  moins 
suspect  de  favoriser  la  cour  de  Rome  (4),  qui  remar- 
que en  même  temps  que  les  ambassadeurs  de  la  ré- 
publique de  Venise  obtinrent  que  le  canon  serait 
conçu  de  la  manière  dont  il  est,  ayant  représenté 
qu'elle  avait  dans  ses  États  de  Chypre,  de  Candie,  de 
Corfou',  de  Zanthe  et  de  Céphalonie,  des  Grecs  qui, 

(1)  L.  7,0.  2etseq. 

(2)  Sess.  24,  can.  5. 

(3)  Tom.  5,  p.  451. 

(4)  Histoire  du  concile,  parFra-Paol.,  1.8. 


MAniACn.  —  criAl'.  VI.  EMri'.CIIF.MFJSTfi  DE  MARIAGE. 


ior.7 

depuis  un  temps  Irès-ancien ,  avaient  la  coutume  de  ! 
répudier  la  femme  adultère  et  d"en  prendre  une  au-  1 
Ire,  et  qu'ils  n'avaient  jamais  été  condamnés  ni  repris  j 
pour  cola  par  aucun  concile  ;  ([u'il  n'éiail  pas  juste  de  , 
les  condamner  étant  abienls,  cl  n'ayant  point  été  ap-  | 
pelés  à  ce  concile. 

Les  autres  Chrétiens  orientaux  sont  presque  dans  I 
les  mèn)es  senlimenls  et  dans  In  même  discipline  (pie 
les  Grecs,  et  il  ne  laut  pas  s'en  étonner,  puis^jne  les 
nations  orientales  sont  extrêmement  portées  à  la  jalou- 
sie. C'est  pourquoi  plusieurs  ont  retranché  des  leçons 
ordinaires  de  l'Évangile  lliistoirc  de  la  femme  adul- 
tère, ne  voulant  pas,  ce  semble,  que  l'indulgence  que 
Jésus-Christ  eut  pour  elle  fit  Irop  d'impression  sur 
l'esprit  de  leurs  femmes  :  et,  par  cette  raison,  elle  ne 
se  trouve  pas  dans  plusieurs  exemplaires  des  Évangiles 
syriaques,  connue  dans  celui  sur  lequel. fut  faite  la 
première  édition  à  Vienne 


<0"8 


se  couditise  selon  le  don  particulier  qu'il  a  reçu  du  Sei- 
gneur ,  et  selon  l'élut  dans  lequel  Dieu  l'a  appelé.  Et 
c'est  ce  que  j'ordonne  dans  toutes  les  Kijlises. 

C'est  citnforménient  :>  cet  averlissement  de  l'Apôtro 
que  la  pratique  s'est  établie  de  dissoudre  les  mariages 
dans  certains  cas,  quand  une  des  parties  se  convertit 
à  la  foi.  Ce  qui  ne  se  doit  pas  i)ourlanl  faire  légère- 
ment, mais  seulement  quand  il  y  a  un  péril  éminent 
de  subversion ,  soit  qu'il  procède  de  violence  ou  de 
séduction,  ou  quand  l'infidèle,  par  haine  contre  la  foi, 
abandonne  la  partie  qui  l'a  embrassée.  Le  pape  Inno- 
cent III  (1) ,  après  S.  Ambroisc  (2)  et  S.  Jean  Chry- 
soslôme  (5),  a  entendu  en  ce  sens  le  texte  que  nous 
venons  de  citer.  Hors  ce  cas ,  dit  Domi,:i(|ue  Soto,  il 
n'e>l  pas  probable  que,  quoi  qu'en  disent  plusieurs 
canonistes,  le  pape  puisse  rompre  le  lien  du  .Mariage, 
quand  nièine  il  n'aurait  pas  été  consommé,  parce  que 
le  Mariage  est  indissoluble  de  droit  divin,  comme  le 
Quoique  la  doctrine  de  l'Église  latine,  ou  plutôt  de      pape  Adrien  VI  l'a  reconnu  lui-même,  selon  l'auteur 


toute  l'Eglise  touchant  l'indissolubilité  du  Mariage , 
soit  appuyée  sur  les  oracles  de  Jésus-Christ  (.Malb. 
19),  qui  a  interdit  le  divorce  et  a  rappelé  les  choses  à 
leur  première  institution  ;  quoique  l'Apôtre  ait  parlé 
très-expressément  de  cette  matière  (i),  il  faut  conve- 
nir qu'il  est  certains  cas  dans  lesquels  ce  lieu  ,  sacré 
et  inviolable  en  tout  autre,  peut  être  rompu.  Le  pre- 
mier dont  nous  aurons  occasion  de  parler  ailleurs , 
est  lorsque  les  deux  époux,  ou  même  l'un  des  deux 
fait  vœu  de  chasteté  dans  une  religion  approuvée , 
pourvu  que  le  mariage  n'ait  point  été  consommé.  Le 
second  est  lorsqu'une  des  deux  parties,  étant  dans 
l'infidélité,  se  retire  de  l'auire,  ou  met  des  obstacles 
invincibles  à  son  salut  :  car  alors  il  est  permis  à  la 
partie  fidèle  de  se  pourvoir  ailleurs  en  contractant 
une  nouvelle  alliance  ,  si  elle  ne  se  sent  pas  assez  de 
force  pour  soutenir  l'état  du  célibat  :  ce  qui  néanmoins 
ne  se  doit  faire  que  dans  une  grande  nécessité,  et  lors- 
qu'il est  en  quelque  sorte  impossible  de  faire  son  sa- 
lut dans  la  première  alliance.  Cela  n'est  point  de  sim- 
ple conseil,  mais  de  précepte,  connne  l'enseignent  les 
plus  savants  commentateurs  (2). 

Co  que  nous  disons  ici  est  fondé  sur  ces  paroles  de 
l'Apôtre  (ô)  :  l'our  ce  qui  est  des  autres,  ce  n'est  pas  le 
Seigneur,  mais  c'est  moi  qui  leur  dis,  que  si  un  fidèle  a 
une  femme  qui  soit  infidèle,  laquelle  consente  de  demeu- 
rer avec  lui,  qu'il  ne  se  sépare  point  d'avec  elle;  et  que, 
de  même,  si  une  femme  fidèle  a  un  mari  qui  soit  infi- 
dèle, lequel  consente  de  demeurer  avec  elle,  qu'elle  ne  se 
sépare  point  d'avec  lui  :  car  le  mari  infidèle  est  sanctifié 
par  la  femme  fidèle...  Que  si  le  mari  fidèle  se  sépare 
d'avec  sa  femme  qui  est  fidèle,  qu'elle  le  laisse  aller, 
parce  qu'un  frère  ou  une  sœur  ne  sont  plus  assujettis  en 
celte  rencontre.  Mais  Dieu  nous  a  appelés  pour  vivre  en 
paix.  Car  que  savez-vous,  à  femme,  si  vous  ne  sauverez 
point  votre  mari?  et  que  savez-vous  aussi ,  ô  man,  si 
vous  ne  sauverez  point  votre  femme  ?  Mais  que  chacun 

(1)  Rom.  7,  v.  2ct  seq.,  cl  i  Cor.  1,  v.  10  et  U. 

(2)  Estius  in  7  c.  1  ad  Cor.,  v.  17. 
(ô)  IGor.  7,v.  12  et  seq. 


des  Conférences  de  Paris,  tome  I,  p.  440. 

CHAPITRE  YL 

De  la  nature  des  cmpccliemoils  de  mariage  en  général. 
Que  la  puissance  ecclésiastique  et  la  séculière  ont  droit 
d'en  établir  d'irritants.  Usage  que  l'une  et  l'autre  ont 
fait  de  leur  pouvoir  en  ce  point.  Différentes  manières 
dont  ces  empêchements  ont  été  établis. 
Entre  les  empêchements  de  mariage,  il  y  en  a  qui 
sont  fondés  sur  le  droit  naliu'cl,  d'autres  sur  les  lois 
civiles  et  d'autres  sur  les  lois  ecclésiastiques  approu- 
vées par  les  princes  (4). 

C'est  la  loi  naturelle  qui  a  fait  melire  au  nombre 
des  empècliemenls  dirimants  l'erreur  de  la  personne, 
la  violence  et  l'impuissance.  En  effet,  celui  qui ,  vou- 
lant épouser  une  personne,  promet  foi  de  mariage  à 
une  autre ,  ne  peut  jamais  être  censé  avoir  donné  un 
consenlemenl  valable  ,  tant  que  son  erreur  subsiste, 
la  première  règle  des  engagements  étant  que  les  par- 
ties connaissent,  ou  du  moins  puissent  connaître  à 
quoi  elles  s'engagent.  La  liberté  n'est  pas  moins  es- 
sentielle que  la  connaissance  pour  la  validité  des 
Ciigagements;  ainsi  la  violence  donne  une  allcinte 
directe  à  la  nature  du  contrat ,  qui  consiste  dans  un 
consentement  respectif  des  parties;  conscnlementqui, 
devant  procéder  de  la  volonté,  ne  peut  jamais  s'accor- 
der avec  la  violence.  L'impuissance  doit  être  aussi 
nnse  au  nond)rc  des  enipèchemenls  diriujants  établis 
parla  loi  natm-elle;  car  une  dos  prineipaics  vues  du 
Mariage  étant  de  donner  des  sujets  à  l'Élat,  et  de  r:^u- 
fermer  dans  de  justes  bornes  les  mouvemenîs  que  l.i 
nature  inspire,  on  ne  peut  douter  qu'elle  ne  réprouve 
les  mariages  conlractr's  i)ar  tics  personnes  qui  so.nt 
hors  d'état  de  satisfaire  à  ces  obligations.  On  ne  peut 
regarder  aussi  que  conni'.c  un  elTei  des  sentiments 
naturels  l'euipêchemcnt  dirimant  de  la  parenté  en 

(1)  Kxlra.  de  Divortiis.  c.  Quanl'o  cl  c.  Caudcmus. 

(2)  In  Luc.  16. 

(ù)  ChrysfiSl.MU  7  c.  1  ad  Cor. 
(4)  Loisccclés.,  p.  458. 


1059 

ligne  (lircclc,  qui  a  été  conserve  chez  Ions  les  peuples 
polices.  On  rcgordc  aussi  comme  une  conséquence  de 
la  loi  naturelle  la  défense  de  se  marier  dans  le  pre- 
mier degré  de  la  parenté  collatérale. 

L'empêchement  diriniant,  dans  des  degrés  plus 
éloignés,  a  été  d'abord  établi  par  l'empereur  Théo- 
dose,  qui  a  défendu  le  Mariage  entre  les  enfants  des 
frères,  ou  des  frères  et  sœurs;  ensuite  rÉj;lise  a 
étendu  la  défense  jusqu'au  septième  degré  ;  puis,  dans 
le  concile  de  Latran ,  tenu  sous  Innocent  III,  elle  l'a 
réduite  au  quatrième.  Les  empêchements  diriniants 
qui  viennent  des  vœux  solennels  ou  des  ordres  saciés 
sont  purement  ecclésiastiques ,  comme  celui  de  pa- 
renté au  troisième  et  au  quatrième  degré,  et  celui  de 
raflinilé  spirituelle.  L'Église  latine  a  d'abord  con- 
damné les  mariages  des  prêtres  et  des  religieux;  elle 
a  privé  des  fonctions  de  leur  ordre  et  de  la  commu- 
nion ecclésiastique  ceux  qui  contrevenaient  à  celle 
loi  ;  ensuite  les  Églises  particulières  ont  déclaré  nuls 
ces  sortes  de  mariages  ;  puis  leur  décision  a  été  adop- 
tée par  toute  l'Église  latine,  et  confirmée  par  l'appro- 
bation des  princes  séculiers. 

Ces  empêchements  n'ont  pas  été  les  mêmes  en  tous 
les  temps  et  en  tous  les  lieux,  excepté  ceux  qui  sont 
fondés  sur  la  loi  divine,  soit  naturelle,  soit  positive. 
Diverses  occasions,  et  l'expérience  du  passé  les  a  fait 
établir  par  les  princes  et  par  l'Église,  soit  séparé- 
ment, soit  en  concourant  ensemble  à  cet  établisse- 
ment. Tout  le  monde  sait  qu'avant  le  concile  de 
Trente  on  n'en  comptait  que  douze,  et  qu'ils  sont  pré- 
sentement au  nombre  de  quatorze  ;  le  concile  ayant 
jugé  à  propos  d'y  ajouter  le  rapt  et  la  clandestinité. 
On  peut  les  voir  rapportés  dans  tous  les  théologiens,  et 
renfermés  dans  six  vers  que  nous  nous  dispenserons 
de  rapporter  ici  ;  d'autant  plus  que  nous  devons  Irailer 
de  tous  en  particulier.  Après  quoi  nous  parlerons 
d'une  autre  espèce  d'empêchements,  qui  ne  rendent 
point  les  mariages  nuls,  mais  qui  font  se(deincnt  que 
l'on  ne  peut  les  contracter  sans  péché,  à  moins  que 
l'on  en  ait  obtenu  dispense. 

Cette  diversité  d'empêchements  diriniants,  dont  les 
uns  viennent  de  la  loi  naturelle,  et  les  autres  ont  été 
établis  par  la  puissance  ecclésiastique  ou  par  les  |)rin- 
ces,  a  sa  source  et  son  fondement  dans  la  nature  du 
n)ariage,  qui  est,  comme  nous  l'avons  remarqué  dans 
le  premier  chapitre  de  cet  ouvrage,  en  même  temps 
contrat  naturel  et  civil ,  et  sacrement  ;  ce  qui  fait 
qu'outre  la  loi  naturelle  à  laquelle  il  est  soumis,  l'É- 
glise et  l'élal  ont  droit  de  prescrire  certaines  condi- 
tions, dont  l'inobservation  le  rend  nul. 

S.  Tliomas  (1)  autorisa  ce  droit  de  l'Église  par 
deux  raisons  :  voici  la  première.  Le  Mariage  étant  un 
sacrement,  l'Église,  à  qui  Jésus-Christ  en  a  confié  la 
dispcnsalion,  est  en  droit  d'en  exclure  ceux  qu'elle 
ne  croit  pas  y  devoir  admettre  selon  les  règles  de  la 
prudence  et  de  la  sagesse,  de  peur  qu'ils  ne  se  dam- 
nent dans  cet  élat,  ou  qu'ils  ne  s'en  servent  pour  au- 

(1)  Lib.  4,  contr.  génies,  c.  78. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  1060 

torisor  les  crimes  qui  peuvent  les  en  avoir  rendus  m- 
dignes. 

"Voici  la  seconde  (1),  que  M.  Gerbais  a  su  faire  va- 
I  loir  dans  le  traité  pa(in(|ue  qu'il  a  domié  sur  ce  sujet. 
Parmi  les  sacrements  de  la  nouvelle  alliance,  il  y  en 
a  qui,  outre  la  qualité  spirituelle,  ont  encore  certains 
devoirs  qui  leur  sont  attachés  ;  ce  sont  particulière- 
ment les  sacrements  qui  ne  sont  pas  seulement  insti- 
tués pour  la  sanctification  des  particuliers  qui  les 
reçoivent,  mais  encore  pour  le  bien  général  et  pour 
la  perfection  du  corps  de  l'Église  :  tels  sont  l'Ordre 
et  le  Mariage  ;  car  l'Ordre,  outre  la  qualité  de  sacre- 
ment, a  certaines  fonctions  spirituelles  qui  lui  sont 
propres,  comme  de  consacrer  le  corps  de  Jésus-Christ, 
d'absoudre  les  pécheurs,  etc.  Le  Mariage  de  même  a 
ses  fonctions  spiriiuclles,  comme  d'élever  des  enfants 
à  l'Église,  d'entretenir  la  société,  et  de  garder  la 
chasteté  conjugale.  Or,  l'Église  doit  exercer  sur  les 
sacrements,  auxquels  Dieu  a  attaché  des  fondions 
sjiiriluelles,  une  espèce  de  juridiction,  qu'elle  n'exerce 
pas  sur  les  autres  sacrements  qui  n'ont  point  de 
ces  fonctions,  et  qui  n'ont  que  la  qualité  de  sacre- 
ment; la  raison  en  est  claire  :  c'est  que  pour  s'acquitter 
dignement  de  ces  devoirs  et  de  ces  fonctions  spiri- 
tuelles, il  faut  être  dans  de  certaines  dispositions,  et 
avoir  une  certaine  capacité. 

On  ne  peut  nier  que  c'est  à  l'Église  d'examiner  ceux 
(|ni  ont  ou  qui  n'ont  pas  ces  dispositions.  C'est  à  elle 
de  pimir  ceux  qui  négligent  de  les  acquérir,  quand  il 
est  en  leur  pouvoir  de  le  faire  ;  et  c'est  à  elle  de  dé- 
clarer même  inhabiles  à  recevoir  ces  sortes  de  sa- 
crements, nu  à  en  exercer  les  fonctions,  les  personnes 
en  qui  elle  remarque  quelque  trop  grande  oi'.posilion, 
soit  à  la  dignité,,  soit  à  la  sainteté  des  fonctions  qui 
leur  sont  aliachées  ;  et  c'est  de  là  que  nous  voyons 
que  l'Église  use  de  suspense  et  d'interdit  à  l'égard 
des  ordres  et  des  personnes  ordonnées.  C'est  ce  qui 
lui  doiuie  le  droit  d'élablir  des  irrégularités,  qui  sont 
des  espèces  d'empêchemeuls,  qui  éloignent  certaines 
personnes  des  Ordres  sacrés,  ou  qui  les  rendent  inha- 
biles à  en  faire  les  fonctions.  C'est  pour  des  raisons 
toutes  semblables  que  l'Église  juge  des  contestations 
qui  arrivent  sur  le  Mariage,  qu'elle  punit  ceux  qui 
ne  suivent  pas  les  règles  de  bienséance  qu'elle  pres- 
crit aux  fidèles  qui  s'y  engagent,  et  qu'enfin  elle  dé- 
clare même  les  personnes  inhabiles  à  le  recevoir, 
quand  elle  remarque  en  elles  des  oppositions  trop 
grandes  aux  fins  et  aux  fonctions  spirituelles  de  <e 
sacrement.  Telles  sont  les  raisons  solides  sur  les- 
quelles est  appuyée  l'autorilé  qu'a  l'église  caiholi(iue 
d'établir  des  cmpêchemenls  diriniants  de  mariage, 
et  que  nous  avons  rappoi'tées,  pour  fermer  la  bouche 
à  certains  écrivains,  qui  lui  contcslent  ce  droit,  ou 
qui  prétendent  qu'elle  le  tient  de  la  libéralité  des 
princes. 

Les  princes  eux-mêmes  ont  reconnu  ce  droit  de 
l'Église,  et  l'ont  maintenue  dans  la  possession  où  elle 

(1)  Quodlib.  52,  art.  15. 


«061 


MARIAGE.  — CHAP.  YI.  EMPÊCHEMENTS  DE  MARIAGE. 


\mi 


a  toujours  été  de  régler  le  sacrement  de  Mariage.  Le 
roi  Clùlpéric  ayant  fait  rrrèter  Prôlcxlat,  cvêque  do 
Rouen  (l),siir  quelque  niéconlenloment  qu'il  avait 
de  lui ,  lit  assembler  un  concile  à  Paris  dans  la  basi- 
lique de  S.  PiiMre ,  et  l'y  ayant  fait  auicnor.  il  lui 
reprocha,  enire  aulros  choses  ,  d'avoir  douiit;  la  bénc- 
diclion  nuptiale  à  Mcrovce,  son  (ils,  et  à  Brunch.inl, 
tanle  de  ce  jeune  prince,  c'eslà-dire ,  veuve  de  Si- 
gebert  son  oncle  ei  frère  de  Chilpcric ,  cl  il  ajouta  : 
Jgnoriez-vons  ce  que  les  canons  ont  déterminé  en  celle 
vialière.  «  .1»  ignarus  eras  quœ  pro  Itàc  causa  canonuin 
<  slalula  sanxissenl  ?  >  Ce  prince  ne  pouvait  reconnaî- 
tre d'une  manière  plus  authentique  le  droit  qu'a  l'Église 
d'étabîir  les  empèciiemcnts  de  Mariage.  Eh,  comment 
ne  pas  reconnaître  une  aulorilé  dont  elle  a  si  souvent 
fait  usage?  Il  suffil  de  jeter  les  yeux  sur  les  écrits  des 
Pères,  sur  les  canons  des  conciles,  et  les  recueils  des  [ 
canons,  qui  ont  été  compilés  en  divers  temps,  pour 
s'en  convaincre.  Nous  aurons  lieu  de  les  citer,  quand  i 
nous  parlerons  de  chacun  des  empêchements  en  \)Ar- 
ticulier.  Le  pape  Sirice  parlait  de  ces  règlements  des 
conciles,  lorsque,  proscrivant  les  Mariages  des  reli- 
gieux ,  il  dit  que  le  droit  ecclésiastique  les  condam- 
ne ,  ecclesiaslica  jura  condemnanl.  \ 
Si  les  princes  avaient  accordé  ce  privilège  à  l'Église, 
il  en  resterait  quel([ue  vestige,  comme  on  en  voit  des 
différentes  concessions  qu'ils  lui  ont  faites.  Cepen- 
dant on  ne  voit  rien  de  semblable.  Si  l'Église  avait 
usinpé  ce  droit  sur  l'autorité  temporelle,  les  souve- 
rains n'eussent  pas  inan(|iié  de  le  revcndiijuer.  Cela 
eût  causé  du  trouble,  l'hisloire  nous  en  aurait  conservé 
la  mémoire.  Mais  bien  loin  qu'elle  en  lasse  mention,  ! 
il  paraît,  au  contraire,  par  la  conduite  des  empereurs 
et  des  rois  de  l'Europe,  qu'ils  ont  déféré  eux-mêmes 
à  ce  que  l'Église  avait  réglé  sur  ce  point,  et  que,  quand 
ils  ont  fait  des  lois  pour  les  mariages  de  leurs  sujets, 
si  ces  lois  se  sont  trouvées  quelquefois  contraires  à  j 
celles  de  l'Église,  elles  ont  été  sans  effet;  par  exem- 
jile,  dit  M.  de  Tillemont ,  par  une  loi  de  l'an  405 ,  j 
qu'on  lit  dans  le  Code  de  Juslinien  (2),  on  a  permis  [ 
les  Mariages  des  cousins  germains;  les  princes  ont' 
abandonné  celle  loi  et  ont  suivi  celle  de  l'Église.  Les  . 
lois  impériales  défendaient  à  une  veuve  de  se  remarier  | 
dans  Tannée  de  son  deuil,  sous  peine  d'infamie ,  et 
ri'.gllse  ayant  eu  plus  d'indulgence  pour  la  faiblesse 
du  sexe,  les  princes,  au  moins  dans  l'Occident,  ont 
suivi  son  impression  et  son  exemple.  Le  droit  civil 
ne  reconnaît  point  d'affinité  collatérale  ;  le  droit  cano- 
nique l'ayant  égalé  à  la  parenté  ,  les  princes  ont  re- 
noncé au  droit  civil  sur  ce  sujet.  Quand  l'Église  a 
étendu  la  défense  que  les  lois  faisaient  aux.  cousins 
germains  de  se  marier  ensemble  jusqu'à  des  degrés 
plus  éloignés,  les  empereurs  d'Orient  et  d'Occident 
ont  ordonné  qu'on  suivît  à  ce  sujet  les  canons  (5). 

Quand  Charlcmagne  répudia  sa  première  fournie,  il 
voulut  avoir  le  jugement  des  évèques.  Enfin  depuis  ce 

(i)  Greg.  Turon.,  1.  5  Hist.  Fran.,  num.  19. 
hl)  Celte  loi  est  d'Arcade  et  d'IIonorius. 
(5)  Capitular.  1.  5 ,  c.  7. 


temps ,  on  a  vu  en  tant  de  rencontres  -cs  rois  et  les 
princes  de  toutes  les  nations  se  soumettre  sur  ce 
point  au  jugement  de  l'Eglise,  et  l'histoire  eccîésias- 
li(liie  est  si  remplie  de  faits  qui  ont  rapport  à  celle 
matière,  que  je  crois  inutile  de  les  rapporter  ici.  Ceux 
qiii  seront  curieux  de  s'en  instruire,  |icuveiit  consul- 
ter les  Conférences  de  Paris  (1),  qui  représentent  en 
abrégé  ce  qui  s'est  passé  sur  ce  sujet.  Je  me  conten- 
terai seulement  de  remarquer  que  les  empereurs 
mêmes  de  Constanlinople  ont  cru  devoir  recourir  à 
l'Église  dans  ces  occasions,  et  obtenir  des  dispenses 
du  pape,  quand  il  y  av;iitlicu  de  douter  de  la  validité 
de  leurs  .Mai  iages.  t/esl  ainsi  (|u'en  usa  rempereur  Léon 
qui  vivait  dans  le  neuvième  siècle,  lequel  étant  ex- 
communié par  le  pati  iarche  Nicolas  pour  s'être  rcma- 
lié  une  quatrième  fois,  écrivit  au  p.ipe  Jean  Mil,  pour 
faire  réhabiliter  son  Mariage,  et  demander  une  dis- 
pense que  ce  pontife  lui  accorda.  Les  princes  sont  si 
convaincus  du  pouvoir  que  l'Église  a  reçu  de  Jésus- 
Christ  pour  établir  ou  ôter  les  empêchements  diri- 
mants,  qu'en  ces  derniers  temps  ce  sont  eux,  et  entre 
autres  Cl.aries  IX,  qui  ont  sollicité  le  concile  de  Trente 
d'établir  la  clandestinité  et  le  rapt  pour  empêchements 
dirimants. 

Quoique  l'Église  ait  le  pouvoir  d'établir  et  d'abolir 
des  empêchements  dirimants  de  Mariage,  il  n'appar- 
tient pas  à  tous  ceux  indifféremment  qui  sont  revêtus 
de  quelque  autorité  dans  l'Église  d'user  de  ce  pouvoir; 
et  nous  ne  voyons  pas  que,  dans  les  premiers  siècles, 
un  évêque  particulier  en  ait  jamais  usé  dans  son  dio- 
cèse. S.  Basile  (2),  après  avoir  donné  plusieurs  règles 
touchant  le  Mariage,  et  avoir  traité  de  plusieurs  em- 
pêchements, ajoute  qu'il  ne  prescrit  ces  règles  que 
parce  qu'elles  sont  autorisées  par  les  canons  des 
conciles.  Tout  le  pouvoir  qu'avaient  les  évoques  au- 
trefois au  sujet  des  empêchements  de  Mariage ,  était 
d'en  pouvoir  dispenser  leurs  diocésains  quand  \U  le 
jugeaient  à  propos.  C'est  ce  que  leur  permet  le  con- 
cile de  Calcédoine.  Les  Pères  de  ce  concile  (can.  16), 
après  y  avoir  établi  l'empêchement  du  vœu  ,  laissent 
aux  évèques  le  pouvoir  de  dispenser  de  la  pénitence 
canonique  les  religieux  qui  s'étaient  mariés. 

Mais  si  les  évèques,  chacun  en  particulier,  n'ont 
point  eu  ce  pouvoir,  ils  l'avaient  et  en  usaient,  lors- 
qu'ils étaient  réunis  en  conciles,  et  même  dans  les 
conciles  provinciaux.  11  n'y  a  pas  lieu  d'en  douter, 
quand  on  considère  que  la  plupart  des  empêcliemenls 
dirimants  doivent  leur  élablisscment  à  ces  assemblées. 
L'Église  universelle  a  agréé  et  adopté  les  canons  que 
ces  conciles  ont  faits,  et  ces  canons  avant  été  insérés 
dans  les  différentes  collections  du  droit,  ils  sont  de- 
venus des  règles  générales  que  l'on  a  suivies  depuis 
sur  celle  matière.  Le  concile  d'Elvire  (.1)  défend  à  un 
homme  d'épouser  en  seconde  ncee  la  sœur  de  sa 
première  femme,  et  il  Iraile  d'incestueux  un  beau- 
père  qui  épouse  la  (illc  de  sa  première  fennue.  Le 

(1)  Tom.  2,1.  I,  §4,  conférence  1. 

(2)  Ep.  ad  AmpiLilocluum. 

(3)  Can.  Gl  etUG. 


10G5 

cojicHc  de  Néocésnrcc  défoiul  à  une  femme  d'épouser 
successivcmeiil  les  deux  frères.  Le  second  concile  de 
Carlliage  (  can.  H  )  a  établi  la  continence  dos  minis- 
tres sacrés.  S.  Patrice,  dans  un  concile  tenu  en  Ir- 
laiiile  Tan  400 ,  a  prescrit  renipèchomcnt  du  vœu,  et 
menacé  d'excommiuiication  les  vieiges  qui  se  marie- 
raient. En  France  ,  en  Espagne ,  en  Angleterre  ,  en 
Allemagne  (1),  quantité  de  conciles  nalioiian\  et  pro- 
vinciaux ont  fait  des  règlements  sur  cette  matière. 
Tout  cela  est  passé  en  lois  dans  lÉglise  ,  et  de  là  ces 
règles ,  que  nous  appelons  eiupêclirineiiis  ,  ont  pris 
naissance,  ou  ont  été  renouvelé.-s ,  après  avoir  été 
abolies  parle  non-usage,  et  par  les  conlumes  con- 
traires, qui  s'étaient  insensiblement  introduites. 

Il  p:iraît  par  ce  détail  que  les  conciles  provinciaux, 
jusqu'au  douzième  siècle,  se  sont  conservé  dans  l'Oc- 
cident le  droit  de  statuer  sur  les  empêchements  diri- 
niantsdu  Mariage;  ils  jouissent  encore  de  ce  droit  dans 
l'Eglise  d'Orient,  connue  on  peut  s'en  convaincre,  en 
lisant  lo  droit  oriental  dans  Leunclavius  et  Bonddins. 
Mais  depuis  ce  temps ,  les  différentes  collections  du 
droit  ayant  fixé  les  règles  que  les  Chrétiens  doivent 
suivre  pour  leurs  Mariages  ,  nous  ne  voyons  pas  que 
les  conciles  provinciaux,  au  moins  pour  l'Occident, 
aient  rien  statué  sur  ce  sujet ,  et  ce  droit  semble  être 
dévolu  aux  conciles  générauv  (2) ,  qui  seuls  ont  éta- 
bli des  empêchements  dirimanls ,  ou  renouvelé  les 
anciens,  ou  aboli  ceux  qui  avaient  été  autrefois  en 
vigueur. 

On  s'est  contenté  dans  les  autres  assemblées  ecclé- 
siastiques de  régler  quelques  matières  de  discipline 
par  rapport  à  ce  sacrement ,  mais  sans  loucher  à  sa 
validité  ou  à  son  invalidité.  Je  ne  crois  pas  que  plu- 
sieurs théologiens  entrent  dans  le  senliment  de  M. 
d'IIéricoiu-t  (3)  qui  attribue  au  roi  Louis  XiV  un 
quinzième  empêchement  dirimant,  que   ce  prince  a 


Hli^TOIfΠ PES  SACkEMENTS. 


1064 


bre  ihéologien  (1),  qui  reconnaît  et  explique  d'ailleurs 
si  clairement  le  pouvoir  des  princes  en  ce  point ,  que 
les  princes  chrétiens ,  par  un  mouvement  de  piété  et 
par  respect  pour  l'Église,  lui  ont  depuis  longtemps 
abandonné  la  disposition  presque  entière  des  empê- 
chements et  des  conditions  du  Mariage  ;  en  sorte  que 
l'on  ne  tienne  dans  la  suite  pour  illégimes  aucuns  Ma- 
riages que  l'Eglise  ne  juge  pas  tels,  utjam  tmllum  cen- 
scatur  matrinionium  illcgirtmitm,  quod  Kccksia  Iule  non 
judicat. 

Je  laisse  aux  théologiens  et  jurisconsultes  la  déci- 
sion de  cette  question.  Mais  quoi  qu'il  en  soit,  il  est 
incontestable  que  les  princes  sont  en  droit ,  en  vertu 
de  leur  souveraineté,  de  faire  des  lois  sur  le  Ma- 
riage, et  d'établir  des  empêchements  dirimanls  quand 
ils  le  jugent  à  propos  pour  le  bien  de  létal  et  le 
repos  de  leurs  sujets.  Les  Romains ,  les  plus  sages 
des  législateurs  avant  et  depuis  le  christianisme,  en 
ont  fait.  On  peut  lire  dans  les  Instituts  de  Justi- 
nien  (2)  celles  que  Constantin  et  ses  successeurs  ont 
publiées.  Jusiinien,  après  les  avoir  rapportées,  ajoute 
(|ue  s2  Con  se  marie  contre  les  dispositions  de  la  loi ,  il 
n'y  a  pas  de  Mariage. 

Les  princes  qui  se  sont  mis  en  possession  des  pro- 
vinces romaines,  ont  fait  de  même.  Par  exemple,  en 
Espagne  un  des  rois  visigoths a  défendu  le  mariage  (5) 
entre  les  parents  jusqu'au  sixième  degré  :  il  a  ordonné 
que  ses  sujets  goths  et  romains  se  marieraient  selon 
les  dispositions  de  la  loi  romaine  ou  gothique.  H  vent 
même  que  les  mariages  qui  se  feront  dorénavant 
contre  la  disposition  de  ces  lois,  soient  déclarés  nuls. 
Les  princes  ostrogolhs  en  Italie  ont  aussi  autorisé  les 
lois  que  les  Romains  avaient  faites  pour  le  mariage. 
Cassiodore  rapporte  deux  formules  de  dispenses  que 
donna  Théodoric,  pour  permettre  deux  mariages  (4). 
Les  Lombards,  qui  s'emparèrent  de  l'Italie  après  que 


établi,  selon  lui,  et:ijoul('>  aux  quatorze  que  toute  l'É-  ||  les  Goths  y  curent  été  exterminés,  établirent  et  con- 


glise  reconnaît,  lorsfju'il  a  déclaré  nuls  les  Mariages 
célébrés  en  France  entre  les  Calvinistes  elles  Catho- 
liques. La  loi  de  ce  grand  prince  pourrait  avoir  lieu 
par  rapport  aux  effets  civils  :  mais  je  ne  sais  si  l'on 
devrait  regarder ,  en  vertu  de  cette  ordonnance,  le 
Mariage  de  ces  personnes  conmie  un  concubinage. 

Ce  n'est  pas  que  les  états  civils  cl  politiques  n'aient 
droit  de  faire  des  lois  sur  ce  sujet,  et  d'établir  des  con- 
ditions irritantes  par  rapport  aux  Mariages,  puisqu'eu- 
fin  le  Mariage  est  eu  même-temps  un  contrat  civil 
H  un  sacrement,  et  que  les  souverains  étant  directe- 
ment les  maîtres  du  contrat  civil,  qui  est  le  fondement 
et  la  base  du  contrat  ecclésiastique  ou  du  sacrement , 
ils  le  sont  aussi  par  conséquent  indirectement  de 
celui-ci.  Mais  ne  pourrait-on  pas  dire  avec  un  célè- 

(1)  Conciles  dWgde,  d'Orléans,  de  Paris,  etc. ,  pour 
la  France;  deSalgnestad,  de  Maijence  et  de  Tribur , 
pour  r Allemagne;  de  Tolède  et  de  Saragosse  ,  pour 
C Espagne;  d'Emliam,  dans  le  onzième  siècle,  pour 
rAngtetcrre. 

(2)  Les  conciles  de  Latran  et  de  Trente. 
'^5)  Lois  ecclés.  p.  458  et  seq. 


■  1  - 

ai  firmèrent  des  empêchements  de  mariage,  à  la  sollici- 

'i  talion  du  Pape.  Rotaris  cl  Luitpraud,  leurs  rois,  ont 
de  plus  déclaré  nuls  (5)  les  mariages  entre  les  pa- 
rents,  et  même  entic  ceux  qui  sont  seulement  alliés 
sjùiituellemeni ,  pour  avoir  été  parrains  ou  mar- 
raines. 

Les  rois  de  France  de  tout  temps  ont  fait  de  sem- 
blables lois  au  sujet  des  mariages.  M.  do  Launoy  a 
fait  un  ouvrage  considérable  dont  la  plus  grande 
partie  est  employée  à  rapporter  ce  que  nos  rois  ont 
fait  ou  ordonné  sur  cela  ,  tant  de  leur  propre  mou- 
vement qu'à  la  prière  des  évêques  et  des  conciles. 
Les  souverains  pontifes  eux-mêmes,  et  entre  autres 
Sirice  (6)  et  Nicolas  I  (7) ,  ont  reconnu  ce  droit  et  ce 
pouvoir  des  princes ,  et  ont  cité  les  lois  qu'ils  avaient 

{i  )  Pierre  Soto ,  théologien  du  Pape  au  concile  de 
Trente.  Tract,  de  Matrim.,  scct.  A. 

(2)  Institut.  1.  l  ,  lit.  10  de  Nuptiis. 

■    (3)  Leg.  YiS'g.,  1.  5. 

(4)  L.  7  \arie. 

(5)  Leg.  Longol.,  1.  7. 
(G)  Ep.  ad  llymerium. 

(7)  lu  respons.  ad  Bulgares,  cap.  2. 


406' 


MARIAGE.  -  CHAP.  M.  EMPfXIIEMENTS  DE  MARIAGE. 


ioa() 


publiées  sur  celte  maiièrc  ;  comme  de  leur  côlé  les 
princes  chrétiens  ne  faisaient  rien  en  ce  genre,  sans 
avoir  pris  l'avis  des  évèqiies,  avec  lesquels  ils  agis- 
saient et  parlaient  de  concert ,  en  sorte  que  les  d(Mi\ 
'puissances  concouraient  dans  ces. heureux  temps  à 
rélablissemenl  des  empêchements  de  mariage ,  sans  j 
rien  entreprendre  ni  usurper  l'un  sur  l'autre.  Par 
exemple,  (juand  Ciiarlomngne  défend  à  un  homme 
d'épouser  sa  filleule,  on  de  se  marier  du  vivant  de  sa 
femme  (1),  il  ajoute  que  c'est  le  sentiment  des  papes, 
sic  Grcgorins  scusil;  cl  les  conciles  et  les  papes  ci- 
taient pareillement  les  lois  civiles ,  pour  donner  plus 
de  force  aux  canons  de  l'Église,  comme  il  a  été  dit 
ci-devant. 

Non  seulement  les  deux  puissances  ecclésiastique 
et  politique  ont  droit  d'établir  des  empêchements  de 
mariage  et  de  les  abolir;  mais  la  coutume  peut  avoir 
cet  effet,  lorsqu'elle  ne  contient  rien  de  contraire  au 
droit  divin  ,  soit  naturel ,  soit  positif,  contre  lequel  la 
prescription  ne  peut  avoir  lieu ,  lorsqu'elle  est  an- 
cienne, qu'elle  s'est  introduite  avec  l'intention  d'obli- 
ger ,  de  manière  qu'en  ne  s'y  conformant  pas  on  ; 
cause  du  scandale;  et  qu'enfin  lorsque  celui  qui  est 
le  dé|>ositaire  de  l'autorité  publique,  l'autorise  positi- 
vement, ou  que,  la  coiuiaissant,  il  la  tolère,  et  ne  la 
condamne  pas. 

La  raison  de  cela  se  tire  de  la  définition  de  la  cou- 
tume, dont  Gratien  (2),  après  S.  Isidore,  dit  qu'elle 
est  la  ciuse  et  la  source  des  lois  positives  ,  que  l'on 
fait  d'ordinaire  pour  l'autoriser,  (piand  le  prince  la 
trouve  juste.  C'est  pourquoi  S.  Augustin  enseigne  (3) 
que  la  coutume  a  force  de  loi ,  et  que  quand  il  n'y  a 
pas  de  loi  qui  la  condamne,  on  ne  peut  se  dispenser 
d'y  obéir  sans  causer  du  scandale,  et  sans  violer  les 
rgèlcs  de  la  charité. 

C'est  par  cette  voie  que  la  publication  des  bans 
avant  le  niariage  a  passé  en  loi  dans  l'Église  et  dans 
l'État ,  comme  nous  l'avons  vu  ailleurs.  C'est  par  là 
que  S.  Basile  décide  des  questions  très-difliciles , 
comme  il  a  été  dit  dans  le  chapitre  précédent.  C'est 
ainsi  que  l'empêchement  dirimant  de  la  diversité  de 
la  religion  a  été  introduit  dans  l'Église.  Enfin  c'est 
sur  ce  fondement  qu'en  l'année  1635,  les  évêques  de 
France  dans  l'assemblée  générale  du  clergé  étant  in- 
terrogés par  le  roi  Louis  XIII,  à  l'occasion  du  mariage 
de  Gaston  d'Orléans,  son  frère ,  avec  Marguerite  de 
Lorraine,  si  les  mariages  des  princes  du  sang,  faits 
sans  le  consentement  du  roi ,  ou  contre  sa  volonté , 
peuvent  être  valables  et  légitimes,  répondirent ,  selon 
leur  vérilable  sentiment  et  d'un  consentement  unanime , 
que  non  ;  attendu  ijue  les  coutumes  des  Etals  peuvent 
faire  que  les  mariages  soient  nuls  et  non  véritablement 
contractés,  (juand  elles  sont  raisonnables ,  anciennes, 
affermies  par  une  prescription  légitime  et  autorisées  de 
l'Eglise.  Ce  sont  les  paroles  des  évêques,  d'où  ils  con- 


(1)  Capiiular.  lo,  c.  5  et  6. 

(2)  Dist.  I,  c.  1. 

(o)  Ep.  ad  Casnionum ,  50. 

TII.  -VX. 


cluent  que  la  coutume  en  question  étant  telle,  ce 
mariage  est  illégitime  et  invalide,  pour  avoir  été  con- 
tracté sans  celte  condition.  Eu  conséfiuence  de  cette 
décision,  conforme  à  celle  de  plusieurs  docteurs  de  la 
faculté  de  Paris,  qui  furent  aussi  consultés  siir  cette 
matière,  le  niariage  de  ce  prince  fut  de  nouveau  réha- 
bilité en  face  de  l'Église,  du  consentement  du  roi, 
dans  le  château  de  Meudon  ,  par  l'archevêque  de 
Paris.  On  peut  s'en  convaincre,  dit  M.  de  Launoy, 
par  l'acte  qui  fut  fait  de  la  célébration  de  ce  ma- 
riage. 

Févret(l)  rapporte  plusieurs  exemples  qui  auto- 
risent cette  coutume  de  France,  et  entre  autres  le 
mariage  de  Louis-le-Bègue  avec  Ansgarde,  qui  fut 
cassé  quoiqu'il  en  eût  eu  deux  enfants,  parce  qu'il 
avait  été  fait  sans  le  consentement  du  roi,  son  père. 
Ce  prince  se  maria  ensuite  avec  Alix  ,  de  hiquclle  il 
eut  Charles-le-Simple,  qui  régna  après  lui ,  sans  que 
l'on  formât  là-dessus  aucune  conteslation.  Ce  que 
dit  cet  auteur  est  vrai  ;  mais  aussi  il  faut  avouer  que 
les  deux  princes  issus  de  la  première  femme  régnè- 
rent tant  qu'ils  vécurent  depuis  la  mort  de  leur  père, 
sans  qu'on  leur  ait  disputé  la  qualité  d'enfimts  légi- 
times, et  le  droit  à  la  couronne. 

Il  est  inutile  d'ajouter  ici  que  c'est  la  coutume  de 
réhabiliter  les  mariages  qui  se  sont  faits  avec  des 
empêchements  dirimanls ,  pourvu  que  ces  empêche- 
ments ne  soient  point  du  nombre  de  ceux  qui  dépen- 
dent du  droit  divin,  soit  naturel,  soit  positif,  dont  les 
hommes  ne  sont  point  en  droit  de  dispenser  :  mais 
qu'ils  soient  fondés  seulement  sur  le  droit  humain, 
ecclésiastique  ou  civil.  Dans  ce  cas,  il  est  à  propos  , 
pour  le  repos  des  familles,  de  dispenser  des  lois  qui 
ont  été  faites  là-dessus,  et  ces  dispenses  peuvent  être 
valablement  et  légitimement  accordées  par  les  mêmes 
puissances  qui  les  ont  établies. 

On  peut  dire  même  en  un  sens,  qu'un  mariage  con- 
tracté avec  des  empêchements  qui  procèdent  du  droit 
divin,  peut  être  réhabilité.  Par  exemple,  une  fille  ra- 
vie ,  qui  a  contracté  un  mariage  avec  celui  qui  l'a 
enlevée,  peut  ratifier  ensuite  le  mariage,  en  v  con- 
sentant: Un  homme  qui  par  erreur  a  épousé  une 
femme ,  croyant  en  épouser  une  autre,  peut  aussi  ra- 
tiher  ce  mariage,  en  agréant  la  personne  qui  d'abord 
lui  était  inconnue.  Mais  hors  ces  cas,  et  peut-être 
quelque  peu  d'autres  de  cette  espèce ,  il  est  certain 
que  les  mariages  contraires  à  la  Joi  divine,  soit  natu- 
relle, soit  positive ,  sont  non  seulement  nids  de  plein 
droit,  mais  qu'ils  ne  peuvent  être  réhabilités  en  au- 
cune manière.  On  peut  dire  même  que,  dans  le  cas 
que  nous  venons  de  représenter,  le  mariage  n'est  pas 
tant  réhabilité  que,  fait  pour  la  première  fois;  ne 
pouvant  subsister  en  aucune  manière  sans  le  consen- 
tement libre  des  [)artics,  ni  entre  des  personnes  qui 
ignorent  de  fait  ceux  ou  celles  avec  qui  ils  font  al- 
liance. 


(1)  L.  o,  c.  1 ,  nimi.  l). 


5-i 


4067  HISTOIRE  DES  SACREMENTS 

CHAPITRE  \1I. 

Des  empêchements  dmmants,  de  l'erreur,  du  crime,  de  la 
violence  et  de  la  condition.  Diverses  particularités 
touchant  les  niuriiKjes  des  serfs  et  gens  de  main- 
morte. 

Comme  nous  ne  traitons  la  matière  des  sacrements 
qu'en  simples  iiistoricns,  il  est  quelques-uns  des  cni- 
pèchenienls  do  mariage  sur  lesquels  nous  parlerons 
fort  succ'.iiicteuieiU,  laissant  aux  canonisles,  et  à  ceiiv 
qui  s'appli(iuent  à  décider  les  cas  de  conscience,  à  ap- 
profondir cotte  matière  qui  est  proprement  de  leur 
ressort.  11  en  est  d'autres,  au  contraire,  sur  lesquels 
nous  serons  obligés  de  nous  étendre ,  pour  laire  con- 
naître les  divers  ciiangements  arrivés  dans  la  discipline 
de  lÉglise  ,  et  les  principaux  faits  (jui  y  ont  rapport. 
Les  quatre  empécliemenls  qui  sont  énoncés  dans  le 
titre  de  ce  chapitre,  sont  delà  première  espèce;  Diis- 
loire  nous  fournit  peu  de  faits  sur  ce  qui  les  regarde. 
Les  trois  premiers  ont  un  rajiport  si  marqué  avec  la 
loi  nalm-elle,  qu'il  y  a  eu  sur  cela  peu  de  variété  dans 
l'Église  ;  et  nous  ne  nous  étendrions  pas  beaucoup  da- 
vantage sur  le  quatrième,  qui  est  aussi  fondé,  quoique 
moins  directement,  sur  le  droit  naturel,  si,  à  l'occa- 
sion du  mariage  des  esclaves ,  nous  ne  parlions  do 
quelques  particularités  assez  curieuses,  qui  regardent 
les  mariages  des  serfs  et  gens  de  main  -  morte ,  des- 
quels il  reste  encore  quelques  traces  dans  certains 
endroits. 

L'eneur  qui  forme  un  empêchement  dirimant  de 
mariage,  n'est  pas  celle  des  qualités  accidentelles  de 
la  personne,  telle  que  la  fortune  ou  autres  semblables, 
mais  celle  qui  tombe  sur  la  personne  même.  Par 
exemple ,  celui  qui  a  épousé  une  femme  débauchée 
qu'il  croyait  être  une  fille  très-sage,  ou  qui  a  épousé 
une  fille  pauvre  et  roturière  qu'il  croyait  être  noble  et 
très-riche,  ne  peut  pas,  dit  le  droit,  la  quitter  ni  faire 
casser  son  mariage  pour  en  épouser  une  autre.  Il  est 
légitime,  à  peu  près  de  nièui'»  qu'un  marché  lient,  selon 
le  droit  civil ,  si  l'on  a  acheté  une  terre  ou  tnie  vigne 
que  l'on  croyait  bonne  et  fertile ,  mais  qui  se  trouve 
néanmoins  ingrate  ou  mauvaise;  parce  que  c'est  la 
personne  que  l'on  épouse  et  non  pas  ses  biens.  Ce 
n'est  donc  que  l'erreur  quant  à  la  personne,  qui  rend 
le  mariage  nul  :  comme ,  par  exemple ,  si  Marie  , 
croyant  épouser  Pierre,  épousait  effectivement  Phi- 
lippe. 

Cependant,  dit  saiitl  Thomas,  l'erreur  quant  à  la 
qualité  et  à  la  noblesse  emporte  quelquefois  l'erreur 
quant  à  la  personne  :  c'est  ce  qui  arrive  lorsque  la 
personne  est  désignée  par  une  certaine  qualité  (!)  ou 
par  un  certain  degré  de  noblesse  qui  lui  est  particulier  ; 
par  exemple,  Louis  donne  son  consentement  en  faveur 
d'une  princesse  que  l'on  dit  être  la  fille  aînée  du  roi , 
et  l'héritière  présomptive  de  sa  couronne  ;  il  se  trouve 
que  cette  princesse  n'est  ni  l'une  ni  l'autre  :  la  sur- 
prise que  l'on  a  faite  à  Louis  emporte  la  surprise  quant 
à  la  personne,  parce  que  la  qualité  de  fille  aînée  d'un 


(1)  Conf.  de  Paris,  t.  2,  1.  2. 


i068 
roi  et  d'héritière  présomptive  de  sa  couronne  ne  peut 
convenir  qu'à  nue  seule  personne.  Dans  ce  cas,  le 
mariage  est  véritablement  nul,  parce  qu'il  y  a  erreur 
quant  à  la  personne. 

Les  crimes  qui  rendent  le  mariage  nul,  sont  l'ho- 
micide et  l'adultère ,  soit  séparément,  soit  tous  les 
deux  ensemble.  Tout  homicide  n'a  pas  cet  effet,  mais 
celui-là  seulement  (pii  se  fait  de  concert  par  les  deux 
parties,  dans  la  vue  et  riiitenliou  marquée  du  ma- 
riage :  c'est-àdire,  qu'il  fuit  (lue  celui  ([ui  tue,  par 
exemple,  soit  par  lui-même,  soit  par  (rawlres,  le 
mari  d'une  femme  dans  l'intention  de  l'épouser,  le 
fasse  de  concert  avec  elle,  et  que  cette  femme  donne 
des  marques  de  consentement  à  ce  meurtre,  pour 
que  le  mariage  qu'ils  contractent  ensuite  après  la 
mort  du  premier  mari  soit  censé  un  empêciiemenl 
dirimant. 

Pour  ce  qui  est  de  l'adultère,  saint  Léon  ne  veut 
pas  qu'il  soit  permis  d'épouser  celle  avec  qui  on  l'a 
connnis.  Saint  Augustin  néanmoins  croit  que  cela 
peut  être  permis  (1).  L'Eglise,  qui  respecte  l'un  et 
l'autre  de  ces  Pères,  a  marqué  dans  le  droit  quand 
la  chose  est  permise,  et  quand  elle  est  défendue. 
Selon  ces  règles,  l'adultère  devient  un  empêchement 
dirim;inl,  quand  ceux  qui  le  commettent  savent  l'un 
et  l'autre  qu'ils  se  rendent  coupables  de  ce  crime,  et 
qu'il  est  joint  à  la  promesse  d'un  futur  mariage. 

Si  cliacnn  de  ces  crimes  en  particulier  rendent  le 
mariage  nul,  quand  il  est  accompagné  des  circon- 
stances que  nous  avons  n)ar(iuées  ,  à  plus  forte  raison, 
lorsqu'ils  sont  réunis  ensemble  avec  les  mêmes  cir- 
1  constances.  Cependant  cet  empêchement  ne  vient 
point  directement  du  droit  naturel  :  David  se  maria 
légitimement  avec  Bersabée,  dont  il  avait  fait  mou- 
rir le  mari.  11  n'en  vient  qu'indirectement,  en  ce 
qu'il  est  juste  de  priver  les  méchants  du  fruit  de 
leur  crime,  et  d'empêcher  par  là  les  hommes  déréglés 
d'entrepiendre  sur  la  vie  de  leurs  femmes,  et  réci- 
proquement les  fennnes  de  former  le  noir  dessein  de 
se  défaire  de  leur  mari  pour  satisfaire  leur  passion, 
et  s'allier  avec  ceux  avec  qui  elles  ont  entretenu  un 
comuiercc  criminel  du  virant  de  leurs  époux.  Il  sem- 
ble, selon  le  pape  Célestin  UI  (2),  que  c'est  le  con- 
cile de  Trii)ur  (3),  dans  le  neuvième  siècle,  qui  le 
premier  a  arrêté  et  fixé  celte  loi  si  équitable  et  si 
conforme  au  droit  naturel,  en  déclarant  nuls  les  ma- 
riages des  veuves  et  veufs,  qui  contracient  de  secon- 
des noces,  après  s'être  servi  pour  y  parvenir  de  voies 
si  criminelles.  11  n'y  a  rien  de  réglé  sur  ce  sujet  dans 
l'église  grecque,  parce  qu'on  y  a  trop  d'horreur  des 
seconds  mariages. 

La  violence  est  si  direcloment  opposée  à  la  nature 
des  contrats,  de  quehiue  espèce  qu'ils  soient,  qu'il 
n'est  pas  surpenant  qu'elle  rende  le  mariage  nul, 
puisqu'il  est  de  tous  les  contrats  celui  (jui  loqnicrl 
le  plus  essentiellement  le  libre  consentement  des  deux 


(1)  L.  1  doNnpt.  el  Concnp.  «.  10. 

(2)  (;ap.    Laudabilem. 

(5)  (;an.   lielalum,  et  can   Si  quis  vivetile,  51,  q.  2. 


luoy 


MARIAGE.  —  CII.M'.   VII.  IvMPfcCHEMtNTS  DIRIMANTS. 


1070 


parlics.   En  cfft-t,  dans  les  ct>iilials  civils  on  ne  sli-  r  miissaiicc,  mais  on  celle  de  ceux  à  qui  ils  apparticn- 
pulc  que  de  ses  biciis  ;  mais  dans  celui  du  mariage  il 
s'agil  de  ralicnalion  de  sa  propre  personne,  qui  ne  se 
peul  faire  par  la  force  d'aucune   loi,   pas    môme,  dil 
Sanchoz  (I),  par  l'auloriléde  TEglise. 

l'A  en  celle  maliore  il  n'est  pas  seulement  (jucslion 
de  la  violence  proprement  dile,  qui  détruit  eiitière- 
menl  le  consentement,  parce  qu'elle  ôle  à  un  liou)mc 
sa  raison  et  sa  liberté  ;  mais  on  y  comprend  encore 
une  autre  espèce  de  violence,  qui  se  nomme  autre- 
ment une  crainte  grave,  qui  nous  fait  consentir  con- 
tre notre  propre  inclination. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  à  déterminer  précisément  en 
quoi  consiste  cette  crainte  grave,  sur  laquelle  les 
théologiens  et  les  «anonistes  font  de  grandes  disscr- 
laiions.  Il  suffit  de  remarquer  qj'il  faut  qu'elle  soit 
telle,  qu'elle  soit  capable  d'ébranler  et  de  faire  im- 
pression sur  une  personne  raisonnable,  et  qui  a  l'es- 
prit fort,  vietiis  caclens  in  consîuntem  vir'uin  :  do  ma- 
nière cependant  qu'il  est  juste  d'avoir  en  ceci  égard 
à  la  faiblesse  du  sexe,  de  Page,  de  réducali.)n  ;  puis- 
qu'il arrive  soiiver.t,  selon  la  glose  du  droit  (2),  et 
comme  le  décide  S.  Tliomas  (5),  qu'une  crainte  lé- 
gère peut  devenir  grave  par  rapport  à  la  personne,  et 
à  la  circonstance  dans  laquelle  elle  se  trouve.  Par 
exemple,  une  crainte  qui  serait  considérable  par  rap- 
port à  une  lille  accoutumée  à  respecter  un  père  ab- 
solu, qui  accompagne  ses  commandements  d'un  cer- 
tain ton  imposant,  et  dont  la  colère  s'est  fait  quel- 
quefois sentir  par  des  ellets,  ne  le  serait  pas  par 
rajiport  à  un  Iiomme,  qui  doit  avoir  plus  de  force  et 
de  résobilioii. 

L'empêchement  provenant  de   la  condilion  d'es- 
clave   n'est   pas  fondé    originairement  sur   le  droit 
naturel,  parce  que  l'état  d'esclave  n'est  pas  de  droit 
naturel,  mais  établi  seulement  par  le  droit  des  gens,  i 
jure  ijciiiium,  autjure  betli.  Cependant,  supposé  l'éta- 
blissement de  la  servitude,  il  est  en  quelque  manièie 
de  droit  naturel,  et    cela    par  deux  raisons.  La  pre-  j 
mière  est  tirée  de  S.  Thomas  (4),  cl  consiste  en  ce 
qu'un  esclave  n'est  pas  en  liberté  de  remplir  les  de- 
voirs et  les  engagements  de   ce  sacrement,  s'il  con- 
iracle  mariage,  sans  en  avoir  obtenu  la  permission 
de  son  maitre.  Car  c'e^t  en  ce  sens  que  la  condition 
a  élé  autrefois  un  empêchement  dirimant,    comme 
elle  l'est  encore  aujomd'hui,  supposé  que  celui  qui 
épouse  une  esclave  ignore  son  élat.  La  seconde  rai- 
sou  est  plus  forte  :  Saint  IJasUe  nous  la  fournit,  et 
nous  apprend  en  même  temps  quelle  était  ancienne- 
ment sur  ce  point  la  discipline  de  1  Eglise.  C'est  que 
les  esclaves  proiirement  dits,  tels  qu'il  y  en  avait  au- 
trefois dans  l'empire  Uomain  ,  et  (lu'il  y  en  a  encore  '. 
aujourd'hui  chez  les  Mahométans  ,  rie  sont  pas  en 
droit  de  transiger,  et  ne  peuvent  disposer  d'eux- 
mêmes;  leurs  personnes  étant  non  en  leur  propre  '■ 


lient. 

C'est  i)Ourqnoi  ce  grand  docteur  décide,  dans  son 
quaranlièmc  canon,  que  la  (ille  esclave  qui  se  donne 
à  im  Iionnne,  c'est-à-dire,  qui  se  n)arie,  coumicl  le 
crime  de  fornication,  èizip-nuaiv,  parce  que,  dit-il,  les 
conventions  de  ceux  qui  sont  sous  la  puissance  d'an 
autre,  ne  peuvent  subsister  :«i  yàp  <:ujOf,/.v.>.  tww  Otisç-îu- 
aiw  ojoàv  iyoj7i  /Scëxio..  Il  répèle  à  peu  près  la  mê- 
me chose  en  d'autres  termes  dans  son  canon  qua- 
rante-deuxième, et  semble  étendre  cette  règle  aux 
enfants  de  famille,  qui  sont  encore  sous  la  puissance 
paternelle.  Les  mariages  conlrac(és,cc  sont  ses  termes, 
sans  le  consentement  de  ceux  dont  on  dépend  sont  des 
fornications ,  Tropvsîai  eî^tv.  Cest  pourquoi  ceux  qui  du 
vivant  de  leur  père  ou  de  leur  seigneur  se  marient  ne 
sont  point  exempts  de  crime,  jusqu'à  ce  que  les  maîtres 
y  aient  consenti:  c'est  alors  que  cette  conjonction  devient 
un  véritable  mariage. 

11  y  avait  aussi  parmi  nous  du  temps  de  la  première 
race  de  nos  rois  des  esclaves  proprement  dits,  qui  se 
vendaient  et  s'achetaient  dans  les  marchés,  et  qui  ne 
pouvaient  en  rien  disposer  de  leur  persomie,  connue 
on  le  voit  par  Grégoire  de  Tours  (1),  cl  par  le  livre 
de  Marciilfe  (2),  qui  contient  les  formules  de  cette 
vente  :  mais  il  ne  paraît  pas  qu'ils  fussent  en  aussi 
grand  nombre  que  chez  les  Romains.  La  plupart  des 
serfs  chez  les  anciens  Gaulois  et  cîiez  les  Germains  , 
n'étaient  point  des  esclaves  de  cette  espèce,  comme 
l'a  remarqué  Tacite,  ils  étaient  domiciliés,  ayant  cha- 
cun leur  famille,  et  moyennant  certaine  quantité  ou 

I  de  blé,  ou  de  bestiaux,  ou  d'étoffes  qu'ils  rendaient 
à  leurs  maîtres, à  proportion  des  terres  qu'ils  tenaient 
d'eux,  ils  jouissaient  d'une  csjièce  de  liberté  en 
bien  des  choses.  Servis,  dit  cet  auteur  (5),  non  in 
nostrum  moreni,  descriptis  perfamiliam  ministeriis  ulun- 
tur  ;  frumenli  uwdum  doniinus,  aitt  pecoris,  aut  ve- 
stis,  injungit....  suam  quisque  familiam,  suos  pénales 

régit. 

Celte  liberté  néanmoins  était  fort  resserrée  pa 
rapport  au  mariage.  Ils  ne  pouvaient  communément 
les  contracter  sans  la  permission  des  seigneurs  dont 
ils  dépendaient.  Cela  parait  évidenmicnt  par  la  lettre 
d'Egliinard  (A)  à  un  certain  comte,  dans  laquelle  il  le 
prie  de  pardonner  à  un  de  ses  serfs,  qui  s'était  marié 
à  une  fenune  serve  de  même  condition,  quoiqu'elle  fût 
aus.i  sous  la  puissance  de  ce  même  seig;;enr.  Ceux 
à  qui  appartenaient  ces  serfs  exigeaient  d'eux  certai- 
nes sommes  d'argent,  pour  leur  accorder  la  permis- 
sion de  se  marier,  et  cette  somme  était  taxée  dilfé- 
remmcnt,  suivant  les  difl'érents  lieux  et  les  diverses 
coutumes,  tantôt  à  deux  sous  ,  tanlôl  à  six  deniers, 
plus  ou  moins.  La  chronique  de  S.  Reilin  raconte  de 
Sifride,  premier  comte  de  Gnines,  (juil  obligea  les  su- 


(i)  L.  1,  disp.  17. 
(2)  In  e.  Ciim  locuni,  de  Spons. 
(5)  S.  Thon).,  in  Supp,  q.  47,  a.  ^. 
(4)  In  4,  disl.  50,  q.  1.  «ut.  2. 


(i)  llist.  1.  5,  c.  15. 
(-2)  L.  2,  form.2;    Labb.  t.  2: 
(5)  De  .Moribus  (iermanorum. 
(4)  Ep.   '0  ad  llallonem. 


Miscell.  p.  493. 


4071 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


1072 


jets  serfs  de  son  comté  de  lui  payer  quatre  deniers  '|  draient  se   marier  pussent  trouver  des  femmes  dans 
par  chaque  mariage;   et  Tliistoire  de  Guines  porte 
(p.  28)  que  chacun  d'eux  payait  tous  les  ans,  le  pre- 
mier jour  d'octobre,  quatre  deniers  de  cens,   douze 
pour  le  mariage,  cl  cin(i  après  la  mort. 

Si  les  serfs  prenaient  alliance  avec  les  sujets  de 
quelque  autre  seigneur  que  le  leur,  c'était  une  espèce 
de  crime,  pour  lequel  ils  étaient  condamnés  à  une 
grosse  amende,  quand    ils   le  faisaient    sans  avoir 


les  lieux  dépendant  de  ce  propriétaire,  alors  ils  obte- 
naient facilement  la  permission  de  le  faire ,  et  pour 
une  somme  fort  modique;  et  même,  selon  la  coutume  . 
de  Vilry  (art.  14i),  le  seigneur  requis  sur  ce  n'était  i 
point  en  droit  de  refuser  celte  permission.  Ces  choses 
variaient  suivant  les  lieux.  Dans  la  coutume  de  la 
prévôté  de  Reims  il  est  dit  qn  Iwmme  de  corps  ne  peut 
prendre  par  mar'uup  femme  d'autre  condition  que  la 


préalablement  le  consentement  de  leurs  maîtres.  Dans  l  sienne,  sans  le  comjé  de  son  seigneur,  lequel  congé  ledit 
certains  endroits  la  chose  même  allait  si  loin,  que  ;  seigneur  ne  lui  baillera  si  bon  ne  lui  semble;  et  si  ledit 
leurs  mariages  étaient  déclarés  nuls.  C'est  ce  que 
porte  le  21'  capitulaire  d'Aliyton,  évèque  de  Bàle. 
Vbi  vcrb  mancipiu  non  unius,  sed  diversœ  poteslatis  in- 
jnncla  (uerint,  nisi  conseniienlibus  ulrisquc  dominis,  hu- 
jusmodi  copulalio  rata  non  crit.  Cela  est  bien  dur,  aussi 
ne  voyons-nous  pas  que  ce  règlement  ait  eu  lieu  com- 
munément :  nos  rois  même  dans  leurs  capilulaires  (i) 
ont  déclaré  que  ces  mariages,  quoiqu'llliciles,  étaient 
valides ,  aussi  bien  que  le  second  concile  de  Cliàlons 
(c.  50). 

Ces  sortes  de  mariages  de  serfs  attachés  à  la  terre 
d'un  seigneur  avec  ceux  ou  celles  qui  appartenaient 
à  un  autre  seigneur,  on  bien  d'un  serf  avec  une  femme 
libre,  ou  d'une  serve  avec  un  homme  de  condition  li- 
bre, ou  avec  un  franc,  suivant  l'expression  du  temps, 
s'appelait  fors-mariage,  c'ost-à-dirc,  mariage  con- 
tracté au-dehors  :  et  pour  avoir  la  permission  de  faire 
ces  sortes  d'alliances,  il  fallait  l'obtenir  à  prix  d'argent. 
D'où  vient  que  la  sonnne  qu'ils  devaient  donner  pour 
cela  se  nommait  aussi  communément  .fors-mariage, 
comme  il  paraît  dans  la  coutume  de  Troyes,  et  dans 
celle  de  Chaumonl  à  l'article  5 ,  dans  celle  de  Yitry 
art.  144,  et  dans  celle  de  Mcaux  art.  78. 

Quand  ils  le  faisaient  sans  en  avoir  obtenu  la  per- 
mission du  seigneur,  ils  encouraient  diverses  peines. 
Suivant  la  loi  des  Visigoths  (2) ,  une  fdle  d'une  autre 
terre  qui  se  mariait  avec  un  serf  appartenait  au  sei- 
gneur de  ce  serf,  elle  cl  ses  enfants.  Selon  la  coutume 
de  bretagne,  les  serfs  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  qui 
contrevenaient  à  celle  loi,  t';taienl  condamnés  aune 
grosse  amende.  "Voici  ce  qu'elle  porte  (5)  :  Es  lieux 
oii  on  a  coutume  de  prendre  feur-mariage,  le  seigneur 
de  la  main-morte  prend  pour  le  feur-mariage  de  la  femme 
mainmor table,  les  héritages  qu'elle  a  sous  lui,  et  au  lieu 
de  sa  main-morte ,  ou  autant  vaillant  quelle  emporte  en 
mariage,  au  choix  de  ladite  femme. 

Les  propriétaires  des  terres  avaient  établi  ces  lois, 
alin  que  leurs  biens  fussent  entretenus,  cl  que  leurs 
métairies  fussent  cultivées.  C'est  pourquoi  ils  ne  vou- 
laient pas  que  ces  serfs,  qui  faisaient  partie  de  leur  pa- 
trimoine, les  abandonnassent,  sous  prétexte  de  se  ma- 
rier ailleurs,  ni  qu'ils  passassent  ou  à  la  condition  des 
personnes  libres,  ou  dans  les  terres  des  autres  sei- 
gneurs. Cependant  quand  un  propriétaire  n'avait  point 
assez  de  sujets  pour  que  ceux  d'entre   eux  qui  vou- 


(1)  AdditioS;  Capitular.  c.  28. 

(2)  L.  3,  lit.  2,  §  5. 

(3)  Chap.  5,  an.  22. 


eigr 

homme  de  corps  prend  de  fait  sans  le  congé  de  son  sei- 
gneui  femme  d'autre  condition  que  celle  dont  il  est,  il 
cheoîl  pour  ledit  fors-mariage  envers  so)idit  seigneur  en 
amende  de  GO  sols  iin  denier.  Celte  permission  de  con- 
tracter mariage  avec  ceux  ou  celles  qui  appartenaient 
à  un  autre  seigneur,  ou  ceux  qui  étaient  nés  libres,  ne 
s'accordait,  daiisplusieiu'S  endroits,  qu'à  condition  que 
les  seigneurs,  aux  terres  desquels  l'homme  et  la  femme 
étaient  attachés,  partageraient  entre  eux  les  enfants 
qui  naîtraient  de  ce  mariage,  si  les  deux  époux  étaient 
de  condition  servile  (1)  :  en  sorle  néanmoins  que  si  le 
serf  d'un  seigneur  particulier  s'alliail  avec  une  fdle 
serve  du  domaine  du  roi,  les  enfants  appartenaient  au 
roi,  à  l'exclusion  du  seigneur,  comme  il  paraît  parla 
charte  des  nobles  de  Champagne  (2),  donnée  en  l'an 
1207.  Que  si  un  homme  libre  s'alliail  avec  une  femme 
de  condition  servile,  il  perdait  son  privilège,  et  deve- 
nait serf  lui-même,  selon  la  loi  desVisigotlis  (5),  etcelle 
des  Francs  (4).  La  même  peine  était  imposée  eri  Flan- 
dres à  ceux  qui  se  dégradaient  ainsi  eux-jnêmes, 
comme  le  témoignent  Galbert  (num.  12) ,  dans  la  vie 
de  Charles,  comte  de  Flandres,  et  plusieurs  autres 
auteurs.  Au  contraire  en  .\nglelerre  le  mari  libre 
aifrancliissait  sa  femme  cl  les  enfants  qui  naissaient 
de  son  mariage.  Voyez  dans  le  dictionnaire  de  Du- 
cange  (5)  les  diverses  coutumes  qui  avaient  lieu  sur 
ce  point  dans  les  différents  pays  ;  la  chose  est  assez 
curieuse,  cl  mérite  l'altenlion  du  lecteur. 

La  contrainte  oii  étaient  ceux  dont  nous  venons  de 
parler  par  rapport  au  mariage  était  sans  doule  Irès- 
onéreuse  :  aussi  quand  les  princes  accordèrent 
des  lettres  d'affranchissement  aux  serfs  de  leurs 
états ,  ils  eurent  soin  de  spécifier  en  particulier 
parmi  ces  privilèges  la  liberté  des  mariages.  C'est  de 
quoi  on  peut  se  convaincre  en  jetant  les  yeux  sur  les 
diverses  chartes  qui  furent  expédiées  sur  ce  sujet 
vers  la  lin  du  douzième  siècle  et  au  commencement 
du  treizième ,  cl  en  particulier  sur  celle  qu'obtinrent 
les  habitants  de  la  Sainlonge  de  la  reine  Aliénore  (6) 
<iui  de  son  chef  était  duchesse  de  Guienne ,  et  sur 
colle  de  Richard,  comte  de  Poitiers  ,  donnée  en  faveur 

(1)  Charla  episcopi  Paris.;  DuBreuil  1.2,  Hist. 
Paris,  cap.  3. 

(2)  Rogesl.  magnorum  dierum  Campani». 

(3)  L.5,  lit.  2,  §2el3. 

(4)  Lex  Salica,  lit.  27. 
S)  Tom.  5,  Servi 
[G)  Besli,p.  596. 


♦073 


MARIAGE.  —  CHAP.  VIII. 


des  habitanls  de  la  Rochelle  (1).  Je  leur  ai  accordé , 
est-il  dil  dans  celle  dernière,  de  marier  leurs  fils  el 
leurs  filles  comme  ils  voudront ,  leur  promettant  de  ne 
point  nnj  opposer,  et  de  ne  point  reclierclur  leurs  fils  et 
leurs  filles  pour  les  marier  contre  leur  volonté,  et  je  leur 
permets  de  se  défendre  si  quelqu'un  leur  fuit  violence  à 
ce  sujet.  La  cliarle  pour  i'éreclion  de  lu  commune  de 
.Ham,  en  Picardie ,  coniicnt  quelijue  chose  de  sem- 
blable. Il  y  est  dit  qu'il  sera  permis  à  l'avenir  à  un 
chacun  de  marier  son  (ils  et  sa  fille  comme  il  voudra, 
sans  le  consenlemeiit  du  seigneur,  et  sans  tomber  en 
forfaiture,  et  absque  ullo  foris  facto,  c'est-à-dire  ,  sans 
encourir  l'aniendc  ordinaire. 

On  trouve  dans  les  archives  des  villes ,  et  dans  les 
auteurs  de  ce  lemps-là  une  infinité  de  Charles  sem- 
blables ,  par  lesquelles  les  peuples ,  et  surtout  ceux 
de  la  campagne,  ont  recouvré  la  liberté,  dont  ils 
avaient  été  privés  si  longtemps  en  plusieurs  points 
ircs-importanls,  el  surtout  pour  ce  qui  regarde  les 
mariages  :  en  sorte  qu'en  France  ,  et  dans  la  plupart 
des  autres  pays  de  la  chrétienté,  cet  assujélissement 
si  gênant  cl  si  honteux  est  aboli,  et  qu'il  ne  reste 
plus  aux  seigneurs ,  par  rapport  à  leurs  vassaux , 
que  certains  droits  assez  bizarres,  dans  lesquels  quel- 
ques-uns se  sont  maintenus,  comme  de  faire  apporter 
le  premier  plat  du  festin  des  noces  à  leur  château, 
de  faire  assister  leur  sergent  à  ce  festin  avec  deux 
chiens  et  un  lévrier  et  quelques  autres  de  même  es- 
pèce, sur  lesquels  les  parlements  tranchent  de  temps 
en  temps  par  leurs  arrêts ,  surtout  quand  il  s'en 
trouve  de  contraires  aux  bonnes  mœurs. 

Depuis  l'abolition  de  ces  droits  des  seigneurs  parti- 
culiers à  l'égard  des  mariages  de  leurs  sujets,  nos 
rois  se  sont  conservé  quelque  chose  de  sendjlable  sur 
les  bâtards  et  les  étrangers  établis  dans  leur  royaume, 
que  l'on  appelle  pour  ce  sujet,  aubains ,  alibi  nati. 
Bacquel  {'2)  a  iraité  amplement  de  ces  droits,  sous  le 
litre  du  droit  d'Aubaine.  Après  avoir  rapporté  une 
instruction  sur  cette  matière  tirée  des  registres  de  la 
Chambre  des  Comptes,  il  .ijoute  :  Par  la  lecture  de  cet 
extrait,  on  peut  connaître  la  rigueur  qu'anciennement  on 
tenait  aux  étrangers  demeurant  en  France,  qui  était 
telle  qu'ils  ne  pouvaient  semarier  sinon  à  leurs  semblables 
tt  de  condition  pareille,  sinon  du  congé  du  roi  ou  de 
ses  officiers....  Et  s'ils  avaient  pris  parti  en  France  au- 
tre que  de  leur  condition  ,  d'autant  qu'en  ce  faisant  ils 
avaient  forligné ,  tels  étrangers  et  bâtards  étaient  tenus 
payer  au  roi  GO  sols  Parisis  d'amende ,  avec  le  droit  de 
formariage,  qui  était  la  moitié  ou  le  tiers  de  leur  bien 
applicable  au  roi,  selon  la  distiïielion  des  prévôtés;  et 
encore  qu'ils  eussent  obtenu  cette  permission ,  toutefois 
Us  devaient  au  roi,  pour  la  leur  avoir  accordée,  le  droit 
de  formariage  tel  que  dessus.  Bacquel  nous  apprend 
qu'il  y  avait  autrefois  dans  le  royaume  des  receveurs 
particuliers  de  ces  droits ,  qui  en  étaient  complablcs 
en  la  Chambre  des  Comptes;  mais  que  depuis  ils  ont 
été  perçus  par  les  receveurs  ordinaires  des  lieux , 

(i)  Besli,  p.  600. 

(2)  1"  partie ,  c.  3  et  4. 


EMPf:CIIE.MENTS  DE  VOEUX.  1074 

comme  il  paraît  par  un  compte  clos  le  18  août  1456 
on  la  même  clunubre. 

Comme  il  n'y  a  point  d'esclaves  en  France  depuis 
longtemps,  ni  même  dans  les  autres  pays  de  la  chré- 
tienté, rem|iêclicmcnt  de  la  condition  servile  (1)  est 
un  cas  très-rare  pisrini  nous  :  encore  n'a-l-il  lieu  de- 
puis le  douzième  siècle,  dans  l'église  latine ,  que  lors- 
que celui  qui  se  marie  à  une  esclave  ignore  sa  con 
dition  (2).  .Mais  chez  les  Grecs  l'ancienne  discipline 
s'est  conservée  sur  ce  point,  selon  le  moine  Mathieu 
Blastares  (3).  On  tient  pour  nul  le  mariage  d'une  per- 
sonne libre  avec  un  esclave ,  quand  même  celui  qui 
est  libre  aurait  été  informé  de  la  condition  de  l'es- 
clave. Passons  à  une  autre  matière. 
CUAPirUE  Vlll. 
De  l'empêchement  des  vœux,  tant  simples  que  solennels. 
Différence  de  ces  vœux ,  et  de  la  discipline  de  l'Eglise 
par  rapport  au  mariage  de  ceux  qui  y  sont  engagés. 

Tous  ceux  qui  connaissent  un  peu  l'esprit  de  la  re- 
ligion savent  quel  crime  c'est  de  violer  les  promesses 
que  l'on  a  faites  à  Dieu  librement  ;  mais  entre  ces  pro- 
messes ,  on  peut  dire  que  celle  par  laquelle  les  per- 
sonnes de  l'un  et  de  l'autre  sexe  ont  consacré  à  Dieu 
leur  virginité ,  est  une  des  plus  inviolables ,  et  que 
l'infraction  de  ce  vœu  est  celui  qui  entraîne  de  plus 
grands  scandales.  Aussi  ne  peut  on  lire  ce  que  les 
Pères  ont  écrit  sur  cela,  sans  être  pénétré  de  crainte, 
et  sans  ressentir  une  juste  horreur  à  la  vue  d'une 
telle  prévarication. 

Le  dessein  que  je  me  suis  proposé  dans  cet  ouvrage 
ne  me  permet  pas  de  m'étendre  là-dessus ,  et  ceux 
qui  voudront  s'instruire  sur  cette  matière  importante 
peuvent  consulter,  entre  autres  S.  Ambroise,  dans  le 
discours  adressé  à  une  vierge  qui  s'était  laissé  cor- 
rompre ,  et  les  lettres  de  S.  Grégoire  à  Venaniius. 
Nous  aurons  lieu  plus  bas  d'en  dire  quelque  chose. 
C'est  pour  prévenir  de  semblables  chutes,  que  S.  Cy- 
prien  (4),  S.  Ambroise  (o) ,  S.  Chrysoslôme  (6)  ont 
fait  ces  excellents  ouvrages,  dans  lesquels  ils  se  sont 
appliqués  à  instruire  de  leurs  devoirs  les  femmes  qui  se 
sont  consacrées  à  Dieu,  à  leur  découvrir  les  pièges  que 
le  diable  et  le  monde  leur  tend ,  et  à  leur  apprendre 
de  quelles  précautions  elles  doivent  user,  pour  se 
mettre  à  l'abri  des  dangers  auxquels  elles  sont  expo- 
sées. 

L'Église  n'a  donc  rien  eu  plus  à  cœur  de  tout  temps, 
que  d'empêcher  ceux  qui  s'étaient  consacrés  à  Dieu 
d'abandonner  un  état  si  saint,  el  elle  a  détesté  les 
mariages  que  contractaient  ceux  ou  celles  qui,  après 
s'être  engagés  dans  un  état  de  perfection  ou  de  péni- 
tence auquel  le  célibat  était  attaché,  le  quillaientpour 
passer  à  celui  du  Mariage.  Cependant  les  anciens  ne 

(1)  Dans  le  sens  rigoureux. 
("2)  Ivo  Carn. ,  ep.  221. 
(5.)  Quesi.  matriin. 
(■i)  De  Mabilii  virginum. 

(5)  L.  de  histiluîione  virginis,  et  1.  de  Virgini- 
tate. 

(6)  Des  femme$  sous-introduitet. 


Î075 


croyaient  pas  que  ces  mariages,  quoiqu'illiciles,  fus-  -j 
sent  nuls  ni  illégitimes.  L'Église  jusiiu'au  septième 
siècle  ne  regardait  point  le  vi^u  de  cliaslotc  ou  la  pro- 
iVssion  religieuse  comme  un  empèclioment  dirimanl. 
{•;ile  souliailait  pe-.il-ètre  qîie  celte  loi  fût  établie  : 
mais  comme  colle  sainte  mère  ne  fait  rien  qu'avec 
prudence,  et  ([u'elle  sentait  que  la  puissance  tempo- 
ri'lle  qui  devait  appuyer  une  loi  de  celle  nature  n'é- 
lait  point  disposée  alors  à  l'autoriser  en  cela  ,  elle  se 
conloulail  de  condamner  à  une  rigouieuse  pénitence 
ceux  qui  étaient  coupables  de  ce  désordre,  sans  pro- 
noncer sur  la  nullité  de  leurs  mariages. 

Saint  Augustin  (1)  nous  apprend  quel  était  sur  ce 
point  l'esprit  et  la  discipline  de  l'Église  ,  lorsqu'il  dit 
que  ceii.r  qui  sont  eugafiés  dans  le  lien  dn  Maricuje  peuvent 
y  conserver  lu  pudicité  ,et  nont  point  à  craindre  la  con- 
damnation ;  mais  que  l'on  demande  quelijue  chose  de 
plus  à  celles  qui  font  profession  de  viduiléel  devirqini'.é, 
à  raison  de  l'excellence  de  ce  don  :  piti&qii  après  avoir 
cttoisi  abremenl  cet  état,  c'est  pour  elles  une  chose  dam- 
nable ,  non  seulement  de  se  marier  ,  mais  de  vouloir  le 
faire...,  non  parce  que  le  mariage  de  ces  personnes  en 
lui-même  mérite  condamnation  ,  mais  parce  qu'elles  ont 
violé  le  vœu  qu'elles  avaient  fait  (damnalur  fracta  voti 
fides).  Cependant ,  ajoute-t-il ,  ceux  qui  disent  que  ces 
alliances  ne  sont  pas  tant  des  mariages  que  des  adultères, 
me  semblent  n'avoir  pas  considéré  ta  chose  avec  assez 
d'attention  ,  et  s'être  laissé  tromper  par  une  apparence 
de  vérité.  Il  fait  voir  ensuite  ce  qui  a  donné  lieu  à 
cette  erreur;  après  quoi  il  poursuit  sou  discours  en 
ces  termes  :  Il  arrive  un  mal  considérable  de  cette  opi- 
nion trop  légèrement  conçue ,  qui  fait  envisager  comme 
des  adultères  les  mariages  des  personnes  consacrées  à 
Di(u  ;  savoir  :  que  l'on  sépare  les  femmes  de  leurs  ma- 
ris :  car,  en  les  voulant  ainsi  séparer  pour  les  faire  ren- 
trer dans  leur  devoir  et  en  les  traitant  d'adultères  ,  on 
rend  leurs  maris  véritablemenl  adultères  (facitmt  mari- 
tos  earum  adultères  veros) ,  lorsque  du  vivant  de  leurs 
femmes  ils  en  épousent  d'autres.  Cest  pourquoi  je  ne  puis 
dire  que  celles  qui  abandonnent  un  état  si  excellent  pour 
se  marier  ,  tombent  dans  le  crime  d' adultère  ;  mais  je  ne 
doute  nullement  que  la  chute  qu'elles  font  en  renonçant  à 
celte  sainte  chasteté  qu'elles  ont  vouée  à  Dieu  ne  soit  un 
crime  pire  que  l'adultère ,  etc. 

Ces  dernières  paroles  de  S.  Augustin  sont  très-pro- 
pres à  répandre  du  jour  sur  ce  que  dit  le  pape  Inno- 
cent 1,  dans  sa  lettre  décrétale  (cap.  12),  à  Victrice 
de  Rouen,  dans  laquelle  il  semble  traiter  d'adultères 
ces  sortes  de  mariages  ;  mais  quand  on  raj)proche  ses 
paroles  de  celles  de  S.  Augustin,  on  voit  clairement 
qu'il  veut  seulement  que  ceux  qui  violent  avec  scan- 
dale leur  vœu  de  chasteté  en  se  mariant  soient  traités 
avec  la  même  rigueur  que  les  adulières.  Voici  ces  pa- 
roles :  Celles  qui  ont  contracté  une  alliance  spirituelle 
avec  Jésus-Christ,  et  qui  ont  reçu  le  voile  de  la  main  de 
l'évêque,  ne  doivent  point  être  admises  ci  la  pénitence,  si 
dans  la  suite  elles  se  marient  publiquement,  ou  si  elles 
se  laissent  corrompre  en  secret  ;  à  moins  que  ceiui  auquel 

(1)  De  Bono  viduitalis,  c.  9  et  10. 


HISTOIRE  DES  SACREMEiNTS.  1076 

elles  se  seront  mariées  ne  soit  mort.  Car  si  on  en  use  ainsi 
à  l'égard  des  femmes  qui  se  remarient  du  vivant  de  leurs 
maris,  ti  plus  forte  raison  le  doit-on  faire  à  l'égard  de 
celle  qui,  ayant  été  l'épouse  d'un  Dieu  immortel,  a  con- 
tracté mariage  avec  un  homme.  Ce  grand  pape  compare 
enseu)ble  les  deux  crimes  dont  il  parle;  non  qu'ils 
soient,  absolument  parlant,  demèmenalure,  et  que  l'on 
doive  considérer  le  crime  d'une  personne  consacrée  à 
T)i  u  qui  se  marie,  connne  un  véritable  adultère,  mais 
parce  que,  connne  dit  S.  Augustin,  ce  péclién'esl  pas 
moindre  devant  Dieu  que  l'adullére;  aussi  le  pape  In- 
nocent ne  dit-il  point  que  ce  mariage  soit  nul,  ni  que 
les  enfants  qui  en  naissent  soient  adultérins. 

S.  Léon  a  tempéré  la  rigueur  dont  son  prédécesseur 
avait  usé  contre  ces  personnes;  il  ne  refuse  pas  comme 
lui  de  les  recevoir  à  pénitence,  il  veut,  au  contraire, 
qu'on  les  oblige  à  expier  leur  faute  en  les  y  assujétis- 
sant,  et  il  déclare  en  même  temps  que  ce  mariage  peut 
être  légitime.  !1  parle  en  ces  termes  (1)  :  Celui  qui, 
ayiint  abandoimé  la  profession  religieuse,  s'est  marié, 
"doit  satisfaire  par  la  pénitence  publique;  car,  quoique  le 
mariage  puisse  être  honnête,  il  a  abandonné  un  meilleur 
choix  qu'il  avait  fait.  Le  concile  de  Calcédoine  (can.  15), 
conformément  à  S.  Léon ,  excommunie  une  vierge 
consacrée  à  Dieu,  ou  un  moine  qui  a  contracté  un 
mariage  illicite;  mais  il  permet  à  l'évêque  d'user  de 
(juelque  condescendance  à  leur  égard. 

La  même  discipline  subsistait  encore  dans  le 
dixième  siècle,  comme  on  le  voit  par  plusieurs  lettres 
(lé  S.  Grégoire-lc  Grand  à  un  homme  de  funillc  pa- 
Iridenne  ,  nonnné  Vénantius,  qui  ,  après  avoir  em- 
l)rasséla  vie  monastique,  l'avait  quittée  pour  se  marier. 
Le  saint  pape  qui  était  ami  de  ce^Patrice,  et  qui  lui  a  con- 
servé son  amitié  jusipràla  fin  ,  lui  écrivit,  d'abord  (2), 
à  son  entrée  an  ponlificat,  une  lot  Ire  pkine  de  zèle 
et  de  charité  ,  pour  l'exhorter  à  rentrer  dans  l'étal  de 
pénitence  auipiel  il  s'était  consacré.  Mais  Vénanlius 
n'ayant  pas  jugé  à  propos  de  déférer  aux  sages  avis 
du  saint  pape,  celui  ci  ne  laissa  pas  de  continuer 
à  l'aimer,  d'enlrclenir  avec  lui  commerce  de  lettres , 
el  de  l'exhorter  à  faire  un  bon  usage  des  infirmités 
aiix([ue'.les  il  devint  snjel  dans  la  suite.  En  un  mol,  il 
lui  parle  connne  à  un  homme,  du  salut  duquel  il  ne 
semble  pas  désespérer  (5).  Jamais  il  ne  traite  son 
mariage  d'adullère,  il  parle  de  son  épouse  d'une  ma- 
nière honorable,  et  lui  adresse  une  lettre  ,  joignant 
son  nom  avec  celui  de  son  mari.  Greyorius  domno 
Vcnantio  patricio  et  Italicœ  jugalibus.  11  salue  leurs 
enfants  avec  beaucoup  datleclion,  et  les  appelle  ses 
fdles  (i).  Dulcissimas  filias  meas  domnani  Uarbaram 
et  domnam  Antoninam  meâ  peto  vice  saliitari.  Eniln 
le  saint  pape  ayant  appris  que  son  ami  était  à 
l'cxtrémilé,  il  écrivit  à  Jean,  évoque  de  Syracuse,  iMie 
lettre  remplie  des  senlimenis  les  plus  tendres  (5), 


(1  )  Epist.  ad  Rust.  Narb. 
('2'  Ep.  5i.  1.  1.  nov.  edit. 
(5jEp.  125,  1.  19,  ind.  2. 
(i)  Ep.  50,  1.  14, 
{o)  Ep.  5G,  I,  H- 


1077  MARIAGE.  —  CIIAP.  YIll. 

dans  laquelle  il  eNlioilece  prclal  à  prendre  soin  de 
râine  de  ce  Patrice,  et  de  làclicrde  i'engnger  à  re- 
prendre, an  moins  dans  ses  derniers  nionionls,  Tlia- 
,  bit  nion;isli(ine,  en  le  priant ,  en  lui  représenlanl  le 
terrible  jugement  de  Dieu,  en  lui  promenant  sa  misé- 
ricorde, de  peur ,  dil-il ,  que  la  grande  lanle  dont  il 
s'est  rendu  coupable,  ne  lui  nuise  dans  ce  dernier  ju- 
gement. 

L'un  voit  par  loul  ce  qui  vient  d'èlre  dit  condjien 
S.  Grégoire  désapprouvait  les  mariages  des  personnes 
consacrées  à  Dieu  dansTélat  monaslique  ;  mais  qu'en 
même  temps  il  ne  révoquait  pas  en  doute  leur  vali- 
dité. C'est  ce  que  S.  Bernard  lui-même  a  reconnu 
dans  son  livre  du  Commandement  et  de  la  Dis- 
pen  se  (cap.  17  ).  Cependant  le  saint  pape  ayant  ap- 
pris quequel([ues  autres  moines  de  Sicile,  peut-être 
à  l'iiidtation  deVénanlius,  qui  faisait  son  séjour  en 
ce  pays  ,  s'étaient  donné  la  même  liberté,  et  s'étaient 
mariés  publiquement  ,  il  en  usa  autremerst  avec  eux*; 
il  se  servit  de  l'aulorilé  qu'il  avait  sur  des  gens  d'un 
rang  beaucoup  inférieur  à  celui  de  ce  Patrice,  ordon- 
nant à  Antliémius,  sous-diacre  (1),  qu'il  avait  envoyé 
en  Sicile  en  qualité  de  défenseur,  pour  y  prendre  soin 
des  affaires  temporelles  de  son  église,  de  rechercher 
exactement  ces  moines  apostats,  et  de  les  renfermer 
dans  les  monastères  dont  ils  étaient  sorlis,  poiu'  y 
faire  pénitence.  C'est  ainsi  que  les  saints  évêques, 
sans  cbanger  d'esprit,  cliangeot  qnchpiefois  de  con- 
duite quand  ils  se  sentent  aulorisés,  et  qu'ils  s'aper- 
çoivent que  le  mauvais  exemple  ades  suites  trop  dan- 
gereuses. Mais  je  ne  voudrais  pas  en  conclure  en  gé- 
néral que  la  discipline  de  l'Eglise  fut  changée  à  cet 
égard  du  temps  de  S.  Grégoire.  Un  fait  particulier 
n'est  point  une  marque  du  changement  de  discipline 
dans  l'Eglise,  cl  l'auleur  des  Conférences  de  Paris  (2) 
s'est  trompé,  lorsiiu'il  a  inféré  delà  lettre  de  S.  Gré- 
goire à  Vilalien  que  l'Eglise  avait  changé  sa  disci- 
pline sur  le  sujet  que  nous  traitons;  puisque  ni  dans 
ce'ilo  leUre,  qui  e:-t  la  huitième  du  huitième  livre  ,  ni 
dans  la  suivante  adressée  au  défenseur  Sergius,  dans 
lcs([uelles  ce  saint  pontife  leur  Aiil  de  sanghinls  re- 
proches d'avoir  souffert  qu'une  fdie  consacrée  à  Dieu 
abandonnât  sa  profession,  il  n'y  est  pas  dit  un  mot  du 
mariage  de  cette  (ille  ,  que  S.  Grégoire  veut  que 
l'on  contraigne  à  rentrer  dans  le  monastère. 

Dès  le  septième  siècle,  les  lois  de  l'Eglise  devinrent 
plus  sévères  contre  les  peisonnes  consacrées  à  Dieu, 
qui  abandonnaient  leur  vocation  pour  passer  à  l'étal 
ilii  mariage.  Les  évoques  se  sentant  autorisés  par  les 
piinces,  et  de  plus  ayant  acquis,  par  la  libéralité  des 
souverains  et  par  la  dévolion  des  fidèles,  quelque  part 
dans  le  gouvernement  te nporel,  s'en  servirent  pour 
réprimer  cet  abus  plus  efficacement;  non  seulement 
en  soumettant  à  la  pénitence  publique  ceux  ou  celles 
qui  contractaient  ces  mariages,  mais  en  les  déclarant 
nids ,  et  en  faisant  renfermer  ces  personnes  dans 
les  monastères  dont  elles  éîaicnt  sorties ,  ou  dans 

(I)Ep.  42,  1.  1. 
(2)T.2,  p.  207  et  208. 


EMPÊCHEMENT  DES  VŒUX.  1078 

d'autres  plus  austères  où  elles  pussent  pleurer  leur 
faute  à  loisir. 

Le  concile  de  Tolède  de  l'an  033  est  le  premier 
que  nous  sachions  qui  se  soit  clairement  expliqué 
là-dessus.  Quelques  hiojhês,  disent  les  Pères  de  cette  as- 
semblée (c.25)  soylanl  de  leurs  monastères,  non  seulement 
I  retournent  au  siècle,  mais  se  marient.  Quonait  donc  soin 
de  les  rappeler  au  lieu  d'oii  ils  sont  sorlis,  quils  y  (ai- 
scnt  pénitence  et  y  plenreni  leurs  crimes.  Le  concile  de 
Tribnr  (c.2ô)  n'est  pas  moins  exprès  là-dessus,  aussi 
bien  que  celui  de  Troslydc  909. 

Ce  qui  est  remarquable  en  ceci ,  c'est  que  ces  con- 
ciles n'ont  fait  aucime  distinction  entre  les  vœux  que 
nous  nommons  simples  et  ceux  que  nous  appelons 
absolus  ou  solennels.  Ils  semblent  avoir  co". fondu 
ce  que  les  théologiens  et  les  canonistes  ont  depuis 
dislingué  avec  tant  de  soin.  Il  leur  paraissait  sans 
doute  que  c'était  un  sacrilège  à  peu  près  égal  de  vio- 
ler la  promesse  faite  à  Dieu  de  lui  consacrer  son 
corps  par  la  chasteté,  soit  que  ce  vœu  eût  été  fait  avec 
plus  ou  moins  de  solennité  :  ils  regardaient  conmie 
une  chose  équivalente  d'embrasser  publiquement  un 
état  auquel  le  célibat  était  allaché,  suivant  la  com- 
mune opinion  des  Chrétiens,  et  de  faire  expressément 
vœu  de  chasteté  au  pied  des  autels.  Ils  croyaient  que 
les  filles  chrétiennes,  qui,  du  temps  de  TertuUien  et 
de  S-  Cyprien  ,  faisaient  profession  de  virginité,  en  se 
rangeant  au  nombre  de  celles  qui  s'étaient  consacrées 
à  Dieu,  et  en  se  conformant  à  leur  manière  de  vivre, 
n'étaient  pas  moins  obligées  de  persévérer  dans  ce 
genre  de  vie ,  que  celles  dont  la  consécration  s'est 
faite  depuis  par  les  évêques  avec  tant  de  solennité,  et 
dont  on  peut  voir  le  dct;ùl  dans  le  livre  de  S.  Am- 
broise  de  l'Inslitution  d'une  vierge,  daiiS  lé  diiconrs 
adressé  à  une  vierge  tombée,  et  dans  ce  que  le  père 
Mariène  a  écrit  de  la  consécration  ou  bénédiction  des 
vierges  (1). 

Le  concile  de  Frioul,  tenu  sous  l'archevêque  Panliii, 
d.uîs  son  douzième  cano:!,  semble  n'avoir  point  eu 
d'antre  pensée  ,  lorsqu'il  ordonna  que  les  filles  et  les 
veuves  qui,  ayant  promis  librement  de  \ivre  dans  la 
virginité  ou  la  continence,  se  seraient  dévouées  au  ser- 
vice de  Dieu,  et  qui,  pour  marque  de  l'état  qu'elles 
auraient  end)rassé,  auraient  pris  l'habit  noir,  suivant 
l'ancienne  coiilumc  du  pays,  seraient  tenues  de  per- 
sévérer dans  leurs  bons  propos,  et  séparées  de  ceu\" 
avec  lesquels  elles  se  seraient  mariées  publiquement, 
quoiqu'elles  n'eussent  point  été  consacrées  par  le  mi. 
nistère  du  prètie,  licèt  nousini  à  sacerdoie  consccraia'. 
Le  2o7'  capilulaire  du  septième  livre  conlient  un  ré- 
glenicni  à  peu  près  semblable  à  celui  que  nous  venons 
de  rapporter.  En  voici  la  teneur  :  A  regard  des  veuves 
et  des  filles  qui  se  sont  revêtues  de  l' habit  religieux  dans 
leurs  propres  maisons ,  soit  par  elles-mêmes,  soil  par  le 
iiiinislère  de  leurs  parents,  et  qui  ensuite  l'ayant  changé 
se  sont  mariées  co)itre  l'instituiion  des  Pères  et  la  règle 
des  canons,  nous  ordonnons  que  l'un  cl  l'autre  des  con- 

(Ij  Tom,  ode  anl.  Ecel.  Hil.,  I.  2,  c.  G. 


1079  HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  1080 

ioints  demeurent  suspens  de  la  communion  jusqu'à  ce  î  qui  n  ayant  point  encore  reçti  le  voile  sacré,  ont  promi» 
qu'ils  aient  réparé  ce  scandale;  que  s'ils  nc(jli<icnl  de  le  |  de  persévérer  jusqu'à  la  fin  dans  la  virginité,  si  elles 
■faire,  qu'ils  soient  séparés  pour  toujours  de  la  commu 


nion,  cl  qu'aucun  chrétien  ne  mange  arec  eux.  C'est  sans  ' 
doute  suivant  cette  maxime  que  le  second  concile  de 
Mâcon  (can.  16)  défend  aux  femmes  dont  les  maris 
sont  appelés  à  la  cléricalure  ,  d'en  épouser  d'autres  j 
nprès  leur  mort,  et  veut  qu'elles  passent  le  reste  de  \ 
leurs  jours  en  continence,  à  cause  de   la  promesse 
qu'elles  en  ont  faite   en    celte  occasion,  en  sorte  j 
qu'elles  soient  séparées  de  ceux  avec  lesquels  elles  se 
seront  mariées. 

Tout  ce  qui  a  été  dit  jusqu'à  présent  fait  voir  que 
l'on  ne  distinguait  pas  dans  les  premiers  temps  les 
vœux  simples  des  solennels,  pourvu  que  ceux-là 
eussent  été  faits  publiquement,  soit  explicitement, 
soit  implicitement,  en  embrassant  un  état  auquel  cer- 
taines observances  sont  nécessairement  attacbées.  Ce  j 
qui  montre  avec  quelle  sagesse  le  pape  Grégoire  XIII 
dans  sa  bulle,  Quant'o  frucluosius,  donnée  l'an  lo'82en 
faveur  de  la  Compagnie  de  Jésus  ,  a  déclaré  que  les 
premiers  vœux  que  font  les  Jésuites  après  les  deux 
années  de  probation,  les  lient  tellement,  qu'ils  ne 
peuvent  sortir  de  la  société,  ni  se  dispenser  de  les 
observer  sans  devenir  apostats,  et  sans  encourir  l'ex-  j 
communication,  à  moins  qu'ils  n'en  aient  été  absous 
par  Sa  Sainteté,  ou  par  leur  général.  ! 

Cependant  la  distinction  des  vœux  simples  d'avec 
les  solennels  devint  célèbre  dans  la  suite,  depuis  que 
le  pape  Alexandre  II  eut  employé  ces  termes  ;  et  l'É- 
glise d'Occident  a  reconnu  une  grande  différence  entre 
les  vœux  de  continence  que  l'on  lait  dans  le  cloître  et 
ceux  que  l'on  fait  dans  le  siècle  :  en  quoi  elle  lient 
U!ie  conduite  bien  dillerenle  de  celle  d'Orient,  laquelle 
défend  indistinctement  le  Mariage  aux  religieux  ou 
religieuses  (1),  et  aux  personnes  qui  ont  fait  vœu  de 
continence  dans  le  siècle.  Les  Grecs  sont  encore  dans 
cet  usage,  et  l'observent  si  exactement,  qu'ils  pu- 
nissent très-rigoureusement  ceux  qui  ont  eu  un  com- 
merce criminel  avec  elles  ;  ils  ne  permettent  pas 
même  qu'on  épouse  celles  qui  demeurent  dans  le 
siècle,  pour  leur  rendre,  par  un  légitime  mariage, 
l'honneur  qu'on  leur  a  enlevé. 

On  peut  voir  dans  S.  Thomas  (2)  les  raisons  solides 
sur  lesquelles  la  discipline  de  l'Église  Latine  est  ap- 
puyée. J'en  trouve  une  dans  les  décisions  du  pape 
Innocent  1,  lequel,  écrivant  à  S.  Yiclrice  de  Rouen, 
dislingue  les  personnes  du  sexe  (]ui  ont  consacré  à 
Dieu  leur  virginité,  ou  qui  ont  fait  profession  de  con- 
tinence en  deux  classes,  dont  la  première  comprend 
celles  qui  ont  reçu  de  l'évèque  le  voile  sacré  pour 
marque  de  leur  consécration,  et  la  seconde  renferme 
celles  qui,  sans  recevoir  ce  saint  voile,  ont  promis  à 
Dieu  de  garder  pour  toujours  la  virginité.  Il  traite  les 
premières  qui  violent  ce  vœu  avec  la  rigueur  que  nous 
avons  vue,  mais  il  est  plus  indulgent  à  l'égard  des  se- 
condes, dont  il  dit  (can.  15):  Pour  ce  qui  est  de  celles 

j      (1)  Conférences  de  Paris,  t.  2,  p.  147. 
'      (2)  2-2,  q.  53,  art,  1,  in  corp.,  cl  ad  1. 


vienneni  à  se  marier,  elles  seront  obligées  de  faire  quel- 
que temps  pénitence  {lus  agenda  atiquanlo  tempore  pœ- 
nitenlia),  parce  qu'elles  sont  responsables  à  Dieu  de  la 
promesse  qu'elles  lui  ont  faite,  etc.  Il  semble  en  effet 
que  ceux  qui  violent  les  vœux  faits  à  la  face  des  autels 
sous  les  yeux  des  lidèles,  entre  les  mains  des  ministres 
de  l'Église,  qui  ont  ratilié  en  son  nom  leurs  vœux,  et 
les  ont  accompagnés  de  leurs  prières,  soient  plus  cri- 
minels en  les  violant,  que  ceux  qui  se  sont  seulement 
rendus  coupables  de  manque  de  foi  envers  Dieu,  en 
n'accomplissant  pas  les  promesses  qu'elles  lui  ont 
faites. 

Nonobstant  tout  ce  qui  vient  d'être  dit,  on  a  des 
exemples  de  personnes  qui,  après  avoir  fait  le  vœu  so- 
lennel dans  des  religions  approuvées,  se  sont  ma- 
riées publiquement  du  consentement  des  papes,  et  en  ire 
autres  celui  de  Nicolas  Jusliiiiani,  moine  de  S.  Nicolas 
du  Lido  à  Venise,  qui,  au  rapport  du  P.  Mabillon 
{Itin.  liai.,  tom.  1,  p.  51),  quitta  la  vie  monastique 
avec  la  permission  du  pape  Alexandre  III,  pour  épou- 
ser Anne,  fille  de  Viial,  duc  de  Venise,  dont  il  eut  plu- 
sieurs enfants;  après  quoi  il  rentra  dans  le  monastère, 
se  contentant  d'avoir  assuré  la  succession  des  biens  de 
sa  famille  dans  la  ligne  masculine. 

Cependant  les  vœux  faits  en  présence  de  l'auicl  et 
du  peuple  chrétien  sont  si  efficaces,  qu'ils  ont  même 
la  force  de  rompre  les  liens  du  mariage  déjàconlracté, 
pourvu  qu'il  n'ait  point  encore  été  consommé  ;  en  sorte 
que,  suivant  la  décision  des  papes  (1)  et  du  con- 
cile de  Trente  (sess.  2.5,  c.  G),  celui  qui  reste  dans  le 
siècle  peut  se  remariera  une  aulre  personne.  Les  théo- 
logiens apportent  diverses  raisons  de  cette  discipline. Les 
uns,  connue  Silvius,  prétendent  que  le  lien  du  Ma- 
riage, avant  qu'il  soit  consommé,  élant  purement  spi- 
rituel, il  est  rompu  et  dissous  par  la  mort  spirituelle  de 
la  profession  religieuse.  Les  autres,  comme  S.Thomas, 
disent  que  l'indissolubililédu  Mariage  non  consonuné 
n'est  que  conditionnelle. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  raisonnements,  il  est  cer- 
tain que  la  pratique  de  l'Église  Latine  sur  ce  point  est 
autorisée  par  des  exemples  de  l'anliquilé,  et  tju'on  a 
cru  dans  ces  occasions,  suivant  la  pensée  du  pape  Ni- 
colas I  (2),  que  ce  n'était  pas  l'époux  qui  rompait  alors 
les  liens  du  Mariage,  en  se  consacrant  à  Dieu,  mais 
que  c'était  Dieu  lui-même  qui  le  rompait,  en  lui  inspi- 
rant de  quitter  le  monde. 

L'Église  Orientale  va  plus  loin  sur  ce  point  que  la 
Latine,  puisqu'on  y  suit  la  disposition  de  la  loi  de 
Justinien  (novell.  22),  suivant  laquelle  les  vœux  so- 
lennels rompent  le  mariage  même  consommé,  quoi- 
qu'il soit  né  des  enfanls  de  ce  mariage.  C'est  la  re- 
marque de  Mathieu  Blaslarcs  (5)  et  de  Jean,  évêque 
deCirte(5).  Ce  qui  parait  singulier,  c'est  (pie  l'épis- 


1)  C.  yer'um,  et  c.£.r  publico,  de  Conven.  conjng. 

2)  Can.  Conscripsit,  27,  q.  9. 
(5)  Quiest.  matrim. 

(4)  Kespous.  ad  Cabasil.  ■ 


108 


1     MARIAGE.  —  CHAP.  IX.  —  EMPÈClîEMENT  DE  L'ORDRE.  CÉLIBAT  DES  CLERCS. 


1082 


copat  11  a  pas  lo  inèmc  privilège  dans  celle  église,  cl  »;  Ce  qui  est  d'aulaiit  plus  sage,  que  suivaiil  la  règle  de 


qu  11  n  y  a  ([uc  la  prolession  religieuse  qui  peut  dis- 
soudre lo  Mariage. 

Saint  Rasile  (1)  parait  avoir  autorisé  celte  prali(pic 
des  Oriciilaux,  lors(iue  répondant  à  celte  question, 
comnieiil  il  faut  recevoir  les  personnes  engagées  dans 
le  mariage,  qui  veulent  embrasser  l'état  religieux,  il 
dit  daboid,  qu'il  faut  leur  demander  s'ils  le  font  du 
consentement  de  celle  avec  laquelle  ils  ont  contracté 
cette  alliance  ;  et  cela  suivant  le  précepte  de  l'Apôtre. 
Il  en  rend  la  raison  tirée  de  l'Écriture,  savoir,  que  les 
corps  des  personnes  mariées  ne  sont  point  en  leur 
puissance.  Après  quoi  il  ajoute  :  On  les  recevra  ainsi 
en  présence  de  plusieurs  (émuins.  Que  si  ï" antre  partie 
nij  consent  pas,  s'embarrassant  peu  de  ce  qui  est  agréable 
à  Dieu,  qu'elle  se  souvienne  de  ce  que  ditTApotre  :  «  Le 
I  Seigneur  nous  a  appelés  à  la  paix;  >  cl  quelle  accom- 
plisse le  commandement  du  Seigneur,  qui  dit  :  «  Si  quel- 

t  qu'un  vient  à  moi  et  ne  liait  pas  son  père et  sa 

I  femme...,  il  ne  peutêlre  mon  difciple...*  Pour  nous, 
nous  savons  que  ceux  qui  ont  entrepris  de  passer  leur  vie 
dans  la  chasteté,  en  sont  venus  plusieurs  fois  à  bout,  par 
une  prière  sans  relâche  et  un  jeûne  continuel  ;  le  Sei- 
gneur contraignant  par  des  maladies  corporelles  ceux  qui 
s'opposent  à  ce  louable  dessein,  d'y  dun)ie'r  enfin  leur 
consentcmenl.  Outre  cette  décision  de  saint  Basile,  on 
peut  dire  qu'il  se  trouve  plus  d'un  exemple  de  per- 
sonnes, qui  après  avoir  consommé  leur  mariage,  sont 
entrées  dans  des  monastères,  et  ont  laissé  à  la  partie 
qu'elles  avaient  abandonnée,  la  liberté  d'en  épouser 
d'autres.  Je  crois  que  l'on  peut  mettre  de  ce  nombre 
sainte  Radegonde,  femme  de  Clotaire  I,  qui  après  avoir 
quitté  ce  prince,  se  retira  à  Poitiers,  où  elle  bâtit  un 
monastère,  dans  lequel  elle  s'enferma. 

Cependant  il  est  diflicile..  pour  ne  pas  dire  impos- 
sible, de  justifier  celle  conduite,  que  S.  Grégoire-le- 
Grand  a  fortement  blâmée  (2) ,  aussi  bien  que  la  No- 
velle  de  Justinien  qui  l'autorisait;  ayant  ordonné  que 
l'on  rendit  à  une  femme  nommée  Agatbose,  son  mari 
qui  s'était  fait  mouic  sans  son  consentement  ;  d'autant 
plus  qu'elle  n'était  point  tombée  dans  le  crime  d'adul- 
tère, qui  est  le  seul  cas  dans  lequel  il  est  permis  à  un 
homme  de  quitter  sa  femme.  Ce  grand  pape  autorise 
sa  décision  par  ce  que  dit  l'Apôlro,  que  par  l'union  du 
Mariage,  l'homme  et  la  femme  ne  deviennent  qu'un 
même  corps  ;  d'où  il  conclut  que  l'im  ne  peut  se  con- 
vertir, tandis  que  l'autre  demeure  dans  le  siècle.  Ce 
qui  suppose  ,  comme  vous  voyez ,  qu'il  parle  d'un 
mariage  consommé. 

Le  pape  Jean  XXII  répondit  conformément  à  saint 
Grégoire,  lorsque  Sancia,  reine  de  Sicile,  épouse  du 
roi  Ilobert,  lui  demanda  la  dissolution  de  son  mariage  : 
car  il  lui  fit  entendre  (3)  (ju'il  ne  pouvait  le  lui  per- 
mettre de  peur  de  se  rendre  hii-nième  prévaricateur  , 
en  consentant  qu'elle  quittât  son  mari  pour  embrasser 
l'élal  religieux  ,  à  moins  que  celui-ci  n'y  consentit. 

(1)  Régula;  fusiùs  disputatie,  interrog.  ^•2. 

(-2)L.  !),  ep.  5!)  et  ii". 

(5)  Bulia  Joan.  XXII,  die  11,  april.  1317. 


l'Église ,  le  mariage,  même  non  consommé,  ne  peut 
être  dissous  par  la  profession  religieuse,  à  moins  qu'il 
n'ait  él(;  contracté  après  qu'une  des  parties  a  pro- 
noncé ses  vœux;  et  que  le  mariage  serait  illégitime, 
s'il  était  fait  avant  ce  temps ,  quand  même  la  partie 
qui  voulait  embrasser  l'état  religieux,  aurait  depuis 
fait  sa  profession. 

CHAPITRE  IX. 

De  r empêchement  de  l'Ordre.  L'on  traite  en  peu  de  mots 
à  cette  occasion  du  célibat  des  clercs  dans  la  primitive 
Eglise,  et  l'on  montre  la  différence  delà  discipline  sur 
ce  point ,  survenue  depuis  le  cinquième  siècle,  entre 
l'Eglise  d'Occidetit  et  celle  d'Orient.  En  quel  temps 
les  ordres  sacrés  sont  devenus  un  empêchement  diri- 
manl  du  Mariage.  Des  femmes  sous-introduitcs ,  l'abus 
sur  ce  point  confirme  ce  qui  est  dit  dans  ce  chapitre  , 
touchant  le  célibat  des  ministres  de  l'Eglise. 

L'Eglise  a  toujours  désiré  que  les"  ministres  de  la 
religion  fussent  exempts  des  liens  ,  ou  au  moins  des 
embarras  et  des  distractions  du  mariage  ,  afin  qu'ils 
pussent  vaquer  paisiblement  aux  importantes  fonctions 
de  leur  ministère ,  à  l'imitation  du  Sauveur  et  des 
Apôtres,  lesquels  depuis  qu'ils  ont  élé  appliqués  à  la 
conversion  des  peuulcs,  ont  vécu  dans  le  célibat ,  ou 
ont  regardé  leurs  femmes  plutôt  comme  leurs  sœurs, 
que  comme  leurs  épouses. 

Tel  a  été  non  seulement  l'esprit  de  l'Église  dès  le 
commencement  ,  mais  ce  qui  n'était  qu'une  maxime 
reçue  généralement ,  a  bientôt  passé  en  loi ,  au  moins 
dans  la  plupart  des  pays  de  la  chrétienté.  Cela  parait 
par  le  concile  d'Elvire  (can.  53) ,  par  ceux  de  Néo- 
césarée  (can.  1) ,  et  d'Ancyre  (can.  10) ,  par  le  témoi- 
gnage d'EuièbedeCésarée(I),  et  par  plusieurs  autres 
que  l'on  peut  consulter,  et  dont  les  paroles  sont  rap- 
portées par  le  P.  Thomassin,  et  par  l'auteur  des  Con- 
férences de  Paris,  qui  ont  traité  au  long  cette  matière. 
La  chose  est  si  certaine,  que  S.  Jérôme  ,  en  écrivant 
contre  Jovinien  et  contre  Vigilance  ,  n'a  point  craint 
d'assurer  que  les  Apôlres,  les  évèques,  les  prêtres  et 
les  diacres  étaient  vierges,  ou  gardaient  la  continence 
avec  leurs  femmes,  et  que  c'était  la  pratique  des  égli- 
ses d'Orient ,  de  l'Egypte,  et  de  celles  qui  étaient  im- 
médiatement soumises  au  Siège  apostolique.  D'où 
vient  que  Synésius  ,  voulant  se  dispenser  d'èlre  or- 
donné évoque,  protesta  qu'il  ne  pouvait  garder  la  con- 
tinence, et  qu'il  ne  voulait  point  en  acceptant  l'épis- 
copat,  être  obligé  de  vivre  en  secret  comme  un  adul- 
tère avec  sa  femme.  Manière  de  parler,  qui  fait  assez 
entendre  que  non  seulement  c'était  la  pratique  des 
églises  du  patriarcat  d'Alexandrie ,  que  les  évèques 
vécussent  en  continence  avec  leurs  femmes,  s'ils 
étaient  (-lus  pour  remplir  cette  dignité  de  leur  vivant , 
mais  encore  que  c'était  une  loi ,  dont  on  ne  pouvait 
se  dispenser,  sans  encourir  les  peines  canoniques. 

Cependant  quoique  le  célibat  fût  pour  les  ministres 

(I)  Dcmonsl.  evangel.,  1.  l,c.  9. 


108-3 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


1084 


de  l'Eglise  une  loi  clans  la  plupart  îles  églises,  il  faut 
convenir  de  bonne  foi ,  fpf  il  y  en  avait  où  celte  loi 
n'avait  point  été  établie.  Il  semble  qu  il  n'y  ait  point 
lieu  d'en  douter,  quand  on  entend  Grégoire,  évèque 
de  Nazianze(l),  dire  à  son  fils  de  même  nom,  et 
surnommé  le  Théologien  :  Il  y  a  plus  long-temps  que 
l'offre  des  sacrifices,  qu'il  nij  en  a  que  vous  êtes  au 
monde;  c'est-à-dire,  sans  difficulté,  dit  M.  de  Tille- 
mont  (2),  que  S.  Grégoire  est  né  depuis  que  son  père 
était  évèque,  par  conséquent  l'an  529  au  plus  tôt.  Pape- 
brok  avoue  qu'il  n'y  a  point  de  milieu,  et  qu'il  eu  faut 
demeurer  d'accord,  ou  changer  le  texte  :  nliàs  indis- 
solubilis  nodus. 

Baronius  a  prétendu  se  tirer  d'affaire  en  disant  que 
c'est  une  hyperbole  fausse  de  quelques  années,  et  il 
veut  que  S.  Grégoire  soit  né  en  ZU,  avant  le  bap- 
tême de  son  père.Papebrok  a  vu  combien  cette  hyper- 
bole ,  qui  serait  un  véritable  mensonge,  était  peusou- 
lenable,  et  qu'elle  ne  pouvait  expliquer  des  paroles 
qui  ne  reçoivent  aucune  explication  :  et  ne  pouvant  se 
résoudre  à  admettre  le  seul  sens  qu'elles  peuvent  re- 
cevoir ,  il  a  mieux  aimé  changer  le  texte,  et  préten- 
dre qu'au  lieu  de  ô^oi  cifi/.Oi  ôuïtwv  laoi  xpi-JOi ,  il  faut 
lire,  oîoî  Sr^).e'lT>7Ttwv  èij.ol  xpojoi ,  T^ouv  faire  dire  à  Gré- 
goire le  père  ,  vous  n'avez  pas  encore  autant  vécu  , 
que  jai  passé  de  vents  étésiens,  c'est-à-dire,  d'années. 
11  avoue  qu'ayant  parlé  de  cette  correction  à  plusieurs 
de  ses  amis  ,  ils  ne  l'ont  pu  approuver;  les  étésiens  , 


Iraordinaire ,  et  tous  les  manuscrits  ayant  générale 


ment,  oi-ô'/d  Ojaiûj  :  il  n'était   pas  bien  nécessaire  ,  ;|  cipline,  et  le  concile  d'Agde,  tenu  l'an  506,  cite  avec 


ne  pas  suivre  une  pratique  quoique  plus  parfaite  ,  et 
quoiqu'elle  passe  pour  loi  en  d'autres  provinces. 

Que  si  les  Pères  et  les  auteurs  ecclésiastiques  par- 
lent quelqui>fois  de  cette  pratique,  comme  reçue  uni- 
versellement ,  on  peut  dire  assez  raisonnablement , 
que  cela  n'était  pas  sans  exception  ;  et  véritablement 
lorsque  S.  Grégoire  le  fils  (1) ,  parlant  à  Constanti- 
nople,  reprend  ceux  qui  voulaient  bien  recevoir  le 
Baptême  d'un  prêtre,  pourvu  qu'il  ne  lût  point  marié, 
ou  qu'il  gardât  la  continence,  il  est  diflicile  de  ne  pas 
croire  qu'il  y  en  avait  quelques-uns  dans  les  provin- 
ces voisines  de  cette  capitale  de  TEmpire,  qui  usaient 
du  mariage.  De  plus  si  la  loi  du  célibat,  à  laquelle 
Socrate  et  Sozomène  rapportent  que  S.  Paphnuce  s'est 
opposé,  avait  été  établie  de  leur  temps,  ou  dans  toute 
l'Eglise  ,  ou  même  dans  la  Thrace  où  ils  écrivaient, 
ils  n'eussent  pas  manqué,  tsuivant  toutes  les  apparen- 
ces, de  remarquer  ce  changement. 

Si  c'était  une  maxime  et  un  usage  reçus  presque  uni- 
vci*scllenient  dans  l'Église,  que  les  évêques,  les  prê- 
tres et  les  diaacs  vécussent  dans  le  célibat,  ou  dans 
la  continence ,  s'ils  avaient  été  mariés  avant  d'entrer 
dans  ces  ordres,  on  peut  dire  de  l'église  d'Occident, 
en  particulier,  que  c'était  une  loi  irréfragable,  qui  s'y 
est  toujours  depuis  affermie.  Les  évêques  du  second 
concile  d'Afrique  (can.  2)  firent  sur  cela  un  décret,  qui 
fut  proposé  et  accepté  d'une  voix  unanime.  Les  Pères 
du  premier  concile  de  Tolède  (can.  1  ),  établirent  la 


pour  dire  les  années,  étant  une  expression  assez  ex-      même  chose.  Les  papes  Sirice  (2)  et  Innocent  (3),  ne 

.  .  ■  '  1  I      I     <■  .  •  .  !•      •  1  !• 


furent  pas  moins  exacts  pour  faire  observer  cette  dis- 


quoi qu'on  en  dise,  qu'un  père  marquai  à  son  (ils  (|u'il  . 
était  plus  âgé  que  lui. 

Ce  qui  a  porté  ces  savants  hommes  à  recourir  à  ces 
défaites,  c'est  qu'ils  ne  pouvaient  allier  cette  con- 
duite d'un  saint  et  d'un  évèque  si  célèbre  avec  les  lois 
de  l'Église,  touchant  la  continence  des  clercs,  et  siu- 
tout  des  évêques  :  car  on  ne  peut  dire  que  ce  prélat 
soit  devenu  père  du  théologien  .  Jjrsquil  iféiail  en 
core  que  prcire,  puisque  nous  ne  trouvons  riea  qui 
nous  appreime  qu'il  ait  passé  de  la  prêlrise  à  l'épis- 
copal;  cl  que  quand  même  cm  pourrait  coiilesler  qu'il 
ail  eu  S.  Grégoire  depuis  qu'il  était  parvenu  à  l'épisco- 
pat ,  on  ne  pourrait  faire  la  même  chose  de  S.  Cé- 
saire  son  frère  ,  qui  ét:ùt  plus  jeune  que  lui.  Mais  , 
dit  M.  de  Tillemont  (5i,  si  les  passages  de  S.  Jérôme 
et  de  saint  Epiphane,  suffisent  pour  montrer  quel 
était  l'esprit  de  l'Église  sur  ce  point,  et  ce  qu'elle 
faisait  pratiquer  dans  plusieurs  provinces,  néanmoins 
ces  passages  mêmes  montrent  assez  qu'elle  n'y  obli- 
geait pas  pailoul.  Saint  Epiphane  le  dit  posilivement, 
au  moins  pour  les  prêtres;  et  quoi([u'ils  disent  que 
ceux  qui  agissaient  autrement,  ne  suivaient  pas  exac- 
tement les  canons ,  c'est-à-dire ,  la  pratique  commune 
et  presque  universelle  de  l'Église,  néanmoins  chacun 
sait  qu'il   y  a  des  occasions  où  l'on  peut  sans  péché 

(1)  Oral.  l,p.  9. 

(2)  Notes  sur  S.  Grégoire  de  Nazianze,  t.  9,  p.  091. 
(5)  Ibld. 


éloge  (can.  9),  les  deux  décretales  de  ces  papes,  au 
sujet  du  célibat  des  clercs  et  des  ministres  sacrés,  et 
ordonne  que  l'on  s'y  conformera.  Il  est  inutile  de  nous 
étendre  davantage  là-dessus,  il  est  trop  visible  que 
l'église  latine  ne  s'est  jamais  départie  de  cette  sainte 
pratique  ,  et  qu'elle  a  toujours  depuis  regardé  comme 
un  abus  énorme,  tout  ce  qui  s'est  fait  de  contraii^i-. 
On  sali  ayco  quel  zèle  les  souverains  poiUifes,  dans  le 
onzième  et  le  douzième  siècle ,  se  sont  élevés  contre 
les  clercs  incontinents,  et  combien  ils  ont  eu  de  con- 
tradiclious  à  essuvcr,  en  voulant  maintenir  les  règles 
de  la  sainte  discipline.  Ces  faits  sont  trop  connus^ 
pour  que  nous  nous  niellions  en  devoir  Je  les  rap- 
porter. 

Nous  voudrions  pouvoir  en  dire  autant  des  églises 
d'Orient,  mais  la  vérité  de  Tliisloire  ne  nous  le  per- 
met pas.  Nous  avons  vu  ci-devant,  que  S.  Epiphane  se 
plaignait  que  de  son  temps,  on  tolérait  que  les  minis- 
tres sacrés,  inférieurs  aux  évêques  usassent  du  ma- 
riage. Celte  tolérance  devint  bientôt  une  permission, 
<[  ;  ■  l'empereur  Justinieu  autorisa  depuis  par  ses  lois. 
C'est  dans  une  de  ces  Novelles  [A),  où  il  permet  aux 
personnes  mariées  de  recevoir  les  ordres  sacrés  ,  et 
d'user  du  mariage  après  lem-  ordination.  Mais  en 

(1)  Oral.  40,  p.  6o(). 

(2)  Eji.  ad  Ilyuier.  Tarracon. 
(5)  Ep.  ad  Lxuper.  Tolos. 
(i)  Novell.  123,  c.  12  eH4. 


108c 


MARIAGE. 


même  temps,  il  défend  d'ordonner  ceux  qui  ne  sont 
pas  mariés,  à  moins  qu'ils  ne  promcltciit  de  vivre 
dans  le  célibat,  et  veut  qu'ils  soient  déposés  et  ré- 
duits au  rang  des  laïques,  s'ilsle  font.  Nous  ne  voyons 
pas,  quoi  qu  en  dise  Arcudius,  que  le  concile  in  Trullo 
ail  riou  changé  à  celte  >!ovclle  de  Juslinion,  puis- 
qu'il l'allègue  pour  règle  (can.  20),  et  qu'il  l'aulorise 
cnlièreincnl  ;  quoicpie  dans  un  cas  parliculier,  il  sem- 
ble établir  le  contraire  ,  en  ce  qu'il  vont  (can  2G), 
qu'un  prêtre,  qui  avant  son  ordination  avait  épousé  sa 
parente  ,  en  soit  séparé  ,  et  qu'il  lui  soit  défendu  d'en 
approcher;  parce  que  ce  n)arlage  étant  iml,  il  ne 
peut  être  réhabilité  ,  n'éianl  pas  permis  aux  prêtres 
de  se  marier  après  leur  ordination.  C'est  l'cxplicalion 
que  les  canonistes  Grecs  donnent  à  ce  canon  (1). 

Les  Grecs  suivent  encore  à  présent  la  loi  deJusli- 
nien  ,  louchant  les  n^ariages  des  ministres  sacrés, 
comme  nous  l'apprenons  du  moine  Matthieu  Blastares, 
qui  a  traité  à  fond  des  empêchements  de  mariage;  et 
cet  auteur  avoue  qu'en  cela  la  discipline  des  églises 
d'Orient  diffère  de  celle  des  églises  d'Occident  L'empe- 
reur Léon-le-Philosop!ie  (2)  lit  une  coiislilulion  sembla 
bleà  celle  de  Justiiiien,  et  défendit  un  abus  qui  s'élail 
glissé  parmi  les  minisires  sacrés  de  la  Grèce,  lesquels, 
de  son  temps,  se  mariaient  durant  les  deux  premières 
années  de  leur  ordination. 

Tout  ce  qui  a  été  dit  jusqu'à  présent  dans  ce  cha- 
pitre montre  assez  que,  ni  durant  les  premiers  siècles 
dans  toute  l'Eglise ,  ni  depuis  dans  les  églises  orien- 
tales, les  ordres  sacrés  n'ont  point  été  un  empêche- 
ment dirimant  du  .Mariage.  On  pourrait  y  ajouter  la 
disposition  du  dixième  canon  du  concile  d'Aiicyre, 
selon  laquelle  un  évêque  pouvait  ordonner  un  homme 
diacre,  et  lui  permettre  de  se  marier  après  sou  ordi- 
nation, s'il  avait  protesté  à  l'évêquc  qui  l'ordonnait, 
qu'il  ne  pouvait  renoncer  au  mariage  ;  et  celle  du  pre- 
mier canon  du  concile  de  Néocésarée  (jui  ordonne  que 
l'on  punisse  moins  rigoureusement  les  prêtres  qui  se 
marient,  que  ceux  qui  tombent  dans  le  péché  de  for- 
nication. 

Ce  canon  est  renouvelé  dans  les  Capitulaires  de 
nos  rois  (5)  :  ce  qui  fait  voir  que  dans  le  neuvième 
siècle  l'on  ne  regardait  pas  encore  comme  nuls  les 
mariages  des  ministres  sacrés.  Aussi  les  plus  habiles 
théologiens  sont-ils  persuadés  que  ce  n'est  que  dans 
le  doirzième  siècle  que  l'église  latine  a  déclaré  l'Ordre 
sacré  un  empêchement  dirimant  pour  l'Occiilent.  En 
effet ,  c'est  seulement  dans  les  conciles  de  Lalran 
(c,  21),  sous  Callixte  II ,  en  1125,  de  Latran  II  (c.  7), 
sous  Innocent  II,  en  1159  ;  de  lieims  (c.  7  ),  où  pré- 
sida Eugène  111,  en  1148;  de  Lalran  III  (c.  11),  sous 
Alexandre  111,  en  1179,  que  les  mariages  des  ministres 
sacrés  ont  été  déclarés  nuls ,  terme  dont  on  ne  s'est 
pas  servi  dans  l'église  laliue  avant  le  douzième  siècle 
au  sujet  de  ces  mariages. 
Si  l'ordre  sacré  est  à  présent  parmi  nous  i:n  em- 

(1)  Zonare,  Balsamon,  Blastares. 

(2)  Léon.  Novel.  5. 

(3)  L.  7,  c.  138. 


ClIAP.  IX.  EMPECHEMENT  DE  L'ORDRE.  CÉLIBAT  DES  CLERCS.         108G 

j  pêcherncnt  dirimant  de  Mariage  ,  on  voit  assez  que  ce 
n'est   ni  de  droit  naturel ,  ni  de  droit  divin,  mais  de 
droit  ecclésiasti(|ue.  Ce  n'est  pas  le  Mariage  par  lui- 
même,  qui  de  sa  nature  est  opposé,  ni  à  rexcellencc 
de  l'Ordre,  ni  à  1 1  continence  :  il  peut  subsister  et  être 
conlraclé  |)ar  des  >ierges,   qui  voudraient  garder  la 
virginité  le  reste  de  leurs  jours.  Le  mariage  de  la 
sainte  Vierge  et  de  S.  Joseph  ,  celui  de  rimpéralrice 
Pulchérie  avec  Marcien,  celui  de  S.  Henri  avec  sainte 
I  Cunégonde ,  etc. ,  en  sont  des  preuves  :  c'est  done 
l'usage  du  mariage  qui  est  opposé  à  l'exercice  des 
Ordres  sacrés.  Aussi  les  Grecs  le  défendent-ils  aux 
ministres,  quand  ils  servent  à  l'autel  (I).  Mais  d'ail- 
leurs, comme  l'usage  du  Mariage  a  élé  et  est  encore- 
permis  dans  l'église  grecque  aux  minisires  sacrés  qui 
ont  élé  mariés  avant  leur  ordination  ,  il  s'ensuit  de  là 
que  ce  n'esl,  selon  la  remarque  de  S.  Thomas  (2),  que 
par  les  canons  de  l'Eglise ,  que  les  Ordres  sont  en 
Orient  un  empêchement  prohibitif;  et  ils  ne  sont  un 
empêchement  dirimant  parmi   nous,   qu'à  cause  du 
vœu  de  continence  qu'on  y  a  amiexé  :  c'est  pourquoi 
quand  l'évêque  ordonne  les  sous-diacres ,  il  les  aver- 
tit, comme  il  est  marqué  dans  le  Pontifical  Romain  , 
qu'en  recevant  le  sous-diaconat  ils  s'engagent  à  la  con- 
tinence. 

L'Église  ayant  établi  l'empêchement  de  l'Ordre, 
peut  lôler  avec  la  même  autorité  avec  laquelle  elle  l'a 
mis  ;  et  elie  en  a  été  forlement  sollicitée  en  ces  der- 
niers temps  par  plusieurs  personnes  de  grands  poids, 
et  entre  autres  par  l'Empereur  et  par  le  duc  de  Ba- 
vière, qui  en  lo64  firent  de  grandes  instances  auprès 
du  Pape,  pour  obtenir  ce  qu'ils  souhaitaient,  et  cela 
de  concert  avec  les  principaux  prélats  et  princes  de 
l'euqiire  (5).  Leurs  lettres  étaient  accompagnées  d'une 
remontrance ,  composée  par  les  théologiens  catho- 
liques d'Allemagne ,  dans  laquelle  ils  disaient  enlre 
autres ,  que  si  jamais  il  y  avait  eu  des  raisons  de  per- 
mettre le  Mariage  aux  prêtres ,  celait  de  leur  temps  ; 
que  de  cinquante  prêtres  catholiques,  à  peine  s'en  trou- 
vait-il un  seul  qui  ne  scandalisai  le  public  par  ses  dé- 
bauches ;  que  ce  n'était  pas  tant  les  prêtres  qui  désiraient 
le  Mariage  que  les  séculiers,  qui  ne  pouvaient  voir  qu'a- 
vec chagrin,  la  vie  infâme  que  menaient  les  ministres  de 
la  religion,  et  que  même  les  patrons  des  églises  ne  vou- 
laient plus  donner  les  bénéfices ,  sinon  aux  personnes 
mariées ,  de. 
C'étaient  surtout  ces  désordres,  à  la  vue  desquels  les 
!  gens  de  bien  élaient  frappés  d'horreur,  qui  leur  fai- 
saient désirer  que  l'on  permît  aux  prêtres  d'épouser  des 
femmes  légitimes,    espérant  que  cela  arrètoiait  le 
cours  de  leurs  déréglemenls.  Je  ne  sais  s'il  n'y  a  point 
quelque  exagéialion  dans  la  peinture  que  ces  théolo- 
giens d'Allemagne  font  ici  des  désordres  du  clergé; 
mais  il  est  certain  qu'ils  étaient  très-grands  alors,  et 
qu'il  était  très-ordinaire  de  voir  chez  les  prêtres  des 


(1)  Conférences  de  Paris,  t.  2,  p.  182. 

(2)  lu  4,  disl.  37,  q.  I,  a.  1. 

(3)  Histoire  du  concile  de  Trente,  par  Kra-Paolo, 
sur  la  fin. 


«087 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


1088 


enfants ,  qui  étaient  les  fruits  et  les  témoins  vivants 
de  leur  vie  déréglée.  C'est  ce  que  Ton  voit  assez  par  | 
les  statuts  synodaux  de  Guarin  de  Doniniartin,  cvêque 
de  Verdun,  lesquels  portent  entre  autres  (1)  :  Qu'il 
est  défendu  à  toits  les  prêtres ,  sous  peine  d'excommuni- 
cation ,  de  se  faire'  servir  ù  l'aulcl  pur  leurs  enfants  bâ- 
tards ,  lorsqu'ils  célèbrent  les  offices  divins  ou  les  saints 
mystères.  Il  fallait  doue  que  la  chose  fût  bien  com- 
mune ,  et  que  l'on  n'en  rougît  plus  ,  puisque  ,  pour 
obliger  ceux  du  clergé  à  prendre  (pieicpie  précaution 
pour  sauver  eu  quelque  sorte  leur  honneur ,  il  fallait 
en  venir  à  rexcommunicaliou,  La  note  marginale  qui 
se  trouve  à  côté  de  ce  statut  dans  l'imprimé  qui  est 
de  Tan  1;)07,  montre  que  ce  cas  n'était  pas  rare  ;  car 
elle  porte  :  Attendant  hoc  presbtjleri ,  que  les  prêtres 
fassent  attention  à  ceci. 

Le  Saint  Père  ne  jugea  pas  néanmoins  à  propos 
d'accorder  à  l'Empereur  et  aux  princes  ce  qu'ils  do- 
mandaient  avec  tant  d'inslance.  Il  espéra  que  Dieu 
remédierait  par  d'autres  voies  aux  maux  de  son  Église. 
11  suivit  en  cela  l'avis  de  dix-neuf  cardinaux ,  dont  il 
avait  formé  une  congrégation  pour  délibérer  sur  cette 
affaire. 

Ce  qui  a  été  dit  dans  ce  chapitre  touchant  le  céli- 
bat des  ministres  sacrés,  se  peut  encore  prouver  par 
un  abus  très-commun  et  très-ancien  qui  a  régné  au- 
Irelois  dans  l'Église  ;  et  contre  lequel  les  conciles  et 
les  Pères  se  sont  élevés  avec  force  en  difl'ércnts  temps. 
J'entends  celui  de  ces  fdles  ou  fenunes,  que  les  ecclé- 
siastiques retiraient  dans  leurs  maisons ,  et  avec  les- 
quelles ils  vivaient ,  sous  le  spécieux  prétexte  du  be- 
soin qu'ils  avaient  de  leur  secours  dans  leurs  maladies, 
ou  pour  leur  ménage  :  car  ciilin  il  n'est  nullement 
probable  ni  que  les  conciles  eussent  défendu  aux 
clercs  de  garder  de  ces  sortes  de  gens  chez  eux  s'ils 
eussent  été  mariés;  n'étant  pas  juste  de  priver  leurs 
femmes  des  services  qu'elles  avaient  droit  d'attcntlre 
des  personnes  de  leur  sexe;  ni  que  les  clercs  ayant 
des  femmes  légitimes  eussent  témoigné  tant  d'atta- 
chement pour  des  étrangères.  Cependant  on  ne  peut 
douter  de  leur  faiblesse  à  cet  égard ,  et  le  scandale 
sur  ce  point  a  éclaté  dès  les  premiers  siècles  de  l'É- 
glise. Paul  de  Samosate  fut  accusé  de  celte  honteuse 
familiarité  ;  et  c'est  une  des  raisons  de  sa  déposition, 
marquée  dans  l'épître  synodale  du  concile  d'Antioche 
qui  le  déposa,  et  rapportée  par  Eusèbe  (2).  Les  Pères 
du  concile  lui  reprochent  non  seulement  d'avoir  eu 
dans  sa  maison  de  ces  sortes  de  femmes,  dont  il  est 
question  ici ,  mais  d'avoir  souffert  que  les  prêtres  et 
les  diacres  de  son  église  en  eussent  aussi ,  et  de  l'a- 
voir dissimulé  pour  les  rendre  plus  dépendants  de  lui. 
Qu'est-il  besoin,  disent  les  évêques  de  ce  synode,  de 
parler  ici  des  femmes  sous-introduites  (ainsi  que  les 
appellent  ceux  d'Antioche),  que  lui,  sa^  prêtres  et  ses 
diacres,  entretiennent  chez  eux'! 

La  rigueur  dont  on  usa  à  l'égard  de  Paul  de  Samo- 
sate ,  ne  fut  pas  capable  d'arrêter  le  cours  de  ce  dé- 

{\)  Fol.  verso  27. 
(2)  Lib.  7,  c.  50. 


sordre ,  il  continua  parmi  les  ecclésiastiques,  et  c'est 
ce  qui  obligea  le  concile  de  Nicée  de  faire  un  canon 
exprès  pour  proscrire  un  abus  qui  tendait  à  rendre  les 
clercs  inutiles  et  méprisables,  en  les  décréditant  dans 
l'esprit  (!es  peuples ,  et  en  leur  ôtant  la  confiance 
qu'inspire  naturellement  une  conduite  irréprochable 
et  exempte  de  tout  soupçon.  Ce  canon  est  le  troisième 
de  celle  auguste  assemblée,  il  est  conçu  en  ces  termes  : 
Le  (jrand  concile  défend  en  tonte  manière  à  l'évêque,  au 
prêtre  ,  au  diacre  cl  à  tous  ceux  du  clerqé ,  d'avoir  des 
femmes  sous-introduites,  tju-junik/.zo'ji,  à  moins  qu'elles  ne 
soient  leurs  mères ,  leurs  tantes  ,  leurs  sœurs ,  ou  quel- 
ques autres  exemptes  de  tout  soupçon. 

Ce  nom  que  l'on  donnait  à  ces  femmes  ,  îuvetjâ/Tat 
yuvKtV.sj,  par  le(|uel  les  conciles  d'Antioche  et  de  Nicée 
les  désignent,  avait  été  niventé  par  ceux  d'Antioche, 
où  cet  abus  avait  d'abord  paru  avec  plus  d'éclat  et  de 
scandale ,  comnie  H  paraît  par  le  passage  de  la  lettre 
synodale  du  concile  de  celle  ville ,  que  nous  avons 
cité.  Il  devint  depuis  commun  dans  les  églises  d'Orient, 
et  les  Latins  l'ont  traduit  tanlôt  par  le  terme  mulieres 
subintroductœ,  tanlôt  par  celui  de  cohabitantes,  de  con- 
tubernales,  (ïadoptivœ,  d'extrancœ ,  qui  tous ,  sans  ré- 
pondre exactement  à  la  même  signification,  marquent 
pourtant  au  fond  la  même  chose. 

Les  ecclésiastiques ,  pour  colorer  une  conduite  si 
blâmable ,  donnaient  outre  cela  difl'érents  noms  à  ces 
femmes  qu'ils  logeaient  chez  eux ,  ils  les  appelaient 
sorores  agapetds,  sous  prétexte  de  l'amitié  chrétienne, 
qui  les  faisait  vivre,  ainsi  qu'ils  prétendaient,  connue 
frères  et  sœurs.  Quand  celles  qu'ils  retiraient  chez 
eux  étaient  jeunes,  ils  les  qualifiaient  de /i//esado/;<H'<'s, 
n'agissant  ainsi,  disaient-ils,  qu'afin  de  conserver  leur 
virginité  et  leurs  biens,  et  les  substituant  en  quelque 
ruanière  aux  enfants  qu'ils  auraient  pu  avoir  d'un 
mariage  légitime.  C'est  ainsi  que  sous  différents  pré- 
textes cet  abus  se  fortifia,  et  ne  put  être  aboli  par 
l'ordonnance  du  concile  de  Nicée.  Il  passa  même  d'An- 
tioche, où  il  semblait  avoir  pris  naissance,  et  où 
il  s'était  fait  remaripier  principalement  dans  Léon- 
tius  (1),  qui  fut  depuis  évèque  de  celte  ville,  dans  les 
autres  églises  ;  et  S.  Chrysostôme  qui  l'avait  forte- 
ment combattu  ,  lorsqu'il  n'était  encore  que  prêtre , 
le  trouva  établi  dans  la  capitale  de  l'empire  d'Orient , 
.'  quand  il  en  fut  faitévêqiie.  De  là  il  se  répandit  dans  l'Oc- 
cident, où  les  divers  conciles  (jui  le  défendent,  et  les 
écrits  de  S.  Jérôme  nous  apprennent  qu'il  s'était  glissé 
par  toute  l'Église.  S.  Chrysostôme,  fit  dans  Conslanti- 
nople  deux  livres  sur  cette  matière,  ou  si  l'on  veut, 
deux  homélies  fort  longues,  et  employa  toute  son  élo- 
quence pour  détruire  ce  désordre  dans  son  clergé  : 
et  ce  ne  fut  pas  un  des  moindres  sujets  qui  soulevèrent 
la  plupart  des  ecclésiastiques  contre  lui.  Enfin  l'au- 
toiiié  de  l'Église  se  trouva  trop  faible  contre  une  cou- 
tume si  invétérée  et  si  honteuse ,  et  elle  fut  obligée 
de  recourir  à  la  puissance  des  empereurs,  entre  les- 
quels Ilonorius  fit  une  loi  expresse  en  420  contre  les 


(1)  Il  se  fit  eunuque,  pour  pouvoir  demeurer  libre- 
1  ment  avec  une  fille  (pi'il  aimait. 


MARIAGE.  -  ClIAP.  X.  EMPÊCHEMENTS  DE  PARENTÉ  ,  D'AFFINITÉ,  etc. 


1089 

clercs,  qui  sous  le  nom  de  sœurs,  gardaient  dans  leurs 
maisons  dos  femmes  élrangères. 

Le  concile  de  Nicéc  avait  usé  de  quoique  indul- 
gence, en  permellant  la  cohabiiaiion  des  clercs  avec 
certaines  femmes  non  suspectes.  Cela  domia  lieu  aux 
ccclosiasliquos  inconlinouls,  ou  d'une  conduite  pou 
réglôo,  (r.onlrelonir  à  celle  occasion  dos  familiarilés 
indécenles  avec  d'aulres  personnes  du  sexe  :  et  c'est 
ce  qui  fit  que  plusieurs  conciles  de  France  et  d'Es- 
pagne défendirent  la  conversation  et  la  coliabilalion 
avec  leurs  parentes  mêmes.  Le  synode  de  Bragues  (I) 
la  leur  inierdil  avec  les  propres  sœurs,  el  ne  la  per- 
met qu'avec  les  mères.  S.  Augustin  en  usait  ainsi  pour 
la  raison  que  l'on  sait.  Les  conciles  d'Aix-la-Cliapelle, 
de  Metz ,  de  Mayence ,  de  Frioul ,  les  capilulaires  de 
Charlemagne,  de  ThéodulphodOrloaus,  dofcndonl  aux 
ecclésiastiques  do  loger  chez  eux  aucune  l'onuue  ,  pas 
même  leur  propre  mère.  Le  concile  de"  Frioul  (2)  rend 
raison  de  celle  sévérilé ,  en  disant  que  cela  donnait 
lieu  aux  autres  femmes  de  fréquenter  les  maisons  des  ■ 
clercs,  ce  qui  avait  élé  funeste  à  plusieurs  d'entre  | 
eux.  L'Église  par  es  règlements  relranchait  ce  que  le 
concile  avait  accordé  sur  ce  point  par  condescendance, 
l'expérience  lui  ayant  fait  juger  qu'en  cette  matière 
l'indulgence  était  plus  nuisible  qu'avantageuse  à 
l'Iionneur  et  à  la  réputation  du  clergé. 

Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  semble  même  prouver 
que  la  loi  de  la  continence  s'élendaii  non-seulement 
sur  les  trois  premiers  ordres  du  clergé ,  mais  encore 
sur  ceux  qui  étaient  engagés  dans  les  ordres  infé- 
rieurs. Ce  qui  ne  se  doit  néanmoins  eiilcndre  que  des 
clercs,  que  l'on  destinait  pour  l'ordinaire  aux  pre- 
mières places  de  la  hiérarchie,  lois  qu'étaient  les  lec- 
teurs (3). 

CHAPITRE  X. 

Des  empêchements  de  la  parenté  ,  de  faffimtê ,  et  de 
Clwnnêleté  publique. 

Nous  traiterons  de  ces  trois  empêchements  dans  un 
même  chapitre ,  à  cause  de  la  liaison  qu'ils  ont  entre 
eux  :  mais  la  matière  a  quelque  étendue.  Nous  divise- 
rons ce  chapitre  en  deux  articles. 

ARTICLE   PREMIER. 

Jusqu'à  quel  degré  la  parenté  7ialurelle  a-t-elle  élé  un 
empêchement  de  Mariage?  Diversité  d'usage  sur  ce 
point.  Sur  quel  droit  est  fondé  tant  cet  empêchement, 
que  celui  qui  résulte  de  la  parenté  spirituelle  et  lé- 
gale, etc. 

Je  suppose  que  ceux  pour  qui  j'écris  savent  ce  que 
c'est  que  ligne  directe  et  ligne  collatérale  en  matière 
de  parenté,  et  qu'ils  n'ignorent  pas  les  différentes 
manières  de  compter  les  degrés  de  la  ligne  collatérale 


1090 


(!)  Conc.  IH  Bracarense. 

(2)  Sous  Paulin  ,  patriarche  d'Aquiléo. 

(ô)  Voyez  sûr  cette  matière  le  deuxième  tome  du 
livre  intitulé  :  La  Discipline  de  !'iigtise,  imprimé  à 
Lyon  en  16!i2,  depuis  la  page  9,"  jusqu'à  la  10-2. 


qui  sont  en  usage,  tant  chez  les  canonisles  que  chez 
les  autours  qui  ont  traité  du  droit  civil,  ou  plutôt 
dans  l'Eglise,  et  dans  le  barreau.  Je  remarquerai 
seulement  que  la  mmiière  de  -compter  les  degrés  se- 
lon le  droit  civil,  a  été  reçue  fort  longlom|ts  dans  l'É- 
glise ,  comme  il  par;u't  par  la  quarantc-liuiliènio  lettre 
de  S.  Ainliroisc  ,  (|iii  considère  les  cousins-germains 
comme  parents  au  quatrième  degré,  quoiqu'ils  ne  le 
soient  qu'au  second,  selon  notre  droit  canonique.  Les 
Grecs,  selon  Blastares,  suivent  encore  celte  ancienne 
supputation. 

A  l'égard  dos  parents  dans  la  ligne  directe,  l'Eglise, 
de  concert  avec  le  droit  civil  (I),  a  défendu  en  tout 
temps  leurs  mariages ,  dans  (pielque  degré  éloigné 
qu'ils  soient;  ce  qui  a  toujours  eu  lion  tant  eu  Orient 
qu'en  Occident.  En  quoi  on  n'a  fait  que  suivre  l'im- 
pression de  la  nature ,  qui  a  une  secrète  horreur  de 
ces  sortes  de  conjonctions,  à  moins  qu'elle  ne  soit 
parvenue  à  une  extrême  dépravation. 

11  n'en  a  pas  élé  de  même  à  l'égard  des  mariages 
contractés  entre  parents  dans  la  ligne  collatérale.  La 
discipline  a  beaucoup  varié  sur  ce  sujet  quant  à  cer- 
tains degrés  :  c'est  de  quoi  il  nous  convient  de  rendre 
compte  au  lecteur.  Nous  disons  que  la  discipline  a 
varié  quant  à  certains  degrés,  parce  qu'il  en  est  (jucl- 
ques-uns  ,  comme  le  premier  el  le  second  ,  qui  ont 
toujours  été  défendus  ;  de  façon  néanmoins  qu'avant 
le  grand  Théodose  les  mariages  entre  cousins-germains 
se  faisaient  quelquefois,  quoique  rarement,  et  que  sans 
être  expressément  condamnés  par  les  lois,  ils  étaient 
considérés  comme  indécents  (2). 

Nous  avons  dans  la  vie  de  Constantin  un  exemple 
de  ces  mariages  dans  les  deux  filles  de  ce  prince,  dont 
l'une  épousa  Annibalien,etrautre  Julien  leurs  cousins- 
germains.  Mais  on  peut  regarder  ce  que  fit  ce  prince, 
comme  un  reste  de  la  liberté  que  le  paganisme  laissait 
sur  ce  sujet,  et  bientôt  après  ces  mariages  furent  con- 
damnés par  une  loi  fameuse  que  publia  Théodose  en 
58i  ou  58o. 

Ce  grand  empereur  en  publiant  celte  loi  sévère  , 
dont  l'observation  était  prescrite  sous  peine  de  pros- 
cription ,  ou  même  du  fou,  ne  fit  que  renouveler  la 
loi  qui  en  avait  élé  déjà  faite  ,  selon  Tacite  (5),  mais 
qu'on  ne  suivait  plus  depuis  longtemps.  La  consli- 
tulion  que  fit  Théodose  sur  ce  sujet  ne  se  trouve  plus, 
mais  il  en  est  fait  monlion  dans  deux  autres  lois  d'Ar- 
cade et  d'Honorius  ses  fils  (4)  ;  et  de  plus  Libanius, 
S.  Ambroise,  S.  Augustin  el  Paul,  diacre,  en  parlent. 

Cependant  comme  on  obtenait  trop  souvent  des 
dispenses  dos  empereurs  pour  faire  ces  sortes  de 
mariages ,  Arcade  jugea  à  propos  de  modérer  celle 
loi ,  el  d'en  ôler  la  peine  du  feu  ,  de  la  proscription  et  l 
I  de  la  coii(iscation  ;  el  c'est  ce  qu'il  fit  par  la  loi  du  26 
novembre  de  l'an  59G.  H  déclara  néanmoins  ces  ma- 


(1)  Instil.  Jusliniaiii,  1.  1,  lit.  10,  de  Nuptiis. 
2)  Aucust.,  de  Civil.  Dci,  I.  15,  c.lti. 
ô)L.  12  Annal. 

l)  De  inccstis  .Suptiis  ;  et,  si  nuptiœ  ex  rescrîplo  pe^ 
l  tantur. 


^091 

riagcs  illcgilinies  cl  ïiiccstueux,  el  les  cillants  qui  cm 
iiaUraicnl,  incapables  de  recevoir  quoi  (ino  ce  fût  de 
leurs  pères. 

Arcade  ne  se  contenta  pas  de  cela;  en  l'an  405,  si 
nous  en  croyons  (juelques  jurisconsullcs,  il  cassa  en- 
lièrcmenl  la  loi  de  son  père ,  et  rétablit  Tiisage  qui 
autorisait  les  mariages  des  cousins-germains.  M.  de 
Launoy  et  le  P.  Sirmond  ne  coiiviemieiit  point  que  ce 
prince  ail  jamais  révcuiué  cette  loi  .  non  pins  ([u'Ho- 
;norius  son  frère  :  mais  en  cas  que  cela  soit  arrivé,  on 
peut  juger  par  S.  Augustin  cl  i>ar  S.  Grégoire,  que 
cette  révocation  ne  fut  ni  reçue,  ni  même  connue  dans 
rOccidenl,  et  que  l'esprit  de  l'Eglise  fut  toujours  de 
regarder  ces  mariages,  conmieapprodianl  de  l'inceste. 
C'est  pourquoi  S.  Grégoire  (l),  ne  fait  point  diflicuilé 
•de  blâmer  ouvertement  la  loi  de  Justinien  ("2)  ,  ([ui  , 
plusd'un  siècle  après  ces  empereurs  dont  nous  venons 
<le  parlcr,antorisait  les  mariages  descousins-gerniains. 
lhieccrlaincloimoud(mcpermd,dilA\,du)isl(!n'publkiHc 
romaine...,  aux  eiifanls  des  frères  et  de$  sœurs  de  se  ma- 
rier :  mais  nous  avons  appris  par  expérience  quil  ne 
naît  point  de  postérité  d'une  telle  conjonction  ,  et  In  lui 
sacrée  défend  de  découvrir  la  turpitude  de  ses  parenti. 
S.  Ambroise  avait  dit  auparavant  de  même,  que  la  loi 
•divine  défendait  aux  cousins-germains  de  contracter 
mariage  ensemble,  par  où,  suivant  M.  de  l'illemont,  il 
•entend  la  pudeur  naturelle,  qui  est  une  espèce  de  loi 
que  la  nature  prescrit  et  que  Dieu  autorise  :  ce  qui 
rendait  ces  mariages  très-rares ,  selon  S.  Augus- 
tin (5) ,  à  cause  du  peu  de  distance  (pi'il  y  a  enlre  les 
«ousins-germains. 

On  voit  même  que  du  temps  de  S.  Grégoire  il  était 
défendu  universellement  dans  toute  l'église  latine  de 
se  marier  entre  parents  jusqu'au  se|)ticnie  degré  in- 
clusivement ,  selon  la  supiuitation  des  canonisles.  Il 
tuaniue  à  Félix,  évèque  de  Messine  (4),  qui  le  con- 
damnait d'avoir  permis  aux  Anglais  de  se  m.iiier  dans 
le  .troisième  ou  quatrième  degré,  quoique  h'S  canons 
le  défendissent  jusqu'au  seplièmc,  qu'il  n'avait  levé 
«elle  défense  générale  de  l'Eglise  en  faveur  des  An- 
glais ,  que  pour  faciliter  la  conversion  de  ce  peuple. 
Les  lois  de  l'église  grecque  n'étaient  point  si  sévères. 
Outre  que  Justinien  avait  laissé  sur  cela  une  trop  giande 
liberté, renqiereur  Léon-le-Pliilosophc  (.">)  ne  crut  pas 
devoir  étendre  la  défense  de  se  marier  entre  parents 
au-delà  des  cousins  issus  de  germains. 

Mais  en  Occident  bien  loin  de  se  rclàcber  sur  cet  ar- 
ticle ,  la  rigueur  s'augmenta  :  nos  rois  dans  leurs  ca- 
pilulaires  (G)  défendirent  aux  parents  de  se  marier 
jusqu  à  la  septième  génération,  ce  qui  causa  daiisla 
suite  bien  des  inconvénients,  parliculièremcnl. entre 
les  princes  el  les  grands,  qui  d'ordinaire  se  trouvent 
lous  parents  au-deçà  de  ce  degré.  Car,  comme  dit  un 

(I)L.  0,  ep.  U. 

h)  L.  1,  lit.  10,  dcNupl.,  §.f). 

(5)  L.  13  de  Civil.  Dei,  c.  Iti. 

(/t)  Ep.  17,  1.  14. 

(.^)  Delect.  losur.  Leonis,ctConst.,t.l2,  de  Nuptiis. 

(G)  L.  G,  c.  iOet  1-28. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


1092 


de  nos  historiens  (1)  à  l'occasion  du  mariage  du  roi 
Robert  avec  Rertlie ,  dès  qiCun  mari  ou  une  femme 
étaient  dégoûtés  tun  de  l'autre  ,  ou  (fu^il  prenait  envie  à 
quetipCun  de  les  troubler ,  on  n\n  ail  qu'à  articuler  el  ju- 
rer qu'ils  étaient  parents  au  degré  ]>roliibé,  el  à  produire 
sur  cela  des  témoins  (au  nombre  de  neuf,  (|ue  je  crois), 
dont  on  ne  manquait  pas  ;  et  il  fallait  que  l'évêque  diocé- 
sain ,  ou  une  assemblée  d'évêqnes ,  s'il  y  avait  quelque 
difficulté,  prononçât  là-dessus. 

Or ,  poursuit  noire  auteur  ,  lu  reine  Lulgarde,  pre- 
mière femme  de  Robert,  éta)it  morte,  il  fui  conseillé,  par 
maxime  de  politique,  d'épouser  Berllte,  sœur  de  Haoul- 
U'-Fuinéant,roi  de  Bourgogne,  qui  était  veuve  d'Eudes I, 
comte  de  Chartres  ,  el  mère  d'Eudes  II ,  lequel  était  en- 
core fort  jeune.  Comme  elle  était  sa  parenlc  au  quatrième 
degré,  et  que  d'ailleurs  il  avait  tenu  un  de  ses  enfants  sur 
j  les  fonts,  il  crut  qu'il  pourrait  prévenir  l'inconvénienl  de 
la  nullité  du  mariage  par  l'autorité  de  l'église  Gallicane: 
il  convoqua  donc  les  évoques  de  so)i  royaume ,  lesquels 
ayant  entendu  ses  raisons,  furent  d'avis,  par  la  considé- 
ration du  bien  puûlic,  qu'il  la  prit  à  femme,  nonobstant 
les  cmpècliements  canoniques;  ce  qui  était  une  espèce  de 
dispense.  Mais  malgré  ces  raisons  et  ces  précautions  , 
le  pape  Grégoire  V,  dans  un  concile  de  Rome  de  l'an 
998,  sans  doute  à  la  sollicitation  de  Gcrbert,  pour  lors 
arclievèiiue  de  Ravenne,  qui  se  trouvait  à  ce  concile, 
ordonna  dans  le  premier  canon  que  le  roi  Robert 
quitterait  Bertlie,  sa  parente,  et  qu'il  ferait  sept  ans 
de  pénitence,  suivant  les  degrés  prescrits  par  l'Eglise; 
le  tout  sous  peine  d'analliènie.  Il  suspendit  aussi  de  la 
coinnnmion  Arcliand>aud,  arclievè(jue  de  Tours,  qui 
leur  avait  donné  la  bénédiction  nupliale  ,  et  lous  les 
évèquesquiyavaientassisté,  jusqu'à  ce  qu'ils  vinssent 
faire  satisfaction  au  Saint-Siège. 

Voilà  de  quelle  manière  Gcrbert  se   vengea   de  ce 
que  1er  oi  Robert  et  la  reine  sa  femme  avaient  donné  les 
mains  à  son  expulsion  du  siège  de  Reims  dont  il  était 
veiui  à  bout  de  se  mettre  en  possession.  Cela  fait  voir 
comi)icn  on  était  rigide  en  ce  lemps-là  touchant  les 
empèclienuints  qui  résultent  de  la  parenté  :  car  cette 
sentence  fut  exécutée,  et  le  l'oi  Robert  fui  obligé  au 
!  bout  de  trois  ans  de  se  séparer  de  Rerlhe  qu'il  aimait 
I  lendrcmenl,  après  quoi  il  épousa  Constance,  princesse 
1  impéiieusc  et  superbe,  dont  il  eut  beaucoup  à  souf- 
frir. 

Si  l'exemple  que  nous  venons  diï  rapporter  fait  voir 
comment  l'on  se  servait  des  lois  rigoureuses  établies 
alors  touchant  les  degrés  de  parenté,  pour  troubler  cl 
dissoudre  les  mariages  les  plus  unis,  l'histoire  de 
Philippe-Auguste  nous  en  présente  une  aulre  (jui 
montre  de  quelle  manière  ceux  qui  étaient  dégoûtés 
de  leurs  femmes  se  servaient  de  ces  mènies  règles  pour 
se  défaire  d'elles.  Ce  prince,  après  la  morl  d'Isabelle 
de  Ilainaut  dont  il  avait  un  lils  nommé  Louis,  avait 
éi)Ousé  Ingeburge,  sœur  de  Canut  III,  roi  de  Dane- 
marcU,  qu'il  lit  couroimer  le  lendemain  de  ses  noces. 
Mais  pendant  cette  cérémonie,   le  roi   regardant  la 

Il      (1)  Mé/crai,  Abrégé  chronologique,  t.  2,  p.  474. 


i093 


MARIAGE.  —  CIIAP.  X.  EMPECHEMENTS  DE  PARENTÉ,  D'AFFINITÉ,  etc. 


princesse,  commença  à  en  avoir  liorreur  :  il  irembln, 
il  pàiil  et  fut  si  troiiliié  qu'à  peine  put  il  attendre  la 
fin  de  l'action.  Deux  mois  et  trois  semaines  après  ce 
mariage,  il  tint  un  parlement  à  Compiègnc  avec  les 
évèqucs  et. les  seigneurs  de  son  royaume,  où  présidait 
rarclievèquc  de  Reims ,  légat  du  Saint-Siège.  Là  se 
trouvèrent  des  témoins  qui  assurèrent  par  serment 
quil  y  avait  parenté  entre  la  défunte  reine  Isabelle  et 
Ingeburgc;  et  cotte  parenté  se  prenait  du  chef  de 
Cliarles-le  Bon,  comte  de  Flandres,  fds  de  S.  Caniil, 
roi  de  Danemarc  k.  Les  piélats  jugèrent  cette  parenté 
suflisanle  pour  empèclier  le  mariage,  et  rarcbovèfjue 
de  Reims  prononça  la  seutence  par  laquelle  il  fut  dé- 
claré nul.  La  princesse  appela  de  cette  sentence  au 
Saint-Siège,  et  le  papeCélestin  ayant  appris  comment 
celte  affaire  s'était  passée,  envoya  des  légats  à  P.iris, 
qui  assemblèrent  un  concile  de  tous  les  évèques  et  de 
tous  les  abbés  du  royaume,  pour  examiner  la  validité 
de  ce  mariage  :  mais  la  crainte  les  ayant  emp'ccliés 
d'agir  avec  liberté,  leur  légation  fut  sans  effet.  Après 
leur  retour,  le  Pape  écrivit  à  Micbel,  archevêque  de 
Sens,  se  plaignant  qu'avant  de  décider  une  affaire  de 
celte  importance,  0:1  n'eut  pas  consullé  le  Saint- 
Siège,  quoiqu'on  doive  lui  rapporter  toutes  les  causes 
majeures,  suivant  la  maxime  établie  par  les  canons, 
et  toujours  observée  par  l'église  Gallicane.  En  con- 
séquence ,  le  Saint  Père  cassa  la  sentence  de  sépiua- 
lion,  et  ordonna  au  roi  de  reprendre  Ingeburge. 

Cela  se  passait  en  1!9G.  Le  roi  n'eut  aucun  égard 
aux  ordres  du  pape  Célestin,  qui  laissa  tomber  celte 
affaire;  cependant  il  se  remaria  à  une  autre.  Mais  le 
pape  Innocent  III,  quelque  lemps  après,  voulantren- 
dre  justice  à  Ingeburge  ,  mit  le  royaume  en  interdit, 
et  il  fut  observé  avec  tant  de  rigueur,  que  les  églises 
étaient  fermées  partout,  et  les  corps  morts  demeu- 
raient sans  sépulture.  Alors  le  roi  touché  des  cla- 
meurs du  peuple  appela  quelques  prélats  et  quelques 
seigneurs  pour  consulter  avec  eux  ce  qu'il  devait 
faire;  et  ils  répondirent  tous  d'une  voix  qu'il 
fallait  obéir  au  Saint-Siège.  Alors  il  dit  à  l'ar- 
chevêque de  Reims,  son  oncle  :  Ce  que  le  Pape  m'a 
écrit,  que  la  sentence  de  séparation  que  vous  avez 
prononcée  n'est  qu'une  fable  et  une  illusion,  est-il 
vrai?  Le  prélat  n'osa  en  disconvenir,  et  le  roi  reprit  : 
Vous  êtes  donc  un  impertinent  d'avoir  prononcé  une 
telle  sentence.  Aussitôt  après  il  reprit  Ingeburge  et 
renvoya  Agnès  de  Méranie  qu'il  avait  épousée  après 
la  sentence  de  divorce  que  les  prélats  de  France 
avaient  rendue  contre  Ingeburge. 

Jai  raconté  ces  deux  affaires  un  peu  au  long,  con- 
tre ma  coutume,  pour  donner  au  lecteur  un  échantil- 
lon de  la  manière  dont  se  traitaient  alors  les  causes 
matrimoniales,  par  rapport  à  la  matière  dont  il  s'agit, 
et  pour  faire  connaître  l'excessive  rigueur  avec  la- 
quelle on  observait  les  degrés  de  parenté  quand  il 
s'agissait  de  contracter  mariage.  Le  pape  Jean  VIII, 
ép.  198,  les  étend  indéfiniment,  tant  que  l'on  a  con- 
naissance de  la  parenté.  Il  paraît  même  que  l'on  sui- 
vait assez  cela  dans  la  pratique.  Ce  Pape,  oarlantdes 


1094 

I  mariages  incestueux,  dit  :  Quod  licitum  faccre  chrislia- 
uis  non  csl  diim  usque  se  geueruiio  cogtwvcrit.  Inno- 
cent m  sentit  les  inconvénients  de  celte  rigueur, 
j  et  il  restreignit  (l)  les  degrés  prohibés  au  quatrième 
inclusivement;  de  façon  néannu)ins  que  le  degré  plus 
éloigné  l'emporte  sur  le  plus  proche  ,  et  le  rond  in- 
utile. Au  nmins  c'est  ce  qui  se  pratique  aujourd'hui 
parmi  nous,  et  ce  qu'enseigne  Covarruvias  (2) ,  suivi 
en  cela  de  presque  tous  les  canonisles. 

On  voit  par  tout  ce  qui  a  été  dit  jusqu'à  présent, 
qu'à  l'exception  des  mariages  des  frères  et  des  su'urs, 
que  presque  toutes  les  nations  ont  eus  en  hurreur, 
comme  il  parait  dans  Arislole  (5),  ce  sont  les  princes 
qui  semblent  avoir  établi  les  prenners  les  empêchements 
dirimants  de  mariage  entre  les  parents,  et  que  lEglise 
a  adopté  leur  lois  sur  ce  sujet,  et  étendu  ensuite  leur 
I  défense  jusqu'à  des  degrés  jtlus  éloignés.    Ainsi  l'on 

Ipeul  dire  que  les  degrés  de  parenté  de  la  ligne  colla- 
i  térale  sont  originairement  des  empêchements  de  droit 
j  civil,  et  le  sont  formellement  de  droit  ecclésiastique, 
Ipour  ce  qui  concerne  les  degrés  qui  passent  les  cou- 
sins-germains. On  peut  voir  dans  S.  Thomas  (-i)  les 
i  raisons  qui  ont  porté  l'Église  à  faiie  ces  lois. 
i  Outre  la  parenté  naturelle  qui  vient  tant  des  ma- 
riages légitimes  que  des  conjonctions  illicites,  l'al- 
liance qui  se  contracte  par  le  moyen  du  sacrement  de 
Baptême  ou  de  la  Confirmation,  forme  aussi  des  em- 
pêchements de  Mariage  entre  celui  qui  en  a  été  le 
ministre  ou  les  parrains  et  marraines,  cl  la  personne  qui 
a  reçu  ces  sacrements  ;  mais  ces  empêchements  sont 
purement  ecclé'siastiques.  Ils  ne  paraissent  pas  même 
établis  avant  la  fin  du  quatrième  siècle  ;  encore  y  a- 
t-il  lieu  d'en  douter,  puisque  nous  n'en  avons  pour 
garant  que  la  Icilre  du  Pape,  Deus  dédit,  à  Gordien 
de  Sévillc,  dont  les  critiques  de  notre  temps  révo- 
quent en  doute  l'authenlicilé. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  certain,  pour  l'antiquité  de 
l'empêchement  dirimant  qui  résulte  de  la  parenté  spi- 
rituelle, c'est  la  loi  de  Justinienet  le  canon  cinquante- 
trois  du  coimle  in  Trullo,  qui  l'ont  établi;  encore 
n'en  parlent-ils  qu'au  sujet  du  Baptême,  sans  parler 
du  sacrement  do  Confirmation ,  comme  on  le  voit  dans 
le  moine  Matthieu  Blastarcs(5).  Mais  Charlemagne  (0) 
autorise  cetempêchemenl  pour  la  Confirmation  comme 
pour  le  Baptême,  et  il  n'y  a  point  d'apparence  qu'a- 
vant ce  prince  cela  ait  eut  lieu  à  l'égard  de  laConfir- 
ir-ation  ,  dont  l'administration  était  rarement  séparée 
décolle  du  Baptême  dans  lespren)iers  temps,  comme 
nous  avons  vu  dans  l'histoire  de  la  Confirmation.  Il  est 
donc  plus  probable  que  c'est  du  temps  de  ce  prince 
que  cet  empêchement  a  été  déclaré  dirimant  dans  nos 
églises.  Cela  parait  tant  par  l'endroit  de  ses  caiiitii- 
laires,  que  nous  venons  d'indiquer,  que  par  le  con- 

(I)  Dans  le  qnaliiènie  conc'i-le  deLalran. 
(i)  Tom.  1  (le  Malrim.,  p.  2,  c.  G. 

(5)  L.  "2  Polilioorum,  c.  1. 
(4)  "2-2,  q.  L'),  2,  9,  in  corp. 
hi)  Quaîst.  matrim.  2. 

(6)  L.  0,  c.  100. 


1005 


ciledo  M:iyonce,  qui  le  dit  fornicllemcnl  (c.  55)  :  Nul-  | 
lus  fîiinm  ob  Confirnuiliouem  ducal  uxorcm  ;  uhi  auteni  ] 
factum  fucrit,  separcntur. 

Depuis  ce  Icmps  reinpêchemcnt  diriinnnt  de  la  pa-  ; 
renie  spirituelle,  au  moins  de  celle  qui  vient  du  Bap-  j 
lême,  est  passé  en  loi  dans  toute  rÉglise.  Elle  avait 
mcnie  beaucoup  d'étendue,  que  l'on  a  été  obligé  dans 
la  suite  de  renfermer  en  des  bornes  i)lus  étroites,  à 
cause  des  embarras  que  cela  causait  souvent  dans  les 
familles  et  dans  les  étais.  Avant  le  concile  de  Trente 
on  comptait  trois  espèces  de  parenlé  spirituelle  ,  que 
nous  lisons  dans  Gratien.  La  première  était  et  est  en- 
core aujourd'bui  celle  que  contractent  celui  qui  est 
baptisé  et  les  parrains  et  les  marraines ,  et  c'est  ce  que  ; 
les  canonisles  appellent  paternitas.  La  seconde  qu'ils  j 
appellent  compalernitos ,  était  non  seulement  comme 
à  présent,  entre  le  ministre  et  les  pères  ou  mères  du  | 
baptisé,  et  entre  les  parrains  ou  les  marraines  ou  les 
pères  ou  mères  du  baptisé  :  mais  de  plus ,  cela  n'est 
plus  dans  l'église  latine  entre  la  femme  de  celui  ([ui 
baptisait  et  les  pères  ou  mères  du  baptisé ,  et  entre 
la  femme  du  parrain  elles  pères  ou  mères  du  baptisé. 
La  troisième,  qui  n'est  plus  en  usage  dans  l'occident 
depuis  le  concile  de  Trente  ,  mais  qui  l'est  encore  en 
orient,  comme  nous  assure  le  moine  Matibieu,  s'ap- 
pelle fralernitas;  aWc  se  contractait  entre  les  enfants, 
soit  de  celui  oui  baptisait,  soit  du  parrain  et  de  la 
marraine  du  baptisé,  et  les  enfants  de  celui-ci,  et 
même  ceux  de  son  père  et  de  sa  mère,  c'est-à-dire, 
entre  ses  frères. 

L'église  latine  a  varié  aussi  bien  sur  l'aUiancc  spi- 
rituelle qui  provient  de  la  Conlirmalion  que  sur  celle 
qui  vient  du  Baptême ,  et  selon  les  règles  que  l'on 
trouve  sur  ce  sujet  dans  Gratien  (1),  il  en  était  de 
même  de  celle-ci  que  de  celle  du  Baptême.  Mais  à 
présenl  l'alliance  que  l'on  contracte  par  la  Confirma- 
tion ,  est  seulement  entre  le  confirmé  ,  son  père  et  sa 
mère,  et  entre  le  parrain  et  la  marraine  :  encore  faut- 
il  pour  cela  que  le  parrain  ou  la  marraine  tiennent 
l'enfant  que  l'on  confirme  sur  le  bras  droit  dans  le  j 
temps  de  l'administration  du  sacrement;  ou  si  c'est  un 
adulte  qui  reçoit  la  confirmalion ,  qu'il  tienne  son  pied  | 
droit  sur  le  pied  droit  de  son  parrain  ou  de  sa  mar- 
raine. On  a  même  aboli  dans  plusieurs  diocèses  l'u- 
sage de  donner  des  parrains  et  marraines  de  confir- 
mation. 

Quand  autrefois  l'adopiion  était  en  usage,  elle  for- 
mait encore  une  espèce  de  parenlé  ,  que  l'on  appelait 
légale ,  et  l'Église  la  reconnaissait  pour  un  empêche- 
ment dirimant  (â)  :  elle  s'étendait  1°  entre  lapcrsoime 
qui  adoptait  cl  la  personne  adoptée  et  ses  enfants  jus- 
qu'à la  quatrième  génération  ;  2°  entre  la  personne 
adoptée  et  les  enfanls  de  celui  qui  adopte,  tandis  qu'ils 
étaient  sous  la  puissance  paternelle;  ô"  entre  la  femme 
de  celui  qui  est  adopté,  et  celui  qui  adopte,  ou  entre 
la  femme  de  celui  qui  adopte  et  celui  qui  est  adopté. 
De  sorte  que  ces  personnes  ne  pouvaient  se  marier  en- 

(1)  Can.  si  (luisfiliastrum  dkhimest,  et  de  lus,  30,  q.  \ . 

(2)  Nicolaus  1,  cap.  de  Cognai.  Spirit. 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  f09C 

semble,  selon  les  canons  de  l'Église  et  les  lois  Ko- 
maines.  Le  moine  Matthieu  marque  que  cette  alliance 
se  contracte  encore  en  Gièce,  surtout  depuis  que  l'a- 
doption y  est  accompagnée  et  s'y  fait  avec  une  céré- 
monie ecclesiasiiquc. 

Elle  avait  aussi  lieu  en  France  pendant  la  première 
race  de  nos  rois,  s'il  en  faut  croire  l'abbé  Tritlièmc 
dans  ses  Annales  ;  puisque  ,  selon  lui ,  Sigebert  roi 
d'Austrasic,  fils  de  Dagobert,  adopta  en  072,  llilderic 
fils  de  Grimoald,  maire  de  son  palais  mais;  depuis'.long- 
temps  cet  usage  a  cessé  dans  ce  royaume ,  et  les  en- 
fants adoplés  ne  succèdent  que  comme  légataires,  et 
par  conséquent  l'adoption  ne  cause  aucun  empêche- 
ment de  mariage.  Suivant  la  coutume  de  Xaiiiles,  un 
père  qui  a  des  enfanls  peut  adopter  un  étranger  pour 
succéder  par  tête  avec  eux  à  ses  biens  ;  mais  il  n'est 
que  donataire,  et  les  évêques  de  Xainles  ne  lui  dé- 
fendent pas  d'épouser  la  fille  de  cet  homme. 


ARTICLE  II. 

De  raffinilé  et  de  l' honnêteté  publique  ;  jnsqn''h  quel  de- 
gré s'étendaient  autrefois  les  empêchements  qui  résul- 
tent de  l'une  et  de  l'autre. 

L'affinité  a  été  établie  dans  l'Eglise  pour  un  empê- 
chement dirimant  dès  les  premiers  siècles.  Le  concile 
d'Elvire  (can.  26)  veut  que  l'on  refuse  la  communion, 
même  à  la  mort ,  à  un  homme  veuf  qui  contracte  ma- 
riage avec  la  fille  que  feu  sa  femme  a  eue  d'un  autre 
lit.  Ce  qui  était  déclarer  ce  mariage  nul,  autant  que 
l'Église  le  pouvait  alors  :  car  sans  doute  que  les  évo- 
ques de  cette  sainte  assemblée  n'eussent  pas  usé  de 
celte  rigueur,  si  celui  qui  avait  commis  cet  inceste 
fût  rentré  en  lui-même,  et  eût  abandoinié  cette  al- 
liance criminelle. 

Le  concile  de  Néocésarée  (can.  2)  s'explique  plus 
en  détail  sur  la  même  matière ,  lorsqu'il  ordonne  que 
l'on  chasse  de  l'assemblée  des  fidèles ,  jusqu'à  la  mort, 
la  femme  qui  s'est  mariée,  successivement,  à  deux 
frères.  Cependant,  est-il  dit,  si  dans  cette  extrémité  elle 
promet  qu'en  cas  qu'elle  recouvre  la  santé ,  elle  rompra 
ce  mariage,  on  usera  d'humanité  avec  elle,  elle  recevra 
la  Pénitence. 

C'est  particulièrement  en  France  que  l'affinité  légi- 
time a  été  déclarée  un  empêchement  dirimant,  par  le 
troisième  concile  d'Orléans  de  l'an  535,  par  celui 
d'Agde  du  même  siècle,  et  par  le  cinquième  de  Paris 
(can.  i)  en  014.  H  faut  lapporler  l'ordonnance  de  ce 
dernier  concile,  d'autant  plus  qu'on  peut  le  regarder 
comme  un  concile  général  de  toutes  les  Gaules  ,  dont 
presque  tous  les  évêques  s'y  étaient  trouvés,  et  qu'il 
est  qualifié  de  général,  en  ce  sens,  par  un  synode  de 
Reims  tenu  dix  ans  après.  Voici  ses  paroles  •  Nous 
avons  jugé  a  propos  de  retrancher  du  peuple  chrétien  les 
conjonctions  incestueuses,  en  sorte  que,  si  qucliju'un 
épouse  la  veuve  de  son  frère,  la  sœur  de  sa  fcnvne,  sa 
belle  fille...,  la  veuve  de  son  oncle,  soit  paternel,  soit  ma- 
ternel, il  sera  retranché  de  la  communion  jusqu'à  ce  qu'il 
rompe  publiquement  cette  conjonction  illicite.  C'est  vers 
ce  temps-là  que  le  pape  Vigile  écrivait  à  S.  Césairc  de 


MARIAGE.  -  CIIAP.  X.  EMPÊCHEMENTS  DE  PARENTÉ,  D'AFFINITÉ,  etc. 


1097 

séparer  le  roi  Tliéodebcrt  d'avi-c  sa  LcUc-sœur,  que 
ce  prince  avait  épousée  après  la  mort  de  son  frère  (1). 

Les  empereurs  clircliens  ont  aussi  condamné  les 
mariages  des  alliés.  Coiislanlin,  Couslans  ,  cl  même 
Julien  (2),  ont  déclaré  illégitimes  les  cnlanls  qui  naî- 
traient du  mariage  d'un  be:»u-frère  avec  sa  belle-sœur. 
Théodose  et  Honoré  (3)  ont  étendu  cette  défense  aux 
,ousins-germains,  à  qui  ils  défendent ,  sous  la  même 
peine,  de  se  marier  avec  la  cousine-germaine  de  feu 
leurs  fennnes.  Juslinien  (4)  ne  veut  pas  qu'un  honnne 
puisse  épouser  ni  la  lille  que  sa  femme  avait  eue  d'im 
autre  mariage,  ni  la  mère  de  sa  femme,  ni  celle  que 
son  père  aurait  épousée  en  secondes  noces,  ni  la  femme 
de  son  frère,  ni  la  sœur  de  sa  femme. 

L'affinité  illégitime  a  éié  aussi  regardée  autrefois 
connnmc  un  empêchement  dirimant.  S.  Basile  (5)  nous 
assure  que  celui  qui  est  assez  malheureux  pour  pécher 
avec  sa  belle-mère ,  commet  im  crime  qui  est  puni 
par  les  canons ,  de  la  même  manière  que  l'inceste  que 
Ton  commet  avec  ses  sœurs.  Le  même  saint,  après 
avoir  condamné  celui  qui  a  péché  avec  sa  sœur  de 
père  ou  de  mère  à  une  pénitence  de  onze  ans,  dit  dans 
le  canon  suivant ,  qui  est  le  soixante-seizième  :  La 
môme  peine  est  décernée  contre  ceux  qui  épousent 
lems  belles-mères  :  car  je  crois  que  c'est  ce  que  si- 
gnifient   ces    paroles  :  6   aura;  TJ-o;  /.'jX   -Tzepi  -zd)  rà; 

vv7.-j;a;  sku-wv  iv-tj^oL-jo-Kw.  Pour  sc  convaincrc  entière- 
ment que  S.  Basile  étendait  aussi  l'empêchement  de 
l'affinité  à  la  ligne  transversale,  il  suffit  de  jeter  les 
yeux  sur  le  soixanle-dix-scptième  canon,  dans  lequel 
il  dit,  après  avoir  enjoint  dans  celui  qui  précède  im- 
mcdialcmcnt  une  pénileuce  de  sept  ou  huit  ans  :  Que 
l'on  observe  la  môme  chose  pour  ceux  qui  épousent  les 
deux  sœurs,  quoiqu'en  di/Jerents  temps,  c'est-à-dire, 
quoique  successivement. 

L'empereur  Justinien  parle  très-clairement  de  l'em- 
pêchement  de  l'affinité  illégitime,  lorsqu'il  traite  de 
corrupteurs  les  enfants  qui  épousent  les  concubines  de 
leurs  pères.  Crimcn  slupri  commillunt.  Le  concile  de 
"Worms  (G)  ne  laisse  rien  à  désirer  là-dessus;  il  parle 
en  ces  termes  (c.  G3)  :  Si  hh  homme  a  eu  un  com- 
merce illcgilime  avec  une  sœur,  et  a  publiquement  épousé 
l'autre;  celle-ci  ne  doit  point  habiter  avec  lui,  mais  les 
deux  sœurs  pourront  se  marier  avec  qui  elles  jugeront  à 
pro;)os.Lamême  chose  s'observe  dans  l'église  grecque, 
selon  Blastares  :  car  il  y  est  défendu  à  un  ho.mme 
promis  d'épouser  la  personne  avec  qui  il  est  fiancé, 
s'il  a  abusé  de  sa  parente. 

Le  droit  civil  et  Juslinien  ne  reconnaissent  point 
d'affinilc  dans  la  ligne  collatérale  au  delà  des  frères 
et  sœurs  par  alliance;  mais  l'Église  a  été  plus  exacte, 
en  délendant  non  seulement  les  mariages  entre  les  al- 
liés dans  la  ligne  directe  jusqu'à  l'infini ,  comme  ils  le 
font  dans  le  droit  civil,  mais  en  les  interdisant  aussi 

(1)  Conférences  de  Paris,  t.  2,  p.  29G. 

(2)  Cod.  1.  3,  tit.  12. 

(3)  Ibid.,  1.  5. 

(4)  L.  19  Cod.  Justin. 

(5)  AdAmphil.,c.  79. 

(6)  Conc.  1.  5,  tit.  4, 1.  4. 

TH.  XX. 


1098 

dans  la  ligne  collatérale  jusqu'au  quatrième  d(^ré. 
C'est  à  dire ,  que  l'Église  a  défendu  à  un  homme  non 
seulement  d'épouser  sa  belle-mère  ou  sa  bru  et  leurs 
filles  jusqu'à  l'infini ,  mais  aussi  d'épouser  sa  belle- 
sœur  ou  la  femme  de  son  cousin-germain,  en  cas 
qu'elle  devienne  veuve,  et  les  parents  de  ces  femmes 
jusqu'au  quatrième  degré.  Autrefois  cela  s'étendait 
plus  loin  dans  l'église  latine  ,  mais  le  concile  de  La- 
tran  l'a  reslerint  de  celte  manière.  Dans  l'église  grec- 
que le  mariage  n'est  défen(*u  entre  les  alliés,  que  jus- 
qu'au troisième  degré,  selon  le  droit  oriental.  J'entends 
le  troisième  degré  dans  le  sens  des  canonisies. 

L'affinité  de  la  ligne  directe  semble  être  un  empê- 
chement de  droit  naturel  ;  mais  celui  que  forme  la 
ligne  collatérale,  peut  èlre  considéré  comme  venant 
du  droit  positif  humain  ;  je  veux  dire  du  droit  tant  ec- 
clésiastique que  civil,  et  vous  avez  vu,  par  ce  qui  a 
été  dit  jusqu'à  présent,  que  les  deux  puissances 
ont  concouru  à  l'établir,  quoique,  dans  la  loi  de 
Moïse ,  les  mariages  entre  les  alliés  dans  cette  ligne  ne 
fussent  point  défendus,  et  que  pour  conserver  la  dis- 
tinction des  familles  dans  le  peuple  d'Israël,  il  fut 
même  ordonné  que  le  frère  épouserait  la  veuve  de  son 
frère  mort  sans  postérité. 

L'affinité  légitime  de  la  ligne  collatérale  s'étendait 
autrefois  bien  au  delà  des  bornes  qu'elle  a  aujourd'hui. 
Il  y  en  avait  trois  espèces,  que  l'on  nommait  l'affinité 
de  deux  familles,  l'affinité  de  trois  familles,  l'affinité 
de  quatre  familles.  Les  canonistes  expliquent  cela  au 
long,  et  l'auteur  des  Conférences  de  Paris  (1),  auquel 
je  renvoie  :  mais  le  pape  Innocent  III,  dans  le  qua- 
trième concile  de  Latran ,  Ôta  sagement  la  défense 
qu'il  y  avait  de  se  marier  dans  le  second  et  troisième 
genre  d'affinité,  parce  que  celte  confusion  d'alliances 
entre  tant  de  familles  donnait  lieu  à  beaucoup  de  ma- 
riages invalides.  Ainsi  dans  l'occident  il  n'y  a  plus  à 
présent  d'autre  affinité  qui  soit  un  empêchement  diri- 
mant que  celle  1"  que  contracte  un  époux  avec  les 
parentes  de  sa  femme,  et  réciproquement  :  2°  celle 
que  contractent  deux  personnes,  chacune  de  leur  côté, 
avec  les  parents  l'une  de  l'autre,  quand  elles  tom- 
bent ensembla  dans  la  simple  fornication  ou  dans 
l'adultère. 

Les  mariages  sont  encore  défendus  en  Orient  (2) 
entre  les  alliés  de  trois  familles,  mais  ce  n'est  propre- 
ment que  dans  la  ligne  directe.  Ce  qui  s'observe  aussi 
dans  le  ressort  du  parlement  de  Rouen,  où  on  ne  per- 
met pas  même  avec  dispense  de  Rome,  le  mariage 
d'un  homme  avec  la  veuve  de  son  boau-père.  Ce  par- 
lement, par  arrêt  du  premier  mars  1G07,  le  défendit 
à  un  nommé  Porcher,  sous  peine  de  la  vie,  quoiqu'il 
alléguât  une  dispense  de  Rome,  le  décret  du  concile 
de  Latran ,  et  mie  décision  de  Sorhonne  ;  la  jurispru- 
dence de  ce  parlement  est  fondée  sur  ce  que  cela  est 
contraire  à  l'honnêlclé  publique.  II  a  rendu  d'aulres 
arrêts  (3)  en  conformilé  de  celui-ci  sur  la  même  nia- 


(1)  T.  2,  p.  301. 

2)  Leunclav.  t.  1  Juris.  Orient.  1.  G  et  8. 

3)  Diction,  des  arrêts,  v.  Mariages. 


1009 


lilSTOUlli:  DES 


lière;  mais  il  ne  s'écarte  pas  de  la  (lis(;i|»liiu;  do  l'é- 
glise latine  pour  la  ligne  collaléialo.  Il  a  anlorisé,  par 
anéi  du  27  septembre  1G78,  le  mariage  d'un  homme 
avec  la  veuve  de  son  beau-frère. 

Quand  TÉglise  a  établi  Taflinilé  pour  un  empêche- 
ment dirimaiit  de  mariage ,  clic  a  aussi  établi  que  cette 
alliance  se  contracterait  seulement  entre  une  épouse 
et  les  parents  de  son  époux  ,  et  entre  l'époux  et  les 
parents  de  son  épouse  :  elle  a  défendu,  en  conséquence, 
à  une  épouse  de  se  marier  en  secondes  noces  avec 
les  parents  de  son  époux,  et  à  un  époux ,  devenu  veuf, 
d'épouser  les  parentes  de  son  épouse  ,  parce  que  les 
parents  d'un  époux  deviennent  une  même  chair  avec 
l'autre  époux. 

La  raison  et  le  motif  de  cette  décision ,  qui  est  de 
S.  Grégoire-le-Grand,  semblaient  insinuer  que  même 
les  parents  de  l'époux  sont  alliés  avec  les  parents  de 
l'épouse,  et  cela  donna  lieu  de  douter,  du  temps  du 
pape  Innocent  111,  qu'ils  pussent  se  marier  ensemble. 
L'nsnge  néanmoins  avait  introduit  dans  l'église  latine 
qu'ils  se  mariassent ,  par  exemple,  qu'tn»  père  et  un 
lils  épousassent  la  mère  et  la  fille,  deux  frères  ,  deux 
sœurs,  etc.,  cet  nsage  était  conforme  à  la  décision  de 
S.  Grégoire.  Un  évêque  d'Italie  l'ayant  consulté  sur 
ce  sujet,  il  répondit  (I)  qu'il  n'y  avait  point  d'afllnité 
entre  les  parents  de  l'époux  et  les  parentes  de  l'é- 
pouse, et  qu'ils  pouvaient  se  marier  légitimement  ;  de 
sorte  qu'un  père  et  un  fils  pouvaient  épouser  la  mère 
et  la  fille,  un  oncle  et  un  neveu,  les  deux  sœurs,  etc. 
Cest  même  l'usage  qu'on  suit  à  présent  en  Occident; 
et  selon  les  canonistes  Latins:  Mon  allié  n'est  pas  allié 
à  mon  frère  ni  à  mes  autres  parents 

La   discipline  des  Grecs  est  bien  différente.  Ils 
croient  que  les  parents  du  mari  et  de  la  femme  sont 
alliés  entre  eux;  c'est  Sisinnius patriarche  de  Cons- 
lautinople  qui  l'a   ainsi  réglé  dans  le  dixième  siècle; 
on  peut  en  lire  le  décret  dans  Lcunclavius  et  Boniidius. 
Ce  prélat  traita  ces  mariages  de  criminels,  prétendant 
qu'ils  étaient  condamnés  par  S.  Basile;  et  il  défendit 
pour  cet  effet,  dans  un  concile,  les  mariages  de  deux 
frères  avec  deux  cousines-germaines  ,  d'un  oncle  et 
d'un  neveu  avec  deux  sœurs,  etc.  Les  successeurs  de 
Sisinnius  se  sont  dans  h  suite  conformés  à  son  décret, 
et  nous  voyons  dans  le  droit  oriental  plusieurs   déci- 
sions des  patriarches,  qui,  depuis  lui,  ont  cassé  ces 
sortes  de  mariages.  Les  Grecs  n'exceptent  de  cette 
règle  qu'un  seul  cas ,  selon  Déniélrius,  archevêque  de 
Bulgarie  et  Blastares,  savoir  lorsque  l'oncle  et  le  neveu 
épousent  l'un  la   tante,  et  l'autre   la   nièce.  Encore 
cette  question  ne  fut-elle  résolue  ,  qu'après  de  grands 
débals,  et  après  avoir  été  agitée  dans  deux  con- 
ciles. 

11  ne  me  reste  plus  rien  à  dire  louchant  l'empêche- 
ment de  l'affinité,  sinon  que  celui  qui  vient  d'une  con- 
jonciion  criminelle ,  ne  s'étend  point  à  présent  parmi 
jioui  au-delà  du  second  degré  inclusivement.  Passons 
à  celui  de  l'honnêteté  publique ,  dont  nous  avons  peu 

(1)  Cap.  Quod  super  dis,  de  Consang.  et  Aflin. 


S.\CUE.\IENTS.  1100 

de  chose  à  dire;  ce  qui  conccri»e  celte  matière  étant 
I  Iulôt  du  ressort  des  canonistes  que  du  noire,  ne 
nous  étant  proposé  d'en  traiter  qu'en  simple  histo- 
rien. 

Cet  empêchement  a  tant  de  rapport  avec  celui  do 
l'affinilé,  que  les  Grecs  ne  distinguent  pas  l'un  de  l'au- 
tre; ainsi  il  est  inutile  de  nous  étendre  sm-  celle  ma- 
lière  pour  faire  voir  en  quoi  lein-  discipline  diffère  en 
ce  point  de  celle  des  Occidentaux  :  il  suffit  d'avertir 
i  le  lecteur  qu'ils  suivent  en  ceci  les  mêmes  règles  que 
pour  l'afiinité,  dont  nous  avo/is  parlé  dans  ce  chapitre. 
Voyons  donc  présenlement  ce  qui  a  été  et  ce  qui  est 
encore  aujourd'hui  prali(|ué  sur  cela  dans  l'église 
latine. 

L'honnèlolé  publicine  suppose  que  les  personnes  ne 
so:it  pas  d'un  même  sang  ,  en  quoi  elle  diffère  de  la 
parcinié  naturelle ,  et  qu'elles  n'ont  pas  même  mêlé 
leur  sang  par  l'union  de  leurs  corps ,  en  quoi  elle  est 
distinguée  de  l'affinité:  elle  se  forme  seulement  ou 
par  l'engagement  des  fiançailles  ,  qui  est  comme  un 
mnriago  projeté,  ou  p:ir  le  mariage,  même  lorsqu'il 
n'a  jamais  éié  consommé.  On  appelle  l'empêchement 
qui  résulte  de  ces  deux  causes,  honnéteié  publique, 
parce  que,  comme  il  est  dit  dans  le  droit  (1),  il  n'est 
ni  honnête  ni  convenable  que  de  certaines  personnes 
(  telles  que  sont  celles  qui  l'ont  contracté  )  se  marient 
ensemble.  JNos  parlements  sont  très-attentifs  i\  faire 
observer  les  règles  de  !a  bienséanc  ;  et  de  l'Église  sur  cet 
article,  connue  il  paraît  par  un  arrêt  (2)  du  1"  av.  1580, 
qui  a  condamné  une  femme  à  faire  amende  honora- 
ble sur  le  lieu  et  à  être  fustigée  ,  pour  avoir  épousé  et 
avoir  eu  deux  épiants  de  celui  avec  qui  elle  avait  fian- 
cé sa  fille. 

Il  esl  certain  ipie  cet  empêchement  n'est  pas  de  droit 
naturel;  se  marier  avec  les  parentes  de  sa  fiancée  ou 
de  celle  (pi'on  aurait  épousée  ,  n'est  pas  une  chose 
contraire  ni  à  la  fin  principale,  ni  à  la  fin  moins  prin- 
cipale du  .Mariage,  c'est-à-dire,  comme  dit  S.  Thomas, 
ni  à  la  génération ,  ni  à  l'éducation  des  enfants.  Il 
n'y  a  point  aussi  de  défenses  sur  ce  sujet  dans  le  drtv;t 
divin. 

Il  semble  donc  que  ce  soit  le  droit  civil  (5)  qui  a 
connnencé  le  premier  à  établir  l'empêchemant  de 
rhonnêteté  publique,  et  que  l'Église  ensuite  ayant 
jugé  les  lois  des  princes  sur  ce  sujet  très-sages,  les 
a  adoptées,  cxi>lii|nées  et  éte.ndues, 

iSous  avons  deux  canons  fort  anciens  dans  Gia- 
tien  (4)  sous  les  noms  du  pape  Grégoire  et  du  pape 
Jules,  (jui  établissent  l'empêchement  de  l'honnêteté 
publi(|ue  pour  les  fiançailles  et  le  mariage  non  con- 
sonnné.  Il  est  de  môme  autorisé  chez  les  Orientaux 
depuis  le  onzième  siècle,  .lean  Xiphilin,  dans  les  deux 
conciles  qu'il  tint  en  1066,  et  qui  ont  été  confirmés 
par    l'empereur   Nicéphore    Botoniale ,  a  réglé   ce 


(1)  L.  40deRilunuptiar. 

(2)  Diction,  des  Arrêts,  v.  Mariages,  n.  521. 
(7>)  Instii.l.  10,  §1). 

(i;  Ti,  (1.2. 


ilOl 


MARIAGE.  —  CHAF.  M. 


qui  concerne  celle  malièrc  avec  la  (Jcniière  exaili- 
tude. 

Autrefois  parmi  nous  les  fiançailles ,  même  invali- 
dt'S,  ou  failos  conlre  les  règles  d.;  ri^;,'lisc,  prodiii- 
R:)ieiit  col  ôini)cclii,'mcnl  (1).  Cela  avait  élé  ainsi  réglé 
par  le  pape  Célestin  lil  (-2).  Jean  André  remarque  même 
que  le  cardinal  d'Ostie  avait  travaillé  avec  zèle,  mais 
sans  succès,  au  concile  de  Lyon  ,  pour  faire  changer 
celle  discipline  :  cependant  ce  n'est  que  dans  le 
concile  de  Trente  que  s'est  fait  ce  cliangemenl. 
C'est  ce  qui  a  été  déterminé  dans  la  vingt -quatrième 
session,  c.  3. 

Avant  le  concile  de  Latran,  rempèchemeut  de  l'hon- 
nèlolé  pul)li(pie  qui  provient  des  fiançailles ,  s'éten- 
dait, comme  l'aflinilé  ,  juscpi'au  septième  degré.  De- 
puis ce  concile  ,  il  ne  s'étendait  plus  que  jusqu'au 
quatrième;  et  depuis  le  concile  de  Trente,  il  ne  passe 
pas  le  premier.  Ainsi  à  présent,  dans  l'église  latine , 
il  est  défendu  à  un  homme  qui  est  fiancé  à  une  femme, 
d'épouser  sa  mère,  sa  lille  ou  sa  sœur,  parce  qu'elles 
lui  sont  parentes  au  premier  degré,  et  vice  versa,  à 
une  femme.  Mais  ils  peuvent  épouser  les  autres  pa- 
rents. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  rempèchenientdirimanl 
qui  vient  du  mariage  non  consommé.  Comme  le  con- 
cile de  Trente  ne  s'est  point  expliqué  là  dessus,  les 
canonistes  jugent  sagement  qu'il  a  laissé  subsister  les 
anciennes  règles  élahlios  sur  ce  point  dans  le  concile 
de  Lalran.  Ainsi  il  est  encore  défendu  aujourd'hui  à 
celui  qui  s'est  marié  sans  avoir  consommé  son  ma- 
riage, d'épouser  les  parentes  de  sa  femme  jusqu'au 
4*  degré  inclusivement ,  ce  qui ,  néanmoins,  doit  s'en- 
tendre seulement  de  la  parenlé  naturelle,  et  non  pas 
d"af(inité;  puisqu'il  n'est  parlé  que  de  celle  là  dans  le 
décret,  dans  les  décrétales  et  le  Sexte. 

CHAPITRE  XI. 

De  l'empêchement  du  rapt ,  et  des  diverses  peines  dont 
on  a  puni  ce  crime  dans  les  différents  temps.  L'on 
représente  comment  après  avoir  rigoureusement  puni 
les  ravisseurs  jusque  vers  le  onzième  siècle  ,  on  a  été 
ensuite  plus  indulgent  envers  eux.  On  parle  à  cette 
occasion  des  mariages  des  enfants  de  famille,  et 
l'on  examine  ce  que  les  anciens  ont  pensé  de  leur  va- 
lidité. 

Si  tons  les  canons  qui  portent  le  nom  des  Apôtres 
étaient  de  la  même  antiipiilé  et  avaient  la  même  au- 
torité ,  nous  apprendrions  par  là  quelle  était  la  disci- 
pline de  l'Église  au  sujet  du  rapt ,  avant  la  conversion 
des  enïpereurs  :  mais  on  sait  que  les  trente-cinq  qui 
suivent  les  cinquante  premiers ,  ne  sont  pas  sûrement 
du  nombre  des  canons  apostoli(|ues  ,  que  c'est  Jean- 
le-Siolasli(iue,  patriarche  de  Conslanlinople  ijui  les  a 
ajoutés  aux  cinquante  que  Denis-Ic-Pctit  a  reconnu 
être  véritables,  cl  !cs  seuls  que  l'église  d'Occident  re- 
çoit depuis  longtemps,  il  est  bon  néanmoins  de  rap- 
porter ici  ce  qui  est  dit  touchant  le  rapt  dans  le  CG' 


(1)  Bonif.  Vin,  c.  unico  deSpons.,  in  6. 
Cap.  Ad  audieniium,  de  Sponsalibus. 


h) 


Ml'ÈClltMK.vr  DU  RAPT.  HOÎ 

de  ces  canons  ,  d'aulant  plus  que  je  vois  de  très-ha- 
biles critiques  (I)  qui  les  tiennent  tous  pour  très-an- 
ciens. Voici  ce  (|ui  est  porté  par  ce  canon  (2)  :  Si 
quelqu'un  retient  une  fille  qui  n'est  point  fiancée,  et 
quil  a  enlevée  par  violence ,  qiCil  soit  excomuuinié  :  et 
(ju'il  ne  lui  soit  point  permis  d'en  prendre  une  autre, 
mais  qu'il  garde  celle  qu'il  n  choisie ,  quoiqu'elle  soit 
pauvre. 

On  n'a  point  usé  d'une  si  grande  indulgence  dans 
l'Église  envers  les  ravisseurs ,  depuis  le  quatrième 
siècle,  au  moins  depuis  le  temps  de  S.  Basile.  Je  di* 
depuis  le  temps  de  S.  Basile;  car  avant  lui  le  concile 
d'Ancyre  (can.  11)  établit  à  peu  près  la  même  chose  i 
que  le  canon  des  Apôtres  que  nous  venons  d'alléguer, 
lorsqu'il  ordomie  que  celui  qui  aura  enlevé  une  f.llc 
fiancée ,  la  rendra  à  celui  avec  qui  elle  a  clé  liancéc, 
quoiqu'elle  ait  souffert  violence  de  sa  part ,  o.  xa.i  eiv.-, 
ai-  ûj  TzkOoivi,  et  st  vtm  passœsunt.  Ce  qui  signifie  ,  ce 
me  semble ,  quoique  ceux  dont  il  s'agit  dans  le  canon 
aient  enlevé  ces  filles  par  violence  ,  au  moins  .  quoi- 
qu'ils les  aient  violées.  Le  pren)ier  sens  est  entière- 
ment conforme  à  celui  du  canon  apostolique;  le  se- 
cond ne  s'en  éloigne  pas  beaucoup  :  etje  ne  vois  pas 
comment  l'auleur  des  Conférences  de  Paris  a  pHi 
dire  (3),  que  par  ce  canon  le  concile  d'Ancyre  a  dé- 
claré nul  et  invalide  le  mariage  qu'un  ravisseur  con- 
tracterait avec  la  fille  qu'il  aurait  enlevée.  J'ai  remar- 
qué dans  cet  ouvrage,  qui  m'a  d'ailleurs  beaucoup  servi, 
plusieurs  autres  fautes  que  j'ai  passées  sous  silence,  et 
j'en  avorlis  seulement  en  cet  endroit ,  afin  que  les 
ecclésiasti(iues  qui  en  font  usage  ne  se  reposent  pas 
onlièrement  sur  son  exactitude  ;  peut-être  même  ai-je 
fait  quelques  foutes  moi-mèrne  dans  cerlains  endroits, 
en  ne  recourant  point  aux  sources;  ce  qui  pourtant 
m'est  arrivé  rarement,  et  lorsque  je  n'avais  point  en 
main  les  ouvrages  qui  y  sont  cités. 

S.  Basile,  dans  son  vingt-deuxième  canon,  a  certai- 
nement considéré  comme  nuls  les  mariages  cor.traclés 
par  les  ravisseurs,  à  moins  que  ceux  à  qui  la  fille  ra- 
vie apparlient  n'y  consentissent,  et,  en  ce  cas,  le 
mariage  devenait  légitime,  selon  ce  Père.  C'est,  ce  qui 
paraît  par  ces  paroles  :  Que  l'on  ôte  à  celui  uni  a  pris 
pour  femme  celle  qu'il  a  ravie,  et  qui  n'est  point  fiancée  à 
un  autre  (ici  est  le  sens  du  canon  quand  on  le  lit  tout 
entier),  et  qu'on  la  rende  aux  siens,  pour  en  faire  ce  qu'ils 
jugeront  à  propos ,  soit  que  ce  soient  ses  père  et  mère  , 
soit  ses  frères  ,  ou  quelques  autres  qui  ont  autorité  sur 
cette  fille  ;  que  s'ils  consentent  de  la  donner  à  cet  hom- 
me, ils  pourront  faire  cette  alliance ,  sinon  ,  on  ne  les  y 
contraindra  pas. 

Le  saint  docteur  a  principalement  envisagé  dans  le 
rapt ,  par  rapport  à  la  validité  ou  l'invalidité  du  ma- 
riage, rop|)o->ilion  des  parents;  et  quidciu'il  condamne 
à  de  rigoureuses  peines  les  ravisseurs,  il  ne  paraît  pas 


(I)  Beveregius  ,  tnm.  2  Colelerii  in  Patres,  in  Dis- 
scrJalione;  M.  de  Tiilemont  ,  loni.  2  llisl.  Eccles., 
p.  IGG. 

(-2)  Toni.  !  Conc 

,")  Tom.2,  p.  ûG3. 


il05 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


1104 


ii'il  i-eorde  leurs  mariages  comme  nuls  ,  sinon  en  1  elle  sera  rendue  au  père...,  et  le  ravisseur  sera  tenu  de 


tant  qu'ils  se  l'ont  contre  la  volonté  de  ceux  à  qui  ap 
particunenl  les  lillcs  qu'ils  ont  ravies.  Dans  le  50* ca- 
non, il  en  parle  en  ces  termes  :  Pour  ce  qui  est  de  ceux 
fini  commettent  le  crime  de  rapt ,  nous  n'avons  point  de 
ri<jle  ancienne  qui  les  concerne,  mais  nous  en  dirons  no- 
ire sentiment.  Il  faut  qulls  soient  exclus  trois  ans  de  la 
prière,  eux  et  leurs  complices.  Que  si  cela  ne  s  est  point 
fait  par  violence,  on  ne  leur  imposera  point  de  peine,  pour- 
vu que  le  rapt  n'ait  point  été  précédé  de  crime  avec  la 
personne  ravie,  ni  de  vol.  A  l'égard  de  la  veuve  qui  est  sa 
viailresse,  elle  pourra  suivre  celui  qui  l'aura  ravie  (1). 

Vous  voyez  par  là  que  saint  Basile  n'i-nsisle  point 
SUT  le  rapt  en  lui-même  comme  empêchement  diri- 
iiiant.  Cependant  on  peut  dire  qu'il  le  regarde  comme 
tel  en  ce  que  le  mariage  qui  se  fait  par  celte  voie,  se 
fait  contre  la  volonté  de  ceux  de  qui  dépend  la  per- 
sonne ravie,  ou  même  sans  leur  consentement,  ce  qui 
suffît,  selon  lui,  pour  le  rendre  nul  ;  et  cela  paraît  non 
seulement  par  ce  qu'il  dit  en  général  dans  le  canon  40% 
que  les  conventions  de  ceux  ou  de  celles  qui  sont  sous 
la  puissance  d'un  autre  ne  peuvent  subsister,  ce  qu'il 
avance  à  l'occasion  des  mariages  des  esclaves  ;  mais 
par  ce  qu'il  déclare  ouvertement  dansle  canon  quaran- 
te-deuxième, que  les  mariages  qui  se  font  sans  le  con- 
sentement de  ceux  dont  on  dépend,  soal  des  fornica- 
tions ,  après  quoi  il  ajoute  :  Ceux  donc  qui  se  marient 
du  vivant  de  leur  père  {sans  son  consentement)...,  ne  sont 
point  à  couvert  de  blâme,  jusqu'à  ce  qu'il  y  ail  con- 
senti :ce  sera  alors  que  le  mariage  aura  lieu  et  subsistera. 
Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  toucliant  la  doctrine  de 
saint  Basile  prouve,  ce  me  semble,  que  le  rapt ,  selon 
lui,  est  un  empêchement  dirimant,  en  tant  que  la  per-  • 
sonne  ravie  est  encore  sous  la  puissance  des  parents 
ou  des  tuteurs,  et  que  cela  se  lait  contre  leur  volonté. 
Le  concile  de  Calcédoine  (can.  27)  aussi  bien  que  le 
.?vape  Symmaque  (2)  ont  sévi  contre  les  ravisseurs^  et 
p  concile  de  Châlons-sur-Saône  (5)  a  cru  même  que 
celui  de  Calcédoine  déclarait  nuls  leurs  mariages,  quoi- 
que cela  ne  s'y  trouve  pas  expressément.  Mais  c'est 
particulièrement  dans  les  anciens  conciles  de  France , 
que  le  rapt  est  ouvertement  déclaré  un  empêchement 
dirimant.  Le  premier  concile  d'Orléans,  qui  fut  assem- 
blé par  les  soins  du  grand  Clovis  en  l'an  5H,  est  ex- 
près sur  cela  dans  un  de  ses  canons  (can.  2),  qui  por- 
te :  A  l'égard  des  ravisseurs,  nous  avons  jugé  à  propos 
d'observer  ce  qui  suit,  savoir  :  que  si  celui  qui  a  ravi  une 
fdle,se  relire  dans  l'église  avec  elle,  et  qu'il  conste  qu'elle 
ait  souffert  violence ,  elle  soit  aussitôt  délivrée  de  la 
puissance  du  ravisseur,  et  que  celui-ci  ayant  obtenu  d'être 
délivré  de  la  peine  de  mort ,  et  du  cliùlimenl  quant  au 
corps ,  soit  assujéti  à  la  condition  d'esclave,  ou  qu'Hait 
la  faculté  de  se  rédimcr.  Que  si  elle  a  été  enlevée  à  son 
père,  et  si  elle  a  consenti  à  cd  enlèvement  avant  ou  après, 


(1)  L'auteur  des  Conférences  de  Paris  a  confondu 
les  premières  paroles  du  canon  50*  avec  colles  du  ca- 
non 22',  je  ne  sais  pourquoi. 

(2)  Ep.  ad  Cœsar.  Arclat. 
(5)  Can.  de  Puellis,  50,  q.  2. 


lui  faire  satisfaction.  Le  second  concile  d'Orléans  parle 
aussi  des  peines  dues  aux  ravisseurs,  mais  dans  un 
autre  cas  ,  car  il  est  question  de  ceux  qui  commettent 
ce  crime  à  l'égard  des  vierges  consacrées  à  Dieu,  aussi 
bien  que  dans  le  troisième  concile  de  Paris  (can.  5) 
de  l'an  555.  Mais  dans  le  canon  qui  suit  celui  qui  est 
indiqué,  les  Pères  soumettent  à  l'anatbème  ceux  qui 
ravissent  les  veuves  ou  les  filles  contre  la  volonté  de 
leurs  parents  ,  et  qui  les  demandent  aux  rois  pour  les 
épouser. 

Le  concile  de  Meaux  qui  fut  assemblé  en  845  ,  du 
temps  de  Charles-le-Chauve,  confirma  le  règlement  du 
premier  d'Orléans  (can.  06),  en  ordonnant  que  les  ra- 
visseurs et  leurs  complices  ne  pourront  jamais  con- 
tracter mariage  ;  en  quoi  il  prétend  suivre  la  sentence 
synodale  du  bienheureux  Grégoire  (1).  (C'est  Grégoi- 
re IL)  Quicumque  deinceps  raperc  virgines  vel  viduas 
prœsumpserint ,  secundiim  synodalem  B.  Grcgorii  sen- 
tenliam  ,  ipsi  et  complices  corum  anatliematizentur,  et 
raptores  sine  spe  conjugii  perpetub  maneant.  Il  fallait 
sans  doute  que  ce  désordre  fût  devenu  alors  bien  com- 
mun, puisque  ce  concile  a  fait  six  canons  (2)  tout  de 
suite  sur  celte  matière.  Ce  règlement  du  concile  de 
Meaux  fuiconfirmépcu  d'années  après  dans  un  synode 
de  Pavie  sous  le  pape  Léon  IV,  et  dans  celui  de  Trois- 
ly,  qui  défend  le  mariage  aux  ravisseurs  ,  soit  qu'ils 
aient  employé  la  violence ,  soit  qu'ils  se  soient  servis 
d'arlifice  pour  parvenir  à  leur  fin  ;  et  il  ne  veut  pas 
raême  qu'ils  épousent  celles  qu'ils  ont  enlevées,  quoi- 
qu'elles y  consentent  dans  la  suite,  et  que  ceux-ci  les 
aient  dotées. 

L'Eglise  avait  besoin  de  l'autorité  des  princes  pour 
faire  exécuter  ses  décrets  sur  cette  matière  ,  et  c'est 
pourquoi  les  évèqucs  du  concile  II  d'Aix-la-Chapelle, 
tenu  en  856  ,  exhortent  les  comtes  et  les  princes  du 
royaume  de  les  aider  de  leur  autorité  pour  punir  les 
ravisseurs  qui,  contre  les  défenses  de  l'Église,  se  ma- 
riaient impunément  avec  les  filles  ou  les  veuves  qu'ils 
avaient  enlevées. 

Les  évêques  en  cela  ne  faisaient  que  demander  l'exé- 
cution des  lois  que  les  empereurs  romains  et  les  rois 
de  France  avaient  publiées  sur  ce  sujet.  L'empereur 
Constantin  étant  à  Aquilée  (3)  en  520,  avait  fait  une 
loi  sur  le  rapt,  que  son  fils  appelle  avec  raison  une  loi 
très-sévère,  et  elle  le  paraissait  d'autant  plus,  que  les 
lois  précédentes  n'ordonnaient  qu'ime  punition  assez 
légère  pour  un  si  grand  crime.  Elle  contient  beaucoup 
de  choses  remarquables  qu'on  peut  voir  dans  l'origi- 
nal. Elle  prive  même  de  la  succession  paternelle  et  ma- 
ternelle les  filles  qui  auront  été  enlevées  malgré  elles, 
étant  difficile  qu'elles  ne  soient  au  moins  coupables  de 
n'avoir  pas  gardé  avec  assez  de  soin  et  de  précau- 
tion un  trésor  qui  leur  devait  être  si  précieux.  Dans 
la  suite  Constant  (A),  son  fils ,  modéra  par  une  loi  du 

(1)  Synod.  Rom.  c.  10  et  11. 

(2)  Le  64,  05,  06,  67,  68  et  69. 

^(5)  Tillemont,  Vie  des  Empereurs,  t.  4,  p.  177. 
(4)  Idem,  ibid.,  p.  549. 


il05  MARIAGE.  —  CUAP.  XI. 

douze  de  novembre  349  celle  que  son  père  avait  faite 
contre  les  ravisseurs,  mais  ce  fut  seulement  afin  qu'ils 
fussent  plus  aisément  et  plus  promptemcnt  punis.  Sa 
modération  n'alla  même  qu'à  faire  Iranchcrla  tète  aux 
personnes  libres.  Pour  les  esclaves,  il  voulut  qu'on  les 
condamnât  au  feu.  On  voit,  dit  M.  de  ïillemonl , 
l'exécution  de  cette  loi  dans  l'histoire  de  Constance , 
à  l'égard  de  Pierre  Valvomer  qui  avait  violé  une  fille 
de  qualité.  Julien-l'Apostat  se  contenta  de  reléguer  une 
autre  personne  pour  le  même  crime.  Justinien  (1) 
confirma  les  lois  de  ses  prédécesseurs  ,  on  défendant 
absolument  à  la  fille  ravie  de  prendre  pour  époux  son 
ravisseur,  et  voulant  que  ses  parents  fussent  relégués, 
s'ils  consentaient  à  ce  mariage.  Enfin  Cliarlemagne , 
dans  ses  capitulaires  (2),  ordonne  la  même  chose,  soit 
que  celui  qui  a  commis  ce  crin)eait  employé  pour  par- 
venir à  son  but  la  force  ou  la  séduction.  Si  quis  filiam 
rapuerit,  vel  [uratus  fuerit,  aut  seduxerit,  nusquàm  eam 
tegitimam  uxorem  habere  possit. 

L'église  grecque,  depuis  saint  Basile,  a  toujours  re- 
gardé, et  même  regarde  encore  à  présent  les  mariages 
des  personnes  ravies  avec  leurs  ravisseurs  comme  des 
concubinages  très-criminels  ,  qui  ne  peuvent  jamais 
devenir  de  légitimes  mariages.  C'est  Balsamon  (3)  qui 
nous  apprend  (jue  tel  est  l'usage  des  Orientaux,  parce 
que  cela  est  ainsi  ordonné  par  le  concile  de  Calcédoi- 
ne, et  dans  les  basiliques  ou  constitutions  des  empe- 
reurs ;  et  c'est  sur  ce  fondement  que,  dans  ses  répon- 
ses à  Marc  d'Alexandrie,  il  déclare  nul  lemariaged'un 
ravisseur  avec  la  fille  qu'il  avait  enlevée,  quoique  les 
parents  voulussent  bien  y  consentir,  parce  que  les  cons- 
titutions le  leur  défendent  sous  peine  d'exil. 

Cette  discipline,  affermie  par  tant  de  lois  ecclésias- 
tiques et  civiles,  ne  se  maintint  pas  si  bien  dans  l'Oc- 
cident. L'espèce  d'anarchie  qui  s'introduisit  en  France 
sur  la  fin  du  neuvième  siècle ,  et  durant  le  dixième  , 
rendit  les  rapts  très-fréquents,  et  l'affaiblissement  de 
la  puissance  publique  usurpée  par  quantité  de  petits 
seigneurs,  mit  les  prélats  hors  d'état  de  faire  observer 
à  cet  égard  les  lois  de  l'Église,  en  sorte  que  l'on  s'ac- 
coutuma insensiblement  à  une  chose  qui  devint  comme 
ordinaire ,  et  que  l'on  fut  obligé  de  tolérer  un  mal  au- 
quel on  ne  pouvait  plus  apporter  de  remède.  D'où 
vient  que  Ives  de  Chartres,  dans  le  onzième  siècle, 
dit  positivement  (ep.  19)  que  quand  un  homme  avait 
enlevé  une  fille  pour  l'épouser,  on  ne  suivait  plus  les 
anciens  canons  à  la  lettre  ;  mais  que  c'était  l'usage 
que  les  juges  d'église  examinassent,  sur  les  cir- 
constances du  rapt ,  s'il  fallait  faire  grâce  au  ravis- 
seui  ,  ou  le  traiter  à  la  rigueur. 

Le  papeLuce  III,  qui  fut  consulté  environ  un  siècle 
après  Ives  de  Chartres,  dit  positivement  (4)  que  quand 
un  homme  avait  enlevé  une  fille  pour  l'épouser,  le 
mariage  était  bon  et  légitime,  si  la  fille  y  avait  con- 


63. 


1)  Novell.  143  et  150. 

2)  L.  i,c.  iO-i.etl.  7,  c.  395. 

3)  Respons.  ad  Mar.  patriarch.  Alex. ,  interrog. 


(4)  Cap.  Citm  causa,  de  Raptoribus. 


EMPÊCHEMENT  DU  RAPT.  MOG 

I  senti  dans  la  suite  ;  parce  que ,  comme  porte  la  glose, 
I  dès  lors  qu'elle  y  consent  elle  réliabilile  son  mariage, 
de  quelque  manière  que  le  rapt  se  soit  Aiit.  Qualiter- 
Clinique  aliqua  s'il  roptn.  Innocent  III  a  suivi  ces  prin- 
cipes (1),  cl  jusqu'au  concile  de  Trente,  les  rapts  fu- 
rent non  seulement  tolérés  dans  TOccident,  et  souvent 
impunis,  mais  n)cme  quelquefois  favorisés  par  les 
princes;  on  ne  les  regardait  plus  que  comme  un  em-, 
pèchement  prohibitif,  ou  simplement  empêchant,  pour 
me  servir  du  terme  des  canonistes. 

C'est  donc  au  concile  de  Trente  (sess.  24,  c.  G)  qua 
l'on  cstredevabledurétablissement  de  l'ancienne  dis- 
cipline  louchant  l'empêchement  du  rapt.  Il  fit  ce  ré*- 
glemenl,  digne  de  sa  sagesse,  à  la  sollicitation  des 
ambassadeurs  de  Charles  IX  ;  et  nos  rois,  de  leur  cô- 
té ,  ont  fait  revivre  l'ancien  usage  de  la  monarchie, 
non  seulement  en  défendant  le  rapt  sur  peine  de  mort, 
mais  en  déclarant  nuls  les  mariages  des  ravisseurs , 
contractés  avant  que  les  personnes  ravies  aient  élé 
remises  en  liberté  (2);  ce  qui  est  encore  un  adoucis- 
sement de  l'ancienne  discipline  observée  en  France  : 
car  il  n'était  pas  permis  au  ravisseur  d'épouser  jamais 
celle  qu'il  avait  enlevée  ,  quoiqu'elle  y  consentît ,  et 
ses  parents  aussi.  Vous  en  avez  déjà  vu  des  preuves  ; 
en  voici  une  autre  tirée  des  capitules  dTlérard  de 
Tours  (c.  108)  :  Qui  rapiunt  feminas,  furantur,  vel  se- 
ducutit,  licèt  ipsis  et  parenlibus  conveniat,  cas  uxorex 
non  liabcant. 

Le  concile  ,  dans  son  décret ,  ne  distingue  point  le 
rapt  de  violence  de  celui  de  séduction  ;  ainsi  l'un  et 
l'autre  sont  également  un  empêchement  dirimanl ,  et 
nos  rois  le  disent  positivement  dans  leurs  ordonnan- 
ces, données  en  conformité  du  décret  du  concile. 
Voulons ,  dit  Henri  111  dans  l'article  24  de  l'ordon- 
nance de  Blois ,  faite  pour  établir  en  France  la  disci- 
pline de  l'Église,  conformément  au  concile  de  Trente, 
que  ceux  qui  se  trouveront  avoir  suborné  fils  ou  filles,  etc. 
Il  faut  seulement  remarquer  que  le  rapt  de  séduction 
n'a  lieu  que  pour  les  mineurs ,  qui  sont  encore  en 
puissance  de  père  et  de  mère,  ou  des  tuteurs;  car, 
passé  l'âge  de  minorité,  les  jeunes  gens  ne  sont  plus 
censés  capables  de  séduction  eu  fait  de  mariage.  Ce- 
pendant le  rapt  de  violence  est  toujours  un  empêche- 
ment dirimanl  quand  la  personne  est  majeure;  il  suffit 
pour  cela  qu'elle  ail  élé  enlevée  malgré  elle. 

11  est  même  des  auteurs  qui  prétendent  que  l'em- 
pêchement du  rapt  a  lieu  quand  c'est  un  jeune  hon)me 
qui  est  enlevé  par  une  fille  majeure  ;  l'ordonnance  de 
Blois  (art.  169),  et  celle  de  Louis  XIII ,  de  l'an  1G29, 
le  foui  assez  entendre  :  Voulons  que  tous  ceux  qv.i 
commellent  rapt  ou  enlèvement,  des  veuves,  fils  ou  filles 
étant  sous  la  puissance  d'autrui ,  etc.  Cependant  il 
semble  que,  selon  la  force  des  termes  dont  le  concile 
s'est  servi ,  inler  raploreni  cl  raptain  ,  le  ra|)t ,  qui  est 
un  empêchement  dirimanl,  ne  s'entend  que  des  veuves 

(1)  C.  Accedens,  de  Raptoribus. 

(2)  Voyez  l'édit  de  Blois,  de  l'an  1570;  celui  de 
Louis  Xlll ,  de  Tan   1039,   et  de  Louis  XIV,  de 

Ijli  l'an  1G97. 


1107 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


1108 


ou  des  filles  ravies  .par  des  hommes ,  et  non  pas  du  | 
ravisscincat  d'un  jeune  homme  pnr  une  fcMiime  ; 
parce  que  ,  Cv'snune  dit  mi  auteur  judicieux  ,  comun! 
l'un  arrive  très-souvent,  et  Taulre  Irès-rarement ,  il 
était  de  la  sagesse  de  l'Église  de  défendre  l'un,  sous 
des  peines  trés-rigoureuses  ,  sans  autoriser  l'autre. 
En  France  ,  quelques-uns  pensent  difTérennnent ,  et 
on  peut  lire  dans  le  Dicùonnairc  des  Arrêts  (1),  que 
ion  a  reconnu  connue  rapt  renlèvemcnt  des  gari^'oiis 
lait  par  des  lilles;  niiiis  d'autres  jurisconstdles  fran- 
ç.ùs  ne  sont  pas  de  ce  sentiment,  et  n'estiment  pas  (2) 
que  la  peine  de  l'crdonnance  ait  lieu  à  l'égard  de  la 
fdlc  qui  a  lait  enlever  un  garçon.  Papou  rapporte 
même  un  arrêt  du  5  mai  loôo  ,  qui  l'a  ainsi  jugé. 
Nous  bissuns  ce  point  de  jurisprudejice  à  discuter  à 
ceux  à  qui  il  appartient,  pour  passer  à  une  autre  ma- 
tière. 

Le  roi  Cliarles  IX  avait  aussi  sollicité  le  concile  de 
Trente  de  déclarer  nuls  les  mariages  des  enf.nils  de 
famille,  contractés  sans  le  consentement  de  leurs  pa- 
rents. Le  cardinal  de  Lorraine  et  les  évêques  de  France  ': 
y  firent  pour  cela  de  grandes  instances.  Le  concile  | 
était  assez  disposé  à  donner  celle  satisfaction    aux  ] 
Français;  mais  sur  les  remontrances  d'un  théologien 
de  réputatloii  (5)  qui  représenta  que  si  cela  était  dé- 
cidé, on  serait  persuadé  dans  le  monde  que  la  doc- 
trine de  Calvin  ,  qui  les  croyait  nuls  de  droit  naturel 
et  divin  ,  aurait  prévalu  ,  on  se  contenta  de  déclarer  '. 
dans  un  décret  que  l'Église  ne  les  ap;  rouvait  pas. 

Voyons  présentement  ce  que  pensaient  les  anciens 
On  sait  quelle  était  l'étendue  de  la  puissance  pater- 
nelle suivant  les  lois  romaines.  Cette  puissance  était  ■ 
une  espèce  de  souveraineté  qui  donnait  aux  pères  : 
1°  le  droit  de  faire  mourir  leurs  eufiinls  (il  leur  fui  ôlé 
sous  les  empereurs  Adrien  et  Antoniu  le-Pieux)  ; 
2°  le  pouvoir  d'engager  et  de  vendre  leurs  enfouis  à 
leurs  créanciers  pour  l'acquit  de  leurs  dettes  (ce  qui 
leur  fut  défendu  par  les  riupereurs  Dioclélien  et  Maxi-  i 
mien  )  ;  5"  de  les  désliérit(îr  pimr  de  justes  raisons  ; 
4"  enfin,  de  faire  casser  leurs  mariages,  quand  ils  les 
faisaient  sans  leur  consentement.  Les  lois  qui  con- 
ccrne4U  ce  dernier  article  se  lisent  encore  dans  le  Di- 
geste (4),  et  ce  pouvoir  durait  pendrait  toute  la  vie  du 
père,  à  moins  que  le  fils  ne  fût  émancipé.  C'était  Ro- 
mulus  qui  l'avait  établi. 

Quand  l'empire  romain  embrassa  le  Christianisme, 
les  empereurs  ne  changèrent  point  celle  jurispru- 
dence :  la  puissance  paternelle  demeura  inviolable  à 
cet  égard  ,  et  Juslinien  la  conlirma  ,  à  l'imilalion  des 
princes  chrétiens  ses  prédécesseurs  :  Que  les  ciloijens 
romaJAJs,  dit-il (5),  se  marient  suivant  les  règles.,  pourvu 
cependant  que  les  enfants  de  famille  aient  le  consenle- 
nienl  de  leurs  parents...,  car  la  loi  civile  et  la  raison  na- 

(1)  Voyez  Mariage,  n.  641,  et  Rapt. 

(2)  Voyez  Théveneau ,  Commentaire  sur  les  or- 
donn.,  sur  l'art.  42  de  celle  de  Blois;  et  Papon,  1.  22, 
t.  6,  n.  4. 

(5)  Le  P.  Lainez. 

(4)  L.  23,  lit.  2. 

(5)  tnsUlul,,  l.  1,  lit.  10. 


turelle  l'exigent....  Si  quelques-uns  font  autremcH ,  ?, 
n'y  aura  ni  mari ,  ni  femme  ,  ni  noces ,  ni  mariage,  ni 
dot.  Si  adversiis  ea  aliqui  coierint ,  nec  vir,  nec  uxor 
nec  nuptiiV,  nec  malriinoniitm,  nec  dos  intcUigitur. 

L'Église,  qui  a  pris  naissance  et  qui  s'est  formée 
en  corps  de  religion  au  milieu  de  l'empire  romain,  eu 
a  adopté,  dans  les  premiers  siècles,  toutes  les  lois  qui 
n'étaienl  point  opposées  à  celles  de  rÉvaiigile.  Vous  avez 
vu  piirce  qui  a  été  dit  dans  le  conimoncemeul  de  ce 
chapitre  ,  que  S.  Basile  pensait  comme  les  juriscon- 
sultes de  son  temps,  louchant  la  validité  des  mariages 
des  enfants  de  famille,  qu'il  regardait  comme  des  con- 
cubinages criminels,  s'ils  n'étaient  faits  du  consente- 
ment des  parents,  7zcp.ti%i  e'icrtv  (c.  42).  Tertuliion  n'en 
avait  guères  meilleure  opinion,  comme  il  parait  dans 
c(  qu'il  dit:  Xcc  in  tcrns  filii  sine  consensu  parentum 
ri'è  el  jure  nubunt. 

Mais  c'est  particulièrement  depuis  le  quatrième 
siècle  que  l'Église  a  témoigné  combien  clleapprouvait 
sur  ce  point  les  lois  des  princes.  Le  quatrième  con- 
cile de  Carthage  (can.  M)  veut  que  les  enfants  soient 
présentés  au  prêtre  de  la  main  de  leurs  parents,  quand 
ils  viennent  lui  demander  la  bénédiction  nuptiale.  Le 
quatrième  concile  d'Orléans  (  can.  22)  veut  que  l'on 
regarde  plutôt  comme  une  captivité  que  comme  un 
mariage,  une  telle  alliance,  et  que  l'on  n'admette  point 
ce  qui  se  fait  en  ce  genre,  contre  la  volonté  des  pères 
et  mères.  Le  concile  de  Paris  (c.  6)  de  l'an  515  frappe 
d'anathème  celui  qui,  par  l'autorité  du  roi  et  sans  le 
consentement  des  parents,  prétend  épouser  une  fille 
ou  une  veuve.  Le  pape  Nicolas  I ,  dans  sa  réponse 
aux  Bulgares  (c.  2),  qui  est  un  monument  précieux  de 
la  discipline  de  son  temps,  enseigne  que  le  consente- 
ment des  parties ,  aussi  bien  que  de  ceux  en  la  puis- 
sance de  qui  ils  sont,  est  nécessaire  pour  contracter 
légitimement  mariage. 

Les  capilulaires  de  nos  rois  sont  exprès  là-des- 
sus (I).  Ils  ordonnent  ([ue  celui  qui  aura  épousé  une 
(ille  sans  le  cor.sentement  de  son  père  ,  la  lui  rendra 
s'il  la  redemande  ,  cl  qu'outre  cela  il  sera  condamné 
à  une  amende  de  (juarantc  sous.  Ils  déclarent  ces 
sortes  de  mariages  illégilimes,  aussi  bien  que  les  en- 
fants qui  en  naîtront. 

L'Histoire  nous  fournit  plusieurs  exemples  de  ma- 
riages déclarés  nuls  par  le  défaut  de  consentement  des 
parents.  Flodoard  (2),  entre  autres  ,  rapporte  que  la 
princesse  Judilh,  fille  de  Charlcs-le-Chauve,  et  veuve 
d'un  roi  d'.\ngleterre  ,  s'étant  mariée  avec  Baudoin  , 
comte  de  Flandres,  sans  le  consentement  de  l'empe- 
reur son  père,  les  évêques  de  France,  à  qui  ce  prince 
s'en  plaignit ,  cassèrenl  ce  mariage  par  un  jugement 
solennel.  Le  pape  Nicolas  1 ,  à  qui  Baudoin  en  porta 
ses  plaintes,  ne  put  trouver  à  redire  à  cette  sentence 
des  évêques  ;  mais  il  se  contenta  de  se  joindre  à 
Hincmar  de  Reims,  pour  obtenir  de  Charles  la  grâce 
de  la  princesse  et  du  comte,  que  l'on  remaria  une  se- 


1)  L.  2,  c.  4,  cil.  7,  c.  363. 

2)  Hist.  /?tv!j.,î.  3. 


1109 


MARIAGE.  —  ClIAP.  Xll.  EMl'ÈCllKMENT  DU  LIEN. 


1110 


condc  fois  on  face  de  l'Église.  Nous  avons  p.nric  plus  '  [ 
haut  delà  cassation  du  mari.iîîe  de  Louis- le-Bègiie 
avec  Aiisgardc  ,  pour  avoir  élé  fail  sans  le  consenie- 
ment  de  son  père.  Le  prince  se  remaria  avec  Alix  ,  il 
en  eut  un  fils  posthume,  dont  l'état  ne  fut  point  con- 
testé ,  et  (pii  succéda  ensuite  à  la  couronne  ,  so\is  le 
nom  do  Charlos-lo-Simple. 

Tout  cela  Hiit  voir  combien  le  consentement  des 
parents  était  autrefois  nécessaire  pour  la  validité  des 
mariages  des  onfaiils  de  famille.  Les  Grecs  n'ont 
point  varié  sur  ce  point  de  discipline  (I);  mais  en  Oc- 
cident il  n'en  a  pas  été  de  môme.  Vers  le  onzième 
siècle  on  commença  à  ne  plus  regarder  comme  nuls 
ces  sorlesde  mariages.  Dans  lesdécrétalosdespapcs('-2) 
il  n'est  plus  parlé  cpie  du  consentement  des  parties 
conlraolantcs  pour  valider  les  mariages.  Les  théolo- 
giens sont  venus  à  l'appui  de  ce  changement  (5). Tous 
les  himmios  ,  ont-ils  dit,  sont  de  semblable  nature 
dans  ce  qui  concerne  le  corps,  et  la  faculté  de  la  gé- 
nération, et,  par  conséquent,  tous  sont  en  état  quand 
ils  ont  atteint  l'âge  de  piJjcrté,  de  prendre  b.'ur  parti, 
indépendamment  de  tout  autre,  quand  il  s'agit  du  Ma- 
riage. Cette  raison  serait  fort  bonne  ,  si  le  mariage 
était  simplement  un  contrat  naturel  ;  mais  jil  est  de 
plus  un  contrat  civil ,  auquel,  par  conséquent ,  la 
puissance  publique  peut  apposer  des  clauses  et  des 
conditions,  dont  le  défaut  le  rendra  nul. 

L'Église  aurait  pu  le  faire  au   concile  de  Trente. 
Henri  II,  en  1350,  défendit  ces  Mariages  sous  de  gros- 
ses peines.  Et  aujourd'hui ,  en  France,  dit  M.  d'Héri- 
court  (4),  on  déclare  nuls  les  mariages  célébrés  par 
les  mineurs  sans  le  consentement  de  leurs  pères,  mè- 
res, ou  tuteurs  ;  parce  que  le  rapt  de  séduction  y  est 
regardé  comme  un  empêchement  dirimant,etqueron 
présume  toujours  que  des  mariages  de  celte  nature  sont  j 
des  effets  de  la  séduction.  Celle  présompiion  de  su-  f 
bornation  est  établie  par  les  ordo 
norilé,  sans  aulre  preuve  ,  suffit 
le  mine\u'  a  élé  ravi  et  suborné. 

M.  d'IIéricourt  ajoute  dans  une  note  ,  qu'il  y  a  des 
auteurs  qui  prétendmit  que  la  raison  pour  laquelle  les 
parlements  ont  déclaré  non  valablement  contractés 
les  mariages  des  enfants  de  famille  sans  le  conscnlc- 
ment  do  leurs  pères,  c'est  la  clandestinité  ;  et  en  cffut, 
nos  ordonnances,  en  quelques  endroits,  appellent  ces 
mariages  clandestins.  11  serait  h  souhaiter,  continue 
cet  habile  jurisconsulte  ,  que  nos  rois  s'expliqtiassont 
d'une  manière  plus  claire  et  plus  précise  sur  une  ma- 
tière de  cette  importance  ,  et  qu'ils  déclarassent  les 
enfants  mineurs  inhabiles  à  contracter  sans  le  con- 
senlcrjcnl  de  leurs  pères  ,  mères  ou  tuteurs  ,  ou  du 
moins  sans  un  arrêt,  dans  le  cas  où  les  cours  souve- 
raines jugeraient  que  le  refus  des  pères  et  mères  se- 
rait injuste. 


CITAPITRE  Xll. 


De  l'empêchement  du  lien.  Von  -parle  à  celte  occasion 
des  coticubines  ei  de  leur  différente  condition  dans  les 
divers  tem.j)s.  Sur  quoi  est  fond'-  cet  onpècliemeut. 
Précautions  que  Ton  prend  jxjur  que  les  règles  saintes 
ne  soient  point  violées  en  ce  point  par  les  tionvnes  dé- 
bauclUs. 

Le  Sauveur  ayant  rétabli  le  Mariage  dans  l'état  de 
sa  première  institution  (1),  et  ordonne  qu'un  homme 
n'aurait  qu'une  femme  ,  on  n'a  jamais  varié  sur  ce 
point  dans  le  Christianisme,  et  la  polygamie  y  a  tou- 
jours élé  regardée  plutôt  comme  propre  aux  bctos 
qu'aux  hommes.  V n  homme  marié ,  A\i  l'Apôirc  (2), 
ne  peut  se  marier  à  une  autre  femme  du  vivant  de  la 
première.  La  femme  est  liée  à  la  toi  du  Mariage  tant 
que  son  mari  est  envie;  si  son  mari  meurt,  elle  est  libre, 
et  pour  lors,  elle  se  peut  marier  à  qui  elle  voudra.  C'est 
peut-être  de  ce  passage  de  l'Apôire  que  ce  mot  de 
lien,  ligamen,  dont  on  se  Sert  pour  exprimer  cet  cmpê- 
chemenl  de  Mariage,  a  élé  tiré. 

11  était  reconnu,  avant  même  le  Chrislianisme  (3), 
dans  les  nations  policées:  i'n  homme,  dit  le  Préleiu-, 
passe  pour  infâme,  si  du  vivant  de  sa  femme  il  en  épouse 
une  autre.  Les  païens ,  depuis  le  Chrislianisme  ,  ont 
défendu  la  polygamie  (i) ,  et  ont  donné  le  nom  d'a- 
dultère et  de  viol  au  crime  de  celui  qui  feint  de  n'être 
pas  marié,  ficto  cœlibaiu,  pour  tromper  et  éjîouscr  une 
autre  femme.  C'est  conformément  à  celle  maximf, 
dont  l'inobservation  élaitpunie  de  peines  capitales  (5), 
que  Théodose-le-Grand  et  ses  deux  fils  ont  défendo, 
même  aux  Juifs,  d'avoir  deux  femmes  (6). 

Les  païens  ,  pour  adoucir  une  loi  qui  paraissait 
dure  à  des  gens  qui  faisaient  consister  leur  bon'ieur 
dans  l'assujeitissemeni  à  leurs  passions,  permettaient 
aux  personnes  mariées  d'avoir  avec  leurs  femmes  lé- 
nnnnces' •  et  !a  mi-  1  g'l''"f^s  des  concubines;  mais  l'emperenr  Constantin 
pour  faire  juger  que  1  ^^  '^"''  défendit  par  une  loi  du  li  juin  de  l'an  3-20. 
■  C'est  à  cette  loi  que  quelques-uns  (7)  ra;  portent  ce 
que  dit  Soz.omène,  (pie  Constantin  abolit  les  conjiinc- 
tions  illicites  ,  qui  jusque-là  n'avaient  point  élé  dé- 
fendues. On  croit  qne  le  même  dessein  d'abolir  la  li- 
berté criminelle  que  prenaient  les  Païens  d'avoir  des 
concubines,  fut  ce  qui  porta  Conslanlin  à  ordonner, 
comme  nous  l'apprend  rompereur  Zenon  ,  que  ceux 
qui  en  auraient  abusé,  pourraient  néanmoins  contrac- 
ter avec  elles  un  légitin>e  Mariage,  |  ourvii  qu'elles 
fussent  libres;  et  qu'alors  les  enfants  ciu'ilsen  auraient 
déjà  eus  ,  seraient  regardés  connue  enfants  vérilabies 
et  légitimes,  et  en  auraient  tous  les  di-oils.  il  send)!e 
néanmoins  que  cello  loi  n'avait  lieu,  an  moins  pour  la 
légitimation  des  enfants  nés  a\ant  le  Mariage,  qu'à 


(1)  Confér.  de  Paris,  t.  2,  p.  3&6. 

(2)  Can.  Cimi  locum,  c.  IJcet,  c    de  Spons. 
h)  s.  Th.,2-2,  c.  lOi,  art.  6. 

(i)  Loiseccl.  du  Mariage,  art.  2,  n.  74,  p.  454. 


et  seq. 


1)  Matth.,  19. 

2)  Cor.  7. 

ô)  Lcg.  F.um  qui,  18,  d.  ad  leg.  Jul.  de  At.. 

A)  L'empereur  Valérien. 

5)  Iiistil.,  I.  1,  I.  1. 

(i)  L.  8,  c.  de  ,lud;els. 

7)  Tillemont,  Vie  des  Empereurs,  t.  4,  p.   177 


un  HISTOIRE  DES 

l'égard  de  ceux  qui  n'avaient  point  d'enfants  d'un  ma- 
riage précédent.  Zenon  ,  qui  renouvela  en  AIG  la  loi 
de  Constantin  ,  ne  voulut  point  que  cette  légitimation 
eût  lieu  pour  les  enfants  qui  naîtraient  après  la  réno- 
vation qu'H  avait  faite  de  cette  loi,  puisqu'il  ne  tenait 
qu'à  ceux  qui  voulaient  avoir  des  enfants  légitimes  et 
capables  de  leur  succéder ,  de  contracter  aussi  des 
mariages  légitimes.  Cette  exception  pouvait  aussi  être 
dans  la  loi  de  Constantin. 

C'était  autrefois  une  peine  très-rude  (1),  que  de  dé- 
clarer illégitimes  les  enfants  d'un  homme,  comme  elle 
l'est  encore  aujourd'hui  (2).  On  ne  regardait  les  bâ- 
tards que  comme  des  gens  qui  ne  faisaient  poir.t  par- 
tie de  la  république,  et  indignes  que  l'état  songeât  à 
eux.  Constantin  (5)  est  le  premier  qui  ait  fait  quel- 
ques lois  qui  les  regardassent.  On  croit  cepen- 
dant qu'il  leur  accordait  encore  moins  que  Valent i- 
nien  I,  qui  permit  au  père  de  leur  laisser,  pour  eux  et 
pour  leur  mère,  la  douzième  partie  de  ses  biens,  en 
cas  qu'il  eût  des  fils  ou  des  petits-fils ,  et  le  quart , 
s'il  n'en  avait  point. 

L'Église  a  toujours  condamiré,  comiire  un  désordre 
intolérable,  les  maris  qui,  outre  leurs  femmes,  avaient 
des  concubines,  sous  quelque  condition  que  ce  pût 
être,  et  a  considéré  cela  comme  un  adultère  ;  quoique 
les  lois  de  l'empire  se  fussent  pas  lout-à-fait  si  sévè- 
res, comme  vous  venez  de  le  voir. 

Pour  bien  entendre  ceci ,  il  faut  remarquer  que  le 
terme  de  concubine  n'était  pas  aussi  odieux  autrefois 
qu'il  l'est  aujourd'hui,  et  qu'il  avait  diverses  significa- 
tions, dont  quelques-unes  ne  représentaient  rien  de 
mauvais.  Ce  terme  se  prenait  quelquefois  pour  mar- 
quer une  femme  légitime  à  qui  Ton  donnait  la  foi  de 
mariage  sans  la  doter  (4),  sans  lui  donner  le  nom  et 
la  qualité  d'épouse,  et  dont  les  enfants  n'étaient  point 
admis  à  l'héritage  du  père.  Quand  c'était  une  esclave, 
les  lois  n'exigeaient  pas  (6)  qu'il  en  fit  une  déclaration 
en  justice  ;  mais  quand  elle  était  libre  ,  il  fallait  que 
celui  qui  l'épousait,  sous  la  condition  de  concubine, 
déclarât  qu'il  ne  la  prenait  pas  sous  la  qualité  d'é- 
pouse ,  et  dans  ce  cas  elle  n'avait  aucun  rang  dans  la 
maison,  et  ne  jouissait  pas  des  prérogatives  que  la  loi 
accordait  aux  épouses  pour  les  intérêts  civils.  C'est 
ainsi  qu'Agar  et  Cétiira  sont  appelées  les  concubines 
d'Abraham. 

Une  autre  espèce  de  concubines  ,  était  celle  qu'un 
homme  prenait  pour  un  temps  seulement,  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  trouvé  un  parti  sortable.  S.  Augustin  en 
parle  dans  un  de  ses  ouvrages  (6)  :  Concubinœ  ad  tem- 
pus  ;  c'était  proprement  ce  que  les  Latins  appelaient 
Pellex,  et  ce  nom  était  moins  odieux  que  celui  d'Arnica, 
qui  signifie  ,  ce  que  nous  nommons  en  notre  langue, 
une  maîtresse.  . 

L'Église  n'ajamais  souffert  que  les  Chrétiens  ma- 

(1)  Cod.  Théod.  i,  t.  6, 1.  1,  p.  Soi. 

(2)  Cod.  Juris.  nov.  89,  c.  1,  p.  348. 
(3    Cod.  Th.,  t.  1,  p.  352. 

(4)  Herman.,  Hisl.  de  Conciles,  t.  2. 

(5J  Just.  nov.  18,  c.  5. 

{6)  L.  de  Bono  conjugii,  c.  4  et  li. 


SACREMENTS. 


1112 


ries  eussent  des  concubines  (1),  suivant  l'une  et  l'au- 
tre signification ,  à  cause  du  lien  de  Mariage.  Elle  a 
aussi  toujours  condamné  ceux  qui  entretenaient  des 
concubines  de  la  seconae  espèce,  quoiqu'ils  ne  fussent 
point  engagés  dans  les  liens  du  Mariage,  comme  on  le 
peut  voir  dans  l'endroit  indiqué  de  S.  Augustin  ;  mais 
elle  leur  permettait  dans  ce  cas  d'en  avoir  de  la  pre- 
mière espèce.  C'est  pourquoi  il  est  dit  dans  le  dix- 
septième  canon  des  Apôtres  :  Si  quelqu'un  après 
le  Baptême  senyayc  dans  de  secondes  noces  ,  ou  s'il 
a  une  concubine ,  il  ne  pourra  être  cvcque.  Si  quis 
post  Baptisma,  selon  la  version  de  Dcnis-le-Petit, 
secundis  fuerit  nuptiis  copulatus,  aut  concubinam  habue- 
rit ,  7wn  potest  esse  episcopus.  Paroles  qui  montrent 
assez  que  ces  sortes  de  concubines ,  à  l'égard  d'un 
homme  libre,  n'étaient  pas  plus  défendues  que 
les  secondes  noces.  Le  premier  concile  de  Tolède  est 
exprès  là-dessus;  car,  après  avoir  défendu  (can.  17) 
à  ceux  qui  sont  mariés  d'avoir  une  concubine ,  il 
ajoute  :  An  reste,  que  celui  qui  n'a  point  de  femme 
(uxorem),  et  qui  a  une  concubine  au  Heu  de  femme,  ne 
loil  point  rejeté  de  la  communion,  pourvu  qu'il  se  conlenle 
d'une  femme,  ou  d'une  concubine ,  comme  il  lui  plaira. 
Il  est  dit  dans  une  charte  de  Louis  VI,  roi  de  France, 
pour  le  monastère  de  S.  Corneille  de  Compiègne  : 
Notis  ordonnons  que,  ci-après,  les  prêtres  ,  les  diacres 
et  les  sous-diacres  n'aient  plus  de  femmes  concubines 
{nullatenùs  deinceps  uxores  concubinas  habeant);  mais 
que  les  autres  clercs  ,  de  quelqu''ordre  qu'ils  soient , 
aient  permission  d'épouser  des  femmes  {ducendi  uxores), 
pour  éviter  la  fornication. 

Cette  clause  de  la  charte  de  Louis  VI  fait  voir  que 
dans  ce  temps-là  le  mot  de  concubine  se  prenait  en- 
core pour  celui  de  femme  légitime ,  quoique  les  prê- 
tres, les  diacres  et  les  sous-diacres  fissent  mal  d'en 
avoir.  Ces  concubines  ressemblaient  assez  à  ces  fem- 
mes entre  lesquelles  et  leurs  maris  il  n'y  a  que  ce 
que  nous  appelons  un  mariage  de  conscience  (2)  : 
elles  étaient  véritablement  femmes,  uxores,  de  celui 
qui  les  épousait,  mais  elles  ne  jouissaient  point  des 
prérogatives  attachées  à  cet  état.  Telles  sont  encore 
à  présent  celles  que  les  princes  et  les  nobles  en  Alle- 
magne, épousent  de  la  main  gauche.  Je  me  souviens 
d'avoir  lu  dans  quelques  mémoires  que  le  prince 
Georges-Guillaume  de  Brunswik-Zelle  épousa  de 
cette  sorte  une  demoiselle  de  Poitou  (5),  dont  il  a 
eu  Sophie- Dorothée ,  qui  épousa  en  secondes  noces 
Georges- Louis,  duc  de  Hanovre,  et  ensuite  roi  d'An- 
gleterre, père  de  celui  qui  règne  aujourd'hui.  Cette 
demoiselle  devint  chère  à  son  mari,  pour  sa  vertu  et 
ses  autres  belles  qualités,  ce  qui  fit  que  le  prince  l'é- 
pousa ensuite  de  la  main  droite ,  ce  qui  a  rendu  ses 
enfants  princes  et  habiles  à  succéder  aux  états  de 
leur  père.  Mais  elle  n'a  eu  que  celle  dont  nous  venons 
de  parler,  qui  ait  vécu  jusqu'à  l'âge  nubile. 

(1)  Tolet.  conc.I,  c.  17. 

(2)  Cang.  in  voce  Concubina. 

(3)  Eléonore-Des-Micrs,  fille  d'Alexandre,  seigneur 
d'Olbreuse,  en  Poitou. 


il  13  MARIAGE.  —  CHAP.  XI! 

II  n'a  donc  jamais  été  permis  dans  l'Église  d'avoir 
plus  d'une  femme  ,  ou  dune  concubine  en  même 
temps,  en  prenant  ce  terme  de  la  manière  que  nous 
avons  vu  que  l'entendaient  les  anciens  dans  le  sens 
favorable,  c'est-à-dire,  une  femme  à  qui  on  avait 
donné  foi  de  mariage  pour  toute  la  vie.  Si  la  loi  ro- 
maine permettait  de  la  quitter,  quoique  celle-ci  ne  le 
put  sans  passer  pour  adultère,  la  loi  du  Chrislianisnic 
le  défendait  absolument;  et  celui  qui  avait  une  con- 
cubine de  celle  espèce,  ne  pouvait  contracter  un  au- 
tre mariage  tant  qu'elle  vivait,  parce  que  le  lieu  du» 
Mariage,  selon  l'Évangile,  est  indissoluble  de  la  part  i 
du  mari,  comme  du  côté  de  la  femme. 

C'est  donc  avec  raison  que  M.  de  Meaux  (I)  repro- 
cbe  aux  premiers  docteurs  du  Lulbéranisme  d'avoir  j 
permis  par  une  làclie  complaisance,  cl  bien  indigne 
de  gens  qui  se  donnaient  pour  les  réformateurs  du 
Clirisiianisme  ,  d'avoir  permis ,  dis-je,  au  Landgrave 
de  liesse  d'épouser  une  seconde  femme  du  vivant  de  | 
la  première  :  décision  raonslnieuse  ,  et  jusqu'alors 
inouie  parmi  les  Clirélicns.  Car  s'il  est  arrivé  quel- 
quefois que  des  princes  ou  des  particuliers  aient  eu 
plus  d'une  femme  à  la  fois ,  comme  il  n'y  en  a  que 
trop  d'exemples ,  on  n'a  jamais  ouï  dire  qu'ils  aient 
tenu  cette  conduite,  en  suivant  une  délibération  com- 
mune de  docteurs  assemblés  pour  consulter  sur  un 
fait  de  cette  nature ,  qui  répugne  si  visiblement  à 
l'Évangile;  et  ce  serait  en  vain  que  Ton  voudrait  s'au- 
toriser de  l'exemple  de  Charlemagnc.  Il  est  vrai  que 
la  mullilude  de  ses  femmes  et  de  ses  concubines  a 
donné  quelque  atteinte  à  sa  réputation  :  car  on  lui 
trouve  jusques  à  quatre  femmes,  avec  le  titre  de  rei- 
nes, et  cinq  concubines.  Les  reines  sont  Ermengarde, 
fille  de  Didier,  roi  des  Lombards ,  qu'il  répudia  au 
bout  d'un  an  ,  Ilildegarde  ,  Faslrade  ,  et  Luilgarde, 
après  la  mort  de  laquelle  il  eut  quatre  concubines  dans 
l'espace  de  treize  ans ,  outre  celle  qu'il  avait  épousée 
avant  Ermengarde.  Mais,  comme  dit  M.  Fleuri  (2), 
il  n'est  pas  impossible  que  trois  de  ces  dernières 
femmes  soient  mortes  dans  l'espace  de  douze  ans,  et 
qu'il  n'en  ait  jamais  eu  qu'une  à  la  fois.  Car  il  paraît 
juste  de  supposer  tout  ce  qui  est  naturellement  pos- 
sible, plutôt  que  de  croire  qu'un  prince,  occupé  dans 
sa  vieillesse  aussi  saintement  que  nous  l'avons  vu , 
sit  fini  dans  la  débaucbe.  D'ailleurs  il  est  vraisem- 
blable que  ce  prince,  après  la  mort  de  Luilgarde,  se 
voyant  trois  fils  en  âge  de  régner,  ne  voulut  plus 
prendre  de  femmes  à  titre  de  reines,  mais  seulement 
à  litre  de  concubines ,  dans  le  sens  que  nous  avons 
expliqué  ce  terme  d'après  le  concile  de  Tolède. 

Nous  ne  voyons  rien  dans  toute  l'bisloire  de  l'Église, 
ni  dans  les  canons  de  ses  conciles ,  qui  ne  s'accorde 
avec  ce  que  nous  avons  dit  de  l'empècliement  du  lien 
de  Mariage,  sinon  deux  ou  trois  décisions  de  synodes 
particuliers,  dont  les  prélats  qui  les  composaient,  ne 
semblent  point  avoir  fait  assez  d'allenlion  à  un  point 
si  important.  Je  crois  que  l'on  peut  mcllrc  de  ce  nom- 


(1)  Hist.  des  Variations,  t.  1. 

(2)  Liv.  4G,  t.  10,  p.  150. 


III 


E.\II'ÉC11EMENT  DU  LIEN.  1114 

bre  le  concile  de  Yerberies ,  tenu  en  752  sous  le  roi 
Pépin.  Il  est  dit  dans  le  septième  canon  de  ce  synode  : 
Si  un  serf  a  sa  servante  pour  concubine,  il  peut,  s'il  le 
veut ,  épouser  une  serve  de  sa  condition  et  appartenante 
au  même  seigneur,  après  avoir  renvoyé  la  première.  Jl 
vaut  mieux  néanmoins  qu'il  retienne  sa  servante.  Ces 
dernières  paroles  font  assez  entendre  que  la  servante 
que  ce  serf  avait  pour  concubine  était  une  femme 
légitime,  que  le  concile  lui  permet  de  renvoyer  pour 
épouser  une  fille  de  sa  condition. 

Le  neuvième  canon  de  la  même  assemblée,  loi  qu'il 
nous  est  représenté  par  Burcbard  (1),  et  dans  les 
conciles  du  P.  Labbe,  lom.  C,  p.  1658,  est  encore 
plus  embarrassant  :  car  il  porte  que  si  quelqu'un  par 
nécessité  s'est  enfui  dans  un  autre  duché  ou  une 
autre  province,  ou  s'il  a  suivi  son  seigneur  à  qui  il 
avait  promis  fidélité,  et  que  sa  femme,  qui  le  pouvait, 
ne  l'a  pas  suivi,  retenu  par  l'amitié  pour  sa  famille  e 
pour  son  bien  ;  celle-ci  sera  obligée  de  vivre  dans  le 
célibat  durant  toute  la  vie  de  son  mari  :  mais  que  le 
mari  pourra ,  s'il  ne  peut  se  passer  de  femme ,  en 
épouser  une  autre,  n;oyennant  qu'il  en  fasse  péni- 
tence. Nani  vir  ejus,  qui,  necessitate  cogente,  in  alium 
locum  fuyit,  si  se  abslinere  non  polest,  aliam  in  uxoreni 
cum  pœnitentiâ  potest  accipere. 

Ne  pourrait-on  pas  dire  que  la  multitude  des  dé- 
bauchés obligeait ,  en  quelque  sorte ,  les  évoques  do 
fermer  les  yeux  sur  leurs  désordres  dans  certains  en- 
droits ,  cl  d'accorder  quelque  chose  à  la  dureté  de 
leurs  cœurs,  sans  néanmoins  l'approuver.  Le  capi- 
tule 110'  d'Hérard  de  Tours  contient  une  disposition 
semblable,  et  fait  sentir  jusqu'à  quel  point  de  corrup- 
tion les  choses  en  étaient  venues.  Qu'aucun  laïque,  dit 
cet  archevêque ,  n'ait  plus  de  deux  femmes  ;  ce  qui  est 
au-delà  appartient  au  crime  d'adultère.  Il  en  est  de 
même  de  In  femme,  i  Ne  nllus  laicorum  plus  quàm  duas 
i  uxores  liabeat.  Quod  verb  extra  est,  ad  adulterium  per- 
i  tinet.  Similiter  et  mulier.  i  II  est  certaines  gens , 
comme  dit  Salvien  (2),  à  qui  c'est  une  espèce  de  clias- 
teié  de  se  contenter  de  peu  de  femmes.  Et  les  prélats, 
sans  donner  aucune  marque  d'approbation  à  ces  dés- 
ordres, tâchaient  au  moins  de  renfermer  les  passions 
de  ces  hommes  déréglés  dans  les  bornes  les  plus 
étroites  qu'il  leur  était  possible. 

Mais  il  est  rare  qu'on  ait  agi  si  mollement ,  vous 
l'avez  vu  par  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus.  Les  princes 
de  concert  avec  la  puissance  ecclésiastique  ont  fait 
des  lois  sévères  contre  la  polygamie,  qui  est  si  ou- 
vertement condamnée  dans  TÉvangile  par  Noire-Sei- 
gneur, et  qui,  sans  être  direclement  opposée  au  droit 
naturel,  entraîne  après  elle  tant  d'inconvénients  dans 
le  mariage,  qu'il  est  très-difficile  d'eu  remplir  les  de- 
voirs. 

Selon  la  jurisprudence  de  France,  ceux  qui  étaient 
convaincus  de  s'être  remariés  du  vivant  de  leur  femme, 
étaient  ci-devant  condamnés  à  une  peine  capitale  , 


(l)Lib.  17,  c.  U. 

(2)  De  Gubcrnationc  Pei,  I.  4. 


ll|rj  IJiSTOIRE  DES 

comme  nous  rapprenons  de  Castcl  (1) ,  «lui  dit  qu'il 
n'y  a  pas  long-icmps  que  des  personnes  convaicues  de  , 
ce  crime  onl  élc  pendues.  Mais  depuis  quelque  temps  j 
on  dit  qu'à  la  Tonriiellc  la  jurisprudence  a  changé,  et  j 
qu'on  n'y  condamne  plus  les  liommes  qu'aux  galères,  i 
et  les  femmes  à  être  l'ouettées  par  la  main  du  bour- 
reau, et  ensuite  à  être  renfermées  dans  un  couvent. 

Le  concile  de  Trente,  pour  arrêter  le  cours  de  ce 
désordre,  qui  n'était  que  trop  commun  dans  le  temps 
que  l'on  tolérait  les  mariages  clandcs:ins,  a  obligé  les 
curés  d'avoir  un  registre  pour  y  écrire  les  actes  de  la 
célébration  des  mariages  (2)  ;  et  depuis  ce  temps  l'on 
n'admet  plus  la  preuve  par  témoins  des  promesses  de 
mariage,  ni  autrement  que  par  écrit  arrêté  en  pré- 
sence de  quatre  proches  parents  de  l'une  et  de  l'au- 
tre partie,  encore  qu'elles  soient  de  basse  condition. 

Ces  sages  précautions  avaient  en  quelque  manière 
été  prescrites  autrefois  par  l'empereur  Justinien  (5) 
pour  les  mariages  des  personnes  de  condition.  Car  il 
ordonne  que  les  grands  et  les  sénateurs  ne  pourront 
se  marier  que  dans  une  église,  devant  le  recteur,  qui, 
accompagné  de  trois  autres  clercs,  dressera  un  acte 
de  la  célébration  de  ce  mariage,  le  fera  signer  aux 
deux  époux,  le  signera  lui-même  avec  les  trois  autres 
clercs,  et  le  gardera  dans  le  trésor  de  celte  église.  Il 
permet  ensuite  aux  bourgeois,  mais  sans  l'ordonner, 
d'en  user  à  peu  près  de  même,  et  ajoute  qu'il  ne  se 
met  point  en  peme  des  mariages  des  paysans  et  des 
simples  soldats. 

CHAPITRE  XIU. 

De  l'empêchement  delà  diversité  de  religion.  En  quoi  il 
consiste,  quand  et  comment  il  s'est  établi.  De  ce  qui 
s'observe  dans  la  célébration  des  mariages  des  catho- 
liques avec  les  iiérétiques. 

L'Église  ?  toujours  souhaité  que  ses  enfants  ne  s'al- 
liassent pas  avec  les  inlidéles,  ni  même  avec  les  héréti- 
ques, dont  la  conversation  et  la  compagnie  sont  sou- 
vent plus  dangereuses  pour  les  chrétiens  que  celles 
de  ceux  qui  ne  coimaissent  point  le  christianisme. 
Saint  Paul  leur  recommande  d'éviter  ces  sortes  de 
mariages  (4),  yolile  fugum  ducere  cum  in/idelibus,  etc. 
El  Tertuliien,  qui  en  fait  sentir  les  inconvénients, 
semble  traiter  ces  mariages  avec  les  infidèles  de  con- 
cubinages (5).  Cependant,  quoiqu'en  général  l'Eglise 
n'ait.poinlapiirouvéces  mariages,  on  peutilire  qu'elle 
les  a  tolérés  longtemps,  et  qu'elle  ne  croyait  pas  (ju'ils 
lussent  invalides.  Souvent  même  ils  ont  produit  de 
grands  biens,  non  seulement  par  la  conversion  de  la 
femme  ou  du  mari  infidèle,  nuiis  par  la  conversion  des 
peuples  entiers  que  des  femmes  pieuses  ont  attirés  à  la 
loi,  en  portant  leurs  maris,  qui  dominaient  sur  ces 
peuples,  à  se  soumettre  au  joug  de  l'Evangile. 

Sainte  Monique  épousa  Patrice  encore  païen,  et 

(1)  Matières  bénéficiales,  t.  2,  p.  342. 

(2)  Sess.  24,  cap.  1 . 
(5)  Novell.  174. 

(4)  2  Cor.  2,  V.  6. 
(o^  L.  2  ad  Lxorem. 


SACREMENTS.  \i{Q 

en  fit  un  chrétien  zélé.  La  conversion  de  Clovis  a  la 
loi,  et,  par  une  suite  ordinaire,  celle  des  Français,  est 
due  en  partie  à  sainte  Clolilde,  son  épouse.  Chiesumle, 
fille  du  roi  des  Merciens,  en  Angleterre,  fut  l'instru- 
ment dont  Dieu  se  servit  pour  la  conversion  d'OITa, 
son  mari,  roi  des  Saxons  occidentaux,  qui  parvinrent, 
l)ar  ce  moyen,  à  la  connaissance  de  l'Évangile.  Tliéo- 
delinde,  reine  des  Lombards,  qui  avait  épousé  deux 
de  leurs  rois,  les  retira  du  paganisme  et  de  l'aria- 
nisme.   Giselle,  fille  de  Henry,  duc  de  Bavière,  et 
seeiir  de  l'empereur  S.  Henry,  ayant  épousé  Etienne, 
roi  de  Hongrie,  le  soumit  avec  tout  son  royaume  à 
l'Évangile  de  Jésus-Christ.  Sainte  None ,  mère  de 
S.  Grégoire  de  Nazianze,  épousa  un  mari  infidèle, 
qu'elle  rendit  chrétien  par  les  prières  qu'elle  adressait 
à  Dieu,  et  par  les  exhortations  qu'elle  ne  cessait  de 
lui  ûdre,  d'abandonner  la  secte  impie  dans  laquelle  il 
était  engagé.  L'Église,  bien  loin  d'improuver  ces  ma- 
riages, a  remercié  Dieu  des  bénédictions  qu'il  y  avait 
versées  avec  tant  d'abondance,  quoiqu'en  général  elle 
improuvàt  ces  sortes  d'alliances,  qui  peuvent  être  fu- 
nestes aux  âmes  ordinaires. 

I  Tout  cela  montre  que,  jusqu^au  onzième  siècle,  on  ne 
regardait  pas  en  Occident  l'infidélité  d'une  des  parties 
contractantes  comme  un  empêchement  dirimanl  de 
mariage,  quoiqu'elle  le  soit  devenue  depuis,  et  que  les 
conciles  mêmes  des  premiers  siècles  aient  souvent  dé- 
fendu ces  sortes  d'alliance.  Mais,  pour  ce  qui  est  de 
l'Orient,  il  semble  qu'ils  aient  été  déclarés  nuls  avant 
ce  temps-là;  puisque  le  concile  in  Trullo  (can.  72) 
défend  aux  catholiques  les  mariages  avec  les  héréti- 
ques, sous  peine  de  nullité.  Sed  et  si  quid  ejusmodi  à 
quopiam  factum  fuerit,  irritas  nuplias  exislimare,  et  ne- 
farium  conjuginm  dissolvi.  Zonare  etOalsamon  remar- 
quent sur  ce  canon  que  l'invalidité  de  ces  sortes  de 
mariages  y  est  clairement  établie,  cl  rendent  raison 
des  motifs  qui  ont  porté  les  évêques  à  faire  ce  dé- 
cret; on  peut  les  voir  dans  ces  aiilews.  Pour  nous, 
nous  observerons  seulement  ici  que  l'empereur  Théo- 
phile a  dérogé  à  cette  loi,  lorsqu'au  rapport  de  Bone- 
fidius  (1)  il  doima  sa  sœur  en  mariage  à  iliéophom- 
bre,  prince  Persan,  et  qu'il  permit  aux  Romains  de 
s'allier  avec  les  Perses,  qui  étaient  infidèles  de  son 
temps,  comme  ils  le  sont  encore  aujourd'hui. 

Cependant,  quoiqu'autrefiiis  les  mariages  avec  les 
infidèles  ne  fussent  point  réputés  nuls  et  invalides, 
l'Église  en  général  les  improuvait,  et  ne  les  tolérait 
que  dans  des  cas  particuliers,  c'est-à-dire,  quand  la 
personne  qui  prenait  une  telle  alliance  ne  le  ftiisait 
que  par  l'avis  des  gens  de  bien,  et  qu'elle  était  si  bien 
affermie  dans  la  foi,  qu'on  avait  lieu  de  présumer  que 
ri  n  ne  serait  capable  de  la  lui  faire  perdre  :  c'est 
pourquoi,  comme  ces  dispositions  sont  rares,  nous 
voyons  tant  de  conciles  qui  défendent  ces  mariages 
aux  Chrétiens. 

Le  concile  d'Elvire  (can.  16)  met  en  pénitence  pour 
cinq  ans  les  parents  qui  marient  leurs  enfants  avec  le» 

(l)  L.  l  Juris  orienlalis. 


MARIAGE.  —  CIIAP.  XIH.  tMPfiClŒMEM   DE  DIVERSITÉ  DE  RELIGION. 


1117 

Juifs.  Un  concile,  tenu  à  Rome  sous  le  |)ape  Zaclia- 
rie,  excomniuiiie  (can.  10)  ceux  qui  lombcnl  dans 
colle  laute.  Le  secoiul  concile  (.rOrléiuis  (can.  li)), 
iraile  ces  mariages  d'illicites  ;  et  le  premier  concile 
d'Arles  ordonne  (can.  11)  qu'on  cxconmumie  pour 
qucNjne  lenips  une  lille  chrélieime  qui  a  épousé  un 
inlidole. 

Tous  ces  canons  n'élaLdissciit  point  la  nullité  des 
mariages  des  cliiélions  avec  les  ijilidèles,  (iuoi(|u"ils 
les  delcndenl.  Le  iroisiènie  concile  d'Orléans,  tenu  en 
658,  esl  le  premier  qui  semble  les  avoir  interdits  sous 
peine  de  nullité,  lorsqu'il  ordonne  (can.  15)  que  ceux 
qui  les  auront  contractés  soient  privés  de  la  conunu- 
nion  jusqu'à  ce  qu'ils  se  soient  séparés.  M;iis  ce  règle- 
ment ne  fut  observé  tout  au  plus  que  dans  les  lieux 
voisins,  et  cela  ne  fit  point  règle  dans  les  églises  d'Oc- 
cident, sinon  long-temps  après.  Presque  tous  les  théo- 
logiens (1)  mêmes  prétendent  que  l'Église  n'a  jamais 
défendu  ces  mariages  par  aucun  canon  (|ui  les  déclare 
nuls  et  invalides,  et  que  l'enipécliement  qui  provient 
do  la  diversité  de  religion  n'est  élaUi  que  par  un 
usage  et  une  pratique  de  toute  lÉglise;  pratique  qui 
a  force  de  loi,  et  qui  s'est  formée  insensiblement  de- 
puis que  les  infidèles  sont  devenus  extrêmement  rares 
dans  les  pays  do  la  chrétienté,  et  que  l'Église  a  jugé 
à  propos  d'adopter  les  lois  des  empereurs  qui  ont 
puni  de  peines  très-r'igoureiises  les  fidèles  qui  s'allient 
avec  les  ennemis  du  christianisme. 

Une  de  ces  lois  (2)  a  été  publiée  par  les  empereurs 
Valenlinien  et  Valens  :  elle  est  adressée  à  Théodose, 
général  de  la  cavalerie.  Elle  porte  défense  à  tous  les 
habitants  des  provinces,  de  quelque  dignité  qu'ils 
puissent  être  revêtus,  de  s'allier  p;ir  le  jmariagc  avec 
les  barbares,  sous  peine  de  la  vie.  L'empereur  Tliéo- 
dose  (5)  lit  la  même  défense  aux  Chrétiens  par  rap- 
port aux  Juifs,  voulant  que  l'on  punît  comme  cou- 
pables d'adultères  ceux  ou  celles  qui  contracteraient 
mariage  avec  eux.  Le  mélange  des  barbares  avec  les 
sujets  de  l'empire  qui  survint  bientôt  après,  surtout 
dans  rOccident,  dont  la  plupart  des  provinces  devin- 
rent la  proie  des  peuples  septentrionaux  qui  s'en  era- 
parèront,  suspendit  durant  plusieurs  siècles  l'exécu- 
tion de  ces  lois.  Mais  enfin  on  y  est  revenu  insensi- 
blement, et  rempècheiiient  qui  vient  de  la  diversité 
de  religion  se  trouva  établi  vers  le  douzième  ou  trei- 
zième siècle.  Cela  est  évident,  puisque  Gratien  (4)  esl 
le  premier  qui  établisse  la  nullité  de  ces  mariages  :  il 
ne  s'explique  pas  même  claircnK^nl,  puisque  tout  ce 
que  nous  y  lisons,  tend  à  défendre  aussi  bien  les  ma- 
riages des  hérétiques  avec  les  caiholinnes,  que  ceux 
des  chrétiens  avec  les  infidèles,  qui  sont  cependant 
les  seuls  que  l'on  regarde  à  présent  comme  nuls,  à 
raison  de  rempèchemcnt  de  la  diversité  de  religion. 
Encore  cet  empêchement  n'a-l-il  lien  que  d;ins   les 

(1)  Estius  in  /*  Sent.,   dist.  59,  secl.  H  ;  Silv.    in  1 
Supp.,  q.  59;  Alex.,  thcol.  Dogm.  de  .Malrim.  art. 8.  i 

(2)  L.  5  Cod.  Theod.,  tit.  il,  de  iNupt.  gentil. 

(3)  L^I^e  quis,  c.  deJud;eis. 
(4)C.28,q.  1. 


1118 

pays  où  la  religion  chrétienne  est  la  dominante  :  car  à 
présent,  dans  la  Chine  et  dans  les  autres  pays  infidèles, 
quoique  l'on  tienne  la  main  à  ce  que  les  néojihvtes  ne 
contractent  point  de  mariages  avec  ceux  qui  ne  sont 
pas  convertis,  et  qu'on  ksen  détourne  autant  que  l'on 
peut,  on  le  leur  permet  néanmoins  quand  on  juge  que 
cela  est  nécessaire,  et  qu'il  n'y  a  rien  à  craindre  pour 
la  foi  de  ceux  qui  s'y  engagent.  (I) 

Pour  ce  qui  est  des  hérétiques,  l'église  d'Orcidcnt 
n'a  pas  jugé  à  propos  de  déclarer  nuls  leurs  mariages 
avec  les  catholiques;  soit  parce  que,  comme  disent 
quelques-uns,  ils  sont  susceptibles  des  sacrements 
à  raison  du  Raplême  qu'ils  ont  reçu,  soit  plutôt  à 
cause  des  inconvénients  qui  s'ensuivraient  dans  l'É- 
glise et  dans  les  étals  catholiques,  où  les  héréli(]ues 
sont  quelquefois  si  mêlés  avec  les  catholiques,  tant 
par  le  voisinage  que  par  les  intérêts  de  famille,  qu'il 
serait  presque  impossible  d'empêcher  ces  sortes  d'al- 
liances, et  qu'on  ne  pourrait  le  l'aire  sans  causer  do 
grands  embarras  et  puur  le  civil  et  pour  la  con- 
science. 

Cependant  nous  voyons  que  ces  mariages  ont  été 
défendus  par  plusieurs  des  anciens  conciles  par  celui 
d'Elvire  (can.  16),  par  celai  deLaodicée,  (can. 10), 
et  dans  le  Injisièmede  Carihage  (can.  21).  Le  concile 
de  Calcédoine  (can.  14)  les  défend  positivement,  à 
moins  que  l'hérétique  ne  prometle  de  se  convertir  : 
condition  que  celui  de  Laodicée  et  celui  d'Agde  ont 
aussi  exigée,  et  que  les  canonisles  Grecs  (?,)  enten- 
dent, conformément  à  la  discipline  de  leur  église,  non 
dune  simple  promesse  de  conversion,  mais  de  la  con- 
version même;  en  sorte  qiie,  selon  eux,  on  peut  faire 
les  fiançailles  sur  une  promesse  de  la  partie  hérétique 
de  se  convertir,  mais  on  ne  peut  contracter  mariage, 
qu'après  que  cette  promesse  a  été  exécutée. 

Non  seulement  ces  conciles  défendent  ces  sortes  de 
mariages,  mais  ils  imposent  des  peines  à  ceux  qui 
conlieviemient  à  cette  défense.  Le  concile  de  Calcé- 
doine (ihid.)  les  soumet  à  la  pénitence  canoni(iue.  Ce 
qui  marque  que  cela  n'élait  pas  considéré  comme  une 
affaire  de  police,  mais  comme  une  chose  qui  pouvait 
avoir  des  suites  fâcheuses  par  rapport  à  ceux  (jui  s'en- 
gageaient tén)érairemcnt  dans  ces  mariages,  dans  les- 
quels ils  courraient  risque  de  perdre  la  foi,  ou  au 
moins  d'être  cause  que  les  enfants  qui  eu  naîtraient, 
ne  fussent  point  élevés  d'une  manière  qui  contribuât 
à  leur  salut. 

Ce  sont  ces  raisons  et  quelques  autres  qui  ont  porté 
les  érêques  de  ces  derniers  siècles  à  renouveler  les 
défenses  que  les  anciens  avaient  faites  aux  catholi- 
ques de  s'allier  avec  les  hérétiques.  Nous  avons  sur 
cela  les  règlements  de  deux  conciles  de  Bordeaux, 
l'un  de  l'an  lo83,  et  i'anlre  de  l'an  lOâi.  Ce  der- 
nier défend  à  tout  prêtre  séculier  et  régulier,  sous 
peine  de  suspense  encourue  par  le  se<il  fait,  de  ma- 
rier des  catholiques  avec  des  hérétiques;  ce  qu'a  fait 

(1)  Conférences  de  Paris,  t.  5,  p.  13. 

(2)  Zonare,  Balsamon  et  Blastare^. 


U\9  HISTOIRE  DES  SACREMENTS, 

depuis  M.  l'évêque  de  Castorie,  vicaire  apostolique 
dans  les  Provinces-Unies,  avec  cette  restriction,  slts 
l'ont  {ait  sans  nous  consulter  et  sans  noire  consentement 
spécial  (i). 

Ce  que  dit  ici  M.  de  Castorie  semble  supposer  que 
les  évoques  peuvent  permettre  ces  nmriages;  et  il  y  a 
des  doclonrs  qui  enseignent  qu'il  n'est  pas  même  né- 
cessaire d'obtenir  ni  de  demander  cette  permission 
dans  les  lieux  où  les  catholiques  et  les  hérétiques  ont 
coutume  de  vivre  ensemble.  C'est  le  sentiment  d'I- 
sanibert,  de  Sanchez ,  de  Ponce,  d'Azor,  et  de  quel- 
ques autres  (2)  :  ces  mariages,  diseni-ils,  ne  sont  dé- 
fendus ni  par  la  loi  naturelle,  ni  par  la  loi  divine, 
mais  seulement  par  la  loi  ecclésiastique ,  et  elle  est 
abrogée  en  ces  pays-là  par  l'usage  contraire  et  par  le 
tacite  consentement  des  évêques  et  des  papes.  On  est 
dans  cet  usage  en  Angleterre  ;  car  quoique  les  ca- 
tholiques qui  veulent  se  marier  avec  des  hérétiques 
demandent  quelquefois  des  dispenses  aux  vicaires 
apostoliques  ou  aux  missionnaires  qui  s'ingèrent  d'en 
donner,  souvent  ils  n'en  demandent  pas.  On  suit  aussi 
cette  pratique  eu  Allemagne  et  en  Pologne. 

D'autres  théologiens  estiment  qu'on  doit  en  deman- 
der permission  à  l'Eglise,  qui  peut  l'accorder  quand  il 
y  a  de  grandes  raisons.  Us  disent  qu'elle  est  en  droit 
de  dispenser  de  ces  lois;  mais  qu'il  faut  toujours  sup- 
poser que  celte  dispense  ne  doit  être  accordée  que 
quand  la  loi  naturelle  n'est  pas  violée  par  ces  Maria- 
ges ,  c'est-à-dire,  que  l'Eglise  ne  peut  et  ne  doit  ac- 
corder ces  permissions,  qu'après  avoir  pris  les  pré- 
CiAuiions  nécessaires  pour  empêcher  que  la  partie  fi- 
dèle ne  soit  pervertie,  et  pour  mettre  en  assurance 
l'éducation  des  enfants  dans  la  foi  orthodoxe. 

C'est  celte  conduite  si  sage  que  l'Eglise  garde  de- 
puis Grégoire  Xlll,car  on  ne  voit  pas  qu'avant  ce  pape 
elle  ait  accordé  de  ces  permissions  ;  mais  depuis  son 
pontificat,  cela  est  arrivé  plusieurs  fois.  Le  pape  Clé- 
ment YIII  usa  de  cette  dispense  envers  le  duc  de  Bar, 
qui  l'avait  longtemps  sollicité  de  réhabiliter  son  ma- 
riage avec  Catherine  de  Bourbon ,  sœur  de  Henri  IV. 
Le  pape,  après  avoir  pris  toutes  les  précautions  néces- 
saires pour  que  les  enfants  qui  naîtraient  de  ce  ma- 
riage fussent  élevés  dans  la  foi  catholique,  lui  permit  de 
se  marier  avec  cette  princesse  en  présence  du  curé  de 
la  paroisse  et  de  deux  témoins,  sans  aucune  bénédic- 
tion nuptiale,  en  cas  que  le  concile  de  Trente  eût  été 
publié  en  Lorraine,  ou  bien  en  se  donnant  de  nou- 
veau le  consenieincnt mutuel,  s'il  n'y  était  pas  pu- 
blié. Le  pape  Urbain  YIll  accorda  aussi  une  dispense 
pour  le  mariage  d'Henriette  de  France  avec  le  prince 
de  Galles,  depuis  roi  d'Angleterre  sous  le  nom  de 
Charles  I",  et  cela  s'est  fait  depuis  en  diverses  autres 
rencontres. 

Cependant,  il  se  trouve  des  théologiens  qui  sou- 
tiennent que  le  pape  ne  peut  en  conscience  accorder 
ces  sortesde  dispenses,  quelque  précaution  qu'il  prenne 


(1)  Van  Espen,  t.  1,  p.  %  lit.  15,  c.  8. 

(2)  Conférences  de  Paris,  t.  5,  p.  21. 


ii20 
pour  mettre  à  couvert  la  foi  de  l'époux  fidèle  et  des 
enfants  qui  pourront  naître  de  ce  mariage.  Tel  est 
le  sentiment  de  M.  Gamache  (1)  et  de  quelques  au- 
tres. Ils  se  fondent  sur  cette  raison,  savoir,  que  dans 
le  temps  de  la  célébration  du  Mariage  d'un  catholi- 
que avec  un  hérétique,  il  y  a  toujours  un  péché,  un 
sacrilège  et  une  profanation  de  ce  sacrement,  soit 
que  le  prêtre  ou  les  contractants  en  soient  les  mi- 
nistres; et  le  pape,  disent-ils,  ne  peut  pas  empê- 
cher ce  péché  par  ses  dispenses,  qui  ne  peuvent  em- 
pêcher que  l'hérétique  ne  soit,  par  ce  seul  titre,  notoi- 
rement indigne  de  ce  sacrement,  et  que,  dans  le  temps 
que  les  deux  parties  se  marient ,  il  n'y  ait  im  sacri- 
!  lége  et  une  profanation.  M.  de  Sainte-Beuve  (2)  est 
dans  le  même  sentiment,  et  pousse  fort  loin  ce  rai- 
sonnement. 

Il  paraît  bien  subtil,  et  ne  doit  pas,  ce  semble,  l'em- 
porter sur  le  sentiment  de  tant  de  grands  papes,  qui 
ont  cru,  en  bonne  conscience  et  sans  pécher,  pouvoir 
accorder  ces  sortes  de  dispenses,  que  S.  Charles  lui- 
même  a  sollicitées  auprès  de  Grégoire  Xlll  en  faveur 
de  deux  personnes  qui  s'étaient  mariées  avec  des  hé- 
rétiques. Ne  pourrait-on  pas  dire  que,  lorsque  cela  ar- 
rive, ce  mariage  n'est  qu'un  contrat  civil ,  qui  suffit 
pour  le  rendre  légitime  ?  en  ce  cas  il  n'y  aurait  point 
de  profanation  de  sacrement.  11  est  vrai  qu'Esiius  (3) 
^  soutient  que  le  Mariage  d'un  hérétique  avec  une  catho- 
lique est  un  sacrement,  quoiqu'il  ne  le  soit  pas  entre 
un  catholique  et  une  infidèle  qui  n'en  est  pas  suscep- 
tible. Mais  ses  preuves,  dont  je  laisse  l'examen  aux 
théologiens,  me  paraissent  assez  faibles.  Il  semble 
même  que  l'intention  de  l'Eglise  n'est  pas,  dans  ce 
cas,  que  les  parties  contractantes  reçoivent  le  sacre- 
ment :  car  quoique  ces  mariages  d'un  hérétique  avec 
un  catholique  se  fassent  à  la  porte  de  l'église  en  pré- 
sence du  curé  et  de  deux  témoins,  le  curé  néanmoins 
ne  leur  donne  pas  la  bénédiction  nuptiale  ;  mais  il  est 
seulement  spectateur  du  consentement  mutuel  que  les 
parties  se  donnent  par  paroles  de  présent. 

Cela  se  pratiqua  de  la  sorte  au  mariage  d'Henriette 
de  France  avec  Charles  I",  roi  d'Angleterre,  comme 
il  est  rapporté  dans  le  Mercure  Français  (4),  Cepen- 
dant Guillaume  d'Hugues,  archevêque  d'Embrun,  ne 
prit  pas  cette  précaution  quand  il  maria  le  connétable 
de  Lesdiguières.  Yoici  ce  que  je  trouve  là-dessus  dans 
la  vie  de  ce  seigneur,  écrite  par  Louis  Videl,  son  se- 
crétaire (5).  Donc,  à  son  retour  de  Lyon,  ayant  un  jour 
appelé  dans  son  cabinet  tant  celui-ci  (frère  du  premier 
président  au  parlement  deDauphiné)  que  Morges  et 
Guillaume  d'Hugues,  archevêque  d'Embrun,  sage  pré- 
lat, dont  il  faisait  un  état  particulier,  soit  pour  son  in- 
telligence aux  grandes  affaires,  soit  pour  son  savoir  et  pour 
sa  piété;  il  leur  déclara  son  intention,  et  s'expliqua  des 
raisotis  par  oii  il  prétendait  la  justifier  (c'est  qu'il  vou- 


(\)  De  Matrim.,  c.  28. 

(2)  Tom.  2  des  Cas  de  conscience. 

h)  In  i,  dist.  59. 

(4    Tom.  2,  pag.  559. 

(5)  Tom.  2,  c.  5 


tl2ï  MARIACr.  -  CllAP.  XIV.  IMPUISSANCE  NATIUF.IXK  KT  SURNATIUELLE. 


11 H 


lait  épouser  une  femme  (1)  de  néanl),  leur  partant 
de  cela  comme  d'une  chose  résolue...,  et  le  même  jour, 
\G  juillet,  H  épousa  la  marquise,  chez  le  baron  de  Mar- 
cieu.t,  par  les  mains  de  l'archevètiuc.  Quelques  jours 
après  il  se  soumit  à  la  censure  ecclésiastique  de  ceux  de 
sa  religion,  pour  avoir  célébré  ce  Mariagt'  selon  les  for- 
mes de  l'Eglise  catholique,  qui  répugnaient  à  la  créance 
dont  il  faisait  alors  profession. 

CHAPITRE  XIV. 
De  l'impuissance  naturelle  et  surnaturelle.  De  quelle  ma^ 
nière  on  se  conduisait  autrefois,  et  l'on  s'est  conduit 
depuis  à  l'égard  de  ceux  qui,  en  étant  atteints,  s'enga- 
geaient dans  le  Mariage.  L'on  parle  en  peu  de  mots  , 
à  celte  occasion,  du  mariage  des  vieillards,  des  impu- 
bères et  des  femmes  stériles. 
Toute  impuissance  ne  rompt  pas  le  lien  du  Mariage, 
mais  celle-là  seulement  qui  est  perpétuelle,  soit  qu'elle 
soit  naturelle  ou  surualurello,  et  qui  précède  le  Ma- 
riage. Car  pour  celle  qui  survient  après  le  Mariage 
contracté,  elle  oblige  seulement  ceux  qui  l'ont  con- 
tracte à  s'abstenir  de  l'usage  du  mariage,  et  à  vivre  \ 
ensemble  comme  frère  et  sœur,  quand  elle  est  cer-  î 
laine  et  connue  des  deux  parties  ('2). 

Nous  voudrions   pouvoir  nous  dispenser  d'entrer  \ 
dans  cette  matière,  que  l'impureté  des  derniers  siècles  i 
a  rendue  fort  publique,  dit  l'auteur  de  la  Bibliothèque  I 
canoni(jue  (5),  et  qui  a  fait  mettre  en  usage  des  remèdes  i 
qui  sont  peut-être  pires  que  te  mat;  mais  comme  notre 
dessein  ne  nous  permet  pas  de  garder  entièrement  le  ! 
silence  à  ce  sujet,  nous  tâcherons  de  le  irailer  avec  tant 
de  circonspection,  que  les  oreilles  chastes  n'en  soient 
point  offensées  ;  ce  qui  nous  sera  d'autant  plus  facile, 
que  nous  ne  parlons  pas  de  ces  choses  en  canonistes, 
et  encore  moins  en  casuistes,  mais  en  simples  histo- 
riens, connue  nous  en  avons  averti  plus  d'une  fois. 

Nous  avons  dit  que  l'impuissance,  soit  naturelle, 
soit  surnaturelle,  rompt  le  lien  du  Mariage,  pourvu 
qu'elle  soit  perpétuelle.  C'est  le  droit  naturel  qui  a 
établi  cet  empêchement,  parce  qu'une  impuissance 
de  cette  nature  met  la  personne  qui  en  est  atteinte 
hors  d'état  de  remplir  les  devoirs  auxquels  elle  s'est 
engagée  en  se  mariant.  Outre  cela,  de  telles  alliances 
sont  trop  opposées  aux  deux  fins  principales  du  Ma- 
riage, cl  on  ne  peut  les  accorder  avec  la  fidélité  que 
les  époux  se  doivent  l'un  à  l'autre,  avec  le  désir  qu'ils 
doivent  avoir  de  donner  des  enfants  au  monde,  et  avec 
la  sainteté  du  sacrement,  que  les  impuissants  pour- 
raient violer  par  un  grand  nombre  de  péchés  que  la 
pudeur  oblige  de  couvrir  sous  le  voile  du  silence. 

C'est  sans  doute  pour  cette  raison  que  l'on  ne 
trouve  rien  sur  ce  sujet  dans  les  plus  anciens  mo- 
numents ecclésiastiques;  l'Eglise,  dans  les  premiers 
siècles,  n'interposant  point  son  aulorilé  pour  dis- 
soudre une  alliance  qui  était  nulle  par  elle-même , 
conseillait  seulement    à  ceux     qui   s'y    trouvaient 

(1)  Marie  Vignon. 

(2)  Innocent  III,  c.  Quoniam  fréquenter, 

(3)  Tora.  2,  V.  Mariage,  p.  81. 


engagés,  et  qui  ne  pouvaient  se  séparer  sans  scan- 
dale, de  vivre  ensemble  comme  frère  et  sœur,  s'ils 
s'étaient  unis  de  bonne  foi,  cl  laissait  à  la  puissance 
publique  la  punition  de  ceux  qui,  connaissant  leur 
inlirmilé,  élaicnl  entrés  malicieusement  dans  l'état  du 
.Mariage;  en  quoi  elle  était  secondée  par  les  lois  des 
princes  (1)  qui  déclaraient  ces  Mariages  nuls,  in- 
«îip/aitiu/j//«?,  et  punissaient  ceux  qui  étaient  assez  har- 
dis pour  les  contracter,  comme  il  paraît  par  une 
!  infinité  de  lois  des  deux  codes  de  Théodose  et  de 
Jusiinien  ("2) 

On  voit  quelle  était  la  conduite  de  l'Eglise  en  ces 
occasions,  dans  le  9'  siècle,  par  ce  que  firent  Ilincmar, 
de  Reims,  et  plusieurs  autres  prélats  assemblés  avec 
lui,  qui,  ayant  été  priés  do  vider  un  dillérend  survenu 
entre  deux  époux,  s'en  excusèrent,  et  en  renvoyèrent 
sagen<icnt  la  connaissance  aux  comtes  ou  conseillers 
d'état  do  Louis-le-nébonnaire.  Ces  évoques  ne  vou- 
laient point  prendre  connaissance  de  ces  sortes  d'af- 
faires, parce  qu'elles  avaient  déjà  été  réglées  par  les 
lois,  et  entre  autres  par  celles  de  Cliarlemagne  dans 
ses  capitulaires  (3),  oîi  il  déclare  nuls  ces  mariages, 
et  permet  à  la  partie  plaignante  de  se  remariera  qui 
elle  jugera  à  propos,  en  cas  qu'elle  prouve  ce  qu'elle 
avance.  Si  vir  et  mulier  se  in  matrimonium  conjunxe- 
rint,  et  postea  dixeril  mulier  de  viro,  non  passe  nubere 
[hoc  est,  copularï)  cum  eo;  si  polerit  probare  quod  ve- 
rum  sit  accipiat  alium,  eà  quod  juxta  Apostolum  non 
potuit  illi  reddere  debitum. 

L'Eglise  romaine  est  celle  nui  a  porté  plus  loin  la 
réserve  sur  ce  point.  Clément  III,  Lucius  III  et  Alexan- 
dre III,  dont  les  décrétales  se  lisent  dans  le  quatrième 
livre  des  deux  premières  collections  qu'on  avait  faites 
:  avant  celle  de  Grégoire  IX,  et  qui  ont  été  retranchées 
de  celle-ci,  assurent  que  ce  n'était  pas  la  coutume  ni 
l'usage  de  l'Eglise  romaine  de  dissoudre  le  Mariage 
pour  cause  d'impuissance,  ni  de  séparer  les  parties 
qui  s'étaient  mariées  dans  ces  circonstances  ;  mais 
qu'elle  avait  coutume  de  leur  conseiller  de  demeurer 
ensemble  comme  frère  cl  sœur,  en  cas  qu'elles  ne 
pussent  vivre  comme  mari  et  femme.  C'était  sans 
doute  la  difficulté  qui  se  trouve  à  résoudre  ces  sortes 
de  questions,  que  quelques  circonstances  très-diffi- 
ciles à  découvrir,  et  l'indécence  qui  se  rencontre 
dans  la  recherche  du  vrai  en  celte  matière,  c'était, 
dis-je,  celte  difficulté  qui  avait  fait  prendre  à  plu- 
sieurs des  souverains  poniifos,  prédécesseurs  de  ceux- 
ci,  le  parti  de  ne  point  prononcer  de  sentence  sur  ce 
suji;t,  en  laissant  la  décision  à  la  conscience  des  gens 
mariés,  et  aux  juges  laïques  qui  avaient  sur  cela  les 
lois  des  princes  qui  leur  servaient  de  règles. 

Il  est  certain  pourtant  que  longtemps  avant  ces 
trois  papes,  dont  nous  avons  parlé,  l'on  avait  donné 
à  Rome  des  règles  et  des  décisions  là-dessus.  S.  Gré- 
goire, dit  M.  d'IIéricourl  (4),  écrivant  à  S.  Augustin 

(1)  Justinian.  Novell.  22;  Authentica,  c.  6,  Se4 
hodie. 

(2)  C.  de  Repud. 

(3)L.  6,  c.  55.  ,.-.;-'  «;.-.  -•.   -  -^ 

!     (4)  Lois  ecclés.,  p.  452, 


4123  HISTOIKE  DES 

d'An"lclcrre,  veut  qu'on  exhorte  une  roiiiiue  ipariée 
•1  nii  impuissant  à  vivre  avec  lui  comme  avec  son 
livre;  mais  il  ajoute  que  si  elle  ne  veut  pas  se  sou- 
mcilre  à  cette  'loi,  il  faut  la  séparer  et  lui  permettre 
de  se  marier  à  une  autre  personne.  Le  pape  Gré- 
goire II  adonné  une  décision  semblable  (I).  D'ail- 
leurs Alexandre  III  reconnaît  (2)  (]ue  l'usage  des 
autres  Eglises  de  prononcer  sentence  de  nullité  de 
Mariage,  en  cas  d'impuissance,  est  légitime,  et  qu'il 
était  en  vigueur  dans  celle  de  France,  par  les  lettres 
de  Fulbert  et  d'Ives  de  Chartres  (5),  dont  le  premier 
a  vécu  dans  le  onzième  siècle,  et  l'autre,  dans  le 
douzième.  Maltliieu  Blastares  reconnaît  aussi  que 
l'impuissance  perpétuelle  peut  donner  lieu  à  la  cas- 
sation d'un  Mariage. 

Cela  doit  s'entendre  non-seulement  de  celle  qui  est 
naturelle,  mais  encore  de  celle  qui  est  causée  par 
quelque  maléfice  ;  car,  quoi  qu'en  disent  certains  au- 
teurs, il  faut  convenir  qu'il  s'en  trouve  quebiuefois 
qui  viennent  de  sortilège.  Non  seulement  Dieu  a  pu 
donner  au  démon  le  pouvoir  d'empêcher  l'elfet  de  la 
iialure  pour  la  consommation  du  Mariage,  mais  il  le 
donne  sur  certaines  personnes.  Les  païens  eux-mêmes 
ont  reconnu  quelque  chose  de  semblable.  Platon 
averlil  (i)  les  personnes  mariées  de  prendre  garde  à 
ces  charmes,  et  dans  les  lois  des  douze  Tables,  il  était 
déienilu,  sous  peine  de  la  vie,  de  s'en  servir,  pour  pro- 
curer nudicieusement  l'impuissance  à  des  époux.  Ar- 
nobe  (o)  elS.  Jérôme  (G)  appellent  ceux  qui  usent  de 
maléfice  pour  rendre  inipuissanls  de  nouveaux  mariés 
les  ennemis  du  Mariage.  Celui-ci  les  décrit  ainsi  : 
Vbligatores,  rci  rtxoriœ  hostes,  qui  perpelnas  vcl  ni- 
iniitm  d'mturnas  nupliarum  ferias  ,  ferali  carminé  et 
modo  indicunt. 

Les  histoires  chrétiennes  en  fournissent  une  infi- 
nité d'exemples.  Sozomène  (7)  dit  que  Stilicon,  ayant 
marié  sa  hlie  à  l'empereur  llonorius,  une  sorcière 
rcmpêcha  de  consommei'  son  uuuiage.  Ce  lut  par  les 
maléfices  de  Brunehaut,  dit  Aimoin,  que  Théodoric, 
son  fds,  ne  put  avoir  d'habitude  avec  llermenberge, 
son  épouse.  Un  nommé  Eulalius,  ayant  enlevé  mie 
lille  d'un  monastère  de  Lyon,  et  l'ayant  é])ousée,  ses 
concidjines,  dit  Grégoire  de  Tours  (8),  l'eriipèchèrent 
de  consommer  son  mariage:  Sed  concubinœ  cjus... 
malefiâis  sensum  ejus  oppUaveriint.  Selon  les  historiens 
d'Espagne,  Marie  de  Padilla  avait  inspiré  tant  d'iior- 
reur  à  Pierre,  roi  de  Castille,  pour  son  épouse  légi- 
time, par  ses  maléfices,  que  même  il  ne  pouvait  la  voir. 
On  attribuait  à  la  même  cause  l'aversion  qu'avait  con- 
çue le  roi  Philippe-Auguste  pour  Ingebiu'ge  de  Dane- 
marck,  belle  et  vertueuse  princesse,  et  il  y  a  tout  lieu 
de  croire  que  l'on  ne  se  trompait  point  en  cela.  Paul 

(l)  Can.  Requisîsti,  55,  q.  1. 

h)  Anliq.  CoUect.  1,  Décret.,  1.  4,  c.  5. 

(5)  Ep.  G4,  p.  8,  c.  178,  et  aliis. 

(4)  L.  11  Legum. 

(5)  L.  1  advers.  Gentes. 

(6)  Vita  sancti  Hilarionis. 
7)  Lib.  7. 


S 


SACREME.NIS.  nu 

Jove  parle  (1)  du  maléfice  dont  usa  Louis  Sforce  à 
regard  de  son  neveu  Jean  Galéas,  pour  le  rendre  ini- 
puissant,  afin  d'hériter  de  son  duché  de  Milan.  Eiidn 
la  Chronique  d'Albert  d'Argentin  nous  assure  (pie  le 
mariage  de  Jean,  comle  de  Bohème,  avec  sa  femme 
Marguerite,  fut  dissous  à  Rome,  parce  qu'il  était  de- 
venu impuissant  par  un  sortilège. 

Coninu;  la  concupiscence  domine  parliculièienient 
dans  faclion  charnelle  du  mariage,  c'est  a.issi  dans 
cette  action,  dit  le  i  ieux  et  savant  évêque  de  Luçon  (2), 
que  Dieuapermisque  le  diable  fasse  paraître  davantage 
le  pouvoir  qu'il  a  de  nous  nuire  par  les  maléfices. 
L'Église  le  reconnaît  dans  le  droit  (3),  el,  depuis  le 
temps  d'Ilincmar,  presque  tous  les  rituels  marquent 
non  seulement  les  pieux  avis  qu'un  curé  doit  donner 
à  ceux  qui  se  trouvent  impuissants  par  quelque  malé- 
fice, mais  aussi  les  prières  qu'il  doit  faire  pour  lever 
cet  empêchement.  Cependant  ou  ne  croit  i)as  légère- 
ment ceux  qui  se  plaignent  d'impuissance,  surloul  au 
commencement  de  leur  mariage,  et  on  ne  doit  point 
facilement  employer  pour  ce  sujet  les  exorcismcs  de 
rÉgliso,  dit  judicieusement  M.  d'Héricourt  (4);  car 
ces  prétendues  ligatures  ne  sont  quelquefois  que  les 
effets  d'une  impuissance  naturelle,  soit  alisolue,  soit 
respective.  Souvent  riniagination  frappée  a  beaucoup  de 
part  à  ces  prétendus  nœuds  de  l'aiguillette  :  nii  homme 
qu'on  a  menacé  se  trouve  impuissant,  parce  qnon  lui  a 
dit  qu'on  emploierait  contre  lui  la  force  de  la  magie, 
quoiqu'on  nen  ait  rien  fait  ;  et  il  remplit  ensuite  le  devoir 
conjugal,  parce  qu'on  lui  fait  entendre  qu'on  a  détruit 
son  impuissance  par  un  sortilège  coitrairc.  Cette  manière 
de  guérir  l'imagination  est  Ires -condamnable. 

Autrefois  on  ne  procédait  pas  comme  à  présent, 
quand  il  s'agissait  de  prononcer  une  sentence  de  sé- 
paration de  deux  époux  pour  cause  d'impuissance.  Le 
témoignage  des  deux  parties,  qui  l'assuraient  avec  un 
serment  qu'ils  faisaient  sur  les  sainls  Évangiles,  suffi- 
sait pour  cela  (o),  pourvu  qu'il  fût  confirmé  par  le  té- 
moignage authentique  de  six  témoins  dignes  de  foi, 
qui  cerlifiaienl  avec  un  pareil  serment  qu'ils  avaient 
vu  les  deux  parties  demeurer  ensemble  le  temps  porté 
par  la  loi,  et  qu'à  cause  de  leur  probité  on  pouvait  les 
croire  sur  ce  qu'ils  attestaient  de  l'impuissance  allé- 
guée (0). 

Si  l'on  veut  se  donner  la  peine  délire  lesdécrétales 
des  papes,  telles  qu'elles  sont  dans  la  prenùère  et  se- 
conde collection,  on  pourra  se  convaincre  que  les  pa- 
pes, avant  Grégoire  IX,  ne  requéraient  point  d'autres 
preuves  pour  la  dissolution  dans  les  cas  d'impuissan- 
ce, lorsque  les  deux  parties  en  convenaient.  Cela 
s'appelait  jurare  septimâ  manu.  Ceux  qui  faisaient  le 
serment  avec  la  personne  qui  affirmait  une  chose 
étaient  appelés  suer  amentales,  ou   sacramenlari\. 


(1)  Lib.  1. 

2)  M.  Barillon. 

(5)  55,  (|.  1. 

(4)  Pag.  452. 


8)  L.  10  Ilist.  Franc,  c.  8. 


(5)  55,  q.  1,  G.  1 
(G)  Conférences  c 


et  2. 
de  Paris,  t.  5,  p.  155. 


liSS 


MARIAGE.  —  CHAP.  XIV.  IMPUISSANCE  iNATURELLE  ET  SURNATURELLE. 


112G 


Lien  conjiiroiores  ;  ils  devaient  être  gens  de  bonne 
l'ëpuUUion,  à  qui  on  ne  put  in)|uiter  aucun  crime,  cl 
c'esl  pourquoi  ils  étaient  examinés  par  les  juges  avant 
d'être  idniis  à  prêter  sernionl.  Ils  devaient  être  aussi 
lie  même  ordre  et  de  même  condition  (pie  le  plaignant 
ou  l'accusé,  en  sorte  que  si  un  noljle  ou  un  prêtre, 
jiar  exemple,  avaient  à  affirmer  quelque  chose,  ilsde- 
v;iiont  produire,  le  premier,  des  nobles  qui  prêtassent 
]M)ur  lui  le  serment,  et  le  second,  des  prêtres.  C'esl  ce 
(jiii  est  évident  par  un  grand  nombre  do  témoignages 
(ju'lii  fournil  M.  Ducange,  dans  son  diclionnaire  (I). 
Uiicbiuefois  même  on  exigeait  que  les  personnes  qui 
faisaient  ce  serment  fussent  de  même  sexe  ou  de 
jKême  famille. 

Le  serment  de  sept  persoiinrs  pour  s'assurer  d'un 
fait  était  le  plus  ordinaire,  quelquefois  le  nombre  de 
ceux  qui  le  prêlaient  était  plus  grand ,  quand  les  af- 
faires étaient  plus  importantes  ;  mais  quand  elles  , 
étaient  de  peu  de  considération,  l'on  se  coutentail  du 
sermoMl  de  la  personne  que  la  chose  regardait.  Celui 
i)U  ceux  qui  lefaisaieiit  devaient  être  à  jeuu  (2),  et  ceux 
qui  faisaient  le  serment  pour  un  autre  n'alïirinaient 
poinl  que  la  chose  fût  telle  que  le  disait  celui  qu'elle 
regardait,  mais  seulement  qu'ils  croyaient  que  cette 
personne  n'avançait  rien  conire  la  vérité.  Cela  parait 
par  ce  que  disent  Alexandre  111  cl  Innocent  III  (5), 
et  par  ce  qui  est  rapporté  dans  la  chronique  d'Hugues 
de  Flavigny  (4),  sur  l'an  1101.  Lévêque  de  Tusculum 
reçut  la  purgalion  pau  sebme^t  de  révêque  d  Aittun , 
l'utchevéïiue  de  Lifon  poursuivant  et  confirmant  le  ser- 
ment de  celui-ci,  en  disant  :  Je  crois  que  l'évcque  Nor- 
yaude  a  dit  lérilé;  l'évèque  de  Chùlons  y  consentit ,  et 
jura  de  même. 

L'expérience  lit  sentir  dans  la  suite  que  celte  pro- 
cédure élait  insiiflisante  cl  sujelle  à  illusion,  et  Ton 
a  pris  des  voies  plus  propres  à  s'assurer  de  la  \érilé 
des  faits,  quand  il  s'agit  de  rompre  des  mariages 
lîuur  cause  d'impuissance,  soit  que  les  deux  parties 
agissent  de  concert,  soit  qu'une  d'entre  elles  s'y  op- 
pose. On  a  élé  ,  dis-je,  conlraint  d'admettre  d'autres 
preuves  pour  empêcher  que  ce  faux  prétexte ,  allégué 
cl  cru  sur  le  serment  des  parties  et  de  ceux  qu'ils  en- 
gageraient à  le  confirmer,  ne  donnât  lieu  à  plusieurs 
de  se  séparer  quand  ils  seraient  dégoiiiés  l'un  de 
l'autre. 

On  peut  voir  dans  les  canonistes  plus  récents,  et 
dans  les  écrits  des  jurisconsultes,  quelle  est  la  procé- 
dure que  l'on  garde  aujourd'hui,  et  que  l'on  observait 
il  n'y  a  pas  long-temps  dans  les  affaires  de  cette  na- 
ture. Les  Conférences  de  Paris  traitent  cette  matière 
au  long  (5),  et  avec  toutes  les  précautions  que  l'on 
peut  désirer  pour  ne  point  blesser  la  pudeur  ;  et  M.  le 
président  Bouhier  a  fait  sur  cela  une  dissertation  di- 
gne de  lui ,  où  il  traite  celte  question  en  grand  juris- 

(\)  Loxicon,  v.  Jurure. 

(2)  Capilul.  Aquisgran,  ann.  787,  c.  ()"2. 

(3)  A|)pend.,  ad  conc.  Laleran.,  part.  8,  c.  21. 

(4)  Lib.  IG,  ep.  18. 

(5)  Ton).  5,  1.  3. 


consulte.  11  entreprend  d'y  faire  voir  que  le  Parlement 
de  Paris,  au  lieu  de  proscrire  absolument  le  congrès, 
conmie  il  a  fait ,  aurait  dû  seujemenl  en  retrancher 
les  abus,  qui  véritablement  étaient  intolérables  et  eu 
grand  nombre,  mais  qu'il  aurait  dû  laisser  subsister 
ce  moyen,  qiu,  tout  indécent  qu'il  est,  n'est  point  illi- 
cite dans  le  fond,  et  qui  (juclquclois  est  la  seule  voie 
que  l'on  ait  pour  s'assurer  de  la  vérité  dans  ces  occa- 
sions, et  pour  empêcher  que  le  mariage  ne  serve  de 
voile  à  mille  poilulions,el  qu'une  femme  ne  soit  toute  sa 
vie  exposée  aux  irruptions  lascives  d'un  préti-ndu  mari 
qui  n'a  que  la  figure  d'un  homme  ,  ou  bien  qu'un  mari 
ne  soit  déshonoré  dans  le  public  parles  plaintes  d'une 
femme  artificieuse,  qui  veut  rompre  mal-à-propos  un 
lien  dont  Dieu  même  est  l'auieur,  en  se  séparant  par 
caprice  de  celui  qui  est  véritablement  son  mari. 

Les  mariages  entre  les  impubères  sont  aussi  imls 
de  droit  naturel,  quand  l'un  et  l'autre,  ou  l'un  d'entre 
eux  n'est  pas  capable  de  donner  son  consentemenl. 
Il  faut  avoir  une  connaissance  suffisante  pour  con- 
senlir  à  un  engagement  qui  est  indissoluble.  Inno- 
cent III  déclare  nul  le  mariage  d'une  impubère  (1) 
parce  qu'elle  n'avait  pas  eu  assez  de  connaissance 
pour  pouvoir  s'engager,  quia  œlalem  prudeniia  non 
supplcbat. 

lis  sont  défendus  par  le  droit  canonique,  quand  un 
impubère  ne  peut  pas  encore  user  du  mariage  ;  mais 
ils  ne  sont  pas  nuls  de  droit  naturel,  s'il  peut  le  con- 
sonmier  dans  la  suite.  C'est  proprement  l'inliabileté 
à  donner  son  consentement  qui  rend  nuls  ces  ma- 
riages; niais  l'incapaciié  de  les  consommer  n'empêche 
pas  que  les  impubères  ne  puissent  les  contracter 
quand  l'Eglise  le  permet. 

On  ne  peut  fixer  le  temps  au  juste,  tant  pour  l'ha- 
bilelé  à  consentir  au  mariage,  que  pour  le  consom- 
mer. L'un  et  l'autre  dépendent  de  circonstances  parti- 
culières. 11  se  trouve  des  enfants  qui  ont  l'esprit  plus 
tôt  ouvert  les  uns  que  les  autres  ;  le  tempérament 
met  ceux-ci  en  état  de  consommer  leur  mariage, 
tandis  que  d'autres  ne  le  peuvent.  Les  uns  sont  en 
élat  de  le  consommer  avant  que  de  pouvoir  raison- 
nablement s'y  engag;'r.  D'autres  au  contraire  ont 
la  raison  dans  un  degré  suffisant  pour  pouvoir  donner 
un  consentement  raisonnable  au  mariage,  avant  qu'ils 
soient  habiles  à  le  consommer.  C'est  pourquoi  l'on 
voit  qu'on  a  -beaucoup  varié  dans  la  fixation  de  l'âge 
de  puberté.  El  afin  qu'il  ne  se  fasse  rien  en  ce  genre 
qui  ne  puisse  se  soutenir  dans  Ia,suite,  et  pour  ne  point 
donner  lieu  à  la  cassation  des  mariages,  le  pape  Gré- 
goire XIII  a  reconnu  publiquement,  selon  Navarre 
que  les  évêqucs  sont  en  droit  de  donner  des  dispenses 
sur  ce  sujet.  Cela  a  élé  pratiqué  autrefois.  Le  roi 
Charles  Yll,  voulant  marier  son  fils  Louis  XI,  âgé 
seulement  de  treize  ans ,  avec  Marguerite  ,  fille  de 
Jacques,  roi  d'Ecosse,  qui  n'en  avait  pas  encore  douze, 
en  obtint  la  dispense  de  l'archevêtiue  de  Toins,  à  qui 
il  la  fit  demander  par  un  président  et  deux  conseillers 
de  son  parlement. 

(I)  Can.  Tuœ,  de  Desp.  impub. 


U27  nisTomr  des  ^^acrkmknts. 

11  paraît  plus  raisonnable  tie  s'adresser  aux  évoques  ! 
pour  ces  sortes  de  dispenses,  parce  qu'étant  sur  les 
lieux,  ils  sont  plus  en  état  de  juger  de  la  capacité  ou 
de  l'incapacité  des  personnes  pour  lesquelles  on  les  ! 
sollicite,  et  de  s'assurer  par  eux-mêmes  si  elles  ont 
assez  de  connaissance  ei  d'ouverture  d'esprit  pour  don-  ' 
jier  leur  consentement  à  un  engagement  si  important. 

On  pourrait  regarder  l'âge  décrépit  comme  une  es- 
pèce d'impuissance  :  cependant ,  comme  on  a  des 
exemplesde  vieillards  qui'ont  eu  des  enfants  dans  un  âge 
très  avancé,  entre  autres  de  Massinissa,  roi  de  Numi- 
die,  qui  eut  un  fils  à  quatre-Vingts  ans  ;  de  Caton  le 
Censeur  qui  en  eut  un  à  quatre-vingt-huit,  et  d'Ula- 
dislas,  roi  de  Pologne,  qui  eut  deux  enfants  à  quatre- 
vingt-dix  ans,  l'Eglise  n'a  pas  jugé  à  propos  de  mettre 
la  vieillesse  au  nombre  des  empêchements  de  ma- 
riage, comme  avaient  fait  deux  consuls  Romains  , 
par  une  loi  qui  de  leur  nom  est  appelée  Papia  Pop- 
pœa,  par  laquelle  il  était  défendu  aux  honunes  de  se 
marier  après  soixante  ans ,  et  aux  femmes  après 
cinquante. 

Mais  si  l'Eglise  n'a  pas  défendu  aux  vieillards  de 
se  marier,  surtout  quand  ils  ont  encore  lieu  d'espérer 
d'avoir  des  enfants,  on  peut  dire  qu'elle  a  toujours 
Llàmé  ceux  qui  l'ont  fait,  principalement  quand  ils 
n'espéraient  pas  de  postérité  de  leur  mariage ,  soit 
parce  qu'ils  sentaient  leurs  forces  trop  épuisées ,  soit  ' 
parce  qu'ils  s'alliaient  avec  des  fenmies  incapables  ' 
par  leur  âge  de  leur  donner  des  enfants ,  mais  d'ail- 
leurs assez  jeunes  pour  leur  faire  goûter  les  plaisirs 
du  mariage.  Les  Pères  de  l'Eglise  se  sont  souvent 
élevés  contre  les  personnes  âgées  de  l'un  et  de  l'autre 
sexe ,  qui  s'engagent  dans  l'état  du  mariage,  et  en 
ont  parlé  de  manière  à  les  faire  rougir  de  leur  incon- 
tinence :  quelques-uns  ont  poussé  la  chose  jusqu'à 
traiter  ces  mariages  de  honteux  concubinages,  couverts 
du  voile  d'un  sacrement  qu'ils  déshonorent,  eu  le  re- 
cevant dans  des  vues  bien  différentes  de  celles  que 
doivent  se  proposer  ceux  qui  embrassent  cet  état.  Il  est 
même  des  théologiens  de  ces  derniers  temps  (1)  qui  di- 
sent qu'il  Y  a  de  certains  vieillards  dont  le  mariage  est 
nul,  parce  qu'ils  sont  épuisés  par  leur  grand  âge.  Us  ! 
sont  en  cela  trop  rigides  dans  leurs  résolutions,  ils  : 
devaient  se  contenter  de  blâmer  ces  mariages,  et  la  ! 
conduite  insensée  et,  si  l'on  osait  se  servir  de  cette 
expression,  luxurieuse  de  quelques    vieillards  qui, 
dans  un  âge  presque  décrépit,  se  marient  à  de  jeu- 
nes personnes:  mais  ils  ne  devaieiat  pas  assurer  qu'ils 
sont  nuls,  puisque  l'Eglise  ne  les  a  pas  déclarés  tels. 
Les  Pères  du  concile  de  Frioul  ou  d'Aquilée  (can.  9.) 
jugeaient  à  propos  qu'on  ne  mariât  ensemble  que 
des  personnes  qui  fussent  à  peu  près  de  même  âge, 
parce  qu'une  trop  grande  inégalité  cause  souvent  la 
perte  des  âmes,  et  donne  lieu  à  de  grands  désordres; 
mais  il  ne  dit  point  que  ces  sortes  de  mariages  soient, 
absolument  parlant,  invalides. 
Comme  la  vieillesse  n'est  point  un  empêchement  de 


mariage,  la  stérilité  ne  l'est  point  non  plus  dans  ceux 
qui  peuvent  en  user  ;  et  il  ne  fut  jamais  permis  de 
ronipre  les  mariages  pour  cette  raison,  comme  l'en- 
seignc  S.  Augustin  (1).  Je  ne  disconviendrai  pour- 
tant pas  que  cela  ne  soit  arrivé  quelquefois  ;  mais  les 
fautes  des  particuliers,  dans  quelque  rang  et  quelque 
dignité  qu'ils  soient,  ne  doivent  point  être  imputées  à 
l'Eglise.  11  est  même  bien  des  faits  que  l'on  allègue 
sur  ce  sujet,  dont  la  vérité  n'est  point  assez  établie 
pour  que  l'on  doive  y  ajouter  foi  ;  par  exemple,  à  ce 
que  rapporte  Polydore  Virgile,  que  David,  nii 
d'Ecosse,  répudia  Marguerite,  sa  femme,  avec  l'ap- 
probation du  Saint-Siège,  parce  qu'elle  était  stérile. 
On  ne  doit  pas  faire  plus  de  fond  sur  ce  que  dit  du 
;  Tillet,  que  le  pape  permit  à  Dagobert  I",  pour  la 
même  raison  ,  de  répudier  Gomatrude  qu'il  avait 
épousée  à  Clichy,  et  d'épouser  Nantilde  à  sa  place. 
Ce  récit  ne  s'aecorde  ni  avec  les  mceurs  du  temps, 
(ce  n'était  point  alors  la  coutume  de  demander  à 
Rome  des  dispenses  de  mariages,  et  c'était  encore 
moins  celle  des  papes  d'en  donner  dans  de  pareilles  cir- 
constances )  ni  en  pariiculier  avec  la  conduite  de 
Dagobert,  qui  n'était  point  homme  à  se  faire  des  scru- 
pules sur  cet  article,  depuis  que  les  bons  conseillers 
que  son  père  lui  avait  donnés  l'eurent  quitté.  Car,  ou- 
tre les  autres  désordres  dans  lesquels  il  se  laissa  en- 
traîner, il  s'abandonna  sans  mesure  à  l'amour  des 
femmes,  disent  nos  historiens  (2),  et  après  eux, 
M.  Fleuri,  dans  son  histoire  ecclésiastique. 

Dès  l'année  G28,  il  quitta  Gomatrude,  qu'il  avait 
épousée  du  vivant  de  son  père,  et  prit  à  sa  place 
Nantilde,  une  des  filles  qui  servaient  dans  le  palais. 
Duchesne  ajoute  que  ce  fut  à  cause  de  sa  stérilité,  et 
qu'il  le  fit,  comme  dit  un  anonyme  qui  a  écrit  la  vie 
de  Dagobert,  par  le  conseil  des  Français,  cum  consilio 
Fraiicorum  :  mais,  comme  remarque  le  P.  Ruinart, 
dans  une  note  sur  cet  endroit  de  Frédégaire,  ce  qu'il 
fit  fut  plutôt  un  effet  de  son  incontinence  et  de  lu 
mauvaise  coutume  qui  s'était  établie  alors  de  répu- 
dier les  femmes  et  d'en  prendre  d'autres,  coutume 
dont  les  formules  de  Marculfe  rendent  témoignage  (3), 
et  qui  a  été  ensuite  abolie  par  les  canons  et  par  l'au- 
torité royale.  Dagobert  ne  se  contenta  pas  de  ce  di- 
vorce :  l'année  suivante,  huitième  de  son  règne,  il 
prit  encore  une  autre  fille  nommée  Ragnetrude  ;  en- 
fin il  avait  trois  femmes  à  titre  de  reines,  Nantilde, 
Llfigunde  et  Berchilde,  et  des  concubines  en  si  grand 
nombre,  que  l'historien  n'a  pas  daigné  en  mettre  les 
noms. 

Un  homme  aussi  débauché  ne  paraît  pas  avoir  été 
disposé  à  demander  au  jjape  des  dispenses  pour  répu- 
dier sa  femme,  sous  prétexte  de  stérilité,  et  pour  on 
épouser  une  autre,  comme  du  Tillet  se  l'est  imaginé  : 
et  .les  souverains  pontifes  étaient  trop  zélés  pour  la 
discipline  de  l'Evangile,  et  avaient  trop  à  cœur  le 
maintien  des  règles ,  pour  donner  les  mains  à  un  tel 


(1)  Navarre  et  Dominique  Soto. 


Lib.  de  Bono  conjugii. 
2)  Fredeg.  Chronic,  n.  58,  59  et  00, 
(3)  L.  2,  form.  30. 


l{29 


MARIAGR.  —  CIIAP.  XV.  EMPÊCHEMENT  DE  CLANDESTINITÉ,  etc. 


1150 


dcsonlro.  Le  '^ninl  Siogiî  fil  \wn  pnniliv  combu'ii  il 
cinii  éloigué  d'uccoidor  de  pareilles  dispenses  dans 
ralT;tire  d'Ilemi  IV,  roi  d'Allemagne,  lc(iuel,  quelque 
Si>llicil;ili()ii  qu'il  fil.  el  quel  [lie  arlKice  qu'employai 
pour  lui  Si^'olVoi,  archevètiue  de  Mayenee ,  ne  put 
jamais  oblenii-  du  pape  Alexandre  II  qu'il  consenlil 
à  la  di^soluliitn  de  sou  mariage  avce  Herllie,  lille 
dOluwi,  marquis  dllalie,  avee  laquelle  il  se  plaignait 
(juil  n'avait  jamais  pu  c()u>ommer  son  mariage,  sans 
dire  néanmoins  positivement  (pi'elle  lui  iuq)uissanle. 
C'est  la  fermi'U"  de  ee  pape  eu  eelle  occasion,  et  celle 
de  (juanlilé  d'autres  grands  évè([ues,  qui  a  enfin  ar- 
rêté le  cours  des  divorces  si  fréquents  qui  régnaient 
depuis  longtemps  dans  la  cluélienté,  el  qui  déshono- 
raient la  sainlelé  de  la  religion. 

C!L\PITRE  XY. 

De  Ceiupècliement  de  laclmidestinilé.  Par  qui,  pourquoi, 
et  en  quel  temps  il  a  été  établi.  Des  mariages  à  la 
l'iomiue,  et  de  ceux  que  l'on  nomme  de  conscience. 

Nous  avons  vu  au  comnieniement  de  ce  traité  que 
l'on  a  (.'e  tout  temps  célébré  publiiiuenienl  les  maria- 
ges dans  l'église,  el  que  l'on  a  eu  mie  très-mauvaise 
opinion,  pour  ne  rien  dire  de  plus,  de  ceux  qui  se 
faisaient  en  cachette  el  sans  rinlcrvention  des  minis- 
tres de  l'autel.  Il  esl  inutile  de  répéter  ce  qui  a  élé 
dit  à  cette  occasion  ;  je  remarquerai  seulement  i(  i 
que  S.  Jérôme  va  jusqu'à  dire  (1)  que  les  mariages 
ijui  se  l'ont  auliement  que  suivant  le  commandement 
de  l'Eglise  ne  sont  pas  senlenieut  dignes  de  mépris, 
mais  (lu'uu  doit  les  considérer  comme  des  adul- 
tères. 

Une  action  si  importante  méritait  bien  d'être  faite 
en  public.  Ees  Juifs  et  les  païens  l'ont  reconnu 
eux-mêmes.  La  manière  dont  l'Ecriture  parle  du 
juariage  de  Samson  avec  Dalila,  el  du  jeune  Tobie 
avec  Sara,  en  est  une  preuve  convaincante  pour  les 
Juifs,  aussi  bien  que  la  solennité  des  noces  de 
Cana. 

Les  mariages  étaient  aussi  accompagnés  de  pompes 
el  de  solennités  chez  les  Uomains,  qui  regardaient 
ces  alliances  conmic  sacrées.  Ils  croyaient  que  les 
dieux  y  pré^^^idaienl  ;  ils  avaient  soin  de  les  invoquer 
pour  cela.  Arnobe  (2)  parle  des  sacrifices  qu'on  leur 
faisait  dans  ces  occasions;  et  S.  Augustin  (3)  fait 
mention  des  dieux  qu'ils  avaient  coulinne  d'invoquer 
lorsqu'ils  se  mariaient.  Tacite,  parlant  du  mariage  de 
l'empereur  Claude  avec  Agrippine  (4),  le  blâme  de  ce 
qu'il  n'avait  pas  encore  fait  les  cérémonies  accoutu- 
mées, quoique  le  monde  en  fût  informé. 

Comme  l'Eglise  a  exigé  la  publicité  dans  les  maria- 
ges des  chrétiens  avec  plus  de  raison  que  les  Juifs  et  ; 
les  païens,  parce  qu'ils  sont  parmi   nous  non  seulc- 
menl  la  chose  du  monde  la  plus  importanle,  tanlpoui 
ceux  qui  s'y  engagent,  que  pour  l'étal  civil  en  gém''- 

(1)  In.  c.  0  Episl.  ad  E[)hesios. 

(2)  L.i,  coul.  Contes. 

(5)  DeCivit.  Dei,  I.  0,  e.  '.).  n.  3. 
(i)  Amial.  1.  1-2. 

i»  XX. 


rai  et  pour  le  bien  de  la  religion,  mais  cnc(ue  p;nee 
(pie  J'''sus-Chrisl  a  élevé  le  mariage  à  la  dignité  do 
sacrement;  il  ne  faut  pas  cire  surpris  de  voir  l'alleu 
lion  (pront  eue  les  princes  ciiréliens,  pour  que  rien 
de  ee  (|ui  a|qiarlient  à  la  céb'bration  des  noces  ne  se 
fil  en  caclielle. 

Juslinien,  dans  sa  noselle  7i,  condamne  (1)  ceny, 
qui  se  marient  dans  les  maisons  particulières  el  hors 
de  l'église,  quand  niême  ils  confirmeraient  celte  al- 
liance par  le  serment  sur  les  Evangiles.  Charlemagne 
déclare  de  plus  (pi'une  femme  n'est  point  censée  ma- 
riée, si  on  a  omis  les  céiéinonies  sacrées  qui  étaient 
en  usage  pour  le  mariage.  A'ô«  est  dubium  eam  mulie- 
rem  non  pertinere  ad  matrinionium,  in  quo  docelur 
nuptiale  non  fume  mijsleriiim.  Ces  paroles  semblent 
emporter  un  empècbement  dirimanl.  Les  capilulaires 
de  nos  rois  {"1}  ne  sont  pas  moins  exprès  là-dessus  : 
car  ajirès  avoir  ordonné  que  les  mariages  se  célébre- 
ront publiquement  en  présence  du  prêtre  du  lieu  où 
les  noces  doivent  se  faire,  et  dans  l'église  avec  la  bé- 
nédiction et  les  cérémonies  ]»rescriles  dans  le  Sacra- 
mcnlaire,  ils  ajoutenl  qu'aulrement  les  enfants  qui  en 
naîtront  seront  illégitimes,  xpnrii.  Lcmpcrenr  Léon- 
le-Pliilosoplie  (5)  veut  qu'il  n'y  ail  point  de  véritables 
mariages  dans  ses  étals  (pie  ceux  qui  auront  été  faits 
en  face  de  l'église  avec  la  bénédiction  nuptiale  :  ce 
qui  est  confirmé  |iar  Alexis  Cmnnùne  (A),  qui  con- 
damne en  même  temps  l'abus  (|ui  s'était  introduit  en 
Orient  de  ne  pas  bénir  les  enclaves  (juand  ils  se  ma- 
riaient. 

Ces  ordonnances  des  princes  font  voir  que  la  dis- 
cipline était  la  même  en  Orient  et  en  Ocideiit  jusqu'au 
dixième  siècle, el  même  jusqu'au  onzième  :  les  fausses 
décrélales  des  papes  Evaiiste  et  Soler.  rapportées 
par  Ives  de  Chartres,  les(iuelles  assurent  qu'il  n'y  a 
ni  noces  ni  Mariage  sans  la  bénédiction  du  prêtre, 
font  connaître  ce  que  l'on  pensait  encore  sur  ce  sujet 
du  temps  de  ce  savant  évèque,  c'est-a-dire  dans  le 
douzième  siècle,  où  il  fleurissait  ;  et  tout  cela  fai:  en- 
trevoir ipie,  jus(i(i'à  ce  temps,  les  Maiiages  claiulcs 
tins  étaient,  non  seulement  illicites  el  défendus  par 
l'Eglise,  mais  qu'ils  étaient  do  plus  regardé;»  comme 
nuls  el  invalides,  comme  ils  lèsent  encore  chez,  les 
Crées,  qui  ont  toujours  élé  invariables  sur  ce  sujet, 

La  dibcijitine  de  l'Église  Latine  changea  ipielipie 
tcm|)S  après  Ives  de  Chartres.  On  se  coplenta  de  blâ- 
mer les  Mariages  clandestins,  de  meltre  en  péiiilent.-. 
ceux  et  celles  qui  les  contractaient,  el  de  punir  les 
prêtres  qui  y  assislaicnl,  en  Ici  suspendant  quelque^ 
années  de  leurs  fonctions  ;  mais  on  ne  les  regardait 
pas  comme  nuls  C'est  ce  que  k  grand  concile  de 
Lalrau  de  l'an  l^Io,  tenu  sons  Innocent  lil,  a  réglé 
là-dessus  (  cap.  ol  ).  Eu  quoi  il  n'a  fait  que  suivre  ce 
qui  était  déjà  établi  par  l'usage,  et  par  les  conciles 
de  Lalrau  sous  Alexandre  III  (Grégoire  IX  trouvant 

(1)  Cod.  1.  7,  e.4l. 

(2)  L.  7,  c.  127. 

(3)  Novell.  80. 

(i)   Mov.  Comn.  r>.)ir'../i.  1.  .luiis  Orient. 


IJ31  HISTOIRE  DES  SACREMENTS.  !152 

les  choses  établies  sur  ce  piod-là  les  ylaissn.  La  pé-  'F'  conseil  on  faveur,  encourent  rexcommunicahon ,  par  le 
iiiteiice  (iiie  l'on  imposait  çn  ces  occasions  était  assez  |  seul  [ail  dont  ils  ne  pourront  être  absous  que  par  faute- 
lé''ére,  souvent  même  elle  se  lerniinait  à  des  mena-  |  riié  apostolique  ou  par  nous,  sinon  à  l'article  de  la  mort. 


ces  ;  enfiR  les  Mariages  clandestins  devinrent  ordi-    , 
naires   dans  nos  églises,   et   Ton  àe  fit  même  une  ^  | 
maxime  (1)  de  tenir  pour  Mariages  légitimes  les  fian- 
çailles suivies  de  l'action  qui  est  permise  aux  mariés: 
ce  qu'on  a  apjielé  dans  la  suite,  malrimonia  rata  et 
■  prwsumpla. 

Celte  conduite  était  fondée  principalement  sur  le 
sentiment  des  docteurs  du  temps,  qui  enseignaient 
communément  que  le  Mariage  consistait  seulement 
dans  le  libre  et  mutuel  con-enlcment  des  parties  qui 
contractent;  d'où  Ton  concluait  que  ce  consentement 
se  trouvant  pour  iors  entre  elles,  le  niariage  était  va- 
lide. Telle  fut  la  discipline  de  la  pluj)arl  des  églises 
depuis  le  treizième  siècle. 

Je  dis,  de  la  plupart  des  églises,  car  ranleur  des 
Conférences  de  Paris  (2)  prétend  que  celles  de  France, 
et  en  particulier  celle  de  Paris  ,  n'ont  jamais  soulferl 
les  mari;iges  clandestins.  H  rapporte  sur  ce  sujet  les  | 
statuts  de  quelques-uns  des  prélats  qui  ont  gouverné 
celte  église,  et  entre  autres   d'Eudes  de  Sully,  de 
Guillaume  de  Paris,  de  Denis  du  Moulin  et  d'Éiienne 
Poncber,  qui  ont  défendi:  ces  mariages  sous  de  grandes 
peines;  mais  les  statuts  synodaux  de  Wary  de  Dommar- 
lin,  dont  nous  avons  déjà  parlé  plusieurs  fois,  nous  four- 
nissent quelque  chose  do  plus  fort  conire  les  mariages 
claf^leslinsque  ce  qui  est  rapporté  de  ceux  desévèques 
de  Jaris  dans  les  Conférences.  Ce  qui  y  est  dit  mérite 
d'autant  plus  d'attention,  que  cet  évoque  déclare  qu'en 
cela  il  ne  fait  (jue  suivre  la  discipline  de  la  province  de 
Trêves.  Voici  ce  qui  se  trouve  là-dessu"5  dans  un  ar- 
ticle exprès,  intitulé  :  De  ci.andestims  matuimonus  (5). 
Quoique  le  pape  Innocent  111 ,  dans  le  concile  cjenéral 
de  Latran ,  ait  suffisamment  défendu  aux  prêtres  d'as- 
sister aux  mariages  clandestins ,  néanmoins  comme  il  se 
trouve  souvent  qtielques-nns  qui,  méprisant  la  crainte  de 
Dieu,  et  ne  se  souciant  pas  d'encourir  la  peine  trop  lé- 
gère que  ce  pape  d'heureuse  mémoire  a  imposée  à  ceux 
qui  se  marient  clandestinement,  ont  la  hardiesse  de  con^ 
tracter  de  ces  sortes  de  mariages,  nous  avons  cru  qu'il 
était  de  notre  devoir  de  nous  opposer  à  ces  abus,  en  sou- 
mellani  à  des  peines  plus  sévères  ceux  qui  s'y  laissent 
emporter,  afin   que  ceux  qui  ne  sont  point  touchés  de 
la  crainte  de  Dieu  soient  retenus  par  la  crainte  tem- 
porelle. 

C'est  pourquoi  nous  ordonnons  par  cette  présente  cons- 
titution, qui  aura  force  de  loi  pour  l'avenir,  et  qui  est 
conforme  aux  a)iciens  statuts  de  notre  province  de  Trêves 
{et  antiqnis  provinciœ  Treverensis  constilutionibus  con- 
formata) ,  qu'outre  les  peines  marquées  par  le  canon  {du 
concile  de  Latran) ,  tant  ceux  qui  contractent  des  ma- 
riages clandestins,  que  ceux  qui  s'ij  trouvent  présents  de 
propos  délibéré,  ou  qui  y  concourent  directement  ou  in- 
directement, publiquement  ou  en  secret,  en  donnant  aide, 

(1)  Cap.  Vcniens,  de  Spons. 
(2|  T.  5,  p.  198  et  seq. 
(5)  Foli  >  55  et  ?rrj. 


Que  si  ceux  qui  se  trouveront  coupables  de  cette  faute 
ont  quelques  biens,  ils  seront  aussi  condamnés  à  une 
amende  de  dix  livres  d'argent  pur ,  comme  nous  les  y 
condamnons  par  la  teneur  des  présentes. 

Après  ces  paroles  suivent  celles  du  oT  chapitre  du 
concile  de  Latran,  qui  est  rapporté  en  partie.  Les  sta- 
tuts de  Verdun  ajoutent  ensuite  :  Et  si  ceux  qui  sont 
mariés  de  la  sorte  (clanileslinemenl)  osent  habiter  en- 
semble, l'Eglise  les  tiendra  pour  concubinaires  publics 
{et  si  sic  conjnncti  simul  cohabilare  prœsumpserint,  Ec- 
clesia  cos  publicos  concubinarios  reputabil).  Cependant, 
si  dans  la  suite  ils  veulent  contracter  publiquement  ma- 
riage en  face  de  l'Église,  on  les  recevra  ,  et  ces  mariages 
seront  tenus  pour  bons,  comme  s'ils  avaient  été  contractés 
d'abord  en  face  de  l'Eglise,  à  moins  qu'il  n'y  ait  parenté, 
ou'quelque  autre  empêchement  canonique.  On  leur  don- 
nera aussi  la  bénédiction  nuptiale,  s'ils  la  demandent,  en 
leur  imposant  cependant  une  pénitence  convenable  pour 
s'être  mariés  clandestinement.  Ici  l'on  trouve  encore  une 
I  partie  du  décret  de  Latran,  après  quoi  l'article  des 
mariages  clandestins  finit  par  ces  paroles  :  Nous  vou- 
lons que  toutes  ces  constitutions  qui  concernent  les  ma- 
riages clundeslins  soient  lues  publiquement ,  quatre  fois 
l'année,  dans  toutes  tes  églises  paroissiales,  par  celui 
qui  a  le  soin  des  âmes ,  afin  qu'aucun  ne  prétende  cause 
d'ignorance. 

J'ai  cru  que  les  lecteurs  judicieux  seraient  bien  aises 
de  voir  tout  an  long  ce  précieux  monument  de  la  dis- 
cipline des  églises  de  la  province  de  Trêves,  au  sujet 
de  la  clandestinité  des  mariages.  On  y  voit  que  l'on  n'y 
avait  pas  oublié  les  anciennes  règles  sur  ce  sujet 
comme  dans  la  plupart  des  autres  provinces  ecclésias- 
tiques, où  les  abus  sur  ce  point  s'étaient  lellemenl 
multipliés  et  autorisés  par  la  coutume,  que  le  concile 
de  Trente  a  jugé  sagement  qu'il  fallait  mettre  la  clan- 
destinité au  nombre  des  empêchements  dirimants  de 
niariage. 

Les  raisons  qui  ont  porté  le  concile  à  faire  ce  dé- 
cret sont  irês-pressantcs.  Les  mariages  clandestins  ne 
se  pouvaient  prouver  devant  les  juges ,  soit  ecclé- 
siastiques, soit  laïques;  d'où  il  arrivait  souvent  que 
dos  personnes,  quoitpie  légitimement  mariées  en  se- 
cret, venant  à  se  dégoûter  l'une  de  l'autre,  se  ma- 
riaient publiquement  à  d'autres  en  face  de  l'Église,  et 
vivaient  dans  un  perpétuel  adultère  sans  qu'on  pût 
l'empêcher  juridiquement;  ils  faisaient  même  pas- 
ser leurs  biens  entre  les  mains  de  leurs  enfants  illé- 
gitiFues. 

De  plus   des  hommes  mariés  en  secret  ne  laissaient 

pas  de  |)rcndre  les  ordres  sacrés  et  de  posséder 

dos  bénélices  ,  sans  que  l'Église  pût  l'empêcher  parce 

(prelle  l'ignorait,  ce  qui  causait  un  très-grand  scan- 

[■  date  parmi  les  fidèles  quand  la  naissance  des  enfants 

faisait  découvrir  ces  mariages. 

Outre  cela  ceux  qui  se  donnaient  la  foi  par  paroles 

I  de  présent  sans  la    bénédiction  d'un  prêtre  »<-  pri' 


i\' 


MARIAGE.  -  CIIAP.  XV.  EMPËCHEMKNT  DE  CLANDESTINITE,  etc. 


MU 


vaieni  par  là  (l'un  très-grand  avantage  ,  puisque  l'E- 
glise, qui  a  de  loullt-nips  béni  les  mariages  de  ses  en- 
fants, ne  le  fait  pas  sans  fniil  ;  et  que  d'ailleurs  le  sen- 
timent de  trèi-liabiles  théologiens  qui  prétendent  que 
:eHc  bénétiietion  est  de  l'essence^  de  ce  sacrement,  el 
en  est,  connue  on  parle  dans  l'école,  la  forme  essen- 
tielle, pourrait  bien  être  le  sentiment  véritable;  en 
sorte  que  sans  elle  le  Mariage  serait  à  la  vérité  valide, 
conune  contrat  civil  et  naturel,  mais  non  pas  comme 
sacrement.  Enlin  il  arrivait  souvent  que  plusieurs  de 
ceux  qui  se  mariaient  clandestinement  le  fai-aienl 
avec  des  empêclu'ments  dirimants,  sans  que  l'Église 
pût  y  remédier,  ou  les  en  éclaircir,  quand  cela  leur 
arrivait  par  ignorance.  Tels  sont  les  puissants  motifs 
qui  ont  poilé  le  concile  de  Trente  à  déclarer  nuls  les 
mariages  clandestins. 

Cette  loi  si  sage  a  lieu  dans  tous  les  endroits  où 
les  décrets  de  ce  concile  ont  été  reçus  et  publiés,  et 
même  en  France,  (pioiqu'ils  n'y  aient  pas  été  publiés 
dans  les  formels  accoutumées.  Elle  oblige  aussi  les 
fidèles  (jui  vivent  sous  la  domination  des  princes  sé- 
parés de  la  commuiiion  de  l'Eglise,  si  le  c(uicile  de 
Trente  y  était  reçu  avant  la  séparation,  fomnic  en 
Hollande,  mais  non  pas  dans  ceux  oîi  il  n'a  jamais 
été  reçu,  connue  en  Angleterre  et  dans  le  duché 
de  Saxe. 

Cependant  quoi  pTen  Angleterre  on  ne  reconnaisse 
pas  d'autres  empêchements  de  mariage  (pie  ceux  du 
Lévitique,  on  n'y  souffre  point  les  niari.iges  clandes- 
tins, et  on  est  sujet  aux  poursuites  des  cours  eccié 
siastiqucs,  si,  sans  dispense  des  évéques  anglicans, 
on  se  marie  bors  de  sa  paroisse  et  sans  proclamation 
de  bans;  ce  qui  oblige  los  Calboiiquesde  se  préseiter 
devant  le  magistrat  pour  la  sùreié  de  leurs  mariages 
par  rapport  aux  effets  civils  et  à  la  légitimation  de 
leurs  cnfiints.  Mais  ils  ne  pourraient  en  conscience 
aller  par  devant  les  ministres,  el  souffrir  que  ceux-ci 
fissent  sur  eux  les  prières  qui  sont  marquées  dans 
leur  Rituel  pour  la  céléltraiion  des  Mariages  ;  car  <;n 
ce  cas  ils  prendraient  part  à  leur  comnnuiion. 

Que  si  dans  les  pays  séparés  de  la  comminion  de 
l'Église  calbolitine  l'exercice  de  la  religion,  même 
en  secret,  était  défendu  sous  peine  de  la  vie  ,  et  qu'on 
n'y  trouvât  point  de  prêtres  pour  recevoir  d'eux  la 
bénédiction  niipiiale,  ou  pour  assister  à  la  célébra- 
tion du  Mariage,  les  ib 'ologiens  les  plus  babiles  ne 
laissent  pas  de  convenir  qu'en  ce  cas  les  mariagco  des 
Catholiques ,  qui  se  feraient  sans  qu'un  prêtre  y  in- 
tervint ,  ne  laisseraient  [)oU\l  d'être  légitimes  et  va- 
lides ;  ce  qui  doit  s'entendre  à  plus  forte  raison  des 
pays  qui  sont  sous  la  domination  des  princes  idolâ- 
tres, comme  à  la  Chine  el  au  Japon,  quoique  le  con- 
cile de  Trente  y  eût  été  reçu  des  ncuiveaux  convertis, 
et  qu'ils  en  connussent  Içs  dispositions.  Sur  quoi  l'on 
peut  consulter  les  Conférences  de  Paris,  qui  traitent 
celle  matière  avec  étendue  (1). 
Il  ne  nous  reste ,  pour  terminer  cet  article,  qu'à 

(1)  L.  4  Confer.  1,  lom.  5. 


parler  de  deux  espèces  de  mariages  dont  nous  avoirs 
fiit  mention  dans  le  titre  de  ce  chapitre,  et  à  repré- 
senter quel  est  sur  ce  point  la  jurisprudence  dir 
royaume.  Le  |)remier  est  celui  que  l'on  nomme  Ma- 
riage à  la  (imuine ,  par  lequel  on  entend  celui  de  deux 
personnes  que  leur  curé  refuse  di;  marier,  et  qui  pré- 
tendent avoir  dit  l'une  et  l'autre,  en  présence  de  ce 
curé.  M.,  vous  êtes  témoin  que  je  prends  un  tel  pour 
mon  époux,  el  moi  une  telle  pour  mon  épouse.  Plusieurs 
croient  ces  mariages  valides,  et  il  semble  que  ce  soit 
une  suite  du  senliment  de  ceux  (pii  ne  tiennent  point 
le  prêtre  pour  ministre  du  sacrement  de  Mariage,  mais 
seulement  pour  témoin  nécessaire  de  sa  célébration. 
11  y  a  même  une  délibération  des  docteurs  de  Sor- 
b'  nne  (1)  assez  conforme  à  ce  (pie  nous  disons,  dans 
laquelle  il  est  dit  que  le  Parlement  de  Paris  l'a  jugé 
ain^i  en  pareil  cas.  Cependant  il  en  est  plusieurs  au- 
tres qui  tiennent  le  sentiment  opposé,  prétendant 
qu'il  ne  faut  pas  toujours  examiner  les  actions  bu- 
maioes  par  le  point  de  théologie,  el  (pi'il  vaut  mieux 
dans  ces  rencontres  envisager  l'intérêt  public  dans 
lequel  il  est  de  la  dernière  conséquence  de  conserver 
plutôt  les  formes  et  les  solennités  ordinaires  des  sa- 
crements, que  de  s'arrêter  à  des  distinctions  de  l'école 
inventées  pour  mettre  les  consciences  à  couvert,  sur- 
tout lor!<qu'elles  sont  capables  de  jeter  le  désordre 
dans  les  familles  et  d'y  causer  du  trouble. 

C'est  sur  ce  principe  que  les  parlements,  pour  l'or- 
dinaire, renvoient  ceux  qui  ont  contracté  ces  sortes 
de  mariages  par  devant  leur  curé,  ou,  à  son  refus,  par 
devant  leur  évêque,  pour  leur  être  pourvu  et  procédé 
à  leur  mariage,  si  faire  se  doit,  après  avoir  reçu  pé- 
nitence salutaire.  Il  arrive  aussi  quelquefois  que  les 
cours  souveraines  autorisent  ces  mariages,  quant  aux 
effets  civils,  mais  aux  conditions  susdites  et  sans  con- 
séquence, comme  porte  l'arrêt  du  parlement  de  Paris, 
doiiiié  en  1632  ,  en  faveur  d'une  fille  majeure  que  son 
fiére  et  son  beau-frère  empêchaient  malicieusement 
de  se  marier. 

Nonobstant  ce  qui  vient  d'être  dit,  si  ceux  qui  se 
sont  mariés  en  cette  manière  vivent  séparément ,  et 
que  l'un  des  conjoints  s'inscrive  en  faux  contre  ce 
prétendu  mariage,  on  suit  une  jurisprudence  opposée  : 
car  les  officiaux  et  les  parlements  déclarent  ces  ma- 
riages nuls  ,  faute  de  preuves  par  écrit  ;  parce  qu'en 
France  il  faut  qu'un  mariage  se  prouve  par  l'exlrail 
de  l'acte  de  sa  célébration  écrit  dans  les  registres  de 
la  paroisse. 

Quant  à  l'autre  espèce  de  mariages ,  dent  nous 
avions  à  parler,  nos  jurisconsull(\s  nous  apprennent 
qu'ils  sont  valables  et  légitimes,  quant  au  sacrement, 
mais  qu'ils  sont  nuls  par  rapport  aux  effets  civils  ;  de 
sorte  que  les  veuves,  après  la  dissolution  de  ces  ma- 
riages, n'ont  ni  douaire,  ni  reprise,  ni  aucune  aulr.: 
convention  matrimoniale,  cl  que  les  enfants  qui  sont 
nés  de  ces  mariages,  ou  qui  ont  élé  h-giiimés  i)ar  leur 
moyen  ,  sont  traités ,  comme  illégitimes  par  rapport 

(1)  De  l'an  171-2,  i>i^nce  Hubert  de  /'irrr/Za. 


H35 


HISTOIRE  DES  SACREMENTS. 


11^ 


aux  successions  ,  el  qu'on  ne  leur  adjuge  qu'une  pen- 
sion vi.igcre  sur  le  bien  de  leurs  pères  el  de  leurs 
mères,  ou  quelque  portion  des  biens  en  l'oiids  qui  leur 
tient  lieu  d'alinienls. 

On  met  de  ce  nomlue  les  mariages  (jui  ont  été 
lenus  secrets  jusqu'à  l;i  mort  de  l'un  des  conjoints, 
quoiqu'ils  aient  été  céléltiés  avec  toutes  "les  formali- 
tés prescrites  par  rordo;niance  el  par  les  canons. 
C'est  ce  que  nous  avons  appelé  mariages  de  con- 
science. Cela  arrive,  comme  dit  M.  d'iléricourl  (1), 
quand  le  n)ari  et  la  fenuno  ont  eu  des  liabitalions  sé- 
parées .  quand  la  l'enuno  n'a  jioinl  pris  le  nom  du 
mari,  quand  elle  a  agi  et  conlracté  comme  fille  ma- 
jeure, eic.  Non  seulement  les  enfants  qui  naissent  de 
ces  mariages,  mais  encore  leurs  descendants,  sont  rn- 
capables  de  recueillir  aucune  succession;  ils  sont  ce- 
pendant regardes  comme  légitimes  pour  les  autres 
actes  de  la  vie  civile,  comme  pour  tenir  des  bénéfices 
sans  dispense. 

Les  mariages  que  contractent  d(  s  bommes  à  la 
fin  de  leur  vie  avec  des  femmes  qu'ils  ont  entretenues 
dans  un  mauvais  commerce  apparliemient  à  la  même 
espèce,  et  il  en  est  de  même  des  fennnes  qui,  étant  à 
l'extrémilé,  épons  ni  des  bonnnes  avec  lescpiels  elles 
ont  vécu  dans  le  libertinage.  Le  mariage  de  ceux  (|ui 
sont  morts  civilement,  ayant  été  condamnés  ou  con- 
tradictoirement,  ou  par  contumace,  à  une  j'eine  qui 
emporte  la  mort  civile  ,  est  aussi  valable;  mais  les 
femmes  qu'ils  ont  épousées  en  cet  étal  ne  peuvent 
demander  leurs  conventions  matrimoniales,  ni  les 
enfants  qui  sont  nés  de  ces  mariages  prendre  part  à 
la  succession. 

CHAPITRE  XVI. 

Des  dispenses  des  einpêcliemcnis  de  mariage.  Les  an- 
ciens étaient  très-réservés ,  quand  il  s'agissait  d'en 
accorder  :  on  s'est  ensuite  beaucoup  relâché  sur  ce 
point.  Lettre  de  S.  Ambroise  contre  les  mariages 
entre  proches  parents. 

Nous  avons  traité  ci-devant  des  enipèelienients  non 
dirimanls ,  tant  au  conunencemenl  de  celle  bi.sloire 
•lu  Mariage  ,  où  nous  avons  parlé  des  fiançailles  et 
des  tenqis  jtrobibés  par  rap|)ort  à  la  célébration  de 
ce  sacrement,  que  vers  la  fin  ,  oi^i  ,  en  parlant  des 
■Nœux  solennels ,  nuus  avons  dit  aussi  ce  qui  concer- 
nait les  vœux  sinqiles.  Ainsi  il  ne  nous  reste  pour 
terminer  celle  matière,  et  ce  que  nous  nous  étions 
])roposé  d'écrire  touchant  le  sacrement  de  Mariage, 
que  de  parler  des  dispenses  des  empêchements,  dont 
I  jusqu'ici  nous  avmis  fait  mention  ;  et  comme  nous  ne 
cliercbons  point  à  allonger  l'ouvrage  ,  mais  que  nous 
nous  somme,,  toujours  éludiés  au  contraire  à  réduire 
telui-ci  dans  les  bornes  les  pbis  étroites  qu'il  nous  a 
ïlé  possible,  nous  avertissons  en  ce  lieu  que  notre  in- 
lenlion  n'est  i>as  de  traiter  des  dispenses  en  général, 
soil  dogmatiiinemenl,  soit  bisloriquenienl,  S.  Rernaid 
l'ayant  fait  de  la  première  manière  dans  ses  excellents 

(1)  Lois  ec.clés.  part.  5,  c.  5,  art.  i>. 


livres  au  pape  Eugène,  et  le  père  Thomassin  (1) 
l'ayant  fait  de  la  seconde,  et  s'élanl  parfaiiemenl  ac- 
qiiilté  de  cette  entreprise  dans  son  grand  ouvrage  de 
la  discipline  de  l'Église. 

N(tus  n'entreprendrons  pas  menu;  de  faire  voir  de 
quelle  manière  le  pouvoir  d'accorder  des  dispenses 
de  mariages ,  en  certains  cas ,  a  été  autrefois  exercé 
par  des  conciles  nationaux  ou  provinciaux ,  par  les 
évoques  ou  par  le  pa|)e;  couuuent  le  souverain  pon- 
tife s'est  mis  en  possession  de  les  accorder  seul  dans 
la  plus  grande  partie  de  la  chrétienté  à  rexclusion  des 
évèques,  qui  n'ont  à  présent  ce  pouvoir  que  par  induit 
du  Sainl'-Siége,  el  dans  certaines  circonstances  seule- 
ment :  enfin  nous  ne  représenterons  pas  les  diffé- 
renles  formules  de  dispenses  telles  qu'elles  sont  en 
usage,  ni  les  voies  qu'il  f.mt  prendre  pour  les  obtenir  : 
tout  cela  est  amplement  expliqué  dans  les  Conféren- 
ces de  Paris,  dans  les  livres  cinquième  et  sixième  du 
troisième  lome.  Nous  nous  contenterons  de  mettre  sous 
'les  yeux  du  lecteur  quelle  a  été  autrefois  la  conduite 
de  l'Église  en  ce  point.  Connue  on  ne  peut  nier 
qu'elle  est  aujomd  biii  bien  dilîérente  de  ce  qu'elle 
était  dans  les  premiers  siècles  ,  et  même  dans  le 
moyen-âge;  connue  on  porte  à  présent  l'indulgence 
fort  loin  sur  cet  article,  surtout  en  ce  qui  regarde  les 
degrés  de  parenté  dont  on  dispense  avec  une  facilité  qui 
ne  parait  pas  conforme  à  l'esprit  du  concile  de  Trente 
(sess.  21,  c.  o)  ;  nous  finirons  cet  ouvrage  par  la  ira- 
dnclion  d'une  lettre  de  S.  Ambroise  siu"  celle  matière, 
qu'd  serait  à  souhaiter  que  ceux  qui,  par  leur  inipor- 
lunilé ,  travaillent  à  obtenir  des  dispenses  du  Sainl- 
Siége,  eussent  défaut  les  yeux,  pour  leur  faire  sentir 
combien  les  eflorts  qu'ils  foui  pour  venir  à  bout  de 
leurs  entreprises  sont  désagréables  à  Dieu.  Vouons 
l»réseiitement  à  notre  sujet. 

Plus  on  lait  allenlion  à  ce  <|ui  est  rapporté  dans 
l'Iiisloiie  de  TEglise  ,  plus  on  est  convaincu  (pie  dans 
les  premiers  siècles  les  dispenses  do  mariagtis  étaient 
rares,  même  à  l'égard  des  souverains  :  il  est  vrai  que 
plusieurs  d'entre  eux  ont  contracté  des  mariages  illi- 
cites selon  les  lois  de  l'Eglise  ;  mais  on  ne  voit  pas 
(pi'elle  y  ait  donné  les  mains  ,  ni  qu'elle  leur  ait  ac- 
cordé pour  cela  des  dispenses  ;  et  si  ({uelcpies  é\ê- 
qucs  l'ont  (juclquefois  f.iil  par  crainte  ou  par  com- 
plaisance pour  les  souverains  ,  ils  en  étaient  idàmés 
par  leurs  confrères  et  repris  par  le  Sainl-Siége,  qui 
s'est  signalé  en  plusieurs  occasions  pour  maintenir  la 
sainteté  des  mariages,  et  poiu'  faire  observer  les  rè- 
gles que  les  Pères  avaient  établies  sur  ce  sujet. 

S.  Grégoire-le-Grand  est ,  ce  semble,  le  premier 
(pii  ait  accordé  des  dispenses  de  mariages  en  faveur 
des  Anglais  nouveau-convertis,  de  peur  qu'une  trop 
t;rande  rigueur  ne  rebutât  ces  néophytes ,  et  ne  leur 
lit  regrcltci'  la  liberté  qu'ils  avaient  dans  le  paga- 
nisme :  Grégoire  II  suivit  son  exouq)le  à  l'égard  des 
nations  Germani(|ues,  qui  étaient  dans  le  même  cas 
que  les   Anglais  du  lemiis  de  S.  Grégoire  le-G:and. 

(I)  Part  i,  \.%  c.  i(i;  p,  7>,  1.2,c.  5!);  p.  L  I.  2 
c.  07,  08  Cl  (>!-'.. 


4137  MARIAGE    —  CIlAl'.  Wl.  IHSil 

Lee  mêmes  motifs  rengagèrent  à  user  de  celle  indul- 
gence à  réj;ard  de  cens  que  S.  Bonil'acc  de  Mayence 
avait  amenés  à  la  loi  par  ses  préilica lions  el  ses  Ira- 
vanx  aposloliques. 

Les  évèqnes  savaient  (jn'ils  pouvaient  dispenser  des 
ivi^les  qne  l'Kglisc  a  élaltlies;  mais  ils  étaient  con- 
vaincus (|n'ils  ne  pouvaient  rien  à  l'égard  de  colles 
qui  étaient  émances  de  la  loi  divine,  soit  naliiieile, 
5oit  positive  :  encore  ne  dispensaient-ils  des  empè- 
iliements  qni  proviennent  du  droit  ecclésiaslicpie 
(jnavec  heanconp  de  réserve  ,  et  cela  senlcinenl  lors- 
iinu!)  n.ariage  avait  élé  conlr;i(té  avec  ([nelqne  enipc- 
ilieiiicnl  inconnu  aux  parties,  et  qu'on  ne  pouvait 
l'iiis  séparer  sans  causer  un  grand  scandale. 

Souvent  même  ils  refusaient  des  dispenses  en  ces 
Kcasions  :  l'hisloire  ecclésiastique  est  |ileine  de  ces 
'xemples.  Vous  pouvez  vous  sou\enir  de  ce  que  nous 
avons  rapporté  ci- dessus  du  mariage  du  roi  Uobert 
avec  Hertlie,  et  de  quelle  manière  le  pape  Grégoire  V 
en  usa  à  son  é-gard.  Grégoire  VII  ne  voulut  jamais 
donner  de  dispense  à  Alplionsi;  ,  roi  de  Ca^lille,  qui 
avait  é|)Ousé  sa  parente,  et  il  l'obligea  de  la  (piiller, 
I.  8,  ep.  5.  Pascal  II  fui  aussi  ferme ,  et  en  refusa 
uneà  Vraca,  fdledu  roi  de  Caslille,  qui  avait  épi  usé 
Alp"  onse,  roi  d'Arragon,  ep.  21.  Ives  de  Chartres , 
dans  le  douzième  siècle,  étant  fortement  sollicité  par 
un  évcque  de  donner  une  dispense  de  mariage  à  un 
homme  qui  avait  épousé  sa  parente,  ne  vonlnl  ja- 
mais l'accorder,  quoique  cet  homme  promit  de  faire 
beaucoup  d'aumônes  et  déjeunes. 

Si  on  était  ferme  sur  ce  point  qui  demande  plus 
d'indulgence ,  on  l'était  encore  davantage ,  quand  il 
s'agissait  île  permetirc  aux  clirétiens  decontracîer  des 
mariages  prohibés  par  l'Eglise.  Le  pape  Lé. m  IX  dé- 
fendit (1)  à  Haudouin,  comte  de  Flandres,  de  donner 
sa  fille  en  mariage  à  Guillaume  ,  duc  de  Nnrmandie, 
et  à  ce  duc  de  la  recevoir.  Si  quelquefois  des  honnnes 
puissants  obtenaient  du  Saini-Siége,  par  surprise,  des 
permissions  de  contracter  de  tels  mariages,  ou  bien  si, 
après  les  avoif  conlraeli's,  ils  venaient  à  bout  de  les 
faire  ratifier,  il  s(ï  trouvait  desévèques  zélés  pour  la  dis- 
cipline de^Egli^e,qui  ne  pouvaient  soulfrir  que  l'on  y 
donnât  atteinte.  S.  Dunstan  Ht  paraître  une  fermelf'  in- 
llexibledans  ime  pa'eille  occasion.  Vu  comte  llè^-puis- 
sant  avait  épousé  sa  parente,  el  ne  voulait  point  s'en 
séparer,  quoiciue  le  saint  l'en  eut  averii  jusipià  trois 
lois  ;  il  lui  défendit  l'entrée  de  l'église  ,  et  m;  voulut 
point  l'y  recevoir  à  la  prière  du  roi  :  le  comte,  outré 
de  colère,  envoya  à  Rome,  el  par  ses  largesses  avant 
gaijMé  quelques  Rnm  ins,  il  obtint  des  lellres  du 
pape,  par  lesipielles  il  était  enjoiiil  à  rarclievèqiie  de 
réconcilier  absolument  ce  comte  à  l'Eglise.  S.  Duns- 
tan l'épondil  :  Quand  je  le  verrai  se  repentir,  j'obéirai 
au  Pape  ;  mais  à  I>ieu  ne  plaise  «pie,  deinem-ant  d<ins 
son  péché,  il  s'exempte  de  la  censure  de  l'Eglise,  et 
nous  insulte  encore ,  ou  qu'aucun  honnne  mortel 
m'empêche  d'observer  la  loi  de  Dieu.  Ce  seigneur 

(1)  Au  concile  de  Reims  de  l'an  1049. 


i.NSKS  DES  EMPECHEMENTS.  H38 

voyant  Dunslan  inllexilile,  IoucIk' <le  la  crainte  de 
rexcouMnunicalion  et  du  iithil  (pi'elle  allirait  (luel- 
(pit;l()is  ,  se  rendit  enlin,  rinunea  à  son  mariage  illi- 
cite, et  reçut  publiquement  penilence  dans  nue  as- 
send)lée  des  évèques  de  tout  le  royaiunt;  ,  au  milieu 
de  laquelle  il  parut  nu-pieds  ,  ne  |i«u!aiit  (pu:  des  ha- 
bits de  laun*,  et  leiiani  des  verges  à  la  main. 

Telle  était  la  rigueur  de  la  diicipliiie  après  le  milieu 
du  dixième  siècle  ,  i^oiu'  <  nq)i'eii(  r  qu'un  ne  \iulàt  les 
règles  de  l'Eglise  par  rapixirl  aux  Mari  'ges.  On  ne 
s'é;ait  point  «encore  rdàehé  de  celte  sévérité  salutairo 
sur  la  lin  du  siècle  suivaiit  ;  cela  parait  par  le  régle- 
ment(pii  l'ut  fait  sur  cette  matièreauconcile  deTi'oyes, 
en  Pouille,  l'an  1093.  Il  y  esl  dit(l)  «pie  rpiand  (piel- 
ques-uns  auront  coniraclé  des  mariages  avec  leurs 
parentes  ,  les  évèques  diocésains  les  feront  citer  jus- 
qu'à trois  (ois.  Si  deux  ou  trois  honnnes  afiirmeni  jiar 
serment  la  parenté,  ou  si  les  parties  en  conviennent , 
on  ordonnera  la  dissolution  du  mariage.  (  Vous  voyez 
qu'il  n'est  pas  ici  question  de  dispense.  )  Le  concile 
continue:  S'il  n'y  a  point  de  preuve  ,  l'évècpie  pren- 
dra les  parties  à  serment ,  pour  déclarer  s'ils  se 
reconnaissent  pour  parenis  ,  suivant  la  connnune 
renommée.  S'ils  disent  (\w  non  ,  il  faut  les  laisser,  en 
les  averlissant  (ju'ils  demeurent  exconnnuniés  tant 
qu'ils  continuent  dans  \o.\w  inceste.  S'ils  se  séparent 
suivant  le  jug(Mneiit  de  l'évèipu.',  (;t  (pi'ils  boieiil  jeunes, 
il  nu  faut  pas  les  empêcher  de  contracter  mi  autre 
mariage. 

Celte  procédure  nous  parait  exlraonlinaire  aujour- 
d'hui ;  mais  elle  nous  fait  voir  eouibien  on  était  éloi- 
gné d'accorder  des  dispenses  en  fait  île  mariage.  L'on 
voit  plus  d'un  siècle  apiès  Lrbain  II ,  ipii  liré'sidait  ;i 
ce  concile  de  Troyes,  qu'il  fallait  de  puissante^  rai-.iuis 
poiu' CM  accorder,  cl  (pi'a\ee  cela  oa  ne  croyait  pas 
encore  tout  à  fait  à  couvert  ilu  péclié  ceux  (pii  les  oi)- 
tenaienl.  En  1200,  le  roi  Ollion  de  S..xe  n'ay:inl  plus 
de  conqiétiteur  depuis  la  mort  de  Pliili|ijie  ili"  S'MiMbe, 
résolut,  |»ar  le  conseil  des  seigneurs,  iréponscr  la 
lille  de  son  prédécesseur,  pom-  léunir,  par  ce  n.oyeii, 
la  maison  de  Sonabe  avec  celle  de  Saxe,  el  laire  aiuii 
cesser  les  bmesles  divisions  qui  déchiraient  l'enqiire 
depuis  si  longlemps.  Le  pape  accorda  la  dispense.  Ce- 
pendant l'abbé  de.Moiimont,  cpii  était  àl'assendjlée  de 
Wiu'tzsbom-g,  où  les  b'-gals  du  pape,  chargés  de  [\i\r- 
cution  de  celle  dispense  ,  triaient  ]irésenls,  se  le\a, 
et,  parlanlau  nom  île  inus  les  a!;!iés  tant  de  si'U  i)i\h\: 
que  de  Cluny  ,  il  dil  que  ce  maiiage  étant  contre  leu 
luis  de  l'Eglise,  ne  pouvait  se  conti'acter sans  pécia-, 
qmiiqu'avec  dispense  (les  deux  époux  étaient  pa- 
rents), et  il  imposa  pour  pénitence  au  roi,  par  l'auii - 
rilé  du  |iape .  d'être  le  prolecteur  des  monastères  et 
des  autres  églises  des  veuves  cl  des  orphelins  ,  de 
biuiler  un  monastère  de  l'ordre  de  Cileaux  dans  une 
(erre  de  sou  domaine,  el  d'aller  en  itersonne  au  se- 
cours de  l'Eglise  de  Jérusalem. 

Depuis  ce  temps  les  dispenses  devimeiU  fréquentes 

i\)  Ton).  10  Conc.  p.  -jO^. 


1159 


01  s'.it. ord.Mviil  aiséiuoiil  ;  siiiloiil  pour  les  uuu-iagos  | 
déjà  coniiaciés  ;  mais  on  ne  les  a  portées  aussi  loin 
sur  aucun  des  einpcfliemonts  (pic  sur  celui  de  la  pa- 
renté. L'auteur  des  Conférences  de  Paris  rapporte  (1) 
plusieurs  exemples  de  dispenses  portées  jusrpi'au  point 
de  permettre  à  uu  oncle  d'épouser  sa  nièce.  Le  concile 
de  Trente  (sess.  21,  c.  5)  voulant  remédier  à  ce  dés- 
ordre, ordonna  premièrement  en  général  de  ne  point 
accorder  de  dispenses  de  mariages ,  ou  de  le  (aiie  ra- 
rement. Yel  nulla  omniitb  detiir  dispmsatio  ,  vel  rnrb. 
Secondement,  il  délendit  d'en  donner  pour  contracter 
mariage  à  ceux  qui  sont  parents  au  second  degré,  sinon 
à  de  grands  princes,  pour  le  i)ien  public.  Nisi  iiiler  ma- 
(jnos  principes  ,  et  ob  publicam  cmisam.  C'est-à-dire , 
que  le  concile  ne  veut  point  que  l'on  souflre  les  mariages 
des  cousins  germains  entre  les  princes  mêmes,  sinon 


IIISTOIUK  DES  SACRF.MFNTS.  Hîft 

Ambroisf,  a  Paterne  (1), 

«  J  ai  lu  avec  plaisir  la  lettre  gracieuse  que  m'a 

écrite  mon  cher  ami  Paterne  ;  mais  j'y  ai  vu  avec  clia- 

grin  (pi'il  délibère  de  donner  poin-  fennne  à  son  fds  sa 

pelite-(il!e  née  de  sa  lille  ,  ce  qui  ne  convient  ni  à  uu 

aïeul  ni  à  un  père.  C'est  pourfiuoi  je  vous  prie  de 

considérer  ailentivemeut  ce  que  vous  nous  proposez. 

Voyons  iremièremenl  quel  nom  nous  donnerons  à 

cette  action  ,  et  de  là  nous  pourrons  connailre  si  elle 

I  est  digne  de  louange  ou  de  blâme.  Par  exemple,  cer- 

1  laines  gens  se  l'ont  un  plaisir  d'avoir  commerce  avec 

i  une  lemuie ,  cela  est  même  utile  à  la  santé  du  corps, 

I  selon  quelques  ïnédecins  ;  mais  il  faut  considérer  s'il 

i  lo  faut  faire  avec  une  épouse  ou  avec  une  étrangère , 

i  avec  une  fennne  mariée  ou  avec  celle  qui  ne  l'est  pas. 

I  Si  cela  se  fait  avec  une  femme  que  l'on  a  épousée  lé- 


pour  réimir  les  états  divisés  ,  ou  pour  faire  cesser  des  |  gitimement,  cela  s'appelle  mariage  ;  que  si  vous  atla- 

gucrrcs  sanglantes.  I  qncz  la  pudicilé  d'une  étrangère  ,  vous  tombez  dans 

Cependant,  depuis  le  concile,  on  accorde  tous  les  |  l'adultère  ,  dont  le  seul  noui  est  capable  de  répriuicr 

jours  des  dispenses  de  mariage  à  des  cousins  germains,  |  l'audace  de  ceux  qui  voudraient  rcnireprendre.  Tuer 

et  même  à  des  particuliers,  sans  que  le  public  en  tire  |  lennemi,  c'est  une  victoire  ;  c'est  une  justice  de  faire 

aucune  utilité  ni  qu'il  s'y  intéresse  ;  on  permet  de  plus  i  niourir  un  coupable  ;  c'est  un  homicide  d'ôler  la  vie  à 

assez  communément  aujonrd'Iuii  à  l'oncle  d'épouser  sa  I  "»  ii"i'ioccnt  :  en  sorte  que  la  réflexion  que  l'on  y  fait 

nièce,  et,  ce  qui  est  le  plus  hoiiteux,  l'on  voit  des  I  a'^'c  la  main.  Je  vous  i)rie  donc  aus.i  de  faire  bien 

tantes  devenir  les  épouses  de  leurs  neveux,  à  qui  elles  I  attention  à  ce  que  vous  me  pi  oposez ,  pour  savoir  mon 


devraient  tenir  lieu  de  mères. 

Le  connétable  de  Lesdiguières  est  le  premier,  que 
je  sache,  qui,  dans  le  christianisme,  et  depuis  (pie  les 
empêchements  de  mariages  ont  fait  partie  du  droit  ec- 
clésiastique, ait  procuré  une  alliance  si  honteuse,  en 
lîiariant  sa  fille  au  comte  deSault,  son  pelit-fils.  Ce 
qu'il  fit ,  dit  l'auteur  de  sa  vie,  avec  lis  dispenses  dn 
Saint-Siège,  à  cause  de  leur  parenté  qni  était  de  tante  à 
neveu  (2)  ;  e(,  comme  si  une  alliance  si  disparate  n'eût 
pas  suffi  pour  attirer  la  colère  de  Dieu  sur  sa  famille, 
sa  fille,  qui  avait  épousé  son  petit -fils  ,  étant  morte, 
il  appela  auprès  de  lui  son  autre  fille  la  marquise  de 
Montbrun  ,  qu'il  démaria  ,  dit  le  même  auteur  ,  par  le  ■ 
consentement  de  son  mari ,  rayant  fait  épouser  quelque 
temps  après  au  maréchal  de  Créqui ,  père  du  comte  de 
SauU  ;  de  sorte  que  le  père  et  le  fils  se  trouvèrent 
beaux- frères,  etc. 

Je  n'entre  point  dans  les  discussions  lliéologiqiies 
louchant  ces  sortes  d'alliances,  cela  n'es',  point  de  mon 
sujet  :  qu'il  me  soit  permis  seulement  d'avertir  ici 
ceux  qui  sollicilent  de  semblables  dispenses  ,  et  qui , 
pour  les  obtenir ,  emploient  souvent  des  moyens 
très-condamnables,  qu'ils  devraient  craindre  d'alliier 


senliinenl. 

I  Vous  voulez  unir  vos  enfants  par  les  liens  du  ma- 
I  riage.  Je  vous  demande  d'abord  s'il  est  à  propos  de 
i  faire  cette  alliance  entre  des  égaux  ou  entre  des 
inégaux  ;  ils  doivent  être  égaux,  si  je  ne  me  liompe. 
Celui  (pii  met  des  bœufs  à  la  charrue  et  des  chevaux 
à  un  chariot  a  soin  d'accoupler  ceux  de  même  âge  et 
de  même  forme  ,  et  il  ne  soufiVe  point  de  diversité 
choquante;  et  vous,  vous  vous  disposez  à  faire  alliance 
entre  votre  fils  et  votre  petite -fille,  afin  qu'il  épouse 
la  fille  de  sa  sœur,  quoiqu'il  soit  né  d'une  autre  mève 
que  sa  belle-mère  future;  rélléchissez  sur  les  noms 
qui  doivent  imprimer  de  la  leligion.  Celui-ci  est  appelé 
oncle,  celle-ci  est  appelée  nièce;  ces  noms  doivent 
vous  frapper,  puisque  le  nom  d'oncle(2),ftDH»c!i/us,  a 
rapport  à  celui  d'aïeul,  avus.  De  plus,  quelle  confusion 
(les  autriis  noms  !  on  vous  appellera  en  même-lemps 
aïeul  et  beau  -  père  ,  et  la  même  personne  sera  votre 
petite-fille  et  voire  belle -fille.  Les  frères  prendront 
aussi  ditférents  noms;  en  sorte  que  celle -ià  sera  la 
belle-mère  du  frère,  et  celui-ci  le  gendre  de  sa  sœur. 
Que  la  nièce  épouse  donc  son  oncle,  et  que  le  tendre 
amour  de  ces  précieux  gages  soit  changé  en  amour 


et  sur  leurs  familles  les  châtiments  dont  Dieu  I   voluptueux 


sur  eux 

menace  si  souvent  ceux  (pii  ne  respectent  point  les 
lois  que  prescrit  la  pudeur  naturelle.  Pour  les  en  dé- 
tourner, je  mettrai  ici  la  traduction  d'une  lettre  que 
saint  Ambroise  écrivit  sur  ce  sujet  à  un  grand  seigneur 
nommé  Paterne ,  et  c'est  par  là  que  je  finirai  cet  ou- 
vrage ,  sur  lequel  je  prie  Dieu  de  verser  ses  béné- 
dictions ,  en  le  rendant  utile  au  salut  de  ceux  qui  se 
donneront  la  peine  de  le  lire. 

(1)  Tom.  3,1.  G,  p.  188  et  seq. 
(2)Tom.2,  p.  IGi. 


«  Vous  dites  que  votre  samt  évêque  attend  sur  cela 
nwn  sentiment;  je  ne  le  pense  pas,  je  ne  le  crois  pas  : 
cais  si  cela  était ,  il  se  serait  donné  la  peine  de  m'é- 

(1)  Celte  lettre  est  la  soixantième  de  la  nouvelle 
('dition  ;  elle  a  été  ('crite  en  393. 

(2)  Il  est  impossible  de  rendre  exactement  en  fran- 
(,'ais  ce  (pie  dit  saint  Ambroise.  Nous  n'avons  qu'un 
nièiile  teiine  pimr  signilicr  l'oncle  paternel  et  le  ma- 
ternel ,  ce  (jui  n'est  point  dans  la  langue  latine.  Saint 
Ainliroise  lait  ici  allusion  au  mut  avunculus  qui  vei" 
dire  oncle  materne!. 


<i41 


MARIAGE.  —  CIIAP.  XVI.  DISPENSES  DES  EMPÉCIIEMEiNTS. 


1U2 


crire;  et ,  en  ne  le  faisant  pas ,  il  marque  assez  qu'il  l'  gcs  enlre  cousins  germains,  solide  père,  soit  de  mère, 
n'entre  en  aucune  manière  dans  ce  dessein.  EfTecli-  |  et  il  a  décerné  des  peines  irès-scvères  contre  ceux  qui 
vemçnt ,  qu'y  a-t-il  à  délibérer  là-dessus?  puis{|ue  la   !  osoraienl  souiller  les  familles  de  pareilles  alliances  ;  et 


loi  divine  cond:uune  mémo  les  mariages  des  cou- 
sins germains  qui  sont  parents  au  qu;iliièiiie  de- 
gré (i).  Mais  ici  il  s'agit  du  troisième  degré,  que  le 
droit  civil  semble  exclure  du  mariage. 

<-Mais  consultons  premièrement  les  oracles  sacrés 
de  la  loi  divine.  Vous  préleuilez  dans  voire  lettre  que 
le  mariage  (pic  vous  médilez  entre  vos  enlanls  est 
penuis  par  le  droit  divin ,  parce  qu'il  n'y  est  pas  dé- 
fendu. Et  moi,  j'ose  assurer  qu'il  y  est  défendu  ;  parce 
que  l'alliance  des  cousins  germains  y  étant  interdite , 
quoique  moins  odieuse,  les  mariages  enlre  parenls  plus 
proche  doivent,  selon  moi,  y  èire  censés  déftndus  à 
plus  forlc  raison  :  car,  celui  qui  interdit  les  moindres 
choses,  ne  permet  pas  les  plus  grandes ,  mais  les  dé- 
fend. 

c  Que  si  vous  croyez  que  cela  soit  libre,  parce  qu'il 
n'est  point  spécialement  défendu,  vous  no  trouverez 


cependant  ceux  dont  il  a  défendu  les  mariages  sont 
égaux  enlre  eux  :  mais  parce  (|u'ils  sonl  unis  par  les 
liens  élntits  de  la  parenté  cl  de  la  société  rraiernellc, 
il  a  voulu  qu'ils  dussent  leur  naissance  à  la  piélé. 

t  Mais,  dites-vous,  on  s'est  relâché  de  celle  rigueur 
en  faveur  de  quelqu'un  ;  cela  ne  préjudicie  point  à  la 
loi.  Cela  ne  peut  servir  qu'à  ceux  à  l'égard  desquels 
on  a  usé  d'indidgence.  Car  quoique  nous  lisions  dans 
la  loi  que  quelqu'un  a  donne  à  sa  femme  le  nom  de 
sœur,  on  n'a  jania's  oui  dire  qu'un  homme  ait  épouse 
sa  nièce  ,  et  qu'il  l'ait  appelée  sa  femme. 

<  Au  reste,  c'est  une  cliose  assez  plaisante  de  vous 
voir  nier  que  votre  petile-lillo  soii  proche  p:irente  de 
votre  fils,  qui  est  son  oncle  du  côté  maternel.  Comme 
si  les  frères  et  sœurs  nés  de  dili'érents  pères,  mais  de 
même  mère,  pouvaient  s'allier  par  le  mariage,  sous 
prétexte  qu'ils  ne  sonl  point  ce  (|ue  l'on  apjielle  ayna- 


point  non  plus  qu'il  soit  défendu  à  un  père  d'épouser  |  ^i(l).  '"=>'*^  seuiemenl  coyiiati 


S",  fdle.  Cela  esl-ii  permis,  parce  qu'il  n'est  point  dé- 
fendu? Non  sans  doule;  car  cela  est  défendu  par  la 
loi  de  la  nature,  par  la  loi  qui  est  écrite  dans  les  cœurs 
d'un  chacun.  Cela  est  défendu  par  la  prescription  in- 
violable de  la  piété,  par  le  litre  de  la  parenté.  Com- 
bien trouverez-vous  d'autres  choses  que  Moïse  n'a  pas 
jnterdiles  dans  la  loi,  qui  le  sont  néarunoius  par  une 
certaine  impression  de  la  naline? 

«  Il  est  plusieurs  choses  qu'il  est  permis  de  fiùre, 
mais  qui  ne  conviennent  pas  :  car  tout  est  permis , 
mais  tout  nest  point  expédient;  tout  est  permis,  mais 
tout  n'édifie  point.  Si  donc  l'apôtre  ne  veut  pas  même 
que  nous  fassions  ce  qui  n'édifie  point,  comment  ! 
croyons-nous  pouvoir  faire  ce  qui  ne  nous  est  pas  per- 
mis par  l'oracle  de  la  loi,  et  ce  (jui  n'édifie  point,  par- 
ce qu'il  est  contraire  à  l'ordre  de  la  |iiélé?  et  cepen 
dant  les  anciens  commandemenls   qui  étaient  trop 


e  II  faut  donc  que  vous  abandonniez  ce  dessein  :  car 
quand  même  il  vous  serait  permis  de  l'exécuter,  il  ne 
contribuerait  pas  à  la  propagation  de  voire  famille , 
puisque  votre  fils  vous  doit  des  neveux,  et  (lue  vous 
avez  lieu  d'allciidre  de  votre  petile-fiUe,  qui  vous  est 
si  chère,  des  ariière-pelils-fils.  » 

Le  sentiment  de  ce  grand  docleur  devrait  bien  re- 
tenir ceux  qui,  de  temps  en  temps  demandent  des 
dispenses  de  mariages  en  tels  degrés  de  parenté.  II 
est  bien  à  craindrequc  ceux  qui  sollicitent  les  puis- 
sances ecclésiastiques  d'aller  ainsi  coolre  les  règles 
saintes,  que  nos  pères  ont  établies  avec  lant  de  sa- 
gesse, n'en  portesil  un  jour  la  peine  devant  Dieu.  Ce 
que  je  dis  doit  s'e.itendie  lant  par  rapport  aux  em- 
pêchenienls  de  la  parciilé,  que  par  rappoii  aux  au- 
tres. 

Si  l'on  examinaitdc  prèscesdispcnses  à  la   lumière 


durs,  ont  clé  tempérés  par  l'Évangile  de  Aolrc-Sei-  î  ^^« ''"^  '^''^^  ''\,'^''^  règles,  que  le  saint  concile  de 


gneur  Jésus-Christ.  Les  anciennes  choses  sont  passées, 
tout  est  devenu  nouveau. 

I  Qu'y  a-t-il  de  plus  solennel  que  le  baiser  (2)  enlre 
l'oncle  et  la  nièce,  que  celui-là  doit  à  celle-ci  comme 
à  sa  (ille?  En  pensant  à  un  tel  mariage,  vous  rendrez 
suspect  ce  baiser  innocent,  et  vous  priverez  vos  chers 
enfanls  de  celle  manpie  d'amitié  ([ue  la  religion  a  in- 
troduite. 

€  Que  si  vous  n'êtes  point  louché  de  la  crainle  de 
violer  la  loi  de  Dieu,  faites  au  moins  allention  aux  édiis 
des  empereurs,  qui  vous  oui  comblé  de  si  grands  hon- 
neurs Car  l'empereur  Théodose  a  défendu  les  maria- 


(1)  Saint  And)roise  compte  les  degrés  comme  les  i 
lois  civiles  ;  et  il  n'entre  poml  dans  li;  senliincnl  coin-  § 
munément  reçu  à  présent,  que  le  degré  plus  éloiizné 
em])()ric  le  pins  proche  ;  il  semble  établir  le  c(>nlraire, 
au  moins  pour  (  e  cas. 

(2)  furnèbc  observe  que  c'était  la  coutume  chez 
his  Uoniains,  que  les  parents  ^aluassenl  lems  paren- 
tes par  le  baiser,  à  moins  (pie  celles-ci  ne  fussent  des 


I  Trenle  (sess.  25,  cap.  18)  a  établies  pour  juger  de  leur 
valeur,  on  trouverait  sans  doule  que  la  plupart  sont 
subreplices. 

Une  bonne  partie  des  hiis  que  l'Église  a  faites  sur 
ces  matières,  et  sur  bien  d'autres  ne  sonl  pas  jurc- 
ment  ecclésiastiques  ;  plusieurs  d'entre  elles  coniien- 
ncnt  en  même  ieinps  iiuelque  chose  du  droit  n;;lurcl 
et  divin,  sur  lecpiel  elles  sont  fondées.  On  peut  dis- 
penser de  ce  qui  est  de  droit  liumniu  et  positif,  et 
alors  on  pourra  être  e\en!pl  de  la  peine  imi)Osée  par 
ce  droit;  n;ais  (juant  à  ce  (\\n  esl  du  droil  naturel  et 
divin,  I  sin^inMics  n'en  pcuvenl  dispenser,  dil  S.  '1  bo- 
rnas (quodiib.  î),  art.  .'))  :  Dispensiilto  liitiuunn  ncn  au- 
fcrl  lirjamen  juris  naluralis,  ycr/  solitni  jmis  ;'osJ//r/, 
qiiod  per  liomincui  slcluiliir,  etc.  Je  laisserai  l'aire  l'ap- 
plication de  ce  principe  au  lecteur  inlelligenl,  <|i;ejc 


fenunes  débauchées.  {Ciceroii.  adversur.  (.  20,  c.  29.)  Ii  naire  de  Hoberi  Elieimo,  sur  le  mot,  Acpwscor, 


(I)  Agualio,  selon  le  droil  Homain,  marquait  prin- 
eipalemenl  la  parenio  paternelle.  Voyez  le  diclion- 


iî45 


HISTOIRE  DLb  SACiitAlENlS. 


iiU 


prie  de  l'aiic  atlenlion  à  ce  que  disait  le  cardinal  Bel- 
larniiii  dans  une  inslriiclion  qu'il  donnait  à  son  ne- 
veu, qui  était  évèquc.  Il  faut  que  vous  sachiez  (ce  sont 
ses  lernios)  que  lu  dispense  du  souverain  Pontife,  quand 
elle  est  donnée  sa)is  une  juste  cause,  a  lieu  dans  le  for 


extérieur,  mais  non  pas  dans  l'intérieur,  comme  rensei- 
gne clairement  S.  Thomas:  «  Scicndum  est  pontificiaui 
i  dispensalioneni,  quando  non  adesl  justa  causa  dispen- 
4  sandi,  valere  in  foro  fori,  non  in  foro  poli,  ut  apertè 
«  docet  sanclus  Thomas,  n 


SaCRAMENTUM    hoc    magnum    est,  ego   AUTEM    niCO  IN  ClIRlSTO  ET  IN  ECCEESIA,  Eph.  5,  V.  52. 


APPENDICE 

Du  12'  tom.  du  SpiciUge.  \ 

Arnoul  de  Monceaux  contracte  Mariage  avec  Agnès.  1 
(An.  Chr.  1170.)  ! 

Au  nom  delà  sainte  et  indivisible  Trinité.  Amen.  Le  sa- 
crement de  Mariage  a  pris  son  origine  atc  commencement 
du  monde,  du  commandement  de  Dieu  :  les  patriarches 
en  s'//  engageant,  et  tes  anges  en  prêtant  leur  ministère 
à  sa  célébration  l'ont  confirmé,  et  ont  par  là  laissé  à  la 
postérité  un  exempte  de  la  société  qui  peut  se  former  en- 
tre les  hommes.  Sur  la  fin  des  temps,  notre  Sauveur  a 
consacré  les  noces  par  sa  présence,  et  a  relevé  leur  dignité 
par  le  miracle  quila  opéré,  en  g  changeant  l'eau  en  vi)i. 
On  rend  dans  la  conjonction  conjugale  une  humble 
obéissance  aux  paroles  du  Sauveur,  par  Icsfiuelles  il  or- 
donne que  l'homme  s'attache  à  sa  femme,  et  quitte  pour 
cela  son  père  et  sa  mère  :  de  plus,  en  embrassant  cet  état-, 
on  témoigne  l'horreur  que  l'on  a  de  la  perfidie  des  héré- 
tiques, qui  médisent  insolemment  du  Maricge.  Enfin  le 
Mariage  produit  hinion  entre  les  étrangers  et  ceux  qui 
auparavant  ne  se  coimaissaient  pas;  et  celle  umou,  qv.e 
la  commune  origine  des  hommes  n'a  pu  conserver  entre 
eux,  est  rappelée  par  la  foi  du  Mariage. 

Etant  donc  instruit  par  les  exemples  des  SS.  Pères, 
et  invité  par  les  avantages  attachés  au  Mariage  ,  je  vous 
déclare,  moi  Arnoul  de  Monceaux,  i(  vous,  ma  très-chère 
épouse  Agnès,  que  je  m'engage  à  vo7ts  par  un  Mariage  lé- 
gitime et  très-ferme,  et  que  je  vous  donne  ,  par  droit  de 
dot,  la  meilleure  partie  de  mes  biens,  savoir  :  le  dmit  de 
passage  que  j''ai  à  Laon  et  cinquante  livres  monnaie  de 
Soissons,  dont  trente  seront  emplotjées,  de  l'avis  de  nos 
amis  communs,  à  vous  faire  hàlir  une  maison  dans  un 
lieu  convenable;  le  reste  sera  emplogéii  l'achat  de  terres. 
Que  si  je  nmirs  avant  que  cette  somme  vous  soit  délivrée, 
vous  prendrez  ce  (jui  restera  à  pager  sur  le  droit  de  pas- 
sage que  j'ai  à  Monceaux,  jusqu'à  ce  que  vous  sogez 
pleinement  satisfaite.  Je  vous  donne  de  pins  la  moitié  de 
tout  le  bien  que  j'acquerrai. 

Afin  donc  que  vous  jouissiez  pais'blement  de  toutes  ces 

choses,  j'ai  fait  confirmer  cet  acte  par  le  sceau  de  Roger, 

évoque  de  Laon,  notre  seigneur,  et  je  l'ai  autorisé  par  le 

témoignage  de  ceux  dont  voici  les  souscriptions  :  Caulier, 

archidiacre  de  Laon;  Eoidque,  chantre  ;  mailre  lUnnon  ; 

Rainier,  arctiiprélre  ;  Raoul  de  llussel  ;  Gui  d'Erblen- 

cûurt;  Clairembaud  de  Hast.  Eait  l'an  1  t7G  rie  Hncar- 

^  nation.  Écrit  par  moi  Willaiime,  chancelier. 

Ponce,  vicomte  de  Polignac,  contracte  Mariage  avec 

Adeliide,  fille  de  Garnier  de  Trainel. 

Nous  Etienne,  par  la  grâce  de  Dieu,  évèquc  du  Pug, 

sulfragant  spécial  du  Pape,  faisons  à  savoir  à  tous  ceux 


APPENDIX 
Ex  Spicilejîii  tom.'  12,  pag.  163. 

Arnulphus  contrahit  matrimonium  cum  Agnete. 

In  noniinc  sanct;e  et  iiidividuse  Triiiitatis,  Amen. 
Nuptiale  sacranienliwn  ait  ipso  nmndi  exordio  in  pri- 
niis  parontibus  aïK'Iorilale  Dci  pr;ocij>icnlisin(  œplum, 
patriarcliariiin  iinilalione  ,  et  angelorum  obse(|uiis 
conlirnialmu,  hnm;\n:c  inviceni  societatis  non  parvum 
posteritaii  relii|uit  exemphim.  In  fine  verô  temporum 
Salvalor  nostcr  atl  nnptias  vcniens  ,  eas  pr;vsenliâ  suû 
maxime  oommendavit,  et  illius  miraculi  attestalioiie, 
quo  arjuas  in  vinum  mnlavcrat,  nupti:irum  digiiilatcm 
perpétue)  consccravit.  In  conjiigali  enini  copulà  verba 
ipsius  Domiiii,  quibus  virum  uxori  sua)  adha^rere,  et 
proptcr  hoc  paircm  et  mnlrcm  derelinqucre  pnccepil, 
huniilis  exliibelnr  obedienlia  ;  et  Iia-reticorum  qui 
niipliali  boiio  comuUiir  delrabere,  perlida  et  exsecra- 
bilis  coiifiitalur  iiisaiiia.  Pnrro  ipsius  cliaritaùs  viiicu- 
Inm  iiilcr  cxtraneos  et  ignotos  eliam  per  nnpiias  dila- 
lalnr ,  et  iibi  chantas  ipsa  per  liueain  propinquilalis 
delineri  non  pouiit,  per  bunumel  fidem  cunjiigii  quasi 
fiigiens  revocavit. 

Ego  igitur  Arnulphus  de  Monceaux  SS.  Palruni 
cxemplis  inslructus,  tantis  etiam  mipliarum  privile- 
giis  iiivitatus,  dileclissima  s'.ionsa  niea  uomine  Agnes, 
leeali  cl  fiinio  malrimonio  le  milii  iixorem  coiijuiigo, 
doqne  tibi  jure  dotalilio  oplimam  parlcm  de  bis  qni« 
possideo,  scilicet  \vionagium  (1)  nieum  do  Lauduuo, 
et  quinqiiaginla  libras  Suessiouensis  monetae,  triginta 
videlicet  pro  qnàdain  donio  ,  aiuicorum  lam  meoruin 
qnàm  liiorum  coiisilio ,  loco  libi  coiigruo  f;ioieudâ, 
et  reliquum  in  liMiis  inuUii>licabilur.  Si  verô  anle  per 
solulionem  luijus  pecimia!  praidecessero ,  quod  minus 
receplum  t'ueril,  recipies  in  wionagio  meo  de  Moncel- 
lis,  donec  pra-dicla  sunuua  plenè  fneril  persolula.  In- 
snper  douo  tibi  mediclalcm  omnium  qu;e  acqui- 
siero. 

Ut  igitur  \uvc  in  pacc  possideas,  ca  ibi  feci  sigiUo 

domini  noslri  llogori  Laudunensisepiscopi  conlirmari, 

cl  subsciiplorum  teslimonio  loborari.  Sign.  Galleri 

Lauduneusis  arcbidiacoui  ;  S.    Kulconis  cauloris  ;  S. 

Magislri  Bruniuiis;  S.  Uaineri  archiprcsbylcri  ;  S.  Ha- 

didpbi  de  niissol;  S.  Cuidouis  de  Erbleuciirl;  S.  Cla- 

rembaidi  do  Hast,  etc.  Acumi  aniio  Oominica-  Inea;-- 

nalionis  1I7G.  Ego  Willelmus  Cancellarius  scripsi. 

Ponlius,  vicecomes  Pademniaci  contrahit  matrimniiium 

cnmAdJaide,  fdià  Carnerii  de  Triangulo.  (  i:  id., 

p.  1G7.  Aun.  12-25.) 

jNos  Slophanus  Dei  gralià  Auicieiisisepiscopus,  do- 

n  )  Id  est.,  coiiduclum.  i  Vid.  Cangium.) 


il45 


APPEMjU  E  bl  ;,iAiW.\(;i:. 


1146 


qui  verront  ces  piéscutcs,  que  Pouce,  vicomte  de  Poliyuiic, 
a,  de  sa  libre  volonté  et  sans  que  personne  Ti/  contruujnit, 
contracté  }furiitrje  par  paroles  de  présent ,  avec  Aaliiis, 
fille  du  seigneur  Carnier  de  Trainel,  de  bonne  mémoire, 
en  notre  présence,  et  de  plusieurs  prélats,  nobles  et  ba- 
rons ,  et  ijuil  lui  a  donné  en  dot  ou  en  présent,  à  cause 
de  ce  mariage ,  les  châteaux  de  Mole  ,  de  Ciicc  et  de  So- 
Icsdil ,  avec  leurs  dépendances ,  et  en  outre  deux  cents 
marcs  d'argent  sur  une  autre  de  ses  terres.  De  plus,  que 
ledit  Ponce  a  promis  avec  serment,  quil  tiendrait  ci  femme 
ladite  A.  et  qu'il  la  traiterait  hunornbkment,  et  nous  a 
prié  ,  en  cas  qu'il  y  manquât  ,  de  /")/  contraindre  par 
l'excommunication  de  sa  personne,  et  par  l'interdit  de  ses 
terres,  sans  rien  relâcher  de  la  rigueur  de  cette  sentence, 
jusqu'à  ce  quil  ait  pleinement  satisfait  pour  les  contra- 
ventions à  ses  promesses. 


De  l'autre  côté,  nous  évèque ,  avons  promis  en  fui  de 

prêtre,  et  Pierre  de aussi  bien  que  Maurice  de , 

se  sont  engagés  par  serment  d'aider  ladite  Adélaïde  cl  ses 
amis  de  bonne  foi,  nt  cas  q:.c  ledit  Ponce  vienne  à  man- 
quer à  ses  promesses,  et  de  ne  donner  à  celui-ci  ni  aide 
ni  conseil.  El  afin  de  laisser  un  témoignage  aulhcnlique 
de  ce  qui  s'est  passé  en  celle  occasion  ,  nous  avons  jug  '  à 
propos  d'apposer  noire  sceau  «  ces  présentes,  en  étant  re- 
quis par  les  deux  parties  contractantes.  Fait  à  Saint- 
Uabund,  l'an  1223  de  l'Incarnation,  la  cinquième  férié 
avant  la  fête  de  la  Toussaint. 


iiiitii  P;ip:v  siiffngriiious  spociiilis,  noliim  faoimus  uni- 
vorsis  pr;i;-cnl<.'m  icigiinim  inspccliiiis,  l'iuilinin,  vioe- 
ooniiloir,  poil  iniiiaci,  gnilis  cl  liljcrà  voliiiilale,  non 
(leccpliiin;  non  Cfiacl'iiii  ah  aliipKt,  roiilr.txisse  maJri- 
I  nioiiiiini  |iorv(;rl).ul(' pra'semi,('iini  Aalais  (iliàdotnini 
(îarnerii  tic  Tiiangiilo  Ixuio  iiioiiioria',  in  noslrà  prnc- 
scnlià,  cl  plmiuni  pra-laioriiin,  nobiliiiiii  cl  haronum» 
ol  ci  rioinincspoiisalilii,  vtl  donalionis  propler  miplias 
coiisiiUiissc,  Motam,  Cucé  cl  Sotesuit  castra  ,  cum 
poi'tiiienliis  oorunulom  ,  cl  dnccnlas  inarcas  argcnli 
super  aliani  Irrrani  siiaiii.cl  pnclorca  dictiiin  Ponliuni 
jurasse  qmû  diclani  A.  Icncal  et  cuslodial  Icgilimè  et 
Iiononlkè  iil  nxorem;  et  nobis  mandasse,  cl  nos 
rogàssc ,  ul  ad  iioc  facicndiini,  si  in  aliquo  delicerct, 
per  exconnnunicaiioncin  pcrsona>  ipsius,  et  lerrani 
per  districlionorn  ccelesiaslicam  coinpellaïuns,  senten- 
liani  nulialenùs  relaxando,  donec  plrnam  cmcndani 
feceril  de  offcnsis. 

Nos  eiiani  episcopus  proniisinius  in  verbo  sacerdo- 
tnm,  ol  Pt'triis  (!o  Spiinnilio,  ol  Mauricius  de  Glavonas 
siib  juranionli  viiioiilo  proinisornnl,  ni  ipsi  juvarcnt 
dictam  Adelaidom  et  amicos  ejiis ,  et  nos  sirnililer 
bonà  fide  ul  episcopus  jnvarcmus  ,  si  diclus  Ponlius 
tonlra  pradiola  in  aiiquo  obviaret,  nec  nos,  nec  aii- 
([uis  do  nit.-lris,  cssomtis  oi  Ponlio,  vclsnis  consiliarii 
nec  cliani  adjiilores,  et  in  Iiiijus  rei  leslinionium  de 
mandalo  nlriusqnc  partis  sigillum  nostruni  pra!sen!i 
pagina;  duximns  appononchnn.  Actuni  apud  Sancluin 
llibiindum,  anno  Doinini  1225,  quinlû  feriù  anto 
fosluni   oniiiiiiMi  Siuicloruni. 


Ordre  de  la    bénédiction    nupticdc,  selon  le  Missel  de  Ge'lase,  tel  qu'il  se  trouve  dans  les 
manuscrits  de  Reims  et  de  Gellone,  anciens  de  plus  de  900  ans. 


Commence  l'ordre  de  la  bénédiction  nuplialo. 

Seigneur,  soyez  attentif  à  nos  prières,  et  favorisez  de 
votre  présence  ce  qui  se  fait  ici  selon  les  lois  que  vous 
avez  établies  vcus-méme  pour  la  propagation  du  genre 
humain  ,  afin  que  ceux  qui  s'engagent  réciproquement 
par  vos  ordres,  soient  conservés  par  votre  secours. 
Une  aiilre. 

Nous  vous  prions ,  Dieu  tout-puissant ,  d'accompa- 
gner de  vos  faveurs  les  instituts  de  votre  providence,  et 
de  conserver  dans  une  longue  paix  ceux  que  vous  liez 
ensemble  par  le  nœud  d'une  société  lég'ilime. 
La  secrète. 

Seigneur,  soyez  présent  à  nos  prières,  et  recevez  avec 
boulé  les  dons  que  vos  serviteurs  N.  vous  offrent  pour 
votre  servante  .V.  que  vous  avez  daigné  conserver  jusiiu'èi 
l'âge  de  maturité  ,  et  jusqu'à  ce  jour  des  noces,  afin  que 
ce  qui  se  fait  par  la  dispodtion  de  votre  providence,  soit 
perfectionné  par  votre  grâce.  Par  y  otre- Seigneur. 

-j-  Vous  êtes,  Seigneur,  celui  qui  avez  établi  l'alliance 
du  Mariage,  et  qui  l'avez  affermie  par  l'agréable  joug 
de  la  concorde  et  de  la  paix,  afin  qu'il  servit  h  lu  mulii- 
pticaliou  des  enfants  d'adoption.  Car  c'est  votre  provi- 
dence et  votre  grâce  qui  dispense  l'un  et  l'autre  d'une 
manière  ineD'able,  en  sorte  que  ce  que  la,  g-'né.rit'on  pro- 


Incipit  aclio  nuptialis. 
Adesto,  Domine,  siihplioalioi!ii)ns  noslris,  cl  inslilu- 
lis  luis,  qiiibus  piopagalionom  goneris  Inniiani  ordi- 
nàsli  ,  bonignus  adsislo;  ut  quod  te  auctoro  jungilur, 
to  auxilianl ;'  scrvelur.  Per  Doininuui  nostrum. 

Item  alia. 

Qurcsumus,  omnipolensDeu?,  insiiluta  providenli;c 
tua;  pio  favore  comitare,  et  qiios  logilimà  sociclalc 
cunneclis,  longa;và  pace  custodi.  Per  Dominum. 

Sécréta: 

Adesto,  Domine,  suppliialionibus  nostris,  cl  liane 
oblalionom  faninlorum  luoruni  ill.,  quam  libi  ofloriuit 
pro  lainiilù  luà  illà,  (piam  ad  slalum  maliirilali?; ,  ol 
ad  diom  nupliannn  perdiicore  dignatus  es ,  placidus 
et  benignns  assume  ,  ul  quod  luà  disposilione  cxpcdi- 
Uir,  luà  gralià  complealur.  Per  Dominum. 

-j-riii  ('(rdera  nui  liarum  blando  concordi;o  jugo  cl 
insolui)ili  pacis  vinculo  nexui^li  ,  ul  mulliplioaiidis 
adoptiomim  liliis  sancionun  connubiorum  fœcundilas 
pudica  servirct:  tua  cnini  providonlia  ,  Domine,  tua- 
que  gratin  inclîabilii>us  modis  un  unique  dispensai,  ul 


mi 


HISTOIRE  DKS 


(luit  pour  fornemenl  de  fumvers,  contribue  par  la  régé- 
nération à  l'augmentation  de  votre  Eylise. 
Dans  le  Canon, 
Nous  vous  prions  donc ,  Seigneur,  de  recevoir  avec 
bonté  les  dons  que  vos  serviteurs  et  vos  servantes  N.  of- 
frent pour  voire  servante  N.  pour  liujuelte  nous  sup- 
plions votre  majesté ,  que,  comme  vous  Cuvez  conservée  ] 
jusque  l'âge  propre  au  mariage ,  vous  lui  procuriez  la 
juie  de  se  voir  mère  d'une  heureuse  postérité,  et  que  vous 
lui  conserviez  la  vie  avec  son  époux  pendant  une  longue 
suite  d'années. 

La  même  prière  pour  le  trenliènic  et  l'annuel  des 
noces. 

Recevez  donc,  Seigneur,  avec  bonté  les  dons  que  vous 
offrent  vos  serviteurs  et  vos  servantes  le  trentième  jour, 
ou  après  l'année  révolue  de  leur  mariage.  Xoiis  vous  en 
prions ,  et  c'est  pour  cela  qu'ils  vous  rendent  leurs  vœux 
à  vous  qui  êtes  le  Dieu  vivant  et  véritable ,  devant  qui 
nous  nous  prosternons,  pour  vous  supplier  de  leur  accor- 
der une  vie  heureuse  et  tranquille  jusqu  à  la  vieillesae , 
afin  qu'ils  voient  les  enfants  de  leurs  enfants  jusqu'à  la 
troisième  et  quatrième  génération,  et  qu'ils  vous  bénissent 
tous  les  jours  de  leur  vie.  Par  Notre- Seigneur  Jésus- 
Christ,  etc. 

\otis  achevez  le  canon  ,  vous  dites  l'oraison  domini- 
cale; et  ensuite  vouschantez  la  prière  de  la  bénédic- 
tion, que  voici  : 

Dieu,  qui  avez  béni  le  commencement  du  monde,  en 
muhipli(mt  te  genre  humain  ;  écoutez  favorablement  nos 
prières ,  et  répandez  les  richesses  de  votre  bénédiction 
sur  votre  servante,  et  sur  votre  serviteur,  afin  qu'ils 
soient  unis  dans  le  Mariage ,  par  une  affection  égale, 
par  le  même  esprit ,  et  par  une  sainteté  commune.  Par. 
Vous  êtes,  ô  Dieu,  l'auteur  du  monde,  de  la  naissance 
des  hommes  et  de  leur  multiplicaiion.  L'est  vous  qui 
avez  donné  de  vos  mains  une  compagne  à  Adam ,  en 
tirant  de  ses  os  celle  à  qui  vous  avez  donné  une  forme 
semblable  à  la  sienne  d'une  maitiire  admirable  :  d'où,  il 
est  arrivé  que  le  genre  liumain,  par  le  moyen  du  mariage, 
s'est  multiplié  ,  et  que  les  hommes  se  sont  unis  par  les 
alliances  qit'ils  ont  contractées  les  uns  avec  les  antres. 
Ce  qui  vous  a  plu.  Seigneur,  et  ce  qui  a  été  nécessaire ,  j 
afin  que  ce  qui  est  plus  faible ,  naijanl  été  créé  qu'à  la 
ressemblance  de  l'homme,  et  non  à  la  vôtre,  étant  uni  à 
l'autre,  et  ne  faisant  cpCun  avec  lui,  devint  ainsi  la  source 
de  la  propagation  du  genre  humain ,  qui  par  une  conti- 
nuelle succession  remplit  l'espace  des  siècles;  quoique  la 
vie  des  hommes  soit  si  courte.  C\'st  donc  pour  cela  que 
les  préceptes  de  la  loi  qui  devait  être  établie  ont  été  don- 
nés. C'est  pourquoi,  è  Père  saint ,  bénissez  les  comnun- 
céments  de  l'étal  dans  lequel  votre  servante  s'engage,  afin 
qu'entrant  dans  un  heureux  mariage,  elle  garde  les  com- 
mandements de  la  loi  éternelle  ,  et  qu'elle  sache  qu'elle 
s'est  liée  non  pour  vivre  avec  plus  de  licence,  mais  pour 
veiller  avec  soin  à  la  conservation  des  gages  sacrés  du 
mariage.  Qu'elle  soit  fidèle  et  chaste  dans  la  célébration 
de  ses  noces ,  qu'elle  imite  les  saintes  femmes  qui  l'ont 
précédée  duns  ce  genre  de  vie.  Qu'elle  se  rende  aimable 


S.VCiiEiVlËNTS.  1U8 

qiiod  generaiio  ad  mundi  edidit  ornatum ,  regeneralio 
ad  EccIesiiC  perducat  augnicntum. 
Infra  actionem. 

liane  igitur  oblationcm  famuiorum  tuorum,  illorum 
et  illarum  ,  quani  libi  ofTcninl  jiro  f;iniulà  tuâ  illâ, 
qua'siuuus,  Domine,  ut  placalus  accipias  ;  pio  quà 
majcslalom  luain  suppliciler  exoramus ,  ut  sicut  eaia 
ad  aitalem  nuptiis  congruentem  pervenire  tribuisti, 
sic  cam  consortio  maritali  luo  nmnere  copulatam, 
desiderata  sobole  gaiidere  perlicias,  atquc  ad  oplatam 
seriem  cum  suo  conjuge  provehas  benignus  anno- 
rum.... 

Infra  actionem  ad  trigesimum ,  vel  annualem 
nuptiarum. 

Ilanc  igitur  oblationem  famuiorum  tuorum,  illorum 
et  illarum ,  quam  libi  olïerunl  ob  dit  m  trigesiumni 
coiijunctionis  sunc  ,  vel  annu.ilem  ,  quo  die  eos  jugali 
vinculo  sociare  digiiatus  es,  placalus  suscipias  depre- 
camur  ;  ob  lioc  igitur  reddunt  tibi  vota  sua  Deo  vivo 
et  vcro,  pio  quibiis  Ircmeiida' pielali  tutc  supplices 
fuiiilimus  prcces,  ul  pariter  benè  et  pacificè  senesoant 
et  videant  lilios  liliorum  suorum  usque  in  terliam  et 
(|uartam  progeniem,  et  le  benedicanl  omnibus  diebus 
vii;c  suai,  per  Cliristum  Dominum  nostrum.  Quamob- 
laiioiiem. 

Percomples  canonem   plenarium,   et    dicis  oralionein 

dominicain  ,  et  sic  cantas  benediclionis  orationein  his 

verbis  : 

Deus,  qui  numdi  crescentis  cxordio  multiplicatù 
proie  bf  uedicis ,  |)ropitiare  supplicalionibus  nostris, 
el  super  banc  famidam  luam  opem  tua;  beuedictio;;is 
infunde ,  ut  in  conjiigali  consortio  affeclu  compari, 
mente  consimili,  sanclitate  nmtuà  copuleiilur.  Per 
Dominum  nostrum,  etc. 

Pater  mundi  conditor,  nascentium  genitor,  niulli- 
plicandaii  originis  inslitutor,  qui  Ada;  comilem  luis 
manibus  addidisti ,  cujus  ex  ossibus  ossa  crescentia 
parcn)  forniam  admirabiii  divcrsilate  signarent.  Ilinc 
ad  tolius  midtiludinis  incrementum  conjugalis  liiori 
jussa  consoriia  quo  lotum  inter  se  seculum  colligarent, 
Immani  generis  fœdera  nexuerunl.  Siceuim  tibi,  Do- 
mine ,  placitum,  sic  necessarium  fuit,  ut  quia  longé 
est  inlirmius  quod  liomini  similc,  quàm  (piod  tibi  fe- 
ceras  ,  additus  fortiori  sexus  intirmior,  ut  nmun  effi- 
ceres  ex  duobus  ;  et  pari  pignore  soboles  mixta  mane- 
rel,  tune  per  ordinem  fluferet  egesta  posleritas,  et 
priorcs  venlura  scquerenlur.  Nec  ullnm  sibi  finem  in 
lam  brevi  termiuo ,  quamvis  essent  cadiica  proponc- 
renl.  Ad  ha!C  igilur  data;  sinl  logis  insliliila  vcnluric. 
Quaproplcr  hujus  lanud;e  tua;,  Pater,  rudimenta  san- 
ctidca,  ul  bono  et  prospero  sociata  consortio,  legis 
aîternai  jussa  custodiat,  meminerilipic.  Domine,  non 
tanlùm  ad  liceiitiam  conjugaleni,sed  ad  observantiam 
lidei  sanetorum  piguoriun  dcligatam;  fidolis  et  casta 
nubat  in  Cliristo,  imitatrixque  sanclaruut  permancat 
feunnarum;  sil  amabilisul  Hacbel  viro  suo,  sapiens  ut 
Hebecca,  longaiva  et  fidelis  ul  Sara.  Niliil  ex  hàc  sub- 
dolus  ille  auctor  pranaricalionis  usurpel,  nexa  fidei 
mandatis<}ue  permaneal  feminarum,  serviens  Deo  vero 


\m 


APPENDICE 


à  son  mari  romine  fîaclwl,  qii'clle  soil  sagr  coiuuic  Ré- 
becca ,  qu'elle  soit  fidrle ,  et  qiCclIc  ait  une  touque  vie 
comme  Sara  :  que  Cauteur  de  la  prévarication  ne  lu 
stirpreime  point  par  ses  artifices,  qu'elle  demeure  attacitée 
à  la  foi  et  aux  devoirs  des  femmes  mariées,  servant  le 
vrai  Dieu  avec  a/}'eclion  ,  et  soutenant  s'/  faiblesse  par 
son  aUaclieinent  à  l'cxaclilude  des  rèijlesqui  lui  sont  pres- 
crites Qu'elle  n'ait  de  liaison  qu'avec  son  mari,  el  qu'elle 
évite  tous  les  uUoucltements  illicites.  Qu'elle  soit  grave 
par  sa  modestie,  respectable  par  sa  pudeur,  instruite  de 
la  doctrine  céleste.  Qu'elle  soit  féconde  dans  sa  postérité, 
que  sa  vie  soil  édifiante  et  innocente,  et  quelle  parvienne 
au  repos  des  bienheureux ,  et  au  royaume  du  ciel.  Par 
NolrC'Seigneur,  etc. 

Après  cela,  vous  dites  :  Que  la  paix  soit  avec  vous,  et 
vous  les  conimniiioz  nin^i.  Après  (pioi  vous  pronon- 
cez sur  cu\  la  béiiétliclioii  qui  siiil  : 
Seigneur  très-saint.  Père  tout-puissant,  Dieu  éternel, 
nous  vous  supplions  instamment  pour  ces  personnes , 
pour  lesquelles  Jésus-Christ  vous  prie.  Daignez  favoriser 
de  vos  grâces  l'alliance  de  vos  serviteurs,  qu'ils  méritent 
de  recevoir  vos  bénédictions ,  el  que  leur  mariage  soil 
suivi  d'une  nombreuse  postérité-  Confirmez  leur  mariage, 
comme  vous  avez  fait  celui  du  premier  homme.  Détour- 
nez d'eux  tous  les  pièges  de  l'ennemi,  afin  qu'ils  imitent 
la  sainteté  des  Pères  dans   l'état  qu'ils  embrassent,  eux 
que  votre  providence  a  unis  ensemble.  Par. 
Après  la  Communion. 
Exaucez-nous  ,  Seigneur  saint.  Père  tout-puissant , 
Dieu  éternel,  afin  que  ce  qui  se  fait  par  notre  ministère  soit 
accompli  p'jj'  voire  bémdiclion.  Par. 


DU  MARIAGE.  \m 

(levnta  inuiiiat  infirinilalom  siiam  robore  (lisciplin;c, 
uni  loro  juncla  conlaclus  vil;e  iilicilos  fti.^iat.  Sil  vc- 
recuiidiil  gravis,  pudore  vencrahihs  ,  doctrinis  cœle- 
slihus  erudiia.  Sil  fœcuiida  in  sobole,  sit  probala  et 
innocens,  cl  ad  boalorum  reiiuioin  usrpie  ad  oœlestia 
rc^'iia  porvrnial.  Per  Doniiiinni  nesirum  Jesum  Ciiri- 
sliun,  filiiini  liiuni,  clc. 


Post  hœc  dicis  :  Pax  vobiscum,  et  sic  eos  communicas. 

Deinde  postea  quàm  commimicaverinl,  dicis  super  eos 

benedictioncm  his  verbis  : 

Domine  snnote  ,  Palor  omnipolens  ,  îelcrne  DtMis  , 
iter;itis  prccil)us  le  supplices  exoranins ,  pro  quibus 
apud  le  su|)plicator  est  Chrislus;  conjimciiones  fa- 
niuloruni  luorum  fovere  digncris  ,  benedicliones  luas 
excipere  mereanlnr,  el  filiorum'successiUus  fœcunden- 
lur;  niiplias  eorum  sicuii  prinii  honiinis  confiiniare 
dignare  ;  averlanlur  ab  eis  inimici  oinnes  insidiie  ,  ut 
sanclorum  Palrum  in  ipso  conjugio  imilenlur  sancli- 
lalem,  qui  providenliâ  luâ,  Domine,  conjungi  merue- 
runl.  Per  Dominimi,  etc. 

Item  post  Communionem. 

Exaudi  nos ,  Domine  sancle  ,  Paler  omnipolens  , 
œlerne  Deus,  ut  quod  noslro  minislralur  ollicio  ,  luâ 
bencdictionc  polius  implealur.  Per  Dominum  no- 
strum,  elc. 


Ordre  pour  la  bénédiction  d'une  épouse,  tiré 
d'un  pontifical  manuscrit  de  l'église  de 
Lyon,  qui  a  plus  de  trois  cents  ans  d'anti- 
quité, et  qui  a  aussi  été  à  l'usage  de  l'église 
de  Tarantaise. 

Je  no  ferai  que  traduire  en  français  ce  qui  se  trouve 
en  lalin  dans  ce  ponlifical  sur  celle  matière,  et  j'y 
laisserai  ce  (|ui  s'y  iroiive  en  langage  du  temps. 

Quand  les  époux  seront  arrivés  aux  portes  de  l'église, 
le  prêtre  s'ji  étant'rendu  revêtu  d'aube,  d'élole  et  de  ma- 
nipule, il  bénira  l'anneau  d'argent,  en  disant  :  Adjulo- 
ri:un  noslrum  ,  etc.  Sit  nomen.  i^ .  Ex  hoc,  etc.  Ore- 
mus.  .Manda  ,  etc.  Paler  nosler,  elc.  Salvum  facj,  etc. 
Dominas  vobiscum,  etc. 

Prions. 

Créateur  cl  conservateur  du  genre  humain,  distribu- 
teur de  la  grâce  spirituelle,  de  qui  nous  attendons  la  vie 
éternelle,  nous  vous  prions ,  Seigneur,  d'envoyer  votre 
Esprit-Saint  sur  cet  anneau,  afin  que  celle  qui  le  por- 
tera soit  armée  de  la  vertu  céleste,  el  (ju'il  lui  serve  pour 
la  vie  éternelle. 

(Jii'il  l'asperge  alors  d'eau  bènile  ,  el  qu'il  dise  ce  qui 
suit  • 
Messieurs,  vous  savez  le  traitié  du  maririqc  qui  est 
entre  monscianenr  "S.,  fils  de  N.,  el  de  imuLime ,  filie 


de  N.,je  vous  admoneste  que  s'il  y  a  aucun  qui  sçache 
chose  pour  que  le  mariage  ne  se  puisse  fere,  si  le  die  sur 
paine  d'excommuniemeut.  C'eit  quant  pour  la  première, 
pour  la  seconde  et  pour  la  tierce  fois  pareillement. 
Qu'ensuite  il  dise  à  l'honnue  : 
Monseigneur,  esl-il  de  votre  plaisir  de  prendre  à 
femme  el  épouse  madame  N.,  ci-présente,  et  lui  être 
bon  el  loyal,  ainsi  que  Dieu  l'a  ordonné  et  sainte  mère 
Eglise  de  Rome  le  confernie. 

Ensuite  à  la  femme. 
Madame ,  est  de  votre  plaisir  de  prendre  à  mari  el 
époux  monseigneur  ^\,  ci-présent,  el  lui  être  bonne  et 
loyale,  ainsi  que  Dieu  l'a  ordonné,  et  sainte  mère  Eglise 
de  Rome  le  confernie. 

Ensuile,  quand  on  lui  met  l'anneau  ,  ce  que  l'bomme 
fait  avec  le  célébrant  :  N.  de  cet  annel  t'épouse  au 
nom  du  Père,  du  Eils  et  du  Suint-Esprit.  Amen.  O.i 
le  lui  met  premièrement  au  pouce,  ensuite  à  l'in- 
dex, enlin  au  doigt  du  milieu  (u'i  il  doit  demetî'.er. 
Après  cela,  le  prêtre  dit  les  oraisons  suivanlcs  ; 
Que  le  Dieu  d'Abraham,  d'isaac  el  de  Jacob  ta  s 
joigne  ensemble,  et  qu'il  vous  remplisse  de  sa  béi.é. 
diction. 

Ilegardez,  Seigneur,  sur  ces  personnes,  et  comme 
vous  avez  emoiié  l'ange  de  paix  Raphaël  à  Tobie ,  el  à 
Sarîi ,  fille  de  Raqvel  ,  daignez  envoyer  de  même  votre 
bénédiction  sur  votre  sarileur  et  sur  votre  servante,  afin 


j)51 


an  ils  persévîreiU  dans  inie  bonne  volonté,  qu'ils  vicil- 
liisent  et  (juils  aient  «»<■  nombreuse  et  loiujue  poslciitc. 
Par  JSolre-Seigneur,  etc. 

lùisuitc  le  prclie,  prenant  les  deux  époux  par  la  main 
(lioile,  les  inlroduit  dans  l'église,  et  fait  sur  eux 
le  sij;ne  de  la  croix,  en  disant  :  In  noniine  Pa- 
tiis,  etc. 
Après  quoi  il  commence  la  messe,  lieneditta  sit  sancta 
I  Trinitas,  etc. 
Prél'ace. 
Dieu  éternel,  qui  avez  fondé  ralUance  du  Marinije  sur 
tagréable  joucj  de  ta  concorde,  et  le  lien  indissoluble  de 
ia  paix,  afin  que  les  enfants  d'aduylion  se  multipliant  , 
te  mariage  des  saints  et  la  chaste  fécondité  se  conservai. 
Car  c'est  ainsi  que  votre  sagesse  et  votre  grâce  disjjoise 
/'««  et  l'autre,  afin  que  ce  que  la  génération  produit  jiour 
l'ornement  du  monde ,  la  régénération  le  fasse  servir  à 
l'augmentation  de  l'Eglise.  El  ideù  cuin  Angelis,  etc. 
Avant  que  l'on  dise,  Pvx  Domim,  l'époux  et  l'épouse 
se  prosterneront  devant  l'aulcl,  on  les  couvrira  d'un 
poêle  ,  et  aliirs  le  prêtre  ,  ayant  le  visage  tourné' 
vers  eux  et  la  main  élendue  sur  eux,  dira,  en  lisant 
l'oraison  suivante  :  Pr.oi'rri\ui- ,  ele.  Suit  la  béné- 
diction de  l'ép  use,  Dris  qji,  etc.,  la  Conimuni  n, 
Benei»k:imi:s  Deum,  etc.  Conipl.  ()«*'  la  réce;  tion  de 
ce   saint  Sacrement    et  la   confession  de  l'éternelle 
Trinité  opère  en  nous,  ô  Siigneur,  le  salut  du  corps 
et  ae  l'ànie.  Par. 

Oraison.  Qu.eslmds  Dets  institlto,  etc. 
Ici  le  prêtre  les  avertit  de  se  conserver  purs  de  toute 
souillure  du  corps  durant  (rois  jours,  et,  prenant 
l'épouse  par  la  main,  il  la  rend  à  sorj  mari ,  en 
disant  : 

Recevez- la  au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-Es- 
prit. Que  le  Dieu  d' Abraham  ,  d'isaac  et  de  Jacob  soit 
avec  vous,  et  qu'il  accomplisse  en  vous  sa  bénédiction. 
Anieu. 

La  liénédiclion  de  la  maison,  la  nuit. 

Qu'il  lasse  d'aliord  raspersion  de  l'eau  bénite ,  en 

«lisant  l'antienne  suivante  :  Seigneur,  mettez  le  signe 

du  salut  dans  ces  maisons  et  ne  permettez  pas  que  l'ange 

exterminateur  y  ait  entrée.  Mettez-y  votre  signe  céleste 


DROUIN  VIT.A.  iisî 

('/  protégez- nous  :  alors  nous  ne  serons  point  frappés  de 
plaiei  funestes.  Psalni.  .Miseiikkk. 
Oraison. 

Seigneur,  soyez  présent  à  nos  prières,  et  éclairez  cette 
maison  par  votre  présence,  faites  descendre  sur  ceux  qui 
y  habitent  une  abondante  bénédiction  de  votre  grâce  f, 
et  que  ceux  qui  demeurent  dans  ces  maisons  bâties  de  la 
main  des  hommes ,  deviennoil  dignes  eux-mêmes  d'être 
votre  demeure.  Par  notre,  etc. 

On  brûle  alors  de  l'encens,  et  pendant  qu'il  fume  ,  il 
dit: 

Que  le  Dieu  d'Abraham  ,  d'isaac  et  de  Jacob  bénisse 
ces  jeunes  gens,  et  qu'il  répande  une  semence  de  vie  dans 
leur  esprit  et  dans  leur  corps,  afin  qu'ils  désirent  d'ac- 
complir tout  ce  qu'ils  auront  appris  qui  concenie  votre 
service.  Par  Jésus-Christ  le  réparateur  de  tous  les  fi- 
dèles, etc. 

La  bénédiction  de  la  chambre  nuptiale  qui  se  fait  le 
soir. 

Dieu,  dont  la  bénédiction  remplit  toutes  tes  choses  sur 
lesquelles  on  invoque  votre  nom  ,  bénissez  cette  chambre 
destinée  uniquement  à  l'Iionnéteté  du  Mariage  ;  qu'aucun 
esprit  malfaisant  n'y  fasse  sentir  sa  puissance  ;  mais 
qu'un  amour  chaste  et  honnête  qui  doit  être  entre  les 
époux  y  règne ,  et  que  votre  miséricorde  y  soit  toujours 
présente.  Par  Nme-Seigncur,  etc. 

Bénédiction  sur  les  époux. 
Prière. 

Que  la  bénédiction  f  que  Dieu  a  répandue  sur  Isaac 
vienne  sur  vous. 

Que  la  bénédiction  -J-  qu'lsaac  a  donnée  à  Jacob  se 
répande  sur  vous  abondamment 

Que  la  bénédiction  ■]■  de  Jacob  à  ses  fils  vous  soit 
communiquée  par  la  grâce  de  Dieu. 

Que  la  bénédiction  f  de  Mo'ise  sur  les  enfants  d'Israël 
se  fasse  sentir  dans  vos  ca'urs  par  In  faveur  de  Jésu.i- 
Christ. 

Que  la  bénédiction  f  que  le  Rédempteur  de  tous  , 
Notre-Seigneur  .tésusChrist,  a  donnée  abondamment  ci 
ses  disciples,  parvienne  jusqu'à  vos  cœurs  et  à  vos  âmes. 
Amen. 


DROUIN  YlïA. 


Drouin  (Renatus  Hyacinlbus),  celebris  P.  Serri  nepos,  ejusquc  secutus  exemplum,  FF.  Pra;dicatorum  Ordi- 
neiii  ingressus  est,  ac  Sorbonici  docloris  infulam  deineruit.  Sui  ver«)  temporis  negotiis  immixtus,  malàque 
«sus  fortanà,  Calliam  descrere  coaclusest.  Posiea  Camberiaci  necnon  Vercellis  ibeologiam  professas  est,  qiio 
quidem  munerc  perfunctus,  in  Pedemontio  obiit  anno  salulis  1742,  ;«tatis  verôGO.  Unicuni  opus  edidit  claris- 
simiis  auctor,  maximà  eruditione  rel'erluni,  necnon  siiigulari  dogmalici»  moralisquc  rei  peritià  elucubralimi, 
nempe  libros  decem  de  rc  sacramentarià  contra  perduelles  hœreticos  ,  in  quibus  oinnia  et  singula  Icgis  evange- 
lic;c  Sacr.imenta  consensione,  universitate,  perpetuitale  adslruuntur,  defendunlur,  vindicantur;  sinuiJ  et  gra- 
vioresqu:estionesaddisciplinam,  historiam  etmoralein  perlinenlf^s  ;  ilemquetheologorimi  pra-cipuicconientiones 
seliolarimi  melhodo  ad  mentem  pr;vceptoris  Angelici,  expendiintur,  discutiuntur,  explicantur. 

Porro,  quod  ad  nostri  Inijnsce  Tlieolo;,M;e  Cursus  scopuin  altinet,  bos  inter  auctoris  bbros  nnuni  specialem 
elegimus,  in  quo  de  SfjtjY/mc«/j6  ni  f/c»cr<' per  totuni  agitiu',  ipsiniique  lecloiibus  exliibenius  juxta  lerliam 
Voiius  operis   editionem  anni  1775,  in  <piàcontin(;.itur  nota'  et  addUio  ',es  P.  Viucenlii  Paluzzi  necnon  P.  Lu- 


1155  î>Rif:FATIO.  i\tn 

dovici  lUrhardi,  cjusdcm  ordinis  lliooloj,'!;»;  imifcssonim.  Ll  Iiu'c  (|iiidcm  addil:inionta  in  ipso  lexln  à  i.oliis 
inlersereiilur,  aslciisco  '  sii-iMla;  iiola;  voiù  (iiitbus  à  siip^i  diclis  llicologis  ;di(iiiaiido  illiislraliii- aul  dcleri- 
dilur  ancloris  doclrina,  in  calce  pagin;i;  c(dl  icalxinliir.  Nos  cMam  plmes  cl  lon-è  liifuleisliores,  niaxiiniipu; 
nionicnll  aniiotalloiies  iiiiic  o|)cii  a(Ijllll!-'illlu^,  (pias  Icclcnini  allenlione  niaxiinè  dig  las,  |»r()  icriini  ad  qiias 
altinenl  gravilato,  aibilraiiiur.  Ne  igiliir  lahor  IIIl"  minier  ciiiii  supra  dicloiiim  llioolngonirn  nolis  in  Icclionis 
decursu  oonfundalur,  iioslros  foetus  proprios  EdUorum  iioinini;   ^ignalos  Iccloros  invoiiicnl. 


DE  RE  S ACRAMEATARIA 

CONTRA  PERDUELLES  HiERETIGOS. 

nxftttto* 

àmulds  hodrc  qnasi  superftiinm,  am  saltem  non  ad- 
niodùni  necessariani  negli|^i,  peiièque  in  oblivioiic  ja- 
cere.  In  lioc  eiiiru  tam  prodigioso  llicologonini  nu- 
méro, qui  (piolidiè  vel  in  acadeniiis  excrcenlur,  vel 
explelo  tyrocinio  iiifulas  niagislerii  oblinent,  quàm 
mullos  reperias,  qiiibus,  pra-ter  scliolnrum  na-nias,  et 
inlricalas  sine  fVuclu,  sine  nexu,  sine  succo  diflieul- 
tates,  iiibil  arrideal?  Qui  verô  in  divinis  dognialibus, 
nominalinniue  iu  Saoramenlis  legis  giatiae  perscni- 
tandis,  in  expendendà  disciplina  veteri,  in  exquiren- 
dis  concilioruni  caiionibus,  in  vindicaudis  summoruni 
Poiitilicnni  dccretis,  in  cliicidaiidisPalruni  sentenliik, 
in  Cduciliaudis  cuni  Laliiià  Ecclesiâ  Grsecis  cl  Orien- 
lalibus,  cl  deniqne  in  extricandis  hserelicornni  cavil- 
iis  lubeiilcr  operani  ponant,  ebeu  !  quàm  paucos  of- 
l'endas. 

Non  jam  contra  b;creticos,  qui  dicunlur  tbeologi, 
disputant  (bocdcnuun,  juxta  Apostolum,  Ep.adTit.i, 
91,  (ligiii  noniine,  si  potoitcs  fueriiit  exhoilaliin  doclri- 
nà  sanà,  et  eos  qui  cuntradicunt  imjuerp)  ;  sed  invieem 
lurbulentis  opinionuni  scditionibus  allcrcantur.  Que 
lit,  ut  qui  collaiis  conjuiiini  consilio  viiibus  debercnt 
advcrsùs  ininiicos  fidei  pcrpetuo  diniicare ,  in  beila 
cuosviros,  in  boc  contra  h;crelicos  bello  duces  al-  i  civiiia  cl  plusquàin  civilia  proruant,  sibique  invirem 
que  Anlesiguanos  sequi  glorianiur,   nobis  sal  benè  |  aboniinalurn  ([uod  crat  in  veris  b;crclicis  persequeii- 

dum,nomcn  imponanl.  Dcteruntur  penèquc  ohruiuilur 
iuaiiissimis  vilililigalionibiis  opiiiiia  (Hia'(|iio  inj,'enia, 
(|u:c  poteraiit  iu  rebns  >eriis,  ad  icligioncui  jure 
suruiiio  spectantibus,  ut  jucundiùs,  .sic  leliciùs  et  uli- 
liùs  cxpoliri.  Quandù  quiïrilur  ulrùm  ad  spalia  inia- 
ginaria  diviua  iumuMisilas  proleiidalur'''  Ileni  iu  aileri 
de  Dci  ailribuliscoiilroversi;'!,  actuiie  cl  l'oruialitcr,  ut 
Scoto  pliicuil,  au  virtiialitcr  dislinguanlur  ■'  il. m  in 
allcrà  (le  Augclis  (|u;csti()ne,  quouiodo  c(ill(){|nia  uii- 
sceanl?  Vel,  utrùm  possint  inira  camdcni  spcciem 
muilii)li(ari  ninucricè?  lu  aliis  rursùui  do  possibili  et 
iiupossilili  liypoliicsil)us,  cl  iulinitis  de  noniine  qu;c- 
stioiiiixis,  quas  in  lunumiueuique  sacra;  doclrinn* 
Iraclaluin  inerlia  laboriosa  iuvexit  :  liîc  niniirîuii 
quasi  summa  reruni  agorelur,  ciamoribus  scbola;  ré- 
sonant, ad  ravini  usquè  sine  modcraniiuc  dispulatur, 


De  Saoramenlis  cvangelicis  à  Chrislo  supremo  lé- 
gislature acceptis,  scmper  et  ubique  suninià  religione 
servalis,  à  rcceulioribus  brerelicis,  vel  inaudità  liacte- 
nùs  iniprobitatc  sublalis,  vel  iiicrcdibiii  iiupielaie  con- 
laminalis,  disserere,  Deo  dante,  proponinuis.  Forte 
lion  décrit  oui  boc  consilium  non  probetur,  quasi 
nibil  aut  parùm  studiosaî  juvenluti  conipendii  alialu- 
rum  :  tanta  namque  librorum  de  Sacrameulis,  hàc 
nostrâ  et  proxiniiore  a;tate,  varielas  ac  muititudo  vul- 
gata  est,  ut  cxbauslam  mulloruni  sudorc  maleriam 
iiovis  laboribus  relractare,  inutile  cxislimetur  atijue 
supertluum,  idemque  penè  esse  videalur,  ac  crani- 
bem  recoctam  oblrudere,  quod  veteri  velanuu-  pro- 
verbio. 

Siciijasauimohic  scrupulusiusidel,  i:>l^d  sibi  rfspon- 
sunï  l'erat  :  nos  nec  nova  (quod  nefas  iu  re  taui  gravi), 
née  novè,  ne  videaniur  audaculi,  dicere  attehtanius. 
De  nobis,  uti  par  est,  conseil  uoslrie  lenuilatis,  dé- 
misse sentinuis.  Pra.'claiissimis  ouuiiiuugenlium  llico- 
logis, qui  de  divinis  Sacrameulis,  vel  omnibus  vel  ali- 
quibus,  summà  cum  laude,  pariiiue  Ecclcsi*  provenlu 
scripseruiit,  pro  nierito  paliuani  daunis  :  lios  priccel- 
Iciili  jngenio  laulàque  doclrin:e   celebiilale  conspi- 


consultum  pulantes,  quôd  esse  mililibus  couccdatur. 
Hoc  vcro  Cbristiana!  niiiili:^'  tilulo,  quciii  sine  cujiis- 
quam  iujmià  vuidicuiuis,  ciun  sit  in  cauhis  (idei,  icr- 
tulliano  jiidice,  omnis  fioino  miles,  audonnis  cl  nos 
contra  malè  pertinacem  liitresim  ccrtamen  commil- 
tere,  eadem  quibus  féliciter  expugnata  toticsque  pro- 
strata  est,  arma  recudeudo,  et  pro  virili  conlia  vori 
tatis  advcrsarios  inlorquendo. 

Eùque  magis  ad  boc  laltoris  gojiiis  accoiidinuir, 
quôd  vldeanuis  nobilissimanï  banc  thesauri  fidei  par- 
tem,  conira  quam  polissimùm  Liilbcri  cl  Calviiii. 
aliorumque  bujiis  furfuris  liouiiuiim  luror  il  rallies 
exarseruiil,  in  (pià  prolegeudà  cl  illuslrandà  saiicla 
œcumenica  Trideutiiia  syiiodiis  pnccipuam,  nii  par 
erat,  operam  i)0suit,  quà  niliil  ibeologia  îiabel  oriia- 
lius,  uiliil  Eccjcsia  prcliosius  aut  ;iiili(i;iiiis  lo^^sidel, 


H55 


DE  RE  SACRAMENTARIA. 


1156 


liirpc  pulareliir  non  liubcre  argtinicnla  in  nlianKiiie  | 
pailcm,  et  ad  nuiUarnm  iioraruiii  sustinendiini  ccrla-  ! 
ineii  iiistriicla. 

Ubi  veiù  in  illa  sermo  incident,  qua;  propriè  ad 
tlicologiam  perlii:enl,  sine  quibus  venerandum  llieo- 
logi  noiîicn  iiodùin  siil).sislal,  ne  inlelligiliir  qnidem  : 
qualia  sinit  (ni  à pnxsenli  nialerià  cxempla  sunianuis). 
ulrùm  divinani  omnia  et  singula  Sacranienla  haboanl 
instiliilionem?  qui  cl  qualenîis  auclorilate  infallibili 
sacer  numrrus  adslrualiir?  qnae  sit  illis  materia  prx- 
Scripla,  qua*  forma?  quis  assignatus  minislei'?  qute 
eoruni  irndendonnn  disciplina  vctns,  quiv  nova  ?  de 
ritibusquosLaliniGrxcique  observant,  qtiid  senlien- 
dum?  principales  ab  accessoriis  quo  crilerio  discer- 
ncndi  ?  fiieritne  sempcr  transnbslanliatio  et  realis 
Cbriili  in  auguslissinio  Sacranienio  pra^senlia  cré- 
dita ?  que  jure  Eucharislia  Sacrnnienli  siniul  et  sacri- 
licii  naturam  ac  condilionem  assumai  ?  Episcopalus 
presbyteralu,  diaconatus  subjectis  ordinibusquid  prx?- 


crnant  manifeslani,  et  ingerenteni  se  ultrù  oculis  Ic- 
gonlinni  verilatem. 

Quod  non  ideô  dictum  intelligi  volunius ,  ut  grali- 
ficaremur  haîrclicis,  eorumqiie  insaiiis  conatibus 
plaudcremiis.  Quis  enim  eos  laude  el  non  magis  exe- 
cralioiie  dignos  putet,  qui  proslraii  loties  ac  dejecii 
caput  insolcnler  erigunt,  el  quasi  de  reportalà  Victo- 
ria, oslentalione  pliisquàni  Tlirasonicâ  glorianlur? 
Quis  ens  non  reciprocè  oderit,  qui  dogma  calliolicum 
invotcrato  odio  inscclantes,  nec  sycophantiis ,  nec 
nialis  artibus,  iicc  inlorlis  ad  fallciiduni  sopliisnia- 
libus  parcunt,  qui  in  hoc  oinnein  indiislriani  collo- 
caiil,  ut  luci  ofTundant  tenebras,  et  veritates  manife- 
stissimas  impliccnl?  quis  eoruni  non  dolcat  sorleni, 
qui  niultùni  profecisse  sepulanl,  si  niatrem  Ecclesiani 
tnidè  nefario  scliismale  de?civcrunt,  lacessere  et  dila- 
cerare  non  (lésinant,  q^ii  denique  contra  superos  gi- 
ganUuu  more  pugnanlcs,  el  Chrislum  spoliare  bcne- 
ficiis  suis,  et  sponsam  ejus  Ecclesiani  de  possessione 


cellal?  ad  lumc,  inijuam,  el  alia  id  genus  pluiinia,  |  dejicere  moliuntur?  Yen'ini  quo  isti  culpabiliores,  eô 
quanlùni  sciiu  digna,  tanlùm  necessaria  ubi  venluni  ,f  reprebensibiliores  theologi,  qui  contra  ncvi  dogmalis 
fueril.  hic  videlicèl  aqua  ha.>ret,  brevi  surdoque  ser  j|  insolenliara  clamare  cessant,  el  errorcm  cui  non  re- 
nione  dispulaiio  importuna  transfigilur.  Praclerennlur  |'  sisiunt  quadanitenùs  adjuvando,  vcritalem  ant  in  in- 
ista,  vixquc  in  transcursu  notanliir,  quasi  non  salis  |  justitià  dctinent,  ant  à  scliblis  ignominiosè  propellunt. 
redoleiilia  scholaslicani  gravitnlcni.  Ubi  maxime  tem- |  Dùm  enim  non  defendilur,  proditur;  dùni  non  quse- 
pns  erat  loquendi,  ibi  silelur  :  verborum  ibi  sierililas,  i^  rilur,  evatiescit  :  dijm  non  custodiliu"  viiiea  Doniini, 
ubi  lanta,  quanta  nuliini  major,  dicendi  copia  est.  j|   diripicnda  relinquitur  :  dùm  arma  ad  profligandurn 

i;  errorcm  potentissima  deponwntur,  quid  allud  quàra 


Quoti'.s  enim  quisque  ex  IradilionibusChrisli  etApo- 
stolorum,  ex  sacris  litteris,  ex  conciiiis,  ex  Gnficorum 
eucbologiisel  ritualibusLalinorum,  ex  hi^toriae  ecde- 
siaslic*  moniimeiilis  argumenta  di-proniit?  levi  molii- 
que  brachio  ista  iraclantur  :  pro  auclorilate,  rationum 
malè  coha^rentiura  Mubes  ;  pro  Patribus,  schoiastico- 
rùm  recentium  turba  jaclalur  :  unusiiuisque  divina  - 
dogmata   lanli  a'slimat ,    quaulus  illo  esse  putatur,  ■ 
queni  sibi  in  cujus  verba  jurarel,  duceni  elegeril.  Non  i 
alliùs  ut  plurimùm,  qiiàai  à  Tridenti-if»  Florenlinàve  i- 
synodo  Iraditio  Aposlolis  coa^va  repetitnr  ;  quodquo  l 
i'œdissimum  est  el  Ecclesiaî  perniciosissimum,  dili-  | 
genlior  in(]uisitio  veritatis  tanquàm  exlranea  et  ab  | 
officio  theologiie  aliéna  coutemnitur,  penèque  cale-  | 
clicsibus  pucrilibus  accensetur.  i 

Quantum  enim  inde  malorum  chrislianœ  reipublicofi  | 
imporlalum  fueril,  et  quotidiè  infcralur,  boni  onines  « 
cl  cordali  vidcnl,  lugcnlipie.  Qiiae  fuit  ha^resi  infausta 
iiascendi  origo  ignoranlia,  eidem  crescendi  est  causa: 
non  tani  de  suisviribus,  quîun  de  nosirà  imbecilli- 
tate  lacliosa  seditio  glorialur;  et  quia  impugnari  à 
niultis  desiil,  iioc  magis  insultât,  cl  arroganti  temeri- 
lale  lriunq)lium  canit.  Dicam  rem  scliolasticis  pro- 
brosissimam ,  sed  tamen  veram.  Plus  legunt  lictero- 
doxi  Scripluram  in  propriiim  suî  pcrnicicni ,.  quàm 
theologi  ut  ad  ruinam  spontè  rneiilibus  auxilinm  fe- 
raïU.  Plus  illi  scrutarilur  sacros  coiliccs  ut  corrum- 
pant,  quàm  isli  ut  viiidicent  :  citant  illi  frequentiùs. 
Aposlolos  el  prophelas  ut  incommodent,  quàm  isti  ut 
sacrilegos  conalus  propulsent  ;  illi  annales  ecclcsia- 
sticos  evolvunt  diligenliùs  ut  adultèrent  et  in  alienos 
sonsus  intleclant ,   (piam  isli  ut  è  suria  liis  foiitibus 


in  maiius  hostium  vicloria  Iradilur? 

Haie  quia,  heu  nimiùm!  vera  suni,  nec  ad  exagge- 
raiionem  dicta,  quàm  necessarium,  tam  efficax  reme- 
diuni  postulant,  quod  parari  aliter  non  posse  puta- 
mus,  nisi  in  scholis  calholicis,  ad  mentem  Ecclesice 
et  suuimorum  Ponlificum,  purioris  theologise  studium 
excitelur.  Uevocanda  ad  piislinam  dignilatom  sacra 
doctiina,  cujus  fundamenta  non  in  opinionibns  liomi- 
num,  sed  in  monlibtis  sanclis,  Psal.  86,  1,  hoc  est  in 
inconcussis  Scriiituraî  cl  traditionis  principiis  :  ahle- 
gandie  futiles  sine  disciplina  quaistiones,  quas  fugere 
Aposlolus  priecipit,  quasque,  quoniam  non  ex  naturà 
hujus  facultatis,  sed  ex  oliosorum  hominum  arbilrio 
œslimanlur,  stultum  est  in  finibus  theologiaî  compre- 
hendere.  Monendi  graviter  theologi  in  scholis  non 
suani  agi  causam,  sed  Christi  :  non  ideô  academias 
inslilutas,  ut  in  illis  Plato  vel  Aristoteles,  vel  quivis 
alius  de  gentilium  grege  prrcceptor  teneret  imperimn; 
sed  ut  Chrislus  snnimus  pliilosophus,  qiti  factm  est 
nobis  s(tf)ienlia  à  Deo,  1  Cor.  1,  30,  supremus  verilatum 
cœlestium  arbiteraudiretur:  non  ideô  sacras  pal;('8fra$ 
ercctas,  ut  desidiosi  illîc  athletiie  cnm  umbris  intitr- 
liter  luctarenlur  :  sed  ut  generosi  milites  cum  adter-» 
sariis  veritatis  confligerent ,  omniquc  armorum  rnsu- 
perabilium  génère  instrucii  properare  ad  triuiiiplmn» 
edoccrentur  :  eôque  magis  hoc  esse  in.Sacramcnto- 
rum  defensionc  necessarium ,  qiiôd  non  ut  cscicra 
passim  dogmata  ïn  merâ  contemplalione,  sed  in  actro- 
ne  consistant,  et  polissimam  disciplina;  partcm  com- 
ponanf,  quani  cxtirparc  radicitùs  nefarii  homincs  at- 
tcntàrudt. 


H57 


PR^FATIO. 


um 


Quoil  porrô  omnibus  prrostandum  ccnscmiis,  ulrùm 
in  hàc  lucubraliniiciilà   assuculi  l'iierinius?   aliorimi 


infloxi  (cxlus  clarissimi,  corrosa  Iiinc  indo  scriplorum 
veleruni  coniniala,  et  ex  nialè  consiilis  laciniis  nicn- 


erit  jiuiieiiun.  lloc  cerlè  possuniiis  alliiinare,  iiohis  3  dare.ssenlenli;e  fabiicalso;  non  in  onuiinin  aulsallem 
vec  diligeiiliam  di;fiiissc,  iioc  volinilalon»  :  liic  opiis,  j  I)en(h)niniiiindenni(i(niil)iis(fpiO(l:rqiiilas  poshilaltal), 
liic  laljorliiil,  sacia  niysloiia  suis  vallaïc  piresidiis,       sed  ii)  paucoruni  liallu(iu;ilionibiis  lù/clcsin;  doclriua 


et  auctorilaie  quà  major  esse  non  polcsl,  boc  est,  di- 
viuà  assciore  :  ba!c  biil  lolius  lalio  operis,  bùc  onuiis 
induslriacolbniavil,  utconscusiouc,  univcrsitale,  per- 
peluitale  adslrucronlur. 

Fuil  ilie  Lulbori  ojusquc  sequacium  crror  caiula- 
lis,  quôd  tradilione  conlL'uiplà,  ouincm  de  diviuis  do- 
gmaiibus  coiilrovcrsian»  scriplurà  solà  deborc  dijudi- 
cari  ac  diiiuii  elïulierint.  C.iiin  ilaque  voluntarià 
caicilalc  ob!>(ric'li ,  couliriualioiicui,  pœuilonliaui,  et 
aba  pneler  Bajili.suiuni  et  Euciiaiisliaui  gialiai  sym- 
bola  in  diviuis  et  apostoUcis  blleris,  boc  est,  luccm 
in  meridie  non  videront  ;  Ikïc  duo  sola  tenenda,  cse- 
tera,  quippe  vcrbo  Dei  contraria  ,  sacro  numéro  ex- 
puiigenda ,  et  bumauis  anuumeranda  diabobcisque 
couiuientis,  quasi  de  iripode  Nebuloiies  sine  excuudo 
audaces  proiiuutiàrunt.  Ilinc  prodierunt  atroces  illse 
contra  Romanos  suuiuiosque  Pontifices,  nec  satis  un- 
quàm  execrandae  calumni.K ,  à  qnibus  ceu  tyranuis  et 
Anlicbrisli  fautoribiis  verilaleni  relegatam,  induciam 
superstilioueni,  eversaui  disciplinam  votcrem,  uovam 
subslilutam,  culluin  Dei  profligatum,  idololatriam  cum 
honore  receptam ,  quàin  impie,  tam  f  Isô  debaccha- 
bantur  :  bine  illa  adversùs  sanctos  Patres  lelra  dicte- 
ria,  qnil)us  Cyprianum,  Anibrosium,  Augustiniun, 
Cbrysostoniiim  ,  et  prol)atissiui()s  quosque  dogrnatum 
divinorum  interprètes,  vel  supinne  iguoraiitiie  acciisa- 
bant,  vel  lanquàm  perfidos  veritatis  desertores  crimi- 
nabantur  :  bine  contra  scliolarum  proceres  et  acade- 
niias  cbristianas  pleiia  acerbitalis,  et  mabim  undiquè 
spirantia  bvorem  voluniiiia,  quibns  et  sciiolas  noslras 
synagogis  salaïur,  adaquabaut,  et  tiieoiogos  vehili  vi- 
lissima  Pontificuni  uiancipia  Iraducebant. 


qua;  ila;  Palriin»  ac  tiicologorum  dissidia,  qu;c  pie 
ratpic  fuisse  non  difiitemur,  pro  triumpbis  reputala  : 
si  <|uid  unusaut  alter  erràssel,  quod  quia  bumauuni. 
alienum  h  se  non  pulabaiil,  pro  decrctorio  juilicio 
babitum;  si(pùd  dicluni  i!egngc..tii:s.  pro  Apoîliuis 
oraculo;  si  (,uid  ca;spilaluui,  pio  régula  (idoi  ;  si  qiiid 
tacitum,  pro  manifesta  apprubatione  decanlatum  :  at- 
que  ita  veritas  in  errorem,  in  veritatem  error  nmtatus  : 
quiii  et  ab  antiquis  b;ireticis  caus;c  de|!Crdit;ï  patro- 
cinium  imploratiim  :  acciti  eniuï  ab  iuimicis  Ecclesix 
castris  sul)sidiarii  milites,  qui  ([uale  :  cruiiquedoctrincc 
continualionem  ostenlarent:  quasi  nimirùm  possent 
pro  unitalis  ac  veritatis  teslibus  idoneis  recipi,  quos 
onmi  relrô  cclate  propler  unitatis  abnipia  viricufs, 
proditamque  veritatem  Ecclesia  diris  devovit,  etana- 
tbemateferiit:denique  ad  perlidi^c  cumulum,  sopbi- 
smalum  fœ,cuiida  pareus  bumaiia  ratio  in  auxilium 
advocala:  tanise  scilicet  molis  erat,  septem  Eccle- 
siaî  colunmas,  id  est,  seplem  Sacramenta,  quibus  à 
Ciuisto  axlificala  sidjsislil,  diruere  ! 

Insulsam  malè  colirereutium  argumentorum  farra- 
ginem  è  nostris  plurimi,  (quod  non  erat  difficile)  rcfu- 
târui'.t:  in  primis  dcmonslratum  perperàm  Lutiieranos 
et  Calvitiianos  de  Scripliirarum  tcstiinonio  gloriari, 
quas,  si  oculis  uti  veilent,  sux  reperiient  pra'sum- 
ptioni  manifeslù  contrarias  ;  cùm  non  minus  inibi, 
nec  minus  expiessis  condilionibus,  Confirmalio,  Pœ- 
nilenlia,  Extrema  Unctio ,  nnnistrorum  Ordinatio, 
quàm  Baplismus  et  Eucliarislia  pra-scribantur  :  oslen- 
sum  paiitcr,  ne  in  iis  quideni  Sacrasientis  quai  reti- 
nebaiit,  aut  tcnere  vidcri  volebant,  Scripturarum 
dclinitionibus  acquiescere  ;  at(|uc  adeô  impelu  magis, 
quàm  zelo  vcrbi  divini,  ad  alia  admiltenda,  alia  rc- 


Quod  autem  mirêre  magis,  undèque  multiplex  ao 

tortuosum  baîrelicorum  ingenium  magis  agnoscas,  ii  |  spuenda  impelli,  nam  si  Spiritui  saiicto  quà  par  esset 

ipsi  bomines  qui  primùm  sibi  solisvelut  ad  instauran-  ^  rcvercntiâ  et  dociJitatc   pareront,  cur  non  faterentur 

dum  Ecclesiie  a;dificium  divinà  procuralione  deloga-  |  Baptisnumi   imicuilibet  neccssarium  ad  salutcm?  cur 

lis,  posl  quindecim  evolutas  œtates  credi  volobant,  et  |  internam   cjiis    ad    sanclincandum ,    et    à  peccalis 


sacres  antistites  audire  controversiarum  judices  re- 
nuebant  :  mox  verecundià  solitudinis,  quam  iit  natura 
in  pluribus,  ita  in  diviuis  rcligio  moliore  titulo  refu- 
git;  utque  populorum  miligaront  invidiam,  impatien- 
ter ferentium  novam  sibi  sine  tcslimonio  doclrinam 
obtrudi  :  cœpcrunt  ab  iis  ipsis  Palribus  et  scholasti- 
cis  quos  tam  graviter  offcnderant,  offensione  graviori 
pra'sidium  quœrilaro. 

Quanto  b\c  moliminc  stralagomalum,  quàm  astu- 
liis,  (dicam  vcriùs)  quàm  slolidis  macbinationibus 
opus  biil?  Adidlerata  Patrum  commenlaria,  corrupli 
genuini  codices,  spiirii  atlributi ,  logilimi  vel  plané 
adempti,  vel  missi  in  dubinm:  critices  scientia  ad 
veritatis  invcsligationom  tantopcrè  necessaria,  ad  pro- 
lectionem  mendacii  prostitula:  de  verborum  vi  ac 
proprietate  non  secùs  ac  in  grammalicorum  gymna- 
fiiis  contumacitcr  disputatum  ;  in  scnsus  alienissimos 


purgandum  efticaciam  pernegarenl?  cur  Christimi 
realitcr  in  Eucbaristià  pra'sentem?  cur  in  corpus 
ejus  et  sanguincm,  panis-  et  vini  elementa  substan- 
tialilcr  mulari  iiificiarontur;  cùm  b;ce  et  pleraquc 
alia  qM;e  praifractè  negabanl,  sormo  Dei  scriplus  lani 
apertè  contineat?  Nec  prailermissum ,  scripturam 
quanquàm  du  se  vorissimam,  quippe  à  Spirilu  sanclo 
qui  ostspirilns  veritatis  diclalam,  maiilià  lamen  bo- 
minnm  vel  imi)ocillilato,  in  varios  erroris  anfracliis 
conjicere,  nisi  sccundùm  ccdesiastici  et  catiiolici 
sensûsnormam  ejus  inicrprolatio  dirigatur.  Scriptu- 
ram  enim,  ut  pravlarc  dixit  Vincentius  Lirincnsis, 
Comment,  cap.  2,  pro  ipsà  suà  (illiliidinc,  non  unoeo- 
demquc  sensu  unirersi  acapiunl  ;  sed  cjusdan  eloquin 
aliter  (itquc  olilcr,  alitis  alque  nlius  intcrptelalur;  ul 
penè  quoi  hommes  sunl,  tôt  illinc  senlenliœ  nui  poess 
vidcantur  :  aliter  rninqur  illai'i  yovattauus ,  olilcr  /Vto- 


i,5Q  DE  i\::  sacuamentaria.  im 

tims,  nlitcr  Stibellius,  (iliicr   Uoualm    cxpoiiil  :  alilcr  j  ;iiit    liivivsiiii    :ivnisos   iinnnimilcr  consonlirc  :  alqiic 

Ariiis,  Etinoiiiiits   Mciccduiiiiis  ;  alilcr  Apullinuris,  /'n-  |  Jidi'o  ovi(li'iili;i,  qiià  iiinjor  iicc  fuit  iiii(|iiàni,  nec  dit, 

scilliunus,  ailler  Juvinianus,   Peldfjius,  Cclesiitts,  aliter  |  (lemoiislialiiiii,  coiCcssioiioin  Iinnc    l);cresi  quàliljot, 

poslremb  Nestorius.  |  ^^  scliisinalc  longé  esse  luUiquiorcm,  nec  à  qnoquani 

Ici  qnotl  inagno  siio  nialo  cl  funcslissinio  oxon)()lo  '|  Iioniine  sectis  lam  divcrsis,  lanlo  Icnipoiiim  ao  loco- 


iixi-elici  rcccnliores  expoili  snnl  :  (lucMii  cmni,  pcr 
Douni  iinniorlalem  ,  inl(M-|irelaiuli  lincm  rcccnint  '!  In- 
sanonovaddgniala  csacrlsliUiîriscriiOMiiiiiniriliii  ijuis 
inodusinii)()silus?  in  liis  soiis  ad(  ô  i>Ianis,  adiùsini- 
plicibusCluisli  vcrbis:  Il  oc  est  corpus  meiuii  :  hic  est  san- 
guis  tiieus  :  (juiinj  dissnna;  discrcpanlcsqiie  si'nl(.'nli;c  ? 
Apiid  illns  non  ii  lanlùni,  qims  siiiiuno  Kvangclii  (!c- 
dccore,  Evangclii  inluislros  appollitaltanl,  scd  et  in- 
fimoc  plebis  liomunciones,  cl  slolidi-sinui;  de  irivio 
inniiercuhr,  piivato,  Imc  esl,  vertigiiiis  hiiiiilii  agi- 
laLc,  officium  inlei'prelandi  tenicraiiô  ario;4ahaiil, 
novasquc,  duobus  Iribusve  ilicclis  audil(iribii«,  de 
scripluraruni  corlicc,  non  secùs  ac  Adanuis,  cl  Eva  do 
ficûs  foliis  perizoniaia,  Gen.  3,  7,  sibi  cccbsinlas 
fabiioabanl  •  (]uai  cnini  verô  synagogas  exiriicndi 
modcialio  liabila  Calvinislanim?  Quis  Lullicranorum, 
Anabaplislarum,  Sacranicnlarioriun,  Proteslantiiun, 
Presbylerianoiuin,  Episcnpaiiinn,  prolcrvas  ladioncb? 
quis  deduclos  ex  his  impmissinus  fontibus  fanalica; 
doctrince  iiinunierabih^s  iiviib)S,  cpii  Angliani,  Uala- 
viam,  Gcrnianiam,  aliascjne  Europ;e  llorenlissinias 
provincias  innndàrunl?  quis  seclas  tani  absonas,  non 
Scriplurœ  lanlùm,  sed  sibi  ipsis,  ipsiipie  bumaiiilaii 
loto  cœlo  conlrarias,  et  niliiluniinùsde  Evangclii  con- 
lubernio  pari  jaclanlià  giorianles,  sine  l;edio  cl  ini- 
patientià  lecloruni  lecenseal?  Uiidc  liquida  apparuit, 
qui  Ecclesiae  aucloritalem  conlonmunl,  IVuslra  Scri- 
plurani  jaclare,  qu.c  licèl  in  lalsun»  ipsa  per  se  iienii- 
ncm  prœcipilet,  cerlissinia  lamcn  dellectenlibus  à  lia- 
niile  liadilionis  errandi  occasio  est. 

Nusquàni  verùde  bicrelicis  gluiiosiùs  iriuinplialuni, 
quàm  ubi  probatum  est,  septcnarii  Sacraincnlonini 
iiumeri  lidcni  non  à  Novellis,  ni  calunniiabanlur, 
Ponlificuni  Romanorum  deciclis  invcclani,  sid  ab 
anliquissiniâ  ipsique  EcclesiLC  institulioni  ((xcvà  Ira- 
dilione  receplani.  In  lanlà  luco  boc  argunicnliini  po- 
silum  esl,  ul  si  quis  modo  conlra  audeal  niulire,  non  dico 
ruslicum  et  iniperilnm,  scd  irnncuniaul  saxnni  esse 
oporteaf.cerlissiniis  icslimonils  coniprobala  Eccicsia; 
universalis  aiiclorilas,  on  nolle  primas  dure,  inijuil  san 


luin  tractu  disjunctis,  taniqiic  sibi  nniliiu  ininiicis 
pcrsuadori  poitiissc.  Ecquis  enim,  si  modo  scinlillani 
jiiiiicii  liabial  iiiducai  in  aniniuin,  Uomanum  qucni- 
dani  Ponlidccin,  aiit  cpienivis  allerum  (ul  nominale 
li;crelicis  lidjcl)  lyiannum,  lanlà  pra;valui;-se  poleu- 
lià,  ul  Palri.irciialum  Anlioclienunt,  Alexaudrinuni, 
Corislantinopolilanmn,  llicrosolymiianum,  non  vi  ar- 
nioiuni  ac  slicpilu,  scd  milu  vocis  ac  imperii  lerrore 
pi-rvaderet;  ibidemquc  non  ortliodoxos  lanlùm,  sed 
onniium  genemni  ba;reticos  ac  scbismalicos,  lam  di- 
vcrsis superslilionibus  iinplicalos,  lam  leralibus  odiis 
et  coiilra  se  invicem,  cl  conlra  Uomanam  Ecclesianj 
exaccrbaios,  ad  novam  S  icramenlis  fidem  suscipien- 
dam,  vol  subitanco  impclu,  vellcnlo  progressu,  ne- 
mine  coiilradiccnlc  coinpcllerel?  II;cc  sanè  non  aliis 
ciinune  lia  placenl,  nisi  quibus  prêter  cbima'ras  et 
rcs  i.icrcdi1)iles  niliil  placet  :  biec  adcô  absurda  vilili  ■ 
ligalio,  non  lam  causée  ddensio,  quàm  dcspcialio, 
esl.  llacpic  conlra  onnies,  adeôque  conlra  Ciiiislum 
à  quo  Ecdesia  columna  cl  firmamenlum  verilalis 
l'undala  esl,  senlire  Lulherani  cl  CalvinisUc  con- 
vicli  smit. 

Quod  elsi  nostiisabundè  suflicere  polcralad  triuni- 
plium ,  longiùs  tainen,  nec  minori  laude,  progressi, 
adversarios  quocùmquc  diverlcrenl  perscqui  animosè 
non  deslilcrunl:  nulla  iis  efl'ugii  via,  pracsidii  spes 
nulla  rciicla;  discussa  sopbismatum  receplacula,  qui- 
bus sCïiC  niiseri  lenebrioiies  involveranl  :  ostensun» 
conlra  ipsos,  rcvelaliones  divinas  humano  ratiocinio 
impugnaie,  idem  esse  ac  Deuni  ipsum  in  jus  vocare, 
ei(pic  sacrilcgc  inlenlaïc  lilcni;  in  silcntio  adoianda, 
qu;c  Cbrislus  in  inyslcrio  occiillavit,  nec  abullo  posse 
ad  tribunal  ralioniscxpcndi,  nisi  qui  volueiit  insaniie 
cum  lalione. 

Deinde  ad  palruni  examen  deducla  niagnis  labori- 
bui  dispulalio  :  diligculiàiiuâ  accuralior  esse  non  po- 
leral,  evoluti  connu  i)cr  omncs  x'iaies  iraelalus  ;  spu- 
rii  denegali,  asscrli  legilimi,  incerti  relicli  in  dubio: 
corrupli  vel  temporis  edacitate,  vel  baprcliconim 
malili'à,  vcl  scribarum  iiicurià  codices,  rcstiluli:  lex- 


ClusAuguslinus,del!ulil.cicd.,oap.l7,i'e/s((/»/)irt>/;)-o-  ||  lus  ali(pionun  obscuri  et  ambigui,  eoruuideni  clario- 

fectbimpielatisesl,  vel  prœcipiiis  içiuorautia' ;  pro  funda- 

mento  posilum  illud  loties  decantalum  ejusdem  sancli 

docloiis  t  onlra  Douai.,  lib. 4,  c.  24,  efiatum  :  Quod  nui- 

vcrsa  teuel  FAxlesia,  nec  coiiciliis  iiistilutum,  sed  sein- 

per  retenlum   est,  non  nisi   auctorilate   itpostolicà  tru- 

dilumrectissimè  credilur;  ilcmque  altcrum  plané  siniile 

Terlulliani  de  Pnescript.,  cap.  28:  Quod  apvd  mnl- 

tos  nnnni  invenitur,  non  est  erratum,  sed  traditum. 
Aperli   Latinorum,   Gnecorum,    Orieulalium  libri 

jiluales  sensum  Ecclesiae  absquc  a;quivocatione  cnun- 

liantes:  indequc  clarissimè  cognilum,  in  hâc  seplem 

Sacramentorum  lidc  omnes  omnium  scciaium  Cbri- 

sliunos,  quanlumiibct  à  sanctà  ronianà  sede  per  scbisma 


ribus,  aul  ooananoonmi  perspiouis  scnleiiliis  expli  ■ 
cati  ;  alque  iia  compeMum  luit  cl  in  nieridie  posilum, 
catenâ  iraditionis  indissolubili,  septenarii  nunieri  con- 
fessionen!  ad  nos  us(piesinc  biain,  sine  inlcnnissioiic 
perlalani;  cl  iu  lanlo  numéro  magisirorum  nec 
nnum  osse  rcpcrlum,  qui  Lulberi  cl  Calviui  impic- 
lali  priïiveril  :  aut  si  de  uno  aut  allcro  sacro  syivibolo 
unus  aul  aller  dnbilavil,  lioc  ipso  esse  desercndum, 
quod  à  seniilà  tradiliouis  dencxcril;  slal  enim  finna 
iuconcussaquc  régula,  non  iu  uno  Ecclcsiam,  sed  om- 
nes in  Ecclesià  doctores  esse  quaieiidos,  à  cujus  uno 
aliquo  dogmale  si  quis  inconsideralè  dcsciveiil,  non 
ideù  eril  ejns  aiicloiilali  cedeudum,  qr.ôd  magnà  do- 


H6I 


DE  SACUAMEîNTIS  IN  GENERE. 


!I62 


clriiuc  opinione  lloruoril  :  scd  idoô  poliiisrcsislciiduin, 
•  quia  proprio  seiisui  ninjorcm  suà  auclorilatein  impru- 
/leiiter  posihabuil. 

Nec  alilei'  de  scholasiicis  judioaliini,  quos  elsi  in 
nidtis  monsiralum  sit,  impudcnter  sibi  ac  lemerariô 
>^cotericos  ariogare,  quippè,  qui  lut'icsum  omnium 
ion  ininiicissimi  taulùm,  sed  el  aocniiuiruorinl  o.\i)U- 
ïnaloiosv  in  mullis  lanicn  ingénue  agnitum  ex  osei- 
lantià,  Vil  negligcnlià  anliquilalis  aut  ignoranlià  ca3- 
'opitàsse  :  quis  enim  eos  excusarc  valeat,  qui  tiixère 
Coidiiniaiionem  ncc  à  Cin-isto,  ncc  abAposloIis,  sed 
post  apoilolica  lempora  longé  seriùs  in  provinciali  ne- 
scio  quà  synodo  instiUiliim?  Quis  item  alios,  qui  vei 
rotundè  negàrunl  Malrimonium  esse  saciamenlum, 
vel  omnem  eidem  conferendae  graliic  vim  abslulerunl, 
vcldehàc  re  lani|uàm  minus  nccessariâ,  in  utramquo 
parlcm  dispiilàrunt?  In  liis  et  similibus,  liabilà  prie 
oculis  pmcclarà  angelici  pivccoptoris  sententià,  qnà 
crga  sanctum  ipsum  doclorem  ,  rarissimù  illud  qui- 
dem  (fuit  enim  sanclus  Tliomas  ut  excellentià  ingenii, 
et  profur.ditalo  doclrina;,  ila  verilalis  anioïc  ac  dc- 
fensione  nulli  secundus,  usque  ad  magni  Augustini 
comparalioncm  cvectus,  per  oninia  angelis  quàm  lio- 
minibus  propior) ,  aliquando  tamen  utenduni  fide- 
lissimi  ejus  discipnli  censuerunt  :  Maximam,  inquit 
illc  2-2,  q.  10,  art.  12,  habet  auclorilaleni  Ecclesiœ 
consueludo,  (juœ  souper  est,  et  in  omnibus  œiimlanda  ; 
quia  et  ipsa  itoclrina  callwlicorum  doclorum  ab  Eccle- 
siâ  anctoritatem  habet  ;  iindè  ma(jis  standum  est  auclo- 
rilati  Ecclesiœ,  quàm  aucloritati  vel  Augustini,  vel  ilie- 
romjmi,  vel  cujuscnmque  doctoris. 

Que  certissimo  prinoipio  nixi  ccleberriiui,  ut  pnc- 
dixi,  angelicit  schohc  tlieologi  recedere  aliquando  à 
sanclo  Thomà  non  dubitàrunt  ne  viderentur  niagi- 
stro  plus  adiia;rere  quàm  veritali  :  Memini,  inquit 
MelcIiiorCanus,  de  Locis  thcologicis,  lib.  2,  cap.  1, 
de  prœceptore  meo  ipso  (Francisco  Victoria)  uudire, 
ciim  nobis  secundam  secundœ  parlem  cœpisset  exponere; 
tnnli  D.  Tliomœ  sentcntiam  esse  facicudam  :  ut  si  potior 
illà  ratio  non  succurreret,  sanctissimi  el  doclissimi  viri 
satis  nobis  csset  auctoritas  ;  scd  admonebat  rursinn,  non 
oportere  sancti  doctoris  vcrba  sine  delectu  et  examine 
accipere  :  imb  vcrb  si  quid  aut  durius,  aut  improbabi- 
lius  dixerit,  imitaluros  nos  cjusdem  in  simili  re  mode- 
stiam  ctindustriam,  qui  ncc  auctoribus  antiquitalis  sulfra- 
(jio  comprobatis  (idem  ubroqat,  ncc  in  sentenliam  eorum, 
ratione  in  contrariant  vocante  transit;  qnod  ego  prœce- 
ptum  ditigentissimè  tenui  :  eademque  aliorum  senten- 
Ua  fuit,  quos  habuil  sanclus  Thomas  addiclissimos 


sectatorcs  ;  ut  intérim  de  Durando,  Cajctano,  Cailia- 
lino  nibil  dicam,  (pios  constat  liborioris  fuisse  ingenii, 
cl  in  saïuto  doctore  carpendo  audaciorcs. 

Jam  ut  unde  paidulinn  digressa  est  jjrajfalio  rever- 
talur,  cidenique  ponatur  finis,  boec  pnccipua  argu- 
menta sinit  (pue  à  catbulicis  ad  frcnandam  Iia;rclicn 
rum  audaciam,  sLylo  pleno  ac  referto  felitiler  usiir 
pala,  in  brcvius  (quoad  materia  luiitj  arclala  spatium 
exliibcmus;  in  quo,  ctsi  pnccipua  cura  fuit,  procaccm 
novorum  reformalorum  doniare  fiduciam  ;  Cidera  la- 
nicn non  ncgleximus,  quie  scliolarum  propria  sunt,  Cv 
ad  plcnam  de  Sacramcnlis  tractalionem  reccptà  con- 
sueludine  pertinent:  nam  quemadmodùm  non  satis 
essct  pricdium  injuste  usurpalum  de  manu  raptoris 
eripere,  nisi  spinis  resecatis,  inutilibusquc  evulsis  ra- 
dicibus  diligciiter  excoleretur  ;  ita  nec  sufficcre  arbi- 
trauun-,  conlra  Neotericos  Sacramenta  Ecclcsi;c  vin- 
dicàsse,  nisi  pro  virili  quis<iue  sludcal  nobilissimam 
banc  sacra;  doctrinie  parteni  ornare:  nec  sanè  décrit 
ad  ornamcntum  nialeria;  occasionc  enim  novorum 
Sacramentorum,  de  signis  ac  figuris  vctcribus,  et  de 
sacriliciis  legis  Mosaica;  eril  dicendum  :  occurrent 
pleraque  ad  discutiendum  facta  bisiorica,  quàm  scitu 
curiosa,  tam  ad  illuslrandam  vcritalem  opporlinia  ; 
item  de  sacris  ritibus  quos  Ecclesia  veiab  Apostolicà 
Iradilione  accepit.  vel  temporum  decursu  ad  majo- 
rem  siilendcrem  ipsa  instituit,  deque  eorum  in  parti - 
bus  Orienlis  etOccidentis  diversitale,  data  occasione, 
tractabitur,  exponendi  insuper  vcnient  plcrique  con- 
scientise  casus,  quos  ctsi  non  onines  resolulos  (nec 
enim  nostri  insiituli  eral),  onmium  tameii  solvendo- 
rum  principia  lecior  studiosus  reperict  :  nec  ncgli- 
gentur,  quse  verè  crunt  bujus  nominis,  scholaslicce 
qusestiones,    qua;   r.imirùm  cum   conlroversiis   fidei 

Il  proximè  conneclcnlnr,  vel  ad  easdirimcndas  aliqiian- 
tùm  inservicnt  :    nec   enim  scholasticam  respuinnii 
(quodsi  cujusdam  de  nobis  judicium  csset,  temera- 
rium  affirmare  non  dubilamus)  ;  sed  volumus  scbola- 

i  sticani,  quce  luccm  affcrrat  vcrilati,  non  lenebras  ; 
quffi  suis,  hoc  est  fidci  principiis  innitatur;  (jUic  sit 
pedissequa,  non  rcgina  ;  quîc  fidci  obsequalur,  non 
impcrct. 

Si  quid,  quôd  avcrtat  Deus,  clapsum  fuerit,  quod 
lanlulinn  à  fidc  catbolicà  et  bonis  moribus  discrepet, 
sinccrè  rejicimus,  volumus  pro  non  dielo  liaberi  :  to- 
tumque  quidquid  his  continetur,  Ecclesinc  et  summi 
pontificis  judicio,  quâ  par  est  revcrenliù  clbuiiiili- 
tate  subjicimus. 


DE  SAGRAMENTIS  UN  GENERE. 


QUiESTIO  PRIMA. 

DE  ESSENTIA  S.iCUAMENTORUM. 

Conlra  pcrduclles  ha-rcticos  lotins  verilatis  inler- 

TU.  XX. 


fecloresconlrovcrsia  istamovelur.  Illi  mmt\\\odcscrto 
quod  priiis  fnerat,  ut  loquilur  in  causa  simili  Terlullia- 
nus,  contra  Marcion,  lib.  1,  c.  1.  id  postea  sibi  elege- 
mut,  quod  reirb  non  ercJ  :  hùcque  omnem  indusiriam 


lies 


DE  RE  SACRAMiiNÎAlUA.  —   DE  SACUAMENÏIS  IN  GENERE. 


1164 


coiiUiiorunl,  ulcalholicam  de  SacraïueiUorum  nalurâ  il  omiiibiis  indilleionter  qui  forent  de  gcnere  Abralia; , 


el  delinilione  doclrinain,  coiiLcinpîâ  niajonim  aiiclon 
lalc  siibvtM  icrciit,  ipsamque  vocis  comimmij  siinpii- 
ciial-eiii  lorqiieieiil  in  (iiKVslioiieui.  In  laiilnni  cnim 
slalin)  ab  iiiili>»  scliisnialis  eonun  processil  audacia  , 
ut  ipsam  Sacraïucnli  voceni  v( lut  novani,  sacris  scii- 
jjioribus  t't  sanclis  Patribus,  inaudilam  loUere  de  me- 
dioallenlavcilMl,  Lnlberus  in  1.  de  Caplivit.  Babyl., 
cap.  de  Malriinonio  ;  doinccps  veiô  niiillinn  se  Eccle- 
six'  gralilican  pntaveiiiil,  si  nonien  quod  summopcrè 


sed  soiis  Levilici  ordiiiis  sacerdolibus  concedebatur. 
Sed  et  pi-atorea  crat  pecniiare  aliquod  sacrificiuni 
soli  siiinmo  Poiilifici ,  semelque  in  aiuio  servattim  , 
Exod.  50,  10;  Lev.  JG;  '•2  llebr.  9,  7,quod  dùm  pcr- 
agcret,  nemiiii  niorlali  l'as  crat  siibsislcre  in  lain'rna- 
culo,  Levit.  IG,  17,  iil  videliçel  Sacramentum  Domini 
revcreiiicr  abscondcrctur. 

Qtiantùni  ad  Christianos ,  res  est  clarissiniis  liislo- 
ri.e  nununucntis  testata,  majores  nostros  divini  maii- 


oderant,  per  indulgenliam  admittendo,  rem  illo  sigui-  •  dali  nieniores  :  Noliie  dure  smictnm  caiiibus ,  neque 

lîcatam  et  chrislJanis  auribus  obviam,  vanis  coHvrien-  j  miltatis  margarilas  vestras  anle  porcos,  Mallli,  7,  G,  sic 

liliisqiie  sablilitatibus  im|)ugnarent.  Quod  ntmin'i  ini-  j  fuisse  sccreli  tenaces,  ut  non  gentiles  tantùm  ,  Cbri- 

runi  videri  deiJit.  Al  enini  observât  idenriertuHianus,  'j  sliani  noniinis  juratos  hoîtes,  sed  el  calhccunicnos 


contra  Marcion,  lib.  4,  c.  6  :  llœc  est  indulcs  hœrelko-  | 
rum  ,  ul  erudentcs  contraria  quœqite  senlenliœ  suœ,  in  ^ 
m  tantiitn  conseiitianl  (piœ  suo  crrori  comeniunt.  | 

lia'jue  babtbil  hiiec  qua'slio  diias  p'irles.  i 

{"  Caliiolicmn  dognia  (juoad  iieri  perspicuè  polerit  | 
explicabinuis 


verui  fidci  candidates  à  sacris  synaxibus  anioverenl , 
quidve  ibi  p.eragerelur  iliis  pra^senlibus ,  nec  Dinllrc 
qnidcrn  auderent;  nedùni  in  publicnm  evulgarenl; 
bine  si  quando  occurrebat  de  Sacramentis  necessaria 
inenlio,  vcrbis  involutis  et  obscurioribus  utebanlur, 
quorum  sensinn  exlranoi  nec  divinando  assequi  pole- 
ranl  ;  cumdenKpie  ad  adiillani  usqiie  ailatem  Ecclesiai 


"■r  Pravas  hœreticoruni  senientias,  data  operà  refu- 
tabimus  :  a|>ertà  cnim  et  cognilâ  verilaie  longé  erit  î  morem  relonlnm,  mullis  in  posterum  exemplis,  iibi 
faciliiis  coiUrarios  errores  dcpellere.  Unde  sil:  |  se  dabit  occasio,  osiensmi  sumus  (IJ. 

Denique  de  genlilibus  nibil  opus  est  ut  dicamus  : 
constat  cnim  pro  sacrilegis  babitos  qui  fidem  silonlii 
infregissciit,  etisidis,  Cercris,  aliorunive  nmninuni 
§  1.  Quœ  et  quotvplex  vocis  sacrameulum  significaiio.  \  nefanda  niysleria  propalàssent  :  cujus  rei  memorabile 


CAPUT  PRIMUM. 

E.XPOMTUR  CATHOLICUM   DOGMA. 


Quod  Ut  via  et  metbodo  assecpiamur,  juvat  innriiiiis 


narrai  exemphim  Apuleius,  Asin.  lib.  2.  Hlnc  Ilero- 


cxponerequidnominesflmn)u'«nveiiialii;lelligeiiduni.   \  dotus  velus  scriplor  de  iEgypliorum  aliorunique  gcn- 
Latinis  idem  est  sacramentum,  quod  (Jraci> //.ujt»--  ]  tilium  variis  ca-remoniis  sormone  fado  :  Cuusain,  iii- 

f.i^.  Utrillue  voci  religio  cl  nuniinis  reverentia  origi- 

uem  dédit.  Nibil  enim  si\eiJ.u7Tr,pio-j,  sivcsacrameniuni 

Icgimus  à  sacris  el  proi'auis  scriploribus  appellaluni , 

nisi  (luod  ad  Dcum  el  dobilum  et  obse(|uium  refei  lur, 

\el  babelaliquam  cum  eo  comparalionem.  llaque 
I.  Diclnm  est  niysiei'ium  (1)  ,  arcanum  omue  ad 


quit,  sed  non  audeo  diccre  ;liinc  eliani  scribil  Eusebius, 
Pr^par.  evangelicà,  lib.  2,  in  sacris  Isidis  et  Serajii- 
dis  fuisse  Ilarpocratis  simulacrum,  quod  digito  labiis 
^  impresso  admonere  vidorctur  ut  silenliuni  lierel. 
j  II.  Latinis  scriploribus,  Livio  tesle,  lib.  5,  dec.  4, 
1  idem  fuit  sacramentum  quod  ju&jurandiini  :  bine  jura- 
sacra  aliqua  perlinens,  res  nimirùm  secrcla,  paucis  j  menlum  quo  se  milites  ad  pricstandam  impcratori  et 
cognita,  neque  nisi  inilialis  connnnnicanda  :  bac  ci.im.  |  reipublicx  fidclem  operam  obligàbanl,  sacramenluni 
genlium  onmium,  quocum(|ue  religionis  sive  vero  sive  |  niililare  appcllabatur,  ipsique  milites  sacramenlarii 
faiso  nomine  lenerentur,  veluli  anlicipalio  fuit,  quai  :]  diccbanlur  :  imô  figuralè  aliquando  pro  ipsis  signili- 
qd  diviimm  culluni  spcclarcnl,  magno  silentio  esse 
premenda,  et  exlrancis,  quia  profanis,  celanda.  Id  ? 


ijuod  mulliplici  Judicorum ,  veterunique  Cbrisiiano-  l 
rum,  imô  el  genlilium  exemple  probalur. 

Quod  enim  Hebrœos  spécial  ((juai  vcra  priscis  Icm 
|!Oribus  Dci  Ecclesia  eral)  :  ncmini  non  noluni  puta-  , 
mus ,  quanta  diligentiâ  providerent,  ne  arcanorum  , 
conseil  (iercnt,  nisi  qui  gcnere  vel  adoptione  Jud;ei  | 
essent.  Iliiic  ab  ingressu  lempli  omnes  indiscrimina 
lim  gentiles  probibebantur,  eosque  in  iocum  sacrum 
introduxisse ,  leste  Scriplurâ  ,  Act.  21,  28,  capitale 
eral.  Quin  et  sacrilicia ,  cxpialiones(iue  facere  non 

(I)  Sacramentum,  apud  scriptores  sacros  et  eccle- 
sîaslicos,  sa'pè  loco  sccrcti  accipilur  :  sic  apud  Tobiam, 
c.  12  .  Sacramentum  régis  ubscondere  bonuni  est;  s;e- 
pius  pro  re  occulta  ,  prieseriiui  sacra  ;  Coloss.  1,  27  : 
Voluit  heus  notas  facere  divilias  gluriœ  sacramcnli  liu- 
jus  ;  s;T;pissimè  pro  signo  rei  sacrœ  et  occultœ  :  Apocal. 
17  :  Oslendam  tibi  sacranwniiim  mulieris ,  id  est ,  cujus 
j'ei  sit  sigiium  et  sym])olum.  (Editoues) 


candis  miliiibus  nonien  sacramcnli  positum  esl  ;  quo 
sensu  Juveualis  poeta  inquit,  sat.  1 6,  v.  55  : 

Prœmia  nunc  alia,  algue  emolumenta  notemus 

Sacranicntorum, 
mililum  scilicel  jurejurando  adslriclorum  :  nec  sacri 
doctores  dissenliunl  :  Vocati  sutnus ,  inquit  Terlullia- 
nus ,  lib.  ad  Martyr.,  c.  3,  ad  mililiam  Dei  vivi ,  jani 
tum  cimi  ad  Sacramcnli  verba  irspondimus  :  et  S.  Ilie- 
ronynius  :  Recordarc  Tyrocinii  lui,  ait  ad  Heliodorum, 
in  ep.  de  Laude  vilœ  solit.,  quo  Clirisio  in  Hapiismatc 
consepullus ,  in  Sacramcnli  verba  juràsti.  Porrô  \\xc 
Sacramcnli  verba  nihil  aliud  fuisse ,  nisi  contesiatio- 
nes  varias  ,  proul  eliam  nunc  fil,  quii)us  calbecumeni 
prolitebantur  se  abrenniiliarc  diabolo,  et  pompae ,  cl 
angelis  ejus,  nolissima  SS.  Patrum  doclrina  est,  Tert. 
!  de  Cor.  mil.,  c.  3,  et  lib.  de  Bapt.  E....  S.  Cyp-,  cp. 

(1)  Qui  pleniorem  liàc  derc  notiliam  babere  cupit, 
consulat  Eiuanuelem  Scbcllralium  ,  in  crudito  suo 
opère  (le  Disciulinà  Arcani. 


il65  QUiEST.  1.  DU  ESSENTIA 

7;  Dionys.  vulg.  Arcopag.  Eccl.  llierarch.,  c.  1,  cl 
alibi  passiin. 

III.  Sacramenlum  pecunia  dicebatur,  à  duobns  con- 
iciidcnlibiis  in  loco  sacro  dcposila  e;Vcoiidiiione,ul(|iii 
Vicisset,  sviain  leoipcirl,  vicli,  :rrario  ccdcrel.  Sacru- 
vwnlum,  inqiiit  Yario,  lib.  -l,  de  Liiiguà,  à  sucro  cti- 
clutn  :  et  qui  pelebut ,  cl  qui  infidabatur,  ulerque  quin- 
gmta  œris  ad  Ponti/icem  deponebal  :  qui  judicio  viccrat, 
suum  sncrammlum  à  sacro  aufercbat  :  vicli  ad  œiarium 
redibal,  id  est,  victus  cà  pcciniià  quant  deposueral  mul- 
clabalur,  in  pœnain  iiijitstœ  Utiqatioiùs.  Ilaqnc  sacra- 
nieiili  noniinc  lux'C  pecunia  doimbalur,  Inm  quôd  in 
usus  sacros  converti  posscl  ;  liim  qiiôd  in  loco  sacro 
cusiodircliir  :  nani  ii?ec  aliaqiic  dcposila  servaia  in 
loiiiplo  fuisse,  iil  pro  nuiiiiiiis  revcrenliâ  a'b  oniiii  vi  \ 
cl  injuria  inuiuinia  essenl ,  non  niodô  apiid  gcnlilcs  , 
Judjcos  Cl  Cluisliaiios  usu  luit,  scd  etiaui  severissimis 
legibus  perpelnô  observaiuni,  ut  lesianUir  sacri  et 
profaiii  scriplores,  et  est  injure  canonico ,  cap.  Gra- 
vis exL,  de  Doposito. 

IV.  Sacranienlum  gencraliter  dictum  est,  sacrinn 
quodlibet  syuiboliuii,  rilusvecTilerior,  perquem  liomo 
divino  cultui  addicebatur,  et  iniliabaïur  mysteriis  ; 
sive  putarclur  aliqiiid  ad  graliam  conferendain  babere 
virtutis ,  sive  ad  boc  laiilùni  vaiere  croderelur,  ut 
fideni  excilarel  et  |)ielateni  :  quo  sensu  S.  Augustiims, 
lib.  2,  de  Peccatorum  Meriiis  et  Rcniissione,  benedi- 
cliones  erga  catechunienos  fieri  solilas  Sacramento- 
runi  aliquod  esseanirmat  :  JSon  uniusniodi,  xnqxïû,  est 
sanclificcctio  :  nam  el  calechiunenos  secundum  quemdam 
modum  suum  ,  per  siijnum  Clirisd  ,  cl  oralionem  mamïs 
inipositionis  puto  sanclificari  :  el  quod  accipiunl,  quatn-  i 
vis  non  sit  corpub  Cliristi,  sanctuni  est  tanien...  quuniam 
Sacramenlum  est  :  quorum  similia  in  anliquis  scripto- 
ribus  sepè  occurrunt. 

V.  Paulô  slricliùs  abecclesiasticis  Iraclatoribus  Sa- 
cranicnli  nonien  indiiuin  est  synd)olis  qtiibuslibet  sa- 
cris,  ad  sanclilicandos  boulines,  lùm  in  veleri,  lùm  in 
novcâ  lege  divinilùs  iustitulis  :  quorum,  elsi  commune  ' 
babeanl  nomeu ,  longé  disparem  esse  vim  sancti  ' 
doclores  agnoscunt  :  aliara  euim  circumcisinui,  aliam 
Baplismo  Christi ,  aliam  sa(  riliciis  anlitiuis  ,  aliam 
Eucharislioe;  minorem  deniqiie  veteribus  expialio-  j 
iiibiis,  pœnitcnlire  Icgis  nov;^  procstantiorem  virtulem 
attribuant  :  quod  est  diligenter  observandum  ,  ne  pu- 
lenlur  virlute  oeqniparari,  quia  nomen  commune  ba- 
bent  :  hinc  concilium  Tridenlinnm  ;  Si  quis  dixeril, 
jnquil  sess.  7,  deSacram.  in  gen.,  can.  2,  novœ  Icgis 
Sacramenta  à  Sacramentis  atiliqnœ  Iccjis  non  di/ferre, 
nisi  quia  cœremoniœ  sunt  aliœ,  et  alii  ritns  externi  ;  ana- 
tliema  sit;  qnà  de  rc  S.  Auguslinus,  Eiiarr.  in  Psalm. 
73  :  Si  discernimus,  inquit,  duo  teslamcnta  ,  velus  el 
etnovum,  non  sunt  eadein  Sacramenta...  quia  alia  sunl 
Sacramenta  dantia  salutem,  alia  promittentia  Salvatorem, 
Sacramenta  novi  Testamenli  danl  salutem,  Sacramenta 
veteris  Testamenli  promiserunt  Salvatorem...  mulala 
sunt  Sacramenta,  fada  sunt  faciliora,  pauciora,  salu^ 
briora,  feliciora. 

\1.  Deniqucvox,  s«cr«mt?n<Hm,  jampridcm  àPalri- 


SACRAMENTORU.M.  H66 

bus,  liodièquo  communilcr,  de  solis  nov;e  legis  sacra- 
nienlis  accipilur  ,  qua;  explicare,  Deo  danlc,  propo- 
nimus  :  nam  dccircunvisionc  aliisque  veteribus  graliie 
signis,  quia  noslri  instiliili  non  sunt,  obiter  lantùm 
et  (piasi  in  transcursu  dicturi  simius. 

*  SacranuMiti  voccm  rcprelieiidore  ac  reprobarc 
ausisunla|)udlkllannii»nni,lib.  I, deSacram.,  cap. 7  ; 
Lutiieriis,  in  lîbro  de  Captivit.  Babyi.  et  in  lib.  de 
Abrogandà  Missà;  Melanclon  in  Locis  Commun.; 
Carlosladins  in  lib.  de  Imag.  et  Sacr-  ;  Zuinglius  in 
lib.  de  Vcrà  cl  FalsA  Uclig.  ;  ac  landem  Calvinus,  lib. 
4  Instil.,  cap.  19.  Eorinn  fundamentiun  fuit,  quôd  boc 
nomen  non  invenialur  in  sacris  Litteris  Verùm  repri- 
mend;c  lioruni  audaciœ  salis  supcrque  sit  animadver- 
lere(l),  1°  Sacramcnli  vocem,  proutetiam  in  spccie 
ros  illassignificat  quie  Sacramenta  noviii  legis  apiiel- 
laiiltir,  in  sacris  Litteris  à  Catbolicis  inveniri,  scili'Ct 
cap.  5  Episl.  ad  EpliL-sio.',  ubi  Matrimoniam  dicilur 
ab  Aposlolo  Sacramenlum.  2°  Eamdem  Sacranu-nti 
vocem,  saltem  prout  generatim  assumitiir  ad  ea  signi- 
licanda,  qucC  sunt  symbola,  aut  signa  roi  alicujus  se- 
crel;c,  vel  arcanae,  quivque  à  Gratis  tmjsteria  nuncu- 
panlur,  qualia  sunt  Sacramenta  noslra,  in  sacris  Libris 
cerlissimc  occurrere,  ul  constat  vel  ex  cap.  2  Danie- 
lis,  ubi  statua  Nabuchodonosoris  in  somnio  proposili 
vocalur  nnist''riiim  et  Sacramenlum,  signum  videlicct 
rei  latenlis.  Unde  miratiomaxima  subit  Lutlierum,  in 
lib.  de  Captivit.  Babylon.  praelidenter  dixisse  :  Sacra- 
menlum ubique  in  universà  Scriplurâ  significare  non 
signum  rei  sacrœ,  scd  rem  ipsam  sacram,  sccretam  et  ab- 
sconditum.  3°  Demùm  Lulberum  ipsum  agenlcm  con- 
tra Carlostadium  el  Zuinglium  Sacramenti  vocem  ré- 
pudiantes vocem  illam  approbare  ,  ejusque  usum 
defendere,  ut  ex  eodem  Bellarmino  loco  citalo  li- 
quet  *. 
§  2.  A/feruntur  et  explicantur  Sacramenlorum  novœ 
legis  condtliones. 

De  nomine  Sacramenti  jam  constat  quae  ejus  im- 
ponendi  fuerit  causa  :  scqnitur  ut  ejus  naturam  invc- 
stigemiis  :  quod  non  erit  dillicile,  si  priùs  attulorinuis 
conditiones  qnx.  ad  essentiam  Sacramenti ,  tbeologo- 
rum  judicio  unanimi  requiruntur  :  quarum 

I.  Prima  est,  ut  sit  signum  :  est  verô  signum ,  defi- 
nieiile  sanclo  Augustino,  Doctr.  ciirist. ,  I.  2,  c.  1  : 
Res  quœ  prœter  spcciem  quum  ingeril  sensibus ,  aliquid 
aliud  ex  se  facit  in  cognitionem  venire ;  undè  évident 
est ,  duo  inprimis  ad  signnm  rcquiri  :  primum  est ,  ■' 
sit  aliquid  cognilum  :  nam  ad  allerius  cognitioniiu 
non  duceret,  nisi  ipsum  quid  esset  scirctur.  Secuii- 
diun,utad  allerius  cognitionem  nos  ducat,  illudcpie 
proîcipuum  habet  :  non  cnim  suî  ipsius ,  sed  rei  aile 
rius  sigimm  est. 

Sacramenta  verô  signa  esse  ,  mullis  Scripturarum 
locis  adslruitur  :  sic  Aposlolus  Baplismum  signum 

(I)  Vox  sacramenlum  b\c  non  eo  penitùs  sensu  ab 
Apostolo  iisiirpari  vidclur,  quo  ajuid  llieoioiTf.s  railio- 
licos;  non  enim  signilicat  Aposlolus  niatrimoDiiiiM 
esse  signum,  cl  cpiidem  eflicax  ,  gratiie  (^irisliaiiis 
collatx,  sed  potins  signum  unionis  CInisli  cum  Ec- 
clesiA.  (Edit.) 


1107  DE  UE  SACllAMEISiAlUA.  —  Di 

esse  insinuât  scpiilluiro  et  resurrcclionis  Clirisli.  Ah 
iquoratis  ,  iiKiuit  Uoiii.  G ,  3  cl  scqq. ,  quia  quicumque 
baplizati  sumus  in  Christo  Jesu,  in  morte  ipsius  baplizaU 
sumus  ?  Consepulti  enim  sumus  cum  illo  per  baplismum 
ht  rnortem  ;  «.'  quomodb  Chrislus  surrexit  à  morluis  per 
gloriani  Palris ,  ita  et  nos  in  novitale  vitœ  ambulemus. 
Et  I  Cor.  11,  26,  Eucharisliam  dicit  esse  sigiiuni 
passioiiis  et  niortis  Chrisii  :  Quoliescumque ,  inquit , 
inanducabitis  panem  hune  et  calicem  bibetis,  mortem  Do- 
mini  nnnuntiabitis  donec  veniat  :  idenique  confirmât 
sancloriini  Palruni  auctorilas,  qui  Sacranienla  passini 
cjfjiëo)M,  signacula,  verba  visibilia  esse  dlcunt. 

II.  Secunda  est ,  ut  Sacranientuni  sii  signuni  sensi- 
bile  :  nain  cairemonia  religionis  in  luce  et  in  omnium 
oculis  versari  débet  :  atqui  Sacranientuni  suàpte  na- 
turà  est  riius  religiosus,  per  qucni  liomines  in  unius 
veri  Dei  cultuni  adunantur.  Doinde  Sacramenta  voluit 
Deus  esse  fontes  publiées ,  unde  baurireiit  homines 
aquam  salienteni  in  vitam  ϔernam ,  Joan.  4,14:  par 
ergofuil,  ut  essent  in  propatulo  posita ,  et  patcrent 
conspectui  omnium  :  bine  docent  ubique  Patres  ,  Sa- 
cramenta esse  vestigia  quyedam,  gradus,  et  veluti  ma- 
nuducliones  ad  spiritualia  et  invisibilia. 

III.  Terlia  est  (1) ,  ut  sit  signura  divinilùs  institu- 
tiim  :  ille  enim  solus  potest  instituere  Sacramenta , 

(1)  Plures  theologi,  dùm  exponunt  conditiones  quae 
ad  essenliam  Sacranienti  pertinent,  eam  inter  alias 
assignare  soient,  ut  sit  diviiiitùs  instilutuni.  IlaiiC 
porrô  usscrtioneni,  sicut  nolumus  onininô  rejicerc,  lia 
Kinc  ali(|uà  cxplicalione  admittere  non  possumus. 
Eiiiniverô,  si  essenlix'  nomiiie  intelligant  ea  omnia 
sine  quibus  Sacramentum  non  potest  existere,  reclè 
pronunliant  divinani  instilutioiiem  esse  de  essentià 
Sacranienti.  Nam  cùni  solus  Deus  sit  auclor  gralia;, 
îpse  etiam  solus  eam  signis  sensibiiibus  annectere  po- 
test. Atenini  si,  ut  par  est,  essentiam  ad  ea  reslrin- 
gant ,  sine  quibus  Sacramentum  ne  in  mentis  quidem 
cogilationem  potest  venire,  seu  ad  ea  quibus  Sacra- 
mentum inlrinsecù  et  immédiate  constituilur,  ab  eo- 
rum  placilo  recedendum  putamus;  iiiv.n;i  enim  insii- 
lutio  immeritô  prorsùs  inter  prim.  lia  et  oonslitutiva 
Siicfamenti  principia  numerarelur,  cinii  bit  plané  Sa- 
cramento  cxtrinseca.  Et  certè  divina  inslitutio  com- 
pulari  non  débet  in  principiis  Sacranienti  constitutivis, 
si  illius  nécessitas  non  ex  ipsâ  Sacranienti  nalurà  di- 
recte derivalur  :  atqui  divin^c  institutionis  nécessitas 
non  ex  ipsà  Sacranienti  nalurà  directe  derivalur,  sed 
ex  nalurà  grali;e;  nam  si  biijus  nalurà;  esset  gralia, 
ut  bumani  jiu'is  lieri  posset,  illiusquc  signilicaiidie  et 
pruduceiidie  virlus  sigiio  cuidam  hcnsibili  ab  bomine 
esset  indila,  nemo  sanè  integram  negarel  Sacramenti 
essenliam  ,  atque  adeô  verum  Sacramentum  existere; 
ergo  divina  institulio  inter  priiicipia  Sacranienti  con- 
stituliva  conjjnilari  nequil  ;  ergo  non  perlinet  ad  es- 
senliam Sacramenti  pr'priè  dictam  ,  iiisi  forsilan  in- 
directe ,  et  veluti  coiiditio  sine  quà  Sacranientuni  non 
exisleret.  Unde  ulteriùs  sequilur  eam  coiiditionem  ab 
accuratà  delinilione  Sacramenti  expungi  debeie. 

His  oumibus  subjuiigere  juvat,  non  |)arvani  nobis 
in  pryeconceptà  opinione  liduciam  inile  nalam  esse, 
quôd  eam  à  sagacissimo  Suaresio  non  obs<urè  iradi- 
tam  postniodùni  coniperimus.  Sic  enim  babct  vir  dlu- 
slrissimus,  quœst.  40,  60,  ar(.  5,  disp.  1,  sect.  2, 
dico  5°,  resp.  ad  object.:  «  Si  res  ab  Ecclesià  instituta 
«  baberel  tolum  quod  est  de  ratione  Sacramenti ,  pa- 
«  rùm  relerrct  quôd  à  Christo  vel  ab  Ecclesià  esset 

<  instituta  ;  quia  res  non  denominatur  talLs  à  causa 
•  agenlc,  sed  à  ratione  intrinsecà  constitutivâ  rei,  mi- 

<  decumque  illam  liabea!.  »  .  (Kdil.) 


SACUAMENTIS  LN  CE^EUE.  il66 

cujus  solius  est ,  démentis  niaierialibus  tribucrc  vim 
gralia!  significandai  et  conferenda;  ;  atqui  quôd  ritus 
aiiquis  exterims  in  vcrbo  et  elemcnto  consislens,  vim 
babeat  sanClitatis  signilîcandai  et  coiilerenda;,  non 
Ijoc  in  natiuà,  neque  in  bominum  instilutione  positum 
est,  sed  à  solà  Dei  voluntate  dependet,  cujus  solius 
est  sanctitaiem  atque  justitiam  imparliri.  Ergo,  etc. 

Quid  verô  sit  signum  naturale,  quid  liberum,  quo- 
niam  ex  philosophià  notissimum  est ,  superfluum  fuc- 
rit  in  pra^sonti  dicere. 

lY.  Quaria  et  proxinia  est ,  ut  Sacramenta  aliquam 
babeant  cum  re  significalà  convenienliam ,  sive  babi- 
tudinis  ,  ut  loquiiiir  schola ,  sive  proportionis  :  nam 
triplicis  generis  intelliginius  esse  signa. 

Qna;dam  ita  rébus  significatis  conjunclis  sunt ,  ut 
sine  ullà  instilutione  ex  naturâ  significent.  Sic  quod 
vestigium  luto  impressum  E.  C.  signum  sit  pedis, 
non  est  hoc  hominum  nioribus,  sed  in  ipsâ  nalurà  in- 
ventuni. 

Quaîdam  ita  sunt  à  rébus  significatis  aliéna,  ut  om- 
ninô  non  significarent ,  nisi  accederet  libéra  insli- 
tuentis  intentio  :  quales  sunt  linguaruni  omnium  vo- 
ces,  et  alla  id  genus  plurima ,  quu;  non  aliundè  qnàm 
ab  usu  et  beneplacito  bominum  significalionem  ba- 
bent. 

Alla  dcnique  medinm  tenent  :  nam  neque  ila  rébus 
significatis  conjuncta  sunt ,  ut  slalim  ,  nullà  inlerve- 
nienle  instilutione,  sigiiificent;  neque  ila  contraria, 
quin  accedenle  volunlal'o  unum  prae  altero,  eliani  cum 
aliquâ  proportione  significent  :  sic  aquila  cùm  avis  sit, 
naturâ  cum  Joanne  Evangelislâ  non  convenit ,  quia 
tanien  c;eteris  S.  Joannes  mentis  aciem  ,  Dco  inspi- 
rante, sublimiiis  extulit,  ut  de  Ycrbi  divinitale  pro- 
fundiîis  loqueretur  ;  bine  in  ejus  signuni  aquila  con- 
venienter  assumpta,  quai  volalu  suo  audaciùs  quâlibct 
volucri  ad  sidéra  solemque  ipsum  perlingere  tentai. 

Porrô  terlii  bujus  generis  signa  sunt  Sacramenta  : 
nec  enim  ita  sunt  comparata,  ut  ex  naturâ  suâ  signi- 
ficent :  nec  ita  à  signilicando  aliéna,  quin,  adveiiieiitc 
Dei  voluntate ,  eiiam  cum  aliquâ  proportione ,  spiri- 
tualium  affectuum  quos  cxerunt,  signa  sint.  Sic  cx- 
Icriia  ablulio  quit  fil  in  Baplismo,  inlermie  ablulionis 
quamdam  simililudinom  gerit  :  quod  in  Sacramcnlis 
ca^leris  facile  inlelligilur  :  bine  S.  Auguslinus ,  epist. 
ad  Bonifac:  Si  Sacramenta  ,  inquit,  quamdam  sitnili- 
ludinem  earum  rerum  quarum  Sacramenta  sunt ,  non 
luiberent,  omnino  Sacramenta  non  essent. 

V.  Quinta  est,  quôd  non  ad  quodlibet  indifferenter 
significandum ,  Sacramentum  ordinari  possit,  sed  rei 
sacrae  lantiim  et  divinae  signum  esse  debeat  :  nierito 
ul  dixeril  S.  Augustinus,  epist.  ad  Marcellin. ,  signa, 
ciim  ad  res  divinas  pertinent,  Sacramenta  nominari. 
Quod  quidem  adeô  perspicuum  est,  ut  piobalione  non 
egeat  :  frustra  enim  Sacramenta  nominarentur,  et  im- 
meritô accusaretur  sacrilegii ,  qui  ea  ficto  aninio  acce- 
dendo  violarel,  nisi  res  sacras  signilicarent. 

Non  una  verô  siguo  ad  significandum  vis  inest  :  nam 
vel  revocat  pra;terilaî  rei  menioriam ,  vel  pra^seiiieni 
menti  apponit,  vel  futuram  pri.x;nunliat.  Hinc  philoso- 


1169  QUyEST.  1.  DE  KSSIuN 

plii  signum  aliiid  esse  dicunt  rememoralivum ,  aliiid 
prognoslicuni,  aliud  demonstraliviiin  :  quai  significan- 
di  ralio  iiuilîiplcx  Sacranienlis  omiiinù  convcnit  :  iiam 
Clirisli  passionis  et  morlis  nioinoriam  refricant,  gra- 
tiam  qiiain  adforunt  prœsoiitoîn  annuiitiaiU,  et  deni- 
que  rmurain  gloriam  prx'figurant. 

Non  i ta  lainen  débet  istud  intelligi,  quasi  tria  lia-c 
oeqnaliter  ad  Sacramenta  pcrtineant  :  nam  gratiam 
sanctilicanicm  priiiiô  et  essentialiter,  alia  vero  secun- 
dariù  et  ex  acoessione  sigiiificant.  S;icramciUa  nain- 
que  novoe  Legis  hoc  ipsum  faciuiit,  cujus  signa  sunt  : 
atqui  nec  passioncm  Chrisli,  nec  vilam  beatam  effi- 
ciiiiit,  scd  solam  jusiificationein  ,  hanc  ergô  primo  et 
principaliloi",  duo  reliqua  scniiidariô  allirigunl. 

Deindc  illini  piopriè  Sacramenta  signilicant,  (juod 
vcrbis  ipsorum  propriis ,  sive  forma  cnunliaiiir ,  sed 
pcr  verba  Sacrameiitorum  sola  ferè  justificatio ,  et 
graliie  sanclificantis  iiifusio  exprimi  solet,  ut  dùni  di- 
citur  :  ego  le  baplizo  :  ego  le  absolve,  etc.  Ergo,  etc. 

llincqiie  colîigendnm  ,  non  omnia  quce  sacra  signa 
dicunlur,  debere  indiflerenlcr  numéro  Sacramento- 
rum  adscribi  :  licèt  enim  Christi  et  sanctorura  imagi- 
nes,  Scripturarum  sacra  volumina ,  signum  crucis, 
aqua  benedicla,  et  alia  id  geniis  qiianiplurima,  reium 
sacrarum  signa  siiit,  et  merilô  appcllcnliir;  quia  ta- 
nien  gratiam  sanctificantem  propriè  non  significant,  à 
ratione  et  tiluio  Sacramenli  sunt  aliéna. 

VI,  Sexla  est,  ut  signum  quod  dicitur  Sacramen- 
luni,  non  solùm  signilicct ,  vci  ùm  eliam  in  prœsenli , 
quantum  in  ipso  est,  gratiam  canferat;  ila  ut  tune  in 
animam  justifia  infundatur,  cîim  ritus  exterior  cele- 
bratur  :  hocque  manifestum  fit,  ex  formis  ipsis  Sacra- 
nienlonnn,  quibus  uli  Ecclesia,  edocta  divinid'is,  con- 
suevit  :  non  cnim  in  fulurum  lempus  promiltnnt,  scd 
in  pra'senli  datam  ablutionem  ,  absolutionem,  conse- 
crationem  enuntiant  :  hineque  inlelligitur  veteris  Te- 
stamenti  figuras  veri  sacramenti  naturam  non  iia- 
buissc,  quia  gratiam  promiltebant,  non  conlere- 
bant  (1). 

(1)  Communier  quidem  et  probaiior  ibeologorum 
sententia  est,  ad  ossentiam  Sacramenli  pcrlinere  ut 
sit  signum,  non  spcculalivum  modo,  scd  praclicinn  et 
alicujus  sancli(icalionis  cfïicax  ;  alvcrù  non  ipsi  cs- 
sentiale  est  ut  inlernam  et  propriè  diclam  sanclitalein 
in  animas  infimdal.  Dujdex  qnippe  sanctilicatiu  dislin- 
gnilur  :  inlcrior  scilicet,  qu*  lit  i)er  grali;e  sanclifi- 
canlis  ini'usioncni,  et  c\îerior,  (\\r,r  os(  cxlciiia  qua;- 
dani  consccralio,  aiit  saUcm  iinrificatio,  qiià  cpiis  ad 
cerla  roligionis  officia  obcnnda  apliis  ,  ])r;»'scrlim  sub 
vetcri  lege  fit'])at  ;  nndfi  cliam  icgalis  nuiicu|»atnr  : 
porrô ,  ex  comnnmi  sentcnlià,  ad  sacraiu  esscntiam 
satis  est  ut  poslcriorcm  sanclificalioncni  prodneat , 
modù  lamen  priorem  significet  ;  ergo  nialo  infcrrctur 
veleris  Tesianicnli  figuras  vcri  Sacramenli  naturam 
non  bai)uisse,  ex  eo  ((u6d  non  confcrrenl  gniliam 
(piam  significal)ant,  idsi  praMcrea  diMnonsirelur  ab  iis 
ne  cxteriorem  (piidem  collatam  fuisse  sanctificatio- 
neni  :  at  ccrlè  id  non)o  unqnàm  de  omnibus  antiquis 
li^nris  dcnionslrabil  ;  si  cniin  pliirima;  cssput  spccu- 
la;iva;  lanlùm,  fpr.e  gratiam  à  t'hristo  dand;im  adnm- 
i>r;d»ant,  ncrull;im  sancliticalionem  confcrdjant,  pro- 
ciil  dubio  ali:!',  noc  iiauca",  crant,  <|n;e  non  adumbra- 
l)ant  modo  gratiam  poslea  conccdendam,  scd  cliam 
cNterioris  sanctific;Uionis  pneijcnda)  vim  haiici)ant. 


TIA  SACKAMi;MOia;.\l. 


1170 


\II.  Septima  est ,  ut  Sacramenta  nova;  legis  non 
lantùm  juslitiam  pnesenlom  significcnt,  scd  cliam  quaî 
ipsorum  virtute  in  animam  infundatur  ;  ila  ut , 
quantum  quidem  in  ipsis  est ,  confercnd;c  justificatio- 
nis  sint  inslrumcnla  :  quantum,  iiiqiiam,  in  ipsis  est, 
licri  cnim  potcst,  nt  pcr  accidcns,  cf  proplcr  maligni- 
tatem  suscipicnlinm  suo  fraudenlur  efferhi  :  ut  si  qiiis 
ficto  animo  et  cum  voluntate  peccandi  ad  Pœnilcnliaî 
Sacramenlum  accederet  :  hoc  enim  non  obslante  , 
gratiam  vcrè  significare  dici  dcbciit  cl  gralia;  infn;.- 
dendrc  baberc  viilutem  ,  quia  ad  bniic  cficclmn  snnt 
divinitùs  comparata.  Namqucmadmodùm  de  sole  ini- 
meritô  ncgaretur  quôd  luceai,  qnia  c;ecus  hiccm  eo 
radiante  non  videt;  ila  slidtè  loqucrelur  qui  diceret  , 
Sacramenta  vim  impariienda'  juslilia'  non  bal)ci-c,  co 
quôd  eorum  ivlorvcntu  jusli  non  fiant ,  qui  ipsi  sibi 
mentis  oculos  eruunt.ne  spirituali  ingcrentis  sesc 
justilirc  lumine  pcrfundantur;  iUnd  verô  in  pncsenti 
ponlmus  tanquàm  certum,  quod  erit  in  posterum  con- 
tra h.'creticos  cura  priecipuà  demonstrandimi. 

VIII.  Octava  et  ultima  est,  quôd  Sacramenta  sinl , 

signa  publica,  solemnia,  permanenlia,  et  immutabili 

lege  constituta  :  ut  enim  docet  S.  Auguslintis,  1.  19, 

... 
I  contra  FaustumManiclucum,  signa  sunt  (luibu^  in  nmtm 

religionis  nomen  fidèles  admimiiiir.  Atqui  cbrisliana 
religio  perpétua  est,  quippe  a;diiicata  super  fimdamcn- 
tum  aiternum  ,  quod  est  Christus  Jésus.  Debent  ergo 
Sacramenta  esse  signa  perpétua,  sobmnia,  et  irrevo- 
cabili  lege  saneila  :  quid  enim?  si  legis  veteris  Sacra- 
menta, de  quibus  testalur  Aposlolus,  Cal.  -4,  9,  quod 
egena  fuerint  et  infirma  elementti,  ritii  perpétue  cele- 
branda  in  antiquo  testamento  Deus  constituent,  do- 
ncc  scilicet,  abolità  lege,  qux'  per  .Moysen  in  disposi- 
lione  angelorum  data  fueral ,  gralia  et  verilas  pcr 
Josnm  Christum  fieret  :  quanlô  hoc  magis  de  Sacra- 
mentis  nova;  legis  dicendum  ,  quai  is  solus  instituit , 
qui  est  saeerdos  in  a;ternum,  et  cujus  regni  nullus  fu- 
tnrus  est  finis?  Unde  Apostolus,  1  Cor.  11,  26,  de 
Eucbaristi;Ti  Sacramenlo  disserens  :  Quoliescunujue  , 
inquit,  manducabiti.s  pancm  hnnc ,  cul  caticem  bibelis, 
morlem  Domini  annunliabilis  donec  vcniul.  Hoc  csl  : 
durabithic  ritus,  donec  dissolutà  mimdi  machina,  fi- 
nem  scculo  judex  supremus  imponat. 
(^  5.  Afferlur  et  e.rpticatur  definilio  Sacrainentornm. 
Eitque  sunt  Sacramculonnn  novai  legis  coiidili'>- 
ncs,  in  quibus,  ut  praidiximus,  assignandis  Iheologo- 
rtim  plena  consensio  est  :  nam  quôd  in  cceteris  ncd- 
lius  momenli  cl  ex  profan;e  philosophiai  fundo  pelilis 
qua'Slionil)US  disscrant,  secmnque  ipsis  digladienliii  ; 
est  ilhid  qnidcm  dolendnm,  viros  alioqui  graves  in  c;!- 
villis  hujusmodi  ludere  opéra n» ,  et  difliciles  babeie 
nugas  :  non  vergunt  tamen  h:rc  ccrlainina  in  lidei 
dclrimcnttnn  ,  nec  daliir  causa  lucreticis  de  noslris 
dissidiis  gloriandi  :  unicuiipie  cnim  liberum  est  in  rc- 
hus  pbilosopbicis  scnlire  quod  magis  arriscril,  modo 
in  bis  (\»x  ad  lidem  pertinent,  à  recto  tramite  reve- 
lationis  non  rccedatur. 

Proindc  illoc  veri  nominis  erant  Sacramenta.  Vide 
!  Suaresium,  disp.  1,  scct.  2.  (Edit.) 


WI\  DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE 

His  itnqiie  jadis  l'nndameiUis  long'^  orit  faciliùs  in- 
tclligen',  (i»x  apud  iioslros  circuiufeninlur  Sacramen- 
toniiu  sive  deiinitiones,  sivc  descriptiones ,  quarum 
îiiiiis  idemque  est  senstis. 

vS.  Grcgorius  Magmis,  Comment,  in  c.  IG,  lib.  1 
Ileg.  ;  Sdcmmcntum,  iiiquit,  est  in  quo  sub  legnmcnto 
rerum  invisibilium  divina  virtus  secrcliks  Immanam  sa- 
lufcm  operatur. 

Hugo  à  S.  Victoro,  lib.  \  de  Sacram.,  part.  9,  c.  1, 
Sacranionlum  es«e  ail,  maleiiule  cleinottum,  forts  sen- 
sibilitcr  proposiltim ,  ex  similitudine  rcprœscntans ,  ex 
inslilHlione  signifuans,  et  sanctificalione  conlinens  invi- 
sibilem  graliam. 

Quibusdani  hœc  definitio  placct  :  Invisibilis  graûœ 
v'isibile  sigiium,  ad  uoslrain  justificationein  inslitntum. 

Aliis  niagis  ista  arridel  :  Sacrameulum  est,  quod  ila 
sigtium  est  et  forma  invisibilis  gratiœ,  vt  ipsius  imagi-  j  j 
nem  gérai,  el  causa  existât. 

Denique  ex  CaleclnsnioConcilii  Tridonliiii,  part.  2, 
lit.  de  Sacram.  in  gen.,  n.  10,  definilm'  :  Res  sensi- 
Ims  subjecttt,  quœ  ex  institulione  Dei,  sanclilatis  et  justi- 
tiic  lum  significandœ,  tum  efficiendœ  vim  liabet  (1). 

Qiiaruni  quidem  definitioiium  si  qna;ral  aliquis  qu3C 
sil  ca-leris  pneferenda ,  hoc  iiniini  quod  respondea- 
inus  occiirrel ,  uiiicuique  esse  libcriim  eligeie  quam 
voluerit,  cùm  singuhc  id  quod  erat  proposilusi  salis 
idoncè  explicent  :  tantùni  monenins,  nobis  in  posle- 
nnn  principii  loco  futuram ,  quœ  ex  Calecbismo  Tri- 
donlino  adducla  esl  :  tiini  quôd  conditioiies  comple- 
cLilin*  penè  ouincs,  superiori  paragrapho  explicalas  : 
lum  quôd  genus  sacrameniorum  el  difierentiam,  ac- 
ciirîvlè  enunliet  :  in  quantum  enim  dicilur,  res  sensi- 
bus  subjecla,  cum  onini  siguo  sensibili  conveiùt,  luibet- 
(jue  uiagnam  cum  liguris  aiiliqua'  legis  cognalionem  , 
qiiiv.  sic  eraiit  signa  rerum  sacrarum  ,  ul  vera  tamen 
Sacramenta  non  essent.  Quatcnùs  verô  dicilur,  sancli- 
tulis  atqtie  justiliœ  significandœ  liabere  vim ,  convenit 
ciHii  veteribus  Sacramciilis,  quorum  Lioc  ulique  pro- 
prium  erat  :  quod  denique  addilur,  sanctitaiis  el  justi- 
liœ lum  significandœ  lum  efficiendœ  :  genuinum  Sa- 
crameniorum nov;io  legis  characterem  ,  cl  veram 
diiïereniiam  expliral ,  quam  plcniùs  contra  novos 
liLcrelicos  in  posterum  vindicare  nostrarum  erit  par- 

liu!n. 

Objectio. 

Opponet  forte  aliquis  contra  has  generalim  defini- 

(1)  Sacrameulum  considerari  potest  vel  in  génère, 
i|iialeiiùs  niiiiirùm  lum  anlicpue  tum  nova;  legis  Sa- 
ciainenla  compleotilur,  vel  in  specie,  qualenùs  vide- 
licel  Sacraïueiila  allciutrius  laiituinmodo  legis  inclu- 
dil.  Si  priori  modo  specloUir,  salis  accuralè  deliuiri 
potest  :  Siijniun  xcnsibile  cui  pcrntanrnter  annexa  est 
virliis  exlrnam  sallem  sunctificfilionem  in  liomine  pro-  \ 
ducendi ,  significiindi  verb  interiorem  à  Cliristo  prome-  j 
rendo'"..  Hmc  lacilè  inlellii^ilur  qiia;  esse  dcbeat  al-  i 
torntrius   specialim  legis  Saemmcnlorum  definitio  ;  [ 
scilicei.  Sacramenlum  veleris  legis  delinilur  :  Signinn 
sensibile  cui  permanenlcr  annexa  erat  virtus  in  liomine 
producendi  extcriorem  sanctificalionem,  intcrnnm  verb  à 
i'.hrislo  promerendam  significandi.  Nova;  aulem   legis 
S;u;ramentum  est  signuin  sensibile  cui  permancnler  an- 
nexa est  virtus  significandi  el  produccudi  in  liomine  in-  ; 
Bernard  sanctificalionem.  (!'i!'!  'i  ' 


SACKAMENTIS  IN  GENERE.  1174 

tiones  :  non  possunl  Sacramenta  definiri.  Ergo ,  etc. 

—  Uesp.  :  Nego  anl.  ;  illud  enin»  definiri  potest,  cuius 
natura  el  proprietates  possunl  accuratâ  oratione  ex- 
plicari.  Alqui  natura  et  proprietates  Sacrameniorum 
novit  legis  possunl ,  divinie  revelationis  seoiando  vc- 
stigia,  verbis  perspicuis  cxplicari.  Ergo,  etc. 

liisl.  1°:  Probando  anl.  Eus  raiionis  non  potest  dé- 
finira ,  quia  non  e?tsimpliciler  cns;  alqui  Sacramenta 
cùm  sint  signa  ad  placiinm,  sunt  eiitia  raiionis. 
Ergo,  etc.  —  Resp.'l'  vanas  Inijusmodi  argulias  in- 
dignas esse  in  quibus  exiricandis  Ibeologus  operam 
perdat  :  non  enim  divina  bénéficia  debent  ex  cavillis 
dialeclicae,  sod  ex  sacris  lilieris  et  apostolicis  tradi- 
tionibus  a>sliniari;  posl(|uàm  igiUir  in  qno  Sacramen- 
iorum natura  posita  sil ,  edocli  diviniiùs  fuimiis  ;  quid 
juvat  operosiùs  inqnirere,  ulrùiii  jiixta  rigorosas  logicai 
loges  va'eaiît  definiri  ;  utri^im  cnlis  rcalis  aul  raiionis 
naluram  habeant,  more  pliilosophoriim  dispulare  quid 
proderit?  Ul  tamen  scliolasticis  alicjuid  concedatnr. 

—  Resp.  2"  :  Transeal  major  (1),  quam  judicio  logi- 
corum  ullrô  relinquin)us,  et  nego  niin.  ;  quid  enim 
absnrdum  magis,  quàm  Sacrameulum  quod  est  Dei 
munus  in  Religione  proîcipuum ,  cum  ente  raiionis , 
quo  niliil  inanius  fingi  polest ,  confundere  ?  Eslo  enim 
quôd  in  quantum  ex  libcro  Chvisti  inslitulo  ad  anini;c 
sanctilatem  babitndinem  babel ,  eus  raiionis  aliqna- 
lenùs  dici  possit.  Si  tamen  spectetur  proiil  est  cœremo- 
nia  sacra,  ex  certà  materiâ  et  verbis  déterminai is  coa- 
lescens,  graliam  juslificanlcm  liomini  confcrens,  cl 
peccaii  sordes  emimdans ,  eus  plané  reale  esse,  nemo 
esl  qui  non  videat. 

Inst.  2"  :  Quidquid  definilur  débet  esse  ens  per  sa 
unum  :  nam  plurium  entium  pîures  sunt  definitioncs, 
non  una  ;  alqui  Sacramenlum  non  esl  ens  unum  per 
se,  quia  constat  ex  entibus  nalurà  diversis,  rébus 
scilicet  et  verbis  ;  imôaliquam  ex  ente  reali  et  raiionis 
composilionem  importât,  nt  colligilur  ex  praxliclis. 
Ergo  ,  etc.  —  Resp.  :  Concessâ  majore,  dist.  min.  Sa- 
cramenlum non  est  ens  per  s'^  unum  ,  si  spectelurse- 
cundùm  pbysicam  entitalem,  et  ralione  parlium  com- 
ponentium,  concedo  ;  si  spectetur  moraliter,  quatcnùs 
ex  lis  partibus  exsurgil  unum  aliquod  signum,  unum 
médium  sive  instrumcntum  ad  juslificandos  boniines 
diviniiùs  coniparalum ,  nego  min.  et  cons(([.  K.  R. 
Mulla  rêvera  sunt,  qu;B  cùm  non  possiiil  secundùm 
pbysicam  entitalem,  unâ  et  simplici  definitione  cxpli- 
cari, moraliter  tamen  accepta  definiuntur.  Sic  pbilo- 
sopbi  deliniunt,  quid  sit  regnum,  quid  civitas,  quid 
familia ,  el  de  bis  omnibus  proprielates  dcmonsiranl  ; 
licct  physicè  speciaia,  non  unum  singula  sint  ens,  sed 
entium  multitudo.  Sic  eliam  iheologi,  Ecclesiam,  con- 
cilium  ,  alinque  hujus  generis  mulla  definiunt,  quai 
non  unam  pbysicè  babentnaturam.  Idemque  de  Sa- 
cramenlis  dicendum ,  qua;,licètex  partibus  nali:r:"i 
diversis  concrcscant,  quia  tamen  ad  unum  aliqnid  si- 

(1)  Ens  quodcumque ,  sive  reale  sil ,  sivcrationii 
tanlùm  ,  cujus  proprietates  essonliales  noix  siiiil,  de- 
finiri i)otcsl;  si(piidem  definilio  niiiil  aliud  esl  (piaiii 
oraÙ!)  cssentiales  alicujus  rei  proprietates  explicans. 

(Edit.) 


1175  QVJEST.  1.  DE  ESSENTI 

giiificandiim  et  efficiendum  diviniiùs  ordinanlur  ,  se 
liabenl  singnia  vehili  ons  per  se  unum.  Iliiic  illud 
saiicii  Auguslini  ciraiumcclebrc,  traci.  80  in  Joan.  : 
Accedit  verbum  ad  elementum ,  et  (il  Sacramenlum. 

Iiist.  3"  :  Defiiiilio  ut  boiia  sil ,  sic  débet  eS'^c  pro- 
pria deliiiilio,  ni  non  possit  alteri  ouibbcl  convenire  ; 
at(|ui  qiias  snporiùs  aflcrebanins  descripliones,  non 
novis  lantùni,  sed  veteribus  Sacranicnlis,  iinù  et  (igu- 
ris  anliquis  conveniunt;  Ergo ,  etc.  —  Resp.  :  Con- 
cessâ  majore,  nego  min.;  nnni 

i°  Figurce  veleres ,  manna  ,  agnns  pnscbalis  ,  snr- 
pens  a?neus  ,  aliaque  id  gcnus  innimiora  ,  erant  qni- 
dcni  signa  rerum  spiritiialium  ,  sed  nicrè  spocidaiiva, 
non  practica  ,  timbram  scilicet  futurorum  bonorum  lui- 
benlia  ,  quœquc  uiinquài»  poleratU  nccedciilcs  pcrfeclos 
fticere,  lit  ait  Apostohis  ,  Ilobr.  10,  1 ,  adcôqne  aliter 
tlici  Sacramenta  non  polcr.mt ,  nisi  qnaienùs  ge- 
neratim  Sacramentum  est,  quidquid  rei  sacrae  est 
signnm. 

'■l"  Sacramenta  anti(|u;Te  legis  erant  quidem  iHvisibi- 
lis  gratiae  visibiles  fitrni;ï ,  quam  tanien  virtutc  sibi 
proprià  non  pr.TStnbant ,  infirma  scilicet  et  egena  ele- 
menla  ,  Gai.  4,  9.  Undc  de  iliis  dici  non  poteral,  qnôd 
cssent  res  sensibus  subject;R  ,  ex  inslilutionedivlnâ, 
sanctitalis  et  juslitice  tiim  significandse,  tum  cf'ficiendic 
vim  babentes. 

Inst.  4°  :  Probando  primam  parteni  minoris,  iis  ri- 
libus  Sacramenti  definitio  convenit,qui  sanclitatem 
liomini  conferebant  ;  atqni  Sacramenta  veteris  legis 
oommunicabant  boniini  sanctitalem.  Sicenim  per  cir- 
cumcisionem  .Iikkei ,  nt  conuimnis  (1)  doclrina  est, 
liberabantur  à  peccalo  original! ,  et  Deo  ejusqne  cnl- 
liiiin  porpctuum  consecrabantur  ;  idemqne  deordina-. 
lione  sacra  ordinis  Aaronici ,  ei  aliis  ad  universam 
plcbem  spetlantibns  cterenioniis  est  dicenduni.  Er- 
go ,  etc.  —  Resp.  :  Concessà  majore,  dist.  min.  Sa- 
cramenta veteris  legis  sanctitalem  conferebant;  san- 
clitatem, inquam  ,  legalem  et  exlernam ,  concedo; 
sanclitatem  spiritualem  et  internam ,  snbdistingno  : 
ex  opère  operaniis,  concedo;  ex  opère  operalo,  nogo 
min.  et  conseq. 

E.  R.  verbis  sancti  Tbom»  ,  qnibus ,  paulô  licèt 
prolixioribus  uti  juvat ,  quoniam  ditficullalem  propo- 
silam  pra'clarissimè  explicant  :  idem  bic  est  sanctilas, 
qnod  mundilia  sive  pnrilas  ;  tôt  ergo  modis  accipi  dé- 
bet, quoi  immundilia  ipsa  inttlligitur.  Porro,  inquit 
Aiigelicus  doctor,  l-â,  q.  105,  art.  2  inc,  in  veleri 
li'tje  duplex  immundilia  observabulur  :  una  quidem  spi- 
ritualis,  quœ  est  immundilia  culpœ;  alia  verb  corporalis, 
{juœ  lollebat  idoneilutcm  ad  culliim  divinnm  :  sicut  le- 
\)iosus,  qui  direbalnr  immnndus ;  et  sic  immundilia  uiliil 
iiliud  erat ,  quàm  irrcijularilas  quœdam  :  ab  Itàc  iyilur 
immundilia  cœremoniœ  veteris  legis  liabebant  virlutem 
emundandi  ;  quia  erant  quœdam  remédia  adliibila  ex  ordi- 
nalione  legis ,  ad  toUendas  prœdiclas  immundilins  ex 
statuto  legis  induclas  ;  et  ideb  Apostolus  dicil ,  Hebr.  9, 


(1)  Vide  primam  Appendieem ,  de  Cirenmcisione  , 
tom  seq.  ,jr,li,.) 


A  SACRAMENTORUM.  1174 

15,  qubd  «  sanguis  hircorum  et  taurorum,et  cinis  vitulœ 
i  aspersus  ,  inqninalos  sanctifient  ad  emundationem  car- 
t  nis;  »  et  sicnl  isla  immundilia,  erat  magis  carnis  quàm 
mentis,  ita  eliam  ipsœ  cœremoniœ,  juttiliœ  càmis  dicun- 
Inr  ab  eodem  Apnsloto ,  ibid.  10  :  <  Justiiiis,  inquit, 
«  carnis,  usque  ad  tempus  correctionis  imposilis.  > 

Ab  immundilia  verb  mentis,  quœ  est  immundilia  cul- 
pœ ,  non  liabebant  virlutem  expiandi ,  et  hoc  ideb  ,  quia 
expiatio  à  peccalis  nunquàm  (ieri  potuit ,  nisi  per  Chri- 
slum  ,  qui  toi  lit  peccata  mundi ,  lit  dicitur  Joannis  \  , 
V.   20  ,    et  quia  mysterium  incarnalionis  et  passionis 
Clirisli  nondiim  erat  reuliter  peractum ,  veteris  legis  cœ- 
remoniœ non  poteranl  in  se  continere  reatiler  virlutem 
profluentem  à  Cliristo  incarnalo  et  passo  ,  sicut  continent 
Sacramenta  novœ  legis  :  et  ideb  non  poterant  à  peccato 
'  nvndare,  sicut  Apostolus,  Ilebr.  10,  4,  qubd  «  impossibile 
(  est  sanguine  lauroruni  aut  hircorum  auferri  peccata;  »  et 
'  hoc  est  quod  Galat.  4,  v.  9,  vocat  ea  egena  et  infirma  cle- 
■  menta  :  infirma  quidem,  quia  non  possunt  à  peccato  mnn- 
dare  :  sed  hœc  infirmilas  provenit  ex  eo  qubd  non  continent 
in  se  gratiam. 

Polerat  aulem  mens  fidelium  tempère  legis  per  fidem 
conjungi  Cliristo  incarnato  et  passo  ;  et  ita  ex  fide  Christi 
juslifcabanlur ,  cujus  fdei  quœdam  protestatio  erat, 
liiqusmodi  cœremoniarum  observatio  ,  in  quantum  erant 
figurœ  Christi  ;  et  ideb  pro  peccalis  ojferebanlur  sacri- 
ficia  quœdam  in  veteri  lege;  non  qubd  ipsa  sacrifcia  à 
peccato  emundarent ,  sed  quia  erant  quœdam  prolesta- 
tiones  fidei ,  quœ  à  peccato  mundabat....  sic  igilur  palet 
qubci  cœremoniœ  in  statu  veteris  legis  non  liabebant  vir- 
lutem juslifcandi. 

Ilactenùs  angelicus  prœccptor ,  cujus  verbis  mani- 
festum  fit ,  Sacramenta  vetera  iegalem  quidem  jnsti- 
tiam  conlulisse  ;  internam  verô  qu;ic  m  spirilu  judicii, 
et  in  spirilu  ardoris  consislil,  ut  loqnilur  Is>aias  4,  4, 
per  se  et  ex  vi  operis  non  dédisse,  sed  ex  solo  merito 
fidci.,  sive  ex  opère  oj'era-ntis  :  nam  quôd  bscc  ejus 
senlentia  debeat  etiam  de  circumcisione  ,  et  saccrdo- 
tnm  consecratione,  aliisquc  aiitiquis  Sarramer.tis  in- 
teliigi ,  cerla  rcs  est ,  timi  qnia  sub  generali  ca;remo- 
niarum  lilnlo  ipsa  sacramenta  concludil;tum  quia, 
5  p. ,  q.  62,  art.  6,  in  G.  et  in  R.  ad  3,  expresse 
docet Sacramenta  vetera,  ips;imqne  circumcisioncm  , 
gratiam  soipsis,  id  est,  proprià  virlule  non  infudisse; 
tum  doiiiiiue  quia  in  boc  ijîso  loco  supra  citalo  1-2, 
q.  105,  art.  2,  ad  1,  affirmai,  sanctificationem  Aaron 
et  filiormn  ejns ,  vcl  quornmcumqiic  alionmi  per 
aspersioiiem  sanguinis,  Exod.  20  impcratam ,  nibil 
alitid  f'iis^e,  q'.iàm  emundationem  carnis,  et  depiila- 
lionem  ad  ciillum  divinuni;  alque  adeo  cxpialioneiri 
banc  ad  remolioncm  corporalium  immmiditiarum  re- 
ferendam  esse  ,  non  ad  remotioncm  culpoc. 
I  §  4.  De  parlibus  Sacramentorum. 

i      Dicendum  modo  de  parlil)us  Sacranicnloruni ,  quas 
maleri  e  et  rornr:^  noniinibus  sigii'ficare,  scbi)laruni 
dinturno  usu  rcceplum  est  :  omnia  enim  nov;c  legis 
!  Sacramenta  diversas  liabere  partes ,  eorum  enumera- 

tione  ccrlum  est  et  indnbilalum. 
i      Sic'in  Raplisino   mundalur  bomo  lavaêro  aquœ  in 


em-  I 

.    ! 
S  111  ; 


vif;«,  quod  est  iiivocalio  sanctissiniic  Trinitaiis,  con- 
siitminl  Jiaptismi  cssenliain;  in  conlirinatione  occurrit 
unciio  clirismalis  ,  cnm  mamiuiii  iiiipositioiie  et  ora- 
lionc  oonjuncla.  Kucharislia  lit  ex  pune,  vino  et  aquâ, 
verbis(jiie  à  Cliristo  praiscripiis,  Mal.  26,  26  :  Hoc 
est  corpus  meum  :  hic  est  sanguis  mens  ;  pœiiilenlia  ex 
aclihiis  pœnitenlis,  et  absolulione  à  sacerdotc  prolalâ 
exsiirgil;  in  cxlrenià  unclione  rcpciilur  nnclio  olei 
cum  sacerdotis  oratione  ;  nianuum  impositione  cl  orn- 
lione  niinistri  sacri  inslitunnlur  :  denique  Malrinionii 
Sacramcntnm  lit,  quando  (I)  verba  sacerdotis  muUio 
conlrahcnliuni  consensni ,  verbis  anl  signis  cxleriori- 
bus  significalo ,  adveninnt. 

Omnia  igitur  Sacramenla  ex  diversis  parlibus  cssen- 
tialiter  consnrgunt ,  quce  licèt  sccundùm  natnrani  ge- 
iicic  et  specic  dilTorant  (aqu.T  enim  et  vcrbi ,  cxem 
pli  causa  ,  tuuim  idemqne  genus  esse  non  potest) 
ratioiie  lamen  signi  conveniunt,  .unanupie ,  ut  sic 
dixerim  ,  moralcni  entitalem  conslitnunt  ;  nieritô  ita- 
<[\\o  dicliim  ab  Eiigenio  IV ,  in  decr.  pro  inslrucl. 
Annen.,  omnia  Sacramcnta  tribus  perfici,  vld  clic  et  ré- 
bus tanquàm  materiâ  ,  va-bis  tcmquàm  forma  et  personà 
■ministri  confercntis  Sacrmnentum ,  cum  inlentione  fa  - 
tiev.di  quod  fncit  Ecclesia  :  quorum,  si  aliquod  desit , 
von  pcrficiliir  Sacramentum. 

Jani  si  quis  importuné  de  vocibus  malerise  et  forma; 
qusesiverit,  utrùni  ab  omni  relrôœtale  ad  significandas 
Sacramentorum  partes  usiirpatcc  fuerint ,  et  omnium  j 
secnlorum  revcrentià  consecrat.-e.  .         ' 

Ultrô  falebiinur,  non  nisi  bmgo  post  inslilutam  Ec-  ' 
clesiam  inlervallo  à  scbolarum  docloribns  introductas, 
iicc  lamen  ideô  pulamus  contemnendas,  quia  id  quod  , 
reverà  osl  cxprinunii,  parùnique  inlercst,  quibus  uia-  ! 
mur  vocibus  nd  lo([uendum,  modo  ne  àcalholici  dog-  ! 
matis  veritate  recedamus  :  nam  de  prioribus  quideni 
lemi)oribus  ccrlum  est,  ut  superiùs  observavimus  (§  1), 
majores  iioslros  magis  fuisse  sollicitos  ul  de  Sacra- 
mentis  onuiinô  non  dicerent,  quàni  ut  voces  inquire- 
vcnl,  quibus  natura  eorumet  parles  apertè  dilacidéque 
cxplicarentur  ;  bine  Sacramentum  Eucbaristioenomine 
fractiouis  paiiis  proutinActis  Apostnlnrimi  legimus, 
exprimereconsueverant  (Aci.2, 45,  46;  ib.,20,  7),  re- 
liqua  vcrô  vol  proprio  quairpie  noiniiie,  vel  generalim 
inysleriornm  ,  symbolorum,  sacrorumque  signorum 
vocibus  appellabant  ;  ne  videlicèt,  si  clarîùs  loqueren- 
tur,  di\  ina  bénéficia  Jndœorum  genliliumque  cachin- 
iiis  exponerent. 

Deiuceps  verô  cœperunt  paulô  enucleatiiis  dicere  : 
nam 

I.  Yulgô  dicebanl  Sacramenla  omnia  rébus  et  ver- 
l)is  constare  :  rébus  quidem,  ul  aquâ,  olco ,  mauuum 
impositione,  etc.  ;  verbis  aulem,  oratione  videlicèt,  in- 
vocaiione  sanctissimae  Triniiatis ,  etc.  ;  aul  sensu  si- 

(1)  IIic ,  sicul  in  pliiribus  aliis  locis,  auctor  suppo- 
niisacerdotem  esse  Sacramcnti  Malrinionii  niinislrum. 
Prx'senlis  instituli  non  est  difficilem  liancqu;cslionem 
disculere;  igitur  remitlimus  ad  traclaUun  de  Malrimo- 
nio ,  ubi  fusiùs  evolvetur.  (Edil.) 


1^7.-5  PK  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACUAMEMIS  IN  GENERE.  1176 

verbo  vit»,  ad  Epbcs.  5,  26;  aqua  igitur  et  verbum  If  mili  affirmabanl,  in  Sacramento  quolibet  elementum 

esse  et  verbum  juxla  loties  deeaniatam  B.  Augusiini 
sententiam,  tract.  80,  in  Joan.  :  Verbo  Baptismus  con- 
secratur  :  detralie  verbum,  et  quid  est  aqua,  nisi  aqua  ? 
Accedit  veibum  ad  elementum,  et  fit  Sacramentum. 

II.  Apud  Ecclesiasticos  iraclatorcs  naturam  Sacra- 
i  mentorura,  vocibus  signi  et  rei  sacrae  sive  invisibilis, 

itemque  nominibns  Sacramcnti ,  et  rei ,  significatam 
rcperics.  Sacrameiilum  aul  sacrum  signum  appellant 
id  onine  quod  in  dispensalione  mysteriorum  exteriùs 
gorilur  ;  rem  verô  sacram  esse  volunl,  gratiam  ipsam 
quam  Deus  principaliter,  Sacramenla  verô  instar  in- 
slrumeiitorum,  in  cordibus  suscipienlium  invisibiliter 
operanlur  ;  bine  adeô  diligenter  qua'silum  à  veleribus 
tbeologis  ,  llugone  à  S.  Yiclore  ,  cl  aliis,  in  unoquo- 
que  Sacramento,  quid  sacramentum  esset,  quid  res  ? 

III.  Tandem  postquàm  Aristoleles  in  Chrisiianorum 
gratiam  rcdiit,  et  lolris  quibus  antebàconustus  fucrat 
infamia^  litulis,  fato  meliore  est  liberalus,  cœperunt 
tlieologi  ad  cxemplum  peripatctica;  pbiiosopbiic ,  cui 
rerum  naturas  materiie  et  forma;  nominibus  explicare 
solemne  est,  eamdeni  loqucndi  raiionem  in  doclrinâ 
Sacramentorum  admitlcre.  Prinnis  quidem  omnium  , 
nullo  proecedenle  exemple,  ilhim  amplexusesl  Guillel-' 
mus  Altissiodorensis  ,  qui  ineunle  13  seculo  floruit,  el 
anno  circiier  12î5,  librum  scripsil  de  Sacramenlis  (1)  ; 
eamdemque  deinceps  loqucndi  formam ,  commodam 
nimirùm  et  facilem  ad  inlelligcndum  ,  Ecclesia  tuin 
grœca,  tum  lalina  probavit,  ut  constat  ex  responso  Je- 
remiœ  patriarchœ  Constantinopolitaiii  ad  Lullieranos 
Wittembergenses,  cap.  7;  ex  Gabrielc  Philadelpbioe 
metropolitâ,  in  libello  de  Sacramenlis  :  ExEugcniolV, 
in  decrelo  pro  instruclione  Armcnorum  ;  ex  concilie 
Trid.,sess.  14,  c.  3;  ex  S.  Tliomà,  el  aliis  qui  abillà 
xlatc  vixerunt. 

Dicunturautem  maieria;  et  formcc  Sacramentorum, 
nen  quod  senliamus,  quod  prorsùs  essel  ineplum,  af- 
■fectiones  omnes  matcria;  cl  forma;,  sacris  mysterio- 
rum partibus  convenirc,  scd  metapboi'icè  el  per  ac- 
j  commodationem,  quia  nimirùm  idem  in  Sacramenlis, 
j  conferunl  vcrba  elemcnto,  quod  forma  pbysiea  male- 
1  ria;  pbysicie;  qucniadmodînn  (2),  enim  in  naturali 


(1)  Ilàc  de  re  legendus  est  Joannes  Morinus  ,  qui 
inler  alla  animadverlit,  pliilosophià  peripaleticâ  jam 
à  ccnlum  inlogris  aimis  scbolas  occupanle,  niiii!  de 
hisvocilius,  matcria  et  for)»»  Sacranicnlorum,  scri- 
psisse  LanlVancum  arciiiepisc()|)nm  (lantiiariensem, 
Guinuuulum  cpiscopum  Âdversanum,  Anselmum  epi- 

I  scopum  C;inlnariciiscm  ,  Ivonem  cpiscopum  Carno- 
tensen»,  aliosquc  s 'culi  undccimi  ecclesiaslicos  aucto- 
res  ;  quin  necpie  malcriœ  el  formœ  nomiua  usurpà«sc 
seriptores  seculi  duodeciini  in  doclrinâ  sacramento- 
lorum,  quam  diligenter  explananl,  Algerum,  Ugoneni 
à  S.  Yiclore  ,  Petrum  Lombardum  ,  ac  Petrum  Poles- 
sensem,  undè  omnium  primus,  qui  nomina  illa  adlii- 
buit,  censendiis  est  Guiilelmus  Altissiodorensis,  ut 
notai  noster  auctor. 

(2)  Sicul  in  corporibus  nialeria  illud  nuncupalur, 
quo  in  ralione  corporum  generalim  consliluuntur, 
ab-quc  ullà  speciiiliori  delerminalione,  forma  verô 
illud  dicilur,  quo  :!iia  dislinginmtnr  ab  aliis,  el  laiia 
potiiis  quiun  talia  snnt,  ita  in  Sacramenlis  usus  inva- 
luit  nomine  matcri.e  dcsigiiarc  rilus  (pii  idonei  qui- 
dem sunt  ad  fmem  sacramenlalem  indicandum  ,  sed 


QU^ST.  I.  ni:  ESSE?<TIA  SACRAMENTORUM. 


!t77 

composilo  foi  ma  t!;U  cssc  pr;T!exir.tcnli  iiintcri;»-,  oam-  ] 
quo  ad  certain  spociciii  enlis  detennin;it ,  el  dal  ci 
qiiidqiiid  liabot  pcrfectionis  ,  sic  in  S;.cramoiilis  cle- 
menlum  pcr  verba  accedentia  eô  honoris  provehitiir,  ut 
sacrum  signum  évadât,  graliamque  cfdciat,  alioqui 
iiiliil  viitiilis ,  piu'tcr  iialur;o  oicliiieni ,  lialdliiniin  . 
Dt7ra//etv}/'Hm,iiiqnilsaiictiisAiignstiniis,iiiodù  laiida- 
lus,  qnid  est  aqiia,  uisi  aqua  ?  accedil  verbuin  ad  elcmcn- 
tttm,  el  fit  Sacrametiluni  ;  eodeniqiie  sensu  S.  Thomas  3 
p.  q.GO,  a. 6,  diceudiim,\i\qu\l,qubd quamvisvcrba et  aliœ 
rcs  seusil'ilcs  xin!  iii  divcrao  gcuere,  qxatilùm  pcrlinel  ad 
tialuram  rei ,  couvciiihnl  lauwnin  ratione  significandi , 
quœ  pcrfectiits  est  in  vcrbisquàm  in  alus  rébus.  Et  ideo  ex 
vcrbis  et  rébus  fit  quoi'umniodb  nnum  in  Sacramentis  , 
sicut  ex  j'crvià  cl  malcriù,  in  quantum  scilicet  per  verba 
perficilnr  signifuctio  rernm. 

Objiclio  prima. 
Conlra  id  qiiod  modo  dictnm  csl,  voces  materiœ  et 
forwœ,  quantum  ad  Sacramenla  perlinet ,  non  antè 
tcrtium  docimuin  seciiliim  introdiictas,  sic  opponitnr  : 
forma^  saci  amenlalis  iiomiiie  usi  sont  Patres  antiquis- 
simi;  crgo,  etc. 

Prob.  anteccdens.  S.  Augnsiinus,  lib.  1  de  pecca- 
lorum  Mcritis  el  Remissionc,  cap.  54  :  Qnid  de  ipsà ,  a 
inquil,  Sacramcnli  forma  loquar?  f 

Eodemque^ensu  synodnsMilovitana  II,  anno  416,  cui  i 
S.  Aiigusiiiiiis'inlerfui!, conlra  PelagiumelCœlcstinm,  | 
qui  negabant  infantes  nascipeccato  origiiîali  obnoxios,  i 
sic  concludil  :  Unde  fit  consequens,  ni  in  eis  forma  Ba-  | 
plismntis  in  remissionem  pcccatorum,  non  veru,  sed  falsa  '] 
intclUgalur.  i| 

El  S.  Joanncs  Damasccnus  octavi  seculi  scriptor,  | 
lib.  4  de  Fide  orlb. ,  cap.  16  :  Quœ  forma  ,   inqnit ,  | 
verboruni  in  Baplismo  adiùbenda  sil,  Dominus  exposuil  I 
diccns  :  «  Daplizantcs  cas  in  nominc  Palris,  cl  Filii ,  cl 
i  Spirili'is  sancli.  > 

Deniquc  bis  omnibus  antiqtiior  Tcrtullianus ,  se- 
cundo el  terlio  scculo,  in  lib.  de  Bapt.,  c.  13  :  Lex, 
inquit,  linguendi  imposita  est,  cl  forma  prœscripla  : 
i  Ile,  docele  naliones,  tinguentes  cas  in  nomcn  Patris,  et 
«  Filii  el  Spiritûs  sancli,  »  ergo,  etc.  —  Resp.  :  Dist. 
ant.  Fonna^  sacrameiitalis  nominc  usi  sunt  Paires  an- 
ti(|uissimi,  quo  sensu  in  pnvsenli  à  tbcologis  u.-urpa- 
lur,  ad  unani  Sacramcnli  parlem  significandam,  nego; 
sensu  longé  dispari ,  toiam  Sacramcnli  substan- 
liam  lioc  nomine  complcclcndo,  conccdo;  et  nego 
conseq. 

Ecpiidcm  respondeo  :  Forma  Sacramcnli  sccimdùm 
liodicrmim  loqiiendi  morcm,  ca  pars  inleliigilur,  per 


non  iia  lamen  propriè  ut  :\\ium  qu('mcumqiic  Imem 
oxfliidant,  iiipole  quùd  aliis  usibus  promiscuè  possinl  j 
iidliibcri;  formam  aiileiu  appoilaïc  riUis,  qui  lincm 
s.u  ramonlali m,  oxclusis  alii>  ,  signnnler  indicanl,  id 
csl,  qui  apcriè  osiendunl  m:ilcriam  ,  ex  se  quidcm 
aliis  aiilani  usibus,  hic  el  uunr  lanieii  adliibori  ad  li- 
ncm sacraincMilalem  signiliciind'im  :  v.  g. ,  infusio  i 
aquce  in  Baplisiiiale,  eô  (luôd  adiiilicri  possil  ad  refri- 
geiandum  ,  nec  prr  se  Sacramcnli  effcclum  expresse 
signilicct,  vocala  csl  maleria  l»apli>nii;  verlia  aulcm  : 
Ego  le  baptiio ,  elc,  f|u;e  il'ius  (iiiem  disliuclij'js  r\- 


primunl,  dicta  sunl  forma. 


1'  t 


11!  ^ 


1178 
quain  maleria  ad  esse  sacramenlale  dcierminatur;  sic 
sacrai  ordinaiionis  forma  oratio  esl,  qui  accedenle  ad 
manuum  imposilioncm  Sacrameiitumordinisfit;  longé 
vcrù  aliter  banc  vocem  priscaj  aetalis  scriplores  inlel- 
ligebant:  formam  eiiim  non  unam  diviiii  symboli  par- 
lem vocaliant,  sed  co  nomine  significabant  tolum  (  t 
inlcgrum  Sacramcnlum,  idesl,  riliim,  regulam,  el  ciu- 
remoniain  in  Sacramenlorum  adminislratione,  ex  di- 
vino  pra'scripto  tenendam.  H.tc  cnim  vox  Latinis  au- 
cioribus  idem  est  ac  exemplar,  norma,  régula  cujus- 
libct   operis    faciendi;    eamque    legiliniaiw   Palrum 
iiiterprelalionem  agnoscet,  quisqiiis  corum  verba  cx- 
penderit  :  nam  Palrum  Mileviianorum  sentenlia  lam 
respicit  ad  aquam  baptismalis  quàm  ad  verba.  Tcr- 
tullianus verô  forma;  nominc  ulramque  sancli  lavacri 
parlem  comprebcndit  :  Forma,  inquil,  linguendi  prœ- 
scripla est  :  i  Ile,  docele  imtiones,  tinguentes  cas,  >  elc. 
Objeclio  secundo. 
Occurrit  aller  scrupulus  circa  nomen  maleria;  di- 
luendus,  quôd  etsi  quibusdam  Sacramentis  conveniat, 
in  omnibus  cerlè  locum  liajjere  non  polest  :  nam  ba- 
bel  quidem  Baptisnuis  malcriain,  cùm  in  aquà  conse- 
crelur;habet  Confirmatio  in  cbrismale;  habelEucba- 
rislia  in  pane  et  vino  ;  habet  denique  in  oleo ,  unciio 
extrema  ;  al  non  idem  in  catoris  dici  polest  :  qu;^  cnim, 
qiia^so,   maleria  in  ordinalione  occurril,  ubi  |irccler 
manuum  impositionem  cl  oralionem  niliil  inlervenil? 
Nam  quod  vulgô  scholaslici  senliunt,  porrectioiieni 
libri  Evangeliorum,  aut  vasa  sacra  pncsiare  ordinibus 
sacris  maleriam,  falsum  sno  loco  dicturi  siinuis  :  pœ- 
nileutia  verô  aclibus  pœnilenlis  el  seiilenlià  sacerdolis 
absolvilur:  in  matrimonio  denique  prcctcr  verba  aut 
nulus  conlralieiitium,  et  vocem  ministri  in  nomine 
Domini  conjungenlis,  niliil  quidquam  reperias  :  falsô 
crgo  dicilur,  omnia  Icgis  novaî  Sacramenla  propriam 
habere  maleriam.  —  Resp.  :  Dist.  anl.  Nomen  mate- 
riai  in  omnibus  Sacramentis  locum  non  habet,  si  pro- 
priè et  physico  sensu  inlelligatur,  concedo;  si  impro- 
priè  et  per  accommodalionem,  nego  ant.  el  conseq. 
Equidem  respondeo  :  Maleriam  et  formam  propriè 
de  Saeramenlis  non  dici,  sed  metaphoricè,  superiùs 
admonuimus  ;  ilaque  nulla  superesl  ralio  liiigandi  ; 
quenndniodùm  enim  Sacramcnli  formam  vocamus, 
verba  pnescripla  divinilùs,  (|uibus  opus  sensibile  et 
exlernum.  ad  minislerii  ralionem  cvebilur  :  sic  appel- 
lamus  Sacramcnli  maleriam,  id   omne  quod,  verbo 
accedenle,  fi'.  SacramenUim,  sive  illud  sit  subslaniia 
quxdam,  q'j'îî-ic.dô  aqua  in  Baplismo,  unciio  in  Con- 
(irmatione,  elc.,  sivc  aliqua  aclio,  (|uomodô  manuum 
imposilio  iii  Ordinalione,  consensus  de  pra'sc:;li  si- 
gnificaftis  in  Matrimonio,  elc.   Iliuc  Paires  coiicili 
Trid.,  sess.  15,  c.  3,  non  dicunl  pœnilenlis  aelus  esse 
maleriam,  sed  quasi  maleriam  Sacramcnli  Pœniten- 
liiC  :  Sunt  aulem,  inquiiinl,  quasi  malcrin  liujus  Sacra- 
j  menli,  ipsius  pamilcntis  aclus.  nempe  contrilio,  confessio 
cl  salisfactio ;  ut  nimirùm  signilieenl  Ecclesiam  à  phi- 
losopliis  maleri.c  et  formx'  voces  iia   esse  muiua- 
lam,  ut  cas  lamen  in  seiisum  diversum  jure  suc  Irans- 
lideril. 


4179 


DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1180 


§  5.  Osleuditnr  materias  et  formas  Sacramentorum  à  rm  Calvinistas,  omrii  argiiinentoriim  génère  ostcnsiiri  su 


Ckrislo  esse  detenninatas,  adebiiue  immutabiles.. 
Materias  et  formas  Sacramentorum  essenliales  à 
\  Clirislo  esse  delerminatas,  alque  aileô  immutabiles, 
parlim  Scriptura,  partim  Iraditio  docet;  maieriam 
onim  Baplismi  pra'scripsit,  dicoiis,  Joan.  3,  6  :  Nisi 
quiii  renains  fnerit  ex  aquà  et  Spirilu  snncto,  non  potest 
iutroire  in  regnum  Dei;  lormam  verô  his  verbis,  Mat. 
28,  5  :  Euntes,  docete  omnes  génies,  baptizant:s  eos  in 
nomme  Patris,  etc.  ;  matori.'im  Coiifirnialioiiis  ex  parle 
cxplicat  S.  Lucas,  qiiando,  Act.  8,  17,  Spiriluni  san- 
ctiini  per  manuum  iinpositioncm  dalum  leslatur,  ils 
fines  Pliilippus  diaconus  baplizaverat;  tnnc  itnpone- 
banl,  iiiqiiit,  munus  super  illos,  et  accipiebnnt  Spirilitm 
sanctum.  Unclioucm  w.rô  chrismalis  ejusdeni  malcriaî 
ésSC  parlem  allcraiu,  formam  aulem  oralionem,  lum 
Scriplura  lasiuual,  Act.  8,  15;  2  Cor.  1,  v.  21  et  22; 
lum  perpétua  Ecclesiyc  tradilio  docet.  Materiam  Eu- 
charisliaeSalvator  conslituit,  quaiido  pauem  et  viuum 
iu  corpus  et  sauguinem  suuni  dlviuà  virlule  coavorlil, 
idemque  pncccpit  in  suî  memoriam  (ieri,  Luc.  22, 19; 
1  Cor.  4,  2i,  23.  Formam  verô  ibidem  iu  his  verbis 
posuit  :  Hoc  est  corpus  uienm  :  Hic  est  sanguis  meus 
novi  Testament},  ejui  pro  multis  effundelur  in  remissio- 
nem  peccutoruni. 

Sacrameuti  Pœnitenliœ  materiam  et  formam  san- 
cilas  esse  divinilùs,  apcrlè  siguilicaiil  qua^  Icguiilur 
apud  Joaunem,  c.  20,  23  :  Accipite  Spirilum  sanctum, 
quorum  remiserilis  peccaia,  reniillunlur  eis,  et  quorum 
retiuuerilis,  retenta  sunt  ;  Iiiuc  enim  semper  intellexit 
Ecclesia,  datam  sibi  clavium,  et  spiritualisjudicii  po~ 
lc?lalem,per  ministros  suos  erga  peccalores  visibiiiter 
exorceudam  ;  adeôque  Sacrauieuti  hujus  materiam  iti 
aclibus  pœniteulis,  furmaiu  iu  verbis  absolvendi  cou- 
si-siere. 

Materiam  Ex(rem:c  Uiictiouis  et  formam  his  verbis 
S.  Jacobus  complectilur,  c  6,  14  :  Infirmatur  quis  in 
vobis?  Inducat  presbytères  Ecclesia!,  et  orenl  super 
mm,  ungeiHes  eum  olco  in  nominc  Domini;  et  oralio 
fidei  salvabil  rufiiminn,  et  ali.viabil  eum  Dominus,  et  si 
in  peccatis  sil,  remillentur  ei. 

J.îui  verùquautùui  ad  Sacrameutum  Ordiuis  spectat, 


mus;  bine  enim  cerlô  coUigilur,  materiam  Imjus  (1) 
Sacrameuti  coutraclum  ipsum  matrimonii  esse,  for- 
mam vero  bencdiclionem  sacerdotalem.  i 

Ralum  iiaque  sit  et  conslitulum,  Sacramentorum' 
omnium  formas  et  materias  à  Cbristo  esse  determina- 
tas,  at(pie  adeù  imuuitabiles. 

Convenieutem  hujus  pncscriptionis  causam  affert 
S.TIiomas,  3  p  ,  q.  GO,  art.  5,  iu  C,  iudè  petilam  quôd 
iu  usu  Sacramentorum  duo  considerare  oporleat,  cul- 
lum  Dei,  et  iiomiuis  sauctificationem  :  nam  propter 
liaîc  duo  Sacramenta  sunt  inslilula  :  Non  aulem  per- 
tinel  ad  aliquem,  pergit  S.  D.,  determinare  illud  quod 
est  in  poteslalc  allerius,  sed  soiiim  id  quod  est  in  suâ  po~ 
teslale  :  quia  crgo  sanctificalio  hominis  est  in  potestate 
Dei  'sanctificantis,  non  perlinet  ad  liomincm  suo  judicio 
assumere  res,  quibus  sanclificciur;  sed  lioc  dcb^'l  esse  ex 
divinà  instilutione  determinatum.  Elideo  in  sacramenli§ 
novœ  tcg'is,  quibus  Iwmines  sanctificantur,  sccundiim 
illud  Apostoli,  1  Cor.  6, 11  :  «  Abluli  eslis,  sanciificali 
lestis;^  oporlct  nti  rébus  divinà  instilutione  dclermi- 
natis. 

Quâ  autem  ralione  Cbristns  maieriam  et  formam 
omnium  Sacramentorum  couslilueril,  médiate  an  im- 
médiate, genericè,  aul  specificè,  ut  loqnunlur,  discu- 
lictur  quaî>-tione  6  connnodiùs,  ubi  de  auctore  Sa- 
cramentorum dicluri  sunms  (2). 
§  6.  Proponuntur  et  resolvuntur  quœdam  quœsliones. 

Siipcrcst  ad  coronidem,  ut  ali(iua  qu;e  sultoriri 
possunt  de  naturâ  Sacramentorum  dubia  breviler  ex- 
pédia m  us. 

I.  Qu;icres  ulrùm  omnia  quœ  in  Sacramenlis  obser- 
vari  soient,  ad  eorum  subslantiam  e\  a;quo  perliueant. 
—  Resp.  negalivè.  Duplex  enim  in  Sacramenlis  di- 
stingueuda  materia,  nna  esscnlialis,  allora  acciden- 
(alis  et  acccssoria,  idemque  de  forma  dicendum.  Ma- 
teriam essentialem  intelligimus ,  quam  à  Cbristo 
pr;iescriplam  esse  consliierit,  quieque,  forma  adve- 
nirnto,  consl.'luit  Sacrauienlum;  accessoriam  et  acci- 
denlalem  vocamiis,  quam  Eccl<'sia  ad  majorem  Sacra- 
meulorum  ornatum  et  pompsfm ,  clarioremque  signi- 
(icationcm  decursu  temporum  insliluil,  et  observari 
priccepil  :  quod  aulem  de  materià  dictum,  idem  de 


clariora  sunt  cà  de  re  Scriiilurarum  testimonia,  (piàui  | 

lit  diibitarc  quis  possit  maieriam  eju-dem  et  formam  1  forma  putandum. 

divinà  lege  esse  conslitulas.  lu  Aclibus  enim  aposio   É      II  QuaîiTS.  Cùm  inuno  eodemqueSacramento,  ple- 

lorn!n,c.   0,  G,    de  primis  diaconis  hncc  leguntur  :  i|  rùmque   sit   materia  multiplex,  et  multiplex  forma. 


Hos  statuerunl  ante  conspectum  aposlolorvm  ;  et  oranles  'S 
iiuposuerunt  eis  manus.  Quorum  similia  repeUiritur  in  | 
Epistolis  S.  Pauli  !  Noli  negligere,  iiiquit  1  Tim.  i,  \ 
1-4,  qruliam  quœ  est  in  le,  quai  d.:ta  esl  libi  pcr  proplie-  j? 
liam,  eum  imposiiione  manuinn  presbyterri;  «12  Tim.  I| 
1,6:  Adnwneo  le  ut  rciusciles  gratiam  Dei  quœ  est  in  ^ 
le  per  imposilionem  manmnn  vicrum.  Voluil  ergo  f 
Cbristns,  materiam  sacme  ordimuiouis  manuum  impo-  | 
siliouem  esse,  formam  verô  orationcm.  || 

Quantum  deuique  ad  Sacrameuiuui  Matrimonii  per  | 
tiuet,  audire  pr;iesiat  Ecclesi;c  pei'peluam ,  cl  nun-  î 
(piàm  iulerruplam  consuetndincm,  qirun  ab  Aposlolicâ  i 
raditione  descendere,  suo  loco  contra  [  ulberanos  el  I 


ulrùm  cerlà  quâdam  régula  possit  coguosci,  quid  eo- 
rum rituum  ad  essenliam  Sacramenli  pertincal,  (miuI  i 
è  contra  accidenssil.  —  Resp.  Cerlissimam  imjns  fc-; 
rendi  judicii  in  anliquilate,  perpetuilale,  cousensione 
regulam  esse;  ita  ut  rilum  hune  ad  Sacramenli  sub-' 
sla:iliam  pertiuere  non  sit  dubilandum,  quem  certô 
consliierit  semper  et  nbique,  siunmà  consensione  ser- 

vatum;  è  contra  verô  non  pertiuere,  cui  uecpie  uni- 

I 

(î)  Yid.  traclatnm  de  Matrimonio. 

(2)  Yidebaiu;  qn;esl.  G  de  auctore  Sacramentorum, 
cnni  auuolatiDiiibus  ibi  apposilis.  Non  pariun  inde 
eniergcl  lumiuis  ad  iulclligeutiam  lum  pricsenlis,  lum 
si'q'icnlis  paragrnpiii.  (Edil.) 


1181  QUvEST.  I.  DE  ESSKM 

vcrsalitas,  neque  perpeluilas  poieril  vindicaii  ;  licl 
ros  l'xeiuplo  darior. 

Diacoiialuin  ,  cùni  sit  ordo  divinilùs  instituUis,  ve- 
nim  esse  nova;  legis  Sacranieiiluni,  cerla  res  csl;  in 
illiiis  porrô  admiuislralione  luiilta  observanlur,  nain 
1  '  nniimini  ;  2"  stohi-;  3"  dalinalkx'  iniposilio  (il; 
i"  L'vaiigolioruni  liber  poii igiLiir  ;  liabelqiie  iiuilli- 
pK'X  illa  nuUcrw  tolidein  jHiiiè  sibi  convonieiiles  cl 
adjiinclas  formas;  jani  vcrô  si  quis  scire  deside- 
rot ,  in  tani  variis  rilibus ,  quis  cssentialis  baberi 
dcbcal,  quis  accidenlalis ,  consulat  anliquiialem  , 
perptUiilatoin  ,  consensionem  ;  cerloque  comperiel, 
necpie  sl()l;e  ,  ni'(iue  dalnialic;e  iniposilioncm,  neque 
porreclionem  libri  Evangeliorum  ,  sed  solani  iniposi- 
lioncm niaiiuum  cum  oraiione  conjunclam  diaconalùs 
subslanliani  constiluero,  quia  solus  ille  ritus  anliqui- 
lale  ,  perpeluilale,  consensione  defendiliu"  :  reliqua 
vcrù  labcnte  œiate,  ad  majorem  solemniiahîm  et  re- 
verenliam  fuerunl  ab  Ecclesià  insliluta,  nec  in  omni- 
bus EcolesiLC  partibus  a^qualitcr,  eiiam  boc  icnipore 
observanlur. 

III.  Quaeres  utrùm  omnis  quœ  in  malerià  et  forma 
contingere  potesl  mutalio,  tollat  verilalem  Sacramenti, 
et  irritum  faciat.  —  Resp.  négative  ;  nam  , 

r  in  malerià  Sacramenli  coniingere  potest  duplex 
mutalio  :  subslantialis  una  ,  accidenlalis  altéra.  Sub- 
slan.tialis  est  quando  allcrius  (1)  speciei  res  sensibilis 
assumitur,  qu;«  scilicet  à  Clirisio  pr.ii;scripta  non  fue- 
rit  ;  ut  si  quis  aquà  arlificiali ,  aliove  liquore  ad  bapti- 
zandunj  utatur.  Eàque  nnilatione  Sacranienlum  irri- 
tum lieri  cerlum  est.  Accidenlalis  est  qualiscunjque 
mutalio,  )-pcciem  non  solvens  ;  ut  si  sal,  vel  cinis 
cum  aquà  commisceatur  ;  ea  enirn  cùm  elemcnli  na- 
turam  non  corrumpal,  ila  nec  lollil  Sacramenti  vcri- 
latem  :  hinc  cum  aquà  maris  et  aquis  nietallicis  validé 
baplizalur. 

T  Sin)ililer  formie  mutalio  duplex,  sul)sian[ialis 
est,  quando  sensus  verborinn  non  manet  :  et  cum  illà 
stare  non  polest  veritas  Sacramenti  :  cujusmodi  erat, 
quam  primis  Ecclesi;c  temporibus  ,  Valeiitiniani  qui- 
dam harctici  in  Baplismuni  iisvexerant,  ut  refcriuit 
sanclus  Irenaîus,  lib.  I  ,  cap.  18,  el  Eusebius,  Hisl. 
Eccl.,  lib.  i,  c.  10.  Baplizabanl  enim,  in  nomme  ùjnoli 
omnium  Pahis,  in  verilale  omnium  Maire,  el  in  eo  qui 
descendit  in  Jesum. 

Accidenlalis  esl ,  quâ  verba  mutanlur,  inlegio  ma- 
nenle  sensu;  eaque  Sacraniciitum  non  inficit  ;  cùm 
vis  ejus  el  cfficacilas  ex  sono  vcl  numéro  syllabarum 


(I)  Ros  polest  esse  allorius  spocioi  dnplici  modo, 
nrmi)è  pbysicé  et  moraliter  :  pliy->icc  qiiidcni,  si  sid)- 
sl;inlia  sit  verc  divcrsa  ;  moraliler  \erô,  si  eàdcin 
ni:iiii''iile  subsianlià  pliysicà  ,  res  non  iisdem  iisiltus 
d<slinelur.  Poiro  nlraqne  li;cc  divcrsilas  verilalem 
lollil  Sacramenli  :  v.  g.,  quainvis  forsilaii  iiix  el  j^la- 
cies  pliysicè  et  sulislantialitcr  ab  aipià  non  dilTc.-ranl , 
iiiliilomimis  iiiv(!  vclglacie  no  dnm  resoinlis,  Kaplis- 
mus  admiiiisirari  ncquil  ;  in  maliM'ià  eniiii  Sacramen- 
toruiii  maxime  allciidi  débet  illius  al  cnecliini  sacra- 
nienlaiem  exprimendinn  apliludo  ;  porrù  i^'lacics  cl 
nix  non  simt  apla:  ad  inlernam  anima;  ablulionem 
signilicandam.  (Edil.) 


lA  ^ACKAMENTORUM.  118-2 

non  peudeat ,  sed  ex  sensu  et  proprielate  verbonmi. 
Qiianlacmnqiic  igitur  contingat  in  illis  nmlalio ,  ad- 
dilione  scilicet,  delraclione ,  inversione,  corruptio- 
nc(l),  etc.;  quamdiù  sensus  idem  manet,  sua  serva- 
lur  Sacramenlo  verilas.  In  conlrarium  verô,  mutalio 
vcrb(»ruin  eliam  miiiima,  si  pcreal  sensus,  Sacranien- 
lum ipsum  corrnniiiit  cl  niillil  in  irritum,  ni  si  rpiis 
vel  nnà  laniinn  nmlatâ  lilierà  dicat  :  Ego  le  baplito  in 
nomine  Malris,  etc. 
I  Jiidicium  porrô  de  bujusmodi  mntalionibus  siulno 
substanliales,  vcl  accidenlales,  morale  esse  débet, 
non  malliemalicum,  quod  r.d  summum  rigorem  exi- 
gitur  ;  ila  ut  tune  censeatur  veiborum  sensus  niancre, 
!  quando  qui  présentes  adsunt  intelligum ,  pbrasi 
quantùmvis  corrnpià  boc  ipsum  significari,  quod  solet 
inlegro  verborum  tenr-re  proferri. 

Palmare  liujus  rci  excmplum  est,  in  Epistolà  Za- 

chariïc  medio  circilcr  oclavo  seculo  summi  Poiilificis 

1  ad  Bonifacium  Gernianorum  apostolum ,  qua;  Icgitur 

apud  Graliannm,  c.  Retulenmt  ,  de  Conscc,  dist.  4. 

Consnilus  Ponlilex  de  quodam  presbytero,  qui  pra; 

nimià  lingual  imperitiâ  sic  consuevcrat  baplizarc  : 

I  Ego  le  baptizo  in  nomine    pairia ,  cl  filia ,  et  spirilu 

j  sancia  ;  uirilim  deberet  baplisma  bujusmodi  iterari. 

'  Respondit  non  debere. 

I  Retnlerunt,  inquit,  nnnlii  lui  quod  fueril  In  eâdem, 
provinciù  (Bojoariorum  ,  Bavaria  modo  dicilur),  sacer- 
dos  qui  Latiiiam  lingnam  penilùs  ignornbal,  el  ditm 
bapiizarel  nesciens  Latini  eloquii,  infringens  linguam 
dicebat  :  «  Baplizo  te  in  nomine  patria ,  el  fUia ,  el  spi- 
rilu snncta;  »  ac  per  hoc  luu  reverenda  fraternilas  eos 
rebaplizarc  proposuil.  Sed,  sanclissime  [rater,  si  ille  qui 
ita  buplizavit ,  non  errorem  inlroducens  aut  hœresim , 
sed  pro  sotà  i^noranliù  Romance  locutionis,  inphigendo 
linguam,  ul  supra  fati  sumus,  baptizans  sicdixerit;  non 
possumus  cunsenlire,  ul  denub  baplizcnlur. 

lia  Zacliarias.  Prudenler  enimverù  judicavil ,  siib- 
slanliam  foimœ  non  esse  mutalam,  quia  facile  inlclligi 
poterat,  quid  lue  sibi  vellel  ignarus  sacerdos,  lum  ex 
actu  ipso  baptizandi,  tum  ex  conjunclione  verborum 
sequenlium  cum  pnccedeniibus  ;  non  enim  dicobat; 
In  nomine  palriœ ,  et  (îliœ  ;  uli  loqni  ex  grammaliccc 
régula  debuisset,  si  rn  menle  babuisset  forinne  scnsum 
invcrlere  ;  sed  ,  in  nomine  patria  et  filia  :  qu?e  oratio 
cùm  nibil  liaberet,  pra'lcr  inconveuienlem  el  ab.'ïonam 
parliumoratiouis  compositui»ni,argnmento  eral  t  doni 
bominem  boc  ipsum  diccre  vcliiisse  quod  alii,  quando 
in  nomine  Palris,  et  Filii  et  Spirilûs  sancii  baplizant. 

Ideinque  non  nndiô  post  à  Stepbano  II,  Zacbari^î 
succcssore,  slatulum,  cccasione  cujusdam  prosbyleri 

(1)  Sex  prmsriim  niodis  fieri  potesl  mutalio,  qu 
sequenlibu-;  versieulis  exi)rimuntur  : 

y  il  formai  dcmas,  nil  (iddns,  nil  variabis; 

TransmiUarc  cave,  corrinupere  verba,  morari  ; 
id  esl ,  forma  Sacramenlorinn  nnilari  polest  omis- 
sioiie,  additione,  varialioue.  seu  unies  verbi  pro  alio, 
aut  idiomatis  pro  diverso  idiomale  usurpalione,  Irans- 
posilioiie  ,  corni|ilione  lermiiiormu  et  iiilerrnplioiie  ; 
qua;  (piidem  mulaliones  erunl  suhslanliales  aut  a(ci- 
denlales,  proul  sensus  destruclur,  aut  idem  remane  ■ 
liil.  Vide  Collet ,  cap.  2,  art.  2,  punct.  3.      (Edit.) 


il83 


DE  UE  SACRAMENTAUIA.  —  DE  SACKaMENTIS  IN  GENERE. 


au 


qui  rusiicè  baptizaverat,  in  Juinc  modum  :  In  tiom'me 
vairis  mergo  ,  et  filii  mercjo  ,  et  spiritùs  saiicti  vieryo  ; 
infantes  verb  illi ,  iiiqiiil  cap.  14,  quos  baplizavil ,  licèt 
ruslicè,  quia  in  uomine  sunctissimœ  TiinilcUis  sunt  bapti- 
zali,  in  eo  baptismo  permaneant  (1).  j 

(1)  Quôd  si  mulatio  talis  sit,  ut  formse  sensus  sit 
ambiguiis  et  œquivocus ,  «  tune ,  ait  Tiieologia  Tolo- 
«  sana ,  juxta  comuiuiiem  llieologorum  senlentiam, 
i  valor  Sacramenti  pendet  à  niinislri  intenlione  :  Si 

<  niiniiler  forniam  inlelligal  in  sensu   erroneo  ,  lune 

<  eril  subslantialis  nuilatio,  et  invalidum  erit  Sacra- 

<  nienlum.  Si  verù  niinisler  formam  secpiivocam  intel- 
«  ligat  in  sensu  legilinio,  tune  erit  mulatio  duntaxat 
i  aecidentalis...  Id  patet  ex  responsione  suni.  Ponli- 
t  ficis  ad  BoniAicium  ,  super  eo  sacerdote  qui  bapti- 
«  zaverat,  Jn  nomine  palrin,  etc.  ;  decernit  cnim 
€  Baplisnium  non  esse  ileranduui,  si  baplizans  Tion 
«  errorem  aut  hoeresini  voient;  inlroiiticere ,  sed  pro 
«  solâ  Latin.Te  lingu;ie  i?noiantià  sic  ili,-ui  infVegerit  ; 

<  ubi  iiidicat  forniam  futurani  fuisse  invalidani  el  nul- 
«  lam ,  si  nominatus  sacerdos,  verba  illa  i)rotiiliss(t 
I  cum  iîitentione  b;iereseos  inlrodueendœ.  »  Ratio 
auteni  est  quia  forma  ex  ainbiguo  sensu  ad  senstnn 
falsuni  et  Ecclesiae  contrarium  pravâ  intcntione  dcter- 
niinaiur. 

Quid  autem  dicendum  ,  si  minister  erret  circa  ali- 
cujiis  vocis  significationem,  v.  g.,  si  falsô  exislimet 
voculam  lik  in  cnnseciatioue  cabcis  esse  adverbiuni 
locale  ?  Negant  aliqui  valere  lune  sacramentuin  ;  quia 
minister  non  babet  intentionem  significandi  quod 
Ciiristus  siguilicari  vobiit.  Alii  Sacranicntum  validuni 
esse  pronuntianl  ;  quia  nullà  inlentione  quantùmvis 
perversà  ,  violari  potest  verit;is  Sacrainenli,  quando 
ritus  externus  légitimé  celcbraiur.  Inicr  h.TC  disiin- 
guenduniputamus  :  scilicel  vel  minister,  pi;rter  inlen- 
tioneni  erroneam,  aliani  babel,  el  quideni  pnedomi- 
nantem,  nempe  iaciendi  quod  Cbrisius  instituit ,  .ic 
proinde  signilicandi  quod  Chri-tiis  vohiit  significari, 
vel  non;  si  prius  ,  valet  Sacramenluni ,  (piia  inlentio 
orroneaopposità  pr.edominaiite  cli<liU]r;  si  poslcrius, 
Sacramenluni  nullum  eslob  ralionem  prini;c  opinionis. 
llinc  infidelis  validé  baplizaret.  quanivis,  forniam  n'n 
eapiens,  aliquid  ab  ejus  sensu  diversuni  imagiuarctnr, 
modo  principaliter  intenderet  facere  et  signiiicarc 
quod  socielas  cbristiana  faclt  et  signilicat. 

Hic  etiam  quœrilnr  utrùm  et  qualis  unie  requiralur 
inter  materiam  et  formam  Sacramentorum. 

Resp.  ad  prinuim  :  Pro<  ul  dul»io  formam  inler  et 
maleriani  Sacrameiilorum  aiiquaunio  requiiinir;  nain 
ex  materiâ  et  forma  unuin  conslitui  débet  Sacramen- 
luni :  porrô  ,  nisi  secum  invicem  uiiirentur,  aliquid 
unum  non  eHiccrenl;  ergo... 

Resp.  ad  sccundum  :  Quidam  veteres  tlieologi  nnio- 
nem  pbysicam  aut  quasi  pliysicam  requiri  aibitrnli 
sunt.  At  cerlé  talis  unio,  licét  plon'untiuc  optanda , 
non  est  tanien  de  necessitale  Sacranienti.  N'am  ad 
compositum  morale ,  pr;csertim  si  sit  suecessivum, 
sulïicit  unio  moralis  inter  illius  parles  :  atqui  Sacra- 
menlum  esl  composilum  morale,  et  quidcni  suecessi- 
vum; ergo  inter  materiam  et  forniam  suflicit  unio 
moralis,  nec  physica  aut  (piasi  pbysica  absoiutè  requi- 
rilur.  Et  vcrô  non  est  in  liumanà  polestaîe  taleni 
si'iujier  in  Sacranientis  adniinislrandis  liabere  allen- 
lionem  ,  qualis  necessaria  foret  ut  f  >rma  nuncpiàm  h 
malerià  piiysicé  sejungeritur  ;  ergo,  si  unio  pbysica 
essel  necessaria,  eontinute  anxietatcs  circa  Saeramen- 
lonnn  veriialem  nasci  dcberenl;  quis  auteni  sibi  in 
animuin  inducat  Cbristum  Doininuni  lot  anxielalibus 
el  scrupulis  iocum  daie  voluisse,  dùm  Sacrameiito- 
iiiiu  naturam  constitueret? 

Venim  unio  moralis ,  (piemadniodînn  suflicit ,  ita 
profeclù  requiritur.  rsam  unio  moralis  ea  est ,  quâ 
posilà,  prudens  quisque  facile  judicare  potest  ex  plu- 
ribus  partibus  unicum  tolum  eflici  :  porrù  talis  unio 
materiam  inler  et  formam  manifesté  necessaria  est  ; 


IV.  Qu;eres.  An  conveniant  Grœci  eum  Laiinis  in 
subsiantià  formarum  sacramentalium.  —  Resp.  allir- 
mativè  :  ut  enim  modôdieebamus,  formse  sacramen- 
talis  Veritas  non  pendet  ex  sono  vel  numéro  syllaba- 
rum  (2),  sed  ex  sensu  et  significatione.  Atqui  quanta - 

hâc  enim  sublatâ ,  materia  et  forma  in  unicum  totiun 
non  coaleseerenl  ;  ergo  requiritur  unio  moralis.  ILtc 
ineoncnssa  esse  videntur  ;  sed  in  quo  pra-cisè  sita  sit 
Iirce  moralis  unio ,  non  ila  facile  est  determinare. 
Attanicn  ut  id ,  quanlùm  in  nobis  est,  manifeslum 
faciaiuus,  duas  régulas  générales  proponerejuvat,  quai 
diflicullalibus  parlieularibus  solvendis  non  parùm 
inservient.  Prima  bocc  esi  :  Quando  verba  formai 
pra;senlem  iudicant  materiam ,  ila  in  illain  caderc 
debeiil,ul,  allenliscireumstanliis,  vera  esse  prudenter 
judiceulur.  Se'^unda  verô  sic  se  babet  :  L'bi  forma  ma- 
teriam pnescntem  minime  significat ,  ila  cum  illà 
eonjuiigi  débet,  ut,  Iiabità  ratione  nalurai  cujusque 
sacranienli,  ambas  iu  unum  tolum  coaiesccre  prudens 
quisque  facile  judicare  valeat.  liinc  Sjionlè  (luit  non 
eanideni  iu  omnibus  Sacranientis  requiri  inter  mate- 
riam et  formam  ijropinquitatem,  ul  unio  moralis  cen- 
seri  possil,  sed  diversam,  proul  diversa  simt  tum 
natura  Sacramenti,  tum  qualitas  moteri::e,  prœserlim 
l)r()\im:e  ,  tum  denique  i|tsius  forma;  signiiicalio.  Ni- 
niirùm  <piando  materia  indicalur  per  pronomen  de- 
raonstralivum  ,  aut  per  verbum  indicalivi  modi ,  tune 
major  prnpinquilas  esse  débet.  V.  g.,  in  confectionc 
s;ieralissinii  Eucbarisliai  Sacranienli ,  ubi  materia  per 
pronomen  demonslrativum  designatur ,  necesse  est  ut 
haciijsa  materia,  eodem  tempore  quo  forma  profertin", 
ila  sit  pra:sens  niinislro ,  ut  illius  polcslali  aliqiio 
modo  subjaceat  ;  et  ab  adstantibus  facile  intelligi 
valeat  alque  ab  alià  discn'ni.  Parilcr  in  Baptismo,  ubi 
verba  fornux;  actualem  désignant  applicationem  nia- 
Icriye  remotai,  ad  unioiiem  moralem  oportet  ut  mini- 
ster, cùmformam  pronunlia!,  lune  lemporis  aetionem 
per  voces  signiticatam  exercc-at,  aut  sahem,  excom- 
muni  prudenlùiii  agendi  et  loquendi  modo  ,  exereere 
censeatur  ;  alioquin  non  scrvarelur  lbrm;t;  veritas- 
Idem  dicendum  est  de  Coiifirmatione  el  Exlremà 
Unclioue,el  ob  eamdeni  rationcm.  lu  Sacramento 
Ordiiiis,  liect  forma  non  dcsignct  materifc  applicatio- 
nem ,  non  esset  tanien  unio  moralis,  nisi  eodem  fcrè 
tempore  forma  et  maleria  existèrent;  eùm  enim  ulra- 
que  seorsini  eanidem  significationem  habeat,  absquc 
naiurali  unius  ab  alià  dependentià,  si  inter  illas  nota- 
bile  intervallum  inter.  ederct,  in  idem  compositum 
coalescere  pnidenler  judicari  non  jiossent.  At  verô  in 
Sa.cramenio  Pœnitenlix',  quod  per  modum  judicii  per- 
ficitur,  non  tanla  lequirilur  propinquitas  inler  niale-- 
riam  et  formam;  sed  ea  sufiicil,  ex  quâ  prudens  quisque 
iulelligere  valeat  idem  judicium  perfici,  seuconsum- 
mari,  per  senlentiam  sacerdolis  absolvcntis,  quod  per 
pœnitentis  accnsationem  incboalum  est.  Hinc  validé 
absolvi  potest  bomo  delirio  laborans,  qui,  ante(iuàni 
ralionem  amitleret,  signa  pœniteniia;  dédit  el  con- 
fessarinm  jussilaceersiri.  Denique  in. Sacramento  .Ma- 
Irimonii  sal  longa  esse  polest  inler  nialerire  et  formai 
applicationem  dislantia;  sed  cùm  liujus  intervalli 
determinatio  pricserlim  pendeat  à  gravissimâ  conlro- 
versiâ  qu;e  movelur  circa  materiam  et  formam  Sacra- 
menti .Malrinionii,  remiiiimus  ad  tractatumspecialem, 
ubi  baic  dispulatio  diligenliùs  et  fusiiis  exponetur. 

(Edil.) 
(2)  Comniunis  quidem  ibeologorum  senleniia  est , 
Latinorum  Gr.TCorumque  forniis  cujusque  Sacranienti 
elfeclnm  suTficienter  exprimi,  ac  proinde  unius  Eccle- 
si*  formas  alterius  forniis ,  quantum  necesse  est, 
œquivalere;  at  eertè  dubium  multis  videri  polest 
ulrùm  sine  addilo  veré  dici  queat ,  ulrinque  prorsùs 
eunidem  sensum  esse.  Sic  verba  ab  ipso  auclore  m 
exemphim  aliala ,  striclé  et  proprié  loqiiendo,  non 
idem  signilicaiit ,  licél  singula  suo  modo  sacranienli 
MaiiiuKaiii  elieelum;  quanlùm  salis  est,  exprnnant  , 


1185 


QU^ST.  1.  bi:  EbSEiNflA  SACUAMENTORUM. 


H86 


iljct  sit  Grcccorum  à  Lnliiiis  in   l'oimis  cnuiiliandis  |  foniiarii  iiidicalivani  usurpando ,  rcspiciunt  ad  polc- 


vciboiuin  divori.ilas,  in  cuiiulL'in  lanicn  scnsiini  cou 
veniiint.  Sic,  cxenipli  causa,  licèt  n< mine  tenus  dilTcral 
forma  quaui  Gncci  in  nuilnuiunio  ;i(liiibont  :  Coionuttir 
scrvus  Dei  N.  propicr  ancillam  DcilS.,  ab  iiiù  quam 
iisnrpant  Lalini  :  fr/o  vos  in  uialiiiiioniuin  conjunijo , 
in  nominc  Pains  ,  clc.  ;  ulriusque  laiaen  idem  sensus , 
Cl  p:ir  cfficacia  est.  Ergo,  etc. 

Objeciio. 

Dices  :  Forma  absolula  sive  indicaiiva  difTerl  essen- 
lialiierà  dcprecaiivà.  AlquiCrreci  per  formam  depreca- 
livamSacramenlnm,  excmpli  causa,  Pœnitenlire consa- 
crant; Latini  per  indicalivani  :  ergo  interillosde  sub- 
slantiàforniartn»  non  convenil  ;  alquc  adcù  cùni  Ibrmse 
Sacramentorunisinl  cxdivinàiiistiliilioneimninlabiles, 
de  allerutris  est  dicendum,  qiiôd  Sacramenla  corrnpe- 
rint.  —  Rcsp.  Negi)  maj.LH  aiilem  rcsponsio  planiùsin- 
tcliigatur,dicenduniquid  forma  absolula  sive  indicaiiva,  I 
quid  deprecaliva  sit.  Absolulau)  appellant,  qn;e  verbo  ] 
indicativo  cfl'crUir;/iiialis est absolvendi régula  inLati-  j 
nara  Ecclesiani  à  muliis  seculis  introducla  :  Ego  te  1 
absolve,  in  nomine  Patris ,  elc.  ;  idcmque  de  aliis  est  1 
dicendum  :  Ego  le  baptizo;  signo  te  signo  crucis,  con-  I 
firmo  le  clirysmate  salutis,  etc.  Deprecaliva  est,  quoc  in  i 
modumprecalionis  cnuntiatur,  qualiseslapudGrœcos 
forma  absolvendi  :  Ipse,  Domine,  dimilte  peccula  hujus 
servi  lui,  quia  tua  est  potcntia  et  luuni  regnum,  Patris  et 
Filii,  etc.,  qualis  cliam  Lalinorum  est  in  nnciione 
extremâ  :  Per  istumsanclam  unclioneni,  et  suam  piissi- 
mam  misericordiam  indiUgcal  libi  Deus  quidquid  deliquisli 
per  visum,  etc. 

Redco  nunc  ad  argumentum ,  et  nego  majorem  ; 
illae  enim  fonnce  non  dilTcrunl  essenlialiter,  quaram 
virtus  eadeni  et  eflicaciias  est  (1);  atipii  forma  de- 
precaliva et  absolula ,  unam  eanidemque  virlulem 
habent  :  cùm  enim  Deus  sit  causa  in  Sacramentis  ; 
principaliter  operans,  Grœci  per  formam  deprecaii- 
vam  vim  omncm  liberandi  à  peccalis  à  Deo  salutis 
auctore  dcsoonderc  profllenlur  ,  et  in  or.ilione  quam 
proferunt  divinam  virlulem  agnoscunt  ;  Latini  verô 


CaelcriJm  lue  non  prcttuntiamus  cum  Drouin  ,  in  his 
rcposilamcsse  Sacraïnenti  Malrimonii  formam.  De  hoc 
alibi  commodiùs.  (Edit.) 

(1)  Minus  aplè  ad  proposilam  diflicultateni  auclor 
respondcl  ;  objicilur  enim  formam  absolulam  à  de- 
j)recalivâ  discrepare ,  quoad  sensum  videlicot,  ip^e  vcrô 
ostendere  conalur  priorom  à  posteriori  non  diiïerre, 
([noad  virtutem  et  efficaciam.  Itaqiie  poliùs  dicendum  { 
fuissel  :  lUse  formsc  non   dift'erunt  essenlialiter,  quic 
eamdem  Sacramenti  virlulem  et  tfficaciam  exprinmnt  ;  ; 
alqui....  Deinde  auclor  supponit  formam  Sacramenti  j 
Prenitenrux  apud  Graîcos  esse  deprccalivani  ;  porrô  ,  j 
quamvis  id  nmlli  exisliment,  non  desunt  tamen  qui  I 
conlrarium  doco;inl,  inlcr  quos  doclissimus  Arcudius,  ' 
de  GoMCordià  Ecclesiu;  Occidcnlalis  et  Orienlaiis  in 
seplcm  Sacramentor  um  adminislratione  ,  lib.  4,  c.  3, 
ubi  asserere  non  dubilal  Gr.ecos  veram   indicalivani  | 
formam  babere,  licèt  non  pauci  ex  iiiis  eà  non  utan-  j 
lur,  quia  scilicet  in  Eucologiis  non  reperi.'i  solel  Le-  i 
gatur  lolum  hoc  Arcudii  caput,  in  quo  lu  ulentissima 
îiabenlur   de    hâc  quœslione  difficili    quae  insuper 
diligcnliùs  disculietur  in  tractatu  de  Pœniicntià. 

(Kdit.) 


slalom  Ecclesiaî  ejuscjuc  minislris  à  Chriblo  conces- 
sam,  quando  in  Aposlolos  insulllando  dixit  Joan.  20, 
22,  etc.  :  Accipile  Spiriluni  sunclum  ;  quorum  remise- 
rais percata,  remitluntur  eis,  et  quorum  relinuerilis , 
retenta  sunt.  Quod  non  ila  tamen  ab  cis  fit,  quin  ha- 
boalfornia  indicaiiva  adjunciamaliquam,  vel  expresse, 
vcl  lacilù  supremi  Numinis  invocalionem  ,  qusc  vtra 
oralio  est  ;  unde  dicunt  :  Ego  te  absolvo ,  in  nomine 
Patris,  etc. 

Falsù  ergo  dicilur,  formam  absolulam  à  depreca- 
liva differre  essenlialiter.  Unde  tenendum  nequc  Grec- 
cos  ncque  Latinos  formas  Sacramentorum  subslan- 
lialiier  immulàsse  :  nam  si  ideô  Gneci   putarenlur 
Sacramcntum  pœnitentifc  corrupisse ,  quia  meris  prc- 
candi  formulis  ex(;rcent  in  pœniienlia;   foro   spiri- 
lualc  judicium;  cadem  in  Laiinosaccusalio  recidcret, 
quos  olim  cerlum  est  (I),  non  nisi  precando  pœni- 
tenles  absolvisse ,  ut  sumus  in  tractatu  de  Pœniicntià 
fusiùs  oslensuri  ;  hinc  illud  à  S.  Augustino  diclum  , 
lib.  3  cont.  Donatistas,  cap.  16  :  Quid  est  aliud  manûs 
impositio  (qua;  nimirùm  super  pœnitentes  olim  fie- 
bal),  nisi  orutio  super  hominem  ?  Cavendum  ilaque  ne 
simus  ad  Graecos  reprebendendos  audaciores ,  eosque 
ideô  violatse  fidei  accusemus,  quia  à  Lalinorum  disci- 
i    plinâ  in  S.K  ramentorum  consecralionc  plerumquere- 
;    cedunl.  Quâ  in  re  dissimulare  non  possumus,  raultos 
,  è  nostris  peccâsse,  qui  simul  ac  ritum  aliquem  à  La- 
!  lino  diversum  in  gntcâ  Ecclesiâ  compcrcrunt,  stalim, 
j  quasi  de  summâ  fidei  ageretur,  Graccos,  velut  aniiqui 
I  dogmatis  adversarios,  verbis  qnàm  poluerunt  contu- 
j  meliosissirais  affecerunt  ;  incauiique  egerunl,  tum  ut 
Grx'ci  Lalinorum  conviciis  exulcerati  ,.in  ferali  schi- 
smale  obstinaliùs  firmarentur;  tura  ut  his  nostris  per- 
:  turbalionibus  juvarenlur  Lutherani  et  CalvinisUc  ,  ad 
j  septenarium  Sacramentorum numeruni  impugnaudum, 
;  obtendendo  Grœcos,  nobis  ipsis  judicibus,  sibi  in 
cvertendo  sacro  numéro  consentire  ;  verùm  de  hoc 
I  alibi  s?epiùs  recurret  sermo. 

V.  Qu;i:res  ulrùm  alicujus  peccati  rci  sint,  qui 
mutant  materias  aut  formas  Sacramentorum  ,  sive 
substaniialitcr  siveaccidentaliter. — Resp.  l'peccare 
morialiter,  et  sacrilegii  reum  fieri ,  qui  vel  ex  affc- 
claià  ncgligenliâ ,  vel  ex  culpabili  ignorantià  ,  vel 
dcnique  ex  contemplu  sic  formam  mutai,  ut  Sacra- 
mcntum irrilum  facial.  Sacrilegii  enim  rcus  est,  qui 
rem  sacram  violât  suoque  fraudât  efTectu  ;  undè  quam- 
vis excusari  à  peccato  raortali  possit  laicus  in  neces- 
silale  baplizans,  et  ex  ignorantià  formam  sacramcn- 
talcm  corrumpcns,  non  idem  tamen  de  juratà  obsle- 
tricc,  excmpli  causa,  dici  débet,  quaeadmunus  suum 
non  admittilur,  nisi  Baptismi  conferendi,  et  in  ne- 
ccssitate  adminisirandi  ritum  ante  docta  Xuerit,  ut  Ec- 
clesiie  decretis  sanoiium'jsl  (2).  — Resp.  2°  peccare 

(1)  Id  confidenliîis  diclum  existimamus,  ut  demon- 
strabitur  i:>  iraclalu  de  Pœnitentià. 

(2)  Il;cc  EcdesiiC  décréta  omncm  ferè  vim  suaio 
in  Gallià  amiscnmt,  ex  quo  aucloritalis  civilis  pra;- 
sidio  penitùs  destituta  suul.  Pastorcs  jam  ab  obsle- 

j  tricibus   juranienlum   exigere  non   possunl  ;    sed , 


il87  DE  ilE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACUAMENTIS  IN  GENERE. 


\m 


graviler,  ([iiisqnis  aliquid,  quanlùinvis  Icvc  videri 
possil,  ia  rilu  Sacranienii  ex  coiUeniplu  mutât;  qui 
eniai  ita  est  aflcclus,  ut  res  panas  niliili  peudat, 
Ecclesiam  ipsam,  ctSpirituui  sanclur»  à  quo  regitur, 
BSponialur,  privatuai  siium  judicium  eoiuai  sealeiilur, 
prafcreado,  (jtios  posait  Daas  regorc  Ecclesiam  suam  : 
grave  autem  ia  hàc  re  esse  pcccatum ,  solus  ille  aega- 
Veiit,  qui  non  audiverit  Cliristunj  dicentem,  Luc.  10, 
16  :  Qui  vos  iiudit,  me  audit  ;  et  qui  vos  speruil ,  me 
speriiit  ;  qui  uittcm  me  spcrnil,  speruil  eum  qui  misit  me  ; 
et  Apostokini  sic  pi-ï^cipicatcm  •  obedile  prœposilis  ve-  j 
shis,  cl  subjaceteeis,  liebr.  13,  17.— Resp.  3"  peccati 
jcthaiis  reaai  (it^ri ,  qui  in  adiiiiaistrationc  Sacrameii- 
toiuai  dubià  forma  aiit  niaterià  ulitur,  prœserliai  si 
ccrla  et  iadubilala  habcri  possit,  qaia  pcriculo  non 
conlicicndi  Sacranienturn  ,  alque  adeô  sacrilcgii  et 
irrisionis  reriim  divianrum  ,  voleas  et  sciens  sese  ex- 
ponit,  eoque  in  casa  locum  habet  Régula  elliica; 
chrisliaaai  àS.  Auguslino  iradila  lib.  1  de  Baplis. 
C.  5.  :  Graviter  peccaret  in  rébus  ad  satulem  animœ 
pertinenlibus,  tel  eo  solo  qitbd  certis  incerla  pnvponeret  ; 
nec  obslat  probabilitas  opinionum ,  qaam  taaloperè 
novcHi  theologivenditanl;  quamvis  enini  spéculative, 
ut  loquiiur  scliola ,  probabile  sit,  nialcrias  quasdaai 
et  formas  de  quibus  controvcrlilur  suflicienles  et 
legiliaias  esse  :  non  est  tanion  in  praxi  probabile, 
quaadô  certse  et  indubitatu;  habcri  possunt  ;  iiinc  In- 
nocenlius  XI,  Pontifex  maximus,  anno  1679,  die  2 
Kariii,  banc,  praiier  capteras,  proposiiionem  numéro  ï. 
primam  confixit  :  JSou  est  illicitum  in  Sacramentis  \è 
confcrendis  sequi  opinionem  probabilem  de  valore  Sa-  \î 
crainenti ,  reliclâ  iuliore  ;  nisi  id  velet  lex,  convenlio ,  | 
aul  periculum  gravis  damni  incurrendi  ;  liinc  senlentià 
probabili  tanlùm  ulendum  est  in  collatione  baplismi, 
ordinis  sacerdolalis;  aul  episcopalis  (1). 

VI.  Quœres  quid  sit  forma  absolula,  quid  condilio- 
iialis. — Resp.  absolutani  esse,  qu;xî  verbis  absolulis 
cnunliatur,  ut  :  t'go  te  baptizo  ;  conditionalem,  qu;i3 

quantum  in  se  est  ,  servalisquc  prudentiic  legibus , 
eas  monere  debent  de  universis  nnmeris  siii  oIjI  ga- 
lioaibns,  ac  vehcmealur  horlari  ul  illas  sollicita  lide-  i 
lilale  sunuiiâquc  religione  implere  stndoant.     (Edit.)  j 

(1)  At  si  non  liabi'alar  nisi  diibia  niaicria  ,  (piid 
agcndum?  Distingueaduai  est  :  Vel  Sacraaientum  est 
liic  et  iiuac  aecessariaai ,  vel  non;  si  prias,  maleria 
dabia  adhiberi  polest  et  débet  ;  |  raîslat  cnim  ruagis 
adbibori  remedinai  dubium ,  qaàni  nallam.  Iiisaper 
non  liomiaes  propter  Sacrameiita ,  sed  Sar raaiiînta 
piopter  lioaiiaes  iasliluta  saat;  ergo  satias  est  peri- 
clilari  Sacraaieali  valorem  ,  (jaàai  homiais  salutem  ; 
(le  nalurâ  eaim  liais  est,  al  mediis  aalei)oni  debeal. 
Si  piislerias,  non  licet  ali  malerià  dubià;  sed  expe- 
clandiaa  esi  doaec  certa  praïstô  sit  materia;  aon 
»  niin  liiiic  ratio  sulliciens  est  Sacramentum  periculo 
jinililatis  expoaere. 

Aliamen  non  re(piiritar  cerlilado  aielapliysica,  qaœ 
ia  laoraliaas  liabt!ri  vix  polest,  neipie  eiiam  certilado 
moralis  philosopliico  et  stricto  seasa  accepta  ;  sed 
suliicit  ca  cerlilado  qaaî  lato  sensu  moralis  dicilar, 
qu;iîque  oanieai  rationabileui  dabilandi  locaia  excla- 
dit.  Aliqaid  specialins  de  aialerià  Sacramcnti  Pœai- 
tealiie  diceadaa»  foret,  verùai  de  hoc,  cl  quidem 
oiiporiimiiis,  ia  tractatu  ubi  islud  àacraïueiituui  seor- 
&v.n  expeaditur. 


procmissâ  condilione  exprimitur,  ul  :  Si  non  es  bupli- 
zatus,  ego  te  baplizo. 

Vil.  Qua;resultimù,  utrùmaliquandoutiliceatfonaâ 
condiiioaali.  —  Ucsp.  ncminem  unquàm  aegâsse,  de- 
bcre  denuù  Sacramcnia  conferri,  ne  ils  quidem  exce- 
plis,  qua;  imprimant  cbaractereai,quaado  jastè  dubi- 
latur  ulrùni  data  fuerint,  aul  validé  data  :  tanlaque 
bujas  vcrilatis  olim  pcrsuasio  fuil,  ut  in  bajasmodi 
dabio  Sacraaieala,  cliaa»  siae  alla  condilionis  (1)  ad- 
jeciioae  iierarcnlar,  cajus  reiraulta  proferre  exempla 
ia  promplu  est. 

Sic  enim  tertio  seculo  habita  est  quœsiio  de  bap- 
ti-mo  clinicis,  in  lecto  scilicet  decandjcntibus,  peras- 
persionem  dalo,  quem  mulli  putabantœquè  veruai  non 
esse,  alqae  illam  qai  per  immersionem  ia  Eccicsià  fieri 
coasueverat.  Scripsit  eàdere  S.  Cyprianus  cpislolam 
7G,  ad  Magnum,  in  quà  ratum  sibi  videri,  addaclis 
pluriaiis  arguaieatis,  osleadit.  Nos,  iaquil,  quanliim 
concipil  mediocritas  nostra,  œstimumus  in  nullo  mutilari 

et  debiiilari  posse  bénéficia  divina in  Sacramentis  sa- 

lutaribtis  necessilate  cogente,  et  ideb  indulgentiam  suam 
largiente,  lolum  credenlibus  conferunt  divina  compcndia; 
in  càdem  lamcn  epistolà,  Magao  el  aliis  conseatien- 
tibas,  auctor  fait  ul,  si  ia  suà  opiaione,  qaà  pulabant 
invalidum  hoc  esse  Sacramentum,  persistèrent,  bap- 
tismaa),  nullà  factâ  conditionis  mentione,  sine  ullà 
anibigaitale  répétèrent  :  Nemini,  in(iait,  verecundia  et 
modesiia  nostra  prœjudicat,  quominiis  unusquisque  quoa 
putat ,  sential ,  et  quod  senseril  facial.  . . .  Si  aliquis 
existimat,  eos  (cliaicos)  nihil  conseculos,  eb  qubdaquâ 

salutari  taniiim  perfusi  sint non  decipiantur,  ul  si 

inconimodum  languoris  evaserint  et  convalucrint,  bapli- 
zentur. 

Eàdemque  oetate  formam  conditionalem  fuisse  in- 

cognitam,  etiamsi  plerùmque  Sacramenta  repeteren- 

Uir,  gravem  petimus  coajecluram  ex  celebri  illà  con  • 

;:  lenlione  de  Baptisaio  ba:reticorum,  qaœ  S.  Cyprianam 

':  ejasqae  lum  in  Asià  tum  in  Africà  cocpiscopos ,  cum 

\  Slephano  sumnio  pontilice  ,   et  maximâ   Occidentis 

parte  commisit  :  nam  si  forma  condilionalis  lum  tem- 

poris  faissetcogaila,  facilliaaan  eral  decernere,  sub 

condilione  esse  rebaptizandos  qai  redirent  ab  hxresi, 

donec  pleniùs  illaslrata  veritas  utriqae  parti  conlcn 

dentiam  innotcscerel  ;  qaod  tamen  à  ncniiae  attenta- 

tam  leginais  aat  insiinialam. 

Qaid  vcrù  opas  est  coajectaris,  abi  ccrtissima  nio- 
numenia  occarruat?  Nam  ia  concilio  Carlhagiaeasi  5, 
an.  398,  can.  6,  Sic  definitum  :  Placuit  de  infanlibus, 
quolies  non  inveniunlur  certissimi  testes  qui  eos  bnpti- 
zatos  esse  sine  dubitatione  teslcnlur,  neque  ipsi  sunt 
per  œtatem  idonei ,  de  traditis  siki  Sacramentis  respon~ 

(l)Induhio,  sacramenta  cliaracterem  imprimoalia 
sine  expressie  condilionis  adieclioae  iterabaalar,  non 
aalem  sinetacilà  et  mente  coaceplà  condilione.  Bene- 
dictas  XIV  de  Synodo  Diœees.  lib.  7,  c.  6,  n.  1,  doeet 
coadilionem,  salleia  lacitain,  priaiis  E(clcsi:e  socalis 
in  asa  non  laisse,  laaiè  imlè  inferri,  (piôd  anle  secaluni 
octavam  forma;  coadilioaalic  nulla  liai  meniio.  Con- 
irarium  ex  conslanli  Ecclcsiie  praxi  deduceadum  pu- 
tat. 


liao  QU^ST.  I. 

dere,  absque  ullo  scrupulo  esse  baplizundos  ;  ne  ista  tre- 
pidalio  eos  facial  Sacrameiitorum  purgaùone  privari. 
LJ)i  iiullam  vides  ricrialicujiiscoiidiliunis  nienlioDCin. 

IdeuKjuc  à  S.  Leone,  suinnut  Poiililice,  qiiinlo  se- 
culo,  coiiitiluUiin  :  coiisiilliis  eniiu  iiUuslico,  episcopo 
Narboueiisi,  de  liis  fini  purvidi  ab  lioslibus  capli  sunl , 
et  non  se  supiunl  baptizulos,  scd  sciiint  se  utiiiuolies  ad 
Ecclesiam  à  parenlibus  duclos ,  utritm  possiiU  vel  de- 
beant,  cutn  ad  Ecclesiam  veniunl,  baplizuri ,  rospondil 
lus  verbis,  qua:  refcriiiilur  à  Graliano  :  ISon  polesl  in 
iteralionis  ciinien  veuire  ,  qnod  oniniiib  factum  esse  ne- 
scitiir...  qui  possuut  meminisse ,  qu'od  ad  Ecclesiam  ve- 
niebant  cum  parenlibus  suis,  possunt  recordari  an  quod 
eorum  parenlibus  dabalur,  acceperinl  ;  sed  si  hoc  cliam 
ab  ipsorum  niemorià  alienum  est,  conjerendum  eis  vide- 
tur  quod  cotlatum  esse  nesciUir;  quia  non  lemerilas  in- 
lerveuit  proisumptionis  ,  nbi  est  diliqcnlia  pielatis.De 
Consecrai.,  disl.  4,  c.  112. 

Itaque  antiquis  teniporibus  Sacraiiicnta,  eiiam  clia- 
raclereiu  iinprinieiilia,  quaudo  de  ooiuiii  susceplione 
diibitabalur,  sine  uUà  condilionis  expicssioiie  coufe- 
rebanliir.   Quod  prseter  cœtera  qiiœ  allulimus  mo- 
meiita,  confirmant  S.  Gregorii  Magiii,  sexlo  desinenle 
seculo,  aliorunique  oclavo  seculo  summorurn  ponlifl- 
cum  latLC  in  causa  sinnli  consliluliones.  S.  Gregor.  | 
M.,  lib.  12  Episl.  ,  epist.  52,  ad  F(;lic.;episl.  Gregor.  | 
2,  epist.  15,  ad  Bonif.  —  llesp.  2°  succcdente  a-lale  | 
paulatim  usum  invaluisse,  sacramenlaquye  ileraiionein  l 
non  paliunlur,  sub  condillone  adniinistrandi,  quaudo  | 
subessct  legitiuiuni  de  eoruiu  susceplione  aul  adniini-  1 
Blralione  dubiuui.  2\'am  libro  6  Capilulariuin  ,  inipe-  a 
ranle  Caroio  Magno  ediloium,  cap.  184,  sic  slatutum  î 
leginius  :  De  quibus  dubium  est,  ulriim  sint  baplizati,  an  \ 
non,   omniniodis  absque  ullo  scrupulo  baplizenlur ;  liis  i 
tamen  verbis  prœmissis  :  non  te  rebaptizo  ,  sed  si  non- 
diim  baptizatus  es,  baplizo  te  in  nomine  Pulris,  et  Filii, 
et  Spirilùs  sancti.  Eàdeinqwe  de  re  lalum  ab  Alexan- 
dre III  niedio  circiter  duodccimo  seculo  decreluni , 
quod  vim  legis  obtinuit,  poslquàm  in  corpus  Juris  ca- 
nonici,  auclorilale Gregorii  IX,  seculo  lerlio  decinio, 
relalum  est ,  et  proniuigalum  bis  verbis  :  De  quibus 
dubiuui  est  an  baplizati  fucrint ,  baptizankir  liis  verbis 
prœmissis  :  Si  baptizatus  es,  non  te  baplizo  ;  sed  si  non- 
dim  baptizatus  es,  ego  te  baplizo  in  nomine  Palris,  etc. 
Extra  ,  de  Bapl.,  c.  2. 

.Vdverlenduni  lanien,  ut  nioncl  Rituale  Romanum  , 
snb  lilulo,  de  forma  Daplismi,  non  passini  aut  leviter 
eondiiionali  forma  uti  licere,  sed  prudenter,  et  ubi  re 
diligenler  investigalà,  probabilis  dubilalio  renianct  in- 
fantem  non  fuisse  baplizatum;  cavendum  nanique  ne 
tremcnda  mysieria,  nimià  iterandi  lacilitale  viiescant, 
Cl  in  contcmplura  adducantur  (1).  Scquitur. 

(l)  Ilcc  qu;rstio  de  forma  eondiiionali  jojunè  ad- 
mi'dinn  iraclala  nobis  vidctur.  Non  cnim  salis  osl  de- 
nionsliàsse  iormani  condilioiialem  quandoijuc  posse 
iii'iiè  adhiberi,  iiisi  iiisupcr  declarelur  qii;e  condiiio 
liriiè  apponi  valeat  ;  qu;e  vero  sil  illicila.  Nani  qu.ie- 
J.nn  sunl  condiliones,  qu;ï,  si  adjicer(^ntur,  iilicilum, 
,nio  eliani  invalidum  sacramenlum  eflicerenl.  Quani- 
,)brem.4U£edam,  brevissinia  lamen..  subjungcDius  ad 


DE  ESSENTIA  SACRAMEiNTORUM.  11:»0 

CAPUT  II. 

HEFELLUNTUn  PUAV/E  H.EUETICOliUM  DE  SACnAMENTOUL.M 
.NATUUA  ET  i'.EFiMTiONE  SE.NTENTI.E. 

Sacramenla  nova)  legis  quam  nalnrani  liaheanl,  ex 


suppIiMulnni  qnod  iii  aucloro  dcsidcratur. 

fJn:i'riliM'  l  '  qnalis  esse  dclicat  condiiio  qna;  foiuL-n 
adii<iliir,  ut  inde  non  labefacielin-  Sacraniciilorum 
validilas.  —  Hcsp.  :  Si  fnrsan  cxci|iialin'  .Maliinionii 
Saciainenlnm,  necesse  est  eani  lalis  natiira;  esse,  ut 
forma  oui  annrctilnr  absolnla;  ;i.'(pii\aleat,  scii  stalim 
implelà  jam  ccindilioiic,  Iranscal  in  ahi.Iiilam.  Eli  nim 
forma  con(liiionali>qu;r  ^lalim  iiiabsoîiilam  non  Irans- 
it,  salis  dcmonsiral  minL-lrum  non  veile  bic  el  ninic 
Sacramenlum  coidcrri;  ,  scd  poliiis  illnd  snsjiciismn 
Icm-n;;  ergo  S;icranienlmn  non  |)cr(ici(ur  dinn  lalis 
enniilialm'  forma,  sallcm  iii  oorum  opinione  qui  inlcr- 
nam  inlenlionom  rc(|iiirunt.  IS'ciiue  cliam  posli  a  e\i- 
slere  incipil,  cùm  eveniro  conditioncn)  conlingil  :  nain 
Unie  evannil  forma  nulhniique  supcrost  signum  sen- 
sibilequofieri  po>sil  Sacramenlum.  Eqnidem  fatenmr 
Menm  potuisse  illam  vim  signo  sensibili  Iribuere,  ut 
eiïectuni  snnm  prodiiceret  cliam  poslquàm  cxislere 
desiissel;  nec  des'unt  tlieoiogi  qui  id  de  Sacramenlo 
.Malrimonii  allirmeni,  et  ide  i  supra  dixinujs  :  Si  forsan 
excipiatur  Malrimouii  Sacramenlum  ;  sed  niiiil  probat 
id  reipsà  faclnm  à  Deo  esse  in  aliis  pncler  Matrimo- 
nium  Sacranienlis.  Imô  verô  Sacranientorurn  dignilas 
conlrariun)  poslulare  vidctur;  ergo... 

Quoil  autem  .Malrimonium  spécial ,  ralio  quaidam 
specialis  apparel,  qua;  praîdictorum  tlicologorum  0[ii- 
niojii  aliqriam  probabiiitalcm  conciliet,  nenq.e  (|uùd 
Dens  Malrimoiiium  ad  Sacramcnli  digniialem  eievan- 
do,  illius  naluram  non  mulavcrit,  sed  volc-ril  Sacra- 
menlum nalura-  conlraclùs  atlcniperari,  lia  ut,  qmni- 
admodînn  ad  conli  actuni  suflicit  consensus  condilio- 
nalis  ,  et  quidem  de  fuluro  ,  sic  ad  Sacramenlum 
sufficiat  forma  condilionaiis,  (pue  in  absolulam  non 
Iranseat.  Dt;  liàc  opinione  non  pronunliamus.  Videalur 
traclalus  de  Malrimonio. 

Ilinc  coiligiicr  invalidum  fore  Sanram  ntum ,  si 
forma; appoîierctur  condiliode  fiiluro conlinginli;  V. g., 
invalidus  esset  Bupiisnuis  sul)  eà  forma  colialus,  si 
cras  ad  Ecclesiam  venins  ,  ego  te  baplizo.  Ell'ccl!:s  cnim 
suspeiidilur,  nec  forma  iransii  sialim  in  absclnlam. 

Dixi,  condiiio  de  fuluro  contingenti ,  quia  si  condiiio 
essel  de  fuluro  iiecessario ,  ordimuiè  cei.S(^ri  dclicrct 
apposila,  non  ad  suspcndendimi  eficclum,  sed  vei  ad 
nugaiidum,  vel  addemonslrandam  linnam  JNicrammli 
confcixndi  volunlalem.  Proindc  validiislial;e:;dii.s  e^set 
ordinariè  Bapli>nms  eà  conditione  admi:;islraliis  quod 
sol  poslridiè  luceret.  Atlamen ,  si  revcrà  miidsler  vo- 
lunlalem Siiam  usque  ad  cvenlum  suspendcre  inlen- 
derel,  procul  dubio  essel  invalidum  sacramenlum, 
non  sccùsac  si  condiiio  essel  de  fuluro  conlingenli. 

Si  aulem  condnio  sit  de  pralerito,  aul  de  pia'scnli, 
sed  jam  implela,  non  nocet  validilali  Sacramcnturum, 
V.  g.,  si  (piis  baplizans  liane  adbibeal  foi  niam  ,  si  non 
es  baptizatus,  ego  le  baplizo,  me. ,  yukl  Bapii>ums, 
modo  suscipiens  bapli/aïus  iiomlnm  fueril.  Ratio  est 
quia  lune  forma  abs(diil;c  ;cquivale;il. 

Sed  qiiid,  si  condilioins  cx.slenlia  naluraliier  rc- 
sciri  liOn  possil ,  ni  si  dical  quis  :  Si  pradtslinaïus  is, 
ego  te  baplizo?  Sc'wHUMduv  I  bcologi  :  alii  sic  colla- 
lum  Sacramenlum  vaK-re  pnlanl,  vel  non  v:dtre,  pioiit 
exislit  Condiiio  corani  Deo,  vil  non  exislil;  quia  li-a- 
craincntnrnm  valor  non  pcndei  abliomims  cogiullone 
vel  ignoraiilià.  El  cerlé  ,  intpiiunt ,  vak-t  IJapl.snms 
sub  liàc  f  TUià  colialus,  si  non  es  bapl  i  in!  us  ,  igote 
baplizo.  \\cvl\)\i\\ic  ij^norelur  an  condiiio  posila  >il  ; 
ergo  parilervalen»  drbcl,  si  cvi  icnlia  coud.l.o.is  ex 
suàmel  nalurà  Immanum  supercl  inlolloclmn.  .\lii 
aulem  negant ,  el  dictinl  non  valere  Sacramonla  eo 
collata  modo,  qui  per  se  cl  neccss:  riù  cerliiiidimin 
Uumanam  exclndaluiim  sic  à  Cbrislo  inslilula  fucriiil. 


1191  DL  KE  SACnAMEI-ii'AIUA.  —  hlù  SACUaMLNTIS  IN  GENERE.  il92 

diclis  capilo  sapeiiori  facile  iiilelligiuir  :  pcrgimus  ^  li.icretici  corumdem  conditionesetdefinitioncs,  taniùui 


luodù  ad  rcfutaiul.ts  (juas  coniiiiciili  siiiil  recenliores 

ut  do  connu  ceriiliidinc  per  se  conslarc  posset,  sal- 
t«in  inoraliter.  Qiioad  seciiiulum  argua)(.-iii.iiii  adversa- 
rioruin,  non  ailaiillnnt  par.laleni  quà  iiilllur;  tum 
(plia  ros  per  accidens  lanliiin  occulla  u;!n  ideô  poslla 
csl  extra  limites  in  quibus  hiniianus  inlcllcclus  cxer- 
cetur,  ncc  proinde  est  praler  huniaiinm  operandi  mo- 
duni,  alicpiid  vel!e  efiicere  sub  rà  conJ.li.jne  quod  res 
biijnsniodi  existât;  è  contra  vcrù  res  qiue  ex  se  cl  na- 
tuVà  snà  bnniani  intellectns  lines  transgredilur;  lnm 
quia,  in  proposilo  evcinplo,  licèl  obcoiuiiiioncm  hanc 
incertun»  sit  an  valeal  sccundns  Baiilisnms,  lanien  cer- 
tnni  est  vel  secunduni  vel  inlniuni  valeie;  al.;m'  adtô 
nullum  dubium  ronianct  (piin  suscipiciis  posiea  sit 
verèbaptizatus;  lUun  in  advcrsariorum  placiio  incer- 
titude plena  de  Sacramenti  validilale  >enipor  renia- 
ncat,  nisi  abo  tandem  modo  itcrùm  coni'cralur. 

Quidquid  sit  de  bac  coiilroversià ,  4  censeo  ,  »  in- 
quil  Suarcsius ,  (pi;est.  G4,  di^p.  iô,  secl.  5,  talem 
inodum  (quem  scilicel  prior  opinio  défendit),  «  esse 
€  iniquissinuini,ctgravissiniumsacrilegiunicontinere; 

<  quod  sallcm  convincil  ratio  liosteriori  loco  facla. 
«  Doinde  dico  laie  Sacrame:iluni  iterandiun  esse,  sal- 

<  tem  sub  conditionc,  si  sil  iterabib;  ;  «  (ipialis  non 
esset  Extrcma  Uiictio  sic  collala  bumiiii  jan>.  sano)  ; 
«  (piia  et  simpiiciter  dnbiiiui  est  an  inlentio  sub  tali 

<  conditionc  sit  sullicicns ,  cl  saltcni  bic  cl  nunc  in 
d  tali  l'.ersunà  e.->t  incertum  an  in  re  existai  lalis  con- 

<  dilio.  » 

Qua'rilur  2"  nlrînn  in  Sacramcnlis  adniinislrandis 
condilionalcm  forniam  adbibcre  sil  licituni.  —  Uesp. 
1°  :  Nnnqiiàm  licituni  cssepolcslcondilionem  adbibcre, 
qu;e  exnaturà  suà  Sacranieiilum  nuilum  cl(iciat,qnalis 
est  illa  quiXi  non  sla(im  in  absolulani  transit  ;  lune 
cnini  gravis  injuria  Sacramenlo  irrogaiclur,  ut  palet, 
et  peicaluin  procul  dubiocssel  niorlale.  iiinc  scmpcr, 
cl  quidem  graviter,  illicita  esscl  conditio  de  l'iiluro 
coiitingcnli.  Quoadcondilioncni  de  fuluro  necessario  , 
licèl,  ut  dixiiiuis,  licri  pessit  ul  valitliiatiSacraniento- 
runinon  oniciat,  hulia  lanien  ralionabili> causa (;amap- 
ponendi  esse  potesl,  ni  nobis  vidclur;  nndc  scniper  il- 
licite adbibereuir.  Utrinn  aiitcni  peccalum  grave  esscl, 
an  levé,  id  ex  molivis  plus  minùsvc  sacramenlo  inju- 
riosis  pendercl. 

Resp.  2°  :  item  senipcr  il'.icilnm  est  condilioneni  ad- 
liibere,  qu;esacranienlnni  reddat  dubium.  Nuila  cnim 
esse  potesl  rationabilis  causa  la!cm  ajjponendi  condi- 
lioneni, ut  evidens  csl  :  alqui  Sacramenluni  invali- 
ditali  exponere  sine  ralione  est  pcccalum,  el  quidem 
lelhale;  ergo...  El  bine  est  cur  dixcrimus  abs(pie  sa- 
crilegio  adbiberi  non  posse  condilioacm  ,  cujus  exis- 
lenlia  ex  nalurâsuâ  cognosci  ncqueat. 

Resp.  5"  :  Si  aulcni  conditio  ex  ils  sit ,  qux  Sacra 
menlorum  validitatem  nec  ccrlô  periniere  ,  ncc  du- 
biam  reddere  possinl ,  ni  conditio  de  pnelcrito  aut  de 
pricsenli,  cujus  exislenlia  per  se  non  lugiat  bumatuim 
inlelleclum ,  nobis  dislinguendum  vidclur  :  vel  enini 
ba^c  conditio  spécial  disposili-.nes  suscipientis  Sacra- 
menluni, ut,  V.  g.,  si  ministerdicat  :  Ego  te  absolvo, 
niodl)  rite  sis  disjwsitus,  vel  csl  de  facto  à  suscipientis 
disposilionibus  distincto,  ul  sidical  :  Ego  te  absolvo, 
ii  non  es  morluns.  In  priori  casu,  talis  condilio  absque 
peccalo  adiiii)eri  non  posscl,  nisi  in  exlrcinà  neces- 
.ilale ,  ncmpe  quando  urgel  niorlis  pcriculum  ,  el  lo- 
lus  i^st  dubiiandi  de  disposilionibus  suscipientis,  cui 
îimen  Sacramenluni  esse  onininô  necessarium  pro- 
jabilissiinum  est.  Etenim  non  est  immunis  à  peccalo 
«lui  sine  causa  ab  universali  el  constanli  Ecclesiai 
praxi  in  Sacramcnlis  administrandis  recedil;  alqui 
ila  se  gererel  niinisler  qui  bujusniodi  apponeret  con- 
ditiones ,  si(|uidein  cas  Ecclesia  ab  origine  sua  able- 
gat;  ergo...  El  certè  si  lalein  liccret  condilioneni  ad- 
liibere,  non  modica,  tum  fideiium,  tum  prccscrtim  mi- 
liisirorum,  negligcnlia  inde  nascerclur;  sub  illius  cnim 


inter  se,  quantum  verilati  contrarias,  cujus  quidem 

condilionis  apponendae  oblentu ,  minus  curœ  ad  pro- 
curandas  anima;  dispositiones  confèrent  ;  ergo..., 

Allaineii  qui  islam  condilioneni  apponeret  non  gra- 
viter peccaret,  ut  nobis  vidclur,  posl  Collet;  quia 
ha'c  condilio  niliil  mutât  in  rei  subslantià,  sicque  nec 
Sacramenlo  nocet,  nec  suscipienli. 

In  posteriori  auleni  casu  ,  videlicet  quandio  condilio 
csl  de  facto  à  disposilionibus  suscipientis  distinclo  , 
sicul  non  licel  abaque  gravi  ralione,  ila,  non  modo  li- 
cituni est,  sed  etiam  admodùm  convcnil  eani  appo- 
nere  ,  (piotiescumque  r.itionahilis  adest  causa  ,  v.  g. , 
nbi  légitimé  dubiialur  de  validilale  Sacramenti  jiriùs 
coUali,  ia;i'scitim  quaiulode  ils  agiturqua;  iterari  non 
possnut.  Etenim  revercntia  sacris  débita  ritibus  ,  ut 
ipsinum  sanclitati  consnlatur,  quantum  iieri  potesl,  et 
nullitatis  alque  piofanationis  pcriculum  aliqualenùs 
reniovealur,  manifesté  postulat.  Id  eiiani  cojifirmat 
omnium  limoralorum  ,  ant  potiùs  lotius  Ecclesiœ  pra- 
xis; à  pluribus  cnim  seculis  omnes  feré  iibri  riluales  , 
juiis  canoiiici  pricceplioiiem  sequcntcs  ,  condilioneni 
mandanl  adbiberi,  ad  vitandum  sive  nullitatis,  sive 
ileratiouis,  pcriculum,  quolics  de  Sacramcnlis  quai 
cbaracterem  imprimuiit ,  aut  saltem  de  Baptismo, 
quaislio  est  :  porro  fieri  potesl,  nequc  rarô  lit,  ut  non 
ininor  sit  ratio  condilioneni  in  aliis  Sacranienlis  ad- 
bibendi. 

Dixi ,  (juotiescnmquc  adest  rationabilis  causa  ;  sepo- 
sità  cnim  gravi  ralione,  peccalum  haud  levé  esset,  Sa- 
cramenti minislrandi  voluntatcni  sub  condilione  liini- 
lare  ;  vel  ileralionis  adiré  periculuiu  ,  i.ra;scrlim  ubi 
agilur  de  iis  qui  ilmari  non  possunl;  unde  quippe 
graviter  Sacramcnlorum  religio  violaroinr.  Hinc  scru- 
pulosis  diligenler  cavciidum  est  ne  leviiiribus  de  eau- 
sis  condiliones  usurpent,  dùm  sacramenta  conliciunt, 
quamvis  bc/uà  lidc  sai'iùs  excusenUir. 

Hinc  etiam  apparel  (quod  quidem  niaximi  monienti 
esse  pluribus  vidclur),  nnlbitcnîis  probari  posse 
agendi  ralioncnn  paslorum  ,  qui ,  nuUà  praiinissà  vc- 
rilatis  indagationc,  nullo  pradiabilo  cxaniim; ,  omnes 
iiuiiscrimiiiaiim  infantes  à  laicis  biptizalos  iîerùm 
sub  conditionc  baplizanl  ;  onnies  enim  feré  Tbeologi 
poslnlanl  diligens  examen  adbiberi,  anlequàm  forma 
condiiioiialis  adbibcalur.  Verùni  autliatiir  e;\  de  revir 
non  miiiùserudilionc  qnàmaccuralà  doclrinà  insignis, 
Bened.  XIV;  sic  enim  habct,  de  Synod.  diœc  lib.  G, 
n.  2  elsequenli. 

«  Non  ideô  quôd  per  condilioneni  periculum  evite- 
i  tur  reiiaptizandi  cum  qui  jam  semei  fuerit  légitimé 
«  baplizalus,  est  illa  passini ,  et  temeré  ad.iibenda; 

<  sed  tune  solùm  eà  utiliccJ/H,  cùm  prudens  el  pro- 
«  babilis  subest  dnbilalio  an  (pris  luuit  rite  bapliza- 

<  tus,  nec,  diligenli  prLenlisi^â  indagalione,  potuil  rei 
«  Veritas  innotescere  :  quemadmodùm  scilé  perpen- 
«  dit  Sotus  in  4,  disl.  3,  quasi,  unie,  art.  9,  §  Circa 
«  liane  igitur  solulioncm,  ubi  à  sacrilegio  non  excu- 
«  sat,  nequc  ab  irngularilate  absolvilsacerdolem  sub 
i  condilione  rebaplizanleni,quem  scit domi baptixatuni, 
*  el  nibil  est ,   quod  coUalum  ci  Baptisnia  ralionabi- 

<  liter  suspectum  reddat.  Quare  minime  sectanda 

<  suai  exempla  ,  qu»  congesserunl  Gobât,  toni.  1, 
«  tract.  2,  seet.  5,  el  Marin.,  Tbenlog.  tom.  3,  tract. 
1  19,  disp.  1,  sect.  8,  n.  l-iO ,  ubi  plures  sub  condi- 
«  lione  baplizatos  narrant ,  qui  ob  nicrum  scrupulum 
«  non  tam  dubilabant ,  (]uàm  imprudenler  suspica- 
«  baiitur  se  non  esse  rite  baplizatos;  quam  quidem 
«  condilionatam  Sacramenti  iteralioneni,  ob  consecu- 
«  los  ,  seu  potiùs  apprebensos  effectus  quielis  con- 
«  scienliarum  ,  iideni  auctores  videnlnr  appprobare  ; 
«  sed  potiùs  aurespradienda;  sunl  Eslio  in  i,  dist.  4, 
«  §  15,  ba>e  ad  rem  adnotanli  :  Stii«(/j(m  est,  non 
«  (juamcumque  levcm  in  contranuni  smpicionem ,  vel 
i  scrupulum  debcre  sufficere  ad  hoc  ,  ut  sub  cundilionc 
i  quis  hoc  paclo  baptizelur  :  sed  requiri  dubitationcni 


1103 


QllxLST.  I.  m:  ESSEMIA  SACUAMENTORl  M. 


\'Ji 


(liscrepaiiliic  causa  fuit  aul  iy;!ioralio  aul  imiuolKi  oc- 
ciillatio  veritalis.  Cùiu  eiiiin  Ucliitilio  sit  oralio  ,  per 

probabtlcni..  Ea  aiilriu  probabitis  diibitatio  csl ,  (jud' , 
[delà  eliii\n  (liliciciili  induifiite  ,  discuti  non  })Otftil ,  ila 
lit  iicc  murulis  ccrlilndu  jacli  luibni  qitftit.  Imù  vf- 
lins  olucinpoiainliiin  est  caU'cliisiiio  Koiiiaiio,  pari. 
-1  (le  Sacrain.  liaplismi,  imin.  57,  iil)i  de  roiiiià  coii- 
(litinnatà  ail  :  l'ji  baplisnii  forniri  ex  .Mfxaiidii  ptipir 
nnctoiilalc  in  illis  tanhim  pcrniinilnr,  de  (luibus,  re 
dilifjcntir  pirquisitù  ,  dubitim  rcHmjmlur ,  un  llapti- 
s'nitni  rite  suscepeiinl  :  (dilcr  vci'o  nnmjnàm  fas  est , 
e!i(nn  cum  adjunctioiie ,  Dnplisniiiin  (dieui  id  riim  ud- 
niinislrnrc. 

<  Qn;o  liiicMsfuic  dixiniiis  ,  copiosiiis  atlliiic,  et  cla- 
riùs  à  iii)l)i>  cxposila  ,  pluribiis(nie  saria;  coiigroga- 
lioiii-;  c^iR-ilii  iTS|M)iisis  ciiiliriiiata  luèro  iii  nublrà 
lii-lil.  84,  iil)i  iMii  siili'iin  o\  c'jiisdi'm  sana;  toiigrc- 
galioiiis  si'iiloiitià  osleiiiliiniis  noii  e>sc  liaptisiimm, 
ne  siilj  ((lU'Iilii'iic  (piiili.'iii  ,  ileiMiuliiin  ,  ci'iiii  milla 
oecnrril  pniileiis  ralio  iliiltilaiidi  de  piloris  I5ipli-mi 
validilaio;  sed  eliairi  ah  irregiilarilatc  ileiaiilii)iis 
HapÙMua  iiillirlà  al)  Aiexaiidro  III,  in  cap.  ICx  lilte- 
lïOH.'u ,  de  Aposl;ilis  ,  et  Keiteranlilnis  l>aplisma  , 
Il  )ii  c\imi  prol)aviiims,  cpii,  ob  soluiii  ap])^l.'!iCIl^llln 
piioris  Ba|>lisiiii  viliimi,  iiiill;u|iie  pi\eiiiissà  verita- 
lis iiidag.ilioiie,  iliiid  deiiiiosid)  eoridilionc  coiireriiiit, 
([iiiims  toilo  sciiml jaiii  semel  aiilea  Cuisse  c^dlaUiiU  : 
cleiiiiii ,  (juampiàiii  pluies  doctores  isliiisiiiodi  siil) 
coiidilionc  rel)aptizaiitcs  à  gravi  culpà  ,  atipio  ab 
irrc;^iilaiilale  absidvanl ,  eô  qiiôd  per  adjectaiu  coii- 
diiioncin  salis  consulliim  cxistiiiieiit  revereiili;e  de- 
Jiilaî  sacrameiilo  ,  ad  qiiod  coiificiendum  non  aliter 
lertnr  intenlio  ininistri ,  nisi  si  litè  conl'ecitie.»  non 
fiierit  aliiid  aniea  adniinistialiim  ;  Ii;ïc  tanien  sen- 
lenlia  rejicilnr  à  catecliisnin  llouiano,  cit.  loc. ,  nbi 
reprobanlinassereiiles,;n(('//()»sa'/«s«f/)/ii/;i,  si\/!<e/H- 
vissine  deleeln  cum  adjunclione  ilUi  { vidclicet  condi- 
\m\h)  bnpti::Ciit  ;  eidem  opinioiii  refragalnr  aiiclo- 
rilas  S  Caroli,  in  rdjiis  instniclioiiibus ,  Aclor.  Ec- 
(Jesi.H  .Mediolaiieiisi.-»  |iart.  i,  pag.  .i'J(i,l);ee  (!e 
fornià  condilinnalà  liabentur  :  Quâ  forma  ittiiur , 
ciuH  rc  ddiijenlcr  penjuiailà  ,  dubiiim  relinijuitiir  ,  nul 
cerlè  non  upparcl  ,  infanlein,  nul  altum  (jui  Ih.plismo 
ofl'erlur  buplizulum  esse  ,  ul  de  exposilts  invenlis(iue 
piirvi-lis  dubilari ,  nique  itjnorari  sœpeintmerb  solel. 
Qubdsi,  reaciuralè  iiiveslifjiilà  ,  explorulum  Imbne- 
tit,  illum,  forma  seri'olà,  baplizaluni  esse,  caveut  oni- 
ninb ,  ne  liunc  sub  eoiidilione  bapiizandi  formant  (ul- 
ltil-cnl:cum  sacrili  (jinm  connnitlul ,  si  contra  feeeri' , 
ul  illud  inifcdimenluin  conlruhal ,  tjuod  sacri  cuno)ics 
irreijnlaritalem  vocniil. 

!  In  alià  ilidciii  noslrà  Inslil.  8  ,  liane  eanidcm  nia- 
leriain  iraflanlcs ,  dixiinus  cum  cardiiiali  Albitio  de 
Inconr^lanlià  in  lide,  cap.  ."jj,  à  iiuin.  li,  ii3(pie  ad 
IG,  iniprobandas  esse  synodos,  in  ijuibiis  geiieraliin 
al(pie  inditinclè,  iteriiin  Siib  coiidilioric  in  Ecclesià 
haplizai  i  jubeiiliir  ,  qiiiciiir.ijue  privaliin  Cuére  ab 
oli^lelricihns  donii  baptizaii.  Do  iiisce  synodis  ,  ac 
rilnalibiis  idem  deccrnentibiis,  agit  llulzniann  in  siià 
iliiioiogià  inorali  ,  loin.  '2,  tract,  'l ,  cap.  !2,  art.  2, 
«pii  iicél  ooruindeiii  auclores  lioc  noininc  excii- 
sil,  ([uôd  scibcèt  dubiuin  illis  visiini  fiierit  Ba- 
jilisiiia  ab  obsleiricc  collatuin  ,  fatetur  niiiiloininùs  , 
ininiis  cauté  ac  niiniùin  indclinilè  eos  locntos;  ciiiii 
dcbucrint  potiiis  rcrnin  ciicumsianlias  disiingiiere  , 
casque  delirniiiiare  ,  (\\vii  incertain  leddnni  validi- 
talein  collali  Baplisnii ,  ([iieni  proplerea  lune  opor- 
leat  su!)  condilioiie  ilerari.  Eiiiinverù,  si  obsteiriccs 
do  Sacrainenli  inaterià,  forma,  cl  necessarià  in  mi- 
liistro  inleiilioiie  ,  sint  légitimé  edocliie  ,  siculi  nos 
in  cil.  Iiislit.  8  cas  |)i'r  piroclios  solerter  cdoccri 
jiissiinus,  priusquàm  ad  obsleliicuni  ofûcinin  cxer- 
cendiim  admillantiir,  ea-que  in  speciali  cveiiln,  (|uo 
Baplisnia  periclitaiili  inlanli  [irivatiin  conlulerinl,  ab 
<  codeiu  parocbo  interrogala' .  omnia  riic  à  se  adlii- 

TH.    X\. 


r|iiain  iiatura  rei  verbis  iduiicis  breviter  accnraicqiic 
describilur,  qui  apte  dcfiuiro  voliieril,  opus  est  scirc, 

<  bita,  leslciitur,  que  ad  Sacramenluin  validé  conli- 

*  cieiulnm  leqiiirui.tnr  ;  iiiilia  saiié  siibest  piobabilis 
«  ratio,  cnr  I5aptismiisdel)eal  aiit  licite  possil  s'dj  C!;ii- 
«  dilione  rcpeli.  Sciniiis  uli(pic,  in  aliis  synodi-;  rela- 
«  lis  à  Giberlo.  cil.  tom.  2,  (^oiisiiU.  canoiiii  ar.  , 
I  ciinsnll.  IG,  canliim  repi-riri ,   ne   pleiia   lidcs    lia- 

*  bealiir  solins  obstctrit  is  leslimoiiio,  nisi  CDiiiprobo- 
i  Inr  asserlioiie  alioinin  qui  Biipiismi»  pricscntes  liic- 
'  riiit.  Veriim  ,  qiiaïupiani  ex  |)lnriiim  allcslalionc 
«  major  profeclo  liamialur  ifi  gesl:e  cerliliido,  atla- 
«  meii  sacri  (anones  s:  Ificienlcr  prohalam  iiahenl 
«  collalionem  lîajitismatis  per  imictiin  lestem ,  pr.eci- 
'■  plié  si  is  leslilicelur  de  l'ado  proprio  ,  iioc  est,  si 
«  adiriiiet,  illiid  Inisse  à  se  légitimé  adniinistral'im  , 
c  iiec  (|iii(iqiia:n  in  conirarium  occiirrat,  qiiod  illius 
t  lestimoiiio  lideni  detralial;  iiti  diserlé  de(eiiiiiiir  iu 
I  can.    110  cl    11-2  de  (^oiisecrat.  ,  disi.  i,  cl   caj). 

<  .\uper,  de  Teslibns,  ubi  inicrpretes  oiiims. 

«  Aliiid  est,  ciiin  c(dlali  IJaptismi  teslimunium 
t  pra.'belnr  à  personâ  incertA  ;  eleiiim,  cnm  j;i\la  le- 
«  scripUim  imperatt)iis  Adriani  ad  Jiinimn  Kuliiinni  , 
1  proi  onsiilem -Macedonia' ,  relalnm  à  Callisti;tl<j  in  I. 
i  Teslium  ,  .j  ,  11',  de  Te.^lib.,  tcsiibus  ,  non  Uslin:on:is  ^ 
î  sil  credeiulum  ,  non  debcnuis  rem  adeô  graveni 
«  ciminiillere  lidei  pcisoïKc  ignola;  ,  ciijns  qiialilates, 
(  iili  Callislralus  in  cil.  leg.  faciendiim  nionct ,  ex- 
I  plorare    non  posbumus.    Qnare   s.icra  Congrcgalio 

<  coiicilii  iiilerrogala  an  iten'im  bapiizandi  csseiit  iii- 
1  failles,  vnlgù  cxposili ,  ad  liuspilale  S.  Spiriiùs  i« 
«  Saxià  de  t'ibe  delali,  eliaiiisi  babeanl  colio  app;ii- 
i  sain  scbedulain  alleslanlem ,  eos  fuisse  Baplismate 
8  abliitos,  die  lojaiiiiaiii  172ï,  rcspondit,  esse  de- 
«  iiiio  baplizandos  siib  conditione,  nisi  cerla  babea- 
î  lur  notitia  personie,  à  qiià  sciiednia  sit  cxarala ,  aut 
»  aliuiide  indubitalmn  desumalur  indicium  Baplir,ina- 
i  lis  rite  cisdem  collali  ;  qnod  nos  in  cil.  nosiià  I.i- 
i  stit.  8  animadvi'rtinnis ,  et  videre  est  in  Tbesauio 
1  rcs«l.,ioiu.  ±,  paK.  112,  cl  loin.  5,  pag.  2. 

I  In  eàdem  senteniià  i'uerunt  l'alres  conciiii  pro- 
■>  viiici.ilis  l'olosani ,  liabili  à  cardinali  Francisco  de 
«  Joyoa,  an.  ITiDO,  in  cnjns  part.  2,  cap.  2,  decer- 
t  niliir  :  Ciim  projectis  expositisque  pueruHs ,  iicèt  af- 
«  fixa  reperiatur  scliediila,  quœ  eus  baplizalos  esse  testc- 
:  !ur,  in  id  ta.nen,  un  verum  [iclumque  sil,  paroclii  di- 
«  lificnler  inquirent  ;  si  cerli  niliil  comper<.rinl  in  seriplo 
«  clturlulœ  noniine ,  eos  sub  conditione  baptizabunl  ; 
«  loin.  10  Culleclionis  Ilardiiini,  col.  17!)8.  Cinnipic 
«  miiioieni  (idem  collali  Baplismalis  ,  quàm  scbednla 
«  iiicerli  auctoris,  f.iciant  alla  signa  exiiosito  inlanli 
«  ajiposita ,  piità  sal ,  ideô  reclissiinè  à  Uiciiardu 
«  Poor  ,  cpiscopo  Sarum ,  canluin  Icgilnr  :  Si  verb 
«  pueros  cniii  sale,  tel  sine  sale  expositos  con.ingal  iuve- 
»  /(/'/•/,  baplizenlur ,  siib  cundilione  (amen,  m  siaiim 

*  ibidem  explicalur,  lom.  2  Concilior.  Brilan.  ,  lloii- 
«  rie.  Spelm;in,  pag.  1-45.  > 

Qnarilur  5"  iiliiim  condilio,  si  adiiibcaliir,  extiiiiii 
exprimi  deiieat.  —  lUsp.  in  eonim  seiil.nlià ,  c^n  in- 
tenlionem  ii.leriiam  alqiie  rcalem  niliil  ad  validiia- 
tem  niillilaleinve  Sacramentoriim  perlinere  arbilran- 
lur,  iiindô  adsit  appareils  et  externa  ,  salis  palei  con- 
dirioiicin  exprimi  debcre;  aiioijuiii  incassiim  adliibe- 
reliir.  .Vtvciô  in  s/ntenlià  opposilà,  necc.-saiiiim  non 
est  omniiiô  ul  condilio  verbis  signiiiceliir.  .Nain  ,  ul 
imlaiii  commiiiiilcr  auclores  ,  niillum  aille  octaviini 
sieuluin  conditioncs  vocibiis  cxpressas  fuisse  \esli- 
giiim  remanet;  nec  de  fcM'iiià  coiidilionali  lit  meiilio 
anie  (lapiliii.iria  Caioli  Magiii,  ubi  priim'im  Icj^itur. 
tjiiiii  cliaiii  communisnsiisesse  videturut  minniiildruni 
SacraiiicntîUHini  loriii;e  sine  expressà  condilione  pro- 
feranlur.  l'iiiis(|iiis(pie  nibil  convenienlius  agere  po- 
test ,  quàm  si  riliiale  su;e  diœce^oos  setpialur  :  poiro 
in  pluiibiis  ritiialibus  coiidilionem  exprimi  in  Ba- 
plisino  cl  ExtremA  rncliene,  si  minus  jubeiur,  sallem 

58 


Î19:; 


DE  RE  SACRAiMEMAi.îA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


ilôt) 


quid  hoc  ipsum  sit  qnod  aggrcdiUir  cxplicaïc ,  qiio  \ 
gcnere,  quà  dillcrciilià  concludalur,  quid  liabcal  com- 
mune ciini  cxlcris,  (pud  piopriuni  viiidicel  ;  aiio(piin 
iu  ipsodoclriiny  roiilo  orrabit,  digiiioniuc  judicabilnr  ^ 
qui  stullus  ipse  dcliniatiir,  quàm  qui  aileiu  dcfmioudi  : 
oxorceal;  al(iuiLulbciaui,  CalviuisUc,  Sociniaiii,  alii- 
(pie  eorum  similes  Evaiigelii  pscudo-rcforniatores , 
«'oiilra    Scrii)lura',  tiadiiiuiiis  olEcclosia'  uiiivcrsalis 
aucloiitalcm  iicgaiido  viui  ullaui  iuesse  sacris  symboUs 
imprcssam  divuiiiùs  ad  saiicliialcm  el  graliam  con- 
Icrendam  (qui  proprius  est  et  gcnuinus  Sacraiiiciito- 
luniiiovie  logis characler)  iicscieiuulSaciaaieiila  Doi,  \ 
aut  ea  saltciu  se  iiescire  nialiliosè  fiiixeruiit;  nibil  ita- 
que  niiruui  quèd  lain  diversos,  el  bacleiiùs  incuguilos 
anlractus  duce  cl  doclore  nuUo  iniverint,  non  quid  es- 
sent  Sacramcnla  cxplicando,  sed  quid  vellent  es^e 
mcnliendo. 

I.  Enim  quidam  dixerunt  (  Sociniani  ),  nihil  aliud 
esse,  quàm  exleruas  quasdani  nolas  et  lesscras  cliri- 
slianœ  religionis  :  que  sensu  à  Socino,  disp.  de  Bap., 
e'jusque  sequacibus  diclum  Sncniincnlnm  esse  nudum  et 
iiuplex  s'ujnum,  quo  Clirhlimms  à  Jiulœo  vel  tji'inUi  dis- 
sliiKjuiiur.  Eu  deniiiue  lecidil  delinilio  ab  Aua!)aplislis 
inventa:  Sacramcnla,  iiiquiunt,sunlfl//<'f/o)i(t'  seus}(j;ia 
ijuœdum  vitœsp'nilmlis,  morum  ulquc  bonorum  ajuTUiit, 
(luibus  udinonemur  bonis  operibus  nos  excncrc. 

II.  Abi  Sacramenli  nalurani  non  abundè  rcpclunt 
quàm  à  fide  qi-am  Deo  vovenl  qui  sacris  inilianlur, 
ejusdemque  tidei  volunl  SacrameiUa  pignora  quadam  i 
csie  atque  indicia  ;  que  sensu  ZuingUus ,  in  bl).  de  verà 
et  ialsà  Ueligione,c.  de  Sacranienlis:  Sacramcnlmu,  in-  ■ 
(piit,  )iiliil  aliud  esl,  quàm  oppiynerulio,  quà  se  liomines 
vbliqanl  Cliristo,  ejusqnc  militiœ  nomen  dant. 

VA.  Lulberus  non  à  fide  quam  liomines  Deo  polli- 
cenlur,  sed  à  fide  ipsà  quà  se  Deus  boniinibus  obli- 
gal,  Sacramenli  defniitionem  esse  petendainconsliluit; 
benè  illud  quidcm ,  si  quidquid  viilutis  Sacramei-lis 
divinilùs   atiributum    est,    uti   par  eral,    exponere 
lii)uissel;  vcrùm  co,  (piod  magis  eral  neces«irium  ^ 
])nelermisso,  in  lioc  uno  eoium  virtulem  cousistcre 
boinniavit,  non  quùd  graliam  Dei  sic  volentis  mirabili 
liberalilatc  coufeiant,  sed  (piod  mera  signa  sint  nuila- 
(juc  tcstimonia gratiai  quam  Deus  promisil  se  datuium 
boniinibus,  quasi  niniiiùin  iis  egeret  procsidiis ,  ad 
iidem    promissis   suis    conciliandam.   Sacmmenlum , 
in(iuit,  in  lib.  de  Capl.  Bab.,  c.  ult.,  nihil  aliud  esl, 
quàm  prumissio  (jnitiœ  dquo  cxlerno  annexa;  eamquc 
definilioiicm  coninninilci-  Lulberani  adniiltunt,    sed 
paulù  l'usiùs  explicanl.  Sic  enim  babel  Augustana  con- 
fessio,  cap.  15:  Sucramcntuni  esl  rilus  qui  liabct  man- 
dulum  Dei,  el  eui  addila  esl  promissio  ijruliœ.  Kennd- 
lius  Lulbeii  discipulus,  Exam.  Concil.  5,  part.  2.,  c.  de 
Eflicaoià  Saer.  :  Sucramenluni ,  inquit ,  esl  signum  ma- 
teriale ,    prœcepli.m   in    now    Tcslamenlo ,    obsi(jnans 
instar  siqllli  premissionem  gralla'. 

IV.  Calvinu^  magnum  aliquid  se  fecisse  pntavit,  el 
lem  acu  teligiSie  ,   ul  in  provcrbio  esl ,  ex  ulràque 

consulilur:   lacolur    veru   de    cictoris    Sacranienlis. 

(Edil.) 


Eutlieri  et  Zuinglii  deliniiione  unam  nectendo,  el  du- 
plicem  hune  Dei  ad  homines,  vicissimque  buminum 
Deo  Iidem  voventium  ordinem,  unàctsinqjlicioralionc 
concludcndo  :  Sacrumenlum,  inquit  lib.  -4  ln.ilil.,  cap. 
li,  §  1 ,  exlernum  est  sijmbolum  quo  benevolenliœ  enja 
nos  suœ  promissioncs  conscienliis  noslris  Dominus  obsi- 
gnal ,  ad  siislinendam  fidei  nostrœ  imbecillitatem  ;  et 
nos  vicissim  pielatem  erga  eum  noslram ,  tam  eoram  eo 
el  angelis  quàm  apud  liomines  leslaniur. 

§  1.  Refcllunlur  lue  definiliones  generalibus 

argumenlis. 

ILecquc  l'uerunt  mcndacium  hominum  infausta  cou- 

silia,  quibus  veritatem  obscurare  aliqualenùs ,  labe- 

factare  ccrlè  non  potuerunl.  Quod  non  erit  demonstrarc 

difficile,  si  ad  gencralia  principia  atlendamus,  quibus 

divinum  dogma  defendi  solet  :  cùm  enim  ibeologica 

placila,  non  ab  boniinibus  inventa,  sed  à  Deo  luerint 

revelata,  nibil  debenius  lanquàm  certum  in  fide  ad- 

millere,  nisi  Scripturai  aut  iraditionis,  aut  deniquc 

!  Ecclcsiaî  univcrsalis  aucloritatc  nitalur;  alqui  iiulio 

I  borum  capilum  del'endi  possunt,  quis  lielerudoxi  jiro- 

ferunt  Sacramentorum  descripliones. 

Argumentum  primum,  ex  Scripiurn. 

L  Non  ex  Scriplurâ  quidem  ;  harum  enim  defini- 
tionum  scopus  unus  est,  finis  unus,  vim  omnem  gvatiai 
producend;e  Sacranienlis  deijcgare,  eaque  vebit  niida 
el  spoculaliva,  ut  aiunl,  signa  habere,   qu;«  movere 
quidem  objeciivè  possinl,  et  fideni  ac  pielatem  exci- 
tarc,  sed  efficaciler  homiiù  quidcjuam  conferre  non 
valeant  ad  salulem  ;   al([ui  in  conlrarium  Scriptura 
ubique  prx'dicat,  Sacramcnla  ad  sanctificandos  ho- 
mines pnecipuè  esse  instilula,  camqne  habere  virtu- 
lem, qualeni^is  Deo,  causse  salulis  el  justilia^  princi- 
pali ,  lanquàm  vera  instrumenta  conjunguntui- ;  quis 
enim  legcndo  verba  Aposloli,  1  Cor.  6,  9:  Abluti  eslis^ 
sanciificali  eslis,   juslificali  eslis,    in  nomine    Domini 
noslri  Jcsu  Chrisli,  et  in  Spirilu  Dei  noslri ;  ilcmqnc 
alla  Gai    5,  27,  Rom.  6,  5:  Quicumque  i)i  Chrislu  bu" 
plizali  eslis, Chrislnm  induislis  .'et  Ephes.  5, 25,  elseq.  : 
Clnislus  ditexil  Ecclesiam  ,  el  seipbum  Iradidit  pro  eà, 
ul  illam  sa)iclificarel,  mundans  lavacro  aquœ  in  verbo 
vil(i\  elc;  el  deniijue  Tit.  3,  5  :  Secundiim  suam  mi- 
sericordiam  salvos  nos  fccil,  per  lavacruni  regeneralionis 
et   rcnovalionis   Spiritùs  sancli,  quis,   incjuam ,    isla 
Icgendo,  non  stalini  inlcHigat  vini  sanclificandi  Sacra- 
mcnlii  divinilùs  allribulam?  Quod  enim  de  Raplismo, 
hoc  ipsum  de  reliquis  Sacranienlis  sacnc  liller;ie  pas- 
sim  manifeslant,  quale  esl  quod  in  aclibus  Aposloio- 
riiin,  8,   17,  de  Confirnialione  dicilur  :  Imponebant 
manus  super  illos,  et  accipicbanl  Spirilum   sanclum: 
et  de  Eucharislià  in  Evangelio,  ,Joan.  G,  5^)   Quiman- 
ducat  meam  carnem ,  et  bibil  meum  savguinem,  liabet 
vitam  œternam...  in  me  manet,  et  ego  in  illo...  qui  man- 
ducal  me  ,  et  ipsevivel  propler  me;  el  de  Pœnitculià, 
Joan..  20,  2."5  :  Quorum  rriniscrilis  pcccata  reminuntut 
cis,  et  quorum  reiinuerilis,  relcntu  sunl.  Et  de  Exlreruâ 
Enctionc  Jacobi  5,15:  Oralio  fidei  sulvabil  infmnum  , 
cl  allcvi'd'il  cum  Dominui  :  cl  si  inpcccatis  sit,  rcmilkih 


1197 


QU^EST.  1.  DE  ESSENTIA  SAClWMENTOllU.M. 


iioa 


lur  ei;  et  de,  Oïdine,  1  Tim.  4,  14  :  J\oli  negligere  gru- 
tiam  (juœ  in  te  est ,  qnœ  dulii  est  libi  per  proplietiani , 
cum  impositionc  mamiitin  presbylerii  ;  ul  intérim  do 
Mulrimonio  laceanius,  oui  viiii  iiiesse  pcculiaris  gralix 
cunl'oi'ondiu ,  clsi  &cri|)l(irai'iiiii  auctorilato  probari 
quamplurcs,  ii((uo  j,'iavissiiiii  llioologi  iicgcnl,  coii- 
senliiint  laiiicn  uiiiiios  dognia  esse  in  iradilioiic  cer- 
lissimum  ;  qiias  crgu  aileruiil  dcfinilioncs,  vel  iioc 
ipso  falsiu  probanlur,  quùd  Scriplurarum  sentciiliis 
iuaiiiresto  ropugnent. 

Arglmlntum  u,  ex  IradUione. 
Altenim,  ncc  minus  cHicax   argiimcnliim  aMlirpiis- 
6ima  traditio  suggerit.  Si  enim  Patres  existimàssent, 
niliil  aliudSacramenta  essequàm  cxternas  cliristiaiise 
Keligionis  notas,  vel  viia;  muiandic  in  melius  adnio- 
uilioMCa,  vel  sacra  qux'dani  pignora,  et  veluli  arriia- 
bones  lidei  Deo  promissie,  vel  dcnique  nuda  divinai 
niiscricordiit  leslimonia  ,   quomodù   arous  cœleslis, 
Gen.  d,  13,  assumptusà  Dco  est,  in  signum  sui  cum 
hominibus  fœderis  ;  si,    inqnani,   hœc  Palrum  fuisset 
deSacramenlis  opinio,  in  hoc  judicio  acquicscerc  de- 
buissent,  ncque  ulleriùsprogredi,  ne  sciiicet  à  vcritalc 
exorbilando  aliquid  Sacramenlis  concédèrent,   ultra 
quàni  esset  diviniiiis attribntum  ;  atqui  longé  res  aliter 
cecidil  ;  anliqui   enim  doctorcs  Sacramenlornm  virln- 
leni  cxlollunl  verbisadeô  niagnillcis  lantanupie  eoruni 
efficacilaleni  agnoscunt,  ut  faleri  tencanlur  Lutlierani 
el  Calviiiislae,  nisi  Ironteni  perfricuerunt,  non  minus 
sibi  esse  contraries,  quàm  pncsenlis  temporis  Eccle- 
siamundè  recesserunt.Sic  iiiler  cœleros  Tertullianus, 
slatim  ab  inilio  libri  de  B;iptismo,  cap.  1  :  t'elix,  in- 
quit,  Sacramcntum  uquœ  nostrœ,   quia  ubtulis  deliclis  ^ 
pri$tinœ  cœcitatis,  in  vitani  Ubcmmur  œtcrnam.  Et  cap.  4:  ' 
Omnes  uquœ  depristinà  oritjitiis  prœrogalivà  Sacramen- 1 
(um  sanctificalionis  consequiinliir,  invucalo  Deo.  Super- 
veiiil  enim  statim  Spirilns  de-  cœlis,  et  aquis  supercsl  ,  [ 
sanctificans  cas  de  senielipso  ;  el  ita  sanctificativ  ,  vim 
sauctificandi  combibunt.  Et  in  libre  de  Resurrectionc 
carnis,  cap.  8  :  Caro,  inquit,.  «&/«)/«»•,  ut  anima  emacu- 
letur  :  caro  ungilur  ut  anima  conseeretur  ;  caro  signalur, 
tU  anima  muniatur  :  caro  manùs  imposilione  adumbra- 
tuy,  ut  et  anima  spiritu  illuminelur  :  caro  corpore  et 
sanguine  Cliristi  vescilur ,  ut  et  anima  de  Deo  sagi- 
nelur. 

Cni  conseiiliens  S.  Cyprianns  Epistolà  seciindà  ad 
Donalum,  quidijuid  in  se  miilalionis  Baptisnio  sus- 
teplo,  espcrtijs  fueral,  boc  tolum  sibi  deDei  munere, 
\irlule  sancti  layacri  adveuisse,  pari  modestià  et  vc- 
ritalc pra.'dical.  Quamplurimis,  inquit,  vitœ  prioris  er- 
ïoribus  iiiiplicatus  tenebar,  quibus  cxui  me  passe  non 
jredcrem  ;  sic  vitiis  adiiœrcntibus  obsecundans  eram,  et 
^desperalionc  mcliorum  malts  meis  vcluti  jam  propriis  ac 
vernaculis  ndfavebam.  Sed  postquàm  undœ  genitalis  au- 
xilio,  supcrioris  œii  labe  detersâ,  in  expiatum  pcctus  ac 
purum,  desuper  se  lumen  infudit....  mirum  in  modum 
proliuiis  coufirmure  se  dubiti,  patcrc  dansa,  hiare  lene- 
brosa....scis  ipse  profecii),  et  mccum  pariter  rccognoscis 
ifuid  detraxerit  nabis,  quidve  contulerit,  mors  isia  crinii- 
fîKOT,  vita  virtutum. 


DenifpK',  ne  piiira  laciam,  enque  intempestive  prav 
vorlam  (|ii;e  crunl  alibi  plcniùs  discuticnda,  S.Grcgo- 
riusNyssenus,  scriptorquarliseculi,  oralioncin  liaptis- 
muni  Clirisli  :  liaplismus,  inquit ,  peccalorum  expiatio 
esl,remissio  deliclorum,  renuvalionis  et  regencraliunis 
causa....  aqna  ciim  niliil  alind  sit  quàm  atpia  ,  supcrnà 
gratiàbenedicente,  ineamquœ  mente  percipitur,  li'jmi- 
nem  rénovât  generalionem  ;  qubdsi  quismilii  dabiiando 
negotium  cxliibeat,  inlerrogans  quà  ralione  aqua  regene- 
rel  ?  Dicam  oplimojure  ad  cum  :  Ostende  milii  modum 
nalivilalis,  quœ  fit  Si'cundiim  carnem,  et  ego  libi  vim  re- 
generaliunis,quœ  secundiim  unimum  fil,  exponam...ubi~ 
que  divinu  vis  et  clficacilas  incomprelicnsibilis  est,  nullà- 
que  vel  ralione  vel  arle  explorari  potest  ;  ergo  invcntsc 
ab  bserclicis  recentioriI»iis  Sacramenlorum  definitio- 
ncs,  perpétua  sanclorum  Patriim  Iraditionerevincun- 
lur;  quod  enim  de  Tcrtulliano.Cypriano,  et  Gregorio 
Nysseno  probalum  est ,  idem  ex  conciiiis,  aliisquc  se- 
qucnlium  xlatum  docloribus,  quxstionc  5 ,  sumus 
pleniùs  oslensuri. 

Argumentcm  m,  ex  consensione  iiniversutis 
Ecclesiœ. 
111.  Sequitur  Ecclesiae  universalis  conscnsio,  cujus 
in  divinjs  dogmalibus  adstruendis  lanta  vis  est,  quanta 
major  e«se  non  potest.  Si  enim  Ecclesiam  in  iis  quie 
ad  lidem  et  mores  pertinent,  erroris  accusare  nicritù 
possimus,  Deum  ipsuni  cujus  Spirilu  rcgitur,  accusa- 
bimus;  illuditaqucargumentum,  quoniam  priccipuum 
est,  quà  poterimus  diligentià  proponemus. 

Ineuntc  scculo  sexto  decinio,  Lutlierani  aliiquc 
circa  idem  tempus,  magno  Ecclesiac  malo  naii  pesli- 
leri  bomines,  prœter  caetera  quae  invencrunt  doclrinx 
capita,  ncgare  ausi  sunt  Sacranienta  graliam  ali- 
quam  afferre,authabere  uUamsanciilicandi  virtuiem; 
unde  novis  à  se  cxcogitatis  defmiiionibus  Sacra- 
nienta in  corum  symboloruni  ordine  posuerunl,  qu.i; 
Iiabcnlquidem  nudam,  more  picturœ,  sigiiilicationem, 
inlernam  operationem  nullam  liabent. 

Vaptismus,  inquit  Lutlierus ,  lib.  de  Capt.  Dabyl., 
cap.  de  Bapl.,  neminem  juslifual,  nec  ulli  prodest,  sed 
(ides  in  verbum  promissionis,  ciii  addilur  Daptismus  : 
hœc  enim  justifie  al. 

Non  juslificant  signa,  inquit  Melanclilon  in  locis 
cditis,  an.  1522,  cap.  de  Signis.,  ut  Apostolus  ait  : 
■I  Circumcisio  niliil  est  t ,  ita  baptismus  niliil  est ,  par- 
ticipatio  mensœ  Domini  niliil  est;  sed  testes  sunt  et 
signa  divinœ  voluntatis  erija  te;  cl  iniib.cont.Anabapl.: 
Sicut  voluntas  Del  ostendilur  in  verbo  seu  promissione, 
ita  etiam  ostendilur  in  signo,  tanquàm  in  piclurà. 

Fixum  itaquemaneal,  ail  Galvinus,  lib.  ilnsl.,c.ll, 
§  17,  non  esse  alias  Sacramentorum,  quàm  vcrbi  Dci 
partes ,  quœ  sunt  offerre  nobis  ac  proponere  Cliristum, 
el  in  eo  cœleslis  graliœ  lliesauros. 

Hx'cquc  fuoruiit  novorum  proplielarum  oracula; 
âge  voiô.niinc  cxperiamur,  ulrùin  iiahiierint  aliquan- 
luiùm  iii  Eccicsiaî  uiiivori;..is  doclriiià  pivxsidii,  (|uo 
certèsi  caruerinl,  rejicieiida esse oonslabil,  quia  nova  ; 
jam  sic  prosequor  argumenluDi. 

Atqui  Luthcraiii  el  CdhiniiitC  uequc  Latins?,  ncque 


\m  DE  RE  SACRAMENTAUIA.  -  DE  SACUAMENTIS  IN  GENERE.  1200 

Gra'CX  el  Oriciilalis  Ecclesiai  pnluerunl   concoiclià  J  nuni  \blo,  iil  est,  cvolnlis  sexagiiila  circiter  aiinis,  ad 


gloriari  ;  non  Lalimx;  qiiidem  ,  à  qnà  so  longissiniè 
dislaro  professi  snnt,  illius  de  Sacramcnloruni  virliile 
seiilenliam  doclrinis  sophislicis,  et  invciUis  peslilen- 
tissimis  adscribendo.  Scliolœ  sopliistica-,  inqiiil  Calvi- 
nus,  lib.  4Insl.,  c.  1-i,  §  i,A,nia(jno  comcmn  iradide- 
rnitt  Sacramenta  novœ  legis  itistiftcarc  cl  couferrc  gra- 
tiaui,  wodb  non  ponamus  obicem  pcccaù  morUilh  ;   quœ 
senlciitid  dki  non  polesl  quim  s'il   exilialis  et  pcslilens. 
Faleliirergo  se  ab  Ecclosix  Latiiia;  sensu  rcccdero,  \ 
qnam  stliolaruni  sopbislicarimi   nomine  impiidenU'r  i 
rodarguit;  eoqiie  sibi  lilulo  plaudil   iiovns   Hercules  j 
lanquàni  de  reporla'â  insigni  vicloiià;   di-imie   si  in  | 
ils  nu;is  adercbant  hairelici  Sacranienlorum   descri-  ; 


plionibus  mentem  suam  Romana  Ecclesia  agniivissct,  ; 
procnl    dubio   appiobâssct  ,     née    cniai    pulàsset,  : 
propler  nialcvoloruni  boniinum  iniprudenliam  dogma 
antifjuum   esse  deserenduni;  lanluiuniodô  ourà^scl,  | 
iniposilani  sibi  à  Calvino  aliisquecalunniiain  repiilme, 
€t  exulceralos  animos  nialernis  adnionilinnibus  do- 
linire;  alqui  è  contrario  vix  ernperant  scripla  no\a- 
loruni  ,   cùni  à  doctissin;is    quos   babebal  Ecclesia  | 
Iheologis  nervosè  sunt  rcfulala  ;   passiin  ab  omnibus 
coiiclaniatuni,  actum  esse  de  repnblicâ  cbristianà  ,    si 
impunè  excessus  adeô  immoderati  abirent  ;  tandeni- 
que  delalà  ad  Tridentinuni  conciliuin  quirstione,  ana- 
Ihcinale    percussus  est,  quisquis  dicerel  :  Sncramenla 
propler  solivn   fidcni   nulriendam  inslilnla  fuisse  ;  non 
cotilinere  gratiam  quani  sicjnificant,  aut  (jratiuui  ipsnm 
non  poncnlibns  obicem,  ex  opère  operato   non  conferre  ; 
sess.  7,  tanonib.  5,  6,  7,  8  ;  eigo,  etc. 

DcGra'cà  verô  et  Oiientali  Ecclesia  quid  eloquar, 
cnjus  staluui  nec  noveranl  quidem,  quando  in  Occi- 
deiilc  rebcUionis  incendia  excilâiunl  1  Quà  in  re  sa- 
lis miiari  non  possumus  viroruni  suo  judicio  sapicn- 
tium  levilateni;  facto  enini  contra  suumunn  Ponlifi- 
ccnict  Romanam  Ecclesiani  inq)etu,  maxime  illornni 
'  intererat  Orientalium  ambire  prasidiuin  ,  suanique 
'  cunj  Iransmarinis  oslentare  consensioiiem,  sollicité 
iiKluirendo  tpiid  Grœci  veleresde  Sacramcnlis  leiuiis- 
seiit,  ([uid  bodierni  sentirent  ;  ne  scilicet  viderentur 
soli  pugnare  contra  onnies,  et  sapicntis  niandulo 
poslbabito,  Prov.  22,  28,  iransgredi  Icrniinos  quos  po- 
suerant  paires  eorum;  atquiniiiil  lioruni  curârunt  boni 
l'.umiiies  :  nam 

l'  Quid  eâ  (le  re  baberent  vetuslissima  Gncconim 
Euciiologia,  quid  Basilius,  quid  Cbrysostounis,  quid 
IreiKX'iis,  quid  Cyrillus  Hierosolyniitanus,  quid  aUi  de-  i 
ni(|ne  prisciv  x'tatis  tbcologi,  in  mentem  illorum  non 
venil  inquirerc;  quorum  testimoniis  facile,  si  veilent 
ab  errore  ad  vcrilaiem,  à  dissidio  poierant  ad  con- 
cordiam  revocari. 

2°  De  Graicis  cl  Orienlalibus,  qui  bâc  ipsà  œlale  \i- 
Ycbanl,  adcui.dis  non  cogitàruut  ;  quod  sunmiœ  im- 
prudenlia;  et  superl»ieiilis  contra  univorsalem  Ecclc- 
biam  factiouis,  certissimum  argumenlum  fuil  ;  cùm 
cnim  ineunlc,  ut  pradiximus,  scculo  sexto  dccimo, 
anno  1517,  reformanda;  (veriùs  dixerim),  everiendiie 
Ecclesia'  insanum  cnnsiliuni  iniisseni  ;  non  auto  an- 


Gra;cos  legationem  miserunt,  ut  eos,  si  fieri  posset, 
in  suas  partes  perlrabcrent.  Perpel.  1  fidei,  lom.  5, 
lib.  1,  c.  3,  pag.  19. 

5°  Quod  memorià  digiissimnm  est ,  Lulheranis 
malè  cessil  inlenipcslivnm  consilium;  Jeremias  cniui 
patriarcba  Constantinopolitanis  acceplani  à  Iheologis 
i  Wiitembergensibus  Auguslanam  confessionem  omni 
argumenlorum  génère  refutavit,  Scriptura;  et  tradi- 
tionis  aucloritate  oslendens,  —  resp.  i,  Sacranicntis, 
donis  videlicet  Spirilùs  sancti ,  virlulcm  ink-riiain 
incsse  ad  conferendam  bomini  sanclilatem;  et  ideb 
Sacramenta  dki,  quia  sub  exlernis  scnsib'{libits(iue  sijm- 
botis  arcanum  el  spiritualem  effeclum  continent;  iia  Je- 
remias, vir  primai  inter  Gra'cos  anclorilatis,  cujus 
scripla  in  publiée  Conslantinopolitana'  Ecclesiie  tabu- 
lario,  ad  perpetuam  mcmoriam  recondita  sunt;  cu- 
jusque  eô  gravius  testimonium  est,  quod  de  se  bomo 
sapiens  nil  pra-sumpserit,  neque  censuram  banc  con- 
tra Lulberanos  emiserit,  nisi  babilo  cum  sacerdotibus 
suis  maturo  prudenli(pje  consilio. 

Idem  dogina  à  Jeremias  lemporibus  Gra;ci  et  Orien- 
tales aperté  professi  sunt;  ita  cnim  docuit Gabriel  Plii- 
ladelphiai  raetropolilanus  in  iractatu  de  Sacramentis, 
edito  primùm  Venctiis,  anno  IGOO,  deindè  Parisiis, 
anno  1G71. 

Ita  Meletius  Piga,  patriarcba  Alcxandrinus,  scriplor 
inler  suos  eruditione  pra^cipuus,  et  à  Gnecis  auctori- 
bus,  Nectario,  Dosillieo,  Calliuico,  Syrigo,  et  aliis  pro 
merito  sacpè  laudatus  :  cujus  opéra  in  luiuin  congesla 
volumen,  in  Bibiiolbecâ  llegis  Galliarum  asservaiittu-. 
Ita  Gcorgius  Coressms  magn;c  oxistimalionis  suo 
tenqiore  iheologns,  cujus  pr;T;cIara  laus  csl,  quod  ab 
insiilà  Cbio  Conslanlinoiiolim,  rogatilc  cicri  totius  sy- 
nodo,  accersitus,  anno  1635,  contra  Leodoi/arium  (I) 
ex  Batavia Calviuislam  pseudoministriun,  pro  lide  or- 
lliodoxà  Grœcoruni  omnium  nomine  pra;lium  susli- 
nu^rit,  el  divorsos  tùm  desacris  mysloriis,  lùm  specia- 
tim  de  Iranssubslaiitialicnc  tractatus  ediderit,  (|uos  in 
Moldaviâ  nou  ita  pridem  prailo  mandalos  audivimus. 

lia  Grogorius  prolo-syncclbis  Coressii  discipulus, 
in  Epitome  divinoruni  mysleriorum,  quam  anno  1635, 
plaudcnte  et  approbaiilc  Gra>coruni  Ecclesia,  publi- 
cavil  ;  ubi  coiiccptis  verbis  aldrmal,  cap.  4,  p.  7i, 
Sucrumenla  gratiam  spiritualem  significarc;  eamque  di- 
r/H("'  nccedentibus,  virtute  divinitiis  impressâ ,  conferre; 
Sacramenta  res  esse  sanctas,  non  ideb  soliim  quia  Deo, 
qui  sanctus  nalurà  est,  consecrantur  ;  verion  etiam  quia 
homines,  gratiam  impartiendo ,  sanctificanl. 

lia  SYiiodus  Conslautinopolitana  ,  anno  1G38  celc- 
brala ,  cui  inlerfiierunl  Cyrillus  Beroensis  patriaiclia 
Conslantiiujpolitanus ,  Mclropbaues  Alcxandrinus, 
TlieopliaiKS  Jerosolymitanus,  episcopi  aul  nictiopo- 
lilani  unus  supra  viginli ,  aiiique  plures  inferiiii'is 
gradûs  saccrdotcs. 

lia  synodus  altéra,  quatuor  posl  annisJassi  in  Mol- 
daviâ congregala,   in  quà  prxter  cxleros  orlhodoxa} 

(Il  1.0  niini'^lre  Loger,  Perpet.  lidoi,  toni.  5,  lib.  1, 
( .  -i. 


1201  QU.EST.  I.  DE  ESSEN 

confessionis  arlictilos  docbratiim  est ,  q.  09,  Sacra-  \ 
vienlum  eue  caremouiam  sncraiu,  (juœ  sub  forma  visibili  ' 
produiit  Dci  cjraliam  invisibilem,  eamdeimiue  in  atùmam 
futelcm  iufundil. 

lia  Meleliiis  Syrigus,  Gn^corum  qui  niemorià  no- 
sirà  vixeriinl,  sine  exccplione  doclissimus,  in  de(en- 
siorie  fidei  orlliodoxa;,  fiiiam  aiiiio  IGIO  coiilra  Cy- 
1  lliiiii  (F.iicar)  palriarcliain  Conslaiiliiiopolilainiii), 
C  iiliiiiia^  lidei  desiTloroin,  sumiiià  diligoiitià  odidit; 
Lbi  argmneiilis  ex  Sciipliirà  et  tiadilioiie  liniiissiniis 
osteiuiit  Spiritum  sancluin  oimiibus  novœ  lecjis  Sacra- 
nu'Hlis  intimé,  eornm  vclul  animam,  pra'scntem  adesse, 
iisquc  liim  ad  dclcnda  peccala,  liim  ad  sanclificaiidos  ho- 
mmes virtutcm  diviiiam  iiipucre;  quod  ni  ficrct,  frustra 
lefjis  cvan(ielica'  Sacrnmenta  dicerentiir,  ciim  niliil  liabe- 
renl  quo  diffcrrcnt  à  figuris  veteribus,  et  Vt'rilatem  in 
anticjHO  Testamcnto  sicjnificatam  non  CJihibercnt.  Pcr- 
pel.  fidoi  tomo  o,  1.  1,  c.  o,  p.  ô9. 

Fta  synodiis  JcrosolMuilaiia,  p!";osido  ojusdoniEcole- 
siio  palriarchà  Dosilhco,  versus  lincm  scculi  deciini 
scptinii  celebrala,  in  qiià  cum  niiliquis  Patiibiis  defi- 
nitnni  :  Sacranienta  rébus  naluralibns  constare ,  et  su- 
peruaturalibus  ;  non  esse  nuda  divinarum  promissionum 
signa  ;  alioquin  cnim,  iiiquluiU  Paires,  uullo  à  circuni- 
cisione  discrimine  scccrnerenlur,  quo  niliil  fiugi  potest 
insttlsius  ;  adebciue  esse  divinœ  omnipotentiœ  instrunientn, 
gratiam  digne  accedentibus  confcrenlia.  Loc.  cit.  c.  G, 
p.  /i8. 

lia  deniqiie  idem  Dositlieus,  tùm  in  iraclalu  conira 
Joannem  Caryopliylnni  tyjt'.s  vnigato,  Jassi  in  Mulda- 
viâ  ad  annum  169i,  luni  in  canonibus  coulra  cuni- 
dem  edilis,  quorum  qiiinlus  sic  Iiabel  :  Si  quis  dixerit, 
Sacramcnla  niltil  aliud  esse ,  prœttr  nudas  clirisliance 
profe.-isionis  notas,  quibus  fidèles  ab  infidclibus  extcriits 
dislinguuntur  ;  aut  signa  extcrna  esse  gratiœ  etjusliliœ, 
per  fidem  accepta;  ;  neque  confilelur  continere  interiiis 
gratiam  quant  significant,  eamdemque  conferre  non  vo- 
nenlibus  obicem,  anathema  sil  ;  et  scxlus  :  .Si  quis  dixe- 
rit,  gratiam  non  semper  per  Sacrameuta  conferri,  etiam 
quando  cum  fide,  et  conscientiœ  puritalc  recipiuntur  ;  sed 
aliquando  tanticm  duri,  et  aliquibus,  anathema  sil.  Pcr- 
pct.  fid.  ib.,  p.  lu. 

Igitur  à  primo  ad  uliimuni  seqiiitur,  conficlas  à 
Lulheranis  et  Calvinislis  Sacramenlorum  defniitiones 
universaiis  Ecclesia;  doclrina;  esse  contrarias;  co(pie 
solo  litulo,  etiamsi  alia  momenla  deossent,  rcjicicu- 
das.  Quod  enim,  iiKjuit  Tertnilianus  do  Pniescript. 
c.  r)8,  apud  multos  unum  inienitur,  non  est  erratum,  scd 
Iraditum;  nisi  audeat  aliquis  dicere,  iltos  errdsse  qui  tru- 
diderunt  ;  è  contrario  vcrù  quod  de  r.ovo  in  Ecclesiam 
introducilur,  boc  ipso  enoris  mcrito  accusatur,  quia 
verâ  doclrinà  posicriiis. 

§  2.  SiiKjuldtim  eœdem  definitiones  refolluntur. 
Notabimus  modo  in  speciali ,    nriacpix-que  harum 
dcfinitionnin  qwid  vitii  iiabeat ,    omnibus  ut  evidens 
sit,  quàm  longe  à  scopo  novaloros  recesserinl. 
I.  Sociniani  et  Anabaptista'  refulantur. 
De  illis  quidcm   hoc  unum  juvat  observare,   (juod 
Sacraiiior.ti  iialuram_,  sive,  ut  schoîa  ioqniiur,  difTe- 


TIA  SACRAMENTORUM. 


1203 


reiiliam,  nec  leviler  attigerinl  ;  quod  enim  aiunt,  Sa- 
crameuta signa  esse  quibus  Christiani  à  Judœis  et  gen- 
tilibus  distinguuntur;  vel  esse  morum  et  bonorum  operuui 
allcgorias,  quibus  piè  et  religios'c  vivereadmonemur,  vcrd 
hoc  quidem  ali(piaiciiùs  aHirniant;  scd  novi  nihil  as- 
scruut,  cùm  iioc  ipsum  de  niultis  aliis  meborc  litulo 
dici  possit  ;  nan> 

1"  Cullus  Dci  extcrnus,  templorum  rrc(pieiitaiio, 
;  sacrorum  ritimm,  dierum  solcmnium,  jcjunioruiu  et 
abstinentiic  observatio,  et  alia  pleraque,  si  credimus 
Socinianis,  jure  pot.iori  Sacramcntis  annumcrabunlur; 
quia  uolis  illis  ac  tcsseris  Chrisliaiii  à  Judiïis  cl  gcn- 
tililius  longé  ccrtiùs,  ncminc  diflilenle,  dislinguuntm'. 
2"  Externa  fidei  profcssio,  de  quâ  ait  Apostolus 
1  Rom.  10,  10:  Corde  crcditur  ad  jusliliam,  orc  autem 
confessio  fil  ad  salulem,  ipsaque  mors  pro  Chrislo  lo- 
ler.ita,  prorsùs  non  videnius,  cur  potiùs  Sacramen- 
lum  dici  non  deijcal  quàm  Daptisinus ,  qui  stalim  ac 
traditus  est,  ab  oculis  evauescit,  nuUamque  sui  relin- 
quit,  nisi  in  bomiimm  testificatione  memoriam;  quem 
ctiam  niulii  à  (ide  deficiendo  conteninunt  ;  cùm  è 
contrario,  eum  verè  christianum  esse  oporteat ,  qui 
poiiil  pro  Cliristo  animam  suam. 

ô°  luiô  dicendum  erit ,  veterem  circmiicisionem 
longé  fuisse  novis  Sacramentis  cxcellenliorem,  cùm 
notam  suî  corporalom  relinqueret,  quam  penitùs  de- 
lere  penès  Judaios  non  erat  ;  cùm  ex  adverso  nihil 
Clnistiano  lioniini  sit  facilius,  quàm  Sacramcnla  acce- 
pta m  gare,  et  cum  gentilibus  inire  consortium. 

4"  Si  Sacramentum  non  aliud  quid(]uam  sit,  quàm 
admonilio  vit;e  benè  agendas ,  niiruni  in  niodum  nu- 
inerus  Sacramenlorum  augciur.  Hoc  enim  ipsum  lex 
velus  monebat,  quœ,  ut  ail  Apostolus,  Gai.  3,  24: 
Pœdugcgus  noster  fuit  in  Christo;  idemque  in  nova 
lege  laciunt,  Decalogus,  pnccepla,  consilia,  prccdi- 
i  catio  verbi  divini,  pneniia  bonis  pra'parata,  deslinala 
nialis  supplicia,  exhortaliones,  increpationcs,  min;e, 
proinissiones,  vil*  prxsentis  airumna;,  prospéra  de- 
ni(jue  onniia  et  adversa;  ergo,  etc. 
I  II.  Zuinglius  refittatur. 

I      Venio  nunc  ad  Zuinglium  voleniem  nihil  aliud  esse 
1  Sacrameuta ,  quàm  oppignerationes  alignas  ,  quibus  se 
I  homines  obligant  Christo,  ejusque  Ileligionem  vel  le  se  se- 
I  qui  palam  et  apertè  profitentur  ;  quàm  autem  l'alsa  ha^c 
doclrinà  sit,  argumenta  qux  sequuntur  ostendeni. 
i      1   Hoc  ideù  sentit  Zuinglius,  quia  contendil  homines 
priùs  cshcjustos,  et  Christo  conjunctos,  quàm  Sacra- 
mcnla rccipiant  ;  atijui  vesanum  illud  cTogma  Calbo- 
I  licai  fidei  disiurbalio  est ,  cùm  Scriplura  ubique  prae- 
!  dicct ,  non  ideù  homines  divinis  Sacramentis  donari , 
(|uia  priùs  mundi  et  sancli  erant ,  sed  è  contra  nuin- 
1  dos  cl  sanclos  (ieri  quia  veniunt  in  Sacramenlorum 
consortium,  llinc  Joannis  3,  v.  5,  dicitur  itasci  denub 
;  per  Baptisinitm  ;  et  ad  Ephesios  5,  v.  26 ,  ait  B.  Pau- 
j  lus.  Ecclesiam  sanctificatam  et  mundatam  lavacro  aqitœ 
in  verbo  vitœ  ,  et  ad  Tit.  3,  v.  5,  legitur  :  Aon  ex  ope- 
;  ribus  justitiiv  qitiv  fccimus  nos,  sed  secundiim  suam  mi- 
serieordiam  saUus  nos  fecil  per  lavacrum  rcgenerationis 
e!  rcnviutionis  Spiriiùs  sancli  ;  et  de  Eucharisliù  Joan»i 


1203 


DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


ItiGl 


6,  V.  50  :  Qui  imnducat  hune  ptinem,  vivet  in  œternum; 
crgo,  eic. 

2"  Si  SacramcnUim  niliil  aliud  sit ,  quàni  oppigne- 
ralio  qiiâ  se  lioinines  obliganl  Deo  ,  ejusque  Religioni 
dant  nomen,  conscqiiens  est,  iii  Sacraincnlorum  coii- 
secralioiie  Christiim  inertem  oliosumqiic  jaccre  ,  lo- 
lunique  luinc  ritiim  al)  aclione  hoiiiinis  dopeiulere  ; 
fltqui  doctrina  liooc  piignat  aperlô  contra  auctoritalcm 
Scripturœ  ;  nain  si  Rapiismus  ,  exempli  causa ,  niera 
lantùm  oppigneratio  est,  non  verô  actio  Ciirisli ,  quid 
est  qiiod  ait  Joannes,  1,  35  :  Super  qiiemvideris  Spiri- 
tum  sanelum  desccndentem,  et  munenlem  super  enm  ,  liic 
est  qui  bapûzal  in  Spiritu  sanclo  ?  Quid  item  allerum 
ab  Aposiolo  Paulo  dictuin,  Eplies.  5,  25  :  Clirislus  di- 
texit  Ecelesiam ,  el  tradidit  seipsum  pro  ed,  mundans 
eam  lavacro  aquœ  in  verbo  vitœ  ?  Si  Baplismus  peccata 
non  ablnit,  sed  solummodf  exbibet  testinioniiim  futu- 
r:ie  fidelitalis  ,  cur  Paulo  Anaiiias  dixit,  Act.  22  ,  16  : 
Baptizare,  el  abluc  pcccala  lua  invoeato  nomine  ipsitis  ? 
Cur  Paulus  ipse  docuit,  Tit.  3,5,  Bai)tismum  lava- 
crum  esse  regenerationis  et  renovaliouis  ?  ergo,  etc. 

5"  Rcs  est  inter  fidèles  notissinia  ,  quseqne  nec  de 
Irivio  niulicrculas  latet,  Saoranicnla  cvaugclica  àSal- 
vatoris  passioue  et  ineritis  viin  oninein  suam  traheie  , 
in  ejusque  rci  testinionium  ,  aquam  et  sanguinem  ex 
Cbrisli  de  cruce  peudenlis  latere  profluxisse  :  Tune  , 
inquit  S.  Léo  (epist.  4,  c.  6),  regenerationis  potentiam 
snnxit ,  quundb  de  latere  ejus  profluxcrunt  sangtàs  re- 
demptionis  et  aqua  Baptisviatis .  Ideinque  Patres  alii 
comnumitcr  docent.  Mine  Aposlolus  luiec  duo  tani  ac- 
curatè  coiijunxit,  Epbes.  5 ,  25  :  Tradidit  scmelipsuni 
pro  eu ,  et ,  mundans  eam  lavacro  aquœ  in  verbo  vitœ  : 
ulnimirùmostenderctnihi!  aquam  fuluram.nisi  aquam, 
si  ex  Cbristi  sanguine  admirabilcm  qtiamdain  virtutem 
non  haberet  ;  bine  et  ipse  Joannes  clamât,  epist.  1,  c. 
5,  V.  G  :  Uiceslquivenil  per aquam  et  sanguinem  Jésus 
Christus  ;  rursûnique  repetit  :  Non  in  aquâ  soliim  (nt 
antca  Joannes  Baptisla),  sed  in  aquâ  el  sanguine,  idest, 
in  aquâ  suo  sanguine  delibulâ,  et  propter  illam  cum 
sacrocruore  commixtionein,  ad  expiationem  scelerum, 
vitjoque  prioris  purgationem  eHicaciter  opérante  ;  jam 
sic  prosequor  argumenlum  : 

Atqui  si  vera  Zuiiiglii  doctrina  foret ,  Paulus  et 
Joannes,  et  Patres  denique  universi  crroris  convince- 
renlur  ;  populorum  inanis  esset   confessio  ;   ipseque 
Cbristus  inutiliter  latus  suum  transfigi,  el  sanguinem  | 
indè  cum  aquâ  inanare  voluisset  ;  quid  enim,  amabo    '■ 
opus  erat,  passione  et  morte  Mediatoris,  ad  conden-  \ 
dum  Testamentum  novum  ,  et  nova  Sacramenta  in-  ; 
stituenda ,  si  nibil  babitura  efficacise  et  virtutis  ,  nisi 
ut  essent  pignora  quaedam  humana  ,  quibus  se  bonii- 
nes  Christo  vovereiit,  ejusque  velle  sequi  niilitiam  pro- 
fiteréntur  ?  Ergo,  etc. 

!II.  Lullierani  refeltuntur. 

Lutberanorum  omnium  nomiiie  Kcinnitiiis,  ut  prje- 
diximus  ,  Sacramentuni  ita  descripsit  in  Exam.  conc. 
Trid.,  pari.  2,  cdeEffîeac.Sacram.  Esl,\nqu\l,signum 
mnieriale  ;  prœceptum  in  novo  Testamento  ,  obsignans 
imtar  sigilU  promissionem  graliœ  ;  in  quà  nuidcm  de-  *l 


rinilionc,quol  penè  verba  ,  un  viiin  nnlmadvertimus. 

1"  Falsum  est  quod  dicit ,  Sacraincnluni  esse  de- 
bcre  signum  inateriale  ;  nam  per  banc  vocein  intelli- 
git  corporale  elementuin,  quod  sensum  videndiet  làn- 
geiidi  afOcial  :  quoniodô  a(|ua  Baptisniatis  est  et  verô 
(licitur  cloinentuni  ;  atqui  laisô  asserilur,  oniiic  legis 
nov;ie  Sacramentuni  tractabilcm  baberc  niatcriam  , 
oculis  et  niaiiibus  obviam  ;  nam  [)œiiitentia  verum  est 
in  Evangelio  Sacramentuni  ;  eademque  sacro  ordini , 
cl  malrimonio  diguitas  ex  divinâ  inslitulione  conve- 
nil  ;  alipii  nec  in  Pœnilenlià  ,  nec  in  ordino ,  nec  in 
Matiinionio  clenientiiin  propriè  dictuin  occurrit,  quod 
matcri;«  viccm  gerat.  Eigo  Liitlicraiii  longi.>;>,iirré  il 
•sacra  traditiono  recediint.quâdocemur  ad  Sacranien- 
tum  sulïicero,  quôd  sit  res  seiisibus  subjecta  ,  id  est, 
sivc  visu,  sive  tactu,sive  auditu  percipiatur. 

i"  Falsum  est  quod  affirmai,  omne  Sacramenlum 
debere  necessariôin  novo  testamento  esse  privceptum  ; 
banc  enim  condilionem  boc  sensu  intclligil,  quùd  vc- 
lit  omniiiô  Sacramenta  non  esse,  nisibabeant  expres- 
sum  in  diviiiis  lilteris  maiidatum  ;  atqui  error  liic  est 
Lutberanorum  iiitolerabilis,  verbo  Dei  aperlè  contra- 
rius  ;  nam  ad  verum  Sacramenlum  sufficil  diviniim 
inandatum,  cujus  oo(|uale  est  pondus,  vis  eadem,  sive 
in  verbo  scriplo  ,  sive  in  Iraditione  contineatur.  Er- 
go, etc. 

Dcindè  quando  Cbristus  in  pervigilio  morlis  suoe 
novum  pascba  ,  velere  adimpleto  ,  sancivit ,  verè  in- 
stiluit  Eucliarisli3C  Sacramenlum  ,  et  verè  discipulis 
contulit  ;  quod  non  negant  Lullierani  ;  fuit  crgo  Eu- 
cbarislia  Sacrameiituin  ,  antequàm  ejus  expressuin 
m.Hidatum  in  sacris  lilteris  baberetnr,  cùm  aliqiiot  à 
morte  Cbrisli  amii  anic  omncm  Scripturâm  effluxe- 
rint;  Matlhaius  cniui  non  ante  annum  xrx  vulgaris 
39  ,  id  est ,  à  morte  Cbrisli  0  ,  scripsisse  Evangelium 
creditur  :  Marcus  verô  aiiiio  43,  Lucas  50,  postremus 
omnium  Joannes  anno  90. 

Pncterea  verum  Sacramenlum  fuit  Baplisma ,  quo 
S.  Pelrus  plcraquc  liominuin  niillia  in  prima  Evan- 
gelii  pricdicationedonari  jussil,  Act.  2,  58  ;  -4, -4  ;  ve- 
rum Sacramentuni  fuit  manuum  inipositio  cum  ora- 
tione  conjuncta,  quà  Apostoli  primos  diaconos  conse- 
crârunt,  Act.  6,  C  ;  babuit  et  veram  Sacramenti  naturam 
inipositio  manuum  ,  per  quani  qui  à  Pbilippo  diacono 
fuerant  baptizali,  acceperunt  Spirilum  sanelum  (I)  ; 

(1)  Ilec  probalio,  quam  tradunt  Juenin.  el  Ilenno, 
non  (irma  adiiiodùin  videlur.  Nam  ,  ni  ail  Turnclius  , 
quu'Sl.  1,  art.  1  ,  «  sano  sensu  Sacramenta  dici  pos- 
4  sunt  signa  seu  sigilla  (piiiius  diviniv  i)romissioncs 
«  conlirnnntnr,  non  (piideni  ex  parle  Dei,  cujus  pro- 
«  luissio  ex  se  firnia  esl  ,  nec  vade  aul  sponsore  iiidi- 
«  gel,  sed  ex  parle  nosUî,  ob  fidei  nOblr;i;  lardilalem, 
«  et  iinbecillilalcin.  Coiifirmaulur  aulem  ,  non  niera 
«  (liinlaxal  ac  slcriiioslensione  seu  sigiiificalione  gra- 
«  li;e  ,  sed  collatione  ;  non  speculalivè  lanlùni  ,  sed 
«  pracliiè  :  confirmai  enim  Deus  in  iiobis  suas  pro- 
j  missioiies  lùui  maxiiuè  ciiin  per  sacramenta,  veliit 
«  pt'r  insirumenla  ,  illas  adimplet,  ac  \eluli  obsignal. 
«  Valere  eliam  pluiiiiu'iin  S;ur;um'iila  al  jn'  :itîi!:itu 
«  lidem  nostnmi  ei  excilandam  piclalem  jiguoscit 
«  Calccbismus  concilii  Trid.,  pari.  2,  M,  13:  Ma- 
(  gnum ,  inquit ,  vini  liabent  Sacramenta  ad  fidem  in 


1203  QU.EST.  I.  m:  KSSENTIA  S^ACRAMFNTORUM.  120Û 

alqiii  luifC  omnia  oonligorunl  nnloqnimi  sciipli  foronl  T  orcdidcnt  :  Diini  ircnl  ]>er  viani,  nil  niKtor  sacer  ,  Ad. 


liliri  iiovi  Tcslanioiiti  ;  cv^n  fjU'iuliim  (liviiitiiii  iiiaii- 
daluni,  sivc  scriplo  sil  cxaratiini,  sivo  non,  paris  esse 
aiiclorilalis  ,  nequc  ideù  sacra  qtin;(Ia;)i  symiiola  Sa- 
crameiila  dici  ,  qnia  coiisignala  siinl  lilloris  ;  scd  in 
coiilrariiim  ideù  oonitn  in  vcriu)  Dri  scriplo  uicntio- 
iiciii  fiori,  qnia  antcliàc  à  Cinislo  vivx'  vocis  oraculo 
fiierant  inslilnla. 

5"  Falsnni  est  qnod  dicil ,  SacranuMila  obsignare 
instar  sigilli  grali;ip  promissioncni  ;  iil  cnim  divinis 
proniissis  pcr  Sacranionta  aliqnod  robnr  accpdciet, 
di'Iier.nt  esse  efrioa(  iora  ad  lidoni  pcrsnadcndani , 
ipsis  proniissioiiibns  ;  alioqiiin  IViistra  ad  carurn  con- 
(innalioiioin  cxiiiborenlnr;  atqni  Sacranionla  n(»ii  ba- 
bi-nl  niajnroni  divinis  proniissionibns  ceriitudincm  ; 
nani  proinissituios  Dci  cnniinonliir  in  vcrbo  ojiis.iinô 
snnl  vcrbnni  ipsmn  divinnni  ,  lioniiniittis  vcl  scriplo 
vcl  Iradilione  signilicalinn  ;  aUpii  Sacranienla  veibo 
Del  nec  cerliora  sunt,  ncc  cbiriora  :  cùni  è  contrario 
à  verbo  Dei  suani  onineni  significalionom  et  ceriitu- 
dincm innluentur,  ila  ni  non  ailler  qnàni  per  verbuni  l 
Dei,  Veritas  eornm  et  certilndo  ,  i'atenlibus  Lnlhera- 
iiis,  probari  possit;  ergo  faisnm  es'.,  Sacranienla  ob-  î 
signare  instar  sigilli  gralia;  promissiones.  Noie  22 

Deinde ,  qnod  aiunt,  Sacramentis  sic  uli  Deuin  ,   ! 
qnomodô  miracnlis  ,  ad  fidem  proniissis  suis  conci-  j 
liandani ,  \\\m  absurdiun  est ,  quàm  quod  absurdissi-  j 
nnnn  ;  id  quod  experinientinn  ipsuin  persiiadcl  :  po- 
iianms  enim  viruni  aliqneni  apostolicnni  ,  postqnàm  J 
annuntiando  Sinensibus  abstnisissima  Christian»  Re-  j 
ligioiiis  mysleria  diù  mullùnique  sudaverit ,  eosque 
verbis  quàm  potnerit  velicmenlissiniis  ad  tideni  am- 
plecteiidam  fuerit  liorlalns,  pra'dicandi  negotiuni  sic 
al)Solvere  :  Ul  autem  faciliiis  crcdntis  vera  esse  quœ  di- 
co,  erigile  oculos  ,  meque  aqûœ  irrigalione  capita  veslra 
perfundentem  mirabundi  suspicilc ,  ut  in  hoc  tandem  sa- 
cra rit't  compellamini  diviiiariuii  promissiomim  miracu- 
louim  confirmnt'wnem  (ujnoscerc;yM\\  qnxM'O,  quis  non 
videat  Sinenses  pra-diealinne   bnjusniodi ,  ad  risunri 
niagis  quàm  ad  pœnitentiam  coinmovendos  ?  Quis  in- 
ducat in  animuni,  eos  ideô  Evangelio  crcdilnros,  quia 
vident  erga  se  lieri ,  quod  Judiei  ,  quod  gentiles  ipsi , 
pancis  mulalis  observant  ?  (|uis  è  contra  non  videat, 
nunquàni  lulumni  ut  Baplismi  virtuli  elefficaci.e  ani- 
me acquiesçant,  nisi  antea  Evangelio    crediderint? 
Ilinc  Pbilippus  diaconus  cunucbum  non  ideô  baptiza- 
vil  ut  crederet ,  aul  lirmiùs  crederet,  sed  qnia  ante 


€  mùmh  no?,trh  excitandam  et  exercendam,  et  ad  chari- 

<  intem  iuflammandam.  Panlô  atiti;  diverat ,  Cltrisium, 
i  eUm  peccalorum  vmium  ,  cœteslem  (iratiaui ,  Spiiilus 

<  sniicli  conimiinicutiinicm  iiohis  pollicitiis  est ,  qnwdiuii 
i  siqna  ocnlis  et  seusihits  suhjrcld  iiislilv.issc,  quitus  eum 
^  quasi  piffnoribus,  obliqatum  liaberemus.atqur  ila  fide- 
i  lem  in  proniissis  fuluruni  dubitare  nvnquam  posse- 
«  mus. 

«  itaijnesi  in  nnodnnlaxat  verbornm  sono  ac  cor- 
t  ticc  b:ererenuis  ,  ai)  liiie  anctornm  Catecbisnii  scn- 
i  tenti;\  reeedere  non  viderenliu'  no\atores,  ciun  Sa- 
i  cranienla  delininnl  ,  siqna  seu  siqilla  quibus  divinœ 
€  in  nobis  ])romissiones  obsiqnantur  et  confirmantur. 
^  Verùm  multij)lex  in  eoruin  senteniiâ  error  invol-  i 
«  vitur.  I  (Edil.)  i 


8  ,  30  ,  venernnt  ad  quamdam  a(jnani  :  cl  ait  eunuclius  : 
l'xcc  aqna,  quid  proliibet  me  baptizari  ?  Dixit  autem  l'Iii- 
lippus  :  Si  credis  ex  toto  corde,  licel  ;  et  rcspondens  ail  : 
Credo  filium  Dei  esse  Jesum  Cliristnm  ;  el  jiissil  stare 
iurruni  ;  cl  desccndcruut  ulerijuc  in  aquam,  l'Iiilippus  cl 
cunuclius  ;  et  baptizavil  eum.  Krgo,  etc. 

4'  lu  iiis  ipsis  verbis,  ot.sij/iiriHs  prom.ssiunem  ijrutiœ, 
doius  est,  cl  iicél  videanlur  primo  inluitu  cuni  callio- 
lico  dfigmale  consenlirc  ,  perniciosissimam  lia'rcsiia 
expriniunl;  nullani  cnim  volnnt  Lnllierani  in  Sacra- 
mentis conlerenda!  grali.e  esse  vii  lulem,  quod  callio- 
lica  crédit  et  propugnal  Lcclesia  ;  sed  pnlant  nuda 
esse  signa,  ad  aiendam  et  cxcitandam  (idem  divinilùs 
instituai,  eodemqiie  modo  ad  juslilicalionemconferre, 
(|uo  pnedicalio  vcrbi  Dei ,  eum  lioc  lantùni  discrimi- 
ne ,  quôd  pnedicalio  per  andilum  ,  Sacranienla  per 
visum  excilent  lidem  ;  bine  illaLullieri  impia  scnteii- 
tia  ,  lib.  de  Capt.  Babyl.,  c.  de  Bapt.  :  Daplismiis  ne- 
minemjiisliftcal,  neculli  prodest,  sed  fidcs  in  verbum  pro- 
missionis,  cui  addilur  Baptismtts  :  liœc  enim  justificat... 
idem  Dens  qui  nos  nunc  per  Baptismum  et  punem  salait, 
salvavil  Abel  per  sacrificium,  ISoeper  arcam,  Abraham 
per  circumcisionem  ,  el  alios  omnes  per  sua  signa.  lia 
Luthcrus,  cujns  doelrina  ctsi  absurdissimasit,  elbac- 
lenîis  iiiaudila,  ab  allero  dogmale  sponté  lliiit,  in(|iio 
posuil  sua:;  luiercsisfundanieiitum.contendensiiimiri'im 
boiniiiem  jiistum  Heri,  non  jusiilià  intùs  accepta,  qiio- 
niodù  dodus  et  bonus  est,  virlute  et  doclriiià  iiilrin- 
secùs  inhscrente,  sed  solâ  Cbristi  justiiià  exlrinsecùs 
imputatâ  ,  eanique  jusliiiani  eo  solo  oblineri ,  quùd 
certissimè  quisqne  credat  diniissa  sibi  esse  peccata  , 
eâdem  fide  quàCbristnni  in  niundum  venisse  profile- 
lur.  Atqui  bccc  principia  falsa  sunt,  et  evangelicœ  do- 
etrinae  conlraria.  Ergo,  etc. 

IV.  Calvini  dvfmitio  expugnatur. 
Ilincque  conlulala  niancl  data  à  Calvino  definitio  , 
quani  prsedixinius  ex  duabus  pnccedeniibus  esse  con- 
flatam  ;  lanlùm  liic  diverses  quibus  scatet  errores  in  ■ 
dicabimus. 

1"  In  eo  est  quôd  dieit  Sacramentum  exlernuni  esse 
symbolum  :  licet  enim  absolulè  boc  verum  sil,  quo 
sensu  ab  Ecclesià  calholicà  inlelligitur  ,  in  mente  ta- 
men  Calvini  est  falsum,  quia  conlendil  Sacramentum 
nudum  esse  symbolum ,  spéculative  quidem  signili- 
cans  ,  sed  omnis  virtulis  omnisiiue  eflicacix>  expers  ; 
nec  obslat  quôd  Sacranienla,  iiislrumenla  juslilieatio- 
nis  alicubi  appeliaverit  :  boc  enim  ununi  bàc  voce 
significavil,  Sacranienla  fidem  cxcitare  aul  alere,  non 
virtule  aliqnà  divinilùs  insità  ,  sed  nierè  objective  et 
repr;esentalivè,  ut  lo(piiinlui'. 

2"  Error  est  ,  quôd  Sacranienla  divin;e  erga  nos 
benevolenli:v  signa  vocal ,  nam  per  divinam  benevo- 
lentiam,  gratiam  pr;T;deslinalionis  inlelligil,  qu;c  non 
priesens  est,  sed  pra'.tcrila  et  alterna  ;  (|uamobrcni  in 
anlidoto  eoncilii  Trideiilini,  ad  sessionis  C»  canonem  5 
ait  :  Infantes  baptizari,  non  ut  in  adoplf^/tem  filioruw 
à  Dec  recipiantur ,  sed  ut  hoc  velut  sigillo  obsignetur 
promissio  œteruce  vitœ ,  quœ  ad  cas  ver  graliam  proc- 


1207  l>E  UK  SACRAHIENTARIA.  — 

(Irslinalioiiis  jam  peiiiiicbal  ;  cl  in  caiioiicm  7  sossio- 
nis  7,  ad  ciim  fmem  Sacramentarel'creuda  esse  affirmai, 
lit  ccrlos  nus  reddaut  perpétua'  adoplionis  et  ijratiœ ,  ad 
(junin  antc  luuiidi  coiislitutionein  fuinuts  pra'dcslinati ; 
alqiii  seiiloiilia  luvc  i';<Isa  esl,  aijsuiila ,  peiiiioiosa  cl 
iinpia  :  naiii , 

1"  Apcrlc  pugilat  cuin  sacris  lilleris  expresse  signi- 
ficanlibus  per  Sacramenla  et  ex  vi  Sacratncntoruin 
gialiaiii  actii  conferri,  ut  conslal  ex  Icslimoiiiis  sa'pù 
|»i'()l;ilis  ;  (al,-,ù  crgo  Calviims  afiirinat,  co  duiila\al 
sensu  Sacramenla  (livin;c  erga  nos  l)enovolen(i;c  signa 
\oeai  i,  quôd  graliani  signilicenl,  non  qwx  in  pncsenli 
delur,  sed  qu;x;  pnçlerila  sil  cl  icleriia. 

T  Si  vernni  foret  quod  adeô  coiifidtMUer  aflirnial, 
Sacramenla  non  grali;ic  pra^senlis ,  sed  a^ernie  pnic- 
deslinalionis  esse  sigilla,  inde  scquereliir  Sacramenla 
cis  non  es-c  necessaria  ,  qui  sunl  ad  viiam  alcrnam 
prspdesliaali  :  iiaberent  enirn  sine  Sacramcnlis  jiîsli- 
liani  et  sanclilalcm,  proul  fatelur  ipse  Calvinus,  alio 
loco  affirmans ,  eos  qui  sunl  in  vilam  a'ternam  praï- 
deslinati,  nasci  cum  oruamenlo  jusliii;e,  neque  ex- 
speciare  ad  sanclil:Ueni  hahendani,  donec  fuerinl  ba- 
plizali  ;  alqui  consequens  illud  impiuni  est,  et  cou- 
trarium  oraculo  CInisli  die enl's,  Joan.  5,  5  :  IS'isi  (/uis 
renains  fuerit  ex  acjuà  el  Spirilu  sanclo ,  non  potesl  in- 
troire  in  reymim  Dei ;  nam  quod  Calvinistic  conimciili 
sunl ,  in  lioc  Joannis  leslimonio  ,  non  de  ingressu  in 
vilam  îTlernam  .  sive  in  rognum  ca'ionim  ,  sed  de  in- 
iroilu  in  Ecclesiam ,  quœ  est  regnum  Chiisli  vjsibiie, 
iieri  menlionem,  merum  elTngium  esl,  ad  caus;ic  dé- 
plora Ue  qualemcumqiie  defensionem,  contra  Scriplurai 
iiicnlem  el  perpeluam  Groecorum  et  Lalinoiuni  doclri- 
nam  invenlum  ;  iiôrunt  enim  qui  Hebraicè  scinnt, 
consuelo  Judx-orum  loquciidi  more,  regnum  Dei  el 
regnum  cœlorum  ,  unum  idemque  signilicare  ;  neque 
niiuîis  coinpertum  est ,  Gryocos  et  ()rient;des  penè 
omi!C5  cum  Lalinis  scriploribus,  verjja  (^iirisli  non  de 
Ecclesià  visibili ,  sed  de  aMernà  bcatiludine  perpetiiù 
inlellexissc  :  quod  esset  laciilimum  ,  adduclis  eoruin 
verbis,  oslcndere,  nisi  allerius  esscl  loci  et  lemporis 
liiv,c  disquisilio;  V.  Defens.  Perp.  fidei ,  p.  295. 
Ergo,  etc. 

5"  Scn!enlia  h?cc  Sacramentnm  plernmquo  falsum 
dcmonslral,  rcddit  ministriirn  sacriiegiiun  ,  quodquc 
diclu  borrendimi  esl,  Deum  ii>sum  niendaeem  facil; 
iiam  si  Sacramcnlum  divimmi  est  jusjurandum  atqne 
sigillum,  quo  celernrc  pnvdeslinalionis  promissio  oi)- 
signalur,  quolies  conliiigil  fconlingil  vero  sxpissimc) 
lit  roprobus  aliquis  l)apli7.elur ,  conse  piens  est  sacra- 
«icnlalia  verba  esse  falsa  ,  cl  ore  minisiri  menliri 
Dcinn  ;  quod  ut  exempbj  fiai  manifeslum  ,  leginiiis 
Acluiim  8  ,  V.  il),  Simonem  magtuii ,  cùni  aiidîssel 
Pbilii)i)imi  diaconum  evangolizaiilem  de  regno  Dei  , 
bapiizaliiin  fuisse,  eidcmque  Philippe  adiia^sisse  :  po- 
iiamus  niodô  id  quod  factuin  legiraiis  fieri  nobis  proc- 
sciUibus,  à  PhiIii)po  Simonem  in  aqiiam  mergi,  siniul- 
que  evangelica  verba  pronuntiari  :  Ego  le  baplizo,elc.; 
cirlè,  si  (pia  Calviiio  fides,  Deus  in  boc  ipso  lemporis 
ani'ulo  apud  seipsum    sic    pronunliat  :  Ego  Deus 


[>:;  SAf-IUMENTIS  IN  GENERE. 


120S 


X  œlcrnus  leslor  acjuro,  cl  sigillo  meo  diviiio  ubsigno,  te 
;  Simonem  à  me  jam  inde  ab  œlernilale  elecitim,  el  ad 
regnitm  cœlorum  infaliibili  decrclo  prœdcstinatum  ; 
alqui  falsum  est  lioc  leslimonium  ,  falsum  jusjnran- 
diim,  falla\  sigillum,  cùm  Simon  li;cresiarclia  el  magus 
ccrlissimè  sit  de  numéro  reproborum  ;  undc  conse- 
quens csl ,  falsù  in  Scripturâ  diclum  ,  niim.  25,  19, 
non  esse  Deum  quasi  liominem,  ut  mcnlialur;  et  contra 
qiiàm  ab  Aposloloanirmalur,  Hebr.  6,  17, 18,  non  esse 
impossibilc  menliri  Deiim,  eliam  quaiido  ad  ostrnden- 
dam  liœredibus  immobililatem  consilii  sui ,  interpunit 
jusjurandum.  Ergo ,  elc. 

5"  Eiror  est  quod  dicil  per  Sacramenla  divinx-  be- 
nevolcnli.e  promissionesconscienliis  nosliis  obsigiiari 
ad  susUiieiidam  fidei  noslr;v  imbecillilalem  ;  nau),  ut 
cetera  argumenta  prcclermiltam  ,  parvuli  quando  ba- 
ptizaiilur,  vcrum  Sacramentum  suscipiunl,  quod  nec 
ipse  ncg.il  Calviiuis;  alqui  iiulla  in  illis  accepli  bene- 
(icii  conscienlia  esl,  iiulla  aclualis  lides,  propler  ipiam 
obsignaiidam  Sacrameiilo  opus  sil  ;  quod  cnim  Lu- 
lliertts  comiiienlus  esl ,  infantes  quando  baplizaiitur, 
aclu  Deum  cognosccre ,  aclu  credeie,  actu  amare, 
quomodè  olim  S.  Joannes  in  ulero  malris  Cbrisli 
pr.rsciiliani  seiisit,  el  pr;e  gaudio  cxullavit,  adcù  ab- 
surdum  est,  ul  risu  potiùsquàm  ralione  debeat  relu- 
lari  ;  qiiam  in  rem  apposilè  S.  Augustinus,  Episl.  ad 
Daidan.  :  Si  usqueadeb,  inquit,  inillo  puera  (Joanne 
Haptislà  )  acceleratus  est  usus  rationis  el  volunlutis  ,  ni 
inlra  viscera  materna  jam  possct  agnoscere  ,  crcdere, 
consentire,  quod  in  aliis  pannilis  œlas  exspeclatur  ul  pos' 
\  sinl  :  eliam  hoc  in  miracuUs  haiendum  divinœ  polenliœ, 
non  ad  liumanœ  traliendum  esl  exemplar  natnrœ  ;  nam 
quando  Deus  voluit ,  etiam  jumcnlum  mutum  rationa- 
bililer  csl  loculum,  ^'nm.  22,  28,  nec  ide'u  sunl  admonili 
liomines  in  deliheralionibus  suis,  eliam  asinina  exspectare 
consilia  ;  quocirca  nec  quod  faclum  esl  in  Joanne  con- 
lemno,  nec  inde  régulant  qnid  sentiendum  sil  de  parvulis 
figo  ,  imb  id  in  illo  propterea  mirabililcr  prœdico  ,  quia 
in  aliis  non  invenio...;  ncscire  autem  divina  purvulos,  qui 
nec  liumana  adliiic  norerinl ,  si  verbis  velimus  ostendere, 
vereor  ne  ipsis  sensibus  nostris  faccre  videamur  inju- 
riant, quando  id  loquendo  stiademus,  ubi  onnes  aures 
officittmque  scrmotiis  facillimè  stiperat  evidenlia  veri' 
lalis. 

Quod  verô  reponil  Calvinus,  lum  priniùm  in  cordi- 
bus  parvulorum  operari  Baplisma  ,  quando  incipiunt 
uli  ralione,  licèl  non  sil  adniodi'im  à  sensu  communi 
alienum,  non  lamen  salisfacil;  si  enim  ila  se  res  lia- 
beat ,  vicerunl  Anabapiislœ  liaplismuin  ad  aduliam 
usque  jclalcm  procraslinantes,  et  perperàm  Calviniani 
agere  convincunlur ,  infantes  sine  discrimine  bapli- 
zando  ;  lutins  iiamque  luret,  Baptisiiuim  in  illud  lem- 
pus  differre,  quo  exerendic  aclualis  fidei  sunl  capaces  : 
nam  mullù  el'licacius  est  ad  lidem  excilandam  bcnefi- 
cium  quod  actu  recipilur,  quàm  ejus  quondàm  accepli 
recordalio,  pnieserlim  si  illius  memoria,  non  ex  pro- 
priâ  scientià,  sed  ex  alioriim  leslimonio  babcntur;  nec 
respondere  possunt  CalvinisUc,  ideô  lingi  infanles,  ne 
in  periculum   a'iernic   damnaliouis  incurrant ,  cùm 


1209       QU/EST,  H.  DE  SACRAM.  QUOAD  STAT.  INNOC,  LEGIS  NATLR/E  AC  MOSAICE.        1210 
Calvini  seiUciilia  sit ,  parvulos  priedcslinatos  cliaiii  "S  loin  proul  iiioralo  fiiioddaiu  est  liiiinaïuT,  sanclificalio- 


siiie  Haptismo  salvari ,  et  pcrire  reprobos  eliam  Ba- 
plisino  siiscopto.  Ergo,  elc. 
Jam  ul  proposilmn  porseqiiamiir,  sit 

QU.ESTIO  SECUNDA. 

DK  SACRAMENTIS  TLM  QIOAD  STATLM  INNOCEN- 
TI.E,  TIM  QUOAD  STATLM  LEGIS  XATL'R.E  AC 
MOSAIC^. 

CAPL'T  PRIMUM. 

ITnUM    IN  STATL'    IN.NOCENTI  F.  ALlQl  A  ADMITTF.NDA  SIN T  , 
AI  T  ADMITTI  VALEANT  SACRAMEMA. 

Natiira  liuniana  jiixla  diverses  slaltis  eoiisidcrari 
polest ,  qiioniiii  alii  possiltiles  dicuiiUir ,  alii  vorù 
rcapsè  exslitoiuiit.  lli  (lualiior  recensenlur,  slalus 
jieiiipe  iimocentiœ  aille  lareiiliim  iioslruruin  cul|(am  ; 
Slalus,  qiiem  tegis  na^ujo,' appellaiil  ab  Adaïui  lapsu  ad 
])ruiiuiIgalioiicin  usque  Mosaicic  legis  ,  vcl ,  ul  ciiiiis , 
ad  pru,'cepliiin  Abrahamo  ejiisque  posleris  inip!)siluiii 
de  eiicuiiiCTiionc  :  status  le(iis  scriplœ  à  Mosaicà  lege 
ad  Cbristum  ;  ac  laiidom  status  cvangelicus,  qui  iii- 
cœplus  à  morle  Chiisli  usque  ad  seculi  consunimalio- 
jiem  perdurabil.  Qux  ad  poslrcinum  hune  statuai 
pei'lineiu  salis  bic  expenduiitur,  queniadiiiodîim  el  ea 
qu:i;  allineut  ad  circuMicisioiioui  in  iractalu  de  Ba- 
plisnio  ;  unde  de  cxîeiis  tanluniinodù  sernioiiem 
habcbiiuui  ;  ac  priiMÙ  qiiidein  de  statu  iiinoceiiti;e. 
llaipie 

Cuiiclusio  prima.  In  stalii  innocentiéC  quo  Adam 
aille  lapsuin  politiis  est ,  nulla  reapsè  cxstilère  vcri 
nominis  Sacraineiila.  Prob.  Nam  eo  in  statu  aliqiia 
exslilisse  Sacramenla  nuilo  iiecdùin  cerlo ,  sed  iiec 
ctiam  probabili  indicio  deprebcudi  polest.  Ncc  eiiim 
liujiismodi  iiotiiia  vcl  ex  diviiià  Scriptuià,  vel  ex  firiiiâ 
Pairuiii  tiaditione  coliigitar.  Ponô  de  rébus  a'j  aiiti- 
Irio  Dei,  sicut  est  Sacramentorum  insliiULio,  peiulen- 
libus,  cilra  ejus  revelationein  ,  qii;e  vcl  in  Scripliiià, 
vel  in  tiaditione  nobis  tantùni  iiinolcscit,  nihil  pro 
arbilratu  nostro  constiluere  possuiiius  (1). 

Duo  lameii  opponi  possunt,  ac  soient  :  I.  neiiiiie 
quùd  in  paradiso  terrestri ,  ubi  Adam  versabalur,  crat 
ligiuim  vit;ic  in  medio  ipsius  collocatum  ,  de  quo 
sanclus  Auguslinus,  lib.  8  de  Gènes.,  ad  litt.,  cap.  5, 
scripsit  :  Erat  ci  (piiiiio  scilicel  liomini)  in  li(j)iis  cœ- 
Icris  alivieultim  ;  in  islo  Sacramentum  ;  quo  iiominc 
eamilem  arborem  appellat  eliam  in  lib.  cont.  Advers. 
lcg:s  et  prophet.,  c.  20.  Ulleriùs  niatrimonium  Adami 
cnm  Evà  ab  Apost.  ad  Ejtbes.  5,  Sacrmnenlum  ma- 
gnum vooaiiir;  unionem  viiiclicet  Cbrisli  cuin  Ecclesià 
V(I  ab  oxordio  Ininiani  gcneris  repricseiKabat ,  ul  le- 
sliiliir  ipse  S.  Loo  papa. 

Voriim  liisfacilis  eslresponsio.  .\d  primurn  dicimus 
ligniiin  vil:c  in  laliore  sigiiificatione  iiuiiciipiiri  nb 
Argii.sliiio  Sacramenlum  ,  ipiattuiùs  ouilibct  rci  saciaî 
et  occull;e  sigiio  id  nominis  accommodalur;  n;  n  as.- 

(I)  IItc  argumcntatio  non  tain  probat  Sacramenla 
non  exslilisse,  ouàm  gratis  assorii  exslilisse.  (IvJii.i  ( 


nis  inslrumcntnm  .  qiicmadmodum  illud  accipinius  in 
pr.escnti.  Porto  iignum  vike  ad  nutrilioneni  Ada;,  non 
ad  sanclificationcin  deserviebal  in  f'aradiso.  Polcr.U 
lamen  ctiam  fnlui'aui  super  naluialis  beatitudinis  glo- 
riam,  qiiam  assecutus  essel,  si  in  iniiùci'iiiià  pci'uian- 
sissel,  piicdgurare,  juxta  illud  Apocal.  :  Viuccnli 
dabo  cdere  de  ligno  tilœ ,  quod  est  in  partidiso  Dci  mci. 
Ad  alleruin  respondemus ,  niatrimonium  Adanii  cl 
Ev;i;  primilùs  constitiilum  speclàsse  ad  officiiim  na- 
tiine,  ul  ail  D.  Tlioiiias  bic,  q.  Gl ,  art.  2,  ad  2,  non  ad 
conjuguni  saiiclilicationcm  ;  et  solùm  ,  ul  inquit  ille, 
ex  consequcnli  ali(piid  significabat  circa  Cbristum  el 
Ecclesiam  ;  sicul  ea  omnia  alia  qna;  in  ligurà  Cbrisli 
pra;cess('ruiit.  Ilàc  ilacpie  r.ilione  Sucramcntum  ma- 
gnum appcllalur  ab  A(tostolo;  alque  ila  iiilcliigi  debcl 
sancti  Leonis  leilimonium. 

Concbisio  U.  In  statu  innocenliyc  ctiamsi  perdurâs- 
set ,  admilli  non  possenl  Sacramenla  ejusdem  cba- 
raelciis  cl  condilionis,  ac  illa  qu;c  post  peccalum 
instilula  sunt.  Id  probamiis  contra  aliquos  llieologos 
oppositum  suslinentes.  Qu;e  enim  post  peccalum  in- 
stitiKa  S'.inl  Sacramenla  necessariù  signilicant  graliam 
medicinak'in  à  rcdemptore  Cbrislo  nobis  promerilam, 
adeùque  ejus  eliam  passionis  ,  cl  niorlis  aut  comnie- 
moralionem,  aul  prx'fignralionem  adjunctam  iiabenl, 
à  quâ  propterea  Iota  illoruni  cflicacia  originem  iraxit, 
sivead  sanctilicalionem  pcrfeclam  hominibus  tribnen- 
dam,  sive  ad  imperfeciam,  dispositivam  el  Icgaicm. 
Alvero  in  slatu  innoccntiie  admitti  non  possunt  Sa- 
cramenla ,  (jua;  ad  Cbristum  ordinarentur ,  al(|ue  ex 
ejus  meriiis  virlutem  baurirent,  suppositâ  senlentià  , 
qiiain  Tliomist;e,  aliique  defcndnni,  quôd  si  Adam  mu 
I  peccâssel,  incarnalus  Cliristus  non  fnisset. 

Conclusio  III.  Stalui  innocenti^e  S.icramenta,  qua; 
i  sint  signa  alque  instrunienla  cfficacia  grali;c  sanclifi- 
:  canfis  in  rébus  scnsibilibus  constilula,  non  videntur 
1  absolutè,  ac  sinipliciicr  repugnare,  sive  posilivam  iin- 
i  perlectionein  afTei  re. 

!      Ikec  estcoiilra  nonnnllos  Tboniislas,  ac  prrcscrtim 

Saimanticcnsos,  qui  ralionein  à  1).  Tbonià  produciam 

in  an.  2,  q.  Gl,  pro  excludendis  à  statu   innoconlia! 

Sacramentis.  nimiiim  ,  adeo  impotentcr  ,  exaggerant, 

î  ut  cà  ovincere  conentiir  intulcrabilem  absiirdilalem  , 

al(pie  ordinis  pcrversionem   seculuram   ex  posilione 

j  Sacramentorum  in  slalu  iiiiioceiiti;c  :  cùm  tamoii  siin- 

pliciler   ad  negandam   necessitatein  alque   indigen- 

[  tiam  ipsonim  in  i!lo  stulu  constet  à  S.  doctore  f"iisse 

i  pr.oposilani. 

Piob.  auîem  quoiiiam  ilii  slalui  conlraria  non  ap- 
parenl  Sacramenla  scnsibilia,  neque  si  secundùm  of- 
(iciumsignilicandi,  neque  si  quoad  sanclificandimuniis 
considercntur.  Non  quideni  si  spcclenlnr  ni  signa  : 
excilari  siquidcm  ad  rerum  supernalmaliniii  cngni- 
linnem  scnsibilium  objectoruni  occiirsu  non  magis 
dedccuissct  bomines  iu  statu  innoccnlia'  dcgonles, 
qu;im  ad  rerum  incorporearum  nniitiam  naturalcm 
seiii;uum  miiiislerio  dediici  ;  cùm  tanicn  cilra  did)iu!n 
hic  coguoscciidi  modus  locuni  illis  babuissct,  ulpole 


1211  DE  RE  S.VCRAMENTARIA. 

ex  corporo  cl  mcnic  constnntibiis ,  et  rcrum  species 
non  imniedialè  à  Deo  inliisas  (sic  ciiini  accipere  pe- 
culiare  luit  Adaiiii  prixilcgiuiii  ad  poslcros  non  am- 
pliaiulum),  sed  pei  sensus  :icquisitashabiluris.  Nonne 
paiTiilûni  tradilione,  ac  disciplina  oportuisset  infanles 
lune  qMoqiie  leniiioris  edoccri  de  rébus  divinis?  Que 
verù  pacio  idpncsliiisscnt  parentes,  «isi  pervoces  et 
alia  corporea  signa  ? 

At  neque  si  ut  instrumenta  sanclificalionis  humanaî 
Saçranienla  suniantur,  eidem  siatui  repugnare  penilùs 
inveniunlur.  Neque  enini  de  sancliûeatione  legali, 
et  nierè  figurativà  loquiuiur,  quae  certè  perftclo  illi 
siatui  nequaquàmconveniret;  sed  neque  desanclifica- 
lione  icUuileni  aliquam  animai  niaculam  expungente 
sermo  est;  hiec  quippe  in  boniinibus  innocentibus 
adilum  non  invenisset ,  quin  eos  confeslim  ab  inno- 
cenliaî  statu  deturbaret.  Yerùm  de  justillae  acceptic, 
et  babilualis  grali.e  incremento  loquimur,  quod  eo  in 
statu  profeclù  exslitisset.  liane  verô  sanctificalionem 
per  Sacrainenia  boniinibus  coin  slalu  conslitulis  con- 
ferri,  quid,  amabo,  probiberet?  Nonne  per  externosre- 
ligionisaclus  rilè  pièque exercilos  poiuissent  honiines 
illi  sanclitalcm  ab  origine  oblenlam  in  senietipsis  au- 
gere? Nonne  Adainus  insignilci'  meruissel,  alqncain- 
plum  sibi  pnïniiuni  conipiiràsset  servando  divii.um 
pra^ceptum  ,  quo  à  rei  sensibilis  ,  ncmpe  arliorci  fru- 
ctùs  degustatione  abstinere  jubebatur?  Al  si  boniincs 
innocentes  reruni  sensibiliuui  nsu,  vcl  abblinenlià , 
senielipsos  sanctificàsseni,  cpiidni  per  seiisibilia  in- 
strumenta, à  Deo  sanctificari  poiuissent?  Igilur  Sacra- 
menta  ,  sive  spectenlur  ut  signa,  sivc  ut  sanetibca- 
lionis  human;«  instrumenta,  cum  innocenlioe  statu 
neuliquàm  pngnanl. 

Pr;ïcipuum  adversariorum  iundanienlum  i)ropo- 
nitur  ex  auclorilaie  S.  Tbom.  quam  objiciiMit  ex 
cilato  loco,  bis  verbis  conceplà  :  In  slalu  imoceniiœ 
anle  peccalum  Sucramcnta  necesscria  non  fuennit. 
Cnjus  ratio  accipi  polcst  ex  rcclitudine  slalùs  illhts,  in . 
quo  superiora  inferioribus  cloininabamur,  et  tiullo  modo 
dependebant  ab  eis.  Sicut  enhn  mens  suberat  Dca,  ila 
menti  suberant  inferiores  animœ  vires ,  el  ipsi  animœ 
corpus.  Conira  Imnc  autemordinemessel,  si  anima  per- 
ficerelur  vel  quantiim  ad  scientiam ,  vcl  quantiim  ad  qra- 
liam  per  uliqiiod  corporale.  El  ideo  in  statu  innocentiœ 
homo  non  indiqcbat  Sacramenlis,  non  soliim  in  qiiantim 
Sacramenta  ordinantur  ad  remedium  peccati ,  sed  elinm 
m  quantiim  ipsa  ordinantur  ad  animœ  perfectionem. 
Ex  qnibus  videtnr  S.  Tbomas  opposiUis  senlenti;c  à 
nobis  consiilulai. 

Rcsp.,  dist.,  Tbomaî  sensum  ex  ejus  scopoelicien- 
dum  esse:  scopus  aulem  ejus  erat  necessitalem  et 
indigentiam  Sacramcntorum  ab  eo  slalu  removcre  , 
quam  post  peccatum  indè  potissiniîun  enatam  in  supe- 
riori  artic.  adslruxcrat,  quia  bomo  peccando  se  snb- 
diderat  per  affectum  corporalibus  rébus.  Quamobrem 
ni  medicina  congruerel  morbo,  et  vohili  loco  nialè 
afieclo  applicaretur,  oporlnoral  e\  corporalibus  Sa- 
cramenlis  remédia  ,  (piibus  ad  Denm  revocaretur 
conliccre.  Undè,  si  boc  liiulo  Sacramenta   in  siatu 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  1212 

innocenlia;  ponantur ,  aliquid  ordini  rectiludinis 
in  illo  statu  prœsumendoe  conlrarium  induciumiri  S. 
Doctor  signilicat.  Cùni  ergo  asscrit  contra  hune  or- 
dinem  fore  ,  si  anima  perficcrelur,  vel  quantiim  ad  scien- 
tiam, vel  quantiim  ad  gratiam  per  aliquid  corporale, 
ut  fit  in  Sacramenlis  :  boc  modo  inlelligendus  est , 
qualenùs  banc  perficiendi  rationem  naturalis  animai 
infirmitas ,  et  ad  sensibilia  proclivitas  postnlaret. 
Hoc  lamen  non  impedil  quin  aliis  de  causis ,  et  ex 
divin:!;  vohinlatis  boneplacilo  potuerit  bominum  in- 
nocenlum  sanctificalio  eliam  per  Sacramenta  corpo- 
ralia  promoveri. 

Neque  bine  subinferas  quidpiam  originalls  perfe- 
ctionis,  etemincnliLC  perSacramenlorum  usum  innni- 
nnliun  iri  in  slalu  innocenlia?.  Non  enim  rébus 
sensibilibns,  quà  sensibiles  suiiî,  homines  ea  adlii- 
benles  subjicereniur,  sed  magis  Deo  in  Sacramenlis 
et  per  Sacramenta  o^'cranti  :  pnocipuè  verô  cîmi 
nullam  pbysicam  causalilatcni ,  qnalem  nostris  Sa- 
cramenlis Tlioniislie  .idscribunl,  in  iisdem  imaginari 
cogamur ,  sed  illa  solùm  vel  moralia  inslrumenla , 
aut  poliùs  condiliones  aliquas  pro  uberiore  sanctifi- 
cationeproDscripias  concipere  liceat. 

Conclusio  IV.  Slalui  innocenli;ie  eliam  duraluro 
Sacramenla  neccssaria  non  fuissent. 

lia  D.  Tb.  in  land.  art.  2,  et  scrmo  est  de  neces- 
sitate  non  simpliciter  dicta ,  sed  qua;  vel  solùm  dé- 
signât congruiialcm  ,  ulililalem,  ac  posiiivam  con- 
venienliam.  Prob.  quia  neque  ni  signis  ad  divinornm 
cognilionem,  neque  ut  insirumenlis  ad  animaesaïuti- 
tatem  comparandam  illius  slalùs  boniincs  sensibilibiis 
Sacramenlis   adjnvari  indiguissent .    Non  qiiidem  ut 
signis  :  etenim  in  illo  slalu  mens  bumana    pcrfeclâ 
domiualione  pncdila   (nisset  in  vires  inferiores,  sive 
in  molus   sertlienlis  appelilùs,   nec  carnis   inlirniila- 
libus,    neque    animi  pertnrbationibus,    nec   rcrum 
sensibilium  illecebris ,  à  divinorum    contemplaiione 
avocata  fuisset,  adeôque  certis  ac  dcienninalis  signis 
sibi  extrinsecùs  imitosilis ,  qnibus  ad  lulem  et  recor- 
dalionem  mysteriorum  divinorum  excnlendam  ineila- 
reliir,  opus  non  babaissel  :  sed  suàmet  sponle,elex 
rébus  corporels  occasionem  arripuisset  animum  ad 
superiora    tiausferemll ,    in   cisquc  ligensli ,  et  ipsà 
iialiira;  fclicissimà  solertiâ  signa  ,  lypos  el  allegorias 
sibiinet  exbibni>set  ,  per  qua;  vel  in  inliniis  robus  de 
ca'lestibus,  ac  divinis  admonerclur.   Ad  bunc  ila(ine 
(inem  Sacramenlorum  inslimiio  supervacanea  fuisset. 
Sed    neque  pro  sanctilatc    acquirendà,   qu:e    est 
pra-cipuus  Sacranic-ilorum    finis,  cormn  opéra  desi  - 
derarelnr.   Siipiidem  ex  vi   originis   bomines  illius 
slalùs    babitualem   graliam   nacli   fuissent,   in  quà 
proinde  etiam  sine  Sacramenlis  eos  proficcre  consen- 
taiienni  fuisset,  per  aclus   scilicel  cbaritatis  et  vir- 
inlnm  sibi  admodùm  faciles  et  expeditos  in  illo  tran- 
quillissimo  mentis  liabilu    cl  voluntalis  solidà  rccti- 
ludiiie.  Jam  verô  ad  jiriorem   anctilalem  relinendain, 
et  a  conlraiiis  defendendam ,   qua;   potentior  gratis 
sil.i  qn;ereiida  erat?  Neulio  ilaque  ex   cai>iie  Saçra- 
nienla pro  illo  statu  neccssaria  dcprehenduntnr. 


1213      QUJEST.  II.  DE  SACRAM.  QUOAD  STAT.  INNOC,  LEGIS  NATl'RyE  Af.  MOSAIC^E.        iiW 


liiriuies  1"  ex  Aiijjijsl.  rouira  FaiisUiiii  :  Sacra- 
meiilit  op|)(trlniia  fuissi-nt  cliain  in  slalu  irinocoiili;c 
sallom  ad  litlri  piolcslalioncin ,  ct  ver.r  IltMi|^ioiiis 
iiioiiiidam  sijcietatom.  "1"  lu  on  slalu  saorificia  ,  ■a\Vh]w 
cxlerni  cullils  excilamenla  fuisscut.  Cur  non  cliani 
Sacramcnla  iis  admodinn  affinia  ?  3°  Eslo  liominibiis 
iuiiocculibus  iicrcssaria  Sacramcnla  non  fuissent , 
illornui  salloui  usui ,  qui  peisoiialilms  doliclis  inno- 
ronlliiin  auiisissciit ,  iiotoraiil  osse  piolicua  ;  ueciue 
cnim  innoceiili;c  stalus  iabililalcm  pcccaudi  aule- 
rel)at,  qucuiaduiodùm  ex  paivntiun  noslrorum  casu 
coni|ieiluui  osl. 

lîesp.  ad  priinuni ,  fidci  prnloslatioiioni  liini  vorbis, 
tiim  aliis  oxtiMliiribiis  signis  arl)ilrariè  dcloftis  ,  quiR 
Sacrauii'nta  non  siut,  exhibori  poluisso  ab  illis  qui 
perfeolani  sanclilalcm  adopli  jatn  fuissent.  Veia> 
auteni  Rciigioni  boiiiiucs  in  statu  innocentiiC  cor- 
porali  nalivilale  assnciali  esscnl,  ul|iOto  qui  graliam 
bahiliialom  ,  quà  fiiii  Oei  couj-liluercnlur,  ex  uiero 
delulissent.  Verba  antcni  S.  Aug.  de  bominibus, 
in  lioc  statu  corruptie  nalunc  existeiitibiis,  iiitelligere 
par  est. 

Ad  seeunduui  dico  nonnullos  esse  tbeologos,  quos 
inter  Dominicus  Solo  ,  qui  cxislimant  ncqiie  saciilicia 
in  slalu   innocenliiie    futuia,    tilpole  inslilula  ad  ex- 
pianda  peccaia,  quae  locum  in  eo  non  invenissent. 
Nibilominùs  cuni  aliis  plerisque   maximèqiic  prj'ce- 
ptore  Angelico  sacrlficiorum  usum  admilliums  in  slalu 
innocenli^e,  quemadinodùni  cl  religiosum  eullum  per  [ 
exierna  elscnsibiiia  signa  exercendinn.  Ad  li;eceni;n  j 
nalurali  quodam    instinelu  impellitur  homo ,   ni  qui  < 
corpus   ct  animam ,  corporalia  ct  spirilalia  boua  à  j 
su(»remo   suc  conditore   ol)liuuerit,   eideni   uirâque  ; 
parle  famulelur,    et  in  ulrisque    suœ    priel)eat  Dca  [ 
subniissiouis ,  devotionisque  argunientum  ac  teslimo- 
niuui.  Sacrificia  porrù  ad  hujusniodi  signilicaiioneui 
Deo  exhibeiidam  aplissinia   esse  constat  :  perça  si-  | 
quideni  quiecumque   ab   ipso  sumnio    bonorum  om- 
nium   largilore     provenire   testanlur    bomines ,  ab 
ejusque   domiiiio  pendere  :  quod  primo  ac  principa- 
liler  in   sacrilieiis   spcclalur  :  nam  cxpiatio  pecca- 
lorum  ,  quam  per  iila  ctiam  conseqnimur  ,   accesso- 
rium  (|uoddani  est ,  ac  veluli  ex  conscqnenli.   Di-;par 
autem  est  raiio    inler  Sacramcnla  et  saorificia.    Itla 
cnim  principaliler  ad.suscipienlium  sauctilicatioiiem 
ordiiiaïasuul;  b;rc  ad  cnllum  Dei.ct  ad  lcslifican(him 
supremum  ipsius  in  rcs  omncs  dominium  ,   ct  proli- 
lendam   liciieficiorinn   origiuem,  noslranique  ab  ipso 
depcndenliam  refenmtur. 

Ad  lertium  rcsp.,  nos  sermoncm  babere  de  bomi- 
nibus in  slalu  innoccnli.c  permanontibus  ,  à  quo  si 
per  delicla  personaiia  aliquos  di-fecturos,  et  in  peccali 
ii;iserias  ruituros  adversarii  suppitnani,  jam  illi  iio- 
mincs  ad  sialum  alium  transireni,  de  quo  non  disse- 
rimus  modo.  Quôd  vcrù  pro  ipsis  rcdinlegrandis 
divina  providentia  aliquid  decrevisset,  plané  igno- 
ramus.  Sed  unde  adversarii  probabnut.  Sacramcnla 
ad  bunc  cfleolum  inslilueiida  l'oie?  Cur  non  poliiis 
per  s(dam    pcrfcctam   cordis  contrilioncm ,    et  ar- 


denlem   eliarilalem    regrcssiim  ail  graliam    illis  pcr- 
viiim   fulnrmn  al'lirmant  ?    Sed    divines  non  conse- 

clcimir. 

CAI'LT  11. 

tTIUM  ADMITTIJiF.  Ol'OriTEAT  SACIWMI.NTA  IN  STAIU 
LEGIS  NATIIK  K  AC  MOSAIC.K  ,  ET  Qf.KNAM  EA  FIE- 
niNT. 

Tempusilliid,  quod  posl  Adaïui  peccalum  nsquo  ad 
Abrahainiim  et  Moysein  excurrit ,  lex  luilurœ  à  tlico- 
logis  appellari  consiicvit,  non  quod  sola  naluralia  pra-,- 
ccpla  bomines  anlRCircumcisioncm  obslringcrent  ;  sed 
quia  de  agendis  pro  a'iernli  adipiscend:^  salule,  solà  in- 
leriore  iiis|iiralione  (I),  (piasi  quodam  naliii;c  inSlinclii 
edocebaiiliir,  nullo  exieriùs  iira'liicenlc  legi^  magisle- 
rio,  quùd  liiiiiianaruni  menlium  allenlioncm  nalivà  im- 
brcillilale ,  atqueinconsiantiâ  pcrexicrioraeisensibilia 
vaganlcm  veliemenliùs  allraberet  alquc  lenaciiis  dcli- 
gerel.  Qnanquàm  aiilem  lex  scripla,  qiire  b'gi  naUiraî 
successil,  soiïim  per  Moyseui  data  fiitMil,  ad  liujus  la- 
mcn  ictalcm  revocalur  et  illiul  iiilcrvallum  ,  (|iiod  al» 
Abralami  vocalione  ad  Moyscm  usquc  imcicrlluxil , 
veluli  quœdam  ad  scriplam  Icgem  inlroduclio.  Posi- 
livoenim  circumcisionis  pra^cepto  in  Abraliami  lanii- 
'  lia  cl  posteritale  vigeiile,  ila  apparilionibus  ad  pa- 
iriarcbas  idenlidem  faclis  illiiis  tcmporis  obscurilas 
clarescere  co.'pit,  ut  veluli  scripux;  legis  crcpuscnhim, 
aiil  aurora  merilù  dici  queal.  Sed  iilriim  antécédente 
tempoie  aliipia  Sacramcnla  babereiil  bomines  illi  qui 
veram  Ueligionem  colebanl ,  qu;ïSlio  esi  in  allissiino 
sacrarum  liUerarum  silenlio  adco  iiicomperla  ,  ul  so- 
lis  conjecturis  supersil  locus.  Quac  igilur  verisimilioi  a 
videbunliir  slaluemus. 

Coiiclusio  prima  :  In  Icge  natur*  apud  venc  Reli- 
gionis  cullores  signa  aliqua  sensibilia  exslilère,  quibus 
suam  in  CbrisUim  vcnlurum  lidem  prolestarentur. 

Prob.  Nam  vera  Religio  in  hàc  providenlià,  sive 
reriini  à  Deo  conslitnlâ  dispositione,  sine  aliquà,  sal- 
lem  siibobscnrà  et  implicilà  ,  in  Cbristum  venturum 
lide,  nnnquàin  coiislilil,  ul  tbeologi  in  tract,  de  Fide, 
ct  Iiicarnationis  mysterio  pluribus  oslcndcre  soient. 
Sed  nec  hujusmodi  fides  carere  poluil  aliquibus  exler- 
nissignis  ad  ipsam  cxpromcndam,  alqiie  explicaiidam 
arcommodalis.  Ergo  Imjiismodi  signa  neganda  iiousuut. 
Major  liiijusce  aigiiiiu'iili  proposilio  lanqiiàm  ccrla 
rcciperelur,  et  alibi,  ut  diximiis,  demonstratur.  Miiior 
autem  suadeiur.  Nam  fidem  Cbristi  venluri  exlrinsecis 
qiiibnsdam  corporalibus  signis  exprimi,  alque  iiulicaii 
ab  lioniinibii'.  neiim  anle  Icgem  scriplam  cidenlibiis  , 
cxposcebal  luiii  illoruin  naluralis  condilio  ;  niliil  ciiiin 

(1)  Omnino  crcdi  non  polesl  pra'cepla,  vel  ab  ori- 
gine niiindi  à  Deo  per  revclalioncm  Madita,  solà  posl- 
lià(  inlciiori  ins[iir;iiiont^  fuisse  promiilgala:  ca  cnim 
sine  diibio  paires  lilio»  doceb.ml.  Aliunde  qua-  ratio 
luissel  pra-ccpla  positiva  revilandi  exieriùs,  si  bomi- 
nes ad  ea  (lignosicnda  inlcriio  cuidam  inslinctui  post- 
ea  relirli  e-scnt?  Ni^i  l'orsnn  dirai  quis  prau-epta 
birc  iicipiaipiàm  pio  saiiilc  adipisccmlà  implcri  de- 
buissc.  [(Iciico  lex  iialiir.i'  sic  vocaliir  \  er  opposilio- 
iii'iii  ad  Icgiiii  s(  !  iplain.  et  (î\.  eo  quod  iialiiraiis  ratio 
polioies  lune  parles  babcicl.  (Edit.) 


1215  DE  RE  SACRAMENTAUIA.  -  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


121G 


magis  lioniimiiu  iiigeiiio  et  consucludiai  consenlancmn 
esi ,  quàm  inlernos  animi  scnsus  signis  cxlerioribus 
proilcre;  liiin  ejiisdcin  lidei  objecliini ,  qiiod  eral  Fi- 
lius  Dci  iiiaiiifeslaiidiis  in  carne,  ac  sensibilibiis  mo- 
dis,  oorporoâqiie  |)as>ioiie  boniincs  rcdempturus  :  lùm 
religionis  iiisliiiclus  et  obligalio,  qiiœ  cùin  sit  de  co- 
lendo  Deo,  nedùm  monte,  sed  et  corpore ,  pcrfeclè 
cxerceri  non  polest  sine  signonmi  sciisibilium  iisin-- 
palionect  usii.  Ha'c  aiilcni,  si  seniel  adbibenda  sinl, 
oxpriniend;e  (idci  qiiani  pn  filclur  Religio  acconimo- 
data  esse  oporlerc  ncnio  nt»n  videt  ;  adeùque  Cbri- 
slnm  quadanilenùs  speclare  demiernnt, 

Coheliisiù  sccujida.  Flnjusniodi  signoruni  nsus,  aut 
apiilicalio  necessaria  Cuit  in  le;^c  natin\e  ad  parvnlos 
ab  originariâ  iabe  expiandos. 

Prob.  Nani  parvnlos  iilins  lonipoiis  sine  aliqno  rc- 
medio,  qno  ab  originariâ  cnlpà  niundaronlnr  reliclos 
fuisse,  perpcndonlibns  Dei  iniscriroidiani  in  omnes  ef- 
fnsam,  et  gcncraloni  salvandi  boniines  vohmlaieni , 
incrcdibile  prorsns  videlnr.  Absit  enim  (inquit  Innucen- 
lius  III,  in  cap.  Majores)  ut  universi  parvtili  pereant , 
quorum  quolidiè  tanla  mulliludo  morilur  ;  qiiin  et  ipsis 
viiscricors  Dcus,  qui  nciuincin  vull  pcrire ,  uliquod  re- 
medium  procuraverh  ad  salulem.  Qulc  ratio  ad  eos  quo- 
que  pcrtiiigit,  qui  in  legc  naturœ  nascebantnr.  Sanctis 
quoque  Patribus  absurdum  vlsum  est  ejus  tcnsporis 
iniaiiies  expialione  caruissc,  ut  ex  pluribus  coiuai  ic- 
sliinoniis  aperlè  bijuct.  Porrô  boc  renicdiinn  in  fuie  1 
C.bristi  ventnri  coliucanduni  esse  ea  qu:c  innuinjus  in 
pr;iecedcnte  proposilione  manifestant.  Unde  Augnsl., 
cpist.  190  ,  ad  Optalum  merilô  dixit  :  Illa  csl  fuies 
salvn,  qnâ  credimus  nulluin  liominein,  stvc  majoris,  sive 
parvulœ  quamlibet  et  recenlhœlahs,  liherari  à  contnqioue 

morlis  aiUiquœ nisi  per  umnn  Medintorcm  Dci  et 

homimim,  hominem  Chrislum  Jesuin.  Atqui  non  in  eà 


requirit,  nonnisi  profeclô  cxlornum  fidoi  signum  de- 
signal.  Augustino  ad>lipulalin'  anctor  bbri  de  Cardin. 
Cbrisli  Oper.,  et  acccdil  S.  Tbomas  ,  qui  in  4  sent.  , 
dist.  1.,  q.  i,  art.  2 ,  in(pnt  :  Dicendum  est,  qubd  unie 
leijem  scriptam  eranl  quœdaiu  Sacrameiita  neccssilatis , 
sicul  illud  fidei  Sacramentuin,  qnod  ordinabatur  ad  de- 
letionemor'ujhialis  peccati.  El  in  disp.,  q.  4  do  Malo,art. 
8,  ad  12,  fides  antiquorum  cum  aliquù  prutestationc  fidei 
valebat  parvulis  ad  sulutem.  Ac  denunn,  3  parle,  q.  70, 
art.  -i  :  Probabile  tamcn  est  qubd  parentes  fidèles  pro 
parvulis  natis,  et  maxime  in  periculo  exislentibiis ,  ali- 
quas  preces  Deo  fundercnt ,  vel  aliquam  benedictionem 
adliibcrent  :  sicut  adulti  pro  seipsis  preces  et  sucrificia 
offerebant. 

Eanidem  sentenliara  llrmant  valida  rationum  nio- 
menla  :  1°  quia  fides  parentûn),  nisi  aliquo  modo  ap- 
plicaretur,  ac  veluti  tranforretur  ad  parvulas  ,  qno 
l'aclo  cis  ad  salnlcm  adjnmenio  esse  possoi ,  noqua- 
qnàni  intcHigimus.  iNeqiie  enim  eis  proderat  ob  cre- 
dentis  meritum  et  sanctitatem;  cùni  etiam  cliarilate 
deslitula  eumdem  niliilominîis  babuisset  cirectum,  ut 
asscril  D.  T!i.,  loco  cilato  de  .Malo,  nemino  contradi- 
cenlc;  sed  (|uatcnîis  venturi  lledemptoris  passionem, 
et  virtulcm  expiando  inianli  admovebal  :  qnsc  appli- 
catio,  et  conjunclio  ut  fieret  modo  bominibus  consen- 
lanco  et  nsilalo,  alicujns  exlrinscci  ac  sensibilis  signi 
i  intervcntum  poslulare  omninô  videbatur. 

2"  Quia  cùm  infans  sic  emundaliis  ad  fidelium  bo- 
miiinm  sociclalem,  et  Ecclesiam  pertinerct ,  ejnsque 
veruni  mcmbrum  cfticeretur ,  cidem  nonnisi  visil/ili 
et  exleriorc  signo  adjungi  commode  poierat. 

3°  Cùm  in  loge  scriptà  et  evangelicà  externà  c;0- 
rcnmnià  ad  parvulorunt  expialioneni  ex  divinâ  con- 
slilutione  opus  fuissel,  lemerè  prorsns  lempore  icgis 
naturalis  ab  bàc  necessilate  cximuntur.  Absurdissi- 


fide,  quac  ipsis  inesset  infantibus,  ntpote  quidpiani  'l  mmn  (pioque  videlnr  pnerornm  in  eà  a'ialc  emnnda- 
agendi,  defectu  rationis,  impolentibus  :  Ergo  in  iil;i  :  ,  lio.iem  ab  originariâ  Iabe  nî'.ilio  facilioren) fuisse,  (luàm 
potiùs  quam  eorumdem  parentes  excolebant.  Quare  I  S  postea  fuerit  ac  sit  œlate  noslrâ. 
S.  Piosper,  lib.  2  de  Vocal,  gent.,  cap.  23,  scripsit  ,  ■  j  Ohjectio  :  Si  aliipiod  lidei  in  Clnistum  proleslalivcc 
non  irreliqiosè  credi,  neque  inconvenienler  inlelliiji,  qubd  [  ;  signum  ad  puigalioucm  parvulorum  iii  loge  natur^fi 
isti  paiicorum  dierum  Iwmines  ad  illam  pcrtinemu  qra-  î|  nccessarinm  fuisset ,  illud  quoque  in  lege  scriplà  re- 

I  niansissL't  feminis,   cpiibus  circnmcisio  non  congrue- 


ttœ  purtem,  quœ  semper  est  impensn  univcrsis  nitiioni- 
bus,  qnâ  utique  si  benè  uterentur  parentes ,  et  ipsi  per 
eam  juvarentur. 

Verùm  cùm  bacc  suffragiis  concordibus  admiltanl 
tboologi,  ingens  iiitcr  eos  dissidium  subnascitm-,  ulrùm 
parcnUnn  in  Cbrisluni  lides  vel  solo  corde  rclcnla  ad 
tantnm  parvulis  bciicficium  impelrandum  suflicerel , 
an  verô  nonnisi  exlrinseco  aliquo  signo  patefacla  ,  et 
eis  applicala,  ad  salulem  prodesset.  Nos  posleriorem 
partiMu  cum  plerisque  llieologis ,  ut  verisimiliorem 
amplectimur,  qnani  D.  Augustini  anclorilas  a])erlis- 
sima  fulcil.  Sic  enim  ait,  lib.  M  contra  Jul.,  cap.  11  : 
yec  ideo  credendum  est  anle  circumci&ionem  faundos 
Dei,  qnundo  qnidem  eis  inerat  Mediatoris  fuies  in  earnc 
venturi,  nullo  Sacramenio  opitniatos  fuisse  parvulis  suis; 
quamvis  quid  illud  cssel,  aliquà  neressarià  causa  Scri- 
plura  sacra  lalere  votucril.  Porrô  dùm  Augustinns  ad 


illoruni  parvulorum  cxpiaiionem  Sacramcntum  lidei  Jj  pro  earum  emundaiioiic  olim  ab  antiquis  scrvaiiini 


bal,  expiandis  ,  imô  eliam  masculis,  quos  ante  ocla- 
vum  diem  circinncisioni  pricscriplum,  mortis  pcricu- 
lum  conipuisset.  Si  boc  aulem  adniillamus  ,  jam  et 
I  illud  admiltcrc  debemns,  qnod  siginun  illud  superes- 
I  sii  ajind  bodicrnos  Judicos  ,  vel  sallem  ali(piod  bu- 
juscc  praxis  vesligium  :  quod  lamen  minime  exslat, 
—  Resp.  in  bodiernis  IIcbr;vorum  moribus  qnacronda 
non  esse  certa  aniiquissiinarum  praxeon  vcstigia,  nt- 
pote subsecjuenlium  tempornm  crassissimâ  ignoran- 
tâ,  pcrlinaci  snpcrshlione,  et  super  inductis  Rabbi- 
nicis  noviiatibus  penitùs  delcta.  Nibil  enim  timpliùs 
reiincnl  illi  de  remedio  peccati  originalis,  cujus  exi- 
sientiam  vix,  ac  ne  vix  quidem  agnoscnnt.  Niliilomi- 
iiùs  quod  inq.iirenli  Hominico  Solo  rcsponderimt 
nonnnlli  Juda-i,  se  femclias  nullo  certo  signo  adhi- 
bilo  stat  m  ab  ortu  offerre  Deo,  satis  indical  aliquid 


i^2[l       QU.EST.  H.  DE  SACRAM.  QIOAD  STAT. 

Noc  iniiiun,  ciiin  vcl  à  t;oiililiI)MS  piioroiiiin  Instnlio  ' 
per  satiilioia  el  c;en:m()iiias  paiicU  à  iialivilate  dit;- 
biis  in  usti  fiicril ,  ut  de  Iloiiiaiiis  FesUis ,  do  Ailie- 
niei'sibiis  Suidas  suis  in  libris  icsliinoiiiiiin  pcrliibeiil; 
q'.ii  iiios  ab  co ,  qui  aiiic  logcm  obliiiebat ,  dori  valus 
cxibliiuari  merilô  polcst. 

Coucliisio  l'Plia  :  Signis,  quoc  parviilis  in  Icgo  na- 
luri«   expiandis  adhibebanliir  ,    niliil  dcfuit ,   qiio  ad 
^Sacranienli ,  sallein  inipcrfecli ,  digiiilalem  pertingc- 
n.'nt. 

Vvoh.  :  Kl  1  '  quiileni  non  deCiiit  signi  scnsibi- 
iis  ralio  ,  ncc  saiidilalis  bigiiilicalio.  Qui  cnin»  pcr 
illa  signa  se  à  Clirislo  vcnluro  salulem  exspectarc  pro- 
lilobanlur,  proiul  dnbio  ab  codem  graiiain  et  saneli- 
lalem  humano  generi  proinercndain ,  et  coinparan- 
dani  fore  innuebanl.  -2"  Nec  defuit  pr.Tsentis  alicujiis 
)  sanclilalis  ollicionlia.  Nàni ,  ut  peccali  originairs  cu- 
ralionem  modo  seponamus,  quœ  fidei  poliùs  (I),  quàin 

(I)  Opertc  preliinn  est  iiicexpendere  quomodô  fides 
causa  t'ueril  jiislilicationis  parviiloiuni ,  an  ex  «lerilo 
credentis  ,  an  vero  ex  nierilo  oI)jeeti  seu  Cbrisli  cpii 
VL-nlunis  credebatiu'.  Hiiic  qua'slioni  appnsilé  rcspou- 
di't  TiMiielius,  (]n;\;sl.  2,  ait.  3,  •  lideni  illani  vini  ha- 
«  bnisse  impoli aiidi  graliani ,  non  pntcisè,  ut  eiat 
«  aclus  pers(in;e  credenlis,  s.  d  propter  oiijcclnni,  seti 
«  (vliiibluni  qui  credebalur. Unde  sanclus  '1  lioniasin  4, 
«  disl.  1,  q.  "2,  arl.  G,  ad  2,  ail,  ecnii  cjuanidam  liabuisse 
I  siinirnu(li)iein  cum  nosU'is  Sticrameittis ,  i)i  qunnlum 
I  jnaùfiaibnt  quasi  ex  opcrc  opcnilo  ,  non  aivcm  ex 
I  upcrc  upcranti'.  De  induslrià  parliculani  istani  iniini- 
«  nnen'.cni ,  quasi-,  ap|)onit  sanclus  docior,  ut  iiniuat 

<  non  cunuieni  plane  fuisse  moduni  agendi  ex  opère 
«  opcralo  iinjus  roniedii  iii  loge  iialura;,  (|ual.is  estSa- 
t  cranienlonim  Chi  isli  in  legc  cvangelicà  :  remedium 
«  enini  illiid  piiiis  ex  ipso  exleriori  signo  noji  pende- 
«  bal  si( m  jain  pendel ,  sodex  (ide,  «on  laïuùni  obje- 
t  Clive  sunqMâ,  sed  eliani  subjective,  quia  nenipe  ne- 
t  cesse  erat  per  acluin  lidei  parvulo  lemediuni  iilud 
«  applicari,  hoc  est,  meriluni  lidei  in  CInistuni.  Ope- 
«  ia!)alin*  eniin  illa  fidcs  simul  per  niodum  nierili  et 
I  siinVagii  :  inerilum  auleni  potissimùni  ex  parte  ob- 
t  jccli  credili,  iieinpe  Clirisli  venluri.  protluebat;  suf- 
«  fragiuiM  anleni  erat  ex  parte  credenlis  ,  qui  n'nie- 
«  dimn  applirabal.  L'nd.;  nierilô  dixit  sanclus  Tiio- 
t  nias,  fuient  ilUun  \uslificiisse  ex  objeeto,  quasi  ex  opère 
I  operitlo  ,  no)i  ex  opère  opérante;  quia  ,  licèt  fides  ex 
I  parle  (iperanlis  nccessaria  foret  ut  causa  applicaus 
I  remedium,  non  erat  tamen  causa  cf(icaci;e  el  virlu- 
I  lis  ipsius  remedii;alque  in  hoc  polissinuim  à  veleri- 
t  i)us  Sacramenlis  nova  discrcpanl ,  (piùd  nova  ex 
I  virilité  Chrisli  sine  uUà  uiinislri  (ide  data,  eliani  va- 
«  ieaiil  et  rata  sint. 

«  Fides  vero  illa  parentum,  quà  parvuli  mundabaii- 
I  lur,  sola  non  erat  mentis  credulilas ,  sed  (piielibet 
1  nioralis  ac  pia  aclio  qu;e  ex  (ide  inanal)at,  el  ciijiis 
«  qudddam  erat  sigiium  proleslalivum.  Necesst."  eliam 
i  non  oral,  ut  (ides  illa  charilale  lorniala  Corel  ;  (piia, 
I  ex  uiox  diclis,  non  operabaliir  virtiile  aelùs  seu 
I  personne  credenlis,  sed  virlule  ol)jecti  seu  Cbrisli 
«  ipii  crcdeiiatur  veiilurus  :  non  suflicicbat  lanicn 
I  (ides  liabilualis,  sed  acliialis  requiiebaliir,  ca  scili- 
t  cet  per  quum  Deo  parvulus  ofien;b.atur. 

«  Neqiie  iiuii;  licet  inferre  ,  aut  (idem  in  Chrislum 
«  rn.ijniis  el'licacia;  apud  veleres  Cuisse ,  (piàm  jam 
t  sit  apwd  nos  ;  aiil  mcliorcin  eliam  fuisse  iiiCaiilinm 
t  lune  Iruiporis  condilionem,  (piàin  iioslroriiiii,  (jiii- 
«  i)us  nempe  sola  parenlum  fides  ad  salulem  siiClicie- 
i  bat,   cùm  jam  Sacramenlum  liaptismalis  prorsùs 

<  necessarium  sil. 

«  Namque  de  virtute  fidei  nihil  prorsùs  dclractum 
I  est,qua^pliirimiim  sempervaluit  sive  inlegenaturae, 


INNOC.  LEGIS  NATUR/E  AC  MOSAICJ!.        i2l3 

signo  cxlerno  dabalur,  cnjus  posilio  soh'jm  pcr  acci- 
dens,  el  ob  |>ueri  incapacilaleni  re(|uirebatur,  sallcm 
per  cam  proleslalionem  exleriùs  applicilam  infantes 
Dei  cultoribus  aggregabanlur ,  el  in  ejus  lemporis 
qualemcumque  Fcclcslam  transferebanlur,  quod  ex- 
lernani  quamdam  ,  ac  veluli  legalcm  sanctilaleni  eis 
l  coiifereI)al.  Quaiiam  igilur  coiidilio  decral,  quomi- 
iiùs  vera ,  licèt  imperfecla  ,  Sacramenla  repulanda 
sint? 

Decrat ,  inqnies  ,  inslilulio  divina,  qu;e  iiullà  Dei 
posili\à  lege  (1),  sed  solo  inleriore  inslinclu  ad  ea 
adliibend.i  signa  bomincs  inducebal.  Sed  nos  reponi- 
nuis  iiisliiictiim  illuni  vocem  Dei  fuisse  inleriùs  do- 
cenlis  et  inspiraiitis ,  qui  proindè  siiam  inspiratis 
signis  auclorilalem  déesse  non  paticbalur.  El  nl- 
cumque  varium  in  illis  deligendis  diversorum  ho- 
miiium  ae  familiariim  prasumalur  arbilrium  ,  sigiio- 
rimi  quidem  maleriam  subjectam  fuisse  iiumana;  vo- 
bmlali,  inde  coUigi  possct,  non  autem  fonnale  officium 
ac  polestalem.  Semper  cnim  ex  divinà  procscriptionc 
custodiendum  illud  erat  immolum  ,  ut  noiinisi  signa 
ad  fideni  in  Cbrislum  fiilurum  declaranda  idonca  scli- 
gcrciilur. 

Conclusioquarla.  In  statu  legis  naturre  aliqua  fuisse 
Sacramenla  magnâ  à  plerisque  liieoldgis  probabililate 
defeiidilur. 

Finit  ba'C  asserlio  ex  pr.Tcedenli  propositione ,  in 
quà  signo  illi  exlriuscco,  et  exleriùs  adbibilo  parvulis 
ad  peccali  origiiialis  remedium  Sacramenli  ralionem 
non  defiiisse  adstruximus.  Et  cerlè  idem  ab  Augu- 
sliiio  constanli  appellalioiie  Sacramenti  donatur,  loco 
laudato  contra  Juliaiium.  Quùd  verô  simili  remedio 
vol  in  re,  vol  in  voto  suscepto  indigcrenl  eliam  aduUi, 
quibus  in  infanlià  non  fuisset  applicilum,  ut  à  iabo 
originarià  n.uiidari  possent,  cslo  suslineant  Patres 
Salmenlicenses,  ego  non  assenlior,  qiioniam  per  pro- 

I  sive  in  !ege  Mosis  aiit  Clirisli;  fiJei  sulnmmodo   in 

<  lege  Clirisli ,  aceessil  Sacrameuli    necessilas   velul 

<  qiioddam  vcsliiiienlimi,  ait  ieruilliaiuis  :  unde  cou- 
«  cliidi  non  débet,  lidivii  jam  salulem  i.o  tram  non 
«  op<'rari  ;  sed  solnm  non  operari  ,  cùm  necessaria 
I  |u-orsùs  sint  Sitcrameiila  ,  vehit  caiisa!  elîeclrices 
«  graiiie  salulari>.  Taiilùm  igilur  abest  tii  inelior  imie 
«  fuerit  veteriim  condilio,  qiijn  iioslia  Isugè  |)i;e.>lan- 
«  tior  :  lùmquia  obscmior  et  raiior  erat  (ides  aiMid 
«  antiipios,  Cl  gratia  panior;  niiiic  vero  et  lides  lie- 
i  queiilior  ac  iiiagis  evolula,  et  gialia  ubeiior  ;  liim 
«  (|uia  salus  infanliiim  |iendebat  (ilim  e\  liiie  (aieii- 
«  tuin  ,  vol  eoriiin  à  quibus  Deo  ddereiiaiiliir  ;  ii:;i;r 
«  verô  sccliisà  eliam  illà  parenlum  vel  niinisiri  Sai  ra- 
«  mentoriim  (ide,  virlule  ipsiii.-,  Saeramenli  applieali 
»  salus  oblinetiir;  liim  deniipie  quia  iniiiimeiis  riii- 
«  bus  ae  legalibiis  ca-remoniis  veleres  (ibriu'banlur, 

<  ipiibiis  nos  per  Clirislum  jam  libeii  facli  siimu^; 
»  laiilô  igilur  surs  noslra  veleri  pncslat,  quaiilo  liliiis 
"  servo  ,    figiirie  verilas ,   lux   Icnebiis  anleeeliil.   • 

(Fdil. 
(I)  Probabilius  est  Dcum  bominibus  exliMiià  revo- 
lalione  maiiifeslàsse,  originalis  peccali  delelionom 
alicui  signo  seosibili  se  velle  alligari  :  sive  in  s|iecic 
delermiiiavcril  (pioiluam  esse  deberel  Imc  signmii  , 
sive,  m  alii  voliinl,  illud  lioininiim  arbilrio  leliipieril, 
eà  tamen  lege  ni  a|)liim  eligeielur  ad  declarandam  li- 
deni in  Chrislum;  qii;c  quidem  revelalio  per  liadilio- 
nem  à  pareiilibiis  ad  lilios  Iransmiîlebatur.  (Kdil.i 


1210  DE  RE  SACRAMEMAliiA.    - 

priaiii  iiiloriiain  lidi'iu  los  se  ail  liof  iloiiiim  toiisc- 
queiidiiin  poluisse  dispoucre,  vorius  urbilror.  Ad  aliuin 
lamen  efl'ectuin  Sacrainenlo  ali(|iiu  visibili  opus  liabs- 
bant,  ul  sciliceteo  uiedianic  lideliuin  Ecclesiic  copu- 
laniilur. 

Coiilinn.  1°  (iiioiiiaiu  ol  illis,  qui  persoiialibiis  pcc- 
calis  seinct  iaquiiiàsscnl,  ali(|iii)d  aliud  iii  eo  blatu 
Sacramenliiiu  su  p  poli  visse,  iicèt  incerlius  sil,  verosi- 
luile  est  oliaiii  U.  Timiiia;  qui  in  4,  loco  cit.,  ail:  .4)ite 
leqeiii  siriptdin  erunl  qiuvdani  Sucranieitla  )iL'cessit(itls  , 
sicul  illud  fidci  Sacrumciiliim  ,  (juud  ordiiiabutur  ad  de- 
Ictiouein  ur'Kjiiudii  peccati  cl  siiiiililcr  pœnttculiœ ,  qucv 
ordinabatur  ml  ddclionem  aclHulis.  Mec  ralio  ad  id 
roboranduindcsideraliir.  Nain  pœailenlia  cliani  cxlc- 
rior,  et  pcr  sensibilia  duloris  signa  alquc  opéra  ad 
salislaciendum  Deo  ipsumque  plaeanduni  assnnipta  se 
nianiiestans  ab  ipsà  niiturali  loge  pnecipilur,  ut  doiet 
S.  doclur  lue,  q.  8i,  ail.  7,  quapropier  et  a.ile  legeni 
scriptani  obliniiit.  Yalebat  vero  in  fide  Clirisli  vcn- 
lui i,  et  pei feolà  coidis  conliilione  adbibilà  ,  sin  ad 
graliam  iinpelrandani,  (lii;c  polius  ex  coniriiioneflue- 
bat,  salicni  ad  pœnani  temporaiiani  innniiuiendani. 

Connrn».  2"quiaadjnvantibus  eliani  ad  proficiendum 
in  gralià  Sacrainonlis  non  caïuisse  honiines  in  natune 
lege  viventes,  probabililer  colligunt  abi  ex  saoïificio 
Melcbisedecbi,  qund  siniul  eliain  Sacranienluni  fuisse 
opinanliu'.  Cerlè  Sacramenluni  vocal  illud  S.  Tiioinas, 
cl  plurin)i  SS.  Patres  in  illo  exiniiam  sanclissiniui 
EucliaiisliiE  figuraiu  atque  inuigincni  agnoscenles. 

CAPLT  III. 

DE   SACUAMF.MIS    LEGIS   MOSAlC.i;. 

Sequilui"  ut  cl  de  Sacr.imeulis  Mosaicœ  legLs  disse- 
ramus,  de  quibus  sit  ba^c 

Coiiclusio  prima  :  Plura  Sacranienta  in  lege  Mo- 
saicà  divinitùs  inslilula  exstitennil. 

Conimunis  est,  ac  rerniè  cerla  iiitcr  theologos  hue 
asscrlio,  quamvis  circa  nunieruin  bnjusce  legis  Sa- 
crainentorum  dissideant.  IMobalnr  auleni  ancloiilale 
eoncilioruni  Floreniiui  ac  Tiidenlini,  qu;e  inler  Sa- 
cramenta  Mosaica  et  christiana  discriiuen  explanant; 
et  primum  quideni  in  Decreto  pro  Instrucl.  Arnieno- 
luni  :  alleruni  can.  2,  sess.  7,  quibus  cadcni  lanquàni 
onininù  certa,  et  cxplorala  supponnnl  :  nequc  enini 
inter  illa  discrimen  assignaient,  si  reipsà  non  exsli- 
tissent. 

CoUigitur  quoque  ex  sanctis  Palribus,  ac  pntsci- 
tira  ex  D.  Parente  Auguslino  nuillis  quideni  in  locis, 
sed  praeseitim  lib.  19  cont.  Faustum,  cap.  13,  ubi 
ait  :  Sacranienla  veleris  leqis  ablata  sunl,  quia  impleta, 
cl  alia  sunl  inslilula  virlute  majora,  ulilitale  meliora, 
acln  (aciliora,  numéro  pauciora.  Paria  tradit  iib.  de 
verà  Helig.,  cap.  17,  de  Doclrinà  clirisl.,  cap.  A,  et 
episl.  118.  Lcgi  etiain  possui't  bàc  de  re  auclor  lib. 
de  ccelest.  Ilierar.  sub  noininc  S.  Dionysii,  cl  Kuse- 
bius  Emisscn.  in  lloniil.  de  Transfiguraiione. 

Eadcm  quoque  prob.  ralionc  ;  (juoniani  plurcs  in 
cà  lege  ritus  et  caereinoni;c  stabili  cl  lixà  insliliilione 
urxscriploe  rcperiuutur,  qu.c  ex  unà  parle lo^iln» ad 


i)E  SACUAMElNTIS  IN  GENERE. 


1220 


^  minus,   et  exlrinsecam  saiiolilalcm  conforebant,  ex 

i  alla  perleitani  et  inlraiieam,  ([uie  per Cbrisluni  daiida 
oral,  pra-ligurabanl,  ut  quis(|uc  niemor  illius  .\poslo- 
lici  effali  :  Omnia  in  figura  conlincjcbunl  iHis,  libres 
Exodi,  ac  Lcvilici  pcrlusUando  icperiel,  et  iios  (pio- 
(|ue  in  pnigressu  osloud'inus.  Igiliir  caïreinDuia-  illu; 
gaiidebanl  propriè  dicli  l^acranienli  ralione,  tamclsi 
nosiris  virlute  et  efficaciâ  longé  cssenl  inferiores. 

(lonclusio  secunda.  Omnia  legis  Mosaicv  Sacra- 
nienla ad  quatuor  classes  rcvocari  commode  possunt, 
nenipe  ad  circunicisioneni,  ad  inniiolalionem  et  esum 

i  agni  pascalis  ,  ad  sacerdotuin  oïdinalioneni,  et  ad  va- 
rias expiaiiones  diversarum  inimundiliaruni  legaliuni. 
Explanalur  per  parles  assertio.  Primuin  et  praxi- 
l)uuni  scripl;e  legis  SacramenUnn  cral  circumcisio. 
Eircumcisio,  inquit  S.  Aug.  in  lib.  de  Anima  et  cjiis 
Origine,  fuit  illius  icniporis  Sacramentum,  quod  privfi- 
gnrabal  nustri  lemporis  Buptismum  ;  et  (luanquàm  anle 
Moyseni  induela  fueiil,  quia  tamen  à  lege  Musaicâ 
contirmalionem  soleinnioreni  nacla  est,  rigidiorei.'îque 

i  obscrvantiani,  inler  islius  legis  sacros  rilus  prini  ipe 
semper  loco  recensila  invenitur.  Quidquid  verù  sit  de 
eflicacià  ejusdein  ad  delendum  originale  peccatum.do 

I  quo  poslea  in  iract.  de  Baplismo,  illud  cxploralissi- 
mum  est  per  circunicisioneni  Israelilicos  masculos 
populo  Dei,  verx'que  Religioni  aggregalos,  at(iue  adeù 
salleni  exlrinsecà  illà  sanclilalc,   quLC  in  depulalionc 

I  ad  divinuin  cultum  sita  est,  exornatos  fuisse.  Negari 
eliani  non  polesl  lidei  in  Cbristuin  ex  Abrabxseniine 
nascilurum  SL'iisibileni  exbibuisse  proteslationeni , 
qnalenùs  ca  eral  Synagogie  fides  :  quà  de  causa  cir- 
cunicisioneni Apostolus  appellavit  sicpiacuhun  jiistiticc 
fidd. 

Sequilur  agnus  pascalis,  correspondens  uostneEu- 
cliarisliic  Saerainenlo.  Ncias  eral  hune  nisi  à  circum- 
cisis  et  sanctificatis  coniedi.  Reprœsentabat  verô  Pas- 
clia  nostruni,  sive  Christuni  immolaluni  in  cruce.  Le- 

\   galur  D.  Thomas  in  laud.  art.  ad  2. 

Succedil  leviticoruni  sacerdotuni  consecralio,  (piie 
noYui  legis  sacrani  aduinbrabat  ordinalionem.  Quarto 
et  poslreino  loco  expiaiiones  veniunl ,  quie  in  plura 
gênera  distribuunlur  ,  cl  perniulla  ejus  slalùs  Saera- 

'   nienla  coniplcclebantur.  Unde  liàe  parle   noslrorinn 

]   numerum    Mosaica  Sacranienla  longé supcrabaiil,  ut 

;  innuit  S.  Augustinus  in  lib.  siepiùslaudato  cont.  Fau- 
stum ;  et  tamen  esedem  ferè  illic  omnes  expiaiiones 
Christiana:  pœnitcnliaief(icaciamprrcnunliabanl;:;cqiie 
enim  incongruuin  est  unius  rei  pUires  lypus,  imagi- 
nesque  pra^ccdere. 
Nulluni  auteni  ex  bis  MosaicT  legis  Sacranicniis  in- 

;  venilur,  quod  Sacramentis  nosiris  Conlirmationis,  Ex- 
treinaî  Lnclionis  et  Malrimonii  corresponderel.  Cujus 

i   rei  ca  ratio  reddilur,  (piia  Conlirmalio  est  Sacramen- 

i  lum  iilcnitudinis  gralia-,  quLC  nonilùni  advenerat  in 
lege  scriplà  :  Exlrenia  Unctio  est  inunediata  pricpara- 
lio  ad  inlroituin  aîternse  gloriaî,  cujus  aditus  nondùm 
tune  palebat.  Malrimoniuni  tandem  est  signuni  con- 
junetionisChrisli  cum Ecclesià, «luxiiiondùintunc  cral, 

adeoque  eratduntaxat  in  naiurae  ofliciuin,  non  autem 


1221  QU^ST.  ni.  DE  EXISTEMIA 

ul  Sacranicnlum.  l'iulc  (l:\baliir  libcllus  ropudii,  fiiicxl 
est  conlra  ralioiicm  Sacrainciili  (I). 

Concltisio  lerlia.  Sacramenla  Mosaica  solis  Jiitlx'is 
nccossaria  fiiernnl,  cl  qiiidcm  iicccssilalc  prx'ccpti  po- 
ilus (|iiàin  inodii. 

Prima  pars  lnijiis  j)r()posilioiii3  iiicle  constal,  qiiotl 
lex  Mosaica  ,  ojiisqiie  cccrcmoiiia'  pro  solà  Israclilità 
genlc,  vel  eliam  proselylis,  qui  spoiilè  ci  populo  ail- 
juiigi  alquc  ad  cjiis  sacra  traiisire  cupiebaitt,diviiiiliis 
inslitiitai  fiicnmt,  ut  ex  pluribusliquet  sacraruin  liltc- 
rarum  Icstimoniis,  et  ex  inlrinsccâ  conslitutioiic  illiu^s 
Icgis. 

Allera  verô  ex  eo  patet,  quôd  illoruni  usus  sub  pœ- 
nis  gravissiinis  iiidicebatur ,  puta  qui  circumcisioncm 
non  suscepissct,  deleiuhis  cral  de  populo  Del  :  quod 
niortis  suppliciuin  iinporlâsse  à  mullis  exislinialiir. 
Quôd  aulcm  lix'c  iiccossilas  solius  pmccepll  foret,  no» 
niedii,  ex  eo  colligilur,  quôd  adulli  per  fidem  et  alios 
inieriorcs  aclus  justilioari  poleraiit,  et  sahilem  consc- 
qui  :  adeoqueea  non  craiit  média  simpliciler  ad  salu- 
tcni  necessaria.  Sed  ad  n)ajora,  nobisquc  proximiora 
Saciameiila  progrcdianiur.  Sil  itaquc 


QL^ESnO  TERÏIA. 

DE   EXISTE.NTIA   S\CRAMEM0ULM   NOV.E    LEGIS. 

Primura  omnium  expeiidemus  ulrùm  neccssarium 
fuerit  aliqiia  iu  iiovà  lege  inslilui  Sacramenla  ? 

Secuudo  ulrùm  reverà,  et  quo  numéro  fuerint  iii- 
sliluta.  Siligitur 

CAPLT  PRIMUM. 

UTRUM  NECESSARIUM  FLERIT  1\  NOVA   LEGE    INSTITCI  Sa- 
CRAMENTA. 

Neccssarium  (  praîter  varias  hujusvocis  accepiiones 
quœ  ad  pra:seniem  coniroversiam  nibillacitint)  à  fine 
pneserlira  dicilur,  quem  sibi  quisqne  proponit  ;  bine 
aliud  est  neccssarium  simpliciler  ,  aliud  secundîun 
quid  ;  neccssarium  simpliciler  est,  sine  qno  finis  ah- 
solulè  baberi  nequit  :  ;quomodô  cibus  ad  vilam  agcn- 
dam  conducit  ;  neccssarium  secundùm  quid  est,  sine 
quo  obtineri  quidem  finis  absolulè  polcst,  sed  non 
ila  facile  ;  sic  longo  ilinere  pcragendo  eqniis  necessa- 
rius  est;  quaerilur  ilaqne  ulrùm  et  quà  ratione  opor- 
lueril  Sacramenla  inslilui ,  ul  bomines  danmalioncm 
lelernam  vitare,  et  salulem  conseqni  possonl. 

Cùm  Dei  sunnna  polestas  nulli  trealuax;  sul)jaceal, 
nuUisque  limilibus  coercealur  ,  certinn  est,  qnùd  ab- 
solutè  sine  Sacramcnlis  potuerit ,  indnigeniiam  bo- 
mini  lapso  concedere  .  eique  beaia;  immortalilalis 
adiinm  aperire  ;  Deus  ennn  esse  dcsinerel,  si  non  se- 
ipso  quidqnid  vellel,  neinine  opiUilanle,  pr:eslarcl  ; 
ilaque  de  solà  necessilale  secundùm  quid,  sivc  de  con- 

(I)  I/ibelius  repudii  non  proccisè  ralioni  conslihi- 
liva'  Sacranienti  o[)ponilnr  ;  non  (Miiin  in  se  répugnât 
Matriiuonium  esse  simul  Sacranienlinn  et  dissi)lid)ile  ; 
sed  potiùs  oppoiiilur  indissoliibiiitali  nniouis  Chrisli 
cum  Eeclesià.  Idcireù  Ju  iaicnni  Malrinioninm  banc 
unionem  minus  recle  rcpra-senlàssol;  al(pie  adoù  non 
id«nea  fuisset  dirisiiani  Matrimoi''  figura,  quod  pari- 
ter  indibsulubilii)  coiilraelûs  viiltnlu  firnmni  pcrseve-  ; 
jat.  (Edil.) 


SACHAMENTORDM  NOVJi  LEGIS.  1222 

venienlià  difficullas   esse  potest  ;  pro  cujus  explica- 
lionc!  sil 
I      Conclnsio  :  Convcniens  fuit  in  nova  lege  inslilui 
I  Sacramenla. 

j  Aiigi:mi;ntlm  i'uimlm,  ex  rondiiione  nulurœ  lapsœ. 
j  I.  Ilnjns  assertidiiis  argumonluni  pclilnr  ex  deplo- 
randà  mi.>>(;rià  in  (piain  pcccaiido  projecti  sunius  ;  om- 
nis  enim  mali  origo  supcrbia  fuit,  per  quam  bomo 
I  excusso  suinmi  Dci  dominio,  subdidit  se  vilissimis  et 
corporalibus  crcaturis,  qiiaruin  princeps  Dei  favore 
fucral  consiiliilus  Gcn.  i,  28.  Jnslo  iiaquc  suprenii 
iegislalorisjiîdicio,  ni  mule  pcccavcrat  indesanareUir, 
!  subjecius  est  corporalibus  elemeniis,  et  ad  spirilualia^ 
quibus  miicc  adb;ercrc  conlempserat,  per  scnsibilia 
revocalus;  aique  ila  su;c  admonetur  inlirmilalis,  et 
donialur  ejns  supcrbia  quà  subjici  Deo  noiuil. 
Argl.me.ntum  II,  ex  dh'inœ  Provideiiliœ  snuvitate. 
II.  Inferiimis  ex  divinâ  Providentiâ ,  cui  singulare 
est  unicuique  crealur:c  secundùm  naluram  ejus  con- 
sulerc;  ea  verù  eslcondilio  bominis,  prscscrlim  ex  quo 
pcccatum  in  bunc  mnndum  proloparenlis  rebellionc 
inlravil,  ul  à  rubus  scnsibilibus  plerùmcpie  venial  in 
noliiiam  spiriiualium.  Convenienler  ergo  instilula 
sunt  Sacramenla,  quibns,  exlernis  veluli  symbolis , 
ad  rerum  spiriUialiinii  conlemplalionem  excilarelur, 
et  quasi  manuduccrelur.  Si  incorporeus  esses,  inquit 
S.  Joaniics  Cin'Vïoslomus,  Hom.  83  in  Mallli.,  iiuda 
ipse  doua  et  incorporea  (radidisset  tibi  ;  sed  quoiiiam 
auimain  liabcs  corpori  conjunctam,  inrebus  sensibilibtts 
iuLlligibilia  tibi  prœbet  ;  eodemquc  sensu  canil  Ecclc- 
sia  ,  Piv.'f.  >;al.  Doin.,  Per  iucarnati  Verbi  nujste- 
rium  ,  nova  mentis  noslrœ  ociilis  lux  tuœ  claritatis 
in[ulsit,  ut  dinn  visibitiler  Deum  cognoccimus,  per  liunc 
in  invisibilium  amorem  rapiamur  ;  ha;c  enim  verba  non 
ad  incarnalioncm  lanlùm  pertinent,  verùm  eliam  ;;d 
Sacramcnlum  corporis  et  sanguinis  Cbrisli,  et  gene- 
raliler  ad  omnia  Sacramenla  omnesque  c;eremonias 
exlenduntur,  quibns  velut  adminiculis,  ad  spiriliialia 
inlelligenda  inslruiraur.  Ergo,  elc. 

ARGL'jrF.xTL'H  Ul ,  ttb  extenùs  vinculis  Reliijionis. 
IH.  Snggeril  condilio  ipsa  lîeligionis  ,  quà  fil  ni  in 
unum  lidci  nomen  exlernis  quisbusdam  nolis  cl  sym- 
bolis bomines  adunentur  ,  et  ab  exieris  quibuslibet 
cerîô  discernanlnr  ;  in  nullum  quippè  Religionis  nomen 
seti  rerH/H  se?/ /"«/«!(/»,  inqiiil  S. Augusiinns  lib  lO.coni. 
Eaust.,  coagulari  posfunl  liomincs,  nisi  aliquo  signacn- 
lorum  visibilium  consorlio  colliqentur  ;  ciuorum  Siicra- 
menlorum  vis  inenarrabiliter  valet  plttrimiim  ;  et  idcb 
contempta  sacrilèges  facit;  ilA  S.  doolor;  bincab;di. 
qui  busPalribusobservaluni,  diabolum  divina'inagnilu- 
dinis  invidià  lacluni,  pravà  a'mulaliono  pioouràssc, 
ul  iniscros  culloirs  suos,  quos  in  idoiolalria-  scebis 
conjecerai ,  adumbralà  mysleriorum  imagine  devin- 
cirel;  quos  mler  Tcrluliianus,  de  Pra'S.  ,  c.  4.  : 
Ci^ns  (d'^l^oli),  mquh,  sunt  partes  interverlcndi  veri- 
tatcm,  (ptiipsas  (juoque  rcs  Sacramenlorum  divinorum  , 
in  idoloinm  wysterits  œnmlatur  ;  tingit  ipse  quosdam, 
titiqne  credentes  et  fidèles  suos  ;  expiationem  delictorwn 
dcluvano  repromittit...  Signal  illic  in  frontib:u  mililci 


\2tZ 


DE  lŒ  SACUAMlùMAKIA.  —  DK  SACRÂMENTIS  IN  GENKRE. 


iîU 


Hus  -Cilcliral  et   punis  oblalioncm,  etc.;  par  crgo  fuit  |  scnsibilibiis  :ul!i;rre8ccrc,  in  ([uibiis   poiins  saliitis  li- 


ul  iii  c\aiigil:cà  loge  Satiaïuoiila  insliUiLTCiitur,  qui 
bus  lidoies  ab  iiilidolibiis  disliniJueiciiUir,  ipsiquc  in- 
lor  se  sacro  quodam  viiiculo  neclerentur. 
AiiotJiEMLMiv,  ex  comparaliotie  legis  novœ  cum  veteri. 
IV.  Sicpropiiuil  S.  Tlioinas  ,    5  p.,  q- Cl,  arl.  4.: 
Dicendum,    m\\\\i,  qnod ,  sicul  mliqtn  l'atres  salvali 
suiil  pcr  fulem  Chris  il  vciiluri,  ila  cl  nos  saivaimtr  pcr 
fiitein  Clirisli  jain  nali  cl  passi  ;  suiil  anlcm  Sncramcn- 
t<i ,  (juœdam  sù/»rt  prolcslanlla  fidein  (juà  Iwmojnslifi- 
ctttur;  oporlcl  aulem  ciliis  s'ujiiis  s'uiuificuri  futura,pyœ- 
terila  et  prœseutia  ;  til    eiiiin  Aiigtislhms  dicilWh.  \9, 
coiit.  FausU,  c.  13.  e.7f/t'/»   res  tdUer  annunlialur   ha- 
cienda, aliler  [acla  ;  sicul  ipsavcrba  {passunts  cl  passas) 
non  siniilitcr  sonanl  ;  et  ideb  oporlcl  (jiuvdam  alia  Sa- 
crainenla  esse  in  nova  le(jc,  tjuibas  significcnlur  ea  (juœ 
prœccssenmt  in  Clirislo,  prœter  Sacramcnla  velcris  le- 
gis ,  (juibiis  prœminliabanlur  fulura  ;  iia  S.  ïl)omas, 
cuiiidcinque   in   sonsum  S.  Augiisliiins    loco  cilalo  : 
Prima  Sacramcnla,  inquit,  quœ  obscrvabantur  ex  lege, 
prœnnnlialiia   crunl  Clirisli  vcnluri  ;  qttœ  ciim  sno  ad- 
vcntn   Chrislus  implevisset ,  ablala  sunl,  el  ideb  ablata, 
quia  implela;  non  eniin  venit  solvere  Icgem  ,  sed  adim- 
plere;  et  alia  sunl  inslilula,  virlute  majora,  uliiitale  me- 
liora,  aclu  faciliora,  numéro  paucioru. 

Argumkntum  V,  ex  ipsà  Dei  volunlate. 
Y.  Deniquc  et  miilloelficaciùs  c\  ipsâ  Dcivolunlale 
pclinïns,  qiuc  ul  suprcma  reruni  agciidainn^  ila  boiié 
ageiidaiiini  est  causa;  cùm  ciiin»  Deus  sit  sapicntis- 
sinius  legislalor,  non  potcst  non  esse  bonuai  et  con- 
Ycnieus  (piidquid  jndicaverit  pra^scribendinu  ;  alqui 
voluil  in  nova  lege  inslituere  Sacramcnla,  ut  iis  lan- 
quàni  rcmediis  pccoalorum ,  infmiiitalis  subsidiis  et 
sauclilalis  couiparaud;ic  inslrunieiilis,  per  Clirisli  pas-  | 
sioncni  cHicacibus,  ulcrcniur;  crgocouvcMiienlcrruissc 
inslilula  ncgari  non  polcsl ,  nisi  audeal  ali(iuis  Dci 
opéra  condeninare,  quod  sine  suninià  impiolale  non 
posscl. 

Objecliones. 

Yixit   quidam   scculo    scxlo   docimo    ha-rcsiarclia 

Swcaclift'ldus  noniine,  qui  cùm  sibimel  spiriUialis  ad- 

niodùm  bonio(l)el  ponè  aiigclus  viderclur,  solo  spi- 

rii'i  vivcndum  pulavil;  alipie  adeô  non  aliqua  lanUun 


[  diiciam,  à  quibusexspeclcsbonaspirilualia  cl  rcnu-dia 

[  conlra  pcccalum;  crgo  noxia  sunl  Sacramcnla,  ncdùm 

!  inslitui  in  nova  lege  conveniens  luerit.  —  Rcsp.  : 

\  Dist.   anl.  :  Quaxlam  specics  idololalriic  est ,  rcbus 

sensibilibus  adba'rere,   in  quibus  ponas  salulis  lidu- 

ciam,  lanquàm  in  causa  princi|iali,  unde  sains  cl  ju- 

slilia  oriatur,  concedo  ;  lanquàm  in  causa  sccundariâ 

I  et  inslrumenlali,  nego.  ant.  ctconsc([. 

E.  R.  Non  ii  sumus  qui   crcdamus  scnsibilia  sym- 

;  bola  salutem  nobis  principaliler  cl  virlulc  sibi  coima- 

l  lurali  conferrc  ;  sed  Deum  in  illis   salulis  auctorcm 

i  recognoscimus,  àquoscimus  deleri  pcccala,  cl  jusli- 

\  flcari  impium  ;  ncque  licec,  more  genlilium  ,  colimus 

elcmenta,  quœ  de  se  infirma  el  cgcna  esse  certo  lenc- 

mus;  sed  pr;Tcccllens  in  bis  bcnclicium  \enerabundi 

suspicimns,  ab  illo  profeclum,  à  qao  descendit  omne 

datiim optimum,  el  omne  donum  perfeclum,  ulScriplura 

[  loquilur,  Jacq.  1, 17  ;  falsô  itaque  idololalriye,  Sacra- 

mentorum  observalio  accusalur. 

Inst.  1°:  Pcccala rcmillcre  solius  Dei  proprium  est; 
frustra  igilur  in  bis  sensibilibus  elemciilis  quaorilur  con- 
tra animi  morbos  remedium. —  Resp.:  Conccssoant., 
nego  conscq.  ;  nam  etiam  quando  ulimur  Sacramen- 
lis,  graliam  onmcm  et  peccaii  aboliiioncm  Deo  soli 
l  acccptam   rcferimus,   qui  liis   ulilur  instrumenlis  ad 
graliam  largiendam,  non  quia  ipse  indigct,  sed  quia 
\  nos,  et  nialerià  concrcti  et  spiritu  ,  indigemus  per 
i  corporalia  ad  spirilualia  manuduci  ;  unde  nedùm  aver- 
l  lamur  à  Deo  pcr  cullum  Sacranienlorum,  eô  propen- 
\  siùs  ad  illum  acccdimus,  quôd  in  sacris  synd)olis  dii- 
[-  plicalum  favorem  agnoscimus,  Dci  bencfacicnlis  ;  nec 
[  magis  facimus  ci  injuriam,   peccaii  originalis  expia- 
I  lioneni,  cxenq)li  causa,  Daplismali  assignando, 


quant 
piclori  est  conlumcliosus,  qui  eximi;c  cujusdam  la- 
bellic  lineamcnla,  peniciiloquo  velul  instrumento  usus 
est,  atlribuit. 

Inst.  2"  :  2  ad  Corinlbios  12  ,  v.  9,  ail  Chrislus  ad 
Paulum  :  Sulficit  libi  gralia  mea;  ergo  Sacramcnla  non 
esse  ad  saluleui  nccessaria,  vcibis  ipsis  Cbrisli  mon- 
slralur. — licsp.  :  Conc.  ant.,  nego  conseq.;  qui  cninj 
Paulo  dixit  :  Suflicit  libi  gralia  mea,  cidem  per  Anania*. 
miiiislerium  dixit  :  Baptizare,  et  ablitc  pcccala  tua, 
cum  Lutbcranis  cl  Calvinislis,  sed  onmia  Sai  ramcnla  |  idenniue  gencralim  in  Evangclio  pronimtiavit  ;  Nisi 
cxlerminare  aggressus  esl  ;  quie  aulcm  pro  illo  facere  |  qnis  rcnatus  fucrit  ex  aquà  el  Spiritu  saiicto,  non  potcst 


vidcntur  argumenta,  Iilcc  sunl  : 


introire  in  rcgnum  iJci.  El  :  nisi  manducavcritis  carnetn 


Objicilur  :   Qua^dam  idololalriaî  spccies  est,  rébus  \  \  FHU  liominis,  et  biberilis  ejus  sanguincm,  non  liabebilis 

vitam  in  vobis.  Ex  boc  igilur  oraculo   Clirisli,   non 


(1)  De  hoc  baîrelico  nedùm  Ecclcsi;c  calbolica),  sed 
cliam  Lulbcranorum,  aliorumqiic  novalorum  bosle 
Icgendi  sunlFridiTicus  Slapldius  in  lib.  de  Coucordià 
discipulorum  Lutlieri  ;  David  Chilrauis  in  Pi'a-f.  Coni- 
nieiit.  in  Apocalyp.  cl  Cori'adus  Serupliendjin'giiis  in 
Calai,  lucret.,  lib.  lU.  Non  is  lanien  primusccusendus 
isl,  qui  Sacramcnla  omnia  de  mcdio  susiulcrii.  Sit|ui- 
<!em  Epipbanio  lesle,  liares.  'lO,  cl  Thcodoiclo,  lib. 
1  ineret.  Eabul.  exslileruul  olnn  Arcliontici,  (pios  -4s- 
ilioiidrilas,  vel  Aschodrupelas  Tbeodoi'elus  appiillat, 
(pii  cbrisliana  Sacramcnla  onmia  abjiciebanl ,  non 
vporterc,  in(piicnles,  divina  mijsleria  per  rcs  quœ  vi- 
denlur  ,  peragi ,  nec  incorporca  per  scnsibilia  el  cor- 
vorca. 


modo  non  seipiitur,  non  esse  nccessaria  Sacramenla, 
[  sed  corum  in  conlrarium  nécessitas  sic  demonslratnr  : 
\  suflicil  nobis  ad  salulcm  gralia  Cbrisli  ;  crgo  in  liis 

sacris  symbolis  est  quxrenda,  qu»  Chrislus  nostrse 
I  consulens  infirmilali ,  voluit  esse  instrumenta  salulis 
^  cl  grali;e. 

Inst,  7t"  :  Ad  conscquondam  salutem  sufiicit  obser- 
;[  valiomandalorum  :  Si  vis  ad  vitam  ingredi,  servaman- 

data,  ait  Chrislus  in  Evangelio,  Mallh.  19, 17;  ergo 

Sacramenla  supcrflount.  —  Resp.  :  Conc.  ant.,  nego 
I,  conseq.;  nan 


1223 


OU/€:ST.  III.  DE  EXISTENTIÂ  SACRAMI-NTORUM  NOV^  LEGIS, 


1 2-2G 


1°  la  divinis  nmulali:-;  .Sacramoiilonini  oliscrvalio 
coiilincliir  :  Kuiitcs,  docclc  o)nncs  [jcnlcs,  ail  Clnislus 
Malt.  28,  \^,ba\)l\zmUcs  eos  in  nomiiie  Palris,  d  Filii, 
cl  Spirilns  suucli  ;  doccntcs  cos  servare  onmia  qnœciDH- 
fjuc  iiutiidtivi  Vûbis;  Marci  IG,  15  :  Euulcs  in  uuniditm 
universHDi,  pra'dicdte  Evangcliuiii  omtii  crcnlurœ  ;  qui 
crcdidciit  cl  btiptizclus  jucrit,  .wlvns  cril  ;  qui  vcrb  non 
crcdidcril,  condeniiiabilur  ;  idonKitic  do  aliis  Sacramcn- 
lis,  scrvalà  proporlionc  iiilclligciiduin. 

2°  Divina;  logis  mandata,  ut  par  est,  implore  non 
possunms  sine  fuie  ot  gralià  :  Sine  me  uiliil  poleslis 
faccre,  iiupiil  ClirisUi;^  Joan.  15,  5.  Sine  fidc,  ail 
Aposlolus.llebr.  i,  G,  inipossibite  est  placcre  Dco;  Alqni 
ad  lidcin  clgraliam  asseqiiendam,  fovcndam,  nntrien- 
dam,  rccuporandam  ,  Sacramcnla  ex  diviiià  insiiiu- 
lione  condiicunl,  cùiiue  ccrliiis,  quô  sniil  condilioiii 
nostr.e  acconiinodaliora.  Consculancuni  lisuin  est,  iu- 
(juiiinl  Paires  Tridcnliiii,  sess.  7,  in  proœn».,  de  san- 
clissintis  Eciiesiœ  Sacramenlis  ngere,  pcr  quœ  omnis 
vera  jus'Jtia  iv/  incipif,  vcl  cœpta  (nigctur,vcl  nmissare- 
pdratw.  Ergo,  etc. 

liist.  i":  Ex  Aposlolo,  l  Tim.  -i,  8,  corporalis  exer- 
cilaiio  ad  modicum  ntilis  esl  ;  scd  usiis  Sacramentoruni 
corporalis  cxeroiiaiio  est;  ergo  parùm  ulilis.  —  Ucsp. 
l  ":  Concessà  maj.,  disl.  min.  Usus  Sacrameiilornm 
corporalis  excrcilalio  osl,  ab  eà  longe  divcrsa  de  qnâ 
liic  Aposloliis  Ijquitur,  concedo  ,  eadem,  nego  min. 
et  conseq. 

E.  R.  to  loti  S.  Panliis  ox  corporalis  exercitalionis 
anlilhesi  ostonJit  (piàm  utile  sit  scclari  pielalem  : 
Exerce  aulem,  inquit,  te  ipsuni  ad  pietalem;  nain  cor- 
poralis cxercilalio  ad  modicum  ulilis  esl,  pielas  aulem  ad 
omnia  ulilis  est,  promissiouem  habens  vilœ  quœ  nunc  est, 
€l  futurœ :  qwàm  anlcm  corporakni  exercitationcm  in- 
telligat,  iiitcr  doctorcs  non  convenit. 

In  liàcquidem  Aposloli  senlcnlià  Irinmplianl  rcccn- 
tiores  hxrclici,  qnos  in  prompiu  essel  refellere  si 
nostri  esset  insliluli  lia^c  qiixslio  ;  nonien  cnini  cor- 
poralis cxcrcilaiionis,  ad  omnos  aclioiies  cxtcnias  ex- 
londunt,  qu;i:ciunquc  Ueligionis  causa  snscipiiintnr  ; 
ul  sint  vigiliac,  jejunia,  pi;c  peregrinationes,  etc., 
quas  corporis  vexationes,  et  pnerilis  disciplinœ  rudi- 
menla  pcr  contcmplum  appollant. 

Longe  verô  aliter  Calliolici  :  volunt  cnini  alii  Iiis 
verbis  laborcm  inlclligi  corporalem,  qiio  noccssaria 
Imic  vilcc  paranlur,  quales  smil  curx  omnes  quœ  rei 
doineslicaî  impcnduntur  ;  alii  eam  pulant  excrcitatio- 
ncm  signilicari  qn;c  causa  saniialis  suscipilur  ut  an)- 
Ijulalio,  eqiiilatio,  piho  hisus,  eU:.;  alii  deni(pic,  iique, 
judicc  Eslio,  Conini.  in  Episl.  Paul.,  probabiliùs  ser- 
monem  liic  esse  conlendunt  de  cxcrciiatione  aible- 
ticA,  qnx  fil  cursu,  luclà,  pugnis,  anl  alio  quovis 
modo;  qnidquid  sanè  de  liis  opinionibiis  sii,  ccrium 
lan»en  est,  de  Sacramcntis  Apostulum  hoc  looo  nec 
obiler  agere,  qii;e  parùm  esse  ulilia,  divinilns  cdoctus 
pularcnon  potuii;  cum  verbis  adeô  magnidcis  Bapli- 
smi,Eucbarisli:c  et  sacnc  Ordinationis  nccessilatem  et 
cxciîllcntiain  alibi  prœdicavorit. 

Resp.  T:  Pisl.  eamdcm  min.  UsusSacramonlorum 

ÏH.  XX. 


coipor.'ilis  excrcilalio  osl  ex  parle,  Conccdo  ;  cmiiino, 
nogi)  min.  et  conse(|. 

E.  II.  Non  in  iis  lanlùni  (\\\x.  gcrunlnr  exlcriùs  de 
Sacramcntis  jndicium  est  poncndiim,  scd  in  iis  pr.x- 
serlini  (|n;e  intiis  agnntnr  in  anima  ;  nam  corporalc 
qiiidom  olomonlnm  e.^t,  corpor.ilc  ulique  vorbom  ;  scd 
piano  spirituaiis  virlns.  qiià  lit  ul  a([ua,  cxcnii)li  causa, 
corpus  langat  et  cor  ablual,  ut  bxpiitur  S.  Auguslinus; 
liinc  non  aqnà  solùm  ,  sed  ex  aquà  et  spiritu  rcna- 
scenduni  Salvalor  pronunliavil,  Joan.  .3.  5;  idio  nimi- 
rùni,  iiKjuit  S.  (îrogor.  Nazianzenus,  or.it.  in  S.  La- 
vacr.,  qniu  medicanienlum,  parlim  corporale,  pnrlim 
spirituale ,  in  cos  œgrolos  optimè  convenit,  quorum  na- 
tura  corpore  cl  spirilu  conlinelur  ;  itaque  licèt  Sacra- 
mentoruni consccratio  sit  aliquaicnns  corporaliis,  pn-c- 
cipuè  lamen,  ex  fine  nimirùni  et  cflicieiilià  spirituaiis 
diconda  est,  ([uod  facile  concodct  qui  novcrit,  rem 
ipiandibot  non  ab  co  qnod  in  eà  imperfeclius  est,  sed 
ab  ailribnto  nobiliore  douoniinari. 

Inst.  o":  Alqui  corporalis  exorcilatio  à  cbristianA 
Pxoligionc  oinniiio  esl  ablogauda  ;  crgo,  Ole.  probatur 
snbso(picns  ex  auclorilate  Cliristi  ila  loquciilis,  Joan. 
4,  23  :  Veiùl  Iwra  cl  nunc  est,  quando  veri  adoratores 
adorabunl  Palrcm  in  spiritu  et  verilate  ;  nam  et  Pater 
talcs  quœrit  qui  adorent  cum:  spiritus  est  Dcus,  et  cos 
qui  adorant  enm,  in  spiritu  et  vcritnle  oporlct  adcrare. 
Ilinc  sic  conficitur  argumentum  : 

Chrisliana  Religio  iota  spirilualis  est  ;  crgo  ab  iliâ 
débet  corporalis  exorcitaiio  penilùs  amoveri.  — Nego 
subseiiuens  ;  ad  prob.  adniilto  auclorilalcm,  cl  resp. 
r:Relorqueo  argumenlum;  chrisliana  Religioiota  spi- 
riiualis  est;  ergo  in  illà  neque  templa,  nequc  synaxcs, 
ncquc  sacrilicium,  neque  communes  aut  privaur  pre- 
ces,  nec  deniqiie  qnidquid  corporale  exercilium  tan- 
lisper  olel,  debemus  admiiiere;  aique  adeô  homines 
esse  desinent  Cbrisiiani,  id  osl,  parlim  spiriluales, 
parlim  corporales ,  cl  in  angelicam  naturam  conditio 
mulabitur;  aUjui  absurdissinumi  hoc  para  loxuin,  non 
in  dcfensionem  Religionis,  srd  ad  vituperalioneni  lio- 
minum,  cl  cxiiipalioncm  diviui  cullùs  cxcogi'.alum; 
nihil  ergo  hoc  argumenlum  probal,  quia  nimis.  Resp. 
2°  :  Dist.  anl.:  Chrisliana  Religio  tola  spirituaiis  est, 
id  est,  errorcs  Samarilauorum  cl  carnalos  Jud;eorum 
c;uromonias  prorsùs  rospuit,  concedo;  ila  ul  exlernuin 
omiicm  culunn  cxcUidat,  nego  aut.  et  conseq. 

E.  R.  Verba  Cbrisli,  in  spivilu  et  veritatc,  quibus 
objoelio  niiilur,  duobus  p  tssunt  modis  loijiliniè  cx- 
plicaii. 

r  lia  ul  spiritus  op,  onalnr  carni,  cl  verilas  figuiis, 
coque  sensu  pcr  ulrau)quo  particulam  cullus  Cliri- 
slianus  Judaico  opponitur,  (juimerè  carnalis  eral,  um- 
brani  liahcns  fulurorum  bonoruni.  Ilebr.  10,  1;  in  cxlor- 
iiis  ablulionibus,  et  bonis  merè  lemporalibus  con- 
sistons nihilque  sibi  spirituale  vindicans,  nisi  qiKul  ox 
novo  Testamonlo  in  antcccssum  mutuabalur. 

2'  lia  ut  adoralio  in  spiritu  et  verilate  sit  pnqnia 
Chrislianorom ,  et  ex  luià  quidem  parle  sil  contraria 
cullui  Judait'O,  qui  lolus,  ut  pr;edi\imus,  carnalis  oral; 
ex  allor.n  verô,  cullui  Samaritano,  qui   mollis  erro- 

50 


f2-27  I>E  UE  SACUA}.1!:NTAIUA. 

libiis  p.'rmisccbatiir  ;  liinc  Clirisliis  iii  codem  cinlo,  ^ 
V.  21 ,  millier,  i:iqiiil,  crede  wi.'ii,  (jula  vcuit  Itorn,  quando 
vrqnc  in  monte  hoc  (ut  Sainaritaiii),  nequc  in  JcrosoUj- 
mis  (ni  Jiulii),  ndorubilis  Ptitrcm  ;  jaiii  si(;  siihsiimo  : 
Aliiiii  qiinvisniodo  vcrba  Chrisli  iiitclligaiiliir,  ciilliim 
rxlormini  sacriCicii,  el  SacranioiUonim  obseivalioncm  i 
lion  cxcliidunl,  qiuo  ncqiie  ciim  JudiBorum  carnalibiis  i 
c:orei)joniis  ,   iicque  cum  orroiibus   Sainarilaiiormn 
coiivcuiunl.  Eigo,  clc. 

Diccs  :  F.slo  ccngruens  fiiciil  ut  Sacranicnta  h)  legc 
cvaiigclicâ  non  dccsser.t,  cerlè  ii'  n  coiivcniebal  ca  \ 
qticc  anliqiiili'is  oblimierant  immiitari  ;  niliil  cnim  dé- 
bet coirigi,  nisi  qiiod  non  rcclè  facuini  jirobatiir  ;  quia 


DK  SACRVMENTJS  IN  GENEUE.  1228 

«  ipse  es  ;  î  insinnandum  csl  cis  ,  mnUaloucm  istani 
Surramcnlomm  Tentanieuli  veteris  et  novi  pyœdictdm 
fuisse  prophetieis  vocibns  ;  ila  enim  videltuil,  si  potue- 
rintl,  id  qnod  iii  tempore  noviim  est,  non  esse  novtim  upud 
cnm  qui  eondidil  tempora,  et  sine  tempore  Itabet  omnici 
(;}iœ  suis  qnibus'jiie  lemporibus ,  pro  corum  viirielatCy 
disiribuil.  iiaclciiîis  S.  Au''uslinus. 


CAPL'T  II. 
irnuM,  r.T  Qt  o  mmf.ro  sint  i.n  nova  lege 

SACRAMENTA. 

Qua^dam  esse    propria     logis    cvangelicic  Sacra- 
nien(a,  Lulheranorum,  Calvinistarum  alioruniqiie  hx- 


allofiuiu  ista  vaiiclas  incon>lanli«  Deum  possct  ar-  j  '  nlicoruai  cum   Calliolicis  conscnsio  csl  ;   quo  vcrô 
"ucie  •  atniii  in  lèse  veieri  Sacranicnta  rcotè  fuerant  1 1  numéro  dcbeanl  (icfiniri,  in  hoc  niniirnm  lanta  dis- 

»  '  1  o  j  I 

ab  oplimo  Icgum  condilorc  sancila  ;   mulari  crgo  in    :  cordia,  ut  neque  inlor  se,  neiiue  singuli  sccinu  ipsis 


lego  evangelicâ  non  dccebat  ;  ita  nonnnlli  disputant 
apud  S.  Augusliuum  in  Epislolà  Marcelliui   157  ad  j 
S.  (ioclorcm  dalà.  —  Besp.  cum  S.  Auguslino,  epist. 
ad  Marcdlinum  158,  nego  ant.;  ad  prob.  ncgo  maj.:  j 
iYo;i  iluqiie  verum  est,  ail  S.  doclor,  qiiod  dicitur,  seniel  | 
reclè  facinm,  mdlateniis  esse  rnuKindum  :  mulalùqnippe  \ 
temporis  causa,  qnod  rectè  ante  fcctinn  fnerat,  ita  mu- 
lari vcru  riitio  ptcriimquc  flagital  :  ut  citm  ipsi  dicanl,  \ 
rcclè   non  fieri  si  mutctur,  contra  vcriUis  clamct,  rcclc 
non  ficri  nisi  mutctur,  quia  ulrumque  luuc  crit  rectum,  < 

si  erit  pro  temporum  varietate  diversum ap'um  fuit  j 

primis  temporihus  sacriftcium  quod  prœcevcral  Deus  ;  i 
mine  verb  non  ila  est  ;  aliud  enim  prœcepU  quod  Inde 
tempori  aplum  esset,  qui  mullb  mufjis  quùui  liumo  novil  '] 
quid  cuique  tempori  accommodalè  adhibeatur....  qnis-  ] 
quant  fortassis  exspectel  causas  à  nobis  liujus  viulat-oais  l 

accipere brcvitcr  dici  potest,  aliis  Sacramenlis  prœ- 

imntiari  Clirislum  ,  citm  venttirus  esset,  atiis,  citni  venis- 

set,  annunliari  oportuisse;  si  qttideni  aliud  est  prwnun-  ,.  dcpreltenduntur.  Cotilra  illos  sit 


con-entiant  ;  aliquando  cnim  umun,  aliquandù  duo, 
ii!0(!('>  iria,  dcinccps  quatuor,  modo  phu'a,  modo  pau- 
ciora,  prout  quiscjne  omni  doclriu;«  venio  circumfe- 
rebatur  ,  admiltcre  ausi  sunl;  quo  \e!  urio  argu- 
mcnlo  conficilur,  vcrilato  deslilui,  cl  esse  à  Cliristi 
Ecclesià  alienos  ;  iiam,  ut  benc  monct  TcrUillianus, 
de  velaiid.  Virgin  ,c.  !,non  nutat  régula  fidoi,  qnœ 
nna  omtiinb  est,  sola  imntobilis  el  irreformabilis  ;  è 
coiilia  vcrù  barctici,  iiiquit  libro  de  Pra-scr.,  cap. 
A%  etiam  à  refjidis  suis  variant  inter  se,  ditin  ttnusquis- 
qne  proindè  suo  arbitrio  viodulalttr  qiiœ  nccepil,  qitem- 
adniodii'n  d.'  suo  arbitrio  ea  composnil  ille  qin  tradidit  ; 
aqnoscil  naturom  sufim,  el  originis  siiœ  morem,  pro- 
fectns  rei  ;  idem  ticuit  Valentitiianis  quod  Valentino, 
idem  Marcionilis  quod  Marcioin  (idem  Lullu^ranis , 
quod  Lulbero,  idem  Calvinianis,  quod  Calviiio),  de  ar- 
bitrio suo  ftdem  innovare  ;  denique  peniltis  inspeclœ  Itœ- 
rcses  omucs,  in  mal  lis  citm  aucioribus  suis  dissentientes 


tiari,  aliud  ciim  ventunts  esset,  aliud  citm  tenissel. 

Diccs  ilcriim  :  Saltem  inconstauliLC  accusaii  posse 
videlur  Deus,  qui,  sprelis  vetcribus  Sacramenlis,  dc- 
leclatus  fucrit  novis.  —  Uesp.  cum  S.  Auguslino  i1)i- 
dcm,nego  hoc  sequi  :  Fullitnlur,  inijuil,  qid  existinutnt 
liœc  Deum  jubere  causa  suœ  ulililalis  vel  voluplalis;  et 
merilo  movenlur,  cur  Detts  isia  mutaveril ,  quasi  dele- 
ctalione  vmtabili  aliud  sibi  jubeus  offerri  illopriiis  tem- 
pore, aliitd  isto  ;  non  autem  ita  esl  :  niliil  Deus  cnimjubet 
quod  sibi  prosil.sed  illi  cuijubet;  ideb  verus  est  Dominns, 
qui  seno  non  indiqet,  et  quo  scrvus  indiqcl...  sicul  autem 
non  ideb  mulabilis  liomo,  (juin  manè  aliud,  aliud  ves- 
'perè,  illitd  hoc  mense,  illud  alio,  non  hoc  isto  anno, 
quod  illo  consliliiit;  ita  non  iileb  mulabilis  Deus,  quia 
nniversi  seculi  priore  volundne  aliud,  alio  posteriori  sibi  ! 
jussil  ojferri,  quo  convenienter  siqniftealiones  ad  doclri- 
nam  llelicjionis  salubcrrimam  pertinettles,  pcr  mutabilia 
tempora,  sine  nllàsuî  mulatione  disponerel  ;  nam  ut  no- 
verint  liomiies  quos  liœc  movenl,  jam  hoc  fuisse  in  ra- 
tione  divimi,  nec,  citm  ista  nova  consiilnerentur,  subitb 
prioradispUcuisse,  velut  mutabili  voluntate,  sed  hoc  jcm 


ftxum  cl  itatutum  fuisse  in  ipsà  sapientià  Dci,  cui  de  ma-  l   impclus  suflicil,  neminc  diriitenle  ;  est  enim  pnvscn 


joribus  cliani  rerum  miUalionibus  Scriptnr.i  iticit ,  psal- 
Vio  101,  27  :  ï  Mutabisca,  et  mutabunlur,  tu  autem  idem 


(loucbisio  :  Seplem  omnino  sunl  legis  nov;c  Sacra- 
mrnla,  Baplismus,  ('.oudrmatio,  Eucbarislia,  Dœni- 
lenlia,  Exlrcma  Unelio,  Ordo  cl  Matrimonium. 

Fidci  ista  doclrina  esl,  novo  à  Palribus  Tridenlinis 
canone  roborala,  bis  verbis  scss.  7,  can.  1  ;  Si  quis 
dixeril  Sacramentu  novœ  leqis  non  fuisse  omnia  à  Jesti 
Cliristo  Domino  noslro  insliluln,  ant  esse  plura  vel  pau- 
ciora  quàm  seplem,  videlicH  Bnptismum,  Con/irmatio- 
mm,  etc.,  vel  ctiam  aliquod  horum  seplem,  non  esse 
verè  et  propriè  Sacramentnm  ;  anatliema  sit. 
§  1.  Affcrttnlur  divini  do(jmatis  cerlissima  argumenta. 

De  unoquoqiic  in  specie  Sacramento,  qui  et  qnâ 
ralionc  sacri  symbolinalurani  habeat,  singulalim  libris 
soquenlibus  oslensuri  simius  ;  ilaquc  salis  crit  in 
pnescnli,  qupc  erunt  alibi  fusiùs  discuticndn,  genera- 
libus  aigumenlis  cxponere  ;  tanlummodd  sludiosos 
adiuoniMiius,  ul  qnic  iilc  dcerunt,  ex  aliis  locis,  si 
juval,  leipiiraut. 

AuGiiMîiMTUM  rniMiM,  de  Prœscriplione. 

iMimum  bujus  veritalis  ex  prïsci'iplione  pclimus 
argumentum,  qu;esola  ad  repollendos  aiiversarioruni 


j    plio,  proul  aecipilur  à  Uicologis,  publica,  coiisians, 
i    peipcUia  cl  nuiiquàm  iutciiupla  omni'um  EcclcsiU' 


1229 


QU/EST.  III.  m-:  KXISTENTIA  S 


mm,  ab  Apnslolicis  icniporibns  ail  nosirarn  ii>q'JC 
a.'talcni,  in  docliiiiain  aliqiiaiu  conspiralio  ,  ciMilra 
qiruii  nova;  lixrcsos  niliil  pn,S'-u;;(;  cnv.soiisio  oiii:i), 
iiiiivors;ililas  ,  porpelnilas,  corlissiiiii  vorilalis  mut 
clian'.cloros ,  ([iiam  ivi;ulam  Viiicciiliiis  Mriiioiisis 
)ir;rcl:iiissiinè  cxpliciU  innrc  stio  :  fn  ij'uù  aitlrm  ai- 
thoUci'i  Fcch'slà,  iiKiiiil,  Coiiuiionit.  c.  5,  wncjunprrè 
cnrnudiancst,  tU  id  leitcamus  qitod  ubtiinc,  (jvod  sempcr, 
tliiod  ub  omnibus  crcdilinn  csl;  hoc  etciiiiu  icrè  p-ofriàjvc 
catlio'icmit,  (juod  ipsa  vis  uoriiinis  rdlioque déclarai,  ({uœ 
onmia  irrc  tiniiersfdilcr  comprchciidil  ;  scd  hoc  iUi  de- 
mion  fie',  si  seqiuimuy  itiiircrsit.:tem,  nnlitjnilrJe.v,  coii- 
seiièiotcni ;  sequ'ir^iir  aut.nn  iw.'.vcr'.iAilcin  hoc  v.icdo  : 
Si  hauc  laium  (idiii  rcnnn  esse  faleciDiur,  qi;n;ii  tola 
pcr  oybi':u  lerrnyuni  confUclnr  Kcclesiit  ;  aiili/juJlnteui 
vcib  il,'i,  si  ub  his  nullnleuiis  seiisibus  rcccdatinis,  (j'.ios 
snticlos  m.yures  cl  puires  )WSiros  célébrasse  mcmifeslum 
esl  ;  conseiisiouem  qnoqiie  ilideni,  si  in  ijisà  vcluslate, 
omnium,  vcl  cer!c  peitè  omnium  s::cerdoUnn  paritcr  cl 
m::gislrorum  defmilioïics  scuteuliasque  seclemur. 
.lam  sic  in  forma  proponimiis  arginnenlnm. 

Eo  icnipore  que»  Lnl!:erns  et  dilvinns  dissidiis 
orbcm  calliolicnni  implcvorunl,  tlogina  erat  pcr  omnos 
Occidcnlis  cl  Orionlis  ecclesias  pcrvtilgatum,  sopicni 
esse  logis  cvniigeliea:  Sacraniêiila  ;  atfpii  sic  eral  d  )- 
cti  iiia  illa  amiqua,  ni  quo  primîim  Icmpore  nata  fuorit, 
qnà  a'ialc  inolovcril,  qiiibns  arlificiis,  qiiibus  snasori- 
busltH-ril  ab  oniiii!)ns  approbala,  privscribi  ab  h;erelicis 
iionpossit  ;  crgoseiiiper  et  ni)i(jueeiediuun  est,  sepleni 
cssc  Sacranionla  ;  atqiic  adoù  non  polesl  illtui  dogina 
lion  cssc  vennu  ;  nisi  dicainus,  quod  sine  inipielale 
non  possumiis,  enàssc  univcrsam  Ecclcsiaiii.  Consial, 
itupiit  Tcilullianiis,  Pnescrip.  c.2i,  omneui  dochinam 
quic  cum  cccicfiis  riposlolicis,  runtricibus  cl  oricjiuaUbus 
jidei  conspire!,  veritali  dcpulandum,  id  est,  sine  diibio 
tenentcnt,  quod  ecclrsid'  ab  aposlulis,  afosloli  à  Clirido, 
Cliristns  à  Dca  snsccpil  ;  rcHquani  verb  omnem  dodri- 
nani  de  mendncio  prœjudicandam,  quai  sapiil  contra 
verilateni  ccclesiariim  et  apostoloruni ,  cl  i.hristi  el 
Dei. 

Singulas  argumcnli  parles  sigillalini  demonsirarc 
operie  prelinni  es!,  ne  vidcainur  decedere  ab  oflicio  ; 
iiiajnr  proposilio  Ijiparlila  esl  ;  aflirnial  cnini  Lulbcri 
cl  Calviiii  lenipoiibiis,  seiilenliani  de  seplenario  nu- 
méro Sacramenlorinii ,  luni  in  Oceidenlc  Uun  in 
Oriente  communi  omnium  consensionc  fuisse  re- 
ceplam. 

De  occidcnlali  quidem  Ecdesià  ccrla  rcs  est  :  ba- 
l)emus  cnini  fatenles  reos,  qui  inicr  ca;leras  pacis 
dirimcnd;e  et  cxcilandi  scbismalis  causas  liane  pr:e- 
texuerunl,  quôd  Poniilicii  (sic  cniin  (ialhoiicos  pcr 
jnvidiani  lra<!iirel)nn()  reliclà  anlii[iià  lide,  nova  olio- 
sorum  liominmn  ciinnieiila  seclarenlur,  pnneiido  in 
numéro  Sacranienloruni  inutiles  el  c\ilios;»s  e.eremo- 
nias  ;  quam  calumniani  Tridenlimim  concilium,  edi- 
tis  divcrsis  canoiiibus  (I),  fupreniâ  aiielorilatc  rc- 
prcssil. 

(I)  Sess.  7,  de  Sacr.  in  gi.MnM.,  <  -ii.  1,  ùi;  Con- 
firm.,  can.  1,  scsi.  li,  de  E\lr.  l'ncl  ,  can.  !,  do 


VCnAMENTORini  NOViE  LEGIS.  1230 

1  Noque  minus  de  orienlalibus  consial  :  nam  ignorât 
nenio,  nisi  rerum  ecelesiasliearum  rudis  cl  imperilus 
quanta  omnium  indignalionc  excepta  fiicril  Augu- 
slana  confessio,  qunm  AViltembergenses  Ibeologi,  ad 
Jeremiam  palriardiam  C(»ns'antino|iolitaiium,  r.on  ut 
discereiit,  sed  uldocereiit,  non  consulendi  eausA,  sed 
coniimpt'iiiii,  niagno  vcrborum  apparatu,  cl  inslruclis 
ad  laMiuiain  lenociniis,  anno  ut  pr;rdixinnis  1575, 
niiseranl  ;  iiiam  onim,  nidlà  morà  faclà,  laudatus 
patriarelia  cgn^giè  confulavit,  vcri)is  a[>erlis  A^^^l\:^- 
v;u)S  {{}  cœremonias  sacras  el  Sacramenla  in  Ecclesià 
catholicà  a  Chrislianis  orlhodoxis  recepla,  numéro  se- 
ptcnario  contincri  :  liaptif.mo  niniiriim,  l'n(tio}ie  divini 
chrismaùs,  Communione  diviiià,  Ordinatione,  Matri- 
monio,  Pœnitenlià,  cl  Oleo  saiido  (E\lromà  videlicct 
;  Uiic'ione)  :  sicnti  septem  suut  dona  Spiritùs  saucti, 
vt  loquilur  Isaias,  l,  2,  itn  scfdem  esse  Sacrmnenla, 
quai  Spirilus  sanclus  operuiur,  ncc  plurn,  nec  pau- 
ciora. 

Jercn:;a^,quoad  vixil,Gr;ecorum  nemo  qui  conlra- 

\   dixeril  est  rejiertus ,  nemo  qui  non  ejus  scripla  pro^ 

I  bavcril,  volut  anliquam  doclrinain  spiraniia.  Sicque 

laboribus  ejus  slabilila  coneordia,  non  mediocri  teni- 

i   poris  cursu,  ad  annum  ciroiter  l(r25,  in  Oriente  re- 

gnavil;   lune   enini   novas  concitare  lurbas  tenlavit 

i  Cyrilliis  Lucar  patriarelia  Constanlinopolitanns,  mirai 

!   bomo  callidilalis  et  impudeiili;e  ;  quanlùm  moribus, 

i   laiilûin   doclrin;i3  decessori-s  sui  Jerenii;e  dissimilis, 

qiioiii  peiiè  unum  sibi  Calviiiiani  eo  lenijiore  devin- 

I  xeiuiil,  ciediinus,  ila  permillenle  Deo,  ul  ex  pauco- 

I  mm   oppositione  niagis  callioliea  verilas  cflloresec- 

I  ret  ;  vix  cnim,  ejus  pra-posilo  nomiiie,  piodieral  nova 

I  fidei  confessio,  non   ex  aiiliquis  Gr;ecoruni  scriniis 

i  qii;c  non  legcrat,  sed  ex  Calviniauorum,  quibiisc:ini 

isecrelù  agebat,  lurbidis  fontibus  erula,  in  quà  pnr.lcr 
cictera,  iiisigni  niendaeio  legcbatiir,  ait.  \o,  Grœco- 
rum  perpeluam  el  conslanlem  esse  doctrinam,  duo  taii- 
titni  Sacramenla,  Daplismum  el  Eucharidiam,  h  supremo 
lc(jislatorc  Christo  sa)icila ;  \\\,  inquam,  prodieral  mali 
liominis  formula,  et  ccce  jubentc  clero  Conslanlir.o- 
poleos  publieas  concertaiiones  conlra  novani  Calvinî 
doctrinam  sustinuit,  ilie  quein  praHiixiinns  Ceoigiiis 
Coiessiiis  ab  iiisulà  Cliio  accilus,  in  ijuibus  make  liJei 
novie  formuUe  seriptor  est  postulalus,  et  manifcstô 
ccrtissimis  tcslimoniis  declaralum,  seplem  esse  Itgis 
e\angelie;e  Sacramenla;  quam  senicnlian)  eodeni 
penè  tcmpore  pnblicavil  Gregorius  Proto  Syiacilus, 
Geoigii  discipulus,  in  Epitonie  divinonmi  inyslerio- 
rum,  quam  Gnecornm  arcbiepiscopis,  episcopis,  pi  e- 
sbyleris,  clero  denique  universodedicavil  ;  et  lia-c  (pii- 
dem  acla  suntanno  IGôo,  in  vivis  agenlc,  iniù  pnl)iie("\ 
eonsenticute  et  approbanti^  Cyrillo.  Sic  enim  erat 
bomo  ille  versulus,  el  siniulalionis  artilicio  erudilus, 
ut  Calviiiislicam  factionem  quam  clancuiùm  prolcge- 
bat  oninique  operà  proniovebat,  palam,  cliain  mulli- 


P.rnil  ,can.   I   et  srqq.,  sess.  23,  de  Ord  ,  can.  3, 
s^^.s.  -ii,  de  saiT.  Matr.  can.  I,  Oiion.=  . 

(1)  liesp.  1.  pa^.  77,  v.  Pcip   lid  ,  t.  o,  1.1,  c.  3. 


DE  RE  SACUAMENTAIUA.  —  DE  SACRAMENTiS  IN  GENEUE. 


plicalo  prr  sii!u;iiU!î)  ncfas  pcrjnrio,  deleslari  se  fin-  j 
"crof,  ne  vicleliccl  p.iblico  se  oïlioonorarol 

Poilrjiiàm  vcrô  c  \i\ is  cirptiis  csl,  lùin  mullo  aiii-  | 
inosiùs  conlra  ojus  doclrinam  cl  ineiiioriain  iiivolii 
cn-plum;  nam  in  ooncilio  Irium  patriarchanini  (!), 
iiiiius  siijira  vigiiUi  opiscopnruni  et  nielropolitanini, 
et  viginli  trium  inagn;c;  Ecdcsie  oflicinliuni  CoiîStan- 
linopoli  Iiabilo  ad  anmim  !G38,  neminc  rcclanvaiilc 
cdilus  csl  canon  ([ni  sccinilur  :  Analhema  Cijrilio  nova 
dognutla  fabricmili,  et  crcdeuli  uon  cssc  ex  instilulioiic 
Jesti  Cliristi,  neqne  ex  aposlotonnn  tradilione,  prax'uiuc 
perpétua  $eplem  Kcclcsiœ  Sacrmnenla,  Buplismum  sci-  | 
ticèl,  Clirisma,  Pœniteutiam,   Eucharistiam,  Sacerdo-  \ 
tiuni,  Extreinnm  Uuclionem  el  Matrimonium  :  ml  fcLsb 
nuscrcnti,  duo  tanlùm  à  Clirislo  in  Evmujelio  data  cs.in 
mit  insi'unta,  Baplismum   et   Eucharhtiain  :  i'iemqnc 
Tiualnor  posl  aniiis,  anno  1&42,  in  allerâ  synodo  Jassi 
in  Moldaviâ  congrcgalA,  iieinqnc  in  allcrà  Constar.li- 
iiopoli  pr.rsidc  Partlienio  serdorc  cclcbralâ,   iisdem 
pciiè  verhissauciunn  ;  lanlumnindùsnppiesso,  propicr 
qiiorunuhim  fornildinCMi^   Cyiilli   nondiie,   confessio 
cjns  daninala,  e'o  qu'od,   infiuitiiit  Paires,   artic.    i?, 
quin(]ue  Ecclesiœ  Sacrmticnta  répudie!,   Saccrdolium, 
sitncluin  CItrisma,  Extreinam  l'nr!ionem,  Confessionem 
quœ  pœiiileutià  fit,  et  honorahilc  Conmtbiuw,  quœ  ad 
nos  auliqua  traditio  tanquàm  res  sacras  transmisit  di- 
vina:  qratiœ  effectrices. 

Accessit  versus  seculi  seplind  dccimi  finem  allerins 
definitio  synodi,  Hierosolyinis  prœside  palriardià  Do- 
silheo  liabilce,  quit  plenain  liis  verbis  fideni  expres- 
sit  :  Crcdimus  seplem  in  Ecclcsià  esse  cvangelica  Sacra- 
ineula,  ncc  plura  nec  pauciora;  liuncque  uumcrum 
addenda  vcl  viinnendo  mutarc ,  liœreticœ  pravilalis 
ir,S(tnu}n  pronuntianius  esse  coinmentuni. 

Eadeni  deniquc  alionini  quos  prLcdixiinus,  si;p., 
q.  1,  c.  2,  §  I,  Orientis  anlislituni  senlenlia  fidl  ;  iil 
intérim  de  Cophlis,  Jacobitis,  Syris,  Maroniiis,  et 
aliis  laceamus,  qui  suani  eà  de  rc  fidem,  dalis  sx'j  i;is 
teslinioniis,  confirniàrunl,  qiionMiKjuc  in  [iO-4erù:!i 
\crba,  ubi  occurret  occasio,  referemus, 

Jam  ilaqnc  cerlum  est,  oniniquc  parle  coid'eLtinn, 
LuUieri  cl  Calvini,  cl  proxiniè  seculis  lein|)oribus,  \ 
dogma  fuisse  in  Oriente  cl  Occidente  rcccptnni,  se-  i 
'  plem  esse  in  nova  Icgc  Sacramenta 

Prob.  \enio  nunc  ad  niinorein  principalis  argn-  j 
.  menti  proposition  cm,  bis  verbis  conccplam  :  atqui  sic  i 
erat  doclrina  illa  mitiqua ,  ut  quo  priinitm  tenipore  nata 
fuerit,  quà  œtate  inoleverit,  quitus  arlifuiis,  quilnis  sua- 
soribns  fueril  qcneraliler  approbala,  viouslrari  ub  luvre- 
ticis  non  possit  ;  qiiam  qnidem  conlidinius  facile  à 
cordalo  qnolibot  admiltendam  ;  nam 

I.  Edisseranl  nobis  adversarii ,  (jnis  lanjcm  ille 
fucrit  insani,  ut  loquinilur,  dogniatis  l;djri(alor?  Qno 
lioniinc  appcll;itns?  Qiià  patrià  oriiindns?  Ciijus  insti- 
\uii  professer?  Quù  dcnique  pnieditns  aucioriiale,  ni 
"non  Occidciiti  lanlnm  sed  Orienti  nnivcrso,  coulra 
doctrinain  velcrcm  persiiadere  polueiit,  licn  duo  aiit 

(I)  Cyrilli  Herocnsis  palriarcb;ie  Conslanlinop., 
Mei.ropb    Aiexandr.,  Tbfoplian.  JiNO'^olym. 


'  tria  sed  scpicni  cs5C  Evangclii  Sacranicnla ,  grati;e 
cflkacia?  Qiiôd  si  in  re  lam  ncccssarià  obinulcscant , 
ut  rovcià  liactcnii?;,  sa;piùs  liièt  provocati ,  siluerunt, 
cos  jure  nostro  mcndacii  accusabinuis ,  fruemurque 
i.-ilerim  b.Trediialc  nostrà ,  qiiain  quia  usurpalam  de 
novo  probarc  Lulbcrani  et  Calvini-tnc  non  possunl, 
boc  ipso  anliquam  et  coxvam  !■  cclcsix-  nierilo  gloria 
mur  :  jiixla  ilhid  Terttdliani  loties  decaiitatuui  axio- 
n^.a  :  (juod  apud  oiiiiics  viiuin  invcnitur,  non  csl  errutum^ 
sed  tradilHin  (1). 

II.  Mutalioîiem  banc  pouiliis  impossibilcm  dcmon- 
slranms;  nam,  vel  repcntirio  (piodam  impclu  coiitigis- 
sot,  vel  pauialim  inEcciesiam,  paslorumpopulorumqtie 
negligeiitià  irrepsissel;  prinnim  si  di.xcris,  prodigium 
narras,  cui  simile  nusqnàm  audirc  licuit;  quis  cnim  adcô 
est  mentis  inops .  qui  seriô  pularc  possit,  uno  eodem- 
que    momenlo,   halos,  Guilos,  Gcrmanos ,  Anglos, 
llispanos,  etc.,  Grx-cosquc  omncs  cl  incolas  Orientis, 
tum    orlhodoxos  ,  tuni  scbismaiicos ,  lum  ba;reiicos, 
Copliios,  Jacobilas  ,  Nestoriaiios ,  universas  dcnique 
orbis  ciirisliani  génies  ,  forluito  casu  ,  ncmine  insli- 
ganie,  priscam  ejuràsse  fidem,  el  oblileralà  doclrina 
veleri,  lum  priniùm  cœpisse  crcdcre,  septcm  esse  sa- 
cra gratiiiî  efficacia   symbola ,   cùm  anleliàc  nudtô 
breviuie ,  binario  sciiicol,   aul  ad  summum  icrnario 
mnnoro  arciata  puiala  forent?  Inlcrim  verô  in  lam 
prodigiosâ  bominum  nudtiludinc,  ne  unum  (piidem 
rei)ertnm,  qui  lam  stup.'iidam  levilatem  arguurit! 
i      Sed  ncc  secnndum  dici  potesl  ;  altcndendum  enini 
'  qu;c  sit ,  olinique  fucrit  faciès  Ecclesia;  ;  in  duas  ve- 
biti  partes  uaiversa  dividiUir,  Occidcnlalem  et  Orien- 
lalem  ;   babuit  scmper  Occidens  episcopos  doclrina 
sanà  cl  vcritalis  amore  conspicuos  ;  habuit  pai'itcr 
Oriens  ab  omni  rctro  ;.ctale  anlisliles  omnis  jio\italis 
imi)aticntos,  qui  proindc  gliscenti  cn'ori  sirenuè  obsli- 
lissent,  nec  decipi  in  rc  adco  l'aciii  poluissenl ,  nam 
communissinia  rcs  Sacramenta  suni,  onndnm  oculis 
obversanlur,  loruntur,  si  sic  loqui  fas  est  omnium 
manibus  ;  itaqne  si  olim  cxistimalum  fueril  duo  tan- 
lùm vcl  Iria  esse,  debuit  pcrsuasio  ha;c  communis 
omi'.ium  esse ,  ne  ipsis  quidem  exccplis  de  plèbe  in- 


(1)  Nonnnllas  obscrvatinncs  addcreinns,  ad  confir- 
mandum  quod  dicil  auclor,  ampliùsipie  dcmonslran- 
dum ,  mulalioncm  circa  Sacramcnla  re^crà  non 
cxstilisse  ,  licct  alioquin  ,  contra  omnem  ciuidcm  ra- 
lioncm,  possibdis  supponerctiir,  nisi  jam  liabercnlur 
in  tomi  8  Cursus  completi  c(d.  ioj  cl  io-i  ;  (juod 
cnim  il)i  dicilur  de  Cinisli  divinitatt;  ficilc  transferri 
polcsl  ad  prasenlcn»  qu;cslioncm.  Unmn  lanlinnmodù 
subjnngeie  nol)is  liceal  :  ncmpe  si  lanla  mulalio  circa 
Sacramenta  facUi  cssct,  cxlarcnt  conciiiorum  decr(;la, 
qu;ie,  agitalà  in  ntramque  partent  qua-stione,  diversi- 
modè  proiiunli<âsscnl,  proul  criori  favisscnt  aul  ve- 
lilali.  Enimvcrô,  ubi  primiim  novic  aiicujus  b;rreseo3 
cxurgit  rumor,  undique  fieri  soient  rcclamaliones , 
fidci  jndices  cxcitanliir,  arrcclisque  ainmis  stant;  coiî- 
gieganlur  concilia;  qui  pravarum  suarum  opirdonuin 
figiiicnta  disseminarc  non  vciitur  simul  cum  suis  as?o- 
clis  citalus,  de  nova  docliinà  postulatur.  llic  nios  est 
Christiànorum ,  b;cc  omnimn  secnlornm  ccria  cl  sla- 
biiis  roiisnotudo  ;  poirô  ludlum  nn'piàm  ci\  de  re  coii- 
ciUuMi  babilum  est ,  ut  bislori:\'no(iMii  est  ,  ctsiicnlio 
sno  conlitcntm'  adversarii;  er^'o (Kdil.) 


1233 


QL'.f:ST.  m.  nr,  EXISTENUA  SACRAME.NTOill.M  NOY.£  LEGIS, 


liil 


fiinâ  mulierculis;  vidiculiini  crgo  csl  fingore,  paulaliin 
et  iicininc  reclamaiile  aiiliquaiu  docliiiiain  sic  esse 
ni'itaiam  ,  iii  ad  seplcnariiim  miiiieriiin  Saciauiciila 
ciiltn  supersiilioso  excreveriiil. 

Scd  dcimis  advcr.-aiiis  (voltimus  eiiiin  faciles  esse), 
insigneiii  ali(|i:am  EccIesi;o  purliunein  ,  Galliam  , 
cxeiDpli  causa  ,  iiovo  fuisse  crroie  dcciplam  ;  qu.e- 
rimiis  quibiis  tandem  arlibus  ac  pnesligiis  error  in 
Gailià  nalus,  in  aliis  icrrarum  Iraclilnis  palronos,  ne- 
niiiie  conlradicenle,  reperire  potneril? 

Deniiis  ilerùin  id  qiiud  ainlacler  Lullierani  et  Cal- 
vinist;«  aflirmanl ,  Roniaiiuni  qaenulam  Poiilificcni , 
lYianiiico  usiirpalo  impcrio,  Oecidenleni  univeisuni 
in  supcrsiilionis  barailirnm  pcriraxissc;  denuù  (pue- 
linnis  qnoniodo  poiueiit  nova  lucresis  ab  Oecidciilo 
in  Oiienleni  inumpeie?  Nenio  eiiini  est  qui  nesciat 
Cnccos  jam  indc  à  ninllis  seculis,  Lalinis  infensissi-  | 
iiios  eise,  quominùs  igilur  novo  illoruni  errori  a.^sen- 
lirenlnr,  parlim  pnedicala  verilas ,  partini  iiinalum 
odiiiMi  objililissel  ;  nani ,  qnaiso,  quoniodô  cnorem 
proprium  Laiinoiuni  nltiù  ampiecloiL'nlur,  qui ,  ne 
videreiilur  judicio  Oceidentaliuni  acquiescere,  suos 
ipsi  crrores  non  abjocerunt  ?  .1 

Deinde  orienlalis  Ecclesia  non  est  unius  conimu- 
iiioais;  qnin  è  coi. Ira  iii  varias  sihique  adniudiun  con- 
Iraiias  dislraiiilur  lactiones;  babel  orlliodoxos,  habel 
schisnialicos ,  babel  ha;relico3  ,  cbrisliano  equidem 
junctos  noniine,  sed  reverà  sibi  inviceni  à  muliis  se- 
e<ilis  lepugnanlcs,  jam  quaero  ab  advcrsariis  viani  ut 
iiobis  deuionsln  nt ,  quà  ab  ort'.iodoxis  ad  scliismali- 
cos,  ruisùniqiie  ab  islis  ad  lia;relicos,  ei ror  pervadere, 
ncniinc  renitenlc-,  potueril?  Nx!  illi  malè  honiinum 
nôruiil  indtilcni,  qui  volunlales  lantoperè  abalienalas, 
et  lain  diversis  religionibus  occupalas ,  redire  adeo 
facile  in  coucordiam  pulant,  ul  novuni  et  iiaclenùs 
incogniium  dognia  nianibus  pedibusque ,  ne  une  qui- 
dem  répugnante,  suscipiant. 

Cùm  igilur  pra'scribi  ab  boerclicis  non  possit  quo 
lempore  qiiàve  ralione  niulalio  in  anli(pià  (ide  conli- 
geril,  cerluni  maneal  et  c  .nslitulun»  siiilenliaui  quam 
defendinius  nili  divinà  Iradilione  :  iiain,  iiiqiiil  S.  Au- 
gusliuus,  1.  -4,  conlra  Donat.,  c.  ^2i,  (iiwd  uitivcrsa 
Icnct  Ecclesia,  nec  coiiciliis  instiliduin ,  scd  semj>cr  re- 
tenlnm  est, non  uisi  aucloriUtte  aposlolkit  InuliUtmrectis- 
sintè  creditur. 

AKGLME.MtM  II,  cx  (Jrœcorum  eucliologiis,  et  rilualdms 
Latinorum. 

Qiiid  vcrô  opns  est  iiujus  verilalis  operosins  argu- 
menta ini]uirerc?  Cùm  riliialium  omnitnn  Gra^omm 
et  Latii:ornm  consensio  ad  obstrueiida  luerelicorum 
ora  et  mendacium  refellendum  salis  superque  sufiiciat? 
Esl  enim  liber  rilualisveluli  fidei  proinplnarium,  indi- 
cnlus  credendonmi  populo  (ideli  jiroposilus;  quocirca 
magna  eucliologiorum  auclorilas  esl,  quando  in  aliijuo 
dogmale  admillendo  consenliunt,  quia  lex  supplicaiidi, 
inquit  S.  Cœlestinus  S.  pontil'ex,  régula  ipsa  crcdendi 
est ;(\tto  fit,  ul  horum  librorum  norniam  conlemnere 
idem  sit  ac  (idem  calholicam  conculcare  ;  jam  sic 
prosequor  argumenlum. 


Alqui  seplcni  esse  signa,  ad  gr.ili.tm  liumiui  coide- 
rendam  vel  augendam  eflicacia,  in  bunc  finem  divi- 
iiilùsinslilula,  clamant  omnes  libri  rituales  qnos  Occi- 
I  densOricnsqiie  cnslodit  ;  ibi  nanique  de  Baplismo,  Con- 
Hrmalione,Eucliarislià,Pœnilenliâ,  Exlrenià  l.'ncliono, 
Ordiiie  et  Malrimonio,  plena  et  diffusa  meulio  e&t  ; 
rilus  in  cujuslibel  adniiuislralionc  obscrvaiidi  scru- 
pulosè  nolanlur,  niinisler  priescribilur,  lempus,  bora, 
condilioncs  deniquc  onincs  assignanlur;  ncque  c^^t 
quod  novilalem  oblendant  luerelici ,  cùm  lioi  um  li- 
brorum auclorilas  simimA  auliiiuilale  frualur,  ut 
snmus  suis  locis  opporluniùs  Obleiismà  ;  ergo  seple- 
nariumSacramenlorum  numerum  labefactare  diclcriis 
■lUis  liocretici  frustra  moliuntur:  cùm  è  conlrario  hoc 
ipso  désertai  fidei  convinc;inlur,  quôd  libros  ejnsdem 
(idei  icsles  rejecerint  ;  nam  qui  (idem  inlogram  ser- 
val, fidei  regulam  non  conlemnil. 

AIiC^^:E^Tl•M  m,  cx  auctoritale  tradiliouis. 
111.  Terlium  buic  affine  est,  quod  ex  traditionc  pe- 
lilur  :  tôt  enim  sunt  admiltcuda  Sacrameula,  quot 
Paires  veteres  edocli  divinilùs  admiseruul  ;  alqui  san- 
clorumPalrum  in  septenario  numéro  adstrucndo  plena 
consensio  est. 

Ac  1°  quideni  quantum  ad  Bapiismuni  spécial , 
quando  de  illo  nuUa  lis  est  cum  liajrelicis  ,  probatio- 
nem  putamus  fore  superfluam. 

2°  Confirnialionem  in  sacro  numéro  collocanl  Ter- 
tullianus,  Cornélius  S.  ponlifex,  S.  Cyprianus,  S.  Am- 
iirosius,  S.  Augusliiius,  et  pîerique  alii  ;  illani  enim  à 
Baplismo,  lùm  quoad  acumi,  lùm  quoad  eflicacitaleni 
distinguunt;  eamdemque  propriis  lilulis  modo  impo- 
sitionem  nianuum ,  modo  unclioneiii,  modo  Saa'a- 
mentum  perfeclionisetsanctificalionis  appellanl.  Ungt 
quoque ,  inquit  S.  Cyprianus ,  epist.  70 ,  uecesse  est 
eum  (jid  baptiudns  est,  ut  acccpto  clirismate ,  id  est, 
nnctiuiic,esse  uucliis  Dei,  etliabere  iii  se  gratiamChristï 
possit  ;  et  epist.  72  :  Paritm  esl  cis  (neopliytis)  jjia- 
uum  imponere  ad  accipiendum  Spiriluin  sanctum ,  nisi 
accipianl  et  Ecclesiic  Dapiisinuni;  lune  enim  demitm 
plenc  sanctificari  et  esse  fitii  Dei  possuut,  si  utroque  Sa- 
crauiento  nuscantitr. 

ô°  De  Eucliarislià  quid  juvat  sanclorum  Patruni 
aucloritaiem  attexere,  quos  ad  unum  omnes  Eucha- 
risliam  Sacramenlis  annumcràsse,  suo  loco  monslra- 
biuius?  Nec  ncgant  novi  liKretici ,  qui ,  elsi  in  muliis 
(Idem  corruperint,  realem  pniosentiam  Clirisli ,  aut 
elemeniorum  iraussubsiantiaiionem  negando,  Sacra- 
nicntum  tiuucn  reverà  esse  coudlenlm'. 

■i'  Pœnileuliam  verè  esse  Sacrameulum  aperlis 
scnteniiis  atlesianlur  Origenes,  Terlullianus,  SS.  Pa- 
cianus ,  Ambrosius  ,  Joannes  Cbrysosiomus,  Hie- ' 
ronymus ,  Augustituis,  Léo,  etc.,  Soins  hoc,  iuquics , 
Drus  poterit,  ail  S.  Paciamis,  epist.  1,  Sempronia- 
num  refulans  (qui  v(debat  à  solo  Deo  gra\iora  peccala 
remilii  posse  )  :  veruni  est  ;  tiani  qitid  illtid  est , 
sed  et  quod  per  sacerdotes  suos  facit,  ipsius  po^ 
lestas  est ,  quod  aposlolis  dicil  :  i  Quœ  tigaverilis  in 
leriis,  ligata  erunl  et  in  cœlis  :  et  quœcumque  sol- 
vcriiis  in  terris ,  sotit'tt   erunt  c(  in  cœlis?*  fur   lior, 


125." 


DE  m:  SACRAMENTARIA,  — 


si  liyan'  Iwiuiiiibns  ac  soU'ere  non  ticcbat?  An  Umt'um 
hoc  solis  aposlolis  lied?  Ergo  el  baptizare  soHs  lied, 
H  Spirilum  suueluin  dure  solis,  cl  solis  (jenlium  peccala 
purgare,  cpiia  tohim  hoc  non  aliis  quàm  uposioUs  impc- 

ratum  est Si  crcjo  luvacri  et  clirismalts    potcsltis , 

inajonim  lomjè  clirisnmlum,  ad  episeopos  inde  descen- 
dit, et  injandi  quoijue  jus  ad  fuit  ulqnc  solvendi  ;  quod 
et  si  nos  ob  nostru  peccatn  tenicntriè  vindieamus ,  Dcus 
tavienillud,  ut  aposlolorum  Cathcdrinn  lencntibus,  non 
negabii. 

5°  Extrema  Unclio  scquilur,  quani  \eliit  pœnilcn- 
liœ  appendiocm ,  iinô  vit;x;  clirisliaiKt;  lonnimiiii  ot 
consuîiinialioiiem  Paîriuii  dociiiiieiila  c-niinoiuiaiii.  ; 
unuiii  iiilcriia  laudàsse  siifikial,  iinillis  aticlDiiiale 
îicquanduin ,  Iiiiiocenlium  I,  ciuarlo  de, inouïe  cl 
inciiiile  (juiiito  scculo  S.  ponlilicoui  ;  coiisidlus  ille  à 
I)eeenlioEu^\]])ino  episcupo,iiliiini  lia^c  Jaeolii  voiba  : 
JnfirnuUur  quisin  vobis,  elc,  deberciit  intelligi  de  in'ir- 
niis  oleo  à  sacordulibus  inangoiidis?  L'irùm  etiam  pu- 
bliée pœiiiioiilibus  coiicedi  l:;t'c  Uiiclio  debercl  ?  Sic 
respondil  cpisl.  aJ  Dec,  c.  8  :  ^on  est  dubiuni  de 
fidelibus  a'yrotanlibus  acciyâ  vd  inleliuji  debcre ,  qui 
mncto  oleo  chrismatis  pcrungi  possnnt  :  que,  ab  episcopo 
confeclo,  non  solitni  sacerdotibus,  sed  omnibus  uli  Cliri- 
stianis  licet,  in  suà  aut  snoruni  necessitate  inungendo... 
vœnitentibus  ishid  injuiidi  non  polesl ,  quia  genus  est 
.  Sacranienti  ;  nam  quibus  reliqua  Sacrainenta  negantur, 
quomodb  unum  genus  putatur  passe  concedi? 

G"  Nec  niinor  est  docloiuin  vclerum  iti  sacro  Or- 
dine  vindicaiido  conseiisio;  diviiia;n  ciiiin  iiislilulio- 
iicm  habere ,  riiu  exlenio  perlici ,  el  deiiique  viin 
liabere  graiix>  coi!foivnJ;e ,  iino  ore ,  iinoque  sensu 
leaueruiit  saiicli  Igiialius,  Chrysoslomus,  Kierony- 
nius,  Gregorius  Nisseiiiis,  Aiigiislimis,  et  alii  ;  omnium 
instar  sil  S.  Auguslinus,  lib.  2  contra  Parmenianuiii , 
c.  15,  ubi  agens  conira  Duuatislas,  qui  Baptibniiiin 
quidcm  per  iuDicsim  non  delcii  cunlilcbantur,  dandi 
verô  B;iptismi  potcslateni  pciiilùs  nu/erri  pulabant  : 
IS'ulla ,  inquit,  ostcnditur  causa,  cur  qui  Duplismuni 
amittcre  non  polest ,  jus  diudi  umillere  possil;  ntrum- 
que  eni.n  Sacranicntunr  est ,  et  (;uùdam  consccralionc 
utrumque  honiini  datur,  illud  ciini  baptizatur,  islud  eiini 
ordinalur...ipsi  (Donalistte)  explicent,  quomodb  Sacia- 
vientuin  baplizati  non  possil  aiuiiti ,  el  Sacramentum 
ordinati  possil  amilli  ;  si  enim  utrumque  Sacramenlum 
est,  quod  nemo  dubilul;  cur  illud  non  amitlitur,  et 
istud  amitlitur?  ISeutri  Sacramento. injuria  facienda  est  ; 
ilacpie  S.  Augustin!  lemporibus  ila  certum  eral,Or- 
dinen»  esse  Sacramentum ,  ut  eâ  de  re  ne  dubitare 
q'jidem  liceret. 

7"  Denique  sacrum  numerum  nupliae  claudunt, 
quas,  etsi  in  loge  nalur;c  el  Moysi ,  pra'ler  naluialis 
civilisque  conlraclûs  coiidilionem  niliil  quid(|uani  ha- 
buisse  sancli  docloros  ctinsonliant ,  in  K^ge  lamon 
gratix,  maximo  quo  poteranl  bonore  auclas  affirmant, 
ut  gratiam  sanctificantcm  digne  acccdcntibiis  ,  nou 
secùs  ac  alia  Sacramenta,  conferrent;  quà  de  re  con- 
siili  possunt,  TciluiUanus,  1.  2  ad  Uxorem  ;  Siricius 
S.  pontifex ,  cpist.  i,  c.  -4  ;  lanocenlius  1 ,  epist   9  ; 


DE  SXCHAMENTIS  IN  GENERE.  125G 

S.  CyriUus  Alcandrinus ,  lib.  2,  in  Joannem  c.  22  ; 
S.  KpipbaiiitiS,  hirresi  C";  S.  Augnslinus ,  li!).  de 
Boi;o  coDJngali.cap.  18,  et  lii).  de  Fidc  et  Opcribiis , 
cap.  7;  S.  Léo,  epist.  92,  el  a!ii  quauîp'urss;  sic 
lira  ter  c;i'leros  Terl^illi.iuns  ,  icc)  ciialo  :  Cndè  suffi- 
ciamus,  inquit ,  nd  enarrandam  frlicilalcm  liujun  ma- 
trinionii ,  quod  Ecclesia  conciliât ,  conp.rmal  ohlalio , 
obsiqnat  bcncdictio ,  Angcli  rciiunliant ,  pnlcr  ralnm 
h'.bet. 

Ei^o  saiicli  paires  in  sepienario  iiunicro  adslriiendo 
consenliiint. 

AacLME.MLM  IV,  cx  Scripluris 

lY.  Qîiai  qui(ie:n  licèt  prorsùs  conviiiceniia  siiit 
argimiinln,  cii;ii  perpétua  Ecc!esi:o  et  sanctorum  V.i- 
tiuni  in  dugin.a  (|i!iilibet  con«piralio,  Dei  ipslus  aiulo- 
ril;!s  sit,  Ecclesiaiîi  sine  ullà  erroris  adinixlione  re- 
gciilis,  quia  lamen  baîrclici ,  conlcmpià  Iradilione, 
unam  volunl  jiidicem  audire  Scrijituram  ,  et  ad  illap.i 
co.'UiiHiô  provocant,  supcresl  ut  oslendannis  onmia, 
vcl  cerîè  penè  onsnia,  qiiie  recensuimus  Sacramenta, 
in  verbo  Dei  scriplo  ,  apcrlissimis  oraculis  pra'di- 
cari. 

De  Baplismo  quidoni  posita  lox  à  Cliristo  est  et 
furnia  pnescripla  :  Eunles,  inquil  Mallli.  28,  19,  do- 
celé  omnes  génies,  baplizanles  eos,  in  iiomine  Palris,  et 
Fitii  el  Spirilûs  sancli;  et  Marc.  16,  IG  :  Euntes  in 
mnndnm  unicersum  prœdicatc  Evaugelium  omni  crea- 
turœ;  qui  credidcrit,  et  baplizatus  fnerit,  salvus  erit. 

Gi)nfirmatio  verbisexpressis  in  Actibus  Apostoionuii 
dcclaralur,  cap.  8, 13  etseq.:  Cm?»  audîssenl  aposloli, 
qui  eranl  Jerosoltjmis  quod  recepissel  Samaria  verbum 
Dd,  niiserunt  ad  eos  Petrum  et  Joannem,  qui  cion  ve- 
nissent,  oravcrunt  pro  ipsis,  ut  uccipcrent  Spirilum 
sanclum  ;  nondiini  enim  in  quemquam  illorum  venerat, 
sed  baplizati  tantiim  eranl  in  nomine  Domini  Jesu; 
lune  ii}iponcba)il  manus  super  illos  el  aceipicban!  Spi- 
rilum sanclum;  ilenique  Act.  19,  5  et  seq.  :  His  audi- 
tis,  baplizati  suut  in  nomine  Domini  Jesu:  el  citm  im- 
posuissct  mis  manus  Paulvs,  venit  Spiriltis  sanctns  su- 
per eos;  ad  quem  rilum  alludens  Apo^tohis  ,  llcbr.  G,  2, 
manuum  imposition  'ui  primis  fidei  rndinicntis  accen- 
sel  :  Quapropler ,  inquit,  inlermill.nlcs  inclioalionis 
Cliristi  sermonem,  ad  perfecliora  feramur,  nonriirsiis  ja- 
cientes  fundanwitum  pœnilcnliœ...  Baplismalum  do- 
ctrina',  imposilionis  quoque  manuum,  elc. 

Eucbaristiam  pori'ù  verum  esse  Saci'amenlum,  ipsa 
institulionis  vcrba  demonstrant  (  I  )  :  Cœnanlibus  aulem 
eis  accepit  Jésus  pamm,  et  benedixil  ac  fregit,  deditque 
discipulis  suis,  et  ait  :  Accipite  el  comcdiw,  hoc  est  cor- 
pus meum;  et  accipiens  caliccm  qr alias  egit,  el  dcdit 
mis  diceiis  :  Dibite  ex  hoc  omnes  ;  hic  est  enim  sanguis 
■  meus  novi  Tcslamcnti,  qui  pro  mullis  elj'undelur  in  re- 
,  missioncm  peccalorum.  Hoc  facile  in  meam  commemo- 

rationem. 
'      De  Ptrnitcnliâ  apnd  S.  Mallb;eum  18,  11 ,  sic  loqiii- 
turChrislus:  Amen  dico  vobis,  quœcumque  alliqaverilis 
\  super  lerram,  eruni  Ugatacl  in  cœlo ;  el  ly.i.i  i....,?  v  io.- 

1  (1)  Mail.  2G,  26;  Marci  1-i.  22;  Luc.  22,  19;  1 
I  Cor.  4,2. 


1257  QU.>EST.  ill.  DF  EXISTENTIA 

tcrilis  SH]),i'  Urrum,  erunl  solnla  et  iii  civlo  ;  cl  iii 
Kvaiigclio  Joaiiiiis,  '20,  l22  :  Accipitc  S})irltnnisitiiclu)n  ; 
quuritin  reiidscrilis  pecaila,  rcniitlinitur  eis,  et  quotuir 
leliiiuerilis,  retenta  sunt ;  liiiic  Apostoliis,  2  Cor.  "i,  18, 
i'J,  "lO:  Oiiiiiici  ex  Heo,  iiuniil,  qui  nos  rcconciliavit 
sibi  per  Clinstimi,el  dédit  nobisuiinisleritim  rccuncilia- 
lionis....  pio  CInisto  ergo  leqatione  funqinmr  ..  obsc- 
ciainur  pro  CInisto,  reconciliuimni  Deo. 

Exlrcmac  Unclionis  riliim  et  gratine  coiirerciula: 
virttKeni  explicai  S.  Jacoljiis,  Ep.  cap.  3,  il,  liis  ver- 
bis  :  liifinuatnr  quis  in  vobis?  Inducal  presbijleros  Ec- 
clesiœ,  et  oreut  super  euiii,  uugcnles  euin  oleo  in  no- 
nii-.ie  Domini  ;  cl  orutio  fidci  salvabil  infirmum,  et  al- 
liviabil  euni  Domluus;  it  si  in  peccatis  sit,  rcntillen- 
lur  ei. 

De  Ordiiialionc  sacra  Iriiii  clanim  est  qiiôd  veri 
Sacrainciiti  digiiitato  i>r;i,'ftilgeat,  ul  miruin  sit  ab  lioc- 
relicis,  qui  lyiiceos  babcre  se  oculos  jaclilanl,  non 
vidcri  ;  nani  priinos  iliacoiios  ritii  sacro  U'giinus  Ad. 
G,  G,  soleiiiiiiler  inslitiitos.  lias  statucrnni,  iiiqiiit,  anle 
conspccluni  A])ostoloru)n  ;  et  oranles  iinposucrunt  eis 
H/«H!(s.  Parique  modo  Saiiliiiu  ei  Bariiabaiu  in  opiis 
sacrum  segregalos  accopiinus;  uiinislnaitibus  illis  Do- 
mino et  jejunanlibus,  dixitillls  Spirilns  sanctus,  Acl.  15, 
2:  Seqreqale  milii  Suuhun  et  ISurnabani,  in  opus  ad 
quod  assiinipsi  cos;tu)ic  jrjunanles  et  oranles,  impo- 
nenlesque  eis  tnanus,  diiniserunt  illos.  Xc  vcrô  puict 
alicjuis,  rilnm  bimc  non  legc  perpétua,  sod  f.ivorc  spe- 
ciali  erga  aliquos  observatum,  asidialur  IJ.  Paulus  di- 
scipiilo  siio  Timolheo  ila  îoquoiis,  I  Tini.  4,  1  i  :  JSoli 
nrgligere  grutiam  quœ  est  in  te,  quœ  data  est  tibi  per 
proplieliant,  cum  iniposiiione  manuuni  prcsbgterii...  El  2 
Tim.  1,  G:  Admoneo  te  ul  resusciles  graliam  Dei,  quœ 
est  in  le  per  imposilionem  manuuni  mearum  :  et  Tim.  1 
fi:  Manuscito  neniini  imposucris,  neque  communicaveris 
peccatis  alienis,  qiiod  enini  erga  onmes  fieri  piicscri- 
biliir,  privik'gii  loco  ludicri  non  potest. 

Denique  quod  spécial  ad  nialrimonium,  nemiiii 
diibium  est  ([uin  niagno  iionore  baijilum  à  Salvalorc 
fucrit.  Nam  et  niiplias  pra-senlià  suà  coboneslavit  Joan. 
2,  2,  priminiique  ibi  miraculum,  quod  alibi  polueral, 
pcrpetravil  ;  cl  novo  cas  indissoiubibs  vincub  bonorc 
donavil  qnando  dixil  Mail.  19,  G  :  Jani  non  sunl  duo, 
sed  una  caro  :  quod  ergo  Deus  cvnjuiixit,  liomo  non  se- 
parel.  Scdetgb)riu^iumulum  addidit,  quando  or.;  Apo- 
sloli  significavil,  viri  cum  uxore  viiicubim,  de-pon- 
salionis  suic  cum  Ecclesià  perpeiuum  cl  sacrosan- 
clnm  symbolum  cshC  :  Sacramcntmn  hoc.  inqiiil, 
Epiies.  o,  52  ,  magnum  est  :  ego  auteni  dico,  inCliristo 
el  iicclesià;  inde  cnim  i)leri(|MC  lum  ex  Lalinà,  lum 
ex  orienlali  Eeebisià  tbeoktgi  inferuiil,  Malrimonium 
verum  esse  Icgis  nov;c  sacramenlum;  quod  et  nos 
ipsi  ultro  fatcremm-,  nisi  iia-c  et  pleraquc  alia  sen- 
sùs  similis  teslimonia,  lam  possenl  facile  de  con- 
Iraclu  malrimonii,  quàm  de  legis  novai  Sacramcnlo 
cxplicari.  Sed  noslra  ilin  coiifessio  bicnim  nulknn 
afferl  Lulberanis  el  Calvinislis  :  quia  nibil  cos  juval 
Scripturaî   silenlimn,  loqncnle   Iradiliono,  qu.c  non 


SACKAMENTOKLM  NOV.E  I.EGIS.  i238 

miiiiis   csl  vcrbum    Doi,  (piàm    oraculum  in  Cbrisli 
'lestamcnlo  consignalum. 

Ilis  L'x  S(  riplurà  pra-jactis  fundanientis,  sic  con- 
cludimus  argumenlum  : 

Sacramenlum  nov;i;  legis  csl,  res  scmiibus  mbjecla, 
quœ  ex  institutionc  Dci  sanctilatiset  justiliœ,  lum  signi- 
ficanda',  lum  efjiciendœ  vim  liubet:  alqui  seplcm  esse 
Imjusmodi  sigi'.a  Striplura  vcl  apcrlè  pra;scribil,  vcl 
non  obscure  in^iimal.  Nau) 

l^Iiilu  srnsibiii  isla  coiilici,  ncmo,  nisi  qui  usuui 
scnsuum  non  liai)uerit,  diffilebilur  ;  quis  cnim  negare 
audeataqu.e  pcriusioncm,  iuiposilioiicm  niannum,  u;i- 
ctioncm,  absolulionem,  oralioncm,  spcciem  panis  cl 
vini,  laclà  consccratione,  manenlcm,  etc. ,  rcs  esse 
sensibilcs? 

2'  Ilabere hos  ritus  adjunclam  grali.i;  proniissionem, 
uno  code. ique  verborum  lenore  proiiui!li;ilur;  ipiid  cnim 
li;ec  sibi  verba  volunl?  Qui  crcdideril,  el  baptizutus 
fuerlt  sdli'us  eril...  imponebanl  manus  super  i7/o.s,  d 
accipiebanl  Spiritum  sanclum...  qui  manducal  liunc  pa- 
uein,  viiel  in  ccternum  :  quorum  remiserilis  peccata, 
remittuiilKr  eis  ;  oratio  (idei  salvabil  infirmum;  et  si  in 
peccatis  sil ,  remitlcntur  ei  :  noli  negligere  graliam  quœ 
data  esl  tibi  per  imposilionem  manuuni  vtearum,  cum 
impositione  manuuni  presbglerii  :  quid,  inquam,  isla 
nisi  graliam  pniosenlem,  et  sacri  operis  virtule  infu- 
sam  signilicanl? 

5"'  Tandem  quod  virlulem  illam  non  babcanl,  nisi 
ex  inslilulione  (I)  divinà,  lum  bine  manilestum  fil, 
quod  nuUa  res  orcata  possil,  nisi  volenlc  Deo,  coufe- 
rendic  graii*  inslrumenlum  esse  ;  lùm  inde  invicic 
proi)alur,  quod  Aposloli  de  se  nibil  proesumpscrint, 
sed  in  lanlùin  tradiderinl,  quôd  à  Domino  Jesu  accc- 
pcrant. 

(..albolica;  igilur  Ecdesise  Sacramenla,  quandoqui- 
dem  ex  Scripluris  probatur,  el  Patrum  Iraditione  ad 
nos  pervenil,  el  conciliorum  lestalur  auclorilas,  se- 
plenario  numéro  dcOniri  certô  crederidum. 

Jam  sit 
§  2.  Proponunlvr  el   resolvuntur  advcrsariorum   obje- 
ctiones. 

Objiciunl.  Scriplura  nullibi  meminil  septenarii  nu- 
meri  Sacramcnlorum.  Ergo,  etc.  —  Hcsp.  1':  Hc- 
lorqueo  argumenlum  ;  nullibi  Scriplura  diserte  ditil 
Sacramenla  vel  duo  esse,  vel  Iria  ;  ergo  si  nos  agi- 

(i)  Jaiii  supra  diximiis  lertiam  illam  condilioncm 
;  frustra  aliis  a(iji(!i.  Nam  idti  scmel  probalnm  esl  lia'C 
signa  amu'xamsibi  graliam  liahere,  jam  inconcu-simi 
maiict,  laiilam  viitntem  à  solo  Doo  ip-,is  coaimuiii- 
CMlamcsbC.  Ticinde  parxi  referl  unde  viin  illam  accc- 
perihl,  modt)  vcrè  cam  babcanl;  si  cnim  per  gra- 
lia-  naluram  liceret  ut  illam  ab  alio  quàm  à  Deo  lia- 
bcronl,  noime  veri  nominis  Sacramenla  dicenda 
e>st'nl? 

Aliam  sanè  condilioncm,  nenqio  prulula^  virtutis 
permaiiCMliam  ,  ipsis  viiidicare  iililius  fuissct.  Purro 
nec  isla  ipsis  iloesl  rondilio;  id  onim  rerlum  omninô 
evailil.  lum  ex  constanli  l*;ilrnin  Iradilione  fl  Etcle- 
si;('  |)r;i\i,  qiue  s('|ili'm  Sacramenla  semj.rr  iisiM-|iavil, 
el  (lornil  usurpamla  ;  lum  ex  co  quod  ralio  proptcr 
quam  insliluta  sunt,  us(pie  in  Ecdcsia;  vibibilis  lini'îii 
pcrscveraturaail.  (Edil.) 


1.239  l^E  Kl-:  SACRAMENTARIA.  — 

mus  coiilia  Stripluram,  septeiu  propiignatiilo  novic 
Ic'is  Sacramonta,  pari  ralioiic  acciisaiidi  siiiU  Lullie- 
rani  el  Calvinisla',  qui  duo  aii[  tria  ossc  conleinliinL 
Mc.sp.2°:  Coiiccsso  aiilcccdciilc,  iicgocoiiseipiciiliam  ; 
iil  ciiiiii  coiislct  hcec  vcrilas,  salis  csl  (piôd  in  vcrbo 
Doi  expresse  conliiioaUir;  atijui  dogiiia  de  septenario 
iiiiiiicro  Sacraiiieiiloniin  expresse  coiilinedir  iii  verbo 
Dci,  vol  sciiplo,  veltradilo;  aliundè  vero  ac  iiifailibi- 
litaleni  verbi  diviiii  iiibil  inlei'esl,  sive  sil  cniisigria- 
tmn  Hlleris,  sive  vivie  vocis  oraculo  aceeplu'.n. 
Ergo,  etc. 

Inslaiit  1°  :  Alqui  ita  silct  Seripliira  de  seplenario 
numéro  Sacraineiilorum,  ut  duo  laulùni  esse  doccai; 
crgo,  Ole.  Probant  subsuuipluui.  Joauuis  19,  v.  51, 
sic  legilur  :  Unns  niilitum  lanccà  lalus  ejns  (Cbi'isli) 
iipcndt,  et  couihntb  exicil  sangnis  et  aqaa  ;  bii:c  sic  iii- 
ierunl  arguuieuliun  :  I.ocum  huue  aulicpii  docloros 
sic  cxplicaul,  ut  per  aquam  Baplismuni,  per  saugui- 
iiem  Eucbarisliam  vcliiil  debere  inlelligi;  b;ec  eniui 
fuit  sanclorum  Cbrysoslomi,  Cyrilb,  Angusiini,  Da- 
luasccni,  et  Gr.ecoruui  peiiè  oinuiniu  seuleulia.  lliuc 
iiatum  coniuuuieeiï.ilum,  Sacrameinu  ex  Ijlcre  Clirisli 
de  cruce  peiulenlis  fluxisse;  ergo  ita  silet  Scriplura 
septciiarium  numerum  Sacrauîcutoruiu,  ut  duo  lan- 
lùm  csâe  in  conirarium  doccat. —  Ucsp.  :  Nego  subs., 
ad  prol)ationcnî  adniilto  auclorilUcui;  et  concesso 
antécédente,  negoco!ise(pieiitiau).  Nani 

1°  MysticœScripturaruni  cxposilioncs  tanlinonsunl 
ponderis,  ut  per  ilias  septenanus  Sacranientoruni  ini- 
nierus  cxpnguetur,  ([uia  arbilrari;v  siiut,  ncque  iilis 
inbccrere  iioccssariiun  est  ;  euiin  vero  pra'ter  lauda- 
los  in  objeclione  Patres,  non  defuerunt  alii  insignes 
interprètes,  qui  locum  bunc  aliter  exponendum  puta- 
vcrinl.  Sic  S.  Ilicronynuis,  ep.  S3,  ad  Ocyan.,  el  S. 
Cyrillus,  Cat.  5,  sanguincni  et  aquani  de  solo  Bapli- 
snio  intelliguni,  qui  vel  in  sanguine  per  niartyriuin, 
vel  in  aqiiâ  per  sanclum  lavaeruui  snscipitur. 

E  conlra  S.  Ambrosius,  lib.  1  in  Luc,  c.  lOo; 
S.  Léo,  ep.i,  S.  Auguslinns  et  I3cda,  Connu,  in  c.  19 
Joau.,  per  sauguineni,  preliuui  nostra;  redcuqilionis, 
per  aquani,  voluiUsignilicatuui  esse  Haptisnunn;  j:iui 
vcrù  si  quis  ex  liùc  Scripturarum  interpretationc  in- 
ferrct  ununi  lantùin  esse  Sacranicnluin,  inepte  pror- 
sùsageret;  pariter  ergo  adversarioruin  causani  non 
juvat,  alioruni  expositio,  qui  volunl  pera{piain  el  sau- 
guineni Haplisniuin  et  Euebaristiani  esse  signili- 
cata. 

2°  Eliauisi  per  sauguineni,  Encbarislia,  et  per 
aquaui,  Baptisinus,  neeessariô  intelligereulur,  jierpe- 
làm  tamen  bine  infcrrelur,  duo  lanlùni  juxlà  Scriplu- 
rani  esse  Sacranienla  :  quia  exclusivuni  seusuni  luec 
explicalio  non  baberct. 
i  Insl.  2°  :  Atqui  ita  per  sauguineni  Euebaristia,  et 
per  aiiuaui  Baplismus,  videntur  debere  inlelligi,  ut 
cœiera  excludaninr;  ergo,  etc.  Probant  subs.  Apoea- 
lypsis,  c.  17,  V.  7,  bonc  leguntur  :  DixH  milii  Angélus  : 
Quare  mirnris?  Ego  dicam  libi  Saeramoitnm  inulieris  el 
bcsliœ  ijuœ  poiUtt  eam  quœ  habet  capila  septcin ;  atqui 
iuquit  Kcninitiiis,  2  parte  Examiuis  conc.   Trid.,  per 


DE  SACBAiMENTIS  LN  GENERB. 


ISiO 


eapita seplcm siguificatur  septcuarius  immeim  Sitcramcn' 
toruni,  peviiueus  ad  l'esliam,  scilicel  ad  Anticlirhiuin. 
Ergo  si  li;i'C  duo  Joannis  teslinionia  tonreranliir,  sic 
videtiir  per  prinniin  binarius  Sacranieuloruni  nuuicrus 
adstrui ,  ut  per  allerum  seplenarius  cxcludatur.  — 
llesp.:  Nego  subs.;  ad  probationem  adinitto  auctorita- 
lem,  et  nego  min.;  puderel  ad  tain  absurdam  cl  im- 
l)iain  Scriptune  inter|)relationeni  reponero,  si  Kenini- 
linni  sua;  lenieritatis  aliquatenùs  puduisset.  Quid  enim 
insulsius  lîngi  polest,  quàin  per  scplem  cajiita  besii;e, 
»e|)loin  Sacranienla  siguilicari,  qu;e  in  calbolicA  Ec- 
clesià  ceiebrantur?  Ciim  non  dixerit  Joannest  Ego  di- 
\  ami  libi  Sacramenla  viulieris,  quod  dieere  debuerat, 
si  de  seplem  Sacramentis  ab  Antiebrislo  invebendis 
loq'.ii  proposuisset,  scd  in  singulari  dixerit,  Sacra- 
viculiun. 

Deinde  quid  seplem  bis  capitilins  significetur,  sta- 
lini  aperil  S.  Evangclisla;  ait  enini  ibid.,  v.  9,  s^'pteni 
eapita,  seplem  moules  sunt,  super  quos  mulier  scdel,  el 
seplem  reges  sunt. 

Deni(pje  si  per  seplem  eapita  sepioni  dcbeanl  Sa- 
cranienla inlelligi,  Gonimunieaiit,  velinl,  nolinl,  li;c- 
relici  besliae  capitibus,  el  nefariam  Auticbristi  doctri- 
nam  ex  parte  saliem  ainplecluulur;  uumeraul  enim 
interbesti;c  eapita,  Baptismum  el  Eueharisliam,  qu;ic 
pro  veris  Sacramentis  babenl.  Abeant  itaque  cuui  suis 
blaspbeuiiis  el  iusanis  inlerprelamentis  lucretici,  qui 
dùm  sponsam  Cbristi  Ecclesiam  laccrare  caUnnuiis 
nudinnlnr,  Antichrisli  causam  prolegcre  ipsi  con- 
vincuntur. 

lust.  3":Cùm  seplem  essc  legis  evangeliea'  Sacra- 
menla aperlè  Scriplura  non  dical,  debenl,  si  credi 
sibi  Yoluni  Calbolici,  lioc  dogma  ex  sanclorum  Palrum 
tradiiione  adstniere;  atqui  hoc  nequidcm  possunt  ; 
ergo  sejtlenarius  Sacranientoruni  numerus  legitimam 
ancloritatein  uonbabel. — Rcsp.:  Conc.  maj.,ncgo  mi- 
nm'em  ;  nulliim  enim  est  ex  seplem  nunieraUs  Sacra- 
mentis, (piod  doclorum  velerum  auctorilale  non  viu- 
dicelur;  (piod  quidem,  si  locus  essel,  innumeris  lesii- 
moniis  denionstrare  prodivc  essel;  inleiim  sufficiat 
generalis  quaui  supra  addiixinuisprobalio.  De  bac  enim 
re  sa;pè  redilurus  est  sormo,  ubi  de  unoquoquc  in 
specie  Sacraniento  agelur. 

Insl.  i'  probando  minorcm  :  Patres  soptem  essc  Sa- 
cramenla nus([uàni  ariirmanl;  ergo  non  potesl  lioc 
dogma  adstrui  veleris  doclrinœ  aucldiiiate. — Resp. 
1°:  Uctorqueo  argumcntum  :  Patres  nidlibi  dicunl,  duo 
aul  tria,  aul  quatuor  definito  numéro,  essc  Sacra- 
menla; ergo  si  quid  probal  advcrsaiioruni  argumen- 
lum,  pari  ralione  conse(pieus  eiil,  uec  unum  quidem 
possc  asscri  Sacramenlum ,  quandoquidcm  cerlum 
eoruni  numerum  patres  non  expresseriul.  Uesp.  2": 
Dist.  aulccedens  :  Patres  seplem  essc  Sacranienla 
iius(piàin  aflirmanl,  id  est,  numerum  bunc  more  arith 
melico  non  concludunl,  concedo;  idest,  res  ipsas  nu 
I  nieraïas  non  admillunl,  quibus  necessariù  numerus 
isle  complelur,  subdistinguo;  si  scorsim  speclcntur, 
!  concedo  ;  si  conjunciim,  nego  anteccdens  et  con- 
scfuiens. 


12il 


QU.^^^T.  III.  DE  EXISTENTIA  SACRA.MENTOUUM  NOVyE  LEGIS. 


1242 


E.  R.  Possiiiil  ex  uno  voluminc  rcs  niinicraUtîcerlô 
cogiiosci,  eliaiusi  reniin  immorus  ibidem  non  cxpri- 
iiinliir.  Sic,  cxempli  causi'i,  ex  Scripluris  uovi  Tcsia- 
niciiti  ccriô  cognosciniiis  qualuor  cssc  Evangclia,  cl 
qualiiordecim  opi^tolas  saiicli  Patili,  clianisi   niillibi 
Scriplura  iddicat;  ita  parilcr,  cliaiiisi  Paires  de  sep- 
lonario  Sacramcnloruni  numéro  aritlmiclicè  defiiiiendo 
sollicili  non  fuerint,  ex  eoriim  tanicn  scriplis,  non  ^ 
scorsim  qiiidem,  quia  non  onuies  scripscrunl  de  oni-j 
iiibus,  scd  secum  invicem  coiiiparalis,  ccrli-^siiiiè  tol- 
ligimus  eos  in  rébus   ipsis  numeralis  consenlirc.   Id 
quod  sc(iuenti  argumento  inviclè  probalur  :  Ectlesia 
catholioa  sepleuaiium  Sacrameiiloruni  numorum  sine 
ulla  dubilalione  ndniillit;  eorum   confercndoruiu    ri-, 
lum  in  onniib'is  suis   rilnalilius  et  cuchologiis   niili- 
quissimis  praseribil;  bujiisdocIrinLttipiopriniùm  leni-  ; 
pore  introducla  fucril,  nullum  potosl  ab  lutrelicisiiii- 
lium   assignari;  accepil  ergo  illam  Ecclesia  ab  infal- 
libili  el  invariala  Patrum  iradiiionc;  atqueadeù  Patres 
in  rébus  numeralis  conveniuiit.  ; 

Insl.  5°  :  Cur  Paires  septeuarium  Sacramentorum 
Dumerum  assignare  neglexerinl,  nulla  causa  probabi- 
lis  afferri  polcsl;  crgo  ex  coruni  silenlio  nicritô  in- 
fertur,  quùd  septem  non  lenuerint  Sacranieiita.  — 
Resp.:  Nego  anl.,  et  dico  hujus  silentii  duas  polissi- 
niùm  fuisse  causas. 

i"  Ideù  de  sacro  numéro  silucrunt,  quia  neccssa- 
riuni  non  pulàrunt  :  sciendum  enim,  sanctos  Patres 
non  oumium  divinorum  dogmaium  explieationem  siii- 
gulos  suscepisse,  quod  otiosoruni  bonunum  forel,  sed 
eorum  tantùm  quae  ab  haîreticis  di verso  lempore  im- 
pugnabantur.  Slc,cxempli  causa,  non  scripsildeuai- 
versâ  ibcologià  sanctus  Atlianasius,  quia  non  vacabal 
per  otium,  sed  in  lioc  operam  onniem  posuil  ut  coii- 
Ira  Arianos  suà  a;lale  Ecclcsiam  dévastantes,  verbi 
divini  consubslanlialitateni  dcfenderet;  immeritô  ita- 
que  dicilur  sanctos  doctores  id  omne  negâsse  quod 
lacuerunt;  quod  ut  perspiouum  fiat,  aflero  ex  ipsà 
Sacramentorum  matcria  palmarc  exenqihun.  Saneli 
Justini  temporibus,  mcdio  circiter  seculo  secundo, 
duabus  polissimùm  calunmiis  Cluistiani  à  gentilibus 
afficieljanlur,  1°  quùd  essenl  allici,  2'  quôd  in  suis 
convenliculis  lurpia  et  ncfanda  patrarent  ,  inprimis 
vcrô  quùd  liumanis  carnii)us  innnaniter  ve.'^cerentur  ; 
atroces  accusationes  rcpcllere  S.  Jusiinus  aggressus 
est,  édita  Apologiâ,  in  (pià  oslendil,  fClnistianos  non 
esse  allieos,  cùm  unum  Deum  in  tribus  personis,  im- 
pensè  oinni(jue  Religionis  studio  eoiereiit;  et  daià  oc- 
casionc  de  Baplismo  ibidem  tractavit,  qui  est  signacu- 
lum  lidei  elchrisiianne  Religionis  primordium.  Secundo 
diserte  probavit,  nonvesci  lunnanis  carnibus  Chrislia- 
nos,  ut  menliebaniurgenliles,  seddivimt  Eucharisli;p, 
eorporis  seilieet  et  sanguinis  (llu'isli,  in  suis  conventi- 
bus  participes  Heri.  llinc(pie  natà  opportunilate  dicen- 
dum  ilii  fuit  de  mysierio  Eucharislio},  de  reliquis  verô 
Sacramentis  quid  opus  eral  ut  loqueretur?  qua^  vel 
erant  gentilibus  incognila,  vel  sine  calunuii;e  nota  ce- 
lebrabantur;  igitur  quod  S.  Justinus  in  lioc  libro, 
(idemque  de  aliis  Patribus  est  diccndunij  septem 


nov;ie  legis  Sacramenta  ncc  nominaverit,  nec  expli- 
cavcril.  niliil  liinc  contra  eatlioiicam  veritalem  inférri 
pole»t. 

'2'  Causa  fuit,  ne,  quod  Dominus  in  Kvaiigelio  pro- 
bibrt,  sanetum  canibus,  cl  margarit:e  porcis  objice- 
renlur,  id  est,  ne  sanctiora  Religionis  niysteria  veni- 
rcnt  in  mnnus  el  noriliam  inlidelium,  à  quibus  con- 
tenuii  facile  possunt,  cl  in  derisionem  converti.  Ilinc 
;  Paires  s;vpè  pr;rscribmU  sccretiora  mysteria  pcr  nia- 
;  nus  absipie  seriplo  tradi  debcre,  ut  videre  csl  apud 
S.  Rasilium,  lib.  de  Sjiiritu  sancto,  c.  27,  cl  S.  Am- 
brosium,  lib.  De  iiis  qui  mysteriis  initiantur,  c.  nit. , 
bine  illud  S.  Auguslini  frequens  de  Eiiciiaristià  efïa- 
luni;  Nènmt  fidèles,  (\no  verbo  signifieatum  voluit  sc- 
cretum  esse  debere,  cl  ne  catecliumenis  quiilem  pro- 
palandiini  mystcrium  de  quo  hxpiebatur.  Ilinc  eliam  il- 
lud Imiocentii  primi,  epistoUe  1  decretalis,  c.  3,  ubi  de 
forma  Sacramenli  Confirmationis  loquens  :  Vcrbu,  in- 
qiiil,  (liccrc  non  possimi,  ne  uuujis  prodcre  videur,  qHàm 
ad  considtaliunem  resjwitdcrc;  et  ibid.,  c.  S,  de  Sacra- 
meiito  Evtrenue  Unetionis  :  lieliqua  vei'u,  iii(juit,  quœ 
scribi  fus  non  erat,  ciim  adfucris,  intenoganli  polerimus 
edieere.  Ilinc  deni(iuc  auclor  operis  de  ecclesiaslicà 
Ilierarcliià,  qui  viil^^ô  Dionysius  Areojiagiia  putatur, 
c.  1,  seriô  Timotlieum  admoncl,  ne  sancta  sanclorum 
enunliet,  aul  uiimiy  perfeclis  tradat,  sed  cum  iis  solisqui 
sancti  atque  perfecti  fuerint  communicel.  Ilaiicque  cau- 
.sam  fuisse  dicit,  cur  non  omnia  ab  apostolis  scripto 
signala,  sed  nuilîa  de  mente  in  nienlem,  mcdio  inter- 
currente verbo  Iradita  fuerint  cl  posleris  ilemandala: 
niirandinn  ergo  non  est,  si  de  seplenario  numéro  Sa- 
cramentorum doctores  antiijiii  siluerint. 

Inst.  6°:  Saltem  lacère  in  bis  libris  non  debucranl, 
quos  de  Sacramentis  novae  legis  ex  professo  scripse- 
runt;  lune  enim  opportunitas  dieendi  erat;  aiqui  ne 
tune  quidem  fecerunt  alifjuam  septenarii  numeri  mcn- 
tionem;  ergo,  etc.— Resp.:  Dist.  maj.  Si  sigillatiin  de 
omnibus  dicere  proposuissent,  concedo;  secùs,  nego 
majorem;  et  concessà  minore,  nego  conseq  ;  soluiio 
palet  ex  diclis. 

Inst.  7°:  Alqui  ne  in  iis  quidem  libris,  in  quibus  uni- 
versa  legis  novic  Sacramenta  explicare  aggressi  fue- 
ranl,  sacrum  numerum  indigiiàrunt.  Ergo,  etc.  Pro- 
bant subsumplum  quibusdam  cxemplis. 

Primum  est  saneli  Ambrosii;  scripsit  ille  de  Sacra- 
mentis grande  volumen  libris  plurimis  compreliensum; 
scripsit  et  alterum,  cui  litulus  est  :  De  liis  qui  mysteriis 
iniliantur.  At(jui  in  ulrorpie  de  tribus  tantùm  sermo- 
î  nem  liabel,  Rapiismo  nimirùm,  Confirmatione  et  Eu- 
cbaristiâ;  (piodque  niirum  magis,  in  bis  tribus  plenam 
divinorum  signaculorum  notitiam  esse  contendit.  Sic 
enim  lib.  G,  c.  2,  iraelatum  nniversum  conehulit  :  A'iy/o 
(iccepisli  de  Socrumeniis  plenissimù ,  cognoiisli  oniniu. 
Ilinc  facilis  argumenli  iilatio. 

Ille  sanè  pneter  iria  Saeramcnla,  alla  prorsùs  non 
noveral,  qui  post(iuàm  do  tribus  dixit,  alfirmal  se  tra- 
ctasse de  Sacramentia  plenissimè  el  omnia  explicàsse; 
alqui  iia  sanclus.  Ambrosius.  Ergo,  «le. 


i245 


DE  RE  SACRAMiùNTARlA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


iâli 


Sc'cundum  est  S.  Cyrilli  liierosolymilani,  qui  cîiin  '§>  qiiiii  ciiim  iiicoiisiiUù  ogissel,  ros  minime  ncocssarias 


i]i  Calechcsibus  de  Sacramciitis  ex  insliliilo  cgciil, 
non  aliorum  Uuiien  meiiiinil ,  quàm  bapli  nii  ,  Ciiri- 
snialis  cl  Eiiciian.sli;c.  Hincqiie  simile  elfloiescil  ar- 
gnmeiilum.  Cùm  cnim  iuter  rcs  divinas,  quibus  infor- 
mari  plebcm  clirislianam  oporlet ,  pntcipuam  locimi 
leiieaiilSacramoiila,  C!odil)iie  non  est,  piTllnm  in  Ec- 
dcbià  magislnim  do  liibiis  tanlîmi  dlcluiiini,  si  pliiia 
esse  pu!à.ssel  ;  alqui  S.  Cyi'illits  in  lioc  ijiso  oporo,  iibi 
CbiisliaiKo  fidei  nidinicnta  o\pO!ii!,  dt:  lii'uis  lanlùm 
loi|uiliir;  reliqi'.a  crgo  non  novcral,  nec  credcbal  sa- 
cris  niyslcîiis  acccnseri. 

Teriisîin  csl  Dionysii  vulgo  Arco[)agil;v,  qui  in  libro 
do  ecclcsiaslicà  liicrarchiâ,  mystcria ,   id  csl,  Sacra-  | 
li'.cla  Ecclesi;c  saîis  fuscprfîscqiiiliir  ;-!qi:i  taniondc 
Exlremâ  Unclionc  cl  Malriiuor.io  liCC  verbu'U  facit  ; 
crgo,  elc. 

Rcsp.  :  Ncgo  suljs.  ctsupposiiiim  argumculi  :  poni-  j 
tur  enim  veliil  cerlum  boc  ipsum  (piod  ncgamus,  an- 
liquis  scilicel  fidei  magistris  fuisse  proposiiiiin  de  om-  \ 
iiibus  cl  singulis  Sacramciiiis  dislinclini  disscrcre:ad 
argiuncnîa  in  conlrariuni ,  rcsp.  sigiilalim. 

Ad  prinium  quidom  ex  S.  Ambrosio  ,  dalo  ,  cl  non 
concesso,  vobmien  de  Sacramonlis,  genuimim  ejus 
Ojius  esse  (boc  enini  non  disculiaus  in  pra;s(nli)diit. 
maj.  llle  pra'lcr  Iria  Sacramcnla,  aba  pei'.ili'is  non  no- 
vcral, qui  poslquàm  de  liibus  iraclaUim  absolvil,  af- 
firmai se  plenc  dixissc  de  omnibus,  cl  omnia  expb- 
câsse,  si  id  dical  absobiiè,  quasi  ternario  numéro 
conlineri  univcrsa  affirmcl,  conctdo;  si  id  dical  cum 
reslriclionc  ci  coiiipa!'alc]ad  fidclcs  recens  baptizaios, 
iicgo  maj.,  simililcr  dist.  miiiorem.  S.  Anibrosius 
poslquàm  de  Raplismo,  Eucharisliâ  cl  Confirmalionf», 
Iraclavil,  alTirmal  se  pienissimè  dixisse  de  Sacramen- 
tis,  quorum  noliia  ad  recens  baplizatos  propriè  pcrli- 
ncbal,  conccdo  ;  absobilè  de  omnibus,  ncgo  nnn.  et 
cons;,'q. 

E.  R.  Non  omnium,  ut  prxdixinms.Sacramenloriim 
Iraclalioncm  inslitucrat  sanctus  doclor,  sivc  qiiivis 
abus  in  commcnlariis  allegalis,  scd  eornm  lanlùm  de 
quibus  doccri   oporlcbal  ncopbylos  :  cùm  ogo  b;ec 
Iria  lanlùm  uno  eodcmque  Icnqiorc   novis  (idebbus 
Iradi  solcrcnt,  ul  Icslalur  ipse,  lib.  5,  deSaer.,  c.  2,  et 
i.  dcliiilialis,c.  G;  de  bis  solùm  diclum  oporluil,  non 
\er()  de  Pœnitenlià  qu;e  non  esl  neccssaria  nisi  post  , 
bqismn,  ncquc  de  Exlrcmà  Unclionc,  qu;i;  non  dalnr 
nisi  a'grolis,  nec  dcniquc  de  Ordiiie  cl  Maliimoaio,  ' 
quaî  non  omnibus  passim  et  indislinclè  conferunlur;  i 
alinndeverô  S.  Ambrosium,  Sacramcnlum  pœ:iilcn- 


inlempeslivè  propalando. 

Ad  Urliui'.i  rcsp.  :  Ncg.  anl.;  non  cnim  agit  illc 
aucior  ex  profcsso  de  Sacramcnlis  Ecclesiye ,  scd  de 
sacris  sive  iiierarcbicis  funclionibus,  quas  episcopi  et 
presbylori  cum  aliquà  fidclium  consccralione  cxcr- 
cenl;  (p.iapro|)ter  ne(pic  de  Malrimonio  dicendum  ci 
fuit,  lUHiuc  de  Unclionc  infirmorinn,  pcrqua;,  propriè 
Io(picndo,  non  consecranlur  qui  ea  suscipiunt. 

Deindc  cùm  ibidem  affirme!  Dionysius,  sive  quisque 
abus  esl,  confirmalioncm  esse  Sacramcnlum,  qu;cro 
ab  advcrsariis,  cnr  boc  cum  laiilà  obslinalionc  infi- 
cienliir.  Nam  si  ideô  negandum  csl  aiiqnid  e^se,  quia 
sibiit  Dionysius,  ideô  aflirmandum  quia  Dionysius  af- 
firmavii  :  qu:K  enim  isllucc  raliocinandi  esl  melliodus, 
credere  vclle  silcnli,  cl  noUe  assenliri  loquenli? 
quanlô  saniùs,  qnanlùqne  candidiùs  agcrent,  si  sic 
cum  Ecclesià  calboHcà  inl'orniarenl  argumcnunn  :  af- 
firmât Dionysius  Confirmalioncm  esse  Sacramen- 
tum  :lioc  ipsum  de  Exlremâ  Unclione  lestalnr  quarto 
desinenîe  seculo  Innocenlius  I;  idemqiie  apertè  de 
Maliinionio  ,  Pœnitenlià  cl  sacro  Ordine  aiii  pleriquc 
coMlendunl.  lhi)cnt  singuli  in  bis  dogmalibus  propu- 
gnandis  consenlientcm  per  omnes  parles,  perque  om- 
nos  aHales  Ecclesiam  :  ergo  totidem  esse  Sacramenla 
sine  cunclalionc  confilendum,neque  ex  privali  cujns- 
libcl  silentio  pueriHlcr  dispulandum  ;  lum  quia  non 
omnes  omnia  dicere  tenebanuir  ;  tum  quia  non  de  uno- 
quobbet  scd  de  univcrsali  Ecclesiam definilione,  verila- 
lis  caibolic^e  documenta  sumenda  sunt  ;  tum  deniijuo 
quia  aliquorum  silenlium  ,  aliorum  qui  apertè  in  Ec- 
clesi;e  lolius  concione  clamant,  voccm  non  polosl  ob- 
ruere. 

Proponitur  ei  resolvHur  eornm  ohjectio  qui  conlendunt 
plura  esse  Sacrmiieiitaquàm  septem. 

Obj. :  Abbilio  pedum  est  vcrum  Icgis  nova^  Sacramen- 
tum;  ergo  sunt  plura  quàm  septem.  —  Rcsp.  :  Ncgo 
I  j  anl.;  non  enim  est  venim  in  Icge  evangelicà  Sacra- 
mcnlum, quod  nec  fuit  àCbrislo  sanciunnconslitutionn 
perpétua,  nec  grali;e  promissioncm  annexam  baiict , 
nec  vim  cjus  confcrendcC  ;  alqui  talis  csl  ablutio  pe- 
dinn. 

1  "  Non  liabet  mandalum  pcrpelnum,  quia  à  Ubrislo 
ideô  tanlùm  est  observata ,  »il  cssct  signnm  purgatio- 
nis  aille  institutionom  Eucbarislia)  facicndai  :  qua- 
pro])lcr  nullo  anli(pi!t  canonc,  nnllis  cccle.siasiicis  de- 
crelis,  nuUis  catecbisticis  doctrinis  legitur  cjus  obser- 
valio  fidelibus  commcndata,  imô  nec  uaquàm  in 
univcrsà  Eccle>iâ  cclobrala  esl,   ul  adverlunl  aucior 


icntia^  cxcmpli  causa,  agnovisse  et  propugnâsse,  du-  !    libiorum  deSacramenlis,  1.  3,  c.  1,  etS.  Auguslinus, 


l)ilabil   ncmo  (jni  sanis  oculis  legcril  libi'os  ejus  de  . 
l'oinilenlià ,  quos  contra  Novalum  luvreliciini  exa- 
ravit. 

Ad  sccundiim  •  Quoniam  eamdem  praferl  difficul- 
lalem  ,  similis  eslo  rcsp-onsio  :  non  enim  uni  versos 
fidèles ,  ncquc  de  omnibus  ini'ormare  sibi  sumpscral 
S.CyriUus,  scd  eos  lanlùm  qui  recens  crant  de  sacro 
fonte  suscepli  ,  itaque  de  lis  lanlùm  oporluil  ni  disse- 
rerel,  qiiie  ad  boc  buminum  gcnus  speclabaiil;  alio- 


cpisl.  11.*). 

t"  Non  luibet  adjunctam  gratiit  promissioncm, 
cujus  nec  in  Scripturà ,  nec  in  iraditione  vestigium 
ullnm  est. 

5°  Ncquc  ejus  confcrcnd;e  vim  importai,  cùm  Cbri- 
stus  biiiiiibtalis  argumcnlum  esse  volucril,  non  verô 
danda;  grali;c  inslrumcntum. 

Inst.  r  :  Prub.  anl.  UluJ  esl  vcrum  Icgis  novae 
Sacramcnlum  ijucd  babcl  divinum  mandalum  et  in- 


in^  QU^ST.  ni.  DE  EXISTENTIA  SACRAMENTOHUM  iNOV/E  LEGIS.  1246 

Stilulioncm;  alqui  linjusmoili  csl  lulio  jx'diiin  ;  de  cà  f  iiilelligi,  (|ii:uii  lire  allcr.i,  Joan.  5,  5  :  Sisi  quis  re- 


ciiim  S.  Joaiiiies  sic  lo(|iiiliir,  13,  loi  s('(|.  :  Ckin  ac- 
cepisset  (Jésus)   lintcmu,    prtiriiixil  se,   dcimlc  uiiiiil 

aijunm  ni  j'clviiu,  et  eœpit  Idvnre  pedcs  disciputortini 

ponliiiiùiii  ei(jo  lavil  pcdes  eoruiit,  citm  recitbiiisscl  ileiitiii, 
dixit  eis  :  \  vs  vocalis  me  magisler  el  Domine,  el  beiiè 
dicihs ,  sum  eteiiim  ;  si  crgo  C(jo  tuvi  pedes  vestros  Do-  ! 
viiniis  el  magister,  et  vos  debelis  aller  allerius  lavare  pc-  j 
des ,  exemphim  euim  dedi  vobis  ,  ut  (jnemadmodum  e(jo 
fcci  vobis,  ila  cl  vos  fuciulis.  Ev^o,  clc. —  lU'sj).-  Ad- 
niilloauclorilalcm.  Ad  prulKilionoiii 

Resp.  1  "  :  Ncgo  maj.  ;  nain  si  hcc  ipso  liabot  ali- 
quid  Sacranicnli  ralioiiein,  quùd  imperaliim  diviiiiliis 
esse  nioiisliahir,  niinim  in  inoduni  niiinirus  Sacia- 
menloinm  c\cros(el,oiini  neuiinoni  lalcal  niullùpliira 
Doi  pra:ccpla  esse  qiiàm  soplom  ;  ilaqne  dicondinn 
hoc  soluni  annnnierari  Sacranicnlis,  qnod  ideù  est  di- 
viniliis  impeialun»  ,  ni  sanclilalis  el  jusliliai  Inni  si- 
gnificandx',  liini  cUicienda' ,  in  pcrpcliiiiui  vini  ha- 
berel. 

Resp.  2'  :  ïianseal  major  et  iiego  min.,  el  dico 
verba  Clirisli  non  ad  lillerani,  sed  mclaplioricc  do 
pncccplo  liiniiililalis  el  charilalis  esse  accipienda,  wl 
cxponunl  SS.  p]cclcsi;t  Patres,  non  vcrù  de  niateiiali 
lolione  pednm.  Ilanc  enini  iiunquàin  Ecclesia  prieler- 
misissel,  si  imperalam  inlellexisset. 

Insl.  2°  :  Alqni  pra-eciilnm  hoc  ad  liUeram  débet 
accipi  :  ergo,  olc.  Pr()l)alnr  subs.  Reverà  lilus  ille,  et 
ad  litlcram  osl  à  Cluislo  coninicndalns,  oui  ex  diviiiâ 
proniissione  adjmicla  csl  viiUis  expiandi  peccati  et 
graliaî  confereiidaî  ;  aiqui  lalis  est  abbilio  pedum, 
qiiod  probaltir  ex  verbis  Chiisli;  reluclanli  enim  Pe- 
Iro,  ol  pne  liumililale  diccnli  :  Non  lavnbis  milii  pcdes 


in  œtermtm:  si  non  lavero  le,  inqnil,  Joan.  13,  9,  non  1    consenliunt.  Ilaqne  non  esl  niagiii  pondcris  argnnieii- 


liabebis  parlem  mecum.  lîuic  sic  conficilur  argumen- 
tum  : 

Rilus  illcgraliic  promissionem  iiicludil,  qnem  quis- 
quis  conlempseril,  a'tei'nà  baTeditale  privandns  est; 
alqui  lalem  constat  esse  pedum  ahiulionem,  ergo,  elc. 
—  Resp.  :  Nego  subs.  Ad  prdbalioncm  admillo  au- 
clorilalem  ,  et  conces^à  majore  ,  nego  minorcm  ; 
ad  cnjus  ilerùm  probalioneu),  distinguo  majorem  ;  ri- 
lus ille  grali;e  promissionem  incbidil,  qiiem  (pii  cou- 
lemnil,  regno  cœlesti  privalur,  absobilèel  ratione  suî, 
concedo;  liypolbeiiec,  et  propler  inobedienlia;  coiilu- 
niaciam,  nego  maj.,  simililer  distinguo  minorem  ;  la- 
lem  esse  pediun  aliluiionem  ex  Evangelio  constat, 
comparalè  ad  S.  Petrum ,  si  nimiinn  in  inobedienlia 
pcrsliiisset,  conoedo;  absolutè,  nego  min.  el  cons. 

E.  R.  Non  idco  Clirislus  Aposlolo  danmalioncm 
minatur,  quia  h)tio  jiednm  ad  gi'atiam  el  saluiem  ob- 
lincndam  est  necessaria,sod  quiab(»c  sn])plic:io(bgmis 
fuluriis  eral,  si  pcrlinacilcr  reslilisset;  ila  huncloeum 
exponunt  SS.  Basilius  ,  Chrysoslonms,  CyrilUis  et  alii 
Scriplura!  interprètes;  ilaqne  verba  b;vc  non  ad  om- 
nes ,  spd  ad  sobnn  Pelrnm  respieiiml ,  qui  pecoâ-set  : 
sine  diibiojdebilam  Chrislo  obedienliamobstinalè  do- 
ne;::i!ido. 

Insi.  5"  :  Tam  débet  lixc  Clirii^i  soiulio  absolutè 


nains  fiurit  ex  (iquiï  elSpiritu  sancto,  non  potesl  inlroire 
in  lefjnum  Dci.  Ergo,  elc.  —  ISesp.  :  Nego  paritatem  ; 
ratio  est  (|uia  isla  scnlenlia  :  Ai*i  (jnis  rcnaliis  ,  etc., 
ahsohila  esl  el  universalis,  millàqne  condilione  re- 
slrin;^ilur  ;  illa  verù  :  Aiii  luvcro  le,  non  liabebis  par- 
lem mecum  ;  luni  singuiaris  est,  quia  ad  solum  Pelruni 
dirigilur,  tum  condilionala,  cùm  comuiinalio  sit  in 
pœnam  inobedientiie. 

Inst.  4°  :  Répugnât  iinec  intcrprelatio  sanctis  Palri- 
bus;  ergo  non  deijet  admilli.  Probatur  subs.  S.  Cy- 
])rianus  Iraclatu  de  cardinalibus  Clirisli  Operibus,  in 
sermonedc  iolionc  pedum,  slatim  ab  inilio  ila  b)qui- 
lur  :  JS'equid  consummulioiii  duclriuœ  dcesset,  inler fixa 
el  immobilia  prœcepla  el  eu  quœ  moveri  possunt  et  re- 
peti  disliuclionem  posuil,  ut,  cœteris  immulabiliter  semel 
statiilis  {hi\[msii\o  scilicet,  Conlirmalione  et  Ordine, 
quic  ibidem  dicit  non  posse  ilerari) ,  ullima  tavcicri 
spccics  (pedum  scilicet  b)lio),  quolidianis  cxpi(iiiû)iibns 
accommoduta  commendurelur  fidelibus;  Iiinc  sic  enasci- 
lur  argumentuni  : 

nie  pulal  lotionem  pedum  esse  verum  legis  evangc- 
lica;  Sacramenlum ,  qui  dicit  esse  quamdam  lavacri 
speciem,  quotidianis  excessibus  expiandis  acconuno- 
datam.  Alqui  ila  S.  Cyprianus;  ergo,  elc.  —  Resp.  : 
Nego  anleced.  Ad  probationem  , 

1"  Nego  supposilum  argumcnli;  nego,  inquam,  geimi- 
nam  liane  esse  S.  Cypriani  aMCloiilatem;  nam  1°  Liber 
de  cai'dinalibus  Operibus  Clirisli  iuler  votera  saiicti 
docloi  is  manuseripla  nullibi  reperilur.  2'  Slylum  li;i- 
bet  àCyprianico  plané diversum.  S^MuItaconiinelejus 
doclrin;c  contraria.  -4°  Ab  Arnaldo  Boiutvaliis  in  Cai- 
lla duodecimo  seeulo  abbale  scriptum ,  erudili  oiniies 


tum  inde  peliliim. 

â'Quidquid  ^anè  sit  deauclore  hujus  libri  judiciuni, 
conccssâ  maj.,  dist.  min.;  censet  ille  scriplor  Ioli(j- 
jiem  pedum  csseipiamdam  lavacri  speciem,  (pio  idia- 
nis  diliiendis  pcccalis  acconimodnlam  cl  illud  dicit, 
ad  Sacramenlum  Pœnitenti;ic  alliidendo,  concedo  ;  de 
ipsà  in  se  pedum  lotione,  nego  min.  et  cou. 

E.  R.  Paulisper  ad  menlom  praTati  scri|itoris  at- 
tendenti,  ejusque  sensuin  medilanti,  faeile  c;>t  jiidicaie 
cum  non  loqni  de  ipsà  in  se  pedum  lolione,  sed  ad  Pœ- 
niUntix Sacramenlum  alludere,  cnjus  figura  qua-dani 
luit  abintio  pedum  à  Chrislo  celebrala  ;  de  co  enim 
Inquitnr  Sacramenlo  ,  quod  evjiiandis  pecralis  [  ost 
Raplismnm  perpetralis  diviiiilùs  est  aecummodaluni  ; 
quod  saiiè  non  aliud  os(  pra>tcr  Pœnilenliani  :  Propler 
hoc,  inquit,  benignissvne  Domine,  pedcs  luvas  discipu- 
Us,  quia  posl  Daptismum,  qucm  stii  revercnliu  non  puti- 
Inr  ilerari ,  aliud  lavacrum  procurmd ,  qnod  nun(juiim 
debeat  inlermitti. 

Iiist.  5"  :  AUpii  juxla  SS.  Paires  lolio  pedum  ve- 
rum in  se  eslSaciamentmn  ;  ergo,  elc.  Prohalur  subs. 
Illud  est  verum  in  se  Sacramenlum,  cuiconvenit  ralio 
nnishrii,  nntitjui  fcrpcntis  venena  diluenlis,  majoremque 
snnclificnlioni  lu  co)ifrrent!S  ;  nU\m  liis  veiliis  salis  ma- 
'  gnilicis  bîTif  riis    pedum    pneslanliam  S.  .\mbrosius 


12  41 


DE  RE  S\€RAMENTAUIA.  -  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


ins 


nrodical   lib.  T>  de  Sac,  o.  \  ;  crgo,  etc.   —   Resp.  :  l      lia  nolal  in  liiinc  lociim  Ilorslius  vir  cruditus,  qui 


Ncgo  5iil)s.  Ad  probal.  conccssâ  maj.,  disl.  min.  His 
vcrbis  lotioiiis  peduin  dignilalem  oxlollil  S.  Ambro- 
sius,  pFoplcr  cbarilatoin  ([uam  cxcilat,el  hinuililatcni 
cluislianam  cujus  non  rniiiiuuim  cxciciliiiin  est,  cyn- 
cedo;  ralioiie  siiî,  iiego  miiior.  et  coiiscq. 

E.  R.  Quùd  S.  Ainbrosias  absolulè  non  doocal,  lo- 
tioneni  esse  Sacranicnliini,  vel  bine  nianifeslô  appa- 
ict,  quod  ibidem  falcatur,  in  Romanaî  EcclcsiLic  usu 
non  csac,  nec  aliam  ob  causam  Mcdiolani  obser- 
vai!, nisi  ad  oblinciidam,  non  lolionis  ipsiiis,  scd  Im- 
mililatis  virtute  graliain.  Consucludo  ,  intpiit,  quœ  rc- 
cliiis  scrvaltir  in  liotmuA  Ecclesiâ  de  non  lavandis  pcdi- 
biis,  in  Mcdiolauensi  Ecclesiâ  de  ipsis  lavandis  etiam 
recl^'  cnstodilttr,  tum  propler  cxewptum  Cliristi  el  Pétri, 
tiini  ut  cjmtiam  virtute  linmililalis  et  Cltrhti  iniitalio- 
nisobtineal;  qiiis  pcnù  ita  lociilunim  crcdat,  si  b)- 
tionem  pedimi  vcrum  esse  sacramenlum  cxistimâssel. 

•  Majns  negoiium  facesscre  videtiir  alla  D,  Ambro- 
sii  soiileiilia,  qiiam  babet  in  lib.  de  Mysler.,  c.  6,  ubi 
de  eâdem  pediun  abhilione  agcns,  qna;  in  iisii  oral 
Mediolanensis  ecclesine,  scribil  :  Mundus  eral  Peints, 
scd  plantant  lavare  debebal  :  habebat  enini  primi  liomi- 


opera  S.  Bernardi  accuralc  reccnsuil,  et  ordine  me- 
liorc  disposita  tdidil  :  Hoc  sermone,  \uqm[,  Bcrmrdus 
pediim  ttblulioneni  Sacranienlisannumerat  ;  sed  nota  (je- 
neraliiis  ab  eo  usurpatum  nomen  Sacramcnti  ,  ut  quœ- 
cunupte  reriim  sacrarnni  signa  complectalnr  ;  idemque 
poslca  doclissinuis  Mabilionius  observavit,  eôipie  re- 
cliùs,  quùd  in  boc  ipso  sermone  S.  doctor  Sacrameii- 
tuni  lia  deliiiiiit  :  Sacramenlinn,  inquit,  dicitur  sacrum 
sifjnuDi,  sive  sacrum  sccrelum. 

liisl.  7°  :  Alqui  S.  IJeanardus  eo  luco  conlcndit,  lo- 
tionem  podnni  esse  slriciè  et  propriè  Saoranientuni. 
Ergo,  cle.  Probalur  subs.  ex  verbis  ejiis  :  Multa  qui- 
deni,  ait,  sunt  Sacranicnta,  et  scrutandis  omnibus  liora 

non  sufficil de  tribus  ilaque  Sacramenlis,  quœ  satis 

sunt  conqrua  liuic  tenipori,  Baplismo  nimirian,  Eucluiri- 
s!ià  et  lolione  pcduni  dicendum  crit  ;  bine  sic  argumen- 
tuin  instniitur:  lliii  sentit  lolionem  pedum  striciè  esse 
Sacramenlum,  qui  eani  comparât  cum  R.iptismo  cl 
Eucharistià  ;  alque  ita  S.  doctor.  Ergo,  etc.  —  Resp. 
Xego  sul)S.  Ad  probalioncni  admillo  auclonlatem,  el 
disl.  niajorem  ;  ille  senlil  ,  elc.  ,  qui  lolionem  podum 
ci:m   Baplismo  et  Eueliarisli.à  comparât,  adœqualè , 


nis  de  succcssione  peccalum  ,  quando  cum  supplantavit      fOi!ced();si  iuaduHiuatè  lanlùm  ,  neg.  maj.,  eâdcmque 

serpens,  et  persuasit  errorem  :  ideb  planta  ejus  abluiinr,  j!  dislindione  ad  minorcm  dalâ,  nego  conscq 

ut  iHvredilaria  peccata  toUanlur  :  nostra  cnim  propria  ï\      E.  R.  Non  omiiia  qu:c  invicem  eomparantur  ,  ejus 


pcr  Baptisma  relaxanlur.\ crùm  suam  ipsc  menlem  sa- 
tis apcril  Amiirosius  in  Expos. psal  48,  n.  O.ubiait  : 
Ende  rcor  iniquilatem  cakanci  maqis  liibricum  delin-    \ 
quendij  quàm  reatum  aliquemnoslri  esse  delicti,  mcrilo- 
que  Dominus....  lavemus,  iuquil,  et  pedcs,  ut  calcanei 
lubricum  possimus  auferre ,  qno  fida  slatio  possit  esse 
virtutuni,  et  ne  paterno  qiiis  crrore  labalur ,  qui  suo  pa- 
ratus  est  stare  proposito;  el  non  vietuat  lubricum  hœre- 
ditatis ,  qui  cupit  vestigiuni  tenere  virtutis.  Quo  in  loco 
asseril  pedum  abhilione  auferri  iniquilatem  calcanei , 
q\]X  reatus  delicti  non  est,  scd  lubricum  dclinquendi  ; 
foncupiscenliam  scilicel  désignai,  quai  de  primi  linmi- 
nis  successione  rcmanet  etiam  in  renaiis,  dici turque 
peccalum,  quia  ex  peccato  est,  cl  ad  peccatum  inclinât, 
uljam  deciaravit  Trideiilina  synodus.  Ilaque  Ambro- 
sii  scnteiilia  est,  non  ipsum  originale  poccaUiin  aufer- 
ri, el  graliam  sanclilicantem  Iribui  pedum  abluiione, 
sed  lubricum  peccati,  id  est,  concupisceniiam,  sive  su- 
pcrbiam,  quam  originarià  labe  contraximus,  càdem 
diminui,  majusque  subsidium  sanclificalionis  bapliza- 
tis  accedere,  ut  Ambrosius  ipse  docel  lib.  3  de  Sacr., 
cl.* 
i  !    Inst.  6°:  Quidquid  sanè  sil  de  laudalis  liaclenùs  Pa- 
Iribus  ;  S.  Bernardus  ita  perspicuè  lolionem  pedum 
Sacramenlis  annumeral,  Serm.  in  Cd'uâ  Domini,  nul- 
lum  ut  subterfugio  locum  relinquat.  Ergo,   elc.  — 
Rosp.  :  Distinguo  ant.  S.  Bernardus  apertè  déclarai 
lolionem  pedum  esse  Sacramenlum,  sumeudo  banc  vo- 
cem  conmmniler,  pro  eo  onmi  quod  est  rei  sacra;  si- 
gimm ,  concedo;   siriclè,  quatenùs    significal  lilum 
ex  divinâ    instilulione    sanclilalis   et  jusiitiai   lum 
significandic  lum  cflicicndye  vim  liabentem  neg.  ant. 
Cl  conscq. 


deni  in  onuiibus  nalurit  sunt  :  salis  cnim   est,  quùd 
convciiicnliam  aliiiuam  el  similitudinem  babeaiil;  alio- 

;  quiii  non  comparalio,  sed  œqualio  foret  ;  ila(pic  con- 
ferri  iulcr  se  possunl  ba:c  tria  quatenùs  in  ralione  si- 
gi'.i  sacri  conveniunt;  quis  vero  dubilel  lolionem 
pedum  arcanum  aliquoJ  occultasse,  cùm  summam 
Cbrisli  bumiliialcm  el  charitalem  significaveril,  fue- 
ritque  insuper  mystica  ad  inslilulioncm  Eucliarislioi 
pr;eparalio?  Unde  resislenli  sibi  Pclrodixil,  Juan.  13, 
7  :  Quod  c(jo  facio,  tu  nescis  modo,  scies  autem  poslea; 
quantum  vcrù  spécial  ad  vim  gratis  producenda;,  ma- 
gno  lolionem  iicdum  ab  Eucbarislià  et  Baplismo  di- 
slare discrimine,  ccrla  Ecclcsioe  doctrina  est,  qure  san- 
clum  Bernaidum  non  laluil  ;  quod  vel  boc  uno  argu- 
gumcnlo,  nisi  falIiuMU-,  probabililcr  suadclur  ;  de 
B;iiHismo  et  Eucbarislià  mulla  S.  doctor  in  suis  passim 
operibus  pr;cclarè  dixil,  eonmique  virtulem  verbis 
q';àm  poluit  magnincenlissiinis  pni'dicavit  ;  de  lolione 
pedum  scmel  occasione  Cœua;  Dominica;  est  locultis, 
in  cujus  cclebratione,  lum  codera  observabantur.qua; 
Cbrislus  Eucbarisliani  iiisliluendo  peregerat,  tum  lo- 
tie» pedum,  more  muliarum  Ecclesi;'.rinn,  el  ex  vele- 
rum  monacboruminslilnto  (iebat;  ideù  ilaque  S.  Ber- 
nardus, in  bac  de  Cœnâ  Domini  oralione,  lolionem 
peduin  dixil  esse  Sacrameniimi,  lum  quia  eral  ejus 
conuiiendalio  congrua  tempori,  tum  (|uia  reverà  chri* 
slian;e  liumilitalis  et  cbarilalis  Sacramenlum  ,  id  est, 
sacrum  signum  est,  nec  ultra  progredi  voluil. 

Inst.  8":  AKpii  comparai  sauclus  Bernaidus  lolionem 
pedum  cum  Baplismo  el  Eucbarislià,  etiam  ad^equalè; 
ergo ,  etc.  Probalur  subs.  Ibidem  S.  doctor  sic  lo- 
quitur  :  Appropiriquans  passioni  Dominus ,   de  (jratià 

i  suà  inveslire  curavH  skos  ,  u(  invisibilis  gratin  signo  ali- 


im  QVJEST.  m.  DE  EXISTENTIA  SACRAMENTORL'M  NOVyE  LEGIS.  1250 

qno  visi'.rili  pra'sUircliir  ;  nd  lioc  inslitnia  mut  oiniiia  f  cimo  sorulo  ooii(ciili:i  fuit.  Hugo  cnim  à  saiiclo  Vi- 
Sdcynmc'ila;  ad  hoc  Kucli(iristi:c  pm-liiipiilio;  ad  liuc  j  clore,  Ma;,Mslcr  S(iiiteiili;irum  ,  et  alii,  in  roixis  niorè 
peditm  nblnlio  ;  ad  hoc  di'tiiqne  ipso  liaptisnms ,  i)iiliuin  \  sriciaiiiciilalibiis  lolioiioni  pi.'dimi  repoiiiiiit,  r(  scplcni, 
Sucramailorum  omnium;  liiiic  sic  aii,'iiiiioiiliiiii  poli-  I  iicc  pliii'a  Sacramciila  nov;c  Icgis  adiiiilliiiil  ;  ooilcm 
liir  :  Illo  lolionciii  pcclimi  adi^pial  l>.i|ilisn)()  cl  Ku-  j  ila(]iio  sensu  dcliomus  S.  Hornardnni  oxplicaïc;  ila 
cliarislia',  qui  Iria  ha'c  (piaiiU'ini  ad  \in)  j^rali.i'  produ-  ■    respondi^l  doclisiirnns  Maljillonins  ,  aller,  ni  pra-di- 

,  xi:niis,  ojns  opoiinn  cdilor.  Sacramciili  nomen,  in(pii(, 
h'ic  (joicraiHcr  siuuit,  proiU  non  Uiutiim  vcra  uovw  leyis 
SacniinciHa ,  qualiu  suut  liaplismns  et  sacraiiiciilum 
allai'is ,  sed  cliain  sacrameitlalia  comprcheiidit ,  ijtialis 
csl  abliilio  pednm,  nliàs  sanè  Ilurjo  à  S.  Viclore  illiiis 
'  temporis  sciiplor  soicmnem  Sacratnoitorum  uumeruin 
hubel. 

Solvitur  objeclio  uUcra.  <, 

Obj.  Midiù  iiliira  vidcnlur  iiuincranua  sacramciUa 
qiiàm  seplcm.  Nani  1"  arpia    bcncdicla  ,   aiiaqiic  id 
gonus  pinrinia,  qnie  consocranUir  bcnediclioiic  sacer- 
doluni,  siuil  Sacramenla,  coque  noniinc  ab  anliciuis 
scriploribus,  non  infreqncnlcr  bonorautnr.  2"  Bapli- 
snius  Iriplcx  dislinguitur ,  fluminis,  Ilaminis  cl  san- 
guinis.  ô"  Duplex  csl  Pœnilenlia,  cl  sécréta  el  publica, 
(piaruni   frequens  usns  in  anti([uà  Eccle^iic  liisloriù 
menioraiur.  4°  Eucharistia  sub  unà  panii  spccic  vc- 
I  rurn  est  sacramcnlum  et  inlegriim  ;  ciini  ergo  idem 
Y  de  specio  viui  juxla  fideiu  caliiolicani  sil  diccndinn  , 
|!  consequciis   esl  duo   esse  EucbarisliLC   Sacranicala. 
5"  Exlrenia  Uneliu  pluia  videlur  coniplecli  sui)  uno 
génère  Sacramenla  ;  nani   nncliones  in  sonsuuin  or- 
ganis  etaliis  corporis  partibus  diverbac  fiuni,  babenl- 
que  bingula:  formam  propiiam.  G'  Vol  unius  Ordinis 
quàni  nuilliplcx  propagalio  est.  Nani  pnelcr  presby- 
leralum,  diaconalum,  el  subdiaconalum,  quatuor  mi- 
nores ordines  dislinguunlur,  iisque  mcrilô  episcopalus 
adjuDgilur,  in  quo  sacri  niinislerii  cubnen  csl  cl  fasli- 
giuni.  7  "  Deni(iue  professioueni  nionaslicani  Gricci  iii 
iiii.'iicro   Sacranicntorum  aibnillunl.    Ergo,    clc.  — 
Resp.  :  Ncgo  anloccdcns  ;  ad  probalionem  singula  ca- 
pita  resolvo. 
Ad  prinmni,  distinguo  anlcced.  :  Aqua  bcncdicla, 
\  et  muUa  aiia  bnjus  gcncris,  sunt  Sncranicnta  ,  iatiorc 
quodam  sensu ,  conc.  ;  stricte  et  propriè ,  iieg.  :  sic 
R.  S.  Thomas,  5  p.,  q.  6j  ,  art.  1 ,  ad  6  :  Sacramen- 
laliu,  impiit,  illasunt,  non  sacramenla,  quia  non  perdit' 
cunl  ad  Sacramcnli  cjjeclum ,  qui  est  graliœ  conscculio, 
sed  sunt  disposilioncs  quœdam  ad  Sacramenla  ,  vcl  re-, 
movendo  prohibens  :  sicul  aqua   benedicla  ordinattir 
contra  insidias  dœmonum  ,  et  contra  peccala  venialia , 
vel  etiam  idoncitatcm  quamdam  faciendo  ad  Sacramcnti 
perccptioneni  et  perfeclioncm  ;  sicut  eonsecranlur  altare 
et  rasa  pro])ter  revercntiani  Eucharistiœ.  lia  S.  doclor, 
cl  nicrito  qiiidem  ,  cùm  aqua  benedicla ,  et  pleraquc 
bujus  gonoris,  ncc  divinam  inmicdiatè  instilulionom 
iiabcanl ,  ncc  grali.v  ex  ipso  opore  confcrcnd.i- virlu- 
tcm ,  '^ino  qnibiis  vorinn  slarc  Sa«^ran)on(uni  non  po- 

tPSt. 

Ad  socuixbni),  disiincuo  iiariicr:  Baplismuslripiex 
dislinguiliu',  proplor  analogiam  ([iiamdani ,  concodo  ; 
strict'"',  ila  ul  iiabcanl  singula  parilcr  ralionom  Saora- 
niculi ,  ncgo. 


ccnda;  paria  facit  ;  atijui  ita  S.  I5crnaidns;  ergo,  clc. 
—  Resp,  ?>cgo  subs.;  ad  prob.  admillo  auclorilaleiu,  ; 
cl  conccssà  maj.,  ncgo  min.  Nam  tria  bac  non  aliter  j 
comparât,  nisi  (luatcMÙs  in   aTuiuà   gcncrali  Sacra- 
mcnti dclinilionc  convcniunl.   Sacramcnlum,  inquit , 
dicltur  sacrum  siijnum ,  sive  sacrum  secrelnm  ;  poirô 
loiio  pcdum  sacrum  sigiuun  csl,  ut  pranliximus  ;  iiibil 
ilaqne  ujjirum  quod  tria  h;cc  iudiscriminalim  Sacra-  | 
menta  vocavcrit ,  per  qu;\;  Dominusappropinquans  pas-  \ 
sioni ,  de  gralià  suà  invcslire  curavit  suos ,  ut  iiivisibilis  | 
(jratia  signo  aliquo  visibili  prœsturelur. 

Inst.  9°  cl  nltinio  :  Atfpii  ccnsel  S.  Bcrc.Trdus,  lo 
tioiîcm  pcdum,  graliani  cl  pcccatornni  rcsnissioncm  | 
pari  virtiile  operari  quà  Rajjlisinns  et   Eucbarislia  ;  | 
ergo  ;  clc.  Pr.  subs.  ex  verbis.  S.   doctoris  ibidem  : 
iVrtjfi ,  inquit ,  ut  d^  rcntissione   cjuolidianorum  mi)iimè 
dubitemus ,  habciinis ,  cjus  SdcraincuHim ,  pcdum  ublu- 
lioncm...;  vis  autem  nosse ,  quia  pro  Sacramenio  illud 
est,  non  pro  solo  exemplo  factum?  Illud  attende  quod 
Petro  diclum  est  :  «  Si  non  lavero  te,  non  hubebis  parlem 
mecnm  ;  i  aliquid  iqilur  latet ,  quod  necessarium  est  ad 
snlulcni,  qnaiido  sine  eo  ncc  ipse  Petrus  partem  haberet 
in  reijno  Clirisli  cl  Dci  ;  liinc  sic  informatur  argumen- 
tum  :   llle  exislinial ,    lolioncn)  pcdum  graliam  ex 
opère  operalo  producere,  qui  dicil  sub  illà  lalere  ali 
quid,  quod  csl  ad  salulem  necessarium  ;  ahpii  ila  S 
Bern,   Ergo,  clc. —  Resp.  :  Ncgo  sub.;  ad  probalio- 
nem, adînillo  auctoritalem  ,  et  nego  major.;  ut  ciim  | 
vcrc  licc  dicUnu  fuoril,   salis  est  quod  ex  parte  rei 
bigni(ical:e  necessaria  sil  ad  salulem   lolio  ptdum , 
ciiamsi  ex  modo  operandi  necessilalem  nullam  lia- 
beat;  atqui,  quantum  ad  rem   significalam ,  prorsùs 
necessaria  est,  quia  signum  est  buniilitatis  cl  ciiaii- 
lalis,  sine  qnibus  ncinini  in  cœlum  palcre  adiluspo- 
test  ;  ergo,  etc.;  quid  quod  si  rcspectus  peccalorum 
vcnialium  babealur,  neqiie  hoc  modo  polest  lotio  \)c- 
duni  dici  necessaria  ad  salulem,  quia  ul  ibidem  babcl 
S.  doctor,  ba!c  peccala  non  sunt  ad  mortem  ,  id  est, 
ncniincm  ab  iclcrnà  sainte  c\cludunt. 
Monilum. 
Ilrccque  ad  dcfcnsionem.  S.  Bernardi ,   prolixiùs 
forte  quàm  par  crat ,  dicla  sint;  jam  si  cui  de  mente 
cjus  adliuc  scrnpubis  insidct,  memincril  vcrba  Pa- 
Irum,  si  (piaiido  communi  EcclcsiLC  doclriucc  contraria 
vidcanlur,  non  debcie  ad  summum  rigorem  accipi , 
«cd  lum  ex  aliortun  qui  câdeu)  x'iale  flonierunl ,  lum 
ex  nnivcrsalis  Ecclcsia;  sensu  emollienda  ;  alqui  Ec- 
cbsia,  quam  dubio  procul  S.  doclor,  ducem  in  om- 
nibus sequebaïur,  licèt  loiioncm  pcdum  inicr  sacra- 
menialia  scmper  babuerii,  nunquàm  lamen  posuil  in 
numéro  riluuni ,  qnibus  convcnil  graliam  ,  virlule  di- 
vinitùs   accepta,    infuiulcrc;   cadcmqiie   scriptorum 
Iternado  ro;ciancorum  aui  propt^  aqnaliuiii ,  ibtodc- 


J2ol 


PE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACUAMKNTIS  IN  GENERE. 


l^oS 


E.  R.  Iilcù  tria  Iia'C  (liciiiitiir  cssc  haplisiiial;! ,  (piia 
\ià  ii-iplici  salvari  Iioiniiics  itossiml,  siilicct,  vel  Bap- 
lisimuu  rcverà  suscipieiulo,  vel  marlyriiim  pro  Clirisli 
iioinino  iDlcraiido  ,  vi-l  déni  pic  per  contrilioiicin  cor- 
ilis   cimi  volo   l.ivacri   conjunclam  ;    propric   lanieii 
Roliis  a(iu  0  baplismiis  est  Sacrameiilii:ii  ;  nain  niar- 
lyriuiri  non  est  à  Ghrislo  iiistiUilum ,  ut  foicl  aclio 
sacra ,  ci"i:n  in  carnifice  scrviiin  Dei  niaclaiile  gr.ivis- 
sliiuun  criiucii  sil,  licèt  in  niarlyre  paliciile  sil  he-  j 
1  oiox  rorlitiulinis  argumenluin  ;  deinde  contiilio  cor-  j 
dis,  ciini  Iota  inlùslateat,  rilns  sensibilis  etcxlcnius  ! 
dici  non  polesl;  adcôipie  nec  Sacramcnliiin 


niciito  expciideliir;  iiilciini  no  Icclorpendtiliislucreat, 
poiiinuis  tanquàin  certiim  : 

1"  Uiiclinncrn  S3;piiis  in  divorsis  cnrporis  parlibus 
iU^raiidain,  pnx'cepli  diviiii  non  cssc  :  ait  cnim  R.  Ja- 
cobiis  biijus  niyslcrii  praco,  Episl.  Jac.  5,  li  :  Infir- 
nialiir  (piis  in  vobis  ?  Inducat  preâujlcros  Ecclcsiœ  ,  cl 
orcnt  snj>cr  cttin,  uitrioitcs  cuiii  olco  iii  noniiiw  Ihmin'i; 
nec  ultra  (piidipiain  prx'cipit. 

T  iXiillo  i)laiisibili  argiiiiiento  probari  posse,  priinis 
Eccle.sin!  scculis, i)lurcs corpoiis  parles l'uisse  iimnclas, 
et  Ibrmani  sa-piùs  ilciataiii;  imô  unam  lanliini  ali- 
qiiandiù  sacro  oleo  deiibutani  ,  argnniciilis  non  con- 


Ad  lerliiim,  disliiigno  :  Duplex  est  pœnilcntia  ,   et  jj  iciniicndis  conficilnr;  iiiliil  ila(pio  niiiniin,   si  coniimi- 
discrinieii  nnius  ab  allrrà  à  inerà  disciplina  dcpciuiet,  |  nis  liieiilogoriim  docliina  sil,  iirgenle  iiecossilale,  per 


cono.;àCbristiiiislilnli()ne,iiego;porrùcùmpœiiitentia  \ 

jtrivala  el  piibliea  différant  taiilùni  pciiès  niodiim   et  ] 

cxlcriiain  discipiinam  ,  ad  unum  ideinipic  perlincnt  | 

Sacramenliiin.  proul  suimis  sno  luco  fusiiis  ostensnri.  ^ 

Ad  (piarUim,  dist.  anl.:  Eiicnaiislia  sub  unà  punis 
specie,   iiilegnini  est  Sacranien\iini ,  inlegrilale  rei 

conlcnt;ic  coiic;  inlegrilale  signi  (l),nego  anlecedeiis.  \ 


unam  unclionem  unaiiKpic  fornue  enuiilialioiicm  Sa- 
cianientum  perfici  ;  qiiod  sanè  non  diccrcnt,  si  plures 
ex  iiislilnlo  divino  retpiiri  arbitrarcnUir  ;  (piia  lioino 
non  polesl  legeni  siii)reini  Doiiiini  pro  arbilrio  iinnui- 
larc.    ' 

Ad  scxlnm  :  Non  est  rcspoiisio  difficilis;  conccsso 
ciiiin  anleccdentc,  nego  coiiseq.,  qui  et  qiiatcnîis  sub- 


E.  R.  l:i  Eucliarislià  duo  dcbent  altcndi  :  res  signi-  \\  diaconalui,  eoqiie  iiiinoiibiis  ordiuibns,  ralio  Sacra 


bcala,  cl  sigiiilicalio  ipsa  ;  res  sigiiificala  est  CbiisUis, 
siib  Eiicliaiislicis  speciebus  realiler  conleiiUis;  qiiau- 
lùm  vcro  ad  siguillcalioncm,  spiriliiale  convivium  est,  \ 
habcns  aliiinain  cnm  luitriinenlo  corporali  proporlio 
iiein  ;  jain  faleor  eiini ,  (pii  unam  lanlùm  spccicin  : 
sumit  ,  iiitegrum  rccipero  SacraincnUim  ,  babilà  ra-  ; 
tione  ici  conlcnla;,  quia  sub  uiuKpjàqne  specic  lotus 
est  Cbristus  ,  prout  concilium  Tridentimiin  defiiiiit  : 
sess.  13,  can.  3.  Sed  ncgo  rccii;crcSaciainciiUim  inlc- 
gnun  quanliim  ad  sigiiilicalioncin ,  quia  divinuin  boc 
convivium  species  una  pcrfeclè  non  repriescnlat. 

Ad  quinluni ,  nego  antcced.;  ibi  enim  unum  est  et 
siniplex  sacramcntum  ,  ubi  unus  est  (inoralilcr  scili- 
cet)  riuis  sensibilis,  ex  inslilutione  Dei,  sauclitalis 
et  jnslili;c  liini  signiiicaïukc ,  luin  cClicieiukc  viai  lia-  ; 
bcns  ;  alqui  Extrema  Uncllo  est  bujusmudi;  nam  quùd 
in  sensuum  organis  et  aliis  corporis  parlibus  diilribulè 
iial ,  loiideiiupic  vicibus  forma  convenions  repetatur , 
non  inagis  iioc  probal  rilus  esse  ex  essenlià  divcrsos  , 
quàm  si  quis  conleoderel.  Raplismuiu  oliin  ,  quaiido 
Iriplici  imniersione  cunsecrabalur ,  Saerainenti  uni- 
talcm  non  bi-.buisse  ;  ilaqiie  licèt  sil  unctio  el  oratio 
multiplex ,  uiium  taincn  est  Sacranieutiun  ;  (juia  ad 
unum  (ineni ,  unum  elVeclum  unanuiue  graliain,  lia;c 
omnia  ex  Clirisli  inslilulionc  leteruuUir. 

rirùm  vero  phires  corporis  parles  neccssario  inungi 
debeanl,  ut  conslel  voriias  Sacramenli,  suo  loco  pro 

(i)  Duoi  species  eo  (piidcm  scr.su  ad  signi  inlegri- 
talem  rcquininlur  ,  (piôd  amba;  rem  signidcaïuiam 
j)lanins  el  vividiù-;  exprimant;  peri'eclum  cnim  con- 
vivium clariùs  oculis  subjiciunl;  sed  non  ealeuiis  ne- 
cessari;€  sunt ,  ul,  unà  delicienle  ,  alia  rem  signilican- 
dani  non  suilicicnler  exprimerel  ,  nec  proindejain 
manerel  Sa(;ranieiiluni.  Enimverô  sola  species  panis  ,  \ 
V.  g.,  suflicieiiler  oxpriinit  Clirislmn  ,  ci  (piidem  lo- 
lum,id  est,  ipsius  corpus  et  sanguinem  ,  nosliuin 
essecibuni.  IgiUir  una  si^ccies  suflicienlem  sigiii  inlc- 
tîrilalein  babcl.  rroiudc  nialerialiler  (piidcm  duo 
fuiil  saciaincnta,  al  unum  csl  inuralilcr.         (Edil.j 


menli  convenial ,   dicluri  ali(|uaiido  sumns  ;    irlerim 
sulbcial  observarc  divcrsos  (pii  mmieraulur  oïdincs  , 
cùm  ad  unum  omncs  fniem  conleudaul ,  et  ad  sacer- 
dolium,  quod  csl  principale  minislcrium,  rcrcraulur  , 
snl)  uno  geucricè  Sacranienlo  conlincri,quod  nimirùm 
se  liabcat  ad  siiigulos  ,  sicut  tolum  polenliale  ad  par- 
tes sibi  snbjeclas  ;   ila  respondel  S.  Tliomas  Suppi. 
q.  37,  art.  l,  ad  2  :  Ordinis  divisio,  iiiquil,  /((  majorer 
cl  minores  Oïdincs,  est  tolins   potcatdlivi,  ctijus  lace  est 
nalttra,  qtibd  tolum  secitndiim  complcUim  rdlioncm  est 
in  nuo  ,  in  aliis  autcm  est  aliqua  purticipalio  ipsius;  tola 
enim  pleniludo  Sacramenli  liujus  est  in  une  ordinc,  sci- 
licel  sdccrdvlio  ,  sed  in  aliis  est  qiia'dam  participiilio or- 
dinis... cl  ideb  omncs  ordincs  snnt  Uiium  Sdcramcntiiin. 
Ad  seplinmni  nego  anl.  ;  conslal  enim  ex  pra'diclis, 
Gra-cos  nuuquàm  plura  numeràssc  Sacrameutaqnàm 
seplC!ii;quod  verô  aliqui  visi  fuerint  nuuiasticam  pro- 
fessionem  sacro  numéro  adjiccre,  vel  polesl  exponi  do 
Siicrasiieiito  gencralim  el  coninmiiiler  siini|tlo;  vel  di- 
condum,  singnlareni  paueonim  bomiuiini  opinioiiein, 
conlra  universalis  Ecclesiac  (iùein  iiihil  lacère;  (paaiido 
enim  lidci  dogniala  defcndunliir,  non  qiiauilur  qnid 
bic  vel  ille  scnserit ,  sed  ab  anliiiuilale  ,  conscnsioiic 
el  univcrsil:ileargunu'iila  pelunlur. 
§  5.  Propomintiir  et  resohmntur  aU(jmv  quœslioncs. 
Quan-es  i"  cur  Cbrislus  sepicm  iiislilucrit  Sacra- 
!  inenla  ?  —  Resp.  r  (juia  sic  placiiil,  nec  pulanius  ccr- 
liorem  ad  quu'sila  biijiisinodi  afferri  jiosse  resp'.iiisio- 
nem;  stulluni  naïuque  est  carum  rerum  causas  curiosè 
inqnirero,  quarum  ralio  tola  est  volunlas  cl  polculia 
l'iuienlis;  si  voluisset Cbrislus,  plura  esscnt  vel  pau- 
ciora  ,  ideù  ilaiiue  seplcuario  mimcro  concludiinlur  , 
(juia  ila  visuinci  est,  liabeUpi;'  bic  locum  opporluiuun 
(piod  velus  poeia  in  causa  dissimili  cetiuil.   .Iiiveii. 
salyrà  G  : 

Hoc  volo,  sic-jubco,  sil  pro  rdlionc  volunlas. 
Kesp.  2"  ne  vidcar  '..p'-i  tiere  alioriim  judiciiim  ,  bu- 


QU^EST.  m.  DE  EXISTENTIA  S.VCR  VMK.NTOIIUM  NOV^  LEGIS. 


1233 

jus  instiltilioitis  congniciilos  cniisns  alToni  posso  (1). 

riiiiin  r.r.i'conim  coiimuiiiis  est,  qui  volimt  seploin 
doiiis  Spirilùs  saiicli,  que  I>.iias  ,  ci,  v.  2,  Chrisli 
prDpri.i  fiilura  esse  pra'dixil,  totiileni  in  legc  iiovà  Sa- 
crainciiln  rospondere  ;  sicnt  scplcm  suhI  dona  Spirilùs 
smuli ,  iiKpiil  Ji-reiuias  patriaiclia  CuiistaiiiiiiopuJila- 
liiis,  supra  laiidatiis,  ita  scplcm  siDil  Sacramotla  ,  quœ 
Spiiitiis  saiicliis  opcr.'iluy ,  rosp.  l,p.  77.  Qiià  aiilCMi 
lalioiie  siiuin  clique  dono  SacranieiiUim  coiivcuial , 
(pii  scirc  dcsidcral,  CnTcosipsos  considal,  nobis  Ciiim 
lia:o  pcrse<iiii  n.'C  otiiim  est,  née  volunlas. 

Seci'iida  est  Lalinorum  ,  quain  à  S.  Tlinmâ  acce- 
plani,  3,  p.,  q.  Ou,  arl.  1  ,  in  c,  conciliiTridcnlini 
Caiechisnius  cleganlissinjè  explicat,  his  verbis,  parle 
2,  tit.  de  Sacr.,  n.  18  :  Callwlicœ  icjilur  Ecclesiœ  Sa- 
craineuta...  seplenario  numéro  defuùta  sunt.  Cur  autcm 
ncquc  plurn  ,  nequc  pauciora  imiiicrciilitr,  ex  iis  elicim 
rébus,  quœ  per  simililudiiiem  à  nalurali  vilù  ad  spiritua- 
Icm  (ransfcrunlur ,  probabili  quâdain  ralione  oslendi 
polerit.  Ilomiiii  eliam  ad  livcudum ,  vitamque  conscr- 
Viinddui,  cl  ex  suâ  ,  rcique  publicœ  ulilitnle  Iraducen- 
diiiii,  lui'c  scplcm  nccessaria  vidciitur  :  ut  sciliccl  in  lu- 
ccni  ednlur,  augcnlur,  alalur,  si  in  morbuin  incidal  , 
sanetnr,  imbecillilas  virium  reficialnr  ;  dcindè,  quod  ad 
rempublicam  allinel ,  ut  macjistralus  nunquàm  desint  , 
quorum  auclorilate  et  impcrio  rcgntur  ;  ac  postrcnib  lé- 
gitima sobolis  propngnlione  scipsum  el  humamun  gcnns 
conservel.  Quœ  omuia  quoniam  vitœ  illi  ,  qnà  anima 
Dco  vivit,  rcpondcre  salis  appnrel ,  ex  iis  facile  Sccra- 
vientornm  immcrus  colligclur. 

Pri>nus  eniin  est  liaptismus,  veluli  cœlerorum  jiin}ia, 
qno  Cliiisto  renascimur.  iJcinde  confirmatio,  cujus  vir- 
ilité fil,  ut  divinù  gratta  angeamiir  cl  roboremnr...  Tiim 
F.ticharislia ,  quà,  taiiquàm  cibo  verè  cœlcsli,  spiritus 
nosler  alilnr  et  susliiictur;  de  eh  enim  diclum  est  à  Sal- 
valore,  Joaii.  6,  56  :  «  Caro  mca  verè  est  cibus,  et  san- 
«  guis  meus  verè  est  polus.  »  Scqnilur  quarto  loco  Picni- 
tentia,  ciijus  ope  saiiilas  amissa  restituitur ,  postquàm 
peccati  vulnera  accepimus.  Postcà  verb  Extrema  Vnclio, 
quà  pcccatorum  reliquiœ  lotluntur,  et  animi  virlules 
recrcantur.  Si^iuidcni  D.  Jacobus,  ciim  de  hoc  Sacra- 
inenlo  loqucrctur,  ila  testatus  est,  Jac.  5,  ITi  :  i  El  si 
i  in  pcccatis  sit  remittnitur  ci.  >  Seqiiiliir  Ordo,  qno 
publica  Sacramenlorum  tninisteria  pcrpclub  in  Ecctcsiù 
exercendi,  sacrasque  omncs  funeliones  exequendi  potes- 
tas  Iradilnr.   Puslrcmb  additur   Matrimonium .   ut  ex 


12.SI 


(1)  Ilic  annolarcjnvat  seiitoiiarimn  bniie  numcrum  ! 
niyslerio  plénum  videii ,  nlpolc  (|iiein  Deus  siiigidari 
observaulià  prosequitnr.  Ceiilies  enim  in  Scripliiris  le- 
gilnr,  (pianivis  nuila    à  no!)is   ralio  pns^it  aMerii  eiU'  : 
si<v  à  Di'O  eliyalnr  prx'  c;elciis  :  v.  g. ,  nniverso  ()ii)e 
intra    sex  dies  crt-alo  ,   die  s('|)li!iià   Hcns  ab  opeic  • 
qnieseil  ;  seplem  adslanl  eoram  ipsins  Ihroiin  spiriins;  ] 
aureo  eandi'labro  sepleni  braeliia  assnij,'ere  jnbel;  sa-  i 
pien(i:e  donius  seplcui  cohnnnis  fulcilnr;  in  Apoculyp-i  : 
Filius  iioniinis  seplem  insignilar  dulibns,  seplem  sunl 
piagae,  totidem  plii;d;e  ;    seplem  signarniis  elaudiUir 
liber  il!e  falabs,   (jni  Joamd  o>!enditur ,  etc.,  etc.; 
dcnique  omnia  l'crè  que  in  Apocalypsi  nolalu  digna 
sunl,  codeni  exislunl  innnero.  L'ndeeolligi  posse  vi- 
delur  seplenariun)  numcrum  spceialil(  r  Deo  graïuni  ! 


viariti  cl  fcminœ  légitima  cl  sanclà  coujunclione ,  filii 
ad  Dci  cullum,  et  liumani  gencris  conservationem  pro- 
crcentur,  et  rrUgiosc  cduwntni . 

Quivrcs  2"  ulrùni  paris  omnia  Saeranienla  sint 
diguitalis?  —  F\esp.  négative  :  quanqnàm  enim  ma- 
gnum onniia  cl  singida  splendorem  habeanl,  (piia  di- 
vin;e  rcs  sunt,  lalendum  tamcn  saeram  Kuebaii--,tiaiu 
iongè  caMeris  anleeellerc  ,  quia  non  rivulum,  ul  roli- 
qua,  sed  IVinlem  omnium  graliaruni  ennlinel  (ilu'i- 
slnm  ;  cl  per  illani  fil ,  ul  bomo  verè  nianduect  car- 
nem,  et  bibat  sanguinein  Salvaloris.  Quo  cxccllentius 
ali(piid  non  modo  esse,  sed  ne  eogilari  quideni 
polesl. 

Quùd  si  alia  invicem  cenfcrant-ir ,  lacilè  inlelliget 
tbeologicc  candidalus  ,  non  .ncqualeni  singula  gradurn 
dignilalis  haberc  :  sic  enim  Ordo  in  comparalionc 
Malrimonii  profeclô  pr.cslaulior  est.  Idemipie  de  I>ap- 
tisnio  el  Con(irn)alionc  comparaiè  ad  Pocnilenliam  cl 
Exlreman»  Unctionem  est  diccndum.  Hinc  coneilimn 
Tiidentinum  sess.  7,  de  Sacramcntis  in  gcn.  eau.  5  : 
S)  quis  dixerit,  inquif,  liœc  seplem  Sacramcnta  ila  esse 
'  inlcr  se  paria,  ul  nuilà  ralione  aliud  sil  alio  dignius  , 
anatliema  sit. 

Quiercs  5"  ulrùni  omnia  et  singula  sint  ex  ;equu 
unicuique  nccessaria?  —  Ilesp.  négative;  nom 

1"   Qiiisquis  atlenderit  ,   facile   inlelliget   qux'dani 

toli  reipublieie,  alia  fideli  cuilibct  convenire  :  in  pri- 

:   nio  génère  sunt,  Ordo,  quo  Ecelesia  regitur,  et  .Ma- 

^  irimonium,  quo  nova  in  dies  so])olescrescit,ut  postca 

l   in  domum  Dci,  et  societatem  sanctoruni  perlavacruui 

regencrationis  cooptelur  ;  in  secundo  quinquc  reliqua 

I  numerantur,  Iîa[)tismus,   Confirmatio  ,  Eiiciinristia  , 

l'œnitentia  et  Extrema  Unciio  ,  quai  ad  cujuslibet  sa- 

liilem  condncurd,  et  suo  quocquc  mtido  inscrviunt. 

Ilabctque  bic  locum  cclebris  canonislarum  distin- 

li  clio ,  nui  Saeranienla  sic  parlinnîm*,  ut  aiia  ncccssi- 

tulis,  alia  vohintatis  appcllcnl  :  ncccssitalis  diennt  c^sc 

Baplismum,  et  alia  quatuor  quœ  sequunlur  :  Quœ  om- 

q  via,  inquit  PaulnsLancellotiiS,  Inslil.  juris  Canfsn.  lib. 

2,  §  1,  (i.d  parlicularcm  cujusqui  profcclnm,  sunt  prin- 

'  cipalitcr    inslitula  ;    atque   adcb   sine   in'.eritu  s(dHlis 

œternœ  prœtcrmitti  el  conlemni  non  possnni  :  VoliaUatis 

appclhuii ,  qurc  sine  salulis  dispeudio,  pro  cujusque 

arbilrio   rceipi  possunt,  nul  negligi,  oido  seilicet  et 

matrimonium,  non  ad  enjuslibel  sahitem  ,  sml  ad  to- 

lius  EeelesiGC  profeclum  aUpie  sulisidiutn  prinripaliter 

pertinenlia, 

2"  Sed  ne  ca  quidem,  qu.x;  pr;vdiximus  esse  unicui- 
quc  nccessaria,  pari  gradu  nocescilatis  bomiiicm  pre- 
niiuît,  quaidam  enim  quia  média  sunt  ad  saiutem  di- 
vinilùs  eomparala,  neec?silatem  incdii  important,  sine 
quo  niniirùm  finis  baberi  non  poîest  :  qnomodo  Bap- 
tismuscuilibel ,  sailcni  in  volo,  Pœniteniia  iapsis  post 
RapU^mnm  nccessaria  sunt;  alia  verô,  non  idcô  quia 
medii  viin  bai)ent  ad  finem  eondueendi,  sed  (juia  sinil 
divinilùs  impcrala,  suscipi  oporL-M  ;  bmicque  necessi- 
talis  graduni  Co;ifiri;iatio ,  l-luebarislia  el  Extrema 
l'nclio  non  cxcedunt  :  unius  enim  dioi  infans,  si  ac- 


t'gse. 


(Edil  )        i  ceplo  '';i|ili.sniale  nii'iiliw,  >iue  dubilalione  salvatur  . 


i25! 


DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1255 


ctiamsi  r('li(|iin  non  susccpcrit ,  iinô  iicc  dcsiderarc 
poUieril;  docliiiia  lia'C  eslcoiicilii  Tiidenlini,  il)idem, 
can.  4  ,  sic  defiiiionlis  :  Si  quis  dixcrit  Sacmmcnln 
iiovœ  Icgis,  non  esse  ad  salulcni  iiccessaria ,  sed  siiper- 
flua;etsine  cis,  aut  eorinnvoto  pcr  solnm  fidcmliomincs 
à  Dca  (jratiaiu  jnsli/îcationis  adipisci,  licèl  ojiiiiia  shujttHs 
neci'ssarin  non  sinl  :  (inathema  sit. 

QuaTCS  4"  qiKic  dicaiilii"  Sacraincnla  vivoviini?  qa.\î  h 
niorliionini  ?  —  Resp.  1°  aj)pellari  Sacranienla  vivo-  l 
vwn,  (]nx  fidclibus  saiictificaiilc  gralià  aiiinialis  pr;TC-  l 
bciidu",  qiialia  sunt,  Coufirmalio,  Eiicliarislia,  Extrema  } 
Uiictio,  Ordo  et  Malrimoiiiiiin;  (|ii;jo  iii^-i  jtislis  coiife-   l 
ranliir  ,   iiediini  viiaiii  spintuak-in  i)ronioveaiit ,   co  \ 
dcspcralins  pcriniuiit ,   quùd  gravissiniiiin    sccliis  sil  î 
rcs  saiictas  inalù  Iraclarc.  Resp.  2"  dioi  iiiorlnomni  | 
Sacramonla,  qiirc  hominem  à  slalu  iiiorlis  ad  vilain 
spiriliialom  li'aiisferiiiit,  (\ux  niinirùiii  priiiiani  t^raliain 
saiictilicaïUeni  ooniiHUiiicaiil  ,  et  hiijiisiuodi  duo  sunt,  ; 
IJaplisnuis  cl  PœniUiilia  ;  piT  Baplisnnim  enini  nova  l 
iii  Chrislo  crcalura  renascitnr ,  et  liOino  ex  ininiico  l 
Dei,  aniicns  fif;  Pœiiilentia  vcrô  non  conceditnr  nisi 
lapsis  :  uiide  dicta  est ,   seciuida  posl  iiaulVagiinn  la-  \ 
bula  ;  quà  aulein  ralione  aliqiiando  i*anilemia  sil  Sa- 
cranicnium  vivenlinm,  niortuorum  verô  Eiicliaiislia 
cl    Extrema    Unclio ,   suis   locis  accuraliùs   exp.^n- 
delnr. 

Qn;eics  o"  ulrîiin  ,  ponès  eirecliun,  onniia  Sacra- 
nienla a:quiparenlin-? —  Resp.  négative;  iiani  1"  est 
aliquis  cffecUis  iion  conununis  omninin,  sed  Irinni  pe- 
culiaris,  Baplisnii,  Confninalionis  cl  Ordinis  ,  qncni 
cliaraelerein  a|)pellanl ,  signaculinn  scilicel  spiiiliiale 
cl  indélébile  anuna;  inipressiini  ;  quo  (il  ut  iicrari  ncc 
possiiil  ncedebeant,  cùni  senicl  rite  accepta  senip^r 
niancanl  in  aliqiio  suo  eflcctn,  qui  nullà  pcrversitale 
deperdi  polest  ;  è  contra  veiù  idcù  c;elora  Sicranienla 
iicrari  sa-piùs  ijossunl  et  repeti,  (piia  gratia  quain  con- 
ferunl ,  adveniente  peccalo ,  cvanoscit ,  cuni  quo 
sociari  non  potesl  ;  qnan(iuà:n  eiiiin  (ut  tacil:.e  oljje- 
clioui  rcspondeanius  )  vinciduin  Matrimonii  sit  in- 
dissolubile,  celernuni  lanien  non  est  pulandiim  ,  qnia 
allerulrius  conjngnin  morle  abrunq>iliir ,  ctiamsi  nul-  '■ 
hini  peccatum  prxcesserit  :  Qiiœ  snb  viro  est  imdier,  I 
inqnit  Aposlolus  ,  Rom.  7,  2 ,  v'wente  vira  ,  alUijnla  est  \ 
legi  :  si  auteni  morluus  [ncrit  vir  cjus,  soliita  à  letje  viri  ; 
ilaquc  saîpiùs  iniri  posse  Malrimoniinn ,  non  est  du- 
bium. 

2"  Quantum  ad  graliam  spécial ,  in  lioc  differunl 
Sacranienla,  qnod  non  eamdeni  liomini  pra-slent  ;  non 
unius  enim  inodi  sanciilicatio  in  omnibus  est,  sed  pro 
Sacramenlorum  diversitate,  diversa  ;  bine  per  b'aiili- 
smum  spiriluaiiter  boino  renascilur  ;  pcrConlirmalio- 
jiein  roboralur  ;  nnlrilnr  per  Eucbarisliam  ;  Pœnilcn- 
ti;'i  sanatiir  ,  plané  pcr  FAlrcmam  ['ndioneni  pnrgalur 
alqne  reficitur;  pcr  Ordinem  regimini  Kcclesi;e  (il 
idoneus  ;  per  Matrinionium  dcniquo  fil,  ul  sil  lionora- 
bite  connitbium ,  et  tliorus  immcicnlalus ,  Hebr.  13,  4. 
Krgo  sicul  ritu  et  significalione,  ila  en'ectu  dislinguun- 
tur;  in  boc  tamen  gencralim  conveniunt .  quùd  pro- 
ducendic  vcl  angciKlce  sanctificanlis  gratirc  viin  omnin 


cl  singula  Iiabcant  sibi  diviniliis  allribulain  ,  quam  ut 
ubiriùs  expliccmus,  sit 

'  Quastio  sexla  et  ullinia,  an  in  cœlo  aliqua  fuUira 
sinl  Sacranienla.  —  Rt'spoiisio  negaliva  omnino  est, 
dicimusqiic  nuUum  penilùs  Sacramentum  pro  lionii- 
nibtis  in  coîiesli  glorià  bealis,  aut  specialiter  inslitu- 
lum  fuisse ,  aut  ex  iis  CjUie  mililanli  Ecclesix  dcser- 
viunt,  relinenduni  esse.  Et  sanè  ut  quid  in  statu  gloriic 
ponenda  sunt  Sacranienla,  qu;e  ncc  in  slalu  innoccn- 
li;e  ,  lamelsi  longé  disparis  perfcclionis,  congrua  re- 
putanlur?  Quid  opus  est  signis,  ubi  veritas  est  in  pro- 
patulo,  cl  non  pfr  speciduni  et  in  œnigmale,  sed  f'acio 
ad  faciem  conspicilur?  Quid  opus  lidei  adniinicidis  et 
cxcitanienlis,  ubi  lides  locuni  r.on  babet,  ncc  cxerccri 
polest?  Quid  facicnt  inslrumcnla  sanclificalionis  ,  ubi 
sanctitas  non.acquirilur,  ncc  augelur  ,  sed  lerniinum 
assecuta  pnemio  suo  friiilur?  Pra'serlim  verô  cjus- 
niodi  Sacranienla,  qua-,  vialoribus  diversis  in  slatibus 
divinitùs  instiliila  fiière,  bealis  quoque  communia  fti- 
cere,  penè  delirium  est;  cùni  bxc  in  mcdicauicnluni 
peccatorum,  et  in  cegritudinum  spirilualium  remédia, 
qua>  .à  beatiludim;  a'iernùm  excludiintur ,  conlempe- 
rala  fucrinl.  Quod  si  allioris  generis  Sacranienla  illic 
celebrari  conlingas,  pelimus  ul  nobis  illorum  idea  ali- 
(jua  prabcatur,  conipositio  cxplicclur,  parles  dis^lin- 
guanlur,  elTeclus  in(ligilent\u'.  Quùd  si  in  iis  commi- 
niscendis  féliciter  adeô  processeris ,  ul  ridicula  et 
alisurda  devites,  s<  iscilabimur  landeni,  ut  nobis  apc- 
rias,  undè  ipsc  didiceris,  qiue  ncc  Paulus  raplus  ad 
lertiuin  cœlum  coiiiinenioravit. 

Sed  ne  in  incerlum  vibremus  ictuni,  lioslis  est,  qucui 
direclô  inipctaiiius ,  nimirùm  Complulensis  quidam 
liicologus  à  PP.  Salniaiiliccnsibus  rclatus  et  egregiè 
confutalus,  qui,  ininiodicœ  dcvolionis  .xslu  abreplus , 
Encliaiis[i;e  Sacramenlum  in  cœlo  quoque  pcrpeluô 
mansurum  lotis  viribus  slabilire  conalus  est,  non  ad 
sanclificatioiiem  quideni,  vel  sacramenlalem  refeclio- 
nein  beaiorum  ,  sed  ad  contcmplationem  ,  et  niandu- 
cationem  spiritualem  semper  exposiluin  in  praccordiis 
Jesu  Ciirisli ,  in  quibus  incorrupla»  servanlur  specics 
panis,  forlassis  ctiam  vini  à  se  consccrala)  in  caslcllo 
Emmaus  ,  quando  cum  duobus  discipulis  rccunibctis 
iii  mens.î,  accepil  pancm ,  et  benedixit,  ac  frcgit,  et 
porrigebal  illis ,  ul  referl  S.  Lucas.  lias  elenim  sjie- 
cics  cùm  Cbristus  jam  gloriosus  et  immorlalis  ncc 
consumpsisse  ,  ncc  iransmuU^sse,  dcc  abjecisse  cre- 
dendus  sit ,  cas  in  splernum  relinendas  Iransvexil  in 
cœlum  ad  jucuudiim  bcatarum  meniium  spectaculum. 
Verùm  Iota  iia'C  bypolbesis  fulilissimis  superslrucM 
est  fniulamentis.  Incertissimum  est  benedictum  illum 
pancm  porrcctum  duobus  discipulis  fuisse  consccra- 
lum  ,  sive  Eucharlsliîic  Sacramenlum.  Plurimi  nam- 
quc  id  iuficianlur.  Adbuc  incerlum  est  Clnislum  de 
pane  illo  sumpsisse,  quin  poliùs  innuil  evangelisla  ex 
fraclionis  rilu  slalim  h  discipulis  agnilum  cvanuissu 
ex  oculis  eorum.  Ncc  tamen  bis  ciiam  sumpiis  spc- 
ciebùs  necessum  evadit  eas  ni  Chrisii  venlriculo  per- 
!  pcluô  luesuras  ;  alioquiii  cadem  sententia  fercnda  fo- 
ct  de  panis,  et  piscis  fruslis,  qu«  post  rcsurrecliouem 


1257  QUyEST.  IV.  DE  EFFICACTA  ET  VIRTUTE  SACRAMENTORUM. 


\fm 


cuni  discipulis  ad  mare  iibcriadis  niaiuliicavil;  qn;TC 
lamcn,  siciil  ciia  lifiiiciil  ab  igné  et  abil  in  lïmium, 
ila  corporis  gloriosi  coiilaclu  rcsolula  coiiscnlSS.  Gre- 
'  gori'.is  et  Basilius. 

Adversaliir  prx^lerca  hoc  commentum  ScripUinc  et 
Palribus,  quorum  pcrspicua  seiilculia  est  Euchari- 
siiam  esse  iimuus  soli  Eccliîsi.ic  miiilaïUi  conccssum  à 
Chilslo,  iu  abseiiti;o  sii;e  qnoad  visibilcm  formaiii  so- 
laliniu,  passionis  momoriau)  cl  amoris  pigiius.  liKpiil 
oiiim  D.  Paulus  :  Qnotiescimujue  luanducubilis  pancm 
Ininc  et  calicem  bibeùs ,  mortem  Domini  muiunliabilis  , 
(lonec  veniat  :  ctChrislus  ipsc,  Maltb.28  :  Eccc  ego  vo- 
biscitm  sum  omnibus  dicbus  nstiitc  ad  coiisumiitationcm 
seculi.  Qua;  vcrba  de  permanonlià  cucharislicà  usque 
ad  (iucm  mundi  lantummodô  prolrahendà  iiitclligiMi- 
lur  à  SS.  fîipronymo,  Theodorclo  ,  Anscdmo,  aliisquc 
Patribus. 

l'ilcriiis   poiiilfis    inutililor   Eucharisli*   in    cœlo 
a'ieriia  coiilingilur  permaneiilia ,   ubi  ncc  ad  gratia; 
augmentum,  uec  ad  gloriae  pignus,  nec  ad  memoriam 
Cbrisli  jam  ibi  in  suâ  specie  pniosenlis,  quidpiam  con- 
fcrrot.  Ncc  nccessnria  ad  ip.-,iu.s  Sacranieiili  conlem- 
plalionein  ci  intelligciiliain ,  (juam  è  scicnliâ  bealà  et 
infusa  comprehcnsores  perfocliùs  liauriuul.  iN)slreni6, 
quia  cliam  dissimiilalà  bâc  iimlili  specierum  cor.sc- 
cralarinn  conservaliouc,  Iktc  ut  summum  miraculosi 
opcris  lalioiiciu  babercl,  non  Sacranienli.  Quanquàm 
cnim  Eucliaristia  non  consi.slat  in  usu ,  csl  lameu  in- 
star clbi  ad  n.anducationcm   parali.  Porrô  in  cœlo  j 
nianducari  ampliùs  non  posset,  uipole  conslitutuni  in  ! 
speciebns  iiicorruplibilibus,  qucm;idmodijm  decernit  1 
auclor  quem  rufcliimus.  Huit  igilur  onuii  ex  paite  ejus  ! 
hypolbcsis.  Ycrîun  quid  pliira  Aindimus  iu  lioc  rcfu-  i 
tando  connnenlo?  j 

Opponil  lameu  illa  veiba  Ciirisii  Domini  apud  Mat.  j 
c.  20  :  liibile  ex  hoc  omiics  :  Dico  aittem  vobis ,  qu'od  i 
non  bibain   uinodb  de  hoc  geiiimine  vilis  usque  iu  dic:ii 
illtim,  ciim  illud  bibam  vobiscum  novum  in  rcguo  Palris 
mei ,  ubi  de  vino  eucbaiistico  in  cœlesti  glorià  à  bca- 
tis  gustando  sermo  esse  videtur.  —  Resp.  verba  Do- 
mini, qua;  cuni  cucbaiisticx  cœna;  narralione  à  >!al- 
iheo  coiijuugunlur,  anlé  ejus  mcntioiiem,  cl  velcti  in 
legalis  cœuLe  distiibulionc  prmmnliala  rclorri  à  D. 
Lucâ ,  c.  22,  qui  videlur  dibli)!Cliîis  ulriusque  cœn;c 
ciicumslanlias  deseripsisse.  Quapropîei*  non  de  viiio 
eucbaiistico,    sed   vtilgari  ,   quod    in  agno  pascbali 
cdendo  adhiliilum  erat,  probabiliiis  iutclligitur.  lYo- 
vum  aiilem  vinum  in  regno  l'alris  bibendum  est  nectar 
i;bid  ceterna;  beatitudinis,  de  qiio,  in  p^^almo  35,  di- 
ctum  est  :  Inebriabuntur  ab  uberlate  domûs  tuœ ,  et 
tori\nle  voluptalis  luœ  potcibis  cos  :  imô  et  di;  quo  in 
codeni  Lucie  cap.  Cinistus  ait  :  Et  ego  dispono  vo- 
bis ,  etc. ,  ut  edalis ,  et  bibatis  super  mensam  meani  in 
régna  mco  ;  quod  novum  vocal,  quoniani  alterius  longé 
generis  est;  nisi  velimus  cum  Joan.  Clirysost.  illud  hic 
vinum  indicari  ,  quod  Chrislus  post  resurrectionem 
suam  cum  aiioslolis  iiibil,  qnando  et  convesci  digna- 
tus  est.  Verùni  de  quocumque  vino  accipiautur  prie- 
fala  verba,  scopo  argucutis  non  suirragantur,  uljjoic 

TH.    .\X. 


qui  sacramcntalcm  Eucbarisliaî  nsnm  non  admitlit  in 
cœlo;  ciiin  lamcn  illa  de  vino  m  rognu  Dei  bibeiido 
diserte  loijuantur.  ' 


QU^ESÏIO   QUART  A. 

Di:  EFFICACIA  ET   VIUTUTE  SACRAMKNTORUU. 

Conlroversia  hic  nobis  duplex  fulura  est.  Prima 
cum  nostraî  aelatis  hacrelicis,  qui  virlulem  Sacramcn- 
torum  sic  exténuant,  ul  redigant  projiè  ad  nibiluin. 
■  Altéra  cum  iheoiogis  catholicis,  quorum,  salis  magno 
numéro,  opinio  es(,  non  aliam  |)rietermoralem  habere 
efficienliam  ,  neque  physicè  iulusione  grati;e  operari. 

Itaque  pncsentem  quœslioncm  in  duo  capiia  pariic- 
miir. 

In  primo  concilii  Tridentini  canones  vindicabimus, 
Sacramcutorinn  novai  legis  efficienliam  ex  opère  ope- 
rato,  jiixla  doclrinani  calholicam  adslruciiles. 

In  aliero,  Thomistaruni  certani  luiamque  esse  do- 
clrinam,  pro  virili  demonslrabimus,  qui  non  moralem 
lanliim,  sed  et  pliysicam  Sacrameatorum  causaliialem 
(siceiiimiuscliolisvocarisolel)  propugnani.  Sit  itaque 

CAPUT  PRIMUM. 

Sacramentorum  .\ov;e  legis  efficacia  contra  recen- 
tiores  u.eret1c0s  vi.ndicatur. 

Aliquas  Sacramentorum  in  jusiilicalionis  negoiio 
csse  parles,  neque  oliosum  esse  ac  slcrileqiiod  in  eo- 
rum  adminislratioiie,  ex  divino  prœscriplo  gerilur,  ne 
ipsi  (juidcm  iuficiaiitur  hairelici  :  nam  si  putarent,  to- 
Imn  hoc  officinni  inutile  csse,ab  eo  peniiùs  absliue- 
rent,  et  apud  illos  neque  Baplismi,  neque  cœn;e  ullus 
usus  repcrirctur,  ne  seipsos  nimiiùm  suporslilionis, 
et  in  Deum  irreverentise  accusarenl;  biuc  Sacramenla 
aliquo  in  prelio  habere  se  prolilenlur.  Sic  eniin  Luthe- 
rus  Ilomiliâ  1,  de  Rapt.,  an.  1526  :  Ad  hoc,  inquil, 
inslitutus  csl  Bnplismus,  ni  nobis  serviat,  nobis  prosit, 
I  nobis  doiiet  non  aliquid  carnale  vel  corporale,  sed  œler- 
nam  gloriam,  œlernam  mundiliam  et  sanclilalem.  Calvi- 
nusvcrô,  inantidoto  C.  Tr. ,  ad  sess.  7,  can.  G,  sic 
loquilur  :  Semper  memorià  repetendum  est ,  Sacramenla 
nih'l  quàm  instrumentales  esse  conferendœ  nobis  gvaticc 
causas;  et  paulo  posi,  in  c.  G  :  ^Si  qui  siut,  inquil,  ^/«i 
negent  Sacramenlis  conlineri  gratiam  quam  figurant,  il- 
los improbamus. 

Qu;e  quidcm  si  à  viris  catholicis  ingcnuè  cl  simpli- 
ciler  dicereiitur,  plausn  profcclô  essenl  digua,  ncdùm 
repreheiisionem  ullam  mercrciilur;  verùm,  proh  do- 
lor!  quod  se  unà  manu  adslruere  simulant  perlidi 
homincs,  altéra  dcmoliunlur,  et  Sacramenla  inhili  se 
facere  significanl  verbis  conlumeliosissimis  :  nam  , 

{"  Sacramenlis  virlulis  iiihil  ine.sso  coiilondunt  ad 
gralian)  confcrciidam  :  Bapiismus ,  inquil  Lullicrus. 
Lib.  de  Captivilat.  Babyl.,  c.  de  îià\)l.,nemiiemjusti- 
ficat  nec  utli  prodest ,  sed  (ides  in  verbum  promissionis 
cui  addilur  Bapiismus  :  hœc  enim  justificut;  ncc  minore 
Icmeritate  Mclanclon,  in  locis  edilis  aiino  1522,  cap. 
de  Signis  :  Circumcisio,  inquil,  nihil  est ,  tit  Apostolus 
ait;  ila  Bapiismus  nihil  est,  sed  testes  sunl  ac  signa  di- 
I  vinœ  volunlatis  erga  le;  et  libro  contra  Anabapl.  :  Sic- 

40 


h>M» 


DE  RE  SACRAMENTAIUA  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


i-ico 


ul  V!  !unlas  Dci,  inqiiil,  ostenditnr  in  verbo  sen  promis- 
sione,  ila  etiam  oslenditur  in  sifjno,  tanquàm  in  piclvrà. 
Cui  Calvinus  oonscnlicns  :  Fi.tinn  lucmcat,  inquit,  non 
esse  filifis  Sacramenlorum ,  qnum  verbï  Dci  parles,  quœ 
sunt  offerre  nobis  ac  proponcrc  Cliristuni,  el  in  eo  cœ- 
leslis  gratiœ  thcsauros,  lib.  A  Insiit.,  c.  1  i,  p.  17. 

2"  Consequeiis  esl  ul  verba  Sacramonioruiii  negcnt 
esse  coiisecratoria,  et  nicrè  cO!icioii;ilia  aiit  proniisso- 
Tia  C'sse  veliiil.  Hoc  ciiim  Lullu-nis  el  Calvinus  ro- 
Idiidè  locis  cilalis  aClirniant. 

Duo  ilaque  iii  pr.xsenli  praislanda  suiil  :  prol)and»m, 
1°  S.icrarneiila  graliam  ex  opère  operalo  producere. 
2°  Vciln  eoruin  verè  esse  coiisccraioria.  bil  igilur 
§  i .  Oslenditur  Sncramenlu  uovœ  leyis  (pcitimn  sancli- 
ficanlem  ex  opère  operalo  producere. 
Fidei  lixc  senleiilia  esl,  in  concilio  'iriderilino  no- 
vis  definilioiiibus  coiifiriuala  ;  siceiiiiii  sess.  7,  can  5  : 
Si  qnis  dixeril,  iiKjniunl  Patres,  Siicramaita  propter  so. 
lam  fidem  nulricndinninstilula  fuisse,  analliema  sit;  cl  î! 
car».  6  :  Si  quis  dixeril,  Sacramenta  novœ  legis  non  con- 
linere  (jraliam  quant  significanl ,  aut  graliam  ipsum  non 
ponenlibus  obicem  non  coujerre,  quasi  signa  icinliim  ex- 
Icrna  sint,  acceplœ  per  fidem  graliœ  vel  jusliliœ,  el  noUc 
quivdam  chrislianœ  professionis  ,  quibns  apud  homines 
discernunlur  fidèles  ab  infidelibus  ,  analliema  sil.  Et 
can.  8  :  Si  quis  dixeril ,  per  ipsa  novœ  legis  Sacra- 
menta, ex  opère  operalo  non  conferri  graliam,  sed  solam 
fidem  divinœ  promissionis  ad  graliam  consequendam  suj- 
ficere,  analliema  sit. 

Opus  operalum  quid  sil  ? 
Ne  vcrô  ambigniias  iilla  sit ,  slalim  adnionemus  ,  I 
opus  operalum  dici  ad  diiïeienliain   operis  operan-  : 
lis  (1),  qurc  vox,  licèl  laliiia  non  sil,  proul  à  Ca- 
Iholicis  usurpatur  (esl  cnim  operari ,  operor ,  vcrbiini  | 
deponcns,  aclioneni ,  non  passionem  signilicans) ,  in-  | 
irodiicta  tanicn  est,  et  diulurno  Ecclesi:!;  usa  probala,  ] 
ut  planiîis  calholica  verilas  populo  fideli  proponere- 
tur,  quà  in  rc,  ut  in  ca'lciis .  niorosiorcs  se  prccbenl  , 
haîrelici ,  scbolarum  magislros  imperiline  accusando  : 
nam,  ul  ail  S.  Auguslinus  contra  Cresconium  gram- 
malicnni  dispulans  :  Melius  esl ,  ut  nos  reprchendanl 
grammalici,  quàm  ulnon  inleltiganl  populi. 

Jani  ul  ad  proposilnni  revertamur,  opus  operanlis, 
in  pnesenli,  vel  n.iniblri  inlelligilur,  vel  rjus  qui  su- 
£Cipit  Sacramenluin. 

1°  Ccitum  est  Sacranicnla  novae  legis  non  produ- 
cere graliam  ex  opère ,  id  esl ,  ex  lidc  aut  sanclilale 
jniuislri.  Hoc  cnim  quoiiiam  onnii  ;trgumenlornm  gé- 
nère inferiùs  ,  q.  6  ,  c  1,  statuclnr,  jure  noslro  laci- 
mus,  pro  re  indubilalà  liabendo.  T  Pariiercertnm  esl, 
non  conlerre  graliam  ex  opère' scu  nierilo  suscipicn- 
lium;  quanquàm  enim  adnlli,  quando  ad  sacramcnla 
accedunt,  debeant,  si  prodessc  sibi  ea  voluerint,  al- 
ferre  animiim  per  fidem,  pœniteniiam,  aliasque  bujus 
generis  dispositiones  benè  pmeparalnni ,  quod  negare 

(1)  Opus  operalum  est  aclio  ipsa  sacramcntalis  à 
Cbrislo  institnta,  sen  applicalio  nialeria;  et  forma-. 
Opus  auleni  ojieraniis  ap|icllanl  acliis  lioiios  el  nieri- 
lorius  (pios  clicil  minisler ,  vel  Sacramcnlum  susci- 
pi«ns.  (Edil.) 


slnllum  foret  cl  impium  ,  non  ab'bis  tamcn  snam  ef- 
ficaciam,  sed  ab  eoà  quo  sunt  instituta,  recipiunl;  id 
f  quod  parvulorum  palmareexcmplnm  dcmonslral,  qui, 
1  ut  sancli  iii  F.ajilismo  fiant,  nulluin  bonuni  ojjus  suum 
jaclaïc  possunt.  3°  ll;cc  duo  si  vcra  sinl,  conscqucns 
est  Sacramenta  graliam  ex  opère  operalo  producere, 
id  esl,  hoc  ipso  quod  sacra  qua;dam  opéra  sunt,  divi- 
nitiis  ad  sanclificandos  boniines  inslitula.  Sil  ilaque 
Pkobatio  PKiMA,  ex  aucturilate  Scriptnrœ. 
Primo.  Nilitur  hœc  verilas  praîclarissimis  teslimo- 
niis  Scriplurarum  ,  liactenùs  majori  ex  parle  prola- 
lis  (1). 

iMarci  16,  v.  16  :  Qui  crcdideril,  inquil  Cbrislus,  e( 
bapti:ialns  fueril,  salvus  eril.  Joan.  3,  5  :  Nisi  quis  re- 
nalHS  fueril,  etc.  Act.  2,  58  :  Pœniteniiam  agile  et  ba- 
ptizetur  unusquisqne  veslrnm  in  nomine  Jesu  Clirisli,  in 
remissionem  peccatornm  vestroruni,  el  accipielis  donum 
Spirih'is  sancti.  Act.  22,  {G  :  Et  nunc  quid  moraris? 
ail  Anaiiias  ad  Sauluni  :  Baplizare,  etablue  peccala  tua. 
Act.  8,  17  :  Iniponebanl  nianus  super  illos  ,  el  accipie- 
biinl  Spirilum  sanclum.  Cùm  vidisset  aulem  Simon, 
quia  per  impositionem  manûs  Aposlolorum  daretur  Spi- 
riliis  sanclus,  obiulit  eis  pccuniam ,  cic.  2  ad  Tiniolli. 
1,0:  Admoneo  te  ul  rcsusciles  graliam  Dci,  quœ  esl  in 
te  per  impositionem  manuum  mcarum.  Ad  Tini.  3,  5  : 
l  Non  ex  opcribus  justiliw  quœ  fecimus ,  sed  sccundinn 
1  suam  misericordiam  salvos  nos  fccil  per  lavacrum  rcgc- 
neralionis  el  rcuovalionis  Spiritûs  sancli.  Deniquc  ad 
Epb.  D,  23  :  Christus  dilexil  Ecctesiam ,  el  Iradidit 
seipsum  pro  eà ,  ul  illam  sanclificarel,  mundans  lavacro 
aquœ  in  verbo  vitœ. 

In  bis  quidcm  cl  similibiis  quie  passim  occurrunt , 
mirum  est  ab  Incrclicis  Sacramenlorum  cfficaciam 
non  videri  :  nam  ,  quccso ,  quid  est  per  Sacramenia 
graliam  ex  opère  operalo  produci ,  nisi  per  acliones 
sacras ,  qualcnùs  à  Cbrislo  sunt  inslilnlrc ,  boniines 
juslos  (ieri?  Atqni  manilesium  est  ex  verbo  Dci ,  re- 
missionem peccalorum  ,  sanctilalem  aninue  ,  graliaï 
et  Spiritûs  sancli  infusionem ,  ipsi  aclioni  sacramen- 
lali ,  ipsi(iue  Sacramenlo  ,  qualenùs  à  Cbrislo  est  in- 
slitulum  ,  allribui.  Ergo  ,  etc. 

PuoiîATio  II ,  ex  tradilione  perpétua. 
Secundo  acccdit  vencranda  traditionis  aucloritas  , 
cujus  locupletissimos  prolerrc  lestes,  in  promptu  et 
quasi  in  manibus  est. 

Tertullianus. 
i"  Sil  Tcrlullianus  ,  qui  secundo  dèsinenle  el  lertio 
ineunle  seculo  floruil  :  is  in  libro  de  Bapiismo,  cap.  I  : 
Félix,  inquit,  Sacramcnlum  aquœ  uostrœ ,  quà  ablulis 
deliclis  prislinœ  cœcitatis,  in  litam  aUernam  liberamur... 
nos  pisciculi  secuiidiim  Sulvatoron  uos'.rumJcsum  Cliri- 
sl:^m  in  aqvà  nascimur ,  ucc  aliter  quàm  in  aquà  perma- 
nendo  suivi  sumus.  El  ibidem,  caj)  2  :  ISihil  adeb  est, 
quod  obduret  mentes  liominum  ,  tjuàm  simpUcitas  divi- 
norum  opcrum  quœ  in  aclu  videutur ,  cl  maguificentia 
quœ  iit  effeclu  repromitlitur  :  ul  lue  quoqne  quonhmt 
lantà  simplicilate  iinc  pompa ,  sine  apparatu  novo  ali- 

(1)  Vide  qu:csl.  1,  c.  2,  §  1. 


126i 


QU.'FST.  IV.  nr:  kfficaciv  kt  vip.tute  svc.ramfntoiium. 


tjuo  ,  deniquesine  sumptu ,  Itumo  tu  (uiuam  d.'tviasHa ,  et 
iiilcr  panca  verba  (inclus  .. ,  mumlior  rcsnryil ,  eu  iiure- 
dibilis  exhtiiuelur  coiisecnlio  œleritilalis...  prolt!  Misent 
iucrcduliuis ,  quw  Deo  denegas  propriclales  suns  ,  sim- 
plicifdlem  el  polcslaleni  !  Qitid  eryu?  Nomie  mii\!^idttm, 
Idvacro  dilui  mortem  ?...  Cwleriim  incrcdulilus  miraliir  , 
1  non  crédit  :  niinilnr  eniiu  siinpliciu  quasi  vana  ,  ni/njui- 
ficn  qttasiiiupossibdia.  El  paiilù  post,  cap.  5  :  Piintis 
O'/tiis  piœceptiim  est  animas  proferre  (qnaiido  iiiiiiii  ùiii 
(litliiin  est  à  Dco ,  Geii.  1,  v.  50,  producanl  cqutc 
reptile  animœ  livenlis).  Priinits  liquor  qttod  viveret  edi- 
dit  :  tie  uiintni  sit  in  Baptisnio ,  si  uqnœ  nnimarc  nove- 
!  riPit.  El  deiiiqiic,  ne  cuarreni  singnla,  qiuc  in  doc 
liliio  lie  viilulc  Baplismalis  plané  iiiirabililcr  dicil  : 
Oinncs  cqitœ ,  iiiquil  cap.  ■':  ,  de  prislinâ  ori(ji}iis  prœ- 
rntj'du'à  Sacrawenlum  sancliftcalionis  cuitsciiuiinlitr  in- 
vocato  Deo.  Sitpervenit  enitn  statîm  Siriiiliis  de  coulis  ,  el 
nquis  sitpercsl  sancliftcans  cas  de  scmelipso  ;  et  ita  sancli- 
jicalœ  vint  samlificandi  combibiiut...  igihtr  medicaiis 
quodatnmodo  aqu'.s  per  angeli  intcrveuliim  ,  el  spirilus 
in  aqitis  corporidiler  diluitnr ,  el  caro  in  cisdetti  spirituu- 
liler  munit alur. 

S.  Gregoriits  Xijssenus. 
2"  Occiîrrit  S.  Greg.  Nyssenus,  qui  quailo  seculo  ' 
vixit,   oralioiic  in   Baplisiniim  Clirisli  sic  loqiicns  : 
Daplisma  pcccalorum  expiulio  esl ,  remissio  dcliclorum, 
renoVidionis  el  rege.neralionis  causa...  aqua,  ciim  niliil  \ 
idiud  sil  qiiàni  aqua  ,  supernà  graliù  bcnedicimte  ei,  in 
eam  qnœ  menle  pcrcipilitr  lioininem  rénovât  generalio- 
nem.  Qubd  si  qnis  milii  dubilando  el  atnbigendo  nego- 
tiuni  e.xliibL'(it ,  inlerrogans  quà  ralione  aqua  rrgenerel ,  ' 
dicam  opliino  jure  ad  eum  :  Ostende  milii  modum  nali 
l'ilalis  ,  quœ  fit  secnndiini  carnein  ;  el  ego  libi  viin  rege 
ueralionis  quœ  sccundiim  animant  fit ,  exponam  :  Dices 
foriasiè  qi^':si  quamdam  ralioitem  reddens  :  semen  causa 
esl  effectrix  Itominis  :  aiidi  igilur  contra  à  nobis ,  qnbd 
aqua ,  quœ  benedicilur ,  purgat  et  illuminai  liominem  ; 
quhd  si  mihi  rnrsiis  contra  subjiciiis,  quomodb?  Clamabo 
contra  levehctnenliits  :  Quomodb  hninida  alqueinformis 
natura  Itomo  fil  ?  Alque  de  omiti  crealiirà  ila  oratio  pro- 
grediens  ,    in  unaqiiùqtie  re   exerccbilur.  Qui  cœlum? 
Qui  terra?  Qui  mare?  Qui  res  singulares  ? . . .  V  bique 
diviiia  vis  el  cffiracilas  inconiprclicnsibilis  esl. 
S.  Joannes  Clirijsoslomus. 
5"  Esl    S.  Joannes   Clirysostoniiis  ,    siib   iiiiiium  [ 
qiiinli  seciill    ila  lo(iiions ,  llom.  25  in  Joan.  :  Quod 
est  utérus  embryoni ,  hoc  esl  fideli  aqua.  Si  ([iiideni  in 
aquà  fiiigiliu-  cl  formaliir  :  nam   priinô    dicltmi  esl , 
Ccii.   1 ,  20  :  Producanl  aquœ  reptile  animœ  vivenlis.  s 
Kx  qtto  autx^m  Jordanis  ulveum  ingressus  esl  Cliristus, 
non  ampliiis  replilia  atiimarum  viventium  ,  srd  animas 
rationah's  et  spiriluales  aqua  produxit...  quod  in  utero  [ 
(ormalur,  tjmpor:'  indigel  :  quod  in  aquà  ,  minime,  scd  j 
momcnlo  omnia  perficinnlur. 

S.  Cijrillus  Alexaudrinus. 
i"  Afîcro  S.  Cyriliuni  Alcxandrimim  (|iiiiili  parilcr 
seciili  scriplorcm  :  Quemadmodiim ,  iiirinil,  lii).    2  in 
Joan.,  infusa   lebelibus  aqua,  si  admojelur  igni  velic-  i! 
tmnli,  vint  eju$  concipit ,  ild  Spirilns   cfjicacilalc  scn- 


I2(!2 

sibilis  aqua  in  diiinam  (juumdam  et  ineffabilini  vim 
transformatur ,  omuesquc  deiniim  iti  t/uibus  fucrit  san- 
cii/ical. 

S.  Léo  Pontifex. 
5"  Esl  S.  Lco  eodoni  adullo  soculo  qiiinto  f'onli- 
fex  :  ila  niniirùm  scrii)il,  Serm.  4  de  Naliv.  Donil- 
ni  :  Terra  cariiis  liumunœ,  quœ  in  primo  fueral  prœva- 
rictilore  nialedicla ,  in  hoc  loco  B.  Virginis  partu ,  ger- 
tnen  lulit  benedictum  ,  et  à  vilio  suœ  slirpis  alicmtm  ; 
cujus  spirilucilem  originem  in  regeneratione  quisquc  coii- 
Si'quilur  ,0}nni  enim  liomini  renascenti  aqua  bapiistnalis 
instar  est  uleri  virginalis,  eodein  Spirilu  replcnte  fontem 
qui  repli  vil  et  Virginem  ;  ut  peccalum  quod  ibi  vacuavil 
sacra  conceplio ,  h'ic  mtjslica  tollut  ablulio.  El  Serm.  5 
in  Nal.  Dom  :  Dominus  Jésus,  inqnil,  originem  quam 
sutnpsil  in  utero  Virginis  ,  posuit  in  fonte  Baplismalis  ; 
dedil  aquœ  quod  dedil  malri  :  lirlus  enim  Allissitni,  quœ 
fecil  ut  Maria  pareret  Salvatorem .  eadcm  fncit  ut  re- 
geiterel  unda  credentem. 

Alii  SS.  Paires. 
Dcniqne  in  Iioc  dogmale  slalueudo  summa  Palruni 
Gmccorum  et  Lalinornni  consensioest;  (iiiorum  lesU- 
nionia  si  sigiilaiini  laudarc  aggredercr,  prx'seiilis 
controversia;  nullns  finis  cssct  fniurus  :  ila  enim  do- 
cenl  : 

S.  Jiislinus  Marlyr,  Apol.  2;  Origenes ,  iioni.  4, 
in  cap.  2  Luc. ;  S.  Cypiianus ,  episl.  1  ;  Oplalus Mile- 
vitanus,  lil).  5,  conlra  Donal.  ;  S.  Hieronymiis  ,  ep. 
83,  ad  Océan.;  S.  Anibrosius,  lib.  2 de  Pœnil.,  c.2; 
S.  Angnslinus,  Iracl.  i'.O ,  in  Joan. 

SufFraganliir  el  concilia  :  Nica?num  I ,  cap.  de  Ba- 
plismo  ;  Gonslanlinopolilaniun  ,  in  Symbolo;  Milovi- 
tanura,  cap.  2;  Arausicanum  II,  canoi'.c  5,  elc. 
Argumenta. 
Age  verô  nunc  in  bis  paiicis  quas  delibavimus  ve- 
lerum  scntenliis  ,  ibeologia;  studiosus  cxorceat  acu- 
men  ingenii ,  lacial(|ue  experimenlimi,  nnm  babcant 
aliquid  cum  Lnlbcranornm  doctrinà  affinilulis;  nobis 
qiiideni  lani  cerlè  videnUir  dOj:ma  novilium  expugna- 
rc,  qnàm  cerlum  eslhiccrc  meridie.  Nam, 

I.  SS.  Paires  bine  infernnl  Baplismuni  (idcmque 
de  rdiquis  Sacramenlis  ex  eorum  mcnlc  diccndnm) , 
adniiralione  esse  diguissimnm  ,  quia  niagnilicenliam 
luibel  clTccluum,  cnm  sumniâ  simplicilalc  conjnn- 
clani  :  Tantà  simplicilale,  inqnil  Tertiillianus ,  sine 
pompa,  sine  apparalu  novo  aliquo,  denique  sine  sumptn 
homo  in  aqunui  demissus,  et  in  ter  pauca  verba  linctus 
mundior  resurgit...  nonne  miranduni  lavacro  dilui  uior- 
tcm?...  Aqua  cùm  nihil  aliud  sil  qnàm  R<7»rt,  snbdil  S. 
Greg.  Nyss. ,  supernà  gratiù  benedicente  ei ,  in  eam  qtiœ 
mente  percipilur ,  rénovai  gencrationem  ;  qiiibns  con- 
.senlions  S.  Joannes  Cbrys.:  In  aquà,  inqiiit,  fingilut 
el  formatur  fulelis;  unimas  ralionalcs  cl  spiriltialcs  aqua 
produdt  ;  idqtic  momcnlo  perftcilttr  :  nec  minus  per- 
spicuè  S.  Cyril.:  spirilus,  inqnil,  e(ftcacitate ,  aqua  in 
divinam  cjuamdatn  et  incffabiUm  vint  transformatur , 
omnesquc  demitm  in  quibus  fucrit  sanctifical. 
Jam  sic  proseqnor  argnnienlnni  : 
Alqui  b;uc  adeo  pruuclara  cncomia  lùm  absurda  fo- 


4265 


DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


\%\ 


reiit ,  tùm  faJsilalis  plcna ,  si  sancli  doclores  luT^rcticis 
coiiseiitireiit.  Nain,  qiuoso,  quain  iiabct  Baplisinus 
effectuuni  inagiiiliccuiiain  ,  si  pnelor  iiiulaiii  vacuain- 
\  qiicsigiiificalionem  niiiil  habcl?quisaltonilus  et  propè 
<)!)sUipefaclus  suspicial  lavacro  diliii  niorlem  ,  si  solà 
lide  putel  diliii ,  uoii  lavacro?  quis  vcrè  audcaldiccre, 
divinam  et  ineff.ibileiii  esse  virlutcm  in  aqiià  ad  lio- 
inines  sanclilicandos ,  si  ad  hoc  laiilùin  valeat ,  ut 
excitct  fidem?  quis  divinuiii  credat  id  qiiod  lioinines 
in  suà  habcnt  poleslate,  et  usupenè  quotidiano  exer- 
cent? Ilabenius  cnini  et  nos  niorlales  signa  nostra , 
Iiabennis  voccs  quibus  muluô  promitlinius  et  repro- 
miltimus  ;  habenius  denique  picinras  ,  quibus,  velut 
signis  noslrie  voluntatis  uliniur;  ilaque  si  Patres  nul- 
lam  in  Sacranientis  ad  sanclificandum  virtulem  agno- 
scerenl,  vana  essent  encomia  (juibus  eorum  dignita- 
leni  cxtoUunt  ;  nedùniquc  légitima  eorum  adiniratio 
i'oret,  puerililer  niirarentur,  seniliterque  desipercnt; 
quod  cùm  de  magislris  lantis  ccgilaiu  nefiîs  sit,  faien- 
dum  magis  insanire  novi  erroris  magistros,  qui  in 
luce  lani  apertâ  ca^cutiunt,  et  in  cos  quadrare  quod  à 
Terluiliano  ibidem  est  diclum  :  Proli  !  misera  incredu- 
lilas ,  quœ  Deo  deucgas  proprieiales  suas ,  sitnpli- 
citalein  et  poteslatem!  mcredulilas  miratnr,  non  crédit; 
vàratur  siniplicia quasi  vana,  magnifica  quasi  impossi- 
bilia. 

'  II.  Patres  ul  prœconceptam  de  Saeramentoruni 
virtute  fidem  ratiGuis  ipsius  adminiculo  fidciant,  cer- 
lissima  et  quasi  domcslica,  quai  nalura  suppeditat, 
exempla  proponunt  :aiunt  enim 

1°  Tantani  inesse  vini  aqu;o  divinitùs  insitani  ad 
honiines  sanclilicandos,  qnanlani  ab  inilio  babuit  ad 
gignendos  pisces  ;  Nos  pisciculi,  ailTerluUianus  ,secun- 
diiut  salcalorem  noslrum  Jesum  Christum  in  aquù  nasci- 
mur  ;  nec  aliter  quàm  in  aqui)  perniancndo  suivi  sumus; 
primis  aquis  prœcepluni  est  aniinas  proferre  :  primus 
liquor  quod  viverct  edidit,  ne  mirum  sit  in  Baplismo,  si 
aquœ  animare  novcrunt...  Printb  diclum  est,  inquit  S. 
Joan.  Chrysoslomus  :  producant  aquœ  reptile  aniwœ 
vivcntis  :  ex  quo  aulem  Jordanis  alvcuni  ingressus  est 
Cliristus,  non  umpiiiis  reptilia  animarum  vivoitium,  sed 
.   animas  rationalcs  et  spiriluales  aqua  produxit. 

2°  Pari  virtute  coniendunl  rcnasci  hominem  spiri- 
lualiter  per  Baplismnm,  quâ  nnscitur  earnaliîer  per 
luUuram.  Si  qtiis  milii  dubitaudo,  incpiit  S.  Gregor. 
!Nyss.,  Jiegotium  exhibeat,  interrogans  quâ  ratione  aqua 
regeneret;  dicam  optimo  jure  ad  cum  :  Oslende  milii 
modum  nalivilatis  quœ  fit  secunditm  carnem,  et  ego  tibi 
vim  rcgenerationis  quœ  secunditm  animam  fit,  cxponam. 
EâdenKiuc  de  re  luculcntuni  est  S.  Joannis  Ciirysos- 
lomi  teslimonium  :  Quod  est,  inquit,  utérus  embrgoni, 
hoc  est  fidcli  aqua  ;  quod  in  utero  formatur,  lempore 
indiget  :  quod  in  aquà,  minime,  sed  momento  omnia 
pcrficiuntur. 

5"  Sic  Yolunt  aquam  Spirilûs  sancli  virtute  ad  pro- 
duclionem  gratifie  promovere,  quomodè  aqua  in  oUam 
projecta,  siignissupponatur,  exKsluat,  et  comburen- 
di  vim  liabet .  Quemadmoditm  infusa  lebelibus  aqua, 
ail  S.  Cyrillus,  si  admovcatur  igni  vchcmcnti,  vim  ejus 


jl  concipil,  ila  Spirilûs  cfficacitatc  sensibilis  aqua  in  divi- 
n.'ini  quamdam  et  inelfabilcm  vim  transformatur,  omîtes- 
que  demiim  in  qitibus  fucrit,  sancli ftcitt. 

4°  Non  ab  uno  peculiari  expcrimenlo  cxemphnn 
petunt ,  sedejusrci  Icsteminvocantnaiuram  omneni  : 
Quod  si  milii  rursus  contra  subjicius,  inquit  S.  Grego- 
rius,  quomodb  aqun  regeneret  ?  clamabo  conlrn  le  vrlie- 
menliiis  :  Quomodb  liumida  olquc  informis  nnlura  lioino 
fil?  Atquc  de  omni  creaturà  ila  oratio  progrcdiens  in 
unaquàquere  exercebitur.  Quîcœlum?  Qui  terra?  Qui 
mare?  Qui  rcs  singulares?  Ubiqne  divitia  vis  et  ('[ficticiUis 
incomprciicnsibilis  est. 

llinc  sic  inslauro  argumenlnm  : 

Atqui  nisi  crederent  Baptismuni  et  aliaSacramonta 
gratiam  virtute  accepta  divinitùs  et  ex  opère  operalo 
produeere,  ineptissimè  b;ec  tam  illuslria  cxcnipia 
congererent  :  aqua  enim  non  est  signnm  incrs  piscis 
gigncndi,  sed  rêvera  sinu  suo  procréât  piscem  ;  uté- 
rus virtute  proprià  concipit,  delineat,  perficitembryo- 
neni  :neque  dici  potest  visconiburendi  aqua*  Cerventi 
exlranea  :  deni(iue  stnltum  fiierit  negare  qu;ecumque 
in  cœlis,  in  terra  et  in  mari  (iunt  à  cansis  secundis 
ex  opère  operato  procedere  :  his  igitur  tam  perspicnis 
tanique  opportunis  exemplis  sacri  doctorcs  tùm  Eccle- 
j  si;c  catholicai  menteni  diserte  aperiunt,  tùm  confo- 
diunt  bxreticorum  adversam  sentcntiam. 

III.  Non  a  naturà'tantùm,  sed  et  à  pmecipuo  Cbri- 
stian.ne  Religionis  niysterio  ejusdem  rei  teslimonium 
afferunt  :  aiunl  enim  non  minus  esse  aquam  fœctm- 
dani  ad  abluendum,  quàm  fœcunda  fucrit  beatissima 
Virgo  Maria  ad  pariendum  Salvatorem  :  Omni  liomini 
renascenti,  inquit  S.  Léo,  aqua  Baplismalis  inslar  est 
uteri  virginalis,  eodem  Spiritu  replente  fontem,  qui 
replevit  et  Virgincm...  Domiiius  Jesvs  oriijincni  qiutm 
sumpsit  in  utero  Virginis,  posuit  in  fonte  Daptismatis  : 
dédit  aquœ  quod  dédit  matri  :  virtus  enim  Altissimi,  quiv 
fecil  ut  Maria  parcrct  Salvatorem,  eadem  facit  ut  rege- 
neret itnda  credcnlem. 

At(iui  ab  utero  virginali  Dominus  Jésus  verc  et 
propriè  prodiit  ;  siccnim  obnmhravit  illi  virlns  Altis- 
simi,  ut  verè  Salvatorem,  tam  stnpcndo  favorc  gra- 
vidala,  pepererit  ;  ergo  à  pari  sic  replet  Spiritus  san- 
ctus  fontem  Baptismatis,  ut  virtute  sibi  communicatà 
divinitùs  pariât  Cbristianum  ;  unde  consequens  est, 
Baplismalis  Sacramenlnm  et  alia  signa  sacra  suos  cde- 
ctns  ex  opère  operato ,  juxta  doctrinam  sanclorum 
Palruni,  exerere. 

Prob.vtio  m,  ex  tlieologicà  ratione. 

I.  Primum  ex  ratione  argumentum  antequàm  aiïe- 
'  ramus,  aliqua  jure  noslro  pelimusnobis  concedi,  qn;e 
non  pulamus  vocari  posse  in  dubium.  Primum  est, 
Baptisma  infantibus  aclualis  fidci  per  aelatem  inca- 
pacibus  validé  conferri.  Secundum  est,  olim  in  uni- 
versâ  Ecclesià,  non  modo  Baplismum,  sed  et  Confir- 
niationeni  et  Eucbaristiam,  pueris  à  partu  rccenlibns 
data  fuisse  :  queni  morem  etiamnùm  Gr:rci  et  Orien- 
tales observant,  ut  suis  locis,  disciplinam  bujus  Eccle- 
siic  explicando,  manifeslabimus.  Tertium  est,  amen- 
tibus,  dormientibus,  omniquc  per  morbum   ingrave- 


126b 


QU^ST.  IV.  DE  EFFICÂCIA  ET  VIRTUTE  SACRAMENTORUM.  1206 


^sceiitem  ralionis  usu  dcslitulis,  Sacramcnliim  Baplis- 
'■nii  legilimè  ministrari,  ciijiis  rei  mcmorabilc  S.  Aii- 
giisliiius  excmplum  prodil  l.-i  Confess.,  c.  4,  de  qiio- 
dam  amico  siio  ,  qui  ctim  feliribus  laboraret,  jucuit 
dih  svie  sensu  ;  in  sudore  tclludi,  cl  cùm  dcspcrarclur, 
Baptismum  accepit  nesciens,  et  mente  alque  sensu  alie- 
nissimus,  Sanè  catccluimeiios  in  nioilis  discrinien 
adduclos,  eo  modo  debcre  baplizari,  quo  infantes, 
tradil  idem  S.  doctor,  lib.  \,  de  Adull.  Coiijng.,  c,  26, 
Catecliumeni ,  iiifiiiit,  in  Intjus  vitœ  ultimo  consti- 
tuti,  si  morbo  seu  casu  aliquo  sic  oppressi  sini,  ut  quam- 
vis  adliuc  vivant,  petcre  sibi  tamen  Baptismum,  vel  ad 
inlerrogata  respondcrc  non  possint...  Eo  modo  bapti- 
zcnliir,  quomodb  baplizaulur  infantes,  quorum  voluntas 
nulla  adliHc  paluit  ;  et  paulô  posl,  c.  28  :  Ego,  iiiquit, 
non  soliim  alios  catliecumenos,  veriim  etiam  cas  ipsos, 
qui,  viventium  conjuqiis  copulali,  rctinent  adidtcrina 
consortia,  ciim  salvos  corpore  in  liis  permanentes  non 
admittamus  ad  Baptismum,  tamen  si  desperali  jacue- 
vint,  nec  prose  respondere  potuerint,  baptizandos  pulo ; 
ut  etiam  hoc  peccatum  cum  cœteris,  (si  nimirùm  verè 
fuerint  pœnilenles),  lavacro  regenerationis  abluatur  ; 
nec  vero  de  Baptlsmo  taiitùm  ita  sentit ,  sed  etiam 
de  ï'œailenliâ  ;  ait  enini  ibidem  :  Quœ  av.tem  Baplis-  '\ 
malis,  eadem  reconciliationis  est  causa,  si  forte  pœnileri-  ; 
tem  finiendœ  vitœ  periculum  prœoccupaverit  ;  bis  posilis,  ] 
sic  contraiio  argumcntum  :  | 

Vel  dicendiim  Sacramentainfantibus,  dormientibus,  i 
cl  alià  quàvis  causa,  rationis  usu  carentibus,  amen- 
tibas,  frustra  dari,  vel  si  dari  credantur  uliliter,  ne-  1 
ccssariô  erit  falendum,  quôd  graliam  ex  opère  ope- 
ralo  producaut;  atqui,  Lutberanis  ipsis  et  Calvinistis  > 
judicibus,  bis  bominibus  non  dantur  inuliliter  Sacra- 
mcnta;  infantes  enim  ipsi  baptizanl;  ergo  fateanlur 
ncccssc  est  Sacranu-nta  suos  effeclus  ex  opère  operato 
cxercrc. 

Probalur  ni.ijor  :  Tnnc  dantur  inuliliter  Sacramcnta, 
quando  ccrtiim  est  suos  effeclus  babere  non  posse  ; 
atqui  si  graliam  ex  vi  operis  non  producant,  sed  ad 
boc  lanlîim  valeanl,  ut  nutrianl  fidom  vel  excitent, 
manifestnm  est  quod  elfectumsuum  in  infanlibus,  dor- 
niionlihus  et  amcntibus  babere  non  possinl,  qui  actu 
crcdere  isliusmodi  bomincs  non  valent,  cîim  neque 
usum  liabeant  liberlalis,  neque  scinlillani  judicii,  er- 
go, etc. 

n.  Petitur  ex  definilione  Sacranienlorum  :  nisi  enim 
virtulc  pollcant  divinilùs  insilâ  ad  gialiam  producen- 
dani,  certè  in  ipso  fonte  ipsoque  principio  ab  omnibus 
Ecclesiaslicis  scriploribus  turpissimè  erratum  est  ; 
al  lue  adcù  redundat  error  in  univorsam  Ecclesiam, 
cujiisccnsum  oxpressorunt  ;  ita  enim  ad  uninn  onnies 
Saci  ameuta  definiunt,  ut  illis  grati;v  ex  vi  operis  prc- 
ducend.iieflicientiajn  vindicent. 

De  Terluliiano,  Gregorio,  Chrysostomo,  et  esc  ter  is 
supra  memoratis  nullum,  opinor,  dubium  est  ;  quod 
vero  ad  inferioris  œtalis  ibeologos  porlinct,  una  om- 
nium vox,  unaque  sententia  est,  valcre  seipsis  Sacra- 
mcnta, Deo  ita  volente,ad  graliam  infundendam.  Sa- 


clemrntum,  foris  sensibiliter  propositum,  ex  similitudine 
reprasentuns,  ex  institutione significans,  et  ex  sanctifxca- 
tione  continensatiquam  invisibilem  et  spiritualem  grutiam. 
Sacramenlum,  ail  Magister  Sententiarum,  ext  iniisihilis 
gratiœ  visibilis  forma,  ejusdem  gratiœ  imaginem  gerens, 
et  causa  existens.  Sacramentum,  inquiunt  auctores  Ca- 
lecbismi  concilii  Tridenlini ,  est  res  sensibus  subjecla  , 
quœ,  ex  inslitutione  Dei  sanctilalis  et  justitiœ  tum  signi- 
ftcandœ,  tum  efficicndœ  vim  liabet. 

Nec  qucmquam  movcre  débet,  quod  bas  definitio- 
nes  baîretici  rcspuant,  et  novas  substituant,  quas  pro 
arbitrio  confinxenmt;  oslendant  necesse  est,  sibi  ma- 
gis  esse  credendiun,  quàm  noslris  ;  id  porrô  nunqiiàm 
consoqnentur  ;  nam  nbi  de  divino  dogmate  agilur, 
utrorum  putabimus  acqiiiescendum  judicio.  An  eorum 
qui  nali  nudiùs  tertiùs,  at»  uniiale  et  veritalecatholicà 
recesscrunl  ?  Numquid  non  niagis  eorum  qui  conslan- 
t-es  in  verâ  Religioiie  mauserunt,  nobisque  deposiluai 
fidei  acccpium  à  niajoribus  illibatum  inlegrumque  re- 
liquerunt?  Ergo,  etc. 

Resolvuntur  liœrelicorum  objectiones. 
Objiciunt  :  Non  dobent  nov:e  voccs  in  Ecclesiam  in- 
Iroduci  :  ail  enim  Apostolus  Tim.  2,  20:  0  Timolliee, 
depositum  custodi,  devitans  profanas  vocum  novitates  ; 
atquivox  illa  (ex  opère  opcrato),  tum  barbara  est,  lum 
recens,  etveleribusprorsùsinaudita  :  ergo,  etc. —  R.  : 
Dist.  maj.  :  Non  dcbenl  nov;e  voces  in  Ecclesiam  intro- 
duci,  qu;c  novam  doctrinam  enunticnt,  concedo  ;  qujc 
exprimant  dogma  antiquum,  subdislinguo  :  Nondobeut 
admitti  privaiocujusque  consilio,  conc;  publiccâ  Eccle- 
sioe  aucloritaio,  ita  ul  penès  illam  non  sil,anliquo  do- 
gmati  voccs  novas  pro  temporum  conrlilione  acconi- 
modare,  nego  maj.  Similiter  dist.  min.  :  Vox  illa,  ex 
opère  operato,  nova  est  quanlùm  ad  sonum,  concedo  ; 
quoad  sensum,  nego  min.  et  cons. 

E.  R.  Ad  nicntem  Aposloli  profana  vox  est,  quse 
novam  doctrinam  o!)trudit  revelalioni  contrariam  : 
ideù,  inquam,  profana,  quia  Dei  veritateni  otTendil, 
unde  ait  ibidena  :  Devitans  profanas  vocum  novitates,  et 
oppositiones  falsi  riominis  scientiœ,  quam  quidam  pro- 
miltentes,  circa  finem  exciderunt  ;  quantum  verô  spé- 
cial ad  voccs,  quLO,  licct  sonum  babeanl  novum,  an- 
tiquum tamen  dogma  significant,  tam  est  in  ioteslate 
Ecclesix!  eas  approbare,  quàm  explicare  doctrinam 
Christi,  el  populo  fideli,  omni  semolà  ambage,  propo- 
nere  ;  numquid  enim  nova  non  erat,  Arianà  peste 
grassaple  vox  ô,uovj(sv  :  In  bonoro  tamen  esse  cccpit. 
quia  ad  signilicandam  vcrbi  divini  substanlialilalem 
idonea  visa  est  :  numquid  pariter  nova  non  oral  secu- 
lo  13,  et  praîcedcntibns  temporibus  inaudila  vox,/)flMs- 
substanlialio?  Sapienler  tamen  introducla  est  publicà 
Ecdesiic  aucloritate,  ad  signilicandam  mirabilom  il- 
lam, quîc  in  Eucbaristià  fit,  subslantiie  panis  cl  vini, 
in  corpus  et  sanguinemCbrisiiconversioncm  ;  id  quod 
multis  aliis  exemplis,  si  res  poslularet,  in  promplu 
cs'^et  ostcndere. 

Jam  verù,  ut  ad  propositum  reverlamur,  fatemur, 
id  (luod  res  est,  novam  esse  banc  voccm,  ex  opère 
cramentum,  inquit   Hugo  à  S.  Victore,  est  materiale  J)  operato,  si  Soni  ratio  babcaïur  :  eam  enim  prlmus  forte 


1207  DE  UK  SACRAMENTAUIA.  — 

oniiiiuni  invexit  Iniiocentiiis  III,  aliqiiot  aiinis  S.  Tho- 
mh  :inlif|nior,  at  niliilô  seciîis  rem  signlHcatam  oiiini 
relrô  telalcEcflcsia  tenuit;  nani  Sacramcnla  prodii- 
ccro  gialiani  ex  opci c opcialo,  idem  esl  ac  gialiam 
procreare  virlule  silii  divinilùs  insità,  cl  (luatciiùs  Dei 
saiictilicanlissunt  instriimenla;  atqui  doclrinam  liane 
Paires  conseiisu  iinanimi  propiignâruiil.  Sic  pncler 
ca-teros  S.  Augnslinus  doccl,  lib.  4  contra  Douai., 
c.  24,  inst.  1  :  Non  eorum  mcrilis  à  qnibusmiiiistratur, 
aut  eorum  quibun  whiislratur,  constarc  Baptîsmi.m,  sed 
propriâ  sanclilate  alque  veritate,  propter  eum  à  quo  iii- 
stilulusest  ;et  cap.  6  :  Ipsum  per  seipsum  sacranwitum, 
inquit,  tmi'tiim  vaiel  ;  quod  profeclô  idem  est  ac  si 
diceret,  graiiam  ex  opère  operaio  confcrre. 

Inst.  1":  Âlqui  ca  vox  non  est  minus  sensu  nova, 
quàm  sono  ;  ergn,  etc.  Prob.  stibs.  Locutio  liocc  no- 
vum  cl  erroneum  dogma  significat,  quâdisposilionum 
omnium  ipsiusque  fidei  nulla,  in  adiillis  Sacramcnla 
suscipienlibns,  nécessitas  esse  monslralur  ;  atqui  kh  6 
volumus  Sacramenta  graliam  ex  opère  opéra loprodu- 
cere,  quia  in  adultis  nullam  roqniri  prœviam  ad  Sacra- 
mcnla disposilionem  conlendinius;  ergo,  etc.  —  Resp. 
Nego  strbs.  Ad  probalionem,  coiicessà  inaj.,  nego  mi- 
nor.,  etdico  lelram  li.inc  liicrclicorum  esse  calunmiam  ; 
tanlùm  enim  abest,  ut  fidei  aliarun)que  disposiiiomim 
apparalum  in  adultis  Sacramcnla  suscipicnlibus,  Ca- 
tholici  non  requiranl,  ul  c  contrario  absolulè  esse  ne- 
cessarias,  uno  oro  prouunlicnl,  tàque  de  causa  do- 
ceant,  à  Sacramenlorum  parlicipalione  arcendos,  qui 
nolunt  à  peccatis  recedere,  et  vilam  in  melius  com- 
mulare  :  hinc  concilium  Tridcnlinuui  magnà  diligenlià 
disposilionos  Baplismo  praîmitlendas,  sess.  G,  cap.  G, 
enumcrat  et  sess.  14,  cap.  4,  Fahb,  inquil,  quidam 
calumnianlur  catlioUcos  scriplores,  quasi  tradideniH 
Sacramerdum  Pœnitentiœ,  absquebono  viotu  suscipien- 
tium,  gratiam  couferre  :  quod  nunquàm  Ecclesia  Del  do- 
cuit  tiL'c  sensil. 

Inst.  2"  :  Prob.  min.  Juxta  doclrinam  scliolarum  in 
Romanâ  Ecclesia  approbalam,  Sacramenlorum  veto- 
ris  cl  novœ  k'gis  hoeccsidiUerenlia,  quôdpriora  gratiam 
ex  opère  operanlis  producercnt,  noslra  verù  ex  opère 
operato  ;  atqui  nullum  cssct  taie  discrimen,  nisi  opus 
operalum  internas  onmes  cordis  dispositiones  exclu- 
doret  ;  ergo,  etc. —  Rcsp.:  Coneessâ  maj.,  nego  min. 
Quemadmodùm  enim  ,  licèt  ignis  ex  opère,  ni  sic  di- 
xerim,  operato,  appositum  lignum  combural,  hoc  non 
irapedil,  quomiuùs  pnevicC  quicdam  in  ligno  debcanl 
esse  dispositiones  ;  pariler  de  Sacramenlis  novis  hoc 
dicimus,  qu:c,quanltjmvis  sintcHicacia  ad  medendum, 
si  tamen  indigné  suscepia  fueiint,  non  mcdcnlur,  non 
suo,  sed  suscipientiuni  viiio  :  è  contra  verô  Sacra- 
menta veteris  Icgis,  cùm  nuda  essent  signa  et  otiosa, 
de  se  praislare  niliil  poterant  :  unde  in  hoc  lempore 
iuslificalio  liominis,  à  Deo  quidem  at  eliamnùm,  tau- 
quàm  à  causa  principali ,  ab  opère  verù  hominis, 
bono  scilicet  cjus  molu,  tanquàm  à  causa  secundariâ, 
sed  à  Sacramenlo  neiiliquàm  pendebat  :  Plané  con- 
stat, in([uitcatecbismus  concil.  Trident.,  part.  2,  lit. 
de  Sacram.,  n.  27,  excetlentiorem  et  prceslantiorem 


DE  SACRAMEINTIS  IN  GENERE.  1208 

vtm  Sacrameulis  novœ  legis  inesse,  quàm  otim  vcleris 
li'cjis  sacramenta  habuerint  :  quœ,  cùm  infirma  essent 
eqenaque  elementa  ,  inquinatos  sanclificubanl  ad  emun^ 
dalionem  cariiis ,  non  animœ  ;  quurc ,  lit  sicjnu  lunliim 
carum  rerum  quœ  mînisliriis  nostris  clficiendœ  essent, 

I  instituta  sunt  ;  ulverb  Sacramenta  novœ  U'(jis,  ex  Clirisli 
latere  manantia ,  qui  per  Spirilum  sanclnm  semelipsum 
obtulit  iinmaculatum  Deo,  emundant  coiiscieutiam  no-  1 
slram  ub  operibus  mortuis,  ad  serviiindum  Dca  vivenli; 
atque  ita  eum  gratiam  quam  significant,  Clmali  sangui- 
nis  virtute  operantur :  qiiocirca  si  ea  eum  anliquis  Sa- 
cramenlis conferamus,  prœterquàm  quôd  plus  efficaciœ 
liabent,  et  ulilitate  uberiora,  et  sanclitate  augmtiora  esse 
inveniuntur. 

liisl.  3°:  Nunquàm  agnovernnl  paires  in  Sacramen- 
lis veram  gialiocconferenda!  virinlem  ;  ergo  nova  illa 
doclrinaesl.  —  Resn.  :  Nepo  ant.  L't  enimpalàni  onmi- 
bus  fiai,  quàm  immcrilô  li;welici  doclonnn  veterum 
palrocinio  gloricn-lur,  salis  supenpie  fuerit  adducla 
snperiùs  Patrura  testimonia  eum  scriplis  Lullierano- 
rnm  cl  Calvinislarnm  ,  sedatà  et  ab  oinni  pr;rjndicio 
libéra  mente,  conlciTO.  Isiiqnidem,  cùm  nob'nl  iillam 
Sacramenlis  ad  sancli''cand(im  inesse  virliilem,  con- 
scquens  est,  ul  divina  bénéficia  parvi  pendant,  et  pcnè 
in  nibihnn  rediganl;  bincque  niliil  prodesse,  et  nndas 
esse  piclnras  audacier  pronmilient.  At  longé  aliter 
Patres  de  Sacramenlis  loipinnlur  ;  cornm  enim  digni- 
talem  cl  efficaciam  verbis  quàm  possunl  magnificcn- 
lissimis  pracdicant  ;  distant  ergo  à  Luiberanis  et  Cal- 
vinislis  longissimè  :  eos  enim  oporlet  discrepare  sensu, 

[  qui  discreiiaiit  verbis;  mendacii  ilaque  et  ignorantiac 
novi  hxrclici  revincuntur,  qnando  aflirmare  non  ve- 
renlur,  nunqnàm  Paires  agnovisse  in  Sacramenlis  ve- 

I  ram  gralia;  conferenda^  virluteiii. 

Inst.  4°  :  Sola  fideshominem  juslificat  :  fiiihlra ergo 
Sacramenlis  vis  aliqua  sanctiîatis  et  jusiiiiie  coiife- 
reiidai  Iribuitur.  —  Rcsp.  :  Nego  ant.  Equideni  inliciari 
non  possumus,  in  juslificalionis  negolio  magnas  fidei, 
imô  primas  esse  partes.  Fides  enim,  ait  concilium 
Trid.,  sess.  G,  c.  8,  esl  humanœ  salnlis  inilium,  fun- 
damenlum  et  radix  omnis  juslificutionis  ,  sine  quii  im- 
possibile  est  placere  Deo,  et  ad  filiorum  ejus  consorlium 
'  pervenire.  Hinc  omnimodam  ejus  neccssilalcin  ubiijue 
Scriplura  et  traditio  divina  coinmcndal.  Sed  quia  fides 
necessaiia  dicilur  ad  salulem,  non  inde  conscqucns 
est  quôd  sola  sufriciat  :  frustra  namque  fides  eril, 
nisi  esclera  qu;c  Dominus  praMipil  inipleantur;  in 
quo  sanè  numéro  Sacramcnla  esse  (piisqnis  ncgal, 
contradicit  Christo  doceiili  :  Qui  credideril,  el  bapti- 
zatns  fuei-it,  salvus  ei-it...  quorum  remiscrilis  pcccula, 
remiltunlur  eis,  etc. 

Insl.  5°:  probandoant.  Sola  fides bomiuem  juslificat, 
si  cuui  fide  neccssariô  et  inseparabiliter  sit  conjuiicia 
leccalorum  remissio;  alqui  ita  se  res  habet  :  er- 
go, Ole, —  Resp.:  Conc.  maj.,  nego  min.  Ul  enim  fides 
non  sil  neccssariô  eum  pcccalorum  remissione  con- 
juncla  ,  salis  est  quôd  possit  aliquis  sine  i'iàc  acluali 
liberari  à  peccalo  ;  et  quôd  possit  vice  versa  sine  pec- 


i269 


QU^ST.  IV.  DE  EFFICACIA  ET  VIRTUTE  SACRAMENTORUM. 


12-76 


catorum  remissionc  liabcrc  fidein  :  atqiii  utriinii|uc 
coutiiigit  sa'pibsiiiie. 

1°  Eiiim  parvuli ,  qiiaiidu  bapti/aiilur,  lavaiiliir  el 
mniidi  fiiii;t  ab  originali  peccato,  qiios  acliialcin  non 
liabore  (liKin  ccrlissimum  est. 

2°  Calliolicaj  Ecclesiai  seiisus  niaiiil'cslù  oxpriniiliir 
in  Syinbolo  Consliinlinopolilano  :  ConfUeor,  intiuil, 
uiiuin  Bttplisma  in  ranissionempeccatorum.  Alqui  nenio 
iuliiltiis  ailniilli  iiiiqiiàni  poliiit  ad  Baplisiuuni ,  iiisi 
fidem  se  liabere  profilci\liir  ;  illiid  voi ù  non  uiodù 
CIn-isli  aucloiilas  persuadot,  diccnlis  '\larc.  16,  lo: 
Eunles  in  miindum  universum,  prœdicale  EvaugeHiiiu 
omni  crealurœ,  qui  credideril  el  baplizaltis  fucril,  salvus 
m^jsedclplurima  Seiipliirarunicxenipladcnionstranl: 
in  AcliLus  enim  Apo.slolormn,  c.2,  il,  legilur,  tribus 
circilcr  liominiim  niillibus  Bapli.>nia  datiini,  poslquàm 
crediderant  verbo  Pétri  Evangcliuni  annunlianlis. 
Qui  enjo  recepenint  sermonem  ejiis ,  inqnit  S.  Lucas, 
baptizali  sunt,  et  in  eodcni  libro,  c.  8,  12,  de  Saniari- 
lanTsTeforliir,  ({ubdCiim  credidhsenl  l'Idlippo  evamjc- 
lizaiili  de  recjno  Dei,  in  nomine  Jesu  Clrrisli  biiplizaban- 
ttir  viri  et  mulieres.  Ueniqne  de  eunucho  :  Ait  Eunii- 
cliKs,  ecce  aqiia,  quid  prohibel  me  baptizari?  Dixit 
aiileni  Pliilippus: Si  credis  ex  loto  corde,  liccl ;  el  re- 
spo)idens  ait  :  Credo  Filitim  Dei  esse  Jesiim  Clirisluin; 
et  descendernnl  iiterquc  in  uqnum ,  Pliilippus  et  euiiu- 
chus  et  baptizavil  eitm. 

Cerluin  ilaquc  est ,  dcbere  fideni  in  adnltis  Bapti- 
sniuin  pra'cedere;  cùm  aulcni  Sacramenloruni  janua 
sil,  niiillo  m  iiùs  ad  (juodvis  a!iud  adniilli  iiolerit  bonio 
non  crcdeiis  :  lemctariù  ilaqiie  et  contra  lidei  verita- 
leni  Lntlterani  et  Calvinisla;  affirmant,  peccaiorinn 
remissio;icm  necessariô  cum  (ide  esse  conncxam. 

Inst.  0",  probando  min.  ex  auclorilate  Scriptarx. 
Justus  ex  ftde  vieil ,  in(piit  Aposlolus ,  juslilia  Dei  per 
fidem  Jesu  Clirisli,  in  omnes,  et  super  omnes  qui  crediiut 
in  euui;  corde  credilur  ad  justiliam ,  Rom.  1,  18;  5, 
22;  10,  10;  quorum  similia  snepè  in  ulroque  testa- 
mcnlo  occnrrunt;  iiidc  sic  colligilur  argumciilum  : 
Jiistilia  sine  peccatorum  remissione  esse  non  polest  ; 
alqui  cum  lide  est  necessariô  canjnncta  juslilia,  juxta 
doctrinam  Apostoli  ;  idem  ergo  debcl  dici  de  pecca- 
torum remissionc.  —  Resp.:  Admilto  S.  Pauli  lesli- 
liKiiilum  :  Ad  probat.,  conccssâ  maj.,dislinguo  min.: 
Cum  lide  necessariô  est  conjunola  juslilia,  quando  ; 
alin  concDrriuit,  confcrentia  ad  justiliam  et  saluteni, 
concedo  ;  cum  fide  solâ,  nego  min.  et  conseq. 

E.  K.  Quemadmodiim  juslilia  et  remissio  pecca- 
,t()ru!ii  (idii,  in  Scripturis,  accepta  refcrlur,  ita  pari- 
Ici-  in  spcm  ,  cliaritalem,  bona  opéra,  ipsaque  Sacra- 
nionla  refundilur:  nam  qui  dixit,  corde  credi  ad  jusli- 
tinni ,  idem  voce  non  minus  clarâ  dixit  Rom.  8,  24  : 
Spe  salvi  facti  sumus;  pncdicavil  idem  cLaritatis  ne- 
<:<■  ,-iLileni  et  e.vcellentiam  :  Si  luihucro,  niqmt  l  Gor.  ] 
15,  2,  omnem  fidem,  ita  ul  montes  transfcram ,  chari-  \ 
talcm  aulem  non  liabuero ,  nihil  sum;  idem  et  bona 
opéra  commendavil  :  Slabilcs,  inquit  1  Cor.  15,  58, 
esloie  el  immobiles,  abundanles  in  opère  Domini  sempei-: 
tcientes  ou'od  labor  vester  non  est  inanis  in  Domino  : 


nec  siluit  de  Sacramcniis,  quo  nemo  meliùs  virlulem 
eorum  et  cflicaciam  explicavit.  Clnistus,  inquit  Ephes. 
5,  25,  dilexil  Ecclesiam  et  tradidit  seipsum  pro  eà,  ut 
illam  sauclificarct,  mundans  lavacro  aquœ  in  verbo  vitœ. 
Va  ad  Tit.  3,  5  :  Salvos  nos  fecil  per  lavacrum  regene- 
rationis  el  renovalionis  Spirilùs  sancli. 

Uicendum  ilaqu.'.ojusmodi  icsiimoniis  quaî  ad  com- 
niendationem  fidii  afl'erunlnr,  significari  ejus  excel- 
lent iam  ,  et  ostendi  quantum  conférât  ad  saliilem, 
modo  caHcra  non  negiigantur,  qu;e  simul  obscrvanda 
didicimus:  unde  non  sunt  cum  excbisioneinlelligenda. 

Inst.  7°:  Alqui  sensum    habent  exclusivum  :   er- 
go, elc.  Probatur  subs.  Marci  ullimo,  v.  1  G,  sic  iiabetur  : 
Qui  credideril,  cl  baplizatus  fucril,  salvus  erit  :  qui  verb 
non  credideril,  condcmnabiliir  ;  inde  sic  arguilur  : 
I      lili  taniùm  dono  justitia  et  peccatorum  remissio 
.  necessariô  conjuncta  est ,  eliam  cum  cxclusionc  Sa- 
j  cramentorum ,  cujus  solius  conlemplum  ieterna  est 
damnalio  seculura;  alqui  propter  soliis  fidei  dcfe- 
clum  Clirislus  eô  loci  damnalionem  aUernani  coni- 
minalur;  non  enim  dicit  :  Qui  non  credideril,  et  bapli- 
zatus nonfueril;   sed  baptismale   prx'lermisso  :  Qui 
non  credideril  condemnabitur.  Ergo,  elc. 

R.  Nego  subs.,  et  admilto  auctorilaiem.  Ad  argu- 
nientum, 

1"  Nego  maj.;  quando  enim  ad  unum  finem  plera- 
que  necessariô  requirnntur,  ut  homo  operam  perdat, 
cl  infelicem  exilum  babeat,  salis  est  qaôd  unum  è 
multis  omillat:  Quicumque  tolam  legem  servaveril ,  ait 
Jacobus  Aposlolus, Epist.  c.  2, 10,  offendal  autem  in 
uno  ,  faclus  est  omnium  reus.  Quem  in  sensum,  coni- 
nnmi  scbolarum  consensionc  boc  axioma  rcceplum 
est  :  Bonum  ex  i)degrà  causa,  malum  ex  quocinnque 
defectu.  Itsque  ex  eo  quôd  solius  nogligentia  (idoi 
ateruâ  damnatione  pleclenda  denunlietur,  minime 
sequilur,  justiliam  et  peccatorum  remissionem  à  solâ 
fide  pendere  ;  maxime  quia  quod  ibi  de  fide ,  idem 
alibi  de  spe,  cliaritale,  bonis  operibus ,  el  de  ipsis 
Sacramcniis  asseiitur. 

2°  Nego  min.;  quanquàm  enim  Cbrislus  apertè  de 
Solâ  (ide  loquatur,  ex  verbis  tamen  praccedenlibns 
Hicilè  colligilur,  debere  boc  ejus  oraculum  cliam  in- 
lelligi  de  Baptismo;  nam  anlea  dixeral:  Qui  credide- 
rit ,  et  baplizalufi  (uc.ril ,  salvus  eril.  Oiicniadmcdùm 
ilaque  salus  ifi  fidem  et  Bapli>mum  refundilur,  ila 
utriusque  violatio,  ab  boc  beato  fine  abcrratio  est  ; 
ideô  verô  non  dixit  :  Qui  non  fnerit  baplizatus,  condem- 
nabitur, non  quia  vcrum  non  cral,  cùm  hoc  ipsuin 
alibi  conlostaîus  essel ,  dicendo  .loan.  3,  5:  JS'isi  quis 
rcnalus  fuerifex  aquà  cl  Spiritn  sanclo,  non  polest  in- 
trore  in  regnum  Dei ,  sed  quia  ex  verbis  qu:c  immé- 
diate pnecesseranl ,  facile  subinlelligi  poterat  :  qui 
enim  non  crédit ,  ex  consequenli  non  vult  baptizari  ; 
et  ctiamsi  vcllet,  frustra  et  inulililcr  vellel. 

Alferl  alloiam  bujas  ^ilenlii  causam  S.  Bernardus, 
epist.  77,  admodùm  ,  nostro  quidem  judicio  ,  conve- 
nicnlrni,  observans  non  esse  dicinm  :  Qui  non  bapliza- 
tus fuerit,  condemnabitur  :  sed,  qui  non  credideril,  etc., 
ul  major  fidci  nccessilas  quàwi  Baplismi  oslenderelur 


1271  DE  RE  SACRAMENTARU.  — 

contingit  enim  ,  lit  sine  Baptismo  quis  salvetiir,  cîini 
scilicet  Baplisnii  siiscipiendi  non  est  Cacullas  :  al  crc- 
dendi  lanla  nécessitas  est ,  ut  omni  evonlu  qui  non 
crediderit,  condomncliir. 

Inst.  8°  et  nltimô  :  llliid  soliim  vini  hahet  jiisliliix; 
conferondTe  quod  soiiim,  eliam  cum  exclusione  Sacra- 
nienlorum,  jnslificat  ;  alqni  sola  (ides,  cum  exclusione 
Sacramentonim,  saltem  in  casu  nccessitatis  justificat  : 
ergo ,  etc.  —  Resp.  \°  :  Relonpieo  argiiinenln:n.  Ba- 
ptismus  sine  ullo  fidei  exercitio  infantes  jnslificat,  et 
ad  cœluni  certô  perdncit;  ergo  aliquid  pncler  fideni 
jnstiticandi  vim  liabet. — Resp.  2°  :  Conccssâ  niaj., 
disl.min.:  Sola  fides  in  casM  necessitaiis  justificat  sine 
Sacranienlo  reverà  suscepto,  concedo;  eliam  sine  Sa- 
cranionli  voto,  nego  min.  et  conseq. 

E.  R.  Equidem  si  fides  sempcr  jusk^ncaret  sine  Sa- 
cranientis,  et  Sacramenta  nunquàni  sine  fide  justum 
hominem  tacerent  raeritô  dicerelur,  in  solam  fidem 
refundi  debere  jusiiiiam  et  saluieni  ;  al  longé  aliter  se 
res  lial)et  ;  nam 

1°  Sacramenta  aliqnando  sine  fide  actuali  justificare, 
exemplum  parvnlorum  invictè  probat. 

2'  Fides  adultos  justificare  non  potest  sine  Sacra- 
nientis ,  in  re  ,  vel  in  volo  susceplis;  adeô  ut  si  (juis 
lidem  profiteretur,  et  tamen  Sacramenta,  cùm  posset, 
nollet  recipere  ;  vel  si ,  cùm  non  posset ,  nec  voiuin 
quidem  haberet  suscipiendi ,  ille  profectô  justus  non 
fieret  :  ciijus  ratio  bine  repeti  débet,  quùd  Christi 
mors,  quse  est  causa  meriloria  jiistifiealioniset  salutis, 
nemini  ad  salutem  prodest,  nisi  applicelur.  Poculitm 
inimortalitalis ,  inquil  S.  Prosper ,  resp.  ad  primam 
object.  Vincent.,  quod  confcciuDi  est  de  iufirmilate 
nostrà  et  virlute  divhiù,  liabct  ijuidem  in  se,  lU  omnibus 
prosil;  sed  i-i  non  bibitur,  non  mcdelur.  Non  uno  verô 
modo  hœc  applicati:»  fit;  sed  fide,  timoré,  spe,  cbari- 
lale  incboalà,  et  denique  Sacramenlorum  susceplione, 
qusc  Ciirisliis  ad  sanandnm  liominem  ordinavit;  quà 
de  re  legatur  concilinm  Tridenlinum  ,  sess.  G,  cap.  G, 
7  cl  8;  intérim  ul  inslilutum  persequamur,  sit 

§  2.  Osteitditur,  iwrba  Sucramenlornni  nec  concioualia, 
nec  merè  promis&oria,  sed  verè  consecratoria  esse. 
Magnam  babel  sententia  li;ec  cum  priccedente  affi- 
nitalem  :  nam  si  Sacrainonla  graliam  ex  opère  operato 
produciint,  ut  doccl  fides  ,  conseqiiens  est  consecra- 
toria esse  verba  qiiii)U5  ad  elementnm  acoedenlibus 
coalescunt.  Quèdsi,  è  contrario,  ex  opère  operato  non 
agunt,  vicerunl  lutberani  et  calvinista;,  volentcs  niliil 
«juidquam  habcre  roboris ,  priclerquàm  in  merâ  con- 
cione  aul  promissione  continealnr. 

Verbiun  consccralorium  quid  sit? 

Quod  ut  perspieuè  intelligas,  nota  vcrbiim,  quan- 
tum ad  praîsens  facit,  aliud  esse  consccralorium,  aliud 
concionale,  aliud  denique  promissorium 

Consecraiorium  est ,  quo  res  aliqua  consecrntiir, 
tum  ut  sacra  Deo  sit,  tiim  ut  divini  et  supernaturalis 
efl'eclùs  sit  capax.  Cujus  quidem  rei  si  non  aliunde 
quàm  ab  ipsisSacramenlis  exemplum  aft'erinins,  da- 
bil  lector  veniain,  quoniam  opporluniùs  nou  occurrit. 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


4272 


Sic,  exempli  causa,  verba  evangelica  quibus  Sacramon- 
tum  Raptismi  conficilur,  consecratoria  àcatliolieisap- 
pellanlur,  tum  quia  statim  ac  prol'erunlur,  desinit 
aqua  esse  profana  ;  tum  quia  eorum  virtutc  fit  ut 
homo  à  captivitate  diaboli  liberaliis,  et  nb  omni  pnr- 
gatiis  labo.  jnslilià  et  sanctitalc  interna  ornctur,  Deo- 
qnc  sit  mancipatus. 

Concionale  est ,  quod  vel  in  doctrinâ  fidei  propo- 
nendâ ,  vel  in  hominibns  ad  virlutis  studium  exlior- 
tandis  consuniilur  ;  cnjus  quidem  cùm  in  Scripluris 
exemplum  sit  nuilliplex ,  inutile  prorsùs  fucrit ,  ali- 
(piod  in  speciali  afferre. 

Tandem  promissorium  est,  quo  res  aliqua  in  futu- 
rum  lempus  spondelur;  qnomodô  quando  Abiaha: 
dixit  Dens,  Gen.  17,  8  :  Dabo  tibi  et  seniini  tua  terram 
peregrinationis  tuœ,  omncni  terrain  Chanaan  in  posscs- 
sioneni  œternam.  Sequitur  nunc  (i) 

(Ij  Pr.TCsens  controversia  duplicem  qucestioncm  in- 
volvit,  nempe  1"  an  verba  forn^e  sint  lantùin  proiuis- 
soria  et  concionatoria  ,  non  verô  consecraloria  ;  2" 
ntrùm  in  Sacramentoium  collaîione  necessaiiô  de- 
beat  adbiberi  concio  divinas  promissiones  ex|)]icans. 

Circa  primam  qusestionem,  si  Protestâmes  niliil 
aliud  docerent ,  nisi  verba  sacramenlalia  esse  pro- 
missoria  et  concioualia,  vix  à  Calbolicis  difî'errcnt , 
(|ni  facile  admitliint  sacraiissima  li;ec  verba  ali(|i!0 
sensu  dici  posse  promissoria  et  concioualia:  proiiiis- 
soria  quidem,  qualenùs  promissiones  divinas  in  inen- 
tcm  revocant,  casque  quasi  sigillaiit;  concionatoria 
verô,  qnatenùs  fidem  et  pietatem  excilarc  possunt; 
sed  insnper  coiitendnnt  novelli  reformatores  ea  (;sse 
promissoria  tanlùm  et  concionatoria,  nec  posse  dici 
consecraloria,  nisi  fnrlè  qnatenùs  maleriam  ab  usu 
profano  et  vulgari  ad  usnm  hacrum  et  religiosum  ira- 
ducunt;  dùm  è  contra  fides  calliolica  doceat  ea  esse 
verè  et  propriè  loqnendo  consecratoria,  id  est,  non 
solùm  quia  materiani  à  slalu  comuiuni  et  iiroiano  ad 
sacrum  transferiint,  sed  etiam  quia  realiter  operanlur 
graliam  quamsigniiicanl. 

Circa  secundam  (juasticmem,  Protestantes  dicnnl  ad 
legilimam  Sacramentoium  adminislrationcm  reipiiri 
ut  pricmitlatur  aut  adiiiheatur  concio;  iniô,  ex  ipsis 
plurinii,  piveserlini  ex  prima-vis,  docere  non  dubilant 
linjnsmodi  concioiiem  ad  Sacramenlorum  esseiiliam 
perlinere.  Re  quidem  verà  fateiidiim  est  bnc  esse  prin- 
cipiis  pseudoreforinalionis  salis  congiiiens  et  accom- 
modatiim  ;  cùm  enim  apiid  novatores  ratum  sil,jiisli- 
ficalionem,  non  ipsis  Sacramentis ,  sed  soli  fidei  tri- 
bucndam  esse ,  nonne  quasi  spontè  Huit  concionem 
necessariô  adliibeiulam  ,  (jii;e  divinas  promissiones 
explicans,  fidem  suscipienlinm  excitet,  et  sic  illos  ad 
jiislificationem  condncal?  lliiic  Calvinns  ,  in  caput  ;!> 
Epist.  ad  Eplies.,  de  bàc  dissei-ens  concione,  quam  ibi 
vocal  explicationem  inyslerii,  ait  :  Soin  luvc  facit  ul 
morluuni  elementum  incipial  esse  sdcramcnlum.  (Jatlio- 
lici  anlem,  quamvis  non  iiificientnr  concionem  in  Sa- 
cranienlis  adminisliandis  ordinariè  adbibendam,  pia- 
sertim  quando  suscipi"nles  sunt  adiilli,  neganl  laiiuii 
id  omniiiô  requiri ,  sive  ad  validam  ;  sive  eliam  ad 
liciiam  administrationem. 

His  porrè  ad  verum  (luxstionis  slatum  clarè  expo- 
nendum  pradiabilis,  niliil  jani  siiperest,'nisi  ut  veriia- 
lem  catliolicam  ab  enure  Protestantium  vindiccmus. 
Quod  pi'aD.ilabunt  proposilioues  sequentes  : 

Propositi.)  prima.  Verba  sacramenlalia  non  sunt 
promissoria  dunlaxat  et  concionatoria,  sed  etiam 
coinecratoria,  seu  grali;e  prodtictiva. 

H;ec  proposilio  jam  inconciissa  manet  ex  dictis  in 
paragrapho  praicedenli,  ni  ipse  auclor  observât;  indi- 
vulso  enim  vinculo  coliigalur  cum  doctrinâ  de  effica  • 
citatc  Sacramenlorum ,  ibi  vindicatà.  Igilur,  quamvis 


1273 


QUiEST.  lY.  DF  EFFICACIA  ET  VIRTUTE  SACRAMENTORUM. 


1-274 


PnOB\Tio  prima:  partis. 
i°  Qiiidem  emunoralioiic  oniiiiiiiu  iiovai  Icgis  Sa- 

conriliuin  TriJenlimiin  iiiillo  spcciali  canoiic  Prole- 
slaiirniiii  placila  circa  pra'scnlrin  fnia;stioiiem  por- 
slriiig.il,  iiiiplicilè  lamcii,  noc  oliscuiè,  ea  |)rolligal, 
d'àiii  deHiiil,  ni  supra  viiliinns,  Sacranienla  proptcr  solam 
ftdcm  luttricnduin  non  fuisse  institntti,  soss.  7,  caii.  5; 
Sacrcnnenta  conlinerc  (jrulinni  (jutnn  siijnificunl,  canique 
con j'erre ,  nec  esse  siijnii  Kintiini  exleriut  ccicplœ  pcr 
fnieni  (jrntiœ ,  caii.  (>  ;  lanclom  per  ipsa  Sncruntoild  ex 
opère  operalo  (jralitim  conferri,  et  sotain  fideni  divinœ 
proniissioitis  ail  gratiani  eonsecjnendani  non  sufficere, 
can.  8. 
Ad  suporabundanliani  tamcn  jui'is, 
Prolt.  1  "  :  Sicliabet  S.  IreiiaMi^,  lib.  5,  c.  2  :  Quando 
viixtus  culix  et  fraelus  panis  percipit  verbuni  Dci,  fit  Eu- 
charislia  corporis  et  snngninis  Clirisù.  lia  verù  S.  Ani- 
brosius,  lib.  i  do  SaciMiuonlis,  cap.  4  :  Ubi  accessil 
conseeratio,  de  pane  fit  caro  Cliristi.  Si  Grogorius  iXys- 
semis,  oralione  calecbelicà,  cap.  37  :  Dei  verbo  san- 
ciifieniuni  panent,  imiiiit,  in  corpus  Dei  Verbi  transniu- 
tari  eredo.  llcin  S.  .\iigiisliiuis,  Deus  adest,  ai!,  lib  G 
de  Bapiismo,  caj).  25,  evangelicis  rerbissuis,  sine  qui- 
biis  Ihiptismus  consecrari  non  polest  ;  elipse  sanctifteat 
Sacranientuni  suuui,  ut  hoimii,  sive  anlequàni  baptize- 
lur ,  sive  ciini  bapiizalur,  sice  posleti  quandoque  ad  se 
veriiciler  converso  ,  idipsum  valent  ad  salulem,  qiiod  ad 
pcrnicieni,  r,isi  convertcretur,  valeret. 

L'iide  sic  argiiiuciilor  :  Illa  verba  non  sunl  promis- 
soria  diintaxat  atipie  concionalia ,  scd  eliani  verè  et 
propriè  consfcraloiia,  qu;i:  nialeiite  applicata  eam- 
dciii  ila  faciiml  è  coinnuiiii  sacrain,  ul  slalim  ad  pro- 
ducoiidaiii  gialiaiii  liai  habilis;  at(|ui  lalia  sunl  vorba 
Sacramciiloiuiii,  siquidem,  hisposilis,  panis  fil  corpus 
el  caro  Ciirisli,  uiixius  calix  ijisins  saiiguis,  aqiia  verô 
ad  salnU'iii  stio  sailem  tcnipore  babemlain  valet, 
elianisi  Iniic  iicc  iiiinislri  nec  snscipienlis  (ides  exoi- 
tctiir,  iiiiù  utenpie  lune  sil  pcssiinc  disposiliis,  ergo... 
T  Pcrpolua  Eeciesia;  Iradilio ,  ubi  de  Sacranicn- 
loruni  verbis  agel)aliir,  uniKpiàm  proinissionis  aut 
conciunis  ,  sed  consecraliunis  el  benedicliouis  nien- 
lionem  fecit;  pono  (|uis  sibi  persuadeat  SS.  Paires 
de  verbis  sacramenialibus  b)quentes  nunquàm  dixisse 
quod  erant,  seniper  verù  quod  non  eranl?  ergo... 

5"  Si  sacralissinia  ba'C  verba  essenl  tanUininiodô 
proniissoria  et  concionalia ,  lola  eoruin  virius  in  co 
sili  cssel  ut  fideni  et  pietalein  in  siiscipienlibus  ex- 
cilarent;  ergo  quolies  accidissel  ul  siiscipieiilibus 
lidein  nequaquàm  inoverent,  nullus  eorum  liabeiidus 
esset  cfl'eclus  ;  atqui  biec  saiiè  doclrina  perpeluae 
Iraditioni  omnino  adversUnr  :  constat  cnini  oiitnes 
SS.  Paires ,  Ecclesiam  denique  nniversani  lanquàin 
valida  liabuisse  Sacranienla  collata,  lùni  infantibus 
qui  acluabs  fidci  sunl  incapaces,  lùni  adullis  sine  (ide 
anl  pielate  illa  recipienlibus;  ergo  non  sunl  proniis- 
soria duntaxat  nU\ac  concionatoria  ,  sed  eliani  conse- 
cratoiia. 

V  Tandem  verba  sacranienlalia  niliil  prœ  .se  ferunt 
quod  vel  mininiùin  redolcat  prouiissionem  aul  cim- 
cioiiem,  iit  attendenti  perspicnuni  est  ;  sicnt  in  exem- 
pluni  lornia;  Hapiismi  et  Encbaiislia' ;  quis  niniiiiun 
lirouiissioneni  abijuain  vel  concioneni  in  his  verbis 
depreliendal  :  F.qo  te  baptizo  in  nomine  ,  etc.  ;  \el  in 
istis  :  Hoc  est  corpus  nieiun  ;  liic  est  calix  sanquinis 
Dit'j.'ldeni  plané  judiciuin  Icrri  débet  de  cu'teris  Sa- 
cranicnlis  :  porrô  absonuni  penilùs  videlnr  verba  baîc 
ila  essenlialiler  esse  proniissoria  el  coik  ioiialia  ,  ut 
non  agant  nisi  instar  proiiiissionuni  el  coiicionuin,  nec 
tamen  ullo  modo  concioneni  aut  proniissioneni  in  se 
sapcre;  si  enini  priniariô  ae  ininiedialè  destinala  es- 
senl ad  lideni  divinaruui  proniissionuni  in  snscipien- 
tibus  excilandani,  facile  adinodùm  l'uissel  ea  buic  fini 
convcnientiùs  accouiniodare;  ergo... 

Proposilio  secunda.  Neque  ad  validam ,  neqiie  ab- 
sobitè  ad  Uciiani  sacramenloruni  adminislralionem 
neccssecst  ut  prx'iiiitiaiur  aut  adhibcatur  concio,  quà 


cramcntorum,  quorum  verba  ciïecliim  quidem   spiri- 
tualem  significant ,  coiicioricm  certè  nullani  liabenl  : 

eorum  inslilulio  atiiuo  elTecliis  cxponanlur. 

Prob.  prima  pars,  nenipé  concioiiciii  non  i  iqniri  ad 
validam  S;ici'anieniornm  adminislralionem,  1"  e\  Ira- 
dilioi;e  perpétua,  constanlique  Ecclesia;  praxi.  Neino 
catbolicus  direie  polest  Ecclesiam  circa  Sacramenlo- 
runi adminislralii)nem  per|)eluô  et  esseniialilcr  er- 
rasse ;  al(pii  id  lamen  asseri  débet,  vd  f;iieii(lum  est 
concioneni  non  esse  de  Sacramenlormn  cssenliâ  ;  licot 
Chim  sœpè  inler  Sacranienla  ronlerenda  concio  lia- 
bealur,  non  rarô  absque  iillà  concione  ea  celebrari 
conlingil,  pra;serliiii  ubi  :ii;ilur  de  Bapiismo  parvulo- 
rum  aut  amenliuni  ;  et  id  à  priniis  secuiis,  cernento 
et  approbanlc  Ecclesià,  frequentatum  perpétua  iraJi- 
tione  iiovimus;  ergo... 

El  verô  Raptisnia  b;ereticorum  omnium  ,  qui  inle- 
gram  formam  scrvabanl,  ut  validmii  semper  Ecclesià 
suscepit,  ut  coiislal  ex  innumeris  moniuuenlis,  et  pr;e- 
scrtim  ex  S.  Angusiiiio,  qui  sic  babel  lib.  ~>  de  Ba- 
piismo, cap.  15,  11.  20  :  Si  evaiiqelicis  verbis  :  «  In 
«  noniine  Palris,  el  litii,  el  Spirilùs  sanrli,  »  Marcion 
Baplismuni  consccrabat ,  inteqruni  eral  Sacranicnlum  , 
qnamvis  ejus  fides  sub  eisdem  verbis  aliud  opinantis 
quàm  catliolica  verilas  docel ,  7ion  esset  intégra  ,  scd  fa- 
bulosis  falsilatibus  inquinata.  idem  eliani  ferè  babet 
cap.  10.  Atqui  lurretici  v(d  non  concionabanlur  ,  vel 
plenam  crroris  concioneni  babebant;  ergo  aul  dicen- 
dum  est,  concioneni  ad  essentiam  Sacramenli  non 
ptrtinere  ,  aut  agnoscenduni  concioneni  lia'ielicam  , 
impietatis  et  blaspbemiic  idcnam  ,  fuisse  parlem  Sa- 
cramenli essentialem  :  poslerius  auteni  aurcs  chri- 
slianic  ferre  non  posent;  ergo... 

Denique  ulii  cxsmgit  qux'Stio  an  aliquod  sacramen- 
tuin  validé  sit  collaluni ,  iieciie  ,  non  invcsligare  solel 
F.cclesia  utrimi  in  eo  adminislrando  habita  toncio  liie- 
ril,  sed  uirùm  adhibil;e  luerinl  à  minislrn  ligilinio 
forma  et  maleria  debiUt  ;  qu.e  si  rite  observauu  >iiil, 
validum,  si  é  contra  adullerata.-,  invalidum  Sacramen- 
tum  pronuntialur.  Hic  mos  est  Ecclesi;c  à  lemporibus 
aposlolicis  ;  ergo  i"  ex  tradilione  perpétua  conslanti- 
que  Ecclesiie  praxi  cerlimi  est  concioneni... 

Prob.  2"  ex  conl'ulatione  rationis  fundamentalis  ad- 
versarioruin  :  si  cnim  concio  esset  essenlialis,  sanc 
quia  Sacranienla  per  se  immédiate  non  operareutur, 
sed  lantùni  medialé  el  fideni  excitando  ;  at(|ui  posle- 
rius jam  profligaUmi  est,  ubi  denionslralum  fuit  Sa- 
cranienla graliani  producere  ex  opereoperato  ;  ergo... 

Prob.  3"  ex  confesso  et  ralione  agendi  eorunidem 
adversariornin.  Jam  supra  nionuimus  plurimo.s  Pro- 
testantes,  pra;sertini  recenliores,  nobiscum  lalni, 
concioneni  non  ail  essentiam  Sacramenloruni  perli- 
nere.  De  bis  liic  non  loquinuir,  quan(|uàni  illoruni 
sullragiim  non  pariim  causa)  noslra?  vcrilalem  confir- 
niet.  Verùm  eiiam  ii  qui  nobis  ;idversanlur  usiiue 
adeù  parùni  sibi  constant,  ut  suà  agendi  ralione.  aut 
loqnendi,  nosli\e  doctrin;i;  favere  videanlur.  Enini 
vero  generatim  docent  valere  Baptismnni  (lalbolicn- 
runi  ,  atque  adeù  non  iteranduni  esse.  Idem  aperlè 
tradil  ipse  Calvinns,  lib.  i  Iiislit.,  c.  15,  §  Ki,  (jui  iii- 
super,  post  snam  aposlasiam,  nunquàm  se  novo  lingi 
Bapli  mate  ciiravil  ;  atcjui  in  F]cclesià  catliolica  Bapli- 
snins  sa'pissiiné  absipie  concione  admini^lraliir  ;  ergo, 
nisi  sibi  velinl  coiilradicire,  faleri  dcbcnl  ingénue 
concioneni  non  esse  Sacrainenlis  e>;senlialein. 

El  cerlè  iiilanles  el  amen'cs  validé  baplizanlur,  et 
id  non  iieganl  adversarii ,  quippe  qui  iiilanies  bapli- 
zaïil;  atqui  tune  adbibcri  non  polest  concio  ipià  iii 
ipsis  fides  excitelur;  hujus  cnim  sunl  Incapaces; 
ergo. . . 

Kespondel  Calvinus  1"  Raplismnm  Iiiik  quidem  non 
prodesse  infanli,  sed  profulurum  quando  signilicalio- 
nem  intclligere  poterit. 

Sed  r  si  concio  sil  cssentiaJis  Bapiismo,  débet  ab 
00  qui  bapli/atur  actu  pcrcipi ,  sicut  ipse  aqiià  débet 
aclu  tangi.  2"  Mulli  iiil'anlcs  moriuntur  aiuequàm  si- 


1275  DE  HE  SACUAMENTARIA.  — 

qiKf  enim ,  quocso ,  ia  his  verbis  concio  est  :  Ego  te 
bapiizo ,  Ole?  qua;  ilcm  ia  islis  :  Ego  (1)  vos  in  malri- 
monium  cotijungo?  Idemque  de  CLtleiis-aporliiis  est, 
quàra  ui  iiostris  indigeat  argiimentis. 

2"  Concio,  si  quai  esset  in  Baplisino,  esenipli  causa,  , 
ïiecessariô  habenda,  vei  ad  iiiCanlcs  lespicerol,  qui  ' 
sacro  fonte  expianlnr,  vel  ad  cos  qui  in  locum  sa- 
crum Baptismi  administralionera  contcmplatuii  con- 
veniuiil  :  alqui  neutrum  dici  pi.test.  Non  piinium  : 
infantes  enim  non  magis  sunt  prsedicationis  andien- 
d;c,  quàin  fidei  aclualis  capaces.  Neque  eliam  secun- 
duni.  Valet  enirnSacramentumprivalim,  omniquc  se- 
motoarbitrio  dalum  :  deindc  Sacramenta  ad  eos  taiilùm 
respiciuiit ,  quibus  conferuniur  ;  ridicnkim  ergo  est 
(ingère,  nropicr  alios  qui  présentes  adsunt,  esse  ne- 
ceïsariam  concionem. 

Probatio  sccimdœ  partis. 

Nec  minus  est  cerla  pars  altéra  :  Sacrameiitaenim 
novic  legis,  ut  consiat  ex  diclis,  aliqiîom  liabent  ef- 
fectimi  sibi  necessariô,  divinâ  opei-anie  viriuie,  con- 
junclum  ;  alqui  vcrba  promissionis  non  habent  ali- 
quc  il  effectum  prsesentem;  non  enim  conlinuô  dat, 
qui  proniillit;  imô  promissio  omnis  suàpte  nalurà  est  { 
rei  non  in  praîsenti ,  sed  in  futiiro  tempore  conec- 

giiificalionem  intelligere  Yaleaiit.  5'  Eslo  timc  tanliim 
pr..riciat;  cùm  autem  non  uocesse  sil  illum  itcrare, 
ut  vim  snamexeral,  fatendum  est  absque  concione 
illum  fuisse  validum. 

Respondel  2'  concionem,  si  non  prosit infantibus ,  [ 
prodesse  s.iliem  adstaniibus. 

Sed  r  Sacramenta  non  célébrant ur  propter  adstan- 
les,  sed  ad  ulililalem  suscipientium.  2°  Fier!  potcst  | 
mdluin  adesse  pRelor  infanlcm  baptizandum  el  uii- 
nisirum  baplizanlem. 

Probalur  secnmla  pars ,  vidolicet  ad  licitam  Sacra- 
mentorum  adminislralionem  non  absolntè  reqniri  ut 
adhibeatur  concio.  T  lUud  in  Sacramcntis  admini-  [ 
strandis  sine  peccato  potesl  absolutè  omilli.  quod 
nuUà  lege  absoluiè  prœceptum  est  ;  aiqni  nnllà  lege 
absolutè  est  prseceptum  concionem  adhibere  in  admi- 
nistra lione  sacranicntorum  ;  bujusmodi  enim  Icgis 
nnllum  exstat  vesligium  sivc  in  Scriptnris,  sive  in 
SS.  Palrum  scriptis,  sive  in  decretis  conciliorum  aut 
sumniorum  ponlilicum.  Jubenl  (ibidem  l:im  divina; , 
tum  ccclesia.  lic;v;  ieges  neminem  ad  Sacramenta,  et 
pneserlim  ad  B;:ptismum  adinitli ,  nisi  rite  et  débité 
priîis  fuerit  edoctus  ;  at  nullibi  absolutè  privcipiunt 
ut  concio  in  ipsâ  sacramenti  administraticne  adbibea- 
lur  (anqiiàm  pars  intcgrans  divini  rilùs  ;  ergo... 

Probalur  2°  :  Quandoquo  inutile  prorsùs,  imô  et 
ineptum  essel  adiiibere  coucioneni,  v.  g.,  quando  Sa- 
cramentum  confertur  inlai:li ,  amenti,  vel  oliam  deli- 
ranli,  et  minister  solusesl;  quod  enim  Lulîier.<ni  fin- 
xère,  infantem  tune  tempoiis  concionem  percipere, 
ulliuium  est  desperalai  causai  responsum  ;  porrô  quis 
dicerc  ansil  sine  peccato,  oniilli  iiou  posse  concionem, 
quir  incassùm  el  ineplè  adliiberetur  ?  ergo... 

Probalur  5"  :  Licèt  pleriunqne  paslores  limorati  con- 
cionem lune  babcre  soleanl,  id  tamen  ilLesà  conscien- 
lià  se  posse  omiltere  judicant ,  saltem  quando  subest 
rationabilis  excusatio  ;  nec  unquàm  trdcm  agendi  ra- 
lionem  Ecclesia  i.i  probavit  ;  alqui  sine  leiiierilale  ali- 
quà  damnari  nequit  quod  omnes  paslores ,  pietaie  el  [ 
scicntià  commendalissimi,  se  lacère  pcsse  arbitrantur,  | 
ubi  pr;eserlim  Ecclesia  non  réclamât  ;  ergo...  (Edit.) 
(1)  Semper  supponil  auclor  banc  esse  formam  Sa- 
cramenti matrimonii.  Alii  tamen  neganl ,  ui  suo  loco 
videbiiur.  (Edil.) 


DE  SACRAMEiNTIS  IN  GENERE 


1276 


dendœ  ;  non  enim  habeo,  sed  especlo  id  quod  promit- 
litur  mihi  :  ergo,  etc. 

Deindè  valet  Baptisma  dalum  bis  solis  verbis  :  Ego 
te  bapiizo  in  nomijie  Patris,  etc.;  alqui  manifeslum  est, 
in  bis  verbis  prout  sonant,  nullam  conlineri  promis- 
sionen»  ;  ergo,  etc. 

Probvtio  tertiœ  partis. 

Qurc  cùm  ita  sint,  reliquum  esl  ut  teriiam  pariem 
sequamur  ;  verbuni  enim  consecratorium  est,  quo  res 
aliqua  tum  in  seipsà  fit  sacra,  tum  efficax  rei  sa- 
crnc  ;  atqui  verba  Sacrau.entorum  sunt  bujusmodi  : 
nam, 

1°  Eorum  virtute  materia  in  sanctis  symbolis  adhi- 
berida  ad  slalum  supernaturalem  evebitu r  :  iVo;i  est 
aqua  profana  d  adultéra,  inquilS.  Auguslinus  lib.  5, 
de  Bapt.,  c.  10,  supra  quam  nomen  Dei  invocalur  ; 
eliamsi  à  profanis  el  adulîeris  invocelur...  Omncs  aquœ, 
ail  Tertullianus  supra  laudatus,  de  prislinà  originis 
prœrogalivà,  Sacramentum  sanclificationis  conseijuun- 
lur  invocalo  Deo.  Supervenît  enim  stalim  Spiriliis  de 
cœlis  ,  el  aquis  superesl ,  sancti/kans  cas  de  sciiiet- 
ipso. 

2°  Eadem  verba  dant  Sacramentis,  sanctilalis  el 
grati;E  conferend;e  fœcunditatem  ,  quod,  nisi  ta.'dio- 
sum  essel, addutlis  ilerùm  Scriplurai  el  Palium  tesli- 
moniis  invictè  demonstraremus  :  relegal  studiosus 
lector,  qu:r  §  prœcedeniee'xscripsimus.  V.  §  l,prob. 
1  et  2.  Ergo,  etc. 

Resolvuntur  objecliones. 

Obj.  :  Ea  in  Sacramentis  verba  necessaria  sunt, 
quuî  Cbrislus  voluit  adbiberi  :  atqui  voluit  Cbislus  in 
Sacramentorum  adminislratione  fieri  concionem  : 
i  ergo, etc.  —  Resp.  :  Conccssâ  niaj.,nego  min.;  namsi 
fides  Hiïreticis  babeatur,  duo  tanlùm  in  Scripturis 
Sacramenta  praecipiuntur,  Baplismus  et  Eucbaristia  : 
atqui  in  neulriiis  adniiitistmlione  Cbrislus haberi  voluit 
concionem,  qu;c  nimirùm  ad  eorum  esseuliampertinc- 
relideBaptisiuo  quidem  slatutum  Joannis  3  :  yisiquis 
renatus  fuerit  ex  cquà  el  Spiriiu  sancto,  etc.,  el  Marci 
ullimo  :  Qui  credideril,  el  baptizatus  fuerit,  salvus  erit; 
quibus  in  locis  ne  niinima  quidem  concionis  men- 
tio  fit. 

Quantum  verô  ad  Eucharistiam  :  nec  Christus  in 
Evangelio,  nec  Paulus  in  Epistolà  prima  ad  Corin- 
ibios  1,  dicunl  debere  fieri  concionem,  quando  coena 
dominica  célébra tur  ;  nec  verô  Cbi'isliîs  ipse  Eucha- 
risliam  instiluendo,  sermonem  ulluin  babuil,  qui  ad 
lu^c  Sacramentum  iitcessariô  pcrlineret,  ejusque  ve- 
iuli  pars  habenda  foret;  sed  verbis  simplicissimis  usas 
esl  :  Hoc  esl  corpus  meum  ;  hic  esl  calix  sanguinis  viei  : 
vid  rint  ergo  Calvinus^l  alii,  si  superis  placel,  Lc- 
cletlic  reformalores,  quo  spiritu  révélante  didiccrini, 
non  -^liam  esse  formam  Sacramentorum ,  quàm 
qu;e  in  exposilioné  fidei ,  vel  exborlalione  coi.b!- 
stat. 

insi.  1"  Prob.  min.:  Apnd  Matthreum,  cap.  ult.,  v. 
19,  sielegitur:  Euntes  docele  omnes  gentcs,  baptizan- 
les  cos  in  nomine  Patris,  etc.,  docenles  eos  servare  om- 
nia  quœcinnqve  mandait  vobis  :  bine  enim  palmare  pu- 


1277 


QmEST.  IV.  DE  EFFICACIA  ET  VIRTUTE  SACRAMENTORUM. 


1278 


tant  sequi  argumcnlum  :  lUc  verba  concioiiis  in  Sa- 
crameiitis  nccessariô  v((liiil  adliiberi,  qui  prandicandi 
offioiHiii  cmu  Baplisnii  ccIol)rali;)no  coiijtmxit  :  alqui 
ila  eslà  t^iiristo  blaUitinn  :  ci  go,  clc. — Ho^p.  :  Adniillo 
aucloiil.  cl  disl.  niaj.:  llle,  etc.,  qui  pr.idicandi  olli- 
ciuni,  cmn  l'aplismi  CL'icbialioiiccoiijmixit,  laniinàin 
parlein  Baplisino  i-ssoiiliaiem,  coiiccdo  ;  lani|u;im 
piM'p  iratioiioni  Baplisino  pr;i!niilloii(lani,  nego  major.  ; 
di^lillg!I  )  p.uilerniin.  :  Cbrislus  tilnnTiq;;cconjtinxit, 
ut  iiiniiriiin  osk-iidcrct,  ncininoni  adiilUini  admitli 
debere  ad  Dapiisuia,  qui  non  essct  inibulus  mysleiiis 
fidei ,  concedo  ;  prxdicationeni  Baplisnio  vcluli 
parlem  essciiiialcm  adjin>gendo ,  ncgo  niinorcni  et 
conscq. 

E.  R.  Non  ncgamus  cô  ioci  pra;scribi ,  ut  fidci  et 
morum  expositio,  Baplisnii  adniinislralioni  praMiiilla- 
tur;  imô  h:icc  est  Catholica;  Ecclesioo  cousueludo, 
omnium  a^lalum  ol)sorvalioiic  firniala  nt  nomo  adul- 
lus  ad  Caplisiniun  admiltaliir,  quin  priiis  fidei  et 
sc;cnli;B  CbrisUano  nccessariaî  lyrociniuin  posuerit  ; 
liée  enim  nescicntcs  quid  voverint  ,  quid  credcre  , 
qnidve  expectare  debeani,  ad  Chrislnm,  more  pecu- 
duin,  ducimus  ;  sed  volumits  milites  sni  ofiîcii  mo- 
nitos  et  mercedis  spe  dt- liiiitos  :  quâ  de  re  prœclnris- 
sima  Patruni  documenta  ,  suo  tempère  ,  affercmris. 
Sednegamns,  à  Chrislo  concionem  cssepr;rscriplam, 
vehiti  paj'lcm  Btiplismi  cssentialem  ;  eonvm  enim  quœ 
seceriiniitur  ab  invicem,  non  polesl  unum  ad  altc- 
rum,  veiui  pars  ticf  essaria,  j  erlinere  ;  niqwi  in  îioc 
tesUmonio  diserte  disiingnii  Ohrisius  prscdicationcm 
à  Biptismo:  E  unies  ,  inquit,  doccte  omnes  gcntes ,  ba- 
ptizanlcs  eoit,  etc.,  qiieni  loaim  S.  Ilieronynuis  inlcr- 
pretans  :  Ordo,  iiiquit,  prœcipuns  est  :  jussil  Aposlol's, 
ut  priinhm  docirent  omîtes  rjniles,  deinde  fidei  iiilingirent 
Sacramenlo  :  et  post  ftdem  acBapiisma,  qxiœ  esscnt  ob- 
servandn  prœciperciit. 

Inst.  2°  Itqiii  Cbristiis  pra;dicandi  ministeriinn,  Bap- 
tismi  solemiiiiali,  vebilpartcm  esseulialemconjunxit  ; 
ergo, etc.;  probant  s<ibs.  ex  Apostoio  sic loquentc , Epb. 
5,  25  :  Christus  dilexil  Ecclestam ,  et  tradidit  f  ipsvm 
pro  eà,  numdans  lavncro  aqum  in  vcrfco  vilœ  ;  undc  si<; 
infeiunl  argumimlum  :  Vcrbum  vit;c  de  quo  Aposlolus 
loquitur,  est  ipsum  doctrinrc  erbum,  de  qoo  dixcrat 
Cliristus:  Euntes  docete  omncs  (jeiites  ;  atrjui  verbum 
hoc,  teste  Apostoio,  simul  cum  lavacro  animam  mun- 
dat.  Ergo,  etc. —  Resp.  :  Nego  subs.,  ad  pi'ob.  adinitto 
ancloiilateni, et  ncgo  maj.  ;  h:eecnim  ver!)a  Aposloli  ; 
in  vcrbo  lilœ  ;  non  ad  ista  refcrunlur:  Docete  omnes 
(jeutes  ;  sed  alia,  baplizantes  eos  in  nomine  Palris,  etc., 
alUidil  enim  B.  Paulus  ad  institutionem  à  Cliristo  (j- 
clam,  quaiidô  dixil  :  i)oc<?<e  om/ies  (jenles,  haptizanlcs 
coi  in  uomine  t*alris,  et  Filii,  cl  Spirilùs  sancli  ;  igilur 
|)er  livacnmi  aqure,  Baplismum  ;  per  vorbum  vila;  in- 
icUigit  sanclissima.'  Trinitalis  uivocalionem,  quie  ex 
Cbristi  mandate  necessariô  lieri  débet. 

lia  iiunc  locum  l'alres  plerique  omne^  iiiti'rpnMaii- 
tur,  iino  S.  llieronymo  excop:o,  qui  verbum  vilœ  de 
doclrina  cxplicat,  Conim.  in  Epis,  ad  Eiili.  :  iicc  tamcn 
putaudum  tavere  CalvinislisS.  doclorcm  :  bicenini  non 


I  liltcralem  ,  sed,  ut  lo(|uitur  ipse,  tropologicum,  sivc 
mysticuni  Evangelii  sensuni,  ut  solel  facere,  aperit  ; 
bine  lavacrum,  non  Baplismum  interpretalnr,  sed 
purgalioncm  quamiibet  quie  per  doctrinau»  fieri  po- 
lesl. 

Oiiid  verô  iiinrilMis  opus  est?  Cùm  toi  contra  se  te- 
stes habeant  Calvinista;,  (piot  infantes  ve!  baclcnùs 
l)apliz;\riinl,  vel  in  posteruni  baplizabunl  :  qui  certè 
si  lojui  posscnl,  sic  eornm  slnhitiam  red  irgiiereut  : 
Quœ  tcnila  vobis  inconsiderantia  est ,  vl  pntrlis  sinecon- 
cione  vcrum  Bapiismum  esse  non  passe  ?  Quid  enim  no- 
bis  ,  ut  Clirisliamessemus,  prœler  aquam,  el  verba  evan- 
gclica  contribuislis  ?  Ntmiquid  vcslra  fdiqua  adliorlatio 
vcl  percnssil  aures  noslras,  vel  auimos  subiil,  qui  candi - 
tione  œtatis,  nec  sonos  verborum  discerncre,  nec  assenliri 
consiliis  veslris  potuinnis  ?  Atqui  tamcn  vobis  ipsisjudici' 
bns,  hoc  ipso  Christiani  sumus,  qu'od  mundati  fuimus  la- 
vacro aquœ  inverbo  vilœ  ;  ila  nt  si  ex  hoc  seculo  ncqnam 
erepli  ante  discretionis  (uinos  fuerimns,  qnnnqnàm  in 
sinti  adulterœ  baptizati,  hœredes  lamen  Dei  et  cohœredes 
Chrisli  futuri  sumus.  Ergo  nihilad  Baplismum  valet  omnis 
vestra  concio ,  quam  lantoperè  vendilatis  ;  'nique  ndeo  sine 
i1là  vcnnii  Baplisma  coitstare,  vcslra  vos  disciplina  con- 
vincil. 

Inst.  5°  :  Répugnant  expositioni  huic  SS.  Patres  : 
ergo  non  débet  admilli;  probant  ant.;  omnium  instar 
sit  S.  Anguslinus,  tract.  80  in  .Toannem,  sic  loqiions  : 
Cnde  isla  tantu  virlus  aquœ,  ut  corpus  langnl ,  et  cor 
ablual,  nisi  facienle  verbo,  non  quia  dicilnr,  sed  quia 
crediUir  ?  Nam  et  in  ipso  verbo  aliud  est  sonus  Iransiens, 
nliud  virlus  manens  :  hoc  est  verbum  fidei  qnod  prœdi- 
camus,  ail  Aposlolus,  Uom.  10,  7.  Hinc  sic  infenmt 
argtmientnni  :  Eô  Ioci  dneet  S.  Augnslinus  ,  aqure 
vim  non  inesse  ad  cor  abluendum,  nisi  faeicnte  ver- 
bo :  atqui  verbum  hoc  ex  eodem  S.  D.  cstconcionale, 
verbum  scilicetquod  pra-dicalur  :  ergo  voîuilClirislus, 
pr.)  dicalionem  cum  adminisiralione  Sacramcnti  con- 
juiigi,  vehit  parlem  ejus  essenlialem.  — Resp.  :  Ncgo 
anl.,  ad  prob.  admitto  aucioritalem,  et  concesbâ  m.nj. 
neg.  min.  muliis  de  causis, 

r  Quia  eodem  in  iocoS.  Anguslinus  sic  loqnitin'  : 
Detrahe  verbum  :  quid  est  aqua ,  nisi  aqua?  Alcpti . 
(•liamsi  in  soiemniiate  Baplisnii  mdla  concio  Iiabfa- 
liir;  hoc  ipso  tamen  quôtl  verba  Evangelica  prolerun- 
tiir,  aqua  non  estmera  aqna,  sed  sacra  et  sacramen- 
lalis,  neqne  hoc  diflileri  possnnt  lia?rctici,  qnia  valum 
liabenl  Baplisniiun  in  Ecclesià  Romanâ,  sine  uiià  nii- 
nistrorui!)  pr;cdicalione,  acceptnm  :  ergo,  etc.  2"  S. 
doctor  blc  agit  de  vcrbo  qnod  .•tccedit  ad  elomenlnm  : 
Accedit,  inqnit,  vei-bum  ad  elemenlum,  cl  fii  sacromen- 
tnni;  alqui  cojicio  juxta  licnreticos  non  accedil,  sed 
pracedil  olemcntum  :  anlc  enim  haberi  débet  qiiàm 
aqua!  porfnsio  fiât  :  ergo,  etc.  5°  S.  dnelor  ibidem  i^ic 
proseqnilnr  :  Hoc  vei'huni  fidei  lantiim  valet  in  Erclesià 
Dei,  ni  per  ipsamcredenlem,  oj]'erentcm,  bencdiccuicv.i, 
linqcnlem  etiam  lantilliim,  mundel  infantem,  quanivis 
nonditm  valeutem  corde  credere  ad  jusiiliam,  cl  ore  con- 
fileri  ad  salutem  ;  atqui  veri)nni  lidei  nisi  credalur, 
prorsùs  mdUnn   Iructnm   edil  ;  ergo  verbum  de  quo 


1279  DE  RE  SACRAMENTARIA.  — 

loquiliir  S.  Augiislinus,  non  est  concioiiale.  4'  Deni- 
qiie  quia,  ut  in  codem  Iraclatii  habct,  liac  verbo,  ut 
mnndme  possit,  sine  dubio  consecratur  et  Buplismvs  ; 
atqui  ex  nieiilc  i-ancli  docloris,  verbuin  quo  conse- 
cratur Baplismus  ,  sola  sanclissimai  Trinitalis  invo- 
calio  est;  scribens  eniin  contra  Doualislas:  QMffm- 
o&JTHJ,  inqiiit,  lib.  5,  de  Baplis.  cont.  Donat.,  c.  15, 
si  cvaiuidicis  ver'bis,  in  nomine  Patris  et  Filii  et  Spiritns 
sancli  Miircion  Daplisnium  consecrabat,  integrumcral  Sa- 
cramenlum;  idemque  locis  innumeris  repetit  :  crgo,  etc. 

Inst.  i°  probando  min.  Verbuni  hoc  ex  S.  Augu- 
slino  est  verbum  fidei  quod  prœdicamus  ;  ergo  lextus 
ille  de  solo  verbo  concionali  débet  inlelligi ,  neque 
potest  in  alium  scnsum  inlorqueri.  —  Rosp.  :  Dist. 
ant.  Verbuni  boc  est  verburn  lidei  quod  praedicamus  : 
id  est,  in  boc  verbo  fldei  et  priedicalionis  evangelicœ 
siinnna  consislit,  conlinelur,  concedo  ;  id  est,  ilhid 
verbum,  nisi  actu  credatur  et  pra;dicetur  à  minislro 
baplizante,  aut  ab  homine  Baptismum  suscipiente , 
irritum  est  Sacramentum,  nego  ant.  et  conseq. 

E.  R.  Aliud  fuies  objectiva  ,  aliud  formabs  est; 
objeciivani  dicinms,  matcriani  ipsam  ad  crodendum 
proposilam,  quam  in  sanclissimic  Triiiiiatis  mysterio 
prœcipuè  coiilineri  nemo  chrislianus  negabit  :  (ides 
enim  catbolica  liicc  est,  ut  unum  Deum  in  Trinitate, 
et  Trinilatem  in  llnilate  veneremur  ;  dicinms  verô 
formalem,  alTcctum  ipsum  volantalis,  veritali  divini- 
lùs  reveiat'.c  assentienlis. 

Jam  verô  idco  S.  Augustinus  invocationem  Trini- 
tatis  qii;e  lit  in  Baptismo,  appellat  verbuni  fidei  quod 
prxHUcamus,  quia  reverà  omnis  iiostra  fides  cl  proe- 
dicatio  ad  boc  niysteriuni,  lanquàni  ad  caput  revoca- 
tur  :  minime  autem  hoc  dixit,  quasi  putaveril  sine 
actuali  Evangelii  priedicatione  Baptismum  esse  non 
posse  :  Detralie  verbum  .  inquit,  quid  est  aqiia,  nisi 
aqua?  Accedit  verbum  ad  clementum,  et  fit  Sacramen- 
tum   unde  isla  tunta  virtus  aquœ,  ut  corpus  tangal, 

et  cor  abluuti  Nisi  faciente  verbo,  non  quia  dicitur,  sed 
quia  credilur?  Nam  et  in  ipso  verbo,  aliud  est  sonus 
transiens,  aliud  virtus  manens  ;  nbi  virtutem  nianen- 
lem  api)ellat,  non  prx'dicalioueni  iiominis,  (juie  sonus 
est  transiens,  sed  plenissimam  sanctissimaî  Trinitatis 
poiestalcm,  quam  Ecclesia  catbolica  prolitetur,  et 
ubiqne  gcntiuni  prcedicat ,  qiux'que  sola,  qiiando  in 
Baplisnio  solemniter  invocalur  ,  salutem  pr:eslat  et 
peccatorum  remissionem. 

In>t.  5°  :  Scopus  S.  Auguslini  est  probare  verbum 
quod  vim  babet  mundandi,  non  esse  aliud  quàm  concio- 
nale  ;  ergo,  etc.  —  Resp.  :  Nego  antecedens  :  hoc  enim 
unum  in  ilio  Iractatu  intendit,  nuliam  sine  verbo  esse 
posse  purgalionem,  siveinSacramonlo,  si ve  sine  Sacra- 
niento liai; quod  ullrô  fatebilur  quisquis  in  fonte  legerit 
Augustinum  :nam  cùmhiccverba  Joannis  15,5,  expli- 
care  aggressus  essel  :  «  Jum  vos  mundi  esiis,  propler 
i  verbum  quod  locutus  sum  vobis  ;  t  quare,  inquit,  non 
ait  :  Mundi  estis  propter  Baptismum  quo  loti  estis  ; 
sed,  ait,  «  propter  verbtim  quod  locutus  sum  vobis  ;  n 
nisi  quia  cl  in  aquâverbummundat?  Detralte  verbum,  el 
ouia  est  aqua,  nisi  aqua?  Accedit  verbum  ad  clementum, 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1280 


f  et  fit  Sacrametitum.  Falsô  itaque  dicitur  scopum 
sancti  docloris  esse  ut  probel  verbum  quod  vim  ha- 
bel  inimdandi,  non  esse  aliud  quàm  concionale  :  cùm 
è  contrario  ad  probandum  id  <|uod  assumpseral,  quid- 
quid  scilicèl  sanciitalis  homini  advenit,  tolum  à  ver- 
bo pendere,  indiscriniinalimsive  à  prxdicalione  Evaii- 
gelii,  sive  ab  ipsis  Sacramentis  exeinpla  dcpromat  ; 
quie  postquàni  brevi  oralione  proposuil,  tractatum  ita 
concludit  :  Totum  hoc,  inquit,  fit  per  verbum  de  quo 
Dominus  ait  :  s  Jam  vos  mundi  estis  propter  verbum 
«  quod  locutus  sum  vobis.  s 

Inst.  6°  :  Juxta  S.  Augustinum  ibidem ,  verbum 
sacramontale  aniniam  niundat ,  quia  cieditiir  :  Undt 
ista  tanta  virtus  aquœ,  inquit,  ut  corpus  l.:;njat ,  et  cor 
abluat,  nisi  faciente  verbo,  non  quia  dicitur,  acd  quia 
creditur  ?  Ergo  nihil  liabent  virtutis  verba  Sacramen- 
torum,  nisi  ut  excitent  fidem  :  alque  adeù  conciona- 
lia  sunt.  —  Resp.  :  Dist.  ant.  simul  et  explico  mcn- 
lem  S.  doctoris  :  Verbuni  sacrameniale  animani  muii- 
dat,  non  quia  dicitur,  sed  quia  creditur  ;  id  est,  non 
ideù  sanctificat,  quia  sono  suoaures  perculit;  sed  quia 
sanctissimic  Trinitatis  invocatio  est,  in  quà  tanquànj 
in fuiidamenlo fides Ecclesiieconlinetur,  concedo;  non 
sanctificat  nisi  quia  actu  creditur,  nego  ant.  et  conseq. 

E.  R.  Fidem  aclualera  non  esse  necessariara  ut 
Baptismus  suum  efiectuni  consequatur,  perpétua  S. 
Auguslini  doclrina  est.  Nam  ,  1°  non  requiri  in  susci- 
piente Baptismum ,  parvulornm  exemplum  deiiion- 
slral ,  de  quibus  sic  loquitur  loco  cit.  :  Hoc  verbuni 
fidei  tantiim  valet  in  Ecclesia  Dei ,  ut  per  ipsam  creden- 
tem ,  offerentem ,  benedicentem  ,  tinqentem  etiam  tanlil- 
liim,  mundet  infantcm  :  quamvis  nondiim  valentem  corde 
credere  adjustitiam  ,  et  ore  confiteri  ad  salutem.  2°  Non 
requirilur  fides  miiiistri ,  vel  parenlum  ,  vel  quorum- 
libel  offerenlium  :  ut  idem  sanclus  Augustinus  ssepis- 
simè  suis  in  libris  inculcat ,  prout  qua.'Stione  sextà 
dicluri  sumus.  Ergo  minime  necessaria  esl  fides 
aclualis  in  Baptismo,  ut  suumelfectuni  obtineat  :  alque 
adeô  verba  sancli  doctoris,  non  quia  dicitur ,  sed  quia 
creditur ,  non  de  formali ,  sed  de  objectiva  fidc  accipi 
debenl  :  atil  si  de  fide  formali  sumantur ,  non  ad 
niinislrum,  neque  ad  subjeclum  ,  nec  ad  cpiamvis  in 
singulari  hominem ,  sed  ad  Ecclesiam  univcrsam  re- 
ferri  debenl,  ciijus  nunquàm  déficit,  nec  unquàm  de- 
fectura  est  fides. 

Insl.  nll.  Dices  :  Olim  sine  pmevià  coiicionc  non 
conferebatur  Baplismus ,  idemque  moris  erat  in  leli- 
quis  Sacramentis  ;  existimabant  ergo  Patres ,  concio- 
nem  esse  partem  Sacramenli  necessariam.  —  Resp. 
1"  :  Neg.  ant.  Quando  enim  urgebat  mortis  ,  aut  aliud 
quodvis  periculum  ,  anli(iuitùs  concio  non  liebal  ;  sed 
catanlùm  verba  proferebanlur ,  in  quibus  Sacramen- 
toruni  forma  consislit. — Resp.  2°  :  Nego  conseq.; 
nego ,  inquam,  coucionem  habilam  unquàm  fuisse  ve- 
lut  parleui  Sacramenli  essentialem  :  quolies  enim  de 
aliquo  Sacramento  dubium  oriebatur  (  ut  reverà  sa'pè 
conligil)  validumne  foret,  necnc?  non  quitrcbanl 
Patres  ,  an  concio  habita  essel?  quod  sanè  non  pne- 
icrmisisscnt,  si   necessariam  judieàsscnt  :   sed  hoc 


4^81  QUiCST.  IV.  DE  EFFICACIA  ET  VIRTUTE  SACRAMENTORUM. 


1282 


unum,  quanlâ  fieri  poleral  diligentià.inquirebanl  ulrùni 
verba  evangelica  ,  in  lî^iplisiuo,  cxoinpli  causa,  liiiim 
pcrsoiiaruin  noniiiia,  disliiidè  et  sine  iillà  crroris 
commixtionc  jirolala  forent?  Eigoea  lantiini  verba 
credebant  ad  Sacramenli  essenliani  pcriincre  (1). 
Proponitur  quœdam  qiiœslio. 
Qiuïrcs  qux  causa  hiirelicis  fiierit ,  negandi  3acra- 
inonta  cfTeclus  suos  ex  opère  operalo  produceie ,  et 
verbis  consecratoriis  conlici.  —  Resp.  ab  uiio  crrorc 
in  alterum  corruisse  ;  cùm  enini  falso  pularcnt  gratiani 
jusiificanlem  non  esse  aliquid  intrinseciim  aniinaî 
inbiereiis  ,  sed  vel  extcrnam  Dei  beiievolcntiam  ,  vel 
justiliain  Chrisli  ,  bouiiui  inipulalani ,  et  veUili  ex- 
teriùs  applicalam  ;  nec  ad  juslilicalioiiem  aliud  requi- 
rcrent,  pneler  fideni  sivc  fiduciam,  quû  Cbristi  ju- 
stitian/*sibi  profuturam  quisque  confidit  ;  çonsequcns 
fuit  ut  diccrent,  Sacramenta  novai  legis  nibil  opcrari, 
et  ad  hoc  taniùni  valere ,  vol  ut  excitent  fidem  ,  vel 
ut  sint  not.Tc  qux'dam  exteriores ,  quibus  fidèles  ab  in- 
lidelibus  distinguuntur. 

CAPUT  II. 

THOMISTARUM  DE  PHVSICA  SACRAMENTORUM  EFFICACITATE, 
SENTENTIA   PROPUGNATUR. 

Sequitur  altéra  de  Sacrameniorum  efficacilate  con- 

(1)  Aliam  adduiit  novatores  objeclioneni  ex  S. 
Ainbrosio  desnmplam,  quà  quidcm  pluriniùni  glorian- 
tiu'.  Eain  diluc'idè  propo>ilaiii  appositè  solvit  Collet, 
cap.  2,  art.  2,  puiict.  i,  illuin  audiamus  :  i  S.  Ani- 
«  brosius  ,  lib.  de  Mysteriis,  S(;u  de  Iniliandis  ,  cap.  3, 

<  n.  li,  sic  loquilur  :  Aqua  siue  prœdiculione  Domi- 
(  nicœ  crucis  ud  nullos  ustis  futurœ  sahitis  est  :  cùm 
t  veib  saluUiris  fuerit  crucis  iiiyslcrio  cousccrutn ,   lune 

i  ad  usum  spiriUudislavacri Icmperatur.  Sicutergo 

t  i/i  illuDi  foiitem  Moijses  luisil  lignum ,  ita  et  in  linnc 
«  fonlcm  sacerdos  prœdicalioucm  Donnnicœ  crucis  mil- 
i  lit ,  et  aqua  jit  dulcis  ad  (jraliam.  Unde  sic  :  Quod 
«  sine  prx'dicalione  ad  ludlos  saliilis  usus  inservit , 
«  sine  pnfidicalioiie  nialè  adiiiiiiisiralur;  alqiii  ex  S. 
«  Ambrosio  aqua  br.plisinalis  ad  iiullos  salutis  usus 
«  inservit,  sine  pr.idicationc  crucis  ;  orgo.  —  R.  disl. 
c  min.  :  Aqua  baptisuialis  ad  niiiii  inservit  sine  crii- 
«  ois  pricdicalione,  qu;c  liât  opère  et  consecratioiie, 

<  concedo;  sine  pnedicationc,  qua;  fiât  vcrbo  et  con- 
f  cione,  nego.  Ilaque  crucis  prx'dicalio  dtipliciler 
I. fieri  potest ,  niniiriim  verbo  et  opère,  coque  niiilii- 
j  plici.  Crux  praidicaliir  verbo  ,  cùm  popiilus  mvsie- 
i  rium  et  ellicaciam  crucis  cdoceti/r;  sic  eam  priedi- 
I  cabat  gonlium  Aposlolus,  cùm  CIn'islum  et  liuiic 
«  cruciliviuu  ut  Dci  virliiloiu  et  sapicutiam  aunimlia- 
»  bat.  Ciiix  i)r;c(licalur  o|)ero  et  facto,  cùm  cnicilur 
«  aliquid  quod  vel  à  cruce  vim  suam  trahit ,  vel  ejiis 
I  digiiitalem  commendat  :  sic  crucis  niajeslalom  pra;- 

<  dicant  vel  ipsi  imporatores,  cùm  signo  ejus  diad<î- 
«  mata  sua  fastigiaut;  sic  et  virtutem  crucis  pntdicant 
€  Ecclesi;!}  iiiinislri ,  cùm  cerlos  faciuut  riliis,  qui  vol 

<  crucis  memoriau)  rovocant,  vel  efficaciam  suam 
(  Iralumt  à  cruco.  Jam  verù  Andtrosium  non  lucpii 
€  nisi  de  postrcmo  hoc  i»r;rdic;ilionis  gciierc  bine  li- 
«  quel,  (juôd  juxla  eiuu  pra-dicalio  crucis  :  quic  fit  in 
f  Raplisino,  miltaliu- in  loiiloiii  (|uo  aitluimur ,   sicul 

<  lignum  à  Moysc  missum  est  in  a(pi;is  Maran  ;  neqiie 

<  euim  pradicalio  coiiciouatoria  in  aqiiam  millilur, 
I  scd  dirigilur  ad  adslantes.    Iliuc   ne   qiiid   oii.ilur 

<  scrupuli ,  pcrgit  ^ihi  inleriiros  Ambnt^iiis  :  Ka  ,  de 
f  quà  loquor  ,  prœdicdlio  c^t  invocatio  S.  Triiiildtis  ; 
I  ntwi  Ihvc  ut  apidicalur  Uaplismo  ,  crucis  e(}icacitiileni 

f  commendat ,  et  veluti  prœsenlem  fucit  eUcclum  cjus  , 
^  applicando.  »  (Edil,  )        | 


j  troversia,  quam  nolumus  csseconlcnliosam,  quia  do 

i  fide  non  agitur;  aliter  enim  cum  amicis ,  aliter   cuni 

I  •   •    •  •  ,. 

I  uiinucis  congrccuuiur  ;  isli,  (]iioniam  veritalt-m  Lvan- 

gelii  iguomihiosè  proculcant,  majori  vcbementiâ  re- 
fulandi,  pro  nierilo  ;  cum  illis  verù,  quia  nobis  in 
régula  fidei  lenendà  conseuliuut,  non  tant  dispulan- 
dum,  (juàm  amicè  et  familiariter  colioqucndtim ,  ut 
pacalis  auimis  vcrilas  ,  aut  saltem  verisimiliiudo  ex- 
culialur,  (juà  in  re  non  possunms  temperare  ,  quin 
eorum  morein  obiler  perslringamus  ,  qui  in  unà  quà- 
libelquoeslione,  nulle  facto  dogmatum  et  opiiiionum 
discriu)ine  ,  (juasi  in  summum  pciiculum  Religio  lola 
vcnirel,  lurbas  in  Ecclesià  concilaul,  contra  sentienles 
acerbo  dente  dilaceranl  magisque  interdùni  Catholi- 
cis,  quàm  bîtrelicis  infensos  se  pntbent;  sed  ad 
rem. 

Sacramenta  graliam  verè  et  propriè  ex  opère  ope- 
ralo conferre ,  et  in  génère  instrumenli  aliquomodo 
producere,  constaus  est  et  unanimis  Catholicorum 
doctrina  :  quomodô  verô  agant ,  physicè  an  morali 
1er?  in  hoc  nimirùmdissidium  est  ;  alii  voluntpiiysicè, 
alii  lanlùm  moraliter  operaii. 

Causa  plnjsica  quid  sil ,  quid  moralis? 
Antequàm  verô  quod  probabilius  visum  fuerit  slalua- 
mus  ,  diceudumquid  sit  causa  physica  ,  quid  moralis. 
Causa  generatim  id  omne  est  unde  sequitur  quomo, 
documque  effectus. 

llinc  alia  est  causa  per  accideiis,  alla  perse.  Causa 

per  accidensesi  (1) ,  sine  quà  effectus  non   ponitur, 

licèt   in   effectum   non  influât.    Sic  enim ,   exempli 

j  causa,  ruenle  columnà,  necessarium  est  caderesta- 

j  tuam  colummc  imposilam  ;  casus  tamcn  unius  in  ca- 

!  sum  allerius  non  refunditur  tanquîun  in  causain  verè  et 

propriè  operantem.  Causa  per  se  est,  quae  in  effecium 

aliquo  modo  influit  ;  atquc  ila  sol  lucis,  ignis  causa 

caloris  exislit. 

Eaque  ilerùm  duplex,  physica ,  cl  moralis.  Pbv- 
sica,  effecium  proprià  et  reali  aclione  attingit  :  quo- 
modô ignis  incendii  causa  esl.  Moralis,  nec  verè  nec 
propriè  causât  cfleclum ,  sed  objoclivè  lanlùm,  et 
iiiltnlioualiler,  ut  loquunlur,  causam  clfei  tricem  al- 
licit  ad  cjus  produclionem  ;  sic  qui  furlum  suadel  al- 
icri,  licèt  sil  ci  auctor  furandi ,  furti  lamen  auclor, 
nisi  moralilcr  dici  non  potesl. 

Ulraque  ilerùm  in  principaiem  et  inslrnmcnlalem 
dividilur.  Princi[)alis,  si  physica  sil,  virlute  projiri;e 
forma;,  seuvi  quàdam  sibi   connalurali   in  efl'ectum 

(1)  Causa  per  se  et  causa  per  accidens  aliter  vuigô 
delinimilui.  Juxla  vulgarem  deliniondi  modum  ,  prior 
iila  est  qu;e  ex  se  dctirminalur  ad  producondum  ef- 
fecium quem  rêvera  producit.  Sic  (|iii  alium  gladio 
perculit  occideiitli  animo  ,  moriis  subsecuUc  est  causa 
per  se.  Poslorior  aulem  est  ilia  qua^ ,  non  ex  se,  sed 
c\  forluilo  (piodam  evcnlu  delerminalur  ad  produ- 
condum ellcclmn  (|uom  produiil.  Sic  qui ,  ex  ariiore 
décidons,  alium  lnuniiuMu  forlè  Iraiisounlem  pondère 
.suo  opiriimit ,  hiijus  nu)rtis  osl  cau>a  per  accidens. 
llinc  I  alel  |)()sleriorem  causam  non  minr.s  eflicacilor, 
qiiiim  priorcm  ,  inlluore  in  cireclum  ,  alquo  adoô  lo- 
lum  discrimen  ,  quod  inler  ulramque  exislit,  pendero 
ex  modo  que  hic  influxus  determinalur.    (  Edit.  ) 


4283  DE  RR  SACRAMENTARIA.  - 

erunipil;  si  moralis,  inlenlioiie  sibi  pro[irià  causani 
efficiiMiicm  ad  acluin  impcllil.  Inslruinenîalis  physicà 
virtiile,  non  proprià  qnideni ,  scd  alinndc  accepta  ad 
cffoctiini  nsqiie  perlingit  :  quoniodô  caliimus  dicituv 
esse  causa  scriptnm!.  Inslrunienlalis  moralis ,  non  ex 
propri:\,  sed  ex  aliéna  intentionc ,  causatn  cxcilal 
efrectriceni  :  qiialis  scrvus  csl,  qui  jussa  Doinini  ad 
altcruin  dofcrl. 

IHs  ex  pliilosopliiâ  pn^nolatis  ,  palniaris  esl  tlieo- 
logoriim  in  nliàqnc  opinioiie  scnlentia  :  qui  cnini 
contctidmU  Sacramenta  esse  lanlùm  morales  graiiaî 
causas,  conseqnens  est  ut  affirment  co  sensu  graliani 
sanolKicanleni  piodncere,  qnôd  sacrornmriliiuinappli- 
catio  Deum  nioveat,  ut  juxta  legeni  à  se  conslilulam, 
verbiqne  siii  memor,  graliam,  Sacramenta  digne  susci- 
pientibus  conférât;  ideinquc  de  characlere  pulan- 
dum  ;  qui  vohuil  è  contrario  osse  pbysica  instrumenta, 
virtutem  alinuani  divin'lùsacceplam  in  iis  ogiioscinu, 
per  quam  propriè,  veroque  influxu  sacramentaleseffe- 
clus  in  suscipicntinm  corda  insinuent;  jamsil(I)., 

(1)  Oponc  prelinni  est  altoritis  opinionis  raliones 
diligenler  b.ic  exponere,  ut  iinus(pnsquo  eam,  qna; 
sibi  validiùs  propisgnala  visa  fiieril,  omnibus  monien- 
tis  utrinque  libnilis  ,  amplccii  vali>al.  {)uapropter  in- 
duccnuis  doctissiminii  Collet,  sententiam  nostro 
contrariam  aiiclori  non  debilibus  sanè  argumentisde- 
fendc'.item.  Sed  antca  juv;!t  slatum  qu;estionis  dilu- 
cidè  mm  'l'urnelio  exponerc.  Igilur  sic  procedit  illu- 
slrissimns  professer,  qua^sl.  5,  art.  2  : 

4  Qua;slio   inier  Tiieologos  moveîur ,  quà  ratioiie 

i  Sacraiiienla  gnitiam  CvinlcraîU,  an  ut  vcne  causai 

«  pbysica',  an  ut  causai  dunlaxat  morales  non  ipiidcni 

«  pri'mari:c,  sed   instrumentales  ;  {juîï  sanè  qiucslio, 

i  ut  jani   nionuinnis,  perperàm   à  nmllis  è  novato- 

«  riims  conl'uuditur  cum  priori,  (|ua;  est  de  eflicacià 

«  Sacrainodtorum  ex  opère  Oj)erato  ;  prior  quippe  ad 

<!  sub  lanliam  dogmatis  catbolici  perlinel;  posterior, 

<i  ad  niodiim  duntaxal  explicandi  dogma  catliolicum  : 

«  prior,  (idei  est;  poslciior,  opinionis   scboUe.  Qna- 

«  propler  à  scopo  penitùs  decliaant,  qui ,  ul  dogma 

«  (idei  faciliùs  iinpugnenf,  vimonuiem  argumentoriui! 

«  suorum  dirignnl  adversùs  pbysicam  Sacramenlorum 

«  causaliiatcni  :    falkmtur   ilii ,"  et   operam   perdunl. 

«  Ouaiiqnàm  enini  banc  expugnarenl ,  imù  ([uanquàni 

«  exponi  nullatenùs  à  nobis  jiosset  modus  qno  Sacra- 

«  menta  operanlur ,  non  minus  tanien  vera   et  cerla 

«  forci  virlus  Sacramenlornm ,  qnalem  déclarant  ac 

4  slaluuiil  Scriplurce,  Iradilio,  et  Ecclesiai  auctoritas. 

«  !n  ('.lias  aulcm  gencralim  parles   iota  scbola  bîc 

«  dividiliir.  Tbomis'ica  pliysicam,  Sc;)lislica  mora- 

i  leni  dunlaxat  admitlit  Sacrament(u-iiin  criicionliam. 

«  Ad  ThomisLas  bàc  in  parle  acceduiil  è  recenlioribus 

6  Bellarniinns,  lib.  2  de  Sacramenlis,  cap.  11  ;  Sua- 

«  res,  in  tertiani  parleni  S.  Thom:e,  q.  02,  dispul.  9, 

t  scclioiie  1  ;  Isandjertus  ,  do  Sacramenlis  in  génère , 

«  ad  q.  Gi,  disput.   4,  art.  5;  Estius  vero ,  in  i  li- 

«  bruin  Senlentiarum  ,  dist.  1,  parag.  o;  Maldoaalus, 

«  de  Sacramenlis,  cap.  2,  qu;cslioi'.em  versant    in 

1  ulrani(|uc  parlcni.  Affirmât  Estius,  senleniiam  Tbo- 

t  niistarum  ScripUine  ac  velcrum  dictis  conlViraiiorem 

i   videri ,  ac  Sacramenlornm  dignitali  magis  consen- 

i   taneam,  quanquàm  inteilecln  et  capln   difti^'ilem  , 

«  quai  non  potesl  ad  plénum  salisl'acere  contrariis  ar- 

«  giimentis;  sententiam  vero  Scoiistar.mn  faciiioreni 

«  ès-e,  ratinni  et  caj)tui  nostro  magis  accommodalam; 

<  dignitali  cl  enicaci;n  Sacranicnlorum  aliuhde  nibil 

«  omninô  deroganlem,  aique  in  scbolis  magi-vulga- 

«  l;!m.  Melcliior  Canus,  insignis  è  fnniiià  Dominicanà 

i  tlicologus,  llelecliono  de  Sacramenlis   in  génère, 

«  parie  4 ,  divi  Tbomai  sentonliam  descrit  ac  impu- 


PE  SACRAMENTIS  !>i  (iENERE.  ['iU 

^  CoNCi.usio.  —  Tulior,  ecrtjorque  Thomislurum  doctriua 
est  alfirmantinm  Sacramenta  esse  inslrumenta  Dei , 
non  morcUiter  tanliim ,  sed  et  pliysicè  gralmm  c(fi- 
cienlia. 
Quam  quideni  ego  assertioncm  his  polissimùm  nili 

«  gnal  ;  cl  omniinn  prinuis,  si  Morino  fides,  lib.  8  de 
«  Pdcnii.  cap.  5,  causalitaiemSacramcniorumappositè 
«  m()r:ileni  appclla^it. 

«  ti)  explicaiidà  vert)  cansalilale  illà,  seu  pbysicà , 
«  son  morab  ,  in  toi  subiude  varias  npiniones  scindim- 
«  iw  scholaslici  magivtri  ,  ni  idem  (-anus  asserere  non 
i  dMbilet,eos  liâc  suà  opinionnm  nudliludine  ac  va- 
«  rieialc  ,  confnndcre  magis,  quàm  (■x|>licare  uiodum 
«  quo  Sacranienla  operantnr.  i\ulla  eiiiin  res  c^l ,  in- 
e  (piii  ,  de  quà  tantoperè  non  soliim  indocti ,  sed  etiam 
t  docii  dissentiant. 

4  Vurii  niodi  explicandi  rauscditatem  pkysican'  Sacra- 
<  ineiilorum. 
4  Inlerpatronos  causalitalis  pbysic.ie,  velercs  Sclio- 
«  lastici  cum  S.  Tbumà,  in  4,  disl.  1  ,  q.  1,  an.  4, 
«  exislimant  per  sacramenta  immédiate  non  produci 
4  gratiam  sanctilicanlem,  sed  disposilionem  aliipiam 
4  quà  uiediante  gralia  produciîur;  dis|)osilionem  vi.rô 
4  illam  dic('bant  in  tribus  Sacramenlis,  IJaptismo  , 
«  Confirmatione  et  Ordine,  esse  cbaraclerem,  in  aliis 
«  ornalnm  quemdam.  Verùrn  ha'C  opinio  jamdiù  ob- 
4  soleta  jaccl  sine  defensore. 

«  Aiii  cum  Doniinico  Solo ,  in  4  ,  dist.  1  ,  q.  3,  art. 
«  !  ,  aiiiiit  SacramenLi  esse  quidem  pîiysica  instru- 
4  menlaquibus  bomo  gratus  et  aeceplus  Deo  reddilur, 
«  ea  tatncii  non  concurrere  pbysicè  ad  pioductionem 
«  gralia?  sanctificaiitis,  sed  lanlùm  ad  uuionem  illiiis 
4  cum  ainiiià  :  eo  ferè  modo  quo  homo  est  (piidcni 
i  causa  pbysica  generalionis  allerius  hominis,  licèt 
4  non  coiicurral  pbysicè  ad  crealionem,  sed  lanlùm  ad 
4  uuionem  anima;  ralionalis  cum  corpore.  Fundamiiu- 
«  tum  bujus  opinionis  est  qiiôd  gralia  per  cieaiioiiem 
4  à  Deo  producatnr,  nulla  vero  crealura  possii  esse 
4  insirnmcnluni  creationis. 

«  .\lii  vim  iliarn  efiicacem  Sacramenlortim  aiunt 
4  esse  qualiialen!  (juaindam  pbysicam  ,  aflixam  cl  in- 
4  ha'rentem  ,  qnani  alicpii  formaliler  spiritnaleni,  ali- 
«  qui  formaliler  corpoream,  et  virluaUter  spirilualem 
4  esse  coiilenduiit. 

«  Alii  dciiiiiue,  quorum  vulgata  magis  ac  recepta 
4  videlur  explicandi  rali),  dicunt  pliysicam  illam  Sa- 
«  cramenlorum  caiisalilalem  esse  ipsammel  nioîio- 
8  neni  seu  utunDei,  qui  pro  siio  suprcmo  in  res 
4  Ciiines  d  niinio ,  sigiiis  exlerioribiis  ulilur  laiiquàm 
«  {)liysicis  iiistrumentis  ad  prosluctionem  ciTeclùs  spi- 
«  rilnalis;  quâ  ratione  utilnr  igné  maleriali  ad  lor(pieu- 
8  dos  d;vmnues.  Deus  auleni  non  siipponit,  siculard- 
4  fex  crealus,  in  ejusmodi  iiisirumentis  praiviam 
4  quamdam  disiiosilionem,  sed  eainfacit.  lia  S.  Tb.,  5 
I  parte,  q.  Oâ,  arl.  I,  5  et  4. 

«    Varii  niodi  explicandi  causiditateni  moralcm  Sucra- 
4  mentorum. 
«  Qui  ex  altéra  paile  pugnaut  pro  cansalilale  Sacra- 
4  menloruin  dunlaxat  inorali,  ii  etiam  in  modo  cxpli- 
4  candi  non  cnn.^entiunt. 

(i  Suiil  quibns  placoi  Sacramenta  es.se  lanlùm  con- 
«  (iitiones  sine  qnibus  Deus  gratiam  non  largilnr.  lia 
I  4  senlirc  videlur  Duraïubis,  in  4,  dist.  I,  q.  4,  n.  ID, 
I  4  (juod  illiislrat  exenqjlo  illius  qui  reciperel  deiuiriiim 
i  4  jilunibeuni,  factà  lali  ordinatione,  nt  qui  recipil  u)n(iii 
l  «  de  iltis,  recipiul  eleemosyuam  reyis,  non  qubd,  inipiit, 
i  «  deiiurius  sit  causa  eleemosijnœ,  sed  soliim  rex:  dena- 
I  4  rius  autem  esl  sigman  el  causa  sine  quà  non. 
i;  4  Sunt  qui  Sacramenta  non  esse  causas  propriè 
>  8  cflicicnles  ,  sed  (piasi  maleriales  asseiuni,  hoc  sensu 
-    4  ([!i6d  gratiam  coulinca..;l,  sicut  v;!S  coiilinet  medici- 

St  nam  (pi.\m  a'grolns  propiuat.  lia  AltissiudorensiS, 
4  lib.  4  Sumniai,  ir.ict.  3. 
'      <  Sunt  qui  dicunt  Sacramenta  conferre  gratiam  pef 


!28[i  QU^.ST.  IV.  DK  EFFICAGIA  F 

fmulamcnlis  existimo  :  1"  Qiiôd  nihil  liabcat  Deo  in- 
fligmiin,    vel   supreniaî    cjus  polcslali    rcpiij;naiis. 

<  inodnrn  impeiratinnis,  quia  iiciape  iiiipclraiil  àl>e!) 

<  graliam.  lia  Cuillelimis  l*arisieiisis.  lii).  ilc  Su  ra- 
«  iiieriiis  il!  goii.,  cap.  1;  Yaiî^iies,  in  5  parlem  S.  Tli., 
«  q.  15:2,  cap.  5. 

«  Siml  qui   docpiit  SacrnmeiUa   confcrrc   gniiiain 

f  instar   ciiiroïïtrapîii    moraiilor  coiitiiionlis    preliiini 

<  nioriloniin  Ciirisli,  vol  instar  nianiis  poriigeiilis 
c  preiiiuii  pro  rodeinptioiic  caplivoruni  ;  niovcndu 
c  scilicet  erilcacilcr  l>einn,  ex  |)acl()  (pio  se  li!)erè 
t  ohslrinxil,  ut  ad  pnvsenliani  simioiiiDi  sacraiiieti- 
f  laiiuni  assistai ,  et  giatiain  conloral  iis  (]iii  dt-liili'î 
f  prrparali  Sacranienlonnn  liiint  participes,  lia 
t  -Melcliior  (/unis,  relectinne  de  Sacranie  lis  in  gc- 
t  nt'ie,  parle  4,  conclusions  6  ,  qni  niodns  e\|)lican- 
f  di  cansalilateniseii  diicienliani  Sacranienlornni  pla- 

<  nus  elfacilior,  videlnr  (li'-,'iiitali  ac  viiliili  eonnndem 
I  cliani  accomniodalns.  Do  illis  variis  sclioiaslicoruni 
i  opinionibus  fnsè  dispnianles  lege ,  si  vacat ,  Sua- 
I  rem,  ad  q.  62,  lcrii;e  partis  S.  Tlioma',  disp.  1) 
«  intégra  ;  Va>qufsinni  in  eanuleni  qncestioneni  dispul. 
«  15:2;  Isambertnni  de  Sacramenlis  in  gen.,  ad  eani- 
f  dem  q.,  (li^tiut.  4-,  art. 2,  ctdispnl.  5  intégra.  > 

His  pr;vh.i!)itis,  ad  pianiorem  (iillicu'latis  inlelligcn- 
liain  ,  andialnrCo  let ,  dnplici  conclusionc  senlenliani 
suant  propiignanleni ,  cap.  3,  an.  I  ,  sect.  3  : 

.-  Conclnsi'i  prima.  Sacranienla  gratiam  non  pro- 
«  ducnnt  physicè. 

f  Prob.  Qûod  pbysicè  gratiam  prodiicit,  débet  pl'.y- 
«  sicèet  qnoadenlilalem  cxistore  eo  instanli  qnogrà- 
1  liani  producere  supponiliir  ;  atqiii  Sacranienla,  qu;e 
«  in  usa  posila  snnt,  ul  l]:>,ptismns  ,  el  alia  pneter  Eu- 
(  cbaristiani  non  oxisiuiil  physicè,  quo  inslar.li  gra- 
€  liain  prodncere  supponuntur;  ergo.  Major  et  niinor 
«  seorsini  probanda;  veniunt.  Ilatjue 

I  Prob.  niaj.  Qiiod  piiysicè  non  existit,  physicè  ni- 
«  hil  est;  aUn'.i  qnod  pliysicè  nihil  est,  vim  agondi 
€  (jhysicani  liabcre  ncipiii.  N:nii  vis  physica  est  luodtis 
c  liabendi  se  physicè  ;  alqui  quod  physicè  nihil  est , 
«  non   polesi   habere  pliysicum  se  habendi  nioduni. 

<  Sic,  V.  g.,  physicè  n.nbiilare  vel  sedere  necpiit , 
«  nisi  qni  physicè  exisiil:  ergo  quod  non  est  physicè, 
i  physicè  opêrari  nonpotesl;  ergo  ut  allquid  pliysicè 
f  scû  graliam  ,  seu  aliud  qîiodlibet  operetur  in  certo 
«  insianti,  necessinn  est  nt  in  tali  instanli  physicè 
«  existât. 

t  Prob.  itaqne  prima  niinor.  Sacramentum  graliam 
f  non  producit,  nisi  poslqiiàin  pronuntiala  est  nltima 
f  forinitt  syllaba  ;  atriui  cùin  prolala  est  ultinia  form;x3 
c  syllaba,  jam  non  existit  Sacramentum  physicè  :  nt 
«  enim  pliysicè  cxisleret  Sacra  î'.entnm  ,  deberct  se- 
•  cuiMlùni  oiinies  snî  parles  exi:,lere  ;  cùm  pliysica 
I  Sncramonii  enlilas  ex  oniiiibus  forma;  syllabis  es- 
«  sciilialiier  coiisiel;  alqui  cùm  proimnliatnr  ullinia 
I  form;R  syllaba  non  oxislil  ampliiis  Sacramentum  sc- 

<  cundùm  onines  sut  parles.  iNon  enim  cxistunt  ba'C 

<  verba  :  Ego  le  baptizo ,  cùm  proCernntiir  isla  :  Et 
«  Spirilùs  sancti ;  \mà  hccexi.?tii  uUima  liicc  syllaba, 
t  qua;  lotam  clandit  actlinem;  slatim  enim  ut  prolala 
i  est ,  jam  niiiil  est  physici  ;  ergo  cùm  gratia  nonnisi 
«  posl  complelam  hiijns  syllab;e  prolalioneni  pariaiur, 
«  non  producilur  ab  aliquo  quod  physicè  existât ,  ac 
i  proin  physicè  produci  non  polest. 

1  llepouunt  alKpii  singnlas  Ibrincc  syllabas  ,  eo  rpio 
f  promniliantur  instanli ,  non  nihil  giMli;e  sanclifi- 
«  canlis  producere.  Aiii  vcrô  priorcs  Ibrnue  syllabas 
«  eo  sensu  cxisleie  cùm  pronuniianlur  posleriores, 
«  (|uod  lue  cnm  illis  nnionem  iiabeanl  con'.inuaiam;  . 
«  ita  posl  Sylvium  Gonel,  disp.  5,  n.  lUO  et  103, 
c  oiiicliam  contra  Suaiein  addil,  Sacranienla  graliam 
«  producere  in  instanli  duiilaxal  cxtrinseco  :  quando 
«  scilicet  verum  esi  diccre,  nnnc  primo  non  est  Sacra- 
t  niL'i'.lnni,  sed  imniodialè  anica  erat;  non  anlem  in 

<  insianli  inirinseco,  ([uod  ri;verà  nullum  est,  citm 

«  successivu  non  desinunt  per  ullhunm  sid  esse ,  sed  pcr  , 


VIKTIITE  SACIiAMi:.NTORUM.  128G 

T  Quodsanclornm  f'airum  scnteniiis  apprimè  conve- 
nial.  5"  Qnôd  in   Scripluris  divinis   non  obscure  vi- 

«  prhiiiim  stû  non  esse.  Porrô ,  inqu;l  id.-m  ,  licèl  in 
«  hoc  instanli  cxtrinseco  jaui  Sarnuiicntiun  non  >it  in 
«  se,  est  lanirii  in  suà  virlute,  neinpe  in  li-rniino  per 
«  ipsuni  prodnclo,  in  quo  reciiiilur  \irlus  producliva 
«  graliic;  liujusnwdi  vero  tei-minus,  est  uliiniuiu  miila- 
(  tum  esse,  qnod  viensuralur  ilio  instanli  extrinscco 
«  terminutivo  moins.  IKec  ille  .  qire  si  cuipiam  claris- 
«  sima  videbunlur,  non  inilii. 

I  Kcrellnnliir  quoad  primum,  (piia  gratia  ,  cùm  sit 
«  aliqnid  inciivisibile,  ulpote  qu:o  sit  spirilualis,  tota 
1  sinuil  produci  débet.  Elverô,  ;.i  minisler  posl  pnda- 
j  tam  unam  aul  alteram  foriniH  b:ii)iismalis  V(!ccni 
t  cxccderet  è  vivis;  quam  ,  (piaso ,  juslilicaiionem 
.  recepisset  inrms?  an  tolalein?  non  dice.it.  An 
4  dimidialam?  novum  est  islud  in  Kcclesià  et  inau- 
«  dilum. 

«  Rcfellunlur  qmad  secundum  •  conlinnilas  enim 
«  quacunujue  lingalur  inter  varias  lornix  parles,  non 
«  magis  ellicit  ut  omnes  forma;  parles  siniul  el  in 
«  codem  insianli  existant,  qnàm  conlimiilas  parlium 
€  lluvii  fugierilis  efficiat  ni  eadein  panes  simul  l(;m- 
«  pore  existant  in  loco  ;  alqui  nemo  dixeiit  coiiliraii- 
«  latem  parlium  iluviierficereuleiKdem  partes  existant 
î  simul  in  loco;  ergo.  Cerlè  successiv^x^  lemporis 
1  parles  unionem  habent  inter  se,  et  tamen  cùm 
«  existit  p:!rspricsciis,  non  existit  par.>  pra-teriln. 

«  Quod  ad  aiiam  allinet  Goneli  rcsponsionem  ,  Ikcc 
ï  ipsâ  suà  iiicomprehcnsibililale  mit.  Quid  enim  est 
«  illiid  uHimum  mutatum  esse ,  (\y\{H\  viilulcm  grati:c 
«  prodnctivam  recipit?  an  forma  vel  nialeria  Sacra- 
«  nienii?  si  ila  est,  recurrct  tola  dil'licullas ,  nimirùm 
«  quomodô  physicè  agat ,  quod  physicè  nihil  est.  An 
«  aliquid  poslerius  mateiià  et  forma ,  gralià  verô 
«  prius?Ergo  1°  Sacranienla  graliam  immédiate  non 

<  prodncunt,  sed  mediantc  eo  icrniîno  ;  ergo  2"  qnod 
«  pliysicè  nihil  est  liabebil  virlutem  physicè  produ- 
«  cciidi  terminum  ;  quod  est  pra;cipuuni  controversiiB 
«  caput ,  dcberetque  probari ,  non  gratis  supponi. 
«  Deinde  qua;ro  an  (iclilia  b;cc  virUisqu;c  grati;e  pro- 
c  ducliva  dicilur,  corporea  sit,  an  spiriUiaïis.  Si  cor- 
c  porea ,  quoiiiodô  altingere  polest  eus  spirituale , 
«  qu::Ie  e^t  gratia?  Si  spiritiialis  ,  quonioûo  rcsidere 
»  poU'St  seu  subjeclari,  in  illo  lertninativo  molûs,  quod 
t  non  SCCÙ3  ac  Sacramentum  ipsum  pro  corpoico 
i  habent  ipsi  Thoniist?e? 

«  Prob.  2  '  simul  et  contirmatur  probatio  pr.iecedens. 
«  Baptisma  (iclè  suscopkim  reviviscil ,  adeôque  effc- 
9  clum  suum  opcratur,  pluribus  quandoque  annis  post- 
i  qnàm  susccplum  est;  idcmque,  juxta  Gonelum,  est 
«  de  ca;tcris  Sacramenlis;  alqui  lune  non  operalur 
«  physicè,  cùm  lune  physicè  esse  dcsierit  el  jamdu- 

<  dùm  ;  ergo. 

«  Piesponder.t  aliqni  cum  Goneto,  ibid.,  n.  81,  Sa- 

<  crameiita  qu.e  non  impiiimnil  characierem,  mora- 
j  liler  solùm  operari  cùm  reviviscunt;  ea  verô  quie 
«  characierem  imprimunl  reviviscere,  quia  turc  ciiu- 
«  racler  qui  est  prwsens  in  anima  incipil  habere  eifectnm 
«  suum,  pronl  docet  S.  Thomas,  in  -5,  di^t.  -i,  q.  5, 
«  art.  3,  q.  5. 

i  Sed  1"  si  Sacranienla  saltem  aliquando  operniitiir 
«  moraliter.  ergo  nihil  Sacraine;il!»ruin  dignilati  depe- 
«  rit  ex  eo  quôd  dicantur  operari  moraliter  ;  ergo 
«  iterùm  nullius  snnt  momenli  rali'uos  (|u;e  pro 
1  adstrucndà  pîiysicà  Sacrar.ienlorum  ciusîvlilale 
«  adducunt  advcrsarii  ex  Scripturà    et  Palribus.  Iti- 

<  que  enim  si  Patrum  lexlus  etsi  générales  limitari 
I  debcanl  ab  adversariis,  quidni  et  à  nobis  a<l  eflica- 
j  ciam  nlùcinn  [ue  moraleni  llecli  possiiil,  si  graves 
«  id  exiganl  causa;? 

I  Niliilo  sûlidius  videtur  quod  dicuni ,  Baptismun» 
«  aliaqiie  eju>dem  cnndilio.iis  Sacranienla  reviviscere 
(  vi  cliarat  Icris  semei  inipressi.  Jucque  enim  eireclus 
«  Sacramcnli,  Sed  Sacramenluni  ipsum  parii  graliam; 
«  alipii  characler  est  nudus  Sacranienli  elleclus  ;  ergo 


1.287  DE  RE  SACRAMENTAlUA 

dcalur  conlineri.  4*  Quôd  ad  Sacramcnlorum  iiovao 
legis  supra  vêlera  virlutem  et  cxccllentiam  explican- 

t  non  in  characterem  refundi  débet  gralia ,  sed  in 
«  ipsnni  Sacianii'ntnm.  Etvero  non  aliter  agit  cliaracler 
«  in  adiillis  quàai  in  infantibns  ;  atqui  cli;ir:icler  non 
«  IKiril  graliani  in  infantibus,  sed  siniul  cum  gratià 
«  producitin-;  ergo. 

«  Prob.  5',  quia  inter  causam  physicam  cleUcctum 
«  ejiis  débet  esse  proportio  quœdam  salteni  reniota  ; 
i  alqni  inter  Sacramenta  ,  qnic  signa  sunt  visibilia  et 
I  coriioren,  elgialiam  qnai  est  qnid  spinliiale,  nuUa 
I  est  etiain  reniota  proportio,  cùni  niateriale  et  ininia- 
8  leriale  sint  in  génère  prorsîis  diverso  ;  ergo. 

c  lleponunl  Sacramentorum  eniiaciain,  unum  esse 
t  è  (idei  nostra'.  mysteriis,  quod  ratione  cxplicari 
«  netpiit.  Sed  si  Sacramentorum  vis  inter  mysteria 
«  recensetnr,  utqnid  cjusdem  vis  cxplicandie  modus  , 
s  queni  Ecclesia  tbeologorum  liberlati  permittit, 
4  novnm  in  inysleriuin  erigitur?  utqnid  cxponilur  vis 
I  ilia  eomodo  qui  cùm  ab  luereticis  refelii  lacilè  possit 
a  et  irrideri,  ansam  errori  praebet  impugnandi  et 
«  niodnm  et  substaniiam  oceasione  niodi?  utquid 
«  dciii(pie  in  re  libéra  obs<;uruni  per  obscurius  expo- 
c  nilnr? 

«  Prob.  V  :  Causa  physica  débet  subjeclum  in  qiio 
«  operatur,  attiiigere  per  contactum  realem  ac  pliysi- 
i  cum  ,  saliem  médiate  :  quo  modo  sol  per  calorem  à 
i  se  dilî'usum  opeiatiir  in  lerr*  visceribus  ;  alioqui 
«  causa  hicc  ageret  in  dislans,  quod  saniori  pliiloso- 
i  phi;i;  répugnât  ;  at(|ui  Sacramenta  non  possunl  pliy- 
«  sicc  atlingere  animam  in  quà  operantur,  sed  sulùm 
i  corpus;  imo  nec  semper  corpus  atlingunt,  ul  cùm 
«  iuqx'iiditur  absolutio  liomini  surdo;  vel  benediclio 
i  nuplialisiis  qui  per  procnrJitorem  contralinnt;  ergo. 
<  Prob.  5" ,  quia  nuUa  est  causa  cur  Sacramenta 
«  potiùs  pliysicè  parère  dicautur  gratiam  babitualem, 
«  (piàm  actuales,  quoi  vi  eoium  conCerunlur,  gratias  ;  , 
«  alqiii  istas  non  pariuiit  pliysicè,  prout  lert  connnnnis 
«  opinio  etiam  aih.ersariornm ,  ut  notai  Lugu,  disp. 
.  4,  n.  5^2. 

«  Prob.  G°,quia  non  est  iribucnda  Sacramentis  nobi- 
€  lior  operandi  ratio,  ([uàm  Christi  passioni,  cùm  illa 
a  islius  instrumenta  sint ,  lotamque  ab  eà  vim  suam 
e  mutuentur;  atqui  passio  Cliristi  i»on  est  causa  grali;e 
«  nostr.e  pbysica,  sed  meritoria  solùm  seu  nioralis , 
«  ul  docel  rridenlinum,  sess.  6,  cap.  5;  ergo. 

«  1°  :  Scriptura  expiessè  docel  bominem  rcnasci 
«  ex  a(pià  ,  salvum  lieri  per  lavacrum  regenerationis, 
«  mundaii  in  verbo  vila.'  ;  atqui  parlicuke  ilke  veram 
«  et  pliysieam  causalilatem  exprimunt,  alio(iui  ambigi 
fl  possel  an  omnia  per  Verbum  pliysicè  facta  sint  ;  an 
«  ex  illo  pbysicè  sinl  omnia  ;  an  verè  uinversa  in  ipso 
«  constent;  ergo.  —  U.  ad  1  :  Neg.  min.  ;  ut  enim  è 
«  cilalis  vocibus  erui  non  possit  causalilas  pliysica, 
«  sullicit  ut  iis  utatur  Scriptura  non  holùm  ubi  de 
«  pliysiciscausis,  sed  etiam  ubi  de  moralibus  agilur; 
a  al(|"ui  res  sic  se  babet.  Sic  Apocal.  1  dicitur  (piùd 
«  Clirislus  lavH  nos  à  peccatis  nustris  i.\  su)ujHiHe  sno. 
«  Sic  llebr.  9,  idem  Cliristus  peu  propriiim  mnguineni 
t  semel  in  suncta  inlroiisse  dicitur.  œlcrnù  rcdemplione 
«  iHi'(3H««;  atqui  tamen  Cbristus  neque  nos  pliysicè 
^  lavit  à  peccalisinsai.guine  suo,  neque  pliysicè  per 
4  saiignineiu  in  cœlmn  inlioivit,  etc.  ;  unde,  ut  dete- 
e  galur  causalilas  praidictis  parlicnlis  expressa , 
8  videndum  est  cui  cas  materiic  applicet  Scriptur.a. 
«  Sic  omnia  per  Verbum  pbysicè  creala  esse  inle'li- 
«  gentur,  (piia  nulla  esi  creatura  qu:c  esse  possit  causa 
6  physica  etiam  inblrniu;  nlalis  creaiionis ,  ul  doccnl 
«  pbilosopln  ;  item  quia  divinitatis  cbaracleies  Verbo 

<  apprimèconveniuiil,  proindcqueet  polcutia  creaiidi. 
«  Lude  palet  solnlio  ad  ^. 

f  Olij.  "2'  :  SS.  l'alres,  ul  cl  nos  alibi  observavimus, 
«  Sacramentorum  ellicaciam  admirantur,  eamque  ul 
«  cxplicent,  ad  solam  Dei  oninipotentiam  ricurriint  : 

<  atcpii  nulla  fore',  taiita:  admiratioiiis  latio  iiisi  Sa- 
(  cramentorum  causalitas  esset  pliysi:a.  Quid  enim 


—  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  1288" 

dam  pcnè  nccessariasil,  neque  aliter  possiutnovilix'- 
rclici  certô  refutari. 


«  tani  niirnm  quôd  praesente  syngraphâ  moveatur 
i  quis  ad  debili  soliilionem  ?  ergo. 

4  W.  ad  1  :  Neg.  min.;  seu  enim  physica  sit  seu 
«  moralis  bacramciilorum  efticacia  ,  est  cur  mirenmr 
«  et  attoniti  min^nur,  quôd  Dcus  ad  infirmi  et  egeni 
«  elemeiiti  pra:seiitiam ,  atipie  ad  vocem  lioniinis 
«  pierùm(]ne  peccati  sordihus  involuli ,  lani  cilô  tam 
«  inlallibililer,  tam  slabililer  animam  ex  liostc  et 
«  inl'ensà  per  gratiam  cieleraijue  S.  Spirilùs  dona  sibi 
4  rcconeiliet ,  alqiie  in  cà  niansionem  facial.  Elverô 
î  si  mirelur  oibis  universus  sletisse  solem  ad  nnlnm 
4  Josue,  etsi  idem  Josue  non  Ineiil  iiisi  nioralis  causa 
4  (anti  eiïectùs  ,  quis  non  obsluposcat,  ad  vcceni 
4  sacerdotis  quandoque  scelesti,  illabièrœlis  in  terras 
«  Solem  jiistilia),  ul  pectus  imiiiundtim  suheat?  An 
4  etquousque  jusla  sil  pelita  è  syngraphâ  comparatio, 
i  expendam  paulô  infra.  ilic  solùm  animadverlam 
«  adversarios  (jui  admillunt  pdlenliam  (diedienlialeni 
4  in  quolibet  ad  (|uodlibct,  liaiid  mullùm  mirari  dcbere 
«  cur  Deus  per  Sacramenla  lacial  id  ipiod  ab  i[)S0  per 
4  muscam  lieri  posse  conliteiitur. 

«  Non  est  pliiris  quod  objiciunt  alii  SS.  PP.  com- 
«  par.irc  Sacramenta  causis  naturalibus,  v.  g.,  nlero 
4  vinjimdi,  ciquœ  ferwnli,  semini,   etc.;  id  enim  co 

<  solùm  consilio  faclum  est ,  ut  indicaretur  Sae>a- 
4  menta  verè  gratiam  parère.  An  aulem  pbysicè  id 
4  iicrct,an  moraliler,  non  expendeiunl  Paties,  nie- 
«  taphysicis  liujusmodi  (|uiostionibus  parnm  iiilenli. 
«  Elverô  si  urgeaiitur  id  genns  couiparaliones ,  lacilè 
4  qiiis  sibi  persuadebit  Sacramenta  causas  esse  gralia; 
4  nalurales. 

€  Insl.  cum  Ysamberto  :  Quse  vim  sanctiiicuidi 
4  combibunl,  quce  à  Spiritu  sanclo  fœcundanlur,  (]ua; 
4  ellicinnlur  idoiiea  ad  regenerandum  ,  h;ec  uti(pie 
î  physica  gratia;  insirumenta  ceiiseri  debenl;  aiqui 
4  Sacramenla  noslra....  Prob.  min.  lum  ex  Teilul- 
1  liaiio,  qui  lib.  de  Rapt.,  c.  4  :  Aqua',  inquil ,  sancti- 
i  «  /icutœ  à  Spiritu  Dei  vim  sanclifieandi  combibunl  ;  lum 
I  t  ex  precibus  per  (pias  in  benedictitine  lonlis  bapli  • 
4  smalis  postulat  Ecclesia  à  Doo ,  ut  dignctitr  aquis 
4  imperliri  vim  recjenerandi....  ut  Spiriius  saiictus  ar- 
«  cunà  sut  numinis  admixiione  cas  j'œcundet  ;  ul  siuicli- 
4  ficnlione  conccptù  ab  immacuUilu  divini  fœtus  utero  in 
4  novnm  renata  creuturum  progenies  cœleslis  emergal  ; 
4  ergo.  —  R.  neg.  uiaj.  ;  alioqni  euim ,  ut  l)e.:è  nolal 

<  doctissimus  Tournely,  et  ipsa,  (pue  singulis  doiiii- 
4  nicis  benedicitur  hislralis  a(|ua  ,  pbysicà  virlule 
4  abigeret  d;emones  et  murbos  fugaret  ;  cùm  etiam 
4  poslulet  Ecclesia  ut  Deus  liuic  elemcnto  virtulem  sua: 
i  benedictionis  infundat;  atque  ad  abicjendos  dœmones, 
4  morbosque  pcllendos  diviiiœ  graliœ  sumat  ej]'ectuui. 
4  liis  ergo  precibus  postulai  Ecclesia  rem  ipsam,  anl 
4  iiidicat  l'uturos  rei  elleclus ,  posilo  (piôd  milius  po- 
«  natur  obex.  Ad  niodum  verô  quo  idem  prnducilur 
4  eileetus  non  altendit  Ecclesia.  Elverô  qnid  plus 
4  pneslabil  in  fidelium  cordibiis  juslilicalio  pli\sicè 
4  producla,  qiiàni  moraliler?  QiiidChiislianoi  uni  inlci'- 
4  est  an  aqua'  vim  physicam  sa.icl'licanili  conibib.uil, 
4  an  solùm  moralem  ,  modo  hx'c  el  ceilô  cqiei cltir,  et 
4  .'^ine  violenlà  tcrminorum  expositione  adiniui  pos-il  ? 

«  Obj.  5"  cum  Gonelo  :  Ex  conciliis  Floieiitino  el 
«  ïiitunlino  Sacramei.la  novie  legis  graliam  cohti- 
«  iiciii;  aUpii  cùm  id  verificaii  necpieal  vel  de  conli- 
4  nenliâ  locali ,  quia  gratia  non  conlinetiir  in  Sacra- 
4  nieulis  ut  aqua  in  vase,  vel  medicina  in  pixide ,  ait 
«  S.  Ronavenlura  ;  vel  de  continenlià  per  iniiasio- 
«  iiem,  tpiia  gratia,  ulpote  accidens  spirilualc  rei  tor- 
4  porcLC  inluererc  non  poiesl  ,  non  aliter  quàm  do 
4  enicienlià  virluali  vcrilicari  polest.  Jam  verô  c((i- 
«  cieiitia  ha!C  iiialè  dicen-lur  viilualis,  nisi  Sacra- 
4  menta  eo  pcnè  modo  gr.iliam  continereiil  (ino  sol 
4  calorem  eriicit.  Alioipii  enim  Sacramentorum  cfii- 
I  «  cieiilia  eo  erga  graliani  se  liaberel  modo,  <pio  erga 
I  4  pecuuiam  bvngnpha  débitons  ;  alqui  iionnisi  abu^^ 


iâ89 


QU^ST.  IV.  DE  EFFICACIA  ET  VIRTITE  SACRAMEiNTORUM. 


i29u 


lla;c  vcrô  (iùm  cxplico,  oro  virniii  llioologtmi,  ni 
advcrlat  aniiuuni  dilifrentcr. 


sivè  (lici  ]U)ssot  ponmiani  in  dcltiloris  syncrrnplià 
conlincri ,  (|iiia  ad  cjiis  oxliiltitiniiciii  U'iictiir  d«,'lii- 
lor  |teciiiiiaii»  ri'fuiulerc  ;  crj^o  malt!  cliaiii  dicoroUir 
Sacramonla  graliain  coiiliiu'rt',  ol  osso  graliaî  va^a, 
nisi  caiii  plivsicè  rontinoronl  al(|ue  prodiircrcnl. 
I  R.  1°  relo'rqiioiido  armmioiiliim,  (|iiod  liic  sa-piiis 
et  facile  lioi'i  polesl  :  I  '  onini  Saciamciita  ciiin  rc- 
vivisciiiit ,  smit  vasa  grali;»',  caiiiqiu;  voit  produ- 
ciint  ;  alipii  laineii  liiiio  non  agtiiil  iiisi  moralilor,  ex 
Sylvio  et  Siian' ;  orgo  ut  Ycriliccliir  lalio  loqiieiidi 
àcoiiciliis  ustirpata ,  non  retiiiiiitiir  criicienlia  vir- 
Inalis  plivsicè  operaiis  ;  ^i°  concilia  cl  l'alics  cndoni 
gcncrali  modo  dicnni  auxilia  specialia  (pue  à  Sa- 
cramcniis  dcrivantnr.  prodnci  ah  iisdom,  quo  pro- 
ducitnr  gralia  liabiln:ilis  ;  al(|ni  lamoii  reccptnm  esl 
acUialt's  gralias,  (jna'  diii  sa'pè  {losl  accepla  Sacra- 
mettla  producnnlur  ,  nonnisi  moraliter  prodnci  à 
Sacramenlis  ;  5"  aiuiit  (]niique  Paires,  sanguinem 
cl  passionem  Clirisli  mnndaie  nos  h  peccalis  ,  jn- 
slilicare  nos  ,  clc  ;  aiunl  insnpcr  vires  sanclos 
opcrari  miracnia,  darc  sanilatom  ,  visnm  restilnero 
c;ccis ,  snrdis  audilum  ,  etc.  ;  alqni  lamcn  no(}nc 
sanguis  Clirisli  jiislilicat  plivsicè  ,  iicqnc  viri  sancli 
miracnia  physicé  operaiiUir  ,  scd  iiioraliler  solnm 
qiialcnns  a'grolanlium  sanilalcni  fnsis  prccihns  im- 
pelrant  à  Deo  ;  crgo.  Vide  Liujo ,  ibid.,  n.  o!  et  seq. 
I  R.  2°  ad  1  et  2  :  Neg.  min.  ;  ad  3,  1°  neg.  maj.  ; 
ul  enim  Sacramenla  eo  erga  gratiam  modo  se  pr;e- 
cisè  non  Iiaheanl,  quo  syngrapha  erga  debitnm,  salis 
est  ul  syngraplia  sil  poliùs  moralis  occasio  solvend.e 
pecuniic,  quàm  causa  ;  conlra  verô  Sacramenla  sint 
poliùs  causa  moralis  gralia^^uàm  occasio;  aiqui  1" 
res  ilà  se  liabet  de  syngraplia,  Illud.  enim  non  lam 
est  solnlionis  causa  (piàni  occasio,  quod  non  facit  ut 
quis  debeat  et  certô  donet,  sed  solùm  ut  conslet  de 
debilo  ;  alqui  syngraplia  non  facil  ut  quis  debeat,  vel 
cerlo  donet,  scd  taiilùm  ut  conslot  de  debilo,  cujus 
memoriam  revocat.  Hinc  snblato  eliam  chyrograplio 
tcnetnr  debilor  solvere  ,  ncc  semjier  solvit  ad  pra;- 
sentiam  cliymgrapbi  ;  ergo  syngrapha,  saileni  com- 
munilor  loquendo,  nec  moralis  est  causa,  nec,  si 
stricte  loqni  velis,  condilio  debili  solvendi  ;  sed  tola 
bujus.  debili  causa  est  vel  promissio  debcnlis ,  vel 
acîio  propler  quani  promisit. 
«  Atvcrô  Sacramenla  poliùs  snnl  causa  quàm  occa- 
sio grali;c;  non  enim  concurrunt  revocando  tantùm 
in  memoriam  promissionein  Dei  ,  sed  inducendo 
obligalioncm  ,  et  ideù  movendo  Denm  ut  gratiam 
conférât  ralione  prim;Te  instilulioiiis  et  promissionis, 
qu.ie  sicut  fada  esl  sub  corum  condilione  ,  lia  non- 
nisi ipsis  posilis  obligal  :  quomodô  mérita  Christi 
vcrè  sunl  lumiana;  salulis  causa,  quia  posità  corum 
acceptalionc  à  Deo,  Denm  per  se  movent  ad  procu- 
randam  bominis  salniem. 

<  Elvcro  ea  non  sunt  mène  occasiones  ,  quaî  dùm 
Clirisli  nomiiie  exeiceiilur ,  sunt  velut  acliones 
Clirisli  ipsius  continuât.^,  adeôque  si  non  meritoria!, 
sallcm  per  se  certô  iinpelratori;u;  alqui  Sacramenla 
sunt  velut  acliones  Christi  conlinnala\  Iliiic ,  ut 
pondéral  S.  Auguslinns  ,  lib.  o  de  Rapt.,  cap.  li, 
idem  S.  Paulus,  qui  aliipiando  Evangclium  vocal 
suum ,  nunquàm  snum  vocal  Raplismum,  quia  Ra- 
plismus  est  Clirisli  aclio  plus  quinn  bominis;  orgo 
Sacramenla  juxla  nos  inero  signe  comparari  non 
possunt,  liedera^,  v.  g.,  (pue  dunlaxal  vinum  signi- 
fio^at,  non  aulcm  ipsum  priebct  nisi  prasbilà  pccunià, 
imo  nec  sic  sempcr. 

«  Mon  désuni  tameii  qui  cum  Juenino  negent  min. 
Ec(piid  enim,  inqiiil  ille,  velal  ne  Sacramenla  gra- 
tiam conlincre  dicanlur  ul  syngrapha  pi'cuiiiam  , 
cùm  ad  syngrapli.e  exliihilioncm  Icncliir  debilor  ex 
praicedenti  paclo  pecuniam  nnmerare.  Certè  si  lalis 
adiuilli  non  possct  comparaiio.  maxime  (piia  doceiil 

J».  XX. 


PuonvTio  PRIMA ,  ex  siipremû  Dei polestalc. 
Ac  primo  poluissc  Deum  virtulem  hanc  Sacramentis 

l'R.  Tridciitini  Sacramenla  opcrari  ex  opère  opc- 
rato;  alqni  Iuim'  ralio  non  valcl.  ILcc  enim  operis 
opcrati  doclrina  soh'nii  signilical  Sacramenîa  gra- 
tiam ihdopendciitc'i  ;i  mcrilo  ininislri  conferro  iis 
oninibns ,  qui  ad  la  rite  disposili  accesserinl  ;  crgo 
bincc(»lligi  ncipiil  pliysica  Sacramenlorum  opcralio, 
quam  sliitnere  nohierunt  Patres  concilii,  quibus 
cordi  oral  non  ni  Calliolicorum  opinioiies ,  sed  ut 
errores  ha'rclicoinm  prolligarent. 

1  Obj.  i"  :  Si  Sacramenla  physicè  non  operanlur, 
jam  sunl  condiliones  sine  (piibus  non  ;  alqui  fal- 
snni  consequens.  Minor  palet  1"  ex  unanimi  cori- 
sensu  ibeologornm,  qnos  inler  snfliciat  adduxisse 
S.  Tliomain  :  sic  ille,  in  i,  dist.  1,  q.  I,  art.  i  : 
Quidam  dicuiU  quod  Sacrduienla  non  sinl  causœ 
quasi  fucicnli's  adquid  iii  anima,  scd  causa'  sine  qui- 
bus non...  ;  cl  est  simile  de  illo  qui  accipil  denarium 
plumbcum  factà  tati  ordiimlione ,  ut  (jui  liabucril 
unum  de  illis  denariis  Itabeat  centum  libras  à  retje, 
qui  quidcm  denaiius  non  dut  illas  centum  libras,  sed 
solus  re.v  accipicnli  ipsum.  Et  quia  paclio  lalis  non 
crat  fada  in  Sacramentis  vcleris  legis,  ut  accedentes 
ad  ipsa  gratiam  acciperenl,  ideb  dicuntnr  qratiam  non 
conferre...  Sed  hoc  non  vidclur  sufjicere  ad  salvandum 
dicta  sanctorum  ;  quia  alioqui ,  ut  snbjuiigit  S.  do- 
clor,  Sacramenla  non  cssent  causa  gralia\  sed  causa 
per  accidens,  nec  dilîerrcnt  à  Sacramentis  veleribus 
secundiim  ralionem  causœ,  sed  solitmquantian  ad  mo- 
duni  significandi,  in  quantum  liœc  nova  siynificant 
gratiam  ul  statim  dandaui,  illa  verb  non;  2"  (jnia  pura 
condilio  non  causal  efleclnm,  ncquc  in  eum  iniluil, 
sed  requiritnr  lanUnii  ut  causa  agat  ;  sicapproxima- 
lio  ignis  ad  lignum  non  induit  in  calorem  ;  alqui  er- 
roneum  esl,  Scripliirajqne,  conciliis  et  Palrihns  re- 
pugnans,  dicere  qtiùd  Sacramenla  in  gratiam  non 
influant;  3'  quia  coiicilimn  Florenlinuin  iia  statuit 
Sacramenla  nostra  gratiam  parère,  ul  hoc  dencget 
anliquis  ;  porrô  si  Sacramenla  noslra  nihil  esseiit 
aliud  quàm  mera  condilio,  nnllum  esset  illud  dis- 
crimen  ;  vclera  enim  Sacramenla  erant  saltem  con- 
diliones, ad  qnarum  pra;senliamDeus  gratiam  con- 
ferebat;  ergo  consiat  minor. 

î  Prob.  iiaque  major.  Condilio  sine  quà  non ,  ea  est 
quse  licètnon  detcrmincl,  ila  se  liabet  respeclu  60*6- 
ctùs,  ut  is  eà  posità  jonalnr,  et  sublatà  tolJalnr; 
alqui  sic  se  habenlSacrameiita  in  sysleinate  noslro. 
lis  enim  positis  ponilur  elfeclus,  non  quia  Deum 
déterminant,  scd  quia  delerminavit  se  Dcus  ad  po- 
nendum  hune  effccium  quoiies  signa  liaic  poneren- 
lur  ;  ergo. 

c  R.  1"  argumcnlum  hoc  adversariis  solvenduin 
esse,  pro  iis  saltem  casibus  in  quibus  juxta  ipsos 
Sacramenla  tanlùm  moraliter  operanlur,  puia  cùni 
Sacramenla  liclè  suscepta  reviviscunt. 

i  R.  2°  ad  I  :  Neg.  maj.  ;  condilio  enim  pura  nihil 
liabet  aclivi,  nihil  quod  influai  in  ellccUnn  ;  alqni 
Sacramenla  verè  influunt  in  ell'ecluiu  ;  ergo  non 
snnl  pnr.c  condiliones  sine  quibus  non.  Lt  vero 
condilio  sine  qiià  non,  non  niovel  agens  principale 
ad  aclionem,  sed  lanlùni  removel  id  ipio  aclio  ejus 
proliiherelur  ;  aUpii  Sacramenla  Deum  ad  grati;t 
iiirusionem  movent,  moraliter  quidem,  sed  tameii 
verè;  ergo.  Ilinc. 

i  Ad  2,  neg.  min.  Ea  enim  moraliter  delerminaiit 
Deum,  qu;c  Clirisli  mérita  nioraliler  dclerininanlia 
sibi  annexa  liahcnt,  ni  eo  sensu  includunl  et  exhi- 
bent aliqniil  lumian;c  justilicalioni  àMpiivalens  ; 
ipiod  proleclù  non  eflicit  deiiarius  plunibeus  cujus 
loiiiparalionein  rcjicil  S.  Thomas  ;  aUjui  lalia  sunt 
Sacramenla  ;  crgo  non  sunt  iner;c  condiliones  quiu 
non  déterminent. 

1  Non  nego  condiliones  aliquo  laiiori  et  improprio 
sensu  vocari  posse  causas  morales,  quatenùs  aliquo 

U 


WA 


DE  RE  SACRAMENTAÎUA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


!Î92 


communicnrc ,  quà  rallone  ncgarc  aliquis  aiulcnt ,  non 
viilemus:  nam  vcl  hoc  idcô  impossibilc  judicaliir, 

(t  modo  ad  opcraiidum  niovonl  ;  veriim  longe  aliter 
«  ni.)vt'iil  (|iiàm  causic  cliani  morales.  In  liis  siqiii- 
«  dem  motio,  liabct  se  in  ralionc  primipii  clTicienlis; 
«  in  iliis  molio,  si  (piam  admilli  placet,  non^esl  princi- 
«  piinn  ofliciciis,  scd  id  soli'iin  quod  eom|)let  casum  el 
«  circumslaiiliam ,  qiio  principium  aclioiiem  suam 
«  exorcrc  dei)el.  Sic  si  jusserit  licriis  faiiuilnm  simin 
<i  pccnniain  daro  Polro  (piolios  gallus  canlaverit,  galli 
«  canins  mcra  crit  condilio,  iicri  vcro  inandalnin 
«  pnra  causa,  (pua  l'anuilus  non  à  canin  gidli,  sed  ab 
«  iicri  jiis^ionc  cf!icicnlcr  movcbiuir.  Sic  rnrsns  si 
«  pr.ocepcrit  conlessarius  ni  pœnilens  qnolibel  leslo 
«  (lii;  inliimos  visilct ,  episcoi)ns  vcrè  novuni  insli- 
«  lual  l'csUnn  ,  privcopUnn  confcssarii  alio  longé 
t  modo  pœnilcnleni  movcbit,  qnàm  cpiscopi  insliln- 
«  tio;  ci>iscopus  enim,  eliani  nesciens,  coniplcbit 
€  ([uidem  casum  in  qiio  lenolur  pœnilens  infirmes 
€  jiivare  ;  al  solum  conlessarii  pra-cepimn  ellicienler 
«  dclerminabit.   Undc  si  pœnilens    inlirmis    desil  , 

<  conCessarii  solius,  non  aulom  episcopi  legem  trans- 
t  grediclur.  Atque  luico  dislinclio  est  neccssariô 
«  admitlcnda  ,  ne  cogamur  faleri  usum  seu  sumplio- 
i  nein  Eucharisti;c  esse  nioralem  graliac  causani, 
i  adoôqnc  et  parleni  Sacramenli  inlrinsecam,  non 
«  sccùs  ac  corpus  Chrisli  ;  quod  idem  de  disposi- 
«  lione  requisilà,  seu  obicis  ablalione  in  aliis  Sacra- 
«  mentis  dicendum  csscl. 

«  Non  nego  varias  fieri  posse  hypothèses  in  quibus 
«  res  eadem  possit  esse  condilio  et  simul  causa  mo- 
«  ralis.  Sic  si  consulani  Pelro  ni  de  quâcumque  illalà 
«  sii)i  injuria  pœnas  répétai,  injuria  quà  subindc  af- 
«  licictur,  polerit  esse  vel  niera  condilio  sine  quâ 
«  non,  si  ncmpe  l'elrus  non  ex  vindiclà  pœnas  su- 
«  mat,  sed  ut  consilio  meo  obtempercl  ;  vel  simul 
€  esse  el  condilio  et  causa  moralis,  si  nimirinn  Pc- 
«  tins  ex  niotivo  vindictui,  non  secùs  ac  ex  consilio 
4  meo  ulciscalur.  Sint  crgo,  si  volent  adversarii,  sint 
«  Sacrameiila  condiliones  ;  sed  sint  simul  condiliones 
€  quix;  quasi  plena;  Chrisli  merilis  Deuni  potenter 
«  et  perpcluô  déterminent  ;  tune  ponù  neccssuui 
«  est  nt  in  iis  imbibalur  lola  ralio  causa;  verse 
«  moralis.  De  his  plura  nec  coniemnenda  videris  ai)ud 
«  Lugo,  disp.  -ijSeet.  5,  n.  71  et  scq. 

8  Oiij.  5°  :  idem  sit  de  civteris  Sacramenlis  judi- 
d  cium  ac  de  Pœnilenlià  ;  ncipie  enim  hujus  major 
i  est  efficacia  quàni  aliorum;  al(pii  Pœnilenlià  graliam 
«  pliysicè  producil.  Eo  enim  modo  graliam  prodncil 
1  Sacramenlum  Pœnitenli;i;,  quo  sacerdos  pœniten- 
«  leui  absolvons;  atqui  sacerdos  graliam  producil 
«  ])iiysicè.  Prob.  min.  1",  quia  alioipii  mendacitcr 
«  dicerel  :  Erjo  te  absolvo,  nisi  verè  et  realiler  dimil- 
«  teret  peccala,  ac  proinde  graliam  producerct  \.  2" 
«  quia  sacerdos  Pœnitenti;c  minisler,  gerit  judicis 
«  vices,  sicut  et  pœnilens  vices  rei  ;  alqui  judex  in 
«  humanis  verè  et  pliysicè  per  aucloritatem  sibi  à 
(i  principe  commissam  réuni  absolvil  ;  non  autein 
«  alium  excitât  ad  dandam  reo  obsointioneni,  eamve 
«  ipsi  impclral  ;  crgo.  lia  el  laiè  Goncl  disp.  7>,  n.  02, 

<  posl  Suarem,  disp.  0,  sccl.  2. 

<  Pv.  ad  1  et  2  :  Neg.  min.;  ad  1,  3,  neg.  ant.;  qui 

I  enim  moralis  est  causa  alicnjus  eireclùs  verè  dicere 

«  polesl  :  Efju  id  upnor.  'i\t  Chrislus  vcrè  posset  di- 

«  cere  :  Eyo  vos  pcr  sanijiiincni   viaim  juslifico,  licèt 

*  juslificalio  noslra  luumiïi  moraliter  per  Chrisli  san- 
4  guineiu  peracla  i'ueril.  Sic  quo(pie  dicere  possel 
«  cpiscopus  in  ordinalione  :  Jh  liln  puteslïilcm  offe- 
«  rcndi  Micriftchuu,  lict  t  polcslal.oni  banc  non  pliysicè 
«  pariai,  sed  soliun  inoralilcr.  Kl  vcro  qui  igneni  stu- 

pis  applical  verè  est  causa  combuslionis,  et  lamen 

*  non  proihicii  pliysicè  coaihustioncm. 

\  «  Ad2,ô,R.  1'  longum  esse  discrinien  inler  judi- 
«  cein  in  foro  Pœnilenlià",  et  jiidiceni  polilicum.  Is 
(  scilicel  in  animam  non  agii,  et  sive  'ibsolvai,  sivc 


quia  sunmiam  cjus  sapicnliam  dedecet,  vel  qui.l  divi  • 
naî,  potenlia;   mêlas  excedil;  alqui  nculrum  sana  ra 

«  condeninet,  nec  Cacit  hominem  reum  nec  Innocen- 
a  lem,  sed  utrumque  sui)ponil;  alvero  Pœnilenlijî 
«  minisler  animam  vcrè  abluit  per  graliam  ,  ant  pec- 
«  calo  infeclam  relinquit;  (pi;e  slupenda  adeù  sont 
1  Dei  ipsius  operalio,  ut  crcalura  ad  eadem  aclione 
«  physicà  concurrere  po^se  non  videalur.  Unde  seu 
«  j\Klex  polilicus  pliysicè  operelur,  seu  non,  niiiil 
ï  pro  physicà  sacerdolis  aclione  colligi  polesl;  pra;- 
«  serlini  cùui  absolulionis  vei'ba  physicé  esse  dcsic- 
«  riiit,  (jnando  eU'eclum  suuni  producunl. 

«  U.  2"  :  Neg.  min.;  verba  euim  judicis  polilici  sunt 
«  quideni  physicà,  sicul  et  veiba  sacerdolis  ;  sed  non- 
■î  nisi  nioralem  ellV'clum,  et  nonnisi  moraliter  pro- 
d  ducuni.  Quis  enim  est  jiidicialis  scnlenlia;  ellèclus, 
<r  is  solùni  ut  hic  vel  ille  venià  vel  pœnâ  dignus  repu- 
<t  telur;  alqui  is  clTeclus  solùm  moralis  esi,nec 
3  alio    quàm    inorali    modo    produci    polesl  ;  crgo. 

«  Obj.  0"  :  lUimanilas  (Chrisli  per  suas  acliones  mi- 
«  racola  pliysicè  produeebat;  crgo  cùni  Sacramcnta 
«  sint  acliones  ipsius  Chrisli,  debenl  graliam  vi  phy- 
î  sicà  prodiicere. 

i  R.  1"  :  Neg.  ant.;  etsi  enim  humanilas  Chrisli 
«  prodigia  qu:edam  operari  poUierit  pliysicè  per  do- 
«  tes  sibi  indilas,  puta  aquis  inand>ulare,  posilo  quùd 
«  ei  jam  ab  inilio  dos  agililalis  concessa  lueril,  liaud 
<i  lamen  ex  Sci'ipturà  vel  iradilione  deduci  polesl, 
<  eam  ad  miracula  quitcuiihpie  vi  piiysicà  coiicur- 
«  risse;  undc  id  posl  Barradium  el  alios  plures  ne- 
«  gant  Lugo,  hîc,  n.  GG,  et  Marliiion,  disp.  21,  p.  7G. 

«  R.  2'  :  Neg.  conseq.,  1°  quia  elsi  acliones  à 
«  Chrislo  personaliler  exercise  graliam  pliysicè  pa- 
1  rere  poluerunt;  non  ideo  idem  eril  de  aclionibus, 
«  qu;«  nonnisi  moraliter  sunt  acliones  Chrisli,  f]uale- 
«  nùs  cjus  nomino  à  ministris  cjus  cxcrcenlur;  et 
«  quii)  siepè  sunt  ralione  agenlis  vitiosa;;  2"  quia  hu- 
i  manitas  Chrisli  animas  vel  corpora  sanaiilis  pliy- 
«  sicè  coexislebat  sanationi  liuic  ;  alverô  Sacrainen,la 
a  non  coexistunt  physicè  infusioni  grati;c,  cùm  jani 
«  desierint  quo  lempore  producilur  gralia, 

ï  Obj.  7°  :  Veri  admodùm  siinile  est  Deum  Sacra- 
it mentis  indidissc  causalilatem  ,  quam  potuit  maxi- 
1  niam;  alqui  pliysieam  dare  potuit  ;  ergo. 

«  1».  1"  :  Neg.  niaj.,  quia  in  his  materiis  id  soUiin 
1  verisimile  est,  non  (|uod  mens  noslra  optimum  aut 
«  maximum  imagiiialur;  sed  (piod  et  revclalioni 
«  congruil,  et  raiioni  non  adversalur  ;  porro  (piod 
«  Sacranienta  qua;  physicè  desierunt,  pliysicè  ope- 
«  reiitur,  el  répugnai  raiioni,  el  ex  Scripturà  oslcndi 
«  non  potest;  ergo. 

«  Confirm.:  Ad  digniiatem  Sacramenli  ea  uiiipic 
«  sullicit  elficacia  ,  qua;  Chrisli  merilis  el  passioni 
«  tribuitur;  alqui  Ikii;c  solùm  est  moralis:  ergo. 

i  W.  2'  :  Neg.  min.;  sicul  enim  oculus  corporeus 
«  ad  videiidum  Demn  clevari  non  polesl,  sic  nec  si- 
«  gnnm  malerialc  clevari  potest  ad  productioneni  gra- 
«  lia',  qua!  est  in  génère  penilùs  diverso. 

«  Quod  ait  (îonct  Dei  bonilalem  conimendari  e\ 
«  co  quôd  res  corporeas  ad  gralia-  produclioncm  cve- 
«  xeril ,  n<)n  videtur  serium  salis.  An  enim  divin* 
«  bonilali  quidquam  decedel,  si  morali,  non  aulem 
«  physico  modo  graliam  per  Sacramcnta  producal? 
«  Certè  si  sanctus  (juis  cx'CO  visiini  reddat,  itquè  is 
«  grains  crit  ac  mcmor,  seu  physicè,  seu  sulùm  nio- 
(I  rallier  usum  lucis  rcceporit. 

I  Inst.:  Igiiis  inferiius  lametsl  malcrialis  verè  et 
'  physicè  tonpict  subslanlias  pinc  spiritales  ;  ergo 
«  pariter  Sacranienta,  licèt  corporea,  graliam  parère 
j  possimt. 

«  U.  1°  :  Neg.  ant.  cinn  Scotistis,  qui  lartareos  spi- 
'.  ritus  nonnisi  moraliter,  seu,  ut  aiunl,  iiilentionali- 
«  ler  per  ignem  lorqueri  docenl,  mhh  quideni,  sed 
(  imticii  vcris  uwdis,  ni  loipiilur  .Vuguslinus,  lib.  21  dQ 

Cisii.  !)ei,  cap.  10. 


1203  QU^.ST.  lY.  DE  EFFICACIA  ET  VIRTUTE  SACUAMENTORUM.  1291 

tio  admittil.  Non  primuin  :  non  cnini  de  divinà  ac  de  ;,  sinit  immdi,  inqnit  R.  Paulus ,  1  Cor.  1,    27,   elegit 


liiinianà  sapicntià  par  dcbel  esscjudicium:  Qtuv  stulla 

«  R.  2°  :  Ncg.  conscq.  ;  clsi  cniin  concijii  possil 

»  igiioni,  qui  S|)irilil)iis  pra'sons  csl,  in  oos  pliysicè 

s  vini  stiani  cxiM'core,  liand  lamon  conoipi  polcsi  Sa- 

«  craniciiUiin,  ([iiod  jarn  osse  dosiit  ct'ini  priidiicilur 

«  ojnsdom  olU-clus,  pliysicè  opcrari.  l't  crj;;o  aliiiiiid 

«  probarcnl  Tlioniisla',  osicndendniu  forot  da'iiHMics 

i  pliv>icc  Inr(inoii  iiîno  jani  oxliiiclo,  sou  qui  S(H'ii:i- 

«  dùiii   onmcs   snî   parles  esse  d('si(  lil.  Id  |)ori()  ricc 

<  oslondrnint  liacicnùs,  nec  dciiicciisoslciidcMl.  Addo 
«  li:;c  alia([iie  id  gcnns  argniucnla  (liii)lii'i  laliorare 
i  vilii),  prinnini,  qiiod  obsccriini  pcr  obMcmiiis  pro- 
«  bcnl;  scciuuhnii,  qnod  e\  nialt-iàis  prorsùs  abcnis 
«  polila  sint.  Quasi  vcro  cùin  ai^iliir  de  Sacramciilis, 
«  iCMiolissinias  abornni  Iraclalutiin  parles  indagaii 
€  o|)orl('i'('l. 

«  Ohj.  8"  :  l'i  Sarranionliun  t,'raliaui  itiiysicè  parère 
«  dicaliir,  suriieil  ni  allingal  niiioneni  graiia;  onni  ani- 
«  ma  ;  qiieniadnuxbini  ni  bonio  lioniinis  causa  dica- 
«  liu".  salis  esl  ni  allingal  nnioncni  anima;  cnni  cor- 
((  |iorc  ;  alqni  Sacramenlum  niiioncni  gralia;  cum  ani- 
«  nià  allin.yil;  erfço.   — ■  R.  :  l>alà  majore  qn;e  iiibil 

<  ciari  habel,  scd  ad  calii;iiiem  viib'lnr  labricata,  neg. 
«  min.,  (piia  (piod  jam  nihil  esl  cnm  gralia  nnilur 
«  anima',  miionem  bano  pbysicè  paren;  necpiil;  alqni 
t  Sacrameiilum  jam  |)hYsicè  niliil  esl  cimi  gialia  imi- 
«  Inr  aiiim:e;  ergo  lieri  neipiit  ul  nnioiiem  nlriusqne 
«  prodncal,  qna-  proinde  à  Deo  sob)  pbysicè  prodiici 
i  polesl.  Idem  esl  de  nnioiie  anim;fi  cnm  corpore, 
«  qna!  in  sobim  anima;  ralionalis  Crcalorem  polesl 
«  rebmdi,  non  in  bomiiiem,  (pii  solùm  nllimam  dis- 
8  po.^ilioMem  ponit.  Elverô,  si  Sacramcnlnin  i)ra;di- 
«  clam  nnionom  allingens,  graliam  parère  diceretnr, 
«  liomo  allingens  miion-m  cnm  corpore  ,  dicerelur 
«  animam  ralionab;m  producere  ;  (piod  lamcn  fal- 
d  snm  esl. 

«  Concbisio  sccnnda.  Saeramenla  graliam  morali- 
u  1er  operanlur. 

1  Prob.  1":  Vel  Sacrainenla  moraiiler  operanlur, 
«  vel  |)bysicè,  vcl  mera;  siuit  condiliones  ;  atipii  ncc 
«  ojteranlur  p'iysicè,  ncc  mcra;  sunt  condiliones,  ut 
t  proiiavimns  ;  crgo. 

«  Prob.  2":  .Modiis  operandi  modum  sequilur  es- 
I  sendi,  ex  Irilo  axiomale  ;  atqui  Sacrantcnta,  ni  Sa- 
«  crann^nla,  siml  solùm  cnlia  moralia.  Saeramenla 
4  criim  non  sniil  sobnn  res  piiysiea;,  scd  rcs  qnie  ex 
«  ordinalione  Dei  graliam  signilicanl;  aUpii  res  qna; 
«  (piocmnqne  modo  abquid  à  se  diversum  .signilicant, 
«  sunl  neecssariù  enlia  nmiaHa.  Klsi  euim  res  ipsa; 
«  pliysica",  siiil  cpiid  pbysiei,  carmn  lamen  depulalio 
«  ad  bocveiilbid,  est  (juid  morale.  Sic  moncla,  clsi 
«  secmidùm  subslantiam  auri  vel  argenli  est  eus  pby- 
d  sictnn,  |)roiil  lamen  liimc  vel  ilium  valorem  babel, 
«  esl  cns  morale,  ipiia  «il  sic  componiliir  ex  métallo 
f  et  instilnlione  principis,  qui  ccrlnm  métallo  valo- 
«  rem  Iribuil  ;  crgo. 

«  l'rob.  3",  qnia  ni  Sacramenlis  non  alla  quàm  mo- 
1  ralis  cansalilas  atiribiicnda  sil,  tria  stdliciimt,  T  ul 
t  caiisalil.Ts  pbysica  vix  ac  ne  vix  qiiidem  intelligi 
t  possit;  2"  ni  cansalilas  moralis  sil  in  rci  verilale 

<  cansalilas  propriè  dicla  ;  3"  ni  snlliciatad  explicanda 
«  Palrmn  c()neiliorinni|ne  leslimonia  in  quibns  vis  et 
d  ellieientia  Sacramentormn  maxime  eoiumendalur , 
«  al(pii  r'plivbica  cansalilas  plena  esl  andjagnm  et 
«  ob-eurilalis,  vix(pie  ab  aliis  (piàm  ab  as^erloribus 
«  suis  inielligi  polesl,  nt  dixiiiius  |)ioximè  ;  2"  causa- 
I  lilas  moralis  csl  vera  et  propriè  dicla  cansalilas, 
«  ni  fatelnr  ipsc  Suarez,  cl  bine  palet  (piôd  qui  CcC- 
«  dem  imperat,  vera  sil  liomicidii  causa;  unde  et  I)a- 
«  vid  Uriam  interrecisso  diciliu'  ;  5"  demùm  eadcin 
f  cansalilas  ad  explicanda  l'alrnm  conciliormnqne 
«  dicl  I  snflicil,  pronl  etiam  ex  diclis  licpiet.  Elverô, 
«  si  Scriplurii  simpliciier  et  sineaddilo  dical  sangui- 
{  nom  Ciiriîlimundare  ab  onini  pcceato,  fideni  "^al- 


Dcus  ut  coiij'iaidul  supicules  ;  cl  infirma  mundi  elegit 

«  vare,  eleemosynam  liberart;  à  morte,  licèt  nninda- 

(I  lin,  sains,  liiieratio  à  morte  ab  iisce  cansis  non 

i  jtbysicè,  sed  moraiiler  prollnanl,  qnidni  .Sacj'amenla 

«  sini|)lieiler  dicanlnr  panne  graliam,  licèt  Ji')n  alià 

«  (|ii;mi  morali  ellicieniià  dcnenlm? 

(  Obj.  1"  ex  .Joan.  (i  :  Caro  Clirisli   in  Euciiarislià 

«  vcrè  ist  cihns  ,  ac  proinde  V(Mè  nnliit  ;  set!  qnod 

4  moraiiler  lanlîmi  operalnr ,  non  verè  mitiil;  sed 

«  quasi   metapborice  tanliim  ;  ergo. —  R.  .Neg.  min.; 

a  vcrè   enini    nnlril    id  cpiod  animam  impingnal,  et 

«  adversns    lioslis    tenlaliones    munit;    alqid   qnod 

«  moraiiler  graliam  paril,  ulruniquc  abundè  pra;slat; 

«  ergo. 

«  Obj.  2":  Si  Saeramenla  sint  morales  causa;  gralia;, 

«  profeclô  quia  Denm  movent  ad  ejns  infnsioncm  ; 

«  alqin  Saeramenla  Deum  lioc  paclomovere  non  pos- 

«  sunt.  Vel  enim  movent  raliom;  sui,  vel  ratioiie  suai 

«  à   Chrislo  elcvalionis  ;  alipii  nenlrum  dici  polcst. 

«  Non  prinnnn,  quia  ablulio  in  Haplismale,  v.  g.,  est 

<  quid  maxime  iiidillèrens,  et  alinndc  in  menleni  agere 
«  ne(pnl.  Non  sccundum  ;  eùm  enim  cievalio  Sacra- 
«  menli  sil  eidem  exlrinscca,  jam  non  à  Sacramenlis, 
«  sed  à  Cbrislo  Sacramentem  élevante  moverelnr 
«  Dens;  sicquc  rneretvis  lola  Sacramenli, 

«  R.  ad  1  :  Neg.  ndn.;  ad  2,  neg.  ma].,  et  dico 
«  Saeramenla  ncc  ralione  suî  tantnm,  nec  lanlùm  ra- 
«  lione  elevationis,  scd  ex  concursn  ulriusque  Denm 
«  movcrc  ni  graliam  largiatnr.  Nenipe  verù  movent 
I  ni  enlia  moralia;  quôd  autem  moralia  sinl,  nec  e.v 
«  solis  malerià  et  forma  babenl,  ncc  ex  solà  eleva- 
«  lione,  sed  ex  ulrinsque  concursn. 

«  Obj.  3"  :  Polesl  sacerdos  ob  mabnn  (incm  ])apli- 
«  zare  ;  atqui  (icri  iiequit  ut  aclio  bacc  qn^c  mala  est, 

<  Deum  moveat  ad  collationem  gratine;  (|nod  tamea 
i  debcret  lacère,  s;  aelio  Sacramenlorum  csset  niora- 
«  lis;  ergo.  —  R.  disl.min.  :  Fieri  ncqnil  ni  aclio  bxe 
«  qnalenùs  mala  esl,  concedo  ;  qnalenùs  est  aclio 
i  Cbrisli,  ejns(pic  nomine  exercila,  nego.  Si  enim 
«  aclus  baplizaiidi,  snb  primo  respecln  aliijnid  niali, 
«  esl  uliqne  snb  secundo  respecln  aliquid  oplinii, 
j  quodquc,  utpole  Clirisli  meritis  grave  et  quasi  l'œcun- 
î  dalnm,  vim  Dei  niovendi  serval  inlactam. 

«  Obj.  V  :  Aliter  movent  signa  Dei,  quàm  signa 
«  diaboli;  alq.ni  signa  magica  diaboli  cnmdem  mora- 
«  liler  movent;  ergo  signa  Dei,  qua;  sunt  Saeramenla, 
c  alio  quàm  morali  modo  movere  debent.  — R.  I"  : 
(  Neg.  maj.,  cujusrobur  lolum  inantilbesllictiliàsilnm 
«  csl.  An  enim  quia  angeli  mali  bomiiium  pcceato 
u  moraiiler  eooperanlur,  dicendum  erii  angelos  hmos 
«  bonis  justorum  o|ieribus  vi  pbysicà  cooperari,  ne 
«  par  l)orum  et  illornm  aclio"  esse  inlclligalnr? 
«  —  R.  2°  :  Ni'g.  min.,  nam,  nt  benc  observât  Lugo, 
«  disp.  4,  n.  67,  da'uion  nativà  snà  indole  l'allax^ 
i  mailct  eiim  cni  (piidpiam  promisit,- ludilicare,  quàm 
i  slare  promis.^is.  Lnde  non  lam  vi  paeli  conv(>nli, 
1  (piàm  proprià  neqnilià  UKiveluradservandam  lidem; 
«  neqne  banc  semper  serval,  quia  id  non  paliiur 
«  Dens;  quo  lil  ut  nulbi  ejns  signa  elleclmn  liabeant 
t  inl'allibilem.  Alverù  Saeramenla  et  iulallibililer 
i  Deuuï  movent ,  et  pcr  seipsa  lanqnàm  lolideni 
«  Cbrisli  aclioncs  movent. 

«  Obj.  ri'  :  .Minisler  Sacramenli  dicilur  graliam  con- 
c  ferre;  alqni  si  nimiisi  moraiiler  Denm  moveat, 
«  non  poleril  diei  ((inlèrre  graliam.  Tune  enim  mi- 
i  nister  babebit  se  ni  credilor  qni,exbilii;à  debilori 

<  syngrapilà,  bimc  movet  ad  eollationem  pecimia;; 
«  alqni  credilor  ille  nnllibi  genlinm  dicilur  i)icuniam 
«  dare  seii  solvere  ;  ergo. —  U.  ad  1  :  Disl.  maj.   :  Di- 

<  cilnr  graliam  conlèrre  ul  causa  inslrumenlaiis,  coh- 
€  cedo;  ut  causa  primaria,  parivccnm  eà  gradn  con- 

<  currens,  nego.  Sic,  dislineià  min.,  neg.  cnnseq, 
(  Solnlio  palet  ex  dietis.  —  R.  ad2  :  Disl.  r.Minislorse 

b;!bet  ni  rrcdilor,  se,  inquam,  habct  qnanlùm  a^^ 


'1295 


DE  RE  SACRAMENTAUIA.  —  DE 


til  confundal  fortia  ;  et  ignobUia  mumlï  cl  contcmptibi- 
lia  elc(jit,  et  ea  qiiœ  non  sunt ,  ut  ca  quœ  sunt  dcstrue- 
ret.  Non  debemus  ilaque  in^cstimabiles  divinrc  sa- 
pienliu;  tliesaiiros  huniano  judicio  diincliri;  ila  ullioc 
ipso  aliquid  Deum  dedecere  pulcimis,  quôd  nobis 
parùiii  conveniens  visum  fuerit  :  uiidè  qucmadmodùm 
in  incarnalionis  et  crucis  mysterio  Dci  virlutein  et  sa- 
pientiam  deniiramur,  eliamsi  Christus  crucifixus  Ju- 
dicis  quidem  scandalum,  genlibus  aulcin  slultilia  sit; 
ila  ncc  possumus  Deum  infinnilalis  aiit  iiiconsideran- 
tiai  accusarc,  si  visum  ei  fuerit  uti  Sacramenlis  tan- 
quàm  physicis  gratiae  instrumenlis  ;  imù  quô  inlirmiora 
hxc  clemenla  fueririt,  ad  elTeclus  tam  admirabiles 
producendos,  eô  magis  divina  sapientia  elucebit ,  quœ 
vocal  ca  quœ  non  sunt,  tanquàm  ca  quœ  siuit,  Rom. 

4,  17. 

Sed  nec  alterum  dici  débet  :  unde  eiiim ,  quœso , 
infères,  prœstare  hoc  Deum  non  posse?  An  quia  lam 
stupendai  banc  virtulis  viam  et  rationcm  cogitando 
«on  assequeris?  Atqui  si  hsec  est  lui  norma  judicii , 
de  omnibus  fidei  mystcriis  aclum  est,  qtitc  nedùm 
coniplecli  aninio,  nec  suspicari  quidem,  nisi  Deo 
révélante,  valebas  :  an  forte  quia  inlcr  corpus  et  spi- 
ritum,  naturam  et  gratiam ,  tanta  pugnantia  est,  ut 
nec  à  Deo  quidem  vinci  possil?  Atqui  lemerariô  illud 
dici  niulta  exempla  demonstrant. 

Sic  enim  Cbristi  hunianilas  piocul  dubio  est  ali- 
quid  naturale,  qui  per  illam  simibs  faclus  est  nobis  : 
atqui  bumanitas  bypostaticè  verbodivino  nnita  inslru- 
mentum  fuit,  non  morale  lanlùm,  sed  eliam  pbysi- 
cum,  qiio  Cbristus  utebalur  ad  gratiam  largiendam 
et  niiracula  pcrpclranda  ;  hoc  enim  Scriplura  insi- 
muat  multis  locis,  Luc  6,  19  :  8,  44  et  seq.;  Joan.  1, 
17,  cl  S. Thomas  expresse  docet,  5  p.,q.  8,  art.l  ad  i: 
Dicendum,  inquil,  qubd  dare  gratiam  aut  Sjnrilnm 
sanctiun  convcnil  Cliristo  sccundiwi  qubd  Dcus  est  au- 
ctoritalivè  :  sed  instrumental} ter  convenit  etiam  ei,  se- 
cundiim  qubd  homo,  in  quantum  scilicet  ejus  humanilas 
inslrumentum  fuit  divinitalis  ejus,  et  ita  actiones  ipsius 
exvirlute  divinitalis  fuerinl  nobis  saluliferœ,  ulpote  gra- 
tiam in  nobis  causantes,  cl  per  meriium  et  pcr  efjicien- 
tiam  quumdam  :  quorum  similia  alibi  siopiùs  repetit 

5.  doclor.  Vide  3,  p.  4,  48,  art.  G.,  q.  49,  art.  1 
ad  2,  q.  04,  ar!.  5,  in  c,  et  alibi  sœpè. 

Dcindè  mortuos  suscilare,  c;ccis  visum,  leprosis 
yliisquc  graviter  œgrotantibus  sanitalem  momento 
reddere,  et  pleraque  Inijns  generis  prodigia,  oninem 
natura;  vim  superanl  ;  atqui  signa  hsec  faciendo,  Chri- 

*  «  aliquid ,  concedo  ;  quantum  ad  oninia,  ncgo. 
\<  Geminum  enim  est  priccipuè  discrimcn  inler  nii- 

<  nislrum  qui  Sacramenla,  et  (  ledilorem  qui  sche- 

<  dulam  cxhibet  :  primum  quôd  miiiistcr  ex  Chrisli 
«  inslilutione  habeat  vim  cerlam  obtinendi  clToctCis; 

<  créditer  vcrô  sœpè  saepiùs  voces  obtineat,  et  niliil 
«  ultra  :  secundum,  quod  ad  objeclioMcm  magis  facit, 
«  ([uôd  créditer  non  possit  dici  solvore,  quia  solvit 
«  non  ([ui  jus  babet  ad  dcbilum,  sed  qui  debitum  con- 
«  traxit  ;  contra  vero  minisler  dici  possit  gratiam  dare 

<  quia  nihil  est  in  ejus  persoiiâ  quod  buic  dantis  ap- 
«  pellationi  résistât;  modo  lamen  nonnisi  instrunien- 
i  tabler  dare  inlelligalur.  t  (Edit). 


SACRAME.NTIS  IN  GENERE.  1296 

sliis  plorumquc  ulebatur  corporalibus ,  iisdcmquc 
physicis  instrumenlis.  Lazarum  ciiim  qualriduanum 
mortuum  flcntibussororibus,  Joan.  1,  45,  et  desolalsc 
vidua;  lilium  unicum  voois  impcrio  redonavit,  dicen- 
do,  Luc.  T,  14  :  Lazare,  veni  joràs  :  adotescens,  libi  dico , 
surgc  ;  et  ul  caicum  à  nalivilate  illuminaret,[lulo  vebil 
inslrumonto,  non  necessitale,  sed  voluntate  usus  est, 
Joan.  9,  G  ;  pariterque  leprosum  cl  socrum  Pétri 
rebricitantcin  ,  conlaclu  manùs  legilur  libérasse 
Matili.  8,  5,  15;  quorum  similia  passim  narrantur  in 
Evangelio. 

l'railerea  ignis  corporalis  à  spiriluali  substautià,  si 
naturam  consulamus,  lanlo  distat  inlervallo,  ul  nequc 
in  illam  agoro,  ncc  uUiun  possil  ci  doloris  scnsum  iu- 
fligere;  atqui  nibilominùs  divinâ  sic  exigenle  juslilià, 
ignis  materialis  inferni  ad  modum  veri  et  pbysici  in- 
strumenti,  torquel  dœmones  et  animas  damnatorum, 
mirisque  niodis,  sed  lamen  veris,  discruciat  :  hoc 
enim  S.  Augustinus,  De  Civ.  lib.  21,  c.  10;  S.  Thomas, 
Supp.  q.  97.,  art.  5,  et  G,  et  alii  plerique  agiiosount  ; 
nec  sana  philosophia  contradicit. 

Denique  quid  opus  esl  Dei  niiracula,  absnlinaniqiic 
ejus  polcntiam  allegarc,  cùm  ejusdcm  rei  babeauuis 
in  homiiie  palmarc  cl  necessarium  exempbnu?  Nam 
ex  duabus  diversissimis  parlibus,  corpore  cl  anima 
homo  coalcscit,  quaruni  tanta  diiïcronlia  est,  quaiila 
major  iu  naturà  esse  non  polest:  alqui  ulramqiie  lam 
intima  socielate  conjunxit  Dcus,  inntoquc  counncrcio 
fœdcravit,  ut  dcpendeant  à  se  invicem,  cl  anima  in 
corpus  verè  et  physico  influxu  agat,  vicissimque  cor- 
pus in  animam  influât,  juxla  loges  à  Deo  sancitas  ;  ad 
nutum  enim  voiuntalis,  et  nianus,  et  pedes,  et  bra- 
cbia,  et  Iota  corporis  machina  conmiovetur  ;  pariter- 
que motus  corporel  veras  in  anima  excitant  doloris, 
gaudii,  inc,  trislitiic,  etc.,  alTectiones. 

Quidni  ergo  paritcr  Deus  poleril  Sacramcntis  vir- 
lutem  illam  Iribucre,  per  quam  vclut  divina;  polciili;c 
physica  instrumenta,  suos  elTeclus  verè  cl  non  mora- 
liler  lanlùm  obtincanl  ;  igitur  nec  divinam  sapieniiam 
dedecel,  ncc  superat  poteslatem,  physica  Sacramcn- 
torum  efficicntia  :  quod  si  cui  asperum  videatur,  me- 
mineril  non  esse  Deum  ut  hominem,  nmllùque  plura 
posse  facere,  quàm  cogitare  humana  intelligcnlia  pos- 
sil .  Quo  paclo  tanla  rcs,  et  tam  admirabilis  per  Sacra- 
mentum  elJiàalur,  inquil  Calliechisnuis  concilii  Tri- 
denlini,  part.  2,  lil.de  Sacram.,  n.  25,  ut,  quemad- 
modian   S.   Auguslini  sciitoilià   cclebralum   esl,    aqua 

corpus tangat  cl  cor  ablual  ;  id  quidem  liumanà  rn- 

lione  alquc  iiilelligoilià  comprehendi  non  potest  ;  consli- 
tulum  enim  esse  débet,  nullam  rem  sensihilcm  suàptc 
naturà  eu  vi  prœditam  esse,  ul  pcnctrure  ad  animam 
queat;  al  fidei  Inmine  cognoscimus,  omnipolenlis  Dci 
virtutem  in  Sacramenlis  incsse,  quâ  id  efficiunt,  quod  siiù 
vi  res  ipsa;  naluralcs  pra'slare  non  possu)it. 

PiiOBATio  M,  ex  sanclorum  Vatrnm  sentcntiis.         ' 

Quàm  vcrô  sit  lurc  doctrina  consentanea  verho  Dei , 
pncclarissimè,    nisi   fallimur,    déclarant   toslinionia 
Pairum  supcriilis  allegata,  qux  ad  sensum  moralis 
efficicntia;  iuftecti  mill^  ralionc  posse  videnlin-  :  -Vos 


15>97 


QU^EST.  IV.  DE  r-FFlCACIA  Kl   VlflTCTE  SATRAMENTOUUM.  1208 


piscicuti,  ail  Torliilliaiius,  lil).  de  15api.,  c.  1  cl  so(\.  r 
in  aquà  nascimur,  ncc  uliter  </««»«  in  aquà  pcnitaiiciidu 
salvi  sumus....:  omiics  aquœ  de  prislinà  oriV/i/i/'.s  prœ^ 
rogativà  Sacrnmcnlum  sanclificalionis  couseqmmtnr,  in- 
voculo  Dco  siipervciiit  cuim  stutiin  Spirilus  de  eœlis,  et 
aquis  superest,  sanctificans  eas  de  seuictipso;  et  ita  san- 
ctifkatœ  vim  sanelificuttdi  combibunt. 

Quod  est  utérus  embrtjoni,  hoc  est,  fidci  aqua,  ait 
S.  Joaiines  Clirysoslonius,  Ilom.Sr),  in  Joan.,  si  qu'idem 
in  aquâfimjitur  et  /ormrt/HC.ElS.Cyiilius  ;  lil).  il  in  Joan .: 
Quemadmodiim  infusa  lebelibus  aqua,  si  adnwvealur  'ujni 
jeliementi,  vini  ejus  concipil  ,  ita  S.  Spiritùs  eIJicacilaie 
aqua  ad  divinam  quanidam  inefl'abilem  vim  Iransforma- 
tur,  omnesque  demiim  in  quibus  fueiit  sanctificat.  El 
S.  Léo,  Serm.  l  olj.'),  de  N'at.  D  :  Omni  liumini  rena- 
scenti  aqua  linptismatis  instar  estnteri  VirqinaHs_eodein 

spirilu  replenle  fontem,  qui  replevit  et  Virqinem D. 

Jésus  origineni  quam  sumpsit  in  utero  Virginis,  posuil  in 
fonte  Baptisnialis;  dédit  aqua' quod  dédit  matri  :  virtus 
enim  Allissiini  quœ  fecit  ul  Maria  pareret  Salvatorcm, 
facit  ut  regeneret  unda  credenlem.  -, 

lia,  inqnam,  laiidali  Paires  :  poleranius  quideni 
plcrosquc  alios  addere.  Ideo  auleni  nobilissimos  auli- 
quilalis  prolnlinuis,  que  faciliiis  vol  oninos  idem  sen- 
sissc,  vel  ccrlè  sine  aiicloritalc  ali(|nos  dissensisse 
luoasliarcnius.  Et  sanè  invonire  qui  ab  istoniui  judi- 
cio  discrcpavcrint,  [»aud  facile  fnerit. 

Jani  sic  instiluinius  argumentuni  :  Si  Sacranienla 
concedanius  esse  pliysica  divin.c  onniipo[enti;e  ad 
gratiam  producendaui  instrumenta,  niliil  liabent  dif- 
ficullatis  lut)  Palrum  seiitcnlix-;  nani  immacidatuni 
Chiisli  corpus  in  utero  bcaUie  Yirginis  physico  for- 
niatuin  est;  ncc  aliter  quàm  plivbicè  pisccs  gignuntur 
in  aquis  ;  aqua  pariler  igni  adnioia,  vim  ejus  pliysicè 
concipil,  el  pliysicè  calefacil  quiccumque  langit. 

Quôd  si  è  contrario  nioraliier  lanlùm  operari  ve- 
linms,  fateamur  necesse  est  ineplè  paires  de  Sacra- 
menlis  esse  loculos  :  cîim  enim  instrunienlum  morale 
de  se  nibil  operolur,  nequo  liabeal  aclum  proprium, 
per  quem  causa;  principalis  e/TtCluin  atlingal  quid  j 
absurdum  niagis  quàm  dicere,  pari  modo  producere 
etTeclum  siium,  quo  aqua  pisces,  et  utérus  end^ryo- 
ncm  eirormal!  atqui  patres  insciliae  accusaro  temcra- 
rium  est,  prx'sertim  quaiido  in  uii;\  càdemque  defi- 
nilione  on)nes,  aul  ferè  omncs,  consentiunl  ;  crgo 
dicendum  eos  pro  eflicieniià  pbysicà  Sacrauientonun 
piignAssc. 

.  l>einde  Patres  ea  qu;ic  praedixinius  exempla  aflernnl, 
ul  cxplicent  dogma  divinum,  et  virtntem  Sacramon- 
lorum  ralione  plausibili  persuadeant;  alqui  nisi  cre- 
dercnt  esse  physica  instrumenta  Dei,  nequc  ullam 
pncler  moralem  in  illis  virlulem  agnoscerent,  dogma 
calholicum  obscurarenl  magis  quàm  illustrarent  :  ea 
enim  exempla  aiïcrrent,  quic  ad  rem  niiiil  facerent; 
cùm  alinndè  suppetanl  plurima,  eaquc  nemini  non 
nota,  ad  moralem  virlulem  signilicandam  acconujio- 
dala.  Ergo,  etc.  S 

Prreterca,  sancli  doctorcs  virlulem  Sacramcniis  ini- 
pressam  divinili'is   cum  admirationo  «ii'icipiunt  :  Quœ 


est  tanta  virlus  aquœ,  :\'\lS.  Auguslinus,  tract.  80,  in 
.]o:\n., ut  corpus  tangat,  et  cor  ablual^?  yonne  mirandum, 
ait  Tcrlullianus,  libre  de  Bapl.,  c.  \.,lavacro  dilui 
mortem?  parif|uc  i-ensu  in  \divinani quamdam  et  inefj'a- 
bilem  vim  transformari  uquam,  S.  Cyrillus  allirmat 
libro  2  in  Joan.  Jam  sic  prosequor  argumenlum  : 
in  corum  scntenliâ  qui  conlcndunl  Sacramenla  pliy- 
sicè operari,  mirandi  qiiidcm  est  locus,  quôd  vira 
lanlam  Deus  sensibilibuselemcnlis,  nullà  suàncccssl- 
taie,  el  mcrà  crga  lioiiiines  liberalilaleconlulerit,  lan- 
lamque  elToctuum  niagiiilicenliam  cum  lantâ  iiislru- 
menlorum  simplicilalc  conjuiixerit;  verùm  in  opinione 
contraria,  ncc  iiiinima  admirandi  superesl  causa  : 
quis  enim,  qu;cso,  ejus  simplicilaleui  non  rideal,  qui 
sic  cxclamarct  :  Quœ  est  tanta  virtus  syngraphœ,  ut  eâ 
exltibità,  slatim  pccunia  numcretur  ?  quœ  tanta  signi  ta- 
bernœ  appensi  vis,  ut  eo  eonspecto  viator  defaligatus 
diversortum  ad  cœnandum  petal?  Ne  ilaque  paris  sim- 
plicilalis  et  imperitia;  patres  accusernus  falendum,  ex 
eoruin  mente  ;  Sacramenla  virlulem  liaberc  accCiilani 
diviniiùs  ad  gratiam  pliysicè  conferendam. 

Denique,  quod  observaiione  dignissimum  est,  in 
bis  ipsis  Palrum  effalis  Ecclesia  calliolica,  cerlam  et 
divinam  Iradilionem  agnoscit,  ad  probandum  toiilra 
Lullieranos  et  Calvinislas,  Sacramenla  gralium  ex 
I  opère  operato  conferre.  AUjui  nisi  proul  sonant  iniel- 
liganlur,  nihil  babebunt  roboris  ad  causam  Ecclesia} 
adjuvandam  :  quâ  enim  facililale  sic  intorquontur  à 
noslris,  ut  moralem  tanlîim  causalilatem  dicanlur 
adslruere,  pari  movebunlur  ralione  extranei,  utaflir- 
meiil  Patres  in  Sacramcniis,  prœler  vacuum  signi  et 
picturœ  nomen,  nibil  agnovisse  :  atque  ita  tola  ira- 
diiio  corruet,  aut  cerlè  ejus  auclorilas  minuclur.  Ila- 
que ut  suus  sanclis  docloribus  conslel  boiios,  el  illi- 
bata  Veritas  maneat,  uirumque  affirniare  luiius  est, 
paires  pro  verà,  et  pro  pbysicà  Sacraraentorum  causa- 
liiale  stelisse. 

Probatio  m,  ex  sacris  Scripturis. 

Eèque  niagis  lioc  est  dicendum,  qiiod  sancli  anli- 
slilesà  verbo  Deisciiplo  senienliasisuas  deprompserint. 
Sacriic  enim  liltcrce  Sacraraentorum  efficacilalcm  bis 
vcrbis  enuntiant,  qwx  inslrumenlo  pbysico,  non 
aulcm  morali  conveniunt.  Msi  quis  renatus  fuerit  ex 
aquà  et  Spirilu  sanclo,  ait  Clirislus  Joan.  3,  5,  non 
polest  introire  in  regnum  Dei;  et  Apostolus,  ad  Til.  3,  3  : 
Scdvos  nos  fecit  per  lavacrum  regenerationis.  El  Eplies. 
3,  25  :  Mundans  lavacro  aquœ  in  verbo  vitœ.  Idenniue 
de  sacra  Oïdinalione  inciilcans  :  Soli,  impiil,  Tim.  4, 
11,  negligerc  gratiam  quœ  est  in  te,  quœ  data  est  libi  cum 
impositione  manuum  presbglerii.  El  2  Tim.  I,  (î  :  Ad- 
moneo  te,  ut  resuscites  gratiam  Dei,  [quœ  est  in  te,  per 
intpûsitionetn  manuum  mearum. 

Alqui  li;e  voces  cl  ali;c  similos,  pbysicam  causali- 
latem significanl  ;  quisquis  enim  vcrum  elToclum 
causa!  pbysicà;  inslrumenlali  allribuil ,  non  aliUr  lo- 
qui  solet,  quàm  luijusmodi  parliculas,  ex,  per,  sive 
casum  ablalivum  usurpando  ;  quando  crgo  diiimur 
renasci  ex  nquà,  mundiiri  lavacro  ,  gratiam  Dei  per  ma- 
nuinn  iisirosilio!i:'m  rccipcr.',   clc.  longé  convcnienliu.S 


1209  HE  IIE  SVCRAMENTAKIA.  —  DE  SACUÂMENTIS  IN  GENERE. 


1300 


est  lias  voccs  de  pliysicâ  causalilate  inlclligcre. 

Dcindc  quaiulo  vcrba  ScripUine  scciiiuliiin  liUcrac 
corlicem  iiiliil  absoiiuin  pr;ofcriint,  quôd  iiiiiiirîiin  fi-  | 
dei,  vel  ralioni  repiignet ,  debcnl  littcralitcr  et  obvio 
sensu  inlclligi,  ut  adinonct  S.  Aiigtisliinis  ,  ne  vide- 
Jiccl  iiijiiriani  Spirilni  sanclo  laciamus  pcr  ora  pro-  i 
plielaïuni  loqiienli  :  atqiii  h;ec  Scriplin:e  oracnla, 
sensuni  inslriimcnli  pliysicè  operanlis  pra-reriiiil,  ncc 


ciint:  siveenim  velerem,  sive  novam  pbilosopliornm  ; 
scbolamsequaris,  Thoniislarumdoctrinam  luis  insi 
stendo  principils  l'aeile  erit  defendere  ;  id  quod  non  ! 
ita  pridem  oslendil  doclissinius  et  eloquenlissiinus  in 
Gallià  scriplor  de  Âclione  Dei,  sive  prœmolione  pliijsicà;  , 
qui  licèt  Carlcsianà  doctrinà  inibutus,  nenosè  el  so- 
lide probat,  senlentiaiu  Tboniislarimi  ,  Muri  principiis 
lidei,  Itun  effalis  Palruni,  lum  \env.  pbilosopbiic  con- 
venionlissiniam  esse,  Action  de  Dieu   sur  la  crôaluro. 
sccl.  r>,  cb.  5,  n.  25.;  ergo  nilitnr  voil)0  IK'i  pbysica   ; 
Sacramcntorum  effioicnlia. 

HincS.Tbomas,  1-2,  q.  112,  art.  l,ad  2  :  «  Diccn- 
diini,  iiKpiil,  quôd  sicut  in  ipsâ  personà  Cbristi,  bii- 
inanilas  causât  saluleni  nostrani  pcr  graliam  virlute 
divinâ  principaliler  operantem  ;  ita  ctiani  in  Sacra- 
liientis  nova;  Icgis  qu?e  derivantur  à  Cbristo,  causalur 
graiia,  inslrumentaliier  quidem  per  ipsa  Sacranienta; 
sed  principaliler  per  virtuleni  Spirilùs  sancti  in  Sa- 
cramenlis  operantis  ;  secundùni  illiid  Joan.  3:  Nisi 
cjiiis  renatus  fueritex  aquû  cl  Spirilu  snnclo,  >  elc. 
Probatio  IV,  ex  nahirù  SacramentortDii. 

Quarlum  denique  suggerit  argumeniuui  Sacranicn-  ; 
torum  novcc  legis  excellentia  ;  graliam    enim   quam  ; 
significant ,  vcrè   et  propriè  conlinerc,   camqiie  non 
ponentibus  obicem  ex  opère  operato  conferre,  dogina 
caibolicum  est ,  à  quo   quisquis  aberrat ,   liscrcseos  I 
notam  incunit.  «  Si  quis  dixcrit,  inquiunt  Patres  Tri- 
denlini,  sess.  7,  de  Sacr. in  gen.,  can.  G,  Sacranicnla  '] 
nova;  Icgis  non   contincre  graliam  quam  significant, 
aut  graliam  ipsam  no:i  ponentibus  obicem  non  con- 
ferre....* anaibema  sil.   Et  ibidem,  can.  8  ,  «  Si  quis  : 
«  dixerit  per  ipsa   novic  logis   Sacramenla  ex  opère 
«  opcralo  non  conl'erri  graliam...;  anatbeuia  sil.    > 
Et  ibid,  de  Bapl.,  can.  2,  el  de   Coiduinal.,caii.  G  :    ■ 
«  Si  quis  dixerit  Baptismum  Joaimis    liabuisse  eam- 
«  dcm  vim  cuni  Baplismo  Ciuisli..;  si  quis  dixerit  in- 
«  jurios  esse  Spirilui  sanclo  eos  cpii   sacro  Confirma-   : 
i  lionis  cbrismali  virluiem  aliquam   liibuiml,   ana- 
t  lliema  sit  »  Jam  sic  subsumo  : 

Alqui  hae  lam  exlmiœ  Sacramentorum  procroga- 
Uvai  slare  vix  possunl  in  eorum  opinione  ,  qui  mora- 
lem  tantùm  in  iis  causalilalem  agnoscuul  ;  è  conlrà 
verô  in  Tbomislarum  senlcnliàplenè  inlegrèiiue  con- 
sislunt  :  inslrnmentum  enim  morale,  si  propriè  et 
sine  ambiguitaleloqui  velimus,  necconlinet,  nec  cau- 
sal effeclum,  qnem  adejus  pr.x'sentiam  causa  efftciens 
opcratiu'  :  quis   enim    sapiens   dixerit,   syiigraiiliam 


cxempli  causa,  vere  conlmcre  cenlum  nunmios.quos 
eâ  repraîsenlalâdebilor  solvil?  pariter  quis  dixerit, 
verè  ac  propriè  ,  sive  ex  opère  operato  Pelrum  ab  co 
occisum,  qui  ejus  occideiidi  pravo  constlio  aiicior 
allerifiiit?  atqui  longé  aliter  de  pbysico  inslrumenlo 
senlimus  :  verè  enim  conlinet  el  exerit  ciïecliis  ad 
quos  inoducendos  à  causa  piincipali  assumilur. 
Sic  gladius  verè  liabet  vim  occidendi ,  liabct   pariter 


sic  inlellcclahabentaliquid  fidei,  ipsiqueplnlosopbia;  Ijcalamus  vim  liiicras  eiïormandi,   vcrèque  dclineat, 
conlrarium  ;  non  pugnant  quidem  cum  fide,  quod  nec  !  '  qiiando  ap|)licatur  ad  scribendum.  Ei'go,  etc. 
ipsi  adversarii  diffilcnlur,  qui  nos  ut  calbolicos  amant  ;  j      Deindè  eô  aliqiia  scnlenlia  probabilior  est,  quô  dis- 
el  recipiunt;  nec  eliam  veroe  pbilosopbiie   conlradi-  l  cedit  longiùs  ab  luerclico  dogmale  ;  el  à  contrario  c6 

minus  i)robabi!is  est  dicenda,  quô  vidctur  propiùs  ad 
errorcm  accedere  ;  atqui  Thomistarum  doeirina  recc- 
dil  à  Luibcranis  cl  Calvinislis  longissimî,  nibilque  in 
fide  periculi  babet  :  è  conlra  verô  adversariormu 
opinio  (absit  à  verbo  injuria)  magnam  videlur  cum 
sensu  Lutlieranorum  et  Calvinistarum  alfinilalcm 
babere  :  aiuut  enim  isti  Sacramenla  nova;  legis  gra- 
liam non  conlinere ,  idem  el  illi  dicunl,  ut  sallem 
dicanl  nccesse  est,  si  consenlaneè  ad  sua  principia 
loqui  velint.  Affirmant  illi  Sacramenla  nihil  esse,  nisi 
sigilla  quaidam  obsignanlia  graiia;  promissionem  ; 
idem  el  illi  contendunt,  volendo  non  esse  aliud  quid- 
piam  nisi  inslrumenla  moralia,  quibus  Deus  propler 
suam  promissionem  et  inslitulionem  ad  graliam  con- 
lerendam  excitalur.  Penique  Lutlieranorum  el  Cal- 
vinistarum palmaris  est  error,  Sacramenla  esse  tan- 
tùm externa  signa  accepta;  pcr  fidem  graiia;  vel  ju- 
slilia*.  Alqui  moralis  causalilas,  ut  dndùm  ubservavit 
S.  Tbomas,  non  videlur  aliqnid  Sacramenlis  Iribiiere 
pneler  ralionem  signi.  Nccesse  est  diccrc,  in(]uil  au- 
gelieus  pra'ce[)lor,  5,  p.  q.  G2,  art.  1,  incorp.,iS((crrt- 
mcnla  novce  lc(iis,pcr  (diijuem  modum  (jrstiam  causa- 
re..,.  quidam  tmncii dicunl  quod  non  sint  ciiusa  (initia', 
aliquid  opcrando  ;  scd  quia  Dcus,  S(icra)ncntis  adliibilis, 
in  anima  operatur,  cl  ponunt  exewphun  deillo  qui  offe- 
rens  denarium  plunwcnm,  uccipil  centnm  libras  ex  rc- 
qis  ordinationc  :  non  qii'od  dcnarius  itle  aliquid  opcre- 
liir  ad  habcndam  prœdictœ  pcciiniœ  qmmlilalem  ,  scd 
hoc  opcralur  sola  volunlas  rcgis.  Sed  si  quis  rectè  con- 
sideret,  iste  modus  non  Iransccndil  raiioncm  siqni.  Nam 
dcnarius  plnmbcus  non  csl  nisi  quoddam  siynum  rcgiœ 
ordinaiioiiis  de  hoc  qnbd  pccunia  rccipialur  ab  isio. 
Sccu)idiun  hoc  iijilur  Sacranicnla  novœ  iccjis  niliil  plus 
csscnt  qulim  signa  graiiœ  ;  ciuntamen  ex  multis  saiiclo- 
ritm  aucloritalibus  habealur,  quod  Sacramenla  novœ 
legis  non  soliun  signi ftcent,  scd  causent  graliam. 

lia  S.  Tbomas.  Et  b;ec  quidem  consectaria  licèt 
ii  quos  impugnamus  llieologi  non  admillaiil,  quipjie 
qui  a!icnis.^imos  se  ab  omni  ba^resis  suspicione  pro- 
fileanlur,  fatendum  lanu  n  cum  doctrinà  moralis  effi- 
cienliiT;  proximè  videri  conjuncla,  et  iuexliicabiles 
imporlare  difficullates ,  ad  explicandum  quomodù 
nostra  Sacramenla  ab  anliijuis  différant  ,  quoniodo 
graliam  conlineant ,  quoino  lô  producanl  ex  oporc 
operato,  quomodù  sinl  inslrumenla  Dei  el  \;i.-.a  gri- 
lla', (piomodA  indivinam  quamdam  cl  incffabilem  \im 
Iransl'ormenlur,  (piumodô  dcni([ue   vcrè  consliluant 


rm 


Q\]JEST.  IV.  DE  EFFICACI A  ET  VIUTUTE  SACRAMENTORIJM. 


ir.05 


Cl  confirment  fulo'os  in  Dci  :\nii(ilià  ;  longé  ilatiuc 
cerlius  osl,  docliinani  do  clïiciontià  lihysicâ  propu- 
gnart',  ijna;  pialoninàni  quôd  niliit  Iiabol  à  ralione  et 
vcrà  pliilosnpliià  alifiniun,  conforniior  cerlè  est  Scri- 
plunc  et  Patruin  senleniiis,  adeù(iue  niagis  ad  fidcm 
acrcdit  :  qiiani  deni(|iiè  S.  Tliomas,  et  alii  post  illuni 
ina^ni  noniinis  llioologi  siio  calcido  approbàriint.  Ilaitc 
C(jo  seuteiitUiw,  inqiiil  Mcraliiis,  tomo  3,  d.  -i,  qiiœ 
commitnior  est  iiiicr  tlicolo(jQs,  qiiœque  à  Thomislis  fer- 
me omnibus,  et  plerisque  nliis  scliolasiicis  defenditur, 
iiieor  propter  sottim  divi  Tlwmœ  Pdlrumqueauctorilatem. 
Solvuiitur  ohjcctiones. 
Olijicinnt.  Deus  cùm  suprcnia  causa  sit  et  infinila; 
polenliiï»,  non  niagis  indigel  ad  gratiam  producendam 
pliysico  iiislrnnicnlo,  qnàni  eo  opns  liabiierilad  mnn- 
dnni  creanduni.  Eigo  no  siimnio  nioderalori  injtiria 
fiai,  diocndum  Sacrainenta  graliarn  instrumcntalitcr, 
pliysiiènon  oporari. —  Rcsp.  1°:  Retorqiieo  argnmen- 
luni.  Deiis  cùni  infinitaj  viitnlis  sit,  lam  non  indigel, 
ad  graliani  pioducendan),  inorali  quolibet  instrnnien- 
10,  qiiàni  non  indignit  ad  numdi  crealionem;  crgo  ne 
suprcnio  nuniiîii  injurie  iid'cratur,  dicendum  Sacra- 
luenla  née  nioraliler  .quideni  oporari.  Itaquc  si  quid 
hoc  argumenlnni  probat,  non  minus  urgetadversarios 
qnàni  Thomislas.  Resp. — 2°:  Conc.  anl,  et  ncgo  con- 
seq.  Si  enim  idoù  quia  nnlla  crcatura  Deo  neccssaria 
est,  negandum  foret  Sacramenla  esse  instrumenta 
pliysica  graliœ,  nogarc  parilcr  oporterct,  Dcum  luccre 
pcr  solem,  nutrire  per  alimenta,  fidein  por  audilum 
infniidere,  etc.  ;  bis  enim  subsidiis  non  indiget,  ad 
liominom  illuminandum,  nutriendum,  fido  imbuen- 
dum,  etc.;  quia  sicut  per  seipsum,  ita  persesolum 
omnia  potest  qiioecunique  vnlt  ;  quemadmodùm  ita- 
qne  divin?c  potei>li;Te  nibil  detrabit ,  qui  dicit  Deum 
pisccs  per  aquas,  frumenla  per  terram,  lucem  per 
solem,  et  alia  id  genus  innumera,  mediis  causis  se- 
cundis,  producere  ;  quia  bis  utitur  inslrumentis,  non 
necessitate,  sed  voluntate,ila  nec  facit  incomprehensi- 
bili  ojus  polestf.li  injuriam,  qui  sentit  cum  Ecclosi;e  Pa- 
tribus,  eimi  uti  Sacramentis  lanquàm  instrumenlis  pby- 
sicis,  cl  alveolis  per  quos  gratiam  in  bomincm  derivet. 
Insl.  \°:  Atqui  Deus  Sacramentis  tanquàm  instru- 
menlis pbysicis,  eliam  volunlale,  non  ulilur  ;  ergo  , 
etc.  Prob.  subs.:  Baptismus  fictc  susceplus,  rece- 
dcnte  flciione,  gratiam  producil,  ul  suo  loco  ostcnde- 
lur  ;  alqui  in  boc  casu  pbysirè  non  opcratur  :  nam 
causa  qua?  non  cxislil,  ncquit  pbysicè  operari  :  alqui 
Roplismus  ampHùs  non  cxislil,  cùm  jam  à  longo  tem- 
pore  actus  cjns  pr:p|erierit  ;  crgo,  etc. — Resp.  Nego 
subs.  Ad  probationcm  :  1°  Transcanl  major  et  min., 
et  nego  conseq.  Nibil  facit  contra  nos  boc  argnmen- 
', Inm  :  falemur  enim  Sacramenla  fictè  suscepta,  quid- 
quid  in  poslerum  ,  flciione  depnsilà,  elTcclum  consc- 
qiiantur,  nonnisi  moraliler  operari  ;  nam  co  modo 
àguhl,  que  sunl  ;  porrô  in  proescnti  casu  physicô  non 
cxistunt,  sed  lanlnm  nioraliler.  2° Conc.  maj.,  nego 
min.,  ad  prob.  disl.  maj.  Causa  q»x  non  cxislil, nequo 
in  se,  neque  in  aliquo  suo  eiïectu,  ncquit  pbysicè 
operari,  concedo;  si  in  aliquo  suo  eiïcciu  vcluU  con- 


tinuetur,  nego  maj.  ;  simililer  disl.  min.:  B.iplisnm* 
in  boc  casu  pbysicè  non  cxislil,  in  se,  concedo  ;  in 
arKiuàvirtuleà  se  reliclà,  neg.  min.  et  conseq. 

E.  R.  Probabilitalc  non  caret  id  qiiod  multi  sen- 
tiunt  tbeologi,  sacramenla  scilicet,  qu*  ctiam  ficlè 
acccdenlii>iis  iniprinnuit  cbaraclercni,  niedio  illo  gra- 
tiam, deposilù  ticlione,  producere  ;  ad  ralionem  enim 
agentis  pbysici  salis  est  quôd  in  aliquà  virlute  à  se 
rclictà  pcrmaneat,  ul  ex  pbilosopbià  nolum  est.  lia 
rcspondelS.  Thomas,  in  4,  disl.  4,  q.  3,  art.  2  :  «  Di- 
«  ccndmn,  inquit,  quôd  in  Baptismo  iniprimitur  cha- 
«  racler,  qui  est  inmiediala  causa  disponens  ad  gra- 
î  liam.  Et  ideô  cùm  ficlio  non  aufcrat  cbaraclcrem, 
4  recedente  ficlione  quœ  effeclum  cbaracteris  impc- 
«  diebat,  cbaractcr  qui  est  praescns  in  aniuià,  incipit 
«  babore  effeclum  suum,  et  ita  Baptismus,  recedenle 
«  ficlione  effeclum  suum  consequilur.  i 

Inst.  2°  contra  primam  responsionem.  Ideô  Sa- 
cramcnlum  fictè  susccptum,reccdcnte  ficlione,  pbysicè 
non  agit,  quia  jam  non  cxislil  pbysicè  ;  atqui  pariter.unà 
excepta Eucbarislià, Sacramenla  quandoagunt, pbysicè 
non  existant  ;  ergo  par  utrobique  ratio. — Rcsp.  :  Conc. 
maj.,  nego  min.  Tune  enim  Sacramentum  rêvera  et 
pbysicè  cxislil,  quaudo  aclu  forma  malericcapplicatur. 
Alqui  lioc  ipsomomenio  agit,  quo  forma  councclilur 
cum  matei-iâ;  crgo  pbysicè  exisiit,quandooperalur. 

Inst.  5"  :  Prob.  min.  Sacramenla  non  operantur,  nisi 
quando  ullima  formcc  syllaba  pronuntiatur.  Sed  tune 
'  pbysicè  non  existunt,  cùm  jam  evaniierint  syllalxc 
I  priores,  qunc  sunl  Sacramentis  esscntiales.  Ergo,  etc. 

—  Resp.  i"  :  Rctorqueo  argumcnlum.  Licèt  enim, 
juxtà  adversarios  Sacramentum  moraliler  laiiiùm  mo- 
veat  Deum  ad  gratine  juslificaniis  iniusionem,  débet 
tamen ,  quando  movet ,  exislere  pbysicè ,  ita  ut  pro 
aliquo  inslanti  verum  sit  dicere  :  jam  nunc  Sacra- 
mentum adnunisiralur,  et  reverà  est ,  et  ideô  movet 
Deum  ad  conferendam  iiomini  gratiam  et  sanctita- 
lem  ;  al(|ui  si  quid  valet  argumenlum  proposilum , 
nunquàm  verum  erit  dicere,  jam  nunc  Sacramciiluni 
exisiil;  nam  vel  existit  pbysicè,  quando  incipit  forma 
profcrri ,  vel  quando  ullima  syllaba  ad  complemen- 
lum  pronunlialur  ;  alqui  in  adversariorum  senlcntià 
neulrum  dici  polesl  :  non  primum,  quia  lune  nomlùm 
absoluta  est  forma  sincquà  verum  Sacramentum  esse 
non  potest;  non  secundum,  quia  quando  efferlur  ul- 
lima syllaba,  priores  cvanuerunt,  quaî  sunl  Sacra- 
mento  esscntiales  ;  ergo  nec  moraliler  quidem  Sacra- 
menla Deum  movcro  pnssunt  ad  gratiam  largiendaui. 

—  Rcsp.  2°  :  Conc.  major.,  nego  min.  Cùm  enim  Sa- 
cramenla sinl  signa  sanclitatis  et  juslili;c  lum  signi- 
ficandic  lum  enicionda;  vim  babenlia,  tune  reverà  et 
l)bysi(è  cxistunt,  quando  babeul  inlegram  signiliea- 
lionem  ;  alqui  jjlenam  significaliouem  non  liaitciit  , 
nisi  quando  ullima  syllaba  sonum  cdidil  ;  ergo  non 
ante  illud  inslans  cxistunt;  nec  est  quôd  aliquis  ca- 
villelur,  jam  desiisse  priores  syllabas,  quando  po- 
strcma  cffcrlur;  quanquàm  enim  sonus  iransierit, 
rnanet  tamen  virtus  divina  scnsibilibus  symbolis  im- 

J!  pressa;  quLC  sanè  scsc  cxerit,  slaiim  ac  lalia  sunt 


ir,03  DE  RE  SACRAMENTAUIA. 

bi"iin,  qiiiilia  voliiil  esse  auclor  Sacramcnloruin  Dous. 
'  lus»,  i".  Probaiitlo  min.  Si  vcra  h?cc  rosponsio  sit, 
diccndiim  eril  Sacrameiila  sinuii  exislcre  et  non  cxi- 
stcre  ;  alqui  rem  aliquam  simul  esse  et  non  esse 
eonlradiclorium  est;  ergo  non  est  adniittenda.  Prob. 
niaj.  Exislunt  eo  instanli  Sacianicnla,  ut  supponilur. 
Non  existunt  verù  ;  qnod  sic  probatur  :  Ens  successi- 
vum  desinit  esse,  quando  cessât  niolus  cjus  :  sic,  exeni- 
pli  causa, tune  finitur  iiora  noua, née  est  ampliùs, quando 
ad  primuni  bone  dcciniie  uistans  ventuni  fuerit;  atqui 
Sacramenta ,  propter  forniam  suain  qucc  in  voce  iota 
consislit,  entibussuccessivis  annumeranlur  ;  ergomo- 
mento  illo  temporis  non  existunt.  —  Resp.  ;  Dist.  maj. 
Dicendum  erit,  Sacranienla  simul  cxistere  et  non  exi- 
siere  respectu  diverso,  concedo;  quantum  ad  idem, 
jiego  maj.  Similiter  distinclà  minore,  nego  conseq. 

E.  R.  Equidem  Sacramenta,  quando  cessât  forma 
pronunliari,  non  existunt  quantum  ad  sonum  sylla- 
barum,  qui  jani  evanuit  ;  existunt  tamen  quantum  ad 
cfiitientiam  et  virtutem  manenteni,  quia,  ila  volenle 
Dco,  vim  snam  non  exeruut,  nisi  quando  forma  est 
absoluta  :  75facoHrersio,inquit S.  Thomas,  3  p.,  q.  75, 
art.  7,  ad  3,  de  Iransubslanliatione  agens,  fit  in  ultimo 
iuslcDiù  proldtiunis  cerborum  :  tune  cnint  completur  verbo- 
mm  sigiii/icilio,  qnœ  est  efficax  in  Sucramcntorum  forniis. 

Jam  facilis  est  ad  alteruni  argumenlum  rcspunsio  : 
cnlis  enim  parmanentis  non  eadem  ae  suecessivi  est 
ratio  :illud,  cîim  babeat  omnes  suas  partes  simul , 
fixam  babetet  constantem  existcntiam  ;  istud  è  contra, 
cùni  continuô  niovcatur,  et  à  fluxu  temporis  pendeat, 
non  existit  nisi  in  inslanti  :  non  enim  bora  nona, 
exempli  gratiâ,  simul  est  iota  :  porrô  taie  est  verbum 
sacramenlale  ;  tune  enim  verè  existere  dieitur,  quando 
id  pcrfeclè  significai ,  cujus  effieientiam  babet  ;  non 
signilicat  \eyà,  nisi  eo  inslanti  quo  pronuntiatio  ejus 
absolvitur. 

Inst.  5°  :  Quidquid  de  Sacramenli  existentiâ  sit, 
aliis  saiiè  de  causis  non  potost  dici  pbysicura  gratiai 
insirumcnium  ;  ergo,  etc. 

Piob.  subs.  Ad  naturam  instrumenli  pbysici  per- 
linet,  ut  verè  et  realiter  conlingat  subjectum  in  quod 
agit;  alqui  non  potest  Sacramenlo  actio  illa  allribui, 
cùm  ad  animam  usquc  non  penelrot;  ergo,  etc. — 
Resp.  :  ^'ego  ant.  Ad  prob.  :  1"  Distinguo  maj.  Ad  na- 
turam instrumenli  pbysici  pertinel,  ut  verè  conlingat 
subjectum  in  quod  agit,  si  sit  insirumcnium  arlis  aut 
naluraî,  concedo;  si  Dci  sit  insirumcnium,  ncgo  maj., 
et  concessà  minore,  nego  conseq. 

E.  R.  Aliter  Deo,  naturce  et  arti  aliter,  instrumenta 
usui  sunt  ad  agcndum  ;  agens  enim  nalurale,  cùm 
non  possit  subjecto  immédiate  conjungi,  indiget  in- 
slrumenlis,  ut  iis  quasi  vebiculis  in  sultjeclani  mate- 
riam  influât;  unde  opus  est,  ut  illani  immédiate  con- 
lingat :  Deus  verù  cùm  immensus  sit,  et  ubique  intime 
praesens,  bujusmodi  subsidiis,  ut  prœdiximus,  opus 
non  babet;  frustra  itaque  baîc  et  simiiia  argumenta 
jaclantur,  qu?e,  ut  alibi  plurimùm,  sic  in  priesenti, 
nibil  babcre  roboris  non  negabit  quisquis  inteilexerit 
quid  sit  Dons. 


DE  SACRA.MENTIS  IN  GENERE.  1501 

Resp.  T  :  Distinguo  eamdem  niajoreni.  Ad  natu- 
ram instrumenli  pbysici  pertinet  ut  verè  et  rcaliter 
conlingat  subjectum  in  quod  agit,  contactu  virlutis  et 
causalitalis,  concedo;  contactu  suppositi  siverei,  nogo 
maj.  Distiiiguo  paritcr  min.  Sacranientum  rêvera  sub- 
jectum non  aflicit  contactu  suppositi,  concedo;  con- 
tactu virlutis,  nego  min.  et  conseq. 

E,  R.  Quamvis  non  possit  instrumentum  pliysicè 
in  elîectum  causai  principalis  influere,  nisi  virtute  cjus 
subjectum  altingal,  minime  tamen  est  necessarium, 
prœsertim  si  divinum  sit,  ut  conlaelus  ille  in  ipsà 
substantiâ  fiât  :  buic  enim  impedimento  occurrit  Deus 
sucâ  pniesentià  et  immensilale  ;  quamvis  itaque  aqua 
Baplismi,  exempli  gratiâ,  ad  animam  usque,  suâ  en- 
lilaie  non  pervadat,  eu  quùd  materiale  elementum 
nequeat  ad  subslanliam  spiritualem  pertingere,  virtus 
tamen  divinitùs  aqn:ie  impressa,  rêvera  animam  abluil: 
quic  est  tanta  virtus  aqitœ,  inquil  S.  Augustinus  sacpè 
laudalus,  nt  corpus  langat  et  cor  abluat?  Hoc  enim 
profeciô  S.  doclor  non  miraretur,  si  per  solam  mora- 
lem  causalitatem,  et  sine  miraculo  fieret. 

Inst.  G°  :  Contra  primam  responsionem.  Cùm  Sa- 
cramenta non  possint  animai  immédiate  conjungi,  ul- 
qnid  voluit  Deus  esse  pbysica  gralice  instrumenta, 
preserlim  cùm  se  solo  sit  potens  ad  graliam  confe- 
rendam?  —  Resp.  :  Non  sat  sobriè  bujusmodi  quai- 
stiones  proponi  :  dicant  enim  nobis  qui  sic  disputant, 
cur  voluit  Deus  ex  Adami  coslâ  formare  corpus  Ev;ic, 
cùm  ex  niliilo  creare  poluerit.  Quare  Ycrbum  divi- 
num est  incarnatum,  cùm  via  longé  faciliore  salvaro 
Iiomines  posseï?  Atque  ut  ab  ipsâ,  quam  traclanms, 
malerià,  exempluni  sumamus  ,  ulquid  insliluil  Deus 
Sacramenta,  ad  bomines  sanclilicandos,  quibus  pote- 
rat  sine  ullo  exlerno  signo  jnstiliam  et  sanctitalem 
conferre?  Cur  voluit  esse  morales  graiiic  causas,  cùm 
iis  admonitionibus  non  egeret,  ut  verbi  sui  recorda- 
relur?  Ab  iis  sanè  et  aliis  ejusdem  generis  quaisiioni- 
bus,  non  aliter  se  expediuni  adversarii,  quàm  dicendo 
ila  egisse  Deum,  quia  sic  ei  est  plaeitum  :  idenique 
et  nos  jure  reponimus,  voluisse  Deum  uti  Sacramenlis 
tanquam  piiysicis  insirumenlis,  quia  sic  visum  ei  est; 
lum  ut  onuiipotenliam  suam  manifestaret,  divinani 
virtutem  signo  sonsibili  communicando  ;  tum  ut  no- 
sine  inlirmitali  consuleret ,  in  maleriali  elemento 
ponendo  opportunum  peccali  reniedium  ;  lum  pro- 
pter alias  latentes  causas,  quas  investigare  nostrum 
non  est. 

Inst.  7°  :  Atqui  nec  virtute  quidem  possnnt  Sacra- 
menta ad  animas  usquc  pertingere;  ergo,  etc.  Prob. 
subs.  \irtus  illa  in  quo  posita  sit,  cujusve  naturac  sit, 
née  mente  assequi,  nec  verbis  exprimere  quisquam 
potest  :  frustra  ergo  dicuntur  Sacramenta  conUulu 
virlutis  ad  animam  usque  pertingere.  —Resp.  :  Nego 
subs.  Ad  probationem  :  T  Transeat  ant.,  et  nego  con- 
seq. Quid  enim  mirum,  si  virtus  illa,  cùm  sit  divina, 
in  quo  consistai  dici  non  possit  ;  cùm  nec  nalurales 
quidem  rerum  proprietates,  aul  omnes  coniprelien- 
dere,  aut  explicare  verbis  possimus?  Quœ  verù  potest 
major  cssc  tcmeritas,  ubi  de  Deo  et  ejus  omnipo< 


1505 


QU.EST.  V.  IH-:  KlFECTirUlS  SACR AMENTORUM. 


ir>OG 


tcntià  agilur,  quàin  illiiil  negare  cssc  possihile,  quod 
intollcclii  atil  iiiKigiiialioiie  asscqui  non  valcas?Qu:nn 
in  roni  ap|)Ositc  S.  Circgoriiis  Nysseniis  supra  laiida- 
Uis  :  <  Si  (piis  niilii,  ini|iiit,  diiliilaiido,  cl  andtigendo, 
t  negoliuni  cxliihcat,  inlerrogaiis  qiiâ  ralione  aqiia 
«  regenerel,  dicaui  oplinio  jure  ad  eum  :  Oslcndc  niihi 
c  modnni  nativilalis ,  qii:i>  fil  socundùm  carneni ,  el 
e  (>g()  libi  vini  rogoncralioiiis.  (pi;ic  sccuiidîmi  anirnani 
i  fil,  cxponani...  ihunl  si  iiiilii  riirsiis  sii!>jicias  :  Quo- 
i  niodù?  claniabo  contra  te  vclionicnliiis  :  <Jnoni(idù 

<  liuniida  aiquc  inforniis  naliira  home  fit?  Alqiio  de 

<  onini  creatin-à  ita  oralio  progrcdicns,  in  unaquàqne 
I  re  exorcebitur  :  qui  cœlum?  qui  terra?  qui  mare? 
t  qnî  res  singiilares?...  rbi(pie  divina  vis  et  eflica- 
«  citas  inc()nq)reliensibilis  est.  »  Nedùni  itaqne  nos  ab 
liàc  sententiâ  dclerrere  debeal  difficidias,  eu  è  con- 
trario credibilior  est,  qnù  diCficilior  esse  videtur  ;  quia 
où  dignior  coniprobalur,  apud  quein  non  est  impossi- 
bile  omiie  verbuiu,  Luc.  1,  57.  —  2°  Nego  antooedens  : 
niajoruin  cnim  scquendo  vestigia,  dicinnis  virtuleni 
Iianc  esse  molum  ipsum  divinitùs  Sacramentis  im- 
pressum,  qno  lit  ut  l^eus  quideni  gratiam  homiiii,  ut 
auctor  principalis,  inqiarlialiir,  Sacranicnlis  tanicn 
lanqiiàm  inslrunienlis  ad  eumdein  clî'ecluin  ulalur. 
Quod  facile  inielliget  qtiisquis  alleudcril  r.on  aliter 
instrumenta,  etiam  naturalia  operari,  qiiàni  per  mo- 
tnni  sii)i  ab  agenle  principal!  communicatum  :  «  In- 

<  strumentum,  in([uit  S.  Tiiomas  5  p.  q.  G2,  art.  ^, 
«  in  c,  non  operalur,  nisi  in  (pianlnm  est  motum  à 
I  principal!  agenle,   quod   per  se  operalur;  el  ideô 

<  virtus  principalis  agentis  liabet  pcrmanens  et  com- 
c  pletum  esse  in  nalurâ  ;  virtus  autem  instrunientalis 
I  babel  esse  transiens  ex  uno  in  aliud ,  et  incomple- 
t  linn  :  sicut  et  motus  est  actus  imperfoclus  ab  agenle 
«  in  paiiens.  » 

Inst.  8°:  Virlus  illa  spiritualis  essel;  atqui  répugnai 
virtutem  spiritualem  inesse  enli  corporeo,  quale  est 
Sacramenlum;  ergo,  etc.  —  Resp.,  conc.  ma].,  dist. 
min.  :  Répugnât  virtutem  spiritualem  inessc  enli  cor- 
poreo (1)  permanenter ,  el  per  moduin  natune  ,  con- 
cède ;  transeunter,  ncgomin.  et  cons. 

E.  R.  In  tantum  virtus  graliic  producenda;  Sacra- 
menlo  convenit ,  iii  quantum  illo  Dcus  utilur  ad  iio- 
mineni  sanclifioandum ,  vid  ad  ejus  augendam  jusli- 
liam  :  minime  ergo  putandum,  banc  virtutem  perma- 
nenter inhserere  corporalibus  elementis,  quod  fiori 
non  posse  concedimus;  sed  Iraiiscuntcr  lamen  inesse, 
negare  non  possumus,  nisi  divinam  polestalem  lunna- 
nis  limitibus  coerceamus  :  «  Mbil  probibcl ,  inqnit 
t  sanctus  Thomas,  3,  p.  q.  02,  art.  1,  ad  1  ,  in 
I  corpore  esse  vlrluteni  spiritualem  instrumeniali. 
I  ter,  in  quantum  scilicet  corpus  potesl  moveri  ab 

<  aliquà  substantià  spiriluali  ad  ali([uem  efleclum  spi- 
j  rilualem  inducendum  ;  sicut  et  in  ipsà  voce  scnsi- 

(1)  Virtus  spiritualis  non  pote>l  (juidcMi  enli  cor- 
poreo natiu-aliler  inesse  ,  sed  per  njiraciMinn  ,  id  est, 
diyinà  opérante  virtute,  non  transeunter  modo ,  secî 
eliam  permanenter  liuic  inliierere  polest.  Nec  magis 
répugnai  id  permanenter  fieri ,  quàm  iransitoriè. 

(  Edii.  ) 


i  bili  est  ([iiiidam  \is  spiritiialis  ad  cxcitaiiilum  inlel- 
«  lecluui  lioniiins,  in  i|iian[iim  procedit  à  conce|)tionc 
«  mentis  ;  el  boc  modo  vis  spiritualis  est  in  Sacra- 
«  mentis,  in  quantum  ordinanlur  à  Dco  ad  elTectum 
«  spiritualem.  >  Vide  S.  Tb.  3  p.,  q.  02,  art.  1  ,  in 
l  Seul.  dist.  i,  q.  1  ,*arlic.  4,  de  Veril. ,  q.  27, 
art.   A,  inst.  9. 

Diccs  :  ricrique  veterum  contrariam  tcnuisse  doclri- 
iiani  eompcriimlur;  aliter  sanè  senserunt,  S.  Bona- 
venlura,  Ricbardus,  Scolus,  Durandus  major,  et 
pleii(|iift  alii  quos  nominare  longum  foret.  Ergo  non 
mognam  babel  auctoritalem  seutenlia  Tbomislarum. 
Ilesp.  :  Trans.^al  anl. ,  et  nego  conseq.  ;  non  cnim 
liic  quarimus,  ex  bis  duabus  opinionibus,  utra  alle- 
rani ,  ex  quo  scbolastica  liieologia  nata  est,  vincat  nu- 
méro defensorum;  sed  utra  sit  Scripturarum  sentcn- 
liis,  diclis  Palrum ,  ipsiquc  Sacrainenlorum  natur;e 
conveiiicMlior  ;  quibus  sanè  tilulis  Thomistas  doclri- 
nam  adversariam  longé  supcrarc  conlendimus  :  cùm 
nec  ex  sacris  lilleris ,  ncque  ex  sanclis  doctoribus, 
nec  ex  solidà  lbeologi;c  ralione  afierri  aliquid  possit, 
quo  ceriù  Sacramcnlorum  moralis  causalilas  cum 
I  exckisione  piiysicce  adstrualur. 

Dixi,  trmiseal  mit.;  mm,  1°  S.  Bonaventura  dubiss 
in  liàc  quitstione  lucsit  el  pendulus  :  Nesào,  inquit , 
r/uœ  liavum  opimomim  sit  verior.  2°  Ricbardus ,  elsi 
moralis  enicientiai  doctrinam  dicat  vidcri  sibi  ad  in- 
leiligendum  faciliorem ,  alleram  lanion,  quia  tulio 
rem,  ampleclilur  :  i  Isla,  inqnit,  cùm  sit  possibi 
•î  lis,  el  ad  confirmandum  illud  quod  Icnetur  do 
i  actione  ignis  acterni  et  purgalorii  ^congrucnlior, 
«  videtur  ralionabilis  el  lenenda.  t  3°  Sed  elsi  pra:- 
ler  illos  sexcenli  alii  opponerenlur  moralis  causali- 
lalis  palroni ,  consequens  minime  foret ,  doctrinam 
contrariam  ab  omni  liumanà  auctoritate  desertam  ; 
illam  cnim  ,  ut  prjediximus  ,  solide  propugiiavit 
S.  Thomas,  acerrimi  doclor  judicii,  qui  unus  pro 
mille  est  nobis  :  propugiiàrunl  Tlioinist;e  celebriores, 
quorum  non  est  conlemnenda  auctoritas;  propugnà- 
runt  et  pleriquc  extra  divi  Tliomœ  scbolam  magni 
nominis  tbeologi ,  Bellarminus  ,  Valcnlia  ,  et  alii 
nndli.  Vide  Sylvium  in  5  p.;  S.  Tb.,q.  02,  art.  1.  Imù 
proiiugnani  ple'itjue  recenliorcs  pbilosophi,  cl  non 
Palribus  lanlùm  ac  divina;  auctorilati,  sed  et  ipsis 
mclapbysicye  accuraiioris  principiis ,  censent  apprimè 
esse  consenlaneam. 

Itaqne  ex  llieologoruin  pugnanliù,  boc  unum  in- 
ferii  polest,  quod  neiliim  negenms,  stalim  à  princi- 
pio  admonuimus,  de  IiAc  re  inliil  esse  ab  Ecclesià 
catbolicà  definituni  :  verùm  de  Sacramenlorum  cffi- 
caci;\  plus  quàm  salis.  Sequiiur 

QU.ESTIO  QUINT  A. 

PE    F.ri  ECTIDIS   SACRAMENTOnUM. 

Dicendum  modo  slgillatiin  de  diiobus  Sacramenlo- 
rum clîeclibus  ,  graiià  et  cbaractere  ;  quorum  aller, 
comjnunis  omnium  ;  aller,  trium  peculiaris  fide  ca- 
iholicà  creditin-. 


5307  r>E  UK  SACRAMKNTAlilA.  — 

CAPUT  rnnîUM. 

DE    GRATIA    SACRAMF.NTALl. 

Et  de  gratiâ  quidein  quoiiiain  siipcriùs ,  qq.  1  et  5, 
actmn  est,  omiiiqiio  argiimonlormn  gcncrc  contra 
}iovos  liXTCticos  dcinonsli'aluin,  qiiùd  sit  Sacraincn- 
lorum  nov;io  legis  proprius  genuinusque  effcctiis ,  iiiliil 
iii  prccsenli  dicenduin  occuirit,  ne  aclum  agerc  vi 
deamiir;  tanlùm  superesl,  ut  qiiaïdam  dubia  di- 
lua m  us. 

Quacst.  I.  Quid  sit  gratia  sanclifieans ,  quani  dici- 
nius  esse  Sacramenlorum  effecluni  (!)  ? 

(I)  Cerliim  ost  npud  otnnes  graliam  saiictifican- 
toniesse  incflabilom  qiianulani  diviti;c  natiiraï  partici- 
pationcm.  Id  coiisla!,  nnii  modo  ex  perpétua  com- 
stanti(|ue  tradilione,  seil  cliaiu  e\  plunbus  sacric 
Sci'iptura;  niiiiiinè  auibiguis  lo;Ui:iiO!iiis.  et  pra'seilim 
ex  2  Mpisl.  S.  Pétri,  c.  1,  v.  i,  iibi  li.ee  praclara  ba 
Let  pi'iiieeps  Apo^lobjriim  :  ['rrqncin  (dlirisluiu  scili- 
ccl)  imixima  et  pretiosa  nobis  ])roniissii  donav'H ,  tU  per 
liœc  elftcimuiiii  divinœ  consorlcs  iialnra'.  Veriiiii  ut  id 
iiiagis  ac  niagis  perspiciiiini  sil,  lein  alliiis  rep(!lere 
opportiuiuin  ;ir!»i!raiiiiir. 

ilai|iic  (lupb'x  reiuni  ordo  dislingui  so'el,  videlieet 
ïiuluidlis,  (1110  coiiipielieiuluutur  ea  ouuiia  (pue  non 
superaut  ualiu'.ijt'ui  cxigenliaiu  captuuique  crealura', 
id  est,  ea  omiiia  qiue  creatura  vel  exigere  polest,  ul 
intégra  sit  et  iii  siio  génère  compléta,  vel  propriis  vi- 
l'ibus  ellicere  valet,  aut  salteni  niereri;  el  supernatu- 
ralis,  qui  ea  oninia  ineludil,  ([um  exigenliani  et  cap- 
luni  creatura'  trau^ceiuhuit. 

Ulerque  iib;  onio  est  nbsolulns  aut  relalivus,  prout 
omueui  crealuraui  possibilem,  vel  aliquani  taiiliiu) 
creaiuraruiu  specieni  respicit. 

Ponè  autein  gratia,  qiia'cunique  sil,  sive  saiictili- 
caus,  sivc  etiain  actuaiis,  adordiiKMU  supernatuialeiu, 
el  quideui  absoluluui,  itertiuel,  ila  ul  nulla  sil,  aul 
esse  possit  creatura,  ad  ciijus  iulegiilatein  naluraleui 
ro(piiratur,  vel  (pia;  jiroprià  virlule  illaui  uiereri  va- 
leat.  Cùm  igitur  ultra  onuieai  possibilem  crealurariun 
ordiuem  solus mandat  Deus  iucteatiis  et  iulinilus,  gra- 
lia  (pi;elibel  ineiiarrabilis  (puedaui  esse  dcbel  pio- 
prietalum  divinarum  parlieipalio 

Atven")  in  quo  siia  s;t  luec  admirabilis  parlieipalio 
divinarum  proprietalum,  id  nobis  e\i>licaiKiinn  siqx;- 
rest.  Qu;edain  sunt  Oei  |)erl'celi()nes  el  proprielales 
quai  connnunieari  ne;|ua(piàm  possunt,  ni  iiidejjen- 
(lentia,  a'teruilas,  ele.  ;  ex  ils  ver(')  (pia;  sunt  counnii- 
iiieabiles,  alia;  conuniniicari  p:)ssimt  ab-ipie  ullo  l'a- 
voreàcreaiione  et  conservatioue  di-)linc!o  ;  pioiii(b'(]iie 
eariiin  conunnniealio  inlra  nalmalis  ordinis  Hnii- 
I;  s  COMlinelur  ;  lalis  est  volendi  et  iulelligendi  l'acu!- 
las;  aliie  noniiisi  per  yingiilare  et  onnnm;i(iï'  inde!)i- 
I  un  bcni'liciuni  conniiuiiicaii  qucunt;  cujiisiin)di  s:mt 
infallibililas,  impeecabiiilas,  elc.  ;  et  lia  c  est  siiperna- 
luralis  divin;»!  nalur;e  parlieipalio,  de  quâ  loqiii- 
niur. 

Porn")  hujusnrsodi  proprietalinn  divinarum  cominn- 
nicalio  in  cœlo  tanlùm  coiismnmalur,  per  visio)iem 
scilicet  iiiluilivam,  seu  claram  Dca  percepliouem,  ul 
est  in  se  ;  b;ec  enim  inellabilis  visio  eslniodns  (pnd.un 
percipiendi,  ordinis  long("!  pr;cslaiitioris  (piàm  per- 
cepliones  quibus  res  nalnnvliler  allingimns,  omnin()- 
que  divinis  perC(.-plionibus  similis,  et  luiie  semper 
adjimcUis  est  amor  Dei  fruilivns  et  beatilieus,  (pu 
item  qucmcunupie  amoris  naluralis  ordinem  transcen- 
dit,  alque  animam  lali  cum  Ueo  nnionedevincil,  ul  in 
impeccabilitale,inrallil>ilitatc,  inipassibilitateetsnimnà 
landein  bealiliidine  constiluatiu',  sicipie  quodarn  modo 
iialnra;  divina;  parliceps  liai;  uude  S.  Joamies, 
1  Ki)ist.,  c.  3,  V.  2  :  Scinvis,  inquit,  quoinam,  ciini 
appanterit,  siinilcs  ci  criinus,  quonlam  videbiinus  cum 
siiuli  esi. 


l)]i  SACIIAMKNTIS  IN  GENERE, 


1508 


llesp.:  VerbisCatccliismiconciliiTridenlini,  p.  2,  lit, 
de  Daptismo, n.  i9:  «  Est  aulem  gratia  ,  inquit,  qucni- 

Atver()  bis  in  terris  lia-c  commmiicatio  sufiornaln- 
ralis  jam  pra'paralnr  |»er  j,'raliam,  qua;  aclioiiibus 
uoslris  niodiliealiiinem  qiiamdam  supernalmalem 
ejnsdem  generis  alque  cjnsdein  ri'r("'  dignilatis  con- 
l'ert,  adeo  ul  ex  suà  ualurà  et  inlrinse(  è  ad  inluilivam 
bealilicanupie  visionem  ordineiilnr,  at(pie  ad  illani 
niagis  mim'isvc  proxinn''  disponanl.  Videiicel  inlellec- 
Ins  supernalinali  gralià  inlormalus  ejnsdem  generis 
est  ac  visio  inluilivaquà  saneli  Deum  conlempîanlm' ; 
el  aclns  voluiitalis  ex  gratia  item  procedens,  maxinnî 
si  sit  ciiaritalis,  ejusdem  g  'teiis  e-^t  ac  amor  qua 
saucti  Deiun  diligunl.  Quod  (piidem  de  omnibus  acli- 
bus  supernaluialibiis  dicenduni  est.  En  panels  (piaï  sit 
nalune  (livin;e  parlieipalio,  (pre  lit  per  graliam  (pia- 
lemcumqiie.  Nnnc  verô  dicendum  (pionam  sensu  gia- 
lia  sanclilicans  seorsim  speclala,  diviua;  nalurie  par- 
lieipalio liabeatnr. 

Miilli  cxislimani  Magistrum  sentenliarnm  eo  sensu 
graliam  sanclilicanlem  divinie  participationem  nalurai 
dixisse,  qmjd  ipsa  sil.  Spirilùs  saneli  subslanlia.  Quod 
si  verum  sit,oinnin(J  conslalipsum  non  levilererràsse; 
coaciliinn  enim  Trid.,  sess.G,  de  .luslif.,  can.  2,  gra- 
liam à  Spirilii  sanelo,  tanqiiàm  efreetinn  à  causa,  se- 
dul(j  distingnit,  ubi  ait  gratiitm  prr  Spiriluni  saiiclnin 
in  con/iti(s  liominum  justilicatorum  r/ ///'/(  »(/;'.  A  nie  Ip- 
sum etiam  pr;eiveral  Scriplma  sacra,  (pi:e  semju'r 
graliam  velnli  à  Spirilu  sancto  productam  exbibel  ; 
V.  g.,  Episl.  Uom.  c.  5,  v.  5  :  Cliantas  Dei  di/J'usu  est 
in  curdibus  veslris  per  Spirilam  sancUini,  qui  dulns  est 
vobis.  llàc  igitur  lai, à  opiui(»ne  exclnsà,  pl■a'lermi^sis- 
que  ca;leiis  ibeologcniun  dispulalionibns,  probabilius 
cum  priiecipnà  doetnrum  parte  exislimamiis,  graliam 
sanclilicanlem  duplici  pi;esertin>  de  causa  divin;e  na- 
lar;e  parlicipalionem  vocari  pusse  :  1"  Videiicel  (pn>d 
sil  inellabilis  (pi:edam  (piaillas,  à  diviiià  (piidem  siib- 
stantià  realilerdisliucla,  sed  vividam  lamen  etexpres- 
saui  imagiuem  et  simililudiucni  diviua*  liujus  nalura^ 
exliibens,  (pià  anima  velnli  slolà  gloii;e  el  liono- 
ris  induilur,  (juaMpie  radix  est  omnium  virtnlnm  iu- 
rnsarimi,  et  piiiici|)ium  intrinseet'ï  disponi'iis  bomiuem 
ad  visionem  inluilivam  et  amorem  bealilieum  ; 
2"  Qu(jil  illam  comitelur  ipsa  Spirilùs  saneli  perouna, 
et  consequenler  lola  sanclissima  'l'rinitas. 

Prius  (piidem  facile'  admitlilnr  ;  alvcr(j  no:i  inutile 
erit  diuliùs  imniorari  probando  posterioii,  nempe 
Spirilùs  saneli  personain,  tolaiinpic  Trinilalem  gra- 
liam sanclilicanlem  iii  anima  comilari.  l*oi  r()  id  pro- 
bari  polest  lum  Seriplurà  saci  à ,  tmn  aucloritalc 
SS.  PaUnm  et  liieologorum,  lum  eliàm  ralione  llieo- 
logicà. 

1"  Quidem  Scripturâ  sacra.  Enim  verô  gralia  san- 
clilicans, nisi  sil  ipsa  cbaiilas,  ut  inulli  vuliint,  eam 
salleni  semper  sibi  adjunclam  iiabet,  ul  oenes  l'aleii- 
liir;  alqiii  qnolies  amuia  cliarilale  exornalur,  t(»lies 
ineam descendit  divinilas,  coiiteslante  (lliristo,  Evang. 
S.  Joan.  c.  li  :  Si  (juis  diiuju  me,  diliyetur  à  I\iire 
ineo,  et  ad  euin  veuiemns,  el  nunisionem  apud  euin  [a- 
eiemiis.  Idem  clamai  discipiilus  (plem  diligebat  J(;siis, 
I  Ei)isl.  c.  4  :  Qui  manel  in  ch(iritate,in  Deo  uutnel,  et 
Deus  in  eo.  Ilinc  alibi  diciliir,  Uom.  c.  5,  v.  Tj  :  i'-hn- 
riliis  Dei  di/j'usii  est  in  eordibus  vestris  per  Spirilmn 
mncluin  (jui  dnlns  est  vubis.  Ilinc  cenlies  divins  ora- 
cnlis  deelaratiii'  Spiriluni  sanclmn  iii  liominibns  jnslis 
liabilarc;  v.g.,  l^vaiig.  S.  Joai;.  c.  H:  Viirtieletuin 
diibit  vobis  ut  mtineatvubiseuxt  in  ateruum...  A])nd  vos 
nuiiiebit,et  in  vobis  eril ;  1  Coriiilh.  c.  0  ;  An  neseilis 
quonium  mènera  vestra  tcmplum  sunt  Spirilùs  smieli, 
qui  in  vobis  est,  (/nem  liabelis  à  Deo;  Evang.  S.  Joan. 
cap.  7  :  Uocttutem  dixit  de  Spirilu  quemueeepturi  eranl 
eredenlesin  eum  ;  nondiim  enim  erat  Spirilùs  dulus,  quia 
Jésus  nondiim  erat  qleriftcalus.  lii  omiies  lexlus,  iimu- 
meri(|ue  alii  (pios  ijrob-rre  possemus.  ade()  clare  iji- 
s.iui  Spirilùs  sancli   pcrsonain  et  feubslaiitiam  nobis 


Î303  QU-EST.  V.  DK  EFFECTinis  SACIIAMENTORIM. 


1310 


f  admodùm  Irulenliiia  syiindiis  ah  omiiilnis  credoii- 
f  duin,pœiiu  aiiatlicmalis  projmsilà  deoiovii,  non 
i  soliim  pcr  qiiani  pcccalDruni  lil  rcmissio ,  scd  di- 
t  vina  qnalilas  in  anima  inlia-icns,  ac  vcUili  splondor 
«  quidam  et  lux ,  quai  animariim  iioslrarum  maculas 
«  oiiines  delcl ,  ipsas(|uc  animas  pulchrioros  cl  splcn- 
i  didiorcs  reddil;  al(pic  id  ex  sacris  lillcris  apcrlè 
i  colligittir,  cùtii  gialiani  cflundi  dicanl,  camque 
i  Spirilûs  sancli  pignus  soleaiit  appcllarc.  t 

Poriô  concilii  Tiidenlini  lucc  dclinitio  csl ,  soss.  G  , 
c.  7,  et  can.  Il  :  «  Jusliricaliuiiis  uuica  l'ormalis 
t  causa  est,  jusiitia  Doi ,  nonquà  ipscjuslus  est,  scd 
i  quà  nos  juslos  facit  ;  cpià  videlicel  ab  co  donali , 
«  rcnovamur  spiiitu  mentis  noslra;;  et  non  modo  ic- 
i  piitanuir,  scd  vcrè  jusli  nominamur  et  sumus , 
t  juslitiam  in  nobis  rccipientes ,  nnuscpnsquc  suam  , 
c  secundùm  mensurani  quam  Spirilûs  sanclus  parliiiir 
i  singulis  prout  vult,  et  secundùm  proprinm  cujiisque 
«  disposilionem  el  coopcralionem....  Si  ([uis  dixcril, 
«  bomines  justiHcari  ,  vel  solà  impulationc  jusliti^c 
«  Ciuisii ,  vel  solà  peccatorum  lemissionc ,  exelusà 
i  gratià  et  cliaritale,  quic  in  cordibus  eorum  per  Spi- 

quoeumquo  tandem  modo  communicari  exprimunt,  ut 
ad  ipsius  cliarismala  et  doua,  nisi  per  vini  et  distor- 
sioncm,  omnino  re>lringi  nequcanl. 

2"  Maximum  eliam  robur  iiuic  scnlentire  accrescit 
e\  auctoiilate  SS.  Palrum  et  iira-clarissimorum  theo- 
bigornm  ,  qui  illam  luenlur.  Inlinita  propemodùni  et 
bicuienla  veterum  Palrum  loca  eà  de  recongessii  doc- 
ti^simus  Pelavius,  tract,  de  Trinilale,  iib.  8,  c.  i,  5,  G 
el  7.  Pulcbra  eliam  scrip^it  ul  eamdcm  dncliiiiam  as- 
sercret  Cornélius  à  Lajjide  in  v.  4  cap.  1  Epibt.  Il 
S.  Pclii,  ubi  eilat  pliirinios  idipsum  expi'cssè  docen- 
tes  inlerqims  S.  Ambros.,  S.  Aug.,  S.  Léo,  S.  Tliom., 
Vasques,  Suar,  etc.  Hic  poslremus  inde  concludilSpi- 
riliim  sauctum  novo  modo  secundùm  suani  ^uhstin- 
liaii)  in  aiiiniàjusli  praîscnlemessc  iucipere,  (pio  an!e 
illius  juslidcalionein  non  erat,  et  eam  sciilciiliam  ifa 
osse  ccrtam  contendit,  ut  conlrariam  errouiam  esse 
cen^eat. 

5°  Tandem  ipsa  ratio,  Iheologia;  principiis  innixa, 
auctorilali  suiTragari  vidctiu-.  Scilicet  gralia  sanctili- 
cans  pcrfectissimam  amiciliam  inlcr  Deum  cl  aniniam 
consliluil  :  porro  amicitia  pci^leclissima,  maxime  si  sil 
s[)irilu:ilis  et  divina,  inliniam  amiconnu  pr;i;ïenlia:n 
postulai  ;  ad  diius  cnim  nalui'ani  perlinct  ut -nnicos 
secinn  invicom  quanlùm  lii'ri  |)olest  copidelur  ;  ergo 
gralia  sanciilicans  poslulare  videlurul  Spirilûs  sanclus 
inlimà  qiiàdam  ralioiiecinn  anima  conjimgalur,  alquc 
adeô  in  eam  descendat,  illique  novo  prorsùs  modo  ! 
pra'Srns  liât.  ; 

Ilis  aliisqiic  ejusmodi  ralionibus  innixi,  mcritô,  ni 
fidlamur,  dicere  poluimus  Spiritum  sanctuu)  graiiam  I 
samiiliraulem   in   anima  comilaii.   Proiiidc   si   Deiis  [ 
ti'>n  ess(!l  ubiipio,  ncc  ainnia;  intimé  conjuiictus,  por  i 
g;aliam   saiiçlilic;inlem  pi;rsfiis  iili  licrcl,   in  eà((iie, 
([uasi  in  lenqdo,  palalio  ac  llialamo  suo  inliabilaret,  et 
vcliili  «iim  sponsà  d(Ii<ian>lur.  Quin  cliani  arclior  est  ' 
unio  illius  cum  anima,  (inàm  ipsum  conjugale  vincu- 
liun,  rectiùsqne  cum  uiiioiic  animaî  cl  corporis  confer- 
r<'tm' ;  nam  siciit  anima  coi  pus  vivifical,   cl  ad  am- 
pli()rcm   dignilalem  evcbil,  ila   Spirilûs  sanclus  est 
liriiicipium  vit:e  sujicrnatinalis  aniuia',  illannpie  éle- 
vât ad   slalinn  (pii   omnem   bmnanani    inlclligeiiliam 
transcciidit.  Iliiic  niirum  in  nuidum  app;ircl  quantum 
sil  gralia-  sanclilicatilis  prclimn.  rpianla  excellcnlia. 
Ob',  si  scircnt  liomincs  domim  Dci,  iilud   ob  lurpom 
el   momentaneam    voliqUalmi    non   nniitli'reut,    aul 
saltem   amissum  diligenliùs   recuperare  co:iaronlur. 

(Edil.J 


«  ritiim  sanetum  dillimdalur,  atqiic  illis  inhïereat, 
<  aul  eliam  gratiam  (juà  jnslilicamur,  esse  tanlùm  fa- 
«  vorem  Dci  ;  analbcma  sit.  i 

Qua'st.  II.  Itrùm  gralia  sacramenlalis  intrinsecuui 
alitpMd  superaddal  gratis;  babiluali  generalim  sum- 
pl;c  ?  —  Hesp.  aKirmativè  :  nam  Sacramcnla  produ- 
cunt  hoc  ipsum  quod  significanl;  atqui  babcnt  singula 
vim  gralia;  cnjusdam  spccialis  significandiu  :  divcrsi- 
modè  ergo  graiiam  in  auimam  infundunt  :  alque  adeô 
gralia  sacramenlalis  intrinsecum  alùjnid  supcraddit 
grati;i;  sanctificanli  comnmniter  sumplce. 

Deinde  frustra  adliibcreiur  pra-clara  illa  Sacramen- 
torum  varielas ,  nisi  diverses  fines  proximos  respi- 
cerenl ,  et  ad  effecius  diverses  dirigereiitur  ;  solamque 
baberent  cxterioris  spcctaculi  facieni  :  «  Siciit  \irlu- 
f  les,  inquit  S.  Thomas,  5  p.,  q.  62,  art.  2,  in  c. , 
«  et  dona  addunt  super  gratiam  communilcr  diclam  , 
«  quamdam  perfeclionem  dcterminalè  ordinatam  ad 
«  proprios  aclus  potentiarum  ;  ila.gralia  sacramenta- 
1  lis  addit  super  gratiam  communilcr  diclam,  et  su- 
«  per  virlules  et  dona  quoddam  divinum  auxilium  ad 
«  consequendum  Sacramenti  Unein.  >  Et  in  resp.ad  3: 
«  Dicendum  ,  inquit,  quôd  ratio  sacrameplalis  grali;e 
«  se  habct  ad  graiiam  comniuniter  diclam,  sicut  ratio 
«  speciei  ad  genus.  n 

Pra'ierea  hoc  ipsum  evincitur  omnium  cnumera- 
(ione  Sacrameiitorum. 

Baplismoenim  hoc  proprium  est,  quôd  spiritualiter 
bominem  in  Ciirislo  regeneret ,  quôd  cxpiet  omnem 
culpam,  pœnanique  reniittat;  quôdque  spéciale  jus 
tribuat  ad  auxilia  specialia,  spiritual!  generalioni  ,  et 
rcnalo  homiiii  convenienlia. 

Confirmationis  effecius  est ,  gralia  roborans  ad  fi- 
dem,  eliam  cum  viLe  leniporalis,  cl  bonorum  omnium 
lerrcslrium  jacturâ  intrépide  proliiendam. 

Eucliarislia  nuliil  fidelem  spiritualiler ,  quia  per 
illam  (il,  ut  bomo  manducet  carnem  Filii  hominis, 
et  bibat  cjus  sanguinem  :  bincque  (idem  ,  spem,  cha- 
riialcm,  pictalem  mirum  in  modum  adauget. 

De  Pœniteniià  quid  opus  est  dicere,  cùm  nenilnem 
Ialcalcsscsecund;im  post  naufragium  tabulam,  homini 
lapso  proposilam,  ut  cjus  adminiculo  redeat  ad  portum 
salulis,  et  cum  Doo  oITenso  reco:icilietur? 

Ilabet  pariler  Extrema  Unctio  proprium  grali;c 
gradnm  :  «  Clemcnlissimus  enini  Redemplor  nostcr, 
«  iiKiuiunl  Tridenlini  Patres,  sess.  li,  doclrina  de  Ext. 
1  Uncl.,  qui  servis  suis  quovis  lenqiore  voluit  de  sa- 
«  lularibns  rcmediis  adversùs  omnia  omnium  hostiuin 
«  le!a  esse  prospeclum,  qiiemadmodùm  anxilia  ma- 
t  xima  in  Sacramenlis  aliis  pra'paravit,  quibus  Cliri- 
«  sliani  conservare  se  integros,  dùi\i  viverenl.ab 
«  omni  graviore  spirilûs  incommodo  possint  ;  ii;i 
4  Extrema;  Unclionis  Sacramcnto  finem  viuv,  lan- 
«  quàm  (irmissimo  quodam  pra>sidio  nuniivil.  >  i:t 
paiiiô  po>l,  c.  2  :  «  Ues  porro  et  ciTeclus  luijus  Sa- 
t  cramenti....  gralia  est  Spirilûs  sancli,  cujus  unclu) 
«  delicta,  si  qna>  sint  adlaïc  expianda,  ac  peccaii  n  li- 
i  quias  alistcrgii,  et  a;groti  animam  alleviat  et  coa- 
11  1  firmal,  magnam  in  co  divina.'  miscricordia;  fiduciiuu 


i.m 


DE  nr  SACIUMRNTAUIA.  —  DE  SACRAMKNTIS  IN  GENERE. 


17.12 


I  excilando  :  qiiA  iiilîrmus  sublevalus,  cl  morbi  iii- 

<  coimnoda  ac  laboros  Icviùs  fert,  et  lenlalioiiibiij 
I  daîiiionis  calcaneo  insidiaiitis  faciliiis  resislil  ;  cl 
(  saiiitalcin  corporis  iutcrdùin,  uli  saluli  aiiiin;c  c\- 

<  pcdicril,  conscqiiitur.  »  Vide  ctiaiu  caii.  2. 

Pcr  Ordincin,  spécial!  qiiâdam  gralià,  uiinislri  ido- 
noi  consecrantur,  qui  Dei  niysleria  digne  dispensent, 
et  sacras  funcliones  religiosè  obeanl  :  de  Iiàc  Aposlo- 
lus  ad  Tiniollicuni  •!,  li:  ISoli  ne(jlujere,  inquit,  gra- 
tiam  qua.  in  te  est,  quœ  data  est  tibi  pcr  proplictiam 
cum  imposilione  nianuum  presbyterii. 

Malrimonio  deniquc  fil  ul  carniscoiicupiscenlia  re- 
frcnetur,  ut  sil  casla  generalio  cum  clarilale  ,  ut 
suscepla  proies  cbrislianè  educciur,  cl  fidcs  conjuga- 
lis  intégra  illibalaque  servelur  :  ergo,  etc.  (I). 

(i)  Qu;icritur  qnid  illudsit  quod  gralia  sacramenla- 
lisgratix'  habituali  superaddat,  scu  quid  pra)cisè  gra- 
lia sacranienlalis.  —  lluic  quœslioiii  sic  respondel 
Billiiarl,  dissert.  5,  art.  5  : 

«  Gralia  sacranienlalis  non  est  liabitus  realiler 
(  disliiulus  à  gratiâ  coninniuitcr  dicta  virtutum  cl 
«  doiioriun,  neque  solninauxiliuni  spéciale  Irans/ens, 
«  scd  novus  niodus  inlriiiseciis  perfeclionis  seu  spe- 
«  cialis  vigor  graliie  conununitcr  dict;«  superaddiliis, 
«  cnni  ordine  sou  exigeiitià  et  jure  ad  auxiliuni 
t  acluale  siio  lompore  coiiforendum.  Ita  Joan.  à 
4  S.  Tli.,  Cai)rora,  Nugno,  Serra,  Coiiteiison,  et  alii 

<  contra  Cajet.,Solo,  Gonel  et  alios,  (juoad  secun- 
«   dam  i)arlem  coiicliisionis. 

i  Prob.  prima  pars  :  EU'ectus  spéciales  ad  quos 
«  ordiiialur  gralia  sacranienlalis,   non   sunt  realiter 

<  et  subslanlialiler  dislincli  ab  cfleclibus  gratiie  com- 
«  muniler  diclie  virtutum  cl  donorum,  sed  modaliler 
«  tanlùni,  qualenùs  (Iniit  quasi  ex  oflicio,  et  ratione 
«  slalùs  connaturalilcr  et  ex  speciaii  vigore  :  ergo  ad 
«  illos  non  requirilur  novus  liabilus  realiter  distin- 
«  dus  ab  liabitu  gratine  habiliiaiis  connnuniler  dicliç. 
«  Prob.  anl.  Sic  cflectus  (|uem  causal  Pœnilenlia  sa- 

<  nando,  Baplismus  regencrando,  Exlrema  Unclio 
i  alleviando,  subslanlialiler  fit  pcr  liabitum  gratiaî 
«  virtutum  et  donorum;  et  (juanivis  Baplismus  re- 
t  niillat  tolam  pœiiam,  niliil  est  lamen  ibi  substan- 
i  liale  dislinctiun,  sed  niodaliter  laiilùm,  secundùm 
i  majorem  ejusdem  grali;i;  exlensioiicm  :  sic  eliam 
*  edectus  Eucbaristiie,  qui  est  nulrire  et  augere  ani- 
«  mam  spiritualiter,  fit  subslanlialiler  per  aclus  fer- 
i  venliores  virtutum;  elfeclus  Ctinlirnialionis,  qui  est 
i  fii'ma  iidei  conl'essio,  est  subslanlialiler  aclus  lidei  ; 
i  eiréclus  SacrameiUi  Ordinis,  (jui  est  débita  Sacra- 
8  meiilorum  excculio,  est  subslanlialiler  aclus  reli- 
«  giouis  ;  tandem  effeclus  grati;ic  malrinionialis,  (jui 
«  est  caslè  vivere,  (idem  niuluam  servare,  seque  niu- 

<  luis  ofliciis  juvare,  est  subslanlialiler  aclus,  vel 
i  jusliliaî,  vel  cliarilatis,  vel  caslilalis;  ergo. 

«  Coiif.  Gralia  sacranienlalis  est  gralia  sanclifi- 
i  cans;  qui  enim  illam  recipit,  vel  sanclilicalur  si  sil 
«  peccalor,  vel  fil  sanctior  si  jani  sil  juslus  :  atqiii, 
«  si  essel  babilus  realiler  dislinclusà  gralià  habituali 
«  commmiiler  diclà  ,  non  essel  sanclificans  :  ergo, 
«  Prob.  min.  Propriuuï  est  gralia;  babilualis  commu- 
«  niter  dicUe  sanclilicare,  imô  est  ejus  elfectus  for- 
t  malis;  ergo  non  polest  per  alium  liabitum  roaliler 
«  dislinetum  pr;estari  ;  eflectuscnim  l'ormalis  est  ipsa 
«  forma  connnunicata. 

4  Secuiida  pars  coUigilur  ex  D.  Th.,  qui  bic,  art.  2, 
«  ad  I,  dicit  :  Cratia  virtutum  et  do)ioniin  sitlficicuter 
«  per/icit  essenlidin  aiiiiiiœ  tjuuntiim  ad  (leneralon  ordi- 
«  luilionem  actidtr.i  aiimxc  ;  .s«/  (juaiHiim  ad  ipwsdam 
«  efft'clHS  spéciales  qui  rcjuinuilur  ad  vilani  cliristia- 
t  iiiim,  requirilur  sacruiucntalis  qratia  ,  qu:e  nenipc 
«  perlicial  esscMlJaui  aniui.e  in  ordine  ad  illos  spe 


Qu;est,  III.  Sinl  duo  pluresve  homines  qui  atl 
baplisnnnn  sine  ficlione  accédant,  quairilur   utrùni 

1  ciales  elTedus  :  ergo,  juxla  S.  Th  ,  gralia  sacra- 
it nienlalis  est  quid  intrinsceum  et  yermanens,  perfi- 
i  ciens  essentiam  anima;.  Auxiliuni  autem  acluale  non 
«  est  quid  inlrinsecum  et  permanens,  perficiens  essen- 
«  liam  anima'.,  sed  applicans  lanlîun  potcntiani  ad 
t.actum.  El  in  resp.  ad  5,  dicit  quôd  gratin  sacramen- 
«  talis  liabet  se  ad  gratiam  communiter  dictam,  sicid 
«  ratio  speciei  ad  genus,  speciei  scilicet  incompletae  et 
1  modalis  (gralia  enim  est  speciei  atoniai)  eo  modo 
«  quo,  v.  g.,  qiialilas  magis  et  minus  intensa,  digilus 
«  ereclus  et  digilus  indcxus  distinguitur  ;  certuni  est 
4  aulem  spcciem  modalem  cl  iiicomplelam  adderc 
4  ali{|uid  inlrinsecum  generi.  Necpie  valet,  si  dicas 
«  cum  Cajel.  et  Solo.  S.  Tboniam  loqui  de  gralià  prout 
4  abslraliit  ab  acluali  et  babiluali  :  nianifeslum  est 
4  enim  lam  ex  corpore  arliculi  quàm  ex  solulionibus 
4  argumentoruni  ipsum  loqui  de  gralià  habituali  san- 
4  clilicanle. 

«  Prob.  ratione  :  Sacramenla,  uldictumes!,  ordi- 
i  nanliir  ad  diversos  et  spéciales  elfectus  perlinenles 
4  ad  vilani  chrislianam  efliciendos  ab  hoinine;  aUpii 
4  ad  id  sccuiHiùm  consuelum  providenlia;cursum  non 
4  sufficil  auxilium  Dei  acluale  Iransiens,  sed  requiri- 
4  tur  aliqiiid  in  bomiiie  intrinst^ciim  et  permanens  per 
«  modum  priiicipii,  cui  correspondeat  et  coniiaturali- 
«  1er  jiroporlioni'tur  auxilium  islud  Iransiens  et  ope- 
4  raiio  ad  quaui  datur;cxigit  enim  suavis  et  consueta 

<  rerinn  dis])osili(),  et  connaluralis  ageudi  niodus, 
4  ul  in  omnibus  causis  principalibus,  qualis  est  bomo 
4  respeclu  suorum  actuuni,  operalio  supponal  in  ope- 
i  ranle  principium  operalionum  sibi  connalurale  et 
I  proportionalum.  Ergo  gralia  sacramentalis  non  ad- 
4  dit  solùni  supra  gratiam  comnniniler  dictam  auxi- 
4  lium  Iransiens,  sed  modum  quemdam  inlrinsecum 
«  et  permanenlem  pcr  modum  principii,  queni  dici- 
j  mus  perfectionem  et  vigorem  specialem  graiiaî 
4  communiter  dicl;ic  cum  ordine  et  cxigentià  auxilii 
i  aclualis  suo  lempore  conferendi. 

4  Neque  dici  polest  quôd  islud  spéciale  auxilimn 
4  supponal  gratiam  connnuniler  dictam  lanquàin  prin- 
4  cipium  oui  comialuraliler  correspondeat  ;  aliàs  se- 
4  querelur  (|uÔd  gralia  sacranienlalis  darelur  pariler 
4  extra  Sacramenla,  et  quôd  nibil  quidcpiam  adderet, 
4  etiani  per  modum  aclualis  auxilii,  ad  gratiam  coni- 
4  muniler  diciam. 

«  Conf.  Gralia  sacranienlalis,  maxime  secundùm 
4  'f  liomislas,  procedil  elfeclivè  à  Sacramentis  ;  at- 
4  qui  auxilium  acluale  non  efiicilur  à  Sacramentis; 
4  ergo. 

4  Hujus  rei  aptum  exemplum  babennis  in  gralià 
«  juslili;e  originalis  coinparalà  ad  noslram.  Erat  ea- 
4  (!cm  eiililalive  et  subslanlialiler  cum  nostrà  ;  habe- 
4  bal  ïamen  (piemdam  iiiodum  perleclionis,  ([uemdam 
«  vigorem,  (pio  perfeclè  subjieiebal  partem  sensi- 
4  livam  ralioni  et  corpus  aniuKC,  quem  non  habet 
4  nos  Ira. 

4  llaipie,  ut  ad  singula  desccndamus,  gralia  sacra- 
«  nienlalis  Baplismi  est  gralia  babilualis  cum  perfe- 
4  ctioiie  el  vigore  speciaii  ad  novam  vilam  in  Chiislo 
«  iitslituendam,  ad  remissioiieni  toliiis  culp;e  et  poMia; 
4  et  ad  rite  suscipienda  alia  Sacranieiila,  cum  or- 
4  dine,  cxigentià  el  jure  ad  aiixilia  aclualia  huie 
4  adeplic  regeiieralioiii  conscrvandie  et  ejus  adibus 
4  necessaria.  Gralia  sacramentalis  Confirmalionis  est 
4  gralia  liaiiiluaiis  seu  ejus  aiigiiK  nluni,  pariler  cum 
4  speciaii  vigore  el  robore  ad  fidem  alacriler  et  lôr- 
4  lilor  eliam  in  vila;  diseriniine  propugnandam,  cum 
4  ordine  el  jure  ad  auxilia  bis  aclibus  necessaria. 

<  Gralia  saciamenlalis  Iùicbaristi;e  est  gralia  babi- 
4  liialis  cum  pari  vigore  cl  oïdinead  auxilia  pro anima 
4  spirilualik'i'  nulririulà  cl  specialilcn'  Deo  unieiidà 
4  i)er  ferveiiliores  aclus  viriulum.  Gialia  Pcenitentia; 
4  es'  ^irnlia    baliilualis  ctiiii   pari  vigore  cl  ordine  ad 


!515 


QU/EST.  V.  DE  EFFECTinUS  SACHAMENTOUUM. 


15U 


œqualilcr  graliam  sanclificaiilem  rccipianl. —  Uosp.  : 
Vel  de  adultis  oiuïstio  isla  niovcUir,  vcl  de  infaii- 
libus. 

auxilia  neccssaria  pro  pcccatis  iilaiii^ondis,  dolondis 
et  cavcndis.  Gratia  ExIrciiKi"  l'iiclioiiis  osi  i^iaiia 
liabilualis  ciiiM  ])ari  poircclidiic  ol  nrdiiio  ad  auxilia 
pro  lolk'iidis  roli(|iiiis  poccaloiiiin,  iiiorbo allcviaiido 
aiit  patioiitiT  feriMido,  ol  pi'a'paralioiie  aiiim;o  ad 
foliocm  iiiorloiii  coiiira  cvli-i'inos  Iciilaloris  impcltis. 
Gralia  Sacramenli  Ordiiiis  est  i^ralia  li;d)iliialisciiiii 
pari  vigorc  et  online,  etc.,  ad  rectè  excreeiKhini 
cnlliiiii  diviniiin  et  Saeran;eii(a  admiiii'-Uiuida. 
Gratia  Matrinioiiii  est  gralia  liahiliialis  eiiiii  pari 
vigore  ol  ordiiie,  etc.,  ad  lidi-m  iiuiliio  si-rvaiulain, 
ad  eoiijiigaliler  et  caslè  vivcudum,  et  ad  oiicra  Ma- 
Irimoiiii  fereiida. 

«  Noque  le  movcat  qnôd  dicamus  ooii  jure  (td  auxi- 
lia gyatiœ,  (piasi  id  dcrogarcl  graliliuliui  grali:u; 
islud  enim  jus  l'uiidaliir  in  solà  liberali  et  gralnilà 
Doi  proniissione,  qni  fidolis  c~-t  in  suis  proinissis, 
ncc  deest  in  necessariis;  unde  niliil  oflieit  gralitii- 
dini  gralia;,  sicul  illi  non  obest  (piùd  ijraliani  coni- 
niuniler  dielain  sofiuatur  jus  ad  eoinnumia  auxilia. 

<  Dices  r  :  S.  Th.,  iiio,  arl.  3,  niiUà  faelà  nicn- 
tionc  de  aliquà  pcrfeclione  intrinsecà  et  perinançn- 
te,  dicit  tanlùm  çiraliinn  s^tcrumcuUilcm  uddcre  supra 
(jratiam  cotiDiiuiiitcr  acccflain  aujUinni  diviiiuiii  ;  at- 
qui  auxiliuni  divinuin  non  esl  (juid  permanens; 
ergo.  —  H.  i°  iS'on  esse  insolituni  apudS.  Tlioniani 
per  auxilium  divimtin  inlelligi  ali(piid  habiluale  cl 
permanens  :  sic  1-^,  q.  100,  a.  1,  dicit  rainiri  au- 
xilium (jratiœ  ad  hoc  qubd  liomo  resurgal  ci  tinautian 
ad  liabitualc  donum  el  quaiilian  ad  intcriorciii  Dci 
inotiouem.  R.  2"  Dist.  min.  :  Auxilium  divinum  for- 
nialiler  in  se  non  esl  quid  permanens,  transeat  ; 
radicaliler  in  suo  principio  connalurali,  ncgo.  Cùm 
igilur  auxilium  aclualc ,  juxla  consuclani  pruvi- 
dentiam  et  connaliiralem  modum  agendi,  debeat 
corrcspondcre  alicui  principio  opéra livo,  hoc  ipso 
que  S.  Thomas  dixilgraliam  sacranienlalem  super- 
addere  auxilium  divinum  ad  spi-ciales  efl'eclus,  im- 
plicite inlellexit  connalurale  ejus  principium.  Vel 
dicendum  quod  per  auxilium  inlellexit  qualem- 
cumqne  coni'orlalioncm  specialem  supra  graliam 
comnmruler  dictam,  quam  ideô  non  nominavil  gra- 
liam, cù  qnôd  non  sit  gratia  realiler  dislincla,  sed 
tanlùm  modus  gratia;. 

<  Dices  T  :  Elfeclus  ad  quos  ordinalur  gratia  sa- 
cramenlalis,  non  sunt  diversi  ab  aciibus  gralia; 
virlulum  el  donorum  :  v.  g.,  proioslari  (idem,  qui 
est  eflectus  Confirmationis,  est  aclus  fidei  ;  imô 
quandoque  contingit  quod  aliquis  sine  Sacramenlo 
Gondrmaliouis  tidem  furliùs  prolilcalur  qnàm  con- 
firmaUis;  ergo. —  II.  1°:  lloc  argumenlo  probari 
pariler  non  leqniri  auxilium  spéciale,  cpiod  non  ad- 
millunt  objicientes.  "2"  Dist.  anl.  :  EUectus  ad  quos 
ordinalur  gralia  sacramenlalis,  non  sunt  diversi 
subslanlialiler  ab  aciibus  graliic  virlulum  et  dono- 
rum, conccdo;  modaliler,  nego.  lli  cidm  vi  graliic 
sacramenlalis  eliciunlur  quasi  ex  ol'ficio  et  lalioiie 
slalùs  lanquàm  à  mcmbris  vivenlibns  Clirisli  por 
derivalioncm  sp(;cialcm  ejus  grali;e  capilalis.  Unde 
quod  non  conlirmalus  iortiùs  ,proleslelur  fideni 
qtiàm  confirmatus,  hoc  provenit  ex  majori  coiialu 
cl  inlensionc,  sed  non  agit  ex  olïicio  el  ralione 
Slalùs,  neque  ut  membrum  vivons  Cbristi  per 
specialem  derivaliouem  à  gralia  ejus  cai»ilali. 

«  Inst.  Ouaro  non  sul'licit,  (|uod  gralia  sacramen- 
lalis ad  snos  elleclus  supcraddal  gialiiie  commmiilcr 
dicta;  jus  ad  auxilium  spéciale?— h.  Vel  illud  jus 
esl  quid  intrinsecum  permanens,  vol  non;  si  pri- 
muni,  habemus  inlenlum;  si  secundum,  recurrunl 
raliones  nostra\ 

«  Kx  diclis  colliges  graiias  sacramcniales  csscnlia- 
liter  inler  se  dillerre  specie;  respeclu  vcro  gralire, 
accidenialiler  modaliler  lnn/*jm  :  sicul,  v.  g.,  in- 


Si  do  adultis,  hoc  ipso  quod  ad  Bapiismum  vcraci- 
ler,  et  sine  uUh  simulalionc  accedimt,  non  est  du- 
bium  quin  œqualiler  graliam  rogcneralionis  accipiant, 
lier  qnam  à  caplivilatc  da^nonis  liberali,  transferuu- 
im-  in  rcgnum  Dci  ;  quia  lamcn  non  omncs  ad  san- 
ctum  lavacrum  cum  pari  motu  fcrvoris  acccdunt, 
potcst  contingcrc,  imù  sxpè  contingit,  ut  inlra  cani- 
dem  graliiP  spcciem,  gradu  difl'eranl,  cl  major  in  uno 
sit,  in  allero  minus  inlonsa  ;  hic  cnim  locmn  habct, 
quod  paulô  anle  ex  concilio  Tridenlino  recitabamus  : 
Jusliliam  unusquisque  suam  recipil....  sccuudùm  pro- 
priam  cujusque  dispositioucni  cl  coopcralioncm  ;  quod 
aulem  de  Baplismo  esl  diclum,  débet  de  cielcris  Sa- 
cramenlis  inlelligi. 

Si  verù  agalur  de  infanlibus,  quorum  h.TC  una , 
pnieparatio  est,  quôd  non  opponanl  obiccni  conlrari.ci 
voluntalis,  dicimus  pariler  graliam  Sacramenli,  quan- 
tum ad  speciem  el  cssenliam  in  omnibus  sine  dubita- 
lioneessc  a'qualeni  ;  quia  lamcn  Spiriius  sanclus  men- 
suram  gratiœ  parlitur  siiigulis  proul  vult ,  inqiiit  ibidem 
Tridentina  Synodus,  sess.  6,  cap.  7,  ideô  (1)  pic  cre- 
dimus,  in  alios  uberiùs  ,  in  alios  parciùs  gralia;  tlic- 
sauros  cfflucre  nam  quemadmodum  in  legc  veleri , 
el  sub  ipsum  Evangelii  crepusculum,  Jeremiam  et 
Joannem  Baplisiam  in  mateniis  uleris  Icgimus  spc- 
ciaii  favore  sanclificatos  ,  propierea  quôd  ad  prophe- 
tandum  aller,  aller  ad  .Messi;x;  adventum  annuntian- 
dum  niillendi  forent,  ila  nihil  eril  fidei  et  Christiana; 
pietali  conlrarium,  si  dixerimus,  uberioribus  dulce- 
dinis  bencdiclionibus,  in  ipso  fonte  Baptismalis  pr.c- 
vcniri  aliquos,  qui  ad  ampliorem  sanclitalis  cumulum, 
cl  ad  majora  munia  obeunda  fuerint  dcslinali. 

Qua;sl.  IV.  An  gratia  Sacramenli  possit  sineSacra- 
mento  haberi?  — Resp.,  si  de  absolutà  Dei  potcslate 
agalur,  non  esse  dubium  quin  possit  gralia  .'cuilibct 
Sacramento  correspondens,  sine  ejus  susceplione  ob- 
lineri  :  nam  pendent  quidom  Sacranienta  à  Deo  ut 
agant;  sed  non  vicissim  pendel  Deus  à  Sacramemis. 
Ilaqnc  quemadmodum  cvim  libère  illa  insliluit ,  non 
suâ  necessitate,  sed  noslrà  ;  ila  polest  ubique  cl  sem- 
per  sine  illis  homineni  salvare.  Si  vcrô  de  ordinarià 
pol'>slate  qua;slio  sit  :  i  Régula  universalis  est,  inquit 
«  Dominicus  Solo,  in  l ,  disl.  i,  q.  2,  arl.  1 ,  quod gradus 
t  gratia;  qui  corrcspondet  Sacramento,  nunqnàm  con- 
1  lerlur  nisi  co  rc  suscepio  :  gratia  cnim  sacramcn- 

i  ilexio  et  ereclio  inter  se  esseniialiler  dilTerunl, 
c  respeclu  verù  digiti  accidenialiler  modaliler  lan- 
1  lùm.  »  (Edil.) 

(I)  Ilanc  ina^qualilalem  non  eqiiiilcm  prorsùs  ne- 
gamus  ;  al  illam  ,  cum  niaximà  ihcologorum  parle  , 
Iribiiondau)  oxistimamus,  si  quando  exislal,  non  ipsi 
Sacramenlo,  qiialonùs  ex  opore  operalo  agit,  sed  moro 
Dei  brne|)Iacilo,  qui  nullis  Icgibiis  adstringiliu-  in  suis 
donis  dispcnsaiulis.  Elenim  Sacranienta  opeiaiitur  ut 
caus;o  naliirales  ol  nocessaria;  ;  aUpii  oadeiu  causa 
naluralis  ol  nocessaria  icipialom  in  snbjoclis  ;o(pic 
disposilis,  dispaniu  vcrô  in  ils  (|ua'  iirofpialilfr  dis- 
posila  siinl,  eli'oclMin  prodncil  :  ergo  idem  Saoranien- 
timi  a-qualom  graliam  per  se  lis  conforl  (pii  ,oi|u:di(er 
pra;parali  ea  suscipiuni,  inLvqualein  aulem  iis  ipii  sunt 
inxqiialiler  disposili.  Ncc  rolerre  videlur  ulrùm  sns- 
oipion;  sit  ailultus,  necnc.  lia  communiler  doc'cres 

(Edit.) 


i:5ir;  de  ïwz  sacuamentaria.  — 

«  l:\lisostproniissn  lUeiiti  S;u;iaiiiciito.  »  Qiiôd  si  Sa- 
or.uiiciiliiiii  vcl  |)r()i)lt'r  iiiiiii.slnirum  pcmiiiaiii ,  vcl 
nliii  qiiàciimqiic  de  causa  suscipi  lulu  non  possit,  de- 
fi'cUim  (I)  liiiiic  siippli'l  cjiis  siis(i|>iriuii  voliiiii  ;  co- 
((iie  sensu  gralia  sacraniciilalis  in  ipsuin  Saciaincn- 
liiii)  jure  rcruiidilur. 

Qua'st.  V.  L'iliuio  iiuo  sensu  dieanl  llieologi,  quaî- 
(lain  Sacrameiila  priniam,  alla  secuiulain  graliani  pro- 
(liicere?  —  Rcsp.  uriiuam  graliam  apiicllaii ,  (pià 
|)rinuiin  anima  peii'undilur,  quarn  anlca  peccali  ma- 
cula deforinabat;  secundam  dici,  qu;c  advenil  aniniie 
j:uu  sanclilicalu; ,  cl  auget  gialiam  prx>exislcnleni  ; 
liiiiC(]UCorta,  ul  pra>dixiniiis,  q.  2,  c.  2,  §  5,  dislinclio 
in  Sacraiiienta  vivorun»  et  niorUiorum. 

(1)  Quanilur  uUîun  voluni  Sacramenti  suscipiendi 
graliani  sacraiiiPtilalein  coulerat.  Quam  quidem  qua^- 
slioiieni  anleipiàm  solval  doclissinuis  Collel,  Iurc  no- 
tai, cip.  3  de  Saciain.,  art.  1,  socl.  2  : 

'(  Sacranienlnni  in  volo  niiiil  esl  aliud  qnàni  ipsum 
«  Sacramonii  rcaliler  suscipiendi  dcsideriuni  ;  el  islud 
j  (piidcni  vel  cxiiliciluni  esl  el  formale,  vel  inipliciluni 
«  seu  virluale  :  expliciluuHpiideni,  cùni  quis  aclu  ex- 
«  prcsso  realeni  Saoranienli  reccplioneni  desideral  ; 
f  seu  aclu  leqiiisilas  ad  legilimani  suscepliononi  dis- 
«  posiliones  liabe.d,  seu  non,  pula  quia  elianuuu)»  le- 
0  lliidi  peccalo  adlianel.  Inipliciluni  verô  cùni  quis 
«  elsi  do  Sacranienlo  non  cogilat  liic  el  nunc,  (acilel 
t  Yult  id  onine  quod  ad  plenani  sui  juslilicalionem 
i  necessariuni  esl,  ni  si  perieelè  de  peccalis  conlera- 
«  Inr,  anl  geniiinuni  anioris  Dei  super  onniia  ;uluni 
(I  clieial  ;  qui  ciiiin  allenilrum  facit,  censelnr  velle  id 
«  (uiiiic  quod  ad  obtinendani  salnlein  necessariuin  est. 
«  Mine  l'ridentinuni,  sess.  14,  c.  4  :  Ktsi,  in(piit ,  con- 
a  tril'wiieii)  niujunndo  clinritaW  perfectam  esse  conlinçjut,  j 

<  homhmnquc  Dco  rcconciliare  ,  prlusquàm  hoc  l'œni-  | 
«  lenli;T>  Sdcromentnm  acin  suscipialur,  ipsum  riiltilo-  ' 
(1  minus  rccoiiciHatioitcni  ipsi  amtritioiii ,  sine  Sacra-- 

(i  mcnlivolo,  quod  in  iltà  includilur,  non  esse  adscri- 
(  hcndam.  j 

,Jaui  ad  proposilnni  respondet  eximius  tlieologus  , 
6  voluni  Sacranienli  non  conferre  graliani  sacrauien- 
«  taleni  ,  (juasi  aclu  el  de  fado  suscepluui  essci  Sa- 
♦  cranientum,  ade6;pje  juslilicare  solùin  ex  opère  ope- 
«  lanlis.  Ralio  est  1°  quia  nulla  cA  ralio  cur  Sacra- 
(I  inenla  in  volo  poliùs  conrei'aiil  graliani  sacrameii- 
«  lalein  ,  quàni  cliaracierem  impriinanl  ;  aKjui  Imnc 
«  non  inipriniuiil;  aliociui  non  niagis  Itaplizaii  posrel, 

<  (jui  sineeruni  liabuisset  voluui  Baplismi  ,  qnàin  (pii 
«  jani  re  baplizalus  Inisset;  2"  (piia  si  SacranienUnn 
«  in  volo  pareret  graliani  sacranienlaleni  ,  possel  bis 
«  el  lerliô  cflecluni  suuin  produeere;  qnolies  ncuipe 
«  ardeus  ejiis  de^idnium  cuui  cliarilale  pcrl'eclà  ba- 
«  berelur,  ac  deinceps  ciun  reciperetur  do  fado  ; 
«  5"  qnia  gralia  sacramcnlalis  nonnisi  operi  operalo 
«  resixtndel;  alqui  in  volo  Baplismi,  v.  g.,  nuUuni  est 
«  opns  nisioperanlis;  .i"quia,ul  nolal  Boudartius  iiic, 
«  J).  81,  Saeranienla  morluorum  re  susceplà  ex  allrilo 
«  faciunl  conlriluui,  adeoque  si  bis  in  volo  susceplis 
«  responderet  sacramenlalis  elTeclus ,  conferrent 
(I  graliani  lanliini  aUrilis,  quod  liec  dici  polesl,  ncc  à 
«  «piojii ani  dicilur. 

*  Absii  lanien  ni  stérile  sil  Sacranienli  voUi'.n,  quia 
»  licèfvi  ipsius  non  conferalur  sacramenlalis  gralia  , 
«  conferlur  lamen  jnsiilicalio,  ejus(pie  appendices  ac- 
c  Inaies  gralia;;  undc  qnod  deesl  ex  parle  Sacranienli, 
e  C(tnipensalur  ex  parle  Dei  ;  alqne  bine  Tridenlinum, 
d  alludcns  forlè  ad  id  Anguslini  in  cap.  G  Joan  :  Crcde 
i  cl  manducàsli,  ail,  sess.  13,  c.  8,  illos,  qui  vola  cœ- 
i  leslcm  punem  cdunl ,  f}de  vivà  qiiœ  pcr  dilcctioneni 
c  opcralur,  (ructuni  ejus  cl  ntiHtatem  senlire  ;  (pialenùs 
«  ex  opère  operanlis  babiUialem  vilain  recii>iuiit,  ci 
«  ce(juivalenleni  quà  donanlur  (pii  reipsà  ad  cœlestoni 
{  uidisam  accedunl.  >  (Edil.) 


DE  SACRAMKNTIS  IN  GENERE.  1310 

•  Du3C  aliji  quscslioncs  hic  adncdl  soient  circa 
qualilalcin  gralia;  qu;e  à  Sacranicnlis  pioducilur, 
qua'nani  scilicet  priniain  ,  qua'nani  verù  secun- 
dam graliain  per  se,  ac  vi  sua;  inslitulionis  coin- 
niunicent,  el  an  per  accidens  nlramquc  confcrro 
valeant.  Ad  priorem  comniunis  acccrla  responsio  est, 
Baplismuni  el  rœnilenliaui  esse  per  se  inslilula  ad 
piiniain  graliani  confcrendam  ,  quanquàm  per  acci- 
dens causenl  aliquando  secundam.  rriiiue  partis  ea 
ralio  est,  qnia  duo  illa  Sacramenta  snnl  per  se  insli- 
lula ad  deslruendum  pcccalum  quod  allerl  morleni 
anima';  Baptismus  quidem  ad  delenduni  originale  el 
pia;cedenlia  peccala  ;  Pœnilenlia  ad  ea  abolenda,qn;B 
bonio  Jjaptizalns  admisit.  Porrù  Iclbalc  peccatuni  non 
nisi  per  primac  gratiae  infusionem  expellilur,  per  quam 
de  stalu  peccali  homo  ad  slalnni  jusliliie  liansil  : 
adoocpic  ad  banc  graliani  confcrendam  ulrumque  Sa- 
cranientum  per  se  instilulum  esl.  Ilinc  illud  rt'(jenerare 
dicitur,  eô  quôd  primo  vilam  infundal  ;  islud  denuù 
vivificare,  quôd  amissam  restituai. 

Altéra  verô  pars  salis  constat  ;  quoniam  conlingerc 
non  rarù  valet  quôd  vel  calechumeuus  ad  Baptisnia  , 
vel  Cbristianus  ad  Pœnitentiam  cum  tain  perfectà  con- 
trilione,  ac  fervcnlis  cliarilale  accédai,  ut  per  ipsaiii 
justificati  jam  fuerint.  Tuncaulcm  ea  Sacramenta  non 
ampli  ùsprimanijSed  secundam  graliani  elargiiipossunt. 

Quoad  allerain  qua;slionem  dicendum  caetera  novae 
legis  Sacramenta,  altenlo  Une  primario  et  direclo  sure 
instilulionis,  esse  ordinata  ad  confcrendam  graliain 
secundam  :  ila  tanien  ut  probabililer  eadeni  aliquando, 
et  per  accidens,  etiam  primain  producaiit.  De  priorc 
liuju-s  proposilionis  parte  nulla  inter  theologos  dissensio 
esl,  caque  innolcscit  ex  disposilione  pcr  se  rcquisità, 
ac  diviniiùs  injunclâ  ad  frucluosam  illorum  receptio- 
ucni,  necnon  ex  (inibus  peculiaribus,  quorum  gratià 
inslilula  sunl,  ac  dcmiim  ex  propriis  ipsorum  Sacra- 
mcnlorum  significalionibus.Nam,  cxempli  gratià,  Eu- 
cliaristia  graliani  significat,  prout  est  spiritnale  animai 
alimenlum,  pcr  qnod  vires  ejus  reficiunlur  ac  robo- 
ranlur  ;  Exlrema  Unclio  rcpra^senlal  canidem  quà 
si)irilnalibus  mcdelur  languoribus  ;  aupie  ila  reliquo- 
rum  conspeclis  analogicis  officiis  alquc  ulilitalibus, 
apparel  ea  omnia  referrl  ad  promovendas,  et  adju- 
vandas  bominis  jam  spirilnidi  vità  gandenlis  functiones 
el  niinisteria  (I). 

Pars  altéra  non  adeô  pcnès  theologos  comperla 
esl,  ea  tamen  plurium  ibeologoruin ,  maxinièque  D. 
Tliomas  innililiir  auctoritale,  qui  art.  1,  quocst.  49, 
ila  loquilur  de  Eucbarislià  :  i  Hoc  Sacramcnlum  in 


(1)  Exlroma  Unclio  inter  sacramenta  vivorum  re- 
censetnr,  quia  non  priinariô  deslinatnr  ad  delenda 
mortalia  peccala;  allamen  ab  aliis  vivorum  Sacra- 
nicnlis nonnihil  discrepare  pluribus  tlieologis  videtnr; 
ncc  immerilô  quidem,  ul  putamns;  jnxta  proii-.ibilio- 
reni  enim  sentenliam,  secmularius  illius  (inis  est  pec- 
cala etiam  mortalia  ivmilterc ,  tanquàm  Sacianienti 
Pœnilenlia!  supplemenlnm  ;  proiiulcipie  vi  sua'  instilu- 
lionis ,  atqne  adeô,  non  indireclè  taiilùm,  sed  ctiain 
piM-  se  cl"  directe  graliani  priinani  conl'erre  p'icst. 
Vciùm  de  hoc  fusius  in  ipso  de  Exlremà  UnctionQ 
tiactatu.  (F'd''-) 


1317  QI.EST.  V.  DE  EFFECTIIîrS  SACRAMENTORUM.  1318 

«fio,  qui  ipsum  percipit  in  conscienlià  pcccati  mor-  f  .Tlcnmiii,  qnisqiiiscasnsccpciitiliiincaiitemirrcvoca- 
jik'm  circcliim  (liii  oslqiiùd  Ecclosia  (.liaraolcrcin.iioii 


«talis,  non  operalur  rcniissioncm  pcccati.  Polosl 
c  lanicn  hoc  Sacramcnluni  operari  reiuissioiieni  poc- 
1  cali  iliipiiciler,  tino  modo  non  pciccplnn»  actn,  scd 
t  voto  ,  sicnl  cùin  qnis  piiniô  j^l^tilical^^•  à-poccalo; 
t  alio  modo  cliam  pcrcoplnni  ab  oo  (pii  est  in  pcccato 
1  mortali,  cujns  conscicnliani  ot  aUcctiim  non  Iialiol  ; 
t  l'orlè  enim  primo  non  luit  siiflicicnlcr  conlrilns,  scd 
t  dcvolc  cl  rcvoieiilcr  acccdons  conscqnclnr  pcr  iioc 
<  SacramcnUnn  graliam  el  cliarilalcni,  qiue  coiilrilio- 
«  nem  perliciet,  et  rcniissioncm  peccali.  »  Siiuilem 
liuicsecnndo  nnodo  rcniillcndi  pcccala  iiibnit  Angc- 
licus  idem  efficaciam  Sacranicnlo  Conliiiualionis  et 
Exlrema;  Inclioni.  Oiiarc  cl  de  rcli'iiiis  omnibus 
vivorum  Sacramcnlis  ipsum  paria  sensissc  dubilaiidum 
ncuiiquàm  est. 

Al  iM(piiunt,  qui  in  conlrariam  abcunt  oiiinioucm  : 
Euciiaristia,  cxcmpli  |,Malià  ,  esl  cibiis  cl  alimculmn 
spirilnalc  :  cibns  anlem  vilam  non  |)ia'!)ot,  (|uanliim- 
cnmquc  morluo  ingcralur,  sed  cam  soh'ini  in  babcnle 
conservai  et  auget. — Resp.  Eucbarisiiani  esse  cibum, 
scd  spirilualcm  niullô  corporali  enicaciorcm  :  est  enim 
pauis  vivns,  iniô  priiicipium,  el  auclorem  vike  aHcrn;\; 
in  secontinens;  ncc  dcslinatus  est  ni  maiidncanlis 
calorc  converlalur  in  ejus  subslanliam  ;  sed  poliùs 
ut  ipsc  vi  suà  mandncantcm  in  semclipsum  conver- 
lat  ;  aique  adeô  parilas  non  subsislil. 

Insislnnt  Sacramcnla  vivornm  non  significare  rc- 
niissioncm pcccati ,  adooquc  ncc  pr;ebcre  cam  posse  : 
id  enim  tanlnm  el'liciunt  Sacramcnla,  qnod  signiti- 
canl. — Resp.  effcclum  per  se,  cl  ex  speciali  inslilu- 
tionc  collalimi  in  Sacramenlis  sigiiificari;  sccùs  qui 
pcr  accidens  lanlùm  el  exiraordinariè  producilur. 
Unde  el  innic  pcr  accidens,  non  per  se  confcrrc  valent. 

Persisluiil  nullo  solido  fundamcnlo  innili  proposi- 
lionem  nosiram.  Non  enim  auclorilale  Parnm,  ncc 
gravi  ralione  fnlcitnr  :  alque  adcù  arbitniria  dicciula 
esl. — Resp.  nnllos  cqnidem  Paires  à  nobis  afferri , 
qui  proposilioncm  positain  doccanl,  sed  ncc  uilos  ab 
adversariis  produci,  qui  cam  rcdargnnnt.  Falbintiir  ! 
vcrô,  dùm  gravi  illam  l'undamenlo  destilntam  pntanl;  ! 
salis  namque  probabile  bai)cmus,  ncc  plané  conlcm- 
nendimi,  illudcpie  esl,  (piod  nnllum  nova;  Icgis  Sacra- 
mcnluni ab  iis  qui  obiccm  non  oppommt,  infructnosè 
suseipilur.  Alvero  iile,  qui  ex  unà  parle,  (idc,  spe  el 
inclioalà  diieclione  non  carei;  ex  alià,  bonà  fide,  vel 
ob  nuilius  peccali  leliialis  conscic:iliani,  vcl  ob  pcr- 
fcctcC  conlrilionis  (iduciam  se  exi^limal  in  statu  gratis, 
et  sic  affeclus  acccdit  ad  Sacramenium  vivorum , 
imllura  ficlionis  impedimcntum  cjusdem  eflicaciaî 
videtur  opponerc.  Igilur  pi  imam  graliam,  ipià  reipsà 
tarel,consequelur". 

CAPL 1  H. 

I)K  CIIAUACTERE   SACRAME.N TAI.I. 

Tria nov3c legis Sacramcnla, Raptismus,  Conliiinatio 
cl  Ordo  ,  rilè  scnid  data  ,  in   une  codcimpie  homine 


mcoincnienli  nie(:ipli(irà  ,  appcllavil;  fidei  caiholiccc 
j  doctrina  !i;eccst,  ab  Apostolis  accepta,  et  pftr  omnes 
I  a-talesatfpic  omnes  mundi  parles,  sine  inlerruptione 
;  releulii  :  (piani ,  ni  vcrnm  l'alcamur,  de  scholà  llico- 
!  logi  ,  ;ili(pi()t  jiidiinc  sernlis,  vanis  snblilitatibus 
;  aliqiinieniis  o!)scur;irnnt  ;  qu:mique  ,  (piod  pejus  est, 
1  novi  liaîictici  anlerre  de  mcdio  prolcrvà  Icmcrilalc 
I  nioliii  sinit;  banc  ideo  pro  aris  ac  focis  dcfendcrc 
j  noslrum  est:ilaqne  primnm  ponenda  definitio  cba- 
racteiis;  deiiide  dogma  vindicriudum  argumcnlis 
I  quiun  polerinms  validissimis  ;  Iciliô  subruenda  fun- 
I  d.inicnla  erroris  conlrarii. 
I        §  I.  Afj'ertur  et  cxplicatur  dcfiiiilio  cliaracleris. 

Cbaraclcr,  si  grammaiicos  audiamus  ,  Grx'cè  idem 

c^t  (,no(l  Latine  signnm,  forma,  ant  figura,  quà  res 

qua'iibet   iiisigiiilur;    sic    cbaraclcre    nolala    pei  ora 

diciinus,  qnie  signnm  aliquod  lecnliarc  inustum  ba- 

,  beiil;  codcnKinc  sensu,  qnod  Graicè  ebaracterem  dixit 

j  Apostoius  ,  (igtiram  vertit  Lalinus  inlcrpres  :  ail  cniia 

I  illc,  llebr.  ■!,  5:  6;  wv  à-v.'rjv--: l'-y-  -ni  So^r,^,  za!  yv.ç'/./.ry.p 

j  Tô;  0-oj7Tà7:-&);  «ùriû:  noslcr  aulcm  sic  reddidil  :  Qui 
chm  sit  spli'udor  gloriœ  et  figura  subslanliœ  cjtis,  clc; 
,  unde  iiifcrl  S.  Thomas,  non  in  rébus  lanlùm  scnsi- 
biliiius,  sed  et  in  spiritualibus  characteris  nomeu 
'  iiaberc  lociim.  i  Ciiaracler,  inquil,  5  p.,  q.  Cô,  art.  1, 
:  «  ad  2.,  vcl  siguacuhim  diei  polesl  per  (piamdam  sinii- 
i  «  liludincm,  omne  quod  configurai  aiicui ,  vcl  disliu- 
1  «  guit  ab  alio  ;  cliamsi  non  sitscnsibile  :  sicul  Cbrislus 
I  «  dicitur  figura,  vel  cliaracter  pateniœ  substaïUiœ , 
,  <  secundùni  Aposlolum,  Hebr.  1  » 
I  Quod  si  ibcologieè  loqui  velimus  (et  volumus  cerlè), 
cbaraclcr  ex  mente  Ecclesi;e,  cum  pruoccptore  ange- 
j  lico  benè  definilur  :  Signaculum  spirituale  et'mdelebik 
j  quo  anima  insignitur,  ad  suscipiaidum  vcl  aliis  trudeii- 
i  dum  ea  quœ  sunl  dicim  cullùs.  S.  Thomas,  3  p.,q  G3, 
:  art.  A  el  5.  I 

j  Explioalnr  definilio;  dicitur  1"  signaculum  :  signum 
scilicel  Ciirisli  Régis,  quod  quisquis  infixum  liabct  , 
lum  summi  honoris  litnlo  fruilur,  lum  ab  aliis  disiiii- 
guiliir  qui  non  lialteiil  ;  nam  quemadmodùm  oliin  mi- 
iilcs  quaiido  ad  mililiam  adscribebantur  solebanl  qui- 
busdam  corporalibus  cliaracleribus  insigniri,  lum  ut  sui 
porpcluo  admoncrcnlur  officii,  lum  ut  abexteris  distin- 
gueiciilnr,  raeilè(pic  cognosci  possel  subquo  principe 
stipendia  faeeronl;  ila  vfdiiil  Rex  regnm  el  Dominus 
exereiluum  signo  imperatorio  cxornarc  milites  snos. 
Dicitur  2°  signaculum  spiriluale,  quo  anima  insignitur; 
quanquàm  enim  in  causa  suà,  nimiriini  in  Sacnniienlo, 
eujiis  virlule  imprimiliir  nlicpijd  souvibile  sil  (  per  hoc 
enim,  inquil  S.  Tiiomas,  5.  \^,  (|.G3,  art.  1  ad  2,  scitur 
aliquis  esse  Ihipiismalis  cliarnclere  insignilus,  qubd  est 
ublnlus  aquù  scnsibili),  in  se  ipso  lamcn,  sive  l'iirnia- 
liler,  spirilnalc  aliquid  cssc  negare  ncn  possumus  , 
cùin  in  anima,  uti(iuc  spirilu;ili,  recipi:i!ur  :  n  (pie  ha- 
bel  i>la  scnlenlia  aliquid  la.ioid  repngnans.  Quin  è 
itorari  nec  debenl  nec  possunt ,  quia  perpclunm  et  j,  conlra  plané  esl  conscnlancum,  ul  hominesqui  à  prin- 
jndelebilem  liabenl  effeclum  ,  DcO(iuc  conscirani  in  *  cipibiis  nnuidi  hnjus,  ad  corporalia  obcunda  officia  ^ 


1519  DK  lΠ SACIlAMEMAiUA 

cliaraclcre  corporan  iiisignimilur,  qiiandoà  Dco  depii- 
tanltir  ad  ciiltum  spiritiialoiii,  sii^ao  i)ariler  spiiiliiali 
iiotenlur  iti  anima  ;  Inicquo  rcrcniiil  ihcologi  lerc 
oinnes  cum  S.  Tlionià,  ibid.  iii  arguni.  Scdconlra,  id 
quod  est  ab  Aposlolo  diclimi,  2  Cor.  1,21:  Utixil  nos 
Deus  cl  sùjnavit  nos,  et  (ledit  pignus  spiiilùs  iii  cordibus 
noslr'is. 

Jani  si  imporUinc  qiKïîral  aliquis  ,  cajus  gencris  sit 
illud  Ens,  quod  sigiiaculum  spiritualc  esse,  cl  in  anima 
recipi  profitcinur  vcl  in  qnodcboal  priiodicamcnlo  col- 
locari,  brevitcr  respondebimus,  niajori  siniplicilalc  in 
llieologià  opus  esse,  ncc  dcbcrc  divinos  efft'olus  ex 
'  Aristotcliciscategoriis  dijndicai'i,  qui,  cùni  bumaniun 
judicium  inimcnsùm  iraascendant,  censores  profanos 
philosophos  non  vcrcnlur  :  nobis  hiec  duo  sunl  certa 
et  explorala  :  priniuni ,  poluisse  Dcuin  nolani  quani- 
dani  spiiitualem  infigcrc  intùs  in  anima  ;  allenini,  id 
quod  polerat,  voUiissc  ;  quùdquidem  i)OUicrit,  ncgare 
quis  audcat,  cui  semel  fides  et  ratio  persnascrit  ralio- 
iialemet  spiritualem  subslanliam,  novis  conliniiù  cutis 
gradibus,  (ido,  spc,  cbarilate, Spiiilùs  sancli  donis  , 
scicntiis,  facullatibusqiie  diversis,  in  ulroque  nalura^. 
et  grali;c  ordine,  à  conditore  siio  ornari,  perfici ,  illu- 
strari  ?  Potuil  Deus  sciiicet  tanlà  bonorum  spirilualiuni 
supcllectilc  cumnhire  animam  ;  et  salis  potons  non 
fuit,  ut  suis  culloribus  si)iiiUialcni  aliqucni  cl  invisi- 
bilem  cliaractereni  iniprimerct  !  Qnùd  autcni  sic  volue- 
rit,  revclatio  divina  palàin  et  manifestô  annunliat  ; 
quà  seniel  accepta,  contradicenteni  philosopliiam  au- 
dirc  nil  proderit. 

Diciliir  5"  signaculiiin  Indélébile.  Quod  quidem  non 
jla  est  intclligcndum,  quasi  ilhid  penilùsobbllcrarcdi- 
vinam  supcrcl  potcstalcni  (  quà  cnini  facililale  ini- 
pressit,  delcrct  profcclo,  si  vellct,  dcsinendo  videlicct 
conscrvare  )  ;  sed  (piia  natuia;  cjns,  (piani  à  Dco  ac- 
cepit,  répugnât  ut  deleatur,  (juomodù  immortalis  ani- 
ma dicitur,  quia  principium  in  se  niortalilalis  (1)  non 
Jiabct  :  cujus  rci  causa  dujjlex  ex  S.  Thoniâ,  3  p.  q. 
03,  ail.  5,  in  c.  ,  allerri  polcsl. 

Prima  est ,  quia  iioc  signaculuin  per  specialcni 
quamdam  consecralionem  impriniilnr;  muie  conse- 
qucns  est  indélébile  esse  deberc;  nain,  inqnil  Deus 
pcr  Moysen  ,  Lev.  27,  28  :  Qnid(jHid  semel  fiteiit  con- 
secralum ,  Sa)ictuni  saueloruin  crit  Domino.  «  Et  indc 
«  est,  inquit  S.  Thomas  ,  quod  omiiis  sanclificatio 
I  qiia;  fil  pcr  saccrdoliinn  Cbiisli ,  est  peipolua ,  rc 
«  consccralà  manentc.  Quod  palet  cliam  in  rcbus  ina- 
«  nimalis  ;  naniEc(lesia>  vcl  aUarismanclconscci'alio 
1  semper,  nisi  destru;ilur;  cùm  ii;ilur  anima  sil  sub- 
<  jeclum  cbaraclcris  secnndùni  inlcilcclivani  partem  , 
i  nianifcslum  est  qnôd ,   siciit  iiilcllcclus  perpctims 

(I)  Anima  bumana  niortalilalis  principium  in  se  non 
babel,  id  est,  niori  nc(|uit  aliqnà  dissolulionc,  ulpote 
quai  parlibus  non  coni])onitur  ;  alvcrô  ,  cùm  sil  crca- 
lura  ,  babcl  in  se  lalis  dependcnli;e  à  Deo  creal(>ro  ei 
conservatore  principium,  ni  si  diviiiâ  virlulc,  qnà  cxi- 
slcrcincirpil,  non  continuù  conscrvarctur,  slatim  in  ni- 
liiium  proprio  pondère  rcciderel.  liinc  palet  q\\x  sil 
animce  ininiorialitas,  qua^  ab  inlrinseco  inincupaUir. 

(Edit) 


-  DE  SACKAMENTIS  IN  GENERE. 


1320 


<  est  cl  incorruptibilis,  ila  charactcrindclebilitcr  ina- 
<i  net  in  anima,  i 

Secunda  est ,  «  quia ,  inquit  ibidem  angelicus  do- 
«  clor,  cbaractcr  sacramentalis  est  quœdani  participa- 
II  tio  saccrdotii  Clirisli ,  in  fidelibus  ejus  :  ut  sciiicet 
«  sicut  Christiis  babet  plenam  spirilualis  saccrdotii 
«  potcslalcm,  ila  fidèles  ejus  ci  configurenlur  in  lioc, 
«  quod  participant  aliqnam  spiritualem  potestatem 
«  rcspectu  Sacranientorum  et  eorum  quae  perlincnt  ad 
«  divinum  cnllum;  cl  proptcr  hoc  etiam  Clirislo  non 
«  coni petit  babero  cbaraclerem  ;  sed  polestas  sacer- 
«  dolii  ejus  comparalur  ad  cliaractereni ,  sicut  idquod 
«  est  plénum  ei  pcrfccium,  ad  aliquam  suî  parlicipa- 
«  tioneni.  Sacerdolium  autem  Clirisli  est  ailcrnum,  se- 
«  cundùmiilud  psalnii  109,  V. 4  :  Tues  sacerdosin  celer- 
d  num,  seciindimi  ordineni  Mclcliisedecli.  t  ItaS.Doclor. 

llincquc  intelligat  theologia;  sludiosus ,  quanta  sit 
diguilas  et  cxcellentia  cbaracteris,  quo  niinirùm  fit, 
ut  fidèles  in  saccrdotii  Christi  consorlium  admiilanlur, 
cl  de  plenitndine  ejus  omues  accipimil,  Joan.  1,  IG,  il- 
ludque  adimpleatur,  quod  cccinil  in  Scripturis  Spiri- 
lus  Sanclus,  I  Peir.  2,9:  Vos  autem  genus  eicclum , 
regcde  sacerdotium  ;  et  Apoc.  5,  9  :  Fecisti  nos  Deo 
nostro  regnum  et  sacerdoles;  et  ibid.  20,  10:  Erunt 
sacerdoles  Dei  el  Clirisli. 

Dicitur  4"  boc  signaculo  animam  insigniri,  ad  susci- 
piendum,  vel  aliis  tradendum  ea  qnœ  sunl  divini  eullùs  ; 
nec  enim  putanduni,  signum  hoc  ad  meruni  ornanieu- 
lum  dari ,  inersque  in  anima  jacere  et  otiosum  ;  vc- 
ram  nanique  secum  affert  et  communicat  poleslatcni 
circa  ea  qu;ie  ad  Religionis  exerciiium  pertinent  ;  est 
porrô  sccundùni  philosophos  potentia  duplex  :  passiva 
sciiicet  et  aciiva  ;  passivam  dicunt,  per  quani  subjc- 
cltmi  est  capax  ad  aliquid  recipiendum.  Sic  babcl  iiia- 
leria  passivam  coloris  poteiitiam,  (juam  subslanlia 
spirilualis  non  babet;  activa  est  per  quani  poiesl  res 
quoelibel  in  alleram  agere,  etcxercerevirtutcin  suani; 
quoniodô  babet  ignis  vim  comburendi  aut  calefacicndi 
objcclani  sibi  nialeriam. 

Utranique  banc  polesiatcm  characler  generalini 
suiiiplus  hoiiiini  Iribuit;  nain  characler  liaptismaiis 
ad  passivam  pertinct ,  quia  pcr  illum  honio  fit  capax 
alla  Sacrainenta  recipiendi  ;  unde  janua  Sacramciilo- 
rnni  api)ellatur;  frustra  enim  honiini  nondùm  baplizalo 
reliqua  conferrcnUir,  quai  non  possunt,  nisi  domesti- 
cis  fidei  adniinistrari.  Cbaractcr  verô  Confirmalionis 
dat  aclivam  contra  liostes  fidei  pugnandi  potenliain  ; 
et  denique  pcr  signaculum  Ordinis  homo  lit  capax  res 
divinas  admiiiistrandi. 

Ex  (liclisconsequens  est,  cliaractereni,  prœterquàm 
(piod  iidelem  animam  Deo  in  pcrpetuum  conservât , 
duo  piéeslare  :  1°  ut  apli  ad  aliquid  sacri  suscipicii- 
duinvel  peragenduni  efficiamur;  2°  ut  aliquâ  nota  al- 
ler ab  altero  internoscamur. 

«  Ac  Baplismi  quidem  characlcre ,  inquit  Catcchi- 
«  smus  Tridenlinus  ,  part.  2,  lit.  de  Sac,  n.  30, 
«  ulrumque  consequimur,  ut  ad  aliaSacramcnla  pci- 
«  eipienda  reddamur  idonei ,  et  eo  praiterea  fidelis  po- 


1321 

I  pulus  à  gcnlibiis  ,  qnix;  fuli'iii  non  coliml ,  tlisliii- 
«  gtialur. 

«  Idcii;  aiilciu  in  characlL-rc  Confirmationis,  cl  sacri 
t  Orilinii    licel   cognoscorc;   quorum    allcro    vcliili 

<  Cliiisli  iiiililes,  ejus  noniinis  publicanicoiifossionem 

<  cl  propiignalioncin,  ac  conlra  insilum  nobis  liostcm, 
«  cl  spiriliialia  ncqiiilia:  in  cœlostibiis  arniamur,  al- 
c  (]uc  inslrniiHur;  sininlquc  ab  ils  qui  nupor  baplizali, 
«  lancpiàni  niodô  gonili  infantes  sunl ,  discerniniur  ; 
c  aller  veiù  luni  polesialeni  Sacranionla  condeicndi  et 
«  niinisirandi  conjuiiciam  habel,  lum  eorum  qui  cjus- 
«  niodi  polcslalc  prx'dili  sunl,  à  rcliquo  fideliuin  cœlu 
t  diblinclioneni   oslendil;  Icnenda  igiliir  csl  calboli- 

<  ca;  Ecck'sia!  régula ,  (pià  docenuir  uia  lix'c  Sacra- 
€  nienla  cbaracloreni  iinprinicre,  noquc  uUo  uncpiàni 
c  tempore  ilerauda  esse  ».  Qiiod  ul  pleniùs  demon- 
slrenius   sil. 

§  ^  Cdtliolicum  doyma  vindicatur. 
Piinci|iio  eril  nobis  vclut  Prologus  Galcalus,  Tri- 
denlini  concilii  conlra  novas  haercses  definilio,  iiis  vcr- 
bi>  concepla.  Sess.  7,  de  Sacr.  ingen.,  can.  9  :  «  Si 
«  quis  dixcril,  in  Iribus  Sacranienlis,  liaplisnio  scili- 
€  col,  Confnnialionc  cl  Ordine,  non  iniprinii  cliara- 

<  clerem  in  anima,  hoc  csl ,  signum  qnoddam  spiri- 
«  lualc  cl  indélébile  ;  unde  ilerarinon  possunl,  ana- 
«  lliema  sil.  »  Et  sess.  28 ,  can.  4  :  «  Si  quis  dixcril, 
I  pcr  sacram  Ordinalionem  non  imprimicharaciercm, 
i  vel  cuni  qui  sacerdos  semel  fiiil,  laicnm  rursùsfieri 
«  possc.analheniasil.p  El  paulù  anlc  «:Quoniam  verô 
i  in  Satramenlo  Ordinis ,  sicul  cl  in  Baplismo  el  Con- 
I  firmaiione,  cbaracler  imprimilnr,  qui  nec  delerinec 
j  auferri  polest  ;  meritô  sancla  synodus  damnai  eo- 


QIJyEST.  V.  DE  EFFECTIBUS  bACHAMENTORUM. 


<3«2 

]  cramenla  non  esse  ,  ul  qux'slionc  6  sequenli  fusiùs 
osicnsuri  sumus;  vel  quia  sccundùm  lilinn  à  Cbrislo 
pra;scripluni  coliala  non  fucranl.  Jam  sic  prosequor 
argumeiilum  : 

Alqui  bujns  discriminis,  pra-lcr  cliaraclerem,  causa 
convcniens  affcrri  non  polesl  ;  naiu  si  quorumdani 
Sacramcnlorum  gcnuinum  hune  esse  elleclinn  assen- 
liarc ,  quii  rcnli  quid  caus;e  sil  ,  cur  qna;dam  ,  cl  non 
omnia  repclanlur ,  in  promplu  rcsponsio  tril ,  idco 
quiedam  non  posse  de  novo  dari,qiiia  scmel  accepla, 
Deo  in  perpeluum  consecranl,  scmperque  in  quodam 
stio  effeclu  manenl  ;  ideù  è  contrario  quacdam  repeti, 
quia  seniel  data  non  manenl  seniper  ,  nec  in  se  ,  ncc 
in  suo  effeclu;  non  in  se  quidein ,  quia  Sacranientmn 
in  se,  est  rilus  cxlernus,  qui  slatini  alque  celebralus 

I  est ,  evanescit  ;  sed  nec  in  aliquo  suo  effeclu  ;  gralia 
enim  quie  sola  aliorum  Sacramcnlorum  cffeclus  esl , 
facile  amilli  polest ,  cl  sx'pè  culpà  hominis  perdilur. 
Prœlerea  eliamsi  non  amillalur ,  incrementum  l;imcn 
aliquod  habere  polesl,  unde  ulililcrSacramenlum  ile- 
ralur ,  ad  augmentum  grali;e  oblincndum  ;  non  idem 
verô  (ingi  polest  de  charactere  ,  qui  non  variis  gra- 
dibus  indiget ,  ni  ad  perleclionem  dncalur,  nec  uUum 
palilur  incrementum  ,  sed  stalim  alque  infigilur,  lotus 
et  inleger  dalur,ncc  postquàm  inhxus  est,  polesl  quan- 
tàlibef  perversitate  deleri. 

Quùd  si  è  contrario  ad  liœrelicorum  exemplum 
cliaracteris  Sacramenlalis  existentiam  pr.efraciè  ne- 
gcs  ,  prorsùs  niliil  occurret  quo  valeas  qux'Slionem 
proposilam  cuni  ali(iuà  specie  veriialis  resolvere  ,  et 
causam  hujus  discriuiinis  assignare. 

j     Quemadmodùm  itaque  res  est  ex  praescriplione  cer- 


f  ccrdote-.  lemporariain  taiilumniodô  poteslalem  ha- 
«  bere  ,  cl  senicl  rilè  oïdinalos,  iterùm  laicos  eflici 
f  posse,  si  verbi  Dei  minislerium  non  exerceant.  » 
Idemque  de  Baplismo  specialiter  declaralum,  sess.  7, 
de  Dapt.,  can.  4  :  i  Si  quis  dixeril  verum  el  riiè  col- 
<  lalum  Ba|ilismnni ,  ilerandum  esse  illi  qui  apiid  in- 
*  fidèles  fidem  Cbiisti  negaveril,  cùm  ad  iiœnitenliam 
t  convertitur,  anatiiema  sil.  »  Porrô  eamdem  vcrila- 
lem  longé  ante  definieral  Eugenius  lY,  S.  Ponlifex  , 
in  decr.  pro  Armcnis. 

pROB.VTio  rniM.v ,  ex  prœscriplione. 
Argum.  I.  Ex  praescriplione  argumenlum  sic  in- 
formalur.  Constat  ex  perpétua  Ecclcsiac  praxi  ,  quse 
tnm  in  Oriente  lum  in  Occidenle  à  prima  usqiie  cetate 
invahiil  ,  qu;iedain  nov;e  legis  Sacramcnta  posse  ic- 
pcti,et  saîpiùs  uni  cidemipie  conferri  :  alia  non  item; 
in  primo  numéro  sunt,  Encharistia,  Pœnitenlia  ,  Ex- 
Irema  Unctio  el  Matrimonium  ;  in  secundo,  Baptismus, 
Conlirmatio  cl  Ordo  ;  li.ce,  iuiinam,  tria  rite  somcl 
data,  iterari  nec  debere  nec  posse,  unanimis  Palrum 
consensio  est  :  nam  quùd  ali(piando  tinclos  in  ha;resi 
aul  schismate,  vel  ibidem  ad  sacrum  minislerium  ma- 
mumi  imposilionc  promotos, legimus  iterùm  bapiiza- 
tos  et  ordinalos  ,  hoc  ideù  iiebat  ,  non  quôd  debere 
hsec  Sacramcnta  rei'.cli  existimaretnr  ,  sed  quia  ab 
9lif{''t)us  pulabatur  extra  verani  Eco^^'^iam  vera  Sa- 

T».  x\. 


f  rum  sententiam ,  qui  asscrunl  novi  Testamenli  sa-    j  tissima  ,  qu;edam  Sacramenta  repeti  nefas  esse  ;  ita 

parilcr  cerlum  est ,  hujus  condendi  canonis  non  aliani 
pr;ietcr  characlerem  sanclis  Palribus  causam  fuisse; 
eoque  fundamonlo  nitunlur  Tridenlini  Patres,  ad  pro- 
I  bandum  iterari  hase  tria  non  posse.  «  Si  quis  dixcril , 
<  infiuiunt,  sess.  7,  de  Sacr.,  can.  9,  in  Iribus  Sacra- 
«  mentis,  Baplismo,  Coiifirmalionc  cl  Ordine,  non 
J  imprimi  characlerem  in  anima  ,  hoc  csl ,  signum 
€  quoddani  spirituale  cl  indélébile  ;  unde  iterari  non 
«  possunl ,  anathcma  sil  ». 

Prob.vtio  II,  ex  tradilioue  Palrum. 
Argum.  II.  Ilanc  aulcm  sacne  synodi  doclrinam  ab 
incoriuplo  Iradilioiiis  fonte  manare,  quanquàm  ex 
prapdictis  coUigi  facile  polest ,  juvat  pleniùs  disertis 
sanclorum  Palrum  teslimoniis  confirmare  ,  inprimis 
verù  sancti  Augnslini  (ctsi  de  aliis  silere  penilùs  con- 
silii  nosiri  non  est);  hic  enim  in  suis  libris,  quos  con- 
lra Uonalistas  diligentissimè  scripsit ,  de  characlere 
sacramentali  data  occasiono,  copiosè  disseruit,  ma- 
gnamque  attulil  verilali  calholic;c  luccm. 

Ilacjue  coiifecla  res  cril,  si  ex  anti(|uis  doctoribus 
oslcnderimus  :  1°  Eos  esse  usos  noniinc  cliaracteris, 
quod  lanloperè  ha?relici  aversantur;  2°  Bapiismuu), 
Confirmaiionem  et  Ordinem,  rilè  semel  el  ad  regulani 
Evangelii  accepta,  repeti  in  uao  hoinine  nefas  esse; 
5'  hoc  ideo  vclilniu ,  quia  imprimunt  in  anima  indé- 
lébile perpeluumque  siguaculum  ;  4"  hoc  ipso  signo 


42 


1545  DE  RE  SACRAMENTARIA.  — 

liive  cliaractere  roverà  eonfeni  lioiniiii ,  illain  quam 
dicimus  propriam  ejiis  esse  potcstalem. 

I.  Characleris  tiouien  Patribiis  us'Ualiim. 

Ac  1*  quidein  quod  iionicn  cliaraclcris  sancli  doclo- 
res  usiirpaveriiU,  testes  liabemus  : 

TciiiiUiamim  iii  libro  de  Pnescriplionihiis ,  uhi,  ni 
probel  diabolum  Sacrameiita  Domiiii,  ipsainquo  Con- 
firmalioiiem  auniilatione  saciilegà  imilari  :  Si(jnat  il- 
lic,  inqnil,  infreniibus  milites  siios- 

S.  Cyprianum,  episl.  77,  iibi  ait  :  recens  baptizatos 
sigillo  Domini  consummabo ;  sigtium  ciiiin  ,  sigillum, 
characler,  uniiis  et  ejiisdein  significationis  siiiit  vo- 
ces. 

S.  Basilium  ila  loqnenlem,  hom.  13:  «  Tesseram 
I  duces  subseiiiililanlil)usdanl,ulaiiiici  faciliùsinvi- 
t  cem  se  noscentes  exhortentiir,  et  si  ciiin  Iiostihiis 

<  commisecantur,  eô  faciliùs  discenii  ac  scparaii  pos- 
€  sint.  Nemo  ie,qiiarum,  nostrarum ,  an  adversarii 
(  ]iarUiun  sis  noverit,  nisi  mysticis  signis  familiarila- 
«  tein  prre  le  feras.  Nisi  signatujii  sil  super  le  luiueii 
«  vullûs  Domini,  nisi  charactereui  in  le  agnosrat  An- 
f  gelus ,  quonam  modo  pro  le  pngnabit ,  nul  ab  ini- 
€  micis  vindicabil?  Quomndô  dices  ,  Dei  sum  ,  signa 
f  non  ostendens?  An  ignoras  qncmadmodùm  signalas 
f  domos  in  itlgyplo  exterminator  pr;cleiiit,  in  non  si- 

<  gnatis  vcrô  priniogenila  peremit?  Tbesaurus  non 
(  obsignatus  furibns  facile  palebit ,  ovis  item  abs.pic 
f  nota  insidiis  protinùs  estobnoxia.  » 

S.  Cyrilhun  Hierosolyniitannni ,  tum  in  prccfiUione 
Calechesc'on  ,  nbi  Baptismum  ,siijfnr/CM/H»t  sanctum  et 
indélébile  esse  dicit;  tum  catechesi  17,ubi  aflirmat 
Spiriinm  sanctum  in  BaplLsmo,  obsignare  a)dmam,  el 
dure  signaculum  quod  dœinones  tcrrore  perfnsi  perhor- 
rescunl;  cœieste  quoddam  et  diviimm  .  sicnt  scriptimi 
est  Eplies.  i,  15  :  In  quo  etiam  credentes  si(jnati  cstis 
spirilu  promissionis  sancto. 

Sed  omnium  pnïclarissimè  S.  Auguslinnm,  lib.  2 
contra  Epislolam  Parmcniani,  cap.  13,  ubi  loquendo 
de  co  ([iii  daiidi  Baptisnii  illicite  auctorilalein  usur- 
pai :  i  lllicitam  usiirpationem  ,  inquit ,  corrigit  remi- 
I  niscentis  et  pœniteniis  affectus  ;  quôd  si  non  cor- 
I  rexerit,  manobit  ad  pœnam  usurpaloris  quod  datum 
€  est,  vel  ejus  qui  illicite  dedil,  vel  ejus  qui  illicite  ac- 

<  cépit  ;  non  tamen  pro  non  dato  babebilur;  ueqiie 
«  nllo  modo  per  devotum  mililem ,  (piod  à  privatis 
f  usurpalum  est ,  signum  regale  violabitnr.  Si  enim 
f  aliqui  furtim  et  extra  ordinem ,  in  monetis  publicis 
(  aurum,  vel  argenlum  ,  vel  a'S  percutiendo  signave- 
t  rint;  cùm  fiierit  deprciiensum ,  nome  iliis  punitis 
f  aut  indnlgenlià  libcratis ,  cogniuim  régale  signmn 
I  ibesauris  regalibus  rongcrelur  ?  Aiit  si  quisquam, 
(  sive  descrlor,  sivc  qui  nunqnàm  omiiinô  mililavit, 
f  noiâ  militari  privatum  aliqnem  signet,  nonne  ubi  fue- 
€  rit  deprebensus  ille  signatus,  pro  descrtore  punitur, 
t  el  eo  graviùs  quô  probari  polueril,  nunqnàm  omni- 
*  nô  militasse,  simul  secum  pnnito,  si  eum  prodide- 

<  rit,  audacissimo  signatore?  Aut  si  forte  illum  mili- 
«  li;e  cliaraclerem  in  corpore  suo,  non  militans  pavi- 
I  dus  exborrnerit,  ol  ad  clemenliam  imperatorisoon- 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  1234 

1  fugoril  ;  ac  prece  fnsâ,  et  impetraia  jam  venià  mili- 
«  lare  jam  cœperit ,  mnnqnid,  lioininc  liberato  atrpic 
«  correcto,  ciiaractor  ille  repelitur,ac  non  poilus 
«  agnitus  approbalur?  An  forte  minus  ba-rent  (;liri- 
«  stiana  Sacramenta,  quàm  corporalis  brec  nota,  cùm 
«  videamus  nec  Aposlalas  carere  baptismale,  quiious 
«  uli(jue  per  pœniteiiliam  redenntibus  non  reslituitur, 
«  et  ideùamiili  non  posse  judicatur?  > 

Et  in  sermoue  ad  Ciesarecnsis  Ecclesi;io  plebcm, 
babito  prajsente  emerito  episcopo  Donatistâ  ,  ubi  quo- 
rumdam  redargucns  impcritiam,  qui  Catliolicos  de 
nimià  erga  Donatislas  facililate  culpando,  dicebant  : 
«  Si  schismaiici  suut,  si  haeretici  sunt,  quare  sic  illos 
«  snscipinnt?  Audite,  incpiit,  fratres  mei...  non  sic  il- 
«  los  suscipimus  ut  sunt  ;  absil  à  nobis  ;  nam  b;erelici 
«  sunt,  suscipimus  autcm  catliolicos;  mnlantur,  sus- 
«  cipiuntur;  sed  proptcr  malum  quod  babcnt ,  non  in 
i  eis  possumus  persequi  bona  quaî  agnoscinuis  :  ma- 
i  lum  enim  dissensionis,  scbisnialis ,  haîresis,  malum 
t  smnn  babenl  :  bona  verô  qa;ii  in  illis  agnoscimu?, 

<  non  suiitsua  :  Domini  nostri  babcnt  bona,  ixclesise 
«  liabent  bona  ;  Baplismus  iioii  est  ipsorum,  sed  Cbri- 
i  sti  ;  invocalio  nominis  Dei  super  caput  ipsorum 
«  quando  ordinantur  episcopi ,  iuvocatio  illa  Dei  est, 
«  non  Donati  :  non  enim  suscipio  episcopnm,  si 
«  quando  est  ordinatus,  super  caput  ejus  Donalus 
«  est  invocatus  ;  in  errante  el  descrente  milite  crimcn 
(  est  de-jcrioris ,  cbaracter  autem  non  est  desertoris, 

I  sed  imperaloris Deus  et  Dominus  nostcr  Jésus 

«  Cbrislus  qux'rit  desertorem ,  delct  erroris  crimcn, 
I  sed  non  exterminât  suum  cliaraclerem.  » 

Legalur  et  libro  sexto  de  Baptismo,  cap.  1  ;  libro  1 
contra  Crcsconium  Donaiislam,  cap.  30 ,  et  alibi 
sa'pè. 

Nullum  itaque  dubium  est,  quin  sancli  Patres,  do 
Sacramenlis  tractando,  nonien  characteris  crcbrô  et 
pcniuàm  faniiiiarilcr  usur|)averint. 
il.    Baplismum ,  Confirmalionem   et    Ordinem    iterari 
nefas. 

Illud  verô  quod  secundo  dictnni  estloco.Baptismum, 
Confirmalionem  et  Ordinem,  rite  semel  administrata, 
iterari  sine  sunimâ  ini|:ietalc,  juxta  doctrinani  san- 
ctorum  Palrum  non  posse,  si  probare  aggrediar,  ve- 
reor  ni  arKpiis  niibi  jure  snccenseat,  quôd  in  rébus 
notissimis  liœream,  et  in  ils  adslruendis  operam  per- 
d.im  ;  nolabo  lamen  aliqua  disciplina;  veteris  docu- 
nienta,  ni,  si  minus  viris  doctis,  candidatis  TbeologiiK, 
quibus  scribimus,  satisfariam. 

«  Quondam  venerabilis  memoriai  Agrippinus  Car- 
«  tbagiiicnsise|)iscopus,  »  ini|uil  Yincentins  Lirinensis 
Conimonit.  contr.  bœr.,  cap.  9,  !  primus  omnium 
j  mortalium ,  contra  divinum  canonem,  contra  uni- 
I  vcrsalis  Ecclesiic  regulam ,  contra  sensum  omnium 
«  consacerdotnm ,  contra  niorem  ac  iustilula  inajo- 
u  rnm,  rebaplizanduin  esse  censebal;  qua;  pra^suin- 

<  plio  taiilùm  mali  invexil,  ut  non  Sfilùm  boereticis 
«  omnibus  forniam  sacrilegii ,  sed  etiam  quibusdam 
I  caibolicis  formam  pia-bueril  erroris  :  ci!im  ergo  un- 

1  it  di(]ue  ad  iioviialem  rei  cuncti  reclaniarent ,  atquô 


ms 


QU.€ST.  V.  UE  EFFECTIBLS  SACKAMENTORUM. 


15io 


omnesquaqnaversùmsacerdoles,pro8uaqHisquesUi-  M'  \\u\y\\i,  lib.  2  contra  Donaiistas,  cap.  ii,  <  uirùinom- 

t  hiiKi  non  l);i|ili/>;iri  ,  an  roi)a|>(i7.ari,ju(lic'ari  diriicile 
«  esl  ;  \i(le()  (|tiid<'ni  qnid  ainp.ii'is  domines  dcloslcn- 

<  (ur  :il(|iK'  ItlirrcMht;  voiùiiil:inion  ivctinens  ail  illain 

<  slalcruni  duininicani,  uhi  non  e\  humano  scn>u,  scd 

<  ex  auclorilalc  divinù ,  rcruin  n)oa)cnla  peudiinlur, 

<  invcnio  de  iilrà(|iic  ru  Doniiiii  scnienliam  ;  iiani  el 
«  Fchodixil,  Joan.  15,  10:  Qui  tolus  est,  non  luibel 
«  necissilatein  iterion  Uivundi.  Kl  Nicodcmo,  Joan.  3, 
«  5  •  JSisi  quis  rniatus  fueril  ex  (Ufuà  el  Spirilu  mnclo, 

I  <  non  intmbit  in  rcanum  cœlorum.  > 

Qiiod  aulein  S.  doclor  de  Baplismo,  hoc  Ipsum  de 
Con(irmalioncolOrdiiialionen(tnilor.indis  projiuiilial; 
de  Corifirniationc  qiiidem  :  <  Sacrann-nlum  Cliri-.ma- 
«  lis,  in(|nil,  libro  :2  conlra  lilleras  Peliliani,  c.  lOi, 
i  in  gencre  visibilimn  signacnlornin  sacrosancinm  est 
«  sicul  cl  i|)sc  Baplisiniis;  sed  pniesl  e.«se  olin  liomi- 
«  nibus  pessiniis,  in  operibiis  carnis  vilain  consnmen- 
«  libiis,  el  regnuni  cœloruni  non  possessnris dis- 

<  cerne  ergo  visibile  Sacranionluni ,  qnod  esse  et  in 
(  bonis,  et  in  malis  potest',  iltis  ad  prsemiiun,  iilis  ad 
i  jndicinm,  ab  invisibili  unciione  charilalis,  qnaî  pro- 
1  pria  esl  bonornni.  > 

De  Ordinalione  verô,  libro  2  contra  Epislolani  Par- 
meniani,  capile  13,  ubi  refellens  quosdam  Donalistas, 
qui  veritale  convicli  dicero  cœperanl ,  Baplisnium 
qiiidem  non  niniilere  euin  qui  rcceditab  EccIesiA,  ju, 
lanien  dandi,  hoc  esl  ordin;itionem  aniillorc  :  t  illud^ 
i  iiupiit,  miillis  modis  apparel  frusirà  el  inanilor  di- 
«  ci  :  primo  cpiia  nulla  o>teiidilur  causa,  cur  ille  qui 
€  ipsum  Baplismuni  amittere  non   polesl,jus  dandi 

<  polest  ainiltere  :  ulrumquc  enim  Sacramcnlum  esl, 
«  el  qiiàdam  consecralione  ulrumquc  bomini  datur, 

<  illud  cùni  baplizalur,  islud  cùni  ordinalur  ;  idcôquo 
«  in  calholicà  Ecciesià  ulrunique  non  Mcel  ilerari. 
€  Nam  si  quando  ex  ipsâ  parle  {scliismalicoruni)  ve- 
«  nienlcs,  cliam  pneposili ,  pro  bono  pacis ,  correcio 

<  scbisniaiis  errore  suscopli  siinl,  eui  \isum  esl  (pus 
c  esse  ul  eadem  ofiicia  gererenl  qu;c  gerebanl ,  non 
f  sunt  rursùs  ordinali;  sed  sicul  Bapiismus  in  eis,  iia 

<  ordiiialio  mansit  iiilogra ,  quia  in  pr;ccisionc  fiioral 
I  vitinm  ,  quod  unilalis  pace  corroclum   esl;  non  in 

<  Sacramenlis ,  qu;r  ubicimiqne  sunt ,  ipsa  sunl  ;  el 
I  cùni  cxpedire  hoc  jiniicalur  Ecclesine  ,  ut  pra'posili 
c  eoruin  venienlos  ad  calboîicam  socictatem,  iionores 

<  suos  ibi  non  adminislri  ni  ;  non  eis  tanien  ipsa  Or- 
i  dinalionis  Sacranicnta   delraliunlur ,    sed    ir.anenl 
f  super  eos  ;  ideoiiue  non  eis  in  populo  manus  inipo 
(  nilur,  ne  non  liomini ,  sed  ipsi  Sacramcnlo  H-.A  in- 

«  juria sicul  auleni  habenl  in  Baplivmoquod  ;  or 

«  eos  dari  possil,  sic  in  Ordinalione  jus  dandi  ;  iilrnm- 
«  que  quidom  ad  p.rnicifm  suain  ,  quanubu  cbarita- 

<  Icni  non  babcnl  unitalis,  sed  lamen  aliud  esl  non 
(  liabcrc,  aliud  pcrniciosè  b:\bcrc,  aliud  salubrilcrha- 
t  berc  ;  quidquid  non  liabelur,  dandnm  esl,  cùni  opus 
i  esl  dari  ;  qiiod  verô  pornicio>è  liabelur  ,  per  corro- 

<  clioneni  depulsà  pernicie,  ai;cuduin  esl  m  salubiil.'r 
«  liabcalur.  » 

Idemque  non  Auguslinus  tanlùni  alibi  scxcinlies 


(  dio  renilerenlnr  :  tune  bea(;e  mcmori;e  papa  Slc- 

<  plianus,  Aposlolioa'Sedis  aniisles,  eiini  e;vleris  (|ui- 
,  f  deni  collegis  suis,  sed  lamen  pra;  ca-leris  rcslilil:..; 

t  doniqne  in  epislolà  qnre  lune  m\  Africam  uiissa  esl, 
I  idem  bis  verbis  sanxil  :  Mhil  novandum ,  nisi  quod  ; 
«  tradiluin  esl...  Quis  ergo  tune  universi  ncgolii  exi- 
I  tus?  Quis  nliiiue ,  nisi  usilalus  el  solilus?  Ilelenla 
c  est  scilicel  aiiliqnilas,  explosa  novilas.  > 

Nec  mullù  posi,  quando  exorli  sunt  Donaiistac,  du- 
plici  S(  hismalis  et  ha^rosis  inusli  infamià,  ecclc^iasli- 
cis  civilibusqiie  imporatoi  nm  judiciis  ,  niagnà  bono- 
rum  onininm  conspiralione,  nbique  daninali  sunl  ;  vo- 
lebanl  ilii  solos  snx'  faclionis  hominesessochristiaiios; 
solam  Donali  partem ,  Ecclesiam  plcnariani  apj)ella- 
banl,  quam  in  solà  Al'ricà  remansisse  jaclabant;  bine 
Baplisnium  Chrisli ,  non  apud  b,ereticos  U\nlùm,  sed 
Cl  inler  calbulicos  régula  ecclebiaslicà  cusloditiim,  no- 
lebant  agnoscere,  audebanl  deslruere,  non  dubilabant 
ilcrare;  quin  etiam,  si  quos  non  solùm  laicos,  sed  et 
clericos,  necinforiorcs  tanlùm,  vcrùra  et  presbyteros, 
et  episcopos,  etsi  in  illis  ecciesiis  bapli^alos,  quas 
Aposloli  labore  pnqirio  fundavenml ,  alitpiomodô  se- 
ducios  ad  se  Iransferre  possenl,  Caieclnimenos  facie- 
bant;  unde  non  Baplisma  tanlùm,  sed  el  Confirmalio- 
iicm,qu;e  ejus  est  complemenlum,  el  sacram  Ordiiia- 
lionem  denuô  dare  ausu  saorilegopra-suinehant.  Ha^c, 
inquani,eorum  dcleslabilia  niala,  ncquacpiàm  inipuiè 
passa  Ecclesia  est;  sed  ubique  genlium ,  invocaio 
etiam  imperatorum  prœsidio,  opporlunis  remediis  sa- 
nare  cura  vit. 

Itlud  siKicjcrhnusmandtiluin  nobis,  inquinnl  anno  597 
PP.  coiicilii  11!  Cartbaginensis  ,  can.  38,  quod  cliam 
in  Capucnsi  plennrià  synodo  videliir  slalntum ,  non  li- 
ceal  fieri  rcbtiplizationes,  et  reordinniiones. 

Ad  i(lem([iie  fiirlè  lempus  canulein(jue  caiisam  re- 
ferri  débet  cation  sexagesiinus  eoium  qui  Apostolici 
inscribuiitur.  Si  quis  episcopux ,  vel  presbijtcr ,  vcl  dia- 
coniis,  sccundam  Ordinaiionem  ab  alio  susceperil,  depo- 
natur  el  ipse,  el  qui  ordinavil. 

i  Scimiis  ([uidem  ,  »  inipiil  sanclus  Léo  V,  ponlifex, 
adNoonam  Haveiinalcmeiiiscopnm,  «  inexpiabile  esse 
f  facinus,  (inoiies  juxla  ba;reiicarum  dogma  ,  eonlra 

<  sanctorum  Palrnm  inslitnla  ,  cogilur  ali(|uis  lava- 
1  crum ,  quod  regenerandis  semel  tribulum  est ,  bis 

<  subire,  aposlolicà  reclamante  senlentià ,  qu;ïî  nobis 

<  unam  pra'dical  in  Trinitalo  deitalcm,  unam  in  fide 
i  confessioncm,  unum  in  Baptismale  Sacramcnlum.» 
Nova;  edit,  epist.  133,  aliàs  57. 

Et  in  Epislolà  ad  Nicotam  A(|uileiensem  episcopuni, 
nov;E  edil.  129,  aliàs  79:  liane  requlani,  ul  5citi$,ser- 
vandam  in  oninibits  l''.cclesiis  prœdicnuius  ,  ul  lavacrum 
semcl  inilum  nullà  ilerulione  violelur  ,  dicente  Aposlolo, 
Eplies.  4,  (î  :  «  Unus  Dominus ,  iinn  fidea ,  unum  Ba- 
i  plisma ,  >  eujus  ablulio  imllù  ilerulione  iemeranda 
esl. 

Quin  el  S.  Auguslinus  dubius  b;cri-l ,  qnid  scelera- 
tius  sit  dicendum  ,  aut  omninô  non  baborc  Bapti- 
«niuni.aulduplicatuni  babere?<  Quid  silperniciusius,> 


\^r, 


DE  RE  SACRAME.NTARIA. 


lepciit,  sed  et  alii  SS.  doclores ,  quos  commemorare 
^  loiigimi  foret,  et  SS.  Pontilices  decrelis  suis  sxpè 
saiixeriint,  cl  fréquentes  synodi  coiifirmâriiiit,  de  qiii- 
Lus  fuilè  aJibi  serino  recurrel;  inleiim  ad  hujus  ar- 
guinenti  coronidem  salis  fuerit  ieges  iniperalorias 
allegare,  quas  contra  Donaiislas  Uilerunt  ;  de  Coiislan- 
tino  Magno,qiio  lenenle  inipciiuni,  nclariinn  schisma 
connalum  est,  conslal  quôd  crroreni  Robaptizanllum 
delcslalus,  et  Donalistas  suinnio  odio  insectaliis  fue- 
rit, i  Pro  Ecclesise  unilale,  inquitS.  Auguslinus  con- 
«  Ira  lilt.  Pelilian.,  lib.  2  ,  juslissimè  judicans.  »  Ex- 
tal  pra;torea  \aleiitiniani  senioris  in  Rebaptizantes 
conslitutio,  anni  575,  his  verbis  concepia  :  «  Inipera- 
i  tores  Valcntinianus  et  Valons  AA.  ad  Julianuni 
c  Proc.  Africae  aniisiileni,  qui  sanctilatem  Bapiismi 
«  illicità  usnrpalione  geminaverit,  et  conlra  instiluta 

<  omnium  eam  graliam  iterando  contaminaverit,  sa- 
«  cerdolio  indignum  esse  censemus.  Dalum  10  kal. 
t  mart.  Trev.  Yalenliniano  et  Valenle  IV  AA.  Coss.  » 

Item  altéra  Graliani  anni  577  :  «  Imperatores  Va- 

«  lens ,  Gratianus  et  Valenlinianus  AAA.  a.l  Flavia- 

'   -    ,    i?i  viearium  Afric*.  Eorum  condemnamus  erro- 

«  fcfli,  quiAposlolorum  prcccepla  calcanles,  Cbrisliani 

<  nominis  Sacramenta  sortilos,  alio  rursiis  Baptismale 
I  non  pnrilicant ,  sed  incestant ,  lavacri  nomine  pol- 
(I  luenles;  ei)s  igitur  auctoriias  tua  erroribus  miseris 
«  jubcbit  absistere,  ecclcsiis,  quas  contra  fidem  reti- 
c  nent,  restitulis  calholicse  ;  eorum  quippe  instituiio- 
t  nés  sequend.e  sunt,  qui  Apostolicam  fidem  sine 
€  inlermiilalione  Baplismatis  probaverunt  :  nibil  enim 
«  alind  pra;cipi  vohunus ,  quàm  quod  Evangoliorum 
€  et  Apostolorum  lîJcs  et  Iraditio  incorrupta  servavit  : 
f  sicut  et  lege  Divali  parentùm  noslrorum  ,  Constan- 

<  tini ,  Conslanlii,  Yalentiniani  décréta  sunt...  Dat. 
«  16  kal.  nov.  CP.  Gratiano  A.  lY,  et  Merobaudo 
«  Coss.  ï 

Ergo  Baptismum,  Conlirmalionem  et  Ordincm  ile- 
rari  sine  flagitio  non  posse,  res  est  ex  anliquâ  Iradi- 
lione  cerlissima. 

m.    Ideb  tiia  liœc  iterari  vctilum,  quia  imprhnunt 
indelebilein  citaractcrcm. 

Diclum  est,  ideù  tria  hxc  sacramenta  iterari  prolii- 
l)ita,  (plia  per  illa  characterem  indolebilcm  infingi  in 
anima  conslans  majorum  existimalio  fuit  :  (juod  qui- 
dem  non  est  difficile  demonstrare. 

î^am,  ut  modo  probalum  est,  SS.  Patres  ,  de  Sacra- 
nienlis  agendo,  nominiljus  lesserœ,  sign't,  signacidi, 
chnractcris^sigillœ,  notœ,  etc.,  ulnntur  familiariter;  si- 
guacnlum  hoc  comparant  sigiio  quosuperiiminaria  do- 
nioruni  in  ^Egypio  ab  Hebracis  illita  sunt  ;  sigillo  quo 
thésaurus,  ne  luribus  paleal,  obsignalur  ;  nol;x;,  quà 
ovos  insigniuiitur ,  ut  ab  onniibns  insidiis  tut;ie  sint; 
signo  publicis  monclis  improsso;  characleri,  qui  olim 
niilitibus  infigi  solebat,  ul  scirelur  cui  miiilareiit,  ne- 
que  ofllcium  possent  impimè  deserere  ;  quodque  de- 
cretorium  est,  affirmant  signaculum  hoc  infigi  in  ani- 
ma, esse  •indélébile,  cognosci  ab  angelis,  da^mones 
terrore  perfundere  ncc  minus  haerere  iniùs  in  corde 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  1328 

•  1  quàm  nota  quxlibet  corporalis  in  carne  dofixa  sit. 
Ergo  hoc  ipsum,  antiqua  docuit,  quod  hodierna  tenet 
Ecclohia  :  aUpie  adcô  Lullicraiii  et  Calvinislai  novila- 
tis  et  perfidi;e  coiivincuntin\ 

Deinde,  juxta  doctrinam  SS.  Patrum,  quisquis  in 
ha:resi,  vol  schismate,  vel  in  ipso  Ecclcsiaî  Calholicie 
grcmio  ficlè  et  sine  fide,  ad  norniam  Evanjolii  cxte- 
riùs  bnplizalur,  effoctuni  aliqiiem  recipit,  (piom  in  &e, 
volit  noiil,  dcfixum  habol,  quoquc  in  porpoluum  di- 
stinguilur  à  non  baptizatis.  Sed  gratiain  non  recipit, 
qua^  cum  haîresi  et  portinacià  S(  hisniatis  ,  et  pravà 
siniuiatione  stare  non  potCbl  :  Injusti  cum  justis  ,  iii- 
quit  S.  Auguslinus,  lib.  G  contra  Donalistas,  cap.  27, 
Baptismum  liubent  communcm,  cum  quibus  coinmunein 
non  habent  ulique  cliaritatem  :  maiiet  Bciplismus  in  hu- 
prob'is ,  \licèt  ad  peruiciem  vianeat  :  qux'reiidum  ergo 
quis  illo  ofl'oclus  sit;  atqui  quaiitùinlibcH  ingonii  nor- 
vos  contendas  ,  non  alius  jjra'ler  characterem  occur- 
ret  :  crgô,  etc. 

Praîterea,  quisquis  post  baptismum  in  Ecclesià  ca- 
tholioà  accepliiin,  déficit  à  fide  qiiam  professus  lue- 
rat,  et  in  apostasiam  labitur,  quantijmvis  in  se  om- 
uem  pietalis  et  Religionis  sensum  exlinguat,  habet 
tamen,  invitus  licèt,  impressam  aliquam  nolam  ,  per 
quain  .à  cateris  dislinguitur,  q>ii  nunquàm  Clu-islo  de- 
doriuit  nomen,  quà  fit  ,  ul  licèt  sit  ovis  errans,  ovis 
lamen  maneat;  qiiamque  etsi  non  ad  salulem  gerat, 
gerit  certè  ad  opprobrium  et  ignominiam  sempi- 
ternam  ;  aUjni  nota  illa  neque  gratia  est,  nec  imago 
ulla  ritùs  exlerioris ,  in  solemnitate  bapiismatis  ce- 
lebrali  :  ritus  enim  ille  jampridem  cum  ipso  Bapti- 
zandi  aclu  disparuit  :  character  itaquc  est. 

Poslremô  homo  quando  sive  inlra ,  sive  extra  Ec- 
clesiam  catholicam  baplizatiir,  idemquc  do  Coiifirma- 
(ione  et  Ordine  est  dioendum ,  recipit  aliquid  à  Spi- 
ritu  sancto,  per  quod  Doo  specialiter  et  in  perpetuum 
cop.secratur  ;  uiide  infert  S.  Auguslinus  non  debere 
licEC  repeli ,  <  ne  non  homini ,  sod  ipsi  Deo  injuria 
«  fiai  ;  )  parique  sensu  auctor  libri  de  Operibus  Chri- 
sti  cartlinalibiis  apud  S.  Cyp.,  i  Baptismum  repeli, 
«  iiiquit,  ccclesiastic;ie  prohibent  régula',  et  semel  san- 
«  clificalis,  nuUa  deinceps  manus  iterùm  consecrans 
i  praosumit  accedere  :  nemo  sacros  ordines  semel  da- 
«  los  iterùm  rénovai...,  quia  contumelia  csset  Spiri  ■ 
«  lui  sancto,  si  evacuari  posset,  quod  ille  sanclifioat, 
I  vfl  aliéna  sanclificatio  emendaret  quod  ille  semel 
i  staluil  et  confirmai  ;  »  jam  qua^imus  quai  istha;c 
consccratio  sit;  numquid  graliam  sanctificantem  esse 
dicemus?  Atcpii  nequil  illa  perfundere  animum  in  hx- 
rCbi,  vel  schismate,  vel  allorà  quàlibol  inipiolate  ob- 
slinalum;  cl  illius  habita  ralione ,  quisquis  ad  Bapti- 
smum accedil,  magis  diabolo  consecralur  quàm  Doo  : 
nnniqiiid  dictnri  siunu*  consecralionem  hanc  esse  ri- 
tiim  oxlornum  Bai)tism>  qui  cîim  in  se  sanclus  sil , 
homiiiem,  volit  noiit,  cônsccrat  Deo  ?  verùm  si  eà  de 
causa  Baplismum  non  iterandum  pulamus,  cril  hoc 
ipsum  de  Eucharistià  ,  Pœnitenlià  ,  et  ca'teris  sacris 
signis  afllrmandum,  quia  rilus  eorum  est  sanclus  ,  et 
conjunclam  habet  invocationem  nominis  Dei.  Super- 


1529  QU.EST. 

est  igitui',  ut  cuiii  Ecclesià  calholicâ  fatcamur,  liaiic 
consecralioneiu  esse  cliaractcrein,  qui  non  minus  à 
mails  suscipilur  quàni  à  l)Ouis. 

IV.  Hoc  ipso  siyiio  sive  cliaraclcre  vera  lioiniiti  coiifer- 
tur  polcslas. 

Dcnique  quôd  spiriluale  signaculuni  pcr  liu;c  tria 
Sacranicnla  in  anima  iniprossum  ,  conférât  vcram 
lioniini  poteslaicm,  luni  aciivam,  lum  passivani,  circa 
ea  qutc  pertinent  ad  cullinn  divininn,  manileslum  est 
ex  perpétua  Ecclesiic  consuetudinc. 

Ecclesià  sic  traditum  lenet ,  inquit  S.  Augufclinus , 
lib.  2  contra  Donalislas,  cap.  li,  ut  liominein  sine 
linptismo,  ad  allure  prorsiis  non  possit  admiltcie  :  cen- 
ferl  ergo  Baplibuuis  ad  allare  acccdeiidi,  et  reliqna 
Sacramenta  percipiendi  passivam  potentiam,  quani 
non  liabet  liomo  ante  Baptismum  :  nam  quemadmo- 
dîun  in  nalurà  priùs  est  nasei,  et  esse  filium  familiàs, 
quàin  fieri  bonurum  palris  parlicipcm  ;  ila  in  ordinc 
graliie,  priùs  est  renasci  spirilualiler,  quàni  adniiltiin 
Sacramentoruiw  Christi  consortium  ;  idemque  deCon- 
firmatione,  qiiôd  nimirùm  conférai  aciivam  aiiquam 
poieslalem,  facile  coneedel  quis(Hiis  atlenderil  esso 
Sacrameiilnm  niililix  clirislian;e  ,  et  per  ilhid  siyna- 
culo  spirituali  donari  Iiominem  ,  ut  inlrepidè  Chrisli 
nomen  profitealur ,  suoque  imperatori  indivulsè  ad- 
l)a;rcat, 

Conferl  pariter  Ordo  saccr,  ea  quce  sunt  divini  cul- 
tes, tradendi  Ciioleris  poieslalem  :  hinc  Ecclesià  ba- 
ptismum in  hœresi  celebralum,  et  ordiiiatioccs  à 
ministris  hxreticis  aut  schismalicis  rite  factas  nun- 
qnàm  voluit  iterari  ;  quia  cliain  in  iilis  poieslalem 
Ordinis  manere  integram  semper  credidit;  bine 
S.  Auguslimis  Ordinalionem ,  jus  daiidoruni  Sacra- 
nicntoruni  appcUal.  «  Sacramenlum  Baptismi  est ,  in- 
t  quit  lib.  1  ,  de  Bapl.,  contra  Donalislas,  c.  I,  quod 

<  babet  qui  baplizatiir ,  et  Sacramenlum   dandi  Ba- 

<  plismi  est,  qnod  babet  qui  ordinalur  ;  sicul  aulcm 

<  baplizatus,  si  ab  unitale  recesscril,  Sacramenlum 
i  Baptismi  non  amiltit;  sic  cliam  ordinalns ,  si  ab 
i  unitate  recesserit,  Sacramenlum  dandi  Baptismi  non  I 
(  amiltit  ;  nulii  enim  Sacramento  injuria  facienda  est; 
c  si  discedit  à  malis,  utrumque  discedit  :  si  pcrmanet 
«  in  malis,  utrumque  permanel.  Sicut  ergo  accepta-  [ 
«  tur  Baplisinus,  quem  non  potuit  amillere  qui  ab 
c  unitate  disccsserat,  sic  acceplandus  est  Baplisnuis , 
i  quem  dédit  illc  qui  Sacramenlum  dandi,  cùm  disce- 
i  deret ,  non  amiserat  :  nam  sicul  redemites  ,  qui 

<  priusquàm  recédèrent  baptizali  sniil,  non  rebapli- 
(  zantur  ;  ila  redcuntes ,  qui  prins([nàm  recédèrent 
«  ordinali  sunt,  non  uliqiic  riirsùs  onlinanlur  ;  sed  aut 
f  administrant  (piod  adminislrabanl  ,  si  bec  Lccicsi  e 

<  utililas  postulat  ;  aut  si  non  adniinislrant ,  Sacra- 
(  mentum  ordinalionis  sua;  lamen  gcrunl;  et  ideù  cis 
(  manus  inlcr  laicos  non  imponilur.  » 

Igilur  à  primo  ad  ullinuun  consequcns  est,  sanclos 
paires  cbaraclerern  m  Iribus  prj-dictis  Sacramenlis, 
vclul  encclum  proprinm  agnovisse. 

§  5.  Adversnriorum  objeclioncs  refelluntur. 

Objiciunt  :  Non  potcst  illud  dogma  dcfendi  veUit 


DE  KrrECTU)L'h''SACKAMENTORL'M.  1330 

!  ad  (idem  perlinens,  cui  Seripluraruni  non  siiflVagfliur 
I  aucloritas  ;  alqui  doclrina  bx-c  Seripluraruni  auctori- 
1  talc  non  nililur;  ergo,  etc.  —  Uesp.  i"  :  Transcat 
major,  cl  nego  minorem  :  non  enim  désuni  Seripiur.c 
I  oracula,  unde  ciiaracler  oolligi  possit ,  |)r:eserlirn  si 
'  Ecclesià  audialur,  sine  quà  nullum  dogma  ctrlo  po- 
lesl  conslilui  :  porro  Ikcc  teslimonia  smit  luijii.-^modi  : 
Uiixil  nos  Dcus  ,  inquit  Apostolrs,  2  Cor.  1,  21  ,  et  si- 
(jnavil  nos,  et  dédit  pi(jnus  spiritûs  incordibusncstris... 
Epbes.  1,15:   In  que  credentes  signali  estis  Spirilu 
promissionis  sancto,  qui  est  piynus  hœreditatis  nostrœ... 
nolite  contrislarc  Spiritum  sancluni  Dei,  in  quo  signali 
eslis  in  dicm  redeniptionis;  ibid.    i,  50;  bis  enim  et 
similibus   Scripturarum  leslimoniis  connnuniler  in- 
nixi  sunt  sancli  Ecclesiae  Patres,  S.  Thomas,  et  cele- 
briores  scbolarum  magiblri ,  ad  cbaraelercm  jiroban- 
dunj  ;  (piibus  magis  eredimus,  quàm   L.ilbcranis  et 
Calvinislis,  qui  ncgsndo  bimc  esse  Scriplura;  sensuni 
legilimum,  necteslimonium  uUum  alferunt,  ncc  ralio- 
nem  idoncam  quâ  doctrinae  suic  auctoritalem  conci- 
lient ;  lanlummodù  enim  conjecluris,  et  ad  arbitrium 
eonficlis  i!iler|)retalionibus  indulgent,  qiia:  pari  à  no- 
bis  faeililale  rejiciuntur  ,  quà  ab  illis  alTerunlur.  — ■ 
Kesp.  2"  :  A'ego  maj.  ;  ut  enim  dogma  aliquod  velut 
ad   (idem  perlinens  defendatur,  sufficit  ut  innitalur 
verbo  Dei  vel  sciiplo  vel  tradito  ;  neque  necessarium 
esl,  ut  utrumque  binml  coneurral,  nam  verbi  divini  , 
sive  sil  scriptum  ,  sive  traditum  ,  una  eademquc  au- 
j  ctorilas  est;  alqui  doclrina  de  cbaraclere  sacraracn- 
Lali  aperlè  in   Iraditione  conlinelur,  it  solis  ncgatur 
I  bœrelicis,  ai)  Ecclesià  Orienlali  et  Occidentali  admit- 
titur,  à  Palribus  conlra  Donalislas  est  slrenuè  propu- 
gnala  ;   non  enim  aliunde  argumenta   petebanl ,    ad 
I  probandmn  baplizatos  ab  bocrelicis  non  esse  rebapli- 
zandos ,  nisi  quia  ba^retici ,  licèt  cbrislianœ  niilitioc 
I  desertorcs,  diun  nomine  Cbristi  ba])lizabant  cbaractc- 
reni  impiiniebar)l  ;    unde  conseciuens  erat  non  esse 
alterum  inligendum  ,   sed    ubicumque  agnoscerelur , 
probandum  :  ergo,  ele. 

Iiist.  1°  :  Al(|ui  SS.  Paires  cbaraclerern  lumqiiam 
admiscruiit ,  salleni  eo  sensu  (|uo  nunc  ab  Eccle- 
sià propugnatur ;  ergo.  Prob.  subs.  Juxia  Eccle- 
sià} bodiernce  scntcntiam  cbaracter  est  spiriluale 
signaculuni  ;  aUpii  mullô  aliter  à  Palribus  intellige- 
balur  :  crgô,  etc.  Prob.  min.:  S.  Auguslinus  s:epc 
afiirniat,  cliaracterein  aqnosci  exlrriiis,  cl  agniiunt  ap- 
probari  ;  alqui  spiriluale  signaculuni  exleriiis  nequit 
cognosci,  ciun  intùs  bxum  in  anima  delilescat;  ergo. 
etc.  —  Resp.  :  Nego  subs.  Ad  probalionem,  concessà 
majore,  uogo  min.  Talem  enim  volnnl  SS.  Patres  esse 
cbaraelerem,  qualis  ipsa  consecratio  est,  per  quani 
bomo  Deo  dcdicalur,  alqui  conseeralio  ba-e  lola  spiri- 
rilualis  esl ,  neque  sensibilis  esse  potest  ex  mente 
sanclorum  Palrimi  :  ejus(i<'m  ergo  naninr;  cbaracter 
esl;  (juapropler  S.  Auguslinus  bine  jtrobal  ordina- 
lionem non  magis  debere  repeli  quàm  Baptismum  , 
Quin,  inqnil,  utrumque  Sacramenlum  esl,  et  quàdam 
consccralione  utrumque  liomini  dulur.  Ad  auctoritalem 
S.  Auguslmi,disL.  maj..  simul  cl  explico  mcntcm  cjus. 


1351 


DE  UE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACUAMENTIS  IN  GENERE, 


133? 


Gharacter  cxteriùsagnosciliir,  in  siià  causa,  Baptismo 
scilicel  ;  qno  tanqiiàm  iiislrumento  ulilur  Dens,  con- 
codo;  iti  se  ipso  ,  iiego  maj.:  siniiliter  dislinguo  min. 
Signaculurn  spiiiliiale  exleriùs  agnosci  non  potest  in 
soipso,  conccdo  ;  in  suà  cansâ,  ncgo  min.  et  coiiseq. 
E.  R.  Causa  eliaracleris  Raplismus  est,  qui  lolus  in 
ritu  exiemo  consisiil  :  oogniià  aulem  causa  effecius 
cognoscilnr,  maxime  si  nocessariù  c\  illo  seqiialur  : 
niliii  ilaque  niirum  qnôd  dixeril  sanclns  AngUi^linus  , 
characterem  agnosci  exleriùs,  et  iKjniiunt  approbmi;  cùm 
hoc  ipso  qnôd  constat  aliquem  riui  legilimo  baptiza- 
luni,  necessaria  iilalio  sil,  cliaraclorem  in  anima  ejus 
esse  impressum  :  <  Dicei.dnm,  inqnii  S.  Thomas  ,  q. 
i  63,  art.  1 ,  ad  2  ,  qnôd  character  anima;  impressus 

<  habel  rationem  signi,  in  quantum  per  scnsibde  Sa- 
c  cranienlnm  imprimitur  :  per  hue  enim  aUquis  scitur 
ï  esse  baptisniali  characlcre  insignilus,  quôd  est 
f  ahlulus  aquâ  sensibiii.  i 

Inst.  2°.  Aiqui  juxta  S.  Augustiminii  character  ex- 
leriùs agnosoilur,  eliam  in  seipso;  ergo,  etc.  Prob. 
subs.  ex  verbis  ejus  qniv;  leguniur  in  scrmone  ad  Ca;- 
sareensis  Ecciesiœ  plebem.  *  Ego,  inquit,  quando  ve- 

<  nio  ad  frairem  meum,  et  colligo  erraniom,  aliendu 
«  fidem  in  nomine  Palris,  et  Filii,  et  Spiriiùs  sancii; 
«  iste  est  character  imperatoris  mei.  De  illo  cliara- 

<  ctere  niililibus  suis  vcl  poliùs  comitibns  sui:^,  ut 
c  hune  imprimèrent  eis qiios congrcgabant  casiris  ejus, 
i  pr;x.'ce['it  dicens  :  Ile,  liaplizale  génies  in  nomine  Pa- 

<  tris,  et  Fii;i,  et  Spiiiiùssancti  ;  istum  cliaracterem  , 
«  à  Domino  dictum,  omnibus  credentibus  imprimen- 
»  dum,  quia  noverat  Paulus ,  expavescil  ad  cos  qui 
»  volebant  esse  Pauli ,  et  dicil  eis...  Agnoscite  ,  ad- 
«  vcrlitc  cliaracterem  vestrum  ;  num(]uid  in  nomine 
«Pauli  baptizati  esiis?»  Hinc  sic  cruitnr  argumen- 
lum  :  Qui  dicil  characierem  nilnl  esse  aliud  ,  quàm 
sanctissinut;TrinitalisinvoCalionem,pf()fectôexisliinai 
agnosci  exleriùs  in  se  ipso  ;  alqui  S.  Augnsiiims  ex- 
presse affirmât  characierem  non  aliud  quidqnam  esse 
pra,'ter  invocalionem  Trinitaiis.  Iste  est  cliaracUr,  in- 
quit, imperatoris  mei  :  Baptizate  gentes  in  nomine  Pa- 
tris  ,  elc.  ;  ergo ,  etc.  —  Resp.  Nego  subs.  Ad  prob. 
admilto  aucloii(atem  ,  et  ad  argumcntum  dist.  maj. 
Qui  dicit  characierem  niîiil  esse  aliud  quàm  sanclis- 
sim.tî  'JTrinitatis  invocationem  ,  cxisiimat  agnosci  ex- 
leriùs in  seipso,  si  in  sensu  formali  loquatur,  concedo; 
si  in  sensu  causai!  hoc  dicat ,  nego  maj.  Dislinguo 
pariter  miiiorem.  Sanclns  Augustinus  affninal  chara- 
clen  Ml  esse  ipsam  invocalio:iem  sanclissima;  Trinita- 
iis in  sensu  causali,  concedo;  in  sensu  formali,  nego 
min.  elconseq. 

E.  R.  Aliud  est  aliquid  Cî^se  fornialilcr  talc,  alind 
esse  causam  cnr  ali.piid  taie  sil  :  sic  enim,  exempli 
causa,  solcm  lucis  esse  causam  ncmo  negabil  ;  non 
tanten  est  ipsa  formaliter  lux.  Pari  sensu  conten- 
dimus  S.  Auguslininu  esse  locutum  quando  divit  ciia- 
raclerem  esse  invocalionem  sanct.nc  Trinilalis  :  hoc 
enim  umumi  si-:ni  icare  voluit,  ;  er  invocalionem  Tri- 
nilalis lanqiiàm  per  causam  imprimi  in  anima  spiri- 
tualem  characierem  ;  hune  verô  genuinum  esse  ejus 


sensum,  persuadent  lum  lestunoiiia  allcgma  snpe- 
riùs,  lum  alia  benè  mulla,  in  quibus  imprimi  et  in(i"i 
doniiiiicum  characierem  affirmai  :  sic  enim  in  hoc! 
ipso  lextu  qui  opponitur,  characierem  dominicum 
imprimi  s^'mcl  iteiùmqne  prununlial,  el  Iracl.  G  in 
I  Episl.  S.  Joan.  :  «  Ecce,  in(]uit,  accepil  Sacramenlum 
f  nalivitatis  homo  baptizatus  :  Sacramenlum  habet 

<  el  magnum  Sacramenlum,  divinum,  sanclum,  inei- 
«  nU)ile  ;  considéra  quale,  ut  novum  huminem  faciat 

<  dimissioiie  omniinn  percalorum  :  allendal  lamcn 
«  in  cor...,  vidcat  si  habet  charilalem,  et  lune  dicat  : 
«  Nains  sum  ex  Deo;  si  aulem  non  habet,  cliaracle- 

<  rem  qnidcm  imposilum  habet  ,  sed  desertor  vaga- 
t  lur.  i  Imprimi  ponô,  indgi,  imponi  in  corde  chara- 
cter non  dicerelur,  si  pra'lcr  sonum  invocalionis  Tri- 
nilalis, quie  in  lîaplismo  fil,  nihil  liaberet;  qnid  verc 
phnibus  opus  est,  cùm  S.  doctor  expresse  negel  clia- 
racterem esse  ;!li(]iiid  corporeiim  ?  Lo.juendo  enim 
de  signaculo  qno  milites  uolabanlur  :  An  furlè,  inquit, 
lib.  2,  cont.  Epis.  Parin.,  c.  13,  niiniis  liœrent  cliri- 
sliana  Sacramenta,  quàm  corporalis  liœc  nota?  Nam  si 
characler  pnï^ler  exlernam  invocationem  niliil  sit, 
qnomodô  dicitur  non  minus  hierere  quàm  nota  niili- 
taris?  Numqiiid  enim  vox  exiens  ab  ore  miiiislri,  in 
illo  imprimitur,  in  cnjus  graliam  prof^^rtur?  Et  si  im- 
primitur aliquiJ,  quis  sanus  dicereaudcal,  hoc  in  cor- 
pore  fieri,  cùm  homo  baptizatus,  à  uonbapiizalo,  nullo 
signo  exleriorc  dislingualur?  Facitergô  sanclns  .\iigu- 
slinus  inler  characierem  dominicum,  et  nolamcorpoia- 
leinqna;  olim  niililibus  imiirimebatur,  magnum  discri- 
men;  alque  adeô  objcclio  proposila  corruil,  cùm  à 
sensu  causali,  ad  formalem  Irahsilio  fiai,  quod  in  argu- 
mentaiione  viliosissimuni  est. 

liisl.  5":  Alqui  characierem  eliam  in  efi'ccln  specla- 
tutn,  non  pnlal  S.  Augustinus  aliquid  spiiiluale  esse; 
ergo,  de.  Prob.  subs.  S.  doctor  sic  loquilur  in  ci- 
taio  serm.  ad  Cscsareensem  :  Qui  primo  schisma 
fecit  (Donalns)  ,  desertor  fuit  :  cœteri  à  deserloribits 
signati  sunl ,  non  lamen  signo  deserluris  :  sed  signo 
imperatoris  :  non  enim  desertor  charactt  rem  suum  [ixit  : 
qnid  est  quod  dico,  desertor  cliaracterem  suum  non  fixil? 
Donatus  non  baptizavil  in  nonùne  Donati;  nam  si  Do- 
nalns quando  scliisma  fecit ,  in  nomine  Donati  baptiza- 
ret,  desertoris  characierem  infigeret  :  ego  quando  i'oc«- 
rem  ad  unitatem  ,  si  invenirem  desertoris  cliaracterem, 
exterminarem,  dclcrem,  abolerem ,  ubjicerem  ,  non  ap- 
probarem  ,  respucrem  ,  unatliematizarcm  ,  damnarem  : 
nunc  verb  ipse  desertor  cliaracterem  fixit  inpcratoris 
sui.  Hinc  sic  inferunl  i.rgumenlnm  : 

S.  Angn^iinus  alTirmal,  si  qtiis  baplizareUir  m  no- 
mine Donali ,  receplurum  cliractcrem  Donati;  alijni 
nulhis  potest  esse  cliaracter  Donati  impressus  in 
anima;  ergo,  etc.  —  Resp.  :  Nego  subs.  Ad  prob. 
admilto  aucloritatem ,  et  distinguo  niajoreni.  Si  quis 
baptizaretur  in  nomine  Donati ,  reciperet  characie- 
rem Donati,  el  ilhid  dicit  S.  Auguslinus  hypolhetic;, 
el  quasi  ad  iiomineni  argmiienlando ,  concedo  ;asser- 
livè  nego  maj. ,  el,  concessà  minore,  nego  consc([. 

E.  R.  Hoc  ununi  probandum  sumit  S.  doclor,  ut 


QUiEST.  V.  I)i:  EFFECTIUIS  SACRÂMKNTORUM. 


1535 

ex  ipso  contexlii  osl  nimifesliim,  qtiùd  si  Donalus 
[lossct  siio  iiomiiii'  l)a|ili/are  ,  IJiiplisiims  ojiis  osscl 
Sacraiii'.'iUim,  el  char.iclereiii  impriinorcl.  St  D-jiin- 
tus,  impiil,  in  numiiie  Donnli  baptiznit't,  dcsertoris  clia- 
raclerein  infigi'ret.  Queniaciinotlùm  ilaque  iinpossibile 
jiulical  S.  AtigiisliiiMs  ,  (inùd  aliipiis  noiiiinc  Dunali 
fuirit  Iiapli/.aliis ,  cl  voro  SacraiiiL-rilo  liiiclns  ;  ila 
iiec  licii  poliiil ,  ni  ali(|ins  Donali  cliaiailerem  iiifi- 
xiim  liabcal;  miclc  ilt-beiil  vcrba  ejiis  inlolligi  juxl.i 
liypothcslin  qiiaiii  schola  rfe  i»i/;oss»6//J  appeUal;  qtio- 
initilù  ilicinuis  fore  ul  boiiio  vularel,  si  alas  baborol  ; 
i;;iliir  li(!C  iimiiii  iiiteiulit  eo  loci  ,  aliisipio  siiiiilibiis  | 
S.  doclor,  Biiplismiim  sive  à  Donalo,  sivû  à  quoiibel  ! 
alio,  qiianlùinvis  malo  niiiiislro  dalum  ,  boc  ipso  esse 
îicceplaiidum ,  quod  non  Donali,  scd  Cbrisli  inipera- 
loris  signnni  infixoril. 

ImsI.  V.  Uinc  prubaiU  CaUioliii  por  qn;iedam  Sa- 
crnniciila  imprimi  characlerom.qiiia,  inipiiunl,  semel 
dala  non  rcpckmlur;  aUjui  lia;c  ralio  convincens  i 
non  esl,  quo  eiùni  quit^dani  Sacramcnia  non  ileren- 
liir,  pru;ler  characlcroni,  niiiltiu  ali;i!  causaî  non  im- 
probnbilcs  afforri  possunt. 

Sic,  exenipli  causa ,  Baplisnnm)  semel  rite  daluni 
ideo  ropelerc  nefas  est ,  vel  quia  signiJical  moitcm 
Chiisli,  ([»x  semel  laïUùm  illala  est  ;  vel  quia  Sacra- 
nioiiUim  est  fidoi  ;  (ides  auteni  uiia  esl  ;  vel  qiiiasigna- 
culuin  fœderis  est  Dei  cum  bomine  ;  est  aulem 
jîactio  Dei  perpelui  et  irrevocabilis;  vel  quia  Sacra - 
ineniuui  est  regeueraiionis,  quae  unicaest;  cùmncnio 
nisi  semel  nascalur  ;  vel  denique,  quod  longé  l'acilius 
est,  oniiionique  cavillationcui  abrunipit,  quia  sic  Dec 
est  phiciluni.  Hujus  ilaijue  constilulionis,  eliam  re- 
jeclo  characlere ,  causac  non  desunt,  alque  adeô  im- 
becilla  prorsùs  esl,  q»œ  à  Calholicis  afferuir  proba- 
lio.  —  Rcsp.  :  Conc.  maj. ,  nego  min.  quanlùm  ad  | 
singulas  parles,  nam 

1°  Si  ideo  Baplismum  non  licet  repetcre,  quia  si- 
gnificat  Chri,4i  morlem  ,  idem  erit  de  Eucliarislià 
aflirmandum  ,  quae  pariter  signum  est  passionis  et 
morlis  Chrisli  ;  ait  enim  Apostolus ,  1  Cor.  4 ,  21)  : 
Quoliescumqiie  mauducabhis  panein  hune  cl  calicein 
bibetis,  morlem  Doinini  annunliabilis ,  donec  venial. 
Atqui  polcst  sa-piùs  in  vilà  Eucbarisfuc  Sacramen- 
luni,  ab  uno  eodemque  bomine,  ipsis  conscnlienlibus 
hiereiicis ,  recipi  ;  ergo  non  ideô  Baplismum  ilerare 
nefas  esl,  quia  sigiiifical  Cliii-ti  morlem. 

2'  Verè  equidem  dicitur  Bapiisnmm  esse  fidci  Sa- 
cramenlum  :  illius  enim  soleuuiis  proleslatio  est  ; 
undc  Sacramenlum  illuminalionis  à  Palribus  appel- 
lalur;  quapropler  sicut  unus  Dominus  et  una  fides, 
utinquit  Aposlohis,  Epbes.  5,  5,  ila  cliinum  Duplisma. 
Vi.riim  si  quis  foris  exlra  Lcclcsiam  ab  luereiicis 
baplizclur,  vel  si  in  ipsà  calliolicà  ad  Baptisnmm 
ficlè  et  pcrvcrso  corde  accédai,  numquid  per  Baplismi 
lavacrum  inilialur  ad  fidem?  Numquid  veram  fideni 


1334 

î  nique  alii  cujusvis  seri;T>  !i:rrclici  ,  qui  lidci  cauonom 
mixlo  quolibet  inlringi  bml  ?  Atqui  lamon  Ba- 
plisnium  sive  forls  in  lia;rcsi,  sivc  inlra  calbolicaui 
liciè  susreptum ,  validum  esse ,  nec  licere  iierari , 
diviiia  docirina  est;  crgo  non  ideo  Baplisma  non  re- 
pclitur  quia  Sairamenium  esl  (Idei  ;  scd  quia  semel 
dalum,  scMiper  main'l  in  aTupio  suo  eJTeclu,  qui  sanè 
pra'ler  cliaraeierem  abus  esse  \u,n  polesl. 

3°  Nec  magis  urgcl  id  quod  opponiliir,  Baplismtim  foe 
deris  Dei  cum  bomiiiibus  esse  Sacramenlum  ;  hoc  enim 
commune  liabet  cum  abis  sacris  symbolis,  qu;c  etiani 
paclum  divinmn  includunt,  jus  scilioclad  a'iernam  hne- 
redilatem;  nam  quemadmodiim  deBaplismodixitCbri- 
slus  :  jSisi  quis  renatus  fucrtt  ex  uquâ  et  Spiritu  smiclo 
non  potent  inlroire  in  regntim  Dei;  dixit  pariler  de  Eu- 
cliarislià :  Qui  mauducal  liuucpanem,  vivet  in  œternum. 
Et  :  Aisi  manducnvcrilis  cnrnem  Filii  hominis,  el  bibe- 
rids  ejus  sauquinem,  non  habebilis  vitam  in  vobis.  Imô 
Eucbarisliam  peculiari  quâdam  ratione  ,  testamenlum 
suiim  vocavit.  Hic  est  calix ,  inquit ,  Luc.  22,  20, 
novum  testamenlum  in  sanguine  meo,  qui  pro  vobis  (un- 
delur.  Atqui  diviuuin  paclum  non  iuipedit  quominùs 
unus  idemque  homo  Eucbaristi;e  su'piùs  in  vilà  parti- 
ceps  fiai;  ergo  à  pari  non  ideo  Baplisma  non  rcpeti- 
tur,  quia  esl  fœderis  Dei  signaculum.  Deinde  fœdus 
Dei  cum  bominibus  non  absolulè ,  sed  hypotheticè 
perpetuum  esl;  si  nimirùm  bomo  promissa  servave- 
ril ,  et  sleierit  conveniis  ,  uiide  fœderis  firmitas  cxi- 
tusque  dependel  ;  atqui  fieri  polest,  sx'péque  conlin 
git  ut  homo  sacri  fœderis  conditiones  contemnat; 
ergo  in  hoc  saltem  casu  repelendum  essct  Baplisma, 
quo  paclum  viulalum  reaovarelur. 

4°  Licèt  liomo  non  possit  secundùm  naluram  de 
novo  nasci,  polesl  lamen  secundùm  graliam,  quolies 
nimirùm  à  peccato  mortali  purgatus  novam  iiicipit  in 
Cliristo  iiiire  vilam.  Scd  demus,  semel  tanlùm  spiri- 
tualiter  nasci  posse  ;  causam  noslram  juvabit  illa 
confessio  :  qui  enim  ad  Baplismum  fictus  accedit, 
pariter  quisquis  voleus  et  sciens  in  lia:resi  vel  schis- 
male  baptixalur,  procul  dubiô  non  nascilur  spirituali- 
tor,  cùm  nitn  ad  vilam,  scd  ad  pornicicm  Baplisnium 
recipiat.  Pot.  ril  ergo,  qiiin  et  debrbit  hic  bomo,  si 
(juid  argumeiitum  proposiium  valeal,  dcuuô,  quando 
lictioncm  deposueril,  baplizari,  ne  nimirùm  ei  adrc- 
nascendum  via  prx'cludatur  ;  atqui  lamen  eliam  in  lioc 
casu  iierari  Baplismuni  lex  divina  el  ccclehiastica 
probibet  ;  ergo  pra;tcr  spirituaiem  rcgeiieralionem 
alia  causa  qua-renda  esl  ,  cur  Baplisma  non  repe- 
taiur. 

5'  Tandem  ,  esl  (piidem  illud  cerlissimum ,  vo- 
luissc  Deum  quadam  Saeramenla  non  repeti:  sed 
(imerinuis  à  Lullieiaiiis  cl  Caivinislis ,  uiuie  babeaut 
divini  maudali  lolimonium?  Numquid  ex  Scripturà  ? 
Num(|uid  ex  iradilioiie  ?  Certé  Scripiuram  hujus  rei 
te?lem   non   habcnt,   cujus  verha  possuul  in  varios 


Macedoiiiaiii,  Spiritiun  sanctuin  creaturam  esse  vo- 
leules  ?  Numquid  Peîagiani ,  qui  nolebaiit  Baplismum 


tenebant  Ariani,  Filii  divinilalem  negantcs?Numquid  P  sensiis  iiillfcti ,  (iu;e(pic  licèl  nullibi  dical  iterandum 


esse  Baplisma,  nullibi  lamen,  expi-essè  saltem,  probi- 
bet iierari  ;  igilur  velinl  nolinl  hx-retici,  ad  antiquam 


dari  infantibus  ad  cxiiiaiionom  ucccali?  Numquid  de- J;  orbis   clirisliani  coiisucludincm  .  et   ad  liadilionein 


J555  l»l^  Kl^  SACKAMENTAKIA.  — 

Palrum  tanqiiàm  ad  ancliorain  sacram  tenentur  con- 
fugere  ;  jam  sic  siibsiimo  : 

Atqiii  iradiiio  quac  docet  quœdam  Sacramenta  ile- 
rari  divitià  lege  esse  illicilum  ,  hujus  coiislilulionis 
caiisam  esse  testaiiu'  doininicum  cliaraclerem  ,  per 
qiiein  lioino  Deo  iii  perpeluuiii  consccralur.  Perperam 
crgo  liœrelici  faciunl ,  iu  unâ  eâdeinque  re ,  pariiiu 
ciim  Ecdesià  ,  parlim  coiilra  Kcclesiam  niilitando  : 
qu;B  eiiim  isla  temerilas  est ,  audire  Ecclesiam  jiidi- 
cèm,  ubi  agitur  de  Sacramenlis  non  ilerandis  ;  ejus- 
quc  aucloriiatem  rejicere,  quando  agiiur  de  chara- 
clere  lenendo  (I)  ? 

Insl.  5°  :  Aiqui  falsum  est,  Patres  vetcres  clia- 
raclerem admisibse,  qualis  modo  in  Ecclesià  propu- 
gnatur  ;  ergo,  etc.  Prob.  subs.  Primus  onniinm  Inno- 
centiiis  IU  ,  scculo  tertio  decimo  doctrinam  iilam 
invexit  ;  ergo,  etc.  —  Resp.  Nego  subs.  Ad  probatio- 
neni  nego  ant.  et  dico  putidam  liane  luerelicorum 
esse  caliimniani  ;  quod  ut  nianifesto  probetur,  verba 
ipsa  Innocenlii  juvat  exscribcre.  Detulerat  arcbiepi- 
scopus  Arelalensis  ad  S.  Pontilicem  querelas  quas- 
dam  à  noimullis  hœrelicis  contra  Ecclesiam  catholi- 
cam  excilatas.  Respondet  Innocentius  ,  Exlrav.  de 
Bapt.  et  ejus  Effectu ,  cap.  Majores  :  quod  légère  est 
lib.  3  Decretalium  Gregorii  IX,  lit.  42.  Respondet, 
inquani,  lus  verbis  : 


(i)  Est  alla  diflicultas  quam  pluriniùm  jaclant  ad- 
versarii.  Sic  ean)  proponil  et  posiea  diluil  Collet, 
cap.  3,  art.  2,  sect.  1  :  «  Ideô  cbaracterem  por  aliqtia 
f  Sacramenta  imprimi  contendimus  ,  quia  iia;c  Sa- 
f  cramenia  ilerari  non  possunt  ;  alqui  luec  probalio 
c  duplici  ex  capite  nutat  :  1"  (piia  in  câ  vitiosus  oc- 
(  currit  circulus  ;  cîim  cliaraclerem  ex  inilerabililale 
f  alicujus  Sacramenli ,  et  inileral)ilitate:n  ejiisdem 
f  Sacramenli  ex  cliaractere  per  eum  imprcsso  colli- 
«  gore  soleamus  ;  2"  qui  i  l'alsimi  est  ea  qii;c  ilerari 
«  non  possunt ,  imprimere  cliaraclerem  ,  cùm  conse- 

<  cralio  calicis  et  Ecclesi;T^,  imè  lonsura  el  Matrimo- 

<  nium  ilerari  non  possinl,  et  tamen  cliaraclcieni 
t  non  imprimant;  ergo.  —  R.  1"  :  Neg.  niaj.  ;  nam 
«  agnoscimiis  quidcm  ,  Sacranienla  (|ii;u  cliaracliMcm 

<  imprimant,  ilerari  nnn  posst>,  srd  non  recm'rimus 

<  ne(;es>>ariô  ad   banc  inilerabilitalem,   nt  ciiarade- 

<  rem  probemus,  proul  ex  prima  nosirâ  piobalione 
«  licpict.  Imô  desumplam  ab  inilerabililale  i)ri)balio- 
c  nem  convellit  Lugo,  disp.  G ,  n.  o.  —  R.  2"  :  Neg. 
«  min.  ;  ad  1,  2,  nego  hic  esse  viliosum  circuluni.  Is 
c  enim  ui  occurrat,  iiecessum  est  ul  idem  ex  eodem 
«  secnndinn  eumdcm  respoctum  probelur  id  aulein 
€  non   liabet  lociiin   in    probalione  de    quà  aginius. 

<  Qui  enim  chararlerem  probal  ex  inilerabililale, 
«  causam  probal  ex  eUeclu  ;  qui  verô  inilerabilitalem 
€  coUigit  e\  characlere  ,  edeclum  probal  ev  cau^à. 
«  Sic  qui  diei  lumen  percipit,  solis  orUim  probat 
«  lanqiiMn  causam  ex  elïeclu  ;  contra  verô  c;x;cns, 
«  qui  scil  solem  bodiè  orn"i  liorà  quinlà  ,  inde  iiil'ert 
«  i»aul6  posL  dieni   illiicescere,  etser\os  ad   operam 

<  vocal,  adeôqiie  elleclum  colligil  ex  causa. 

«  .Ad  2 ,  2 ,  consccralio  calicis  el  ecclesi;c  sunt 
«  exlra  rem  cùm  res  inanima;  cbaracteris  sjiirilualis 
(  incapaces  sinl.  Tonsnia  verô  elsi  non  solet  ilerari, 
«  nam  ileralam  scio,  posset  absolulè  ilerari,  si  sfic  vi- 
«  deretur  Ecclesià',  cujiis  à  nutu  pendel  tolus  ejus 
€  valor.  Quod  ad  Malrimonimn  altinet,  ex  se  ilerari 
«  polesl  eum  diversis  personis ,  quod  suflicit  ut 
<(  cbaracterem    non    imprimat.    Imù   an   ex    natiirà 

<  rei  indissolubile  sil,  res  est  controvei>a ,  (piam 
«  expçndunl  iheologi,  ubi  de  libello  repudii.  (Edit.^ 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  1536 

t  Quibusdam  qusestionibus  quas  conlra  calliolicos 

i  ha'retici  moverant,  nos  postulas  respondere...  item 

«  quycritur  ulrùm  dormienlibus  et  ameniibus  Sacra- 

<  menti  saltem  characier  in  Baptismale  imprimatur, 
«  ul  excilali  à  somno  ,  vcl  ab  a'griludine  liberati, 
i  non  binl  denuô  baplixandi?  Sunt  auleni  nonnulli  (pii 
d  dieunt ,  quôd  Sacranienla  (pue  per  se  soriiunUir 
i  effectum,ut  Baptismus  et  Ordo  (cœleraque  similia), 
i  non  solùm  dormienlibus  et  amentibus,  sed  iiivitis 

<  et  coniradicenlibus,  et  si  non  quantum  ad  rem 
n  (scilicet  quanliim  ad  remissionem  peccalorum)  , 
j  quantum  lamen  ad  cliaraclerem  conferunt  elle- 
«  cium,  cùm  non  solùm  parvuli  qui  non  conseniiunt, 
t  sed  et  iicli ,  quamvis  non  ore,  corde  lamen  dissen- 
j  liuat  ,  recipiant  Sacramentum.  Sed  opponilur  lali- 
«  bus,  quôd  qui  luissent  invili  et  reluclantes  immersi, 
«  saltem  ratione  Sacramenli  ad  jurisdictionem  eccle- 
I  siaslicam  pertinerenl;  unde  ad  servandam  rcgulam 
«  lidei  chrisliana;  forent  ralionabililer  compellcndi. 
t  Verùm  id  est  Religioni  cbristiana)  contrarium,  ul  in- 
i  vitus  et  penitùs  contradicens  ad  recipiendam  et  ser- 
«  vandam  chrislianilalem  aliquis  compellatur  ;  propter 
î  quod  inler  invilum  et  non  inviluni,  coactum  el  non 
i  coaclum,  alii  non  absurde  dislinguunt  :  quôd  is  qui 
«  lerroribus  atque  suppliciis  violenter  altrahilur,  el,  ne 

i  1  delrimentum  incurrat,  Ba](iismi  suscepit  Sacramen- 
1  t  tum,  et  talis,  sicut  etisqui  ficiè  ad  Bapiismum  acce- 

<  dit,  cliaraclerem  suscipit  chrislianitalis  impressum, 
«  el  ipse....  cogendus  est  ad  observalionem  fidei  chri- 

>  i  stianai....  ille  verô  qui  nunquàm  consentit,  sed  pe- 
i  nitùs  contradicit,  nec  rem  nec  cbaracterem  suscipit 
«  Sacramenli....  dormientes  aulem  et  amenles,  si 
«  priusquàm  amentiam  incurrorent  aut  dormirenl,  in 
i  contradictione  persistèrent ,  quia  in  cis  inlelligilur 
j  contradictionis  propositum  perdurare,  si  fuerinl  sic 
f  immersi ,  characierem  non  suscipiunt  Sacramenli. 
d  Secùs  aulem  si  priùs  catecbumeni  exslilissenl,  et 
«  habuissenl  Baplismi  propositum;  unde  taies  in  ne- 

<  cessilalis  arliculo  consuevil  Ecclesià  bapiizare  ; 
«  lune  ergocharacterem  sacramentalis  imprimil  ope- 

;  i  ratio,  cùm  obicem  volunlatis  conlrariie  non  invenit 
«  obsistentem.  » 

\  Ecce  tibi  famosum  Innocenlii  III  rescriplum  ,  unde 
eum  accusandi  occasionem  arripuerunl  barelici , 
quasi  primus  omnium  commentum  characteris  sacra- 
mentalis excogiîàsset  ;  verùm  quàin  inique  egerinl , 
ipsa  decreli  leclio  luceclariùs  demonslral  :  nam, 
r   Quiestio  non  niovebatur  de  Bapiismo  ,  ulrùm 

î  conferrel  cbaracterem  nccne?  Quin  è  conlra  illud  pro 

[  ccrto  utrinqiie  assumebatur,  tum  ab  hœrelicis  dispii- 
tantibus,  lum  à  calholicis  qui  impetebanlur.  Sed  in 

i  hoc  cral  difficullas,  ulrùm  dormienlibus  et  amentibus 

I  cliaracler  imprimeretur,  eaque  causa  Arelatensi  ar- 
chiepiscopo  fuit  S.  Ponlificem  consulendi;  falsô  crgo 

I  et  imperilè  helerodoxi  opponunt,  primùm  ab  Inno-- 

!  ceiilio  I.II  cliaraclerem  excogilatum. 

2"  S.  Poniifex  ut  dubium  ad  se  delaUim  resolvat, 

I  ex  aliorum  raagis  quàm  ex  propriù  mente  loquilm",  et 

t  varias  quœ  circumferebanlur  Iheologoruin  opinioncs 


QLLEST.  Y.  DE  EFFECTIBIJS  SACKAMKNTORUM. 


iôôl 

Diiarrat.  <  Sunt,  inqiiit,  iiomuilli  qui  diciint,  qiiôd  Sa- 

f  cranieiila  (|ii;c  pcr  se  siiiiiuniiir  eirecliim,  lit  lîap- 

<  lisituis  el  Ordo,  non  solùni  doriuionlibus  ol  ainen- 
€  tibus,  sed  invitis  el  conlradicenlibns,  qiianlùiii  ad 
t  cliaraclercm  conférant  cITectuin....  siiiit  cl  alii  (|iii 
€  iiitor  inviluiii  cl  non  invitiiin  ,  coaclmn  et  non  co- 

<  acinm  non  ab;>uidè  di>lini;nunl  ;  qnod  is  t|ni  lerio- 
€  ribiis  alqne  snppliciis  violenter  ailraliilnr,  cl  ni; 
i  delrimentum  incnrrat,  Baplisini  suscipit  Sacranicn- 
«  tuni,  cliaracleren)  suscipit  cliiisllanilatis,  et  cogen- 

<  dus  est  ad  observantiam  (idei  cbriï.liaiicc  :  ilbî  vero 

<  qui  Munquàni  consentit,  sed  peiiitùs  conlradicit,  iicc 
i  charactercni  suscipit  Sacramenli.  » 

Ergo  rcs  erat  temporibus  Innoueiilii  III,  pcr  uni- 
versani  Ecclesiain  pervulgata  ,  cl  omnium  qui  veram 
lideni  profitebantiir  cousensione  (irniata,  pprqu;cdain 
Sacranicnta  iiiiprinii  cliaractercni;  atiiue  adeô  caluni- 
niantur  more  suc  Lulherani,  quôd  Innocentium  hujus 
dogmaiis  auciorein  invcnloremquj  fuisse  confidonler 
aflirniant  ;  non  enim  définit  gencr.itim  iniprimi  ab 
aliquo  Sacrainento  characlercni ,  sed  ila  proniinliat  : 
Tune  ergo  cliaracterem  sacramentalis  imprimil  ojicralio, 
chm  cbicem  voluntatis  contrariœ  von  invenit  obsisten-  |'! 


1358 


|i  aiictorilalcs  infirrnare ,  el  in  alienum  sensum  inlor« 
qiiorc. 

Deinde  conlra  cbaractcrom  ,  non  sno  qnidem  ,  sed 
aliortirn  iioininc,  qn;i'dam  argumenta  adducil,  quale 
isliid  ;  Non  est  ponenda  in  operUnts  Dei ,  sine  necessi- 
tiitc  plnralilas  ;  uullu  vero  est  cliaracteris  admitlcndi. 
Memqne  lioo  alteriim  :  Si  cliaracter  essct  ponendus, 
iniprinicrelur  nonuituqiiinn  sine  (jralià,  in  iis  scilicet  qui 
firlè  ad  Sacrainenttnn  accédèrent  :  couseqitens  aulem 
videtur  à  Dei  sapienlià  alienum,  ut  videlicet  inimicis  suis 
tfintum  bcneficium  larqialur  ;  pn^lquàm  vero  scrnpulos 
illos  inji'cit,  dispuialionom  concludit  dicendo,  proptcr 
Ecdesicc  auctorilaiem  liiUini  non  esse  cbaraclercra 
rejicere. 
Eodcmque  modo  plcrique  alii  sunl  loculi,  qui ,  ut 

I  Morinus  observât,  desacris  Ordinal  ,  part.  5,  cxer- 
cit.  3,  c.  1,  ingénue  confessi  sunt,  niliil  apud  Paires 

j  aul  in  antiquis  canonibus  solidi  occurrerc,  quo  cha- 
racler  defendalur  ;  adeôque  ad  solius  Ecclesiaî  aucto- 
rilaiem, eamque  non  niullùni  anliciuam,  esse  recur- 
rcndum. 
Ergo  d  gnia  de  charactere,  slabiii  fundameiilo  non 

!  nititur.  — Resp.  1°  :  Dogmata  fidei,  cùm  non  ah  Iio- 
teni;  niandelur  hoc  exemplum  memoriLe,  el  ab  hoc  |  minum  placilis,  sed  à  Dco,  dcpcndeant,  per  verbum 
uao  experimcnlo  discal,  qiiisquis   Ecclesiam   aniat,  i^  sive  scriptmn  ,  sive  Iraditum  ,  Ecclcsiam  infovnianle 


quanlùm  fiducie  in  hierelicis  sit  ponendum. 


f  enrum  veritali  nihil  detraiii,  si  unus  aut  aller,  inxj  et 


5°  :  Hinc  enascitur  argumentum  ad  noslr*  sentcn-  I  pkuimi,  quanlàlibcl  auclorilate  spectabiles  ,  contra- 
lisc  confirmaiionem  peremploriuni  :  ineuiile  leilio  |:  rium  tenuisse  perhibeantur.  i  Non  enim,  inquit  Ter- 
docimo  se;ulo  confessa  res  erat,  et  omnium  consensu  |f  i  tullianus,  lib.  de  Pncscript.  cap.  5,  ex  personis 
pro'.iala,  per  Baplismum  el  qua'dam  alia  Sacramenla  |  «  probamus  fidem,  sed  e\  fide  porsonas  ;  neque  theo- 
infigi  in  anima  characlerem  ;  alqui  doclrina  Iwc  non  \  «  logorum  scholaslicorum,  etiam  mullorum ,  Icstimo- 
nova  prodibal  in  publicum,  sed  ul  domeslica  el  ab  |  «  nium,  m  l'-quitur  Melcbior  Caims,  de  Locis  Iheolcg. 


antiquis  accepta  praedicabaïur  ;  non  enim  possunt  h;e- 
rctici  pnescribere  lempus  quo  priniùm  invcbi  in  Ec- 


€  lib.  8,  cap.  4,  si  alii  contra  pugnant  viri  docti,  plus 
<  valet  ad  l'aciendam  fidom  ,  qiiàm  vel  ratio  ipsorum, 


cle.->iam  coeperit.  Ergo  ab  i|)sis  apo-iuJicis  temporibus  |  t  vel  gravior  etiam  auctorilas  comprobavit;  »    at(|ni 

per  aliqua  Sacramenla  imprimi  characlerem,  secun- 

i  dùm  acceplam  ab  aposlolis  tradilioneni  tenel  Ecclcsia 

;  universa,  verilateni  banc  S.  Auguslinus  et  alii  conlra 

1  Donatistas  expresse  propugnaverunt.  Cùm  enim  di- 

cerent  DonalisUc,  baplizalos  ab  harelicis,  eu  qnùd 

graliam  non  recepissent ,  esse  denuô  baptizandos;  è 

contrario  reclamabant  Calbolici,   acceptandum  cssc 

bapiisma.  ,  propier  characlerem  dominicum  ,  ne  non 

homini  ,  sed  ipsi  Deo  injuria   fieret       -^o  quidquid 


originem  babel;  atque  adeô  non  potesl  sine  lidei  de- 
Irimenlo  repudiari  :  Quod  enim  universa  tenet  Ecclesia, 
inquit  S.  Auguslinus,  lib.  4  cont.  Don.,  c.  24,  uec 
conciliis  inslitutum,  sed  semper  rtlenlum  est,  non  nisi 
auclorilate  aposlolicà  tradituni  rcctissimè  creditur. 

inst.  G°  :  Si  cbaraclerom  sacramontalem  adstrue- 
ret,  ut  Yoliint  Calholici,  firmissima  sancloruai  Patrum 
auclorilas,  certc  ab  hâc  doclrina  facile  non  recessis- 
sent  magislri  scholarum  pr-iecipui  ;  at([ui  recesserunt 
tamen. 

Nam,  ul  varias  silcanuis  de  cliaracteris  nalurà  opi- 
nioiies,  lantùm  sibimet,  quanlùm  rationi  et  theologiciC 
gravilali  contrarias  Scotus,  in  4  sent.,  dist,  6 ,  q.  9, 
leiiuis^ima'm  de  characlere  se  liabere  opinionein  si- 
giiilical:  conlendil  enim  assortioncm  banc  ncqiie  sa- 
cris  lilteris  neque  ex  Icstimoniis  sanctorum  Patrum  , 
ncc  ab  ipsà  ralionc  coUigi  posse  :  additque  Magis- 
Irum  Senlenliaruni  et  Gralianum  ,  qui  vclcrum  sen- 
Icntias  coliegorunt ,  cùm  nullam  cliaracteris  mentio- 
ncm  fecerinl ,  enectiim  liuiic  non  admodùm  nccessa- 
rium  judicàsse;  imôidem  de  S.  Augiistinopronuntial, 
quem  pulat  omniiiô  siiuissc  de  characlere ,  moxque 
conalur  oiiKies  qua-  pro  i!Io  asserendo  adducunlur  ; 

il 


aliqui  conlra  verilalem  banc,  sive 
opiiiando  dixisse  compcrianlur, 
imminuitur. 
i      Resp.  2°:  Conc   maj.,  r 
Lutheranos   el  Calvinis' 
gloriari  :  nam  praUero' 
Alberlus  M.,  S.  TI> 
Piclaviciisis ,  el 
propiignàrunt 
gant.  Seoir 
sunt  ;  air 
charar 
ran- 


do,   sive 
idere 


%îtini 
;e?^  v-âVbui  vcsti- 
^^é^cïit. 


/ 


1530                           DE  HE  SACKAMENTALUA.  —  DE  SACIIAMENTIS  IN  GENERE.  1340 

dùm  quiestioneni  liaiic  pleiiè  calholica   Ixdesia  eli-  fm  «  melai)liy.siccs  abslrusa ,  cl  idoè  cunclis  nioloslior, 

niiàssct,  qiiod  poslea  in  Trideniiiio  concilio  splcn-  |  c  qiiàm  iheologis  necessaria  ;  liaiid  lamen  iiossiimus 

didissiiiiè  facluni  est,    forte    lolernbilior   ossel  isla  1  «  sic  silorc,  tiiiiii  alitiuid  dicamus  :  »  ila  prrndicliis 

disscnsio ,   nec  verô   possunt   iiiodô    luvrolici  haiic  |  aiiclor, 

exciisalioncm  pm-lexere ,  poslqnàm  exivil  in  omneni  •  iSobis  proi'eclo  Inliiis  saninsqiie  vidolnr,  (al)Sil  à 

terrain  Ecclcsiic  sonus  :  Siquis  dixerit  in  Iribus  Sacra-  ?  verbo  injuria),  tricas  bnjnsmodi  pro  niorilo  pivcloiire; 

mentis,  Baplismo,  Confirmatioue  et  Ordinc,  non  imprinii  |  lum  quia,  ut  ait  alicubi  Tuilius  :  Slullum  est  difficiles 


cluiractercm  in  anima,  hoc  est,  sifjnum  qnoddtnn  Rpiri-  \ 


Imbere  nugus  ;  tiuii  quia  perionlum  est  ne  veillas  ni- 


lualc  et  indélébile,  nndc  ilerari  non  possunt,  anathema  |  niiriim  allcrcando  amillalur;  Inni  quia  nescire  qn:i;- 

sit.  Conc.  Trid.,  sess.  7,  de  Sac.,  can.  9.  ;    dam  magna  |)ars  sai)ienli:r  ;  inm  dL'iii(]iie  (]uia  ubi  de 

Resp.  3°  :  Conccssà   iterùm  majore,  ncgo  min.;  1    sacro  dogmate  agilur,  proposilum  iiobis  est  in  divinâ 

non  enim  de  characleris  veriiate,  sed  de  ejus  natii-râ  !'  revelalione  animum   continere  :  Soins  enini ,  inquil 

dubilalionem  aliquani  coniniovent  cilati  in  objectione  |  Ter.tullianus,  PriBscript.,  c.  8,  cnriositate  opits  non  est 

scriptoros.  1  P"*'  Cliristuni  Jesuni  ,  nec  inrinisilione  post  Kvanfje- 

Ac  r  quidem  Scolus,  ut  prxdictum  est ,  propler  1  Hum. 

Ecclesi;xi  reverenliam  admittendum  esse  cliaraclerem  |      lnst.  7"  :  Sallem  cnlpari  non  dcl)et  vir  liieologns, 

sine  hxsilatione  affirmât;  quod  auiem  subdit,  neqne  |  nec  accusari  nimi.T,  curiosilalis,  quando  diligenter  in- 

ex  Scriplnrâ,  neque  ex  Patrlbus,  neque  speciatim  ex  \  qniril  in  qiio  consistât  dogma  divinum  ;  tune  enim 

S.  Auguslino,  nec  denique  ralione  persuasibili  posse  i  agit  rem  suam,  tuni  ul  quod  tenendmn  est  ipse  pro 

probari ,  Scoli  erratum  est ,  quod  ex  antcdictis  facile  l 


refcllilnr  ;  neque  magis  consonat  verilati  quod  ail  Gra-  j 
tianiun  cl  Magislrum  senlentiarum  de  cbanclere  pe 
jiilùs  silnisse.  Gratianus  enim  in  Dccrelo ,  sancti  ;. 
Auguslini  eà  de  re  senlenliam  refert ,  nt  alfirmanl  l 
viri  in  ejus  lectione  versati.  Petrus  verô  Lombardus  \ 
ex  ejusdem  S.  doctoris  vorbis  probat ,  in  -4,  dist.  G,  l 


officio  sciât,  tum  nt  su;ie  fidci  rationem  omni  poscenli 
reddcre  valoat  :  hoc  eiiim  non  doclis  tanlùm  ,  sed  et 
omnibus  Universim  videtur  S.  Petrus  pncciperc,  in 
1  Epist.  5,  15;  alqui  qnantninvis  diligens  iiiquisilio 
liai,  ccrlô  ei  lidei  luminc  oslcndi  non  polesl,  in  quo 
cbaracleris  natura  consistât ,  cujus  rei  argnmenUun 
convinccnlissinium  exhibent  ipsi  scholarnm  magistri, 


baplizalos  ab  hcereticis,  propter  cliaraclerem  qiiem  l:  quorimi  tauta  in  hoc  nodo  e\tricando  diversilas  est, 
inlixum  habent,  non  esse  rebaplizandos;  quasauleni  î'  ut  quot  oapila  ,  lot  foré  senlenliaî  sint  :  porrô  quid- 


Scotus  exagt,erat  in  conlrarium  raliones ,  quoniam  \ 
futiles  nulliusquc  niomenti  sunt ,  non  vacat  refellere,  \ 
idemque  de  Durando,  et  aliis  qui  oj^poni  possunt  est  | 
senliendum. 

1°  Qualuor  abliinc  et  ampliùs  seculis  iheologi  fcrè  \ 
omnes,  licèt  pro  cerlo  Icnuerint,  Baplisnm,  Condrma- 
lione  et  Ordine,  imprinii  in  anima  indolebilcm  chara- 
clerem ,  de  ejus  tamen  naturà  sive  quiddiiaie,  ut  lo- 
quunlur,  dubia  mulla,  non  minus  inulilia,  quàni  diffi- 
cilia  ad  solvendum  ,  in  scholas  intuleiunt ;  quâ  in  re 
dissimulare  non  possumns,  eos  à  fidei  simplicitale 
longé  recessisse,  et  vanis  quœstionibns  ventilatis,  in- 
caulé  Ecdesiic  adversariis  arma  prsbuisse;  qnid  enim 
juvat ,  ad  deiensionem  catholici  dogmatis  ,  imporlunè 
et  ad  ravim  nsque  in  scholaslicis  exercitalionibus 


quid  varium  est,  ad  fidem  non  perlinel,  qua-  simplex 
et  una  est;  esto  igilur  in  llieolôgicis  opinionibus  cha- 
racler  habcat  locum  ;  divinis  sanè  dogmalibns  annu- 
merari  non  débet.  —  Resp.  :  Conc.  inaj.,neg()  min.; 
nam  in  quo  posila  sit  natura  et  definilio  cliaiacleris, 
Tridentini  Patres  ad  sensum  traditionis,  apcrlissimis 
verbis  enunliant.  «  Si  quis  dixerit,  inquiunt,  in  tribus 
«  Sacramenlis,  Baplismo  scilicel,  Confirmatione  et 

<  Ordine,  non   imprimi  cliaraclerem  in  anima,  hoc 

<  est,  signum  quoddam  spirilnale  et  iiidelcbile  ,  unde 
«  ilerari  non  possunt;  analhema  sit.  i  Ilaque  fide 
divinâ  tenendnm  est ,  veiuti  insigne  quoddam  à  Dec 
impressum  in  anima,  quod  deleri  nnnquàm  polosl , 
eiqiie  perpétué  iuli;ciet;  neque  in  hoc  cnpile  ulla 
tbeologorum  in  catholicà  EcclesiA,  ni  praîiliximns, 


qua^ritare,  sitne  character  stibstantia  vel  nccidens  ?  ens  |  disseusio  est. 

reale,  aut  rclionis.  Itriim  in  prœdlcamento  debeat  col-  |       Jain  verô  signnm  illiid  cnjus  nalune  sil  morale  an 

locari ,  directe  tanqnàm  genus  anl  species ,  vel  indirecte  |  pliysicnm  ;   rursnmqne  ,    in  (pià  physirornm  cnliuni 


lanlian  et  rednctivè,  ut  niunt.  Sitne  relatio  alicjua  renlis, 
an  deûominatio  pw-è  extriïiseca,  anè  contrario  res  abso- 
luta.  El  denique  ad  qimm  specicm  qualitatis  pertineal. 
Nain  in  hn]u?niodi  lexendis  et  sccandis  nodis  thcolo- 
gos  qunmphircs  videmus  maguà  conlenlionc  laboràsse, 
quodque  mirum  magis,  ne  ii  quidem  qui  contemnebant 
bas  nugas,  praîlerlmilt'ere  ausi  sunt;  tanla  scilicet  vis  cïi 
consuetudinis  !  À  quà  eiiam  cum  ralione  recedere  lur 


spccie  sit  locandum  ;  hic  nimirùm  scbolarum  ojms 
et  labor  est ,  ad  fidcm  non  pcrlincns.  Nobis  qnidcm 
post  S.  Thomani  et  celeborrimos  iboologos  lutins 
videtur  cl  convonionlius  lidei,  affirmare,  qnôd  sit 
C!'';  nhysicum,  ]iertincns  ad  genus  spirilualium  (juali- 
I  lauim  :  aliter  cnini  non  inlclliginius  quo  pacto,  spiri- 
I  tnale,  indélébile ,  impressum  in  anima,  eique  perpétua 
f  inliœrere  dici  possit  :  sunt  è  contrario  qui  couteiidunt 


pe  crcditur:  «  Deconslilulionc  cbaracleris  in  pra;dica-  |  non  esse  aliud  nisi  ens  morale;  caque  Canonislarum 

<  mento,  ait  Dominicus  Solo,  in  4,  dist.  \,q.  4,  art.  2,  | ' commnnis  doctrina  est.  « Yerisimile  esl,  inquil  eorum 
i  adeô  inlcr  doclorescontroveilitur,  ut  tolsintseiisus  |:  «  unns,  Yan-Espen  juris  ccclcsiast.  uni\ersi,  parle2, 
i  quolcapita,  suppudealquc  omnium  opinioncs  reccn-  |  «  lil.  1,  de  Sacram.  in  geii.,  c.  1,  aliud  dicere  noluisse 

<  serc,  cô  polissimùm  quôd  (juceslio  esl  in  visceribus  m  «  siuodum  Trid.,  nisi  quôd  per  hiec  Sacrainenla  im- 


1541 


QU^ST.  V.  DE  EFFECTIBUS  SAtlKAMENTORUM. 


i3i2 


t  primatur  in  anima  cris  ([uodilani  nior.:lc  ,  qnale  | 
(  solcl  imprinii,  dinn  (|nis  ad  dij^iiiilaleni  aul  cuiidi- ! 
(  tiuuem  aliquant  stabilom  cl  pcrmancnlcni  assnmi- 
c  lur;  ul,  cxcrnpli  gralià,  ad  digniialem  rcgaleni , 
i  dooloralcm ,  etc.,  in  lioruni  cnim  adoplione  cl  col- 
«  laiione  acccdil  ipsi  acoi|)irnli  Inijusmodi  dignilalcm 
«  vcl  condilioncm ,  quoddan)  cns  morale  ,  ralioiie 
t  cujus  pcrpcluù  rcpulclur  rox ,  doctor,  etc.,  nnde 
f  non  maiè  Joanncs  Doujalius  in  nutis  ad  Iiislitulioncs 

<  Lancelluli,  loquens  do  hoc  signe  ait,  lib.  i,  tit.  2, 

<  §  5,  iioc  sigiinm  liia  Siciamrnla,  Haplisinns,  Con- 
«  liiinaliocl  Ordo,  idconi  fallor,  iniprimcre  ccnseiilnr 

<  in  anima  suscipicntium  ,  qnùd  per  ca  homincs  spe- 
t  cialilcr  ad  Dci  cultum  dcslincntur  :  >  ila  pra-dicti 
scriplores,  ad  quorum  menlcm  characler  non  aliiid 
quidquani  cssovidolin%  qnàm  cxtcrior  denominaiio  ; 
quam  qnidcm  doctrinani,  litèl  non  probemus,  fidei 
tamen  i:oa  dicimus  esse  conirariam  ;  absit  enini  ut 
judicium  EcclesiiC  pra^vcvcrlamus. 

Nec  niirari  qnis<]tiam  débet  quôd  cùm  fide  ceria  sit 
Veritas  cl  existenlia  cliaracleris,  ejus  lamen  natnra, 
sive  quidditas,  ut  loqminlvn',  incerla  iiaelcnns  homi- 
iium  judicio  sit,  dispu(alionii)usqucdiversis  obnoxia;  ; 
hoc  eniin  ipsum  in  midtis  lidei  capitibus  experimur,  \ 
quorum  est  cerliludo  divina ,  licct  modus  nos  latent  : 
sic  enim,  ut  exemplinn  opporuniuni  afTciamus ,  Sa- 
cranienta  prodncere  gratiam  o.\  v)pere  oporalo,  dogina 
caiholicum  est ,  quod  si«e  ha.Meïji  non  negatur  :  quâ 
aulem  ralione  opcrentur,  physicè  an  moralitcr,  adhue 
sub  jndice  lis  est  ;  idemque  pussot    plorisque  aliis 
cxemplis  ,  si  opus  esst't  ostendore  ;  itaque  in  bis  et 
simiiibus,  se  exercoanl  ihcob>gi ,  per  nos  licet;  tan- 
tiuinnodô  caveaBt  tum  »i  ne  modum  excédant ,  qui 
poni  in  unaquàque  re  débet  ;  tum  ne  id  negent  quod  i 
apcrtum  est,  qui  comprebendore  neqiieiinl  quod  ocul- 
tuui  est. 
§  4.  Propoimulur  et  re.soUuiitur  aliqnœ  ijuœsliones. 

Qd-Kist.  1.  Qùî  ficvi  possit  ut  chnvactcf  ab  îmiiiis 
rccipiatur,  qui  gvaiian\  non  vccîpitirit.  —  Ro?p.  lioc  j 
ideô  ficii ,  qnia  gralia  sanciificans,  \il  iU  adulloiMmi  ; 
aniniani  iurundalnr,  l\  bono  connu  moln,  tanqu;^m  à 
couditiono  dopcndol  ;  sect'is  verô  characlor,  qui  locnm 
habci  in  gvaiiis  gVatis  daiis,  qu;e  vidolicel  hominibus 
eliam  impiissiUiis  darî  possunt. 

Qo;rsl.  H.  Qnid  (ausicsit,  cur  characler  indelebi- 
litor  fixûs  in  aninià  nianeat,  cinn  gralia,  qu;e  est 
forma  l<>ngc  petieclior,  ab  illà  srpè  recédât,  et  per- 
peluani  slabililaleni  non  habeiU.—  Uesp.  verbis  sancli 
Thomie ,  5  p.,  q.  fiô,  an.  îi,  ad  i  :  i  Dicetidum  ,  in- 

<  quit ,  «{uod  aliîer  est  in  aniuià  gralia  ,  et  aliter  clm- 
«  rat'tcr  :  n;.m  gralia  est  in  anima  ,  sicut  (jua-dam 
(  Lima,  babens  esse  com|»lelinn  in  eà  :  cliaraelei'  au- 

<  tem  est  in  anima  ,  sicul  quadain  virlns  inslrnmen- 

<  lalis;  forma  au:em  coiiiplela  ci-l  in  subjecto  sctun- , 
«  diim  coiiditionem  snbjeeli  ;  et  quia  anim.v-cst  mu- 
t  labiiis  secundùm  liliernm  arbitrium,  <p:amdià  est 
I  in  slatu  Yit;c ,  consequens  est  quùd  gralia  sit  in 
f  anima  mulabililcr;  sed  virlus  instrumentalis  niagis 


;  «  lis;  et  ideù  characler  indolebiiilei"  ineslanhnx',  non 

<  jinipier  sut  jrt'rf<'<  lionem,  srd  |)ro|)ter  perfeciioneni 
j  «  sacerdolii  Ciirisii ,  à  quo  derivalin-  chara(  l- r,  sicul 
I  t  qua-dam  inslrumenlalis  virlns.  i 

lia  S.  doclor  insnpcr  htijus  discriminis  causa  du- 

1  plex  alTVrri  jiolesl.  Prima  rsl  qnia  gratin  ut  cnnsi.-rve- 

Inr,  à  liliero  pcnilclarbiliin,  (luod  cùni  nmlai)ile  sit, et 

j  ad  maUnn   llexibile,  consequens  est  gratiam   amilli 

!  posse  ;  atvero  characler  nt  permaneat  dependcl  à  solo 

j  Deo,  cujus  est  inslrnmenlum.  Secuiida  est  qnia  gralia 

aliquid   babcl  sibi  conirariuni ,  peccaliun  scilicct,  à 

quo   proindc  expelli  polesl  ;   characler  aulem    non 

habet. 

Quaisl.  III.  Cùm  ideù  delur  characler,  ul  homini 
conférai  aliquam  polentiam ,  circa  ea  qu;e  pertinent 
ad  cnltum  Dci  extcriorem,cur  in  allcrà  vità  leinaneaf, 
ubi  nullus  lalis  est  cnllus.  —  llesp.  cum  angelico 
pneceplore  ibidem ,  resp.  ad  5  :  t  Dicendimi,  inquif, 
I  quôd  quamvis  post  banc  vitam  non  remaneal  ex- 

<  terior  cullus,    remanet  lamen  finis  illius  cullûs,  et 
«  ideô  post   banc   vilam   remanet  characlr,  et  in 

<  bonis  ad  eorum  gloriam,  cl  in  malis  ad  eorum  igno- 
«  uiiniam  :  sicut  <}tiam  militaris  characler  remanet 

<  in  niilitibus  post  adeptam  victoriam^  et  in  his  qui 

<  vicerunt,  ad  gloriam,  et  in  his  qui  smit  vicli ,  ad 

<  pœnam.  t 

Quiést.  IV.  Cur  dicatnr  per  characterem  Conîirma- 
lionis  conferri  aciivam  lidem  prolitendi ,  et  conlra 
Dei  hostes  pugnandi  polentiam;  cùm  jngnam  liane 
suslinore  aliqiiando  tencaïur  liomo  qtiilibelbaplizatus, 
eliamsi  nondùm  Conlirmationcm  reccpcril.  —  Resp. 
aliud  esse  ,  ex  officie  militare,  aliud  ex  necessilale; 
equidem  potest,  iniô  didjct  aliquando  fidelis ,  solo 
suscepto  Raplismale ,  pugnare  conlra  liostes  Dei  et 
fidei;  quia,  urgente  necessilale,  omnis  homo  miles 
esl  ;  hoc  lamen  non  impedil ,  quominùs  Confirmatio 
det  hominibus  baplizalis  polentiam  pugnandi  ex  of- 
ficie, tanquàm  inililibus  Christi ,  specialiter  ad  defen> 
sioiiem  divini  nominis  depulalis  :  «  Sicut  baplizalus, 
t  inqnit  S.  Thomas,  5  p.,q.  72,  art.  5,  ad 2,  accipit 
«  polcstalem  spirilualcm  ad  prolestandam  fidem  por 
«  susceplionem  aliornm  Sacramcnlorum;  ila  conlir- 
i  matus  accipit  polcstalem  publiée  fidon»  Cluisli  ver- 
«  bis  profilendi,  quasi  ex  olficio.  i 

Qux'sl.  V.  Num  alla  ,  prater  Baplismum  ,  Conlir- 
niaiionem  et  Ordinem,  Sacramenia  characlerem  im- 
primant. —  Res]).  négative,  id(|ne  omnium  iheologo  ■ 
rnm  conscnsu.  l'oc  aulem  ex  co  constat,  primo  quia 
nulla  Palrum  doclrina ,  nulla  ecclesiaslica  Iraditio 
cliaracleris  impressionem  in  aliis  Sacramenlis  insi- 
nuai ;  inu) ,  qiioniam  cxccpho  ,  ul  dici  soict,  firmat 
rcdulam  in  coiitrariitm,  auclorilas ,  (pue  tribus  reccn- 
sitis  ciiaractLrem  adscribil,  ca.'lcris  denegarc  cre- 
deiul.i  esl. 

Secundo  ccrlo  indicio  idem  demonslialur.  ^'an^ 
quatuor  alla  Sacramenia  iu^ralô  ab  eiidem  personà 
suscipi  posse  ex  anliquà  consuctndinc  jam  exploratnni 
est  ;  quod  nequaquàm  las  cssel,  si  indoîebilc  suî  vesli- 


<  altentiilur  secundùm  cor.dilioncm  principalis  3?en-  '  ginm,  a«que  nolam  animoc  insculperent. 


,  1  '  jiis  ilignilalis  ac  polestalis  quamilam  in  eos  (juns  exor- 
-  !  nat,  parlicipalionem  Iraducit.  In  Chrislo  lamen,  qui 
est  splendor  gloriœ ,  et  ficjura  subslantiœ  Patris,  cl  in 
quo  inliabilal  omnis  plenitudo  divinitatis  corporatiter, 
iinlUim  cssc  cliaraclerem  adinoncl  S.  Thomas,  ail.  5, 
qiuosl.  Gî).  Et  sanè  nolaii  cliaraclere  non  convcnit 
paslori,  sed  ovi ,  non  domino,  sed  niilili,  non  princi- 
pi ,  sod  minislro.  Tertium  tandem  oflicium  est  dislin- 
piiere  insignit'ts  cliaractere  à  reliqnis  onniibus.  El  qui- 
dom  piopler  hioc  duo  postremô  rcccnsila ,  lanquàm 
noiionc,  characler  sigimm  vocaliir  à  conciliis  et  Pa- 
tribus  Scquilur. 


.1345  DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 

Accedit  congrua  D.  Thomœ  ratio  ,  quam  exliibet , 
art.  5,  qiiaest.  63,  ob  quam  ad.sola  tria  priora  Sacra 
mcnla  cliaracteris  infiisio  si,t  rcstringonda.  Hanc  ille 
ex  linman;e  consuetudinis  analogiâ  deducit  :  nam  olim 
pocudes  tanlùm,  aul  servi  et  milites  cbaractere  con- 
signabanlur;  siciit  ergo  eos  dnnlaxal,  qui  aul  regiic 
familiic  aggreganlur,  aut  mililiic  adscribnntur ,  aul 
ad  spéciale  ministerium ,  et  public;c  gnbernationis 
oUicinm  delignntur,  convi'nil  imperatoris  insignibus 
decorari;  sic  etiam  S])iiilnali  cbaractere  illos  tanliini 
bomines  donari  oporlcbal,  qui  aut  per  Baplismum  in 
familiam  atque  ovile  Christi  iransferuntur,  aut  per  . 
Conlirmatioiiem  velut  ejus  pugiles  contra  fidei  hostes  ' 
armantur,  aut  per  ordinalionrm  ipsius  ministri,  et 
sacrarum  rerum  dispensatores  eKiciuntur;  hi  enim 
omnes  in  novo  quodam  statu  ex  se  periietuo  atque 
immobili  coUocantur.  Atverô  alia  Sacranienla,  ta- 
nielsi  conferendo  gratiam  aliquod  contra  peccalum 
reniedium  exbibeanl,  non  tamen  Cbrisli  familiœ  ,  aut 
iniliti;e ,  aut  sacre  ministerio  speciiditer  addicunl , 
iieque  Domino  velut  directe  mancipaul,  neque  pecu- 
liarem  ad  Religionis  officia  facullatcm  largiunlur  , 
neque  in  perpetuo  alque  immutabili  siatu  suscipien- 
tes  constiluunt.  Ergo  iis  Sacramentis  opus  non  eral 
cbaracleris  spirituabs  impressionem  conjungi.  Ob- 
servai deniùni  S.  doctor,  art.  6,  in  resp.  ad.  1,  per 
omnia  quidem  Sacranienla  bominem  fieri  sacerdotii 
Cluisli  parlicipcm  quoad  effcctus,  sed  non  quoad 
potesiatem  :  neque  enim  per  omnia  depniatur  ad 
agendum  aliquid,  vel  rccipiendum  qiiod  periinot  ad 
exirinsccum  Dci  cultum ,  sed  solùm  per  illa  tria, 
quibus  cbaracleris  eflectionem  Ecclesice  doclrina  de- 
\inxit. 

Qi  ;cst.  VI.  Num  ex  veteribus  Sacramentis  alicui 
saltem  hujusmodi  compeleret  efiicacia  imprimendi 
cbaracterem.  —  Negativa  itidem  responsio  est  ad- 
vcrsùs  Scotura ,  qui  et  circumcisionem  Mosaicam 
speciali  cbaractere  bomines  consignasse  pulavit  ;  sed 
immeritô.  Nam ,  prœterquam  quôd  ncc  {\)  circum- 
cisio,  nec  aliquod  aliud  veleris  legis  Sacramentum 
institutnm  erat  ad  spiritualeni  cffectum  ce  opère 
operato  inducendum  ,  sed  solùm  ad  conferendam  ex- 
trinsecam  legalemque  juslitiam ,  pugnat  Scoiica  sup- 
posilio  cum  SS.  Patrum  doclrina ,  qui  eà  etiam  de 
causa  Iliplismum  Circumcisioni  anteferunt,  quôdb.-ec 
in  corpore,  ille  verô  in  spiritu  suscipienles  consignai; 
ut  inlcr  alios  S.Epipbanius/ja'rcs!  8,  et  Juan.Cospos. 
orat.  2  in  Epist.  ad  Ephes. 

Ex  quibus  omnibus  officia  et  pr.Trogativce  cbaracle- 
ris sacramenlalis  salis elncescnnt.  Tria  ncmpeeasunt. 
Primum  ac  princi()ale  est  bominem  idoneum  reddere 
ad  cbrislianoPi  vit;K  minisleria,  et  ea  qu:e  divini  sunt 
culiûs,  agenda  vel  suscipienda.  Alterum,  configurare 
Cbrislo  Domino,  sumnio  alipie  X'teruo  sacerdoti,  cu- 


{\)  Sunt  qui  cxistimenl  Circumcisionem  vim  lia- 
biiissc  peccalum  originale  ex  opère  operato  diluendi. 
Vide  Aiip.-ndiccm  "de  Circumcisione ,  ad  calcem 
Tractalûs,  vol.  seq.  (Edil.) 


QU.ESTIO   SEXTA. 

DE  AL'CTORE  SACBAMENTORIM. 

In  effectu  quolibet  causa  quadruplex  allendi  potest, 
materialis,  formalis  efficiens  et  finalis.  De  malerià  et 
forma  Sacramentorum  dictum  superiùs;  quem  verô 
in  finem  fuerinl  instilula,  facile  ex  pnecedenlibus  in- 
lelligitur  :  constat  enim  Deum ,  tum  ad  su:ï  polcnlicC 
et  misericordia;  manifestationem,  lumad  salutem  bo- 
minum  procurandam,  salutaria  haec  remédia  prcescrip- 
sisse  :  reslal  ergo  ut  de  eorum  causa  efficiente  dica- 
mus. 

Causa  porrô  efficiens,  altéra  principalis,  ministeria- 
lis  aliera  in  prœsenli  distingui  débet  :  quemadmodùm 
enim  in  publicis  rébus  gerendis,  alia  régis,  alia  legali 
poiestas  est ,  ila  in  œcononiià  et  dispcnsatione  Sacra- 
mentorum, prorsùs  aliiC  Dei  sunt  partes,  aliie  homi- 
num,  qui  pro  Deo  legatione  fungunlur. 

De  minislris  Sacramentorum  tola  queslio  septima 
fulura  est;  ilaque  in  pmesenti  de  eorum  auctore  dicen- 
dum.  Quapropter  sit 

§  1.  Christum  Dcum  Ilomiuein ,  anctorem  esse  Sacra- 
mentorum oslendidtr. 

Quirri  bic  potest  :  1°  L'trùm  sacramcnla  insliluere, 
soli  Deocximium  sit  ;  2°  utrùm  Chrislo  ut  homini,  prse- 
cellens  aliqua  Sacramentorum  insiiluendorum  potestas 
fueril  di\initiis  allributa  ;  3"  utrùm  omnia  et  singula 
Icgis  nova;  sacramenta,  immédiate  vel  médiate  lan- 
tùm,  spécifiée  aulgenericè  insliluia  à  Chrislo  fuerint. 
Pro  barum  difficuliatum  cxplicalione  sit 
CoNCLUSio  PRIMA. —  Sacramenta  principalilcr  et  auctO' 
ritate  propriâ  instituere,  soli  Deo  eximium  est. 
Prob.  Ille  solus  potest  Sacramenta  principaliler  et 
auctoritalc  propriâ  insUluere,  qui  solus  polesl  corpo- 
ralibus  elemenlis  Iribuere  vim  sanclilatis  et  justitiie 
tum  significandie  tum  efficiendcc;  alqui  solius  Dei  est 
illa  potestas  :  solus ,  inquam,  ille  potest  sanctilicandi 
vim  corporalibus  elemenlis,  lanquàm  su*  potenli;c 
inslrumenlis,  communicare,  quia  sanctilalcm  dare 
non  potest ,  nisi  ille  qui  ex  essenlià  sanclus  est  ;  so- 
I  lus  potest  prapsentià  et  immensitate  suâ  pervadere 
animam  ,  in  quâ  Sacramenlorum  elïectus  recipitur  : 
solus  polest  gratiam  impartiri,  qux  est  divinie  nalu 
ne  ineffabilis  (pia'dam  expressio  :  solus  potest  cbara- 
ctere  indelebili  animam    iusignire,  qui    divinorum 


1345 


QUyEST.  VI.  DE  AtCTORE  SACRAMENTORUM. 


15iÔ 


bcneficiorum  aut  suscipiendorum,  aut  aliis  communi- 
candonim  spirilnalis  poleslas  est  :  crgo,  etc. 

Deiiide,  ci'im  Sacramciila  incdia  sint  ad  consc(|iion- 
dam  salulem  accommodaia  iiuiic  solum  aiiclorcm  lia- 
berc  possunt,  qui  soins  salvare  honiincm  valet,  cl 
admillere  in  X'tcrnai  felicitalis  consorliuin;  alqui  so- 
ins Drus  lioc  polesl  :  qnis  eiiini  Irihnel  lioniini  suni- 
mnni  honnni,  nisi  qni  ipse  est  siiiiuiinni  i)()niiin?  Aut 
quis  dabil  grutiam,  et  (jloriani,  )tisi  Domiiius  ?  psalni.  83, 
1:2.  Ergo,  etc. 

Pra-lorca,  cimi  sacramciila  sint  fundanionla  Reli- 
gioiiis  et  iidei,  ab  eo  solo  possunt  |)iinci|)aliler  insli- 
tui,  cnjus  solins  est  tideni  condeie,  lioniinesquc  in 
ununi  religionis  nomen  coUigerc  ;  at(pii  solus  Dcus 
auclor  est  venc  Religionis  cl  fidci;  pariler  crgo  sic 
ci  singnlare  est  Sacranienta  sancire,  ut  humanam 
onniem  et  angoiicani  snpcret  potcstalcm. 

Postremo,  de  Sacramcnlis  novis  idem  ac  de  vcle- 
ribus  débet  esse  judicium  ,  eôque  magis  quôd  anii- 
quis  virtulc  cl  eiïicacià  longé  pncccllant;  alqui  solus 
Dl'us  logis  veleris  et  Saciauicntoruni  quibiis  pluri  - 
niùiu  abuudabat  auclor  luil;  ergo  niulK»  uicliori  lilu- 
lo  debel  de  noslris  boc  aflirniari,  ([u  id  non  ca  lan- 
tùm  Deus  institnerit,  sed  et  quùd  solus  poluerit  au- 
ctoritatc  proprià  instilnere. 

Ilaec  coucliisio  est  adeô  certa  et  facilis  ad  inlelli- 
geuduni ,  ut  noiiucat  qnid(iuani  in  conlrarium  cuin 
aliquà  specic  veritalis  opponi  :  qnis  enim  seriô  existi- 
niabil,  puruin  bomincm  posse  signis  sensibilibus  et 
arbilrariis,  tribuere  vini ,  quani  ipse  non  liabol,  gratiai 
et  cbaracleris  producendorum  ? 
CoNCLUSio  II.  —  Clirislus  ul  Itomo  prœcellentem  liabuit 
in  Sacramentoriim  inslilulione  postestatem  (1). 

Prob.  Prcccellcnteni  intelliginins  poteslalem ,  quse 
quanqnàm  divinà  inferior,  lanta  tamen  est,  ut  non 
possit  ulli  alleri  creatae  virtuli  a^quiparari  ;  atqui 
Clirislus  ut  bonio,  eisi  divinain  polcnliam  in  insli- 
lulione Sacranicntorum  non  adœquaverit,  tantam  ta- 
men habuit,  quanta  nuUi  alleri  creaturai  concessa  est. 
Nam , 

1°  Summà  polcstalc  sibi  collaLî,  Sacramenla  in- 

(1)  <  Dicunt  tlicologi,ait  Liebcrniann,  cap.  5,  art.  \, 

<  solins  Dei  esse,  vi  cl  auctorilale  proprià  Sacramenla 
«  insliluere;  Chrislo  aulcm  est  liomini  banc  potesla- 
(  teni  fuisse  communicalam  specialiscxccUcnlioe  pr.T- 
«  rogalivà.  Sed  quorsùm  bœc?  Mobis  videlur  eadcin 
t  rcponi  posse,  qua:;  alio  loco  dicta  sunt,  ciim  de 
i  Vorbi  Incarnalionc  agcrclur.  Nam  qiue  ad   incdia- 

<  loris  et  sacerdolis  oflicinm  perrmebant ,  procul  du- 
i  bio  perl'ecla  sunlabbumanà  nalurà,  sed  à  personà 
«  diviiu'i  a;stimalionem  babucruul  et  preliuFn  iiilini- 
«  Inm...  lia  ,  cnm  de  Sacrameiilormu  inslilulione  agi- 
i  lur,  non  video  cur  necessc  sit  ad  potosialoin  ali- 
«  quam  confugerc  Cbrislo  liomini  ob  singulareni  e;jus 
€  excellentiam  commuiiicalam  ,  qii;e  poleslas  esset  à 

<  divinù  auctorilale  dislincla.  Instilnlio  sacramcnto- 
I  rum  est  actio  verè  tlwandrica.  Clirislus  ul  lionio 
i  Sacramenla  insliluit ,  eorumquc  conncicndornm 
I  nonnam  Aposlolis  Iradidil;  al  vini  cniciendi  gra- 
I  liam  illis  Iribuil  divinà,  (pue  ipsis  propiia  oral, 
€  auctorilale.  >  lia  ille ,  et  bxc  sanè  non  sperncnda 
videntur. 

(Edit.) 


sliUiit  ipse,  quod  nemo  un(|uàm  nioilalium  allenla- 
vil,  noc  altentarc  poluil  :  Dula  est  iiiilii,  inqnil  Mallb. 
28,  18,  oiimis  polculas  in  cœlo  et  in  terril  :  euntes  crgo 
docclc  omnes  génies,  baplizantes  eos  in  uomine  Palris, 
I  et  nia  et  Spirilûs  snucti...  Joan  20,  21  :  Sicul  luiiil 
j  tue  Pater,  et  ego  millo  vos...  acilpile  Spirituin  sanclum  ; 
quorum  reniiseritis  pcceala ,  reniillu)itHr  eis ,  et  (juoruni 
relinuerilis,  rclcnla  sunt. 

2"  Quidipiid  per  Sacramenla,  ciiam  sine  Sacra- 
mcnlis poleial  ;  nam  peccalriccm  mulicrem  ab  omni 
expiavil  pcccali  labe,  iiullo  adliibilo  Sacraïucnlo  Luc. 
7,  48  ;  pariijne  modo  plerosqnc  alios  Dco  rcconcilia- 
vit  solo  nulu  voluulalis,  noniiwalim  vero  paralyli- 
cum,  oui  :  «  Conlide ,  inquil ,  /ili  ,  remilluntur  tibi 
peccala  tua  ;  cùmque  scrib;e  alicpii  inlùs  obinurmu- 
rarcnl,  ut  quid  cogitatis,  ait,  mala  in  cordibus  vcstris? 
Quid  est  faciliùs  dicere  :  diniiltunlur  tibi  pecctita  tua, 
un  dicere  :  Surge  et  ambula  ?  Vt  autcm  scialis  quia 
filius  hominis  liabet  potestateni  in  terra  dimittendi  pec- 
cala, tune  ait  parahjtico  :  Surge,  toile  lectiim  tuuni,  et 
vade  in  domuni  tuant,  et  surrexit,  et  abiit  in  doniuni 
suam,  Mallb.  9,  2  et  seq.  »  Ergo  non  sicCbrisli  virlus 
à  Saciamenlis  pcndebal,  quin  posset  aliter  peccala 
coiidonare  et  largiri  graliani  :  boc  autem  lam  magnum 
privilegium  quis  sibi  unquàm  ausus  est  inter  liomines 
arrogare? 

5'  Esl  illud  Cliristo,  ut  liomini,  singnlare,  quôd 
Sacramcnlis  virlulem  onmom  quam  liabenl,  merilo 
suo  iiididerit,  nam  «  Passio  ejus,  inquil  S.  Tliomas 
î  op.,  q.  Gi,  art.  5,  in  corp.,qu;e  compelil  ci  se- 
j  i  cundùm  bumaiiam  nalurain,  causa  esl  nosine  jusli- 
«  ficalionis  et  meriloriè  et  ellcciivè,  non  quidem  per 
i  modum  principalis  agcnlis,  sive  per  auclorilatem  ; 
i  sed  per  modum  inslrumenli,  in  quantum  bumanilas 
î  ejus  est  inslrumenlum....  divinilali  conjunclnm  in 
«  personà  s  ;  liinc  à  sanclis  Palribus  Sacramenla  di- 
cunlur  è  lalere  Cbrisli  de  crucc  pendenlis  lluxisse  ; 
bine  à  Joanne  Bapiislà  appellalur,  Joan.  1,29,  Agnus 
Dei,  qui  tollit  peccatum  mundi,  et  ab  Apostolo  Paulo 
dicilur,  1  Cor.  I,  50,  quôd  Clirislus  faclus  est  nabis 
sapienlia  à  Deo,  et  justiliu,  et  sanctificalio,  et  redem- 
plio  ;  et  denique,  ut  alia  penilùs  innumerabilia  la- 
ceam  :  Clirislus,  ail  B.  Joannes  Apoc.  15,  dilciit  nos, 
et  lavit  nos  à  peccatis  iiostris  in  sanguine  suo.  i 

à"  Demùm,  ex  eo  quôd  Sacramenla  suam  omnem 
efncacitalem  iraxcrint  à  merilo  Cbrisli,  queni  propo- 
suit  Deus  propitialionem  per  fidem  in  sanguine  ipsius, 
consequens  erat  ut  ejus  nomine  el  auclojilale  cele- 
brareniur,  nuod  nemini  homini  praeler  illum  cou  - 
cessum  esl,  cui  enim,  uno  illo  cxceplo,  legimiis  da- 
tum,  ulad  ejus  nominis  invocalionem  Sacramenlorum 
adminislratio  lierei?  Ilùcque  pertincl  illud  Joannis 
BaptisUe,  Joan.  1,  33,  Qui  viisit  me,  inquil,  baptizare 
in  aquà,  ille  niilù  dixit  :  Super  quem  videris  Spiritum 
descendentem,  et  mancnleni  super  cuni,  hic  esl  qui  ba- 
ptizat  in  Spiritu  sanclo.  Ilemqne  boc  allerum  Aposloli 
1  Cor.  1,  12  :  Untisquisque  veslrùin  dicit  :  Ego  quidem 
sum  Pauli;  ego  autem  Apollo  ;  ego  vero  Cepliœ  :  ego 
ttulein  Ciirisli.   Divisus  est  Clirislus  ?  Numquid  Paulus 


1547  DE  HE  SACRÂMENTARIA    — 

^  ^ cruci finis  est  pro  vobis  ?  mil  in  unni'wc  l'inili  bapl'nali 

eslis ? 

F:ilcii(liim  crgo,  Chrislo,  ul  iioniiiii,  cxcoUciitem 
aliquain  in  SacrameiUonini  iiisliuilioiic  ijoleslatcm 
convcnire,  quam  Deus  iieque  angelis  iieqiie  hoiniui- 
bus  voluil  esse  concessain. 

Corollariiim. 

ll'mcque  iiilclligc  qiiàin  incrilù  causa  Sacramcnto- 
rum  ofiîcieiis ,  Iriplox  à  iheologis  dislingiialiir.  Priii- 
cipalis,  scilicet,  el  iiulcpciulcns ,  qiKn;  Dcuscsl;  iii- 
.sliiimonlalis  diviiiilati  conjiincla,  nimirùni  Cliristus 
iitlionio;  instrumcntalis  sepnrata,  ciii  iiiinislerii  po- 
tûslas  «oncredita  est  ;  in  quo  ordine  suiit  aposloli,  co- 
runiqne  ad  finoni  niundi  siiccessoros ,  de  qnibiis  ait 
Aposloliis,  1  Cor.  4, 1:  Sic  nos  cxistimel  homo,  ul  mi- 
nislros  Cliristi,  el  dispensatores  nnjsleriorum  Dci. 

CoNCLL'Sio  lU.  —  Fidei  est  Chrislnm  Deum-Hominem 
omnia  novœ  legis  Sacrmvenla  saltcm  médiate  insli- 
tuisise  ,  alque  adeb  omnia  et  singida  juris  divini 
esse  (I). 

Hcec  conelusio  sequilur  ex  priiuà  :  cùm  cnim  soins 
■Deus  possit  peccala  remitlere,  Spiritum  sanctum  darc, 
iilabi  in  animam,  eique  grali*  rorem  suavissimum 
iuslillare,  et  sanctificandi  vim  corporalibus  démentis 
tiibuere,  consequens  est,  medialam  saitem  et  generi- 
cam  Sacramentorum  insliluiioneni  et  solum  Deum  ex 
fidc  esse  reforendam  ;  atque  adcô  omnia  et  singula  in 
jiu'e  divino  conimeri,  eôque  pertinet  definilio  concilii 
Tridentini  mox  afferenda,  quà  anatbemate  feriunlur 

(1)  Sacramenta  immédiate  instituera,  est  ipsorum 
saitem  substantiam  per  se  consiituere,  sive  in  génè- 
re, sive  in  specie  ;  ea  aulein  médiate  inslitucre,  est 
aliis  polestatem  conferre  ipsam  iiorum  substantiam 
coustiluendi.  Cùm  igilur  Sicramenti  cnju-lil)el  sub- 
stanlia  reposita  sil,  1°  ingralià  ipsiproprià  et  ad  Sje- 
cialem  finem  desiinatà,  2"  in  re  ([uàdam  sensibili, 
(pi;xî  pra'lalam  gratiam  couvcnienlcr  signilicel,  ciiiiiue 
hicc  gralia  anneclalur,  Cbrislus  omnium  sacrameii- 
lorum  inslitulor  immedialus  direndus  est,  si  ipse  gra- 
liam  unicui(iuc  propriam  dcterminaverit ,  eamqnc  si- 
gno  cuidam  sensibili,  à  se  sallem  in  génère  assignalo, 
alligaveril  ;  mediatns  aulem  erit  dimtaxal  inslilutor, 
si,  luvx  minime  ipse  dclermiiians,  Ap{»stolis  aut  Ec- 
clèsiaî  polestatem  reli(|U('rit ,  gratiam  singulis  sacra- 
menlis  specialeni  delerminandi ,  et  eam  signis  sensi- 
bilibns  et  convenieulibus  ,  pro  suo  libilu  eligendis, 
aiinetlandi. 

Ex  diclis  patel  qu;estionein  de  raediatâ  vel  imme- 
diatà  Saeramenlorum  instilulione  phuinu'im  discre- 
pare  ab  alià  (luàcum  à  quibusdam  coiilunditur,  nempe 
à  quœsiione  de  delerminatione  materiie  et  lorniie  in 
génère  vel  in  specie.  Quod  ut  liât  aperlius,  dicendum 
est  quid  sit  malcriam  et  t'ormam  Sacramenlonun  de- 
terminare  in  génère,  quid  in  specie.  Itaque  Cliristus 
materiam  et  l'ormam  tanliim  in  génère  dcierminâsse 
pronuntiandiis  est ,  si ,  gratiam  unicui(pie  propriam 
apertè  declarans  ,  Ecclesiie  poteslalem  leceril  jnatc- 
riam  el  formam  assignandi,  quéc  gratiam  istam  iiaud 
obscure  signilicarent  ;  in  specie  aulem  eas  deternii- 
navit ,  si  malt-riam  et  formam  cnjnsque  Sacramenli 
expresse  el  nominalim  designaverit,  adiiibilà  lege  iis 
semper  ulendi.  Advcrlendum  lamen  di'tcrminatio- 
iiem  lormarum  in  specie  non  pcilingere  ad  i|)sum 
idioma ,  i.ec  ad  vcrborum  disposilionein  ,  aut  eliam 
minutissimam  elecllonem,  sed  duntaxat  ad  sensum  et 
^ignificationem.  (Edit.) 


DE  SACRA ME.NTIS  LN  GENERE. 


^348 


I  qui  dixerint  omnia  novcc  legis  Sacramenta  non  fuisse 
à  Chrislo  Jt-su  Domino  noslro  institula. 
CoNCLUSio  lY.  —  Proximè  ad   fidem  acccdit ,    omnia 
novœ  lecjis  Sacramenta  immédiate  el  specie,  propric 
Cliristi  ore  esse  insliluta. 

Yereor  dicere  conclnsionem  hanc,  prout  sonanl 
lermini,  immédiate  esse  revelatam,  et  aperlè  in  The- 
sauro  fidei  contineri;    lum  propter  eorum  reveren- 
liam,  qui  ante  lempora  concilii  Tridentini  conlrarium 
in  Ecclesiae  catholica?  gremio  libéré  tenuerunt,  tum 
quia  immediata  omnium  Sacramentorum  institulio  vi- 
Y«  vocis  oraculo  à  Chrislo  fada  ,  nec  in  Scripturâ  , 
nec  in  tradilione  apertèsignificaUir,  tum  denique  quia 
Tridentini  Patres,  Chrislum  omnium  Sacramentorum 
auclorem  defmiendo,  ab  iis  consulté  vocibus  abstinue- 
■  runl ,  quibus  solct  immediata  institulio  exprimi;  ne 
[  viddicet ,  ut  observant  (|ui  hujus  concilii  monumenta 
scripserunt ,  Ilugonem  à  S.  Victore ,  Magisirnm  sen- 
\  teniiarum,  et  quosdam  aliosprimi  subsdlii  theologos 
:  damnare  viderenlur,  qui  olim  pro  medialà  instilulio- 
ne pugnaverant  ;  salis  enim  saneiœ  synodo  visum  est, 
l  conlra  Lulheranos  et  Calvinistas  decernere ,  seplem 
legis  evangelicie  Sacramenta   perlinere  ad  jus   di- 
vinum. 

Quôd  verô  senlentia  ha;c  proximè  cum  fide  co- 
hcereat,  momenta  plurima  sic  suadenl ,  ut  etiam  per- 
suadeanl. 

Argusœ.ntum  primum  ,  ex  coniparalione  lecjis  novœ  cum 
veîeri. 
Non  minus  Deo  cur*  fuit  legis  novic,  quàm  velcris 
insiiiulio;  qu6  enim  posterior  priore  perfeciior  futnra 
erat,  eô  majorem ,  ut  sic  dixerim  ,  Dei  diligentiam 
reqnirebat  ;  ne  viddicet  tanl;ie  molis  opns  human;« 
posset  industriic  aliqua tenus  vindicari  :  quod  aulem 
de  omnibus  ejus  in  universum  praiceplis  dicimus,  dé- 
bet inprimis  de  Sacramenlis  intelligi ,  qu«  sunt  in 
vinculis  externis  rdigionis  praîcipua,  et  quidquid  ro- 
boris  liabent ,  à  Deo  habent;  alqui  sic  fuit  Deus  in 
sancicndà  lege  veleri  providus,  ut  omnia  ejus  sacra- 
nienta  el  sacrificia  ipse  per  se  immédiate  decreverit, 
ni'quc  aliud  Moysi  reliquerit,  quàm  legati  et  praiconis 
officium  :  de  circumcisioue  quidem  cerla  res  est  ; 
quod  enim  in  ips.î  lege  nalurx  pranceperat  Abrab;ic, 
Gen.  17,  10  :  Circumcidelur  ex  vobis  omne  masculi- 
num,  et  circumcidelis  carnem  prœpulii  veslri ,  ul  sit  in 
signum  fœderis  inler  me  et  vos  :  hoc  ipsum  in  lege 
scripLî  fieri  velle  signidcavit  :  Loquere,  ail  ad  Moyscn, 
Levit.,  12  ,  2  ,  filiis  Israël ,  et  dices  ad  eus  :  Mulier  si 

susceplo  scmine  pepcrerit  masculum die  octavo  cir- 

cumàdflur  infantulus. 

De  paschaie  veleri  pariler  nemo  dubilat,  quin  fueril 
à  Deo  immédiate  sancitum  :  Dixil  Dominus  ad  Moif- 
sen  el  Aaron,  ait  auclor  sacer,  Exod.  12,  1    el  scq,  : 

Mensis  iste  vobis  priiicipiian  mensium loquiniini  iid 

universum  cœlum  (iliorum  Israël,  el  dicite  eis  :  iJccimà 
die  mensis  liiijus  lollal  iinnsquisquc  agnum  per  familias 
el  domos  suas...,  servabilis  eum  usque  ad  quarlam  deci- 
mam  dicm  mensis  liujus  ;  immolabilque  cum  universa 
I  multitiido  fiiiorum  Israël  ad  vcspcram,  etc. 


^1349 


QU^EST.  VI.  OE  AUCTORE  SACRAMENTOULM. 


1650 


Quantum  vcrù  ftcl  reliqua  Sacranicnla  cl  sacrificia  j] 
pcrliiiet,  Icgenti  libruin  Lcvilici  iniiumcra  luijiis veii- 
latis  argunicnlaoccurriinl  :  niilla  eiiiin  sacri  voliiiiii- 
iiis  pagina  est,  in  quà  Doi  vox  non  exaudialnr,  lilus 
varios  et  niodos  pr;vsci'il»entis  ,  ([nos  in  holoeauslis, 
oblationibns,  hosliis  pacilicoruni ,  sacriliciis  pro  pce- 
calo,  clc,  obscrvandos  essedecernit  :  Loqucre,  incpiil, 
filiis  Israël,  et  dices  ad  eos,  etc.,  prœcipe  Aaron  et  filiis 
ejus,  etc. 

Cùm  itariue  fide  certnin  sil,  oninia  logis  vcloris  Sa- 
cranicnla  ininiiHliatè  instiUila  à  Dco  fuisse,  par  est  iil 
de  Sacranienlià  novie  logis  idem  crcdamiis. 
AKGC.Mt:NrLM  11,  ex  comparalionc  Sacvumenlonun  uovœ 
le(jis  ad  invicem. 

Extra  oinnem  conlrovorsiain  est,  ali(pia  novae  legis 
Sacramcnla  iuimodialè  luisso  à  (.liristn  institula  ;  lioc 
cniin  de  liaplisnio  et  Eutliarislià  rîun  Scri[>lura  aperlè 
dirai,  ne  ipsi  qnidcm  Lullierani  et  Calvinisl;e  infi- 
cianlur  ;  alqui  onmium  et  singulorum  eadcm  ralio 
est;  cùm  enim  Sacramenta  soleinnes  sint  et  publient 
lidei  proie. laliones,  iniù  fundamenla  Rcligionis  et  11- 
doi,  quis  dicere  audeat ,  ab  alio  prodire  ininiodialè  j 
potuisse  quàin  ab  iilo  qui  est  auclor  el  l'undator  (idei 
iioslroi ,  et  que  taccnle  nullus  jam  fidei  locus  supc- 
resset?  ergo,  etc. 

Nequeestquùd  ex  Scriptiirarumsilenlio  cavilleniur  :  ï 
Dam  pi:c(or(piàni  quodnon  oninia  qux  Doniinus  Jésus  f 
consliluit ,  sacris  lilteris  consignala  reperiunlur ,  ail  j 
enim  Joannes  Apostolus,  cap.  21,  2o  :  Sunt  autem  et  l 
alla  muita  qncefecil  Jésus,  quoi  si  scribantur  pcr  singula, 
nec  ipsum  arbitror  munduin  capere  passe  eos  qui  scii- 
beiidi  sunt  Ubros  ,  non  deest  in   ipsis  Scripluris  bujus  ) 
verilalis  sufficiens  testimoiiium  :  teslalur  enim  S.  Lu-  | 
cas,  Act.  1.5,  Cliristum  post  resurrectionem  disci- 
piilis  pcr  dics  quadraginla  apparuisse,  et  cum  eis  de 
rogno  Dei  iocutum  esse,  id  est,  de  Eccle-ià  aîdifioaiidâ 
et  adniinistrandà  ;  alqui  ad  a^dificaiioncm  el  adniini- 
stralioiiem  Ecclcsiic  pnecipuè  pertinent  lides  el  Sa- 
cramenta; orgo  omninô  credibile  est ,  Cbrislum  per 
hoc  temporis  intervallum  Sacramcnla  illa  inslitnisse, 
cl  aposlolos  docnissc,  de  quibnsScriplura  silol,  quam 
in  rem  apposilc  S.  Loo,serm.  1,  de  AscensioncDoin.:  \ 
Non  ergo,  inquit,  H  dies,  qui  inter  resurrectionem  Do- 
mini,  ascensionemque  fluxerunt,  otioso  transiérc  decur- 
su;  sed  magna  in  liis  confirmata  Sacramenta  ,  magna 
sunt  revelala  mysleria. 

Argl'mentl'm  III,  exipsù  aposlolorum  confcssione. 
,  Si  Cbristus  aposlolis  contulissct  poteslatcm  ali- 
quam  per  scmetipsos  Sacramcnla  immédiate  insli- 
tuendi,  lanti  beneiicii  procul  dubio,  vel  in  Evangelio 
memiiiissenl,  vcl  in  Epistolis  à  se  scriplis;  alioquin 
iilud  tam  inlempcslivum  siienlimn  aI)jeclioni  magis 
qiiàm  modesli.e  allribucretur,  pra-sorlim  cùm  aiia 
niulta  memorent  à  se  facla,  vel  spondeanl  facienda, 
qurc  longé  minoris  momenli  cranl  ;  cùmque  aliunde 
neque  magna  silcant  divinitùs  sRii  conressa,  illudqnc 
non  ex  arrogantiù  l'acianl,  sed  in  Itiudem  gloriœ  gra- 
tiœ  Dei,  Eplies.  1.6;  alqui  nec  vorbuinquiilem  nnum 


aposlolis  excidit,  quo  se  quorumdam  Sacramenlorum 
anolores  insinuaronl  :  imô  non  alias  sibi  (piàm  loga- 
lornm  el  disp(;nsalorum  parles  uliicpic  allrilmunt  : 
Qnod  viilimus,  iinpiiiml,  Joan.  I,  5,  el  audivimus,  an- 
nnnlianius  vohis...  Pro  Chrislu  lego.tionc  fnngiinur, 
2  Cor.  U,  20;....  quid  est  Apollo?  qnid  vcrb  l'uuluii? 
Minisiri  cjits  cni  credidislis,  1  Cor.  5,5...  Sic  nos  cxi- 
stimct  liomo  ni  ininislros  Chrisli,  et  dispensalores  nnj- 
sleriorum  Dei,  ibid.  i,  1  ;  ergo,  etc. 

ARGUM^;^TUM  iv,  et  novilale  doctrinœ  contrariée. 

Ejusdem  rci  argumenlum  pelilur  ex  novilale  do- 
china!  conlrari;c  :  antcquàiii  enim  scholastioa  llieo- 
logia  nala  esscl,  prorsùs  inaudila  erat  illa  mediaUc  el 
iinmediat:e  inslilulionis  disliiiclio;  sed  iiudè  ac  sim- 
pliciler  profilebaalur  Ecclesia;  Patres,  omnia  novaî 
logis  Sacramenta  .lequaliter  esse  munera  Dei,  et  ideô 
Cliiibli  Sacramenta  vocari,  qnôd  supremi  legishiloris 
Yoluntale  inslilnta  loient,  cl  de  lalcre  ejus  in  cruce 
pcndentis  singula  prolluxisscnl.  Auctor  Sacramento- 
rum,  inquit  S.  Ambrosius,  de  Sacrani.,  lib.  à,  cap.  4, 
quis  est  nisi  Dominus  Jésus  ?  De  cœlo  ista  Sacramen'.a 
vcnerunt;  et  S.  Anguslinus  ad  .lanuariiini  :  Dominus 
nosler  Jésus  Chrislus,  imiuit,  Sacramentis  numéro  pau- 
cissiniis,  observatione  facilliniis,  significatioie  prœstan- 
tissimis,  societaleni  novi  populi  colligavit,  siculi  est  lia- 
plismus  Trinilatis  nomine  consecralus ,  communicalio 
corporis  et  sanguinis  ipsius,  el  si  quid  aliud  in  Scriplu- 
ris canonicis  conunendalnr. 

Quôd  vcrù  duodecimo  el  décime  lerlio  seculo  aliqui 
opinaii  sunt,  Confirmaiionera  et  Exlreniam  Unctio- 
nom  médiate  lantùin  à  Chrislo,  per  aposlolos,  sivc 
per  Ecclosiam  inslitutas,  nec  ab  ullo  doclore  accepe- 
rant,  nec  pcrsnadcrc  mullis  potuerunt  ;  quin  è  contra 
S.  Thomas  ejusdem  temporis  scriptor,  qiiem  uiiiversa 
deinceps  schola  secuta  est,  5  part.,  quaest.  64,  art.  2, 
nullo  facto  medialaî  aut  immediai;e  inslilulionis  di- 
scrimine, docuit  el  probavil,  Sacramotla  sohim  esse  ex 
inslitulione  divinà;  h'Aqnc  conlraria  opjnio  débet,  vel 
hoc  solo  tilulo,  quôd  nova  esl,  rejici. 

ARGLJir.NTiM  v,  ex  definitione  Ecclesiœ. 

Dcmùm  banc  scnlcntiam  adslruil  hodierna  Eccle- 
six  univcrsalis  C(mseiisio  :  nam  professio  fidei  à 
Pio  IV,  S.  Pontifice  pra'scripla,  de  Sacramenlorum 
numéro,  et  inslitulione  sic  babet  :  Vrojiieor  quoque 
septem  esse  verc  et  propriè  Sacramenta  novœ  Icgis,  à 
Jcsu  Chrislo  D(imi)io  nostro  inslilnta,  atque  ad  salutem 
liumani  geiwris,  liccl  non  omnia  singulis  necessario, 
sciliccl  Jiaplismum,  clc.  Cui  plané  const  niions  est  do- 
fiiiilio  concilii  Tridinlini,  sess.  7,  eau.  1,  de  Sacr.  in 
gcn.,  bis  vorbis  conccpla  :  Si  quis  dixeril  omnia  Sa- 
cramenta novw  legis,  non  fuisse  à  Jcsu  CItrislo  Domino 
noslro  inslilnta,  anatlwnui  sil. 

Qnod  enim  doboal  hic  canon  {\i^  inmiodiiilà  inslitu- 
lione inlelligi,  mnllis  iiioilis  docl;ii;ilnr. 

1*  Si  00  lanlùm  sciisu  Clnislus  dictrcliir  omnia  lo- 
gis nov;Xî  Sacramcnla  instiluisse,  quia  corum  insli- 
tuondnrum  roliquii  Ecclesi;t;  et  aposlolis  potoslaiom, 
'*'  dicere  pariler  dobuerat  sancla  synodiis  riluum  om 


^551  DE  RE  SACRAMENTÂRÏA.  - 

iiiuin  saoramenlaliuin  Josuia  Chiisluin  esse  auciorem, 
ciiin  eos  acccplâ  à  Clnislo  poleslale  Ecclesia  ad  splen- 
dorom  sacraiiieiiloruin  inicccperil;  at(iui  loiigè  aliter 
scnsit  cl  loiniiUir.  Déclarai  sancta  sijnodus,  iiKiuit 
scss.  21,  c.  2,  liaiic  poleslalem  perpétua  in  Ecclesia 
fuisae  ul  in  Sacramentorum  dispensatione,  salvù  illorum 
substanlià,  eu  slaiueret,  vd  mutaret,  qtiœ  suscipienthun 
tUililali,  seu  ipsorum  Sacramentorum  vcnerationi,  pro 
rcrum,  temporum,  et  locoriim  varietate  mugis  expcdire 
judicaret.  Itaque  poleslalem  sibi  dalain  divinilùs  ad 
iiisliliiendos  aul  mulandosrilus  Sacramenlorum  acci- 
dentiilcs,  corumdem  verô  subslanliani,  maleriam  sci- 
liccl  et  formam,  constituendi  auctorilatcm,  pciiès  so- 
luin  Deum  esse  agiioscil  Ecclesia. 

2°  Exlrema  Unclio  in  eoriini  Sacramenlorum  nu- 
méro est,  quix;  aliquibus  visa  suiil  à  Cbrislo  médiate 
tanlîim  iiistitula;  atqui  ex  codem  coiicilio,  soli  Chri- 
slo  immcdiala  ejus  insliliilio  vindicaliir.  Si  qids  dixe- 
ril,  iiiquil  sess.  1-4,  can.  1,  de  Kxt.  Uncl.,  Extremam 
Unclionemnon  esseverèel  propriè  Sacramcntum  àCItri- 
sto  Domino  noslro  inslitutum,  et  à  beato  Jacobo  Apo- 
slolo  promnUjatum...  analhcma  sU.  Hic  cnim,  ul  vi- 
des, inslilulionem  à  promuigalionc  sic  dislinguil,  ul 
islam  quidem  Aposlolo,  illam  vindicel  soli  Chrislo  : 
crgo,  etc. 

5°  Nemo  unquàm  in  Ecclesia  aul  extra  (1)  Eccle- 
siam  dabilavit,  quin  Sacramenla  omuia  médiate  sal- 
lem  à  Christo  fuerint  inslitula.  Frustra  ergo  huncca- 
noncm  de  mcdiatâ  Sacramenlorum  insiilulione,  quôd 
fid(;  crodeuda  sil,  coiicilinm  condidisset. 
Corollarium. 

Inde  sequitur ,  insignis  temerilatis  reum  fulurum  , 
qui  scciis  modo  seiiliret  :  recedere  enini  viderelur  à 
mente  uuiversalis  Ecclesi:c ,  suumque  judicium  prai- 
poncre  coiicilii  œcumenici  definitioni,  (|u;v.  non  polost, 
nisi  [icr  vim,  adiiistitutionis  mcdialyc  scnsuni  inllccli; 
liiiic  licèl  anlc  tempora  conciiii  Tridenliiii  ibcologi 
quidam  de  Exlremà  Uuclione  et  Coiifirmalionc  dn!)i- 
laverinl,  utrùm  immedialam  à  Cliristo  inslilulionem 
baberent,  vol  eliam  apertè  pro  medialâ  pugnaveriiU, 
ox  quo  lamen  sancta  synodus  celebrala  est ,  qui  con- 
tradixcril  nemo  catbolicus  est  repcrlns. 

§  2.  Diluuntnr  quœdam  objecliones. 

Contra  ultimam  banc  conclusioucm  videntur  liacere 
argumenta  quaî  so(iuunlur. 

Objeclio.  Nullibi  in  Scriplurâ  legitur  Clirislum  Con- 
lirmalionem  el  Exlremau)  Unclionem  per  seipsum  in- 

(1)  Bellarmiinis  el  ipse  dixeral  inutilom  fore  defi- 
nilioncm  conciiii,  si  non  iiitelligerelnr  do  iii.stilulionc 
inimodialâ,  quia  .sciiicct  nullus  unquàm  negavil  Sa- 
(  rauiciita  esse  à  Cbrislo  médiate  instiluta  ;  al  cum 
cai'piMit  Jodociis  Uriveslcin,  in  Ai)olof,'ià  Decrctorum 
conciiii  adversùs  Kcniiiiliuui,  cl  Uuanliis  Tajiporus  in 
oxplicalionc  Articulorum  l'acullatis  Ibeologicic  Lovan., 
dut)  insignes  tbcologi  qui  concilio  interliierunt  ;  pro- 
fcruiilcnim  pluivs  baircticcs  qui  anirniaiil  Sacramenla 
qu;v(lani  ncquc  médiate  n(;quc  innucdialè  esse  à  Cbri- 
slo iuiîlitula,  scd  esse  otiosas  sui)cistitionos,  com- 
menta cl  deliramenla  bumauavcl  diabolica.  lia  ferè 
Rilluart,  diss.  o,  art.  \.  (Edil.) 


DE  SACKAMENTIS  IN  GENERE.  Î352 

stiluisse  :  non  crgo  incurrerel  notam  temerilatis  qui 
hoc  negarel.  —  Resp.  \"  Transeal  anleced.,  et  nego 
conseq.  Multa  cnim  constat  tradila  esse  divinilùs ,  de 
(|uibus  altum  in  Scriplurâ  silenlium  est;  nani,  ut  jaui 
dictum  est,  el  s*pc  dicotur  in  posterum  .  verbum  Dei, 
sivc  sit  scripluni,  sive  Iradilum,  œqualem  babel  auclo- 
ritatem  :  alqui  duo  hiec  Sacramenla  Cbrislum  imnic- 
diaiè  habere  auciorem,  divina  traditio  docct;  crgo 
buic  veritati  Scriplurac  silenlium  nocere  non  po- 
tcst  :  Dicendum  ,  inquil  S.  Tbomas  3  p.  ,  q.  04 , 
art.  2,  ad  1  ,  qubd  illa  quœ  aguntur  in  Sacramen- 
lis  per  liomines  instituta  ,  non  sunt  de  neccssilate 
Sacramenti,  sed  pertinent  ad  quumdam  solemnitaian, 
quœ  adhibetur  Sacramentis  ad  excilandam  devolio- 
nem  el  revereiitiam  in  Itis  qui  Sacrameiita  suscipiunt. 
Eu  verb  quœ  sunl  de  necessilale  Sacramoiti ,  ab  ipso 
Chrislo  insliluln  sunt,  qui  est  Dcus  et  liomo,  et  licèl  non 
sinl  omnia  tradila  in  Scripturis,  liabel  tamen  ea  Ecclesia 
ex  familiari  apostolorum  tradiiione. 
Monitum. 

Quôd  verô  de  Confirmaiione  el  Extremâ  rnctione 
responsum  est,  débet  pariler  de  Malrimonii  Sacra- 
menlo  inlelligi,  cujus  inslilulionem  à  Cbrislo  laciam, 
falemur  ingénue  nuUo  Scriplurâ;  tcslimonio  invictè 
defendi  posse ,  née  lamen  bine  aliquid  detrabitur  ca- 
lliolica;  veritati,  quia  quod  taceri  voluil  in  Scripturis 
Spiritus  sanctus  divinâ  cl  aposlolicà  tradiiione  nos 
docuil. 

Rc.-^p.  2°  Dist.  ant.  Nullibi  in  Scriplurâ  legitur 
Cbrislum  Confirmalionem  el  Extremam  Unclionem 
immédiate  instiluiïsc.  ceriôquc  illud  eruitur  cv  ver- 
bis  Scriplurcc,  concedo  ;  secùs,  nego  anl.  cl  conseq. 

E.  R.  Cîim  de  utroque  lioc  Sacramenlo  aperia  sit 
in  sacris  lilteris  menlio,  certo  indè  colligitur,  ulrum- 
que  fuisse  ab  ipso  Cbrislo  stalutum;  non  cnim  sua 
aposloli,  sed  Domini  dona  dislribuebanl;  adeôque  ncc 
B.  Jacobus  legem  Exlremai  Unclionis  promulgàsset, 
neque  aposloli  Conlirnialio;tom  aduiinislrâssent ,  si 
non  foret  sibi  divinilùs  imi)cratum. 

Insl.  1°  :  Alqui  ideô  quorumdam  Sacramentorum 
instilulio  in  Scriplurâ  silelur,  quia  apostolos  immé- 
diate auctores  babcnl;  crgo,  etc. 

Prob.  subs.  ex  S.  Auguslino,  lib.  5  de  Docliinà 
cbrislianà,  cap.  9,  sic  loquente  :  Sacramenla  novœ  le- 
gis  Dominus  ipse,  et  aposlolicà  nobis  tradidil  disciplina  ; 
ergo  ex  sanclo  doctore  divisuni  iiiq)crium  cum  Ciui- 
sto  aposloli  babuerunl  ;  iia  ul  aliqua  Cbrislus,  ali(pia 
aposloli  immédiate  stalucrinl. 

Resp.  :  Nego  subs.  Ad  prob.  distinguo  ant. ,  et  ex- 
plico  sensum  S.  Augustini.  Sacramenla  nov;c  legis 
Dominus  ipse  el  aposlolicà  nobis  tradidil  disciplina; 
Dominus,  inquam,  legem  Icrendo,  el  apo.^oli  opp(-r 
luno  lemporc  promulgando ,  concedo  ;  pari  gradu  cl 
ralione,  nogo  anl.  el  conseq. 

E.  R.  Hoc  unurn  inlcndil  S.  Auguslinus,  Sacra- 
monta  novu;  legis  à  Chrislo  el  ab  aposlolis  tradila  sic 
fuisse,  ut  ab  illo  quidem  instituta,  prumulgala  vei'ô 
ab  islts  conveuienli  lemporc  fuerint;  nec  cnim  laluit 
S.  dociorem,  non  posse  discipulos  Magislro,  aul  ser- 


Î5è3 


QU^ST.  YI.  DE  AUCTOIΠ SACRAMKNTORUM. 


iZU 


vos  Domino  ulk\  ralionc  acquaii ,  cùm  ab  Apostolo  ' 
acccpisscl,  liomiiics  àClirisload  pruîdicalioiiciu  Evaii- 1 
gelii  (Iclegalos,  iiiiiiislros  esse  (.iliristi,  et  dispcnsalo-  i 
rcs,  non  auclores  inyslerioruin  Dci.  | 

Insl.  2°  :  Alqui  ita  novaî  Icgis  Sacraiiicnta  dislingui 
debeiit ,  ul  alia  quidcm  à  Clirislo  ,  alia  dicanlur  im-  | 
mcdialè  ab  apostolis  insliliila  ;  crgo,  etc. 

Piob.  siibs.  :  S.  Aiigiislimis  loco  siipeiiùs in  ppoba-  ' 
lioneni  addticlo,  cpist.  oi,  ad  Januar.,  Sacianienia 
cnuineians ,  qiiomni  aucloreni  Cbrisluni  esse  aflir-  i 
mal ,  duo  laniùm  recenset ,  Daplisniuia  et  Lucbari-  | 
sliani  ;  de  ccclcris  vcrù  loquitur  dubilanlcr  :  Et  si 
quid  athtd ,  in(juil,  in  Scripluris  caiionicis  coinmeiida-  ; 
tur.  Lrgo  oniiiia  à  Chiislo  ininiodialè  inbtiliila  non  ' 
crcdidit,  maxime  cùni  r.on  onniia  in  Scripiuris  cano-  j 
nicis  commondcnlur. 

Ilesp.  :  iNego  snbs.  Ad  probat.  nego  secundani  par- 
lem  anleccdenlis;  hxc  onini  vcrba  :  Et  si  quid  aliud 
in  Scripiuris  caiwiiicis  comniendalur ,  non  sunl  duLi-  ; 
tanlis  ,  sed  alTirniaiilis ,  quasi  dlccvcl:  El  quidquid 
(diud  in  Scripiuris  canonicis  commcndatur  ;  non  enini 
ignorabat  doclor  adcô  pcrspicax,  cl  in  Scripiuris  tan» 
diligenler  vcrsalus  ,  Conliinialioncm  ,  Pœnilentiani, 
Exlremam  Unclionem  et  Ordineni ,  aperlè  in  verbe 
Dei  scripte  fundari  ;  ilaque  hoc  loco  Baptismura  el 
Eucharisliam  nominavit  in  exempluni  aliorum,  quai 
excludcre  minime  inlendebat.  Sed  etsi  de  aliquibus 
dubilarel ,  utrinn  conimendarcnlur  in  Scripiuris  ca- 
nonicis,  non  lamen  bine  sequerelur,  quùd  de  divinâ 
eoruin  inslitulione  ambigeret  :  nam  traditionem  apo- 
stolicam  non  sccùs  ac  vcrbum  scriplum,  certissimani 
esse  regulani  explorandcc  vcrilalis,  lani  nudlis  in  locis 
affirmât,  ut  de  judicio  cjus  dubiiuu  esse  non  possit; 
cùm  ilaque  oninia  Sacranienla  quoc  Ecclesia  célébrai, 
ab  aposlolicà  traditione  descendant ,  credidit  pariter 
sanctus  doclor,  oninia  Cbrisluni  auclorem  sine  exce- 
ptione  babere. 

Inst.  5.  S.  Cyprianus  in  scrmone  de  ablulione  pe- 
dura  sic  loquitur  :  Jpse  summus  sacerdos  siii  est  Siicra- 
vienli  inslilutor  et  auctor  :  in  cœteris  liomines  Spiriluiii 
sanclum  liabuêrc  doclorem.  Existimat  ilaque  solam 
Eucharisliam  à  Clirislo  immédiate  inslilulam ,  reli- 
quorum  verô  aposlolos  fuisse  auclores.  —  Resp.  1"  : 
Nego  supposilum  argumeiiti;  ul  enim  superiùs  obscr- 
vavimus,  q.  2,  c.  2,  obj.  2,  inst.  4,  sermonis  bujus, 
uli  fct  aliorum  qui  de  oporibus  Chrisli  cardinalibus 
inscribunîur,  non  S.  Cyprianus,  lerlio  scculo,  sed 
duodccimo ,  auctor  fuit  Arnoldus  Bonai-Vallis  in  Gal- 
lià  abbas  ;  atque  adeô  lanLe  auclorilaiis  non  est,  ut 
lirmum  iiide  peti  argumcnlum  possit.  llesp.  2'  ob- 
jeclionem  iianc  ne  iis  quidom  favere  à  quibus  oppo  • 
nitur  :  quippe  qui  non  Eucbarisliam  lanlùm  ,  sed 
ctiam  Baplismum  à  Clirislo  immédiate  iiistiluta  esse 
contendunl,  Uesp.  ;3''  :  Concesso  ant.  cladmissà  au- 
clorilale,  negoconscq.;  nam  pcr  Sacramcnluin  Chrisli 
prcodiclus  auclor,  r[uisquis  landem  fneril,  omnia  novoî 
legis  Sacramcnla  inteiligit  :  quoil  verô  addil,  in  cœte- 
ris liomiues  Spirilum  sanclum  habuisse  doclorem ,  ad 
Cïeremonias  perlinct,  quce  non  à  Clirislo  inimcdialé,  i 
ru.  XX. 


sed  ab  Ecclcsià  rcgcnlc  Siùrilu  sanclo  prccscrijiUe 
sunt. 

Insl.  4°  :  Chrisliisquidijuid  auclorilaiis  à  Pâtre  ac- 
cepenit,  apostolis  conlulil,  ait  enim  ad  illu-^,  Joan.  20, 
21  :  Sicut  misit  me  Pater,  el  ego  viillo  vos.  Ergo  qucm- 
admodùm  à  Clirislo ,  ita  ab  aposlolis  aliqua  immc- 
dialè  conslilula  sunl  Sacramcnla.  —  ilcsp.  :  Nego 
anl.  Ad  prob.  adniillo  auclDiilalcm,  et  nego  coiiseq. 
llis  enim  verbis  simililiido  signilicalur,  non  a;qualilas 
missionis,  quoe  Cbrisium  inter  et  aposlolos  absolutè 
esse  non  poliiit  :  nam  Chrislus  idcù  à  Paire  esl  mii- 
sus  ut  essel  inundi  Salvalor,  et  capul  Ecclesia;  :  quis 
porrù  san;c  mentis  audcal  diccre,  tam  pr.Tcellcnlem 
polcstalem  conforri  aposlolis  poiuisse?  Igilur  sic  niissi 
à  Clirislo  sunl  aposloli,  quoniodù  à  rege  legatus  mitti- 
tur,  non  ul  parem  secum  polcstalem  habcat,  sed  ut 
quod  impcralum  fuoril'cxe(iuatur. 

Insl.  5  cl  ull.  :  Si  Sacramcnla  oninia  esscntà  Clirislo 
immédiate  inslituta  ,  eadom  eorum  ubi(iiie  maleria  et 
forma  observarelur  ;  atqni  non  eamdem  ubique  ha- 
beiit;  nam  iii  malcrià  Sacramenli  Ordinis,  cxempli 
causa ,  Gricci  non  conveuiunt  cum  Laiinis.  Simililer 
quantum  ad  formam  ,  magna  eorum  differenlia  est  : 
il!  Sacramenlo  enim  Pœnilentiai  Crœci  dcprecalivam, 
absolutam  Latini  usurpant  ;  sed  nec  in  cx'teris  Sacra- 
mcnlis  plenc  consenliunl,  ut  suis  locis  accuraliùs 
oslendetur;   ergo  non  ila  Cbristus  Sacramcnlorum 
est  condilor,  ut  materias  eorum  et  formas  in  spe- 
cie  ipse  determinaverit;  quod  enim  varinm  est,  ab 
une  eodemque  auctore,  praescrtim  si  sit  divinus,  esse 
non  polest  :  nam  qua^  bumiiiis  propria  inconslaiilia 
est,  in  Deum  cerlè  non  cadit. —  llesp.  :  Concessà  niaj., 
nego  min.  Qu;e  enim  apud  Latinos,  eadem  apud  Gra^- 
î  cos  et  Orientales  maleria  est  et  forma  esseniialis.  Es- 
'  senlialis,  iiiquam  :  nam  quôd  in  rilibus  et  c;eremoniis 
I  accidentalibus  différant,  qui  cùm  ad  disciplinam  per- 
I  lineant,  possuiit  pro  locorum  et  lemporum  diversitata 
;  esse  diversi,  minime  bine  sequitur  cos  non  babere 
I  eadem  Sacramcnla  ;  ilaque  in  Griccâ  et  Latinà  Eccle- 
sia una  est  et  eadem  ordinalio ,  quia  ulrobiqno  ma- 
nuum  iinposilione  et  conjunclà  oralione  confertur  ;  est 
pariler  unum  Pœnilenliie  Sacramcnluin  ,  quod  ulrin- 
que  per  formam  judicialem ,  ex  Chrisli  mandate  ad- 
miiiislratur;  porrè  inter  formam  dcprecalivam  et  ab- 
solulain  non  esse  cssenliale  discrimen ,  superiùs  esl 
probatiim  (1). 

rseqiie  verè  pulandum  est ,  idée  dictum  à  nobis , 
emnia  et  siiigula  Sacramcnla  immédiate  à  Chrislo 
esse  saiicila,  quasi  syllabalim  verba  ipsa  pricscripse- 
ril,  in  uni;iscujiisque  adiiiiiiislrationc  pronunlianda  : 
hoc  enim ,  pricter  Baplismum  ot  EucliariL-tiam ,  de 
miUo  altère  probari  posse  falemur;  sed  idée  dicliim, 
Sacramenleruin  omnium  immedialum  esse  auclorem, 
quia  omnium  cl  singulorum  maleriam  et  formam  sal- 

(1)  Vide  ([.  1,  c.  1,  §  0,  q.  i. 

Inler  formam  merc  dcprecalivam  cl  merè  absolii- 
lam  cssenliale  reperilur  discrimen  ;  que  lamen  non 
obslante,  Sacramcnla  sunl  eadem  prorsùs  essentiali- 
ter  et  quead  substantiam'apud  Giu'ces  et  Latines. 


15r;S  ,I)E  RE  SACRAMEXTARIA.  ~  DE 

lera  in  gcncrc  prœscripsit.  Sic  enim ,  cxcmpll  graiiâ ,  f 
ideô  Confirmatioiiis  immedialus  credilur  auctor  : 
1°  Quia  nianuuin  imposilioiiem  et  uiiclionein  chri- 
smalis,  sanxit  in  porpeluuni  niateriam  cjus  futuram. 
2°  Quia  formani  cjus  esse  voliiit ,  invocalioncm  Spiri- 
lûs  sancli  ad  robur ,  quibus  autem  verbis  h^c  oratio 
fieret ,  prsescribere ,  quia  non  erat  neccssarium ,  non 
curavil  :  sic  enim  egit  cuni  apostolis,  quomodù  soient 
regcs  et  domlni  agerc  cuni  minislris,  quibus  eqnidcm 
(juid  sit  agenduni  proccipiunt  :  vcrba  verô  ipsa  non 
dictant ,  qu;!c  debeant  suuni  agendo  negolium  usur- 
pare;  quod  aulcm  de  Confirmationc  est  dictum,  facile 
de  allcro  quolibet  Sacranienlo  (dcmptis,  ut  prsodixi- 
mus,  Eucbariskià  et  Baptismo)  inlelligelur  (1). 

(1)  Jani  supra  osiendit  auctor,  cap.  1,  §  5,  matc- 
rias  et  formas  Sacramenlorum  à  Cbrislo  deterniinatas 
fuisse.  Verùm  alia  celebris  est  controversia,  quam  vix 
attingit,  nenipe  quomodô  materi;e  et  fornui;  à  Ciirislo 
sint  detorminata),  an  secundùm  spccicm  ,  utrùni  verô 
secundùm  genus  tanlùm.  Idcircù  neccsse  est  ut  eain 
hic  subjiciamus.  Cùm  autem  non  nostrûm  sit  tantam 
dirimere  litem  ,  utramque  opinionem  cum  suis  proe- 
cipuis  rationibiis  sat  erit  exposuisse,  ut  unusquisque, 
cognilà  causa,  cam  partem  qua;  sibi  verior  apparuerit, 
amplecli  valeat.  Eam  porrô  Iractalioneni  à  Tunielio 
nuituabimur ,  qnippe  quôd  eam  clarc  et  dilucidè,  ut 
assolet,  execulus  est,  quœst.  1,  arl.  4.  Sic  igilur  iia- 
bet  doclissimus  professor  :  «  Nonnulla  in  aiiquibus  Sa- 
4  cramenlis  signa  seu  symbola  et  vcrba  usurpanlur  , 
(  quorum  nuUa  exstat  in  Scripluris  nientio  ;  iniô  quce 
«  aut  Ecclcsia  Gneca  nusipiàm ,  aul  Latina  non  sem- 
«  pcr  adbibuit  :  v.  g. ,  nulla  in  Scripluris  mentio  un- 
«  ctionis  chrismatis,  et  isloriun  verborum  :  Sirpio  te 
t  sicj)io  crucis ,  ubi  de  Sacramento  Confirmationis , 
i  quod  pcr  solam  manûs  impositionein  et  oralionom 
(  datum  ab  Apostolis  leginnis ,  Acl.  8.  Nulla  pariter 
t  menlio  instrumentorum ,  et  isloruiii  verl)oriim  :  Ac- 
«  cipe  potcstalem,  etc. ,  in  sacris  ministrorum  ordina- 
«  tionilius  perticiendis  :  imô  nuilus  unquàm  eoruni 
t  usus  apud  Gracos  ;  apud  Latinos  verô,  elsi  anliquus, 
«  non  tanien  pcrpctuus  cl  uniformis  fuit. 

<  Atque  iiinc  duplex  inter  tbcologos  na(a  contro- 

<  versia  :  prima,  an  hujuscemodi  materia  et  forma  sit 

<  Sacramento  esscntialis,  an  accidi.-nlalis  duntaxat  aut 
«  intcgrans;  secunda,  an  cl  quomodù  Cbristus  Domi- 
«  nus  singulorum  Sacramenlorum  niateriam  et  for- 
j  mam  delerminaverit.  Seposilâ  jam  priori  qu;iostione, 
(I  qua^,  suo  proprio  ioco  servanda  est ,  de  posteriori 
«  duntaxat  li'ic  agemus ,  cui  prima  locum  et  orlum 
s  dediu 

d  Observandum  autem  primo,  res  et  vcrba  Sacra- 
«  meniorum  duobus  modis  à  Cbristo  Domino  deter- 
'  minari  poluisse,  in  génère  scilicet  et  in  siiecie  :  in 

<  génère  quidcm  ,  si  tanlùm  pncscripsit  assumendum 
«  esse  signum  aliquod  exlcrius ,  aptum  cl  idoneum 

<  adfmeminsliluli  Sacramentisignilicandimi  ;  Ecclesiaî 

<  verù  potcstalem  lecerit  taie  signum  eligendi  ac  de- 

<  terminandi.  In  specie  verô,  si  ipscmct  Cbristus  si- 

<  gnum  illud  nolaverit  ac  determinaveril ,  imposilâ 
*  iege  eo  semper  utendi  :  v.  g. ,  aquâ  in  Baplismo  ; 

<  pane  et  vino  in  Eucbarisliâ.  Quod  de  rébus  seu 
«  male'rià  Sacramenlorum  ,  idem  de  verbis  ,  qurc  for- 

<  mai  ralionem  babcnl,  plané  dicendum  ;  ([uocumque 

<  aulem  modo  ca  per  Cbristum  delerniinata  fuisse  di- 

<  xeris ,  quoad  sensum  duntaxat  ac  signilicalionem , 
«  seu,  ulaiunt,  formaliler,  non  vcrù  (pioad  sonum 
«  et  idioma,  seu  materialiter  delcrminata  sunt;  quo- 
<!  Cumipic  enim  idiomate  coUalus  Dajjlisnuis  in  no- 
«  mine  Dalris,  et  Filii,  et  Spiritûs  sancli,  ralus  ac  va- 
i  lidus  est. 

1  Observandum  2"  Sacramenlorum  notrorum  ma- 
i  leriam ,  aUam  in  re  quàdam  seu  substantif»  physicâ 


SACRÂMENTIS  IN  GENERE.  13K6 

§  3.  Propomnitur  et  rcsolvimtur  aiujuœ  quœslioncs. 
Quxres  1"  ulrùm  Cbristus  poteslatem  quam  liabuit 

(t  consislere,  qualis  est  aqua  Baplisnii,  oleum  Confir- 
«  mationis,  panis  et  vinuin  Eucliaristia;,  etc.;  aliam 

<  in  aclione  quàdam  nioi'ali ,  qiiales  sunt  aclus  pœni- 

<  lenlis  in  Sacranienlo  Pa-nileulia; ,  qualis  consensus 
i  mutuns  contrabenlium  in  Sacramento  Malrinionii. 
(  Islud  aulem  discriminis  esse  observant  ibcologi,  in- 
i  U'v  niateriam  Sacramcnli  pbysicam  et  moralem , 
«  (|uùd  pliysica  nullatcnùs  pcndeat  à  legibus  Ecclcsia;, 
(t  ul  râla  sit,  ac  verum  efli(Mat  Sacramcntum;  è  con- 
«  ira  moralis  bis  legibus  subjaceat,  ita  ut  si  observa- 
«  ta;  ilLe  non  fuerint,  nullum  et  irrilum  sit  Sacra- 
{  mcntum  :  v.  g. ,  post  rcceptum  decrctum  concilii 
«  Tridentini  irritanlis  malrimonia  clandeslina,  mu- 
i  tuus  contrabenlium  consensus  clanculùm  et  contra 
«  Ecclesiie  Icges  datus  nuilus  est,  ac  irrilum  facil  ma- 
i  trimonium  ;  non  quùd  mulelur  nialeria  Sacramcnli 
«  à  Cbristo  inslitula,  sed  quùd  personai  inhabiles  red- 
«  danlur  ad  coiitrabcndum. 

i  Consenliuiit  omnes  inter  se  schohie  magistri,  Cbri- 
II  stum  Doniinnm  alicpiorum  Sacramenlorum  niate- 
«  riam  et  formam  in  specie  assignasse  ac  delermi- 
«  nasse ,  pulà  Haplismi  et  Eucharistine  ;  cx'lerorum 
«  verô  saltem  in  génère. 

«  Hoc  unum  igitur  in  dubium  et  controversiam  ad- 
«  ducitur,  utrùm ,  non  tanlùm  in  gcnere ,  scd  etiain 
«  in  specie  singulorum  omnium  Sncramentorum  res 
«  et  verba  Cbristus  Dominus  pcr  seipsum  delermina- 
«  verit;  alfirmanl  aliqui,  ncgunt  alii. 

«  Qui  af.irmant,  bis  ducunlur  momcntis  : 

«  1"  Quia  nullum  est  ex  septcm  nova;  legis  Sacra- 
«  menlis ,  cujus  sufiiciens  non  occurrnt  in  Scripluris 
«  expressa  maleria  et  forma  :  quod  quidem,  induclio- 
«  ne  faclà  ,  dcmonslrant  locis  Scriptura;  conclusione 
H  3  prœcedenli  cilalis.  Qnidquid  crgo  ad  banc  mate- 
«  riam  et  formam  ex  Ecclesi^r;  usu  aul  pra;ceiito  tcm- 
«  poris  lapsu  accessit,  illi  revocant  ad  partem  Sacra- 
c  menti  accidenlalem  aut  inlegraiitem ,  nullalenùs 
«  verô  ad  substanlialem  et  csseiilialem.  Ita  scnliunt 
«  de  unctione  cbrismalis  in  Confirmalioue,  cl  porre- 
«  ctionc  instrumentorum  cum  verbis  adjunclis  in  sa- 
d  cris  ministrorum  ordinalionibus. 

«  11°  Quia  Cbristus  Dominus  immedialè  ac  per  se 
II  omnia  et  singtda  legis  evangclica;  Sacramenla  insti- 
«  luit.  Doctrinam  banc  colligunt  ex  conc.  Trid.,  sess. 
«  7,  can.  1 ,  quam  nos  ipsi  inl'i  riùs  pr'^piigîiabi- 
«  nuis.  Alqui  si  Ecclcsia;  poteslatem  fecissel  spe- 
«  ciatim  dclerminandi  niateriam  et  formam  Sacramen- 

<  torum ,  non  immedialè  nec  per  se ,  scd  médiate  ac 

<  per  Ecclesiam  ea  sacramenla  insliluisse  dicendus 
«  iôrct  ;  qui  enim  parles  Sacramcnli  cssenliak's  insti- 
«  tuil,  is  cerlè  Sacramcntum  ipsnm  iiisiituerc  dicilur. 

II  111"  Concilinm  ïridenliniini,  scss.  21,  cap.  2,  do- 
«  cet ,  lunic  potrsiaton  pcrpclub  in  Kcclesià  fuisse ,  nt 
i  in  Sacramcnloriini  dispcnsalione ,  siilvâ  illonun  sitb- 
«  stiinlià,eu  slalucrct  vel  mut(iret,(iuii'sHSii)iienintin  uti~ 
«  lilali ,  seu  ipsornm  Sacraïucnioruni  vcitcratioiii ,  pro 
i  rcruw,  lemporum  et  locorum  varietale  nuK/is  eypcdire 
a  jndicaïct.{)\)\iO\\\i  eùloci  conciliiun,  sulislaîiliam  Sa- 
d  cramenlorum  rilibus  ac  ('a^rcmoiiiis  qu;u  in  eoriim 
4  dispensiUionc  obscrvanlur;  riliis  qiiidein  illos  ab 
«Ecclcsia  stalui  ac  mi'tari  posse ,  subslanliam  verô 
1  non  posse,  salis  aperié  déclarai.  Porrô  si  Ecclesi;c 
i  dalum  essel,  in  specie  dclerminandi  essenliales  Sa- 
1  cramcnli  alicujus  parles  ;  si  pro  rerum  ,  lemporum 
«  ac  locorum  varielale,  varias  assumere  posset,  nm- 
«  lationi  profeclô  subjaccrent  partes  sid)slanlialcs  Sa- 
«  cranienti,  période  ac  litus  et  ca^remoiiia'  :  quà  enim 
«  liberlale  potuisset  Ecclcsia  banc  vol  illam  malenani 
«  aut  formam  pncscribcre  ,  potuisset  et  mntalis  cir- 
«  ci.imslantiis  inimulare,  aliâ  subiogalâ  in  locum 
«  prioris;  et  ita  salva  semper  cl  intégra  non  rcmaiic- 
«  rcl  Sacramcnli  subslanlia  ,  conlra  cxprcssam  con- 
«  cilii  ïridcntini  doclnnam.    Elvcrô,   inquiual,   bj 


1357 


QU/EST.  VI.  DE  AUCTORE  SACRAMENTORUM. 


1Ô5S 


in  Sacramcntis  institaendis  polncril  niinisiris  commu- 
nicare.  Diil)iuin  hoc  olirn  tcligil  Magislcr  scnlcntia- 

f  pnrroolio  inslnimcrUoriim  ,  v.  <». ,  pcrtinot  ad  snh- 
I  slanliain  sacraruin  oriiiiialioiiiiin  ,  oùm  li.uc  ab  Ec- 
I  clcsià  iisiirpala  scmiicr  non  liioril,  oniiiiiiô  iit-cosso 
f  est  f.ilt'i'i,  ad  siil)slaiiliain  sacnc  ordiiiatioiiis  do 
(  iiovo  ali(inid  accossissft  ;  adcùqiio  iiiiilalam  illam 
«  t'iiisse,  non  quidcni  por  dcliattioneni  lilùs  anliiiiii , 
€  sod  pcr  addilioi'.CMi  novi. 

«  Addinit  doniinic,  csso  de  di^nilalc  Sacramenlo- 
I  riini,  ut  suhst.iMtialis  coriini  riliis  conslaiis  sit,  per- 
«  peliuis  ac  nnilorinis  :  lalen»  vcro  csso,  si  in  ils  rc- 
«  ponaliir  robus ,  ipias  asMgiial  Soripluia,  nbi  de 
«  iibs  nuMilioncni  i'acil  ;  socùs  vorù,  si  in  ils,  qnas 
«  varins  Kcolosix  usas,  varia  disciplina  divorsis  lem- 
«  poribiis  invexil  :  qiia'  cerlè,  |)ro  rcveronlià  et  obo- 

<  dionliit  qna;  Loclosiic  dol)elnr,  roligiosè  observari 
«  (piidem  doi)Cni,  non  ut  subslanlialos,  sod  ut  acci- 
«  donlalos  aul  inlcgranlos  Sacranionli  parles. 

«  Qui  ex  advorso  cxistiniant,  non  in  specie,  scd 
t  in  génère  dnnlaxat  Ciirisluni  Doniiniiui  ajiqiio- 
t  mm  Sacranienlorum  res  et  verlja  doterniinùsse, 
d  Ecclosia:  suaî  dal;\  lii>erlalo  ca  specialim  assignandi, 
j  ii  bàc  uiiâ  niaxiinè  ralione  nioventur,  quôd  sub- 
«  slanlialis  Sacranionli  verilas  inlor  lani  diversan) 
i  ac  discropanloni  Ecclosiaruni  pra.xim,  alilcr  salvari 
«  ac  vindicari  non  possil.  Nonnniia  si(iuidoni,  nt  jani 
«  obscrvavinuis,  in  per/iciendis  Sacramcntis  usurpât 
t  Ecclosia  lanqnàni  essenliaba  ,  quorum  tanien  in 
ï  Scripturis  nulla  prorsùs  juenlio ,  quonuii  varius  est 
(  in  Ecclosia  Grœcà  et  Lalinà  usus,  imù  nec  in  ipsà 
(  quidoni  Lalinà  seniper  conslans  ille  fuit  ac  unilor- 
t  nus  ;  lalis  est  in|)riinis  porrectio  inslruincntoruin  in 

<  sacris  ordinalionibus,  cujus  nulla  in  Scripturis  nien- 
i  lio ,  nnllunique  in  Ecclesiâ  Lalinà  vcstigium  deprc- 
(  hendilur,  anle  docimum  vel  duodecininm  Ecclesi;c 
«  scculum  :  quoniodô  igilur  in  bàc  varietale  slabil  ve- 
«  rilas  subslanlialis  Sacramenti  ,  nisi  dixeris ,  Cliri- 

<  stuni  Ecclesiie  porniisisse,  ut  qnas  idoneas  judicaret, 
1  res  Sacranienlorum  seligerel  et  dclciininarct  ? 

«  Supponit  iia}c  opinio  et  unclioneni  cbrismatis,  et 
(t  porrcctionern  instrumentoriun  ad  substanliam  Sa- 
I  cramenli  Coidirmationis  et  Ordinis  perlincre  ;  de 
«  quibus  aplMs  non  est  bic  diccndi  locus. 

«  Ad  inonienta  verô  prioris  sentontiie  reponunt: 

I  r  Non  omnia  qu;c  ad  Sacramenla  pertinent  in 
«  Scripturis  expressa  esse,  scd  mulla  ex  Tradiiione 
*  ci.nslanti  et  perpoluà  diinanàsse,  <p.u«  ad  substan- 
»  liam  Sacranienlorum  suiit  pariler  revocanda. 

(!  H'  Reclè  isia  duo  conciliari,  Christum  immc- 
«  dialè  ac  per  se  oninia  Sacramenla  instituisse,  ac 
Ii  Ecclcsia;  su;c  poleslalcm  locisse  nonnulloruni  Sa- 
s  cramenloruin  res  cl  verba  specialim  dt;torminandi  ; 
8  quia  ad  lioc  salis  csl  quod  Cbrislus  et  robus  ab  Ec- 
i  closià  selcclis  viin  et  cflicaciam  dare  promiscril,  et 
«  (piùd  ipsam  lormalem  signilicalioncin  sigiii  ab  Ec- 
t  closià  inatorialiter  doterminali,  por  seipsum  insti- 
«  tuerit;  hoc  est,  eUccerit  ut  talc  signiim,  v.  g., 
«  porreclio  inslrumcnlorum,  onicacitor  signilicet  sjii- 
«  ritiialom  aliqu  un  poleslalem  dalani  ci  (jui  sacram 
a  Ordinalionoin  |)orcipiX. 

«  111"  Uospondont,  salvaiii  sempcr  rcmanere  Sa- 
«  cranicnli  substanliam,  qirocumquc  sit  in  ritu,  qiio 
«  perliciliir,  variolas  cl  discrepanlia ,  quia  iienqie 
t  idem  sempcr  (pioad  siibstanliain  Sacrameiiium 
«  roniaiiot,  ciiin  sorvalur  Cliiisti  insliliilio  ;  scrvalur 
i  aulom  ciini  Ecclosia,  pro  (■oncessà  sibi  liberlato, 
f  juxla  sponsi  sui  mciitoui  assuniit  signiini  aliipiod 
«  idoneiim  ad  linem  Sacramonli  cxprimondiim  :  qua- 
i  propter  clsisigmmi  illud  maicrialilcr  Sfioclatum,  sit 
4  divorsum,  foriiialitorlainon  idem  est,quod  sunicitut 
«  salva  et  intégra  rcmanere  dicalur  Sacramenti  sub- 
f  staniia. 

i  IV"  Uospondont,  non  aliam  in  pr.Tsenti  argii- 
i  jucnto  f^uaircndaui  cssc  congruam  ralionem,  quàm 


I 


rum,  lib.  -4,  disl.  5,  nec  dilult;  scd  meliori  judicio 
rcscrvavit  ;  resolvit  postca  S.  Thomas,  3  p.,  q.  (ii,  arl. 
4,  cujus  vestigiis  insisicndo, 

Resp.  cum  dislinclionc  :  vcl  cnim  qurcsiio  ista  mo- 
vclur  de  poleslate  diviiià,  vcl  de  potestalc  exocilenlioe 
quam  liabuit  Cliristus  ut  homo  :  si  primo  sensu  acci- 
pialur , 

«  voliintalom  Cbristi  instiliicntis  Sacramenla,  qui  vo- 
t  luit  ut  Eccl(;sia  nonnuUas  res  et  vcrba  eonim  in 
t  spocic  dotorniinarot. 
j  En  niomenla  (piibiis  ulraque  sentcntia  innitilur. 

<  Utraquo  suos  habotCatliolicos  ddonsores,  ulraimpic 
«  probabilcm  judicaums  :  (piani  qiiisquo  \oiiioril  oli- 
«  gai  et  soqualiir  ;  nuidù  lanicn  cxpcndat  priiH,  quam 

<  parlem  auqilocli  maluorit  circa  nijloriam  cl  for- 
i  mam  ad^cpialam  et  lotalom  tùm  ConlirmaliDnis, 
«  lùm  Ordinis;  inde  cnim  veluti  pra-judicalam  cl  prie- 
'!  formatam  babcbit  circa  pncscnlem  nostram  quu;- 

<  stioncm  senlontiam. 

«  I)e  bis  eloiiiin  solummodô  diiobus  Sacramcntis, 
4  ut  jam  iniiuimus,  dubium  movolur  ;  an  scilicet  in 

j  II  Conlirnialionc  ,  praUer  nianuuni    im[)ositionein   et; 

:  «  orationem,  unctio  chrismalis  cum  iornià  ci  corre- 
d  spondente;  et  in  sr.crà  Ordiiiaiione  pariler,  pra'tcr 
t  impositionem  manuum  et  oralioncm,  poiTCctio  in- 
«  strumonlorum  cum  vorbis  adjunclis,  nialori;c  et 
t  fornue  subslanlialis  ralionem  habcant,  an  lantùm 
«  accidontalis  sou  integranlis.  Prior  sonlcniia  luore- 
«  ticis  in  re  nostrà  sacramenlarià  peccantibus  pres- 
î  siùs  confutandis  eu  vidotur  aplior,  quùd  eani  dun- 
«  taxât  utrique  Sacramenio  niateriam  et  formam  assi- 
«  gnat,  de  qiià  in  Sci'i[)iuris  nicnlio  liabcliir.  AUera 
i  yerô  commodior  vindicandsc  ac  siniul  coiiciliandce 
«  in  utràqiie  Ecclosia  Groicà  et  Lalinà  eorunidcm  Sa- 
«  ciaiiicntorum  vcritali  ;  ils  nimirùm  pro  inatcrià  et 
i  forma  csscntiali  assignafis,  qua}  Ecclosia  longo  et 
«  constanti  usu  adbibuit.  Qua;slionem  liane  in  sus- 
«  peiiso  Ecclosia  baclenùs  reliquit,  ac  scliokc  dispu- 
«  lationi  porniisit  ;  pend(;nle  aulom  illo  dubio,  ea 
«  omnia  ruligiosè  obsorvanda  (jure  observât  Ecclosia 
«  et  cautè  supplendum,  si  qiiid  forte  omissum  fiierit.> 
Usée  ille,  quibus  pauca  subjungere  juvat.  Mmirinu 
pluribus  vidotur  qutoslionem  de  determinaiione  mate- 
riarum  difliciliorem  esse  qiiàm  qu;oslioiieui  do  l'ur- 
niarum  delorminationc.  Quoad  posteriorom  enini, 
niullô  probabiliiis  judicant  formas  (cxccptis  forinis 
Baptismi  et  Euciiaiislio)  in  génère  tantiim  fuisse  à 
Cbrislo  determinalns.  Iniô  vorù  id  cerluni  esse  pro- 
nunliat  Ilabert,  c-np.  7.  Aiidialur  illuslrissimus  Iheo- 
logus  :  «  Certum  est,  inquil,  formas  quinque  Sacra- 
«  menlorum  non  ita  (in  specie)  deterininatas  fuisse, 
«  sed  Christum  reliquisse  Ecclesite  detorminandum 
t  qua;  oratio  adhibciolur  pro  Confirmalioiie,  Ordina- 
«  tione  ei  Exlremà  Unclionc.  qu:x!ve  proforrentur 
«  vcrba  pro  Sacramonlis  Pœniteniia;  et  .Matrimonii, 
«  modo  por  ea  sullicionterexprimorenlurclloclusillu- 
«  rum  SacramonlDrum;  Gneci  cnim  aiiis  verbis  quàm 
«  Latiniconlirmant  et  ordinant.  » 

Quidqiiid  sil,  dicendum  putamus  cum  abbreviatorc 
Pra'lectionum  Tiirnclianarum,  (pia'sl.  1,  arl.  4  :  <  Se- 

«  ciinda  (sonlcniia) ,  noslio  quidcm  judicio,  non- 

«  nisi  ccrlis  condilionibus  tcmiiorala  pro|iugnandaesL- 
«  1°  ut  matoria  et  forma  Sacramontorum  assignata  ili 
i  Scripturis,  conslantor  ab  omnibus  relinealur;  T  ut 
«  (pue  ab  Ecclosia  dicuntur  scnicl  assignaLo  pario-,  c>- 

<  sonlialos Sacramonli,  nusipiàmmulonlurab  Eccîcsià 
I  privalà  et  pailiculari  ;  ad  polam  enim  Ecclesiain 
i  univorsalom  pcrlinol  res  Sacraïuenlorum  specialim 
1  dotcrininaïc,  iicn  adipiainlibol  privai. un  ;  5"  ul,  pou- 
i  dente  diibio  an  bic  vol  illo  liliis  ad  substantiam  Sa- 
j  cramoîiti  porlineat,  ii  omnos  scdiilù  ;'C  rc!ii.'iMsé  ob- 
«  sorvenlnr,qui  pra-scribunlur  et  obscrvantur  a!»  Ec- 
I  closià,  ne  forte  alicujiis  |)arlis  omissione,  pi  rituluiti 
1  sit  nullum  ac  inilum  cssc  Sacramoiiium.       (EJii.j 


1359 


DE  RE  SACUAMENTAUIA.  —  DE  SACKAMENTIS  IN  GENERE. 


15G0 


Ilesp.  ncgaiivc;  potcslas  ciiim  liœc,  cùm  divina  sit, 
Deus  ipse  est ,  sivc  Dci  essenlia.  Eigo ,  iiiquit  S.  do- 
ctor,  nulli  crealurœ  poluit  commuuicavt ,  siciit  ncc  divi- 
na essenlia;  lam  enim  répugnai  crcaluiam  in  divinam 
esscnliam  transformari ,  qiiàm  Dcum  non  esse  uiiuni. 
Ego  Domiuus  ,  ait  ipse  ,  Isa.  12  ,  8  ,  lioc  csl  nomen 
vieum  :  gloriam  meam  alteri  non  dabo  ;  qiiid  ([uôd  ,  ne 
sibi  quidem  ipsi  ut  honiini  potuil  Clirislus  poteslatem 
principalem  iribucre  quani  liabet ,  ut  Deus  est  ;  crgo 
longé  minus  poluit  ministris  suis  coniniuiiicarc. 

Quôd  si  quaestio  secundo  sensu  inlclligalur  ilerùm 
dislinclione  est  opus  :  vel  enim  quxrilur  an  Christus 
totam  quam  ut^ionio  babcbat  polenline  pleniludinem, 
vcl  utrùm  graduni  aliquem  ejus  et  rivulum  communi- 
carc  potuerit. 

Primo  quidem  sensu  negamus  hoc  fieri  poluisse  : 
poteslatem  enim  excellentioe  quam  habet  Christus  ul 
homo  in  Sacramentis  insliluendis,  ideô  habet  quia 
humanitas  ejus  est  inslrunienlum  divinilali  conjun- 
ctum  ;  unde  sequitiir  quùd  sit  caput  Ecclesiaï  princi- 
pale, quùd  merito  suo  et  dignitale,  secundùm  absolu- 
lum  justitia;  rigorem  œterno  Patri  satisfecerit ,  quôd- 
quc  hoc  ipso  nieriio  Sacramcnta  perfuderil  :  alqui  hœc 
lam  pnecellentia  bona  manifcstimi  est  sic  esse  Ghristo 
singularia  ,  ut  nemini  hominl  communicari  poluerit; 
crgo  idem  dicendum  de  plenitudinc  poteslaiis,  quam, 
ut  iiomo,  habuit  ad  Sacramenla  instituenda. 

Secundo,  si  de  eâ  poleslale  qucestio  sit,  quoc  totam 
polenlia;  Chrisii  pleniludinem  non  adaequel ,  eàque 
infeiior  sit,  respondemus  communicari  à  Christo  mi- 
nislris  poluisse  ;  hœc  enim  est  sanclorum  Auguslini 
et  Thomaî  sententia ,  quam  cô  lubenliùs  cum  cele- 
brioribus  Thomistis  ampleclimur,  quùd  comniunica- 
tio  hcec  nuUam  contradictionem  involvat ,  nec  aliéna 
à  Dei  poleslale  monslrari  queal.  «  Christus ,  >  inquit 
prœccptor  angelicus ,  5  p. ,  q.  61 ,  arl.  4 ,  in  c. ,  «  in 
(  Sacramentis  habuit  duplicem  poteslatem  :  unam  au- 
i  ctoritatis,  qux...  nulli  creatumc  potuil  communicari, 
i  sicul  nec  divina  essenlia  ;  aliam...  excellenlice,  quoc 
i  compelil  ci  secundùm  quùd  homo,  et  lalem  potesla- 
«  icm  poluit  ministris  communicare,  dando  scilicei 

<  eis  tantam  gratioe  pleniludinem ,  ut  eorum  raeritum 
i  operaretur  ad  Sacramenlorum  efTectus ,  ul  ad  invo- 

<  calionemnominumipsorum,  sanclilicarcntur  Sacra- 
«  menta,  et  ut  ipsi  possenl  Sacramenla  insliluere,  et 
I  sine  rilu  Sacramenlorum ,  effcctuni  Sacramenlorum 
t  conlerre  solo  imperio  ;  potest  enim  inslrunienlum 
4  conjunctum  qtianlô  fuerit  lorlius,  lantô  magis  vir- 
8  lulem  suam  instrumento  separalo  tribuere ,  sicut 
!i  manus  baculo.  >  lia  S.  Th.  Eam  verô  poteslatem , 
si  Christo  libitum  fuissel  communicare  alicui ,  pleni- 
Uidine  polcstatis  quam  ipse  habuit  inforiorem  fuluram 
ibidem  signilicat  in  resp.  ad  3  :  «  Chrislus ,  inquit , 
«  noluil  poleslatem  sax.  cxcellentioe  ministris  commu- 
(  nicare  :  si  tamen  communicàsset ,  ipse  esset  caput 
«  principaliler ,  alii  vero  secundariô.  » 

Quanes  2^  ulrùm  reverà  banc  poteslatem  alicui 
lommunicavcrit.  —  lîesp.  négative  cum  S.  Thomâ 
jnodô  cilato  ;  quanlalibet  enim  fuerit  dignilas  con- 


ccssa  aposlolis ,  nulle  exenipîo  probari  potest ,  quod 
vcl  Sacramenla  ipsi  inslilucrint ,  vel  ad  sui  nominis 
invocationem  sanctiiicavcrint,  vcl  quôd  eorum  meri- 
lum  operaretur  ad  Sacramenlorum  effeclus  :  «  ncnio 
•i  Aposto^orum,  ail  S.  Auguslinus,  tract.  9,  in  Jean., 
I  quem  presso  gradu  scculus  est  S.  Thomas ,  iicnio 
t  apostoh)rum  dixit  :  Baplismus  meus,  quamvisunum 
«  omnium  csseï  Evangelium,  tamen  invenis  dixisse  : 
i  Evangelium  meum,  Rom.  2,  IG,  et  alibi  pluries  ;  non 
«  invenis  dixisse  :  Baplisma  meum.î 

Quœres  3°  quamobrem  non  contuleril. —  Resp.  cum 
S.  Tliomà  ibidem ,  in  resp.  ad  1,  denegalam  fuisse 
propter  fidelium  utilitatem,  luni  ut  omnis  schismalis 
pmecluderetur  occasio,  lum  ut  in  homine  spem  homi- 
nes  suam  non  ponercnt.  «  Potuil  Domiuus  Jésus 
1  Clu'islus,  inquit  S.  Auguslinus  loco  modo  laudato,  si 
t  vellet ,  dare  poteslatem  alicui  servo  suo ,  ut  daret 
c  Baptismum  suuni  lanquàm  vice  suâ ,  et  Iransferre  à 
«  se  bapiizaiidi  poleslatem  ,  et  constituere  in  aliiiuo 
«  servo  suo ,  cl  laniam  vim  darc  Bapiismo  iranslato 
1  in  servum,  (pianlam  vim  haberel  Baplismus  dalus  à 
i  Domino  ;  hoc  noluil  ideô,  ne  in  illo  spes  esset  ba- 
«  plizatorum,  à  quo  se  baplizalos  agnoscerent;  noluit 
«  ergo  servum  ponere  spem  in  servo  ;  ideixiue  dania- 

<  bat  Aposlolus,  cùm  videret  hominesvolenles  ponere 
«  spem  in  seipso  :  Numciiiid  Paulus  pro  vobis  crucifixus 
t  est,  aul  in  nomine  Pauli  baptizali  eslis?  1  Cor.  1,  15, 
(S  Baptizavit  crgo  Paulus  tanquàm  ministcr,  non  tan- 

<  quàm  ipsa  potcslas  :  baplizavil  aulcm  Dominus 
«  lanquàm  potcslas,  intendil,  et  poluit  banc  polcsia- 
«  tem  servis  dare  ,   et  noluil  :  si  enim  darel  banc 

<  poteslatem  servis,  ut  ipsorum  esset  quod  Douîini 
«  erat,  toi  cssent  bapiismi,  quoi  essent  servi  :  ul  quo- 
«  modo  dicUim  est  baplisma  Joannis ,  sic  dicerelur 
«  baplisma  Pclri,  sic  baplisma  Pauli,  sic  baplisma  Ja- 
«  cobi,  sic  baplisma  ïhomce.etc.;  ergo,  ne  lot  bapti- 
î  smala  diccrenlur ,  quoi  essent  servi  qui  bapiiza- 
i  reni,  accepta  poleslale  à  Domino,  sibi  lenuil  Do- 
«  minus  baplizandi  poteslalem  ,  servis  minislcrium 
i  dédit.» 

De  hoc  verô  ministerio  ul  dicamus,  sit 

QU.ESTIO  SEPTIMA. 

liF.  MINISTRIS  SACUAMENTORUM. 

Magni  monienli  csl  isla  qua^slio,  gravissimasque 
difficultates  importai ,  ad  quarum  explicalionein  om- 
nis qtmm  polerimus  est  diligenlia  afferenda. 

Prima  est,  utrùm  ministcr  Sacramenlorum  sit  in- 
discriminatimomnishomo. Sccunda,an  nemo  nisi  'qui 
fidem  jntcgram  vita.>quc  sanciitalem  habcal,  validé 
possit  Sacramenlorum  minislerium  usurpare.  Terlia , 
niinislro  (\nx  sil  inlcnlio  necessaria. 

Primam,  nostri  temporis  iuicrclici  excilârunt,  qui 
saccrdolium  usque  adeô  conlcmpserunl ,  ul  rcrum 
sacrarum  officium,  non  prcsbyteris  specialitcr,  sed 
goncfatim  cuicumque  fideli  commilii  possc ,  sumniâ 
impielale  alfirmare  non  dubilaverinl. 

Secundo,  tertio  seculo,  contra  S.  Cyprianum  eiqu« 


1501 

conjuRClos  episcopos ,  ([iiarlo  vcro  cl  scquenlc  con- 
tra Donalislas  à  Piilribus  niagno  animoruin  œslu  est 
agi  la  la. 

Teilia,  necdùin  benè  csl  rcsoliita,  secl  in  ulrainquc 
partem  à  Llieologis,  LcclcsIA  silenle  cl  lolcraiile,  vcii- 
tilaiur.  Sit  ilaquc 

CAPUT  PRIMUM 

ITRl'M    MIMSTER    SVCRAMENTORIM    SIT    INDISCRIMINATIM 
OMMS    HOMO? 

Minislcr  cujusvis  ncgolii  poragcndi,  aliiis  dicitiir 
ordinarius  (1),  oui  niniirùm  ex  loge  comninni  cl  usii 
recepto,  rei  gort'nd;i'  nniiuis  incniiibit  :  alius  insolciis 
sive  cxliaordinarius ,  qui  non  ex  oflicio ,  sed  prœter 
comniuneai  usum,  cl  ex  speciali  Icgislaloris  conccs- 
sione  arrogat  sibi  inlerdùm  liane  polcslatem. 

1°  Poiiinnis  laiiqiiàm  cerlnm  ciiin  sancto  Thomâ , 
posse  angelos  esse  exlraordinarios  Sacramcnloriim 
minlslros.  <  Sciendum  ,  iiiquii,  3  p. ,  q.  Ci,  art.  7, 
«  Inc.,  quôd  sicut  Deus  viiiulcni  siiam  non  ita  alligavil 
I  Sacranienlis ,  quin  possil  sine  Sacramenlis  cfTectum 
c  Sacranientorum  conforre,  ila  eliani  virtiitem  si.am 
i  non  ita  alligavil  EcclesiDC  niinistris,  quin  ctiani  an- 
c  gelis  possil  virlutem  Iribucre  miiiistiandi  in  Sacra- 
€  mentis  ;  et  quia  boni  angcli  sunt  nunlii  verilalis ,  si 
«  aliquod  sacramenlale  minislerium  à  bonis  angelis 
<  perficerelur,  essel  ratum  liabenduni  ,  qina  debeiet 
i  conslare  hoc  fieii  volunlale  divinà  :  sicul  qua-dam 
c  tenipla  dicunlur  ange'ico  niinisterio  consecrala;  si 
i  vei'o  dœmones  qui  sunt  spirilus  mendacii  ,  aliquod 
»  sacramenlale  minislerium  exhibèrent,  non  esscl 
€  ralum  habendiun.» 

(1)  Duplici  sensu  accipilur  minislcr  tum  ordinarius, 
lum  exlraordinarius  ,  quia  scilicet  considcrari  potesl 
vel  ralione  poleslalis  in  onlinaiione  accepLe,  vel  ra- 
tione  usûs  illius  poleslalis.  Igitiu-  minislcr  ordinarius 
respeclu  ipsius  poleslalis  in  unhnalione  accepUo,  ille 
estqui vi  su;e  ordinalionis  coiiipletam  iiabel  Sacranien- 
ta  ministrandi  polestalcm;  cl  exlraordinarius  est  ille 
qui  vi  su,x>  ordinalionis  potcslatcni  liabel  Sacramonla 
ministrandi  inchoalani  tanlùm,  sed  qii;c  speciali  dt;[e- 
gatione  perfici  polest,  seu  qui  ordinalioiic  suà  f'acuila- 
tem  liabel,  non  illa  quidem  validé  mini-^lrandi,  sed  ut 
ad  illa  minislranda  delegciur;  v.  g.,  prcsbvler  logi- 
tiinc  ordinalus  minislcr  est  Sacramenli  Eucharisîi.e 
ordinarius,  quia  in  ordiiialionc  compleiain  Luclia- 
risliic  conficienda!  et  minislrand;t  poleslaleni  acccpit  ; 
sed  nomiisi  exlraordinarius  csl  minislcr  (^onfinnatio- 
nis  ,  siquidem,  ut  Conlirmalionem  validé  adniinistrel, 
rcquiriUir  ul  ipsius  poloslas  ,  iii  ordiiialioiie  quasi 
inclioala  ,  per  summi  Poiililicis  dclogalionem  specia- 
leni  comidealur.  Nomiiia  porrô  ordinarii  cl  cxlraorrii- 
narii  minislri  ex  eo  vcniunl,  (piod  ordiiialio  sit  via 
romnuiuis  cl  ordinaria  polc-lalis  aecipicndjc,  deloga- 
lio  auicm  specialis  ordinalioni  superaddila  via  ex- 
traordinaria. 

Minisler  verù  respeclu  usvis  poleslalis  ,  seu  jm-is- 
diclionis  ,  ordinarius  ,  csl  ill.;  qui  picnam  quain  ex 
ordinaliono  liabel  poleslatcm  Sacraiiienla  peragendi, 
ralione  oHicii  cui  aniniarum  cura  sit  annexa,  exercet, 
ul  episcopus  in  suà  diœcesi ,  ant  paroclius  in  suà  pa- 
rociiià  ;  et  exlraordinarius  ille  csl  qui  poleslaleni 
suam,  complclani  quidem  ex  ordinaliono,  exercet 
virlule  alicujus  delegalionis  ant  |H'rniissionis  ,  ul 
presbyler  qui  in  ahenà  parochià  ex  permissif  ne  pa- 
rochi  bapiizai.  (Kdii.; 


QU^ST.  Yli.  DE  MhNlSThiS  SACUAMKNTORLM. 


1362 

hl  cliam  conllngere  possc  S.  Augusiinus  asséruit, 
lib.  'il,  Episl.  Parui.  cap.  Mi  ;  cl  rcipsà  aliqiiando  con- 
ligi^se  in  non  conlemnendi.->  perliibelur  liisloriis.  Sic 
Ecclesia  ipsa  probavil,  quod  rcferlur,  aliquando  san- 
clos  homincs,  aul  feniinas  refcclos  fuisse  cucharislico 
pane  :  quod  de  S.  Agnelc  de  Monte  Poliliano  in  bullà 
bcalilicalioiiis  cxprimilur.  hlcm  de  S.  (^alharinà  Se- 
ncnsi  scriiiserat  I).  Antoninus,  3  p.  Chron.,  lit.  23, 
cap.  11,  ac  alii  de  aliis.  Verùm  iioc,  dical  aliquis, 
niim'is  habct  difficullaiis,  dctulisse  siquidem  Eucha- 
risiiam  aiigeli,  non  confêcissc  Icgiinlur.  Al  nec  de 
aliis  Sacramenlis,  quorum  administralio  à  confeclione 
minime  scjungilur,  désuni  cxempla.  iNarrat  cnim  Ni- 
cephorus  Caliixlus,  lib.  11,  cap.  20,  Ilisl.,  Ainpliilo- 
chium  quemdam  in  deserlo  ab  angelo  episcopum 
consecratum  fuisse,  eanique  consccralionem  ralam 
habilam  ab  aliis  episcopis  :  et  alla  hujusniodi  légère 
est  in  sanclorum  hisloriis. 

T  Pariter  pro  ccrlo  habemus,  posse  à  fortiori  lio- 
mines  beatos  et  coniprehensores,  esse,  Deo  sic  vo- 
lenie,  exlraordinarios  (1)  Sacramentorumminislros, 
qnanquàm  enini  sint  à  terrenà  condiiione  soluli,  et 
militanlis  Ecclesia;  membra  esse  desiverint,  quia  ta- 
men  Deo  non  seeùs  ac  angeli  subjaccnl,  et  divinum 
characlcrem  semel  acceplum  indelcbililer  habent, 
cilra  dubium  esl,  posse  extra  ordinem,  sacrum  mini- 
slerium exercere.  Vide  S.  Th.  ibid.  in  2  arg. 

llaque  superest  diflicullas  de  homine  viatore,  an 
solus  cl  omnis  sil  ordinarius  Sacramentorum  minister. 
Pro  cnjus  cxplicalione  sit 
§  1.  Ostendilur,  sotum  quidem,  non  oinneni  lumen  lio- 

minem  vialorem,  cliam  baptizalum ,  esse  ovdinatium 

Sacvameulontm  minislrum. 

Prima  liiijus  asseriionis  pars  ex  Chrisii  Sacranienla 
instiluenlis  volunlale  evidens  esl. 

Ili  cnim  soli  sunl  ordinarii  Sacramentorum  minislri, 
quibus  solis  eoruni  cousecraiidorum  Chiislus  conlulit 
poleslaleni  ;  alqui  solis  hominibus  Ciirislus  supremus 
legislalor  hoc  minislerium  anogavil  :  ils  eniin  diclum 
esl,  Maltli.  28,  19  :  Eiintes  ducelc  omnes  génies,  bapti- 
zanles  cos  in  uomine  Palris,  et  Filii  et  Spiritùs  sancti. 
Luc.  22,  19  :  Hoc  facile  in  meam  commemoralionem... 
Joan.20,  23:  Accipile  Spirilum  sanclnm;  ijnornm  re- 
miscritis  peccatUiremillunlur  eis,  et  quorum  relinuerilis, 
relenta  sunt.  Ilinc  Aposlolus,  Eplics.  i,  8,  et  seq.  : 
Ascendens,  inquil,  Clirislus  in  allum,caplivam  duxit 
caplivitalcm ,  dedii  doua  liomiuibus...  et  ipse  dédit 
qnosdum  quidem  aposlolos,  quosdam  aulem  prnphetas, 
ulios  verb  evancjelistas,  alios  aulem  paslores  et  doctores 
ad  consummalionem  sanclorum  in  opus  ministerii,  in 
œdijicalionem  corporis  Cliristi.  Et  1  Cor.  i,  1  :  Sic  nos 

(1)  Homo  bealus,  qui,  dùm  in  terris  vitam  ageret, 
ordinarius  eral,  resiwclu  ipsius  poleslalis,  Sacramen- 
lorum  mmisl.M",  essel  adinic  minislcr  ordinarius,  si, 
Deo  volenlc,  corpus  ileriim  assunierct  cl  Sacranienla 
cclebrarel;  quia  scilicet  relinent  sancli  ciiaraclercm 
in  ordinalione  susceptiim.  lia  supponil  S.  Tiiomas, 
quaisl.  (ii-,  art.  7,  ad  secundnm.  (luapropler  co  lan- 
lùm  sensu  minislcr  exlraordinarius,  dici  dcbcrel, 
quôd  id  vulgô  non  fiai,  si  reverà  (piandoquc  conlingaî 
liori.  Vide  Rilliiarl,  diss.  .•>,  arl.  2.  fEdit.) 


iWi 


DE  RE  SACRAMEiNTARlA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1304 


exisliiiiel  liotno  ut  ndiiistros  Clirisll  cl  dispensatores 
Miisierioium  Dei  :  IleiiKiue  atl  llcljr.  o,  1  :  Oinnis  Pon- 
lifex  ex  hoiniiiibus  assnmplus,  pro  hoinbiibus  conslitui- 
tur  in  m  quœ  sutit  ad  Deiim,  ut  offeral  dona  et  sacrificia 
pro  peccalis. 

Inde  est,  quod  S.  Joannes  Clirysostonius  tantam 
lioniinis  dignitalein  cum  adniinitione  suspiciens  :  i  Ilis 
«  qui  terrain  incolunt,  inquit  lib.  3  de  Sacerd.,  alque 
€  in  eâ  versantur,  comraissuni  est,  ut  ca  qusc  in  cœlis 
«  siint  dispensent  :  iis  daium  est,  ut  potestatem  ha- 
«  beanl,  qiiam  Deus  opiinuis  ncque  angelis,  ncquc  ar- 
<  changelis  dalam  esse  voluil  ;  ncque  enini  ad  illos 
«  diolum  est  :  Quœcumque  Uijaveritis  super  terrain,  erunt 
«  ligala  et  in  cœlis,  et  quœcumque  solverilis  super  ter- 
t  ram,  erunl  solula  et  in  cœlis.  »  Ergo,  etc. 

Quin  et  eanidem  seiileiitiam  ralio  ipsa  flde  adjula 
multipliciier  persuadct.  Cluistus  eniin  conditor  Sa- 
cramentorum,  cùni  in  forma  Dei  essel,  nec  rapinam 
arbilrarelur,  esse  se  œqualem  Deo,  senielipsuni  exi- 
naiiivil  formani  servi  accipiens,  in  simililudincm  lio- 
inimun  factus,  et  liabitu  invonlus  ut  lionio,  ut  ninii- 
riim  modo  convenientiori  propinarel  lioinini  lapso 
cœlestis  graliui  medicinam  :  acquumergo  erat,  ut,  ad 
tanti  laigitioneni  benelicii,  adjulores  sibi  simiies,  ho- 
mincs  nempe  eligeret.  I 

Deinde,  ideù  (pra;ler  causas  ccelcras)  institula  sunt 

Sacramenta ,  ut  bis  sanctissimis  vinculis  homines  in  j 

imum  Religionis  nomen  adunarcnlur  :  queniadmodùm  ' 

igitur  solis  sunt  accoinmodata  boininibus;  ita  conve- 

I 
niens  erat  ad  Fieligionis  spiendorcm,  ut  à  solis  honii-  \ 

nibus  adniinistrarentur;  alioqiiin  eiiim  luei  ejuset  cla- 

ritati  aliquid  defuisset,  si  sacroruui  rlluuni  ministros 

invisibiles  babuisset. 

Pra;tcrea  quanquàm  cbristiana  Religio  iiumanse 
ciiiUbet  societali  longé  pnccellat,  quiitpc  quic  divina 
est,  non  à  Plalone,  nec  à  quoquam  altero  bomine,  sed 
à  Deo  ipso  fimdata ,  babet  tamen  aliquani  civilis  so- 
cielatis  formam  et  simililndinem  ;  alqui  bumana  res- 
pubiica  ita  deniùm  consislil  (nec  verô  aliter  potesl) 
si  in  eâ  cives  civibus  nuituo  sinl  adjinnenlo,  et  alii 
quidem  publica  bona  lavoresque  principis  dispensent, 
recipiant  alii;  ergo  pariler  decuit  ut  Christus  supre- 
miis  animarum  œconomus  bona  sua ,  id  est ,  Sacra- 
mcn'.a,  boininibus  boniinuui  miiiislerio  distribueret. 

Poslremô,  Ciirislus  Ecclesiuni  in  bunc  lineni  insli- 
tuit,  ul  tum  cuiterarum  virtutum,  lum  maxime  divime 
commercio  charitatis  devinciret  boniinuni  sociela- 
tem;  atqui  Sacramcntoruni  adminislralio  nobilissi- 
nium  est  opus  cbaritalis ,  bominibus  ei'go  denegari 
non  de])uit;  alque  adeô  quemadmodùm  in  loge  anli- 
quâ,  ita,  muUù  niagis,  in  nova,  non  potuerunt  alii 
quàm  bomiiies  sccundinn  polenliam  Dei  ordinariam, 
Sacramcntorum  esse  ministri. 

Sccunila  cjiisdem  asscitionis  pars,  quâ  dictum  esl, 
non  onniibus  indiflerenter,  eliam  baplizalis,  Sacrà- 
mentoruin  ministerium  convcnire,  lidei  doclrina  est, 
dcUnita  in  concilio  Tridentiuo,  sess.  7,  can.  10,  de 
Sac.  in  gen.,  bis  verbis  :  Si  quis  dixerit  Clirislianos 
omnes  in  verbo,  et  omnibus  Sacrumenlis  administrandis 


habere  potestatem,  anathema  s/<  ;  bœc  vero  scntenlia 
lala  esl  inprimis  contra  Lutberum  cjusque  scqua- 
ces  (1),  quorum,  ut  pr:^cdixinms,  eu  processit  audacia, 
ut  sacerdoiibus  diviuâ  auctoritate  constilutis,  plebem, 
infimani,  et  nudicrculas  ipsas,  in  verbis  Dei  praidica- 
tionc  et  Sacramenlorum  adniinistratione  icquarent.  . 
Procatio  prima,  ex  Scripluris.  \ 

I.  Primum  à  veibo  Dei  seripto  petimus  argumen- 
lum.  Quosdam  quidem,  ait  S.  Pauliis  ad  Corintbios 
scribens,  12,  18,  posuit  Deus  in  Ecclesiâ,  primiim 
apostolos,  secundo  proplielas,  tertio  cioctores,  deinde 
virlutes,  exinde  gratias  curalionum,  opilulationes,  gu- 
bcrnaliones..;  numquid  omnes  apostoli?  niunqiiid  om- 
nes propheiœ?  numquid  omnes  doctores?  numquid  om- 
nes virlutes?  Et  ad  Epbcsios  4.,  4  :  Ipse  dédit  quosdam 
quidem  apostolos,  quosdam  autem  proplielas,  alios  verà 
evangclislas,  alios  autem  paslores  et  doctores;  bine  sic 
elicitur  argumenluni  :  lis  locis  diversa  Ecclesiâ;  mi- 
nisteria  Apostolus  diserte  significat;  atqui  non  oni- 
nia  omnibus  convenire  affirmât,  sed  diversa  diversis, 
secundùm  mensuram  donalionis  Cbristi  ;  cùm  igilur 
in  ecclesiasticis  miiiisteriis  prœcipuum  locuni  teneat 
consecratio  Sacraraentorum ,  manifestum  esl  non 
omnibus  promiscuè  convenire,  sed  iis  tanlùm  qui  sunt 
rilè  in  Ecclesiâ  ordinaii. 

Deinde,  Sacramcnla  administrare  proprium  pasto- 
rimi  officium  est,  quos  Spiritus  sanclus  posuit  regere 
Ecclesiam  Dei  ;  sed  non  omnes  in  Ecclesiâ  sunt  pa- 
slores, ut  ibidem  leslalur  Apostolus,  et  meritù  qui- 
dem :  nam  si  omnes  paslores  esseut ,  nullibi  oves 
exslarent,  alque  adeô  nec  paslores  quidem  reperiren- 
tur,  qui  sine  ovibus  esse  non  possunt  :  ergo,  etc. 

Prœlerea,  ut  docet  idem  Apostolus,  Hebr.  5,  4  : 
Nemo  assumil  sibi  lionorem,  sed  qui  vocatur  à  Deo  lan- 
quàniAaron;  non  igitur  onmes  qui  sunt  de  poj)ulo 
Dei,  hoc  ipso  sunt  sacerdotes;  bine  apostoli,  licèt 
anie  Eucbai'istiae  et  Pœniteniiyc  institutionem  essent 
mcmbra  Cbrisli,  non  anlè  tamen  ulriusque  admini- 
slrandac  polestatc  douali  stml,  (juàm  diverit  ad  eos 
C.brislus:  IJoc  facite  in  menm  commemvraiioncm...;  ac- 
cipite  Spiritum  sanclum,  quorum  remiseritis  pcccula, 


(2)  «  Lutlierus  cum  suis  dislinguit  inlor  potcslalem 
«  et  usum  minislcrii.  Usum  (luidem  seu  fuiiclioncs 
«  sacri  minislcrii,  nullnm  arrogare  sibi  debcre  con- 
«  tondit,  iiisi  qui  logilimè  vocalus  lucrit  (à  maji)i'iî)us, 
1  Cdninuniilate  coniculi.'ute);  potestatem  verô  ipsani 
«  minislrandi  cuilii)el lioniiiii clnistiano pcr  baplisnium 
i  intliiam  agnoscii.  Sacerdos,  ail  in  libro  ad  Pragon- 
«  SCS,  de  iiisliluendis  minislris  Ecclesiam,  quem  dédit 
«  anno  i'aiù,  in  novo  prœserùm  Teslamenlo  non  fit, 
«  sed  nascilur,  non  ordinulur,  sed  crealur.  ISascitur  uu- 
i  tem  in  Baplismo;  sunUiue  prorsiis  omnes  Christinui 
i  sacerdotes.  Et  \nicv  proposilioncs  quas  Léo  X  dani- 
«  navit,  iia-'C  oral:  Ibi  non  est  sacerdos,  œquè  polest 
iquilibel  chrisliunus  (Sacramenta  administrare), 
i  eliaiiisi  nuilier  aul  puer  cssel. 
.  iCalvinus,  in  Anlidolo  concilii  Trid.,  ad  can.  H) 
I  sess.  7,  ila  rigide  ac  scverè  tnclur  eos  tantuni  qiu 
«  logiiiniè  vocali  sinil  l,;c:iUalciu  babor^  ni;  'iMvandi 
I  Sacramenta,  ul  nequidem  urgente  necessiiaic  eou- 
.  .  .    '  '..  Y  .■,...:..:„     ul  conlorant 


«  ccdal  laicis,  pricsorlim  verô  iomims,^ 
(  lî.iptisnium.  j>  Turncl.  quxsl.  G,  art.  2. 


(Edil.) 


i565 

remilluutur  eis,  et  (luorum  relinucrilis,  relcnlu  sunt  ; 
«rgo,  etc. 

Ncc  est  quoil  ctiin  Lutlieraiiis  rcspoiuIoaUir,  liœc 
Scriplurac  loca  non  de  poleslale  ipsà,  sed  do  usu  ejus 
dobere  iiilclligi  :  qiiis  cniin  nicnlis  coinpos  dixeril, 
Aaron  anle(|iiàiii  ad  sarerdoliiiiii  vocareliir  ,  illius 
qiiitleni  vcram  habuisso  polcslaloni,  usn  lanicn  ca- 
ruissc,  douce  aceodcrel  Dei  imperium?  Qiiis  paritcr 
putaveril,  anle  habuisse  apostolos  facienda;  Kucbari- 
sli;r,  cl  diniillondi  poocata  vcram  alque  activam  po- 
Icnliau),  quam  à  jCliiislo  suniino  saccrdulc  recipc- 
rciit  ? 

Probatio  II,  ex  tradhione. 

II.  Suffragalur  et  traditio,  qiiam  Lutlicrani,  ut  in 
Ctcleris,  sic  iii  Sacraincnlorum  ncgolio,  liiri)issinic 
violârunl  :  sic  aulcni  in  lornià  proponilur  argumen- 
tum  : 

Ecclesia  calliolica  à  ncmine  iinriiiàni  passa  est  Sa- 
cramenla  ,  sive  puijlicè  sive  privaiiin  aduiinislrari, 
qiiin  priùs  sacrani  ordinationeni  acccpissct  :  quolios 
enini  de  Sacramcntorinn  valore  diibiuni  incidit,  scdidô 
Paires  inquisierunl,  iilrùin  qui  ca  conlulisscnt,  de 
sacroruni  niiii-islroruni  numéro  essenl?  A  conununi 
vegulà  soins  Baplismus  exccptus  est,  quem,  ut  per- 
pétua tradilio  iutellexit,  voluil  Dominus  ab  iiomine 
quolibet  in  casu  necessilalis  administrari.  Quisquis 
in  conirarium  vel  docere  ve!  agero  prasumpsit,  nul!à 
niorà  f.iclà,  perculsus  analheniale,  et  velut  bserclicus 
est  danuialus  ;  cujus  rei  in  poslerum  niultoties  cxeni- 
pla  occurrent  :  bine  sunimo  studio  et  diligeulià  autiqui 
Paires,  sive  per  orbem  di-^persi,  sive  congregali  in 
synodis  ;  omnium  et  singulorum  or'dinum  officia  de- 
scripseruut  :  bine  antislitum  Ecclcsiie  seinpcr  cl 
ubique  prLccipua  cura  fuil,  delectis  à  se  et  à  populo 
clericis,  graiiani  ministerii  manuum  impositione  cou- 
ferre,  ne  videlicet  careret  Ecclesia  diviuorum  niyste- 
riorum  dispensatoribus.  Summa  bàc  in  parle  veterimi 
consensio,  nec  uinbra  litigii  est.  Insanil  crgo  more 
suo  Lulberus,  quando  novuni  Evangelium  pncdicans, 
Sacramenta  el  vcrbum  Dei  ab  omnibus  passim,  non 
viris  lanlùm,  sed  eliam  feminis,  posse  dispciisari, 
inverecundè  pronunliat. 

Pr.OBATio  ni,  ex  tlicolocjicà  raCwne. 

III.  Accedit  dcnique  ralio  :  scnsus  enin»  ipso  com- 
munis  dictai,  in  bcnè  moratà  ropublicà  non  onmes 
posse  pari  dignilate  eminere,  neque  communia  om- 
nium esse  quie  publiée  geruntur  officia,;  sed  ab  iis 
lanlùm  légitimé  excrceri,  qui  in  pariem  niinislerii  à 
principe  vel  à  legislalore  fuerint  vocali  :  qua;  enim 
hœc  esset  reginiiuis  species,  in  (pià  possel  quilibel  ad 
arbiiriumjm-a  dicere,  componcre  iiles,  leges  coude re, 
TCgcrc  civilates,  munire  prœsidia,  diiccrc  cxercilus, 
et  denique  quaslibet  pro  arbitrio  obire  provincias? 
numquid  poiiùs  inonstruin  boc  esset  regiminis,  loiius 
ordinis  ininiicum  ? 

Jam  sic  proscquor  argumenlum  :  Alqui  respublica 
clirisliana  divina  est,  Dei  scilicct  legislaloris  sapien- 
lissimi  aucloritaïc  fundata  ;  ergo  non  possunt,  aisi 


QU.'EST.  Ml.  DE  MiNISTRIS  SACUAMENTOUUM. 


iSGC 

quos  ipse  volucrii,  jussa  ejus  exequi,  nec  Sacraïuenia 
adininislrarc  :  nain  si  Keligi(uii  Mosaicac  sic  providit, 
ul  soli  debcrenl  sacerdoles  divina  pcragere,  quis  cre- 
diderii  Ecclesia;  chnsliaiuc,  quam  Mosaica  in  umbrâ 
prxcesserat,  minus  fuisse  consullum? 

Nec  ullius  ponderis  est  quod  ail  Lulberus,  Lib.  de 
Capliv.  iJabyl.,  c.  de  Ordin.,  Cbrislianis  omnibus,  oiu- 
nés  licèt  a;qualiler  sacerdoles  sinl,  paremque  in 
veibo  el  Sacrameniis  habeant  poleslaleni,  hàe  ipsà 
tamen  uli  nonîicere,  nisiaccedenle  consensuconanu- 
nilalis  cl  vocalione  niajorum  :  nain  vel  vocaiio  Ula 
divina  est,  vel  liumaua.  Si  prinium,  crgo  non  oinnes 
sunladSacranienloruin  niinisterium  divina  volunlatc 
j  vocali  (1):  alque  adeô  secum  ipso  Lullicrus  pugnat. 
Si  sccundum,  vana  ergo  el  prorsùs  inulilis  est  vocaiio 
bicc;nec  enim  potesl  cuiquam  buinana  auclorilas 
eripcre  jus  divinilùs  comparalum. 

§  !2.  liefuUmlur  Lutkeranorum  objecliones. 

Obj.  Quisquis  verè  sacerdos  est,  veram  babet  Sa- 
cramenta administrandi  polenliam;  alqui  fidèles  oni- 
nes  slalim  Baplismo  susccplo,  sacerdoles  verè  dicun- 
lur  et  sunt  ;  crgo  babent  veram  Sacramenta  confo- 
rendi  polenliam.  —Resp.:  Conc.  (2)  maj.,  nego  min. 
Sacerdoles  enim  propriè  inteiligimus,  majores  sive  ut 
vox  Gneca  sonat,  seniores  Ecrlesi;e  qui  rébus  sacris 
agendis  divina  auctorilale  praificiuiilur;  alqui  impiuni 
est,  el  verbo  Dei  n)anifeslo  conirarium  affirmare,  Gdeles 
omnes,  sive  viros,  sive  feminas,  sacris  funciionibus 
exercendis  à  Deo  esse  praifeclos  :  non  enim  omnibus 
diclum  est  :  floc  facile  in  tiieam  commemorctdoneiu,  Luc. 
22, 19;sedsolis  apostoliseorumque  legilimissuccesso- 
ribus  ;  non  omnibus  diclum  :  Quorum  remiseritis  pecca- 
ta,  remitiuntur  e(s,clc.,  Joan.  20, 23  ;  sed  iis  solùm  quos 
Cbrislus  judices  in  perpetuum  esse  volebal,  quibus- 
que  vices  suas  conmiiiiebal  :  non  diclum  ad  onmes  : 
Noli  ncfjligcre  (jraiiam  quœ  in  te  est,  quœ  data  est  tibi 
per  proplietiam,  cum  impositione  manuum  presbijterii, 
1  Tim.  4,  14;  sed  adTimoilieum,el  ad  alios  quos,  ac- 
cci)là  divinilùs  poleslale,  Aposiolus  ordinaveral  :  non 
ad  omnes  diclum  :  Altendite  vobis  et  universo  grerji,  in 
quo  vos  Spirilus  smicttis  posuit  episcopos  regere  Eccle^ 
siam  Dei,  Ad.  'iO,  28  ;  sed  ad  solos  majores  naiu  Ec- 
clesia?, quos  Epbeso  Aposiolus  evocaverai,  ut  iii  Scri- 
plurà  referliir  ;  non  ad  omnes,  inquam,  baic  el  mulla 
alia  dicta  sunt,  quLC  breuiatis  gralià  relicemus  :  ergo 
onmes  promiscuè  fidèles  esse  sacerdoles,  dogma  la- 

(1)  Si  Deus  voluissetbanc  vocationem  pniecedero 
ad  licilam,  non  verô  ad  validam  Sacramenlorum  ad- 
niiniblralioiiem,  non  idco  iniiiùs  divina  esset  ad  sen- 
suin  aucloris;  nec  in  oâ  liypolbesi  secum  jiugnaret 
Lulberus;  lune  eiiiui  divina  volunlas  omnes  ad  Sa- 
cranicnla  validé  adniinislrauda,  eos  verù  duiitaxal  ad 
ea  licite  cclebranda  vocaret,  (jui  insuper  liaberenl 
coniinuiiilalis  consensum  cl  inajoruui  vocalionem  , 
quod  saiiè  coiitradiclionem  non  inviilvil.  (Ldil.) 

(2)  Qiiis(|uis  veii-  sacerdos  csi,  babet  plera(iue  Sa- 
craïuenia validé  adininislraiidi  polenliam,  non  aiileni 
oiniiia  :  iiempe  siuqilex  sacerdos  non  poie^t  ordina- 
tionem  facere  ;  item  ncc  adininislrarc  Conlirmalio- 
iiein ,  iiisi  siieoialilcr  à  suinino  Ponlilice  delegelur. 
IKec  solis  episcopis  propiia  sunt.  (Edil.j 


55G7  DE  RE  SACUAMENTARIA.  — 

naticum  i«t,  quod  Luihcrus  furiis  exagitalus  evo- 
nniit. 

liist.  1  .  probando  min.  ex  auctoritatc  Scriplurne  : 
S.  Peliuj  »d  onines  sine  discrimine  lidelcs  sic  loqui- 
tur,  1  Poïi  2,  5  et  seq.  :  I psi  tcinquàm  lapides  vivi  sti- 
■perœdifu'^'^nni ,  domus  spirilualis ,  saccrdotium  san- 
clum...;i^n  autem  genus  elcclum,  regale  sacerdotium, 
genssanOA,  populus  acquisilionis  ;  modoquc  simili 
S.  JoannK,  Apoc.  1,6:  Cliristus,  inquit,  dilexil  nos... 
et  fccit  \-a$  rcgtuim  et  sacerdotcs  Deo  et  Patrisiio; 
ideiuqiic  ~éb\  repetil.  Hinc  sic  informalur  argumeii- 
tuni  :  Scf  flura  sacra  omiies  (idelcs  sacerdotes  ap- 
pellal;  eiijo  œqualiter  omnibus  convenit  esse  sacer- 
dotes. —  flesp.  :  Admilto  auctorilalcs,  et  dist.  ant. 
Scriptura  amnes  fidèles  sacerdoles  appellal,  et  lis 
locis  loqu  tiir  de  sacerdotio  spiriliiali  et  intorno,  con- 
cedo  ;  de  «acerdotio  externo  et  propriè  diclo,  de  quo 
in  prcescnd  quccslio  est,  nego  ant.  et  coiiseq. 

E.  R.  IfJc  bis  et  similibus  Scripturarum  lestimoniis 
hoc  unuib  colligi  potest,  fidèles  omnes  fungi  sacer- 
dotio iiilerno  et  spirituaii,  quod  in  co  consislit,  ut 
oflcM'aiit  l»eo  sacrificiura  cordis  coniribulati ,  bona 
opéra,  preces,  laudes,  aliasque  id  genus  bostias, 
quarum  oblatio  ad  omnes  et  singulos  pcrtinet  ;  mi- 
nime verô  sequilur,  omnibus  exlernum  et  propriè 
dicium  sjcerdoiium  indlIFerenter  esse  altribulum  ; 
hanc  aulem  responsionem  esse  legitimam  nuiliis  mo- 
dis  ostenditur.  Nam 

1"  Manifeslum  est  S.  Petrum  non  loqui  nisi  de 
spirituaii  s;icerdolio  :  Tanquàni  vivi  lapides,  inquit,  sii- 
perœdiftc.:mi}ii,  doimis  spirilualis,  saccrdotium  sanclum 
offerre  spirituales  Iwslias,  acceplabiles  Deo  per  Jesum 
Ckrislum. 

T  S.  Joannes  in  Apocalypsi,  20,  G,  de  eo  sacerdo- 
tio loquilur  quod  in  cœlis  potissiinùin  exercotur  : 
Erunt,  inquit,  sacerdotes  Dei  et  Clirisli,  et  regnabunt 
tum  illo  mille  annis  ;  atqui  in  cœlis  non  visibiles  ,  sed 
învisibiles  bo3li;c  Deo  olTerunti;r. 

3°  Quà  ralione  lideles,  sacerdoles  omnes  vocanlur, 
dicuntur  eliam  reges  ;  atqui  propriè  lioc  nomen  non 
habent,  sed  co  tantùm  sensu  quôd  ad  regni  cœleslis 
hacreditatem  vocali  sint,  debeanlque  in  bac  vilà  pra- 
vis  cupidiiatibus  doniinari ,  et  per  fidom  vincere  bu- 
jus  muiidi  oblcclahicnla  ;  ergo  paritcr  sacerdotes  non 
idcù  dicunlur,  quôd  debcant  visibilibus  et  exlernis, 
;ic  propriè  dictis  sacriticiis  operam  dare. 

4°  Ita  Scripiuram  interpretati  suul  sancti  Patres, 
multô  anie(iu;un  exorla  essct  breresis  Lutberana. 
«  Unusquisque   fidelis ,  ait  S.   Ambrosius  lib.  4,  de 

<  Sac.,  cl,  nngitur  in   saccrdotium,  ungitur  et  in 

<  regniim  ;  sed  spiritu:de  regnum  est,  et  saccrdotium 
«  spiiilualc; n  idemque  multô expressiùssignificat  S.do- 
t  clor, comment. in  cap. CLuc;c:«  Omuesfilii  l^cclcsia', 
I  inquit,  sacerdoles  sunt;  ungimur  enim  in  sacerdo- 
•<  lium  sanclum,  offerenles  nosmetipsos  Deo  hosiias 
c  spirituales;  »  simililer  S.  Augustinus  cxplicans  bsec 
verba  Apocalypsis,  20,  6  :  Erunt  sacerdotes  Dei  et 
i'Jtrisli,  et  regnabunt  cum  illo  initie  annis  :  «  Non  ulique, 
1  inquii  lib.   20  .  de  Civitate,   Dei,  c.  10,  do  solis 


DE  BACRAMENTIS  IN  GENERE.  16G8 

«  episcopis  et  prcsbyteris  dicium  est,  qui  propriè  jam 
«  vocanlur  in  Ecclesià  sacerdotes  ;  sed  sicut  omnes 
t  Cbrislianos  dicimus,  propter  mysliciim  cbrisma, 
«  sic  onmes  sacerdotes,  quoniam  membra  sunt  unius 
«  sacerdotis  :  de  quibus  apostolus  Pclrus,  Plcbs,  in- 
«  quit,  sancta,  régale  sacerdotium  ;  »  parique  modo 
et  idem  sanclus,  sermone  tertio  in  die  anniversario 
Assumplionis  ad  Pontilicalum,aliique  passim  loquun- 
lur. 

Inst.  2"  :  Alqui  fidèles  omnes  idcô  in  Scriptura  sa- 
cerdoles vocanlur,  quia  scquale  omnes  jusbabcnt  ad 
sacrum  minislerium  exercendum-;  ergo  ,  elc.  Prob. 
subs.  ex  aucloritate  Aposloli  sic  loquenlis,  Gai.  5, 
27  :  ^uiciimgue  in  Cliristo  baplizati  estis,  Christum  in- 
duistis  ;  non  est  Judœus,  negiie  Graxus,  non  est  scrvus, 
necjue  liber,  non  est  masculus,  neque  femina  :  omnes 
ciiim  vos  unum  estis  in  Cliristo  Jcsu  :  liinc  sic  eruunl 
argumentum  :  li  qui  unum  in  Christo  sunt,  alii  aliis 
non  habent  majorem  ad  exercendum  sacerdotium 
poleslalem  :  alqui  ex  S.  Paulo  fidèles  omnes  unum 
sunt  in  Cbri.slo  :  ergo,  elc. —  Resp.  :  Nego  subs.,  ad 
probniionem  admilto  auclorilalem  ;  et  concessà  ma- 
jore, dist.  min.  Ex  Apostolo  fidèles  omnes  unum 
sunt  in  Christo  Jesu,  quantum  ad  divinam  adoplio- 
ncm,  concedo  ;  quantum  ad  poleslalem  conficiendi  et 
adininislrandi  res  sacras,  nego  min.  cl  conseil. 

E.  R.  Mirum  est  in  boc  Aposloli  teslimonio  brere- 
ticos  iriumphare,  ciim  de  sacro  minislerio  ibi  non 
agat,  nec  agere  intendat,  sed  de  solâ  fide  in  Christum, 
quam  quisquis  habet,  cujuscumque  landem  sit  sexùs, 
conditionis,  autgenlis,  vcrè  senien  Abrah;c  est,  et  ad 
divinam  bieredilatem  jus  habet;  illud  aulem  ex  ver- 
bis  ipsis  sancti  Pauli  iia  pcrspicuum  est,  ul  noslrâ 
explicatione  non  egeat  :  Lex,  inquit.  Gai.  5,  v.  28  et 
scq.,])œdagogusnostcr  fuit  in  Cliristo,  utexfidejusiifice- 
mur;  at  ubivenit  fidesjam  non  sumus  sub  pœdagogo; om- 
nes enim  filii  Dei  eslis  per  fidem,  qiiœ  est  in  Cliristo  Jesu; 
quicumque  enim  in  Cliristo  baplizati  eslis,  Cliristum  indu- 
istis  :  non  est  Judœus,  neque  Grœcus,  non  est  servus,  neque 
liber  ,  non  est  masculus,  ncquc  femina;  omnes  enim  vo- 
nnum  eslis  in  Cliristo  Jesu.  Si  aulcm  vos  Clirisli;  ergo  se- 
nien Abraliœ  estis,  sccundiim  promissionem,  liœredcs  : 
quandoquiilcm  verô  ad  Apostolumbicretici  provocan!, 
et  ex  vcibis  ejiis  sensu  pr;.cpostcrointellectiserrorem 
suum  conanlur  adslruere,  aiulianl  illum,  si  sapiunl, 
de  sacro  minislerio  apcrlè  loquenlem,  illudque  non 
promiscuè  omnibus,  sed  paucis  admodùm,  qui  vocali 
à  Deo  spccialilcr  fucriiil,  vindicanlem  :  «  Yos  aulem, 
in(iuil,  i  Cor.  12,  27  et  seq  ,  es/is  corpus  Clirisli, 
et  membra  de  membro,  et  quosdam  quidcm  posuil  IJcus 
in  Ecclesià ,  priniiim  aposlolos ,  secundo  proplielas, 
tertio  doclores,  deinde  virtules....  numquid  omnes  apo- 
sloli? numquid  omnes  propliclœ?  numijuid  onines  doclO' 
rcs?  »  Ergo  ex  cjus  doclrinà,  licèt  onmes  fidèles, 
quantum  ad  adoplionem  et  fiJei,  spei  alquc  cbarilatis 
viiiculuui,  sint  unum  in  Christo  Jesu,  aliundè  tamen  sic 
disliiiguuntur  olficiis ,  ul  alii  jure  divino  Sacramen- 
torum  adiiiinibtr:ili<ini  pncftciantiir,  cl  prx'sint  fidcli 
populo,  alii  ii'ncaiiiur  oblempcrare. 


4369  QU'EST.  VII.   DE  MINiSTRIS  SArUAMENTORUM. 


1370 


Insu  5°  :  Alqui,  etiam  (juaiilùiii  ad  potcslatoni  ad- 
luinislrandi  rcs  sacras,  lidelos  iiiium  omiics  suiil  ; 
crgo ,  etc.;  prob.  subs.;  iiisl  omncs,  oliain  liàc  la- 
lione,  umim  csseiil  tidclcs,  doboret  is  in  Kcdesiàesse 
ordo,  ptir  qucin  alii  prxlali  coiistilucrciilur,  alii  in  iii- 
feriorc  gradu  consislercnt,  alii  impcrarciil,  parèrent 
alii;  atmii  Chrislus  nullaia  liujiisuiodi  voluit  in  Kc- 
clesià  csbO  subjectioneni  :  eigo,  oliani  (|nanlinu  ad  jus 
cl  potestaloni  adniinistrandi  res  sacras,  lidclcs  omnos 
ununisunt.  —  Resp.  :  Nego  subs.  Ad  prob.,  concessà 
niaj.,  nego  nùn.;  nam  oves  pastoribus,  discipuios  do- 
cloribus,  fiiios  parentibus,  rcos  jiidicibiis  oporlet  esse 
subjeclos  ;  alqui  Cbrisliis  snproiuà  aticloritale  aposlo- 
los ,  eorunique  legilimos  in  saccrdolio  successorcs 
vohiit  esso  paslores,  magislros ,  patres  spiriluales  et 
judiccs  :  Seniores  qui  siint  in  vobis,  ait  S.  Petrus  ,  Ep. 
l,c.  5,  V.  I  elscq.,  obsecro  coiisenior,  et  teslis  Cliiiad 
passiouum...,  pascite  qui  in  vobis  esl  fjrecjem  Dci...  et 
cinn  appurucrit  priuceps  pastorum ,  percipielis  immar- 
ccscibilcm  (jloriœ  coronam. . .  Euntcs  docete  omncs  génies, 
inquit  Chrislus  adaposlolos,  Matlh.  28,  ld,baplizantcs 
eos  in  noniine  Patris  et  Filii  et  Spiritùs  sancli,  docentes 
eos  scrvare  omniaqnœcnmquc  mandavi  vobis. ..Si  decem 
viilUa  pœdagogoruni  habcatisinClirislo,  in(iuilAposlo- 
lus,  1  Cor.  A,  15,  serf  non  mullos  patres  :  nam  in  Cliristo 
per  Evangetium  ego  vos  genui  ;  et  denique  Clirislus  ad 
Aposlolos  :  Accipile ,  inquit  Joan.  20,  23,  Spirituni 
sanclnm  ;  quorum  remiserilis  peccala  ,  remittunlur  cis , 
quorum  relinuerilis,  retenta  sunt. 

Ergo  Chrislus  aposlolos  et  eorura  legilimos  succes- 
sorcs voluit  esse  paslores,  doctores ,  patres  et  judi- 
ccs ;  alque  adeô  conslituit  legislator  sapientissimus 
aliquam  esse  debcre  in  Ecclcsià  subjeclioiiem ,  sine 
quà  prorsùs  non  posset  consislere  :  quae  enim.quaeso, 
lurc  esset  reipublica?  faciès?  quœ  observantia  leguni? 
qux  securilas?  quod  lutanien?  quis  sacrorum  splen- 
dor?  ubi  unusquisque  suo  arbilrio  viverct,  iibi  neino 
pareret,  nemo  Icgcs  vindicaret,  ncmo  denique  rébus 
sacris  essct  prsolectus? 

Inst.  4°  :  Prob.  min.  Chrislus  illud  su:c  Ecclcsi;c  mi- 
nime concessit,  quod  expresse  probibuil  ;  alqui  domi- 
nalumoninein  expresse  proliibuit,  Mallh.  20, 25  el  soq.: 
Vocav'.l  cnini  ad  se  discipuios  suos  ,  et  ait  :  Scilis  quia 
principes  gentium  dominantur  corum ,  et  qui  majores 
sunt,  poleslatem  exercent  in  eos  :  non  ila  erit  inter  vos; 
scd  quicnmque  voluerit  inter  vos  major  fieri ,  sil  vester 
viinister  ;  et  qui  voluerit  inter  vos  prim!;s  esse,  erit  vesler 
scrvus  ;  sicut  FiHus  liominis  non  venit  minisirari ,  sed 
viinislrare.  Idemque  repelunlS.  Marcus,  10,  42,  et  S. 
Lucas,  22,  25  et  seq.;  ergo,  etc.— Resp.  :  Conc.  maj., 
dist.  min.:  Chrislus  expresse  probibuil  dominaïuin 
arroganlcm  ,  lyrannicuni,  qnalis  ennim  est,  qui  vel 
usurpant  inipcrium.vcl  suâ  polcslnle  abulunlur.conc, 
dominatum  Icgiljmum,  quo  (juisquis  in  suo  officiocon- 
tinelur,  nego  min.  et  conscq. 

E.  R.  Iluncesselaudalioraculi  sensum  manifcstum 
est,  tum  ex  ipso  vcrbonim  contoMu,  tuni  ex  Chrisli 
proposilo;  hcec  enim  non  alià  dixil  causa,  quàm  ut  in 
aposlolis  rcprimeret  émergentes  supcrbice  et  invidiïc 


mollis,  (piorum  occasio  fuorat  filioriim  Zcbedœi,  pri- 
mas in  rcgno  Dci  scdcs  andjicnlium,  imporluiia  peli- 
lio  :  nam  cùm  eà  occasionc  inter  aposlolos  orla  esset 
de  principatu  conlcntio,  Luc.  22,  24,  ut  nasc«intera 
supcr])iam  radicilùs  cxlirparel ,  stalim  edixit  :  Scilis 
quia  principes  gentium  dominantur  eorum  ,  etc.,  quibus 
vcrbis  diverses  in  Ecclcsià  dignilalis  gradus  adslruxit, 
nedùm  excluscril  ;  nam  inquit  apud  Liicam  loco  ci- 
lalo  :  Qui  major  est  in  vobis,  fiât  sicut  mmor;  et  qui 
prœcessor  esl,  sicut  ministrator;  slaluit  igitur  aliis  alios 
sidjjectos  esse  debcre  ;  lanlùmqnc  pra'cipil ,  ut  qui 
jure  sacerdolii  primum  gradimi  teneiit,  fiant  bumili- 
lalc  minores ,  ncc  impcrii  dignitalem  ad  fastum ,  sed 
ad  (idelium  ulililalera  exerceant. 

Inst.  5*  :  Ordini  ecclesiasiico ,  antiquo  loquendi 
more,  cleri  nomcn  esl  assignatum,  que,  veluli  pro- 
prio,  à  cccleris  (idclibus  dislingui  solct;  alqui  injusla 
haîc  usurpalio  fuit,  cùm  vencrandum  nomcn  Spiritùs 
sanctus,  non  paucis,  sed  universo  populo  cbrisliano  in 
Scripluris  atlribual:  ait  enim  S.  Petrus  seniores  Eccle- 
siic  alloquens,  1  Ep.  5,  2  :  Pascite  qui  in  vobis  est,  gre- 
gem  Dei,  providentes  non  coaclè,  scd  spontanée...  neque 
ut  dominantes  in  cleris,  sed  forma  facti  gregis  ex  ani~ 
mo  ;  ergo  Scriplura  sacerdotes  inter  et  plebem  discri- 
men  magnum  non  ponit  ;  alque  adeô  ex  divinis  lilleris 
dcfendi  non  polesl  aliorum  in  alios  dominatio.  — 
Resp.  V  :  Argumeistum  illud  nibil  facere  conlra  nos; 
non  enim  de  nomine  liligamus,  quod  potest  multorum 
esse  commune ,  sed  de  auctoritale  Sacramenta  admi- 
nistrandi  et  exercendi  sacram  jurisdictionem ,  quam 
non  omnibus  convenire  Scriplura  tum  aliis  mullis  lo- 
cis',  tum  in  hoc  ipso  quod  opponitur  leslimonio,  ita 
cvidenler  affirmai,  ut  ccecum  esse  oporleat  qui  non 
viderit  ;  nam  primo  senioribus  pasccndi  gregis  pole- 
slatem adscribit  :  Pascite,  inquit,  qui  in  vobis  est ,  gre~ 
(jem  Dci,  etc.  2''  Eosdem,  exemplo  principis  paslorum, 
Chrisli ,  ad  gloriic  coronam  capesscndam  horlalur  : 
Ciim  apparuerit  priuccps  pastorum,  inquit,  percipielis 
immarcescibilem  gloriœ  coronam,  porrô  nemo  dubilat 
Christum,  paslorum  principcm,  specialem  babuisse  ad 
Sacramcnla  cor.fercnda  auclorilatem.  5°  Adolescentes 
(  plcbcm  scilicei)  ibidem  dicil  senioribus  debcre  esse 
subjeclos  :  Adolescentes ,  inquit,  subdili  cslote  seniori- 
bus; ergo  hoc  Apostoli  testimonium,  nedùm  Lulhera- 
nis  faveal,  causam  eorum  evertil  :  quia  verô  de  cleri 
nomine  polesl  aliquis  sciupulus  romancre,  rcspondco 
2°  :  Disl.  maj.  Ordini  ecclesiasiico  cleri  nomen  est 
assignatum,  proplcr  specialem  aliquam  ralioncm, 
concedo;  ila  ul  plebi  chrisliansc  nullà  ratione  conve- 
nial,  nego  maj.;  simililer  distinguo  min.,  cleri  nomcn 
univers;e  plebi  Scriplura  allribuil,  signilicalione  com- 
muiii,  qu;e  specialem  minislrorum  Ecdosiu!  pncroga- 
livam  non  cxcludit,  conc;  qnx  minislros  plebi  pares 
facial,  nego  miiior.  cl  conseq. 

E.  R.  ad  hiijus  distinctionis  inlolligenliam  soià 
opus  esl  explicaliuiie  nominis  quod  opponitur  :  vox 
Grœca  yùf.poi,  idem  soiiat  quod  vox  Lalina,  porlio , 
sors,  sivc  hsereditas  qu.x'  sorte  alicui  obligit:  bine  ia 
velcri  Teslamçnlo  populus  Israelilicus,  clcrus,  sive 


1571 


DE  RE  SACRAMENTAIUA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


izn 


Iiccrcditas  Doniini  appcUaliir,  où  qiiôil  spécial!  lavore 
praîcaîlerisàDco  csseleleclus,  ol  al)  itlololatri*  lene- 
biis  ad  vcrae  Religioiiis  luccm  vocatus  ;  quo  sensu 
Propliela  rcgius  :  Beata  gens ,  iiiquit  psalmo  32 ,  12 , 
cujns  est  DoinUius  Dcus  ejiis,  populus  quem  clerju  in  liœ- 
reditalcm  sibi  ;  hinc  cliam  pecuMaii  (|iuulaiu   ratione  ; 
tribus  levilica  ,  porlio  el  luvredilas  Uoiniiii  dicilur,  j 
quia  ad  sacerdolii  dignilatem  assumpla  divinilùs  fue-  \ 
rai;  quâ  de  rc  legilur  in  Scripluris  maiidatum  Dci  :  ; 
Non  luibebunt  sacerdoles  et  levitœ ,   et  oinnes   qui  de 
et'idem  tribu  sunt ,  partent  et  liareditatein  cum  teliquo 
Israël,  quia  sacrificia  Domini,  et  oblationes  ejus  corne- 
dent,  et  niliil  aliiui  accipient  de  possessione  fratrum  suo- 
runi  :  Dominus  enim  ipse  est  liœreditas  eorum,  Deut.  18, 
1  et  seq. 

Ilo6  posito ,  manifestum  est  clerum  Domini  jure 
dici,  quisquis  Dei  cultuiaddictus  est  ;  eôquemagis  hoc 
sibi  noinen  arrogare  posse  ,  quô  sanctiùs  fuerit  con- 
secralus;  qiicmadniodùm  igitur,  lieèt  in  antiqiiâ  legc, 
gens  Judx'oruin  universa  clerus  Domini  dicerelur,  boc 
lamcn  non  obslante,  idem  nomen  specialiùs  sacer- 
doles et  levilœ  gercbant ,  eô  quôd  cacteris  Iribubus 
dignitale  et  auctorilale  pniistarent ,  lia  pariler  el  in 
nova,  elianisi  tota  Ecclesia  quam  Cbristns  acquisivit 
sanguine  suo,  clerus  ejus,  sive  h;vreditas,  appcllctur; 
boc  lamen  non  impedit ,  quominùs  idem  sibi  nomen 
niinistri  sacri,  propter  specialem  consecralionem,  ti- 
lido  meliore  aitribuant;  vanum  ilaquc  et  futile  est 
argumentnm  à  voce  cleri  pelilunk 

hist.  6°  :  Atqui  ideô  Scriptura  cleri  nomen  ad  om- 
nes  geiieratim  (ideles  extendit,  quia  in  plebcm  Chrisli 
minislri  Ecclesiie  nullam  liabent,  jure  saltem  divino  , 
auctoritalem  ;  ergo,  elc. 

Prob.  subs.  ex  lestimoiiio  Terlulliani ,  in  libro  de 
Exliorialione  castilatis,  capite  7,  sic  loquentis  :  Diffc- 
rentiam  inter  ordinem  et  plebem  constituil  Ecclesiœ  au- 
ctoritas  :  bine  sic  disputant  : 

Differentia  qunm  sola  Ecclesi;c  auctoritas  inlro- 
duxil,  jnris  proCeclô  divini  non  est;  atqui  ex  Tcrlul- 
liano  differentia  plebis  ab  ordine ,  solius  Ecclesiie 
auctorilale  est  institula  ;  juris  ergo  divini  non  est  ; 
unde  iterùm  sequitur  quôd  polcslas  niinislrorum  ad 
Sacrameiila  confcrenda  possit,  Ecclesia  sic  volonté, 
ipsis  eiiam  laicis  altribui. 

Resp.  :  Nego  subs.  Ad  probalionem  duplex  esto 
rcsponsio. 

1"  Dicimus  niliil  babere  roboris  argiimcntum  ex 
TerluUiano  pelitum,  in  libro  de  Exbortatione  caslitu- 
tis,  (luia  de  eorum  numéro  est,  quos  in  Monlani  ha;- 
resim  lapsus  contra  c.ilholicam  Ecclesiam  scripsit; 
de  TerluUiano  eniai  débet  boc  esse  judiciiim  ,  ut  qua; 
in  caslris  Ecclesiœ  mililaniis  scripsit,  pronâ  venera- 
lione  accipiamus  ;  qucc  contra  ,  deserlà  veritate  ,  aut 
apertè  deliravit,  aut  subobscurc  et  cum  aliquâ  crro- 
ris  suspicione  Iractavit,  vel  omninô  abjiciamus  ,  vel 
ccrtè  propter  obsciMila'eiî:  pariun  curemus  :  «  Nam  , 

<  inquit  ipse,  Praîscr.  c.  12,  frustra  verilas  apud  bœre- 

<  ticos  quœritur,  ad   quos  velamur  acccdcrc ,    ubi 
c  omnia  exiranca  sunl,  et  adversaria  uoslra)  vcri- 


«  lati...  nemo  abeo  illummatur  à  quo  contenebralui'; 
i  qua;rainus  ergo  in  noslro ,  el  à  noslris  et  de 
«  noslro.  > 

2°  Concoss:^  majore,  ncgamus  minorem;  quod  enim 
ait,  dilfcrenliam  inter  ordinem  et  plebem  Ecclesiœ  au- 
ctorilate  statuta»i,  exclusivum  sensum  non  babct , 
proul  toxlus  ij)sc  demonstiat,  modo  intcgor  exliibca- 
lur  :  «  Differenliam,  inquit,  inler  ordinem  el  plebem 
<  constiluit  Ecclesiie  auclorilas  ,  et  bonor  per  ordinis 
€  consessum  sanctilîcaïus  à  Dco  :  »  quic  verba  Eulbc- 
ranorum  inl'amiie  ex  diamètre  contraria  sunl;  nam  qui 
senlit ,  bonorcm  sacerdolii  sanclilicalum  esse  à  Deo , 
dubio  procul  non  exislimal  differenliam  ordinem  inler 
et  i)lebcm  ex  solo  Ecclesiac  insliluto  esse  profeclam  ; 
aUjui  afiirmal  Tertullianus  bonorem  sacerdolii  esse 
sanctificatum  à  Deo  ;  ergo  dignilatem  sacerdolum  ex 
diviiiâ  iuunanâque  loge  vindicat;  alquc  adeô  à  Lutbe- 
ranis  longo  dissidel  inlervallo,  qui  ut  auferant  sacer- 
dotibus  ministcrii  principalum,  divina  bumanaque  jura 
pervertunt. 

Inst.  7"  ullimô  :  Atqui  exisiimavit  Tertullianus 
differenliam  clcricorum  à  laicis  solius  Ecclesia;  volun- 
lale  esse  dccrclam  :  ergo,  elc. 

Prob.  subs.  Toxlus  Terlulliani  inleger  sic  est  :  Vant 
erinius,  si  putaverimus  quod  sacerdotibus  non  liceat,  lai- 
cis licere  :  nonne  et  laici  sacerdoles  suuuis  ?  Scriptuni 
;  est,  Apoc.  1  ,  0  :  «  Recjnuni  quoque  7ios  et  sacerdoles 
'  «  Deo  et  Patri  suo  fecit.i  Difj'crentiam  inler  Qrdmcni  et 
plebem  conslituit  Ecclesiœ  auctoritas,  et  lionor  per  ordi^ 
nis  consessum  sanclificatns  à  Deo  :  ubi  ccclesiaslici  ordi- 
nis non  est  consessus,  et  offers  et  tingis  et  sacerdos  es  tibi 
solus;  scd  ubi  très,  Ecclesia  est ,  licct  laici.  Hinc  sic  ar- 
gumenlanlur  :  llle  existimavil  differenliam  ordinis  à 
plèbe  solà  Ecclesiie  auctorilale  sancilam ,  qui  credidiî 
laicos,  in  casu  saltem  necessiiatis,  non  posse  laniùm 
lingere,  id  est,  baptizare,  sed  etiam  offerre  ,  hoc  est , 
Eucharisliam  consecrare  ;  atqui  ha;c  Terlulliani  do- 
clrina  fuit  :  ergo,  elc. 

Resp.  Nego  subs.  Ad  probalionem,  conccssà  maj., 
nego  niin.;vox  enim,  offers,  quam  bîc  TerluUianus 
usurpai,  non  débet  de  myslicà  Eucbarisliie  consecra- 
tione  intelligi  ,  scd  de  mcrà  panis  et  vini  oblatione  , 
quam  dlspersis  aut  lalilantibus,  mctu  pci'seculionis, 
ujinisiris,  fidèles  ad  qualecumque  fidei  sua)  solatium  , 
sacram  lilurgiam,  ut  poterant,  imitando,  facere  con- 
sucveranl  ;  bancqiie  genninam  esse  respoiisioncm 
sponlè  falcbilur  quisquis  mediociiler  Terlulliani  opéra 
legcril  :  offercndi  nanique  vocem  plerùmque  pro  nudà 
oblatione  adliibot,  quam  à  laicis  posse  fieri  non  nega- 
mus;  sic  in  libro  de  Monorjaniià,  cap.  10,  loqucns  de 
officiis  pia;  mulieris  erga  dcfunclum  marilum  :  Offert, 
inquit ,  annnis  diebits  dorniilionis  ejus  ;  quin  cl  in  boc 
ipso  qui  opponilur  libro  de  Exhoriatioufi  casliialis, 
cap.  li,  amicum  qtiemdam  suum  ànuptiis  repclendis 
deborlans  :  Duplex  iste  rubor  est,  inquit,  quia  in  se- 
cundo 7K.ttrimo)do  duœ  u.rores  çumdem  eircumdunt  ma- 
ritum,  una  spirilu,  alia  came.,..  Slabis  eryo  ad  Deum 
cum  lot  uxoribus,  el  offeres  pro  duabus,  et  commemoram 
bis  iltas  duas  pcr  saccrdotem. 


4375 


QUiEST.  \U.  DE  MLNISTRIS  SACUAMENTOUUM. 


Ccetorîim  quùtl  Tcrtulliani  scnlenlia  fiicrit  Eucha- 
risliam  à  solis  possc  saccnlolilxis  eonsccrari  ,  alqnc 
adcô  disorimen  ordiiiis  à  itlcbo  injure  diviiio  csso  fiin- 
daliiin  ,  iiuilla ,  !icc  ohsciira  cjiis  lesliinonia  jit'rsiia- 
dcnl;  sic  in  liljro  de  Coroiià  mililis,  cap.  3:  Kucha- 
riiliant,  inrjuit,  non  de  aliomm  manu  quant  prœsidentium 
siiminins  ;  n\n  noiiiiiic  pnesidonliiiin  ccrlissiinè  saocr- 
dolcs  iiilelligit  ;  et  libro  de  Monogamià  ,  capile  12  , 
)tlcl)is  vanitali  adscribendiiin  dicit  qiiôd  se  clericorum 
ordini  ada'qiiari  arbilrctur.  CUni  exlollimur,  iiiquil,  cl 
inflnmnr  adi'ersiis  cleruni ,  lune  unum  omnes  sunms, 
tune  omnes  sacerdotes,  qnià  saccrdotcs  non  Dec  et  Patri 
fccil;  citm  ad  perœquationcm  dhciplinœ  saccrdolalis  pro- 
locantuy,  dcponimus  i)ifulos,  et  inipares  sumus  ;  mullô- 
\[\e  expressiùs  in  libio  de  Prx'Scriplionibiis,  cap.  41 , 
liibi  sacerdoialia  niunera  laicis  deinandari  non  posse 
^ironuntiat  :  i  Ipsic  niulieres  haîrelicai,  iaquit ,  quàm 
i  i)r()eaces ,  qiuc  aiuicant  docere,  exorcisiuos  agere, 
«  Ibrsitan  et  lingere;  ordinaliones  eariini  tcmerarlae' 
€  loves,  inconstantes,  niuic  néophytes  collocant,  nuiic 
«  seculo  obslriclos,  nnnc  apostalas  nostros  ,  ut  gloriâ 
t  cos  obligent ,  quia  verilate  non  possunt....  Itaqne 
«  alins  liodiè  cpist'opus,  cras  alins  ;  hodiè  diaconus  , 
c  qui  cras  lector;  hodiè  prcsbyter ,  qui  cras  laieus  : 
€  nani  et  laicis  sacerdotalia  niunera  injungunt.  » 

Ac  de  primo  quidcm  capile  salis  dictuni  est. 

CAPUT  II. 

AN  NEMO  NISI  QUI  FIDEM  INTEGRAS!  ,  VIT.EQUE  SANCTITA- 
TEM  IIABEAT  ,  VALIDÉ  POSSIÏ  SACRAMENTA  ADMLM- 
STRARE. 

Duplicem  hic  moveri  difficultatcm  ipse  tilulus  indi- 
cat.  1'  Agitur  de  ha;relicis  et  scliismalicis,  qui  ab  uni- 
taie  ,  et  veritale  catholicà  recesserunt.  2"  De  iis  qui 
sive  intra ,  sive  extra  veram  Chrisli  Ecclesiam  flagi- 
liosè  et  corruptis  moribus  vivunt. 

De  utrisque  quiîrilur  utriim  validé  conférant  Sacra- 
menta?  Yalidè,  inquam,  nani  illicite,  et  ad  suam  ipso- 
ruin  pernicicm  sacrum  minislcrium  usurpare,  omnium 
consensio  est.  Iiaque  erit  liujus  capilis  sectio  duplex  , 
duplici  difficultati  respondens. 

SECTIO  PRIMA. 

De  liœretkis  et  scliismalicis. 
§  1.  Rebaptizantiuni  liistoria  texitur. 

Medio  circiter  seculo  tertio,  lenenle  Ecelcsiac  gu- 
bernaculum  S.  pontifice  Siepbano,  or(a  est  gravis  illa 
de  rebaplizandis  ilerùinque  ordinandis  ha'ieticis  et 
schismaticis  quscslio,  qurc  sandissimosdoclissimosque 
illi'.is  ;elalis  antisliles,  non  sine  inagno  fidclium  scan- 
daio  cl  ofTensione,  commisit. 

Coiisullus  enim  ad  annum  2u5,  à  Januario  et  aliis 
Numidi;Ti  episcopis  S.  Cyprianus  Carlhaginensis  an- 
listes,  qui  prdcler  loci  digniiatcm,  magnù  pra;  cœlcris 
doctrin:e  commchdallone  florebal:  Cf)nsn!tiis,  inquam, 
de  h;ereliciset  scliismalicis  ad  Ecclesiam  redeunlibus, 
lUrùm  debercnl  denuô  baplizari ,  rcspondil  cum  iri- 
ginta  et  uno  coepiscopis  suis  ,  Carlliagine  in  synodo 
congrcgaiis,  extra  Ecclesiam   catholicam  vcra  esse 


4374 

non  posse  Sacramcnla ,  alquc  adcô  necessariô  esse 
reba[itizandos,  vel  poliùs  cùm  anleliîic  niiiil  liabuis- 
senl ,  simpliciter  l)apli/.an(los  ,  quicumipie  iti  luneresl 
autschismate,  aquà  profana  et  adultéra  lincli  forent  : 
(  Cùm  sinnil  in  concilio  csscmus ,  inquiunl  in  Epi- 
«  sloià  synodicà  apud  Cypnan.,  Episl.  70,  legimus, 
€  fralrcs  cluaiissimi  ,  litteras  vcslras,  quas  ad  nos  fe- 
I  cistis  de  iis  qui  apud  luerclicos  et  scbismaiicos 
«  bapiizati  videniur,  an  ad  Ecclesiam  catholicam,  quse 

<  una  est,  vcnientes,  baptizari  debeanl.  De  qui  re, 
«  quanquàm  et  ipsi  illic  veritalem  cl  lirmilalem  calho- 
I  liciic  regnhrî  tenoatis^,  lamen  quoniam  consulendos 
1  nos  pro  commurd  dileclionc  exislimàslis,  scntenliam 

<  nostram  ,  non  novam ,  promimus  ,  sed  jampridem 
I  ab  anleccssoribus  nostris  slalulam  ,  et  à  nobis  ob- 

<  servatam  vobiscum  pari  consensione  conjungimus  , 

<  censentcs  sciliccl  et  pro  ccrlo  lenenles ,  nemincm 

<  foris  baplizari  extra  Ecclesiam  posse ,  cùm  sil  Ba- 
il plisma  unum  in  sanctâ  Ecclesiâ  constitulum...  Quare 
«  qui  cum  Domino  sumus ,  et  unitalem  Domini  tene- 
€  mus ,  et  secundum  cjus  dignalionem  sacerdolium 
«  ejus  in  Ecclesiâ  adminislramus,  quœcumquc  advcr- 
«  sarii  ejus  et  Anticliristi  faciunt ,  repudiare  et  reji- 
«  cerc,  et  pro  prbfanis  babere  debemus  ,  et  eis  qui  de 
«  crrore  et  pravitate  venientes  ,  agnoscunl  unius  Ec- 
«  clesiie  veram  fidem  ,  darc  illis  per  omnia  divinic 
<i  gralia;  Sacramcnla,  unilatis  et  fldei  veritalem.  j 

Ilicque  fuit  primas  à  Cypriano  ,  collegis  consen- 
liontibus  ,  de  b.Trelicis  cl  schismaticis  rebaplizandis 
sancitus  canon.  Moveral  sanclissimi  Antislitis  animam, 
prx'ter  varia  qu^e  videbanlur  ci  validissima  argumenta, 
Agrippini  decessoris  sui  auclorilas,  qui  hoc  ipsuni 
anle  annos  quadraginta  decreverat;  novâquc  ejus  Ira- 
dilione  deceplus,  anliquam  et  aposlolicani,  nesciens , 
dcsercbat.  «  Quod  quidem,  inquil  in  epistolà  71,  ad 
1  Quintum  ,  cl  Agrippinus,  borne  memoriui  vir,  cum 
«  céleris  coepiscopis  suis ,  qui  illo  lempore  in  pro- 
i  vincià  Africâ  et  Numidià  Ecclesiam  Domini  guber- 
«  nabant,  staluil ,  et  librato  concilii  communis  exa- 
«  mine  firmavit,  quorum  senlentiam  et  religiosam,  et 

<  legitimam,  et  salularem ,  lidei  et  Ecclesi;*  congru- 
i  cntcm,  nos  eliam  sccuti  sumus. ..>  Et  in  epislolà75, 
ad  Jubaianum:  «  Apud  nos  aulem,inquit,non  novaaut 
i  rcpenlina  res  est ,  ut  baplizandos  censeanuis  eos  qui 
1  ab  luereticis  ad  Ecclesiam  veniunt,  quando  jam 
i  inulli  anni  sint,  et  longa  aîlas  ex  quo  sub  Agrijipino 
«  bonx  memoria)  viro  convenientcs  in  unum  episcopi 
«  plurimi  hoc  slatuerint,  alquc  exinde  in  hodiernum 
«  lot  niillia  bx'reticorum  in  provinciis  nostris  ad  Ec- 
1  clesiam  convcrsi ,  non]  aspernaii  sint ,  neque  cun- 
«  clati ,  imô  et  ralionabilitcr  et  libeiitor  amploxi  sint 

t  ut  Idvacri  vitaliset  salutaris  Baplismi  graiiam  coii- 
«  sequerentur.  t 

Nec  multô  post,  annoscilicet  256,  à  Quinlo  in  Mau- 
rilanià  episcopo  vir  sanclus  eàdcm  quœslione  pulsalus 
parem  dédit  responsionem ,  episl.  71  ,  ad  Quintum, 
quam  ,  habita  altéra,  multôque  numerosiore,  sepliia- 
ginla  et  unius  cpiscoporum  synodo  ,  nova  dcfinitione 
confirmari  procuravit;  habemus  bujus  roi  in  hàc  ipsà. 


1375  DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACUAMENTIS  IN  GENERE. 


137(5 


juani  niodù  laudavimus,  ad  Jubaiaiium  epislolà  icsli- 
U)oniiiiii.  «  Seripsisli  iiiilii,  inqiiil,  fnter  charissiinc  , 
t  dcsidcrans  significari  libi  niolum  aiiimi  noslii,  quid 

<  nobis  videatur  de  hoirclicorum  IJaplisnio  ,  qui  fuiis 
«  positi,  et  extra  Ecclesiam  constiluti ,  vindicant  sibi 
f  rein  nec  sui  juris  ncc  polestatis  ,  quod  nos  nec  ra- 
«  tuin  possuiuus,  nec  legilimiini  judicare,  ipiando  boc 
i  apud  cos  esse  conslct  ilUciliini  ;  et  (luoniam  su[)er 
c  hàc  re  quid  sentirenuis,  litleris  noslris  exprcssinius, 
«  ut  coinpciidium  facerem,  exeniplum  carumdem  lit- 
i  terarum  libi  niisi,  quid  in  Concilio,  cùni  conipluros 
«  adessenius,  decrevcrimus,  quid  ileni  postea  Quinto 
i  collcgaî  nostro,  de  eâdcni  re  quierenli  rescripserini, 
«  cl  nunc  quoque  cùm  in  ununi  convenisscnuis  lani 
«  proviijciaî  Africœ,  quàm  Numidiae  episcopi,  numéro 
«  sepluaginta  et  unus ,  hoc  idem  denuô  senicnlià  ^no- 
i  strà  brniaviinus  ,  statueules  ununi  Baplisnia  esse, 
1  quod  sit  in  Ecclesià  calholicà  conslitutum  ,  ac  per 
«  boc  nonrebaptizari,  sed  baplizari  à  nobis;  quicuni- 
i  que  ergo  ab  adultéra  cl  profana  aquà  veniunt,  ablu- 
«  ondi  et  sanctificandi  salutaris  aquœ  verilale.  » 

1  Exslal  altéra  cjus  ad  .Magnum  quenidain  de  boc  ipso 
iiegolio  c|iistolu  ,  in  quà  gcneralim  de  omnibus  hx'rc- 
licis  cl  scbismaticis,  ne  Novatianis  quidem  cxceplis, 
proaunliat ,  acceplari  eorum  Baptisma  non  posse: 

<  Pro  tu:*i  religiosà  diligentià  ,  iiiquil,  cpisl.  7G,  ad 
(  Magnum ,  consuluisii  nudiocrilalem  nostram,  li!i 
i  charissime,  an  intcr  ca;teros  lixTcticos ,  eosquo- 
«  que  qui   à  Novaliano   vcnianl,  post  prolanum  cjus 

<  lavacruni ,  baplizari  et  sanctilicari  in  Ecclesià  ca- 
i  Ibolicâ  legitimo,  cl  vero,  et  unico  Ecclcsiic  Bapiismo 
«  oporleat,  de  quà  re  quantum  fidei  noslrai  capacilas 
6  et  Striplurarum  divinarum  sanclilas  ac  verilas  sug- 
8  gerit,  dicimus  omnes  omninù  hierelicos  et  scbisma- 
i  licos  nibil  babere  polestatis  ac  juris ,  propter  quod 
4  Novalianus  nec  débet ,  nec  polest  excipi,  quominùs 
«  ipse  quoque  exira  Ecclesiam  consistons,  et  contra 
I  pacem  ac  dileclionem  Cbrisli  faciens,  inler  adver- 
«  sarios  et  anlicbristos  compuietur.  »  Utrùm  verô 
Epistola  hœc  alias  quas  commemoravimus,  tempore 
praiccsscrit ,  aul  secula  sit,  definire,  tum  nostrum 
non  est,  quippe  qui  in  rébus  singulis  tempora  scrupu- 
losè  componere  non  curamus,  tum  parvi  momeuli 
est  qucestio;  quod  autem  ad  rem  nosiram  facit,ex  bac 
epislolà  manifestô  eruimns,  non  ideô,  ul  putant 
aliqui,  Cypriano  visum  fuisse,  vcnienles  ab  hicresi 
esse  b:iplizandos  ,  quia  tune  ba^'cses  ferè  omnes  a.l- 
teruiran)  de  Trinilale  personam  oppûgnabant ,  sed 
quia  pulabal ,  omnes  gcneralim  bierelicos  et  schis- 
maticos,  boc  ipso  quod  extra  Ecclesiam  constiluti , 
Sacramcnla  peragereallenlarenl,  vindicare  sibi  rem  , 
nec  sui  juris,  nec  polestatis,  soli  nimirinn  Ecclesiai 
calholicae  à  Cliristo  concessam  :  nam  de  Novatianis 
ccrtum  est,  quôd  fidem  inlegram  sanclissinuc  Tri- 
nilalis  tcnucrint ,  quos  lamcn  Sacramenlorum  mi- 
nislerio  ,  non  sccùs  ac  alios ,  cxcidisse  ibidem  af- 
firmai. 

liilerea  ut  falsam  opinioncmquam  ,  suis  suorum- 
uc  pnnjudiciis  occupalus,  vcrilulcm  esse  pulabal, 


omniquo  polerat  nmnimenlo  vallarel,aiqueulpauco- 
rum  in  Africà  dissidenlium  conlentiones  gravioris 
pondère  aucloritalis  rcprimerel,  ex  boc  ipso,  quod 
praîdiximus,  sej)li:aginla  et  unius  episcoporum  con- 
cilio ,  ad  Stepbanum  Ronianum  Ponlificem  synodicam 
epislolam  scripsit  humanilatis,  candoris,  modesliai 
plcnam,  elelo(iuenliànon  mediocri  refertam  ;  indequo 
duos  Ivomam  legavit  cpiscopos,  qui  unà  cum  litleris 
suis,  ejusdem  synodi ,  et  allerius ,  qux'  praccesserat, 
acla  \ariaque  bujusquœslionis  instrumenta  déferrent, 
nil  dubilans  quin  sententiaa  âuoD  sanctissimus  Papa 
accederet ,  et  pro  Africanà  ecclesià  judicaret  :  «  Ad 
«  qiia'damdisponenda,  inquit,  cpisl.  71,  ad  Slepha- 
I  num,  et  concilii  communis  examinalione  limanda, 
j  necesse  babuimus ,  fraler  charissime,  convenien- 
I  libus  inunum  pluribus  sacerdotibus,  cogère  et  cele- 
j  brare  coiicilium,  in  quo  nuilla  quidem  prolalaalque 
«  transacta  sunl  :  sed  de  eo  vel  maxime  libi  scribendum , 
«  et  cum  tuâ  gravilate  ac  sapicniià  conferendum  fuit, 
i  quod  magis  pertineal  et  ad  sacerdotale.m  auciori- 
«  lalem  ,  et  ad  Ecdesiai  catholic;c  unilatem  pariter 
«  ac  dignilalem,  de  divina;  disposilionis  ordinationo 
t  venientem  ,  eos  qui  sint  foris  extra  Ecclesiam 
»  lincti ,  et  apud  luicreticos  et  schismalicos    i)rofanai 

<  aquaî  labe  macula ti,  quando  ad  nos  atque  ad  Eccle- 
t  siam  ,  quai  unaest,  venerinl,  baplizari  oporlere, 
I  eô  quôd  parum  sit ,  eis  manum  imponerc  ad  acci- 
«  piendum  Spiritum  sanclum,  nisi  accipiant  cl  Eccle- 

<  siaî  Baptisnmm...  Baplismum  autem  non  esse  quo 
€  baeretici   utuntur,   nec  quemquam  apud   eos   qui 

<  Cbristo  advcrsantur,  per  graiiam  Cbrisli  posse 
cproficere,  diligenter  nuper  expressum  est  in 
i  epislolà  quœ  ad,Quinlum  collegam  nostrum  in  Mau- 
«  rilanià  conslitutum  super  eà  re  seripla  est  ;  ileni 
4  in  litleris  quas  collcga)  noslri  ad  episcopos  in 
«  Numidià  pricsidcntes  aule  fecerunt ,  cujus  ulrius- 
«  que  epislolai  exempla  subdidi  ;  addinius  plané  vl 
i  adjungimus ,  fraler  cbarissiuve,  consensu  et  au- 
i  ctoritatecommuni ,  ul  eliamsi  qui  apud  b;x}rclicosà 
«  pseudoepiscopis  et  anlichrislis  contra  Clirisli  dis- 
«  posilionem  profana  ordin-.lione  promoti  sinl , 
«  et  contra  allare  unum  alque  divinum  sacri- 
j  ficia  foris  falsa  ac  sacrilega  offerre  conali  sint ,  eos 

<  quoque  liàc  conditione  suscipi  cùm  reverluntur,  ul 
I  communicent  laici...  Iliec  ad  conscienliam  lunm, 
i  fraler  charissime,  et  pro  honore  communi,  cl  pro 
«  simplici  dileclionc  pertulimus,  credenles  eliam  libi 
«  pro  religionis  luoD  et  fidei  veritaie  placere  qujc  rcli- 
i  giosa  pariter,  cl  vera  sunl.  j 

lIa3C  ad  Slephanum  Cyprianus  :  sed  co)iatus  ejus  , 
inquit  S.  llicrunynms,  in  dialogo  adversùs  Luciferianos, 
frustra  fuit  :  Slcplianus  cnim  anlisles,  antiqua)  do- 
ctrinae  cl  fidei,  apostolicâ  quà  vigebat  auclorilale, 
cum  cœleris  quidem  collegis  suis,  sed  tumen  prœcœteris, 
iucpiilYiucenlius  Lirinensis,in  Commonit.,  c.  9,  resti- 
lit  nbviuai. ,  di(jnum ,  opinor  ,  exisiimans ,  si  rcliquos 
omnes  tanliim  fidei  devolione  vinceret,  quantum  loci 
auclorilale  superabat.  Nec  flecli  uUà  rationc  poluit, 
[I  quin    Cypriani,  eiquc  fœdcralorum   srnlentiam  so- 


QU/EST.  Vil.  DE  MINftiRIS  SACHAMENTORIJM. 


4Ô77 

lomni  decrclo  proscribcrcl  ;  quod  clsi  iulogrum  ad 
lîoS;  injuria  tcmporuin ,  non  pcrvcnit,  noliini  lamcn 
csl  ex  fragnienlis  qnic  Fiiinilianus  ,  Euscbius,  llic- 
loiiynuis,  Augiislinus  cl  alii,  scriplo  rcli(|iu'r(inl , 
iiilorcpuc  memorabile  liocojiis  efl'aluni  cstscipiciiliuni 
l(Mnporum  pronà  vencralione  acccptiini  :  Si  quis  ergo 
h  ciuàcumqtie  liœresi  venait  'ad  nos ,  nihil  iiinovclur 
(  niliil  scilicel  erga  eiim  de  novo  liât  )  nisi  quod  tra- 
ditum  est,  ut  lumnis  illi  imponalur  in  pœnitcntiitm  ;  ciim 
et  ipsi  liœrelici  attcnitrum  (nuituù)  itd  se  veiiienles  non 
baptizent,  sed  communicent  tanliini. 

Neque  lue  slctil  sanclissiimis  marlyr  et  Ponlil'cx  : 
nani  zelo  verilalis,  quo  deflagrabal,  dclcgatos  ad  se 
episcopos,  nec  aniploxn  fraicrno,  née  hospiiio,  nec 
coUoquio,  et  ne  cons|)ectu  qnidein  digiialus  e-t,  se- 
vcrèque  ne  quis  eis-  lectuin  cl  niensam  coniniodaret, 
inhibuit,  quin  et  contra  Cyprianum  litleras  accrbi- 
talis  picnasdiclavit,  in  quibus  cum  ,  pseudocliristuni, 
pseudoapostolum ,  et  dolosuni  operariiim  esse  dicebat, 
eidcmquc  et  collogis  cjiis  cxconiniunicationem  ,  nisi 
rcsipiscerent ,  niinabalur  ;  prodilum  ab  aliquibus  , 
rcverà  à  Slephano  dinim  fulnien  esse  vibratum  :  quod 
utrùm  cum  aliquo  finidamenlo  vulgatum  fuerit,  infe- 
riùs  cxpendeliir.  Vide  Ep.  Finniliani,  ad  finem,  inler 
Ep.  Cyp.  lo  et  infra  §  à. 

Miruni,  ni  hocctam  incondila  tainque  improvisa  se- 
veiitas  Cyprianum  tolamque  Africamconturbaret  :  rê- 
vera liane  tam  placalam,  tamipie  unilalis  amantem 
Carthagiiicnsis  pr^esulis  aiiimam  aliquanlulùm  titu- 
basse ccrtum  faciunt  acta  concilii  tertii,  lioc  ipso  anno 
Carlbagine  ceiebrati,  cl  scriptoe  ab  eo  eâ  de  re  lilterae  : 
i  Quia  desidGràsli,  inquit  in  Epistolà  74,  ad  Pompeium 
(  in  nolitiam  liiam  pcrferri,  quic  mibi  ad  litleras  no- 
I  stras  Steplianus  fraternostcr  rescripscrit,  niisi  tibi 
t  roscripiti  ejus  exemplum  ;  qiio  lecto,  magis  ac  nia- 
t  gis  cjus  errorem  denotabis,  qui  hacreticorum  cau- 
c  sam  contra  Cliristianos,  et  contra  Ecclesiam  Dei 
t  asscrcre  conalur  :  nam  inler  cetera  vel  superba, 
i  vel  ad  rem  non  perlinentia,  vol  sibi  ipsi  contraria, 
c  qucc  impcrilè  alque  improvidè  scripsit,  ctiam  illud 

<  adjunxil,  ut  dicerct:  Si  quis  ergo  àquâcumque  liœresi 
j  veneiit  ad  nos,  niliil  innovetur  nisi  quod  traditum  est, 
i  ut  manus  illi  impnnatiir  in  pœnilentiain':ciunipsiliœ- 
«  retici  propric  allcnilnun  ad  se  vcnientes,  non  bapti- 
i  zenl,  scd  communicent  tanliim...  Qiix  ista  obslinalio 

<  est,  quaeve  prœsumptio,  humanam  tradiiionem  di- 
(  vina;  disposilioni  anleponcre  ?  nec  animadvcrlcrc 
c  indignari  et  irasci  Deum,  quolics  divina  pnecepta 
«  solvil  et  pra;terit  bumana  traditio?...  Prx'clara  sa- 
€  né  et  legiliina  traditio,  Slepbaiio  fralre  nostro  do- 
1  cenic,  proponilur,  quse  aucloriiaicm  nobis  idoncam 
«  pnvbeat  :  nam  in  codem  loco  epistol;c  su*  addidil 
(  cl  adjecitrCùm  ipsi  hœretici  propric,  ullerutrum  ad 
t  sevew.entcs,non  baptizent,  sed coMwvsicr.sx  tantim  : 
I  ad  lioc  cnim  malorum  devoluta  est  Ecclesia  Dei  et 
1  spoiisa  Chrisii,  ul  Inrreticorum  exempla  sectelur, 
«  ut  ad  cclebranda  Sacramenla  cœlcslia  disciplinam 
i  liix  de  tenebris  mutuetur,  et  id  facianl  Cliribiiani, 
«  quod  anlidirisli  faciitiil?  qucc  verô  est  animi  croi- 


1378 

<  las,  qux  pravitas,  fidei  unilatcni,  de  Dco  Taire,  et 
c  de  Jesu  Cbrisli  Doniini  cl  D<i  noslri  iradilione  ve- 
«  niejilem,  nitllo  cognoscerc?...  Dat  lionorem  Dco, 
«  (pii  Mnrcionis  Baptisrno  coinmunical?  Dat  bonorcm 
«  Deo,  qui  apudeos  qui  in  Deum  blaspliemant,  remis- 

<  sioneni  peccalorum  dari  judicat?  Dat  lionorem  Dco, 

<  qui  foris  de  adultéra  cl  furnicarià  nasci  Dec  filios 
c  assevcral?  Dat  lionorem  Deo,  qui  unitatem,  et  veri- 

<  latem  de  diviiià  loge  vonienlein  non  leneiis,  bcereses 
c  contra  Ecclesiam  vindicat  ?  D;it  lionorem  Deo,  qui 
«  han'Clicorum  amicus,  et  ininiicus  Clirislianorura, 
€  sacerdoles  Dei  veritatcm  Chrisii,  etEcclesi;c  unita- 
i  lem  luenles  abslinendos  putal?...  Fitautem  studio 

<  pncsumplionis  et  conlumaci;o,  ut  quis  magis  sua 
i  prava  cl  l'alsa  defendaf,  quàm  ad  allerius  recta  cl 

<  voraconsciiliat.  Cui  rei  prospiciens  bealus  Aposlo- 
i  lus  ad  Timolheum  scribil  et  nionet  Timolh.  5,  5,  ad 
«  Tit.  1,  7,  9,  episcopum  non  liligiosum,  sed  mitcm 
«  et  docibileni  esse  debere  ;  docibiiis  autem  ille  est, 
t  qui  est  ad  discendi  palienliam  loiiis,  cl  mitis  :  opor- 
«  tel  eniin  episcopum  non  taniùm  docere,  sed  et  dis- 
i  cere,  quia  cl  ille  meliiis  docet,  qui  quoiidic  crescit, 
f  et  proficit  disccndo  meliora.  j 

Haec  et  bujusmodi  pleraifue  in  Sleplianuni  irritalus 
efludit,  et  par  pari,  ut  aiunt,  relulit  :  fralernè  lanicn, 
quomodo  adversùs  apostolorum  princi|  cm ,  in  causa 
licèt  meliori ,  Paulum  legimus,  Gai.  2,  II ,  indigna- 
tum  :  vieil  onim  in  corde  ejus  pax  Clirisli ,  ut  Ecclc- 
siœ  unitatem ,  in  tam  ancipili  pcliculo  scbismaiis,  in- 
violatè  servaret,  et  cum  Stepliano,  tam  arclis  sibi 
aliunde  sanclitatis  et  fidei  vinculis  conjunclisbinio , 
plenauï  leneret  concordiam  ;  h;rcque  fuit  ci  causa 
scribendi  adniirabilem  ilium  de  Bono  patientiœ  libel- 
lum  ,  itcmquc  alterum  de  Zelo  et  Livore ,  tan  la  ulrum- 
que  moderalioue  ,  ut  licèt  ad  pra;senlem  de  itcrando 
Baptismale  quocsiionem  pnecipuè  respiccret,  Steplia- 
num  nec  nominaverit  quidem,  solùmque  causas  géné- 
rales patienli;e  cxorcendic ,  et  vitandi  niali  livoris 
exposuerit  ;  liiijus  de  bono  pa(iciUia)  libri  nuniinit , 
ejusdemquc  scribendi  occasioncm  insinuai  in  Epistolà 
75,  ad  Jubaianum,  ad  fmem,  ibique  pariter  modeslise 
etraansuetudinis  pnvclarum  edit  argumentum  :  «  Mos, 
i  inquit,  qu;intiim  in  nobis  e.-.t,  proplor  ba-relicos 
«  cum  collegis  et  cocpiscopis  noslris  non  contendi- 
«mus,  cum  quibus  divinam  concordiam  et  domini- 
i  cam  pacem  lenemus,  maxime  cùm  cl  Aposlolus 
€  dicat,  1    Cor.  H  ,  16  :  Si   quis  aulcm  pulctur  csst 

<  contenliosus ,  nos  talent  consucludincm  non  habemus  , 
i  neque  Ecclesia  Dei  ;  servatur  à  nobis  patienter  et  fu' 
«  miter  cliarilas  animi ,  collcyii  lionor  ,  vinculum  fidei , 
(  et  concordia  sacerdotii  :  proptcr  hoc  etiam  litellum 
i  de  Bono  patientiœ,  quanliim  valuit  nostra  mcdiocritas, 
«  j>crmitlente  Domino  et  inspirante ,  conscripsimus  , 
«  quem  ad  te  pro  mutuà  dilcctione  Iransmisimus.  > 

Poslea  ne  iiularolnr  Uomano  Ponliûci  acquiescorc, 
aut  ejus  vinci  aucloritalc,  cui  falsè  credebat  divinam 
esse  conlrariam  ,  novum  hoc  ipso  anno  250  ,  ad  ka- 
Icndasseplcmbris,  niajori  quàm  aniehàc  celebrilalc» 
soiiiom  cl  oc-toginla  cpiscoporum  Carlhagine  coegit 


J379  DE  RE  SACRAMENTARIA.  - 

concilium ,  ex  provinciis  Africâ ,  Nuraidià  et  Mauri- 
taniâ ,  cui  ctiam  magnus  numerus  presbyteroruni  ot 
diaconornm  ,  cuu)  plcbis  maxiiiià  parte,  inlerruit.  Hic 
poslquàm  lectœ  sunt  Cypiiani  et  Jubaiaiii  rociprocic 
liltcraî,  ila  Cypriantis  pra-fatus  est  : 

j  Audîstis  (1) ,  collègue  dileclissimi ,  quid  mihi  Ju- 
t  baiamis  coepiscopus  noster  scripserit ,  consulens 
i  nicdiocrilatem  noslram  de  illicilo  et  profano  liœreli- 
«  corum  Baptibiiio,  et  quid  ego  ei  rescripseiiin,  cen- 
«  sens  scilicet  quod  scmel  atque  ilerùm  cl  sa-pè  cen- 
ï  suimus,  hœrelicos  ad  Ecclcsiam  venientes,  Ecclesire 
«  Baptismo  baptizari  et  sanclificari  opoiterc;  item 
f  Iccla;  sunt  vobisetali;«  Jubaiani  litlcrne,  qiiil)us  pro 
«  siu\  sincerà  et  religiosà  devolionc  ad  Epislolam  no- 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  iô80 

'  manoc  prcsbytcniin  de  Baptismo  scriplâjCiijus  insigne 
fragnicntiini  Eusebius  bislorite  suac  inlexuit  :  i  lllud, 
I  iii([iiil,apud  Eusebiiiiu,  llist.  lib.  7, cap.  7,  prictcrea 
«  (lidici,  non  ab  Afris  solis  bunc  nioieni  mine  priniùm 
<  invccluin  fuisse,  scd  et  nuillô  anlca  ,  supeiiorum 
t  episcoporum  lemporibus ,  in  Ecclesiis  populosissi- 
«  mis ,  et  in  conciliis  fiatrum  apud  Iconinm  et  Synna- 
«  da  ,  et  apud  alios  plunnios  idem  sanciluni  luissc, 
«  quorum  senlenlias  et  statuta  subvcrterc  ,  cosipie  ad 
«  jurgia  et  conlentiones  excilare  e(piidcm  nolini  : 
«  scriptum  est  enim  ,  Prov.  22,  28  :  Noncomniulabis 
«  lerminos  proximi  lui ,  quos  parentes  tiii  conslitne- 
I  runl.  t  Iconiensis  verô  meiilionem  facit  Firmilianiis 
Caîsareie  in  Cappadocià  episeopus,  in  Epislolà  ad  S. 


t  slram  rescribens  ,  non  tantùm  conscnsil,  scd  eliam      Cyprianum,  inter  Epist.  Cypr.  75,  bis  verbis  :  «  Hare- 

«  insiruclam  se  esse  gralias  egit  :  superest  ul  de  bàc 

«  ipsà  re  singuli  quid  sentianuis ,  proleramus  ,  nemi- 

«  nem  judicaulcs,  aut  à  jure  communionis  aliquem  , 

«  sidiversum  senserit ,  amoventes  ,  neque  enim  qiiis- 

«  quam  noslrûm  episcopum  se  esse  episcoporum  con- 

d  slituit,  aut  lyrannico  lervore  ad  obsequendi  neces- 

«  sitatcm  coliegas  suos  adiL,'il,  quando  liabeat  omnis 

<  episeopus ,  pro  licentiâ  libertatis  et  potestaiis  sulc  , 

f  arbilrium  proprium,tànique  judicari  ab  alio  non  pos- 

«  sit,  quàm  nec  ipsepolest  judicare;  sed  exspcctemus 

j  universi  judicium   Domini  nostri  Jesu  Chrisli,  qui 

4  unus  et  soins  habel  polcslateni  et  pra^ponendi  nos  in 

a  Ecclesiœ  suai  gubcrnalionc ,  et  de  aclu  nostro  judi- 

«  candi.  » 

Quod  ubi  est  prceloculiis,  dixerunt  omnes  sigillatim 
episcopi,  de  more  ,  sentcnliam ,  et  nec  unus  repertus 
est,  qui  ab  anticipait  opinione  retcsscrit ,  quin  imù 
Baplisma  quod  dant  bœrelici  et  scbismaiici,  non  esse 
verum  Chrii^t^  Baptisma,  coulortis  bine  iudc  Scriptu- 
rarum  teslimoniis  (quaî  pravo  sanè  sessu  intelligebanl) 
et  fulilium  argumentorum  çircuilu,  suo  quisquc  ordi- 
ne  confirmare  conati  sunl,  alqne  ila  error  malo  Agrip- 
pini  exemplo  primùm  induclus ,  omnium  per  Afriiam 
jiopulorum  et  saccrdotum  ,  0)a  mentesque  pervasil , 
viamque  sibi  latissimè  evagandi  aperuii. 

Neque  malorum  bic  fuit  linis  :  diJm  enim  bxc  gc- 
runlur  in  Africâ  ,  novi  motus  in  Cappadocià,  Cilicià  , 
et  finilimis  Orientis  regionibus  excilali ,  parùm  abfuit 
quin  magnum  discordiœ  ignem  acccndcrenl;  tcneban- 
lur  ilhx^,  non  sccùs  ac  Afrorum  provinciie,  pravo  more 
rebaptizandi ,  qui  ulrùm  iude  in  Africam,  aut  ex  Afri- 
câ  in  Aslam  fueril  inductus,  vel  casu  ab  ntrisque , 
nullo  consilio  communicalo,  susçeplus,  iiicertum; 
quidquid  sit,  certum  sanè  est,  aliquantô  anle  illam 
quam  pra>diximus  Stcpbani  et  Cypriaiii  conlenlioncm, 
irt  Phrygiâ  ,  provincià  Asiic  minoris  ,  duo  celebrata 
fuisse  concilia  ,  Iconiense  et  Synnadensc ,  in  quibus 
plurium  concentu  episcoporum  dcclaralum  est,  qui  ex 
quâlibelhacrcsi  converlcrcnlur  Baptismo  esse  purgan- 
dos.  Utriusque  diserte  meminit  Dionysius  Aloxnndri- 
nus ,  in  lerliâ  epistolà  ad  Pbilemonem  Ecclesiac  Ro- 


(1)  \ide  inleropcra  S.  Cvpr.,  edit.  Rigallii,  pag. 
'■im. 


28' 


«  lico,  inquit,  sicut  ordinare  non  licet,  nec  manum 
a  imponere  ,  ita  nec  bapiizare,  nec  quidquam  sanclc 
«  nec  spirilualitcr  gcrere,  (piando  aliciius  sit  à  spiri- 
«  tali  et  deilicà  sanctilale,  quod  totum  nos  janipvidem 
«  in  Icouio,  qui  Phrygiic  locus  est,  collecti  in  unum, 
«  conveiiieniibus  ex  Galaiià  et  Cilicià,  et  cscteris  pro- 
i  ximis  regionibus  ,  confirmavimus  lencndum  conlra 
«  bœreticos  lirniiter  et  viiidicandum ,  cùm  à  quibus- 
«  dam  de  istà  re  dubilarctur.  » 

Quibus  quidem  testimoniis  vel  Icviter  peusilalis, 
illi  mibi  videnlur  graviter  allucinari,  qui  pulant  haec 
duo  concilia  non  ante  annum  Stepbani  sccuiidum  (slve 
ducentcsimus  quinquagcsimus  oclavus  ,  ul  Baronio  et 
Binio  placet,  sive  ex  aliorum  senlenliâ  fuerit  ducen- 
tcsimus quinquagcsimus  sexlus) ,  esse  celebrata,  quod 
sanè  non  video  quatcnùs  constare  cum  ratione  tom- 
porum  possit  :  nam  scripsit  ad  Cyprianum  Firmilia- 
nus  ,  postquàm  pervulgala  fuerai  r»omanœ  Ecclesi;ie 
cum  Africanâ  de  Baptismo  hserclicorum  disceptatio  : 
porrô  illud  non  contigit  ante  annum  Slepliani  secun- 
dum  ;  cùm  ergo  verbis  minime  ambiguis  asscrat,  jam- 
pridem  qu;cstionem  banc  in  Iconicnsi  concilie  esse 
resolulam  ,  fateri  compcUimur ,  synodum  banc  aliquot 
saltem  annis  Afrorum  cum  Slepbano  conlroversiam 
prœcessisse;  nam  quomodo  pridem  factum  dici  pos- 
sct ,  quod  codem  lemporc,  unà  aut  altéra,  [lus  minus, 
bebdomadc  contigisset?  est  et  alterum  in  càdem  Fir- 
noiliani  epistolà  ,  ejusdcm  rei  ccrlissimum  argumen- 
tum  :  cùm  enim  S.  Stepiianus  contra  S.  Cyprianum 
antiquam  consucludinem  EcclcsUc  indcsinenler  urgc- 
rct ,  rcponit  Firmilianus  valcrc  quidem  adversùs  Al'ros 
boc  argmiienlun),  al  conlra  Orientales  nullius  roboris 
esse,  quos  ab  antiquo,  rcdeunles  ab  bscrcsi  bapli- 
zâsso ,  Iconiensis  concilii  auctoritate  demonslrat  :  ' 
«  Adversîis  Stepbanum ,  inquil  in  epist.  75  Cyi)ria- 
(!  ni ,  vos  diccre  Afri  potcstis  ,  cognità  veritate  erro- 
î  rem  vos  consuetudinis  reliquisse  ;  ca;terùm  nos  ve- 
1  ritali  et  consuetudinem  jungimus ,  et  consuctudini 
<  Romanorum  consuetudinem, sed  veritatis,  opponi- 
«  mus,  ab  initio  boc  tencntcs ,  quod  à  Cbrislo  et  ab 
«  apostolis  tradilum  est  :  nec  meminimus,  boc  apud 
«  nos  aliquando  cœpissc,  cùm  scmper  islic  observa- 
«  tum  sit,  ul  non  nisi  unam  Dci  Ecclcsiam  nôssemas, 
«  cl  sanctum  Baptisma  non  nisi  sanclcc  Eccicsiœ  coni-- 


1381  QUiEST.  Vil.  DE  MINISTRIS  SACRAMENTORUM. 

<  putaremus   :   piano   quoniain   quidam  de   coruin  [ 
€  Baplismo  dubilabaiU,  qui  etsi  novos  piopliclas  rcci- 
c  piunt  (Moula  iiist3c),cosdcin  laiiicii  Patrcm  cl  Eiliurii 

<  nôsse  nobiscum  vidcnlur,  plurinii  simul  convciilcn- 
t  les  in  Iconio  diligeiilissiniù  Iratlavinuis ,  cl  conlir- 
I  maviniusrepudianduniosseoninc  oninino  Haptisnia, 
«  qnod  sit  exlra  Ecclesiani  constilnlnni,  »  Mnllô  ergo 
anieqnàm  nala  essct  Ronianorum  oiini  Afiis  conlcn- 
lio,  falsain  liane  doclrinani  ali(iui  Orientales  tenebaiil; 
nec  niediocriler  asserlioncm  banc  adjuvat  piaiaudala 
Dionysii  Alexandrin!  ad  Pbilenioncnicpislola  :  i  Uliid, 
i  inqiiil,  prxlerea  didici ,  non  ab  Afris  solis  liunc  mo- 

<  rem  nunc  primùm  invccinm  fuisse,  sed  cl  niullo 

<  antca  ,  snpcriornm  cpiscoporum  Icniporibus,  in  Ec- 

<  clesiis  populosissiniis  ,  cl  in  conciliis  fralrun»  apud 
«  Iconiiim  cl  Synnada,  cl  apnd  alios  plurimos  idem 
«  sancilum  fuisse,  >  eic.  Quocirca  Jacobo  Pamclio, 
in  Viià  Cypriani,  Naiali  Alexandre,  Ilisl.  sec.  5,  1  p., 
c.  5,  an.  5 ,  §  2,  et  aliis  asseniiri  non  possunius, 
qui  volunt  bœc  duo  orienlalium  concilia  eodem  icm- 
pore  babila  ,  que  suas  Cartbagine  synodes  S.  Cypria- 
nus;  cui  tempori  debeant  assigiiari ,  nostram  ingcnuè 
ignoranliam  ,  silenle  anliquà  hislorià,  profilcbimnr; 
probabilis  quideni  conjeclura  Henrici  Yalesii ,  in  nolis 
adc.  7,  lib.  7  Hist.  Euscbii,  opinanlis  Iconiensem 
synoduni  sub  exlrema  lempora  Alexandri  Severi 
(anno  circiter  ducenlesimo  decimo),  colleclam  videri  : 
quo  tcmpore  Firmilianus  ad  Cxsariensis  Ecclesia;  epi- 
scopalum,  Eusebio Icsle,  Hist.  lib.  G,  c.  16,  promo- 
tus  fuerat  ;  conjeclura  lamen  est,  nec  ad  ccrliludinem 
usque  perlingit. 

Jam  ulcursura  bisloriac  tcneam  ,  rcdeo  ad  Slcpba- 
num  :  hic  prseler  epislolam  ad  Cyprianum  et  episco- 
pos  Afric»,  de  quâ  supcriùs  dixi ,  aliam  insuper  scri- 
pserat  ad  Orientales ,  cujus  bxc  summa  erat ,  paceni 
se  cum  iisdena  rupiuriim ,  si  in  prislinâ  rebaptizandi 
senleniiâ  pernianerent.  IIujus  rei  apud  Ensebium 
fidem  facit  Dionysius  Alexandrinus  in  epislolà  ad 
Sixluni  Stephani  successorem.  «  Aniea  quidem  ,  in- 
«  quit  Eus.,  Hist.  Ec.  lib.  7,  c.  5,  litlcras  scripserat 
«  de  Heleno  et  de  Firmiliano,  de  omnibus  deniquc  sa- 
«  cerdotibus,  per  Ciliciam,  Cappadociam,  cunciasquc 
t  (inilimasprovinciasconslilulis;  sese  ob  cara  causam 
i  ab  illoruni  communionc  discessurum,  quùd  bLcrcli- 
I  cos  rebaplizarent.  » 

Quod  ubi  nuntiatum  est  Cypriano,  Firmilianum 
propcravit  per  epislolam  coiivenirc  ,  credo,  ut  in 
communi  mcerorc  suo ,  aliqnid  ulrique  afferrclur  per 
rommercium  lillerarum  soialii ,  alque  cliam  ul  nova 
Africce  lux,  ad  eani  quam  pulabal  vcrilalcm  iilusuan- 
dam ,  ab  Oriente  venircl:  annuit  volis  cjus  Firmilia- 
mis  :  lilteras  enim  rcscripsit,  tum  proni  erga  euni 
obscquii ,  lum  cxulceraii  adversùs  Slei>hannm  anirai , 
tum  in  adstrucndo  errore  plcnœ  concordix  testes. 
lAcccpimus,  inquit  in  epist.  75,  inlcr  Cypr.  per 
<  Rogalianum  cbarissinnnn  noslrum  diaconum  à  vobis 
«  missuni,  lilteras  quas  ad  nos  fecisli,  frater  dileclis- 
4  sime ,  et  gralias  propter  hoc  Domino  niaxiinas  cgi- 
(  mus,  qnôd  coniigerit  ul  qui  corpore  ab  mviccni  sc- 


1582 


j  paramur,  sic  spnilu  aduncnnir,  quasi  non  unani 
«  lantùm  rogioncm  JcniMiles  ,  sed  in  ipsâ  alque  in  eà- 
(  dcm  donio  sinud  iidial)ilanlcs....  cum  magnâ  la-liliù 

<  cxullavimns,  et  Deo  gralias  cgimus,quia  invenimus 
1  in  fralribus  noslris  lam  longé  posilis  lanlam  nobis- 
t  t  um  (idei  et  verilalis  unanimilalcm....  nos  vero  ea 
«  quicàvobis  sciipla  sunl,  quasi  noslra  propria  susci- 
«  piinus,  nec  in  iranscursu  leginius,  sed  s;cpè  repc- 
«  lila  memori;c  mandavimus.  »  Deindeposlquàm  pnc- 
misil  non  possc  Monlanislarum  vatidum  esse  Bapli- 
smum ,  sic  proscqwilur.  «  Sed  elciclcri  quiquc  luerc- 
«  lici ,  inquil,  si  se  ab  Ecclesià  Dei  scidcrinl,  nibil 
«  babere  polcslalis  aut  graliai  possunl,  quando  onuiis 
i  poleslas  et  gralia  in  Ecclesià  conslilula  sil,  ubi  pra;- 
j  sident  majores  nalu ,  qui  et  bapli/andi  cl  maiinm 
«  iiiiponendi  cl  ordinandi  possidcnt  poleslalem.  Ibc- 

<  relico   enim  sicul  ordinare  non  licel ,  î.ec  mamim 

<  imponcre ,  ila  nec  baplizare ,  nec  quidquam  sariclè 
t  nec  spirilualiler  gerere  ,  quando  alienus  sil  à  spiri- 
i  lali  cl  dcificà  sanclilalc,  quod  lolum  nos  janipridem 
i  in  Iconio  «ul  PUrygiai  locus  est,  collccti  in  mium, 
«  convenieriinisj;  t"^  v  'M-aUei  t»  U.acia.  Jl  cateris  jiro- 
«  ximis  rcgionibus  confirmaviiiius  icnendum  cnnlra 
«  hxrelicos  firmiler  cl  vindicandum ,  cùm  à  quibus- 
«  dam  de  isià  re  dubiiarelur. ...  Apostoli  mandata  et 
i  monila  salularia  {de  scrvcinclà  ImmUiUde ,  lenitate  et 
i  unilate  spiiitùs  in  coiijuuclione  pac'is)  quam  diligenter 
(  Slepbanus  implcvil,  Immililatem  sensûs  et  lenila- 
«  lem  primo  in  loco  servans  !  Quid  enim  bumilius  aut 
€  lenius ,  quàm  cum  lot  episcopis  per  totum  mundum 
j  diisensisse ,  paccm  cum  singulis  vario  discordiai 
d  génère  runipculem ,  modo  cum  Orietiialibus,  quod 
«  nec  vos  lalerc  conlidimus,  modo  vobiscum  qui  in 
«  meridie  estis?  A  quitus  légales  episcopos  paiienier 
<  salis  et  leniter  susecpil ,  ul  cos  nec  ad  scrmonem 
«  saliem  colloquii  comnmnis  admitlercl,  adlmc  insu- 
d  per  diieclionis  el  charilalis  memor  prœciperet  fia- 
a  lernilali  univers.T;,  ne  quis  cos  in  domum  suam  re~ 
«  ciperet ,  ut  venienlibus  non  solùm  pax  et  comniu- 
«  iiio,  i-ed  et  lotlum  el  bospiiium  negarelur;  hoc  est, 
(  scrvâssc  unilatem  sj-irilùs  in  coujunclione  pacis , 
«  abscindere  se  à  cliarilale,  et  alienum  se  per  onmia 
1  fralribus  lacère,  et  contra  Sacramenlum  et  li- 
«  (1cm  ,  contumacis  furore  discordiie,  rcbollare...,  et 
i  propter  ha;reticos  asserendos,  fralcrnilatem  scin- 
«dere,  insuper  et  Cyprianum,  pseudochristum , 
«  et  pseudoapostolum  ,  cl  dolosum  operarium  di- 
«  cere  ?  » 

Ha^c  et  pleraque  alla,  nec  minus  acerba  Firmiliani 
cpislola  continct,  quai  légère  quisque  in  fonte  poleril; 
nos  enim  ea  lubenti  animo  pra>lerimus,  ne  dùm  im- 
prudenti;c  cjus  el  audaciai  meminimus,  longiorem 
lectori  molesliam  inferamus  ;  ilaque  ctrlum  csl,ha- 
buisse  crrorem  rebaplizanlium  eà  aîlale  multos  magni 
uominis  defensoros  :  iiam  in  Africà ,  duce  Cypriano, 
ouiuiiim  Mauritaiii;e,  Numidi.e  ,  el  provinciiC  Africc 
autislilum  ad  illum  assercndum  conspiratio  fuit  ;  inter 
quos  pleriquc  confcssionis  Cbrisli  el  tolerali  pro  lide 
uiariyrii  glorià  illustres  numcranltir  ;  in  Oricnle  vcrô, 


1185  DE  UE  SACRAMENTARIA. 

prxter FirmilianuinCscsareae  metropolitanum,  qui  pro-  i 
pler  cxccllonlia  nierila  Anliocliciio  dcinceps  contra 
Pauliiin  Samosatenuiii  concilia  piu'luit,  et  à  Palribiis 
soeiindi  concilii,  utique  Antiocheni,beatx'recordationis 
vir  csl appcllatus,  Euseb.,  Hist.  Eccl.  lib.  1 ,  c.  50,  quin- 
qiinginla  ad  minus  episcopi  eidem  causai  sunt  patro- 
cinali ,  quos  ex  Cappadociâ,  Cilicià ,  Galaliâ,  et 
fuiilimis  regionibus  Iconium  conveiiissc  ex  historià 
ccclcsiasticâ  cerluni  est,  ipseque  S.  Auguslinusl'atetur, 
1.  5  contra  Cresc.  ;  nec  prœtereundus  niagiuis  illc 
Dionysius  Alexandrinns,  queni  cerlum  est  Fiiiniliano 
et  Al'ricanis  episcopis  adhocsisse  ,  ut  constat  ex  ejus 
cpislolis  jam  cilatis  :  Dionysio  plures  ali(»s  alii,  tum 
cjusdeni,  tuni  sequenlis  œtatis,  adjungunt,  in  quibus 
non  infimum  habctlocuni  S.  Basilius  Magnus,  In  Ep. 
Canon,  ad  Amphil.  1  et  2.  { 

De  liàc  lani  celebri  querelâ  sic  loquitur  Yinccntius 
Liiinensis  in  Comnionilorio,  cap.  10  :  f  Sed  lortè, 
a  inquit ,  tune  ipsi  novilise  adinvenlioni  patrociiiia 

<  defuerunt;  imô  verô  rara  \is  ingenii  adf'uit ,  tanla 
9  eloquenlia;  lîumina ,  tantus  asseitorum  numerus, 
c  lanta  veri  similitudo,  tanta  divinie  Icgis  oracula,  scd 
i  plané  novo  ac  malo  more  intellecta ,  ut  milii  oniiiis 

<  ista  conspiratio  nuUomodo  destrui  potuisse  videatur, 
«  nisi  sola  lanti  moliminis  causam  ipsa  illa  suscepta , 
1  ipsa  defensa ,  ipsa  laudata  novilalis  profcssio  desti- 
«  luisset  ;  postremù  ipsius  Africani  concilii  sive  dccreti 
«  quaï  vires?  donantc  Deo  nullai;  scd  universa  tan- 

«  quàni  somnia,  tanquàra  superflua  abolila,  anliquata,  | 

<  calcata  sunt  ;  »  et  cap.  proccedentc  :  i  Quis  ergo  i 
i  tune  universiuegotii  exilus?  Quisulique,  nisi  usi- 

«  tatus  et  solitus?  Retcnia  est  scilicet  anliquilas, 
«  explosa  novitas.  »  Quod  eo  demùm  tempore  feliciler 
conligit ,  quo  quœslionis  hujus  veritas  cliquala  et  de- 
clarata  per  plcnarium  concilium  solidala  csl,  et  ad 
omnium  agnitionem  perducta. 

Jam  verù  ut  modis  omnibus  dogma  catholicum  vin- 
ilicotur,  sit 
§  2.  Error  Rebaplizaiitium  rcfututur,  shnulquc  ostendi- 

lur   Socramciila   rilu   cvamjciuo  consccrula,   neque 

liœresi,  ncquc  schismate  posseirr'Ua  ficri. 

Fidci  ista  doclrina  est,  anticpiilùs  tradila ,  et  denuô 
in  Tridenlino  concilio  conlirniala,  scss.  7,  can.  4,  de 
I3apt.,  liis  verbis  :  «  Si  quis  dixerit  Baptisnmm  ,  qui 
«  cliam  datur  ab  h;vrelicis  in  noniine  Patris  cl  Filii  et 
«  Spirilùs  sancli ,  cum  inleiitione  facicndi  quod  facit 
«  Ecclesia,  non  esse  vcruni  baptismum,  anathcma 
(1  sit;  j  quod  verù  de  Baplismo  diclum,  débet  pariter 
de  reliquis  Sacrameiitis,  ex  Ecclesiui  mente,  inlel- 
ligi  (1). 

(1)  Cerlissimum  quideni  est  aiia  Sacramcnla,  non 
iiiagis  quiun  Baplisnuiin  ossc  invalida  ,  prircisè  ob 
lidci  delccluin  ;  ciim  tamcu  nulla  luicus(nie  prodiit 
eà  de  rc  expressa  Ecclcsia>  detinilio,  dici  nequit  id  ad 
lidem  pertniere  ;  concUisio  cniiii  ex  monte  Ecclesi^fi 
deducta  à  nemine  dari  polest  velut  dognia  lidei. 

Ilic  aulcm  quaM'i  polcslqiiarc  concilitim  Tridoiitiriimi 
suam  delinitionem  ullra  Bapîismiun  non  extondorit. 
—  Uesp.  :  Duplex  aU'erri  solet  causa  :  l'rim.'  est  ne 
concilium  viderctur  nogarc  polestalem  iiulirt-ctam 
quam  Ecclesia  procul  dubio  iiabct  iii  materiam  Sa- 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


4184 


Quoniam  volumus  de  divinis  dogmatibus,  quoad 
quidcm  fiori  potcst,  perspicuè  loqui,  œquumcst,  ut  in 
limine  scnsum  doctrine  catholicai  aperiamus  :  itaquo 

cramcnlorum  Pœnitentiae  et  Malrimonii ,  et  vi  cujus 
el'licure  potesl  ut  (ides  in  ministre  sit  indirecte  neces- 
saria  ;  secuiuia  verù  est  ne  viderctur  condcnmare 
quosdani  tlieologoscalliolicos,  quinonnidla  aiia  Sacra- 
mcnta  nuila  esse  docueranl ,  si  à  ministris  lucreiicis 
conleranlur.  Aiidialur  doctissimus  liaberl  lias  duas 
ralionos  paulù  lusiiis  exponens ,  cap.  14,  quicr. 
2°  «  Qiiare  ,  iiiqiiit,  Tridentinum...  solius  ministri 
i  Baptismilnieminit? — Resp.  r'qoia  Sacramcnta  Pœni- 

<  iciiliai  et  Malrimonii ,  cùm  consistant  in   materiâ 

<  niorali ,  spociali  modo  subjacciit  Ecclesiaî  disposi- 
«  tioni.  EiiinivcrôSacramenluniPœnileiitia;inslilulum 
li  esl  por  modiim  jiidicii,  quod  sanè  cstqnid  morale  : 
«  ad  judicium  aulein  cxercendum  inprimis  jurisdiclio 
«  ila  necessaria  est  minislro  tanqiiàm  judici ,  ul  sine 
«  eâ  absolulionis  scnlentiam  validé  non  ferai,  liane 
«  autem  jurisdictioiicm  coiiierre  vel  denegare  prorsùs 
i  est  peiiés  Ecclesiam.  Unde  si  bœrelico  minislro 
«  eamdencgct,  vel  jam  concessam  revocet ,  verum 

3  crit  dicere  sacerdolem  siiie  iide  Sacramenlum 
«  Pœnileiiliic  minislrare  non  posse.  Siniilitcr  nialri- 
i  moninm  est  specics  quœdam  conlraclùs  ,  qui  ut 
i  vaiïdus  sit  roquiruntur  certtc  soicmnitates  ab 
«  Ecclesia  dciermiiiatic  vel  detcrminandae  :  sicut 
«  ergo  Ecclesia  sanxil  nnllimi  esse  ejutftiiodi  con- 
«  Iractum  inler  consanguineos ,  v.  g ,  in  quarto 
«  gradii,  ila  sancire  poiesl  irritum  l'ore,  si  catholicus 
«  cum  bierelicisconlraliat,  sicque  necessaria  erit  lides 
9  ad  malrimoniinn  cclobrandum.  Kesp.  2"  quia  non- 
«  nuUi  tlieologi  docent  Sacrauienta  Conlirmationis 
i  et  Ordiiiis  consislere  in  rilu  morali,  ac  proinde 
<i  Ecclesiam  posse  (piasdam  condiliones  apponcre, 
«  puta  lidem  et  probilatem  in  minislro,  sine  quibus 
«  Sacramenta  illa  iirila  erunt;  suamque  seutenliam 

<  probant  auclorilate  nuiltorum  conciliorum,  in  quibus 
«  staluilur  baptizatos  ab  ba-reticis,  atque  ideô  confir- 
«  malos,  ciuuanliquilùs  Baptisma  el  Conlirmatiosinml 
«  administrarcntur,  si  ad  Ecclesiam  rcdeanl ,  reci- 
«  piendos  esse  cum  manuum  impositione  et  unctionc, 

<  quod  secundùm  illos  iheologos  Sacramenlum  Con- 

4  ihmalionis  désignai,  lia  feré  Maldonalus  societalis 
e  Jcsu ,  q.  1  de  t.onlirmatione,  et  Joannes  Morinus 
«  congregationis  Oralorii ,  lib.  1)  de  Pœnil.,  cap.  II. 
«  Item  ordinatos  ab  ha-relicis ,  schismaticis  et  Simo- 
«  niacis,  plura  concilia  non  agnoscunl  lanquàm  sacer- 
«  dotes  aut  cpiscopos,  nisi  priiis  manuum  impositioni 
«  subjicianlur  (hoc  est,  ut  inlerprclalur  laudatus 
«  Morinus  exercitationc  4  de  sacris  Ordinalionibos , 
«  cl), nisi  iterùm ordinentur  ;  et  ad  suam  sentcnliani 
Il  conlirmandam ,  profcrt  aucîorilatcm  onuiium  l'eré 
i  canonislarum  ,  et  plinium  tlieologorum ,  praisorliin 
«  verô  Magislri  Senlenliarum ,  iii  4,  dist.  15,  Potri 
i  Piclaviensis;  lib  5  Senlenliarum,  cap.  15  :  iniô  duo 
«  illi  t'iieologi  cum  llugone  Victorino  in  Sununâ,  tracl. 
«  G,  cap.  9,  ceiisuorunt  Eucliarisliam  ab  liaircticis  aut 
«  excounnunicatis  non  posse  confici ,  utpote  quœ  sit 
«  signum  unionis,  quam  soivunt  lifcrctici  et  excom- 
«  municati.    ilanc  autem    posteriorem    sentcntiam , 

<  utpote  singularem,  sat  ex  se  ruituram,  quin  jamdu- 
«  dùm  cxlinctam  Tridentinum  noglcxit  :  satis(iue  ci 
«  visum  est  docere,  scss.  22,  cap.  1,  bosliam,  qua^  in 
€  altari  olïertur ,  MuUà  indignilale  aut  malitiâ  oU'e- 
«  renlium  in(iuinari  posse, 

«  Ex  his  i)alct,  salvà  fidc,  posse  dici  bicrcticum  , 
«  excommunicatum,  et  impium  minislrum  nonnulhi 
a  Sacramcnta  conlicere  non  posse  ;  cùm  onines  Ca- 
«  Ibolici  id  fateantur  de  lucreticis  et  excommunicalis 
"I  non  lolcratis ,  quoad  Sacramenlum  Pœnilcnlia; , 
d  proplor  ralioncs  mox  allalas. 

1  Licét  aulcm  opinio  cilatorum  iheologorum ,  qui 
a  proposilionem    ad    Conliriuiitionis  et  Ordinalionis 

<  Sacramcnla  exlondunt,  lundamento  careal,  Tridcn- 


158S 


QU,€ST.  \1I.  DF  MINISTIUS  SACUAMENTOKUM. 


i386 


1"  Loquimur  de  Sacramciilis  ritii  cvangelico  con-  W  <  disiiiignebatur  SacranieiUum  ab  cffcclii ,  vel  usu 


Sccralis,  qiiibiis  niniirùin  iicqiie  iiialeria  dccsl ,  iiequc 
forma  à  Cliiislopra'scripla  ;  ciimeiiim  alloruliA  pnrle 
neyiccu'i,  aiit  corniplà  iii^i^'iiilor,  S;u  rameiiUmi  slare 
noqucal,  non  jani  ropclilio  est,  si  de  novo  conferalur, 
tujus  vana  imago  piLCCcssorit. 

2"  Sacramcnla,  ui  ex  pra'diclis  constat ,  liabilà 
ralione  cirecluiim ,  iii  diiplici  ordino  coiilineiiUir  ; 
qtiadam  eiiim  solam  graliam,  alla  pneler  graliam 
confeniiil  iiliiine  cliaraclerem. 

3°  Quia  cliaracler  est  in  numéro  gratiarum,  quas 
gratias  datas  appcllant,  ne(|ue  ,  ul  inligatur,  ullam  in 
sidijeolo,  mullùi|uc  minus  in  niinislro ,  sanolilatem 
aiit  aniiui  privparationein  praM'C(piiril,  liinc  tcnel 
Ecclesia,  àqiiocumque  laiia  Sacramenta  siiscipianlur, 
reverà  hune  efieclum  eonsequi  ;  alqiic  adcô  debere 
quidem  errorem  deinceps  conigi,  ut  prodesse  inci- 
piant  ad  anima;  sanclilalem  ,  sed  non  conlinuù  esse 


i  Sacranjenti  ;  et  quia  cjus  cffectus  at(pie  usus  in 
i  liix'ralione  à  peccatis  et  cordis  rectiludiiie  apud 
(  iKereticos  non  iiivcniebatur,  ipsum  qiKxjue  Sacia- 
«  mcnluni  non  illie  esse  pulabalur.  »  Ilis  pr;enola- 
tis,  sit 

PnODATio   i>niMA  ,  ex  perpcluà  catliolicœ  Ecclesiœ 
consueludinc. 

Efricacissimum  est  arguntcnlum  quod  pclitnr  ex 
perpoluo  omnique  omnium  memorià  aiiliiiuiorc  Ec- 
clesia; more,  nam  observatioiiis  perseveraiilia,  probalce 
tradilionis  idonea  leslis  est,  ul  docet  Tertuliianus,  lib. 
de  Cor.  mililis  :  è  contrario  vcro  idcn)  est  erroris  et 
novilalis  redargui  ;  atqiii  consueludinem  non  rebapli- 
zandi  à  quàcumipic  bitresi  venientcs,  niodù  foris  ex- 
tra Eoclesiam  ritu  evaiigelico  lii.cli  essenl,  ;etale  san- 
cti  Cy|>riani  Icnebat  Ecclesia  universa,  cujus  inilium 
non  potorat  nisi  ab  aposlolicis  lomporibus  repeli  ;  C(m- 


Sacramenla   ileranda  :  non  enim   ideo  débet  curari  i  Ira  autem  conslaiwt,  legem   rebapiizandi   de  novo 


quod  sanum  est,  quia  romedio  indiget  quod  est  vulne- 
ralum. 

4°  Quanlùm  ad  graliam  spécial,  rursùm  distinclione 
opns  est  :  vel  enim  Sacramenta  conferuntur  infanti- 
bus,  vel  aduliis. 

Si  inlanlibus,  citra  dubiuni  est,  graliam  simul  cum 
characlere  infimdi.quia  in  quàlibel  hiievcsiaut  f\ictionc 
schismalis  infans  baplizelur,  cùm  niillum  obicem 
niala;  volunlatis  oppoiiat,  nequc  erroris  sil  particeps, 
Sacramenti  elïecUi  defraudari  profeclù  non  polest. 

Si  vero  de  adultis  agatur,  ilerùni  distinguinius  : 
nam  vel  boni  fuie,  et  sine  ullo  sciiismalis  aut  li;ercsis 
commercio,  al»  bomine  b.Treticoel  scbisn)alico  aliquis 
baplizalnr,  alqueadeô  tolumrecipitBaptisnii  elTecliim, 
non  modo  quanlùm  ad  cliaraclerem,  sed  etiam  quan- 
tum ad  graiiae  beneficium;  vide  S.  Aug.,  lib.  1  de 
Baplis.  cont.  Don.,  cap.  2.  :  vel  lixresi  et  scliismali 
jpsc  conscnsit  :  sicque  graliam  quidem  Sacramenti 
non  consequitur,  sed  recipittamen  Sacramenlum. 

IlaicqueS.  Cypriani,  et  cum  eo  senlienliumepisco- 
porum  perpétua  allucinatio  fuit ,  quèd  non  distinguè- 
rent Sacramenlum  ab  eiïcclu  Sacramenti ,  ideôque 
pularent,  non  posse  in  brcrosi  aut  scbismate  Sacra- 
menlum percipi,  (juia  gralia  percipi  ibi  non  potest. 
f  Non  ob  alind ,  inquit  S.  Auguslinus,  lib.  G,  conlra 

<  Donat.  cap.  l.illis  temporibus,  quandoista  quœslio, 
f  contra  veterem  consueludinem  ,  dispnlaiionibns  , 
f  salvà  charitatc  atque  unilale,  altercanlibus  disculie- 

<  batur ,  visum  est  quibusdam  cliam  egregiis  viris 
t  antistitibus  Cbristi,  inlcr  quosprccipuc  bealusCy- 
t  prianus  eniinebat ,  non  esse  posse  apud  hx'relicos 
I  vel  schismaticos  lîaptismum  Cbristi ,  nisi  quia  non 

t  tinnm   tamon  illam  reliqiiit  inlactam  ,  maxime  cùm 

<  il'i  ibeniof^i  in  dogmale  callioiicocoiivcnianl,  iiompe 

<  ex  insliliilione  Cliristi,  delectum  pielalis  et  lidei  in 
f  niinislro  non  nocere  verilati  Sacramentorum  ,  sed 
t  ex  solà  Ecclesia;  dispositionc  ;  qu;c  disposilio  cùm 
»  non  possil  babcre  locum  circa  Haplisniiim  ,  (  iiiiis 
I  minislri  exlraordinarii  possnnt  esse  non  scdùm  lia;- 

<  relici  ab  Ecclesia  priccisi.  sed  eliam  pagani,  de  solo 
t  Baptismo  expresse  concilium  rem  deliniii.  » 

(Edil.) 

TR.  XX. 


fuisse  paucis  abliinc  annis,  in  Africà  ab  Agrippino,  in 
Oriente  à  quibusdam  barum  partium  episcopis,  contra 
mores  et  insliluia  majorum  invcclam  ;  quôd  sic  per 
partes  declaralur. 

Probalio  primœ  partis. 
Et  de  prima  quidem  dubium  nulium  est,  nisi  veli- 
mus  Paires  anliquos  ndlaci;e  et  niendacii  accusarc  ; 
illi  enim  ut  Cypriani  ejusque  similium  dotlrinam  re- 
felierent,  ad  solam  penè  provocabant  conlrarii  do- 
gmatis  vetustalem,  nullunniue  validius  argumenluni 
urgebant.  «  Si  quis  ergo,  inquiebat  S.  Stephanus  in  dc- 

<  creto  conlra  Africanos  lato,  à  quâcumque  lueresi 
«  venerit  ad  nos,  niliil  innovelur  nisi  quod  tradiluni 
«  est,  ut  mamis  illi  imponatur  in  pœnilenliam  ;  cùm 
«  el  ipsi  baeretici  proprié,  alienilrum  ad  se  venientes 
«  non  baptizent,  sed  communicent  tantùm;  »  quasi 
nimirùm  diceret  :  Tarn  allas  egit  radiées  non  rebapii- 
zandi tradilio,  tanlâque  est  ab  omnibus  veneralione 
suscepta,  ut  ne  ipsi  quidem  hteretici  audeant  illam  in- 
friiigere,  sed  in  iis  qui  ad  sese  muliiù  veniuni,  regale 
signum  agnoscant;quantô  ergo  niagis  debemus  nos 
Catbolici ,  redeunles  à  quàlibet  hooresi,  sine  novo  Ba- 
plismo  suscipere,  lantùmque  illis  imponere  nianus  in 
pœnitenliam? 

Eademqnc  aliorum  persuasio  fuit  :  ila  sanc  lesla- 
tur  S.  Ilieronynius  apertissimè  in  dialogo  advcrsùs 
Luciferianos  :  i  Henique,  inquit,  il!i  i|)si  cpiscopi  qui 
t  rebaplizandos  lia;relicos  cum  Cy[iriano  slaluorant, 
I  ad  antiquam  consueludinem  rcvoUiti,  novum  emi- 

<  sère  decrelum  :  quid  facinius  ?  lia  et  nobis  majores 

<  noslri,  et  illis  siii  tradidère  majores.  > 

Et  Vinccnlius  Lirinensis  in  hoc  vcrè  aurco  conlra 
liccreses  libello,  cap.  9  :  t  Quondam  igitur,  inquil,  ve- 
«  ncrabilis  memoria;  Agrippinus  Carlliagincnsis  epi- 
i  scopus,  primus  omnium  morlalium  contra  divinnm 
«  canonem ,  contra  nniversalis  EcclosiiC  rcgtilam  , 
i  conlra  sensnm  omnium  consacerdoium,  conlra  mo- 
i  rem  ac  insliiula  majorum,  rebaplizandum  esse  ccn- 

<  sebat  :  quœ  pr.tsumptio  laniùm  mali  invexit,  ut 
i  non  solùmhîcreticis  omnibus  formara  sacrilegii,  sed 

44 


158t 


DE  RE  SACftAMENTAniA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  (ÏENEîVE. 


Î588 


eliam  quibusdam  ca'holicis  occasionem  prœbuerit  ^     Prscterea,  hoc  ipso  consiieiiido  aliqua  novitatis  con- 


I  errons.  » 

Sed  omnium  praeclarissimè  S.  Auguslinus,  in  suis 
passim  conlra  Donalistas  operibus  :  sic  libro  secundo 
de  Bnpt.,  cap.  7  :  «  Noiitc  ergo,  iiiqnit,  nobis  aiiclori- 
d  laloin  objicore  Cypriani  ad  Ba|)tisn)i  icpolilioncni, 
«  scd  icnele  nobiscuin  exemplum  Cypriani  ad  iinilalis 
«  conscrvaiionem  ;  nondiim  cnini  cral  diligenlcr  illa 

<  Haplismi  qu.Tcslio  pcrlraciata,  sed  lainen  saluberri-  i 
€  niani  consiieUidinem  lonebai  Ecclcsia,  in  ipsisfpio-  i 
t  (pio  scbisniaticisel  iuiTcticis  corrigerc  quod  pravuiii 

t  csl,  non  iterare  quod  dalum  est;  sanare  quod  vnl- 
I  neraluni  est,  non  curare  quod  sanum  csl;  qnam  con- 
«  suctudineni  credo  ex  ap;islulicà  Iraditione  venien- 
€  leiu,  sicul  niulta  qua)  non  inveniunlur  in  litleris  eo- 
«  Yuni,  neque  in  coiiciliis  posterioruni,  et  lamon  quia 
t  pcr  universam  custodiuniur  Ecclesiani,  non  nisi  ab 
«  ipsis  tradita  cl  commendala  credunlur.  Ilanc  crgo 
«  saluberrimani  consucludinem  pcr  A'grippimini  pr;-e- 

<  decessoren)  sunm  dicil  S.  Cypriaiius  quasi  cœpisse 
«  corrigi  ;  sed  sicut  diligcnliùs  inquisila  verilas  do- 

i  cuit,  quic  post  niaguos  dubilalionis  fluclus  ad  pie-  'i 

<  narii  cuncilii  confirnialiouem  perducia  est,  veriùs 
«  credilur  por  Agrippinuni  corrunipi  cœpisse,  non  cor- 
«  risi.  j 

'     El  ibidem,  capitc  9  :  i  Consucludinis  robore,  in- 

'  «  quit,  tencbaturorbis  lorraruin,  et  ba;c  sola  oppone- 

«  batur  induccre  volcnlibus  novilalem,  quia  non  po- 

«  lerant  apprebenderevcrilalem  ...  banc  aulem  fuisse 

(  consucludinem  Ecclesiic,  qu;c  postca,  niultis  discus- 

<  sis  ambagibus,  pcrspeclà  veritalc,  plenario  concilio 
«  confirniata  est,  salis  osteiidiUir  cl  ipsius  bcali  Cy- 
I  priani  vcrl)is  in  eâdcm  ad  Jiibaianum  epislolà,  (pi;c 
«  in  concilio  lecla  commemoralur  :  aitenim  :  Scddi- 
€  cel  alhjuis  :  Quid  ergo  fiel  de  us  qui  in  prœlcritum  de 

<  liœresi  ad  Ecclesiam  venienles,  sine  BaptisDio  adniissi 
(t  sH/i^.'lJbi  cerlè  quid  licri  solcrcl,  elsi  non  fieri  rei- 

<  let,  salis  oslendit;  el  eoipsoquôd  concilium  Agrip- 
«  pini  commémorai,  aperiè  indical  fuisse  aliam  co  ;- 
i  sucludinem  Ecciesiic  :  neque  enim  opus  erat  hoc 
I  concilio  velle  staluere,  si  jam  consuetudine  leneba- 
t  iiir,  5  etc. 

El  deniquc,  ul  mulla  alia  pmelcream  ejusdcm  plané 
<cnsùs  teslimonia,  libro  2  conlra  Crosconium  Dona- 
tislam,  cap.  53  :  i  Hicc  consucludo  Ecciesi;c,  inijuil, 
«  fuit  anle  concilium  Cypriani  :  htcc  superari  cl  au- 
t  ferri  non  potuit  nec  concilio  Cypriani.  >  Igilur  con- 
sueludo  non  rebaptizandi  anliquissima  el  aposlolica 
cral. 

Probatio  secundœ  parus. 

De  allerà  verô  parte,  cùm  necessariô  sequalur  ex 
priore,  non  opus  esi  ul  multa  dicamus  :  nam  quando 
in  unâ  eàdenniue  rc  consuotudiacs  du;c  divers;c  oc- 
currimt,  (juarum  primani  constat  ubique  genlium  ab 
oninirelrôaïUiteinviolabililer  observaiam.  de  seconda 
non  potest  aliud,  nisi  noviiatis,  esse  judiciuni,  atqni 
ïion  rebaptizandi  consueUidincm  pcrpetuam  cl  univer- 
salcm  fuisse  laudati  Patres  affirmant  :  merilù  ergo  no- 
vilaiis  morem  conUarium  arguant. 


fvi 


incitur,  qiiôd  probalur  inslilulionc  Ecclcsi.Te  mullô 
esse  rcccntiiir;  al(|ui  consueludo  rebaptizandi,  qnam 
lerlio  seculo  Africani  et  Orientales  invebere  nervis 
omnibus  conabanlin-,  cral,  ipsis  fatenlibus,  Ecclesi^î 
inslitiilioiic  rocenlior;  nam  Cyfirianus  quidem  cum 
suis  collegis  niiebatur  Agrippini,  incunle  lerlio  seculo, 
decessoris  sui,  auctoritaie,  ncc  anliquius  ullum  judi- 
cium  ad  causnc  sua;  defensionem  |)roferre  valcbal  : 
«  Q  lod  quidem,  iniuiebat  epist.  71  ad  Quinlum,  cl 
«  Agrii»pinus  bonx'  mcmori;t  vir,  cum  c;cteris  cocpi- 
i  scopis  suis,  qui  illo  lempore  in  provinciâ  Africâ  cl 
«  Numidià  Ecclesiam  Domini  giil)ernabant,  statuit,  et 
c  libraîo  concilii  conununis  examine  firmavit.  »  Orien- 
tales vcro  concilia,  Iconicnsc  et  Synnadense,  ad  suî 
pra'sidinm  invocabani,  quaî  sanè  non  a;quabant  pri- 
m;cvan)  antiqniialem  :  «  Quod  lotum  nos  janij-ridem, 
i  ai(;bat  Firniilianiis  Cyprianoresiribens  iuier  Episl. 
i  Cypr.  75,  in  konio,  (pii  Plirygi;e  locus  est,  coUcctî 
«  in  unum,  conveideiilibus  ex  Galaiià  el  Cilicià  et  cce- 
f  Icris  proximis  regionibus,  confirniavimiis  icnendum 
c  -contra  hierelicos  firmiter  el  vindicandum,  cùm  à 
«  (]nibusdam  de  illà  re  dnbilaretur  :  ergo,  »  etc. 

Deiiide,  neque  hoc  verum  cral,  quod  afiirmabat 
S.  Cyprianus,  rebaptizandi  morem  ab  Agrippini  tem 
poribus  in  Africanâ  Ecclesiâ  viginssc  :  ul  enim  pra> 
clarè  aiguil  S.  Auguslinus,  lib.  3  conlra  Donalislas, 
cap.  12  :  «  Si  permanebat  ab  Agiippino  usque  ad  Cy- 
«  priaimm  consueludo  baptizandi  ab  ba'relicis  venien- 
«1  tes,  ut  quid  l'acta  suni  à  Cypriano  de  hàc  re  conci- 
«  lia  ?  Ul  (]uid  cidcm  Jubaiano  dicit  non  se  rem  novani 
t  facereaut  repeniinaui,scdab  Agrip|)inoconslilulani? 
t  Cur  enim  Jubaianus  de  noviialc  inrbaretur,  ut  cum 
«  per  aucloritaiem  Agrippmi  sa  ari  oporterel,  si  ab 
«  AgrippinO  ad  Cyprianum  hoc  lenebai  Ecclesiâ  ?  Cur 
«  denique  lotejus  collega-  in  concilio  dixeruni,  ralio- 
«  nem  ac  verilalcnj  consueludini  praponcndan»  ;  ac 
j  non  poliùs  dixennit  cos  qui  aliud  faccre  vcllenl,  et 
<  contra  vcritatem  cl  contra  consuetudinem  faccre?  > 
Ergo,  etc. 

Prob.vtio  II ,    ex  dccrclts  conciliorum. 
Altcrum  ducimus  argumentum  ex  canonibus  conci- 
i  liorum,  in  (piibus  causa  isla  discussa  est  el  diligen- 
lissimè  pcrlraciata  ;  atque  in  hoc  numéro  ponimus, 

1"  Concilium  illud  plenarium,  cujus  la.n  frequens 
apud  S.  Augnstinum  menlio  est.  in  qiio,  <  pnsl  nia- 
«  gnos,ut  ipse  bxpiilur,  lib.  2  de  Baplis.,c.  7,  dubi- 
«  Uilionis  fluctus,  ad  plenam  confirmalionem  perducia 
«  verilas  esl.  Nondùm  aulem,  ait  S.  docior  ibid.,c.  0, 
«  facium  erat,  quia  consucludinis  robore  tenebaïur 
«  orbis  icrrariim,  cl  ha-c  s(da  op|)oncbalur  inducero 
i  volcnlibus  novilatcni,  quia  non  polcraiil  apprcben- 
«  dcre  veriiaiem  ;  p::slea  lamen  dùm  inter  mullos  ex 
«  utràaoe  parle  traelalnr  cl  qua^ritiii',  mm  solùni  in- 
«  venta  est,  sed  eliam  ad  plenarii  concilii  auclorila- 
«  tem  roburque  perducia,  posl  Cypriani  quidem  pas- 
«  sionem,  sed  anlequàm  nos  nali  csscmus...  muliis- 
«  que  discussis  ambagibus ,  consueludo  Ecclcsi;c, 
^  perspcctà    veritalc.,   plenario  concilio  confirmai^ 


r.89 


OUiCST.  VU.  DE  MINIST 


<  est.  »  Illiul  nntcm  cnncirmni  qtinli»  fiiorit,  Arol.ilpnso 
aiiNicser)iim,iiiU'rciti(lilosn(m('<iiivoiiil.  Vide  iiilVa  ^4. 

2"  Coiiciliiim  Arcbtoiise  priiniiin ,  iiiiiio  51  i  coa- 
olimi,  il)  qno,  caiionc  8,  sic  logimiis  difiiiilimi  :  «  De 
c  Afris,  quod  propriâ  loge  sui'i  iiliintiir  iil  rcbaptizcnl, 
«  [ilacuit  lit  si  ail  Kcclosiam  aliqiiis  de  Ikitosï  venerit, 

<  iiilerrogerU  ciimsyiiilxdiim,  cl  si  |)crvidciiiil  oiiiii  in 
«  Paire  cl  Filio  el  Spirilii  sanclo  cssc  baptizaliim, 
i  niaiins  ei  tanliim  impoiialnr,  ut  accipiat  Spiriluin 
I  saiiciiim;  qiiùd  si  inlerrugalus ,  non  responderit 
f  liane  Ti'initatcin,  baplizeltir.  » 

5"  Coiiciliiim  Nica-iuim  primiim,  anno52j,  ex  omni- 
bus Orieiitis  et  Occidenlis  parlibus  convocalum  ;  vide 
Euscbiuin,  l.  5  de  vilà  Conslaiilini,  c.  G.  Ilic  enini  de 
Novalianis,  et  Pauli  Samosaleni  discipulis  ad  Eccle- 
siaiii  rediunUbus  longe  dispar  fuit  senleutia.  Novalia- 
jiosquippe  cum  S(»!à  nianmiiu  inipositione  debere  re- 
cipi,  canone  8  dfcrelum  est  :  «  De  bis,  inqniunt  Pa- 
t  très,  qui  se  nominanl  calliaros,  id  est  inuiidos,  si 
I  ali(iuando  vcnerint  ad  Ecclesiain  catlioiicam,  placiiit 
«  sanclo  cl  maguo  coiieilio,  ut  ia  posilioneni  nianûs 

<  accipieiitcs ,  sic  in  clero  pormaiieaiil  :  ?  è  conlrà 
vcro  r'auliaiiislas  esse  denuo  baplizandos,  canone  19 
slaltilum  :  «  De  Paulianistis,  iiiquiunt,  ad  Ecclesiam 
i  catholicani  conlugieiiiibus,  defiiiltio  prolaia  est,  ut 

<  baplizcntur  oniiiiniodis.  » 

4"  Contilium  Laodicenum,  adullo  quarto  seculo  ha- 
bituai, intcrslilio  scilicet  tcmporis  quod  anno  560,  ad 
annum  570  elfluxit.  Vid.  Dupiii.,  nova:  Biblioihccre 
tom.  2.  In  boc  duo  canones  obsenandi  :  septiniusqui- 
deni ,  quo  decernilur  ha-relicos  ad  Ecclesiam  red- 
cunles,  boc  e^l,^'ovatianos,  Pboliiiianos,  et  Tliessara- 
dccatilas,  debere  ejuratis  erroribus  recipi ,  inungi 
cbiisinale  ,  et  ad  sacroruni  deinceps  niysleriorum 
participalionen)  adniitti  ;  octavus  verô,  quo  stricte 
pra.-ripiiur,  ut  qui  à  Montaiii  seclà  redierint,  deiiuô 
bajitizeiitiir. 

5"  Concilium  Capuanum  anno  589  babitum,  cujus 
ha;c  celebris  dolinitio  luit,  uti  ex  codice  caiionum 
EcclesijpAI'ncanje,can.  48,C()lligilur  :  Jllud  etiam  sug- 
(jerimus  numdalum  twbi^,  quod  ctiam  in  Capueusi  ple- 
narià  siiuodo  vidvlur  sUtlutuin,  non  liccal  fieri  rebaptiza- 
tiones  uec  reordniattones. 

0°  Concilium  Arelateiisc  secundum,  medio  circiler 
quinio  seculo  coaclum,  in  quo,  canone  IC,  staluliim 
est,  Plwl.niauos  sive  PauHanistas  scciindiiin  Palriim 
stalula  baplizari  oporli're  :  canone  vero  17  de  Bonosia- 
cis  sic  decrelum  :  liouosiacos  aulem  ex  codent  crrore 
veuienles,  qnos,  siciit  Miaiios ,  baplizari  in  Trinitale 
iiianifesliiin  est,  si  inlerrogati  (idem  noslram  ex  loto 
corde  cou fi'ssi  fuerinl,  cuni  chrimnale  cl  iiiauùs  imposi- 
tiune  in  Ecclisià  recipi  sii(Jiiit. 

Jani  sic  cctraliilur  argumcntum  :  Débet  illa  do- 
clrina  tanquàin  b;cretica  rejici,  qiiani  saiicii  Paires  in 
diversis  Orienlis  el  Occidenlis  conciliis  voce  unaniini 
pnifligàrunt;  alqui  lalis  doclriiia  eral  eorum  qui  vole- 
b:iiil,  venienlfS  à  (piàliliet  b;eiesi  debere  sine  discri- 
mine ilerùni  baplizari  clreliq'.ia  Sacramcnla  suscipere  ; 
Conlra  eiiini  sancilum  à  Palribu?,  mauerc  Integra  Sa- 


RIS  SACRAMENTORl.NÎ.  1390 

cramentainlitresi  el  schismate  cclebrata,  modo  con- 
starel  ritn  evangelico  data  cssc  ;  bine  Novalianorum, 
Ariaiiniiim,  Domisiacorum,  l'Iioliniaiioniin,  Thessara 
decatilariim,  aiidrumqiie  Haplisma  probatiim  ;  nequc 
alià  de  causa  sancilum  Paulianistas  corumqùesimiles 
debere  ilerùm  baplizari,  quàm  quia  formarn  cvange- 
licain  ab  iis  adullerari,  et  pr.itcr  vanam  Sacramenli 
iimbram  niliil  pi  ;ebcri  cerlo  sciebalur  :  ergo,  elc. 

Tanta  saiicto  Aiigiistino  visa  est  hujus  argiimenti 
vis,  ni  hoc  uno  se  viclum  excellcnlissimus  doclor  af- 
(irmel,  coque  solo  vincendum  sanclum  Cyprianum,  si 
ojiis  a;talequ:«stio  Iktc  taillis  altercalioniim  iiebiilis 
iiiTolula,  ad  plenariicoiicilii  liiciilenlam  illuslralioneiu 
conlirinalioncmque  perducta  foret  :  Nec  nos  ipsi,  iii- 
quil  lib.  secundo  contra  Donaiistas,  cap.  4,  laie  ali- 
qiiid  audercmus  asserere,  nisi  nniversa'  Ecclesiœ  concor- 
dissimà  auctorilale  firmati ,  ciii  et  ipse  (Cyprianus) 
sine  diibio  ccderet,  si  jani  illo  lempore  quœslionis  Itiijus 
verilas  eliq::ala  et  declariita  per  plenarium  concilium 
solïdarelur.  Si  enini  Petrum  laudat  el  prœdicat,  ab  uno 
posteriore  collegà  palienter  concordiierque  correclum, 
quanlà  ciliiis  ipse  cum  concilio  provinciœ  suœ  univerbi 
orbis  auclorilati,  palefaclti  veritate,  cessisscl? 
pROBATio  in,  ex  sanclis  Palribus. 

Tertio  loco  est  sanctorum  Palrum  auctoritas,  quo- 
rum innumerabilcs  senlenti;e,  nisi  res  ipsa  constaret, 
proferri  possent  ;  tantunnnodù  aliquos,  ne  sileamus 
omninù,  citabiimis  : 

Siricium,  desinenle  quarto  seculo,  et  Innoccnlium 
primum,  quinio  ineunle,  Ponlifices  niaximos,  quorum 
aller  inEpislolà  ad  IliineriiimTarracnncnsem  episco- 
pum,  cap.  1  :  «  Prima  ,  inquit,  pagina?  tu.Te  fionte 
«  signàsli,  bnplizalos  ab  impiis  Ariai.is,  plurimos  ad 
t  fideni  calbiilicam  feslinare,  et  quosdamde  fralribus 
«  nosiris  cosdem  dennô  bapiizare  velle;  quod  non 
f  licet,  cùm  bnc  fieri  et  Apnsiolus  vetel,  et  Canones 
j  conlradicant,  et  ....missa  ad  provincias  à  venerand;« 
f  niemoriai  pncdecessore  mco  Libcrio  generalia  dc- 
«  cn>ta  probibcant  :  qiios  nos,  cum  Novalianis  aliis- 
<  que  baM'oticis,  siciit  est  in  syiiodo  constilulum,  pei 
«  invocalioncni  solam  sopliformis  Spirilûs  ,  opiscopa- 
1  lis  manùs  imposilione  calholicorum  convenlui  so- 
«  cianius;  quod  eii;im  lotus  OriensOccidensque  custo- 
«  dit.  »  Aller  verù  in  epislolà  secundà  ad  Yiclricium 
r>olboniag<'nscm  episcopiim  cap.  8,  deccrnil,  ul  ve- 
nii'nte>  è  yovtilianis  Vi/  ilontcnsibus,  per  manùs  lanliim 
inipof>ilioncni  suscijnantur  :  quia  ,  inquit ,  quamiis  ab 
hœrelicis,  lamen  in  Clirisli  uomine  sunl  bapiizati. 

S.  Ilieronymum,  in  Dialogo  conlra  Luciferianos  , 
cap.  8,  ubi  errorein  ilebaplizanliuin  ex  professo  re- 
l'iilat,  ipsiiiàquo  llilarii  Liiciferiani  Diaconiconfessione 
(loiiKMisiral ,  à  Julio,  Malcbo  ,  Sylveslro,  el  cieleris 
veieribus  Roinx  episcopis  ,  in  pœniientiam  einnes 
lia'relicos,  sine  novo  bapiismo  susccplos. 

Opiaium  Mileviianum  in  libris  conlra  Parme- 
nianiim. 

S.  Augusiinum,  quo  non  aliiis  graviorôs  et  majore 
cum  laudc  ad  hune  causam  vindicandani  laborcs 
susiiiinit  ;  cujnsque  centra  Rebaptizanlei^  docliinani 


asyi 


DE  HE  SACRAMENTAIUA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1392 


Ecclesia  velul  suam  est  amplexaUi,  et  qiiolquol  dcin-  ] 
ceps  Catholici  vixerunt  scriplores,  siiiuniâ  coiicordià 
propiignârunt. 

Ilaque  quantuscumque  fiierit  mimcnis  opiscopormn 
in  Africà  et  in  Asià,  qui  tertio  seciilo  coiiliMiiiini 
sentiebant,  et  quanlàlibet  sanctilatis,  alipic  doclrlnie 
opinione  florucrunl;  vel  liâc  niiâ  causa  dol)iieriiiil  ic- 
jici,  nierilôque  deserlisunt,  (juùd  coiilra  aiili(ni;un 
Ecclesiaî  doclrinam ,  ejusque  indefedibileui  auciori- 
taleni  pugnarenl  :  dogma  cnini  nDviwn  boc  ipso  fun- 
ditùs  everlilur,  quùd  novumesse  probalur. 
Probatio  IV,  ex  theuloijicà  ralioiie. 

Nec  desunt  lheologic;B  raiiones,  quas  niagno  nu- 
méro S.  Auguslinus  suppeditat. 

Ratio  prima  petitur  ex  efficaciù  SacramcMiorum  : 
]\^on  etiim ,  inquit  S.  Doctor  lib.  4  contra  Crescon., 
c.  16,  coruin  mentis  à  quibus  mhihlratur  nec  eornm 
quîbiis  ministratur  ,  constat  Baptismus ,  scd  proprià  ' 
sanctitate  alque  verUate  ,propler  eum  à  quo  instimius 
est ,  malè  utentibits  ad  perniciem ,  benè  ntentibus 
ad  sahitein  :  ergo  in  quàcuin(|ue  ba^esis  aut  scbi- 
smatis  perversiiate  dalus  fuerit,  pro  vcro  haberi  dé- 
bet. 

Secunda  sic  proponitnr  :  Ideô  redcunles  ab  hrcresi 
deberenl  denuô  baptizari,  vel  iterùm  ordinari,  quia 
Sacramenta extra  Ecole. iam  snscepla,  sunt  ba'relico- 
rum  Sacramenta,  non  Cbristi  ;  atqui  Baptismus  no- 
inine  Patris,  et  Filii  et  Spirilûs  Sanctiapud  biereticos 
consccralus,  Cbristi  est  et  Ecclesii«  ,  non  i|isorum  ; 
sicut  ordinalio  non  est  hairelicorum  ,  sed  Clirisli  ; 
I  Frustra  ergo,  inquit  S.  Auguslinus,  lib.  1  contra  Do- 

<  nat.,   cap.    14,  iiobis   dicunt  (ba;rctici),  si  Baptis- 

<  muni   noslrum  acceptalis,  quid    miiiiis    vobis  liabe- 

<  »HMS,  ut   nobis  de  vestrà  commnnioiie   cousitloidiim 
«  putetis?   Respondemus  enim:  Nos   Baplisuiinn  ve-  : 
*  slrum   accepiamus,   quia  non  est  Bapiismus   iile 

<  schismaticorum  velbitreticorum,sed  DoietEcclcsia', 
«  ubicumque  luerit  inventus  et  quocumque  iranshiius  ; 
«  vestruin  autem  non  est,  nisi  quod  pravè  seniilis,  \ 


«  duos  illc  baplismos  l'acit,  qui  dicitquia  et  baîreticis 

«  lictîl  baplizare,  cm*  non  eliam  illeduos  l'acit,  qni  di- 

(  cil  (plia  cl  iniipii  baplizanl?  Cùm  cniin  justi  et  ini- 

1  (jui  sibi  conlrarii  sinl ,  Bapliinus  ({uem  dant  justi 

«  qualis  ciat  Paulus.vol  cliani  qualis  erat  Oj prianns, 

«  non  est  conlrarius  Baplismo  (|uem  dabanl  iiiiqui  illi 

I  qui  odcrani  Paulum,  (pios  non  baireticos,  sedmalos 

8  catbolicos  (lypiianus  inlolligil...  Sed  unus  et  idem, 

«  quia  ille  bapiizat  de  quo  dictum  est  Joan.  1,  35  : 

«  Ipse  est  qui  baptizat  :  »  ergo,  etc. 

Quarla  diicilur  ex  comparalione  ba;relicorinn  cum 

j  inalis  et  llagiliosis   qnibu>libet,  <iuos  vorè  Sacramenta 

confcrre  Cyprianus  cuni  suis  colicgis  afiirmabat,  cùm 

tamen  boc  ipsum  de  luvreticis  pernegarel.  Sic  enim 

in  Cartliagincnsi  conc  iiio  aliquis  de  Cypriani  parte 

episcopus  dispulabal  :  Qui  liœielicos  poteslatcm  bapti- 

zundi  liabere  dicil,  dicat  prius  quis  hœiesiin  condideril  : 

si  enim  liœrcsis  h  Deo  est,  liabere  indulgenliain  diviiiam 

potcsi;  si  vcro  à  Deo   non   est,  qnomodb  graliam  Dei, 

ma    hdbcre,    uut   confcrre    iiUcui  potest?    Privalianus 

à  Sufclulà;  vide  apud  Cyprianum,  edit.  Bigallii ,  p. 

285,  n.  1!).  in   conlrarium   S.   Auguslinus  ostcndit, 

qiiidquid  de  Baplismo   li;crelicorinn  Cyprianus  eicpie 

l'œdcrati  dixerunt,  de  Baplismo  iniquorum  dici  posse  : 

ila  uldebial  ulonpie  pari  ralioiievcl  rejici  veladmilti: 

I  lluic,    iniiuil  ,    lib.  0  conl.  Douât.,  c.  20,  lolidem 

<  vcrbis  respondcri  polesl  :  Qui  maievolos  et  invidos 

«  polestati-m  baplizandi  habere  dicil,  dicat  priùs  quis 

«  malevolcnliam  invidiain(|ue  condidoril.  Si  enim  n)a- 

i  levolenlia  et  invidia  à  Deo  est,  liabere  cl  indulgen- 

«  liani  divinam  polesl;  si  verôà  Deo  non  est,  quoniodo 

«  autgratiamDei  habere  aut  confcrre  alicui  polesl?  Sed 

«  sicul  isla  codcm  modo  dicta  manifeslissimèlalsasunt, 

«  sic  ciiam  illa  (pi;e,  ulconvincereiilnr  Ikcc,  dicta  sunt. 

«  Baplizanl  enim  malevoli  elinvidi,  siculconcedilipsc 

«  Cyprianus,  (piia    eos  eliam  inlùs  esse  lestalur  :  sic 

«  ergo  possunt  eliam  iKerclici  baptizare;  quia  bapiis- 

i  mus   Sacramenlum  Cbristi  est  :  invidia  verô  et  li:e- 

«  resis  ojjcra  diaboli,  (pi;e  (piisquis  babueril  non  bine 


i  et  impie  separamini;  >  et  in  serm.  ad  Ca^sarensis  \'\  «eflicit,  ulsi  babcat  Sacramenlum  Cbristi,  eliam  ip- 
ceclesiie  plebem  :  <  Propler  malum  quod  babeiit  ^  «  sum  nunierelur  inler  opéra  diaboli.  s 
t  (b;erelici  scbismalici)non  in  eisimssiimus  perscqui  |  Et  bb.  i  contra  Douai.  :  i  Non  ilaque,  inquit, 
f  bona  quae  agnoscimus;  malum  enim  dissensionis,  ]  «  liarclicorum  Baptisma  accepiamus,  quandoposl  eos 
<  schismatis.bjeresis,  malum  suum  babcnl,  bona  verô  |  «  "O"  baplizanuis;  sod  quod  Clnisli  essecognoscimns, 
«  qu;B  in  illis  agnoscimus,  non  sunt  sua.  Domiiii  iK.siri  j   «eliam  in   nialis  bominibus,  sive  aperlè  loris,  sive 


t  babentbona,  Ecclesiaî  babenl  bona  ;  B;ii)lisnuis  non 


«  super  caput  ipsorum  quando  orditianlur  episcopi, 

<  invocatio  illa  Dei  est,  non  Donali...   In  crranle  et 

<  deserente  n)ilile  crimen  est  descrloiis,  cliaracler 
«  autem  non  est  deserloris,  sed  iinperaloris  ;  »  «luo- 
rum  similia  sexcenlies  repctil  ;  ergo,  de. 

Tcrlia  buic  proxima  est;  ideù  rodcunles  ab  li;eresi 
contendebal Cyprianus  debcre  ilerùm  baptizari,  quia, 
inquiebat,  non  licèt  hœreticis  baptizare;  ideô  aniem 
non  licet,  quia  alioquia  duo  diversi  baplisnii  appro- 
barentur  ;  atqui  unum  onininô  Baplisma  est,(pi0(l  vel 
in  ba^resi,  vel  in  catbolicà  Ecclesia  dalur  :  «  Si  enim, 
1  inqnil  S.   Auguslinus   lib.  7,  conl.  Douai,  cap.  14, 


inlùs  occullè  separatis,  illis  in  cà  re  incpià  deviabant 


«  fst    ipsormn,  sed   Cbristi;  iiivocalio  nominis  Dei  i    «  correctis,  débita  veneralione  suscipimus:  sicul  auteui 

I  «  urgeri  videor,  cùm  mibi  diciUir  •  Erqo  liœreticus  di- 
i  millit  peccatd?  sic  et  ego  urgeo  cùm  dico  :  Erqo  (jui 
i  cœleslid  mandata  non  servat,  avarus,  roptor ,  f'œnc- 
irutor,in'jidus,verbis,nonf(ictis,seculorenunli(tns,dimil- 
J  tilpcccata?'&\  pervimSacramentiDei,sicutillc;,  ila  et 
«  ille;  si  pir  meriUim  suuiii,  nec  ille,  nec  ille  ;  illiid 
Il  eniin  SacramcnliMU  et  in  malis  bominibus  Cbristi  esse 
«  cognoscitur  :  in  corpore  autem  unic;e  coiumba;,  in- 
«  C(>rru|)la;,  sancl;e,  pudicic,  non  babenlis  maculam  aut 
'irugani,  nec  ille,  nec  ille  invenilur;  el  qnomodù  ac- 
d  cipienti  non  prodesl  Bapiismus  ci  qui  seculo  verbis, 
«  non  laciiy,  renunliat;  sic  non  prodesl  ei  qui  in  hx- 


4393  QLiJ:ST.  Yll.  DE  NUNISTHIS  SaCUAMENTOKIJM.  13i>i 

<  resi  vel  sclusinaie  baplizaïur  ;  unique  auteiu  co  riKto  1'  Doi  ;  uude  ipse  Dominus  eiiam  quos  inuudavii  à  Icprii 


t  prodcsse  iiicipit,  quod  antc  non  prodoial,  scd  tomou 
i  incrat.  i 

Qiiinla  sic  iiiformalur  :  Ilabori  foris  potosl  Baptis- 
nuis  ab  lis  qui  do  Ecclesià  rcccdunl,  vel  per  apctsia- 
si;iin,  vel  \)Ctr  ha'rcsim,  vel  per  saciilegiiuu  S(  liisniaiis. 
Ei|,'0  foris  dari  parilor  polesl  :  <  Jaui  (piiden),  iiii|iiit 
t  S.  Docldr  ,  lih.  1  ernUia  Donat.,  cap  l,iii  supra 
i  nicnioialis  libris  diclum  esl,  ita  posse  exlra  callioli- 
I  cam  couiuiunioiieni  dari  Oaptismuiu,  (|ucuiaduiodùni 
«  et  exlra  eam  polest  cl  baberi  ;  nulhisaMlcu»  illoiuin 
«  negat,  iiaijere  Baptismuin  eliam  aposlalas  ,  qiiibiis 
«  uliijue  redeunlilius  cl  per  pœuilenliani  convertis, 
«  dùm  non  redditur,  aniilli  non  poluisse  judicalur. 
t  Sic  et  illi  qui  per  sacrilegium  sobismalis  ab  Ecclesi;^c 
«  couumininiie  diseecUuit,  babent  ulique  Baplisuiiuii, 
»  queni  priusquàin  discederent,  accperunt;  nam  et 
f  ipsis,    si   redeant,  non   eis  iterùm  dalur;  unde  os- 

<  lendnniur,  ilkid  quod  acceperant  in  uiiiiate  positi, 
(  non  poluisse  aniilltre  separaii;  quod  si  baberi  foris 
î  pniest,  eliam  dari  cur  non  polest?  Si  diois  :  Non 
«  reclè  loris  datur  ;  respondemus  :  Sicut  non  rectè 
«  foris  babeiur,  et  lamen  babetur  ;  sic  non  reclè  foris 
t  dalur,  sed  lanien  dalur.  Sicut  auiem  per  unilaiis 
(  reconcilialionem  ii.eipit   ntibler  baberi   quod  exlra 

<  unitalem  iniililiter  baliebalur;  sic  per  eaindem  re- 
I  concilialionem  iiicipit  uliie  esse,  quod  extra  eam 
«  inulililer  dalum  esl;  non  lanien  dici  fas  esl  non 
«  datum  esse  quod  dalum  esl;  aul  ut  non  boc  dédisse 
I  quisquam  cabimnictur,   cùni  boc  eum  dédisse  quod 

<  acceptai  conlilotur.  j 

Sexla  diicilur  ex  coniparatione  Sacramentorum  cum 
libris  sacr.ic  Scriplnroe  :  lam  enim  dcbemus  vera  iii 
hocrelicis  Sacramenla  recognoscere,  modo  consiiierii 
rilum  evangclicum  ab  iis  servatuni,  quàm  veram  al) 
illis  Sciipturam  baberi  f;ilcmur,  ubi  eadem  reperitur 
ac  nostra  ;  atijui  licct  bicrelici  legilimum  Scripiura* 
sensum  vanis  cl  fabulosis  iiiterpretanieulis  corrum- 
paul,  veram  lamen  in  illis  Scripturam  agnoscimus, 
quamdiù  ti'xlum  inlcgruiu  servant.  Ergo  à  i)ari  vera 
ab  illis  baberi  Sacrauieiila  el  dari  falenduni  e  l,  si 
ritum  evangelicum  loncanl;  quanlùmvis  aliiuide  ve- 
ram fidem  fabulosis  fal^iialibiis  incpùm-nt  :  Sacra- 
menla ,  iiKiuit,  11).  3  coiilra  Douai. ,  c.  16,  si  ea- 
dem suiit,  ubique  intégra  sunl,  ciiamsi  pravc  inlelligun- 
tur  Cl  dixcordiosè  Iraclanlur  :  sicut  Scriplura  ipsius 
FA'anqelii,  si  cadcni  ipsa  es!,  idnijuc.  itiUcjra  est,  eliumsi 
innumcrabili  [(dsitrxm  opiuioman  variclale  asseratiir. 

El  lit).  7  coMlra  Doiiat,  :  constat,  iurjuit,  cccle- 
siasticuni  esse  na])iismt(n),  rliam  apud  liœrclicos,  vcrhis 
evantjclicis  consecraitini  :  sicut  ipf,nni  Eva)i(jeliitni  eccle- 
siasliciun  est,  uec  ad  ccruni  pcrlinct  pervcrsiluteni,  sed 
uliiiHC  suam  retiuct  sanctilatem. 

Scpliina  ex  coniparatione  Sacramcnlorimi  novœ 
legis  cum  Sacraineulis  velcribus  :  ([u  imvis  enim  in 
antiquo  Toslanicuto  sacerdolcs  niandaium  Dei  svpè 
rejicereni,  et  cum  plèbe  Deum  reiinqnente  qiiodam- 
niodô  fornicarciilur,  vera  lamen"  pulabaulur  el  erant 


ad  eadem  Sacramenla  misit,  Luc.  5  ,  ii,   17  .  4  4  : 

<  ynaulo  ergo  magis ,  inquit  S.  Aiiguslinus  ,  lib.  3 
«  de  B.pli!J.,c.  49,  nos  Sacramenla  novi  Testamenli, 
t  apud  quoslibel  baîrelicos  invcnientes,  non  debemus 
«  ipsis  Iribuere  ,  nec  quasi  non  agnila  reprobare,  sed 
«  qnamvis  apud  l'ornicariam  mulierem,  dona  viri  Ic- 
«  giiimi  agiioscere,  elverbo  veritaiis  illam  fornicatio- 
«  nem  entendare  quœ  propria  est  impudicae  mulieris, 
I  non  illa  dona  culparc  quce  propria  sunt  Domini  nù- 
«  seranlis?  » 

Oclava  esl  :  In  Jud;eis,  quando  ad  nos  vcniunt,  non 
bona  ipsoriim  dcslruimus,  sed  quae  reperimus  mala 
ciiramus.  Ergo  à  pari  in  hacreticis  et  schismalicis  non 
debemus  qu;e  babent  bona  evertere,  sed  quie  babent 
mala  sauare  ;  aiqui  boiia  sunt  sacramenla,  in  h.tîresî 
aul  scbismate  riiu  evangelico  consecraia  ;  probare 
ergo  illa  et  acceptare  debemus.  Tangit  banc  raiioueni 
sanctus  Augustinus,  libro  de  unico  Baptismo  contra 
Petilianum,  cap.  3  :  <  Sic  sunt  isti,  inquit,  niali  in 
'  Baptismo  bono,  queniadmodùm  sunl  Judoei  niali  in 
i  lege  bonà  ;  itaque  ut  illi  per  ipsam  legeni  judica- 
t  buuliir ,  quam  malilià  suà  malam  non  fecerunt  ; 
i  ita  et  isti  per  ipsum  Baptismum  judicabuntur,  quera 
«  boiiuui  mali  leuueruiil.  Ergo  queniadmodùm  Ju- 
1  d;eus,  cùm  ad  nos  vcneril  ul  Cbrislianus  fiât,  non  in 
«  eo  dcslruimus  bona   Dei,  sed  mala  ipsius;  nam 

<  quôd  errai  non  credeiido  qnôd  Christus  jam  vene- 
t  rit,  nalusque  el  passus  sit,  et  resurrexit,  boc  enien- 
f  (laums,  Ccâqiie  infidelilale  deslruclA,  (idem  quâ  bsec 
€  crcdiiiiliu-,  adslruimus  ;  item  quod  errai  umbris  ve- 
«  lerum  Sacramentorum  inbaerendo  ,  dissuademus , 
i  jamqiie  venisse  tempus,  qno  ba^c  auferenda  alque 
I  inulaiida  proplieUne  pnedixerant ,  demoiistramus  ; 
«  quùd  vert)  uiiiim  Deum  colendum  crédit,  qui  fecit 
i  cœlum  et  lerrani,  quôd  onmia  idola  et  sacrilegia 
«  g<'nlium  deleslalur,  quôd  futurum  cxpectat  judi- 
1  cium,  quôd  vilam  sperat  aîlernnm,  quôd  de  carnis 
i  resurrcclione  non  did)itat,  laudamus,  approbamus, 
î  agnoscimus,  sicut  credebat  crcdeiida,  sicut  tenebat 
î  leuenda  (irniamus  ;  ita  eliam  cùni  ad  nos  venil  bae- 
«  ri'ticus  vel  scbismalicus,  ut  catbolicus  fiai,  scbisnia 
4  ejus  el  biiTCSini  dissuadendo  el  deslruendo  rescin- 
«  dimus;  Sacramenla  vorô  cbrisliana  si  eadem  in  illo 
«  invenimus,  el  quid(piid  aliud  veri  tencl ,  absit  ut 
■i  violemus,  absit  ut,  si  seinel  data  novinms,  iteremus, 
«  ne  dùm  \  itia  biiniaiia  curamus,  divina  niedicamenta 
i  damneuuis  ;  aul  quanviulo  sanare  quod  vulneratuni 
I  non  esl,  bominiin  saucium,  el  nbi  sanns  esl,  vul- 

<  neramus  ;  proiudo  si  de  aliipiA  re  ad  fidem  cbristia- 
«  nam  el  calbolicam  pertinente,  si  denique  de  ipsâ 
i  eliam  Triiùlulis  unilale  dissenlientem  bxrelicuni 
«  inveiiio,  el  lamen  evaiigelicâ  et  ecclesiaslicà  régula 
«  bapiizaium,  iuiclleclum  bominis  corrige,  nec  Dei 

<  violo  Sacramenlum.  » 

Nona  esl  :  Non  debemus  erga  haîrelicos  et  schis- 
nialicos  difficiliores  esse,  quàm  erga  genliles  idolo- 
ruuxjue  culloros  ;  atipii  quaudo  genliles  Cbrisli  fidem 


Sacramenla  ab  ipsis  coUaia  quia  non  ciaiiloorum,sed  DU  suscipiunl,  qui(l(piid  in  illis  mali  est  sic  del€$laniuK 


1395  DE  iiE  SACRAMENTARIA.  — 

et  conigiimis,  ul  lamen  qua;  in  iisdcm  lioiia  ilepre- 
lienclimus,  serveimis  et  appnibeiniis.  Ergo  à  paii  de- 
beinus  i»  litErelicis  et  scliismalicis  cvangclica  Sacra- 
menta  probare,  qiue  hoc  ipso  qnôd  (.hrlsli  siiiil,  non 
possunt  non  esse  bona  ;  ita  S  Augiislinus  in  eodcm 
contra  Petiliaiiuni  libro,  cajiile  4  et  st-qucnie  :  «  De 
«  ip.sis  gentllibus  ,  inqiiit ,  idoloruniqiie  cultorihus 
«  niullâ  ulique  à  nobis  diversilalc  dislanlihiis,  niliil 

<  aliud  jiobis  denionslral  Aposloius,  nisi  nt  in  ipsis 
t  quoqne  ila  quid(piid   pravuni  est,   conigainiis,   ut 

«  qnod  foilô  rectum  est  approbenius sicut  ergo 

«  idoloruni  culloii  dicitur  :  Tene  ab  uno  vtro  Det» 
«  niuiidum  condilmn  esse,  quod  teuebas;  sed  noli 

<  credere  deos  esse  ligna  et  lapides,  et  ipsius  niundi 
u  qiiadibet  parUculas,  quas  coiebas...  sic  etiani  bierc- 
«  tico  dicitur,  qui  Sacranieuta  cliristiaiia,  sicut  in 
i  Ecclesià  catiiolicà  Iradunlur,  nullà  suà  lalsilale  niu- 

<  Invit  -.  Tene  christianuni  Bapiisnium  in  noniine 
«  Palris.et  Filii,  et  Spirilùs  sancti,  sicut  teuebas;  sed 
i  aguoscc  Ghrisli  Ecclesiaui  loto,  sicut  proplielaluui 
«  est,  orbe  crescentem,  cui  sacrilegà  voce  nialedice- 
€  bas...   Corrige  iniquilateni    lucrelici   figmenti ,  ne 

.«  perdat  te;  et  noli  superbire  de  verilate  clirisliani 
f  Sacranienti,  qu;e  ibi  est  ut  judicct  le.  Ego  auieni 
i  absil  ut  sic  détester  iniquilateni  tuani,  ut  Chrisli 
«  abuegem  veritatem  quam  in  te  inveuio,  ad  danina- 
I  lioneni  luani  ;  absit  ut  sic   le  corrigam,  ut  illud 

j  unde  le  corrigo  destruam  ;  nisi  forte  destruere 
t  debeo  verum  quod  invenio  in  anima  lixMeticorum, 
4  cùm  Aposloius  non  deslruxerit  vcrmn  quod  inveiiit 
i  in  lapide  pag:morum.  t  Acluuni  17,  25. 

Deciniam  affert  S.  Doctor  ex  (juàdam  anlicipatioiie 
fidei,  et  occulta  Dei  inspiralione,  quà  lit  ut  iiomines  , 
jpsiquc  etiam  lui^relici  itcralionem  baplismalis  dote 
slenlur  :  «  Hùc  accedit ,  iîiquit,  lib.  5  contra  D®nat., 
cap.  5  et  G,  quia  sic  hoiuines  occidlà  ncscio  quà 
«  inspiralione  Dei  deteslantur,  si  quis  ilcrùm  bapti- 
«  smum  accipiat,  qucm  ubicumque  jain  acceperat; 
«  ut  iidem  ipsi  hLcretici  cùm  inde  disputant ,  froiilem 
«  confricent,  et  propè  omnes  eoium  laici ,  qui  apud 
«  eos  inveteravcruut ,  et  animosam  pertinaciani  ad- 

<  versus  catbolicam  conceperuni ,  lioc  soli'im  illic  sibi 
«  displicere  fateantiir;  et  mulli  qui  proplor  adipis- 
«  cenda  aliqua  commoda  secu!aria  vel  inconnnoda  de- 
«  vilanda,  transire  adeos  volunl,  occidtis  conalibus 
€  ambiant ,  ut  hoc  eis  quasi  peculiari  et  domeslico 
«  beneficio  pncstetur,  ne  rebaplizenlur  ;  et  nonnulli 
«  cicleris  eorum  vanis  crroribiis  et  f.ilsis  criminalio- 
«  nibus  adversùs  catbolicam  Ecclesiam  credentes , 
«  hoc  uno  rcvocenlur,  ut  eis  sociari  nolinl,  ne  roba- 
d  ptizari  cogantur;  quem  scnsnm  homiuum  onmia 
«  penitùs  corda  occnpantem  isti  Donaiisl;c  meluentes, 
«  malueruntrecipero  B;q)lismiMn  ,  qui  apud  Maximia- 
i  nistas  quos  danmavcranl .  datiisest,  cl  oo  modo 
i  sibi  linguas  pra;cidere,  et  ora  oppillare ,  quàm  de- 
c  niiô  baptizare  tôt  homincs....  propierea  comniemo- 
«  rare  volui  qiiantus  peiiè  in  omnium  mcntibus  inijus 
'«  Tacti  linrror  insidcat,  quem  diviuiiùs  inftisum  esse 
*  credidcrim ,  rit    adversùs  qnaslibet  disputalioncs 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE-  1,396 

4  quas  iufirmi  discutere  nequeunl ,  horrorc  ipso  Ec- 
4  clcsia  munirclur.  > 

§  3.  licfelluntur  objcclioties  Uebaptizanlium. 

Obscuram  banc  niagidsque  diflicullalibtis  involulam 
fuisse  falclur  sanclus  AuguslitmsCypriani  tcmporibus, 
de  ilcrando  lia'relicormn  Baptismale  qiucslionem  ; 
unde  infert  mirandum  non  esse,  quùd  lanli  meriti 
aniisies,  cum  coepiscopis  suis  reliclo  iramileveri- 
rilalis  quem  sequi  nondùni  poleral,  in  errorem  impe- 
gerit  :  4  Irruenle,  inquil,  lib.  2  contra  Don.,  c.  7, 
4  lam  magnà  quaislione ,  cùm  de  remissiuni;  pccca- 
4  lorum  et  de  spiriluali  liominis  rcgeneralione,  ulrùm 
«  possol  apud  h;erelicos  vel  apud  schismalicos  fieri , 
«  dinicilè  ratio  redderelur,  et  pracederet  auclorilas 
«  Agrippini,  cl  nonnnllorum  qui  ci  consenseranl  bonii- 
4  nuni  in  bàc  quicstioiie  dclicicntium ,  qui  nialuerant 
4  aliquid  novum  moiiri,  quàm  tcnere  consueludinem, 
4  cujus  defensioneni  non  inlelligebant,  irruerunt  in 
4  oculos  auinnc  verisimilcsrationcs,ct  inlercluserunt 
4  iter  pervesligand.e  verilalis.  » 

Eas  in  pncscnti  rationes  ad  ceria  capita  revocatas 
ordine  rosolvcmus. 

Objectio  prima  ,  ex  auclorkale  majorum. 

Obj.  1^  Immerilô  dicitur,  a;lalo  sancti  Cypriani, 
barelicorum  et  schismalicorum  Baplisma  uuiversam 
Ecclesiam  approbàsse  ;  ergo,  etc. 

■Resp.  Nego  antecedens  :  Hoc  enim  tanto  consensu 
S.  Ponlifex  Slcpbanus,  S.  Ilieronymus,  S.  Anguslinus, 
Vincenlius  Lirinonsis  ,  et  pleriipie  alii  scriplores  af- 
firmant, ut  negari  sine  suinniâ  temerilale  non  possit  : 
4  Primus  omniuin  Cyprianus,  inquil  Eusebius  Caîsa- 
ritiisis,  hisloiiic  lib.  7,  capite  5,  edit  Paris.  Ilenrici 
Valesii  [)ag.  251,  (iid  tune  temporis  Cartluujineiisem 
reijebut  Ecclesiam,  non  nisi  pcr  buptismum  ab  errore 
priiis  einundalos ,  udmiUendos  esse  ccnsuil  ;  vcrian  Sle- 
phanus  nikil  adversùs  traditionem  ,  ctmejam  inde  ab  ul- 
lintis  teniporibus  oblinuerat ,  innoiuindum  ralus  (jraiis- 
siniè  id  tulit  »  ;  idemque  Nicopiiorus  alteslalur,  libro 
G,  capite  7.  Elsi  verô  faisum  esU  quod  aiiuil,  priimim 
omnium  Cyprianum,  pravum  lebaplizandi  dogma  ex- 
c<igi(âsse,  verè  lamen  aUirmanl,  contra  universalis 
E(clesi;e  morem  hoc  altenlatum. 

Ncc  pralercuiidus  antiquus  Scriploi'  lil)ii  cni  litu- 
bis  :  Non  dibere  denub  baptizari ,  qui  scnicl  in  noniine 
Domini  noslri  Jesu  Chrisli  sinl  lincli  (vitlc  iiiler  ojicra 
Cypr.  cdil.  Riga!.,  pag.  135);  quem  vei  Slephanum 
ipsum  esse,  vel  aliqucni  ejusdem  a>vi  Ponliliceui  eru- 
dili  p'(M'i(iue  pillant  :  is  enim  in  ipso  liniine  operis  sic 
pra.'fatur  :  4  lu  hoc  génère  qua'stionis,  inquil,  utmilii 
4  \idetur ,  nulla  onmiuù  poluisâel  conlroversia  aut 
«  disceplalio  emcrgere,  si  unusfpiisque  nostrùm  con- 
4  icnliis  vcncrabil;  Ecclesiarum  omnium  aucloi  ilale  , 
«  cl  ncccssariâ  liumililale,  nibil  inno\are  geslirc.l.... 
4  namqiie  omne  quod  anccps  cl  ambiguum  ,  et  in  di- 
4  versis  senlenliis  prudenlium  ac  iidelium  virorum 
4  co:islilulum  est,  si  conira  priscam  et  memorabilem 
<i  cunctorum  emeritorum  sauclorum,  cl  lidcliu;:»  so- 
4  lomnissiniam  obscj'valionem  judicalur,  damnari  uli- 
1  4  que  débet,  cùm  in  re  olim  composilàel  ordinaiâ..., 


!397 


QU/EST.  Vil.  DE  MIMSTIUS  SACKAMENTORUM. 


J3'j8 


€  niliil  piuHcr  tliscordias  et  simiillalcs  el  scliisiiiala 
I  bit  allaluriiiii  ;  ul)i  niilliis  alius  IViicliis  ro|icrialiir, 
(  iiisi  hic  solus,  ut  iiiiiis  lioiiio ,  (|uiciiiii(|iic  illc  est, 
«  iiiagao;  prudeiitia3i'tconslaiiti.i'  esse,  apiul  (jii().>(lain 
<  levés  hoiuiiics  iiiani  ^lorià  pnedicelur ,  cl  lia-relieo- 
€  ruin  slii|)()ro  piadiliis...  crioies  el  vitia  iiuivcisanim 
t  Eedesi  iriiin  e(irir.\i-si;  a|)iid  siiiiilliiiios  sui  el  euiii 
«  pai'cs  celehreliir  :  »  igiliir  veiierabili  Kcelebiai  uni 
oniiiiiiin  aiictoi'ilalu  dogiiia  de  non  ribaplizandis  ab 
lia'iesi  redennlibiis,  lerlio  secido  nilebaliir. 

h)  t.  r'  Pioliando  aiil.  Ductiinaui  liane  Cy|iriaiii 
tciiipniibiis  Eiclesia  miivei'sa  non  propuynabal,  ciijns 
conirariiini  Cypiiaiiiis  cum  t.uis  cotpiseopis  Africauis, 
in  Orio  le  vcrô  Firinilianns,  el  pioriipie  cpiscopi  in 
Cappadoeià,  Cilieià,  Calalià  aliisquo  ngionibnscini^li- 
liili  lonebaiit  ;  aUpii  lerlio  soenio  lolani  peiiè  Alrirain, 
insiij.erque  Galaliam,  (^iliciani,  Cappadociam.aniplis- 
siinasscilicel  legiones,  pliiriinis  Asl;c  populis  eircuni- 
fusas,  sentenlia  de  ha-relicis  rebaplizandis  perva- 
serat,  ut  ex  iiislorià  ,  iiobis  ipsis  falenlibus,  notissi- 
niuin  esl;  ergo,  clc. 

Resp.  1":  INego  niajoiem  :  quanlocunique  eniin  hic 
numerus  prolio  habealiir,  fuil  sanè  in  contradicen- 
liuni  coinparaliouii  exignus;  vix  eniin  rebaptizanliuni 
crror  erupcral  :  Cum  undUjHe,  infpiil  Vincenliiis  Liri- 
«eiisis,  Coninionit.  cap.  o,  nd  nomtaiem  rei  cuncli  re- 
clamùrunl ,  atijuc  omucs  (luaquavcrsUni  sacerdoles  pro 
suo  (juhcinc  studio  reiiixi  suiit;  scd  et  beatœ  memoriœ 
Popa  Slcpltanus,  Apostolicœ  Sedis  (uitistcs,  cum  cœteris 
quidcm  collcgis  suis ,  sed  lamen  prœ  cœteris  rcstilit.  ; 
idcinqiie  veibis  apertissiniis  sauclus  Angt:?»linus  dé- 
clarai, libre  ">  coiUra  Crescoiiium  Donalislain,  capile 
5  :  ProiiuL' ,  iiupiil,  si  omuinu  jam  credendums'l  quin- 
(liKKjinla  episcopis  Orientalium  id  esse  visum ,  quod  scp- 
tuatjiiila  Afris  tel  aliquanto  eliam  pluribus ,  contra   ot 
millia  episcoporum  ,  quibus  hic  error  in  loto  orbe  displi- 
cuil  ;  cur  non  potiiis  ctiam  ipsos  paucos  Orientales  suuni 
judicium  corrc.iisuc  dicamusl  eic.  Qubô  si  qnis  à  Viii- 
cenlioel  Augiis.tino  per  exiiggeralioncm  dicluni  pnla- 
veril,  calcnhini  ipse  subdtieal ,  faoiahpie  linjus  liislo- 
ricae  verilalis  ex|)erimcniiim.    Rescriptiim  Stepliani 
Ponlificis  iillrô  Oriens  OecideiiS(|uc  susc'pit,   ut  ex 
concilii-i  poslea  de  liàc  le  liabilis  cerluin  esl;  sola  in  ' 
Occidenle  Afiica  conliadixil;  nec lamen  lola  dissensil,  i 
cùin   pra;lcr  unnin  et  ociogiiila  cpiscopos,  alii  liiijiis  i 
populosissinia;  regionis  anliililes    non    Icganîur   pro  ' 
Cypriano  sielisse  ;  in  Oiienlc  verô,  nl>i  crat  loin  tein-  i 
poi'is  niaxiiiia  eeclesiaruin  cÀ  episcopoiinn  eas  regeii-  j 
linm  iniillitndo,  pauci ,  id  esl  quinqniiginla  ,  Cy|)riaiio  | 
aniiunieranliir  ;  ilafpie  nos  lonere  ninniTUs  ille  non 
debel ,  quia  polest  in  crroris  qnideni  cxeniplinn,  non 
ad  universalis  (■onsciisionis  snbvei>ioneiu  allei  ri,  qii;e 
sanè  eliam  mullis  coiilradicenlibiis  inlegra  constat,  ut 
aliarum  cxemplo  liieresmn  laciiè  ostcndilnr, qn;e  niullos  i 
licèl ,  magni(iuc  noniinis  defensores  habiierinl ,  hoc  ; 
une  argninonto  vicLr,    felicilerqne  coiifossaî  sunl,' 
quôd  cinlra  coinmuiH'in   (idoni,  cl  oinniuin  Ecclcsia- 
rum  consensioïK'UJ  invenlcc  foienl. 

Resp.  2°  :  Dist.  maj.Doclrlnam  hanc  Ecclcsia  uni- . 


veisa  |»ropiignabat,  cujiis  contraiiam  Cyprianus,  mul- 
liqiie  in  AIVi(à  epis((q)i  el  in  Urienie  lencbaiil,  Ira- 
ditione  antiiinà ,  coiicedo;  pnesumplioiie  nova,  ncgo 
majorem,  paiilenpie  minore  expo^ità  ,  ncgo  conseq. 

E.  1».  Ecpiidem  dit'Iiteri  non  possuinus,  quamplures 
Cypiiani  a;lale  episcopos  ,  in  novain  reliaplizanlium 
baiesim  incidisse,  suainqne  opinioiiem,  ntluiebat  con- 
dilio  teniporis,  argumenlis  plausibilibus  piopngiiàsse  , 
ei lasse  lamen  magni  illi  viri  lioc  ipso  conviiicuiitur , 
qnùd  contra  docliinam  acccplani  à  majoiibus  qua;- 
htiom'm  liane  dcdnierinl  :  nain  qnidquid  in  eiuiblianà 
ileligione  est  novnin,  quanlolibel  gluiielnr  patroeinio 
personaium,  ipsà  coiruil  novilalc  :  <  In  catliolicà 
I  «  Ecclesià,  inqnil  Vlncensiiis  Lirinensis,  Commonil.  c. 
f  3,  insl.  2,  magnoperé  cuiandum  est,  ut  id  lencainus 
«  qiiod  iibiqne,  qiiod  seniper,  quod  ab  omnibus  credi- 
«  Inin  est;  liocestetenini  veiè  jiroiinèqne  calliolicuin  : 
«  quod  ipsa  vis  nominis  ratioipie  déclarai,  quic  oinnia 
t  verè  universaliler  ompreUendil;  sed  hoc  ita  demùra 
i  fiet,  si  sequamur  universilatem,  aniiquiiatem,  con- 
«  sensionciii.  Sequeniur  aulem  universilatem  hoc 
«  modo,  si  hanc  uiiam  lidem  veram  esse  faleainur , 
€  quam  iota  per  orbem  len'arum  confitctur  Ecclesià  ; 
«  anli(iuilatem  verô  ita,  si  ab  his  nullatenùs  sensibus 
«  reccdamus,  quos  sanctos  majores  et  Patres  noslros 
I  célébrasse  nianifestum  est  ;  eoibciisiu'ien»  qucqne 
«  itidem  :  si  in  ipsà  veluslate,  omnium  vcl  cerlè  pêne 
€  omnium  sacerdolum  pariter  etmagislrorum  delini- 
î  lioiics  sentenliasqnc  seclemur.  >  lia,  el  verè  qui- 
dem  ,  pra'dictus  auelor ,  cujus  insistendo  vestigiis  di- 
cinuis,  Cypriani  cique  consentienlium  Episcoporum 
doctrinam  merilô  loto  orbe  fuisse  rcprehensam  ,  quia 
nec  universiiale ,  nec  consensione  defendi  polerat , 
nec  an!ii|uitate. 

Insl.  2°  :  Atqui  antiqua  erat  doelrina,  quam  cum 
suis  collegis  Cypriaimspropugnabal;  ergo,  etc.  Prob. 
subs.  ipsius  Cypriani  verbis,  cpistolà  73  ,  ad  Jubaia- 
num  ita  lo(|uenli3  :  «  Apud  nos  non  nova  aut  repen- 
i  ùna  res  est,  ut  baplizandos  censeamus  cos  qui  ab 
«  liarelicis  ad  Ecclesiam  veniunl,  quando  nnilti  jam 
«  anni  sinl,  et  longa  scias  ex  quo  sub  Agrippino  bonaj 
i  memori;e  viro  convenientes  in  unnm  episcopi  plu- 
<  rimi  hoc  stalnerinl,  alque  exinde  in  liodiernum  lot 
«  millia  li;eielicoruin  in  provim  iis  nostris  ad  Eccle- 
«  siam  conversi  non  aspernati  sinl  ne(|ne  cunctati, 
«  imô,  el  ralionabiliter  et  libenter  amplexi  sint,  ul 
«  lavacri  vilalis  et  salularis  baptismi  graliam  conse- 
«  (pierenlnr;  ergo,  etc.  t 

Resp.  Ni'go  subs.  Ad  probaiiouem  concesso  ante- 
ccdenlc,  nego  conseq.,  et  dico  sanctum  Cyprianuni 
suis  delusum  pra'judiciis  anliquum  dixisse,  quod  rê- 
vera novum  crat  el  paucoruni  diorum  comnientum  : 
nam 

1°  Ilujus  nioris  originem  non  altiùs  quàm  ab 
Agrippino  repetil ,  qui  saluberrimam  non  rebapli- 
zandi  consneludinem,  quadraginla  anle  aniios  cor- 
ruMipore  niagis  cœpi'iat  qiiàin  coirigere,  ut  iiolat 
S.  Auguslinus,  libro  2  de  Baptisiuo  'Milr.i  Dona- 
listas,  capile  7,  bine  quam  Cyprianus  longam  îctateni 


1599 


DE  RE  SÀCRAMENTARIA.  —  DE  SACHA.MENTIS  IN  GENERE. 


i/M 


appellal,  ii>  paiicos  aiiiios  contraliit  S.  docior,  lib.  4 
coiitia  costlein  Donalistas,  capile  6  :  Nec  invenio,  iii- 
tiiiil,  (■«'■  islam  contnelnd'uiem ,  (juœ  posl  Ciiprimium 
cliain  plenario  tolius  orbis  coucilio  confirmiUa  est,  Imn 
robuslam  et  anlea  idem  Ojpriunus  invnierit ,  ut,  cian 
eJHS  mutandœ  aucloritatem  quam  sequcreliir,  vir  lanlà 
scientià  prœdiltis  qnœreret,  nonnisi  in  Africâ  solàfacliim 
païuisante  se  unuis  A(jrippinico7icilium  reperirel ,  clc. 
2"  El  siilicat,  al»  Agrippini  leinporihiis,  plcra(|iie 
haerelicorum  inillia  in  Alricaiiis  proviiiciis  Daplisina 
deiiuù  suscepisse,  falelur  lamen  non  onnics  qui  rcclie- 
ranl  ilcrùni  linclos,  sed  qiiami)lures  sine  novo  lava- 
cro  admisses,  quod  cerluni  est  argumciittim,  inve- 
clum  ab  Agrippino  niorem  non  omnibus  arrisisse  • 
Quid  ergo  fiet,  inqnit,  Epist.  73  ad  Jubai.,  versus  fi- 
nem,  de  liis  qui  in  prœterilum  de  liœresi  ad  Ecclcsiam 
redeuntes,  sine  Baptismo  admissi  sunt  ?  Potens  est  Do- 
minus  misericordià  suà  induUjentimn  dure,  et  eos  qui 
ad  Ecclesinm  simpticiter  admissi,  in  F.cclcsià  dormie- 
Tunt,  ab  Ecclesiœ  suœ  tnuueribus  non  scparare. 

5°  Quam  Stepbanus  opponebat  non  rebaptizandi 
consueliidinem,  aiitiquani  ultrô  falelur,  sed  vclerem 
conlendil  esse  errorem,  el  conlrarium  pro  quo  sta- 
bat  morem  rebaplizandi,  appellal  verilalem  de  novo 
perspeclam,  et  Ecclesi*  nova  revelaiione  palefaclam  : 
Non  lamen,  inqnit  ibidem,  quia  nliquando  erratum 
est,  ideb  semper  errandum  est,  cian  maqis  sapienlibus  et 
Deum  timenlibns  comjruat,  patefactœ  et  perspeclœ  veri- 
tali  libenter  utquc  incunctunler  obsequi,  qnàm  pertina- 
ciier  atque  obstinalècontra  {ralres  et  consacerdoles 
proliœreticis    reluctari. 

El  Epist.  74,  ad  Pomp.  :  Nec  consuetudo ,  inqnit, 
quœ  apud  quosdam  obrcpserat,  impedire  débet  quomi- 
niis  Veritas  prœvaleat  et  vincat  :  tiam  consuetudo  sine 
veritate  vetustas  erroris  est  :  propter  quod  relicto  errore 
sequamur  veritatem  ;  ergo  antiquilalis  praisidio  gloriari 
Cyprianus  non  poleral,  cùm  pra:cedonlem  consuetu- 
dinem  crroribus  computaret,  hocqne  tanlùm  verunv 
esse  contenderel,  quod  invenlum  de  novo  fuerat. 

4"  Eadem  Alrieanorum  anlislilum  in  lerlio  car- 
tbaginensi  coucilio  confessio  fuit  :  ubi  eoruin  aliquis, 
dixit  (1)  :  Qui  contempla  veritate,  prœsumit  consue- 
tudinem  sequi,  aut  circa  (ralres  iuvidus  est  et  mali- 
gnus,  quibus  veritas  revetatur,  aut  circa  Dcum  ingratus 

est,  cuius  insphalione  Ecclesia  cjusinslruitur Aller 

\erô  (2)  :  Jn  Ev.in'jeito  Dominus  :  Eijo  sum  ,  inqnit , 
veritas;  non  dixit  :  Ego  sum  consueludo,  itaque,  veri- 
tate manifestatâ,  cedat  consuetudo  veritati,  ut  ctsi  in 
prœterilum  quis  in  Ecclcsià  liœrelicos  non  baptizabal, 
nunc  baplizare  incipiat,  eadenKpie  aliorum  senlenlia 
fuit  (3). 

5°  Denique  hoc  ipsnm  inviclè  adslruiml  conflicla- 
liones  lum  lemporis  in  Ecclcsià  Africauâ  oborl;c  : 
nam  si  invalueral  à  primis  lemporibus  rebaplizandi 


(1)  ('astus  à  Siccâ,  vide  inler  opéra  Cvpr.  edit.  Ri- 
gal.,  pag.  28G,  nuMi.28. 
(2t  Libosus  à  Va^à  ;  vide  ibid.,  n.  30. 
(3)  Vide  ihid.,  n.  îifi  et  77. 


consuetudo,  qui,  qu;eso,  lieri  poluit,  ut  eâ  occasionc 
plurimi  in  Africâ  lurbarenlnr,  quôd  videront  redeun- 
tes  ab  Iia'resi  baplizari?  Quid  ousa;  Januario  ca'te- 
ris(pie  cpiscopis  Numidis  fuit  cnm  lanlà  inqjorlnui- 
late  Cypriauuni,  de  re  notissimà  ,  consulendi?  Qn:e 
occasio  Quinto,  Pompeio  et  aliis  ad  quos  exsiant  Cy- 
priaui  epistoke,  offensionis  et  scrupuli,  propter  itera- 
tionem  Baplismi,  objici  potnil?  Non  enim  mos  isle 
est  bominnm,  ut  de  re  auliquà  Inrbenlur,  quos  sola 
novitas  commovere  solet  :  qnid  dcni(pie  eral  ncees- 
sarium,  paucos  intra  menses,  lot  synodos  magno  nio- 
limine  convocare,  ubi  solà  opus  erat  admoniiione,  si 
rêvera  antiquâ  consuetudine  lex  ilerùm  baplizandi 
roborala  fuisset?  Igitur  ipsamet  Alrieanorum  agendi 
ratio  novitalem  liujus  dogmalis  abundè  prol)at,  atque 
adeô  falsè  Cyprianus  autiquilatc  gloriabalur. 

Inst.  5'  :  Mulla  S.  Cyprianus,  in  suis  passim  Epi- 
slolis,  ad  defensionem  sua^  senlenli;e  prolulit ,  quse 
prinia;v;e  antiquilalis  certa  (i)  leslimonia  suut  :  ap- 
pellal enim  rebaplizandi  consuetudinem  ,  Veritatem  et 
firmilalem  catlwlicœ  regulœ  ;  dicit  hanc  scntenliam  re- 
ligiosam  esse,  legilimam,  et  salularcm,  jidci  et  Ecclesice 
congruenlem  ;  è  contra  vcrô  doctrinam  Stephani,  er- 
rorem appellal,  liumanam  traditionem  divincc  disposi- 
lioni  contrariam,  prœsumptionis  cl  contumaciœ  plenam; 
ei^o  reverà  doctrinam  acccptam  à  majoribus  dcfcn- 
debat. 

Resp.  :  Concesso  anlecedenie  ,  nego  consequen- 
tiam  ;  quôd  enim  in  causa  proprià  tani  benignus  ju- 
dex  fuerit  Cyprianus,  nibil  mirum  ;  sed  non  continué 
ejus  acquiescendum  judicio,  quia  contra  mentem  ca- 
lliolicae  Ecclesia;  judicavil;  sic  respondet  S.  Augusti- 
nus,  libro  2  contra  Cresconium  Donalislam,  cap.  52  : 
«  Verba  Cypriani,  inquil,  exepislolàadJubaianum  in- 

<  seruisti  iilleris  tuis,  quibus  ci  placere  monstraresba- 

<  ptizandos  eos  esse  in  Ecclesia  catbolicâ,  qui  fuerint 
«  inlia'resi  vel  scbismate  baptizali  :  ego  hnjusepistoK'c 
«  auctorilale  non  teneor.quia  lilleras  Cypriani  non  ut 
«  caiionicas  babeo,  sed  eas  ex  canonicisconsidcro,  et 
«  quod  ineis  divinarum  Scriplurarmn  auclorilaticon- 
i  gruil,  cum  laude  ejus  accipio  ;  quod  aulcm  non 
«  congruit,  cum  pace  ejus  respuo,  ac  per  hoc,  si  ea 
«  quie  connnemoràsli  ab  illo  ad  Jubaiamnn  scripia  , 
i  de  aliquo  libro  apostolorum  vel  i)rophetarum  cano- 
1  nico  recitares,  quid  onniiiio  conlradicerem,  non  ha- 
«  berem  ;  nunc  verù ,  quoniam  canonicum  non  est 
«  quod  récitas,  eà  liberlale  ad  quam  nos  vocavit  Do- 
3  nnnus,  ejus  viri  cnjus  laudem  assequi  non  valeo, 
«  cnjus  multis  Iilleris  mea  scripia  non  comparo,  cu- 
t  jus  ingenium  diligo,  cujns  ore  deleclor,  cnjus  cha- 
«  ritalem  niiror,  cnjus  marlyrium  vetieror,  hoc  quod 
1  aliter  sapuit,  non  accipio,  non  accipio,  incpiam, 
«  quod  de  baplizandis  ha^reiicis,  el  schismaticis  bea- 

(4)  Quai  S.  Cyprianus  in  suis  Epislolis  ad  causaî 
sn;e  defensionem  prolulit,  non  suut  pra'cisè  primaiViC 
antifpiitalis  leslimonia,  ut  in  antécédente  asserilur, 
sed  leslimonia  cpiôd  S.  Cyprianus  anliipiilalem  fibi 
lavere  existimarei  ;  qux  sane  plurimùm  discrepant. 

(  Edit.  ) 


1401 


QL-RST.  VU.  DE  MINISTRIS  SACHAMENTORUM. 


f  lus  Cypriainis  scnsil,  quia  hoc  FÀx-leàia  noi»  accipit, 

<  pro  qui\  bcalus  Cypriaiius  saiigiiincin  fiidit.  » 
Inst.  -4°  :  Qiiiiliiiiiil  sanè  do  Cypriano   ojiiS(inc    in 

Ar>"i(i\  coi'pisc(>i>is  jiuiiciimi  sil,  corliim  laincii  aliumlc 
est  hoRrclicos  et  scliismaiicos  bapiizaiidi  consiieludi- 
ncm  antiqiiissii(u\  auclorilalc  viiçuisse  ;  crgo,  etc. 

Prob.  snbs.  voiitis  Fiiiiiiliaiii  Ca;saica!  iii  C  ippa- 
docià  episcopi,  incpislolà  ad  Cypriamiin,  iiiler  l'^pist. 
Cypnaii.,  7a,  oiiciilaliuin  iioiuiiic  sic  lixiiiciUis  : 
«  Qiiod  antoiu  ])eiiiiict  ad  consucludincin  refutandara, 
«  qiMin  vidL'iilur  oppoiiero  vcrilali ,  quis  lain  vaiius 
t  sil  ut  veritali  cousuL-tudineui  pruîleial?  aut  (jui  per- 

<  spooiâ  lucc  teuebras  non  dercbnqnal? Ad  versus 

<  Slepliauuiu  vos.  dicere,  AlVi,  poleslis,  coguilà  voii- 
«  taie,  errorem  vos  consuetudiiiis  reliquissc  :  ca;le- 
«  riun  nos  verilali  oousiioludiuein  jungiuius  ,  et  con- 
i  suetudiui  Ilouianoruni  cousiioludiiioiu,  sed  vcritalis, 

<  oppoiiimiis,  ab  inilio  boc  lenentcs  quod  à  Cbrislo  el 
«  ab  Aposlolis  iradilum  est;  ncc  inoniiniuius  hoc 
«  apud  nos  abquando  cœpisse,  cùm  sempor  islic  ob- 
«  scrvalum  sil ,  ut  noniiisi  uiiani  Dei  Ecclesiaui  nôs- 
«  somus,etsancluninaplisnia  iioiuiibi  sancUc  Ecclesise 
i  compuiaremus.  >  Hinc  sic  iuforniaïur  argumentum. 
Consueludo  ba;c  niaxiniam  liabel  anliciuitaleni,  quani 
Chrislus  et  aposloli  prliescrip^e^uul,  qu;eque  quaudo 
observari  cœperit  nienioria  nulla  est;  aujui  rebapli- 
zandi  consueludo ,  teste  Finuiliauo  ,  à  Clirislo  et  ab 
aposlolis  pniescripta  est,  omnemque,  ejus  asiate,  me- 
moriam  superabat  ;  ergo,  etc. 

Resp.  :  Nego  subs.  Ad  probalioneui 

Resp.  V  :  Dalà  majore  cl  minore  ,  ncgo  consft- 
qucnliam  :  nemo  enim,  ut  de  Cypriano  pncdixinuis  , 
judex  in  propriâ  causa  scdet  ;  quid(iuid  ergo  ad  sui 
erroris  dofensionem,  bbindiendosibimei,  et  sine  pro- 
balione  Firmilianus  dixerit ,  non  magis  ei  credimus, 
quàni  dicleriis  ejus  et  verbis  contumeliosis  quiv.  con- 
tra sanctissimum  Pontificem  Slepbanum  evonuiit , 
assenlimur  :  jure  namqiie  divino  bumanoque  velamur 
eumdem,  qui  liligator  fueril,  judicom  aiidire. 

Resp.  2°  :  Concessà  majore,  distinguo  niinorem  :  A 
Chrislo  et  ab  aposlolis  prasscripla  est  consueludo  re- 
baplizandi  eos  qui  in  b.eresi  contra  divinan»  Icgem , 
formàfiue  adu'teratâ,  bapijzati  forent,  concède  ;  eliam 
eos  qui  riiu  cvangelico  in  haresi  lincli  essent ,  nogo 
minoreni  et  conseq. 

E.  li.  Bapli'-nia  verum  esse  non  poiest,  nisi  quod 
in  aquâ  sensibili ,  et  sanclissim;c  Trinilatis  invoca- 
lione  fueril  consecratum ,  prout  à  Chrislo  sanciluu! 
est  :  Eunles,  inquil  Mallli.  '28,  10,  docele  omncs  yen- 
les,  baptisantes  eos  in  nominc  l^alris,  et  Filii,  et  Spiri- 
tùs  sancti  ;  unde  consequens  est ,  debere  rebaplizari, 
sive  poliùs  baplizari,  quos  in  faclione  h;erclicà  rilu 
sacrilego  linclos  fuisse  conslileril.  Porrù  primis  F]c- 
clesi:e  seculis,  qui  minoreni  Asiani  iiil'eslaliant  h;t're- 
itici,  cùm  niysleriujTi  sanctissinKC  Trinilalis  vil  poni- 
lùs  ignorarent,  vel  nomine  tenus  coufitcrentur  ,  boc 
lam  nefando  errore  plerùmque  formam  Bapiismalis 
corrumpebant  :  quos  proinde  cùm  rcdiicnl  ab  hairesi, 
vcro  Baptismo  purgandos ,  inerilô  et  cousentaneè  ad 


140-2 

Chrisli  verbum,  hujus  regionis  episcopi  consiiiuerant; 
iianc  tulissimani  regulam  si,  nù  par  eral,  Asialici  le- 
nuissent,  nec  rcprehcnsi  forent  à  Slephano,  nec  ab 
Ecclesià  condemnali  ;  verùm  in  hoc  lurpis  aberralio 
fuit  quôd  diviiii  mandati  limites  pralergressi ,  bapli- 
sma  in  quâlibet  hx-resi  aut  schismate,  eliam  rilu 
evangeiico  datum,  irritum  ,  alqiic  adeù  ilerandum  , 
putaverbu  ;  bicque  prava  consueludo  erat ,  qiiam  in 
synodis  Iconicnsi  et  Synnadensi,  coiilra  usum  majo- 
rum  inveclam,  vindicare  anliquilale  non  poleranl. 

Inst.  b"  :  Alqui  redeunles  à  quàlibel  haresi  debere 
iierùm,  nuUo  facto  discrimine,  baplizari,  aposiolica 
lex  est  ;  ergo,  elc. 

Prob.  subs.  ex  canonibusaposlolicis;  canoneenini 
•45  sic  slatuilur  :  Episcopuni  vel  presbijlenan  qui  hœ- 
reticorum  Baplismum  vel  sacri/iciian  admiserit,  dsponi 
jubemus  :  quœ  est  enim  conventio  Chrisli  cum  Déliai? 
vel  quœ  pars  est  fideli  cum  infideli?  Et  can,  46  :  Epi- 
scopus  vel  presbyter,  eum  qui  verè  linbet  Baplismum,  si 
de  intecjro  baplizaverit,  vel  si  e^im  qui  ab  impiis  pollulus 
est,  non  baplizaverit ,  deponatur  ;  ut  qui  irrideat  mor- 
tem  et  crucem  Domini,  et  non  discernât  sacerdotes  à  fal- 
sis  sacerdotibus  ;  quorum  similia  canone  sequenii  le- 
gunlur;  ergo,  elc. 

Resp.  Nego  subs.  Ad  probationem  nego  suppositum 
argumenli  :  qiian(|uàm  enim  hos  canones  antiquissi- 
mos  es=e  fateamur,  negamus  tamcn  ab  Aposlolis, 
sive  ex  inlcgro,  ut  Turrianus  et  alii  quidam  piilârunt, 
sive  ex  parte,  qua;  Baronii  et  Bellarmini  sentenlia 
fuit  esse  conditos.  Nam 

r  Si  ab  aposlolis  scripti  essent ,  debuissent  Scri- 
pluris  (!)  canonicis  novi  Teslamenli  annumerari  : 
atqui  ne  unus  quidem  veteris  œlalis  probalus  auctor 
aUcgari  poiest,  qui  hos  canones  in  numéro  Scriplu- 
rarum  novi  Teslamenli  posuerit;  ergo,  etc. 

2"  Si  reverà  apostolos  auctores  habereni,  hoc  sanè 
nomine  abanliquis  seriploribuscommendaii,  maxime 
ubi  res  poslulabal ,  sa;pè  fuissent  ;  atqui  nemo  primis 
temporibns  reperilur ,  qui  hos  canones  aposlolis  ad- 
scripserit,  ne  in  iis  quidem  coutroversiis,  in  quibus 
laudari  necessariô  debuissent.  Sic  enim ,  exempli 
causii,  in  hàc  celebri ,  qu;e  secundo  seculo  orla  est , 
de  die  paschaiis  celebrandi  contenlione,  Victor  S. 
Poniifex,  canoncm  quinttmi  non  laudavit,  quo  vetatur 
unà  cum  Judxis  fieri  pascha  ,  quoqiie  une  sopiri  li;ec 
coniroversia  potuisset;  siniililer  Eusebius  C;osarien- 
sis  et  S.  Ilitronynius,  scri|)ta  apostolorinn  diligentis- 
simc  rccensendo,  de  liis  caiiunibus  alluui  fecère  silon- 
lium.  Ergo  lum  temporis  non  pulabanlurab  aposlolis 
conditi  ;  alioquin  enim  Eusebius  et  llieronymus  igno- 
ranlia>  aut  mak-Vdlentia!  accusandi  forent. 

3"  llli  canones  aposluiis  falsù  supposili  sunl,  qui 
slyiinn  liabonl  ai)  aposloioruni  simpiicilale  prorsùs 
alientmi.  el  in  quibus  mullarum  rcrum  nienlio  fit, 
quaruni  insiitulio  apostolicis temporibus  recentior  est, 

(I)  Gralis  onniinô  asseritur  onuiia  Aposlolorunj 
Si  ri|>la  caiionic  is  Si  ripluris  annunjerari  debuisse.  Hoc 
igiiur  aucloris  lelum  est  imbelie  el  sine  ictu.    (Edit.) 


^403  DE  RE  SACRAMENTARIA.  — 

aiqui  cnnoiies  aposlolici  dicli ,  imn  al)  npdStolorum 
Slvlo  discrepaiil  plnriniiiin  ,  liiin  imilla  conliiiciil  oo- 
riim  x'taie  noiidùii»  rccepla  ,  iil  ab  eruclilis  lluM)louis 
pliiriliiis  argumeiitis  probalum  est  (I);  eigo,  cle. 

4°  Demiiiii  iil  ad  proposiluni  leveslainnr,  si  oaiiDnes 
in  ol>joolioiie  adducti,  e^;sclll  Aposl'ilici ,  Oy|iiii>iii"n 
el  alios  lum  Africiiu  tuiii  Orieniis  episcopos,  laiila-  iii- 
inirùni  docirin;e  viros  ,  diil)io  procnl  lioc  non  laliiis- 
set,  nefjiie  ueglcxissenl  tain  rolmsià  anclorilale  sen- 
(oiiliam  snam  defcndcie;  alqui  ncque  S.  Cypriamis 
cnni  coUegis  suis  AlVicaiiis ,  neque  rimiiliaiius  tiini 
Orienlalibus  hos  canones  allcgânnit  :  aposlolici  ila- 
qiie  non  snnt,  al{|ue  adeù  nulliiis,  quantum  ad  piiv- 
senteni  qnirstioncm  ,  ancloi'ilalis. 

Quicrcs  ctiinain  a'tati  dcbeaiil  adsciibi  lii  canones. 
• —  Resp.  adinodùn»  veiisiniileni  eornni  esse  senlen- 
tiam,  qui  pulant  ineuntc  tertio  seculo  condilos  in 
conciliis  Iconeiisi  et  Synnaden/i,  ubi,  referenie  Fir- 
miliano  ,  el  Dimiysio  Alexandrino ,  ab  opiscopis  nii- 
noi'is  Asi;e  constitiitiini  est,  redennles  à  quàlibel  hie- 
resi,  dcbere  denuô  baplizari  (2). 

Olces  deiiiquG  :  Si  doctrina  de  non  rebaptizandis 
litcreticis,  di\  ina  ,  ii(  vohiiuus  ,  el  apostolica  est,  qnî 
ficri  potiiit,  nt  ab  hàc  tani  inviolabili  lege  magna 
Orieniis  cl  Africac  pars  lanlà  obsiinaiione  exoibitave- 
rit,  nique  error  icrlio  scoulo  infeliciler  nains  ad  tinem 
usque  seculi  quaiti  in  minore  Asià  perduràril  ?  San- 
cl'.is  enim  Ba-ilics  qni  ab  anno  509  ad  annunj  579 
Caisarcai  in  Cappadocià  episcopus  sedit ,  episiolà 
prima  canonicà  ad  Ai-.)pbilocliium,  canoue  primo,  el 
epistolà  2,  canone  47,  luvrcticorum  Raplisnia  diserte 
reprobat,  el  qni  ab  iis  redennl,  ilen'nu  baplizandos 
decernit,  eamque  non  peculiarevi  sibi ,  sed  Ecdesiii' 
dicit  esse  senlentiam,  anliquis  canonibns  roboraïam. 
—  Resp.  i"  :  Rctorquco  argumenlum.  Si  doclrina  de 
rebaptizandis  bcereticis  divina  cl  apostolica  er;it,  (jni 
fieri  poUiit,  ul  ab  liàc  lani  venerabili  cunslilnlione 
sanclus  Slephaiius  S.  Pontilex,  Oriente  et  Occidenie 
approbanle  ,  deflexeril?  Cerlnm  nan^jne  eslanlislilis 
Romani  sentenli;im  non  mullù  posl  in  conciliis  nu- 
nierosissimis ,  Ecclcsià  miiversà  plaudcnle,  fuisse 
susceplam  ;  itaque  boc  argumentum  nibili  est  ,  qnia 
contra  adversarios,  mullôque  validiiis  ,  inlorquetnr. 
■ —  Resp.  2'  :  Ilumano  lapsu  id  conligisse,  qnem  alic- 
num  à  se  nenio  honio,  quamvis  ille  sanclus  et  doctns 
sit,  quamvis  episcopus,  quamvis  confessor  et  niar- 
lyr,  si  verè  el  modeste  senlil,  putare  débet;  nec 
movel  nos  Basilii  magni  auctorilas  :  ille  enim,  non- 
dùm  plenè  discussâ  pristini  crroris  caligine,  in  eodem 
cum  suis  deccssoribns  kito  bx'sit  ;  unde  in  bac  causa 
non  secùs  accailcri  deserendus  est.  Vide  Natal.  Alex. 
Hisl.  sec.  m,  disserl.  23. 

Objectio  H,  ex  auctoritate  Scriplurœ. 

Obj.  2°  :  Rebaplizandos  esse  cos  omncs  qui  ab  hae- 

(1)  Vid.  Naial.  Alex,  in  hisl.  seculi  1,  et  Dupin. , 
nova;  Bildiol.  lom.  1. 

(2)  Vid.  Natal.  Alex,  el  Dupin.,  ibid. 


DE  SACRAMEiNTIS  IN  GENERE.  UOi 

resi  aul  scliismale  veniunt,  Soriplurai  sacrsc  aactori- 
tale  probalur  ;  ergo,  etc. 

Resp.  Nego  anl.  ;  de  Baplismo  enim  accepto  in  hae- 
resi  vel  in  schismale,  uirùm  debeal  aul  non  debcat 
iterari,  slatnlum  in  Scripturà  nitiil  legimu^.  Frustra 
ergo  ejiis  opponitnr  auctoritas,  quia,  cùin  UL-utri  |);irli 
apertè  f;iveal,  neulri  coiilradieai,  inslrumenlum  prai- 
seniis  litis  esse  non  poiesl,  sic  respondei  S.  Augusli- 
nus  libro  de  unico  Baplismo  contra  Pelilianum,  cap. 
II  :  «  Quamobrem,  intpiil,  cùm  in  Scripturis  saiiclis 
«  canonicis  nec  illi  (adversarii)  inveniaul,  ha-relicos 
«  ad  Ecdeslam  caibolicam  venienles  denuô  bapiiza- 

<  los,  nec  nos  invenian)us,  in  eoiiem  baplismo  quem 
«  in  ba'resi  acceperanl  fuisse  susceplos  :  in  hàc  re 
«  dunta\al  parnobis  causa  esl;  quia  nec  illi  quod  fa- 
(!  ciunl,  ul  hu^'relicos,  vel  quos  hicrelicos  putanl  de- 
(  nuô  bapiizeni,  nec  nos  qiiod  facimus,  ui  ciiam  apud 
«  ha'relicos  datuni  suscipianius  Baplismum  Chrisli , 
«  tilîo  temporum  apostolicorunl  expresse  conlirmalur 
ï  exemplo.  Sed  nos  reperienles  aposlolos  in  quibusli- 

<  bel  erranlibus,  vel  quàlibel  iuipie4aie  sacrilegis ,  si 
«  quid  veri  cognoverunt,  condrmàsse  poUùs  quàm  ne- 
«  gàsse  ;  liominum  aulem  errorem  et  inipicli>lem , 
i  salvo  quod  in  eis  veriim  inventum  est ,  emendàsse 
€  sive  damnasse,  liane  regiilam  eliam  in  Baptismi  ve- 
(  ritaie  scclamur,  nt  apud  quos  eam  invenerimus  ila 

<  relentam  aique  servalam  ,  sicul  in  Ecclesià  catho- 
«  licà  relinelur  atque  servatur ,  non  eam  negemus , 
«  neque  deslruamus,  sed  eà  manenle,  quod  viliosum  , 
«  quod  pravum,  quod  falsum  in  unoiiuoque  fucril,  cu- 
t  remus,  corrigamus,  emendemus  ,  aul  si  non  possu- 
f  mus,  deli'Slalum  damnalumque  vilemus.  > 

lia  S.  doclor,  ctijns  perpétua  doctrina  esl,  nihil  qui- 
dem  eà  de  re  Chrislimi  et  apo^lolos,  in  lilleris  cano- 
nicis  pnecepissc,  sed  consueludinem  qua;  Cypriano 
opponcbalur,  ab  eorum  iraditione  exordium  sum- 
psisse  credendam  esse,  sicutsunlmulla  alia  qu*  uni- 
versa  lenel  Ecclesià  ,  el  ob  hoc  ab  aposUilis  pnccepla 
bcnè  creduiitiu',  quan(iuàni  scripta  non  repcrianlur. 

Inst.  1°  :  Probando  anteccd.  Ecclesiastici,  cap.  54, 
V.  3,  sic  legitur  :  Qui  baplizatur  à  inortuo,  quid  proficit 
lavalio  ejus?  Aumi  inquieual  Cyprianus,  epist.  71,  ad 
Quintinn  ,  à  Salomone  iioc  dictum  est  de  bis  qui  ab 
hicrelicis  lingunlur,  quos  manifestum  esl  inler  mor- 
luos  compuiari  ;  eodemque  arginnento  Africani  epi- 
scopi  ulebantur.  Yideconcil.5  Carthag.,  n.  27.  Ergo 
baplizandos  esse  qni  ab  h;eresi  aul  schismale  veniunt, 
Scriplunt!  anclorilale  probalur. 

Resp.  1":  Admilloauctoriluiem,  cl  nego  min.;  nego, 
inquam ,  ab  auclore  sacro  lioc  esse  dicliim  de  haîrc- 
licis  aul  schism  licis  baplizantibus  ;  et  dico  ilhid  tc- 
siimonium  ad  rem  nihil  penilùs  facere,  id  (juod  facile 
inlelligel  qui  verba  Eccles;aslici  logel  in  fonte  :  t  Qui 
bapliiulur  à  morliio,  in(iuil,  cliterim  tangil  eum,  quid 
proficit  lavaiio  illius?  j  Id  esl,  qui  cadayeris  contaclu 
conlaminalus  ,  lavit  el  abluil  quod  immundi  contra- 
xeral;  si  poslea  ad  eiusdem  coiilactnm  redieril,  lava- 
liunem  onuiem  el  operam  perdidil  ;  qu:e  si^ntentia 
,  lam  esl  à  proposilo  aliéna  ,  quanlùm  distat  orius  ab 


U05  QUiEST.  \1I.  DE  MLMSTRIS  SACRAMENTORLM.  1406 

occiilenlo  :  iindè  luirum  à  Cypriano  cl  cjus  asseclis  |-  dicciKitirn  ;aiqiii,  iit  inculonisexccnliesS.  Augusiinus, 


ad  causu;  suco  praïsidiuin  esse  arrcplam  :  (jiiia  veio 
S.  Augiisiinus  leluin  illiid  rcpellondo,  concoS'Sioiie  ali- 
qiià  iisiis  csl,  quasi  iiiiiiirùiii  non  miIo  veilxunni  somi, 
sed  eliaui  sensu  \fil)a  Ktclfsiasiici  ad  qiursliont'ni 
clirisliani  Baplisuuilis  pcrlinciTut  ; 

Uesp.  T  cuni  S.  doclore  :  Kclon|uco  argunienluni  : 
QuoMiodù  inlor  inoiluos  hierolici  el  schismalici,  ita  et 
niali  ipiilibcl  luinislri  netossariô  conipulanlur;  alqui 
à  nialis  el  tlagiliosis  niinislris  tincli  nun  dohenl,  ipso 
Cypriano  jiidioe,  ilerîuii  baplzari;  idem  eigo  de  lia)- 
rolicis  et  schisnialicis  esl  diccnduni  ;  quia  elsi  niorlui 
sinl ,  à  (juilius  Baplisinus  visiliililer  consecratur,  vivil 
lamen  (^liiislns  cujns  noniine  consccralur  :  «  Qnid  sil 
«  à  nioiluobapizari,  inquil,  1  G  de  Bapt.,  c.5i.,sii.c 
I  [ira'judicio  diligonlioris  cjusileni  Seriplnrie  coiiside- 
f  raliuuis  alibi  jani  dixinius  :  quatre  anlem  cur  lixrc- 
I  licos  solos  vclinl  inlelligi  morluos,  cîiin  Paulus  Apos- 
«  lolus  generaliler  de  poccalo  dix(M'il,  Rom.  G,  23: 
I  Slifjciidiiun  pcccati  mors  ;  et  8,  G  :  Sapere  aulem  se- 
(  cundiim  carnem,  mors  esl;  eltinn  niorluani  viduain 
«dical,  quai  in  deliciis  vivit,  1  Tini.  o,  G,  quoniodô 
I  non  sunl  moriui  qui  seculo  verbis,  et  non  faciis, 
«rennnliant?  Quid  ergo  proficit  lavalio  ejus  qui  ab 
i  isiis  Ijaplizatnr,  nisi  quia  et  ipse,  si  talis  est,  lava- 

<  crutn  quidem  babel,  sed  non  ei  proficit  ad  salutem? 
€  Si  anlem  ille  à  quo  baplizalur  t  dis  est,  iste  verô  non 
I  falso  corde  ad  Deum  convertitur,  non  ab  illo  mortuo 

<  baptizatur,  sed  ab  illo  vivo  de  qno  dictum  est,  .!oan. 

<  1,  55  :  Ipi^e  csl  qui  baplizal,   quolibet  corporaliler 

<  opérante  baptizet  >. 

Inst.  2°:  Alqui  vana  esse  et  irrita  quic  ab  hareticis 
confcruntur  Sacramenla  Scriplurarum  aperla  doctriiia 
e;.t;  eigo,  etc.  l'iob.  snhscq.  vnriis  ulritisqiie  Tosla- 
nienli  sententiis.  Numerorum  c.  19,  v.  ^tl-.Omnia, 
inquit  Spirilus  sanclus,  quœcumqiie  letigeril  im>mindus, 
imwunda  erunl.  Psalmo  1  iO,  v.  h  :  Oleum  peccutoris 
non  impiiifjucl  capiU  mettm.  Luc.  1 1,  v.  23  :  Qui  non  est 
meciini,  ait  Salvalor,  contra  me  esl,  cl  qui  non  cotligil 
mecuin ,  spmgit.  Joan.  9,  v.  3.  Deus  pccculorem  non 
audit.  2  Corintli.  6,  v.  li  :  ISulile  juyum  ducere  cum 
infidelibus  :qnœ  enini  purlicipaliojusliliœ  cum  iniquilale? 
Ani  qiiœ  soctetas  iuci  ad  lencbras?  Quœ  aulem  conventio 
l'.lirisli  ad  belial?  nul  quœ  pars  iulidcti  cum  fideli?  2  ad 
Timolii.  2,  v.  17,  de  haireticis  dicilur,  quùd  scrmo 
eorum  ut  cancer  serpit. 

Ex  his,  l()ngè(|ue  pliiribus  aliis,  sic  conficitur  aigu- 
montum  :  Opus  ininiundum,  qnodque  à  Deo  minime 
exnndiri  poiest,  initum  prorsiis  et  vanum  csl;  at(pii 
qnidqnid  agiint  lucretici  imnnindum  est,  (piia  ipsi  sa- 
crilegi  sunl  el  adversarii  (lliiisti;  cigu  vannm  et  ini- 
lum  esl. 

Hesp.  Nego  subs.  Ad  probal.  admillo  auctorilales, 
et  ad  aigunienttun  inde  ductum  : 

1°  Re^pondeo  rclor(|uendo  :  Non  minus  \kvc  testi- 
nionia  ad  fures,  avares,  adultères  cl  facinorosos 
qnoslibct,  quàm  ad  baTCticos  scbisniaticosqne  respi- 
ciunl  ;  iiaquc  si  probant  vana  esse  et  falsa  Sacramenla 
quic  ab  islis  consecranlur,  idem  de  illis  necessariù  csl  l 


Inijusmodi  cavillos  reUmdcns,  ex  illis  Scriplurarum 
oracnlis,  ipso  consenticnte  Cypriano  ,  non  sequilur, 
IVusIra  et  inniiiiti-r  ab  lioniinibus  inipiis  Sarran)cnta 
confc  iii  ;  igiiiu'  boc  ipsnm  de  ba'nlicis  el  scliisma- 
licis  agnovissel,  si  suis  stare  vcllel  aut  possel  prinoipiis. 

2°  Conccssà  majore,  distinguo  min.  Onid(|uid 
hxrelici,  virtutc  proprià  el  mérite  suoagunt,  inunnn- 
dum  csl,  concedo  :  Qnidquid  ngunt  \irluic  et  nicrito 
Cbristi,  inmiundum  ''st,   nego  minorein  et  consiq. 

L.  R.  lllnd  inerat  omnibus  |ienù  Cypriani  argu- 
mentis  maxinmm  sané  vilium,  quôd  opub  inlcr  Cluisli 
el  opus  minisiri  discrimen  nuUum  faccrel.  idcùiuc 
vcllel  malnm  essc  Sacramentnm,  quia  malus  est  iiai- 
reticus  à  quo  consecratur;  at<|ui  inimensnm  li:ec  duo 
di>crepanl.  qiiod  eliani  me  non  moiicnle  vttritatis 
siudidsus  inlelliget;  sic  enin) ,  ul  lestimonia  quai  o|)- 
|)onebantur  breviler  decurranms,  idée  inmiundus 
iiaîreticus,  quia  vcrilatcm  catbolicam  negat,  ideù 
inimuiidus  scbismaticus,  quia  Ecclesia;  scindit  unita- 
teni  rqnemcumque  ergo  uterque  letigeril ,  \irus  susc 
bœreseos,  aul  discordiam  scbismatis  insiillando, 
immundus  futurus  esl  :  sed  non  continua  immunda 
erit  invocalio  sanctissiniai  Trinitatis,  quia  opus  iilud 
esl  Ch^i^li.  Simililer  falsa  qua-libel  contra  verbum 
Dei  docir  na,  oleum  est  peccaioris,  de  quo  propiiela 
dicebal:  Oleum  peccaioris  non  ungat  capul  meum;  sed 
virtus  Spirilus  sancti  in  Sacramentis  secreliùs  ope- 
raniis,  non  oleuin  boc  est  peccaioris,  sed  Dei:  pariler 
pnedicalio  erroris  quie  fit  ab  hyereticis,  cancer  («it  de 
quo  agit  Apostolus;  nialum  est  grannni  quod  non 
potesl  de  Cbristi  borreo  celligi  ;  tenebra;  sunl,  nullam 
cum  luce  socictalem  liabentes:at  non  idem  dcSatra- 
niciilis  evangelicis  dici  potesl,  qua:  in  quar.làlibet 
bairesis  aut  scbismalis  perversitate  adniinislrentur, 
sermonem  Dei ,  lucem  Dei ,  semen  Dei  nibilo  seciùs 
babcnt. 

Insl.  5°:  Alqui  virtule  et  merito  Cbristi  nibil  pos- 
1  sunl  bieretici  et  scliismalici  agere:ergo,  etc.  Prob. 
subs.  li  soli  possunt  in  Sacramentis  virtule  et  nicrilo 
Cbristi  aliquid  operari,  quibus  polestatoni  Sacramenla 
adniinistrandi  centulit  ;  alqui  solis  Ecclesiai  pra'po- 
silis,  non  vcrocxiraneis  qnales  lueretici  et  scbismatiei 
sunl,  banc  Cbri^lus  poleslalem  comniunicavit  :  i  Ma- 
«  nifeslum  est,  inipiiebat  S.  Cyprianus,  Epis.  73  ad 
1  Jubaian. ,  ubi  et  per  quos  rcmissio  pcccalorum  dari 
«  possil,  quai  in  Baplismo  scilicet  dalur  :  nam  Petro 
«  priminn  Dominus,  super  quom  ;eililica\it  Ecclesiam, 
d  cl  undo  unilalis  origiiiem  insiituit  eto^:endit,  po- 
«  lestaiem  isl:im  dédit,  ul  id  solverolur  in  coilis,  quod 
«  ille  solvisscl  in  terris,  Mallb.  IG,  19;  cl  posl  resm-- 
i  reclionemquoquead  Apostdjosloquilur  diceiis,  Joan. 
I  20 ,  21  et  seq.  :  Sicnt  niisit  me  Palcr,  el  cyo  millo 
I  «  vos  ;  hoc  litm  dixissel,  inspiravil,  et  ail  illis  :  Accipile 
«  Spiritum  smictum  :  Si  cvjus  remiseritis  pcccala  ,  rc- 
t  mittenlur  illi  ;  si  cujus  tenueritis,  Icnebuntur;  nnde 
I  intelligimus  non  nisi  in  EctIesi;T^  pnrposilis,  el  in 
«  evangelicà  legc  ac  dominicà  ordinalioae  fundalis , 
<  licerc  baplizare ,  cl  rcmissam  peccalorum  dare  ; 


Ii07  DE  RE  SACRAMEMAKIA.  ~  DE  SACRAMÉNTIS  IN  GENERE, 

<  foris  auiein  nec  ligari  aliquid  posse  ,  iiec  solvi ,  iibi 

<  non  sit  qui  aut  ligare  possit  alitiiiid ,  aut  solvere  ; 
«crgo,  etc. 

Hesp.  Nego  siibs.  Ad  probationem  : 

l^Cum  sancto  Augiistino  retorqueo  argumcnliim; 
si  idcô  quia  extranei ,  liairelici  ei  schisniatici  sunl , 
Sacramenta  conferendi  polestaleni  non  habent,  idem 
demalisquibuslibelesldicendiim,qui,  licèIc(M•po^aliler 
inlùs  esse  videanlur,  lamen  spiriiualilcr  foris  sunl  : 

<  Nonne,  inquit,  1.  6  de  Bap.,  c.  24,  illi  snnl  in  Ecclesiâ 
I  qui  sunl  in  pelrà,  qui  auleni  in  petrâ  non  sunt,  nec  in 
«  Ecclesiâ  sunl?  Jani  ergo  videanuisutrùm  super  pelram 
«  œdificium  suum  constiluant,  qui  audiunl  Ciirisli  verba , 

<  et  non  faciunt  :  conlradicil  eis  ipseDominus,diceiis, 
t  Mallh.  7,  24  :  Qui  audit  verba  mea  liœc,  et  facit  eu, 
I  similaboillum  viro  prudcnli,  qui  œdificat  doinum  sutim 
«  supra  petram  ;  el  paulè  post  :  Qui  audit  verba  mea 
iliœc,  el  non  facit  ea ,  similabo  eum  viro  slulto  qui 
I  œdificat  domum  suam  super  arcnam.  Si  ergo  in  pclrâ 
«  est  Ecclesiâ,  illi  qui  super  arenam  sunt,  quia  extra 
1  pctrani  sunt ,  profeoiô  extra  Ecclesiam  sunt;  recor- 
«  demur  itaque  qnàin  niullos  conimcniorel  Cypria- 
I  nus  (l)  velut  intùs  positos,  qui  redificant  super 
«arenam;  id  est,  audiunl  verba  Cbristi,  et  non  faciunt: 
t  el  ideô  quia  sviper  arenam  sinit,  extra  pelram  esse 
I  ccmvincuntur ,  quod  est  exlra  Ecclesiam  :  ïamen  el 
«  quamdiù  ila  sunt,  et  nondùm  vel  nunquàm  in  meliùs 
«  commutaniur,  baplizant  et  baptizaniur,  et  Baptismus 
i  quem  habent,  illis  ad  danniationem  destinaiis  iniegcr 
«  manel.  »  Idem  itaque  de  bicrelicis  el  scbismalicis 
seniiendum. 

2°  Cum  eodem  sancto  Doclore  concessà  majore , 
distinguo  minorem  :  Solis  Ecclesiae  prœpositis ,  non 
verô  exlraneis,  dédit  Chrisius  potcstatem  Sacramenta 
administrandi,  validé  simul  el  légitimé,  concedo; 
validé,  nego  minorem  el  consequeniiam. 

E.  R.  Polesl  quis  veré  esseCliristi  minister,  etiamsi 
illégitime  sit  minister  :  verè  minister  est,  oui  reverà  | 
data  est  res  sanclas  dispensandi  facultas:  légitimé  est, 
qui,  sui  memor  oflicii,  sancta  sancto  et  fideliler  ad- 
ministrât :  Sic  nos  exislimel  /jomo,  inquit   Apostolus, 
I  Cor.  4,  \,nt  ministrosChristi,  et  dispcnsatores  myste- 
riorum  Dei  :  lue  jam  quœritur  inter  dispensatores ,  ut 
fidelis  quis  inveniatur.  Jam  faleor  solis  Ecclesiam  pra'- 
positis  sanctè  pièque  viventibus  dalam  esse  à  Cbristo 
p(il(.nliam  Sacramenta  validé  simul  et  légitimé  con 
l'crendi  ;  boni  enim  erant  quibus  dicit  :  Cui  diniiseritis 
peccuta,  dimillentur  ei,  cui  tenueritis,  tencbuntur  ;  Sed 
nego  boc  ila  solis  Ecciesix  pra^positis  esse  dictum,  ut 
non  possint  eliam  à  malis,  sive  iniùs,  sive  foris ,  Sa- 
cramenta validé  consecrari;  quâ  de  re  juval  Angusli- 
num  ipsuni  audire  :  «  Nos,  inquit,  lib.5,  de  Bapl.  c.  7 
<  et  seq.,  Baplismum  eos  (luereiicos  el  scbismaiicos) 
«non  juslé  et  légitimé   possidere  concedimus:non 
«  possidere  auleni,  non  possumus  dicere,  cùm  Sacra- 
«  menlum  dominicuni  in  evangelicis  verbis  cognosci- 
(  mus  :  Baplismum  ergo  legilimum  liabenl ,  scd  non  \ 


Mm 


i)  Vid.  epitt,  11  Cyprian. 


«légitimé  habent;  quisquis  enim  eura  et  in  unilate 
«  calhnliiâ  et  eo  digne  vivens  habet,  et  legilimum  et 
«  legilimé  liabel;  quisquis  autem  vel  in  ipsa  calbolicâ, 
«  sicul  palea  coiiunixla  frumcnlo,  vel  exlra,  sicul  |»alea 
«  venio  suolala,  habet,  hune  Baplismum  legilimum 
«  quidem  habet,  sed  non  légitimé  :ita  enim  iiabot 
«  quemadmodùm  nlitur  ;  non  auleni  légitimé  ulilur, 
«qui  eo  contra  legem  ulilur,  quod  facit  omnis  qui 
I  baplizaliis  perdité  vivil,  sive  intùs  sive  foris...,  et 
«  ideô  cùm  vel  ad  unilaiem  caiholicani,  vel  ad  vilain 
«  tanlo  Sacramenlo  dignam  converlitur,  non  aliud 
<i  Baptisma  incipil  habere  legitimum,  sed  illud  ipsum 
«  incipil  habere  légitimé,  t 

Inst.  4°:Atqui  h;rc  oracula  Cbristi  sic  debent  in- 
telligi,  ui  in  solà  Ecclesiâ  caiholicâ  ab  ejus  prœpositis 
Sacramenta  validé  administrari  dicantur;  ergo,  etc. 
Prob.  snbs.  Ibi  solùm  Sacramenta  validé  adminislran- 
lur,  ubi  spiriluales  lilii  Deo  procreanlur;  at(iui  in  solà 
Ecclesiâ  catholicâ  spiriluales  Deo  filii  gigni  possunt  : 
ergo,  etc.  Prob.  min.  ex  lestimoniis  Scripiurarum, 
(|uibus  Ecclesiam  Cbristi  sponsam  esse  significatur. 
Audi,  filia ,  et  vide,  in(iuii  regius  Prophela,  ps.44,  il, 
el  inclina  aureni  tuam. ..et  concupiscet  rcx  decorem  tuum. 
Et  Salomon  in  Cantico  canlicoruni  4,7:  Tolu  pul- 
cln-a  es ,  arnica  mea ,  et  macula  non  est  in  te  :  vent  de 
Libano,spo>isu  mea,  veni,  coronaberis...  unaest.  Ibid.c. 
G,  8,co/H))i6«»i<Y/,pt')-/t'r(rtHiea.EtAposiolus2Cor.H,2: 
Despundi ,  ini]uil,  vos  tini  viro,  virginemcastani  exhiber  e 
Clirislo.  Ex  bis  el  similibus  argumenlum  sic  ini'orma- 
n)aiur:Non  potest  filios  Deo  parère,  nisi  quie  sponsa 
esiChrisli;  aiqui  sola  Ecclesiâ  catholicâ  sponsa  est 
Cbristi  :  nec  potest  lantum  sibi  honorem  lutresis, 
quippe  adultéra  el  fornicaria  ,  arrogare.  Vide  Epist. 
Firmiliani  ad  Cypr.  Ergo,  etc. 

Resp.  :  Nego  subs.  ;  ad  probationem,  concessa  ma- 
jore, nego  min.,  el  ad  ullinnnn  argumenlum,admissis 
auclorilatibus,  1"  cum  S.  Augustino  retorqueo  argu- 
«  menlum  :  Si  propterea ,  inquit,  1.  5  de  Bapl.,  c.  24, 
«  filios  Dei  generare  non  potest  bœresis,  quia  Chrisli 
;  sponsa  non  est  ;  nec  lurba  illa  nialorum  intùs  consli- 
«  lutorum  polesl,  quia  el  ipsa  Chrisli  sponsa  sine 
«macula  el  rugâ;  ergo  aut  non  omnes  bapti/.ati  lilii 
«  Dei,  aut  polesl  et  non  sponsa  generare  filios.  >  2" 
Cum  eodem  8.  doclore  dist.  maj.  Non  potest  lilios 
Deo  parère,  nisi  qu;e  sponsa  est  Chrisli;  paril  lamen 
ipsa,  alitiuando  quidem  siim  suo  ,  aliquando  per  ule- 
run)  ancillarum,  concedo  :  el  non  paril  nisi  sinu  suo, 
nego  majorcm,  el  concessa  minore,  negoconseq. 

E.  R.  Baptismus  verbis  evangelicis  consecratus , 
ubicumque  et  à  (luocunniue  conferalur ,  Ecclesiae  ca- 
iholicai  bonum,  el  spons;e  Chrisli  monde  est  ;  itaque 
(l\iotquot  in  Cbristi  nomine  el  ritu  legitimo  baptizan- 
iur, Ecclesiam  habent  matrem,  qu;)e  eos  vel  per  ule- 
rum  suum  paril,  si  in  unilate  calliolicà  abluanlur,  vel 
per  uleruin  ancillarum,  si  foris  in  lueresi  linganlur, 
aui  schismale:  «  cùm  taies  (mali)  à  spiritualibus  evan- 
igelizanlur,  inquit,  lib.  1  de  Bapl.,  c.  IC,  el  Sacra- 
«  mentis  indjuunlur,  lanquàm  per  se  ipsam  Rebecca 
<  eo6  paril,  sicul  Esaù  :cùm  autem  per  illos  qui  non 


QU.f:ST.  \ll.  DK  MINISTRIS  SACRAMLNTORLM. 


I  caste  nnnunliant  Evangcliiiin  ,  laies  ia  Dei  populo  w 
I  genoraiiliir  ;  S;ua  fiuidcin,  sod  por  Agar;  ilcm  boni 
I  spirilualos,  quiiido  evaiigeli/.aiitihiis  vcl  lia|)li/.ami- 

<  bus  cainalibiis  gcneranlur,  Lia  (piidcm  vel  liai  bel 
«jure  conjugal!  eos ,  sed  per  anciilanini  nUinni,  |>a- 
«  ril;  cùin  vorô  per  spirilualos  in  KvangcrK^gi'nerantur 

<  boni  liiioles....  sicul  ex  utero  Sar;e  l.saae ,  vel  lle- 
c  beeca!  Jacob,  in  novani  vitani,  et  novinn  leslanien- 
i  lum  nahCinitur.  > 

Insl.  J>°.  At(iui  spirilualos  filios  Dec  parère ,  sic  est 
Kccle>i.e  calbolica^,  singulare,  ul  ad  angeiidani  sobo- 
leni  exlrauco  ancillaruni  utero  uti  non  possil  ;  ergo  , 
elc.  Prob.  subs.  Ibi  solùni  possunl  spirilualos  Dec  lilii 
proercari,  ubi  funs  vila^  est  et  lavacruni  rcgeneratio- 
nis;  aiqui  iu  solà  calbolicâ  Ecclesià  ,  non  verô  in  liac- 
resi  aut  schismate ,  fons  ille  posilus  est  :  ergo,  etc. 
Prob.  min.  variis  ^cripturaruni  leslinioniis,  quibus 
innuitur,  non  babere  exlraneos  nisi  aquam  adulteram 
et  niendacem.  Me  dereliquerunt  fonlein  aquœ  vhœ,  ail 
Deus  apud  Joremiam,  c.2,  \'5,ct  fodenint  sibi  sisternas 
dissipatas  ,  que  coulincrc  hou  valent  aqiuis.  Hinc  pro- 
fanuni  biorelicoruni  Baplisn)a  sublililer  idoni  propliela 
perstringons  :  Quare,  inqnit,  faclus  esldolor  lueusper- 
petuus  ,  et  pta^a  mea  desperabilis  reuuil  ciirnri  ?  Fucla 
est  milii  quasi  mendacium  aquarnm  injidelium...,  Jer. 
15,  18.  «  Qnaî  est  biec  aqua  niendaxot  pcrlida?  Aiebal 
«  S.  Cyprianus  in  ej).  ad  Jubai.  ,  utiqiie  ea  qu;e  Bap- 
«  lisini  iniagineni  mentitur,  et  graliani  lidci  aduinbralà 
«  simulalionc  fruslralur.  >  Eàdenu|ue  perlincl  alla 
Scriplurarum  senleniia,  ab  Alricanis  s;rpù  laudata  liis 
verbis  :  Ab  aqnà  aliéna  abslincte,  et  à  fonte  aquœ  aliéna- 
ne  biberis.  Iteu)  oraculum  Cliristi  dicentis,  Joan.  7,  57  : 
iSt  quis  suit,  reniât  ad  nie  et  bibat  ;  qui  crédit  in  me  , 
sicut  dicil  Scriptura,  flumina  de  ventre  ejus  fluenl  aquœ 
vivœ. 

Ex  bis  cl  similibus  sic  infcrobant  Africain  argumen- 
tum.  Apud  illos  fons  aqux  vitalis  non  est,  qui  non 
habent  nisi  aquam  adulteram  et  niendacem.,  ad  quain 
vetamur  accedere  ;  atqui  hujusmodi  sunt  lia:rclici  et 
schisniatici  :  ergo,  etc. 

Resp.  nego  subs.  ;  ad  prob.,  conccssà  i)i;ij.,  nego 
min.  Quemadniodùni  enini  fluvius  de  loco  voluptatis 
ad  irrigandnm  paradisum  egrediens  ,  foras  et  in  ter- 
ras cxiraneas  longe  latèque  dilTundebatur,  Gen.  2  , 
10,  ita,  inquil  S.  .\ugnslinus,  fons  aqua;  vitalis  in  ca- 
lliolic.à  Ecclesià  posilus  foris  in  exieras  regiones  exnn- 
dat,  ubi  et  Deo  filios  parit  :  t  Ecclesià  paradiso  coni- 
f  parala  ,  inqnil,  lib.  i  de  Baptis.,  c.  I  ,  indical  nobis 
«  posse  quideni  ejus  Bapli>nintn  lioiniiies  eliam  loris 
«  acciperc  ;  sed  salulen»  beatilndinis  extra  eain  neini- 
f  nom  vel  perciperc  ,  vol  lenere  :  nam  cl  llnniina  de 
c  fonte  paradisi,  sicut  Scriptura  testalur,  etiani  foras 

<  largiler  manavcrunt  :  nominatim  qnippc  conimemo- 

<  rantur,  et  per  quas  tenas  llnanl,  et  quia  exlra  pa- 
I  radisum  conslitnta  sunt,  onmibns  nolnni  est.  Nec 
I  tamen  in  Mcsopoiamîà  vel  in  /Egypto,  quô  illa  fln- 
I  mina  pervcncrunt,  est  félicitas  vilse  qua)  in  paradiso 
«  conunemoralur;  ita  (il,  ut  cùm  paradisi  aqua  sit 
4  extra  paradisum,  bealihulo  lamcn  non  sil,  nisi  iiUra  \ 


U\ù 


i  paradisum.  Sic  ergo  Ba|>tismns  Eccles>i.'e  polcst  esse 
«  exlra  Ecclesiam,  munus  auten»  beat:e  vita;,  non  nisi 
<  iiilra  lÀ-rlesiam  repcrilnr,  t\\\x  sup  r  petram  eliam 
j  finidata  est ,  qu;e  ligandi  et  solvendi  clavesaccipit  : 
i  Uxc  est  una  qu;e  possidet  omnen»  sui  sponsi  et  Do- 
«  mini  potcslatem;  per  quain  conjugalem  poleslalem 
t  eliam  de  ancillis  filios  parère  potest;  cpii  si  non  su- 
t  perbianl ,  in  sorleni  b;i;rcdilalis  vocabunlur;  si  au- 
i  lem  snporbiant,  exlra  remanebunl.  » 

Ad  probaiionem  minoris  admillo  auelorilales  ,  et , 
concessà  maj  ,  distinguo  min.  Ila^retici  et  scliisniat  ci 
non  liabont  nisi  atinani  aduiti'ram  et  mendaceni,  (pia- 
tenùs  lueretici  et  scbismalici  sunt,  roncetlo  ;  ctiani  in 
lis  qu;e  communia  cum  calbolicâ  Ecclesià  liabcnt,  nego 
minoreni  et  conseq.  ^ 

E.  R.  ll;eresis,  quatenùs  à  verilate  calbolicâ  aber- 
ratio  est,  scliisma  paritcr,  in  quanlimiCbrisli  vestem 
di!aceral,el  proscindil  mysticicor|>orisunilalem,  pra-- 
ter  niendacem  aquam  prorsùs  nibil  babet,  coque  sensu 
benè  in  ha-relicos  schismalicosqueconveniunlallogala 
ex  Scripluris  oracula  :  sed  non  idem  de  Sacramentis 
die  ndum,  quaj  licèt  illégitime,  légitima  lamen  ,  el  de 
bonis  Ecclesiaî,  liabent  :  «  Non  est  aqua  profana  et 
«  adultéra,  inquit  S.  doct.,  lib.  3  de  Bapt.,  e.IO,  super 
«  quani  nomen  Dei  invocatur,  eliamsi  à  profanis  el 
i  adulteris  invocetur;  quia  nec  ipsa  creatura ,  ncc 
i  ipsum  nomen  adulterum  est.  Baptismus  veiôCliristi, 
«  verbis  evangelicis  consecratus,  et  per  adulleros  et 

<  in  adulteris  saiiclus  est ,  quamvis  illi  sint  impudici 
«  cl  immundi  ;  quia  ejus  sanctilas  poUui  non  polest, 
«  et  Sacramenlo  suo  divina  virlus  assislit,  sive  ad  sa- 
i  luteni  benè  ulentium ,  sive  ad  perniciem  nialé  ulen- 

<  lium.  > 

Inst.  6°.  Alqui  ideô  diclum  in  divinis  liiteris  non  ba- 
bere b?erelicos  nisi  aquam  adulteram  et  niendacem , 
(|uia  cun<  Ecclesià  calbolicâ  vitalem  fonteni  comniu- 
ncm  babere  omninô  non  possunt;  ergo,  elc. 

Prob.  subs.  ex  verbis  ScripturaîquielegunturinCan- 
licocanlicorum  i,  12:  Hortus  conclusius,  soror  mea  spon- 
sn,  hortus  .-onclnsus,  fonssignalus...  puteus  aquarnm  vi- 
ventitim  ;  bine  sic  inferebant  adversarii  argtimentum  : 
Fontem  illum  cum  Ecclesià  calbolicâ  lix-relici  et 
schismatici  communem  habere  non  possunl ,  qui  in 
ipsà  cilboiicà  conclusus,  elsigillo  divino  signaluscsl; 
alqui  fons  vitalis  Sacrameniorum  in  solà  Ecclesià  ca- 
lbolicâ conclusus.  et  à  Deo  signaïus  est;  ergo,  elc. 
4  Qui  in  liunc  Iiorlum  nunqnàm  inlroierunt ,  inquic- 

<  bal  Firmilianiis  ,  in  epislolâ  ad  Cyprianuni ,  neque 
i  paradisum  à  Peo  Cieaiorc  plantalum  vidernnt,  (]uo- 
i  modo  de  fonte  qui  iiitùs  inclusus  est,  et  divino  si- 
«  gillo  signatiis ,  aquam  vivam  lavacri  salutaris  pr;e- 
1  bere  alicui  polcrunt?  »  e.idcmqueCyprianietaliorum 
argiimenlalio  fuit,  vide  op.  ad  Poiiip.  et  concil.  Cari., 
n.  35. 

Resp.  :  Nego  snbs.  Ad  prob.  admiito  auciorilatem  , 
et  ad  argumentiim  , 

1"  Respondeo  relorquendo  :  Qui  liorlus  conclusus 
el  Ions  signaïus  in  Canlico  dicitur,  idem  soror  el  spoiisa 
riirisli  voratur;  aiqiio  adrô  ubi  soror  et  sponsa  non 


un  DE  RE  SACRAMENTAR1\.  — 

est,  neqiiepolcsl  cssc  Ions  afjii.T  \ilalis;  niqiii  lurba 
illa  nialormn  qui  inlùs  esse  videnliir ,  proîcTlù  soror 
cl  spoiisa  Clirislinon  csl;  qnia  sponsa  Ciiiisli  ncc  ni- 
gnin  liabot,  iiec  maculiiii ,  nc(iiie  |  olt-sl  tali  niemI>io- 
iiiin  l'csle  (aiii  S|)('ciosa  colmulia  tiir!>ari  ;  iiaquc  si 
qiiid  proi)al  lioc  argiimciiliiin,  Cyi)riaii(iin  ip>niii  illa- 
qiicat  :  «  Qiiôd  in  Caiilico  canliconim  Ecclcsia  sic 
«  describiUir ,  iiiqnil  S.  Augiislimis,  lib.  cont.  Don., 
«  c.  27  :  llorlus  conchisus,  soror  inca  sp'usn,  fons  si- 
«  qnaltis,  piileus  aquœ  vhœ,  puradisus  cuin  frucln  ponin- 
«  rutn  ;  hoc  iiiloiligore  non  aiidoo ,  iiisi  in  sanclis  et 
«  jiislis,!ion  iii  avaris  et  fraud.  toribus,  cl  raploiibns, 
«  cl  fœncialorilnis.ot  ebriosis,  elinvidis,  qiios  tamcn 
«  cnnijiislis  15a|>lisn)iini  babuisse  coniuiunem  ,  ciirn 
€  qiiibiis 'joniininu-ni  non  liaboluiiil  uli(|ne  cbarilalcni, 

<  ex  ipsins  Cypriani  Htloiis,  sient  sa'pè  conMiienio- 
«  ravi,  nben'ùs  discin)tis  el  doccmns  .  nam  dicalmibi 
1  aliquis ,  qnoniodù  irrepserinl  in  borluin  concltisnin 
t  cl  i'niiloiu  signatum,  qiios  seculo  verbis  solis,  elnon 
f  laclis,  rcnuniiàsse  Cyprianus,  et  lamen  inlùs  fuisse 
«  tesiaïur  ?  t 

Uesp.  2°.  Concessà  majore ,  distingno  niin(»rem  : 
Fons  vilaiis  Sacramentoruni  in  solà  Eccicsià  calboliià 
concbisiis,  el  à  Deo  signatns  esl,  bahilà  lalioiie  eflbo- 
lûs  salutaris,  qui  oblineri  extra  illani  non  polcst ,  ab 
lis  niniirùm  qui  bivresi  scbi.>,nialiqne  conseuliunt  , 
concède  ;  habita  ratioae  Sacraraenti,  et  fonlis  ipsius, 
liego  rninorem  et  conseq. 

E.  R  Aliud  est  fons  vitaUs,  aliud  vila  de  fonlc  ac- 
cepta :  in  primo  namqne  virtuleni  fonlis,  in  allero  ef- 
feclum  agnnscimns  ;  buiic  porrù  ertectuin  oblineri 
extra  veram  Er^clesiam  non  posso  conccdimus  ,  quia 
exlra  iilain  non  esl  cbarilas  de  corde  pnro  et  fide  non 
ficlà,  sine  quà  Sacramentorum  quanlaliltel  copia  niliil 
prodest  :  eoque  sensu  nierilù  Ecclesia  sponsa  Cbristi: 
Horlus  conchisus,  fons  signalus,  pnleus  aquarum  viven- 
tium  appellalur;  at  nihiloniinùs  etiam  in  exleras  re- 
giones  fons  vitalis  aquie  decurrit,  sin  iniin'is  ad  salu- 
tem ,  ad  pernicieni  ccrlè  snscipientiiini  ;  quomodô 
recipiunt  spinœ  et  zizania  pluviam  ,  quomodô  qui  di- 
luvii  icmpore  exlra  arcam  fuerunt,  aquam  de  calara 
dis  cœU  venienteni  susceperunt,  pernioicmadquiden), 
non  ad  salulem  :  «  In  laiilùm  Ecclesia  esl  horlus  con- 
t  clususetfons  signalus,  iiiquil  saiiclus  Au;;usliMUS, 
I  lib.  Seont.  Don.,  c.  27  ,  ii»  quantum  est  lilium  in 
«  medio  spinarum,  Canl.  9.,  2,  in  illis  videiicel  juslis , 
«  (pii  inoccultoJuda-i  sunl,circumcisione  cordis  (oni- 
I  nis  enini  puicliriludo  fi!i;e  Régis  inlrinsecùs) ,  in 
(  quibus  est  numerus  certussanclorum  praîdeslinalus 
i  anlc  mundi  constitulionem  :  illa  verô  mulliiudo 
I  spinarum,  si\e  occullis,  sivè  aperlis  separationibus, 
(  foriiisccùs  adjaccl  super  nunierum....  ex  illis  crgo 
«  omnibus,  qui,  ut  ila  dicani,  inlrinsecùs  et  in  occullo 

<  inlùs  sunl,  constat  ille  horlus  com  lusus ,  fons  sig- 
I  natus,  puteus  aqiia;  vivae ,  paradisus  cuni  frucln 
t  pomonnn  :  horum  munera  conccssa  divinilùs,  par- 
j  tini  siint  propria,  siciil  in  hoc  lempore  infiiligaljilis 
«  cbarilas,  el  in  fuluro  seculo  vila  alterna;  partim 
I  verô  cum  malis  perversisque  communia,  siciU  cm- 


DE  SÂCRAMENTIS  IN  GENERE.  1412 

^  «  nia  coîlera,  in  quibus  snnt  et  sacrosancta  mystoria.» 

Itisl.  7"  :  Alqiii  sic  débet  Scriplura  iiitclligi  ,  ut  ne 
fons  quideni  salulis  apud  li:erolicos  et  scbismaiicos 
esse  possil  ;  ergo,  etc. 

Probalnr  subs.  ex  verbis  Ap'isloli  Pelri,  ]  ep.  3 , 
20  :  In  arcù,  inquil,  pauci,  id  est ,  oclo  anhnœ  salvœ 
faclœ  sunt  pcr  cquam  ;  qnod  et  vos  maïc  similis  formœ 
salvos  fdcit  Uaplisma  :  non  carnis  deposilio  sordiuni,  scd 
\  conscientiœ  bonœ  interrogatio  in  Deum,  etc.  Hiiic,  in 
ep.  ad  Pomp.  et  ad  Magti.,  sic  eriirbat  S.  Cyprianus 
arginncnlum. 

Arca  Noe  qux  aqnis  diliivii  innatavit ,  F,celosi;c 
(".luisli  figura  excellerilissima  ftiil  :  iinni  in  ils  pancis 
qui  peratiuam  salvi  faeii  sinit,  Eccb'siam  calholicatn  , 
in  aliis  vcro  quo>  ininidalio  aquarum  ali^-unipsit ,  ox- 
traiieos  onnies,  alqne  adeo  h;ere!i(0s  sclnsmaticosipic 
agnoscinms  ;  alqui  afpia  diinvii  fons  ^aiutis  non  fuit, 
nisi  iis  qui  in  arcâ  concludebantur ,  cù;n  oinnes  extra 
pnsilosininiisericordiler  exlinxeril  :  ei'gn  ila  Scriplura 
inleiligi  débet,  ut  ne  fous  quidein  salulis  apud  li;ere- 
licos  et  scbismaiicos  esse  po>sit. 

Resj».  :  Nego  subs.  :  \û  probalioiiem  ndmido 
aiiclorilalem  ,  et  ad  argiunenlum,  respoiideo  l'relor- 
quendo  :  In  iis  paucis,  qui  per  aquam  salvi  facli  simt, 
non  oinnes  promiscuè  inlelligimus  ,  qui  exteriùs  in 
Ecclesia  calliolicà  esse  videnlur,  sod  eos  solùm  qui 
sunt  inlùs  in  corde  Ecclesiie  ,  id  est  ,  qui  nomen  cbri- 
slianum  moribus  el  vilic  sancliîale  ex;e(iuant  :  i  Ma- 
«  nifeslum  cnim  esl,  inquil  S.  Auguslinus ,  lib.  5 
«  cont.  Don.,  c.  28  ,  id  qnod  dicilur  in  Ecclesia  inlùs 
i  el  foris,  in  corde  non  in  corpore  cogilandum  : 
i  quandoquidem  omnes,  qui  corde  sniil  inlùs  in  arcâ, 
«  unilale  per  eanidem  aquam  salvi  (iunt,  per  (luani 
«  omnes,  qui  corde  snnl  loris,  sive  eliam  cor|»ore 
«  f.iris  sint,  sive  non  sirit,  lanquàni  uiiilalis  adver- 
«  sarii  moriu;  tur  ;  »  alqui,  judice  Cypriano,  licèl  non 
salvi  fiant  per  aquam  ,  qui  cùm  intùs  esse  videan- 
lur,  sanclo  Baplismale  nialè  uluntm",  el  ad  fineni 
vil;c  in  flagitiosis  cl  ponlilis  moribus  pcr;>everanl; 
verè  lamen  liabeul  in  se  foiitcm  salulis,  quo  si  benè 
uli  vellcnt  salvi  certissin)è  fièrent.  Ergo  idem  de  bai- 
relicis  et  scbismalicis  al'firmandum,  quôd  saivarciitiir 
piT  Baptismum  foris  accep'um,  si  intùs  ad  cor  Ec- 
clesiie  ,  eriore  sanato,  reverlerentur.  Ucspondeo  2"; 
Concessà  maj.,disl.min.  Aqua  diluvii  fons  ï^alulis  non 
fuil ,  nisi  iis  qui  in  arcâ  coiicludebanlur,  habita  ra- 
lione  effectùs ,  qura  nimirùm  eos  solùm  à  coininnni 
naufragio  libcravil,  quos  arca  conliimiL,  co^!<;;.:'do  ; 
habilà  ralione  vii  lulis  ,  quasi  per  se  saharc  alios  non 
potuerit,  nego  min.  et  conseq. 

E.  R.  Comparatio  ab  aquis  diluvii  petita  senleiiliam 
calholicam  confirmai,  nedùin  vel  lantillùm  dcbililil  : 
nuin(|uid  enim  ,  (|ua'SO,  alla  aijua  fuil,  qua;  inlùs  in 
arcâ  coiiclusos  salvavil ,  alia  qiue  projeclos  exteriùs 
malè  perdidit?  An  verô  non  poierant  et  allai  preier 
Noe  familiam  libcrari  ,  si  Deo  ita  volenle  arca;  auxi- 
lialricis  copiam  liabuissent?  «  Sicul  ergo,  inquil  ibi- 
I  dem  S.  Auguslinus  ,  non  alia,  scd  eadciu  aqna  el  in 
<  arcà  positos  salvos  lecil ,  et  exlra  arcam  positos  in- 


iiis 


QUiEST.  VII.  DE  MINISTRIS  SACnAMEMORLM. 


i4U 


f  lercmit  :  sîc  non  alio ,  scd  codom  bapiismo  et  boni 
t  calliolici  salvi  fiunljCl  iiiali  calliolici  vcl  lixTclici 
€  perwinl.  > 

Iiisi.  8°  :  xMqiii  irrigari  foule  saintis  ita  est  Ecclcsi;« 
calholicui  siiigulare  ,  iil  cxira  illaiii  iiec  esse  fous 
ille,  nec  proiiidc  ullain  (lueat  liabcre  virlulem  : 
eigo,  elc. 

Piob.  subs.  ex  vcrbis  Aposloli  ad  Epbcsios  ,  qiiarlo 
capilc ,  sie  biquoiilis  :  Obscao  vos  ul  diijiiè  ambulcds 
vocniione  quà  vocati  eslis...  uiium  corpus  et  uuus  sinri- 
ti(s ,  sicut  vocati  estis  in  nnà  spe  voaitionis  vestrœ  ,  nnns 
Doiiiiiius ,  uiiti  fuies  ,  tuium  Daptiuma ,  iiniis  Deus  ,  Pa- 
ter omnium;  bine  sic  dispnlabant. 

Non  alibi  |)Olesl  vcnis  esse  Haplisiuus  et  Ions  sa- 
liiUs,  nisi  iibi  et  lides  uiia,  et  spes  ima ,  cl  Cbri-slus 
uuus  ,  et  Doiiiiiius  uiius  ,  et  deiiique  Ecclesia  una  coii- 
sislil;  ai(|ni  in  bxTCsi  aut  sobisiuale  reperiri  isla  non 
possinl  ;  orgo  ncqne  venis  Baptisnius  :  aiqne  adeù  ir- 
rigari fonte  salulis  ita  est  Ecciesiie  catboIic;e  singii- 
lare  ,  ut  extra  ili.nn  nianare  Ions  ille  non  posait. 

«  Ego  uiuun  Baplisina  in  Ecclesia  soià  scio,  inquie- 
c  bat  in  cûncilio  Carlbaginensi  unus  de  Cypriani  parle 
t  episcopus ,   cl  extra   Ecclcsiani  luiUuiu  ;    bic  erit 

<  ununi ,  nbi  spes  vera  est ,  cl  lîdes  ccrla  ;  sic  enini 
t  scriptuni  est  :  Una  (ides,  una  spes,  ununi  Baplisma  : 
I  non  apud  b:creticos  ubi  spes  nuUa  est,  et  fides 
«  l'a  Isa  ,   nbi   omnia   per  uiendacium    agiintur ,    ubi 

<  cxorcizat  da;nioniacns  ;  Sacraincnlnni  intenogat, 
«  cnjns  os  et  verba  cancer  cuiitlnnt  ;  lidein  dat  inli- 

<  delis ,  veniani  dcliclornni  Iribuit  sceleralus ,  et  in 

<  noniine  Cbristi  lingit  anlicbrislus;  benedicil  à  Deo 

<  nialediclus;  vitani  pollicelur  niortuns  ;  paccni  dat 
«  inipacilicus;   Deuni  invocat  blasphennis;  sai  erdo- 

<  liuui  administrât  piofanus;  ponit  altare  sacrilegus.» 
CïCtil.usii  Billàv.Vide  Couc.  Carib.  n.  i. 

Resp.  :  Ncgo  subs.  Ad  prob.  adniillo  auclorilatem, 
et  ad  argunienluni  inde  dncluni  1°  cun».  S.  Auguslino 
respondeo  retorquendo  :  quidqnid  enim  de  lucreticis 
et  scliismaticis  opponitur,  verè  uticpie  convenii  in  cos 
qui  inlra  Ecclesiam  niali  sunt  :  vcl  (  rgo  dicendum  , 
ces  vernni  non  babere  Baplisma  ;  vel  si  verum  ba- 
bcre  cnm  S.  Cypriano  dicanlur,  nulla  causa  est  cnr 
de  b.'crelieis  et  scliismaticis  boc  negelnr  :  <  Ad  Ikim; 
I  respondeo,  inquit  S.   doctor,    lib.   G    cont.  Don., 

<  e.  8 ,  qnoniam  (juisquis  etiuni  intùs  conlilelur  se 
I  Deum  nôsse,  laclis  antoni  ncgal,  qnales  sunt  avari 
I  et  invidi  ,  el  qui  priipler  IV  iternum  odinm  ,   non 

<  meo,  sed  S.  Joannis  Aposloli  leslimonio,  Joan. 
«  3,  13,  dicuntur  bomicidae  ;  et  spcui  non  babent, 
I  qnia  malam  conscicnliam  gerunl  ;  el  perfidi  sunl, 

<  quia  id  non  agunl  qnod  Deo  voverunt  ;  cl  mcnda- 
«  ces  ,  qnia  falsa  prolilcnlnr  ;  et  d.cmoni:ici ,  quia 
«  diabolo  el  angelis  ejns  in  suo  corde  lornm  pru'- 
i  beul...  et  inlidcles  sunt,  quoiiiam  quod  Deus  lali- 
€  bus  minatnr  irrideul...  tal-es  aulem  nonnnlbis,  iniô 
€  plnrimos  ,  cl  Aposlnbis  Paidiis  el  e|)is(  opns  Cv- 
I  jirianus  cliam  intiis  cssc  tcslanlin-.  Cur  crgo  isti  ba- 

<  plizanl  ?  cur  eliam  quidam  qui  seculo  verbis,  et 
(  non  faclis,  rcnuiitiant ,  ab  bujusniodi  moribus  non 


i  umiaii  baptizantnr,  el  quan.lo  mutanlur,  non  re- 
i  baplizanlur?  > 

2'  Nigo  majorem  :  non  enim  ideo  diclum,  una 
spes,  una  fuies,  Ecclesia  una,  uuum  Baplisma,  quasi 
\  b:cc  intcr  se  ila  coliu-roant ,  ut  non  possil  verum  esse 
Biqtiisma  ,  nisi  nbi  vcra  est  spes,  vera  lides,  el  vera 
Kcclesia,  sed  qnia  t.im  Baptisnius  est  unns  ,  qui  sci- 
liccl  aquà  nalurali  et  vcrbis  à  Cbrislo  [»rrrscriplis 
complcttn-,  (piàm  Ecclesia  una  est,  à  Jcsu  Clirislo 
fnndala ,  qnàm  fides  et  spes  una  est  :  «  Si  non  esset 
t  Baplisma  nnnm  et  verum,  nisi  in  Ecclesia,  inquit 

<  ibid.,  c,  9,  n.  13,  non  uliquc  cssel  in  eis  qui  ab 
«  unilalo  discedunl;  est  antem  in  eis;  nam  id  non 
i  recipiiint  rcdonnics,  non  ob  aliud  ,  nisi  quia  non 
«  amiscrant  recedenies.  » 

Deinde ,  quemadmodimi  ex  Seriplnrà  probalnr, 
fidcm  unani  esse,  spem  unam  ,  el  umnn  Baplisma  , 
l)robaiur  pariler  possc  unum  babere  Baplisma  ,  etiam 
illos  qui  S|)em  iniam ,  nnamquc  fidcm  non  babent  : 
j  Tradilnm  est  ab  Apostolis,  inquil  S.  Doctor,  lib.  5, 
«  cont.  Don.,  e.  26  ,  qiiôd  sil  unus  Deus,  elChrisius 
«  unus,  et  una  spes  et  fides  una  ,  et  una  Ecclesi»  ,  et 
<!  Baplisma  umnn.  Cùni  crgo  ipsis  aposlulornm  tcm- 
9  poribns  inveniamus  fuisse  quosdani  quibusuna  spes 
4  non  eral,  et  unum  Baplisma  erat ,  ex  ipso  fonte  ita 
«  in  nos  ducitur  verilas,  ut  appareat  nobis  sic  lieri 
«  posse  ,  ul  cùm  sil  una  Ecclesia  ,  sicul  spes  una  ,  et 
«  Ba|iiisma  uimm  ,  habeanl  lanien  unum  Baplisma 
«  (|ni  non  babent  unam  Eccbsiam  ;  sicnt  illis  eliani 
«  lemporibus  fieri  potnit,  ul  Baplisma  uimm  habe- 

<  rcnt,  qui  unam  spem  non  babercnt;  qnoniodù  enim 
€  babebanl  unam  spem  cum  sanclis  et  juslis  illi  (jui 
«  dicebant  :  Manduceinus  et  bibamus,  cras  enim  jho- 
€  riemur,  dicentcs  qubd  non  esset  resurrectio  mortuo- 
«  ruml  1  Cur.  15,  32,  el  lamen  in  ipsis  eratit,  qnil)ns 
«  idem  AposloUis  dicil ,  1  Cor.  1,13:  ^'unu|uid  Pan- 
«  lus  pro  vobis  cruci fixas  est,  aut  in  nomine  Pauli  ba- 
f  pliznti  estis  ?  Ad  eos  enim  aperlissimè  scribit  dicens, 
1  c.  15,   12  :  Quomodb  quidam  in  vobis  dicunt,  quia 

<  resurrectio  mortuorum  non  est  ?  î 

Inst.  9°etulliinô.Siverèinba'resi  el  scbismalc  esset 
fons  vilaiis  sacranicnlornm  ,  tum  licilc  ab  lia-reticis  et 
scliismaticis  sacramciila  minislrarentiir  (  ([uid  enim 
mali  ab  eo  fil,  qui  id  quod  boiium  est,  tribuit?), 
tum  ab  iisdem  innoxiè  reciperenlur  ;  alqni  neulrnni 
\i(lclur  posse  cnm  Scriplnriv  anclorilale  Cdnciliari. 

Non  quideni  primum  :  Quemadmodùm  enim  Cboro, 
Datlian  ,  cl  Abiron  ,  qui  sibi  lieenlinm  sacrificandi 
usnrparc  conali  sunl,  non  impuni-  feceruril  quod  illicilè 
ansi  sunl,  elfilii  Aaroii  qui  alicnum  ignem  allari  iinpo- 
sneruiil,in  conspcctu  stalini  Doiniid  indignanlis  extincli 
snnl ,  ila,  iiiquiciiai  S.  Cyprianus,  episl.  75  ad  Jubai., 
tcrribih'  supplicium  manel  bœrelicos ,  qui  contra 
Ecclesiam  gcrcre  pra^snmunl,  qnod  soli  licelEccIesiiii. 

iNe(inc  eliam  sccundum  :  (piibiiscnim  ncc^i'edieere 
perniiiiilnr,  miiliô  minus  lied  in  Sacramentorum 
siisccplione  communieare  ;  alqni  liaTeiicis  ne  ore  qui- 
deni dicere  à  Spiriln  sanrio  coiiccditur  :  Si  quis  venit 
ad  vos,  inquil  S.  Joanncs,  2  Ep.  c.  1  ,v.  10,  et  liane doctri- 


1411 


DE  RE  SACUAMENTAUIA. 


Iniquum  prorsùsest  suffragari  li?erelicis,coniniqiie 
iiisaiiiain  adjuvarc;  alqui  qui  voluiil  in  lucrcsi  et 
Sfhismalc  vcra  esse  Sacranionla  ,  inimiris  Clirisli  et 
EcolosiiXi  pr^sidiuni  offenint,  magna,  scilicel,  iilis  cl 


DE  SACUAMENTIS  IN  GENERE.  UlC 

m,  m  cœlcsii 

eut  I   iiienti;> 

eoriuii  sacranioiita  pi.obari ,  piilabuiit  se  Ecelcsiam 
quo(pic,  et  ca'lera  Ecclcs'uc  mimera  juste  et  légitimé 
possidere,  née  ullam  habebuni  eaiisam  venieiidi  ad 
nos  ;  ergo,  etc.  lia  Cypriamis,  Firmiliaiius ,  cl  alii 
disputabaiil.  —  Uosp.  1°  :  Argnmonltim  ilhnl  contra 
Cypriamim  cjusquc  collegas  inflecll  baiid  incongrue 
poluisse  :  cîim  enim  illi  concédèrent,  vera  à  l'œnora- 
t()iil)us,  snporbis,  invidis,  adnltoiis,  elc.,Sacramcnta 
adniinisliari ,  aectisari  paiiter  potcrant,  qnod  flagilio 
patrocinarcnlnr  et  impietati  applaiidcrcnl ,  camque 
respondendi  \iam  perpetuù  iniit  S.  Auguslinus  ,  ut 
s;iopiùs  observavimus,  nec  ultra  juval  in  posterum 
observare,  ne  Icclori  ta'dium  affeiamus.  Resp.  â°  ; 
Concessà  maj.,  ncgo  min  .  ;  luïrclicis  enim  et  schi- 
smaiicis  nec  magna  et  cœlestia  dona  concedimns, 
cùm  non  corum  dicamus  esse  Sacramenta  ,  sed  Cbri' 
sii  et  Ecclesiye  ,  quœ  injuste  et  illigilimè ,  légitima  licèt 
usurpent  :  nec  illorum  peiTidiam  adjnvamus ,  quiu 
divinilùs  edocli  conlcndimus,  Sacramenta  qux.  inju- 
sliîià  dclinent,  nisi  ad  veritalem  et  onitatem  Ecclesioe 
rediorint,  non  ad  eorum  salutem ,  sed  ad  pcrniciem 
valilura;  non  magis  itaque  hiciclicorum  et  scliisma- 
licorum  imi)ietatem  probamus,  quando  vcra  in  illis 
Sacramenla  agnoscinuis,  quàm  probat  sceins  mililum 
desertorum  ,  (jui  in  illis  signa  impcraloris  agnoscit  ; 
numquid  enim  dicturi  sumus  ba;reticorum  esse  Sa- 
cramenta verbis  evangclicis  conseciala?  Quasi  iiimi' 
rùm  ,  inquil  S.  Auguslinus  lib.  5  conl.  Don.,  cap.  10, 
en  conlunùnure  potuerinl,  mil  proptcrea  sua  facere  qucv 
Dei  sunt,  quia  ipsi  Dei  esse  nolucrunt. 

Insl.  r  probando  min.  :  Qui  baptizanlur,  complont 
sine  dubio  Ecclesi;e  numcrum.  Si  ergo  hicrelicorum 
Baplisma  |  robalnr,  Ecclcsiam  illic  esse  conlirnsatur  ; 
atque  adeô  obfuscatur  cl  quodammodô  aboletur 
christianrcpetrœ  verilas.dùmsic  prodilur  etdescritur 
unilas;  quo  fil  ut  ba'relicis  pejor  sit,  qui  illorum 
Baplisma  probal;  nam  cùm  inde  multi  cognito  errore 
suo  ad  le  veniant,  ut  Ecclesiic  verum  lumen  accipiant, 
tu  vcnienlium  errores  adjnvas,  et  obscurato  hnninc 
ecclesiasticae  verilalis ,  tenebras  bœreiica!  noclis 
accumulas,  lia  Finnilianus.  \ide  ep.  cjus  ad  Cyprian. 
— Resp.  Distinguo  ant.  Qui  bai)lizantur  in  unilaie  et 
veritate  calliolicà  ,  complenl  sine  dubio  Ecclesia;  nu- 
merum  ,  conccdo  ;  qui  loris  in  luvresi ,  vel  scliismale , 
baptizanlur,  subdislinguo  :  si  ex  necessitatc ,  vel  si 
bonâ  fide  ,  autsaliem  sine  malà  fide  ,  lioc  fiai,  com- 
plenl EcclesiLe  numcrum,  conccdo;  secùs,  nego  an- 
tecedens  et  consequcns. 

E.  R.  Vana  lia>cadversariorum  declamatioerat,  ucc 
micam  quidem  liabens  salis  cbristiani  :  in  tantam 
complet  aliquis  Ecclesi;ie  nmnerum  ,  in  quanlfmi  Di'i 
familiœ  aggregalur,  et  in  arcam  intromillilur,  ex  lia 
quam  salus  esse  non  potesi;  liœc  verô  in  Clirisli  fa- 
miliam  cooplalio  per  Sacramenta  non  fit,  nisi  quaie- 
nùs  in  unilale  catbolicâ  et  veritate  susciiiiuntur;  nndc 
consequens  est,  augerc  quidem  Ecclesioe  numcrum, 
1"  Eos  omnes  qui  in  sinu  Ecclesia»  calholicce  bapti- 


iiam  (fidei  )  non  affcrt ,  nolite  recipere  cum  in  domiim ,  |f!  cœleslia  dona  conccdcndo ,  corumque  confirmant  de- 
nec  ave  ei  di.reritis  :  qui  eiiiin  dicil  i  li  ave,  commumcul  \  menti;>m  :  si  enim  viderinl  judicio  et  scnlonlià  noslrà 
operilnis  ejus  vinligms  :  ergo,  etc. 

Resp.  :  Nego  utramque  parlem  majoris. 

1°  Enim  quamvis  légitima  Sacramenla  sinl ,  qusc 
hœretici  et  schismalici ,  rilnm  à  Cbrislo  pra;scriplum 
tenendo,  minislrant,  non  juste  lamen  ,  ncque  légi- 
timé dant,  quia  propler  bairesis  et  scbismalis  crimen 
indigni  sacro  minislerio  lacli  snnt ,  ncipie  possunl 
personam  Ecclesise  gerere;  unde  nec  nos,  in(pnt  S.  Au- 
guslinus ,  lib.  3  conl.  Don.,  c.  18,  lalia  scelera  dici- 
inus  impunita  remanere,  nisi  se  taies  correxerint. 
;  2°  Dempto  necessilatis  aul  bona;  fidei  casu  ,  non  li- 
cel  ab  hxrelicis  et  schismalicis  Sacramenla  recipere  : 
quid  enim  hoc  esset,  nisi  scliisma  ,  vel  lix-resim  ,  cum 
gravi  (idelium  scandalo  approbare?  j  Si  quis,  inquil 
i  S.  Auguslinus,  lib.  1  conl.  Don.,  c.  2,  cùm  possil 
(  in  ipsâ  caiholicâ  accipere  ,  per  alitiuam  mentis  per- 
t  versilalem  eligit  in  scliismale  baplizari ,  cliam^i 
f  postea  vcnire  ad  calbolicam  cogitai ,  (juia  certus 
«  est  ibi  prodesse  Sacramenlum  cpiod  alibi  accipi  qui- 

<  dem  polesl ,  prodesse  antein  non  poicst  ;  procul  du- 

<  bio  perversus  et  iniquus  est,  et  lanlô  perniciosiùs, 
(  quanlô  scientiùs  :  ita  enim  non  dubitat  reclè  illic 
f  accipi  ,  sicul  non  dubitat  illic  prodesse  eliam  quod 
(  alibi  acceperit.  > 

Quôd  si  vel  nécessitas  urgeat,  vel  bona  (ides  excu- 
set ,  jam  tum  dnbium  nulkim  est ,  quin  licite  à  mi- 
iiislris  bujusmodi  Sacramenta  suscipianlur  :  «  Si  quoni 

<  forte  coegeril  exlrema  nécessitas,  ail  ibidem,  ubi 
c  catholicum  per  quem  acci|»iat  non  invenerit,  et  in 

<  animo  pace  caibolicâ  custodilà  ,  per  aiiquem  extra 
t  unitatem  calbolicam  positum  acceperit,  (piod  erat 
«  in  ipsâ  caibolicâ  unitale  acceptnnis  ,  si  blaliin  eliam 
«  de  liàc  vilà  emigraveril ,  )ion  emn  jnisi  calliolicum  | 
c  deputamus.  Si  autem  fuerit  à  corporali  morte  libe- 
f  ralus ,  cùm  se  calbolicic  congregationi  eliam  cor- 
«  porali  pra;senlià  reddidoril ,  unde  nunquàm  corde 
»  discesserat,  non  solùm  non  improbamus  quod  fe- 
€  cit ,  sed  eliam  sccurissimc  verissiinèque  laudamus  : 
t  quia  praesentem  Deum  credidit  cordi  suo ,  ubi  uni- 

<  talcin  servabal;  et  sine  saiicli  Baplismi  Sacramento, 
I  quod  ubicumque  invenit ,  non  liominum ,  sed  Dei 
I  cognovit,  noluitcx  bàc  vilà  migrare.  » 

Nec  quidquam  in  cor.lrarium  probat  adductum  ex 
Joanne  lestimonium ,  quandoquidem  ad  qnœslionem 
Sacramenlorum  omninù  non  pcrlinet  ;  ait  enim  :  Si 
quis  ad  vos  veneril,  et  doctrinam  CInisli  non  habet  ;  in 
hoc  autem  quod  ba^retici  et  schismalici  faciunt,  Sa- 
cramenta rilu  legilimo  consecrai  do,  Cbrisli  doctri- 
nam agnoscinuis;  quia  non  sua  dant  Sacramenta,  sed 
Christ). 

Objectio  m ,  ex  ralione. 


Un 


(jl.EST.  Vil.  DE  MINISTHIS  SACRA.MKNIOui.M. 


1118 


r.anlur.  2°  Infanlcâ  quos  malor  Ecclosia ,  per  iilcriuii  T  lari;  ergn,  cic.  l'iub.  biibs».  Per   Sacriiiiciiluiii  (\nv,(\ 

aiicillaruin  ,  in  Ineiosi  aiil  schisniale ,  veiè  iii  Clirislo  ;    opus  csl  Clirisli ,  lioiiio  Clii isliim  iiidiiil,  cl   actipil 

gênerai;  qui  si  al)  .'loc  scnilo    ncqiiain    oiipianliir  ,  ;    Spiriliiin  ;,aiK(iini  ;  alcpii  (pii  al)  i);L'rcli(;is  Sacranictîta 

anleipiàni  eoriini  animas  inalilia  aut  liilio  luiilarc  po-  ;    nripiiinl,  noo  iiKliiiinl  Chrisliiii),    ncc  Spirilu   saiiclo 

lucrit,  sine  dnbio  ha;reditalem  capiiinl  salulis.  5"  Eos  donanlnr;  ergo  Sacrainunla  qiuc   ab  ba.-ielicis  coiifc- 

omnesqiii,  seu  bonà  lide,  sou  nccessilale  cogcntc  ,  ]'■  riiiilur,  nihil  liabent  qiiod  dici  vaK'al  opus  Cduisli. — 

!ib  ba^rclifis  aut  scbisinalicis  baplizanliir  :  iii   eniui ,  '    Kcsp.  :  Nego  subs.  ad   probalioncm   <li^liiiguo  niaj. 

IVr    Sac  ranioiilnni,    tpiod    (qms   c^l  (Miiii,!!,    bonio 


l'col  loris  corpoialiler  i-ssc  vidoaiilnr.  spiiilii  lanioii 

jiiUis  siinl,  et  voie  ad  nialrcni  lùclesiaai    [leiliiicnl. 

\bsil  verô  à  nobis  ul  de  hxTClicis  el  sclusmalicis  idcn» 

scntiamus,  qui  nediur.  EcclesiLC  numcnim  iinpleaiil , 

ii  ipsi  sunl,  do  quibus  dixit  Joannes  aposlohis,  2  op. 

2,  18:  Atiticliiisti  wulli  (acti  SHiU....  ex  uobis  prodie- 

runl,  sed  non  erunl  ex  nobis  :  nmn  si  fuissent  ex  nobis, 

pennansissenl  ulique  nobiscuni. 

lusl.   2"  :  Quiquid  ab  hicrelicis  fil,  dobet  in  verà 

Cbrisli  Ecclesià  deslrui ,  quia  sacriloguin   est  :  crgo  ] 

cl  ipsa  Sacramonla  ;  unde  (onsetpiens  est,    qtiisquis  \ 

... 
vora  m  lia^rcticis  sacraïuenla  agnoscil,  verani  panier 

in  illis  Ecclesiani  recoguoscere. — Resp.  :  Distinguo  an- 

lecedcns  :  quidquid  ab  biereticis   fil,  opeie  proprio , 

débet  in  verà  Cbrisli  Ecclesià  deslrui ,   quia  sacrile 

gum  ,  concède;  quidquid  lit  ab  lucrelicis,  opère  non 

suo  ,  sed  Cbrisli,  nego  ant.  el  conseq. 

E.    R.   Quando    haerelicus   Baplismuni ,    e.xenipli 

gratià,  aduii  nislrat,  opusejiis  proprium,  ab  Ecclesià 

deslruendum  ,   bicresis  ipsa  est  :  invocatio    sanctis- 

sini*  irinilalis,  opus  est  Cbrisli ,  ubicumipie  repcr- 

lum  fuerit,  approbandum  ;  Sacranienla  enim,   si  ea- 

dem  sunt,  ubique  intégra  sunt,  eliani  si  pravè  iniel- 

ligunlur,  et  discordiosè  Iraclanlin-  :  sicul  Scriplura  j 

ipsius  Evangelii ,  si  eadeni  ipsa  es!,  ubique  intégra  est,  ? 

cliamsi  inuunierabili   t'alsaruni   opinionuni    varietate 

genuinus  ejus  sensus  corrumpalur  :  i  Sacrilegi ,  in-  l 

i  quit  S.  Augusiinus,  lib.  de  Un.  bap.  cont.  Pelil.,c.  j 

«  7  et  10,  qui  in  noniineJesu  Cbrisli  ausi  suni  Ojcrari, 

I  falsuni  opus   propriuni   pordiderunt  ;   boc   onminô  j 

€  veruni  est  :  nuniquid  ideù  lamcn  nomen  ipsiun  .b  su 

f  Cbrisli  sacrileguni  est,  eliani  cùni  per  illum  sacri-  i 

«  legi  aliqiiid  operanlur?  Qiiishoc  audeal  vel  demen-  i 

t  tissiinusdicere?  Quis  jain  islo  tomporo  ,  vel  paganus  : 

i  audeal  aflirniare?...   Qui   dicil  deslruendum   esse  i 

i  Baptisnniin  Cbrisli ,  quando  illo  biereiici  baplizant, 

(  consequens  esl  ut  dicat  neganduni  esse  eliani  ipsuni 

<  Cbristuni ,  quando  cum  daimones  confitenlur;  bine 
«  laudalus  est  Pelrus  cpiando  dixil  Mal,  10,  17  :  Tu 
i  es  Cliristus  l'ilius  Dà   vivi;   expulsi    dremones  boc 

ipsuni  dicenles  Marci  1,  24  :  Scimas  qui  sis,  Sanctus 
:  hei;  ergo  isia  Cunfessio  Petro  frucluosa  ,  d«moni- 
1  bus  perniciosa  ,  in  ulrisquo  lanien  non  falsa ,  sed 
*  vora  ,  non  noganda  ,  sed  agnosconda  ,  non  doles- 
,  landa  ,  sed  approbanda  esl  ;  sic  el  Baplismi  veillas 
s  dalur  à  redis  catliolicis,  laïKpiàm  à  Petro  illa  con- 
».  fessio  ;  datur  à  pervcrsis  luerelicis,  lanqiiàm  à  d;o- 
i  nionibus  eadem  ipsa  confessio   :  illos  adjuvat,  bos 

<  coiidemnat;  in  uliis(pie  lanien  agiioscenda  ,  appro- 
i  banda,  in  neuliis  noganda  ,  violandn.  > 

liist.  ô   :  Alqui  Sacranienla  quLO  ab  barelicis  con- 
lorunlur,  nibil  babcnl  (juod  opus  Cbrisli  valeat  appel- 

IH.  XX. 


Cbristuni  indiiil  et  aoci[:il  Spirilnm  saiicliiiii  ,  ipiaii- 
tiiiu  ad  cbaracleris  inipre-sioiiem  ,  coiiccdo  ;  quanlùm 
ad  remissionein  peccalonmi  el  saiiclificalioiieni  , 
I  subdislingiio  :  si  obicein  diviiio  benelicio  non  oppo- 
nal,  coiicodo  :  secùs,  lugo  majorcm  :  siuiililer  distin- 
guo minorcni,  el  nego  coiiso(|. 

E.  l{.  Tria  nov;e  legis  Sacn.nieiila  duos,  ut  pne- 
divimiis,  liabent  efi<;clus,  gr.  liam  el  cbaiacleiein  : 
isli  porro  efiocîus  Cbrisli  Dei  boniinis,  et  Spiritûs 
s;iiicli  sunt  doua  ;  quisnuii  iiritur  ils  donalur,  Cbri- 
stuni iii(bi(  re  vorè  diciuir,  el  Spiriliun  saiicliiin  acci- 
pere  ;  jani  vero  qui  ab  b;erelicis  et  sciiismalicis 
Sacramonla  evangolico  rilu  su  ciiùunl,  cbaractorem 
doiuinioum ,  voliiil,  noliul,  inlixuni  babcnl,  ul  supe- 
riùs  suo  loco  oslondimus  :  gi  aiiam  vero  ideô  non 
percipiunt,  non  quia  illius  conreiend;o  virtulcin  Sa- 
cranienla in  liseresi  aut  scbisniale  snscopta  non  lia- 
bent, sed  quia  diviiio  bcneficio  obid m  siià  perversi- 
lalc  opiionuiil  ;  ilaque  in  ba'resi  ol  scbisniale  indui 
Cbrisluni  et  accipi  Siiiritum  sancliim,  liabilà  diver- 
soiiini  ralione  eHocluiim  ,  wvc  dicilur  et  vnc  iioga- 
tur  :  s  Induuiit  bomiiies  Ciiri:-îuin ,  inquit  sanctus 
«  Augusiinus  lib.  5  de  Ba|>!.,  cap.  2i,  aliquaiido  us- 
«  que  ad  Sacrainenli  poici  plionem  ,  ali(iiiaiido  et 
«  usqiie  ad  vilai  sanclincalionein  ;  atcp.c  illiid  prinunu 
c  el  bonis  el  inalis  polest  esse  commune  ,  boc  autein 
«  alleruin  propriuni  esl  boiioruin  cl  piorum  ;  qiiapro- 
«  pler  si  lîaplisma  esse  sine  spirilu  non  poLsi,  ba- 
«  bent  el  spiiilum  li;cielici ,  sed  ad  perniciem  ,  non 
€  ad  saluteni ,  sicul  babnit  S.iïil.  > 

liist.  i.  Alqui  qui  ab  li;vrelici.s  Sacrameiila  reci- 
piiiiit,  nullà  ratioiie  Spirilu  sancto  donanlur  :  erg*»,  etc. 
Probalur  subs.  Spirilus  sanctus  in  solà  lù'clciià  ca- 
lliolicà  per  iiiaiiùs  imposilioiiom  dalur  :  ergo,  olc  ;  ita 
S.  Cyprianus  in  Epistolà  ad  Juliaianum.  —  Rosp.  • 
^(■go  subs.  Ad  probalionein  disl.  anl.  S-iiiilus  sa:;- 
clus  in  solà  Ecclesià  caliiolicà  dalur  ,  quanlùni  avi 
doiium  gralia;  sanclificanlis  et  cbarilalis ,  coneedo  ; 
quanlùmad  omiies  ojusdein  Spiiilùs  operaiioncs,  nego 
anl  el  conseq. 

C   R.  Verbis^S.  Anguslini ,  lib  .5  cont.  Don.,  c.  iG  : 

<  Spirilus  Sanclu^,  inquit,  quùd  in  snlà  catholicà,  por 
«  manûs  imposiiionom  dari  dicilur,  iiimirùni  boo  in- 

<  lelligi  majores  no.-.lri  voliiorunl.  (piotl  Aposlolus  ail 
«  Roin.  5,  0  :  Quoniam  cltarilas  Dei  difj'nsu  est  in  coi- 
i  dibus  uosiris  per  Spirilnm  sanclum  qui  dotus  esl  nobis  ; 
«  ipsa  esl  cnini  cliarilas,  qnam  non  babont  (pii  ab 
«  Ecclesife  calbolioa;  coiiiiminiono  pracisi  siiut  :  ac 
«  per  boc,  cliamsi  linguis  liomiiium  et  angoloriim  lo- 
€  quaiilur  ,  si  sciant  omiiia  Sacranienla  et  oiimein 
■  scienliain  ..  nil:il  ois  prodesl  :  non  aniom  babont 


lilO 


DE  RE  SÂCRAMENTÂUIA.  —  DE  SACl\A.MENTIS  IN  GENERE,  1420 


t  Dei  cliaritalcm.qui  Ecclesirc  non  diligiintiHiitatem; 
«  ac  per  hoc,  rcctè  iiilcUigilur  non  accipi,  nisi  in  ca- 
«  tliolioâ,  Spiriius  sanclus  :  nciiue  eniui  tcnipoialibiis 
4  et  scnsibilibus  niiraculis  aUcstanlibus  per  manùs 
«  imposiiionem  modo  datur  Spiriius  sanclus ,  slcut 

<  aiilea  dabalur  ad  commendalioncm  rudis  lidei,  et  | 
«  Ecclesiaî  piimordia  dilalanda...  ;  scd  invisibililcr  et 
t  lalenler  inleHigilur  proplcr  vincuhim  pacis  eoruni 

<  cordibns  divina  cbarilas  inspirari,  ut  possint  diccre  : 
«  Qnoniam  cbarilas  Dei  dilTusa  est  incordibus  noslris 
«  per  Spirilum  sancliini ,  (jui  daUis  est  nobis;' jnnlUe 
«  auleni  suiit  opcraliones  Spiriius  sancli ,  (juas  idem 
i  Aposloliis  cùm  quodani  U>co,  quaniùni  sufficere  ar- 
«  bitralus  est,  comniemoràssel,  1  Cor.  12,  II,  ila 
I  conclusit  :  Omnia  aulem  liœc  operalur  tmus  nique 
a  idem  Spirihis,  diiidens  propria  umcuique,  prout  vull  : 
8  cùm  crgo  sil  aliud  Sacramenluni,  quod  lialjere  etiam 
«  Simon  Magus  polnil  ;  aliud,  operaiio  spiriius,  quse 
«  in  malis  bominibus  eliam  ficri  solet,  sicul  Saùl  ha-  ' 
t  buit  Propheiiam  ;  aliud  ,  operaiio  cjusdem  Spiriius, 

«  quam  nisi  boni  babere  non  possunl ,  sicul  est  finis 
«  prœcepli,  cbarilas  de  corde  puro,  et  conscienlià 
«  bonâ,  et  fide  non  liclà;  quodbbet  ha:relici  et  scbi- 
«  smalici  accipiant,  cbarilas  qu;c  cooperit  niulliludi- 

<  iicm  peccatorum ,  proprium  donum  esl  calbolic* 

«  unitalis  et  pacis proelcr  ip^ani  esse  illa  cliarilas 

d  non  potesl,  sine  quâ  cœlera,  elianisi  agnosci  cl  ap- 
«  probari  possunt,  prodessc  lamen  et  libcrare  non 
«  possunl;  manûsautem  imposilio  non  sicul Raplisnuis 
«  repe'i  non  potesl  :  quid  est  enini  aliud  nisi  oralio 
i  super  honiinem  ?  » 

Inst.  5°  :  Ex  concessis  Spiriius  sancli  quantum  ad 
gvaliam  cl  peccatorum  reinissionem,  in  solà  Ecclesià 
catholicâ  dalur  ;  atqui  ubi  rcmissio  pcccaloruin  non 
fil,  non  potest  verus  esse  Baplismus  :  crgo,  etc.  ;  ila 
S.  Cyprianus  in  Epislolà  ad  Januarimn.  —  Resp.  : 
Concessà  majore ,  nego  niinorem  :  possc  ciiim  verum 
esse  Baptismun),  ubi  peccatorum  rcmissio  non  lit,  in- 
victè  probat  exemplum  eorum  qui  iu  ipsà  catholicâ 
Ecclesià  ad  sanclum  Lavacrum  (icli  acccdunl,  quos 
fatcbalur  sanclus  Cyprianus  verum  Baplisma  sine  pec-  | 
calorum  purgalione  habere  :  Quïd  si  aiiquis  ad  ipsum 
Baptismum  (ictus  accessit ,  inquit  sanclus  Auguslinus 
Donalislas  refulans,  qui  eodem  argunienlo  veritalcm 
calbolicam  impugnabanl,  lib.  1  cont.  Donat.,  c.  12  : 
«  Dimissa  sunt  peccata,  an  non  sunt  dimissa  ?  Eligaut 
«  quod  volunl,  ulrunique  clegerint,  sulficit  nobis  :  si 
«  dimissa  dixerinl ,  quomodô  ergo  Spiriius  sanclus 
*  disciplinée  effugiet  lictum,  Sap.  o,  si  in  islo  liclo  re- 
«  missionem  operaïus  est  peccatorum?  Si  dixerinl 
«  non  esse  dimissa  :  qusero  ,  si  posleà  fictioncm  suani 
«  corde  concusso  et  vero  dolore  fatcretur ,  denuô 
i  baplizandus  jiidicarelur  ?  Quod  si  dementissinium 
«  est  dicere  ,  faleaniurvero  baplismoChristi  baplizari 
«  posse  hominem ,  et  lamen  cor  cjus  in  malitià  vel 
«  sacrilegio  perseverans,  peccalorum  abolitionem  non 
€  smcre  ficri  :  alque  ila  inlelligant  in  communionibus 
«  ab  Ecclesià  scparalis  possc  bomines  baplizari,  ubi 
.«  Chrisli  Baplismus  câdcm  Saeramenli  celebrationc 


«  dalur  et  sumilur  :  qui  lamen  tune  prosU  ad  rcmis- 
d  sioncm  peccatorum,  cùm  quis  roconciliaUis  unilali, 
«  sacrilegio  dissensionis  exuilur,  quo  ejus  peccaia  le- 
€  nebanlur,  et  dimitli  non  sinebanlur  :  sicul  cnim  in 
(  illo  qui  fictus  accesscral ,  fit  ut  non  denuô  bapiize 
«  lur,  scd  ipsà  pià  correctione  et  veraci  confessior.C 
«  purgelur  ,  quod  non  posset  sine  Baplismo  ,  ut 
i  quod  ante  dalum  esl ,  lune  valcre  incipial  ad 
«  salulem ,  cùm  illa  ficiio  veraci  confcssione  reccs- 
i  serit;  sic  eliam  istequi  Baplisma  Chrisii...  in  atiquà 
c  hseresi ,  aul  scbismale,  accepil,iquo  sacrilego  sce- 
i  1ère  peccata  ojus  non  dimittcbaniur,  cùm  se  cor- 
1  rexerit,  et  ad  Ecclesiic  socielalem  unilatenique  ve- 
<  nerit,  non  ilerùm  baplizandus  est;  quia  ipsà  ei 
i  rcconciliatione  ac  pace  prpcslalur,  ut  ad  remissionom 
i  peccalorum  ejus  in  nnilaie  jam  prodesse  incipiat 
«  Sacramenluni,  quod  aeceplum  in  scbismale  prodesse 
«  non  poleral.  d 

Inst.  G"  :  Alqui  Baplismus  acccplus  in  bœresi ,  re- 
deuulibus  ad  Ecclcsiam  prodesse  ad  peccatorum  re- 
niissionem  non  potest  ;  ergo  ,  etc.  Prob.  subs.  Ut 
prodesse  aliqualenùs  ad  peccatorum  abolitionem  va- 
lorel ,  deberet  in  aliquo  suo  effeclu  nianere ,  alqiic 
adeô  deberet  baptizalus  in  hœresi  aut  scbismale  ali- 
quid  accepisse  :  alqui  qui  ab  baîrelicis  vel  scbismali- 
cis  tincli  sunt,  prorsùs  iiihil  acceperunt  :  crgo,  etc. 
Prob.  min.  Nenio  dal  quod  non  babei  ;  qijiiâ  cuim 
polest  dare  aliquid  quod  ipse  non  habeat?  Alqui  con- 
stat niliil  babere  hx'relicos;  nibil  ergo  dare  possunl  : 
ila  S.  Cyprianus  in  epislolà  ad  Jamiariuin,  et  episcopi 
Africani  in  terlio  Carlbaginensi  coHcilio,  n.  65. — 
Resp.  :  Nego  subs.  Ad  prob., concessà  majore,  nego 
min.,  et  ad  ultimum  argumentum,  1°  cuni  S.  Augu- 
slino  resp.  :  Transeat  major ,  et  nego  min.  Si  erqo, 
in(]uil,  1.7,  de  Bapl.  cont.  Don.,  c.  29,  potest  dare  ali- 
quid, qui  aliquid  habet,  manifcstum  est  posse  dare  liœre- 
ticos  Baptismum,  quia  ciim  ab  Ecclesià  recedunt,  liabciil 
lavacri  Sacramentum  quod  ibi  acceperant;  nam  redeuiites 
non  recipiunl ,  quia  non  amiserant  ciim  recesserunl. 
2"  Cuni  eodem  S.  doclore  distinguo  majorcm  ;  ncmo 
dal  de  suo  quod  non  babel ,  concedo  ;  nemo  dal  do 
bonis  allerius  cujus  minisler  est,  quod  ipsc  non  babct, 
nego  maj.  ;  sivc  aliter  :  nemo  dat  quod  non  babct, 
neque  aclu  ,  nequc  virlule  aut  causalilale  ,  concedo  : 
quod  aclu  quidom  non  habet,  sed  habet  lamen  \ii- 
tutc  cl  causalilale,  nego  majorem,  transeat  minor,  et 
nego  const'quentiam. 

E.  R.  Non  ideù  minister  Sacramenlorum  dat  allcri 
veUbaraclerem.  vel  gratiam .  quia  ipse  habet;  quasi 
niniiiùm  parlem  suinal  boni  quod  possidet,  ut  in 
alium  transférai,  quo  niliil  insanius  fingi  itoiest;  scd 
ideù  dat ,  tum  quia  minisler  et  inslrunientum  est 
Clirisli ,  tuin  quia  conficil  Sacramentum  cui  ad  hos 
cH'eclus  pioducendos  virlus  à  Deo  indila  esl  ;  quemad- 
modùm  ilaque  iiiferioribus  corporibus  colorem  sol 
ingcril,  quem  actu  ipse  non  habet ,  sed  solà  causali- 
lale, ut  aiunt  pliilosopbi ,  et  quemadmodùm  homicida 
in  c;illiolicà  Ecclesià  baplizans,  dat  Spirilum  sanclum 
quem  inliis  ijjse  non  gcril,  ut  millies  sanclus  Augusli' 


im 


QU.EST.  VII.  DE  MINISTRIS  SÂCUAMENTOniNf, 


n22 


mis  iiiciilcal,  ita  potest  liicrclicus  cl  scliismalicus  ( 
graliain  et  sanctitalom  roiifcrrc,  |»ari(|iie  causa  clia- 
raclcrein    intigeiet ,  cliamsi   non  Imberol  ,  quia   non 
iniiiistrorum  ,  sed  riacranicntoriim  etlccliis  iii  sunt. 

Inst.  T  :  Alqiii  Baplisniadatuni  in  lixTosi  niiiil  pror- 
sùs  habct  virlutis  ;  crgo,  clc,  Probaïur  subs.  Non 
potot  major  aul  potior  vis  esse  lîaplismi,  quàm  pas- 
sioiiis  pro  Cbrislo  lolornUe,  qua'  lîaptisnins  sanguinis 
appoilalur;  alcpii  ba^relico  nec  Baplisina  public3C  con- 
fessionis  el  sanguinis  proficere  ad  saliitem  potest,quia 
saliis  extra  Ecclesiam  non  est  ;  ergo  miilcù  magis  ei 
ninil  prodeiit,  si  in  lalebrà  et  in  latrcmim  spelimcà 
ndulloi';e  eonligione  a(iu.e  tinclus  fiiorit  ;  alquo  adeô 


I  I  qnit  sanrliis  (loclor,  iib.  i   font.  Donal.,  c.  il,  tt 

<  i(k'ù(pKi'ciiniqiie  i|;siiisE<clesi:e  liabcntur,  extra  Ec- 
i  elcsiam  non  valent  ail  saiulem  ;  sed  aliud  est  non  iia- 

<  bei'O  ,  alind  non  ulililer  habcie  :  ((ui  non  babet,  est 

<  baplizandiis  ut  babeut  :  qui  autcm  non  utililer  lia- 
«  bel,  ut  utililer  babeal,  conigcndut,  ;  nec  ;idij|iera  est 

<  acpia  inliMptisniobaiciicoium  ;(niia  nrci|ii5iHji';itiir:i 
*  quaniDt'usertndidil.malae^t.nccverba  e\an;i(licaiii 
«  quibnslibet  errantibus  leprebendeiida  sunt,  sed  en  or 

<  illorum  in  quo  adultéra  est  anima,  eisi  à  icgitimo 
(  viro  Sacramenli  babcat  ornamentum.  > 

Inst.  8' ,  ullimo.  Qiios  Joannes  biplizaveral,  ile- 
rimi  à  Paubj  sunt  b:iplizali ,  Act.  id,  b,  ergo  mullo 


falendum ,  Baplisma  d;itum  in  bitresi  nibil  prorsùs  i  magis  debeiil  apud  nos,  qiios  bserelici  liiixerint,  legi- 
babcrc  virluiis  :  ita  S.  Cyprianus  in  ejjisiolà  ad  Ju-  j    linmm  et  vcnim  Eccbsiai  Bnptismum  accipere  :  ita 


baianum. 

Resp.  :  Nego  subs.  Ad  probalioiiem,  I'  nogomajo- 
rcm  :  marlyrium  enim  quidqiiid  babi't  virlutis  (1)  ,  à 
cliaritale  babet ,  quaî  bonnnis  est  opus  per  graliam  : 
unde  qui  cbaritatem  non  babet,  sivc  in  ùs  in  Ecclesià, 
sive  foris  in  ba'resi  aut  scliismale ,  fundere  eqiiidim 


S.  Cypriaiius  in  eàdem  ad  Jubaianum  epi  tolà. 
—  Resp.  :  >ego  con^cq.  Baptiama  enim  Joaiinis,  fuit 
Joannis  Raplisma,  non  Clirisli  :  è  contra  vero  Bap- 
tisma  eliam  ab  biereticis ,  verbis  evangelicis  conse- 
cratum,  non  est  ipsorum,  sed  Chrisli  :  baptizari  ergo 
debuit  post  Joamiem,  quia   ab  eo  baplizalis  in  spe 


sanguiiicm  potcst ,  accipere  coronam  n(vii  polesl  :  Si  i    sulùm  remitlebanlur   peceata  ;    baptizari  post  Cbri- 


trudiderv  corpus  meum  ita  ut  ardeam,  iu(iuit  Aposlolus, 
4  Cor.  15,  5,  cliaritatem  milem  non  habuero,  nilnl  milii 
prodest  ;  Baplismus  è  coiilra  vim  omnem  suam  babet 
à  Cbristo,  cujus  est  inslrumentmn  ;  unde  elTeelus  ejus 
non  pendet  ab  liomine  lan(|uàm  à  causa  ;  biiicque 
raanifeslum  est,  potenliorcm  illius  quàm  marlyrii  esse 
virlutem.  2°  Cum  S.  Augusiino  coacedo  lolum  argu- 
mentuui ,  et  nego  uliimum  consequens  ;  perpej'àm 
enim  infertur  ,  ibi  non  esse  virtuleni  effeciùs  |irodu- 
ccndi ,  ubi  elTectus  l'.on  fueril;  quasi  nimirimi  neces- 
sariô causa  desiaat,  ubicumqueejus  imped.lureffecius: 
«  Salutem  extra  Eeclesiafli  non  esi-e ,  quis  negat  ?  in- 

(1)  Auctor  paulô  fidentiùs  affirmât  marlyrium  nihi! 
virltitis  babere,  nisi  ex  cliarilale;  <M)n)muniiis  tnim  et  j 
pn)i);ibiliùs  doct-lur  à  ibeologis  ipsam  cbarilalCMi  à  i 
marlvrio   taiiquàni  à  causa   proceiiere   ix)sse  ,  modo  l 
pneeèsseriiil  dispusiliimes  qu«  ad  Uaplismnm  el  Pœ-  î 
niicntiam   reiiuiruntur.  De  bàc  aulem  qu;esiione  in  | 
traelalu  de  Baplismo  fusiùs  agelur.  Quamobrcm  aliter 
solvenda  est  opposila  dinicultas,  nimirùm  sic  dislin- 
guendo  n)ajoreiu  :  Non  polesl  esse  major  vis  Bapiismi 
quàm  morlis  pro  Obrislo  toleraliC ,  ad  producendum  'i 
elfectum   iilriipie  communom  ;  eoncedo  cum  poliori 
ibeologorum  parle  ;  ad^Hoducendoseffeotus  (|uoscum-  ^ 
que,  nego  majorem.  Enimvero  duplux  est  Bapiismi  ; 
effeclus,  abus  qui  ipsi  communis  est  cum  morte  pro  = 
Cbrislo  tolérai»  ,  nempe  gralia  sandilicans,  el  alius  | 
qui  ipsi  soli  prop;  ius  est ,  vidflicel  cbaracler  (piidam  j 
spirilualis  el  indelebilis.  Falcmiir  cum  plerisque  ibeo- 
logis, q-ioad  priorem  ell'eclum.  non  majorem  esse  vim 
Bapiismi  quàm  morlis  pro  Cluisio  loleral;e,  id  est, 
buiic  eireclum  pi-r  Baplismum  produci  non  pos>>e,  ubi 
per  morlem  pro  Cbiisto  loleraiam  non  j)iuducorelur, 
(|iiia  ulrinque  e;edem  retpiirimliir  disposilioiies  ;  quod 
auli'm  posleriorem  Bapiismi  eircclmn  spécial,  longé 
alilcr  se  rcs  liabel  ;  nam  ,  in^lar  gialia'  gratis  data; 
cliaraclei" ,  ut  anima;   im|)rimaim~,   mdiam  pneviam 
disposilionem   requiiii,   pnttndeqne   BiptiMuus  Inmc 
effectum  in  iis  cireumsianliis  pioducere  polesl ,    in 
quibiis  mors  pro  Cbrislo  tobrata  nullani  viiiulem  lia- 
béret  ;  ergo  nil  mirum  si  Baplisma  in  ba-resi  dal'Uii  j 
vim  aliquam  el  eflicaciam  babeal,  »pi  imvis  umrs  pro  j 
'Ctristdolerata  hxrelico  nibil  omnino  prolicerc  pos 
bit.  (F.dil  ) 


stum  non  débet,  quia  ille  ipse  est,  de  quo  dictum  à 
Joanne,  .Mattb.  5,  ii  :  Ecce  Agnus  Dei,  eccequi  toUit 
peceata  niuiidi...  v  Dominus  Jésus  Cbristus,  €  inquit 
S.  Augustinus,  Iib.  5,  conl.  Donat.,  cap.  9,  <  tali  Bap 

<  lismo  mundal  fclcclesiam  ,  quo  accepte  nulluni  aU 
i  terum    reqiiiralur  ;    Joanues    autem  tali  Baptismo 

<  praetingebal ,  <|uo   accepto  esset  Baplisma   eiiani 

<  dominicnm  necessariuni  :  non  ut  illud  repelalur, 
t  sed  ut  eis  qui  Biptisnuuii  Joannis  acceperanl,  eliaiii 
«  Cbristi  Baplismus,  cui  viam  pru'parabat  ille,  irade- 
a  reiur  :  si  enim  Cbristi  bumilitas  commendanda  non 
«  esset,  nec  baptismo  Joannis  opus  esset;  rursùm  si 
1  in  Joanne  buis  esset,  post  Joannis  Baplisma  Ciiri- 
c  sti  Baptismale  0j)us  non  esset  ;  sed  quia  finis  legis 
«  ClMi>lus  ad  jusliliam  omni  credenti ,  ab  illo  de- 
î  monsiratum  est  ad  quem  pcrgeretui-;  ad  bunc  cùni 
«  perv4întujii  fuerit,  pcrraanclur.  » 

§  i.  Proponuntur  et  resolviuitnr   (luwdain  necessariœ 
quccsliones. 

Arbilror  abundè  salis  esse  discussas  excussasque 
vcrisimiles  raliones,  quibus  vel  Cyprianus  ipse ,  vcl 
(lui  ei  in  Africà  et  in  Oriente  consensernnt ,  commoli 
sunt ,  ut  boc  esse  faciendum  pularenl ,  Quod,  intpiit 
S.  Augustinus,  Iib.  ode  Baptismo  coi»l.  Don.,  cap.  -J, 
et  consuctudoKcclcsiœ  prisliiuinon  liabcbat,  el  posteu  cit- 
Ihoticus  orbis  terrarum  lobustissiinà  finnilale  conseiisionis 
cxclu6>' ;  superest  ad  coronidem  ,  ut  quicdam  diibia 
diluamuo,  indivulsè  cmn  pnesenli  quiestione  con- 
juncla  ;  ilaquc 

Quieritur  i\  utrùm  ad  (idem  perlineret ,  de  Ba- 
pii>mo  iKcrelicorum  non  ilerando  sciitenlia.  —  llesp. 
affirmative  :  .\d  fidem  enim  nunc  temporis  pcrlincl  , 
ila  ut  sine  iiicresi  negari  non  possit  ;  ergo  parilei 
Cypriani  lelale  in  veriiatibus  divinis  conlinebaliir  : 
(piidquid  enim  fidui  esse  probaïur  boc  ipso  oslendilur 
lidei  scmper  fuisse  :  quiaEcelcsia;  rcvelaliones  n>>va) 
non  buni ,  sed  tbesaurum    doclrina:  anu  à   Cbrièlij 


im  DE  RE  SACRAMENTAlilA.  — 

(lolala   est ,    tain   antiqamn  liabet  ,    quàm    anliqua  » 
ipsa  est.  j 

At  inquies  :  seculo  loiiio  nondùin  sentenlia  hoec  i 
defiiiila  erat;  nondùin  eiiim  liabiimii  crai  picnariiim  i 
conciliiini ,  ciijiis  concordissiiiià  aiiclorilalc  liujus  ; 
qua;slioiiis  obsciiritas  postmodiun  cliquala  esl  ;  crgo 
00  leniporc  ad  lidcin  non  perliiicbat.  —  Resp.  :  Ccn- 
cesso  anlecedciile ,  nego  conseq.  ;  nain  aliiid  divina 
revolatio,  aliiid  Ecdos'uc  doliiiitio  esl;  nec  idcô  ali- 
quid  ad  fidcni  speclare  piUandinn  esl,  quia  fiiil  ab 
Ecclesià  novo  dcerolo  sanciUiin  ;  sed  vice  versa  ideù 
débet  dici  definitiim,  quia  infallibiU  judicio  aguovit 
Ecclesià,  in  divinis  et  anliquis  revelationibiis  conli- 
îicri  :  alioquin  enini  nularet  lides  noslra,  si  nova  pro- 
i)an  possel  :  neqiie  jam  deberet  Dei  ,  qui  iclcriius 
est,  sed  lîdes  leniporum  appellari.  Queniadniodùni 
ilaque  anlequàm  Arius  nalus  essel,  ad  (idem  Verbi  , 
divinilas  et  consubslanlialitas  perlinebat,  etsi  nuUuui 
eà  de  re  babilum  forel  Ecclesiie  uiiiversaie  judi- 
cium,  (|uia  pra^ipunin  boc  capiU  Rcligionis  in  Scii- 
ptiirà  et  Iraditione  aperlèconlinebalur,  ilàantequàui 
Cyprianus  ciini  suis  coUegis  de  Baplisnio  baereticorum 
contenderei,  fidei  erat  non  debere  redeunles  ab  h*- 
rcsi  et  schismaie  baplizari ,  ([iiia  biec  erat  doclrina 
C.hristi  per  aposlolicam  Iradilionem  accepta.  (1) 

(1)  Ad  hoc  quaesiliim,  ulnini  ad  lidem  periineret, 
de  Baplisnio  hœrelicorum  non  ilerando  senlenlia  , 
respoiidet  auctor  ariirmalivè,  Quia,  inquil,  Ecclcsiœ 
revclatioucs  iiovœ  non  fiunt,  sed  llies(iurnm  doclnnœ 
(juo  à  Cliristo  dotatu  est,  Imn  anlujunm  Imbet,  (juàm  an- 
liijua  ipsa  esl.  Addit  ([uùd  non  idcb  (dUjnid  ad  fideni 
speclare  pulamium  esl,  qnia  fuit  ab  Ecclesià  novo  de- 
crelo  sanciltun  ;  sed  vice  versa,  ideb  débet  dici  defini- 
iHin,  quia  iiifallibili  judicio  agnovit  Ecclesià  in  divi)iis 
et  anliquis  revelationibus  conlincri  :  aliocpiin  eniai  nu- 
laret lides  noslra,  si  nova  proi)ari  possel  :  neque  jam 
deberet  Dei,  qui  a'iernus  est,  sed  lides  teniporuni  ap- 
pellari. 

Verùm,  pace  dixerim  auctoris,  hœc  onuiia  confu- 
sione  plena,  nec  laisilale  vacua  inibi  proisùs  videnlur. 
Nanupie,  ad  ariiculuni  fidei  couslitucnduni,  duplex 
:il)s<)lulè  coiidilio  rei|uirilur.  Prima  esl  revelalio  di- 
vina. Secunda,  delinilio  Ecclesiie,  sen  judiciuni  (|uo 
Ecclesià  déclarai  boc  vel  illud  dognia  esse  revclatuni 
à  Deo,  ipsuni  iue  cuiiclis  lidclibus  velut  puncluni  lidei 
credeuduni  proponil.  Jam  verô  si  revelalio  sola  non 
salis  sil  ad  arliciduni  lidei  consliluendum,  1"  malè 
concbidil  auclor  senlcutiam  de  Baplismo  liaîrelico- 
luui  non  ilerando  iierlineie  ad  lidem,  quia  revelala 
esl,  siquideiM  refpiiriuir  insuper  ut  hx'c  revelalio  per 
Ecclesiani  declaraia  fueril,  alque  lidelibus  lanquàm 
lidei  puncluni  proposila  ;  unde  illud  S.  Aug.  lib, 
contra  cpislolain  liiiidaiiienti  cap.  o,  toties  decanla- 
luin  :  EvanqeHo  non  credereni,  nisi  me  calhoHcœ  Eccle- 
siœ  commoveret  auctoritas.  Numquid  evangelium  non 
<'St  Verbuiii  Dei  revelalum  eliam  anlc  declaralionem 
Ecclesià:!  ? 

2°  Confundit  auclor  revelationes,  earu.nque  the- 
saurum  cum  delinilionibus  Ecclesià^.  Non  flunl  qiii- 
dem  iiov;c  revelaiioiies,  neque  revclalionuni  lîie- 
tauri  novi,  sed  (iiint  \\o\x.  deliniliones  Ecclesiie. 

")"  AUuciuatur  auclor  quando  dicil,  'ion  ideb  aliquid 
ad  fuiem  speclare  pulandum  est,  quia  fuit  ab  Ecclesià 
novo  decrelo  sunciUiin.  Ihec  proposilio  l'alsa  est,  quo- 
iiiain  decreluin  Ecclesice  reverà  facit  ul  dogma  sau- 
ciluin  el  declaraluin  laiiquàin  lidei  puncluni,  de  facto 
perlineal  ad  fidem,  lonnaliler  scilicet. 

4"  Ludil  auclor  et  propositionem  identicani  profert 


i)Ë  SACRAMEXTIS  LN  GENERE.  Î424 

Qivêres2"  utrùin  quieslloiiem  banc  ad  fidem  per- 

tinere,  reverà  C-ypriaiuis  cum   suis   collegis  pulavc- 

addcns  posl  vcrba  l'clala  :  Sed  vice  versa,  ideb  débet 
dici  defniiUDn,  (juia  infallibiU  judicio  aquovil  Ecclesià, 
in  divinis  el  anticjuis  revcldlioiiibus  conlincri  ;  idem 
ipiippe  est  ae  si  dicerel,  aliquid  esse  definitmn  quia  est 
defuiiluni  ;  siijuidem  Eeclesiain  delinire,  vel  ini'al.ibilL 
judicio  agnoscere  ali(piid  in  divinisel  anliquis  reve- 
laliunibus  conlineri,  idem  el  uiiuin  suiil.  liane  ergo 
ul  vilarel  alluciiiationeni  auclor,  debuisscl  dicere  non 
idcb  aliquid  ad  fidem  speclare  pulandum  esl,  quia  fuit 
ab  Ecclesià  novo  decrelo  sanciiutn,  sed  quia  in  divinis  et 
anliquis  revelalionibus  continelur.  Veriiin  boc  dicendo, 
purum  pulumque  prolulissel  niendaciuni  ;  nainquc 
cerlù  cerliiis  est  ad  dogma  lidei  duo  dislriclè  el  ajqua- 
liler  concurrerc  ;  scilicet,  rcvelationcin  divinain,  et 
Ecclesiye  deiinilionem,  seu  solemnem  declaralionem 
quà  lestalur  se  taie  doguia  agnoscere  in  revelalionc 
divinâ,  ipsumque  ut  sic  lidelibus  crcdcndinn  pro- 
ponil. 

5°  Ex  co  quôd  necessaria  sil  Ecclesià;  defiiiilio  ad 
consliluendum  lidei  arliculum,  bine  minime  sequilur 
nutare  lidem  nostram,  aut  lidem  temponini,  non  Dei, 
debere  appellari.  Non  nulat  lides  noslra  ;  nitilur  eiiim 
inlallibili  delinilione  Ecclesiu',  <pi;e  est  columna  veri- 
lalis  iiiconcussa.  Eides  noslra  non  est  quoque,  nec 
débet  appellari  lides  tempormn,  sed  Dei,  quia  lïinda- 
tur  in  revelalionc  divinà.  Quod  ni  probe  inlelligas, 
amice  leclor,  distinguas  velim  arliculum  lidei  niale- 
rialcm,  seu  objeclivum,  et  formaleni.  Arliculus  lidei 
nialerialis,  seu  objeclivns,  esl  ipsummet  dogma  cnn- 
tenliim  in  divinis  revelationibus,  sive  thesauro  do- 
cliiiKO  quem  Cbrislus  siueconcredidil  Ecclesià.-.  Arli- 
culus lidei  l'ormalis,  est  idem  dogma,  prout  esl  ab 
Ecclesià  delinilum,  sive  in  ([uanluin  Écelesia  decla- 
ravit  illud  esse  conlenluin  in  ibesauro  docliina;  sibi 
concredilo,  debereque  à  lidelibus  velnl  lidei  puuctuin 
leneri  conslanlissimè.  Vides  iiunc  (piùd  sola  EcclesiLC 
defniilio  dici  possit  delinilio  Iciiipoium,  quandoqui- 
deiii  in  decursu  temporum  proferlur,  non  aulem  lides 
noslra  objectivé  speclala,  quia  objeclum  lidei  noslrae, 
sive  arliculus  revelalus,  làm  anliquus  est  quàm  sit 
aiiii(pius  tbesaurus  conlincns  omnes  arliculos  ré- 
véla los. 

G"  In  senlcnlià  aucLoris,  et  praiter  ipsius  inlenlio- 
nem,  nulat  omninô  fuies  noslra  ;  quod  sic  evinco. 
Jiixla  auclorem,  error  rebaplizaiionis  pertine'oal  ad 
lidem,  in  meule  S.  Cypriani  el  ejus  collcgarum  ,  làm 
AIncx',  quàm  Orientis  Episcoporum;  ergo  ex  duobus 
unuui  :  aul  verilas  contraria  non  erat  conlenia  in  llie- 
sauro  doclrina;  per  Clirislum  Ecclesià;  su;c  sponsai 
concredilo,  aut  si  erat  in  co  conlenia,  banc  non  vi- 
debant  pncsules  sanclissinii  a;què  ac  doclissimi  quàm 
jilures.  Nec  dicil  auclor,  nec  dici  pnlcst  quod  verilas 
contraria  errori  rebaplizaiionis,  non  l'ueril  conlenia 
in  ibesauro  doclrina;  per  Clirislum  Ecclesiic  concre- 
dilo, aliàs,  Ecclesià  banc  verilatem  neque  delinisset 
uiiquàm,  neque  delinire  potuisset.  Restât  ergo  quôd 
eadein  verilas,  non  modo  non  deprehensa  l'ueril  in 
ibesauro  docliiiKc,  veiùin  etiam  quod  error  oppositus 
buic  verilali  ,  deprebensus  fueril  lanquàm  ipsamet 
verilas,  à  (lypriano,  Firmiliano,  eorumque  collegis. 
Jam  die,  amabo,  qiialis  est  ille  suflicieiis  doclrinœ 
tbesaurus,  in  quo,  ex  pluribus  sanclissimis  el  ocula- 
tissimis  l<>clesiie  pricsulibus,  alii  lanquàm  fidei  veri- 
lalem,  alii  velut  errorem  conlra  lidem,  conspiciunt 
idem  prorsùs  dogma  de  quo  inler  se  digladianlur  ? 
Ergo  in  senlenlia  auctoris,  el  pra'ler  ipsius  intentio- 
neni,  nulal,  imô  rnil  undelii)èt  lides  noslra. 

(7'  Igilur  auctor  ad  pioposilam  quieslionem  respon- 
dere  debuisset  :  Sentenlia  de  Baplismo  barelicorum 
non  ilerando,  non  perlinebat  ad  fidem  lonnaliler,  sed 
lanlùm  malerialiler  et  objective.  Ratio  palet  ex  di- 
clis  ;  et  forsilan  auclor  aliter  noo  iicnlit,  licèt  minus 
ledè  sit  loculus.  Edit.) 


iilo  QU/EST.  VII.  I»r:  MIMSI 

ril.  —  Resp.  Afllrnialivi'  (I),  (iuiili|uid  in  conlrariiim 
Nalalis  Alexandor  in  llisl.  sec.  5,  diss.  12,  ail.  -i,  cl 
plerique  alii  scnliant,  qiios  in  liàc  parle  cum  bonà 
ipsonun  pace  tlcsciinnis  :  nain  qiiôtl  non  de  nicnc  di- 
sciplinée aut  a*coiioinia^  qiue^lionc,  sed  de  pi;ecipuo 
qiiodam  fulei  capile  ajji  crcdercnt,  manifesliim  faciunt. 
1°  Enconiia  quibtis  siiain  de  lucrelicis  rebaplizan- 
l'.is  opinionem  adornanl  :  illam  cnim  passim  appcllaiit 
veiilalcm  et  firm'italem  calhol'icœ recjulœ;  verilalem  fiilci; 
veritalis  cl  fulci  unani))iil(item  ;  scntenliain  rel'ujiosam, 
IcdUtmani,  salularcm,  fidci  et  Ecctcsiœ  congruentem ; 
dhinam  dispositionem  zelo  fidei  propiignandam,  de. 
Ilinc  Cyprianus  in  epislolà  ad  S.  Stcpiianum,  post- 
qiiàni  senlenliain  suam  oiniii  qiio  potnit  robore  argii- 
mcntoriiin  adslruxit  :  «  lliic,  iiiquit,  ad  conscientiam 
t  liiani,  IValer  cliarissinie,  et  pro  bonore  commun!, 

<  elpro  simplicidilectioiicpertuliinus,  credenles  eiiain 

<  tibi,  pio  religionis  tuie  et  fidei  Yerilale,placere,  qusc 

<  el  religiosa  pariter  et  vera  suiit.  > 

2°  Con vicia,  gravesqiie  censurai  quibus  doctrinam 
catbolicam  onerant:  aiunl  enim  sentenliam  de  non 
rebaptizaudis  b;erelicis  esse  liumanœ  coul-'Htionis  erro- 
rem,  evangelicœ  auctoritati  alqiie  apostolicœ  Iradhioni 
coiUraiium;  crrorem  magnum  et  vetercm,  cœcitatis, 
ujnoran'dœ  cl  superbiœ  plénum  ;  bine  contra  sanctissi- 
mura  Rom3c  anliilitem,  et  contra  onines  penè  catbo- 
îici  orbis  episcopos  impotcntiùs  invchuntur,  cosqiie 
velul  l'idci,  vcri!alis,  el  Ecclesiœ  proditores,  liœresum 
asserlorcs  et  v'tudices,  blasplicmanlium  liœrelicorum  pa- 
tronos,  su/fragcdores,  parlicipes,  in  suis  ubique  scriptis 
infaniaiil,  cl  dente  cruen'o  dilacerant.  Yide  Ep.  Cypr. 
et  Firmil.  Coiic.  5  Cari.  Pulabant  ergo  se  non  de  re 
parvi  moinenti  mcràiiue  disciplina,  sed  de  prsccipuà 
quàdam  lidei  tpiaîslione  conteiidere. 

û°ldips!i!n  cvincuiil  priiicipia  undc  siiam  seiilen- 


(I)  Certè  non  putaliat  S.  doclor  qiuïstioiicm  banc 
ad  fideni  formaliter  psrliiicre,  siipiidein  absquii  ter- 
giversalioiie  proiuintiabat,  unicuitjuc  libermn  esse 
cani,  quie  sibi  magis  placerct,  opiîiionon)  sequi;  sed 
ciim  aiiclore  cxistimaïaus  eiini  credidisse  qua'Stioneni 
ad  fidein  objective  et  niatcrialiler  siiniplain  i  ertinere, 
id  csl,  in  icvelalionis  deposilo  coiitinori,  iicèt  nulla 
adbnc  Ecclesia;  dcfuiitio  exislerel.  Vix  eniin  en  di 
polest  viniin  tam  aciiti  cl  pcrspicacis  ingeiiii  non  in- 
tellexisse  ibi  agi,  non  de  merà  diîcijdinà,  sed  de  do- 
clrinà  ex  quà  sains  ietenia  penderct.  Nain  nibil  iii- 
tcllcctu  faciii.is  esse  poierat;  siciil  eninilidei  doclrina 
est  Baplismiim  esse  ad  salulcin  necessaiiiiiii,  ila  el 
ob  eanidcin  ralioiicm,  naplisnnim  imalidiun  isibil  ad  [ 
saliilem  prolicere  :  porrù  si  vera  fiiisscl  S.  Cy|)riaiii  opi- 
nio,  Baplisina  hicri  liconiin  fiiissel  invalitiimi  ;  ergo  do- 
clriîiain  de  validitale  IJaplisiiii  b;erelicoriiin,  de  (juàdi- 
spi!lab;iliir,  lid  (idcin  pcrlii:ere  pcrspicmiin  cral.  igilur  !i- 
berlas,  qnain  iinicniqiie  pcniiissam  pnlalial  S.  doclor 
iilrandibcl  (ipinionoin  anipleclciidi,  i.liniiin'ini  di^^rre- 
pabat  à  bberlate  qii;e  in  fiiiaslionibus  de  muià  disci- 
plina plerîiniquc  rtliiKiiiiUir;  nani  (pia^slio  de  disci- 
[>!inà  est  libéra  ex  ipsà  ici  iialniâ  ;  bic  aiileni  liber- 
las,  ex  circnnisiiiiiliis  ta:;liini,  id  est,  ex  solà  peiidebal 
(;b.;eiiritale  (Hia-^tioiiië.  Allaiiien  ciiin  plcriiiue  llieo- 
Idgi  iiobiscnni  non  Sf-nliaiil,  vide,  si  InbiM,  Turae- 
iiiim  conlrariani  senlenliain  dcfciideileni,  qiia'Sl,  7, 
iil.  2,  Vide  eliain  Dillnail,  di.-s.  -5,  digies.  liisl., 
s.(l.  I,  cl  Collet,  cap.  2,  ail.  J,  secl.  2,  piiiiel.  2, 
COlirl.  4.  (ÎjJil.) 


I.iS  SACRAMEiNTORUM.  1426 

liam,  falsô  Iicèt  cl  inconsidcralè,  eruebant:  ideù  eniiii 
pro  cerlo  luabebanl  debere  rcdeunles  ab  byeresi  cl 
scbismale  baplizari,  quia  tam  Baplisma  unum  esl  in 
solà  calbolicà  Eeclcsià  constiluliiin,  qnàin  Deiis  Palei' 
uiuis  est,  quiuii  esl  uinis  Filins,  uiius  Spirilus  sanclus, 
el  una  Ecclcsia  à  Chrislo  Domino  super  Pelrum  ori- 
gine nnitatis  cl  ratiuric  fundala;  hicc,  inquani,  sic 
conicndebant  esse  conjuncla,  ut  si  seniel  bxrelico- 
rnin  Baplisina  adiniltcrcltir  ,  iiecessario  oiniiia  ruè- 
rent fund!;ùs(iue  cverlerentiir  ;  è  coi;lra  vorù  si  reli- 
qua  lenerenlur,  necessariù  dcberet  lisereticorum  Ba- 
plisma repudiari  ;  biiicsummâ  confidcnlià  affirniabant 
Ecclesiam  si  una  esl,  esse  Haptismu  extra  iltam  non 
passe....  ;  idem  esse  Baplisma  liwreticorum  probare,  ac 
aliquetn  in  Ecclesiam  sine  Baptismo  admitterc....  tam 
ccrtum  esse  qubd  debeant  redenntes  ab  hœresi  baplizari, 
quàm  certum  esl  oraculum  Ctirisli,  «  nisi  guis  renalus 
a  fiieril  ex  aquà,  >  etc.  Itemque  hoc  allerum  :  t  lie, 
î  doccte  génies  omnes,  baptizanles  cas  in  nominc  Palris, 
i  et  Eilii  et  Spirilus  sancti ;  s  ba;c  enim  et  similia 
sœpissiinè  in  Cypriani  Utleris  effala  occurrnnt.  Jain 
sic  subsumo: 

Alqui  nnam  esse  Ecclesiam  calbolicam,  unum  Deuin 
Palrem,  Filiuin  unum,  unuiu  Spirilum,  unum  denique 
Bai)lisma,  procul  dubio  velul  primaria  fidei  capila 
propngnabant  :  pariter  ergo  exlra  Ecclesiam  veruin 
baplisina  esse  non  posse,  dogma  esse  pulabant,  non 
disciplina},   sed  fidei. 

i"  Seiilentiam  aliquam  idem  esl  credere  ad  fidem 
catholicam  perllnere,  ac  credere  esse  diviniiùs  reve- 
lalam;  alqui  non  esse  sine  baptismo  suscipiendos  bse- 
relicos  cl  scliismaticos,  inspiranle  Dco,  revelalum 
S.  Cyprianus  cum  suis  pulabat:  ^  Frustra,  inquicbal 

<  in  epislolà  ad  Jubaianum,  quidam  qui  ralione  vin- 
1  cuiilur,  consneludiiiem  nobis  opponunl,  quasi  con- 

<  suetudo  major  sit  veritate,  aul  non  id  sil  in  spiri- 
(  tualibus  sequendum,  quod  in  mclius  fuerit  à  sanclo 
t  Spirilu  revelalum  ;  ignosci  enim  polest  simpliciter 
€  erranti...;  post  inspiralioncm  verù  el  rcvelationem 
«  n\ctam,  qui  in  eo  quod  erraverat,  persévérai  pui- 
t  dens  cl  sciens,  sine  venià  ignoranti;e  peccal;  prac- 

<  sumptione  enim  atqiie  o!)slinalione  quàdam  iiitiltn-. 
f  cùm  ralione  siiperetur;  >  cui  par  fuit  cujusdam  in 
concilio  Carlliaginiensi  scntenlia  :  Qui  contempla  ve- 
ritate, inquicbal  Caslus  à  Siccà,  prœsumil  consiietudi- 
nem  sequi,  aut  circa  fralres  invidus  est  cl  malignus, 
quibus  verilas  revelalur,  aul  circa  Deum  iiigratus  est, 
cujus  inspiralione  Ecclcsia  ejus  instruitur;  ergo,  elc. 

o'Deminn,  non  esse  posl  li;vielicos  et  scbismali- 
cos  baptizanduin,  velul  dogma  fidei  aposlolicà  iradi- 
lione  accepliim,  sanclus  Slcpbanus  cum  Occideiile  <  t 
Orienle  penè  univcrso  assercbal;  id  quod  ,  opiroi', 
sapiens  iiemo  negaveiil:  Si  quis  à  qnàcumque  hœ- 
resi i'c'Hfj/7,  inquicbal,  ;j/7//7  innovelnr  nisi  quod  Ira- 
ditum  esl,  elc.  ;  ergo  sensu  plané  contrario  Cyprianus 
el  alii  iteraiidiim  esse  Baplisma,  velul  regulam  fidei 
defendebant  :  nam  i\bi  de  unà  càdeiiiqiie  re  duo  plu- 
resve  co:.leiidunl,  nisi  dicaintis  clausis  oculis  Anda- 
balanun  more  ccrlaio,  el  ne  slaliiin  quidem  litis  in- 


1427 


DE  RE  SÂCRAME:^TAÏIIA.  —  DE  SaCUAMENTIS  IN  GENERE.  1428 


telliî^crc,  pi'orsiis  ucccssariiun    est,  ul  v'ani  «^onlra- 

liaii)  iiicanl.  i(a  ul  idqiiod  iiôgatuiius,  aller  aflinnel. 

Objectio. 

Opponilur  in  contrariuin  :  S.  Cyprianus  in  ipso  hii- 
jus  gravissimœ  dispulatioiiis  a^slii  libcnun  nniciii(|uc 
sinehat,  quoil  vellet  seiiliie  vel  agoie,  ariirnianlcin 
scilicet,  aiit  noganlcm,  parlem  lencre:  «  Ca;leriini, 
«  iiiquit  in  epislolâ  synodicâ  ad  summum  ponlilicem 
«  Slephaïuim,  scimus  quosdam  quod  scmcl  iud)il)e- 
«  riiil,  nulle  dcponere,  nec  proposilum  suum  facile 
«  nnilare,  sed  salvo  inler  collegas  pa(;i.s  et  concordia; 
1  viiicnlo,  qu;icdam  propria,  quse  apud  se  semel  snnl 
«  usurpata  retincre  ;  qiià  in  re  necnos  vim  ciiiquam  faci- 
I  mus  aullegem  damus,  cùm  habeal  in  Ecclcsiœadmini- 
«  stralioiie  volunlalis  su:fi  arbilrium  libcrum  unus- 
<i  quisque  pra^positiis,  ralioncm  aclûs  siii  D;)niiiio  red- 
«  dilurus;  »  crgo  putabat  quavstionem  de  merà  disci- 
plina esse  ;  nam  in  bis  qiuie  fidei  calliolic;^  sunl,  non 
habcl  locum  lanla  libertas. 

Resp.:  Concesso  antecedciile,  ncga  conscqucnliam  ; 
non  enim  ideô  unicuiiibet  liborlalein  banc  concede- 
bat,  quôd  exislimaret  vel  dubiam  esse,  quam  pulabat 
calliolicam  verilateni,  vel  à  dogmalibus  fidei  alienam  : 
sed  mm  quia  legem  nemini  pr.rfumebat  bnniillimus 
doclur  prœscribere  ,  tum  quia  volcbat  scrvare  cum 
omnibus  unitalem,  cnjns  pr.iecidondœ  ncc  jnsla  un-  | 
quàm  nécessitas ,  nec  causa  légitima  est  :  sic  respon 
dei  S.  Angustinus,  tum  alibi  s:rpc,  luni  nominaiim,  | 
libro  5   de  Raptismo  contra    Donalistas,    capile  17,  | 
nbi  h;rc  Cypriani  ad  Jubaianum  vcrba  cxpendens  :  1 
«  Ua'C  tibi  breviter  pro  nostrà  mediocritalc  rescripsi- 


iia'C  UUl  ureviicr  pri»  itubira  iiicuiuLiiicutj  njsviipoi-   :    .p."v ^...p..    ^ ,_ 

mus  ,  frater  charissinie ,  nemini  prœscribentes  aut  l  paralus  est  ab  Ecclesià  corrigi. 


«  pra^judicantes,   qnominùs   unusqtiisque    opiscopo- 


(1  in  co  robur  virtulis  eminuit,  cnm  ista  qua'Slio  non- 
«  dnm  discussa  nnlarel,  (piùd  ailler  sentions  qiiiun 
«  mulli  coIleg;ïï,  tantam  modcralionom  oblinuit ,  ut 
d  Eedesiio  Dei  sanclam  socielaleni  nullà  scbisnialis 
«  labc  Iru-icarct,  quàm  si  onmia  non  solinn  veraeitor, 
Il  sed  t'iiam  pariler  sine  istâ  virUile  scnlircl.  » 

Restai  ul  ad  uilin)am  argunienli  pariiMu  respondea- 
mus,  qu;e  sic  cral  :  In  liis  (jnœ  fidci  calhoiicœsunl,  non 
liubet  locum  libcrlas  fjuidqHid  libueiit  opinandi;  distin- 
guo piopositiouem  :  posliiuàm  universalis  Ecclesiic 
judicio  eliiinala  verilas  iueril,  cl  suprenio  jndicio  de- 
(inila  ,  concedo;  eo  ipso  Icmpore  qno  verilas  ninllo- 
ruin  allercalionibus  obscurala  inqnirilnr,  et  lite  pen- 
dente,  ncgo. 

E.  R.  Eqnidcm  animi  obsiinalio  qnà  qiiis  contra 
verilateni  confossam  ab  oninibus  ,  vel  ab  Eccksià  so- 
lemni  decrelo  sancitam,  perlinaciler  dimicat,  in  vitio 
est  ;  quia  nullum  viro  catbolico  lempus  est,  quod  ve- 
rilatisamore  et  del'ensione  vacare  possit;  sed  quando, 
sive  paslonnn  incnrià,  sive  oblivione  popnloruni,  sive 
qnornmdam  sibimel  sapienlinm  falsà  pcrsuasione  oI)S- 
curata  verilas  est  (1),  lum  cerlè  douce  discussa  et  eli- 
quala  fuerit,  modo  absilab  animo  pervicacia  et  cupi- 
ditas  principalùs ,  liberum  unicuique  est  senlire  quoi 
magis  airiscril;  id  quod  mnllarum  ha;resnm  exemplo 
monstrari  possel,  qu^e  slalim  alquc  nal;c,  imù  et  posl- 
quàm  adullaî  sunl,  plerosqne  magui  nominis  proba- 
taîqne  fidei  defcnsores  sorlilic  sunl,  qnos  absit  ul  in 
hccrelicoruin  numéro  reponanius  :  bocreticus  enim 
non  est,  nisi  qui  volons  pravo  dogmali  assenlilin-, 
([uod  intelligil  calliolic;e  (idt;i  esse  contrarium ,  nec 


liisl.  1".  Opponilur  ileruni  -.  Cypriani  luiec  in  Car- 


nun  (\\vm\  putal  facial,  babens  arbitrii  sui  liborani  ]   tbagineiisi  concilio  pnefatio  fuit  :  i  Audîstis,  colleg;ie 


i  potcstalem  ;  nos  quaniùin  in  nobis  est,  propler  lia; 
a  relicos  cum  coUegis  et  coepiscopis  noslris  non  cou-  | 
«  lendimus ,  cum  quibus  concordiam  et  dominicam  ? 
1  pacem  lenemus....  servatur  à  nobis  palienler  et  le-  | 
«  iiiter  cbarilas  aiiiini,  lionor  collegii,  vinculuni  fidei,  !i 
«  concordia  sacerdolii  ;  »  ba;c  ,  inqusm,  S.  Angus 
tinns  cxaminans  :  «  Jam ,  inquil,  ad  illa  eloquia  pa-  ?■ 
«  cifica  Cypriani  pervenlum  est,  quai  mo  legonlcu!  | 
«  0»  saîpè  l'opolentem  non  satiant;  lanta  ex  eis  jucun-  i 
«  dilas  fratcrni  amoris  exlialal,  lanla  dulccdo  tliari-  | 
«  lalis   cxuberat!  in  bis   verbis  uiulta  consideranda  1 
«  sunl,  quibus  in  lioc  viro  qui  dilexit  dccorem  domû 
«  nominietlocun)  tabernacnli  babilationisejus,  cbris-  j 
«  liana;  cliaritatis  fulgor  elucet  :  primo  quia  id  quod 
«  scnsit  non  lacuit;  deiiide  quia  tam  man^uolè  cl  pa- 
«  cifioè  protulit,  quia  cum  bis  qui  aliud   senlicbant 
«  ecclesiaslicam  pacem  tenuit,  quia  in  unilalis  vin- 
«  culo  tanlam  salubritalem  esse  inlcllexil,  quia  eam 
«  tantùm  dilexit   et  sobriè  cuslodivil ,  quia  vidil  et 

<  sciisil  eliam  diversa  senlienles  posse,  salvà  cliari- 
«  lato,  sentire.  .  posiremô  quia  nemini  praîscribens 
«  !;cque  pr;ipjudicans ,  quoiiiinùs  imusqnisque  episco-  1 
«  porum  quoil  pulal  facial,  bab'us  arbilrii  sui  liberain 
(i  poleslaloin,  eliam  nobis  qu;dibusc;im{pie  locinn  dc- 

<  dit,  pacifiée  sccum  ista  traclandi....  majns  quippc 


dilcclissimi ,  qnid  mibi  Jubaianns  coepiscopus  no- 
«  s'.er  s'ripseril,  CiinsMiens  inediocrilalom  noslram, 
s  de  illioiio  ci  prolano  ba)relicorum  Raplismo;  cl  quid 
«  ego  ci  rescripscrini...;  supercsl  ut  de  bâc  ipsà  re 
«  singuli  quid  seiilianuis,  proferamus  :  neminem  ju- 
9  dicanlos,  aut  à  jure  connnunionis  alicpiem,  si  diver- 
«  sum  scnseril,  aniovcnles,  nequc  cnini  quisquam 
«  noslrûm  episcopmn  se  cpiscoporum  consliliiit,  aut 
«  lyramiico  lertorc  ad  obsoquendi  neecssitaleni  col- 
(.  K'gas  S'.ios  adigit;  quando  babeat  omnis  cpiscopiis 
«  j;ro  licenlià  liberlalis  (;l  poteslalis  su;e,  arbilrium 
d  proprium  ,  taniquejudicari  ab  alio  non  i)ossil,  (piàm 
i  nec  ipse  polestallernm  jndicare.  »  Ilinc  sic  conclu- 
ditur  argumonlum  :  Alqui  in  bis  qWx.  sunl  contra  (!- 
dem  polest  episeopiis  à  suis  coepiscopis  judioaii ,  il 
à  jiu-e  communioiiis  arcori;  ergo  non  pulavii  Cy['ri;t- 
nus  ad  fidem ,  banc  coairovcrsiam  pcrlinore. 

Rcsi).  :  Distinguo  minorem  :  in  bis  qu;c  sunl  con- 
tra fidcm  polest  cpiscopus  à  suis  coepiscopis  jiuii- 
cari,ct  amovcri  à  jure  communionis,  in  bis  qu.islio- 

(I)  Veritas  clarè  et  apcrtè  revelata  non  potfst  c!)^- 
.ciirari  ,  pra'serlini  postipiàm  scmel  (iicril  al»  Ecclo.tà 
(irliiiila;  al  (iori  potosl.et  lit ,  ut  qiiadi'.m  vori!al(>s 
;  iii  (!(-;;nsilo  ipiid 'lu  rcvo'alionis  coiitinoanlur,  sod  ita 
ohscnio,  ul  id  absolulè  ucgnri  pO-Sil  ,  anleqiiàm  pro- 
dieril  Ecclesiic  JM'iicium.  (Edil.) 


1429 

iiibiis  quio  solciuiii  EoclcsiiO  docrolo  ,  aul  iiniver- 
sali  coiisoiibiono  liiiil;e  suiU,  coiiccdo;  secîis , 
ncgo  ininorcni,  et  couseq.;  sic  icspoiiilcl  S.  Auj^iisli- 
!  nus,  lil)ro  5  do  Bapl.  coulra  Doiiatislas,  capile  5,  tibi, 
posl(|ii;iiii  lia'c  Cypriaiii  vcrba  rolulil  ((|uaiulo  liabeat 
oniiiis  (^piscopiis  pio  lici'iilià  libciialis  ol  poleslalis 
S!Kt>  arbilriiiin  propriiiin,  t.)iii(|iic  jiulitari  ab  alio  non 
possil,  quàni  ncc  ipse  polesl  aUcrinn  jiidicarc)  :  Opi- 
nor  utique,  inquil.m  liis  (iiiwslioiiibus  qnœ  nondùm 
cUfludtissimà  pcrfcctione  discussœ  simt  :  noveral  eniin 
(juanlmn  Sacrumenù  piofiindiNttein liinc  omnis  Kcclesla 
varia  dispiitatione  Vi'rsalutl ,  libertuiKiUL'  fucicbat  qua;- 
reiidi  arbitrium,  ut  exam'inula  veritas  panderelur. 

Csetorîuu  qiiàm  inopla  h;icc  iihuio  sil  :  Non  censuil 
Cijpr'umus  cxcommunicatioueplectcndos,  qui  diversuinù 
sein  Biiptismi  qiiœslione  srnlircnt;  crqo  ad  fidein  per- 
tinere  non  aedidil ;  qiiiun  sil,  inquani,  inepta  ar2;u- 
nicnlaiio  hitc ,  invlclè  probat  siinimi  ponlificis  Ste- 
pbani ,  et  Xysli  cjus  successoris  exemplum  ;  credidit 
enini  verô  uierqne  ad  (idem  spcctarc  de  non  itcraiido 
Baplismo  sciileniiam  ;  nec  lamcn  eos  qni  contra  scn- 
liebant  excomiminicàriint;  nani  ultra  nunas,  utstatim 
probaturi  sumus  ,  Slepbanus  non  processit;  Xysluni 
verô  cum  Oiienlalibus  paccm  servâsse,  fidem  îacii 
Dionysii  Alexandiini  ad  ilhuii  epistobi,  cujus  insigne 
IVagmentuni  rclert  Eusebius  Cœsariensis  (  Lib.  7, 
cap.  5)  :  quidiii  orgôpaiilerdsS.Cypriano  dixerimus, 
quùd  puiaveril  fidei  esse  quani  luebalur  doelrinam, 
neque  tanien  quemquam  exconiniunic;indum  ccnsuerit, 

Dices  :  Firniilianus  ,  in  cpislolà  ad  Cyprianuni, 
comparai  contioversiain  de  Baplismo  lia;rolicorimi 
cuin  die  pasclialis  (aoiendi,  qucm  Uoma  aliter,  aHler 
Jiicrosolyma  observabat  ;  postqnàm  cnim  prx'misit 
immeritô  Slepbanum  de  tradilionc  apostoUcà  gloriari  : 
Kos  auk'n:,  pergil,  qiti  liomœ  sunl  non  en  in  omnibus 
observare  qiiœ  sil  ub  oriqine  Iradita,  cl  frustra  aposlo- 
lorumauclorilateniprœlendcrc,  scire  quis  ctiam  inde  po- 
test,  qii'od  circa  celebrandos  dies  paschœ,  et  circa  multa 
alia  divinœ  rei  Sacramenta,  videat  esse  apud  illos  ait- 
quas  diversitates,  nec  observari  ilhc  oninia  œqualiter, 
quœ  Ilierosohimis  observanlur.  Alqui  tanti  non  erat  ! 
de  die  cchbiandi  pasdiatis  quaîslio,  ut  posset  inler 
controversias  fidei  numerari  ;  simililer  ergo  de  Da- 
plismi  qu3csti')ne  dicendum  est,  quôd  illam  Firmilia- 
ims  cum  coepiscopis  suis  in  disciplina;  et  œconomiai 
(jiKCSlionibus  roposucrit. 

Resp.  :  iNei(o  niajorem  :  non  oniin  hic  Firmilianus 
causam  Bapiismalis  cum  pascbatis  qua-siione  ad;c- 
qual,  quasi  ojusdcni  pondcris  ac  nccessilaiis  titraque 
lorel  (hoc  cnim  nec  levitcr  insinuant  verba  ejus);  scd 
lantùm  ni,  qiiomodocuniqiio  potest ,  oslcndat  frustra 
iîomanum  Ponlilicem  ai'.oslolicom  anclorilatcm  pra^- 
londere,  ponitinmediocclebrem  banc  de  die  faciendi 
pascbatis  qua-slionem,  qu;r  secundo  seoulo  desinenle 
Victorem  summinn  pontilicem  asialicosque  excrf^uit  ; 
ilaque  ex  verbis  ejus  nihil  potest  elici  ,  quo  i)robet(u- 
Firniilianum  cum  suis,  sive  Alrica:  sive  Orienlis,  coe- 
piscopis ,  qua'Stionem  de  luerolicorum  Baptismale 
coj)h'oversiisaddis(;iprmani  spectaiilibus  accciisuissc.  '. 


QU.EST.  Ml.  DL  MIMSTRIS  SACRAMENTORILM. 


Ii50 

Ouiei'cs  5'  uirùm  rcverà  S.  ponlilVx  Slepbanus  san- 
clnm  (]yprianinn,  cique  conjunclos  episcopos  excom- 
municaverit.  —  Resp.  négative;  quauquàm  enim  con- 
Ira  Cyprianum  et  alios  velicmcnler  cxcanduerit  quod, 
di'serlà  aposloioiinn  tradilione,  noviu»)  reba|)lizandi 
morem  vil  inducorenl,  vel  anlo  iuvectmn  jiravo  exem- 
plo  lirmarent,  eis(|ue  excouMniuiicationem  sil  com- 
minaïus,  iram  lamen  compescuil,  nec  ultra  progressus 
est;  cujus  rei  fidem  facit  : 

1"  Probalissimorum  scriplorum  silentium  :  licèt 
enim  iralum  Cy[»riano  ejusque  c(dlegis  Stophanum 
luissc  conscntianl,  nemo  lamen  esl,  qui  diro  lulinine 
percussos  affirmel.  «  Lillcras  scripserat  Slepbanus, 
«  iiiquit  Dionyslus  Alexandrinus  in  cpislolà  ad  Xy- 
«  stum  Pontilicem  Maximum  (apud  Euseb.,  Ilist.  1.  7, 
«  c.  a),  de  Ileleno  et  de  Firniiiiano,  de  onuiibus  de- 
«  nique  sacerdolibus  ,  per  Ciliciam  ,  Cappadociam, 
«  ctmctasque  finilimas  provincias  conslitulis,  sese  ob 
«  cam  causam  ab  eorum  communione  discessurum, 
«  quùd  bairelicos  rebaplizarenl. 

«  Primus  omnium  Cyprianus,  ail  Eusebius,  ibid., 
«  c.  3 ,  qui  tune  lemporis  Carliiagincuscin  regebat 
i  Ecclesiani,  non  nisi  per  baptismum  ab  errore  priûs 
«  emundatos,  admiilendos  esse  censuil  ;  verùm  Ste- 
«  pbanus  nihil  adversùs  tradiiionen»,  quai  jam  inde 
«  ab  uliiniis  lemporibus  invaluerat,  innovandum  ralus, 
i  gravissimè  id  tulit. 

«  Slepbanus,  inquit  S.  Augustinus,  1.  5  cont.  Don., 
«  c.  25,  etiam  abstinendos  piitaverat,  qui  de  susci- 
I  piendis  baTCticis  priscam  coiisueludinem  convellere 
«  conarenlur  ;  iste  aulem  (Cyprianus)  quxstiouis  ipsius 
i  dilficullale  pcrmolus  el  sanclis  cbaritalis  visceribus 
1  largissimè  pmedilus,  in  unitaie,  cum  eis  manendum 
i  qui  diversa  sentirent  ;  lia  quanivis  commoliùs,  sed 
c  tamen  fratcrnè  indignarelur,  vieil  lamen  pa\  Cbrisli 
«  in  cordibus  eorum,  ul  in  lali  disceplalione  nullum 
«  inter  eos  malum  scbismaiis  oriretur.  i 

Et  lib.  de  unico  Baplis.  conl.  Petil.  c.  14.  «  Cùm 
I  ergo  Slepbanus  non  solùm  non  rcbapiizaret  baîreti- 
1  eos,  verùm  eliam  lioo  facienles,  vel  ut  fieret  decer- 
i  nenles,  excommunicandos  esse  censeret,  sicut  alio- 
I  rumepiscoporum  el  ipsiusCyprianilillertcostendunt, 
«  tamen  cum  eo  Cyprianus  in  unitate  permansil.... 
I  ecce  duo  eranl  uiio  lempore,  ut  de  aliis  laceam,  qui 
i  diversa  scnlicbant ,  duo  eraiit  eminenlissimaruni 
i  Ecclesiarum,  Romame  scilicet  el  Carlhaginensis 
i  episcopi,  Slepbanus  et  Cyprianus,  ambo  in  indtate 
«  calbolicà  constiluli,  quorum  Slepbanus  Baptismum 
(  Cbrisli  in  nnllo  ilorandum  esse  censebal,  el  boc  fa- 
t  clenlibiis  graviter  sucocnsebal  :  Cyprianus  aulem  in 
I  baeresi  vel  scliismale  baplizalos,  baplizandos  in  Ec- 
<  clesià  calbolicà  exisiimabal.  » 

Ilaque  ex  mente  sancli  Augustin!  graviter  quidem 
Steplip.nus  Cypriano  et  aliis  conlra  se  senlienlibus 
snccensuil;  oohibuit  lamen  zclum,  nec  quod  gralià 
œconoMiiin  erat  ininatus  implevil  ;  alilcr  eiiim  non 
apparerel,  quomodù  verè  ab  Augusiino  dictiim  foret, 
ambos  (Stepbaiiuni  el  Cyprianum)  in  nnilate  calbolicà 
pcrslitisso,  'ici-isc  i?i  eorum  cordibiK  pacem  Cbrisli, 


1131  OR  FiF  SACRAMKNTAUIV    — 

nulliimque  inler  cos  orluni  esse  scliisinalicis  maluiii  :  ' 
miinqiiid  enim  ab  onini  scliisnialis  accusalione  vacua 
forel  li:vc  tam  cnormis  provinciarum  AIricir,  Numi- 
ilia",  Maiirilaniio,  ab  oibc  cluisliaiio  discessio,  et  in 
eriore  luciido  pervicaiia,  quam  noc  rcverenlia  Ponli- 
fici  inaximo  débita,  nec  leguin  boiios,  ncc  detiiqiie 
laiîB  exconimunicalionis  nietus  repiimerel?  Idem 
porrô  de  Firmiliano  cuin  suis  Orienlalibiis,  qiiod  de 
Cypriano  el  Afris  débet  esse  judiciiini,  (|uia  omnium 
inia  et  cadeni  cansu  fuit;  undc  miiiin)è  rredii)ile  est, 
Stei)liarnim  jndicio  lani  dispai  i,  Atris  sn;o  cominnnio- 
itis  gratiam  conccssisse,ol  ii<»c  ipso  t<Mnporc  Orieiila- 
liiius  denegàsse. 

S''  Modoslia  r.y|)ii;ini  el  mnderalio  admirabilis,  qui 
s^opissimè  suis  litleris  (Minieslaliir,  se  cuni  omnibus 
concordiam  et  vincuhnn  doniiniea,'  pacis  tenere  ;  qui 
hoc  ipso  lempme  quo  accrriniè  conienlio  illa  elTer- 
vesceliat,  Steplianum,  pontidcem  maximum,  fralris 
amoMiissimo  nomine  compellat,  eumque  lantiini  ac- 
cusât, non  quô;i  (pieniquaui  episco|;!nn  excommuni- 
cavei'it,  scd  quôd  pulaveiil  excomnumicandum.  Dut 
hûHorem  Deo,  Inqml  epist.  74  ad  Pompei.,  qui  siicer- 
dotes  Dci,  vcrilatem  CItris'.i,  et  Ecclesiœ  niiitalein  luen- 
tes  (ibslincndos  putat? 

Z"  Quod  ad  Firmilianum  eiqueconsociatos  in  Oriente 
episcopos  spectal,  biijus  rei  certissimum  argumen- 
tum  vidctur  suppediiare  Dionysius  Alexandrinus;  ille 
enim  bis  ip>is  diebus  quando  Steplianus  episcopos 
sibi  contraiios  uiaguà  vocis  coiilentione,  de  iteratione 
Baplis  nalis  (>itjurgal)al,  scripsit  ad  eum  blleras  qui- 
bus  pncter  c;elera  ad  quaistionem  Baplismi  perlinen- 
lia,  Pontifici  maximo  rem  sanè  gratissimam  nnntia- 
bai,  nniversos  scilicèl  Orieutis  episcopos,  quorum 
ali(jui  paulô  ante  ^■ovatialli  parlibus  faveraul  cl  slu- 
diosè  servierant,  abominato  nelario  scliismalc,  ad 
plenam  concordiam  rediissc  :  «  Scias  aulem,  l'rator, 
«  inquitapud  Euseb.,  Hist.  lib.  7,  cap.  5,  edit.  Hcnrici 
«  Yalesii,  cunctas  per  Oriemcm  el  ultoriùs  posilas 
K  ecclesias,  qua;  priùs  eraiit  discissre,  nunc  tatidein 
«  ad  unilalem  reversas  esse,  et  omnes  Kcclesiarum 
«  ubicumque  antistiles  unum  idemquc  senlirc,  el  ob 
«  rcddilam  insperaiô  pacem  incrcdibili  gaudio  cxur- 
«  lare,  Demetrianum  scilicet  episcopum  Anliucbin'.... 
«  Heleiium  Tarsi,  cunctasque  Cilici;e  ecclesias,  Fir- 
'(  niilianuni  denique  cum  uiiiversâ  Cappadooià...  ar, 
«utuno  verbo  absolvam,  omnes  ubique  terrarum 
«  bïlilià  gestiunt,  Deoque  gralias  agunt  ob  hanc  con- 
«  cordiam  fralernamque  cbarilalem.  t 

llic,  ni  vides,  inlt  r  episcopos  qui  dicuntur  rcdin- 
legràsse  concordiam,  recensentur  Uelenus,  Tarsi  cpi- 
scopus,  cum  cunclis  Cilici^e  ccclesiis,  et  Firmilianus 
C:esarc;ic  metropolila,  cum  nniversâ  Cappadocià,  ii 
jiimirùm  ipsi,  qui  Slepîiano  conliadicel)ant,  ejusque 
de  non  rebaplizaiidis  iia'ieliiis,  decrelo  poslbabilo, 
mordicÙG  in  pr.iposito  permanebant  ;  aUpii  de  connu 
lamen  numéro  sunt,  propter  quorum  consensionem 
omnes  ubique  lerrarum  boni,  leste  Diony-io,  lietiiià 
gestiunt  ;  igitur  à  sanclo  Slepbano  excomnuinicali  non 
fuerant  ;  alque  adeô  salvâ   pace,  nontbim  discussis 


l)i:  SACiiAMF.NTlS  IN  f.ENEKE.  140-2 

huju8  qu.cstionis  ambagibus,  à  summo  pontifice  el 
reliquis  episcopis  dissidebant,  magisquc  opinionuni 
h;cc  erat,  quàm  animorum  disscnsio  ;  aUoquin  enim 
si  percussi  sacro  fubnine  erant,  quomodô  dici  pole- 
rant,  cnin  omnibus  per  Orienlem  constilulis  ecclesiis 
i  fralernà  cbaritale  conjuncli,  cùm  vix  ullum  possit 
I  niajus  esse  dissidium,  quàm  quod  excommunicatio 
i  générât?  Qax  tanla  esse  poterat  cansa  incredibili 
a  gaudio  exullandi,  ubi  vixdùm  sedato  scliismate  Nova- 
1  tianorum,  alterum  recrudescret,  episcopis  scilicet 
I  propler  Baplismi  conlroversiam  sibi  invicem  ana- 
1  t])ema  dicentibus?  Lœtilià  enim  non  gestiunt,  nisi 
I  quibus  mœrendi  nullus  locus  reliclus  est  :  Muska  in 
I  luclit,  ait  sapiens  Eccl-i.  22,  iiiiporluna  nnrraiio  ;  quse  , 
I  denique  ralio  esse  poloralStephano,  in  consortium 
i  commutiis  IxHilia)  veniendi,  et-sralulandiOrienlalibus, 
I  cùm  dolendi  amariùs  et  objurgandi  occasionem  babe- 
I  rci,  propler  fœdus  nialè  sociatimi  cum  episcopis,  à 
I  se  in  causiÀ  (idci  excommunicalis  ?  Dicendum  ilaque 
I  clemenli  castigalione  usuin  Ponlificem  maximum,  et 
:!  ad  minari'.m  severilalem  niliii  adjecisse,  exemplo  vi- 
;!  delicel  medicoriiiii,  qui  extremam  curationem  i;on 
i  adliiben!,  nisi  ubi  non  rcperitur  alia  conveniens  me- 
I  dicina. 

I  i"  Rem  conficere  videlur  cju^dem  Dionysii  iVlcxan- 
J  drini  exenq>hnn  ;  benè  ille  noverat  quidquid  Steplia- 
num inter  et  Firmilianum  ac  Cyprianum  aclum  essct, 
in  eàdem  ipse  cansâ  erat,  qinppe  qui  unà  cum  illis 
ba;rclicos  rebaplizandos  censcret  ;  babuit  tamcn, 
quoad  vixit,  inviolabilcm  cum  Slepbano  el  Xyslo  ojus 
successore  connnunionem  ;  ad  ulrumque  luni  de  aliis 
Ecclesioe  negotiis,  lum  de  iterando  bapiismo  lilteras 
dédit  ;  qnin  et  pro  Firmiliano  cjusqne  collegis  apnd 
Slepbanum  inleicesait  ;  ridendus  me  berculè  advo- 
calus,  qui  patrono  ipse  egercl  :  quid  plura?  Pbilemo- 
nem  et  Dionysium  Boman:c  Ecclcsi;c  presbyleros , 
qui  Slepbano  consenserant,  scripiis  ad  eos  litteris  à 
Romani  Pontificis  sententià  deborlalus  est;  non  pn- 
tabal  ergo  qu;cslionem  banc  decretorio  judicio,  el  sub 
analbemalis  pounâ  à  Slepbano  dcfinilam  ;  id  verô 
tolum,  ne  quis  dubitet,  ex  bisloriâ  Eusebii  colleclum 
à  nobis  est  :  «  C:ctorùm,  inquit  lib.  7,  cap.  5.  edil. 
«  Yales.,  cùm  Slcpbanus  Ecclesiam  biennio  admini- 
«  slràssel,  XysUis  in  ejus  locuin  successit  :  ad  hune 
«  Dionysius  sccundam  de  Raplismo  scripsit  epislolam, 
«  in  quà  Stcpliaiii  sinud  ac  reliquorum  episcoporinn 
i  sentenlian»  ac  judicium  exponit,  de  Slepbano  ila 
«  scribens  :  Antea  qiiidem  litleras  scripserat  de  lie- 
ci  leno  cl  de  Firmiliano,  de  omnibus  deiii(iue  sacerdo- 
«  libus  per  Ciliciam,  Cappadociam,  cunctasque  fini'.i- 
4  mas  provincias  con,liUilis,  sese  ob  eam  causam  ab 
«  illorum  conmumiune  discessnrum,  quùd  hœreticos 
i  r.  baptizarcnt  ;  at  vide,  qiiLCSo,  (Xysie)  gravitalem 
i  iiegolii  :  reverà  enim  in  maximis,  ut  audio,  cpisco- 
«  porimi  conciliis  decretum  est,  ni  qui  ab  b:erelicis 
«  ad  calboiicam  Ecclesiam  accedunt,  primùm  cale- 
4  cbumeni  fiereni,  ac  deinde  vetoris  el  impuri  IVr- 
(.  nienli  sordibns  per  Baplismum  purgarenlur;  de  liis 
«  omnibus  ego  ad  iliiun  epislolant  misi,  rogans  alque 


U55 


QUyEST.  VII.  DE  MINISTUIS  SACUAMENTORUM. 


au 


I  ol)lcslans;  sod  et  clKiiissimis  Irnlribus  et  <(»ni|>re- 

<  sbyteris  noslris  Dionysio  :io  Pliiloiuo.ii,  qui  priùs 
I  itleiu  cuni  Slcpliano  sciiseiaiil,  dequc  iisdeni  robus 
^  ad  inc  scriitseranl,  aiUea  quideiii   brcviler,   iiunc 

<  verù  plmibiis  verbis  scripsi.  » 

Obj.  Clin»  iiàc  iioslrà  ros|)oiisi(»iie  è  diaim  tro  pu- 
giiare  \ideUir  Firniiliiini  aucUnilas:  is  ciiiiii  in  opi 
slolà  ad  Cypriaimin  i)Iiiribiis  verbis  siguilical,  levcià 
se  ciini  suis  Orienla!il)us,  et  Cypriaiiuiii  ciini  Afiis  à 
Slepbano  esse  exconiiminicalos  :  sic  pripler  ca'lera  , 
de  Pontifice  maxiino  lo(|iieiis  :  i  Ilonio  aniinoMis,  in- 

<  quit,  paril  liles,  et  viriiaciiiidiis  exaggeral  pcccala  : 
«  liles  cuim  cl  dissensioiies  qiiaulas  paràsli  per  Ec- 
i  desias  lolius  niiindi  ?  Peccaliim  verù  qnaiilum  libi 
«  cxaggeràsli ,  quaiido  le  à  loi  gregibiis  scidisli  ?  Ex- 
i  cidibli  eiiim  leipsiim  ;  nol:  le  l'allere  si(iiiidem  ille 
i  est  verè  schisiiialiciis,  qui  se  à  coiiiinunioiie  cecle'- 
I  siaslic;ii  unitalis  aposlalam  leccril  ;  dùi»  eiiim  piilas 
i  oiniics  à  te  absiiiiere  posse,  soliiin  le  ab  omnibus 
«•  alislinuisli  t  :  ergo,  etc.  —  Uesp.  :  Concesso  anle- 
cedcule,  ncgo  coiiseq.,  et  dioo  rcveià  in  FiiMuiliaiium 
quadrara  verba  Scripluiyc,  qu;c  coiilra  Slephanuai  , 
iinpos  aninii  ac  veluli  furorc  (piodani  exagitaUis,  effu- 
dil  :  Homo  iracuiidKS  incendit  lileiu,  et  vir  pcccator  IW' 
babil  arnicas  cl  in  medio  pacein  linbciHium  inwiiltet  ini- 
miciliam  ;  is  eniiii,  qiiod  irali  homines  soient,  qui  iii- 
liil  nisi  inoiistra  plerti,in|iie  loquunlur,  illatasiiuc  sibi 
veias  aul  pra>suinplas  injurias,  supra  modum  exaggc- 
ran!,  comniinaloriam  cxcomniunieatinncm,  quasi  ré- 
véra lala  i'uisset,  descripsit;  uudc  non  niagis  Fir- 
niiliauo  in  lioc  credinius ,  quàin  in  c;elcris  qu;r! 
contra  sanclissimuni  Poutiliceni  effutiit ,  asscnli- 
mur. 

lust.:  Siephanus  legatos  ad  scab  AiVicà  episcopos, 
ut  superiùs  diximus,  ne  ad  sernioneni  quideni  collo- 
qiiii  comuiunis  adniisil,  non  solùui  paceni  et  commu- 
iiionem,  scd  et  leclum  et  bospitium  diiiegavit,  pncce- 
pilque  Iralernilati  universa%  ne  quis  eos  in  domuni 
suani  recipcrel  ;  atqui  ba^c  suul  certissima  laUc  ex- 
connnunicalionis  argumenta;  ergo,  elc.  —  Rcsp.  : 
Coneessa  maj. ,  ncgo  min.  Hiiic  cqiiidem  coHigilur 
magno  rigorc  sanctissimuni  PouiifiC' m  usuni  esse; 
minime  verù  inlerri  potest  quùd  conlra  illos  excom- 
muuicationis  sentcnliam  lulcrii;sic  enim  ex  quâdam 
(l'eouDmià  ageudum  pulavit,  lum  ul  sevcrilale  adbi- 
biià  adeonimuncm  Ecclesiiodoclrinam  conlrarios  sibi 


«  F(  rtas!-èfaolnmesl,iu(piil  iib.2,  conir.  Donat.,  cap. 
«  i,  sed  nescinius  ;  ucqueenim  omiiia  qu;e  illo  lem- 
«  porc  inter episcopos  gesla  suni,  mcmorix  litleris- 
t  que  mandari  potuerunt,  aul  onuiia  quic  mandata 
«  sunl  novinius.  »  El  epist.  ad  Vincent.  Donal.  :  i  Cor- 
«  rcxisse,  inquit,  islam  sentcnliam  non  invenilur;  non 
«  incongruenler  lamcn  de  lali  viio  exisliniandum  est 
(i  quùd  corrcxerit,  cl  forlassè  suppressum  sit  ab  eis 
«  qui  hoccrroreiiimiùm  deleclali  sunt,  cl  lanlovelut 
«  palrocinio  carcre  nolucrunt.  i 

Probabilius  lamen  est,  iii  lalsà  ,  qiioad  vixit  ,  oy^- 
nione  perslilisse  sanclum  doclorcm  :  nam  si  lanla» 
auclorilalis  in  ccciesià  Africanâ  autistes  paluiodiam 
cecinissel,  procul  dubio  ad  suî  imitationem,  quos  lia- 
Duerat  erroris  socios  veritaie  cogniià  perlravissel  ; 
nec  vcrosimile  est  faclum  adrô  pr.Tclarum  ab  bonu- 
nuin  meuiorià  peniffis  aboleudinn  ;  alqiii  certtmi  est 
1"  AIrieanam  ccclesiam  morem  rebapti/.andi  posl  Cy- 
priani  tcmpora  diù  Icnuisse;  hoc  enim  manifestuin 
e.^t  ex  aclis  Arclatensis  primi  concilii  anno  314  cele- 
brali.  2°  Nec  minus  certum  est,  nullibi  bujus  retra- 
claliouismemoriam,  et  nec  vesligium  quidem  in  anli- 
quis  mnnumentis  occurrere;  ergo,  etc. 

Kcsp.  2°  de  Firmiliano  etOrientalibus  longè  certius 
I  esse,  quôd  Slephani  et  Xysti  ejus  successoris  lempo- 
ribus  ,  erroris  relinenlissimi  fuerint  :  lioc  enim  plus- 
quàm  salis  evincit  Dionysii  Alexandrini  testimonium 
in  epistoià  ad  Xyslum  paulô  antelaudalà  -.Vide,  quœso, 
inquil,  gravitatcm  negolii  :  rêvera  enim  in  muximis,  ut 
audio,  episcoporum  conciliis  decretiim  est  ut  qui  ab  liœ- 
reticis  ad  catliolicam  J:krlesiam  accedunt ,  primitm  ca^ 
tliecumeni  furent,  dcinde  veleris  et  impitri  fermaili  sor- 
dibus  per  Baptisnium  pnrgarentur  ;  ergo  peistabant 
tune  lemporis  in  sua  sententiâ  orientales  episcopi , 
parique  revercntià  canoncs  conciliorum  Synnadensis 
cl  îconiensis  servabant  ;  nam  si ,  ut  fnigil  Baronius  , 
errorem  pristiimm  solemniter  retractaverant,  quid 
opus  Dionysio  erat ,  ul  ad  eorum  causam  lueudam 
Xyslum  per  lilleras  conveniret  ?  Quà  Ironie  auderet 
synodos  veteres  approbare,  et  maxima  episcoporum 
concilia  appellare,  quorum  de  ba'relicis  rebaplizandis 
décréta  jam  lum  sciret  à  Firmiliano  cl  ejus  Yollegis 
esse  rescissa?  quodcuique  consilio,  quà  mente,  non 
jam  conlra  Xyslum  et  Slephanum,  aul  alios  per  uni- 
versum  orbeui  episcopos,  sed  et  conlra  Firmilianum 
ipsum  cjusque  collegas  ad  saniorcm  menlcm  reversos 


Cl  fiaieruà  cbarilale  cxcipcrel,  dissimulare  errorem 
putorelur,  aul  aliquatenùs  approbare;  lum  deuique 
ne  si  libcriiis  llom:e  morareulur  ,  cl  liabereiil  lami- 
liare  cum  frateruilale  cousor  ium,  cleruui  piebemque 
novse  d()otriu;e  veneno  imbuerent ,  et  repende- 
reut  pro  b'eueficio  bosi)ilalilalis  contagiouem  er- 
roris. 

Qupores  i"  ulriuu  Cypiiaiuis,  Firinilianus  ,  et  alii 
Africic  et  Orienlis  episcopi  errorem  dep  isucriut,  et 
judicio  Siepbani  acquicvoriut. — Resp.  Tquod  ad  S. 
V-yprianum  spécial,  num  crrorc  rcjiudialo  bscrelico- 
rum  liaplisma  probàril ,  ince;  lum  S.  Augustino  videri  : 


anlisiites  fadiiiis  rcvocaret  ;  lum  ne,  si  bcnigniiis  eos  jjj  causx-  depioralrc  defensionem  suscipcrel?  Ergo,  elc. 

Accedil  S.  BasiiiiMagni  auctorilas,quà  pra-slantio- 
rem  allegarc  non  possumus  :  Cappadox  cnimfuil, 
Ca}sare:x!  inCappadociàepiscopus,  Firmiliani,  cenlum 
posl  et  ampliùs  annis,  succcssor;  aUjuc  adeô  mores 
suic  Ecclcbiie  ,  inslilula  et  Iiisloriam  noveral  ;  lenuit 
verù  ille  rebaplizandos  esse  bicrelicos,  quin  et  decos- 
soi'is  sui  Firmiliani  aliorumque  excmplo  sic  facien- 
dum  probavil  :  Antiqiiis  visum  est,  inquil  epistoià  pri- 
ma canoiiicà  ad  .\m|)liilocliium  ,  eau.  \,  Ctjpriano  et 
nostro  Firmiliano,  eos  omncs  (  li;rrelicos  )  uni  calcula 
subjiccre;  quoniam...  qui  se  ab  Ecclesià  ahjnnxcruiit  , 
non  liubcnl  ampliits  in  se  graliam  Spirinh;  et  i'i  opi- 


i.i3o  DE  RE  SACRÂMENTARIA.   -  D> 

siolà  socuadà  ,  caii.  47  :  Aos ,  iiHjiiil,  uuà  rnlione  eos 
néapiiitinius ;  persuasam  eigo  saiicto  Basilio  crat , 
rii'iiiiliamiiu  el  coopiscopos  ejusprbliiiain  sciitemiaia 
11  )ii  Ululasse;  alioquiii  ciiiiin  ncc  poluisscl  suuiii  suo- 
iiiiiiijiit:  inoreni  connu  cxcinplo  defeiidore  ,  nec  de- 
hiiissol  dissiniulare  palinodiam  ab  iis  soleinuiier  rc- 
tarilalaiii. 

Objeclio. 

Tesialur  S.  Ilicrouyinus  iii  Dialogo  contra  Lucife- 
riaiios,  cap.  8,  illos  ipsos  episcopos  qui  rebaplizaiidos 
Imerciicos  cumCypiiaiio  slalueraiit,  ad  aniiquam  cou- 
suoliidinem  re\okilos,  noviim  ciuisisse  decieluni  , 
que  uiiiiiiiiin  non  ieba|)lizaiidos  sanxcrunl;  ideinquc 
de  orienlalibiis  S.  Auguslinus  afiînnal  :  (Àtr  non  potiùs, 
inquit ,  lib.  5,  coiilr.  Crcscon.  Donat.,  cap.  5,  elium 
ijisos  paucos  Orienlales  suum  judicium  correxisse  dica- 
miis?  Falondum  ergo  Cypiianum,  Firmilianuni ,  eo- 
niaïqne  cullegas  errore  depusilo  Slepliani  decrelo  ac- 
qnicvissc. —  Resp.  :  Disl.  anl.,  siniul  et  cxplico  seii- 
suin  Patruni  :  lidem  qui  ha'reiicos  rcl)aplizaiidos  sia- 
luerant,  suum  judicium  conexeruiil,  iidem  ,  inqu.im, 
babilà  ralioiie  ecclesiarum  quas  oasdem  rogcbanl, 
coiioedo  :  iidem  numéro,  subdislinguo  :  onines,  nego  ; 
aliqui ,  iterùm  subdislinguo  :  posl  Slcphaiii  el  Xysli 
xclaicm  ,  iraiiscal  ;  dùm  in  vivis  summi  ilH  poniiliccs 
dcgercnl,  uogo  aul.  et  couse. |. 

E.  R.  Non  nc'gamus  Africa;  cl  Orienlis  cpiscoi»os, 
rcscisso  priore   de   ha;relicis  baplizaiidis   docielo , 
laadem  adconcordiam  féliciter  rcdiisse  ;  sed  qua;siio 
est.  ulrùm  in  vivis  agonie    Stepiiano   aul   Xyslo  ejus 
successore  niutalio  illa  conligeril;  ita  qiiidem  Raro- 
nius,  sed  contra  histori;.e  voritatem,    anirmat  :   nnllo  | 
eiiim  vetere  monumenlo  probatur,  eo  tenipore  resi-  i| 
puisse  Firmilianum  et  alios  ;  è  conira  verù  certuni  à 
videtur  aut  sallem  verosimillimum  in  proposiio   per-  I 
slilisse  :  ilaque  sic  debent  saiicli  ilieronymusetAut;u-  1 
slinus  inlelligi,  ut  iidem  dieanlur  ])iislinum  judiciuifl   t 
correxisse,  qui  de  via  dellexerant  :  iidem,  inquam,  qui  1 
quia  easdeni  administrabant;  Ecclesias  ,  decessorum  | 
suorum  locum  lenebanl  quomodô  idemnunc  Taurini  | 
scnatus  esi,  (jui  ceiUuin  abliiuc   aiinis  vigebal,   licèt  | 
non  iidem  sint  senalores.  Quôd  si  velitaliquis  de  iis- 
dem  numéro  cpiscopis  bu^c  loca  interpretari ,  niliii 
inoramur,  modo  ncc  de  omnibus  id  aftirmet ,  ncc  ad 
Siepliani  aut  Xysli  temporareserat. 

Responsioncm  liane  ex  parle  suggerit  S.  Augusti- 
iiMS  iii  iioc  ipso  qui  opponitur  Ubro  ,  cap.  2 ,  nbi  ad- 
vertit,  teste  Cresconio,  ideù  Donatislas  ab  Orientalium 
ommunione  distractos,  quia  judicium  suum  isti  cor- 
1  exerant  :  Majores  autem  vcslri,  inquit,  quibus  taie  te- 
slinwnium  perltibuistis,  qubd  ab  OyienUdiuin  proplerea 
communione  discreti  sunl ,  quia  illi  suum  judicium  re- 
scidcrunt,  quo  ei&  placuerat,  de  isUi  Bapiismi  quœstionc, 
Cijpriano  alque  illi  Africano  concilio  consenliri  opor- 
tere,  etc.  Itaque  miillô  post  Slephani  el  Xysli  a'ialcm 
rcscissio  illius  juJicii  fada  est,  cùm  non  aute  seculuni 
qnarlum  scbisnia  Donatistarnm  condaluin  sil. 

lust.  Atqui  Orientales  omncs  ,  Slephano  vivenlc  , 
decretum  de  rebapiiiandis  hujrelicl»,  ne  excepte  qui- 


SACRAMENTIS  IN  GENERE.  1430 

dem  Dionysio  resciderunl  ;  crgo ,  etc.  Piobalur  subs* 
ex  epist.  quintâ  Dionysil  ad  Xystumapud  Euscb.  cdil. 
Vales.  bist. ,  bb.  7,  c.  9,  in  quà  sic  bjquilur  :  «  Pro- 
«  feclô  opus  babco,  frater,  consibo  tno,  el  scnteniiam 
«  luam  expeto ,  ne  forte  ipse  allucincr  ;  quidam  ex 
«  fratribus  qui  ad  Ecclesiam  conveniuiit,  janipridem 
i  pro  lideli  babitus....  cùm  interfuisset  Baplismo  co- 
I  runi  qui  imper  baptizabantur,  et  inlerrogaliones  re- 

<  sponsaqiie  illoruin  audîsset,  ad  me  acces.sit  liens  el 
«  vicem  suam  ingemiscens  :  pedibusque  mcis  advolu- 
?  tus  confiieri  alque  dejerare  ccepit,  Raptismuni  quo 
«  apud  lia;rcticos  iniliatus  fnerat,  non  linjusmodi  esse 
«  nec  cum  boc  nos'.ro  qnidquam  conununc  babcre  : 
«  quippe  iliuni  plénum  esse  blaspbemi;c  et  impieiatis  ; 
«  aiebatque  animum  suum  acerbissimo  doloris  sensu 
«  compungi,  ac  ne  oculos  quidem  ad  Deura  .itlollere 
«  se  audere;  quippe  qui  sceleslis  illis  verbis  ac  cccre- 
«  moniis  iniliatus  fuisset;  proin<ie  orabat  ut  lioc  pu- 

<  rissimo  lavacro ,  verissimâque  adoptione  et  graliâ 
«  donareiur  :  quod  equidem  facere  non  sum  ausus.  > 

Ilinc  Baronius  sic  disputai  :  Consulit  DionysiusXy- 
slnm  ponlificeni  de  bomine  apud  b;rrcticos  baplizato, 
ulrnmne  debeat  clirisiianum  ei  conferrc  Baptismum  ; 
alqui  consultalio  boec  foret  inutilis,  si  in  prislinâ  sen- 
lentià  remanerel;  ergo  jam  lum  ab  orientalibus  re- 
scissum  eral  decretum  de  bserelicis  rebaptizandis. 

Resp.  nego  subs.  Ad  probalionem  admillo  auctori- 
lalem,  et  conccssâ  majore  ,  nego  min.  Argumcnlum 
boc  Baronio  Acbilleum  est,  quo  lamen  nullum  inibe- 
cillius  fingi  potest,  cùm  ad  rem  nibil  penilùs  facial  : 
biccniin  agilurde  Baplismo,  qui  non  Dionysii  tanlùm, 
sed  ipsius  Ponlificis  maximi ,  omniumque  bené  scn- 
lienlium  jndicio  vanus  eral  el  irrilus,  quia  verbis  sce- 
leslis blaspbemia^  el  impieiatis  plenis  ,  profanisque 
c;cremoniis,  non  rilu  cvangelico,  fuerat  consecralus  : 
non  ideù  iia(pie  consuluit  Romanum  Ponlificeni,  quôd 
de  boc  Baplismo  dubilaret  validusne  foret ,  necne  ; 
sed  quia  in  pnvsenti  casu  pulabal ,  Iniic  bomini  din- 
lurnam  socielalem  fidelium,  et  frequeniem  divinorum 
mysteriorum  participalionem  ,  ad  purgaudam  ejus 
animam,  eliain  sine  Baplismo,  abundè  sufficcre  ;  id 
quod  sequenlia  ejusdem  cpistobe  verba  demonstranl  : 
Quod  equidem,  inquit,  facere  non  sum  ausus  ;  sed  diu- 
lurnam  illi  communionem  ad  id  sufficere  dixi  ;  nam  qui 
(jraliarum  actioncm  fréquenter  audierit,  el  qui  cum  cœ- 
teris  responderil  :  Amen  :  qui  ad  sacram  mensam  astite- 
rit,  et  manus  ad  suscipicndum  sacrum  cibum  porrcxerit  ; 
qui  illum  exceperil,  et  corporis  ac  scnujninis  Domini  no- 
slri  JesuClirisli  particeps  fucrit  diutissimè,  eum  ego  de 
inlegro  renovare  non  ausim. 

Contiimat  responsionem  ipsius  S.  Cypriani  excm- 
plnm  ;  pulabal  ille  sanè  dcbere  redeunles  de  ban-esi 
baplizari  ;  al  exislimabat  nibilominùs,  si  quis  in  Ec- 
clesiam sine  Baplismo  admitterelur,  posso  propler 
unilalis  vinculum  ad  Dei  indidgenliam  pervenire,  et 
conseqni  .eternam  salutem  :  Atlendite,  inquit  S.  Au- 
gusliuus,  lib.  2,  eontr.  Donat.,  c.  13,  quantim  de  uni- 
talis  bono  bcalus  Cijprianus  prœsumpscrit,  undc  se  non 
I  disruoil  à  diversa  sentientibus  ;  el  cùm  arbilraretur  eos 


Ql'ytST.  VII.  DE  MINISTRIS  SACRXMEMORLM. 


1437 

qui  exlra  KcclcsKC  commnnionem  boplizurcnlur,  bapli- 
snutm  non  liabcre,  crcdidit  cos  (amen  in  Ecclcsiani  sint- 
plkitcr  (idmissos,  propler  ipsius  tinilatis  viiuulnni  possf 
ad  vciiiam  pcrvcnhc ;  sic  cuim  solvil  (luœsiioneni,  (\u(nn 
sibi  ipse  proposuit,  ad  Jubaianinn  ila  scribcns,  cpisl.  73. 
SihI  dicit  ali(niis,  ([iiid  orgo  lict  do  Iiis  qui  in  pronle- 
ritiinide  lutrosi  ad  Etclesiain  vciiieiilcs,  siiicBaplismo 
admisi-i  siiiil?  Potoiis  csl  Domiims  misoricordià  Miâ 
iii.lnlL;o?iliaiii  darc,  ot  cos  (|iii  ad  Eicicsiam  sim|iliiilor 
adiiiissi,  in  Ecclesià  dormieriiiit,  al)  Eccl  'Siic  sua;  nui- 
nerihiis  non  scparare  :  frustra  ilaqiie  Baronius  hoc 
sanoli  Dioiiysii  Icslimonio  conalur  opinioiiein  suani 
defoiidcrc. 

*  Qii;rrcs  5°  an  Sloplianiis  papa  agons  advorsùs 
rebaplizanli>s  in  errorcm  opposiliun  lapsus  sil,  et 
omniiini  proniisciiè  liaMciiconini  Baplisma  approba- 
verit. 

Blondclliis,  Mardis  Aiitoiiiiis  do  Dominis,  haTOtici, 
cl  ex  Ciillioiitis  Lannoiiis  cl  Diipiuiiis  coiilcndunt 
Stepliano  pap:io  raliun  fuisse  Baplisma  quorunicuniquc 
h;orelicorum  ,  etiaiii  evaiigelicâ  forma  coimplà  ,  aut 
omissà  coilalum  ;  sed  falsô  et  magnà  lanti  ponlificis 
injuria,  qui  non  oiiuiiiim  iilaiiclui'reliconim  Baplisma 
apjirobavil,  sod  cornai  dnntaxal,  de  qiiibus  cum  Cy- 
priano  dispntalio  crat. 

Prob.  r  ex  ipso  decrelo  Stcpliani,  ex  qno  ipsuni 
criminandi  aiisam  maxime  sumnnt  advcrsarii.  Illnd  à 
S.  Cypriano  reforinr  in  Episl.  ad  Pompcinni  bis  ver- 
bis  :  Si  quis  ergo  à  quàcumqne  liœrcsi  vnicril  itd  nos, 
niliil  innovclur,  uisi  qusd  tradilnm  csl,  ni  mniius  illi 
imponatur  ad  pccnilcnliani.  Ex  quibns  palet  id  nnum 
Stcjdiannm  voinissc ,  ni  Iradilio  sorvaroUir;  (inod 
eiiam  Icslanliir  Eusel)in>,lib.  7  Ilist.,  Ilieron.  advcrs. 
Lncif.,el  Liiinensis  in  Comnioii.  Porrù  illnd  qnod 
tradilum  fuorat  in  Ecclosià  ,  id  solum  oral  vab-re 
eiiam  ba^rcticorum  Baplismum  ,  qui  sub  forma  à 
Cbiislo  insliiulà  eonl'crrctnr,  non  aniem  vol  càdeni 
forma  pra'Icrmissà,  vol  corrnpl:i.  Igitnr,  clc.  Onasu- 
obrcm  vf'ccs  il!;Te,  «  qtu'iciimqne  liarcsi ,  intclligondiie 
snnl  ac  rcslringendaî  ad  illos  luerclicos  qui  Ciirisli 
fonnam  intogram  scrvabant. 

2"  Idem  constat  ex  vcrbis  Cypriani  ac  Firmiliani.  ■ 
Prior  namqiic  in  landalâ  Epist.  de  Siepliano  loqnens 
ait  .  Aut  si  cffcclum  Eaplismi  majcstali  iwininis  (invo- 
calioni  nempc  Trinilatis)  Iribuunt  ut  qui  in  nominc  (id 
est  aucloritatc)  Christi  nbicuniquc  ,  et  quoniodocumque 
bfiplizmilur,  innovari  cl  sanr'.ificari  judicanlur,  clc. 
Aller  verô  in  Episl.  ad  Cypriannm  de  Stcpliani  de- 
crelo scribil  :  Illud  quaque  absurduni,  qubd  non  pnlanl 
qnœrendum  esse,  quis  sil  ille  qui  baptizaieril ,  eb  qubd 
qui baplizalus  sil,  qraliam  conscqui  polunil  invocalà  Tri- 
nitalc  nominum  Pithis,  et  Filii  cl  Spiiilùs  snncli,  etc., 
ex  qnibns  inanifosliun  csl  Cypriannm  cl  Firniiliannm 
Slepliani  decrelum  eo  sensu  accepisse,  ni  do  quihus- 
cumque  b.iereticis  loquerelur,  qui  Bapli  mi  iormam 
non  corrnmperent,  sod  inlaclam  conservaront. 

5"  Idem  constat  ex  co  qnôd  toiadissensio  iiit(>r  Sic- 
pbiininn  ac  Cypriauuin  alios(picri'bap(i/.,-inlos  non  crat 
de  forma  Ba])lismalis  ,  sed  unicè  de  (ide  niinisU  i  ,  ni  i  S.  Cyprannm  provcelnm  fniïsc. 


liôâ 


ex  biijusce  controver.->i;o  bistorià  compcrlnm  est  ; 
ailc«'>i|uc  cl  Slepliani  decrelum  non  forniamSacramenli 
spiMial.scd  dniilaxat  mini-tri  (idem. 

Dcnnim  sonU'iiti;i  Slrpliani  liàc  de  re  ea  fuit,  qiicc 
nunc  sompcr ,  et  olini  vignii  in  Ecclesià  ;' id  quod 
patel  tuin  ex  Angiisl.  in  libris  contra  Doiiat.  ,  lum 
ex  Vencenlio  Eirin.  in  Commim. ,  lum  ex  Facnndo 
Herm.  Cône.  .Moci;in.  Ecclesià  autem  nce  unqnàm 
a;  probavil,  nec  modo  approbal  Incrclicorum  B;ipli- 
sina,  vel  sine  forma  evangelicâ  ,  vcl  càdeni  subsian- 
lialilcr  corrupià  coilalum  ,  sed  lanquiun  invalidura 
sempcr  repudiavil  ac  répudiai.  Igilur,  etc. 
Objcclio. 

Cypiiamis  in  laudatà  Epist.  ad  Ponq)eiuin  Slepliano 
cxprobrat,  quôd  rccipiat  Baplisma  Marcionis,  Valcn- 
tini,  cl  Appelletis;  inquil  enim  :  «  Slepbani  fralris  no- 
«  stri  obslinalio  dura  prorupil,  ut  cliam  de  M;ucionis 
«  Baptismo,  ilom  Valcnlini,  cl  Appellelis  ,  et  ciotero- 
<  rum  blaspliemanlinm  Deum  P.itrom  conteiidal  filios 
«  nasci,  et  illic,  in  nomine  Jcsu  Chrisli  dical  remis- 
«  sioneni  peccalorum  dari  ,  ubi  blaspbcmalnr  in  Pa- 
1  Irem  ,  et  in  Doniinum  Denm  Cluislum.  >  Poriù 
isli  luerelici  legiliniam  Baplismi  Iormam  non  serva- 
bant,  nec  in  nomine  Trinilatis  baplizabanl,  cùm  caiu 
negarenl.  —  Resp.  nniversaliler  falsum  esse  mcmo- 
ratos  ba;rclicos  Baplismi  foiniam  violasse  ;  nec  ralio 
addiicta  id  cnnvincit  ;  consislere  qnippc  pole.-l,  ut 
circa  ïrinilatem  erraverint,  eltameu  formam  àCliri- 
slo  pnTîScriplam  in  Baplisnio  conferendo  relinerent  ; 
quemadmodùm  qui  neg;ibanl  Clirislum  esse  Dcum,  ut 
olim  Ari,,ni,  el  negant  bodiè,  ul  Sociniani ,  Ba{»tisma 
juxta  legilimam  formam  conferre  poieranl ,  ac  rea- 
psè  conforobaiil  ;  undc  in  concilie  Niteno  Arianorum, 
sallcm  plnrimorum  Baplisma  rcjectuin  non  fuit.  Quare 
el  de  Marcionilis,  Valenlinianis  ,  etc.,  siu  omnibus  , 
saltem  pluribus ,  invocalo  sanclissinuc  Trinilatis  no- 
mine b:ipli/.àsse  censeiulum  esl,  et  cà  de  causa  ratum 
liabitum  à  Stopliano  fuisse  ipsorum  Baplisma. 

Qn;vres  6°  ulrùm  Eirmilianus  ,  Cyprianus  ,  cisque 
consociali  cpiscopi ,  Stepliano  resisteudo  peccave- 
rint.  — Resp.  :  Si  peccatuin  proeoaccipi.ilurfinodcst 
erratum  à  veritale,  peccâsso  non  esldnhinm,  (juia 
dogma  fidei  cliristianaî  conlrarium ,  licèt  boiià  (ide, 
lanqnàm  pro  aris  ac  focis  pcrlinaciter  propugnabaul  ; 
quod  si  ex  malo  voluntatis  aiïcclu  cl  cordis  cxulcoia- 
lione  peccaluni ,  ul  moris  est,  dijudicctur  ,  etinidcu) 
dissimulare  non  possumus  Fiiuiiliamim,  cliarilaiis  et 
n10(lo^ti;e  mêlas  pnelergressuni,  liumanà  inlirmitate 
peccàsse  :  quis  eiiim  loi  ojuslamque  perUnbalosani- 
ini  moins  v:!le:il  exctis  .rc  ,  iu  (pios  contra  Ponlificem 
maximum,  docirinà  et  sanciilale  (aut(»perè  coinmeii- 
dabil  m,  irrevcreiilor  ciiioil  ?  Al  longô  divers ::ni  de 
Cypriano  (l)judicium  e-l,  iiKiUDcliarilaleni  exiniiam, 

(l)Communilord:iccnl  tlieologi,  post  S.  Anguslinnm, 
îdiquid  ,  ■,:t  pi'obahilifis  ,  ;ib  ulroqne  poccalmn  e>se  ; 
tuin  qni;i  piiniô  dnrinssumniuni  |i!iiililic.  m  iracifiini:!  ; 
I "m  quii  eiror  iliiniim,  licol  cxnisari  |;:iilim  doboni , 
tanit-n  no:)  vint;  :ili  |i;à  prliiiaciio  unil'rà  lanitliù  pi  r- 
slilit    Sed  r»li'i;di;m  est  Firmilian'ini  longii'is  qniiui 

\r.dii.) 


i439  DK  nr<:  sacramentaria.-- 

Jjiimililalcin,  inansiictiidincni,  inodesliain  singularcni 
liacleiiùs  Ecclesia  dciiiiiata  est  ;  quciii  ubiciue  S.  Au- 
^Mislimis  velut  iiiiilalis  aiuanlissimiiin  et  diaiitatis 
mudiosissimuinsiiiiiiuis  laudibusinfcdicat;  ilaqiiclan- 
l\ii\  tamquepncclariim  antistilein,  hauccadein  cliarilas 
accusari  non  snslinel,  pro  ciiiâ  lainsircnuè  diniicavil. 

Quidcjuid  sanè  sil  (diniilU'uduiii  oiiiin  de  co  et  cx- 
teris  soli  Deojudiciuin,  qui  solus  renés  et  corda  sorii- 
talur) ,  ccrluni  lainen  esl  Firiiiilianuin  niagiià  iii 
Orienle  sanclilalis  celebriiatc  vixisse  à  PaUibus  con- 
cilii  secundi  Anliocbeiii  beatœrccordat'ioiiis  vinim  ap- 
pellalum,  Euzeb.,  llisl.  lib.  7,  cap.  50,  et  sancloruni 
faslis  in  Ecclesia  Oiieiilali  descriplmn,  Meiiol.  28  oc- 
tob.  ;  unde  liquidé  apparel,  qiiidquid,  nialani  causani 
proiegendo,  deliquerat,  pœiiilenlià  expiasse  ;  Cypria- 
nus  verô  vir  ilanè  aposlolici  pectoi'is ,  si  quid  macu- 
la; in  bâc  dispiilalioiie  coiilraxil,  cluiritalis  nbcrtate  , 
înquitS.  Augusliiius.Iil).  1,  conli'.  Douât.,  c.  18,  ro/«- 
pensatum  est,  et  passioiiis  [alccpuryutuni  :  bine  lanluni  ei 
lionorem  Ecclesia  babuit,  ut  noinen  ejus  sacrocanoni 
iiiscruerit  inler  niissaruni  solenmia  rceilandum. 

Quccres  7°  an  et  qualenùs  S.  Cyprianus  cuni  suis 
valeat  excusari. —  Resp. ,  pixtcr  cielrra  qux'  ex  dictis 
colligi  possunt ,  ideo  excusari ,  quia  ad  prolegendun» 
errorem,  non  equidemveris.sed  tamen  nondùni  victis 
ralionibus  movebatur  ,  et  quia  corrigi  erat  [taratus , 
teste  Augustino,  si  qu;ostio  bxc  Ecclesiic  universalis 
robustissinià  auctorilale  ipsius  œlate  discussa  fiuila- 
que  foret  :  a  Quapropter,  ait  S.  Auguslinus,  lib.  2  , 
«  cont.  Donat.jCap.  i,  sanctusCypriauuslanlù  cxcei- 
€  lenlior  ,  quautô  bumilior,  qui  documenluni  Pétri 
«  sic  amavit,  utdieeret  epist.  71  ,  ad  Quinluui  :  Do- 
i  cumenlum  sciticet  nobis ,  et  concordiœ ,  et  patientiœ 
«  Iribuens,  nt  non  pcrtinacitcr  nostra  amemus,  sed  quœ 
^  alkjuundh  à  fratribiis  et  collegis  nostris  nlilitcr  et  sa- 
t  hibriler  suygeruntur,  si  siiit  vera  et  Icffuima,  ipsa  po- 
I  tiùs  nostra  ducamus,  satis  ostcndit  l'aeilliniè  ^e  cor- 

<  recturum  fuisse  sententiam  suam,  si  quiseidemon- 

<  slraret  Raptisuium  Cbristi  sic  dari  jiossc  ab  eis  qui 

<  foras  exieruiit.qucmadniodùni  aiuilti  non  poluitcîun 

<  foras  exicrunt  :  ncc  nos  ipsi  laie  alifpiid  auderemus 
«  asserere,  nisi  universix;  Ecclesi;c  coiicordissimà  au- 
«  ctoritate  firniali ,  cui  et  ipso  sine  dubio  cederet ,  si 
i  jam  illo  leniporc  quaistionis  luijus  veritas  eliquata 
I  et  declarala  per  plenariuuiconeilium  solidarctur  :  si 
«  enim  Pelruni  laudat  et  prœdieat  ab  uno  posteriorc 
i  coUegà  patienter  concordilerquecorrecluui,  (piaiilô 
c  citiùs  ipse  cum  concilio  provinciœ  su;ie  univcisi  or- 
i  bis  auctorilali ,  patefactà  veritale  ,  cessisset  !  quia 
i  profectô  et  uui  veruni  diccnli  et  dcmonstranli  pos- 

<  setfacillimè  conscntirc  lain  saneta  auima,  lain  pa- 
(  cata.  > 

Et  lib.  4  cent.  Don.,c.9  :  «  Vir  sanclus  Cyprianus, 
«  inquit ,  non  solùni  doctus,  sed  etiam  docibilis...; 
*  non  dubito  quôd  si  islam  (pia;slioneni  inEcelesià  diù 
«  multùrnque  versatam  cum  viris  sanctissimis  dociis- 
i  simisque  tractaret,  per  quos  postea  faclum  est,  ut 
«  anliqua  illa  coiisueludo  etiam  plenario  concilio  fir- 
«  mafctur,  sine  dubilalione  demonsirarei,  non  soliun 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  1440 

«  quàm  doetus  esset  in  bis  quic  (innissimà  verilatc 
«  perceperat,  verùm  etiam  quàm  docibilis  in  bisqua; 
«  minus  adverleral.  » 

Qu;eres  H"  utrùm  babitum  aliquod  taie  concilium 
fuerit,  in  quo  limata  et  solidata  veritas  sit.  —  Resp. 
cum  S.  Augustino  affirmative:  i  Postea  tamen, inquit, 
<i  lib.  2  coMt.  Don.,  c.  9,  dùm  inter  multos  ex  ulrà- 
«  que  parle  traelatur  et  qu;erilur,  non  solùm  inventa 
I  i  esl ,  sed  eliam  ad  plenarii  concilii  auclorilalem  ro- 
j  <  burcpie  perducta,  post  Cypriani  (juidcm  passionem, 
I  «  sed  antequàm  nos  naii  essemus.  » 

Quxres  9°  quando  et  ubinam  gentium  cclebralum 
sit.  —  Resp.  tanti  non  esse  banc  qu;eslionem ,  ut 
diù  morari  nos  debeai  ;  ccrium  quiden)  est ,  in  Arc- 
latensi  primo  concilio,  aiino  314  et  in  Nicœno  primo, 
anno  323  ,  post  Cypriani  obilum,  anlequàm  nascere- 
tiir  Auguslinus,  conlroversiam  delJapiismo  luerclico- 
rum  discussam  explicalamque  fuisse  :  Cyprianus  enim 
anno  258  marlyrium  obiit  ;  Auguslinus  verô  non  ante 
355  lucem  aspexit  ;  iiaque  de  allerulro  sanclum  do- 
î|'  clorem  debemus  iulelligere,  quoties  (quod  sx'pc  facit) 
i  quaîslionis  luijus  obseui'ilatcm  in  plenario  loliusorbis 
I  concilio  depul.,am  afliriDat;  ulri  aulem,  ex  meule  ejus, 
lutc  gralia  sil  habenda,  Arclaleusi  an  Nicœno?  Niliil 
aut  parùm  certè  nosUà  rei'erl,  nec  omninôiuterest  ad 
vorilalis  del'ensiouem  ;  peigraluni  enimvciô  ficlurus 
erat  theologis  S.  Auguslinus,  si  bancsynodum  proprià 
locict  lemporis  disliuclionc  nolàsset,  quod  eral  eitam 
facile,  quàm  plenaritun  esl  tolius  orbis  conciliinn  ap- 
pellare  ;  quôd  verô  in  rc  minime  neccssarià  paululùm 
nogligens  fuerit ,  non  ideù  culpandum  S.  doclorem 
putanuis. 

Jam  si  quis  luijusmodi  contcntionibus  delectelur  , 
f  )!iies  ei  indicabinuis ,  ubi  explore  se  ad  satielatem 
possit  ;  légat  Joannis  Launoii  doctoris  Sorbonici 
et  Joannis  Nicolai  ex  ordiae  Pnicdieatorum ,  ibeologi 
pariler  Parisiensis ,  prolixas  de  plenario  concilio 
concertationes  ,  siylo  acrj  et  vcbementi  conscri- 
ptas,  quasi  nimirùm  de  summo  fidei  capite  agcretur  ; 
(pioium  ille  pro  Arelalensi  ,  isle  pro  concilio  Nic:eno 
pugnavil  :  et  cui  libueiil  palmam  viclori;e  ,  per  nos 
lieel,  déferai  (1). 

Quœres  ullimù,  ulrùm  celebrato,  quod  S.  Augusli- 
nus tam  s;epè  laudat,  plenario  concilio,  slalini  ubique 
gentium  Ecclesi.e  reddita  pax  fuerit ,  omuesque  veri- 
latom  amplexi  luerint  —  Resp.  negalivè  :  quom- 
adniodinn  enim  posl  sa^vaiii  lurbulcnlamque  proeel- 
lam  non  slalim  marc  sedalur,  ncc  fluclus  contiiiiiô 
(luicseunl  ;  sic  in  causa  pncsenli ,  clsi  episcopornui 
el  sacerdolum  per  orbeni  lerraruui  maxima  pars  vc- 
rilali  in  concilio  plenario  conlirmala;  constMiscrint  ; 
reperli  tamen  aliqui  sont ,  qui  sive  canoues  Nic;c:c  cl 
Arelate  condilos  ignorareni,  sive  legilimum  eorum  sen- 
sinn  plenè  non  assequcrcnlur,  seu  alià  (piàvis  causa, 
,  ali(iuaulo  post  tempore  rebaptizaiuli  consueludinem 
tenuerunl ,  quod  satis  superque  probat  sancli  Dasilii 
Magni  exemplum  :  is  enim  in  Kpislolà  2  canonicà  ad 

(1)  Ville  Turnelium  ulramtiue  sententiam  breviler 
,  expnneiileni,  nmcst.  7,  art.  2.  (Edil.) 


lui  QUyEST.  Ml.  DK  MlMSi 

Ainpl)ilochium,caii.'i7,  scribilin  Kcclcsiàsuà  rcbapti-  1 

zari  liit'reticos   Kiicralilas  ,  Sacco|ilioios,  Apolacti- 

tas,  clc.Etsiapud  Ilouuinus,  \iu\u\l,  lioc  fieri  >iit  prohibi- 

/Hi/i;  inoxqnoadiliU'rc  catlKilica!  Loclcsi;i;  riiliimin,  si 

pliirossiinulcpisoojiieniivLMiirciU,  ol  circa  ilcralioiieiii 

vel  approbalioncni  Bapiismi  susccpli  in  liacresi  caiio- 

nein  coiulcrcnl  :  veriiiii,  posloa  dissipalis  qtia;  siipor- 

eraiit  crro:is  luibeculis,  liixit  iibi(iiH;  goiiliuin  vcritas  , 

ol  ila  vorsi'is  ([uarli  sociili  liiiciii  iiivaliiil  ,  ul  pro  ba;- 

rolico  babiliis  sil  viiiistiuiscoiilradiccre  ausus  est.  Sc- 

quitur 

Sectio  II. 

De  improbis  cl  scelestis  m'mistris  ;  utrkin  valcant  ab  Us 

coUala  Sacraïucntu  ? 

§  1.  Novaliaiiorumy  Donatislarum ,  et  aliorum  error 
noUitur. 

Qtiàni  inerilô  à  ViiiconlioLirinoiisi  dicluin  sit,  Com- 
luoii.  cap.  9,  Agiippiiii  Cailbagiiionsis  de  itorando 
Baptismo  pia'suiiiplioiieiu  taiitùin  inali  invexisse  ,  ut 
Jion  soliiin  (luibusdam  calbolicis  occasionem  erroris, 
sed  hsereticis  formam  prsebueril  sacrilcgii,  multiplex 
probavit  eveiitus  :  nam 

1"  Eodein  teinporc  quo  S.  Cvpiianus  cum  collegis 
suis  pro  ileralione  Baplismalis  cuiu  Uoivianà  cl  calbo- 
licà  Ecclesià  coiitondebal,  hoc  ipsuin  ÎNovaliaui,  lum 
in  Afi'icà,  luni  alibi,  usurpâruiit,  cujiis  rci  pra;ler  cce- 
leros  testcni  Cyprianuni  ipsuiu  habcmiis,  iii  Episto- 
là  73  ad  Jubalaïuuii  ila  loqiienlem  :  i  Nec  nos  niovct, 

<  fraler  charissinie.qtiod  iulillcris  luis  complexus  es, 
I  iSovalianenses  rebaplizare  cos  quos  à  nobis  sollici- 
c  tant  ;  quando  ad  nos  onuiinù  non  pcrtincat  quid  ho- 
c  stes  Eoclesi;3e  faciant,  duniniodô  Icneauius  ipsi  pote- 
«  stalis  noslra)  bonoreui,  et  ralionis  ac  veiilalis  lir- 
«  niilaleni  ;  nam  Novalianus,  siniiannn  more,  qiia-, 
i  cùm  bomines  non  siut,   homines  lamen  imilanlur, 

<  vult  Ecclesiaî  calhoIic;ie  auclorilatem  sibi  et  verila' 
c  tem  vindicare,  quando  ipse  in  Ecclesià  non  sil,  imô 

<  adhuc  insiiper  conlra  Ecclesian»  rcbcilis  et  iioslis 
«  cxstilerit....  ;  quale  est  autem,  ut  quia  hoc  Novalia- 
i  nus  facere  audei,  nos  pulemus  non  esse  faciendum? 

<  Quid  ergo?  Quia  et  honoren>  cathedra)  sacerdotalis 

<  Novalianus  usurpai,  nuin  idciico  nos  calhedne  rc- 
«  nunliarc  debenius?  Aiil  quia  Novalianus  allare  col- 
«locare,  et  sacrilicia  oflerre  conlra  fas  niliiur,  ab 
«  allari  cl  à  sacriliciis  cessare  nos  oportct ,  ne  paria 

<  et  similia  cum  illo  celebrare  videamur?  Vanum 
i  prorsùs  et  siultum  est,  ut  quia  Novatiauus  exira 
«  Ecclesiam  vindicat  sibi  verilalis  iniaginom,  rolin- 
I  quauius  Ecclesiic  verilateni.  > 

:2'  Ineunte  quarto  seculo  ejusdem  erroris  h^rcdi- 
las  ad  Donalistas  est  devolula,  et  ab  iisdeni  aniplili- 
c.ita  :  cùm  enini  rebaplizandos  in  calbolicà  Ecclesià 
Ii.crtHicos  Cy[»rianus  censuissel,  (/«or/,  inquii  S.  Au- 
giislinus.lib.  de  unico  Bapt.,conl.  Pelil.,  cap.  13,  (lie- 
rai Itiimani  erroris,  isti  rebaptizabant  Catholicos,  qtiod 
semper  est  diabolicœ  pra'sumplioms ;  cùm  porrù  voilent 
Ecclesiam  loto  terraruni  orbe  exlinclani  poiiilùs  cl 
malorum  conlagione  proslralani,in  solà  Donati  parte 
liansisse,  aliundè  verô  contendcrent  Baptuaj«um  ah 


BIS  SACUAMENTOBLM.  U42 

Ecclesià  disccdendo  ainilli,  ut  vidcre  est  in  Aug.  cont. 
Crcsc. ,  Jib.  i,  cap.  Oïl,  bine  lincin  rcbaptizandi  non 
l'aciebant  :  quin  cl  taie  esse  volebavl  Uapiisma,  qualis 
est  ille  a  (juo  hubclnr,  vel  daliir,  vel  sumUur ,  vide 
S.  Aug.  conlr.  lill.  Pelil.,  lib.  2,  c.  33  :  liaplhmum 
daiilis  conscientiaiii  attendi  debere,  quœ  abluat  accipien- 
/t-m.vide  S.  Aug.  conlr.  lill.  Pelil.,  lib.  1,  c.  1.  IliU- 
rius.  L'udèconscquenserat  uldiceront  irrita  prorsùs  e'> 
vana  esse  coilala  à  niinistris  improbis  Sacramoula; 
quando  aulom  à  calbolicis,  Donaiistarum  ipsoruni 
exemple  urgebanlur,  quos  sacrilegos  multos  fuisse 
diffiteri  non  poteranl,  suum  hoc  delirium  aliquando 
sic  Icmpcrabant,  ut  ab  inq)io  lalonle,  non  vcro  ab  im- 
pio  manifesio,  Bapiisnunn  reclè  dalum  reponercnl; 
vide  S.  Aug.  conlr.  épis.  Parm.,  lib.  2,  cap.  13. 

5°  Eodem  seculo  Hilarius  Romanae  Ecclesiœ  dia- 
cônus,  vir  ctcterà  commendalissimus,  qunm  in  fidei, 
cl  sancli  Allianasii  dofensione  pcpercral  laudem,  du- 
plici  doinceps  labe  dcboncslavit  ;  nam  Luciferi  Cala- 
rilani  episcopi  scbismali  adhresit,  cui  et  propriani 
hoeresim  addidil,  Arianos  cœlerosque  huMcticos  re- 
baplizandos esse  propiigiians  ;  hune  S.  llioronymus 
in  dialogo  conlra  Lncilerianos  egrogié  rciïilat,  et  al- 
terum  orbis  Deucalioncin  appollat,  (|u6d  nimirùm  ba- 
plizatos  ab  hiureticis ,  aquâ  sancliore  renovare  et 
regenerare  pncsumeret. 

i"  Sub  fmcm  duodecimi  seculi  sopitam  Donatisla- 
rum h.-cresim  Waldenses  demiù  excilàrnnt,  prater 
ciielera  errorum  nionslra  docenles,  à  malis  pollui  Sa- 
cranienla;  atque  adeù  iniiovandum  quidquid  ab  illis 
foret  tomerariô  et  prêter  fas  allcnlalum. 

5°  Nemini  non  nolum  putauius ,  decimo  quarto  «t 
sequenle  seculo,  Wiclol'o,  Joaiini  Uns,  coruinque  sc- 
claloribus  errorem  hune  arrisisse,  eâque  de  causa,  à 
concilio  Constanlicnsi  et  Marlino  V,  Pontifice  maxi- 
mo,  nierilô  esse  damnalos;  Widefi  quartus  arliculus 
bis  veibis  oral  conceplns  :  Si  episcopiis  vel  sacerdos 
existât  in  peccato  mortali,  non  ordinal,  non  confiât, 
non  consecrat,  non  bnptizat. 

Contra  hos  omnes  eorumque  similes  sil, 

§  2.  Ostendiliir  ministrorum  perversitate  nec  pollui 
Sacramenta ,  nec  irrita  fieri. 

Aperta  h;ec  Tridenliiii  concilii  dclinilio  est,  sess.7, 
de  Sacr.  in  gêner.,  can.  12  :  Si  quis  dixeril ,  inquit, 
ministrum  in  peccato  mortali  existenteni ,  modo  otnnia 
esscntiutia ,  quœ  ad  Sacramcntum  con/iciendiim  ,  mit 
conferendum  pertinent,  servaverit,  non  con/iccre,  aiit 
conferre  Sacrantenfhm  :  anatliema  s//;lidei  ita(piosen 
tentia  est. 

Pr.oit.vTio  PRIMA ,  ex  comparatione  malorum  cum  luvre- 
ticis  et  scliismaticis. 

Sic  porrù  isla  conclusio  cum  pra-ccdcMlc  conjunola 
est,  ul  priman»  qui  adniiseril,  negare  secundam,  nisi 
slultè  et  impcrilè ,  non  possit  :  quando  enim  mulla 
rci  alicui  agenda)  videnlur  op|)oni  obstacula,  quorum 
iiileijeclionc  nielus  sil  ne  lotum  nogolium  cvanescaf, 
lune  ccilè  si  id  qnod  vohemenliiis  fueril ,  evcnlum, 
quantolibct  impolu  faclo.  nom  inipedil,  nndlù  minus 
impe<liel,  quod  erit  lançuidius;  atqui  Saoramenla  rilu 


,«,-                         DE  aE  SVCRAMENTARIA.  —  DE  5ACI\A^5ENTIS  IN  GENERE,                        Mii 

evaii^i'lico  J.ila  irriliu-o  luïMCsii  et  scliisin;»  non  pos-  X  «  .'uiikiIo,  iilriun  fonco  cxpressum  sit,  qnor|nc  r.i()(!() 

siml"   sci'lcra  laiiion  liu'C  siiiil,   in  comparaÙDiie  eu-  j,  «•  iminu  ideiiHiiio  sigiiimi  existai  :  distrimcii  ciiiiu  in 

jiisvis  flagilii,   noiuiiio  ilifiUor.lo,  gravissima  ;   idem  [  «  iiialeiià  est,  non  in  sigiio  :  sic  libi  quocjne  omnos 

cr^o  de  altéra  quàvis  inipiobitatc,  sivc  lalcnlc,  sive  i-  «  (jni  ba])!i/.an(li  numcie  lungnnlur,   idonoi  iiabeaa- 

nianifoslà,   piilaiidnni  est;   und(^  cadoni   poné  argu-  |:  «  !nr  :  qnanivis  cnim  aiius  alii  probitalc  vitcc  anlc- 

niiMila  bie  redennt,  quic  siipcriùs  Cypiianuni  et  alios  i  «  ecllal,  (>adeni  lanicn  Baj)ti.snii  vis  est.  » 
rd'iitando  altulimii 

PROn.VTio  ii,/.i'  innalà  Sacrmuoitomm  v'irlule 


I       (I  (aiiiliniiit  qiiidiMH,    ait    S.    Joaniies  Cdrvsosto- 
'X  «  imis,   Hoiu.  8,  in   1    Epis.  aJ  Corint.,     laieos  pic 
Ad  catholicie  voritalis  defensioiiein   vel  ur.a  suffi-  |   «  vilaui  agere,    nialè  auteni  et  improbè   si.cerdoles  ; 


ccrcl  ScriplMrarnm   aiictoiilas  qiiâ  doecmnr  Sacra-  i 
niiMita,    non  bomlnis  sed  Dei  opora  esse,   quidquid  | 


«  undc  ncquc  futnrum    esset  liaptisnia,    nec   eori)tis 
j  Cbiisli,   nec  oblatio  per  illos,  si  nhicpie  dignitat  in 


virlulis  babcnt,  ab  ejus  ineiïabiii  opcralione  pondère;  |  t  ne  mérita  requirerel  gratia  :  alqni  eliam  pcr  iiidi- 

liomiiiem  vcro  ad  eornm  confectioiicni  piuter  nndum  |  «  gnos  Dcns  solct  operari,  iieque  lîaptismalis  graiia 

niinisleiium  nihi!  affcrrc.                                                 If  «  quidquam  heditnr  vilà  sacerdotis  ;  aboqiiin  qui  acci- 

K(io  sinn,  c(jo  sum  Ipse,  ail  Siûiilus  sancUis,  qui  |  »  pil,  minus  esset  liabilnrus....  niliil  cniniaffcrl  sacer- 

deleo  iitiquUutes  luas  proptcr  me,  Is.  45,  25.  Qui  misit  tj  «  dos   ad  ea  qu;e  siml  proposita,  sed  uiiiversuni   est 

me  bcintizarein  aqtut,  inquiebat  S.  rnveursor,  ilie  milti  S  «  opus  Dei  vii'iuiis,  et  iile  est  qui  nobis  exbibet  my- 

dixil:  Super  quein  viderisSpirilum  dcsceiidoilcm  cl  ma-  ;|  «  sleria.   » 

nentem  super  eiun,  lac  est  qui  buptiznl  in  Spiriln  sanclo,  I'  «  Non  est  aqiia,  inquit.S.  Angust.  lib.  5  conlr.  Do- 


Joan.  i,  55.  El  Aposlohis  :  Sionificaiiim  est  milti,  in- 
quit,   1  Cor.  1 ,  11,   quia  coulentiones  siuit  inler  vos 


nat.,  cap.  10,   profana  et  adultéra,     .suj  er  quam 
;  :|  <  nomen  Dei  invocalur,  eliamsi  â  profanis  et  adulle- 


lioc  aulem  dico  quod  lunisqnisque  vestn'un  dicit  :  Ego  iji  «  ris  invocetur  :  quia  nec  ipsa  creatura  nec  ipsum  no 
quidemsumPauli,egoau(emApono,egoverbCepiiœ;' 
.  ego  aulem  Cliristi  :  divisus  est  Clnistus  ?  ^'umquid  Vau- 
ÏHS  erueifixus  est  pro  vobis  ;  nul  in  nomine  PauH  bapti- 
zati  estis?  Et  paulô  post,  c.  5  :  Ciim  sit  iriter  vos  zeliis 
cl  conienilo,  nonne  carnales  eslis,  et  secundiim  hominem 
ambnlalis  ?  Clan  enim  quis  dicat  :  Ego  quidem  sum 
Pauli;  atius  aulem  :  Ego  Apollo,  nonne  liomines  eslis? 
quid  igilur  est  Apollo,  quid  verb  Paidus?  Minislri  ejus 
eui  eredidistls ,  et  unicuique  sicut  ï>ominus  dedil  :  Ego 
planiavi ,  Apollo  rigavit  :  sed  Deus  incrementum  dedil  ; 
itaque  neque  qui  plantât  est  atiquid,  neque  qui  rigat,  sed 


<  nien  adulterum  est....  an  verô  solisvel  etiam  lu- 
1'  €  cernoe  hix,  cùin  per  cœnosa  diffundilur,  nibil  inde 
Il  I  sordium  contrabil,  et  Baplismus  Cluisti  polest  cu- 
|;  9  jusdam  sccleribus  inquinari?  s 
l|  ^El  lib.  5  conlr.  Crescon. ,  c.  8,  eùm  Cresconius 
I  malus  sopbisla  dixisset  «  Dei  quidem  esse  dare  incre- 
I'  c  m(;nlinn;  sed  sicut  qui  plantât  et  rigat,  nonnisicolonus 
I  <  fidejis  eldiligens  qn;\'rilur,  sic  etiani  in  Sacramento 

ii  «  Baptismalis  nonnisi  fidelem  cl  justissimum  opera- 
j  9  rimn  adbibcri  ;  »  illum  sic  redarguit  S.  doclor  :  «  Quasi 
f  «  verô  quùd  infidelis  colonus  plantaverit,propler  ejus 


incrementum  dal  Deus...  Dei  enini  sumus  adjutores,  >■   «  iii-fidelilatem   non  gcrniinet  vis  seminis,  et  fœcun- 


qm 

Dei  agncnltura  eslis,  D,i  œdifiealio  estis. 

Ex  his,  inquam,  et  similibus  Scriplurarnm  lestimo- 
iiiis  facile  est  argumciitando  coHigere  Sacramenlorimi 
virtuleni,  sicut  ab  lioniine  non  babetur,  ila  impediri 
ministrornm  iniprobitalc,  quanlùmvis  consummala, 
non  posse  ;  eùm  in  divinis  mysleriis  solus  Deus  totius 
boni  fons  operetur. 

Pkobatio  m,  ex  auctoritate  et  consensn  majornni. 

Nec  aliter  luvc  oracula  sancti  Patres  inlellexernnt. 


9  dilas  terne  cœli(iue  lemperies  liane  eflicaciam  divi- 
9  niiùs  non  aceeperinl,  ut  ad  propagandos  fructus 
I  planlalorem  vel  rigatorem  operarium  tantînnmodù 
«  expeetent,  quà  meule  operetur,  quâ  laboret  inten- 
«  tione  non  eurent.  » 

El  alio  in  loco  Donatistarum  prcïsumplioneni  sic  ré- 
futai ;  <  Quomodo   dicitis,  inquit,  tract.  5  in  Joan., 
«  quia  vos  baplizalis,  et  Joanncs   di;  it  :  flic  est    qui 
«  bitptizat?  Sed  ministres,  inquiunt,  lanli  judicis  jus- 
quorum  una  vox  est,  una  senlentia,  Saeramenla  sic  [I  «  los  (q)orlet  esse,  per  quos  baplizalur;  et  ego  dico, 


esse  in  mami  Dei,  ut  nec  virtulem  suam  ab  indtislriâ 
ministroruni  aut  sanclilate  cxpeclent,   nec  possinl 
ejus   aliquid ,   eorum  malilîâ   el^mprobilale  deper-  || 
dere. 

«Ne  inquiras,    inquit  S.  (îregorins  Nazianzenus, 
9  Orat.  40,  in  S.  Baptisma,  concionaloris  aulbapli/.an- 

i  lis  auetorilalem qui  curalione  indiges,  in  judi- 

î  ces  judicium  ne  arripc,  nec  cornm  à  quibus  piirga- 
«  ris  dignilalcs  excute ,  nec  inUr  geiiitores  deiectinn 
«  habe. . .  :  sinl  duo  annuli,  .iller  aureus,  aller  fer- 
«  rcus ,  atquc  ambo  eamdem  imperaloris  imaginem 
«  inseuliilam  babeant,  ac  deinde  cerani  imprimant: 
<  (Juid  tandem  boe  signum  ab  illo  signo  distingues? 
f  Nibil  ;  maleriam  in  cerà  internosee,  ijuàndibet  sin- 
%  gulari  solertià  sis  ;  die  utruni  è  duobus  signis  aureo 


9  omncsdicimus,  quia  justos  oport''!  esse  lantijndieis 
9  n)inislros;  sinl  minislri  jusli,  si  volnnt  ;  si  au(<Mn 
(i  noluerinl  esse  justi  (|ui  super  calbédram  Moysi  se- 
«  dent,  sccurum  me  fecil  magister  meus,  de  qno  Spi- 
«  rilus  ejus  dixil  :  Uic  est  qui  baptizal ...;  si  fueril  uii- 
«  nisler  justus,  conipulo  illum  ciun  Paido,  conipulo 
<  illum  cum  Pelro  ;  qui  verô  fueril  superb:is  niinis- 
9  ter,  cunizabolo  computatur;  sed  non  contaminalur 
t  donum  Cbrisli  ;  quod  per  illum  finit  puruni,  (\'.\:h\ 
«  per  illum  transit  Ii(iuidum,  vcnil  ad  ferlilem  t.  r- 
«  ram  pula,  quia  ipse  lapideusesl,  quia  ex  aquà  fru- 
9  cluni  ferre  non  polest,  et  per  lapideum  canaleni  iraus- 
«  il  aqua  ad  aredlas,  in  canali  lapideo  niiifl  geuer.  t, 
9  sed  tamcn  borlis  plurimnni  IVuclmn  afl'ert  :  spirtua- 
«  lis   enim  virlus  Saerauienli    ila  ol^   ut  lux,    cl  ab 


144B 


QUyEST.  VII.  DE  MINiSTRIS  SACRAMENTORLM. 


<  illuminandis   pnra  cxcii»iiiir,  ei  si  por  imimiiKlos 

<  trnnseat,  noi)  iii(|iiin:iliir,  ^ 
Ex  liis  cl  >iiiiilil)iis  i'aliiiii»  coiii|t;ualionil)iis   argii- 

nieiUiim  sic  eflloicscil  ;  ila  se  liabel  minisler  ad  Sa- 
craiiiciila,  (inomodo  ad  iinagiiicm  se  liabel  sigilluin, 
quoniodù  coluinis  ad  agniin,  qiioiiiodo  corpora  ad  lii- 
ccm,  (pi;e  pcr  oa  lraii>inillitiir  aiil  relloflilui',  (pio- 
luodo  caiiaiis  ad  aiiuam  qiiaiii  develiit;  alipii  sii,'illiim 
fcneum  sil  vel  aiiroum,  iiuagincm  niliilominiis  iiuiui- 
niit  ;  iicc  cxpeclai  agcr  al)  an'cclii  coloni  rc.liiilaieni, 
qiiain  loiam  ex  vi  seminis  cl  icrraî  bonilale  coéliquc 
iciiiperio  liabel;  iicc  splondorom  smim  ainitlit  bix 
iieqiie  iiiloiem,  pcr  loca  licèl  sordida  dill'imdaliir  ; 
ncc  deiiiqiic  de  aqiianim  fuciindilale  quidqnaiii  nii- 
miilnr,  sivc  canalis  lapideiis,  sive  ciijiisvis  malcritc 
fuerit;  ergo  à  pari  boiiuin  est,  cliani  miiiislro  nialo 
opérante,  Sacramenlimi  :  Mémento  crgo,  ailS.  Aiigii- 
Sliniis,  lib.  2,  coiilr.  lilt.  Pelil.,cap.  -i7,  SdCiameiUis 
Dei  niliil  obesse  mores  imilorum  liomiimm.  quo  illa  vel 
omniito  uon  siitt,  vel  minus  sancla  sint. 
Trobatio  IV,  ex  ralione, 

SulTragatur  lalio  ipsa,  ilbisliala  divinà  fide,  et 
niulla  suggerit  prorsiis  ineliiclal)ilia  argumenta. 

Priinum  sic  iiiforinalur  :  Baptisnius  (ideniquc  de 
caHeris  inlellige)  ununi  profeclô  csl  Sacramenlum  ; 
ideô  vcrô  uniini,  quia  csl  Chrisli  ;  crgo  boc  iiîso 
qiiùd  Cbristi  nomine  rilii  evaiigelico  consecralur,  à 
quocuinque  laiidem,  sive  bono,  sivc  mab),  admiiiis- 
U'oltH",  validns  est  :  qnà  de  rc  pnïclarissiniè,  ut  so- 
let,  S.  Augnslinus  ;  «  Cùni  lanlùm  dislarct,  iuquit, 
t  epist.  conlr.  Donat.,  sive  bb.de  Unit.  Eccl.,c.  21, 
€  iiiler  Pelruni  cl  Judam,   niliil  tainen  distabat  inter 

<  Baptisniuni  qui  dabatur  pcr  Pelrum,  cl  qui  dabalur 

<  per  Judam  :  illud  cnim  quod  per  eos  dabalur  unum 
t  eral,  cùm  ipsi  non  essenl  unum  ;  et  illud  Cbrisli 
i  eral,  illorum  auleui  unus  ad  mcnibra  Cbrisli,  aller 
€  ad  parteni  diaboli  perlinebal  ;  cùm  verô  Joannes 
«  Baplislael  Paulus  apostolus  unum  essenl,  quia  utcr- 
«  que  sponsi  amicus  crat,  lamen  quia  non  eral  unus 

<  Baplismus  qui  dabalur  à  Joanne,  et  qui  dabalur  à 
«  Paulo,  jussil  Paulus  Cbrisli  Baplisuio  baili/.ari  eos 
«  qui  Baplisnio  .loannis  fueranl  baptizali  ;  ila(pie  ille 
f  Baplismus  Joannis  diclus  est  :  qui  auleni  pcr  Pau- 

<  lum  daius  est,  non  est  diclus  Baplismus  PauU,  scd 
«  jussit  eos,  inquil,  baplizari  in  Clirislo,  Act.  19  ;  ecce 
I  unum  suiil  Joannes  et  Paulus,  cl  non  unum  dant  ; 
c  cccc  non  sunl  unum  Peliu^  et  Jutlas,  et  unum  dant  ; 
i  clvcro  Pelnis  et   Paulus  cl   unum  sunl  cl  unum 

<  dant  :  Abrabam  et  Cornélius  ex  fidc  juslilicali  unum 
c  sunl,  et  non  unuui  Sacramenlum  acccperunt:  itcm- 
i  que  Cornélius,  cl  Simon  .Magus  non  sunl  unum,  cl 
I  unum  Sacramoiilum  ac(op(M'unl  ;  al  vcro  Cornélius, 
«  lI  illo  .'ipâdo  qucMi  Pliili|)pu-)  in  ilincre  baptizavit,  cl 
«  unum  sunl,  et  unum  Sacramenlum  acccperunt  : 
i  cùm  crgo  unum  csl  Sacramenlum,  nec  diveisi  da- 
i  tores,  ncc  divcrsi  pcrceplores  faciunt  ul  non  sil 
4  unum,  quod  unum  csl.  > 

Secundum  buic  aflinc,  sic  inbumalur  :  si  Sacra-    ■  oonsiricios 
incnia  à  minislrorumqualilaledepcndcini,  ila  uldala  ||l  conlidere  [ 


lliG 
à  bonis  siiil  bmia,  mala  vcro  data  à  nialis,  lahla  crit 
in  accipioalilMis  ba|>liMiii>i  um  varielas,  (|Uanla  in  ini- 
nisliaiilibus  diveibilas  meriloi  uni  ;  quciiiadmo  dùui 
ciiiin  huiiiis,  iu  bàc  iivpollicsi,  dal  bonuiii  ({uod  lia- 
bel, ila  (pii  inelior  l'ueril,  i«l  (piod  mcliiis  babcbit 
(■onimunicabit  ;  unde  sequelur  innumerabiles  dcl  eir 
admilli  bapÙMiios,  quia  merilonim  disparilas  in  csli 
niabilis  est  ;  alqui  Imc  ila  est  absurdiini  el  ab.-omiiii,  ul 
à  nciiiine  medioiritt-r  sapienle  admiiii  possil  :  que  ::- 
admodùni  ilaque  non  est  nu  lior  Baplismus  qui  jicr 
nicliorem  dalur  ila  nullo  modo  est  malus,  qui  cliam 
pcr  malum  daliir  ;  quia  non  ejus,  sed  Dei  Baplismus 
est  :  boc  argumcnlum  SoCpissimè  conlra  Ponalislas 
S.  Augustinus  inlorquet  :  «  Isli  auleni,  inqiiil,  1.  de 
«  Unit.  Ecclcs.,  dùm  volunt  bominum esse  quod  Cliri- 
<  sli  est,  res  falsissimas  et  absurdissimas  persuailerc 
t  couanlur,  ul  propè  lot  sint  baplismi,  quoi  iiumiiics 
«  p  r  quos  danlur  ;  ilaque  illud  quod  Doniinus  ail  de 
«  bomiiie  et  opère  bominis,  Mallb.  7,  17,  arborbona 
t  bonos  fructiis  facil,  arbor  mala  malos  frucins  fucil, 
i  isli  ad  hoc  delorquere  conanlur,  ut  à  bono  bapUza- 
«  lus  bonus  sit,  cl  à  malo  baplizalus  malus  bit;  undc 
t  scquitur,  etiamsi  iiolinl,  util  nudiore  baplizaliis,  mc- 
!  lior  sil,  et  ab  inl'criore  baplizalus,  inforior  sil;  ex 
i  quo  fil,  ul  illiquos  anle  Domini  passionem,  non  ipso 
«  Jésus  baplizabat,  sed  discipuli  ejus,  mullù  sancliùs 
«  liascerentur,  si  ab  ipso  bapli/arenliir  ;  quis  cnim 
«i  vel  cogitare  possil,  quantum  inlererat  inler  ipsum 
-!  cl  discipulos  ejus  à  quibus  baplizabanlur?  Ergo  in- 
«  vidit  eis  sancliorem  generalioncm,  quos  à  discipu- 
«  lis  suis,  sese  bîc  conslilulo,  nialuil  baplizari?  Quod 
i  inique  quisqiiis  crédit,  insanus  csl;  quid  ergo  Do- 
«  minus  eo  ipso  demonslrarc  dignatus  csl,  nisi  suum 
i  esse  quod  daretur,  pcr  qucmlibcl  darelur,  et  se 
«  bapiizare;  de  quoamicui  iPc  sponsi  dixeral,  Joan. 
î  l,î55  :  Ilic  est  quibaplizal,  per  cujusiibet  manus  mi- 
«  nistri  baplizarclur,  qui  credidissel  in  euin  ?  Dicit 
«  Cliam  Paulus,  1  Cor.  1,  li  :  Cmtias  tujo  Deo  quod 
4  neminem  vesinhn  baplizuvi,  nisi  Crispiun  el  Caiiim, 
«  ne  quis  dical  qubd  in  nomine  meo  baplizavi.  El  isle 
c  crgo  crcdalur  invidisse  omnibus  meliorem  sancliti- 
«  calionem,  si  (luaiilù  mcliorcral,  lanlù  meliùs  polC' 
«  laiil  baptizali  ijui  ab  illo  baplizarcntur  ;  imo  vcro 
■i  ad  boc  ipsum  vigilavil  caulissimi  cl  lidcdissimi  dis- 
'  pcnsaloris  iiilentio,  ne  quisquam  idco  sancliùs  se 
«  baptizalum  pularcl,quùdà  minislro  sancliurc  bapli- 
»  zarctiir,  cl  quod  Domiiii  cial,  servo  liibiicrcl.  » 

ïerlium  est  :  Si  à  sanclilale  miniBlranlium  Sacra- 
menla  dependeanl ,  nenio  scire  uiiquàm  p.otciil  an  sil 
baplizalus;  iniô  leneWliir  quisquc  crcderc  (l),so 
quanlùmlibel  linclum  cxlcriùs,  nondùm  lamen  esse 


(  I  )  Hicc  argnmcnlalin  fiisilalc  non  csl  vacua.  Naj." 
qiiando  liaTi'lIci  dicuiit  non  valcre  ininisiri  peccaloris 
Baptisuia,  iniclliguul  niiiiislruin  iu  pori  nio  morlali 
jaoenU'in  ;  imo  vcro  picriqiic  de  pcccalore  nianifeslo 
lo(|uunlur  :  porrù  S.  Joannes  in  alialo  tcxlii  non  de 
lallbns  pcccalis  scrmoiioiii  halxl  ;  neqiie  cnim  si-mpcr 
Icncmiir  credcre  nos  morlalis  pcocati  vim  iilis  esse 
conslriclos;  sed  cum  modcslià  nos  justilicalos  s;cpô 
possumus.  (^î.dit.) 


lui 


i)E  RE  SACttAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


\US 


l)aplizaliim  ;  ([iiin  ncnio  homo  est  qui  sit  ab  omni  pec-  iii  Raplisnnim  a!)  iiiipio  nianifeslo  non  daii,  rcclè  v»'!  ù  ab 

iiii|)i()  latente  ;  qtiia,  (.•l'un  lalol  pollula  conscieiilia  ba- 
l)lizantis,  Iiuk;  per  seabliiil  Clirisliis  aiilanijclus  ;  qiiod 
si  iia  cssct,  urgel  S.  doclor,  satius  foret  bapiizari  ab 
occiillo  nialo ,  qiiàin  à  nianifeslo  bomine  bono  :  eô 
enini  Baplisma  nielius  est,  quô  saiietiùs  jiislilicalur  qui 


cali  labe  inununis ,  eùni  ncmo  qui  non  Icnealur  di- 
ccre  in  oralionedominieà  :  Diniilte  nobis  débita  noslrci, 
skul  et  nosdimiltimus  dcbiloribus  nostrin.  Ihnc  aposlo- 
fusJoanncsl,  18  :  Si  dixerimus,  inquil,  quonUim 
pcccalum  non  liabemns  ,  ipsi  nos  seducimus,  et  veritas 


in  nobis  non  est  ;  alcjui  al)surduni  consequeiis ,  (Tgo  el  |  jjapiizaliir  ;  atijui  in  iiàe  liypolbesi  sancliùs  jnslilica- 


anlceedens;  boc  ratiociuio  S.  Auguslinus  contra  Cre- 
Sconium  ulitur  :  volebal  ille,  vel  iioc  uno  Scripluruî 
tcstinionio  :  Qui  bapùz^dur  h  niortuo,  qnid  et  prodest 
Idvulio  ejus?  satis  siiperque  ostcndi,  à  niinistro  poe- 
calore  bapiizari  neuiincni  posse.:  «  Si  omnoni  iionii- 
«  neni  peccaloieni,  inquit,  cent.  Cresc. ,  iib.  "1,  c.  27,  1 
«  inteliexeris  niorluum,  lanta  quae  non  vistesequen-  | 
«  lur,  ut  ipse  qnemadmodùni   vivos    invenirc   non  1 


reiilnr  (jui  ab  occulto  ni;ilo  baplizarenlin-,  (juia  Cbri- 
sliMu  ipsuni  inleriùs  bapiizatorcm  baberent,  qui  est 
ineoraparabiliter  nielior  bono  quolibet  niinistro  ; 
ergo,  etc.  «  Si  ergo,  inquil,  Iib.  2,  cont.  Epist.  Parinen. 
«  c.  H.  lune  lionioba])tizat,  cùm  baptizator  numifestus 
(t  est  iwiius  ;  ctnn  verô  ba|itizaior  lalei  malus,  tune  Deus 
î  baptizat  aut  angélus,  et  unusquisque  talis  spiritua- 
«  liler  nascitur,  qualis  t'uerit  à  quo  baplizatur  ;  optent 


«  possis,  dicenle  Joanne  :  Si  dixerimus  quia  pecculmn  |  «  qui  desiderant  baptizaii,  ul  boiniiies  per  quos  bapti- 
«  non  liabemns ,  nos  ipsos  decipimus  ,  et  vcrilas  in  nobis  |  «  zanlur  non  sinl  ni;.nilVsli  boni,  sed  latentes  inali,  ut 
i  non  est ,  ut  omninù   non  invenias  iioiniiieiii  à  quo  |  «  sic  Deo  vel  angelobaptizante,  sanctiores  ronasei  mc- 

3  «  roaninr;  liane  absurditaiein  si  cogitant  eviiare,  per 
'î  «  qiieiiilibct  liomiiieni,  cùm  quis  Cbristi  Baplismo  ba- 


«  baplizeris, si  omncm  peccatorcm  devilarc  vohieris.. 
I  si  ergo  jam  baplizalus  es,  vellem  scire  (|ucm   n 


«  pereris  ,  qui  coiilra  Joannem  apostolum  dicercl  :  |  «  plizalur,  Cliristuni  baplizare  faleaiilur,  de  (|uo  solo 

I  Pecealum  non  babeo;  si  enim  talem  quemqnam  rc-  1  «  dietum  est  :  llic  est  qui  baptizat  in  Spiiitii  sanclo.  t 

«  perire  potuisti,  quomodô  baplizalus  es  ab  eo  qv.i  |  Sexlum  petitur  ab  exemplo  Donaiislarum  ;  si  enim 

a  seipsum  decipiebat,  et  in  quo  veri;as  non  erat?  Si  |  verè  persuasum  illis  fuisset  non  babere  ininislros  su- 

i  aulein  qualiscuniqtie  bmnililalis  non  imnienier,  pee-  '\  crilegospolestatem  ullam  ad  conferenda  Saeramenta, 

«  calorein  se  esse  dieebat ,  qiiomoilô  sibi ,  sceundùr.i  li  piocul  diibio  omnes  sine  discrimine  baplizcàsscnt,  quos 

«  tuam  senlenliam ,  jus  Baplismaiis  nsurpabal  ?  Tu  |  ab  bujusniodi  bominibus  a(|uà  profana  linctos  scivis- 

«  cninidixisti,  tu  etiam  minime  scribere  limuisti,?;/  \  sent;  i:e  videlieel  sibi  ipsis  conlrarii  viderenlur;  atqui 

«  quisqiie  peccaior  inter  Iwmines  fneril,  jus  sibi  Ihipti-  1  nonergaomues  tenebant  baiie  rcgulam  ;  nam  Calboli- 


■\ 


j  smalisnon  nsurpet  ;  s,i -Miivin  nondiim  baplizalus  es, 
j  aut  banc  vanissimam  seiileiitiam  corrige,  aut  à  (|ui-  | 
f  bus  liaptizeris  angelos  qmiere.  > 

Quaruim  est  :  Si  ex  reclà  conscienlià  minislronnn  l 
pcndeielSaeraincnlorum  virlus  (l),speseorum  (jui  ba-  | 
piizanlur,  autalia  Sacrameiila  suscipiuut,  punenda  es-  S 
set  in  bomine  à  (pio  conferuntur  ;  alqui  faisum  couse-  | 
quens,  et   verbo    Dei    aperlè   contrarium,    dicentc 
Seriplurâ,  ps.  117,  8  :  Bonum  est  confidere  in  Domino, 
quàm  confidere  in  liomine;  el  Jerem.  17,  5  :  Maledictus  I 
omnis  qui  speni  siiam  ponil  in  liomine;  et  ps.  5,9  et  1 
riO,  13:  Domini  est  salus,  el  vana  sains  liominis.  Cùm 
ilaque  iniquissimum  et  impiissimum  sit,  spem  bapli-  P 
zandorum  aufeire  à  Domino  Deo,  et  in  bomine  poneu-  ? 
dam   persuadere ,   faleiidum   virluli  Saeranienlorum 
iiibil  delrabi,  quantùmvis  mala  sit  conscieniia  mini-   ■ 
slrantium.   Vide  S.  Augusliiuim,  libro  primo  contra 
lillerasPeliliani,  c^p.  5,  n.  i. 

Quinlum  mirabilem  quanniam,  ut  Auguslinus  biqui- 
lur,  Peliliani  Donalis>l;e  iiisaniam  réfutât.  Volebal  ille 

(I)Equidem  spcs  eorum  (jui  Saeramenta  suseipiunl 
poncnda  esset  in  liomine,  ut  ait  auclor,  si  ex  reclà 
conscienlià  niinistrornin,  tampiàm  ex  causA,  ]ienderet 
Saeranienlorum  virlus  ;  alverù  si  sacrorum  riluiim 
VIS  et  ellicacia  ex  probitate  minislraiilium,  lanqiiàm  ex 
condilioiie  necessarià  duiilaxal,  penderel,  no:i  ideô 
spcs  in  liomine  propriè  essel  repoiienda.  Uiide  palet 
non  niagnam  esse  vim  liujiisaiguuienli  ;  non  eiiiiii  vir- 
tutem  Saci-amcntoruin  ex  i.robilale  minislroriim, 
quasi  ex  fonte  (luere  dicebanlbierelici,  nisi  forte  pauci 
quidam,  ul  Petilianus,  quem  earpil  cliam  sequens  ar- 


ninipuluni. 


(Edit.) 


cos  quidem  qucs  {loterant  in  suas  parles  pertrabere, 
denuô  baplizabant  ;  Maximiani-tarum  verô  qui  à  suà 
scclà,  scliisinale  facto,  defcceranl,  quosque  velut  fa- 
mosi  criminis  reos  inplenario  Bagajensi  coiicilio  dam- 
naverant ,  Baplisinum  et  ordinalionem  admillebaiit: 
eosque  sicul  inter  siios  fuerant  lionorali  recipiebant  ; 
ergo  non  amore  aut  persuasione  veritalis,  sed  odio 
unilatis,  rebaplizabant  Catbolicos  :  «  Uberiùs  dispu- 
«  tarem,  impiit  S.  Augustiiius,  cont  Cresc,  Iib.  4, 
«  cap.  16,  nisià  vobis  dalo  compeiidio  magis  ulerer; 
«  susceploenim Baplismo, ne(inedeslriiclo,(iucinMaxi- 
«  mianensesdederiml,  aspides,  vi{tene,  pairicidx',  ca- 
«  davera  jegyplia,  el  quidipiid  aliudin  cos  Bagajensis 
«  concilii,  ut  noslra  causa  facilliina  lierel,  ore  giandi- 
t  loqiio  deelamatum  esl,  satis  el  ipsi  jndicàslis,  non 
«  eorum  merilis  à  quibus  minislralur,  nec  eorum  qui- 
«  bus  minislralur  conslare  Baplisinum;  sed  proprià 
«  sanctitate  atque  verilale,  propler  eum  à  quo  insli- 
.  tutus  esl,  malè  utenlibuç  ad  perniciem,  benè  uten- 
a  tibus  ad  salutem.  s  ILec  ille,  quorum  similia  passim 
in  caHeiis  contra  Cresconium  libris  oocurrunt. 

Scptimum,  nec  minus  cflicax,  aflert  S.  Tbomas, 
5  p.,  q.  04,  art.  5,  in  c.  :  «  Dicendum,  inquit,  quùd 
«  ministri  Ecelesia^-  instrumeiilaliler  ()i>erantur  in  Sa- 
«  cramentis,  eô  quôd  quodammodô  eadeni  ratio  esl 
«  iiiinislri  et  inslrumenli  ;  inslrunieiitum  autem  non 
a  agil  secundùm  propriam  forniam  aut  virlutem,  sed 

<  secundùm  virlutem  ejus  à  quo  movetur  ;  et  idcô  ac- 

<  cidit  instrmnenlo,  in  quantum  e.>,t  inslrumenlum, 
i  qualemcumquc  forinam  vel  virlulem  babeat,  pra-tcr 


1449 


OU/EST.  VII.  DE  MINISTRIS  SACRAMENTORUM.  i4îi<i 


<  idquod  cxigilurad  ralionciu  instriiincnli,  siciil(iuùd 
i  corpus  lucdici,  quod  est  inslrimiciiluiii  aniiiui;  lia- 
I  boiilis  aiiein,  sit  saïuiin  vol  iiilinmini  :  cl  sicul  fi- 
t  slula  pcr  qiiam  Iransil  acjiia,  sil  aigcnlca  vol  pluiu- 
«  boa  ;  unde  minislri  Ecclesin;  possuiil  Sacianiciila 
«  conferrc,  ctianisi  sint  inali.  »  Vide  lib.  i,  conl. 
Cent.,  cap.  77,  ubi  doclriiiain  calliolicain  S.  doclor 
pluribus  argumcnlis  è  raiionc  duclis  confirmât. 

§  5.  Diluuntur  Donatistanimobjcctioues. 

Object.  Niliil  Donalistic  babebanl  iii  calaino  et  orc 
frequciilius  quàm  sancti  Cypriaiii  cxcmplum,  quo  pcr- 
peluù  iiitebaïUur,  ut  siiam  à  calbolicà  vcritale  dcfe- 
ctionem,  taiilo,  utpulabaiil,  pnesidio  coinimuiirent,  et 
tam  pncclarà  aucloritatc  conarciilur  defoiulLM'e  quod 
nialè  de  ilerando  Baptismo  seiiliebant  et  faciebaul. 

Hoc  eorum  tcluni  lùm  sivpissiniè  alibi,  lùm  spccia- 
Tun  libio  secundo  contra  Cresooniuin,  cap.  51,  doctor 
luaxinuis  sic  letnndit  :  «  Qiiid  quùd  cliaiu  bcati  Cy- 

<  priani  nieiilionein  fiicereaudelis,  vclul  illeauctor  sit 
«  vestriC  divisioiiis,  tanlus  defoiisor  catliolicue  uiiitalis 
€  etpacis?  Primo  eslo  in  Ecclesià  quam  constat  le- 
I  nuisse  ac  prx'dicàsse  Cyprianuin  ;  ci  tuncaude  volut 
«  auclorem  senleutia;  lu;c  noniinare  Cyprianum; 
«  primo  imitare  pielalem  bumilitatemque  Cypriani  ; 
€  cl  lune  profcr  concilium  Cypriani  ;  nosenini  nullam 
«  Cypriano  facimus  injuriam,  cùni  ejus  quaslibct  lit- 

<  leras  à  canonicà  divinaruni  Srriplurarum  auclorilale 
t  distinguiums  ;  nequo  enim  sine  causa  tam  salubri 
I  vigilantià   canon  ecclesiasticus  conslilulus  est,  ad 

<  quem  cerii  propliclarum  et  aposiolorum  libri  perli- 
«  néant,  quos  omnino  judicare  non  audcamus,  et  se- 
i  cundùni  quos  de  cccleris  litleris  vel  fidclluni  vel  iu- 
€  fidelium  libcrè  jitdiccnuis,  j  etc. 

Inst.  r  Urgebant  ex  auclorilale  Scripluraî  :  Dabo 
vobis  paslores  juxta  cor  vieiim ,  inquit  Deus  per  Je- 
reniiam,  3,  14,  et  pascent  vos  scientià  et  doctrinà;  indè 
sic  dispulabant  ;  Paslor  est  qui  Sacramenla  dispensai  ; 
atqui  débet  esse  sccnndùm  cor  Dei;  non  est  verô  se- 
cundùm  cor  Dei,  nisi  qui  sanctè  et  juste  vivit;  ergo 
verc  Sacrameiita  non  dispensât  nisi  justus.  —  Resp.  : 
Admitlu  aucloritatem;  et  ad  argumentum,  concessà 
majore,  distinguo  miuorcm  ;  débet  paslor  esse  secun- 
dùm  cor  Dei,  necessitalc  convcnienii;e,  ut  nimirùm 
non  in  suam  pcrniciem  minisleriumdiviiuun  excrceat, 
concedo;  necessitalc  Sacramenti,  quasi  Sacramentum 
corrumpat  maliiia  minisirantis,  negomin.  et  conseq. 
Diccndnin,  inqnit  S,  Tlioinas,  5  p.,q.  Gi,  art.  îi,  ad  3, 
qu'ud  aliquxd  est  dcbitum  esse  in  Sacramoilo  ditpliciter  ; 
nno  modo  siciit  cxistens  de  iicccssitate  Sacrameuli,  quod 
quidcni  sidesit,  non  perficilur  Sacrunienlum  ;  sicul  si  dc- 
sit  débita  forma,  vel  débita  materia  ;  alio  modo,  est  ali- 
qmd  debitum  esse  in  Sacrcniiento  sccundian  quamdam 
deccnliam ;  et  hoc  modo  debilnm  est,  ut  minislii  Sdcra- 
mcntorum  sint  boni  ;  ita  S.  doclor  :  lougèipie  antea 
S.  Augustinus  eamdcm  Cresconii  objecliunculam  re- 
futans  :  i  Adjungis,  inquiebal,  contr.  Cresc,  ibid.  3, 

<  cap.  8,  ctiamlestiuu)niuiupro|)beticuni,dicens:  Dubo 
I  vobis  paslores  sccundiim  cvr   mcutn    cl  vasccnl   vos 

TU.    XX. 


i  pitscenics  cum  f//sc/;;/i««;  scio,  completum  est  ;  laies 

<  aposloli  fucrunt,  laies  ctiam  nunc,  ct^i  pro  Ecclcsiic 
«  lalitudiuo  perpami,  non  tainen  désuni  ;  sed  (|iiid 
(  etiam  per  Ezccliielem  proplielain  dicalui'  advcr^iis 
€  paslores  malos  :  Debui^li  qu;i;rcre,  légère,  cogilare; 
i  ibi  enim  dicit,  Ezecb.  35,  13  :  F.qo  pascam,  non  pit- 
t  stores  ;  proindc  cl  per  paslores  bonos  et  paslores 
«  malos,  cùm  verbuin  suum  Sicramoulumque  disp.'n 

<  sat,  ipse  pascit  ;  (juia  de  seipso  ail  :  il  sil  unus  ijrcx 
«  et  unus  paslor,  Joan.  Kl,  10.  > 

Inst.  2°  :  Alqui,iuquiebant,[ita  paslor  dehel  cssesc- 
cundùm  cor  Dei,  ut  hoc  nccessariumsil,  ciiam  ncces- 
silale  Sacrameuli:  ergo,  etc.  Probabant  subs.  :  Dis^cri- 
nien  magnum  est  inler  bonum  et  malum  minislrum; 
alqui  si  valercnl  Sacramenla  data  à  malo ,  nullum 
utriusquc  l'oret  discrimcn;  ergo,  etc.  — Respondet 
S.  August.  negando  subs.  Ad  probationem  distinguit 
majorem  :  Discrimcn  magnum  esl  inler  bonum  et  ma- 
lum minislrum,  quantum  ad  bumana  mérita,  conce- 
dit;  quantum  ad  Sacramenla  divina,  negat.  Inler  fide- 
lemperfidumque,  inquit,  contr.  Cresc,  lib.  4,  cap.  18, 
plurimiim  distat,  non  ad  Sacramentum,  si  hoc  uterque 
hfibct,  sed  ad  merilum,  quia  hoc  aller  ad  saluteni  liabct, 
aller  ad  pœnam  ;  nec  quidquid juslo  licet,  potesl  injustus 
implere  ;  quia  elsi  potest  injustus  baplizare,  non  lumen 
potest  in  regniimcœlorum  injustus  intrare;  nec  puriftcat, 
vel  abluit,  vel  emundat,  nec  innocentem  facitquemquam, 
qui  ci  ministrat  Baplismum  ;  sed  danlis  Dei  gralia,  et 
percipicnlis  bona  conscienlia.  » 

Inst.  5°  :  Contra  ilerùm  insurgebant  :  Idcô,  inqiiio- 
bant,  ut  Sacramenla  valerent,  non  requircretur  probi- 
tas  et  sanclitas  in  ministris,  quia  alioquin  in  homine 
spes  salulis  essel  ponenda  ;  alqui  hoc  falsô  ab  Auguslino 
et  Calholicis  affirmatur  ;  juslitia  enim  et  fides  quam 
in  ministro  requirimus  non  ab  homine  ipso  esl,  sed  à 
Deo;  ergo  non  in  homine,  sed  in  solo  Deo  à  quo  data 
juslitia  est,  salutis  spcm  coUocamus.  —  Respondet 
S.  August.;  concessà  majore  (1),  negalminorem;  ad  pro- 
Ijalioncni  concedit  antecedens,  et  negat  conseq.  Quan- 
quàmcuim  miuislrorum  jusiilitiam  et  sanctitatcm  Dei 

(1)  Negari  deberel  major,  ulpolc  quai  supponil  so- 
lam  laliouem  proplerquam  non  re(|uirilur  à  Calholi- 
cis probilas  in  minislro  Sacramentorum,  esse  quia 
alioijuin  spes  iu  homine  ponerelur;  quni  quidem  sup- 
posilio  omuinô  fal^a  est.  Nam  è  conlra  libcntor  la- 
lemur,  ni  in  praicedeuli  nolà  jam  diximus,  nullam  esse 
liiijus  vim  ralionis,  nisi  conlra  cos  lanlùm  (|ui  Sacra- 
montornni  el'licaciam  ex  miuislrorum  probilaio,  lau- 
quam  ex  causa,  derivarenl.  liaque  alia  daliu'  doclrina'. 
calliolicic  ratio,  magis  ad  pcrsuadendum  idonea,  nempe 
benigna  Ciirisli  volinilas,  ila  slaluenlis  ad  priecaven- 
das  iulinilas  propemodùm  anxiclalcs  circa  Sacramen- 
lorum  validilatem. 

Nunc  ad  minorcm  :  Alqui  falsô  affirmalur  à  Calho- 
licis spem  in  Iiomine  e!<se  poncMidam,  si  necessaria  .s:t 
in  minislris  sanclitas,  distinguo  :  Hoc  falsô  à  Calholi- 
cis aflirnialur,  siadversarii  reipiirunl  lanlùm  sanclila- 
U'ui  in  minislris,  lanquàm  condilionemsine  qnà  Sac  ra- 
nicnla  vim  suam  non  exorccrent,  concedo  ;  si  ad\ cr^arii 
eam  prcihilalen»  rccpiirunl  veluli  causain  proprié  di- 
clani  el'licaci;u  Sacramentorum, quasi  Deus  graliam  |  cr 

I  Sacramenla  dare  non  possel,  nisi  liane  graliam  cl  ip>i 
liabereiil  ([ui  Sacramenla  mini^lranl,   ncgo;  cl  lune 

)  proccdit  reSDOnsio  aucloris  et  S.  Augustini.    (Ldil.) 

4G' 


USl 


DE  RE  SACRÂMENTARIA.  -  DE  SACliAMENTIS  IN  GENERE. 


im 


doiiuir/osse  Doiialisla;  tuni  Ecclesià  calliolicà  propiig-  1  gnsliiu),  Iiahilà  ratione  Sacraniciilorum  ,  ccqiialc  plaiic 


/lareul,  Linctaniciiconvinccbanliir  in  hominc  spem  sa- 
l:ilii  rcpoiicrc  qtiôd  vellLMit  à  Dco  jusliliaiu  Iioinini, 
(|:iaiRl6  baplizaliir,  daii  non  posse,  iiisi  fiicril  justiis 


ille  qui  !)aplizat;  (in;isi   nimirùni   ab  uno  in  alleiuin       cnjus  siM  ;  nnde  non  klcbver'wracl  snncl'wrn  snnt,  quia 


s;inclilas  necessariù  li'.msriuulorclur  :  quoi!  inlinila; 
Doi  polcnlia)  siunniopciè  erat  injuiiosuni,  et  malaî  (i- 
duciuilocuni  dal)al:  <  Quod  à  nie  est  conimenioraliini, 
«  iii(|iiil  S.  doclor,  conlra  Cresc,  lib.  5,  cap.  9,  }IhIc- 
1  iliclHs  onntin  qui  spcni  snam  poiiil  in  honiine,  sic  le 
t  inleli  gerc  osicndis,  ni  ideô  mugis  te  dk'as  jiisluni 
4  et  lidolem,  pcrqneni  iioc  Sacranicnluni  cclebrclur, 
«  intjuircrc,  ([uia  spem  cl  lidiiciam  Del,  non  bominis, 
i  habes;  Dei  mileni  esse  (idem  al(pie  jnsliliani ,  qiiam 
«  sempei-  in  niinisliis  ejns  attendis,  lioc  vennn  dicis, 
«  (piia  l)onorum  omnium  nibil  babemus,  (\\,od  non  ac- 
<  cipimus  ;  et  ideô  fides  et  jnslitia  nobis  à  Deo  est;  sed 


esse,  sive  ;i  bonis,  sive  à  malis  recipiantur  :  llln  nmn- 
que  ,  inqiiil,  conlr.  Crese.,  lib.  -i ,  cap.  20,  per  seip:;a 
vcni  et  sancla  sunt ,  piopler  Deum  vcrum  et  sanclnm 


«  beat  eam  iiomo  per  quem  baplizaris,  s|)em  prol\;elù 

<  in  lioniine  punis,  qui  ulrùni  sit  justili;e  parliceps 
«  nescis;  et  si  non  est,  lune  famani  ejus  attendis,  et 
«  cùm  lamam  bonani  de  maio  latente  repereris,  ad 

<  sanelilicalionem  tibi  sufiicere  credis.  i 
Oppoiiebant  insnper,  et  velut  ciambem  recoctam 

oblrudebant,  penè  cadem  Seripluraî  et  rationuni  mo- 
menla,  quibns  S.Cyprianum  etcoepiscoposejus  fuisse 
deceptos  superiùs  observavimus,  quxque,  quoniam 
antea  solvinnis,  explicationc  uovà  non  indigent. 
Dices  :  S.  llieronyiuus,  connnentario  in  caput  ler- 


/;(')•  mvliorcm  nriiiiulxintiiv. 

Alinndè  veiô,  habita  Inm  minislranlium  lum  sns- 
cipientium  ralione  ,  ('aleUu'  S.  doclor  melins  esse  à 
bono  (piàni  à  nialo  Saeramenla  reciperc  :  «  Ego,  inquit 
<'  ibidem,  dico  nieliùs  per  Itonum  niiiiislrum,  (juàin 
«  per  inaium ,  di^pcnsari  Saeramenla  diviiia  ;  verinn 
«  lioc  propler  ipsnm  minislrum  niclins  est ,  ut  cis  rc- 
«  bus  ([uas  miuislrat,  vilà  et  nioiibns  congruat  ;  non 
«  ])ropler  iilum  (  sitscipicnlcni  )  qui ,  cliamsi  incurrerit 
«  in  minislrum  nialum  dispensantem  verilatcm  ,  seeu- 
«  ritalem  accepit  à  Domino  suo  monente  ac  diccnte  : 
«  Quœ  dicunl  facile ,  qtiœ  autem  faciunt ,  facerc  nolite  : 


I  cùm  dicis  banc  tibi  Deum  dare  i;on  p)sse,  nisi  lia-       <  dicunt  enim  et  non  faciunt,  Maitli.  25,  5  :  addo  eliani 


«  ad  boc  Cbse  melius,  ut  ille  cui  minislralur,  minislii 
«  boni  probilatem  ac  sanclitalem  diligendo  faciliùs 
«  inùlctur  ;  inlirmilas  enim  bominis  ,  inquit,  conlra 
«  Crese.,  lib.  5,  cap.  G,  cui  sine  exeniplo  aljoriostmi 
«  est  cl  dil'licile  quod  inqierat  Deus,  indlalioiie  boni 
8  ministri  ad  vitam  bonani  faciliùs  erigilur  ;  nndè  dicit 
8  Apostolus  PauluSjl  Cor.i,  10:  Iniilatorcs  mei  cstotc , 
t  sicitl  cl  c(jo  Ckrisii  t. 

Est  etaltera  cjusdem  rei  causa  quam  insinuai  sanclus 
Thomas ,  indè  pelita  ,  qnôd  minister  bonus  possit  ex 
fervore  cbaritalis  ali(iuod  gratiie  incrementum  impe- 


tium  Soplioniie  propbetie,  verba  intcrprelans  quoe  le-  i  Irarc  suscipienli  :  Niliil  prohibet ,  iniinil,  3  p.,  q.  6i, 


5untur  versa  quarto  :  Sucerdoles  ejus  pollucrunl  Sait- 
ctitm,  injuste  eijerunt  contra  leyem  ;  alliriiiat  erroneuni 
esse  pulare  Eucliarisliam  lieri  possc  verbis  sacerdotis, 
non  vilà  ;  solemnioratione,  non  u.eritis;  et  in  cajiut  i 
Episiolac  ai  Epliesios,  ncgat  baireticos  habere  verum 
Baplisina  ;  ergo,  elc.  —  Resp.  :  Frustra  opponi  Ilyc- 
ronimi  leslimonium,  (|uandù  quidem  constat  à  S.  do- 
«;tore  Ililarium  diacomim,  alque  adeô  Donatistas  et 
celeros  linjus  erroris  palronos  féliciter  refulalos  in 
Dial.  cont.  Luciferianos  ;  quandù  ilaquc  dicit,  erro- 
iieum  esse  pulare  quôd  possit  Eucharisiia  confici  ver- 
bis,  non  merilis  sacerdolum  :  Per  illa  verba,  iiupiit 
liiu'ceptor  angelicus,  3  p.,  q.  28,  art.  5,  ad.  1,  impro- 
bat  qnorumdain  errorem,  qui  crcdebanl  se  digne  posse 
Eucliarisliam  consccrarc,  ex  lioc  solo  quod  sunt  sacer- 
ilotes,  cliamsi  sinl  pcccatorcs  ;  (pianqnamcnim  divinuni 
sanclumque  sit  Sacramentum  quod  consccranl,  Eu- 
cliarisliam lamen,  idesl,  graiiarum  aclionem,  (|uan- 
tùm  est  in  ipsis,  non  fa';iunt;  (juippe  (pii,  proptcrino- 
luin  pravilatem  et  inipietatem,  Dco  insultent  poiiùs 
(jnàm  gratiasagant.  Simililer  id  quod  dicit,  luierelicos 
non  liabere  verum  Haptisina,  non  est  de  ipso  Sacia- 
nienlo  inlelligendum,  sed  de  l'ructu  Sacramenti,  qui 
apud  haircticos  nullus  est,  non  defectn  Raplismi,  sed 
culpà  nialè  uleniium. 

§  4.  Proponuntur  qiuvdam  quœstioncs. 

:ritur  1°  utrùm  prœstct  à  bono  ,  (piàm 
niinislro  ,  Saciameiila  recipeie.  —  Resj».  ciiiii  S.  Au-  | 


arl.  l,ad  2,  quin  dcvolio  viri  justi  ad  hoc  aliquid  ope- 
retur  ;  illiid  lumen  quod  est  Sacramenti  effeclus ,  non 
impelratur  oralione  Ecclesiœ  vel  ministri,  sed  exmc' 
rilo  passionis  Clirisli ,  cujus  virlus  operatur  in  Sa- 
cramenlis;  unde  effeclus  Sacramenti  non  dutur  nielior 
per  meliorem  minislrum  ;  aliquid  lumen  annexiun 
impetrari  potesl  recipienli  Sacramentum,  per  devotioneni 
ministri. 

Quicritur  2"  utrùm  liecat  à  nialo  (1)  niinislro  Sa- 
eramenla recipere — Resp.  cum  distinclione  ;  vel  enim 
agitnr  de  niinislro,  cui  ex  officio  incumbit  dispensarc 
divina  niysteria  ,  qualis  est  parochus  erga  bdclcs  sibi 
conimissos ,  vel  de  cxtraneo  et  subbidiario  sai  erdole. 

Riii'sùm  de  ulrolibet  (pi;eslio  sit ,  vel  est  ab  Ek^ciq- 
sià  ttileralus ,  vel  non  ;  vel  urgel  nécessitas  ,  vel  non 
urget  :  hoc  [)osilo  , 

Dico  prinu)  posse  fidèles  in  casu  nec  essitatis ,  à 
paroclio  suo,  ([uanlùmvis  nialo,  si  sit  ab  Ecclesià  lo- 
leratns,  recipere,  et  non  recipere  n.odô,  sed  c  iain 
llagilare  Saeramenla  ;  non  enim  peccat  (2)  qui  iiiiliir 
jure  suo.  Porrù  jiiri>  suo  iililur,  qui  ab  eo  Saeramenla 
recipil  et  postulat,  qnom  novit  sibi  ab  Ecclesià  conslilu- 
lum  esse  jiasl'jrciii  ;  ouemadmodùm  ilaipielilius  faiiii- 

(1)  Hic  agiiur  laiiUim  de  nialo  miiiistro,  (|ui  mani- 

fe:lè  in  îïliqno  uiorlali  pecealo  vcrsatur  ;  de  occullis 

eiiP.ti  (icccaiis,  nciiio  judicaiv  drbcl ,  et  à  temerariis 

-.,,„,  ,    ,  -      ,        ,    Il  iiiiliciis,  pra'Sertim  erga  iicrsoiias  Deo  sacras  maxime 

Uu;eritiir  1    utrum  prœstet  a  bono  ,  (|uam  a  malo  ^  ■[,.,^.,,„,|„,„  ,,^l  (Edil.  ) 

])  Vi:lc  (ii>e!w  (iol;e  proximè  sequentis.   (  Eiiit.  j 


QU.EST.  VII.  DE  MiNISTRIS  SACRÂMENTORUM. 


m:;3 

Ii;ib  il  paire  s«ô,quanlùmvis  maIo,quanlîimvis  alieiio 
arc  gravalo,  cl  iiijuslo  pnedii  posscssore ,  cùm  aliter 
iioii  possil ,  ad  vicluin  iiccosaria  pusliilat  ,  (iiiod  iia- 
lura  ipsa  prccscribit  ;  ila  iiec  pcccarc  putaiidiis  csl , 
(pii  à  paslore  tuo ,  quanlùiulibel  llayilioso,  aliiiiciila 
divina  requirit ,  sine  quibus  conslarc  viia  spirilualis  I 
non  polest;  alque  bîc  locuni  liabet  id  ipiod  ex  sanclo 
(ircgorio  Nazianzeiio  pauiù  aiUc  rccilavinius  :  Qui  cu- 
ralione  indiyes  ,  inquil  Oral.  iO,  in  S.  liai)l.,  vi  judkcs 
jndicium  nearripe,  uec  eorum  à  quibus  puryuris  Jigiii- 
lales  excule,  nec  inler  gmitores  dcleclum  liabe. . .  libi  omncs 
qui  bnplizandi  muuere  fuiiguiilur  idoiici  Inibcanlur. 

Dico  secundo,  extra  casiini  necessitalis,  si  niniirùm 
Iiabealur  altcrius  adenndi  connnodilas,  esse  à  proprio 
parocbo  abslinendunj  ;  postulat  enini  ordo  cbarilatis , 
ut  de  jure  suo  aliquid,  in  gratiam  proximi ,  inlerdùni 
lionio  remillal  ;  ne  videlicèl  dùm  sibi  nimiùm  consu- 
lil,  prx'beat  alleri  spiritiialis  deliinicnti  occasioneni; 
aiqui  qui  volens  et  scicns ,  cùni  babcrct  altcrius  op- 
portunitatem,  à  nefario  parocbo  Sacranienla  require- 
ret,  objiceret  ci  occasioneni  detrinicnli  spiritualis, 
peccali  scilicet,  quogravius  daiiinum  esse  non  potcst; 
eo  igitur  pr^uterniisso,  icnetur  ab  alio  pelere  ;  regulani 
liane  sic  explicat  S.  Tbonias  :  Quauidiii,  inquit  in  4 
Sent.,  disl.  24,  q.  I,  art.  3,  tninisler  Ecclesiœ,  qui  est 
in  mortali ,  ab  Ecclesiâ  sustinelur,  ab  eo  Sacramenta 
recipere  ejus  subdilus  débet,  quia  ad  hoc  est  et  obliga- 
tus  :  sed  lamcn  prœter  necessitalis  arliculum  non  esset 
Muni  qubd  eum  induceret  ad  aliquod  sui  ordnnis  exe- 
quendum  ,  durante  lali  coitscientià ,  qubd  ille  in  mortali 
peccalo  csscl. 

Jani  Ycrô  si  de  extranoo  saccrdole  agalur,  qui  licèt 
légitima  poteslale  sit  praeditus,  Sacramenta  lanien  ex 
oflicio  non  dispensai. 

Dico  5°  in  casu  necessitalis  liccre  ;  secùs  verô  si 
absil  nécessitas.  Licet ,  inquani ,  in  casu  necessitalis  : 
quanquàni  cnim  malus  niinister  peccaturus  in  ipsà  Sa- 
cramenli  dispcnsalione  pra'videalur,  non  fil  lumen  pec- 
cali ejus  parliceps ,  qui  ab  illo  Sacramcnium  ,  ut  sua; 
saluli  consulat ,  petit  ;  qnomodô  in  nsurre  crinieii  non 
incurril  qui  ad  sublevandam  niiscriam  à  fdneratore 
nnitnum  petit  cl  accipil,  proul  docent  coniniuniler 
theologi  cum  sanclo  Tbomâ  ,  2-2  ,  q.  78,  art.  4.  Non 
licel  verô,  dcmj)lo  necessitalis  articulo,  eliamsi  malus 
minislcr  sit  ad  obsequcndum  paralus;  quia,  ut  pnie- 
diximus,  servandus  ubique  est  ordo  cbaiitatis,  qua^ 
probibct  ne  cui(juam  oiïendiculum  pnebealur,  et  pcc- 
candi  occasio  :  atqui  qui  sine  nccessilate  bujusmodi 
niinistrum  adirel ,  perturbarct  Iiunc  ordineni ,  liomi- 
ncniquc  impelleret  ad  peccandum  :  ergo,  etc.  (1). 

(I)  Ut  licilimi  sit  Sacramenta  recipere  aul  pelere 
à  malis  minislris  in  Eeclesià  tolcralis,  1res  rcquirun- 
Inr  ol  sui'liciunl  coiuliliones  :  nemp(!  1"  nt  desit  alius 
minislcr;  2'  ut  absil  scaiulali  nul  sediiclionis  i)ericu- 
luMi  ;  5°  ni  jusla  sil  accipieiidi  aiit  pi^endi  causa. 

Reciuirniilur  quidein  Ires  ill.e  ÇDiidiliones;  et  1°  re- 
quirilur  ut  desil  alius  minislcr  ;  ciiarilas  cnim  exigit 
ne  cuipiam  ruina;  spirilualis  occasionem  prebcamus  , 
quando  facile  vilari  polest.  2'  Uequirilur  ut  absil 
scandali  aul  seduclionis  pericidinu  ;  enim'  erô  non 
licel  jjravis  ruinai  se  aul  alios  pcjiculo  cxponcre  , 


1454 


Superesl  de  miiiisiro  non  tolerato  difûcultas  (  I  ) , 
pro  cujus  rcsolutione , 

nisi  sil  gravissima  neccssilas,  ut  pcr  se  p:il('t.  3*  Ite- 
qiiiiilur  ni  jiisla  sil  accipieiidi  aul  pclendi  causa  •  sine 
raliiinabili  eiiim  causa  nefas  est  alium  in  j)eccandi  dis- 
crimen  cotijicere. 

Très  atitem  ill;e  condiliones  sufliciimt.  Nam  quando 
res  est  per  se  bona ,  nec  idiam  oflcnsionem  haijcns, 
cl  ab  alio  sine  peccalo,  iniù  et  meriloriè,  pnisiari 
potesl,  lune  cvidenler  liciluni  esse  drbcl  ilhim  jnslas 
ob  causas  pelere,  maxime  si  ad  illain  jns  li:il)oaiiir. 

Qu;etiam  autem  jusla  causa  à  laiibus  minislris  Sa- 
ciamenla  [telendi  censed  débet? 

Kesp.  Ilegiila'  gcneridis  inslar  slalni  polest.  cau- 
sam  illam  csse  just;im  cl  ialinii;d)ilem  ,  rpi.c  ,  libr:ilis 
omnibus  mahnn  ex  sacrilcgà  adniinislialionc  pro\e- 
niens,  id  est,  danmum  spiriluale  miiii.->li'i,  el  injmiani 
Deo  el  Sacramenlo  illalam,  C()nq)ens;ire  possil.  Porrô, 
quod  ad  Dei  etSatramenti  injmiam  allinel,  indigna 
adminislralio  per  dignam  et  piam  susccplioneni  coni- 
pcnsari  videlur.  Itaque  superesl  ut  boiium  (]iiod  sus- 
cipicnli  advenit,  damuo  S|iiriluali  niinislranlis  judi- 
celur  prrpoiienduni. 

Hiiic  f  jnslam  et  ralionabilem  cansam  liabet,  qui 
in  aliquà  neccbsitate  suscipicndi  Sacramenta  versatur, 
ni,  V.  g.  ,  si  urgeat  conlessionis  aul  comnmuionis 
praiceptum  ;  si  ex  susceptionis  dilalione  lapsus  peri- 
cuiuni  iinmineal;  si  siiscipiens  in  peccalo  morlali 
cxisliit  à  (juo  recedere  velil.  H.ec  enim  nécessitas  spi- 
riluali  damno  minislri  pra;valet,  cùm  pr:escrlim  dam- 
num  istud  soli  sua;  nialilise  imputare  debeai,  qiiij)j!c 
quod  vilare  facile  possel. 

Ilinc  2"  causa  sufliciens,  ob  eamdem  ralioncMi, 
esse  videlur  gravis  qua'dam  spirilualis  uliliias,  ut  si 
qiiis  Jubila-um  aliter  ncqueal  lucrari,  vel  eliam  com- 
inunione  diù  carere  debcal. 

liinc  3"  niinor  uliliias  rcquirilur  ut  à  proprio  pa- 
slore, quimi  ut  ab  aiicno,  po^tiilelur  Sacranicnlinii. 
Cliaritas  nimirùin  aliquaiilù  mim'is  ad  aliquid  oniii- 
tendum  obligat,  cnjiis  laciendi  )us  babemus ,  quàni  si 
stricto  jure  deslilueremur. 

llein  niinor  exigilur  uliliias,  ut  Sacranientuni  sus- 
cipialur  à  saccrdole  jani  nunc  aliis  Sacramenta  mini- 
slraiite,  quàni  ab  eo  qui  lanlummodô,  si  rogetiir, 
paralus  sil;  (pii  enim  prioris  ministerio  ulilur,  minus 
iliiim  periculo  objicil,  quàm  r.' gans  posteriorem. 

P.Iinor  denique  posiulalur,  si  sacerdos  levioribus  , 
qtiàm  si  gravioribns  peccaiis  obslringalur ,  quù  enim 
in  majori  culpà  versalur  niinister ,  cô  graviurem  sibi 
ruinani  conlicit. 

Alverô,  ob  ralionem  conlrariani,  non  facile  cre- 
didcrimns  levem  alicpiani  nlililaleni  unquani  sulli- 
cere,  licéi.  minisler  sil  propiius  pastur,  licèl  ad  Sa- 
ciameiita  minislraiida  jain  sil  exposilus,  cxceplo  la- 
men  forsilan  casu  in  (pio  coiiimuiiioiiem  bic  et  niinc 
aliis  pei'sunis  niiiiisiial;  quanivis  enim  l>inc  ipsiiis 
peccatuni  unius  persona;  aceessionc  augealur,  non 
laineii  iia  angeri  videlur,  ni  fructii  Sacramenti  sesc 
privare  debeat,  (pii  ad  ilbid  alio(|iiiii  jus  babel. 

Neque  dicalur  unuiiKpieniijue  jure  suo  iili,  quando 
à  proprio  paslore  Sacranienla  postulat.  Id  nemo  qiii- 
deni  negabit;  sed  cbarilas  ncgat  ne  (pii^ipiain  jure 
suo  ulaïur,  ex  qiio  ipse  inudicam  utilitalem  peicipo- 
ret,  proxinius  verô  grave  paterelur  inconimodum. 

(Edit.) 

(1)  <  Inler  malos  niinislros,  ail  Billuarl,  diss.  ;i , 
c  art.  G,  quidam  siiiil  ab  lOcclcsià  lolerali ,  <|iiidaiii 
«  non  lolerali  sed  vilandi.  Tenipore  l>.  Tiionue  omncs 
f  excommiinieali,  siispensi,  degradati,  etc.,  eiaiit  vi- 
c  landi  :  sed  mine,  à  lempore  concilii  Conslanliensis 
c  in  RuilA  Martini  V,  Ad  eviliindti  scandah  ,  ii  soiiim 
(  sunt  vilandi  ipii  nominatim  sunt  exi  oitimuniiati , 
c  siispensi ,  degradati ,  elc.  ,  aul  (pii  suiit  ita  noioiii 
I  percussores   clericoruni ,  ut  nullà  tergiversalione 

<  cxcusari   possinl.   Uefertur  luec  Bulla  à  S    Anto- 

<  nino,  3  p. ,  lit.  25,  c.  2  ,  bis  verbis  :  Ad  evitamia 


DE  RE  SACRâMENTARIA.  —  DE  SACRÂMENTIS  IN  GENERE. 


«455 

Dico  4*  in  suniuiS  iiccessilfilc  liccre ,  pr;«scrliin  si 
de  ils  Sacramciilis  ngatur,  quai  voluit  Dous  média 
esse  salutis ,  niodô  lamen  absit  periculiim  scaiidali. 
Nani  qiiôd  extra  casum  nccessilatis  non  liceat ,  lùm 
ex  Ecclesiac  inslitiito  coUigiUir,  quo  velaniur  ad  ini- 
nislros  à  se  répudiâtes  accedcre ,  tîim  docet  S.  Au- 
gustinns  expresse  loco  superiiis  iiuiicato.  Si  (juis  m- 
tem,  inquit,  cùm  possU  in  ipsà  calliolicà  accipere,  pcr 
alùiuam  mcnlis  perversitatcmcliriitin  scliismate\bapliz(iri, 
etiamsi  posiea  venire  ad  calholicam  cogitât ,  quia  certus 
est  ibi  prodesse  Sacramentum  ,  qnod  alibi  nccipi  qnidein 
potest,  prodesse  antem  non  potest,  procttl  dubio  perver- 
sus  cl  iniquus  est ,  et  tanlo  perniciosiits  quanlb  scien-  i 
tiiis  :  ita  enini  non  dubital  reclè  illic  accipi ,  sicul  non 
dubilal  illic  prodesse  etiam  quod  alibi  acceperit  (1). 

«  scandala  et  mnlta  pericula,  quœ  conscientiis  timoratis 
i  contimjere  possunt ,  Christi  fidelibus  .  tenore  prœsen- 
i  tiuiii  inisericorditer  induUjemus ,  qiibd  ncno  deinceps 

<  à  conimunione  alicujus  in  Sucramentorum  administra- 
«  tiuue  vel  receptionc ,   aul  aliis  quibuscumque  divinis  , 

<  vel  extra ,  prœlexiu  cnjuscunuiiie  sentcntiœ  aut  censu- 
i  rœ  ccclesiaslica;  à  jure  vel  ab  liomine  gcneraliter  pro- 
«  mnUjatœ,  tencatur  abstinere ,  vel  uliquem  vitare ,  utit 
«  inlerdictum  ecclesiasticiim  observure,  nisi  sentenliu 
«  aut  censura  liujusmodi  fuerit  in  vel  contra  personam  , 
i  vel  contra  coltegium,  vel  universitatem,  ccclesiam,  vel 
t  locnm  certum,  vel  certani  terrant  à  judice  publicata  et 
t  dennnliata  specialiter  et  expresse;  Constitmionibus 
i  Apostolicis  et  aliir.  in  contrariuni  facieniibus  non  ob- 
«  stantibus  quibuscumque.  Salvo  si  queni  pro  sacrilegà 
«  nuinuum  iujcriione  in  clericum ,  sententiam  latam  à 
i  Cunone  adch  notoriè  consliterit  incurrisse,  quod  fa- 
t  ctum  non  pussit  aliqiià  tergiversalione  celari ,  nec  ali- 
*  quo  su/fragio  excusari  :  nam  à  conimunione  illius , 
«  licèt  non  dcuiintiatus  fuerit ,  volutnus  abstineri  juxta 
€  Canonicas  sanctiones.  liane  Ruliain  pariiin  referl 
«  conc.  Basileouse  aniio  li55,  sess.  20;  sed  exce- 

<  piioiiem  fiieil  iiiajorem,  declarando  esse  etiam  vitan- 
a  dos  omnes  notoriè  excommunicatos,  quàcumque  de 
t  causa  sint  excommunicati  :  et  hoc  decretum  concilii 
(  Bas.  cuni  suà  exceplione  insertum  in  concordalo 
«  Leonis  X  cnin  Francisco  1,  refertur  in  conc.  Lat.  V, 
t  sess.  M.  His  lanien  non  obstanlibus  inore  et  usu 
«  Ecclesiw  receplissinium  est,  inquit  Solo,  in  4,  d.  22, 

<  q.  1,  a.  -i,  «<  non  vilemus  nisi  illas  duas  excommu- 
«  nicationum  species,  quas  prœdictum  concilium  (Con- 
«  slanliense)  j"ssir..  El  ita  absque  ullo  nietu  tenendum 
«  est.  Et  reverà  omnes  notoriè  iia;rctici ,  quales  sunt 
«  Lnlberani,  Calvinisliv,  etc.,  sunt  notoriè  excommu- 
«  nicali,  nenio  lamen  cciiset  illos  esse  vitandos. 

4  OI>scrvandum  est  anlem  quod  qui  nominalim 
«  condenmali  sunt  de  ali(|uo  crimine  cui  annexa  est 
«  censura,  nt  excommunicatio  hx'resi ,  censeanlur 
d  paritcr  nominalim  liàc  censura  innodati,  ideôque 
«  non  loleiali. 

I  Observandum   insuper  duplicem  esse  nolorieta- 

<  lem  ,  lacli  scilicel  et  juris.  Facti,  quando  factum  vel 
«  censura  est  lia  nianilesta  ut  nullà  tergiversa tione 
«  celari,  nec  ullo  juris  suffragio  excusari  possit,  ut 
«  explicat  Rulla  Martini  V.  Notorietas  juris ,  quando 
«  quis  per  sententiam  judicis  declaratur  lioc  crimen 
«  admisisse,  vel  banc  censuram  incurrisse.  In  Gallià , 
«  ut  notant  Juenin  ,  Tournely  et  alii,  sola  notorietas 
«  i'acti,  pula  in  percussione  clerici ,  non  suflicit  ul 

<  quis  sit  vilandus,  sed  requiritur  notorietas  juris. 
«  INec  malè  :  cùm  eiiim  plerùniquc  sit  difficile  discor- 

<  nere  an  l'acta  possinl  vel  non  possint  alupià  tergi- 
€  vcrsalione  celari  ,  vel  aliquo  juris  sullragio  cxcu- 
i  sari,  eriicaciiis  sic  juxta  iiit<Milum  coiiciliormn  oc- 
«  currilur  scrupulis  et  anxielalibus  limoratoium.  » 

(Edit.  ) 
(i)  Non  liLct  ab  aliu  [>ctciC;  nequo etiam  accipere, 


iim 


Al  longé  aliud ,  si  compellat  nécessitas ,  sancli  do- 
ctoris  judicium  est  :  «  Si  quem  forte,  inquit  ibidem , 
i  coegcril  cxlrenia  nécessitas ,  ubi   catbolicum  per 

<  quem  aecipiat  non  invenerit ,  et  in  animo  pace  ca- 
«  tholicà  custoditâ,  per  aliquem  extra   uuilatem   ca- 

<  tholicam  positum  acceperit,  quod  erat  in  ipsà 
i  catholicâ  uniiale  accepturus,  si  siatim  etiam  de  hâc 
«  vità  emigraverit,  non  eum  nisi  catholicum  depula- 
i  mus.  Si  autem  fuerit  à  corporali  morte  liberalus, 
«  cùm  se  catholicaî  congregationi  etiam  corporali 
«  prœsentiâ  reddiderit,  unde  nunquàm  corde  disces- 
«  serai,  non  solùm  non  improbamus  quod  fecil,  sed 
!  etiam  securissimè    verissinièque   laudamus,   quia 

<  pra^sentem  Deum  credidit  cordi  suo ,  ubi  unila- 
«  lem  servabal  ;  et  sine  sancli  Baplismi  Sacramenlo, 
t  quod  ubicumque  invenit ,  nonhominum,  sed  Dci 
i  esse  cognovil,  noluit  ex  hâc  vità  migrare.  > 

quod  ipse  absque  peccato  prœstare  nequaquàm  po- 
test ;  id  enim  esset  cum  ipso  peccatum  participare; 
atqui  minisier  non  toleratu's  sine  peccato  Sacramenla 
ministrarc  nequaquàm  potest ,  nisi  urgeat  moilis  ar- 
ticulus;  ergo ,  extra  morlis  arliculum ,  non  licet  à 
ministre  non  loleraio  Sacramenla  suscipere,  muliô 
minus  petere. 

At,  instante  morlis  periculo,  pia  mater  Ecclesia , 
filiorum  saluti  cousulens  ,  non  vult  eos  ,  proptcr  im- 
proborum  culpam  ,  nccessario  pr.vsidio  fraudare ,  et 
ideù  permillit  ul  à  minislris,  aliàs  non  toleralis, 
Sacramenla  recipianl  qu;e  sunt  exlremœ  vel  etiam 
gravissimne  necessiialis.  Igitur  licet  lune  Baptismuiu 
à  ministro  non  toleralo  jioslulare  ;  ita  delinitur  in 
Jure,  24,  q.  1 ,  cap.  Si  quem ,  40,  ubi  referlur  idem 
S.  Auguslini  lexlus,  quem  Drouin  allogat.  (juod  au- 
tem Sacramentum  l'œnilenliie  spécial,  idem  comniu- 
niter  à  iheologis  docetur,  quod  de  Baplismo.  Atta- 
men  non  désuni  qui  ministrum  non  toleratum  validé 
absolvere  non  posse ,  vel  in  morlis  articule ,  exisli- 
menl,  eâ  raliono  fundali,  quod  concilium  Tridenlinuni, 
in  texlu  ab  auclore  noslro  allalo,  minime  loqualur  de 
sacerdotibus  non  approbaiis,  sed  tanlùm  de  appro- 
balis  qui  carent  tanlùm  jurisdiclione  in  casus  réser- 
vâtes, (juâ  non  carere  déclarât  in  morlis  articule, 
liane  suam  opinionem  conlirmanl  expressà  dcclara- 
tione  S.  Congreg.  concilii.  Vide  S.  Liguorium,  tract, 
de  Pœnit. ,  n.  560.  Ilis  non  obsiantibus,  prievaluissc 
videtur  prier  sentenlia,  (piam  quidem  nunc  probabi- 
liorem  judicamus.  Quin  etiam  prioris  deiensores  con- 
filentur,cùm  res  aliquatenns  saltem  dubiasil,  lidcli- 
bus  licilum  esse  partem  lutiorem  sequi,ei  Pœniteniitc 
Sacramentum  ,  urgente  morlis  periculo  ,  à  ministre 
non  toleralo  poslulare. 

Sed  licelnc  alia  item  Sacramenla  à  tali  ministre  rc- 
cipere,  ubi  instat  morlis  articulus?  Billuart  afiirmarc 
videtur  de  Extremà-Unclione  ,  quando  absolutio  re- 
cipi  nequil:  Ficri  enim  j)o/t's/,  inquit,  quod  moribundus 
sit  tantiim  attritus,  et  per  Extremnm  rnclionem,sicut 
per  absolutionem ,  fiat  contrilus.  Addit  mullos  etiam 
opinari  id  licere  de  Sacramenlo  Eucliarisiix' ,  (piia 
pra;ceplum  divinum  de  recipiende  vialice,  binnano 
pnecepte  pra:valcre  débet,  lia,  inipiit,  Solo,  ISavar- 
rus,  ISuguo,  Suaresius  ,  Bonacina,  quos  citât  et  scqui- 
lur  Francisons  à  Jesu  Maria.  Denique  quidam  idem 
censent  de  Matrimonio ,  in  casu  (juo  islud  Sacianien- 
lum  esset  maxime  necessarium  sive  ad  salulem  ,  sive 
ad  grave  conimodum  temporale  (ilierum  ,  et  de  Sacra- 
menlo Ordinis  in  c;inu  quo  provincia  ali(|ua  remoia 
maxiniâ  sacerdolum  penur^à  laborarcl,  nec  esset  nisi 
uniis  cpistopus  nominalim  cxcominunicaUis.  Billuart 
duos  ulliaios  casus  idcrl,  «oj  vcio  affirmât,  ul  loqui' 
Un-.  Quidi|ui(l  sit,  (l;lii;cnl(  r  saileni  à  scandale  caveu- 
duni  est,  [ivoul  uimicÎ  auctoi'  nobtcr.  (Edil.) 


I 


ii"'l  QU.EST.  VU.  DE  MIMSTUIS  SACKAMFNTORUM.  1  J^jg 

Quoi  nulom  de  Baplismo  dicUiin .   de  Pœnilenlià  »  iros  :  Non  est  dubium,  inqnil  S.  Thomas,  3p.  q.  04, 


pariler  débet  inlelligi ,  qtiain  voliiit  Dcus  esse  scoun 
dam  post  naufragium  labulam  ,  et  médium  lapsis  iie- 
cessarium  ad  salulem  :  liiiic  ab  Ecclesià  sapieiili 
decreto  sanciliim  est ,  in  morlis  iR-riculo  posse  quem- 
libel  sacerdolera  à  censuris  quibuslibel  et  peccalis, 
Sine  exceplione  ,  absolvere  :  Piè  admodUm ,  inquiunt 
Paires  Tridentini,  scss.  Il,  cap.  7,  ne  hàc  ipsà  occa- 
no)ie  [rcscrvalionis  casuiun)  aliqnis  perçut,  in  Ecclesià 
Dei  custodilum  sempcr  fuit ,  ut  niilla  sit  reservatio  in 
ttrticulo  morlis  ;  atquc  adeo  onines  sacerdoles,  quoslibet 
pœnitentes  à  quibusvis  peccatis  et  censuris  absolvere  pos- 
sunl. 

Calerùm  si  scandalum  inde  oriturmii ,  cl  hocrelicis 
ac  scliismaticis ,  cnm  gravi  catliolicornm  ofTensione 
concilianda  pricvidereUir  aucloritas ,  adeôqne  peri- 
culuni  foret,  ne  muiti  deserià  fide,  ad  illorum  castra 
coiifugerent,  jam  lum  non  liceret  adulto  à  ministris 
non  loleralis  Sacramcnta  peiere  vcl  recipere  :  lum 
quia  in  hoc  casu,  propter  legilimi  minislri  penuriam, 
pcr  votuni  Bapiismi ,  et  motum  veraî  conlritionis 
saluli  sua;  abuudè  consuleret;  tuni  quia  cum  dis- 
pendio  fratenia;  salutis,  et  tam  gravi  Ecclesiie  detri- 
niento  non  licet  divinoruni  Sacramentorum  partici- 
peni  fieri. 

Quœres  5°  ulrùm  etqualiter  peccent  ministri  Eccle- 
sioe,  Sacramenta  cum  conscientiâ  peccaii  mortalis 
conficientes  (1).  —  Rcsp.    gravissimi    peccati  fieri 

(1)  Qui  Sacramenlum,  saltem  ex  officio,  conficit 
aul  miiiislrat,  dùm  peccaii  mortalis  sibiconsciusest, 
ovo  se  peccalo  mortali  ordinariè  inquinat.  i  Proba- 
tur ,  inquit  Biliuart,  dissert.  5,  art.  4,  1°  ex  S. 
Scripturà.  Non  minîis  ,  imô  magis  requiritur  mun- 
dilies  in  ministris  Sacramentorum  novœ  legis, 
quàm  antiqu;.e;  hœc  enim  illorum  erant  ligurae  tan- 
tùm  et  umbrae  ;  atqui  in  ministris  Sacramentorum  ! 
anliqnie  legis  requirebalur  mundities  et  sanctitas 
sub  gravi  peccato  ;  ergo.  Prob.  min.  Isa.  52,  dici- 
tur  :  Mundamini,  qui  ferlisvasa  Doviini.  Exod.  19  : 
Sacerdoles  quoque  qui  accedunl  ad  Dominum  ,  sancli- 
licoitur,  ne  perculial  eos.  Levit.  il  :  Sancli  ernnt  Deo 
suo ,  et  non  polluent  nomen  ejus.  Ibid.  22  :  Omnis 
lioniG  qui  acesserit  de  stirpe  vestrà  (  Aaronis  )  ad  ea 

quœ  consecrata  sunt , inquo  est  inimunditia ,  pe- 

ribit  corain  Domino.  Gravitas  pœiiae  indicat  gravita- 
lomculpa'.  Ergo. 

«  Prob.  2"  ex  jure.  Extrav.  de  Temporibus  ordinan- 
dorum ,  cap.  iiltimo ,  de  malis  clericis  docernit  ; 
quùd  sinon  pœniluerinl,  monendi  sunt  et  sub  in- 
terminatione  divini  judicii  obtestandi  ut  in  leslimonium 
suœ  d(imnalio)tis  in  susceplis  etiiini  ordinibus  non 
ntinislrent.  Ibid.  de  Coliabilalione  clericornm ,  c. 
Quœsituni  est,  idem  Ponlifcx  pronunliat  quendibel 
dericum  ,  pro  mortali  peccato ,  quoad  seipsum  con- 
stat esse  suspeïisum. 

i  Prob.  5°  ex  Pairibus.  S.  Dionysius  ,  c.  \  cccles. 
llitrarch  ,  dicitnuod  malis  non  est  (as  tangere  sijm- 
bola;\d  est,  signa  sacrnmcnlalia.  S.  .\ug. ,  lib.  2 
contra  Epist.  Parmen. ,  c.  \{)  :  Omnia ,  inquit, 
Sacramenta  cian  obsint  indigné  Iractanlibus ,  prosunt 
tamcn  pcr  eos  digne  sumentilnis.  l>ofcrtiM'  c.  Omnia, 
I,  q.  1.  Idem,  iiiPs.  103  :  Videanl  quatem  rationem 
hahiluri  sunt  cnm  Deo  ,  qui  sanclis  non  sanctè  utun- 
tur.  Et  tracl.  5,  in  Joan  :  l''.go  dico  et  otunes  dici- 
nius,  quia  jtislos  essi' oporlel  lanli  judicis  niinistros. 
S.  Greg.  .M;ignus,  1.  1  ,  opist.  21.  iiunc  2.j  :  yeccsse 
est,  inqnil,  ut  esse  mundastudeal  manus,  quœ  diluer e 


art.  G  ,  in  corp. ,  quin  malt  exhibentes  se  ministros  Dei 

I  sordcs  curât,  ne   tacta  quœque  deteriiis  inquinet 

<  scriptum  nanique  est    :   Mundamini,   qui  ferlis   vasa 

<  Domini. 

<  Prob.  4"  ratione.  Qui  in  peccato  mortali  conficit 
t  aiit  minisirat  solcrnniter  et  ex  oflicio  Sacramenlum, 
I  gravcm  irrcvcrentiam  commitlit  conlra  Cbristum 
I  Sacramentorinu  anctorom  et  ipsam  Sacramenli  san- 
i  ctitalom  ,  quam,  in  quantum  in  se  est,  contaminai; 

<  aiqni  iix'c  irrcverenlia  est  ex  génère  suo  peccalum 
c  moriale;  ergo.  Prob.  maj.  Minisler  speciali  conse- 
«  cratione  depiilaliis  ad  Sacramentorum  ministerium, 
i  et  se  illorum  minislrum  exliibens ,  lenetur  hoc 
«  ipso  et  vi  s(aliis  conformari  tam  Clirislo  Sacramen- 

<  torum  instilntori  cui  famulatcu'.  juxta  illiid  Le- 
I  vit.  19  :  Sancli  estote ,  quoniam  ego  snnctus  sum , 
i  quàm  sanclilati  Sacramenli  qnod  perficit,  jiixla  islud 
f  aliudlsa.  45  :  Mundamini,  qui  fertis  vasa  Domini; 
(  ergo.  I 

Dicitiir  i"  :  Qui  conficit  aul  ministrnt  (qiiod  soli  Eu- 
charisiia;  convenil  Sacramento,  in  qno  à  confeclione 
admini>^lratiodistinguiUl^);  licèt  enim  nonnuilis  iheo- 
logis  vidcatur  cum  moriale  peccalum  non  admiltere  , 
qui  Euciiarisliam  in  statu  peccaii  adminislrat,  senten- 
tiam  conlrariam  niullô  probabiliorem  existimamus; 
nam  omtics  raliones  quœ  slanl  pro  confeclione,  etpro 
ipsà  adminisiraiione  pariler  mibtant.  At  quorumdam 
opinioncm  probare  non  possumus,  qui  docent  toi  pec- 
cata  commitli  à  ministraiite ,  quoi  sunt  persona;  sus- 
cipientes;  qiiamvis  enim  plures  sinl  acliones  phy- 
sicédisiinctie,  unica  lamen  acliomoralis,  unum  nempe 
conviyium,  exislit;  ac  proindè  communicanlium  phi- 
ritascircumstanliamqnidemaggrravantem  proculdubio 
conslituit ,  non  anlem  peccaia  muliiplicat.  Secùs  verù 
dicendum  esset  de  sacerdote  plures  pœniientes  suc- 
cessive absolvente ,  quia  absokitio  qu;clibel  est  aclio 
compléta,  nullo  nexu  cum  aliis  absolutionibus  de- 
vincla.  Dispulant  enim  iheologi  ulrùm  qui  célébrai  in 
mortali,  unum  tanliim  peccalum  admiltal ,  an  verù 
quatuor,  primum  offerendo,  secundum  Sacramenlum 
conliciendo ,  lerlium  sumendo ,  quarlum  sibi  mi- 
nistiando.  Biliuart  priori  opinioni  a(lli;ierel,  S.  Liguo- 
rius  aulem  posteriori.  Posleriores  nituniur  in  eo  quùd 
omnes  islre  acliones  realiter  sinl  dislinctr,  et  priorcs 
in  eo  quod  earum  distinctio  sit  tanliim  physica  ,  non 
moralis ,  siquidem  unicum  inysterium  conslituunt. 
Quidquid  sit,  quoad  praxim  suflicit  ut  talissacordos  in 
confessione  dicat  se  in  statu  poccaii  morlalis  cé- 
lébrasse. 

Dicitur  2°  :  Saltem  ex  officio  ;  duplex  enim  dislin- 
guilur  minisler.  scilicet  minisler  ex  olïicio,  seu  solem- 
nilalis,  cl  minisler  neccssilalis.  Prior  est  ille  qui 
Sacramenla  minisirat  tanqiiàm  ad  hoc  speciali  conse- 
cratione  depulatns,  ut  sacerdos  consecrans;  posleiior 
autem  ille  est  qui  non  agit  lanqiiàm  speciali  consecra- 
tione  dcputalus,  sivespecialem  consecralioncm  reipsà 
receperil,  utsaceidos  (jui  bafilizal  al)S(|ne  solenmilaie, 
propler  nect-ssilalcm  ,  sive  consocraiioncm  nunquàm 
receperit,  ni  laicus  ipii  Baplismum  minisirat  Porrô, 
ibeologi  qui  onniiiio  concordant  de  minislro  solemni- 
talis  et  ex  oflicio,  non  ila  sunl  unanimes  de  minislro 
neccssilalis  ;  alii  enim  post  S.  Tliomam  minisiruni 
neccssilalis  non  peccarc  morlaliior  exisiimant  :  nam, 
inquiunt,  obligalio  in  minislro  babondi  sanctilalem  , 
non  ex  ipsà  Clirisli  et  Sacramenli  sanclitaie  in  se 
speclaià  oriliir,  sed  ex  eàdem  speclaià  in  ordine  ad 
spccialem  minislri  consecralionem,  id  esl,  ex  eo  quotl 
ubi  se  gerit  ni  speciali  consocralione  ad  Sacramenta 
minislranda  dcpiilalus,  boc  ipso  leneatur  sese  coidor- 
mare  lum  Clirislo  ,  cujiis  mii.islriim  se  exbibel  et  gerii 
personam,  lum  sanclilali  Saciamenlorum,  quorum  se 
ciislodem  et  dispcnsalorein  prolilclur  :  alqui  minisler 
lu'cessilalis,  licèt  >it  specialiter  ad  Sacramenla  mi- 
nislranda consecraïus ,  non  agit  ut  ad  hoc  consecra- 


UaO  DE  RE  SACRAMENTAllIA,  — 

el  Ecdesiœ  in  dispensatione  Sacrametitorum  pcccent  ;  et 
tiiiin  hoc  peccatum  pertinet  ad  irreverenliam  Dei,    el 

Jus  ,  lUqiie  adcô  non  se  gerit  ut  rninislrum  Cliristi  et 
SaciMMienloruni  dispensaloreni ,  seJ  siicciirril  neces- 
silaloiii  palieiili,  et  Cliristo  descrvil,  non  in  aclu  ali- 
(jiio  Oïdinis  ol  sacra;  poleslatis,  sed  in  co  in  qiio 

qiiilibct  iiomo  posset  deservirc;  ergo Et  certè  qui 

per  aecidens  vel  in  casu  argentis  iiecessitalis  régi 
desorvlt,  non  tenelur  niinistraro  cuni  speciali  ornatu 
et  niimùilii',  quu',  cxlra  necossitateni,  reqnirnntnr, 
in  lis  qui  ad  hoc  oflicium  deputaii  sunl  ;  ergo  pa- 
riier 

Alii  verè,  inlcrqnosS-  Lignorius,  ministrum  etiani 
iieccssilalis  niorlaiiler  peccarc  eontendunt.  Eleniin 
Sacranicnla ,  à  qnocnmqne  adininislrcnlnr,  exiniià 
pollciil  sanclilale  ;  al(|ui  sancla  sanelè  semper  tractari 
debent,  et  qnidem  sub  gravi  in  gravi  niatcrià  ;  ergo, 
quisquis  il!e  sit  à  quo  aJminislranlur,  ea  semner  débet 
sanctè  tractare  ;  qiiod  nisi  facial,  in  re  gravi  morlalo 
pcccaunn  admitlil  ;  atqui  manifcsluni  est  Sacramenta 
indigné  contaniinari ,  nedùm  sanelè  tracieiitur,  ab  co 
quiciimque  in  inmiundilià  peccali  ea  non  veretur  ad- 
ininislrare;  et  quideai  isia  indigna  tractalio  in  niale- 
rià  gravi  esse  videtm- ;  nonne  eidni  est  gravis  irreve- 
rentia,  quôd  iiostis  Cbristi  et  dicinonis  niancipium 
prœsnmat ,  licèt  non  ex  oflicio  ,  scienter  inimunilus, 
immundè  traclare  ea  quibns  in  Ecclesià  nihil  sancliiis 
et  niagis  divinuni  babetur?  ergo lia  ilii. 

Utraqiie  seiitcnlia  gravibus  nititnr  rationnai  mo- 
nienlis,  ncipie  minus  gravibus  aucloriialibns  confir- 
inatnr.  l'rior  tainen  videtur  comniuniùs  doceri.  Quid- 
quid  sit,  sat  probal)ibs  nlraqiie  apparet,  ut  peccati 
niorlalis  saltein  adsit  pericuiuui ,  nisi  bona  lides  mi- 
iiislri  in  staiii  peccali  Sacramenla  c.onficientis  ilhiin 
excuset,  ul  lieri  polesl  si  sil  laicus.  Proindu  in  praxi 
non  lanli  relerl  ulrùni  ministcr  agat  es  officio ,  an 
verù  ex  necessilale ,  pnTeserlim  quando  est  sacerdos. 
Caîterinn  ba-c  quiiestio  soiùni  s  éclat  Kaplisnnim  , 
quoad  ijjsos  sacordoles;  ad  alia  enini  Sacramenla 
conCerenda  requirilur  coiisecralio  speciabs  ;  quoad 
laicos  verù  ,  spécial  pariter  Baplismum  ,  el  ibrlassis 
eliani  Malrimonium  ,  nempe  si  partes  sint  minislri,  nt 
innili  vohinl. 

Dicilnr  5":  S acramenhun ; claw'wn  non  ila  constat  de 
actionii)ns  quibusdam,  qu;e,  elsi  ad  Sacramenlnm  ac- 
cedanl,  lamcn  non  sunt  Sacramenla,  ni,  v.  g.,  sacro- 
saiickc  Encbarisli.c  tactus  sive  niedialus,  sivo  im- 
inedialus,  andilio  conlessioiinm,  qnando  non  dalnr 
absolulio,  exerciliuni  oflicii  diaconalùs,  vcl  sid^diaco- 
nalns,  etc.  Circa  qua^tiones  adcô  dilliciles,  ubi  ductio- 
res  plniimùni  inter  se  dissenliunt,  pronuntiare  l'orsan 
in  nuiiis  (emcrilalis  cssct  indicium;  vernni  id  ccilè 
diCLTc  posMunns ,  sallcm  dubium  esse  ulrùm  non 
peccel  niorlablcr,  inm  sacerdos  qui  letbahs  peccali 
conscius ,  sacralis^iuiain  Eucbarisliam  iu  |)roccssiorje 
gestat,  vel  cuni  cà  benedicit  popuium  ;  tum  iile  (pii 
conl'essionem  andil,  licèt  ab]absoinlione  iribuendà  abs- 
tineal:  tum  espiscopus  qui  sacrum  cbrisina  conficit 
et  sacrum  oleum  benedicit  ;  tum  diaconiis  qui  suum 
onicium  solemniler  exercel. 

Atvero  sal  proijabile  pulamus  «nbdiaconmn  suas 
fiHKtiones  obeunlem  non  gravi  sese  commaculare 
poccaio.  Mullù  etiam  prol)abiliMs  est  non  esse  i)eccala 
morlaiia  sive  lempli  alque  vasorum  sacrorum  bene- 
(liclioueni  ant  consecrationem ,  sive  pnedicalionem 
verbi  divini ,  nisi  concionalor  sit  peccalor  publicus  , 
uw\i\  grave  scandalum  generel,  sive  tonsur;e  clerieaiis 
collalionem  ,  etc.  Tandem  certum  videtur  absque 
p^'ccalo  morlali  exerceri  possc  functiones  ordinum 
miiioruni. 

Dicilnr  4°:  Dhm  peccali  morlalis  sibi  conscius  est  ;  si 
enim  iuL^endum  suum  statum  invincil-ililcr  ignoraret, 
auide  iiio  sine  malà  lide  non  cogilaret,  à  peccato  ex- 
ciisarclur. 

')ifiiur  ri":  Or<liiiariè;cnm  ,  iuytaniiiltos,  à  morlali 


DE  b.iuKAMEiNTIS  IN  GENERE.  im 

contaminalionem  Sacrametitortim,  (luantinn  est  ex  parte 
ipsius   peccaloris  [licèt  Sacramenta   secundiim  seipsa 

excusari  potesl  ob  repentinani  et  inopinatam  ncccs- 
silalcm,  quu'  ila  ingrnal,  ul  eUciendi  aclum  conlrilionis 
spaliinn  desil.  Sed  ncccsse  est  ut  vera  sit,  déficiente 
lempore,  conlrilionis  formandoe  impossibiblas  ,  alque 
adeô  ut  conetur,  quantum  in  se  est,  illani  in  se  exci- 
lare,  cl  peccato  non  positive  adluereat. 

Ilinc  seqirilur  1",  ut  ipse  Drouin  ex  Rilnali  Romano 
annotai ,  ila  vivere  debere  parochos  aliosque  sacer- 
doles,  quibns  ministrandi  Sacramenta  munus  incum- 
bit ,  nt  ad  id  digne  el  sanelè  prïcsiandum  semper  se 
paralos  halicant.  Idem  ferè  dicendum  est  de  obslelri- 
cibus,  ut  yialet  ex  eo  quôd  dubium  sit,  ntrùm  iiiinisler 
neci'ssilalis  ai)sqne  niorlab  peccalo  Sacramenla  possit 
minislrare ,  dùm  se  peccali  leUialis  reum  agnoscil. 
Idcircô  cas,  sallem  piobabilem  ,  slalùs  gralix'  neces- 
silalem  ad  conferendum  Baplismum  docere  oporlet , 
nisi  quandoque  salins  sit  ul  banc  obligaiionem  igno- 
rent. 

Sequilur  2°  Sacramenli  minislrurn,  si  se  in  peccalo 
morlali  jacei'c  advertal,  iliud  administrare  non  posse, 
douce  conscicnli;e  maculas  eluerit.  Duplex  est  aulem 
conscientiain  expnrgandi ratio,  nempe  confessio  sacra- 
menlalis  el  contrilio  pcrfecia.  Ubi  de  sacralissinuc 
Eucbarisiiae  conl'eclionc  aut  perceptione  meniio  est, 
necessariô  pra'inilli  débet  ipsa  conlessio  ,  eliamsi  sa- 
cerdos se  perlèctè  conlrilum  sciai ,  ila  defmiente  et 
jubenle  concilie  Trid.,  sess.  15,  can.  7.  Si  tamen  non 
adsit  coufessarius,  aut  si  non  adsit  nisi  cui  sine  gravi 
incommodo  conlileri  pnedictus  minister  noqueal ,  ur- 
geatque  ceicbrandi  nécessitas  ,  sacrosancia  synodus 
celebrare  permillil,  modo  tamen  posten quamprimiim, 
con/ilealur ;  quie  paiticnla ,  (iiuiiuprimiim,  ligorosè  in- 
telligenda  est,  ut  delinivil  Alex.  Vil. 

Quod  verù  altinct  ad  Eueliarisli;e  admiuislrationem 
aliorimiqiie  Sacramentorum  coid'eclionem,  mullù  prn- 
denlins  est  conressioiiempra'miltere  ;  id  tamen  non 
esse  onuiinù  necessarium  communior ,  et  (piidem 
jirobabilior  ,  licèt  non  pauci  contradicant,  opiiiio  vi- 
detur ;  de  liàc  enim  re  nulluin  exstat  pracejiluin  po- 
sitivum  necpie  naturaie.  Non  posilivum  quidem  ;  ne- 
que  enim  in  Scripluris ,  neque  in  conciliis,  n»  que  in 
Palribus  repcrilui'.  ^l'in  etiam  Riluale  lloniaïuim  id 
convenire  (aiiUmimodo  dieil.  Sacerdos,  inqnil,  litulo  I, 
si  fueril  pecciiii  morlalis  sibi  conscius  ,  quod  absil ,  <id 
Sacranteniornm  admiiri^lratioiiein  non  audént  accedere, 
nisi  prias  corde  puniti-ai  ;  sed  si  liabeal  copiam  coujes- 
sarii ,  et  lemporis  lociqne  ratio  ferai,  convcuil  confiteri. 
Concilinm  verù  'l'rid.  loco  cilalo,  de  solà  Eucliari>ti;c 
conlcclione  el  receplioiie  loqnilur;  ergo  sigiuim  est 
coîdessionem  ad  alia  Sacra;iienla  non  icfpiiri  ;  aliàs 
nulla  ruis-et  ratio  cnr  potiùs  pro  Eiicliaii.-lià  ,  quàin 
pro  aliis  Sacramenlis,  eonfessionis  obligaiionem  in- 
culearet.  El,  (piod  magis  directe  idem  denioiisUal,  ubi 
de  Maliimonio  agit,  sacra  synodus  ad  pramiillendnin 
confessionem  duntaxal  liorlalur.  Ergo  non  exstat 
praîceplum  |)osilivum. 

Nf(|ueeliam  naturaie;  nam  lex  naluralis  ministrum 
es>e  in  staln  grali;e  soiummodù  jubel  :  porro  gralice 
sialus  per  conlrilionem  perrectam  obtineri  potesl; 
ergo 

Et  cerlè  si  adessel  pra;ceptum  nalurale  de  confes- 
sione  pnemillendà,  inde  sequeretur  1°  alia  Sacra- 
menla inslilni  non  poluisse  sine  conl'essione;  i"  nii- 
nislium  in  peccalo  morlali  exislenlem  non  posse 
admiuisli-are  Sacrann.'nla  ,  ubi  non  esscl  copia  con- 
fessaiii,  eliamsi  urgeret  nécessitas  ;  porro  bac  duo 
admitli  non  posse  videnlur,  neque  à  quoquam  admit- 

timlur;  ergo 

.  Obj.  Qui  sibi  peccali  morlalis  conscius  Sacramenla 
ministral  absque  praivià  coni'esNioue,  exponil  se  peri- 
culo  Sacramenla  irreverenlcr  liaelandi;  alqui  non  li- 
cèt sine  necessilale  ;  ergo 

la'sp,:I)i^l,iliH^orein  ;  Si  non  adhibcat  (^uani  po^es^ 


i.i61 


QUif.ST.  VII.  DE  MINISiRIS  SACRAMKNTOllUM. 


i  \Cd 


incontaminalnlia  siht),  consequeiis  csl  (luixl  talc  pcau- 
tum  ex  (jciicre  suo  sit  morlah>.  lia  Aiigelious  dtitlor  ciii 
boni  oiiiiR'S  llioologi  consciiliunl  ;  quam  saiiè  in  rem 
aHeiri  plcraqiiedocuinent:!  [lossoiil,  tiini  é  sacris  iil- 
leris  (leiiromiila  ,  lum  à  sanctis  Palribns  graviUM-  co- 
|)i:is(Vnio  tliclala;  nisi  oniniijiis  csscl  insilnni,  iiisàfjiio 
nalurâ  duce  pra'sciipdiin ,  sanc:a  saiiclè  esse  (ra- 
olanda  ;  etqiiomadniodiim  in  rcMi|iiil)licaiîi  gravisbiiiiè 
ligali  uiagistralns  ollciidinil,  (juanilo  jura  Icgesiiue 
ooni|)Oiicndis  nioribus  constilulas ,  (piibiis  liilandis 
prrnposili  suiil ,  ip  i  violant  cl  infriiigiint ,  sicrpie  ad 
cartini  contcMipluni  cives  addccinit,  i(a  et  inuliù  nia- 
gis  peccare  saccrdolcs  conlra  Dcuin  snprcn)uni  Icgis- 
laloroni ,  dnni  polhilà  conscicnlià  Sacranienla  ad 
sanclificandos  honiincs  insliUila  dispensant  :  «  Cùm 
»  in  Eccli'sià  Dei  (vcrb:i  snnl  Roniani  Hiliia'is)  nihil 
I  sanclins  ant  ntilius  ,  niliil  excoilLMilitis  ant  magis 
f  divii.nin  liabeaUir,  qnàni  Sacranienla  ad  hnmani 
«  generissaiutem  àClirislo  Domino  inslilnla,  parocbus 
<  vcl  quivis  alius  saccrdos ,  ad  q;icni  eorum  admini- 


diligeiitiain  ad  babenciam  et  discernendam  contritio- 
ncin,  concodo  ;  clianisi  oam  diligciiliam  adiiiboat, 
i.egii;  niinisl.  r  oiiiiii  cini!  giMiià  Dci  coiiliilionem  ob- 
tiiuTc  potcsl,  et  agnoscerc  nliiini  sil  r(!Vorà  conlritii^ 
nccne.  Civlcinm,  si  non  valoat  qiiis  id  agiioscrro, 
ceilè  conlilL'ii  débet,  si  pole:^l  ;  ne  jne  enim  de  illo 
sernioneni  nnnc  habcnuis. 

Al,  iiislabis,  vix  possibile  est  ul  minislcr  certns  sil 
se  esse  vorè  conlriliini  ;  ergo 

Hesp.:  Distinguo  anlecedciis  :  Vix  possibile  est  ul. 
minisier  sil  corliis  se  esse  verè  conliilum,  cerlitudine 
qwji  excbuial  oinnein  lorniidinem  ,  conccdo  ;  cerlitu- 
dine (\ux  cxclndat  oninom  formidiiicm  priidonlem, 
nego.  i^orrù,  priorc  rlitiido  non  re([niiilnr;  non  enim 
per  ipsam  conlessioneMi  liabcii  polesl;  posterior  voi'ù 
sdilicil.  Venim  eslo  niini-ler  non  liabcal  cerlitndineiii 
de  contiilionis  exisleiilià,  al  ceilè  non  absohilè  rei|!ii- 
l'iliir  ccrliludo,  sed  salis  csl  ni  \\)>-\  niii'lo  proljahiliiis 
•-it  se  esse  coiitrilnm,  licèl  i-rmaneal  founido  con- 
Iraiia  ;  lune  enim  ex  jiidicio  leHcxo  nioraiilcr  cer- 
tns lieri  potcril  se  non  exponi  l'oriiialis  prolanalio- 
iiis  periculo  ,  ut  in  iraclalii  de  Conscieiiliâ  dfinon- 
slratur. 

Insiabis  iterùm  :  Conirilio  perfecla  iiicbidcre  dtbî  l 
voliini  coiilitendi  ;  aUini  non  videUir  babcre  votum 
conlilondi  sincL-rum  ,  (pii  cùm  posset  confitcri  ,  mm 
Ciintitctnr  ;  ergo 

Hesp.:  Dist.  maj.:  Conirilio  perfecla  débet  includere 
votum  conlilendi  lempore  (iuo  oblig:d)ll  confessionis 
pr.eceplnm,  cuncedo;  conlili  iidi  st.itim,  nego.  Distin- 
guo imnoreni  in  coib'm  sensu  :  Non  videliu' b:djere , 

si  iirgeal  pra'ccplum  conlessionis,  conccdo;  ctsi  pnc- 
ceplum  non  urgeat,  nego.  iiatio  ^atis  per  se  ap- 
paret. 

Igitur  minisier  qui  se  peccali  moi  lalis  reum  agnoscit, 
ciiiiine  incundiit  nécessitas  Saciamentnni  abquod  nii- 
ni^lraiidi,  non  absoUilé  conlileri  lenctnr,  eliaiusi  ad- 
sil  copia  coidessarii  ;  sed  débet  sese  ad  conlrilionem 
cxcilaie.  Qnod  si,  b  c  peracto,  -e  ccnirilum  pnidenler 
ji:dical,Sacramenlmn  admiiiistrare  poiesl  ;  si  verô  se 
non  babereconlrilioneni  perl'eclam  judicat,  v.  g.,  (juia 
peccali  occasiunem  dinnllere  t.on  vidl,  ab  admi- 
nislrando  Sacramento,  (|iiamvis  limeaKlm'  scaM(hdum 
(  l  inlaniia  ,  ai)stinere  deitel  ;  non  enim  laci^'nda  siini 
mala  nt  evenianl  IxMia.  lieni.iue,  si  ibibilel  nln'im 
conlrilionem  perb.'clam  babeat,  adsiUinc  coalessarius, 
Coidileri  lenetiir.  Al  (inan(b)  conlessaiins  non  adesl , 
Sacramenlnm  conlerre  deliel,  modo  gravis  orgeat  né- 
cessitas; ubligalio  enim  eeila  obli^aii  iiii  (bdiia-  an'c- 

ponentia  est.  [VM.] 


«  slralio  portinel,  mcminisse  inprimis  deliel  se 
«  saneta  Iradare,  alipie  omiii  brè  tempnris  momenlo 

<  ad  tant  saneta^  adminislralionis  orHcium  paraluni 
«  ossc  oport(Mc;  quamobrem  ilbid  perpetuo  curabit, 
«  ni  iiilegrè,  casiè,  pièquc  vilan»  agat;  nam  •ctsi  Sa- 
t  cramcMla  abimpmis  coimpiinari   n<in  pos-nnl  ,  m^- 

<  queà  pravis  miiMstris  eiïecliis  eornm  impediri ,  im- 
«  pnrè  lamcn  cl  indigne  ea  ininistranlcs ,  in  a-lernai 
«  morlis  reatinii  incurnml.  ) 

Sed  luec  qnidem  bacleiins  :  est  enim  pr.wsens  dis - 

I  piilalio,  ((nippe  geiicraHs,  suis  (inibns  continenda,  no 

occu|iare  ea  videamur  (juie  ali!)i  d(î  minislrornm  pro- 

iiilale  et  sanctilati;  ,  data  occasione  ,    diccnda  reeur- 

rcnt. 

Sequiliir 

CAPUT  111. 


DE   -N'F.CESSARIA   IN    SACRAME.NTIS  AhMIMSTr.  \M  r^    INTIN- 
TIONE. 

Deinceps,  ut  erat  propositum,  de  ministri  inlen- 

lione  dicendum  :  quaî  qua;stio  duas  babet  partes;  nam 

inqniri  primo  potest  utrnm  debeat  aliqnam   inlenlio- 

nem    babcre,  qui   Sacranienla   dispensai  ;  secimdù  , 

|i  qiue  et  qualis  inlenlio  esse  debeat;  nnde  sit 

SECTio  piinrv. 

Utriim  debeat  mhiister  Sacraïuciitontm  aliqiiam  habcre 
mteuiiouem  ? 

§  1.  Aperitur  status  quœstionis. 

Intentio  generalim  est  actus  vobintalis ,  qno  in 
finem  per  média  tendilur;  sive  est  amor  efiicax  finis  , 
cum  I  roposito  assumendi  média  ad  ilium  assequen- 
dnm  accommodala  ;  quanlùm  verô  ad  pncsens  spé- 
cial,  inlenlio  est  proposi  nm  voUmtalis,  qno  minisier 
Sacramenlnm  conferrc  eflicaciler  délibérai  (I). 

Triplicem  vnlgô  inlenlionem  scbola  disiingiiit  , 
aclualem ,  virlualem ,  babilnalem  ;  actnaliscst  pr.nesens 
voliintatis  propositum  ,  conjunctam  babens  mentis 
allenlionem  ad  opns  quod  agitur,  ab  Bapiismnm  , 
exempli  causa ,  qui  aclu  datnr. 

Virtualis  dicitur  quce  ex  aclu  praicedenle  ,  nec  per 
conirariam  voluniatem  revocato  ,  nec  per  notabilem 
lemporis  moram  inlerruplo ,  in  bomine  persévérât. 
Sic  minisier,  si  ad  coni'erendum  Bapiisma  vocalus  , 
cum  actuali  infantis  abluendi  voiunlaie  officaci  et 
proposito  in  templum  se  conférât,  niox  verô  dùm  por- 
agit  ritum  sacrum  ,  aliô  abreptus  de  Daptismo  acin 
non  cogitet ,  neqne  advertal  animnm  ad  illud  (piod 
agit,  dicitur  babcre  virlualem  inlenlionem  ,  (juia  ope- 
ratur  virlute  prioris  inlentionis,  qiiam  contraria  vo- 
bmlale  non  retractavit. 

Ilabitnalis  est  prompta  Ojierandi  facilitas,  cniHra- 
ctata  ex  babitu  ;  sive  est  prona  operis  cxcqiieiidi  \o- 
lunlas,  in  acium  tameu  non  iidbiens,  de  qno  iilen'mi- 
(|ue  née  cogilalio  est ,  nec  niemoria  ;  sic  amenles, 
doiniie.;tcs,  et  qui  poln  niir.io  mciilein  baiKN  i   abe- 


llj  (1)  Ilinc  liiiuet  inlenlionem  differre  ab  alleiilione. 
Il  quaM>sl  acliis  iiitelieclùs  .-iliipii.l  eonsiiîeianiiseï  de  eo 
1;  co|?i!auUs.  (Edii.i 


1463  DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACliAMENTlS  IN  GENERE 

natam  ,  ea  (iiiandoqiic ,  nec  cogitantes  quidem ,  more 
Leiliiariiiu  peragiint,  quac  vigilando  et  cum  rationis 
iisu  facere  consueveruiit  (l). 


(1)  His  Irlbiis  iiitontionis  speciebus  alia  addi  solet 
à  tlicologis,  qii;c  dioiliir  inlerprol;itiva.  l'orrù  iiiler-  | 
protaliva  vooatnr  ea  voliiiilalis  dispositio,  ex  quà  judi- 
<:iii  possil  aliqiiein  liaiic  vel  illaiii  inleiitiuneiii  lialii-  j 
lîiniin,  si  ad  iiioiilem  ipsi  vcniret.  Sic  (jui  aijuain  iii 
iiilMiilCiii  effiindit,  credeiis  esse  diiidaxal  iidanlis  si-  j 
iiiulncnim,  haijel  iiileiilioiieiii  haplizaiidi  iiiler|)rolali- 
vam  ;  si  eiiim  venim   adosse  iiii'aiiloiii  iiùssol;  soriù  ! 
veliet  baplizare.  Haïc  saiiè  intciilio  ad  coiiliciciiduiu  j 
SacraiiicnUim  non  siiHicit;  clcnini  iioii  laiii  esi  inloii- 
lio,  qiiàni  disjiiositio  ad  iiilenlioiiem  coiicipioiidam  ;  i 
proindeque  actiiiii  biiiiiamiiii  elïicerc  neqiiil.  1 

Insupordividi  pulo^l  iiiloiilio  1°  iii  absolulam  et  cou-  | 
dilionaleiii.  l'ri.jr  osl  illa  qiiie  nnllà  prorsi'is  coiulilioiie 
limilalur,  ut  cîirn  quis,  v.  g.,   dicil  :  Kgo  te  buptizo,  j 
iiiillfi  adjcclà  coiidilioiiC.  Posleriorilla  eslqiucex  ceilà 
c  )iHiiiio;ie  pcndcl;  v.  g.:  Kgo  te  buptizo,  si  non  esmor-  \ 
uius.  nia  auleiri  condilio  polest  esse  vol  de  prxsenti,  j 
vel  lie  praiterilo,  vel  de  futiiro  coiUiiigeiili,  vel  de  fii- 
liiro  necessario.  2"  In  dclerniiiialain  et  indetermina-  ! 
lani.  Dctcniiiiiala  est  illa  (pia;  ad  aliquod  objectum  | 
rerluni  dirigilur,  ut  cijni  niinister  Pœiiilenliie    lalem 
pœiiileiiteni  juxia  se  i)ra}senteui  absolvere  iiil^ndil. 
liideliTMiiiiala  illa  est  quaî  iiulkun  objecluin  fixuiu  et 
ilelcrniinatum  respicit,  ut  si  sacerdos  intendal  conse- 
rrare  (piintiuc  ex  dccem  iiosliis  coram  se  positis,  nul- 
las  iuleiim  assignando.  5°  In  explicilamsliniplicitain. 
Explicita  dicitiu'  quà  quis  aliqiiid  expresse  et  in  se  in- 
leitdil,  ut  si  Daplismi  luinisler  iulendat  cliar.icierem 
îiiiprimere.  Iniplicila  verù  niineii[)aUir  (pià  quis  iiiti'n- 
dit  aliquid,  non  expresse  et  in  se,  sod  in  alio  in  qiio 
iiichidilur.  lia  inlendil  ciiaracteroni  inqiriiuere,  qui  de 
•  liaraclere  nihil  cogilans  vidt  tanlumniodo  baplizare  ni 
lieii  solel  in  Ecclesià.  -4"  In  niiniicam,  (juà  quis  vult 
aliquid  non  laui  facere,   quàin   exleriiis  deridere,  ut 
liislrio  qui  pcr  ludibriuni  Baptismiini  in  tlieatro  con- 
l'ert;  et  seriam,  quâ  (piis  vult  al!(|uid  facere  sine  exle- 
liori  sallciu  derisione,  ni  sacerdos  qui  aliqucin  bapti- 
zal  cùni  debilis  cirrenioniis  debitisque  circnnistantiis, 
ita  ul  qnisquis  cum  vid<'l  judicare  debeal  euui  velle 
lacère  quod  fil  in  Ecclesià. 

Ponù  intenlio  séria  duplex  est,  alia  exlerna  et  alia 
interna,  liilcnlio  exlerna,  quaiuùni  ad  praîsenteni 
quneslionenï  perlinel,  vulgù  dcliniliir  à  llieologis  illa 
qwM  in  soluui  riluui  inateiialeui  cadil,  et  adjunctani  lia- 
bet  secrelain  inlenlionein  sinuilandi,  poliùsquàui  veré 
f.iciendi,  illudqnod  lit  formaliler  in  Ecclesià.  Intenlio 
inlerna  definiri  solet  illa  qua>  cadit,  non  sdlùni  in  ri- 
lum  malerialeni,  sed  eliani  in  illud  quod  fornialiter 
l'acit  Ecclesià.  Lnde  dicnnt  prioreni  vocari  exlernani 
o\  co  quôd  cjus  oi)icLtnin  sit  loUnn  niaieriale,  cl  po- 
slerioreiu  inlernainntnic  pari  ex  eoipiùd  illius  objeclutn 
inlollecluale  sil  cl  solà  meule  percipialur.  lia  commu- 
niler.  Libenlor  verô  falemur  li;inc  ex|di(  alioneni  non 
onuiiuô  nobis  arridere.  Nani,  i>r;clcrijiuun  ((uôd  con- 
suelo  loqueiuii  modo  p;irùm  conforme  vidcalur,  ut  in- 
tenlio exlerna  sic  aiipelletur  ex  objccto  m:tleriali,  cl 
inlerna  ex  obji?clo  inlcllecliiali,  noii  salis  dislinguilur 
in  eà  exposilione  intenlio  inlerna  ab  inlenlione  iiuam 
juiinicaui  vocant  ;  niimica  enini  et  ipsa  in  objecluni 
l'xlcrnum  ci  maleriale  cadil,  ncinpe  in  rilinu  exler- 
nnni;  quandoquidem  (pii  pcr  jocnni  et  irrisi(Uieni  ri- 
lum  sacramenlalcm  exerccl,  liabel  sanè  ilhnn  male- 
rialiler  faciendi  inlcnliouem.  Al,  in(piies,  (pii  inimi- 
c;..m  dunlaxat  iiabct  iulenlioaem  Ecclesiie  riunn  exte- 
riiis  deridcl.  Fateor  equidcm  ;  sed  ipiid  li;vc  ad  ipsani 
intenlioncni?  Isla  dcrisio  non  imi)edil  (piin  adsil  in- 
tenlio ritum  nialerialiler  adimplrndi;  ergo  direille 
inlciiliones  non  in  se  pra-cisè  dill'crunl,  sed  laïUùmin 
l'alione  quà  exercclur  rilus  in  cpuMU  cadiinl.  Idcircô, 
ni  no>lcr  sensus  nos  fallal,  inlciuio  exlerna  iccliùs 
dl'linirelur  illa  qua'in  riuun  sacrainenlalein  formaliler 


U6i 
Ponimus  tanquàm  cerluni  :  1"  Ilabitualcm  intcn- 
tionem  in Sacramentoruni  adminislralione  nequaqnàii 
sufficerc;  eaque  est  omnium  Calboliconun  doclrina 
nam  in  sacro  niinislcrio  exercendo  prorsùs  requiriin, 
intenlio  ,  per  quam  aclio  sacramentalis  huraana  si* 


spectatnm,  exteriùs  (juidem  el  quoad  apparenliam, 
cadil,  rcipsà  anlem  illmn  nounisi  malei'ialiier  a[»prc- 
bcndit;  intenlio  anlcm  inlerna,  illa  qu;e  in  rilmn  sa- 
cramenlalcm formaliler  spcclalmn ,  non  lanlinn  in 
specicm,  sed  diam  realilcr  cadil.  Inde  palet  iiriorcm 
dici  posse  inl.nlionem  ajipareiilem,  cl  posleriorem 
posse  realem  vocari. 

Porrô  bnic  noslrai  expositioni  non  pariim  roboiis 
inde  accedere  videlur,  quôd  plaiiins  per  cam  dogma 
catbolicum  cxplicari  valeal.  Namconcil.  Trid.,sess.  7, 
can.  Il,  posl  decreUmi  ad  Armenos,  pr;eler rilmn  sa- 
cramenlalem,  iniidstri  intenlionem,  (pià  velil  facere 
quod  facit  Ecclesià,  esse  necessariam  delinivii,  et 
omnes  Calliolici  intenlionem  mimicam  Prolcslanlinni 
boc  canone  docent  condxam,  minime  verù  dannialam 
intenlionem  exlornam  quam  mnlli  llieologi  ex  n(>slris 
defendunt.  Al  cerlé,  si  intenlio  exlerna  definialnr  illa 
qnaî  in  solum  rilum  malerialeni  cadil,  necinaqiiàman- 
tem  eumdem  rilum  formaliler  snmplum  npprciiendil, 
non  ila  facile  est  inleliigere,  l'cur  concilium  Trid., 
pr.Teler  ritum  sacramcnlalem,  miinstri  intenlionem  re- 
quiral;  nam  inlenlio  faciendi  rilum  nialerialiler  spe- 
;  clalum  inscparabilis  est  ab  aciioni!  quà  ritiis  externns 
perlicilur;  2"  qnomodô  Lnlboranoruin  doclrina  boc 
ipso  canone  Tridenlino  proscrii)la  sil;  qui  enim  per 
jocum  et  irrisionem  rilum  sacramcnlalem  exerccl, 
babei  tamen  illmn  nialerialiler  faciendi  intenlionem, 
Nec  juvat  dicere  ex  joco  exîerno  mauifcslnm  liei'i  il- 
lmn seriô  non  agere;  nam  sanclissima  synodus  in  sno 
canone  minime  de  serià  confeclione  ioipiilur,  sed  de 
solà  inteutione,  qu;c,  si  in  solum  rilmn  cxlcrnum  ca- 
dere  débet,  exislere  videlur  in  minislro  per  dcrisum 
agenle.  ô"  Cur,  si  Proieslanles  canone  Tridenlino  con- 
ligantur,  non  idem  dicalur  de  ibcologis,  qui  intenlio- 
nem merè  exlernam  sufficere  conlendnni  ;  siquidcm 
ntrinqne  eadeni  inlenlio  defcndilur,  nec  nlla  est  inler 
eos  diffcrenlia,  nisi  in  exlerna  agentli  ralione,  deqnà 
sacra  synodus  ne  unnm  (piidem  verbuiu  babcl.  Ilx'c, 
inqnam,  tria,  qiun  callioliciis  quisqiie  admillit,  non 
facile  concilianlur  cum  delinitioiic  quam  impugnanms. 
Conlrà  verô,  noslrà  derniilione  admissà,  lucc  omnia 
mira  facilitale  explicanlur.  Nimirimi,  prx'ler  rilùsex- 
lerin  confoclioncm,  concilium  définit  reiiuiri  inlei.lio- 
nem  aliqnam,  sive  realem  et  inlcrnam,  sive  sallem 
exlernani  el  apparcnlem,  faciendi  bunc  rilum  forma- 
liler ul  est  Ecclesiaî  :  porrô  nnllr.ni  lalem  necessariam 
agnoscnnl  Protestantes,  (jui  dicnnt  suflicerc  ul  rilus 
exlernus  ponalnr  eliam  cum  aperlà  dcridendi  inlen 
lione;  atverô  pra'dicli  llieologi  aliquani  bnjusmodi 
inlenlioncni  requirnnl,  si  minus  vei'bi'^,  sallem  ipsà 
re,  ncnipe  apparcnlem,  qu.v  in  agcndi  ralioi;e  niini- 
slri  el  in  debilis  ciicuni'^lantiis  iuvenilur;  ergo  Pro- 
Icrilanlcs  aiialbcmatc  Tridenlino  verè  feriunlnr,  nn- 
nimé  anlcm  landali  llieologi;  ergo  in  noslrà  exposi- 
lione facile  cvancscunl  dillicnUalcs,  (pi:e  in  commnni 
Uxpiendi  modo  a'grc  admodùm  solvunlur. 

Qnidipiid  sit,  ab  aliis  llieologis  nounisi  sermoiic 
discrcpamns,  vc  auleni  ipsà  omninô  cum  ipsisconsen- 
limns;  nam  jocosamel  mimicam  Prolcslanliuiii  inlcn- 
liouem, V(dnl  daninalam  à  concilio  Trid.,  répudia - 
mus;  exlernam  verô  inlenlionein,  ad  scnsnin  llieolo- 
gorum,  licèl  non  probenins,  non  proscriplam  fatcmi.r. 
I  Deniqne  inlenlio  interna  snlidividilnr  in  ada'qua- 
laui,  quà  quis,  sacrum  rilum  adminislraiido,  vull  sal- 
lem implicilc  <;niil(piid  ci  anncxum  esl,  ni,  v.  g.,  gia- 
liain  et  iliaraclcrcm  ;  cl  inada'{|nalain,  quà  quis  vuU 
qniiicm  rilum,  ni  in  se  vel  in  lali  sociclale  sacrum,  sed, 
sive  ex  errorc,  sive  ex  malilià,  non  vull  cjusdem  clll)- 
:  dus,  anl  iliqucm  ex  ejus  eîfeclibiis.  (Edit.) 


QUvEST.  VU.  DE  MINISTUIS  SACRAMF.NTORUM. 


1465 

id  est,  ab  hominc  fiât,  non  instar  pccudinn,  scd  ciiin  J 
doliberalione  cl  judicio  opérante,  quod  est  propiium 
Iioininis  ;  atqui  habitualis  inlentio  non  prx'Stal  ut 
ac  lio  sacramenlalis  huniana  sit ,  et  ab  honiine  pro- 
dcal,  juxta  naturam  siiani  opérante  :  ntcnim  ex  ejiis 
d'finitionc  constat,  cliani  in  anieiilibiis ,  dorniienti- 
liu-;  ebriis  reperitur,  qui  sanè  liumano  modo  et  cinn 
jiidioio  rationis  non  operantur.  2°  Inlenlioncm  actua- 
Icni,  boiiam  licèl  et  sufficientem  ,  non  tanieii  esse  ab- 
soliilc  iK'Ccssariani  :  hx'C  enini  intcnlio  absolntc  in 
Sa( ranienloruni  negolio  non  requiiitiir,  qu;c  plorùin- 
que  impossibilis  est;  alqiii  aclu  opus  sacrum  inten- 
dcrc,  neque  aliù  distrahi ,  plerùmquc  hominis  superal 
polestatem  ;  laiita  quippe  humanse  mentis  mobilitas 
et  inconstaiilia  est,  ut  propter  pnccipiles  evag.iliones 
qu;B  in  cjus  potoslatc  non  suiil,  de  unà  eàdenique  re 
cogitatioi.em  rclinere  diù  non  vaieat;  pra^scrlîm  cijni 
ab  objectis  circumstantibus  continué  ad  alia  rapiatur. 
Deinde  ,  intcnlio  liaec  non  est  absolutè  in  Sacramcn- 
torum  confecxione  necessaria,  cujus  absentia  non  im- 
pcdit  (|uoniiiuis  aclio  saci'ameiitalis  bumanasil;  atqui 
intentionis  actualis  absentia  non  impedit  quominùs 
aclio  sacramenlalis  humana  sit;  nianet  enini,  hoc  non 
obslante ,  virtus  prioris  intentionis,  quœ  cùni  revocatii 
non  fiierit ,  in  aclum  ,  nemine  diflitente  ,  iiifluxum 
habot.  Ergo  intcnlio  aciualis  ,  bona  quidem  illa  est 
et  siifficicns ,  non  lamcn  débet  dici  absolutè  jieccs- 
sajria  (I). 

Supcrcst  itaque  controversia  de  inlenlione  virtuali, 
uirùm  cam  saltem  liabere  dcboat ,  qui  conficit  Sacra- 
menla. 

Mordicus  hoc  negârunt  Lulhcrani  et  Calvinist:xî , 
quorum,  prœteroîcleros,  perniciosissimus  acstolidis- 
simus  fuit  error,  ministios  Sacramenloruni  rem  sa- 
cran»  perinde  lacère,  etiamsi  nihil  cogitent,  nihil 
aiiimo  intendant ,  niliil  advenant,  imô  verô  divina 
mysleria  palàm  et  apertè  derideant;   hoc  doclrinoc 

(I)  Hic  cxpendendum  esset  ulrùm  rcquiralur  ut 
intcnlio  sit  absohila,  an  verù  conditionalis  sulïiciat. 
Vcrùm  qu;ïstio  jam  solnla  est  ex  iis  i[\]x  diximus  ubi 
de  forma  Sacrameiilorinu.  Vide  nolam  sat  prolixan) 
de  forma  coiiditionali.  Qiiipcumquc  ibi  cxposila  sunt, 
facile  inteniioniapplicanlur.  Nuiicpaucissimisagendum 
de  inlenlione  dclcrminalà  et  explicita. 

Porrô  ad  Sacramcnli  valorem  rcqiiirilur  ut  confe- 
rentis  intcnlio  ad  cerlam  iicrsotiain  vel  materiani  sit 
delerminata;  v.  g.,  non  valet  Baplismus  née  absolu- 
tio,  ui^'i  miuistri  volunlas  ad  cerlam  dirigatur  perso- 
nani;itcm  non  conlicilur  sacra  Eucliarislia,  nisi  ad 
hanc  vel  illam  materiani  saceidolis  inlentio  dirigatiu'; 
cienim  huniana  non  esset  aclio,  qu^c  aliquod  oitjeclinn 
delerminalum  non  allingcrel,  sed  cadcret  in  aliqnid 
minime  delinilum  cl  indotermiiiatiim.  hisiiper  id  ne- 
cesse  prorsns  ips;e  forma;  Sacranientonnn  demon- 
stranl;  ex  bis  enim  sulijcctiim  vel  nialeriam  plané  de- 
lerminata esse  (iebere  manilestinn  esl,  Baptizo  te... 
Absolvo  te...  Hoc  est  corpus  nieu))!.  Uinc  in  praxi  mi- 
nisler  dirigcre  débet  snim  inteiilidiiem  ad  mnteriam 
vel  porsonam  pra-senlem,  qna'cnnupie  illa  sil;  alioqiiiii 
sacramcnli  valor  in  discrinien  nonnnnqiiàm  addncerc- 
liu'.  Quod  spécial  inlenlioncm  expli»  itam  ])r<)duceiidi 
sacramcnli,  vel  liune  aiit  illnm  sacramcnli  cil'eclum, 
ex  dicendis  palebil  illam  non  requiri,  sed  sufliccro 
impliciiam.  (Edit.) 


1466 


porU'iilnm  jtrimus  omnium  cxcogitavit  Lutherus  ,  et 
(piibus  potuit  momcntis  approbare  conatus  est ,  tnm 
in  libre  de  abrogandà  Missà  privalà;  lum  in  allero  de 
Caplivilalc  Habylonicâ,  capite  de  Baplismo,  ubi.  Non 
(liibitcm  ,  inquil,  si  quis  in  nontine  Domini  suscipiat 
liaptismmn  ,  climud  uiinister  non  dcl  in  iiomine  Domini, 
vi'rc  boptizdltun  esse...  sictil  IcffUur  exemplum  de  (juo' 
dam  minio  perjocnm  baptizato  ;  tum  articule  12,  eoruni 
quos  Léo  X  Pontifcx  maximus  paulô  aule  concilium 
Tridenlinnm  proscripsit,  cujns  hrcc  sunt  verba  :  Si... 
confessas  non  esset  contritus ,  aut  sacerdos  non  serib  , 
sedjoco,  (ibsoh'erel,  si  tmnen  crcdal  se  esse  absolutum  , 
verissimè  est  absolulus. 

Lullicri  impieîatcm  amplexi  sunt  Calvinus  in  Anli- 
dolo  concilii  Tridenlini,  ad  canoncm  11,  sessionisS; 
Tilmannns,  in  librodesexcentis  Pontilicionmi  errori- 
bus  ;  Kcmnilins  in  sccundà  parle  examinis,  et  alii 
ferè  omnes  ulriusque  sect»  professores,  quorum  una 
vox,  una  scntcntia  est,  reverà  perfici  Sacramcntnm, 
etiamsi  minislcr  omni  careat  inlenlione  ;  quod  qui- 
dem dogma  etsi,  ut  pncdixinuis,  stullissimum  sit,  et 
ab  ipso  communi  sensu  abhorrons,  ex  altero  lanien 
Lutherancc  doctrinae  capite  sponlè  fluit,  que  volunt 
solà  fide  impium  justificari,  per  quam  certô  crédit 
sibi  remissa  esse  peccata,  nec  alias  Sacramentorum 
in  juslificalionis  negolio  esse  parles,  quàm  ut  fideni 
velut  signa  vacua  et  divinœ  benevolentioe  pignora  ex- 
citent ;  Inde  enim  sequltur  nihil  ad  salutis  negotium 
intéresse,  qno  animo,  quo  cultu,  quâve  specie  Sacra- 
menla  exteriùs  celebrentur;  hinc  Kemnitius,  loco 
niodù  laudalo,  Tridentinum  canoncm  refulans  :  i  Ex 
«  quo  intelligitnr,  inquit,  qnôJ  quemadmodùni  ver- 
c  bum  Evangelii  pnicdicatum  sine  ullà  inlenlione,  esse 
t  verbum  Evangelii  non  desinit,  et  qui  ci  assenlitur, 
«  jnsiificatur,  quanliimvis  perversam,  tam  interiorem, 
«  (piàmexteriorcm,  vel  eliam  nu'.îam  habealniinister; 
«  ita  neque  desinit  esse  Sacramenlum,  modo  appli- 
«  celur  forma  maleriœ,  etiamsi  absqne  inlenlione  re- 
i  cià  applicetur,  sed  è  contra  cum  perversà,  inleriori, 
«  vel  exteriori,  vel  eliam  nnllà.  > 
§  2.  Ostenditur  minislro  Sacramenluit  conferenii  ne- 
cessariani  esse  inienlionem,  saltem  virtualeni. 
Ilis  similibusque  commentis  novi,  si  supcris  placet, 
Evangelii  reformalores  egerunt,  ut  respnblica  chri- 
sliana  in  infidclium  contemplum  veniict,  cl  ne  ho- 
nnnc  quidem  scnsalo,  ncdùm  finidalore  Deo.digna 
viderelur  :  cni  enim  unquàm  monalium  in  menlem 
venil ,  cceremonias  religionis  sanctissimas   perinde 

I  esse  valituras,  sive  scriù  et  graviter,  sive  mimicèjo- 
cularilerquc  exerccrentur?  llaque  centra  illos  sil  : 

Eidei  h;ec  senlenlia  est,  definila  in  concilio  Tri- 
denlino,  scss.  7,  de  Sac.  in  gon.,  can.  1 1,  liis  verbis  : 
Si  quis  dixerit  in  ministris,  diun  Sacramenta  conficiunl 
et  coufenmt,  non  requiri  inteutionem  saltem  facie}id': 
quod  fdcit  Ecclesia,  anathemu  sit  ;et  scss.  li,  de  Pœn., 
cnu.  9,  cap.  G  :  Si  qms  dixerit,  absolutioneni  surra- 
mentalcm  sacerdotis  non  esse  actum  judicialem,  sed  uu- 
duni  ministcrium  pronuntiandi,  et  declarandi  remissa 

1  essj  peccata  confitcnli,  modo  tantiim  credat  se  esse  abso- 


j4G7  r>E  RE  SACRAMENTAUIA.  — 

lutuni;  aut  sacerdos  non  serib,   sed  joco  absolvat.... 
finiitliema  sit. 

Qiios  quidein  canoiics  Lco  X  Ponlifcx  Maxinuis 
prx'formavcral  in  bullà  conlra  Luthcruin  edilâ,  in 
qiiâ  piicler  caîtcros  ailiculos  damnaliis  isle,  ut  pron- 
dixinius,  legitur  :  Si  sacerdos  non  serib  sed  joco  ubsot- 
verel,  si  tamen  credal  pœnilens  se  esse  ubsoluUim,  teris- 
simè  esi  absolutus;  sed  et  loiigè  anie  prx'ivcraiii  Pa- 
tres Conslanlicnses,  à  quibus  Icgimus  constiluluni, 
i.t  (|iii  in  luieresis  suspicioncMn  iiicunerint  pncter  cav 
lora  interrogontnr,  toi  credanl  (jubd  malus  sacerdos 
cum  débita  materià,  et  forma,  et  inlenlione  facicndi  quod 
facil  Ecclesia,  vcrè  baptizet,  et  vera  conférai  Sacramenla  ? 
V.l  panels  post  annis  Eugeniiis  IV  suninms  Pontifex 
in  decrcto  pro  Inslruclione  Armenoruni,  resolulà  Flo- 
lentiiià  synodo,  edito,  nbi  nunienuis  septcin  Eccle- 
sia; Sacramonlis,  ila  subjungit  :  Ilœc  omnia  Sacra- 
lucnta  tribus  perficiunlur ,  videlicet  rébus  tanquàni 
muterià,  verbis  lanquàm  forma,  et  personâ  minislri 
co)iferentis  Sacramentum,  cum  inlenlione  faciendiquod 
fiicit  Ecclesia.  j 

Probatio  prima,  ex  aucloritaie  Scriplurœ.  | 

Quod  etsi  in  sacris  liltcris  expresse  definitum  non 
legatur,  ex  ipsis  tamen  verbis  Clu'isli  Sacramenla  in- 
stitueiitis  necessariô  sequitnr  ;  ait  enim  Joan.  20,  21  : 
SicHl  misit  me  Pater  cl  ego  milto  vos...  quoium  rcmise- 
ritis  peccala,  remittnnlur  eis,  cl  quorum  retinueritis, 
relenta  sunt...  Mat.  28,  19  :  Kuntes  doceie  omnes  gén- 
ies, bapiizanles  eos  in  nomine  Palris,  et  b'ilii,  et  Spiri- 
lûssancii;  itemf|ue  de  Eucliaristià,  Luc.  22,  19  :  Hoc 
facile  in  meam  commemorationem  ;  unde  nianifesluni 
est,  apostolos  eorumque  successores  cosistitutos  esse 
divinornm  niysteriornm  œconnmos  ;  hinc  B.  PauUis,! 
Cor.  5,  5  :  Qnid  igitur,  inquit,  est  Apollol  Quid  verb 
paulus  ?  Minislri  ejus  cui  credidistis  ;  et  paulô  post  c. 
4.  i  :  Sic  nos  exislimet  homo  ni  ministros  Cliristi  et  dis- 
pensatores  mijsleriormn  Dei,  idemque  sa^pissimè  in 
Scripliiris  incnlcatiir  :  jam  sic  s^ubsumo  : 

A!i|ui  niinistri  et  dispeiisalorcs  non  dicnnlur,  maxime 
iilii  de  re  gravi  et  magni  momenti  negolio  agitur, 
iiisi  qui  veram  liabcnl  intenlionem  :  banc  autem  non 
iiiihere  se  manifeslô  déclarant,  qui  neque  sui  ipsoruni 
sinil  compotes,  neque  consideratè  et  ex  ratioiiis  jiidi- 
cio,  sed  temeraiio  more  deliranlium  opcranlur;  quis 
ciiim  (ut  ab  buinanis  sumamus  exemplum)  veram  pu- 
laveril  senlenliani  jndicis,  qu;e  imn  graviter  et  pro 
irihunali,  prout  est  legihus  conslilulum,  sed  vel  modo 
iidicro,  vel  in  caupoiià  média  inler  poeula  fiierit  pro- 
nuiiliala?  Qnis  pariler  dixerit  vcrè  niinistri  defun- 
chiin  oflicio,  qui  à  principe  ad  tractanda  gravissima 
iicgolia  delcgatus,  liistrionico  liabitu  deformatus,  aut 
exliaians  crapnlam,  de  pace  bellove  pacisci  allentave- 
rii?  Qiiôd  si  bicc  et  similid,  iiouiiiinm  mores,  duce 
ip'^â  nalnrà,  refuiiiunt,  qui'^corum  probare  possit  au- 
(laeiam,  qui  cinisliaiio  nomine  gloriantur,  imô  et 
(liirislianoi'um  reibiinalores  liaberi  volinit,  et  tamen 
iuipudrnlià  incredii)iii  al'lirmari^  non  dubitant,  Sacra- 
menla, boc  esi,mybtcria  Religionis  sanclissima,  per- 
iiwie  esse  v^Utura^  sive  iu  leuH>lo,  sive  itiihe;Uo, 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  MC8 

seu  mimicè,  scu  seriô  conferanlur  ?  Constanler  itaqne 
aflirmandum,  vana  et  irrita  esse  Sacramenla  sine  verâ 
ministrorum  intenlionc  collata,  ideô  verô  nulla  esse, 
quia  ctsi  materise  formœque  sacramentaiis  quamdam 
imagincm  pra-lerant,  ministrum  tamen  qualis  à  Cbri- 
sto  est  delcgatus,  non  babent  ;  undè  sequitur  quôd  nec 
Sacramenla  sint. 

PuocATio  u  ,  ex  antiquo  Ecclesicc  more. 
Sic  vorù  sentenlia  bivc  ab  anli(piis  lemporibus, 
onniium  non  niodô  anlistitum,  sed  et  simplicium  fide- 
lium  pervasit  animes ,  ut  sine  cunclatione  irrita  de- 
clarata  fuerint  Sacramenla  ,  qu;)c  sine  verâ  inlenlione 
adminisirata  esse  consiarel  :  et  boc  rarô  quidem  con- 
tigit,  (quippe  casus  insolens  est)  ;  contigit  tamen  ali- 
quando  :  bàc  enim  ipsâ  de  causa ,  tertio  Ecclesi.c  sc- 
culo,  Firmilianus  Ca^sarca»  in  Cappadocià  episcopus, 
dequo  multa  ante  prxdiximus  ,  Baplismuni  ab  cner- 
gumenà  quàdam  femiuà  mullis  collatum  nullum  irri- 
tumque  prommtiavil  ;  «  Volo  aulem  vobis,  inquit  ille 
«  in  episloiàad  sanctum  Cypri'^num,  inter  Epis.  Cypr. 
«  7-5,  et  de  bistorià  quai  apud  nos  fada  est,  exponere, 
«  ad  hoc  ipsum  pertinente  ;  ante  viginli  enim  et  duos 
f  fermé annos...,  emersit  istic  subito  qunedam  mulier, 
j  quai  in  extasi  constituta,  propbelen  se  pra'ferrel,  et 
f  quasi  sancto  Spiritu  plena  sic  agerel  ;  ila  aulem 
i  principalium  diemoniorum  impelu  ferebatur,  ut  per 
(  longum  tempus  sollicitaret  et  deciperet  fraternita- 
t  leni...  atqui  illa  mulier,  qux  priùs  per  prœsligias  et 
1  fallacias  dxmonis  multa  ad  deceplionem  fidelium 
I  moliebaïur,  inter  civtera  qud)us  plurimos  decepe- 

<  rat,  eliam  boc  fréquenter  ausa  est,  ut...  baptizarct 
i  quoque  mulios,  usitata  et  légitima  verba  interroga- 
1  lionis  usurpans ,  ut  nil  discrepare  ab  ecclesiasticà 

<  régula  vidcretur  :  quid  igitur  de  bujus  Baptismo 
t  dicemus,  quo  nequissimus  da;mon  per  mulierem 
«  baptizavit?...  Potest  credi  aut  remissio  peccatorum 
I  data,  aut  lavacri  salutaris  regeneratio  rite  perfecla, 
t  ubi  omnia,  quamvis  ad  imaginem  veritalis,  tamen 
4  per  diiemonem  gesia  sunt?  i 

Eàdemque  ratione  Novatiani  anti-papa;  ordinatio 
ab  episcopis  temulcnlis  atlentala,  futilis  et  irrita  dicta 
est,  ut  constat  ex  epistolà  Corneiii  Romani  Pontilicis 
ad  Fabium  Anliocbena;  Ecclesia;  palriarcbam  ,  quani 
referlEusebius,  Ilistoria;  ecclesiasticailibroG,  ubi  prê- 
ter cailera  sic  suramus  Pontifex  loquitur:  «  Egregius 

<  ille  vir,  qui  tremendis  quibusdam  Sacramentis  affir- 
I  maverat,  se  episcopalum  non  concupiscere,  repente 
«  lanquàm  ex  macbinà  quàdam  in  médium  projeclus, 
(  episcopus  apparuit;  et  is  qui  se  doclorem,  el  eccle- 

<  siastica;  disciplinœ  propugnatorem  ferebat,  cùm 
1  episcopalum  sibi  à  Deo  minime  concessuni  rapere 
i  ac  vindicare  conaretur,  duos  deplorata;  salmis  bo- 
e  mines  sibi  socios  adjunxit ,  ut  eos  in  exiguam  ac 
«  vilissimam  Italla;  parlem  mitleret,  atque  illinc  ac- 
«  cites  ires  episcopos  ,  homines  plané  rudes  ac  sim- 
«  plices  ,  fraudulentà  quàdam  molilione  deciperet..., 
«  qui  cùm  advenissent,  bomines ,  ut  jam  diximus, 
«  simplicioris  ingenii.  nec  in  bis  perdilorum  bominuni 

<  ariibus  ac  îaUaclis  salis  trili ,  eos  ille  à  quibusdao\ 


U69  QL\€ST.  VII.  DE  MIMSTRIS  SACRAMF.MORIM.  liTO 

<  suî  siinillimis  quns  nJ  ici  coinparaveral ,  iiicltisos  ||  ilmn,  ail  spoclaciilimi,  ad  cxncilitin)  [ticlalis.  Débet 


«  liorà  cleciinà,  teiimientos  et  crapiilà  opprcssos,  ad- 
I  iiiiihnilà  qiKulam  el  iiiaiii  inaiimim  iiiipositionc  epi- 
f  scopaiiim  sihi  Iradcrc  por  vim  ooiîit;  oiinnpu',  iiiillo 
«  sibi  jure  cnmpolcnUMii,  pcr  riaiidom  at(iiic  insidias 
<  viiulical.  > 

Allcniin  ejusdcm  roi  non  admoiliim  velus  cxcmplum 
stippcdilat  Anglonnn  liisloria  :  prodiliiin  enini  est  à 
Cainolieis,  Mali  lia'uni  Piirkcrnm  ,  qui  sub  iiiilio  rc- 
gni  Elisabcliiir,  aiiiio  1559,  Canluarienscm  artliiepi- 
scopaliini  invasil.el  à  qtio  doinceps  veliil  à  slirpe  (do- 
positis  nimirùm  el  in  carcercni  conjeclis  calliolicis 
opii-copis)  in  Aiiglicanas  provinrias  psciido-opiseopaliis 
csl  propagaUis,  voruni  cpiscopuni  non  fuisse,  luni  pro-  ; 
pur  alias  gravissimas  causas,  tuni  quia  nimore  publico 
cl  minime  diibio  ferebalur,  Parkcrum  nec  clcro  pnr- 
senle  ,  ncc  populo,  furlini  el  clanculùm  in  quàdam 
Londinensi  labernâ,  cui  insigne  eral  CapiU  maimuli 
(Télé  de  clinuil)  ,  i\U\uc  adeôà  ministris  vcrà  inlcn- 
lione  carcnlibus  undjialili  cxM'cmonià  oïdinaluni  ;  quà 
de  re  uborior  alibi  lutuia  quœslio  esl,  in  libro  de  Sa- 
cramenlo  ordinis,  ubi ,  Dec  danle,  oslensuri  sunius, 
imnierilù  faclionem  Anglicanam  de  cbrisliani  episco- 
palùs  propagine  gloriari  ;  id  quod  nuperrimè  erudilà 
disserlalione  probavit  eximius  ordinis  prœdicalorum 
Ihcologus,  in  lilterariâ  republicà  nolissinius,  reveren- 
dus  P.  Michael  Le  Quien,  Nullité  des  ordinations  an- 
glicanes, e\.c,  h  Paris,  1725. 

Probatio  III,  ex  theologicà  ratione. 

Prinium  ex  ratione  argumenlum  sic  informatur  : 
Cîim  aciio  quà  SacrameiUum  consecralur,  humana  sil, 
id  est ,  ab  lioinine  ,  non  inslinclu  pecudum,  scd  qua- 
lenùs  liomo  est ,  opérante  producla  ,  non  casu  el  ré- 
méré ,  scd  circumsi)eclè  cl  modo  bumano  esi  exer- 
cenda;  alqui  aclio  bumana  non  est,  qnae  niimicè  fil 
et  conlimieliosè,  neque  ab  intenlione  seriô  agendi  pro- 
cedit  ;  qiiis  enim  sanâ  mente  dixerit,  more  bumano 
agere  sacerdotem  qui  audilà  pœnilenlis  conrcssiono, 
verba  absolutionis  cacbirinando  protuleril?  aul  qui 
forte  prœtercuntem  catechumenum  aquœ  irrigatlone 
c  feneslià  perfuderil ,  mimicè  l'ormam  Baplismalis 
profcrciido?  Nam  si  polilica  civiliaque  nogotia  dcbent, 
ul  râla  cl  valida  sint,  serio  omnique  semoto  joco  ira- 
clari,  quid  de  illis  aciibus  esl  diccndum,  qui  primum 
Hi  religions  locum  icnent,  cùm  ab  illis  verus  Dei  cul- 
tus  ,  vila  spirilualis  hominis,  et  salus  aeterna  dcpen- 
dcal?  liane  verô  piilabiuir  Clirislus  logislator  sa|»ien- 
lissimus  sacrum  minislerium  bominibus  commisisse, 
quasi  probandum  in  cœlis  sit ,  quanlùmlihel  impu- 
denii  et  dissoluto  joco  in  terris  exerceatur?  Sanè  qui 
ila  loquunlur  et  senliunl,  ne  intelliguiit  quidcm  quid 
I  brisliana  religio  sit  :  ergo,  elc. 

Secundum  ;iirort  S.  Tliomas,  3  part.,  q.  64,  art.  8, 
in  c:  Quod  admulla  csl  indilferens,  por  alicpiid  débet 
ad  unum  delerminari,  alioquin  incerlam  fluctiianleni- 
quc  naluram  babitiinim;  alqni  ablulio,  eliam  qnaî 
liabol  adjuiHtam  saïKiissimie  iiinitalis  inv(>o;ilioneni, 
ad  lines  plurimos  puiest  indifferenter  refeni,   niini- 


ergo  ul  SacramenUim  verè  dicatiir  cl  sit,  per  aliquid 
à  miiii-lro  delerminari  ;  alqni  id  quo  di'*criiiinalur 
non  aliud  esse  polcst  ,  quiun  inicnlio  fac  onili  (piod 
farit  Ecdesia  ,  seriô  cl  in  debilis  cir«  unislanliis  per 
rilûs  sacri  obs(.'rvalionem  signilicala  ;  ergo,  etc. 

Tertium  potiturex  discrimine  quo  instrnnienlum  vi- 
vensac  libertiMi,  ab  inaniniato  disccriiilur  ;  nain  istiid 
moveliir  (piidcm,  sci;)Sii  n  verô,  qnijipe  iiicrs  et  olio- 
sum,  non  niovcl  ;  ilb  d  verô  tum  movctiir  :ib  alio, 
quod  est  commune  cujusiibet  instnimcnti,  tum  movct 
seipsum,  qi;od  proprium  babet;  (jiio  fil  ul  non  modo 
priiicipalis  agciitis  iudIu  cl  apidicalionc,  scd  el  sire 
vobmlatis  iiiHuxu  ad  nperandum  iiidigeal;  svc  cnini, 
cxenipli  causa,  calamus  ad  scribendum  solo  scribon- 
lis  influxu  applicatur,  quia  est  inslrumcnlum  inanimé  ; 
l'amulus  è  contrario,  quia  principiuin  vil;c  babet,  ut 
juss.i  dnmini  nd  allorum  déférât,  non  solopraîcipienlis 
imperio,  scd  nul;i  propriu',  volui.talis  movetur.  Jam 
sic  sulsumo  :  Aiqui  niiiiislri  Sacramenlorum  Doi  (pii- 
dem  el  Chrisli  sunl  iiislrumenla ,  animala  tamen  et 
libéra  ;  dcbenl  ergo  ad  Sacramenlorum  administralio- 
ncm  libère  seipsos  innectere  ;  al(|iii  pnvstare  illud 
non  possuni,  nisi  (jualenùs  verà  intenlioiic  ducuiitur, 
cerloque  consilio  rilum  pcrageiidi  quem  sciunl  pnc- 
scriplum  esse  divinitùs;  ergo,  elc. 

§  .5.  Diluuntnr  liœreticorum  objectiones. 

Objeclio.  Sacramenla  vini  onuiom  suam  roburqne 
trabunl  à  Ciirisli  inslituloiis  aiielorilale  ;  rata  ergo 
validaquc  juiit,  eliamsi  corum  pcragendorum  mini^l(■r 
non  babeat  intentionem.  —  Resp.  :  Concedo  antcce- 
dens,  et  nego  cnnseq.;  quanquàm  enim  à  so'o  Deo 
pcndcal  eflicacia  Sacramenlorum,  applicalionem  la- 
men  à  niiuisliis  babeni,  l;  ni[uàm  ai)  instnmientis  aiii- 
inatis  el  ralione  ulcnlibus  ;  qiiomadmodùm  igitur 
eliamsi  lala  à  senaloribus  judicia  robur  onme  ex  icgi- 
bus  bai)canl,  et  mutncntur  à  rcge,  à  quo  sunl  ad  j!i- 
dicandum  del('gali,ra!a  tamen  el  valida  non  pulanliir, 
si  jîico  proliila  liieriiil,  et  sine  verà  justiliam  adiiiinis- 
sirandi  voluntate;  ila  nec  vera  sunl  Sacramenla  fjue 
miiiistrum  seriô  operaiilem  non  babeni  ;  quia  ul  verè 
liujus  nomiiiis  sinl,  tribus  necessariô  perlici  debent, 
rébus  tanquàm  malerià,  verbis  tanqiunn  lormà,  et 
porsonà  minislri  agentis  cum  inlontioiie  f.icicndi  quod 
facit  Ecclesia. 

Inst.  1°  ,  probando  conseq.:  Idem  débet  de  Sacra- 
mentis  ac  de  verbo  Dei  esse  jiidioium  ,  maxime  cùm 
in  verbo  potissimiim  Sacramcnta  divina  ronsistani,  di- 
ccnle  saiiclo  Augustino  s;vpé  laudato  :  Accedit  vahitni 
ad  elementum,  el  fit  Sacrnmenlum  ;  nt(\\\\  ut  vorbum 
Dei,  sivcpra'.dicalio  Evangeiii  siium  offeclum  obli;ieat, 
ab  intenrume  concionantis  nullà  ralione  dependel  ; 
tain  enim  polcst  esse  ellicax,  siveabimpio  apertè  jo- 
cante,  sive  à  minislro  prudenler  el  seriô  agonie  an- 
nuntielur  ;  orgo  à  p.ui,  etc.  —  Resp.  :  Nego  majorem 
el  p:irit;item  ;  in  boc  enim  ulriusiino,  (juidquid  ganniant 
I.iillier;ini  cl  i;:ilvii;ist;o,  di^crimon  magnum  olneol, 
quod  vcrbuin  Dei  ab  bomine  concionante  non  liai,  seil 


\m  a(|  corporalcin  niunditiem  ,  nd  sc^nliatem,  ad  lu- 1|  qualc  rcvcia^u:-.}  o ,(,  sim^'liciun'  vcoiieUir;  l'D.de  i^uy:'- 


4471  DE  RE  SACRAMENTAIUA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  Ull 

vis  modo  cntiiUietur,  objeciivè  et  ex  ipsâ  vocum  pro-  ^  à  prcocone  denuiitielur  ;  è  conlra  verô  prsetoris  judicio 
priclale  aninuim  aiulientisadasscnsum  moverc  polest 


conlra  vcrô  Sacranieiitum  voluil  Detis  hoiniiiis  nego- 
tium  cssc,  et  ab  cjiis,  iil  existai,  operalione  pondère, 
per  quam niinuùm  foriuani cuni  inalerià aplè coinponit, 
ctutnmque  applicat  ad  subjecluni;  uiidesequilur  Sa- 
cramenti  adminisirationem  esse  aclioneni  luimanam , 
'alqiie  adeo  prudenlcm  eldeliberaiani;  quie  coiiditi©  si 
desit,  umbra  quidem  et  vana  Sacramenli  imago  fiilura  | 
est,  Sacramcnlum  certè  non  eril;  qnod  cnim  genus 
non  babet,  muliô minus  specicm  subjectam  generi  vin- 
dicat  ;  atqui  Sacramenli  confcclio  species  quredam 
est  in  génère  actiunn  bunianorum  contenla  :  ergo^ubi 
actus  bumanus  non  est,  neque  esse  potesl  administra- 
lio  Sacramenli.  Ilincque  palet  ad  probationem  majoris 
responsio:  ullrù  namque  concedimus,  accedente  verbo 
ad  elomcnlum,  fieri  Sacramenlinn  ;  verùm  ni  unius 
ad  allcrum  accessio  fiât,  bominis  curalio  isla  est;  bo- 
minis,  inquam,  divinam  rem,  et,  si  usquàm  alibi, 
Beriam  operantis.  Quisquis  ergo  verâ  caret  inlcnlione, 
et  mimicè  divinum  opus  illudit ,  exprobrat  quidem 
ipse  sibi  magnam  slulliliam  et  impietatem;  Sacramen- 
liioî  vcrù  nec  facit  née  exiiibet. 

Inst.  2°  :  Tarn  Dei  minislcr  est  qui  verbum  ejus  an- 
nuntiatquàm  qui  conficii  Sacramenla  :  uterque  enim 
fungilur  legalione  pro  Chrislo  ;  atqui  ex  conoessis  ver- 
bum Dei,  sive  adsit,  sive  absil  inlenlio,  pari  nibilo- 
miniis,  quantum  in  ipso  est,  virlule  et  elficaciâ  pne- 
dicaïur  ;  ergo  idem  de  Sacramenli  adminislratione 
dicendum;  adeôque  stat  comparatio  intei^  ulrumque 
instituta.  —  Resp.  :  Distinguo  niajorem.  Tarn  Dei  mi- 
iiisler  est  qui  rcrbum  ejus  annuntiat  quàm  (pii  conficii 
Sacramenla,  gradu  generico,  coucedo;  gradu  speci- 
fico,  ila  ut  aiqualis  ulriusque  condilio  sil,  nego  majo- 
rem,  el,  concessà  min.,  nego  conseq. 

E.  R.  Verbi  pra'dicatio  in  sacro  minislerio  gcnc- 
ricè  continctur,  quod  negare  in!|)iiim  fueril  ;  tam  enim 
apostolis  diclum  est  :  Docele  oiniies  (jenles,  quàm  di- 
clum  est  :  Bcipiizate;  non  ila  tamen  debcnt  ba-.c  duo 
confcrri,  quasi  iiibil  magis  in  uno  quàm  in  allero  rc- 
quiratur;  nam  verbi  pra;dicatio,  ut  pr^edixinuis,  in 
nicrà  ejus  promulgalione  consistil,  quie  per  se  salis, 
nullo  babito  ad  concionanlis  intentioncm  respeclu, 
polest  audientium  animos,  divinà  aspirante  gratià, 
conimovere,  et  ad  ciedenduin  impellere ;  alverô  Sa- 
cramenlum  opus  est  sacrum,  quod  voluit  Deus  in 
bominis  manu  posilum  esse,  atque  adeù  graviter,  con- 
sideralè  et  mature  peragi,  quomodô  pnecipua  iraclari 
nogolia  in  bcnè  nioratà  republicà  soient,  ut  rata  va-    i 


lidaquc  babcanlur  ;  id  quod  facile  inleliigcrent  refor 
niatores ,  si  altenderent  lanlùm  praHlicationem  à  Sa- 
cramcnlorum  minislerio  discrepare,  quantum  prœconis 
et  prcctoris  officia  differunt  :  licctenim  utcrquc  reipu- 
blica;  sit  minislcr,  illo  quidem  ad  loges  vulgandas,  cl 
veccnsenda  senatusconsulla  ;  islo  ad  fercnda  el  mo- 
deianda  judicia  :  longé  tamen  major  in  inio  quàm  in 
allcro  gravitas  diligenliaqne  requirilur  :  nam  ut  lex  ad 
civiuin  menlciii  noliliamiiuc  pcrvcniat,  cl  vini  Iiabcat 
oi)li!;;(ndi,  parùm  inlcresl  quo  alfcctu,  (|iià  inlcnlione  '■^■ 


nulla  inerit  firmilas  ,  nisi  sanctè,  graviter,  conside- 
ratè  et  cum  verâ  inlcnlione  feralur,  prout  oflicii  digni- 
tas  postulat,  cl  divine  bumanoquc  jure  sancilum  est; 
innncrilo  ilaque  in  bàc  pnedicationis  et  Sacramento- 
rum  ministerii  comparalione  Lutherani  et  Calvinislae 
immoraniur. 

Inst.  5"  :  Non  minus  tenetur  qui  verbum  Dei  an- 
nuntiat consullô  et  cum  verâ  inlentionc  agere,  quàm 
qui  Sacramenla  minislrat.  Ergo  par  ulriusque  condilio 
est  ;  alque  adeô  cùm  non  desinat  esse  verbum  Evan- 
gelii,quod  sine  ullâ  inlcnlione  profcMlur,  nulla  causa 
est,  cur  aliter  de  Sacramenli  minislerio  sentiamus. — 
Resp.:Dislinguoant. Tenetur  qui  verbum  Dei  annuntiat, 
consultù  et  cum  verâ  inlcnlione  agere,  ut  consulat 
sibi,  et  suœ  saluti  invigilel,  concedo;  ut  verbo  Dei  ef- 
ficaciam  imparlialur,  nego  anl.  et  conseq. 

E.  R.  Débet  quidem  qui  Evangeiium  prœdicat,  reve- 
renler  et  cum  verâ  inlcnlione  sni  oflicii  p.Trtes  im- 
plere,  non  impunè,  si  praitermiserit,  tantam  Deo  con- 
lumeliam  illaturus  ;  sed  non  ideô  verbum  Dei  inefficax 
est  fulurum,  quia  non  ab  bomine,  sed  à  Deo  révélante 
omnera  suam  virlutem  babet  :  Verbum  menm,  inquit 
ipse,  Isa.  o5.  H,  quod  egredietur  de  ore  meo,  iwn  re- 
verletur  ad  me  vacuum,  sed  faciet  qiiœcumque  volui,  et 
prosperabilur  in  lus  ad  quœ  misi  illud  ;  longé  verô  dis- 
par  minislri  Sacramentorum  ratio  est""  Imic  enim  non 
ideù  lanlùm  necessaria  est  inlenlio,  îTl  sancla  sanctè 
tractando  suœ  saiutis  curani'babeat ,  verùm  etiam  ut 
sibi  commissum  negoiium  exequalur,  et  sacramcn- 
tali  materia;  veibum,  non  merè  concionale,  ut  li;ere- 
lici  superiùs,  quiïsl.  5,  c.  i,  §  2,  refulali  effulinnl, 
sed  consccratorium  applicet  ;.  quod  qui  negant  scriù, 
prudenler  el  cum  verâ  inlcnlione  debere  fieri,  non 
ileligionem  lanlùm,  sed  bumanam  ipsam  socielalem 
perturbant,  negolia  omnium  prœcipua  ludis  bistrio- 
nicis  ada'quando  ;  unde  non  tam  viucendi  auclori- 
laie  et  ratione,  quàm  verberibus  et  carcere  compe- 
scendi. 

Inst.  4°:  Ideù  necessaria  esset  aliqua  in  ministrisSa- 
cramentorum  inlenlio,  quia  alioquin  nec  Sacramenla 
quidem  dici  posscnl  ;  atqui  faisnm  consequens  ;  ergo 
et  antecedens.  Prob.  min.  Yerè  Sacramentum  est, 
quod  suis  parlibus  ex  integro  constat  ;  alqui  quanquàm 
mimicè  el  jocularilcr  agat  minislcr,  rJtomque  sacrum 
j  aperlè  dcridoat,  verè  constat  suis  parlibus  Sacramcn- 
I  lum,  materiâ  nimirùm  et  forma  :  ergo,  etc.  — Resp.: 
Concessà  majore,  nego  min.  Ad  probationem  data  ite- 
rùm  majore,  nego  pariter  minorem  ;  nego,  inquam, 
matériau)  ibi  et  formam  esse  (juie  sacramcnlum  con- 
stituant,quaniue  verè  dici  possint  sacramcntalesiquan- 
quàm  enim  in  consocialione  forniic  cum  materiâ  Sa- 
cramenli nalura  consistât,  non  omnis  tamen  quai  fieri 
polest  utrius(jue  conjunctio  donari  boc  nomine  di-bel, 
sed  ea  solùin  per  quam  utracjue  ad  esse  sacramentale 
deturminalur  ;  porrù  aqu:e  infusio,  exenqdi  causa, 
etiam  -quam  verba  evangelica  comilantur,  non  deler- 
minalur  ad  esse  sacramentale,  nisi  per  intenlionem 
-  minislri,  seriô  et  in  circumslanliis  dcbilis,  neque  merè 


1473 


OUvïST.  VU.  DE  MINISTI'.H  SACR.VMENTORUM. 


ii7t 


histrioiiicè  aut  rcprccscnlativc,  sacrum  oflicium  cxe- 
•luciUis  :  ncino  naniquc  dixcril,  baplizarià  milricc  in- 
fantem,  quaiulo  cliain  cuin  snncli^siin;e  Triiiilalis 
iiivocatioiio,  corpus  cjus  saiiilaiis,  aul  ahslergondarum 
sordium  causa,  lavât  ;  ucmo  parilcr  dixcril,  à  saccr- 
dote  panem  et  viiium  consccrari,  sicquc  Eucharistiam 
fieri,  qui  mcnsai  coniniuni  assislcns,  cl  Scripluraiu 
de  niore  Icgens,  verba  evaiigclica  rccilat  :  Hoc  est 
corpus  menm  ,  elc  Qiiorsùin  vero  ?  nisi  quia  coiulilio 
loci,  slalùs  cl  leniporis  indicant,  cuuï  verà  inlcnlioiic 
carere,  alque  adeô  elementa  subjecia,  et  verba  quco 
rccilat,  Sacramenti  hic  et  nunc  nialcriam  et  formani 
esse  non  posse?  Quanlô  ergo  minus  boc  dici  de  bo- 
niine  nefario  polcrit,  ritum  sacrum  aperlè  subsan- 
nante  ludumqtic  facicnte  ? 

Inst.  h"  :  Atqui  eiiamsi  minister  ritum  sacrum  ma- 
nilestô  derideat,  conslarc  nibilominùs  suis  pariibus 
Sacramenlum,  rcs  est  ex  bisloricis  monumcnlis  cer- 
lissima  ;  ergo,  elc.  Prob.  subs.  cxemplo  petilo  ab 
bistorii  Ecclesia?.  Ferlur ,  ineunte  seculo  pantomi- 
mum  quemdam,  Genesium  nomine,  cura  christianse 
ReUgionis  niysteria  coràm  Diocletiano  imperatore,  in 
ibealro  pubUcé  luderet,  a;grotum  se  simulasse,  ibi- 
demqueBaptisma  per  derisionem  sacrilegam  peliisse, 
sed  à  Deo  repente  mutatuin,  melioreque  susceplo  con- 
silio  ,  sincero  animo  baplizatum  ;  nec  mullô  post  pro 
religione  quam  luserat ,  niariyrium  tolérasse:  atqui,  in- 
quiuiit,  Baptismailludratumprobatumque  Ecclesia  ha- 
buitquonon  aliud  joculareniagisfingi  potesl:  ergo, elc. 
— Resp.:  Nego  subs.  Ad  probalionem  duplex responsio 
est.  1°  Data  etnon  concessà majore,  negominor.  Quod 
cnim  in  Romano  Martyrologio  legiiur,  8  kal.  septera- 
bris,  Genesium  in  ibeatro,  spectanle  Diocletiano  im- 
peratore, baplizatum,  facli  narratio,  non  approbatio 
est  ;  neque  pulavit  unquàm  Ecclesia,  Genesio,  ut  ad 
sanctitalem  perlingeret,  quidquam  ludicram  banc  et 
mimicam  lolioncm  profuisse,  cui  plus  salis  fuit  sin- 
cera  ad  Deum  conversio,  et  palma  marlyrii  pro  lide 
cjus  accepta  ;  ilaque  ctiamsi  de  veritate  historiée  nulla 
dubitalio  foret,  indc  tamen  nihil  posset  contra  calho- 
licura  dogma  inierri.  2"  Nego  veram  banc  esse  histo- 
riam,  meramque  fabulara  redolere,  multis  momenlis 
oslendo. 

Primum  suggerit  scriptorum  veterum  de  re  tam 
memorabili  mira  tacilurnilas  ;quî  enim  ficri  potuil,ut 
ab  ineunte  quarto  seculo,  quo  temporc  Genesius  lin- 
gitur  in  theairo  bapiizatus,  ad  nonum  usque,  quo  Ado 
Viennensis  martyrologium  adornavit,  nec  mininmm 
facti  hujus  in  sacris  Annalibus  vestigium  sit  relictum  ? 
dieant  qui  boc  argumento  niiunlur,  quibus  ex  scriniis 
crula  bisloria  sit,  e'.  à  tenebris  in  quibus  tanio  tem- 
porc deliluerat,  revocala  ad  lucem  ?  Quibus  lestibus 
vel  coœtaneis  vcl  supparibus  conlirmata,  et  ad  Ado- 
nem  usque  perlata?  Quod  ni  faciunt,  faicanlur  aul  ni- 
bil  aut  ccrlè  parùm  in  boc  argumento  ponderis  esse; 
quod  enim  dubium  est,  non  polcst  ccrli  dogmalis  in- 
fringere  verilatem. 

Secundum  petitur  ex  scriptorum  rcccnlium  in  facto 
enarrando  discrepantiii,  quo  vol  uno  lalsilaiib  convin- 


cJUir.  .\do  cnimvcro  narrai  Genesium  à  cbrisliano  sa- 
ocrdotc  bapti/alum,  qncin  morbo  adsimulato,  ut  ju- 

j  cundius  spcclaculuin  fiercl,  in  llicalrum  vocavcrai. 
Surius  et  alii  quos  rccensol  iJaronius  inAnnabbus,  ad 
amnmi  50:2,  aflirmanl  Genesium  baplizatum  ab  ailcru 
mimo,  quem  lamcn  addunt  monitorem  angelum  ha- 
buisse,  ut  sibi  altcndcret,  cl  rem  sacram  serio  gravi - 
lerque  pcragercl  ;  alii  deniquc  voliuil,  ad  sacram  cav- 
remoniani  publiçè  in  liicalro  agendam,  angelum  coo 
lilùs  boc  ipso  lempore  delegalum,  quo  cbrislianani 
Rcligioncm  profani  et  sacrilcgi  auctores  ludebanl; 
porrô  lanlà  bàcdivcrsilalc  novclli  scriplores  iccerunt, 
ut  non  uni  iiiagis  quàm  alleri  credorclur. 

Terlium  iiinc  ducilur,  quod  circumslantiis  prorsijs 
incredibiiibus  liccc  bisloria  sit  referla  ;  quis  enim  in- 
ducal in  animum  cbrislianum  saccrdolem  ullrô  et  co- 
getile  ncniine,  sacrilegis  bistrionibus  suam  opcram 
commodalurum,  ut  eo  ipso  in  loco  divinum  Sacra- 
menlum adminislrarel,  ubi  scirct,  prsesenle  Diocloiia- 
no,  veri  Dci  cultorum  perseculove  infensissimo,  Rcli- 
gioncm adeù  conlumeliosè  irrideri?  Quis  pariler  sibi 
persuadeat,  minuim  Genesii  baplizatorem  ab  angelo 
monilun),  ut  in  ncfando  theatri  speclaculo,  ritum  sa- 

[  crum  piè  elseriù  faceret;  cùm  è  contrario,  si  quid 
angélus  saperet,  delerrendus  ab  boc  opère  aiicntando 
fuisset?  Jam  vcrô  quod  aiunt  alii  Genesium  ab  angelo 
è  ca;lo  legalo  baplizatum,  ridiculum  prorsùs  et  absur- 
dilalis  plénum  est;  quasi  niniirùm  angeli  ideo  siiil  ad- 
minislralorii  spirilus,  ut  scenicos  ludos  exerceant,  et 
faciantbislrioniam?  Cùm  igilur  tam  mullis  capilibus 
nutet  de  Baplismo  Genesii  fabula,  ruil  quod  ex  illà 
petitur  argumenlum. 

Insl.  G"  :  Quidquid  de  Genesio  sit,  aliundc  ccrlè 
consiat  valerc  Sacramenla  miiuicè  data  :  ergo,  elc. 

Pr.  subs.  ex  facto  quodam  percelebri  quod  à  pleris- 
que  bistoriie  Ecclesiîe  scripturibus  de  sanclo  Alhana- 
sio  ab  anliquo  prodilum  est  :  rem  ila  narrai  Sozomc- 

nus,  Ilisl.  1.  2,  c.  17,  cdil.  llenrici  Valesii,  p.  40G  : 
«  Atbanasio  adbuc  inipuberi  islud  accidisse  fertur  : 
€  publicum  ac  solemne  festum  ingenli  pompa  quotai>- 
t  nis  célébrant  Alexandrini,  eo  die  quo  Pctrus  ipso- 

<  rum  olim  episcopus  marlyriuni  consummavil  ;  liunc 

<  igilur  diem  ieslum  allipiando  ccicbrans  Aiexander, 

<  qui  tune  ipsorum  erat  episcopus,  peractis  missa- 
i  rum  solcmnibus,  cxspoctabal  cos  qui  unàcumipso 
I  pransuri  erant  ;  cùmque  solus  essel,  ocuius  convLi- 

<  lit  ad  mare;  ille,  visis  eniinùs  pucris,  qui  in  liilorc 
i  ludciilcs,  episcopi  ofliciiun  sacros(|ue  rilus  expri- 

<  mcbanl,  quamdiu  quidcm  scenam  illam  absquc  pe- 
«  riculo  esse  animadverlil,  delcclabalur  speclaculo, 
«  nec  mcdiocrcn)  ex  eà  re  capiebalvoluplalem  ;  post- 

<  quàm  vciù  arcana  quoipie  niysleria  exprimero  coc- 
«  peruul,  porlurbalus  est  ai.imo  ;  vocalisiiue  ad  se 
c  primoribus  cicri ,  pueros  oslendit  :  cùmque  eos 
i  coniprelicnsos  adduci  jussisset,   sciscitatus  est  ex 

<  iis,  quisnam  lusus  ipsorum  essel,  cl  quid  in  eo  dice- 
«  ronl,  (]uidvo  agcroiil?  lili  nielu  percuisi,  iiiilio  ([ui- 

<  dem  ncgàrunl  ;  sed  cùm  Alcîxandcr  qua'slioni  insla- 
(  rcl,  confcssi  sunt  cpi&cupum  ac  pncsulcni  fuisso 


4475  DE  RE  SACRAMENTARIA.  — 

I  ipsis  Alhanasium  ;  et  quosdain  pueros  qui  nondùm 

<  niysleriis  iiiLiiali  fuisscnl,  ab  illo  esse  bapiizalos. 
«  Hos  Alexandcr  acciiraiè  inlerrogavil,  quiduain  ipsis 
c  dixisset  fecissclvc  ludi  iliius  episcopus  ;  et  quid  ipsi 

<  rcspondisscnt,  quidve  edoctiessent;  cùmqueomnia 
f  juxta  ordiriem  ccclesiaslicimi  exacte  in  illis  servala 

<  deprehendisset,  conimunicalo  consiiiocuinsacerdo- 
I  tibus  quos  circa  se  habebat,  censuit  non  rebapti- 
I  zandos  esse  eos,  qui  in  siniplicitate  divinam  gratiam 
I  semcl  percipere  meruissenl;  reliqua  verô,  quœ  à 
«  solis  sacerdolibus  Baplismum  tradentibus  admini- 
€  slrari  fas  est,  in  illis  supplevit.  Athanasium  porrô 
t  aliosque  pueros  qui  in  eo  hidicro  presbyterorum  aut 
I  diaconoruni  partes  egerant,  sub  dlvino  lestinionio 

<  parentibus  ipsorum  tradidit,  quos  ipsos  ad  Ecclesiae 
I  ministerium  educarent,  informarentque  ad  ea  officia 
«  quae  l'ueranl  imitati.  »  Ita  Sozonienus,  cui  consentit 
Socrates,  Historiae  ecclesiasticaî  lib.  1,  cap.  15,  hoc 
ipsuni  in  Rulini  libris  conimemoralum  afûrnians.  Jam 
sic  infornialur  argunienlum  :  Probatuni  est  Baptisma 
ab  Athanasio  puero  et  jocante  collatnm;  ergo,  etc. 

Ucsp.  Nego  subsumptum  :  ad  probationem  duplex 
pariter  responsio  est.  1°  Date  et  non  concesso  veram 
esse  quae  de  Athanasio  narratur  historiam,  distinguo 
anlecedens  :  probaïuni  est  Baptisma  collatuni  ab 
Atlianasio  jocante,  id  est,  in  re  serià  obleclanientum 
capienle,  concedo;  id  est,  rilum  ipsum  Bapiismi  illu- 
dentc,  et  mimitè  exhibenle,  nego  ant.  et  conseq. 

E.  R.  Duobus  potest  modis  accidere,  ut  quis  per 
jocum  conférât  Sacramenla  :  1°  Ita  ut  habens  intcn- 
tioneni  ritum  sacrum  seriôperagendi,  in  hoc  tamen 
exercilio  oblcclamenlum  animi,  tanquàm  finem  ex- 
Iriiisecum,  sibi  proponat;  eo  ferè  modo  quo  quis  sti- 
niulo  avaritiœ  Sacramenta  niinistrando,  vcrè  rem  sa- 
cram  facere  vult,  reveràque  facil,  licèt  ad  finem  com- 
parand;e  pecuniœ  suam  referai  aclionem  ;  qui  quidem 
ludus,  illicitus  licèt,  verilatem  Sacramenti  non  impe- 
dit,  quia  sinceram  ejus  conferendi  volunlalem  invol- 
\il,  et  est  cxirinsccusactioni  sacrse.  2"  Ita  ut  Sacra- 
nicntum  ipsum  matcria  jocandi  sit  et  objectum , 
quando  nimirùm  qui  ita  ludit,  rem  sacram  conficere 
prorsùs  non  vult,  sed  illudere;  quomodô  impii  satelli- 
tes Clirisliim  pnrpiirà  indutum,  non  honoris,  sed  In- 
dibrii  causa,  salutabant  diccndo  :  Ave,  ru'xJudœorum; 
jlle  verô  Indus  Sacramenti  veritatcm  penitùs  lollil, 
quia  sacram  ipsam  actionem  inficit  et  corrnmpit  me- 
duUilùs. 

Jam  verô  dicimus  Athanasium  (si  vera  narratio  est) 
priori  tanlùm  modo  lusisse,  et  in  re  serià  oblecla- 
nientum animi,  tanquàm  finem  extrinsecum,  conqui- 
sisse.  Licèt  enim  puer  lusisse  dicalur,  ratione  tamen 
et  devotione  animi  Indum  hune  moderatus  est,  socios 
baptizaudo  eo  ritu  quem  ab  Alcxandro  episcopo  vide- 
rat  obsorvari  ;  adeôque  habuit  iiitenlionem  i'aciendi 
quod  Ecclesia  faciebat  ;  quod  vcl  hinccoUigitur,  quia 
non  omncs  promiscuè  socios,  sed  solos  calechumenos 
haplizavit;  undè  meritô  censuit  Alexander  non  rc- 
baplizandos  esse  eos,  qui  in  simpUcilale  divinam  gra- 
tiam scnicl  percipere  meruissenl;  ila(iiK,'  lioc  cxen)plum 


DE  SACRAMENTB  ÎN  GENERE.  U70 

'*  pro  Lutheranis  cl  Calvinislis  non  facit,  qui  voiunt  vorè 
I  conlici  et  valerc  Sacramenlum  à  minislro  miuiitè 
s  ngentc,  et  Sacramenlum  ipsum  irridcntr,  collatuni. 
I  Resp.  2"  ab  erudilis  historiam  banc  sine  coiitio- 
versià  rejici,  et  pro  niero  commento  baberi,  eà  pra;- 
sertim  de  causa,  quia  cohxrere  cum  Athanasii  aia'o 
non  potest;  régente  enim  Alcxandiinam  Eccl(;siaiu 
Alexandro  juvenilcm  ogisse  scenani  Alhanasius  pc'i!;i- 
betur  :  Hune  ciim  admodiim  puer  cssct,  in(|uit  S  cra- 
ies, loco  mox  laudato,  sacrum  quemdam  luduw,  nua 
cum  pueris  œqualibus  lusisse  Rufuius  narrai...  ei  adltuc 
impuberi,  ait  Sozomenus,  istud  accidisse  fcrltir  ;  alqui 
episcopatum  gerente  Alexandro  puer  Alhanasius  esse 
jion  poleral  ;  quod  sic  osiendo  lemporum  calculum 
subducendo. 

g  De  Alexandro  enimverô  fidem  facit  saiiclus  Iliero- 
I  nymus  in  Clironico,  qiiôd  ad  sedem  Alcxandiinam  aille 
I  annum  321  eyeclus  non  luerit  ;  Alhanasius  verô 
quarto  post  anno,  hoc  est  323,  concilio  Nicœno  l'.ri- 
nio,  jam  ante  diaconus  coiisecralus,  inlerfuit;  magiià- 
que  in  tantà  homiiuim  praîstantissiinorum  frequcnlià 
floruit  opinioiie  doctriiia;  ;  eo  enim  adjiitore  usus  est 
Alexander  ad  Arii  profligandam  impielalem  ;  imô 
qninque  vixdùm  cvolulls  post  sacram  synodum  mcn- 
i  sibus,  ad  annum  326,  Alexander  ex  liâc  vità  quanto- 
ciùs  migraturus,  Atlianasium  successorem  roliquil, 
Divinis,  ul  equidem  arbitrer,  jussionibus,  inquil|ibidem 
Sozomenus,  ad  eum  designandum  impulsus  :  jam  quai- 
ro  qui  ficri  potuerit,  ut  in  tam  brevi  quatuor  aut  quin- 
que,  ad  summum,  annorum  spalio,  puer  Inscrit  Alha- 
nasius, diacoiuis  fueiit,  inlcr  cclebcrrinios  hujusaila- 
lis  ihcologos  lionoralissiiuum  locum  habuerit,  et  de- 
nique  thronum  Alexandrinum  conscendoril?  Uxc 
sanè  quia  conciliari  non  possunt,  totam  Sozomeni 
aliorumque  narratioaem  falsiialis  et  niendacii  ar- 
guunt. 

Sed  eliamsi  contra  Chronica  Hieronymi,  uti  aliqui- 
bus  placuit,  dicerctur,  Alexandrum  anno  315  inivissc 
Episcopatum,  nihilô  fcliciùs  conslare  cum  a;lalc 
Athanasii  fabula  posset;  ab  anno  enim  515  ad  525, 
decem,  nec  plus,  anni  intcrfluunt  ;  ilaque  deceunio 
anlequàm  Nica;iiam  ad  synodum  se  confeirel,  lusil  in 
;  hâc  hypolhesi  puer  Alhanasius,  hoc  est,  necdùin  de -• 
ciinum  aut  ad  summum  duodccimiim  :ielalis  anmiiii 
pra;tergressus  ;  Icslantur  enim  [  rafali  scri|,loies,  id 
ei  adbuc  impuberi  et  adniodùm  puero  conligisbc  ; 
undc  sequilur  quôd  anno  aUatis  circiler  vigesiiuo  aut 
vigesimo  secundo ,  Nicx'no  concilio  interfueril,  cl 
quinto  posl  mense  nobilissimam  Orieiilis  scdem  Ic- 
iiuerit,  quod  veritati  cl  mori  aiiliquo  non  congruit  ; 
ilaque Rufino,Socrati,  et  aliis  non  est  lemcrè  crcdcn- 
dum,  quod  contra  scriem  fidemtiue  lemporum,  popu 
lares  seclando  minores,  enarranl  ;  coque  cerlior  re- 
sponsio h;ec  habcii  débet,  quôd  de  Baptismo  ab 
Analhasio  puero,  pueris  colludcnlibus  dalo ,  iiequc 
Severus,  nequc  alii  Orienlisantiqni  scriptores  menlio- 
nem  ullam  facianl  :  hiiic  enim  ceitô  colligilur,  in 
Ale\aii(!riiià  E((lesià  banc  hisioi'iam  penitùs  ignoralaiii, 
alque  adcô  fali;'ù:i  esse. 


(JU.EST.  MI.  DE  MINISTRIS  SACRAMENTORUM. 


U77 

liisl.  7'.\JuxlaS.  Augnsl.  valcllîiiplisnius  ab  cbrioso 
collaUis  :  Ao»  <(HU'o,iii(|iiit  tiacl.  .'i  iii  Joaii.,  t'/»/osum, 
f/Kirt  Chrislus  est  qui  ta/jt/jat.-alqui  in  ebriosonulla  po- 
Icsl  csso  iiilcnlio,  cùm  neqiiidoin  libéré  agal  ;  ergo,  elc 
—  Rosp.  :  Adiiiitlo  iinctorilalciu,  cl  coiiccssA  majore, 
iicgo  iiiiiior.  Aiiiul  ciiiiii  cbriiis  boino  cst,aliu(l  cbrio- 
sus  ;  (|uom()do  aliud  est  esse  ainalorein,'  aliud  aiiiaii- 
tem  :  obrium  dicinuis  queiii  aclu  vini  insania  delinet; 
ebri()Sum,(iiii  pravain  babct  viiio  se  ingiirgilandi  con- 
siicludiiiom  ;  iiiide  potcst  qiiis  esse  ebriiis,  qui  naliirà 
ab  b(tc  vilio  maxime  abliorreal;  cl  coiilra  cbriosus 
quis  esse  potest,  etiam  Uim  cùm  ni!  \iiii  guslaverii;in 
illo,  cùm  agil,  ncc  iiitcnlio  est,  nec  vera  liberlas;  in 
isto  iilra(pie  roporiliir  :  de  boc  vero  loquilur  saiictus 
Aiigusliiius,  iil  ex  ipsO  coiiloxtu  pâlot,  Quos  baptizavU 
ebriosus,  iinpiil  ibidem,  quos  bniHiuivit  liomkiUa,  quos 
baptizuvit  aduller;  siBaplisnuis  Clirislieral,  Cliristus  ba- 
plizavit. 

Iiist.  8°  :  S.  Angiislinus  in  bàc  qiiicslione  dubius 
bitsil  :  Vbi  auteni,  inquit,  bb.  7  contr.  Donal.,  c.  55, 
toluni  ludkrè  cl  mbnic'e  et  joculariter  agerelur ,  ulriun 
approbundus  essel  Baptisimts  qui  sic  darelur,  divinum 
judicium  per  aiicujus  revelatiouis  oraculum ,  concordi 
ortitioue  et  iiupensis  supplici  devolione  geinilibus  implo- 
randuin  esse  censcrein.  Ergo  non  est  cerla  sentenlia 
quae  asserit  Bapiismum  imjusmodi  non  valere.  — 
Rcsp.  :  Concesso  anlecedenle,  nego  consequcnliam.ct 
dico  banc  sancti  docloris  hiesilaiionem  bscreticis  re- 
cenlioribus  neiiliqiiàm  favere.  Nam 

1°  (Qiiod  obscrvalioiic  digiinm  piitamiis)  longé  dis- 
par  Angiislini  dubitantis  causa  est,  et  Lutberanorum 
audacler  aflirmanlium  valere  Saeramenla  mimicc  data; 
isti  cnim  ab  uno  errorc  in  alterum  priecipiles  ruunl  ; 
quia  cùm  vclint  solà  lidc  jiisliliam  oblineri,  quod  est 
calbolico  dogmali  nianifesié  conlrarium  ,  consequens 
est  ut  Sacramenta  nibili  pendant,  nudaque  signa  esse 
afiirment  juslitiie  per  fidem  accepl;e,'omni  prorsùs  vir- 
lule  carcnlia,  adeôquc  nibil  intéresse,  sive  joculariter 
et  per  ludum,  sive  graviter  et  cnm  verà  inlentione 
tradanlnr  :  Angusliiio  c  contra  veritas  ipsa,  dubitandi 
aliquatcnùs  occasio  fuit  ;  cùm  cnim  contra  Donalistas 
Sacramenta  seipsis  pliirimùm  valere  defcnderel,  ne- 
que  nicritis  danlium  aut  accipientiun»,  sed  propriâ 
sanctilalc  at(iue  verilalc  constare  ;  nibil  mirum  quôd 
proposità  qu.TStione  de  Sacramento  mimicé  dato,  ali- 
quatcnùs doctor  excellentissimus  ba^serit,  inceriusque 
manseril,  num  csset  bujusmndi  Sacramcntum  proban- 
dum,quod,  etsi  palàm  deridcrelur,  Sacramcntum  ta- 
incn  proptcr  vcrba  ad  elenientum  acccdcnlia  vidcri 
posset;  nndenullus  lia;relicis  locusrclinquilur  de  hâc 
sancti  docloris  dubitatione  gloriandi  :  aliud  enim  est, 
ideù  negareintenlionisnecessilatem,quia  Sacramenta 
ipsa  velut  signa  vacua  contenuiinilur,  quod  bu'retici 
faciunt;  aliud  ideù  dnbitare  num  valoant,  quando  mi- 
micé confcrunlur,  quia  tant;c  virlulis  esse  pulanlur, 
ut  nequeapertà  dcrisione  vis  eonnn  et  cfUcacia  possc 
imminui  videatnr. 

2*  In  re  sibi  nondùm  sat  cognilà,  nccdùmqne  ex- 
ploralà  mijoriun  scnlonlià,  did>ilaro  se  doctor  bun)il.  i 


1178 
liiiius  profitetur  ;  (piod  eximplum  est  modcsli;tî  smgn- 
laris  :  l'tiiun  npprob<i}idus  essel,  inquit,  Ihiplistnus 
qui  sic  darelur  ,  diviiiuiu  judicium  per  aiicujus  revela- 
tionis  oraculum  ,  concordi  oralionc  cl  impensis  supplici 

I  di'votioiic  ijemitibvs  iiiiploraudum  esse  censcrem  ;  ita 
saiiè  ut  posl  me  dicUtrus  seiilciilias,  ne  quid  jam  cxpto- 
rulum  el  coqnilum  ujl'errenl ,  Inimiliur  cxspeclarem  ; 
quaul'o  magis  ergo  iinnc  sine  prœjudicio  diligenlioris 
iiiiiuisiliouis ,  vcl  uiajoris  auctorilatis  itlud  dixisse  acci- 
pieudus  sum?  Lutlierani  ox  adverse  conlra  omnium 
ubique  receplam  doclrinam,  contra  auctorilaiem  pon- 
lifunni,  contra  Conslanlicnscs  et  Tridentinos  Patres, 
à  quibus  féliciter  Auguslini  volum  impletum  est,  va- 
lere bujusmodi  Sacramenta  conlcndunt  ;  quod  est  in- 
gcntis  conlidciitiie  cl  cnmulal;e  protervice  aigunicn- 
tnm. 

Iiisl.  9"ullimo  :  Quam  re(]uirunt  Catliolici  in  mini- 
stris  inlenlioncm,  virtualcm  ad  minus  deberc  esse 
contcndunt  ;  idcoquc  babilnalem  vcIut  insufficientem 
rejiciunt,  «piia  per  illam  non  lit,  utaclussacramenlalis 
bunlan^^  sil  ;  atqui  videtur  sanctus  Thomas  senlire 
conlrarium  ;  sic  enim  loijuilur,  ô  jjarte  ,  quaist.  64, 
art.  S,aiZ:Dicendum,  inquit,  qu'od,licèl  ille  qui  aliud 
cogilul ,  non  liubeal  actualcm  inlenlioncm,  liabct  lamen 
inlenlioncm  Itabilualcm  qitœ  sufjicit  ad  pcrfeclioncm  Sa- 
cramenii  ;  ergo,  etc.  —  Ucsp.  :  ('onccssà  majore,  nego 
min.  Ad  probalionem  admitlo  auctorilaiem,  et  nego 
conséquent.  Quam  enim  bic  sanctus  doctor  babilna- 
lem intenlionom  appellat,  est  ip.-issima  virlualis,ut  ex 
verbis  sequentibus  maniieslum  fit  :  Liccl  ille,  inquit, 
qui  aliud  cogilal,  non  liabeat  ucluulcm  inlenlioncm,  Ita- 
bet  tamcn  intenlionem  liabiluulem,  quœ  sufficil  ad  per- 
feclionem  Sacramenli  :  pulà  cùm  sacet  dos  accedens  ad 
baplizandum ,  inlendil  j'acere  circa  baptizandum  quod 
facit  Ecclcsia  ;  unde  si  poslea  in  ipso  excrcilio  uclùs, 
cogilalio  ejus  ad  alia  rapiatur,  ex  virlute  primœ  intenlio- 
nis  perficilur  Sacramenlum.   Sic  porrô  S.  Tbomas  lo- 

;  quilur  pro  more  sui  lemporis;  (pio  nimirùm  Ubus  in- 
vahieral,  ut  babilualis  (tmiiis  inlentio  diccrelur,  qiuc 
aclualisnon  essel;  proul  dudùm  observavil  cardinalis 
Cajelanus  in  coiumcntario  :  In  responsione  od  lerlium, 
inquit,  adverle  quod  auclor  communicans,  ul  pnlo,in 
vocabuliSy  communi  illius  lemporis  usui,  qui  inlenlioncm. 
non  acluulem,  tiabilualem  vocubal,  dixit  lue,  inlenlioncm 
liabilualem,  et  slalim  subjunxil  sensum  inlenlum;  pulà, 

!  ciim  sacerdos  accedens,  elc.  (l). 

(I)  Quirrilur  ulrùm.sicul  inlentio,  ila  el  atlenlio  iii 
Sicramenlis  admini^lrandis  necessaria  sil.  —  lîesp.: 
Omnes  qnidem  vohmtariam  docont  in  conliciendo 
Sacramento  dislraclionom  esse  poccalum,  (jiiia  sci.'i- 
cet  rcverentia  Sacranicnlo  deiiita  allciilionem,  qiia:i- 
lùm  lier!  potcsl,  cxiiiil.  Qiiiu  eiiam  cdiiinumiler 
oxislimanlemn  peccare  nunlaiiicr  qui  lali  tii  lri;riii:ni 
inlia  ipsani  sacralissima^  Kucliarisli;e  conteclioiiem 
vdliinlai  ic  irubilgot,  o!)  laiili  liujus  sacranicnli  excel- 
IcMliam  ali|n{'  dignilalom.  in  abis  aiilcm  Sacramcnlis 
dnbinm  nomnilhs  viilolur  nlriini  pocratiim  sil  mor- 
tale,  an  non.  r.oniminiins  la:i  on  V(Miialc  lanlùni  pec- 
calum  ossc  arititraiilur,  ni^i  ali.|ni(l  Sacrann-nli!  os- 
bcnliale  omillondi  piTicnlnm  exist  il. 

Nerùm  <piod  ail  Sioraniiiili  valorem  atlinet,  ccrlum 
oniiiino  vidc'.iueum  per  distraclioneu»  l;udi  non  Doa- 


1479  DE  RE  SACRAMENTORUM.  — 

Sequitur 

Sectio  11.  (2"'<-'  '''  (/"('lis  minislrorum  ititentio  esse 
debeat. 

Quid  fides  cûtliolica  doccat  de  ncccssariâ  in  Sa- 
rrainenlis  confereiidis  intentioiic,  supcriori  seclionc 
cxposilum  ,  siimilqiie  coiilra  novos  scclnrios  dciuon- 
slraliiin,  ubi  absit  vera  iiilciilio,  stare  Sacraineiita  di- 
viiia  non  possc  ;  nova  nunc  exoritur  quœsiio,  quao  non 
iidei  domeslioos  ciim  extrancis,  sed  sccum  ipsis  Ca- 
Iholicos,  Ecclesià  adhiic  silcnlc  et  lolcranlc,  commit- 
lit  :  quuiStio,  inquam,  est,  qii:v,.ct  qiialis  iiilenlioesse 
debeat,  nt  Sacramenla  rite  validèque  pcrticianlur. 

§  1.  Aperilur  status  quœslioms. 
•    QuLC  qiiidem  ut  perspicuù  intoUigalnr,  llieologiac 
candidalum  ad  ea  qua;  sequunliir  aileiUnm  volo,  enixc- 
que  efflagilo. 

1°  Aliud  est  intenlio  faciendi  quod  facit  Ecclesià  ; 
aliud,  faciendi  quod  intendit  Ecclesià.  Quod  facit  Ec- 
clesià, est  exlcnium  ipsum  opus  quod  miuistrorum  vi- 
carià  manu  adimplet,  in  Icgilimà  malcii^e  cuni  forma 
conjunclione,  etutriusque  ad  subjcctum  idoncà  appli- 
calione  consistcns.  Quod  inlendit  Ecclesià,  est  hoc 
ipsum  non  ut  rem  indinorenlem  facere,  sed  ut  opus 
sacrum  à  Christo  Domino  inslitulum  ,  divinàque  vir- 
lute  donalum  ad  conferendos  homini  spirituales  cffe- 
clus.  Sic ,  exempli  causa,  quando  consecralur  Bapii- 
smus,  aliud  est  quod  facit  Ecclesià,  nimirùm  verbi  ad 
clemêntum,  et  ulriusque  ad  subjcctum  accessio:  aliud 
<luod  iniundit  ,  scilicet  hoc  ipsum  in  ejus  qui  bapliza- 
lur  graiiam  cousequi,  quod  de  sancto  lavacro  Aposto- 
Sus  generaliter  pracdicat,  dicendo  Ephes.  5,  23  :  Chri- 
alus  dilcxii  Ecclesiam,  et  scipsum  iradidil  pro  eâ,  ut 
illam  sanclificarct,    mmdans   lavacro  aquœ  in  verbo 

wiiœ,  etc. 

2°  In  inlentione  faciendi  quod  intendit  Ecclesià  duo 
rursùm  speclari  possunt  :  \el  enim  prsecisc  intenditur 
pv^rfeclioSacramenli,  qualenùsritusest  sacer,  etiamsi 
nullus  ex  illo  credalur  effeclus  seculurns;  vcl  intendi- 
tur rilus  sacer  ,  prout  spiritualem  elTeclum  ex  divino 
inslilulo  adjunclum  habens;  bœc  enim  duo  licèt  na- 
lurà  conjiincia  sinl,  atque  ita  se  ad  invicem  liabeant, 
(piomodô  causa  ad  effectum  ex  illà  necessariô  pro- 
lUicntem,  possunt  tamen  propler  minislrantis  perver- 
sam  fideni  inlentione  disjungi  ;  quod  ut  exeniplo 
probelur,  silPelogianus  aliquisinsuâseclâ  baplizans: 
viill  ille  quidem  lîaptismum  faccrc  ut  Sacranientum , 

se-  nam  sivc  concilia, sive  SS. Patres, dùm  csseniialia 
.Sacramentis  evolvunt,  de  atlenlioiie  nunquàm  sermo- 
3iem  babeiit.  Et  verù  dislraclio  non  niagis  impedit 
<inin  actio  sacramenlalis,  quàm  alla  aclio  quailibct, 
sit  bumana. 

Allamcn  quibusdam  b;cc  rcsponsio  lia  placel,  ut 
Exlremam  Unctionem  excipiendam  velint,  cà  scilicet 
ratioiic  nixi,  quùd  ejus  forma,  ulpole  ([uie  depreca- 
toria  esse  débet,  nulla  foret,  sicul  aba;  |)reces  qu;e- 
cumque,  si  cum  volunlarià  dislraclionc  jti'ouunliare- 
Uir.  Alii  \erô  conlenduiit  preces  (piibus  Sacramciili 
formam  componilur  non  opcrari  (pialeniis  sunt  j.re- 
ces,  sed  qualt;niis  sunt  pars  Sacraïuenli,  ncc  proinde 
dislraclione  essentialiler  viliari  posse.  l'oslerior  scn- 
tentia  probabilior  apparct;  prior  tamen  est  tutior 

(Edit.) 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  i486 

quia  Clirisluni  obaudit  diccntcm:  Emîtes  docclc  omnes 
gentes  ,  baptisantes  cos,  etc.  ;  quia  tamen  negal  ori- 
ginale peccatum,  prorsijs  non  vull  per  Bapiisnù 
consecrationem  deleri;  sit  paiilerCalvinianusminisler 
idem  nsurpaiisoflicium  ;  Diplismum quidem  ut  Sacra- 
nientum inlendit  à  Cbrislo  solenuiiter  imperatum  ; 
Saeramcnti  verô  ellectun),  videlicct  gratiie  sanciifican- 
tis  internam  infusionem,  et  cbaracleris  in  anima  ba- 
ptizoti  inipressioncm  non  vuU;  quia  ncc  internam 
jiistiliam  nec  cliaraclercm  admillit;  uterqiic  igilur  id 
quod  Eccclesia,  ex  parle,  non  ex  integro,  intrndil. 

5°  Aliud  est,  velle  scriô  facere  rilum  quem  in  Ec- 
clesià christianâ  pro  sacro  baberi  compertum  est  ; 
aliud,  velle  facere  rilum  ut  sacrum  ;  primum  enim  in 
aliorum  opinione  posilimi  esl,  quam  forlè  veiul  ab- 
surdam  et  ïmpiam  rejicitqui  Sacramentum  niini!>lral; 
allerum,  ab  operanlis  même  et  proprià  exislimalionc 
dependet  :  affero  exemplum.  Manielia'orum  velus  est 
error,  aqiiam  à  principio  nialo  crcalam,  adeôque  Bapti- 
smumiMaquàconsecralum,noxiumet  sacrilegnmessc, 
nedùm  prodesse  quidquain  valeat  :  Baplismiimin  aq.ià, 
aitsanclus  Auguslinus,  lib.  de  Haîresibus,?iî7j(7  cuiquam 
perliibent  salutis  alferre,  nonqueniquam  corum  qiios  decl- 
piuut ,  baptizanduni  putanl;  ponamus  modo  aliqucm 
bujus  seclyc  bominem  vel  in  casu  necessilalis  ,  si  sit 
manifeslus,  vel  extra  necessilatem,  si  laleat,  ad  con- 
ferendum  Baptisma  vocari  :  poleiit  iile  equidem  seriô 
velle  lacère  rilum  ,  quem  benè  novit  à  Clnislianis  pro 
sancloel  religioso  iiaberi  :  sed  numquid  ideo  sa.ctumet 
religiosum  pulabil?  numquid  uli  sacrum  facere  volet  boc 
ipsum,  quod  velul  nefandum  cl  diabolicum  exsecralur  ? 

4"  Ne  in  voce  AVc/cs/rt-'Oiquivocalio  sit,  admoncmus, 
quandù  dicilnr  miiiislro  necessariam  esse  inientionem 
faciendi  quod  facit  Ecclesià,  duobus  modis  boc  accipi 
posse  :  1°  lia  uldislincla  debeat  esse  intenlio  faciendi 
quod  facit  Ecclesià  Uomana  et  calbolica,  qu;e  sola 
una  et  vera  est;  2°  ila  ut  intenlio  generalis  sufflcial , 
faciendi  quod  vera  facit  Ecclesià,  q\iaicnnique  tandem 
esse  pulelur  :  ficri  namquc  potesl ,  ul  aliquis  pseudo- 
minislcr  Geneva;  conslilutus  quando  baplizat,  ila 
apud  se  statuai  :  Volo  facere  quod  Genevensis  Ecclesià 
facit,  quam  solam  credo  veram  esse;  quod  auleni  Ponti- 
fnïi  facinut ,  hoc  prorsiis  uolo. 

Jam  ul  pra-sens  qu:cslio  propriis  limitibus  concluda- 
tnr,  et  cerla  ab  incerlis  dislinguantur  : 

1,  Theologorum  concors  et  vera  sentenlia  est,  ad 
valorem  Sacramenli  non  requiri ,  ul  minislcr  dislinclè 
inlendal  lioc  facere,  (juod  Uomana  et  calbolica  Eccle- 
sià facit  ;  sed  sulTiccre  générale  propositum  faciendi 
quod  vera  facit  Ecclesià  (1),  ubivis  tandem  genlium 

(  I  )  Iniô  verô  necesse  non  est  ut  mtenlio  faciendi  quod 
facil  vera  Ecclesià,  sit  directa  et  explicita;  sed  salis  est  nt 
silimplieila  elindirecla;  ul  si  minislcr  velit  facere  quod  ai) 
ipso  postulat  qui  Sacranienlitmsuscipcredesideral:v. g., 
;.icalechumenus  in  oxlremis  posilus  Baplisnmm  poslu- 
■lelab  inlidelijipsumqnenomiisi  rilum  baplizandi  nnle- 
rialem  per  lenii)Usedocere(pieat,vakl  Baplisnuis  ila  ab 
inlideli  coUatus.  Nam  vobmlarium  indirecUnn  et  im- 
plicitum  suflicil  ut  actus  aliquis  sit  liumanus  cl  m»- 
putabilis  :  porro  volunlas,  seu  intenlio,  qux  ad  aclum 


4481 


QUiÉST.  VII    DE  MINISTRIS  SACRAMENTORUM. 


1482 


illa  sit ,  aut  esse  judicio  falso  crcdaliir  :  alioqiiiii  ciiiin 
niitleiida  forent  in  diibimn,  iniù  irrita  doclaranda  oin- 
iiia  Sacraiiienta  ab  li;i'rclicis  etsdiisiiiaticiscon.sccrala; 
quia  proclive  est  jiidicaro,  non  aliud  voile  insuis  (|nos- 
I  que  parlibus,  nisi  (niod  in  suà  faclione ,  quam  solani 
vcM'ani  Ecclesiain  auluinanl ,  fieri  solcrc  novcrunl;  at- 
(jui  Sacranienta  in  harcsi  aut  scliisinalc  rita  cvangc- 
lico  data  probal  senipenjne  probavit  Ecclesia ,  (|uia 
luxM'elici  et  scbiauialici  non  sua  ,  sed  Eeclesiie  iiabeiit 
iioiia,  nec  sua  dispensant  Sacrainenla,  scdChristi,  ncc 
possunl  i)rivalojudicioqiiofalsùcredinit  Ecclesiani  suis 
liiiii)useonlincri,generakMninientioneuicorrnnipcrela- 
ciciuli  quod  t'aiil  Eeciesia  à  Cbristo  Domino  inslilula,etc. 

II.  Omnium  pariler  CMisensio  est  non  recpiiri  in 
niinistris  inlentioncm  producendi  effeclum  Sacranienti, 
scd  salis  esse  proposiumi  efticax  agendi  rem  ipsam 
qu;o  dicatm-  Sacramenlum;  ([UâMpie  stalim  ac  fit, 
quidipiid  minisler  nefarius  in  coiUrarium  cogilet  aut 
animo  volval,  suum  niliilominiis  eifectuni  sacra  coe- 
remonia  oblinet;  non  cnim  liabet  aqua  à  voluntate 
niinislri,  quôd  corpus  langondo  cor  abluat,  sed  à  verbe 
et  virilité  Dei;  lanniue  nccessariô  babet,  quàni  ne- 
cessarium  est  slupani  admolo  igné  comburi,  et  spatia 
aeris  ,  sole  lucenle,  splendescere  :  Si  (/mis  paliatitr  fi- 
dei  defeclum,  inquit  sanctus  Tbomas,  3  p.,  qu;csl.  64, 
ai't.  9,  ad  1,  circa  ipstim  Sacnimentum  quod  exhibet , 
licèl  credat ,  per  id  quod  (HjUur  cxleriùs  nutlum  sequi 
interiorein  effeclum;  non  tamcn  ignorât  qubd  Ecclesia 
callwlica  intmdil  per  liujusinodi  quœ  cxleriiis  uguutur, 
prœbere  Sacramenlum  ;  unde  non  obstanie  infidelitate , 
polesl  iulendere  fncerc  id  quod  facit  Ecclema  ,  licct  œsli- 
met  id  nihil  esse;  cl  talis  intciitio  sufficil  ad  Sacramenlum. 

Ilinc  Ecclesia  posl  Pelagianos  rebaplizandum  nim- 
quàm  censuil,  quanquàm  dclcndi  peccati  originalis  , 
quod  indciabanlur,  inlcnlionenj  non  habuissent  :  Nec 
illtid  te  movcat,  inquit  S.  Auguslinus  ad  Bonifacium  , 
quod  quidam  non  eu  fide  ad  Baptismum  percipiendum 
parvulos  ferunt ,  ut  cjraliàspiritali  ad  vilam  reqenerentur 
œternam;  non  cnim  illi  propterca  non  regenerantur,  quia 
non  ab  istis  liàc  intenlione  offeruntur  :  celebrantur  enim 
per  eos  necessaria  mysteria  et  vcrba  Sacramenlorum , 
sine  quibus  consecrari  parvulus  non  polcst. 

liinc  Ltiliieranoruni  et  Calvinistaruni  Daptisma  pro 
vero  babelur  ,  et  recdgnoscilur ,  licèt  nec  cliaracle- 
rem  nec  inlernam  jusliliam  veliiit  sacra)  iotionis  esse 
cflectum. 

liinc  sanclissimus  Poulifex  Pins  V,  vanuni  quorum- 
dam  in  Callià  sorujMilmn  aposloiicà  aiiclorilalc  com- 
pescuit,  qui  pulabant  sallem   sub  forma  condilionali 

lirmanum  sufficicns  est,  pariler  ad  Sacramenlorum 
Mtlitiilalem  suflicit  ;  ergo... 

Allainen,  ail  Sylvius,  in  3  p.,  q.  CI,  arl.  8,  Si  qiiis  ', 
nollel  fdccre  quod  Ecclesia  Homaua  facit ,  cliniisi  essel 
vera  CJiristi  Ecclesia  et  seqncrctur  Cliristi  i)islilulioneni, 
Sacravientum  non  subsisleret ,  quia  rcverù  no)i  liaberet 
intentioiiem  faciendi  (juod  CItristus  iiistituit ,  ne  inijiii- 
cilain  (piidom  :  p{U'rô  neccsse  est  ut  Inec  inienlio  sal- 
lem implicite  baliealur,  id  est,  qua'oumqiie  landcnn 
sil  minislri  inienlio,  neccsse  est  ut  rcsnivalur,  sallem 
indireclè,  in  inlentioiiem  faciendi  (|uod  lui!  à  <'.brislo 
in>liluluni.  (t^dil.) 

TH.  XX, 


•  esse  rebaplizandos,  redenntesàparle  Calvini,  côquôd 
baplizaii  non  viderontur  in  remissionem  peccaloriim  , 
quam  |»r;efrarlè  ncgabal  (^alvinus;  ([iiam  deinceps  Ro- 
mani Ponlilicis  consli'/ulionem  concilia  Gallicaua  am- 
plexa  snnl,  inter  qu;c  conc.  Ebroiccnse  ann.  157G, 
Rliemc^isc  cl  Turonense  VÔHZ  ;  Aquense  irj8'>;To- 
losanum  1590;  unum  juvat  allcgare  Rotbomagi  babi- 
tum  ,  anno  laSl  ,  tilulo  de  Sacramcnlis,  (aj».  2,  sic 
slalucns  :«  .\ntea  in  plerisqne  noslrarum  ditrccsumlo- 
«  cis  baplizaii  ab  barelicis,  praîserlim  à  Calvinislis,  re- 
«  deunles  ad  Ecclesiani  calbolicam,  ilcrùm  lingeban- 
i  tur  iiàc  sub.vcrboruni  forma  :  Si  non  es  baplizatus, 
i  ego  te  baptizo  ;  quia  dubilabant  nonniilli  de  valore 
i  Daplismi  ab  bujusmodi  lutrclicis  collali,  cô  quod  non 

<  baberentinlcnlionembaplizandiin  remissionem  pec- 
«  calorum;  verùni  quoniàmilla  formida  baplizandi  sub 

<  condilionefuitinlroductapropter  Daplismata  occulla 
c  et  de  quibus  non  apparebat  ,  nec  uni  nndicri  s>cu 

<  alleri  ]nivalim  baptizanli  credi  debeat ,  contra  verè 
«  constabat  Calvinislas  in  piiblico  cœlu  bapiizare  in 
«  forma  verborum  et  maierià  à  Cbristo  inslitutà,  nec 

<  de  boc  facto  ambigi  poierat ,  velamus  ablutionem 
«  repeti  cum  quibuscumque  verbis...  ne  de  anabapli- 
«  snio  redarguannu'.  > 

111.  Nec  niinîis  onniium  judicio  certum  esl ,  reqniri 
sallem  inlentioncm  celebrandi  rilum  qui  in  Ecclesia 
cbrislianâ  sacer  et  religiosus  babelur  :  haec  enim  ip- 
sissima  inienlio  est  faciendi  quod  facit  Ecclesia  ,  cu- 
jus  necessitatem,  sectione  prima  contra  bcerelicos  , 
vindicavimus. 

In  bis  nulla  tbeologorura  dissensio  est  :  tota  ita- 
que  difficultas  in  boc  voivilur,  utrùm  prceler  pro- 
posilum  celebrandi  rilum  ,  quem  Ecclesia  ul  san- 
ctum  et  divinum  fréquentai ,  requiratur  inienlio 
faciendi  rilum  nt  sacrum  ,  ul  divinum  ,  ut  Sacra- 
nicntum  ;  ila  ul,  si  minister  id  omne  seriô  volens  fa- 
cere,  et  reverà  faciens,  quod  Ecclesia  agere  consuevit, 
intùs  apud  se  sic  décernât  :  Nolo  facere  hune  ritum  ut 
sacrum  ,  nolo  esse  Sacramenlum ,  boc  ipso  opus  onnie 
quod  agit,  irrilum  nullumi[ue  sit,  atque  adeù  debeat, 
si  fuerit  cogiiitum,  ilerari? 

lia  sanè  plerique  volunt,  quibus  non  salis  videtur 
ad  Socramenli  pcrieclionem  inienlio  externi  opcris 
faciendi,  quale  in  Ecclesia  sacrum  et  religiosum  ba- 
belur; nisi  insuper  accédai  vera  et  sincera  inienlio  fa- 
ciendi illud  ul  sacrum  ;  iique  dicunlur  pro  interna 
intenlione  pugnarc;  in  contrariuni  alii ,  nec  minoris  , 
utquidenj  putamus,  auclorilalis  ,  senliunl,  tantam  di- 
vinitùs  allribulam  ellicaciam  Sacramcnlis,  ul  lioc  ipso 
plena  inlegraque  consistant,  quo  miiiisler  scrio  inlen- 
dit  peragere  et  reverà  paragit  rilum  à  Cbristo  pr;e- 
scriplum  et  in  Ecclesia  frequcntaluni  ;  eliamsi  con- 
irariam  inliis  gcral  voluntalem  ,  nolilque  sacrmn  esso 
(juod  facit;  illi  verù  dicunlur  slare  pro  intenlione  oxier- 
nà;exlernà,  inquam,  nonialione  principii,  (|uod  cinu 
si  ipsa  volunlas,  inliis  in  iiominenoncsse  non  polesl; 
sed  ralionc  objccli,quod  lotum  in  propaiuloest,  cxle- 
riîisquecomplelur:apirtàetexplicalàqua!Slionc  (I),  sit 

(I)  Non  .salis  accuraiè  auciorqu:eslionis  staïuni  exi)o- 
47 


4485 


DE  KE  SACRAMENTARIA. 


DE  SACKAMENTIS  IN  GENERE. 


UU 


§  2.  Ostenditur  ad  valorem  Sacranienti  sufficere  inten- 
tionetnserib  peragendi  exlerni  ritùs. 

PrOBATIO    prima,    ex    DIVINIS   LlTTERIS. 

I,  Sententiam  hanc  viilenliir  adsirucre  leslimonia 

nerevideUir.  Ilaqueoper«protiiimesHiticlpriT>stemus. 

Riliis  sacraiiieiitalis  speclari  polest  iiiau-rialiier  vel 
foriiialiter  :  malerialitorquidein,  si  considereUir  iil  res 
merè  naliiralisel  profana,  qiialis  lleri  possel  si  nec  à 
Chiislo  iiisiiliila,  nec  in  Kcclosià  lorct  iisnrpaia;  for- 
maliler  verô,  si  speclelur  (iiiatcnùs  ad  religionem  per- 
llnel.  Rursùs  qni  riUun  liuiic  formaliler  considérât  , 
illuni  apprehendorc  polest  vel  tanquàm  rituni  (|uein 
ipse  qnidem  deridet ,  sed  qui  veliil  sacer  in  Ecelesià 
frt;qiieiitanir ,  Vil  tanquàm  rituni  qncm  ipsc  sacrum 
putat ,  ^ïiïjanquàm  rituni  queni  ipse ,  non  sacrum 
dnnlaxal ,  sed  etiam  gralia;  produclivum  exisliniat. 

llis  ila  expositis,  ad  duas  classes  rediicuniur  om- 
nes  tlieologorum  eâ  de  re  opiniones.  Prima  ciassis  eo- 
rum  est,  qui  dicunt  ad  Sacramenlorum  validilalem 
sufiieere  ut  minister  halieat  inlcnlionem  faoiendi  ri- 
tuni matcrialiler  spectatum,  quamvis  ilium  iiilùs  irri- 
deat  et  simulatè  tanlùni  exerceat,  v.  g.,  intra  se  re- 
volvcndo  :  INolo  faccre  quod  facit  Ecclesia,  sed  rem 
merè  prolanain,  modo  lamen  exleriùs  seriô  agat. 
Ha'C  aulem  inteutio  vocatur  exlerna,  sive,  ut  vulgô 
aiunt,  ex  eo  quôd  ipsius  oltjectuui  sit  solus  ritus  exter- 
nus  et  niaierialis,  sive  potiùs,  juxta  quod  supra  no- 
tavimus,  ex  eo  quôd  appareat  ritum  formaliter  ap- 
preheudere,  ob  seriam  ministri  agendi  rationem, 
unde  et  apparens  nuncupari  posset. 

IHius  sententiic  auctor  comnumiter  dicitur  Ambro- 
sius  Catharinus,  ex  ordine  Prx'dicatorum,  «  Qui  pri- 
t  mùm,  ait  Collet,  cap.  "2,  art.  1,  sect.  2,  punct.  3. 
i  n.  2,  ut  tlieologus,  dein  verô  ut  episcopus  Minorcn- 

<  sis  interfuit  synodo  Tridenlinai,  acdl;nmmadarclli- 
«  episcopales  Campana;  Ecclesi;io  infulas  assumptus 
f  est  à  Julio  ni;  ita  quoque  Alphousus  Salmeron  è 
«  socielate  Jesu,  pontificius  in  eàdem  Tridentinâ  sy- 
f  noilo  iheologus  ;  ità  et  Vincentius  Contcnson,  Ga- 
i  spar  Juenin ,  ad  quos  novissimè  accessit  Gatliarini 
f  vindex  Hyacintluis  Scrrius  è  familià  S.  Dominici. 
€  Non  aliam  porrô  fuisse  Calharinl  et  Salmeronis 
f  mentem,  quàm  qure  modo  expressa  est,  solide  cou- 
f  Ira  Turnelium  probat  Lamberlus  Gaud  ,  in  Avenio- 
«  nensi  academià  doclor  aggregatus ,  et  ipse  ex  or- 
t  dine  Prvdicatortmi. 

c  Porrô  nec  ipsi  inter  seconsentiunl  exlerncc  hujus  in- 
f  tentionisdefonsores.  Alii  cuimcam  sufiieere  credunt 

<  proBaptismo.quiaBaplismusiudlumiiiministro  cba- 
«  racteremexigit  ;  non  aulem  pro  caueris  Sacrami>nlis. 
€  Alii  eam  valerepulanl  proSacramentisquaîhabcntiii 
«  forma actuniexercilum,seuper(iuorumformamexpri- 
«  milur aclumSacramtntalem à ministro exercer! ;  unde 
«  sequitur  exl(>rnam  inlenliouein  iu  c  iteris  (|uidem  Sa- 
«  cramentis  sufiieere  non  lamen  in  Eucliarislià;  quia 
t  verba  isla  Hoc  al  corpus  tneum,uu\\Mu  prorsùs  cx- 
»•  primuut  actiouem  ministri  ;  secùs  de  islis  :  Etjo  le 
i  bnplizo  ;  te  confirmo,  cic.  Alii  exlernam  intcntio- 
«  nem  in  iis  sufiieere  volunt  Sacramentis,  in  quibiis 
i  homo  est  tantùm  agens  iiislrumentale,nt)n  in  iis  in 
«  quibus  est  principale  agens;  uude  bujus  opinionis 
«  defensores  matrimonium  sine  interna  inteutioue 
c  validum  esse  negant  ;  caUera  verô  Sacramenta  abs- 
«  que  eâdem  valere  opinantur.  Alii  demùm  exter- 
t  nam  inlentionem  geueraiim  et  pro  quibuslibet  Sa- 
€  cramentis  sufiieere  putant;  sed  et  iii  duas  in  parles 
t  sciuduutur  :  Quidam  nimirùm  extcrnam  et  seriam 
«  intcntionem  nbilibet  ad  confectionem  Sacrameuti 
€  salis  esse  conlendunt  ;  quidam  id  pricfractè  negaril, 
«  et  senliunt  nduistrum,  nisi  vel  in  loco  sacro  prai- 
I  sens  sil,  vel  ad  Sacranienti  confectionem  l'uerit  in- 
«  vilalus,  niliil  operari,  eo  fermé  modo  quo  judex 
(  rataui  sententiam  eiiam  contra  mentaiem  intentio- 


Scripturarum,  quibus  capite  prncccdenli  contra  Dona- 
listas  probatum  est,  miuistrorum  improbitalem  quan- 

î  nem  profert,  si  sodeat  pro  tribunali  ;  secùs,  si 
I  loqnatnr  è  loco  ubi  judicis  persoiiam  gerere  intidli- 
f  gatui';  ita  Juetiin  ,  Serry,  aliicpie  rccenliores  non 
(  pauci.  >  Ratio  est  quia,  ut  ait  Jueiiiu,  diss.  i  de 
Sacram.,  q.  5,  cap.  2,  art.  5,  §  1,  «  ritus  exteruus, 
d  ex  soipso  ad  rem  sacram  indillcrens,  deterniinalur 
i  ad  esse  sacrameulale  ex  loco  in  quo  celebralur,  ex 
«  eorum  pelilione  quibus  applicalui',  aul  ex  aliis  cir- 
«  cumstanliis.  j  idem  ferè  babel  Serry,  cap.  14,  dis- 
sert. d(;  niinislri  Intentione. 

Secunda  ciassis  est  eorum  qui  conlendunt  non  suf- 
ficere intcntionem  exlernam  ni  supra  cxpo^ilam,  sed 
l'Cipiiri  ut  minislcr  babeat  inleiilionem  facientli  li- 
lum  formaliler  spcclatum.  til  liicc  inlenlio  vocaliir 
interna,  sive  ex  eo  quôd  bujus  objcctinn  solà  nicnie 
concipialur,  seu  inlellcctuaie  sit,  sive  quôd  non  in 
speciem  tanlùm  et  exti'riiis,  sed  realiler  el  inlciiùs 
ritum  formaliler  apprebendat,  unde  dici  posset  vcra 
et  realis,  ni  jam  supra  moniiimus.  lia  nia\ima  pais 
ibeologorum  ;  sed  et  ii  non  eodem  sensu  banc  sen- 
tentiam del'enderunt.  Enimverô  alii  existimànmt  re- 
quiri  intenlionem  explicita.»  faciendi  riluin  sacrauien- 
talem  qualenùs  est  graliai  iiroduclivus.  Jta  Scolus  el 
Gabriel,  imô  verô  quidam,  de  quibus  locpiilur  syno- 
dns  Ebroicensis  an.  1570,  eô  usipie  progressi  snnt  ut 
dubilarenl  aniion  requirerelur  intenlio  explicita  juo- 
duceudi  hune  vel  illuni  in  specie  Sacramenli  eireclum, 
V.  g.,  characterem  in  Rapiismo.  Sed  illte  opiniones 
nunc  ut  falsai  rejiciuniur;  et  merilô  qnidem  ;  nam 
Ecclesia  validum  babuit  Baplismum  à  Pelagianis 
exliibilum,  licèt  noxam  originalem  dduere  non  iiiten- 
derent,  ntpole  quant  non  admillebam.  Item  validum 
babetur  Baplisma  coll.ilum  à  paganis  et  Judaiis,  qui 
illud  ut  pravam  supersiitionem  deteslantur.  Quin 
etiam  Sacramenli  validitas  minime  Lederelur,  si  mi- 
nister, essenliales  ritus  debilè  (d)servaiis,  illosque 
facere  inleddens  qualenùs  iu  Ecclesia  sacri  et  reli- 
giosi  babentur,  intra  se  diceret  :  Nolo  graliam  pro- 
ducere.  Nam  Sacrameutoriiin  virliis  el  efficacia,  non 
ex  privatâ  minislii  intentione  oritiir,  sed  à  Cbrislo 
S.icrainenloriim  institulore  ;  ergo,  ubi  quidipiid  ad 
ipsorum  essenliam  pertinet  rite  positum  liiil,  ministri 
volunlas  eorum  efl'eclum  impedire  aul  relardare  non 
polest.  Kl  cerlè  Sacramenta  agunt  necessnriô,  agcn- 
tiuni  naturalium  instar;  proiiide  qni  ritum  dcbiiè 
exsequens  et  intenlionem  quam  iiiodô  dicemus  sulli- 
cienlem  liabeiis ,  efl'eclum  snspendere  vellet,  similis 
esset  Iioniini  qni,  ignem  stupa;  admovens,  diceret  : 
lllam  combuiere  non  inlendo. 

Alii  docaicruut  re(|uiri  iiiteiiliononi  faciendi  ritum, 
non  (piidciii  qualenùs  esl  gratine  prodncliviis,  sed 
(piatciiùs  esl  sacer,  id  esl,  re(piiri  ut  mini-ter  il!um 
facere  iniendat,  qualenùs  ipse  sacrum  existimal.  Ve- 
n'im  h;ec  cliain  opinio  pariler  falsa  esl,  ni  eadt;m  ra- 
tio demunsirat  ;  Ecclesia  eiiiiii  admillil  Baplismum  ab 
lis  collainm,  qni  liltim  vclut  profanum  in  se  et  su- 
perslitiusum  liabenl. 

Alii  demùm  conleudunl,  requiri  cl  sulTcere  int  n- 
tioiiem  faciendi  ritum  qualenùs  in  socielale  Clirislia- 
iiorum  frc(pniil.ilur,  seu  ut  sacrum  in  Ecc  csià  Dei 
babilum,  <pia;cuni(pie  illa  sit.  Kl  lia;c  inuilô  commii- 
nior  fuit  bactenùs  inlcrna;  inlenlioiiis  defensorum 
opiiiio. 

Igitur,  omissis  opinionibus  qu;ie  aul  paiicissimos 
nunc,  aul  eliam  millos,  patronos  hibent,  eô  reduci- 
liir  controversia,  utrùm  sullicial  inlenlio  faci(;ndi  ri- 
lum  sacramcnlalem,  maieiialiler  tanitimmodô spccla- 
tum, modo  exleriîis  seriô,  et  iirav-ertiiu  cum  solilis 
circumslaiiliis,  ponatnr,  an  verô  recpiiralur  iiitenlio 
illuni  faciendi  formaliler  ut  ritum  Kcclesia%  id  est, 
(juateirùs  usiirpatnr  in  Kcclcsià,  seu,  (piod  in  idem 
reeidit,  ut  supra  nolavimus,  utrùm  sullicial  inlenlio 
duiitaxat  exlerna  el  apparens  faciendi  riium  formait- 


U8d  QU^ST.  Vil.  DE  MIMS 

tnmlibel  niliil  verilali  Sacramenloruin  noccre  jiosse  : 
Ilic  est  (jui  baplizat  in  Spirilu  sancto  ,  ait  Joaiiiios 
Baplisla  de  Chrislo  loqucns ,  Joan.  1 ,  53  ;  Sic  nos  exi- 
sliiuel  Itomo,  iiKjuil  Apostolus,  1  Cor.  A,  i,ut  winislros 
Chrisli ,  et  dispcusalorcs  nnjstcnoruni  Dti...  i'nusijuis- 
qne  vcstrihn  dicit,  cap.  i  ,  12;  Ego  (juidem  sum  Puuli , 
ego  aulem  Apollo,  ego  verb  Ccpliœ,  ego  aulem  Chrisli  : 
divisus  est  Cliristus?  Numquid  Paulus  crucifixus  cstpro 
vobis  ?  (tut  in  uomiue  Pauli  baplizati  estis...?  cap.  3,  i: 
qnid  igilnr  est  Apollo?  quid  verb  Paulus?  niinislri  cjus 
eui  eredidistis...  ego  ptaiitavi ,  Apollo  rigavit ,  sed  fJeus 
incrementum  dédit;  itaque  nequc  qui  plantât  estaliquid, 
ueque  quirigat,  sed  qui  incrementum  dut  Deus.  iliiic 
eniin  sic  enasciliir  argumciitiim  :  Solus  Deiis  in  cele- 
bralioiic  niysieriorum  gratiain  opcraliip ,  nec  ;ilia! 
siinl  iioiuiiuiiii  adiiiiiiistianliiini  parles,  qiiàiii  illiid 
cxteiiùs  execpii  quod  est  diviiiilîis  iinpcralum,  forniam 
niinirùm  mateii*,  et  ulrarnipie  subjeeto  deliberalè  et 
sei'iô  applicaiido.  Ergo  quaiitùmvis  secum  ipso  pu- 
gnaiis  miiiislcr  conlrariain  iiilùs  gérai  volunlalem , 
dummodùcxUMiùs  id  (piod  est  iniperatuiii  adiiupleal, 
compiiîalur  quideni  ille  cuin  diabolo,  sed  non  conti- 
niiù  doiium  Cliristiconlaminalur,  Quia,  inquil  sanctus 
Aiigusliiiiis  srepè  laudaliis,  Sncramenlo  suo  divina  vir- 
lus  assislit  ;  aliocpiiii  cnim  qiioinodôvcrum  eril  dicere, 
iieqiie  qui  piaulât  esse  aliquid,  neqiie  qui  rigat,  sed 
à  solo  Deo  incremeiitiun  dari ,  si  ab  hàc  iiilenlionis 
recliludiiic  vis  et  efiicacia  Sacramenli  necessariù  pen- 
dcat?  Quomodô  solus  Cbrislus  est  qui  baplizat,  si 
etiam  tuni  cùm  oninia  quie  à  Ciirislo  pra^scripta  suiit 
inipleiilur  extcriùs,  idtô  Baplisinus  non  (it,  quia  non 
vult  minister  nefarius  fieri. 

Adversarioriun  cxceptio  refutalnr 
Nequc  est  quôd  reponatm-,  l'oc  in  casu  hominem , 
Sacramenli  minisinun  dici  non  posse  :  luijus  enim 
rei ,  inquiet  aliquis  ,  non  Cst  minister  quam  reverà 
non  vult  conficere  ;  atqiii  suam  inlcriùs  coliibendo 
inlenlionem,  suoque  opcri  reluclaudo,  reverà  Sacra- 
mentum  adminislrare  non  vult;  ergo  Sacramenli  mi- 
nister dici  non  potcst.  Resp.  nierum  liunc  ineptuni- 
que  caviilum  e^sc;  nego  ilaque  minorem  assunqjlam, 
cl  dico  illud  improbi  ministri  consilium,  insanum 
esse  voluiitatis  secum  ipsà  pugnanlis  deliramentum, 
inanemque  et  inefficacem  velleilalem  ;  vult  enim,  ut 
suppoiiilur,  ritnm  sacramenlalem  prudenler  et  omni 
aniolo  joco  adminislrare  ;  vult  gcrcrc  se  exleriùs 
lanquàm  Cin-isli  et  Ecclesia)  minislrum,  et  reverà 
secutidiim  voluiilalis  proposilum  opcralur  ;  inlerim 
verô  dum  sciens  et  volens  rilum  Sacramenli  exeqiii- 

lor  ut  in  Ecclesiâ  usiirpalum,  an  auliMii  ilii  inleiilio 
rcalis  cl  interna  esse  dcbeat.  l'rimam  j-enlenliari  de- 
Icn  lit  Dronin,  licèt  in  plmibns  iocis  concedinc  vi 
dcaUir  nocessariam  esse  inlenlionem  fi'cirndi  rilnm 
ni  esl  Kcclesi.e  ,  cosqne  lanlinn  inipugiiire,  qui  do- 
cenl  requiri  insuper  ut  minislor  rilnm  inlendat  ut  in 
se  sacrum.  Secundam  vero  plori(ine  iiunc  llieologi 
tnenlnr,  et  meritù  plané  ut  nobis  apparcl.  Vide  oà 
de  re  Appendicèm  ad  calcrm  irai  lalùs  in  qnà  cinn 
onuies  aneldris  noslri  rationes  suflicienler  diliianlnr, 
nnllas  jam  annolaliones  anncctenms  ils  qua;  de  bàc 
ni;ilerià  lusè  disputai.  (lidit.) 


n\lS  SACRAMENTORUM. 


1486 


lur,  rchiclalur  inleriiis,  neque  vult  agcrc  lanquàm 
Chrisli  cl  Kcclcsiuî  minister  :  quod  idem  est,  ac  si 
(juis  ignem  sinp.u  vcrè  admoverc  vellet  cl  admoverct; 
inlùs  vero  sic  diccret  :  Nolo  ut  ignis  comburat  slupani  ; 
aul  si  agricolafrnmenlinn  terr;e  mandare  proponens, 
et  reverà  lemporc  cotnmodo  seminans,  inlra  se  dicc- 
ret: ISolo  esse  hoc  semen  fructiferuni,  quod  summâ 
accuratione  terrœ  committo  ;  quemadmodnm  ila(|ue 
qui  sic  statuèrent  aniino,  non  impedirenl  qnominùs 
ignis  sliq)ain  adnrerel,  aul  semen  essel  frucluosnm  ; 
qnia,  posiià  causa  necessarià,  pariler  est  neccssarium 
secpii  efleclun)  :  ila  nec  minister  improbiis  polerit 
irrilum  reddere  Sacramentum  ;  lam  enim  divinà  in- 
siiluiionc  necessarium  est  ex«rilu  sacro  orudenter  et 
seriù  celebralo,  sequi  Sacramentum  ct'^^  cum  Sa- 
cramenlo  ex  Dei  insliliiendi  volunlalecoimcxa,  quàm 
secundùm  naturte  leges  est  necessarium,  ex  applica- 
tione  ignis  ad  stupain  sequi  slupa;  incendium^  et  ex 
grani  scminalione  frinncnlum. 

Al  ,    inqnics,  libère  agit  minister  :    Sacramentum 
ergo  làcit  si  vult,  si  non  vull  non  facil.  llesp.  :  Con- 

j  cedo  tolum  :  libéré  agit  niinisier ,  benè  est  ;  Sacra- 
mentum facil,  si  vull,  si  non  vult  non  facit  :  quishoc 
negat  ?  Sed  numquid  ideô  non  facere  est  diccndus, 
quia  ftîciendo  facere  non  vull?  Quasi  niniirùm  si  quis 
dical  :  Libère  loquilitr  liomo  ;  ergo  si  vull  loqnilur,  si 
non  vult  non  loqnilur  ;  atque  adeb  etiam  tum  ciun  volens 
sonos  edit  arliculalos.,  ficri  polerit  ut  hoc  ipso  tempore, 
si  nolnerit ,  non  loquatur;  quod  cùm  absurdissimmn 
sil,  iiariter  ineplè  negatur  reverà  lieri  Sarr.imA»»""^ 
quando  seriù  cl  e-m  ^™...-  vora  débita  ritus  ejus  fo- 
ricjo^i/ieiur  ;  eliamsi  malus  minister,  scipsum  ad  im- 
pietalem  et  insaniam  exercendo  ,  inlùs  dical  :  Nolo 
facere  Sacramentum  ;  quia  unius  cum  altcro  necessa- 
rià, ex  divinà  inslilulione,  con.junclio  est. 

pROB.vTio  II,  ex  Unis  contra  Donalistas  judiciis. 
II.  Altcrum  illudque  eflicacissimum  argumenlnm 
petilur  ex  damnalione  Donaslislarum  :  volebanl  ilii, 
talia  esse  Sacramenta,  quales  sunt  à  quibus  sumuntur  ; 
dantium  conscienliam  attendi  debere,  qiiœ  accipientium 
ablual  ;  unde  inferebant,  haeresi,  schismale  et  impie- 
laie  qnàlibet  minislranlium  pollui  et  irrita  fieri  ;  in 
conlrarium  ab  Ecclcsià  delinitmn,  m  negolio  Sacra- 
mentorum  non  esse  considerandum,  quis  det,  habeat , 
ant  accipial  ;  sed  qnid  dctnr,  hubealur^  accipiatur:  Sa- 
cramenta  per  seipsa  attendi  debere  verbis  cangelicis 
consecrata,  non  adjunclù  perversitate  sive  aciipienlhini, 
sive  tradentiuni  ;  ad  mysteriornm  integrilatem  nihil  in- 

i  leresse,  quœ  sit  fides  minislrorum,  quœ  bonilas  vel  ma- 

i  lilia  :  non  nterilis  danliuni  consture  vel  accipieniiunij 
sed  proprià  sanctitatc,  quœ  cujusquam  sccleribus  pollui 
non  potest,  nec  utlius  perversildie  perverti  ;  lucc  enini 
el  ploraqno  liiijusniodi  majorum  effala  apnd  sanctum 
Auguslinnm  in  libris  cunlra  Donalistas  passim  oc- 
currunt. 

Jam  sic  prosccpior  argiiincnlnm  : 
Al(jni  inicrior  niinislri  aiu'ciio  per  quam,  hoc  ipso 
lemporc  qnidquid  esl  à  Chrislo  pra'scriplum,  volens 

I  cl  caulus  loris  adimplens,  suo  operi  inlùs  refraj-alur. 


Î.J87  DE  RE  SACRAMENTORUM.  — 

iiequc  viill  cssc  sacrum  quod  agit,  qiioûdam  flagilii  et 
pcivcrsilalis  species  est;  crgo  qiio  derrclo  saucitiiiu 
est,  ciijusqiiain  sceleribiis  pollui  S.icrainciita  non 
.posse,  videtiir  pariter  coiislituluni,  eoruni  valori  nihil 
ofOccre  inlcniam  liane  voltinlalis  piigiiantiam. 
Prœcludilur  adversarionun  elfiujiimi. 

Ciijiisquidom  argnmonli  viin  (luà  possiiil  ralioiie 
jiifringere  advcrsarii  non  apparet  :  nisi  loilè  dicant , 
Jia;c  Ecclesiac  docrela  ad  piMoscnleai  conliovcrsiani 
^il  faccre,  quia  impiobitas,  quani  adversùs  Donalistas 
definitum  est  Sac  ranicnlorniu  virluli  nocere  non 
posse,  cxtranca  estSacranienlis,  puta  adiiltciii,  l'urli, 
honiicidii,  aliorunupie  id  genus  (lagilioruni  obslinala 
\olunlas  quuî  cùm  Sacramentum  in  se  non  attingat, 
non  polcst  inilnin  facero  ;  è  conlra  verô,  inquiet  ali- 
quis,  niinislri  \nalilia  quà  inlîis  in  corde  sacrum  esse 
non  Yull,  quod  ^clut  sacrum  foris  exercct ,  ad  Sacra- 
mcntumipsum  perliiigil;  undeseqnitur  quôd  subslan- 
liam  ejus  inficial,  totamque  medullani  cnnuniiiat. 

Contra  cniui  est,  1"  (piôd  illa  du|)licis  pcrveisilatis 
dislinclio  à  nienlc  sanctorum  Palruni  sil  penilùs 
aliéna  ;  generalilur  enim  millàque  facià  exceptione 
pronunliani,  non  posse  Sacramenla  cujusquam  sccle- 
ribus  polhii,  nec  ulliuspervcrsilate  perverti  ;  ad  illo- 
rum  inlegritatem  nihil  intéresse,  (pui:  sil  ministrornin 
tonitas  vel  maliiia  :  Sacramenla  se  ipsis  esse  coiisi- 
deranda,  quia  rilu  cvangclico  consecrata ,  constant 
proprià  sanctitalc,  non  meriiis  danliuin  vd  accipien- 
tium  ;  atqui  si  vera  foret  quam  impugnamus  doclrina, 
g^„„._i-.<....  u^.n,]\c\  à  Palrib'.is,  cuni  specie  verilalis 
non  posscnl  :  aliquo  enim  sc.;i^.«,  i ,  i,f\(.  hvpolhesi, 
Sacramenla  pcrverlerevilur  ;  ad  ilJorurn  inte3ru..ioi« 
niinistrorum  probllas  altcndi  dobcrel,  quia  consla- 
rent  aliquaicnùs  meriiis  danlinm  cl  non  solù  proprià 
sanctitate  ;  crgo,  etc.  2'  Sub  communi  nomine  im- 
probilalis  ipsa  iiilidelitas  conlinelur  :  improbus  enim 
est  quisquis  Deo  revelanti  non  assentilur  ;  iiinc  deli- 
nituni  à  Palribus,  non  modo  morum  iniprobilale  Sa- 
cramenla non  pollui,  sed  neque  inlideliiate  quantàli- 
bet  ;  porrô  non  unius  modi  minislrorum  infidelilas 
inlelîigilur  ;  aliquandoenin»  Sacramentum  nullà  ra- 
lione  allingil  ;  quoniodù  si  quis  cœteris  dogmatibus 
acquiesccns,  in  boc  uno  à  fide  deviet,  quôd  negel 
ignis  purgalorii  verltaiem  :  aliquando  verô  poiesl  ali- 
quis  esse  infidelis,  non  ipsum  quidem  Sacramentum, 
sed  cirectum  Sacramenli  inficiando  ;  quales  sunt 
Liitberani  et  CalvinisU«,  qui  clsi  Baplisnuun  Sacra- 
mentum evangelicum  esse  profileanlur,  noluiit  tamen 
ab  iilo  charactcrem  ,  et  inlcrnam  graiiai  infusionem 
niauare,  quia  ulrumquc  l'ejiciunt ,  vclut  fidri  cliri- 
stianaî  conlrarium;  rursùm  polcst  inli  hilitasin  tanlum 
esse  pruvecla ,  ut  non  modo  eîîeclus  Sacrameiili,  sed 
cl  Sacramcnlum  ipsum  cl  rilns  sacer  negctur;  to- 
luniquc  illiid  quod  foris  peragilur,  vclut  sacrilegum 
nul  superstiliosum  inleriùs  ridcatur;  qualis  sanè  est 
•ludieorum  ,  Gentilium  ,  et  alboorum  pervcrsilas: 
cùm  ilaquc  gcncralitor  sit  à  Palribus  dcrmitum,  quan- 
talibçt  minislrorum  im.probilalc,  iufidelilale  quaulà- 
libct  irritari  Sacramenla  divina  non  posse  ;  fatendum 


DE  SACRÂMENTIS  IN  GENERE.  14  8S 

ex  eorum  mente  verilali  mysleriorum  spccialem  banc 
infidclilalem  non  nocere,  quà  quis  inleriùs  non  viilt 
rem  faccre  uli  sa(  ram  ,  quia  sacram  esse  non  crédit. 

Quod  enim  aiunl,  cum  speciali  bâc  iniidelilale  starc 
veram  voluntalcm  rilum  implendi  ul  sacrun),  ineplum 
|)lanè  est  cl  absurdmn  ;  nunquàm  enim  conlingct ,  ut 
id  vciil  ministcr  quod  ipsum  vcllc  répugnai  ;  atqui 
quamdiù  iucrcdulilalis  ia(|iuùs  imj)licatus  rilum  ali- 
quem  velul  sacrilegum  corde  respuil,  répugnât  ul  sa- 
crum velit  esse  cl  sanclum  :  quomodô  enim,  aniabo, 
Manichaîus  aquam  fœlum  diaijoli  rcputans ,  velle  po- 
teiil  in  a(|u;e  Baplismo  rilum  religiosum  implere? 
Kfpiiilem  id  velle  facere,  animo  sinudalo ,  audebil, 
revcràque  exlcriùs  faciet,  quod  scit  in  Ecclesiâ  san- 
clum liaberi  :  non  erit  lamen  ,  iniô  nec  poteril  adeô 
sibi  esse  conlrarius,  ut  velit  ipse  rem  esse  sacram, 
quam  velul  sacrilegani  ai.iuio  deteslalur.  Quomodù 
pariler  Judicus,  ad  conferendum  Baptisnunn  in  neces- 
siiale  vocalus,  inlendcre  poteril,  rilum  sacrum  facere, 
qui  Baptismum  nefandam  esse  super.^tilionem  existi- 
niat ,  nedùm  rei  sacne  symbolum  putet  ?  Quomodô 
volet  inleriùs  Cbrisli  cl  Ecclesiie  iulenlioni  suam  ipse 
accon-modare  ,  qui  Ecclcsiam  crédit  esse  synagogam 
imi)ielalis,  et  cui  Ciiristus  scandalum  est?  Quod  aulem 
de  Manicluco  et  Jud.vo  dictnm ,  de  pagauo  et  allieo 
proclive  est  inlelligere  :  paganus  enim  in  aquâ  agno- 
scil  quidem  virlulem  langendi  corpus  ,  cor  ablucndi 
nullam  agnoscil;  deinde  viro  genlili  cl  vanis  religio- 
liibus  occupalo  myslerium  crucis  slidiiiia  est  :  Prœ- 
dicamus  Christum  crucifixion,  inquit  Aposlolus,  \  Cor. 
1,  23,  Judœis  (ju'ulem  scandalum,  (jentilibus  autcm 
slulliliam;  de  alheo  verô  quis  inducal  in  aniinum , 
pi>sse  liaiicic  iiiienlionein  rilùs  sacri  et  divini  adnii- 
II  nislrandi,  qui  nihil  sacrum  agnoscil,  qui  vivil  sine 
Deo,  sine  Chrislo  ,  qui  dicit  in  corde  suo  :  JSon  est 
Deus;  ergo,  etc. 

Prob.vtio  111,  ex  perpeiuo  Ecclesiâ'  sensu. 

m.  Deinde,  si  exislimàssel  Ecclesiâ,  necessariô  iii 
hiiiiislris  inlcrnam  de  quâ  agimus  inlentionem  requiri, 
suam  eâ  de  re  mentem,  daià  occasionc  aporuissct;  et 
verô  sx\)è  occasio  incidit,  (piaiido  nimirùm  de  Sa- 
cramentorum  valorc  (pi:csilum  est.  Sic  enim  irrita 
sa'piùs  declarala  ,  quùc  matcrià  cl  forma  Icgilimà  ca- 
ruissent  ;  irrilp  dicta  ,  qnie  ab  bominibus  vino  captis, 
aul  ciiergumenis,  ;'.nt  mimicè  administrata  conslaret  : 
dubia  denniiliala,  alqiie  adeô  ileralioni  obiioxia,  quo- 
rum verilatcm  leslcs  legilimi  non  probarcnt  :  suspecta 
pariler  habita  qna;  ab  buM'eticis  de  Trinilale  perpe- 
ram  scnlientibus  conferrcnttir,  quôd  periculum  esset 
ne  formam  ipsam  adullerarenl;  atqui  in  taniâ  quai- 
slioiium  varietalo,  nunquàm  à  Palribus  Icgimus  con- 
quisilnm  ulrùm  nànislcr  qui  rilum  cxlcrnum  seriô 
adminislràsset ,  inlcrnum  et  secrelius  rilùs  sacri  fa- 
ciendi  proposilum  babuisscl?  Quorsùm  verô?  insi  (juia 
erat  inajoribus  persuasum,  validumcsseSacramciituni 
à  minislro  scriô  agenle,  lotumque  ritum  exleriùs  im-' 
plenle  consecratum?  ergo,  etc. 

Occiuritur  adversariis. 

Noc  est  quôd  dicalnr, 


\m 


QU.EST.  vu.  DE  MINMSTRIS  SACRAMF.NTORUM. 


1490 


1°  Idcô  ;i  Patribns  qnacsiioncin  liane  pra-lcrmissam,  '^, 
quia  casus  rarissinuis  csl  ;  qiKC  aulom  raro  c<»nliiigiiiit, 
non  scciis  ac  si  nunquàm  cvciiirciit  ncgiigi  soleiil. 

2°  Ideô  nunquàm   qua'situni  (|uicl  nlini^tl■i  Sacra- 
nicntornm  intiis  in  corde  proposiluin  liahnissiMit,  quia 
Ei'clesia  de  occullis  non  judical,  ol  juro  |)rasuniil  :|| 
facienti  cxleriùs  qnod  ipsa  l'acit,  inlcriiam  non  di'csso 
riluni  tanquàin  sacrum  iiiiplendi  iiileiilioncMi. 

Quanlùm  euim  ad  primum,  nodùm  fatcauiur  casum 
liuno  i>se  in  aliorum  comparalione  rarissimum ,  c 
conlra  contendinius  longé  esse  frequonliorcni  ;  nam 
quùd  baplizcl  ali(iuis  aut  cnergumenus,  aul  vino  obru- 
tus,  aul  mimum  agcns  ,  illud  quidem  moiislri  siniile 


Probvtio  IV,  ex  decreds  Ecclesiœ. 

IV.  Tanlùiii  vcrù  ai),  si,  ul  mal;\  intonià  intcnlionc 
Sacramcnlnin  suo  fraudari  cflfclu  Kccicsia  dcfiuierit, 
ulcontrarinin  vidcaïur  s;r;piiisoonslilutiun;  quod  mul- 
lis  excnipiis  probare  in  promplu  est. 

Sic  enim,  quarto  seculo  (si  Sozomenoetaliis  fides), 
ppicmis.-io  dilii,'onli  examine,  probavit  Ali;xander  pa- 
Iriareba  Alexaiidrinus  liaplismuin  ab  Albanasio  pnero 
pneris  utiquc  dalum  ;  qiiaiiiobrem  vcrô?  iNuiiKjuid  (paia 
conslabal  AUiniiasium  internam  bal)nissc  rilùs  sacri 
perficiendi  iulenlioneni  ?  .Minime  gentium.  De  liàc 
cnini  re  ncc  Itîviicr,  quo  I  nccessario  in  advcrsariorum 
senlcnlià  debuerat,  inquisivil:  lanlùmque  solbcili;  ex- 


est,  in  terris  iusolciilissimum  ;  ita  parilcr  (luôd  sacro  |  pioiavil  utrùin  rilinn  sacrum  cxteriiis ,  uti  parerai, 
ministerio  qnis  dcfungens,  uitrù  formam  Sacramen-  f  adiniplevissi't  :  C/o»  piteros,  iuqiiit  Sozomenus,  Ilist. 
loruoi  adulleret  (quia  publiée  fraus  paterel),  aut  raro  |  lib.  2,  e.  17,  eilit.  Nal(.'s.,  pag,  467,  compreliensos  ad- 
aut  nunquàm,  etiam  in  seetis  hœrelicis  invenitnr  ;  liinc  1  duci  jussisscl...,  Iios  uccnrutè  iiitcrrogaiit  quidnam  ipsis 
sanctus  Augustimis,  cont.  Douai.,  lil).  (>,  cap.  25,  II;  dldsset  fecisselve  ludi  illius  cpiscopus,  et  qitid  ipsi  re- 
Facitiiis ,  inquil ,  invcnitintur  liœrelici  qui  outninà  non  ;|  spondissent,  qnidve  cdocli  essoH;  eiaiique  omuia  jiixla 
baplizeiit,  quàm  qui  non  illis  (evangeiicis)  verbis  bupli-  |;  ordinem  ccclcsiaslicum  cxaelè  in  itlis  servata  esse  depre- 
zenl  ;  quôd  si  è  contrario  aliquis  perdilis  nioribus  |  hendisset ,  commtinicato  consilio  cimt  sacerdolibus  quos 
vivat,  et  à  fide  Cbrisli  alienum,  onniisque  expcrlem  |  circa  se  hahebut,  censnit  non  rebnptizandos  esse  eosqtii 


religionis  animuin  gérai  (quales  elicu!  niullos  esse 
vehemcnter  dolet  Ecclesia),  poterit  iile  quidrm  ,  quo 
nibil  facilius  est,  suis  ul  serviat  commodis,  velle  serio 
ritum  implere  quem  scil  in  Ecclcsià  Cbristi  pro  sacro 
et  religioso,  aliorum  cxistiniatione  servari  ;  sed  eum- 
dem  uti  sacrum  velle  ipse  non  poterit,  quia  boe  ipso 
quo  omnem  exuit  sensum  religionis,  prorsùs  necessa- 
rimn  est,  ul  pcccandi  ipse  de  se  finem  non  faciens, 
inlùs  velut  profanum  et  sacrilegum  rideat,  quod  foris 
velut  sacrum  cl  reiigiosum  observai.  Quocirca  si  Pa- 


in  siniplicifate  divinam  yraluim  semel  percipere  mcrtiis- 
sent.  Quanqnàm  verô  narraiio  inec  fabulam  ,  ut  pra;- 
dixiuuis,  sect.  pra>c.,  §  3,  oleal;  in  lioc  sanc  non  est 
contemnenda  qnôd  morem  aniiquum  exbibendo  ,  lum 
Sacranienta  rata  valida(]ue  liabita  fuisse  tcsiificctur, 
quandô  exteriiis  omuia  dicta  factaqtie  esse  conslaret, 
qua;  ordine  cclesiaslico  jiraîscribnntcr,  respectu  nullo 
balûlo  ad  iulernum  propositum  niinisiranlis. 

Hoc  ipsum,  muliocpieceriiùsNicolai  I,  nono  seculo 
sumnii  Ponlilicis,  anctoritas  persuade!;  illum  per  le- 


Ires  pulàssenl,  voluutarià  intentionis  relentione  irrita  |  gatos  .Micbacl,  Bulgarorum  rcx,  elu'istianâ  fide  recens 
lieri  Sacramcnta,  nibil  oral  qnod  iiiculcare  frecpieiitiùs  |  iiubiitus,  pru;ter  ca-lera,  consnluoral  (juid  orga  eos 
debuissent,  lum  ni  niinislris  rerum  divinarmn  incule-  |  essel  agendum,  quos  Juda;us  quidem  dubi;enuiliusquc 


rent  reverentiam  ,  lum  ul  fidèles  in  deleelu  ministro- 
rum  redderent  cauliores  ;  quod  cùm  nuUibi  egeriut, 
argumenlo  est  ex  illorum  mente,  per  hanc  voiuntatis 
pugnanliam  virtuli  Sacramentoruin  nibil  detrabi. 

Quod  verô  secundo  dictum  est  loco ,  conimuni  re- 
sponsione  facile  solvitur  :  Ecclesia  de  occullis  non 
judical,  quantum  ad  faclnm;  id  est,  qualiter  nune 
bomo  sil  intùs  alleclus  non  novit,  concedo;  boc  enim 
Deo  eximium  est,  (|ui  solus  renés  et  corda  scrulalur; 
de  occullis  non  judical  quantum  ad  jus,  id  esl,  qualis 
debeat  actum  exteriorem  comitari  interior  animi  dis- 
posilio  non  decernit,  nego  :  qnamvis  itaque  Ecclesia 
de  occullis  (pioad  faclum  non  judicet,  quid  lamen 
facto  opus  sil,  data  sibi  divinitùspotestate  déterminât: 
sic,  ul  à  prœsenti  malcrià  exemplum  sumamus,  ulrùm 
homo  bie  et  nunc  minisierium  sanclum  exercens , 
pietalem  inlùs  colat  quam  prceferl  cxleriùs,  de  boc 
sanè  judiciuin  Ecclesia;  esi^e  nequil;  jiiris  autem  lia- 
bità  ralione,  ccrtô  delinit ,  lum  grandis  reun»  esse 
piaculi,  qui  non  iioc  in  corde  sentil  quod  foris  oslen- 
tat;  lum  suscipienli  ejus  improbilalem  nocere  non 
posse  ,  quia  saucta  sunt  Sacranienta ,  etiam  à  malis 
administrata. 


forte  bomo  religionis  baplizare  prjesumpseral;  pro- 
fcclô  si  putâsset  Nicolaus  necessariam  esse  internam 
iutentionem  ,  locus  liic  op|)ortiiims  erat  lîuliraros  ad- 
moiiendi,  mi  diiigenl.M- inqniierent  quà  menli\  quovc 
consilio  iiomo  audacissimus  sacrum  niinisteriînn  nsur- 
pàsset;  quôd  si  quocnmque  facto  examine  non  possent 
deiegere,  cùm  de  iiilentionis  malitiosâ  relentione 
gravis  suspicii)  aliimde  essel,  (|iios  perlidiosè  liuxisset 
vero  Cbristi  H'ptismo  sine  cunctalione  aljluerenl; 
nec  ullo  iterati  Sacranienli  scrupulo  tenerentur,  quia 
ubi  res  ncscitur  facla ,  in  iterationis  periculum  non 
venitur  ;  atqni  niliil  taie  decernit  Ponlifox  maximiîS, 
tantùmquc  ûa  rilùs  cxterni  observalione  soliicitus, 
respondol ,  si  in  noinine  Tiiniialis  baplizati  fuerinl , 
non  esse  rebaptizandos  :  A  qnodam  Judœo ,  inquil , 
in  resp.  ad  consulta  Bulg.,  cap.  101,  nescilis  ulricm 
Clirislictno  an  pngano  ,  mullos  in  vesirà  palrià  baptiza- 
tos  asscritis  ;  et  quid  de  iis  sit  agmduni  consulitis;  lii 
profeclb  si  in  noniine  saiiclœ  Tniiitatis  baplizati  sunt..., 
constat  non  esse  denuo  baptizandos. 

Acccdii  Innocentii  lli,  seculo  dccimo  tertio  summi 
Pontilicis,  pricclara  sanè  ,  qua-que  nullo  subtorfugio 
eltidi  possil  senlenlia  :  Non  esl  nccessc,  inquil  Décré- 
tai., lil.  de  Hapl.  el  l'jus  elToct.,  cap.  Si  quis  pucrum, 


1491 


DE  RE  SACRAMICNTARIA.  —  RE  SACRAMENÏIS  IN  GENERE. 


1492 


qubd  baplizcms  fjernt  in  menle  facerc  quod  facit  Eccle-  ,|  que  dare  non  polest  ejus  inlenlio,  ncc  valet  denega- 
sia;  inib  si  conlrarium  ijercret  in  meute,  scilicet  non  l  lio  iiitcnlionis  aiifcrre. 

fucrre  (jHod  facil  Ecclesia,  sed  lanien  fucii  quia  fonnani  i\  Seculo  dccinio  scplimo,  occurrunt  exempla  duo, 
sénat,  niliilominiis  baptizalus  est ,  dummodb  buptizare  1  qii;e  uliiiam  s'iIlm'o  sine  causai  praescnlis  dispendio 
iuhiisler  intendat  ;  ubi  duo  sinit  accuralè  nolanda.  |^  licuisscl!  Yixit  niniirùm  Massilia;  perditus  quidam 
Primum,  quod  ait,  necesse  esse,  ut  minister  baplizare  ||  sacerdos,  niullis  fiagiliis  arleque  magicâ  faraosus,  qui 
intendat;  quil)us  vciljis  vcsaiia  Lullieranoruni  doctrina  '/  per  lotos  viginli  annos  quibus  parochialeni  Ecclesiam 
in  antccessun»  explodilur.  Secunduni,  quod  aidnnal,  [i  R.  Mariic  de  Aquis  fluciilibus  (N.-Danie  des  Acoules) 
non  esse  necesse ,  ut  minisler  (jcrat  in  inente  fncerequod  'I  curai  siu«  comiiiissam  babuit,  omnes  quos  baptizabal, 
facit  Ecclesia;  imô  etiamsi  contrariuni  mcnlcgerat ,  l  licèt  exteriùs  lotum  Ecclcsi;c  rltuni  seriù  et  revercn- 
îiibilominùs  conslare  Raplismum,  modo  forma  m  ser-  |  terimplcrel,  nefando  sacriiegio ,  non  Chrisio,  scd 
vct,  ol  id  quod  facil  Ecclesia  ,  exteiiùs  facial;  quibus  |  diabolo,  iniùsvovcbal,  i)rout  ad  vilai  metas  perductus 
sanè  verbis  nostra  sentculia  ,  paulôque  cliam  crudiùs  g  (quo  lempore  menliri  bomiucs,  pntserlim  cuni  hi\r,\\ 
stabilitur.  |  delrimento  non  soient) ,  solenniiter  declarax  il  :  pau- 

Jam  si  quis  auctoritalem  Innocentii  elevari  bine  |  loque  post  tempore,  Cenomanensium  in  Galliâ  Celticù 
posse  pulet,  quôd  lia  scripserit  privatus  canouici  ju-  j|  episcopus  (Pelrus  Lavardinus),  morti  proximus  publi- 
ris  iuterpres,  b)ngè  antequàm  ponlificatuni  teneret ,  |  ce  pariler  confessns  est,  sibi  in  sacris  quas  statulo 
hoc  sibi  responsum  babeat  :  non  idcù  nos  in  boc  1  lempore  fecerat  ordiiialionibus,  etsi  quidquid  est  à 
testimonio  pondus  ponere,  quia  à  doctore  qualicum- 
que  prolatnm  est ,  scd  quia  ab  Innocenlio  lY,  jam 
lum  Ponlificc  niaximo  approbatum,  solemnibus  jnris 
decieiis  adscriptum,  et  ab  Ecclesia  reverenler  ac- 
cepiuni. 

Nec  deessenl  ad  ejusdem  sentenlisc  confirmationem 
pleraque  Patrum  et  pontificum  veterum  docimienia, 
si  luberel  per  omnia  currere  :  salis  intérim  superque 
fueril.  duo  triave  nostris  lemporibus  propiora exempla 
afferre. 

Seculo  decimo  sexto,  quando  Calviniana  haeresis 
nondùm  regni  finibus  exterminata,  Galliarum  provin 


I  Christo  et  ab  Ecclesia  pra-scriptum  foris   servaret, 

il  semper  internum  confercndi  ordines   animum  de- 

1  fuisse;  quantum  ex  utriusque  denunlialione  turba- 

|!  rum  excilatum  sit,  quanti  et  quàm  graves  nati  scru- 

i«j  puli,  enarrare  qnis  valeat?  llinc  quidem  alios  melus 

I  angebat,  ne  baplizali  non  essenl  :  illinc  verô  alii  de 

susceptis  sine  dantis  intentione  ordinibus  malè  tor- 

quebantur  ;  utrinque  de  Sacramentis  ilerandis  cogita- 

batur  :  quis  j)orrô  rumoris  bujus  et  offensionis  exitus 

fuit?  Yentum   est  ad   deliberationem,  consulti  linjus 

temporis  theologi  in  Gallià  pr.iestantissimi,  rogaii,  de 

more,  sententiam  Parisienses  magistri  ;  commuiiisqne 


cias  iufeslabat,  à  multis  ibidem,  ut  anle  dixinuis,  du-  i  omnium,  videntc  nec  réclamante  Gallicanà  Ecclesia, 


bilalum  utrùm  approbandum  essct  Baptisma  in  Cal- 
vin! parte  acceplum,  eô  quôd  non  baborent  pseudo- 
minisiri  inlenlionem  baplizandi  in  remissionem  pec- 
catorum  :  visum  plerisque,  saltem  sub  conditione 
ilerandum ,  quôd  quidem  in  posterùm  fieri  Gallicanà 
concilia,  secundùm  S.  Pii  Y  Poiititicis  maximi  senten- 
tiam, expresse  prohibueruut  :  bujusque  sui  edicti  non 
aliam  altulère  „ausam,  quam  qma  constabat  Cutvinislas 
in  publico  cœtu  baplizare  in  forma  verborum  el  malerià 
à  Chrisio  institntà,  nec  de  lioc  facto  ambitji  poterat  ;  boc 
porrô  générale  principium,  si  quid  probat  (  probare  , 
verô  plurimùm  negare  non  possumus,  nisi  Patres  im- 
peritiaî  arguamus),  nostram  parit'>r  causam  conlicit; 
ideô  enim  affirmant  Gallicani  pncsules,  baplizautiijus 
Cah'inistis  peccala  remilM,  quia  boc  ipso  quùd  Sacra- 
nientum  ex  Cbrisli  insliluîo  peragiiur,  necessarium 
e4,  qnanlùmlibet  minister  interiùs  renilalur,  suum 
ut  effectum  obtineat;  atqui  pariler,  répugnante  licèt 
ministro,  necessarium  est  esse  sacruu),  (|uod  Clirislus 
ut  sacrimi  et  divinum  inîtiluit,  boc  ipso  quôd  ritus  ab 
illo  prsescriptus  forîs  implelur;  quemadmodùm  enim 
non  ideô  Baptismus  dimitlit  peccala,  quia  bomo  vult, 
sed  quia  vult  Christus;  ita  quôd  sacer  sit  et  divinus, 
non  bominis,  sed  Cbrisli  voluntatc  consequilur  :  re- 
pugnet  itaqne  quantiim  volet  flagiliosus  minisler,  et 
secum  ipso  luctando  velit  iirofanum  el  diabolicum  esse 
quod  facit  ;  erit  nihilominùs  diviimm  et  sanctimi,  quia  , 
Dei  volunlatcm  bominis  volunlas  non  impedit,  quod 


responsio  fuit,  bono  animo  Massilienses  et  Cenoma- 
nenses  esse  debcre;  quando  constabat  ritum  omnem 
religiosum  seriô  cl  prudenter  exteriùs  observatum, 
nibil  esse  quôd  sibi  vererentur,  quia  sacerdolc  divi- 
num ministerium  exequente,  Christus  est  qui  bapti- 

1  ïat,  Christus  est  qui  Spiritum  sanclum  infundit,  ne- 
que  polest  virtuti  mysleriorum,  ministrantis  malitià 
et  pervcrsâ  intentione  aliquid  adimi;  ergo,  etc. 
Prodatio  V,  ex  sancto  Aiujustino. 
Y.  Adeô  perspicuè  senlenliam  banc  S.  Augustinus 
asseruil,  mirum  ut  sit  ejus  verba  inalienosetcoiilra- 
rios  sensus  ab  aliquibus  intorqiieri  :  boc  auten»  ut 
manifesium  fiai,  asserenius  1°  geueralia  Augnstinia- 
nce  doctrinoe  principia,  quibus  ad  Donalistasrcfellpn- 
dos  féliciter  usus  est  ;  2*  percclcbrem  ol  decrotoriam 
ejusdem  S.  docloris  senlenliam,  in  quà  aperlè  docct 
valere  Sscramentum  ab  eo  dalum  qui  suam  interiùs 
reiinet  inlenlionem. 

I.  Contendebant  Donatistte  requiri  fidem  in  miiii- 
slris  el  sanclilatem,  ut  suam  Sacramcnta  ef.'icaciam 
habeant  :  probal  in  conlrarium  S  doctor  iiiiqiiam  et 
maculosam  baplizantis  conscienliam  bapiizato  nocere 

i  non  posse  ;  1°  quia  si  ex  bonâ  ba|  lizantis  conscienliâ 

,  pendcrel  Baptismi  effectus,  bapiizaiorum  salus  sem- 
per  esset  inocrla  :    Nam  qnomodb  ,   inqnit    lib.    1 

I  contra,  lilt.  Petil.,cap.  5,  et  lib.  2,c.  5,  ci  de  isiis  (bo- 
nis) secnri  erunt,  si  conscicntia  dantis  attenditur  ,  quœ 
*'  latet oculos accepluri? ...De conscientiâ Christi ergo securi 


1495 


QU^ST.  \II.  DE  MINISTRIS  SACRAMENTORU.M. 


suuius  :  nam  si  qucmlibet  homiiiem  pouds,   incertn  eril  \ 
accipicnlis  nuimitiio,  tjma  iiicerta  couscicntiu  abliinitis; 
2"  Quia  si  Bnp(isiiù  virlus  el  eificacia  à  luiiiislroniin 
naerîlis  dependerel ,  spcs  hominis  baplizaii  poncnda 
esset  il»  liuiuiiie  bapli/.anlc  :  t  Scciiiuliim  corum  scn- 

<  loiiliani,    inquil  ibiil.,  iil  salus  illa  spiritintlis  in- 

<  certa,  dùm  contra  Scripluras  sanctaS;  qnrc  dicnnt  : 

<  Boniim  est  confidere  in  Domino ,  quàm  confulcre  in 

<  homine,  et  :  Maledicttis  oninis  qui  spon  snam  ponil  in 
i  homine  ,  spcm  baplizalonini  aufeiunl   à    Domino 

<  Deo,  el  in  boniiiie  ponendani  esse  persuadent;  nn- 

*  de  lit  oinninô,  ni  non  inci-rla  ,  sed  prorsùs  iinlla 
i  sil  salus  ;  quia  Domini  est  salus  et  vana  salus  liomi- 
t  nis;    itaque  (piisqnis  in   homine  spem  posucrit, 

*  eliain  quem  jnsuini  et  iniioceiitem  iiovil,  maledi- 
i  dus  csl  ;  uude  et  aposUdus  Paiilus  cos  qui  dicc-  ! 
€  banl  se  Pauli  esse,  objurgat,  el  dioil  \  Cor.  1, 15  : 
I  J\iiinquid  Paulus  pro  vobis  crucifixus  est,  aut  iti  no- 
i  mine  Pauli  baptizati  estisf  i  5°  Quia  non  conscicnlia  i 
baplizanlis  juslilicat  inipium  ,  sed  sola  Cbristi  jnsii- 
lia  :  €  Neque   enim ,   inquil   1.  1,  cap.  5  et  7,  eliam 

*  cùm  per  sanclinn  et  lidclem  dispcnsalorem  gralia 
4  spirilalis   credentibus  impertitur  ,  dispensalor  ipse 

<  juslificat,  ac  non  ille  unus  de  quo  dictum  est  quod 
€  juslilicat  impium;  aut  verô  aposlolus  Paubis  caput 
I  estel  origo  eorumquos  plaulaverat,  aut  Apollo  radix 
(  est  eorum  quos  rigaveral   :  ac  non  ille   qui  eis  in 

<  credendo  lidem  dcderal?  Cîim  idem  dical  :  Ego 
4  planlavi,  Apollo  mjavit,  sed  Deus  incrementuni  de- 
i  dit  ;  itaque  neque  qui  plantai  est  aliquid ,  neque  qui 
4  rigat,  sed  (jui  incrementuni  dat  Deus  ;  nec  radix  eo- 
«  rum  crat  ipse,  sed  poliùs  ille  qui  ait,  Joan.  15,  5  : 
«  Ego  sum  vilis,  vos  estis  sarmenta;  caput  eliam  eorum 

<  quomodù  esse  poterat,  cùm  dicat  nos  multos  unum 

<  esse  corpus  in  Chrislo,  ipsumqiie  Cliristuni  capul 
I  esse  iiniversi  corporis  pluribus   locis  aperlissimè 

4  pnïdicel? Origo  niea  Christus  est,  radix  ifsea 

«  Cbrislus  est,  caput  nicum  Cbrisius  est me  in- 

4  nocentem  non  facit,  iiisi  qui  mortuus  est  propter 
I  dolicla  nostra,  et  resurrexit  propter  justificalioncm 
4  nostram  :  non  enim  in  niinistnnii  per  quem  bapti- 
4  zor,  credo  :  sed  in  eum  qui  juslificat  impium,  ut 
4  deputeiur  mibi  (ides  adjustitiam.  i 

Jain  sic  argumenter  :  Idcô  ,  judice  S.  Augustino, 
Baplisnialis  aliorumquc  Sacramenlorum  eificacia  a 
fide  el  sanclilale  mliystrorum  pendore  nou  polest, 
quia  alioquin  scmper  essel  incerta  hominis  sains  ; 
quia  si  lia  res  csseï ,  deberel  homo  spem  suam 
m  homine  ponerc;  qnia  deniquc  solus  Christus  est 
qui  juslilicat;  alipii  pariler  si  ex  interna  baplizanlis 
iritenlione  virlus  Sacramenlorum  pondorel,  senipi'r 
foret  incerta  hominis  saius  ;  non  in  Chrisio  solo,  sed 
eliam  in  minislro  origo  el  radix  sincliUilis  esscl 
agnoscenda  ;  atque  adeô  dcbercmus  spem  noslram 
aliqu  ilenilis  in  homine  ponore  :  nam  quomodù  cer- 
lum  milii  esse  pnlcst,  quod  inlùs  in  corde  allcrius  la- 
tel?  aut  quomodô  non  est  mibi  ille  radix  el  origo 
justiliiï,  cujus  interna  inlcnlio,  si  bona  sil,  dalSacra- 
uienio  fecundiialcm  ,  si  uiala,  prorsùs  évacuai?  Et 


1494 

qnomodo  tandem  non  in  illo  spem  meam  aliquatenùs  • 
co'Uici'.bo,  (pio  Cbrislus  indigtl  adjiilore,  ut  vilam 
mibi  spiritualem  restitiiat  et  gratiam  largiatur?  Vel 
ergo  dicendum,  ba!C  sancti  Augnslini  principia  falsa 
esse;  atque  ita  Donalislis  gralilicabimur ,  Kcdesiae 
causam  prodendo;  vel  falendum,  lam  probare  inter- 
nam  ministri  inlenlionem  non  esse  necessarian» ,  ul 
valeanl  Sacramenla,  qnàin  evincunl  non  esseneccssa- 
riam  lidom  et  sanclitatem. 

il.  Quôd  verô  S.  doctor  quam  propugnamus  sen- 
lenliam  expresse  tenuerit,  facile  assentietur,  qnis- 
quis  in  fonte  legcrit  caput  ejus  55  libri  7  conlra  Dona- 
tislas:  niidla  quidem  hic  permixlim  dubia  congcril 
Augustinusquic  ad  pnesentem  quaislionem  non  pi-r- 
linenl;quod  autem  ad  rem  nostram  facil,  quicrit 
ulriim  simulalio  danlis  vel  accipientis,  vel  ulriusque 
sinml,  delrimenti  aliquid  possil  afferre  Buplismo?  si- 
mulalionem  porrô  altcram  observai  esse  fallentis, 
sicul  in  Ecelesià,  vel  in  eà  quai  pulatur  Ecclcsi;»  ;  al- 
teram  jocanlis,  sicul  in  mimo;  qux'duo  longé  diversa 
sunt  ;  qui  enim  in  Ecelesià,  vel  in  eâ  quae  pulatur 
Ecclesia  failli,  serio  ritum  omnem  vel  exercct  ipse, 
vel  in  se  fieri  palilur,  alioquin  enim  non  fallerct; 
quod  de  mimo  jocanle  dici  non  polest  :  non  una  san- 
cti docioris  ad  ulramque  quaesiionem  respon-.io  est  ; 
nam  de  mimo  quidem,  utrum  approbandum  taie  Ba- 
plisma  sit,  dubius  ha;rel;  de  lis  verô  qui  ideô  simu- 
lant, quia  dùm  ritum  sacrum  serio  foris  obser- 
vâiit,  fallunl  Ecclesiam,  inlùs  gerendo  malam  con- 
Irariam  voluniatcm,  incunctanier  valere  pronuniial; 
sed  audiamus  ipsum  loquentem. 

4  Solel  eliam  qu;eri,  inquil,...  utrùm  nihil  inlersil, 
4  quo  animo  ac(  ipiat  ille  cui  datur,  cum  simulatione, 
4  an  sine  simulatione  :  Si  cum  simulatione,  utrùm 
4  fallens,  sicul  in  Ecelesià,  vel  ineâ  quse  putaïur  Ec- 
4  clesia,  an  jocans  sicut  in  mimo,  etquid  sit  scelera- 
4  tins,  in  Ecelesià  fallaciler  accipere,  an  in  htoresi 
4  vel  scbismale  sinefallacià,  id  est,  animo  non  simu- 
4  lato,  el  utrùm  in  îueresi  f;illaciter,  an  in  mimo  cum 
j  (ide,  si  quisquam  inler  agendum  repentinà  piclate 
4  moveatur;  quanquam  taleni,  si  etiam  illi  confera- 
4  mus  qui  in  ipsà  catbolicà  fallaciler  accipit.  mirum 
«  si  dubitatiir,  (piis  cui  praiferendiis  sil;  qiiid  enim 
c  prosil  animus  voraciler  danlis  fallac  iter  accipienli 
«  non  video;  sed  arbilrenmr  etiam  aliquem  fallaciter 
«  daniem,  cum  et  iradens  et  accipiens  fallaciler  agant 
♦  in  ipsà  unilale  catbolirà,  utrùm  hoc  niagis  Baptisma 
»  silacceplandiini,  an  illuil(iuod  in  mimodalur,  ^i  quis 
I  oxislcl  qui  lidcliliM",  snbilô  cinnmotus,  accipiat  ;  an  , 

<  (|uanlùm  ad  ipsoi  piidein  altinethnmines,  phirimùm 
c  dislctinlcrcredcnlemin  mimo.el  irridenlem  in  Ec- 

I  «  cit'sià;  adipsiiisaulemSacramenti  integriiatem  nihil 
«  iiiliMsit  :  Si  enim  nihil  intercsi  ad  inlegiilatein  Sa  ri- 

<  menti  in  ip-à  otbolicà,  ulniin  id  ali-iui  failni^iter  an 
I  veracitor  ;igant,  cùm  lanien  hoc  idem  utiiipic  agnnl  <-iir 
4  extra  inlersil,  non  video,  quando  ille  qui  a'-cipit, 
«  non  simulatione  pallialus,  sod  Rcligione  mufalnsest: 
«  ail  plus  val  îai!  al  coifirmiii  1 1  u  S  arramentum  illi 
4  veraces  inler   quos  a'^ilur,  quàm  ad   Irustraiidura 

4  illi  fallaccs  à  quibus  aciliir,  et   in  auibus  agiturî 


4495 


DE  UE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1496 


<  Et  tanien  si  postea  prodaliir,  nciiio  vopolit,  sod 
c  aut  cxcoiDiminicaiido  puriilur  ill:i  siimilalio,  aut 
«  pœnitcndo  saiialiir....  pru'lerilis  inajonim  slaliilis, 
«  nondubitoeliam  illos  Iiabere  Baplisimuii,  qui  quam- 
I  vis  l'aliaciler  id  accipiant,  in  Ecclesiâ  laiiicu  acci- 
t  piunt,  vcl  iibi  piilaïur  esse  Ecclesiâ  ab  eis,  in  quo- 
€  ruui  soclelale  id  acripilur,  de  quibus  dicUim  esl 
f  1  Joan.  "2,  19:  Ex  nobis  exiaunt.  »  lliiic  sic  eflor- 
malur  argumenluni  : 

Minislri  fallacis  nomine  eum  inlelligit  S.  Aiigu-  : 
sliniis,  qui  habel  aninium  siuuilaluui ,  (jui  nimirùm 
licèt  Sacranieulum  seriô  exleriùs  conférai,  suam  la- 
nien  iniùs.coliibct  inientionem,  et  hàc  ipsum  ridcl 
quod  lacit  ;  alqui  Sacraraentum,  sic  consecralum,  in- 
legruni  validunique  pronuntiat;  eoquevelut  principio 
iiiiitur  ad  iiilerenduni  probari  posse  Baplisma  mi- 
niicè  daluni,  prx'scrlim  si  quis  existât  qui  fideliler, 
repenlinâ  inter  ageudiim  pielale  couiniotus,  acci- 
piat  ;  siat  ergo  pro  nostrà  senlentià  S.  Augusliuus. 
Advcrsariorum  effugia  prœcludunlur. 
Mirum  quaniùm  hoc  argumenlum  lorqucat  adver- 
sarios  :  pr.ccipuas  quas,  dùm  in  onine  latus  se  ver- 
lunl,  afferre  soient  responsioncs,  juval  exponere. 

1°  Aiunt  aliqui  non  posse  firmum  bine  erui  argu- 
menlum, quia  loto  boc  capile  dubilanler  loquilur  S. 
doctor,  nec  quidquaui  resolvit  :  unde  tolani  orationeui 
hocconcludit  epilogo:  Nobis  tutum  esl,  in  ea  non  pro- 
gredi  aliquâ  temeritate  sententiœ,  ({uœ  nulle  in  catholico 
regionali  concitio  cœpla,  nullo  plenario  termitiata  sunl  ; 
id  aulem  fiduciù  securœ  vocis  asserere,  quod  in  guber- 
nalione  Dowini  Del  noslri  et  Sidvatoris  Jesu  Christi, 
universalis  Ecclesiœ  consensione  roboratum  est. 

Alqui  ha!C  ab  Augustiui  meule  alieuissima  inlcr- 
prelalio  est  :  equidem  duo  ibidem  casus  sunl,  qui 
sanclum  doctorem  ancipilem  delinent.  Primus  est  an 
integcr  sit  Baplismus  illius  qui  inilio  jocans,  repen- 
linâ pielale  in  ipsâ  susceplione  mulalur?  Qnauquàm 
cnim  ad  asstrendam  hujus  Sacramenli  inlcgrilalem 
propendeat,  tamen  à  ferendà  sententià  abstinendum 
ceuscl,  donec  sit  \\x.c  (juseslio  auclorilale  plenarii 
concilii  lerminata  ;  bùcque  perlineut  ejus  verba;  No- 
bis tutum  est,  in  ea  non  progredi,  etc.  Secundus  est 
utrùm  approbandusesselBapiisuius  in  quoloUim  mi-  ] 
micè  el  joculariter  ageretur?  Ad  cujus  solulionem  di- 
\inum  judicium  dicit  implorandum  :  «  Lbi  autem,  in- 
<  qiiil  ibidem,  neque  societas  ulla  esset  ita  credenlium, 
i  neque  aie  quiibi  acciperet,  itacrcdcret,  sed  totum  ludi- 
f  crè  et  mimicè  et  joculariter  ageretur,  utriim  approban- 
f  dus  esset  Baptismus  qui  sic  daretnr,  divinum  judi- 
i  ciumper  alicnjus  revelationis  oraculuni,  concordiora- 
«  tione,  et  iinpensis  supplici  dcvolione  gemilibus  implo- 
€  randum  esse  censerem.  » 

Quod  verô  spécial  ad  ministrum  fallaciter  daniem, 
quôd  de  hujus  Sacramenli  iniegritate  non  dubilet, 
mediocriler  allendenli  luce  meridianâ  clarius  fit. 
111e  cnim  non  duijilando  inquirit  an  valeat  Sacrninca- 
lum  fallaciter  dalum,  qui  affirmât  è  contra  se  de  hu- 
jus valore  non  dubilare  ;  aUpù  ila  S.  Augusliuus  se 


statutis  non  ditbilo  eliam  illos  liaùereBaplismum,  qui 
(/uainvis  fallacitL'r  accipiant,  in  Ecclesiâ  tamen  accipinnt, 
vcl  ubi  putaiur  esse  Ecclesiâ.  Deiiulc  de  Sacniniciili 
fallacùler  dali  vcrilale   non  dubilal,  qui  asseril,  simu- 
ialione  deleclà,  Baplismum  non  repeli,  sedvel  excom- 
municando  puiiiri  fraudem,  vel   pœnitendo  sanari  : 
alqui  ila    S.  Augustinus  :   Si  postea  prodalur,  inquil, 
)icmo  repetit  :  sed  aut  excommnnicando  punilur  illa  si- 
mulatio,  aut  pœnitcndo   sanutur.   Pr.elerea  quamdiù 
aliquid  dubium  apparet,  principii  loco  poni  non  polcst 
ad  aliud  quidpiaiu  inl'erendum;  alqui  S.  Auguslinus 
ut  iiisinuet  acceplari  posse  Baplismum  mimicè  datum, 
velul  i)riucipium  cerliun  ponil  valere  Baplismum  l'alia- 
ciler dalum  :  Si  enim,  inquil,  ?i)7i(7  interesl  ad  intcgrita- 
tem  Sacramenti  in  ipsà  catliolicà,  ulriimid  aliqui  fallaci- 
ter an  veraciter  agant,  ciim  tamen  hoc  idem  utriqueaganl  ; 
cur  extra  intersit  non  video,  quando  ille  quiaccipit,  non  si- 
mulalionc  pallia(us,sed  Religione  mutalus  est;  ergo,  elc. 
2°  Rcspondent  alii  S.  Auguslinum  fallacium  no- 
mine non  eos  intelligere,  qui  dùm  exleriùs  Sacra- 
nienla  seriô  célébrant,  comprimunt  intùs  intenlionem, 
sed  eos  qui  cum  alTectu  peccali  Sacramcnta  vel  susci- 
piunl,  vel  miuislrant,  quos  hodièque  scliola  ficlos  ap- 
pellat,  non  Sacramenli  (iclione,  quod  verc  datur,  sed 
ficlione  disposilionum,  sine  quibus  frucluosè  non  datur. 
Neque  felicior  h;cc  interprelalio  est  :  hic  enim  S.  do- 
ctor fallacesde  quibus  agit,  opponit  veracibiis;  ulros- 
que  ergo  sensu  contrario  accipiat  necesse  e»l;  alqui 
veraces  non  eos  intclligit,  qui  ab  omni  afloctu  pec- 
cali iinmunes  sunt;  quicrit  enim  ibidem,  quidsit  sce- 
leratius,  in  Ecclesiâ  fallaciter  accipcre,  an  in  liœresi  vel 
scliismatc  sine  fallaciâ,  id  est,  aiiimo  non   siniulato. 
Suppouil  ilaque  posse  Baplisnuun  in  bx'resi  vel  schi- 
smate  veraciler  et  sine  fallaciâ  dari;  alqui  impossibile 
est,  in  hfcresi  aut  schismale  sine  peccali  morlalis 
aficclu  ministrari  aut  recipi,  quia  hiieresis  scliismalisve 
professio,  non    polest  non  c^se  magnum  poccatum  ; 
pariler  ergo  fallaces  non  eos  inlelligil,  qui  cum  alTcclu 
peccali  ad  Sacramenla  accedunl. 

3"  Non  defucre  qui  dixerini,  fallaciter  daniis  vel 
recipienlis  nomine,  Auguslinum  eum  intelligere,  qui 
dat  vel  recipit  Sacramenlum  sine  (ide  aliqnà  de  ejus 
vcrilale  quam  lamen  exleriùs  simulât.  Absurda  plané 
et  gratis  couficta  responsio!  quis  enim  sanae  mentis 
existimct  lam  parùm  suî  esse  memorem  Augusliimm, 
ut  in  fine  prolixi  sanè  operis  contra  Donalislas,  hoc 
ipsum  verlal  in  quacslionem,  quod  tolo  passim  oitero, 
laïKpiàm  priucipium  cerlissimum  posuil,  omnicpie 
génère  argumeutorum  adslruxit  ;  alqui  totus  est  S. 
doctor  in  bis  seplem  libris  contra  Donalislas,  hùcqi;e 
omnis  dispulatio  ejus  collineal,  ut  adslrual  inlidolilale 
quanlàlibei  irrita  non  fieri  Sacramenla;  ergo,  clc. 
Sed  eliamsi  aliqualenùs  tolerabilis  hicc  interprelalio 
foret,  argumenli  vim  augeret  magis  quàm  minueret  ; 
valet  enim  ad  menlem  S.  doctoris,  ipsis  consenlion- 
libus  adversariis,  Sarrameiilum  ab  eo  dalum  qui  nul- 
lam  de  ejus  vcrilale  hdem  iiabcl;  altpii  niinister  liu- 
jusmodi,  dùm  cxlcrnum  Sacramenli  rilum  seriô  pera- 


ciirâ  voce  pronuntiat  :  Prœterilis,  inquil ,  majorum  i'  git,  non  potesi  rilum  ui  sacrum  inlcuderc,  quem  ve- 


U91 


QIL'EST.  \II.  DE  MINISTRIS  SACRAMENTORtM. 


\m 


lut  sacrilegum  excoratiir  :  qnoil  qnoniam  sirpiùs  ob- 
senaviimis,  iterùm  dcnionstrari  supervacaneuni  fiie- 
rit  :  ergo,  eic. 

i"  Alii  niullô  audaciorcs,  ciim  non  possinl  nodiini 
gordiuin  solverc,  gladio  sécant  :  fatenlur  qiiippc  p!a- 
nam  esse  ,  et  quœ  nullA  cgeal  explicaiione,  Anguslini 
sententiani  ;  in  lioctamen  cnâsse  volnnl,  adcôcpic  non 
seqnenduin,  qnôd  Lulliori  et  Calvini  liuM-csini  pra'for- 
iiiando,  dalnni  su.scepUnnqnc  sine  nllà  prorsi'is  linn 
inleinà  liuii  exlernà  inlentione  Baptismnni  validnni 
afiiiinavorit  :  hoc enim  ipsuni  intellexissc aiunt  noniine 
IJaplisnii  cuni  fallaciù  dali  vel  accepti. 

llx'c  verù  non  lamresponsio,  qnàni  insignis  caliim- 
nia  est.phna  insciliiO  et  temeiitalis  :  non  enim  Au- 
gnsiinuni  solnm  ,  sed  et  tolam  relrù  Iraditionem  accu- 
santijui  sic  lixiunntnr  :  iPrœterilis,  inqnit  \\\c,7uajoruin 
stalulis,  non  dnbito  etiam  illos  liabere  Baptisnium ,  qui 
quamvis  j'allacitcr  id  accipiant ,  in  Ecclesià  tanien  acci- 
piunt ,  vcl  ubi  puUitur  esse  Ecclesia.  >  Et  paulù  supra  : 
€  A}i  plus  vtilent  ad  confirmandum  Sacramentum  illi 
veraces  inler  quos  agitur,  quàm  ad  [rustranduni  illi  fal- 
laces  in  quibus  agilur ,  et  à  quibus  acjilur?  et  lamen  si 
poslea  prodatur ,  nemo  repetit,  sed  aut  excotnmunican- 
do  pnnilur  illa  simulatio,  aut  pœnitendo  sanalur.  t 
Cùm  igilui'  statulis  majornm  Angustinus  ita  definien- 
do  obtemperet ,  si  omnem,nt  «niuli  ejns  obtrecta- 
lores  obganniiint,  à  Sacramenlis  exchiserit  intf>ntio- 
nis  îiecessilalem,  dicenduni  erit,  vel  universam 
priscà  aîtale  errasse  Ecclesiani ,  qu;ie  sine  nlià,  etiam 
exteriori  inlentione  bapiizatos  rebaptizandos  non  dii- 
xerit  :  vel  errasse  Tridentinns  Patres,  quandô,  pro- 
culcalà  auclorilate  niajornni ,  aliqnam  necessariam 
esse  inlenlionem  ,  contra  Lutliouni  et  Calvinum  de- 
linicrunt ;  sicque  Ecclesice  inlallibililas  nnlla  erit; 
sive  enim  primis  ipsis  tenipnribus,  sive  secuio  deci- 
mo  sexto  errasse  in  fide  doprcbendalnr,  perinde 
est  ad  probandum  quôd  inde!icienli;e  titnlo  inimcrilô 
glorietur. 

Aitsit  verô  à  nobis  ut  Ecclesitc  et  Augustin!  ipsins 
causam  tantâ  facilitate  parique  temeriiate  prodanuis: 
pra:serlim  cùm  vel  ipsa  Augustiniani  lexlrts  leclioob- 
jeclam  caluniniam  apertissimè  diluai;  duo  enim  dis- 
tingiiil    S.    Doclor    simulanliiim   hominum  gênera ,  i 
aliorum  qiiidem  fallenlium  ,   sicut  in  Ecclesia ,  vel  in  I 
eà  quœ  pulatur  Ecclesia,  aliorum  jocanlium,  sicut  iu  I 
minto;  quic  duo  pr;rnionninins  longé  diversa  :  Fat- 
lens  enim  in  Ecclesia,    in((uit  eminenlissinius   car- j 
dinalis  Norisins  in  Vindiciis  Augustin.,  c.  i,  §  7,  serib  \ 
intendit  verè  facere  {quod  spcctat   cxternam  actionem)  I 
quod  facit  Ecclesia,  ni  et  ipsc  censeatnr  esse  CImstiwms; 
at  jocans  in  minwvutl  lanliun  repœsentare  per  luduni,  < 
quod  facit   Ecclesia  ;  quod  non   est  velle  serib  facere  j 
quod  facit  Ecclesia  ,  sed  pcr  ludum  velle  irridcre ,  quod 
facil  Ecclesia. 

De  postreniis  quidem  dubius  bacrct  ei  inccrlussen- 
tentia;  Augusiinus  :  nec  lamen,    nt  supcriùs  diclum 


dogina  ai)  Ecclesia  dermiluni  pra-fraclè  negarc  ,  quod 

audent  hx-relici  ;  aliiid,  collcgaruin  liumililer  expe- 

clare  jiidiciinn,  qu(Hi  dose  doclor  mndcslissiinus  pro- 

lileliu-,  aliud   Patres,  in  synodo   (s'cinnenicà  divini 

auclorilate  loculos,  audire  n(dle,  qu;e  est  Lulbcra- 

norum  consummala  prolervia.  De  primis  verô  ,  iis  sci- 

liccl  qui  fallcnifs  in  Ecclesia,  vel  ubi  esse   pnlalur, 

(Ihrisliani  liai)cri    voltuil,    adeôque   serio   inicndnnt 

,  exieriùs  facere  q'iid(|uid  ipsa  facit,  slalutis  majoium 

I  et  cxemplis  insislcns,  securfi  voce   pronuntiat  Hapti- 

I  smum  sic  dnlum  et  acceplnm  valcre  :  quod  quanlùm 

I  différât    ab  inipio   Lutlierannrum   et   Calvinislarum 

conmienlo,  quantnni(|no  scnlenlire  noslra;  conveiiial, 

ex  diclis  perspicuuni  est;  qiiid  itaque  superesl ,  nisi 

ut  malevolis  pareniis  sanclissimi  calumniaioribus  mc- 

lioreni  mentem  saniusque  judiciuin  adprccemur? 

PnoB.vTio  VI ,  ex  auctoritalc  saucli  TItomœ. 

S.  Augustini  vcsiigia  praiceptor  angelicus  tum  alibi, 

lum  in  qua'Slione  pncsenti  diligentissimè  consectalur  : 

inler  caetera  magno  occurrentia  numéro  teslimonia , 

unum  inprimis  eligo  ,  quod  evidcnlissimnm  et  convin- 

cenlissinuun  est. 

S.  doclor,  3  pari.,  qurcst.  G4,  art.  8,  cui  lilulusest, 
utriim  intentio  ministri  requiralur  ad  perfcclionem  Sa- 
cramenli,  istud  sibi  secundo  loco  objicitargumenlum: 
«  Nonpotesthomiuiessenotainlentiortllerius;si  igilur 
«  intentio  ministri,  requiralur  ad  perfectioneni  Sacra- 
«  menti ,  non  pnssci  houiini  ad  salutem  accedenli  esse 
t  nolum  quôd  Sacramentum  suscepisset  ;  et  ila  non 
(t  possel  habere  cerlitudinem  salutis  ,  prœcipuè  cùm 
*  quredam  Sacramenla  sint  de  necessilate  salutis.  > 
Argumenlum  ila  sohit  :  «  Dicendum  ,  inqnit  ,  quôd 
i  circa   hoc  est  du]>lex  opinio  :  quidam  enim  dicuiit 

<  quôd  requiralur  mentalis  inlcnlio  in-minislro,  quai 
«  si  desit  non  perficitur  Sacramentum;  sed  hune  dc- 
<t  fectuni ,  inquiunl ,  in  pueris  qui  non  habenl  inlen- 
i  tionom  accedendi  ad  Sacramentum,  supplet  Cliri- 
«  slus  qui  inlcriùs  baptizal;  in  adullis  autem  qui 
(t  inlendunt  Sacramentum  suscipere,  supplet  illuni 
i  defectum  fides  et  devolio;  sed  hoc  salis  possel  dici 
«  quantum  ad  ultimtmi  effeclum,  qui  est  juslificalio  à 
i  poccalis;  sed  quantum  ad  elTeclum  qui  est  ros  et 
«  Sncramenlum  ,  scilicot  quaulùn»  ad  characterem  , 

<  non  videtur  quôd  per  devotiouem  accedenlis  possit 
i  suppleri ,  quia  character  nunquàm  imprimilur  nisi 
f  per  Sacramenlum  ;  idcô  alii  meliùs  dicunt ,  quôd 
i  minisler  Sacrameuti  agit  in  persouà  toiius  Ecclesi.t 
f  cujus  est  minisler  :  in  verbis  autcm  quv  profcrt  ex- 
t  priniilur  inlenlio  Ecdesi;!^ ,  qua!  siifficil  ad  per- 
f  fcclionem  Sacamenli ,  nisi  contrarium  exieriùs 
I  exprimalur  ex  parle  niinislri  vel  rccipienlis  Sa- 
«  cramentuiii.  »  Iliuc  sic  eflloroscil  argumenttmi. 

Qui  refcllil  opiiiionem  volcnlium  in  miuislro,  ut 
Sacramenlum  valeal,  reipiiri  mcnlalem  inlenlionem, 
censet  profcclô  sufficere  seriô  exieriùs  agendi  propo- 
silimi  ;  atqui  S.  Thomas  eornm  opii;ionem  réfutât  qui 


est,  secl.  i,  §  5,  objecl.  8,  fluctualione  hàc  juvatcau-  I  diciuil  requiri  mentaleni  inlenlionem;  ergo,  etc. 
sam  ha;relicorum  :  quia  aliud  est,  prudenler  de  re  j  Peinde,qui  dicit  limi  perfici  Sacramenlmn  ,  quando 
jKjndùm  salis  cognilà  dubilare,  quod  ille  facit,  aliud  à  minisler  in  verltis  oua;  proferl  exieriùs,  cxurimil  in- 


1499  DE  RL:  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE  1500 

IciiLionciii   Ecclesifc,    ciijus   nomiiic    el   âuclov\lAlo  ^  butio  secimis  erit ,  si  conscienliu  dantis  attenditur,  quœ 


a'Ml,  oimiein  ilubio  procul  cxcludil  iiilcnue  inlciilio- 
nis  nccessitatem  ;  alqui  ita  S.  Tlioiuas  pronuntiat  ; 
crgo,  etc. 

Sancd  Tliomœ  auctoritas  ab  adversariornm  cavUlatio- 
nibus  vindicalur. 


Quotl  etsi    praeclarissimum   sit,   omriique    niajus  j 
excepiioiie  Icslimoiiium,  in  alienos  Uiinen  sensus  ab 
lis  inllecli  solcl,  qui  malunt  aperlè  doclori   Ange- 
lico  conlratiicere,  qiiàmexiiere  pneconccplani  opinio- 
nem. 

I.  Aiuiil  aliqui  eo  loci  S.  doctorem  hoc  unum  velle , 
cxlernam  scilicet  intentioncm  iiiinistri  sufiiccre  ad  in- 
tegritalem  Sacramenli,  non  quideni  in  se  sumpti,  sed 
comparalè  ad  securilatem  recipieiuiuin  ;  quasi  nimirùni 
verborum  ejus  hic  ténor  el  sensus  sit  :  Et  ideb  alii  me- 
likii  dicunt  qubd  minister  Sacramenli  agit  in  personà 
totius  Ecdesiœ,  ctijns  est  minister;  in  verbis  aulem  quœ 
profert,  exprimitur  intentio  Ecdesiœ ,  quœ  sufficit ,  nisi 
contrarium  exleriits  cxprimatitr,  non  quidem  iil  ipsum 
in  se  Sucramentum  sit  ex  snbstanlià  intcgnim,  sed  ut 
sit  aliquis  de  Sacramenli  susceplione  securus. 

Verùni  responsio  hsec  niultis  niodis  vini  facit  an- 
gelico  textui. 

1°  Pugnat  cum  ipso  arliculi  litulo:  non  enini  hic 
quuîntur  ulrùin  et  quse  intentio  satis  sit  ad  dandam 
suscipienti  securitatem ,  sed  utriim  ministri  intentio  re- 
quiratur  ad  Sacramenli  perfectionem. 

2"  Pugnal  cum  corpore  articuli ,  ubi  conceptis  ver- 
bis  affirmât  ea  quae  in  Sacramentis  aguntur,  determi- 
nari  ad  unum,  id  est,  ad  Sacramenlalem  effectiini,  per 
intenlioneni  ministri  :  e(  hœc  intentio,  in(\uh,  expri- 
mitur per  verba  quœ  in  Sacramentis  dicuntur  ;  non  ail 
intentionem  rei ,  ut  sacrœ  faciendai,  intùs  lalcntem 
esse  debere  ,  sed  ait  intentionem  sufficcre,  quse  per 
verba  exteriùs  exprimatur. 

3"  Pnguat  cum  liàc  ipsà  ad  secunduni  responsione; 
hic  enim  agit  S.  Thomas  de  perfeciione  Sacramenti , 
quai  ad  justificalionem  à  peccalis  et  ciiaracleris  im- 
pressionem  sullicial;  alqui  si  Saoramcnlum  sit  muti- 
hun ,  quantaiibet  suscipientis  sccuritas  ad  hos  ef- 
fectus ,  prseserlim  verô  ad  characteris  impressionem, 
nunqnàm  pirtinget  :  deinde  quando  ibidem  quosdam 
réfutât  quivolebanl  ad  Sacramcnti  perfectionem  men- 
talem  intentionem  requiri ,  ipsum  in  se  Sacramentum 
ex  eorum  mente  intelligit;  pariter  ergo  quando  alio-  \ 
rum  refcrt  et  probat  doclriiiam  ,  voU;nlium  cxlernam 
i  leiitionem  suflicere,  loquiuir  de  Sacramento  in  se 
et  qu;>.nlîim  ad  subslanliam  sumplo. 

4-°  Pugnat  cum  sancli  Thom;e  proposito  :  scopus 
enim  ejus  est,  malam  quorumdam  aiixietatem  depel- 
lere  ,  qui  obtendebant  fore  semper  hominem  de  Sa- 
cramenti  susceptione'incerlnm,  si  ministri  requirere- 
lur  intentio;  alqui  si  externa  ad  ejus  veritatem  non 
sufficit ,  vim  omnera  suam  relinet  argumenUnn ,  an- 
xius  enim  manebit  homo  cl  dubius  utrùm  divino  be- 
neticio  sit  donatus  :  Nam  quomodo,  ut  Augustini  verbis 
ulnnuir  ,  lib.  1,  conl.  litl.  Pctil.,  cap.  3,  de  ipso  tanto 


lalel  oculos  acccpturi? 

5"  Pugnat  cum  gcncrali  sancli  docloris  principio, 
quo  nililur  adprobanduni  ideô  in  ministris  sanclila- 
tcm ,  ut  Sacramenta  valeant ,  non  loquiii ,  quia  quœ 
sunt  de  substantià  Sacramenli  oportet  esse  cerla,  id  est , 
jj  in  conspectu  iiominum  posila ,  ut  suî  certitudinem, 
sallem  moralem,  ingenerent  :  Cwm  bonitas  ministri, 
inquit  in  4  Sent.,  disl.  5,  (pi«st.  2,  quaestiuncuh»  l  , 
non  sit  de  substantià  Sacrainenti ,  quia  non  omnin'o 
cerla  est ,  sed  quandoque  Ignuratu  ,  ca  autem  quœ  simt 
de  substantià  Sacramenli  oportet  esse  cerla  ,  palet  qubd, 
subslractà  bonitate  ministri,  adliuc  est  Sacramentum, 
dummodb ,  alia  quœ  sunt  de  substantià  observenlur  ; 
porrô  non  magis  de  interna  ministrorum  inlenlione 
quàm  de  Ifonilale  conslare  polesl;  imô  si  quis  de  bo- 
nitate ambigat,  pari  ratione  ad  dubilandum  de  interna 
inlenlione  movetur. 

6°  Quid  pluribus  opus  est,  cùm  sensum  ipse  suum 
S.  doclor  alibi  discrtis  verbis  aperiat?  (malumus  enim 
ilium  suî  ipsius  inlerprelem,  quàm  récentes  adullcra- 
toresaudire)  :  In  Bapùsmo,  inquit  in  4  Sent., disl.  5, 
quxst.  2,  art.  2,  quaesliunculà  1  ad  2,  et  in  aliis  Sacra- 
mentis ,  quœ  habent  in  forma  actum  exercilum ,  non 
requirilur  menlalis  intentio ,  sed  sufficit  expressio  inten- 
tionis,  per  verba  ab  Ecclesiâ  inslitula  ;  et  ideb  si  forma 
servatur,  nec  exteriùs  aliquid  dicilur,  quod  intentionem 
contrariam  exprimat  (calechumenus)  baptizatus  est. 
Hinc  sic  enascilur  argumentum  : 

lile  existimat  intentionem  exleiiorem  ad  integrita- 
tem  Sacramenli  in  se  snmpli  suflicere,  qui  aHirmat 
Bapiisnunn  verè  confici  persolam  ritùs  sacramenlalis 
applicationem,  modo  nihil  dicatur  exteriùs,  quod  in- 
tentionem contrariam  exprimai;  alqui  hœc  est  apcrta 
sancli  docloris  senlentia  ;  ergo  vini  faciunl  verbis 
ejus,  qui  ea  ad  securitalem  suscipienlis  intorquenl, 
nec  volunt  de  ipso  Sacramento  debere  inlelligi. 

II.  Respondent  aUi  S.  Thomam ,  quando  docet 
menlalem  intcnlionem  non  requiri  ad  Sacramenli 
perfectionem,  esse  intelligendum  de  inlenlione  aclnali 
et  explicita,  non  de  implicilà  el  virtiiali. 

Atqui  hx'C,  non  lam  responsio,  quàm  injuria  est 
diligenlissimo  doclori  illala  ;  nemo  enim ,  qui  vel  solo 
nomine  noverit  S.  Thomam ,  tanlœ  eum  oscilantiaî 
acciisabit,  ul  dicat  unum  idenique  argumentum  ab  co 
in  uno  arlicnlo  semel  el  ilerùm  exouli  ;  al(|ni  diflicnl- 
tatem  de  explicilà  et  actuali  inlenlione  projionit  in 
eodem  articulo  S.  doclor;  sic  enim  habet  ad  5  :  In- 
tentio liominis  non  polesl  esse  ad  id  circa  quod  non 
est  altenlus  ;  sed  aliqunndo  illi  qui  in  Sacramentis  mi- 
nistrant ,  non  altendunt  ad  ea  quœ  dicunt  aut  faciuiit , 
alia  cogitantes;  ergo,  etc.  Quod  quidem  argumeiitinn 
sic  rrsolvit  ;  Ad  3,  inquit,  dicendum  quod  licèt  ille  qui 
aiiud  cogitât,  non  linbeat  intentionem  aclualem,  habet 
tamen  habitualem  (virlualeni)  quœ  sufficit  ad  perfectio- 
nem Sacramenli  ;  quando  igilur  in  responsione  ad  2 
dicit  menlalem  inlenlionom  non  requiri,  de  inlenlione 
lum  explicatà,  Inm  implicilà  est  inlcUigendus.  Deinde, 
intentio  viriualis  el  implicilà  est  intentio  menlalis  ; 


ISOI  QUiEST.  VII.  DE  MINISTRIS  SACRAMENTORUM. 

alqui  S.  Tliomas  expresse  afiirmat  non  reqiiiri  ad 
inlegritateni  Satranionli  nicnlaleni  ialciilionein  ;  ergo 
non  lain  iniplitilani  et  virlualcni ,  (iiiàin  explicilani  et 
acliialoni  excliidit.  l'ostreniô,  ilmn  ila  lospoudct,  scru- 
puluni  diluit  deacccpli  Sacramcnli  verilalc  cxoitum; 
atqui  si  interior,  cliaui  iniplicila  et  viriualis  requiri- 
tur  ÎHtcnlio ,  scrupuliim  non  dopellit  :  Imn  quia  in- 
tenlio  lutc  Sacranionla  snscipienliijus  penilîis  esl 
incogi.ila  ;  Unn  qnia  niinisler  mcnlc  polcsl  eonliariani 
gcroie,  cl  tbilè  gcrit  ;  ergo,  etc. 

PuoBATio  \ii,  ex  definitione  coiicilii  Tridciilhit. 
Aporlè  eidoni  senlenli;e  suflV.igalurcoiioilii  Triden- 
liiii  anclurilas,  qnani  suas  in  parles  iralicrc  conaln 
irrilo  advcrsarii  nmliunlur;  dainnala  ibi  est  prava 
Lulhcri  de  necessarià  in  niinislris  inlenlione  doclri- 
na  :  Si  sacerdos,  in(iuiebal  ille,  non  serib,  sed  joco  ab- 
solveret,  si  lumen  credat  pœnilcns  se  esse  ubsolutum , 
verissimè  est  absolutus  :  in  conlrarium  à  PalriJjus  sic 
slatuluni ,  sess.  7,  de  Sacr.  in  gêner.,  can.  11  :  Si 
qnis  dixerit  in  ministris,  diim  Sacram.nta  conficiunl  et 
conferunl,  non  requiri  inlentioueni  sullem  facicndi  quod 
fticit  Ecclesia,  analhenia  sit.  Et  sess.  14,  de  Sacr. 
Pœnil,,  c.  6  :  Quainvis  ttutem  absolutio  sacerdolis  alieni 
beneficii  sit  dispensatio ,  tamen  non  est  ntidum  ministe- 
rium ,  vel  annunliandi  Evamjelium ,  vcl  declarandi  ve- 
rnissa esse  peccala  ;  sed  ad  instar  est  actûs  judicialis, 
quo  ab  ipso  ,  velut  à  indice,  sentenliu  pronunlialur  ;  al- 
que  ideb  non  débet pœnitens  adcb  sibi  de suàipsius salute 
blandiri ,  ni  eliamsi  nulla  illi  udsit  contriiio ,  aut  sa-- 
cerdoii  animus  serib  agendi  et  verè  absolvendi  desit , 
putet  tamen  se  propter  suam  solam  fidem ,  verè  et  co- 
ram  Deo  esse  ubsolutum  ;  nec  cnini  fides  sine  pœ7iitentià 
rcmissionem  ullam  peccatorum  prœsluret;  necisesset,  uisi 
suœ  salutis  ncgligcntissimus ,  qui  sacerdotem  jocosè  ab- 
sotvenlem  cogno^ceret,  et  non  alium  serib  agentem  se- 
duio  requireret.  Hinc  sic  disputamus  : 

1°  Ex  Palrii)us  Tridenlinis  suflicil  niinislro  intentio 
faciendi  qnod  facil  Ecclesia;  atqni  qui  vult  ritum 
sacranienlaiein  seiiù  exequi,  liabcl  inlenlionem  fa- 
ciendi quod  lacil  Ecclesia  :  ut  enim  praidiclu~î  est , 
quod  Ecclesia  facil,  est  opus  ipsum  cxlernum,ex 
nialeriai  et  formai  coniposilione ,  et  ad  subjeclnin 
idoncunt  applicalione  consnrgens;  quantùmlibet  ergo 
niinisler  reluclanuin  iutiis  gérai  volunlaleni,  Sacra- 
nientuni  irrituin  faccre  hàc  suà  inipiclale,  ex  concilii 
mente  non  potest. 

2°  Ex  iisdeni  Palribus  absolutio  sacerdolis  instar 
esl  aclùs  judicialis,  (juo  ab  ipso,  vclul'àjudicc,  scntenlia 
pronuntiutur  ;  liabct  ergo  niagnani  cuni  senlenlià  l'o- 
rensi  al'linitateni  ;  atqui  si  judex  sedens  pro  tribunali, 
parlibus  auditis,  sersatisque  public!  juris  formulis, 
Ivoce  gravi,  vului  et  liabilu  senatorio,  seriù  liberèq)ie 
[scntenliani  proférai,  validiini  judiciinn  eril,  eliamsi 
forte  aliud  aninto  niedilaiis  rcinn  malovoià  voluntate 
deireciet  absolvere;  neque  in  posierum  andielur,  si, 
suî  ipsius  accusator  existons,  declarare  pra;sumpse- 
rit,  sibi  inlernuni  absolvendi   proposilinn  defuisse; 

ergo  idem  do  sacerdote  sacrum  niijiisterium  exercente  [  j  in  Epislolas  sancli  Paiili,  parle  3,  disp.  2,  de  externœ 
ex  concilio  ïridenlino  dicendiim  il  inteiilionis  suflicientià  menleni  suam  sic  aperit  :  .4(/- 


1502 

3"  Pravam  minlstri  intentionem  tnnc  solùm  oflicere 
Sacrainenio  ducet  sacia  synodus,  ciiin  pok-si  à  pœni- 
lenle  dipreliendi  ;  alqui  quamdiù  in  pracordiis  .-didita 
lalel,  iiitcrim(|ue  riius  cxtcrnus  serio  et  libéré  pcr- 
agiUir,  depreheiidi  ab  ullo  bomine  neqnil  ;  ergo  ve- 
ritati  Sacramcnli  ex  concilii  doclrinà  non  nocet. 

4"  Mens  Tridc^nlini  concilii  dijiidicaro  dt  bel  ex 
errore  opposite  (piem  profligat;  alqin  Luibi  riHKniun 
cuin  qiiibus  conlontio  erat,  palmaris  liic  error  fuil, 
in  juslilicalionis  negotio  aut  pcnilùs  nidlani,  aut  certè 
tenuissimam  Sacranientoruni  esse  virtutem  ;  quippe 
qu;e  prailer  vim  fidei  excilandie  niliil  babereni,  unde 
infcrclKint  nihil  iuleresse ,  sive  seriù,  sive  miniicè 
conrorreutur,  verèque  absolulmn  iri ,  in  quem  sacer- 
dos jocando  verba  proferret,  modo  se  crederet  pœni- 
tens absolntum  ;  ergo  hoc  unum  fuil  Palribus  Tri- 
denlinis propositum ,  necessilalem  exlerioris  inten- 
lionis  juxla  sanctorum  décréta  (irmare. 

Adversariorum  allucinalio  detegitur,  refutatur. 

Quod  enim  aiunt  adversarii ,  Tridentino  canone 
utriusque,  lum  inlernae,  luni  exlernije,  intentionis 
necossiiatem  aequaliter  constitutam ,  multis  momentis 
elidilur. 

1°  Debent  verba  canonum  pront  sonantetad  rigo- 
rem  intelligi.  eaque  nec  reslringerequisquam  fas  sibi 
pulare  débet,  nec  ampliare;  alqui  intentio  siîie  quâ 
irrila  Sacramenta  pronunlianlur  sola  exlerior  est  ;  id 
quod  persuadct  tuni  clausula,  sullem,  apposila  canoni, 
tum  comparatio  ex  actu  judiciali  pelila ,  tum  corum 
gravis  objurgati(t,  qui  sacerdotem  joco  absolventem 
cognoscerent ,  et  non  alium  seriô  agentem  diligenter 
requirerent  ;  ergo,  etc. 

T  Causa  ijtsa  adtendi  débet  propter  quam  indicta 
Tridenlina  syiiodus  fuerat  ;  porrù  non  ideù  Patres 
conveneranl,  ut  scliolarum  opiniones,  dudùm  à  ma- 
gistris  gravissimis  propugnalas,  exculerent,  sed  ut 
gliscenlcs  boc  lenipore  ba;reses  profligarent;  alqui 
non  requiri  in  niinislris  internam  de  quà  aginius  in- 
tentionem, doclrinà  oral  à  viris  apprimè  calbulicis 
libcrrimè,  ex  quo  scbolastica  nala  fuerat,  ut  slalim 
probabinius,  propugnala  ;  exlernam  verô  minime  esse 
necessariam  ,  hx'resis  erat,  auctore  Lulbero,  et  Cal-  ' 
vinianis  assenlientibus,  contra  (idem  antiquam  inve- 
cla  ;  ergo  eos  solùm  Tridenlina  deHnitio  feriit,  qui 
externae  inlentionis  necessilalem  excludercnt. 

.5"  Quando  de  legisinteliigentiâ  decerlaïur,  jndices 
audire  pra^stat,qui  ejus  ferendiC  et  pra'formandie 
curam  babuorunt,  qiiàm  exlraneos  quosque  ejnsdem, 
pro  sludio  caus;fi  su;e ,  interprètes;  atqui  canonem 
de  quo  controvertilur  debere  de  solà  extcrn.T,  inlen- 
tionis necessilate  inielligi ,  judices  habemus  et  testes 
lorupletissimos  Alfonsnm  Salmeronimn  ,  et  Ambro- 
siuin  Calliarinuo) ,  qui  pra'Sfiiles  Tridenliiio  concilio 
adlucrunt,  quibusque  à  Palribus,  propter  doctriniB 
excellentiam ,  cudendorum  c:inonum  provincia  dele- 
gata  fuerat. 

Salmeroiiius  (luideni,  libro  primo  Coniinenlariorum 


1503  DE  RE  SACRAMENTARIA.  — 

vertendum ,  inquit ,  dnplicem  esse  ititcntioncm  viinistri 
conferentis  Sacrameulnm  ;  altcram  (piidem  publiceim  et 
Ecclesiœ  ipsiur,,  cnjiis  uiiiiistcrio  perfuiigitur,  quicumque 
ille  sil ,  qui  Sacramcntmn  dispensai  :  liœc  aulem  itUenlio 
salis  exprimilur  in  ipsis  Sacramentorum  formis,  ul  : 
Ego  le  baplizo  ;  Ego  te  absolvo  ;  Hoc  est  corpus  nieuni  ; 
inicndit  oiim  Ecclcsia  calliolica  sicut  el  Cliristus  Sacra- 
vientorum  uuclor,  pcr  hnjnsmodi  verba  baptizarc,  absol- 
vere,  el  panem  in  Christi  corpus  converlere  ;  hœc  autem 
intenlio  inseparabilis  est  ab  ipsis  verbis,  si  intégré ,  ul 
debent,  proferantur  ;  et  ide'o  ministri  sollicili  esse  debenl, 
ut  formam  ipsam  inlcgrè  pronu)ilient ,  nec  illani  aliquo 
verbo  cotdrario  vilient ,  (jub  sic  pcrficianl  Sucrnmenluni, 
et  Sacramenli  eff'eclum  digne  accedentibus  conférant; 
altéra  verb  intenlio  privata  est  et  particularis  ipsius  7ni- 
nistri ,  qui  nul  niliil  crédit  eorum  quœ  facil,  aut  occulta 
secreiàque  derisione  facil ,  aut  conlrariam  liubct  inten- 
lionem  non  confirendi  Sacramenta,  aut  eorum  elfecius , 
etiamsi  Sacramentum  in  forma  Ecclesiœ  consuetà  admi- 
nislrel  hœc  inlentio  privata  elsi  necessaria  sit ,  ne  ?«;'- 
nistcr  pcccet,  utque  conformetur  intentioni  Ecclesiœ , 
tamcn  tam  forlis  et  efficax  non  est ,  ut  viliare  Sacramen- 
tum possit. 

Hacieiiùs  Salmeronius  :  quôd  autem  ad  mentem  con- 
cJlii  Tridentiiii,  ciijiis  pars  magna  ipse  fiicrat,  isia 
diclaverit,  ex  seqiieiUibus  est  manifesiuin  :  cùin  enim 
siib  (iiiem  disputationis  ,  canonem  1 1  sossioiiis  7  si- 
biniet  opposuisset ,  dillicultalem  oborl;\iii  sic  diluit  : 
Dicendum ,  inquit ,  quhd  si  intenlio  illa  saltem  faciendi 
quod  facil  Ecclesia ,  débet  esse  pars  Sacramenli ,  non 
débet  esse  illa  cordis  interna,  et  privata  ipsius  ministri, 
sed  publica,  quœ  verbis  ipsis  exprimilur,  ut  :  Ego  te 
baplizo,  etc. 

Neque  minor  Catliarini  awctorilas  est,  de  qtio 
cardinalis  Pallaviciiius  :  Summà ,  iiKiuit ,  Hist.  conc. 
Tiideiit.  ,  bb.  15,  cap.  8,  tir  fuit  cxislimalionc 
per  annos  quos  vixit ,  in  cerlaminibus  cnm  liœrelicis 
funclionibusque  concilii  nemini  suorum  œquatiuni  aut 
coltegarum  plausu  cessit.  Scripsit  illc  pendenlc  syji- 
odo  criiditum  de  nileiilioiiis  cxternae  siifficienliâ 
opiisculuin,  quod  Tiidenli ,  non  iniprobantibus  Patri- 
bus,  publicavit,  anlequàni  scssio  septuiia  baberctur  : 
ubi  prœter  cariera  quœ  urget  argumenta  ,  doctoris 
Angelici  prœsidio  el  aucloritale  nilitur;  nec  lamea 
mulavit  sententiam  ,  dùm  sessionis  7  canones ,  pr^e- 
sente  se  et  adjulorc,  disponerenlur;  quiii  iinô  tracla- 
lum  euindom  quiiilo  post  anno,  scilicet  155:2,  typis 
Romanis  edi  curavit;  quis  porrù  vel  ita  imprudciilcm 
Calbarinum  credideril,  ulnon  adverteret  sibi  cano- 
nem Trideiilinum  esse  conlrarium?  vel  proprùx;  oxi- 
stimalionis  tam  negbgenlem,  ut  laiisinn  tcmerarium 
non  corrigerel?  vel  ila  conlumacem  ,  ul  in  proposilo 
mordiciis  conlra  Ecclesiai  universabs  judicium  pcr- 
manerel?  Sed  elsi  errorem  noilet  humililer  recogno- 
scere,  non  dceranlceriè  qui  cjus  temeritaiem  ad  Ec- 
clesiai tribunal  dererrenl,  ne(iue  inagis  ei  in  hoc 
oapile,  quàm  in  caleris,  qua;  indulgeus  genio  paulo 
liberiùs  efîulieral,  pepercissent  ;  multos  enim  Calha- 
rmus  aimulos,  adversarios  nmllos  cxpcrtus  est  ;  r.lera- 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  VM 

que  cum  Cajelano,  cum  Dominico  Soto,  ipsoque  etiam 
sacri  palatii  magislro ,  et  abis  scliohc  Tiioniisliex' 
profcssoribus  btleraria  cerlamiiia  subiit  :  in  nudlis 
cum  iegimus  accusatum  ;  alqui  in  lanlo  expostulalio- 
num  numéro,  nullam  ei  de  inlenlionc  ministri ,  qua- 
leni  publiée  propugnaverat ,  liiem  inlenlaiam  audi- 
mus  :  nedùm  verô  occasione  liâc  aliquod  laniic  dis- 
pi-ndium  passus  sit,  cùm  atitebàc  Minorilanus  csscl 
episcopus ,  ad  Compsensem  arcbiepiscopalum  à  Ju- 
lio m ,  Ponlificc  maximo,  summo  omnium  plausu 
Iranslalus  est  :  tandemque  vocalus  ad  purpuram  , 
(juam  ne  iiidueret  mors  prœmalura  prohibuit  ;  ergo 
Palrum  Tridentinorum,  ne  ipsis  quii!;^m  exceplis  Ca- 
tbarini  oblrectatoribus,  confessio  erat  doctrinam  ejus 
cum  doctrinà  Ecclesiœ  consentire  :  hoc  ips-.mi  Palla- 
vicinus,  Calbarino  licèt  in  liàc  parle  conlrarius,  reco- 
gnoscit  :  Equidem,  inquit,  Hist.  conc.  Trident.,  lib.  9, 
cap.  6,  exislimo  Catliarini  scntenliatn  faisant  esse,  sed 
non  ideb  per  Tridentinos  canones  diserlè  damnatam  ; 
quapropler  fas  illi  fuit  affirmare,  eam  concilio  non  con- 
iradicere.  Et  alibi ,  lib.  12,  c.  10,  recensito  Pairum 
decreto  quod  sessione  14,  capile  G,  conlinetur  :  7ï?x 
liis  verbis,  ait,  conjicere  potest,  quisqnis  ea  legcrit,  non 
esse  rejectam  sententiam  Catliarini  aliorumque  tlieolo- 
gorum  opinantinm  sufficere  ut  ratum  sil  Sacramentum, 
volunlalem  serib  agendi  ;  vnloriqtie  Sacramenli  duntaxat 
obesse  jocum,  qncm  ipse  Sacramoilum  suscipiens  co- 
gnoscere  possit. 

Accedit  ad  cumulum  ipsa  hœreticorum  confessio, 
'  quœ  in  prœsenti  negoiio  non  parvi  sanè  est  ponderis  ; 
neminem  namque  latel,  luereiicos  lapidein  omuem 
movere,  ut  catbolicos  scriptores  nltrô  cilrôque  etiam 
ingratiis  pertraliant  in  parles  suas;  ita([ue  si  Catbari- 
nus  Luthero  faveret  in  speciem,ejus  auctorilatem 
heterodoxi  non  négligèrent;  alqui  in  advcrso  Marcus 
Anlonius  de  Dominis,  ini(|uissiiiMis  ille  callinlicœ  Ec- 
clesiœ desertor,  Calhariunm  à  suà  senlenlià  proisùs 
alienum  agnoscit,  lib.  G  de  Rep.  Eccl.,  §  i"!  el  seq., 
idcmque  alii  conlitentur  ;  ergo,  etc. 

Probatio  vni,  ex  tlieologicâ  ratione. 

Quœ  bacleiu'is  in  controversie  decursu  attulimus 
gravissima  sanè  rationiun  luomenla,  brcvilcr  hic,  et 
alla,  si  quœ  suppercrunt,  perstringenms. 

1°  Chrislus  in  Sacramentorum  negotio  prœter  nu- 
dum  externumque  niinislerium  nil  concessil  homini- 
bus,  Jioc  enim  Scriptura  disertis  verbis  alliiniat  ; 
ergo  hoc  ipso  quo  quis  volens  et  sciens,  et  in  circum- 
stanliis  debitis  ritum  cvangelicum  foris  célébrât,  verà 
conficit  Sacramentum  :  nec  debemus  de  secrelâ  cjus 
inlenlione,  malane  fueritaul  bona  esse  sollicili ,  quia 
ut  loties  ex  S.  Auguslino  prœdiclum  est ,  Saaamenlo 
suo  divina  virtus  assistil. 

T  Ideù,  ipsis  consenlientibus  adversariis ,  non  est 
necessaria  m  ministre  producendi  eflectus  sacramcn- 
talis  intenlio,  quia  ila  cum  Sacrainenlo  conjunctus 
est,  ut  necessariô  ex  illo,  velit  noiil  niinislcr,  seqiia- 
lur;  aU|ui  pariler  boc  il>^o  (piôd  jiixta  Cbrisli  prœ- 
scriplum,  rilus  aliquis  exteriùs  observalur,  necessa- 
II  rium  est  esse  sacrum,  di\inum  et  sanctunr,  non  enim 


m^ 


quj:st.  vu.  de  ministris  s.vcuamentorum. 


150(» 


Jonniicin  liodiè  b:ipliz:iri  i\  ininislro  qui  siiam  intùs 
iiilfiilionoin  coliibeat,  el  iiolitsacrnin  cs.^e  quod  facit  : 
|)(iiiaiiius  (l(Miiilc  Joaniiciii  lutalc  Icgiliiuà  occlesia^lico 
onliiii  aj^'grrgari,  saccrdokiii  ficri,  croaii  episcopiim, 
et  diœccbini  aiiiplissiinain  laiilo  (ciiipore  inodcrari, 
quaiittiiii  salis  fuciil,  ul  pcr  scipsuin  cienim  otiincMii 
valeat  iniiovare  ;  qiiod  aulem  de  uiio  iioiniiic  dccjue 
unà  diœcesi  est  dictuin,  (|uid  vclat  ad  plures  cxlciidi  ? 
Jaiti  sic  proscqiior  arj<iimeiilum. 

Joaimes  iii  liàc  ii\  polliesi  vcrù  baplizalus  non  fuit  ; 
adeôque  iiec  venis  in  postenim  sacerdos,  ncc  vcrusfuit 
episcopus;  nam  quoniodù  sacri  ininis>lciii  gralian)  per- 
copisset,  qui  neqnidcnialligiljanuam  Sacranicnloruni  ? 
Igilur  qnos  putalus  episcopus  ordinavil,  veri  «acerdo- 
ti'S  non  sunl;  uiide  scquilur  in  lolà  iiâc  legione  Ec- 
closiani  nullani  esse,  iiullaSacranienla,  niilluin  sacrifi- 
ciuni,  vananique  liabere  leligionis  iniagineni  quxcuni- 
que  videiittir  ad  veruni  Dei  culluin  inibi  peilinere; 
quod  cùni  diclu  nefaiium  sit,  longé  ccrtius  est  quùd 
;id  Sacranienloi'um  valoieni  inlenlio  sola  lequiiiliir 
serio  peragendi  quod  facit  Ecclesia. 

8°  Sic  inslruitur  :  Cura  Sacranienta  fuerint  in  favo- 
rem  hominuni  insliluta,  ut  ex  liis  veliit  foniibus  gia- 
liani  divinam  haurirent,  talia  esse  opoiiebat  ut  de  co- 
runi  snsccptione  ccriù  nioraliler  ?alleni  conslarc  pus- 
set,  ne  videlicet  perpeluù  flucluarent,  iniportunisque 
anxieialibiis  discruciarentur  ;  atqui  si  ab  interna  mi- 
nistrantiuni  bonà  voluntalc  pcnderenl,  scrupulorum, 
soilicitudiniim,  diibitationuni  nulius  finis  csscl  futurus  : 
cuienim,  aniabo,  si  crcdinuis  adversariis,  ccrlù  con- 
siabit  verc  se  esse  baptizatum,  verè  absolutum,  verè 
prcsbvicruni  consecratuni,  verè  corpore  el  sanguine 
Ciiristi  nutrituni,  etc.,  cum  ha;c  omnia  polueril  niini- 
strorimi  malitia  inipedire?  «  Per  bancergo  doclrinam, 
inquit  Sahneronius  Comment,  in  Paul.,  lib.  1,  part.  5, 
disp.  2,  redderelur  nobis  Kcclcsia  invisibilis,  imagina- 
6°  Ex  constitulioae  Ecclesia?,  quam  voluit  Cbristus  '  i  ria,etniatbemalica,etmiserachristianipopiili  conditio; 

quia  Cliristianus  pr0[iter  defcctum  intenlionis  minislri 
nunquàm  certus  esse  possel  de  I?aplisiiio,  absolulione, 
el  ordinalionc  ;  atque  bàc  raiione  in  infinilum  posset 
procedi,  el  omnia  esscnt  in  dubium  revocanda,  et  aca- 
demici  omnes  el  nulantes  redderentur.  » 

§  3.  Dituunlur  adversariorutn  objectioncs. 
(juam  tucniur  de  suflieientià  extern.x  intenlionis 
senlenliam,  tamis  munila  pr.esidiis  est,  lam  est  ad  ii- 
luslrandam  Sacramenlorum  virlutem  idonea,  antiquo 
Ecclesi;c  mori,  Palrum  sentenliis,  ipsique  rationi  csl 
adeù  coMSentanca,  ul  in  eam  ultrù  citiôque  consensu- 
rum  non  dubitinius,  quisipiis  argumenta  proposita 
mente  pacalù  el  ab  onmi  pra-judicio  libéra  p  nsitave- 
ril  :  quia  lamcn  mullos  babet  contraria  opinio  defen- 
Eores,  à  quibus  pleraquc  conlenliosè  magis  qtiàm  \crè 
et  solide,  eliain  cum  styli  acerbitate  lorquc.iiin-.  non 
eiaiît  cerlc  à  nobis  isla  pnelereunda,  ne  causam  ve- 
rilalis  intempestiva  laeiturHilas  pruderel  :  sit  ila- 
que 


magis  Salvator  voluit  ab  inlcrno  cordis  affeclu  et 
secrelà  minislrantium  volunlalc  veritatem  Sacramen- 
lorum, quàm  graliam  ipsani  el  cliaracterem  pcndere  ; 
crgo,  etc. 

5°  Valcl  Baplismus  à  Juda'o,  Manicluco,  pagano, 
aibeo  collatus ,  quod  nemo  calbolicus  ncgat;  atqui 
bujiismodi  lionnnes  faeiendi  lilils  sacri  inlcnlionem 
non  liabent,  nec  vero  babere  possunt,  ut  dictum  est; 
ergo,  elc. 

4'  Pelilur  ex  iiieifieacitate  nialai  contrari.c  volun- 
talis  ;  ideo  enim  non  slaret  in  pnesenli  iiypolhesi 
Sacramenlum  ,  quia  nollet  minisler  ncfarius  ;  atipii 
bx'C  ratio  nulla  est  ;  nam  ([ua;  piena  et  absoluta  vo- 
luntasest,  viiiei  uon  polest  velieilate  contraria;  at- 
qui minisler,  quando  ex  oflicio  vel  in  casu  necessilatis 
mysieria  Dei  dispensai,  plenam  habet  cl  absoluiam 
volunlalem ,  rem  in  se  sacram  adminislrandi  ;  (juod 
enim  rêvera  i'acit ,  absolutè  velle  convincilur  ;  quia 
operalio,  volunlatis  cortissimum  e^t  argunientum  ;  è 
contra  uiala  inlerior  alTeclio  quà  Sacramenlum  esse 
non  vult  id  quod  exleriùs  célébrât,  stulta  cl  invalida 
bominis  secum  ipso  pugnanlis  colluctalio  est  ,  i!li 
similis  quà  quis  lurtum  libéré  faciens  diceret  inlra 
se  :  Nolo  Deum  offendere  ,  aiil  quà  mercator  merces 
in  mare  metu  imminenlis  procella;  projiciens ,  sic 
corde  proponcret  :  Nolo  jacturam  merchnn  facere  ; 
ergo,  etc. 

5°  Ex  naturâ  Sacramenlorum  :  Sacramenlum  est 
res  seuiibus  subjecla,  (iu;c  ex  inslilulionc  Dei,  sancli- 
latis  cl  jusliliic  lum  significandic,  lum  efliciendai  vim 
habet  ;  ergo  nibil  nisi  quod  sensibus  pateal  in  Sacra- 
nienti  dennilione  et  nalurà  ponondum  est  ;  atque  adeô 
lalens  minislri,  sive  bona,  sive  mala,  iiilinlio  Sacra- 
ji;cnto  penilùs  exlranea  est,  neque  alla  practer  exler- 
nam,  rilùs  sacri  cclebralionc  expressam,  requiri  de- 
iet. 


cxlerna)  et  aspeclabilis  reipnbliccc  babere  l'orniani  ; 
non  enim  angelos,  sed  homincs  adunabat;  atqui  in 
bcnè  moratà  republicà  per  solam  seriam  qua;  exleriùs 
paleat  adminislraiionem  negolia  eliam  gravissinia 
transiguntur,  nec  de  interna  minislrorum  intenlione 
curalur,  slatim  aUpie  id  omnc  quod  legibus  cautum 
est,  constilerit  observalum;  ergo  pari  rationc  (irmiler 
tenendum,  per  solam  extcrnam  inlcnlionem  valida 
fieri  Sacramenta,  ncc  posse  privalà  minislrantium 
malitià  irrilari;  quia  quando  publiée  Cliristi  nomiiie 
el  aueloiitate  agunt,  non  sua  adl'erui.t  doua,  sed 
Cliristi. 

7°  Ex  pcrpetuitale  Ecclesia:  sic  inlormatur  :  Eccle- 
sia non  polest  deficere  ;  fiindata  enim  est  supra  fmnam 
pclrum  ,  et  portœ  iuferi  non  prœvalebuut  advcrsùs  cani  ; 
atqui  in  advcrsariurum  bypotliesi  nularel  bac  verilas  ; 
nam  Ecclesia  doficerel,  si  minislros  sacros  non  babe- 
rel,  cùu)  ex  clero  et  populo,  ex  clero  vero  principaliler 
coalescal  ;  alqui  si  ad  Sacramenlorum  valorem  abso- 
luti";  cssel  necessaria  menlalis  inlenlio,  bominum  ma- 
litia possel  tandem  aliquando  conlingcie,  ut  penilùs 


Objectio  prima  ,  ex  novttalc. 
Validissinms  Iiic  advcrsariorum  est  aries  :  N^mi  do- 


ordo  sacer  extiuguerelur  :  quod  sic  oslend  >  ;  ponamus  ji  bel,  iiKpiiunl,  scnleniia  approbari,  quaî  nova  esl  ;  quia 


1507  DE  RE  SACRAMENTARIA.  -- 

iioviîalis  oinnis  est  sacra  doclrinn  impatiens  :  aUjui 
oniiiii)  i!o  extorioiis  intonlioiiis  siiflicitMilià,  nata  mi- 
(liùs  Icrliùs,  riolà  novilatis  iiisignis  est;  ergo,  clc.  — 
Hcsp.  :  Conccssâ  majore,  nego  min.;  nnviini  enim 
liiooldgi  ciicinms,  qiiod  à  Srrii)lur;»;  et  iratlilioiiis  \n'x- 
scriplo,  coninnini(ii:e  Eoclesi;!)  sensu  recedit  ;  atqiii 
.'ulvcrsùsscntentiain  qiiani  (ieltMKiinuis  moveri  aceiisa- 
lio  ista  cum  lundamenlo  non  polcst;  qnin  è  coiitra,  ut 
supra  ostciisum  est,  ex  Scripturarum  auctoritate  sponlè 
et  rcetà  linoà  sequitnr,  magnam  liabet  cum  decretis 
conira  Poualistas  lalis  conjunolionem,  vetcri  Ecclesi;« 
praxi  de  SacranuMilisitorandis,  vel  non  ilerandis  con- 
formis  est,  sanclorum  Patruni,  Augustin!  pra^seriim 
et  TliouKv,  patrocinio  gloriatur  ;  malorum  ergo  litiga- 
toi'um  more  agunt  adversarii ,  quando  proprium  sibi 
crimen  coulra  senlientibus  inconsidt-ialè  iiupommt  ; 
nam  qnod  illi  tautà  aninii  contenlioue  prop:ignant, 
ruere  et  mitli  in  irriuun  Sacramenta,  nisi  ritus  seriù 
peragendi  intentioni,  lotumque  illud  exleriùs  obser- 
vaiidi  quod  imperalimi  à  Cbristo  est,  altéra  secrtlior 
ritûs  sacri  et  Sacramenli  perficiendi  respondeat,  no- 
vum  hoc  esse  meliori  uos  sanè  judicio  aflirmamus; 
cîun  neque  Scripturà,  nec  traditione,  née  uUo  deni- 
que  anliquJtatis  documente  probari  queat,  ipsique 
Sacramentorum  institulioni  et  elficacia!  quani  divini- 
tùs  acceperunt  sit  manifesté  conlrarium. 

Inst.  1°  probando  minorem  :  Nova  doclrina  dicenda 
est,  quoc  muitô  post  conditam  Ecclesiam  nata,  sialim 
atque  prodiit  lurbas  in  Ecclesià  plurimas,  mullorum- 
que  concitavit  offensionem  ;  atqui  dogma  de  exlerna; 
inlentionis  siiflioieiilià  iongè  post  conditam  etaduitam 
Ecclesiam  ,  nimirùm  concilii  Tridentini  temporibus, 
ab  Âmbrosio  Catharino  rerum  novarum  avido  est  con- 
llatuMi ,  et  gravis  scandali  occasio  fuit;  ergo,  etc.  — 
Resp.  :  Concessà  majore,  nego  min.  Quam  multis  sca- 
tere  viiiis  studiosus  quisque  facile  compcriet.  1°  Nam- 
que  falsum  est ,  doctrinam  pro  quâ  slamus  non  ante 
concilii  Tridentini  tempera  prodiisse,  sivc  enim  priera 
sccula  evolvamus,  sive  decurramus  a^atem ,  scliola- 
sticaî  tbeologiaî  inslitutioiie  posleriorcm,  mullosejus- 
dem  doctriiue  patronos  ubique  ofiendinuis  ;  de  prioii- 
bus  quidem  seculis  nibil  est  quod  in  prncsenti  dicamns, 
poslcpiàm  loi  et  lanta  vcteium  monumenla  allulimus, 
undc  constat  omnil)us  Cbrysostonii  et  Augustin! 
arrisisse  seiilenliaiu  de  eHicacià  et  virlute  Sacranien- 
lorum,  quam  nuUa  quanlaiibel  impielas  ministrantium 
impcilire  aut  aliquantulùm  suspendere  potcst  :  Neque 
enim  ju.ilum  est,  inquiebat  S.  Jean.  Ciirys.,  bomil. 
85,  in  Joan.  propler  alierius  maiiliam  ,  ad  sululis  no- 
stra;  sijiiibolu  fuie  accedeulcs  olfendi;  iste  verè  contra 
Donatistas  prineipii  loco  ubique  ponebat ,  iiiiquam  et 
7naculosain  baplizantis  conscientiam ,  secrelam  (icèt  et 
occultain,  baptizuto  nocere  nequaqmin  passe,  et  Sacra- 
vicntuni  clfeclu  suo  vacuarc  :  quantum  verù  spécial 
a;taiem  quic  ab  exordiis  soholaslicaî  IheologiLC  ad 
concilii  Tridentini  celebralionem  effluxit ,  habemus 
ejusdem  sentoniiaî  vindices  omni  exceptione  majores, 
Magistrum  scntentiarum  ,  Pelrum  Canlorem  ,  Pra'po- 
silivum,  Uobcrtum   PulUuu,  doctoreni  Angelicum, 


DE  SACAMENTIS  IN  GENERE. 


Ib08 


Innocentium  !V,  Pctrum  Paludanum  ,  Sylvestrum  , 
Clirysoslomum  ,  Javollum  ,  angelum  de  Clavasio  ,  et 
quamplures  alios.  2'  Falsum  preinde  est  (juod  aiunt, 
sysiema  de  externse  inteniionis  sufficienliâ ,  synodi 
Tridentin;c  temporibus, Catharino  parente  prognalum; 
sit  saiiè  hsPcCatharini  laus  peeuliaris,  quèd  dsK-irinam 
anliquam  scholai  um  caligiiie  obscuralani  è  lenebris  in 
quibu>  jaccbat,  ad  lucem  piistinam  rcvocaverit,  cà- 
demquc  ad  refulandes  Lutiicranos  féliciter  usus  fue- 
ril;  parentem  cerlè  vel  inventorem  hujus  syslematis 
dicere  non  possumus  nec  debemus,  neque  banc  ipse 
sibi  gloriam  arrogat;  quin  è  contrario  aiitiquis  vesli- 
giis  insislere  se  et  pressiùs  adhierere  ,  toto  passim  de 
inlenlione  minislri  opuscule  profiletur  ;  qiianquàni 
vcrù  libérions  et  ad  novitatem  propensioris  fuisse 
ingenii  Calharimun ,  imè  et  à  recto  veritatis  tramite 
in  aliiiuibus  recessisse  ass'^ntianmr,  non  inde  conse- 
quens  est ,  quod  in  omnibus  erraverit  :  iniquum 
namque  fuerit,  prepler  lapsus  aliquos,  quœcunique  à 
quovis  auctore  dictala  fuerint ,  universè  damnare  ; 
nisi  in  omnibus  professus  veritatis  hostis  légitima 
argunienlatione  probetur.  3°  Quod  iu  argumente  sub- 
nectitur,  Catharini  opinionem  ,  statim  alque  prodiit , 
lurbas  in  Ecclesià  et  plurium  excilâsse  offensionem, 
est  illud  longé  falsissimum  :  ut  enim  proediximus, 
anle  octdos  Palrum  Tridcnliuorum,  suam  de  intcn- 
liene  minislri  seiitiMiliam  quà  voce,  quà  scripto  apertè 
explicuit;  in  tante  Palrum  et  theologorum  numéro 
ncme  centradixil ,  neme  detulit  ad  judicium  Ecclesiai 
sysiema  novuni;  imè  onmibus  placuisse,  omnium,  ne 
exceplis  quidem  ejus  fervidissimis  adversariis,  silen- 
tium  prebat;  nihil  hinc  de  ejus  existimatione,  digni- 
tale  ,  auclorilaie  miimlum  ;  (juin  è  conira  nevis  cl 
splendidioribus  infulis  auctus,  eâdem  et  paulè  forte 
majore  quàm  anlehàc  iloruit  opinione  docli'in:.«  ;  ca- 
nones  edeiidos  in  synodo,  uti  anlehàc  digessil  et  prse- 
formavit  ;  ne  verè  putet  aliquis  ,  eum  lacilè  sallem 
suam  de  inlenlione  sententiam  in  sacre  concilie  rétra- 
ctasse; eamdem  ,  ul  pnodictum  est,  quinte  post  anno 
lypis  Romanis,  uemiue  reclamanle,  publicavil,  quam 
d 'inceps  boni  ubique  lerrarum  theologi,  excussà  sche- 
larum  lyrannide  susceperunt  ;  falsè  ilaque  et  conira 
veritalem  hisleri;ceppomiiil  adversarii  declriiiam  liauc 
lurbarum  in  E'xlosià  causau!  fuisse  etfomitcm. 

liisl.2'  probando  min.  :  Theologorum  senteiilia  fuit, 
Catharini  opinionem  vel  luercsim  ipsam  esse  Lullieri, 
vel  proximè  ad  illam  accedere  :  sic  prêter  ca-teros 
cardiualis  Rellarutiniis  de  Sacramenlis  in  gencre,  lib. 
1  ,  capite  27,  cui  tilulus  esl ,  licquiri  iulcutioiicm  fa- 
cieudi  quod  Ecclesià  facit  ;  pisUjuàm  Lullieri  (Jusque 
se(iuacium  verba  reccnsuit  :  Ad  liane,  uu\inl,  liœreli- 
conim  sententiam  proximè  accessisse  videlur  Ambrosius 
Catliiirinus ,  qui  in  opusculo  de  Inlenlione  minislri  Sa- 
cramentorum ,  dislinquil  dupticem  intenlioncm  ,  nnam 
faciendi  simpliciter  actum  externum  quem  facit  Kcclesia, 
altcram  faciendi  uclum  externum  non  simpliciter,  sed  ut 
sncramcntalem ,  sive  anima  celebrandi  mijsterium  ,  qnod 
Clirislus  instituit  cl  Ecclesià  célébrai  ;  et  quidem  prioreni 
intcmlonem  (Ut  rc(iuiri,  posleriorcm  nerjat;  ilaque  si  quis 


1509 


QU^ST.  MI.  DE  MIMSTUIS  SACRAMENTORLM. 


1510 


dùm  puerum  baplizal ,  inlendat  fiindere  uquam  super 
pucrum,  et  diccrc  :  Ego  te  baptizo,  secundiiin  Calkuri- 
num  eril  veruni  Sucramciilitm  ,  ct'uimsi  ille  inlciulat 
aquiim  fundcre  ,  et  illa  verba  dicere  solum  ad  luvaiidum 
corpus  pueri  à  sordibus,  velud  ludendum  eo  modo  ;  quœ 
opinio  non  video  quid  différai  à  sentcntià  Kemmtii  cl  alio- 
mm  liœrelieorum,  nisi  qitbd  Culliariiius  in  fine  opusculi 
suhjicil  se  Apostolicœ  Sedi  cl  concilia  :  illi  aulcni  ridoil 
ulrnmque;  orgo ,  elc.  —  Uesp.  Dist.  aiU.  :  Tlicolcgo- 
ruin  senienlia  luit,  Caiîiarini  opinioiiem,  de.  Theolo- 
goriim  ,  inquam  ,  omnium  ,  nego;  aliquorum,  subclis- 
tiiigiio  ;  sentenlia  prœceps,  inauditis  aul  ceilô  non 
inlL'lloclis  parlibus  lala  ,  concccio  ;  vcra  ,  et  nialuro 
fundala  jiulicio,  nego  anl.  et  conseq. 

E.  R.  1°  iSegamus  llieologorum  omnium  lioc  tam 
sinislrum  de  Caliiarino  fuisse  judicium;  quin  è  conira 
Romae  et  in  aliis  chri^liani  orbis  parlibus  plcroscjnc 
apinobatores  et  dofonsoros  docliina  cjus  sorlila  est\ 
propterea  qiiùd  visa  fuerit  divina;  Majcstali  virtulique 
Sacramcntorum  apprimè  concimiala ,  ad  refellendas 
liaTcses  mirabililer  continuata  ,  tanliiniquc  dislans  ab 
insano  Lutberi  dognialc,  quantum  vcritas  errori  con- 
traria est  :  in  hoc  numéro  poninius  Alphonsum  Sal- 
nicronium  de  quo  |  aulù  anle  dictum  est ,  Joannem 
Viguerium ,  Mariuni  Scribonium  ,  Zachariam  Pasqua- 
ligo,  Franeiscum  Farvacqucs,  Jacobum  Sanlaboucum, 
\incentium  Contensonium  ,  Gasparem  Jueniniim  , 
Franeiscum  Genettum ,  niagistrornm  Parisiensium 
longam  seriem  ,  aliosque  longé  plures  omnium  ordi- 
num  primi  subsellii  viros. 

2°  Aliter  Bcllarmino  et  plerisque  aliis  visum  fate- 
mnr  :  sed  suo  delusos  judicio  afiirinamus,  quia  inau- 
dilum,  aiit  ccrlè  non  iiitelleclum,  Catharinum  scnten- 
tià  pnccipiti  condemnàrunl  :  putabant  enini  vcro 
Catharinum  omnem  penitùs  negàsse  inlerioris  inlen- 
lionis  necessitatem  ,  eamquc  solummodô  admisisse  , 
qii;e  in  actione  exteriori  posita  est,  quccque  quoniani 
lalenlis  volunlaiis  est  signum  ,  per  abusum  intenlio 
vocilatur  :  existimabanl  insuper  Sacramenla  per  lu- 
dum  et  mimicè  data  ,  Catharino  rata  probataque 
fuisse;  quie  quidem  si  reverà  sensisset,  in  castris  Lu- 
lheran;c  factionis  p.iihlàssct,  nullâqne  posset  ralionc 
feruli;  inanuMi  suhducere;  atqui  longé  aliter  Cathari- 
num; vcram  cnim,  internam  et  propric  dictam  ritùs  in 
Ecclesiâ  sacri,  prudenter  et  seriô  peragendi  inlentio- 
ncm  omninô  neccssariam  es  e  propugnat  ;  unde  do- 
clrina  cjus  inter  exlremos  Don:iti>larum  cl  Luthera- 
norum  errores  média  est  ,  et  ulrique  confodicndo 
idniiea  ;  volebant  illi  impieiate  quàlibct  ministrorum 
pollui  et  irrita  fieri  Sacramenla;  docet  in  contrarium 
Caiharinus,  virtuli  eorum  et  efficacire  ,  interna  mini- 
sirorum  impieiate  nil  delrahi  ;  conlcndunt  isti  idoù 
(juoJ  sola  lidos  justihcet,  nullumquc  Sa(  ramcnla  robur 
habeant  ad  graliam  largiendam ,  nihil  interesse  sive 
seriô  sive  joculariter  mini^trcntur;  ex  adverse  cum 
Ecdesià  catiiolicà  sentit  Caiharinus,  magiiam  et  mi- 
rabilem  Sacramcntorum  esse  virliilem  ,  Sacramenla 
vora  non  esse  ,  nisi  seriô  omiiiqiic  aniolo  joco  ,  uti 
par  est,  celebrentur;  falsô  itaque  Bellarminus  cl  alii 


Lulhero  Catharininn  coiisociant ,  qucm  constat  Lu-p 
tlierana;  lucrcsis  slrenuinn  fuisse  debellalorom  :  M 
qiiod  cardinalis  Pallavicinus  Rellarniinox'quior  judei 
agnovil,  ut  vidiinus  supra  prob.  5. 

Inst.  3°:  Atqui  vero  maturoque  judicio   Calharini 
scnlcntiam  reconlium  hacreticorum  errori,  thcologi 
ad;equarunl  ;  crgo,  etc.  Prob.  subs.  Non  Lulhcri  tan- 
tùm,  sedelCalvinialiorumquede  intcntione  doclrina, 
velut  hLcresis  damnata   est;  atqui  opinio  Calharini 
est  doctrinxÇalvini  simillima  ;  sic  cnim  loquitur  Iste 
j  in  antidoto  concilii  Tridenlini,  can.  11,  scss.  7  :  Quod 
I  de  inlenlione   consecrandi  (jarriunt,   à  sopliislis  nultà 
'  probabili    ralionc    fuit    proditum...,    ego  sacrosunclœ 
Cliristi  inslitiilioni  tuntiim  défera,  ut  si  Epicureus  quis- 
piam,  inliis  lolam  actionem  subsannans ,  milii  cœnmn 
ex  Clirisli  mandata,  et  secundiim  regulum  ab  ca  datam, 
j  rituque  légitima  administrct ,  non  dubitem  panem  et  ca- 
licem  illius  manu  porrecta ,  vera  milii  esse  corporis  et 
j  sanguinis  Cliristi  pignora  ;  quœ  sanè  verba  à  syslemate 
I  Calharini  nil  dilîerunt  :  ergo,  etc.  —  Resp.  :  Nego 
:  subs.  Ad  probationem,  concessà  majore,  nego  min. 
(Juanquàm  cnim  voce  tenus  vidcatur  utraque  aliqna- 
lenùs  convenire  sentenlia ,  sensu  tamen  longé  diiTc- 
runt;  et  magno  dissident  inlervallo  :  nam,  ul  sœpé 
dictum  est,  Calvinus  non  secùs  ac  Lullierus  quem 
niagistrum  secutus  est,  solà  fide  hominem  justificari 
volebat,   nullam  agnoscebal  in  Sacramenlis  juslilke 
conferend^c  virluten),  nec  alias  volebat  eorum,  quàni 
verbi  Dei  esse  partes,  unde  conscquens  fuit,  ut  om- 
nem lollerel  inlentionis,  non  modo  inlerioris,  sed 
exterioris,  necessitatem  ;    quod  etsi  cô  loci  diserte 
non  exprimat,  ex  pravis  ejus  principes  necessariô  se- 
quitur;  bine  Martinus  Kenmitius  ejusdem  secl:D  pro- 
fesser, eumdem  canouem  refutans.parle  2Examinis, 
suamqueet  Calvini  menlem  uberiùs  explicans,  ulrasEi- 
que  pari  momenlo  rejicit,  tum  iijternam  ,  lum  exler- 
nam  intentionem  :    Quemadmoditni,  inquit,  verbuni 
Evangelii  prœdicatum  sine  ullà  inlenlione ,  esse  verbum 
Evangelii  non  desinit,  et  qui  ci  assenliiur,  juslificalur, 
quanliimvis  perversam,  tam  interiorem  quàm  extcriorem, 
vcl  etiam  nullam  linbeat  minister,  ila  neque  desinit  esse 
Sacramentum,  modo  applicelur  forma  maleriœ  ,  eliamsi 
absque  inlenlione  reclâ  applicelur,  sed  è  canlra  cum  per- 
versà  inleriari  tel  exteriori,  vcl  etiam  nullà...  Xcc  sol- 
licita esse  débet  conscientia  de  intcntione  mi>iistri,  sed 
si  vox  Evangelii  anminliatur,  fuies  cam  apprcliendens 
statuai  se  coram  Dca  absolulum,  quidquid  sit  sacerdolis 
uninio.  Perperàni  itaque  compaialur  Caiharinus  cum 
Calvino,  maxime  cùm  ipsimet  protestâmes  loto  cœlo 
illum  à  se  dislare  agnoverint,  et  confessi  fuerint. 
Vide  supra. 

OnjKcno  ALTKRA,  cx  iuslitutione  Sacrumcnlorum. 
Oitj.  Ex  ipsà  Sacranienlurum  inslilulionc  sequi  vi- 
dclur,  cam  in  minislro  recpiiri  inlenlioiiem,  (pià  velit 
iiileriùs  Sacramcntuu)  perlicerc;  crgo  intenlio  opcris 
cxlorni  non  suflicit.  —  Resp.  Dist.  ant.  Ex  ipsà  Sa- 
eramcnlonmi  inslilulionc  sequi  vidolur,  eam  in  mi- 
iiistro  re(juiri  inlonlioncm,  quà  vclil  intcriùs  Sacra- 
mentum perlicerc,  quà  nimirùm  vclil  id  faccre,  quod 


1511 


DE  m  SACRAMENÏARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


bciiè  novit  it.  Ecciesià  clirislifinâ  ,  pro  sacro  et  rcli- 
gioso  li:>!)(;ri,  coiicedo  ;  quâ  velil  ipse  religiosum  esse 
et  sacnirn,  qnod  cxteriùs  peragit,  nego  anl.  cl  conseq. 

E.  R.  Hoc  argiiiiientuin  ,  siciil  cl  plcraqiie  cjusdcm 
gciieris  alia ,  ceqiiivocalioiie  Liborat,  «itiic  stniil  ac 
delecla  fuerit ,  (|iiiil(iirul  vidcliir  liabere  roboris  eva- 
ncscil  ;  ideô  insliUita  sunt  Sacramenta,  ut  esscnl  gra- 
lia;  ad  hoinines,  virlule  accepta  diviiiiiùs ,  perfereudic 
veliiciila;  eoruin  verô  consecraiidoriuu  non  idcùcon- 
lidit  Cliiistns  aposlolis,  eonuuque  successoribiis  po- 
teslateni,  ul  aliquid  à  niinislniiililjiis  virlulis  babe- 
rent  ;  opus  enim  divinuni  indnstiià  virtuleiiuchumanâ 
non  iiidigel,  sed  tanlùm  ut  eorum  vicarià  manu  dona 
sua  bominibus  qnos  icdemcial  largiietur;  ilaquc  in 
minislro  ,  inlenlio  suflicit,  quâ  velit  jussa  Domini 
adimi)lere,  tolum  id  exteriiis  opcrandoqtiod  sit  in  Sa- 
cranientoruiu  cclcbratioiic  esse  prœscriplum  :  iiauc 
auleiu  haberc  se  salis  siiperque  déclarai,  qui  riUiui 
sacrum  dcliberalè  ,  circuuispectè  et  in  circuinslantiis 
opporlunis  cxleiiùs  peragit;  naui,  jier  Deuniininior- 
laleni  !  si  uollet,  non  ageret  ;  neque  ad  plenani  secu- 
rilalein  suscipientiuni  uileriùs  qaa;ri  débet ,  utrùm 
babeat,  qui  minislral,  internam  et  secreliorem  in- 
tentioneu),  quâ  velit  ipse  boc  esse  sacrum  qiiod  agit; 
Iiàc  enim  si  cariierit ,  nocebit  quidem  ipse  sibi  plu- 
rimùm,  ncfandi  sacrilegii  coram  sumnio  judice  con- 
vincendus;  al  nibilominùs  pro  Cbristo  ,  velil  nolit , 
legatione  fungelur  ;  iicquc  nocebit  divine  myslerio  , 
quia  eliam  atheo,  apnslalà,  Manichœo,  et  alio  quovis 
perdilo  liomine  baplizante,  Cliristus  est  qui  baplizal. 

Insl,  1"  :  Atqui  requiri  in  ministro  intcnliouem  , 
quâ  velit  sanclum  esse  et  religiosum ,  id  quod  foris 
operalur,  ipsa  Sacramentormn  inslilulio  innuit; 
ergo,  etc.  Prob.  subs.  muUis  niodis  :  \°  Clirislus  bis  | 
verbis ,  Joan.  20,  22  :  Accipile  Spirilum  sanctuin;  | 
quourum  remiscrilis  peccata,  remhtuntiir  eis,  et  quorum  1 
retinueritis,  reteiita  snnt;  apostolos  constituit  judices, 
eisqiic  proferendiG  erga  reos  sentenliic  veram  con- 
Uilit  polestatem  ;  at(|ui  scnlenlia  sine  intcriore  in- 
lenlione  prolala  invalida  est,  maxime  verù  si  judex 
contrariam  intùs  gérai  voluntatcm  :  quommodô  enim 
verè  absolvere  dici  potcst,  quem  absolvere  rêvera 
non  vuli  ;  crgo,  etc.  2°  Post  instilutam  Eucliarisliam 
prœcepit  aposlolis,  corumqne  in  perpeluum  succes- 
soribus,  ut  sacrum  bunc  rilum  in  suî  men)oriam  fa- 
cereiit ,  Luc.  22,  19;  1  Cor.  11 ,  24;  atqui  non  po- 
tesl  divinam  Eucbarisiiam  in  Chrisli  memoriam  con- 
secrare,  qui  in  corde  babet  inlenlionem  Cbristi  in- 
icnlioni  contrariam  ;  crgo,  etc.  5°  Forma  Exlremre 
Unclionis  ubique  gentium  est  dcprecaliva  :  depreca- 
tiva  parilcr  est  sacrcc  Ordinaiionis  forma  apud  Gnc- 
cos  et  Lminos  ;  et  forma  absolvendi  apud  Graicos  ; 
ideuique  de  (piibusdam  aliis  Sacramenlis  ibeologi 
communilcr  affirmant  ;  alqui  sine  interna  inlentione 
verè  preces  fundi  non  possunl;  ergo,  etc.  Rcsp.  : 
Nego  subs.,  et  ad  probaiioncs  adjectas  l'cspondeo 
sigiliatim. 

Ad  primum,  conccssà  m.ajore,  nego  min.  Quin  è 
contra  ,  uU  supcriùs  concilii  Tridenlini  verba  ponde- 


1512 

rando  ostendinuis,  pro  nobis  onmiiiô  comparalio  illa 
facit  :  quo  magis  mirari  subit,  ab  adversariis  ad  opi- 
uionis  SULD  praesidium  lanlâ  confidentià  iiilorqucri  ; 
ils  enim  ipsis  faienlibus,  pari  ralione  se  babet  sa- 
cordos  rrga  pœnitcnles,  quâ  judex  erga  reos  sibi  sub- 
jectos  ;  alqui  licèl  intcriùs  conlrariâ  volunlale  repu- 
gnct  judex,  slat  nibilominùs  et  probatur  senlenlia 
secundùm  juris  formulas,  legumque  edicta  foris  ab 
illo  pronunliala  quia  agit  ut  persona  publica  et  no- 
mine  principis  à  quo  judicandi  potestalem  formam- 
(pie  pnescriplam  babet  :  parilcr  ilaque  de  sacerdo- 
libus  pœnitentiic  adtninistris  est  sentiendum. 

Al,  inquis,  judex  absolvere  dici  non  potest,  quem 
absolvere  reverà  non  vull.  :  Disl.  anlec.  :  Quem 
absolvere  reverà  non  vull,  voUmlale  efdcaci  qux-que 
in  aclum  prodeat,  concedo;  volunlale  ineflicaci ,  et 
sterili,  nego.  Solulio  patet  ex  dictis. 

Ad  secundùm,  dalâ  majore,  nego  parilcr  min.  ; 
nego  ,  in(|uam  ,  Cbristi  memoriam  esse  non  posse  , 
nisi  inteiilioni  seriô  peragendi  rilùs  exlerni  altéra 
secrctior  conjungatur ,  per  quam  minisler  seipsum 
Chrisli  inlentioni  accommodel;  quod  enim  Eucharistia 
sacrificii  cruenti  in  arâ  crucis  oblali  memoria  sit,  non 
à  volunlale  bominis  sacrilicanlis,  sed  ex  divinâ  in- 
slilutioiie  ipsâqne  nalurâ  suà  babet  ;  adeôque  boc 
ipso  quôd  sacerdos  serio,  libéré  et  in  circumslauliis 
debilis,  juxla  ritum  prcescriplum  divinilùs  Eucliari- 
sliam consecrat,  reus  quidem  fit  corporis  et  sanguinis 
Domini,  si  non  liabctrectitudincm  intenlionis;  al  nibi- 
lominùs, quamlibet  pcrversam  gerat  inlcriùs  volun- 
tatcm, id  quod  est  ab  Aposlolo,  1  C;)r.  1,  20,  pra;- 
dictuni  adimplel  :  Quolicscumque  manducabitis  paucm 
hune  el  calicon  bibelis,  uiorlcm  Domini  annuntiabilis 
douée  venial.  Deinde,  si  bcnè  adverlimus,  objeclio 
lijïc  ad  Donatistarum  insaniam  rectè  peiducit  :  po- 
namus  enim  sacerdolcm  quempiam,  Manicb^ei  aut 
Cerdoiils  stolido  errore  deceptum,  negare  quôd  Chri- 
stusvcrèluimanum  corpus,  veramque  carnem  assum- 
psoril  ;  minupiid  inlùs  ille  volet  lilum  exteruum  sa- 
crilicii  in  passionis  cl  morlis  Cbristi  memoriam  ce- 
lebrare?  Minime  sauè,  imô  ne  vclle  quidem  poleril , 
cùm  verè  passuin  verèque  mortuum  neget  ;  vel  ergo 
in  boc  casu ,  contra  Ecclesiie  fidcm  diceiuliun,  pro- 
pler  minislranlis  lieresim  irrilam  Eucbarisiiam  licii; 
vel,  ne  deseratur  fides  anliqua,  ingénue  conlitendimi, 
ctiam  siire  bonâ,  imù  nec  obslante  malà  iiileiUioiie 
ministri ,  Eucbarisiiam  Cbristi  verè  esse  memoriam, 
boc  ipso  quôd  ritu  exlerno,  proul  esl  divinilùs  con- 
slilutum,  conlicilur. 

Ad  terlium  :  1"  Rclorqueo  argumcnlum  :  Non  pos- 
sunl ver;c  fundi  preces  ab  eo  qui  voluniatem  babet 
peccandi  ;  ergo  si  sacerdos  cum  peccandi  proposilo 
Exlrcmam  Unclionem,  exempli  graliâ,  minisiraret, 
verum  non  conficeret  Sacrainenlum ;  alqui  docliiiia 
bœc  répugnai  Ecclesia:  definilioiiibus  ;  ilaque  argu- 
mentum  nibil  probal,  quia  niniis.  2°  Conccssà  niaj., 
disl.  min.:  Non  possunt  vera;  sine  interna  inlentione 
fundi  preces,  qua;  simi)liciler  preces  fuerint,  concedo; 
si  siiit  preces  sacramenlales,  consccraloria;,  cl  aU 


1515  QUiEST.  VII.  D1-:  MiMS 

dandam  sacramcnlis  cfficaciam  divinilùs  iiisiiluUc, 
nego  min.  cl  coiiseq.  Soliilio  ex  principiis  siepc  repe- 
tilis  est  manifesta;  peccalquidemminisiergravissimè, 
mleiilionem  suam  quaiUùm  in  ipso  est,  volimtatc  sa- 
crilegà  interiiis  coliibendo  ;  iiiide  verè  orare  ipso 
propler  improbilalem  siiaiii  dioi,  non  polcsl;  sed  cùm 
aliundè  oralio  lia;c,  qux'  gcmilum  columb;i!  Kcclesim; 
exprimit,  cimsecraloria  sit,  et  ex  diviiiâ  instituiionc 
lain  efiicax,  quàm  et  forma  absolnla  non  potest  pro- 
pler minislri  maliliam  suo  elfeclu  haudari;  vide  qn.e 
alibi  diela  snnt,  qnicst.  I,  c.  I,  §  G,  de  discrimine 
quod  formam  absolutam  et  deprecaloriam  inlercedit. 

Inst.  2*  Idem  lit  de  cseteris  ac  de  Matrimonii  Sacra- 
nienlo  jndicinm;  alqiii  constare  Matrimonium  sine 
interna  minislranlinm  inlcnlionc  non  potest;  ergo.etc. 
Prob.  min.  Malrimoninm  mntuo  conlralientium  con- 
sensu  fit;  atqni  non  consentit,  nisi  qui  internam  ha- 
bct  inlentionem;  crgo,  etc.  Resp.  :  Concessâ  majore, 
nego  min.  Ad  probationem  dist.  niaj.  Matrimonium 
mutuo  contrabentium  conscnsu  fit,  in  quantum  civilis 
est  et  naturalis  conlractus,  conccdo;  in  quantum  est 
Sacramenlum,  nego  niajorem  ;  et  data  min.,  nego 
conseq. 

E.  II.  De  Sacramento  Matrimonii  quis  ejus  neces- 
sarius  sit  minister,  non  una  ibeologorum  opinio  est  ; 
cxistimant  alii  eos  ipsos  esse  qui  contrahunt,  eosque 
solum  argumenlum  proposilum,  si  quid  virium  habet, 
urgere  potest;  alii  cum  quibus  siaiiius,  magis,  ut 
quidem  pulamus,  addoclrinamanliquam  consenlaneè, 
contendunt  matrimonii  non  secùs  ac  aliorum  Sacra- 
nientorum  ministres  esse  bomines  sacros,  de  quibus 
ab  Apostolo  dictum  est  1  Cor.  4.,  1  :  Sic  nos  exhlmet 
Iwmo  ut  ministros  Christi,  et  dispcnsntores  mysteriontm 
Dei;  quo  posilo  ad  nos  difficultas  illa  non  pertinet, 
cùm  sit  de  falso  supponente,  ut  schola  loquitur:  con- 
sensus enim  interior  de  quo  argumentum  procedit, 
non  adbibetur  ab  eo  qui  dat  Sacramenlum,  scd  ab 
ipsis  conlralicntibns;  quoniam  verù  de  bâc  qux'Stione 
specialis,  libro  10,  fulura  disquisitio  est,  ad  bune  lo- 
cura  siudiosum  lectorem  remiltimus  :  intérim  ne 
putet  aliquis,  doctrinam  banc  sancto  TbomiB,  ut  ja- 
clitant  M.ulti  ,  esse  conlrariam,  admonemus,  prx'tcr 
celeberrimos  de  scliolà  nosUà  tlieologos,  prccccpto- 
rem  Angelicum  suiïragalorem  liaberc  :  Matrimonium, 
inquit,  lib.  4  cont.  Cent.,  cap.  78,  in  quantum  ordi- 
nalur  ad  bonum  Ecclesiœ,  oporlet  quod  subjaceal  regi- 
inini  Ecclesiee  ;  quœ  autcm  populo  per  ministros  F.cclesice 
dispensantur,  Sacramenla  dicuntur....  unde  et  quce- 
dam  bcnedictio  nubenlibus  per  ministros  Ecclesiœ  adtii- 
belur;el  in  4  Sent.  dist.  1,  .'^rl.  5,  ad  o,  docet  Matri- 
monium sicut  et  Pœnitenlidin,  quateniis  utrumque  est 
Sacramenlum,  in  dispensulionc  minislrorum  Ecclesiœ 
comislens,  Itubere  aliqua  verba  quibus  perficialur  ;  et 
2  2,  q.  100,  art.  5,  allirmat  iliutium  esse  dure  pro 
Malrimonio  pccuniam  in  (juantuin  est  Ecclesiœ  Sacra- 
menlum ;  et  ideh,  inquit,  jura  prohibent  ne  pro  bene- 
diclione  nuptinrum  al\q\Cul  cxiqalur  ;qiue  verba  clariora 
snnt,  quàm  ut  cxplicalione  indigeant. 

Sed  cisi  daremus  contrahcnlcs  sil)i  invicem  Sacra- 
ni.  XX. 


mis  SACKAMENTORLM.  VAi 

menti  cssi;  ministros,  foret  nibilominùs  Iioc  argmnen- 
luni  invalidum  prorsùs  et  imljccillo  :  consensus  ciiim 
qucmsibirautuùconjugesdcxlriscollatis  accommodant 
|)ro  objecto  Sacramenlimi  non  liabct,  do  quo  vixacnc 
vix  quidem  major  pars  luibenUinn  cogil;it,  sed  solum 
conlractuiu  civilcm  et  nalnralein,  \iri  s(ilict;let  nui- 
iicris  marilalem  conjimctionem,  individiiani,  ut  in 
ejus  dcfinitione  est,  vila;  consuetudinem  relincntem  : 
in  boc  namquo  consenliunt,  quod  verbis  signisvc  si- 
gnificaiit,  dicendo  vcl  innueiido  :  Arcipio  te  in  meam  ; 
uccipio  le  in  meum;  itaquo,  objcclio  ba:c  pnosonli 
qnaîstioni  extranea  est,  boc  enim  unum  probat,  quod 
ulirè  falemur,  maieriara  aul  formam  Matrimonii,  vol 
utrumque  sinml  in  mutnâ  conlralientium  conscnsione 
consistere  ;  sed  insuper  restât  inquirendum,  ulnmi 
in  bypotbesi  iiuôd  conlrabentcs  Sacramenti,  ut  fert 
communis  opinio,  sint  miuistri,  debeani,  dùm  con- 
trabunt,  inlernam  ejus  sibi  mutuù  confcrcndi  neces- 
sario  inlentionem  baberc.  Id  porrô  nos  ex  principiis 
conslilntis  indubilantor  inliciamnr,  in  conlrarium  af- 
firmando,  quùd  si  libéré,  scriù,  loco  et  temporc  de- 
bitis,  ea  omnia  quit  ad  Sacramenlum  ex  iiislilulo 
divino  necessaria  sunt,  exteriùs  impleant,  qnidquid  in 
conlrarium  niaiigiiâ  voUintate  proponant,  Sacramen- 
lum reverà  conft-cluri  sinl,  suo  (jiiidem  efrectu,  daii- 
tium  et  recipienlium  improbilalc,  frustrandum,  sed 
nibilo  secins  sanclitatis  et  justitiu;  tum  significandu: 
tum  efficiendie  ex  divino  instituto  vim  liabens  ;  ibi 
enim  verum  agnoscimus  Sacranu^ntum,  ubi  nialeria 
ejus  et  forma  reperilur,  et  ulrinsque  ad  subjc.  luni 
idoneum  applicaiio  fit  à  ministro  legiiimo,  i.itentio- 
nem  habenle  faciendi  quod  facil  Ecclesia  ;  alipii  Iixc 
omnia  in  casu  priesenti  occurreront  :  ergo,  etc. 

Objectio  m,  ex  dccrelis  Ecclesiœ. 

Damnata  est  in  concilio  Tridentino  opinio  quani 
defendimus,multôquc  ante  fuerat  ab  Eugenio  lVs>'"n- 
mo  Poniilice  pnctlaninaia  :  ergo,  etc.  —  Resp-.  î\,.^o 
ant.  Hoc  enim  nos  ipsi  prnpngnamiis,  (piod  esl  ab 
Eugenio  et  à  concilio  Tridentino  sancilnni  :  O.iniia 
Sacramenla,  inquit  ille,  in  decr.  pro  inst.  Arnien.,  iri- 
bus  perficiunlur,  videlicet  rébus  tanqnàm  mulerià,  verbis 
taiHjuàm  forma  et  personà  minislri  coiiferenlis  Sacra- 
menlum cum  inteniione  faciendi  tjuod  facit  Ecclesia.  Si 
quis  rfi.Ten7,inquiunt Patres Tridenlini,  sess.  7,can.  11, 
in  minislris  diim  Sacramenla  conficitmt  et  conférant, 
non  reqniri  inlentionem  saliem  faciendi  quod  facit  Eccle- 
sia, anathema  ùt  ;  qux-  sanè  verba,  nisi  fallimnr  velie- 
menler,  noslram  et  Cail:arini  sontenliam  prrspicuè- 
ennntiant  ;  quid  enim,  quseso,  vox  i\h,  saliem,  lanià 
cautione  inscrta  canoni  ;  quid  item  hx  voces,  faciendi 
quod  facit  Eccleaia,  exprimiml,  si  non  significanf,  ila 
intonlionrm  liuiendi  externi  operis  esse  necoss;iriam, 
ut  secretior  altéra  faciendi  quod  intendil  Ecclesia, 
ad  Sacramenti  efficaciam  necessaria  non  pntelnr? 

Inst.  r  :  Prob.   ant.  Quod  facil  Ecclesia   est  rilii.> 

sarer;  ergo  non  intendil   faccro  qnod  facil  Ecc'esia, 

alqucadcô  canoni  Tridentino,  et  Eugenii  decrclo  con- 

trarius  est,  (pii  noii  intendit  rilnm  ut  «nrrum  ;  undo 

48 


irii; 


DE  RE  SAGUAMEiN  lAlUA.  —  Dî:  SACRA.MEiXTlS  LN  GENERE. 


mù 


ilerîim  sc(]iiilui',  iil  oinno  qiiod  ogil  iniliun  esse.  — 
llesi).  r  :  llclorqiico  ;irgiiini'iiUiii>  :  (piod  facit  Eccle- 
sia  biiplizandi),  cxompli  c;uis;"i,  otil  riUis  ^iiccr  cxpiaiis 
j  originale  peccaium,  inleniap  jusliliam  «l  sancliialcm 
,  iiirniideiis,  sinuihiuc  iinpriinciis  Dominicuin  cliaracte- 
icm  ;  orgo  non  iiileiidil  i'.iceic  quod  facit  Ecclesia, 
qui  baplizaiido,  non  lucc  oninia  proponil  sibi  ;  aupie 
udcô  IVlagiani,  Lutlicrani,  Galvini^^Lo  vciù  non  bapli- 
zaïil;  unJè  consequens  csl ,  quod  tincli  à  niinislris 
h'.ijnsniodi  debcanl  ilorùni  bapli/.aii  ;  quod  cnni  pcr- 
p(;ln:o  Ecclcsiai  praxi  ot  lidei  adversetur ,  pcnilîis 
corrnit  argnnienUini.  Ilcsp.  2"  :  Concesso  ant.,  dist. 
conscq.  Non  inLcndit  i'accre  quod  facil  Ecclesia,  qui 
111)11  inleudit  riluin  ut  sacrum,  id  est,  qui  non  propo- 
nil sibi  lacère  rein  ex  nicnle  ac  fuie  Ecclesia;  sacrani, 
coiicedo;  qui  propriojudicio  et  voluulale  non  intendit 
facere  ritum  lU  sacrum,  ncgo  conscq. 

Solulio  ex  pracjaclis  in    ipso  liinine    fiuidamentis 
cvidens  est  ;    observaviinus  eiiim    §    1  ,     obs.    5  , 
aliud  esse  velle  facere  rem,  alieno  judicio,  aliud  velle 
facere,  proprio  jndici;),  sacram  ;  sic  enim  Maniclucus 
quando  baptizat,  tolumqne  Sacramcnti  rilum  volens 
et  scicns,  seriô  cxleriiis  exliibet,  facil  rem  quam  benè 
novit  in  Ecclesia  pro  sacra  haberi  ;  non  lamen  ipse 
proprià   voluntate   facit   nt   sacram,  quam  è   coiilra 
cxisliiiial  plenam  vaniialis  et  sacrilegii;  sed  lamen, 
vellt,  nolit,  facit  rem  sacram,  adcôque  verè  baptizat, 
(juia  facit  quod  facit  Ecclesia  ;   unde  jnnujuàm  post 
Èîaniclueos,  si  forlè  aliqui  in  necessilate  tinxisseiit, 
Paires  censuerunt  rebaplizanduin  ;    ilaquc  sari>facit 
canoni  Tridculino,  vercqitc  conficil  Sacraj.W.cn.lum , 
qui  ritum  ejus  foris,  loco  cl  teinpore  dçjjiliç,  onuii- 
que  caulelà  adliil>i!à  celel)ral;  quia  hoc  ijiso  oslendit 
se  liabore  iiileuliouem   faciendi   qisod  facit  Ecclesia, 
ctsi  forlè  reclilndinem  inlenlionis  nmi  babeat  ;  nam 
quôd  noiil  ipse  rem  e&se  sacram  qu;im  facil,  est  qui- 
dcm   e.^  de  causa    sacrile/.^us  ;    scd   non    ideù   rem 
.sacram   facil    esse   sacrilegam  ;    loîuui    lioc   pauci.s 
i^.    Tliomas    cl  egregiè  cxi'lical    :    Qiiamvis  in  Sa- 
cmmcnlo,    inquit   in  i  Seul.   dist.   G,    q.    1,  ail.    "1, 
<ina'sliii!icidà  2,  ad  I,  requiratuy  inUmlio  facieiidifiiiod 
facli  Ecclesia,  non  lamen  requiritiir  quasi  de  necessilate 
Sacramenli,  facere  quod   facil   Ecclesia,  propter  quod  \ 
Ecclesia  facil  ;  cl  in  hoc  consislil  rccliludo  inlcnlionis. 
îiist.  2"  :  Alqui  ut  stetvaliduin  Sacramcntnin,  débet 
ox  coacilio  Tridenlino  minisler  velle  proprio  judicio 
facere  ritum  ut  sacrum  ;  ergo,   elc.  Prob.  snbs.  Con- 
cilii  definilio  est,  sess.  Il,  c.  6,  nnllamessi^absolulio- 
ncni  à  sacerdole  prolatam,  cni  animas  verè  absolvcndi  cl 
serib  agendi  desit  ;  alqui  non  liabel  verè  absolvcndi  et 
seriô  agendi  auimum,  iiisi  ipii  ex  proprià  mente  vull 
lacoïc  ritum  ut  sacrum  ;  eigo,  elc.  —  Resp.  :  Ncgo 
subs.  Ad  probal.  dislii;guo  tnajurem,  et  cxplico  con- 
cilii  menlem.  Sacr;e  syaodi  di'liiiilio  est,  nuliam  esse 
aliso!uli(ui:^m  à  sacerdiiic  prolalam,  cni  desil  animus 
\crè  absolvcndi,  id  est,  l'ilmn  à  Cbrislo  pr.cscripluni 
a;j[i!ndi  exlcriùs,  conccdo  :  cni  desit  internum  pcccata 
df  Millcndi  pnqjosilum,  ncgo  niajoreni  ;  parlipic  sen- 
gn,  ncgo  min.  el  conscq. 


E.  R.  Pravà  canonis  Tridcnliui  inlclligcnlià  fallinit 
advcrsarii,  aul  falluiitui'  ipsi  ;  quod  csl  diclum  à  Ta- 
iribus,  millam  fuluram  absoluliouem  à  sacerdole  ;u- 
ceptam,  cui  dcfuisset  animus  verè  absolvcndi,  non  sic 
débet  accipi,  quasi  debeat  minisler  remissionem  pcc- 
calorum  revcrà  inlendere,  nt  sit  elficax  Sacramei;- 
lum  ;  inde  enim  sequeretur  necessariain  esse  niinislris 
inleiilionem  producendi  clfeclus  sacramenlales;  quod 
cùm  sit  caibolica;  doctrin;ic  conlrarinm,  ne  ab  ils  qui- 
dem  contra  quosagimus  propugnatnr  ;  boc  ilaque  dc- 
crclo  confixus  est  error  Lulhcri  qui  eo  piolervi;!;  vé- 
nérai, ut  non  modo  assercrct  valere  Sacramcnla 
mimicè  dala,  sed  insuper  valitura  contenderel,  suiV 
que  fide  unumquemque  salvandum,  eliamsi  forma) 
Sacramenloram  negligereiilur,  et  non  in  nomine  Dei, 
sed  in  nomiue  liominis  exteriîis  traderenlur  ;  in  con 
irarium  delinitum  à  Patribus,  necessarium  esse  sacer^ 
doli  animum  scriô  agendi,  et  verè  absolvcndi,  videli- 
cet  sacrum  ministerium  rilu  à  Chrisio  et  ab  Ecclesia 
pnescripto  implendi  :  Non  dcbel  pœnilcns,  inquiuiit, 
adei)  sibi  de  sud  ipsius  fide  blandiri,  ul  eliamsi  nulla  illi 
adsil  contrilio,  aul  sacerdoli  animus  serib  agendi  el  verè 
absolvcndi  desil,  putel  lumen  se  propler  solam  siiam  fi^ 
dem,  verè  et  coram  Deo  esse  absolulum. 

Inst.  3°  :  Cousial  ex  decrelo  Eugenii  el  canouc 
Tridenlino,  inlenlionem  n)inislri  deberc  esse  ali(juid 
ab  applicatione  materiai  et  formœ  diversum  ;  alqui  in- 
tentio  solius  rilûsexterni  non  est  aliquid  ab  applica- 
tione materiai  et  forma;  diversum  ;  ergo,  elc. —  Resp.  : 
Concessâ  major.,  nego  min.  Intcnlio  enimcelcbraïuii 
rilûs  externi,  est  interior  el  delibcralus  volunlalis 
aclus,  que  proponit  minisler  boc  facere  quod  facit 
Ecclesia;  alqui  applicalio  malcria;  cl  forma;  lola  cx- 
Itrior  est  :  tam  ergo  distinguilur  intcnlio  Cicieiidi 
quod  facit  Ecclesia  ab  externi  rilùs  celebralione,  (luàin 
di4fert  voluiilas  ambulaiidi  ab  ambulalione. 

Inst.  4°  :  Sallem  negari  non  poiesl,  inlenlionem  fa- 
ciendi quod  facil  Ecclesia,  ab  applicatione  malcri;e  et 
forma:  inscparabilem  esse  :  répugnai  enim  aliipicm 
rilmn  exlernum  peragere,  foruiam  malcrix*  et  ntiam- 
que  subjecio  applicaudo,  nisi  hue  ipsuni  intendal  ; 
frustra  ergo  illam  Eugenius  cl  synodns  Tridenliiia  rc- 
(piircreut,  si  banc  solam  crcderent  esse  neç-essarlam. 
—  Resp.  :  Dist.  ant.  Inlentio  liîciondi  (juod  facil  Ec- 
clesia iiiseparabilis  est  ab  applicalione  serià  maleria; 
cl  forma;,  coiia'do  ;  ab  applicatione  quàlibct,  cliani 
miniicà  el  jocnlari,  nego  ant.  et  conscq. 

E.  R.  El  absoluic  non  sil  iuseparabilis  intcnlio  fa- 
ciendi (jiiod  facit  Ecclesia  ab  applicalione  materiie  et 
forma>,  salis  est  ut  possit  quis  usurpare  ulramque, 
simuhpie  nolil  lacère  ([uod  facil  Ecclesia;  sed  qui  mi- 
micè Sacrameiilum  repra;scnlal,  applical  quidem  Ibr- 
nuiin  malcria',  non  babel  lamen  inlenlionem  faciendi 
quod  facil  Ecclesia,  qiuc  rem  sacram  non  mimicè,  scd 
graviter  et  série  facil;  ilaque  non  frusira  pr;eler  ex- 
terni rilûs  adminislralionein  pra'cipilur  iiitenlio  fa- 
ciendi quod  facil  Ecclesia,  ul  scilicel  non  quuinodoli- 
bel,  sed  libéré,  seriô,  onmique  seiimiu  joco  fiai  ; 
liancque  esse  ^'cnuinam  sacri  conçjlii  menlem,  ex  or- 


IM"?  QL'yEST.  VII.  DE  MINISTRIS  SACKAMENTORIM.  1518 

rore  ipso  Lulheri  colligiliir,  qiio  S:icr.'mi(?iitiiin  joonsè  V  ciiiil;  a(qni  (l;iiniial:\  inoposilio  de  liis  contlilionihus 


datum  validum  aflirmakil;  lioc  ip;^uni  cardinalis  Pal-  j 
lavicliius   in  Ilislorià  concilii  Tridcnlini  agiioscit  et 
profilcliir  ingcmiè  :  Senleiiliu  à  Palribus   Tridcnlinis 


silol  omiiiiiô,  goiK  laliinquc  cl  criidè  jiromiiilial,  va- 
lerc  Sacraiiiciilnni  qiiocuiriqiie  casii,  dnminodô  ritus 
exleiiùs  pciagalur;  iiiidè  sequiliir,  probari  iiidilVcrcn- 


proscripla,  iiKiuil,   1.  0,  c.  (i,  cadein  est  iiiiain  Léo  X,   \   ter  p(tj>sc  ac  di'lxMC  B:i|iliMiii:m,  .-ivc  iiiiniicè  in  lliea- 
pcr  suam  conslititlionem  in  Lulhcro  damnavil  ;  videlicct  l   Iro,  sivc  cianculùin  'jli'.'pr.i;si'iitalivè,  sivc  pcr  viiii,  à 

niiiiislro  rc|iugiiaiilc,  fiioril  datiis  ;  (|ua;  saiiù  consccla- 
ria  à  nostrà  cl  Calliariiii  doclriiiâ  iJioi siii  ablioneiil ; 
ergo,  elc. 

llaqiie  iioii  noslia,  scd  piava  I.nllicri  doclrina, 
qiiam  iiiipnidenler  l]cl.-'a;  (iirulam  ihcolugi  in  lia;reli- 
caruin  provincianini  vicinià  leiiovavcranl,  Uoinantcin- 
quisilicmis  dccrelo  pctila  est  ;  id  qiKid  pleraiiue  argu- 
nienla  sic  peisiiadenl,  ul  cviiicanl  pcnilùs. 

r  Knini  ila  est  à  Romanis  consiiiloribiis  scind  et 
ilerùm  dcclaralum,  proul  narrai  scriplorel  tcsli^  fuie 
dignissinius,  in  rcpubliià  lilleraiiâ  lot  noniiuibus 
coinmendalus,  Jacobus  Iliacynlbus  Sciry,  in  acadeniià 
Palavinà  piiniariussacr.e  ibeolugiai  [irolessoi-:  Sam  le. 


ila  fuisse  à  Christo  inslitulum  Sacrameiituin,  lU  eliamsi  ', 
minister  per  manifeslam  irrisionem  ac  ludibrium  illud 
perafjat,  effectum  coiisequalur. 

Insl.  5'  :  Alqui  inlcnlio  facicndi  quod  facit  Ecclesia 
insL'parabilis  esl  ab  applicalione  eliain  mimicà  niale- 
ri;o  el  i'ornuc;  ergo,  clc.  Piob.  subs.  Minms  in  lliea- 
tro  ludons  Baplismiun  el  jocularilcr  confcrens,  habcl 
inleiiliont'in  exlcrnum  rilum  implcndi  ;  non  cninicon- 
ferrel,  si  nollel  :  ergo,  elc.  —  Resp.  :  Nego  subs.  Ad 
prob.  dist.  ant.  Habcl  inlenlionem  cxlerni  rilûs  im- 
plcndi, repncsenlalivè,  concedo;  vcrè,  nego  ant.  et 
cons.  Minius  in  boc  casu  vull  quidcin  aqnam  infun- 
dere  cl  vcrba  prolerre;  sed  cîini  bnniano  modo  non 


agat,  et  divimmi  myslerium  ai)ortè  doridcat,  boc  i]iso  li  inquil,  in  Ambiosii  Calbarini  Vindiciis,  cap.  1-2,  et 
non  velle  baidizare,  sed  Baplisma  rcpraîsenlare  con-  |i  reliyiosè  profileor,  mequo  lempore  decrclum  illud  edituin 
vincitur;  neque  magis  bine  coUigi  potesl,  quod  babcat  i'  est,  Romœ  subslilisse,  seribque  nonnullus  priime  r.oUe 
baplizandi  inlenlionem,  quàm  inferalur  velle  malri-  |  prœsules  consultores,  quiin  ferendà  scntenliù  judices  se- 
monium  conlrabere,  qiiandô  conlraclum  malrimonii  l  dercuttinlerrogùsse,  mtm  Catluirini  seiileiitium  eo  decrelo 
in  scenà  reprsesenlans,  dal conjugales  manus,  et  verba  5  proscribere  voilassent;  eosqm  semcl  ilemmque  id  pcrnc~ 
pronuntiat  quibus  consensus  ad  nuplias  soletinler  bo-  Ij  gâsse,  profcssosque  aliiid  longe  à  O.aliarini  sijstenuilc 
mines  significari.  |  proscriplà  proposilionc  conlineri. 

Inst.  6"  :  Atijui  non  habel  inlenlionem  laciendi  |[  2"  Credibile  non  esl,  Roinanos  consultores  doclii- 
quod  facit  Ecclesia,  qui  rilum  omnem  Sacramenii  se-  ^  nam  infamarc  voluisse  el  li.xrcsis  nota  inurerc,  quam 
riô  peragens,  ridet  inieriùs;  ergo,  etc.  l'rob.  subs.  l  benè  noverant  e.\prcssam  es;.c  sa;.(:ti  A;;gus!i:.i  scn 
Quod  facit  Ecclesia  est  Sacramentum  ;  sed  non  vult  |!  icr.tiam,  à  Sancto  Tbonià  el  Innoceiilio  iV  probiilam, 
Sacramentum  facertJ,  qui  id  omne  quod  agit  exteriùs  I  a»te  et  post  concilium  Tridcnlimim,  iuiô  el  in  ipsà 
intùsin  corde  subsannal;  ergo,  etc.  —Resp.  :  Nego  |  i^acrà  synodo,  à  celeberrimis  tbeoîogis,  iidiMquc  nii- 
subs.  Ad  prob.,  concessà  niaj.,  distinguo  min.  Non  l  nimè  suspeclsc  scriploribus  propngnalam. 


vult  Sacramentum  facere,  volunlalc  inelïicaci,  con- 
cedo :  efficaci,  nego  min.  et  conseq.  Solutio  patcl  ex 
dictis. 

Inst.  7°,  ullimô  :  Quid  ultra,    inquiunt,  de  mente 


5"  Si  boc  fuerat  illis  proposiluni,  ccrlè  ab  anno  ICCU, 
quo  docrclum  emissum  est,  passinon  cssenl  ul  R()m;',i 
publiée  liberèquc  projiugnarelur,  mullô(ii!e  minus 
Iianc  summi  pontifices  approbàs^enl;  aiqui  niliilomi- 


Tridentini  concilii  liligamus,  cùm  Calbarini  sentenlia  I  iiùs  ab    boc  lempore,   pari   qnà  anlcliàc  libcrlato, 

Rum;:e  sA'piùs  publiée  prupugnala  esl,  bodièipie,  pro- 
bante sacri  aposlolici  palalii  magislro  tlicsium  con- 
sore,  defenditur  ;  qoin  et  illam  summi  ponlilices  lu- 
lam  sananKjue  judicàssc  compcriuntur  ;  nam  Clc- 
mens  XI,  illuslrissimi  prx'sulis  Francisci  GeneUi, 
Vasionensis  in  Avenionensi  comilalu  ei)i>copi  niora- 
ieni  Tlicologiam,  ubi  expresse  doclrina  bicc  iradiUir, 
il)  Append.  lomo  3,  sanclissimo  suo  noinini  nunci:- 
pari,etedi  in  piiblicnm  (viginli  elampliùsanni  su::!', 
bcniguè  concessit,  el  anno  17'2'î,  lltMiedielns  Xlil, 
Sunimam  .\lexandrinam,  ubi  eadeni  ^enlenlia  .la- 
bilitnr,  tom.  1,  p.  Zl,  n.  il,  pnblicari  jii>>il;  li- 
go,  clc. 

i"  Tanlùm  abcsl  ut  sacri  Iribnnalisdecreto  icla  i  lo- 
dila  hirrk  Calbarini  scntentia,  ul  è  ciinlrario  iiovis 
ancla  viribus  longé  plures  ab  boc  tempctre  n.Kjia  fuc- 
ril  ia  sclioiis  Ecclesi;e  celeberrimis  defonaOïv;»;  nam 
in  sacra  Parisiensi  facultate,  in  Ttdo.^an'i,  \n  eeîwbei- 
rin-.i\  Cadomensi,  el  aliis  Galliarum  geneialibiis  blii- 
diis  ncno  sula  jam  oblinol  ;  in  AcadcmifiTaurincnii, 


novo  sit  non  ila  pridem  fulmine  icla,  simulque  ehici-  '| 
dalum  quod  videbaniur  habere  obscurilalis  sacrae  sy- 
nodi  canones?  Annoenim  169(\  die  7  deoembris,  se- 
dente  Alexandro  VIII  summo  Puntiftte,  pronmlgaluni 
esl  Roniame  inquisilionis  decretum,  in  quo  prailer 
cteleras  proposiliones,  baec  numéro  28  damnalur  : 
Valet  Baplismus  collatus  à  ministro,  qui  omnem  rilum 
externum,  formamque  baplizandi  observât,  inliis  ver'oin 
corde  suo  apud  se  resolvit ,  non  inlendo  facere  quod  fa- 
cit Ecclesia  ;  atqui  ipsissima  liiec  esl  Caliiarini  senlen-  . 
lia  quam  defendimus  :  ergo,  elc.  —  Resp.  Nego  anle- 
ced.  Ad  probationem,  concessà  majore,  nego  min.  ; 
nego,  inqnam,  proposilioiiem  damnatam  banc  ipsam 
esse  quam  propugnamns  :  nuiltis  namquc  modis  ab 
invicem  discrcpant,  quod  facile  sludiosus  quisqnis  ad- 
verlct;  catenùs  enim  nos  dicimus  valere  Raptismunij 
à  mini'îlro  ritum  omnem  formamque  baplizandi  ser- 
vante collalum,  quatenùs  seriô,  libéré  el  in  iis  loci 
ac  temporis  circumslantiis  agit,  qu;TC  ipsum  Ecclesiaî 
jiomine  baplizandi  implore  (jOicium  iiulubilalè  signiîi- 


1519 


DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1520 


iii  Bonoiiionsi,  in  Palavln.î,  cl  aliis  pcr  llaliain  (lo- 
roiiliasiuiis  scliolis,  prohanlibus  sancla'  fiJci  inqiiisi- 
loribus,  propugiialur,  dt-rcndilur,  stabilitur,  canidem- 
que  niipcrriiiiè  ille  quoin  paulô  ante  pra-dixi,  adeù 
de  scliolà  Tliomislicâ  beiiè  nieritus  scriplor  R.  Jaco- 
bus  Hyaciiillius  Sony,  publicatis  Palavii  cl  Parisiis, 
cum  superiorum  liceiiliâ,  Calharini  Vindiciis,  novo 
lumine  illuslravit;  niagiiàque  et  insuperabili  aigu 
mentoruni  mole  probavii,  à  Luihero  et  Calvino  di- 
slare Calbarinuiu  loiigibsiuiè. 

Non  me  laiet  plerosque  cliamnùm  iheologos  esse , 
(jui  CaUiarini  senlentiam  ,  eliam  cum  leirà  haeresis 
accusalioiie  rejiciunt  :  sed  cùm  de  eorum  numéro  sinl, 
apud  quos  lanlùm  polcsl  prœjudicala  opinio,  ut  etiam 
valeat  sine  raiione  ,  eorum  dicteria  non  curamus  ; 
non  enim  lemerè  audieudus,  ([ui  pro  arbilrio  aliorum 
placita  damnai,  sed  qui  idoneà  argunienlatione  re- 
fellit. 

'  Yerùm  quod  liane  senlenliam  extra  omne  invidiœ 
leluni  consliluere  débet,  est  judicium  de  eâ  novissimè 
latum  à  sunuHO  pontifice  féliciter  régnante  Beuediclo 
XIV,  lib.  7,  de  Synodo  et  cap.  4,  cujus  integrum 
lestimonium  lubel  exscribere.  Poslquàm  igitur  sapien- 
tissimus  pontifes  retulit  Calbarini  senlentiam  ,  alio- 
rumque  Ibcologorum,  subjicit,  n.  7:  «  Iliec  opinio  visa 
i  est  aliis  coincidere  cum  Lutberi  et  Calvini  doctrinà 
«  à  concilio  Tridentino  expresse damiialà,  ac  propterea 
«  non  dubitâruiîl  hseresis  notam  eidem  inurere.  Ve- 
«  rùm  hujiisniodi  censorcs  concilii  Tridentini  liislori;e 

<  se  prorsùs  jejunos  oslendunt.  Elenim  sessio  7,  ubi 

<  primo  impium  lucreticorum  dogma  anathemale  con- 
«  fossum  fuit,  habita  est  die  3  maii  1547,  et  laudatum 
i  Calharini  tipusculum  Romai  typis  impressnm  prodiil 
s  anno  1552,  quin  opusculi  auctor  eâ  occasione  in 
«  aliquam  erroris  suspieionem  venerit.  Quapropter 
f  eardinalis  Pallavicinus  ,  cui  Tridentini  canones ,  et 
i  décréta,  corumque  genuinus  sensus,  ignota  profectô 
•  non  crant,  in  ejnsdem  concilii  Ilist.  lib.  9,  c.6,  n.2, 
«  loquens  de  senlentià  à  Calharino  in  eodem  concilio 
4  propugualà  haic  habel  :  Et  quidcm  existimo  Cutlia- 
t  rini  sentenliam  (alsam  esse,  sed  non  ideb  per  Tridenlinos 
«  canones  diserte  damnatain.  Quapropter  fus  illi  fuit 
i  affirmare  eam  concilio  non  controdicere.  Et  lib.  12, 

<  cap.  10,  exDonens  decrelaPœnitentiie  Sacranienlum 
«  spectantia,  num.  54,  ail  :  Ex  liisce  poslremis  vcrbis 
t.  conjicere  potest  quisquis  ea  lecjerit,  liuud  esse  expun- 
f  clam  senlentiam  Calliarini ,  atiornmque  theologonim 
n  opinanlium  Sacramento,  qub  ratum  sit ,  sufftcere  in  mi- 
I  nistro  voluntatem  serib  agendi,  et  obesse  tunlummodb 

<  jocum ,  quem  Sacramentuni  suscipicns  cocjnoscere 
s  possit. 

«  8"  Quamobrem  melioris  judicii  iheologi  Calharini 
i  opinionem  ab  bseresis  censura  vindicant,  latumque 
î  inler  illam  ac  Lutberi ,  et  Calvini  doclrinam  discri- 
j  men  iutercedere  demonslranl...  Quinimô  Marcus 
«  Antonins  de  Dominis,  lib.  5,  de  Repub.  Eccl.,  cap. 
«  12,  ubi  pervcrsum  h;crelicorum  enoreni  adslruil, 
«  Calharinum  à  suâ  seMleiilià  prorsùs  alienum  agno- 
I  eeil  et  falRtiir.  Nejrari  tamon  liand  potest  grav«  vul- 


i  nus  priielatiie  opinioni  iniliclum  ab  Alexandro  VIII,  à 
«  quo,  die  7  decembris  lO'JO,  ba;c,  iiilcr  alias,  propo- 
«  silio  damnata  fuit  :  Valet  Baptisnius  collants  ù  mini- 
«  stro ,  etc.  Sed  nihilominùs  à  danmationis  lelo  illam 

<  defendere  conantur  Juenin  ,  cil.  loco;  Serry,  in 
i  Vind.,  p.  109;  auctor  oper.  de  Re  Sacrain.,  p  115, 
«  aliique,  coufixam  propositionem  inlelligendam  rati, 
«  cùm  rilus  exlcrnus,  ant  non  seriô,  sed  joco,  et  mi- 
i  micè  peragilur,  aut  ab  ilio  exercetiu-,  qui  aliunde , 

<  hoc  est,  ab  aliquà  exleriori  circumslanlià,  puta  à  Sa- 
«  cranienti  poslulatione ,  non  dcteruiiiiattu-  ad  agcn- 
i  dum  nomine  Ecclesi;e,  seu,  tanquàm  Ecclesiic  mi- 
i  nisler;  ultrô  enim  admitlit  Juenin  non  validé 
«  baptizare  ,  qui  à  ncmine  postulalus  domi  iiifanlem 

<  abluit  cum  expressà  sanclissim;^  Trinilalis  invoca- 
«  tione ,  si  inlra  se  delibcret  id  quod  lerl  proposilio 
i  damnata  :  ISon  intcndo  f'acere  quod  facit  Ecclesia. 

i  9"  Yerùm  ulut  hœc  res  coram  Dec  se  habeat,  nulla 
c  usque  adhuc  de  eà  emanavil  expressà  Apostolicaî 
«  Sedis  dcfmilio.  Quamvis  igilur  conimunior  sil  sen- 
«  tenlia  exigens  in  ministro  inlenlionein  vol  aclualem 
€  vel  virtualem  faciendi,  non  sdùm  rilum  exterimm, 
«  sed  id  quod  Christus  instiluit,  seu  quod  facit  Ec- 
t  clesia,  et  lucc  veluti  tutior  sil  ouininô  servanda  in 
»  praxi ,  non  est  tamen  episcopi  priorem  opinionem 
t  reprobare,  alque  ad  banc  posteriorom  ,  eliam  Ibeo- 
i  ricè  tuendam  suos  diœcesaiios  adigere,  j  etc.  Ikcc 
ille.  * 

Objectio  IV,  ex  Ecclesiœ  disciplina. 

Opponunl  aliipii  Ecclesi;edisciplinam,  sicque  argu- 
mentum  instiluunt  :  De  Sacramenlisqualenns  valeant 
aut  invalida  sint,  ex  more  EcclesiiC  et  conditionibus 
(pias  in  eorum  célébra lione  observandas  esse  praîscri- 
bit,  judicium  esse  debel  ;  at(|ui  nulla  esse  Sacramenta, 
qUcC  absque  inleriori  intenlione  celebrantur,  ex  legi- 
bus  Ecclesi*  constat.  Minorem  autcni  probant  ex  ru- 
bricarum  Missalis  Romani  anctorilatc,  ubi  §  7,  de  De- 
l'ectibus  in  celebratione  niissarum  occnrrenlibus ,  sic 
pr;escribilur  :  -Si  sacerdos  liabens  coram  se  undecim 
hoslias,  supra  (juas  omnes  proférai  verba  consecrationis , 
intenderel  tamen  consecrare  dunluxal  decem ,  non  deler- 
minans  quas  decem  inlenderet,  nullas  consecrarel  :  aut  si 
dimidiam  duntaxat  parlem  hosliœ  consecrare  intcnderet, 
nec  cum  nllo  modo  desiynaret ,  niliil  consecraret;  liinc 
sic  concludiml  syllogisnmm  :  In  casu  pnesenti  dubium 
nullum  est  quin  sacerdos  habeat  exlernam  inlenlio- 
nein ;  volens  enim  et  sciens  id  omne  implet  exleriùs, 
quod  in  divin.ie  Eucharisiiie  consecralione  facit  Eccle- 
sia ;  ilaque  solà  caret  interna  et  secreliore ,  (iuid(piid 
materia;  sibi  subjcctum  estconsecrandi  ;  alqui  dcfcclu 
hiijus  intentionis,  ex  rubricis,  nil  consecral  :  ergo,  etc. 

Rcsp.  :  Concedo  majorem,  qusc  m.igno  sanè  hiatu 
grande  quidpiam  promillil ,  et  nego  minorom.  Ad 
probalionem,  concessà  majore  et  min.,  nego  conseq. 
et  supposilnm  argmncnti  ;  nego,  inquam,  Missalis 
Romani  rnbricas  cam  legis  ecclesiastica;  vim  liaberc, 
ad  quam  debeamns  doclrinam  no>lram  necessariô 
conformare  ;  ego  quidem  Ecclesiifi  legem  agnosco  in 
1  bis  qiicc  superiùs  ex  Auguslino  sunt  ref*ita(a  :  Prœter* 


1521  QU^ST.  YII.  Di:  MlfVîS' 

ilis,  inquil,  lib.  7,  oont.  Don.,  cap.  53,  viajorum  sla- 
tulis ,  non  diibilo  eliam  illus  habere  Baplisimnn ,  qui 
qnamvis  fallaciter  id  accipiunt ,  vel  ubi  putalur  esse  Ec- 
clcsia...  Xiliit  valent  ad  fritslrtmduin  Sacramentunt  fal- 
laces  à  quibns  agitur,  cl  in  quihus  ntjilur :  iiiidc,  si 
poslea  (  fallacia  )  proditur,  nenio  rcpelit.  Agiiosco  pa- 
riler  in  dccrelis  coiilra  Doiialislas  lalis  ,  cl  majorum 
reverenlià  consocralis  ,  qiiihiis  saiiciluin  esl:  Sacra- 
mcnta  per  seipsa  atlcndi  dcbcrc,  non  adjunctà  perversi- 
',i(lc  sive  accipirnliiiin  sivc  tradentium  ;  ad  nitistenorum 
inliHjritalem  niliil  interesse,  quœ  sit  /ides  ministrorum, 
quœ  bonitas,  vel  malitia.  Agiiosco  in  verbis  Innocen- 
lii  IV  :  Non  est  necesse  qubd  baptizans  gérai  in  mente 
facere  qnod  facil  Ecclesiu;  imb  si  contrarium  gereret  in 
vienle,  scilicet  non  fitccre  qnod  facit  Ecclesia,  sed  (amen 
facil,  quia  forniam  serval,  niliilominiis  (calhecnmonus) 
baptizatus  esl ,  dummodb  baptizare  tninister  inicndat  ; 
agnosco  in  canonc  Tridenlino,  que  sintiiilur  in  yuini- 
slris  reqitiri  inlentioneni  sallcm  faciendi  qnod  facil  Eccle- 
sia :  Missalis  vcrô  rui)!  icas  tani  gravi  ot  tani  necossa- 
rià  aïKlorilale  desliUii ,  longèque  minoris  ponderis 
esse  pluribus  argumentis  ostendo. 

Priinuni  esl,  quiaconslal,  non  ex  conclliorum  ca- 
nonibus,  non  ex  decretis  Ponlilicnni,  non  ex  aiiliquis 
Palrnin  statalis ,  non  ex  vcieri  disciplina ,  sod  ex 
tiicologormn  sciiolaslicorum  opinioniims ,  niajori  ex 
parle  esse  coiloclas ,  cl  Missali  libro  ad  coniniodita- 
tem  saccrdotum  apjiositas  :  nam  ni  in  co  casn  sisia- 
jinis  de  qno  in  pra'sciili  qu;rslio  est,  noque  in  Gra3- 
cornin  encI:o!(igiis ,  ubi  lanlà  accnralione  sacrilicii 
cnciiarislici  et  panis  consccrandi  apparatus  describi- 
Inr,  iicqiic  in  Gregorii  Magni  Sacramcntario  ,  neque 
in  Ordinc  lîoniano,  nec  in  veleri  Anibrosiano  MissaH, 
nec  in  c;i'teris  rilnalibns  Latinornm  quidpiaai  taie 
occurrit  ;  unde  evidens  est  nierani  tbeologorum  re- 
cenlium  opinionem  esse  ,  qu3C  ,  quoniani  nihil  babet 
cbristiana;  piclali  conlrarinm  ,  anmienlibus  sunnnis 
ponlidcibiis,  Mibsali  insorta  est. 

Sooinuinm  est,  quia  in  iisdem  rubricis  qiiccdam  ba- 
IjcnliM-,  qua;  liieologoriini  jmiicio  vel  incerta,  vel  eliam 
fulsa  sunt  :  nam  §  5  de  Defectu  panis  :  Si  panis,  in- 
(piinnl,  non  sit  triliceits...  non  conficitur  Sacrnmenlum; 
Cl  §  o,  de  Dolociibus  ex  parle  forma;,  sic  prx'scri- 
biint  :  1  Dcfoclus  ex  parle  forma'  pnssunl  conlingore, 
«  si  aliquid  desit  ex  iis  qu;e  ad  intcgriialein  verbornm 
I  in  ipsà  consecratione  requirnntur  ;  verba  autem  con- 
«  secralionis  qnx  snnt  forma  inijns  Sacramenti  snnt 
I  bxc  :  Hoc  est  cnim  corpus  mcutn  :  hic  est  enini  calix 
«  sanfjuinis  mei  novi  et  œterni  Testnmenli,  vujsleriuni 
«  fidei,  qui  pro  vobis,  et  pro  mullis  effundetnr  in  remis- 
t  sionem  peccfl<orHHj;  si quisaulem  aliquid  diminucrct.. 
«  nrin  conficcrel  Sacranientnm.  » 

Priniuin  cnim  aul  negant ,  aiit  relinqnunt  in  dubio 
plcriqne  ibeologi,  (piorum  pcrviilgata  opinio  ,  non  ex 
Iritico  solinn,  sed  ex  grano  quolibet  sub  frumonli  gé- 
nère contento,  cncbarislicum  paneni  confici  posse; 
qnicnam  autem  frunicnli  pro|)ri;c  speciessint,  inler 
ipsos  non  convenil.  Albertns  .Magnus,  refcrenie  Cajc- 
lano,  Comm.  in  ô  pari.  S.  Tli.  q.  7i,  art.  5,  (!n:is  om- 


iRIS  SACRAMFNTORIIM.  15M 

ninù  esse  cnnlendil,  ti  ilirnm  et  spellam;  in  contrarium 
Gabriel  Bielject.  5.*),  in  canon,  cl  comment,  in  4  sent., 
dist.  11  ,  qn;cst.  "2,  art.  2,  sub  frumenli  génère  verè 
concludi  affirmai  granuni  oiniie,  quod  in  aristas  et 
spicas  consiugit;  alqiio  adeo  Irilicum ,  bordeum, 
siliginem,  spcllnm,  cl  simiiia  posse  iiidifTerenter  cs<.e 
consecrationis  materiam  probabile  censcl,  aut  sallem 
opposiluin  non  plané  convinci  affirmai  :  camdem  sen- 
lentiam  (  bordeo  solo  excluso)  scquiliir  Pelrus  Palu- 
daiuis  in  4,  dist,  11,  quiest.  1,  arl.  4,  ubi  eliam  asserit 
aliquas  ecclesias  coiisccrare  in  pane  spcllaceo  :  Palu- 
dano  Ksliiis,  in  4 ,  dist.  8,  §  0,  de  spcllà  et  farre  con- 
sentit :  Conclus,  de  Sacr.  Eucbarislisc,  disp.  3,  art.  i, 
§  2  :  Probabile  est,  inquil,  paneni  ex  spcllà,  vel  sitigine 
esse  posse  maleriam  Eucliaristia'  ;  el  qui  in  uecessitate 
in  tali  pane  consecraret ,  pula  ne  homo  moriatur  sine 
Sacramento,  vel  ni  in  die  feslo  non  maneal  lolus  popu- 
lus  sine  sacrificio,  forte  excusari  posset  ob  probabilitaleni 
liujits  sentenliœ;  imô  quorumdam  cô  proce>sitopinandi 
licentia  ,  ut  larime  crud;c  cum  aquà  commixlionem, 
quani  /w.s/a»i  appellanl,  ad  Eucbarisliani  consecran- 
dam  suflicere,  aique  adeo  verum  pancm  necessariô 
non  requiri,  argumentis  ex  pbilosopbiâ  inepte  conge- 
slis  dispulaverint;  et  Iktgc  quidem  non  idcô  recensui- 
mus,  quùd  sic  opinantibus  tbeologis,  contra  rubricarum 
prtescriplum,  assentiamur,  sed  ut  oslendercmus,  tantî 
eam  auctoritatem  non  esse,  ut  in  Ecclesia  vim  Icgis 
obtineat. 

Alterum  quod  est  de  forma  Eucbaristirc  consc- 
crandai,  non  modo  sana  iheologia  respnii,  sed  et  ips.i 
sancla  Romana  Ecclesia  prorsùs  judicat  esse  farlsum; 
approbat  enim  ralumqne  babet  sacrificium  à  Grœcis 
et  Orientalibus  oblalum  ;  imô  jubet  ut  riln  suc  Eucba- 
ristiam  consecrcnl ,  proul  à  majoribns  accepernnl  ; 
alqui  inGrsecis  et  Orientalibus  eucbologiis  nonomnia 
verba  habentnr,  quœ  Latini  in  usu  liabcnt;  bcec  enim 
vox,  œlerni,  itemqne  hx'C  altéra,  myslerium  fidei,  nnl- 
libi  Icgilur  :  sed  neque  hcCC  verba,  qui  pro  vobis  et  pro 
multis  cffundi'lur  in  rcniissionem  peccalorum.  reporiun- 
tur  in  omnibus  liturgiis,  cùm  in  aliqutbns  vel  ex 
parte,  vel  penitùs  omittanliir;  nndè  merito  Petrug 
Arcudius,  lib.  5  Concord.,  cap.  IG  :  «  Fr)rma,  inquit, 
i  consecrationis  bujus  Sacramenti  anml  Gr;vcos  sunt 
«  lucc  ccrla  et  delerniinata  verba,  caque  5oIa  ;  Hoc  est 
i  corpus  meum;  hic  est  sanguis  meus,  qua;  sunt  verba 
t  Salvaioris  »  :  frustra  ergo  conlra  nos  rubricarum 
prccsciiptionc  ptignalin-. 

Tcrtium  deniqne  argumentum  iiinc  petitur,  quùd 
quocumijuc  landcm  in  pretio  rid)ric;e  .Missalis  ant 
Breviarii  rcponantur,  majus  sanè  pondus  cl  auctori- 
tatem Breviario  ipso,  aique  Missali  non  babeani,  quod 
sapiens  nemo  negaverit  ;  ai(|ui  non  onniia  qn;e  in 
Breviario  aul  Missali  lihr)  cunlinonlur  fideuï  ceriarn 
faiiuiit,  nciiue  oblinent  vim  legis  ,  à  qui  nec  laliini 
unguem  reccdere  liceat,  ni  constat  de  plerisquefaclis 
bisloricis  et  gcslis  snncioruin  ,  quae  orationibus  et  Ic- 
clionibus  inserunlm-,  quiv  non  uwdo  vocantur  in  du- 
biuin,  sed  eliam  sine  lidei ,  el  débita:  Ecclesicc  reve- 
ronli  e  dispendio  negari  abcruditis  consueverimt;  idem 


■ïgg^^;  DE  KL  SACUAMENTAUIA.  —  DE 

ergo  débet ,  el  meliori  quidem  litulo ,  de  rul)riclâ  esse 
jiKlicium. 

Jam  ut  ad  casuin  ipsiim  nnde  paulô  deducla  est  ora- 
tio  revertamur,  diciimis  insniuim  iliiid  el  periidii^uliun 
esse  sacrificanlis  consiliiim,  helleboro  niagis  quàni 
admonilioiie  sanandum  :  Hnbeo  liostias  undecim  mih\ 
propositas,  et  decem  tanlum  volo  consecrare ;  unam  lia- 
beo  ,  nec  plocet  prœter  mediiun  ejus  partem  in  sticriftcinm 
adh'iberc;  iiain  si  hoc  ei  reverà  est  constiliilum  ,  ciir 
uiideciniam  ab  altari  non  ablegat,  qiio  nihil  faciliiis 
est?  Cur  non  dividii  liosiiani,  ni  à  sacrilicio  parleni 
ejus  unam  excbidal?  Coetorùm,  si  iia  ut  proposuil 
iigere  pergal ,  niodô  exteriùs  rilum  divinilùs  impera- 
tnm,  seriôiiuc  adinipleat,  sine  dubitatione  reponimus, 
reverà  omnes  hosiias  consecrare,  nec  posse  effeciuni 
hune,  latente  contraria  voluntate,  uUaleiiùs  impediri  ; 
hoc  enim  ex  principiis  conslitiilis  et  loties  inculcalis 
necessariè  seqnitnr,  qiue  sanè  non  idoô  sunt  rejicien- 
da,  quia  rubricis  contraria,  sed  dicenduin  potiùs  cor- 
rigi  deberc  rnbricas,  si  ita  sacrae  rituura  congregalioni 
videbilur,  quia  verilati  cognitne  tantisque  niunitce 
prjîsidiis  adversanlur. 

Inst.  l"  :  Ideô  sacerdos  m  casu  prœsenti  omnes  hos- 
iias aliari  appositas  consecraret,  quia  seriô  ritum  om- 
nem  Sacramenii  impleret  ;  alqui  haee  ratio  nulla  est  ;  | 
potest  enim  lolus  Sacramenli  ritus  seriô  observari , 
eliamsi  Sacramenliim  non  fiât  ;  sic  potest  iiifans  gra- 
viter et  cum  sanctissimai  Trinitatis  invocalione  ablui, 
nec  tamen  recipere  Sacramentum  ,  si  nimiiùm  sa- 
nandi  aul  delergendi  pueri  causa  hoc  fiai;  polest  pa- 
riter  novus  sacerdos  seipsum  ad  sacrum  niunus  exer- 
cens  omnes  sacrificii  cieremonias  persequi  ;  nec  ta- 
men magisconsecrabit,  quàm  qui  in  mensâ  communi 
Evangclium  legens ,  juxla  panem  el  vinnn»  verba 
Chrisli  proniuuiat  ;  ergo  fatendum  cum  rubricis,  nui- 
lamin  casu  proposito  lieri  iiosliarum  consocralionem. 
—  Rosp.  ;  Dislinguo  maj.  Ideô  sacerdos  in  casu  pr;ie- 
senti  omnes  hosiias  ad  allare  positas  consecraret, 
quia  seriô,  in  loco  et  tempore  cœlcrisqfie  oppuiiunis  cir- 
cuinstantiis ,  ritum  Sacramenli  implcret ,  concedo  ; 
pra^cisè  quia  seriô  ageret ,  nego  majorem  ;  distinguo 
pariler  miiiorem  ;  haîc  ratio  nulla  est,  si  soja  el  pra'- 
cisè  sumaiiîr,  concedo,  si  cacteris  conditionibus  ad- 
jungalur,  qu;e  necessarinc  sunt,  ut  minister  nomine 
Ecclesiïc  rem  sacram  agere  censeaiur,  nego  min.  et 
conseq. 

E.  R.  quanquàm  ex  aille  dictis  facile  inleliigaiur  : 
cùm  Chrisli  clEcclesiaî  nomine  agantministri,  aique 
adcô  personam  publicani  givrant ,  Iubc  solùm  tanlo 
nomine  digni  sunt ,  (juando  loco  el  tempore  opporlu- 
nis,  cailerisque  convenienlibiis  circumslanliis  sacrum 
officium  oheunl  :  quôd  si,  nullà  cogenle  neccssitale, 
id  agere  pr;vsumpscrinl,  hoc  ipso  significanl  se  mi- 
ni 4eriun>  sacrum  non  exercere,  sed  illudcro  ,  ve!  re- 
praîsenlarc;  quapropLer  dicinius  sacerdolem  in  casu 
praisculi  omnes  sïl)i  propositas  hosiias  consecrare, 
non  idiô  prircisè  quia  vuilu  el  liabilu  corporis  ad 
graviutcmcomposiloagil;  sed  quia  ut  publicw& Chrisli  | 
minister  rem  sacranj   facit  in  loco  conveniculi  cl  c:--  l 


SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


4524 


teris  circumslanliis  quas  Ecclesiaeusus  delerminavil  ; 
è  contra  verô  afûrmamus,  in  aliis  casibus  qui  oppo- 
nunlur,  neque  baptismum  verè  (ieri ,  neque  Euclia- 
risliam  :  (juia  quamvis  seriô  haec  Sacramenla  repra;- 
sentenlur,  et  divinorum  niysleriorum  imaginem  priic- 
l'erant,  non  in  iis  tamen  circumslanliis  fiunl ,  quibus 
determinalur  minister  ad  agendum  Chrisli  el  Ecclesiae 
nomine. 

Inst.  2"  :  Nec  est  quôd  reponatur  bas  circumslan- 
lias,  quippe  Sacramenlo  exlraneas,  ad  essenliam  ejus 
nihil  lacère  :  adeôque  vel  posse  sine  illis  Sacramen- 
tum consistere,  vel  si  necessarise  judicenlur,  à  fortiori 
minislrorum  internam  inlenlionem  requiri. — Resp.  : 
Quanquàm  enim  non  sint  partes  Sacramentum  inlrin- 
secè  componenles  ,  condiliones  lanien  £unl  sacro  nii- 
nisierio  conjuncla;,  el  Sacramentum  Ipsum  exteriùs, 
ut  sicdixerim,  vesiienles,  quœ  si ,  prseler  casum  ne- 
cessilalis  ,  defuerint ,  hoc  ipso  minister  convincilur 
non  habere  inter'ionem  faciendi  quod  Aicit  Ecclesia, 
adeôque  nolie  facere  Sacramentum.  Id  quod  facile  as- 
senlielur  quisquis  ad  Eugenii  IV  verba  altenderit , 
declaranlis,  in  decr.  pro  instr.  Armen.,  Sacramenla 
novœ  logis  tribus  perfici,  rébus  tanquhm  materiâ,  verbis 
tanquàni  forma ,  et  personà  minislri  conferentis  Sacra- 
mentum ,  cum  intentionc  faciendi  quod  facit  Ecclesia  ; 
Ecclesia  porrô  i.on  in  omni  promiscuè  loco ,  aut  tem- 
pore, nec  in  quolibet  indifferonter  ornatudivina  mys- 
teria  consecrat  :  sed  ad  maleriam  et  formam  adjungit 
lum  minislrorum  gravilatem  divinilùs  imperalam  , 
sine  quà  ne  actns  quidem  humanus  esset  operatio  sa- 
ccrdotum,  lum  aliarum  quas  pr.Tdiximns  circumstan- 
liarum  comiialum  :  boc(iue  ipsnm  confirmât  sacri  ml- 
nislerii  cum  forensi  judicio  facta  sa'piùs  comparalio  ; 
licèl  enim  veslitns  scnalorius ,  locus  juri  dicendo 
deslinatus,  et  alla  hujusmodi  pleraque  ad  essenliam 
decreli  fcrendi  nil  faciant ,  legum  tamen  conslitulis  , 
el  connnuni  homiiuim  usu  cum  illo  ila  conjuncla 
sunt,  ut  si  pra'lermissa  judicum  negligi'nlià  fuerint, 
hoc  ipso  decretum  irrilum  et  invalidum  ccnseatur. 

Inst.  3°  :  At,  inqnios ,  conlingil  aliquando  sine  liis 
conditionibus  vcra  confici  Sacramenla.  NccessariiO 
ergo  non  snnl.  —  lie^ji.  .  Dist.  an!.  Cosilingil  hoc 
aliquando,  in  casu  necessilalis,  concedo  :  PiaMer  ne- 
cessilalem  ,  nego  :  pariquc  sensu  nego  conseq.  Tune 
enim  nécessitas  ipsa  legis  communis  exceplio  est,  et 
legilimam  excnsalionenï  babet  :  vult  enim  Ecclcbia 
edocta  divinilùs,  ut  si  urgeant  angiisli.e  temporis , 
neque  possint  cum  solilo  apparalu  Sacramenla  admi- 
nislrari,  minislreiitur  lainen  ,  ne  videlicèl  fidèles  re- 
niediis  necessariis  careant  ;  adeôque  in  bis  circum- 
sLnnliis  vera  Sacramenla  sunt,  (juia  minislri  faciunt 
quod  nscilpia  malcr  Ecclesia;  è  con'.ra  verô  si  a(l->it 
earuQidem  condilionum  implendarum  opporLuuiias , 
hnrum  violalio  nullitalis  Sacramenli  manifeslum  est 
arg-nnenlum  ,  quia  luiic  non  facit  minister  ({tim\  facit 
Ecclesia  ;  est  verô  iliud  adeô  cerlmn  ,  ut  eliam  ipsis 
de  Irlvio  (idelibus,  innalo  qnoiiam  religionis  scmjsu  iu- 
nolfscat  :  nam  si  viderinl  sacerdoliim  in,  plaU'-i  , 
a'::'v;>  rnlïlico  liH'O,  S^icvaiiienlum  Pœnilerttiifi  cuitlani 


1525  QU.î:ST.  Ml.  1>K  MINI-î 

lelliali  morbo  correplo,  sine  iillo  appanlu  adiiiiiH- 
straiilcin.divimim  agnosctinl  mystciiumiiori,  sacriui» 
speclai'uUiin  \^nerab»iuli  siispiciuiU ,  laudaul,  iie- 
ilùiii  improlienl  zcliim  sactM'iloliâ  ;  (|uùil  si  outlrano, 
non  mgt'ulo  nocrssilalo  ,  hoc  i|kMu>f  o»+d*M»  in  U>t^ 
fieri  ccinspicorcnl ,  imderi  rcn»  sacrani ,  noscio  qnà 
pielalis  anlicipalioiic  conlinuo  jnclicareiil,  nec  forlè 
coiilinereiit  se  ,  quin  in  niiuislrnin  inipmbnm  invo- 
lando ,  lenicrilalem  cjns  cl  iinpiolaleni  nlcisccreiilur. 
UnjrcTio  \ ,  exauctorildle  sancti  Thumœ. 

Qiianquàm,  ut  prx'diciuni  est  §  prncced.,  S.Thomas 
systciiia  Calbarini  niullos  anlc  aiinos  pra-lorniaverit, 
et  aperlè  defonderit ,  ciim  lamen  tonciliarc  sibi  ad- 
versLC  opinionis  palroni  oniiii  operà  aggrediuntur  ; 
quod  qiiiun  infelicitcr  niobanlur,  ex  ipsissiniis  quos 
opponiiiii  docloiis  Angclici  lexlibus  erit  inanifeslum. 
Itaque 

Objiciiinl  verija  ejiis  c\  ô  parle,  quaïst.  Ci,  art.  10, 
in  ciirp.  :  Diccndum  ,  inquil,  qubd  biteutio  miiiistri  po- 
test  perverti  duplicîler  :  uuo  modo  respcclu  ipsius  Sa- 
cramenii ,  puta  qnundb  aliquis  non  inlendil  Sacramen- 
tum  conferrt ,  sed  derisoriè  aliquid  agere  ;  et  talis  per- 
vcrsilas  toHit  veritatcm  Sacrameuli ,  pnvcipuè  qiiando 
suam  intentioncm  exlcriits  manifestât,  llinc  sic  dispu- 
tant :  Jiixla  S.  Tiioniam  timc  prœcipuè  lollilur  veritas 
Saeramenti ,  qnando  minister  malam  quam  intùs 
gerit  intentioncm,  bidcndo  cxtcriùs,  manifestât.  Ergo 
tune  etiam  toliiUir,  minus  iiccl /jrari/.'îfe,  qnando  pra- 
vam  volunlatem  sic  cobibel ,  ut  nulhim  cjus  exteriùs 
prodat  argumcntum  :  adeoque  sentit  Sacramcntum 
esse  invalidum  ,  si  minister mentalem  intenlionem  non 
babet.  —  Rcsp.  Admilto  textum  ,  et  conccsso  antécé- 
dente, nego  coiiseq.  Tola  vis  biijus  argiunenti ,  quod 
Conclus  et  aiii  magnil'acinnt ,  consislit  in  bàc  unà 
voce  ,  prœcipuè ,  quam  volunl  comparative  dcbcrc  in- 
lelligi ,  lia  ut  sensiis  sit  duobus  modis  per  inteniionis 
perversitatem  tolii  vcrilalem  Sacramenli,  uno  qui- 
dcm,  licet  niiuùs  pr.tcipuè,  si  in  corde  abdita  sil, 
alio  verô ,  et  principalins ,  si  pcrversilas  pateal  : 
bunc  verô  ncganius  doctoris  Angelici  esse  sensiim  , 
cùm  è  contrario  manifesté  docuerit ,  ministri  malam 
inîentioncm  vcrilali  Saeramenti  non  officcre ,  nisi 
(piando  exteriùs  prodilur  :  quid  eiiim  bis  verbis  ex- 
prcssius  ,  3  p.,  i[.  Gi,  art.  8,  ad  2  :  Minister  Saera- 
menti agit  in  personà  totius  Ecclesiœ  cujus  est  mi)iister; 
in  verbis  antem  qjiœ  proferuntnr,  exprimitur  intentio 
l'cclesiœ,  qiiœ  svfftcit  ad  perfertioncm  Saeramenti  ,  nisi 
rintrarium  exprimatur  ex  parte  ministri,  vel  recipienlis 
Sxramenttim?  Qnid  ilcm  bis  aliis  in  i  Sent.,  dist,  6  , 
qnicst.  1,  an.  2  :  <  In  bnplismo  et  in  aliis  Sacramen- 
(  tis,  qua'  hal)enl  in  forma  actum  cxerriinm,  non  re- 
«  quiritur  montalis  infi-ntio,  sed  sufllcit  expressif) 
«  inteiitioiiis,  perver!)a  ab  Erclesià  inslilula  :  et  ideô 
«  si  forma  servalur,  nec  ext  rins  ali(piid  dicilur,  quod 
€  intentioncm  conlnriam  exprimai ,  baplizalus  est?  > 
Ilaque  vox  p»ïcc/;;«t' ,  non  comparalc,  sed  absolulè 
débet  inlelligi ,  et  ad  inajoreni  asserlionis  eNpIica- 
tioiiem  adjuncln  ;  quasi  nimirùm  dicercl  S.  doctor  : 
Tidis  penrrsilas  tune  smiè  toUit  veritatem  Saeramenti . 


TUIS  SAi;UA.MENTOHlJM.  IMG 

quando  minister  suatii  inlentionem  exleriitê  matù\e&iai] 
neque  est  cxposilio  kec  à  cuuunuiii  huminum  usu 
aliéna  :  pule!>lciiin)  qui)»ctiiuit  .siuo  repreiiensionc  sic 
loqiii  :  Turpis  cogilatio  )tecc(UHm  morlale  est.,  fnaxipnè 
si  voluntutis  consensus  accédai  :  furtiuu  Iclliule  («t  eri- 
meii-,  prœcipuè  si  rei  nolabilis  iiivaùo  ftal  :  ubi  ri  prœ- 
I  cipuè,  non  sumilur  comparative  ,  quasi  runiinini  prava 
\  cogilatio,  otiani  dissenlicnlc  volunlatu  ,  aut  aitreplio 
unius  dcnarii  morlale  pc<caluni  esse  signilicclur,  sed 
absolulè  dicluni  inlelligitur.  Fiuslra  ergooUpueribler 
de  unû  hàc  voculà  advcrsarii  liliganl. 

Inst.  1':  Juxia  S.  Tlion>am,  5  p.,  q.  (U,  art.8>  in  c, 
(cl  hoc  ipsimi  naluralis  ratio  Mtggcri t),  7u«)u/o^f/ ji/«à/ 
se  huOet  ad  multa,  oporlet  (fuud  per  aliiid  deleirninetur 
ad  unuin,  si  illudelJici  debcal;  alqui  qiue  in  Sacramculis 
agunttir,  possuiU  divcràmodè  ojf» ,,  sicut  ablutio  aquœ 
quœ  fit  in  Baptismo,  polesl  ordinari  et  nd  mundiliani 
corjwralem,  et  ad  sanitatem,  et  ad  Indum,  et  ad  mulla 
alla  liiijusmodi;  oportet  ergo  qubd  delerminetur  ad 
unum,  id  est,  ad  sacramentalem  effeclum,  per  intentio- 
neniabluenlis;  alque  adeù,  inquil  Gonetus,  praaler  in- 
tentioncm poneiuli  scriù  ritum  cxiernum,  alia  débet 
adesse,  uiniiriini  bunc  excrcendi  nonibie  Cbristi,  et 
ni  quid  sacramenlale.  —  Rcsp.  :  Concedo  lolum  ar- 
gumcntum, quod  est  sancli  TbcnuB,  et  nego  ullimum 
Gonsequcns,  qnod  est  à  Gonelo  contra  mentcm  ejus 
exiorttim  :  ait  enim  ibidem,  menlcm  ipse  suam  ape- 
ricns  :  El  liœc  intentio  exprimilnr  per  verba  qnœ  in  Sa- 
cramentis  dicunlur,  puta  ciim  dicit  :  Ego  te  baplizo  in 
nomine  Patris,  etc.  ;  unde  manifestuni  lit,  prêter  in- 
teniioitem  explendi  riliisextcrni,  aliam  à  prœceplore 
Aiigelico  noi!  rcquiri. 

Insl.  2"  :  S.  doctor,  3  p.,  q.  GO,  art.  7,  ad  5  :  rfj- 
cendum,  inquil,  qubd  ille  qui  corruptc  proferl  verba  sa- 
cramentalia,  si  hoc  ex  industriel  facit,  non  videtur  in- 
tendcre  facere  quod  facit  Ecclesia ,  et  ita  non  videtur 
perfici  Sacramcntum.  Ergo,  incpiit  Gonotus,  ccnset 
doctor  Angelieus  inlentionem  faeiendi  quod  f.icit  Ec- 
clesia, ad  perfectionem  et  valorem  Sacramenli  re- 
quiri.  —  Resp.  :  Concedo  lolum  argmnenlum,  et  dico 
contra  nos  omninù  nibil  faccrc  :  non  enim  negamus 
ad  valorem  Sacramenli  requin  inlentionem  iacicndi 
quod  facit  Ecclesia,  cùm  è  contrario  pro  ejus  nécessi- 
ta e  adversùs  Lutberanos  clCalviniblas,  tanquàm  pro 
aris  ac  focis  pugnemus  ;  nierilô  auiem  aflîrniat  S.  llio- 
nias  quod  illam  babere  non  videatur  qui  ex  induslriù 
formam  Saeramenti  corruptc  proferl,  quia  liàe  agi-iidi 
ralionc  aperlè  signilicat,  ludere  magis  se  velle,  (piàni 
id  facere  quod  lacil  Ecclesia. 

Inst.  5":  S.  Thomas,  3  p.,  q.  GS.  art.  7,  ad  -2,  sic 
ioquilur  :  Diccndum  qubd  si  in  adulte  decsset  intentio 
su.'>eipiendi  Sncramentum,  esset  rebaptizandus.  llinc  sic 
iiiferinit  arginnenlum  :  De  minislris  Sacramenlorum 
idem  ac  de  suscipiunlibiis  debei  esse  judicium;  atqui 
ex  S.  Tliomà,  ila  est  in  adullo  nccessaria  suscipiendi 
Sacramenli  iiilenlio,  ut  si  cà  earuerit,  Sacramentnni 
debeat  ilerari  :  ergo  idem  de  nnnistro  est  sentiendum. 
—  Resp.  :  Admilto  auclorilalem,  et  concedo  totimi 
I  argumcnium  indti  deiluetiini  :  hoc  enim  unnm  probal, 


43^27 


DE  RE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1328: 


repelil,  sod  el  alii  SS.  doclorcs  ,  qiios  commemorarc 
^  loii'Mim  foret,  et  SS.  Ponlilices  decretis  suis  sx'pè 
saiixcnint,  cl  IVcciiumUcs  synodi  coiifirniâriiiil,  de  qui- 
tus forlè  aJibi  serino  recurrel  ;  iiileiim  ad  luijiis  ar- 
guinenti  coronidem  salis  fuerit  leges  imperalorias 
allogare,  quas  conlra  Donalislas  lulerunt  ;  de  Coiislaii- 
lino  Magiio,  quo  leiionle  impcrium,  ncrariuni  schisma 
coiidalum  est,  conslal  quôd  cnorem  Rebaplizaiiliuin 
dcleslalus,  et  Doiialibtas  sunmio  odio  insoclalus  fue- 
rit, €  Pio  Ecclesioe  uniiale,  inquitS.  Augusiinus  con- 
I  Ira  lilt.  Peliliaii.,  lib.  2  ,  justissiniè  judicans.  »  Ex- 
tat  pranerea  Yalentlniaiii  seiiioris  in  Rcbaplizaiilcs 
conslilulio,  aiini  575,  liis  vei  bis  coiicepla  :  «  linpera- 
»  tores  Valenliiiianus  et  Valeiis  AA.  ad  Julianuu» 
«  Froc.  Africae  anlisiiLem,  qui  sanetitatem  Baptismi 
«  illicilà  usurpalionc  geniinaverit,  et  conlra  inslilula 
€  omnium  eain  graliani  iterando  coiitaminaverit,  sa- 
<t  cerdolio  indignum  esse  ccnsenius.  DaUun  10  kal. 
t  mart.  Trcv.  Yalcnliniano  et  Yalenle  lY  AA.  Coss.  > 

Iiem  altéra  Graliani  aiini  377  :  «  Imperalores  Ya- 
«  lens,  Gralianus  et  Y'alenlinianus  AAA.  a.l  Flavia- 

,  'M  vicariuui  AiVic*.  Eoruin  condeninainus  erro- 
%  iviiTi,  qui  Aposlolorum  pnicccpla  calcanles,  Ciuisliani 
«  nominis  SacrauieiUa  sorlilos,  alio  rursiis  Baptismale 
f  non  porincant ,  sed  inceslant ,  lavacri  nomine  pol- 
«  lueules;  eos  igitur  auctorilas  lua  erroribus  miseris 
«  jubebit  absislere,  ecclcsiis,  quas  conlra  fidem  reti- 
f  nent,  reslilulis  cailiolicae;  eoruni  quippe  insliiuiio- 
<  nés  sequcnd.c  sunt,  qui  Apostolicam  fidem  sine 
€  inlermulalione  Baplisnialis  probaverunl  :  nihil  enim 
«  aliud  pra-cipi  volimuis,  quàm  quod  Evangeliorum 
«  el  Aposlolorum  fiJcs  el  Iradilio  incorrupla  servavit  : 
f  sicut  cl  lege  Divali  parenlùui  noslrorum  ,  Constan- 
(  Uni,  Conslanlii,  Y'alenliniani  décréta  sunt...  Dat. 
€  16  kal.  nov.  CP.  Graliano  A.  lY,  et  Merobaude 
«  Coss.  » 

Ergo  Bapiismuni,  Conlirmationem  etOrdinem  ite- 
rari  sine  flagitio  non  posse,  res  est  ex  anliquà  iradi- 
lione  cerlissima. 

m.    Ideb  tria  liœc  iterari  vclilum,  quia  imprimiinl 
indelebilem  cliaraclcrem. 

Dictuni  est,  ideù  tria  hœc  sacra menta  iterari  prohi- 
hiia,  quia  per  illa  characlercm  indelehilein  infingi  in 
iiiiiuui  conslans  niajoruni  exislinuUio  fuit  :  quod  qui- 
dom  non  est  diflicile  demonslrare. 

îîJaHi,  ul  niodù  probaluni  est,  SS.  Patres ,  de  Sacra- 
iiicntis  agendo,  noniinibus  lesserœ,  signi,  signaculi, 
characleris,sigillœ,  nolœ,  etc.,  ulunlur  niniiliariter;  si- 
gnaciilum  lioc  comparant  signo  quosuperliniinaria  do- 
niorum  in  Jigypio  ab  lîebrœis  illila  sunt  ;  sigillo  quo 
thésaurus  ,  ne  luribus  palcal ,  obsignalur  ;  nol;t ,  quà 
oves  insigniunlur ,  ut  ab  omnibus  insidiis  tulae  sint; 
signo  publicis  monclis  imprc>so  ;  characleri,  qui  olim 
niililibus  inligi  solebat,  ul  sciretiu' oui  militaront,  ne- 
que  ûflicium  pussent  impunè  deserere  ;  quodque  de- 
crelorium  est,  affirmant  signaculum  lioc  inligi  in  ani- 
ma, esse -indélébile,  cognosci  ab  angelis,  daimones 
terrore  perfundere  nec  minus  hx'rere  iniùs  in  corde  , 


quàm  noia  (pia;libct  corporalis  in  carne  defixa  sit. 
Ergo  boc  ipsum,  anliqua  docuit,  quod  liodierna  lenct 
Eoclesia  :  alipie  adcô  Lullierani  el  ('.alvinisUi:  novila- 
lis  cl  perfidiie  convincunlur. 

Deinde,  juxta  doctrinam  SS.  Palruni,  quisquis  in 
bx-resi,  vel  scliismale  ,  vel  in  ipso  Ecciesia;  Calholica; 
grcniio  ficlè  et  sine  (ide,  ad  normam  Kvanjelii  exie- 
riùs  bapli/.a!ur,  effeclum  ali(piem  rccipil,  (|uom  in  sC, 
vc'lit  nolit,  defixum  liabel ,  (piO(|ue  in  perpoluum  di- 
slinguilur  à  non  baplizalis.  Sed  gratiam  non  rcci|)it, 
quix;  cum  baîresi  cl  pcilinaci.à  Si  hisniatis ,  cl  pravâ 
simulalione  slare  non  polosl  :  Injusli  cum  jitslis ,  iu- 
quil  S.  Augusiinus,  lib.  G  conlra  Donalislas,  cap.  27, 
Ba])lisuiuni  liubcnl  communcm,  cum  (juibus  coDimuiiem 
non  liabenl  ulique  charilatem  :  mtiucl  Uaplismus  in  Im- 
probis  ,  \licèt  ad  pcDiiciem  maneaî  :  <|ua;i  cndum  ergo 
quis  ille  cflbclus  sil;  atqui  quaiilùinlibcl  ingonii  ner- 
vos  conlendas  ,  non  alius  jiraler  chaiacUMom  uccur- 
ret  :  ergô,  etc. 

Pryeterea,  quisquis  post  baptisipum  in  Ecclcsiâ  ca- 
tliolicâ  acceplum,  déficit  à  fide  quam  professus  fue- 
rat,  el  in  aposlasiam  labitur,  quanlùmvis  in  se  om- 
uom  pielalis  el  Religionis  scnsuni  exlinguat,  habct 
tamen,  invitus  licèt,  impressam  aliquam  nolain  ,  per 
quaiu  à  cœleris  dislinguilur,  qui  nunquàm  Cbrislo  de- 
dcrunt  nomen,  quà  fit ,  ul  licèt  sit  ovis  errans,  ovis 
lanien  maneal;  quamque  etsi  non  ad  salulen»  gerat, 
geril  cerlè  ad  opprobrium  et  ignominiam  sempi- 
ternam  ;  atqui  nota  illa  neque  gratia  est,  nec  imago 
ulla  rilùs  exlerioris ,  in  solemnitale  bapiismalis  ce- 
lebrali  :  rilus  cnim  ille  jampridom  cum  ipso  Bapti- 
zandi  aclu  disparuit  :  cliaracier  ilaque  est. 

Poslrcmô  honio  quando  sive  inlra ,  sive  exlra  Ec- 
clesiam  calliolicam  l)aplizalur,  idemquc  de  Coiifirma- 
lione  el  Ordine  est  diccndum  ,  recipit  aliquid  à  Spi- 
rilu  sancto,  per  quod  Deo  specialiler  et  in  perpcluuni 
consecratur  ;  unde  infert  S.  Augusiinus  non  debere 
lifec  repeli,  i  ne  non  homini,  sed  ipsi  Deo  injuria 
«  fiât  ;  »  parique  sensu  auclor  libri  de  Operibus  Chri- 
sli  cardinalibus  apud  S.  Cyp.,  t  Baplismum  repeli, 
»  inquil,  ccclesiaslicne  proliibent  régula-,  el  semel  san- 
«  clificalis,  nuUa  deinccps  manus  iterùm  consecrans 
t  prsesumit  acoedere  :  nemo  sacros  ordines  semel  da- 
«  los  iierùm  rénovai...,  quia  conlumelia  essel  Spiri  ■ 

<  lui  sancto,  si  cvacuari  possel,  quod  ille  sanclificat, 
«  vt.l  aliéna  sanclificatio   cmendarel  quod  ille  semel 

<  slatuit  cl  conlirmal  ;  b  jam  quaM'imus  quai  istlia'C 
consccratio  sil;  numquid  gratiam  sanclificanlcm  esse 
dicemus?  Alqui  nequil  illa  perfundere  animum  in  hce- 
rcsi,  vel  scliismalo,  vel  allerà  quàlibel  impielale  ob- 
sliiialum;  el  iilius  liabilà  ralione,  quis(]uis  ad  Bapli- 
smum accedil,  magis  diabolo  consecnilur  quàm  Deo: 
numquid  ùiclini  sumu*  consccralionem  banc  esse  ri- 
lum  oxlernum  Baptism»  qui  cùm  in  se  sanclus  sit, 
bominem,  vclil  nolit,  cônsecral  Deo  ?  verùm  si  eâ  de 
causa  Baplismmn  non  ilerandum  pulamus,  erit  lioc 
ipsum  de  Eucbaristià  ,  Pœuitenlià  ,  et  ca'leris  sacris 
signis  aflirmandmn,  quia  rilus  eoruni  est  sanctus  ,  et 
conjunctam  habet  invocationem  nominis  Dei.  Super- 


15i9 


QU.EST.  V.  DE  r.rri:CTIftL'.VSACRAMl",.NTOHi;M. 


est  igitui',  ut  cuiii  Ecclesià  calholicà  f;ileaiuur ,  Iianc 
consecralionem  esse  characterrm ,  (iiii  non  minus  à 
malis  susiipitiii"  quàni  à  bonis. 

IV.  Hoc  ipso  s'ujno  sive  cliaractcrc  vera  lioiiiijti  coiifer- 
tur  polcstas. 
Dciiiqne  quèd  spiiilnale  signaculum  pcr  liit'c  tria 
Sacranieiila  in  anima  inipiessum  ,  conférât  veram 
liomini  polcslalcm,  Inni  activam,  [uni  passivam,  circa 
ca  qu;ic  perlincnt  ad  cullinn  diviniiin,  manilVslum  est 
ox  perpétua  I>cclesi;e  consucludine. 

Ecclcsia  sic  tradititm  leuet ,  m\\nl  S.  AuiiUfctinus , 
lib.  2  contra  Donalistas,  cap.  14,  ut  liomincm  siite 
Baptisnw,  ad  allure  prorsits  non  possit  admitteie  :  ccn- 
fert  cigo  Baplisniiis  ad  ailare  acccdendi,  et  reliqua 
Sacramenla  percipiendi  passivam  polenliam,  quam 
non  habet  liomo  ante  Baplismum  :  iiam  quemadmo- 
'-  dùm  in  naturà  priùs  est  nasci,  et  esse  fliium  familiàs, 
quàm  ficri  bonorum  palris  parlicipem  ;  ila  in  ordine 
graliiC,  priùs  est  reiiasci  spiriliialiter,  quàm  admilliin 
Sacramcntoruni  Cbiisli  consortium  ;  idemque  deCon- 
finnatione,  qiiùd  nimirùm  conférai  activam  aliquam 
poiestatem,  facile  concedct  quisqnis  attendent  esse 
Sacrameiitum  militi;ic  cbristiaiuc  ,  et  per  illud  signa- 
culo  spirituali  donari  hominem  ,  ut  intrépide  Cbrisli 
nomen  profitealur ,  suoque  imperatori  indivulsè  ad- 
lucreat. 

Confert  pariler  Ordo  sacer,  ea  qu?e  sunt  divini  oul- 
lûs,  tiadcndi  caileris  poieslalem  :  bine  Ecclcsia  ba- 
ptisnuim  in  b;crcsi  celebialum ,  et  ordinalioocs  à 
niinislris  betreticis  aut  scbismalicis  rite  factas  nun- 
qnàm  voluit  iteiari;  quia  eliam  in  iliis  poiestatem 
Ordiiiis  manere  inlegram  semper  credidit;  bine 
S.  Augustinus  Ordinalionem ,  jus  dandorum  Sacra- 
mcntoruni appellal.  «  Sacrameiitum  Bapiismi  est ,  iii- 

<  quit  lib.  1  ,  de  Bapl.,  cuntra  Donatislas,  c.  1,  quod 

<  babet  qui  bnplizatur ,  et  Sacramenlum   daiidi  Ba- 

<  ptisnii  est ,  quod  babet  qui  ordinatur  ;  sicut  auteni 

<  baplizatus,  si  ab  nnitate  recesserit,  Sacramenlum 
I  Bapiismi  non  amiltit;  sic  eliam  ordinalus ,  si  ab 
(  uiiitate  recesserit,  Sacramenlum  dandi  Bapiismi  non 
«  amiltit  ;  nulli  enim  Saeramenlo  injuria  facienda  est; 
€  si  discedit  à  malis,  utrumque  discedit  :  si  permanot 
c  in  malis,  nlrumque  permanet.  Sicut  crgo  accepta- 
«  tur  Baplismus,  quom  non  poliiil  amiltore  qui  ab 

<  unilate  disccsserat,  sic  acceplandus  est  Baplismus , 
I  quera  dédit  ille  qui  Sacramenlum  dandi,  cùm  disce- 
€  deret ,  non  aniiserat  :  nani   sicut  redcuntes  ,  qui 

<  priusquàm  recédèrent  baptizali  suiil,  non  rebapli- 

<  zanlur  ;  ila  redeunles ,  qui  prius(|uàm   recédèrent 

<  ordinati  sunt,  non  utiqiie  rursùs  ordinanlm*  ;  sed  aut  : 
c  administrant  <iuod  adminislrabant ,  si  lioc  Ecclesi  e 

(  utilitas  postulat  ;  anl  si  non  administrant ,  Sacra- 
«  nienlum  onlinalionis  sn;e  lami'ii  geriml;  et  idcô  eis 

<  manus  inlcr  laicos  non  imponilur.  » 

Igitur  à  primo  ad  uliimum  conscqucns  est,  sanclos 
paires  cbaraclerem  in  iribus  pradictis  Stcramenlis, 
vclut  eflcclum  proprium  agiiovi-^sc. 

§  5.  Adiersariorum  objccliours  rcfcllitiiliir. 

Objiciunt  :  >'on  polcst  illud  dogma  defendi  vclut 


1300 

ad  lidcm  pcrlinciis,  ciii  ScripUirarum  non  sulTragaUir 
auctorilas  ;  alqui  doclrina  luec  Scriplurarum  auctori- 
tale  non  niliiur;  crgo,  etc.  —  Besp.  {"  :  Transeat 
major,  et  ncgo  miiiorem  :  n(in  enim  désuni  Scripiur.'c 
oraciila,  unde  cliaracter  colligi   |tossit ,   pr.i's;;rlim  si 
Ecclcsia  audiaUir,  sine  quà  nullum  dogma  ciito  po- 
lcst constitui  :  porrô  bicc  lestimonia  sunt  hujiismodi  : 
Unxit  nos  Deus ,  inquil  Aposlolus,  2  Cor.  1,  21  ,  et  si- 
(jnavit  nus,  el  dedil  pi(jniis  spiriliis  incordibnsuosiris... 
tplies.  1,15:   In  qiiu  credcnles  signait  estis   Spiritu 
promissionis  sancto,  qui  est  piijnns  Itœredilalis  nostne... 
nolite  conlrislare  Spiriluni  sanctuni  Dei,  in  quo  signuti 
iislis  in  dieni  redenijilionis;  ibid.    l ,  oO;  bis  cnim  et 
similibus   Scri|ilurariim  (eslimoniis  cummunik-r  iu- 
nixi  sunt  sancli  Ecclesiuc  Patres,  S.  ibomas,  el  celc- 
bi  iorcs  scbolarum  magiblri ,  ad  cbaraclerem  iiroban- 
dum  ;  quibus  magis  crcdimus ,  quàm  Liitberanis  et 
Calvinislis,  qui  ncgsndo  limic  esse  Scripluru;  scnsum 
legilimum,  ncc  teslimonium  ullum  aberunt,  ncc  ralio- 
nem  idoiicam  quà  doclrinic  suie  aucloritalem  conci- 
lient ;  tanlummodo  enim  conjecturis,  et  ad  ari)itrium 
confictis  inlerpretalionibus  indulgent,  qiia;  pari  à  no- 
bis  facilitale  rejiciuntur  ,  quà  ab  illis  alTeruiilur.  — • 
Kesp.  2"  :  .Xego  maj.  ;   ut  enim  dogma  aliquod  velut 
ad   lidoni  perlinens  delendatur ,   sullicit  ut  innilalur 
vcrbo  Dei  vel  bcriplo  vel  tradito  ;  nequc  necessarium 
est,  ut  utrumque  simul  concurrat,  nam  verbi  divini , 
sivc  sil  scriptum  ,  sive  tradilum  ,  una  eadenuiue  au- 
ctorilas est  ;  alqui  doclrina  de  cbaraclere  sacramen- 
tali  aperlè  in   Iraditionc  conlinelur,  à  solis  ncgatur 
baereticis,  ab  Ecclesià  Orienlali  et  Occidentali  admit- 
titur,  à  Patribus  contra  Donalistas  est  strenué  propu- 
giiala  ;   non  enim  aliimde  aigumenla   petebanl ,    ad 
j  piobandiim  baplizalos  ab  luvrelicis  non  esse  rcbapti- 
zaïidos ,  nisi  quia  bieretici  ,  licèt  cbrisliana;  militiDc 
'  desertorcs,  dùm  nnminc  Cbrisli  baptizabanl  cbaracle- 
rem impiimcbanl  ;   undo  consequens  erat  non  esse 
allerum  iiirigcndum  ,   sed    ubicumque  agnosceretur , 
probaiidum  :  crgo,  elc. 
List,  r  :  Alqui  SS.  Paires  characterem  nunquam 
iadmisermit,    sallem  eo  sensu   quo  nunc   ab  Eccle- 
sià   propugnalur  ;   crgo.  Piob.  subs.    Juxla   Eccle- 
siai    bodierna;   senlciUiani    cliaracler    est   spiiilnale 
signaculimi  ;  al(|ui  iiiullô  aliler  à  Palribus  inlcllige- 
balur  :  crgo,  etc.  Prob.  min.:  S.  .Vuguslinus  s:ep«i 
affirmât,  characterem  aijnosci  extcriits,  cl  agniiuni  np- 
probari  ;   ;ilqui  spiriluale  signaculum  exleriùs  nequit 
cognosci.  tiim  inlùs  bxum  in  anima  delilcscal;  crgo, 
elc.  — Kesp.  :  Nogo  subs.  Ad  probationein,  conccssà 
majore,  nogo  min.  Talcm  enim  volunl  SS.  Patres  esse 
cbaraclerem,  qnalis  ipsa  consecratio  est,  per  quam 
bonio  D(  0  dedicalur,  alqui  con^ccralio  Ikvc  tola  spiri- 
riluaiis  est ,  neque  sensibilis  esse  potest  ex  iiienlc 
sanctorinn  Palrmii  :   ejusii'Mii  ergo  nalura?  cliaracler 
est  ;  quapropler  S.  Augustinus  bine  probal  ordina- 
lionem non  magis  debcre  repeli  quàm  Baplismnm  , 
Quin,  inqiiil,   utrumque  Siicnimcnlum  est,  el  (juiidum 
coiisccralionc  utrumque  liomini  datur.  Ad  auclorilntem 
S.  Augusimi,disi.  maj.,  simul  cl  cxplico  menlcni  cjus. 


1531  I>E  RE  SACRAMENTAIIIA.  - 

cliaracierem  imprimenlibiis  ,  neccssariô  non  deljerc 
ab  illà  qnnni  diximiis  in  niiiiistris  reqtiiri. 

Et  quideni  qiiùd  dcbe:>nl  rei  in  Ecclesiâ  sacriie  siis- 

cipieiui;i:  habcreiiitcniionom,  res  est  Liillioranis  ipsis 

ac  Calvinistis  ila  perspiciià,  ul  in  bàc  parle  à  Catlio- 

licis  non  dissideant  :  quanquàm  cnini  (]ui  recipinnl 

Sacrameiita  passive  se  habeant,  Non  est  tuinen,  inquit 

S.  Tlioinas,  5  p.,  q.  G8,  art.  7,  ad  \,  passio  illa  conclu, 

scd  voluutaria  ;  et  ideb  ntjumlur  iniculio  rccipicndi  id 

(juod  eis  datiir.  Deinde  liccl  in  acliiali  Sacranienli  conle- 

clione  iiiiiil  agal  qni  suscipit,  quia  solius  niiiiislri  est 

agere  ,  ali(|na  lanieiiejus  opcralio  pniccedil,  per  quani 

postulat  sihi  roni  sacrain  admiMisliari ,  et  ejus  susci- 

l)iciid;e  siguificat  voluiilaiem;  ncc  eiiini   more  aulo- 

niatiun  sic  niovolur,  ul  non  niovcat  soipsum  ;  niovcre 

anteni  se  sine  aliquà  suà  acUone  non  polesl  ;  qua;  cùin 

libéra  sil,  cl  pra'cunle  juJitio  ralionis  elicila,  couji- 

leiu  procul  dnbio  babel  inlentiononi  ;  inde  est,  inquil 

pr.TCceptor  Angelicus,  ibid.,  in  arg.  Sed  conlrà ,  quod 

secundùm  r'itum  Ecclesiœ,  baptizandi  pro/itentur  se  pe- 

1ère   ab  Ecclesiâ   Baplismiun  ,    per  quod    profitentur 

SKani  iiilcntionem  de  snsceplione  Siicrameiili  ;  cl  verô 

Chrislus  Sacramentonun  anctor  et  conditor  voluit  bu- 

niano  modo  bicc  lauta  negotia  ab  iis,  in  quorum  gra- 

liam  transigerenlur  ,  traclari  :  ubi  aulem  nec  volun-  f 

las  ,  nec  deliberatio,  nec  inteutio  est,  hnmanumopus 

esse  non  polesl,  quia  ralioet  voluiitas  est  bouiini  pro- 

prium  agendi  priucipium;  quemachuodùin  igilur  irrita 

ac  vana  Sacramenla  dicunturet  sunt,  qua;  à  iiiinislris 

conferunlurnonlial>etilibus  intenlionem  faciendi  quod 

facit   Ecclesiâ ,  pariler   nulla  dicenda   lorent  ab  bis  ' 

S'iscepta  ,   qni  recipiendi  quod   facit  Ecclesiâ  intcn- 

lifue  carereul;   biuc  lunoceuliiis  111,  cap.  Majores  , 

cM.ra.  de  Bapt.  et  cjns    E'Jecîib.  :   llte  ,   iiK|uil,  c/h» 

nunquhm  coiisenlil  susceplioni  BajHismntis  ,  sed  peiiitiis 

contrad'icH ,  nec  rein  ,  ncc  characlercm  suscipit  Sacra- 

vienti  ;  et  S.  Tbomas,  .">  p.,  q.  G8  ,  art.  7,  in  c.  «  Di- 

<  cendum,  ail,   quôd  per  Bajilismum  aliquis  morilur 

«  vil*  peocali,  cl  iiicipil  qnaindani  vilai  novitatem  , 

«  secundiiui  illud  ,   Uoui.  6,   v.  -i  :  ConsepuUi  sunnts 

i  Clirisio  per   Baptisinnm   in   niorlem  ,  ul    quomodb 

i  Chrislus  surrexil  à  mortuis  per  qloriam  Pntris,  ila 

8  et  nos  in  novitale  vilce  ambnlemus  ;  cl  ideô  sicut  ad 

8  hoc  (juùd  iiomo  iiiorialur  veti'ri  vila%  rtMiuiriltu-,  sc- 

«  cundùin  Angustiuum,  iu  bai)Ciile  usum  liberi  arbi- 

«  Irii  voluuta^,  quà  cum  vcleris  vil;e  pocuiteal ,  ila 

«  reijuirilur  volunlas  ,  quà  iiilendat  vit;c  novilaloni , 

8  cujus  principium  est  ipsa  susceptio  Sacranienli ,  el 

a  ideô  ex  parle  baplizali  rcquirilur  volunlas  ,   sivc 

«  inlcnlio  suscipiendi  Sacramcntiun  ;  »  quibus  verbis 

S.  doctor  non  niodô  idem  nobisciim  aninnat ,  sed  et 

bujus  veritalis  ralionem  afïert  j)!aiiè  cojivinçentem. 

Diciinus  modo  ad  p  rfeclionem  Sacranvnlorum,  ex 
îiartc  susci|)ienlium,  sullicerc  inlentiunem  quà  vclinl 
scriô  se  miuistris  sul)jicore  ,  et  opus  in  se  inipleri , 
quod  Ecclesiâ  velut  sacrum  el  religiosum  celi'brare 
consuevil  ;  nec  iiisii|;er  i  cqnii'i  secrelioreni  alleram  || 
suscipieudi  illud  ul  sacrum  :  uuovorbo,  eamdcai  iilo-  Il 
vuni  ac  miiiiitraulium  cs^e  sorlem  ;  quod  in  iis  im-  f 


ù  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  ir,ZÎ 

ximè  Sacramenlis  elucet ,  qna'  imprimunt  cliaracie- 
rem ;  ubi  enim  verè  infigilur ,  non  est  dubiuin  esse 
Sacramentum  ;  quia  ubicumqne  cfTeclus  reperilur, 
ncccssarium  est  esse  causam ,  sine  quà  nec  inlelligi 
quidom  polesl  ;  al(|ui  ut  Baplisnms  ,  oxempli  gralià  , 
Kignun)  Cliristi  impcratoris  iiiligat,  suj'licil,  juxia  ma- 
jorum  doclrinaui ,  inlcnlio  t[uam  exleiiorciu  api'.id- 
laul. 

Caijus  veritalis  leslem  ,  pro  niei'ilo  ,  pra'cipuuin 
apiiellamus  S.  Auguslinum  :  bic  cnim  ,  loco  l'clalo 
supcriùs,  lib.  7  conlr.  Don.,  cap.  53,  nuUo  danlis  et 
ri'cipienlis  fado  discrimine,  vnicre  Baplisuiuin  affir- 
mai, eliaiusi  ulcrqiie  ficlus  accédai  :  «  Solcl  qua^i, 
8  iii(|uil,  ulrùm  niliil  inlersil ,  quo  auimo  accipial  ille 
«  cui  datur,  cum  simulalione  an  sine  siumlalione? ... 
8  scd  arbiiremur  eliam  aliqucm  fallaciler  danlem  , 
«  cùm  cl  Iradcns  cl  accipiens  fallaciler  aganl  iu  ipsà 

«  uiiilale  catholicâ Si  nlliil  intoresl  ad  inlegrita- 

8  lom  Sacramonli  in  ij.sà  calbolicà,  iilrùm  id  ali(|ui 
8  fallaciler  asi  veraciler  agmt,  ciun  lamen  boc  idem 
«  ulriijue  agaiil,  cur  extra  inlersil  non  video....  au 
8  plus  valent  ad  confirmauduui  SacrauiCiUum  illi  ve- 
8  races  iuter  quos  agitur,  quàm  ad  fruslraiidum  illi 
«  Alliacés  à  (juibus  agilur  et  in  quibus  agilur?  Et  la- 
«  men  si  poslea  prodalm*  iiemo  repclil ,  sed  aut  ex- 
8  couununicando  puuilur  illa  simidalio,  aut  pœuiteiido 

îsaualur prcelerilis  majorum  slalulis  non  dubito, 

<  eliam  illos  liabcre  Baplismum  ,  qui  (piamvis  fallaci- 
«  1er  id  accipianl,  in  Ecclesiâ  tamen  accipiunt,  vcl  id)i 
8  pulalur  esse  Ecclesiâ  ;  »  quoruui  similia  in  eodem 
contra  Donalislas  opère  longé  aiilè,  I.  1,  c.  12,  pr;e- 
dixerai,  ila  loquens  :  «  In  illo  ([ui  (ictus  accesseral,  fit 
8  ul  non  deuuô  baptizctur,  sed  ipsà  pià  correplioue, 
8  el  veraci  confessione  purgelur,  quod  non  possct  sine 
«  BaplisMio;  ul  (|uod  aule  daluiu  est,  tune  valere  in- 
«  cijiial  ad  sakilem  ,  cùm  illa  liclio  veraci  con^c^sione 
I  recesseril.  1) 

Yiden'  ut  aperlè  sancUis  doctor  pro  noslrà  senlcn- 
lià  mililei,  neque  dicat  arbilrariaui  esse  et  incertain 
opiniouom  ,  sed  pra^scriplionem  majorum  inslilnlo  et 
perpétua  Ecclesiâ;  pi'axi  fuiidalam?  C'u' aulem  iu  bis 
qui  cum  {iclione  Baplisma  suscipiunl,  non  secùs  ac  in 
non  fallcnlibus  verum  Sacramentum  aguoscat  Eccle- 
siâ,  duplicem  causam  affert,  cuique  Sacranienlorum 
naluram  inspicieuli,  noslro  (piidem  judicio ,  couviii- 
ceulein. 

Prima  est,  quia  uUinque  idem  agilur,  sive  ex  parle 
falleiiliuiii,  sive  ex  |)arlc  veracium  :  ciimidcm,  inquil, 
ulriqne  aganl.  Ergo  deliet  ulriuque  opus  divinum 
aguosci  ,  ab  suscipicnlisnn  affeclu  inlei'iio  inde- 
peudeus.  Seconda  esl ,  quia  non  plus  valent  ad  fru- 
slrandain  Sacramentum  fallaccs ,  (piàin  ad  con!ir- 
maiidum  vcraces;  alqui  quôd  Sa.cramenlum  veruui 
iulegrumqufi  consistai ,  non  babel  boc  à  vcracibns, 
scd  à  virtule  divinà  :  pariler  ergo  (|ui  fallunl,  lioc 
ipso  quôd  se  minislrauliiun  opcraliom  liherè  seriô 
que  suljiuiliunl ,  niliil  juI  IVaudaïulum  valiMil,  neiiini 
impediiC  possimt  quomiiiùs  cliaractcieni  rccipiai:l, 
qui  cùm  graliis  gratis  datis  annumeretur,  sanclitalis 


1533  QU.>EST.  Vil.  DE  MlMioiiilS  SACRAMENTORUM 

in  corde  siisripionlium  disposilioDos  llo^ossaI■i(^  non 
loqiiiril  ;  undo  dehot  quidoin  eoriiin  siiiiulalio,  si 
cognila  l'iierit,  vcl  excommiinioniuln  |)iiniri ,  vel  pœ- 
iiilcndo  saiinri  :  sod  dcbrl  iiiliiloiiiiiiiis  diviiiimi  in  iis 
Sa(  rainenliini  agnosti. 

Qiiod  vnù  antc  se  (tbscrvaluni  S.  Au^iislinns  Ics- 
talur,  fiiil  in  posleruni  à  sanctis  sacerdiililins  inviola- 
biiilor  cnslodituni  :  sic  cnini  Paires  concilii  IV  Tole- 
laiii  eisi  Sisobuii  [U'incipis  faclnni  iniprobavorinl,  qm 
Juda-os  qiianiplurosad  I5aplisiiiinn  siiscipicndiini  niolu 
suppbciornm  adi'gcrat,  id(|ne  in  poslornni  fieri  so- 
b'nnii  decreto  vclucrint,  in  iis  lamcn  veruni  agnove- 
runt  esse  Bapli>miini,  alqne  ad  obscrvanliain  cbrislia- 


I53i 


iia;Ueligionisconipellendos  esse  sanxernnl  :  Quia  jain 
constat,  iiiquiniit,  cos  Sucramentis  diviitis  assocUUus, 
Baptismaiis  clniraclerem  susccpissc  :  iia  pariler  Adri.J- 
nus  I,  oclavo  desinenle  scculo,  S.  poniiCex ,  Epislolà 
8,  Saxones  quos  limor  luoiLis  inuninenlis  ad  Bapli- 
snia  recipioiiduni  inipuleral ,  etsi  foris  Umtimi,  iiiqiiil, 
non  imits  cousenserunt,  vcrè  Ijapiizalos  esse  respon- 
dil;  sic  cliam  Innocenlius  III,  in  deorclo  superiùs 
laïuhito,  cap.  Majores,  extra,  de  Bapt.  :  Isqîdlerrori- 
bus  alijuc  suppiiciis,  inqiiit,  violenter  atlrahitur,  et  ne 
ilctrimentum  capiat ,  Baplismi  suscipU   Sacramcnlum , 
lalis,  siciU  et  In  qui   fictc    ad   Sacramcnlum  accedil, 
cliaracterem  suscipit  christiaiiitatis  impressum  ;  et  ipse 
tanquàm  conditionaliler  volens,  licèl  absolulè  non  velit, 
co(jendus  est  ad  observantiam  jidei  christianœ;  conseil- 
lil  S.  Tiiomas,  coîinncntario  in  scnlcniias  in  4,  dist.  G, 
q,  1,  art.  2,  quccsliunculà  5,  ubi  faicinr  quidcni  nui- 
luni  esse  Sacranienluni ,  quando  pi-incipitim  suscipien- 
di  lolaliler  est  ab  extra,  nt  si  quis  invilns  et  palàm  re- 
biclans,  alqiicconlestans  senoile  Baptisnnnn  lecipere, 
in  aqnani  niliiloniinùs  niergcretnr,  et  cœlera  fièrent 
quic  observari  in  baplisnio  consuevernnt;  si  autem, 
inqnif,  coactio  sit  lantiim  inducens,  sicul  fit  minis  vel  (la- 
gellis,  ilUquod  lionio  eiujat  poliiis  Baplismum  suscipere, 
quant  talia  pâli,  lune  suscipit  Siicramcntum,  sed  non 
rem  Sacranicnli,  graliam  scilicet,    cui   propler  repu- 
gnantiani  in  corde  latenteni  obiceni  ponit. 

lUiqne  niinistranliuin  et  siiscipientinni  in  negolio 
Sacranienlornni,  qnanlùni  ad  inlentioiiis  necessita- 
leni  aujuaiis  est  causa  :  ulrisque  enin»  siil'ficit  expres- 
sio  exlerior  inientiunis  Ecclesice  ,  quie  salis  est  ad 
perfectionem  Sacramcnli,  nisi,  inqnil  pra^ceptor  An- 
gelicns,  conlrarium  exprimalur  ex  parte  minislri  vel  re- 
cipic'ntis  Sncramenluni.  illud  aiilein  de  Sacranicnlis 
ciiaracteren»  iniprinienliijns  ila  ariirmalnr,  ut  lamcn 
de  cx'leris  non  nc-;elur,  quorum  elsi  nullus  cffcclus 
(oiupareat,  non  lamcn  dcsiruml  esse  Sacramenla  , 
nicdo  cinn  interna  inlenlione,  reli(|ua  adfucrinl  ad 
S.icrameuluni  necessariô  requisila  :  nau)  nl)i  eUectus 
csl ,  est  qni<!cm  necessaritim  e-se  caiisaui;  sed  non  vice 
versa  ubi  eirecliis  dcfueiit,  seqiiitm- cansani  non  fuis- 
se, ([iiia  cliam  pra^seiile  causa,  et  qnaultim  in  ipsà 
est  oporanlo,  potest  cjiis  eflcclus,  iiilervcnientihus 
obslaciiiis,  impodiri;  sic,  cxempii  causa,  eu  quod  \i- 
denl  aliqiiis,  niïrilo  habcro  octilos  allirmalnr;  s<'d  non 
coiiliimo  scqiiilnr  es^c  c:^ci)m,  quia  videre  pni»!-!-  ' 


■  lenei)raru;n  impedimenlum  non  polesl. 
APPENDIX  ALTERA. 

nE  AUIS  DISPOSITIONinCS  I.\  SLSriPIENTIDLS  NECESSAKIIS. 

Quoniam  de  inienlione  in  siiscipienle  Sacramenla 

neccssarià  diclnm  est,  opcnc  prclimn  censeo  quudam 

adncclcrc  de  rclii|nis  disposilionibiis  ex  parle  subjc- 

cli  neecssariis,  Inm  ad  vaiidam .  Inm  ad  Inicluosani 

Sacramenioium    recoplioncm.    Et    inprimis  quidein 

iiiud  pcnèsomiiesiiolmn  rsl,  solos  liomiiics  viatores, 

juxia  pricsenlem  Dci   providenliam  ,  et  Chrisii  iusli- 

lulioncin,  Sacramcnloruin  esse  ca])aces.    li   qnippe 

snji  Sacramenlornin  capaces  diceodi  sunl,  pio  qui- 

bus  solis  eadem  intitula  lucre.  Alpro  soiis  vialoiibus 

boniiiiibusS:icramciila  iiisliluia  esse  CdOslal.  Clirislus 

enim  snismet  aposlolis  bomincs  in  iiàc  morlaii  vità 

degenlcs,   non  alias  crcaluras,  Sacranicnlis  iniliari 

commisit,  dicendo.iMallb.  iili.  :  Kunies,  docele omnes 

(jentes,  baptizantcs,  tic.  iNec  inirum  prnfeciù;  quando 

qulJem    propler  (I)   cos  lanlummodo  Verljum    Del 

hnmanam  carnem  assumpsil,  alqne  ex  illis  suam  Ec- 

clcsiam  consiituit ,  sniqne  sanguiiiis  tiiesanro  dila- 

Ht  :  qu(V  spécial  cl  ilhid  Pauli   ad  Hebr.  5  :   Omnis 

ponlifex  ex  hominibus   assumptus    pro  homiuibus  con- 

slituitur  in  iis  quœ  sunt  ad  Deum ,  ut  offerat  doua ,  el 

Sacri/icia  pro  peccalis. 

Prœierea  ,  cùm  Sacramenla  sint  salmis  xtenua 
comparand;c  instrumenta  et  organa  ,  quibus,  ut  Con- 
cilinm  Trideiiliimm  loqnilur,  sess.  7,  in  prœm.,  om- 
nis vera  justilia  vel  incipit,  vel  cœpla  augetur,  vel 
amissa  reparalur,  apparet  ilbirum  duntaxal  accommo- 
dala  esse  capacilaii,  qui  sanctilicanlem  graliam,  aut 
acqnirerc,  si  non  babeant,  aut  in  cà  pro/icerc  pos- 
sint  babenles.  Porrô  Inijusmodi  nlililalcm  solis  via- 
toribiis  lion  jiiibus  palcre  cerlissinuim  est. 

Nc(iue  lamcn  bine  iiiferre  licel  singulos  bomincs 
omnium  esse  Sacramentoruni  capaces;  sed  omnes 
solùm  aliqnorum.  Nam  feniin;e  sacram  recipcje  ne- 
qucunl  Ordinalionein,  nequc  religiosi  nul  sacris  Or- 
I  dinibiis  iniliali  Matrimonium  ,  ncc  bomincs  saiii  Ex- 
trcmani  Unclioneni.  Al  Ba|)lismi,  Confirmalionis,  et 
Eucbarisli;e  omnes  viatores  bomincs  immédiate,  aut 
médiate  capaces  sunl,  si  lamcn  in  lucem  edili  luerint, 
Nam  infâmes  in  nialcrno  ulcro  exislciucs,  sicut  non- 
dùm  sunt  nali ,  ila  ncc  per  Baplismum  renasci  pos- 
sunt  (2),  adeùqiie  nec  alia  Sacramenla  suscipere, 
quorum  ille  est  janua. 


(1)  Cùm  Clirisliis  pio  omnibus  bominibns,  sive  ad- 
iiiic  vivcnlilMis  in  hàc  icnà,  sive  jam  viià  funciis, 
sive  postea  rminis,  morliius  sil,  inanifosium  est  vo- 
ci'in  diam ,  eos,  opponi ,  non  hominibus  uilis.  sed 
C;LMeris  diiiilaxat  cnaluris;  aliixpijn  au(  lor  liic  à 
vcro  dt'licercl;  alqui  vi.iiiiivs.  de  (piibns  in  argmncnl 

lalioiiis  priiicipio,   oppi.i i,i|.  i,,,,,  solùm  <iv;iiiiii> 

;d)  hominibus  (lislinclis,  sed  cliMiu  homiMilms  ijni  jim 
ex  hàc  \il;i  miuràrinil  ;  crijo  lia'c  nilima  ratio  parùm 
ad  rt;ui  pnliu'-l,  iitipic  (  uni  |)r;L'cedenler  diclis  salis 
C(di:rrrl.  (lùlii.) 

(2)  Sallom  duhia  csl  h;i'c  a>scrlio,  ni  in  Iraclain  dii 
Baplisnio  \i<|('biiiir.  Iiilcrim  Icgr  Ronvior,  cao.  fi,  art. 

M,  §  5,  de  Baplisnio,  cl  Bcncd.  XjV  (lfSyii(i(l«.di(»»(\[ 

■  :.'.  7,  ci'.n.  :;,  II.  2ci  pc,|.  •      i^iidn.] 


1355  DE  RE  SACRAMENTARIA.  — 

Praclerintcntionem  ,  et  conscnsuin  ,  de  quo  aucior 
(lissoniit,  qiurri  pntest  an  ad  Sacranienti  veritaleni , 
et  validani  siisceplionem ,  iiecessaria  siL  in  adiillis 
ralinne  nlenlibus  (ides  snpernalnralis.  Qiià  in  rc  nc- 
galivè  respondenl  iheologi ,  Sacramenlo  tamen  Pœ- 
nili'nti;r;  excepto.  Id  diserlè  iraditnr  à  S.  Thoniâ  ,  in 
an.  8,  qna;st.  G8,  inqnienle  :  Hccta  fides  bapthati  non 
requirilur  ex  ucccssitole  ad  Bapthmum ,  sicul  nec  recta 
fides  baptiznntis,  dimt  ndshU  ccvtera,  qnœ  siml  de  ne- 
cessitate  Sacramenli.  Cerlaquc  efficiliir  h:rc  docliina 
ex  sensu  et  praxi  Ecclesi;r,  qu.T  ratnm  liabel  Baptl- 
smnm  in  liaTOsi  snsceptiim  ,  dummodo  legilimns  ri- 
tus  servatns  fneril.  Qnando  ergo  S.  Anguslinns,  lib.  7 
deBapt.,  cap.  53,  asserit,  valere  Baptismum  reccptum 
sine  simulatione ,  et  citm  aliqnà  fide ,  noniine  fidei  se- 
riani  inteliigil  suscipiendi  Baplismalis  volnnlaleni,  ut 
ex  aliis  locis  constat.  Meritô  tamen  Pœnilenli;e  Sa- 
Cfamcntum  excipiinus,  qnoniam  hoc  Saonniontnm 
sine  conlritione ,  sive  dolore  snpernalurali'pœnilonti!-, 
snas  onines  partes  essentiales  non  habet  ;  contritio 
aulem  sine  fide  snpernaturali  excitari  foverique  non 
polest. 

Si  verô  sernio  sit  de  Sacranientornm  suscepiione , 
nodùni  valida  ,  sed  etiani  fruttuosâ,  diccndum  est  ad 
Sacranienla  qiine  mortnortim  vocantur,  necessarios  esse 
in  adnltis  aliqnos  aninii  aiïectus  fidei  ,  nempe,  spei, 
inclioat;e  diloclionis.  etc.  Nam  ex  coniniuni  Iheolo- 
gorum  de  justificaiinne  doctrinâ,  nemo  ex  adnltis 
eam  ,  sîrê  ptT  Sacramenta ,  sive  extra  ,  conseqnilur  , 
nisi  per  aliqnos  pios  motus  Sr-irilu  sancto  excitante 
conceptos  sese  disponat,  obicemqne  rcmoveat  divina^ 
graliai  infnsinni  ;  quorum  omnium  priinum  ac  c.iete- 
rorum  fundamenlum  est  fides,  attestante  Domino  : 
Qui  crediderit,  et  baptizatus  fuerit,  salvus  crit.  Praîter 
fidem  autem  etiam  requirilur  pra'lerilonun  delicto- 
rum  eflicax  detesiatio,  spes,  et  inchoata  saltem  dile- 
ctio,  ut  Tridenlina  synodus,  sess.  6  1.  G,  expresse  dé- 
clarât. Ex  quo  consequens  estliorum  piorum  motuum 
dcfcctum  non  invincibililer  ignoratum ,  niortaliler 
illicilum ,  ac  sacrilegum  reddere  Sacramonlorum 
u>um.  De  dispositionii)us  ad  frucluosam  Sacramen- 
torum  aliorum  suscoptionem  requisitis  in  loco  di- 
cetur.  Sequitur 

QUJUSTIO  OCTA\  A. 

DE  C.i:REMO.MIS  SACRAMF.NTORUM. 

Quoniam  ,  ut  vitelur  confusio,  suo  sunt  qua?que  or- 
dine  coUocanda  ,  l)revis  crit  ista  de  Sacramenloruni 
ritibus  disccpiaiio,  ne  videlicet  ea  prx-vertamns  ,  qu;ie 
libris  sequenlibus  de  cnjnslibot  in  specie  Sacranienti 
c.ieremoniis  venient  exponcnda  :  sat  igilur  in  prae- 
senti  erit,  principia  generalia  ponore ,  et  de  rilibus 
sacris  univeisim  inqnirerc  ;  nuod  ut  pcrspicuè  fiai , 

Qusriiur  1°,  quid  sit  cceremonia.  —  Resp.  :  Esse 
actum  externum  et  rcligiosnm ,  vel  à  Cbristo ,  vel  ab 
Aposlolis,  vel  ab  Ecclesià  instilulum  ,  lum  ad  sacri- 
ficium  dccenliùs  et  solemniiis  colebr;indum ,  tuni  ad 
Sacramenla  sancliùs  et  cuni  pompa  majori  admini- 
stranda. 


DE  SACUAMENTIS  IN  GENERE.  1.^30 

Quserilur  2"  ulrùm  ritus  omnes  qui  soient  in  Sa- 
cramonlorum celebratione  observari ,  pari  dcbeanl 
locohaberi. — Resp.  négative.  Dislinguendum  cnini 
inter  riius  essentiales,  et  ritus  accessorios;  est  ca- 
vcndum  sedulô  ne  lantùm  virtulis  accessoriis,  quan- 
tum cssentialibus  Iribuatur. 

Quscrilur  3"  qui  ritus  essentiales,  qui  verô  accesso- 
rii  dici  debeant.  —  Resp.  essentiales  esse  qui  niate- 
riam  et  forniam  uninscujusque  Sacramenli,  ex  Chri- 
sli  supremi  legislatoris  voluntate,  conslituunt;  eos 
verô  esse  accessorios,  sine  quibus  verè  Sacramenla 
consistèrent,  quique  ideô  possunt  in  casu  necessitalis 
pnvtermitli. 

Qua^riiur  i°  unde  sit  de  Sacramenloruni  rilibus,  sint- 
I  ne  essentiales  vel  accessorii,  sumendum  judicium. — 
Resp.  non  ex  scbolaslicornm  opinionibus  ,  sed  ex  do- 
ctrinâ Ecclesi;e,  cjusque  disciplina  perpétua  es'^e  fe- 
rendinii  :  non  enim  Ecclesià  in  scbolis ,  sed  schola  in 
Ecclesià  quscri  débet;  hoc  est,  non  debent  temerè  dé- 
créta Ecclesiœ  reputari  qu;c  in  circulis  Ibeologicis 
plerùniqne  uti  lalia  propugnanlur  ;  quia  Ibeologoram, 
quod  bon.î  eorum  vonià  dictum  volumus ,  non  iisfrc- 
«5uen>  in  hâc  malerià  decepiio  luit  ;  sod  dehent  è  con- 
trario schoke  placita  ex  decrctis  et  anliquis  Ecclesiœ 
Daoribiis  xstim;.ri;  b:ioc  régula  si,  uti  par  est,  ab  om- 
nibus tenerelur,  si  nimirînn  Ecclesià  arbitra  audire- 
tur,  evanescerenl  de  materiis,  formis,  et  ministris 
Sacramenloruni,  eoruniqiie  rilibus  necessariis  aiU  non 
necessariis  innumerahiles  qii;v«tiones  ;  cessarent  Gr?c- 
corum  ac  Lalinorum  de  corruplis  aut  abrogatis  Sacra- 
mentis  accnsationes  reciproc;i;;  et,  liàc  sublalâ  causa 
dissidii,  spes  longé  major  afï'ulgoret  Orientales  cuna 
Occidenlalibus  in  concordiani  revocandi  :  Ltictuosum 
enim  scliisma ,  inquit  Joannes  Ilolstenius,  Dissert.  1, 
de  Minist.  Confirm.,  quod  Oiienlis  et  Occidentis  cccle- 
sias  dudiim  disjunxil,  illis  potissimiim  imputmidnm  est, 
qui  cliristinnâ  cluirilate  postimbità ,  et  dispulcnidi  pru- 
ritu  omnia  in  qnœslivnem  et  controversiam  adduxeruut, 
quK  diverse  rilu,  apnd  partent  adversani  agunlur  ;  liis 
nnlla,  vel  exiqun  veritatis  cura.^  sed  unum  vincendi  slu- 
diuni ,  lit  ex  suâ  consnetudinc  vel  opinione ,  aliis  legcm 
pra'scribant. 

Quaîritur  5°  utriini  ritus  onines  accessorii  pari  anli- 
qnilate  et  auctoritale  pra>fulgeant.  —  Resp.  négative. 
Constat  enim-aliriuos  ab  aposiolicâ  traditione  descen- 
dere  ip?ique  Evangelio  esse  corcvos ,  alios  successu 
temporis  ab  l'.cclesià  instilulos  :  magna  (piidem  ulris- 
que,  sed  major  debeUir  aposloiicis  reverentia ,  quos 
Ecclesià  nbique  tcrrarum  ab  onini  reirô  relate  serva- 
vit(l). 

(1)  Aucior  accessorios  appellare  videlnr  eos  omnes 
ritus,  qui  non  sunt  essentiales;  porrù  riliis  (pii  non 
sunt  essentiales  et  sine  quibus  Sacranienluni  suhsi- 
slerc  potesl,  duplicis  gencris'vulgô  dislingniilur  :  alii 
enim  sunt  inl'^L'nuites  et  niii  :irci<lonlaies.  Uiius  iiilo- 
granles  sunt  illi,  qui  non  périment  quidem  ad  ipsani 
Sacramenli  esscnliam,  sed  qnoilaniniodù  tamen  reijui- 
ruiilur  ad  aclionis  sacrairienhilis  coMiiilrmcntum,  id 
est,  (|nibiis  ddicienlihiis,  siihsis'it'i'cl  (iiiidcm  Sacia- 
nicnliiui,  sfil  iiliiiuid  lici^eclionis  illius  nclioni  (Ires- 
set;  laies  sont  exurcisnii  el  unctio  elirismalis  in  Ha- 
nlisnu),  oblalio  panis  et  vini,  alcjue  etiam  aqua- cum 


QU.'EST.  Mil.  DE  C.EREMOMIS  SACRAMENTORUM. 


1537 

QiKTrilur  6°  nndc  liaboamiis  pler;»s(iiio  CTienionias 
ab  Aposlolis  inslilutas.  —  Kesp.  luin  indu  eviiici,  quia 
quandù  observari  cœpcriiil ,  mill;\  polcsl  ralioiie  pra-- 
scribi  ;  unde  C()nso(|iieiis  est,  quod  apnslobts  ipsosau- 
ctorcs  babuerint  ;  liiin  l'atrnm  vi'leniin  diserlis  Icsli- 
nioiiiis  conlinuari ,  qui  tradilionis  aposlolii;v  vrriia- 
teni  adslruuiil  banun  c;orcuioniaruni  cxcniplis  ;  sic 
Tcrlulliaruis,  in  libro  de  Coronà  niililis,  cap.  4  : 
Eigo  qnœranuis,  inquil,  au  ol  iradilio,  uisi  scripla, 
non  debeat  recipi.  Plane  iiegabiniiis  rccipiendani , 
si  nulia  exenipla  pra:iudicent  aliarum  observalio- 
nuni,  quas  sine  ulbus  bcripUinc  inslrumenlo,  solius 
tradilionis  lilulo,  el  exinde  consueludinis  palrocinio 
vindicamus  ;  doniqne  ut  à  Da;  lismalc  ingrediar, 
ai|uaui  adiluri...,  aliquaiilùpriùsin  Ecclesià  snb  an- 
lislilis  manu  conleslaniur  nos  reuunliare  [diabolo, 
ponipir  cl  angelis  ejus  ;  dohinc  1er  niergilaniur,  ani- 
plius  aliquid  respondenlcs  quàm  Doininus  in  Evan- 
golio  deltMiniiiavit  :  intle  suscopli  laclis  et  niellis 
concordiam  pr;eguslainus,  ex(pie  cà  die  lavacro 
quoiidiano  per  loiani  bebdonuidani  abstinenius  : 
Eucbari^lia;  Sacranunluni,  et  in  lenipore  viclùs,  et 
el  omnibus  mandalum  à  Domino,  eliam  antelucanis 
cœlibus,  nec  de  aiioruni  manu  quàm  praîsidenlium 
sumimus....  barum  el  aliarum  ejusmodi  disciplina- 
rum,  si  legem  exposlules  Scripluraruni,  nulbm  in- 
veuies  :  traditio  libi  prielendelur  aucirix  ,  consue- 
tudo  confirmalrix,  et  fides  observatrix.  > 
El  S.  Basilius,  hbro  de  Spirilu  saiiclo  ,  c.  27  :  «  Si 
consueludiues  qua-  scriplo  prodiue  non  suut,  inquit, 
lanquàm  liaud  niullùm  babeules  momenli  conemur 
rejicere ,  imprudentes  gravissimum  detrimentum 
Evangelio  iuferemus;  imô  puliùs  ipsani  fldei  praedi- 
calionem  ad  nudum  nomen  conlrahemus  :  quod 
geuus  est,  ut  id  quod  est  primum  et  vulgalissimum 
commemorem,  ut  signo  crucis  eos  qui  spem  colio- 
càruntin  Cbristo  signemus,  quis  scriplo  docuil?  Ul 
ad  Orientem  versi  prccemur,  quse  nos  docuit  Scri- 
pluia?  invocationis  verba  cùm  conlicilur  panis  Eu- 
cbarisli.e  el  poculum  benediclionis ,  quis  sanclo- 
rum  in  scriplo  nobis  reliquil?  Nec  enim  bis  con- 
tenli  sumus  quœ  commémorât  Aposlolus  aul  Evan- 
gelium  :  verùm  alia  quoque  anle  el  post  dicimus , 
lanquàm  mullùm  babenlia  momenli  ad  myslerium, 
qu*  ex  Iradilione  cilra  scriplum  accepimus;  conse- 
cramus  aulem  aqiiam  Baplismalis,  et  olenm  unctio- 
nis,  prxterea  ipsum  qui  Baplismum  accipit,  ex  qui- 
bus  scriplis?  nonne  ex  tacilà  secrclàque  iradilione? 
ipsam  porrô  olei  inunclionom  quis  sermo  scriplo 
prodilus  docuit?  jam  1er  innncrgi  liominem ,  unde 

ino  commixlio  in  sacriiieio.  Ex  bis  palet  rilus  inté- 
grantes sub  gravi  esse  pra:oeplos.  Rilus  merè  arcidcn- 
taies  illi  sui.l  qui  nec  ad  essenliani  Sacramenli  perti- 
nent, nec  ad  coniplemenlum  acliiiuis  sacramentalis 
requirunMir;  Inijusmodi  sunl  signa  crucis,  goiiuncxio- 
nes,  elc.  luler  rilus,  si\e  inteL;ranl(S,  sive  eliaui  mcrè 
accideniales,  qui  ab  aposlolicâ  tradilinne  desceuilunl, 
dubinm  non  est  quin  niwnuilb  reperiantur,  (|uu> 
Aposloli  à  Ciirislo  Donurio  dn-eclè  accep.raul.  Noian- 
dum  insuper  bic  non  agi  de  rilibus  esscnlialibus,  scd 
lantùm  de  accessoriis.  (Edit.) 


1538 


«  ex  Scripturà  baustum?  rcliqua  item  qu3C  fiunt  in 
«  Baplismo,  veluli  renunliare  Satanie  cl  angelis  rjus  , 

<  ex  quà  Scripturà  babcmus?  nonne  ex  minime  pu- 

<  blicalà  et  arcanà  bàc  Iradilione?  > 

Qua-ritur  7"  ulrùm  Ecclesià  auclorilatcm  habuerit, 
et  etiannuiin  babeal,  ciciemonias  sacras  insliluendi. 
— Resp.  anirmativè  :  (|uani  enim  babuerunt  Apostoli 
in  spirituali  fidclinm  regiminc  potestatem  ,  eadem  in 
Ecclcsiam  legiliniâ  successione  Iransmissa  est ,  quod 
iiemo  negal;  atqui  babuerunt  Aposluii  potestatem  ri- 
lus sacrns  insliluendi ,  ut  constat  ex  modo  diclis  : 
liinc  S.  Paulus,  1  ad  Corii.t. ,  cap.  H,  postqnàm  de 
Eucharisli:c  inslitutlone  ejusque  celebratione  mul'.a  à 
Domino  accepta  pricscripsil  :  Cœiera,  inquit,  cùm  ve- 
nero  disponam  ;  idemque  antiqua  monumenta  confir- 
njant ,  quibus  doccmur  nmllas  decursu  lemporis  c;c- 
remonias  inslilutas,  earumque  observandarum  legem 
ministris  iniposilam,  ul  cimslal  ex  Graecorum  eucbo- 
logiis  et  riluaiibus  Lalinorum;  ergo,  elc.  Hinc  conci- 
lium  Tridenlinum,  sess.  21,  c.  2  :  Déclarât  sancta  sy- 
no(/HS ,  inquit ,  liauc  potestatem  perpétua  in  Ecclesià 
fuisse  ,  ul  in  Sacramenlorum  aispensatione ,  salvà  illo- 
rum  subslantià ,  ea  slalueret,  vel  mutaret ,  quœ  susci- 
pientium  utilitati,  seu  ipsorum  Sacramentorum  venera- 
tioni,  pro  rerum  lempurum,  et  locorum  va'rietale  magis 
expedire  {[)  judicaret. 

Objectio. 

Dices  :  Novorum  riluum  introduciionem  improbant 
SS.  Patres,  inlerquecœleros  S.  Auguslinus;  ergo  non 
pulant,  novos  insliluendi  poteslalem  peuès  Ecclcsiam 
esse. —  Resp.  :  Distinguo  aiitecedens.  Imprcbanl  no- 
vorum rituum  introduciionem,  quae  sine  causa  à  pri- 
vatisbominibus,etconlraconsuetudinem  Ecclesià;  fiât, 
concedo  ;  secùs,  nego  anl.  et  conseq.  Suam  deliàcre 
Angustinus  ipse  menlein  aperiens  audialur  :  Quod  au- 
«  tem, inquit, Ep. ad Januar., instituilurpraeterconsuelu- 
«  dinem,  ut  quasi  observalio  Sacramenti  sit,  approbara 
c  non  possum,  etiamsi  mulla  bujusmodi  propier  non- 

<  nullarum,  vel  sanclarum,  vel  turbulentarum  perso- 
i  narum  scandala  levilanda  ,  liberiùs  improbare  non 
t  sudeo  :  sed  boc  nimis  doleo,  quôd  mulla  que  in 

<  uivinis  libris  saluberrimè  prxcepla  sunl,  minus  cu- 
I  rantur;  et  lam  mullis  pr.-esumptionibus  sic  plena 
c  sunt  onniia,  ut  graviùs  corripiatur  qui  per  octavas 
«  suas  lerrani  nudo  pede  leligerit,  quàm  cpii  menlem 
i  vinoleniiàsepelierit;  omnia  iUique  Uilia,  qua;  neqnc 

<  sanclarum  Scripturarum  auclorilalibus  conlinen- 

(I)  Hanc  ejusdem  propositionis  ralionem  afTert 
Billnart ,  diss.  7,  art.  ô  :  <  in  omni  Republicà  bcnè 
«  (trdiualà  aduiiiteuda  est  poti'Slas  disponendi  ,  or- 

<  diuandi,  sUilucudi  (pue  pro  rerum,  locorum  cl  lem- 
i  poruni  varictale     nul  neces^aria  vel  nlilia  ad  ejus 

<  conservalionem,  proniolionem,  orualnm  el  decen- 
t  liam  ,  civium(|ue  ronunoduni  el  saluleui  Icmpora- 

<  lem  ;.  ergo  similis  pitlcslas  non  est  hcclcsi.e  dene- 
I  ganda  in  (udiiK*  >|Hiituali:  aLpii  ad  <'on»ervali(in('ni 
I  el  proinolioneui  religiouis  el  cullùs  tlivii.i,  ad  Sa- 

<  crameolnrimi  niajeslalein  couimendand.im ,  eique 
t  rt'ViTciitiain  ci>iK'ili;uid.im  ;  ad  lideui  pieialenM|ne 
(  lidelium  excit.t>i(lain,  lovendaui,  aiigendam,  conTo- 
«  runl  cxTCiuonix  (ui  inlia  diceiur);  ergo > 

(Edit.) 


io50  DE  RE  SACRAME:NTx\RIA.  — 

t  lui",  ncc  iti  conciliis  cpiscoporiiin  iiistitiila  inve- 
I  iijuiilur,  ncc  consucluiliiic  univorso  Ecclobi.u  robo- 
1  lata  SHiU,  sed  pro  divcrsoruin  locoruin  diversis 
«  lijoiibus  inruunerabililer  variaiiliir,  ila  ut  vix  aut 
e  (iiiuiiiiô  liunquàin  iiiveniri  possint  ca«s;c  ,  quas  in 
«  iis  iiioliUieiulis  boulines  scciiti  suiil ,  ubi  faciillas 
«  iribuilur,  sine  ullà  dubilalione  rcsccanda  cxislimo  ; 
.f  quamvis  enim  iieque  hoc  iiiveriiii  possit  quoiiiodô 
!  contra  fldeni  sint,  ipsain  tanicn  religioncm  quain 
«  paucissiniis  et  wiaoifcslissiniis  célébrai ionuin  Satra- 
«  nieiilis  niisericordia  Dei  esse  iibciv  m  voliiil,  servi- 
«  bbus  oneribus  pioniiiiit,  ut  toU'iabilior  sil  conditio 
«  Judseonin!,  qui  cliani>i  teiiipus  libertalis  non  agno- 
i  verunt,  U^galibus  lamen  sarcinis,  non  bunianis  pi'i3C- 
i  suniplionibus  sidtjieiuntur.  » 

Quaerilur  8^  utrùm  iidein  ubiqiie  gonliuin  in  Eccle- 
sià  ritus  observentur.  —  Uesp.  1°  riitis  csscntialcs 
eosdem  ubique  esse  ,  quia  ubiqiie  suut  eadem  Sacra- 
nienta;  sie,  cxcuipli  causa  ,  in  ninnibns  Ecclesi;ft  par- 
tibus  Baplisnius,  aqiia;  ablulione ,  et  sanctissimiie 
Trinitatis  invocalione  perficilur  ;  uijiquc  panis  et  vini, 
vcrbis  evangebcis  :  IIoc  est  ccrptis  meum  ;  hic  est  son- 
guis  meus,  ad  Eucliarisliani  consccralio  fit,  quia 
sine  bis  ritibus  Baplisnius  et  Eucbarisîia  ,  ex  divinâ 
inslitutione  esse  non  possunt;  idemque  facile  in  reli- 
quis  Sacramenlis  agnoscet  quisquis  in  eorum  iîivesii 
galione  profccerit,  qu;i!  Ecdesia,  quà  lalè  palel,  ob- 
servât. —  Resp.  2'  ritiis  accessorios  ,  ab  apostolis , 
vcl  proximis  eorum  temporibus  instituios  ,  suniniâ 
ubique  l'cveicnliâ  rclineri ,  et  nierilù  quidem,  lum 
propter  bonorom  bis  debitnni,  quibiis  veluti  funda- 
nicnlis  sunencdificata  Ecdesia  est;  tum  quia  inagnam 
ad  |iietaleni  ciendan),  ad  augeiulain  Sacranienloruni 
majestaloni ,  et  ad  divina  mysleiia  significanda  vim 
babenl  :  sic,  exenq)li  graliâ,signum  crncis  in  omnimn 
adminislrationc  Saciainenloruni  nbitiue  in  Oriente  et 
in  Occidenle  praîscribilnr ,  f/KOf/ ,  imiuil  S.  Aiignsli- 
nus,  tract.  118,  in  Joan. ,  »/sî"  adhiOcalur  froulibus 
credenlium ,  siveipsi  aqnœ  quà  reaeneraïUur  ,  sive  oleo 
quo  clnismale  inungunlur ,  sive  sacrificio  quo  alunlur , 
niliil  eorum  rite  perficilur  :  ubiipie  pariter  Sacramen- 
lornni  nialciia-  niyslicis  iiei.cdiclionibus  consecranlnr; 
ubique  Calccbnnienorum  unclio  lit  :  ubique  exor- 
cisnii ,  iiisnfflationes,  abrenunlialionos  ,  in  Baptismi 
solemni  adnùnislralione  frcqcienlaiilnr;  bœc  et  alla 
id  geaus  ploiaqiio  ,  quanqnàni  Sacramentorum  esseii- 
liani  noM  consliluanl ,  ubicpie  lanien ,  tum  propter 
aucloritalL'ni  nndè  nianâssc  crcdiintur,  lum  propîer 
alias  (|uas  pra'dixinins  causas,  inviolabiliter  custodil 
Ecdesia.  —  Resp.  5"  rilus  accessorios  seculis  poste- 
rioribns  insliuilos,  non  eosdem  nbiqiic  esse  :  babent 
cniiu  suos  pcculiaros,  Lalini ,  Gncci ,  Oricnlales  ; 
quin  et  in  Occidenle  non  omnium  Ecclesiarum  plena 
conscnsio  est  ;  nam  nec  Modiolancnsis  cum  Romauâ 
noc  Romana  cum  Gallicà  ,  nec  Gallica  cum  nisp,..iicà 
jn  omnibus  convcnil  ;  idemque  in  c;cleris  sive  Orien- 
tis  sive  Occidenlis  pariibus  depreliendct ,  qui  percur- 
rcre  libros  ritnalcs  voluerit. 

Quiciitur  y  cînn  cosdcin  nbi<pic  litus  non  babcal, 


DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  V6i0 

'  quomodô  una  Ecdesia  dici  possit.  — Uesp.  :  Quia  uni- 
lalcm  EccU'siai  facil  non  unilas disciplinée,  sed  lidei  : 
quanlalibet  itaque  sit  borum  rituum  in  regionum  di- 
vcrsitate  varictas ,  lamdiù  tamcn  unum  corpus  crit 
Ecdesia ,  quamdiù  crit  in  câ ,  mtus  Dominus ,  îina 
fidiS,  unum  Uaplisma,  unus  Dcus  et  Pciter  oumiuin , 
Epbes.4 ,  aicpiemadinodiim  enim  mult*  provinciie  unum 
regnnm  conslituunt,  quia  elsi  proprias  singulic  con- 
sueludines  babeanl ,  et  privalismoribus  vivant,  coni- 
mmdbus  tanien  et  fundamcnlalibns  Icgibus  sub  une 
principe  coinieclunlur;  ila  est  de  regno  spi)iluali 
Cbrisli ,  Ecclesiâ  scilicet,  cum  proportione  diccn- 
dum ,  quôd  ejus  unitatem  usuum  et  rituum  indifferen- 
lium  discrcpantia  ,  cùm  ad  unum  omnes  fuiem  ten- 
dant,  non  inipediat. 

Qua;rilur  10°  quoc  cœremoniarum  divisio  sit.  — 

Resp.  :  Prceler  cas  quas  attuUmus ,  ex  mulliplici  ca- 

j  :  pile  repeli  posse  :  quœdam  enim  ad  materiam  ,  quaC" 

dam  ad  minislros  SacramentOrum  pertinent,  quaidam 

I  respicinnt  ad  subjecta  ;  rursùm  allai  suntlocorum, 
allai  lemporum;  prœlerca  aliae  Sacramentorum  admi- 
nislrationem  ,  velut  quxdam  ad  gratiam  prœparalio- 
nes  ,  praicedunt  ;  quœdam  comitaniur  aclum  Sacra- 
menti ,  ut  ejus  effectum  quasi  ob  oculos  ponant;  qui- 
dam deidcjuc  sequuntur ,  ut  accepli  beneûcii  niemo- 
riam  alliùs  defigant  in  anime  ;  de  his,  et  aliis,  si  quce 
sint ,  sa^pè  in  libris  sequenlibus  sermo  redibit. 

Qua;rilur  11°  quid  ulililalis  cœremoniDo  babeant. 
Resp.  verbis  concilii  Tridcnlini ,  sess.  22,  cap.  5, 
de  Sacrif.  missai.  :  Ciim  natnra  liominum  ea  sit,  in- 
quit ,  n(  non  facile  queal  sine  adminiculis  exterioribiis 
ad  rernm  divinarum  medilationem  sustolli  ;  proplerea 
pin  mater  Kcclesia  ritus  quosdam ,  ut  scilicet  quœdam 
summissù  voce ,  alia  verb  claliore  in  missâ  pronujitia- 
renlur,  instiluit  ;  cairemonias  item  adliibuit ,  ut  tnysticas 
benedicliones ,  lumina ,  tliymiamata ,  vestes ,  aliaque  id 
(jenus  multa  ,  ex  apostolicâ  disciplina  et  traditione,  qu'a 
et  majeslas  lanti  sucrilicii  commendarclur ,  et  mentes 
fidelium  per  liœc  visibilia  Religionis  et  pietalis  signa  ad 
rernm  altissimarum  ,  quœ  in  hoc  sacrificio  latent,  con- 
templationem  excitarentur  ;  quod  auiem  de  nnâ  Eucba- 
rislià  dicilur,  facile  est  de  reliquis  Sacramenlis,  cùm 
exdem  caus.c  sint;  bine  ejusdem  concilii  Calecbisniiis 
gencraliter  de  omnibus  sic  pronuntiat,  lit.  de  Sacram. 
in  geii.,  §  18  :  Merilo  quidem  à  primis  usque  Ecclesiœ 
temporibus  tllud  semper  servatum  est ,  tit  Sacramenta 
solemnibus  quibusdum  cœremoniis  ministrarenlur .  l'ri- 
mitm  enim  maxime  decuit  sacris  mysteriis  eum  Religionis 
cuUum  tribuere,  ut  sancta  sanctè  tractare  videremur. 
Praterea  ,  quœ  Sacramenta  efficiuntur,  cœremoniœ  ipsœ 
magis  déclarant,  ac  veluti  ante  oculos  ponunt,  et  earum 
rcruiu  sand.latem  in  unimis  fidelium  alliks  imprimunt  ; 
(leiiià  ^er'o  mentes  illorum  qui  cas  intuentur  et  diligen- 
t]  .<r  observant,  ad  sjiblimiuni  rernm  cogitalionem  eri~ 
giirit,  fîdemque  îa  eis  et  charitatem  excitant;  quo  major 
cura  et  diliyentia  adhibenda  erit  ut  fidèles  vim  cœremo- 
niarum ,  cfuibus  singula  Sacramenta  conficiuntur,  cogni- 
lam  et  per^prctam  habcant  (1). 

'i;  I  E\  isiis  lum  concilii,  tum  Catechismi  verbis» 


Î5« 


OU.'EST.  VIII.  r>E  C/EI\F,MON!IS  S.VCRA.MrNTORLM. 


M^i 


Ohjectio. 

OpponuiU  li;i;rclici   (  1  )   :   Qiiiil(iui(l   ca'reiuouia- 

«  ninnifesliun  ost ,  inqiiit  Tnrru'liiis ,  qii:rsi.  0,  et 
(  ullinià,  litiilo  ilo  i';ci'iMii()iii:inn)i  iiccivssil;.'.!' el  iilili- 
«  Lib' ,  miilliiiii  o^sc  cxToiiuMiianiin   Irucluiii  casiiiit; 

<  |)(»liï.siim'iiii  valri'i'  : 

<  1"  Ad  iiiaji'siaicni  ri  rovt'iTiiliaiu  mysloriisiiosln^ 

<  religioiiiscoïK'iliaiKlaii).  KxUM'Do  oiiiiii  ilio  apitaialii, 
(  nnialii  et  poiiipà  ccclosiasliconiiii  liouiiii,  ad  oul- 
«  liim,  veiieralioiu'in  ot  ol)M"iiniiiin  cxlnlieiidiiiii  Im- 
«  niiiu's  liingè  proniDies  liiiiil ,  ()nod  diviiia  iiiajc^lai 

<  iiide  magis  foriiin  ociilis  ^pleiidc^cat. 

«  '2"  Ad  |)ieialciii  lidoliiiiii  pioiiiDVoiidaiii  ac  exci* 
f  taiidaiu  ,  iiiiti'iciidain  coriiiii  liili'iii,  noliliaiii  inyslo- 
t  rionim  ociilis  voir.li  siiltjicit'iKlani  ;  denitpic  ad  cxci- 
€  landiiiii  in  corde  iciioniin    (iiienidaiii    religioids'Cl 

<  aiiKiris  Dei  alleeliiin.  lia  (|ii!|ipi;  Iioino  faeUis  est,  iil 

(  pcr  extenia  el  sensibilia  >i|,'iia  iid  spiriliialia  ori^a-  i 
«  tiir.  Taiii  enim  à  caplii  iiosiro  seiiiola   siiiil    fidci 

<  iiiysleria,  ni  nisi  iiidnmenlis  (niil)iistlam  vcliui  oir- 
t  ciiiiiveslila  ob  ()(ii!i)s  poiiaiiliir ,  iiioiitis  alleiilioiiem 

<  l'acilè  liigiaiil.  Ad  ipsuin  igneni  anivris  uulrimduin  cl 
I  fliindum  qiiodaiinuodo,  ail  S.  Aiigii^iiuus,  Epislolà  5o, 
€  allas  119,  cap.  11  quo  tanquàin  pondère  sursUm  vet 
«  inirorsUin  referfimur  ad  requiem,  isla  oinnia  périment, 
€  qmv  nobis  fujurulè  insinuanliir  :  plus  ciiim  inuvcnl  el 

<  iicceiiduiil  (tinurciii ,  quàin  &i  iiuda  sine  vllis  Sacra  ■ 
«  meiitorum  similiiudiiiibus  pouereiilur.  Cujus  rei  cau- 
i  sam  d\(j]cilc  es'  diccre.  Scd  lumen  ila  se  liubet ,  ul  ali- 
t  quid  per  ullegoricum  sUjni fical'wnem  iiiliniatuni  plus 
1  movcat ,  plus  dclectet  ,  plus  hoiioretur  ,  quiini  si  ver- 

<  bis  propriis  dicerelur  apertissimi'.  Credo  qubd  animœ 
(  motus  quiimdiu  rébus  adliuc  lerrenis  implicalur  ,  pi- 
t  (jriiis  inflammutur  ;  si  verb  feralur  ad  similitudines 
€  corporales  ,  el  mde  re  feralur  ad  spiritualia ,  quw  illis 
t  simililudinibus  fujuranlur  ,  ipso  quasi  transitu  veqela- 
I  tur,  et  lanqiiàm  in  faculà  irpiis  agi  talus  accendilur,  et 
t  ardenliore  dileclione  rapilur  ad  quielem.  >  Ihec  S. 
Augiislinus. 

«  Describit  idem  sanctiis  doclor,  1.  9  Confessionum, 
c.  G  et  7,  ipios  piotaiis  senstis  in  se  cxcilari  exper- 
lus  fuei  il  ex  liyninis  ol  caiilicis  Ecciesi;e.  Quantum 
flevi ,  ait,  in  hymnis  el  canticis  tuis  (aposlrophe  esl 
ad  Denni)  suave sonaiilis  l'.cclesiœ  luœ  vocibus  com- 
motus  acriler  !  Yocesillcc  injluebant  auribus  mcis  ,  el 
eiiquabutur  veritas  in  cor  meum ,  el  exasluabat  inde 
ajfcclus  pielalis  ,  el  currebant  lacnjmœ  ;  el  benè  milii 
erat  cum  eis.  Non  longé  cœpcrat  Mediolanensis  Eccle- 
sia  geiius  hoc  consolationis  el  exliorlatiuiùs  celebrare, 
magno  studio  frairum  concinenlium  vocibus  et  cordi- 
bus.  Mimirum  annus  erat ,  aul  non  mulià  amplius , 
ciiin  Juslina  Valenliniani  ngis  pueri  mater,  hominem 
tu!!)u  Ambrosiuni  persequeretur  Itœrcsis  suw  causa , 
quà  fuerat  seducla  ab  Arianis.  l'xcubabal  pia  plebs  in 
lîcclesin  ,  mori  parata  cum  episcopo  suo ,  seno  tuo. 
Ibi  mater ,  ancilla  tua ,  solliciludinis  et  vigiliarum 
primas  parles  tenens  ,  oraiionibus  vircbal.  y  os  adliuc 
frigidi  à  calore  spirilns  lui ,  excitabamur  lumen  civi- 
la'.e  allonilà  algue  larbatà.  Tune  lujmni  el  psalmi , 
ut  canerenlur  sccnnduin  morcm  Orienlalium  parliui>i , 
ne  populus  mœror  s  lœdio  contabesccrcl ,  instilulum 
est  ;  et  ex  ilto  in  liodiernnm  relenlum  ,  mullis  j  im  ac 
penè  omnibus  gregibus  luis ,  cl  per  cœlera  orbis  imi- 
lanlibus. 

i  Qniii  el  cxicrnos  oiMlioniiin  geslns  ,  ac  oorporis 
con  brnialidnein  aliipiid  ad  pielaleiii  prndesse  docet 
idem  S.  Aiigiiainiis,  I.  de  Cuià  pro  moi  luis  gereiidà, 
cap.  5,  n.  7  :  .\am  ,  intpiil .  cl  oranles  de  membris 
sui  corporis  faciunt  qnod  supplicanlibus  cunqruit,  cum 
genua  figuiil ,  ciim  exlrndunt  miDius  .  vel  eliam  pro- 
slernuntur  solo,  el  si  quid  aliud  visibililer  faciunt, 
quamvis  eorum  invii^ibilis  volanlas  el  cordis  intcntio 
Deo  nota  sit ,  ncc  ille  indigent  lus  indiciis,  ul  liuma- 
nus  ei  pandatur  animas  ;  sed  liinc  magis  se  ipsum  e.tci- 
I  lut  homo  ad  orandum  gemendumque  kumUiHi  alq'('' 


mm  in  Uonianà  Ectlcsià  obscrvalur,  siipcrsliiioiijs 
pli-niiin  est,  ad  Jnduiorum  ol  gciitiliuin  (quud  est 
longé   tiirpiiis)  imilalioncMi  de    novo  in   cbristiaiiam 

«  ferventHis.  Kl  nescio  (jHomodo ,  cum  là  molus  corpo- 
i  ris  fieri  nisi  muta  nnimi  pnvcedente  non  p'issi:it ,  eis  - 
«  (lem  rursiis  cxterius  visibililer  fadis ,  ille  inli'rior  in- 
»  visil'ilis ,  qui  eos  fecit ,  augitnr  ;  ac  per  hoc  cordis 
i  alfcitus,  qui  ut  fièrent  isla  prœcessit,quia  fada  iunt, 
t  crescil.  Aiiti-  S.  Angii-liinnn  jani  obsi  ivaveial  Tci- 
«  Inilianiis  ,  cliam  in    gcstihus  ac  (  onrornialiujic  cnr- 

<  poris  Chrixiianrts  iiiy-leria  lidci  swa'  al)  inilio  i  x- 
«  pressi>^se.  A'os,  inqnil,  manus  non  taninm  atlollimus, 
«  sed  ctiani  expandimus  divinù  passiune  modulunles. 

«  5"  l'ti'cs  snnt  caîrenioni:*;  tnin  ad  exponcridi  , 
»  Inin  ad  dei'etidenda  (idei  nosira-  inysleria  ;  qnrr  cniin 
«  o!)Scnriiis  in  Sacramcnlis,  apcilin-.  per  riliis  ac  caî- 
«  rcmoniasadjiinclas  nianilLSlaiilin'.  LndcS.  Aiigii>li- 
i  nns,  I.  1  lie  p<'ccal.  Mer.  el  Jlen».,  cap.  Iji,  el  1. 
«  10  in  .îiiiiaiuHi),  cap.  2,  ex  cxorcisniis ,  qui  Bapli- 
«  sninin   anlecednnl,    inviolé   demouslrabai  esse  in 

<  pai'vulis  originale  peccalnm. 

«  -4°  Ad  conscrvalioneni  leligionis,  divini  cullùs 
«  niajeslaleni ,  cl  ad  dislinclioneni  Calludiconini  ab 
«  lia^relicis.  Nanique  1°  religio  per  aclns  exlcrnos 
€  conservalnr;  id  vero  maxime  pra-slaiit  ca'reinouia;, 
t  ne  illa  vilescai  et  coiilemnalur,  sicqiie  paulaiim  pe- 
«  reat;  sed  poliùs  clïiciMMlul  conlinnoiisn  irilaviiieat 
i  el  magis  in  dics  efflorescat.  2°  €.x'remoiii;c  non  im- 
«  nicritù  dici  possnnl  ad  partenj  cullùs  divini  perli- 
«  nere;  homo  scilicet  qui  anima  et  corpore  constat, 
«  Dcum  colère  et  bonorare  ttMielnr  tum  inlerni>  ani- 
tmï,  liiin  cxternis  corporis  actionibus.  5'' Denique  , 
€  per  Cfcremotiias  dislingiiinuir  ab  hœreiicis;  illi  enim 
€  nonnulla  quidein  nobiscnm  communia  retir.enl  Sa- 
«  craïuenla,  scd  in  rilii  ac  modo  ea  solenniilcr  admi- 
«  nislrandi  miillùm  à  noMs  dissident.  Qiiôd  si  rion- 
t  nulli  ex  nostris  nosirarum  Céereinoniarum  apparalu 

<  abulunlur,  quasi  religionis  summam  in  illis  collo- 
«cando.eos  improbamus;  at  vilium  illud  liomiiiis 

<  est  abulei:tis,  non  rei  quà  abulilur. 

I  Nec  vim  nllain  liabd,  qnod  oppnnuiil  novalores, 

<  ritus  iioslros  l'erè  oiunos  à  Judieis  acct  ptos  esse, 
«  qiios  eliam  pagani  suos  sacrilegà  imilalinne  fece- 
1  ruiil.  Quid  lum?  An  non  recli  et  laudabilcs  erant 
»  rilus  Jndivorum,  quos  Oeus  ip«e  instituerai?  An 
t  non  licuil  Ixclesix ,  ul  faciliùs  ad  nnilalem  lidei 
«  Judieos  et  genliies  adduoeret,  imnnullos  eorum  ri- 
€  tus  relinore  ,  onmi  sublaià  specie  siipersliiiiinis,  eos 
«  consccrando  ac  sanclificando  ?  hàc  cerlè  prudiMili 
«  œconomià  usi  liière  Apnsioli  in  coiicilio  Hierosnjy- 
«uiitano,cùm  prinds  Cluislianis  Icgeni  ad  lempbs 

<  imposuerunt  abslinendi  à  sanguine  el  suHocalo,  à 
i  quibu>;  abborrebant  .Inda-i ,  qui  lam  cilô  ad  opposi- 
«  lam  discipiinam  Iranslerri  non  pntnissent. 

€  Xec  te  mov<;al  qnod  lam  simplici  cnlln  Ectiesia 
i  piiniis  secidisdivina  mysteriacelebrarel.  Melu  enim 
«  persecutionum ,    in   cryplis  ac   locis   sid)lerrancis 

<  ab>condili  lideles,  sine  ullo  ferè  apparaln  sacra 
i  peragere  cogebanlur  ;  al ,  reddilà  pacc,  cùm  favcnlc 
i  Constanlino  paulo  respiravil,  mirum  (pio  magnilico 
c  suMjplu  cl  erccla  lempla,  cl  quà  pompa  ac  su(ierbo 
t  rituufn  apparalu  di\ina  ollicia  lucrint  celeltrala. 
«  Loge  Eiisebium  i:i  Viià  Constanlini.  >       (lùlil.) 

(I)  Ilarclici  de  (piil)Us  auclor  hic  b'quiliir,  sun'. 
pr.userlim  Calviniani ,  qui  Uiidum  [dané  cidliim  in- 
vexcrunl.  Eullierani  aulcm .  ci  maxime  Anglicaid , 
licèl  plure-  ciTcnumias  longo  seculorum  usii'ajqiro- 
balas  liiK-rinl  è  mrdio,  pl.iosque  lameu  rilus  anli- 
qiios  iii  a(iniinislrali(Uie  siKuum  Sacramciilorum  reli- 
niicrunl.  Ecclcsia  aulem  Anglicar.a  aiuLicem  nacla  est 
apob>gislam  ,  I».  F.  le  Coiirayer ,  (pii  illam  impensè 
laudal  ,  quasi  felici  inler  ulrumque  exlrcmum  gradn 
iiuedi'us  ,  vilaveril  tani  c  iilliun  vaciuun  el  inaueni 
(ialvinislarimi ,  qiiàm  culluin  plus  a^quo  ca'remoniiâ 
'îiiUïtum  ,  qui  vigot  apud  Calholicos,  (Êdit.j 


DE  RE  SACRAMENTARIA.  --  DE   SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


Religiouem  invecttiin.  Ergo  nedùm  iilililalis  aliquid  , 
liabeanl,  debcnl  ex  adverse,  quia  noxia;  cl  culliii  divi-  , 
no  contrariii;,  rejici.  —  Rcsp.  :  Nego  anleccd.  (iiiau-  i 
lùin  ad  onines  parli-s  :  in  lioc  argmuonlo  dclicias  \ 
agunt  licerelici,  et  quasi  Eoclcsiâ  proslialâ  triuinpliuiii  | 
canunl;  ila  lamen  est  invaliduni,  et  tam  aperia  men- 
/dacia  continet,  ut  nec  refutare  dignareniur,  nisi  eo 
ad  dccipiendos  simplice>  quotidiè  uterenlur. 

r  Quod  aiuiit ,  riins  oniiies  de  novo  esse  invecios, 
supinam  eoruni  ignoranliam,  aul  cuniulatam  uialiliam 
nianifcslal  :  quomodô  eiiiiu  possunt  rilus  dici  rccen- 
les,  quos  constat  à  primis  usque  seculis  observaios, 
ab  anliquissimis  Paliibus  cxplicatos  ,  et  in  exeniplum 
tradilionum  aposlolicaïuni  adductos?  Atqui  lioc  ne 
gare  nemo  nisi  insipiens  potesl;  nam  de  soleninibus 
cœremoniisSacrainentorum  ,  prseter  Tertullianum  et 
sanctunï  Basiliuni  paulo  anle  laudatos,  agunl,  sanctus 
Cyprianus,  ei)isl()là  05,  ad  Cœcilmn,  76  ad  Mcignum, 
et  alibi  saepè;  sanctus  Cyrillns  Ilierosolymilanus,  in 
Catechesibus  ;  sanctus  Augusiinus,  in  liijris  conira 
Pelagianos,  aliisque  operibus  ;  sanctus  Dioiiysius, 
Tulgô  Areopagila,  in  libre  de  ecclesiaslicà  Hierarcliià; 
sanctus  Gregorius  M.  in  Sacramentario  ,  et  alii  pêne 
onines  qui  de  Sacramenlis  scripserunt. 

2"  Quùd  rituum  invenlionem  Romance  Ecclesiae  Iri- 
buunt,  est  iliud  verô  insignis  inipudenti;K  argumen- 
tuni  ;  in  omnibus  enim  Gnecorum  et  Oricntalium  cc- 
clesiis,  non  secùs  ac  in  Occidente,  ab  on)ni  relrô  me- 
morià  observaninr  ;  cujus  rei  ceriam  fidem  faciunt 
Euchologia  à  mille  et  ampliùs  annis  descripta.  Ergo 
eorum  institutionis  non  débet  Romana  Ecdesia  accu- 
sari  ;  quia  è  contra  aliarum  Ecclesiarum  cum  Romanâ 
in  iis  ab  antiqno  admiltendis  consensio  prorsùs  de- 
monstrat,  quôd  in  apostolicà  traditione,  paucis  ex- 
ceptis,  originem  iiabeant. 

5*  In  eo  quod  adeô  audacter  pronunliant,  quidquid 
cseremoniarum  in  Ecclesiâ  obseï  vatiir ,  plenunj  esse 
superstiiionis,  iniquissimos  prolianl  se  esse  censores  : 
superslitio  cnim  vana  est ,  nimiaque  Religio  ;  vana  , 
si  falso  numini  exbibetur  ;  nimia  ,  si  niodus  excedilur, 
et  benè  non  colitur  numen  bonura  :  alqni  nulluni  taie 
vitium  cœremonias  noslras  déformât;  vana,  inquam, 
dici  Religio  ista  non  poiest ,  cùm  ad  veri  summique 
Dei  cullum  tota  dirigatur;  neque  poiest  quasi  niniia 
reprebendi,  nisi  ab  iis  quibus  quidquid  eorum  palato 
non  sapit  nimium  est,  quamlibel  anguslis  limitibus 
cireumscriplum. 

Quid  enim  ,  quœso ,  hoc  nimium  est ,  quod  delica- 
tulos  rcformatores  offendil?  Numquid  quia  liabent 
rilus  nosiri  spociem  corporalem?  Alq\ii  sub  sensibili- 
bus  symboiis  rerum  cœlcstium  magna  signilicatio 
latet.  Numquid  quia  Deum  qui  spiritus  est,  bonorare 
speclacula  isla  non  possunt?  Al  spiritus  quidem  est 
Deus  ,  sed  est  rerum  corporalinm  Domimis  ,  cl  iiomo 
à  quo  colitur,  habel  naluram  ex  spirilu  eoncrelam  et 
corpore  ;  unde  consentaneuni  fuit  ut  cultus  supi  e- 
mo  Numini  exliibendus  iiaberet  aliciuid  corporalc 
admixlum. 

Numquid  quia  apparatus  omnis  exteripr  in  Evangc- 


lio  probibelur?  Edant  ilaqiie,  si  possunt,  teslimonia 
Scriplurarnni  buic  sue  pra:suniiilioni  faveiili;i,  cl  ul- 
trô  dabinms  manus  :  lanlùm  verô  abest  ul  taie  quid- 
piam  lil)ri  novi  Teslamenti  insinuent,  ut  è  contrario 
Cbristum  ipsum  sacrarum  c:eremoniarum  inslitulo- 
rem  el  pni'formalorem  fuisse  apertè  declarcnl  ;  ille 
enim,  cùm  inicr  homincs  agerct,  legitur  saîpè  l)eiie- 
dixisse,  manus  imposuisse,  lactu,  luto,  et  spulo  sa- 
nâsse,  manus  lavasse,  genuflexisse,  vullum  totiusque 
corporis  liabitum  ad  supplioanliiim  nnrmam  conipo- 
suisse,  aliaqut;  ejusdem  generis  mnlla  feei^se,  cùm 
bis  cxlernih  subsidiis  ad  exerendam  potentiam  non 
egeret  ;  de  Aposlolis  verô  el  primis  discipuiis  (juàm 
fréquenter  narralur,  quôd  pariler  adhibuerint  sensi- 
bilium  CcVremoniarum  ornalum!  Superstiiionis  ergo 
immerilô  accusanuir,  cùm  doclorem  sajjienliai  du- 
cemque  verilalis  Cbristum,  AposloIorum  exeniplo, 
sequamur. 

Numquid  denique  dicluri  suiit,  in  hoc  niniirùm 
esse  excessum,  quôd  in  confeoliune  Sacramenlorum 
frequentior  signi  crucis,  nnclionum,  benediclionuni, 
aliorumquc  id  genus  repelitio  fiât?  Ecquis  enimverô 
patienter  ferai  hoi'.:iiies  qui  Ciiristiaiii  liaberi  \oIumI, 
el  lamen  nimium  pulanl  signum  quo  Ciiiistiani  su- 
mus,  et  alia  myslica  symiiola  siepè  mysteriis  i;-lerpo- 
ncre?  Nam  si  una  benedictio,  si  una  unclio,  si  una 
signi  crucis  impressio  bona  est,  meliores  uliquc  plu' 
res,  quia  nmltiplicala  obsequia  demerentur  poliùs 
quàn)  ofîendunt  :  non  enim  nobis  odiosi  videnlur  ii 
famuli,  qui  assidui  el  fréquentes  ad  obsecjuium  f(ie- 
rinl,  sed  magis  cliari;  itaque  si  ha;c  semel  facere 
laudabile  est,  quanlô  magis  siepiùs  !  Non  ila  sanè  Pa- 
tres Ecclesiic  judicabani,  qui  nedùm  supersliliosiini 
arbitrarenlur,  signum  crucis  siepè  repetere,  magnum 
è  contrario  in  hoc  exercilio  cbrisiiame  vitie  officium 
reponebanl  :  non  ila  Terluilianus,  lib.  de  Cor.  mil. 
cap.  5,  sic  loquens  :  Ad  omnem  procjressumaltjue  pro- 
violum,  ad  omnem  adilum  et  exiluin,  ad  vcstilitm  et 
calcealHVi,  ad  lavacru,  ad  tncnsas,  ad  lumina,  ad  ch- 
bilia,  ad  sedilia,  qubcumque  nos  coiiversatio  exercet, 
l'ronlem  crucis  signnculo  terimus;  non  ila  sanctus  liio- 
ronymus,  cujus  ad  Eustoeliium  pneclarissima  verba 
sunl  :  Ad  omnem  aclum,  ad  omnem  inccssum,  manus 
pingat  Domini  crucem  ;  non  ila  Origenes,  iiom.  6  in 
Exod.  ;  non  ila  Cyrillus  Ilierosolymilanu-,  catec.  i  et 
13  ;  non  ila  Laclanlius,  Inslit.  1.4,  c.  27  ;  non  ila  san- 
ctus Âugustinus  loeis  iimumeris,  non  ila  deni(|ue  alii 
penè  omnes,  qui  in  signo  crucis  ad  fugandos  dicmo- 
nes,  Deumque  colendum  mirabilem  virluiein  agno- 
scimt,  idemipie  de  ca-leris  rilibus  sentiunt,  quos  Ec 
clesia  solemncs  liabei. 

4°  Neque  propiùs  ad  verum  accedit  quod  effutium, 
can-emonias  de  scholis  gentilium  in  Ecclesiam  irrc- 
psisse  ;  è  conira  cnim  fcrè  onmes  Paganorum  rilus  ad 
iniilalionem  veri  Dei  cultorum  fuisse  à  d:i'nioiiil)us 
intiodiicios  f.icilè  asseiiliclnr,  (iiii  aitcnderil  veram 
Keligionem  qua;  priscis  temporibus  Judaica  erat,  ido- 
loiairiâ  longé  esse  anli(iuiorem  ;  adeôque  non  genti- 
lium cscrcmonias  à  fidelibus,  sed  cxrcmonias  fide- 


^^545 


QL.EST.  Mil.  DI-:  C.KlUlMUMIb  SACKAMKNTOia.M. 


ioie 


lium  al)  infidelibiis  ad  culiiini  suporstiiiosiini  c«sc  Ira-  ' 
ductas,  (Lviiionc  sciliccl  iiisligaiilo,   iiiii   cùm  iiivclc    j 
ralà  nialiliâ  pcrpcliiiis  Doi  :i;iiiiilnssit,  iionores  uli(|iio 
divinos  aireciat  :  i  l)ial)olu.s  enim,  ciijiis  siinl  parles  j 
i  iiitcrverloiicii  vcrilaltiii,   iiiipiil    TcrluHiaims,  lio. 

<  Pra'scrip.,  cap.  10,  ipsas  ipidtpie  m-.  Sacraïutiilo- 

<  ruiii  diviiioniin,  in  idolorum  inyslcriis  a-miilatur: 
«  luigit  el  ipso  quosdam  uliiiue  ciodenlcs  el  fidclos 

<  suos  ;  expiationcm  dcliiloiiim  de  lavacro  rcproiuil- 

<  lil;  cl,  si  adliiir  memiiii,  Millira  signal  illic  in  fion- 
t  libns  niililcs  siids  ;  Ci'lchial  el  paiiis  olilalioncni,  cl 
t  imagiueni  resnrrcclionis  indiicil,  el  subgladio  rcdi 

f  mil  coronam;  qiiid  (piod  sninniuin  Ponlificcni  luiiiis 

<  nnpliis  (in  nnis  nii|.liis)  slaUiil  ;  .liahct  cl  virgines. 
«  lial)cl  cl  conlincnlcs.  Calcium  si  Nnm;c  Ponipiiii 
«  snpcrslilioiies  rcvdlvamns,  si  sacerdolalia  oflicia, 
f  insignia,  cl  privilégia,  si  sacri(icalia  minislcrin  cl 
1  instrumcMla,  cl  vasa  ipsornm  sacrificiornni ,  ac 
I  piacnlorinn  cl  volornm  cnriitsilales  consideronuis, 
i  nunnc  malli^c^lé  dialiolu-  niorosilaien!  illam  Judai- 
c  cre  Icgis  imllauis  esl?  Qui  eigo  ipsas  res,  deqnibus 
t  Sacranionla  Cbrisli  adminislranlur,  lam  aimnlanlcr 
1  alTcclavil  exprimeie  in  negoliis  ididolalrir,  utiqiie 
€  cl  idem  el  codcm  ingenio  ges-il,  et  potiiil  inslrn- 
i  menlo  qnoqne  divinannn  icriun  el  Sacramenlornm 

<  Cbriblianorimi,  sensnm  de  sensibus,  verita  de  ver- 
f  bis,  paraboias  de  parabolis  profana;  et  temulc  li- 
€  dei  allemperare.  » 

5"  Est  ilhid  ((uidcm  vernm,  habcrc  riUis  noslros 
aliquam  cuni  .iud:eoriim  velciibus  cxTcmoniis  com- 
paratijnem  ;  sed  non  inagis  bine  sequilur,  à  Syna- 
gogà  in  Eccicsiam  Ciuisli  esse  traduelas,  qnàm  si 
quis  diecret,  nos  ad  Jiuhvorum  iniiiali'neni  Uecalo- 
guni  observaie  :  non  enim  ideo  ab  apololis  doclore 
Cliristo,  et  ab  Ecclesià  deinceps  surit  iiislilula>,  quia 
in  populo  Ilebraico  vigueranl;  sud  (piia  in  bàc  nior 
tali  coibditionc  sine  ullo  cxleino  riln  Hcligio  vera  esse 
non  polcsl  :  iino  verbo,  polcsl  (pudem  aiiqua  in  nu- 
slris,  cum  gcnlilium  el  Jud;corum  rilibus,  si  speclctur 
cullus  exlernus,  ai'tinilas  deprebcndi  ;  sed  liabilâ  ra- 
lionc  finium  et  objectorum,  unde  polissimùm  a;sli- 
inandi  sunl,  immenso  distant  inteivallo  (I);  ut  enim 
observai  sanolns  Auguslinns,  crat  in  .îud;cis  pradigu- 
ralio  pnonunlians,  in  gcnlilibus  imitalio  crrans,  el 
in  nobis  est  veritas  :  «   Tanlùm  inlcrcst,  in(|uit  (2), 

(1)  Nibil  vclal  dicere  quùd  Ecdesia  sive  à  g(rniili- 
tate,  sive  à  Syiiagogà  caM-cmi>iiias  quasdam  sumpserit 
nniluas,  ut  ill;!S  sanclilicarel ,  cl  •(!  cidlnm  divimun 
Iransfciict,  qniduodô  cliani  Icmpla  liom.ulla  profana 
snmpsit,  pnrgavit  cl  sacra  fccil. 

("2)  IMiuima  alia  objicimil  Calviniain,  ctquandoquc 
cliam  Anglicmi  el  Lullicr.ini,  sed  pra-serlini  quod 
Ecclesià  catliolica  cnllnm  suum  mundanà  |io:iipà  ve- 
siicril.  Ilos  vcrô  slrcnuè  revincil  Coilcl,  cap.  't,  art.  I, 
dinn  rcspoiidct,  «  M.alè  dici  i»i)nipam  Salai, ;c  (scii 
«  mmuinnam)  id  quod  non  ad  iiominum,  sed  ad  Dci 
«  gloriam  l'cfcrlur.  Ec(pns  argenUnn,  anrum  cl  gem- 

<  mas  ad  ornalum  iiojiiinis  soiins  creala  fuisse  exi- 
€  slimol,  non  ctiani  ad  cullnm  Dei,  qui  ils  l.ibcrna- 
«  culmn  suum  ndornari  pncccpil.  Ccrlè   nemo  un- 

<  qiiàm  pau|)crlalisel  siuqiii(  ilalis  amaulinr  l'uil  (piàm 
i  CiirisUi*,  elislamen  laudavit,  et  in  orbe  tolo  laudari 

TH.  XX. 


<  inlor  sacrificia  Paganorum  et  Ilridjncorum,  quan- 

<  lùm  inlcr  imitalion'm  erranlcm,   et  pra^figuralio- 

«  Yoluil  facinus  pi  i-  imilicris  qua;  elfinlit  auper  capui 
«  rjiix  tiluluiMrnm   niujeiUi  prrlinsi,  Mallli.   ^(î,  quod 

<  polcral  V('iiiim(li:ri  phistiiuiin   (rvcenlis  (l(  Hiniis  ,    et 

<  (tiiri  piupi'ribiis,  h):i\).  \'l.   Et  vero  an  sapienliorcs, 

<  an  simpliciiali  evangcli(;e  magis  addicti  sniil  C.d- 
«  viiiiani,  (piàni   lot  cxiurue  sanctilatis  cpi><ciipi,  (pu 

<  snb  (ionstanlii  o  II  rcbaul,  cl  quorum  |)iurii)U^  dc- 
(  lucral   mailyrimn,    |ioliiis  i|u:im  i|)si    marlvrio  de- 

<  fuissent;  alqui  bi  lanicii  singularem  (loM^Ianlini  in 
1  exlrucn(.lis  (imaiidisque  basibcis  nuiniliccutiam  de- 
t  bitis  cxluière  iau(lil)ns,  nedùm  ut  ^implicilali  tbri- 
t  sliana-  advcrsam  redargucr  ut.  Ab^il  [laupeics,  si 
«  qua-  nrgeat  h(;cessilas.  praftiendos  es>e  ncgannis  ; 
«  al  Imic  oflicio  non  dcfuère  Ainbrosii,  Paniiin,  alii- 
(  (|ue  primi  tinminis  aiilislili.'s,  (pn  di'nn  suum  malc- 
«  rialiluis  (emplis  bonorcm  assercbanl,  Icneram  in 
«  cgeiia  Cdnisti  m  nd)ra  cl>ariljlem  parliebanlur.  Vide 
«  librinn  cui  litnlns  :  Défense  du   culte  eiléiictir  de 

<  Ci-Ajliac  cailioU(juc,  auclore  N.  Briieys  Mouli^pcssu- 
«  lano,  sccl.  3  <l  seq.  > 

Hic  de  ca-rcnidniis  expenderc  utile  esl,  ulrùm  in 
suà  prima  inslilii[iniiesynd)olicam  et  myslieam  signi- 
'i<  aliouem  coulincinl,  an  vcrô  lilleralcm  lanlnm  et 
liisl  ricam  liabcanl  origintiii.  Hespon>ioncin  nmlua- 
nuu'  à  dociis>im(»  'l'urnclio,  rpii  banc  malcriam  mira 
concinuitalc   al(]ii(!  diligciilia  perlraclal,   qua>sl.    ult. 

«  Duo  liic  cxircma  sunl  ;equaliior  deciinanda. 

1  Priminn  eornu),  (pii  non  aliam  (jiiàm  simplieeni, 
1  pure  lilti'ralcm  ac  bistorieam  assignant  ca'rcmonia- 
«  ru;n  nostrarum  or^gineuj ,  nenipe  aut  à  deecntià 
1  (  ullùs  (liviui ,  aul  ab  uliniale  el  commodo  earnm, 
1  aul  à  locoi  um  cl  rcgionum  in  quibus  sacra  perlicie- 
î  bauiiu"  vario  usu ,  aul  ex  fortnilo  ipiodam  evenlu, 
i  aut  deni(|iic  ex  relalione  ac  eorrcspondenlià  quae 
I  deliel  esse  inlcr  gcslum  et  silum  corpoiis,  el  verba 
(.  qua!  (  re  |  roferiiutur  ;  ila  cerlè  ut  ilH  nibil  omnino 
i  lu  |irimà  earnm  iasliluti  iiie  my>lerii  deprcbendant  : 

V.  g.,  si  ab  illis  sciscilalns  fncris  unde  cereorun)  ac 
s  luiuin  irium  usas  resp(Uidcbuhl  ad  expellcndas  le- 
(  nei)ra-i,  rpiia  primi  Cbri>liaui  mclu  persecuUonum 

<  iii  locis  sn!)lcrraiieis  cl  obscuris  laUlanles  sacra  fa- 
I  ccre  CDgebanlur.  Pariler  (piis  tburis  el  incensi  linis  ? 
«  Ad  purgaiidmn,  iiiqin;inl,  lelrmn  ac  fu'lidnm  odo- 
"  rem  qui  ex  Inci^  illis  sid)lerrancis  exbalabat,  et  sa- 
«  i.iiali  noeere  poicral.  Quod  si  nrgeas ,  Ecclesiani 
«  n-um  ilinm  Iniiiinarium  cl  incensi  eliam  rctinuisse, 

<  qu.iudo  lili  n^Idua  pace,  apcrloeoelo  acdepulsis  le- 
«  nebris,  ii>que  in  locis  sacra  peragcre  liccbal,  in  qui- 
i  bus  à  l'œlido  exbalilu  nibil  crat  limendimi  ;  aiunt 
«  banc  cansani  cssc,  inm  quod  Eccicsia  siiorum  usuiu 
«  in  oiliciis  p'd>!icis  retincnlissiina  sil  ,  ac  cuju>cinn- 
4  'iUC  iiiiiovaiioi.is  inimica  ;  lùm  quod  popnii  ngio- 
t  nom  in  (juibus  pnidica  ofiieia  ecclesiasiica  cclebrata 
»  primùm  fuére,  arom.itibus  et  inceiiso  plurimùm  de- 
i  ieclarentur. 

i  ll;cc  prof.oiô  ralio  exponendi  c;T>rcnioniarum  ui i- 
«  giiieiu  ,  j>'.jiina  nimis  \idclnr,  arida  ,  exsncca ,  ipue 
«  inliil  aut  ierc  ndiit  jiival  lidelium  aninnts  in  Dcuni 
I  erigcntbts.   Ealindiun  lannn  est   simplicem    illam, 

<  lilleralcm  el  nislcuicun  caTcmoniarum  expo-ilio 

I  licm  placcre  plurimùm  ac  summo  (d»lcctamenlo 
«  esse  criîdiiis  ac  cmio^is  anliqnilatis  expinraioribus  ; 

<  nc(|ue  nl(lro^iùs  nos  ci  rcpugnabinms  ,  modo  suns 

<  eliam  ipsis  scrvelur  myslicus  ac  syndiolicus  cxpli- 
»  candi  modes,  nnde  crc>eil  ac  nnirilnr  fidclinm  pie- 
!  las  ac  religio.  Eo  iii  ar^mmnlo  scse  feliciler  exer- 
i  cuit  erndiiorinn  jipii  de  rébus  lilurgicis  scripsércj 
«  imlu^iria  ;  inprinn^  vdô  D  Claudii  if-  Vert  ordinil 
I  (;!u.n.iceiisi>  r,lii,'i'isi,  in  oprre  (iallico  cui  lilulutn 
«  Iccil  :  'l'.jplli'utwn  sin.plc  ,  UlU'rale  el  liisloiiiiuc  des 
I  a'yciuoiiii^  d-.-  l'iùflise  Parisiis ,  4  tmnis  in-ji'' apud 
•  il(trii,iinu.ii  l'C  aulne. 

<  Alieruincstreiuum  illoruiu  est,  qui  neglcclâ,  no 


I  1 


^.^;i7  DE  {\E  SACUAMENÏARIA.  —  DE 

«  liom  pivomiDtia  :toin  ;  sicul  :uilcin  non  idco  con- 
«  temiienda  vcl  (lelesliuuia  csl  virginilas   saiiclimo- 

«  ilioam  iinprobalâ,  ilià  lidcrivli  el  liisioricà  origine! 
f  caMniionMi'iim,  iinicc  ad  my>licaiu  el  syinliolic'am 
«  caiiiu!  sigiiilii-alioneiii  allciidiiiii,  ac  in  mimitissimis 
«  .'|nilms(|iic  rciiiis  nomiiliil  allioris  ac  rccondili  niy- 
I  slerii  lulcre  aibilranltir. 

«Media,  iioslto  quidcin  jiidicio  ,  (jurdain  via  le- 
-  neiidacsl.quà  iilraq-  ecxlrciiia  sciik-itlia  coiicilieliir  : 

>;i  iicmpe  net!  liUeraliset  liislorica,  qiK«  adcrudilio- 
!  nom  ,  IK'O  liiyslica  ol  symlntlica  ,  qu  i'  ad  piclalem 
i  valol  plwriiivJin,  c;i'reiiioiii;iniiii  oxplicalio  coiileiii- 
«  :ialnr,  scd  iilracpu' simiil,  (piaiiliiai  li(;ri  polcsi,  coii- 
(  socioltir.  Prima,  faleor,  a|.lior  videlur  ac  coninio- 
i  lior  reviiicciidis  novalorihiis ,  qui  supcrslilionis 
«  viliiim  in  litibus  sacrilicii ,  porpcUiô  noi)is  oblrii- 
«  diint;  alU'fa  verè  ad  pieli;e.ii  lidrlinm  ad  myslerio- 
i  !iHU  inlelligciUiam  inagis  comparata.  l'tior  posle- 
«  iiorisbasis  cstac  fiuidanientiini  ;  ncqiie  corlè  D.  de 
«  Vert  aniinus  ac  consiliinn  iiiiqiiàiij  tiiissc  videltir, 
«  niyslicas  ilias  ac  spirilnalcs  cxitlicar.di  c;ereninni.is 

<  ralioues  evchide:  di,  sicnt  ip  cmci  aitertè  prolilclur 
«  ;)ag.  45  pr;Tef;ilioiiis  primo  loino  prailixaî. 

I  Dicenduni  igiUir,  non  improbalâ  lilt(Mali  et  bisto- 
«  ricà  ci'cremoniarum  exposilione,  eliam  à  primis  lic- 
«  (_!esi:c  cxordiis,  mysliciiin  ac  symbolicum  sensiiin 
'  i.nni^xnn»  illis  fuisse. 

«  Tirdiosum  cerlè  forel  singulas  scu  veteris  seii  le- 
I  gis  novaî  caïrcnionias  iiicemuuerarc,  ac  uniusoiijiis- 
»  que  sym!)oiii'am  designare  significalionen»  :  ex  niul- 
t  lis  piùica  pcrslringeiniis. 

d  Ac  r  (piidcm  k'X  velus  lotaccrlèsymbolica  erat, 
4  ad  pru'lignrandam  novam,  cl  Cliristiini  i]  snm,  qui 
«  iinis  est  legis,  pi-Tcmniliandmn  dcslinala.  Omnin  in 
■m  figura  couliiifn'bmil  itlis,  i\\l  S.  l'anUis,  1  Cor.  10, 
«  V.  11.  Sacrilida,  (pue  Âbci,  Abraham,  Jaciib  clalii 
«  Dco  ol)li!lfriinl,  non  niida  pi'ofeclô  iiienint,  oniiii- 
«  fpie  spiriuiali  sensu  desiilula  signa,  sed  niciilis  ob- 
«  sequiuni,  ac  cordis  oblalioncni  desigiiabant  ;  iiec  in 
«  vamini  Dens  celelnis  illins  sacrilicii  quod  Abraiiam, 
«  Geii.l5,  ohlnlit,  et  alicmni  (imninin  apparaUnn  ac 
«  caircmonias  priescripsit.  Signilkativa  siiiU  omnin  ta- 
I  lia  sncrificin,  ail  S.  Anguslinus,  episl.  102,  alias  41), 
«  ad  Dco  gratins.,  in  resp(;ns.  ad  5  qn:cslioneni,  ut 
6  (luarumdcim  rerum  simililndincs  ;  cl  qnide.n  ad  no- 
«  stram  ntililalem  ordinale.  Nanupie ,  ut  ait  idem 
«  sancuis  doclor  ,  1.  6,  conlra  Fanslnm,  cap.  5,  Deus 
«  non  frustra  en,  guibus  non  indigcl.  sibi  jnbere!  olfcrri, 
I  nisiaUtinid  in  cis  oslendcrci,  guod  nobis  et  nôsse  pro- 
I  desscl,  et.  tidibus  signis  pnvfigmari  oporlet. 

t  Jacob,  (Jen.  28,  erexit  lapideni  titulum  ,  fun-dcns 
t  olcuindesuper.  Qiiod  eliam  cap.  ôo,  v.  il  ejnsdcm 
«  libri  ilcrnin  Cecisse  lcgiun',c(»n.ecrand()ibi  hqùdeni, 
«  ubi  cum  Deo  biclalus  Aicral,  ac  repromissioncs  ac- 
«  ceperat,  nonienque  sil)i  perninlalnm  cognoverat; 
«  qnain  consccraiioneni  ob'i  lanlnm  bhamiinnnque 
«  elbisione  l'actani  fuisse  dénotant  verba  bsc  :  Erexit 
i  tilidumlapideuin,  in  gno  lucidusfueral  ei  Deus,  libans 
«  super  eiiin  Ubinnina  et  ejj'toidens  oL-um. 

i  Ista  porrô  lil)amiamntt  ob'i  ell'n^io,  divinum  quid 

<  ac  sacrum  denolal)al.  .Ncmo  ipiipi>;>,  ign  irai  qnaulo 
I  in  nsn  ac  prelio  apud  Jud;cos  lueril  oici  unclio,  (pià 
I  sacerdolcs  consecralianlnr,  in:uigural)anlnr  reges, 
c  ac  onniiatabornaculintensiUa  sanciilicabaiitur;  nnde 

<  sacrum  et  sanctum  olenm  di<ebaliir,  cnjus  conli- 
I  ciendi  singularcm  rituni  ac  formam  Deus  ipsc  pne- 
«  scripsil,  Exodi  50. 

«  Hincipic  David,  Psal.  4i,  prophetico  spiritu  de 
I  Cbristo  pntpler  pleniludinem  gralie,  (pve.  in  ipso 
I  er:y{,  d\\\l  :  Dilexlsti  )iistiliuni  el  odisii  iniijuilaleni , 
i  proptereà  unxitte  Deus,  Deus  Ihus,  oUo  la'titiœ,  me- 
«  tapborà  ductà  al)  oleo  qno  ls;ae:ila;  fesUvis  diebns 
«  utebanlur,  cl  (juod  ipsis  in  deliciis  erat  ;  qnop-rfuso 
«hominesac  mulieres  annnlbilarilalein,  IVstuni  dicm, 

<  cordis  kelitiam  indicabant.  cl  à  quo  luclùs  ac  dolo- 
{  ris  causa  abslincbanl. 


SA.CRAMENTIS  IN  GENERE.  154^ 

nialimn,  quia  et  Yeslales  virgines  fucriint,  sic  non 
ideù  reprcnendenda  sacrilicia  palrum,  (piia  snnl  et 

«  Quin  el  sniierstiliosi  genliles  eu  eliani  pi'ogressi 
sunt,ul  non  laiitùm  lapides  alqne  ligna  in  iionninnu 
aut  brnlornm  simililudinem  allabrè  cfligiala ,  oleo 
pcriingerenl  ;  sed  eliam  ludes  atque  inipolilos  lapi- 
des ,  (luornin  nsns  in  agris  terminandis  erat ,  oleo 
pei  uiigcre  ac  consecrare  solerenl  ,  nnde  religioni 
duccbant  illos  manu  conln'Clare  aut  loco  moverc , 
ul  (ons'al  ex  Plaione,  lib.  8  de  Leg.  Istos  porrô  la- 
pides non  imnixissenl  sui)ei'sliliosi  illi  pagani  ,   ncc 
coluissenl,  nisi  in  câ  canemonià  divini  ali(|uid  incssc 
ac  lalere  arlùlrali  fuis  cfit,  alcpie  eliam  aliquid  di- 
viiiilalis  in  lerniinis,  ul  nolum  est,  admisisscnt.  Unde 
.\rnol)ius  ,  de   se   ipso   loquens  ,  cùm   pa^'anoruni 
adfiuc  tenerelur  erroribus  ,   lib.  1  adver,>ùs  genl.  , 
ail  :  Venerabar  ,  ô  cœcitus  !  nuper  sininlaer'i  modo  ex. 
fornacibus  prompta ,  in  ineudibus  dcos  et  mulleis  fa- 
hyieatos,  clephantorum   ossa  ,  picluras  ,  veternosis  in 
firboribus  tœnius.  Si  gnando  conspexeram  lubriealum 
lapidem,  et  ex  oUvce  unguine  sordidatum ,   tnngnhm 
inesset  vis  pra'sens  ,   aduhdmr ,   ajjabar  ,   et  benefieia 
posccbam  nihil  sottienie  de  trunco.  Quani   pagain  ex 
superslilione  ,  banc  veri  Dei  cultores  ex  religionis 
sensu  unclionis  ca;remoniani  observabant. 
«  2'  Quanlô  clarior  est  el  expressior  caîrcmonia- 
rum  iii  nova  legc  spirilnalis  ac  myslica  significatio  ! 
Quid  aliud  ,  qnaiso  .  refeiunt  Baptismi  cl  Eucbari- 
slKM  ritus,  nisi  sublin)e  quid  ac  divinum  ?  Non  aliù 
profeclè  lenduiil  in  admiuistralione  Baplisn)i,  cxor- 
«  cismi ,  iiisufllalio  ,  renunlialio  diabolo  ejusque  pom- 
«  pis  ,  deguslalio  salis,  nnclio,  tactns  aurium,  caireus 
«  ac  en^ns ,  etc.  Tolus  Baplismi  rilus  symbolicus  est, 
«  ilgura  cl  im  go  morlis  ac scpullune  Cbiisli, ac  nova!, 
(I  qua>  in  ipso  babenda  est ,   vilre  ,  An   ignoratis  ,  ait 
«  sanclus  Paulus  ,  iiom.  0,  v.  5  ,   guia  guicumgue  ba- 
is, ptizali  sumusin  CltrisloJesn  ,in  morte  ipsius  baplizali 
«  sumus  ?  Coiisepulti  enini  suinus  cuni  illo  per   l'apli- 
j  sniuinin  nwriem,nt  ijuomvdb  Cliristus  surrexit  à  mor- 
î  tuis  per  glorium   Patris  ,  lia  et   nos  in  novitate  vita 
j  nmbulenius.  Agun  in  liaptismo,  ail  S.  B.isilius,  lib.  de 
i  Spirilu  sanclo,cap.  15,  morlis  eivliiliet  simililudinem^ 
«  corpus  velut  in  sepulcro  recipiens  ,  Spirilus  verb  vini 
«  vivifieam  immittil  ,   à  morte  pcccati  renovuns  animas 
e  nostriis  in  novam  vitnm. 

«  Olint  Calbecuinenis  i)ost  solilas  renunlialiones 
«  dabaliir  palliuin  loco  logLC  ,  quod  cerlè  myslerlo 
I  non  carebal  ;  loga  scilicet  dignilatis  insigne  erat , 
«  pallimn  verè  abjedionis  cl  bumililalis  ,  qnalem  de- 
«  Cf'l  Chrislianos.  Terlnllianus  ,  lib.  de  PaUio,cap.  5  : 
a  Eïiimverb  ,  ait ,  ciim  Imnc  primum  sapienliam  veslit 
«  gua:  vanissimis  supcrstitionibus  réunit,  tune  eertisaimè 
«  pallium  super  omnes  exiivias  et  peplos  augusta  veslis; 
«  supergue  omnes  apices  et  tilulos  sacerdos  suggestus. 
«  Et  posica  :  Grande  pallii  beiiefnium  est  ,  sub  cujus 
«  recogitniu  improbi  mores  vel  erubescunl.  llinc  istud 
«  pro(  ax  genldium  in  Chrislianos  diclcrium  :  A  togà 
«  ad  palUuni. 

«  In  Eucbarislià  anicm  quoi  niysleria  !  Paneni  el 
«  vinuin  ,  cibum  cl  |)Olum  usualem  pro  malerià  hu- 
s  jus  sacramenli  assnmil  Cbrislus  ,  ut  significet  Eu- 
«  chaiisliam  ac  quolidianam  esse  debore  animorum 
«  noslroriun  cnelestem  alimoniam  :  in  azymo  pane 
t  consecral ,  ni  qua;  dcl»eal  esse  anima;  niundilies  ac 
«  pm'itas,  oculis  vcluii  subjicial.  Expurgate  velus  fer- 
«  meutiim,  ait  Aposlolus  ,  i  Cor.  5,  v.  7  .  ut  silis  nova 
«  conspersio  ,  etc.  Ilaque  epulemur  non  in  fermenta  vc- 
«  teri ,  neguc  in  fermenlo  malitiai  et  neguitiœ ,  sed  in 
«  azijmis  sinceritatis  et  veritalis.  Paiiis  verù  (|ui  ex  niul- 
i  lis  granisconfectusea,  unioneni  popnli  cnm  Ci.rislo 
4  significat  :  C/yiHs  p«His,  unum  cor]>us  mulli  sumus  y 
i  gui  de  uno  pane  purticipnmus ,  ail  idem  Apusldlus  , 
«  ]  Coriiilb.  10  ,  V.  10.  Pcdes  discipuloruni  lavai, 
«  quarc?  Explical  ipse  CbribUis,  Juan.  13  :  Qui  loha 
i  est ,  id  est ,  baplizatus ,  non  indiget  nisi  ul  pcdes  la^ 
«  vei  ;  hoc  esl ,  quoiidiaua  expurgcl  pcccaïa. 


1540 


QU/EST.  Vm.  DE  C^REMONIIS  SACRAMENTOUU.NÎ. 


<  sacrificia  gentiiim  :  quia  siciil  inlCr  illas  virginitales 
t  niultùin  dislat,  quanivis  niliil  aliiul  tlislol,  iiisi  fnue 

«  Spiriliialom  ao  syinholiciiin  ossc  noslranim  oacie- 
1  nioiiianiiii  liiHMu,  jaiii  j):iiil»j  aiilè  ex  coiicilio  'I"ri- 
I  ilenliiio  et  tak'rliisiuo  Koiiiaiio  (Iciiioiistniviiinis  ; 
t  neqiie  ponù  do.siil.  r;ii;ir  Unis  illc  in  iis  cliaiii  (mtc- 
I  inoniis  ,  v.  g.,  Iiiiiiinaiiiiiii ,  llmiis  ,  clc.  ,  (|uariiiii 
t  oiigiiiL'in  el  insiitiiiioiiciu  lolaiii  lilleralem  usse  ac 
«  Insloricain  iionimlli  ivItTiiiit. 

«  L'iniiiKiiio  illiiiii  ccrcoium  seii  liiminai'iiiin  (inoiii 
«  agiKtscil  S.  Ilicroiiyiiiiis  c(>!it'iilaii>,)()viiii;imiiii,  iicm- 
j  pc.  lùm  ad  solatiimi  el  iiL'Ccssilnlom  .  ciiiii  sacra  de 

<  iiocle  peragcbaiilni',  liim  iii  sigiiiim  kcliliu'  ac  (idci. 
i  Aiidialur  S.  dcclor ,  lii».  advcisiis  Vigilanliiiin  :  Ce- 
I  reos,  in(|nil,  von  clarà  liice  (uccntliiiius,  siciil  frustra 
«  Cdlumiiiaris  ;  scd  ut  uorlis  tcnrbras  Itor  solalio  tcwpc- 
(  rcmus,  et  vinilcmus  ad  lumen,  ne  cœci  tecuni  dormia- 

<  mus  in  kncbris.   Qubd  si  aliqui  per  impcritiuni  et 

<  siniijlicilatem  scculuriuni  lioniiuum,  vel  ccrlc  reii(iiosa- 

<  mm  feminaruni Itoc  pro  lianow  m<trlijrum  fuciunt, 

e  quid  inde  perdis  ?  Causubantur  quondam  cl  Apostoli, 

t  qubd  pcrirel  unquentum  ;  sed  Doniini  voce  corrcpli  ' 
t  sunt.  ^eque  eni)n  l'.lnistus  Indigebul  unquenlo ,  ncc  \ 
t  martiires  lumiue  ccreorum  ;  et  lanun  illa  mulier  i)i 
t  honore  Clirisli  lioe  feril  ,  derolio(iue  mentis  ejus  reci- 
t  pitur.  El  quicumque  acccndunt  cereos,  secundtim  [idem 
«  sunm  liabent  mercedem,  dicente  Aposloto  :  L'nusquis- 
i  que  in  sensu  suo  abundet.  Idulolalrns  appéllus  liu- 
t  jusmodi  liomines  ?  Non  diffileor  ,  omnes  nos  qui  in 
(  Cliristo  crediuius  ,  de  idololatriœ  errorc  venisse  : 
(  nonenimitasri)nur,  sed  renascimnr  Cliristiani.  Et  quia 
t  quondam  colebninus  idola,  nunc  Deum  colère  non  de- 
i  bemus,  ne  simili  euni  vidcamur  cum  idotis  honore  ve- 
j  nerari  ?  lllud  fiebal  idolis ,  el  idcircb  dclestundum 
f  est  ;  lioc  fit  marliiribus ,  et  idcircb  recipieiidum  est. 
t  yani  et  obsque  mtrrlijrum  reliqniis  per  totas  Oricntis 
t  Ecclesias,  (luando  legendum  est  Evangelium ,  accen- 

<  duntur  luminariu  ,  jam  sole  rutilante;  non  utiijue  ad 
t  fuijandns  ieitebras,  sed  ad  signuin  lœtitiœ  demonstran- 
i  dn}ii.  L'nde  et  virgincs  illœ  evungelicœ  semper  habent 

<  accensas  lanipades  suas.  Et  ad  apostolos  dicitur  :  Sint 
t  lumbi  vestri  prœcincti,  et  lucernœ  ardentes  in  ma)iibus 
t  veslris.  Et  de  Jou)tne  Baptistà  :  Itle  eral  lucerna  nr- 
I  dens  el  lucens,  ut  sub  tgpo  luminis  corporalis  illa  lux 
f  ostendalur ,  dequà  in  l'salterio  legimus  :  Lucerna  pe- 
i  dibus  vieis  verbuin  luum,  Domine,  el  lumen  semitis 
\  mcis.  lla'C  S.  Hicioin nuis. 

«  .Mnlli  è  vctcrilnis  ci'rc()iiim  usum  in  sacris  olficiis 
€  conimcnior.int  :  l'iiidcn'.iiis  ,  Iiyinno  1  in  lionoicni 
«  passionis  S.  Lanrenlii  ;  S.  Paidinns,  pooni.  1-i,  aliàs 
«  18,  de  S.  l''eiic.  >ialal.  5,  voi'snOS;  sanclns  Gregmiiis 
«  Tinoneiisis,  lil).  de  (ilor.  Conl'i-^s.,  cap.  '■1\  ,  G9,  70, 
«  71,  79.  In  exc(|niis  dolinicloriini  solilos  Clirisliai;os 
i  ccreos  acc(.'ndere,  Icsianliu'  S.  Giegorins  rs'azianze- 
t  nus,  oialionei  advcisùs  .Iulianuni,  S.  liieroiiynius, 

<  ejHsloià  8G,  aliàs  i7,  ad  Kusluciiiuni ,  S.  Gregurius 
(  iS'yssenus  de  Vilà  S.  .Macrini. 

«  Qiiod  de  usii  C(!rcoruin  ,  idem  cl  de  usii  lliiiris  di- 

<  ccridnna  :  nonipe  adliibitnni  fuisse  ad  dcprllciiduni 
€  noxinin  odoreni  ,   qui  ex  locis  snlilerraneis  el  ex 

<  inaL;nà  fidciiinn  in  iiiis  iiiclusomni  copia  exhalai)  l. 

<  lia  l'eil  aniitpnnn  niissale  S.  Dicnysii  in  (iallià  ad 
f  henediclionein    incen^i  :  Hoc  inreusiun    ad   omnem 

<  l'u'torem  iiocivuni  (.itintjueiidum  Dominus  benedicat,  et 
f  in  odoreni  suavitatis  accendal.  l'A  S.  Tlionias,  3  p.,  (]. 
«  83,  ail.  3,  ad  '2:  Thurificalione ,  incpiil  ,  non  utiviur 
i  quant  cœremoniidi  pra'ceplo  legis  ,  sid  sicut  Ecrlesiœ 
t  slaluto, primb  quidemad  reverenliiim  liujus  Sacra 


15S0 


t  menti  :ul  scilicel  per  bouum  odorem  depellalur,  si  quid  \     a    iriiii>Mii  |n:n  .iumiihi,  .<    |;u-in- n-iii|nii.m3  jinu 
f  corporaliler  pravi  odoris  in  luco  (ncrit ,  quod  pvsset  il  deltita'  relaxalio;  4"  da-nionis  expidsio  vel   coinhitic 

'   eprœsentmidum  effe-  ^     TJ' laudmi  nnniinlla  ordinistcnqinraliscoinninda;  nls 


t  cui  vovealinaUpic  n-ddalnr;  sic  inter  sacrificia  IV 
«  ganornin  el  ll(  braoruni   ninllinn   dislal,    eo  ipso 

I  1  (piôd  iioe  sclinn  dislal,  qna;  cui  sint  inunol ala  et 
I  oblal.i  :  illa  scilicel  snpcrbie  iinpielali  d:cnu)iùornni, 

î  «  id  ipsi  sibi  ob  hoc  arroganliiini,  quo  habi  nnlur  dii 
«  quia  divinus  honor  esl  sacriliciuni  ;  illà  vero  uni 
i  Deo,  uli  illi  ofl'errelnr  siinililndo  pronnlleiis  vcrila- 
«  leni  saciihcii,   cui  eral  ollnenda  ipsa  reddila  veri- 

<  las  in  passioiic  corporis  cl  sangiiinis  ChHsti.  > 
Qua;rilur  ['i"  nuni    c:crcnioni;c  qu.TC   sacramentalia 

gencralini dicuiitur|>rosinl ad  celles peculiai es cirecliis, 
cl  (piDuiodo  (I).  — Quoad  prioren»  parlcni  respondclur 

«  ofl'erre,  ijuàm  oleum  ad  luminarc ,  et  incensum  tcmpore 
i  sanctœ  obi  tionis.  Non  csl  (pn")d  in  rc  lain  ccrlà  et 
n  cxploiMlà  c(>nq)robandà  iinnioreniiir  dinliiis;  Di-ns 
i  iit-e,  Exodi  30,  ihiiris  ronipdsilioni-in  |)rM'sciibit, 
«  piohibetipie  ne  in  alinin  ,  (piàni  labeiiiaculi  rnllnm 
j  ns'.irpelin' ,  v.  37  :  Talent  compositiunem  non  fucictis 
«  in  usus  vesiros,  quia  sanctum  est  Domino.  Homo  qni- 
I  Clinique  fecerit  simile,  ut  adore  illiiis  perfruatvr.  péri- 
«  /;;■/  de  populis  sui^.  Conliinl  igilnr  nsns  ihniis  et 
I!  incensi  saci'nin  aiiipiid  ac  divinuni  qnod  ad  Del  cul- 
(I  lum  suo  nindo  rerertnr.  Deo  adolelur ,  lampiàni 
j  snprcmo  rerniii  onininin  Doniitio,  ctii  lalriie  cidlus 
«  debelur  ;  ihin-e  rninanl  cl  odoiibiis  allaria,  in  hono- 
I  rem  saciilicii  (juod  ibi  oHeittn-;  ibnris  honores 
«  exhibenlnr  crncis  et  sanclornni  iinaginibus  ,  qui 
«  honos  ])ra>ci|)nè  ad  arclielypa  l'-ndil  ac  refcilnr. 
«  Exhibclnr  qnotp.ie  sacro  Evangclioinin  libro  ,  in 
«  sigiunu  veneralionis  (pià  verbuin  Dci  pioseqnininr, 

<  el  boni' odoris  qnem  rcsper.;!'!»;  nbiiine  ac  dilIindiTc 
j  Clirisliani  onines  Icnonlnr.  Obialioncs  eliani  stdlilu 
t  perfundunlin',  ni  con><ccrenliir .  cl  Deo  grala-  fiant 
(  et  accepla;.  Ipsis  dcniipie  (idclilnis,  diiin  sacris  in- 
«  leisnnl,  incensum  oU'erlnr,  ni  nioneaiitur  oraliones 
i  suas  ad  Detnn  dirigere,  el  bonornni  opcrum  odnieni 
«quasi  llius  acceptissiinuiu ,  circuinqiiàqnc  dilTnn- 
d  (1ère.  H;cc  pauca  de  caTcinoniis,  qnanltim  ad  insli- 
i  Inlnni  nosiruin  spécial,  sulficianl,  de  (]uibns  dalâ 
«  ojerâ  fnsiiis  iraclanl  qui  de  lebus  lilurgicis  scri- 
j  i)seruiil.  »  (Edil.) 

(I)  Sacramenla  vocanlur  res  qunedam  aul  acliones 
abiùclesià  insliUila;elconsecrala^  ad  (piosdam  efleclus 
spiiilnales  prodiicendos.  Unde  palel  illa  confnndi  non 
debcre  cuni  ca-rcnioniisSacraincnlornin.  Ipsorinn  an- 
loii!  nonicn  venit  ex  co  qiiôd  aiiqnain  babeanl  ciiin 
S  iciaincnlis  aiialogiaiu  ;  snnl  cnini  signa  sensibilia,  ut 
dixinius.  elTeclibus  quibnsdain  spirilualibns  pioduicn- 
dis  deslinala.  Porrô  sex  hoc  versu  conq)reliensa  coni- 
niuiuter  ntnnerari  soient  ; 

Orans,  linclus,  edens,  confessus,  dans,  benediccns. 

l'i  inmni  est  oralio  fada  in  eccle>ià  consecralà,  vel 
alia  oralio  speciatini  ab  Kcclesià  |>ra'scripla  ;  seeun- 
dnin  aqna  bcncdicla  ;  lerlitnn  panis  benediclns,  vel 
I)cn{Mlicli  frnstum;  (piailiuii  contcssio  geiieralis  cpiai 
fil  inilio  Missa:  alipie  cliani  ad  piinian»  el  conqilelo- 
rinni;  (pnnltnn  esl  elecniosyna  ab  Kcclesià  specialilcr 
pra'(  épia  el  ipsius  noiniiK^  fada,  sexUnn  denifpie  be- 
nediclioncs  el  eoiisecralioncs  ab  Kcclesià  iti>.liliike,  ut 
|»riiua  lonsnra,  consccr  ilio  rrg'iiM,  data  ab  cpiscnpo 
et  à  saccrdole  lienrdiclin,  vel  (pi;edain  snbslanli:i; 
eorpiire;e  bcncdid  l'd  precibns  là  clcsi  c  con?ecral;o,\it 
sal  beiiedictnu)  ;  a;,'ni  cerci  à  SS.  IVinlilicibus  lienedidi. 

Quiniine  assignari  soient  sacranienlaliinn  elfedus, 
nenqiè  1"  spiriluales  (piidam  gralia'  adiialis  moins; 
-1"  remissio  peccalornm;  3"  pu'iia»  Icmporalis  peccali 

tio; 
sa- 


provocare  horrorem  ;  sccundb  ad  repr 
(  clum  gralicv. 

t  Priniis  Kcclesi;T^  senilis  in  nsn  fuisse  thns  ado-  i     qi 

_._^ .    „    _ ^  __^        _  oi 

•;  dicunlur.  Ne  ticcat ,  inquil,  aliipàd  aliud  àd  aUarc  ll  scd  alia  ab  aliis.  juxla  Imwii  ad  quom  (uiuniquodqn« 


I     inlas,  len)pcslatnni  sedalio,  elca-lera  hujnsmodi.Circ.i 
acb)-  i     qnod  obsi-rvandnui  esl,  non  onmes  illos  cncclus  ab 


15SI  hE  UK  SACRAMKMAIUA, 

afliriiialivè.  Noniinllx"  sifuiidemex  liiscrcrcinoniisnon 
ndiiicrani  |toi)'ili  inslriiflioncni  iierspiritiialium  roniin 

insliliuiiîii  est.  Cùm  ciiiîii  oiiiiu'iu  viiii  siiaiii  ab  Kocle- 
si.i  toiie:iiil,  sine  fiiiKlaiiiciito  diccn'liir  ca  ali(|iii(J 
virlulis  liaberc  ultra  Eoc  esia;  inlonlioiicin.  Porto 
Kct'lesi;r!  irikMilio  ciica  siii^îiila  coiuimiiiilor  dignosci 
polcsl  ex  oralioiiihiis  et  .aliis  fa-rciiioiiiis  quildis  oo- 
l'iim  lieiuMÎidio  el  consccralio  peilicittif.  De  liis  oiii- 
iiiltus  iiulia  foré  est  difliciillas,  ikmhu!  exslal  coiitro- 
versia  (ni;e  iiiovoi'C  debeat.  VeMim  non  ila  couveiiinDt 
de  modo  ()iio  ?aci'anieiitalia  siios  cHiîtlus  |»rodiiciiiit. 
Ut  aiilciii  aiid)i|j;iiilaleiii  et  eonliisioiiem  vileiniis,  de 
fciiigiilis  elleclibiis  seorsim  iiobis  ageiuliiiii  est. 

Igitiir  circa  piimiim  eireilnm,  seii  pios  gralia;  mo- 
llis, alii  dicuiil  saciameiilaba  vim  babcie  ilhiiu  pro- 
ducaiuli  ex  opère  operalo.  Ita  Cajelaiiiis  ol  Solo.  Al 
illa  seriteiitia  piobari  non  polest  ;  iiaiu  gratiam  etiam 
actualein  alicui  sigiio  aiuiectere  snlins  [)ei  est,  vel 
'  iiliiis  oui  Dciis  hoc  privilegiuin  positive  coiicessit,  al- 
qui  ludlo  modo  osleiidi  potest  id  esse  à  Deo  Kcelesiic 
coiicessum  ;  crgo...  Igiliir  cuiu  aliis  dicoiidum  est 
pi'a;dictiim  etleeliim  prodiiei  ex  opère  openintis,  sed 
observaiuliiin  est  voees  illas,  produci  ex  opère  ope- 
ronlis,  ison  codem  plané  sensu  liic  accipiendas,  qiio 
saipè  usurpat;ie  sunl  in  piasenli  iraclatii;  etenim  in 
aliis  locis  signilicant  elTectuni  di  beri  solis  nieritis  el 
disposilionibus  illins  qui  aeliunpm  immediaiè  cxercel, 
]iic  voro  non  item,  eilectus  cnini  jna'cipnè  (h  belur 
precibus  et  merilis  Ecclesi;^,  cnjus  nomine  sacranien- 
lalia  benedicnntur  el  consecrantnr.  \A  li;ec  est  ralio 
j)ropler  tpiani  nonnnlli  diciint  elî'celiMn  produci  (jittisi 
l'x  opcre  operalo.  Mos  anteni  communeni  loquendi  ra- 
tionein  retinciiles ,  diei.i  us  eireclum  de  (juo  uuiic 
agimus  ex  opère  operanlis  pr()du(  i,  sed  seiisu  mox 
oxposito,  id  est,  ex  vi  impelialorià  preeum  EcelesiLC  ; 
inide  seipiilur  laieui  eilceluni  non  esse  inlallibilom  ; 
iiani  oralio  non  est  de  se  inl'alliijilis,  pia'sertini  ubi 
pro  aliis  fundilur.  Atlanien  cùm  Clirislns  Ecclcsiani 
sponsam  maxinio  prosequatiir  aniore,  non  (ssl  didii- 
tandun»  (juin  cliicacissinue  sint,  nt  jdurimùm,  talcs 
Kcclesia;or;!tiones. 

Atullcriùs  (pi;eri  poteslqua^  et  ipialis  pruîcisè  sit  vii- 
tus  quam  Ecclesia-  pièces  sacranienlalibusper  moduni 
impelialionis  conlei mit,  iilrùm  nenqx!  Ecclesia  obti- 
iieat  ut,  i)co  anmicnte,  \is<|Ui(|;ini  iiennancntcr  iii- 
haîreal  sacramentalibns  qua'  in  aclione  non  lonsi- 
stunt,  ul  aqua  benedicla,  ad  |>roducendinn  innncdialè 
et  piiysicè  pios  giatiiC  moins,  an  vero  ii^  oîilincat  vim 
permanenler  inliierenlem  ad  movcndnm  Deinn  nt 
ipse  lios  motus  innnediate  cxcitel,  an  deniquc  lan- 
tummcdù  oblineal  nt,  liccl  nnlla  ipsis  \irlus  insil  in- 
lia;rens  el  pcMinanens,  Deus  lamen,  ob  jaui  l'usas  pre- 
ces,  delernnicctur  ad  pios  motus  prodiicendos  in  iis 
([ui  sacramentalia  n>uii)avcri]it.  Duo  priores  moili 
jindlà  latione  solidà  ddcndi  possenl,  ncc  eliam  à  pln- 
/l'ibus  and)agii)us  lacilè  cx|H'dlrcnlur  ;  unde  comiimni- 
1 1er  doccul  Ibeologi  sacramentalia  agere  taiitùin  per 
'  jnodum  causarum  occasionaîium,  non  vero  tan(|uàm 
causas  ellicientes,  videlicel  o(;casione  a|>plicalionis 
saci'anientaiiuin.  Dons  i|îse  pios  motus  excitai;  ad  id 
antein  delerminatnr,  non  per  vim  ali(piam  (pt  c  in  ipsis 
perniancntei'  resideal,  sed  per  preccs  qnibus  aulea 
l)oslidàril  Ecclesia  taleiu  produci,  dalà  occasionc, 
efl'ectinn. 

Secimdum  clfecluni  ,  nimiiùm  peccatornm  remls- 
sioneni,  certuni  est  non  produci  ex  opère  oprralo.  Nam 
peccata,  sive  morlalia,  sive  ctiam  venialia,  remilti  ne- 
queunl,  quin  macula,  (ju;e  in  anima  est,  abiuatur; 
at(jni  Ecclesia  poleslatem  non  liabel  iunntnlialam  in 
animam  ,  eigo  itnmediatè  illa  lollcie  ne(piiL,  er^'o  ncc 
signis  sensibiiibus  vim  conî'cne  ul  peccala  innnVdiiiiè 
ei  ex  opcie  opérais»  tollant.  Neque  dicalur  Ecclesiain 
possecoulein;  imjusmodi signis  vim  excilandi  exopei'C 
operalo,  contrilionem,  ac  promde  rcmittendi  peccata 
tx  opère  opevaio,  sed  nicdiaiiie  conlrilione;  id  enim 


DE  SACilAMElNTIS  IN  GENERE.  1552 

1  niagisscnsibiiemetexprcssanisignificationem,  aul  ad 
solam  Sacramcnlcrain  inducendam  re\erinliam  de- 
cotà,  et  lel-giosàcorunidcmadmiMislrationo,  anl  unicè 
ad  excilandam  pielalcm  ,  etdevotioiiem  (iJelium,  qui 
sunt  fines  générales  omnium  saoronmi  riluum,  sed 
nllei'iùs  ad  qnosdam  delerminalos  eiïect\is  ab  Eccle- 
sia ordinantnr,  quos  illa  per  benedictioncs,  el  preccs 
siuirum  mini  Irornu!  disliiiclior  explical,  et  postulat 
ab  illis  obtineri,  (pu  usi  l'ucrint  pra'falis  rébus  ac  cif- 
re  lioniis.  Porro  non  inarnler  bac  iutendi  el  poslu- 
lari  ab  Ecclesia,  pncterquàm  qiiùd  cjus  cum  sponso 
suc  familiarilaset  conjunclio  snadet,  coMununis  eliam 
lidelium  sensus  et  praxis  coidirmat.  Nam  inesse  sa- 
cramenlalilnis,  de  quibus  loquimur,  cfiicacilatcni  all- 
qnam  ea  bénéficia  inducendi,  ((uorumgralià  assumun- 
lur,  el  pii  onines  conlidunl,  el  frequentercxperiuntnr 
in  semelipsis.Nam  quanta  inexorcismis,  in  signe  Cru- 
els, et  in  aquic  beiicdictic  aspersione  ad  lerrendos, 
fugandosque  d:cmones  virlus  clucel  !  Si(jito  cnicis,  in- 
quit  Albaiiasius,  lib.  de  Incarn.,  omnia  magica  compe- 
scHiilur,  et  veneficia  inefficaeia  fiunl  :  veniat,  qui  isloniin 
experimcnlnni  fticcre  velit,  et  in  ipsis  prœslifiiis  ilœiuo- 
nitm,  et  in)posturis  valiciniorum,  cl  in  miraculis  nia- 

mox  coiifutalnm  est,  u!)i  de  piimo  efTectn.  Et  cerlè 
Ecclesia  non  polest  insiitnere  sigun  gratia-  sive  babi- 
lualis,  sive  aclualis,  cilicacia  ;  at(pn  dicendum  lamen 
esset  Eccle^iam  id  lecisse,  si  sacramenialia  ex  opère 
opeialo  jjcccata  remillere  possenl  ;  ergo  .. 

Itaqne  sacramentalia  reniiltunl  peccala,  tum  mor- 
lalia; tiiin  venialia,  duntaxat  ex  opère  operanlis 
(]nemadmodnni  de  primo  elleclu  diximns,  nempe 
(pialenùs  ex  Ecclesia.'  precibus  Deus  movelnr  nt  sa- 
crameutalinm  occasionc,  in  boininibus  producal  dis- 
positioncs  quibus  peccala  dilnantur. 

Terlius  eilectus,  id  est,  pœiia'  lemporalis  relaxalio, 
(pi;eex  SS.  Ponlilicumlargilione  quibusdam  sacramen- 
talibns annexa  est,  ni,  v.  g  ,  Agnis  Dei,  rosariis,  etc., 
xiilctur  ex  opère  operalo  produci,  per  modum  indul- 
geiil!;^e.  Nani  Ecclesia  in  sua  poleslate  liabct  tliesaurum 
cujns  applicalio  el  dispensatio  ipsi  relincpiitur  à 
(  bristo  ;  ix  hoc  anlem  ibesanro  aliquam  salisractiimem 
suniit,  quam  (piibusdam  sacramentabbus  applicet,  et 
cnjus  ralione  alicpia  pœna  lemporalis  remitlalur  ultra 
meritum  peisoii;e  bis  sacramenlalibus  utenlis.  Evidens 
est  lamen  imjusmodi  sacramenialia  non  ipsam  pcense 
lemporalis  relexalionem  immediaiè  eldirectè  opcrari, 
sed  tantùm  sati.slacliouis  alicujus  applicalioncm  ,  vi 
i  cnjus,  ex  promisMone  Clirisli,  puMia  relaxatur.  Dispu- 
î  tari  aulem  polest  uirùm  banc  satislaclionis  applica- 
tioneni  pliysicè  an  moraliler  operenlur.  . 

Quaitus  eUeclns  ipii  esl  da-monum  expulsio  etcolii- 
bitio,  mullis  videtur  sa'pè  lieri  ex  opère  operalo,  cpiiu 
Ecclesi;e  data  csl  à  Cbri>to  poteslasin  da-moncs.  Quid- 
qiiid  sit,  cerlum  est  bunc  eflcclum  non  esse  onmim^ 
inl'albbdem  ;  clenim  n  qua(|uàin  ila  ai)solutè  promissus 
est,  ul  imptdiii  à  Deo  no  .  possil,  vel  propter  jjriva- 
tam,  vel  pi  opter  |)iibrK'am  causam  Non  ctiam  dnbi- 
tandum  (juin  pleinuKpie  da-mones  fugentur,  non  ej 
opeie  operalo,  sed  ex  opère  operanlis,  nenq)e  ex 
inerilo  niinislii  cxotcizantis,  cl  pr;vserlim  Ecclesi;e. 
cujiis  Domine  pri'ces  limduntur. 

Deniquc  (pnntus  eireclus ,  qui  commoda  ordinis 
lemporalis  spécial,  producilur  ex  opère  opeianlis  (pio 
supra  diximns  modo,  id  est,  per  modum  inpcliationis 
iiisi  fiirlè  malum  abapiod  l('nq)orale,  (  x  danionis  lua- 
litia  orlnm  duceiis,  indireclè  lollaliir,  neiipe  c(inq)e" 
sceiulo  (bemonem,  quod  ex  o|iere  opeiaio  lieri  posse 
jPbirimi  volunt.  Um:  nullà  explicalione  indigent,  uinolft 
es  jain  diclis  salis  aperta.  (Edil.) 


i555  Ol'iEST.  Vm.  DE  C.+:iŒM< 

gn?e  ulalnrsigno  cnicis  ;  ci  Mdcbit,  ([.loniodo  ejus  roi  | 
nielii    dicmoni'S    fugiaul,    valicinia  oesscnl ,    niasi.c 
el    voncficia     roiiquicscanl.     kl    ipsim»  plnriini    alii 
Patres  lesiaiitnr,  el  imiiiniora   iacla  ilcinniislraiit. 

PnxHcr  (iaMiioniini  coliibitionem  altrihmmliir  sacra- 
nieiilalibus  pluies  eliam  corporalcs  ulililaU-.s,  iilinor- 
bonim  tlepiilsio,  procellariiiii  st'dalio,  agroniiii  fcr- 
«.ililas,  aliaipic  id  giMiiis.  Sod  iilleriùs  eliam  veiiialia 
peccala  dimilli,  niaxiiiié  per  aquic  beiiediclac  usuni, 
velus  et  corumiinis  est  ihoologorinn  pixstmiplio.  De 
boc  voio  praiserliin  oHoclii,  (pii  ad  Sacramciili  opc- 
ralionom  niagis  acccdil,  (|iio  i)ario,  proul  qiuicsiluni 
est,  saciamciilaliiiin  applicalione  caiisolur,  non  levis 
in  scholis  controversia  exorla  est,  quae  et  varias  ihco- 
logorum  pepcrit  oplnioiies.  Nobis  ea  verior  apparel 
senienlia,  qn;edoccl  non  innnodialè  vcnialia  per  usuni 
sacr.mieiilalunn  aiifeni,  qn;e  sic  evincilur  :  quia  ve- 
iiialia  lolli  ncutiquàin  possunt  quoad  culp:e  lealum  , 
nisi  per  abqnam  formam  eis  repugnanlciu,  qua:  non 
potest  esse  doinnn  aliqnod  babiluale  ;  nam  cuni  ipio- 
libet  gradu  grati;c  vcnialia  cob;erere  possunt:  sed  de- 
bel  afl'ene  alirpiem  aclnaleui  volunlalis  afl'eclnni,  qui 
saltem  virtnaliler,  x'qnivalenlcr,  aut  eniincnler  culpae 
venialis  detesiationem  includai,  cujnsinodi  est  actus 
contritionis,  vel  cbarilalis,  vel  illius  virlutis,  quœ  ad- 
versatur  peccalo  veniali.  de  cujiis  agiliir  rcniissione. 
Sacranicntalia  verô  Ininc  actuin  inducer«  ininiodialè 
non  possunt,  sed  solum  médiate,  au xiliascilicct  divina 
vobintatem  bominis  ad  venialium  deiestalioneno  nio- 
vcnlia,  conciliando.  Sed  qno  pacto  b;tc  divina  auxi- 
lia  nobis  per  sacramcnlalia  coniparari  possunt?  Non 
ex  opère  openilo,  ut(iuidam  aiunl  :  quoniamsacranien- 
laiiuni  ell'cclus  non  est  infailibilis,  sicutestgratia  Sa- 
cramenlorum,  ut  fatcntur  onincs;  neque  enini  in  ali- 
quâ  speciali  Dei  proniissionc  fundatur,  quîe  nuspiani 
occurrit.  Igilur  probabiliùs  in  l'^cclesiic  oraliones  re- 
fnndiiur,  quac  suà  sanclilaie,  et  nieriloruni  copia  ini- 
pclral  iis  qui  sacramentalibus  utunlur,  auxilia  oppor- 
luna  ad  venialia  detestanda.  Porrô  hœc  vis  impetra- 
loria  opus  opcranlis  involvit. 

Qua;rilur  15"  :  Cùin  ad  nulriendam  pietateni ,  et  ani- 
mes ad  sui)liniia  eiigendos  sacii  ritus  sinl  insliluli,  nuni- 
qnid  foret  satins  vulgari  idionialeSacranienla  et  eoruni 
cacremonias  cclebrarc ,  quàm  Laiinà  linguâ  majori 
fidelium  parti  incognilâ?  Inde  enim  fil,  ni  fruclus  (pii 
sperabatiir  ex  cultii  religiosoad  paucos  aduiodi'ini  [x'r- 
veniat.-  -  Resp  Négative,  (hn-  enim  Lalina  lingua  ab 
ipsis  Evangelii  primordiisad  usum  Occidciitalis  Ecole- 
sia;,  ni  sic  dixerim,  consccrata,  ablegari,  vernaculis 
inlroductis,  non  di'beat,  nnilliplex  est  causa. 

Prima  c<l,  rcvorcnlia  auliijnilalis  à  quà  facile  non 
esse  in  pnblicis  funclionibus  reccdcndum,  nalionum 
pcné  onmium  arlicipalio  est,  qua;  non  modo  in  rcli- 
gio>is  exerciliis,  sed  cl  in  civilium  causaruni  tracla- 
lione,  el  inslrninenlis  publicis  descriitendis,  moren» 
loipiendi  primilivum,  paucis  licèl  cogniluni,  rcliiient. 

Secunda  est  uniformilalis  nécessitas,  qua;  sanè  in- 
tégra non  conslarct,  si  in  sancliiariiim  linguie  popu- 
lares  admiUerenlur  ;  earum  enim  pro(ligio>,a  est  nuil- 


)NIIS  SA(  llA.MKNiOUl  M. 


\r,u 


liludo,  in  landnn  aucla  iiinnii  uni ,  iil  non  nioilo  [no 
nalionum  divi-r^^ilalo  diversa-  siiit,  sed  in  uno  eodeni- 
(liic  rcgiio,  imù  in  niià  eàdciii<|iic  provincià  pciiè  in- 
crcdibililer  varienuir  :  itaiiue  dcscribcndoTum  ritiia- 
lium  nullus  essct  (luis,  si  usurpare  vulgaria  idimnala 
in  sacris  ofliciis  oporlcrel,  atquc  ila  milla  jain  uni- 
fonnilas  in  iinà  càdenit|iie  Fvcicbià  remaneiet. 

Terlia  esl,  linguarnm  vivenliiim  inconslantia  :  nain 
uuo(|uoquc  seculo  veteribus  abrogalis  el  novis  inlrti- 
duclis  vocabulis  ila  vel  ornantur,  vel  in  pejus  cuni, 
ut  inlra  brève  icmporis  spalium  su!  ip;,arum  dissiini- 
les,  sibiqiie  ijisis  ignota;  sinl  :  id  qnod  Callix  el  Go 
nev:io  proleslaiites  malo  suc  falo  expeili  siint  :  slalini 
enim  ab  inilio  su;c  contra  Calbolicam  Ecclesiam  rc- 
bellionis,  prrpler  ccetcra  qurc  immanilcr  et  contra  fas 
omiie  coiiliirbàrunl,  juilsà  de  suis  synagogis  Laiinà 
rnr^uù,  ncscio  (|uam  Psalmoriim  Davidicorum  in  car- 
mcii  Gallieum  versionem  ad  piiblicam  psalmodlani 
adoplàrnnl,  quam  etiamnùm  rclincnt,  qiiicque  pnelcr 
miilla  ([iiibus  ab  initio  scatuil  viiia,  ila  nimc  obsolela 
et  barbara  e.st ,  ut  à  doclioiibus  vix  iiilclligalur,  ple- 
bcmiiiio  magis  ad  rlsum  quàm  ad  pielatem  coinmo. 
veat  :  quro  poirô  b;cc  fv)ret  Ecdesia;  inlelicitas  si  pro 
otiosorum  nomcnclalorum  arbitrio  el  inconslantiâ  po- 
puloriim  slyUîin  niorcmqiie  loquendi  qninquagesimo 
quo(|ue  ad  miaiis  anno  niulare  coin|.ellerelur  ?  Ex 
his  siinilibusqne  cansi  conlicitur,  mullô  convenien- 
tius  esse,  linguam  Latiiiam  inviolabililer,  proul  suraus 
insliluli  à  majoribus,  retinere. 

Neque  verô  pulandiim  boc  unius  Occidentis  pro- 
prium  esse  ,  linguam  viilgo  incognilam  in  mvsteriis 
usurpare  :  nam  in  loto  Oiienle  ne  u!ia  quidem  Ecde- 
sia assignari  polesl,  qua;  sermone  vcrnaculo  ad  li- 
turgiam  et  Sacramenla  ulalnr  :  in  ipsis  quidem  Eccle- 
siac  primordiis  vulgares  liiiguas  in  lionoro  Aposloli 
habuerunt  :  neque  enim  dccuisset,  ut  qui  Clirisliim 
pra;dicando,  lingitis  omiiinm  loquebanlur,  Aclor.  2,  6, 
ali(|uein  sermoiiem  ab  oflicio  divino  excluderenl;  bine 
Graîcè,  Orientales  ;  Syri,  quia  bilingues,  Gnecè  et 
Syriaoè;  .Egyplii  [lariter,  Giiecèet  Jîgypliacè;  .Elliio- 
pes,  JElliiopicè;  Armeni,  Armenicè,  etc.  Non  secùs 
ac  Occidentales  Latine,  sacrilicium  el  Sacramenla  ab 
inilio  operati  sunt.  Postquàm  verô  (pire  vulgares  eranl, 
lemporum  vicissiludine  in  desueludiiiem  abierunt, 
niliil  est  de  antiipio  moie  miilalum,  el  suam  (|ua'que 
Ecclisia  linguam  serupulosè  in  rerum  sacrarum  ad- 
miiiislralione  servavil.  Syri  orlliodoxi,  Jacobit;v.  et 
Nesloriani,  linguam  Syriacam  non  magis  calleiil,  qiiàni 
Kuslici  noslri  lalinam.  yEgypliaca  apiid  Coplilas  Alc- 
xaiidriiios  oblivioiii  sic  tradilaesl,  ut  iUam  ne  ipsi 
(jiiidt'm  saeerdoles  inlellii;ant,  nisi  piuriniùm  opcra; 
ad  eam  compaiandam  allulerinl;  bine  adjiincla  ple- 
risque  lilurgiarnm  codicibiis  inlerprelatio  Arabica,  ad 
illorum  in.periliam  adjuvandam,  non  veiù  ni  bis  vor- 
siiiniluis  iiilcr  publica  oflieia  locus  esael  :  .l'ihiopilius 
lingua  velus  prorsiis  est  peregrina.  InioGraci  idiol.c 
iing're  lilleralis,  qucc  sola  in  lilurgiis  el  psalmodia 
iisurpaltir,  plané  sunt  rudes  et  imperili  :  cl  tamen 
hacieir's  ainoveri  ab  aniirpià  ronsuetiuline  !ii  omucs 


1555 


DE  KE  SACRAMENTARIA.  —  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE.  ^555 

QiKoiiliir  1 4",  iilrùni  adaibilrium  ministrantiuin.niu- 
lari  possint,aiiiiiegiigi,aiit  cliam  abrogari  caeremoniae 


non  potueriml,  liiin  proptcr  alias  quas  piicdixiimjs 
rationes,  tum  verô  pi;ïcipué  quia  inlellixerunt  vuli^^a- 
ris  cloquii  iiilroduclionc  in  niiniani  l'aniiliarilatcm  di- 
vina  inystcria,  cl  forte  in  contonipUnn  esse  venlura  ; 
caUininianlur  itaqiie  more  sue  lia;rclici,  quando  accu- 
se jioiiein  liane  coulra  Latinani  Ecclesian»  comniovenl  ; 
quia  eadeni  est  in  liàc  parle  Orienlalium  ac  Oeciden- 
lalium  causa  (1). 

Nec  est  (piôd  de  denegalà  fidelibus  rerum  divina- 
ruin  inlelligCMlià  taulo  strepilu  couqueranlur  :  liuic 
cnia»  nialo  (piod  rêvera  magnum  dolendumque  foret, 
providit  ab  antique  pia  Mater  Ecclesia,  slriclè  paslo- 
i-ibus  injungendo,  ut  vim  propriclalemque  Sacra- 
iiienloruin  subjeclis  sibi  populis ,  fréquenter,  cliam 
adbil)ilo  vulgari  sermone,  exponerent:  née  exspccla- 
vit  ad  bunc  tam  nccessarium  canonem  faciendum, 
dencc  ab  ba;reticis  sui  officii  admoneretur;  Ut  fidelis 
yopnlus,  inquiuntTridcnlini  Paires  ,  niajorum  slalula 
rénovantes,  sess.2i,  in  deer.  de  llcf.,  cap.  7,  ad  susci- 
pienda  Sacramenla  majori  cum  reverenliâ,  atque  aninii 
dcvotioue  accédât ,  prœc'ipU  simcta  sijuodus  episcoph 
omnibus,  ut  non  soliini  ciim  Itœc  per  scipsos  erunt  po- 
pulo (idnii)iistroiid(i,  jn-iiis  illoruin  vim  et  usuni,  pro 
suscipieulinm  caplu  expliceiit,  sed  cliam  idem  à  siiujulis 
parocliis  piè  priidenlerque,  eliam  linguâ  vernaculii,  si 
opus  sit,  et  commode  (icri  poterit,  servari  sludeanl,  juxta 
formam  à  snnctà  sipiodo  in  calechesi  sinijulis  Sacramen- 
tis  prœscribendam ,  (juam  rpiscopi  in  vuUjarcm  liinjuam 
j'idelitcr  verli ,  atque  à  parocliis  omnibus  populo  exponi 
curabunl  (2). 

(1)  Duas  alias  rationes,  oplimas  quidem ,  subjun- 
gere  juvat  post  Turiieliuni.  Sic  iialiel  eximius  doclur, 
quiest.  ull.,  lilulo  Quà  ivufuà  ojficia,  etc.,  n.  V",  wr- 
sùs  médium:  «Quà  ralione,  ail  bîc;  Hcllarniimis, 
«  a'quum  est,    ut  in  Sacramcntis  adininislrandis  ula 

€  mur  aliâ  domo,  aliis  vesiibus,  aliis  insliumentis, 
«  ((uàm  ordinariis  cl  quotidianis;  ila  paresse  vidclur, 
«  ul  ulamur  aliâ  liiiguà  :  nem|)e  ut  verba  Saeramcn- 
«  lorum  conceplis  vcrbis,  et  eodem  modo  ab  oiuni- 
«  bus  proleranlur,  ne  forlè  periculiuu  sil  mulaiionis, 
«  vel  depravaliiiiiis,  aiit  eliam  erroris  alicujus.  NuUibi 
«  auteni  cum  majori  salulis  a'lern;e  dispendio  ;ic  pe- 
«  riculo  erralur,  quàm  in  conficieridis  el  adminisirnn- 
«  dis  Saciamenlis;  id  aulem  faciilimè  pra'cavebilur, 
n  si  eàdem  linguà  onmes  ulanlur  ;  dillicilliniè,  si  di- 
I  vei'sis. 

«  Addit  Beliarminus,  loro  inox  indicalo,  quod  si 
(  linguà  vulgari  Sncramenla  minisli'iîntur,  aperietur 
c  porta  lalissima  ignoranliie;  conlenli  enim  erunl 
«  ministri  si  sciant  légère  ;  atque  ila  |)aulalim  obii- 
«  viscentur  linguam  latina'ii,  nec  opéra  sanelorum 
ï  Patrum  legent,  el  proinde'non  inlellig(!nl  Scriplu- 
«ras;  verùm,  (piod  amplius  est,  vix  eongregari  uu- 
«  quàm  polerunl,  ([um  tamen  aIi(pianilo  necessaria 
«  sunt,  concilia  generalia  ;  iiisi  enim  qu;cdam  sil  com- 
<  munis  et  quasi  Ecclesiaslica  linguà,  (juoniodù  epi- 
«  scopi  sensa  sua  sii)i  invicem  comuuniicare,  ae  reli- 
gionis  ncgolia  connnuni  consilio  perlraciare  ac  de- 
iinire  polerunl?  «  (  Edil.) 

(2)  Jiivai  iiie  |)rofi;rre  censurr^m  quinijut"  propnsi- 
•Jiomun  lirasmi ,  edilain  à  sacra  facullale  Parisieiisi, 
17  dcccmb. ,  ann  1!')27.  Proposiliones  exeer[)t;e  sunt 
ex  praîlationt;  Krasmi  in  S.  MalliaMun.  Si(;  cani  cen- 
suram  cx-bibd  Turneliiis,  titido  supra  landalo  : 

«  Prima  :  Sucras  Lilleras  cupiam  in  omnes  verli  lin- 

I  flUUS. 

1  In  rc  ad  saluicni  non  neçessarià,  aiunl  ibeologi 


(f  Parisieiises,  poliùs  consulendum  est  nndloruuî  pi'O-, 
«  fcclui  ipsam   (  leclioncm  Scriptura;  )  iiiterdics'îndo, 
<  (juàm  iiaucoruniulililali,  eam  permiltendo  cum^Mavi 
i  nmlliliidinis  ineommodo;  unde  el  jure  danmata  est 
«  biijnsmodi  Iranslalio. 

«  Secunda  :  Exclamant,  indignum  facinus  si  tnulier 
«  vel  coriurius  loquatur  de  sacris  Litleris. 

«Reclè,  ait  censura,  pcrpensà  multorum  bujus 
(i  temporis  impudenli  temerilale ,  indignum  facinus 
«  exislimandum  est,  quôd  idioke  et  simplices  suo  ju- 
t  dicio  sacras  Lilleras  legaiit  in  suam  linguam  con- 
«  versas,  el  de  iliis  di^^seranl  auidisceplanlesdeearuni 
«  diflicullalibus  tractent. 

«  Terlia  :  Me  auclore  sacros  tibros  Icget  agricola ,  te- 
«  gel  faber,  legel  lalomus. 

8  Teslanlur  saci'a  cloquia,  inquil  censura,  siinpli- 
«  ces  esse  laiiquàm  parvulos,  quibus,  auclore  Pauio, 
«  lacté  opus  sil;  non  c-nim  solidam  adliuc  escam  ferre 
«  ac  digerere  possunl;  perfeelorum  siquidi-m  solidns 
«  est  cibiis,  corum  (\m  pro  ipsâ  consueludine  exerci^ 
«  lalos  liahent  sensus  ad  discrelionem  boni  el  mali. 
«  Quapropler  non  est  mediiun  aptuin  biijusmodi  siin- 
«  plicibus  ,  quôd  indiscrimiiialim  (piosvis  sacros  libres 
«  leganl  in  linguam  vernaculam  translalos;  sed  con- 
«  venienlissimnni  eis  médium  Ecclesia  conslituit, 
i  audilionem  verbi  Dei,  el  rrcquenlalionem  prnedica- 
«  lionum  ejns  :  ncque  eis  obiler  interdieit  usum  quo- 
«  riundam  sacrorum  librorum ,  qui  cum  exidicatione 
«  convenieuti,  ujdilicationi  morum  sint  accommo- 
i  di,  etc. 

«  Quarla  :  Neqne  Ezecliielis  prophelœ,  neque  Cnntici 
i  Canlicorum,  aut  cujusqnàm  librorum  veleris  Testa- 
«  menti  lectionem  ulli  liomiiii  iiitcrdico. 

«  (lùu)  Sedis  A|)Oslolicie  decrelo,  ail  censura,  aml- 
«  lorum  talium  libroriun  leclio  laicis  jampridem  in- 
«  terdicla  sil,eleru(lilisin  lege  Domini  apud  ilebra^os, 
i  gravioruniAuclorumsenlenlià,  proliibila  fueritlei  lio 
«  dictornm  libroriun  ,  alque  primi  capilis  Geneseos 
«  anle  anmmi  a'ialis  Irigesinunn,  pra'dicla  ^proposi- 
5  lio  temorariè  et  iuqiudcnlrr  asserilin-;  (juandoipù- 
«  dem  cadem  subest  causa  inliibcndi  talinm  librorum 
(  Icdionem  ,  (jua;  suberat  qiiando  decrclum  Innocen- 
«  tii  111  super  his  conslilutum  est. 

«  Qiiinla  :  Indcrornm  vel  ridiculum  potiiis  videlur, 
i  qubd  idiolœ  cl  muliercula'  pxiltaci  exarplo  l'sdlmos 
«  suos  el  precationem  Dominicam  immuruiurent ,  ciini 
i  ipsi  quod  so)i(nil,  non  inleliiganl. 

«  Ibec  |>rop()silio,  ail  censura,  simplices,  idiolas  et 
I  mulierculas  ab  oralione  vocali,  juxia  rilum  cl  oon- 
«  sueludiiiem  iMciiisia;,  perpcràm  relraln;ns  ,  ac  si 
«  inulilis  sil,  nisi  ab  eis  inldligalnr,  impia  esl  et  er- 
«  ronea ,  viam  pr;cb  ns  errori  Bobemoruin,  qui  odî- 
«  cium  ecclesiasiicinn  in  idiomale  vulgari  crlcbrare 
«  conali  sunt;  alioipii  in  k'ge  veleii  indec(U'um  biisset 
c  el  ridiculmn ,  sinqtlieem  popiilum  ex  D>'i  instilulo 
«  caMcmonias  IcRis  observare,  quas  non  inlelligebal; 
c  (juod  asserere  esl  in  legern  el  ejus  iaUnem  Deimi 
«  Hlaspliemmn  el  iKcrelicum.  Ne(|ue  enim  per  verba 
j  oralionis  solùm  pru'lendit  Ecclesia,  ut  série  verbo- 
«  runi  iilornm  enidiainur,  sed  ni  ejus  lini  nos  cojdbr- 
«  niaudo,  vcluli  ipsius  mend)ra,  divinas  laudes  pro- 
1  nuntienius,  dei)ilas  gratiarum  aclioiies  persolvanius, 
«  el  nobis  necessaria  inq)l()renius,  unde  piopler  lalem 
«  oranlium  inlenlioneln,  Dei  mnncie  ailcclns  inliain- 
I!  uii'lu!',  inlclleclus  illimiiiii'lui',  liuinaua  inopla  sub- 
«  ii'Vi'lur,  \\U\\w  grali.e  el  gloiiic  friK  lus  coniparelur; 
«  ([ii;r  cerluin  (;sl  eranles  per  laies  oralioncs  vocales, 
«  (juamvis  verba  non  inleliiganl,  pruitendeie,  quem- 
«  :i(inioiliini  lega(iis,  ctsi  vt  l'I'a  (biiniiii  s.ii  ïkv:  cnj'.!!, 
«  illa  lamen  jnxia  mandatuin  domini  sui  relerens , 
i  graîum  inipendil  obsequiiun  el  domino  ,  el  ci  ad 
«  (pieni  n)it!ilin-.  Mulla;  sinuliler  proplietia;  in  Eccle- 
«  sià  cantaniur,  qua^  ipjainvis  à  niultis  canlautibus  non 


QU/EST.  \'I1I.  DE  C.EREMONIIS  SACRAMENTORIM. 


1557 

Sacramcnlorum.  — Rcsp.  ncgalivè;  ncc  cnim  jus  lia- 1 

bel  in  superiorcni  iiirciior  :  ciim  ilaqiio  cxi-oiiioiiUe  j 

c  inlolligaiiliir,  i»liiriiiiiim  lamoii  ulilis  osl  et  iiiorilo-  | 

I  ria  caniii)  prommliaiio  cl  caiiUis;  tliviiia'  sii|iii'li'm 

f  vt-ritali  «nia;  ilias  dociiil  ac  rcNclavil,  cas  caiitaiulo 

I  gralnm  ohseqiiiuiii  oihihcliir.  l'cr  (|iia' saiic  (oiisiat, 

f  iinii  in  solà  vcilxiiiim  inlcllcdionc  riiicliiiii  (iralioiiis 

<  coiisislcre  ;  poriiiciosmii  (pimiiic  cs^t;  cnoicm  cvisli- 

<  niaiiliiim,  ;.(tlinii  ail  crinlicmlimi   iiilclloctiim   liori 

<  oraiioïKMU  vocalcni,  ciiin  pra'cipuù  li:>l  lali>  oralio 
t  ad  iiillamniaiiiliiin  iiilollccUim  ,  »l  pio  el  dt'volo 
»  animo  in  Donni  niodis  pra'diolis  se  crii;cnil(»,  mens 
€  reficialiir,  el  ohlinendo  ipre  polil,  snà  inleiili>inc 
«  non  friislrelur  ;  nicrcalnr  eliani  inlcllccli'is  illnnii- 
f  nalioneni,  qnoniailniodùn)  el  alia  n  ilia  aiil  iieccssa- 
i  ria  :  (pii  niminnn  fiaiclns  lonijè  ul)eriorçs  siuil,  (inàni 
«  sola  vei  IxiTuin  nilelleclio ,  (|ii,ie  alisipio  cxcilalioiie 
I  aflcclùs  in  Dcnni ,  pai  lun  allert  nlililalis.  (Jnôd  si 
I  conligerel  Psalnios  in  lingiiani  vuigarein  liadiici , 
«  non  pi'optcrea  eoruni  sen.^nn»  sinipliccs  el  idiola; 
f  plenè  pcrciperent.  Haclciiùs  sacra  facullas  Pari- 
I  siensîs. 

«  Diocs  :  Ex  iisii  Iingn?e  incognil;r,  in  diviiiis  el  ec- 
«  C'iesiaslicis   olliciis  iiersolvendis   grave   onininô  in 

<  comniodun)  S(>q:iilin'  :  noiiipc  indnilani  propeniodinn 
t  lioniinnn»  niultiliidincm  ,  (pii  linguam  lalinaiii  non 

<  intcliigintt;  niillnni  spiriUialeni  liiieltun  e.v  |)n!)licis 
€  Ecdcsiiic  precibns  percijiere  posse;  iilpole  qui  ea 
î  loquanlur,  qua*  non  inlclligunl. 

«  Hanc  esse  Aposloli  nienlcin  prol)alin-  ex  cap.  14 
«  prioris  ad  Corinlliios  ,  v.  15  et  seq.  :  Qui  loquiiur 
t  linguù,  ail  Aposlolns,  orel  ni  iiilerprclelur.  -ùim  si 
i  orein  imgnà,  spirilus  meus  ontl,  mens  aulem  mat  sine 
i  friicta  est.  Quid  ergo  est?  Oraho  spiiitu ,  oruho  et 
i  meule  ;  psallaiii  spiiilu  ,  psalhim  el  meule.  Cœleriiw. 
«  si  benedixeris  spiritu  qui  supplct  luatm  idiolw ,  quo- 
i  modo  dicci,  Amcu ,  super  tuuiii  benedictioncm?  Quo- 
t  uiiiin  quid  dicas,  uescil.  Ipso  igitur  Aptislolo  jnflice  , 
i  qui  oral  linguâ,  el  nienlo  sen  inle'ligenlià  orari;  de- 
«  bel  :  nienie  aulem  orare  non  iiotesl,  r.isi  \erljoinm, 
«  qna'  prol'erl,  scnsnm  inleiligal.  Id  vcrù  non  polesl 
t  idinla  son  quilibel  de  vulgo  lidelis,  nisi  lingiià  \  nl- 
t  gari  ac  domeslicà  ]ircces  cl  oHicia  Ecclcsiie  publica 
«  celebrenlnr. 

«  llesp.  Oijjeclionem  islam  qnae  apnd  tiovatnres  no- 
i  slros  liic  painiaris  est,  plane  et  alinndè  dis^olvi  à 
«  lhe!;l(»gis  Parisicnsibus  m  Cciisnrà  qninla'  proposi- 
4  lionis  Krasnii  paido  anlerelalà.  El  cerlèad  rniclimi 
«  ex  oralione  vocali  p-rcipicndi;m  necesse  non  est  ni 
«  qni  oral ,  scnsnm  oralionis  el  myslciii ,  qiiod  in  eà 
«ineiiniitur,  privalim  inleiligal; '(|nàin  niulli  enim 
<  snul  l'iides  et  sinq)li(es  qni  scnsinn  iibnn  neinideni 
t  capiunl,  eliam  cùm  Gallicè  oranl!  lllos,  ail  ïcrlul- 
I  liaruis,  fides  s(dvos  facil ,  non  e.reirinilio  Scrii'turn- 
i  rum  ;  rt,  ut  lotpiilnr  S.  Angii-linns,  I.  conlra  Episl. 
t  Finid.,  cap.  4,  turbam  non  inlelliqcndi  viracitus  ,  scd 
€  credeudi  simplicilas  tutissimcnn  facil.  Sensiim  verbo- 
€  rum  Sçrijilnr:T!  abs(pie  inlcrpn  le  non  inlelligciianl 
«  YClcres  JndaM  à  caplivilale  Habylonicà  rednces,  an 
«  minus  jiroplcrea  miles  eranl  eornni  oraliones?  Sum- 
«  muni  sacerdolem,  cùm  inlia  Sancla  sanclornm  se- 
t  crclè  orabal,  non  aiidiebanl  qni  siabaul  pnicnl ,  an 
t  idcirco  IVnsIra  cl  in  vamnn  orabant?  Snilicil  igilnrsi 
«  populiis  fidelis  menlc  elaninio  cuni  Ecclcsià  iinialnr, 
«  cnnuleniijne  sibi  lineni  |)r(q)oiiat,  ac  (■Hcclnni  conli- 
«  (Icntcr  spcrol,  (piL-m  postulat  ac -pcral  Ecolesia  ? 
«  oiescit  enim  vorô  ex  ohscnrilale  cl  igiioranlia  incri- 
«  tuni  lidei,  inode.->lia:  el  linniililalis  cîirisliana'.  Adde 
«  coKC.  Trid.,  sess.  22  caji.  8.  incoininodn,  (juod  iio- 
i  valorcs  bic  oppimunl,  i)ro\idi;  occnrrissc,  cnm  pa-^ 
«  sloribus  el  sinyuiis  currini  (ininuirum  gerenlibus  mau 
t  dal,  ul  fréquenter  inter  missarvni  celebuilionem  ,  ici 
«  pcr  se  ,  v.'t  pcr  (itios ,  ex  iis  quœ  in  missis  lajmuur , 
i  aliud  expon,int ,  ele. 

«  Ad  texluin  S.  Pauli  ex  cap.  14  prioris  ad  Corin- 


4358 


Sacrainonlornm  suprcmâ  Ecolcsi;c  auclorilale  mini- 
stris  omnibus  cl  singubs  pia.-^cribantur,  non  est  du- 
Ijiiini  peccaluruni  niorlaliler,  <pii  consullô  cas,  nuli.'i 
conqiellcnlc  ncccssilale ,  vel  omninô  pnclcnnillerel, 
vel  [irasnm'rct  inimiilarc  :  caque  est  ad  (idem  p.erli- 
iiens  Ec(lcsi;e  dclinilio  :  .Si  quis  dixcrit,  inquit  conci- 
linm  Tridenlimim,  sess.  7,  de  Sacr.  in  gcn.,  can.  1", 
rcceplos  et  approbnlos  Ecclesiœ  culkoliccc  ritus,  in  so- 
lenuii  Siicrnmenlorum  udminislralione  adliiberi  cousue - 
tos,  (lUl  conlemni,  uni  sine  peccnto  à  miuislris  pro  libi' 
la  omilli,  aul  in  novos  (dios,  per  qucmcumquc  Ecclcsin- 
rum  pnstorem  muuri  posse,  auatliema  sit  (I). 

«  Ibios,  maiiifestum  est  >poslolum  eo  loci  non  agere 
«  de  oralione  solemni  Kcclesi;r,  nec  de  divinis  ol'liciiï. 
«  aul  ;,acri(icio  niissx'  ,  scd  de  dono  lingcamm,  ipicil 
1  nndiis  Corintbiis  cnnce^smn  fncral;  jidiclque  Apn- 
i  slolns  m  qno  decti  (ndine,  co  dono  nlaulnr  ad  atdi- 
«  licalioncm  I^cbsiic ,  non  conlusè  ac  pcilmbale  si- 
1  mol  onmcs  loquanlur,  ne  lorlè  insanire  vidcanlur; 
(  scd  pauci  (duo  vel  1res)  inodeslè,  et  cùm  ade-t  in- 
4  lerpres  ,  (pii  idiolas,    seii  sinipliccs  docere  polesl. 
1  Non  aiiam  esse  S.  I*auli  menteni  demonslial  lolius 
i  capilis  conlexlus.  Qnid  erqo  es/,  fralres?  ail  Apo^lo- 
«  lus,  \.  20;  ciim  convenilis.unusijuisfiue  vcslrûm  psul- 
«  vnan  liabet,  apocalijpsnn  liabet,  lintjumn  liabei ,  uder- 
<  prelitionem  luibet,  ouinia  ad  adijicaiioncni  fmnl.  SiV{' 
t  linçfuù  quis  loquilur  ,  secundum  duos,  aul  ut  mulliiiii 
a  très,  et  per  partes,  el  unus  interprtteiur  ;  si  aulem  (io.v 
'  I  fucrit  interpres ,  lacent  in  l'xclesià ,  si  aulem  toqnatui 
:  u  et  Dco.  Proplietœ  (lutein  duo  aul  1res  dicant,  el  cœleri 
'  «  dijudicant.  Qubd  si  alii  revelalum  fuerit  sedenti,  prier 
I  «  taceat....  Volestis  omnes  per  singulos  proplictare;  v! 
t  omups  discanl ,  el  omnes  exiiortcutur ,  et  spirilus  pro- 
f  phelarum  proplielis  subjecli  sunt.   Mon  cnim  esl  dis- 
«  s  nsio)iis  Deus,  sed  piicis,  sicul  cl  in  omnibus  Eccleiin 
j  «  snnclorum  doceo.  Mulieres  in  ecclcsiis  taccant ,  nou 
t  cnim  permiltitur  cis  loqui,  sed  subdilas  esse,  sicut  lex 
a  dicil,  etc.  Ll  tandem  coucludit  in  line  capilis,  v.  59. 
I    «  bis  verbis  :  llaqne,  fralres,  ccmulamini  proplielare,  cl 
[  u  loqui   linquis  noiile  proliibere.    Omnia  aulem  honcsiè 
i  el  secundum  ordincm  fiant.  Ex  qnibus  manifesté  con 
«  slat,  Aposhdiim  agere  de  donis  lingiiaruin  corum- 
î  (pie  debilo  nsn  ;  pra-scribens  scilicet  ne  omnes  si- 
I  ninl  conln-è  ac  pcrlurbatè  bxpierentnr ,  sed  lionesiè 
i  el  secundiun  ordincm  ad  a'dilicalionem  l]cclesi;e.  >'/ 
«  enim,   ail  eodcm  cap.  li,  v.  25,  convenial  univers.' 
«  Ecclesia  in  unum ,  el  omnes  simul  linquis  lo(iuaniur  . 
«  intrent  aulem  idiotie  aul  infidèles,  nonne  dirent  qubd 
t  insanitis.  i  (  lùlil.  ) 

(1)  Alia   ratio  subminislratnr  à  Turuelio ,    qna'St. 
'  ull. ,  lilul.  Nécessitas  ol'servandi ,  etc.,  n.  Il',  nemp!' 
1  1  (plia  el  nnilormilas  servaii  débet   in  eccle.-iasfu  m 
:  «  minislciio;  ac  necesse   lurel  suis  n(M'\is  loiam  dis- 
i  soivi,  dcfonnari  ac  dissipari  Kcclcsia-  discijdiiiain  , 
«  si  privalo  cnilibcl  iiaslorl  liberum    foret  aul  a.iili- 
I  <  qnalos  r.lns  lenovarc,  ant  novos  invebeie.  Quanta 
j  «  foret  reipiiblica!  cbri-liana' confii-io  ,  si  (piis,  v.  g, 
j  «  omnes  auTupios    pienilciilia»  pubiicx'  ,vel   calecliù- 
I  «  men  lus  gradiis  in  usina  rcvocare  jam  vcllel,  aUl 
I  iiu'anlibus  Encbarisliam  porrigere,  aul  oani  adiillis 
i  snb  dnpiici  specie,  vel  eliam  ipxis  in  maiius  ddinuln 
«  asp(utandam   pra-bere?  (Juisipie  igilnr  sedulo  eo^ 
«  lilus  servare  débet ,  qnos  observai  Kccitisia  in  qiià 
«  vivil.  iSeque  enim,  ail  S.  .\nguslimi>,  disciplina  ull  i 
t  est  in  his  melioi  gravi  prudeulique  Cliristiano  ,  quai.i 
i  utco  vwdoagai,  qno  agere  vidcrit  lùclesium  ad  quai  i 
«  forte  devencrit....  Ipsa  quippe  mulatio  cousueludinis, 
€  eliam  quu'  adjuvat  utilitalc,  uovilate  perlurlat.  Qii(; 
4  propler  quœ  ulilis  non  est  ,  pcrturbaliunc  infrucluosà 
i  conneiiuenter  uoxiaesl.  » 

Qniul  aulem  spi  (la  lgravil:ilcmpccraliiilius  quiexira 
necessH.ilcni  ca-rcmonias  imniularc  pra-sumil,  iiiniis 
absolul('jironniiliatauclorilludesscn;iMlali\Id<!uideiu 


fW9 


DE  RE  SACRAMENTAHIA.  —  DL  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 


1560 


?    QuxTcs  tf)   (|iiid  si  Msiis  occurrciit,  in  qno  vidcan-  fr  Siiias  et  finilimos  populos  pnrconibus,  quos  elsi  pro- 


lui'  ridis  aiii|iii  piiidciiler  esse  pr;vlL'ri»iilleiidi  :  niim- 
qiiid  privaltis  (|iiili!)et  pideril,  in  siio  sensu  abundans, 
quod  bonuui  visuni  fueril  l'aceie.  —  Uesp.  :  Vol  de  ea- 
su  necesbilalis  quasslio  isla  procedil,  vel  non  :  si  de 
casii  nev.fssitalis,si,exennili  gi"tli;"i,  nioilis  iinniincnlis 
peiiculiun  (ieii  o;nnia  i:i  iiaplisnio  iidV.nlis  non  patiu- 
tiir  ,  qux  (aceic  Eecle  ia  consucvit ,  dudiun  resolula 
est  diriieiilliis  :  quod  cniui  in  his  circunislantiis  sit 
agendun),  rilualia  ipsa  pra'scribunt  ;  si  verô  casus  ne- 
cessitaiis  non  sil,  niliil  qnidqnani  débet  privatiis  lui- 
iiister  proprio  judieio  usurpare  :  sed  toiisulenda  Ec- 
clesia,  adeundus  sunuuus  Ponlifex  (1)  cujusore  loqui- 
lur  sponsa  (lliristi,  ejus  reverenler  exspeclanduin  ju- 
diciuni,  et  quod  pra?scripspiit  observandum. 

Quieritur  1G°  utiùm  biijusniodi  pncternnssioncs , 
aut  quasvis.aiias  iu  sacris  rilibus  ininuilaliones  facile 
p  iiiiliiere  Eeclesia  debeat.  —  Rcsp.  négative,  maxi- 
me si  de  iis  ca:rcnioniis  sermo  sit,  quas  constat  ab 
apostolicà  Iraditione  acceptas  :  cœleras  eniin  quas, 
labenle  éclate  ,  pro  variis  locoiuni  ac  teniporuni  cir- 
cumstantiis  instiluil  ipsa  per  se  ,  qu;eque  non  sunt 
gentium  omnium  universali  conseiisione  susceptae, 
quales  Lalini  et  Gneci  proprias  aliqu;is  Iiabenl ,  non 
quideni  sine  causa,  majore  tamen  potest  facililate  re- 
scindere,  et  ab  eorum  observantiâ  liberarc  :  ut  auleni 
in  iis  sistamus,  quas  apostolicà  nobis  disciplina  rcli- 
quit,  dicimus  in  iis  lollendis  aul  pr;iclermitlcndis  Ec- 
clesiam  diflicilliinani  esse  et  esse  debere  ;  tuni  quia 
eontineiilur  iu  thesauro  traditionis  ,  ([ucm  violare  aut 
lemerè  dissipare  in  suâ  potcstale  non  liabel;  lùui  quia 
seculoruni  onmiuni  revercntià  cousecralce,  maxiniani 
obtinuerunt  auctoriiatem  ;  tum  quia  myslciia  magna 
signifieant,  quorum  veritas  ,  si  semel  de  niedio  tolle- 
renlur,  à  repuguauiibus  lucreiicis  audacià  majori  ini- 
peleretur  ;  lum  denique  quia  periculum  foret,  ne  ille 
tam  pneclarus  sacroruni  riluum  apparalus  penitùs 
CYanesccref ,  et  ab  hominnuî  memorià  dclorelur ,  si 
In  iis,  (juocumque  praHexlu  pra'termilleudis,  nimiùm 
facilem  se  pr.ieberet  Eeclesia. 

Ut    auteni    hujusmodi    caîremonianun    iionauius 
exemplum,  unetio  et  ius'.ilflatio  in  Ra])tisnio  ccrtissi- 
mè  ab  apostolicà   tradilione  dcscenduiii;  ulramque 
cnim  ab  iniiio  Lalini ,  Gra;ci ,  et  Orientales  sunmiâ 
consensione  observant  :  apud  Lalinos  baptizandonnn 
aures  et  nai'es  saliva  liuiuntur,  iisdeuKpie  sal  pra'gu-  ! 
Standuni  more  antiquo  ponigilur,  cujus  inilium  cùm 
nuUa  possit  ceria  epucba  dcliniri,  ad  tcmpora  aposlo-  ' 
Ijca  merilô  referiur  ;  ilaque  débet  liorum  riluum.  lum 
propteraulicpiilalis  lionoreni,  tum  projttor  rocoudilan) 
quam  habent  rerum  sacranun  signiiicalioneu) ,  reli- 
nenlissima  esse  Eeclesia. 
Aliter  tamen  visum  quibusdam  Ci)  Evangelii  apud 

cerlum  apud  omnes  est,  si  mutalio,  potabilissit,  aul  si 
iTmtatiouemieveincomilelurc(inl('nq>liis;al  verosi  levis 
lantùm  sit  mulalio,  et  fiai  iusuper  sine  conlemptu , 
peccalum  levé  procul  dubio  erit.  (Edil.) 

(1)  Sul'liciel  sauè  episcopum  consulere,  quelles  ca- 
ÊUS  non  ila  gravis  erit.  (  Edil.) 


(2)  Imiuodeiaio  studio  parliuin  liic  cxii-a  aiquilatis  II  scd  ad  Indos  pcriiuere. 


prio  nouiiiie  non  appeilom  ,  prolinùs  inlelligil  lector 
qui  siiil;  ii  (piippe  sunt,  qui  ut  commodiiis  infidèles 
ad  vcram  Rcligiouem  addiicerent,  oumia  susdeque 
miscncruiU  ,  ila  ut  cpios  faciebant  proselytos  ,  neque 
geiitiles  dici  possent ,  ncipic  cbrisliani  ;  qnipj)e  dùm 
siios  lani  pielali  contrarios  errores  coiilra  auclorita- 
lem  ronlilicuni,  conlra  majorum  slalula,  contra  com- 
munem  siuiplicium  fidcliuui  sensum,  pertinacià  bac- 
leuùs  inaudilà  defenderent,  Europaniloiam  ipsumque 
capul  Religionis  Romain,, mille  volnmiuibiis  ad  ialleii- 
dun)  composilis ,  et  iuiporlunis  clamoribiis,  penè  in- 
legro  seculo  impleverunt. 

Cur  autem  quas  prxdiximus  cœremonias  aut  peni- 
tùs abolendas,  aut  ad  lempus  mlermitiendas  censue- 
rinl,  duplex  polissimùm  causa  fuit  :  prima,  feniinanim 
Sinen«ium,  ni  ipsi  quidem  jactabant,  pudicitia  ci  mo- 
deslia  iucredibilis,  qu-'i  lit  ut  ab  onini  virorum  non 
congressu  tanlùm ,  sed  et  conspeclu  ,  ali|ue  adeù  à 
suscipiendâ  niiuislrorum  baplizantium  mauibiis  un- 
clion3  abborreant;  altéra,  quôd  liarum  regionum  po- 
pulis  execrabilis  sputatio  oninis  et  insufflatio  sit  :  os 
enim  hominis  rem  esse  immundissimam  reputant,  à 
quo  quidquid  prodit ,  sive  saliva  ,  sive  aidiclilus  sit, 
spurcissimum  ,  ipsnque  Inimano  slercore  fœdiiis  exi- 
stimatur  ;  buniano,  inquam,  nani  slercus  vaccinum 
divinis  lionoribus  proseqnunlur  ,  coque  aquâ  dilulo 
Aicies  suas  et  corpora  ,  et  parictes  et  pavinienla  do- 
morum,  homiiics  ad  oniucm,  si  siiperis  placel,  urba- 
nilalem  exculli  oblininnl.  Quod  oiiuimeiili  ijenus  ,  iu- 
(juit  eorum  quidem  apologista ,  si  Europœis  fœiidum 
videinr  et  iiicplnui,  ailler  jnd'icaiil  (jui  vidcruut,  Lainez, 
Soc.  Jes.  in  Defeus.  mis.  lud. 

Ilaque  ne  delicatam  Sineusium  gonlem  ofl'endercnt 
bouùnes  ad  opporlunitatem  nali ,  unclionom  Bapli- 
smalis,  insufflationem,  et  salivi  deiibuliouem  exlermi- 
nari,  aul  sallem  inlermilti  debere  privalo  jtidicio  cen- 
suernnt  :  pcssimo  sanè  excmpio!  nani  si  deflagràssent 
amore  Evangelii  quod  anuunliabaut ,  liùc  zeluui  om- 
nem  converlere  debuerani,  ulàsupersliiiosis  et  inve- 
teralis  erroribus  genlem  Sineusium  liberarent  :  eo- 
rum intererat,  feminis,  quas  veluti  tolidem  Lucretias 
iu  exemplum  pudicili;e  laudaut,  auctoritate  Evangelii 
demonslrare  nibil  haberc  unctionein  sacramcnlalem 
modesliie  cl  castilali  conlrarium ,  defendi  exemplo 
Clirisli  qui  fuit  caslissinuis  liominum,  qulipie  mulie- 
res  plurimas  contaclu  inanuum  à  morle  ad  vilain ,  à 
febribus  ad  valeUidiuem,  ab  obsessione  d:euionuni  ad 
liberlatem  saepc  vocal;  probandum,  sacras  lias  c;ere- 

limiles  auclor  noslcr  abreplus  videtur.  NuUius  plané 
neccssilalis,  imo  nullius  fôrc  utililatiscsl  (]und  piofcit 
exemplum.  Scd  demus  illuil  esse  (piiiiu  maxime  op- 
porluiium  ;  al  cerlè  nuiKpiàm  lieet  sine  probalioue , 
cl  à  l'orliori  sine  ralione  sullieieiiti ,  peiversas  iiilen- 
lioucs  iis  allingere,  (pii  nobis  adversanUir,  eliauisi  à 
veiilale  déclinent.  Legalur  eâ  de  coutroversià  opns 
Gabico  sermoue  scriplinn,  cui  lilulus  :  Mémoires  pour 
servir  à  rilistoire  de  rEylisc  pendant  le  dix-indliènie 
siècle,  par  Picot.  Noiandum  eiiam  id  (jund  Diouiu 
dicil  de  liouorilius  vaceis  exîiibilis  ,  non  ad  Sineuses, 


Edil.j 


15f)l  Ol.€ST.  VIII.  DE  C'EKEMONIIS  SACRAMF.NTORUM.  irs<l 

moiiias  omnium  scculorum  rcverentià  consccralas ,  f,  sulubics  rims  et  cœremomœ  introducanlur  et  observent 


lolidem  vcluli  mciliciiias  cssc,  (ju;i:  adjiiliiceiu  mcili- 
coniin  spiiiliialiiiiu  inaiium  rcqiiirereiil;  (;xpoiiciiil;i; 
vcrljonim  roriim!;i;  qii.i;  saiiclissiinis  litibus  corre- 
S])()i)cleiil,  iiiKV(|iie  iiiliii  aliiid  (|iiàm  saiiclilateiii  ol 
caslinioniam  spiranl;  refulanda  vcrbis  Salvaloris  gon- 
tilium  insaiiia  ,  quà  spiiluni  et  anliclitum  laiiqtiàm 
spunissinias  rcs  doleslanliir,  Marc.  1,8:  Heliiiqurn 

tes  mandalum  Dci,  Icnctis  Iradilioncni  liuïïi'niion ni- 

liil  l'iit  extra  lioutinein  iiitruiens  i)i  euni,  qtiod  possil  ciun 
coinqninare ,  sed  quœ  de  liomiue  pruccdunt  ,  illa  sunt 

quœ  coinquiiutut  lioininem ab  iiilUs  de  corde  homi-  \ 

num  midœ  coqilutioiies  proccdunl,  adulleria,  fornicatio- 

nes,  liom'hidia superbia,  slullilia  :  omtiia  liœc  mala 

ab  intùs  pruccdunt,  et  coiiiquinanl  liomhiein.  Suggereii- 
duin  ejijsdem  mcdialoris  cxempliini,  qui,  ul  ca-ctim  à 
nalivilatc  illuiiiiiiaiel,  Joan.  9,  6,  e.rpuit  in  Icrrani  et 
fecil  lulitm  ex  sputo ,  et  linivil  lutum  super  oculos  ejus. 
Detcgeiula  geiiti  iiiiserai)ili  mala  di;il)()li  fraus  cl  vcr- 
sulia,  à  (jiK)  sic  iii  siipcrslilioiie  deliiicliir,  iit  vaccam 
pro  iiumiiie  habeal,  el  sleicus,  qiio  nihil  fœdius,  co- 
lat,  iiilcrimquo  (laliini  lioiniiiis  et  spiiluni  excorclur; 
insislenduin  Ecclesi;e  ipsiiis  aiicloritatc  ,  de  quà  saii- 
cUis  Augiislinus  :  Si  quid,  iiiquit,  tota  per  orbcm  fré- 
quentai Lcciesia,  quin  ita  faciendum  sit  disputare.  in- 
solenlissiniœ  insaniœ  est  ;  deiiiquc  juxla  maiidadim 
Aposloli,  Timot.  4,  '"1,  erat  illis  sermo  cvaiujeticua  prœ- 
dicaudus,  instaudum  opportune,  importun'',  arcjuenduni, 
obsecrandum,  increpandum  in  omni  patientiâ  et  doclrinà. 
Quôd  si  niliil  aposlolico  laborc  prolicercni,  salicm 
adireni  Scdcm  Aposlolicam  et  Romanam,  omnium 
malrem  Ecclesiarum,  cjusqne  in  re  adeô  gravi  jiidi- 
cium  exspcctarent  ;  sed  nequcboc  eis  consiliwm  pla- 
cuit;  malucrunt  enim  homines,  suo  judicio  s;ipientcs, 
sibimet  qnàm  Ecciesiu;  credcre. 

Quaniùm  iiide  reliquis  vineie  Domini  opcrariis ,  et 
plebi  verè  (idcli  (eranl  euiin  Deo  beiiè  favenle  nuilli, 
quos  verilas  ab  cnore  libcraveral),  scandali  el  ofTen- 
sionis  sit  procrealum,  nôrunt  qni  rerum  Sinensium 
liisloriam  delibàrunt;  ilaque  ne  maltmi  laliùs  serpe- 
rol,  décréta  ad  summum  Poutifiocm  delogalio,  ul  ab 
illius  ore  s^ana;  doclriua;  documenla  cxcip(M'enlur  : 
omnium  nomine  Romam  peliil  Joannes  Baptibla  de 
Morales  Ordinis  FF.  Praîdicalorum  :  rem  ut  erat  ma- 
gna simplicilate  exposnil,  atquc  inter  cailera  poliil , 
utriim  in  rccjno  Sinurum  winistri  cvctngelici ,  pro  nunc 
saltem,  in  Sacranicnlo  Baptisnuttis  possint  abstinere ,  ab 
imponendo  muUeribus  oleuni  sanctuni  ca'ecliunienormn, 
sputum  in  auribus,  el  sal  in  ore  ;  insuper  cl  non  admi- 
nislrare  cisdeni  viuUeribus  Sacramcnluni  Extremœ  l'n- 
clionis.  Ratio  dubilandi  est  quia  Sinenses  muyno  zelo 
ducuntur  ertja  uxores,  filias,  et  alias  mulieres,  el  scan- 
daluni  sumunl  ex  liujusmodi  unctionibus  :  sacra  Riliuint 
congregalio,  probante  cl  confirmante  Innocenlio  X, 
Ponlifice  maximo,  in  decr.  pro  Sinis,  aim.  l(ji;j,  1-2 
sept.,  rcspondil  iiis  vcrbis  :  Ceusemus  sacrmncnUdia  i-: 
Baplismo  multerum  esse  adliibenda  ;  et  Extremani  Cn- 
ctionem  esse  muUeribus  conferendum  ;  nec  sufficerc  nio- 


lur;  et  inisaionarii  tali  circunispeclione  illa  administrent, 
liomincsque  talibus  inslruanl  ducumcnlis,  ul  ab  omni 
!:uspiciunc  inlioncstalis  libercnlur. 

Uccrclo  sani  lissimo  si  oinnes,  uli  jiar  cral,  oblcm- 
pcràsscnl,  si  ambulare  in  donio  Dei  cum  consensu 
(ps.  51,  \'))  voluissenl,  si  grogibusquosDoiuimis  suo 
sanguine  com|)aravil,  nccossarinni  niinislcriiun  com- 
modàsscnl,  spcscraibrevi  fulurum,ul,  cxlirp:ilisgciilis 
miser.e  supcrslilioiiibns,  verilas  cvaugelica  in  anipiis- 
simo  Sinarum  imperio,  sine  crroris  adminislralionc 
radicarclur  ;  verinn  liuic  tam  cxs[)eclat«)  pro\eiilui,  ii 
quos  pncdixinnis  omni  indu>lrià  ,  quasi  de  proprià 
fanià ,  non  de  majore  Dei  gloriâ  agcrelur,  inlerccsse- 
runt  :  minime  audilosse,  el  lalum  nimià  praxipiU- 
tione  judicium  inclamàrunt;  ilaque  Romam  denuô 
propcratum  et  agcnle  eorum  nomine  Marlino  Marlinio 
Societalis  Jesu ,  praMer  ca-lera  qn;c  lid»;  malà  oxpo- 
suerunt,  aftirmare  nondubilârunl,  totani  apud  Sinas 
cliristianilalem  evidentissimo  periculo  exponendam , 
nisi ,  sublalo  priore  decrclo,  praicrmillendorum  de 
quibus  conlrovcrlebalur  sacraniontalium  induL'cnlia 
liorel;  quo  audilo,  sacra  congregalio,  nihil  niali  d(jli 
siispicans,  el  habita  ralione  inslaulis  quod  annunlia- 
balur  periculi,  annnendum  censuit  volis  suppliciim , 
et  dccrelum  a.'quissimum  dedil,  cui  accessit  Alexan- 
dri  VII  snnnni  Pontificis  aucloritas,  bis  vcrbis  conce- 
plum  :  Sacra  congregalio,  juxtu  ea  quœ  superiiis  cxpo- 
situ  sunt,  censuit  ex  gravi  necessitale  proporlionatà , 
posse  omilti  quœdam  sacramenlalia  in  Baptismale  fe- 
miuarum  ,  ac  cliam  posse  omilti  ipsum  Sucramentuni 
Extremœ  Unclionis,  Decr.  pro  Sinis,  die  2!>  Marlii 
an.  1G56. 

Vix  crcdibile  dicln  quanta  fiiorit ,  sub  umbrà  sub- 
rcplitii  dccreli,  Sinarum  mi-sioinbus  et  cvangi  licoc 
pnrilati  clades  imporlala  ;  quanquàni  enim  sacrae 
congregaiionis  rescriplum  iiis  csset  reslrictioiiibus 
loniperamcnlinn,  ni  erga  solas  feminas,  et  ex  gravi 
necessitale  pruporlionalà,  idest,  in  cvidenli  cbristiani- 
lalis  periculo,  cpiod  lantoiierè  cxaggeratum  fuerat, 
liarum  c.Trcmonianim  pra'termissio  conces^a  csscl ; 
eo  tamen,  tanquàm  lege  connuuui  cl  qu;c  ad  omncs 
respicerel,  uli  pr;csiimpscrnnl  :  bine  in  quolibet  sivc 
virorum,  sive  mulicrum,  sive  adultornm  ,  sivc  infim- 
liun),  cnjuscnmque  cssent  conditionis,  Raplismaie  , 
sacri  ritus  impunè  longo  annorum  curricnlo,  iu-gie- 
cli,  contempli,  violati  ;  quod  cùm  multo  tribidalionis 
expcrimento  ,  cl  cerlis  icsli(icaiionibus  comprobàsset 
cminenlissimus  sanctai  Romanam  Ecclesiaj  cardinalis 
Carolus  Thomas  Maillard  de  Tournon,  paliiarcha  An- 
liociienns,  in  Indiis  Orirnlalibiis  cl  Sinaruu)  inq;erio 
<inilimis(|uc  insulis  conunissarius ,  cl  visitator  apo- 
sloliciis,  cuin  facullale  legali  à  latcre,  vir  plane  apo- 
slolici  pc'toris,  carceril)us,  vincnlis,  o|)probriis,  ipsà- 
qnc  morte  pro  Chrislo  furtilcr  toloratà,  qiiam  pnrpiirii 
Romanà  ,  longé  illiisirior,  dato  Pudiiberii  {Pondi- 
cnvi.)  ^>l'^  23  junii.  anni  ITOi  ,  et  publicalo  die  8  ju- 
lii  (  juisdcii!  ^.;  "•'   <•  tirnmi  det  reto,  Imnc  aliosqne  per- 


tivumtn  dubitatione  adduclum ;  curandum  ergu  ui  lam  i.  mullos  alnisus  aposiolicà  aucloriiale  reprimere  pro 


4563  Ï)E  RE  SACUAMENTARIA,  ^  DE  SACRAMENTIS  IN  GENERE. 

Virili  pnrte  curavil  :  -1  Sacramcntornm  cidnnmslrnllonc 


\Wk 


exordhun  sviuaUcs ,  inquit,  districtc  proliibcmus  ne  in 
baptiuindis  tam  pueris  quàmndulds,  cnjnscumqui'  sexûs 
et  condUionis,  omillantur  sacramcntalia,  sed  omnia  pa- 
làm  adliibcantur,  cl  signanter  salmt,  sal,  et  insufflmio  , 
iquœ  ex  aposloUcà  tradvàom  calholka  Ecclcsia  recepit, 
ac  ob  recondila  in  Iris  sacris  cœremoniis  divinœ  eryn  nos 
ûonilatis  mijsU'ria  snnclè  cl  iniiol(d)i!it,r  ciis:odivil  ;  dé- 
créta sanctœ  nniversalis  Romance  Inquisitionis  de  anno 
1G56,  pro  Sinis  facto  ob  diversas  rationes,  cl  ci}xuni- 
stantiiis  minime  obslanle. 

De  hoc  clecreto,  deque  rriiis  (\\\k  ad  ejusdcin  confir- 
malinriem  à  Clémente  XI  et  Benedicio  XIII  siimmis 
Ponlificibus  dafa  siiiit,  proul  occasio  lulerit ,  redibil 
in  poslcruni  sonno  (l)  ;  inteiim  corliiin  maiieal,  Ec- 
clesiani  sacroriim  riliiiim  in  adniinislralione  Saera- 
nientoram  dispeusationcni ,  nec  dcbere  ,  nec  posse  , 
nisi  i)ro|)ler  urgendssimas  causas  concedere. 

Atqiie.  hic  ciaudcndum  de  SacranieiUis  iii  gonere 
libriim,  vel  ipsa  cjus  prolixilas  admoncl,  si  piiùs  ta- 
nien  Icnore  uiio  concilii  Trideiilini  cauones  discripsi- 
inus,  quos  haclenùs  suscepimus  vindicandos ,  quique 
hujnsniodi  siml,  sess.  7. 

I.  Si  (juis  dixerît  Sacramenla  novœ  legis  non  f'uibse 
omnia  à  Jesu  Clirislo  Domino  nostro  institula,  aiil  esse 
plura  vel   pauciora    quàm   seplem ,   videlicet   Bapli- \ 


1  Sacramenla  scmper  et  omnibus,  quantum  est  ex  parle 
Dci,  clicmisi  rite  ca  suscipiaid;  sed  aliquando,  et  ali~ 
quibus;  analhema  sil,  ibid. 

VIII.  Si  qnis  dixeril  per  ipsa  novœ  lecjis  Sacramenla 
ex  opère  operato  non  conferri  graliam,  sed  solam  fidem 
divinœ  promissionis  ad  graliam  consequcndam  sufficere  ; 
analhema  sil,  (|.  5,  cap.  I,  §  1,  p.  70. 

IX.  Si  qu'is  dixeril  in  tribus  Sacramentis,  Baptismo 
.scHicct,  Confirmalione,  et  Ordine,  non  imprimi  chara- 
clerem  in  anima,  hoc  est,  sicjnum  quoddam  spirituale  tl 
indélébile,  unde  ea  ilerari  non  possunt  ;  analhema  sil, 
q.  4,  c.  2,  §  2,  p.  110. 

X.  Si  qiiis  dixeril  Christiauos  omncs  in  verbo,  et 
omnibus  Sacramentis  adminislrandis  habere  potestalem; 
analhema  sil,  q.  G,  c.  1,  §  1,  p.  1-42  et  se(|. 

XI.  Si  qnis  dixeril,  in  minislris,  dum  Sacramenla 
conficiunt  et  conférant,  non  requiri  inlenliojiem  salteni 
faciendi  qnod  facil  Ecclcsia;  analhema  sil,  q.  G,  c.  5, 
§  2,  p.  221  cl seq. 

XII.  Si  qnis  dixcrit  minislrum  in  peccalo  mortali  cxi- 
slenlem,  modo  omnia  essentialia,  qnœ  ad  Sucramenlnni 
conficiendum  anl  conferendum  pertinent,  scnaveril,  non 
conlicere  ant  conferre  Sacramenlnm ;  analhema  sil,  q.  G, 
c.  2,  sed.  2,  §  2,  p.  209. 

XIII.  Si  quis  dixeril,  receplosel  approbaios  F.cclesiœ 
calholicœ  rilus,  in  solemni  Sacramcnlorum  admi>i:slra- 


smum,  etc.,  aul  eiiam  uliqnod liorum  seplem  non  esse  et 
propriè  Sacramenlum  ;  analhema  sil,  q.  2,  c.  2,  p.  42  |,  lione  adhiberi  consnelos,  aul  conlemni,  anl  sine  peccalo 
et  seq.,  q.  5,  §  I,  p-  123.  |!    à  minislris  pro  libito  omilli,    aul  in   novos  atios  pcr 

IL  Si  quis  dixeril  ea  ipsa  novœ  legis  Sacrameuta  à 


Sacrameniis  anliqnœ  legis  non  differre,  nisi  quiacœre 
moniœ  sunl  aiuv,  et  alii  rilus  externi ;  analhema  sil,  i 
q.  l,c.  l,§1,p.4.  j 

III.  Si  quis  dixeril  hcvc  seplem  Sacramenla  ita  inler  ' 
se  paria,  ut  nullà  ralione  aliud  sil  alio  diynius  ;  ana-  \ 
tliema  sil,  q.  2,  c.  2,  §  3,  p.  G7.  i 

lY.  Si  quis  dixeril  Sacramenla  novœ  legis  non  esse  ad 
scdutem  necessaria,  sed  superfïua;  et  sine  cis,  uni  eo- 
rum  veto,  per  soLvn  fidem  hominem  à  Deo  graliam  jnsli- 
ftcationis  adipisri,  licèl  omnia  singidis  necessaria  non 
sint;  analhema  sil,  ibid.  G8. 

V.  Si  qnis  dixerit  hœc  Sacramenla  propter  solam 
fidem  nulriendam  insliluta  fuisse;  analhema  sil,  q.  3, 
c.  I,  §  I,  p   70. 

Yl.  Si  qnis  dixerit  Sacramenla  novœ  legis  non  conli- 
ncre  graliam  quam  significanl,  aul  graliam  ipsiim  non 
po'iienlibns  obicem  non  conferre,  quasi  signa  Uuitiim  cx- 
terna  sint  acceplœ  per  fidem  graliœ,  vel  justitiœ,  cl  nolœ 
qnœdam  Chrislianœ  profe.^siovis  quibus  apud  homines 
discernunlur  fidèles  ab  infidelibus;  analhema  sit,  ibid. 

\'!l.  Si  quis  dixerit  non  dari  graliam  per  hujusmodi 

(1)  De  hisce  rilibiis  leçrenda  «îst  novissinia  Consti- 
tiilio  édita  à  Bciiedicio  XIV  fclicilcr  rcijnanle  anno 
MI'l  ,  (\n:v.  incipit  Omnium  sotHcilndi)r:nn ,  etc.  Ilhid 
xu'Aun  liîc  ohiler  nbservo,  quod  noslir  aiiclor  videlur 
co.  IV.iilcre  rilus  Sineiiscs  ab  Lcclesià  paritcr  danina- 
Ips  cum  rilibiis  et  c;ereivioniiS  rcgiioriii,)  .Miduiciisis, 
Maysiiicnsis  cl  Canialensis  Indiaîuni  Oiieiilaliuin,  qui 
cimiinô  dislingncndi  binil. 


quemcumque  Ecclesiariwi  pnslorcm  mnlari  posse  ;  ana- 
lhema sil,  (|.  7,  p.  727  (1). 

(l)  CanDMiKiis  Tridentiiiis  opi)orlnnmn  cril  :i(ljii:i- 
gere  ea,  t\u:v  de  Sacrainciilis  in  gcneif  lialiel  docictinn 
concilii  Fldrcntiiii  jii'o  insliiiclione  Aiiiieiioi  inn.  Sic 
igilin-  Ik'tlcsiaî  lidcni  expoiiit  diclinn  conciliinii,  vel 
poliiis  Engenins  IV  pr;ese!ilil)iis  adiiiic  cl  appiol)an- 
liiins  episiopis  Occidenlalibns  :  «  Nova!  legis  srpli'ni 
n  sunl  Sacramenla  :  vidclicel  lîaplisnnis,  ('.onlniiialio, 
«  Encli;uisli:i,  Pd-nilcnlia,  Exlivma  IJnclio,  Ordo  et 
1  Malrimoiiinm.  ihv.v  nndtinn  a  Sacrann-ntis  dillciimt 
«  anli(|M  r  legis.  Illa  eniin  non  caiisahani  graiiiun,  sed 
«  e;\m  sidùm  [ler  pa>sioiiem  Cliiish  dandam  esse  fign- 
!  rabani  :  li;ec  veto  noslia  cl  coiiiinonl  graliam,  et 
«  ipsam  digne  snscipienlilins  coid'ei'ni't.  Ilt.ruin  (piin- 
i  qne  piinia  :ul  spirilnalem  nnii:S(iij,is(pi(!  JKnninis  lit 
«  seipso  pcnleclioiiem  ;  dno  nllima.  ad  lolins  Keclesia! 
«regimen,  niulli;  licalioneniqne  ordinala  snnl.  l'er 
«  Baplismmn  cnin)  si)irilnaiil(  r  reiiasciinnr  ;  iierCnn- 
1  iii'inalionein  aiigenmr  in  gralià  et  lolKHannu' in  lide; 
t  rcnali  anlcm  cl  roborali,  nnuinuir  divinà  lùicliari- 
«  stiaî  alimonià.  Qnùd  si  per  pcecaliim  ;egiilnilincni 
«  incm-rimns  anima\  pcr  Pu'nilcnliam  spiiilnaliter, 
«  sanannn'  ;  spiriinaliler  cliam  cl  coiporalilcr,  pront 
«  anima'  cxpcdil  j  cr  Exireinam  lînclionem  ;  jk'I'  Oi- 
d  dincm  vciô  Eeclesia  gnbernainrel  mnlliplicalmspiii- 
«  Inalilcr  ;  per  Malrimonimn  cm-poralilerangeiiu'.  Ibec 
«  omnia  Sacramenla  Irilms  pcrIicinnUir,  vidciiecl  icliiis 
«  lan((nàm  maiei  ià,  vcrliis  laiiquàm  foiiiiâ.el  pei^onà 
«  minislri  coid'erentis  Sacramenlnm  cnn)  intenlione 
«  faciendi  quod  iacit  Kcclesia,  (|nornm  si  aiiqund  desil, 
«.non  pciliciliii"  Sacramenlnm.  Inicr  bac  Sacianienla, 
8  Iria  sinit  :  Baptisnnis,  Conlirmalio  et  Ordo,  (|n:c 
«  ciiaraclerem,  id  est,  spirituale  qimddam  signnm  à 
«  ca'lei'is  dislinctivinn,  impiiniunt  in  anima  indélébile. 
«  l!nde  in  eàdem  personà  non  reileranlur.  I>eli(|na 
«  vciù  (pialuor  cbaracterem  non  impiiniunt,  et  leiUi- 
«  ralioncni  admilluiit.  >  (Edil.) 


lADEX    UERIM. 


ca38H'@^^^wip 


ClIAUnON  MTV.  9-10 

111SI()I1;E  DKS  sacrements,  ou  de  Lk  MAMfcuH 

DONT    ILS    ONT    ÉTK  CKI.KfiUKS    KT    ADMlNISmÉS    DANS 

L'Ér.LISE,   KT    DE   LtSAGF.  QU'ON   UN  A  I  AIT   DEPUIS  I.E 

TEMPS  DES  APÔTRES  JLSQI'a  PRÉSENT.  Jh'ul. 

AVERTIS-KVKNT.  Jbid. 

LivuK  PREMIER.  Du  Baptëiue,  île  laConlinnaiion  oi  (!;■ 
llùulKiiisii.'.  11-1-2 

Section  Pi;EMii;RF..  Histoire  du  sacrement  de  Bap- 
tême. Itid. 

Pri'iiiiôie  paili(\  Des  préparalioiis  au  Baplèiiie  O'.i  ilii 
caléclninH'iial.  Jbid. 

Cliapilie  prriuirr.  Erreurs  qui  se  sont  élevées  conlrc 
la  dociriiic  catholique  louiliaiil  le  sacreiiieiil  de 
Baiiènie.  Ibid. 

Cli:!p.  II.  Ois  Calécliumènes  ot  des  diverses  classes 
dans  lesquelles  ils  ét;iieiil  distribués.  Des  avantages 
doiil  ils  jouissaient,  et  du  soin  que  l'on  avait  de 
leur  cacher  les  niyslères  de  la  Ufligiou.  17 

Cliap.  m.  De  l'urigine  du  caléihiunéu.il.  Que  le  nom- 
bre des  catéciMUiièucs  élail  très  giaïul  dans  les  cinq 
premiers  siècles.  Pourquoi.  École  des  ca;é(  liu- 
inènes.  A  qui  ou  conliait  leur  insiPiiction.  Caté- 
tlicses  ;  (luelle  était  la  doctrine  que  Ton  y  cnsei- 
guail.  2i 

Chap.  IV.  De  (nulle  inanière,  et  avec  quelles  cérémo- 
nies ou  adinellail  au  calécliuaiénal  ceux  qui  de- 
maudaienl  d'y  cire  reçus.  51 

Chap.  V.  De  la  diuéc  du  c;:(écliuniénal  et  de  ce  qu'on 
pensait  de  ceux  cpii  inouraiciil  en  cet  élal.  Partage 
de  beiiliuiiUls  sur  ce  sujet  et  sur  les  devoirs  qu'on 
devait  Iciu'  rendre  après  lein-  mort.  57 

Chap.  VI.  Des  préiiaralioiis  prochaines  au  Baplême, 
ou  des  exercices  (pie  1  on  faisait  pratirpier  aux  calé- 
chumèiR's  coiupéieiils  pour  les  disposer  à  recevoir 
ce  saereiueiit.  Inslruclious  qu'on  leur  donnait  alors. 
A  qui  il  a|)|iarteiiail  de  les  donner.  42 

Chap.  VU.  Des  scrutin-;  ce  que  celait.  Des  exorcisuies 
(pii  s'y  l'aisaieiit.  Combien  il  y  avait  de  scrutins, 
^uaud  ils  ont  cessé  dai:s  l'Église.  Traces  qui  en 
sont  reslées.  .49 

Chap.  VIII.  Des  solennités  avec  lesquelles  se  faisaient 
les  scruiiu-.  Messes  des  scrutins.  57 

Chap.  IX.  Des  préparations  plus  |>rochaines  au  Baj»- 
léine  ou  des  rils  ipii  le  précédaient  imniéiliateiucnt, 
et  surtout  (le  la  rriioucialion  au  diabio;  de  l'onc- 
tion et  de  la  confessio.i  de  la  foi.  De  quelle  ma- 
nière liHil  cela  se  pratiquait  dans  les  dillereiites 
églises.  00 

Seconde  |iarlie.  Du  temps,  du  lieu,  de  la  manière  dont 
on  l'a  conféré  aiUid'.is.  De  ses  ellets,  et  de  ceux  à 
(pii  il  apparlenail  de  duiiiier  ce  sacrement.  OU 

Chapitre  premier.  Du  lemps  anquel  se  donnait  le 
Ijapiènii'.  Que  hors  ceilaiues  circonslances,  il  ne 
se  donnait  pas  en  tout  temps  indilléremmenl.  En 
(piel  temps  oji  le  donnait,  et  en  (jnelles  circons- 
tances on  passait  par-dessus  la  règle  ordi- 
naire. Ibid. 

Chap.  II.  Du  lieu  où  se  donnait  le  Baplèine.  Des  bap- 
tistères; de  leur  forun?.  Des  éJiscs  l'aptismalcs  et 
de  leurs  piéroi,'ali\es.  71 

Chap.  m.  De  la  manière  d'administrer  le  Baptême, 
ou  de  II  niiilière  et  d'  la  lornii;  de  ce  sacrcnnnt. 
CJue  la  iriple  imuH.'i-.sioii  est  d'insliiiuiiui  apostoli- 
que, .lus'iuii  (piaud  elle  a  été  pratiquée.  Du  Baplème 
par  inihsion.  De  sa  validité.  81 

Cha|).  IV.  De  la  bénédiction  des  fonts;  avec  quelles 
cé'iémiuiies  elle  se  faisait  daiiS  les  premiers  siècles. 
Soleiiiiiies  qu'on  y  a  depuis  ajoutées.  87 


Chap.  Y.  Oà  Ton  iraile  on  particulier  de  la  forme  ii\i 
liaplcmie,  et  l'en  liiil  voir  ipie  ce  sacrement  s'ot 
donné  di;  tout  temps  dans  lEglise  sous  le  nom  des 
trois  personnes  do  la  Siiiite  Trinité;  addition  faite 
a  cette  mvijcalion;  (livcrsil('-  dans  les  lormnles  qui 
la  conlieimeiil  et  dans  la  manière  de  la  faire.  Par- 
tage de  sentiments  sur  les  dillerentes  formules. 
(>|MMion  singulière  de  quehpies  uns  sur  celle  ma- 
tière. fj3 

Chap.  Vl.  Des  parrains;  que  dès  l(;s  premiers  siècles 
on  en  do  naît  à  ceux  qui  devaient  recevoir  le  Bap- 
tême. Diverses  parlicularilés  sur  cela;  (pi"aulio(ois 
il  élail  rare  (pi'ils  im|iosas>enl  les  noms  à  leurs  (il- 
leiils.  Que  les  noms  se  donnaient  communément  aux 
enfants  longlcmps  avant  le  Baptême  Diver.-es  coii- 
luines  des  pe(q)les,  sur  le  lomps  cl  la  manière  d'im- 
poser les  noms  aux  eiifanis.  Depuis  quand  la  cou- 
lumedeles  leur  imposer  au  Baplême  s'est  établie 
parm  inous.  i[^[ 

Chap.  VII.  Des  effets  siirprenanis  du  Baptême,  et  en 
conséquence  combien  la  conduite  que  l'Église  gar- 
dait envers  ceux  qui  le  recevaient  eu  m.iladie  était 
dillereiile  de  celle  (in'elle  tenait  à  l'égard  des  lideles 
léconciliés  en  cet  étal.  Diverses  opinions  des  doc- 
leurs  de  rE('ole,  touchant  la  grâce  conférée  aux  en- 
fants dans  ce  sacrement.  Bapieme  sous  condition  ; 
quand  il  a  commencé.  j08 

Chap,  \  III.  De  runilé  du  Baplême.  Que  ceux  qui  ont 
voulu  que  l'on  rebaptisât  les  hérétiques  l'ont  tou- 
jours souienue.  Quel  était  leur  sentiment.  Tempé- 
rament que  l'on  y  a  appm-lé  depuis.  Qu'on  est  enfin 
convenu  de  recevoir  comme  valide,  le  Baptême  ad- 
ministré en  la  forme  légitime  par  toute  sorte  d'hé- 
rétiques; en  quel  temps  on  a  douté  depuis  si  le 
Baplême  donné  par  des  iulideies  était  valide.     1 18 

Chap.  IX.  Du  minislre  ordinaire  et  exiraordinaire  du 
Baptême.  Qu'anciennenient  ce  minisiêre  était  ré- 
servé à  l"évê(|ue  seid,  sans  la  pcrinissiou  sjtéciale 
duquel  ni  le>  prêtres,  ni  les  diacres  ne  pouvaient 
baptiser.  Comment  et  en  (jnei  temps  les  prêtres  sont 
devenus  les  miiuslres  ordinaires  de  ce  sacremenl. 
Qu'ils  devaient  s'acfpiiiter  de  celle  fom  t;ou  élanl  à 
jeun,  en  habil  ecclésiastique  et  graïuilemenl.  Ce 
qu'on  pensait  du  Ba|-iéme  con-éré"par  des  laïques, 
et  surtout  par  les  femmes,  tant  en  Orient  qu'en  Oc- 
Cl. lent.  j.2(; 

Chap.  X.  Des  cérémonies  qui  siiivaieul  immédiatement 
le  Baptême,  et  qui  étaient  en  usages  dans  dillerentes 
églises.  On  recherche  leur  anti(pnié  et  les  divers 
changeineiits  (pii  y  sont  survenus  de|»uis.  Explica- 
li(m  (Pun  passage  dil'licilc  de  S.  Ambreise,  sur  le 
lavenu'iil  de-  pieds.  -155 

Chap.  XI.  Où  l'on  parle  en  peu  de  mots  des  deux  sa- 
crements de  coulirinalion  et  d'Eucharistie  que  l'on 
ddimail  aux  néophyles  aussitôt  après  le  Baplême. 
De(j;iel(piespraliipi"es  el  cerénirnies,  eld.'s  inslnu- 
lions  qu'on  leur  faisait.  De  la  l>à(pie  anii.>tine.    l-il 

Appendice.  15.) 

Section    seconde.    Histoire    de    la  Coxeirm^tiox. 

,„      .  i;.;!-l{JO 

Chapitre  premier.  DesrilspssenlicIsdeceSacienii.s.lct 
des  diliérentcs  formules  de  pai;iles  qui  !e.s:icc(  nip.i- 
gncnl,  tant  che/  les  Latins  quiî  chez  les  Grc(  s  el 
les  aiihes  Orientaux.  Partage  des  théologiens  si:r 
ce  point.  A  (pioi  noi!.s  devons  iiiies  en  leiiir.  De  ce 
qii'mi  pensait  à  Ilome.  dans  le  (iernier  siec  le,  lou- 
chant les  rils  de  la  Coidirniation  die/,  le.^  (îrien- 
taiix.  li.jti, 

Chap.  H.  Delà  béiiédiclion  du  chrême,  do  son  anti- 


1567 


INDKX  HEltUM. 


m,s 


quilé;  cornincnt  elle  se  laisail  laiil  en  Oocideiil  que 
chez  les  Oiienlaiix.  Messe  clirisniale.  Celle  liéiié 
diclioii  se  fail  ave»',  iiiaiid  appareil  en  Orienl.  KHe 
est  réservée!  itaitonl  aux  seuls  é\è(iiics.  1(i!) 

Cliap.  III.  Du  leini)S  cl  dii  lieu  dans  leipiel  se  domiail 
la  (^oidiiinalion.  Quand  el  pai'  (picls  dcgiés  on  a 
changé  rancicnnc  coulunic  do  la  donner  aussiiôt 
apiès  le  Ba pleine.  17o 

Cliap.  IV.  De  quelques  rits  cl  cérémonies  moins  né-  I 
cessaires  de  la  Conlirmalion  cpii  élaienl  en  usage, 
surtout  quand   on  la  donnait  séparément  du  Bap- 
lènie.  Des  dispositions  (]uc  devaient  y  apporter  les 
adultes.  180 

■Clia|).  V.  Que  Ton  n'a  jamais  cru  devoir  réiu'ner  la 
Confirmation  reçue  dans  l'Kglise.  On  examine  par 
les  faits  si  l'on  a  pen^é  de  même  de  e- Ile  qii  avail 
élé  donnée  par  les  liéréli(pies.  Conduite  dilTérente 
sur  ce  point.  Ou  tâche  de  concilier  les  dillérences. 
Diflicullé  d'y  réussir.  183 

Cliap.  VI.  Par  qui  le  sacrement  de  Conlirmalion  a  élé 
de  tout  temps  adminislré  dans  l'Eglise  tant  en 
Orient  qu'en  Occident.  Diversité  sur  ce  point.  Ce 
que  l'on  doit  penser  de  la  Coidliinalion  donnée  par 
les  prèlri's  Grecs.  Certains  évècpios  ont  troublé  mal 
à  propos  les  Orientaux  dans  h-ur  praTupu?.         19i 

Chap.  Vil.  Des  eiiets  du  sacrement  de  (M)nlirmalion. 
De  la  grâce  intérieure  el  du  don  des  miracles. 
Combien  ce  don  était  commun  dans  les  preuders 
siècles  de  l'Eglise.  En  quel  icmps  il  a  cessé  de 
l'être.  '  199 

Article  premier.  Des  miracles  el  des  visions  surnatu- 
relles. EUcts  ordinaires  de  la  Conlirmalion  dans 
les  deux  premiers  siècles.  Combien  de  temps  ces 
grâces  ont  été  communes  dans  l'Eglise.  201 

Art  II.  On  lait  voir  ipie  dans  le  troisième  siècle  le 
don  des  miracles  el  des  visions  étail  encore  assez 
couninni  dans  l'Eglise.  208 

AriMCNDiCK.  213-2U 

SiXTION  TROISIÈMK.  De    l'Ei  ClURISTIE.  217-218 

Chapitre  premier.  On  indi(pie  les  principales  er- 
reurs sur  l'Eucharistie.  Quelques  particularités 
touchant  Luther  el  Carlostad.  Epoques  des  nou- 
veautés introduites  sur  le  sacrenuînt  de  l'Eucliaiis- 
lie  dans  le  seizième  siècle.  Véritable  cause  des 
progrès  de  Luther.  Ibid. 

Chap."  11.  De  la  matière  du  sacrement  de  l'Eucharis- 
tie ;  de  l'oblalion  qui  s'en  faisait  dans  l'Eglise.  Ma- 
nière de  faire  cette  oblalion.  224 

Article  prenner.  Par  qui  el  en  (jnel  ordre  se  faisait 
autrefois  l'oblalion  la  l  du  i»ain  (pie  du  vin  desti- 
nés à  être  consacrés  et  à  devenir  le  corps  et  le 
sang  de  N.  S.  J.C.  Observations  et  éclaircissements 
sur  la  même  matière.  Ibid. 

Art.  u.  De  ce  qui  se  faisait  après  que  le  peuple  avail 
fait  son  olTrande.  Choix  des  dons,  prières,  encense- 
ments. (Changement  arrivé  depuis  (|ue  les  commu- 
nions cessèrent  d'être  aussi  fréiiucntes  que  dans 

,     les  premiers  siècles.  232 

\K\l   m.  De  (pielle  manière  se  fait  l'oblalion  dans  les 

'    Eglises  Orienlales.  238 

|\rl.  IV.  Du  soin  avec  lequel  on  préparait  autrefois 
et  on  prépaie  encore  aujourd'lmi  W  pain  qui  doit 

-,  servir  de  matière  au  sacreineiil  d'Enehari^tie.  Abus 
sur  ce  point  dans  quehpies  églises.  Du  pain  azyme 

.  el  du  pain  levé.  Quelles  sont  les  églises  qui  niel- 
lent en  usage  le  pain  azvme,  el  depuis  quel  tenqis. 

242 
'Cliap.  UL  De  la  consécration  des  espèces.  248 

Cliap  IV.  De  la  comnumiou  qui  se  faisait  pendant  la 
eéir'bialiiin  des  saiiils  mystères.  2.'_>2 

Ailieli!  premier.  De  Tordre,  du  lieu  et  de  la  posture 
dans  l:\(]uelle  les  fidèles  participaient  au  sacrement 
d'Eucbaiistie.  2J')3 

Art.  11.  Que  l'on  doniait  aiiciennemenl  aux  fidèles 
le  cor|)s  deNolre-Si'igneiir  dans  la  main.  Trois  ma- 
nièies  d(î  leur  l'aire  prendre  le  sang  précieux.  En 
quel  lein]).s  on  a  cessé  ca  Occident  de  comumnier 


les  lidèles  sous  les  deux  espèces.  2."9 

Art.  III.  Que  l'usage  de  eomniimier  sons  les  deux 
espèces  peiidanl  la  cf'débralion  des  sainls  inyst/'res 
soufïrail  ces  cx<!epiions.  Du  chant  des  Psaumes 
peiubml  la  cominmiion.  En  (piel  temps  on  s'esl  mis 
sur  le  |)ied  de  donner  la  Communion  aux  fidèli'S 
hors  de  la  messe,  sans  nécessité.  2G7 

Chap.  V.  De  la  Communion  hors  les  assemblées  pu- 
bliques de  l'Eglise.  273 
Ariicl.'  premier.  Les  (idèles    communiaient  autrefcis 
dans  leurs  maisons.  Combien  cet  usage  a  duré  tant 
en  Orient  f|u'eii  Occident.                                  Ibid. 
Art.  II.  De  la  communion  des  malades.  Qu'ils  cumimi- 
niaient   (pielquefois  sons  la  seule  e-pècw  du  pain, 
et  d'autres  fois  sons  toutes  les  deux,  s.iivanl  les 
dilTérenles  circonslances.                                    277 
Chap.  VI.    Des  lemps  aUcctés  à  la   comn»iiiioii  des 
fidè'es.  Variété  de  discipline  sur  ce  poim           282 
Chap.  ML  Que  du  lemps   des  apôtres   O'.  ne  rece- 
vait l'Eiicharisiie  (|u'après  un  repas  noirtiné  agapc. 
De  l'ordre  qui  s'observait  dans  ce   repj-%.  En  quel 
temps  on  a   fait  une  règle  de  commuiV"?r  à  jeun. 
De  queliiues  autres  dispositions  pour  O'niinunicr. 
Sévérilé  avec  la(|uelle  on   punissait   d>MS  l'Église 
el  on  punit  encore  à  présent  chez  les  Ondula iix   les 
irrévérences    qui  se   commeltenl  coiitr'*  le  S.icra- 
ment  d'Eiicharislie.                                            288 
Chap.  MU.  Des  divers  usages  de  l'Eucharistie   chez 
les  anciens.  Les  évêipies   se  l'envoyaitiit   les  uns 
aux  autres  en   signe  de  communion.  On  en  réser- 
vait du  sacrilice  piécédeiil  pour  le  siiivaiu.  .\  Rome, 
le  Pape  l'envoyait  à   toutes  les  églises  tilulaires. 
On   laporlait    dans    les   voyages    pour   servir  do 
sauvegarde.                                                         295 
Chap.  IX.  On  continue  de    parler  des   divers  usages 
de  l'Eiicliaristie.  Elle  étail  réservée  pour  être  c<u»- 
sommée  par  les  prêtres  el  même  par  les  évê(pies|)en- 
daiit  les  (|uaranle  premiers  jours  de  leur  ordination  ; 
pour  la  communion  des  morts,  pour  être  enterrée 
avec  les  morts.  On  s'en  servait  pour  souscrire  la  coii- 
damiiatioii  des  hérétiques,  pour  découvrir  les  vols, 
pour  la  (léJicace  des  églises.                                501 
Cliap.  X.  Du  lieu  el  des  vaisseaux  dans  lesquels  on 
réservait  rEucliaii^tie,  tant  pour  la  communion  des 
malades  (|ue  pour  la    plupart  des  usages  dont  il  a 
été  parlé  d;ins  les  deux  derniers  chapitres.           303 
Cha|)itie  XL  Dans  letpiel    il   est  parlé  des  fêles  insti- 
tuées en  l'honneur  du  Très-Sainl-Sacremeni,  et  en 
"particulier  de  celle  que  nous  nommons  la  Fêle- 
Dieu.                                                                    315 
Chap.  Xil.  Procession  du  Saint-Sacrement.  Que  celle 
qui  se  fait  aujourd'hui  ii  la  Fête-Dieu  ne  s'y  faisait 
jias  an  commenecMnenl.  Que  néanmoins  il  se  faisait 
de  ces  processiiuis  avant  rinstitution  de   cette  fêle. 
De  la  procession  du  jour  des  Hameaux,  etdecellede 
Pàcpies.                                                                319 
Chap.  XIIL  De  l'exposition  du  Saini-Sacrement.  De- 
puis   quel    temps  elle  a  commencé  à  se  faire.  On 
parle  ;i  celle  occasion  des  oslensoires  transparents, 
de  leur  antiquité,  et  de  leurs  diverses  formes.  Des  cé- 
rémonies principales  auxquelles  on  expose  bîSaint- 
Sacreiiient  ;  el  en  particulier  des  prières  des  (jua- 
raiite  heures,  dont  on  recherche  l'origine  el  les  mo- 
tifs. Des  règles  (]u'il  faut  garder  dans  l'exposiiion 
diiSainl-Sacremeat.                                            325 
Cliap.  XIV.   Dans  lequel  il   c.n  parlé   de  la  dévot'on 
au  Saint -Sacrement,  el  en  parliciilier  de  la  Confré- 
rie du  Saint  Sacrement,  el  de  l'intenlion  de  ceux 
qui  l'oîDérigéc,  et  de  ceux  qui  y  sont  entrés  les  pre- 
miers. Pensées  judicieuses  de  M.  Thierssur  cela.  33* 
Chap.  XV.  De  qui'bpies   usages  abusifs  do  l'Eiiclia- 
risiie,  el  en  particulier  de  ceux  qui  ont  élé  iiilro- 
diiils  dans  ces  derniers  temps.   Du    soin  qn'on^eii 
les  prélats  de  les  siqiprimer.                                 337 
Appi;mii(;'".                                                                 34-3 
Histoire  du  sacremknt  nr,  i. v  Pi;\it>^nt.e.     347-348 
i  Sectio.n  première.  De  ranlorité'de  l'Église  pour  re- 


VùQO 


INDtX  RERL.M. 


1570 


meUrc  les  pccliés,  et  punir  les  pécheurs  qui  ont 
violé  1;>  saiiilelé  de  Iimii'   I5aptéiuc.  ôiî) 

Cliapilic  promitT.  Des  liéréliiiuos  (|ui  se  sont  elTorcés 
(le  (lélriiii'c  ou  tPallaiItlir  la  puissance  que  Dieu  a 
ciiiiiiiée  à  sou  Kijiise  de  ri-iiiollie  Its  |»rcliés.     Ibiil. 

Cliai).  II.  Que  la  rii;ucur  dont  (pioNpies  églises  oui  usé 

'  aueicuutMuenl  àl't-gardc  dc-iorlains  pécheurs,  à  (jui 
ou  rclu^ail  la  eouuuiiniou,  nièuic  à  la  niorl,  u'a 
rien  (le  coiuuiini  avec  les  erreurs  des  Monlauisles 
el  des  Novaliens.  ô.'iS 

Clia|).  III.  Le  lor  ecelésiailicpie  nVlait  point  aulre- 
l'ois  divisé  eu  deux  cnniuic  aujourd'hui.  Quelle  était 
sou  éleudue.  (iouinieul  les  priuees  Tout  aiiguu'ulé 
ou  diuiiuué  eu  dilléreuU  leuips.  (ie  (pii  y  a  donné 
occasion.  Ku  (juel  leui[)s  il  a  été  divisé  en  l'or  in- 
térieur el  extérieur.  5Gi 

StcriON  SECONDE.  De  la  confession  des  péchés  el  de 
ce  (pli  y  a  rapport.  571 

Chapitre  premier.  Qu'il  arrivait  (]ucli|uefois  dans  les 
pieiniers  siècles  de  TÉglise  (pie  ceux  (|ui  étaient 
touchés  du  regret  de  leui'  tantes,  conlessaient  inéuie 
pul)li(pieuicut  leur  péchés  secrets.  Devant  (jui  se 
faisait  la  coiiléssidu  luihliipie.  57:2 

Chap.  11.  Quels  lenipéranienls  ou  apportai!  dans  la 
ceuléssioii  puhliipie  des  péchés  secrets.  Quand  la 
prati(pie  de  les  confesser  publiquement  a  ce.-sé  dans 
les  églises  d'Orient  et  dans  quel  te.nps  elle  a  éié 
abolie  en  Occident.  577 

Chap.  m.  Dans  les  premiers  siècles  de  l'Église  ou 
punissait  plus  sévèrement  ceux  qui  étaient  convain- 
cns  de  péchés,  s'ils  ne  s'en  étaient  accusé-»  eu\- 
inèines.  O.i  regardait  comme  un  devoir  de  déférer 
à  révè(|ue  ou  au  prêtre  celui  ipii  était  lombé  dans 
quelque  faute  considérable.  Que  faisait  le  pasteur 
si  ctîlui  dont  ou  lui  avait  déféré  le  ci  ime  n'eu  vou- 
lait point  convenir.  584 

Chap.  IV.  Cuuliiiuation  de  la  même  matière.  Que  la 
coutume  de  déférer  les  pécheurs  aux  é^èques  i  taux 
prêtres  s'est  conservée  trea-longtemp^  dans  l'Église  ; 
qu'il  en  reste  encore  cpieiqucs  vertiges  aujonidhin. 
Du  sceau  de  la  confession  sacramentelle.  Ô^'J 

Chap.  V.  De  la  manière  de  se  coulésscr  chez  les  an- 
ciens, tant  eu  Occident  i|u'en  Orient  De  la  posture 
du  pénitcnl  en  ccttte  occasion.  De  ce(|ui  se  pratwiue 
encore  aujourd'hui  chez  les  Git  es  et  autres  Orieii- 
taiiv.  La  Coiifessiou  abolie  painii  les  Coplites  d'E- 
gypte etaulres  |»euples d'Orient;  en  ipiel  temps  s'est 
fait  ce  changemeiit.  5*JG 

Chap  VI  Du  leinp:;,  du  lieu  et  des  circousiances  par- 
ticulières dans  lesipielles  se  faisait  la  CDulessiou  des 
péciiés  cliez  les  anciens,  et  encore  à  présent  chez 
les  ciiietiens  orieii'.aiix.  Coufessiou  à  la  mort;  com- 
ment elle  se  faisaii.  iOo 

Chap.  Vil.  A  (pli  se  laisait  la  confession  des  péchés, 
tant  à  l'ordiiiaire  cpie  dans  le  cas  de  nécessité.  Que 
les  moines  ont  été  aiiirofois  employés  à  entendre 
les  coufessions.  Des  coiilé-siciis  des  princes  et  des 
absoluii(ins  réservées  aux  papes  et  aux  évè- 
ques.  ilo 

Chap.  Vlli.  Que  le  droit  d'entendre  les  confessions  des 
lideles  n'aiipartcnait  pas  autrefois  a  tous  les  prelies 
indilléremiiKMit.  Quels  sont  ceux  à  ipii  il  appartient 
principalement.  Conleslatioiis  survenues  à  ce  su,el 
entre  le  cierge  séculier  el  les  religieux  iii.ii- 
diauts.  ii'3 

Chap.  IX.  Des  coufessions  générales  el  par  écrit.  Que 
cellrs-ci  ont  été  défendues.  455 

Chap.  X.  liègles  (pie  suivaient  les  confesseurs  dans 
riiiiposilimi  de  la  l'énilence.  Des  livres  penitenliaiix 
qui  étaient  antrelois  eu  usage  ;  en  ipioi  ils  dillér.iieut 
des  canons  el  des  Sacramenlaircs.  (^c  que  c était, 
etc.  410 

Sectio.n  TROiiiiÈME.  Dc  l'actiou  de  la  l'énitence,  ou  de 
la  Uiscijiline  extérieure  ipi  •  l'Eglisi'  a  observée  de- 
puis les  (iremieis  siècle-  jusipi  a  |)reseiit  à  l'égard 
des  pécheurs,  laui  clercs  (jue  laïques,  pour  les  gué- 
rir des  plaies  du  péché,  el  les  punir  des  fautes  com- 


mises depuis  le  haptêuic.  449 

Première  p.irlie  conleuaiit  diverses  observations  sur 
diili'ieiits  poiiiis  ,U:  la  discipline  de  la  Pénitence  qui 
était  en  us:ige  dans  les  premiers  siècles  de  l'Kglise, 
et  siiiloiit  de|iuis  les  .\potres  jnsqu'.iiix  hi-résics  dc 
Mont  III  et  de  Novat,  des  maximes  sur  la  Pénitence 
reçues  en  ces  temps  là,  cl  de  (pielle  m.anièiv  ou  se 
(■(Midnisait  dans  tes  premiers  siècles  envers  les 
piiclii'iirs.  450 

CliajMire  premier.  Des  motifs  qui  engageaient  les  pas- 
teurs de  l'Kglise  à  user  de  rigiienr  eiivcis  les  pé- 
cheurs, et  les  peuples  à  se  soiimcllre  à  la  sévérité 
de  la  discipline  établie' dans  les  premiers  siècles. 

Ibhl. 

Chap.  11.  Que  chez  les  anciens  et  avant  riiérésie  de 
iSoval  on  n'employait  (pic  trois  sortes  de  peines 
pour  la  punition  des  péchés,  dont  deux  sciilemcnl 
avaient  nu  r.ipport  immédiat  au  sacrement  de  Peni-  , 
tence.  Que  les  noms  des  dillé-renles  sli'tioiis  de  la 
l'énitence  n'élaienl  pointe. 1  usage  avant  cette  liéré-i 
sic.  Que  les  clercs  éiaii.'ut  déposés  pour  les  mêmes 
crimes  pour  lesquels  les  lai(pies  étaient  mis  eu  pé- 
nitence. Des  peines  imposées  pour  les  moindres 
fautes.  QiK^  les  piètres  pouvaient  imposer  celles-ci 
sans  consulter  l'évèijue.  i.'JG. 

Chap.  III.  Que  les  pécheurs  deiuiindaieiit  et  recevaienl 
la  Pénitence  dans  un  appai'eil  lugubre.  De  ipielle 
manière  l'évéque  ou  le  prêtre  la  leur  imposait.  i(J5 

Chap.  [V.  Q;ie  dans  les  premiers  siècles  de  l'Eglise  la 
réconciliation  des  pécheurs  n'élail  sé|iai'ée  par  au- 
cun espace  dc  lemjis  de  la  participation  à  l'i.ucha- 
rislie.  i70 

Chap.  V.  Qiia  les  anciens  Pères  divisaient  les  péchés 
en  trois  classes;  que  ceux  de  la  première  classe 
étaient  soumis  a  la  pénitence  pnbli(|ue.  Comment 
on  satisfaisait  à  Dieu  pour  les  autres.  Que  plusieurs 
aiilrelois  embrassaient  la  pénitence  publique  par 
dévotion.  Queliu  idée  on  avait  dc  sa  vertu  et  dc 
Son  utilité.  472 

Chap.  VI.  (Jue  les  péchés  soumis  à  la  pénilence  ca- 
iio!ii(jue  s'expiaient  publiquement,  soit([u'ils  lussent 
secrets  ou  publics,  avec  cette  dilléreiice  que  les  pé- 
cheurs publics  cl  scandaleux,  aussi  hit;n  (pie  ceu.\ 
qui  éiaient  juiidiipiemeiil  convaincus  de  (rimes, 
étaient  contraints  (le  s'y  soumettre  par  l'excomimi- 
nication,  au  1  eu  que  ceux  (pii  n'avaient  jiéché  ([u'en 
.'-ecrcl  ne  pouvaient  y  être  contrainis  ,  sinon  j,ar  le 
refus  de  l'absolution.  Que  l'Eglise  punit  encore  au- 
jourd'hui publi(|ueinent  les  péchés  cachés.         481 

(^h.i|).  Nil.  Que  dans  les  premiers  siècles  on  n'accor- 
daii  (pi'une  seule  fois  la  pénitence  publique  pour 
les  grands  péchés,  non  plus  ipie  la  léconciliation  so- 
lennelie  ;  adoucissement  de  celle  discipline;  jiisipi'à 
quand  elle  a  duré.  .i[H 

Chap.  Mil.  Indulgences  dont  usait  quelquefois  l'Eglise 
primitive  envers  les  pécheurs  pé.ileiits.  Libelles 
des  martyrs.  Egard  que  l'on  y  avait.  Ilauie  idée 
que  l'o  1  avait  de  leur  crédit  aupivs  de  Dieu;  chi- 
mères de  Dodwei  sur  ce  pouvoir.  .Vbus  de  ces  li- 
belles. En  (piel  ICiiips  ils  ont  commencé,  et  ipiand 
ils  ont  cesse  .i'j'J 

Seconde  pai  tic.  De  la  discipline  de  la  Pénitence  ob- 
servée dans  rEgii->e  depuis  l'iicrésicde  Xoval,  c'est- 
ii-dire,  de|>nis  iiiviron  le  milieu  du  trois. ènie  siècle 
jusipéa  la  lin  du  septième,  et  eu  particuliei-  de  la 
pénitence  des  i  lercs.  50U 

Chapitre  prenijer.  Desipiaire  stations  de  la  Pénilence 
en  g(''iiéial;  ijuand  elles  ont  commencé  ;  daus(|uel  lie: 
éiaient  |. lacés  les  pénitenls  dans  l'église  ;  descri(ilioii 
abixvée  des  anciennes  églises.  Ibid. 

Chap.  II.  De  la  première  station  do  la  l'énitence,  ou 
d  s  pleurants.  Quelle  était  la  place  ipii  leur  elail  as- 
signée; ce  ipi'ils  y  faisaieni  Quand  celle  slalion  de 
la  l'énilence  a  éic  élablie  dans  l'Eglise.  512 

Chap.  III.  l'e  la  secoiuli;  classc  des  lenilciits,  ou  dos 
auditeurs.  Quelle  ctail  leur  place  dans  les  assem- 
blées de  l'église;  à  quoi  ils  éiaienl  obliges.  Dauf 


JÔ7I 


INDEX  REUUM. 


1572' 


(luol  (omps  colle  station  a  commence;  qu'elle  émit 
iH'ii  {■oiiiiiic  eu  Occiclont  coiiime  faisant  p:irlic  do 
la  Péiiilc'iiee.  516 

Cliap.  IV.  De  la  troisième  class'^  des  pénitents  ;  (|i!clle 
placo  ilsoceii|iaieiil  dans  lï',^liso.  Courte  dii^ressiou 
à  ce  sujet  sur  les  piii)iues  ou  auibons.  (Quelles  pei- 
nes élaieiit  iujposées  à  ces  iiénitcnls.  De  riiUj.osi- 
tion  des  ma  US  ,  cl  de  la  piière  que  l'on  l'aisail  sur 
eux  dans  les  assemblées  (udinaires  de  l'Eglise.  ')11) 

Cliaj).  V.  Ue  la  quatrième  cl  deruièro  station  de  la 
Péuileuee;  en  (pioi  elles  cousislaictu.  Qui  élaieul 
ceux  à  qui  elle  couvenail.  Etaienl-ils  mêlés  iiidi- 
slinclemeut  avec  le  reste  des  lidèles  dans  l'église. 

52  (i 

Cliap.  VI.  Qu'on  n'obligeait  poiul  toujours  ceux  (pii 
avaient  commis  des  péchés  soiunis  à  la  péuileuee 
canoni(pie  de  passer  par  tous  les  degrés  de  cette 
jiéuiteuce.  Que  l'on  passait  souvcul  d'un  digié  à 
l'autre  en  omotlanl  l'inlermédiat.  De  quelle  ma- 
nière on  punissait  ceux  qui  abandonnaient  la  pénj- 
Icnce  qu'ils  avaient  commencée.  551 

Cliap.  Yll.  Quelle  dillérence  ou  nu'tlait  autrefois  entre 
ceux  qui  s'étaient  soumis  à  la  pénitence  pnbliipie 
pour  des  péchés  scandaleux  et  connus  puiiliiiue- 
menl  et  ceux  qui  s'y  étaient  soumis  pour  des 'pé- 
cliés  secrets.  Que  les  premiers  élaicnt  iniiahiles 
dans  les  sept  premiers  siècles  à  recevoir  les  sa.iiiîs 
ordres,  et  à  en  exercer  les  l'oncîions  après  les  avoir 
reçus.  '^i^-i 

Cliap.  VIII.  Que  la  péuit:  ne  •  publique  avait  des  suiley 
par  rapport  à  In  vie  civile  dans  la  plupart  deség!,- 
ses  d'Occidcnl.  Que  les  emiilois  de  la  guerre  sur- 
tout, les  magislraliircs  cl  le  négoce  éie.ienl  iiucidits 
aux  pénitents  publics,  aussi  bien  (juc  l'usage  du 
mariage  à  ceux  (\m  l'avaient  contracté,  el  la  faculté 
d'eu  contracicr  de  nouveaux.  Tempéraments  rpic 
l'on  aiq)()rlail  de  temps  en  teuqis  :'»  celte  disciplii.e. 
Qu'elle  n'a  jauu\is  été  observée  en  Orient.  Quand  elle 
a  commencé  eu  Occident,  et  (piand  elle  y  a  cessé  , 
cl  conunent.  ^'^^ 

Cbap.  IX.  D'une  espèce  de  iiénitence,  partie  se .rète, 
partie  publiipie,  (pu  devint  en  usage  dans  l'Kglise 
vers  la  lin  du  cimpiième  el  durant  le  sixième  siè- 
cles. 5.0 

Cbai".  X.  De  la  pénitence  des  clercs  tant  majeurs  que 
mineurs.  Que  les  uns  el  les  autres  oui  été  soumis  à 
la  iténilence  publique  pendant  les  ircis  prenii;::s 
siècles.  Que  depuis  les  clercs  du  premier  ordre  en 
ont  été  di^pen^és,  mais  que  la  même  discipline  a 
continué- d'avoir  heu  à  l'égard  des  clercs  iniérituns, 
au  moins  pour  les  grands  crimes.  Que  les  moines 
et  les  religieuses  n'ont  point  été  distingués  en  (  e 
poii;t  des  simples  laiques.  Diverses  particulaiilés 
loîicliant  la  iiéniience  de  ces  derniers.  i'.oO 

Cli;;p.  Xi.  Que  les  clercs  déposés  pour  crimes  ne  pou- 
vaient, après  avoir  accompli  leur  pénitence,  rentrer 
dans  l'exercice  de  leurs  ordres.  Adoucissements 
qui;  l'on  a  apportés  à  cette  rigueur,  surtout  à  l'é- 
!;ard  des  hérétiques  qui  revenaient  à  l'unilé.  Com- 
ii'.ent  cl  par  quels  degrés  on  s'est  relâché  de  celle 
discipline.  En  quel  temps  elle  a  été  enlin  presque 
ciilierement  abolie.  558 

Troisième  partie.  De  la  discipline  observée  dans  l'E- 
!     ;!lise,  depuis  la  lin  du  septième  siècle  jusqu'au  dcu 
xième,  tant  à  légiud  de  la  pénitence  secrète  que  de 
h  1  éaitence  publitpie.  Slio 

Cîiapiiie  premier.  Que  vers  la  fin  du  septième  siècle 
où  commença  à  suivre  la  maxime  de  n'imposer  la 
I  ('>!:itcnce  publique  que  pour  les  iiécbés  publics. 
Que  le  noml)re  des  pénilenis  publics  depuis  ce  temps 
ne  laissa  pas  d'être  fort  grand  ;  (m'on  les  distinguait 
fa'eiiemenl  du  reste  des  lidèles.  Avec  (piel  soin  les 
évèqucs  s'atlacliaieul  à  découvrir  les  coupables  et 
à  leur  faire  subir  la  pénitence.  Ibid. 

Cliap.  ii.  Que  Ton  contraignait  les  pécheurs  publics  à 
subir  la  pénitence  en  deux  manières':  1"  par  l'ex- 
coimnunicalion;  2°  par  la  puissance  séculièvft  Jus- 


qu'où allaient  CCS  deux  espèces  de  contraintes.  Des 
rits  publics  (pii  s'observaient  dans  l'action  de  la  pé- 
nitence ,  ou  des  dilléientes  stations  qui  étaient  en 
usage  Eu  (pioi  ces  rits  didéraienl  de  ceux  qu'on 
obsei'vait  dans  les  sept  |ncmiers  siècles.  560 

Chap.  ill.  A  cpielh^s  austérités  élaient  assujétis  les 
pénilenis  pendant  les  huit,  neuf  cl  dixième  siècles. 
De  quell  ;  manière  on  distribuait  alors  les  dilf<'Tcntes 
espèces  de  peines  dont  on  cbâliail  les  pécheurs. 
Que  la  discipline  de  ce  temps  ne  cédait  point  en 
sévériîé  à  celle  des  six  ou  se|,i  premiers  siècles  à 
l'égard  de  la  pénitence  publique.  575 

Chap.  IV.  Que  cette  sévérité  a  continué  pendant  le 
onzième  siècle.  E\einples  remarquables  de  péni- 
tence imposée  dans  ce  temps-là.  Diverses  observa- 
tions. 573 

Chap.  Y.  Diverses  manières  de  faire  pénitence  publi- 
que inconnues  aux  anciens  ,  comme  la  flagellation 
volontaire,  les  voyages ,  les  pèlerinages  et  la  pro- 
fession monaslique  à  laquelle  on  condamnait  les 
coniialdos.  Origine  el  progrès  de  ces  nouvelles  cs- 
pè  es  de  pénitences.  Plainte  des  évèqucs  contre  les 
fréi;:ieiits  voyages  des  pénitents  à  Rome.  587 

Clirp.  Ni.  ?)es  dinérents  carêmes  que  l'on  faisait  ob- 
server aux  [îénitênls,  et  de  ce  qu'on  leur  y  prescri- 
v;iit  à  faire  tant  en  public  iju'en  particulier.  Diver- 
ses observations  sur  dilléreiils  usages  qui  ont  rap- 
p  u't  à  celte  matière.  50-4 

G!:ap.  VII.  Que  l'on  imposait  aux  pécheurs  les  mêmes 
peines  pour  les  péchés  seci'els  (pie  pour  ceux  qui 
élaient  notoires,  à  l'excepliou  de  la  solennité.  Com- 
ment et  en  quel  Icmps  on  s'esl  relâché  sur  ce  point 
de  discipline.  508 

Ch.ui.  V!!!.  De  l'action  de  la  péniîence  chez  les  Grecs 
er  les  autres  communions  orientales ,  dejuiis  le 
sixième  siècle  juscpi'à  présent.  603 

Article  premier  {)u(i  les  anciennes  stations  el  céré- 
n;o  ies  delà  pénitence  élaient  presque  abolies  avant 
le  cplième  siècle  dans  l'Eglise  grecque;  que  néan- 
n:(si!is  les  |é;ii!enccs  y  étaient  longues  et  rigou- 
reeses,  cl  le  sont  encore  à  présent;  (ju'on  ne  donne 
la  commuuioi)  ([u'après  la  pénitence  accomplie,  au 
moins  en  partie.  Des  doux  absolutions  qui  sont  en 
us  ge  chez  eux.  Ibid. 

Art.  !:.  De  l'étal  de  la  disciidine  de  la  Pénitence  dans 
les  ."Ulresconmiuniiiiis  orientales,  depuis  le  sixième 
siècle  jusqn''à  ces  demiiMS  temps.  611 

^"'atr.ème  pai  tie.  Par  quels  degrés  et  par  quelles  oc- 
cac:;  !>.s  la  discipline;  de  la  Pénitence  s'est  rclàclice 
dcj  uis  i-T  {"udii  on/,ième  siècle  jusipie  vers  le  milieu 

-  du  Ireizicuv.  Etat  de  la  pénitence  dans  le  douzième 
el  U  licizième  siècles.  617 

Chapitre  premier.  Idée  abrégée  de  l'état  de  h.  péni- 
iciKo  canonique  dans  ces  temps-là,  el  des  occasions 
qui  ont  donné  lien  à  sa  décadence.  618 

Chap.  il.  Du  rachat  des  pénitences,  première  cause 
de  rairaiblissemenl  de  la  pénitence  canonique  ; 
quand  il  a  commencé;  combien  il  devint  commun; 
dilférenles  manièies  de  faire  ce  rachat.  '  (ii't 

Chap.  111.  De  la  seconde  et  de  la  troisième  causes  de 
la  clutede  la  pénitence  canonique,  savoir  :  la  croi- 
sade et  la  remise  des  peines  canoniques,  qui  se  lai- 
sail  nioyennanl  que  l'on  contribuât  de  ses  deniers 
à  quelques  ouvrages  pieux.  627 

Chap.  IV.  Sentiments  des  docteurs  scolastiqucs  ,  fa- 
vorables aux  changements  arrivés  dans  la  dijcipline 
de  la  pénitence  dans  le  douzième  el  le  treizièine 
siècles.  652 

Chap.  \\  De  l'état  de  la  pénitence,  tant  secrète  (pie 
publique,   dans  les  douzième  et  treizième  siècles. 

655 

Skction  quatuièmk .  De  l'absolution  ou  réconciliation 
du  pécheur.  Comment,  en  quel  t(Mnps  cl  avec 
quelles  cérémonies  on  l'a  aceordéi;  dans  tous  les 
temps  dans  l'Église.  De  sa  vertu,  et  dos  elfels  (jifeUe 
produit  dans  les  âmes.  6-0 

[  i  Cl>wsiUi-»  'Wicmicr.  De  la  vnanière  doiil  on  a  donmi 


l'573 


INDEX  RERtM. 


V61t 


1  abî:4>!cîioii  depuis  le  coinmoncomcnt  -do  l'Église 
jiisqn';^  prdsciil,  lanl  en  Occident  qu'en  Oiiciit. 
^iie  jn-qu'au  Ireizièmesiècliî  cela  s'est  lait  |iarri(ii- 
liosiùon  des  iiiain->  et  la  |iiiort;.  (!liaii;;('iiiciil  ariivé 
sur  ce  point.  Que  les  Grecs  et  lis  Oi  ienUiiix  ont 
gardé  l'ancienne  praliipie.  Que  la  tbrnuile  di;  l'alj- 
snhilidii  de  r(!XC(»nnnunicalii)n  clail  iiiénie  aiilre- 
Tois  depr(''cal()ire,  elc.  (i."!) 

Cliap.  11.  Que  la  récnncilialion  des  pi-iiilcnts  piddics 
se  faisait  pendant  la  messe  puliliipie,  en  présence 
du  i)enple  qui  joignait  ses  piiercs  an\  leurs  pour 
obtenir  cetU!  grâce.  Q(u;  la  récon(  ilialiou  secrète  se 
faisait  d'mdinaire  après  la  messe  privée.  Variélé 
sur  ce  sujet.  (iiS 

Cliap.  Ili.  Knipud  temps  de  l'année  se  faisnlllaréeoiici- 
lialion  des  pénitents  ;  (pi'elle  ne  se  taisait  |ias  par- 
tout en  même  jour,  et  (jn'on  n'y  admettait  au  jour 
«lésigné  que  ceux  ([ni  s'était  ntac(iuiliés  louablement 
dt!  leur  pénitence.  Que  ceux  tpii  n'élaieul  point 
en  l'énileiice  pubUipie  étaient  lécoiiciliés  eu  tout 
temps ,  etc.  Gi8 

Cliap.  IV.  Des  cérémonies qtie  l'on  observait  dans  la  ré- 
conciliation |inbliquedn  Ji'udiSaint:  il  reste  encore 
à  présent  des  vestiges  de  celle  ancienne  pratique. 
De  la  réconciliation  secrète  tant  chez  les  Grecs 
que  chez  les  Latins  ,  etc.  055 

Cliap.  V. Par  qui  se  faisait  la  réconciliation  des  pcidlents, 
tant  secrète  (pie  puhlnpie.  Que  cette  dernière  était 
réservée  aux  évcipies.  Que  dans  l'Église  d'AI'ri(ine, 
du  lemiisdeS.  Cyprien,  le  clergé  imposait  les  mains 
conjointement  avec  l'évèciue;  que  cette  pratique  a 
peu  duré.  Que  ,  da  s  la  suite,  les  piètres  ont  récon 
cilié  publiquement  les  pécheurs,  même  hors  le  cas 
de  nécessité.  059 

Cliap.  M.  Delà  vertu  et  des  effets  de  l'absolulion.  De  ce 
que  les  Pères  ont  pensé  là-dessus.  Dillérentes  opi 
liions  des  docteurs  de  l'École  sur  ce  sujet.  De  leur 
embarras  pour  concilier  les  effets  de  l'absoli.tion 
avec  les  dispositions  requises  pour  la  rece- 
voir. (J()l 

Cliap.  MI.  De  la  réconciliation  des  hérétiques.  QnelÉ- 
glise  a  toujours  agi  aulrelois  avec  eux  avec  beau- 
coup de  douceur,  sinon  en  certains  cas.  Quels  sont 
ces  cas.  Kaisons  qu'elle  a  eues  pour  cela.  Que  celle 
réconcilialion  se  faisait  surtout  en  irois  manières. 
Excejition  en  faveur  des  hérétiques  ordoimés  que 
l'on  recevait  dans  le  clergé  cl  comme  dans  le  rang 
fju'ils  y  occupaient  auparavant.  (iOi 

Cliap.  Mil.  Delabsolution  (humée aux  pcuilenls  mala- 
des. Diverses  particularités  touchant  la  pénilence 
qui  leur  était  imposée.  Que  du  temps  de  saint  Cy- 
prien  l'absolution  qu'ils  recevaient  mettait  lin  à  leur 
pénitence.  Qu'ensuite  on  les  relégua  d:ins  la  classe 
des  consistants.  Qu'entin  on  les  obligea  à  lenircr 
dans  la  station  de  la  pénilence  où  la  maladie  'es 
avait  surpris.  675 

Chap.  IX.  Que  l'absolulion  se  donnait  .lulrefoisàceux 
même  (pii  ,  par  maladie ,  étaient  privés  de  l'usage 
des  sens  ou  tombés  en  démence.  Des  ccuiditions 
(pie  l'on  exigeait  pour  cela.  Plusieurs  scholaslitpies 
ont  des  opinions  lr(»p  dures  sur  ce  sujet.  G80 

Chap.  \.  Qnel'on  ne  conimnni(piait  i)as  autrefois  avec 
les  i)énitenls  morts  sans  avtsir  re(;u  l'absolulon, 
surlout  dans  l'Église  romaine.  Qu'on  a  ensuite  mi- 
tigé (Cite  rigueur  En  ipiel  lein|)S.  De  la  condain- 
nalion  et  dt;  rabsolulitm  d(!s  morts.  Quand  t  Ile  a 
commencé  dans  l'Église.  \a\  i\\un  elle  consisle.  De 
quelipies  absulutions  extraordinaires  et  peu  usi- 
té(>s.  G8.J 

AlTI.NDUE.  (iUl 

Les  trois  Lellres  canoniques  de  saint  Basile,  évètpie 
dt!  (>ésarée,  en  Gappadoce,  tradinles  de  nouveau  sur 
le  levle  original  de  la  dt'rnière  édiiion.  (J92 

rremière  Kpilre  canonique  ailressée  ,  aussi  bien  que 
les  deux  autres,  à  saint  Anipiiiloquc ,  évéi]ue  d'I- 
cone.  //'/(/. 

Seconde  Éj>ilrc  c^noiiiqtîc  de  saint  Basile.  097 


Troisième  L|)îlre  canonique  de  saint  Pasile.  703 

L'ancien  F'(;nileiiliel  romain  ,  publié  '  ar  llalilgaire 
éveqne  de  Cambrai ,  à  la  prière  d'Ehon  ,  archevè- 
(|ue  d  •  Kcims,  et  inipii  i  é  pour  l:i  lucinière  fois  par 
les  Soins  (le  doin  lln.Liues  .Ménard,  sur  un  manuscrit 
d'environ  cin(|  ( cnts  ans,  mais  (pu;  le  P.  .\lorin , 
(|ui  l'avait  vu  ,  assure  avoir  élé  copié  d'apri-'s  un  .in- 
tii!  beaucoup  |iliis  ainieii.  712 

Extiaits  ilini  nm  im  l't'nitenliel  (r.\ngors.  721 

Extrait  du  Sacrameiilaire  de  Gélase ,  qui  représente 
la  inaiiicre  dont  on  faisait  la  n'c  nciliation  pnhli- 
(pie  des  péniteiils  le  jour  du  .budi-Sninl.  727-728 
Extrait  d'un  manuscrit  de  l'ét;lis(î  de  Koiien,  (pii  a 
plusdehnil  ctints  i^ns  d'anli>|nilé ,  dais  le(|uel  sont 
décrites  les  cérémonies  et  les  prières  avec  les- 
quelles se  faisait  la  réconciliation  secréle  des  itéiii- 
lenls.  731 

Statuts  synodaux  de  Wary  de  Dtimnv.irliii ,  évèipie  de 
Veidiin,  publiés,  en  j'an  1508,  dans  son  Synode 
diocésain.  753 

lIlsTO  tu.  nu  S.VCnF.MENT  D'ExTnft.ME-O.NCTIO.N.    717-748 

Cha|)itie  premier.  Des  lits  et  foiimiles  dt?  rE.\lièiiie- 
Ciiictioii ,  i;inl  (liez  les  anciens  (pi'à  présent  chez  les 
Oiieiitanx,  leur  variété  n'einpéci  c  j-as  (|ue  la  chose 
lut  Soit  la  même  dans  W.  fond.  On  léfuie  en  peu  de 
mots  le  ininislrt;  Daillé ,  (jui  làcht;  de  persuader 
qu'elle  n'est  point  un  des  sacrements  institués  par 
Jésus-Glirisl.  Ibid. 

Ch:ip.  II.  Diverses  particularités  touchant  rExtrème- 
Onclion.  Elle  se  donnait  (rdinairemi'iil  avant  ie 
viali(p!e.  Jusqu'à  quand  cet  us:ge  s'est  conservé. 
Elle  se  donnait  (pu  l.juelois  pend. ml  |)lusieuis  jours 
consécutifs.  Sentiment  des  premiers  docteurs  sclio- 
lastitpn  s  sur  la  iéiléralion  de  ce  sacrtMiienl.       loG 

Chap.  III.  Où  l'on  ctiiit.nuede  parli.'rde(pieltpies  paiii- 
cularilés  ipii  coi  cernent  l'adininislration  île  l'Kx- 
trèmc-Onclion.  L'on  (iécouvre  les  sources  d(;  l'abus 
qui  s'est  introduit  d'atUindie  à  l'extiémilé  à  recc- 
cevoii  ce  sacrement ,  et  Ttin  représente  le  détail 
des  cérémoiiies  dont  il  était  accompagiié  ancienne- 
ment. 700 

Chap.  IV.  A  qui  et  par  qui  le  sacrement  de  l'Exlrème- 
(înclion  doit  être  conféré  suivant  l'esprit  de  lE- 
glise.  On  justifie  les  Oiienlaux  de  l'erreur  qu'on  leur 
impute  sur  le  sujet  de  ce  sai  remenl.  704 

Chap.V.  Des  martpiesde  pénilence (pii  accompagnaient 
la  réception  du  sacieinent  de  l'onctitui  des  malades. 
En  tpioi  elles  consistaient.  Justpi'à  tpiand  l'u.-age  de 
la  cendre  et  du  cilice  dont  on  coiiviail  les  malades 
s'est  conservé,  et  qui  sont  ceux  tini  tmt  le  plus  con- 
tribué à  l'abolir.  70S 

Api'KNDici:.  77o 

Livre  di.lxièmi:.  —  Histoire  des  sacp.ements  de  l'Or- 

DI!E  ET  DL  M.VRIVGi:.  781-782 

De  L'OiuiaE,  ou  des  ordinations  sacrées  cl  des  divers 
degiés  de  la  hiérarch  e  ccclésiasti(iue.  Ibitl. 

Première  partie  De  ci;  qui  pié(édait  rortiinatiou  des 
niinislres  sacrés.  Des  élections  cai;oni(iuesdu  temps 
de  rordinalion  ;  de  làge  des  ordinaiils  ;  des  bonnes 
ou  mauvaises  ipialilés  qui  les  rendaient  dignes  ou 
indignes  de  recevoir  les  ordres.  Du  choix  cl  de 
rordinalion  des  clercs  inférieurs,  el  des  tievoirs  al-^' 
tachés  à  leurs  ordres.  Du  clntix  el  tie  l'ordinalion  . 
drs  clercs  i.lcrieurs,  et  des  devoirs  atlacliés  à  leurs  * 
oitlres,  etc.  78i 

Chapitre  premiçr.  Du  nomlire  el  de  la  disliiiclion  dc's 
divers  t>i  (1res,  tant  en  Orient  (pren  Occident;  de  la 
dislrihiiiitin  des  orilies  sacrés;  de  ceux  à  (pii  oi« 
irallrihiie  pas  (  e  lilre.  De|)uis  ipianti  le  sous  dia- 
conat a  t'-lt"  uns  au  nombre  des  oriires  sacrés.   Ibid. 

Chap.  II. Des  ministres  infeiiecrs  de  l'Église;  de  la  forme 
de  leur  ordination  ;  desdevt>iiN  ait  (liés  à  leurs  or- 
dres, el  de  la  tlillérent  e  (jii'il  y  avait  eiilie  la  ma- 
nière de  (oiiferei  Ics  i  itlies  inii.enrs  chez  lesGiecà 
et  chez  les  Latins.  D'où  peut  venir  cette  diffé- 
rence. 789 
l  j  Chap.  lu.  De  la  lonsurc  cléricale.  De  sou  antiquité;  d^ 


1575 


INDEX  ixc-ivUM. 


157G 


SCS  fiptuivs  en  divers  lonips  et  en  divers  lieux. 
Qu'anircfois  elle  no  se  donnait  pas  sépaiénionl  des 
ordn-s  ;  quand  et  à  quelle  occasion  la  coulunic  con- 
traiie  s'est  introduite.  7'JG 

Cliap.  IV.  De?  qualités  que  devaient  avoir  ceux  qu'on 
élevait  aux  ordres  sacrés,  et  des  dél'.iuts  dont  ils 
devaient  être  exempts.  On  ne  faisait  pas  ancienne- 
d'ordinalioMS  vagues.  805 

Cliaj).  Y.  De  Tàge  requis  pour  recevoir  les  ordres  sa- 
cr(;s;  des  interstices  que  l'on  gardait  entre  les  or- 
dinations. De  l'oinissioii  de  certains  ordres ,  qui 
n'empêchait  pas  que  la  promotion  à  un  plus  haut 
degré  ne  fi\l  oanoniipie.  Pourquoi.  809 

Cliap.  M.  Du  temps  et  du  lieu  aux(iuels  on  célébrait  les 
ordinations.  817 

Cliap.  Vil.  Delà  promotion  desévê(pies  ,  ou  de  la  ma- 
nière dont  se  sont  laites  les  élections  de  tout  temps 
dans  rÉglise.  8i20 

Article  premier.  Des  élections  des  évèques  dans  les 
ciii  I  on  six  premiers  siècles  de  l'Église.,  821 

Art.  II.  De  ce  qui  s'est  obi^ervé  dans  l'Église  tou- 
cliaiit  les  élections  des  évèques,  depuis  le  sixième 
siècle  jusque  vers  la  lin  du  onzièiue  .  828 

Art.  m.  De  ce  qui  s'est  passé  dans  l'Église  au  sujet 
des  élections  ou  promotions  des  évèques  .  depuis  la 
lin  du  onzième  siècle  jusqu  à  ces  derniers  temps. 
Du  serment  que  les  évèques  prêtaient  avant  leur 
sacre.  834 

Cliap.  Ylll.  De  l'élection  des  prêtres  et  des  diacres.  Que 
le  peuple  y  prenait  part  dans  les  premiers  siècles. 
Il  est  resté  des  traces  de  cette  discipline.  8i2 

Seconde  partie.  Des  rits  et  des  formules  des  ordi- 
nations tant  des  évèques  que  des  prêtres  et  des 
diacres.  Diverses  questions  qui  ont  été  agitées  sur 
cela.  8i7 

Chapitre  premier.  Des  rits  de  la  consécration  épisco- 
pale  dans  l'Église  latine.  On  làclie  d'y  découvrir  l'o- 
rigine de  cliacune  des  cérémonies  (pii  s'y  pratiquent 
à  présent.  Des  ordinations  des  évèques  d'Angle- 
terre, ibid. 

Cliap.  11.  De  quelques  autres  cérémonies  qui  s'obser- 
vaient dans  quelipics  églises,  tant  devant  (pi'apres 
la  coiisèciation.  Solides  instructions  que  l'on  don 
liait  au  iiouve!  évècpie.  852 

Cliap.  111.  De  roidinalion  des  évèques  chez  les  Grecs  et 
les  Oiienlaux.  Abus  intolérables  des  Nestoriens  au 
sujet  de  l'oidiiialion  de  leur  |»alriarclic.  858 

Cliai».  IV.  D  s  rils  de  l'ordination  des  prêtres  ;  on 
délerinine  1(î  temps  auquel  ciiacun  a  commencé  ,  cl 
en  parliculier  l'onction  (pie  l'on  a  faite  tant  aux  prê- 
tres (pi'aux  èvèipies,  dans  leur  consécration.    809 

Cliap.  V.  De  l'ordination  des  diacres.  On  parle  à  cette 
occasion  des  diaconesses  ,  de  leurs  fonctions  ,  de 
leur  inslilution  et  du  temps  auquel  on  a  cessé  de 
les  employer  dans  l'Église.  ,  872 

Cliap.  VI.  Que  l'on  n'a  jamais  cru  dans  l'Église  de- 
voir réitérer  les  ordinations  canoniques.  Dilfé- 
rente  conduite  que  l'on  a  tenue  ,  et  embarras  où 
l'on  s'est  trouvé  en  certains  temps  par  rapport 
à  celles  qui  ne  l'étaient  pas ,  ou  (pii  avaient  élé 
f  liles  par  des  intrus,  des  excommuniés  et  des  liéré- 
Tupie.-;.  882 

Cil  ip.  Vil.  Que  les  évèques  ont  eu  de  tout  temps , 
l)iivativemenl  à  tout  autre  ,  le  pouvoir  de  conférer 
les  ordres  majeurs.  Règles  qu'ils  devaient  suivre 
dans  l'exercice  de  ce  pouvoir,  comme  de  ne  point 
faire  d'ordination  hors  de  leurs  provinces,  de  n'en 
point  faire  seuls  et  sans  être  assistés  de  quelques- 
uns  de  leurs  confrères,  etc.  89-i 

Troisième  partie.  De  la  distinction  des  différents 
ordres  ,  et  de  la  subordination  des  ministres  de  l'É- 
glise les  uns  aux  autres.  902 

Chapitre  premier.  I-a  distinction  de  l'épiscopatavcc  la 
prèlri.-^e,  et  la  supériorité  des  évèques  sur  les  piè- 
tres,  vicul  de  rinslitutioii  divine  cl  aposloli(pie. 
On  répond  à  quel({ues  diflicuUés  qui  se  présentent 
sur  celle  inaiière.  Ibid. 


>  Cliap.  11.  On  continue  à  parler  de  la  înèma  matière, 
et  on  fait  voir  que  jamais  les  égli-es  n'ont  été 
gouvernées  |)ar  un  sénat  de  piètres  revêlua 
d'une  ég.de  puissance,  mais  par  un  seul  évèquc. 
On  explique  eu  peu  de  mois  les  dillérents  sen- 
timents des  docteurs  scholasliques  sur  le  mémo 
•sujet.  910 

Cliap.  111.  Des  cliorévèques  et  de  leurs  prérogati- 
ves. On  examine  s'ils  étaient  véritableineiit  evè- 
qnes.  917 

Cliap.  IV.  Du  temps  auquel  les,  cliorévèques  ont 
commencé  à  paraître  dans  l'Église.  Quand  et 
comment  ils  ont  été  abrogés.  Des  évètpjcs  des 
monastères.  925 

Chap.  V.  De  la  subordination  des  évè(pies  les  uns  aux 
autres.  On  recherche  l'origine  des  mélioiioles  ec- 
clésiastiques cl  des  principales  dignités  de  l'église 
primitive.  932 

Chap.  VI.  Des  principaux  évê  pies  par  qui  les  églises 
d'Orient  étaient  gouvernées  ;  des  palriarclies,  des 
exarques,  etc.  (>liaiigenients  arrivés  par  l'érection 
du  patriarchat  de  Conslantinople.  Du  Catholique 
des  Nestoriens  ;  prodigieuse  étendue  de  sa  juridic- 
tion. 942 

Chap.  VII.  De  l'origine  des  divers  primais  dans  l'É- 
glise d'Occident  ;  qu'à  l'exception  d'un  ou  de  deux, 
ions  les  autres  sont  récents.  De  ce  qui  y  a  donné 
lieu.  Ancienne  forme  du  gouvernemeiil  des  églises 
occidendales.  949 

Chap.  VIII.  Comment,  par  quels  degrés,  en  (piel  (enips 
le  palliuin  est  devenu  commun  en  Occident  à  tous 
les  métropolitains,  et  l'exercice  de  la  juridiction  ar- 
chié|)iscopale  y  a-l-il  été  ailaché.  955 

Chap.  IX.  De  l'origiiie  du  palliuin.  De  sa  forme  an- 
cienne tant  en  Orient  qu'e.i  Occident,  cl  des  préro- 
gatives dont  jouissent  dans  l'Église  latine  les  sim- 
ples évèques  cpii  en  étaient  revêtus.  905 

Ch.p.  X.  Des  archiprêlres ,  de  leurs  i)rérogalives 
dans  les  difléients  temps.  Comment  ils  ont  été 
dans  la  plupart  des  endroits  assnjétis  aux  archi- 
diacres ;  rclraiichenicnl  de  leurs  pouvoirs.         971 

Chap.  XI.  De  l'origine  des  archidiacres,  de  leur  pou- 
voir cl  de  leurs  fonclioiis.  Comment  ils  se  sont 
élevés  au  dessus  des  prêtres.  Changenienls  arrivés 
à  cette  occasion  dans  l'ordre  hiéraichiipie.  La  di- 
gnité d'archidiacre  éteinte  depuis  longtemps  dans 
l'Église  romaine.  Le  pouvoir  des  archidiacres  fort 
borné  dans  l'Église  grecipie.  979 

Cbaj).  XII.  On  coutimie  à  parler  des  pouvoirs  des 
archidiacres,  qui,  de  délégués  des  évèipies  ,  exer- 
cèrent ensuite  une  juridiction  ordinaire,  et  s'appro- 
prièrent même  le  pouvoir  des  prélats.  Llforts  (jue 
ceux-ci  ont  laits  pour  revendiquer  leurs  droits.  Pré- 
rogatives qui  sont  restées  aux  archidiacres.         987 

Chap.  Xlll.  Du  changemenl  arri\édaiis  l'ordre  hié- 
iarclii(pie  chez  les  Crées.  Des  ofliciers  du  patriar- 
che de  Conslantinople,  ilo>/.c<.-:(/./.aù.oi,  et  en  parli- 
culier du  chartophylax  ;  de  leurs  fonctions  et  da 
leurs  prérogatives.  994 

Chap.  XIV.  Des  économes  des  églises  tant  en  Orient 
ipi'en  Occident.  De  leurs  fonctions,  de  leur  ordre, 
cette  dignité  est  depuis  longlemps  abolie  en  Oc- 
cident. Elle  subsiste  encore  dans  l'Église  grec- 
ci  ue.  999 

Chap.  XV.  Des  défenseurs  des  églises ,  quand  cl  à 
quelle  occasion  ils  ont  élé  institués.  De  leurs 
emplois  et  de  leur  condition.  iOOô 

Chap.  XVI.  Des  avoués  cl  des  vidâmes  qui  ont  suc- 
cédé aux  défenseurs  dans  la  plupart  des  églises 
d'Occident  ;  de  leurs  diverses  fonctions  ;  abus  qu'ils 
font  de  leurs  pouvoirs.  Ils  sont  abolis  presque  |)ar- 
toul.  1007 

Histoire  du  sacreme.nt  de  M\ni.\Ge.  1011-1012 

.Chapitre  premier.  Observalioiis  préliminaires   sur  la 

nature  du  .Mariage.  On  parle  en  même  tenq.s  des 

erreurs  qui  se  sont  élevées  sur  celle  matière.  Ibid. 

Chap.  H.  Des  riis  et  des  cérémonies  observées  tant 


4Î577  INDEX 

engageaient,  et  de  la  pt-niienee  h  laquelle  ils  élaieiit  ! 
soumis.  1058 

Article  premier.  De  l'estime  que  l'on  a  twO  de  tout 
temps  dans  l'Église  de  l'élal  de  vidnité,  et  de  quel 
œil  on  y  regardait  les  mariages  rcilt'rés.  1039 

An.  II.  De  quelle  manière  on  liailaii  ceux  qui  con- 
tractaient des  seconds  et  troisièmes  m.iriages.  I»é- 
nilence  qu'on  leur  imposait.  On  leiw  refusait  la 
bénédiction  nuptiale.  Changement  de  discipline 
arrivé  tant  en  Orient  qu'en  Occident  sur  ce  sujet, 
etc.  lOio 

Chap.  V.  De  l'indissoluljilité  des  mariages.  Abus  sur 
celte  matière  corrigés  dans  la  suite.  Il  en  reste 
encore  à  présent  chez  les  f.recs.  1050 

Chap.  M.  De  la  nature  dos  empêchements  de  ma- 
riages en  général.  Que  la  puissance  ecclésiastique 
et  la  séculière  ont  droit  d'en  établir  d'irritants. 
Usage  que  l'une  et  l'auire  ont  fait  de  leur  pouvoir 
en  ce  point.  Différentes  manières  dont  ces  empê- 
chements ont  élé  établis.  1058 

Chap.  Vil.  Des  empêchement»  dirimants  ,  de  l'er- 
reur, du  crime,  de  la  violence  et  de  la  condition. 
Diverses  particularités  touchant  les  mariages  des 
serfs  et  gens  de  main-morte.  1067 

Chap.  YIII.  De  l'empêchement  des  vœux  ,  tant  sim- 
ples que  solennels.  Différence  de  ces  vœux,  et  de 
la  discipline  de  l'Église  par  rapport  au  mariage  de 
ceux  qui  y  sont  engagés.  1074 

Chap.  IX.  De  l'empêchement  de  l'ordre.  L'on  traite 
en  peu  de  mots  à  celte  occasion  du  célibat  des 
clercs  dans  la  primitive  Église  ,  et  l'on  montre  la 
différence  de  la  discipline  sur  ce  point,  survenue, 
depuis  le  cinquième  siècle,  entre  l'Église  d'Occident 
et  celle  d'Orient.  En  quel  temps  les  ordres  sacrés 
sont  devenus  un  empêchement  dirimant  du  ma- 
riage. Des  femmes  sous-introduites  ;  l'abus  sur  ce 
point  confirme  ce  qui  est  dit  dans  ce  chapitre  tou- 
chant le  célibat  des  ministres  de  rÉglise.         1082 

Chap.  X.  Des  empêchements  de  la  parenté,  de  l'affi- 
nité el  de  l'honnêteté  publique.  1089 

Article  premier.  Jusqu'à  quel  degré  la  parenté  natu- 
relle a-l-elle  élé  un  empêchement  de  mariage? 
Diversité  d'usage  sur  ce  point.  Sur  quel  droit  est 
fondé  tant  cet  empêchement  que  celui  qui  résulte 
de  la  parenté  spirituelle  et  légale,  etc.  Ibid. 

Art.  II.  De  l'affinité  et  de  l'honnêteté  publique.  Jus- 
qu'à quel  degré  s'étendaient  autrefois  les  empêche- 
ments qui  résultent  de  l'une  et  de  l'autre.       1090 

Chap.  XI.  De  l'empêchement  du  rapt,  et  des  diverses 
peines  dont  on  a  puni  ce  crime  dans  les  différents 
iemps.  L'on  représente  comment  après  avoir  ri- 
goureusement puni  les  ravisseurs  jusque  vers  le 
onzième  siècle,  on  a  été  ensuite  plus  indulgent  en- 
vers  eux.  On  parle  à  celle  occasion  des  mariages 
des  enfants  de  famille,  et  l'on  examine  ce  que  les 
anciens  ont  pensé  de  leur  validité.  llOi 

Chap.  XM.  De  l'empêcheme 
celle  occasion  des  conçu 

TH.  XX. 


RRRl  M. 


1578 


urvaudiie.  liui 

eut  du  lien.  L'on  parle  à  jl 
dtines  ci  il  >  Iimm  dilléronlf  J 


coniliiion  dans  les  divers  temps.  Sur  quoi  est  fon- 
dé cet  einpèclicmont.  Pn'-caulions  que  l'on  prend 
pour  que  les  règles  saintes  ne  soient  point  violées 
en  ce  poinfpar  les  hommes  débauchés.  1010 

Chap.  XIII.  I)»'  renipècht'inont  de   la  divorsilt- de  re- 
ligion. En   (|uoi  il  consiste  ;   (piand   cl  coninicnl  il 
s'est  établi.  De  ce  qui  s'observe  dans  la  célébration 
des  mariages  des   catholiques  avec    les    héréti- 
ques, lil.'î 
!  Chap.    XIV.    De  l'impuissance  naturelle    cl    surna- 
lurelle.  De  (|uel!e  manière,  on  se  conduiviit  autre- 
fois, el  l'on  s'esl  conduit  depuis,  à  l'égard  de  ce«x 
qui  en  étant  alleinls  s'engageaient  dans  le  mariage. 
L'on  parle  en  peu  de  mots,   à   celle   occasion,  du 
mariage  des  vieillards,  des  impubères  cl  dos  fem- 
mes stériles.  II 'il 
Chap.  XV.    De  l'empêchomenl    de   la  (•land('>linilé. 
Par  qui,  poin-quoi,  et  en  quel  temps   il  a  été  éta- 
bli. Des  mariages  à  la  goniine,  et  de  ceux  que  l'on 
nomme  de  conscience.  1120 
Chap.   XVI.    Des  dispenses   des    empêchements  de 
mariages.  Les  anciens  étaient  ircs-réservés,  quand 
il  s'agissait  d'en  accorder  ;  on  s'est  ensuite  beau- 
coup relâché  sur  ce  point.  Lethe  de  S.  Ambroise 
contre  les  mariages  entre  proches  parenls.      1135 
Appendice.                                                             1143 
DROl  INVITA.                                             1151-1152 
DE  RE  SACRAMENTARl.\  CONTRA  PERDUELLES 
IL'ERETICOS.                                          1153-1154 
Pr.cf\tio.                                                                Ibid. 
DE  SACR.\MENTIS  IN  GENERE.            1161-1162 
Qc,€STio  PRIMA.  De  essenlià  Sacramentorum.     Ibid. 
Caput  primum.  Exponilur  catholicum  dogma.     1163 
§  1.  Quse  et   quoluplex   vocis   sacramenlum  signifi- 
catio.                                                                  Ibid. 
§  2.  Afferuntur  et  explicantur  Sacramentorum  novre 
legis  conditioncs.                                               1166 
§  3.  .\ffertur  et  explicatur  definilio  Sacramentorum. 

1170 
Objectio.  1171 

§4.  De  parlibus  Sacramentorum.  1174 

Objecliones.  1177 

§  5.  Oslendilur  maierias  et  formas  Sacramentorum 
à  Chrislo  esse  delerminalas ,  ade6que  immuia- 
bilcs.  1179 

§  6.  Proponunlurelresolvunlur  quîedamquscstiones. 

1181 
Cap.  IL  Refelluntur  pravœ  hacreticorum  de  Sacra- 
mentorum naturà  el  definilione  senlenlia'.       1 190 
§  1.  Refellimlur   hx  definitiones   generalibus  argn- 
menlis.  HOU 

.\rg.  1  ,  ex  Scriplnrâ.  Ibid. 

Arg.  2,  ex  tradilione.  1197 

Arg.  5,  ex  consensionc  universalis  Ecclesia'.  1108 
§  2.  Singulalime;edem  definiliones  ri'f.lluniur.  1201 
r  Sociniani  et  .\nabaplista-.  Ibid. 

2°  Zuinglius.  1204 

3   ■'.iilbcrani.  1203 

;;o 


<579 

r  caiviluis.  isoe 

Qu.€STio  SFXUN'D.v.  De  Sacrainenlis  tmn  quoad  sla- 
luni  inriocentix  ,  tum  quoad  statum  hgis  natiinR  et 
Mosaica'.  '  -1209 

Caput  primum.  l'irùm  in  slntu  iiinoceiitiie  aliqiia 
admittenda  sint,  aiit  admilli  valeant  SacranieiUa. 

Ibid. 

('.ap.  H.  Ulrùm  admiltere  oporteat  Sacramenta  in 
slatu  legis  naturœac  Mosaicae  ,  et  quccnani  ea  fuc- 
rint.  12!  i 

Cap.  III,  De  Sacramentls  legis  Mosaicse.  1219 

Qu.-ESTio  TERTiA.  De  cxisteniiâ  Sacramenlonim  wo\x 


Ic2;is. 


1221 


:i 


Caput  primum.  Utrùm  necessarium  fuerit  in  nova 
loge  insliluere  Sacramenta.  Ibid. 

Arg.  1 ,  ex  condilione  naturce  lapsœ.  1222 

Arg.  2 ,  ex  divinrc  Providenti?c  suavitate.  Ibid. 

Arg.  5  ,  ab  exlernis  vinculis  religionis.  Ibid. 

Arg.  4,  ex  comparalionc   Icgis    uo\x   cuni  veteri. 

1223 
Arg.  5,  ex  ipsâ  Dei  volanlate.  Ibid. 

Objecliones.  Ibid. 

Cap.  II.  Utrùm  et  quo  numéro  sint  in  nova  lege  Sa- 
cramenta. 1228 
Couclusio.  Septem  omniuô  sunt  legis  novoe  Sacra- 
menta,  Baptismus,  Contirmalio,  Eucharistia,  Pœ- 
nitenlia,  Exlrema  Unctio,  Ordo  et  Matrimonium. 

Ibid. 
1 1.  Afferuntur  divini  dogmatis  cerlissima  argumen- 
ta. Ibid. 
Arg.  1 ,  ex  prœscriptione.                                Ibid. 
Arg.  2 ,  ex  Graecorum  eucologiis  et  rilualibus  Latino- 
rum.  ^"2^^ 
Arg.  5,  ex  auctoritate  traditionis.  1234 
Arg.  4  ,  ex  Scripturis.  125G 
§  %,  Proponuniur  et  resolvunluradversariorumobje- 
ctiones.                                                         '1238 
Proponilur  et  resolvilur  cornm  objectio  qui  conten- 
dinit  i)lura  esse  Sacramenta  qiiàm  septem.      1244 
Sûlvitur  objectio  altéra.  12o0 
§  3.  Proponuntur  et  resolvuntur  aliquit  quaîstiones. 

1252 

Qu^STio  QUABTA.  De  efficacià  ct  vlrlutc  Sacramento- 

rum.  12j8 

Caput  primum.   Sacramenlorum  novae  legis  efficacià 

contra  receiiliores  h^crelicos  vindicatur.  Ibid. 

§  I.  Oslcndiiur  Sacramenta  gratiam  sancliiicanlem 

ex  opère  operalo  producere.  1259 

Probatio  1  ,  ex  auctoritate  Scripturcc.  1200 

Probatio 2,  ex  traditio  e  perpétua.  Ibid. 

Prol)aiio  3  ,  ex  ibeologicà  ratione.  1204 

Uljjecliones.  1260 

§  2.  Ostenditur ,  verba  Sacramentorum  ncc  concio- 

nalia  ,  née  merè  promisspria  ,  sed  verè  consecrato- 

ria  esse.  1271 

Probalio  primic  partis.  1273 

Probatio  H  partis.  1275 

Prolialio  111  partis.  1270 

Objectiones.  Ibid. 


INDEX  RERUM.  1.^80 

I    Cap.  II.   Thomistarum  de   pbysicà   Sacramenlorum 

efficacitale  senlonlia  propugnalur.  1281 

Causa  physica  quid  sit ,  quid  moralis.  128^ 

Couclusio  :  Tutior  ccrliorque  Tliomist:)Fum  ilocirina 

est,    anirniaiiliimi  Sacramenta  esse  instrumenta 

Dei,  non  moraliter  tantùm  ,  sed  et  pljysicè  graiiaui 

cfficientia.  1284 

Probalio  prima  ,  ex  supremâ  Dei  potestate.        Ibid. 

Probatio  2 ,  ex  sanctorum  Pairum  senlejUii.8.      4288 

Probalio  5  ,  ex  sacris  Scripturis.  1298 

Probatio  4,  ex  naturâ  Sacramenlorum,  1299 

Solvuntur  objectiones.  1301 

Qd-.«6tio   QiiiTA.    De    effectibus    Sacraqienlorum. 

1300 
Caput  prinmm.  Dfi  gralià  sacranientali'  1307 

Cap.  11.  De  cbaractere  sacrameniali,  }3i7 

§  1.   Affertur    et   explicalur  deflnitio    cljariiCteris. 

1318 
§  2.  Calboljcum  dognia  vindicatur.  1321 

Probalio  1  ,  ex  pr;vscriplionc.  Ibid. 

Probatio  2  ,  ex  traditione  Palrum,  132^ 

§  3.  Adversariorum  o))jectiones  refellunlur.        1529 
§  4.  Proponuniur  ct  resolvuntur  aliqua;  quœstiones. 

1541 
Qu.csTio  SEXTA.  De  auctorfi  Sacrameulorum.      1544 
§  1,  Ciirislum  Dcum-Hominem  auctorcm  e*e  Sacra- 
mentorum ostenditur.  Ibid. 
Conclusio  prima.  Sacramenta  priucipaliter  et  aucto- 
ritate proprià   insliluere,   soli  Deo  exinîium  est. 

Ibid. 
ConcUisio  11.  Cbrislus,  ut  bomo  praeeellenlem  habnit 


in  Sacramentorum  inslilulione  potoslaiem.      1' 

Conclusio  Ht.  Fidei  est ,  Cbristmn  Deum-IIoniiiieni 
omnia  nova;  legis  Sacramenta  sallem  mcdialè  if)gti- 
luisse,  atque  adeô  omnia  et  singula  juris  divini 
esse.-  1547 

Conclusio  IV.  Proximè  ad  fidem  accedit,  omnia  nov.i} 
legis  Sacramenia  immédiate  et  spécifiée,  proprio 
Cbrisli  ore  esse  instituta.  1348 

Arg.  1 ,  ex  comparatione  îegis   novœ  eum  veteri. 

Ibid. 

Arg.  2 ,  ex  comparatione  Sacramentorum  novai  legis 
ad  invicem.  1549 

Arg.  3  ,  ex  ipsà  Apostolorum  confessione.         Ibid. 

Arg.  4,  ex  novitale  doctrin»  conlrari».  4550 

I  Arg.  5  ,  ex  defmiiione  Ecclesise.  Ibid. 

§2.  Diluuniur  quajdam  objectiones.  4551 

§  5.  Proponuniur  et  resolvuntur  aliquœ  quœstione?. 

1550 

QL'.tsTto   SEPTiMA.    De    mlnlslpîs   Sacramentorum. 

15G0 

Caput  primum.  Utrùm  minister  Sacramenlorum  sit 
iiidiscrimlnalim  omnis  liomo.  4501 

I  1.  Ostenditur,  solùm  quidem,nonomnem  tamenbo- 
minem  vlalorem ,  eliam  bapiizatum  ,  owe  ordina- 
liuni  Sacrantentoruni  minislmm.  1"'(>2 

Probalio  1 ,  ex  Scripturis.  1304 

Probatio  2,  ex  traditione.  4505 

Probatio  3 ,  ex  ibeologicà  ratione.  Ibid. 


i58i  f:*<nF.x 

§  2.  Rofiilnnlur  ï.mlifranoriim  olijcrlionos.         1  ")<!<> 

Cap.  II.   Ail   iiemo  nisi  (|iii   lidciii  iiili';:;i:mi  ,  vi(;r(iuc 

sanclilalcm  liabcat,  validé  possil  Sacraincnla  adiiii- 

nislrarc.  i375 

Sedio  prima.  De  li;vrclicis  cl  schismaiicis.  Ibid. 

§  1.  Uebapli/.aiiliiim  liisloria  loxilur.  Ibid. 

§  2.  Error  rebaplizanliiini  rcfiilalur ,  simidqiicoston- 

ditiir  Sacramenla  rilu  cvangelico.  consecrala,  iie- 

nue  licercsi ,  ncque  scliisiiialc  posse  irrita  liori. 

1383 
Probatio  1 ,  ex  perpétua  caibolicce  Ecclesia)  consiiotu- 
4ine.  138G 

Probatio  2,  ex  dccrelis  concilioruni.  1388 

Probatio  3  ,  ex  sanclis  Palribiis.  1390 

Probalio  i,  ex  llicoloi,'icâ  ralionc.  13yl 

§3.  r.cfcllmmir  objcctioncs  rcbaptizantium.       iSOG 
Objt'clio  1 .  ex  auclorilate  niajoruni,  Ibid. 

Objcciio  2,  ex  auctoritale  Scripluroc.  1103 

Objectio  3,  ox  nitionc.  1-415 

§  i.  Propoiiiinliir  et  rcsolvuiitur  qiucdam  ncccssariie 
quopslioncs.  1422 

Qu.TSt.  1.  L'irùm  ad  (idem  pcrtiiioret,  de  baptisnio 
bcereliconiiii  non  ilcrando  sentcntia?  Ibid. 

Re>p.  affirmalivc.  Ibid. 

Quiest.  2.  Utrùin  qua^stionem  banc  ad  (idem  perli- 
nere  rcverà  Cyprianus  cum  suis  coilegis  piitave- 
rit?  Ii23 

Resp.  aflirmativè.  1-424 

Objectio.  1427 

Qu;v;st.  3.  L'trùm  rêvera  S.  Ponlife.x  Stepbaims  S. 
Cyprianum  eique  conjunclos  episcopos  excommu- 
nicaverit?  1430 

Resp.  négative.  Ibid. 

Objectio.  Ii33 

Quiïst.  4.  Utrùni  Cyprianus ,  Firmilianus ,  et  alii 
Africse  et  Orientis  episcopi  errorem  deposuerint, 
et  judicio  Stepbani  acquieverinl?  Ibid. 

Resp.  négative.  Jbid. 

Objectio.  1435 

Quîest.  5.  An  Steplianiis  Papa  agens  adversùs  reba- 
ptizantes  in  errorem  oppositum  )apsi]S  sjt,  et  om- 
nium promiscuè  ba;relicoruni  bapUïma  approbave- 
ril?  1457 

Objectio.  1438 

Qu.TSt.  6.  Utrùm  Firmilianus,  Cyprianus,  cisquc  coH' 
sociati  episcopi,  Stepbano  resislenilo  pcfcaycrinl  ? 

Jbid. 
Re§p.  Ibid. 

Qua;sl.  7.  An  et  qualcnùs  S.  Cyprianus  cum  suis  vn- 
leat excusari ?  1439 

Hesp.  Ibid. 

Qucesl.  8.  Utrùm  babilnm  aliquod  oonciliimi  fiieiit , 
in  quo  iiinata  et  solidala  verilas  sit?  1440 

Resp.  afrirmalivr.  Ibid. 

IJuxst.  9.  Qiiandoct  ubinam  genlium  celcbratnm  sit? 

Ibid. 

Quocst.  nllima.  Utriini  oclebrato,  quod  S.  Augustinus 

t:iin  scrpè  laiidal,  pb/nario  coiiciiio  ,  slalim  idji  pic 

gontium  Ecdesia^  pax   rcddila  fncril ,    omne^que 


vorilatem  amplexi  sini?  liiO 

Re.:p.  negaiivi"'.  Ihid. 

Spct.  11.  De  impmbifi  et  fcolestis  mJnisirlS,  utrùm 

valeanla!)  iis  rollala  Sicramonta?  1441 

§  1.  Novatianorum,  Oonatistnrum  ri  aliorum  errop 

noialiir.  Ibid. 

^  2.  Ostonditur,  ininistrorum  pcrvcrsitale  ncc  pollui 

Sacramenla,  ncc  irrita  ficri.  1442 

Probatio  1,  ex  comparalione  malonim  cum  Iwretiris 

et  sebismaticis.  Ibid. 

Probatio  2,  ex  innatâ  Sacramcnlonim  virlulc.  1443 
Probatio  3,  ex  auctoritale  et  consensu  majorum.  Ibid. 
Probalio  4,  ex  ralionc.  144.'} 

§3.  Pibumtur  Poiiaiislarum  objcctione«.  1449 

§  4.  Proponuntur  qux'dam  qu.cstiones.  1451 

Cap.  111.  De  necessariâ  in  Sacramcnlis  adminlstrandis 

intcntione.  1402 

Seciio  prima.  Utrùm  debcat  minlster  Sacramenlorum 

aliquam  babcre  inlcnlionem  ?  Ibid. 

§  1.  Aperitur  status  quaistionis.  Ibid. 

§  2.  Ostenditur  ministre  Sacramenlum   conferendi 

necessariam   esse  inlcnlionem    saltcm  virlualem. 

14G6 
Probatio  1,  ex  auclorilate  ScriptunTC.  1467 

Probalio  2,  ex  anliquo  Ecclesia;  more.  1468 

Probatio  3,  ex  Ibeologicâ  ralionc.  1469 

§  3.  Dilmmlur  bccrelicorum  objeclioncs.  1470 

Sectio  II.  Qiia3  et  qualis  minislrorum  intentio  esse  dé- 
blai? 1479 
§  1.  Aperitur  status  quaîstionis.                         Ibid. 
§  2.  Ostenditur,  ad  valorem  Sacramenti  sulficerc  in- 

lonlioncm  seriô  peragendi  exlerni  rilùs.  1483 

Probatio  1,  ex  divinis  Litteris.  Ibid. 

Adversariorum  exceplio  refutatur.  1485 

Prol)alio  2,  ex  latis  contra  Donaistas  judiciis.    148G 

1487 
1488 
Ibid. 
1490 
1492 
1495 
1408 


Prœcluditur  adversariorimi  effugium. 

Probalio  3,  ex  perpcluo  Ecclesice  sensu. 

Occurrilur  adversariis. 

Probalio  4,  ex  dccrelis  Ecclcsiie. 

Probatio  5,  ex  S.  Angiisiino. 

Adversariorum  eiïugia  pnccluduntiM'. 

Probatio  6,  ex  auctoritale  S.  Tbom;e. 

Sancli  Tiiomajauclorilas  ab  adversariorum  cavillalio- 

nibus  vindicatur.  1409 

Probalio  7,  ex  definitione  concilii  Tridenlini.  1501 
Adversariorum  liallucinatio  dctogilur,  refulalur.  1502 
Probalio  8,  c\  llieologicà  ralionc.  1504 

§  3.  Diluunliir  advcrsariorinn  objeclioncs.  150G 

Objectio  1,  cjuiovltaio.  Ibid. 

Objcciio  2,  ex  Insliluiione  Sacramenlorum.  l.MO 
Olijeolio  3,  OK  d<'crciis  Ecclesice.  1514 

Objcciio  4,  ex  Ecclesiaî  disciplina.  1520 

Objectio  5,  ex  auclorilate  S.  Tbom;e.  1525 

Objectio  6,  ex  ralione,  1527 

Appendix  de  necessarià  in  suscipienlibus  Sacramenla 

inleiiliono.  1528 

Appendix  altéra.  1531 

Qi.F.STio  ocTAYA.    Dc  cjcrcmonus  Sacramenlorum. 

155j 


1S8Ô  'NDEX 

Qna'riUir  i,  qiiid  sit  o^rcmonia?  l^')^-> 

Q.  2,  ulrùin  ritiis  oiunes  qui  soient  in  Saoïaiiicnlo- 

rum  celebralioiie  observai! ,  pari  debeanl  loco  lia- 

beri?  '^^^ 

Q.  3,  qui  ritus  essentiales ,  qui  accessorii  ilici  ile- 

1      beanl?  ^'"■''• 

Q.  4,  unde  debeat  de  Sacramenloruin  rilibus,  sinl  ne 

I     csseniiales  \o\  accessorii,  sumi  judiciiun  ?        Ibid. 

Q.  5,  ulriim  rilus  omnes  accessorii  pari  aniiquilaie  cl 

I     auclorilale  pnefulgeanl?  Il^i'l- 

Q.  G,  uiide  iiabcanius  plerasque  cœrenionias  ab  Apo- 

I      slolis  iustiiulas  ?  1<'57 

Q.  7,  ulrùm  Ecclesia  auclorilalem  babuerit.  et  eliam- 

nùm  babeat,  cœremonias  sacras  iiisliluciidi  ?  1538 

Objeclio.  ^(^id- 

Q.  8,  utrùm  iidenî  ubiquc  genruini  in  Ecclesià  ritus 

observentur?  l'^SO 

Q.  9,  cùm  eosdem  ubique  ritus  non  baboat,  qnomodô 

una  Ecclesià  dici  possit  ?  Vi»/(/. 

Q.  10,  quœ  cœremoniarum  divisio  sit?  l^iiO  [ 


RERIJM.  1584 

I  Q.  11,  qnid  utilitatis  cierenioniae  habeant.  4540 

Objcctio.  1541 

Q.  12,  nuni  cœremonise  qujc  Sacramcntalia  generatim 
dicuntur  prosinl  ad  certos  peculiares  efleclus  ,  cl 
quomodô  '  1550 

Q.  15,  niiinquid  forci  satiùs,  vulgari  idiomalc  Sacra- 
nienta  et  eorum  cxM-emonias  celebrare,  (juàni  La- 
linà  linguà,  majori  fidelium  parti  incognilà?    1553 

Q.  \'t .  ulriini  ad  arbitriuni  niinistroruni  niutari  pos- 
sinl,  ncgligi,  aut  etiani  abrogari  ciereinoni;ii  Sacra- 
nicntorum?  155G 

Q.  15,  quid  si  casus  occurrcrit,  in  quo  videanlur  rilus 
aliqui  prudeiiter  esse  prccleriniltendi  ;  numquid 
privatusquilibet  poterit  in  suo  sensu  abundans.quod 
bonuni  visuni  fucrit  faccrc?  1559 

Q.  IC,  uhimi  bujusniodi  prielermissiones,  aut  quasvis 
alias  in  sacris  rilibus  inimulaiiones  l'acilè  perniit- 
icre  Ecclesià  debeat?  Ibid. 

Iniiex  reulm.  1565-1566 


FINIS  TOMl   VIGESniI    THF.OLOCiLE. 


MIGNE,J.P. 

Theologiae  cursus 
complctus. 


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507 

V.  20. 


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